rveeegvrrquuraommpap PET T | hé > de Sn) dt és, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE vi - L À d FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME TRENTE-SIXIEME Towg XF) | (HBeuxième série. 1889 | Premiére partie : COMPTES RENDUS DES SÉANCES. Deuxième partie : CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS. Troisième partie : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE ET TABLE DU VOLUME. (Chacune de ces parties a une pagination spériale.) PARTS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE y 18625 — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. BULLETIN SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME TRENTE-SIXIEME (Deuxième série. — Tome XI’) PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1889 LISTE DES MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1888 MEMBRES. NOUVEAUX. AUDIGIER (PIERRE), négociant, rue Terrasse, 16, Clermont-Ferrand. BOUBÉE, naturaliste, place Saint-André des Arts, 3, Paris. BRANDZA (MARCEL), licencié ès sciences naturelles, rue Berthollet, 16, Paris. DANGUY (PAUL), licencié és sciences naturelles, préparateur au Muséum, rue de l'Eure, 7, Paris. DEVAUX (Henri-Encar), licencié ès sciences physiques et ès sciences naturelles, rue Linné, 33, Paris. FENOUL (GUSTAVE), professeur de l'Université, rue du Jura, 9, Paris. FIRMIN, vétérinaire, Nissan (Aude). FORTIER (M'* Mare), fabricante d'herbiers artificiels, boulevard Poissonniére, 20, Paris. HUA (HENRI), licencié és sciences naturelles, rue de Villersexel, 2, Paris. JADIN (FERNAND), chef des travaux de botanique à la Faculté des sciences, rue Dessale, 4, Montpellier. KŒNIG (M'* MARIE), inspectrice des écoles maternelles, rue Duphot, 18, Paris. LAMIC (J.), professeur de botanique à l'École de médecine de Tou- louse. ` LANDES (GASTON), professeur de sciences au lycée de Saint-Pierre (Martinique, Antilles françaises). SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LIGNIER (OcrAvE), professeur de botanique à la Faculté des sciences de Caen. LYOTARD (PiEnnE-VICTORIN), commis des ponts et chaussées, rue Chennebouterie, 12, Le Puy. MONAL (ERNEST), licencié ès sciences, rue des Dominicains, 8, Nancy. NEYRAUT (JEAN), dessinateur aux chemins de fer du Midi, rue des Camps, à Bègles, prés de Bordeaux. NORMAND (HENRI), étudiant en médecine, boulevard Bérenger, 28, Tours. . PÉPIN (J.), chef du laboratoire des graines au Muséum, rue de Sévres, 11, Paris. PERROUD (D^), médecin de l'Hótel-Dieu, à Lyon. PLANCHON (D: Louis), rue de Nazareth, 5, Montpellier. PONS (D: Simon), à llle-sur-Tét (Pyrénées-Orientales). PRAY (FÉLIX), chimiste, boulevard Saint-Germain, 110, Paris. RASCOL, pharmacien, à Chalabre (Aude). RESPAUD (AUGUSTE), instituteur, à Fitou (Aude). ROTHERT (LapisLAs), Banque du Commerce, Riga (Russie). RUSSEL (WILLIAM), licencié és sciences naturelles, rue Berthollet, 17, Paris. SILHOL (JEAN-FÉLIx), instituteur, à Saint-Paul-et-Valmalle, par Gignac (Hérault). ADMIS COMME MEMBRE HONORAIRE. HÉRIBAUD (FRÈRE), professeur au pensionnat des frères des Écoles chrétiennes, à Clermont-Ferrand. LISTE DES MEMBRES. ADMIS COMME MEMBRE A VIE, PLANCHON (Louis). MEMBRES DÉCÉDÉS. BUCHINGER. CANNART D'HAMALE. COLVIN. CONTEST-LACOUR. DELAMARE. GRILLET. HENNECART. LARCHER (Ad.). LECHEVALLIER. LIEURY. LORET. MORIÈRE. Prancnon (Émile). SAGOT. TIMBAL-LAGRAVE. TROUILLARD. WASSERZUG. SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. de Vilmorin, en prenant place au fauteuil, s'exprime en ces termes : Ce serait contraire aux usages de la Société, contraire à mes capacités et contraire surtout à votre agrément, que de vous adresser un discours au début de cette année. Je ne puis cependant prendre possession du fauteuil de la Présidence sans remercier en deux mots la Société de m'y avoir appelé quoique indigne. Au début d'une année où l'une de nos grandes affaires sera d'accueillir les étrangers, vous avez appelé aux honneurs de la Présidence un de vos collégues les plus étrangers aux profondes recherches scientifiques. Vous avez voulu, égarant pour une fois votre choix en dehors des maitres de la science, distinguer un membre de la catégorie des amateurs, catégorie que je serais heureux de voir plus nombreuse dans la Société. Ce sera mon ambition, Messieurs, que de ne pas tromper votre attente en me dévouant sérieusement au bien de la Société. Secondé comme je le serai par les principaux officiers de la Société, par son dévoué Secré- taire général, par son excellent Trésorier, par le Bureau et le Conseil que vous connaissez, la tàche ne sera pas difficile. Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour que notre Compagnie recoive en toutes circon- stances la justice et l'honneur qui lui sont dus et je termine par ce vœu qui ne vous paraitra pas déplacé au début de janvier: Que l'année 1889 T. XAANT, (SÉANCES) 1 10 SÉANCE DU 44 JANVIER 1889. soit une année de prospérité et pour la Société botanique de France et pour chacun de ses membres. Cette allocution est accueillie par les applaudissements de l'assemblée. M. Duval, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 28 décembre 1888, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la der- niére séance, proclame membres de la Société : MM. BouLET (Vital), étudiant, rue Linné, 19, à Paris, présenté par MM. Audigier et Billiet. Harman (l'abbé), professeur au collège de la Malgrange, prés de Nancy, présenté par MM. l'abbé Hue et Malinvaud. LE GENDRE, inspecteur des contributions indirectes à Li- moges, présenté par MM. Malinvaud et Foucaud. Ravaz, professeur de viticulture, à Cognac (Charente), pré- senté par MM. Durand et Viala. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Boulay, Les arbres ; questions de botanique générale. Clary, Catalogue des plantes observées à Daya (Algérie). Debeaux, Notes sur quelques plantes rares ow peu connues de la flore oranaise. Fliche, Le reboisement, étude botanique et forestière. Giard, Note sur deux types remarquables d'Entomophthorées. Heckel et Schlagdenhauffen, Nouvelles recherches sur le Baobab. Magnin, Sur l'hermaphrodisme parasitaire et le polymorphisme floral du Lychnis dioica DC. Niel, Notice biographique sur Alexandre Malbranche. Arcangeli, Sull' organogenia dei fiori del Cytinus Hypocistis. — Sulla teoria algolichenica. ; — Sul Lycopodium Selago. — Ancora sopra la Medicago Bonarotiana. — Di nuovo sulla questione dei gonidi. — Sulla Fistulina hepatica Fr. — Osservazioni sulla fioritura del Dracunculus vulgaris Schott. — Sopra una nuova specie del genere Taccarum. SÉANCE DU 14 JANVIER 1889. 14 Arcangeli, L’ Amorphophallus titanum Beccari. — Ancora sul Taccarum cylindricum. — Sopra alcune specie di Batrachospermum. — Sulla caprificazione e sopra un caso di sviluppo anormale nei fiori del Ficus stipulata Thunb. — Contribuzione alla Flora toscana. - Osservazioni sul impollinazione in alcune Aracee. — Osservazioni fatte in alcune recenti erborazioni. — Sopra la fioritura del Dracunculus crinitus Schott. — Ulteriori osservazioni sopra la Canna iridiflora hybrida. — Elenco delle Protallogamee italiane. — Quelques expériences sur l'assimilation. — Sopra i serbatoi idrofori dei Dipsacus e sopra i peli che in essi si osservano. — Sopra alcune dissoluzioni carminiche destinata alla coloritura degli elementi istologici. — Sopra l'azione dell” acido borico sul germogliamento dei semi. — Sull' esposizione di geografia botanica tenuta in Copenhagen nell' aprile 1885. — Sulla fioritura dell Euryale ferox Sal. — Sulla fermentazione panaria. — Sul Saccharomyces minor Engel. — Sul Kefir. — Sul germogliamento dell" Enryale ferox Sal. — Ulteriori osservazioni sull" Euryale ferox Sal. —- La fosforescenza del Pleurotus olearius DC. Pirotta, Intorno ad una sensitiva dell Argentina. Sulla structura delle foglie dei Dasylirion. — Per la storia dei battaroidi delle Leguminose. Saccardo, Sylloge Fungorum, vol. VI et vol. VII, pars 2. Carl von Linnés, Ungdomsskrifter samlade af Ewald Ahrling. Journal and Proceedings of the royal Society of New-South Wales, vol. XXII (1888), part. 1. | M. Leclerc du Sablon fait à la Société la communication sui- vante : 12 SÉANCE DU 14 JANVIER 1889. OBSERVATIONS SUR LA TIGE DES FOUGÈRES par M. LECLERC DU SABLON. On sait comment l’œuf des Fougères se divise peu de temps après sa formation en quatre cellules : l’une de ces cellules produit le pied, cette sorte de suçoir qui s’enfonce dans le prothalle pour y puiser la nour- riture nécessaire à la jeune plantule, la seconde donne la première racine qui s'enfonce dans le sol, la troisième donne la première feuille qui s'éléve dans l'air et la quatrième est le point de départ de la tige qui reste longtemps très courte; mais le développement ultérieur de la plan- tule est moins connu. Je me suis proposé, en premier lieu, d'étudier la facon dont s'effectuait le passage entre la structure de la racine et celle de la tige; j'ai étudié ensuite les diverses modifications que subissait la tige avant de présenter sa structure définitive. Le prémier exemple que je citeraiest le Pteris aquilina. A quelques millimétres au-dessous du prothalle, la jeune racine pré- sente une structure binaire absolument normale. Les faisceaux du bois, réunis l'un à l'autre par une moelle peu abondante et séparés de l'endo- derme par une seule assise de péricycle, sont formés chacun par trois ou quatre vaisseaux, les vaisseaux les plus gros étant les plus rapprochés de l'axe de la racine. Si l'on examine des coupes faites dans la racine de plus en plus prés de la base de la tige, on voit cette structure se modifier peu à peu. Il se forme de nouveaux vaisseaux à la face interne à chaque faisceau du bois, si bien qu'un peu avant d'arriver au niveau du pied, les deux faisceaux sont réunis par la base, et la moelle a complètement disparu. Le liber forme toujours, de part et d'autre de cette lame vasculaire, deux îlots encore distincts. Mais bientôt chacun des faisceaux du liber, en s'élar- gissant, va s'insinuer entre le péricycle et les pointes de la lame vascu- laire, les deux ilots du liber se rejoignent alors et forment une ceinture complète autour du bois. Dans le Pteris aquilina, ce changement dans la disposition du liber n'est complètement effectué qu'au niveau du pied. Dans les plantules que j'ai observées, les faisceaux du liber ne se rejoi- gnaient pas en méme temps vis-à-vis de chacune des pointes de la lame vasculaire. Un peu au-dessous du pied, on voit déjà une assise de liber entre le péricycle etla pointe vasculaire qui est tournée du cóté du pied, tandis que la pointe opposée est encore appuyée directement contre le péricycle. C'est là en quelque sorte un état de transition entre la struc- ture dela tige et celle de la racine; daas une de ses moitiés en effet, le cylindre central a encore la structure normale de la racine, tandis que LECLERC DU SABLON. -— OBSERVAT. SUR LA TIGE DES FOUGÈRES. 13 dans l’autre moitié il présente déjà la particularité la plus importante qui caractérise la tige des Fougères. On sait en effet, que dans la tige des Fougères le liber forme un anneau complet autour du bois; à partir du niveau, où l’on trouve cette disposition réalisée dans la jeune plan- tule, on peut donc considérer qu'on a affaire à la structure normale de la tige. M. Gérard (1), qui a étudié le passage de la tige à la racine chez l'Asplenium striatum et l'Adiantum cuneqtum, est arrivé à des résultats comparables, pour les points essentiels, avec ceux que j'indique pour le Pteris aquilina. Vers la base de la tige, les vaisseaux du bois les plus petits sont encore vers l'extérieur comme dans la racine, mais cette disposition est bientôt troublée par l'insertion des feuilles. La première feuille, en effet, s'insère vis-à-vis de la pointe ligneuse qui est opposée au pied. Les petits vaisseaux qui sont situés vers cette pointe s'en vont donc dans la feuille et au-dessus de l'insertion de cette feuille, le corps ligneux de la tige est à peu près arrondi. Le cylindre central de la tige est donc formé à un moment donné par une partie ligneuse au centre, un anneau de liber autour du bois et une assise de péricycle autour du liber. Bientôt cette structure se modifie encore. Vers le centre de la partie ligneuse apparaissent des éléments libériens semblables à ceux de l'anneau du liber qui entoure le bois ; ce liber interne s'élargit ensuite peu à peu. On trouve alors dans la tige : au centre du liber, puis un anneau de bois, puis un anneau de liber, puis le péricycle. Plus haut encore, au-dessus de l'insertion d'une feuille, l'anneau ligneux se trouve interrompu en méme temps que l'anneau du liber externe. Le liber interne rejoint le liber externe par la solution de continuité qui s'est produite dans l'anneau du bois; puis l'endoderme se déprime vis- à-vis de cette solution de continuité et s’enfonce de plus en plus vers l'axe de la tige. La section du bois qui a ainsi la forme d'un fer à cheval est. entourée complètement par le liber, lequel est entouré par le péricycle ; la section de l'ensemble du cylindre central présente donc aussi la forme d'un fer à cheval. ; Plus haut encore, au-dessus de l'insertion d'une autre feuille, on con- state dans une coupe une nouvelle solution de continuité dans le bois et le liber. Le bois forme alors deux ilots distincts entourés chacun de liber. Entre ces deux cordons vasculaires, l'endoderme s'étrangle de façon à former deux endodermes distinets. Le cylindre central s'est donc divisé en deux parties, entourées chacune par un endoderme spécial. Ces divi- (1) Recherches sur le passage de la lige à la racine( Annales des sciences naturelles 6* série, t. XI). 14 SÉANCE bU 11 JANVIER 1889. sions se répétent ensuite un certain nombre de fois jusqu'à ce que la lige ait atteint sa forme et ses dimensions définitives. Il faut bien remarquer qu'à un niveau déterminé la structure de la tige une fois différenciée ne se modifie pas; mais les différents aspects par lesquels passe la structure de la tige se rencontrent à des niveaux différents. Le méristéme terminal se modifie et devient successivement l'origine de structures différentes. Les parties de la tige les plus nouvel- lement formées ont un diamétre de plus en plus grand. Une jeune tige a donc à peu prés la forme d'un cóne, dont le sommet est formé par les parties les plus àgées et la base par les parties les plus jeunes. Il y a peu d'années encore la seule interprétation conforme aux idées généralement reçues qu'on aurait pu proposer aux observations que je viens de résumer eüt été la suivante: la tige renferme d'abord un cylindre central entouré par un endoderme unique; puis ce cylindre central se divise en différents faisceaux qui se séparent et s'entourent d'un endo- derme spécial. Mais, dans leur Mémoire sur la polystélie, MM. Van Tieghem et Douliot ont assimilé la structure de la tige des Fougères à celle de la tige des Auricules, dont M. Van Tieghem avait donné l'explication suivante. Le cylindre central de la tige, d'abord unique, se divise non en deux faisceaux, mais en deux nouveaux cylindres centraux ou stéles qui eux-mêmes peuvent encore se diviser de la méme manière. Ce qu'on ap- pelait faisceau concentrique à bois interne est donc décrit par M. Van Tieghem comme un cylindre central comparable au cylindre central unique d'une tige ordinaire. Cette comparaison entre la tige des Fou- gères et celle des Auricules est done confirmée par l'étude détaillée du développement de la tige des Fougéres; chez toutes ces plantes l'épais- sissement de la tige ne s'effectue pas par des formations secondaires, mais par des divisions successives du cylindre central. ; Les autres espéces de Fougéres que j'ai étudiées m'ont donné à peu près les mêmes résultats que le Pteris aquilina. Je citerai parmi ces espèces le Polypodium aureum, le Gymnogramme chrysophylla, le Nephrodium molle, Y Angiopteris evecta. Il existe cependant, entre le développement de ces plantes et celui des Pterisaquilina des differences secondaires sur lesquelles je compte revenir. M. le Secrétaire général donne lecture des communications sui- vantes : BILLIET. — PLANTES RARES OU NOUVELLES DE L'AUVERGNE. 19 EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. BILLIET A M. MALINVAUD. 17 décembre 1888. Vous avez annoncé dans le dernier numéro du Bulletin la découverte en Auvergne, par M. Dumas, du Carex curvula. Je tiens à vous signaler également la découverte au-dessus de la Bourboule, sur le versant sud de la Banne-d'Ordanche, du Buplevrum ranunculoides et de l'Allium fallax. Vous trouverez dans le dernier numéro de la Revue scien- Lifique du Bourbonnais des renseignements sur la manière dont M. Dumas a été amené à retrouver ces deux plantes, indiquées vaguement par Delarbre dans les Monts-Dores et non retrouvées par Lamotte et le frére Héribaud. Ces derniers botanistes indiquaient également sous la méme formule vague le Lycopodium alpinum. Cette plante a été cueillie, au nord dela crête située à l'est du Puy-Ferrand, par M. Dumas, qui a découvert également cet été le Cracca villosa sur le plateau de Chanturgue, près de Clermont, et le Cynosu- rus echinatus au Puy-de-Montaudoux, prés de Clermont. Cette derniére plante n'est probablement que subspontanée. Je vous envoie des échantillons de ces espéces pour l'herbier de la Société. Un de nos collègues, M. Gonod d'Artemare, a trouvé au mois de juin dernier le Cochlearia pyrenaica DC. à Ardes (Puy-de-Dôme), dans la vallée de Ren- tières. NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE, par M. Alfred CHABERT. B Dans le cours des herborisations que j'ai faites ces années derniéres dans les montagnes de Kabylie, quelques espéces et variétés nouvelles se sont présentées à moi. Je les publie dans cette Note, ainsi que plusieurs de celles que j'ai observées, de 1871 à 1875, sur différents points de la province d'Alger. Les autres feront l'objet d'un autre travail. Peu parti- san de la multiplication des noms spécifiques, je décris comme variétés les formes qui ne sont pas séparées des types voisins par des caractères fixes et saillants. Je signale aussi les localités oü j'ai recueilli quelques plantes rares en Algérie. Ranunculus aquatilis var. elongatus lliern. (sub R. peltato). — lu fossis, Damiette prope Medeah ; in lacu montis Mouzaia. R. aquatilis var. elegans ; Batrachium elegans A. Chabert in litt. etexsice. 1870. — Differt a typo et imprimis a varietate elongato Hiern. (sub R. peltato), quæ in eodem loco crescit et cui longitudine peduncu- lorum 10-25 centim. affinis, foliis submersis rigidis, stylo elongato, 16 SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. receptaculo parce hirsuto, petalis roseis vel roseo-albis. — Fl. aprili. Hab. in lacu montis Mouzaïa. Oss. — Cette belle plante couvrait d'un tapis rose, en avril 1872, une vingtaine de mètres carrés de ce lac; elle ne paraît pas y avoir été re- trouvée depuis. Peut-étre a-t-elle disparu àla suite du tremblement de terre qui en fit dessécher une partie. Les tiges sont glabres, fistuleuses, allongées, rameuses. Les feuilles submergées ne se réunissent pas en pinceau hors de l'eau ; les nageantes, longuement pétiolées, ont la gaine adhérente au pétiole dans les trois quarts de leur longueur, le limbre glabre subcoriace réniforme, à cinq lobes trés obtus entiers ou presque entiers. La fleur rose ou rosée est grande de 2 à 2 1/2 centimètres ; les sépales oblongs, concaves, bientôt réfléchis; les pétales, deux fois et demie plus grands qu'eux, sont lar- sement obovales, contigus, contractés en un court onglet jaunâtre ; les étamines trés nombreuses, plus longues que le pistil; le style allongé, courbé, tronqué, inséré sur le prolongement du bord supérieur du pistil, le stigmate papilleux, les carpelles glabres obovales presque carrés au sommet à peine apiculé, le réceptacle globuleux à poils rares. Cette rareté des poils du réceptacle éloigne le R. elegans du R. aquatilis qui a le réceptacle hispide (Coss. Comp. fl. Atl. II, p. 16) et le place auprès du R. dubius Freyn. in Willk. et Lange (Prodr. fl. hisp. 3, 909). Mais le plus ou moins grand nombre de ces villosités constitue-t-il un carac- tére bien fixe? Ranunculus divaricatus Schrank.— Aumale, in fossis ad orientem urbis. (Il n'avait pas été retrouvé en Algérie depuis Desfontaines.) R. aurasiacus Pomel, Nouv. mat. 319; Batt. et Trabut, Fl. Alg. I, 9; R. demissus Coss. in Ann. sc. nat. série 4, IV, 941 (non DC.); Munby, Cat. edit. 2,1; R. Villarsii Letourneux, Cat. Kab. 24; Cosson, Comp. fl. Atl. TE, 30, non DC. Rhizomate crasso, elongato ad collum fibris tenacibus sepius stipato ; subhorizontali vel obliquo, vel primum horizontali et deinde deorsum descendente, unam radicem ex unoquoque axi partiali emittente; cau- libus 1-5 fere nudis ascendentibus gracilibus vel erectis rigidis, monan- this vel bi- rarius trifloris, glabris hirsutisve aut patule villosis; foliis radicalibus petiolo longo vaginantibus, ambitu suborbiculatis 3-5 partitis, segmentis sessilibus obovato-cuneatis 3-5 inciso-lobatis ; foliis caulinis semi-amplexicaulibus solitariis et sessilibus ad basin 3-5 partitis laci- uiis divergentibus lineari-lanceolatis, lanceolatisve aut oblongo-lanceo- latis integerrimis, vel duobus rarius 3, inferiore petiolato foliis radica- libus conformi, superiori folio caulino descripto simili; floribus luteis 11/2-3 cent. latis; pedunculis glabris vel parce hirsutis, floriferis CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 11 exsulcis, fructiferis sulcatis rigidis; calyce e viridi-lutescenle sparse piloso, sepalis ovatis obtusis demum patentibus; petalis ovato-cuneatis ; spica globosa, receptaculo basi glabro vel parce hirsuto deinde villoso, apice villis candidis penicillato; carpellis glabris lævibus lenticulari- compressis subconvexibus, marginatis carinatis in apice rostrum unci- natum vel circulatim recurvatum eis quinta vel quarta parte brevius abeuntibus. Perennis. Fl. jun.-jul. et aug. in excelsioribus. Tres varietates notandæ. A. — GENUINUS. — Planta mediocris, caulibus 1-3, 10-18 cent. long., ascendentibus, patule villosis, foliis sericeo-villosis, radicalibus in seg- menla contigua divisis, caulino sæpius solitario, floribus mediocribus 1 1/2 cent. latis. Hab. in pascuis regionis cedretorum montium Aures : Ras Pharaoun (Pomel), Babor (Trabut). B. — rsEUDO-pEMISSUS. — R. demissus Coss. l. c., non DC. — Minor, glabrescens, caulibus 3-5 diffusis 6-15 cent. long., foliis radica- libus in segmenta angusta distantia divisis, caulino unico. C. — DJURDJURÆ. — Major, erectus, glabrescens, caulibus 1-3, 18-30 cent. altis, sepius bifidis, foliis radicalibus in segmenta ovato- vel obo- valo-cuneata larga et sese invicem obtegentia divisis, caulinis saepius 2-3. Hab. promiscue dus ultima varietates in cedretis et inde ad rupes umbrosas regionis superioris Djurdjuræ a 1700 usque ad 2200 metr. Legi ad Azib-beni-Koufi ubi cl. Cosson primus invenerat, dj. Aizer, Tabbourt bou Friken, Tizi tsennant, et in collo Tizi Hout dicto ubi cl. Letourneux multos ante annos jam legerat. Oss. — Les formes extrêmes des trois variétés décrites semblent au premier abord constituer des espéces distinctes; mais la similitude de leurs carpelles et les intermédiaires qui les relient m'empéchent de les séparer. La variété genuinus parait étre particuliére aux montagnes de la province de Constantine. Le R. aurasiacus constitue une excellente espèce, trés différente du R. Villarsii DC. et du R. demissus DC. par ses pédoncules fructiferes sillonnés qui le placent auprés du R. polyanthemos L., par ses feuilles caulinaires semi-ampleæicaules, par son réceptacle glabre ou glabres- cent à la base, puis velu et couvert au sommet d'un pinceau de poils blancs, et enfin par son mode de végétation. M. Songeon m'a fait remar- quer que de chacun des axes partiels de son rhizome ne s'échappe qu'une seule racine, tandis qu'il s'en échappe trois ou quatre de chacun des axes partiels du rhizome des R. Villarsii, demissus, montanus, elc. T, XXXVI. (SÉANCES) 2 18 SÉANCE pu 14 JANVIER 1889. L'auteur du Ranunculus aurasiacus, suivi en cela par M. Baltan- dier, loc. c., lui attribue une souche rampante et noueuse ; je l'ai toujours vue oblique ou subhorizontale, ou horizontale d'abord et descendant ensuite; quant aux nodosités, elles sont accidentelles. M. Pomel dit en outre: « sépales réfléchis » ; ils m'ont constamment paru étalés dans les nombreux individus que j'ai examinés en Kabylie et dans l'herbier de M. Battandier. Je ne connais pas d'autre espèce de Renoncule dont les pédoncules, lisses quand ils portent la fleur, se creusent de sillons à mesure que les carpelles mürissent. Le caractère de pedunculis exsulcis attribué par M. Cosson à son R. Villarsii donne lieu de croire qu'il existe sur les montagnes de l'Algérie une autre espèce que celle nommée par M. Pomel. Elle est à rechercher. Pæonia algeriensis. — P. Russi Munby Cat. (edit. 2), 1, Letour- neux Kab. 25, non Biv.; P. Russi var. coriacea Coss. olim, Batt. et Tr. Fl. alg. 1, 18; P. corallina var. atlantica Coss. Comp. II, 54. Rhizomate crasso, obliquo tuberifero, caule robusto flexuoso angulato- sulcato glabro subsimplici 40-80 cent. alto; foliorum coriaceorum supra obscure virentium glabrorum, subtus glaucorum et pubescentium, infe- riorum biternatim mediorum ternatim sectorum superiorum simplicium segmentis amplis oblongis vel oblongo-ovatis integris vel raro uno dente aut uno lobo instructis acuminatis, terminalibus distinctis plus minusve longe petiolatis, floribus amplis roseis; folliculis 2-5 eo majoribus quod minus numerosis, glabris, cæsio-pruinosis, stellatim et horizontaliter patentibus, stigmate e viridi-purpureo recurvato terminatis ; seminibus immaturis rubris, maturis aterrimis nitidis. — Fl. mai.-jun. Hab. In silvaticis et ad rupes umbrosas regionis montanæ a 1300 ad 1900 metr. Legi in Mechmel Ait D:oud, Mechmel'Ait ou Abban, Agouni el Haoua, cl. Letourneux indicante, Azerou-tidjer, provinciæ algeriensis; Babor (Trabut), prov. cirtensis. Oss. — Le P. algeriensis se distingue facilement du P. corallina Retz, Broteri Boiss.et Reut., officinalis Retz, corsica Sieb., coriacea Boiss., par la pubescence de la face inférieure des feuilles; des P. coral- lina, officinalis, Russi Biv., peregrina Mill. par la glabréité des ċar- pelles; du Broteri par les segments terminaux des feuilles distincts et longuement pétiolés; du coriacea, par les graines rouges puis noires et non d'un pourpre noir, ete., etc. Les auteurs attribuent aux graines de la plupart des Pivoines d'Europe la : ; couleur rou: - celles de la Pivoine d'Algérie sont un roug La he: us : > heres ge corail avant la maturité, puis elles deviennent d'un noir brillant. CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 19 L'observation en septembre dernier dans les forêts des Ait ou Abban et des Ait-Daoud d'un trés grand nombre d'individus fructifères, dont beaucoup à quatre carpelles et quelques-uns à cinq, m'a démontré que le nombre et la forme des carpelles n'offrent pas de caractères fixes, car leur nombre varie beaucoup et leur forme dépend de leur nombre. Au nombre de 2-3, ils sont trés grands et subarqués; à celui de 4-5, ils sont bien plus petits, parfois de moitié, droits et oblongs. Leur direc- tion est toujours horizontale, excepté dans les individus bi-carpellaires, lorsque les deux follicules sont soudés par leur commissure interne ; ils ne peuvent alors s'écarter et restent verticaux. C'est là une anomalie qui ne peut méme étre signalée comme variété et qui n'est pas trés rare en Kabylie. M. le D" Trabut m'a dit l'avoir aussi observée dans les mon- tagnes de l Aurès. Enfin la longueur des pétioles secondaires est aussi sujette à variation. Nota. — J'ai cité parmi les synonymes : P. Russi var. coriacea Batt. et Trabut FI. Alg. I, 18, quoique ces auteurs disent les feuilles glabres, M. Battandier m'ayant assuré que sa description est incomplète par la faute de l'imprimeur qui a omis les mots : « glaores en dessus, pubes- centes et glauques en dessous ». Les échantillons de Kabylie et de l'Aurés contenus dans son herbier sont du reste tous conformes aux miens. Clypeola eyclodontea DC. — In herbosis. Aumale. Ptilotrichum spinosum L. (sub Alysso) Boiss. — In rupibus excel- sioribus : Tabbourt bou Friken. Alyssum Djurdjuræ (sect. Eualyssum Coss.). Perenne, suffrutescens laxe cespitosum caulibus ascendentibus, steri- libus simplicibus, floriferis sæpe ramosis; foliis supra viridibus, subtus pube densa stellato-nivea incanis, spathulato-lanceolatis, surculorum sterilium superioribus ovatis; corymbo composito laxo a pluribus race- mis corymbiformibus formato; calyce deciduo; siliculis pedicellum patulum tomentosum æquantibus biconvexis, basi et margine planis, ellipticis, basi et apice acuto attenuatis, stylo persistente eorum tertiam partem æquante terminatis ; loculis biovulatis, seminibus ovatis anguste marginatis, margine concolore, funiculis bas? septo adnatis. Flores non vidi. Hab. In rupibus excelsioribus Djurdjuræ versus 2000-2200 metr. raro : Tabbourt bou Friken, dj. Aizer. Oss. — Cette plante croît avec les A. atlanticum Desf. et serpylli- folium Desf. Je l'avais prise d'abord pour une variété de celui-ci à inflo- rescence composite et à silicules plus grandes et plus aiguës; mais elle s'en éloigne, ainsi que de l'A. alpestre L., par ses funicules adnés à la base et non libres, et par ses loges biovulées et non uniovulées. Elle 20 SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. diffère des A. montanum L.; atlanticum Desf. et cuneifotium Ten., par la forme de sa silicule qui est elliptique aigué au sommet, landis que dans ces trois espèces, elle est orbiculaire ou obovée ou ovale, el échancrée ou tronquée, ou simplement arrondie au sommet. Saponaria depressa Div. var. Djurdjurze. Perennis, cæspitosa, sæpius acaulis pedunculgs 1-2 floros, alias cau- lem 6-10 cent. altum 3-4 flores umbellatos gerentem emittens; foliis ovato-spathulatis aut oblongo-lanceolatis glabris margine scabris ; flori- bus primum luteis, deinde et post anthesim erubescentibus; calyce 3- 4 cent. longo glanduloso-viscoso, purpurascente eylindrico tubuloso sur- sem eurvato ad quartem tubi partem fisso, dentibus oblongis cuspidatis suse invicem obtegentibus; petalis coronatis calycem longe excedentibus ungue viridi exserto, limbo profunde bifido, coronæ laciniis linearibus acutissimis. Semina non vidi. — Fl. augusto, florum odor gratus. Hab. In rupibus excelsis Djurdjuræ ubi latos cespites efficit: Azerou- n-tehor (pie du Midi). Oss. — Le type, dont M. Cosson a publié dans l'herbier de la Société Dauphinoise de beaux échantillons recueillis dans la province de Constan- tine, a les tiges hautes de 15-30 centim., les feuilles lisses au bord, les fleurs rouges ou roses dés le premier stade de leur évolution, les calices anguleux cylindriques. La plante recueillie dans les Babors par M. Trabut m'a paru la méme que celle du Djurjura. La rudesse du bord des feuilles est due àla présence de petits aiguillons transparents visibles à la loupe. Silene atlantica Coss. — Sur les cimes du Djurdjura, au-dessus de 2000 mètres, Tabbourt bou Friken, djebel Aizer, les fleurs, dites noc- turnes par les auteurs, restent épanouies jusque vers neuf heures du matin. Alsine verna Bartl. — MM. Battandier et Trabut, dans leur Flore d'Algérie, Y, 154, ne signalent qu'une seule forme à tiges diffuses, à inflorescence lâche, un peu pubescente, à sépales brièvement membra- neux au bord, égalant les pétales et la capsule. Cette forme qu'ils publient sous. le nom de variété kabylica a le calice subtronqué à la base d'après M. Pomel, qui l'a décrite le premier sous le nom d'A. kabylica (l. c. 321). Les principales variétés que j'ai pu observer en outre sont : — Var. alpina Koch. Syn. ed. 2, 124. — Caulibus nanis plerumque unifloris, bracteis herbaceis non margine membranaceis, calice basi umbilicata petalis 1/3 breviori. Hab. In cacuminibus montium Djurdjura versus 2000-2300 metr. Lalla Khadidja, Tabbourt bou Friken. — Var. umbrosa. — Caulibus laxis diffusis procumbentibus 30-40 cent. CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 21 longis, ramosis, inflorescentia glandulosa, calyce basi attenuato petala æquante sed capsula exserta 1/3 breviore. Hab. In regionis montanæ versus 1000-1300 metr. rupibus umbrosis : col de Tirourda. Ogs. — Il se passe, pour cette variété par rapport au type, un phéno- méne analogue à celui qu'on observe sur le Silene acaulis L. comparé au S. elongata Bell.; le premier a le calice atténué à la base, tandis que chez le second il est ombiliqué. Mais je ne crois pas que l'on puisse faire une espéce de ma variété umbrosa, car elle se relie au type par des intermédiaires. Telle est une quatrième forme recueillie par M. Letourneux à Agouni el Haoua, et dont les bractées et les sépales sont largement scarieux au bord et dont le calice à base de forme indé- cise est 1/3 moins grand que les pétales. L'A. verna varie beaucoup dans les montagnes de l'Algérie et pourrait étre pulvérisé en autant d'indi- vidualités que nos Hieracium de France. Evonymus latifolius Scop. — In silvaticisumbrosis Djurjuræ : Mech- mel Ait Daoud, Mechmel Ait ou Abban, ubi cl. Letourneux primus detexit. La plante kabyle est plus élevée (3-6 métres) que celle de France ; ses feuilles sont plus grandes, plus larges proportionnellement à leur lon- gueur et moins acuminées. Les fruits sont les mémes à angles minces et ailés. Rhamnus myrtifolia Willk. — Les auteurs du Prodromus fl. hisp. lui attribuent des fleurs solitaires. Il n'estpas rare, sur les montagnes de Kabylie : Askajdem, Lalla Khadidja, etc., de le voir tantót uniflore, tantót avec 2-4 fleurs en grappe. R. amygdalina Desf. — In rupibus excelsis. Lalla Khadidja. Cytisus triflorus L'Hérit. var. bidentatus. — Differt à typo ramis junioribus teretibus, carina bidentata dentibus profundis acutis. — Fl. aprili-maio. Hab. Cum typo in regione montana : Nador prope Médéah. Ops. — Le C. triflorus a les jeunes rameaux striés anguleux et la caréne aigué, non bidentée. Lathyrus Ochrus L. var. ochroides (L. ochroides A. Chabert in litt. et exsicc. 1816). — Differt a typo pedunculis bifloris non articu- latis, stylo sub apice dilatato deinde in acumen triangulari-subulatum reflexum abeunte. — Fl. aprili-maio. Hab. cum typo in pratis et arvis regionis montanæ circa Medeah. Oss. — Le L. Ochrus L. a les pédoncules uniflores articulés vers le 22 SÉANCE DU 14 JANVIER 1889. milieu et le style non prolongé en pointe ; il est commun dans les champs et les prairies de la province d'Alger et se trouve parfois mais rarement avec des pédoncules biflores et articulés. Ononis fruticosa L. — In silvis montanis : Ouled Anteur prope Boghar. Ononis cenisia L. — In pascuis excelsioribus versus 2000 metr. Tabbourt bou Friken. Vicia leucantha Biv.? — In graminosis regionis superioris et in cespitibus Carduncelli Atractyloidis: Tizi hout, Tala Ailal, Tabbourt bou Friken, djebel Aizer. Cratsegus Azarolus L. — In nemoribus collium : Taguerbouz, in ditione Beni-Kani. Amelanchier vulgaris Mœnch var. Djurdjursæ. — Differt a typo foliis majoribus integris vel subintegris margine undulatis, stipulis e basi ovata linearibus petioli 3*" vel 4" partem æquantibus, calycis lobis latioribus et brevioribus, petalis ovato-lanceolatis ungue brevi, tempore florendi 5-6 hebdomadibus seriore in iisdem montibus. Hab. In rupibus excelsis Djurdjuræ orientalis.: Askajdem, Azerou-n- tehor, ubi 22-23 augusto florentem legi. Ogs. — L'Amelanchier vulgaris que j'ai recueilli sur plusieurs mon- tagnes de Kabylie, où il a été depuis longtemps signalé par M. Letour- neux, a, comme celui de France, les feuilles petites dentées, les stipules allongées-linéaires égalant presque le pétiole, leslobes du calice allongés, lés pétales lancéolés linéaires. En résumé la variété que je signale pré- sente un plus grand développement des feuilles et des pétales, et un moins grand des stipules et des lobes du calice. Une autre variété a été trouvée dans la province de Constantine par le D" Reboud ; mes échan- tillons sont trop incomplets pour que je puisse la décrire. Sorbus Aria L. — Dans la partie supérieure du Mechmel des Ait ou Abban croît une forme voisine du S. Mougeoti Soy. et Godr. Rosa. —- M. Crépin, à qui j'ai soumis plusieurs Roses récoltées par moi en Kabylie, a bien voulu me donner sur elles des renseignements dont je reproduis textuellement ce qui concerne les plus intéressantes : Rosa srYLosa Desv. forma. Hab. Irhil Guefran in ditione Beni-Med- dour. — « Cette forme appartient au groupe des variétés à feuilles pu- » bescentes, à dents simples et à pédicelles hispides-glanduleux dont » font partie les formes connues sous les noms de R. systyla Bast., » R. leucochroa Desv. et R. Clotildea Timb.-Lagr. A cause de ses styles » un peu hérissés, on pourrait rapprocher cette forme du R. Clotildea, CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 28 » dont elle diffère par ses styles peu ou point saillants, moins hérissés, » par son inflorescence à fleurs plus nombreuses (8-12 fleurs). En ana- » lysant minutieusement cette forme d'Algérie, on pourrait lui assigner » divers caractéres distinctifs qui en feraient une espéce artificielle, mais » on n'aurait là probablement qu'une création purement individuelle. » Rosa sryLosa Desv. forma. Hab. Agouni el Haoua in cedretis. — « Cette forme appartient au groupe des variétés à feuilles glabres, à » dents simples et à pédicelles lisses, dont fait partie le R. virginea Rip. » La plante d'Afrique différe de ce dernier par ses styles un peu hérissés » et non glabres, par son inflorescence ordinairement plus multiflore » (jusqu'à 30 fleurs) et par ses folioles plus arrondies à la base. On » pourrait également en constituer une de ces espéces artificielles qui » viendraient encombrer nos listes de fausses espéces. » Je dois ajouter qu'en découvrant en Algérie le R. stylosa, je n'ai fait que réaliser une prévision émise il y a plusieurs années par M. Crépin (Primitiæ, p. 589). Potentilla recta L. — In herbidis et dumetis regionis montanæ : Deni-bou-Youcef. P. caulescens L. var. Djurdjurse. — P. caulescens Munby Cat. ed. 2, 13; Letx Kab. 40. — P. petiolulata var. Djurdjuræ A. Chabert olim.— Differt a typo caliculi phyllis lanceolato-linearibus sepalis ovato- lanceolatis paulo brevioribus, petalis emarginatis, filamentis staminum glabris. —.Fl. jul.-aug. Hab. In rupibus Djurdjurz inter 1100 et 1800 metr.: Tizi Tsennant, Tizi et Mechmel Aït ou Abban, Tizi Tirourda. Ogs. — Le P. caulescens a les divisions du calicule et les sépales égaux et linéaires-lancéolés, les pétales à peine émarginés, les filets hispides. Le P. caulescens var. villosa Boissier, Voy. Esp. 204 (P. petrophila Boiss., loc. cit. suppl. 607), a les divisions du calicule plus courtes que les sépales, les filets hérissés dans la moitié inférieure, scabriuscules dans la supérieure. Ses feuilles sont velues-soyeuses. Le P. caulescens var. Djurdjuræ, qui a les folioles pétiolulées et l'aspeet verdâtre de la forme nommée par Gaudin P. petiolulata (Fl. helv. 3, 314), établit, par ses étamines glabres, la transition au P. cras- sinervia Viv. et au P. nivalis Lap. Eryngium campestre L. Var. algeriense. — Capitulis olivaribus 3 cent. longis, petalis vix emarginatis. — Fl. augusto. Hab. In pascuis siccis prope Aumale. Dans le type, les capitules sont plus courts et globuleux ou ovoides, les pétales profondément émarginés, 94 SÉANCE DU 141 JANVIER 1889. Pimpinella Battandieri. Rhizomate crasso usque ad 6 cent. diametrum attingente lignescente, ssepius tortuoso, nodoso multicipite vaginis et petiolis foliorum deciduo- rum cincto, caules numerosos emittente inferne glabros superne pube- rulos erectos, rigidos, solidos, sulcatos, ramosos, 30-50 cent. altos, ra- mis patulis rigidis divergentibus; foliis glabris, læte viridibus coriaceis, inferioribus rosulatis longe petiolatis, pinnalisectis 3-5 raro 7 segmentis 9-3 cent. largis ovatis ovato-rotundatis truncatisve, inferioribus oppositis sessilibus vel subsessilibus, terminali longe petiolato, basi truncato, cordato vel cuneiformi profunde inciso-dentatis, terminali haud raro trilobato, eleganter reticulato-venosis, foliis caulinis sensim minoribus minutis vel ad vaginam reductis ; umbella longe pedunculata virginea erecta 10-14 radiata, radiis rigidis hirto-canescentibus inæquilongis maturitate non conniventibus ; involucro et involucellis nullis, petalis albis dorso et margine hirsutis ; stylis filiformibus divergentibus florendi tempore vix distinguendis et ovario multo brevioribus, post anthesim cito crescentibus et stylopodium depressum crenulato-marginatum longe superantibus ; fructu ovato dense canescenti-tomentoso pilis paten- tibus. Perennis. — Fl. julio-aug. Hab. In rupium fissuris regionis mediæ Djurdjuræ : Tamda Ouguelmin in ditione Ait bou Addou, ubi 30 julio 1888 detexi. Ops. — La souche épaisse et enfoncée dans les crevasses des rochers à pic atteint parfois la grosseur du poignet; elle donne naissance à de nombreuses tiges, dont les rameaux divergents et fleuris forment sur les rochers de grosses touffes blanches un peu odorantes qui contrastent vivement avec la couleur verte des feuilles radicales. J'ai dédié cette espèce à M. le professeur Battandier, l'un des auteurs de la Flore d'Algérie. Elle diffère des P. peregrina L., Tragium Vill. et villosa Schousb., par le port, la grosseur de la souche, la forme des feuilles, les ombelles vierges dressées et non penchées et par le style à peine visible pendant la floraison. En outre, le P. Tragium se distingue par le fruit ovale- arrondi, le stylopode hémisphérique; le P. peregrina, plante bisan- nuelle, par les rayons de l'ombelle connivents à la maturité, le style presque égal à l'ovaire, le stylopode conique; le P. villosa, par la tige trés rameuse dés la base, les rameaux disposés en une ample panicule, les pétales fortement velus, le style plus long que l'ovaire, le fruit ovale en cœur. Dans la plupart des Pimpinella, les styles pendant la floraison font une saillie évidente au-dessus de l'ovaire et sont plus ou moins égaux CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 2 aux pétales; dans le P. saxifraga L., ils sont moins apparents et plus courts que l'ovaire ; dans le P. Battandieri, ils sont à peine visibles. Pimpinella Djurdjur:ze. Rhizomate valde elongato ascendente, per longum tractum vaginis el petiolis foliorum deciduorum cincto, caulem unicum (raro duos) emittente fere nudum glabrum erectum flexuosum 60-90 centim. altum, ramis patentibus; foliis glabris inferioribus rosulatis pinnatisectis 7-11 seg- inentis oppositis profunde inciso-dentatis reticulato-venosis primariis peliolulatis non vel rarius ad basim petioluli segmento sessili appendi- culatis, secundariis sessilibus cuneato-obovatis vel flabelliformibus, cau- linis minutis vel ad vaginam reductis; involucro et involucellis nullis ; umbella longe pedunculata virginea erecta 6-10 radiis scabriusculis sub- æquilongis, maturitatem versus conniventibus, petalis albis vel roseis, dorso sub lente parce pilosis, stylis arcuatis petala subæquantibus demum recurvatis stylopodio conico multoties longioribus, fructu pubescente vel cano-tomentoso minuto ovato-globoso. Perennis. — Fl. jul.-aug. Hab. In cedretis et in dumetis regionis superioris Djurdjuræ a 1500 ad 2200 metr.; dj. Aizer, Tabbourt bou Friken ubi in Juniperi nane dumetis crescit, Tala Ailal, Tizi Tsennant, Askajdem, Mechmel Ait ou Abban, Mechmel Ait Daoud. Oss. — Le P. Tragium Vil. en est tout à fait différent par sa taille, son rhizome, son slylopode hémisphérique, les rayons de l'ombelle non connivents à la maturité; le P. Battandieri A. Chab., par le port, le rhizome, lestiges multiples, le stylopode, les rayons non connivents, etc.; le P. peregrina L., par la racine bisannuelle, la tige presque nue, la forme des feuilles, les styles dressés, l'indument du fruit, ete.; les P. saxi- fraga L. et magna L., par leurs fruits glabres, etc. Le P. Djurdjuræ de la partie occidentale a la fleur plus grande et le style plus long que celui de la partie orientale. Galium erectum Huds, — In dumetis Juniper? nane: dj. Aizer, Tizi Tsennant. Cephalaria atlantiea Coss. et Dur. — C. mauritanica Pomel — répandu cà et là dans toutesles montagnes du Djurdjura depuis l'Aizer jusqu'au col des Ait ou Abban, il est trés abondant dans les foréts com- munales de cette tribu et de la tribu des Ait Daoud oü il couvre de vastes clairieres. Il est difficile malgré cela d'en trouver des échantillons en bon état, les singes, au dire des Kabyles, en dévorant les capitules fleuris dont ils sont très friands. La plante atteint jusqu'à 27,50 de hauteur. Seahiosa crenata Cyr. — In rupibus et glareosis regionis mediæ et superioris Djurdjuræ : Tamgout Aizer, Tala Ailal, inter hunc montem et Tamda Ouguelmin frequentissima, Lalla Khadidja. 26 SÉANCE DU 141 JANVIER 1889. Scabiosa Djardjuræ. , Caule erecto 20-50 cent. l., ramoso ramis erectis; foliis radicalibus pubescentibus vel in excelsioribus subtus sericeis, longe petiolatis ovatis oblongisve, crenatis vel lyrato-pinnatifidis, caulinis plus minusve pubes- centibus paucis pinnatisectis, segmentis lanceolato-linearibus lineari- busve integris vel incisis; calathiis in alabastro a setis calycinis superatis, fructiferis subglobosis ; involucri foliolis 10 uniserialibus linearibus calathio 1/3 brevioribus, demum reflexis paleis anguste lanceolatis apice ciliatis; involucelli tubo fere cylindrico ad costas piloso limbo 1-1 1/2 mil. longo, scarioso eroso multinervato dimidiam ejus longitudinem æquante, calycis setis atris enerviis scaberrimis elongato-setaceis, 9-11 millim. longis limbo involucelli 6-8 longioribus, corollis 5 fidis cæruleis vel roseis, exterioribus radiantibus. Perennis. — Fl. jul.-aug. Hab. In dumetis regionis superioris et in cedretis Djurdjuræ imprimis occidentalis : dj. Aizer, Tala Ailal, Tizi Tzennant, Tizi Hout, Lalla Khadidja. — Var. fulva. — Ramosior, foliis radicalibus subtus sericeo-tomen- tosis, calathiis iis typi minoribus, setis fulvis; akeniis, involucellis, setis iis typi brevioribus sed easdem proportiones inter se conservantibus : involucelli cirea 1 millim. long., seta 6-9 millim.; akenia sæpe abortiva. Hab. In cedretis, quercetis et in rupestribus regionis mediæ Djurdjuræ imprimis orientalis : Azerou-n-tehor, Askajdem, Mechmel Ait ou Abban, Ait Daoud. Ogs. — Le Scabiosa Djurdjure se distingue à première vue des S. Columbaria L., S. gramuntia L., S. lucida Vill. et des formes affines par les soies du calice 6-8 fois plus longues que la couronne de l'involucelle. Bellis silvestris Cyr. var akeniis glabris. Hab. In pascuis :! Aumale. Les B. silvestris, atlantica Boiss. etvelutina Pomel ne me paraissent être que des variétés de la même espèce. Les caractères tirés de la forme des feuilles et de celle des folioles du péricline sont inconstants. A Aumale et sur le djebel Dirah, j'ai constaté sur certains individus portant plu- sieurs capitules, la présence simultanée de folioles obtuses, émarginées ou dentées au sommet et de folioles aiguës. Le caractère tiré de la villosité des akénes ne parait pas plus fixe : le B. silvestris les a hérissés de poils trés eourts appliqués, B. atlantica de poils plus longs subétalés, B. velutina de poils fauves dressés, formant au bord du disque une fausse aigrette (Pomel). Or il existe une forme du velutina à poils blanes. De plus si l'on relève par le frottement les poils de l’atlantica, CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 2 2 1 on voit ceux de la partie supérieure dépasser le bord du disque et former une fausse aigrette en tout semblable à celle du velutina. Artemisia kabylica (sect. Abrotanum DC.). Suffruticosa odorata, caule lignoso glabro erecto stricto ramosissimo 90-80 cent. alto, ramis cespitosis erectis rigidis simplicibus striatis puberulis foliosis, foliis longe petiolatis junioribus canescenti-tomentellis adultis glabratis viridibus, petiolo auriculato, limbo circuitu ovato infe- riorum bipinnati-superiorum pinnatipartito, laciniis linearibus obtusis, foliis summis integris linearibus ; calathiis solitariis parvis hæmisphæ- ricis longe pedunculatis in apice pedunculorum erectorum rigidorum ex axilla foliorum 1, rarissime 2, prodeuntium et 2-5 bracteis linearibus præditorum cernuis 6-7 millim. latis, 30-40 floribus, in racemos spicatos longos terminales dispositis, anthodii viridi-canescentis squamis exterio- ribus lanceolatis herbaceis apice scariosis, interioribus rotundatis apice margineque late scariosis dorso viridibus vel omnino scariosis; recep- taculo nudo, corollis luteis glabris. Semina non vidi. — Fl. julio. Hab. In rupestribus dumetosis regionis montanæ Kabylie, versus 1000-1200 metr. Beni bou Youcef. Ops. — Cet Artemisia est tout à fait différent des espèces de France, . d'Italie, d'Espagne et du nord de l'Afrique; c'est un buisson épais com- posé de rameaux raides et dressés formant tout autant de grappes en épis allongés et trés odorantes. Les pédoncules pourvus debractées par- tent solitaires et quelquefois deux, dont un bien plus court, de l'aisselle des feuilles caulinaires et portent chacun une seule fleurpenchée. Les folioles scarieuses du péricline brillent au soleil d'un reflet argenté qui fait remarquer la plante à distance. Centaurea amara L. — In pascuis montanis inter Tizi Tirourda el Azerou-n-tehor. Forme prostrée étalée sur le sol, commengant à fleurir à la fin d'aoüt. Carduncellus atractyloides Coss. et Dur. var. elatus. — Differt a typo caulibus elatis 20-25 centim. altis, foliorum segmentis anguste linearibus, capitulis angustioribus, pappi setorum pilis brevioribus sub- applicatis. — Fl. julio. Hab. In herbosis regionis mediæ Djurdjuræ : Takrap in latere orien- tali montis Lalla Khadidja. Oss. — Le C. atractyloides commun dans les lieux pierreux et sur les gazons de la région supérieure est subacaule et a les soies hérissées de barbes raides étalées. Tragopogon porrifolius L. — [n cedretis Ait Daoud. Tragopogon crociíolius (?. flaviflorus Willk. et L. Prodr. fl. hisp. M, 98 SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. 297. — In rupibus excelsis Djurdjuræ 2000-2300 metr.; Tabbourt hou Friken, Lalla Khadidja. Taraxacum palustre DC. — In pratis montanis hyeme inundatis. Tamda Ouguelmin. Hieracium prenanthoides Vill. var. corolle dentibus glabris, non ciliatis. — In cedretis : Tizi Hout (Letx), Tizi Tsennant. Campanula macrorrhiza J. Gay var. jurjurensis — C. jurju- rensis Pomel, Nouv. Mat. 251. — Differt a typo floribus post anthesim et capsulis nutantibus et laciniis calycinis primum brevibus et applicatis deinde post anthesim valde crescentibus. — Fl. jul.-aug. Hab. In rupium fissuris Djurdjuræ 1400-2300 metr. Tabbourt Bouz- gueur (Letourneux qui primus eam detexit anno 1873), Tizi Boulma (Letx), Tamgout et dj. Aizer ; Tabbourt bou Friken, Tala Ailal et frequentissima in rupibus descendendo ex hoc monte in Tamda Ouguelmin; Lalla Kha- didja in cacumine. — var. rotundata, differt a præcedente foliis caulinis rotundatis obtusis integris vel sinuatis. Hab. cum illa in rupibus cirea Tamda-Ouguelmin. Ops. — Le C. macrorrhiza J. Gay a les fleurs et les capsules dressées et les lobes du calice allongés. Les deux variétés décrites établissent, par leurs fleurs dressées pendant l'anthése et penchées ensuite ainsi que les capsules, le passage du type au C. rotundifolia dont la fleur est d'abord dressée puis penchée de méme que la capsule ; mais elles en différent par le rhizome épais, ligneux, allongé, rameux, émettant des tiges ascen- dantes flexueuses, hautes de 8-20 cent., simples ou 2-4 flores, par les feuilles caulinaires inférieures ovales ou ovales-lancéolées (var. jurju- rensis) ou arrondies (var. rotundata), par les lobes du calice étroitement linéaires obtus d'abord courts (3 millim.) et appliqués à la corolle, puis aprés l'anthése croissant rapidement, atteignant 15 millim. et le plus souvent réfléchis. Il me parait impossible de conserver comme espéce la variété jurju- rensis, car je crois que c'est à l'action de la chaleur si intense dans ces régions qu'est duel'incurvation du pédoncule floral bientôt après lan- thése. La fleur s'épanouit le soir et aux premiéres heures du jour, puis la corolle se flétrit et se penche. Le 8 juillet 1888, sur plusieurs centaines d'individus que j'ai observés pendant un trajet de quatre à dix heures du matin, beaucoup jusqu'à six heures avaient la fleur dressée ; mais à dater de ce moment, sous l'influence d'un violent sirocco, presque toutes les corolles se fanérent et les pédoncules se recourbèrent. Le sirocco a donc eu pour effet de produire rapidement cette incurvation qui s'opére plus lentement dans les circonstances habituelles. Il serait intéressant de CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D' ALGÉRIE. 20 cultiver la plante sous une autre latitude pour voir si elle se comporterait comme le type croissant dans les Alpes-Maritimes. Les deux variétés forment des touffes parfois énormes atteignant jus- qu'à 15 cent. de largeur sur 50 cent. à 1 mètre de longueur. Leurs rhi- zomes acquièrent dans ces cas-là le diamètre de 1 1/2 à 2 cent. La fleur est faiblement odorante. La variété rotundata a un facies trés différent de la variété jurjuren- sis ; mais on trouve de nombreux intermédiaires. Vincetoxicum officinale Mœnch.— Très répandues sur toutes les montagnes du Djurdjura où elles s'élévent jusqu'à 2000 mètres (dj, Aizer), les formes de ce groupe encore peu connu y croissent mélangées et pré- sentent à l'analyse des différences assez sensibles. Leurs fleurs sont en général plus petites qu'en France, elles sont jaunes ou blanches, ou blanches avec la couronne jaunàtre. Les divisions du calice quelquefois ciliées, le plus souvent glabres, sont tantôt lancéolées-aigués, tantôt ovales-aiguës ; celles de la corolle ovales-obtuses sont planes ou à bords réfléchis ; les lobes de la couronne staminale ovales-arrondis et obtus sont tantôt distants, tantôt très rapprochés. La membrane pellucide qui les réunit s'éléve parfois aux trois quarts de la hauteur des lobes, ailleurs elle arrive à peine au quart. Chez quelques individus elle présente une petite dent interposée entre chaque lobe. De toutes ces formes dont l'une rappelle le V. lazum Bartl. (sub Cynancho) et une autre le V. conti- guum Koch, sans pouvoir cependant leur être identifiées, j'en signalerai trois comme variétés afin d'attirer sur elles l'attention des explorateurs, mais je ne me dissimule pas combien mon étude est incomplète. Ces plantes doivent être analysées sur le frais et il faudrait les cultiver pour arriver à bien les connaitre. — var. aeutatum. — Floribus albis, corollæ lobis planis sicut et lobis coron: acutatis. — FI. jul.-aug. Hab. In rupestribus montanis : Ait Daoud. — var. dentiferum. — Floribus lutescentibus, membrana 5 dentata dentibus inter lobos coron: interpositis. Hab. Tala Ailal. — Var. floribundum. — Exaltatum 1",30-1",80 l. flexuosum, ramo- sum, racemis permultis, floribus citrinis, lobis calcinis ovato-lanceolatis acutis. Hab. Secus torrentes : Ait ou Abban. Onosma echioides L. — In rupibus excelsis Djurdjuræ : Tizi Tsen- nant, Tizi Ouguelmin, Tala Ailal, Tabbourt bou Friken. Mattia gymnandra Coss. — Mêmes localités. 30 SÉANCE DU 14 JANVIER 1889. Melissa officinalis L. — In sepibus et dumetis regionis montamne : Ait Koufi, frequens. Plantago mauritaniea Doiss. et Reuter. — In glareosis et rupestri- bus regionis montanæ a Tamda Ouguelmin ad Tizi Tsennant. Rumex induratus Boiss. et R. — In rupestribus montanis Tamda Ouguelmin. Daphne kabylica. Je désigne sous ce nom un Daphne à tiges de 50 à 80 centimétres, ligneuses, rameuses, à rameaux dressés, à écorce grisàátre, à feuilles rapprochées en rosette au sommet des rameaux, d'un vert sombre en dessus, d'un vert clair en dessous, coriaces, glabres, obovales, atténuées en pétiole très court, longues de 3 1/2 à 4 centimètres, larges de 1 1/2. D'aprés la disposition des bourgeons, je présume que les fleurs sont laté- rales; mais je ne puis rien affirmer, n'ayant observé que des individus non fleuris. Malgré cela je lui ai donné un nom spécifique, car il diffère de toutes les espèces que j'ai vues dans les herbiers ou dont j'ai comparé les descriptions. Je l'ai trouvé dans les foréts ombragées de Chénes el de Cédres du Mechmel des Ait ou Abban. Daphne Philippi Gr. et Godr. — Désignée par M. Letourneux dans son Catalogue des plantes de Kabylie sous le nom de D. Laureola L., cette forme que je n'ai observée qu'en fruit est remarquable par le déve- loppement de ses bractées. — Je l'ai trouvée dans les foréts d'Agouni el Haoua aprés M. Letourneux, et dans celles des Ait ou Abban. Salsola camphorosmoides Desf. — In rupibus et petrosis: Boghari. Euphorbia atlantica Coss. — [n rupestribus Djurdjurz occidentalis frequens a 1500 ad 2000 m. ascendens : Beni Meddour, Tizi et Tamda Ouguelmin, Tala Ailal, Tabbourt bou Friken, Tassougdelt, dj. Aizer. Juniperus communis L. — Trés rare en Kabylie où il n'avait pas encore été signalé. Je l'ai trouvé dans les forêts ombragées du Mechmel des Ait ou Abban et sur l'Azerou-n-Tehor, où croissent quelques pieds hauts de 17,80 à 27,50 à fruits petits 2-3 fois plus courts que la feuille. — var. alpina Gaud. — J. nana Willd., Letx Kab. 72, depuis long- temps signalé sur le Djurdjura par M. Letourneux, y est assez commun sur toutes les sommités, y forme des buissons ayant jusqu'à 6 mètres de diamètre et est sujet à de nombreuses variations. Salix pedicellata Desf. — Le bois des jeunes rameaux présente des saillies linéaires longitudinales semblables à celles du S. Caprea L. Alisma natans L.— [n fossis regionis montani : dj. Dirah prope Aumale. CHABERT. — NOTE SUR LA FLORE D' ALGÉRIE. ol Ruscus aculeatus L. — Usque ad 2100 metr. ascendit ad rupes umbrosas : Tabbourt bou Friken. Corbularia monophylla Dur. — In dumetis et ad ores silvarum : in silva Ksenna dicta, prope Aumale. Trisetum flavescens P. B. var. nodosum. — Caulibus basi nodosis et stolonibus interdum etiam nodosis. Hab. In nemoribus montanis : Nador supra Medeah. M. Malinvaud présente à la Société des exemplaires à demi desséchés de Galanthus nivalis, vécoltés, le 25 décembre dernier, dans le Puy-de-Dóme par M. Audigier, de Clermont-Ferrand, et donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. AUDIGIER A M. MALINVAUD. -.. Depuis quinze ans, je m'impose, aux premiers jours de l'année, aux pre- miers sourires dela nature, le pieux devoir de faire un pélerinage à Bellerive, prés de Cornon, sur la rive droite de l'Allier, pour y admirer et cueillir des Perce-neige en fleur. Ils sont en abondance dans le bois d'une magnifique propriété, oü l'on entrait naguére librement, mais aujourd'hui complétement fermée au public. De l'autre cóté et dans le talus de la route, en face de la porte de ladite propriété et prés d'un pont suspendu, en plein nord sous des Robiniers, le 25 décembre dernier, les Perce-neige étaient parfaitement fleuris ; laltitude du lieu est de 320 à 325 mètres. Plus bas, sur la méme rive de l'Allier, en contre-bas de la route de Pérignat à Mezel et à 1 kilomètre environ de cette derniére localité, dans un petit bois (formé de Frénes, Saules, Ceri- siers, etc.), faisant face à l'ouest, les Perce-neige fleuris couvraient le sol. ... Il y a huit jours, un de mes cousins, propriétaire du domaine de Bom- Parent, prés de Rochefort-Montagne (altitude 920 inétres), me dit que dans son bois en plein midi le Galanthus était fleuri depuis plusieurs jours. A Royat, sur un tertre de jardin paysager en plein midi mais non sous bois, les Perce-neige, trés abondants en cet endroit, n'étaient pas encore fleuris; l'alitude (580 mètres) est cependant beaucoup moindre qu'à Bomparent. Il est donc évident que l'abri fourni par un rideau d'arbres avance beaucoup la végétation de ces plantes. Je visite tous les ans Bellerive et Mezel, parce que le chemin de fer me per- met de faire cette course un dimanche dans l'aprés-midi, mais le Galanthus nivalis est spontané en beaucoup de localités daus le Puy-de-Dóme. Je l'ai trouvé à Allagnat (S.-0. du Puy-de-Dôme), dans presque tous les bois aux envi- rons de Pontgibaud, à Hioux et à Bomparent, prés de Rochefort, aux bords de la Miouze, prés de Bourgheade (en société de l'Erythronium Dens-canis), au bois de Vergnes, près de Saint-Sauves (avec la méme Liliacée, en plein midi, sur la rive droite de la Dordogne), etc. . . . . . . . . . . . .. + . + . . s 32 SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. M. Malinvaud rappelle le cas de floraison tardive du Perce-neige signalé par M. Roze l'année derniére et les exemples de précocité de la méme plante qui avaient été cités à cette occasion (1). Il dit qu'à sa connaissance aucun auteur depuis Bauhin n'avait mentionné le fait de la floraison en décembre du Galanthus nivalis observé par M. Audigier. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communicalion suivante : NOTICE SUR LES /BERIS DE LA FLORE DU GARD, par M. B. MARTIN. La statistique spécifique du genre Jberis, telle qu'elle a été établie par de Pouzolz, il y a environ trente ans, se compose des six plantes suivantes : 1. pinnata L., 1. Prostii Soy. Will., T. saxatilis L., I. amara L., I. Violetti Soy.-Will., intermedia Guers. En ce qui touche aux quatre premières, l'énumération de la Flore du Gard est irréprochable et à l'abri de toute critique, soit pour la déter- mination des espèces, soit pour les indications de géographie botanique qui concernent chacune d'elles. Il nous semble oiseux d'insister ici sur la distinction de végétaux exactement connus et judicieusement appréciés avant nous. Mais il en est autrement pour ce qui regarde les F. Violetti et inter- media. Sur ce terrain particulier, il est nécessaire de mettre au jour les méprises de notre devancier, et à ses diagnoses équivoques et hasardées il convient de substituer des déterminations plus süres et plus vraies. C'est ce qui va nous occuper d'abord. IpEnis VioLETTI. — Depuis la publication d'un bon travail, de M. Flandin de Pont-Saint-Esprit, inséré dans le Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nimes (avril 1880, n° 4), les bota- nistes du Gard savent que de Pouzolz s'est pleinement fourvoyé en inscrivant l'espèce de Soyer-Willemet sur le catalogue de notre dépar- tement. Nous nous associons sans aucune réserve à toutes les conclusious du travail de notre excellent ami et reconnaissons avec lui que l'Iberis signalé à Jonquières, prés de Bagnols, dans la localité classique de la Flore du Gard, ne ressemble pas au type lorrain dédié à Violet, et qu'il doit plus tót étre assimilé à une forme méridionale découverte dans (1) Voyez le Bulletin, t. XXXV (1888), pp. 257 et 260 (note). MARTIN. — NOTICE SUR LES IBERIS DE LA FLORE DU GARD. 33 l'Ardéche par M. Jordan et désignée sous le nom d'Jberis deflexifolia Jord. (1). ÎBERIS INTERMEDIA. — L'Iberis indiqué sous cette dénomination par de Pouzolz, offre-t-il des affinités avec la plante que les botanistes fran- çais connaissent des rochers de Duclair, prés de Rouen? Nous n'éprou- vons aucun embarras à déclarer quela description de la Flore du Gard ne rappelle aucun des caracléres essentiels appartenant au véritable I. intermedia de la Seine-Inférieure et sommes obligé de dire qu'il n'y a pas lieu de comprendre avec certitude la plante de Guersent sur la liste de nos Iberis. Dans ce cas, comme dans le précédent, il s'agit sans doute encore d'une confusion d'espéces, d'une diagnose erronnée (2). Nous reviendrons tout à l'heure sur ce point pour tàcher de remettre cette espèce dévoyée à la place qui lui convient dans notre cadre bota- nique. Après ces remarques critiques et les corrections apportées à l’œuvre de notre maitre, il nous reste à dire quelques mots de deux Jberis non mentionnés dans la Flore du Gard, VI. collina Jord. et VI. pandure- formis Pourr. [BERIS COLLINA. — « Son feuillage vert et non glauque, ses tiges assez » basses et presque toujours divisées à la base, ses rameaux courts, ses » pédicelles plus épais et plus étalés au moment de la floraison, son stig- » mate émarginé et plus large, enfin ses silicules, qui sont presque aussi » larges au sommet que dans leur milieu, l'éloignent de PI. Prostu » (Jordan, Observ. 6* fragm., p. 58). L'I. collina croit, autour de nous, dans les trois départements de l'Hérault, de l'Aveyron et du Gard. Dans le premier de ces départements, on le récolte sur la Sérane, d’où il nous a été communiqué par notre ami (l) Sans entrer dans tous les détails d'une comparaison minutieuse des 7. Violetti et deflexifolia, on peut, au simple coup d'œil, saisir sur les deux plantes des diffé- rences sensibles qui en rendent la .démarcation aisée. Ainsi, l'espèce de Soyer-Wil- lemet a la tige basse, courte (20 centim.), épaisse, ramifiée dés la base, les feuilles charnues, nombreuses, rapprochées et laissant à leur chute sur la tige des cicatrices manifestes. L'espéce de Jordan, au contraire, a sa tige haute (70 à 80 centim.), élancée, rameuse vers le haut, avec des divisions étalées dressées, disposées en corymbe ; ses feuilles plus longues, plus larges, éparses et défléchies sur la tige, qui reste isse aprés qu'elles sont tombées. Dans des conditions d'étude aussi faciles, on a peine à comprendre que de Pouzolz ait si étrangement oublié ses habitudes de clairvoyance et de sagacité et se soit laissé aller à émettre, au sujet de son Iberis de Jonquiéres, une diagnose aussi éloignée de la vérité. : Re (2) Il est regrettable que l'auteur de la Flore du Gard ait eu la singulière idée de demander à la*Flore de Lorraine et à celle de Normandie des noms mal assortis pour deux /beris de notre contrée méridionale. Il eùt cédé à une plus heureuse inspiration et serait arrivé à des résultats plus satisfaisants, si, pour le choix de ses déterminations, il eüt songé à tirer parti des intéressantes éludes, déjà publiées de son temps, par M. Jordan, sur quelques espèces nouvelles du genre Iberis. : T. XXXV. (SÉANCES) 3 34 SÉANCE DU 11 JANVIER 1889. M. Barrandon (1). Dans le second, il habite le bois du Roi, prés de Nant, où il a été découvert par un jeune et zélé botaniste, M. Marc, frère des écoles chrétiennes. Enfin dans notre département du Gard, on trouve PI. collina sur les éboulis oxfordiens qui recouvrent cà et là les pentes boisées de la Virenque, non loin du bois de Salbouz, où végète son con- génère lT. Prostii. Dans ces stations contigués les deux espèces ré- pondent, chacune à sa facon, à la loi qui régle l'époque de leur floraison respective. Tandis que le premier se hàte de commencer dés le mois de mai l'évolution vernale de son inflorescence, le second réserve pour les mois de juillet et d'aoüt l'épanouissement plus tardif de ses grappes florales. Une étroite ressemblance relie entre eux les échantillons d'J. collina fournis par les trois départements limitrophes. Les uns et les autres sont aussi tout à fait conformes aux exemplaires de la méme plante recueillis par M. Jordan à Serrières (Ain) et que le botaniste lyonnais a fait servir de types pour l'établissement et la description de son espèce. Pour en revenir à 7. intermedia de la Flore du Gard, disons que la plante en question, si l'on peut en juger par la description qui nous en reste, est indubitablement pourvue d'un certain nombre d'attributs bota- niques propres à FT. collina (2), et rattachons sans une trop grande hési- tation cette plante à notre espéce Jordanienne des bords de la Virenque. [BERIS PANDURÆFORMIS. — Cet Iberis semble marquer la transition entre lI. pinnata et VT. amara ; cependant on ne saurait le confondre ni avec l'une ni avec l'autre des deux espèces voisines. Il se distingue de la première par ses grappes fructiféres allongées, ses silicules plus grandes, élargies au sommet, les lobes de l'échancrure ovales aigus; il se sépare de la seconde par ses silicules non rétrécies au sommet, plus fortement ailées, à lobes ovales non aigus, et par ses feuilles plus nom- breuses, décidément pinnatifides et non simplement dentées. Notre Crucifère ne compte pas en France de bien nombreuses sta- tions (3). Les Flores les plus récentes lui en assignent seulement deux, les environs de Narbonne et ceux de Mende. Nous annonçons avec satis- faction la découverte pour cette plante d'un gite de plus dans nos (1) Les auteurs de la Flore de Montpellier donnent à l'Iberis de la Sérane le nom d'I. maialis Jord. Mais ils ne sont pas éloignés de réunir dans une méme synonymie leur I. maialis et notre I. collina. (2) « Feuilles caulinaires longues de 4 à 5 centimètres, rétrécies aux deux extrémités ; » grappe fructifère courte, à pédoncules très étalés et les inférieurs réfléchis; silicules » presque pas rétrécies au sommet, se divisant en deux longues dents aigués trés » divergentes, de la longueur du style ou plus longues que lui » (in de Pouzolz Flore du Gard, t. 1, p. 84). : (3) L'I. panduræformis appartient aussi à la flore de Hongrie. J'en possède un échan- tillon, récolté à Budapesth par M. Richter Lajos, que je tiens de la libéralité de M. Barrandon. MARTIN. — NOTICE SUR LES IBERIS DE LA FLORE DU GARD. Jo Cévennes du Gard; ce qui est loin encore de changer sensiblement sa condition d'espéce rare pour la flore francaise. lci, la plante de Pourret végéte sur le trias, au quartier de la More, entre Alzon et Estelle, et sur l'oxfordien à la Rigalderie, près de Blandas. En ces lieux, on la récolte dans les cultures de Pommes de terre et de Mais pendant les mois de septembre et d'octobre. Depuis sa publication dans le Chloris Narbonensis, VI. pandurc- formis a eu des fortunes tout à fait diverses. Peu de temps aprés sa création, l'eeuvre de Pourret a été dépouillée de son autonomie spécifique par Lamarck et de Candolle et réduite à la condition d'une simple variété del 7. pinnata. Toutefois, cette déchéance n'a pas été de longue durée ; les appréciations plus exactes de M. Jordan et de notre regrettable ami Timbal-Lagrave (1) ont fait prévaloir en faveur de l'espéce de Pourret une opinion contraire à la maniére de voir des auteurs de la Flore fran- çaise et ont obtenu pour elle une réhabilitation qui sera sans doute défi- nitive et mettra désormais la plante à l'abri de nouvelles vicissitudes. Voici en quelques mots les conclusions de notre travail : La flore du Gard compte aujourd'hui sept représentants du genre Iberis, au lieu de six. La révision de nos formes spécifiques a provoqué l'exclusion des Iberis Violetti et intermedia, et déterminé l'introduction des Iberis deflexi- folia, collina et panduræformis. La liste actuelle de nos Iberis comprend les espèces suivantes : 1beris pinnata, I. Prostii, 1. deflexifolia, I. saxatilis, I. collina, I. amara et I. panduræformis. (1) Dans une note sur PI. panduræformis (in Mém. de la Soc des sc. phys. et nat. de Toulouse, t. 1), Timbal-Lagrave, aprés avoir mis en parallèle son Iberis des Cor- bières et celui de nos Cévennes qu'il connaissait, et avoir constaté entre eux un certain nombre de différences de formes, se déclare contre l'identité des deux plantes et pro- pose l'admission de plusieurs types affines, à l'un desquels il décerne trés courtoise- ment le nom d'7. Martini. Une bienveillante communication de notre excellent confrère M. Guillon nous a fourni le moyen de comparer l'7beris de Casa de Peña avec celui de nos Cévennes et de retrouver sur eux tous les caractères du signalement différentiel tracé par le savant botaniste de Toulouse. Cet examen comparatif nous a montré sur les échantillons des Corbières une tige simple, courte (10 centim.), peu feuillée, qui fleurit au mois de mai, des silicules à échancrure ouverte, avec des lobes à peine : obtus, égalant la longueur du style, et nousa permis d'observer sur les nôtres une tige plus haute (20 centim.), très ramifiée dès la base, ne donnant des fleurs qu'à la fin de l'été, des feuilles nombreuses, pinnatifides, des silicules avec les ailes des valves plus longues et plus obtuses, dépassées par le style. Ces différences morphologiques, qui ont tant frappé l'attention de Timbal-Lagrave, sont assurément incontestables; mais il est moins sür qu'elles offrent au fond une valeur et une importance suffisantes pour auto- riser le dédoublement de PI. panduræformis en plusieurs types distincts. 36 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 11 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la précé- dente séance, proclame membres de la Société : MM. Basrir (Eugène), licencié és sciences naturelles, rue du Battoir, 3, à Paris, présenté par MM. Bonnier et Dufour. BLowpEL (Raoul), préparateur à l'École de médecine, rue Saint-Jacques, 179, à Paris, présenté par MM. Bonnier et Colomb. M. le Président annonce que le Conseil d'administration a décidé de soumettre à l'approbation de la Société le projet de résolution sulvant : La Société botanique de France, à l’occasion de l'Exposition universelle de 1889, se réunira en congrès à Paris dans la seconde quinzaine du mois d'août prochain. Ce projet, à la suite d'explications données par M. le Président, est mis aux voix et adopté. M. le Président fait ensuite connaitre la composition suivante, arrétée par le Conseil, des diverses commissions annuelles pour 1889 : 1° Commission de comptabilité : MM. Bornet, E. Cosson et Roze. 2» Commission des archives : MM. l'abbé Hue, Marès et A. Ramond. 3° Commission du Bulletin: MM. Bonnier, Bornet, Duchartre,Mangin, de Seynes, J. Vallot et MM. les membres du Seerétariat. 4 Comité consultatif chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société : MM. Bainier, Camus, Cornu, E. Cosson, Franchet, Poisson et Rouy. o° Comité d'organisation du Congrès qui doit se réunir à Paris en 1889 : MM. Bonnier, Bornet, Bureau, Duchartre, Guignard, Maury, Patouillard, Prillieux, Ramond, Rouy, Roze et Vallot. j E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 31 D’après l’article 25 du Règlement, le Président et le Secrétaire général font partie de droit de toutes les commissions. M. Malinvaud donne lecture de lettres de MM. Boulet, Harmand, Legendre et Ravaz, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. M. Bonnier fait hommage à la Société du premier numéro d’un nouveau recueil périodique publié sous sa direction, sous le titre de Revue générale de botanique. Cette Revue, qui, indépendam- ment de travaux originaux, doit publier des revues spéciales sur les progrés des différentes branches de la botanique, contient dans son premier numéro des articles ou Mémoires de MM. Bornet, Guignard, Leclerc du Sablon, Jumelle et Bonnier. M. Blanc fait à la Société la communication suivante : NOTES RECUEILLIES AU COURS DE MES DERNIERS VOYAGES DANS LE SUD DE LA TUNISIE, par M. Édouard BLANC (1). Tozeur (Tunisie), 30 mai 1887. Je viens de terminer heureusement, dans le sud-est de la Tunisie, une exploration au cours de laquelle j'ai recueilli quelques notes botaniques dont je m'empresse de communiquer un extrait à la Société. Dans mes précédentes communications, j'avais annoncé ma résolu- tion de parcourir et d'étudier cette année (en 1887) une région que nous avions entrevue au printemps de 1886, M. Letourneux et moi, au sud- ouest du chott Djérid, et qui nousavait paru posséder une flore spéciale, pouvant donner lieu à quelques observations nouvelles. M. Letourneux, dans une lettre à la Société (2), déclarait lui-méme que l'étude de cette région présenterait un grand intérét botanique. Je me rendis donc, dés l'automne de 1886, dans les oasis du Djérid, et, ayant terminé mes préparatifs d'expédition de manière à ne pas être (1) Ces Notes, dont la premiére a été écrite à la fin de mai 1887, et la seconde au mois d'aoüt 1888, n'ont pu étre communiquées à la Société que dans le courant du mois de janvier 1889, M. Blane n'étant revenu en France qu'à la fin de 1888 au retour de la mission dont il était chargé en Afrique depuis 1885, et l'envoi de ses Notes ayant subi divers retards motivés par les circonstances de ses voyages. (2) Voyez le Bulletin, t, XXXIII (1886), p. 541. 38 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. arrété par les mémes circonstances que l'année précédente (1), j'attendis la saison la plus favorable au point de vue botanique pour la reconnais- sance de la contrée dont il s'agit, c'est-à-dire le printemps. J'attendais aussi que M. Letourneux, qui avait annoncé son retour dans le sud de la Tunisie pour lemois de mars 1887, y fût arrivé, de manière à pouvoir faire le voyage de concert avec lui. Je passai l'hiver de 1886-87 à faire des travaux géographiques et des observations diverses dans le bassin des Chotts; je parcourus notamment et visitai en détail le massif montagneux qui s'étend à l'est de Gafsa jusqu'à la frontière algérienne, c'est-à-dire au nord-est du chott Rharsa,| et qui a pour centres principaux les oasis de Tamerza, de Chebika et de Midés, trés peu étudiées jusque-là. Sur ces entrefaites, M. Letourneux, parti de Gabés sans m'en avoir avisé, à la fin de mars 1887, en compagnie de M. Lefebvre, directeur des foréts de Tunisie, se rendit d'abord dans les montagnes du Matmata, le curieux pays des Troglodytes, que j'avais précédemment parcouru à la fin de 1885 et où lui-même avait déjà fait une reconnaissance antérieure ; de là il gagna Douirat, puis il s'engagea dans la contrée sans eau que l'on nomme le Dahar, et par El-Hagueuf et Bir Solthan, il arriva à Douz. Là, une circonstance inattendue modifia l'organisation de son expédi- tion. Des affaires urgentes et imprévues exigèrent le retour immédiat de M. Lefebvre à Tunis, et son départ devait entrainer celui de la moitié du personnel de la caravane. Ce fut moi qui reçus de Tunis les dépêches qu'il importait de faire parvenir aux voyageurs, et je me mis aussitôt à leur recherche, le 15 avril. Ayant connaissance de leur départ de Gabés, mais ignorant leur itiné- raire, je me dirigeai approximativement par les voies les plus directes, de Tozeur, où j'étais en ce moment, sur le Nefzaoua méridional. Mais pour cela, je dus, afin de ne pas perdre un jour, traverser le chott Djérid suivant un tracé où il n'est pas guéable en cette saison. Or la longueur de ce passage est de 52 kilomètres, entre l’oasis d'El-Oudian et celle de Debabcha. Le chott s'étant en partie rempli d'eau à la suite d'un violent orage qui éclata pendant que j'y étais engagé, le gué devint tout à fait impraticable. Je pus le traverser seul, avec deux cavaliers, en vingt heures de marche sans aucune halte, mais je fus forcé d'y abandonner mes chameaux avec leurs conducteurs, qui demeurèrent embourbés, ainsi que tous mes bagages et mes provisions. Une véritable tempéte, qui dura deux jours avec trombes de sable et succession d'orages violents, mit ensuile obstacle à ma marche. Cepen- dant je continuai, et je parvins à faire tenir, dans les délais utiles, les dépêches dont j'étais porteur, à la caravane de M. Letourneux, mais (1) Voyez le Bulletin, t. XXXIII (1886), p. 249. E. BLANC, — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 39 sans pouvoir arriver moi-même jusqu'à elle. Le 17 avril au soir, je fus forcé, par la fatigue de mes chevaux et par l'état déplorable de mes véte- ments mouillés, de m'arréter à 30 kilométres de Douz, mais je fis partir un messager qui rejoignit le soir méme les voyageurs dans celle oasis, leur remit les dépéches et m'annonca à eux pour le lendemain. Malheureusement les retards occasionnés par diverses circonstances, et notamment par le sauvetage de mes bagages et de mes animaux restés dans le chott, me firent perdre cinq jours et m'empéchérent de rejoindre notre collégue à Douz, comme je l'aurais désiré. Aprés m'avoir attendu un jour et demi dans cette localité, M. Letour- neux en repartit le 19 avril, accompagné de M. le lieutenant de Bechevel et d'une vingtaine d'hommes. Ceux que le départ de son compagnon de voyage avait enlevés à la caravane avaient été remplacés par une portion du personnel du poste de Douz. Il passa à Cobria, à Chouchet-el-Menzel, à Bou-Kharouf, et s’avança jusqu'à El-Arfedji, point fort intéressant, situé à un peu plus de moitié route entre Cobria et Bir-es-Sof, par 5°50’ de longitude est et 33*00' de latitude, au pied méme des grandes dunes. Là, jugeant impossible d'aller plus loin dans les circonstances où ils se trouvaient, et ce point étant d'ailleurs celui qu'ils avaient fixé comme terme extréme de leur expédition avant de quitter Douz, les voyageurs tournérent à angle aigu vers le nord, et, suivant à peu prés la direction d'un méridien, M. Letourneux rentra à Nefta, en passant par le puits de Redjem-Matoug et par Bir Asli. Aprés un séjour de quelques jours à Tozeur, où il m'attenditde nouveau, il continua ensuite son voyage bota- nique en traversant l'est et le centre dela Tunisie (1), et notamment en visitant le massif montagneux de Tamerza, que j'avais parcouru de mon cóté, à l'automne précédent. M. de Bechevel se sépara de lui au puits de Redjem-Matoug et revint à Douz. Quant à moi, ayant formé un convoi léger avec six de mes hommes bien armés, dont deux à cheval et quatre montés sur des chameaux chargés à demi-charge, qui ne portaient que de l'orge et de l'eau, je partis de Douz sur leurs traces, trois jours aprés eux. Outre mes deux cavaliers et mes quatre chameliers, j'avais encore un guide négre que m'avait donné / Amel (gouverneur)du Nefzaoua. Ayant rencontré, prés de Moui-Ahmed, M. de Bechevel dans sonvoyage deretour, le jour méme où il avait quitté M. Letourneux, j'eus par lui, sur leur itinéraire fait et projeté, des renseignements qui complétérent ceux qui m'avaient été donnés à Douz. (1) Voy. Cosson, Compendium Flore Atlantica, t. Il, p. LXXX. 40 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. Mon itinéraire fut, à peu de chose près, le même que celui de M. Letourneux jusqu'à Redjem-Matoug, où j'arrivai trois jours aprés lui; mais de là, au lieu de remonter vers le nord, je partis dans la direction du sud-est, je décrivis à travers les sables de l'Erg un trajet compliqué, de manière à en relever la topographie, et finalement j'arrivai à El-Oued, abordant les oasis du Souf par le cóté du Sud-Est. J'eus à supporter de trés fortes chaleurs pendant cette partie du voyage. Je fus sept jours sans pouvoir renouveler ma provision d'eau potable, bien que, pendant cet intervalle, j'aie trouvé des puits salés suffisants pour abreuver les animaux, qui à ce point de vue, lorsqu'ils sont bien dressés, arrivent à se contenter, au moins temporairement, d'une eau extraordinairement chargée de sels. L'eau que j'emportais dans un ton- nelet pour ma consommation, et que j'avais puisée dans l'oasis d'El- Faouara, se maintint constamment entre 42 et 44 degrés, malgré la pré- caution que j'avais prise de couvrir le tonneau avec l'étoffe d'un sac. Le 30 avril 1887, j'observai, à six heures du soir, une température de 46 degrés à l'ombre, ce qui, pour la saison, est un chiffre très élevé. Je dus rationner mes hommes et prendre des mesures rigoureuses pour les empécher de boire plus que ne le permettait notre approvisionnement. Ayant toujours conservé l'habitude de voyager en plein jour et de ne jamais faire de marches de nuit, ce qui est une condition indispensable pour le naturaliste qui veut bien voir le pays, je fus réellement incom- modé. J'arrivai à El-Oued presque complètement insolé, ayant dû camper la veille sans eau, car le puits de l'Óued-Moussa était à sec, ainsi que celui de Mouley-Abd-el-Mijoud. Il était midi, je marchais depuis le point du jour, et la réverbération du soleil dans les dunes était excessivement pénible : je n'aurais certainement pas pu continuer ma route pendant une demi-heure de plus sans tomber, et en arrivant au poste d'El-Oued, je fus obligé de boire trois litres d'eau pour arrêter l'effet de l'insolation avant de pouvoir reprendre la parole. J'ai done fait la route du. Nefzaoua au Souf par le sud du bassin des Chotts, et je n'ai suivi l'itinéraire ni le plus facile ni le plus direct, mais bien le plus intéressant. Je n'ai pas rencontré de difficultés sérieuses de la part des indigènes, d'ailleurs extrêmement clairsemés dans Erg. Les indigènes, c'est-à-dire les nomades habituels, sont du reste pacifiques; la seule difficulté aurait pu venir de la part des pillards Touareg ou autres. Mais j'ai dérouté les gens mal intentionnés qui auraient pu étre tentés de s'embusquer sur ma route par la rapidité et l'imprévu de mes marches, qui ne suivaient aucune, piste frayée, et qui, ayant pour but les observations scientifiques et l'étude de la contrée, étaient complètement inintelligibles et impos- sibles à prévoir pour les gens du pays. Deux ou trois mesures éner- E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 41 giques prises à temps ont suffi pour compléter l'ensemble des précautions nécessaires. En joignant à cet ilinéraire ceux que j'ai faits à d'autres époques, j'ai traversé de part en part, de l'est à l'ouest, le désert de l'Erg oriental (1), et j'en ai dressé la carte depuis sa limite nord jusqu'au delà du 33° degré en relevant la position de tous les puits. D'El-Oued, je rentrai en Tunisie par Nefta, voyage qui a déjà été fait précédemment par plusieurs voyageurs, mais dans lequel je m'attachai constamment à suivre un itinéraire différent des leurs et à relever la position des puits situés en dehors de la route habituellement suivie par les indigènes. Au point de vue de la géographie, et en même temps de la botanique, je constatai dans ce voyage que, comme je l'avais signalé en 1886, il existe au sud-est du chott Djérid une région spéciale, enclavée dans les grandes dunes de l'Erg, et qui n'a pas les mémes caractéres que le reste de ce désert. Les dunes de sables, qui, sur toutes les cartes, sont suppo- sées s'avancer jusqu'au bord méridional du chott Djérid, du moins sur sa rive sud-est, s'en écarlent au contraire, et laissent entre elles et le chott une large plaine complétement horizontale, qui est évidemment, à mon avis, le fond d'un ancien chott aujourd'hui modifié dans son aspect par l'apport d'une légère couche de sable, dont les vents ont couvert sa surface. La présence d'une croüte saline, d'une horizontalité parfaite, qui existe à une faible profondeur sous le sable, et qui est formée, comme le fond du chott actuel, de gypse à peu prés pur, en est la preuve. Cette plaine, dont le diamétre est de 90 kilométres de l'est à l'ouest et de 50 kilométres du nord au sud, se nomme le Rogaa. Elle est cou- verte d'une végétation désertique, mais arbustive, remarquable par ses dimensions. Les tribus qui parcourent cette région, sont, en allant de l'est à l'ouest, les Ghouaouds, les Adaras, les Throuds et les Souafas. Une partie de ces nomades sont compris sous la dénomination collective de Gherib. Mais cette plaine ne se prolonge pas dans le sud de la province de Constantine au delà de la longitude de 5°10/, ce qui explique qu'elle ait (1) Le nom d'Erg, qui signifie les dunes, s'applique plus spécialement à une large bande sablonneuse qui s'étend de l'est à l'ouest, au sud de l'Algérie et de la Tunisie. Elle est divisée en deux masses : l'Erg oriental ou grand Erg, qui s'étend au sud de la Tunisie et de la province de Constantine ; l'Erg occidental, qui s'étend au sud de la province d'Oran et d'une partie de la province d'Alger. Entre ces deux masses se trouve un passage, celui d'El Goléa. L'Erg occidental se prolonge au sud du Maroc par les sables d'Iguidi. Ce nom d’Erg est le nom générique de toutes les dunes, mais employé seul il désigne la région dont nous parlons ici. Les autres parties sablonneuses du Sahara ont des noms spéciaux (sables d'Eddeyen, sables d’Iguidi, Djouf, etc.). 42 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. passé inaperçue des géographes de l'Algérie. Elle est complétement encadrée, au sud, à l'ouest et méme au nord-ouest, par les dunes, qui, en Algérie, s'avancent beaucoup plus au nord, jusqu'au chott Melrhirh. Du côté du nord-est, où elle s'approche de la rive du chott Djérid, la plaine du Rogaa est masquée par une contrée dont le sol est gypseux et ondulé, que l'on nomme le Djebile. Entre le Rogaa et les grandes dunes s'étend une zone assez étroite qui porte le nom de Kreb. Ce sont des dunes non mouvantes, couvertes de végétation et ayant l'aspect de simples collines de sable. La flore y a un caractere spécial : les puits n'y sont pas trés distants les uns des autres. Enfin, au delà du Kreb, s'étend le Rommel ou Erg proprement dit, où les dunes sont mouvantes et sans végétation, et les puits extrémement rares. J'ai relevé et figuré sur mes cartes les limites exactes de ces trois zones, qui sont celles de trois flores distinctes. Je ne puis entrer dans un plus grand détail de mes observations à cet égard : elles sont du domaine de la géographie pure et n'intéressent qu'indirectement la botanique. El-Arfedji, point extrême où s'est arrêté M. Letourneux dans son voyage de 1887, est sur la limite de ces deux derniéres zones. Il tire son nom d'une plante qui y est abondante, l'Arfedj, qui n'est autre que l'Anvillea radiata Coss. et DR., et qui présente une particularité intéressante. Cette Composée, signalée par Duveyrier comme ayant pour habitat le désert de l'Erg, croit en effet dans cette région de dunes. Mais elle parait exiger un sol gypseux. Or, dans toute cette région, il existe presque partout une nappe d'eau comprise entre deux bancs de gypse, au-dessus desquels se trouvent des dépóts de sable plus ou moins épais, qui forment les dunes. La présence de l'Arfedj, quand on le rencontre dans l'Erg, indique donc le peu d'épaisseur du sable et le voisinage de la croüte de gypse, par conséquent en général la proximité de puits ou la possibilité d'en creuser. Cette indication peut étre précieuse pour les voyageurs (1). Je me suis attaché d'une facon toute particulière, entre autres choses, à retrouver les plantes entrevues et imparfaitement étudiées dans mon (1) Duveyrier, dans son ouvrage Les Touareg du Nord (p. 177), signale l'Anvillea radiata comme rencontré dans l'Erg, à Titershin et à Serdelès. Il l'indique aussi comme étant commun entre Rhat et Insalah. Mais ce n'est pas une plante des sables, ni méme une plante caractéristique de l'extrême sud de l'Afrique francaise. C'est simplement une plante gypsophile. Nous l'avons trouvée au Souf, et prés de divers puits de l'Erg, à Bir Siouf Rouahouma, à Bir Allendaoui, à Bir Badyia, etc. Mais elle est bien plus commune sur les plateaux gypseux du sud-est de la Tunisie. Nous l'avons trouvée dans tout l'Aarad, notamment entre Zarzis et Metameur, oü elle abonde. Nous l'avons re- cueillie aussi beaucoup plus au nord, entre Sfax et Gabés, aux environs de la Skirra, et méme dans la plaine formée par l'ancien bassin lacustre du Garaat el Douza, à l'est de Gafsa. (Note de l'auteur.) E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 43 voyage de 1886, et à compléter mes observations ou renseignements à leur égard. J'ai examiné avec soin les différences qui existent entre les deux formes de Calligonum dont j'ai déjà entretenu la Société en 1886, et dont l'une, le C. comosum L'Hérit., porte en arabe le nom d’Artha (1), tandis que l'autre, encore confondue avec elle, porte le nom d'Azel, Azzel ou Ezzel. Les indigènes les considèrent comme deux espèces absolument distinctes, et cette distinction a d'autant plus d'importance pour eux dans la pratique, que l'une, l'Azzel, est d'une grande utilité pour le tannage des cuirs, tandis que l'autre ne peut étre employée à cet usage. Comme je le disais l'année derniére, ces deux formes différent par la station, par la taille, par le port, ainsi que par l'époque de leur floraison. Au puits appelé Bir Faïed, où elles croissent toutes deux côte à côte, ainsi que prés du puits de Douar-Chaad (Bir Douar-Chaad), oü il existe un Azzel de trés grandes dimensions, il est particuliérement facile de comparer leurs caractères. Indépendamment des points signalés précé- demment, la principale différence est la suivante : dans Artha (C. como- sum type), les rameaux verts articulés, qui, physiologiquement, tiennent lieu de feuilles, sont fasciculés en grand nombre (de 6 à 20 en général); ils sont portés par une sorte de loupe qui forme une tubérosité rugueuse sur la branche mère. Si l'on arrache l'écorce de cette loupe, on met à découvert une agglomération de bourgeons cachés représentant d’autres rameaux avortés. [l en résulte, pour les branches qui les portent, une apparence noueuse qui se complique d'une forme en zigzag, due à une déviation latérale de la tige aprés chaque nœud. L'écorce est noiràtre et gercurée. Au contraire, chez l’Azzel, les rameaux verts articulés sont beaucoup moins nombreux : ils sont réunis souvent par deux, d'autre fois par 4 ou 5. Ils sont portés par un renflement peu prononcé, et les branches qui les produisent sont à peu prés droites. La longueur de ces rameaux est bien plus grande que chez l'Artha ; elle atteint souvent 20 à 30 centimètres, tandis que chez l'Artha elle n'est guère que de 6 à 10 centimétres; les articles ne sont pas plus nombreux dans l'un que dans l'autre cas, seulement chez l' Azzel ils sont plus allongés. En méme temps leur coloration est d'un vert plus clair que chez l'Artha, et Par- ticle basilaire de chacun d'eux, légérement renflé, est généralement coloré en rouge. L'écorce des branches est lisse et d'un gris argenté. Les entre-nœuds sont longs. De cette disposition de la ramification résulte pour l'Azzel une plus grande facilité d'écorcage. C'est probablement la principale raison qui fait que l'écorce de l Artha n'est pas utilisée pour le tannage, tandis que (1) Voy. le Bulletin, t. XXXIII (1886), p. 247. 44 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. celle de l'Azzel est extrêmement recherchée. C'est à son emploi que les cuirs de Rhadamés (peaux de chèvre et de gazelle) appelés /ilalis doivent leur qualité et leur valeur. Ce sont les maroquins les plus estimés de toute l'Afrique. Ils sont d'une grande souplesse et en méme temps se rayent difficilement. Ils ont le plus souvent une belle couleur rouge qui ne s'altére pas à la lumiére. A l'envers, ils sont d'un gris mélangé d'un peu de rouge. J'ai l'honneur d'en adresser ci-joint un petit échantillon (étiqueté A). Les maroquins de Tripoli, également rouges, sont tannés avec l'écorce d'une Conifére appelée Snobar (1), qui parait étre le Pin d'Alep. La couleur leur est donnée généralement au moyen de campéche. Une expo- sition à la lumière vive les pàlit et en fait tourner la nuance au violacé. Ils se distinguent par leur grande souplesse, mais ils sont moins résis- tants que ceux de Rhadamès. J'en adresse un échantillon (étiqueté B). Les maroquins rouges de Derna (Cyrénaique) ressemblent beaucoup à ceux de Tripoli el se préparent de la méme facon. Leur envers est géné- ralement jaune, tandis que celui des filalis de Tripoli est le plus souvent d'un gris blanchátre. Au Djérid, dans les oasis de Tozeur et de Nefta, on fabrique égale- ment des filalis, mais d'une qualité et d'un prix bien inférieurs. Ils sont tannés au moyen de l'écorce de Grenadier (Roummän), et colorés avec la racine de deux ou trois espéces de Garance qui sont cultivées dans les oasis. On désigne toutes ces Garances sous le nom de Fouah, ce qui a donné lieu à cette erreur, accréditée par plusieurs voyageurs, que les Arabes employaient, pour la préparation ou la teinture de leurs maro- quins, le foie de divers animaux. Ces filalis du Djérid, d'un beau rouge tant qu'ils sont tenus à l'ombre, deviennent trés rapidement d'un jaune orangé par l'exposition à la lumiére. L'envers est jaune. J'adresse à la Société un échantillon (étiqueté C) de ces filalis, ainsi que quelques ra- cines de la Garance le plus généralement employée. Enfin, les maroquins rouges du Touat et du Tafilalet (on prétend que c'est du nom de ce pays que vient celui de filali) sont trés estimés, quoique inférieurs à ceux de Rhadamès. Ils sont aussi résistants, mais moins souples. Ils sont d'un rouge différent et bien reconnaissable. Leur préparation se fait au moyen de l'écorce de diverses plantes. On m'a dit qu'il y entrait de l'écorce d'Arganier : je n'ai pas pu vérifier ce fait, qui me semble douteux. Les indigènes de ces régions m'ont déclaré employer pour le tannage proprement dit une macération de noyaux de "a Ce nom est commun à plusieurs espèces de Conifères, et notamment à tous les ins. E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 49 dattes mélangés à un produit végétal appelé en berbère takouhout (1), et pour la teinture tantôt la Garance (Fouah), tantôt une matière qu'ils nomment ari, ce qui est le nom commun à presque toutes les teintures écarlates, et que je n'ai pu examiner encore. J'adresse un échantillon de peau de mouton tannée par ce procédé (étiqueté D) et un morceau de maroquin du méme pays (marqué E). Le revers de l'échantillon D est d'un marron foncé, ce qui parait étre l'effet du tannin des noyaux de dattes. L'échantillon étiqueté F est un morceau de maroquin ordinaire de Constantine, également rouge. Les renseignements que je donne ici ne sont qu'une partie d'une étude plus générale que j'ai entreprise relativement aux matières linc- toriales, alimentaires ou pharmaceutiques, d'origine végétale, employées par les Arabes, et dont j'espére communiquer plus tard les résultats à la Société. L'Azzel est considéré par les Arabes comme un véritable arbre, ce qui n'a pas lieu pour l’Artha, qui n'est qu'un arbuste. Si l’on s'en rap- porte au nom, ce serait à cette espéce qu'appartiendraient les deux gros arbres signalés par M. Duveyrier dans le pays des Touareg, bien qu'il les considére comme appartenant à deux autres espéces, mais sans avoir, croyons-nous, constaté le fait botaniquement. L'un se nomme Azel-en- Edôkan et se trouve près de Feouet. C'est là qu'Edókan, l'un des chefs des Touareg de Rhat, fut tué il y a deux siècles, par Eg-Ténekerbés, l'un des chefs des Jouràghen (2); ce serait un Acacia arabica. L'autre, appelé Azel-en-Bangou, se trouve dans l'oued Nesa inférieur : il me- sure 5",40 de circonférence : ce serait un Tamarix articulata (3). Vu ces dimensions, il est vraisemblable qu'effectivement ces arbres ne sont pas des Calligonum. Mais le seul emploi du nom fait voir qu'il peut impliquer l'idée d'un végétal de grande taille. Outre l'Azzel, j'ai recueilli dans ce voyage, en fait arbustes, le Merkh (Genista Saharæ Coss.), qui n’a pas encore été rencontré en Tunisie (4), quoiqu'il soit commun au Souf. La configuration géographique de la région, telle que je l'ai exposée ci-dessus, rend compte de cette anomalie. (1) J'ai vu appliquer ce nom de takouhout à une galle qui se produit sur les petites branches de Tamarix africana, et dont j'ai l'honneur d'adresser ici un échantillon a la Société. Cette galle, dont le diamètre est d'environ un centimètre à un centimétre et demi, est relativement assez rare. Il y a trois galles différentes sur ce Tamariz. Je les ai recueillies toutes trois et j'ai obtenu les insectes de deux d'entre elles; mais Je n'ai pas encore obtenu l'éclosion de celui qui produit la galle dont il s'agit. : D’après ies renseignements qui m'ont été donnés, le takouhout du Touat serait une galle du Tamarix articulata. (2) Duveyrier, Les Touareg du Nord, p. 349. (3) Duveyrier, Loc. cit., p. 331. (4) Letourneux, loc. cit., p. 546. 46 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. Le Merkh ne pousse que dans le sable, dans les véritables dunes. Son aire d'habitation suit les limites du Rommel. Il en résulte que, par suite de l'existence, au sud-ouest de la Tunisie, de la région gypseuse du Dje- bile et des régions spéciales du Rogaa et du Kreb, puis, plus à l'est, des montagnes crélacées du plateau de Douiràt et de la plaine gypseuse de l'Aarad, cet arbuste ne pénètre pas en Tunisie, quoiqu'on le trouve en Algérie sous des latitudes plus élevées que les régions dont il s'agit. Pour le rencontrer, entre les longitudes extrémes de la Tunisie, il faut aller jusqu'à une latitude plus méridionale que celle qui est admise conven- tionnellement comme étant la limite méridionale actuelle de la Régence. Entre le Souf et le Chott Djérid, sa limite orientale est au puits d'El- Houaidj, c'est-à-dire à 45 kilomètres à l'est d'El-Oued. Plus à l'est, il est remplacé partout par le Retem à fleurs blanches (Retama Retam Webb) qui, s'accommodant d'un sous-sol et méme d'un sol gypseux. est trés abondant dans toute la Tunisie méridionale, tandis qu'il est relativement rare au Souf. J'ai cherché vainement, aussi bien dans les grandes dunes que dans le Kreb et le Rogaa, deux espèces dont j'espérais enrichir la flore tuni- sienne, le Chobbroum (Zilla macroptera Coss.) et l'Ittel (Tamarix articulata Vahl), dont M. Letourneux et moi avions entendu parler l'année précédente (1). L'exemplaire isolé sans fleurs et sans fruits que M. Letourneux avait cru un instant appartenir à cette dernière espèce, dans l'une des petites oasis du Nefzaoua méridional, n’était décidé- ment pasle T. articulata. Nous l'avons vérifié depuis, chacun de notre cóté. En revanche, j'ai découvert, à une demi-journée de marche environ à l'ouest du point extréme oü s'est arrété M. Letourneux, une fort belle Liliacée qui malheureusement n'était pas en fleur, mais qui n'était pas rare dans le Kreb. Ses feuilles avaient la forme d'un prisme à section carrée, ayant environ un demi-centimétre de cóté. J'en ai récolté des oignons dont j'ai envoyé l’un à M. le D' Cosson, et les autres au Muséum. Ces derniers ont germé, mais n'ont pas fleuri, sans doute faute de cha- leur et de sécheresse. En effet, au 1* mai, par une température de 44 degrés à l'ombre, la Liliacée en question, qui eroissait en plein soleil, n'était pas encore préte à fleurir. J'ai retrouvé cette plante prés de Bir- Allendaoui, à 40 kilométres à l'est d'El-Oued, puis à Bir Ouled-Chabia, dans la méme région ; enfin, plus au nord, dans l'Oued-Chebéka, entre le Souf et Nefta. Au cours du méme voyage, j'ai récolté une belle Orobanche dont les fleurs bleues sont marquées de deux taches blanches, et dont je joins à (1) Voy. Letourneux, in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXIII, p. 545, A E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 47 ma lettre des échantillons conservés dans l'alcool. C’est, d’après M. le D' Bonnet, le Phelipæa ægyptiaca Pers. Je l'ai trouvée dans le Nefzaoua méridional, en fleur au mois d'avril 1887, prés des oasis d'El- Guelaa et de Douz, et j'ai constaté son parasitisme sur les racines de l'Henophyton deserti Coss. et DR., plante que, M. Letourneux et moi, nous avions déjà recueillie l'année précédente dans la méme localité. J'ai trouvé aussi, trés abondante dans tout le Rogaa et le Kreb, ainsi que dans les environs immédiats de Cobria, le Phelipæa lutea Desf., dont jai constaté le parasitisme sur les racines de l'Artha (Calligonum comosum L'Hérit.) et sur celles du Zeÿta (Limoniastrum Guyonia- num DR.). Elle était déjà signalée comme parasite de l’Atriplex Halimus (1) et sur les Chénopodées en général (2). Je joins également à ma lettre un tube contenant une fleur de cette plante conservée dans l'alcool. Ses fleurs jaunes abandonnent dans l'alcool une matière colorante d'un trés beau rouge. Parmi les Cryptogames, j'ai recueilli dans les dunes trois espéces de Champignons assez remarquables, que j'ai adressées au Muséum. L'une d'elles, qui, parait-il, rappelle singuliérement certaines formes habitant les déserts de l'Arizona et du Nouveau Mexique, a été déter- minée par M. Maxime Cornu comme étant un T'ulostoma. Je l'ai retrouvée à Tozeur, à Nefta et dans l'Erg. La seconde espèce est un Coprinaire, le Montanites Delillei; elle n'est pas rare dans le Rogaa. Enfin la troisiéme, appelée Tachouchat zebha, est comestible : elle est trés recherchée par les Arabes et les Souafas qui la mangent. D’après la détermination de M. Maxime Cornu, c'est un Podaxon. Je l'ai trouvée dans le Rogaa et notamment prés du puits appelé Bir Bou- Chofra. ; Tels sont les renseignements botaniques principaux qui résultent de mes deux derniers mois de voyage au sud du chott Djérid. Des Notes ultérieures contiendront des indications relatives aux observations que jai faites à d'autres époques et dans d'autres régions, ou celles que je vais continuer à faire. (1) Voy. Trabut, in Bull. Soc. bot., 10 décembre 1886, (2) Voy. Boissier, Flora Orientalis, t. IV, p. 500. 48 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. II Tunis, 13 aoùt 1888. J'ai l'honneur de rendre compte à la Société de quelques-unes des observations botaniques que j'ai effectuées dans le sud de la Tunisie et dans les régions voisines pendant ma dernière année de séjour, c'est-à- dire depuis l'automne de 1887 jusqu'à présent. Conformément à ce que je m'étais proposé il y a dix-huit mois, et comme l’annonçaient mes Notes précédentes, j'ai visité de nouveau, en 1887-88, toute la partie sud-est de la Régence, c'est-à-dire le voisinage de la frontière tripolitaine. J'ai en outre étudié les environs immédiats de Tripoli ainsi que diverses autres localités du Sahara septentrional. L'occupation par les avant-postes francais de points tels que Douiràt et Foum-Tatahouin, dans les montagnes des Oudernas, m'a permis de pousser mes recherches jusqu'à une limite beaucoup plus reculée que ne l'avaient fait mes devanciers, et que je ne l'avais fait moi-méme les années précédentes, dans la direction du sud-est par rapport à nos pos- sessions tunisiennes. Quant aux directions du sud et du sud-ouest, j'y avais fait des reconnaissances pendant les années antérieures. Ce serait sortir du cadre d'une Note à la Société, que de donner ici une liste des plantes dont j'ai constaté la présence dans les diverses localités. Je me bornerai à signaler trois ou quatre faits marquants. D'abord, contrairement à mon attente, je n'ai rencontré aucun Gom- mier, ni dans la plaine des Ourghemma, ni dans les montagnes qui avoi- sinent Douiràt, non plus que dans aucune partie des plateaux qui pro- longent dans la direction du sud le massif des Matmata et qui portent, en allant du nord au sud, les noms de plateaux de Toujane, montagnes des Ahouayas, des Ghomrassen, des Oudernas, etc. C'est l'ancien pays des Troglodytes. J'en avais déjà exploré la partie nord en 1885, après quel- ques autres voyageurs; mais c'est cette année seulement que j'ai pu en parcourir la partie sud, qui va se rattacher au djebel Nefousa tripolitain. Nulle part je wy ai vu d' Acacia tortilis. L'habitat de cette espèce dans la vallée de Thalah, entre Gafsa et Sfax, est donc tout à fait disjoint. À propos de cetle espéce, je placerai ici une note que j'ai rédigée le I octobre 1887 et transmise depuis à la Société, mais qui, par suite des retards inhérents à mes voyages continuels, n'est parvenue à son adresse que longtemps aprés, et n'a pu encore étre présentée, Cette note ayant perdu une partie de son actualité, nous l'insérons ci-dessous en forme de simple renvoi et en petits caractères, pour ne pas lui faire E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. 49 tenir une trop grande place et ne pas lui donner plus d'importance qu'elle ne mérite. Toutefois la question à laquelle elle a trait étant restée pendante, elle peut présenter un intérét (1). Pas plus dans le sud-est que daus le sud-ouest de la Tunisie, je n'ai (1) En arrivant à Paris, pour y faire un trés court séjour, entre deux voyages, j'ai connaissance de la note de M. le D! Cosson, insérée dans le Bulletin du 11 mars 1887. En ce qui concerne les remarques relatives à une communication que j'avais eu l'honneur d'adresser au mois de janvier 1887 à la Société au sujet des Acacias gommi- fères de Tunisie, je crois devoir répondre par les observations suivantes. Comme le dit fort bien M. le D" Cosson, et comme je le disais moi-même dans ma lettre précitée, je ne pense pas que cette lettre ait ajouté des faits nouveaux à ceux qui avaient été signalés par les autres voyageurs mes devanciers. Elle ne fait guére que confirmer des observations précédentes; cependant il s'y trouve encore quelques détails qui semblent nouveaux ou qui portent sur des points jusque-là obscurs, puis- ' qu'iis soulévent des objections de la part de notre savant collégue. Quoi qu'il en soit, cette lettre avait pour objet, non d'engager une controverse, mais d'accompagner un petit envoi de graines destinées à la Société, et d'expliquer une carte qui y était jointe, procédé plus précis, quand il s'agit d'une aire géographique, que toutes les indications verbales ou écrites. Pour ce qui est relatif à la découverte de l'Acacia lortilis par Duveyrier en 1861, aux environs de Rhadamès, puisque M. Cosson nous dit avoir déterminé lui-même les échantillons rapportés par cet éminent voyageur et les avoir reconnus pour être des Acacia différents de l'A. tortilis, il est évident qu'il en doit être ainsi. Mais l'ouvrage de M. Duveyrier (Les Touareg du Nord) n'en porte pas moins, à la page 164, la description d'un Acacia gommifère, qu'il a trouvé dans diverses localités dont il donne la liste, et qu'il identifie expressément avec l'Acacia observé par Pellissier au Bou-Hedma, c’est-à-dire avec l'espèce qui nous occupe. Il est vrai qu'il décrit cet arbre sous le nom d'Acacia arabica Willd. et non sous celui d'A. tortilis, mais l'indication de la localité de Bou-Hedma ne laisse pas de doute : c'est bien à l'Acacia de Tunisie que se rappor- tent les diverses remarques contenues dans l'ouvrage en question. Quant à l'identité réelle entre cet Acacia tunisien (A. tortilis) et les échantillons que M. Duveyrier a rapportés des environs de Rhadamès et que M. le D" Cosson a déterminés comme étant PA. arabica, je n'ai pas prétendu l'établir, n'ayant pas vu les échantillons. Je me borne aux textes des ouvrages publiés. Si l'Acacia rencontré par M. Duveyrier dans diverses parties du Sahara n'est pas l’A. fortilis, la discontinuité de l'aire de cette dernière espèce n'en est que plus remarquable. D'ailleurs je compte pouvoir fournir bientôt à mes collégues plus compétents que moi un contingent de nouveaux matériaux sur cette question et sur diverses autres, car je pense pouvoir explorer cet hiver et en 1888 la région montagneuse qui avoisine Douirât et s'étend vers Rhadamés. Cette contrée, assez facilement accessible autrefois, est devenue, depuis une dizaine d'années, l'une des plus dangereuses de l'Afrique; cependant les études préparatoires que j'ai faites l'année dernière et l'état actuel des tribus mne font espérer de pouvoir y pénétrer. En passant, je reléve dans la Note de M. Cosson une inexactitude sans importance. M. Letourneux n'a pas visitéle Thalah en 1886, et je n'y suis jamais allé avec lui. J'ai fait seul tous mes séjours dans la forét de Gommiers. C'est au retour d'un voyage tout différent que j'ai eu le bonheur de faire avec lui au Nefzaoua en mars 1886, et pendant lequel nous n'avons nullement pénétré dans le Thalah, que M. Letourneux a, en ma présence, trouvé un pied de Gommier isolé à l'entrée du Khranguet-Oum-el-Oguell, dans les montagnes du Cherb. Je demande pardon à la Société de l'entretenir de détails aussi personnels et aussi insignifiants, mais enfin, puisque M. le D" Cosson croit devoir faire des rectifications sur des faits qui me concernent, je suis forcé de faire observer qu'il a été mal informé. Je ferai remarquer aussi que les contradictions relevées par M. le D” Cosson entre ma Note du mois de janvier dernier (1887) et les observations faites par les voyageurs T. XXXVI. (SÉANCES) 4 50 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. retrouvé le Chobbroum (Zilla macroptera Coss.) du Sud oranais, que j'ai pourtant cherché spécialement. En revanche, j'ai obtenu pleine confirmation de mes observations anté- rieures sur l'Apteranthes Gussoneana. Il y a deux ans, en envoyant au Muséum des échantillons vivants de cette plante, recueillis par moi à la fin de novembre 1886, sur les bords de l'oued Akarit, au nord de Gabès, je signalais son parasitisme sur les racines de l'Atriplez mollis Desf. mes devanciers n'existent pas en réalité. En effet, j'ai parfaitement indiqué, aussi bien dans ma Note précitée que dans le croquis qui s'y trouvait joint, les Gommiers de la plaine de Mehamla, au nombre d'une dizaine (Voy. le Bulletin de 1887, p. 119); si je n'ai pas parlé de ceux du Segui, c’est qu'ils ont été presque tous détruits, ils ont dis- paru pour la plupart depuis la visite de MM. Bonnet et Doümet. Enfin la station du Khranguet-Oum-el-Oguell, signalée par M. Cosson (1) comme étant le point le plus méri- dional de l'habitat de l'espèce en Tunisie, est précisément la même localité que j'avais : indiquée dans ma Note (2), en l'appelant extrémité septentrionale de la branche ouest du Khranguet-el-Oucif. En effet, les deux cols appelés Khr.-Oum-el-Oguell et Khr.-el- Oucif ne sont distincts que dans leur partie nord. Ce sont les deux débouchés d'un méme défilé qui traverse la chaine du Cherb et qui, sur le versant sud, n'a qu'une issue. L'ensemble de tout ce système de cols porte indifféremment les noms de Khranguet- el-Oucif et Kranguet-oum-el-Oguell. Je crois donc étre au fond absolument d'accord, sur tous ces poinls, avec mon savant contradicteur. Je regrette de ne pouvoir étre de son avis en ce qui concerne l'exploitation de la gomme de l'Acacia tortilis. Mais nulle part je n'ai vu les Arabes de Tunisie se livrer à l'extraction de ce produit. Si MM. Doümet et Pellissier ont mentionné cette industrie, ils ont dà le faire d’après de faux renseignements ou bien être induits en erreur par un fait local et fortuit. Il n'est pas impossible qu'ils aient vu des Arabes recueillir acci- dentellement quelques morceaux de gomme de Thalah, mais ce n'est pas là une exploi- tation véritable : les habitants n'utilisent pas cette gomme, ils n'en font pas commerce et ils ne font rien pour en provoquer la production, ce qui est fort heureux dans l'in- térét du maintien de ces arbres, déjà exposés à bien assez d'autres causes de destruc- tion. Je puis dire en passant que j'ai étudié ce point avec le plus grand soin ; car, chargé officiellement, pendant trois ans, comme chef du service forestier dans le sud de la Tunisie, de la conservation et, s'il y avait lieu, de la mise en valeur des Gommiers dont il s'agit, j'ai dà naturellement m'en occuper d'une manière plus suivie que les voyageurs qui se sont bornés à traverser la forét en quelques jours. Je suis d'ailleurs d'accord avec M. Duveyrier qui, parlant des Acacias du Bou- Hedma, et par conséquent de ceux qui nous occupent, déclare n'avoir jamais vu obtenir la gomme par incision ni faire la récolte de ce produit: il ajoute que la chose est possible, mais qu'elle est inusitée dans les régions qu'il a parcourues. Je persiste donc à dire que ia plupart des Gommiers du Thalah ne produisent pas de gomme du tout ; ceux qui en exsudent sont fort rares et n'en donnent pas plus que les Cerisiers ou les Amandiers de nos jardins, c'est-à-dire qu'il n'y a pas là matière à une exploitation industrielle. Si M. le D' Cosson connait un procédé pour faire rendre à ces arbres un produit annuel moyen de 1/3 de litre de gomme, ce qui est son évaluation, surtout sans les détériorer, je Jui serai très reconnaissant de vouloir bien me l'indiquer. Je m'empres- serai de le faire appliquer immédiatement, au moins à titre d'essai, à un certain nombre de Gommiers dela plaine du Thalah, et je rendrai compte à la Société des résultats obtenus. (Note de l'auteur.) (1) Méme Bulletin, p. 123 (2) Méme Bulletin, p. 119. E. BLANC.,— NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE. of Le manque de temps et d'instruments convenables ne m'avait pas permis de bien examiner l'insertion des sucoirs, qui s'étaient plus ou moins brisés dans le déchaussement du rhizome. Cette année, ayant le loisir nécessaire et ayant rencontré de nombreux échantillons daus diverses localités, j'ai constaté avec certitude le para- sitisme de cette plante sur les racines du Nitraria tridentata Desf. (à Guescar-ez-Zerkine, non loin de l'oasis de Mareth). sur les racines du Zygophyllum album L. (à Ain-Rechada), sur celles du Caroxylon arti- culatum Moq.-Tand. (à Foum Tatahouin), sur celles de l’Alfa (Stipa tenacissima L. (au djebel Younés, prés Gafsa), enfin sur celles du Lygeum spartum Lœf. (à Douiràt, à Foum-Tatahouin, et dans toutes les montagnes du Ghomrassen, où l’Apteranthes n’est pas rare). Toutefois, comme la plante est verte, son parasilisme peut n'étre que partiel. Le rhizome, beaucoup plus volumineux que la partie épigée, contient souvent de la chlorophylle. Il s'enchevétre entre les racines des végétaux précités, et émet des suçoirs qui vont s'implanter sur celles-ci. Quant à la partie aérienne de l'Apteranthes, elle se cache le plus souvent dans la touffe de la plante nourricière. C'est méme ce fait qui contribue surtout à faire passer cette espéce pour rare. Elle l'est beaucoup moins qu'on ne le croit généralement. Ci-joint un échantillon de la plante, avec une partie du rhizome. On y voit les fleurs et un fruit incomplètement développé. Un point qui me parut délicat fut celui-ci. Les Arabes des environs de Douiràt, qui donnent à l'Apteranthes le nòm de Dakhrmouss, et qui con- naissent bien son parasitisme sur l'Alfa, le font sécher et le mangent. Or, cette plante, que j'ai goütée à l'état frais, est extrêmement àcre, et il semble à priori qu'elle doive contenir, comme la plupart des Asclépia- dées, un alcaloïde vénéneux. J'ai communiqué, pour analyse, un lot d'échantillons à M. Charaux, pharmacien militaire à Tébessa, qui s'occupe tout spécialement de recherches sur les alcaloides, et qui en a découvert récemment plusieurs nouveaux, en les extrayant des plantes de la région. M. Charaux a con- staté que l'Apteranthes ne contient aucun alcaloide véritable, mais seu- lement une matiére àcre, trés volatile, qu'il a analysée et qui est détruite ou éliminée par l'action d'une forte chaleur. Il est possible que la simple dessiccation, surtout dans un air trés chaud, suffise à produire cet effet, ce qui explique l'usage alimentaire de la plante séchée. Je profite également de cette Note pour donner quelques détails sur une des plantes les plus remarquables du Sahara, le Zizyphus Spina-Christi Willd., dont j'ai l'honneur d'adresser à la Société quelques graines. Ce lujubier est, avec le Palmier, l'Olivier et le Caroubier, le seul arbre de 52 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. première grandeur qui existe dans la région des oasis de Tunisie. C'est une espèce qui semble en voie de disparition, car on n’en observe plus que quelques pieds isolés et très rares, occupant une aire absolument discontinue. Mais les individus que l’on voit atteignent souvent des dimensions considérables. Dans l'oasis de Tozeur, près du village d'Abbés, et devant la porte du marabout de Sidi-Ali-bou-Lifa, existe l'échantillon le plus gros que j'aie rencontré. Son tronc mesure 6",90 de tour au niveau du sol; il se bifurque presque immédiatement en deux brins, l'un vertical et l'autre trainant. Le brin droit a 9",65 de tour à hauteur d'homme et conserve cette grosseur jusqu'à 4 mètres de hauteur, point où se trouve la fourche principale. Quant à la grosse branche couchée, dont la grosseur est un peu moindre, elle a 24 mètres de longueur. Dans l'oasis de Nefta il en existe un autre échantillon, moins gros, mais remarquable par sa régularité, sa beauté et sa vigueur. Il mesure 3",60 de tour à hauteur d'homme, 4 mètres de haut jusqu'à la fourche principale et une vingtaine de mètres de hauteur. Ces deux arbres présentent un géotropisme extrémement prononcé. Leur port est celui des Frénes Parasols de nos pays. Cette disposition est rendue encore plus remarquable chez celui de Nefta par la régularité de la ramification de sa cime, qui forme un dais parfaitement rond. Les branches principales, qui sont. d'abord dressées, décrivent des arcs de cercle et se recourbent vers la terre : elles donnent naissance à des branches secondaires présentant le méme phénoméne, et ainsi de suite. Cette disposition est, nous l'avons constaté, commune à la plupart des individus de cette espéce dans toute la région. On donne en Tunisie à cet arbre le nom de Nebga, qui est le méme que celui de Nabq, indiqué par Boissier comme étant le nom que porte le Zizyphus Spina-Christi en Égypte (1). Je ne prétends nullement recommencer ici une controverse qui n'a été que trop souvent soulevée au sujet du fameux Lotus, dont les auteurs latins et grecs ont parlé, et dont se nourrissaient les Lotophages. Je crois qu'il est impossible de trouver une plante qui réunisse à la fois tous les caractères que les divers ouvrages de l'antiquité ont assignés au végé- tal producteur de ce fruit, et cela pour une bonne raison, c'est que, là comme ailleurs, les géographes anciens, se copiant les uns les autres ou procédant par renseignements et ayant rarement fait eux-mêmes des observations directes, ont confondu sous le même nom plusieurs végétaux distincts, en mélangeant leurs caractères. Je dirai seulement que, si l'on écarte l’hypothèse du Palmier (qui au premier abord est celle qui paraîtrait présenter le plus de vraisemblance, (1) Boissier, Flora Orientalis, t, I, p. 13, et t. V, p. 824. E. BLANC. — NOTES RECUEILLIES DANS LE SUD DE LA TUNISIE 53 à cause de l'importance des dattes au point de vue alimentaire, mais qui semble pourtant devoir étre repoussée, vu le peu de rapport qui existe entre le Palmier et le signalement de l'arbre dépeint par les anciens et vu le parallèle établi par Hérodote et par Polybe entre le fruit du Lotus et la datte), c'est assurément le Nebga qui répond le mieux aux descriptions qui nous ont été léguées, et c'est lui qui réunit la plus grande somme de caractères s'accordant avec ces descriptions. A l'appui de cette hypothése on peut invoquer tous les arguments qui ont porté beaucoup de botanistes à identifier le Lotus avec le petit Jujubier du nord de l'Algérie (Zizyphus Lotus L.), et, en plus de ces arguments communs, il en existe, en faveur du Zizyphus Spina-Christi, d'autres, qui résultent des propriétés de son fruit, de sa taille, de son aire d'habitation. Le fruit de cette espéce est comestible, il est assez gros, il est assez abondant sur chaque arbre, et il a des qualités nutritives suffisantes pour avoir pu tenir une place importante dans l'alimentation des habi- tants. Ce n'est le cas pour aucun des autres fruits qui ont été proposés, sauf pour la datte, qui, nous l'avons dit, est écartée à priori. La taille du Nebga est assez grande pour pouvoir répondre au signa- lement qu'en ont donné les géographes anciens les plus généreux sous ce rapport. Quelques-uns ont bien dit que c'était un arbuste, mais ils sont en minorilé. Enfin, certains textes disent que l'on pouvait aller d'(Ea à Tacape (de . Tripoli à Gabès) sans sortir de l'ombre des Lotus. Pour la taille comme pour: l'habitat, cette tradition ne peut s'appliquer à aucun arbre ou arbuste autre que le Nebga, et elle peut parfaitement s'appliquer à ce dernier, en faisant une légère part à l'exagération des auteurs. En effet, son aire d'habitation dans l'Afrique du Nord coincide bien avec le pays dont il s'agit, et il a pu y être commun à l'époque où le desséchement qui a donné à la flore son aspect désertique était moins complet-qu'aujour- d'hui (1). Tl est impossible de se promener à l'ombre des buissons ram- pants et hérissés d'épines que forment le Sidra (Zizyphus Lotus), le Rhardek (Nitraria tridentata) ou le Djedari (Rhus oxyacanthoides), trois espèces présentées tour à tour comme ayant eu le privilège de nour- rir cette mystérieuse peuplade à laquelle on a vraiment voulu attribuer un goùt par trop singulier; au contraire le Nebga donne une ombre épaisse et trés recherchée dans ce climat brülant. Son apparence spéciale d'espéce en voie de disparition dans cette (1) Les trés nombreuses et très importantes ruines romaines que l'on rencontre à chaque pas dans le sud de l'Aarad, depuis Gabés jusqu'à Tripoli, prouvent qu'à l'époque romaine le pays a été peuplé, cultivé, et par conséquent beaucoup plus humide qu'au- jourd'hui. Alors le Zizyphus Spina-Ghristi pouvait y prospérer, car le manque d'eau seul l'en empéche actuellement. 54 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. partie de l'Afrique, et la coincidence de l'aire qu'oecupent ses vestiges actuels avec l'ancien pays des Lotophages, sont des arguments sérieux. Les autres fruits énumérés autrefois comme pouvant étre le Lotus antique n'ont aucune qualité nutritive, surtout pour servir de base à la nourriture d'un peuple. Il en est de méme du fruit du Nitraria tridentata Desf. (en arabe Rhardek), ne plus récemment et qui est commun dans la méme région. Malgré la haute autorité de Pellissier, il me semble tout à fait impossible d'admettre la théorie, rapportée par M. Duveyrier (1), et d'aprés laquelle ce serait là le véritable Lotus. J'ai souvent goüté à ce fruit et j'en ai parlé à bien des indigènes. Quoique Pellissier le déclare « vivifiant et d'un goüt exquis », je persiste à ne pas le tenir pour comestible. D'abord il est fort peu charnu, presque tout son volume étant occupé par le noyau, qui est relativement trés gros, el la chair étant trés aqueuse. Puis, bien que je n'aie pas constaté d'empoisonnement par ce fruit, et bien que j'en aie mangé sans inconvénients en petite quantité, je le crois vénéneux. Les Arabes du sud de la Tunisie et ceux de l'Erg, loujours affamés et si empressés à recueillir et à manger tout ce qui peut avoir la moindre propriété nutritive, ne le mangent pas, ce qui est un fort mauvais indice. Mon opinion est donc que cette espèce n'est cer- tainement pas le Lotus. Je ne discute méme pas la candidature du Djedari (Rhus dioica Willd., Rh. oxyacanthoides Dun.), autre arbuste épineux dont l'aire. d'habitation concorde bien avec la contrée assignée aux Lotophages et qui dans cette région est, en dehors des oasis, le végétal ligneux le plus abondant parmi ceux qui atteignent une certaine taille. Mais son fruit est encore moins comestible que le précédent. J'ai l'honneur d'adresser au secrétariat général de la Société une petite boite contenant quelques graines du gros Nebga de Sidi-bou-Lifa, pour qu'elles puissent étre semées ou données à des botanistes curieux de les semer (j'en ai envoyé un autre lot au Muséum). Je souhaite aux destinataires, non pas de vivre assez pour voir les Jujubiers qui naitront de ces graines atteindre les dimensions de l'arbre qui les a fournies, mais du moins de pouvoir constater si les jeunes sujets auront quelque chose de la végétation exubérante de ce vieil arbre, qui ne donne aucun signe de décrépitude, car certaines de ses feuilles atteignent 07,08 de longueur, et ses fruits ont souvent la grosseur de petites pommes. Parmi les reconnaissances que j'ai faites dans cette dernière campagne, c'est-à-dire à la fin de 1887 et en 1888, je signalerai encore notamment, pour terminer, l'étude approfondie de la région de montagnes qui s'étend (1) Voy. Duveyrier, Les Touareg du Nord, p. 175. LECLERC DU SABLON. — CAS PATHOLOGIQUE D'UNE LÉGUMINEUSE. 55 au nord-est du chott Rharsa, entre ce chott et Feriana, et qui a pour principal centre Tamerza. J'avais déjà parcouru cette contrée à la fin de 1886 ; je l'ai fait de nouveau deux fois en 1887 et en 1888, en évitant de suivre les mêmes itinéraires que notre collègue M. Letourneux, qui l'a visitée de son côté en 1887. Comme notes de géographie botanique re- cueillies par moi dans cette région, je n'en citerai que quatre, pour ne pas entrer dans des détails trop longs, à savoir : l'Erythrostictus punc- tatus Schlecht., au sud de l'oasis de Chebika (en fleur le 26 décembre); l'Ephedra alata DC., qui couvre en: partie le cône de déjection formé dans le ehott Rharsa par le torrent de Tamerza, à la partie inférieure duquel cette plante a donné son nom (Oued Allenda) : c'est, je crois, la seule station où cette plante existe au nord des Chotts. Enfin, dans les mêmes montagnes, j'ai rencontré l'Ephedra greca Mey., près de loued Seldja, à mi-distance entre Ras-el-Aioun et Sidi-Bou-Dif, et l'Ephedra altissima Desf. au djebel Younés, à l'est de Gafsa. En résumé, je viens de terminer, dans trois années de voyages non interrompus, la reconnaissance compléte et. détaillée de la partie méri- dionale de la Tunisie et d'une parlie des contrées voisines. Depuis le mois de septembre 1885, j'ai couvert d'un réseau serré d'itinéraires tout le pays compris en longitude entre Tripoli et El-Oued, et en latitude entre le 33* et le 35° degré, sans préjudice de voyages en dehors de ces limites, notamment de quatre itinéraires poussés, par des tracés autant que pos- sible non fréquentés, jusqu'à la cóte nord de l'Algérie et de la Tunisie, c'est-à-dire jusqu'au 37° degré. Je serai heureux de communiquer à ceux de nos collégues qui s'occupent de travaux botaniques spéciaux tous les documents ou renseignements qui pourront les intéresser, parmi ceux que j'ai rapportés. M. Leclerc du Sablon fait à la Société la communication sui- vante : SUR UN CAS PATHOLOGIQUE PRÉSENTÉ PAR UNE LÉGUMINEUSE, par M. LECLERC DU SABLON. J'ai eu l'occasion d'observer, au mois de novembre dernier, une parti- cularité assez intéressante que présentaient plusieurs jeunes plants de Légumineuses cultivées dans les serres du Muséum d'histoire naturelle. Ces arbustes, que l’on m'a donnés pour appartenir à l'espéce Acacia Melanoxylon, portaient sur leurs phyllodes et leurs jeunes branches de petites excroissances vertes de 1 ou 2 millimètres de hauteur qui don- naient à l'ensemble une apparence verruqueuse. L'explication de ce fait 56 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. qui me fut fournie par le chef des serres est la suivante : les jeunes rameaux de l'Acacia avaient été pincés trop tard pour que de nouvelles branches puissent se former et la séve avait été employée à former de petites excroissances à la surface de la plante. Pour reconnaitre la nature de ces productions anormales, j'ai fait l'ana- tomie de l'un des pieds que j'avais observés. Une lige non modifiée présente un cylindre central normal entourée d'une écorce dont les trois ou quatre assises les plus extérieures renferment beaucoup de chloro- phylle et sont disposées comme les tissus en palissade de la feuille. Dans une partie modifiée de la tige, on voit que ces cellules en palissade se sont considérablement allongées dansle sens du rayon. Les cellules de l'épiderme s'étant allongées trés faiblement ont été brisées par le déve- loppement des parties sous-jacentes. Toutes les autres parties de la tige n'ont subi aucune modification. Les excroissances de la tige étaient donc dues uniquement à l'allongement des cellules en palissade de l'écorce de la tige. Il faut bien remarquer qu'il y aeu seulement allongement des cellules sans cloisonnement ; il n'y a donc pas eu formation de cellules nouvelles. Les excroissances formées sur les phyllodes avaient exactement la méme structure que celles de la tige. Les cellules du tissu en palissade s'étaient allongées parallélement à leur plus grande direction en rompant l'épiderme. Comme dans la tige, les excroissances étaient produites sans formation d'aucune cellule nouvelle. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : DE DJIDJELLI AUX BABORS PAR LES BENI FOUGHAL, par M. L. TRABUT. 17--23 juillet 1888. Le trajet d'Alger à Djidjelli se fait commodément par mer, le vapeur parti d'Alger le soir arrive au jour à Bougie; après six heures d'arrét il se dirige sur Djidjelli, oà l'on débarque dans l'aprés-midi. Les cótes de la Kabylie ne le cédent en rien comme pittoresque aux rives d'un lac de la Suisse, partout de grandes montagnes à l'horizon. Et longtemps avant de mettre pied à terre, nous scrutions l'imposant massif des Dabors, but de notre excursion (1). Djidjelli, qui n’occupait autrefois qu'une pointe rocailleuse, s'étend aujourd'hui dans la verdure jusqu'au pied des collines. C'est pour le (1) J'ai fait ce voyage en compagnie de mon collègue et ami le D" Soulié, 91 TRABUT. — DE DJIDJELLI AUX BABORS. e w botaniste un centre d'excursions intéressantes, les plantes spéciales du littoral constantinois et de la Kroumirie commencent à peu près à ce point, c’est aussi la région des grandes pluies (4 mètre et plus par an). Une visite des environs immédiats de la ville nous permel de noter les plantes dominantes : Ceratonia Siliqua. — CC. Erica scoparia. Celtis australis. Delphinium junceum. Olea europæa. Helianthemum Tuberaria. Phyllirea media. Daucus laserpitioides. Myrtus communis. Pimpinella lutea. Pistacia Lentiscus. Eryngium tricuspidatum. Calycotome spinosa. Euphorbia biumbellata. Genista ulicina. Ampelodesmos tenax. — numidica. Andropogon hirtus. Smilax mauritanica. Aira capillaris. Osyris alba. Desmaziera sicula. Daphne Gnidium. Pteris aquilina, etc. Vincetoxicum officinale. — CCC. De Djidjelli on peut en deux jours gagner les Babors (1). En quittant la ville, on suit le bord de la mer jusqu'à l'oued Kisser. Un massif montagneux peu élevé domine la route; c’est le Pinus Pinas- ler qui est l'essence caractéristique jusqu'au cap Cavallo, limite occi- dentale de cette Conifère en Algérie. Le Genista numidica et Y'Erica scoparia forment de trés grandes broussailles, le pays est couvert d'une végétation luxuriante, et l'humidité du sol se révéle par la fréquence du Juncus Leersii, J. anceps, Schonus nigricans, Laurentia Michehi; le Pedicularis numidica Pomel croit aussi sous les Pins maritimes, de Collo au cap Cavallo. L'oued Kisser se perd sur une plage sablonneuse couverte de Diotis candidissima et d'Eryngium maritimum. Le sentier que nous suivons s'éloigne de la mer et traverse une épaisse forêt de Chénes-liége où abondent les Centaurea tagana, Arbutus (1) En parcourant l'itinéraire suivant : Djidjelli à Timizer, route en construction, trois heures de mulet. De Timizer au col d'el Aouana, trois heures. Du col aux maisons forestières de Guerrouch, une heure. De Guerrouch chez le caid des Beni-Foughal, deux heures. Deuxième journée. — Du bordj du Caid au col de Selma, deux heures. Du col de Selma chez le cheik des Beni-Zoundai, trois heures. De la maison du cheik chez les Beni-Bezez au pied du Babor, deux heures et demie. Troisième journée. — Ascension du Babor, arrivée sur la ligne des crêtes vers sept heures. Dans le méme jour on peut encore gagner le Kerata ou Amoucha (cinq heures de mulet); mais il est préférable de passer la journée dans la montagne, d'y camper 9! de coucher dans un des nombreux villages indigènes qui sont à proximité. 58 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. Unedo, Genista ulicina, puis dans une clairière le Vitex Agnus-castus en fleur, Hypericum afrum, Silene hispida Desf., Galactites muta- bilis. Nous remontons loued ombragé de Populus nigra, Ulmus campestris, Nerium Oleander, Vitis vinifera. Les sources deviennent fréquentes et abondantes, elles sont entourées de Frénes et d’Aunes (Alnus gluti- nosa); le Scrofularia longipes y est commun. Une population kabyle dense habite des maisons couvertes de liège et cultive une série de vallées et de coteaux que nous longeons depuis que nous avons quitté la forêt du littoral. Le col d'El Aouana où nous arrivons maintenant est le commencement d'un territoire forestier immense (40 000 hectares), le Chêne-liège est l'espéce dominante; mais, dans les bas-fonds, le Quercus Mirbeckii, Chéne-Zen, forme d'importants peuplements; le Quercus Afares devient au contraire plus commun à mesure que l'on s'éléve, mais sur les som- mels il est à son tour remplacé par le Quercus Ballota. Les maisons forestiéres de Guerrouch apparaissent enfin sur un plateau gazonné, mais entouré de toutes parts du feuillage sombre des Chênes. Une herborisation de quelques instants nous donne : Quercus numidica sp. nov. — Q. Pseudosuber DC. pro parte et Auct. alger. non Santi nec Desf., — intéressante espéce que l'on peut regarder comme un hybride des Q. Afares et Q. Suber. Le tronc est couvert d'un liège mâle en tout semblable à celui du Chéne-liége, mais les feuilles caduques tardivement sont une réduction de celles du Q. Afares, espèce avec laquelle on l'a autrefois confondu (voy. Prodr. Q. Pseudosuber); ce Faux-liége est rare, on n'en connait que des pieds isolés au milieu des Afares et des Chénes- liège. La comparaison de ce Chéne avec les échantillons, que j'ai pu exa- miner, du Q. Pseudosuber Desf. de Tlemcen (herb. Pomel) et du Q. Fon- tanesii Guss. de France m'a convaincu que cette forme était nouvelle ; je pense aussi que le Q. Pseudosuber Desf. de Tlemcen est un hybride du Q. Suber (Q. tlemcenensis), le Q. Fontanesii de France et d'Italie, pourrait bien être aussi un Q. Suber X Q. Cerris. Quercus Afares Pomel; ce Chéne est souvent désigné sous le nom de Q. castaneæfolia (C.-A. Mey) et ne peut cependant pas être complétement assimilé à cette espéce dont il est au moins une variété ; il s'en distingue facilement par ses étamines glabres et surtout par ses 4-5 fruits en grappe serrée portée sur un court et épais pédoncule. Ce bel arbre, cultivé à Alger à la pépinière de la colonne Voirol, croit avec vigueur; ? il mériterait d'être introduit aussi dans les pares de l’Europe tempérée. Nous récoltons ensuite : TRABUT. — DE DJIDJELLI AUX BABORS. Acer campestre ! (seule localité de cet arbre en Algérie). Populus Tremula. Cerasus Avium. Laurus nobilis. Ilex Aquifolium. Delphinium silvaticum Pomel (magni- fique espèce encore peu connue). Viola sylvestris. Meehringia stellarioides. Androsæmum officinale. Trifolium pratense. — CC. Sanicula europæa. Eupatorium cannabinum. Campanula alata. Vinca media. — CCC. Vincetoxicum officinale (F. Pomel). Cerinthe gymnandra. Atropa Belladona. Scutellaria Columna. Melissa officinalis. Teucrium atratum. Iris stylosa. Cephalanthera latifolia. Aspidium aculeatum. Scolopendrium officinale. Athyrium Filix-femina. 50 Fradini Lappa silvestris Pomel. A Guerrouch, le service des Forêts a fait planter des Noyers, Chàtai- gniers et divers arbres fruitiers qui y prospérent; le climat y est assez doux, malgré l'altitude, car des Eucalyptus y ont acquis un développe- ment normal. De Guerrouch au bordj du caid des Beni-Foughal, le sentier ne quitte pas la forêt de Chênes, ct, si les espèces de Quercus changent suivant l'altitude, la nature du sol, chaque espéce aussi est sujette à des variations dont quelques-unes ne manquent peut-étre pas d'intérét. Les exploitants de Chénes-liége ont déjà noté de grandes différences dans les qualités des lièges, dont les prix vont de 120 francs à 15 francs les 100 kilo- grammes. M. le député Bourlier a signalé, au Congrés de l'Association francaise pour l'avancement des sciences (1881), deux races de Chéne- liège, dont l'une donne du liège trés fin et l'autre un liège grossier et se formant lentement. Il est certain que tous les organes de cet arbre sont sujets à de grandes variations. Les feuilles sont tantôt grandes, tantôt petites, trés différem- . ment et inégalement dentées ; les glands trés gros et courts ou très longs, presque doux ou amers et mürissant à des époques différentes. Il. n'est pas étonnant que le liège se reproduise aussi différent d'un arbre à l'autre. Ne conviendrait-il pas, par une étude attentive, d'établir S'il y a lieu, les corrélations qui peuvent exister entre les caractéres des différentes parties des appareils végétatifs ou reproducteurs etles variétés du liége? Lors de notre passage, quelques indigénes étaient occupés au démas- clage; mais combien il est regrettable que l'État ne donne pas au service des Foréts les ressources nécessaires pour terminer rapidement cette opération préliminaire ; un arbre non démasclé est d'un revenu à peu prés nul pour l'État ; démasclé, au contraire, il forme tous les ans sur la surface dépouillée (10 200 centimétres carrés) environ 3 millimétres 60 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. d'épaisseur de liége, substance de grande valeur qui doit devenir pour l'Algérie le principal produit forestier et presque un monopole. Un arbre démasclé donne aprés dix ans 6,700 de liège (Lamey), soit un produit d'une valeur moyenne de 4 francs, et le démasclage ne revient pas à 10 centimes par arbre. On compte en moyenne 130 arbres par hectare ; les 430 700 hectares de forêts de Chênes-liège d'Algérie pour- raient fournir pour 22 millions de liége par an. Le transport du liége ne nécessite pas de routes forestières carrossables, les mulets des indi- gènes suffisent pour apporter ce produit trés léger aux grandes voies de communication. En devisant de ces choses nous arrivons à notre gite d'étape ; le caïd à qui nous sommes recommandés nous recoit avec cette hospitalité pa- triarcale tant de fois vantée de nos chefs indigènes. Nous parcourons encore le lendemain des régions boisées jusqu'au col de Selma (892 métres). Peu avant d'arriver à ce point, nous décou- vrons sur une pente humide le Pteris cretica, Fougère nouvelle pour l'Algérie; plus loin nous notons : Daucus setifolius, Ptychotis atlan- tica, Bupleurum fruticosum, Scabiosa maritima, variété à trés grandes fleurs, Dianthus liburnicus et D. Bisignani ?, Thapsia villosa et Th. garganica, Ferulago sulcata, Putoria calabrica, Festuca atlan- tica. Le versant méridional sur lequel nous descendons est dépourvu de végétation arborescente; le Dyss (Ampelodesmos tenax) couvre le pays au loin de ses touffes saillantes; des arbres ne se retrouvent plus que dans les fonds de vallée, les ravins, ce sont encore : l’Alnus glutinosa, les Populus alba et P. nigra, le Fraxinus australis et, chez les Beni- Zoundai, des Noyers d'une aussi belle venue que ceux de la Savoie. . Plus bas, sur les bords des oueds reparaissent les Lauriers-Roses ; les plaines, en grande partie cultivées, sont parsemées de Retama sphæ- rocarpa et de quelques rares Crategus Azarolus. Le Dyss et le Genista tricuspidata se réfugient sur les coteaux, et dans les rochers croit abon- damment le Micromeria Juliana. à Lorsqu'on se retourne vers le nord, les massifs montagneux,que nous venons de traverser, présentent un aspect singulier; la végétation arbo- rescente, réfugiée sur les sommets, forme, vers 1200 mètres, une calotte noire qui tranche nettement sur le ton jaune des flancs desséchés par les ardeurs du soleil et les vents du sud. Aprés avoir passé la nuit chez un indigène établi sur un mamelon appelé le Nador, nous remontons l'oued et gagnons le village des Deni-Bezez, par une gorge étroite qui conduit au pied méme du Babor; l'eau est abondante, les jardins sont peuplés d'arbres fruitiers. Sur les bords du ruisseau nous notons le Lavatera stenopetala et nous abordons enfin la montagne; Un bon chemin déroule TRABUT. — DE DJIDJELLI AUX BABORS. 61 ses lacets à travers le Quercus Ballota; la végétation est très avancée, cependant nous récoltons : Sedum multiceps. Galium ellipticum. Sinapis pubescens. Carduus macrocephalus. Saxifraga globulifera. Cirsium Casabonæ. Bupleurum spinosum. Seriola lævigata var. Balansæa Fontanesii. Festuca atlantica. Vers 1300 à 1400 mètres, le Cèdre remplace le Quercus Ballota et devient l'essence dominante sur toutes les crêtes et le plateau supérieur. Nous récoltons : Pæonia atlantica (fruits). Anthemis pedunculata. Erysimum grandiflorum. Calendula tomentosa var. Sisymbrium Alliaria. Catananche cærulea. Alyssum spinosum. Onosma echioides. — serpyllifolium. Cynoglossum nebrodense. Thlaspi perfoliatum. Teucrium Chamædrys var. Helianthemum rubellum. Daphne Laureola. Malope asterotricha. Trisetum flavescens. Erodium asplenioides Desf? Melica Cupani. Cotoneaster nummularia. Cynosurus Balansæ. Prunus prostrata. Bromus erectus. Bupleurum montanum. Phleum Bæhmeri. Inula montana. Festuca lamprophylla, sp. nov. L'Helichrysum lacteum très répandu présente encore quelques-unes de ses fleurs argentées et attire notre attention par ses rameaux à renfle- ments bulbeux analogues à ceux que produiraient des piqüres d'insectes gallicoles. Le Babor présente une croupe régulière d'environ 7-8 kilomètres de l'est à l'ouest, le sommet (1976 mètres) est occupé par un plateau trés boisé, le versant nord est aussi entièrement couvert par une forêt très dense de Cèdres, Abies numidica, Acer obtusatum, Populus Tremula, Quercus Mirbeckii souvent couvert de galles, Ilex Aquifolium, Taxus baccata et Quercus Afares. Le superbe Sapin qui vit sur les Babors, en compagnie du Cédre, et connu sous le nom d' Abies Pinsapo var. baborensis, répandu dans quel- ques pares sous celui d'Abies numidica, m'a paru trés différent de l'Abies Pinsapo par ses feuilles bien plus longues, trés obtuses, pourvues de deux lignes blanches en dessous seulement, celles de la face inférieure des rameaux infléchies sur les côtés, les écailles carpellaires müres dila- tées, auriculées supérieurement, la bractée plus longue. Deux raretés habitent sous la futaie du versant nord : l'Epimedium Perralderianum et le Campanula trichocalycina. 62 SÉANCE DU 29 JANVIER 1889. Du Babor on arrive facilement au Tababor, par le Tizi-el-Souk, puis on trouve là un sentier des plus pittoresques par lequel on atteint le Kerrata et les gorges du Chabet. Ce trajet s’effectue à travers des régions déjà décrites et les plantes à récolter sont consignées dans la liste géné- rale. De Djidjelli au Babor, nous avons traversé la région de l'Algérie qui recoit le maximum de pluies annuelles, on le devine facilement à l'exu- bérance et à la grande variété dela végétation arborescente. Les zones botaniques des stations qui s'étagent suivant l'altitude et la latitude du littoral à la montagne peuvent se classer de la manière suivante : 4° Coteaux et heux secs et pierreux du littoral, avec Olea, Pistacia Lentiscus, Ceratonia Siliqua. 2° Collines humides du littoral à Pinus Pinaster, Erica scoparia et Genista numidica. 3^ Alluvions et sables, forêt de Chènes-liège avec Arbutus, Myrtus. 4° Bords des eaux : Alnus glutinosa, Fraxinus australis, Populus nigra. 5° Zone montagneuse des forêts de Chênes. e . Quercus Mirbeckii. — Bas-fonds et zone moyenne. b. Quercus Suber. — Zone moyenne. c. Quercus Afares. — Zone moyenne. d. Quercus Ballota. — Zone supérieure et versants sud. 6° Versants méridionaux déboisés à Ampelodesmos tenax. T° Plaines ondulées à Retama sphærocarpa. 8" Massif des Babors. a. Ceinture de Quercus Ballota au sud et Quercus Afares au nord. b. Zone supérieure : Cedrus atlantica, Abies numidica. LISTE DES ESPECES REMARQUABLES NOTÉES DE DJIDJELLI AUX BABORS PAR LES BENI-FOUGHAL, ET DE LA A BOUGIE, PAR LE CHABET-EL-AKRA. Aquilegia vulgaris L. (A. viscosa | Arabis Turrita L. Gouan). — sagittata DC. Delphinium silvaticum Pomel (Guer- | — verna R. Br. rouch). — auriculata Lmk. Pæonia atlantica Exs. Kral. (Coss. | — Doumetii Coss. Comp.). Sisymbrium Alliaria Scop. Berberis hispanica Boissier. Thlaspi perfoliatum. Epimedium Perralderianum Coss. Draba hispanica Boiss. Chelidonium majus L. Iberis Balansæ Jord. Arabis Pseudoturritis Boiss. et Held. | Biscutella radicata Coss. et DR. TRABUT. — DE DJIDJELLI AUX BABORs. Isatis Djurjurz Coss. et DR. Alyssum spinosum L. Alyssum serpyllifolium Desf. Viola silvestris Fr. — Munbyana Boiss. et Reut. Dianthus liburnicus Bartl. — Bisignani Ten? Saponaria depressa Biv. Mæhringia stellarioides Coss. et DR. Malope asterotricha Pomel. — malacoides L. Lavatera stenopetala Coss. et DR. — Olbia L. Hibiscus palustris L. Hypericum afrum Desf. Androsæmum officinale All. Acer opulifolium Vi. — campestre L. Erodium asplenioides Desf. (an sp. nov. ?). Ilex Aquifolium L. Rhamnus libanotica Boiss. Genista numidica Spach. — ulicina Spach. Genista tricuspidata Desf. — salditana Pomel (cap Carbon). Cytisus sessifolius L. — Babor (Munby). Acanthyllis numidica Coss. et DR. Ononis arborescens Desf. var. — Cha- het. — alba Poir. Medicago sativa L. — Babor. — C. Trifolium pratense L. — C. Orobus niger L. — Babor. Vicia ochroleuca Ten. Potentilla pedata Willd. var. hirta L. (Munby). — Fragariastrum Ehrh. (Munby). — splendens Ram. (Munby). — micrantha Ram. Rosa pimpinellifolia Ser. (Munby)? Rubus atlanticus Pomel. Cotoneaster Nummularia Fisch. et Mey. Sorbus torminalis Crantz. — Aria Ehrh. Prunus prostrata Labill. Cerasus avium Lois. (Enothera biennis L. (Munby). Paronychia aurasiaca Vebb. Sedum multiceps Coss. et DR. Saxifraga arundana Boiss. Saxifraga globulifera Desf. Ribes petræum L. Daucus laserpitioides DC. —- setifolius Desf. Bupleurum plantagineum Desf. (Bou- gie). — spinosum Gouan. — CC. — montanum Coss. Pimpinella lutea Desf. Ptychotis atlantica Coss. et DR. Balansæa Fontanesii Boiss. et Reut. Ferulago sulcata Desf. Thapsia garganica L. — villosa L. Physospermum acteæfohum Koch. Sanicula europea L. Eryngium tricuspidatum L. var. Viburnum Lantana L. Lonicera arborea Boiss. Galium lucidum AJ. — ellipticum Willd. — Perralderii Coss. et DR. Asperula odorata L. Putoria calabrica Pers. Knautia arvensis Coult. Scabiosa maritima L. var. — Col de Selma. — crenata Cyrill. Eupatorium cannabinum L. Tussilago Farfara L. Evax Heldreichii Parl. Santolina canescens Lag. Helichrysum lacteum Coss. et DR. Doronicum scorpioides Willd. Senecio Perralderianus Coss. et DR. — atlanticus Boiss. et Reut. Calendula tomentosa Desf. var. Galactiles mutabilis Sp. Carduus macrocephalus Desf. Lappa (minor) silvestris Pomel. Lapsana communis (Munby). Deckera racemosa Pomel. Taraxacum lævigatum DC. Lactuca (muralis) atlantica Pomel. Hieracium prenanthoides ? var. Campanula alata Desf. — trichocalycina Ten. Erica scoparia L. Lysimachia Cousiniana Coss. et DR. Vinca media Lk. — CC. Vincetoxicum (officinale)Fradini Pomel. 64 SÉANCE DU 29 Convolvulus mauritanicus Boiss. — Chabet. Cerinthe gymnandra Gasp. Onosma echioides L. Myosotis speciosa Pomel. Cynoglossum nebrodense Guss. Atropa Belladona L. Linaria —? — Babor. Scrofularia tenuipes Coss. Pedicularis (silvatica) numidica Pomel. Digitalis (grandiflora) atlantica Pomel. Odontites violacea Pomel. Origanum hirtum Lk. var. Thymus algerieusis Boiss. et Reut. Micromeria Juliana Benth. Calamintha nervosa Pomel. — (grandiflora) baborensis (C. gran- diflora var. parviflora Coss.). — (alpina) granatensis Boiss. Melissa officinalis L. — Spont.! Salvia aurasiaca Pomel. Scutellaria galericulata L. (Mby). — columns A/l. — C. Brunella alba Pall.? Betonica algeriensis B. Noé. Stachys circinata L'Hérit. Lamium flexuosum Ten. Teucrium atratum Pomel. — Chamædrys L. var. Ajuga Chamæpitys Schreb. Vitex Agnus-castus L. Armeria plantaginea Villd. Daphne Laureola L. — oleoides Spreng. Buxus sempervirens L. (Tababor). Mercurialis perennis L. Euphorbia dendroides L. (Bougie). — biumbellata Poir. — atlantica Coss. Quercus (lusitanica) Mirbeckii DR. — (castaneæfolia) Afares Pomel. — Ballota Desf. — Suber L. — numidica sp. nov. (Q. Pseudosuber JANVIER 1889. DC. pro parte et Auct. alg. non Desf.). Populus nigra L. — alba L. — Tremula L. Alnus glutinosa L. Abies numidica de Lanoy (A. Pinsapo var. baborensis Coss.). Cedrus atlantica Manetti. Pinus Pinaster L. Taxus baccata L. Ephedra nebrodensis Tinco. Asphodelus luteus L. Allium trichocnemis Gay (Bougie). tuscus aculeatus L. Iris stylosa Desf. Epipactis latifolia Swartz. Juncus Leersii Marsoon, htt. -— anceps Luharpe, litt. — glaucus Ehrh. Pennisetum asperifolium Kuntz. Chabet et Bougie. Erianthus Ravenne P. B.— Chabet. Phleum Bæhmeri Web. Aira capillaris Host. Holcus mollis var. triflorus. — lanatus L. Ampelodesmos tenax. — CC. Cynosurus elegans Desf. — Balansæ Coss. et DR. Festuca atlantica Desf. — (ovina) lamprophylla sp. nov. Desmaziera sicula Dum., litt. Agropyrum panormitanum Bent. — Babor. Isoetes Pertalderiana DR. — Bougie. Aspidium aculeatum Koch. Nephrodium pallidum Bory. Asplenium Filix-femina Bernh. Scolopendrium officinale Sm. Pteris aquilina L. — lanceolata Desf. — cretica L. — Col de Selma. M. de Vilmorin présente quelques observations à propos du tra- vail de M. Trabut. — Il cultive l'Abies Pinsapo var. baborensis, et il lui parait difficile de n'y voir qu'une variété. Le port de l'Abies baborensis est tout différent de celui de PA. Pinsapo, de méme que la disposition des feuilles autour des rameaux. ROUY. — LE SILAUS VIRESCENS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES. 65 M. Rouy, à propos des observations présentées par M. Trabut sur certains hybrides de Chénes, fait remarquer que M. Pereira Coutinho a publié récemment, dans le Boletim da Sociedade Bro- leriana (1888), une monographie des Quercus de Portugal, et que cet auteur va mentionné quelques formes hybrides, notamment les Q. pedunculata x lusitanica, Tozza X lusitanica, Hex x Suber. M. Coutinho considère les Q. alpestris Boi:s., hybrida Brot. et Mirbeckii Dur. comme des variétés du type spécifique Q. lusita- nica Lamk, et rapporte au Q. Ilex L. les Q. Ballota Desf. et avel- lanæformis Colm.. Ge travail sera certainement utile pour l'étude des formes de Chénes si nombreuses et si variées qui existent dans la région méditerranéenne occidentale. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : LE SILAUS VIRESCENS Boiss. DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES, par M. €. ROUY. En 1884, je publiai, dans la Revue de Botanique, une courte Note complétant, par l'énumération de toutes les localités francaises et l'aire géographique du Silaus virescens Boiss., les indications données par M. Ch. Magnier, d'aprés Ch. Royer, sur cette rare espéce. Je rappelai notamment que le S. virescens Boiss. (Bunium virescens DC.) croît non seulement dans la Côte-d'Or aux localités citées par Royer; mais encore dans le Cantal (commune de Brezons, leg. Roche ; commune de Pierrefort, leg. Malvezin), le Puy-de-Dôme (entre Riom et Châteaugay ; leg. Héribaud), et que Boissier l'avait signalé, dans son Flora Orienta- lis, dans les Pyrénées-Orientales francaises eten Bourgogne, sans parler toutefois des localités d'Auvergne, alors que M. Nyman (Conspectus fl. europ.) le mentionnait bien dans la France centrale, mais non dans les Pyrénées-Orientales. — Comme principale conclusion à ma Note, jattirai l'attention des botanistes de ce dernier département sur cette plante. Appelé à Narbonne en 1888 par la session extraordinaire des Cor- biéres, je me trouvai en rapport avec un de nos distingués confréres du comité d'organisation, M. Paul Oliver, de Collioure, qui, depuis plusieurs années, explore et fait explorer avec soin le département des Pyrénées- Orientales au point de vue botanique. M. Oliver m'ayant confié ses car- nets d'herborisations en 1886 et 1887, j'y vis avec salisfaclion indiquée, à la date du 19 août 1886, la récolte du Silaus virescens à Orry de la vallée d'Eynes, dans une région presque alpine, curieux habitat pour T. XXxvl. (SEANCES) 5 06 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. cette espèce plutôt montagnarde tant en France que hors de notre terri- toire; M. Oliver voulut bien, en outre, m'envoyer un pied de cette Ombellifère récolté par lui. Nous pouvons donc ajouter maintenant aux autres localités françaises du Silaus virescens la vallée d'Eynes, déjà si riche en raretés botaniques. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : LE STACHYS AMBIGUA Sm. EST-IL ESPÈCE, VARIÉTÉ OU HYBRIDE? par M. D. CLOS. Au commencement de ce siècle, Smith décrivait dans l English Botany une nouvelle espèce de Stachys, son S. ambigua, ainsi caractérisé : Verticillis sexfloris, foliis e basi ovato-cordata lanceolatis, petiolis brevibus, caule tubuloso, et figuré t. 2089. En 1825, Schiede, dans son recensement : De plantis hybridis sponte natis, comprend la plante de Smith, sous le nom de S. palustri-silva- tica (p. 42). Cette méme année, Reichenbach donne une bonne figure du S. ambi- gua (Iconogr. bot. YII, t. ccxxi), faisant suivre la description de ces mots: « Species hybrida quibusdam videtur, quod nec negandum nee probandum erit... » (p. 20). De Candolle, dressant, en 1832, Ja liste des hybrides connus, se borne à dire à propos des Stachys : « On croit que le S. ambigua est le pro- duit du S. silvatica fécondé par le palustris » (Physiol. vég., V, 109). En 1844, Koch admet pour la plante la dénomination de Smith, avec cette remarque à la suite de la diagnose : « Media quasi inter antece- dentem (silvaticam) et sequentem (palustrem) », sans rappeler le nom créé par Schiede, et sans rien préjuger de l'hybridité ; fait d'autant plus étrange qu'il écrivait un an auparavant de la même espèce : « Ich habe die Pflanze lebend zu beobachten noch nicht Gelegenheit gehabt, aber mehrere Botaniker, welche sie an ihrem Standorte vährend längerer Zeit beobachten, sind der Meinung, dass sie ein bastard aus den beiden genannten Pflanzen sey » (in Rehlings Deutschlands Flora, IV, 286). Dans le Prodromus de de Candolle (XII, 470), Bentham, en 1848, fait suivre la description du S. palustris de : y. hybrida: foliis longius petiolatis, corollis subexsertis, S. ambigua Sm. En 1850, Grenier et Godron n'hésitent pas à inscrire, dans la Flore de France, la plante sous la dénomination de S. palustri-silvatica CLOS. — LE STACHYS AMBIGUA SM. 67 Schied. (1), et dix-neuf ans après, le premier n'avait pas changé d'opi- nion, déclarant que ce Stachys habite çà et là au milieu des parents à Besançon (Flore de la chaine jurass., 625). En 1854, Fr. Schultz consacre dans le Bonplandia (t. II, p. 235-237) un longarticle à la description comparative des S. silvatica et palustris, dotant celui-ci de plusieurs variétés, entre autres : de à. Kochii inter- médiaire (Mittellform), d'après J. Koch, entre les S. palustris et ambigua et servant de passage de l'un à l'autre (Übergangsform) ; de c. ambigua (S. ambigua Sm.). En 1857, Boreau, sans se prononcer sur la question d'hybridité, inscrit la plante, dans sa Flore du Centre de la France, 3* édit., 529, sous le nom de S. ambigua Sm. En 1858, Reichenbach eroitdevoir donner des figures des S. silvatica, ambigua (nom qu'il conserve) et palustris, et penche pour l'hybridité du S. ambigua « media inter præcedentem et sequentem » (Icon. Flore germ. XVIIL, t. Mccxv). Kirschleger admet sans hésitation l'hybride S. palustri-silvatica, et en commence ainsi la description : « Intermédiaire entre les parents », qu'il termine de la sorte: « Parmi les espéces génératrices » (Flore d'Als., 644). Godet, adoptant le S. ambigua dans sa Flore du Jura en 1853, écrit de cette plante : « Suivant Koch (Sturm Deutsch. Flora), elle se trouve dans des localités où il n'y a pas trace de S. silvatica » (p. 556), etajoute cette observation dans son Supplément, publié en 1869 : « M. Chapuis m'assure que ce prétendu hybride se trouve à Boudry, en quantité, dans une localité où il n'y a pas trace de St. palustris » (p. 154). Le sentiment de Lecoq, auteur de travaux sur l'hybridation, mérile d'être rappelé. On lit dans sa Géographie botanique de l'Europe, t. VIII, 69: « Nous mentionnons ici le S. ambigua Smith, qui parait être une hybride des S. palustris et S. silvatica ; ou, s’il constitue une espèce distincte et non une hybride, il a été trop souvent confondu avec le S. palustris pour que nous puissions séparer son aire géographique. » Mais voilà que Wirlgen croit constater l'existence des deux hybrides réciproques entre les deux espéces citées, et en 1863, à son exemple, F. Schultz, répudiant sa première opinion, admet non seulement le 8. palustri-silvatica Schied. (S. ambigua Sm.), mais encore le S. sil- vatico-palustris Wirtg., ajoutant : « Vereinzelt unter del Eltern. Die Antheren haben keine vollkommenen Pollen und die Samen sind alle fehlschlagend, wie bei der folgenden (S. palustri-silvatica) » (Phytost. der Pfalz, 440). (1) Elle figurait ainsi dans la Flore de Lorraine de Godron, 1843-1844: S. palustris 8. ambigua 68 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. Les deux hybrides viennent, dit-il, aux environs de Wissembourg; et ils figurent dans l'Herbarium normale Sch. sous les n* 126-127. Cepen- dant Billot avait distribué en 1856, sous le nom de S. ambigua, une plante récoltée par Wirtgen, en indiquant les deux synonymes S. silva- Lico-palustris F. Sch., S. palustri-silvatica Schied. (Flora Gall. et Germ. exsicc., n° 2343), réunissant ces deux formes. Plus prés de nous, Charles Royer d'une part, M. Focke de l'autre (Die Pflanzen-Mischlinge, 339), en 1881, se prononcent pour l'hy- bridité du S. ambigua, que Royer choisit méme comme type d'hybride dans le vocabulaire mis en téte de sa Flore de la Cóte-d'Or, xvi (voy. aussi pp. 302-3). Quant à M. Focke, il le dit plus voisin tantót de l'une, tantôt de l'autre espèce, mais de forme variable (1). Ainsi, la nature hybride dela plante a été admise, indépendamment de ces deux botauistes, par Schiede, Bentham, Grenier et Godron d'abord, plus tard par Grenier, Kirschleger, F. Schultz, Wirigen, auxquels il faut ajouter M. Bouvier (Flore de la Suisse et de la Savoie, 521); M. Edm. Bonnet (Petite Flore parisienne, 314); le frére Héribaud (Flore de l'Auvergne, 941). Koch, Boreau, Reichenbach, Ch. Lecoq et bien d'autres ne se sont point prononcés; la même réserve est exprimée dans le Flora italiana de Parlatore et M. Caruel, t. VI, p. 180: « Se la S. ambigua di Smith sia cosa veramente diversa, e, a quanto asseriscono, un ibrido della S. pa- lustris e della S. silvatica, resta indagarsi. » Cette fluctuation d'opinions est d'autant plusétrange queles S. palus- tris et silvatica croissent dans presque toute l'Europe et ont parfois la méme station. M. Focke dit bien que l'hybride a été observé en plusieurs lieux (Grande-Bretagne, sud de la Scandinavie, Allemagne, Belgique, France, Suisse) ; mais n'est-il pas étrange de ne pas le voir figurer dans un grand nombre de Flores où sont inscrits les S. silvatica et palustris, telles celles d'Espagne (Willkomm et Lange), d'Orient (Boissier), de Bel- gique (de Vos) et de plusieurs départements ou régions de la France : Seine-Inférieure (Blanche et Malbranche), Moselle (Holahdre), Morbihan (Lebel), Maine-et-Loire (Guépin), Vienne (Delastre), Dordogne (Des Moulins), Gironde (Guillaud), Lot-et-Garonne (Saint-Amans), Lot (Puel), Tarn-et-Garonne (Lagrèze-Frossat), Aveyron (Bras), Loire (Legrand), Jura (Michalet), Dauphiné (Mutel), Gard (de Pouzolz), Bouches-du- Rhône (Castagne), Hérault (Loret et Barrandon), Gers (Dupuy), Hautes- Pyrénées (Dulac), Haute-Garonne (Arrondeau). Omis dansla Flore du bassin sous-pyrénéen, de Noulet, dans celle des (1) « Bald der einen, bald der anderen Stammart ähnlicher, aber von schwanken- der Bildung » (Die P[lansen-Mischlinge, 339). CLOS. — LE STACHYS AMBIGUA SM. 69 environs de Paris, de Cosson et Germain, dans la premiére édition de la Flore du Centre de la France de Boreau, dans la Flore de la Côte-d'Or de Lorey et Duret, le S. ambigua figure dans la dernière édition de la Flore de Toulouse, du premier de ces auteurs, dans le Synopsis (1** et 2* édit.) des seconds, et dans la troisième édition de l'ouvrage de Boreau. Dans sa Flore de la Cóte-d'Or, Ch. Royer l'inserit comme hy- bride, mais sans spécifier qu'il croit au milieu des parents. M. Édouard Heckel, aprés s'étre livré à des expériences en Lorraine sur le S. ambigua, communiquait en 1876 à l'Association française pour l'avancement des sciences (voy. Comptes rendus dela cinquième session, à Clermont-Ferrand, pp. 507-508), les résultats obtenus, considérant cette plante comme une véritable hybride : « Le pollen et les ovules, dit-il, sont toujours inféconds. Le pollen déformé affecte la figure d'un ovoide qui tient le milieu entre celui du S. palustris et du S. silvatica. Cet hybride se trouve toujours au milieu de ses générateurs. Le père est le plus rare. » Un an aprés, l'auteur rappelait ses conclusions dans son avant-propos de la traduction de l'ouvrage de Darwin : Des effets de la fécondation croisée et de la fécondation directe dans le règne végétal, p. xir. Une comparaison impartiale du S. ambigua Sin. avec les deux espéces d’où plus d'un le fait dériver par hybridité dévoile, contrairement aux assertions de Koch (Synops., 653), de Reichenbach (Icon. Fl. germ. HI, 1), sa ressemblance marquée avec le S. palustris, tandis qu'il n'a jamais du S. silvatica les feuilles ovales-cordiformes, minces et fétides à long pétiole gréle, ni les verticillastres 4-6 flores (mais bien de 6-10 fleurs), ni les poils glanduleux du calice et de l'axe floral, ni la couleur vineuse de la corolle à lobes de la lèvre inférieure étroits et réfléchis, ni enfin les drageons équilatéres, ces organes étant renflés en massue dans les S. palustris et ambigua. Déjà Mutel écrivait en 1836 : « Le S. ambi- gua Sm. est entre les S. palustris et silvatica, mais bien plus voisin du premier, dont il a tout à fait le port, les feuilles, et avec lequel on doit, à mon avis, le réunir à cause des intermédiaires » (Flor. franc. WT, 37). Àu rapport de M. Focke (loc. cit.), C.-F. Pflümer a constaté que la plante prise et distribuée d'abord par lui comme S. ambigua n'est qu'une variété locale (nur eine Standorts varietät) du S. palustris. Tandis que M. Lloyd écrivait, en 1876, du S. ambigua dans sa troisiéme édition de la Flore de l'Ouest de la France, page 246 : « A le port de S. palustris, dont il diffère par les feuilles toutes pétiolées ovales-lancéolées, en cœur à la base, fortement dentées en scie », il modifiait profondément son opinion à cet égard dix ans plus tard, dans sa quatrième édition de l'ouvrage, où la phrase citée est remplacée par celle-ci, page 275 : « Une forme à feuilles toutes pétiolées que jai vue 10 SÉANCE DU 25 JANVIER 1889. dans la Vallée de la Loire et que M. Miciol a récoltée dans les mois- sons de l'île de Batz (Fin.), est à peine distincte du type et n'est pas S. ambigua Sm. » Le S. ambigua figure comme hybride sous le nom de S. palustri- silvatica dans la Florule du département du Tarn de Martrin-Donos, où il est dit très rare et croissant avec les parents (p. 569). Mais l'assertion croissant avec les parents est-elle suffisamment justifiée ? Je vois bien assigner trois localités communes aux S. palustris et palustri-silvatica de la Florule, mais aucune d'elles ne s'y applique au S. silvatica. Au mois d'octobre dernier, je récoltais en fleur dans un fossé des environs de Soréze (Tarn), derrière l'ancien cimetière, des échantillons d'une plante plus développée dans toutes ses parties que le S. palustris type, étranger à la contrée, mais en offrant, du reste, tous les caraetéres essentiels. C'est trés probablement celle qui figure sous le nom de S. palustris comme croissant autour de Sorèze dans les Herborisations sur la Montagne Noire de Doumenjou (1847, p. 256). C'est elle, enfin, qui est inscrite dans nombre de Flores sous le nom de S. ambigua, et qui ne différant du S. palustris que par des feuilles briévement pétiolées et non sessiles, et par plus d'ampleur dans l'ensemble de l'organisation végétative et florale, doit étre tenue, non comme un hybride admis sans preuve depuis Schiede sous la dénomination de S. palustri-silvatica ou sous celle de S. palustris X silvatica, mais bien comme varietas petiolata du S. palustris. Toutefois, on ne saurait refuser le titre d'hybrides à des formes intermédiaires entre les S. palustris et silvatica observées dans les lieux mémes oü croissent ensemble ces espéces, notamment d'aprés Kirschleger à Bouxvillers et Mülheim, par Wirtgen et Schultz à Wissem- bourg, par Grenier à Besancon, par M. E. Bonnet à Saint-Germain, d'autant que la famille des Labiées a déjà fourni un assez bon contin- gent d'hybrides (V. Focke, loc. cit., 339-341). Les deux plantes distri- buées par F. Schultz et Winter (Herbarium normale), sous les n° 126 et 127, diffèrent sensiblement entre elles et des S. palustris et silvatica, ainsi que du S. ambigua Sm. : la première, S. silvatico-palustris, aux feuilles longuement pétiolées, lancéolées et larges de 3 centimètres, subcordiformes à la base, grossiérement dentées, de la consistance et de la couleur de celles du S. silvatica; la seconde, S. palustri-silvatica, à feuilles à court pétiole, elliptiques et larges de 45 millimètres, super- ficiellement crénelées-dentées. Il n'y a pas, ce semble, de raison d'ap- pliquer à l'une de ces deux formes d'hybrides l'un de ces noms composés plutót que l'autre, car on a constaté l'absence de toute régle dans la transmission à un hybride des caractéres du pére et de ceux de la mére, CLOS. — LE STACHYS AMBIGUA SM. T1 ces caractères étant fréquemment fondus dans le produit. En consé- quence et jusqu'à ce que des essais d'hybridation artificielle entre les deux espèces aient donné des résultats positifs, il suffira d'inscrire à ces deux formes hybrides, longe-petiolata et elliptica, trés rares et proba- blement instables, sous la dénomination la plus ancienne de S. palus- (ri-silvatiea, avec cette réserve que ce nom ne préjuge en rien le róle des deux facteurs. M. Malinvaud pense que si le Stachys ambigua a pu rester ina- perçu dans des localités où les S. silvatica et palustris sont large- ment répandus, la production de cette hybride est sans doute sub- ordonnée, indépendamment de la présence des parents (condition nécessaire, mais non toujours suffisante), à des circonstances adjuvantes dont le concours fait souvent défaut. D'autres Labiées donnent lieu à des remarques analogues; par exemple le Mentha rotundifolia, qu'on rencontre fréquemment au voisinage de ses congénéres, s'hybride presque toujours daus ce cas avec le M. sil- vestris, rarement au contraire avec le M. arvensis, plus rarement encore avec le M. aquatica. M. Malinvaud ajoute que ses observa- lions s'accordent avec celles de M. Clos; il a vu souvent sous le nom de S. ambigua, dans les herbiers, des plantes dissemblables, les unes paraissant être incontestablement des hybrides, d'autres n'étant que des variations du S. palustris. Ce dernier est notamment dis- tingué, par ses feuilles pétiolées, du S. ambigua, qui a les siennes subsessiles; M. Malinvaud a récolté sur les bords de la Dordogne, prés de Gluges (Lot), le 15 juillet 1887, un Stachys palustris absolument typique par le facies et l'ensemble des caractéres, sauf les feuilles qui étaient nettement pétiolées, comme il n'est pas rare de les observer, dans des stations trés humides, sur beaucoup de Labiées à feuilles ordinairement subsessiles (Mentha rotundifolia, M. silvestris, etc.). 12 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. DE VILMORIN. M. Costantin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. le Secrétaire général donne lecture de lettres de MM. Bastit et Blondel, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Granel, Catalogue des graines récoltées au Jardin des plantes de Montpellier. Reclu, Manuel de l'herboriste. Renault et Zeiller, Sur les genres Fayolia et Palæoxyris. Zeiller, Sur la présence dans le grès bigarré des Vosges de l'Acros- tichides rhombifolius Fontaine. Sahut, Discours prononcé aux obsèques de M. J.-E. Plauchon. Farlow, On some now or imperfectly known Alge of the United States. Couthinho, Os Quercus de Portugal. Baca, Catalogue des graines récoltées au Jardin botanique de Va- lence. Briosi, Esperienze per combattere la Peronospora della Vite. Martelli, Sulla fosforescenza dell’ Agaricus olearius DC. Bulletin of the Torrey Botanical Club, 6 numéros. M. Jumelle fait à la Société la communication suivante : MARCHE DE L'ACCROISSEMENT EN POIDS DES DIFFÉRENTS MEMBRES D'UNE PLANTE ANNUELLE; par M. Henri JUMELLE (1). Je me suis proposé, dans le courant de l'été dernier, de suivre les variations de poids qu'éprouvent les différents membres d'une plante annuelle, depuis la germination jusqu'au début de la maturation. Mes expériences ont porté, dans ce but, sur des plantes (Lupin, Sar- (1) Travail fait au laboratoire de botanique de la Sorbonne. JUMELLE. — ACCROIS. EN POIDS DES MEMBR. D'UNE PL. ANNUELLE. 73 rasin, Féve, etc.), cultivées dans de la ponce imbibée d'une solution nourricière. Le poids sec de chaque graine mise à germer était connu; pour déterminer les variations de poids survenues à un moment donné dans une des plantes en expérience, il suffisait donc de soumettre cette plante à une dessiccation compléte dans une étuve chauffée à 120 degrés, et de comparer le poids sec de cette plante au poids sec de sa graine, sans tégument. Pour permettre de comparer plus facilement entre eux les résultats obtenus sur cliaque plante, le poids sec de chacune d'elles a toujours été rapporté à 1 gramme de graine sèche. Si, par exemple, une graine de Lupin pesant sèche 0,250 a produit une plante dont le poids sec était de 09,500 aprés un certain temps de végétation, nous avons admis que 1 gramme de graine aurait donné, à cette méme époque, 2 grammes de plante. J'ai pu, à plusieurs reprises, constater l'avantage de cette méthode, qui élimine, dans les résultats, les différences provenant des inégalités de poids des graines mises à germer. La vie d'une plante annuelle, au point de vue des variations de son poids sec et de sa quantité d'eau, peut étre divisée en cinq périodes principales. Premiére période, ou période germinative. — Le tégument n'étant pas encore tombé, la plante, dépourvue de chlorophylle, n'assimile pas. Cette plante augmente en poids frais, mais éprouve une diminution con- tinuelle de poids sec, due à la respiration et aux différentes transforma- tions chimiques, dont les cotylédons sont le siége principal. La racine apparait et s'allonge en augmentant régulièrement de poids sec. L'axe hypocotylé apparait à son tour et se développe rapidement, en général, d'une facon réguliére, comme la racine. En dehors de ce cas normal, on observe, pour le poids sec de l'axe hypocotylé, de nombreuses variations individuelles; mais il y a le plus souvent alors balancement entre la diminution du poids sec des cotylédons et l'augmentation du poids sec de l'axe. Il y aurait donc en quelque sorte, fréquemment, une répartition indifférente de substances entre l'axe hypocotylé et les coty- lédons. L'absorption des substances minérales pendant cette période est trés faible. Deuxième période. — Le tégument est tombé; les cotylédons verdis- sent et la tige se montre. La diminution du poids sec de la totalité de la plante continue, sous l'influence des transformations chimiques ; mais, d'autre part, la fonction chlorophyllienne, intervenant, introduit du car- bone dans la plante. Tandis que la perte augmente peu avec le dévelop- 74 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. pement, le gain, au contraire, augmente rapidement avec l'accroissement de la surface foliaire. Au bout d'un certain temps, dont la durée varie avec les conditions d'assimilation, le gain l'emporte sur la perte, et le poids sec de la plante s'élàve alors de plus en plus. Le poids sec de la racine, aprés la chute du tégument, s'accroit d'abord trés rapidement, puis, dans des proportions moindres, continue à augmenter jusqu'à la chute des cotylédons. La proportion d'eau devient de plus en plus forte; en d'autres termes, la racine gagne plus rapidement encore en eau qu'en substance séche. L'aceroissement en poids sec de l'axe hypocotylé, après avoir diminué, s'arréte; la quantité d'eau, au contraire, augmente constamment. Enfin la tige gagne sans cesse en substance séche, et, dans des proportions plus grandes, en eau. Pendant tout ce temps, les cotylédons diminuent de poids sec, tandis que la quantité d'eau qu'ils renferment augmente au contraire sensible- ment, du moins pendant un certain temps. La perte de la substance sèche des cotylédons est due à deux causes : 4° à des transformations chimiques (cette perte, dans de trés faibles proportions d'ailleurs, augmente réguliérement avec le développement); 2° à une migration de matières vers les autres parties de la plante (cette perte, trés grande pendant la germination, plus grande encore au moment où les premières feuilles se développent, va ensuite en dimi- nuant jusqu'à la chute des cotylédons). Troisième période. — Les cotylédons viennent de tomber. Le poids sec dela plante gagne de plus en plus jusqu'à la floraison. Aussitót que les cotylédons tombent, la substance séche de l'axe diminue brusquement, presque de moitié, ce qui prouve encore une relation étroite entre l'axe hypocotylé et les cotylédons. En méme temps, le gain par jour des racines, qui jusqu'alors s'était sans cesse élevé, s'abaisse momentanément. Dans la tige et les feuilles, au contraire, il se produit une forte augmentation du gain. Il y a donc eu, selon toute vraisemblance, migration de matiéres du bas de la plante vers le haut. Dans les racines et dans l'axe hypocotylé, la proportion d'eau atteint, à cette époque, un maximum ; elle diminue, au contraire, dans la tige et les feuilles. D'ailleurs d'une facon générale, quand il survient dans un organe une diminution ou une augmentation brusque de substance séche, la diminution ou l'augmentation correspondante d'eau n'est pas aussi rapide; la proportion primitive du poids d'eau au poids sec ne se rétablit que peu aprés. Quand les phénoménes précédents se sont produits, la racine et la JUMELLE. — ACCROIS. EN POIDS DES MEMBR. D'UNE PL. ANNUELLE. 75 lige continuent à s'aecroitre en poids jusqu'à la floraison. Dans l'axe hypocotylé, la quantité de substance séche reste sensiblement la méme ; mais la proportion d'eau diminue sans cesse. Dans les racines et dans la lige, cette proportion d'eau, aprés étre redevenue à peu prés la méme qu'avant la chute des cotylédons, augmente, mais trés faiblement, jus- qu'au début de la floraison. Quatrième période. — Les fleurs apparaissent. Les substances miné- rales qui sont entrées abondamment dans la plante depuis la chute des cotylédons, et dont l'absorption a atteint son maximum un peu avant la floraison, n'augmentent qu'en faible quantité dans la plante, quand les fleurs se développent. Les racines éprouvent, à cette époque, une diminution, non plus seule- ment dans le gain, mais dans leur poids méme de substance sèche. Il y a donc nouvelle migration de maliéres vers le haut de la plante. On n'observe cependant pas ici, dans la tige, d'excés de gain correspondant; souvent méme la totalité de la plante, loin de s’accroître en poids, semble éprouver une diminution dans sa quantité de substance sèche. Cette perte de poids ne peut étre due qu'à une forte respiration des fleurs en voie de développement, et la supposition est d'autant plus légitime que, comme le montre l'analyse, le gain en carbone passe, à cette époque, par un minimum. Dans tous ces cas, l'eau suit encore les variations de la substance sèche, mais toujours dans des proportions différentes, augmentant plus rapide- ment et diminuant moins rapidement que celle-ci. Cinquième période. — C'est la fin de la floraison et le commencement dela maturation. Dans la racine, la tige et les feuilles, il y a accroisse- ment considérable de poids sec. L'absorption des substances minérales est trés active. L'augmentation de la quantité d'eau est maintenant, au contraire, moins rapide que celle de la substance séche. En résumé, le transport normal de matières, des parties assimilatrices vers les parties inférieures de la plante, semble, à certaines périodes de la végétation, se compliquer de migrations secondaires : 1° Au moment de la chute des cotylédons, les substances renfermées dans l'axe hypocotylé émigrent en partie vers le sommet de la tige, en méme temps que le gain en poids sec des racines diminue momentané- ment. L’axe hypocotylé se comporterait, tant que les cotylédons sont adhérents à la plante, comme un organe accessoire de réserve dont la fonction cesserait avec la chute des colylédons. 2 Au début de la floraison, une nouvelle migration de substances se produit, de la racine et des parties inférieures de la tige vers le haut de 16 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. la plante. Cet appel de matières serait produit par une forte dépense due à la respiration des fleurs en voie de développement. La quantité d'eau suit en général, mais moins rapidement et dans des proportions différentes, ces variations de la substance séche. Daus les cotylédons, au contraire, elle tend à augmenter tandis que la substanee séche diminue. L'absorption des substances minérales, trés active au moment où les feuilles se développent, passe par un minimum an début de la floraison, et augmente de nouveau au début de la maturation. M. Devaux fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES MODIFICATIONS SINGULIÈRES OBSERVÉES SUR DES RACINES DE GRAMINÉES CROISSANT DANS L'EAU, par M. DEVAUX. Au mois de novembre 1888, j'avais arraché dans le jardin botanique de l’École normale quelques pieds de Graminées sur lesquelles je me proposais de faire des expériences de physiologie; aprés avoir coupé la totalité des racines à chacune des touffes, je plaçais la base de celles-ci daus des vases en verre remplis d'eau ordinaire et entourés de papier noir; de cette manière les racines nouvelles, qui se développèrent très rapidement au contact de l'eau, furent toujours à l'obscurité complète, tandis que les parlies vertes des plantes recevaient une vive lumiére. La manière dont les plantes supportèrent cette opération et le change- ment du mode de vie furent trés différents selon les espéces. Chez un Lolium, d'espéce non encore déterminée, il n'y eut que trés peu de feuilles qui moururent, et bientót la plante prit une apparence extré- mement vigoureuse; chez une autre espéce de Lolium beaucoup de feuilles se desséchèrent, et la plante parut souffrir notablement; enfin, l'Holeus mollis ne put résister qu'avec une grande difficulté, la plupart de ses feuilles périrent, et la plante tout entière languit de plus en plus jusqu'en février 1889, époque à laquelle je fis mes observations. Je possédais deux pieds différents pour chaque espéce, ce qui m'a permis de reconnaitre que les différences observées tiennent à la nature spéci- fique de la plante et non à sa nature individuelle. A ces différences dans les parties vertes ont répondu des différences de méme ordre et consi- dérables dans le système radieulaire. Lozrum n° 1. — Je décrirai d'abord les modifications apportées dans les racines du Lolium qui avait le moins bien résisté à l'opération que j'ai décrite plus haut. Ces racines ne se sont pas développées en grande DEVAUX. — RAGINES DE GRAMINÉES CROISSANT DANS L'EAU. 11 abondance, et n’ont guère atteint qu'une longueur de 10 à 15 centi- mètres. Elles ont émis des radicelles nombreuses mais restant trés courtes, c'est-à-dire dont la longueur ne dépassait pas 2 centimètres. D'abord le développement des racines parut normal; mais, aprés avoir atteint une longueur de quelques centimètres, j'en vis un grand nombre dont le point végétatif, au lieu de continuer à suivre sa direction descen- dante à peu prés verticale, se mit à s'incliner vers le cóté, puis à se relever vers le haut, et à suivre à la fin dans sa croissance une hélice trés serrée dirigée plus ou moins obliquement dans le liquide. La plu- part des racines se trouvèrent alors terminées par une petite vrille for- mant trois à cinq tours, et trés analogue comme aspect à une vrille foliaire enroulée autour d'un support trés mince. Mais l'enroulement cessa bientót, el les racines se mirent à reprendre une croissance à peu prés rectiligne et descendante. Il m'est impossible de dire si le retour à ce mode normal de croissance fut simultané pour toutes les racines; mais ce qui est certain, c'est que d'autres contournements en hélice se montrérent à tous moments sur les racines, de sorte que bientót chaque racine prit l'apparence d'uné corde présentant quatre à cing nœuds formés d'autant d'hélices courtes et serrées, séparées par des entre- nœuds de quelques centimètres : l'ensemble du système radiculaire de cette plante que j'ai l'honneur de présenter à la Société, offre alors un aspect trés curieux et tout à fait anormal. La répartition des poils radicaux sur ces racines est également inté- ressante. Ces poils apparaissent encore trés nombreux jusque sur les régions les plus àgées des racines, ce qui est un fait commun à toutes les racines aquatiques susceptibles de donner ces productions. Mais leur longueur et leur quantité sont des plus variables. Il semble en général que les portions rectilignes ne possèdent que des poils courts et épars, tandis que les portions contournées en hélice portent des poils trés longs, trés touffus et rayonnants autour de l'hélice dans tous les sens. Ceci porterait à penser que la production de ces poils, de méme que le contournement des racines, est liée à un ralentissement local de la crois- sance, comme nous l'avions fait observer dans une précédente commu- nication (1). Quant aux radicelles, celles qui présentent une longueur de plus de l centimètre présentent aussi parfois au début le méme contournement en hélice que les racines. Mais il est à remarquer que la plupart sont arrétées trop tót dans leur croissance, comme l'indique la production de poils jusque sur le sommet. Il est curieux méme de voir que ces poils sont d'autant plus longs qu'ils se rapprochent plus du point végétatif, à (1) Voy. Bull. Soc. bot., XXXV, séance du 13 juillet 1888. 18 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1880, l'inverse de ce qui a lieu d'ordinaire, et qu'ils figurent alors au sommet de chaque radicelle un petit pinceau délié. Quant à l'arrét de croissance, il frappe non seulement les radicelles ayant cette longueur de 1 à 2 centimétres, mais encore de trés jeunes radicelles à peine sorties de la racine mére, ou méme encore sous l'écorce; de sorte que les seuls points végétatifs vraiment vigoureux et persistants sont ceux des premières racines, les plus grandes, dont la croissance se continue avec vigueur. En résumé, ces racines se distinguent des racines ordinaires par deux sortes de variations de croissance : la première, discontinue et portant sur une face de la racine, est un ralentissement local et momentané de cette croissance ; elle produit le contournement en hélice; la deuxième est une production exagérée de nouvelles radicelles qui se trouvent frappées de très bonne heure d’un arrêt de croissance définitif. Loriux n° 2. — La deuxième espèce de Lolium a eu une croissance beaucoup plus vigoureuse et a émis des racines et radicelles en abon- dance; mais il est à remarquer qu'ici aucun contournement serré en hélice n’apparaît jamais, bien que la plante appartienne au même genre que la précédente. Les longues racines peuvent dépasser 25 centimètres, et elles émettent des radicelles de deux sortes, les unes grosses et courtes, peu ou point ramifiées; les autres longues et minces, beaucoup plus ramifiées. On observe ces deux espèces de radicelles sur la longueur totale d'une méme longue racine, mais par régions. Du reste, toules les radicelles de divers ordres sont également frappées de bonne heure d'un arrêt de croissance analogue au précédent, quoique moius hàtif. Les radicelles de premier ordre, grosses et courtes, peuvent atteindre 2 à 3 centimètres; les autres, longues et minces, peuvent dépasser 8 centi- mètres, et portent des radicelles de deuxième et troisième ordre, ces der- nières atteignant encore 1 centimètre. Il est à remarquer que les parties frappées d'un arrêt de croissance (indiqué par la formation de poils jusqu'au sommet) portent encore un grand nombre de points végétatifs de jeunes radicelles tous arrétés à divers états dans leur développement, de sorte qu'ici la multiplication des radicelles de divers ordres aurait été semblable à ce qui se passe chez le premier sujet considéré, mais la croissance aurait duré plus longtemps. Les poils existent encore sur toutes les racines de divers ordres, mais se localisent par régions comme précédemment, certaines parties ayant beaucoup de poils serrés et longs, d'autres peu de poils épars et courts. Indépendamment de leur nombre et de leur dimension, ces poils pré- sentent des modifications intéressantes se rapportant à trois types distincts, entre lesquels existent de nombreux intermédiaires. Les uns ont la forme ordinaire allongée et rectiligne ou simplement ondulée d’une manière irrégulière. DEVAUX. — RACINES DE GRAMINÉES CROISSANT DANS L'EAU. 10 D'autres sont spiralés et représentent une hélice à enroulement très làche qui se présente au microscope comme un simple zigzag régulier; celte hélice existe aussi bien sur des poils excessivement courts que sur de longs poils où elle peut faire jusqu'à dix et douze tours complets. On les trouve partout sur les racines et les radicelles de divers ordres, mais leur répartition est variable : parfois on ne trouve à peu prés que des poils rectilignes dans certaines régions, tandis qu'ailleurs ce ne sont que des poils spiralés. En tout cas les deux sortes de poils sont toujours assez intimement mélangées et méme il n'est pas rare de voir un long poil présenter une portion moyenne spiralée, la base et l'extrémité restant rectiligne. Il existe enfin sur cette dernière plante d'autres poils qui ne sont pas spiralés, mais dont l'extrémité est fortement renflée en une boule qui peut leur faire donner la dénomination de poils capités. Ici, ces poils sont assez rares, mais je dois les signaler, car j'ai eu l'occasion de les trouver sur d'autres espèces de Graminées, le Blé par exemple, poussant leurs racines dans l’eau. La grosseur de la tête est variable, mais elle peut atteindre cinq à six fois le diamètre du reste du poil, dans certains cas. Du reste, je dois dire que ces diverses sortes de poils sont reliées par toute une série d'intermédiaires, et méme j'ai vu parfois un poil rectiligne dans sa base, spiralé ensuite et capilé au sommet. Cette deuxième espèce de Lolium présente donc, comme particularités, un développement exagéré de radicelles frappées de bonne heure d'un arrêt de croissance, mais moins tôt que précédemment; ces radicelles sont de deux sortes, courtes et grosses, ou longues et minces. Les poils radicaux présentent, non seulement les variations habituelles de taille et de nombre selon la région considérée de la racine, mais encore des variations locales de la croissance de leur propre membrane, d'ou résulte, soit un contournement en hélice, soit un gonflement terminal en massue. Horcvs mozzis. — Cette dernière plante, comme je l'ai dit plus haut, a beaucoup souffert de l'opération subie. Elle n'a donné que trés peu de racines, dix tout au plus pour chaque sujet; ces racines sont de grosseurs Variant entre 077,6 et 1?»,2. Toute leur surface présente une apparence Verruqueuse, surtout vers le bas, car elle est couverte de tubercules jusque trés prés du sommet. En remontant vers le tiers supérieur de la racine, on voit ces tubercules percer l'écorce et sortir sous forme de petites radicelles qui restent toujours trés courtes, la plus longue n'atteignant jamais 4 centimètre. J'ai examiné la structure de ces for- mations quand elles ne représentent encore que de simples tubercules, c'est-à-dire prés du sommet, et j'ai vu que ce ne sont que des radicelles 80 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. normales arrêtées dans leur croissance avant même d’être sorties de la racine mère. On en voit parfois jusqu’à deux ou trois qui se pressent au méme point de la racine, si bien qu'une seule section transversale les atteindrait toutes. Chez cette plante, les poils radicaux ont la forme nor- male, de sorte que la seule modification intéressante à noter est celte quantité de tubercules radicellaires représentant autant de radicelles arrêtées dans leur développement. Résumé. — L'opération‘ subie par ces plantes, section totale des racines très près de leur base, paraît donc avoir provoqué chez toutes une pousse subite et plus ou moins abondante de racines adventives; la production s’est étendue à ces racines elles-mêmes qui se sont mises à produire des quantités de radicelles. Jusque-là nous n'avons affaire qu'à un phénomène bien connu. Mais tout à coup il semble y avoir eu arrêt de croissance pour ces jeunes radicelles, de sorte que beaucoup sont restées à divers états de développement, et souvent si courtes qu’elles n'avalent pas même encore percé l’écorce de la racine mère. Cet effet est dà sans doute à ce que toutes les réserves de la plante avaient été employées à ce moment-là, et aussi à ce que bon nombre de feuilles avaient bientôt péri faute de racine leur fournissant de l'eau. Quant au singulier contournement de la racine du premier Lolium et des poils du second, il paraitrait dû à des différences de croissance locale de cer- taines cellules, ou de certaines parties de cellules; peut-être aussi ces différences de croissance devraient-elles être rattachées à la cause pré- cédente, c’est-à-dire en définitive à ce que la plante aurait souffert de l'opération subie, mais il serait prématuré de le dire. Toutefois, il est bien intéressant de voir que ces variations sont différentes pour deux espéces d'un méme genre, et qu'elles se sont produites à l'obscurité complète. Quant à la cause de ces variations, il est bien difficile de l'indiquer méme par une simple hypothèse, et il faut attendre les résultats d'autres expériences que je me propose d'entreprendre prochainement à ce sujet, cette communication n'étant qu'une simple prise de date. Je ferai remarquer seulement que l'absorption des liquides, dont les plantes se trouvent subitement privées lors de la section des raeines, peut être réta- blie par elle de deux manières différentes : les nouvelles racines formées peuvent s'allonger beaucoup sans se ramifier notablement, ou bien se ramifier au contraire, de manière à multiplier dans tous les cas les surfaces d'absorption. Il est intéressant de voir que c'est la tendance à la ramification qui est prédominante ici, c’est-à-dire que la plante tend à multiplier ses points végétatifs plutôt que les cellules issues de ces poinls : les centres de production sont multipliés, tandis que la produc- DEVAUX. — RACINES DE GRAMINÉES CROISSANT DANS L'EAU. 81 lion elle-mème est peu abondante pour chacun d'eux, car les radicelles sont frappées de trés bonne heure d'un arrét de croissance complet. Enfin, un dernier point à noter est que, chez une espéce, cellequi a pu le mieux résister, on trouve sur une méme grande racine tanlót de longues radicelles trés minces et ramifiées, tantót de courtes radicelles grosses et portant des points végétalifs nombreux mais à une croissance arrêtée avant leur sortie méme du membre qui les porte : la multiplication des surfaces est donc obtenue ici des deux manières que nous avons indi- quées. Il y aurait sans doute beaucoup de recherches à faire dans ce sens, et ces recherches présenteraient cet intérêt particulier qu'elles pourraient donner des indications précieuses sur les modifications sponta- nées de la croissance et méme de la formation des orgaues, c'est-à-dire sur des modifications dont la cause intime est non pas extérieure mais intérieure. La plupart des recherches physiologiques faites de ce cóté ont en effet bien plutòt porté sur l'action qu'exercent les agents exté- rieurs sur les organes de la plante pour les modifier : les expériences que j'indique permettraient au contraire d'étudier les aclions internes qui peuvent déterminer ces organes à se modifier d'eux-mémes dans des conditions externes invariables, et par suite de faire avancer la science d'un pas nouveau dans un domaine encore bien inexploré, celui des causes intimes de la naissance et de la croissance des éléments vivants. M. de Seynes demande s'il est bien exact de dire que la plante a souffert, il croirait plutót que c'est l'inverse. Les ondulations se manifestent souvent dans les cas de fasciation sous l'influence d'un excés d'humidité. Les racines se sont évidemment plus développées que dans la terre. M. Devaux répond qu'il a simplement voulu dire que ce n'était pas sous l'influence de causes extérieures que s'était produit l'en- roulement. M. Duchartre signale une certaine analogie entre les faits ob- servés par M. Devaux et les productions de racines dans l'eau, for- mant ce que l'on appelle des queues de renard, qui se montrent, ilest vrai, dans les eaux courantes. Le contournement en spirale sans cause apparente signalé par M. Devaux reste sans explication. M. Dufour demande aux dépens de quels tissus se forment les tubercules signalés par l'auteur. i M. Devaux répond que le tubercule s'est formé en partie aux dépens de l'écorce soulevée par la radicelle et mal digérée par elle. T. XXXVI. (SÉANCES) 6 82 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1880, M. Bonnier communique à la Société, au nom de M. Daniel, ie travail suivant : STRUCTURE ANATOMIQUE COMPARÉE DE LA FEUILLE ET DES FOLIOLES DE L'INVOLUCRE DANS LES CORYMBIFÈRES, par MS. L. DANIEL. 1. Buphthalmum salicifolium. — C'est évidemment la plus diffé- renciée des Corymbifères. La foliole présente deux bandes, la bande supérieure, de beaucoup la plus épaisse et hypodermique ; l'autre est médiane et divise le parenchyme dense chlorophyllien en deux portions inégales. Ces deux bandes sont réunies sur les côtés, distinctes au milieu. Plus haut la bande médiane devient interrompue en face le faisceau, et finalement disparait, tandis que la supérieure se maintient. 2. Gnaphalium, Antennaria, Filago. — Il n'y a plus qu'une bande; ici elle est à la face inférieure, hypodermique et complète ; elle touche au faisceau trés petit dont le liber est plus ‘ moins scléreux. Le sclérenchyme est trés développé pe nort à l'épaisseur de la foliole. 3. Asteriscus aquaticus. — La bana inférieure, hypoder- mique et trés épaisse par rapport à l'é 4 foliole, se compose de deux parties, l'une plus interne fib - touchant à l'épiderme inférieur parenehymateuse et plus ou moins scléreuse. Cette bande est bien distincte du faisceau. L'épiderme supérieur, à membranes trés épaissies, est caractéristique à cause de sa forme allongée, égale à six fois environ la longueur des cellules du parenchyme sous-jacent. 4. Carpesium cernuum. — La bande hypodermique inférieure est moins épaisse, exclusivement fibreuse, éloignée du faisceau. La bande existe dans toutes les folioles de l'involucre. REMARQUE. — L'inuline existe en abondance à la base des folioles de l'involucre du Carpesium cernuum. 9. Jnula Conyza. — Ne diffère du Carpesium que par l'absence de sclérenchyme dans les folioles externes. 6. Les autres Inula. — Different de PI. Conyza par ce fait que la bande, hypodermique à la base de la foliole, devient plus ou moins mé- diane en se rapprochant du sommet. 7. Santolina Chamecyparissus. — La bande, très développée, est hypodermique en face le faisceau médian; elle devient médiane sur les DANIEL. — FEUILLE DES CORYMBIFERES, 83 côtés. C'est un type de passage entre les Corymbifères à bande hypo- dermique, et celles à bande médiane. Le faisceau, parfois séparé de la bande à la base, est généralement entouré de sclérenchyme et présente une bande de sclérenchyme dans son liber. 8. Tanacetum vulgare. — Coupe analogue à la précédente, mais la bande de sclérenchyme est médiane dans toute son étendue. 9. Anthemis. — La bande médiane se réduit beaucoup en épaisseur ; elle n'est plus représentée que par un ou deux rangs de fibres. Entiére à la base, plus haut elle est interrompue en face le faisceau médian, qui comme dans les deux genres précédents présente du sclérenchyme trés accusé, Par le sclérenchyme du faisceau, ce genre se rapproche des Santolina et des Tanacetum ; abstraction faite du faisceau, la coupe est absolument celle d'un Chrysanthemum. 10. Micropus perpusillus. — La loliole interne de l'involucre enve- loppe la graine. La bande, trés épaisse, touche au faisceau trés petit et non scléreux. Le parenchyme supérieur, trés réduit, n'existe qu'en face le faisceau médian, de sorte que la bande, médiane au milieu, devient hypodermique supérieure sur les cótés. C'est un type de transition qui établit le passage aux Achillea, Eri- geron, etc., à bande hypodermique supérieure dans toute son étendue. 11. Anacyclus clavatus. — La bande médiane fibreuse est renforcée par du parenchyme incolore supérieur ayant tendance à se sclérifier. La foliole externe est la plus épaisse. 12. Aster, Solidago, Chrysanthemum, Pyrethrum, Leucanthe- mum.-— La bande médiane, entière à la base, s'interrompt plus haut eu face le faisceau médian. Dans les Chrysanthemum, Pyrethrum, Leucanthemum, cette bande, en devenant interrompue, tend à se conti- nuer par le bois du faisceau. Anatomiquement, la foliole de l'involucre dans ces trois genres est identique. 13. Achillea. — La bande de sciérenchyme est hypodermique supe- rieure et enveloppe complétement le faisceau médian. L'épiderme supérieur fibreux ne se distingue pas de la bande. 14. Eupatorium cannabinum. — La bande hypodermique supérieure est scindée en quatre ilots, situés entre les faisceaux. Les faisceaux n'ont pas de stéréome. 15. Erigeron canadensis, — La bande supérieure est formée de deux 84 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1889. ilots fibreux assez épais, interrompus seulement en facele faisceau médian toujours dépourvu de stéréome. 16. Souci cultivé. — Les ilots scléreux, en nombre variable suivant les coupes, tendent à se réunir en une bande médiane. Souvent entre les ilots de fibres on trouve du parenchyme scléreux. 17. Helianthus. — Les îlots, généralement au nombre de huit, restent partout distincts. Dans l'H. tuberosus, on trouve de l’inuline à la base de la foliole. De plus les folioles internes présentent un arc inférieur de sclérenchyme dans le faisceau. 18. Jasonia tuberosa. — La bande médiane est formée par trois ilots, deux latéraux, et un médian moins développé. Le faisceau présente un arc inférieur; à la base cet arc et l'ilot médian sont parfois réunis. 19. Senecio. — Les ilots sont au nombre de quatre ou de deux, sui- vant qu'il y a interruption ou non en face les faisceaux latéraux. Il peut y avoir des ailes latérales trés développées et scléreuses entière- ment (S. Doria, S. Cineraria, etc.). Ces ailes peuvent être très peu développées (S. Jacobea, S. vul- garis, etc.). Je placerai ici les genres Galatella, Conyza ambigua, Stenactis, qui présentent une coupe analogue avec deux, trois ou quatre îlots, suivant que les deux îlots latéraux sont distin®ts ou réunis d'un seul côté ou des deux à la fois. Dans ces trois derniers genres, le sclérenchyme est du reste moins accusé. 20. Bellis aunua. — Dans le Bellis annua, tout à fait à la base, on remarque un commencement d'ilots scléreux sur les côtés. C'est l’état précédent trés rudimentaire. Bellis perennis ne présente pas trace d'ilots, mais en revanche il y a un commencement d'arc inférieur au faisceau médian. 21. Tripolium, Dahliaum, Doronic, Tussilago.— A partir de ces genres, on ne trouve plus de sclérenchyme dans les folioles de l'invo- lucre. Les folioles présentent la structure inverse de la feuille, c'est-à-dire out le parenchyme lacuneux à la face supérieure avec localisation de la chlorophylle à la face inférieure. Jamais aucune foliole ne présente la structure de la feuille. 22, Bidens. — Le Bidens bullata, qui présente la structure précé- dente, établit le passage au B. tripartita et au B. cernua, dont le verti- DANIEL. — FEUILLE DES CORYMBIFÈRES, 85 cille externe incomplétement transformé en folioles présente en partie la structure typique de la feuille. 23. Callistephus epinensis, chinensis. — Cette plante est le meilleur type de passage que l'on puisse trouver entre la structure de la feuille et la structure de la foliole. Dans la partie dressée de la foliole de l'involucre, on trouve, en effet, le parenchyme lacuneux à la face supérieure ; puis les lacunes sont situées indifféremment sur les deux faces, et enfin la partie horizontale terminale présente les lacunes à la face inférieure seulement. Ce passage a lieu à des hauteurs croissantes en allant de l'extérieur vers l'intérieur. Dans les folioles les plus internes, la transformation est complète et la structure type de la foliole existe dans toute leur longueur. M. Rouy demande si les observations de M. Daniel ont porté sur les Plarmica, dont les espèces ont été tantôt placées dans le genre Anthemis, tantôt réunies aux Achillea. Il désirerait aussi connaitre l'avis de l'auteur sur les rapports des Cineraria avec les Senecio. : M. Bonnier répond que les Ptarmica étudiés par M. Daniel m ont présenté des caractères intermédiaires entre les Achillea et les Anthemis, et il n'a pas observé de différences entre les Cineraria et les Senecio. M. Camus demande si l'auteur a. étudié comparativement les Corvisartia et les Inula. M. Bonnier dit que M. Daniel a seulement indiqué l Inula Conyza comme différent des autres. M. Malinvaud donuelecture d'une lettre de M. Silhol, instituteur à Saint-Paul-et-Valmalle (Hérault), qui annonce l'envoi d'un fasci- cule de plantes de l'Hérault destinées à être distribuées aux per- Sonnes assistant à la séance. M. le Président décide qu'une lettre de remerciments sera adressée à M. Silhol. RG SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Costantin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 8 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membre de la Société : M. PÉRAGALLO (H.), capitaine d'artillerie, rue Séguier, 20 bis, à Nimes, présenté par MM. Bornet et Flahault. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. M. Ramond, trésorier, donne lecture du Rapport suivant : NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ A LA FIN DE L'EXERCICE 1888 ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1890. fr. €. La Société avait en caisse à la fin de l'exercice 1887........... .. 37,465 15 Elle a recu pendant Fexertice T888. -o I.e eee Rees 14,832 95 Gest ün tota] dec... vL ELE 52,298 10 Les dépenses ont été de;.;.0, 04... coe c ne 15,882 31 L'excédent des recettes est ainsi de..... a ADU da vd: 36,416 33 Il y a eu, en outre, à porter à l'actif, pour conversions de valeurs et fonds en dépót..... 8,320 » Et au passif, pour le méme objet, une somme io cesis 83530 3 (Balance.) L'excédent des recettes est représenté par les valeurs ci-après : Rente de 1250 fr., 3 pour 100 sur l'État (6 titres nominatifs, n° 253,064, 8° série, 269,340, 275,681, 279,131, 6° série, 0,332,172, 6° série, et 0,287,862, 8° série, et 4 titres au porteur, n** 0,480,945, 0,256,073, 0,398,736 et 0,419,276) : Capital, d'aprés le cours de la Bourse à lépoque où la Société est devenue propriétaire de ces titres. -o olose ne Re 30,539 16 À reporter... ::....,. . 30,589 16 A. RAMOND. — SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. 81 Report: s. sr 20,539 16 Dépôt au Comptoir d'escompte............. 5,099 75 (1) Numeraire : o a o a PA Pr 321 42 Total (comme ci-dessus) ........ 36,416 33. Les recetles et les dépenses se décomposent comme suit : RECETTES. BEIC en caisse ER NN de T3812 SU eh e RES 31,465 79 307 cotisations annuelles (1 pour 1886, 6 pour 1887, | 296 pour 1888, 4 p. 1889), à 30 francs... .......... 9,210 » | DDR AH a vie, a 400 Mancs. 1 201 os aer eus 400 » T diplomes, à 3 francs oco eres 39 » Vente du CU DNA a aa RS EN 1,691 60 14.832 95 Remboursement pour excédent de pages........... 184 » r Subvention du Ministére de l'Agricult. et du Commerce. 1,000 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique. ... 1,000. » Rente sur T'Etat (arrérages). o o 0) a eve 4 230 5 Intérêt de notre dépôt au Comptoir d'escompte...... 62 35 Torah Ee eR 3r a. 52,298 70 DÉPENSES. Impression du Bulletin (24 fr. 80 pour 1886, 2,794 fr. 90 pour 1887 et 4,745 fr. 40 pour 1888)..... 7,565 10° Revue bibliogr. et Table (664 fr. pour | 1887 et 1,036 fr. pour 1888)........ 1.400 à Cu de DAME. es S 355 » Brochage duj Bulletin (114 fr. 95 pour 11.362 15 i 1886, 488 fr. pour 1887, 408 fr. 15 di v d pour T388) PPS tiir cius 1,011 10 | Port du Bulletin (88 fr. 10 pour 1887, 385 fr. 40 pour 1888). ...,...,..... 473 20 Circulaires et impressions diverses. . ... 251 19 EMEND uei esee i t0 3 Chauffage et éclairage. ............. a" 200 1 510 99 15,882 37 Ports de lettres, timbres, impositions, reve assurances et frais divers........... 1,090 1 Bibliothèque, et mobilier. ............ 630 05 Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 » ) 1350 » Honoraires du trésorier adjoint........ 500 » | vir | Gages du garcon de bureau...........- 350 » | Excédent des recettes (comme ci-dessus).................... 36,416 33 (1) Note ajoutée pendant l'impression. — Depuis le dépôt de ce compte, il a été prélevé sur cette somme 1,555 fr. 75 pour paiement des impressions de 1888. Le mr plus est représenté aujourd'hui par un bon du Trésor de 4,000 francs, n° 186, du. 12 mars 1889. 88 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. Quant aux conversions de valeurs et aux opérations d'ordre, elles ont donné les résultats ci-après : 3 Encaisse ala fin de 18875... 30,539 16 Rente sur l'Etat. Opérations de l'année. ............. » » Encaisse à la fin de 1888................ . 30,539 16 Encutise a la fin de 1587... .... -i «v COS Versements. e 5,810 » | ze Intérét de notre dépôt... dd i PE 955 20 Compt. d'escompte. 9,955 2 ————á—— — — ( Remboursemenls. 4,3510 » | i A déduire. ! Frais de recou- 4,371 45 | vrement...... 67 45 \ Encaisse a la fin de 1888.5. x 10 e 5,555 15 ( Encaisse à la fin de 1887...,... DEAN UR » Fonds reçus en dépôt. | Reçu en dépôt........................... 200 » ! REMOUS- ro re Re i PE 200 » ( Balance.) Dans le compte soumis à la Société l'an dernier (page 180 du t. XXXV), les dépenses à solder pour l'apurement de l'exercice étaient évaluées à 3,900 francs. Mais le nombre des feuilles d'impression sur lequel cette évaluation était basée ayant été dépassé, ces dépenses se sont élevées à 4,114 fr. 15 (1). L'avoir effectif de la Société à la fin de 1887, évalué dans le compte de l'année à 33,965 fr. 75, aura donc été en réalité de 33, 291 francs. Pour 1888, les dépenses restant à solder à la fin de l'année sont moindres qu'en 1887, nos publications étant relativement plus avancées ; et par le méme motif l'évaluation de ces dépenses peut étre faite plus sürement. Eu voici le détail. (1) Cette somme se décompose comme suit, ainsi qu'on l'a vu, d'ailleurs, ci-dessus (p. 87), par le détail des dépenses payées en 1888, pour l'apurement des exercices antérieurs Impressions de 1886 et de 1887 (solde)... 2,819 70 Brochage pour 1886 et 1887 (solde)...... 602 95 Port du Bulletin de 1837 (solde). V, ..... 88 10 Honoraires pour la rédaction de la Revue bibliographique (solde).............. 664 » Total Sl 4,174 75 A. RAMOND. —- SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. 89 Dépenses à prévoir. Impression de la session de Narbonue (10 feuilles). Di suivant fücture tite eere RH tee en coU qe 1,498. » Impression du dernier numéro du Compte rendu des séances (A»feuilles)- -Evaluation r. aa sarsan nnee moa ces 590 » Impression de la Table des matières et de la Couverture du volume (2 feuilles 1/4). Évaluation. ...................... 360 » Brochage, port et frais divers. — Ævaluation................ A00 » Soittau totalis 528 LEN comme ou 9,708 » Les valeurs en caisse à la (in de 1888 étant, comme je Pai indiqué pias haut, Ge o IW LO NI 3$ A E 36,416 33 l'avoir effectif de la Société à cette date (compte fait des dépenses restant alors à solder) ressortira d... rue let tue sers: 39108 33 C'est une situation analogue à celle qui s'est produite pour l'exercice 1887. Elle est méme un peu plus favorable. Dien qu'à la suite des me- sures qui ont élevé le taux de la cotisation des membres à vie, le nomhre de ces cotisations soit descendu, de l'ancienne moyenne de quatre ou cinq par année, à une seule cotisation pour 1888, les finances de la Société restent propéres. Nous pouvons, d'ailleurs, tenir pour cerlain que ces mesures se traduiront par une augmentation progressive du nombre des cotisations annuelles qui compensera largement, dans quelques années, la perte que nous éprouverons sur les cotisations à vie. Toutefois, dans la période de transition, les accroissements de dépenses devraient être évités. Or, j'ai le devoir de faire remarquer à la Société que pour l'impression du Bulletin, la principale de nos dépenses, les prévisions budgétaires ont été dépassées dans ces dernières années. Le nombre des feuilles d'impression qui, d’après ces prévisions, ne devrait être que de 45» a été de 51 pour le volume de 1887, et il sera de 53 pour le volume de 1888. Il serait bien désirable, me parait-il, que la limite budgétaire füt observée à l'avenir. BUDGET DE 1890. Il me reste à soumettre à l'approbation de la Société le projet de bud- gel pour 1890. Voici les prévisions pour les recettes : 310 cotisations annuelles à 30 francs. ...... cor d Eu ME T. PRENON d no, à400 rane. 5... 1... 400 » 10 diplómes, à 5 franes.............. C REI ROM. xD 50 » Vente du Bulletin et abonnements (1).............. (Erden 1,600 » A TONDOEN i -oe ste. 11390 3 (1) La moyenne des deux années 1887 et 1888 a été de 1,700 franes. 90 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. Repot ie ni 11,350 temboursements pour excédent de pages et frais de gravures.... 100 » Subvention du Ministère de l’Agriculture.............. Qvo rion JU D Subvention du Ministère de l'Instruetion publique........,..... 1,000 » Rente sur LEtate o o a e E i ed 1,250 Intéréts du dépót au Comptoir d'escompte (1)...... FP MC oin 60 » dotal S side: nie ce TRIO Les dépenses pourraient être évaluées comme suit : | Impression du Bulletin.................... 6,500 » | z l Seances.. 22 feuilles. 2 Hrs 15 — 2 $ Session et Table. 8 — E: E 45 feuilles. 9,910 » E: E Revue bibliographique et Table (rédactiom).. 1,180 » B T Prais ds pPAVDPOR Ar aor a aod. 200 » S| Brochage du Buletin 2.1.0 650 » $.| Port du Bulletin. .:...::...,.........%. 530 » | | Circulaires et impressions diverses.......... 950 ::» | Loyer: IL. o Lord EE Hu. Var bts 1,250 » \ Chauffage et éclairage ..:..5:......:.. 200 » | Loyer et frais | Frais divers (assurances, contributions, l du timbres, ports de lettres et tous autres , 3,250 » matériel. menus ais): lied uen 1,100 » Bibliothéque, herbier et mobilier..... 500 » \ Dépenses extraordinaires............ 200 »/ Honor. du conservateur de l’herbier.. 500 » i Personnel. | Honoraires du trésorier-adjoint...... 500 ». 43» 3 Gages du garcon de bureau.......... 350 ») Total pour les dépenses... ........ iu. 13,910 > En résumé : La recette serait de............. Weser Ti se Ion MENU VERI 14,760 » Et la dépense de.......... MEINE e ied steve is rec. 19,910 3 L'exercice pourrait ainsi se solder par un excédent de...... . 850 » Lequel viendrait en accroissement de notre capital. J'ai l'honneur de proposer à la Société : D'ordonner le renvoi du compte de 1888 à la Commission de compta- bilité, Et d'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1890. L'assemblée, consultée sur les propositions qui lui sont sou- mises par M. le Trésorier, les approuve par un vote unanime, et (1) Note ajoutée pendant l'impression. — Cet article sera modifié comme suit : Intéréls des bons du Trésor. LETOURNEUX. —- VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE. 91 M. le Président adresse à M. Ramond les félicitations et les remer- ciements de la Société pour le Rapport si clair et satisfaisant dont il vient de donner lecture. M. le D' E. Cosson fait hommage à la Société, du 3* fascicule des Illustrationes Flore atlantice et présente, en les résumant, les communications suivantes : NOTE SUR UN VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE, par M. A. LETOURNEUX. Parti de Gabès le 4 avril 4886, avec la mission de poursuivre en Tri- politaine les études dont j'étais chargé en Tunisie sur la flore et l'idiome des pays habités par les Berbéres troglodytes, je débarquais le lende- main à Tripoli, où je recevais l'accueil le plus bienveillant de M. le Consul général Destrées ; mais malgré la recommandation de notre Ministre des affaires étrangères, malgré l'insistance de notre représen- lant, l'aecés de l'intérieur du pays me fut refusé en vertu des instructions rigoureuses de la Sublime Porte, interdisant tout voyage d'exploration aux étrangers non munis d'un firman spécial délivré à Constantinople. Sous l'influence de cette cruelle déception, je fus sur le point de me rem- barquer immédiatement pour Djerba, mais aprés réflexion et pour ne pas perdre complétement le fruit de ma tentative, je me résignai à ren- fermer mes herborisations dans le demi-cercle de 15 kilomètres de rayon où l'on voulait bien m’accorder la liberté de me mouvoir. En conséquence, pendant neuf jours, avec mon préparateur Lecouffe, tantôt à pied, tantôt montés sur des ânes aussi rapides et aussi infatigables que leurs congé- nères d'Égypte, nous parcourümes les diverses routes de l'oasis et nous en serutàmes les environs sous la protection d'un gavas, obligeamment mis à ma disposition par M. le Consul général. Aussi, en dépit de la courte durée de mon séjour et de la saison encore trop peu avancée (1), j'ai réussi à réunir environ trois cents plantes spontanées et à dresser une liste d'une centaine d'espéces ou variétés cultivées dont j'ai recueilli les noms arabes. Si incomplet que soit ce résultat, il m'a paru utile de le publier, en raison de l'intérét que peut exciter la végétation d'un pays encore insuffisamment connu et qui relie la flore atlantique à celle de la Cyrénaique et de la Marmarique. : La ville de Tripoli, dont le port occupe à peu près le fond de la petite (1) Ainsi je mentionnerai une grande Ombellifère dont je mai pu voir que les feuilles et qui doit atteindre la taille du Fæniculum officinale. Elle croit dans les grands sables, au sud de Guirgarech. 92 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. Syrte, est enveloppé sur deux côtés, au Sud et à l'Est, par une immense oasis qui se continue à l'Orient le long de la mer, sur une longueur qui, dit-on, ne serait pas moindre de 30 kilométres et sur une largeur de 3 ou 4 kilometres. Du cóté de l'Ouest, au contraire, l'oasis ne s'étend guère au delà de la ville et quelques rares Dattiers s'élévent seuls le long de la mer au delà des portes. L'oasis est sillonnée de nombreuses routes bordées de hauts talus et méme de murs en pisé. On y rencontre de nombreuses constructions, maisons, koubbas blanches, des villages, un hôpital et méine des casernes. Aussi le botaniste, qui ne peut que rarement pénétrer dans l'intérieur des jardins et des vergers, est-il réduit le plus souvent à y herhoriser le long des murailles, dans les fossés et dans les cimetiéres. Cependant, à 10 ou 12 kilométres de la ville, l'oasis est coupée prés du rivage par une lagune (El-Mellaha) peu profonde qui sert de saline et dont les rives assez éten- dues sont abordables. Le long de l'oasis s'étend un terrain légèrement ondulé, sablonneux et monotone : deux points seulement y offrent une végétation spéciale : au Sud-Est, à l'extrémité d'une expansion de l'oasis, les marais d'eau douce de Tadjoura; au Sud, traversée par une route, la localité d'Ain Zara, qui présente à gauche une sorte de prairie marécageuse, bordée au Nord par des bouquets de Dattiers et d'Oliviers au milieu desquels "s'éléve une koubba et à droite de la route une mare ou lagune éga- lement d'eau douce, où je ne m'attendais guère à trouver le Cladium Mariscus. Du côté de l'Ouest où finit l'oasis s'étend une zone en grande partie inculte occupée par une double ligne de forts et de camps retranchés. Au delà de la limite défensive apparaissent le petit village et l'oasis minuscule de Guirgarech, que domine à l'Ouest une grande ruine en forme de tour. Plus loin, à 14 kilomètres de Tripoli, dans un plateau calcaire légèrement saupoudré de sable, les carrières antiques de Ghiran (les excavations ou les cavernes) s'étendent sur une longueur d'à peu prés un kilomètre; le fond en est occupé par quelques champs d'orge ou de blé. Partout oà nous avons pénétré, le terrain est arénacé ; dans l'oasis le sable est plus ou moins mélangé d'humus; au bord des lagunes il fait quelquefois place à une argile noirâtre; mais il ne forme d'amas un peu considérables qu'aux alentours du marabout de Sidi-el-Macri, au bord de l'oasis, sur la route d'Ain Zara, à la sortie de la ville du côté de l'Ouest, où il constitue un petit cordon de dunes, et surtout au sud de la tour de Guirgarech, où il se montre à l'état pur et presque dépourvu de végétation. LETOURNEUX. — VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE. 93 Voici l'indication et la date de nos herborisations : avril 1886. — Reconnaissance à l'entrée de l'oasis, à l'ouest du grand camp turc. avril. — Traversé l'oasis dans la direction du Sud, exploré les sables au pied du marabout de Sidi-el-Maçri, visité Ain Zara, à gauche de la route. 7 avril. — Course à l'ouest de la ville : herborisé à Guirgarech. Retour par les sables au sud de la tour. 8 avril. — Traversé l'oasis dans la direction du Sud-est : exploré Tad- joura et son marais. 9 avril. — Promenade à pied dans l'oasis vers l'Est et le Sud. 10 avril. — Course aux carrières de Ghiran. Déjeuné sous une voûte. Vu au retour les rochers maritimes au nord des carrières. l4 avril. — Promenade à pied au cimetière des Sulthans à l'ouest du port et dans la partie voisine de l'oasis. 12 avril. — Nouvelle course à Ain Zara. Exploré les bords de la lagune. 13 avril. — Course à la lagune salée d'El-Mellaha. (SE | — c. Nous avons employé, dans la liste des plantes spontanées, les abré- viations suivantes pour la désignation des localités : Trip. — Tripoli (rues, jardin public, plage). À. Z. — Ain Zara. Cim. — Cimetière des suMhans. Ghir. — Ghiran. Guir. — Guirgarech. Mell. — El-Mellaha. Qas. — Oasis. Sid.-M.—Sidi-el-Macri. Tadj. — Tadjoura. LISTE DES PLANTES SPONTANÉES OBSERVÉES DANS L'OASIS ET SES ENVIRONS (1). Adonis mierocarpa DC. var. dentata. — Oas. | Glaucium luteum Scop. — Mell. Ranuneulus muricatus L. — Oas. — corniculatum Curt. — Trip., Mell. — Papaver Rhæas L. — Oas., Guir. Fumaria capreolata L. var. Bastardi (F. — hybridum. L. — Oas. Bastardi Boreau). — Oas. Hypecoum Geslini Coss. et Kral. — Oas., | — parviflora Lmk. — Oas. AZ: — officinalis L. — Oas. (1) C'est un devoir pour nous de remercier M. E. Cosson du concours aussi précieux que bienveillant qu'il nous a donné pour la détermination des plantes énumérées dans cette liste, ud Malcolmia ægyptiaca Spreng. var. longi- siliqua. — Oas., Sid.-M., Guir. Matthiola oxyceras DC. var. basiceras. Sid.-M., A.Z., Ghir. Sisymbrium nanum DC. — Sid.-M., — [rio L. — Oas. Diplotaxis virgata DC. var. humilis (Si- symbrium simplex Viv.). — Ghir. Brassica Tournefortii Gouan. — Trip. Eruca sativa Lmk forma stenocarpa. Oas. Koniga lybica R. Br. — Oas., Mell. Capsella Bursa-pastoris Mænch. rare. Lepidium sativum L. — Oas. Cakile maritima Scop. var. ægyptiaca. — Oas. Rapistrum bipinnatum Coss. Qas. Helianthemum sessiliflorum Pers. — Sid.-M. — virgatum Pers. var. ciliatum. — Ghir. — tunetanum Coss et Kral. — Ghir. Fumana viscida Spach. — Ghir. Reseda propinqua R. Br. — Oas. — alba L. — Oas. Frankenia pulverulenta L. — Oas. — lævis L. — Mell. Saponaria Vaccaria L. — Oas. Silene apetala Willd. — Qas., Sid.-M. BÉANCE DU 22 Guir. Qas. et Kral — rubella L. — Mell. — succulenta Forsk. — Sid.-M., Guir. — setacea Viv. — Sid.-M. — colorata Poir. (S. bipartita Desf.). — Guir., Cim. Sagina maritima Don. — A.Z., Tadj., oas. Arenaria serpyllifolia L. — Oas. Spergularia media Pers. — Mell. — diandra Heldr. — Oas. Rhodalsine procumbens J. Gay. — Tadj., Ghir. Polycarpon tetraphyllum L. — Qas. — aisinefolium DC. — Oas., Sid.-M. Letlingia hispanica L. — Oas., Sid.-M. Portulaca oleracea L. — Oas. Tamarix articulata Vahl. — Oas. Maiva parviflora L. — Oas. — silvestris L. — Sid.-M. Lavatera arborea L. — Trip. Linum strictum L. — Oas., Tadj. Geranium molle L. — Oas. — rotundifolium L. — Ghir. Erodium laciniatum Cav. — Oas., Sid-M. — hirtum Willd. — Oas., Ghir. Oxalis cernua L. — Oas. (subsp.). Tribulus terrestris L. — Qas. Zygophyllum album L. — Ghir., Zizyphus Lotus L. — Ghir. Cim. FÉVRIER 1889. Retama Rætam Webb — Sid.-M. — — var. Duriæi (R. Duriæi Webb). — Ghir. Calycotome intermedia Salzm. ap. Presi. — Trip., Ghir. Argyrolobium uniflorum Jaub. et Spach. — Oas., Güir. Anthyllis Vulneraria L. forma rubriflora. — Sid.-M., A.Z Ononis angustissima Lmk. (0. falcata Viv.). — Sid.-M. — serrata Forsk. — Oas., A.Z., Ghir. — recliuata L. — Ghir. Medicago marina L. — Sables maritimes à louest de la ville. — lævis Desf. (1799) (M. Helix Willd.) var. obscura (M. obscura Retz.). — Oas., A.Z., Sid.- M. — littoralis Rohde. — Oas., Cim., Ghir. — denticulata Willd. — Oas. — — var. subinermis. — Oas. — minima Lmk. — Qas. — — var. longispina. — Oas. — ]aciniata All. — Oas. Trigonella maritima Delile. — A.Z., Ghir. — monspeliaca L. — Qas. Melilotus parviflora Desf. — Oas. Trifolium scabrum L. — Guir, Ghir. Cherleri L. — Ghir. — stellatum L. — Trip. — tomentosum L. — Oas., Ghir. — procumbens L. — A.Z., Ghir. Lotus edulis L. — Ghir. — pusillus Viv. — Oas., Sid.-M. — creticus L. — A.Z. — corniculatus L. — A.Z. Astragalus Pseudostella Delile. — Sid.-M. — hamosus L. — Qas, — peregrinus Vahl. — Ghir. Scorpiurus sulcata L. — Oas., Sid.-M. Arthrolobium scorpioides DC. — Oas. Hippocrepis bicontorta Lois. — Oas. — multisiliquosa L. — Ghir. Hedysarum spinosissimum L. — Qas., Guir. Vicia sativa L. var. angustifolia. — Oas., A.Z. — Pseudo-Cracca Bert. — Oas., A.Z. — nigricans M.-Bieb.? — Qas. Ceratonia Siliqua L. — Oas. Lythrum thymifolia L.? — Tadj. Herniaria fruticosa Desf, — Guir. — cinerea DC. -— Oas. Paronychia argentea Lmk. — A.Z. — nivea DC. — Oas., Ghir. Gymnocarpum decandrum Forsk. — Sid. -M. Tillæa muscosa L. — Qas. LETOURNEUX. — VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE. Mesembryanthemum nodiflorum L. — Trip. — crystallinum L. — Oas. Reaumuria vermiculata L. — Oas. Nitraria tridentata Desf. — Oas., Ghir. Eryngium maritimum L. — Ghir. au bord de la mer. — Barrelieri Boiss. — Est de l'oasis. Apium graveolens L. — A.Z. Bupleurum semicompositum L. — Oas., Sid.-M. Deverra tortuosa DC. — Guir. Crithmum maritimum L. — Ghir. au bord de la mer. Auethum graveolens L. — Oas. Orlaya maritima Koch. — Oas., Ghir. Daucus pubescens Koch. — Sid.-M., A. Z. — hispidus Desf. — Ghir. au bord dela mer. Torilis nodosa Gærtn. — Oas. Smyrnium Olusatrum L. — A.Z., Ghir. Coriandrum sativum L. — Oas. (subsp.). Sherardia arvensis L. — Oas. Crucianella maritima L. — Ghir. au bord de la mer. — herbacea Forsk.; Boiss. Ki- Or. (C. ægyptiaca DC. Prodr. an. et L.?) — Oas. Rubia tinctorum L. — Oas. Galium parisiense L. — Oas., Tadj. — tricorne With. — Oas. — murale All. — Oas., Mell. Vaillantia lanata Delile (Gulum Columella Ebrenb.). — Ghir. — hispida L. — Ghir. Phagnalon rupestre DC. — Oas., Ghir. Micropus bombycinus Lag. — Oas. Rhanterium suaveolens Desf. — Sid.-M., Ghir. ; Anthemissecundiramea Biv. — Oas., Sid.-M. Cyrtolepis alexandrina DC. var. — Oas., Guir. ret aurea Coss. (Cotula aurea L.).— as Artemisia campestris L. — Collines à , ouest de la ville. Helichrysum Fontanesii Camb.? — Sid.-M., Ghir. Filago spathulata Presl. — A. Z. TA var. prostrata. — Sid.-M. Logfia gallica Coss. et Germ. (Filago gallica L.). — Oas. Ifoga spicata Schultz Bip. — Sid.-M. Senecio coronopifolius Desf. — Oas. Calendula arvensis L. — Oas. Echinops spinosus L. — Sid.-M. Atractylis flava Desf. — Ghir. Amberboa Lippii DC. — Oas. Q5 Centaurea contracta Viv. (C. Delilei Godr.). — Ghir. — dimorpha Viv. — A. Z. Kentrophyllum lanatum DC. — Ghir. Onopordon Sibthorpianum Boiss. et Heldr. (0. ambiguum Coss. olim non Fres. sec. Boiss.). — Sid.-M. Carduus pteracanthus DR. — Oas., A.Z. Hedypnois polymorpha DC. — Oas., A. 7., Sid.-M. Urospermum picroides Desf. — Oas. Scorzonera alexandrina Boiss. — Ghir. Spitzelia radicata Coss. et Kral. (Crepis radicata Forsk. ; Leontodon corono- pifolium Desf.). — Mell., A.Z. Barkhausia taraxacifolia DC. — Ghir. — amplexicaulis Coss. et DR. — Oas., Sid.-M., Ghir. ; — senecioides Spreng (Crepis senecioides Delile). — Oas. Ætheorrhiza bulbosa Cass. — Oas., A.Z., Mell. Picridium tingitanum Desf. — Ghir. Zollikoferia resedifolia Coss. — Qas., Ghir. Sonchus oleraceus L. — Commun dans l'oasis. — tenerrimus L. — Trés commun dans l'oasis. — maritimus L. — A.Z. Andryala vagusina L. var. vir gata. —4A. Z. Anagallis arvensis L. — Oas. — linifolia L. — Oas., A.Z. Samolus Valerandi L. — Oas., Mell., A.Z. Nerium Oleander L. — Oas. Erythræa ramosissima Pers. — Mell., A. 7. Convolvulus oleæfolius Desr.— Guir., Ghir. — supinus Coss. et Kral. — Oas. — arvensis: L. — Oas. — althæoides L. — Oas. Cressa cretica L. — Mell. Nonnea phaneranthera Viv. — A.Z. Echium sericeum Vahl. — Sid.-M. — grandiflorum Desf. — Mell. Echiochilon fruticosum Desf. — Guir. Alkanna tinctoria Tausch. — Guir. Solanum nigrum L. — A.Z. — sodomeum L. — Oas., À. Z. Lycium mediterraneum Dun. — Ghir. Datura Stramonium L. — Mell. Hyoscyamus albus L. — Oas., commun. Linaria fruticosa Desf. — Sid.-M., Guir. — viscosa Dum.-Cours. — Oas., Sid.-M. — virgata Desf. — Oas., Guir, Ghir. Scrofularia deserti Delile. — A. Z., Guir. Phelipæa Müteli Schult. — Tadj., Ghir. — violacea Desf. — Sid.-M. Lippia nodiflora Rich. — Ouest de l'oasis. 96 SÉANCE DU 22 Thymus capitatus Link et Hoffmsg. — Col- lines à l’ouest de la ville. Micromeria nervosa Benth. — Ghir. Salvia lanigera Poir. — Oas., Sid.-M., Ghir., commun. Lamium amplexicaule L. — Oas. Prasium majus L. — Ghir. Teucrium Polium L. — Collines à l'ouest de la ville, Ghir. Statice globulariæfolia Desf.? — Mell. — virgata Willd. — Glfr. au bord de la mer. Plantago major L. — Oas. — albicans L. — Oas., Sid.- M. — Lagopus L. — Oas., Sid.-M., trés com- mun. — maritima L. — Tadj. — Coronopus L. — Qas., Sid.-M., Guir. — Psyllium L. — A.Z. Beta vulgaris Moq.-Tand. — Oas. Chenopodium Vulvaria L. — Oas. — murale L, — Oas. — album L. — Oas. -— ambrosioides L. — Oas., Mell. Atriplex parvifolia Lowe. — Trip. — Halimus L. — Trip., oas. Kochia muricata Schrad. (Echinopsilon muricatus Moq.-Tand.) — Ghir. Salicornia fruticosa L. — Mell. Suæda fruticosa Forsk. — Cim. Emex spinosus Campd. — Oas. Rumex bucephalophorus L. — Sid.-M. — tingitanus L. — Oas., A.Z. Polygonum aviculare L. — Oas. — equisetiforme Sibth. et Sm. — Sid.-M., Guir. Thymelæa microphylla Coss. et DR.; Meisn. — AZ — hirsuta L. — Ghir. Thesium humile Vahl. — Guir. Euphorbia Guyoniana Boiss. et Reut. — Sid.-M. — exigua L. — Oas., Ghir. — falcata L. — A.Z. — Peplus L. — Oas. — terracina L. — Oas. — Paralias L. — Sables à louest de la ville. Andrachne telephioides L. — Guir. Ri. inus communis L. — Oas. Urtica urens L. — Oas. — pilulifera L. — Oas. Parietaria diffusa Mert. et Koch. — Trip., 035., Ghir. Colchicum Ritchii R. Br. — Sid.-M. Erythrostictus punctatus Schlecht. — Col- lines à l'ouest de la ville, Mell. FÉVRIER 1889. Urginea Scilla Steinh. (Scilla maritima L.) — Collines sablonneuses. Scilla peruviana L. var. — Mell., collines à l'ouest de la ville, Guir, Ghir. — parviflora Desf. — Ghir. Ornithogalum umbellatum L. — Ghir. Allium roseum L. — Guir., Ghir. Uropetalum serotinum Gawl. — Ghir. Muscari racemosum Willd. — Oas. Bellevalia comosa Kunth. — Qas. — maritima Kunth (Muscari maritimum Desf.). — Oas. — sessiliflora Kunth (Hyacinthus sessili- florus Viv.i. — Mell., Ghir. Asphodelus tenuifolius Cav. — Ghir. — microcarpus Viv. — Ghir. Asparagus aphyllus L. — Ghir. var. stipularis (A. stipularis Forsk. — A. horridus L. f.). — Mell. Romulea Columnæ Seb. et Maur. — Guir. Iris Sisyrinchium L. — Guir., Ghir. Narcissus Tazetta L. — Oas., spont. ?, noté mais non recueilli. Pancratium maritimum L. — Sables à l’ouest de la ville. Triglochin Barrelieri Lois. — Tadj., Mell. Posidonia oceanica Del. (Zostera oceanica L.; Posidonia Caulini K een.).— Ouest du port. Cymodocea nodosa Aschers. (Boiss. Fl. Or.; Zostera nodosa Ucr. ; Cymodocea æquorea Kæn.). — O. du port. Juncus acutus L. — A.Z. — multiflorus Desf. — A Z. — bufonius L. — A.Z., Tadj. Carex extensa Good. — Tadj., A.Z. Scirpus maritimus L. — Sables à louest de la ville. —- Holoschænus L. — Oas. — lacustris L. — A.Z. Cladium Mariscus R. Br. — A.Z. Schænus nigricans L. — A.Z. Cyperus schenoides Griseb. (Schænus mucronatus L.) — Sid.-M., A.Z. — lævigatus L. var. distachyus (C. dista- chyus All.). — A.Z. Lygeum Spartum L. — Ghir. Phalaris minor Retz. — Oas. Imperata cylindrica P. B. — Sables à l'ouest de la ville, Guir. Andropogon hirtus L. — Ghir. Lagurus ovatus L. — Ghir. Agrostis verticillata Vill. — A.Z. Polypogon maritimus Willd. — Mell., A.Z. Piptatherum miliaceum Coss. (Agrostis miliacea L.). — Oas. Stipa gigantea Lag. — Ghir. LETOURNEUX. — VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE. Stipa tortilis Desf. — Oas., commun. Arthratherum pungens P. b. — A.Z., col- lines à louest de la ville, Cynodon Dactylon Rich. — Oas., Guir., Ghir., commun. Avena barbata Brot. — Ghir. Kæleria pubescens P. B. — Oas., Guir. Phragmites communis Trin. — A.Z. Arundo Donax L. — Qas. (subsp.). Lamarckia aurea Mœnch. -— Ghir. Schismus calycinus Coss. et DR. — Com- mun dans l'oasis. Sphenopus divaricatus Rchb. — Mell. Æluropus littoralis Parl. var. repens. — Mell. Dactylis glomerata L. — Ghir. Bromus rigidus Roth. — Oas., Ghir. — rubens L. — A.Z., Ghir. Festuca bromoides L. (F. uniglumis So- land.), forma macra spiculis Ustila- ginea deformatis. — Tadj. 97 Festuca incrassata Salzm. — Ghir. divaricata Desf. — Guir., Oas. memphitica Coss. — Ghir., A.Z., Guir. Rohlfsiana Coss, — Qas., Guir., Ghir. rottboellioides Kunth (Poa loliacea Huds. ; Triticum Rottbolla DC.). — Oas. Brachypodium distachyon Ræm. et Sch. — Das. Lolium perenne L. var. rigidum. — A.Z. Hordeum murinnm L. — Qas., Sid.-M., Guir., commun. Triticum junceum L. — Sables maritimes à louest de la ville. Ægilops ovata L. var. triaristata. — Ghir. — triuncialis L. var. brachyathera Boiss. Fl. Or. — Ghir. Lepturus incurvatus Trin. — Ghir. Adiantum Capillus-Veneris L, — Dans les puits de l'oasis. Chara gymnophylla A. Br.? — Tadj., A.Z. LISTE DES PLANTES CULTIVÉES DANS L'OASIS DE TRIPOLI. Nigella sativa L. (Nigelle tout-épice. — Ar. Sinoudj, Habbet-es-Souda). Brassica Napus L. (Navet. — Ar. Left). — oleracea L. (Chou cultivé. — Ar Qronb, Qoronb). — — forma capitata (Chou pommé. — Ar. Qronb, Achàach). — — forma gongylioides (Chou-Rave). — — forma Botrytis (Chou-fleur. — Av. Becceur). taphanus sativus L. (Rave, Radis. — Ar. Fidjel, Feidjel). Dianthus Caryophyllus L. ((Eillet. — Ar. Kronfel). Malva silvestris L. (Mauve. — Ar. Khobeiza). Lavatera arborea L. (Mauve en arbre. — Ar. Khobbaz, Melliha). Hibiseus esculentus L. (Gombo, Cornes grecques. — Ar. Guenaouia, Bamia). Corchorus olitorius L. (Corette potagére. — Ar. Meloukhia). Vitis vinifera L. (Vigne. — Ar. Dalia; Raisin : Anab). Citrus Aurantium Risso (Oranger. — Ar. Bordgan, Portgau). — — — — fructu sanguineo (Oranger sanguin. — Ar. Bordgan, Dmaoui). — fructu parvo (Mandarinier. — Ar. Kinia, Mandalina). vulgaris Risso (Oranger amer, Bigaradier). Limetta Risso (Bergamotte. — Ar. Trondj-Menfoukh). — Limonum Risso (Citronnier. — Ar. Lim-el-Karés). — — fructu dulci (Limon. — Ar. Lim-es-Soukri). — medica Risso (Cédratier. — Ar. 'Trondj). Zizyphus vulgaris L. (Jujubier. — Ar. Annab, Zeuzeli). d siete — Spina-Christi L. (Jujubier Spina-Christi. — Ar. Annab; le fruit : Nabek). Pistacia atlantica Desf. (Pistachier de l'Atlas. — Ar. Bethoum, BD'thom). Medicago sativa L. (Luzerne. — Ar. Sefsa, Sefsafa). T. XXXVI. (SÉANCES) 7 98 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. Trigonella Feenum-grzcum L. (Fenu-grec. — Ar. Heulba). Cicer arietinum L. (Pois-chiche. — Ar. Hommès). Faba vulgaris Mœnch (Féve. — Ar. Foul). Ervum Lens L. (Lentille. — Ar. Adés). Pisum sativum L. (Pois, Petits-Pois. — Ar. Djilban, Biselli). Dolichos Lubia Forsk. (Haricot Loubia. — Ar. Loubia). Lupinus Termis Forsk. (Lupin comestible. — Ar. Darmous, Termous). Acacia Farnesiana Willd. (Cassie. — Ar. Ban). Ceratonia Siliqua L. (Caroubier. — Ar. Kharroub). Persica vulgaris Mill. (Amygdalus Persica L.) (Pècher. — Ar. Khokh). Amygdalus communis L. (Xmandier. — Ar. Louz). Armeniaca vulgaris Lmk (Abricotier. — Ar. Mechmech). Prunus domestica L. var. fructu crasso nigro (Prunier. — Ar. Ain-Beugra). — — var. fructu minimo lutescente (Ar. Ain-Gathous). Fragaria vesca L. (Fraisier. — Ar. Tout-el-Gaà). Cultivé par les Européeus. Rosa centifolia L. (Rosier à cent feuilles. — Ar. Ouerd). Cydonia vulgaris Pers. (Coignassier. — Ar. Sferdjel, Asferdjel). Pirus communis L. (Poirier. — Ar. Indjac). Malus communis Lmk (Pommier. — Ar. Tefah). Punica Granatum L. (Grenadier. — Ar. Roumman). Lawsonia inermis L. (Henné. — Ar. Henna). Tamarix articulata Vahl (Tamarix articulé. — Ar. Et'el). Lagenaria vulgaris Ser. (Courge. — Ar. Qeràa). — — fructu longiore, eduli (Courge-trompette. — Ar. Qeraa-Thouil). Curcubita Pepo L. (Potiron. — Ar. Qeràa, Bou-Chouka). Cucumis Melo Ser. (Melon. — Ar. Betikh). — sativus L. (Concombre. — Ar. Khiar). — Citrullus Ser. (Pastèque. — Ar. Delaà). Opuntia Ficus-indica Haw. (Figuier-de-Barbarie. — Ar. Hendi). . Apium graveolens L. (Céleri. — Ar. Kerafès). Petroselinum sativum Hoffm. (Persil. — Ar. Magdenous, Madnous). Scandix Cerefolium L. (Cerfeuil). Cultivé par les Européens. Fœniculum officinale All. (Fenouil. — Ar. Besbés). Daucus Carota L. (Carotte. — Ar. Safanaria, Sfennaria). Carum Carvi L. (Carvi. — Ar. Caroui). Coriandrum sativum L. (Coriandre. — Ar. Qecber). Carthamus tinctorius L. (Carthame tinctorial. — Ar. Qorthom). Cichorium Endivia L. (Chicorée frisée. — Ar. Hendbia, Hendibia). Lactuca sativa L. (Laitue romaine. — Ar. Mesiouka). — — var. capitata (Laitue pommée. — Ar. Khecc, Chelada). Olea europ:ea L. (Olivier. -- Ar. Zitoun, Zeitoun). Jasminum Sambac Nit. (Jasmin d'Arabie. — Ar. Fell). — officinale L. (Jasmin blanc. — Ar. Jasmin). Nerium Oleander L. (Laurier-Rose. — Ar. Defla). Convolvulus Batatas L. (Patate-douce. — Ar. Batata Haloua). Solanum tuberosum L. (Pomme-de-terre. — Ar. Batata, Patata). LETOURNEUX, — VOYAGE BOTANIQUE A TRIPOLI DE BARBARIE, Solanum Melongena L. (Aubergine. — Ar. Bedendjan, Bedendjel). Capsicum ammuum L, (Piment. — Ar. Felfef). — frutescens L. (Piment, Poivron. — Ar. Felfel Ahmar). Lycopersicum esculentum Mill. (Tomate. — Ar. Tomathom). Nicotiana glauca Grah. (Tabac-en-arbre). Mentha piperita L.? (Menthe. — Ar. Nana). Ocimum Basilicum L. (Basilic. — Ar. Haboq). — — var. latifolium. — (Ar. Haboq-Trondj). Beta vulgaris Moq.-Tand. (Bette, Betterave. — Ar. Silq). — — var. rubra. (Betterave, — Ar. Bandjar, Banjar). Spinacia oleracea L. (Épinard. — Ar. Sbanak). Rumex Acetosa L. (Oseille, — Ar. Hameidha, Hamouidha). Laurus nobilis L. (Laurier. — Ar. Rond). Celtis australis L. (Micocoulier. — Ar. Qeiqob). Morus nigra L. (Mûrier noir. — Ar. Tout). — alba L. (Mürier blanc. — Ar. Tout-el-Abiodh). Ficus Carica L. (Figuier cultivé. — Ar. Kerma). Allium Porrum L. (Poireau. — Ar. Qorrath). — sativum L. (Ail. — Ar. T'oum). — Cepa L. (Oignon. — Ar. Bcol). Polianthes tuberosa L. (Tubéreuse. -- Ar. Meusk-er-Roumi). Musa paradisiaca L. (Bananier. — Ar. Mouz). — Trés rarement cultive. Phoenix dactylifera L. (Dattier. — Ar. Nokhla). Cyperus esculentus L. (Souchet comestible. — Ar. Habb-el-Aziz). Zea Mays L. (Mais. — Ar. Sboult-el-Abid). Sorghum vulgare L. (Sorgho. — Ar. Qcob, Bechna). Penicillaria spicata Willd. (Millet-à-épi. — Ar. Dràa). Arundo Donax L. (Grand-roseau, Canne-de-Provence. — Ar. Qcob-Thouil). Hordeum vulgare L. (Orge. — Ar. Chàir). Triticum durum Desf. (Blé dur. — Ar. Tàmm, Guemah). 99 100 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. PLANTÆ IN CYRENAICA ET AGRO TRIPOLITANO, ANNO 1875, A cr. J. DAVEAU LECT.E, auctore E. COSSON (1). Ranunculaceæ. Ranunculus asiaticus L. — In rupibus ad orientem Dernah. Nigella arvensis L. — Zardés. Delphinium peregrinum L. var. halteratum. — Selontah, Touchra. Papaverace:e. Glaucium corniculatum Curt, — In arenis ad Benghasi. Cruciferæ. Cakile maritima Scop. var. ægyptiaca forma folis integris. — In arenis maritimis ad Benghasi. Sisymbrium erysimoides Desf. — In pal- meto Dernah. Sinapis pubescens L. var. cyrenaica Coss. et Daveau. — Ain Chahat prope Gren- nah (Cyrene). — alba L. — Sine loco proprio. Carrichtera Vellæ DC. — Inter Gherues et Dernah. Evarthrocarpus pterocarpus DC. — Gue- gueb. Reboudia microcarpa Coss. (Erucaria mi- crocarpa Boiss.). — Ad thermas : Koubbah. Cistineæ. Helianthemum ledifolium Willd. — Sirah, Selontah. : — salicifolium Pers. — Sirah. — Lippii Pers. In arenis maritimis prope Dernah. Resedaceæ. Reseda alba L. — Sine loco proprio. — Luteola L. var. crispata. — In incultis prope Labiar. Frankeniaceie. Frankenia pallida Boiss. et Reut. — In are- nis maritimis prope Benghasi. €aryophylle:e. Tunica Dayæana Coss. — Inter Koubbah et Selontah. Silene sedoides Jacq. — In arenis prope Dernah. — apetala Willd. — Dernah. — colorata Poir. (S. bipartita Desf.). — Dernah. — succulenta Forsk.— In arenis maritimis prope Dernah. Polycarpon tetraphyllum L. — Benghasi. Spergularia rubra Pers. — In arenis mari- timis prope Dernah, Benghasi. Lineie. Linum gallicum L. — Guegseb. — strictum L. — Sine loco proprio. Hypericine:ie. Hypericum Decaisneanum Coss. et Daveau sp. nov. — Dernah. — crispum L. — Ain Chahat prope Greu- nah (Cyrene). Zygophryileæ. Tribulus terrestris L. — Dernah. Zygophyllum album L. — In arenis mari- timis ad Dernah. Fagonia eretica L. — Dernah. Rutaccæ. Haplophylum tuberculatum Adr. Juss. — Benghasi, Labiar, inter Labiar et Benieh. (1) Cette liste a été dressée d’après les échantillons recueillis par M. J. Daveau ct ceux qu'il a obtenus de graines prises dans le pays et semées au Jardin du Muséum d'histoire naturelle de Paris, où il était chef de cultures avant d’être attaché à la direction. du Jardin botanique du Musée national de Lisbonne. — M. J. Daveau a publié, en 1876 (Buil. Soc. bot. Fr. XXI, p. 17-24, avec une carte de la Cyrénaïque) sous le titre d'xcursion à Malte et en Cirénaïique, une note sur son voyage dans , laquelle sont mentiounées quelques espèces qui ne figurent pas dans notre liste exclu- sivement établie d'après les échantillons authentiques que cet explerateur a bien voulu mettre à notre disposition, E. COSSON. — PLANTAE Peganum Harmala L. — Dernah. NKhamneie. Rhamnus oleoides L. — Ad meridiem Dernah. Leguminosæ. Retama Rætam Webb. — Dernah. Ononis angustissima Lmk var. (0. longi- folia Willd. var.; O. falcata Viv.!). — prope Koubbah. — Sieberi Besser? — In arenis maritimis prope Dernah. Medieago littoralis Rohde var. inermis. — Dernah. — tribuloides Lmk. — Maraouah, Dernah. Trigonella maritima Del. — Dernah. Trifolium scabrum L.— In regione mari- tima. — suffocatum L. — Lamloudeh. Lotus ereticus L. — In arenis maritimis ad Dernah. Hippocrepis multisiliquosa L. — Dernah. Hedysarum capiiatum Desf, — Dernah. Tamariscine:e. Reaumuria vermiculata L. var. (R. steno- phylla Jaub. et Spach). — El-Amri, Selontah, Dernah. Paronychicæ. Telephium sphærospermum Boiss. — In , rupibus maritimis prope Dernah. Herniaria einerea DC. — Tripoli. — glabra L. — Benghasi. Paronychia argentea Lmk. — Benghasi, Labiar, Benieh, Zardés, Dernah. Crassulaceæ. Umbilicus horizontalis DC. — Aïn Chahat prope Grennah (Cyrene). Umbelliferie. Lagecia cuminoides L. — El-Amri. Bupleurum trichopodum Boiss. et Sprun.— In paluieto Dernah. Athamanta Dellacellæ Aschers. et Barbey mss. — |n rupibus ad orientem Dernah. Thapsia garganica L. (alis fructus planis vel undulatis). — In oropedio ad Grennah (Csrene); inter Maraouah et Dernah. Orlaya maritima Koch. prio. .— Sine loco pro- IN CYRENAICA LECTÆ. 101 '| Daucus hispidus Desf. — In rupibus ad orientem Dernah. Scandix Pecten-Veneris L. — Sine loco proprio. Rubiaceæ. Crucianella herbacea Forsk, — In arenis maritimis prope Dernah. Galium setaceum Lmk. — Dernah. Vaillantia hispida L. — In rupibus mari- timis ad orientem Dernah. Compositæ (Corymbiferæ). Anthemis maritima L.— In rupibus mari- timis prope Tripoli, Dernah. Anacyclus clavatus Pers. — Benieh. Pyrethrum macrocephalum Coss. et DR. ( Chrysanthemum macrocephalum Viv.!). — In rupibus maritimis ad Dernah. Artemisia Herba-alba Asso. — Benich, Ma- raouah, Selontah. Evax pygmæa Pers. — nter Zardés et Sirah. — asleriseiflora Pers. — Inter Koubbah et Dernah. Filago montana L. — Ad occidentem Der- nali. — spathulata Presl forma perpusilla eva- cioides. — In rupe calcarea ad Bar- el-Akbar. Compositæ (Cynarocephalæ). Calendula arvensis L. — Benghasi, Tereth. Carlina macrocephala Moris. — In rupibus ad Dernah. Amberboa Lippii DC. Dernah. Centaurea contracta Viv. -— Siue loco pro- prio. Ad occidentem Compositæ (Cichoraceæ). Rhagadiolus stellatus DC. — Dernah. Cichorium spinosum L. — In regione mari- tima prope Dernah. Tolpis altissima Pers. — Sirab, Selontah. Pieridium tíngitanum Desf. — In arenis maritimis prope Dernah. Campanulaceæ. Campanula Erinus L. — Dernah. Primulaceæ, Anagallis arvensis L. — In Cyrenaica tota frequens. 102 SÉANCE DU 22 Samolus Valerandi L. — Dernah. C€onvolvulace:e. Convolvulus siculus L. — Dernah. Cressa cretica L. — |n arenis maritimis prope Benghasi. Borragine:e. Heliotropium supinum L. — Dernah. — villosum Willd. — In rupibus ad Der- nah. Siolaneie, Withania somnifera Dun. — Secus incilia prope Dernah. Hyoscyamus albus L. — Benghasi. Scrofularieæ. Scrofularia canina L. — Benghasi. Eufragia Vivianii Coss. (Parentucellia flori- bunda Viv.!). — Sine loco proprio. Trixago apula Stev. — Sine loco proprio. Antirrhinum Orontium L. var. microcar- pum. — In Cyrenaica tota. — — var. grandiflorum. — Sine loco pro- prio. Labiatsæ. Thymus capitatus Link et Hoffms. — Labiar, Benieh. Micromeria Juliana Benth. var. conferta Coss. et Daveau — In rupibus mari- timis prope Dernah. Calamintha incana Boiss. (Thymus incanus Sibth. et Sm.). — Prope Dernah. Sideritis romana L. — Ad occidentem Der- nah. Marrubium Alysson L. — Benghasi, Labiar, Benieh. — vulgare L. — Labiar. Stachys rosea Boiss. (Sideritis rosea Desf.). — In rupe calearea ad Bar- el- Akbar. Ballota Pseudodictamnus Benth. — In con- valle Zardés. Teucrium Davæanum Coss. sp. nov. — Benieh, Labiar. Plumbagineæ. Statice Thouini Viv. — Koubbah, Dernah. — psiloclada Boiss. var. ad S. spathulatam Desf. vergens, — In rupibus mari- limis ad Dernah. Limoniastrum monopetalum Boiss. — Der- nah. FÉVRIER 1889. Plantagineie. Plantago albicans L. — Selontah. — Psyllium L. — Lamloudeh. — Coronopus L. var. crassipes Coss. et Daveau. — In monte Abidi prope Zardès. Salsolaceæ. Chenopodium murale L. — In arenis ma- ritimis ad Benghasi. Atriplex Halimus L. — Dernah. Salicornia fruticosa L.?. — Benghasi. Nowa spinosissima Moq.-Tand. — Dernah. Polygoneæ. Rumex pulcher L. — Aïn Chahat ad Gren- nah (Cyrene). -- bucephalophorus L. — Sine loco pro- prio. Polygonum equisetiforme Sibth. et Sm. — Labiar, Aïn Chahat ad Grennah (Cyrene). Thymelæaceæ, Thymelæa hirsuta Endl. — Benieh. Euphorbiace:e. Euphorbia Peplis L. — In arenis mari- timis prope Benghasi. — Chamæsyce L. var. canescens. — Der- nah. — Paralias L. — |n arenis maritimis ad Benghasi. Andrachne telephioides L. — Dernah. Cupuliferæ. Quercus Ilex L.? — Dernah. Gnetacezæ,. Ephedra fragilis Desf. — In silvis Juniper phœniceæ ad Zardès. Coniferæ. Cupressus sempervirens L. — Grennah (Cy- rene), verisimilet culta. C€olchicace:ie. Colchicum Ritchii R. Br. — In arenis ma- ritimis sine designatione loci pro- prii. Liliaceæ, Allium pallens L. var. Coppoleri. — Ad occidentem Dernah. E. COSSON. — SPECIES NOVÆ CYRENAICÆ. Irideæ. Iris Sisyrinchium L.— Sine loco proprio. Junce:e. Juneus maritimus Lmk. — Benghasi. Cyperaceæ. Cyperus rotundus L. — Dernah. — levigatus L. var. distachyus (C. junci- formis Cav.). — Dernah. Gramineæ, Phalaris paradoxa L. — Ghernès, Tereth. Stipa tortilis Desf. — Inter Benghasi et Labiar. Cynodon Dactylon Rich. — Benghasi. Gastridium nitens Coss. et DR. (Agrostis 103 Cynosurus elegans Desf, — Maraouah, Koubbah. — coloratus Lehm. — Dernah. Melica minuta L. — Lamloudeh. Briza maxima L. — In Cyrenaica tota fre- quens. Æluropus littoralis Parl. var. repens (Dac- tylis repens Desf.) — In arenis maritimis ad Benghasi. Bromus fasciculatus Presl. — In arvis in- cultis prope Ghernès, Lamloudeh. — rubens L. — Benieh, Maraouah, etc. — rigidus Roth. — Sine loco proprio. — macrostachys Desf. Maraouah, Sirah. Festuca inops Del. (Vulpia inops Hackel; Boiss.). — Ghernès, Dernah. — (Catapodium) Rohlfsiana Coss. — Ad occidentem Dernah. nitens Guss.). — In arvis prope Ma- | Lolium perenne L. var. rigidum. — Dernah. raouah. — holeria phleoides Pers. — Sine loco pro- zi j prio. Notochlæna Vellæ DC. — Sine loco pro- Sphenopus divarieatus Rchb. — Dernah. prio. SPECIES NOVÆ CYRENAICE, auctore E. COSSON. SINAPIS PUBESCENS L. var. CYRENAICA Coss. et Daveau. Planta pilis subadpressis strigosa; foliis firmis, lobo terminali inferne attenuato ovato vel oblongo subintegro vel sinuato-dentato ; siliquarum valvis rostro subequilongis vel longioribus, loculis 9-Ó-spermis, rostro aspermo. In Cyrenaica ad Ain Chahat (fontem Apollinis) prope Grennah (Cyrene) (Daveau). Hæc planta valde affinis S. pubescenti var. circinata Coss. (Comp. Atl. II, 202. — S. circinata Desf. Atl. II, 96. — Exs. Soc. Dauph. Alg. n. 2771) a qua tantum differt foliorum lobo terminali inferne attenuato ovato vel oblongo subintegro vel sinuato-dentato, nunquam suborbiculato dentato vel inciso-dentato. Tunica Davæana Coss. sp. nov. Planta a basi ramosa, viscido-pubescens, annua (ut videtur e specimine culto suppetente) radice descendente fusiformi crassiuscula. Caules 15-20 centim. longi, rigidi, laxe et divaricatim dichotomi. Folia linearia apice subulata, trinervia, margine scabrida. Flores apice caulis et ramo- rum in cymas laxas dispositi, pedicellis filiformibus calyce longioribus. Calyx basi squamis bractealibus destitutus, tubuloso-turbinatus, pen- 104 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. tagonus, angulis virentibus, pubescenti-glandulosis, wninervis, inter angulos membranaceus albidus, dentibus ovato-lanceolatis margine scariosis in mucronem attenuatis. Petala calyce subtriente longiora, purpurascentia ut videtur, anguste oblonga ungue sensim in limbum dilatato. Semina levia, oblonga, plana, late alata, basi retusa. (D? (Deseriptio juxta specimen unicum floriferum et fructiferum in horto Musei Parisiensis 25 julio 1876 floriferum et fructiferum e seminibus in Cyrenaica a el. Daveau julio 1875 lectis). In Cyrenaica, secus vias inter Koubbah et Selontah (Daveau). T. Daveana floribus solitariis basi squamis bractealibus destitutis, calyce quinquenervio, ungue petalorum sensim in limbum dilatato, seminibus alatis lævibus ad sectionem Gypsophiloides Boiss. (Or. T, 519) pertinet, et juxta T. illyricam Fisch. et Mey.; Boiss. (Saponaria illy- rica L.), cui valde affinis, collocanda, et a qua tantum dilfert radice, ut videtur, annua, pedicellis crassioribus, floribus majoribus in cymas laxas non approximato-fastigiatas dispositis. HyYPpERICUM DECAISNEANUM Coss. et Daveau sp. nov. — H. Tauberti Aschers. et Barbey mss. Planta perennis, tota præter inflorescentiam glabram breviter et densissime cinereo-tomentosa.Caudex crassiusculus, brevis, sublignosus, caules plures emittens. Caules 5-20 centim. longi, diffuso-ascendentes vel suberecti, annui, herbaceo-indurati, simplices superne ramos inflo- rescentiæ emittentes, teretes lineis præminentibus destituti, internodiis brevissimis, inferne sub anthesi foliis destituti, in tota longitudine reli- qua dense foliati et foliis obtecti. Folia decussata quadrifariam imbri- cata, deflexa vel erecto-patentia, ovata acutiuscula vel obtusiuscula, integerrima, sessilia, basi cordata semiamplexicaulia, marginibus anguste revoluta, coriacea, glandulis pellucidis crebris punctisque nigris paucis conspersa, subseptemnervia nervis facie superiore impressis infe- riore præminentibus. Bracteæ glabræ, ovatæ vel oblongo-obovatæ, ner- vosæ, glandulis nigris stipitatis ciliatæ. Flores approximati, brevissime pedicellati, in eymas breves racemiformes 3-9-floras dispositi, cymis dense corymbosis vel paniculatis. Sepala herbacea, subæqualia, sub anthesi marginibus haud imbricata, oblonga vel oblongo-obovata obtusa, glandulis nigris stipitatis ciliata. Petala calyce subtriplo longiora, oblonga, integerrima, lutea venis saturatioribus primum purpurascen- tibus, presertim in parte superiore ad marginem punctis nigris con- spersa, marcescenti-persistentia. Stamina plurima, triadelpha. Styli 3, divergentes, ovario multo longiores, petalis paulo breviores, stamina excedentes. Capsula parvula, ovata, calyei subæquilonga, trivalvis, E. COSSON. — SPECIES NOVÆ CYRENAICÆ 105 vittis resiniferis copiosis longitudinalibus striatula. Semina cylin- drica, tenuiter papillosa. %. Maio-jul. In montibus apricis Cyrenaicæ ad Dernah 15 julio 1875 detecta (Daveau), ad Oued Dernah 5 maio 1887 reperta (Taubert). Speciem hanc eximiam defleto professori Decaisne itineris Cyrenaici anno 1875 incepti fautori benignissimo grato lubentissimoque animo dicatam voluimus. — H. Decaisneanum ad sectionem T«eniocarpium Spach (in Jaub. et Spach Illustr. pl. or. Y, 41) pertinet et ab omnibus speciebus sectionis sepalis glanduloso-ciliatis seminibusque papillosis gaudentibus differt internodiis brevissimis, foliis ovatis basi cordatis quadrifariam imbricatis, etc. MICROMERIA JULIANA L. var. CONFERTA Coss. et Daveau. In rupestribus prope Dernah ad 200 metr. florifera et fructifera julio 1875 lecta (Daveau). Differt a M. Juliana typica foliis magis approximatis in ramis junio- ribus quadrifariam imbricatis, verticillastris laxiusculis cymis subsessi- libus 1-3-floris, non densis cymis sæpius plus minus pedunculatis et plu- rifloris, bracteolis linearibus calyce subtriplo brevioribus, non lineari- subsetaceis sepius calycem subæquantibus vel paulo brevioribus, dentibus calycis brevioribus lanceolatis ereeto-subpatentibus, non lineari-lanceo- latis erecto-subconniventibus. Teucrium Davæanum Coss. sp. nov. Suffrutex a basi ramosus pluricaulis, caudice lignoso crassiusculo descendente in radicem fusiformem abeunte. Caules prostrati superne lantum ascendentes, subteretes, ramosi ramis nonnullis sterilibus, junio- ribus pilis patentibus dense et molliter villosis. Folia approximata, sessilia inferne attenuata, oblongo-lanceolata obtusa, a medio utrinque grosse tricrenata, nervis supra impressis infra præminentibus valde bullata, marginibus valde revoluta, utraque facie pilis longis mollibus dense villosa, floralia calycibus subæquilonga inferiora caulinis subcon- formia superiora oblonga inferne attenuata integerrima plana dorso et margine longe villosa. Verticillastri in spicas densas ovato-subglobosas apice ramorum congesti. Calyx subsessilis, membranaceus, longe villosus, tubuloso-campanulatus etiam demum immutatus, haud bilabiatus, ore non barbatus, 10-nervius, dentibus subæquilongis triangularibus acutis superioribus vix latioribus. Corolla ut videtur ochroleuca, supra tubum extus villosa, tubo inferne subincurvo haud torto non resupinata, labii superioris lobis oblongis subascendentibus, labii inferioris tilobi lobis lateralibus oblongo-lanceolatis medio lateralibus sesquilongiore oblongo valde concavo fere conduplicato. Stamina arcuata, filamentis 106 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. sparse villosis. Nuculæ nigræ, glabræ, rugosæ. 27. Floriferum et fructife- rum julio 1875 lectum. In Cyrenaica ad Benieh et Labiar (Daveau). T. Davæanum, quod lubentissimo animo clarissimo inventori Daveau dicatum volui, in sectione Polium (Benth. Lab. 684, et in DC. Prodr. XII, 590) juxta T. eyprium Boiss. (Diagn. or., ser. 4, v, 43, et Fl. or. IV, 820; Benth. in DC. Prodr. XII, 590. — Exs. Auch. Cypr. n. 1595, Sint. et Rig. [1880] n. 724), tantum in insula Cypro notum, collocan- dum. Hanc speciem habitu notisque pluribus refert, sed distinctum foliis sessilibus inferne attenuatis oblongo-lanceolatis valde bullatis marginibus valde revolutis, non petiolatis obovato-cuneatis vix bullatis marginibus haud revolutis, calyce majore, lobo medio labii inferioris corollæ oblongo valde concavo fere conduplicato, non late obovato parum concavo. — Habitu T. bullatum Coss. et Bal. (in Bull. Soc. bot. XX, 260), in imperio Maroccano crescens, simulat sed eximie differt foliis utrinque a medio non in longitudine tola erenatis, verticillastris in spicas ovato-subglobosas non oblongas dispositis, et presertim corollæ forma, nempe in T. bullato labii inferioris lobi laterales arcuato-falcati margine inflexi plica superne lobulo dentiformi aucta et lobus medius suborbiculatus basi contractus suborbiculatus tantum concavus. PLANTAGO CoRoNoPUs L. var. CRASSIPES Coss. et Daveau. Planta annua, acaulis, pumila, pilis brevibus rigidis scabra. Folia linearia, subtrinervia nervo medio prominulo, integra vel superne dentibus linearibus patentibus 1-2 donata. Pedunculi crassi, foliis breviores, recti vel demum arcuato-recurvi. Spice ovato- vel oblongo- cylindraceæ. Bracteæ ut phylla calycis coriaceæ, villosæ margine mem- branaceæ, triangulari-lanceolatæ, phyllis calycinis subæquilongæ. Phylla calycina ovato-oblonga, carinata. Corollæ tubo hirto, lobis ovato-lanceo- latis acuminatis. Capsula ovata, loculis bilocellatis locellis mono- spermis. Semina 4 vel abortu 3, ovato-oblonga, haud marginata, plano-biconvexa facie ventrali medio umbilicata. @. Julio anni 1879 florifera et fructifera lecta. In Cyrenaicæ montibus ditionis Abidi prope Zardés (Daveau). Hæc varietas insignis pedunculis crassis nonnunquam arcuato-recurvis P. crypsoidem Boiss. (Fl. Or. IV, 888) omnino refert, sed seminibus duplo majoribus haud marginatis eximie distinguitur. M. Raoul Blondel fait à la Société la communication suivante : BLONDEL. — SUR LE PARFUM DES ROSES. 107 SUR LE PARFUM ET SON MODE DE PRODUCTION CHEZ LES ROSES, par M. R. BLONDEL. L'étude du parfum des Roses parait avoir, jusqu'à ce jour, tenté plutôt les poétes que les botanistes, et, à part un article assez incomplet publié en 1887 dans le Gardener's Monthly (p. 249), il n'existe, à notre con- naissance, aucun document systématique sur cette question, qui n'est pas aussi dépourvue d'intérét général qu'on pourrait le supposer d'abord. 1° Odeur des Roses. — Il est peu de genres de plantes chez lesquels on observe une aussi grande variété de parfums que chez les Roses. Beaucoup d'entre elles sont inodores; un grand nombre possèdent, à un degré variable, le parfum caractéristique et bien connu qu'il nous est impossible de définir autrement qu'en l'appelant l'odeur de Roses, mais avec une infinie variété de nuances qui n'échappent point aux rosié- ristes; d'autres exhalent l'odeur de la Violette, d'autres celle du muse, d'autres celle des fruits mûrs, de la pomme de reinette, de la péche, de l'Ananas; d'autres, enfin, possédent une odeur fétide et désagréable. Ce n'est pas tout : à côté de l'odeur si variable des fleurs, les feuilles possédent une gamme de parfums presque aussi riche: chez un grand nombre d'espéces, elles présentent, d'ailleurs, des glandes à essence bien distinctes. Beaucoup de ces feuilles dégagent, lorsqu'on les froisse entre les doigts, une odeur poivrée et un peu camphrée, comparable à celle de l’'Œillet, et qui correspond bien à ce que Rimmel a appelé, dans sa classification des parfums, l'odeur caryophyllée ; quelques-unes, comme celles du Rosa rubiginosa, dégagent une forte odeur de pomme de reinette, que l'on peut parfois méme percevoir à distance, observation très ancienne connue déjà de Pline; d'autres, comme les Rosa mollis, Rosa terebenthinacea, etc., exhalent, quand on les froisse, une odeur très marquée de térébenthine; d'autres, enfin, comme quelques types de la série du Rosa lutea, possèdent un parfum agréable de Jacinthe, alors que les fleurs sont inodores ou méme fétides. Définir ce qu'on peut appeler l'odeur de Rose, avons-nous dit, est chose à peu prés impossible : la difficulté est d'autant plus grande que celle odeur eile-méme n’est pas simple. Il est facile de constater, en effet, en respirant lentement le parfum d'une Rose trés odorante, comme le Général Jacquemiinot ou la France, que l'odorat nous donne alors une série de sensations distinctes : une première odeur douce qui est la Véritable odeur de Rose, puis une odeur poivrée ou caryophyllée, fina- lement une odeur de camphre. Or il n'y a point là, comme pour le muse, 108 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. un simple renforcement progressif de la méme sensation olfactive, el ces divers états ne correspondent point à des degrés différents de con- centration d'une méme odeur. Il y a coexistence de principes odorants distincts, inégalement volatils sans doute et impressionnant les papilles olfactives à tour de róle; l'odeur de l'essence de Rose atténuée par l'éva- poration n'est plus en effet, comme pour le muse, l'odeur douce du début, mais bien l'odeur caryophyllée que sa moindre volatilité faisait percevoir en second lieu et laisse plus tard s'échapper la derniére. Chez certaines fleurs qui donnent bien nettement cette série de nuances, la Rose mousseuse, par exemple, il est aisé de constater que l'odeur douce est due aux pétales, et l'odeur caryophyllée en grande partie à l'appareil glanduleux du calice. D'une facon générale d'ailleurs, quand on veut définir le parfum d'une fleur, il est nécessaire de faire la distinction de ce qui appartient à la corolle ou aux parties vertes; chez les Pelargonium, par exemple, dont les pétales passent pour dégager une odeur fétide, il est facile de s'as- surer, en les isolant, que ces pétales sont parfaitement inodores, et que l'odeur ineriminée provient du riche appareil glanduleux du calice et du pédicelle floral. A l'appui de cette hypothèse de la complexité des éléments du parfum de la Rose, nous pourrions apporter d'abondantes preuves, tirées de ces nuances nombreuses que l'on observe, dans la méme espéce, — entre une variété et une autre trés voisine, — parfois sur la méme plante, entre la floraison d'été et la floraison d'automne, lorsqu'il s'agit de variétés remontantes, — ou mieux encore sur la même fleur, selon qu'elle est en bouton ou épanouie, selon que l'observation est faite le matin par un temps un peu humide et frais, ou dans la pleine chaleur de laprès- midi. Dans les plantations de la Provence, on ne recueille pour la pré- paration de l'essence que les fleurs prêtes à s'épanouir, et seulement le matin, à l'aurore; les fleurs étalées, récoltées pendant les heures de la chaleur, donnent une essence beaucoup moins fine que les premières. Dans ces distillations, on jette dans l’alambic la fleur entière, non dépouil- lée de ses parties vertes, peut-étre pour réaliser une économie dans la main-d'euvre, car en isolant les pétales on supprimerait une grande portion de cette arriére-odeur caryophyllée qui n'est pas la partie la plus agréable du parfum. L'auteur anonyme de l’article du Gardener's Monthly distingue dix- sept variétés de parfum dans les Roses, classification un peu confuse et qu'il devient nécessaire de simplifier considérablement, Si l'on réunit en une seule toutes les nuances issues de ce que nous appelons l'odeur de Rose, on arrive ainsi à distinguer les sept types d'odeurs suivants, autour desquels se groupent les autres à l'état de nuances : BLONDEL. — SUR LE PARFUM DES ROSES. 109 ( franche....... Rosede Puteaux (Rosa damascena, R. centifolia). 1. Odeur de Roses ( a. Roses mousseuses. I nuancée...+ b. Roses thés odorantes du type Maréchal Niel. l c. Hybrides remontants du type Général Jacque- minot. 2. Odeur de muse. — Rose Salet (hybride remontant de mousseuses). 3. Odeur de Violette. — Banksia alba (Rosa Banksia), Isabelle Nabonnand (Thé). 1. Odeur de fruits (ananas, reiuette, péche). — Socrate, Jaune Desprez, Aline Sisley. 5. Odeur de Jacinthe. — Rose unique jaune (Rose Noisette). 6. Odeur de punaise. — Rosa lutea (Rose Capucine). 7. Odeur nulle. — Lamarque (Rose Noisette), Victor Verdier (hybrides remontants). L'odeur de Rose se trouve développée principalement dans le groupe des Centifolia, et, tout particulièrement chez le R. centifolia Miz., que M. Crépin rattache aujourd'hui à titre de simple variété au R. gallica L.; ce dernier est doué d'une odeur moins fine, mais de méme nature, ainsi que sa variété R. provincialis; les variétés de la centifolia (R. mus- cosa MizuEn, R. pomponia DC.) et ses hybrides (R. damascena Mir, R. portlandica Hort.) possèdent la même odeur avec de légères nuances, Le groupe des Canine possède une odeur analogue, mais en général beaucoup plus faible : tels sont le R. canina L., à peine odorant, et le R. alba L., plus parfumé cependant, mais dont l'origine est probable- ment entachée d'hybridation avec le R. gallica. Ici se place la longue série des R. indica L., avec leurs deux branches Roses Thés (R. fra- grans Rep.), et Roses Bengale (R. semperflorens Cunr.). La place nous manque pour donner ici en détail le relevé des observations auxquelles nous nous sommes livré sur leurs nombreuses variétés de culture; en général, les Thés sont peu odorantes, beaucoup sont inodores (Mélanie Soupert, Triomphe de Milan, etc.); un petit nombre d'entre elles pos- sédent un parfum exquis, plus doux méme que celui des Cent-feuilles, el figurent parmi les Roses les plus recherchées pour leur arome (Gou- bault, Devoniensis, Maréchal Niel); la grande majorité possėde une odeur faible, qu'il nous parait difficile d'identifier d'ailleurs à celle du Thé, et qui peut méme, dans quelques cas, devenir assez désagréable : la Rose Socrate exhale exactement l'odeur de la péche. Les Roses Ben- gale sont à peu prés inodores y compris leurs variétés R. Laurenceana SWEET et R. viridiflora. La riche série des hybrides remontants, issue du croisement de la R. centifolia avec les Thés et les Bengale, donne une grande variété d'odeurs : beaucoup, surtout parmi les plus foncées, dégagent un fort Parfum analogue à celui des Thés odorants (Pierre Notting, Charles Lefebvre, Maurice Bernardin, Alfred Colomb, Madame Victor Verdier, Général Jacq ueminot). Beaucoup sont inodores (Victor Verdier, Captain Christy, Baronne de Rothschild). Le plus grand nombre cependant 110 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. possédent une légére odeur, soit l'arome frais et faible du R. canina (Comtesse de Mailly, Madame Lelièvre), soit l'odeur de la Cent-feuille (Lady Sheffield, Adélaïde de Meynot, Docteur Garnier), soit plus rarement l'odeur de fruit (la Souveraine). D'une façon générale, dans cette série, les Roses pourpres donnent plus d'odeur que les autres; les variétés violettes ou foncées sont peu odorantes et les blanches à peu prés inodores. Les Hybrides de Thés, résultant d'un croisement des hybrides remon- tants avec les Thés, sont en général plus odorants que leurs deux sou- ches : à ce groupe appartient une des Roses les plus parfumées, la France. Il en est de méme pour les Rosiers Portland : Madame Knorr et la Rose du Roi ne le cèdent en rien comme odeur aux plus délicates hoses Thés. Les Roses Bourbons, hybrides de Centifolia et de Bengale, sont pour la plupart inodores, Souvenir de la Malmaison entre autres. Les Roses Noisette, hybrides de R. moschata et de Bengale, sont en grande majorité inodores, exception faite de quelques types, tels que Unique jaune, Desprez, Céline Forestier. Les Roses Boursault, hybrides de R. alpina et de Thé, sont également peu odorantes. En dehors de ces deux groupes, on trouve l'odeur de Rose répandue très irréguliérement dans plusieurs autres; mais elle est devenue alors beaucoup plus faible, chez les Systylæ, par exemple. On la constate encore chez le Rosa moschata Mic. (du moins chez les variétés cultivées que nous avons pu observer); chez Rosa stylosa Desv., chez la Rose d Ayrshire (variété de R. repens, selon Baker, de R. splendens, selon Crépin, de R. arvensis, selon les autres, de H. polyantha, suivant d'autres encore), chez le Rosa multiflora THUNB., etc. Le groupe des Banksiæ renferme la Banksia alba, à odeur de violette trés prononcée; la Banksia lutea n'a pas d'odeur marquée. Les Bracteate ne renferment pas de type odorant, méme la fameuse Rose Macartney. Les Cinnamomeæ n’exhalent nullement l'odeur de la Cannelle, comme pourrait le faire croire leur nom, qui ne rappelle en réalité que l'as- pect et la couleur des jeunes rameaux : ni le R. cinnamomea, ni les variétés cultivées du R. rugosa Tuus. et du R. microphylla LINDL., ne possèdent d'odeur forte, à l'exception de quelques formes de culture (Ma Surprise, Comte d'Éprémesnil). Les Pimpinellifolie sont également fort peu odorantes. Les Villosæ renferment dos types à fleurs à peu prés inodores, mais à feuilles glanduleuses, dégageant une forte odeur de térébenthine BLONDEL. — SUR LE PARFUM DES ROSES. 111 (R. villos& LiNN., R. mollis Surru, R. tomentosa Smiru, R. pomifera Herv., R. fœtida Basr.). La section des Rubiginosæ n'offre également de remarquable que l'odeur dégagée par les feuilles de plusieurs espèces, en particulier R. rubiginosa L., qui exhale l'odeur de pomme de reinette, R. micran- tha Surra, R. sepium TnurLL., qui ont l'odeur de la térébenthine, R. lutea Mir. (R. Eglanteria L.), dont les feuilles dégagent, lorsqu'on les froisse, une odeur agréable assez analogue à celle du Muguet. Les fleurs de ce groupe sont inodores (R. sepium, Persian yellow), ou pos- sèdent une odeur désagréable de punaise (Roses capucines). Le Rosa berberifolia Part. (Hulthemia berberifolia Dum.) est inodore, ainsi que l'hybride qu'il a donné avec R. involucrata Roxn., le Rosa Hardyi Paxr. ll y aurait beaucoup à dire sur les causes probables de ces variations d'odeur : une des plus intéressantes à étudier est l'hérédité. Il est curieux de voir, dans le groupe des Hybrides remontants, par exemple, issu des R. centifolia trés odorants et des Thés qui le sont très inégalement, les influences héréditaires se contre-balancer, s'ajouter ou se détruire suivant des lois qu'il n'est pas facile de découvrir au premier abord. On voit ainsi des Roses trés odorantes, telles que le Général Jacqueminot, donner à cóté de descendants trés odorants (Alfred Colomb, Horace Vernet, etc.), des rejetons à peu prés inodores (Rosalie de Wincop); des Roses inodores, comme Victor Verdier, ont fourni toute une race de Roses à odeur très fine (Eugénie Verdier, Marie Finger, Rosy Morn), ou à odeur très forte, comme Charles Lefebvre, issu, il est vrai, d'un croisement avec Général Jacqueminot, mais ayant perdu du parfum de ce dernier par le mélange de la sève d'une Rose absolument inodore. En général, d'ailleurs, lorsqu'une Rose odorante est croisée avec une Rose inodore, l'hybride est loin de représenter, comme parfum, la moyenne arithmétique de ses deux parents : généralement l’un des deux l'emporte complètement ou presque complètement sur l'autre; il peut même arriver parfois que l'hybride soit plus odorant que ne l'est chacun de ses deux parents (Fortunée Besson). 2 Étude des tissus qui renferment le principe odorant. — Un fait qui a son importance, c'est que ces principes odorants si divers sont partout sécrétés par les mêmes organes. Dans les pétales, l'huile essen- tielle, c'est-à-dire l'essence de Rose, réside dans les cellules des deux plans d'épiderme, aussi bien l'inférieur, malgré sa forme réguliérement rectangulaire, que le supérieur chez lequel la disposition papilleuse de ses éléments est sans rapport avec la fonction sécrétrice : il est facile de constater, d'ailleurs, qu'au niveau de l'onglet, à la face supérieure, 112 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. les cellules épidermiques cessent d’être papilleuses et n'en renferment pas moins alors l'huile essentielle caractéristique. La présence de cette huile essentielle nous a été décelée par l'emploi d'un réactif trés simple, l'acide osmique : il faut toutefois, en s'en ser- vant, prendre quelques précautions opératoires. La solution aqueuse doit être au 1/200* tout au plus; les coupes doivent y tremper quel- ques secondes à peine et étre plongées dans leau aussitót aprés. Une plus longue immersion risquerait de colorer le protoplasma lui-même dans tous les éléments du pétale. Dans ces conditions, les cellules épidermiques se montrent remplies d'un amas finement granuleux d'os- mium réduit, d'un noir d'enere : la matière est répartie uniformément dans le protoplasma, sans taches ni vacuoles. L'acide osmique se rédui- sant rapidement au contact de l'essence de Roses, comme nous nous en étions assuré préalablement, il n'y a pas à craindre que cette essence se trouve autre part que là, dans les tissus du pétale; à peine voit-on parfois une cellule du mésophylle, en contact immédiat avec une cellule épidermique trop gorgée, renfermer exceptionnellement un peu de la matiére odorante. Nous avons recherché ensuite à quel véhicule pouvait étre associée dans la plante cette huile essentielle, les corps de ce genre existant rarement à l'état d'isolement au contact du protoplasma vivant. Nous avons traité par la distillation prolongée des pétales dont quelques-uns avaient été examinés à l'état frais pour y constater la présence de l'es- sence : ces pétales, privés entiérement de leur essence par la distillation, coupés et traités par l'acide osmique, nous ont donné encore la réaction noire, bien que moins intense; l'huile essentielle n'y était donc point seule, mais associée à une huile fixe, substance jouissant comme elle du pouvoir de réduire l'osmium. Des pétales frais, traités rapidement par l'aleool froid qui énléve l'huile essentielle sans dissoudre l'huile fixe, nous ont donné la méme réaction. — Dans beaucoup de cas, 0n trouve, associée à l'huile fixe et à l'huile essentielle, dans ces mémes cellules épidermiques, une petite quantité de tannin que le perchlorure de fer décèle aisément et qu'il faut enlever par l'eau, lorsqu'on ne cherche que l'huile essentielle, car elle réduirait également l'osmium. Ce procédé nous a permis dereconnaitre la présence de l'huile essen- tielle dans d'autres parties de la fleur, l'épiderme du filet des étamines, l'épiderme des styles et surtout de la rainure stigmatique, à l'exclusion de celui des carpelles; l'épiderme du calice n'en renferme que trés exceplionnellement: quelques cellules du mésophylle du calice, dissé- minées au voisinage ou au milieu des faisceaux, renferment quelquefois de l'huile fixe. D'autre part, le calice et les parties vertes de la plante, ainsi que les DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 113 pédicelles floraux, les pétioles, les stipules, les jeunes branches, et même parfois les aiguillons de ces jeunes branches, présentent, dans beaucoup d'espèces, un appareil glanduleux bien visible à l'extérieur, et trop connu pour que nous y insistions; ce sont des glandes capitées pluricellulaires, parfois ramifiées, qui peuvent prendre, chez le Rosa muscosa et le Rosa Brunonnii (var. de R. moschata), le développement remarquable que l'on sait. Ges glandes accumulent l'essence à leur partie supérieure, sous la cuticule, en déprimant en coupe les cellules sécrétrices sous-jacentes : celles-ci renferment de l'essence en petite quantité, trés appréciable au moyen de l'acide osmique. Le même réactif nous a permis de constater que dans les espéces en apparence non glanduleuses, les dents des folioles étaient sécrétrices et renfermaient de l'huile essentielle, souvent méme aussi les cellules du fond des sinus qui séparent ces dents. L'épi- derme des feuilles, même des plus odorantes (R. rubiginosa, R. mus- cosa), est généralement dépourvu d'essence; mais il n'est pas rare d'en trouver à la partie supérieure de la première rangée de cellules en palis- sade, située immédiatement au-dessous des cellules larges et vides de l'épiderme supérieur. La substance associée à l'huile essentielle dans ces glandes n'est plus une huile fixe, mais une résine toujours trés abondante et dont la pré- sence est aisément constatée, grâce aux réactifs ordinaires (réaction verte d'Unverdorben). Dans les pétales de la fleur, l'huile fixe existe d'une facon constante, que l'huile essentielle s'y montre ou non, ce qui rend compte du fait, si singulier en apparence, de la réduction de l'acide osmique, réactif du parfum, méme dans les pétales des Roses inodores. M. Ignace de Szyszylowiez fait à la Société la communication suivante : UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO, par M. le D° Ignace de SZYSZYLOW ICZ. L'étude scientifique du Monténégro a fait des progrès à mesure que les frontières de ce pays s'étendaient vers le sud et vers l'est. L'épou- vaulable anarchie à laquelle ce pays était en proie sous la domination turque y supprimait toute garantie de sécurité personnelle et rendait impossible l'exploration de ces contrées si curieuses au point de vue de l'histoire naturelle. Les premières connaissances sur la flore du Monténégro datent du T. XXXVI. (SÉANCES) 8 114 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. jour où ce petit État a commencé à reconquérir son territoire dans des luttes sanglantes. Le premier explorateur fut Abel, qui visita les montagnes Roumiya. Bien après lui MM. Pancic et Pantocsek explorèrent les montagnes de Kom et de Dourmitor. Un an avant moi, M. le D" Beck de Mannagetta parcourut les frontières de l'Herzogovine. ` Mon voyage avait pour objectif la frontière albanaise, contrée fort peu accessible et complètement ignorée jusqu'à présent. Je me rendis à Cettigne, par Cattaro, et parvins dans la petite ville de Podgoritza, dans les environs du lac de Scutari. J'ai exploré les environs encore inconnus de la forteresse de Medoun, du village Orahovo et me suis avancé, d'un cóté jusqu'aux pieds du mont Vila, et de l'autre jusqu'à la chaine de Kom. Une sécurité compléte et l'hospitalité extraordinaire des habitants rendent facile l'herborisation au Monténégro. D'ailleurs S. M. Nicolas I^, Petrovitch, prince de Monténégro, dont le nom occupe une place d'hon- neur non seulement dans l'histoire de la péninsule des Balkans, mais encore dans la poésie serbe, m'a particulièrement aidé et protégé. C'est à lui, en grande partie, que je dois l'heureuse issue de mon voyage. Il n'en fut pas de méme sur la frontière turque, dans le pays des Malessores et des Skipetares, c'est le nom qu’on donne aux montagnards albanais de la région. Là toute sécurité disparut pour moi. Armé d'une excellente carabine et d'un revolver, accompagné d'un domestique éga- lement armé, je dus faire plus attention aux mauvaises rencontres à éviter qu'aux plantes que je voyais à mes pieds. Il ne pouvait pas être question de franchir la frontière albanaise. Les montagnards prévenus étaient sur pied. Quelques jours plus tard cepen- dant, je profitai d'un brouillard épais pour passer la frontiére monténé- grine et me rendis sur le mont Moyan, qui fait partie de la grande chaine des Alpes septentrionales albanaises. Malgré un danger menaçant, je réussis à faire assez ample moisson, fait d'autant plus important que c'était la première récolte qu'un naturaliste eùt encore faite dans ces contrées. À mon retour, je fus attaqué par les Albanais et ne réussis qu'à grand’ peine à sauver mes plantes et ma vie. Je dus mon salut à la grande épais- seur des forêts et à nos excellentes carabines. L'État monténégrin, au point de vue de sa végétation, peut se diviser en deux parlies : une première, stérile, rocheuse, calcaire, dépourvue presque complètement d’eau : c'est la prolongation de l'Istrie et de la Dalmatie; l'autre, assez fertile, assez bien irriguée, à base d'ardoise et de grés, confinant à l'Albanie et à l'Herzogovine autrichienne. Mon voyage embrassait des territoires de l'une et de l'autre région. DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 115 J'ai publié mon travail dans les rapports de l'Académie des sciences de Cracovie (1), sous le titre : Plante a D' Ign. Szyszylowicz in itinere per Cernagoram et in Albania adiacenti, anno 1886 lectæ, aidé par M. le D" de Beck, qui a une grande connaissance de la flore de la pénin- sule des Balkans; c'est à lui que je dois d'avoir pu si rapidement achever mon travail. Je souhaite que ces courtes explications et l'exposé de mon apport à la connaissance de la flore monténégrine inspirent à d'autres botanistes le désir de visiter à leur tour ce pays, si intéressant à tous les points de vue. Les plantes suivantes sont nouvelles : Barbula (Desmatodon) montenegrina Dreidler et Szysz. nov. sp. (tab. I, ed. Cracov.). Planta in cæspitibus densiusculis, terra obstrusis. Caulis 5-8 mill. altus, di- chotome ramosus, infima basi radicans. Folia in sicco incurvata subtortuosaque, humefacta patentia vel recurvo-patentia; caulina concavo-canaliculata, ligu- lata vel lanceolato-ligulata, apice obtusa vel subacuminata, margine e medio versus apicem revoluta, costa subvalida, tereti, dorso prominenti, in apice evanida, e basi 1/4-1/3 longitudinis flavido-diaphana, dehiuc impellucida, cellulis basilaribus rectangulis, tenuibus, laevibus, superioribus minute rotun- dato-quadratis, utrinque dense mamillosis (sensu Limprichtii comp. Limpr. Laubmoose in Rabenhorst Crypt. Flor. IV). Flores monoici. Flores masculini gemmacei iu ramis propriis terminales, folio perigoniali intimo antheridia paulo superante vel æquante, levi, flavido-diaphano, rotundo-ovato, apice obtuso vel subacuminato ; antheridia copiosa breviter pedicellata. Flores femi- uini foliis perichætialibus comalibus similibus, intimo vaginulam subæquanti, lavido diaphano, margine plano, lævi vel ad apicem subtiliter mamilloso; archegonia tenuia, hyalinia ; paraphyses pauca. Fructus. Vaginula ovato-cylin- drica; pedicellus 4-6 mil. alt., luteo rufescens, basi dextrorsum superne sinis- trorsum tortus; capsula oblongo-ovata vel subcylindrica, 1-1,5 mil. longa luteo-fuscescens, collocum stomatibus emersis, ore leviter angustata, annulo longo persistente, triplici serie cellularum composito, non revolubili sed in singulas cellulas secedenti; peristomii dentibus membrana basilari supra aunulum haud procedente suffultis, rudimentariis et caducissimis ; pallido rufo- llavescentibus, subtiliter papillosis ; operculo conico capsule diametro æqui- longo, cellulis leviter sinistrorsum seriatis ; calyptra angusta, longe rostrata, paulum infra opereulum continuata ; sporis 0,008-0,01 mil. flavido-diaphanis, levibus. Fructus maturi mense Julio. Barbulæ obtusifoliæ Schw. proxima annulo longo persistenti et non revo- lubili, dentibus peristomii rudimentariis vel defectis, operculo brevi cum , ) Rozprawy i sprawozdania wydzialu matematyczno przyrodniczego, Akademiji Umiejetnosci w Krakowie, tome XIX : Plantas a D' Ign. Szyszylowiez in itinere per ternagoram, etc., etc., descripserunt D' G. Beck et D' Ign. Szyszylowicz, in-8*, 1588. ^àcovie, p. 1-166 et tab. 1-v. 116 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. cellulis leviter solum sinistrorsum seriatis capsulaque dilute colorata bene distinguenda. Ad saxa arenaria interdum irrigua montis Veliki Maglic. Grimmia Hartmannii Schimp. Synops., ed. ll, p. 258, var. montenegrina Breidler et Szysz. nova varietas (tab. II, ed. Cracov.). Plantæ in c:espitibus laxis, superne sordide olivaceis, inferne fusco nigres- centibus, Caulis 3-5 cent. altus, dichotome ramosus, basi subnudus, superne dense foliosus. Folia in sicco laxe incumbentia, subtortuosa apice subincurva vel patentia, humefacta patentia apice sursum retrorsumque curvata, hic illic homomalla, elongato-lanceolata, 4-5 mil. longa circa 1 mil. lata, basi concavo- canaliculata, decurrentia, leniter angustata, apice carinata, longe acuminata, in pilum 0,2-0,4 mil. longum, mediocriter subserratum exeuntia, margine infero recurvo, apicem versus plano, læviter incrassato; costa subvalida, semitereti, dorso usque ad apicem prominente, plus minusque sulcata; cellulis incrassatis, basilaribus flavido-diaphanis, levibus, juxtacostalibus elongato rectangulis, marginalibus rotundato quadratis, superioribus subopacis, minoribus, rotun- dato-quadratis, leviter papillosis, lumine plus minus sinuoso. Flores dioici, plante? masculine femininis intermixtæ vel in cæspitibus propriis, paulo humi- lioribus densioribusque. Flores masculini terminales, demum laterales, gem- macei, folis perigonialibus 4-5 antheridia superantibus, levibus, flavido- diaphanis, e lata basi ovatis, convexis, margine planis, apice breviter acumi- natis, costa tenui subapice evanida; antheridia copiosa, breviter pedicellata, 0,55-0,65 mil. longa, paraphyses antheridiis breviores, tenues, perpaucæ. Flores feminini terminales demum laterales, foliis perichætialibus internis lanceolato-ovatis, basi subvaginantibus, hyalinis vel flavido diaphanis, apice acuminatis, epilosis vel in pilum perbrevem exeuntibus; archegonia pauca; paraphyses solitariæ tenuissimæ, quartam partem vaginulæ æquantes. Fructus. Vaginula elongata, subeylindrica, basi angustata, archegonia multo superans; pedicellus 3,5-5 mil. altus, flavidus, superne sinistrorsum tortus; capsula ellipsoidea (operculo calyptraque exceptis) 1-1,4 mil. longa, lævis dilute flavido- brunnea, cellulis epicarpieis valde inæqualibus, incrassatis, ore leviter angus- tato, annulo persistente, e triplici serie cellularum minutarum composito, diaphano ; peristomii dentibus longe sub capsulæ orificio orientibus, lanceolatis, integris, 0,3-0,35 mil. longis, superne dense papillosis, basi densius trabecu- latis sublævibusque, rufo-purpureis, apice subdiaphanis, in sicco recurvatis; operculo conico, obtuse rostrato, læviter obliquo, luteo rufo; calyptra mitrata, 4-5 lobata, unilateraliter fissa, 1,3 mil. longa, sporis 0,013-0,017 mill. sor- dido-flavidis, levibus. Propagule ad apicem foliorum rarissime ; fructus matur: vere. Ad terram lapidosam silvz Perucica sub monte Kom ad confinium Albani? borealis. Obscure brunneolo-rubris, plerumque graviter papillosis peristomii denti- bus et foliorum longioribus cuspidibus causa est montenegrinam plantam pro peculiari declarare varietate. DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 117 Allium carinatum L. Spec. 291, var. montenegrinum Beck et Szysz., nova varietas. Caule tereti striato, 40-45 cent. longo, supra medium foliato, foliis planis, glabris, caule brevioribus; pedicellis valde inæqualibus, florem 4-5 pluries superantibus, fere omnibus erectis ; floribus forma typica plerumque dimidio minoribus, 2-3 mil. longis, segmentis perianthii post anthesim pellucidis albis, concavis, apice truncato-obtusis vel subacutis, in alabastro apice roseo-viola- ceis ; filamentis simplicibus, supra basim perianthii segmentis adnatis, 6-9 mil. longis, inæqualibus, perianthium duplo-vel triplo superantibus; stylo filamentis multo breviore. Ad latera montis Dziebeze. Cerastium dinaricum Beck el Szysz. nov. sp. (tab. IV, fig. a-f, ed. Cracov.) ; Cerastium latifolium Visiani Flor. dalm. suppl. p. 31, non L. ?; Ceras- tium alpinum Pancic Elench. plant. vasc. Cernag., p. 15, non L.! Radix plurimum fusiformis sæpe ramosus. Caules numerosissimi, graciles, ramosissimi, caspitoso-congesti vel elongati procumbentes, floriferi erecti, copiose foliati, teretes, breviter sed dense pilosi subtomentosi, plurimum 2-ra- rius 1 vel 3-4 flori, 8-15 cent. longi. Folia opposita decussata, inferiora anguste oblonga emarcida reflexa, superiora majora elliptica, omnia subrotundata vel pauco acuminata, basim versus infra longius supra minus attenuata, integra, uninervia cum nervo medio subtus prominente, utrinque dense breviter pilosa, subcanescentia, media 10-17 mil. longa, 4-6 mil. lata. Folia flores infimos ful- crantia alteris æqualia sepe latiora, sequentia et supera multo minora bracteæ- formia, in margine usque ad apicem scarioso marginata. Flores inferiores laterales, superi pseudoterminales; 15 mil. lati, omnes longo pedunculati. Pedunculi per anthesim flores longitudine æquantes vel duplo superantes, fruc- tigeri capsulam æquantes vel paulo longiores. Sepala oblonga, late scarioso marginata, exteriora et in margine et in parte foliacea extus pilosa, interiora in margine glabra, omnia fructus tempore marcescentia. Petala (normaliter evoluta), calyce vix duplo longiora (sæpe breviora), profunde fere ad mediam emarginata cum lobis rotundatis, basim versus sensim attenuata, 9 mil. longa, 4 mil. lata. Capsula cylindracea, calvce plus quam duplo longior, 10-12 mil, longa; ejusdem dentes 10 triangulares breves, in siccitate subpatuli et in mar- gine revoluti. Semina lenticularia, reniformia, squamulis erectis subquadratis obtusis, in basi subtiliter sulcatis, concentrice ordinatis et micropyle versus deerescentibus dense obtecta, rufa, 1,5 mil. lata In saxosis montis Kom Kucki. Dianthus Nicolai Beck et Szysz. nov. sp. (edit. Cracov. tab. II, fig. d, e, f.). Caulis in basi frutescens ramosus, 44 cent. longus, rami in basi geniculati, adscendentes, infra teretes supra subangulati, glauci, glabri, 2-4 flores pluri- mum, congestos vel approximatos subsessiles gerentes, cum internodiis supe- rioribus folia longitudine multo superantibus. Folia linearia, breviter connata, longe acuminata, erecto patentia, superiora strieta, in margine serrulato-den- ticulata, glauca, subtus nervis pluribus parallelis prominentibus perducta, 118 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. maxima 7 cent. longa, vix 2 mil. lata. Flores subsessiles appropinquati vel infe- riores remoti; bractearum pares 2-3; bracteæ coriaceæ, alutaceæ omnes latissimæ truncato-rotundatæ, exteriores longius interiores brevius cuspidatæ et cuspidem versus striatæ, glabri, dimidio calycis tubi breviores. Calycis tubus cylindraceus, faucem versus paulo angustatus, striatus, glaucus, 16-17 mill. longus; ejusdem dentes oblongi, tertiam tubi æquantes, subacuti, in mar- gine paulo membranaceo puberuli. Petala longe unguiculata, 20 mil. longa, cum lamina ovata antice emarginata et repauda, 5 mil. lata, alba, et ungue plicato. In saxosis ad latera montis Dziebeze. Dianthus medunensis Beck et Szysz. nov. sp. (edit. Cracov. tab. Ill, fig. a, b, c); Dianthus ramosus Visiani var. g. cymosus Vis. Flor. Dalm., tab. XXXV, fig. j, b. Radix... Caules in basi frutescentes, lignosi, firmi et subteretes, ramis strictis inferne lignosis, apicem versus sensim herbaceis copiose praediti, supra teretes, glabri, glauci, inllorescentiam corymbosam inæqualiter dichotomam multifloram gerentes. Folia in basi tumida breviter connata, linearia, longissime sensim acuminata, in margine serrulato-denticulata, nervis 3-5 parallelis subtus prominentibus perducta, maxima 8-9 cent. longa, 3 mil. lata, inferiora patentia, superiora minora stricta, Inflorescentiæ rami basi semiteretes, secundum ordi- nem breviores, ita ut eorum rami secundarii et inflorescentiæ rami apicales flores fasciculato congestos ferunt. Bracteæ in paribus 3-4 rarius, 2, alternantes, ellipticæ, exteriores longius interiores brevius e media parte acuminatæ, in dorso striatæ, in margine angustissime membranaceo, subtiliter fimbriata ciliati. Petalorum lamina antice rotundata, inciso dentata subfimbriata, in unguem angustum, plicatum, multo longiorem subabrupte attenuata, intense rosea, 23-25 mil. longa, eum lamina 12-13 mil. lata et ungue sub eadem 2 mil. lato. Filamenta unguibus breviora. In calcareis circa castro Medun. . Serhpervivam Heurehi Schott. in Oestr. bot. Zeit., II, p. 18; var. glabrum Beck et Szysz. nov. var. Foliis omnibus utrinque glabris, in margine ciliatis mucronatisque, inflo- rescentia glaberrima. In dumetis, pagi Orahovo; in saxosis sub monte Vila; ad latera montis Dziebeze ; in præruptis summi montis Hum Orahovski. mosa pendulina L. Sp. ed. I, p. 492 non Willd.! var. pseudorupestris H. Braun, nov. var. Frutex elatus. Rami florigeri et hornotini inermes. Foliola septena-novena, plerumque novena, elliptica, oblonga, lateralia breviter petiolata supra glabra, subtus tenuiter et precipue in nervis pubescentia, in margine argute tenuiter glanduloso-serrata. Petioli glandulosi et puberuli, inermes. Pedunculi glandu- losi. Receptacula fructifera setis glanduliferis sparsis obtecta vel lævia, sub- levia, ellipsoideo-oblonga, apicem versus strangulata. Sepala indivisa, in dorso hinc inde plus minus glandulis stipitatis obtecta. Styli lanati. DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 119 In pascuis alpinis Livady montis Hum Orahovski, in silva Skrobotusa ad pedem montis Vila; ad latera montis Dziebeze. Rosa ruhrifotia Villars Flor. Dauph. MI, p. 549; var. prærupticola H. Braun, nov. var. Frutex dense ramificatus, foliosusque. Rami hornotini purpureo-violacei vel vinacei, in vetustioribus canescentes brunnescentesve, dense aculeati; aculei recti, tenues, in ramorum parte inferiore verticillati, subverticillative ut in Rosis e Pimpinellarum sectione. Petioli purpurascentes glandulis tecti et acu- leolis subrectis armati vel hine inde inermes. Stipulæ angusto-lanceolatæ, utrinque glaberrimæ, margine glandulosæ, auriculis divergentibus acuminatis, rubescentes, Foliola quina vel septena, plerumque septena, mediocria vel parva, elliptica vel ovato-elliptica, utrinque vinacea vel violacea purpures- centia et glaucescentia, glaberrima, in margine superiora simpliciter, infima glanduloso- irregulariter serrata, lateralia breviter petiolulata. Bracteæ purpu- rascentes, pedunculos superantes, dilatatæ, sspe foliaceæ. Pedunculi 9 mil. longi, setis glanduliferis tecti. Receptacula ovoidea, mediocria, atro-purpurea levia. Sepala integra, unum alterumve pinnulis brevibus, margine tomentosa, eglandulosa, vel hine inde rarius in dorso glandulosa et in margine glandulis brevibus munita, superne filiformia, post anthesin erecta et receptaculum immaturum coronantia,demum decidua. Discus subplanus. Styli albo-lanati. Petala pulchre rosea. Receptacula fructifera ovoidea vel ovoideo-globosa. In præruptis saxosis montis Dziebeze. Rosa canina L. subsp. nitens Desv. in Mérat Flor. de Paris, p. 192; var. subfirmula H. Braun, nov. var. Frutex elatus. Rami stricti, ramulis validis, brevibus, horizontaliter distan- tibus. Rami dense aculeati, aculeis brevibus, leviter inclinatis, basi dilatatis, in ramulis fructiferis subrectis. Ramuli hornotim purpurei vel vinacei. Stipulæ lanceolatæ, utrinque glaberrimæ, margine glandulis purpurascentibus obtectæ auriculis brevibus, subporrectis vel parum divergentibus, acuminatis. Petioli rubicundi vel subvirentes, aculeolati, eglandulosi, ad foliorum insertionem pilis brevibus, subalbidis ciliati, ceterum glaberrimi. Foliola 5-7, plerumque 7, parva (10-17 mill. longa, 7-11 mill. lata), elliptica vel subovato-elliptica ad basin subattenuata, ad apicem acuta, supra viridia, subtus pallidiora et ad venas hinc inde vinacea, in margine simpliciter serrata, breviter petiolulata vel subsessilia. Bracteæ ut in Caninis dilatatz et sæpe foliaceæ, pedunculis lon- giores, Pedunculi læves, longitudine mediocres (6-7 mill. longi), læves. Recep- tacula breviter ovoidea vel ovoideo-ellipsoidea, hinc inde ellipsoidea, levia. Sepala duo integra, tria pinnatifida, pinnulis brevibus, angustatis, eglandulosis post anthesim reflexa, cito decidua. Diseus planiusculus. Styli hirsuti vel pube- ruli eodem in ramo. Petala pallide rosea. Receptacula fructifera ovoidea vel breviter ovoideo-ellipsoidea. In dumetis pagi Ljeva Rjeka. Mosa dumatis Bechstein Forstbot., ed. I, p. 241, subsp. insignis Grenier, . 190 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889, Flor. juras., p. 243 (pro var. R. canine); var. dissimitis H. Braun, nov. var. Rami elongati, aculeis inclinatis rohustis armati, laxefoliacei. Rami florigeri subinermes inermesque, virentes. Stipulæ ut in Rosa insigni typica. Petioli glandulosi et aculeolis flavescentibus armati, in infima parte parce pilosuli. Foliola 5-7, elliptica vel elliptico-obovata, mediocria, utrinque glaberrima, supra obscure vel flavescenti-viridia, subtus glaucescentia, apicem basinque versus acuta, ad basin ssepe subcuneata, in costa media parum glandulosa, ad marginem argute glanduloso-bi- vel subcomposito-serrata, lateralia breviter, terminalia longe petiolulata. Pedunculi circiter 8-10 mil. longi læves. Recep- tacula ovoideo-ellipsoidea, superne attenuata. Sepala piunulis angustis, plus minus glandulosis, in dorso eglandulosa, post anthesin reflexa, citi decidua. Styli leviter pilosi, subglabri, discum eximie superantes, Discus planus. Recep- tacula fructifera ovoideo-ellipsoidea, superne attenuata vel suhstrangulata. Petala pallide rosea. In calcareis pagi Medun. Rosa sureulosa Woods Trans. of the Linn. Societ. XI, p. 228; subsp. ra- pivaga H. Braun, nov. subsp. Frutex dense ramificatus. Rami purpurei vel subvirescentes, diffusi, flexuosi, aculeati. Aculei graciles, inclinati vel subfaleati vel hinc inde subrecti, basin versus dilatati, purpurei vel glaucescentes. Stipule anguste lanceolatæ, in ramis superioribus dilatatæ, utrinque glabræ, in margine glandulis purpuras- centibus vel atropurpurascentibus stipitatis plus minus præditæ vel subleves, auriculis acuminatis divergentibus vel subporrectis. Petioli purpurascentes aculeolati, glabri, glandulis stipitatis purpurascentibus hinc inde, sed sparse praediti. Foliola parva, 8-13 mil. longa, 6-8 mil. lata, elliptica vel elliptico- obovata, basin versus subattenuata vel hinc inde anguste rotundata, ad apicem acuta, utrinque glabra, lateralia breviter petiolulata vel subsessilia, supra satu- rate viridia, subtus pallidiora et in nervo primario eglandulosa, vel precipue in foliolis terminalibus, hinc inde glandulis rubescentibus et aculeolis flavescen- tibus sparse obsita, in marginibus simpliciter vel subirregulariter serrata, serratura eglandulosa. Serraturæ dentes convergentes, sepe suhmucronulati. Bracteæ dilatatæ sæpe foliaceæ, pedunculis longiores. Pedunculi breves, setis glandulosis obtecti vel subleves. Receptacula ovoideo-globosa, sparse setis glanduliferis obtecta. Sepala duo integra, tria pinnatifida, in dorso glabra vel hine inde unum alterumve seta glandulifera obtectum, post anthesin reflexa, cito decidua. Styli hirsuti, discus planus. Receptacula fructifera parva, pisi magnitudine (8-10 mil. longa, 7-9 mil. lata), globosa vel subglobosa, setis glanduliferis una alterave obtecta, In saxosis castri Medun. Rosa pilosa Opitz in Flora, V, p. 268; var. subviolacea H. Braun, nov. var. Frutex dense ramificatus, cortice brunneo vel violascenti rubro. Rami elongati, hinc inde virgati, dense aculeati. Aculei robusti, faleati basin versus dilatati, einerei vel subalbicantes, hinc inde subgeminati. Rami fertiles subflexuosi, DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 4121 aculeati. Stipulæ anguste lanceolatæ, auriculis acutis vel acuminatis, brevibus, in margine glandulis purpurascentibus præditæ. Petioli pilosi et aculeati, glan- dulis stipitatis, sessilibusve plus minus obtecti. Foliola mediocria vel parva, quina-septena, plerumque septena, elliptico-ovata, apicem versus acuta vel in infimis obtusiuscula, basiu versus anguste rotundata et sensim attenuata, supra glabra, obseure vel subflavescenti viridia, subtus pallidiora et interdum plus minus vinacea, in nervo primario dense pilosa, in nervis secundariis ac etiam hine inde in lamina pilis sparsis obtecta, in margine irregulariter glanduloso- serrata acuta brevi. Bracteæ rubescentes, plerumque foliaceæ. Pedunculi 7- 9 mil. longi, leves glabrique. Receptacula ovoideo vel ellipsoideo-oblonga. Sepala duo integra, tria pinnatifida, post anthesin reflexa, demum et præco- citer decidua ; pinnulis angustis, hinc inde, sed sparsius glandulosis. Styli dense hirsuti, subvillosi. Discus planiusculus. Petala dilate rosea. Receptacula fructi- fera ellipsoidea. In pascuis alpinis Livady montis Hum Orahovski. Bosa dumetorum Thuill. Flor. de Paris, p. 250; var. valdetotiosa H. Braun, nov. var. Frutex dense ramosus. Rami foliosi et aculeati, florigeri aculeati. Pedunculi 8-12 mil. longi. Foliola elliptica, aeuto-serrata, parva. Receptacula parva, globosa. Discus subconicus. Styli glabri. In pascuis alpinis Livady montis Hum Orahovski, in ineultis pagi Orahovo. Rosa collina Jacquin, Flor. Austr., ll, p. 58; var. ornata H. Braun, nov. var. Frutex elatus ramis valde diffusis. Ramuli arcuati cortice brunneo vel vires centi-brunneo, aeuleis tenuibus armati, ramuli fertiles inermes. Stipulæ lanceolatæ auriculis horizontaliter divergentibus, acuminatis, lamina puberula, margine glandulis purpurascentibus sparse ciliatæ. Petioli laxe pubescentes, hinc inde glandulis stipitatis præditi et aculeolis rubescentibus vel flavescen- libus armati, inermes subinermesve. Foliola quina-septena, plerumque quina, magna, rarius infima mediocria, elliptica vel elliptico-oblonga, basin versus attenuata ve] subrotundata, apicem versus acuta, obscure viridia, subtus palli- diora, supra subglabra vel pilis sparsis obtecta, subtus ubique laxe pilosa, in nervo medio dense pilosa, irregulariter simpliciter serrata. Serraturæ dentes acuti, hine inde fissi, breves. Bracteæ valde dilatatæ, sublyratiformes, foliosæ. Pedunculi longi (25-30 mil.), setis. glanduliferis plus minus obtecti. Recepta- cula oblonga vel ellipsoidea, glanduloso-setosa. Sepala duo integra, tria valde Pinnatifida, apicem versus spathulata, in dorso glandulis stipitatis sessilibusve dense Obsita, post anthesin reflexa. Discus subplanus. Styli dense villosi, diseum subobtegentes. Receptacula ellipsoidea-oblonga, ante maturitatem mar- "escentia glandulis stipitatis setisque plus minus obtecta. Petala? (pulchre rosea), Ad sepes prope Orahovo. Rosa agrestis Savi Fl. Pis., I, p. 475; var. milenæ H. Braun, nov. var. (ed. Cracov., tab. V, fig. a-d), 12x SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1889. Frutex dense ramificatus. Rami dilute brunnei aculeati, stricti, breves. Aculei adunci vel inclinati, sed etiam in ramis superioribus subrecti, robusti, infra stipulas sæpe oppositi. Stipulæ lanceolatæ, in lamina puberulæ et glandulis dense obtectæ, auriculis acuminatis divergentibus, in margine glandulosis sti- pitatis rufescentibus dense præditæ. Petioli dense puberuli glandulis stipitatis et aculeolis flavescentibus plus minus obtecti. Foliola parva, rarius mediocria, 11-17 mil. longa, 6-10 mil. lata, quina-septena, plerumque septena, elliptica vel elliptico-obovata, basin versus attenuata vel subcuneata, saturate- vel hine inde flavescenti viridia, supra glabra vel eglandulosa subtus ubique dense glandulis obtecta, in nervo primario dense pilosa, in nervis secundariis velut hinc inde in lamina leviter et sparse pilosuli, margine duplo-glanduloso-com- posito serrata. Serraturæ dentes partim conniventes, partim ut in multis Sepia- ceis, antrorsum vergentes. Bracteæ in lamina glabræ et sublæves, swpe foliaceæ. Pedunculi bracteis breviores (8-10 mil.), leves et glabri. Receptacula subglobosa. Styli glaberrimi. Discus conicus. Sepala in dorso lævia, integra Il marginibus sublævia, et glandulis stipitatis plus minus prædita, post anthesin reflexa, diutius persistentia, demum decidua. Receptacula fructifera breviter ovoidea vel ovoideo-globosa, parva. In dumetis pagi Ljeva Rjeka. Rosa Heckeliana Tratt. Ros. monogr., ll, p. 85; var. szyszylowiczii H. Braun, nov. var. (ed. Cracov., tab. IV, fig. ]-p). Frutex humilis valde ramosus. Rami dense aculeati. Aculei breves, subrecli vel parum inclinati, s:epe subverticillati. Stipulæ breves, dense pilosæ, subtus glandulis obtectæ, auriculis brevibus, obtusiusculis, parum divergentibus. Petioli dense pilosi et glandulosi aculeolis flavescentibus armati. Foliola quin vel septena, rotundato-elliptica vel infima suborbicularia, lateralia subsessilis, utrinque eglandulosa, margine tenuiter glanduloso-composito serrata (ut n Rosa Heckeliana Fratt.f. typ.). Bracteæ dense pilosæ, parum glandulosæ vel eglandulosæ, sepe foliaceæ. Pedunculi breves, 4-5 mil. longi, glabri vel setis glanduliferis sparse obtecti. Receptacula fructifera parva, globosa setis glandu- liferis plus minus obtecta. Sepala brevia duo integra, tria subintegra pinnulis sparsis una duabusque angustis prædita; in dorso dense glandulosa, post anthesin erecta et receptacula fructifera persistenter coronantia. Discus planus. Styli breves, albo-lanati. In pascuis alpinis Livady montis Hum Orahovski. — Var. montenegrina H. Braun, nov. var. (ed. Cracov., t. V, fig. 1). Frutex clavatus. Foliola ut in varietate R. Szyszylowicziüi, sed majora a elliptica vel ovata, apicem versus obtusiuscula, acuta vel subacuta et in pet!" lum hinc inde attenuata. Receptacula glanduloso-setosa. Sepala parum elon- gata, apicem versus filiformia. Pedunculi setis glanduliferis praediti ceterum ut in varietate R. Szyszylowiczii. Frequens in Montenegro. Betonica officinalis L, var. Cernagoræ Beck et Szysz., nov. var. Scapus 4-5 paribus foliorum praeditus, sicut tota copiose-villosus ; folia cre DE SZYSZYLOWICZ. — UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONTÉNÉGRO. 123 nata in basi subineisa ; superiora in duobus paribus supremis oblongo angusta (4-15 mil. lata), brevissime petiolata, subsessilia, subcristata. Spica interrupta, sæpe ramosa. In dumetis pagi Orahovo, in pascuis alpinis Livady montis Hum Orahovski. Achillea abrotanoides Visiani Flor. Dalm., ll, p. 81; var. montenegrina Beck et Szysz., nov. var. Caules imprimis pedunculi, folia et involucri squam:e crispule patentim copiose pilosa. In graminosis montis Veliki Maglii, in saxosis summi Kunora montis Hum Orahovski. Cirsium odontolepis Boiss. Voy. bot. Esp., ll, p. 362; var. montenegrinum Beck et Szysz., nov. var. Caulis foliis praeditus semi amplexicaulibus, non decumentibus, supra dense Strigosis, subtus arachnoideo-canescentibus profunde pinnatifidis cum lobis simplicibus bipartitisve spina valida acuminatis, folia suprema capitula invo- lucrantia ea superantia, capitula globosa in apice pedunculi solitaria; involucri Squamie arachnoideæ patentes lanceolato-subulatæ, dorso subcarinatie, in spi- nulam flavam binas lineas longam abeuntes, in margine densius tenuiterve Spinulosæ, cum spinulis patulis latitudine squamarum sublongioribus, exteriores et intimi apice non dilatatæ, mediæ sub spina spathulatæ, appendice rotundato margine denticulato-scarioso aucti. In dumetis pagi Orahovo. M. Cornu fait hommage à la Société du Catalogue des graines récoltées au Muséum en 1888 et présente des fruits de trois espèces d Adansonia : 1° Adansonia digitata, de Madagascar, dont les graines sont entourées d'une pulpe séche connue sous le nom de terre de Lemnos utilisée autrefois, et aujourd'hui encore à Madagascar, contre la dysenterie; 9" l'Adansonia ou Baobab de Madagascar, différent du premier par son fruit à forme presque sphérique; 3* l'A. Gregorii, du nord-ouest de l'Australie, dont le fruit est assez semblable à celui du Baobab du Sénégal. M. Devaux fait une communication sur l'Action des températures extrêmes sur les plantes aquatiques (1). MM. Prillieux, Leclerc du Sablon et Bonnier échangent avec M. Devaux quelques observations à propos de sa communication. (1) D’après le désir de l'auteur, l'impression de ce travail a été ajournée. (Ern. M.) 124 SÉANCE DU 8 MARS 1889. SÉANCE DU 8 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite de la présentation faite dans la derniére séance, proclame membre de la Société : M. A. Moni, professeur à l'Université de Modène (Italie), pré- senté par MM. T. Caruel et Malinvaud. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Barla, Flore mycologique illustrée des Alpes-Maritimes, fasc. 1. Bornet, Note sur l'Ectocarpus fulvescens. Catta et Langlois, Le Peronosporá viticola. Viaud-Grand-Marais, Causeries sur Noirmoutiers. Zeiller, Sur les ouvrages de paléontologie végétale publiés en 1881. C. de Candolle, Cas remarquable de fasciation chez un Sapin. Hellriegel et Wilfort, Recherches sur l'élément azoté des Graminées el des Légumineuses. Macoun, Catalogue of Canadian Plants, part. IV. Endogens. J. Watson, A collection of Plants made by D* Palmer. Annales du Bureau central météorologique de France, 1886, t. M. Paléontologie française. Végétaux, terrain jurassique, livr. 40, par M. de Saporta. Souvenir du deuxiéme centenaire de la fondation de l'Académie des Sciences et Belles- Lettres d' Angers. Annuaire des Bibliothèques et des Archives pour 1889. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : THOUVENIN. — APPAR. DE SOUTIEN DANS LES TIGES DES SAXIFRAG. 125 SUR L'APPAREIL DE SOUTIEN DANS LES TIGES DES SAXIFRAGES, par M. THOUVENIN. Il est admis, depuis les travaux de M. Costantin, que l'appareil de soutien, généralement bien développé dans les tiges aériennes et dressées, est ordinairement nul ou trés réduit dans les tiges végétant horizontale- ment, tant souterraines que rampant à la surface du sol. Pour les Saxifrages en particulier, M. Costantin a établi que, dans les liges souterraines, le stéréome, qui dans les tiges aériennes était repré- senté par le péricycle devenu scléreux, disparaît complètement; réserve faite, toutefois, des vaisseaux qui, dans une certaine mesure, font partie de l'appareil de soutien. M. Costantin, dont les recherches s'étendaient à un grand nombre de familles, n'a pu examiner, en fait de Saxifrages, que les Saxifraga stel- laris, Aizoon et aizoides, et c'est de leur étude qu'il tire ses conclusions sur ce genre (1). Mes recherches personnelles, ayant porté sur un assez grand nombre d'espéces de Saxifrages, m'ont fait voir que, si dans les tiges couchées l'anneau de soutien dû au péricycle sclérifié disparaît, ces tiges n'en sont pas moins pourvues, dans un certain nombre d'espéces, d'un stéréome assez puissant. Chez les unes, c'est le péricycle qui avec l'anneau externe de la moelle est devenu collenchymateux et forme, par conséquent, un appareil de soutien; dans d'autres, cet appareil est encore bien développé, mais s'est constitué par la sclérose d'autres tissus que le péricycle. 5i les tiges aériennes, ou plutót les hampes florales, ont une grande uniformité de structure dans le genre Saxifrage, il n'en est donc pas de même pour les tiges rampantes et souterraines. Aussi est-il avantageux, pour l'étude de ces tiges, de grouper, autour d'un certain nombre de types, les tiges des différentes espèces de ce grand genre. Étudier les différentes maniéres d'étre du stéréome, dans les tiges couchées des Saxifrages, tel est principalement l'objet de celte Note. Tyre I. Saxifraga stellaris L. — Dans la tige souterraine, l'appareil de soutien est aussi réduit que possible. L'écorce, le péricycle et la moelle sont composés, uniquement, d'élé- ments parenchymateux ; les faisceaux libéro-ligneux, confluents en un (1) Costantin, Et. comp. des tiges aér. et souterr. des Dieotylédones (Ann. des sc. nat., 6* série, t. XVI, p. 79). 126 SÉANCE DU 8 Mans 1889. cercle continu, ont le bois formé de vaisseaux disséminés dans un paren- chyme ligneux abondant. Les faisceaux, dans la tige aérienne, s'individualisent ; le péricycle devient seléreux et les cellules de l'endoderme épaississent et lignifient légèrement leurs parois de facon à faire partie, elles aussi, de l'appareil de soutien. Entre ces deux sortes de tiges de structure si différente il y a une portion intermédiaire, dont l'étude montre comment s'opére le passage de la structure de la tige souterraine à celle de la tige aérienne. On voit, tout d'abord, les faisceaux libéro-ligneux, qui étaient réunis dans la tige souterraine, se séparer et devenir absolument semblables à ceux de la tige aérienne. Le péricycle est encore parenchymateux, mais il a aequis une plus grande épaisseur; il ne tarde pas, à un niveau plus élevé, à épaissir et à lignifier les parois de ses cellules. La structure de la tige aérienne est dés lors atteinte. A ce premier type on peut rattacher les tiges des S. Hohenwartii Sternb., teneila Wulf., aizoides L., crassifolia, cordifolia, ciliata. Tyre IL Saxifraga hirsuta L. — On retrouve dans la tige rampante l'écorce toujours trés développée; les cellules de l'endoderme ont les parois minces et légèrement subérifiées; le péricycle est collenchymateux et les cellules des premières assises de la moelle le sont également. Les faisceaux libéro-ligneux sont séparés par d'étroits rayons médul- laires dont les éléments sont encore collenchymateux. La hampe florale a une écorce bien moins épaisse, les cellules de l'en- doderme ont les parois cellulosiques ; mais le péricycle est composé de six à sept assises de cellules petites, à parois épaissies et lignifiées, formant à la périphérie du cylindre central un anneau scléreux assez résistant. Les faisceaux libéro-ligneux sont séparés les uns des autres par de larges rayons médullaires ; la moelle est entièrement parenchymateuse. Le péricycle, de collenchymateux qu'il est dans la tige rampante, ne devient pas directement sclérenchymateux en passant dans la hampe llorale. Entre ces deux ordres de tiges il y a une région intermédiaire, très courte, dans laquelle le péricycle est devenu parenchymateux ainsi que les rayons médullaires et anneau externe de la moelle. A ce niveau, les faisceaux libéro-ligneux sont déjà semblables à ceux de la hampe florale et les cellules de l'endoderme n'ont plus les parois subérifiées. La tige du S. umbrosa L. est la seule dont la structure se rapproche complétement de celle du S. hirsuta. Type HI. Saxifraga longifolia Lap. — Une structure qui peut être considérée comme intermédiaire à celles qui viennent d’être signalées THOUVENIN. — APPAR. DE SOUTIEN DANS LES TIGES DES SAXIFRAG. 127 dans le S. stellaris et le S. hirsuta nous est offerte dans le S. longi- folia. La tige souterraine est pourvue d'une écorce trés épaisse limitée inté- rieurement par un endoderme dont les cellules ont les parois un peu épaissies mais non subérifiées, l'épaississement portant surtout sur les parois regardant le centre de la tige. Quatre à six assises de cellules assez petites et parenchymateuses com- posent le péricycle ; les faisceaux libéro-ligneux sont réunis. Au voisinage de la hampe florale, la tige souterraine subit des modifica- tions qui rapprochent complétement sa structure de celle de la tige ram- pante du S. hirsuta. Le péricycle et la moelle, à son pourtour, devien- nent collenchymateux ; en outre, dans l'écorce, quelques-unes des assises cellulaires voisines de l'endoderme ont déjà subi, un peu auparavant, la méme modification. À partir de là, tout ce qui a été dit pour le S. hirsuta est applicable au S. longifolia. Les cellules du péricycle, avant de lignifier leurs parois, redeviennent, pour un moment, parenchymateuses en méme temps que des rayons médullaires, trés larges, séparent les faisceaux libéro-ligneux. La structure qui vient d’être décrite se retrouve dans les tiges des S. Aizoon Jacq., Lingulata Bell.,serrata Sternb., sarmentosa Linn. fil. Tyee IV. Saxifraga granulata L. — La partie inférienre de la tige souterraine, placée dans le prolongement de la tige aérienne, et les coulants qui en partent, sont construits comme la tige correspondante du S. stellaris : écorce bien développée, péricycle parenchymateux, fais- ceaux libéro-ligneux réunis et moelle trés réduite. Mais si, examinant la tige souterraine verticale, on remonte vers la lampe florale , on ne tarde pas à remarquer que les cinq ou six dernières assises de l'écorce, l'endoderme étant excepté, ne tardent pas à épaissir et à lignifier leurs parois de maniere à constituer, en dehors du cylindre central, un appareil de soutien trés puissant. S'élevant toujours, on voit, à mesure que les faisceaux libéro-ligneux s'individualisent, le péricycle devenir à son tour progressivement scléreux, de telle façon que, en un certain point de cette tige, le stéréome est représenté, outre les vais- seaux, par un anneau trés épais de cellules sclérifiées appartenant les unes au péricycle, les autres à l'écorce. Chez certains individus, les cellules de l'endoderme deviennent aussi Scléreuses ; chez d'autres c'est le petit nombre, et la majorité conserve des parois minces et cellulosiques. Plus haut, l'anneau scléreux, formé aux dépens de l'écorce, commence 128 SÉANCE DU 8 Mans 1889. à se modifier ; ses éléments, peu à peu, redeviennent parenchymateux et, à la base de la hampe florale, il a complétement disparu. La tige aérienne ne présente rien de particulier ; sa structure est celle des tiges correspondantes qui ont déjà été étudiées. Ici, la tige souterraine est orientée. suivant la verticale et, par consé- quent, supporte la tige aérienue qui n'en est que la partie supérieure et émergée ; rien d'étonnant donc si le stéréome y est bien développé ; mais, dans d'autres espèces (S. ajugæfolia, par exemple), la méme structure se retrouve dans des tiges végétant horizontalement, dont les tissus sou- lenus par le sol n'ont rien à supporter. Autour du type S. granulata viennent se grouper les S. hypnoides L., ajugæfolia L., pedatifida Ehrh., geranioides L., aspera L. Tyre V. Saxifraga oppositifolia. — La manière d'étré du péricycle dans les deux ordres de tiges est ici la méme que dans les S. stellaris et granulata, c'est-à-dire que, de parenchymateux qu'il est dans la tige couchée, le péricycle devient seléreux dans la tige aérienne. Mais il ne s'ensuit pas pour cela que, dans la tige couchée, le stéréome soit peu développé, il l'est au contraire considérablement; on va le voir. Tige couchée. — Si l’on examine une pareille tige au milieu d'un entre-nœud, on y reconnait la structure suivante : les cellules de l'exo- derme sont pour la plupart scléreuses, de maniére à faire partie de l'appareil de soutien; l'écorce est parenchymateuse et le péricycle l'est également. Un peu plus haut, de légéres modifications ne tardent pas à se pro- duire : tout d'abord, tous les éléments de l'exoderme sont devenus scléreux; ensuite, aux deux extrémités du diamètre perpendiculaire à celui sur lequel se trouvent les deux faisceaux qui au plus prochain nœud se rendront dans les feuilles, les cellules de l'écorce, elles aussi, se sclé- rifient jusqu'à l'endoderme non compris. Toujours en remontant, on ne tarde pas à voir les deux amas scléreux ainsi formés augmenter de puissance, s'étaler, pour ainsi dire, contre l'endoderme et prendre la forme de deux croissants, dont les cornes ont une tendance à se rejoindre au-dessus des faisceaux foliaires. Plus haut encore, tout prés du nœud, les deux pédicelles scléreux, qui rattachaient à l'exoderme ces croissants, s'étranglent et finissent par disparaitre. Au nœud, les foliaires s'infléchissent pour sortir du cylindre central et, poussant devant eux l'endoderme et le péricycle sus-jacent, ils écar- tent l'une de l'autre, comme des coins, les cornes des croissants sclé- reux. Lorsque ces faisceaux sont sortis du cylindre central, les extrémités des croissants se rejoignent, seulement alors au-dessous d'eux. THOUVENIN. — APPAR. DE SOUTIEN DANS LES TIGES DES SAXIFRAG. 129 À ce niveau, les cellules de l'assise externe des croissants, qui étaient sclérifiées, sont remplacées par des cellules à parois minces et cellu- losiques. Ges dernières cellules et celles de l'assise interne de la portion de l'écorce restée parenchymateuse ne tardent pas à se décoller sur leurs faces en contact ; un espace vide se produit entre elles. Cette rupture, gráce à laquelle les deux assises qui précédemment étaient en continuité se séparent l'une de l'autre, part, de chaque cóté de la tige, du point où le croissant seléreux avait sa plus grande épais- seur, pour se propager, à droite et à gauche, sur tout le pourtour de la lige, qui est alors séparée en deux portions concentriques. La portion externe, dans laquelle se trouvent les deux faisceaux foliaires qui viennent de sortir du cylindre central, fait désormais partie des deux feuilles qui à ce niveau sont insérées sur la tige; elle en forme la base. Les deux assises cellulaires, qui limitent l'espace vide que l'on vient de voir se produire, appartiennent toutes les deux à l'épiderme de l'axe feuillé qui s'est insinué dans l'aisselle de chacune des deux feuilles; l'assise externe dépend de l'épiderme supérieur de ces feuilles, et l'assise interne de l'épiderme de la tige. L'écorce de la tige est souvent, à ce niveau, entièrement scléreuse. A partir de là, toutes les modifications qui viennent d’être étudiées vont se reproduire, mais en seus inverse. Vis-à-vis des deux nouveaux faisceaux foliaires, on voit, dans l'écorce, le sclérenchyme remplacé en un point par du parenchyme; puis cette région devenue parenchymateuse s'étend, à droite et à gauche, au fur et à mesure que l'on s’éloigne du nœud. Aussi, au milieu du nouvel entre-nœud, la tige a-t elle de nouveau la structure décrite au commen- cement de cette étude. Tige aérienne. — La tige aérienne offre, dans la succession des entre- nœuds et des nœuds, certains détails de structure qui ne sont pas sans analogie avec ceux qui viennent d’être observés dans la tige rampante ; aussi, comme pour cette dernière tige, devra-t-on examiner d'abord une section faite au milieu d'un entre-nœud. A ce niveau, l'écorce est com- posée uniquement de parenchyme ; le péricycle est scléreux comme dans toutes les tiges qui, jusqu'ici, ont été vues. Mais, si l'on remonte un peu vers le nœud, on voit, dans l'écorce, de petits amas de cellules scléreuses apparaitre aux extrémités du diamétre perpendiculaire à celui sur lequel se trouvent les deux faisceaux qui, au nœud, entreront dans les feuilles. Un peu plus haut, ces petits amas scléreux se réunissent, et, de chaque T. XXXVI. (SÉANCES) 9 130 SÉANCE DU 8 Mans 1889. côté de la tige, on n'en trouve plus que deux, offrant alors une certaine étendue. Quand les faisceaux foliaires commencent à sortir du cylindre central, les deux amas scléreux, situés d'un méme côté de la tige, s'écartent progressivement l'un de l'autre, en se rapprochant chacun du foliaire correspondant. Aprés leur départ du cylindre central, les deux amas scléreux qui, à droite et à gauche, avoisinaient chacun de ces faisceaux, n'étant plus séparés par eux, se réunissent l'un à l'autre sur la ligne médiane. Ils ne tardent pas à s'émietter au-dessus du nœud et bientôt, leur disparilion étant compléte, l'écorce redevient entiérement parenchyma- teuse. La tige du S. biflora All. qui, comme le S. oppositifolia, a les feuilles opposées, est construite sur ce type; celles des S. cæsia L. et squarrosa Sieber. ont aussi la même structure, mais avec de légères modifications provoquées par l'alternance des feuilles sur la tige. Type VI. Saxifraga rotundifolia L. — Tige souterraine. — L'é- corce, peu épaisse, est limitée en dedans par un endoderme dont les cel- lules ont les parois subérifiées. Le péricycle est entiérement parenchymateux ; les faisceaux libéro- ligneux ne sont pas séparés les uns des autres par des rayons médullaires, ils forment un anneau continu. Le bois est composé de vaisseaux irrégulièrement disséminés dans un parenchyme ligneux abondant; cependant, dans la moitié interne des faisceaux ligneux, les parois d'un certain nombre des cellules du paren- chyme se lignifient et deviennent en méme temps tellement épaisses, que les cavités cellulaires sont réduites à un point. Ces cellules, quelque- fois isolées, sont le plus souvent réunies par groupes. Sur tout le pourtour de la moelle, on trouve également des groupes de cellules présentant les mémes caractéres. Dans la moelle et dans le bois, les cellules ainsi sclérifiées ont, dans tous les sens, la méme forme que les cellules parenchymateuses qui les entourent ; elles sont, comme elles, un peu allongées dans le sens longitu- dinal et limitées, à chacune de leurs extrémités, par une face plane ou à peu prés. Ces amas de cellules scléreuses forment, dans la tige, des cordons, qui, on le conçoit aisément, lui donnent une grande résistance ; et, cepen- dant, cette tige, végétant horizontalement dans le sol, n'a rien à sup- porter. Dans le voisinage de la tige aérienne, alors que les faisceaux libéro- ligneux sont déjà séparés les uns des autres par des rayons médullaires, ^ THOUVENIN. — APPAR. DE SOUTIEN DANS LES TIGES DES sAXIFRAG. 131 on peut constater la disparition compléte, dans le bois, des cellules scléreuses. A la périphérie de la moelle, on ne retrouve plus les groupes de ces cellules irréguliérement disséminés comme auparavant; ils sont situés principalement en face des rayons méduliaires, dans lesquels ils pénè- trent plus ou moins. La section de ces cellules scléreuses est alors plus considérable que celle des cellules voisines, et leurs parois, moins épaisses relativement que tout à l'heure, limitent une grande cavité cellulaire. En méme temps, le péricycle qui, jusque-là, élait resté parenchyma- teux, commence, contre l'endoderme, à se modifier, de facon à entrer, lui aussi, dans l'appareil de soutien. Tige aérienne. — Dans cette tige, les amas scléreux dont la présence vient d'étre constatée dans les rayons médullaires ont tout à fait disparu. Le stéréome n'est plus représenté que par un anneau scléreux formé aux dépens de la moitié externe du péricycle et par les vaisseaux. Tyre VII. Saxifraga tridactylites L. — Cette Saxifrage est une herbe annuelle à tige simple, dans les lieux stériles, ou plus ou moins rami- fice; à cette tige fait suite une petite racine pivotante ; il n'y a pas de tige souterraine. L'étude de la racine, prise prés du collet, est nécessaire pour bien comprendre la structure de la partie basilaire de latige; aussi est-ce par elle que nous commencerons. La racine, au point où elle est prise, est à l'état secondaire ; le cylindre central seul la compose, le liège qui s'est produit dans le péricycle ayant exfolié l'écorce. Au centre sont les vaisseaux primaires; autour d'eux on remarque le bois secondaire, tout d'abord composé de vaisseaux irrégulièrement disséminés dans du parenchyme ligneux ; mais, à sa périphérie, ce bois secondaire modifie la composition de ses éléments et. n'est formé que de fibres ligneuses. Entre les différents faisceaux du bois il n'y a pas de rayons médul- laires; cette racine possède donc un stéréome formé par un étui fibreux continu, d'une épaisseur de cinq à sept assises de cellules et appartenant aux faisceaux ligneux. Le liber, trés peu épais, le péricycle et le liège sont, dans cette racine, entiérement mous. Cette structure étant bien comprise, observons une coupe faite à la base de la tige. On aune moelle abondante, autour de laquelle sont rangés les faisceaux libéro-ligneux séparés par des rayons médullaires; le péri- Cycle est parenchymateux. 132 SÉANCE DU 8 Mans 1889. Dans chaque faisceau ligneux, contre le liber, le bois est encore uni- quement composé de fibres comme tout à l'heure ; dans la racine et dans le prolongement de ces lames fibreuses les cellules des rayons mé- dullaires ont épaissi et lignifié leurs parois, de telle sorle que le stéréome est encore représenté ici par un anneau fibreux continu, situé immédia- tement en dedans de la circonférence sur laquelle sont disposés les fais- ceaux libériens. Jusqu'à ce moment, le péricycle est parenchymateux; mais, à un niveau plus élevé, il devientscléreux et, vis-à-vis des rayons médullaires, il se confond avec l'anneau de soutien dont il vient d'étre question. A partir de là, dans un faisceau sur deux, et en alternant régulière- ment, la lame fibreuse disparait. Enfin, plus haut encore, tous les fais- ceaux sont débarrassés de la lame scléreuse qu'ils possédaient et la tige du S. tridactylites offre alors la structure reconnue dans toutes les tiges correspondantes étudiées jusqu'à présent : son stéréome se compose exclu- sivement, outre les vaisseaux, du péricycle devenu scléreux. Les tiges des S. controversa Sternb. et S. petræa (Pona) L. sont les seules, parmi les espéces étudiées, dont la structure se rapproche de S. tridactylites. La tige dressée du S. petræa émet à sa base des tiges rampantes dont la structure est celle de la tige correspondante du S. stellaris. Ces tiges, à un moment donné, redressent leur extrémité pour former des hampes florales. On voit alors, prés de là, dans la tige rampante, un anneau scléreux intra-libérien se former progressivement, pour disparaitre, dans la hampe florale, de la méme facon que précédemment, aprés que les éléments du péricycle se sont sclérifiés. Type VIII. Saxifraga orientalis Jacq. — L'appareil de soutien fait complétement défaut dans cette Saxifrage, non seulement dans la tige souterraine, mais encore dans la tige aérienne, qui, du reste, sa structure en fait foi, est peu dressée. Ces deux tiges ne diffèrent l'une de l'autre que par les rapports de l'écorce à la moelle et la disposition des faisceaux qui sont confluents en un anneau continu dans la tige souterraine, taudis que, dans l'autre tige, ils sont séparés par des rayons médullaires. Le genre Saxifrage a été divisé en quinze sections par M. Engler. J'ai recherché si à chacune de ces sections correspondait un type de tige particulier, ou mieux si toutes les espèces d'une méme section avaient les tiges construites sur un seul et méme type. Mais il m'a fallu reconnaitre que si, dans certaines sections, les tiges des espéces qui y étaient contenues appartenaient bien à un type déter- miné, dans d'autres il n'en élait pas ainsi. DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPHALES. 133 Toutefois, mes observations n'ayant pas porté uniquement sur la tige, mais encore sur la feuille, j'ai pu me convaincre que, malgré le petit nombre d'espèces qu'il m'a été donné d'étudier, il était possible d'établir, sans s'écarter beaucoup des sections proposées par M. Engler, une classi- fication anatomique du genre Saxifrage. Je me propose de traiter cette question dans un travail que j'ai entre- pris sur la famille des Saxifragacées. M. G. Bonnier fait à la Société, au nom de M. Daniel, la commu- nication suivante : STRUCTURE COMPARÉE DE LA FEUILLE ET DES FOLIOLES DE L'INVOLUCRE DANS LES CYNAROCÉPHALES ET GÉNÉRALITÉS SUR LES COMPOSÉES, par M. L. DANIEL (1). CYNAROCÉPHALES. S'il fallait cette fois prendre la coupe seule de la base de la foliole de linvolucre pour classer les Cynarocéphales comme je l'ai fait pour les Corymbifères et les Chicoracées, mon embarras serait grand, car à cet endroit elles présentent une assez grande uniformité de structure, au point de vue du stéréome. C'est ainsi qu'on n'y distingue que deux types, reliés entre eux par d'insensibles transitions : 1° Ou il y a seulement une bande hypodermique inférieure toujours nettement fibreuse : Serratula, Saussurea, Echinops, Chamæpeuce, Galactites. Cette dernière plante établit déjà le passage au deuxième type par les quelques cellules situées sous l'épiderme supérieur et qui ont une tendance à se sclérifier ; 2 Ou il y a deux bandes hypodermiques ; l'inférieure, la plus déve- loppée, est, comme ci-dessus, toujours formée de fibres épaisses; la supé- rieure, beaucoup plus variable, peut étre formée par une sorte de collen- chyme quelque peu scléreux, ou du parenchyme plus ou moins scléreux, ou enfin des fibres de sclérenchyme : Carduus, Cynara, Silybum, Xeranthemum, Onopordon, Cirsium, Centaurea, Lappa, Cardun- cellus, Carlina, Kentrophyllum, Microlonchus. J'ai rangé ces plantes par rapport au développement croissant de la bande supérieure. C'est chez les Microlonchus, Kentrophyllum, ete., qu'elle est le plus développée et fibreuse. Il est à remarquer que les tran- (1) Ce travail a été fait au laboratoire de Botanique de la Sorbonne, dirigé par M. G. Bonnier, 134 : SÉANCE DU X Mans 1889, sitions de genre à genre sont nombreuses et souvent presque insensibles ; il en est souvent de méme dans des espéces d'un méme genre. On voit donc combien les caractères fournis par le stérégme de la base de la foliole seraient insuffisants s'il fallait les appliquer seuls pour classer les Cynarocéphales. - Heureusement, le reste de la bractée de l'involucre nous offre suivant les genres une structure anatomique variée, ainsi qu'il était facile de le prévoir d'aprés les données morphologiques externes. . ("est en combinant les caractères tirés de l'anatomie de la base et du reste de la foliole moyenne de chaque involucre que je différencierai cette fois chaque genre, et parfois les espéces. 4° SERRATULA TINCTORIA. — La base présente à sa partie supérieure uii épiderme scléreux : comme c'est un fait général chez les Cynarocé- phales, qu'il y ait bande supérieure ou non, il n'en sera pas question dans les autres genres. Il n'y a pas de bande supérieure, pas de sclérenchyme au faisceau. La bande inférieure est bien développée, non sinueuse. Le reste de la foliole nous fournit une bande fibreuse qui devient médiane, s'interrompt en face du faisceau médian, puis en face des autres faisceaux, de facon à former un nombre variable d'ilots qui subsistent jusqu'à l'écaille peu développée. 2° SAUSSUREA PULCHELLA. — Ne diffère des Serratula que par la bande de sclérenchyme qui est sinueuse, les creux se trouvant en face des fais- ceaux. La foliole étant plus épaisse, le tout est plus accentué que précé- demment. "3 ECHINOPS SPILEROCEPHALUS. — Se distingue de toutes les Cynaro- téphales par ses déux involucres de structure différente. . L'involuere spécial à chaque fleur a la structure Serratula, mais le faisceau touche à la bande par son liber. Les folioles internes de cet involucre présentent en face du faisceau médian un renfoncement pro- noncé de l'épiderme supérieur. L'involuere général renversé offre une structure qui se rapproche plus ou moins de celle de la feuille, du moins dans ses folioles les mieux développées. 4° CHAMÆPEUCE CASABONÆ. — La base présente la structure de Ser- ratula. Un peu plus haut, on voit apparaitre un arc inférieur rudimentaire dans le faisceau médian; cet are va en s’accentuant à mesure qu'on s'éloigne de la base et devient bientót fibreux. — La bande inférieure présente deux renflements, première ébauche d'une seconde bande médiane qui va se développer à la face antérieure du fais- ceau, En méme temps ce dernier prend un are supérieur. DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPHALES. 135 Dientót la bande hypodermique inférieure devient médiane, etses deux bourgeons se réunissent pour former une deuxième bande également médiane. Entre ces deux bandes, on trouve le faisceau qui, suivant la partie par où passe la coupe, présente une couronne de sclérenchyme seule ou accompagnée par une bande qui traverse le liber. Un paren- chyme à énormes lacunes très développé occupe la face supérieure. Cet état se maintient pendant un certain temps, avec la réduction croissante du parenchyme lacuneux. Finalement le parenchyme dispa- rait totalement; les faisceaux restent distincts au début, et à la fin il ne reste plus que les fibres du selérenchyme qui forment la pointe épineuse. 5° GALACTITES TOMENTOSA. — Apparition à la base d'une bande hypo- dermique supérieure rudimentaire, sous forme de quelques cellules ayant tendance à devenir scléreuses. Le reste de la bractée présente la structure Chamæpeuce, mais moins nette eL moins accusée. 6° Carpuus NUTANS. — La bande hypodermique supérieure est encore très peu aceusée, et disparaît lors du rabattement de la bractée. Au moment oü la partie supérieure de la foliole se rabat, la bande inférieure devient plus ou moins médiane, et forme des ilots entre les faisceaux. Cet état se maintient jusqu'au voisinage de la pointe ; puis les îlots se réunissent pour reformer une bande médiane sur les côtés, hypodermique au milieu. Cette bande présente plus loin deux prolonge- ments qui par leur réunion entourent les trois faisceaux restants, puis la pointe épineuse se forme comme dans le Chamæpeuce. Pas de stéréome au faisceau. En somme, outre la forme plus aplatie de la bractée, la plus grande différence entre le Carduus nutans et le Chamæpeuce consiste dans l'interruption de la bande au moment du rabattement de Ja foliole, et dans le faisceau sans sclérenchyme. Cette différence disparaît dans le C. tenuiflorus qui présente une épaisseur moindre et par suite une prédominance du sclérenchyme suffi- Sante pour maintenir la foliole de l'involucre droite. Le faisceau seul diffère. T° Cynara Scorvwus. — L'Artichaut se distingue par la structure de la partie non charnue de la foliole. La bande inférieure sinueuse, à parties creuses situées entre les fais- ceaux, subsiste seule, mais se maintient entière dans toute la longueur de la foliole ; elle peut étre séparée de l'épiderme inférieur par un à deux rangs de parenchyme. Les faisceaux présentent d'abord un are, puis deux, puis à la pointe une couronne complète de sclérenchyme, — — 136 SÉANCE DU 8 MARS 1889. Folioles moyennes non épineuses, mais mucronées. 8° SiLyBUM MARIANUM. -— Base dont la coupe est analogue à peu près aux deux types précédents. Dans les folioles externes, l'endoderme de chaque faisceau est scléreux. La bande hypodermique inférieure devient plus ou moins médiane au moment du rabattement de la foliole; en méme temps des travées de parenchyme chlorophyllien la pénètrent comme des coins et la scindent en ilots. Plus haut la bande se reforme en méme temps que le faisceau prend des arcs scléreux. Sur cette bande bourgeonnent deux prolongements qui formeront une deuxième bande médiane, et le reste comme dans Chamæpeuce. La différence avec les Carduus réside dans le stéréome du faisceau; avec les Chamæpeuce, dans les ilots du sclérenchyme au niveau du ra- battement, et la bande supérieure plus ou moins développée. 9^ XERANTHEMUM RADIATUM. — La bande supérieure de la base devient plus nette. Elle est formée par du parenchyme scléreux plus ou moins lacuneux. La foliole se termine par une écaille bien développée, formée de paren- chyme plus scléreux au milieu que sur les bords; les faisceaux sont très nets et non scléreux. 10° ONOPORDON ACANTHIUM. — La bande supérieure est formée par trois à quatre rangs de parenchyme scléreux. En remontant vers la pointe, cette bande se maintient assez accentuée pendant longtemps, ce qui n'avait pas lieu dans les Carduus, Cynara, Silybum. La bande inférieure, hypodermique au début, devient séparée de l'épi- derme par du parenchyme dense chlorophyllien et touche au liber du faisceau. La bande supérieure disparait plus tard ; la bande inférieure pousse deux prolongements qui se réunissent ensuite par les bois du faisceau médian. Un îlot de selérenchyme apparaît dans le parenchyme lacuneux, d'abord réuni à l'épiderme supérieur, puis s'isolant pour se réunir au reste du sclérenchyme en enveloppant les faisceaux. La pointe se com- porte ensuite comme dans le Chamæpeuce. 11* Cirsium. — La coupe de la base rappelle celle de l'Onopordon. La bande supérieure est plus ou moins scléreuse suivant les espèces. Quant au reste de la foliole, il faut signaler deux types : le premier formé par C. lanceolatum, dont la structure esl analogue à celle de l’Onopordon; le deuxième comprend C. arvense, C. palustre et C. an- glicum; leur structure est celle de Serratula, mais s'en distingue toujours facilement par la bande supérieure de la base. * DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPHALES. 137 12° CENTAUREA. — La bande supérieure de la base est plus prononcée que dans les genres précédents; elle devient méme fibreuse dans C. Cine- raria. lei encore, il faut signaler deux tvpes de structure du reste de la foliole. Le premier comprend les Centaurées à bractées non épineuses; le second comprend les Centaurées à bractées épineuses. Mais la différence est moins acusée que dans les Cirsium ; elle réside exclusivement dans l'épine et l'écaille. Toutes les Centaurées conservent leurs deux bandes dans la bractée entiére; le passage à l'épine ou à l'écaille se fait par la disparition graduelle de la chlorophylle, par le retour des fibres à l’état de parenchyme scléreux qui se confond avec tout le reste du parenchyme devenu lui-même seléreux. Le canal sécréteur peut dans quelques espéces : C. Cineraria, C. col- lina, présenter des cellules de bordure scléreuses. 13° Lappa. — La bande supérieure est nettement fibreuse ; de plus il y à tendance, à la base, à la formation d'un arc inférieur. Plus haut, on trouve deux ares bien nets, la bande supérieure dispa- rait; sur l'inférieure poussent deux bourgeons, et on arrive à la pointe erochue par une série de transitions rappelant le Cirsium lanceolatum. Mais on l'en distingue facilement ainsi que des Onopordon par le sté- réome du faisceau. | 14° CARDUNCELLUS. — Les deux bandes nettement fibreuses se conser- vent dans toute la longueur des folioles internes dressées. Mais les folioles externes présentent une portion rabattue non scléreuse qui fait relour à la structure de la feuille dans une étendue variable suivant le rang do la foliole. Dans les plus externes, ce retour est complet; on trouve, en effet, du parenchyme palissadique sur les deux faces; il y a du collenchyme sous- épidermique en face le faisceau médian qui présente deux arcs plus ou moins scléreux, tout comme dans la feuille. En allant vers l'intérieur du capitule, la partie rabaltue des braclées ne présente la structure de la feuille, avec parenchyme palissadique aux deux faces, que sur les cótés; le milieu de chaque coupe présente la Structure renversée, avec du parenchyme lacuneux à la face supérieure. Au voisinage de la partie dressée, le parenchyme lacuneux s'étend sur loute la face supérieure. En somme, il n'y a retour complet à la structure de la feuille que dans le verticille externe de l'involuere. De plus, à la base des folioles de ce verticille, la bande inférieure est interrompue en face du faisceau médian. : Il n'y a pas de sclérenchyme dans les faisceaux des parties dressées ; jamais la bractée n'est terminée par une épine. 138 SÉANCE DU 8 MARS 1889. 15° CARLINA VULGARIS. — Les folioles internes à pointe épineuse pré- sentent deux bandes fibreuses. Cette plante est particulièrement intéressante, en ce sens que chaque verticille de bractées a pour ainsi dire sa structure spéciale. Ainsi les folioles les plus externes n'ont pas de sclérenchyme hypodermique; chaque faisceau est entouré par une couronne fibreuse trés accentuée. Les laeunes, à la base. sont à la face supérieure. Plus haut, elles sont situées indifféremment aux deux faces ; puis le parenchyme devient palis- sadique à la face supérieure au moins sur les cótés. À la partie terminale, la foliole se réduit en largeur; il n'y a plus que trois faiseeaux. Bientót les latéraux se réduisent à leur couronne sclé- reuse : le médian persiste plus longtemps, mais se réduit à la fin à sa couronne scléreuse qui reste seule, le parenchyme ayant complètement disparu. C'est cette couronne fibreuse qui forme la pointe épineuse. Dans les folioles plus internes, la couronne scléreuse se développe consi- dérablement à la face supérieure de chaque faisceau et s'étend de chaque cóté sous l'épiderme. Ces expansions latérales en se réunissant forme- ront la bande supérieure ; celle-ci se sépare plus tard de chaque faisceau en y abandonnant un arc de sclérenchyme. Plus tard, la bande hypodermique inférieure prend naissance de la méme manière; dans les folioles les plus externes, elle est moins déve- loppée que la supérieure. Mais, à mesure que l'on se rapproche de l'inté- rieur du capitule, la bande supérieure se réduit, l'inférieure s’accentue. Dans les bractées tout à fait internes, il n'y a plus de bande supérieure. En méme temps, la couronne scléreuse des faisceaux se réduit à deux arcs, avec ou sans bande dans le liber; puis l'arc inférieur resté seul finit par disparaitre à son tour dans les folioles les plus internes. La partie supérieure de toutes les folioles épineuses montre les états successifs signalés dans la foliole externe ; l'étendue seule de cette partie est d'autant moins considérable qu'on se rapproche des bractées non épineuses. 16° KENTROPHYLLUM LANATUM. — Beaucoup d'analogie avec Carlina, mais s'en distingue facilement par les folioles les plus externes qui pré- sentent deux bandes plus ou moins complétes avec des anneaux scléreux ovoides trés développés autour de chaque faisceau. Plus haut, ces bandes scléreuses incomplètes disparaissent; la couronne seléreuse subsiste dans le faisceau médian; les latéraux ont un arc inférieur. Le paren- chyme est palissadique sur les deux faces, tandis que dans la feuille il est hétérogéne. La formation de l'épine rappelle celle des Carlina. De méme, les ver- ticilles divers fournissent une dégradation identique de la bande supé- DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPIALES. 130 rieure et du stéréome du faisceau. Chaque foliole épineuse présente aussi les états suceessifs de la foliole externe dans une étendue de moins en moins grande à mesure que l'on se rapproche des fleurs. C'est en somme l'état Carlina plus accentué comme stéréome. 17° MicroLoncaus. — Toutes les folioles présentent deux bandes dans toute leur longueur. Fibreuses dans les folioles les plus épaisses externes, elles le sont moins dans les internes où la bande supérieure passe au parenchyme scléreux. Il wy a pas de sclérenchyme dans les faisceaux. GÉNÉRALITÉS SUR LES COMPOSÉES. J'aborderai maintenant les faits généraux observés dans la structure des bractées de l'involucre et que je wai pu décrire complètement dans mes Notes précédentes; car ces caractères, à cause de leur généralité même, ne pouvaient être appliqués à la classification. Ils ont trait à la structure, à la forme de l'épiderme et aux accidents de sa surface; à la structure du parenchyme et à la distribution de la chlorophylle; enfin, au stéréome. Pour plus de elarté, je ferai un court tableau comparatif dans lequel je mettrai en regard la structure de la feuille végétative et celle dela bractée de l’involuere. Feuille. Bractée de l'involucre. EPIDERME. a, — Forme et nature de l'épiderme. L'épiderme de la feuille est plus ouf L'épiderme de la bractée est de for- moins sinueux, jamais allongé en forme de fibres, et sa cuticule seule est scléreuse. mes diverses suivant la partie observée ; il est scléreux et allongé en forme de fibres, dans les parties situées à l 'obs- curité ; il est sinueux dans les autres et court. Jl y a tous les intermédiaires entre ces deux états extrémes. — L'épi- derme supérieur est toujours plus sclé- reux que l'inférieur. b. — Accidents de la surface. i Poils variés, elanduleux ou non. udis de papilles. Stomates sur les Sos faces, mais moins abondants à la ace supérieure, Poils variés, glanduleux ou non. Souvent des papilles à l’épiderme inférieur. Stomates plus abondants à la face inférieure, mais manquant dans les parties placées à l'obscurité où l'épiderme est scléreux, aussi bien sur l'une que sur l'autre face. 140 SÉANCE DU 8 MARS 1889. PARENCHYME. a. — Forme des cellules. Parenchyme palissadique au moins à la face supérieure, quelquefois sur les deux faces. Parenchyme presque toujours ar- rondi. On trouve quelquefois, mais rarement, du parenchyme palissadique, soit sur la face supérieure, folioles re- couvrant dans la partie rabattue la structure de la feuille (Helminthia, Bidens, Carduncellus, etc.), soit sur la face inférieure (Helianthus ana- cyclus, Tula viscosa, Carduus nu- tans, etc.). b. — Disposition du parenchyme et situation de la chlorophylle. Type hétérogène classique à paren- chyme palissadique à la face supérieure, lacuneux à l'inférieure ; quelquefois palissadique sur les deux faces. Chlorophylle plus abondante à la face supérieure. Type hétérogène renverse, lacuneux à la face supérieure, au moins à la base de la bractée; à la pointe, type homogène. Quelquefois, mais rarement, retour à la structure de la feuille (Helmin- thia, Callistephus, Carlina, Kentro- phyllum, ete.). Chlorophylle plus abondante à la face inférieure, sauf à la pointe et dans le eas de retour à la structure de la feuille. €. — Contenu des cellules. Pas d'inuline en général. De l'inuline dans toutes les Cynaro- céphales, et dans quelques Corymbi- feres. STÉRÉOME. a. — Collenehyme. Abondant dans la feuille, soit sous forme d'arcs dans le faisceau, soit sous forme d'ares hypodermiques situés en face des grosses nervures. Rare, et seulement dans le cas de retour à la structure de la feuille (Gar- | duncellus, etc.). b. — Parenchyme scléreux et sclérenchyme. 1° Dans le faisceau. Assez commun, arcs ou couronne, surtout dans les Cynarocéphales. | Assez commun dans les trois tribus. DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPHALES. 144 2° Daus le parenchyme, ou sous l'épiderme (hypoderme). Il wy en a jamais. Trés commun et à dispositions ca- | ractéristiques. On voit par ce tableau combien sont nombreuses les différences de structure entre les organes considérés, surtout si l'on prend comme terme de comparaison les folioles de rang moyen où la structure typique de la bractée de l'involucre est la mieux caractérisée. Ces différences sont dues, je crois, soit au voisinage de la fleur (pa- pilles), soit au rôle de protection des organes de la reproduction (sté- réome), soit enfin à l'orientation différente de chaque organe par rapport à la lumière (renversement des parenchymes, distribution inverse de la chlorophylle, inuline, ete.). La présence des papilles à l'épiderme inférieur est un fait à rapprocher du velouté de beaucoup de corolles, velouté dû à des papilles analogues, mais plus abondantes. Le plus grand développement du stéréome dans les bractées de linvo- lucre, s'explique par leur station verticale qui exige par suite une plus grande force que si elles occupaient la station horizontale. La meilleure preuve en est fournie par les bractées où l'on observe un rabattement de la portion terminale : au point où se fait ce rabattement, on observe tou- Jours une diminution marquée du stéréome. Les folioles internes qui sont dressées entièrement possèdent le plus souvent des tissus de soutien dans loute leur longueur. Celles qui se rabattent plus ou moins, n'en ont qu'à leur base et dans la portion dressée. Dans le cas où ces dernières se terminent par une écaille ou surtout une épine, les tissus de soutien réapparaissent ou augmentent vers la pointe. J'arrive à l'orientation de la bractée de linvolucre par rapport à la lumière, Comme les faits qui s’y rapportent ont une généralité plus srande et une importance particulière, je les décrirai plus longuement. On peut en effet, dans un même capitule de Cynarocéphales, par exemple, éludier tous les cas de l'orientation des feuilles ou des bractées. En effet, les bractées internes des involueres à nombreux verticilles, les bractées mères des fleurs, sont entièrement soustraites à l'action de la lumière; en allant vers lextérieur dans beaucoup de capitules, on trouve des hractées disposées de telle façon qu'elles reçoivent dans une portion plus ou moins étendue la lumière également sur les deux faces ; à la base de chaque bractée, la lumière frappe la face inférieure presque Seule ; et enfin, dans le cas où la partie terminale de la bractée redevient horizontale, c'est la face inférieure qui est la moins éclairée. 142 SÉANCE DU 8 Mans 1889. A chacune de ces positions de la bractée correspond une structure spéciale. A la base toujours verticale dans une étendue variable avec le rang de la bractée, le parenchyme lacuneux occupe la face supérieure; la chloro- phylle peu développée se localise à la face inférieure ; enfin, l'épiderme supérieur seul est scléreux, si la face inférieure reçoit la lumière. L'épi- derme inférieur lui-même devient plus ou moins scléreux dans le cas où cette face inférieure est partiellement dans lobseurité par le fait du recouvrement de sa base par les folioles plus externes. Méme dans ce cas, l'épiderme supérieur est évidemment toujours le moins éclairé, et par suite plus longtemps scléreux. En méme temps, on constate sur toute la surface non éclairée une absence totale des stomates ; l'épiderme, en surface, présente des cellules d'autant plus allongées en forme de fibres que l'on se rapproche de la base, où la lumière ne peut plus pénétrer. La lumière vient-elle à frapper la bractée, aussitôt la chlorophylle devient plus abondante, l'épiderme prend la forme sinueuse et les sto- mates apparaissent d'autant plus nombreux que l'action de la lumière est plus vive. C'est évidemment sur l'épiderme inférieur moins scléreux que les stomates sont plus nombreux et se montrent plus tót, malgré la pré- sence des lacunes à la face supérieure. Lorsque l'épiderme supérieur est à son tour frappé par la lumière, les mêmes phénomènes se produi- sent et il vient un moment où l'éclairage étant égal sur les deux faces, le parenehyme devient homogène chlorophyllien avec stomates en nombre égal sur les deux faces, les deux épidermes n'étant plus scléreux ni l'un ni l'autre. Dans ce cas, où la bractée reste également éclairée sur ses deux faces dans la portion soumise à l'action de la lumière, les lacunes se montrent d'abord aux deux faces en méme quantité, ainsi que la chlorophylle ; ce n'est que plus tard, vers la pointe, qu'elles disparaissent pour faire place à un parenchyme arrondi dense dans toute son étendue. Mais sila bractée reste plus éclairée à la face inférieure, ce qui arrive pour beaucoup de folioles dressées, et pour celles dont le rabattement est tardif, la structure renversée avec parenchyme lacuneux se maintient jusqu'à la pointe où l'on retrouve du parenchyme homogène chlorophyl- lien. On peut méme avoir un renversement complet et typique, c'est-à- dire avec du parenchyme palissadique à la face inférieure (Carduus nutans, Helianthus, etc.). Si au contraire, la bractée rabat de bonne heure sa partie terminale, les lacunes et la chlorophylle se montrent en quantité égale aux deux faces, au moment du rabattement, puis les lacunes se localisent à la face inférieure, la chlorophylle à la face supérieure devenue la plus éclairée; DANIEL. — FEUILLE ET INVOLUCRE DES CYNAROCÉPHALES. 143 le parenchyme devient palissadique à la face supérieure, du collenchyme hypodermique peut méme apparaitre en face les nervures; en un mot, ona un retour complet à la structure typique hétérogène des feuilles horizontales. Enfin, la bractée presque tout entière présente la structure renversée dans les verticilles les plus internes de linvolucre. La chlorophylle a totalement disparu, les lacunes seules persistent plus longtemps pour disparaitre à leur tour. Dans les bractées mères des fleurs, où la compression ajoute ses effets à ceux de l'obscurité, à cause du développement de la graine, on observe un parenchyme homogène, arrondi, incolore ; l'épaisseur en est peu con- sidérable (Hypocharis, ete.); les éléments fibro-vasculaires sont égale- ments réduits ; le stéréome, bien moins accentué. Finalement le paren- chyme et les faisceaux disparaissent complètement pour faire place à une lacune comprise entre les deux épidermes (poils du réceptacle dans les Cynarocéphales de nombreuses Corymbifères). C'est aussi l'orientation qui nous rend compte des variations de struc- ture que l'on observe à un méme niveau dans les bractées de rang diffé- rent, car on y retrouve toutes les variations d'éclairage. Les états succes- sifs d'une méme foliole se retrouvent en effet d'une facon plus ou moins Complète dans les coupes de la base des folioles de verticilles différents d'un méme capitule. En résumé, on a pu voir par cette rapide étude que le parenchyme loliaire offre au début une structure pour ainsi dire indifférente et ne prend sa forme définitive que sous l'influence du milieu oü il il se trouve placé, On peut avoir : 1° Forme homogène, arrondie ou palissadique, lacuneux ou non, avec ou sans chlorophylle, lorsque l'éclairage est égal sur les deux faces ; 2 Forme hétérogène proprement dite avec un parenchyme dense, arrondi ou palissadique à la face supérieure, des lacunes à l'inférieure, lorsque la face supérieure est la plus éclairée ; 3° Forme hétérogène renversée, c’est-à-dire avec parenchyme lacuneux à la face supérieure, l'inférieure ayant un parenchyme dense, arrondi ou palissadique, lorsque la face inférieure est la plus éclairée. Enfin, l'absence de stomates dans les parties de la bractée placée à l'obscurité est une conséquence de la sclérification de l'épiderme, et non de l'obscurité. Ainsi la Barbe-de-Capucin, malgré sa culture à l'obscu- rité, présente de nombreux stomates à ses deux faces. 144 SÉANCE DU 8 MARS 1889. M. Bornet fait à la Société la communication suivante : LES NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES DU SYSTEMA ALGARUM DE C.-A. AGARDH (1824) ET LEUR SYNONYMIE ACTUELLE (1889), par M. Éd. BORNET. Le Systema Algarum de C. Agardh est un ouvrage fondamental pour la nomenclature des Algues. Les espéces qui s'y trouvent décrites consti- tuant les termes de comparaison d’après lesquels les espèces distinguées ultérieurement ont été définies, il importe beaucoup de connaitre exac- tement la signification de ces espéces primaires. La tradition, des cita- tions de figures et d'exsiccatas faites par l'auteur ont fixé la connaissance de quelques-unes ; d’autres sont restées tout à fait obscures, de trop brèves descriptions ne fournissant pas les éléments d’un diagnostic assuré ou même vraisemblable. Des échantillons authentiques, conservés dans l'herbier Thuret et dans celui du Muséum d'histoire naturelle de Paris, ont déjà permis à MM. Bornet et Flahault de déterminer avec exactitude un assez bon nombre des espéces de C. Agardh, de sorte qu'elles ont pris place dans la Revision des Nostocacées hétérocystées que ces auteurs ont. récem- ment publiée. Mais il en est demeuré plusieurs sur lesquelles les renseignements ont manqué. Avec une obligeance dont je lui suis trés reconnaissant, M. le professeur J.-G. Agardh a bien voulu me commu- niquer la plupart des échantillons originaux décrits par son pére. Gràce à ces matériaux nouveaux, j'ai pu contrôler les déterminations déjà faites et combler presque toutes les lacunes qui subsistaient encore. Il m'a paru que l'exposé des résultats auxquels je suis arrivé était de nature à intéresser les algologues, et que, pour faciliter l'emploi de celte revue, il convenait de suivre l'ordre adopté par C. Agardh dans le Systema Algarum. À la fin de chaque genre j'ajouterai les espèces décrites dans l'Aufzühlung einiger... neuen Gattungen und Arten von Algen et dans les Icones Algarum europæarum, qui ont paru quelques années plus tard. Ordo II. — NOSTOCHINEZÆ Ag. Gen. 15. — Nosroc Vauch. (Ag. Systema, p. 18). 1. N. eommune Vauch. Ag. (Bornet et Flahault, Revision des Nos- tocacées hétérocystées. fragment IV, p. 2031). — L'échantillon de Fher- bier de C. Agardh provient de la Carniole; il appartient à la forme membraneuse ordinaire de l'espéce. BORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES D'AGARDH. 145 2. N. Muscorum Ag. — N. commune Vauch. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 203!). — Quatre individus, étiquetés de la main de C. Agardh, rentrent indubitablement dans la petite forme du N. commune qui croit sur les Mousses humides, au pied des murs et dans les endroits frais. Ce n'est donc pas à Agardh, mais à M. Kützing que remonte la distinction du N. Muscorum comme on le comprend aujourd'hui. J. N. Hichenoides Vauch., Ag. — Leptogium lacerum Fries. 4. N. vesicarium DC. — Agardh admet le N. vesicarium d’après de Candolle et sans avoir vu la plante décrite par cet auteur. MM. Bornet et Thuret ont fait voir, dans leurs Notes algologiques, p. 109, que le N. vesicarium DC. estun Champignon, le Tremella vesicaria Bulliard. 9. N. foliaceum Ag. — N. commune Vauch. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 2031). — Les deux exemplaires que j'ai vus, étiquetés tous deux de la main de l'auteur, et récoltés prés de Stockholm, localité indiquée dans le Systema, ne different pas du N. commune. — Le N. foliaceum de Mougeot est une plante différente. 6. N. caleicola Ag. — Hypheothrix calcicola Rabenh., plante qui rentre dans les Nostocacées homocystées. 1. N. pruniforme Ag. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 215!) d’après un échantillon récolté à Drotningholm, sur le lac Mälar, localité citée par Linné, dans le Flora suecica, édit. 2, p. 344, pour Ulva pruni- formis. 8. N. sphserieum (Vauch.) Ag. — M. J. Agardh m'a communiqué sous ce nom, avec l'annotation « sp. orig. », une plante qui est ph ruleum Lyngbye (Born. et Flah., Rev., IV, p. 2131). Mais une inscrip- BU cou l'emers du papier porte la date de 1823. La première mention du N. sphæricum Ag. se rencontrant dans le Synopsis Alga- rum Scandinaviæ publié en 1817, il est possible que la description primitive ait visé une autre espèce. Ü. N. Lemanize Ag. — Hydrococcus Brebissonii Kütz., comme le montre un échantillon étiqueté de la main de C. Agardh : « N. Lemanie, — e Gallia », croissant sur le Lemania torulosa. Le nom spécifique Brebissonii doit étre remplacé par celui de Lemaniæ, qui est de beau- coup antérieur ; à moins que celui-ci ne soit primé par l'épithéte fragi- formis, si, comme le pense M. Kützing, le Linckia fragiformis Roth, Catalecta botanica, HI, p. 345, 1806, est réellement la méme plante que celle de Brébisson. 10. N. Rothii Ag. — Je n'ai pas vu d'échantillon de cette Algue, que M. Kützing suppose être une variété du Nostoc verrucosum. T. XXXVI. (SÉANCES) 10 146 SÉANCE DU 8 MARS 1889. 11. N. verrucosum Vauch.; Ag., Systema et Aufzühlung. — Des exemplaires de l'herbier d'Agardh, provenant de Suède et de Styrie, appartiennent bien à cette espèce (Born. et Flah., Rev., IV, p. 216 1). 12. N. papyraceum Ag. — N. commune Vauch. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 2031). — Voyez aussi Bornet et Thuret, Notes algologiques, p. 107. 13. N. coriaceum Ag. — Sous ce nom Agardh a successivement désigné deux espèces différentes. Le N. coriaceum du Dispositio Alga- rum Sueciæ est le N. verrucosum, comme en témoigne un échantillon original donné par l'auteur à Tilesius, et comme l'auteur lui-méme l'a reconnu dans le Synopsis Alg. Scand., p. 132. Le N. coriaceum du Systema, pur synonyme de l'espéce de Vaucher et dont Agardh n'a pas vu d'échantillons, est par conséquent aussi obscur que celle-ci. 14. N. mesenterieum Ag. — Leathesia difformis Aresch., plante marine du groupe des Phéosporées. 15. N. Quoyi Ag. — Brachytrichia Quoyi Born. et Flah., Rev., I, p. 3731. — D’après un échantillon étiqueté de la main de Gaudichaud : « Nostoc Quoyi Ag., îles Marianes. Mer. » 16. N. confusum Ag.— Nostoc Linckia Bornet (Born. et Flah., Rev., IV, p. 192). — Jai admis, dans les Notes algologiques, p. 86, que le Rivularia Linckia Roth (Neue Beytrüge zur Botanik, pars 1 , p. 265) était un Nostoc. Cette partie de la description de Roth : Filis intra substantiam. simplicibus intricatis, serpentiformi-crispatis, submo- niliformibus, jointe à la remarque de la page 268 : « Les filameuts de cette plante ressemblent complètement à ceux du genre Linckia Mi- cheli, Genera Plant., tab. 67, fig. 5, A » (1) ne permet pas d'autre interprétation. Il m'a paru en outre que la détermination spécifique était assurée par les échantillons des Alge aquaticæ de Jürgens, dec. xix, n° 8. Le N. confusum Ag., qui comprend le Rivularia Linckia Roth, paraissait identifié du méme coup. La solution n'est pas aussi simple, et la comparaison des synonymes cités dans le Systema avec les échantillons correspondants de l'herbier de C. Agardh tend plutót à établir que le N. confusum de cet auteur n'est pas du tout un Nostoc, mais bien le Glæotrichia natans. Que l'on compare, en effet, les figures 38' et 38" (pl. XVII) des Recherches (2) avec la figure 10" de la planche VI, qui représente un Nostoc, on verra que le synonyme de Girod-Chantrans est difficilement applicable à une espéce de ce genre. Un échantillon de (1) Les filaments représentés par Micheli sont ceux du Nostoc verrucosum. (2) Girod-Chantrans, Recherches chimiques et microscopiques sur les Conferres, Bisses, lremelles, ete. Paris, 1802. BORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES D'AGARDH. 147 l'herbier Agardh, qui porte le nom d'Ulea papyracea Balbis, est le Glæotrichia natans. Enfin, c’est aussi au Glæotrichia natans qu'appar- lient un exemplaire envoyé par Roth à Agardh, avec l'étiquette auto- graphe de Rivularia Linckia Roth et Trent. Les documents sont tous concordants, et conduisent à la méme conclusion. On remarquera la contradiction qui existe entre la place que uous avons donnée au Rivularia Linckia de Roth dans le genre Nostoc et le résultat fourni par l'analyse d'un échantillon authentique de cet auteur. Nous croyons pourtant que notre détermination n'est aucunement infir- mée par cet incident et qu'il ne s'agit ici que d'une erreur d'étiquetage provoquée par la ressemblance de l'échantillon de Roth avec les grandes formes du N. Linckia. Roth, qui cite à propos de son Rivularia angu- losa (loc. cit., p. 285), les figures du Tremella (Glæotrichia) natans de Hedwig (Theoria generat. et fructif., tab. XXXVI, fig. 7-10) et qui les discute, montre qu'il connaissait la structure de cette espèce ; il n'aurait pas ainsi méconnu sa plante, s'il l'eüt examinée au microscope avant de l'envoyer à Agardh. Quoi qu'il en soit, on ne saurait admettre qu'un échantillon, méme authentique, l'emporte en autorité sur une descrip- lion précise. li. N. spongizeiorme Ag. (Born. et Flah., Rev., IV., p. 197!). — Deux échantillons de cette espèce recueillis sur P Hypnum fluitans, dans les étangs des environs de Lund, sont parfaitement semblables. 18. N. carneum Ag. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 196!). — L'échan- tillon de l'herbier d'Agardh que j'ai examiné ressemble complètement à un exemplaire des iles Feroe, que Lyngbye a envoyé à Bory de Saint- Vincent sous le nom de N. commune $. carneum. Ce synonyme est cité dans le Systema. 19. N. rufescens Ag. — Je ne trouve pas de différence spécifique entre le Nostoc carneum et la. plante étiquetée de la main d'Agardh N. rufescens, en juillet 1822. 20. N. eæruleum Lyngb., Ag. (Born. et Flah., Rev., Im.» 2131). — M. J. Agardh ne m'a pas communiqué d'échantillon de l'espèce ainsi nommée par son pére; mais comme celui-ci renvoie au Tentamen Hydro- phytologie danice de Lyngbye, il n'y a pas de doute sur l'identité de la plante du Systema. L'herbier de ‘Bory renferme un exemplaire authen- tique du N. e«eruleum de Lyngbye, étiqueté par l'auteur lui-même. 21. N. Flos-aquze Lyagb., Ag. — Deux échantillons bien conformes montrent que cette espèce est l'Anabena Flos-aque Brébisson (Born. et Flah., Rev., IV, p. 2281). 22. N. laciniatum DC., Ag. — Cette espèce, dont Agardh ne posse- 148 SÉANCE DU 8 MARS 1889. dait pas d'exemplaire, est un Collema. La figure citée des Champignons de Bulliard ne laisse pas de doute sur ce point. Nosroc (Ag., Aufzühlung, etc., p. 5). 21. N. molle Ag. — Les exemplaires authentiques provenant de Carls- bad, dont je dois la communication à M. J. Agardh, ne sont pas des plantes adultes. Ils sont petits, globuleux, sans trace de spores, et ne sont vraisemblablement que de jeunes plantes ayant erü dans un lieu humide et ombragé. On rencontre pendant les mois d'été, entre les Mousses et les herbes, dans le voisinage des eaux, de jeunes Nostoc commune qui ressemblent complétement au molle, s'écrasent comme lui sur le papier où on les desséche, et présentent la méme coloration violacée. Les tri- chomes du N. molle sont un peu plus ténus que ceux du N. commune et se rapprochent, sous ce rapport, de ceux du N. sphæricum. La détermi- nation certaine du N. molle Ag. ne pourra être faite que dans la région où la plante a éte découverte. — Sous le nom de N. molle, Brébisson a distribué des échantillons ayant extérieurement une trés grande ressem- blance avec le N. molle Ag.; mais il n'est pas sür qu'ils appartiennent à la méme espéce. Outre les espéces qui viennent d'étre énumérées, l'herbier Agardh renferme deux autres Nostocs nommés N. asperum Ag. et N. therma- rum Ag., qui ne semblent pas avoir été publiés, car je ne les trouve mentionnés nulle part. Je n'aurais pas relevé ces noms manuscrits si l'une des espèces ne présentait un certain intérêt, Le N. thermarum, qui est originaire de Caldas, au Brésil, est le Nostochopsis lobatus dont Wood a donné la description en 1873 seulement. — Le N. asperum est une simple forme du N. verrucosum. Gen. 18. RivuzariA Roth (Ag. Syst., p. 24). 1. R. atra Roth, Ag. (Born. et Flah., Rev., II, p. 353!). — L'iden- tité est établie par l'examen de plusieurs échantillons étiquetés de la main de l'auteur, les uns épiphytes (ce sont les premiers décrits, Dispositio, p. 49), les autres saxicoles. Ces derniers proviennent de Lomma, en Scanie. 2. R. pellucida Ag. — Les échantillons de l'herbier du Muséum et ceux que j'ai recus de M. J. Agardh sont parfaitement semblables et ne paraissent pas séparables de l'espéce précédente (Born. et Flah., Rev., II, p. 353!). Les uns et les autres ont été récoltés à Landskrona sur le Sund. 3. R. nitida Ag. (Dorn. et Flah., Rev., Hl, p. 3521). — Les exem- plaires de cette espèce que nous avons vus ont été récoltés en octobre BORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTEÉES D'AGARDH. 149 1823. Ils sont bien uniformes et bien caractérisés. Le R. nitida diffère nettement du R. bullata Berk. avec lequel on l'a souvent confondu; il ne se distingue pas au contraire du P. plicata Carmichæl, dont la date de publieation est de seize ans postérieure. 4. R. Pisum Ag. — Glæotrichia Pisum Thuret (Born. et Flah., Rev., If, p. 366!). — Je n'ai pas trouvé de spores müres dans les exem- plaires récoltés en juillet 1822, qui sont étiquetés de la main d'Agardh. Cependant la détermination ne me semble pas douteuse. — var. C. dura Ag. — Cette variété ne m'a pas paru différer du type. Elle est aussi dans un état de up insuffisant. 9. R. angulosa Roth, Ag. — Glæotrichia natans Rabenh. (Born. et Flah., Rev., II, p. M — VR exemplaires que j'ai vus sont ceux que C. Agardh a mentionnés dans son Dispos. Alg. Sueciæ. Ts sont bien fructifiés. 6. R. hæmatites Ag. (Born. et Flah., Rev., IE, p. 350). — L'envoi de M. J. Agardh ne contenait pas d' échantillon de cette espéce. T. R. Zosteræ Weber et Mohr, Ag. — Agardh en citant cette plante ajoute : Mihi ignota. D'après la figure du Tentamen Hydroph. de Lyngbye auquel il renvoie, il s'agit évidemment d'une espéce de Chor- dariée. Les matériaux envoyés par M. J. Agardh, m'ont encore permis de reconnaître que le R. atra f. coadunata Sommerfelt (Supplem. Flore Lapponicæ, p. 201, 1826) appartient au R. Biasolettiana Menegh. (Born. et Flah., Rev., II, p. 352!). — Cette variété a été établie pour des plantes du Groenland rapportées par Vahl. Gen. 19. CHÆTOPHORA Schrank (Ag. Syst., p. 21). 3. Ch. æruginosa Ag. — Un échantillon provenant de Leufsta, la localité originale, est une forme épiphyte du Rivularia atra Roth (Born. el Flah., Rev., II, p. 3531). Ordo III. CONFERVOIDEZ Ag. Gen. 26. ScvrowEMA Ag. (Syst. p. 38). 1. Se. velleum Ag. — Un échantillon original de Roth, conservé dans l'herbier de C. Agardh, montre que cette espéce n'est pas une Algue. Les filaments qui le composent appartiennent à un Champignon. 150 SÉANCE DU 8 MARS 4889. 2. Seytonema? repens Ag. — Dans l'herbier du Muséum, l'échan- tillon qui porte ce nom nous a paru être un Ulothrix. En tout cas ce n'est pas une Nostocacée. 3. Se. compactum Ag. — Dichothrix compacta Born. et Flah., Rev., I, p. 378. — Dans la Revision des Nostocacées hétérocystées le synonyme est indiqué comme douteux. L'exemplaire original, étiqueté par l'auteur, que nous avons sous les yeux, montre qu il ya identité entre la plante d'Agardh et celle de Lyngbye. 4. Se. figuratum Ag. (Dorn. et Flah., Rer., IIT, p. 101). — L'exa- men d'un exemplaire de l'herbier Montagne, provenant de Gaudichaud, nous a permis de constater que cette plante ne diffère pas du Scytonema thermale Kütz. (Decades Algar. aque dulcis, n° 140). 9. Se. byssoideum Ag. — Sc. Myochrous Ag. (Born. et Flah., Rev., Hl, p. 1041). — Agardh, dans le Dispos. Algar., p. 39, cite « Jäder Westmanniæ » comme le lieu d'origine de cette Algue. Les exemplaires que nous a communiqués M. J. Agardh proviennent de cette localité. 6. Se. minutum Ay. — Stigonema minutum Hassall (Born. et Flah., Rev., HT, p. 721). — Un exemplaire récolté à Jäder, une des localités citées dans le Synopsis, est tout à fait conforme à ceux que nous avons vus dans l'herbier Dorv et dans l'herbier de M. Grunow. L'échantillon de l'herbier Grunow provient d'Hofman-Bang et porte la mention : « Agardh dedit, 1818. » Celui de l'herbier Boryest étiqueté de la main de Lyngbye et a sürement la méme origine. 1. Se. erustaceum Ag. (Born. et Flah., Rev., p. 106!). — Il y a une complète ressemblance entre la plante des environs de Stockholm, décrite par Agardh en 1824, et les Scytonema pachysiphon et clavatum publiés par M. Kützing en 1843 et 1847. Le nom le plus ancien doit étre pré- féré. 8. Se. panniforme Ag. — Dans le Systema, p. 40, Agardh attribue deux stations à cette espèce : l'une ad canales ligneos molarum, Pautre ad rupes in subalpinis. Deux Stigonema différents répondent à ces stations. Le premier décrit est celui qui croit sur le bois. Il figure dans le Dispositio Algar. Suecie, de 1812, sous la dénomination de Sc.? atro- virens B. ocellata. C'est lui qui, en 1817, est devenu le type du Sc. panniforme et c'est à lui que ce nom spécifique devrait étre réservé, si une plante identique n'eüt pas déjà été distinguée par l'auteur sous le nom de Sc. Myochrous Q. ocellata, dans le Dispositio et le Synopsis, ainsi que nous l'avons constaté sur un échantillon authentique. Ce Sti- gonema lignicole est l'ocellatum Thuret. — L'espèce des rochers, bien distinete de la précédente, comme le montre un exemplaire qui se trouve BORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES D'AGARDH. 151 au Muséum d'histoire naturelle de Paris, est celle à qui nous avons con- servé, dans la Revision, le nom de panniforme. Il faut, bien entendu, exclure des synonymes le renvoi au Synopsis et supprimer de l'habitat la premiére des deux stations. 9. Sc. pulverulentum Ag. — Dichothrix compacta Born. et Flah., Reu. T 1478 — Ce rapprochement résulte de la comparaison d'un exemplaire authentique du Sc. pulverulentum avec un échantillon ori- ginal du Sc. compactum. 10. Se. penicillatum Ag. — Tolypothrix penicillata Thuret (Born. et Flah., Rev., INI, p. 123 1). — L'exemplaire original que nous avons recu de M. J. Agardh est semblable à celui que M. Kützing a publié sous le méme nom dans ses Algarum aq. dule. dec. XIV, n° 139. 11. Se. Rofmanni Ag. (Born. et Flah., Rev., III, p. 97 !). — L'iden- tité de cette espèce est assurée par l'étude d'échantillons originaux de l'auteur. 12. Se. torridum Ag. — Cette espèce a été établie sur des échantil- lons rapportés de l'ile Bourbon par Bory de Saint-Vincent. Ce sont ces échantillons dont il est question, dans le Voyage dans les quatre prin- cipales iles des mers d'Afrique, t. IT, p. 29, sous la désignation de an Byssus (nigra) filamentis ramosis, etc.? Hudson. Ils constituent le n^ 41 de l'envoi de Bory à Agardh. Les ayant examinés à plusieurs re- prises, je les ai toujours trouvés formés de deux Algues distinctes, le Scytonema. figuratum et le Stigonema panniforme. Ce dernier est le plus abondant. Comme rien dans la description ne permet de supposer qu'Agardh ait distingué ces deux plantes, il n'y a pas lieu de maintenir une espèce fondée sur des espèces hétérogènes ou qui fait double emploi avec une espèce déjà nommée. Il n'est peut-être pas hors de propos de relever ici une erreur commise par Bory à l’occasion du Sc. torridum. Dans son Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t. XV, p. 313, Bory reproche à C. Agardh d'avoir nommé torridum une plante qui croissait « à 1200 toises au-dessus du niveau de la mer », « sur des monts oi il faisait trés froid », et de n'avoir pas conservé à cette plante le nom de pluviale que lui, Bory, avait donné à l'espéee. La confusion n'existe pas dans le Systema d'Agardh. D'aprés l'étiquette qui accompagne l'échantillon de Byssus aterrimus Bory mser. envoyé à Agardh et qui constitue le type du Sc. torridum, cette Algue croissait « sur de gros rochers des torrents de l'ile de Bourbon ; hors de » l'eau, souvent exposée à tout le soleil de Latonide ». — D'autre part, Agardh (Systema, p. 42) a conservé le nom de pluviale au Stigonema récolté par Bory « dans les trous de rochers que remplit la pluie et qu'a- » limentent les nuages à la plaine des Chicots », 192 SÉANCE DU 8 MARS 1889. 13. Seytonema Myochrous Ag. (Born. et Flah., Rev., I, p. 104), d’après des échantillons authentiques provenant de Trieste et cités dans l Aufzählung. — B. ocellatum Ag. — Stigonema ocellatum Thuret (Born. et Flah., Rev., MI, p. 691). — Un exemplaire original récolté à Jäder, localité citée dans le Dispositio Algar. de 1812, appartient sans aucun doute à cette espèce. Parmi les synonymes cités par Agardh, il faut exclure celui de Lyngbye, Tentamen Hydroph. dan. pl. 28, qui n'est pas un Stigo- nema, mais le Scytonema ocellatum, ainsi qu'en témoigne la figure citée de Lyngbye et que nous l'avons constaté sur un échantillon envoyé par cet auteur à Bory de Saint-Vincent. — y. imundatum Ag. — Stigonema ocellatum Thuret (Born. et Flah., Rev., III, p. 69 !). — La figure citée du Tentamen de Lyngbye, pl. 27, fig. D, appuyée d'un échantillon type de Lyngbye, justifie cette détermination. - — ò. simplex Ag. — Scytonema figuratum Ag. (Born. et Flah., Rev., II, p. 101 !). — C. Agardh a trouvé cette variété de son Scyto- nema Myochrous « in trabibus inundatis ad molam Prædii Ramshyt- tan Nericiæ ». L'échantillon communiqué par M. J. Agardh vient de la méme localité et porte l'indication de « specimen originale ». 14. Se. Sowerbyanum Àg. — Scytonema figuratum Ag. (Born. et Flah., Rev., IIT, p. 101!). — C. Agardh, ayant cru à tort que le Con- ferva mirabilis représenté dans la planche 2219 de l'English Botany est une Algue différente de celle que Dillwyn a désignée sous ce nom, en fil une espèce nouvelle qu'il appela Scytonema Sowerbyanum. Nous avons vu un échantillon de cette espèce récolté dans la baie de Bantry, en Irlande, par miss Hutchins, dont les exemplaires ont servi à préparer la planche de l'English Botany; il ne nous a pas semblé que cet échan- tillon fût distinct du Sc. figuratum. C'est la forme submergée de cette espéce qu'on a nommée Sc. natans ou calotrichoides. — Dans le texte qui accompagne la planche de l'English Botany, il est dit que la plante de miss Hutchins croît sur des végétaux submarins. Cette assertion me parait douteuse. L'échantillon que nous avons sous les yeux est fixé sur une Mousse. Au Scytonema sont associés des Stigonema informe, des Nostocs, un Microcoleus d'eau douce; de sorte qu'il est vraisemblable que, si les échantillons ont été réellement pris dans la mer, ils y avaient été entrainés de quelque cours d'eau. 15. Se. eomoides Ag. — Si l'on considère le synonyme de Dillwyn cité par Agardh et l'habitat marin de cette espèce, il est presque certain que le Sc. comoides est un Schizonema. — Au contraire, un échantillon BORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES D AGARDH. 153 de l'herbier Agardh, qui nous est communiqué sous ce nom et qui a peut- étre servi à établir la diagnose qu'on lit à la page 112 du Synopsis, est un mélange, en proportion à peu près égale, du Stigonema ocellatum et du Seytonema figuratum. Gen. 27. SriGONEMA Ag. (Syst. p. 42). l. St. atrovirens Ag. — Ephebe pubescens Fries. — Déterminé d’après un échantillon de l'herbier Agardh. 2. St. pluviale Ag. — Ephebe pubescens Fries. — Grâce à un frag- ment de l’exemplaire original envoyé par Bory à C. Agardh, que M. J. Agardh a bien voulu me communiquer, j'ai pu reconnaitre que le Stigo- nema pluviale n'est plus une Algue pure et qu'il doit prendre place parmi les Lichens. t 3. St. mamillosum Ag. (Born. et Flah., Rev., HE, p. 713). — La détermination de cette espèce est assurée par le synonyme cité dans le Systema et par les échantillons de Lyngbye que renferme l'herbier Bory. Sous le nom de Seytonema Myochrous forma, M. J. Agardh m'a envoyé un échantillon de Stigonema mamillosum, récolté à Lesjöfors comme le Scytonema panniforme. L'aspect extérieur de cet échantillon est fort différent de celui du St. panniforme et il ne parait pas que la descrip- tion de cette espéce lui soit applicable. Peut-être n'est-il pas inutile d'indiquerici que le Stigonema ocellatum et le mamillosum ont parfois une grande ressemblance, ce qui explique les confusions qu'on remarque chez les anciens auteurs. Mais on dis- tingue sûrement les deux espèces si l'on rencontre des ramules à hormo- gonies; ils sont trés courts dans le St. mamillosum. Gen. 35. OSCILLATORIA Ag. (Syst. p. 59). 1. ©. Flos-aqusæ Ag. — Aphanizomenon Flos-aquæ Ralfs (Born. et Flah., Rev., IV, p. 2411), ainsi que le montre l'examen des premiers échantillons décrits par C. Agardh. Mais il faut retrancher des synonymes le Nostoc Flos-aque Jürgens, Alge aquatice, dec. XI, n° 6, qui est une Oscillaire, et le Fragilaria affinis Hofman-Bang, qui rentre dans le genre Nodularia. 2. ©. flexuosa Ag. — D’après l'auteur (Aufzählung, etc., p. 10), cette espèce appartiendrait au genre Sphærozyqa:; mais l'échantillon original que j'ai vu est une Algue sans hélérocystes et ne rentre pas dans les Anabænées, : 3. ©. subsalsa Ag. — Anabena torulosa Lagerheim. — L'échan- üllon de l'herbier Agardh est étiqueté O. marina. Il provient du littoral 154 SÉANCE DU 8 Mars 1889. marin de Lomma en Scanie, seule localité citée pour cette plante dans le Synopsis Algar. Scand. p. 105. L'examen au microscope montre qu'il est presque entierement composé d'Anuabena. Quelques filaments d'Oscillaire y sont mélés, mais en si petit nombre qu'il est peu probable que l'auteur les ait visés dans sa description. Gen. 36. CALOTHRIX Ag. (Syst. p. 10). 1. €. nivea Ag. — Je n'ai pas vu d'exemplaire de cette espèce qui parait tout à fait inconnue, car elle n'est pas mentionnée dans Cooke, British Fresh-water Alge, bien qu'elle soit d'origine anglaise. 2. €. Mucor Ag. — Les deux échantillons que j'ai eu l'occasion d'examiner sont constitués par un mélange de diverses Algues envelop- pant les rameaux d'un Polysiphonia. La masse est composée de diverses Diatomées entre lesquelles on remarque, par ordre de fréquence : le Nodularia spumigena fructifié, l'Anabena torulosa et quelques jeunes filaments de Calothrix confervicola. La description d'Agardh ne s'ap- plique distinctement à aucune de ces plantes. 3. €. eonfervicola Ag. (Born. et Flah., Rev., I, p. 3491). — D’après un échantillon étiqueté de la main de l'auteur. 4. €. scopulorum Ag. (Dorn. et Flah., Rev., I, p. 353 !). — L'herbier du Muséum contient un échantillon authentique de cette espèce por- tant le nom d'Oscillatoria scopulorum, premier nom qu'ait employé Agardh (Dispositio, p. 31). 9. €. pulvinata Ag. (Born. et Flah., Rev., 1, p. 356 !). — L'exem- plaire que M. J. Agardh m'a envoyé provient de Jürgens et ne diffère pas de celui qui a été distribué dans les Alge aquatica, dec. IV, n° 5. 6. €. fasciculata Ag. (Born. et Flah., Rev., I, p. 361!). — M. J. Agardh m'a communiqué un échantillon étiqueté de la main de son père; il est moins bien développé que celui de l'herbier du Muséum, dont il est question dans la Revision. — Agardh cite comme synonyme de son Cal. fasciculata VOscillatoria scopulorum Lyngbye. Cependant les échantillons de Lyngbye, d Hofman-Bang et de Hornemann ne confir- ment pas cette manière de voir. Ils ne mont pas paru différer du N. sco- pulorum. - l. €. Wrangelii Ag. — Desmonema Wrangelii Born. et Flah., Rev., II, p. 127! — Cette synonymie est assurée par l'étude d'exemplaires originaux. 8. €. tinctoria Ag. — Inactis tinctoria Thuret (Essai de classifica- tion des Nostochinées, p. 8). DORNET. — NOSTOCACÉES HÉTÉROCYSTÉES D'AGARDIT. 155 9. €. mirabilis Ag. — Scylonema figuratum Ag. (Born. et Flah., Rev., II, p. 1011). — Lorsque l’on compare l'échantillon de Conferca mirabilis qu'Agardh a recu de Dillwyn et celui qui a été figuré sous le même nom dans l'English Botany (voy. plus haut, p. 152), il est difficile de com- prendre les motifs qui ont déterminé l'auteur du Systema Algarum à les considérer comme distincts. En réalité les deux plantes ont le méme aspect exlérieur et leur structure est toute semblable. L'une et l'autre appartiennent à la forme submergée du Scytonema figuratum. Un autre exemplaire étiqueté de la main d'Agardh : Oscillatoria mira- bilis, e stagnis Lund julio 1822, localité qui n’est pas citée dans le Systema, est le Tolypothrix tenuis Kütz. L'étude de l'échantillon original de Dillwyn, en faisant connaitre la véritable nature du Conferva mirabilis, non seulement démontre une fois de plus l'impossibilité de déterminer sürement les espéces des anciens auteurs sans l'aide des plantes mêmes qu'ils ont décrites, mais elle entraine encore plusieurs modifications dans la nomenclature. D'abord le Plectonema mirabile devra changer de nom spécifique. pour. prendre celui de Plectonema Tomasinianum, la dénomination de Calothrix Tomasiniana Kütz. (Alg. aq. dule. dec. XIII, n° 130, 1836 et Phycol. gener., p. 229, 1843) étant la plus ancienne de celles qui ont été em- ployées. Ensuite, le Scytonema figuratum Ag. (Systema Alg. 1824) étant postérieur au Conferva mirabilis Dillwyn, établi en 1809, il sera conforme à la régle de priorité de supprimer le premier nom et de le remplacer par celui de Scytonema mirabile (1). 10. €. distorta Ag. et f. flaecida Ag. — Tolypothrix lanata Wart- mann (Born. et Flah., Rev., HII, p. 120 !). — Les échantillons de Pher- bier de C. Agardh qui portent les noms de C. distorta et de C. flaccida ne sont pas distincts spécifiquement et diffèrent du C. distorta Lyngbye par la plus grande ténuité de leurs filaments. 11. €. lanata Ag.— Tolypothrix lanata Wartm. (Born. et Flah., Rev., VIT, p. 1201), d’après un échantillon authentique de l'herbier du S de Paris. n , P^ fuscescens Ag. — Cette forme ne m'est pas connue. 12. €. fontinalis Ag. — Hapalosiphon pumilus Kirchner (Born. et Flah., Rev., III, p. 61 !). — Cette espèce était demeurée complètement inconnue. Grâce à l'échantillon original, provenant du lac Gársjon, que m'a communiqué M. J. Agardh, j'ai pu m'assurer que cette plante est (1) Ce nom de mirabile provient de ce que Dillwyn croyait que les rameaux gé minés qui sortent latéralement des gaines résultaient d'anastomoses entre les extrémités de en distincts, de sorte que la plante semblait rameuse quoiqu ‘elle fùt simple en réalité, 156 SÉANCE DU 8 Mans 1889, identique à celle que M. Kützing a décrite, en 1842, sous le nom de Tolypothrix pumila. La dénomination publiée par Agardh ayant la priorité, l'Hapalosiphon pumilus devra désormais porter le nom d'Ha- palosiphon fontinalis. CALOTHRIX Ag. (Aufzählung, etc., p. 11). 40. €. semiplena Ag. — Lyngbya semiplena J. Ag. 41. €. Iuteo-fusca Ag. — Lyngbya luteo-fusca J. Ag. 42. €. pannosa Ag. — Calothrix scopulorum Ag., comme je l'ai constaté sur un échantillon original récolté à Trieste. Gen. 37. LyNcBYA Ag. (Syst. p. 73). 6. L. erispa Ag. — Scytonema cincinnatum Thuret (Born. et Flah. Rev., HIT, p. 89!). — Dans le Synopsis Algarum, C. Agardh décrit un Oscillaria cris pa récolté « in lacu ad Haga prope Holmiam ». L'échan- tillon original provenant de cette localité que M. J. Agardh nous a confié est une Algue pourvue d'hétérocystes qui ne se distingue pas du Scyto- nema cincinnatum. Plus tard, dans le Systema, l’auteur place l'Oscil- laria nigra dans le genre Lyngbya, mais Haga n'est plus la seule localité qu'il cite. A la plante primitive il joint des Algues marines qui ont bien avec elle une grande ressemblance extérieure, mais qui ne pré- sentent pas d'hétérocystes. Parmi les échantillons authentiques de Lyngbya crispa appartenant au groupement du Systema, les uns rentrent dans le Lyngbya æstuarii, les autres dans les majuscula, luteo-fusca : un seul, qui provient de Grátz (Styrie) et qui n'est pas marin, est sem- blable à l'échantillon d'Haga. li résulte de ces observations que le Lyngbya crispa ne répond qu'en partie au L. estuarii, comme on l'admet souvent, et que, si l'on s'en tient à la premiére indication donnée par l'auteur, le nom de Scylonema crispum devra être substitué à celui de Sc. cincinnalum. Gen. 40. NopuLania Martens (Ag., Syst., p. 16). 1. N. spumigena Martens, Ag. (Born. et Flah. Rev., IV, p. 245). — L'espéce est fondée sur les échantillons publiés par Jürgens, Alyæe aqua- tice, dec. XV, n° 4. Gen. SPHÆROZYGA Ag. (Aufzählung, ete., p. 10). 39. Sp. Jacobi Ag. — Anabwna oscillarioides Bory, ainsi qu'en témoignent les exemplaires authentiques que j'ai examinés. LE GRAND. — NOTE SUR LE CYPERUS DISTACHYOS. In] Sp. elastica Ag., Icones Algar. europ., pl. 36. — L'échantillon de l'herbier Agardh est trop jeune ; mais cà et là on observe que les articles situés entre les hétérocystes deviennent plus grands que les autres. De cette circonstance on peut inférer, avec assez de vraisemblance, que la plante appartient à l'Anabiena variabilis Kütz. (Born. et Flah., Rev., IV, p. 226). M. Malinvaud, secrétaire général, donne lecture de la communi- cation suivante : NOTE SUR LE CYPERUS DISTACHYOS ET QUELQUES AUTRES ESPECES DES CORBIÈRES, par M. Ant. LE GRAND. Je lis, dans le trés intéressant Compte rendu de la session extraordi- naire tenue à Narbonne en 1888, que les excursionnistes ont récolté le rare Cyperus distachyos, qui, je crois, n'est connu en France, en dehors des Pyrénées-Orientales, qu'à l'embouchure du Var, d'où les botanistes niçois le distribuent volontiers. Mais c'est à tort que le rapporteur, M. G. Gautier, à l'exemple d'ailleurs de l'auteur d'un récent catalogue de Cypéracées du Roussillon, en attribue la découverte au D" Warion, qui l'a cependant récolté et distribué, ainsi que ce regretté collégue me l'annoncait dans une lettre du 18 octobre 1878 (en 1877, il était encore à Sidi-Bel-Abbés). Or, il y avait déjà seize ans que j'avais moi-même découvert le Cyperus distachyos au méme lieu (15 juin 1862); on le trouve cité dans un opuscule que j'ai publié dans les Mémoires de la Soc. acad. de Maine-et-Loire, t. XIV (1863). Notre ami M. Debeaux élait justement renseigné, quand il a donné, sous son véritable nom, l'auteur de la. découverte du Cyperus en question (Hecherches sur la flore des Pyr.-Ovr., fase. I, p. 125, 1818). C'est à cette époque que je découvris également l Anthyllis cytisoides (cité d’après moi par Companyo), Alkanna lutea, ete., et une autre rareté, sur les coteaux de Salces, que je n'ai pas encore vue mentionnée dans ces parages, le Bupleurum glaucum Rob. et Cast., que M. Timbal cite à Sainte-Lucie (1) et Gren. Godr. autour de Perpignan. La Société botanique a aussi recueilli une plante fort rare, le Salvia silvestris; c'est une trés intéressante acquisition pour les Corbières, mais elle n'est pas nouvelle pour la flore de France, comme on l'a dit à tort. M. Huet, l'infatigable pourvoyeur, pendant tant d'années, des plantes de la Provence, l'avait depuis bien longtemps récolté à Toulon et répandu dans les herbiers. (1) Essai monograph. sur les Bupleurum, fase. 1, p. 26. 158 SÉANCE DU 8 MARS 1889. M. l'abbé Hue fait à la Société la communication suivante : LICHENES YUNNANENSES A CL. DELAVAY PRÆSERTIM ANNIS 1886-1887, COLLECTOS exponit A. M. HUE (1). SERIES SECUNDA. l. Leptogium Menziesii Mont.; Nyl. Syn. I, p. 128. — Collema Menziesii Ach. Corticola in faucibus Lopin-chan (Lan-kong) altit, 3400 metr.; 26 maii 1886. Corticola et saxicola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 17 junii 1887. Les échantillons de la seconde localité représentent une forme de ce Lichen à thalle finement réticulé, d'un brun noir, avec les rhizines noircies par une cause accidentelle (2). Les apothécies, d'abord urcéo- lées, ont le conceptacle couvert de petits poils blanchâtres. Ces poils se rencontrent également sur les jeunes apothécies de l'exemplaire de la première localité, dont le thalle est couleur de plomb. On les voit aussi, ainsi que la couleur presque noire du thalle, sur certains des échan- tillons recueillis aux Indes orientales par Hooker fils et Thompson et conservés au Muséum de Paris. Les spores trés atténuées aux deux extrémités sont longues de 0,033-40, et larges de 0,013-15 millim. — f. fuliginosa Muell. Argov. Flora 1889, p. 60. Corticola in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 17 junii 1887. 2. Leptogium Delavayi Hue, sp. nov. Ad truncos arborum vetustarum in silvis Mao-kon-tchang supra Tapin- tze, altit. 2200 m.; 28 julii 1886 (Delav. n° 2405). Etiam corticola in silvis Long-pin supra Tapin-tze; 6 junii 1887. Thallus cinerascenti vel obscure cærulescenti-plumbeus, nitidus (lati- tud. 20 centim.), membranaceus et varie lobatus, lobis sæpius crenatis, sublus rhizinosus, rhizinis albidis, densis et brevibus. Apothecia rufa, plana, margine integro cincta (latit. 0,50-3,50 millim.), nuda et recep- taculo nudo, supra thallum enascentia, sed dein in pedicello tubæformi (1j Un premier Mémoire sur les Lichens récoltés au Yun-nan par M. l'abbé Delavay a été publié dans le Bulletin de la Société en 1887 (séances, p. 16 et suiv.). Quand il sera nécessaire de reprendre un de ces Lichens pour en indiquer une localité nou- velle, ce Mémoire sera désigné par ces mots: Hue Lich. Yunn., avec la pagination du Bulletin. (2, Krempelliuber, Lich. Republ. Argent. p. 3, siguale les rhizines d'un méme Leptogium, noircies par l'humidité. HUE..-— LICHENES YUNNANENSES. 159 elevata (altit. usque 5 millim.). Sporæ incolores, ellipsoideæ, vix extre- mitatibus attenuatie, 3-5 septatæ et murali-divisæ, longit. 0,028-35, et crass. 0,013-17 millim. Cette espèce est facile à séparer du Z. Menziesii par son thalle plus lisse, plus brillant et non réticulé, et surtout par ses apothécies portées sur un pédicelle, en forme de tube, creux et ouvert en dessous. Le tha- lamium différe aussi de celui du L. Menziesii, les paraphyses sont plus grêles, etc.; les cellules corticales sont plus grandes. L'intérieur du thalle, qui est insensible à l'action de l'iode, est formé d'hyphes làche- ment entrelacées et de gonimies trés nombreuses moniliformes. Il s'en est trouvé, dans la seconde localité, un petit échantillon, dont les rhi- zines étaient noircies comme dans la forme de l'espéce précédente. J. Bæomyces pachypus NE Hue Lich. Yunn. p- T6. Supra terram, in faucibus Heichan-men, altit. 3000 metr.; 14 junii 1887 (Delav. n° 3004). 4. Stereocaulon strictum Nyl. Syn. I, p. 239. — Stereocaulon ramulosum var. strictum Bab. Saxicola in summo monte Tsang-chan, supra Tali, altit. 4000 metr.; 10 januarii 1885 (Delav. n^ 1874). Spores roulées en spirale, longues de 0,150, et larges de 0,004 millim. 9. Stereocaulon paschale Ach.; Nyl. Syn. I, p. 242. — Lichen pas- chalis L. In locis umbrosis montis Li-kiang, altit. 4000 metr.; 14 augusti 1886 (Delav. n° 2186). Sub arboribus in silva Koua-lapo (Hokin), altit. 2000 m.; I5 augusti 1886. Thalle de 4 à 7 cent. de hauteur, bien caractérisé par ses granules blanchàtres légèrement crénelés. Spores 3-5 septées, longues de 0,030- 31, et larges de 0,004-5 millim.; les spores »-septées sont les plus nom- breuses. Les théques seules bleuissent par l'iode; elles deviennent ensuite rouges vineuses, leur sommet seul demeurant bleu. 6. Cladonia pyxidata PE. Super terram in locis umbrosis supra fauces Koua-lapo (Hokin), altit. 3500 mètres ; 13 julii 1886. Les podétions sont simples, couronnés par de petites apothécies ses- siles, couverts de petites squames, épaisses, granuliformes, rarement libres, le plus souvent appliquées sur les podétions. 1. Cladonia fimbriata f. prolifera Hoffm. Supra terram in silvis Yen-tze-hay supra Mo-so-yn, altit. 3000 metr. ; 29 maii 1887. 160 SÉANCE DU 8 MARS 1889. Podétions de 2-7 cent. de hauteur, couverts d'une poussière verdàtre, à scyphus étroits; avortés du cólé où se continue l'axe, émettant souvent de l'autre cóté deux ou trois rayons subulés et terminés par d'autres rayons portant des spermogonies. 8. Cladonia verticillata Floerk.; Cl. pyxidata var. verticillata Hoffm. Supra terram in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887. 9. Cladonia degenerans Var. gracilescens Floerke De Cladon. p. 48. Supra terram, in mediis Muscis, in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 17 junii 1887. Podétions gréles, K —, de 5-10 cent. de hauteur, portant quelques pelites squames, à scyphus plus ou moins déchiquetés, souvent deux ou trois fois prolifères, quelquefois terminés par une grosse apothécie, le plus souvent émettant des rayons subulés trés courts. portant une petite apothécie ou des spermogonies. 10. Cladonia furcata Hoffm. — Lichen furcatus Huds. Supra terram, in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong); 47 junii 1887. Podétions, K —, hauts de 7 à 10 cent. et semblables à ceux de l'espéce européenne. In locis umbrosis in summo monte Tsaug-chan supra Ta-li, altitude 4000 mètres; 10 junii 1885 (Delav. n° 1872). Forme à podétions minces. blanchàtres, portant quelques folioles. — var. 1. squamulosa Schr. Enum. Lich. europ. p. 202. Supra terram, in silvis Lopin-chan (Lan-kong), altit. 3200 metr. ; 26 martii 1887. — Sterilis. — var. 2. racemosa Floerke ; Hue Lich. Yunn. p. 17. Super terram in silvis Yen-tze-hay supra Mo-so-yn ; 25 maii 1887. Podétions, K —, de 7 à 14 centim. de hauteur, hérissés de petites squames, sans apothécies, mais portant de nombreuses spermogonies. — var. 3. corymbosa Nyl. — Cenomyce allotropa var. corymbosa Ach. Super lerram, in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 17 junii 1887. Podétions hauts de 7-8 cent., garnis de quelques folioles et largement fendus. 11. Cladonia pungens Nyl. — Bæomyces pungens Ach. Super terram, in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 17 junii 1887. Podétions blanchàtres, KL, garnis de quelques folioles. HUE. — LICHENES YUNNANENSES, 161 12. Cladonia cornucopioides Fr.; Hue Lich. Yunn.— Lichen cor- nucopioides L. p. 17. In eadem regione et eodem die. 13. Cladonia bacillaris Ach.; Hue Lich. Yunn. p. 11. In eadem regione et eodem die. Forme à podétions, K — comme dans le type. pulvérulents ou fine- ment granuleux vers le sommet, divisés en deux ou trois petits rameaux. — Fertile. l4. Gladina silvatica Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 11. — Cladoma rangiferina var. silvatica Hoffm. Ad rupes, septentrionem versus, in imis æternis nivibus Li-kiang. altit. 4000 metr. ; 11 julii 1884. 15. Ramalina calicaris Fr.; Huc Lich. Yunn. p. 18. — Lobaria calicaris Hoffm. Ad truncos. in silvis Song-pin, supra Tapin-tze : 6 junii 1887. Prope fauces Yen-tze-hay ; altit. 3000 metr.; 17 junii 1887. — [n silvis Fang-yang-tchan, supra Mo-so-yn ; eodem die. In silvis Mao-kon- chang supra Tapin-tze ; altit. 5000 metr. ; 11 aprilis 1887. Dans la premiere localité citée se trouve la plante typique. Daus les aulres endroits, M. l'abbé Delavay a récolté une forme de ce Lichen se rapprochant du R. complanata Nyl. par ses petites sorédies punctiformes ou parfois un peu allongées, marginales ou éparses sur le thalle, mais appartenant bien au R. calicaris par son thalle canaliculé, inégal lacu- neux, et par ses apothécies terminales appendiculées. Les spores sont droites ou rarement un peu courbées, longues de 0,015-17, et larges de 0,006-7 millim. Il faut probablement rapporter au R. calicaris Fr., ou au moins au groupe de cette espèce, un Lichen envoyé sous le n° 3133 et avec celte mention : « Lichen comestible appelé Chou-hoa-tsay (Légume fleur des » arbres). Les bois des montagnes, au-dessus de Tapin-tze; apporté par » les gens de Touquée-chouit-zin, le 26 septembre 1887. » M. Nylander, qui l'a vu, l'a jugé en trop mauvais état pour pouvoir être déterminé sûre- ment. On avait dà le faire cuire avant de le donner. 16. Ramalina fraxinen Ach.; Hue Lich. Yunn. p. 18. Ad arbores in silvis Song-pin, supra Tapin-tze ; 6 junii 1887. Thalle de 2 à 10 cent. de largeur, dont les nervures longitudinales seules subsistent, le cortex et la médulle manquant entre les nervures, de sorte qu'il présente des lacunes nombreuses et assez larges. Spores un peu courbes de 0,012-18 millim. en longueur, sur 0,006-7 en largeur. T. XXXVI. (SÉANCES) 11 162 SÉANCE DU 8 Mans 1889. 17. Usnea florida Hoífm.; Hue Lich. Yunn. p. 18. — Lichen flo- ridus L. Ad arbores in silvis Song-pin, supra Tapin-tze, et Fang-yang-tchang, supra Mo-so-yn; 6 et 17 junii 1887. 18. Usnea ceratina Ach.; Hue Lich. Yunn. p. 18. Ad arbores, in silvis Song-pin, supra Tapin-tze ; 6 junii 1887. 19. Usnea dasypoga Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 18. — Usnea bar- bata var. dasypoga Fr. Ad arbores, in silvis prope fauces Lopin-chan (Lan-kong), altit. 3200 métr. ; 26 maii 1886. Ces trois espèces d'Usnées sont fertiles. 20. Platysma complicatum Nyl. Syn. l, p. 303. — Cetraria com- plicata Laur. Ad cortices in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong); 17 junii 1887. Bien fructifié. 21. Platysma yunnanense Nyl. Lich. N. Zéland. 1888, p- 150 (Pl. pallescens Nyl. in Flora 1887, p. 134 definitum, sed non PI. pal- lescens Schær.; Nyl. Syn. I, p. 304). Ad cortices Quercuum in silvis Hoang-se-ia-keou prope Tapin-tze, altit. 1800 metr.; 11 maii 1885 (Delav. n° 1602) et Song-pin, supra Tapin-tze; 6 junii 1887. Cel. Nylander hoc Platysma sic definivit in Flora 1887, l. c. : « Thallus stramineo-flavescens lacunoso-corrugatus firmus lobatus; » apothecia hepatico-pallescentia (latit. 7-13 millim.) protrusa recepta- > culo valde rugoso; spore oblongæ longit. 0,006-8 millim., crassit. » 0,0035 millim. Iodo lichenina hymenialis cærulescens. Spermogonia » in papillis thalli infixa subcetrariomorpha; spermatia pistillaria longit. » 0,004 millim., crassit. 0,001 millim. Thallus K supra flavens. » In Lich. N.-Zeland. p. 150 adjunxit : . « Thallus stramineo-albidus corrugatus vel plicato-costatus, sorediis » albis parvis dispositis in prominentiis vel rugis, subtus concolor. K fla- » vens, sed medulla K —. » M. Nylander a examiné les échantillons du PI. pallescens Schær. pro- venant de Java et conservés dans l'herbier Montagne au Muséum de Paris, et il a constaté qu'il y a identité d'espéce entre le PI. pallescens Schr. et le Pl citrinum Nyl. Syn. p. 304, lequel a pour synonymes : Cetraria citrina Tayl., C. Teysmanni Mont. et Van den Bosch, C. sulphurea Mont. Du reste, jai vu que Montagne avait quelques doutes sur le PI. pallescens Schar.; car sur un des échantillons de son herbier il à HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 163 écrit : « Cetraria n. sp.? sulphurea Van den Bosch », et au-dessous : « C. pallescens? Schr. » 22. Platysma Wallichianum Tayl: Hue Lich. Yunn. p. 19: Ad cortices in silvis Mao-kon-tchang, supra Tapin-tze, altit. 5000 m.; 11 aprilis 1887, et in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong), 6 junii 1887. Les échantillons sont magnifiques et mesurent jusqu'à 25 centim. de longueur sur une largeur à peu prés égale, et ils sont couverts d'apo- thécies. , 23. Platysma collatum Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 19. Ad cortices et etiam ad ramulos emortuos in silvis Kou-toui supra Mo- so-yn ; 18 junii 1887 (Delav. n° 3009). In silvis Song-pin, supra Tapin- tze, 6 junii; Hee-chan-men, 14 junii ; Fang-yan-tchang supra Mo-so-yn et Yen-tze-hay, altit. 3000 m.; 17 junii 1887. Tous ces échantillons sont stériles et sans spermogonies ; ils ont par- fois le thalle à bords sorédiés ou portant un peu d'isidium. 24. PIatysma glaucum Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 19. — Lichen glaucus L. Ad cortices in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn et Yen-tze-hay (Lan- kong), 17 junii 1887. — Sterilis. 25. Alectoria loxensis Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 20. — Cornicu- laria loxensis Fée. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 6 junii 1887. Les apothécies nombreuses ont de 2 à 5 millim. de diamétre. Les spores, variables comme dimensions, ont 0,073 sur 0,038 millim., ou 0,084-86 sur 0,024, ou 0,110-130 sur 0,035-45 millim. 26. Parmelia eaperata Ach. — Lichen caperatus L. Ad cortices in silvis Mo-che-tchin supra Tapin-tze; 2 junii 1887 (Delav. n° 2996). Etiam cortieola in silvis Song-pin, supra Tapin-tze; 6 junii 1887 (Delay. n° 9005). Stérile ; thalle K —, médulle K (CaCl) légèrement orangée. 21. Parmelia sulphurata Nees el Flot.; Nyl. Syn. I, p. 371. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze ; 17 junii 1887. Forme différant du Lype par le thalle à surface lisse et les dimensions moindres des spores; elles n’ont que 0,011-13 sur 0,0075-90 millim. La médulle, ainsi que le conceptacle des apothécies, est d'un jaune-soufre et la potasse lui donne une teinte orangée. Le bord de l'apothécie est entier, et le conceptacle d'abord lisse, devient lacuneux, serobiculé. Les Spérmogonies manquent. 164 SÉANCE DU 8 Mans 1889. 28. Parmelia periorata Ach. — Lichen perforatus Jacq. Corticola in silvis Song-pin: supra Tapin-tze, 6 junii 1887. Cette espéce n'est représentée dans cette collection que par un petit échantillon stérile et sans spermogonies. Le thalle en est lisse ou un peu réticulé et présente quelques sorédies sur les bords; il a bien la réactiou du P. perforata, 1a médulle devenant rouge par la potasse. 20. Parmelia olivetorum Nyl.; P. perlata var. olivetorum Ach. Corticola in eadem regione et eodem die. Stérile; la médulle prend la teinte érythrinique par le chlorure de chaux. 30. Parmelia perlata var. ciliata Nyl. Flora 1885, p. 608. — Loba- ria perlata var. ciliata. DC. (Parmelia ciliata DC. apud Hue Lich. Yunn. p. 20). Corticola in eadem silva et eodem die. Thalle stérile K 3-, K (CaCl) Æ, la médulle devenant légèrement rose: les spermalies, parfois un peu bi-fusiformes, le plus souvent cylindri- ques, sont longues de 0,005- 7 millim. 31. Parmelia crinita Ach.; Nyl. Syn. I, p. 380, et apud Morot Journ. Botan. 1888, p. 33. Saxicola in silvis Kipin-kay prope Tali; 1 septemb. 1886 (Delav. ` n° 2239). Thalle stérile K +, jaune ; K (CaCl) =. 32. Parmelia latissima Fée; Nyl. Syn. l, p. 380. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze et Son-tcha-ho (Lau-konz). 6 et 7 junii 1887. Apothécies larges de 8 à 30 millim.; spores longues de 0,024-28, et larges de 0, 012-15 millim. Spermaties de 0,006-7 millim. en longueur, sur 0,0005-7, en largeur. 33. Parmelia tinctorum Despr.; Hue Lich. Yunn. p. 20. Corticola in silvis Kou-toui, supra Tapin-tze et in 'silvis prope fauces Yen-tze-hay, altit. 3000 metr. ; 17 junii 1887. 34. Parmelia meiophora Nyl. Sp. nov. (1). Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 6 junii et in silvis Kou- toui supra Mo-so-yn (Lan-kong). altit. 3000 metr. ; 17 junii 1887. Thallus late expansus (latit. 20 cent.), supra pallide fuscescens vel (4) Les espèces nouvelles de cette collection, à l'exception des n° 74, 75 et 83, ont été reconnues comme telles par M. Nylander; il n'en a pas donné de description, *! ce n'est pour le n° 21. HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 165 cinereus, opacus, junior levis, dein leviter furfurascens et tune magis fuscescens, sinuato-lobatus, lobis profunde incisis, subimbricatis et ambitu erenatis; subtus niger, rhizinis brevibus et atris munitus, ambitu badio- fuscescens, rhizinis brevioribus rarescentibus, et parte extrema nudus. Apothecia fusca primum parva urceolata, dein plana (latit. 6-10 millim.) margine integro vel undulato cincta, conceptaculo lovi, sæpe fibrillis ni- gris subtus obsita; sporæ 8^* ellipsoideæ vel subsphæricæ longit. 0,007-8, crass. 0,0055-70 millim. Gelatina hymenialis iodo cærulescens, vel per- sistenter, vel dein violacee tincta. Spermogonia desunt. M. Nylander rapporte cette espèce au groupe du P. perlata. La potasse colore très légèrement en jaune le cortex de ce Lichen et en fait passer rapidement la médulle du jaune au rouge. Sous le n° 2897, il existe un petit spécimen d'un Parmelia, qui west peut-être qu'une variété ou sous-espèce du P. meiophora Nyl. Le thalle est plus cendré, plus appliqué sur l'écorce ; les laciniures en sont moins larges, mais découpées de la méme facon. De plus la réaction n'est pas la méme ; le cortex seul jaunit par la potasse, qui n'a pas d'action sur la médulle. Les apothécies, dont le bord est également entier et le concep- tacle très lisse, sont plus petites: elles ont 1-1,5 millim. de diamètre. Les spores ont la même forme et 0,008-9, rarement 0,010 millim. en longueur et 0,007-8, en largeur. La réaction hyméniale est la méme. 35. Parmelia Borreri Turn.; Nyl. Syn. I, p. 389. Corticola in silvis Yang-in-chan, supra Mo-so-yn; 20 junii 1887. — Sterilis. 36. Parmelia kamtschadalis Eschw.; Nyl. Syn. I, p. 381. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze ; 6 junii 1887. In silvis Kou- toui et Yang-in-chan supra Mo-so-yn, altit. 3000 metr. et Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 17 junii 1887. Ce Lichen doit être commun dans cette partie du Yun-nan, car les échantillons envoyés sont nombreux, et de plus on le trouve mélé à plu- sieurs autres espèces, Cladonia, Platysma, etc. Les spores, qui pren- nent souvent la forme d'une féve, sont longues de 0,015-31 millim. et larges de 0,007-13. Les spermaties bi-fusiformes mesurent 0,006-7 millim. en longueur et 0,0006-7 en largeur. — Var. subamericana Nyl. E Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze, 6 junii 1887, et Hee-chan- men; 17 junii 1887. : Le thalle est étroit et canaliculé ou assez large, glabre en dessous ou portant seulement quelques cils. Les spores, en forme de féve, sont longues de 0,022-26 millim. et larges de 0,009-11. 166 SÉANCE DU 8 Mans 1889. 31. Parmelia saxatilis Ach. — Lichen saxatilis L. Corticola in silvis Yang-in-chan supra Mo-so-yn; 17 junii 1887. 38. Parmelia vittata Nyl. Flora 1815, p. 106; P. physodes var. vit- tata Ach. (P. vittata Ach. apud Hue Lich. Yunn. p. 21). Ad truncos in locis umbrosis supra fauces Koua-la-po (Hokin) et in silvis prope fauces Yen-tze-hay (Lan-kong) ; 13 julii et 27 augusti 1886. — Sterilis. 39. Parmelia hypotrypodes Nyl. Flora 1816, P. 16; Hue Lich. Yunn. p. 21. Corticola in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong) et Fang-yan-tchan supra Mo-so-yn; 17 junii 1887. Ad ramulos in silvis Yang-in-chang ; eodem die. Forme de cette sous-espéce du P. vittata, dans laquelle non seule- ment il existe un petit trou à la bifurcation extréme du thalle, mais il s'en présente encore un autre au bout de chaque derniére division, et alors le thalle se sépare en deux, la partie supérieure se reléve et se recourbe en dehors, se couvrant de petiles sorédies pulvérulentes. 40. Parmelia hypotrypa Nyl. Syn. p. 403 et Lich. N. Zéland. 1888, p. 150. Supra terram in silvis prope fauces Yen-tze-hay, altit. 3200 m.; 24 maii 1887 (Delav. n° 2660). Corticola in silvis Fang-yang-tchang et Kou-toui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887. Voici ce que M. Nylander a écrit au sujet de ce Lichen : « Affinis P. hypotrypodi Nyl. sed multoties major, facile pedalis ambi- » tus, thallo flavido, laciniis 4-8 millim., K (CaCl) —. Spermogonia in » agminibus transversis disposita, demum confluentia et emortua balteos » nigrieantes formantia (inde laciniæ spermogoniferæ tum balteatæ, ita » ut f. balteata oriatur); spermatia subbifusiformia longit, fere 0,005, » crass. 0,0005-6 millim. Apothecia non visa. » 41. Parmelia pertusa Schær. — Lichen pertusus Schrank. Corticola in silvis Yang-in-chang; Kou-toui et Fang-yang-tchang, supra Mo-so-yn et Yen-tze-hay supra Lan-kong ; 17 junii 1887. In silvis Hee- chan-men, 14 junii 1887. Le thalle est d'un blanc jaunátre sans sorédies, ou portant quelques sorédies éparses, ou terminant les divisions du thalle, comme daus le P. physodes var. labrosa Ach. 42. Parmelia Ieucobatoldes Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 21. HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 161 Gorticola in silvis Yang-tze-hay supra Lan-kong ; 17 junii 1887. Saxi- cola in silvis Yang-in-chang; 19 octobris 1887. — Fertilis. 49. Lobarina retigera Nyl. Flora 1886, p. 172. — Sticla retigera Ach. — Lobaria retigera Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 22. Corticola in silvis Fang-yang-tehang supra Mo-so-yn; 13 octobris 1887. — Fertilis. 44. Nephromium helveticum Nyl. Flora 1865, p. 428 et Syn. I, p. 319; Hue Lich. Yunn. p. 22. — Nephroma helreticum Ach. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze ; 6 junii 1887. — Fertilis. 49. Peltigera rufescens Hoffm.; Nyl. Syn. I, p. 324, tab. I, fig. 27. Supra terram in eodem loco et eodem die. - — Fertilis. 46. Peltigera polydactyla Hoffm.; Nyl. Syn. I, p. 226; Hue Lich. Yunn. p. 29. Corticola in eodem loco et eodem die. — Fertilis. 41. Soloronina sinensis Nyl., Le Naturaliste 1884, 1° janvier, et Flora 1884, p. 219. — Solorina sinensis Hochst.; Nyl. Syn. I, p. 330. Supra terram in faucibus Hee-chau-men (Lan-kong); 14 junii 1887 (Delav. n° 3003). In silvis Yen-tze-lay, altit. 3000 m.; 17 junii 1887. La plante de la premiére localité est le type à thalle gonimique, vert blanchâtre. Les spores rougeñtres 1-septées, sont au nombre de quatre, rarement de cinq, dans les théques ; elles mesurent 0,040-45 millim. en longueur et 0,018-20 en largeur. Celle de la seconde localité est une forme à thalle jaunâtre, ayant les lobes plus petits, plus séparés les uns des autres, à bord crispé, ondulé et pruineux. Les thèques contiennent 2-4 spores de 0,040-46 millim. en longueur et 0,020-21 en largeur. 48. Physcia flavicans DC.; Nyl. Syn. I, p. 406; Hue Lich, Yunn, n. 23. Corticola et saxicola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 6 junii 1887. — Fertilis. 49. Physcia leucomela var. angustifolia Mey. et Flot.; Hue Lich. Yunn. p. 93. Supra terram in locis umbrosis in faucibus Hee-chan-men (Lan-kong); 14 junii 4887 : sterilis. In silvis Song-pin supra Tapin-tze, 6 junii 1887. — Fertilis. 50. Physcia speciosa Fr.; Nyl. Syn. I, p. 410. — Lichen speciosus Wulf. Supra rupes in silvis Mao-kon-tchang supra Tapin-tze ; 28 julii 1886 168 SÉANCE DU 8 MARS 1889. (Delav. n° 2403). Ad truncos in silvis Song-pin supra Tapin-tze, 6 junii 1887 (Delav. n° 2999) et Kou-toui supra Mo-so-yn; 17 junii 1887. Dans l'échantillon saxicole, les spores mesurent 0,035-10 millim. en longueur et 0,017-20 en largeur, Les apothécies ont un diamètre de 3-6 millim., et le bord en est entier ou crénelé. Dans les échantillons corticoles les spores n'ont que 0,026-37 millim. en longueur et 0,013-15 en largeur. Un de ces derniers, qui est stérile, parait être la forme domingensis Nyl., Ph. domingensis Ach. ol. Physcia hypoleuca Nyl. — Parmelia speciosa var. hypo- leuca Ach. Super rupes in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn, altit. 3000 m.; 47 junii 1887. — Fertilis. v2. Physcia firmula Nyl. Syn. Y, p. 418. Corticola in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong), altit. 3200 m.; 17 junii 1887. Spores noirätres de 0,015-22 millim. en longueur sur 0,009-10 en largeur. L'iode rend la gélatine hyméniale d'un bleu persistant. 03. Physcia astroidea Fr. — Parmelia astroidea Clem. Corticola in eadem regione et eodem die. Thalle cendré blanchätre, lépreux ou couvert de grosses sorédies, K +. Spores longues de 0,015-29 millim. et larges de 0,007-15. 94. Physeia ulothrix Nyl. Lich. Pyr. Orient. p. 31. — Parmelia ulotrix Ach. — Physcia obscura var. ulothriz Nyl. Syn. T, p. 428. Gorticola in silvis Mo-che-tchin supra Tapin-tze; 2 junii 1887. Les spores mesurent en longueur 0,021-22 millim. sur 0,008-10 en largeur; les spermaties, 0,003 millim. sur 0,0015. Les cils qui se trou- vent sous l'apothécie sont blanchâtres. 99. Physeia setosa Nyl. Syn. I, p. 329; Hue Lich. Yunn. p. 23. — Parmelia setosa Ach. Super saxa in faucibus Hee-chan-men (Lan-kong), 14 junii 1887 (Delav. n° 2989 et 3082). — Ad truncos et imas arbores in silvis Yang-in- chan supra Mo-so-yn, 20 junii 1885; in silvis Song-pin supra Tapin- tze, 6 junii 1887, Kou-toui, altit. 3000 m. et Yen-tze-hay, 17 junii 18871. Ce Lichen parait trés commun dans cette région, mais il y fructifie rarement ; un seul échantillon, celui de Song-pin, est fertile. 56. Fhyscia endococcina Nyl. Flora 1817, p. 354. — Parmelia HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 169 endococceina Korb. Parerg. Lichen, p. 36 ; Arnold Exsicc. 533 ; Lojka Exsicc. 19. Corticola in silvis Kou-toui, supra Mo-so-yn; 18 junii 1887 (Delav. n* 2998). La potasse n'a pas d'action sur l'épithalle, mais elle dissout en violet la médulle qui est rouge. Les spores brunàtres, 1-septées, alténuées aux deux extrémités, sont longues de 0,025-31 et larges de 0,011-14 millim. La gélatine hyméniale par l'iode devient bleue, puis violette. 91. Physcia syncolla Tuck.;. Nyl. Syn. E p. 428, Prodr. Fl. N. Granat. edit. 1* p. 26, tab. T, fig. 4 (sporæ et spermatia) et edit 2, p. 27. Corticola in silvis Yang-in-chan supra Mo-so-yn; 20 junii 1887. Le thalle, K —, d'un vert gris sombre, a les laciniures non contigués comme dans le Ph. agglutinata Nyl., mais éloignées les unes des autres, au moins dans le pourtour; les spores brunàtres ont 0,017-22 millim. en longueur et 0,008-10 en largeur. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis rouge vineuse. Les spermaties, dont quelques-unes sont droites et la plupart courbées en are, mesurent de 0,015-22 millim. en longueur sur à peine 0,001 en largeur; elles sont fixées sur de courts arthrostérigmates. 98. Pyxine Cocoes Nyl. Syn. 11, p. 2, tab. IX, fig. 1 et 2. — Lichen Cocoes Sw. Corlicola in silvis Mo-che-tehin et Song-pin supra Tapin-tze; 2 et 6 junii 1887. In silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 18 junii 1887 (Delav. n^ 2997). Le thalle, K —, est conforme à la description de M. Nylauder, mais là médulle en est jaunàtre. Les apothécies noires, lécidéines, ont en diamètre de 0,5 à 2 millim. L'hyménium repose sur une couche bru- nàtre; les spores 1-septées sont ou oblongues de 0,018-23 millim. en longueur et de 0,007-9 en largeur. ou ellipsoides de 0,023-26 sur 0,013-14 millim. 99. Pyxine sorediata Nyl. Lich. Antill. p. 10; P. Cocoes var. sorediata Nyl. Syn. I, p. 2. Ad truncos vetustos in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 6 junii 1887 (Delav. n° 3007). | La potasse jaunit l'épithalle sans changer la médulle, qui est jaunàtre. L'hyménium repose sur une couche jaune ; les spores 1-septées mesu- rent. 0,015-20 millim. en longueur et 0,008-9, en largeur. La gélatine hyméniale bleuit par l'iode, puis s'obscurcit. 110 SÉANCE DU 8 Mans 1889. 60. Umbilicaria pustulata Hoffm. — Lichen pustulatus L. Ad rupes in silvis Mao-kon-tchang supra Tapin-tze, altit. 2200 m.; 28 julii 1886 (Delav. n° 2405). Etiam ad rupes in silvis Song-pin supra Tapin-tze ; 6 junii 1887. Certains échantillons de la première localité sont finement granuleux en dessous; les théques ne renferment qu'une spore incolore puis brune de 0,055-88 millim. en longueur sur 0,028-42 en largeur. Ceux de la seconde localité sont stériles et portent de nombreux glomérules d'isi- dium. 61. Gyrophora yunnana Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 23. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 6 junii 1887. Échantillons nombreux et bien fructifiés. C'est M. l'abbé Delavay qui a le premier recueilli des Gyrophora sur les arbres. Jusqu'alors toutes les espéces de ce genre étaient regardées comme exclusivement saxicoles. 62. Gyrophora polyrrhiza Nyl.; Hue Lich. Yunn. p. 24. — Lichen polyrrhizus. Super rupes in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887. — Fer* tilis. 63. €oecocarpia molybdæa Pers.; Nyl. Syn. IT, p. 42,et tab. IX, fig. 29. Corticola in silvis Song-pin supra Tapin-tze; 17 junii 1887. Forme à thalle cendré blanchàtre sur ies bords et noiràtre au centre; les apothécies sont noires; les spores, simples et incolores, ont 0,011- 13 millim. en longueur et 0,0050-55 en largeur. 64. Lecanora elegans Ach. — Lichen elegans Link. Super montes abruptos Kou-toui supra Mo-so-yn, altit. 3000 m.; 17 junii 1887 (Delav. n° 3012). Spores le plus souvent placodiomorphes, parfois 1-septées, de 0,011- 15 millim. en longueur et de 0,007-9 en largeur. 65. Lecanora aurantiaca Nyl. Lich. Scand. p. 142 et Lapp. Orient. p. 127. — Lichen aurantiacus Lightf. Corticolain silvis Mo-che-tchin supra Tapin-tze ; 2 junii 1887. 66. Lecanora cerina Ach.; Nyl. Lichen Scand. p. 144. — Lichen cerinus Ehrh. Corticola in eodem loco et eodem die. 67. Lecanora callopizoides Nyl. sp. nov. Corticola in silvis Mo-che-tchin supra Tapin-tze ; 2 junii 1887. Thallus placodiosus, orbicularis (latit. 1-2,5 cent.) citrino-flavus, radiis HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 114 vel planis et adpressis vel leviter convexis, subimbricatis, ambitu et lateribus crenato-dissectis vel profunde lobatis, subtus albidus rhizinisque albis hirsutus. Apothecia plana (latit, 1-2 millim.), margine elevato interdum integro, sæpius crenulato cincta, disco luteo-livido vel fusces- cente, subtus fibrillis albis munita vel rarius nuda. Paraphyses discrete et articulatæ ; sporæ numerosissimæ in thecis, 1-septatze, raro simplices, longit. 0,009-12, crass. 0,0045-60 millim. Gelatina hymenialis iodo cæru- lescens, dein violacee tincta. Spermatia minuta sterigmatibus simplicibus affixa, longit. 0,0020-25, crass. 0,0010-15 millim. Espèce trés remarquable; elle appartient à la section des Candelaria, où elle est facile à distinguer par son thalle placodié insensible à la potasse et ses spores nombreuses dans chaque thèque. 68. Lecanora sophodes Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 148. Corticola in silvis Mo-che-tchin supra Tapin-tze ; 2 junii 1887. 69. Lecanora subfusca Var. subcrenulata Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. Addit. p. 542. Corticola in silvis Kou-loui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887. 10. Lecanora atrynea Nyl.; L. subfusca var. atrynea Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 461 et Lapp. Orient. p. 132. In eadem regione et eodem die. fam Lecanora chlarona Nyl.; L. distincta var. chlarona Ach.; L. albella var. chlarona Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. Addit. p. 943; L. subfusca var. chlarona Stizenb. De Lecan. subf. p. 10. Super cortices leves in silvis Kou-toui supra Tapin-tze ; 17 junii 1887. C'est une forme de ce Lichen à apothécies d'un brun livide, devenant vite convexes. Tous les autres caractères sont ceux du L. chlarona : thalle mince, presque lisse, limité par une ligne noire; paraphyses ag- glutinées, épithécium très légèrement granuleux, apothécies à bord entier ou crénelé; spores de 0,014 millim. en longueur sur 0,009 en largeur ; gélatine hyméniale devenant par l'iode bleue, puis un peu violette. 72. Lecanora albella Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 162, Lapp. Orient. p. 133et Flora 1872, p. 365; Stizenb. De Lecan. subf. p. 10. — Lichen albellus Pers. Corticola in silvis Fang-yang-tchang supra Mo-so-yn, altit. 3000 m. ; 17 junii 1887. Forme à thalle blanc jaunissant par la potasse, comme dans le type, Mas un peu granulé et parfois légérement lépreux et à apothécies beaucoup plus larges que dans l'espéce typique. Elles ont en diamétre 12 SÉANCE DU 8 Mars 1889. 1 2-3 millim.; leur bord est blanc, entier, et leur disque, d'un carné påle, couvert d'une pruine blanche, devenant facilement convexe. Les apothé- cies ont également des dimensions plus grandes que dans le type; elles mesurent 0,020-22 millim. en largeur et 0,011-12 en largeur. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis rouge vineuse. Les spermaties, plus ou moins courbées en forme d'arc, sont longues de 0,013-15 millim. et larges d'à peine 0,001 millim. L'épithécium est granuleux comme dans l'espèce suivante. 13. Lecanora ezesio-rubella Ach.; Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. ed. 1°, p. 31, ed. 2*, p. 33 et Addit. p. 545, Syn. Lich. N. Caledon. p. 21; Stizenb. De Lecan. subf. p. 12. Ad cortices in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887 (Delav. n° 3000, ubi est socia L. flarido-rufæ). Etiam in silvis Yen-tze-hay ; eodem die. Forme à apothécies plus larges que dans les échantillons de la Nou- velle-Grenade ; elles ont en diamétre 1-1,5 millim. Les spores sont aussi plus grandes que ne l'indique M. Nylander ; elles mesurent en longueur 0,014-18 millim. et en largeur 0,009-11. Le thalle jaunit au contact de la potasse, et la gélatine hyméniale par l'iode devient bleue, puis légère- ment violette ou s'obscurcit. D'après M. Nylander, apud Hue Add. ad Lich. europ. p. 333, cette espéce ne différe pas de la précédente. 14. Lecanora endophzeoides Hue Sp. nov. Corticola in silvis Tou-lang-tan prope Tapin-!ze; 11 novembris 1887. Thallus albido-cinerascens, inæqualis, granuloso-verrucosus, indeter- minatus, K flavens, intus albus. Apothecia (latit. 1,5-2 millim.) supra thallum eminentia, livido-fusca, margine satis elevato, crenato, recepta- culo rugoso; epithecium incolor, non granulatum; paraphyses, salis crasse, sublibere; hypothecium rufescens. Sporæ 8"* simplices et inco- lores, oblongæ, longit. 0,022, crass. 0,011 millim. Gelatina hymenialis iodo bene cærulescens, dein fere tota decolorata, dum thee: cæruleæ remanent, vel violaceæ evadunt. Spermogonia deficiunt. Affinis videlur L. endophea Nyl. Syn. Lich. N. Caledon. p. 29. Ce Lecanora diffère du L. endophea Nyl. principalement par son hypothécium moins brun, plus roux, par ses apothécies plus grandes, à bord crénelé et non entier et par ses spores également plus grandes. Par l'extérieur de ses apothécies, il se rapproche assez du L. meso- xantha Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. ed. 4°, p. 31, ed. 2*, p. 33 el Addit. p. 545. Mais ce dernier a l'hypothécium noir, l'intérieur du thalle Jaune, ete. HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 175 19. Leeanora flavido-ruia Hue sp. nov. Corticola in silvis Kou-toui, supra Mo-so-yn; 17 junii 1887 (Delav. n^ 3000). Thallus tenuis, cinerascenti-flavidus, K magis flavens, leviter granu- losus, intus albus; apothecia supra thallum elevata (latit. 1-2 millim.), margine nonnihil flavescenti integro vel crenulato cincta, primum concava, dein plana vel convexiuseula, disco pallide rufo. Sporæ 8", simplices et incolores, longit. 0,015-20, crass. 0,011-13 millim. Epithecium lutes- centi-granulosum ; hypothecium rufescens; gelatina hymenialis iodo per- sistenter cærulescens. Spermatia sterigmatibus simplicibus infixa, cylin- drica, recta, longit. 0,007-9, crass. 0,001 millim. Sous certains rapports, par la coloration de son hypothécium, ete., celle espèce parait se rapprocher de la précédente, mais elle s'en éloigne par la couleur de son thalle, la réaction hyméniale, etc. Elle est remar- quable par ses spermaties droites. 10. Lecanora pallescens Ach.; Nyl. Lich. Lapp. Orient. p. 135. L. parella var. pallescens Nyl. Lich. Scand. p. 157. — Lichen palles- cens L. Ad ramulos in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong), altit. 3000 m.; 17 junii 1887. Forme se rapprochant beaucoup du L. inæquata Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. ed. 1*, p. 30, ed. 2, p. 32 et Addit. p. 541. Le thalle est délerminé, finement granuleux et posséde la réaction érythrinique par l'hypochlorite de chaux, ainsi que le bord thallin des apothécies. Celles-ci sont petites (0,50-1 millim. de diamètre) et ont le bord épais trés gros- siérement crénelé; quelques-unes l'ont entier. Les spores, au nombre de 5-8 dans les thèques, sont simples et incolores; elles mesurent de 0,031 à 0,088 millim. en longueur, et de 0,016 à 0.040 en largeur. La géla- tine hyméniale, par l'iode, devient bleue puis rouge vineuse. Ad ramulos emortuos in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn ; 17 junii 1887. Forme se rapprochant plus du type; les apothécies ont seulement sur le conceptaele quelques granules semblables à ceux du thalle. Les spores ellipsoides ont 0,064 millim. en longueur sur 0,040 en largeur. 11. Lecanora parella Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 151 et Lapp. Orient. p. 135. — Lichen parellus L. Corticola in silvis Kou-toui supra Mo-so-yu, 17 junii et in silvis Ta- long-tan prope Tapin-tze; 11 novembris 1887. Ce Lecanora est semblable à l'espèce européenne; le chlorure de chaux donne à l'épithécium la réaction érythrinique sans changer le bord 174 SÉANCE DU 8 MARS 1889. de l'apothécie. Les thèques contiennent cinq ou huit spores, qui sont ou oblongues, de 0,064-73 millim. de longueur sur 0,024-29 de largeur, ou elliptiques, de 0,062 millim. en longueur sur 0,035 en largeur. Sous l’action de l'iode, la gélatine hyméniale bleuit, puis elle s'obscurcit ou devient un peu rouge vineuse. 18. Pertusaria velata Nyl. Lich. Scand. p. 119. — Lichen vela- tus Sm. Corticola in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 17 junii 1887 (Delav. n° 2994). ; Les spores, solitaires dans les thèques, ont en longueur 0,220 millim. et en largeur 0,062. La gélatine devient par l'iode bleue, puis rouge vineuse, les thèques conservant la couleur bleue. La médulle par l'hypo- chlorite de chaux prend la teinte érythrinique; le cortex ne change pas par ce réactif. 19. Pertusaria globulifera Nyl.: P. multipuncta var. globulifera Nyl. Lich. Scand. p. 180. — Variolaria globulifera Turn. Super ramulos emortuos in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 17 junii 1887. Forme à spores plus petites que dans le type ; elles sont solitaires dans les thèques et mesurent 0,134-210 millim. en longueur et 0,051-58 en largeur. Les apothécies sont tantôt isolées, tantôt réunies deux ou quatre dans la verrue apothécifère ; le disque en est blanchâtre pruineux ou sorédié. Le thalle est insensible à la potasse et à l'hypochlorite de chaux, mais l'iode bleuit légèrement la médulle. 80. Pertusaria Westringii Nyl. Lich. Pyr. Oriental. p. 35. — Isi- dium Westringii Ach. Ad ramulos emortuos in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 17 junii 1881. Forme s'éloignant de l'espéce typique par son thalle trés mince, non aréolé, presque lisse dans le pourtour, rugueux inégal dans ie milieu, mais s'en rapprochant par sa réaction : le cortex et la médulle traités par la potasse jaunissent d'abord, puis prennent une teinte rouge. Elle s'en rapproche encore par ses verrues apothécifères, de méme couleur que le thalle, assez élevées, rugueuses, difformes, et contenant de trois à quatorze apothécies, non confluentes à l'intérieur et indiquées par un point noir. Les théques sont bi-spores; les spores mesurent 0,150- 160 millim. en longueur et 0,040-50 en largeur. L'iode n'a aucune action sur la gélatine hyméniale, mais elle bleuit les théques. Le peu d'épaisseur du thalle de ce Lichen tient peut-étre à sa station HUE. — LICHENES YUNNANENSES. 115 sur de jeunes branches mortes; c'est pourquoi je ne l'ai regardé que comme une forme du P. Westringii. 81. Lecidea decipiens Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 254. — Psora decipiens Hotfm. Supra terram prope Mo-so-yn (Lan-kong); 15 junii 1887 (Delav. n^ 2990). — Sterilis. 82. Leeidea parasema Ach.; Nyl. Lich. Scand. p. 216. Corticola in silvis Kou-toui supra Mo-so-yn; 17 junii 1887. Forme à thalle oblitéré et sans réaction. 83. Lecidea albuginosa Nyl. Flora 1871, p. 227; Nyl. et Cromb. Lich. East. Asie, p. 68. — Var. cinereo-fuscescens Hue. Super saxa umbrosa in silvis Yen-tze-hay (Lan-kong), altit. 3000 m.; 17 junii 1887 (Delav. n° 2897 bis). Thallus cinerascenti-virens, crustam efformans satis crassam, conti- nuam, superficie æqualem, raro leviter rimosam, absque sorediis ; apo- thecia supra thallum valde elevata (latit. 1-2 millim.), margine nigro crasso cincta, disco livido fuscescente et einereo-pruinoso, primum plana dein convexa; apothecium totum nigrum et pars infera medii apothecii æque nigra; hypothecium fusco-nigrum et parte media omnino nigrum, hymenium albidum, epithecium livido-fuscescens ; paraphyses graciles, discret: ; sporæ 8 "* incolores et simplices longit. 0,022-31, crass. 0,013- 16 millim. Gelatina hymenialis persistenter cærulescens. Ce Lecidea pourrait étre également considéré comme une variété du L. albo-cerulescens Wulf.; Arn. Exsicc. 808 et 894. Le thalle du Lichen du Yun-nan et celui du n° 894 se ressemblent, mais le L. albo-cerules- cens a les paraphyses un peu plus épaisses et les spores plus petites, et chez lui l'apothécie enlevée du thalle n'y laisse pas une tache noire et centrale. Les réactifs n'ont pas d'action sur le thalle de ce Lecidea. 84. Lecidea myriocarpa Nyl. Lich. Scand. p. 231et Lapp. Orient. p. 163. — Patellaria myriocarpa DC. forma. Corticola in silvis prope fauces Yen-tze-hay (Lan-kong), altit. 3200 m.; 11 junii 1887. Thalle d'un blanc de lait, insensible aux réactifs. Spores brunes 1-sep- lées, un peu plus grandes que dans le type, longues de 0,015-22 et larges de 0,07-10 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale. 85. Lecidea geographica Var. atrovirens Schær.; Nyl. Lich. Scand. p. 248: Lamy Cat. du Mont-Dore, p. 143. Ad rupes Tsang-chan supra Tali, altit. 4000 m.; 27 junii 1887. 116 SÉANCE DU 8 MARS 1889. 86. Lecidea affinis Schær.; Nyl. Lich. Fr. Behr. p. 16, 41 et 55; L. sanguinaria var. affinis Nyl. Lich. Scand. p. 246. Ad corticem Pini in silvis Kou-toui supra Mo-so-yu; 17 junii 1887. Le thalle verruqueux et aréolé est blanc à l'extérieur et à l'intérieur; la potasse le jaunit. Les apothécies noires, convexes, ont en diamètre 1,5-3 millim.; chaque thèque ne renferme qu'une spore simple, incolore et oblongue de 0,132-156 millim. sur 0,062-66; il s'en trouve de plus ellipsoides, mesurant 0,122 millim. sur 0,064. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis celle-ci se décolore en violet, tandis que les thèques et les jeunes spores demeurent bleues, les spores adultes deve- nant rougeàtres. L'épithécium est d'un bleu intense, l'hyménium bleuà- tre, et l’hypothécium incolore. L'épispore est trés épais et mesure 0,008-9 millim. 81. Leeidea melina hrempelh.; Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. ed. ?, p. 12, Lich. Lapp. Orient. p. 166 et Lich. Fr. Behr. p. 53. Supra ramulos emortuos in silvis Fang-vang-tchan supra Mo-so-yu ; 13 octobris 1887. Ce Lichen differe de l'espéce précédente par son thalle plutót granu- leux que verruqueux et surtout par ses théques bispores. Les spores sont également ou oblongues de 0,046-64 millim. en longueur sur 0,022-33 en largeur, ou ellipsoides, et alors elles mesurent 0,051-53 millim. sur 0,031-33. L'épispore est épais de 0,0040-45. Les autres caractères sont ceux de L. affinis. 88. Normandina Davidis Hue (1) sp. nov. Corticola in silvis Yen-tze-hay supra Mo-so-yn, altit. 3000 m.; 25 maii 1887. Thallus constituitur squamulis (latit. 3-6 millim.), supra obscure viri- dibus, rotundatis vel oblongis, fere semper profunde lobatis, passim leviter imbricatis, infra albis et margine summo reflexis, quapropter albo-marginate apparent ille squamulæ, que substrato modo umbilicato adhierent. — Sterilis. M. Gandoger fait à la Société la communication suivante : Dedicata illustri el rev. Armando David, e Congregatione Missionis, qui, primus Europæus, terras interiores imperii sinensis, annis 1862-1874, peragravit et inde plu- rimas eximias naturales collectiones attulit. Illius collectanea botanica a cl. Franchet in præstanti opere, cui titulus Plantæ Davidianæ, enumerata fuerunt, GANDOGER. — PLANTES DE JUDÉE. 171 PLANTES DE JUDÉE (deuxième Note), par M. Michel GANDOGER. Dans le XXXIII* volume du Bulletin (1886), p. 243, j'ai donné une premiére liste des plantes récoltées en Judée par M. Joseph Planche. Depuis cette époque, et pendant les années 1886, 1887 et 1888, ce col- lecleur a soumis à mes déterminations de nouvelles séries d'espéces récoltées soit à Bethléem, soit dans d'autres localités intéressantes de la Palestine et de la Judée. Sans contenir beaucoup de plantes endémiques, les listes suivantes permettront cependant d'apprécier le fond de la végétation de cette région. En somme, la flore est celle de l'extréme sud de l'Europe ou de l'Afrique septentrionale, avec un mélange plus ou moins considérable d'espéces propres à la Syrie. Ces dernières sont plus abondantes dans la région montagneuse où la végétation revêt un caractère particulier. À une faible distance des côtes de la Méditerranée, elle offre la quasi-uniformité qu'on remarque sur presque tous les rivages de cette mer, quoique cepen- dant, en Orient, elle soit peut-être un peu plus variée qu’en Occident. Mais, en avançant dans l’intérieur des terres, on voit bientôt un change- ment considérable. Ainsi, dans la région des plaines vers la mer Morte et la vallée du Jourdain, la flore revêt déjà ce facies qui caractérise si bien la Perse et la Mésopotamie : abondance de plantes épineuses, Crucifères, Papilio- nacées, Rubiacées, Cynarocéphalées, Salsolacées, etc.; puis, plus àl'Orient et au Sud, la végétation désertique. Voici le nom des espèces récemment envoyées : À Bethléem : Clematis cirrosa. Malcolmia africana. Batrachium circinatum. — crenulata. — capillaceum. — lunata. Ranunculus rhynchocarpus. Isatis aleppica. — myriophyllus. — raphanifolia. — arvensis. Enarthrocarpus lyratus var. bipiunatilobus. Ceratocephalus falcatus. Neslia paniculata. Nigella glauca. Calepina Corvini. — ciliaris, Capsella Bursa-pastoris. Remeria orientalis. Alyssum campestre. Bongardia Chrysogonum. Farsetia eriocarpa. Leontice Leontopetalum. Erophila macrocarpa. Fumaria leucantha. Aethionema Buxbaumii. — densiflora. Arabis verna. Erysimum australe. Capparis spinosa. Diplotaxis Harra. Helianthemum niloticum. Matthiola tristis. Reseda alba. T. XXXVI. (SÉANCES) 12 118 Silene commutata. — Gaillardotiana. — conoidea. — nocturna. Holosteum liniflorum. Alsine... (flores rosei). Lepigonum medium. Cerastium nemorale. Dianthus pallens. Linum strictum. — flavum. — angustifolium. Lavatera cretica. Althæa Aucheri. — acaulis. Hypericum crispum. — atomarium. Geranium pusillum. Tribulus terrestris. Peganum Harmala. Ruta bracteosa. Haplophyllum villosum. — Biebersteinii. Rhamous oleoides. Pistacia Terebinthus. Acacia Stephaniana. Anagyris fætida. Calycotome infestans. Trifolium stellatum. — piluliferum. — physodes. — resupinatum. — scutatum. — alexandrinum. — Lagrangei. Trigonella cœlesyriaca. — spicata. Medicago cærulea. Anthyllis tetraphylla. Lupinus hirsutus. Ononis mitissima. — hirta. — antiquorum. Alhagi Turcorum. Arthrolobium scorpioides. Onobrychis Caput-galli. Scorpiurus vermiculata. Astragalus Drusorum. — christianus, — Stella. — albidus. Psoralea palestina. Vicia cuneata. Lathyrus stenophyllus. Ervum Biebersteinii. — nigricans. Rufus sanctus. SÉANCE DU 8 Mans 1889. Poterium spinosum. Ecballium Elaterium. Glinus lotoides. Lythrum thymifolia. — flexuosum. Polycarpon tetraphyllum. Herniaria cinerea. Sedum altissimum. Umbilicus horizontalis. Telmissa microcarpa. Artedia squamata. Eryngium falcatum. — creticum. Reutera gracilis. Ridolfia segetum. Caucalis tenella. Exoacantha heterophylla. Helosciadium nodiflorum. Scandix persica. Anthriscus silvestris. Lagæcia cuminoides. Bupleurum nodiflorum. Galium sp. — cordatum. — articulatum. — Vaillantii. — tricorne. Rubia Olivieri. Callipeltis cucullaria. Asperula orientalis. — setosa. Lonicera etrusca. Valerianella vesicaria. — coronata. Asterocephalus palestinus. Scabiosa Columbaria var. ? Cephalaria calva. Anthemis tripolitana. — arvensis. Phagnalon saxatile. Pulicaria arabica Inula viscosa. Bellis silvestris. Calendula ægyptiaca. Filago spathulata. Achillea Santolina. Varthemia iphionoides. Chrysanthemum Myconis. Crupina Crupinastrum. Centaurea hyalina. Amberboa Lippii. Carduus arabicus. Kentrophyllum syriacum. Echinops syriacus. Cirsium strigosum. Picnomon Acarna. Chætosciadium trichospermum. GANDOGER. — PLANTES DE JUDÉE. Tragopogou crocifolius. Scorzonera undulata. Podospermum canum. Thrincia tuberosa. Lactuca cretica. — coriacea. Catananche lutea. Scolymus hispanicus. Chondrilla juncea. Phænopus orientalis. Tolpis altissima. Crepis hierosolymitana. Hagioseris galilæa. Campanula Rapunculus var. spiciformis. Specularia pentagonia. Nerium Oleander. Rhazya orientalis. Styrax officinalis. Erythræa babylonica. Convolvulus syriacus. — Dorycnium. — cœlesyriacus. Physalis somnifera. Solanum miniatum. Verbascum tripolitanum. Heliotropium Boræi, Echium setosum. Alkanna lutea. — hispida. — orientalis. Asperugo procumbens. Cynoglossum clandestinum. Podonosma syriacum. Verbena supina. Vitex Agnus-castus. Lippia nodiflora. Stachys palestina. — campanulata. — hirta. Thymbra spicata. Thymus capitatus. Sideritis condensata. — pullulaus. Scutellaria Sieberi. Üriganum Onites. Phlomis chrysophylla. Teucrium divaricatum. Lamium amplexicaule. — album var. Salvia hierosolymitana. Micromeria Juliana. Mentha tomentosa. Marrubium vulgare. Molucella levis. — spinosa. Calamintha incana. Eremostaehys laciniata var. glabrescens. Anarrhinum orientale. Veronica syriaca. — anagalloides. Linaria albifrons. — fruticosa. Acanthus syriacus. Phelipæa ægyptiaca. Plumbago europæa. Statice ægyptiaca. — sinuata. — articulata. Boerhaavia orientalis. Plantago Lagopus. Atriplex alba. — incana. — leucoclada. Chenopodium Vulvaria. Beta maritima. Noea spinosissima. Rumex roseus. Polygonum romanum. Osyris alba. Aristolochia hirta. Euphorbia helioscopia. — Chamesyce. — Paralias. — Peplis. — Peplus. — lanata. — Apios. — Acanthothamnos. Crozophora tinctoria. Andrachne telephioides. Parietaria judaica. — diffusa. Urtica atrovirens. Quercus rigida. Ephedra campylopoda. Asparagus horridus. Tamus communis. — creticus. Arisarum vulgare. Allium philisteum. — syriacum. — eriophyllun. Bellevalia orientalis. Muscari Pinardi. — theræum. Fritillaria Olivieri. Scilla autumnalis. —- hemisphærica. Gladiolus atroviolaceus. Crocus lævigatus. Colchicum orientale. Ophrys anthropophora. — fusca. — lutea. 180 Ophrys Ferrum-equinun. — æstrifera. — Speculum. Orchis sancta. — punctulata. — anatolica. Serapias neglecta. Juncus multiflorus. Carex Linkii. — divisa. — distans. Cyperus Monti. -— patulus. — pygmæus. Scirpus maritimus. — — var. monostachys. Cynosurus echinatus. — elegans. Lamarckia aurea. Cynodon Dactylon. Piptatherum multiflorum. -— cærulescens. Ægilops triaristata. Triticum bœoticum. A Amoas: Zizyphus Spina-Chrisli. Bellis annua. Lagoseris bifida. Thrincia hispida. Au Mont-Thabor : Pistacia chia. Au Mont-Carmel : Polycarpon tetraphyllum. Sedum altissimum. Thymus capitatus. Au lac de Tibériade : Batrachium circinatum. Nerium Oleander. Vitex Agnus-castus. A Nazareth : Reseda alba. Exoacantha heterophylla. Thymbra spicata. Sideritis ambigua. A Saint-Jeau-d'Acre : SÉANCE bU 8 MARS 1889. Lolium tenue. Hordeuin marinum. — leporinum. — maritimum. Agropyrum Linkii. Agrostis verticillata. Pennisetum Tiberiadis. Briza maxima. Poa bulbosa var. vivipara. Bromus madritensis. — scoparius. — arvensis. — macrostachys var. tomentosus. Arrhenatherum palestinum. Kœæleria hispida. Avena orientalis. Lagurus ovatus. Phalaris aquatica. Sorghum halepense. Secale montanum. Polypogon monspeliensis. Sclerochloa memphitica. Ramalina parietina. Iris palestina. Ophrys bicornis. — Ferrum-equinum. | Styrax officinalis. Stachys palestina. Euphorbia Peplis. Juncus multiflorus. Pennisetum Tiberiadis. s Sideritis pullulans. Origanum Onites. Pennisetum Tiberiadis. SÉANCE DU 22 Mans 1889. 181 Nigella ciliaris. Erythræa babylonica. Lagonychium Stephanianum. Vitex Agnus-castus. Rubus sanctus. Lippia repens. Lythrum flexuosum. Statice sinuata. Rhazya orientalis. Euphorbia Paralias. Asterocephalus proliferus. Scirpus maritimus. Physalis somnifera. A Jéricho et aux bords du Jourdain à son embouchure vers la mer Morte * Sinapis orientalis. Lycium orientale. Reseda alba. Statice pruinosa. Oligomeris glaucescens. Boerhavia procumbens. Ochradenus baccatus. Phelipæa longiflora. Silene colorata. Atriplex Halimus. Cerastium nemorale. Anabasis Ehrenbergii. Zygophyllum dumosum. Suæda asphaltica. Vicia hybrida. — altissima. — narbonensis. Osyris alba. Astragalus Johannis. Urtica pilulifera. Retama Retam. Populus euphratica. Chætosciadium trichospermum. Asphodelus fistulosus. Ainsworthia cordata. SÉANCE DU 22 MARS 1889. PRÉSIDENCE DE M. G. BONNIER, PREMIER VICE-PRÉSIDENT. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 mars dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société le décès d'un éminent botaniste, M. Charles Martins, correspondant de l'Institut et professeur honoraire à la Faculté des sciences de Montpellier. Charles Martins était né à Paris en 1806. A la fois géologue et botaniste, il à publié de très nombreux travaux qui traitent surtout des rapports que pré- sentent entre elles les deux sciences dont il s'occupait. Un de ses premiers Mémoires, souvent cité et où il expose la topographie botanique du mont Ventoux, est resté classique en géographie botanique. C'est d'ailleurs cette Partie de notre science qui a été principalement l'objet de ses études. Dans deux voyages scientifiques au nord de l'Europe et dans une excursion sur les côtes de l'Asie Mineure, Charles Martins a recueilli un grand nombre d'obser- 182 SÉANCE DU 22 mars 1889. vations botaniques qu'il a su relier les unes aux autres dans des publications oü les faits notés par le savant sont décrits avec le style d'un vrai littérateur. Il faut encore citer les travaux sur la végétation des iles Dorromées, sur les origines glaciaires des tourbiéres du Jura et la végétation qui les carac- térise, sur l'origine paléontologique des arbres et des arbustes du midi de la France, etc. On doit aussi à ce savant d'intéressantes publications sur la tératologie végétale et la physiologie. Parmi ces derniéres, nous mentionnerons d'une facon oute spéciale le beau Mémoire sur les racines aérifères des Jussiæa, où des expériences et des analyses de gaz intéressantes sont jointes à de curieuses descriptions morphologiques. Ajoutons que M. Martins a traduit en francais les œuvres d'histoire naturelle de Goethe et le cours de météorologie de Kcemtz. Il a fait paraître, avec des notes complémentaires, une nouvelle édition des Éléments de botanique de Richard. Nous ne pouvons nous arréter ici aux articles si remarqués qu'il écrivait dans la Revue des Deux Mondes, ni aux divers volumes de saine vulgarisation scientifique qu'il a publiés. C'est pourtant cette dernière partie de l’œuvre de Charles Martins qui a certainement contribué à déterminer chez beaucoup d'entre nous la vocation des sciences naturelles. M. le Président annonce ensuite àla Société qu'elle a perdu deux de ses membres : le D' Antoine Mougeot, de Bruvères (Vosges), qui s'est éteint, à l’âge de soixante-quatorze ans, après une courte maladie (1), et le D' Perroud, de Lyon, dont le décés a été confirmé par la lettre suivante : LETTRE DE M. l'abbé BOULLU A M. MALINVAUD. Lyon, 15 mars 1889. Monsieur et cher confrère, ... Il n'est que trop vrai que nous avons perdu cet excellent D" Perroud. Lorsque le 9 juin il fut recu à Narbonne membre de la Société botanique de France, j'étais loin de soupconner que ce serait pour dix mois à peine. Il est mort à Lyon, le 26 février, dans sa cinquante-sixiéme année. , Il faisait partie de celle de Lyon depuis sa fondation en 1872. Il a enrichi ses Bulletins de charmants récits d'herborisations dans les Alpes, l'Algérie, les Pyrénées. Malgré sa frêle apparence, il aimait beaucoup ces voyages et y dé- (1) Il était le fils du cryptogamiste bien connu Jean-Baptiste Mougeot et s'était occupé lui-même de mycologie. Voyez l'intéressante Notice: Mort du D" Antoine Mougeot, par M. Roumeguère, in Bull. Soc. mycolog. de France, t. V, p. 6. - SÉANCE bU 22 MARS 1889. 183 ployait une grande activité, ne se bornant pas à la récolte des plantes, mais prenant note du terrain, de l'altitude, de l'exposition où elles se trouvaient. C'était plaisir et profit de l'avoir pour compagnon. Je ne connais pas ce qu'il a publié en médecine, je sais seulement que ses articles ont été fort appréciés. Il n'a jamais publié d'ouvrage de longue haleine, il en a été empêché par sa timidité et sa modestie. Malgé cela l'énumération de ses titres montrera de quelle estime il jouissait. Il avait été médecin des hôpitaux, professeur adjoint à la Faculté de méde- cine, administrateur des hospices, membre de la Commission de vaccine, d'hygiène et de salubrité du département du Rhône, président des Sociétés de médecine et des sciences médicales de Lyon et président de la Société botanique de cette ville. Je regrette que l'obligation de vous répondre sur-le-champ ne m'ait pas permis de me procurer de plus amples renseignements... M. le Président prononce l'admission de : M. PraaNoL (Louis), étudiant en pharmacie, avenue d'Antin, 49 bis, à Paris, présenté dans la précédente séance par MM. Guignard et Hérail. M. Edouard Bornet, au nom de la Commission de comptabilité, donne lecture du procés-verbal suivant : PROCÈS-VERBAL DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PAR LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ POUR L'ANNÉE COMPTABLE 1888. La Commission de comptabilité a vérifié dans tous leurs détails les comptes présentés par M. Ramond, trésorier de la Société. Lesdits comptes se soldent par un excédent de recettes, au 31 décembre 1888, de 36 416 fr. 33 cent., dûment représenté par les valeurs détaillées dans le Rapport sur la situation financière dont M. le Trésorier a donné lec- ture à la Société dans la séance du 22 février dernier. La Commission a reconnu la compléte régularité de ces comptes. Elle propose, en conséquence, à la Société de les déclarer approuvés et d'exprimer de nouveau à M. Ramond la vive expression de toute sa gratitude. Paris, le 22 mars 1889. Les membres de la Commission : Ep. Borner, E. Cosson, E. ROZE. Pour le Président, Le premier vice-président, G. BONNIER. 184 SÉANCE DU 22 mars 1889, Les eonclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées. M. le Secrétaire général donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. POMEL A M. MALINVAUD. Alger, 10 mars 1889. Monsieur et cher collégue, Je viens vous prier de rectifier une erreur commise par inadvertance dans ma Note sur les Evax. A la page 334 (27 juillet 1888), j'ai donné le nom de Pseudevax à un type générique nouveau de ce groupe. Or il existe un ancien genre Pseudevax, et je ne l'ignorais pas, puisque j'avais eu à m'en préoccuper à propos de mon genre Evacidium. Pour réparer cette erreur, je propose de lui substituer le nom de Paraevax (ou Parevax) et de nommer Parevaz mauritanica le Pseudevax mauritanica qui est à reléguer au rang des synonymes. Veuillez agréer, etc. M. Bainier fait la communication suivante : SUR L'ABSIDIA CÆRULEA, par M. BAINIER. Le genre Absidia, caractérisé vis-à-vis de toutes les autres Mucorinées : 4° par le développement de l'appareil sporangial en arcades paraboliques issues l'une de l'autre en sympode et couronnées chacune par un bouquet de sporanges piriformes ; 2° par les rameaux verticillés cuticularisés el colorés qui viennent envelopper et protéger la zygospore, comprend quatre espèces connues; ce sont les Absidia capillata, septata, reflexa et repens. Chez Y Absidia reflexa ie support du sporange est circiné. Chez l'Ab- sidia capillata le support du sporange est toujours dépourvu d'une cloi- son. Les Absidia septata et repens se rapprochent de l Absidia dont je vais parler. Comme ces derniers, l'Absidia ccrulea présente une cloison au-dessous du sporange, mais beaucoup plus rapprochée de celui-ci. La columelle est hémisphérique et non conique. Le point culminant est ordinairement surmonté d'une petite pointe incolore. Le support, de taille irréguliére, atteint quelquefois 1 et 2 millimétres. Les spores sont rondes. Les arcades stoloniféres ne sont réguliérement disposées que lorsque la plante a épuisé en partie la nourriture qui lui a été donnée; elles ont BAINIER. — SUR L'ABSIDIA CÆRULEA. 185 alors une dimension intermédiaire entre celles des Absidia capillata et repens. Les filaments sporangifères naissent au nombre de deux ou trois au sommet de l'arcade, puis il arrive fréquemment que l'un de ces supports donne naissance, à peu de distance au-dessous du sporange terminal, à un petit filament fructifére qui forme un angle aigu. Celui-ci donne lui-méme, dans les mémes conditions et du cóté opposé, un filament ter- tiaire et ainsi de suite, de sorte que l'on peut rencontrer jusqu'à six spo- ranges superposés réguliérement. Cette plante cultivée sur le pain se fait remarquer par sa jolie couleur bleue dans toutes ses parties, mais avec le temps elle brunit légérement. On la rencontre habituellement sur le crottin de cheval, sur les écorces ou sur la mousse, mais souvent elle échappe à l'observation lorsque ses Sporanges peu nombreux sont mélés aux filaments d'autres Mucorinées. Si on vient à semer une spore d'Absidia cærulea sur une goutte de décoction de prunes, on obtient deux résultats différents suivant la tem- pérature. En hiver ou par un temps froid, la spore germe, mais produit de gros articles arrondis qui bourgeonnent et ne donnent que par exception un ou deux filaments gréles surmontés d'un sporange rudimentaire d'Ab- sidia. En été ou par une température élevée, on obtient dans les mêmes conditions une riche végétation. [l résulte de là qu'il est inutile de cher- cher cette plante pendant l'hiver, on ne peut la trouver que pendant les grandes chaleurs. Les spores conservent la faculté de germer pendant assez longtemps, d'une année à l'autre par exemple. Les zygospores de l Absidia cærulea s'obtiennent pendant la saison chaude toutes les fois que la substance sur laquelle cette plante se développe repose sur une couche plus ou moins épaisse de filaments hygrométriques humides et imputrescibles. Par exemple, si le pain sur lequel on cultive V Absidia repose sur une couche de Sphagnum, de Mousse ou simplement de ces copeaux de bois filiformes connus dans le commerce sous le nom de fibres de bois, de méme sur des rondelles de carottes, de méme sur des écorces d'arbres, placées dans les mémes conditions, on obtient toujours des zygospores en extréme abondance. Les ampoules qui doivent devenir les suspenseurs de la zygospore sont trés longues dés leur début, leur forme définitive est celle d'un cóne allongé, contrairement à ce qui se passe pour les zyšospores connues des Absidia septata et capillata. La zygospore se forme de la méme manière que chez les autres Mucorinées, par la nais- sance de deux cloisons qui se forment simultanément, à la maturité elle est noire ronde et ne présente pas d'aspérités. Avant d'arriver à cet état, sur les suspenseurs naissent, d'un cóté d'abord ou des deux cótés à la fois, plusieurs rangées de filaments trés allongéset cuticularisés. Chaque 186 SÉANCE DU 22 Mans 1889. filament est simple, décrit une et même deux circonférences et se termine non en crosse, mais toujours en pointe moins colorée que le reste. L’en- semble mesure plus d'un inillimétre dans les cas ordinaires; aussi rien de plus facile que de voir à l'oeil nu ces zygospores. Il serait intéressant de voir si les autres Absidia donnent leurs zygo- spores dans les mémes conditions, mais il ne m'a pas été possible jusqu'à présent d'en obtenir de la semence. M. Maury fait la communication suivante : SUR LA MORPHOLOGIE DES TUBERCULES DU STACHYS AFFINIS Bge; par M. P. MAURY. Les tubercules du Stachys affinis Bge (1), dont la culture tend à se répandre de plus en plus en Europe, ont fait l'objet d'un assez grand nombre de Notes au sujet de leur origine, de leur acclimatation, de leurs affinités botaniques, etc. Il y a déjà plus d'un an, en étudiant leur morphologie encore ignorée, je fus conduit à constater que ces tuber- cules ne renfermaient pas d'amidon et que leurs réserves sont entière- ment formées de matiéres albumineuses. Au moment de publier mes observations je trouvai dans la Revue Horticole (2) une analyse chimique de la substance de ces tubercules d'aprés laquelle ils auraient, contrai- rement à mes recherches, contenu plus de 17 pour 100 d'amidon. N'ayant pas entre les mains une quantité suffisante de tubercules pour contróler ce fait, je dus remettre au prochain automne l'examen de ce point con- testé. Néanmoins, je crus pouvoir, au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, tenu à Oran, en mars-avril 1888, exposer les résultats de mon étude sur l'organisation des tubercules. Cette com- munication se trouve résumée dans le premier volume des Comptes rendus du Congrés d'Oran (3). Récemment M. de Planta vient de publier (1) A la suite d'une Note publiée dans le Bulletin de la Société d'acclimalation, 1887, p. 395, j'avais cru devoir adopter, dans la communication que j'ai faite au Congrès d'Oran et citée plus bas, le nom de Stachys tuberifera Naudin. Mais après vérilica- tion de la synonymie, si bien établie par mon ami M. D. Bois et son collaborateur M. Pailleux dans le Potager d'un curieux (1885, p. 88), il est impossible d'accepter le nom de M. Naudin. Le seul nom de Bunge, s'appliquant parfaitement à la plante en question et ayant la priorité, doit étre conservé. (2) Voy. Revue Horticole, 1885, p. 236. (3) Voici les points les plus importants du résumé de ma communication, inséré dans les Comptes rendus de la 17* session de l'Association francaise pour l'avancement des sciences à Oran, 1888, I, p. 188. «... Ces tubercules ont la méme signification mor- » phologique que ceux de la Pomme de terre... Sur une section transversale d'un de » ces entre-nœuds renflés et parfaitement ronds, on trouve, comme dans le rameau MAURY. — SUR LA MORPHOLOGIE DES TUBERCULES. 187 dans la Revue générale de Botanique, une analyse chimique qui con- firme l'opinion que je nv'étais faite (1). Je n'ai done plus à insister sur la composition chimique des tubercules du Stachys affinis, mais je crois devoir faire connaitre quelques points de leur organisation au sujet de laquelle on n'a jusqu'à présent rien publié. C'est en mars que l'on met en terre les tubercules et ce n'est qu'en juillet et août, alors que la plante a développé tout son système végétatif aérien, qu'il commence à s'en produire de nouveaux. A l'aisselle des feuilles rudimentaires de la partie inférieure et souterraine de la tige, se développent des rameaux qui s'allongent horizontalement dans le sol. On ne saurait considérer ces rameaux comme des rhizomes, ils ne por- tent jamais de racines et ne donnent point naissance à une tige aérienne. Ils conservent la forme carrée, caractéristique; leurs entre-nœuds sont longs de 2, 3 ou 4 centimètres au plus et leurs nœuds sont munis de deux écailles ou feuilles rudimentaires opposées, à l'aisselle desquelles nait souvent un bourgeon qui se développe en un nouveau rameau sou- terrain semblable au premier. Leur couleur est terne, souvent brunàtre et ils ne renferment pas de chlorophylle. A l'extrémité de chacun de ces rameaux souterrains on voit bientôt l’entre-nœud situé immédiatement au-dessous du bourgeon terminal se renfler dans sa partie la plus rapprochée de ce bourgeon. Puis l'entre- nœud qui succède à celui-là reste trés court, perd la forme carrée, devient parfaitement rond et se rentle considérablement, de telle sorte que son diamétre transversal égale souvent deux fois sa longueur. C'est le premier segment du tubercule. L’entre-nœud suivant prend la même forme, mais reste ordinairement un peu moins volumineux. Le troisième, le quatrième et quelquefois le cinquième présentent les mêmes phéno- ménes, mais de telle sorte que la grosseur des entre-nœuds renflés va en diminuant depuis le premier jusqu'au dernier, c'est-à-dire jusqu'à celui qui est le plus rapproché du bourgeon terminal. Le tubercule ainsi formé s'accroit désormais en volume. Il est facile d'observer sur chaque tubercule que les écailles représen- tatives des feuilles conservent leur situation normale : elles sont opposées ? aérien, quatre faisceaux libéro-ligneux occupant la place des angles arrondis. L'écorce » est peu épaisse, tandis que les tissus médullaires prennent un développement consi- » dérable et forment presque à eux seuls la masse du tubercule... Enfin les cellules E du parenchyme ne renferment pas d'amidon, mais de l'aleurone et des matières pro- ? téiques avec une assez grande quantité d'eau, ce qui explique la rapidité avec la- » quelle les tubercules se flétrissent et se réduisent lorsqu'on les abandonne à l'air. (1) Voy. Revue générale de Botanique, I, p. 85. M. de Planta cite une analyse qu'il aurait trouvée dans la Revue Horticole, d'après laquelle les tubercules secs contien- draient 68,96 pour 100 d'amidon. Je n'ai pu retrouver ce chiffre, je ne connais que celui que j'ai cité plus haut. 188 SÉANCE DU 22 Mans 1889. à chaque nœud et alternes d'un nœud à l'autre. A leur aisselle se trouve un petit bourgeon qui, dans quelques cas assez rares, peut se développer, renflant ses entre-nœuds et donnant lieu à un tubercule ramifié. Quant au bourgeon terminal, il s'arréte momentanément dans sa croissance ; c'est lui qui donnera, au printemps suivant, la pousse aérienne du nouvel individu. On le voit, la valeur morphologique du tubercule du Stachys affinis est la méme que celle du tubercule de la Pomme de terre, l'un el l'autre sont des rameaux souterrains renflés. Ce fait est encore affirmé par la structure. La section transversale d'un entre-nœud, vers son milieu, présente de la périphérie au centre : un épiderme à petites cellules sensiblement égales entre elles, convexes et revétues en dehors d'une mince couche de cutine; une écorce d'une largeur égale environ à 1/3 du rayon, formée de grosses cellules arrondies et limitée en dedans par un endoderme à cellules plus petites; une zone libéro-ligneuse comprenant quatre fais- ceaux libéro-ligneux principaux, oceupant la place des angles de la tige aérienne et un nombre variable de faisceaux intermédiaires trés petits, réduits, le plus souvent, à trois ou quatre vaisseaux; enfin une moelle fort volumineuse, constituant presque toute la masse du tubercule et formée de cellules arrondies, un peu plus grandes que celles de l'écorce, renfermant comme elles un protoplasma et un suc cellulaire abondants. Je n'ai pu observer de stomates dans l'épiderme, et les cellules externes de l'écoree ne contiennent pas de chlorophylle. C'est à cette circonstance et à la convexité des cellules épidermiques que les tubercules doivent leur aspect blanc nacré. Les faisceaux ligneux angulaires sont formés de plusieurs rangées radiales de petits vaisseaux séparés par une ou deux assises de cellules conjonctives. La différence de structure entre le tubercule et le rameau aérien est relativement faible; elle réside, pour le tubercule, dans la disparition des angles collenchymateux, l'absence de stomates, de chlorophylle et la prédominance de la moelle. Une section longitudinale ne nous apprend rien de plus, elle nous montre seulement les faisceaux décrivant des arcs de cercle à convexité externe, se rapprochant par leurs extrémités pour former les nœuds ou étranglements du tubercule. Au niveau d'un nœud, deux faisceaux voisins envoient l'un vers l'autre une ramification pour former l'écaille et le bourgeon axillaire ensuite. Les deux ou trois nœuds les plus rapprochés du bourgeon terminal et chacun des nœuds formés par le développement ultérieur de ce bour- geon sont susceptibles d'émettre des radicelles latérales. Ces radicelles naissent à droite et à gauche de chacun des faisceaux angulaires, au- SEIGNETTE. — SUR LES CROSNES DU JAPON. 189 dessous et au-dessus du point d'insertion des écailles, detelle sorte que l'on peut trouver à un méme niveau huit radicelles latérales. Un tubercule placé dans le sol pour donner un nouvel individu déve- loppe aussitót son bourgeon terminal. Il arrive, lorsqu'on laisse trop longtemps après la récolte les tubercules à l'air libre, que le bourgeon se dessèche ou se brise. Il est alors remplacé par un ou plusieurs des bourgeons axillaires. La jeune pousse s'éléve verticalement dans le sol pour s'en échapper, fait un angle trés prononcé avec l'axe du tubercule et émet à sa base de nombreuses radicelles. Quelle que soit la position du tubercule, horizontale, oblique ou dressée la téte en bas, le dévelop- pement du bourgeon terminal ou axillaire se fait de la méme manière et tout aussi facilement. Je ne pense pas qu'on ait encore pu, en Europe, obtenir des graines du Stachys affinis, la plante n'y fleurissant pas dans les conditions où on la cultive ordinairement. Je n'ai donc pu étudier le développement des tubercules primaires sur une plante venue de graine. Mais il y a tout lieu de croire que les choses se passent comme je viens de les indi- quer et que ce sont les bourgeons axillaires des premières feuilles de laxe hypogé qui produisent les rameaux à tubercules. M. Duchartre dit avoir observé des tubercules ramifiés et d'autres de dimensions considérables ; tandis que pour les tubercules ordi- naires on voyait au plus quatre ou cinq entre-nœuds renflés, il y en avait quelquefois huit ou neuf dans ceux dont il parle. Ce fait esl probablement le résultat du développement de ces tubercules dans un sol trés léger et bien meuble. M. Gaston Bonnier fait, au nom de M. Seignette, la communica- lon suivante : RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LES « CROSNES DU JAPON »; par M. A. SEIGNETTE. Les tubercules de Stachys tuberifera Naud. (Stachys affinis Bge) ont été introduits en France en 1882; ils étaient importés du Japon où la plante est cultivée pour ses propriétés alimentaires. M. Pailleux, à qui l'on doit déjà la vulgarisation de tant de plantes exotiques, en a fait con- naitre et apprécier les qualités, après avoir cultivé ces tubercules au village de Crosnes ; c'est là l'origine du nom de Crosnes du Japon, sous lequel ils sont connus dans le commerce. 190 SÉANCE DU 22 Mans 1889. ]. MoRPHOLOGIE EXTERNE. 1. Morphologie externe des tubercules à l’état de vie ralentie. — Les tubercules de Crosnes du Japon sont formés par des tiges sou- terraines renflées dont les entre-nœuds sont courts et trés épais. Leur dimension est assez variable, les plus grands que nous avons observés atteignaient 8 centimétres de longueur et leur largeur, aux parties les plus renflées, était presque de 2 centimètres; généralement ils sont plus petits. Chaque tubercule présente à chaque nœud deux écailles opposées triangulaires, blanches, charnues et ayant 4 à 6 millimètres de longueur; à l'aisselle de quelques-unes de ces écailles on observe des bourgeons, élargis, renflés. Ces tubercules peuvent présenter différentes directions : on en voil qui sont dirigés tout à fait de haut en bas, ou bien inclinés vers l'ex- térieur, le bourgeon terminal tourné vers le bas, on en trouve aussi qui sont horizontaux. Le tubercule est habituellement plus renflé au milieu qu'aux extré- mités, mais c'est le plus petit nombre, enfin on en rencontre quelques- uns, mais plus rarement, qui sont verticaux, dirigés de bas en haut. Quelle que soit la direction de ces tubercules, qui sont quelquefois au nombre d'une vingtaine à la base d'un seul pied, ils sont tous rattachés à la plante-mére par une tige mince dont la longueur varie de 5 à 15 cen- timétres suivant la profondeur du tubercule ; les plus gros sont presque toujours les plus profonds. C'est dans cette situation qu'ils passent l'hiver. 2. Formation des tiges aérienues sur uu tubercule. — Au printemps, le bourgeon terminal se développe et s'allonge eu donnant naissance à une tige assez grêle (elle n'a que 1 ou 2 millimètres de diamètre). Cette tige, quelle que soit la situation du tubercule, prend une direction verticale et se développe de bas en haut. En méme temps que cette tige se déve- loppe, on voit se former symétriquement deux petites saillies au-dessus des écailles et deux autres au-dessous. Ces saillies augmentent et devien- nent des racines adventives qui atteignent plusieurs centimètres; les plus développées de ces racines sont celles qui naissent le plus près du bourgeon terminal du tubereule. Pendant que ces transformations se produisent dans chaque tubercule, les tiges minces qui les rattachaient à la tige origine se résorbent et chaque tubercule est alors isolé. Le plus grand nombre de bourgeons latéraux avorte; ceux qui se développent, et qui ne sont guére plus de trois, donnent aussi naissance SEIGNETTE. — SUR LES CROSNES DU JAPON. 191 à des tiges aussi gréles que celle fournie par le bourgeon terminal ; quelquefois, mais ce cas est rare, ces bourgeons latéraux forment en se développant de nouveaux petits tubercules ou se localisent pendant quel- ques jours les réserves provenant du tubercule origine; ce dernier se flétrit alors trés rapidement, dans la partie poslérieure, tandis qu'il est encore ferme et bien renflé dans la partie située au-dessus du tubercule nouvellement formé; celui-ci ne tarde pas à se séparer du tubercule sur lequel il est développé et complètement isolé, et donne bientôt naissance, par un bourgeon terminal, à une tige gréle, comme les autres tuber- cules. Le développement de ces tubercules secondaires provenant directe- ment d'un autre tubercule parait assez rare quand les conditions anté- rieures sont favorables; ils se forment, au contraire, trés fréquemment, quand on rend le développement anormal, comme par exemple lorsque la température subit des changements fréquents et considérables, quand on fait varier le degré d'humidité, en arrosant beaucoup, et puis en lais- sant le sol devenir trés sec. En exagérant ces mauvaises conditions anormales, le tubereule pré- sente des phénomènes tout différents : au lieu de donner naissance à des tiges gréles, il s'allonge en se recourbant et devenant alors vertical, le bourgeon terminal en haut, il reste ,aussi large, de sorte que le tuber- cule ne fait en quelque sorte que se déplacer; il se détruit par la partie postérieure pour se reformer immédiatement à l'état de tubercule à entre- nœuds larges et courts; les écailles sont trés charnues ainsique les bour- geons dont quelques-uns se développent aussi de la méme manière ; nous avons vu le méme tubercule se renouveler ainsi jusqu'à trois fois en remontant verticalement et arrivé alors à la surface du sol donner naissance à une tige feuillée, assez chétive. Les tiges verticales ascendantes émises par chaque tubercule conser- vent leurs dimensions grêles ; les entre-nœuds profonds dépassent sou- vent 2 centimètres, tandis que les entre-nœuds voisins de la surface du sol restent trés courts; les feuilles se présentent aux nœuds sous la forme de petites écailles blanches et minces jusqu'à ce qu'elles atteignent la surface du sol. La rapidité d'ascension de ces tiges est variable avec la température, et aussi d'un tubercule à un autre; à la température de 16 degrés, et pour des tubercules situés à 8 centimètres de profondeur, nous avons observé une ascension de 2 à 4 millimétres par vingt- quatre heures. Arrivées dans l'air, ces tiges deviennent rapidement cinq ou six fois plus grosses, se couvrent de poils et les feuilles se développent. L'aceroissement de la tige feuillée est trés rapide; il atteint dans de bonnes conditions 4 centimètre par jour; dans nos climats, ces tiges, qui 192 SÉANCE DU 22 Mans 1889. sont tres ramifiées et forment des touffes épaisses à feuilles d'un vert assez sombre, ne produisent pas de fleurs ordinairement. 3. Destruction des tubercules. — Quel que soit le nombre des tiges feuillées fournies par un tubercule, ce tubercule se détruit toujours de la méme maniére ; il devient mou, se ride, noircit, puis il disparait peu à peu en cédant toutes ses réserves; avant que la tige aérienne ait atteint tout son développement, il ne reste plus rien du tubercule; si l’on arrache la plante à ce moment, on observe sur les tiges souterraines que des racines adventives, longues et très ramifiées, restent minces et disposées toujours bien régulièrement quatre par quatre à chaque nœud. Je ferai remarquer qu’un peu avant la destruction totale du tubercule, j'y ai observé de nombreuses bactéries. 4. Développement des tubercules. — Bientôt après la disparition complète du tubercule, les bourgeons qui existent à l'aisselle de l'écailie dela tige souterraine se développent; ils prennent d'abord une direction horizontale et présentent la forme d'une série de cinq ou six petites perles blanches, petits renflements qui sont les entre-nœuds de la nou- velle tige. Cette nouvelle tige s'allonge rapidement, en se recourbant vers le bas, les entre-nœuds de la tige szamincissent en s'allongeant, tandis que les nouveaux entre-nœuds formés à l'extrémité sont renflés ; chaque entre-nœud est donc renflé quand il se forme, il s'amincit en se déve- loppant. Lorsque l'extrémité de cette tige s'est enfoncée jusqu'à un cer- tain niveau, les entre-nœuds terminaux restent trés courts, se renflent el forment un tubercule qui est au bout de la tige souterraine gréle. Une plante arrachée à ce moment présente un aspect assez curieux; de la tige ascendante origine se détachent une vingtaine de filaments gréles qui partant horizontalement se recourbent régulièrement de haut en bas tout autour de cette tige (comme les branches d'un arbre qui retombent sur le sol), et à l'extrémité de chacun de ces filaments se trouve suspendu un tubercule dont le volume toujours très petit augmente cepen- dant assez réguliérement avec les profondeurs. Cette marche descendante des tiges souterraines diminue de rapidité à la fin de juin, nous l'avons trouvé de 3 millimétres par semaine, enfin elles nous ont toutes paru vers la fin de juillet être arrivées au point le plus bas de leur course. Alors la tige cesse de s'enfoncer verticalement; elle s'incline vers l'extérieur; la tige prend souvent l'inclinaison de 45 degrés, quelques-uns prennent aussi la direction horizontale. Les entre- nœuds terminaux se renflent beaucoup, l'allongement diminue encore et le tubercule achéve de se former; il nous semble que l'allongement cesse alors complétement, et que l'extrémité est immobilisée; les tubercules SEIGNETTE. — SUR LES CROSNES DU JAPON. 193 ont augmentés en volume et en poids jusqu'au mois d'octobre, mais l'augmentation était extrémement faible à cette époque. Il. CoMPOSITION DES TUBERCULES. Poids sec. — La composition chimique des Crosnes du Japon a été publiée par M. A. de Planta, dans le n° 2 de la Revue générale de Bota- nique; ce savant chimiste a constaté dans les tubercules la proportion extraordinaire de 75 pour 100 environ de galactane, hydrate de carbone formant un intermédiaire entre l'amidon et le sucre, découvert en 1886 dans les graines de Lupin par M. M. Schultze. M. A. de Planta indique comme poids sec de ces tubercules 21,67 pour 100, cette méme quantité que nous avons en moyenne observée dans les tubercules entièrement développés, c’est-à-dire au moment où ils entrent dans une période de vie ralentie; mais la proportion de substance séche change considérablement dans d'autres périodes de l'existence de ces tubercules. Ce nombre de 21,67 estun maximum ; quand le tubercule esten voie de développement, il renferme sensiblement plus d'eau, la moyenne de nos observations nous a donné pour les tubercules trés peu développés le nombre 13,67 pour 100; pour les tubercules en voie de destruction qui portent de jeunes tiges aériennes, il n'est plus que de 8,82 pour 100; enfin chez les tubercules anormaux recourbés, développés dans des con- ditions désavantageuses pour le végétal, le poids est encore plus faible, la moyenne de nos observations a été dans ce cas de 6,86; ce sont donc réellement des tubercules gorgés d'eau et que l'on peut considérer comme malades. Ill. TEMPÉRATURE DES TUBERCULES. Nous avons cherché au moyen d'aiguilles thermo-électriques la diffé- rence de température des tubercules avec la terre dans laquelle ils se trouvaient, ainsi que la différence de température entre des tubercules à différents degrés de développement. Nous avons ainsi constaté qu'à loutes les époques de leur existence, méme quand ils sont à l'état de vie ralentie, les tubercules sont à une température supérieure à celle du sol, à moins que le sol n'ait été refroidi rapidement, soit par le refroidis- sement de l'atmosphére, soit par la pluie qui par suite de l'évaporation refroidit considérablement le sol (nous avons constaté des refroidisse- ments de 6 degrés en moins d'une demi-heure à une profondeur de 10 centimétres). Nous avons également constaté que les tubercules présentaient un T. XXXVI. (SÉANCES) 13 194 SÉANCE DU 22 MARS 1889. maximum de température au moment où les tiges aériennes commençaient à apparaitre. IV. ANATOMIE COMPARÉE DES TIGES AÉRIENNES ET DES TIGES RENFLÉES EN TUBERCULES. L'anatomie de la tige aérienne et celle de la tige renflée en tubercule est trés différente. On retrouve à trés peu prés la méme disposition ana- tomique aux deux extrémités du tubercule. Si nous considérons la disposition de la tige souterraine qui porte le tubercule, nous voyons que cette tige est quadrangulaire et nous voyons à chacun des angles une couche de collenchyme qui protège un faisceau libéro-ligneux, une écorce assez mince ayant quinze à dix-huit cellules d'épaisseur, et la moelle. Si l'on fait une coupe au premier entre-nœud légèrement renflé qui forme le commencement du tubercule, on voit le collenchyme bien diminué, l'écorce augmentée, elle a maintenant viugt cellules d'épais- seur, le bois est sensiblement moins développé; la moelle augmente dans la proportion d'un à sept. Dans des entre-nœuds du milieu du tubercule, nous ne trouvons plus le collenchyme, l'écorce augmente encore plus, on trouve jusqu'à trente cellules d'épaisseur, le bois devient de plus en plus rare; la moelle à augmenté dans la proportion d'un à quinze. Si enfin nous considérons la coupe faite à la base de la tige aérienne, nous voyons celte tige redevenue franchement quadrangulaire ; le col- lenchyme y est trés développé et protége quatre grands faisceaux libéro- ligneux, l'écorce est trés diminuée et n'a plus que huit à dix cellules d'épaisseur, nous retrouvons aussi la zone de fibres péricycliques ligni- fiées et enfin la moelle également trés diminuée. Le tubercule est donc formé surtout par un développement considé- rable de la moelle qui accompagne une augmentation relativement moins grande de l'écorce. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : EXCURSION BOTANIQUE A 165 LIEUES DU POLE NORD; par M. Ed. JARDIS. On peut affirmer, sans crainte d'erreur, qu'aucun botaniste n'a pénétré plus loin vers le póle Nord que les savants de l'expédition américaine JARDIN. — EXCURS. BOTANIQUE A 165 LIEUES DU POLE NORD. 195 dirigée par le lieutenant Greely (1), et que ces savants, en recueillant avec de grandes souffrances et au péril de leur vie les quelques végé- taux qu'ils ont rencontrés dans la baie Franklin, bien humbles repré- sentants d'un des régnes de la nature, ont rendu un véritable service à la science botanique. Qu'ils recoivent ici l'hommage de notre reconnais- sance ! Avant de faire connaitre le résultat de ses pénibles et laborieuses recherches, il est bon de dire en quelques mots ce qu'était l'expédition dirigée par le lieutenant Greely (2). : En 1881, une convention avait été passée entre les principaux Etats d'Europe et d'Amérique, pour envoyer des missions chargées de faire des observations météorologiques et magnétiques dans les régions les plus voisines des deux pôles. : Le chef d'une des deux expéditions (3) préparées par les Etats-Unis était le lieutenant Greely, du 3* régiment de cavalerie, qui servait depuis longtemps dans la section météorologie du corps des signaux. Le navire Proteus, qui portait l'expédition, composée de vingt-quatre personnes et qui était approvisionnée pour trois ans, devait aborder, si les glaces le permettaient, à la terre de Grinnell, prés du cap Bellot, dans la baie Franklin et le petit port de la Discovery; la station devait avoir lieu autour du fort Conger, par 81^ 44' (d'autres documents portent 81^ 20^) de latitude Nord et 67^ 18' de longitude Ouest. L'expédition arriva le 12 aoüt 1882. Le personnel, le matériel et les vivres furent mis à terre, et le Profeus rentra aux États-Unis. L'année suivante, on arma une petite flottille destinée à renouveler les vivres, et au besoin le personnel, dans le cas où un froid intense aurait fait quelques victimes. Les glaces, plus abondantes sur la cóte que l'année précédente, ne permirent pas la communication. En 1884, l'absence de nouvelles fit décider l'armement d'une nouvelle expédition. 25 000 doilars furent promis à ceux qui iraient à la recherche du lieutenant Greely et de ses compagnons d'infortune, parmi lesquels se trouvait un Francais, le D' Pavy, né à la Nouvelle-Orléans le 26 juin (1) Elle a exploré, en mai 1883, l'extrémité septentrionale du Groenland et décou- vert deux iles, par 83° 24' de latitude nord, le point le plus voisin du pôle qu'on ait atteint, Parry, en 1847, était parvenu à 82°45'; Markem, de expédition Nares, à 83° 9(y 28". (2) La Norwège, considérant que les explorations isolées au pôle Nord n'ont jamais donné de résultats définitifs, va proposer aux grandes nations européennes de s'asso- cier pour que les expéditions de chaque État se fassent successivement et qu'elles continuent l'exploration au point oü l'aurait laissée l'expédition précédente. (3) L'autre expédition s'était établie à Oglanelle, sur la cóte nord d'Alaska, par 71718" latit. N, et 158° 44 long. O. 196 SÉANCE DU 22 MARS 1889. 1844, le méme qui, poussé par l'amour de la science, avait dù faire, en 1870, partie de l'expédition dirigée par M. G. Lambert. Les malheureux exilés, constatant avec terreur que les vivres leur man- quaient et qu'il était peu probable qu'on püt leur en apporter, se déci- dérent à quitter le fort Conger, le 9 aoüt 1883, et ne pouvant aller plus loin, ils s'établirent au cap Sabine. Mais, comme on l'a vu, ils n'étaienl pas oubliés. Une chaloupe d'un des navires envoyés à leur recherche, guidée par un document de 1883 déposé par Greely dans un cairn (amas de pierres) et trouvé à l'ile Drevoort, finit par déterrer, c'est l'expression exacte, ces malheureux enfermés hermétiquement dans une hutte de neige el de glace. Il en manquait les deux tiers! On put en recueillir huit, encore vivants, mais l'un d'eux, les deux pieds gelés, ne put arriver jus- qu'à Terre-Neuve (1). Les détails du voyage du lieutenant Greely et des recherches dont cette expédition a été l'objet sont consignés dans le Report of the scien- tific proceedings of the expedition to the Lady Franklin bay, etc., etc., et dans la Revue géographique du Tour du Monde, II° vol., 1884, p. 423. C’est donc au prix des plus cruelles souffrances et de la mort, que le lieutenant Greely et ceux qui l'accompagnaient ont pu fournir à la science des indicalions précieuses. En ce qui concerne la botanique, on doit s'estimer heureux que la petite collection de plantes dont nous allons donner la liste soit parvenue aux États-Unis; adressée au D" Asa Gray par l'expédition, elle a été déter- minée par le savant botaniste D" George Vasey, du Ministère de l'agri- culture des États-Unis. Elle est déposée maintenant dans une des salles du Muséum d'histoire naturelle de l'Institution Smithsonienne, 13° dé- partement, n^ 16 064. : Mais avant de donner la liste des espèces recueillies, qu'on nous per- mette d'énoncer quelques observations sur le mode de végétation dans les régions polaires. M. Alph. de Candolle, dans sa Géographie botanique, si remplie d'in- dications précises au sujet des limites de la végétation, ne pouvait pas fixer le point extrême où elle parait s'arréter, d’après l'état des connais- sances en fait de botanique, puisque à l'époque où il publiait son ouvrage (1855), on n'avait pas encore pénétré si avant dans le nord. Mais la constatation des espèces recueillies par le lieutenant Greely ne fait que prouver l'exactitude des lois qu'il a si savamment déduites de ses pro- fondes études sur ces questions difficiles (2). (1) La librairie Hachette vient de publier : Dans les glaces arctiques, journal de la mission au póle Nord, du lieutenant Greely, lequel a été promu au grade de général. (2) M. Aug. Berlin a donné la liste des plantes recueillies au Groenland par M. Dickson, botaniste attaché à i'expédition. Nordeuskiold, en 1883. Le point extrême JARDIN. — EXCURS. BOTANIQUE A 165 LIEUES DU POLE NORD. — 107 I! constate, en effet, que plus le repos des plantes a été complet, plus la végétation s'établit avec vigueur au printemps et en été, et que, plus on avance vers le nord, plus la lumière directe ow diffuse rem- place utilement la chaleur. C'est ce qu'avait formulé le savant Alex. de Humboldt: Agens enim stirpes non solum caloris stimulo, sed et lucis que, majus extensa in locis excelsis quam planis, duplici modo plantas movet, vi sua tum propria, tum calorem in superficie eorum excitante (De distributione geographica plantarum) (1). Nous avions déjà constaté ce fait en Islande, et la liste des Phanéro- games de la baie Franklin le-prouve d'une manière évidente. On sait en effet que les neiges perpétuelles descendent jusqu'au bord de la mer, par 79° 30' et que, par la latitude où se trouve cette baie, la végétation semblerait impossible. Mais il faut remarquer que la longueur du jour, en élé, y est de plus de quatre mois, temps plus que nécessaire pour l'évolution complète des plantes qui y végètent, chauffées plutót par l'aetion prolongée de la lumière que par celle de l'air et du sol, et que la chaleur solaire, quelque faible qu'elle soit, fait fondre la neige sur le littoral méme. Le climat du détroit de Magellan, en hiver si rigoureux et où des glaciers descendent jusque dans la mer, offre cependant une végétation trés variée et abondante. Le voyage du célébre explorateur Nordenskiold a jeté un nouveau jour sur le point où parait s'arréter la végétation, et son savant inter- préte R. Kjelmann, dans son ouvrage, extrait de celui du hardi naviga- leur, De la végétation polaire, a été amené à diviser en deux catégories les plantes de l'extrême Nord : 4° celles qui ne peuvent se développer que pendant la période de chaleur maximum: 2° et celles qui conti- nuent à croître au moment où la chaleur commence à baisser, c'est-à- dire à la fin de l'été. Souvent, remarque-t-il ainsi que le fait de Candolle, la fécondation n'a pas le temps de s'opérer, mais il est à remarquer que les végétaux polaires ont tous des racines qui pénétrent profondément dans le sol, pour chercher la chaleur que leur refuse l'atmosphére, et que plusieurs espéces se propagent plutót par les stolons qu'elles émeltent que par les graines qui ne sauraient arriver à un degré de maturité suffisant. Il y a un autre motif de l'existence de ces longues et fortes racines, c’est celui d'empécher la plante, quelque faible que soit la surface qu'elle atteint a été [vsugigsok, par 76 2l' N. Il a été recueilli par ce savant 377 espéces ou Variétés. Les Cypéracées sont au nombre de 37 espèces, dont 30 Carez; les Graminées, au nombre de 50. C'est plus que le quart de la flore de la région explorée (Soc. Linn. de Paris, 1885). (1) C.-F. Stromeyer, Historie vegetabilium geographicæ specimen, Gættingæ, 1800 ; Ch. Flahault, Observations sur les modifications des végétaux suivant les conditions Physiques du milieu (Ann. des sc. nat.. BoT., 1879, t. VII et 1880, t. IX). 198 SÉANCE DU 22 wans 1889. présente, d'étre enlevée par les vents qui soufflent souvent avec une violence irrésistible dans ces parages. Sila présence de la lumiére prolongée accélére la végétation de la plupart des espèces végétales, l'absence de lumière n'est pas un obstacle à celle de certaines autres espèces. Ramond (Végétation sur les mon- tagnes) a constaté que des plantes cachées pendant plusieurs années sous la neige y avaient continué à vivre; M. Nordenskiold a trouvé à Pittlekay une Algue, l'Enteromorpha micrococca, et au nord dela Nor- vège des Rhodomela, Rhodymenia, Halosaccia, en pleine végétation pendant l'hiver. Mais il faut remarquer que le milieu dans lequel vivent ces plantes a une température plus élevée que celle de l'atmosphére. Un autre phénoméne se produit pendant l'obscurité, quant à la respi- tion des plantes. Jusqu'alors on avait admis que les plantes assimilaient plus d’oxygène dans les régions du Nord, et que, pour les basses tempé- ratures, le rapport du volume de l'acide carbonique était plus petit que l'unité ; qu'il était égal à une certaine température, et supérieur pour des températures élevées. Les belles expériences de MM. Bonnier et Mangin sur la respiration des plantes à l’obscurité (1) ont démontré qu'il y a corrélation entre les volumes de gaz émis et absorbés dans l'acte respiratoire, c'est-à-dire que le volume d'acide carbonique est égal au volume d’oxygène absorbé, quelle que soit la température, contrairement aux conclusions de MM. Dehérain et Moissan (2). Il reste cependant une question à résoudre, celle de savoir si l'obscu- rité des zones tempérées produit le méme effet que celle des zones gla- ciales, qui doit étre bien modifiée par les aurores boréales et les lueurs crépusculaires. Vu le peu de connaissance que nous avons des causes qui modifient la température d'un pays dans les régions de l'extréme Nord, la direc- tion des vents et des courants, etc., il est bien difficile de déterminer les circonstances climatériques qui s'opposent au développement d'une espèce ou le favorisent. Ainsi, on pourrait s'attendre à trouver dans la baie de Lady Franklin le Silene acaulis, qui végéte au Spitzberg et au cap Nord et qui supporte la température la plus basse parmi ses congé- uères. Il n’est pas question, bien entendu, de ces formes microscopiques qui existent autour des pôles et qui démontrent que la vie végétative ne saurait être arrêtée par les froids les plus rigoureux, s'ils ont quelques interruptions (3). (1) Ann. des sc. nat., BOT., t. XIX, 1884. (2) Ch. Flahault, La fonctton respiratoire chez les végétaux, par MM. G. Bonnier et L. Mangin (Ann. des sc. nat., BOT., 1885), et Société Linnéenne de Paris. (3) Voyage de James Ross au pôle Austral. Nordenskiold a étudié la flore microsco* JARDIN. — EXCURS. BOTANIQUE A 165 LIEUES DU POLE NORD. 199 Il est à remarquer que la collection dont il s'agit ne comprend aucune Cryptogame, si l'on excepte deux Équisétacées et une Fougère. Il est ce- pendant des espèces lichénoides qui s'avancent beaucoup vers le nord. Au Spitzberg, par 77° 80', on a recueilli jusqu'à 210 espèces végétales, parmi lesquelles figurent quelques Cryptogames (1). Le Nephroma polaris végéte sous la neige; des Lecanora, Lecidea, Pertusaria, Verrucaria, Leptogium, Cladonia, ont été recueillis dans le détroit de Behring par l'expédition Nordenskiold. Parmi les Mousses, des Dicranum, Campy- lopus, Blindia, Barbula, Macromitrium, Ulota, ont été trouvés sur la Terre de Feu : l'Orthotrichum Flærkeanum se voit au cap Nord; trois Bryum au Spitzberg. Dans les montagnes Blanches des États-Unis, on a constaté l'existence de petits Champignons des genres Excidium, Peri- dermium, et en Norvège, des Geoglossum et Mitrula. Les Hépatiques des genres Gottschea, Radula, Schismus, Frullania, croissent fort avant dans le Nord. M. Phillips a recueilli deux Jungermannia. M. Farlow a donné une liste assez nombreuse des Algues arctiques, qui n'ont point été négligées par Nordenskiold. Le littoral de la Nouvelle-Zemble fournit des Laminaria, Alaria, Fucus, Desmarestia, Delesseria, Ptilota (2). ll est done possible, probable méme que quelques représentants de ces familles végétent dans la baie où s'était établi le lieutenant Greely; seu- lement on n'aura pas porté l'attention sur ces espéces inférieures du régne végétal, qui doivent, par cette latitude, étre réduites à un état quasi microscopique, sauf toutefois les Algues qui vivent dans un milieu à température plus élevée. E Quoi qu’il en soit, nous reproduisons la liste des plantes de la baie de Lady Franklin, telle qu'elle a été lue par le D" Vasey devant la section botanique de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, à la réunion de Ann Arbor, au mois d'aoüt 1885 (3). pique qui végète à la surface de la neige et de la glace et qui leur donne cette teinte rougeàtre si remarquable dans les zones tempérées. (1) C. F., Commission dans le Nord sur la Recherche ; Lichenes novi e freto Beh- ringii, exposuit W. Nylander; Bibliothèque universelle, juillet 1840; Flora, 1842, n° 31, Voyage au pôle boréal par le cap Phipps, en 1772; sir John Richardson, Arctic ame- rican Lichens; Bot. appendix to John Franklin, narrative of a journey from the shores of. Hudson's bay and the polar sea; Sur la végétation algologique des cóles d'Islande, par H. F. G. Strœnfeld ; Algues de l'Océan arctique, par M. R. Kjellerman. e Végétation de la Nouvelle-Zemble (Société bot. de France, ® série, t. XXXUI, 1886). ; (3) Le D" Vasey a publié cette liste dans le Botanical Gazette, vol. X, 1885, P- 364 366, et le général Greely l’a publiée de nouveau avec notes, comme appendice IX’, dans son livre : Three years of Arctic sea. (Note du Secrétaire adjoint de la Société Smithsonienne.) PHANÉROGAMES. Ranunculus nivalis R. Br. var. sulfu- reus Wahl. — affinis R. Br. Papaver nudicaule L. Cochlearia officinalis L. Braya alpina Sternb. var. glabella (B. purpurascens R. Br.). Vesicaria arctica Rich. Parrya arenicola Hook. f.? Eutrema Edwardsii R. Br. in Parry's 1 voyage. Cheiranthus pygmæus Adams (Hesperis pygmœus Hook.). Draba hirta L. (D. arctica Wahl.). — rupestris R. Br. — alpina L. Lychnis apetala L. — triflora L. var. hirta. Arenaria greenlandica Spreng.? — verna L. var. hirta. Cerastium alpinum L. (C. lanatum Lamk). Stellaria longipes Gold. var. Edward- sii Torrey et Gray. Potentilla nivea L. — nivea var. quinata Lange. — pulchella R. Br. — maculata Pourr. Dryas octopetala L. var. integrifolia. Saxifraga oppositifolia L. — flagellaris Willd. tricuspidata Retz. cespitosa L. nivalis L. cernua L. rivularis L. var. hyperborea Hook. Epilobium latifolium L. — — — SÉANCE DU 22 Mans 1889. Erigeron uniflorus L. Arnica alpina Oliv. Taraxacum officinale Web. var. dum Koch. Cassiope tetragona L. Androsace septentrionalis L. Pedicularis capitata Adams. — Langsdorfii Fish. var. lanata Grev. Oxyria digyna Camp. Polygonum viviparum L. Salix arctica Pall. Luzula hyperborea R. Br. (L. confusa Lindb.). Juncus biglumis L. Eriophorum angustifolium R. Br. Kobresia scirpina Willd. Carex nardina Fries. — rupestris Al. — ustulata Wahl. var. minor Boot. — compositum Pursh. var. trifidum Koch. — vulgaris Fr. var. hyperborea Boot. Alopecurus alpinus L. Arctagrostis latifolia Gris. Deschampsia brevifolia R. Br. (Aira arctica Sw.). Trisetum subspicatum Beauv. Poa cenisia All. (P. arctica R. Br.). — abbreviata R. Br.? — alpina L. var. vivipara. — laxa Hænke. — cæsia Smith. var. Festuca rubra L. var. Agropyrum violaceum Hornm. livi- CRYPTOGAMES. Equisetum variegatum Schl. — arvense L. Cystopteris fragilis Bernh. OBSERVATIONS. Contrairement à l'opinion jadis émise par M. de Mirbel, que dans les contrées hyperboréennes les Rosacées sont dans un rapport plus élevé avec le reste de la végétation que partout ailleurs, on voit par cette liste que ce sont les Graminées qui dominent et forment plus du cinquiéme de celle de la baie de Lady Franklin. La proportion est la méme à l'ile Melville, qui, sur 77 Phanérogames, ne compte pas moins de 14 Grami- JARDIN. — EXCURS. BOTANIQUE A 165 LIEUES DU POLE NORD. 204 nées. Elle baisse au cap Nord, où, sur 112 Phanérogames, l'on ne compte que 12 Graminées. Le tableau comparatif de la végétation dans la baie Lady Franklin et au cap Nord, Laponie suédoise, par 71° 10' de latitude Nord, permettra d'apprécier ces rapports pour les autres familles, BAIE FAMILLES de CAP NORD OBSERVATIONS LADY FRANKLIN Renonculacées ....... 2 8 Papavéracées ........ 1 4 Acette nomenclature UFücieéréd co. oe 9 4 des familles il faut Nus $0 A * 2 ajouter celle des Équi- Caryophyllées ....... 6 10 sétacées et celle des Géraniacées.......... » | uos los ooi. Légumineuses........ » l A Aa ETE en 5 7 tant dans la baie Fran- Onagrariees i.. 0: ! 9 klin, -Il. est pos Saxifragacées. ....... 7 8 qu'elles existent aussi Ombelliféres. ........ > 1 A CAD EEA Valérianées, ......... | » | 1 cómiue es Rank ce Composées .......... L | L Je uM PIS (CHRONO IR i | 8 MM. Deinboll et Mar- Primulacées ......... 1 1 tins ont pu les passer Jasminées n » | sous silence. Gentianées .......... > 1 Borraginées.,........ » 1 Serophulariées..... ut 2 6 Polygonées......... : 2 4 Empétracées....... "c , 1 Amentacées....... .. I 6 ENSE. ue. > 1 BEES S V So 2 3 Gypéricées .,....... - 6 1 Gane oue vsu I4 12 61 112 Dans la baie Franklin, la végétation n’est donc représentée que par 14 familles de Phanérogames, tandis que le cap Nord en compte 26. Si l’on compare ces deux points hyperboréens, on remarquera la famille des Papavéracées qui compte une espèce aux environs du fort Conger et . 202 SÉANCE DU 22 MARS 1889. qui n'a pas de représentant au cap Nord, celle des Crucifères qui y compte 9 espèces, tandis qu'au cap Nord on en signale 4 (1). Il est possible que ces plantes n'aient pas été rencontrées dans cette dernière localité par le botaniste suédois Deinboll et par le professeur A. Martins (2), mais il ne faudrait pas en conclure qu'elles n'y existent pas. Quelques courses d'herborisation sont le plus souvent insuffisantes pour recueillir toutes les plantes d'une localité. De méme, l'expédition du lieutenant Greely n'a pas signalé dix familles dont on trouve des représentants au cap Nord. Probablement plusieurs font réellement défaut, de méme qu'il se peut que le botaniste de l'expé- dition ne les ait pas rencontrées. Il y a lieu toutefois de remarquer que la différence de latitude des deux points comparés est assez grande pour qu'on doive s'attendre à une modification dans la végétation de la baie de Lady Franklin. Il n'est guère possible de faire de comparaison entre les régions po- laires des deux hémisphéres, à cause de la différence de température, à latitude égale, dans l'un et dans l'autre (3). Ainsi, la terre Clarie etla terre Adélie, qui sontà une latitude moyenne sud de 66°22’ sous le cercle polaire antarctique, latitude du nord de l'Islande, de la Laponie, du pays des Esquimaux et des Samoyèdes, d'une partie de la Sibérie et du Groenland, n'ont montré à Dumont d'Urville, qui les découvrit en 1840, qu'une croûte épaisse de glace, et là où le roc paraissait à nu, pas la moindre trace de Lichens. Ross n'a vu sur la terre Victoria, de 70 à 79 degrés sud, que d'énormes montagnes envelop- pées de glaces (4). Il suffit donc de constater une fois de plus que la végétation s'arréte bien plus tót dans l'hémisphére austral que dans le boréal, et que le froid excessif suspend le développement de toute espéce de germe, lors- qu'il est continuel. Au sujet de la présence d'une seule Papavéracée dans l'énumé- ration des plantes signalées par M. Jardin, M. Rouy dit que le (1) L'Arabis alpina, le Capsella Bursa-pastoris, le Draba incana et le Cochlearia officinalis. (2) Voyage botanique le long des cótes septentrionales de la Norvege, depuis Dron- theim jusqu'au cap Nord. (3) Cook n'a pu franchir le 71*15' dans l’hémisphère sud; Greely a dépassé le 815. il y a donc une différence d'au moins 10 degrés. (4) M. H. Villard organise en ce moment une expédition au pôle antarctique. On a construit à New-York deux bateaux à vapeur appropriés à ce voyage de découverte. Les colonies de l'Australie ont formé le méme projet. L'expédition dirigée par le D" Neumeyer, de Hambourg, espére trouver de nouvelles terres et explorer le mont Erébe, volcan de la terre Victoria. SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. 203 Papaver nudicaule L., s'il n'a pas été trouvé au cap Nord méme, existe cependant dans les montagnes du Finmark, province, on le sait, la plus arctique de l'Europe continentale. 11 le possède, en effet, de cette région ainsi que de la Nouvelle-Zemble, oü il n'est pas signalé dans le Conspectus floræ europææ de M. Nyman, des Alpes de Dovre, des montagnes de Laponie voisines du lac Imandra et du Groenland. Ce Papaver croit aussi au Spitzberg, dans la Sibérie, l'Alaska et le Labrador. C'est donc, en réalité, une Papa- véracée un peu plus répandue dans les régions nettement boréales ou polaires qu'on ne le pensait jusqu'alors. SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 mars, dont la rédaction est adoptée. M. le Président informe la Société qu’un de ses membres, M. Auguste Michel, demeurant à Carriéres-sous-Bois, par Maisons- Laffite (Seine-et-Oise), a fait remettre à M. le Trésorier un titre de rente, en 3 pour 100, de 30 francs, pris au nom de la Société botanique de France et représentant sa cotisation annuelle à per- pétuité. En conséquence de cette donation et conformément à la décision prise par la Société dans la séance du 28 mai 1880 (1), M. Auguste Michel est proclamé MEMRRE PERPÉTUEL, et son nom sera maintenu à perpétuité sur la liste des sociétaires; il y sera placé, dans le groupe des membres bienfaiteurs, immédiatement aprés celui de M. Duchartre, qui a fait précédemment la méme donation à la Société (2). M. le Président, se rendant l'interpréte d'un sentiment unanime (1) Voy. le Bulletin, tome XXVII, page 172. (2) Ibid., p. 146. 204 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. de gratitude pour cette marque d’attachement donnée à l’œuvre sociale, décide qu’une lettre de remerciements sera adressée à M. Auguste Michel. M. le Président annonce ensuite qu'un ancien membre démis- sionnaire, M. Giraudias, aujourd’hui receveur de l'enregistrement à Foix (Ariége), a été admis, sur sa demande, à faire de nouveau partie de la Société. Dons faits à la Société : Baichère, Exploration botanique des environs de Caunes (Aude). G. Bonnier, Anatomie et physiologie végétales. Paul Brunaud, Miscellanées mycologiques. Dangeard, Recherches sur le mode d'union de la tige et de la racine chez les Dicotylédones. Duchartre (Henri), Observations sur le sous-genre Lemoinea E. Fourn. (Begonias tubéreux proprement dits). Gandoger, Flora Europe, t. XVI. Péragallo, Histoire sommaire du Microscope composé. — Diatomées du midi de la France. — Notes sur quelques Diatomées saumätres du Médoc. — Diatomées de la baie de Villefranche. F. Sahut, La végétation en Australie et dans les iles aroisinantes. Trabut, Étude sur l Halfa (Stipa tenacissima). J. Vallot, Florule du Panthéon. — Plantes récoltées par M. le comte de Chavagnac au Maroc. — Sur une période chaude survenue entre l'époque glaciaire et l'époque actuelle. — Essai d'acclimatation de plantes exotiques à Lodéve. — Le Juniperus phœnicea à forme spiculaire. Th. Durand, Compte rendu des fétes jubilaires de la Société royale de botanique de Belgique. Hoffmann, Ueber den praktischen Werth phœnologischer Beobach- tungen. Schweinfurth, Récolte et conservation des plantes pour collections botaniques, principalement dans les contrées tropicales. Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, année 1888. Bulletin de la Société d'études scientifiques d Angers, 1881. Bulletin international de l'Académie des sciences de Cracovie, deux numéros. SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. 205 M. le Président donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. DE SEYNENS A M. LE PRÉSIDENT. Paris, 12 avril 1889. Mousieur le Présideut, Retenu chez moi par une névralgie faciale, j'ai le vif regret de ne pouvoir assister à la séance de ce soir. Je vous adresse un volume que je m'étais chargé de présenter à la Société ; c'est un. Traité élémentaire de mycologie, par M. l'abbé Moyen, professeur d'histoire naturelle au séminaire d'Alix (Rhóne). L'exactitude, la clarté, la méthode sont les trois qualités qui doivent se ren- contrer dans un ouvrage que l'auteur destine à un public trés étendu et à des persounes n'ayant recu qu'une instruction élémentaire. Le Traité que je présente réalise ces conditions dans une mesure suffisante pour pouvoir étre recommandé. L'éditeur en a rendu la forme extérieure attrayante, soit par le nombre des figures, soit par la netteté des caractéres. La premiére partie comprend des notions de morphologie et d'anatomie, un chapitre sur la distribution géographique, la variabilité, la culture des Cham- pignons, un autre sur leur róle et leurs usages. La seconde moitié du volume est toute systématique et contient la deserip- tion d'un certain nombre de types qui permet au commençant de s'exercer à la détermination. La classification adoptée est celle de M. Vau Tieghem. Un index bibliographique, des vocabulaires, des tables complètent cet ouvrage. Les botanistes de profession ne devront pas s’attendre à y trouver des recher- ches nouvelles; pour renfermer sousun petit volume tout ce que je viens d'énu- mérer, il fallait se borner aux éléments des éléments, mais l’auteur a souvent fait preuve de sagacité dans sa méthode. Ainsi, pour donner à ses lecteurs de bons principes d'observation, l'auteur ne lesa pas enseignés sous une forme didactique, il les invite à se modeler sur un exemple qu'il leur donne et qui est en effet excellent; c'est un extrait des observations de Tulasne sur la phospho- rescence de l'Agaric de l'Olivier. Consulté sur l'opportunité d'une semblable publication, il m'a paru qu'elle pouvait rendre des services; c'est ce qui m'a déterminé à y ajouter une courte introduction. Je vous serai reconnaissant de vouloir bien donner ces quelques indications à nos collégues et je vous prie de vouloir bien agréer, etc. M. le Président ajoute que la recommandation de M. de Seynes est le meilleur des certificats pour un Traité de mycologie et que la Société ne peut que se féliciter de recevoir en don pour sa bibliothéque un aussi beau et bon livre. 206 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. M. Guignard fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA STRUCTURE ET LA DIVISION DU NOYAU DANS LES CELLULES-MERES DU POLLEN DES CYCADÉES par M. Léon GUIGNARD. Dans un travail paru en 1882 (1), M. Juranyi a signalé, chez le Cera- tozamia longifolia, une exception au processus normal de la karyoki- nése, que M. Carnoy dit avoir rencontrée aussi chez d'autres plantes (2). Ayant rassemblé les matériaux nécessaires pour examiner la formation du pollen dans les Cycas, Zamia et Ceratozamia, j'ai lenu à contróler l'exactitude des observations précédentes. Mon attention a été attirée en méme temps sur une question plus générale et trés intéressante, concer- nant la structure du noyau au repos, étudiée à nouveau l'an dernier par M. Strasburger (3). La division indirecte du noyau ou karyokinèse présente, comme on sail, une série de phénomènes qui se succèdent dans un ordre déterminé. Le plus important consiste en ce que ies segments chromatiques, qui appa- raissent distincts, à un moment donné, dans le noyau, se dédoublent suivant leur longueur chacun en deux moitiés égales, qui se séparent l'une de l'autre, au stade de la plaque nucléaire, formée à l'équateur du fuseau achromatique, pour se diriger en sens inverses vers les deux póles du fuseau, où elles vont concourir à la constitution des deux nouveaux noyaux. Le dédoublement longitudinal de chacun des segments chroma- tiques peut avoir lieu longtemps avant la formation de la plaque nucléaire, mais les deux moitiés parallèles restent accolées l'une à l'autre jusqu'a ce stade; il en est ainsi, par exemple, dans lescellules-méres du pollen du Lilium, de l'Allium, etc., et aussi dans les cellules de divers tissus chez la Salamandre, etc.; la séparation définitive des deux moitiés de chaque segment n'a lieu qu'aprés la constitution de la plaque nucléaire à l'équateur du fuseau. Par rapport aux cas oü le dédoublement longi- tudinal n'apparait qu'au stade de la plaque nucléaire, la différence con- siste simplement, ici, en une préparation plus hàtive du phénoméne de scission. Pour M. Juranyi, la bipartition nucléaire n’offrirait pas la marche ordi- (1) Beobachtungen über Kerntheilung (Sitzungsber. der ungarischen Acad. d. Wiss. 1882, p. 70). (2)La Cytodiérèse chez les Arthropodes (La Cellule, t. 1, 1884, p. 332). (3) Sur la division des noyaux cellulaires, la division des cellules et la fécondation (Journal de Botanique, mars 1888).— Ueber Kern- und Zelltheilung im Pflanzenreiche, 1885. GUIGNARD. — FORMATION DU POLLEN DES CYCADÉES. 207 naire dans les cellules-méres de pollen du Ceratozamia. En comparant l'épaisseur et le nombre des segments chromatiques avant la formation de la plaque nucléaire et au stade de cette dernière, il pense que le dédoublement longitudinal des segments aurait lieu surtout aprés leur arrivée aux póles, et non, comme c'est la régle générale, au stade de la plaque nucléaire. S'il en était réellement ainsi, chacun des nouveaux noyaux ne comprendrait que la moitié du nombre total des segments de la plaque nucléaire. M. Carnoy aurait constaté un dédoublement au méme stade dans le sac embryonnaire du Paris quadrifolia, du Maian- themum bifolium, et dans le périanthe du Lilium. Le second point sur lequel je désire attirer l'attention a trait à la question de savoir si la charpente du noyau au repos est formée par un filament chromatique unique, continu, comme l'ont admis la plupart des observateurs jusqu'au récent mémoire de M. Strasburger, ou bien si, comme le pense aujourd'hui cet éminent botaniste, elle est constituée, au contraire, par des segments toujours libres, distincts, mais dont la longueur et les replis nombreux et variés empécheraient de distinguer les extrémités libres dans le noyau au repos. Les raisons qui militent en faveur de cette derniére opinion sont les suivantes. Dans les cellules-méres du pollen des plantes chez lesquellesle nombre des segments chromatiques peut être compté avec certitude au stade de la plaque nucléaire, ce nombre semble fixe pour une espéce donnée (1). Ainsi, on en trouve 12 dans le Lilium, 8 dans l'Allium et l'Alstremeria, 16 dansle Listera ; le nombre 12 s'observe également dans le noyau de la cellule femelle, c'est-à-dire de l'oosphére, chez plusieurs espéces de Lilium, les seules où j'aie pu les compter pendant la formation de l'appa- reil sexuel femelle au sommet du sac embryonnaire. De son côté, M. Strasburger avait observé une semblable fixité et, dans son récent travail (2), il retrouve également 12 segments dans les cellules-mères de pollen du Tradescantia, de l'Helleborus fetidus, du Chlorophyton Sternbergianum. D'autre part, comme le nombre observé dans les cel- lules-méres se maintient, par le fait méme du dédoublement longitudinal, toujours le méme dans les divisions ultérieures et par suite jusque dans le noyau générateur qui doit pénétrer dans l'oosphére, il en résulte que pour le Lilium, par exemple au moment de la fécondation, le noyau mâle se mélange au noyau femelle à nombre égal de bâtonnets chro- matiques. (1) L. Guignard, Recherches sur la structure et la division du noyau cellulaire (Ann. des sc. nat. Bor., p. 40, 1884). (2) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 51, 1888. 208 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. On entrevoit l'intérét de ce dernier fait, si l'on remarque que c'est seulement dans les cellules sexuelles, màles et femelles, que parait exister celle fixité, car dans les cellules purement végétatives et méme dans celles de la jeune anthére qui donnent naissance aux cellules-méres de pollen, ainsi que dans le nucelle de l'ovule avant la formation de l'appa- reil sexuel, le nombre des segments chromatiques varie dans les noyaux. Pour le Lilium, en particulier, il résulte des observations de M. Stras- burger (1) et des miennes, tant anciennes (2) que récentes, que ce nombre est fréquemment de 16, et en tout cas supérieur à celui que pré- sentent les cellules sexuelles. Comment se fait la réduction de nombre et comment s'établit sa fixité dans ces dernières cellules? C’est une question à traiter ultérieurement. En tout cas, M. Strasburger a été con- duit à cetle conclusion, que les segments doivent étre libres méme dans le noyau au repos, ce qui, au premier abord, semble en effet beaucoup plus admissible que l'existence d'un filament unique. Pour démontrer qu'il en est réellement ainsi, il a eu recours à l'emploi de l'eau de Javelle. En modérant l'action dissolvante de ce réactif, il a vu, dans les noyaux au repos des cellules-mères de pollen du Lilium et de l'Allium notamment, les segments chromatiques séparés les uns des autres et par suite non soudés en un filament unique (3). Voici maintenant les résultats auxquels je suis arrivé sur les divers points qui viennent d’être mentionnés, en examinant principalement le Ceratozamia mexicana. Pour suivre l'ordre naturel des choses, j'indi- querai d'abord la structure du noyau au repos dans les cellules-méres de pollen, ce qui me permettra de mettre en regard des faits observés par M. Strasburger ceux que m'a fournis l'étude du Ceratozamia, puis la marche de la division nucléaire, ce qui montrera qu'elle n'a pas lieu comme M. Juranyi l'a pensé. Le noyau au repos, fixé dans son aspect normal et coloré à l'aide de réactifs appropriés et surtout de l'hématoxyline, offre une charpente chro- matique dans laquelle on distingue des replis délicats et fort nombreux, enchevétrés les uns avec les autres, à tel point qu'il n'est pas possible de les suivre dans leur trajet et de décider s'ils sont formés par des seg- ments libres et indépendants dans la masse pelotonnée. Méme lorsqu'ils ont commencé à se contracter et à s'épaissir, au moment où la division du noyau se prépare, les replis, également répartis, ne permettent pas de résoudre la question. Mais, en employant comme agent fixateur, l'al- cool un peu étendu, je suis arrivé à contracter et à refouler sur l'un des (1) Ueber Kern-und Zelltheilung, p. 45, 1888. (3) Nouvelles recherches sur la structure et la division du noyau, p. 335, 1885. (3) Ueber Kern-und Zelltheilung, p. 35 et suiv. GUIGNARD. — FORMATION DU POLLEN DES CYCADÉES. 209 côtés du noyau, contre sa membrane, une partie du peloton chromatique, tandis que l’autre partie étendait ses replis dans le reste de la cavité nucléaire. Dans cette dernière, par conséquent, le peloton se trouvait beaucoup plus lâche. Or j'ai pu suivre parfois ses replis sans apercevoir de bouts libres, et leur continuité m'a paru évidente. En supposant qu'il y eüt réellement des segments distinets et que toutes leurs extrémités se fussent accolées aux replis situés dans leur voisinage, cet accolement aurait donné naissance à un reticulum et non à un filament unique et continu. Je n'ai pas constaté l'existence d'un semblable reticulum. D'autre part, en suivant les phases de la division, j'ai trouvé 8 seg- ments chromatiques à la plaque nueléaire dans tous les noyaux des cellules-méres de pollen du Ceratozamia. Par conséquent, si ces segments préexistaient dans le noyau au repos, le nombre de leurs bouts libres serait de 16, et puisque la partie du peloton qu'il était possible de suivre dans ses replis représentait, dans la plupart des cas, plus de la moitié de la masse totale du noyau, un certain nombre de ces bouts libres auraient dû s'y trouver. Parfois, il est vrai, j'en ai aperçu un ou deux. Mais il faut remarquer, d'une part, que l'action du réactif pouvait avoir occa- sionné en un ou plusieurs points la rupture du filament chromatique, pendant le refoulement partiel qu'il déterminait dans le peloton nucléaire, et d'autre part, qu'il est possible que le peloton soit formé par un simple filament, ayant par conséquent deux extrémités libres, et non par un anneau véritable. En outre, la présence d'une ou de deux extrémités libres pouvait aussi s'expliquer par un commencement de segmentation du filament, puisque ce dernier avait commencé à se contracter, les noyaux étudiés étant entrés dans la premiére phase de la division. Au total, il me semble que l'observation actuelle, faite dans des con- ditions aussi bonnes que possible, puisqu'il n'y avait pas à craindre l’action assez difficile à modérer d'un réactif dissolvant, fournit un argu- ment sérieux en faveur de l'existence d'un filament chromatique unique dans le noyau au repos, tout au moins chez les cellules-mères de pollen du Ceratozamia. En ce qui concerne la division elle-méme, et par suite les faits signalés par M. Juranyi, j'ai obtenu les résultats suivants. ms Quelque temps aprés avoir commencé à se contracter et à s'épaissir, le filament du noyau de la cellule-mère de pollen laisse voir deux séries de granulations chromatiques, au lieu d'une seule, et les premiers indices d'un dédoublement longitudinal. Ce dernier est trés manifeste quand la Segmentation transversale a eu lieu, et parfois les deux moitiés paral- lèles de chaque segment primaire s'écartent notablement l'une de l'autre. Toutefois, elles ne se séparent pas définitivement, el comme la contraction continue à se faire pour chacune d'elles, elles se montrent T. XXXVI (SÉANCES) 14 210 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. méme dans la suite plus rappprochées et soudées l'une à l'autre. Les segments primaires, comme on l'a vu, sont au nombre de 8. Ils se dispo- sent bientót en une plaque nucléaire à l'équateur du fuseau achromatique qui a pris naissance; puis, dans chacun d'eux, les deux moitiés parallèles formées par dédoublement se séparent, en se dirigeant, comme à l'ordi- naire, en sens opposés, chacune vers les deux pôles du fuseau. I est facile de voir alors que l'épaisseur des segments secondaires est moitié moindre que celle des segments primaires : par conséquent l'anomalie signalée au stade de la plaque nucléaire par M. Juranyi n'existe pas. De méme, les segments secondaires arrivés au pôle ne m'ont jamais offert le dédoublement admis par cet observateur; ils se contraclent fortement en s'accolant les uns aux autres, sans doute pour donner naissance au filament nucléaire dont la continuité me parait, comme on l'a vu plus haut, vraisemblable pour le Ceratozamia. Les deux nouveaux noyaux se divisent à leur tour et avec les mêmes caractéres, puis les quatre jeunes grains de pollen se séparent. Dans chacun de ces grains pourvu d'un gros noyau, de nouvelles divisions se produisent pour former deux petites cellules qu'on a considérées comme un prothalle mâle réduit, inclus dans la grande cellule du grain de pollen, dont le noyau passera seul dans le tube pollinique à la ger- mination. Dans chacune de ces divisions, j'ai retrouvé huit segments à la plaque nucléaire, Ces deux petites cellules ne sont pas sœurs l'une de l'autre, mais produites successivement par la bipartition deux fois répétée du noyau primitif du pollen. Ce fait, aperçu par M. Juranyi, a été retrouvé par M. Strasburger dans les grains de pollen de plusieurs Coni- fères (1). La petite cellule formée la première a la forme d'une lentille plan-convexe appliquée par sa face plane contre la paroi du grain de pollen: la seconde cellule, plus épaisse, appuie sa membrane d'enve- loppe en forme de verre de montre sur la cloison qui la sépare de la première. M. Juranyi a vu se former trois petites cellules dans le Cera- tozamia longifolia ; je n'en ai pas trouvé plus de deux dans le C. mexi- cana, mais il est possible qu'il en naisse parfois trois. Les divisions successives présentent une orientation et un aspect par- ticuliers, dont j'aurai bientót l'occasion de donner des figures. En raison même de l'ordre dans lequel elles sont produites, les deux petites cel- lules ne peuvent plus guére étre considérées comme un prothalle rudi- mentaire; elles rappellent plutót, suivant l'opinion de M. Strasburger, les cellules ou les noyaux éliminés, comme les globules polaires des ani- maux, pendant la différenciation des noyaux générateurs. (1) Neue Untersuch. über’ den Befruchtungsvorgang bei den Phanerogamen, p. 2, 1885. GUIGNARD. — FORMATION DU POLLEN DES CYCADÉES. 9211 J'ajouterai, enfin, que dans les plantes mêmes étudiées par M. Carnoy, je n'ai pas retrouvé les anomalies dont il a été question. Toutefois, ce serait aller trop loin que de nier leur possibilité, en présence des obser- vations de M. Flemming sur les spermatocytes de la Salamandre, où cet habile observateur a signalé, à cóté de la karyokinése normale, une modification analogue à celles que j'ai recherchées sans succés et qu'il désigne sous le nom de « forme hétérotypique ». Dans ces spermatocytes, les segments secondaires, destinés à former les nouveaux noyaux, sont au nombre de douze pour chacun de ces derniers; dés leur arrivée aux póles du fuseau, ils offrent un dédoublement longitudinal. Ce fait, parfaite- ment établi, constitue un cas tout particulier, dont la fréquence varie sui- vant l’époque où se développent les spermatozoïdes de la Salamandre (1). Dans le Ceratozamia, le dédoublement longitudinal porte sulement sur les segments primaires, au moment où le noyau commence à entrer en division, ce qui est tout diflérent. MM. E. Van Beneden et Van Neyt (2) disent avoir vu parfois, pendant la reconstitution des noyaux de l'euf de l'Ascaride megalocéphale en voie de segmentation, un dédou- blement longitudinal des segments secondaires ; mais M. Boveri révoque en doute cette observation (3). En tout cas, ce phénomène serait tout- à-fait accidentel et, comme le fait remarquer M. Strasburger (4), sa signification resterait énigmatique. M. Bonnier demande pourquoi, d’après M. Guignard, on ne devrait pas considérer comme prothalle les petites cellules du pol- len des Gymnospermes. M. Guignard répond que ces cellules dérivent de la division suc- cessive d'un méme noyau, qui est le noyau primitif du grain de pollen. (1) Neue Beiträge zur Kenntniss der Zellen Archiv f. mik. Anat. t. XIX, pp. #14, 42). (2) Nouvelles recherches sur la fécondation el la division mitosique chez l'Ascaride mégalocéphale, p. 46, 1887. ; (3) Ueber Differenzsirung der Zellkerne während der Furchung der Eies von Ascaris megalocephala (Anat. Anzeiger, p. 689, 1887). (4) Ueber Kern-und Zelltheilung, p. 58. 249 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. M. l'abbé Hue fait à la Société la communication suivante : LICHENS DU CANTAL ET DE QUELQUES DÉPARTEMENTS VOISINS RÉCOLTÉS EN 1887-1888, PAR M. L'ABBÉ FUZET, CURÉ DE SAINT-CONSTANS, et déterminés par M. l'abbé HUE. DEUXIÈME SÉRIE (1). 1. Ephebe pubescens Fr. C. (2) — Roc Parlaire, altitude 1400 métres, sur les roches volca- niques; stérile. Saint-Constans, surles schistes; spermogonifére. mur du Diable, sur le quartz; avec des apothécies. 2. Synalissa symphorea Nyl. — Collema Synalissum Ach. C. — Montmurat, sur le calcaire; spermogonifère. 3. Collema flaccidum Ach.; Hue Lich. Cant. p. 2. C. — Lit du Monédier, prés Saint-Constans, sur le schiste ; stérile. . Collema furvum Ach. + L. — Figeac, sur le calcaire. Spores 3-septées et à divisions murales, longues de 0,015-17, et larges de 0,011-14 millim. (Si j Collema melzenum Ach.; Hue Lich. Cant. p. 3. C. — Vic-sur-Cére, sur les roches volcaniques. L. — Figeac, sur le calcaire. Spores 3-septées et avec quelques divisions murales, ayant en longueur 0,020-24, et 0,008-10 millim. en largeur. — var. cristatum Schær. C. — Arbre de Saint-Géraud, prés Aurillac, sur les roches volca- niques, à 700 mètres d'altitude. (1) La première série a paru dans le Bulletin de la Société en 1887; quand il y aura lieu de répéter une des espèces déjà publiées, afin d'indiquer une localité nouvelle où elle a été récoltée, ce précédent Mémoire sera désigné par ces mots : Hue Lich. Cant., avec la pagination du tirage à part. (2) Abréviations : C. = Cantal. — L. = Lot. — P. D. = Puy-de-Dôme. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 213 Les spores ovoides ont en longueur 0,021-22, et 0,010-11 mill. en largeur. Les spermaties, obtuses aux deux extrémités, me- surent en longueur 0,0045, et en largeur 0,0008 millim, 6. Collema polycarpon Schær. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire. Les spores, oblongues fusiformes, ont en longueur 0,024-33 et en largeur 0,007-8 millim. La gélatine hyméniale par l'iode devient d'un bleu persistant, tandis que, dans la variété pré- cédente, elle se décolore en rougeâtre après avoir bleui, le bleu persistant seulement au sommet des théques. 1. Collema hypergenum Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 3. L. — Figeac, sur le calcaire. Les spores, divisées comme celles du C. melænum Ach., sont trés souvent irrégulières dans leur forme et ont 0,024-31 millim. de longueur sur 0,012-13 de largeur; les paraphyses sont aussi plus épaisses que dans l'espéce citée. 8. Collema pulposum Ach.; Hue Lich. Cant. p. 3. C. — Les Roques, sur le calcaire. Vergnols et rives de l'Aspre, sur les roches volcaniques. Saint-Constans, sur les racines d'un Frêne, avec des spores 3-septées ayant en longueur 0,020-22 mill. et 0,009-10 en largeur. L. — Figeac et Capdenac, sur le calcaire. 9. Collema erispum Hoffm.; Hue Lich. Cant. p. 3. C. — Aurillac, sur les vieux murs. Thalle sans apothécies, mais portant des spermogonies nom- breuses et souvent marginales, avec des spermaties de 0,003-4 millimétres en longueur, sur 0,001 en largeur. 10. Collema cheileum Ach.; Hue Lich. Cant. p. 3. C. — Saint-Santin, sur des briques. L. — Figeac, sur le calcaire. 11. Collema microphyllum Ach. C. — Saint-Constans et Estadiére, près de cette dernière localité, sur de vieux Peupliers. Les apothécies, trés petites, sont d'abord comme endocarpées, puis elles s'élévent au-dessus du thalle et demeurent urcéolées. Les théques contiennent de 5 à 8 spores ovoides ou oblongues, le plus souvent 3, quelquefois 5-septées, ayant en longueur 0,015-18 millim. et en largeur 0,011-12. 914 SÉANCE DU 12 avniL 1889. L'iode rougit le thalle, bleuit la gélatine hymeniale et n'a pas d'action sur les spores. Z. €ollema conglomeratum Hoffm. C. — Saint-Constans, sur les Ormes. Spores fusiformes atténuées aux deux extrémités, 1-septées, d'une longueur de 0,020-24 millim. sur une largeur de 0,004-5. 12. Collema thysaneum Ach. C. — La Chourlie, sur les Mousses. Spores un peu courbes en haut et en bas, plusieurs fois et méme 17-septées, de 0,060-66 millim. en longueur sur 0,0045 en largeur. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et est sans action sur le thalle. 14. Collema nigrescens Ach. C. — Le Fau, sur les Houx, à une altitude de 1200 métres, et à Aurillac, sur les Frénes. Les gonimies moniliformes du thalle ont en largeur 0,005-8 mil- limétres. Les paraphyses sont articulées. Les spores pluri- seplées sont plus longues que ne l'indique M. le D* Nylander, dans son Synopsis, I, p. 114; elles ont de 0,061 à 68 millim., sur 0,003-4 de largeur. Dans un des exemplaires de ce Lichen conservés au Muséum, j'en ai trouvé de plus longues encore, de 0,066-74 millim. sur une largeur également de 0,003-4. 15. Collema multipartitum Smith. C. — Les Roques, sur le caleaire, où il parait très rare. Spores courbes, souvent pliées en demi-cercle, 3-septées ou le plus ordinairement sans cloisons distinctes, de 0,026-40 mill. en longueur sur 0,006-7 en largeur. — j). Leptogium lacerum Fr. C. — Le Don, sur les Mousses ; fertile. L. — Figeac, sur les roches calcaires ; également fertile. — var. 1. pulvinatum Ach. C. — Les Roques et causse de Gratacap, sur les roches calcaires ; stérile. — var. 2. lophæum Ach. C. — Vic-sur-Cére, sur les roches volcaniques ; stérile. 17. Leptogium sinuatum Nyl. C. — Aurillac et Saint-Flour, sur les Mousses; stérile. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 215 18. Leptogium myochroum Nyl. — Lichen myochrous Ehrh. C. — Roc Parlaire, à une altitude de 1400 mètres, et Arbre de Saint-Géraud, prés Aurillac ; stérile. I9. Sphinetrina turbinata Fr. C. — Sansac- Veinazés, sur les Châtaigniers ; parasite sur le thalle du Pertusaria Wulfenii DC., avec des spores noiràtres de 0,005-7 millim. de diamètre. L'iode bleuit la gélatine hymé- niale. 20. Calicium chrysocephalum Var. filare Ach. G. — Quézac, sur les vieux Châtaigniers. Thalle d'un jaune verdâtre, trés développé ; spores brunâtres de 0,0030-45 millim. de diamètre. 21. Calicium melanophzeum Ach.; Norrl. Exsicc. 1. C. — Quézac et Saint-Constans, sur de vieux Châtaigniers. Thalle cendré granuleux; apothécies à stipe et à cupule noirs; masse sporale couleur de terre d'ombre; spores brunâtres de 0,004-6 millim. de diamètre. L'iode est sans action sur la géla- tine hyméniale, comme dans la précédente espéce. — Var. brunneolum Nyl.; Calicium brunneolum Ach.: Norrl. Exsicc., 8. C. — Quézac, sur de vieux Chàtaigniers. Le thalle est peu apparent; les stipes trés gréles n'ont que 1 ou 1,50 millimètre ; les spores sont plus petites que dans le type, ne mesurant que 0,0025-45 millim. de diamètre. 22. Calicium (Allodium) cinereum Pers. C. — Saint-Constans, sur de vieux Châtaigniers. Thalle granuleux, cendré verdàtre, peu développé, à gonidies oblongues ; apothécies à stipes gréles, rougeâtres, parfois blanchâtres à la base, plus ou moins recouvertes d'une pruine blanche; spores brunâtres de 0,0030-35 millim. de diamètre. 23. Calicium (Allodium) stemoneum Ach. C. — Bois-Noir, sur de vieux Sapins, altitude 1300 métres. Thalle lépreux d'un jaune verdàtre, dont les gonidies oblongues ont de 0,011-17 mill. en longueur sur 0,005-7 en largeur. Les stipes d'un noir brunàtre sont assez gréles et plus ou moins saupoudrés d'une pruine cendrée, qui se trouve également sous le capitule; la masse sporale est d'un brun rougeûtre. 216 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. Les spores sphériques ont 0, 004-5 en diamètre. L'iode ne teint pas la gélatine hyméniale, pas plus que dans les espéces précédentes. r9 ré Calicium trachelinum Ach. C. — Saint-Constans, sur un Châtaignier. Spores Î-septées, un peu resserrées au milieu, noirâtres, de 0,001-11 millim. de longueur, sur 0,0045-50 en largeur. — var. xylonellum Ach. C. — Saint-Constans, sur de vieux Châtaigniers, où il est plus commun que le type. 25. Calicium quercinum Pers. C. — Bois-Noir, sur de vieux Sapins, et Saint-Constans, sur les vieux Châtaigniers. Spores noirâtres, 1-septées et un peu resserrées à la cloison, de 0,007-14 millim. en longueur sur 0,0035-50 en largeur. 26. Calicinm curtum Borr. C. — Bois-Noir, sur de vieux Sapins, Saint-Constans, et Sansaz- Veinazés, sur de vieux Châtaigniers. Spores noirâtres 1-septées et un peu resserrées à la cloison, de 0,007-11 millim. en longueur sur 0,004-5 en largeur. La hauteur des théques varie de 0,026 à 0,037 millim., sur une largeur de 0,0050-75. Dans un des échantillons, la gélatine hyméniale a été bleuie par l'iode. 27. €alicium pusillum Floerk. C. — Saint-Constans, sur les Chênes et les Châtaigniers; Maurs, sur un Acacia. Spores de 0,005-9 sur 0,0025 millim., traversées par une trés mince cloison que l'on rend trés visible en colorant la spore par la safranine. La gélatine hyméniale se colore quelquefois en bleu par l'iode. 28, Trachylia stigonella Fr. C. — Saint-Constans, sur les Chênes; parasite sur le thalle du Per- tusaria coccodes Nyl. 20. Sphærophoron coralloides Pers. C. — Bois-Noir, sur les Sapins; roc Parlaïre, sur les roches vol- caniques. Le dernier exemplaire seul est fructifié. — var. congestum Lamy Catal. Mt-Dore, p. 13. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 917 C. — Plomb du Cantal, sur le sommet, à l'altitude de 1858 métres, et pic d'Orcet, à 1600 mètres, sur les roches volcaniques; Laroquebrou, sur le quartz; stérile. 30. Sphzerophoron fragile Pers. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. 31. Stereocaulon coralloides Fr. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques, à l'altiruude de 1600 mètres ; stérile. Lioran, sous les Sapins; bien fructifié, 32. Stereocaulon curtulum Nyl.; Lamy Catal. Mt-Dore, p. 14. C. — Saint-Constans, sur les schistes ; stérile. 33. Stereocaulon denudatum Floerk. C. — Bréche d'Enfloquet, altitude 1500 métres ; stérile. — var. pulvinatum Th. Fr.; St. paschale var. pulvinatum Scheer. C. — Sommet du Plomb du Cantal. Thalle sans apothécies, mais pourvu de spermogonies avec des spermaties légèrement courbes de 0,013-15 millim. en lon- gueur, sur une largeur à peine de 0,001. 34. Cladonia pyxidata Fr. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire ; fertile. — var. 1. staphylea Ach. C. — Saint-Antoine, sur la terre. Les Roques, sur le calcaire ; fertile. — var. 2. Pocillum Nyl. — Bæomyces Pocillum Ach. C. — Saint-Constans, au milieu des Bruyères ; fertile. 39. Cladonia gracilis f. hybrida Ach. C. — Sommet du Plomb du Cantal, parmi les Mousses ; fertile. — f. filiformis Del. C. — Saint-Constans, dans les Bruyéres. 30. Cladonia cervicornis Schar. C. — Sommet du Plomb du Cantal ; fertile. 31. Cladonia furcata Hoffm. C. — Saint-Antoine, sur les tertres et sommet du Plomb du Cantal stérile. — f. spadicea (Pers.) Nyl. C. — Saint-Anloine, dans les haies. 218 SÉANCE DU 12 AvRIL 1889. 38. Cladonia squamosa Hoffm. C. — Saint-Constans, dans les Bruyères ; fertile. ex 20. Cladonia subsquamosa Nyl. C. — Saint-Constans, avec le précédent. Le thalle jaunit par la potasse caustique, laquelle est sans effet sur celui de l'espéce précédente. 40. Cladonia delicata Floerk. — Lichen delicatus Ehrh. C. — Sansac-Veinazés, sur les vieux Châtaigniers ; fertile. Le thalle jaunit sous l'action de la potasse caustique. 41. Cladonia ezespiticia Floerk. C. — Trioulou, sur un tronc de Châtaignier; fertile. La potasse ne produit aucune réaction sur le thalle. 42. Cladonia cornucopioides lr. C. — Saint-Constans, au milieu des Bruyéres ; fertile. 43. Cladonia digitata Hoffm. — Lichen digitatus Linn. C. — Saint-Constans sur les Châtaigniers ; stérile et mêlé à un peu du C. pityrea Nyl. — var. denticulata Ach. C. — Lioran, sur de vieux Sapins ; fertile. 44. Cladonia Floerkeana Fr. C. — Saint-Constans, sur une souche de Châtaignier; fertile. 45. Ramalina fraxinea Ach. — Lichen fraxineus Linn. C. — Saint-Constans, sur les Frénes et les Peupliers; fertile. 46. Ramalina fastigiata Ach. — Lichen fastigiatus Pers. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres ; fertile. Spores courbes mélées de quelques-unes droites, longues de 0,009-11 millim. et larges de 0,0045-55. 41. Ramalina capitata Ach.; Nyl. Exsicc. des Pyr.-Orient. n° 15. C. — Puy Violent, sur le basalte ; stérile. 48. Usnea hirta Hoffm. C. — Leinhac, sur le schiste ; stérile. 49. Usnea florida Hoffm. C. -— Bois du Lioran, sur les Sapins; stérile. Le thalle est d'une couleur anormale, jaune verdâtre. 60. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 219 . Usnea ceratina Ach. C. — Leinhac, sur le schiste; stérile. . Cetraria aculeata Var. campestris Schær. C. — Saint-Antoine, sur les tertres ; stérile. . Cetraria crispa Var. subtubulosa Nyl. C. — Sommet du Plomb du Cantal, parmi les Mousses ; stérile. ^. Platysma cucullatum Hoffm. C. — Sommet du Plomb du Cantal; stérile. Platysma ulophyllum Nyl.; Lamy Catal. Mt-Dore, p. 21. C. — Sansac-Veinazès, sur de vieilles souches; stérile. . Platysma fahlunense Nyl. — Lichen fahlunensis Linn. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques ; fertile. Platysma glaucum Nyl. — Lichen glaucus Linn. C. — Saint-Antoine, sur le granite; Quézac, sur les Châtaigniers, et Saint-Constans, sur le quartz; stérile. Ce dernier échantillon se rapproche de la variété suivante. — var. 1. fuscum Fr. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques ; altitude 1600 metres: stérile. — var. 2. eoralloideum Wallr. C. — Laroquebrou, sur le quartz; stérile. Alectoria jubata Ach. — Lichen jubatus Linn. C. — Bois du Lioran ; stérile. Alectoria chalybeiformis Ach. — Lichen chalybeiformis Linn. C. — Sommet du Plomb du Cantal et pic d’Orcet, sur les roches volcaniques. Saint-Antoine, sur le granite ; stérile. Alectoria bicolor Nyl. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. Leinhae, sur le schiste ; stérile. Evernia furfuracea Mann. C. — Sommet du Plomb du Cantal, sur les roches volcaniques, mêlé à Parmelia saxatilis Ach. et à Gyrophora cylindrica Dub.; Saint-Antoine, sur les Bouleaux; stérile. — Var. 1. eeratea Ach. C. — Pic d'Orcet, altitude 1600 métres ; stérile. 220 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. — var. 2. scobicina Ach. C. — Quézac, sur les Châtaigniers ; stérile. 61. Parmelia perforata Ach. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres; forme anormale et stérile. 62. Parmelia saxatilis Ach.; Hue Lich. Cant. p. 4. P. D. — Bois du Capucin, sur les Sapins ; bien fructifié. Spores simples de 0,015-18 millim. en longueur, sur une lar- geur de 0,009-13. 603. Parmelia sulcata Tayl. C. — Les Roques, sur un Chêne; Saint-Antoine, sur le granite ; stérile. 64. Parmelia conspersa Var. isidiosa Nyl. C. — Saint-Constans, sur les schistes. 65. Parmelia prolixa Ach. P. D. — Puy Crouel, sur la wackite bitumineuse ; fertile. 66. Parmelia fuliginosa Nyl.; P. olivacea var. fuliginosa Fr. apud Dub. Bot. Gall. p. 602. C. — Aurillac, sur les Hétres; fertile. 67. Parmelia tristis Nyl. — Lichen tristis Web. C. — Sommet du Plomb du Cantal ; stérile. 68. Parmelia stygia Ach. — Lichen stygius Linn. C. — Sommet du Plomb du Cantal; stérile. 69. Parmelia physodes var. Iabrosa Ach. C. — Bois-Noir, sur les Sapins, à l'altitude de 1300 mètres; stérile. 10. Parmelia encausta Ach. — Lichen encaustus Sm. C. — Sommet du Plomb du Cantal ; stérile. — Var. intestiniformis Nyl. P. D. — Gorges d'Enfer au Mont-Dore. Thalle stérile, mais portant des spermogonies qui renferment des spermaties bi-fusiformes, longues de 0,005-6, et larges de 0,0006-7 millim. 71. Stietina fuliginosa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 3. — Lichen fuli- ginosus Dicks. C. — Bois Noir, sur les Sapins, altitude 1300 mètres; Leinha, sur le schiste ; stérile. 12. 81. 82. 83. HUE. LICHENS DU CANTAL. 921 Stictina limbata Nyl. — Lichen limbatus Sm. C. — Quézac, sur les Châtaigniers; stérile. . Ricasolia glomulifera de Notar. — Lichen glomuliferus Lightf. C. — Naucelles, à la base des lHétres, et Quézac, sur un vieux Poirier. Le thalle ne porte pas le Dendriscocaulon bolacinum Nyl. et les spores 1 ou 3-septées mesurent 0,040-44, en longueur, sur 0,006-7 millim. en largeur. . Nephromium lusitanicum Nyl.; Nephroma lusitanicum Schær. C. — Quézac, sur les Chàtaigniers ; stérile. Nephromium lævigatum var. parile Nyl. — Lichen parilis Ach. C. — Aurillac, roches volcaniques; stérile. . Nephromium tomentosum Nyl. — Peltigera tomentosa Hoffm. C. — Sommet du Plomb du Cantal, parmi les Mousses; stérile. — var. helveticum Nyl.; Nephroma helveticum Ach. C. — Bois- Noir, sur les Sapins, altitude 1400 métres; fertile. . Peltidea aphtosa Ach. — Lichen aphtosus Linn. C. — Rives de l’Aspre, sur les rochers. Peltigera malacea Fr. — Peitidea malacea Ach. C. — Saint-Flour, sur le basalte ; stérile. Peltigera canicz-VàT. membranacea Ach. C. — Aurillac, sur la terre. . Peltigera horizontalis Hoffm. — Lichen horizontalis Linn. C. — Aurillac, sur la terre, et Leinhac, à la base d’un Chêne. Spores fusiformes, 3-septées de 0,028-35 millim. en longueur et de 0,0065-70 en largeur. Solorina crocea Ach. — Lichen croceus Linn. C. — Sommet du Plomb du Cantal, où il est assez abondant. Le thalle est parfaitement développé et porte de nombreuses et belles apothécies, qui ne contiennent pas de spores. Physcia Iyehnea Nyl. — Parmelia candelaria var. lychnea Ach. C. — Montsalvy, sur les schistes; stérile. Physcia pulverulenta Fr. — Lichen pulverulentus Schreb.; Hue Lich. Cant. p. 4. C. — Saint-Flour, sur les Mousses ; stérile. 222 86. 81. 88. 8. 90. 94. 92. SÉANCE DU 12 AvRIL 1889. — var. amgustata Nyl. — Lichen angustatus Hoffm. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres ; stérile. l. Physcia venusta Nyl. — Parmelia venusta Ach. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres, et Bois-Noir, sur un vieux Sa- pin, altitude 1300 mètres. Spores brunàtres, 1-septées de 0,020-29 millim. en longueur et de 0,012-17 en largeur. 9. Physcia stellaris Fr. — Lichen stellaris Linn. C. — Saint-Constans, sur les Peupliers, et Saint-Antoine, sur les Hétres. Spores noiràtres, 1-septées de 0,020-22 millim. en longueur, sur 0,009-11, en largeur. Physcia tenella Nyl. — Lichen tenellus Scop. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres ; stérile. Physcia ezesia Fr. — Lichen cæsius Hoffm. C. — Aurillac, sur les schistes; stérile. Physcia aipolia Nyl. — Parmelia aipolia Ach. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres. Thalle K + ; les spores sont longues de 0,018-22 millim. et larges de 0,009-11. — f. eereidia Nyl. -— Parmelia aipolia var. cercidia Ach. C. — Méme localité; méme réaction du thalle et spores un peu plus grandes, 0,022-28 sur 0,012-13 millim. Physcia lithotea Nyl. — Parmelia lithotea Ach. C. — Saimnt-Constans, sur le gneiss ; stérile. Umbilicaria pustulata Hoffm. — Lichen pustulatus Linn. C. — Sommet du Plomb du Cantal; stérile. Gyrophora spodochroa Ach. — Lichen spodochrous Ehrh. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques, où il se trouve assez fréquemment ; bien fructifié. Spores simples et incolores de 0,022-29 millim. en longueur, sur 0,012-18 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode blenit trés légèrement, puis prend rapidement la teinte rouge Vi- neuse. Gyrophora erustulosa Ach. C. — Pic d'Orcet, sur les trachytes; fertile. 93. e 91. 98. 99. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 223 Spores d'abord simples et incolores, puis brunàtres et présen- tant des divisions murales plus ou moins distinctes, ellipsoïdes ou d'une forme irrégulière, longues de 0,020-24 millim. et larges de 0,013-15. Gyrophora murina Ach. C. — Laroquebrou, sur le quartz. Thalle stérile de 0,10 cent. de large. . Gyrophora hirsuta Ach. C. — Roc Parlaire, sur les roches volcaniques. + Gyrophora cylindrica Ach. — Lichen cylindricus Linn. C. — Sommet du Plomb du Cantal et pic d'Orcel, sur les roches volcaniques ; fertile. — Var. 1. tornata Nyl.; G. tornata Ach. C. — Pic d'Orcet, et sommet du Plomb du Cantal, sur les roches volcaniques. Leinhac, sur le schiste. P. D. — Gorges d'Enfer au Mont-Dore, sur les trachytes. — var. 2. fimbriata Ach. C. — Sommet du Plomb du Cantal ; stérile. — var. 3. belisei Despr. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques; fertile. + Gyrophora torrida Àch. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques à l'altitude de 1600 mètres ; bien fructifié. Gyrophora flocculosa Turn. et Borr. — Lichen flocculosus Wulf. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques; stérile. Gyrophora polyphylla Turn. et Borr.— Lichen polyphyllus Linn. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques, et mur du Diable, sur le quartz ; stérile. — Var. anthracina Ach., Nyl. Syn. Il, p. 19. C. — Sommet du Plomb du Cantal; fertile. Spores simples et incolores de 0,011-20 millim. en longueur; sur 0,007-10 en largeur. Pannaria rubiginosa Val. conoplea Nyl. — Parmelia conoplea Ach. C. — Saint-Constans, sur les Chênes ; stérile. 101. 102. 103. 104. 106. 101. SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. . Pannaria brunnea Nyl. — Lichen brunneus Sw. C. — Sommet du Plomb du Cantal et rives de l'Aspre, sur les Mousses. Bois-Noir, sur un Sapin, à l'altitude de 1300 mètres. Ce Lichen est bien fructifié dans les deux premières localités et présente des spores longues de 0,017-31 millim. et larges de 0,009-11 millim. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis s'obscurcit. Pannaria nebulosa Val. coronata Nyl. — Lecanora coro- nata Floerk. C. — Saint-Antoine, sur la terre ; fertile. Spores simples et incolores, comme dans la précédente espéce, longues de 0,020, et larges de 0,008 millim. Pannularia microphylla Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 4.— Lichen microphyllus Sw. C. — Ruines de Merle, prés Saint-Constans, sur le quartz, et Saint-Simon, sur les roches volcaniques. Stérile dans la pre- miére localité, fertile dans la deuxiéme, mais sans spores dans les apothécies. Pannularia triptophylla Nyl. — Lecidea triptophylla Ach. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques; Bois-Noir, sur les Sapins, et les Roques, sur le calcaire; stérile. Pannularia nigra Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 4. — Lichen niger Huds. L. — Figeac, sur le calcaire. Spores incolores, 1, parfois 3-septées de 0,015-20 millim. en longueur sur 0,006-7, en largeur. . Heppia Guepini Nyl. — Endocarpon Guepini Moug. C. — Fabriques prés Aurillac. Thalle sans apothécies, mais avec des spermogonies à stérig- mates simples. Lecanora Hypnorum Ach. — Psoroma Hypnorum Nyl. C. — Sommet du Plomb du Cantal, sur les Mousses. Spores simples et incolores de 0,022-26 millim. en longueur et de 0,010-11 en largeur. Lecanora gelida Ach. — Lichen gelidus Linn. — Placopsis gelida Nyl. Lich. And. Boliv. p. 376. 108. 109. 110. 1H. 112. 113. 114. 115. 116. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 225 C. — Le Croizet, prés Aurillac, sur les roches volcaniques; sté- rile, mais bien caractérisé par ses céphalodies. Lecanora crassa Ach. — Lichen crassus Huds. — Squamaria crassa DC.; Nyl. Syn. V, p. 58. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire ; ferlile. Lecanora gypsacea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 4. — Lichen gyp- saceus Sm. — Squamaria gypsacea Nyl. l. c. p. 59. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques; fertile. Lecanora saxicola Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 4. — Lichen sasi- cola Pollich. — Squamaria saxicola Nyl. Lich. Scand. p. 133. C. — Vic-sur-Cére et Saint-Prejet, sur les roches volcaniques. Causse de Gratacap, sur le calcaire. Dans cette dernière localité le thalle est presque oblitéré; les spores simples et incolores ont 0,008-9 millim. en longueur et 0,005-6 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis prend une teinte brunàtre. L. — Capdenac, sur le calcaire. Lecanora teichotea Nyl. Bull. Soc. bot. de Fr. 1866, p. 368. L. — Figeac, sur les roches calcaires. Le thalle, d'un blanc pruineux, est placodié à l'entour à peu prés comme le L. callopisma Ach. et, au contact du chlo- rure de chaux, il prend une légère teinte érythrinique. Les spores, simples et incolores, ont en longueur 0,012-13, et en largeur 0,0070-75 millim. Lecanora lobulata Sommerf. P. D. — Gergovie, sur les roches calcaires; fertile. Lecanora murorum Àch. — Lichen murorum Hoffm. C. — Saint-Flour, sur le basalte. L. — Capdenac, sur les roches calcaires ; fertile. Lecanora callopisma Ach.; Hue Lich. Cant. p. 5. C. — Saint-Santin-de-Maurs, sur les roches calcaires. L. — Capdenac, également sur le calcaire; fertile. Lecanora sympagea Ach.; Hue Lich. Cant., p. 3. C. — Les Roques, sur les roches calcaires. Lecanora granulosa Nyl. — Amphiloma yranulosum Muell. Argov. L. — Capdenac, sur le calcaire; stérile. T. XXXVI. (stances) 15 226 SÉANCE DU 12 AvRiL 1889. 117. Lecanora arenaria Pers. C. — Aurillac, sur les schistes. Spores placodiomorphes longues de 0,013-15, et larges de 0,006-7 millimétres; paraphyses articulées. 118. Lecanora aurantiaca Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Lichen au- rantiacus Lightf. L. — Piédestal de l'Aiguille à Figeac; fertile. 119. Lecanora erythrella Ach.; Hue Lich. Cant. p. 5. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire, et Le Fau, sur les roches volcaniques à l'altitude de 1200 mètres. Saint-Constans, sur les schistes , fertile. 120. Lecanora ochraeea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 5. — Parmelia ochracea Fr. L. — Figeac, sur le calcaire. 121. Lecanora ferruginea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 5. — Lichen fer- rugineus Huds. C. — Quézac, sur les Hêtres: Saint-Constans, sur les Chênes; Vic-sur-Cère et pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. — var. festiva Nyl.; Lecidea cæsio-rufa var. festiva Ach. C. — Le Don, sur les schistes. 122. Lecanora ezesio-ruía Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Lecidea cæsio-rufa Ach. C. — Arbre de Saint-Géraud, prés Aurillac, sur les roches vol- caniques, et Saint-Constans, sur le schiste. L. — Figeac, sur les grés. Les spores ont, dans la premiére localité 0,013-16 millim. en longueur et 0,009-11 en largeur; dans la troisième, elles n'ont que 0,015-15 sur 0,007-9 millim. 123. Lecanora rubelliana Ach. Aveyron. — Villefranche de Rouergue, sur les schistes. 124. Lecanora Lallavei Nyl. — Lecidea Lallavei Clem. L. — Figeac, sur le calcaire. Spores placodiomorphes à logettes assez rapprochées l'une de l'autre, longues de 0,016-20 et larges de 0,008-10 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale, qui bientôt devient obscure. 126. 121. 128. 129. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 22 . Lecanora cerina Ach.; Hue Lich. Cant. p. 5. C. — Le Don, sur les Sureaux, et Saint-Constans, sur les Noyers. — f. obseurata Nyl. Lich. Scand. p. 144. C. — Saint-Constans, sur le gneiss, et Le Fau, sur les roches volcaniques. Thalle d'un cendré noir; apothécies à bord un peu crénelé ; Spores un peu plus petites que dans le type, ayant en lon- gueur 0,011-13 millim. et en largeur 0,006-7. Lecanora pyracea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 6. — Lecidea luteo- alba var. pyracea Ach. C. — Saint-Constans, sur un Peuplier; Saliège, près de Mont- murat, Saint-Santin-de-Maurs et causse de Gratacap, sur le calcaire. Spores placodiomorphes de 0,011 millim. en longueur, sur 0,005 en largeur. — f. pieta Tayl.; Hue Lich. Cant. l. c. C. — Causse de Gratacap et Saint-Santin-de-Maurs, sur le cal- caire. ; — Var. Persooniana Nyl. — Gyalecta Persooniana Ach. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire. L. — Figeac, sur le calcaire. Spores 1-septées, de 0,013-20 millim. en longueur, sur 0,007-8, en largeur. Lecanora ulmicola DC. C. — Saint-Constans, sur les Peupliers. Thalle blanchátre, assez épais; spores placodiomorphes longues de 0,011-14 et larges de 0,006-7 millim. Lecanora Jungermannise Nyl. — Lichen Jungermannie Wahl. C. — Sommet du Plomb du Cantal, roc Parlaire et Saint- Cha- mand, sur les Mousses. Spores placodiomorphes à logettes rapprochées ou 1-septées de 0,015-18 millim. en longueur sur 0,008-9 en largeur. La gélatine hyméniale bleuit par l'iode d'une manière persis- tante. Lecanora irrubata Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 6. — Lecidea irru- bata Ach. C. — Vic-sur- Cère, sur le calcaire. - 228 130. 131. 132. 133. SÉANCE DU 12 AvRIL 1889. L. — Figeac, également sur les roches calcaires. Spores simples, incolores, de 20,009-11 en longueur, sur 0,006-7 millim. en largeur. Lecanora calva Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 6.—Lichen calvus Dicks. C. — Causse de Gratacap et les Roques, sur le calcaire. L. — Figeac, aussi sur le calcaire. Dans les échantillons du Cantal, le thalle est mince et d'un blanc de lait. Dans celui du Lot, il est presque nul. Lesspores simples et incolores sont longues de 0,013-17 et larges de 0,006-8 millim. Lecanora chalybæa Schær.; Hue Lich. Cant. p. 6. — Placodium chalybeum Næg. C. — Saliége, prés de Montmurat, sur les roches calcaires. Lecanora variabilis Ach.; Hue Lich. Cant. p. 6. — Lichen va- riabilis Pers. C. — Les Roques, sur le calcaire. — Var. ocellulata Nyl. Lich. Scand. p. 138. — Urceolaria ocel- lata var. ocellulata Ach. C. — Montmurat, sur le calcaire. L'épithécium devient violet par la potasse, comme dans l'espéce typique et le L. chalybæa; les paraphyses, assez épaisses, sont articulées. La gélatine hyméniale par l'iode passe au bleu persistant. Les spores étaient mal formées. Lecanora tetrasticha Nyl., Flora, 1874, p. 301, et apud Hue Add. ad Lich. europ. p. 16. C..— Les Roques, sur le calcaire. Ce Lichen me parait étre au moins une forme peu éloignée du type d'Anzi, qu'indique M. Nylander et que je n'ai pas vu. Le thalle, trés mince, est cendré blanchâtre. Les apothécies, à disque d'un jaune livide, d'une largeur de 0,4-5 millim., sont biatorines et reposent sur une couche épaisse de gonidies. L'épithécium jaunàtre devient rouge par la potasse caustique. Les paraphyses articulées, à trois ou quatre articles, ont une épaisseur de 0,003-4 millim. Les théques, longues de 0,048-60 millim., renferment des spores 3-septées, incolores et oblongues, ayant en longueur 0,013-17 millim., sur 0,006-7 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode prend une teinte bleue persistante. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 229 134. Lecanora vitellina Ach. C. — Le Don, sur les schistes; rocher de l'arbre Saint-Géraud, sur la lave basaltique; sommet du Plomb du Cantal, sur les roches volcaniques. Dans cette dernière station, le thalle, très développé, est stérile. Ce Lecanora est commun dans tout le département. 135. Lecanora Roboris Duf. C. — Bois-Noir, sur les Sapins. Spores brunes, 1-septées, longues de 0,019-22, et larges de 0,010-11 millim. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis prend une teinte rouge vineuse. 136. Lecanora Iævigata Ach. C. — Saint-Constans, sur un Chátaignier. Apothécies presque lecidéines; spores noirâtres, 1-septées, longues de 0,018-24, et larges de 0,009-10 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale. 137. Lecanora confragosa Ach.; Hue Lich. Cant. p. 6. C. — Boussaroc, sur le quartz; Sanzac-Veinazés, sur le granite, 138. Lecanora subconíragosa Nyl. C. — Vie-sur-Cére, sur les roches volcaniques. Le thalle est insensible à l'action de la potasse, qui teint en jaune celui de l'espéce précédente. Les spores noires, 1-sep- tées, ont en longueur 0,019-20 millim., et 0,009-11 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode devient bleue, puis rouge vineuse. 139. Lecanora milvina Ach. — Lichen milrinus Wahl. C. — Lit du Célé à Saint-Constans, sur le schiste, à l'altitude de 236 mètres; pic d'Orcet, sur les roches volcaniques, 1600 m. Spores noirà'res 1-septées de 0,018-22 millim. en longueur, sur 0,009-12 en largeur. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis rouge vineuse. 140. Lecanora controversa Nyl. — Rinodina controversa Mass. Ricer. Lich. crost. p. 16. C. — Vic-sur-Cére, sur les roches volcaniques. Thalle peu développé et mélé au Lecanora admissa Nyl. Spores noires 1-septées et un peu resserrées à la cloison de 0,013-15 230 SÉANCE DU 12 AvRIL 1889. sur 0,008-9 millim. Paraphyses articulées, assez épaisses. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis rouge vineuse. 141. Lecanora alphoplaca Ach. — Parmelia alphoplaca Wahl. P. D. — Puy-Crouel, sur la wackite bitumineuse. C'est la première fois que ce Lichen, commun dans les Alpes, est signalé en Auvergne; ici il est peu développé, mais bien caractérisé. Le thalle par la potasse devient jaune, puis rouge. Les paraphyses articulées sont épaisses de 0,0022 millim. Les spores simples et incolores ont 0,011-13 millim. en lon- gueur et 0,007-9 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit légèrement, puis devient rouge vineuse. 142. Lecanora circinata Ach.; Hue Lich. Cant. p. 7. — Lichen cir- cinatus Pers. C. — Saint-Santin-de-Maurs, sur les roches calcaires. P. D. — Puy Crouel, sur la wackite bitumineuse. L. — Figeac, sur le calcaire. 143. Lecanora galactina Ach. C. — Saliège, prés de Montmurat, sur le calcaire. 144. Lecanora dispersa Floerk.; Hue Lich. Cant. p. T. — Lichen dispersus Pers. L. — Figeac, sur les roches calcaires. 145. Lecanora campestris Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 7. — Parmelia subfusca var. campestris Schær. C. — Arbre de Saint-Géraud, près Aurillac, sur les roches volca- niques ; Longuecamp et lit du Monédier, prés de Saint-Constans, et Saint-Constans, sur les schistes; Sansac-Veinazès, sur le granite; fertile. 146. Lecanora subfusca Ach. — Lichen subfuscus Linn. C. — Sur les Peupliers, Hêtres, ete., à Saint-Constans et dans le pare de Lucan. — f. argentata Ach. C. — Saint-Constans, sur les Hétres, et Quézac, sur les Noyers. L'épithéceium est formé par le haut des paraphyses. Les spores, simples et incolores, sont longues de 0,009-13, et larges de 0,005-7 millim. Les paraphyses sont gréles et coagulées; la gélatine hyméniale par l'iode prend une teinte bleue qui persiste, ou l'intérieur des théques devient violet. Les sper- maties courbes, attachées à des stérigmates simples, sont HUE. — LICHENS DU CANTAL. 231 courbées en are et mesurent en longueur 0,009-12, et en lar- geur 0,0005 millim. 147. Lecanora chlarona Ach.; Hue Lich. Cant. p. T C. — Sur différents arbres, Sapins, Peupliers, Cerisiers, Bou- leaux, Hétres, etc., à Quézac, Boussaroc, Saint-Antoine, Maurs, Vic-sur-Cère, au Trioulou et au Bois-Noir, dans le parc de Lucan, près de Saint-Constans, etc. L'épithécium est granuleux ; les spores sont longues de 0,013-15, et larges de 0,007-9 millim. La gélatine hyméniale par Piode bleuit, puis s'obscurcit, pendant que les thèques deviennent violettes ou légérement rougeàtres. 148. Lecanora intumescens liebentisch, C. — Saint-Constans, Quézac, Le Fau à 1200 mètres d'altitude, Maurs, Saint-Antoine, Aurillac, sur les Chénes, Hétres, Houx, Douleaux, Acacias et Peupliers. Les spores ont 0,011-14 millim. en longueur, sur 0,007-9 en largeur. La gélatine hyméniale, par l'iode, devient et demeure bleue. 149. Lecanora rugosa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 1. — Lichen rugo- sus Pers. C. — Saint-Santin-de-Maurs, sur les Peupliers ; parc de Lucan, prés de Saint-Constans, sur les Ormes. L'épithécium est un peu granuleux, brunátre; les paraphyses sont libres dans le haut. Les spores sont longues de 0,013-18 et larges de 0,007-9 millim. L'iode bleuit la gélatine hymé- niale d'une manière persistante. 150. Lecanora atrynea Nyl.; L. subfusca var. atrynea Ach. C. — Le Don, sur les schistes. L'épithécium trés granuleux est formé de petits grains jau- nàtres; les spores ont 0,011 millim. en longueur, sur 0,006 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis se décolore, pendant que les thèques deviennent violettes. Les spermaties, pour la plupart courbées en arc, mesurent 0,010-17 sur 0,0005 millim. — var. cenisea Ach. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. 332 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. 151. Lecanora gangaleoides Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 7. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques à 1600 mètres d'al- titude. L’épithécium, non granuleux, est d'un brun noiràtre; les para- physes assez épaisses sont coagulées. Les spores sont longues de 0,014-16, et larges de 0,011-12 millim. Les spermaties courbes ont 0,013-22 sur 0,0005 millim. La gélatine hymé- niale par l'iode se colore en bleu, puis se décolore, les théques restant bleues ou devenant violettes. 152. Lecanora angulosa Ach.; Hue Lich. Cant. p. 7. C. — Maurs, sur les Peupliers ; Saint-Constans, sur les Chénes; Sansac-Veinazés, sur les Châtaigniers; Saint-Flour, sur les Bouleaux ; Neussargues, sur les Hétres. L'épithécium est granuleux ; les spores sont longues de 0,009-13, et larges de 0,006-8 millim. L'iode bleuit la gélatine hymé- niale et lui donne ensuite une teinte vineuse. 153. Lecanora albella Ach. — Lichen albellus Pers. C. — Suint-Constans, sur les Trembles, Peupliers et Chênes; Saint-Flour, sur les Noisetiers. Les spores mesurent 0,011-13 millim. en longueur et 0,006-8 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode prend une teinte bleue, puis rouge vineuse. 154. Lecanora subalbella Nyl. C. — Saint-Constans, sur les Acacias, Bouleaux et Chênes; Saint- Antoine, sur les Hétres. Les spores ont 0,011-13 millim. en longueur, sur 0,006-7 en largeur; la gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis reste bleue ou s'obscurcit. 155. Lecanora glaucoma Ach.; Hue Lich. Cant. p. 8. C. — Pic d'Orcet, Vic-sur-Cére et Vergnols, prés Aurillac, sur les roches volcaniques; Le Don, sur les schistes; Mur-du- Diable, sur le quartz ; fertile. 156. Lecanora bicincta Ram. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. 151. Lecanora subcarnea Ach. C. — Roc du Saut-Haut, au ravin de Monédier, sur les schistes. Le thalle, au contact du chlorure de chaux, prend une légère 158. 159. 160. 161. 162. 163. 164. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 233 teinte érythrinique, tandis que l'épithécium reste insensible à l'action de ce réactif. Lecanora Hageni Ach. pr. p.; Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 8. C. — Causse de Gratacap, sur un vieux Noyer. Lecanora sulphurea Ach. C. — Montmurat, sur les roches calcaires; sommet du Plomb du Cantal, sur les roches volcaniques. Spores simples et incolores de 0,011-13 millim. en longueur sur 0,0045-50 en largeur. Spermaties courbes de 0,015-17, sur à peine 0,001 millim. La gélatine hyméniale, par l'iode, de bleue devient brunátre. Lecanora orosthea Ach. C. — Leinhac, sur le quartz. Spores oblongues de 0,010-13 millim. en longueur, sur 0,005-6 en largeur. Lecanora conizæa Àch. C. — Saint-Constans, sur les Pins, un Genévrier et un vieux Chàtaignier. Spores oblongues de 0,013 millim. en longueur, sur 0,0045-50 en largeur. Lecanora metaboliza Nyl. C. — Saint-Constans, sur de vieux Châtaigniers. L'épithécium qui est d'un roux brun se décolore par la potasse. Les spores sont longues de 0,009-12, et larges de 0,0040-45 millimétres. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis devient vineuse. Lecanora polytropa Schær.; Hue Lich. Cant. p. 8.— Lichen poly- tropus Ehrh. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques ; Bois-Noir, sur les Sapins, à 1300 mètres d'altitude. Lecanora intricata Ach. — Lichen intricatus Schrad. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques à 1600 métres d'al- titude. Ce n'est pas le type, mais une forme qui ne diffère de ce dernier que par la couleur du thalle qui est blanc, à aréoles planes et contigués, jaunissant par la potasse. Les apothécies sont noires et plus ou moins pruineuses; les paraphyses assez 234 SÉANCE DU 12 AvRIL 1889. épaisses sont agglutinées. Les spores oblongues ont 0,011-15 millimétres en longueur et 0,005-8 en largeur. Les sper- maties courbes mesurent 0,011-15 sur 0,0008 millim. 165. Lecanora convexula Nyl. Flora 1883, p. 107. C. — Saint-Constans, sur un vieux Châtaignier. 166. Lecanora effusa Ach. — Lichen effusus Pers. C. — Saint-Constans, sur un Genévrier. 161. Lecanora Erysibe Nyl.; Hue Lich. Cant. pe 8. — Lichen luteola var. Erysibe Ach. C. — Quézac, sur le mortier des murs. 168. Lecanora proteiformis Nyl.; Hue Lich. Cant. p.8.— Biatorina proteiformis Mass. C. — Causse de Gratacap, sur le calcaire, et Saint-Constans, sur les schistes. Les spores, d'abord simples, puis 1-septées, ont en longueur 0,009-15 millim. et en largeur 0,004-6. La gélatine hymé- niale, par l'iode, devient bleue, puis rouge vineuse. Les sper- maties, selon qu'elles sont plus ou moins courbes, ont en longueur 0,009-15 millim. sur 0,005. — var. umbratica Arn. C. — Causse de Gratacap. 169. Lecanora dimera Nyl.; Norrl. Exsicc. 140; Zwackh Exsice. 918. C. — Quézac, sur les vieux Noyers. Ce Lichen, mélé au L. Hageni, a des spores 1-septées de 0,011-12 millim. en longueur, sur 0,0045 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode devient bleue, puis rouge vineuse. 170. Lecanora syringea Ach.; L. Hageni var. syringea Ach. C. — Saint-Constans, sur un Peuplier, et Ravin du Monédier, près de Saint-Constans, sur des Erables. C'est le type qui a été récolté dans la première localité avec des spores au nombre de 12-16 dans les théques, 3-septées, longues de 0,013-17 et larges de 0,0040-45 millim. La seconde localité offre une forme intermédiaire entre le type et le L. dimera Nyl. Les spores, au nombre de huit dans les thèques, sont d'abord droites et 1-septées, puis elles se cour- bent et deviennent 3-septées; elles sont obtuses ou quelque- fois un peu atténuées aux deux extrémités et ont 0,013-20 mil- HUE. — LICHENS DU CANTAL. 239 limètres en longueur et 0,0045-70 en largeur. La gélatine hyméniale, par l'iode, de bleue devient d'un violet obscur. Le méme Lichen m'a été envoyé de Noidan (Cóte-d'Or), par M. Fautrey, instituteur. 111. Lecanora cooperta Nyl. Lich. Lapp. Orient. p. 181; L. Nylan- deriana Th. Fr. Lich. Scand. p. 291. — Lecania Nylande- riana Mass. C. — Quézac, sur le mortier des murs ; Montmurat, sur les roches calcaires. Apothécies nombreuses et très pruineuses ; les thèques contien- nent 8 spores, 3-septées, obtuses aux deux extrémités, longues de 0,018-20, et larges de 0,0050-55 millim. L'iode rend la gélatine hyméniale bleue, puis rouge vineuse. Dans l'échan- tillon de la seconde localité, le thalle est peu apparent et les apothécies sont brunes et sans pruine. 172. Lecanora frustulosa Nyl. Lich. Scand. p. 166. — Lichen frus- tulosus Dicks. P. D. — Puy-Crouél, sur la wackite bitumineuse. Sporeslongues de 0,009-11, et larges de 0,0035-45 millim. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis devient rouge vineuse, le sommet des théques restant bleu. 173. Lecanora atra Ach.; Hue Lich. Cant. p. 8. C. — Roc Parlaire, sur les roches volcaniques; Saint-Constans, sur les Cerisiers ; fertile. 174. Lecanora tartarea Ach. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques; stérile. 175. Lecanora pallescens Schær. — Lichen pallescens Linn. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres, et Bois-Noir, sur les Sapins. Spores simples et incolores, longues de 0,034-57, et larges de 0,020-29 millim. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit, puis devient rouge vineuse. 176. Lecanora parella Ach.; Hue Lich. Cant. p. 8. — Lichen parel- lus Linn. C. — Saint-Simon, altitude de 700 métres, Saint-Préjet et Mont- murat, sur les roches volcaniques; causse de Gratacap, sur calcaire ; Saint-Préjet, sur un Cerisier; Quézac, sur les Hétres et les Chénes. Sur les Hétres, les spores ont 0,068-80 millim. en longueur et 936 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. 0,034-50 en largeur. L'iode rend la gélatine hyméniale d'une couleur bleue persistante. L'hypochlorite de chaux donne à l’épithécium la teinte érythrinique et est sans action sur la marge de l'apothécie. 177. Lecanora badia Ach.; Hue Lich. Cant. p. 8. C. — Puy Violent, altitude 1700 mètres, et Le Fau, alt. 1200 mètres, sur les roches basaltiques; Le Don, sur le schiste; La Chourlie, sur le granite; pic d'Orcet, alt. 1600 métres, sur le trachyle; Vic-sur-Cére, roc Parlaire et sommet du Plomb du Cantal, sur les roches volcaniques; mur du Diable, sur le quartz. Spores fusiformes et incolores, longues de 0,012-13, et larges de 0,004-5 millimétres, mélées de quelques-unes qui sont ellipsoides, de 0,011 sur 0,0065 millim. 118. Lecanora psarophana Nyl. Lich. Pyr. Orient. p. 10 et Exsicc. n° 10. C. — Pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. Spermaties bacillaires longues de 0,007-9 et larges, à peine, de 0,001 millim. 119. Lecanora cinerea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Lichen cine- reus Linn. C. — Arbre de Saint-Géraud, Vernols, Vignols et Saint-Jean-de- Dóne, prés Aurillac; pic d'Orcet, sur les roches volcaniques. P. D. — Bois du Capucin, sur la trachyte; Châteldon, sur le granite. Le thalle jaunit, puis rougit par la potasse; les paraphyses sont cloisonnées; les spores ont en longueur 0,020-22 inillim. et en largeur 0,009-11. Les spermaties droites ont 0,017-20 sur à peine 0,001 millim. L'iode donne à la gélatine hymé- niale une teinte bleue qui devient bientôt rouge vineuse. 180. Lecanora gibbosa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Urceolaria gibbosa Ach. C. — Saint-Flour, sur le basalte; Vic-sur-Cére, sur les roches volcaniques. 181. Lecanora subdepressa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. C. — Sansaz-Veinazés, sur le granite; Saint-Flour et Vergnols, prés d’Aurillac, sur le basalte ; pic d'Orcet et Arbre de Saint- Géraud, prés Aurillae, sur les roches volcaniques; rives du Mouédier, prés de Saint-Constans, sur le schiste. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 231 182. Lecanora eæsio-cinerea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. C. — Pic d'Orcet, Vic-sur-Cère et Arbre de Saint- Géraud, prés Aurillae, sur les roches volcaniques. Les spores, au nombre de 4-8, le plus souvent de 6 dans les théques, sont ou ellipsoides ayant en longueur 0,024-33 et en largeur 0,015-20 millim.,ou presque globuleuses mesurant 0,020-24 sur 0,015-20 millim. Les paraphyses sont cloison- nées; la gélatine hyméniale bleuit à peine par l'iode, puis prend la teinte rouge vineuse. Les spermalies droites, me- surant en longueur 0,006-9 et en largeur à peine 1 millim., sont un peu plus courtes que dans le L. gibbosa, où elles ont 0,009-11 millim. de longueur. 183. Lecanora recedens Nyl. — Lecidea recedens Tayl. C.— Le Fau, sur les roches volcaniques, à 1200 mètres d'altitude; Aurillac, sur le basalte. Les spores ont 0,011 millim. en longueur, sur 0,009 en lar- geur; les paraphyses sont articulées. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit légèrement, puis devient rouge vineuse. 184. Lecanora ealearea Sommerf ; Hue Lich. Cant. p. 9. — Urceola- ria calcarea Ach. C. — Roc Parlaire, à 1400 mètres, et Vic-sur-Cére, Vergnols, près d'Aurillac, et Le Fau, sur les roches volcaniques. — Var. eontorta Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Urceolaria contorta Floerk. C. — Montmurat, sur le calcaire. — var. Hoffmanni Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 9. — Urceolaria cal- carea var. Hoffmanni Ach. C. — Vic-sur-Cére, sur les roches volcaniques. 185. Lecanora coarctata Var. elacista Nyl. — Parmelia elacista Ach. — Lecidea coarctata var. elacista Nyl. Prodr. Lich. Gall. p. 112; Norrl. Exsicc. 306. C. — Aurillac, sur les roches volcaniques ; fertile. 186. Leeanora fuscata Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. — Lichen fus- catus Schrad. C. — Le Fau, sur les roches volcaniques; Montmurat, sur le cal- caire; Saint-Constans, sur les schistes. 187. Lecanora cineracea Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. C. — La Chourlie, sur le granite. 238 SÉANCE DU 12 AvniL 1889, P. D. — Roc Sanadoire, sur les roches volcaniques, et bords du lac Guéry, sur les scories. 188. Lecanora admissa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. P. D.— Creux-d'Enfer et Puy Crouél, sur la wackite bitumineuse. 189. Lecanora veronensis. — Acarospora veronensis Mass., Ricer. Lich. crost. p. 29. C. — Saint-Flour, sur le basalte. Ce Lichen est semblable à celui que Massalongo a décrit et dont un échantillon a été envoyé au Muséum; il n'en diffère qu'en ce que les petites apothécies (larg. 0,2-3 millim.) ne sont pas toujours solitaires dans les petites squames du thalle; on en voit quelquefois deux, trés rarement trois ou quatre. Les paraphyses sont légérement cloisonnées dans l'échantillon du Muséum et elles ne le sont pas ici. Les spores, trés nombreuses. dans des théques qui ont 0,10-11 millim. en longueur sur 0,020-25 en largeur, sontlongues de 0,0025-45 et larges de 0,0010-15 millim. L'iode teint légèrement en bleu la gélatine hyméniale, puis la rend rouge vineuse. M. Nylander a écrit au-dessous du nom de Massalongo : Lecanora cervina forma. Il me semble que ce Lichen serait plutôt une forme ou une sous-espèce du L. admissa Nyl. 190. Lecanora pruinosa Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. — Lichen pruinosus Sm. L. — Figeac, sur le calcaire. — f. muda Nyl., Hue Lich. Cant. p. 10. C. — Sansac-Veinazés, sur le granite. 191. Pertusaria communis DC. C. — Saint-Antoine, à 800 métres d'altitude, et Vignols, prés Aurillac, sur les Hétres. L'épithalle est à peu prés insensible à l'action de la potasse, mais la médulle jaunit par ce réactif. Spores solitaires ou au nombre de deux dans les théques longues de 0,176, et larges de 0,080 millim. — f. rupestris DC. C. — Roc Parlaire à 1400 métres d'altitude, sur les roches volca- niques ; Saint-Flour, sur le basalte. Le thalle a la méme réaction que le type; les spores mesurant 0,167-178 millim. en longueur, sur 0,060-66 en largeur. HUE. — LICHENS DU CANTAL. 239 192. Pertusaria coccodes Nyl. — Isidium coccodes Ach. C. — Saint-Constans, sur les Chénes. 193. Pertusaria melaleuca Dub.; Arn. Exsicc. 149; Hue Lich. Cant. p. 10. C. — Saint-Constans, sur les Hétres ; Aurillac, sur les Hétres. Le thalle jaunit par la potasse et devient orangé, si l'on ajoute de l'hypochlorite de chaux; les apothécies n'ont ordinaire- ment qu'un seul ostiole noir et les théques contiennent deux spores longues de 0,075-85 et larges de 0,028-35 millim. 194. Pertusaria pustulata Nyl.; Zw. Exsicc. 359, Hue Lich. Cant. p. 10. — Porina pustulata Ach. L. — Saint-Constans, sur les Châtaigniers; bois d’Ytrac, sur les Hétres. La réaction du thalle est la méme que dans l'espéce précé- dente; chaque apothécie a presque toujours plusieurs ostioles ; les thèques sont aussi bispores, et les spores ont en longueur 0,075-80 millim. et en largeur 0,035-37. 195. Pertusaria globulifera Nyl. — Variolaria globulifera Turn. C. — Saint-Constans, sur les Chénes, et Saint-Antoine, sur les Hétres ; stérile. Thalle et médulle K et CaCI —; Piode obscurcit la médulle, puis la rend rouge vineuse. 196. Pertusaria amara Nyl. — Variolaria amara Ach. C. — Sansac-Veinazés, sur les Chénes. 197. Pertusaria lactea Nyl. — Variolaria lactea Pers. C. — Vic-sur-Cére, pic d'Orcet, rocher de l'Arbre Saint-Géraud, prés d’Aurillac; roc Parlaire, sur les roches volcaniques ; ravin de Monédier, prés de Saint-Constans, sur les schistes. P. D. — Roche Sanadoire, sur la phonolithe. Rarement fertile; les théques sont monospores et les spores ont 0,168-286 millim. en longueur, et 0,045-90 en largeur. La gélatine hyméniale par l'iode bleuit et prend ensuite une teinte rouge vineuse. 198. Pertusaria leueosora Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. C. — Pic d'Orcet, à 1600 mètres d'altitude, sur les roches volca- niques. 240 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. 199. Pertusaria dealbata Nyl. — Lichen dealbatus Ach. C. — Leinhac, sur le quartz; stérile. 200. Pertusaria corallina Th. Fr.-— Lichen corallinus Linn. C. — Leinhac et ravin du Monédier, altitude 300 mètres, sur les schistes; pie d'Orcet, sur les roches volcaniques; stérile. 201. Pertusaria Westringii Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. — Isidium Westringii Ach. C. — Saint-Flour, sur le basalte; rochers de l'Arbre Saint-Géraud, près d’Aurillac et pic d'Orcet, sur les roches volcaniques ; Aurillac, sur un Méleze ; Saint-Constans, sur les Chênes et les Ormes; stérile. P. D.— Puy Violent, altitude 1700 mètres, sur le basalte ; stérile. 202. Pertusaria Wulfenii DC. C. — Saint-Antoine, sur les Hétres. L'épithalle jaunit par la potasse et devient orange, si on ajoute de l'hypochlorite de chaux; les spores au nombre de huit dans les théques sont longues de 0,094-116, et larges de 0,037-50 millim. — var. rupicola Nyl.; P. sulphurea var. rupicola Schær. — Quézac, sur le schiste; Montmurat, sur le quartz et rocher de l'Arbre de Saint- Géraud, prés d'Aurillac, sur les roches vol- caniques. 203. Pertusaria inquinata Th. Fr. — Lecanora coarctata var. in- quinata Ach. — Pertusaria nolens Nyl.; Hue Lich. Cant. p. 10. C. — Sommet du Plomb du Cantal, altitude 1858 mètres; fertile. 204. Urceolaria scruposa Ach.; Hue Lich. Cant. p. 11. C. — Roc Parlaire, altitude 1400 mètres, sur les roches volca- niques ; Saint-Constans et Le Don, sur les schistes. P. D. — Châteldon, sur le granite. Thalle CaCl et 1+; spores d'abord hyalines, puis noires, 5-septées et à divisions murales de 0,031-44 millim. en longueur et 0,013-20, en largeur ; ; spermaties de 0,007-9 sur 0,0015-20 millim. L'iode bledit à peine la gélatine hymé- niale, qui prend bientôt une teinte rouge vineuse. SEIGNETTE. — TUBERCULES DU SPIRÆA FILIPENDULA. 244 205. Urceolaria bryophila Ach.; Hue Lich. Cant. p. 11. L. — Figeac, sur les Mousses. 200. Urceolaria gypsacea Ach.; Hue Lich. Cant. p. 11. C. — Les Roques, sur les roches calcaires. 207. Urceolaria violaria Nyl.; Lamy Catal. Mont-Dore, p. 93. C. — Les Roques, sur les roches calcaires. Les spores, d'abord incolores, deviennent noires; elles sont 9-9-septées et ont en plus des divisions murales: elles sont longues de 0,022-26, et larges de 0,010-11 millim. L'iode est sans action sur la gélatine hyméniale. M. Bonnier fait, au nom de M. Seignette, la communication suivante : NOTE SUR LES TUBERCULES DU SPIRÆA FILIPENDULA ET DU VERATRUM ALBUM; par M. A. SEIGNETTE. I. SPIRÆA FILIPENDULA. Les racines adventives du Spiræa Filipendula présentent des renfle- ments ovoides : ces racines adventives apparaissent au printemps, dès le mois de mai, les renflements sont bien accentués et leur diamètre augmente jusque vers le mois d'octobre; ils entrent alors dans une période de vie ralentie jusqu'au printemps suivant. A cette époque, ces tubercules commencent à se rider, à se creuser, en méme temps que se développent les tiges feuillées, et l'on peut observer un moment où la plante vit sans avoir de réserves déterminées, les tubercules de l'année précédente étant presque entiérement épuisés, et ceux de l'année sui- vante à peine indiqués. Le poids sec d'un tubercule varie considérablement, avec ses diffé- rents âges: nous l'avons trouvé à son maximum, dans la période de la vie ralentie, d'octobre à février, où il s'est maintenu de 40 à 45 pour 100. Au moment de la formation du tubercule, le poids sec n'est guére que de 10 pour 100; quand le tubercule se détruit, le poids sec diminue rapidement; méme lorsque le tubercule n'est pas encore ridé et qu'il est bien résistant, le poids sec n'est souvent que de 20 pour 100, et il continue à diminuer jusqu'à la résorption complète des réserves. La composition des tubercules varie aussi avec la saison à laquelle on les Observe. Dans les tubercules en voie de développement, on trouve du T XXVI. (RÉANCES) 16 242 SÉANCE DU 12 AvniL 1889. glucose, on en trouve moins dans le tubercule inactif, et on en trouve enfin une grande quantité dans le tubercule qui recommence à entrer dans la vie manifestée. L'amidon remplit presque entièrement les cellules du tubercule inac- tif, tandis que des grains sont flottants dans les tubercules en voie de formation. Enfin, on apercoit, méme dans le tubercule trés jeune, d'assez nom- breux cristaux d'oxalate de chaux, qui sont mélés à l'amidon dans les mémes cellules. Ces cristaux sont sensiblement plus nombreux dans les tubercules développés; ils ne disparaissent pas, quand le tubercule est résorbé. La morphologie interne des différentes parties de la racine présente des particularités spéciales à chacune de ces parties. Dans la porlion de la racine adventive qui est au-dessus d'un tuber- cule, on observe au centre quatre faisceaux de bois primaire trés rap- prochés renfermant un trés petit nombre de vaisseaux ; fréquemment un faisceau n'en renferme que deux, la maille est à peine développée. Le tissu conjonctif est peu développé. On voit quatre grands faisceaux libéro-ligneux secondaires alternant avec les faisceaux primaires, le bois y est trés développé. Le péricycle présente l'épaisseur d'une quinzaine de cellules. Le liège forme deux zones concentriques ; la plus intérieure est formée de cellules jeunes d'une épaisseur de dix à quinze cellules ; la plus extérieure, séche et en voie d'exfoliation. La coupe de la partie moyenne de la partie renflée ne nous montre presque pas de différence dans le péricycle et dans le liège, mais le tissu parenchymateux des formations secondaires s'est développé considéra- blement et c'est ce tissu qui forme toute la masse du tubercule; les faisceaux primaires, un peu déplacés et déformés, sont cependant bien visibles au milieu, et la moelle n'a que trés peu augmenté ; les vaisseaux dans les tissus secondaires sont visiblement moins nombreux, et de plus leur diamètre est plus petit. On voit donc que, par le fait de la tuberculisation, les faisceaux pri- maires du bois sont à peine déplacés, tandis que les formations secon- daires n'ont guére de parties vasculaires que loin du centre. On observe la méme disposition anatomique dans la partie amincie de la racine qui fait suite à un tubercule, ainsi que dans la partie termi- nale de la racine ou dans ses ramifications ; dans cette partie des racines, on trouve un grand développement proportionnel des vaisseaux du bois, la moelle disparait entiérement. Le nombre de faisceaux primaires n'est pas constant, on rencontre daus le méme pied trois, quatre ou de faisceaux ; le nombre le plus habituel est de quatre. SEIGNETTE. — TUBERCULES DU VERATRUM ALBUM. 243 En résumé, on voit que les tubercules de Spirea Filipendula sont formés par les racines adventives et qu'ils sont uniquement constitués par le tissu conjonetif; la moelle et le péricycle n'y jouent presque aucun róle. On voit de plus que les tissus conducteurs sont sensiblement moins développés dans le tubercule que dans les parties des racines situées au-dessus ou au-dessous du tubercule. If. VERATRUM ALBUM. 1° Morphologie extérieure. — Le rhizome du Veratrum album pré- sente habituellement une longueur de 6 à 10 centimètres; il est toujours incliné, son inclinaison varie de 25 à 45 degrés. Ce rhizome se compose de trois renflements séparés les uns des autres par des étranglements plus ou moins profonds ; il est méme quelquefois possible de trouver les traces d'un quatrième renflement. On reconnait facilement, dans les replis, des cicatrices indiquant la place d'insertion des tiges aériennes des années précédentes. Sur le renflement le plus élevé se trouve la tige feuillée ; puis, au delà et au-dessous de l'insertion de la tige feuillée, faisant suite au rhizome, on voit à l'automne un bourgeon hien développé ayant environ 3 ou 4 centimètres. Ce bourgeon s'est développé à l'aisselle d'une des feuilles engainantes et du méme côté de l'axe que le bourgeon qui a donné la tige feuillée actuelle; il apparait à quelques centimétres au-dessous de la surface du sol. Ala base de ce jeune bourgeon, on peut quelquefois apercevoir un léger renflement dans la région inférieure tournée du côté du sol; c'est là que se formera le bourgeon qui doit se développer à l'automne sui- vant, quand le bourgeon de cette année aura lui-méme donné naissance à une tige feuillée, et que sur la lige feuillée tout l'extérieur est absolu- ment mort; la base des feuilles et les racines adventives sont séches ou en voie de décomposition. Le troisiéme renflement ne renferme que des tissus morts, et l'on ne trouve plus de traces de feuilles ni de racines. Le quatriéme renflement, quand il est visible, ne se compose que de lissus en voie de compléte décomposition. Une coupe transversale faite à la base de la tige feuillée nous montre le bourgeon en forme de croissant, entourant la tige feuillée; on voit l'origine de nombreuses racines adventives qui commencent à percer les feuilles engainantes. On voit donc nettement dans ce rhizome quatre générations succes- sives; on péut dans quelques échantillons voir les traces de la cinquième qui a précédé celles que nous voyons bien distinctement, et apercevoir 944 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889. le commencement d’une sixième génération qui succédera à celles que nous présente actuellement le rhizome. Les trois renflements du rhizome ont des aspects très différents : celui de l'année, qui fournit la tige feuillée actuelle, est gorgé de tissus vi- vants ; il porte de nombreuses racines adventives trés charnues qui tra- versent les feuilles engainantes de la base; les feuilles extérieures sont déjà altérées. Le second renflement ne renferme de tissus vivants que vers le milieu. 2 Mode d'accroissement. — Ce rhizome semble cheminer indéfini- ment, s’avançant chaque année de 2 à 3 centimètres, c'est-à-dire de la longueur du nouveau renflement formé chaque année; cette progression semble être indiquée par le point où se développe chaque année la tige feuillée. Mais le renflement qui se forme en dernier lieu est sensible- ment moins profond que ceux qui l'ont précédé et qui se sont, comme ce dernier, formés assez superficiellement. Il faut donc que le tubercule, une fois formé, s'enfonce dans le sol ; cet effet est produit par la traction vers la terre des nombreuses et fortes racines adventives qui naissent de ce tubercule. L'enfoncement ne se produit pas verticalement, parce que la résistance du sol est beaucoup plus grande que celle des tissus en voie de décom- position des renflements précédents. Le renflement en voie de dévelop- pement, et qui tend à se développer dans tous les sens, glisse donc en quelque sorte sur le plan incliné formé par les renflements précédents. Cette pression dans le sens du rhizome déjà formé est rendue évidente par l'écrasement de plus en plus considérable des renflements à mesure qu'ils s'avancent en âge : la longueur du troisième n'est jamais égale à la moitié du premier, et quant au quatriéme, quand il est encore visible, il se présente sous l'aspect de lame, son épaisseur n'est plus que de 2 à 3 millimétres. Cet écrasement de plus en plus considérable des renfle- ments successifs tient à ce que, la traction des racines adventives se pro- duisant chaque année, le deuxième tubercule n'a été ainsi écrasé qu'une fois, le troisiéme l'a été deux fois, le quatriéme trois fois. 3° Morphologie interne. — Le premier renflement du rhizome est formé par une écorce trés développée, gorgée d'amidon; cette écorce est traversée par de volumineuses racines trés charnues. Le cylindre central est aussi trés développé et gorgé d'amidon, il est traversé par de nom- breux faisceaux libéro-ligneux. Le cylindre central est trés nettement séparé de l'écorce par un réseau radicifère ; on trouve vers la périphérie une couche protectrice de sclérenchyme lignifié. ÉMERY. — VEILLE ET SOMMEIL DES PÉRIANTHES. 245 Les racines comme les tubercules renferment une grande quanlité d'amidon et de glucose; les raphides sont très répandus. En résumé la tubérisation est donc formée par le cylindre central et par l'écorce, et les réserves se présentent sous la forme d'amidon et de glucose. Dans les deuxiéme et troisiéme renflements, en voie d'épuisement, ainsi que dans les racines qui y aboutissent, on observe de trés nom- breuses Bactéries, et des Champignons inférieurs. — On peut constater la présence de l’arnidon, méme dans les cellules mortes. Les réserves ne sont donc pas toutes employées par la plante. M. Guignard fait remarquer que, pour le Safran, les parties sou- terraines tendent à sortir de terre; aussi est-on obligé de les y faire rentrer au bout d'un certain temps, quand on cultive cette plante. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : ÉPANOUISSEMENT, VEILLE ET SOMMEIL DES PÉRIANTHES, par M. ÉMERY. Cette question m'occupe depuis plusieurs années, et, — ainsi qu'il arrive d'ordinaire en physiologie, — plus je l'étudie, plus elle me semble complexe. Dans cette premiére Note, — véritable Note-programme, — je me bornerai à dire comment la question se pose en ce moment pour moi, et quelles sont les données dont la connaissance me parait indis- pensable à la solution rationnelle du probléme. Ultérieurement, dans une suite de Notes, je prendrai une à une chacune de ces données, et je les discuterai en me basant sur les travaux antérieurs et sur les miens propres. ; La premiére question, la question fondamentale, est de savoir quels sont, dans le pétale, les mécanismes susceptibles d'entrer en jeu dans ces manifestations. A priori, on en voit trois : un périphérique, la mem- brane épidermique; les deux autres profonds, le systéme parenchyma- leux et ses dérivés, — sclérenchyme et collenchyme, — d'une part, enfin l'appareil libéro-ligneux de l'autre. La différence de situation de gas deux groupes de mécanismes donne déjà lieu de penser que leurs modes d'action seront différents. C’est la dessiccation qui aura l'influence pre- pondérante sur l'épiderme, tandis que cette influence ne sera que secon- daire sur les deuxfautres dont la mise en jeu devra surtout s effectuer par d'autres procédés. 246 SÉANCE DU 12 AvniL 1889. Restera ensuite à découvrir le fonctionnement de ces mécanismes, ainsi que les forces qui les mettent en action. Considérons d'abord l'appareil libéro-ligneux: comment peut-il agir ? A priori, de deux façons : par l'élasticité propre à ses éléments et notam- ment aux parois vasculaires; ou par des variations dans la tension interne de ces mémes éléments, et principalement, ce semble, des trachées. Dans l’un et l'autre cas, l'élément fera effort pour reprendre son attitude naturelle ou premiére. Sous certaines influences, le pétale s'incurve-t-il dans un sens ou dans un autre, l'appareil libéro-ligneux réagira en sens contraire pour rétablir les choses eu leur premier état : soit par simple élasticité des parois, soit par l'effet d'une tension interne. Si, à l'état d'incurvation du pétale, la tension interne des éléments libéro-ligneux augmente tout à coup par l'intervention de gaz ou de liquides, ces élé- ments fonctionneront alors, et pour la méme cause, comme un baro- mètre anéroide: ils tendront à se dérouler, à se redresser. Quant aux tissus cellulaires, ils agiront par des variations de volume, conséquences de variations dans le degré de turgescence. A priori, celles-ci peuvent étre dues à des gaz ou bien à des solutions aqueuses. On ne voit guére, dans l'état actuel de la physique générale, la possi- bilité pour les gaz atmosphériques d'agir, dans les conditions où ils inter- viennent, autrement qu'ils ne le font dans l'expérience classique de la vessie hermétiquement fermée aprés y avoir laissé un peu d'air à une faible tension. Une fois placée sous le récipient de la machine pneuma- tique, cette vessie se gonfle progressivement, à mesure qu'on raréfie l'air sous la cloche. Dans le pétale, la cellule à parois minces et extensibles se comporterait de la méme facon si l'atmosphère interne était suscep- tible de se raréfier à un moment donné. Or, la possibilité de ces raréfac- tions est loin d’être une simple vue de l'esprit, une hypothèse gratuite, depuis qu'on sait que la tension de l'atmosphére interne est d'ordinaire inférieure à la pression atmosphérique. Il y avait donc lieu d'étudier les variations de cette pression interne et leurs causes. C'est une question qui m'occupe depuis plusieurs années, et je ferai connaitre ultérieure- ment le résultat de mes recherches. Sans doute dans ces derniers temps ce point a été abordé par divers expérimentateurs, mais je crois qu'ils sont loin d'avoir épuisé le sujet. Restent enfin les variations de volume ou de turgescence amenées par les aceroissements ou les diminutions du liquide intra-cellulaire. On sait d'une maniére sommaire ce qui va se produire. Toutes les fois qu'on injecte un liquide quelconque, de l'eau par exemple, dans un sac à parois flexibles et hermétiquement clos, celui- -ci, par l'effet de la pression interne, se gonfle et tend à prendre la forme sphérique. Mais cette tendance sera, dans le pétale, plus ou moins ÉMERY. — VEILLE ET SOMMEIL DES PÉRIANTHES. 247 entravée, parfois même complètement annihilée : soit par les résistances que lui opposeront les éléments voisins, soit par l'inextensibilité de cer- taines régions de la paroi elle-même. Dans le premier ordre d'idées, les cellules scléreuses pourront, selon leurs modes de répartition autour des cellules extensibles, ou géner et limiter ces mouvements, ou les favo- riser en fournissant des points d'appui aux cellules actives. La question du rôle de l'eau se présente sous un double aspect. Il faudra d'abord déterminer comment varie le poids total de l'eau contenue dans le pétale à chacune des phases de son existence ; poids total qui est à tout instant la différence entre la quantité d'eau qui entre dans l'organe et celle qui en sort par trauspiration. Or, on sait déjà pour les feuilles végétatives caduques, — et nous généraliserons dans une prochaine Note ce résultat en l’étendant aux autres feuilles ainsi qu'aux axes caulinaires eux-mêmes, — qu'à la longue l'accés de l'eau devient de plus en plus difficile par l'apparition et l'extension, dans une direction transversale, de formations subéreuses qui, s'insinuant pour ainsi dire dans le paren- chyme préexistant, ne laissent plus finalement, en raison de l'imper- méabilité à l'eau du tissu subéreux, qu'une seule voie d’accès, — rela- tivement fort restreinte, — pour les liquides : l'appareil libéro-ligneux. Ma prochaine Note aura précisément pour objet de faire connaitre la loi des variations de l'eau dans le pétale avec l’âge. Cela fait, nous devrons rechercher comment et par quelles forces les liquides se meuvent d'une cellule à l'autre; pourquoi, à un moment donné, ils affluent dans certaines régions en délaissant simultanément d'autres parties. Pour le moment, — puisqu'il s'agit d'un simple programme d'études, — je me bornerai à résumer les faits fondamentaux de cet ordre, afin de préciser le point de départ de nos investigations ultérieures. Considérons un corps solide quelconque taillé en plaque, ou mieux une membrane, animale ou végétale. Ces corps sont poreux, mais à des degrés divers. Posons la membrane, supposée séche, sur la surface de l'eau. Celle-ci va pénétrer peu à peu dans les pores et les remplir, en expulsant l'air qui s'y trouvait. Alors l'équilibre s'établira et persistera tant qu'une cir- constance ne viendra pas détruire cet équilibre en enlevant de l'eau à la membrane, auquel cas une nouvelle quantité de liquide affluera dans celle-ci. Durant le temps où les mêmes effets se produiront, un courant d'eau plus ou moins actif s'établira donc à travers la membrane. C’est là le phénoméne fondamental bien connu de l'imbibition. Un des moyens les plus ordinairement employés pour produire ce courant consiste à prendre une méche de coton ou de fil, une bande de papier non collé ou d'étoffe, etc., à la ployer en deux bouts inégaux, et à 248 SÉANCE DU 12 AVRIL 1889, plonger le bout le plus court dans l'eau d'un récipient quelconque. Le petit appareil devient ainsi un siphon et fonctionne comme tel. La ban- delette est-elle au contraire maintenue verticalement, le liquide s'élève plus ou moins selon l'état hygrométrique de l'air ambiant, et l'équilibre s'établit, et le liquide cesse de monter quand à chaque instant la quantité d'eau enlevée par évaporation égale celle introduite à la base par imbibi- tion. C'est le cas du courant d'eau produit par simple évaporation. Ce cas s'observe dans l'organisme vivant, mais en outre et surtout un autre sur les caractéres propres duquel il nous faut maintenant insister. Montons un osmométre en introduisant dans l'intérieur une poudre insoluble dans l'eau, et plongeons l'instrument par sa base dansle méme liquide. La matiére pulvérulente, préalablement desséchée, absorbera et logera dans ses interstices l'eau de la membrane. Aussi verra-t-on le liquide monter jusqu'à la surface supérieure de la poudre. Là il S'arré- lera, à moins que l’évaporation superficielle n'entretienne un courant d'eau. L'expérience réussit trés bien avec le sable quartzeux ordinaire, mais pas avec toutes les substances. Ainsi, dans ces conditions, le talc en poudre ne se laisse pas imbiber par l'eau, sans doute pour une cause analogue à celle qui fait que tout liquide incapable de mouiller une mem- brane ne s'osmose pas à travers celle-ci. Passons maintenant au cas de l'osmométre classique, de l'osmométre de Dutrochet, et prenons pour substance osmotrice du sucre, puisque cette substance est indispensable à la vie. Mettons done dans l'osmo- métre du sucre en poudre, et plongeons la membrane dans l'eau. Celle-ci traverse la membrane, atteint le sucre, le dissout, et le liquide sucré s'éléve peu à peu dans le tube à une hauteur déterminée par cer- taines conditions. Que s'est-il passé? L'eau est poreuse ; le sucre s'est répandu dans ses pores. Réciproquement, le sucre de la dissolution s'extravase dans l'eau extérieure. Ce double mouvement s'arréte quand l'uniformité de composition est atteinte pour les deux liquides qui bai- gnent la membrane ; et l'équilibre persiste, tant qu'une cause étrangére ne vient pas troubler cet équilibre en modifiant la teneur en sucre de l'une des deux dissolutions. Les cellules vivantes sont des osmométres, mais des osmomètres clos, où le liquide introduit engendre par conséquent des pressions, produit des turgescences. Et les tissus cellulaires sont des associations d'os- mométres réagissant les uns sur les autres, mais d'osmométres bien autrement puissants et complexes que ceux que nous pouvons monter dans nos laboratoires. Ce qui fait leur rare puissance et leur incompa- rable originalité c’est la présence du protoplasma, ce mode très parti- ÉMERY. — VEILLE ET SOMMEIL DES PÉRIANTHES. 249 culier d'activité de la matière. Sans doute, au point de vue physique le protoplasma n'est au fond qu'un corps poreux comme les autres, mais ce qui le distingue ce n'est pas tant sa porosité, — extrême pourlant, — que la faculté de créer et de détruire sans cesse les composés chimiques les plus variés. Et c’est précisément, — pour le remarquer en passant, — la raison de l'immense supériorité de la Biologie contemporaine sur sa devanciére, de toujours faire intervenir, — et comme cause dominante, — dans l'interprétation des phénoménes vitaux, l'influence du proto- plasma, dont la seconde ne tenait aucun compte par la raison, péremp- toire d'ailleurs, qu'elle en ignorait l'existence. En dernière analyse, la cellule vivante est un osmométre clos, — avons-nous dit, — mais un osinométre trés complexe. On y trouve sans doute, comme dans celui de Dutrochet, une membrane, mais une mem- brane qui présente ceci de particulier, que ses qualités changent avec le temps. Accolée à la face interne de la paroi cellulaire, est une couche de protoplasma dont la grande énergie osmotique, — ne l'oublions pas, — résulte à la fois et de son état physique intermédiaire entre celui des solides et des liquides, mais surtout de ce double don de créatious et de destructions qui lui permet de régénérer, à mesure qu'elles s'altérent et disparaissent, des substances osmotrices capables de provoquer les mou- vements de flux et de reflux de l'eau. Enfin, au centre dela cellule est le suc cellulaire, liquide qui, par sa complexité, favorisera les effets osmotiques. Il semble méme à priori que le suc cellulaire doit avoir l'influence prépondérante sur les phénoménes de turgescence. Terminons ces considérations générales en nous demandant quelles Sont les substances osmotrices destinées, dans l'économie vivante, à mettre l'eau en mouvement, et quel est enfin leur mode d'action? Parmi ces substances, il en est une, le sucre, qui par son abondance et sa fréquence semble appelée à jouer le róle principal. Aussi allons- nous la choisir comme exemple pour poser les termes du probléme de l'action des substances osmotrices sur les mouvements de l'eau dans l'in- limité des tissus. Le pétale vivant contient du sucre, rien de plus aisé à constater. Et ce sucre, comment disparait-il, et d’où vient-il? Il disparaît progressive- ment pendant la vie parce que le protoplasma en consomme. Quant à son origine, elle résulte d'une modification de l'amidon. Mais ce dernier lui-méme, s'est-il formé sur place, ou bien dans d'autres organes? Est-il autochtone ou étranger? Parfois le pétale contient de l'amidon, parfois il n'en renferme pas. Voici donc une nouvelle question à résoudre : où et quand apparait l'amidon ; oà et quand se forme le sucre? Ceci résolu, il faudra déterminer l'effet produit par l'apparition du sucre dans les 250 SÉANCE DU 26 AvRIL 1889. cellules. Cet effet est évidemment de soutirer de l'eau aux cellules qui renferment peu ou point de sucre au profit de celles qui en contiennent davantage. Sous ce rapport, l'apparition du sucre dans une région équi- vaut à une forle transpiration. Or celle-ci a pour effet d'épanouir les périanthes ; et nous entrevoyons enfin le róle que le sucre est appelé à jouer dans les phénoménes d'épanouissement, de veille et de sommeil des fleurs. : M. Duchartre fait remarquer que, d'aprés les recherches de M. A. Girard, sur la Pomme de terre, ainsi que d'aprés celles de M. Mer, ce serait la saccharose qui apparait avant l'amidon. SÉANCE DU 26 AVRIL 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Costantin donne lecture du procès-verbal de la séance du 12 avril dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Mori, de Modéne, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : GRAMINE DUÆ NOVÆ TUNETANÆ E GENERE SPOROBOLUS, auctore E. COSSON. Sporobolus Tourneuxii Coss. sp. nov. Planta habitu ZEluropum littoralem referens, pumila, 8-15 centim. longa, perennis, cæspitosa, caudice multicipite ramos confertos 2-5 cen- tim. longos foliis imbricatis fere ad vaginam redactis obtectos emittente, ramis subdichotome divisis, ramulis quoque subdichotomis ramulo altero ad fasciculum foliorum sterilem et serius floriturum redacto. Folia glaucescentia, im ramis et ramulis sterilibus approximata vaginis laxis apertis imbricata, rigida, patentia vel superiora sæpius arcuato-decurva, 14-3 centim. longa, linearia superne marginibus involutis subulata, margine subcartilagineo lævi, scabro vel pilis rigidis COSSON. — SPOROBOLUS TOURNEUXII ET LÆTEVIRENS. 951 sparsis patentibus donato, multistriata striis in facie superiore scabris in inferiore lævigatis, inferiora approximata et distiche imbricata vagina brevi, caulium floriferorum superius longe vaginatum limbo vagina multo vel multoties breviore ; vaginæ multistriatæ, glabrze, ore piloso-barbate ; ligula ad pilos vaginam coronantes redacta. Panicula erecta, 1 1-34 cen- tim. longa, supra folium superius longe vel longiuscule exserta, oblonga vel oblongo-subpyramidata spiciformi-subcontracta, ramosa, ramis brevibus, brevissime ramulosis etconfertim multifloris, solitariis, infe- rioribus suberectis vel patulis et plus minus remotis, superioribus erectis approximatis. Spiculæ parvæ, 2 millim. longæ, oblongo-lanceolatæ, sor- dide albidæ, a latere vix compressi, unifloræ flore sessili hermaphrodito absque rudimento secundi floris. Glum tenuiter membranaceæ, glabræ, Subæquilongæ flore subdimidio vel subtriplo breviores, concave, infe- rior ovata cuspidata, superior latior ovato-oblonga apice eroso-denticulata interdum cuspidata. Glumellæ membranaceo-subchartaceæ, glabræ, sub- æquilongæ, inferior oblongo-lanceolata naviculari-concava valide uniner- via nervo superne scabriusculo, superior oblonga apice eroso-denticulata vel bidentata, dorso bicarinata carinis scabridis, inter carinas canalicu- lata et demum caryopsi accreta in fundo canaliculi in lacinias duas col- laterales conformes longitudinaliter fissa. Squamulæ 2, minutissimæ, truncatæ, glabræ. Stamina 3; antheræ oblongæ, glumellis subæquilongæ. Ovarium ovato-oblongum, subsessile, glabrum ; stigmata 2, subsessilia, plumosa. Caryopsis inter glumellas libera, obovata, glabra, macula hilari basilari minima punctiformi vix perspicua, pericarpio lazo tenuiter membranaceo hyalino dorso demum longitudinaliter fisso et fissura semini madefacto exitum probente. %. Florifer et fructifer 9 junio 1884 lectus. In Tunetiæ saharensis ditione Djerid in arenosis et salsuginosis ad palmetum et in palmeto Sedada detexit amicissimus A. Letourneux (Miss. 1884) cui plantam hane in genere singularem et distinctissimam lubentissimo aniino dicatam volui. Sporobolus Izetevirens LOSS. sp. nov. Planta perennis, dense cæspitosa, caudice pluri- vel multicipite cum caulibus floriferis fasciculos steriles foliorum nonnullos emittente foliorum emarcidorum vestigiis squamiformibus obtecto, fibris radicalibus crassis valde pilosis. Culmi omnes fertiles, 15-40 centim. longi, rigiduli, glabri, basi vaginis foliorum fere obtecti, sæpius plures et inæquilongi, Sæpius 3-nodii nodis fuscescentibus glabris, erecti recti vel inferne geni- culati haud radicantes, simplices. Folia læte virentia, culmis multoties breviora, rigidula, patula, linearia acuminata, margine subcartilagineo aculeato-scaberrima, glabra, multistriata striis lævigatis, plana apice 252 SÉANCE DU 26 AVRIL 1889. arefactione subinvoluta, ad basim culmorum et in faseiculis sterilibus eonferta, caulina superiora remota limbo quam in inferioribus breviore, in extimo brevi vel brevissimo lineari-involuto; vaginæ caulinæ multi- striatæ, glabræ, rarius superne pilis elongatis sparsis rigidulis pilosæ, læves, ore longe piloso-barbatæ, arcte teretes, extima longissima sepius ante anthesim paniculæ basim amplectente et superne dilatata ; ligula ad pilos vaginam coronantes redacta. Panicula erecta, 6-12 centim. longa, ramosa, primum subcontracta demum effusa et oblongo-pyramidata, rachi tenui glaberrimo, ramis capillaribus elongatis, erecto-patulis, a tertia parte inferiore ramulosis et spiculigeris, inferioribus 6-11, superioribus interdum 3-4 verticillatis, rarius geminis vel solitariis, ra- mulis spiculas 1-3 gerentibus spicula terminali longiuscule pedicellata laterali subsessili, pedicellis tenuissimis apice in nodum subincrassa- tis. Spiculæ minutze, 21 millim. longs», ante anthesim oblongo-lan- ceolatæ, virentes demum virenti-æreæ, a latere subcompressæ, unifloræ flore sessili hermaphrodito absque rudimento secundi floris. Glumæ membranaceo-subchartaceæ, glabræ, læves, valde incequales, acute, inferior lineari-lanceolata glumellis multo angustior flore subtriplo bre- vior, superior oblongo-lanceolata glumellis subequilonga glumellæ inferiori subconformis et subæquilata concavo-canaliculata uninervia. Glumellæ glabræ leves, subæquilongæ, inferior membranacea oblongo- lanceolata acuta mutica subnaviculari-concava uninervia, superior latior membranacea inferne herbacea oblonga infra apicem utrinque erosula dorso bicarinata carinis levibus glabris inter carinas dorso canaliculata et sepius demum caryopsi accreta longitudinaliter in fundo canaliculi in lacinias duas collaterales conformes fissa. Squamulæ 2, minutissimæ, truncatæ, glabri. Stamina 3; antheræ oblongæ, glumellis subæqui- longæ. Ovarium ovalo-oblongum, subsessile, glabrum ; stigmata 2, sub- sessilia, plumosa. Caryopsis inter glumellas libera, oblonga, glabra, macula hilari basilari minima punctiformi vix perspicua, pericarpio laxo tenuiter membranaceo hyalino dorso demum longitudinaliter fisso et fissura semini madefacto exitum prebente. 25. Florifer et vix fructifer 15 junio 1883 lectus. In Tunetia centrali ad extremitatem septentrionalem lacus salsi exsic- cati Sebkha Sidi-el-Hani detectus (Miss. 1883) ubi in solo arenoso sal- sugineo cum Filagine mareotica abunde crescit. Planta nostra, pedicellis apice in nodum subincrassatis, spiculis minutis unifloris, gluma inferiore flore multo breviore, glumella inferiore mutica, caryopsi inter glumellas laxe inclusa, pericarpio laxo tenuiter membra- naceo madefacto fissura semini exitum præbente, ad genus Sporobolus R. Br. (Vilfa sp. P. B., Steud.) referenda et ad gregem specierum gluma superiore flore æquilonga donatarum (conf. Steud. Gram. 154) pertinet, COSSON. — SPOROBOLUS TOURNEUXII ET LÆTEVIRENS. 953 in quo juxta species sequentes S. pallidus, S. marginatus, S. cordofa- nus, S. coromandelianus, S. commutatus collocanda. — S. pallidus Nees (iu Trin. Agrostid. fasc. 1, 40 e speciminibus indieis ab Horto Kewensi missis et in herbario Musei Parisiensis necnon in nostro asser- vatis; Boiss. Or. V, 512 saltem ex parte), in India crescens, habitu et caudice perenni necnon spicularum fabrica affinis, differt caudice præter caules erectos caules steriles stoloniformes vel floriferos inferne radi- cantes emittente, foliis pallidioribus margine læviusculis vel inferne tan- tum scabris, spiculis subapproximatis, gluma superiore et glumella inferiore obtusiusculis. Planta arabica prope Mascate ab Aucher-Éloy lecta (Auch. PI. or. exs. n. 5425 specimen unicum in herb. Mus. Par.), quam primum Boissier sub nomine S. arabicus Boiss. (Diagn. or. ser. 1, Xi, 47) descripsit et quam recentius (Or. V, 512) ad S. pallidum retulit, valde dubia videtur caudice caules stoloniformes non emittente, foliis plerisque convolutis, gluma superiore et glumella inferiore acutis. — S. marginatus Hochst. (in Schimp. PI. Abyss. exs. n. 1777; A. Rich. Abyss. 1I, 397. - Vilfa marginata Steud. Gram. 155, n. 24), in Abys- sinia tantum notus, habitu, foliisque in margine subcartilagineo aculeato- Scabris plantæ nostrae proximus et tantum distinguendus caudice minus Cæspitoso, foliis caulinis inferioribus longioribus, gluma superiore et glumella inferiore abrupte, non sensim acutis. — S. cordofanus ilérincq in herb. Mus. Par.- Triachyrum cordofanum Hochst. in Kotschy /t. Nub. exs. n. 30; Steud. Gram. 176, n. 4), e Nubia et Cordofan, a S. lætevirente differt radice annua, foliis margine tenuiter serrulato- Scabris pilis e tuberculo incrassato enatis conspersis, ramis paniculæ Sæpius fere a basi spiculigeris, gluma inferiore minutissima cito deci- dua. — S. coromandelianus Kunth (Gram. 1, 68, et Enum. I, 913. — Agrostis coromandeliana Retz Obs. fasc. 1v, 19; Vahl Symb. fasc. 1, 10; Willd. Sp. I, 314 excl. syn. A. Indica Forsk.; Roxb. Ind. I, 318. — Vilfa coromandeliana P. B. Agrost. 16; Trin. Unifl. 156, et Ic. I, t. 11; Steud. Gram. 153, n. 1. —Exs. Wall. Coromand. in herb. Mus. Par. n. 3764, Perr. Pondich. in herb. Mds. Par. n. 827 et in herb. Coss. n. 541), ex India, et S. commutatus Kunth (Enum. I, 214; Boiss. Or. V, 513. — Vilfa commutata Trin. Unifl. 136, et Ic. I, t. 10 imperfecta ; Steud. Gram. 154, n. 19), in Nubia, regno Kabulico, in Beloutchistan (sec. Boiss.) et India crescens, inter se valde affines et ambo a S. lætevi- l'ente radice annua et spiculis multo minoribus valde differunt. Triachyrum Hochst. (in Wurtenb. Natur. Jahreshefte, WI, 51), a Steudel (Gram. 116), tanquam genus proprium admissum flore glumellis tribus prædito distinguendum, a Sporobolo non differt, nempe ut primus et rectissime notavit Nees (Afr. austr. Gram. 158) « maturescente 254 i SÉANCE DU 10 mar 1889. fructu valvula in duas partes finditur quo fit ut floseulus triphyllus ab incauto observatore dici possit ». In Sporobolis ut S. Tourneuxii et S. letevirens glumella superiore demum fissili donatis glumella supe- rior inter carinas canaliculata demum caryopsi accreta longitudinaliter in lacinias duas collaterales dividitur. SÉANCE DU 10 MAI 1889. PRÉSIDENCE DE M. DE VILMORIN. M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle a perdu deux de ses membres : M. Lhioreau, ancien pharmacien, décédé le 27 mars dernier à Saint-Prix (Seine-et-Oise), et M. Tarrade, pharmacien et maire de Limoges, admis dans la Société le 8 dé- cembre 1876 et comme membre à vie en 1885, décédé aprés une courte maladie le 27 avril dernier, âgé seulement de quarante-cinq ans, à Cháteauneuf, prés de Limoges. M. Tarrade était l'auteur d’un ouvrage de vulgarisation intitulé : Traité des principaux Champignons comestibles et vénéneux de la flore de la Haute- Vienne, qui a eu plusieurs éditions. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations et, par suite de celle qui avait été faite dans la précédente séance, il proclame membre de la Société : M. LÉvEILLÉ, professenr au collége de Pondichéry (Inde fran- caise), présenté par MM. Bureau et Poisson. Dons faits à la Société : Battandier et Trabut, Flore de l' Algérie, 9* fascicule. R. du Buysson, Cryptogames vasculaires d'Europe, Équisetinées. A. Magnin, Les botanistes lyonnais, fasc. IV, et Documents nou- veaux sur la famille de Jussieu. Pierre, Flore forestière de la Cochinchine, fasc. 42 et 43. HUA. — ANEMONE NEMOROSA VAR. ANANDRA. 255 Viallanes et d'Arbaumont, Flore de la Côte-d'Or. Clautriau, Recherches sur la localisation des alcaloides dans le Pa- paver somniferum. Errera, Appareils destinés à montrer le mouvement des stomates. Sóderstróm, Ueber den anatomischen Bau von Desmarestia aculeata Lamk. Von Bauerfeind, Das bayerische Pracisions-Nivellement. Paul Groth, Ueber die Molekularbeschafferheit der Krystalle. Martelli, Caso teratologico nella Magnolia anonæfolia Salisb. — Una nuova specie di Riccia. — Sul Polyporus gelsarum Fr. Archivos do Museu nacional do Rio de Janeiro, vol. VII. Boletim da Sociedade de geographia de Lisboa, deux numéros. M. Malinvaud présente àla Société, de la part de M. Silhol, insti- tuteur dans l'Hérault, de nombreux échantillons à l'état frais, de Cylinus hypocistis var. kermesinus et d'Iris lutescens. Ces exem- plaires seront mis à la disposition des personnes présentes aprés la séance. M. Henri Hua fait à la Société la communication suivante : ANEMONE NEMOROSA L. var. ANANDRA; par M. Henri HUA. Le dimanche 5 mai, j'ai trouvé dans le parc du château du Luat, prés Ecouen (Seine-et-Oise), un certain nombre d'exemplaires d’ Anemone nemorosa paraissant épanouis nouvellement, alors que cette espèce avait passé fleur, ou à peu prés. Je reconnus que c'étaient des exemplaires privés d'étamines. Déjà, il y a quatre ou cinq ans, j'en avais récolté à la méme place et dans les mêmes conditions de floraison tardive. Cette observation répétée à plusieurs années de distance indique bien une Variété anandra persistante. La plante d'ailleurs ne diffère par aucun caractère saillant de la moyenne du type spécifique. — C'est une forme peu pubescente, à feuilles pas trés découpées. Le périanthe offre de six à neuf piéces, un peu plus srêles peut-être que dans le type, trés blanches. Les étamines font com- plétement défaut ou plutót sont réduites à quelques filets trés minces, rarement porteurs d'une ou deux anthéres avortées; les carpelles sont normaux, ; ; La persistance et la multiplication sont dues évidemment à l'appareil Végétatif souterrain. 256 SÉANCE DU 10 Mar 1889. Je ne puis affirmer que la floraison tardive soit due réellement à un retard dans l'épanouissement. Cela n'aurait rien d'étonnant, les fleurs femelles s'ouvrant ordinairement un peu plus tard que les fleurs mâles. Mais on peut aussi admettre une durée plus grande de la fleur due à plus de difficulté dans la fécondation. Quoi qu'il en soit, sur une vingtaine d'exemplaires que j'ai regardés de prés, un petit nombre seulement présentaient un ou deux carpelles accrus à la suite d'une fécondation opérée soit par le vent, soit par les insectes. Je ne sais si le milieu est pour quelque chose dans la production de cette anomalie. Tout à côté, mêlés méme à la forme anandra, on trouve, en petit nombre il est vrai, des An. nemorosa normaux. En tout cas, j'indiquerai que notre variété se trouve dans un terrain argileux frais, en pente rapide, exposé au nord, oü les végétaux dominants sont le Paris quadrifolia etle Lamium Galeobdolon. J'ai l'honneur de déposer quelques exemplaires de l'Anemone nemo- rosa var. anandra sur le bureau de la Société. M. Niel fait à la Société la communication suivante : SUR UN PHÉNOMENE REMARQUABLE DE VITALITÉ PRÉSENTÉ PAR DES SOUCHES DE SAPIN; par M. M. NIEL. Dans une séance de la Société, à la date du 13 avril 1888, notre savant collégue, M. Duchartre, disait qu'il n'était pas hors de propos de faire observer que l'enracinement d'un organe végétal n'entraine pas, comme conséquence nécessaire, le développement d'une pousse aérienne. Dans le cas que j'ai observé et que j'ai l'honneur de vous signaler, la suppression de la tige aérienne n'entraine pas toujours la mort du sujet. Dans un bois situé aux environs de Bernay (Eure), j'ai remarqué, déjà depuis quelques années, que des souches de Sapins qui avaient été abattus depuis longtemps continuaient à végéter. Il ne se forme pas de nouvelles pousses, ni de nouveaux bourgeons, mais l'écorce de la racine ne meurt pas. Il y a certains troncs de Sapin (Abies pectinata) que des bücherons m'ont affirmé avoir abattus au ras du sol, il y a plus devingt ans, et dont le hois mort est entouré par l'écorce des racines qui ont continué de vivre en formant bourrelet par-dessus les restes du tronc de l'arbre. CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 251 M. de Vilmorin dit qu'il a observé dans les Pvrénées un fait analogue à celui que vient de rapporter M. Niel. M. Duchartre signale des faits semblables qui s'expliquaient par la soudure de la racine restée en terre avec celles d'autres plantes voisines. M. Niel a remarqué que l'Abies pectinata sur lequel a porté sa dernière observation était éloigné de 3 à 4 mètres de toute autre plante. M. Poisson dit que la cuvette formée par la croissance des parlies périphériques d'une souche restée en terre est connue en terme forestier sous le nom de chaudron. I se rappelle avoir vu autrefois ce phénoméne se produire, aprés la section de la tige, sur des racines d'arbustes laissés dans des pots, et par suite com- plétement isolées. M. Maurice, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES, par M. T. CARUEL. La première livraison du Flora italiana fut publiée par Parlatore au mois d'avril 1848. Sur la couverture, l'auteur annonçait que l'ouvrage serait complété en six volumes et en six années. Ces prévisions ne devaient point se réaliser. Trente ans plus tard (septembre 1877) il mourait, : n'ayant porté son œuvre qu'au tiers, quoiqu'il en eût déjà donné cinq volumes. D'autres travaux, des occupations nombreuses et variées, le mauvais état de sa santé, mais surtout l'étendue toujours croissante qu'il donnait à la Flore, devenue plutót une suite de monographies trés travaillées, avaient amené ce résultat. Ayant résolu de continuer l’œuvre de mon prédécesseur au Musée de Florence, j'ai indiqué dans la préface du sixième volume, publiée en 1883, les modifications que j'ai apportées dans l'exécution pour hâter la publication de l'ouvrage. Un calcul exact me permet de dire qu'il sera complété en onze volumes. Quant au temps qu'il faudra, cela dépendra beaucoup de l'activité des collaborateurs qui ont bien voulu s'adjoindre à moi. En attendant, de ce qu'il y avait à faire, presque la moitié a été faite et publiée ou est préte pour l'impression. Ni mes collaborateurs ni moi n'avons à nous plaindre de l'accueil qu'a recu notre travail. Les encouragements ne nous ont pas manqué, mélés à quelques critiques; mais celles-ci, il faut bien le dire, n'ont guère dépassé les détails. C'est assez généralement le défaut de nos jours ; T. XXXVI. (SÉANCES) 17 258 SÉANCE DU 10 Mar 1889. faute de temps sans doute, on glane dans les livres dont on doit rendre compte, plutôt qu'on ne cherche à en saisir les vues et à en juger l'exé- cution. Je suis redevable de critiques plus approfondies au jugement de quelques amis, qui ont bien voulu examiner sérieusement l’ouvrage. Dans les observations que je vais présenter pour sa défense, j'aurai en vue les unes et les autres ; et je saisirai l'occasion pour discuter certaines questions de taxinomie et de phytographie qui intéressent la majorité des botanistes. CLASSIFICATION. — J'ai été blàmé pour n'avoir pas suivi celle de de Candolle, la plus commode, dit-on, parce qu'elle est la plus connue et généralement adoptée dans les Flores. Je ferai d'abord observer que, si.c'est en effet le cas pour la France ou l'Angleterre, ce n'est plus le cas pour l'Allemagne, où l'on préfère trés souvent la série imaginée par Endlicher. Je ne parle pas de l'Italie, où le méme argument a été usé jusqu'à la corde en faveur du système Linnéen, qui y a persisté jusqu'au delà du milieu de ce siècle (1). Si l'argument élait péremptoire, les Flores restreintes seraient condamnées à rester bien en arriére des progrés de la science; ce que du reste elles semblent faire assez volonüers, tant sous le rapport morphologique que sous le rapport taxinomique ; et il n'y a plus que les floristes purs à ignorer que la classification a fait de notables progrés depuis les temps dela Théorie élémentaire, bien qu'elle n'ait pas encore abouti à un systéme généralement adopté. Une riche série d’observations, surtout en France et en Allemagne, 'afait surgir du sein du groupe chaotique que Linné appelait Crypto- gamia, et Jussieu Acotyledones, des types parfaitement distincts et désormais reconnus équivalents à celui des Phanérogames. Ces types sont les Fougères et leurs alliés, les Muscinées, les Algues avec les Lichens et les Champignons, et un quatrième constitué par les Chara- cées (2) ; à l'exception de ce dernier, leur autonomie est généralement admise, ainsi que leur droit à étre considérés comme des divisions de premier ordre du régne végétal ; et sous un nom ou un autre, ils doivent désormais figurer comme telles dans toute classification (3). Dans les Phanérogames, les groupes bien définis des Gymnospermes et des Angio- spermes sont venus se superposer aux Dicotylédones et aux Monocoty- lédones d'ancienne date. Plus bas dans l'échelle, les travaux d'une longue (1) Le Flore romane prodromus alter de Sanguinetti, rédigé d’après ce système, est de 1864. (2) Proposé par Sachs, et (selon moi à tort) plus tard abandonné par lui. (3) Les seuls noms à exclure sont ceux de Cryplogames vasculaires et cellulaires, et autres semblibles, qui tendraient à faire croire que ces groupes sont des subdivi+ CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 259 suite de taxinomistes du premier rang ont proclamé la nécessité de réunir les familles naturelles en groupes immédiatement supérieurs, sous les noms de classes, d'ordres ou autres ; et si leurs efforts n'en ont pas encore défini un grand nombre que l'assentiment général ait sanc- tionnés, toutefois bien des rapprochement naturels ont été indiqués, et il n'est plus permis de les ignorer pour s'en tenir à la série linéaire des familles, telle que de Candolle la proposa jadis comme simple esquisse, en la déclarant lui-méme artificielle, et qui l'est en effet au plus haut degré (1). M'appuyant sur les remarquables recherches qui dans ces derniers temps ont jeté tant de lumiére sur la symétrie florale, j'ai cherché et j'ai cru avoir trouvé dans les caractères qu'on en peut tirer les bases d'un nouveau groupement des familles, que j'ai fait connaitre il n'y a pas longtemps (2). Il aurait été au moins singulier qu'aprés cela je n'eusse pas appliqué mon nouveau systéme dans la rédaction du Flora italiana. Quant au genre d'avantage qu'on reconnait à la série Candolléerne, de faciliter les recherches par l'habitude qu'on a de voir les ouvrages commencer par les Renonculacées pour finir par les Graminées, j'obser- verai qu'une table des matières atteint tout aussi bien le but. FAMILLES. — On sait que le nombre en fut d'abord fixé à 100 par Jussieu. Il devait étre nécessairement dépassé par suite des progrés des connaissances; et de proche en proche il est monté à plusieurs cen- taines (3). Ce nombre a été trouvé excessif, une réaction a commencé, et certains auteurs, Bentham et Hooker (4), Parlatore lui-méme, surtout sions d'un groupe supérieur des Cryptogames, lequel n'a plus aucune raison d'étre au sens scientifique. : J'ai adopté pour les cinq types les noms de Phanérogames, Prothallogames, Schisto- games, Bryogames et Gymnogames. Le premier est d'un usage universel. Le second, proposé aussi plus tard par M. J. Muller, parait se répandre. Les trois autres sont à l'état d'essai. : Les Phanérogames, Prothallogames et Bryogames peuvent étre considérées comme définitivement établies; à mon avis, les Schistogames devraient aussi l'étre ; les Gym- nogames renferment dans leur sein les éléments d'une subdivision uliérieure, qui pourra avoir lieu quand de nouvelles recherches auront éclairci bien des points encore obscurs de leur organisation. : : (1) On n'a peut-être pas assez remarqué que dans cette partie le système Candol- léen n'est qu'une simplification de celui de Jussieu, dont les classes II-XV ont été réduites à quatre : les Thalamiflores correspondant à la XIII*, les Calyciflores allant de la IX* à la XIV* en sautant la XIII*, les Corolliflores correspondant à la VIII, les Monochlamydes comprenant les V°, VI*, VII* et XV°, enfin les Monocotylédones phane- TOgames comprenant les H°, IfI* et IVe, den (2) Systema novum regni vegetabilis (Nuov. Giorn. bot. ital., XIH, 1881). — Pensieri sulla tassinomia botanica (Mem. dell” Accad, dei Lincei, X, 1882). La traduction française de ce Mémoire a paru dans le Botan. Jahrb. d'Engler, IV, V, 1882, 1884). (3) Le Synonymia botanica de Pfeiffer (1870) en compte 322. Moi-méme, je crois qu'on peut en distinguer environ 550 dans tout le règne végétal. - (4) Le Genera plantarum n'a plus que 202 familles phanérogamiques. 260 SÉANCE DU 10 mar 1889. M. Baillon, dans son Histoire des plantes, ont de nouveau réuni, qui plus, qui moins, et plutôt, il faut en convenir, par suite d'impressions personnelles, que par des principes bien arrétés. Une trop grande multiplication de familles serait en effet mal commode, si dans la hiérarchie taxinomique on devait passer sans transition des groupes tout à fait supérieurs (divisions, classes, cohortes) au degré des familles. Mais l'inconvénient disparait dès que l'on admet un degré intermédiaire, les ordres (1), dont le nombre, beaucoup plus restreint (2), rétablit la proportion avec les groupes supérieurs, et, éloignant la crainte de trop multiplier ceux-ci, permet surtout de les établir sur des bases plus solides, en accordant une méme valeur aux caracteres comparatifs des plantes d'un méme ordre. C'est là ma réponse à ceux qui m'ont reproché d'avoir ressuscité dans l'ordre des Corolliflores la famille des Héliotropiacées, ou établi celle des Scutellariacées détachées des Labiées, et qui à plus forle raison pourraient me reprocher d'avoir reconnu dans les Liliiflores les Tilland- siacées comme distinctes des vraies Broméliacées, les Tamnacées des Dioscoréacées, les Hémanthacées des Amaryllidacées, parce que la nature du fruit ayant été admise comme caractére suffisant pour séparer d'autres familles dans l'ordre, j'ai dù l'appliquer là où jusqu'ici on l'avait négligé. Noms DES FAMILLES. — Un autre reproche qu'on m'a adressé à propos des familles, c'est d'avoir, par une application rigoureuse de la règle de Lindley, appelé par exemple les Labiées des Lamiacées, ou les Grami- nées des Poacées, en supprimant ainsi des noms trés connus et presque populaires. On sait quelle a été la marche de la nomenclature des familles. Jussieu appelait les siennes le plus souvent du pluriel d'un genre, les Saxifragw, les Euphorbie..., plus rarement soit de quelque nom ancien (Legumi- nost, Cruciferæ), soit d'un nom de genre avec un suffixe, celui en ace? étant alors préféré. Un méme nom pour le genre et la famille donnant lieu à trop d'équivoques, l'usage du suffixe prévalut bientót; et peu à peu la terminaison spéciale en aceæ s'est généralisée, au point qu'il y a désormais tout avantage à la rendre absolument obligatoire, ce qui per- mettra de reconnaitre une famille à l'énoncé du nom, comme on recon- nait un genre ou une espéce, et comme on reconnaitrait une sous-famille ou une tribu par les suffixes ineæ et ec, si l'on en faisait également une règle. L'uniformité de désinence pour les noms de groupes supérieurs (1) J'ai adopté cette désignation à l'instar des zoologistes dont la nomenclature est consacrée par un long usage. (2) Bartling en a 60, Endlicher 61, Brongniart 68, Lindley 56, Braun 56, moi-même jen ai 61. é CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 261 aux genres a de tels avantages pour la clarté du discours scientifique, qu'on peut bien passer par-dessus ce qu'il y a de pédantesque dans leur usage exclusif. Ce qui n'empéche pas que pour le trés petit nombre de familles possédant un nom trés connu d'une forme exceptionnelle, on ne puisse continuer à s'en servir en méme temps que du nom régulier : que l'on dise Labiée ou Lamiacée, Composée ou Astéracée, aucun botaniste ne s’y trompera. GENRES. — Il en a été un peu des genres comme des familles. Quand on a examiné de plus prés les genres Tournefortiens et Linnéens, on a souvent trouvé entre les espéces des différences assez fortes pour sug- gérer des démembrements, qui se multipliant, surtout entre les mains de certains botanistes, ont fini par encombrer les systémes. L'auteur de la Théorie élémentaire avait bien recommandé un moyen terme, dans l'établissement des sections de genres ou sous-genres avec un nom propre; mais aprés lui on a continué à fabriquer des genres, et en sus des sections, et les noms imposés à celles-ci ont été en général si peu respectés, que je crois qu'il serait avantageux de les supprimer entiére- ment, comme je l'ai fait dans le Flora italiana. Une réaction devait se produire. Deux ouvrages importants, le Genera plantarum de Bentham et Hooker et l'Histoire des plantes de Baillon, s'en sont faits les organes ; mais, disons-le tout de suite, la réaction n'a pas été trop fortunée. M. Baillon a évidemment dépassé le but; ses genres en embrassent tant, qu'ils ne correspondent plus à l'idée conventionnelle de ce groupe, ce sont plutót des tribus et des sous-tribus. MM. Bentham et Hooker ont respecté davantage la tradition; ils ont opéré quelques réductions heureuses; mais c'est la base qui manque à leurs réunions génériques. Ainsi que M. Baillon, et ainsi qu'au reste beaucoup d'autres botanistes contemporains, ils semblent avoir tout à fait perdu de vue une régle fondamentale de la taxinomie, l'équivalence des caractéres, celle qu'à propos précisément des genres A. P. de Candolle mettait en premiére ligne lorsqu'il écrivait que « les genres doivent étre établis sur des caractères qui, comparés entre eux, soient sensiblement d'égale valeur (1) ». On l'a déjà dit (2), le procédé de M. Baillon, tout de com- paraison, est de considérer un genre donné, comme un autre genre avec quelque chose en plus ou en moins. Les auteurs des Genera suivent une autre méthode : se prévalant de leur grande expérience, ils paraissent accepter ou rejeter les genres à la siinple vue, sans qu'on puisse savoir au juste les raisons de leurs préférences, un méme caractère étant tantôt (1) Théor. élém., 1813, p. 186. (2) Bentham. ai 262 SÉANCE DU 10 mar 1889. jugé bon, et tantôt considéré insuffisant. Sans doute leur Genera est un répertoire utile, indispensable au temps présent ; et l'Histoire des plantes est une belle illustration des familles, prises au sens le plus étendu; mais il est permis de eroire que ni l'un ni l'autre ouvrage n'a apporté une solution à la question des genres. C'est qu'en effet dans leur établissement il ne s'agit ni d'instituer des comparaisons plus ou moins heureuses, ni de saisir tel caractére, pris isolément, et de lui donner une valeur générique. La vraie méthode, ici comme à tous les autres degrés de l'échelle'systématique, doit étre moins personnelle et préter moins à l'arbitraire. Considérant les genres comme des subdivisions des familles, il faut à mon sens dans chaque famille commencer par une étude aussi approfondie que possible de l'organisa- tion, en vue de relever soigneusement les caractéres génériques et de leur assigner leur valeur respective, fondée sur leur généralité, leur détermination et leur constance (1), et ceci une fois fait, procéder à la délimitation des genres d'aprés les seuls caractéres que cette étude pré- liminaire aura fait prévaloir. Toute autre considération à part, les genres ainsi obtenus seront certainement équivalents, et leurs diagnoses pour- ront être rigoureusement comparatives. Je me permettrai de faire observer que c’est ainsi que j'ai procédé dans la rédaction du Flora ita- liana comme de mes autres travaux analogues. Encore une réflexion qui ne sera pas hors de propos. On a beaucoup l'habitude d'opposer aux caractères le port : comme si celui-ci n’était pas aussi un caractère, ou mieux un ensemble de caractères à prendre en considération et à évaluer comme ceux de la fleur ou du fruit ; et à ce propos on cherche à s'appuyer sur l'autorité de Linné, que l'on croit citer en écrivant : « character non facit genus ». Or, Linné avait de tout autres idées et a dit tout autre chose. Il croyait aux genres naturels, créés (2), et partant de là, il a écrit, que c'est le genre qui donne le caractère, et non point le caractère gui fait le genre (3); et quant au port, on voit qu'il était plutót disposé à en faire peu de cas (4). Il serait pourtant bon qu'avant d'émettre des assertions aussi positives, on voulüt bien tàcher de comprendre les auteurs qu'on cite plus ou moins exacte- ment. AUTEURS DES GENRES. — Linné a été le naturaliste heureux par excel- (1) Pens. tass. bot., pp. 9-12. (2) « Genus omne est naturale, in primordio tale ereatum. » (Phil. bot., ÿ 159.) (3) « Scias characterem non constituere genus, sed genus characterem ; characte- rem fluere e genere, non genus e charactere ; characterem non esse ut genus fiat, sed ut genus noscatur, » (/bid., 2 169.) ; (4) « Habitui plantarum adeo adhærere, ut rite adsumta fructificationis principia deponantur, est stultitiam sapienti: loco quærere. » (Ibid., 7 209, voyez aussi le? 168.) CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 263 lence. On ne peut lui comparer de nos jours que Darwin, qui, venu à point, ayant remis en honneur la doctrine de l'évolution au moyen d'une théorie plausible quoique insuffisante, s'est vu acclamer comme le fon- dateur de cette doctrine, beaucoup plus ancienne que lui, De méme Linné a tellement frappé l'imagination de ses contemporains, dont l'opinion se répercute encore, qu'oubliant tout ce qui avait été fait avant lui on l'a considéré en quelque sorte comme le créateur de la botanique, en ajou- tant les mérites d'autrui aux siens propres, et ne reconnaissant plus que son autorité. On lui a attribué, entre autres découvertes, celle de la sexualité dans les Phanérogames ; et il n'ya pas longtemps on a pu impri- mer cette phrase : « Linnæus generis inventor fuit (1) ». Pourtant il faut se rappeler que c'est Tournefort qui a fondé les genres, et qui les a nommés presque toujours en accord avec les régles modernes de la nomenclature ; tandis que Linné, là où il n'a pas adopté les noms de Tournefort et de ses successeurs, les a trop souvent changés de la facon la plus arbitraire, ou en suivant des règles à lui qui n'ont pas été maintenues. En bonne justice il faudrait dence toujours remonter pour la priorité des genres aux Eléments de botanique et à l'année 1694; mais il en résulterait l'inconvénient de changer encore la nomenclature par le moyen méme recommandé pour en assurer la stabilité. J'ai adopté pour mon compte un terme moyen, c'est de ne revenir aux noms anciens que dans les cas où plusieurs botanistes autorisés l'auraient fait avant moi (ainsi pour Bonarata, Stramonium, ou Sphondylium, etc.); autrement de ne pas prendre l'initiative du changement : c'est ainsi que j'ai main- tenu Limosella au lieu de Plantaginella Dill., Lindernia au lieu de Pyxidaria Lind., etc. J'ai ressuscité certains noms anciens dans d'autres conditions; ainsi Bellardia d'Allioni substitué à Trixago, parce que ce dernier genre, tel qu'il est compris aujourd'hui, ne correspond qu'en partie au Trivago primitif de Steven; ainsi encore Parentucellia de Viviani, qui répond à l'Eufragia de Bentham, mais non de Grisebach, auteur du nom, au reste d'une facture malheureuse à cause de sa trop grande ressemblance avec. Euphrasia (2). Espèces. — Les Anglais ont imaginé deux termes trés expressifs, « splitters » et « lumpers », pour désigner les deux catégories de phyto- graphes, dont les uns tendent à diviser les espèces, et les autres à les (1) Benth. Hook. Gen. plant., prem. Cette phrase malencontreuse a plus tard été changée en cette autre moins inexacte : « Linnaeus primus nomenclature generum et specierum leges certas præscripsit. » (2) U'Eufragia de Césalpin, à qui le nom a été emprunté, est précisément notre Euphrasia officinalis. 264 SÉANCE DU 10 war 1889. réunir. Je sais que mes confrères me rangent dans la catégorie des « lumpers » par principe. Je dois protester contre cette assertion, ma méthode de travailler étant fort différente. Quand j'ai affaire à un de ces groupes de formes affines qu'on appelle espèces critiques, je commence par les admettre toutes : non pas certai- nement celles des mauvais plaisants qui ont poussé la création spécifique jusqu'au ridicule, ni méme celles de l'école dite Jordanienne, dont la pratique est la négation d'une des lois fondamentales qui régissent les organismes, à savoir leur variabilité, à laquelle il faut pourtant faire sa part dans la délimitation des espéces; mais celles des Koch, ou méme des Gussone, par exemple, dont les distinctions spécifiques ont pour base une étude sérieuse des formes. Toutes les fois qu'un examen conscien- cieux des échantillons me confirme l'exactitude et la constance des caractères distinctifs, je n'hésite pas à admettre l'espéce comme bonne; au contraire, je n'hésite pas non plus à rejeter les espéces fondées sur des caractéres dont l'examen me prouve l'incertitude ou l'inconstance. Dans l'un et l'autre cas, je me laisse guider pour ainsi dire par les plantes elle-mémes, bien loin de vouloir leur forcer la main. Or c'est le dernier eas qui se vérifie bien le plus souvent, et surtout quand je puis disposer d'un grand nombre d'échantillons de provenances multiples. Mon expérience à cet égard confirme celle, je crois, de tous les botanistes, selon qu'ils ont pu travailler sur des matériaux restreints, ou nombreux. On a déjà remarqué que ce sont les auteurs de Flores locales, ou de pays plus vastes mais peu explorés, qui subissent la ten- dance à multiplier les espèces, et que ce sont les botanistes qui travail- lent plus en grand, avec abondance de matériaux, les monographes par exemple, qui tendent à en diminuer le nombre. Rien n'est plus instru- ctif à cel égard que la comparaison entre les premières publications de Boissier et son dernier ouvrage, le Flora Orientalis, oà l'on voit réduites au rang de variétés une multitude de formes que d'abord il avait érigées en espéces. Ma méthode de travail conduit done à maintenir pratiquement l'espèce, telle que Linné la concut quand il établit la distinction entre l'espéce et la variété, un des plus grands services qu'il ait rendus à l'histoire natu- relle (1). Notons qu'il y a tout avantage à pouvoir maintenir de la sorte la tradition de l'espéce Linnéenne, puisque au fond les groupes de ce degré, comme de tous les autres degrés de l'échelle systématique, repo- sent sur une idée conventionnelle, qu'il importe de ne pas abandonner (1) Le sens pratique si éminent de Linné l'a mieux guidé que son esprit dogmatique dans les définitions. Quand il écrivait (Phil. bot., 2 157): « Species tot numeramus, quot diverse form: in principio sunt creatæ », il oubliait qu'il n'avait pas été présent à l'acte de la création. CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES, 265 si l'on veut continuer à s'entendre entre botanistes. Je veux parler d'une entente relative; ear il est à croire que toujours les naturalistes seront divisés en deux séries, ceux-là qui « semblent voir seulement les diffé- rences que les êtres offrent entre eux, tandis que ceux-ci recherchent avant tout les ressemblances (1) ». Les premiers s'appuient sur la maxime : « melius est distinguere quam confundere »; à quoi les autres pourraient répondre que trop distinguer est aussi une manière de con- fondre. On a fort mal à propos fait intervenir dans une affaire toute pratique la question de la théorie dite Darwinienne. Quelque opinion que l'on professe à l'égard de l'évolutionisme, il faut pourtant qu'on tombe d'ac- cord sur une certaine fixité relative de formes dans le temps présent, sans quoi il n'y a plus de classification possible. Au reste il parait que l'influence des doctrines évolutionistes agit dans des sens fort différents, ou pour mieux dire elle ne semble pas avoir d'influence déterminée. Plus d'un darwinien s'est rencontré avec M. Jordan, en partant des extrêmes théoriques opposés; el nous avons vu Asa Gray combattre d'abord l'évolutionisme, puis l'embrasser, et daus la pratique ne jamais varier quant aux limites de l'espèce ; et d'un autre côté Parlatore, tou- jours défenseur de la fixité de l'espéce, commencer par étre un « splitter » et finir par étre un « lumper ». VARIÉTÉS. — Restreindre les espèces en maintenant la tradition Lin- néenne, ne signifie aucunement négliger l'étude particuliére des formes que l'on réunit sous un méme type spécifique. Au contraire, une bonne délimitation des espéces suppose une connaissance approfondie de ces formes secondaires que l'on désigne sous le nom de variétés, de sous- espéces, de variations, etc. Je puis assurer que, par suite méme de la méthode que j'ai suivie pour fixer les espéces et que je viens d'exposer, il a été fait pour le Flora italiana une étude attentive des formes diverses que chaque espèce peut revêtir en Italie, d’après les nom- ‘breux échantillons existant pour la plupart d'entre elles dans nos her- biers ; et c'est grâce méme à cette étude, comme je l'ai déjà relevé, et à l'abondance des matériaux dont mes collaborateurs et moi pouvons disposer, que nous avons été généralement amenés à élargir les cadres spécifiques. Très souvent le résultat de nos recherches est consigné dans un article final d'observations. Je crois que c'est une des meilleures manières de le présenter, surtout quand il s'agit de ces types polymorphes où les transitions trop nombreuses empéchent de préciser les variétés. D'autres (1) Théor. élém., 1819, préf. 266 SÉANCE DU 10 mar 1889. fois c'est à l’occasion des synonymes qu'une annotation a indiqué la forme particulière représentée par chacun d'eux; et je crois que c'est encore un bon moyen. Le moyen ordinaire, d'établir des variétés avec un nom propre, n'a été employé que pour les cas où un caractère dif- férentiel plus tranché à permis de les établir avec quelque chance de les voir adopter; ce qui au reste est toujours peu probable, il en est des sections d'espéces comme des sections de genres, on les respecte si peu qu'il ne vaut guére la peine de les décrire et de les nommer. Ceci est pour répondre au reproche qui a été adressé au Flora ita- liana, de ne pas s'occuper assez des formes qui rentrent dans les espéces adoptées. Now DES ESPÈCES. — S'il n'y a pas accord sur la date à laquelle il faut remonter pour l'application de la loi de priorité aux noms des genres, il n'en est pas de méme pour les noms d'espéces. Linné en étant le pre- mier auteur, c'est à la premiere édition du Species plantarum (1153) qu'il faut ENT (1). C'est un point bien établi, mais seulement pour les noms des espèces restées dans le genre où elles furent d'abord éta- blies. Pour les autres, il y a malheureusement un désaccord dont les conséquences sont tout à fait désastreuses pour l'uniformité de la nomen- clature. Linné, et aprés lui tous les phytographes sans exception presque jus- qu'à nos jours, reconnaissaient, chez l'auteur qui transporte une espéce d'un genre à un autre, le droit de lui composer son nom en accolant au nom de genre le nom dit spécifique qui lui semblait le meilleur. A cet usage traditionnel, qui pendant un siécle n'a soulevé aucune objection, une école moderne s'efforce d'en substituer un autre, dont l'effet serait de bouleverser une grande partie des noms établis. La nouvelle méthode reporte sur le second membre du nom de l'espéce le droit de priorité que l'on assignait jusque-là au nom tout entier, le rétablit là ou il avait été changé, et en impose l'obligation pour les cas futurs. Or cette méthode repose sur une équivoque de langage et sur une erreur de logique que je dois relever une fois de plus (2). Une longue habitude d'appeler les seconds membres des noms d'espèces, d'abord noms triviaux, ensuite noms spécifiques, a seule pu faire croire que ce sont de vrais noms, tandis qu'un peu de réflexion montre qu'ils ne le sont nullement, puisque par eux-mémes ils ne désignent rien. Dites qu'une plante est une Phanérogame, une Monocotylédone, une Liliiflore, une (1) La loi de priorité étant absolue, on ne doit pas s'en référer à la deuxième édition comme on le fait ordinairement. (2) Bull. Soc. bot. de France, Xl, p. 9. — Journ. of bot., XV, p. 282. CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 267 Liliacée, un Lilium, un Lilium candidum, vous l'aurez successivement nommée, c'est-à-dire fait reconnailre par les noms qu'elle porte suivant le groupe du systéme auquel vous la voulez référer. Dites qu'une plante s'appelle arvensis, ou alba, ce sera un pur non-sens, s'il n'y a eu aupa- ravant un nom générique exprimé ou sous-entendu, sans lequel ces adjectifs ne sont rien par eux-mémes et ne constituent en aucune facon un nom. [lI s'ensuit que, dès que l'on transporte une espèce d'un genre dans un autre, on détruit ipso facto son nom, et celui qu'on lui donnera sera forcément nouveau, méme s'il comprend des éléments verbaux du pré- cédent : ainsi un nom de genre qui est l'anagramme d'un autre n'en est pas moins un nom nouveau, quoique fait des mémes lettres. Sans doute, et c'est une recommandation à laquelle on a l'habitude de se conformer, il est bon dans les cas de changement de genre, de garder le second membre de l'ancien nom spécifique pour le nom nouveau, ce qui aide à le comprendre et à le retenir; mais jusqu'à la nouvelle école on n'avait jamais fait de cette recommandation une loi, qui, comme j'ai tâché de le démontrer, pécherait par la base, à moins que l'on ne pose comme principe que la logique n'a rien à voir dans ces sortes de ques- tions. Je n'insisterai pas davantage sur la question, pour laquelle je renvoie aux judicieuses observations du rédacteur des lois de la nomenclature adoptées par le Congrés international de botanique de 1867 (1), ainsi qu'à celles d'autres botanistes (fort heureusement encore la majorité), qui comme lui ont victorieusement réfuté les arguments dont on a voulu étayer la nouvelle méthode; arguments qui au fond sacrifient le but essentiel de la nomenclature à des exigences historiques, ou méme per- sonnelles, qui devraient rester étrangéres à la question. Je n'en ai reparlé que pour justifier la méthode suivie dans le Flora italiana, à l'encontre de la persistance avec laquelle certains confréres, fort esti- mables sans doute, et surtout des cryptogamistes, maintiennent l'inno- vation que je combats. CITATION DES AUTEURS. — Ceux qui, croyant rendre service à la science . et marquer un progrés, y ont porté une aussi regrettable confusion, ceux-là mémes l'ont encore accrue par l'application systématique de leurs idées à la citation des auteurs aprés le nom de l'espéce. Pour se faire une notion claire de la chose, remontons à l'origine d'un usage, dont la vraie signification semble s'étre perdue pour beaucoup de per- sonnes, (1) A. de Candolle, Lois de la nomenclat. bot., 2* édition. — Nouv. remarq. sur la nomenclat. botanique. 268 SÉANCE DU 10 Mar 1889. On sait quelle estla méthode que suivaient les anciens botanistes, ceux de la Renaissance, quand ils traitaient d'une plante. Ils en parlaien sous le nom, classique ou vulgaire, sous lequel ils la connaissaient ; disant tout ce qu'ils en savaient, et dissertant sur les noms divers qu'elle portait chez d'autres auteurs. Vint Gaspard Bauhin, qui, préludant à son grand ouvrage du Theatrum botanicum, crut bon de publier au préa- lable un Pinax, ou index sommaire de noms et de synonymes, une sorte de Nomenclator; et par économie d'espace il se borna à mettre aprés chaque nom l'indication abrégée des auteurs qui s'en étaient servis. Ce procédé, essentiellement bibliographique, fut trouvé bon, l'usage s'en généralisa, et à travers les œuvres des deux derniers siècles il est des- cendu jusqu'à nous. Avec le temps et. surtout aprés l'adoption de la nomenclature bi-verbale, il s'est modifié et précisé dans ce sens, qu'on est convenu en quelque sorte de mettre en premier lieu, et souvent seule, l'indication du botaniste qui le premier a désigné l’espèce sous le nom qu'on adopte. De là à croire que le procédé était fait pour glorifier l'in- venteur et pour rappeler la date de l'invention, la pente était facile, on s’y est laissé glisser, et l'on a fini par consacrer comme principe un simple malentendu. Quels avantages espére-t-on retirer de ce nouveau systéme? En pre- mier lieu, dit-on, celui de rattacher au nom de l'espéce son histoire, ou du moins la date de sa publication. — Supposant que ce soit un point de si grande importance, encore faut-il alors être tout à fait exact, et quand une espéce a changé de genre, rappeler son premier auteur, en méme temps que celui du changement de genre. — En effet, c'est ainsi que cela doit se faire, et c'est pourquoi nous avons des annotations comme suit : Polycarpon tetraphyllum L. (sub Mollugine), P. alsine- folium Biv. (sub Hagea), ou, si vous aimez mieux cette autre forme : Nasturtium silvestre (L.) R. Brown. — Mais puisqu'il s'agit d'histoire, n'est-ce pas la fausser que de s'arrêter à Linné, au lieu de remonter à ses prédécesseurs, dont plusieurs, les Clusius, les Barrelier, etc., con- naissaient les plantes du midi de l'Europe, par exemple, beaucoup mieux que Linné? — Vous avez raison, répond le botaniste romagnol Bubani; et s'indignant : « Vidi patres scienti: neglectos, idque tolerare nequivi. Vos repudiatos Theophrastum, Dioscoridem... aliosque, qui viam ape- ruistis, et communivistis, qui amplam, qui splendidam reddidistis, qui ternis monumentis illam nobilitastis... (1) »; et là-dessus il propose de perfectionner l’annotation, de la facon dont les exemples suivants pour- ront donner une idée : Helianthemum croceum (Clus., Cup., Mich.) Pers., Rumex Patientia (Theophr., Diosc.) Linn. — Et c'est bien (1) Dodecanthea, p. 18. CARUEL. — LE FLORA ITALIANA ET SES CRITIQUES. 269 lui, après tout, qui a raison, lui qui n'a pas reculé devant les consé- quences nécessaires d'une méthode radicalement fausse. Si vous voulez faire l'histoire nominale d'une plante, faites-la au moins d'une facon plus compléte, suivez par exemple le modéle excellent qu'a donné le Regni vegetabilis systema naturale, en inscrivant dans leur ordre chro- nologique les noms que la plante a reças successivement, depuis le premier; mais ne confondez pas des choses aussi diverses que cette histoire et le but de la nomenclature, qui ne peut étre que la clarté et la précision dans la désignation des plantes. Comme l'a judicieusement fait Observer un botaniste d'une grande expérience, Asa Gray, l'ancienne nomenclature a sombré sous le poids de la description jointe au nom : prenons garde que la nouvelle ne périclite dans cette tentative mala- droite de joindre aux noms leur historique. On a fait aussi valoir l'utilité de pouvoir au moyen de ce genre d'an- notation remonter à la description originale. C'est une recherche qui peut tout aussi bien étre faite en consullant un de ces livres faits exprés dont aucune bibliothéque botanique ue doit étre dépourvue. Àu fond, l'adjonction des auteurs est un encombrement, dont il serait bon de se passer quand ce n'est pas absolument nécessaire, et qu'il vau- drait mieux simplifier quand on ne peut pas faire à moins. Que l'on parle de Stellaria media ou de Convallaria maialis, pas n'est besoin de rien ajouter pour se faire comprendre. Dans d'autres cas plus douteux, s'il faut s'en référer à un auteur, afin de préciser, que ce soit alors au seul inventeur ou à une autre autorité également suffisante. Dois-je aborder l'autre genre d'arguments qu'on a fait valoir? Je veux dire l'argument personnel, qui prend en si sérieuse considération le renom des auteurs, et estimant sans doute que la bolanique est faite pour la plus grande gloire des botanistes, veut que la mention des noms d'auteurs aprés ceux des plantes signifie surtout un hommage à leur mémoire, une justice qu'on rend à leur ceuvre, un moyen de perpétuer leur nom en le collant à celui de la plante qu'ils ont. décrite. C'est un bien petit cóté de la question, mais que l'amour-propre a fait devenir grand. En dehors de l'histoire naturelle, dans aucune autre science on n'a eu semblable idée. Il serait beau voir en géographie les noms des villes être inséparables de ceux de leurs fondateurs, une localité illustrée par une bataille ne pouvoir étre mentionnée sans qu'on rappelàt le général vain- queur; ou en physique le thermomètre, le baromètre, le microscope et lous les instruments trainer après eux leurs inventeurs et perfectionneurs; ou en chimie les substances nouvellement découvertes, déjà affligées de noms de quatorze syllabes, devoir s'adjoindre encore le savant qui les a 270 SÉANCE DU 10 mar 1889. fait connaitre... Et pourtant, dans ces sciences comme en géologie ou en astronomie, les hautes sommités brillent cerles d'un aussi vif éclat qu'en histoire naturelle, et les moindres illustrations ont leur place marquée dans la mémoire, sans qu'on ait recours à de pareils arlifices, qui à tout propos vous proclament des noms dont on n'a que faire. Dans certaine ville d'Italie vivaient jadis deux fréres, amateurs natu- ralistes, qui par leurs soins réunis avaient collectionné joliment, surtout des insectes et des coquilles. Puis l'envie leur était venue de faire des espéces — il parait que l'entomologie et la conchyliologie s'y prétent, comme les Champignons parmi nous — et à chaque séance de l'académie locale c'étaient des Mémoires descriptifs, avec des noms nouveaux suivis tantót d'un mihi, tantót d'un nobis, selon que les fréres se séparaient ou se réunissaient pour écrire; et à chaque occasion propice ils revenaient sur leurs découvertes, et à chaque fois c'étaient des nobis et des mihi qui leur remplissaient délectablement la bouche. On avait fini par les appeler les fréres Mihi Nobis. Ne nous moquous pas trop de ces braves gens. Nous ‘sommes tous Mihi Nobis par quelque point. Ils ne faisaient dans leur naiveté que mettre en évidence un mal trop répandu, et qu'une pratique dérivant d'une équivoque ne fait qu'aviver, au détriment du sérieux de notre science et de ceux qui la cultivent. Le mal ne s'arréte pas là. On sait qu'il s'est attaqué à la façon méme d'abréger les noms. Au lieu de suivre simplement les règles posées par les grammairiens, on a eu l'ambition du symbole, du chiffre et du mono- gramme ; évidemment on a jalousé PL. de Linné et le DC. de P. de Can- dolle, et, comme ceux qui en coupant leur nom en deux comme un ver croient l'anoblir, on a cru sans doute se hausser en se donnant des abréviations bizarres et incompréhensibles : tel un botaniste de ma connaissance, qui avec les trois initiales de ses prénoms et de son nom, une voyelle entre deux consonnes, s'est fait un nom d'herbier n'ayant aucune ressemblance avec son nom véritable (1). J'en ai assez dit sur ce sujet pour expliquer la méthode suivie par mes collaborateurs et moi dans cette partie du Flora italiana. Comme éclaircissement, j'ajouterai que les citations sont dans un ordre stric- tement chronologique, et toujours établies rigoureusement d'aprés les ouvrages originaux; ce qui est assez rare pour qu'il vaille la peine de le noter, nombre d'auteurs, méme des plus respectables, se contentant de les copier dans d'autres livres, d’où il suit qu'une erreur une fois commise va se perpétuant de main en main. LocaLiTÉs. — Nous avons porté le méme soin dans l'indication des (1) A. de Candolle, Lois de la nomencl. bot., 2° édit., p. 58. — Phytogr., p. 212. MALINVAUD. — SUR UNE QUESTION DE NOMENCLATURE. 214 localités des plantes, et de tout ce qui s'y rapporte; d'autant plus qu'à l'avis général, cette partie est devenue dans les Flores l'une des plus importantes. Les localités ont été documentées soit par nos récoltes per- sonnelles, soit par celles d'autres herborisateurs se trouvant dans les herbiers que nous avons à notre disposition, soit par les indications données par les livres ; les unes et les autres étant désignées de manière à ce qu'il n'y ait pas confusion. J'ai été pris à partie pour ne pas m'étre préoccupé davantage de noter l'herborisateur qui le premier aurait trouvé une plante dans une localité donnée; c'est un point qui a certainement son intérét pour les raretés et les trouvailles notables, mais pour la généralité des plantes c'est en vérité un trop petit détail pour qu'on y perde son temps. Un point beaucoup plus important est la parfaite exaclitude dans l'in- dication des localités. Malheureusement, pour la réaliser, il faudrait une connaissance des lieux qui ne peut s’acquérir pour un grand pays; et mes collaborateurs et moi nous avons dü forcément nous en tenir dans bien des cas aux indications des livres et des étiquettes, rédigées trop souvent sans la précision désirable. De là sans doute des inexactitudes, que l'on relévera avec le temps, et pour lesquelles nous ne pouvons que plaider les circonstances atténuantes. Descriprions. — Il est certain que le grand nombre et la longueur des descriptions, surtout de plantes trés connues, occupent une place qu'on à reproché au Flora italiana de ne pas avoir épargnée. 1l y a pourtant ceci à dire en leur faveur : c'est qu'elles sont faites sur le vivant, toutes absolument sans exceptions; et par là méme elles ont de la valeur. D'ailleurs elles représentent à peu près tout ce que le premier auteur du Flora avait laissé pour la continuation de son travail, et les supprimer aurait été pour ainsi dire lui enlever sa part de collaboration dans l'ouvrage qui porte son nom. M. Malinvaud présente les observations suivantes : Il serait trés regrettable que le Flora italiana de Parlatore restàt inachevé, et l'on ne saurait trop reconnaitre le dévouement du savant continuateur de cette œuvre magistrale ainsi que le zèle de ses collabo- teurs; le sentiment des botanistes est unanime sur ce point, mais il faut convenir que sur les questions de nomenclature discutées par M. Caruel les avis sont partagés. Nous n'admettons pas, pour notre part, que l'au- teur qui fait passer une espéce d'un genre dans un autre ait le droit de changer à sa convenance l’ancien nom spécifique; M. A. de Candolle, cité à tort en faveur de cette opinion, s'est prononcé nettement dans le 272 SÉANCE DU 10 mar 1889. sens contraire (1). La loi de priorité, appliquée peut-étre parfois avec une rigueur trop absolue dans ces derniéres années, repose sur un prin- cipe éminemment respectable, et nous estimons qu'il convient de s'y conformer dans tous les cas où l'on ne peut faire valoir aucun avantage pratique, aucune raison incontestable pour y contrevenir (2). C'est d'ail- leurs un argument plus spécieux que solide d'alléguer que le change- ment ou la prétérition du nom générique enléve toute signification propre au terme spécifique. Comme l'a observé l'auteur si autorisé que nous venons de nommer, « ce raisonnement serait fondé si le nom du genre » et celui qu'on ajoute pour l'espéce n'avaient chacun son sens parti- » culier ». L'expression Nympha alba, pas plus que alba tout seul, ne rappelle rien à celui qui est étranger au langage de la science; mais, si l'on hésite à dire Castalia alba au lieu de Nymphæa alba, avant d'avoir pris un parti sur le nom du genre, on sait trés bien quelle plante a été appelée alba dans le groupe que l'on a en vue, et, si l'on adopte le genre Castalia créé par Salisbury, Castalia alba Link sera préférable à Castalia speciosa Salisb. C'est la réponse que nous avons faite l'année dernière à l'un de nos collègues qui voulait bien nous consulter sur ce point particulier de nomenclature, et cet avis lui était confirmé par M. A. de Candolle auquel cette question méme avait été soumise. Ainsi que le faisait remarquer l'illustre rédacteur du recueil des Lois de la Nomenclature botanique, alba est dans Linné, il était dans beaucoup (1) Voici comment s'exprime sur ce sujet M. Alphonse de Candolle, dans ses Nou- velles Remarques sur la Nomenclature botanique publiées en 1883 (pages 34-35): « L'usage de conserver l'ancien nom spécifique lorsqu'on fait passer une espèce d'un » genre dans un autre (Lois de la Nomenclature bot. art. 57) est bien établi, cepen- » dant on l'a critiqué, au moins comme règle obligatoire basée sur le principe de la » priorité. On soutient alors qu'une espèce est désignée par l'assemblage de deux » noms, et que l'un de ces noms étant abandonné l'autre tombe avec lui, ce qui per- » met d'en créer un nouveau. Le raisonnement serait fondé si le nom de genre et celui » qu'on ajoute pour l'espèce n'avaient chacun son sens particulier. En sortant une » espèce d'un genre on détruit sa désignation générique, mais on respecte sa qualité » d'espèce. Pourquoi changer de nom puisque la chose subsiste? Il y a évidemment » avantage à conserver l'ancienne épithète de l'espéce pour servir en quelque sorte de » fil conducteur de l'un des genres à l'autre. On raisonne de la méme manière dans » d'autres nomenelatures. Ainsi quand un individu obtient de changer son nom de » famille on laisse subsister le nom de baptéme; quand une rue est classée dans un » autre quartier, on ne change pas son nom. » (2) Par exemple, si l'on fait passer dans le genre Linaria l Antirrhinum supinum L., pourquoi ne pas continuer à dire, en conservant le nom spécifique Linnéen qui est le plus ancien, Linaria supina, avec Desfontaines, Grenier et Godron, Cosson et Germain, avec les auteurs du Flora italiana etla grande majorité des botanistes, au lieu d'exhu- mer l'expression Linaria filiformis Mœnch qu'on a essayé récemment de tirer d'un juste oubli, en ne tenant compte ni de la sanction de l'usage d'accord ici avec la loi de priorité et aequise à l'épithéte Linnéenne, ni des prescriptions si formelles de l'ar- ticle 57 des Lois de la Nomenclature botanique? La méme observation est applicable à Linaria viscida et L. carnosa substitués sans motif appréciable à L. minor et L. ar- vensis, etc. SÉANCE DU 24 mar 1889. 913 d'ouvrages plus anciens, et il est excellent en lui-méme ; avec ce nom, le premier botaniste venu comprend de quelle Nymphéacée il est ques- tion, il n'en serait pas de même avec speciosa. Voilà un bon exemple des avantages de la loi de priorité, ainsi que du sens concret que peut prendre un nom spécifique considéré et transmis par la tradition dans un groupe déterminé. Nous ne voulons pas dire que le nom spécifique le plus ancien ne puisse étre dans aucun cas changé ni modifié, mais seulement que, si l'on n'a rien à lui reprocher, il ne doit pas suivre les vicissitudes du nom générique. M. Bureau approuve les observations de M. Malinvaud. Au sujet .du principe soutenu par M. Caruel, d'aprés lequel les espéces, les genres et les familles devraient être établis sur des caractères équi- valents, il fait remarquer que tel caraetére trés important dans un groupe l’est souvent beaucoup moins dans un groupe similaire ; ainsi l'ovaire infére, dont le róle est si considérable dans la classi- fication des Ombelliféres, perd sa valeur dans les Saxifrages; de méme la corolle gamopétale est loin de mériter la méme considé- ration dans les diverses familles, etc. D'autre part, M. Bureau ne pense pas que des différences assez notables entre des groupes d'un méme genre autorisent la création de genres nouveaux. Ainsi on ne saurait séparer du genre Ranunculus le groupe des Batra- chium qui présente cependant des caractères si particuliers. M. Duchartre signale à ce propos un fait qu'il a récemment observé. On sait que le caractère fourni par l'ovaire supére ou infére a servi à la distinction des genres dans les Broméliacées. Dans les Vriesea l'ovaire est normalement demi-infère, or dans un hybride de ce genre, il n'y a plus de trace de cette infériorité ; l'hybridation a changé complètement la disposition de l’ovaire. SÉANCE DU 24 MAI 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Costantin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal du 10 mai dont la rédaction est adoptée. T. XXXVI. (SÉANCES) 18 214 SÉANCE DU 24 MAI 1889. M. le Président annonce à la Société que, depuis sa derniére réunion, la science botanique a fait une perte considérable dans la personne du professeur H. G. Reichenbach, mort, la semaine der- niére, à Hambourg. Bien qu'il ne fit partie à aucun titre de la Société botanique de France, H. G. Reichenbach avait conquis une placetrop marquante dans la botanique contemporaine par ses nom- breux travaux et surtout par sa merveilleuse connaissance des Or- chidées pour que nous ne lui rendions pas le tribut de nos regrets. Travailleur infatigable, esprit pénétrant et parfois caustique, il étail dans ses relations personnelles trés agréable et très sûr. Dans les congrès et réunions internationales, dont il était un membre assidu et toujours écouté, il a souvent fait preuve à l'égard de la France et des Frangais de sympathies dont nous devons lui savoir gré. M. le Président, par suite des présentations faites dans la derniére séance, proclame membres de la Société : MM. IrassE (Léon), rue de Rougemont, 5, à Paris, présenté par MM. Maury et Poisson. SZYSZYLOWICZ (Ignace de), assistant au Musée de la cour à Vienne (Autriche), présenté par MM. Bureau et Poisson. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN MUR, par M. Louis MANGIN. i i Au cours des recherches que je poursuis, depuis plus d'un an, sur la constitution de la membrane, j'ai eu l'oecasion d'étudier le grain de pol- len; les résultats que j'ai obtenus, différant notablement de ceux que l'on enseigne ordinairement, m'ont engagé à développer cette étude. Je me bornerai dans cette Note, destinée surtout à prendre date, à décrire la membrane du grain de pollen mûr dans un certain nombre d'espèces, réservant pour une prochaine communication l'examen du développement et de la germination. CYTISUS LaBurNuM. — Le pollen de cette espèce est formé par, des grains sphériques présentant trois pores allongés; la membrane est net- tement différenciée en deux couches, l'exine et l’intine, MANGIN. — SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN MÜR. 275 L'exine, cutinisée entièrement, assez épaisse et uniforme, revêt toute la surface du grain, mais à l'endroit des pores elle se dissocie en petites plaques ou en granules dés que la membrane sous-jacente gonflée par les réactifs fait saillie à travers le pore. L'intine est assez épaisse et son épaisseur est plus grande au niveau des pores. Elle n'est pas entiére- ment formée de cellulose, comme on lecroit: si l'on emploie des réactifs trés sensibles (1). on constate qu'un mince liséré, occupant la face interne de la membrane, manifeste seul les caractères de la cellulose; la colorá- tion s'affaiblit trés rapidement vers l'extérieur et la plus grande partie de l'intine se présente sous l'aspect d'une substance incolore et trés réfringente, surtout abondante au niveau des pores. Cette substance, confondue jusqu'ici avec la cellulose, manifeste les réactions des com- posés pecetiques, dont j'ai signalé le premier l'existence générale dans les tissus végétaux (2); elle se colore notamment par la phénosafranine, le bleu de méthyléne, etc., qui colorent. les- composés pectiques sans colorer la cellulose. Au niveau des pores la coloration de l'intine avec le bleu de méthyléne n'est pas uniforme, cette coloration est plus faible dans la partie externe confinant à l'exine dissociée que dans la partie interne; cela tient à ce que les composés pectiques se gonflent peu à peu en absorbant l'eau et forment une sorte de mucilage qui provoque la dissociation de l'exine. Dans le Cytisus, Vexine parait formée d'une seule couche comme je l'ai dit; ce n'est pas ordinairement le cas, car cette membrane se divise souvent en deux couches plus ou moins distinctes. SPARTIUM JUNCEUM. — Le pollen de cette espèce ressemble beaucoup à celui du Cytise ; il présente trois fentes. On y distingue une exine lisse assez mince et formée néanmoins de deux couches: une zone interne cutinisée dans toute son étendue sauf au niveau des fentes, elle se colore en jaune clair dans les alcalis; cette zone est revétue d'une trés mince membrane incolore réfringente, difficile à voir sur les faces du grain, et se continuant, au niveau des fentes, par une région culinisée, colorée en jaune et semblable en tout à la zone interne. L'intine a daus le Spartium junceum la même disposition que dans le Cytise; elle pré- sente deux couches nettement distinctes, l'externe demeurant incolore dans les réactifs de la cellulose et constituée par des composés pectiques presque purs, l'interne à contours plus.nettement limités que dans le Cytise recouvre les amas formés au niveau des fentes; elle est formée de cellulose et de pectose. Quand le grain de pollen se gonfle et que les (1) Dans un Mémoire étendu en préparation sur la structure et le développement du Pollen, je ferai connaitre les différents réactifs employés dans ces recherches. (2) Comptes rendus, 8 juillet 1888. 216 SÉANCE DU 94 MAI 1889. amas de composés pectiques placés au niveau des fentes se gélifient, la zone cutinisée externe de l'exine se dissocie et livre passage à un petit mamelon d’où sortira le tube pollinique. Dans la Pimprenelle, l'exine est trés épaisse, divisée en deux couches toutes deux cutinisées, chacun des trois pores est muni d'un petit cou- vercle formé par la zone cutinisée externe ; l'intine présente aussi trois amas devant les pores, elle se compose de cellulose à la partie interne formant une bordure trés mince, tout le reste et notamment les amas, sont constitués par des composés pectiques. VALERIANA Pau. — Dans cette espèce, caractérisée par l'existence de trois et parfois de quatre fentes, l'exine est trés épaisse aussi et divisée en deux couches cutinisées. La couche interne homogéne est interrompue au niveau des fentes ; la couche externe, manifestant la structure radiée en coupe optique, est continue et recouvre les fentes, mais elle est plus mince en ces régions que dans les endroits où la couche interne la ren- force. L'intine est continue, mais s'épaissit davantage au niveau des fentes ; ellese sépare facilement, par une faible pression, des couches cutinisées, de sorte que l'on trouve souvent, dans les préparations, des grains de pollen réduits à l'intine et montrant admirablement sa structure ; celte membrane est formée, comme dans les grains précédents, de composés pectiques, tandis que la cellulose se montre abondante à la face interne, et sa proportion décroit vers l'extérieur. Le Valeriana officinalis pré- sentela méme disposition. Dans ces deux espèces la couche externe de l'exine, au lieu de se déta- cher comme une calotte au moment de l'émission des tubes polliniques, se dissocie et s'éparpille en fragments. Dans un grand nombre de plantes la structure du grain de pollen rappelle l'un des exemples que nous venons de signaler, abstraction faite du nombre des pores ou des fentes; mais la proportion de cellulose qui,. dans l'intine, est combinée aux composés pectiques parait varier beau- coup. Tandis que la coloration caractéristique de cette substance apparait nettement, et avec une graude intensité, dans le pollen des diverses espèces de Valérianes, dans le Sedum acre, Y Echeveria pulverulenta, les diverses espèces de Geranium, etc., la coloration se manifeste dif- ficilement dans le pollen du Noisetier, de la Consoude, de diverses Grami- nées: Lolium perenne, Avena sativa, Kæleria cristata, Agropyrum caninum, etc. Mais, méme dans ces divers cas, la présence d'une intine formée par l'association de la cellulose aux composés pectiques n'est pas douteuse. MANGIN. — SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN MÜn. 271 Avant de décrire de nouvelles formes de cellules polliniques, je veux dire quelques mots sur le pollen des (Enothéracées et plantes voisines qui se rattache aux formes précédentes parle Pavia discolor et le Gera- nium pratense. Dans un travail devenu classique, publié il y a quelques années (1), et dans son Mémoire tout récent (2), M. Strasburger consacre une partie de ses recherches à l'étude du développement et de la struc- ture du pollen. Je n'insisterai pas sur Ja constitution et la disposition des diverses couches de l'exine que ce savant botaniste a décrites avec beaucoup de netteté; je m'occuperai seulement de l'intine dont la description est assez confuse dans les recherches que je viens de signaler. Cela tient à ce que l'intine se colore difficilement avec les réactifs employés jusqu'ici pour déeeler la membrane : aussi n'est-il pas étonnant qu'un anatomiste aussi habile que M. Strasburger n'ait pas toujours réussi à caractériser une membrane dont la présence est constante dans le pollen de toutes les plantes que j'ai étudiées. En ce qui concerne les (Enothéracées, M. Strasburger dit, à propos des Gaura (3), que l'intine n'est pas formée dans le grain du pollen et que le tube pollinique se développe aux dépens de l'exine; le Clarkia elegans, l'OEnothera rosea se comporteraient à ce point de vue comme le Gaura. Mais dans son récent Mémoire (4), en étudiant le développement de l'OEnothera biennis, le savant botaniste modifie la description qu'il avait donnée, et reconnait l'existence d'une intine développée seulement à la base des papilles et prenant une faible coloration bleue par le chloro- iodure de zinc; cette membrane serait fixée sur les parois internes de l'anneau qui se trouve à la base de chaque papille. M. Strasburger renvoie ensuite le lecteur à son précédent Mémoire sur le Gaura, le Clarkia, en ajoutant que toutes les figures qui s'y rapportent sont exactes jusqu'à la phase d'apparition de l'intine dont il ne donne pas d'ailleurs, pour ces deux derniéres espéces, les réactions caractéristiques. Ainsi modifiées, les vues de M. Strasburger ne sont pas encore con- formes à la réalité, car, ainsi que je l'ai reconnu dans l'OEnothera bien- nis, on rencontre une intine continue dans toute l'étendue du grain. Au niveau des papilles, dans le grain de pollen mùr, l'intine est trés épaisse et fortement réfringente ; traitée par les réactifs sensibles de la cellulose, elle manifeste la présence de cette substance dans toute son (1) Strasburger, Ueber den Bau und das Wachsthum der Zellhaute. ena, 1882. (2) Strasburger, Histologische Beiträge, Heft Il, 1889. Ueber das Wachsthum der vegetabilischer Zellhaute. (3) Strasburger, loc. cit., 1882, p. 97 et suiv. (4) Strasburger, Histologische Beitrüge, p. 39 et suivantes. 218 SÉANCE DU 24 Mar 1889. étendue, mais dans l'épaisseur, la coloration, intense à la face interne, diminue graduellement jusqu'à une région externe épaisse et trés réfrin- gente qui reste incolore. Dans l'intervalle des papilles, l'intine est extré- mement mince et homogène. Cette membrane renferme des composés pectiques dans toute son étendue, comme le montre l'emploi de la phénosafranine, du bleu de méthyléne; mais ces composés, seuls dans la région externe qui se gélifie partiellement, se mélangent graduellement vers l'intérieur avec une pro- portion plus ou moins grande de cellulose. Il arrive fréquemment, à la suite de l'absorption del'eau par les grains de pollen, que l'intine se rompt dans sa partie amincie et se détache sous l'aspect d'un doigt de gant dont la longueur est égale à celle de la papille et qui est munie à sa base d'une collerette plus ou moins large. L'exis- tence de cette collerette montre bien que l'intine se continue dans le corps du grain au delà du cercle situé à la base des papilles, et qu'elle n'est pas fixée sur les bords de celui-ci, comme l'admet M. Strasburger. Dans un certain nombre de grains de pollen où la rupture n'a pas eu lieu, on peut facilement constater la continuité de l'intine. Je décrirai maintenant le pollen des Liliacées, Amaryllidées, Iridées, dontla structure ne concorde pas davantage avec les descriptions de M. Strasburger. D’après ce botaniste (1), « le pollen de l'Allium fistulosum est formé » par une seule membrane cutinisée dans toute son étendue, sauf le long » d'une bande qui couvre toute la face concave du grain. » Cette membrane montre, dans sa partie cutinisée, une couche forte- » ment réfringente, plus nette encore dans la région non cutinisée à » cause de la grande épaisseur de la membrane dans cette région. » L'intine n'est pas formée, et la cloison non cutinisée de grains de » pollen se continue directement dans le tube pollinique. » Décrivant un peu plus loin le pollen del'Iris sibirica, M. Strasburger constate l'existence d'une intine développée seulement sur le cóté du grain oü l'exine est faiblement cutinisée. Il ajoute enfin (2) : « La » différence dans la structure du grain de pollen de l' Allium et de l'Iris » tient à ce que, chez l'Allium, le développement de la membrane a lieu » en une fois, et qu'une bande de celle-ci nese cutinise pas, tandis que » que chez l'Iris la formation de la cloison a lieu en deux fois, la mem- » brane formée d'abord est entièrement cutinisée, de sorte que la for- » mation d'une intine est nécessaire pour la rupture de la membrane » cutinisée. » (1) Strasburger, Zellhaute, 1882, p. 108 et suiv. ^^ — (2) Strasburger, loc. cit., p. 110. MANGIN. — SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN MÜn. 279 Un peu plus tard, dans son Botanische practicum (1), M. Strasburger décrivant le grain de pollen de l'Hemerocallis fulva constate qu'il « est » impossible de distinguer une couche spéciale interne et une externe, » une intine et une exine dans le grain de pollen de l'Hémérocalle. » Cependant la partie cutinisée de la membrane remplit le rôle d'exine » et la partie demeurée cellulosique se comporte comme l'intine dans le » cas où cette dernière existe. » | : Ces vues ne sont- pas exactes. Si l'on examine en effet le pollen des Iris germanica, T. Pseudoacorus, du Sisyrinchium striatum, on constate l'existence d'une exine inégalement cutinisée. Quand le grain a été gonflé par l'eau, on y distingue une face convexe et une face plane; la face plane présente une membrane culinisée couverte d'un réseau dé bàtonnets implantés normalement à sa surface, les mailles du réseau sont larges dans la face plane et se réduisent peu à peu sur les faces latérales pour disparaître du côté convexe où la membrane cutinisée existe seule el se montre trés amincie. Ordinairement comme le grain a été déjà gon- flé, l'exine est déchirée dans cette région en fragments qui recouvrent une membrane épaisse et trés réfringente. L'intine existe dans toute la surface interne du grain, mais sur la face plane elle est trés mince, et sur la face convexe elle acquiert une épais- seur considérable, les réactifs y décélent la présence d'une couche in- terne cellulosique; la phénosafranine et le bleu de méthyléne y décèlent la présence des composés pectiques dans toute son épaisseur. Si la région externe convexe est épaisse et réfringente, cela tient à ce que les com- posés pectiques se gélifient et déterminent la déchirure et la dissocia- lion de l'exine. L'Allium ursinum, que j'ai étudié aussi, présente la méme structure que le pollen des espéces précédentes; l'exine est seulement beaucoup plus mince et ne présente pas le réseau signalé plus haut, mais l'in- line constitue une membrane entourant le corps protoplasmique et formée de composés pectiques purs dans sa partie externe et combinés à la cellulose dans la partie interne. Le Clivia nobilis, VHemerocallis fulva, le Lilium croceum, le Mus- cari racemosum, etc., présentent la méme disposition, la seule diffé- rence réside dans la gélification plus ou moins rapide de la zone externe de l'intine au niveau du pli, où la cutinisation est faible, et la proportion parfois trés faible de cellulose qui s'associe aux substances pectiques. On voit donc que les différences signalées par M. Strasburger n'exis- lent pas, le grain de pollen de ces diverses espéces ayant, en ce qui con- (1) Strasburger, Manuel pratique d'anatomie végétale, traduction française. Paris, 1886, p. 324. 980 SÉANCE DU 24 MAI 1889. cerne la constitution de l'intine, la même structure que ceux décrits au début de cette Note, Un certain nombre de plantes ont des grains de pollen privés de pores ou de fentes, l'exine est cutinisée également dans toute son étendue; tel est le cas pour l’Aristolochia Clematitis, diverses espèces de Potamo- geton, le Juniperus communis. Dans le Potamogeton crispus, de méme aussi dans le P. natans et le P. perfoliatus, les grains de pollen sont sphériques; l'exine assez épaisse, uniforme, est formée d'une membrane mince interne, recou- verte d'un réseau de bandes anastomosées, dont les mailles sont uni- formes. L'exine est revétue d'une intine assez épaisse formée de cellulose, abondante à la face interne, plus rare dans la face externe dont la partie confinant à l'exine est formée de composés peetiques presque purs. Dans le Juniperus communis, les grains sont sphériques ; assez petits, 8i on les examine au bout d'un cerlain temps de séjour dans l'eau gommée, on constate que l'exine de la plupart d'entre eux est rompue et le contenu du grain est mis en liberté. Chaque grain dépouillé de l'exine est protégé par une membrane réfringente entourée d'une couche de gelée dont l'épaisseur est égale au diamètre intérieur du grain. Au moyen des réactifs appropriés on peut constater que la cellulose forme comme d'habitude, en combinaison avec les composés pectiques, la membrane la plus interne du grain et se présente souvent en couches coneentriques stratifiées, la partie externe est entièrement formée de composés pecliques dont le gonflement et la gélification ont provoqué la rupture de l'exine. Le pollen des Asclépiadées et des Orchidées formé de grains soudés entre eux, présente néanmoins la méme constitution générale. Dans l'Asclepias Cornuti, chaque pollinie se montre entourée d'une couche épaisse fortement cutinisée, les cellules polyédriques qui compo- sent la pollinie présentent aussi une membrane cutinisée, dont l'épaisseur décroit rapidement à mesure qu'on s'approche du centre. A l'intérieur de cette membrane cutinisée qui pourrait représenter l'exine, on ren- contre une seconde membrane, l'intine, dont l'épaisseur est irrégulière ; elle manifeste dans toute son étendue et seulement à la face interne les réactions de la cellulose pure; mais la coloration est plus ou moins intense daus les diverses régions, il existe notamment un cercle plus pàle correspondant à une partie où la membrane se déchire facilement. Entre la région interne cellulosique et l'exine, la partie externe de l'in- tine est incolore et présente cà et là des grossissements considérables. MANGIN. — SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN Mn. 281 Ainsi qu'on peut le constater avec la phénosafranine et le bleu de mé- thyléne, toute l'intine est formée de composés pectiques. Les cellules des pollinies d'Asclepias ne sont pas équivalentes aux grains de pollen que nous avons déjà étudiés; d'aprés MM. W. Ville et Strasburger, elles représentent les cellules-méres du pollen, qui ne fournissent pas de tétrades. M. Sfrasburger a bien signalé l'existence d'une membrane non cutinisée incolore correspondant à l’intine, mais il n'en fait pas connaitre la véritable nature. Dans beaucoup d'Orchis, les pollinies rappellent la structure de celles de l'Asclepias Cornuti; les différentes tétrades sont reliées par une substance de nature probablement azotée. Dans l'Orchis fusca, ces té- trades sont recouvertes d'une membrane cutinisée revétue d'un délicat réseau de bâtonnets ; c'est l'exine. Cette membrane, trés développée sur les tétrades occupant la surface des massules de la pollinie, s’amincit au contraire beaucoup sur les tétrades internes. L’intine est composée de substances pectiques et dans sa partie interne présente une mince bor- dure cellulosique, de sorte que la lamelle moyenne formant les cloisons de séparation des cellules d'une tétrade manque de cellulose. Dans l'Orchis bifolia, la structure est la méme, mais la membrane culinisée est plus faible et, dans les tétrades occupant le centre des mas- sules, elle manque souvent; cette circonstance s'explique puisque ces tétrades ne recevront le contact de l'air qu'au moment de la germination sur le stigmate, c'est-à-dire quand le róle protecteur de l'exine devient inutile. Pour terminer ces observations, il me reste à parler de quelques espéces dont le grain présente une nouvelle substance non signalée jus- qu'ici et qui a les réactions de celle qui constitue le cal des tubes criblés. Je la nommerai provisoirement substance calleuse en atten- dant que les études que j'ai entreprises sur sa nature et ses propriétés me permettent de la mieux caractériser (1). La substance calleuse existe dans le pollen de diverses Coniféres, Cypéracées et Joncées. Le grain de pollen du Pin sylvestre est d'abord composé d'une exine, dédoublée sur les parties latérales pour former les deux ballonnets. L'in- line, mise en liberté par la rupture de l'exine, présente une membrane interne trés réfringente d'épaisseur uniforme ; elle est revétue d'une couche hyaline de plus faible réfringence, trés mince en deux points (1) Je puis ajouter toutefois que j'ai retrouvé cette substance dans de nombreux tissus, notamment dans la paroi des cellules-mères du pollen, dans le tube pollinique, dans les feuilles d'un certain nombre de plantes, Vigne-Vierge, Glyceria, dans certaines Algues, notamment les (Edogonium, etc., 282 : SÉANCE DU 24 MAI 1889. opposés correspondant à la région dépourvue de ballonnets, mais très épaisse sous ces derniers, de sorte que toute cette membrane présente l'aspect de la lettre O. L'emploi des réactifs appropriés permet de recon- naître la nature de cette membrane, la partie interne très réfringente est constituée par l'association de la cellulose et des composés pectiques; la zone hyaline épaissie sur les côtés est formée par la substance calleuse mélangée aussi à des composés pectiques; cette zone se colore en effet en bleu de ciel par le bleu d'aniline. Le pollen du Carex riparia a unestructure plus complexe. Les grains, qui se présentent sous l'aspect de cónes assez courts, sont pourvus d'une exine continue qui peut se dissocier en granules en cinq places qui con- stituent les pores : l'un occupe la base convexe du grain, les quatre autres occupent les faces latérales. La substance calleuse forme cinq amas complémentaires des pores : l'un occupe le tiers du grain au sommet du cóne, les quatre autres sont situés dans l'intervalle des pores et alter- nent avec eux; des bandes plus minces de substance calleuse réunissent ces amas, de manière à former une sorte de cage à claire-voie dont la pointe correspond au sómmet du grain. Le corps protoplasmique offre l'aspect d'une étoile et l'intine qui le revét tout entier tapisse la cavité irréguliére laissée par les amas de substance calleuse; elle a d'ailleurs la constitution normale, et comme d'habitude elle s'épaissit beaucoup en face des pores, par suite de l'aceumulation des composés pU EE en cet endroit. Les amas de substance calleuse ne sont pas homogènes, et montrent une stratification trés nette, par suite de l'intercalation, dans leur masse, de substances cellulosiques et pectosiques qui forment des bandes paral- léles aux faces internes de ces amas. Le pollen de l'Heleocharis palustris, celui du Scirpus maritimus présentent la méme disposition, à l'exception des amas latéraux qui sont réduits dans l’Heleocharis et presque nuls dans le Scirpus. Le pollen du Juncus silvaticus est formé de tétrades de structure différente dans les fleurs en apparence semblables. Dans les unes l'exine forme seulement la surface extérieure de la tétrade sans constituer de cloison mitoyenne entreles quatre grains. C'est dans ces grains que l'on rencontre la substance calleuse, formant une cloison trés épaisse, mi- toyenne entre les grains; cette substance esttrès irrégulièrement disposée et remplit parfois la cavité d'un des grains. L'intine se montre dans chaque grain avec sa composition normale. Dans les autres tétrades, l'extine cutinisée entoure chaque grain, et 0n n'y trouve pas trace de la substance calleuse ; il semble que ces grains soient plus avancés que les précédents, la dispárifiól de le suhstanee MANGIN. — SUR LA MEMBRANE DU GRAIN DE POLLEN MÜR. 283 calleuse attestant peut-étre, pour cette espéce seulement, la maturité du grain. Conclusions. — Des observations précédentes et d'un grand nombre d'autres qui seront publiées prochainement, résultent les propositions suivantes : 1° La membrane du grain de pollen est, dans toutes les espèces étu- diées, et contrairement à ce que l'on enseigne, différenciée en deux couches : l'une externe, cutinisée, l’exine ; l’autre interne, dont la pré- sente parait constante, c'est l'intine. 2» L'intine, dont la structure est parfois complexe, est toujours formée par l'association de la cellulose et des composés pectiques ; mais la cel- lulose est limitée à la face interne de l'intine et les composés pectiques forment, presque à l'état de pureté, les amas situés en face des pores ou des plis et considérés jusqu'ici comme de la cellulose. 3° Toutes les fois que la membrane du grain de pollen se gélifie, ce sont les composés pectiques qui deviennent solubles et absorbent l'eau en formant une masse gélatineuse et plus tard un liquide visqueux; la cellulose ne prend jamais part à cette gélification. À^ La substance calleuse, dont on ne connaissait jusqu'ici l'existence que dans les tubes criblés pendant le repos végétatif, existe dans un cer- tain nombre de cellules polliniques, sous l'aspect d'amas intercalés entre l'exine et l'intine et plus ou moins mélangés avec les substances qui composent cette derniére membrane. Les amas de substance calleuse sont toujours placés dans l'intervalle des pores, aux endroits oü l'exine ne se dissocie ou ne se détache pas. M. Guignard demande à M. Mangin s'il a suivi le développement. On peut faire deux hypothèses pour expliquer les faits : la cellulose est une modification de la pectose ou bien elle est un dépót nou- veau. M. Mangin répond qu'il poursuit en ce moment l'étude du déve- loppement. Il croit cependant pouvoir affirmer que la pectose appa- rait d'abord dans un certain nombre de tissus. Mais l'étude des composés pecliques n'est pas assez avancée pour qu'on puisse dès maintenant fixer les relations précises de ces composés et de la cellulose. M. Duchartre demande si M. Mangin a reconnu deux substances dans le tube pollinique. M. Mangin répond affirmativement. 284 SÉANCE DU 24 war 1889. M. Guignard dit avoir quelquefois constaté que les bouchons se coloraient par le chloroiodure de zinc. M. Mangin a constaté que la substance du cal n'a pas les réactions de la cellulose. M. Vallot fait à la Société la communication suivante : CAUSES PHYSIOLOGIQUES QUI PRODUISENT LE RABOUGRISSEMENT DES ARBRES DES CULTURES JAPONAISES, par M. J. VALLOT. Il y a quelques années, j'ai étudié dans les Pyrénées les formations qui résultent de la rupture ou du déplaéement de la tige des Conifères, principalement chez les Sapins et les Pins (1). J'ai établi que, lorsque la tige d'un Sapin vient à étre brisée ou déplacée de sa position verticale, il se forme une ou plusieurs fléches adventives qui remplacent l'axe pri- mitif. Ces nouvelles tiges proviennent soit du recourbement d'un rameau, soit d'un bourgeon se développant en un point quelconque d'une branche. J'ai continué cette étude dans les Alpes, sur les Abies excelsa et sur les Mélézes. J'ai vu que, contrairement à ce que j'avais cru d'abord, ces formations sont trés fréquentes à Chamonix; mais, comme elles se sont surtout produites sur les Sapins jeunes, je ne les avais pas remarquées tout d'abord. Chez l'Abies pectinata des Pyrénées, la tige adventive se produit le plus souvent par le développement d'un bourgeon sur un rameau infé- rieur, à quelque distance du tronc. Sur l'Abies excelsa, au contraire, beaucoup plus commun dans les Alpes, la nouvelle flèche est souvent produite par le recourbement d'un rameau supérieur ou, si la fléche a été rompue loin du sommet, par la production de trois ou quatre bour- geons sur un Tameau supérieur, qui porte alors plusieurs tiges nou- velles. Le Méléze présente ces divers modes de formation, comme on peut le voir sur les magnifiques arbres du Montanvers ou du bois de Pierre- Pointue. Ce qui ressort de ces observations, c'est que la plupart des Coniféres ne peuvent se passer de fléche, et qu'il s'en forme une ou. plusieurs nouvelles, aussitót que la tige primitive est brisée. Mais, si l'arbre se rétablit, ce n'est pas sans souffrance; il fait une maladie, et sa végétation est trés ralentie pendant quelque temps. Il est facile de s'en rendre compte en examinant les tiges nouvelles, dont les entre-nœuds sont beaucoup plus rapprochés, pendant un certain nombre (1) Le Sapin et ses déformations. Paris, 1887, broch. in-8°. VALLOT. — RABOUGRISSEMENT DES ARBRES DES CULT. JAPONAISES. 285 d'années, que ceux dela tige primitive. Les fléches adventives parais- sent se comporter comme de jeunes plantes de méme taille. Il en résulte qu'un Sapin dont la flèche a été coupée subit dans sa croissance un retard considérable, et qu'il est rapidement dépassé par un arbre sain du méme âge. Si les nouvelles flèches sont rompues suc- cessivement lorsque l'arbre commence à reprendre, le retard deviendra de plus en plus considérable, et l'arbre restera déformé, noueux et de petite taille. À ces observations j'en joindrai une que j'ai faite à Chamonix. J'ai fait scier sur la rive droite de la Mer-de-Glace, au-dessous du glacier du Dru, à 2000 mètres d'altitude, un Sapin d'environ 3 mètres de haut, dont la fléche avait été brisée et reformée plusieurs fois. La dernière flèche, âgée de trente ans, n'avait que 6,5 centimètres de diamètre, tandis qu'un arbre du même âge, sain et coupé à Chamonix, avait 23 centimètres de diamètre. La flèche précédente avait soixante ans et ne mesurait que 12 centimètres de diamètre. Quant aux restes des flèches plus an- ciennes, ils étaient trop prés du sol pour que j'aie pu les faire scier. On voit donc que l'arbre, non seulement avait peu grandi, mais méme avait peu grossi. Je dois ajouter, il est vrai, que cet arbre se trouvail ici à l'extréme limite de la végétation des Sapins, et que le climat devait aussi entraver sa croissance. Un autre cas intéressant et qui mérite d’être étudié est celui où l'arbre est renversé par le vent. Dans ce cas, la fléche, n'étant plus verticale, ne peut plus remplir son róle de téte : il faut qu'il s'en forme une nou- velle. Il se produit alors un fait assez curieux : l'extrémité de la tige tend à reprendre peu à peu sa verticalité à mesure qu'elle s’accroît, mais le fait seul de sa position horizontale nuit tellement à sa croissance, qu'elle ne s'allonge plus qu'avec une extréme lenteur. Mais, comme pendant ce temps l'arbre a un besoin absolu de sa téte, il s'en fabrique une ou plu- Sieurs autres au moyen de bourgeons adventifs. J'ai pu constater expérimentalement le peu de croissance d'une flèche couchée. J'ai placé horizontalement un Araucaria imbricata en pot, sans aucune torsion de la tige, et, au bout de deux ans, j'ai pu constater que la tige ne s'était pas allongée de 5 centimétres et n'avait pas produit de verticille, tandis que les arbustes témoins végétaient vigoureusement. J'ai observé à Chamonix un cas trés intéressant d'arbre renversé. Sur la route de Pierre-Pointue, vers 1600 mètres d'altitude, un Mélèze de 6 à 7 mètres de haut a été couché horizontalement au-dessus du chemin par la chute d'un énorme Sapin. La tige, qui est bifurquée, a commence à se redresser, mais trés lentement; en méme temps, des bourgeons situés à peu prés à l'aisselle des rameaux principaux et de la partie vieille de la tige se sont développés verticalement, formant cinq nou- 286 SÉANCE DU 24. MAI 4889. velles fléchés verticillées, tout le long du tronc. La plus grande a déjà acquis plus d'un métre de haut, tandis que l'ancienne fléche en voie de redressement n'est pas encore inclinée à 45 degrés. Il résulte de tout cela que les Coniféres grandissent beaucoup plus lentement lorsqu'ils ont été privés de leur flèche, ou que cette flèche est couchée horizontalement. Ces observations me sont revenues à la mémoire lorsque j'ai vu les plantes apportées par les Japonais à l'Exposition universelle. Les peuples de l'extréme Orient ont une esthétique toute particulière et trés diffé- rente de la nótre; il suffit d'examiner leurs dessins et leurs broderies pour remarquer leur amour du contourné et de l'anti-naturel. Les Conifères étant des arbres essentiellement droits, ils font tous leurs efforts pour les contourner dans tous les sens, et ils les torturent jusqu'à ce qu'un Pin ait pris l'aspect d'un vieux Chéne noueux. Les Chinois nous donnent eux-mémes, dans leurs dessins si finement exacts, la clé des procédés employés. Un Pin est scié à quelque distance au-dessus du sol; il se forme aussitót des fléches adventives sur les rameaux; la flèche qui s'éloigne le plus du tronc primitif est seule con- servée, et l'on coupe les autres. La nouvelle flèche, ayant pris un certain développement, est coupée à son tour à peu de hauteur, et remplacée par un rameau retournant à angle droit vers le tronc. Une fléche nouvelle se forme sur ce rameau et est traitée de la méme manière; on continue ainsi à conduire l'arbre selon la fantaisie du jardinier. Cette fréquente privation de tige nuisant à la végétation, comme je l'ai dit, empêche l'arbre de grandir vite ; aussi les arbres traités de cette manière sont-ils toujours petits dans les jardins chinois. Les Japonais ont le méme amour du contourné, mais iis an en outre la passion des plantes minuscules; ils aiment à s'entourer d'arbres nains, vivant en pots comme nos plantes d'appartement. J'ai examiné longue- ment, à l'Exposition, ces productions curieuses de l'horticulture japonaise, et j'ai pu faire un ensemble d'observations qui permettent, je crois, de découvrir les conditions physiologiques qui déterminent le nanisme de ces arbres. La plupart de ces plantes appartiennent à la famille des Coniféres. J'ai noté les espéces suivantes: Juniperus sinensis, Thuya obtusa, Cupres- sus Corneyana, Pinus japonica et Pinus densiflora. Ces plantes présentent toutes des caractéres communs, provenant du traitement qu'on leur a fait subir. 4° Chez les Pins, le tronc forme une sorte de moignon, plus ou moins gros selon l’âge de l'arbre, et souvent coupé à la partie supérieure, presque toujours aprés avoir été tordu ou replié sur lui-même. De ce moignon VALLOT. — RABOUGRISSEMENT DES ARBRES DES CULT. JAPONAISES. 287 partent les rameaux constituant les tiges, qui présentent des traces de recépages fréquents; les rameaux sont pincés de tous cótés. 2° On remarque chez tous les arbres rabougris l'absence de racine pivotante. 3 Chez les Genévriers, end et Cyprés, la tige et les rameaux ne sont pas recépés d'ordinaire, mais ils sont repliés sur eux-mêmes et tordus en tous sens, soit en serpentant, soit en hélice, ce qui les fait paraître trois fois moins longs qu’ils ne sont en réalité, tout en mettant obstacle à la végétation. 4 Le tronc, au lieu de partir du niveau du sol, est presque toujours en l’air, supporté par quatre ou cinq racines dénudées, de sorte que le collet se trouve souvent à 10 ou 15 centimètres au-dessus de la terre. Les arbustes sont plantés dans des pots peu profonds, contenant trés peu de terre, dans laquelle plongent seulement les extrémités des racines. Les observations rapportées plus haut permettent d'apprécier l'influence de ces divers traitements. Nous avons constaté l'arrét de développement que causait le simple couchage de la tige des Coniféres ; l'effet sera bien plus considérable si l'on tord ou qu'on replie la tige sur elle-méme, car, outre la position désavantageuse, il y a écrasement plus ou moins consi- dérable des vaisseaux; c'est le traitement qu'on fait subir aux Cupressi- nées, chez lesquelles les tiges et les rameaux jeunes sont repliés sur eux-mémes dans tous les sens, et sont maintenus dans la posilion voulue par une infinité de pelites attaches. Quant aux Pins, les rameaux ne sont guére tordus, mais la tige est toujours violemment repliée sur elle-méme de proche en proche, et sou- vent coupée, ce qui retarde encore le développement. Chez tous ces arbustes, la suppression du pivot, sans aucun doute arti- ficielle, doit aussi nuire grandement au développement, en empêchant la plante d se nourrir par son organe naturel le plus développé. Lorsque l'arbuste s'est remis de la maladie que ce traitement a dü lui causer, et que les racines partant du collet peuvent le nourrir, il est probable qu'on le place dans un pot peu profond et qu'on dénude les racines sur une certaine longueur à partir du collet. Les racines ne se nourrissent plus que par leur extrémité, dans une terre rare, ce qui doit augmenter encore le rabougrissement, comme je l'ai observé sur certains Pins croissant dans les montagnes. : Dans la localité dont j'ai parlé plus haut, à la Mer-de-Glace, j'ai fait couper un Pinus Cembra d'environ 15 métres de haut, dont les couches, interrompues au centre par la pourriture, indiquaient deux cent trente- deux ans. Cet arbre se trouvait bien dans sa zone habituelle de végéta- tion, comme sa vigueur pouvait en témoigner. Désirant examiner un arbre de la méme espéce, mais aussi jeune que possible, j'en choisis un 288 SÉANCE DU 24 Mari 1889. qui n'avait que 3 mètres de haut et 15 centimètres de diamètre à la base. Mais il se trouva que cet arbre, ayant crü dans une fissure étroite de rocher, et n'ayant qu'une nourriture insuffisante, s'était rabougri au point de rester de très petite taille, malgré les cent soixante-six couches annuelles que j'ai pu compter sur la coupe. Si l'on.compare la végétation de ces arbres pendant les cent soixante- six dernières années, âge du second, on verra que le rayon du plus grand, du côté où la végétation était le plus vigoureuse, s'était accru de 24 centimétres, tandis que celui du plus petit n'avait augmenté que de 11 centimètres. Ce dernier croissant dans une étroite fissure, l'insuffi- sance de la nourriture devait augmenter peu à peu et diminuer de plus en plus la croissance ; c'est ce qui arrive en effet, car pendant les soixante- six dernières années l’accroissement du rayon a été, chez le plus grand, de 14 centimètres, tandis qu'il n'était que de 3,6 centimètres chezle plus petit, juste quatre fois moindre. Une observation d'une autre nature montre aussi l'influence de la ra- reté de la nourriture sur le rabougrissement des arbres. Le Pin sylvestre n'est indiqué dans l'Hérault qu'au sommet du Méguillou, à Saint-Martin d'Orb, dans une localité granitique; on sait que cette espèce préfère ordinairement les terrains siliceux. Aussi n'est-ce pas sans surprise que je l'ai rencontré en 1888, en assez grand nombre, au bord du plateau du Larzac. Il s’en trouve là une petite colonie, au-dessus du village de Pégayrolles, dans le lieu appelé le Roc, voisin de la chapelle de Saint- Vincent. Les Pins occupent le sommet des rochers dolomitiques abrupts, analogues à ceux de Montpellier-le-Vieux. La roche se délite en un sable grossier, trés maigre, qui remplit les fissures dans lesquelles pous- sent les arbres. Les Pins les plus vieux y sont de petite taille, noueux, tordus et rabougris, tellement qu'on a quelque peine à reconnaitre l'es- péce. Les jeunes pieds sont nombreux et poussent souvent dans des parties tellement pauvres qu'ils ne peuvent vivre que quelques années. Leur aspect rappelle beaucoup celui des Pins rabougris du Japon. Les feuilles des vieux pieds atteignent rarement 4 centimétres de long et celles des jeunes pieds ne dépassent pas 1,5 centimètres. Quant aux cônes, qui mürissent en grand nombre, ils n'ont que 2,5 de longueur. Voilà donc des arbres auxquels la rareté de la nourriture donne une ressemblance frappante avec les Pins japonais; il est logique de penser que cette privation de nourriture doit étre employée avec avantage dans la production des arbres nains. Il est vraisemblable aussi que les Japo- nais choisissent autant que possible des espèces ou des variétés naines ou au moins de petite taille dans les conditions normales. En résumé, les moyens employés par les Japonais pour obtenir le ra- bougrissement des arbres me paraissent étre les suivants : Recourbement VALLOT. — RABOUGRISSEMENT DES ARBRES DES CULT. JAPONAISES. 289 continuel de la tige et des rameaux, recépage fréquent (chez certaines espéces), suppression du pivot de la racine, nourriture rare, obtenue par la quantité de terre dans laquelle plongent seulement l'extrémité des racines qu'on parait dénuder à dessein. Chez les Cupressinées, qui grandissent lentement et qui peuvent étre facilement conduites en hélice, le recépage n'est guère pratiqué, mais les Pins, plus vigoureux, finissent par trop grandir au gré des Japonais. Dans ce cas, on coupe la tige, en conservant au moins un rameau, qui sert à former un nouvel arbuste. Parmi les Genévriers exposés au Trocadéro, certains ont cent trente ans et n'atteignent pas 1 métre de haut. On les vend jusqu'à 600 francs. Il n'est pas probable que les horticulteurs japonais livrent volontiers des Secrets qui leur procurent d'aussi gros bénéfices. Outre les espéces dont je viens de parler, on peut en voir d'autres dont le traitement paraît être un peu différent. J'ai noté les suivantes : Podocarpus nageia, Podocarpus macrophylla, Ginkgo biloba, Tra- chelospermum jasminoides, Osteomeles anthyllidifolia, Nandina do- mestica, Acer palmatum, Acer japonicum. Chez ces espèces on retrouve le recépage, la privation du pivot et les racines dénudées, mais on n'ob- serve pas le ploiement des tiges et des rameaux. En revanche, on y ren- contre un autre caractère : toutes ces plantes sont greffées. Le tronc forme un énorme moignon, atteignant jusqu'à 10 centimétres de diamétre chez lesvieilles plantes, et recépé, scié net à la partie supé- rieure. Une série de greffes en couronne, ou méme le long du tronc (Nandina) donnent naissance aux rameaux feuillés. Ces rameaux sont longs et retombent gracieusement, chez les Podocarpus, Trachelosper- mum et Osteomeles, mais, chez les Ginkgo, Acer et Nandina, ils sont dressés et semblent avoir grandi d'un jet dans une année. Il est probable qu'on les taille annuellement. Il est à remarquer que tous ces rameaux greffés sont gréles et sortent toujours du bord du pied recépé, ou ils sont implantés dans la zone cam- biale même ; il est donc fort probable que les greffes sont renouvelées fréquemment. Quant aux moyens employés pour obtenir ces gros troncs, je crois qu'ils doivent consister surtout dans le recépage fréquent, exé- cuté trés bas, et dans la privation de nourriture. M. Bonnier se rappelle avoir compté sur un Méléze coupé, à Lognan, prés de Chamonix, huit cent cinquante-deux couches annuelles ; la tige était restée parfaitement verticale et témoignait de l'invariable immobilité du sol pendant cette longue période. T. XXXVL (SÉANCES) 19 290 SÉANCE DU 24 Mar 1889. M. Maury présente, sur le méme sujet, les observations sui- vantes : SUR LES PROCÉDÉS EMPLOYÉS PAR LES JAPONAIS POUR OBTENIR DES ARBRES NAINS; par M. P. MAURY (1). Aujourd'hui méme j'ai étudié les arbres nains de l'Exposition d'horti- culture japonaise et j'ai eu la bonne fortune de recevoir de M. Saichiro Takuda, attaché à la section botanique du Muséum impérial de Tokio, et de M. Kasawara, exposant, des renseignements précieux surles procédés employés pour obtenir ces curieux monstres végétaux. L’intéressante communication de M. J. Vallot, qui par la simple observation est arrivé à découvrir certains de ces procédés, m'améne naturellement à en entre- tenir quelques instants la Société. La description si exacte qu'il vient de nous en donner me dispense de les décrire à nouveau et me permet de dire tout de suite comment on les obtient. Déjà, à l'Exposition universelle de 1878, les arbres nains de la section japonaise, moins nombreux et moins variés que ceux de l'Exposition actuelle, ont attiré l'attention des botanistes et des horticulteurs français. M. Carrière, dans un article publié par la Revue horticole (1818, p. 271), émit diverses hypothéses sur les moyens employés pour obtenir cette nanisation, suivant son expression, et, comme M. Vallot, il attribua avec raison une grande influence au contournement et à l'attachage de toutes les branches. Il crut, à la suite d'expériences, pouvoir encore indiquer comme moyen de nanisation l'enlévement méthodique d'un certain nombre de feuilles, ce qui réduit la surface assimilatrice de la plante et ralentit le développement. On vient de voir que M. Vallot propose un troisième moyen, la taille des rameaux primaires el du pivot, combi- née, lorsque cela devient nécessaire, avec le greffage. Voici ce que m'ont appris les horticulteurs japonais. Les graines des plantes que l'on destine à rester naines sont semées dans de trés petits pots. Les jeunes plantes sont élevées dans ces pots jusqu'à ce que leurs racines, ayant absorbé toute la terre qu'ils contien- nent, les remplissent exactement et s'échappent méme au dehors en quéte d'un sol plus vaste. On change alors les plantes de pots, mais les nouveaux n'étant guére plus grands que les anciens, les racines les ont bientót complétement remplis. On rempote encore dans d'autres pots un peu plus grands et ainsi de suite pendant toute la durée de la vie de la (1) Les figures qui accompagnent cet article sont extraites du « Naturaliste » et ont été gracicusement mises à notre disposition par M. Em. Deyrolle. (Note du Secrétariat.) MAURY. — PROCÉDÉS JAPONAIS POUR OBTENIR DES ARBRES NAINS. 291 plante. Cette pratique parait étre la plus importante de celles qu'emploient les hortieulteurs japonais. Ainsi géné dans son développement, le pivot des plantes soumises à ce traitement ne tarde pas à s'atrophier, à se détruire méme, tandis que les radicelles génées, elles aussi, ne peuvent se développer ni en quantité suffisante, ni assez vite pour le remplacer. Du reste la nourriture manque presque à ces plantes; leurs racines, en effet, ne sont entourées que d'une trés faible quantité de terre et on ne les arrose que juste assez pour ne pas les laisser périr. On concoit que des arbres Dicotylédones et surtout des Coniféres aient une vie fort ralentie, languissante, dans de telles conditions et restent de petite taille. C'est là T remet Fic. 1. — Pinus japonica, âgé de plus Fic. 2. — Ginkgo biloba, tronc âgé de cent ans. de soixante ans. d'ailleurs un fait que l'on peut assez fréquemment observer dans nos serres où l'on oublie parfois de rempoter à temps les plantes. Elles restent alors pelites, n'émettant que peu de rameaux. La conséquence de ce premier traitement est donc une réduction géné- rale trés notable dans le port de la plante. De plus les racines serrées dans un pot trop étroit font saillie au-dessus de la surface du sol et sou- lévent peu à peu le tronc qui se trouve souvent tout entier soutenu par elles dans l'air, comme il arrive chez les Pandanus, les Palétuviers, etc. Cependant cette pratique ne suffirait pas à donner aux arbres japonais l'aspect que nous leur voyons. Aprés avoir mis obstacle au développe- ment normal des racines, les Japonais s'efforcent d'arréter l'extension des branches de la plante dans l'atmosphéere. Pour cela, ils attachent de 292 SÉANCE DU 24 Mar 1889. bonne heure les rameaux soit au tronc, soit entre eux de manière à leur donner une forme trés contournée, sinueuse, en zigzag, tout en les main- tenant dans leur plan naturel horizontal ou oblique. Les liens dont ils se servent pour ces nombreux attachages sont le plus souvent faits avec des fibres de Bambou. Par ce procédé les rameaux se trouvent tous rappro- chés les uns des autres et du tronc de telle sorte que, dans son ensemble, l'arbre offre une forme globuleuse, ovoide, conique ou pyramidale. Dans ces conditions le tronc et les rameaux s'accroissent trés difficilement, FIG. 4. — Nandina domestica, rameaux Fic. 3. — Cephalotaxus, âgé de quatre- en fruit greffés sur un tronc àgé de vingt-dix ans. soixante-dix ans. grossissant lentement. Certains de ces arbres en effet, àgés de plus de cinquante ans, parfois méme de cent ans et plus, ont un tronc mesurant 4, 5 ou 7 centimètres de diamètre seulement et une hauteur totale de 40 à 60 centimètres au plus. Souvent il arrive qu'un rameau meure à la suite d'un contournement et d'un altachage. On le coupe alors et au- dessous de la section un rameau latéral se développe qui remplace le premier. C'est ce qui a pu faire croire à M. Vallot que les Japonais tail- laient leurs arbres. MM. Takuda et Kasawara m'ont assuré qu'il n'en élait rien. On n'enléve pas davantage les feuilles en vue de diminuer l'évaporation ou l'assimilation, comme le pensait M. Carriére. Dans les MAURY. — PROCÉDÉS JAPONAIS POUR OBTENIR DES ARBRES NAINS. 293 Coniféres les feuilles sont. en général de petite taille; dans les Dicotylé- dones elles se développent mal et durent peu. Ainsi tout se résume dans ces deux pratiques : arrêt apporté au déve- loppement des racines et contournement des rameaux ; quelles que soient les plantes soumises à l'expérience, les procédés sont les mémes. Mais il s'en faut de beaucoup que le résultat soit identique pour toutes. Il y a dans le jardin japonais de l'Exposition un assez grand nombre d'arbres divers appartenant surtout aux espéces suivantes : Pinus japonica et densiflora, Thuyopsis deolabrata, Cupressus corneyana, Juniperus chinensis, Ginkgo biloba, Podocarpus Nageia et macrophylla, plus divers Taxus et Cephalotaæus, parmi les Coniféres; Quercus phylli- reoides, Q. cuspidata, Ficus niponica, Pittosporum Tobira, Tern- stremia japonica, Nandina domestica, Trachelospermum jasminoides D. et H., etun grand nombre d'Acer, parmi les Dicotylédones. Or l'on remarquera facilement que les Conifères se sont, mieux que les autres plantes, prétées à la nanisation et ont atteint la forme que désirait leur donner l'horticulteur. Seul le Ginkgo, dont il n'existe d'ailleurs qu'un unique exemplaire nain au jardin japonais, parait rebelle au traitement et se rapproche par son aspect des arbres Dicotylédones. Pour ceux-ci, ce n'est, semble-t-il, qu'avec une extréme difficulté qu'on réussit à les rendre nains. La raison en est simple. Les rameaux de la plante con- tournés et génés dans leur développement cessent bientôt de croître, mais à l’aisselle de leurs feuilles naissent d'autres rameaux prêts à se substituer à eux. Il faut attacher ces nouvelles branches comme les pre- miéres, mais l'on ne peut empêcher le développement de leurs bourgeons axillaires, et l'opération est à recommencer au bout de quelque temps. C'est cette facilité des Dicotylédones à produire des bourgeons laté- raux ou adventifs, destinés à remplacer les membres avortés dela plante, qui rend leur nanisation presque impossible. Cependant avec une opi- niàtreté et une patience vraiment remarquable, les horticulteurs japo- nais y arrivent. Ils ne cessent d'attacher les jeunes branches au fur et à mesure qu'elles se développent; ils coupent les rameaux morts et par le greffage les remplacent si la plante en vaut la peine et si le vide produit par leur enlèvement porte trop d'atteinte à la forme générale qu'ils veu- lent obtenir ; enfin ils emploient ici un nouveau procédé: ils font tourner la plante autour d'un support comme si elle était volubile. Les supports sont de deux sortes : tantôt ce sont de grossiers fragments allongés d'un tronc de Fougére arborescente, probablement une Cyathéacée ; tantôt des fragments de roche poreuse et de préférence des polypiers, madrépores, dont les formes contournées s'associent davantage avec celle des arbres. Il arrive souvent qu'à force de tourmenter les rameaux, tous meurent. On les coupe alors et sur le tronc plus ou moins gros, noueux, difforme, 294 SÉANCE DU 24 Mai 1889. on greffe de jeunes branches. C'est ainsi que se présentent presque tous les Nandina domestica, appartenant à neuf variétés différentes, de l'Exposition actuelle. Les procédés que je viens de décrire sont fort simples et pourraient étre facilement mis en pratique par nos horticulteurs. Mais assurément aucun d'eux n'aurait la patience nécessaire pour donner tous les jours et pendant de longues années, les soins méticuleux qu'exige la nani- sation. M. Duchartre dit qu'il a observé naguére aux environs de Tou- louse un Peuplier couché, de maniére à former comme un pont sur un chemin et qui était surmonté sur sa face supérieure de quatre ou cinq branches, lesquelles étaient devenues des arbres de 8 à 10 métres de haut, de sorte que l'ensemble ressemblait à une allée de Peupliers. Il demande si, dans des cas semblables, on n'a pas observé l'enracinement de ces tiges. M. Vallot répond que ces formations ne sont pas rares chez les Peupliers, et que dans ce cas les tiges adventives s'enracinent sou- vent. Il cite une observation de M. Schubeler: ce botaniste a vu en Norvége un Peuplier couché ayant poussé des branches verti- cales qui s'étaient enracinées. L'arbre primitif étant mort peu aprés, ces petits arbres avaient déterminé un épaississement aux deux bouts du tronc couché, de sorte que ce dernier présentait deux parties renflées, reliées par le tronc primitif desséché beaucoup plus mince. M. Vallot rappelle, à propos des observations de M. Maury, qu'on a décrit dansla Revue horticole, il y a quelques années, le procédé suivant qu'emploient les Japonais : on séme les graines dans une orauge évidée remplie de terre de filasse de coco et de charbon, on laisse la peau de l'orange se dessécher, et, quand les racines viennent à traverser l'enveloppe, on les coupe sans cesse, de manière à réduire au minimum la nourriture ab- sorbée. M. Bastit fait à la Société la communication suivante : BASTIT. — TIGE SOUTERRAINE DES MOUSSES. 295 COMPARAISON ENTRE LE RHIZOME ET LA TIGE FEUILLÉE DES MOUSSES, par M. Eugène BASTIT (1). Si l'on arrache du sol une touffe de Polytrichum juniperinum en enlevant en méme temps la terre oü s'entremélent ses parties souter- raines, et si l'on parvient à mettre à nu un pied complet, soit en le sou- mettant à un courant d'eau rapide, soit par tout autre moyen mécanique, on pourra distinguer dans cet individu : 1° Une portion souterraine sans feuilles de direction sensiblement horizontale ; 2* Une portion aérienne feuillée de direction vertieale, naissant de la précédente; 3° Des pousses, naissant aussi de la tige souterraine perpendiculaire- ment à son axe et destinées à devenir autant de tiges feuillées. La structure anatomique du premier de ces membres, que nous appel- lerons rhizome ou tige souterraine, est si différente de celle de la tige feuillée, que les premiers anatomistes qui se sont occupés des Mousses ont pu donner de la tige des descriptions contradictoires, les uns s'étant attachés à décrire le sommet de la tige, les autres ayant étudié seule- ment sa base. Cette différence de structure a été signalée par M. l'abbé Hy, dans une Note présentée à la Société botanique de France le 2 avril 1880 (2). 1l m'a paru intéressant de reprendre avec détail l'étude anatomique de ces deux tiges et de montrer comment, par l'intermédiaire des pousses, on peut observer tous les passages entre ces deux organisations. I. TiGE SOUTERRAINE. Une coupe transversale de la tige souterraine montre que cette tige a la forme d'un prisme triangulaire à angles arrondis, et permet de dis- tinguer dans l'ensemble des tissus deux zones principales qu'on peut appeler : l'écorce et le cylindre central. L'écorce est limitée par la couche épidermique, formée d'une rangée de cellules en général petites, à section carrée ou rectangulaire au moins du cóté qui regarde l'axe de la tige. Du cóté externe, un grand nombre d'entre elles se prolongent sous la forme de poils absorbants. Parmi ces poils, les uns se terminent en pointe arrondie, les autres portent à leur extrémité une petite téte plus ou (1) Les recherches qui font l'objet de ce travail ont été exécutées au laboratoire de botanique de la Sorbonne, sous la bienveillante direction de M. Gaston Bonnier. (2) Bulletin de la Société botanique de France, t. XXVII (2° série, t. II), p. 106. 296 SÉANCE DU 24 MAI 1889. moins sphérique qui leur donne l'aspect d'un Agaric minuscule. Ils sont répartis sur toute la surface de la tige, mais plus abondamment sur les arêtes, et ils s'enchevétrent dans tous les sens, de manière à former autour du rhizome un feutre serré, entremélé de parcelles terreuses et de petits grains de sable, feutre dont l'épaisseur peut atteindre celle du rhizome lui-méme et tripler en apparence son diamétre. On rencontre aussi quelquefois, attachés aux arétes dela tige souter- raine, surtout quand elle est encore jeune, des lambeaux lacérés des écailles qu'elle portait à l'état primitif de jeune pousse. Ces écailles ten- dent à se détruire quand la jeune pousse devient elle-méme une souche, et elles finissent par disparaitre à mesure qu'elle vieillit; en méme temps les cellules épidermiques épaississent et cutinisent leurs parois internes sans cesser de pousser des {poils par leur face externe. La cutinisation des parois épidermiques peut étre mise en évidence par la fuchsine ammoniacale. Tandis que le bord externe de l'écorce offre sur la coupe le contour d'un triangle équilatéral, le bord interne se montre parfaitement circu- laire; mais il est interrompu en trois de ses points par un tissu parti- culier dont j'aurai l'occasion de parler dans la suite. Le parenchyme cortical, trés réduit dans le rhizome, comprend généralement quatre assises de cellules à section réguliérement polygonale, à lumiére large, et à parois trés minces, purement cellulosiques. La dimension de ces éléments augmente de l'extérieur à l'intérieur, et l'assise la plus interne, adjacente au cylindre central, mérite une mention spéciale pour ses grandes cellules à parois radiales trés allongées formant sur la coupe une couronne large et claire autour du tissu médullaire, toujours sombre. Le nombre et la disposition des assises corticales présentent une con- stance assez marquée. A chaque interruption de la limite circulaire interne de l'écorce cor- respond une interruption plus large dans la région sous-épidermique voisine de chaque aréte: le parenchyme cortical est ici remplacé par une formation à laquelle je donnerai le nom de faisceau scagliaire, parce qu'il contribue à la formation de la nervure des écailles. La des- cription de ces faisceaux sera mieux placée à la suite de l'analyse du cylindre central, car leur développement est lié à celui d'une autre for- mation née à la périphérie de la moelle. Le cylindre central est presque uniquement formé par la moelle. Mais à l'inverse de ce qu'on a observé dans l'écorce, les cellules médullaires sont petites, arrondies et montrent des parois épaissies et fortement lignifiées. On remarque souvent dans la partie centrale des files de cellules nées par cloisonnements paralléles d'une cellule primitivement unique; les BASTIT. — TIGE SOUTERRAINE DES MOUSSES. 297 parois externes de ces files sont épaissies et lignifiées, tandis que les cloisons communes sont restées à l'état de cellulose pure. Cette formation tend à devenir de plus en plus fréquente à mesure qu'on se rapproche de la tige aérienne. La région périphérique de la moelle ne différe de la précédente que par l'individualisation de ses cellules. Mais il serait inutile de chercher entre ces deux régions une limite bien tranchée, l'épaississement et la lignification des parois étant à peu prés les mêmes de part et d'autre. Nous verrons qu'il n'en est pas ainsi dans la tige aérienne. Le cercle de la moelle n'est pas complet. Entre deux grandes cellules de l'écorce interne et suivant le rayon qu aboutit à chaque aréte du rhizome est une file qui contient seulement une ou deux épaisseurs de petits éléments, à parois trés légérement épaissies, assez étroits dans le sens tangentiel et un peu plus longs dans le sens radial. Si l'on suit ces files en se dirigeant vers le centre, on les voit s'épa- nouir sous la forme de trois secteurs circulaires ayant leur centre sur la périphérie du cylindre central et tournant leur bord convexe vers l'axe de la tige. La petitesse des éléments qu'ils contiennent et le faible épais- sissement des parois donnent à ces trois secteurs une coloration claire, tranchant vivement sur le fond sombre du tissu médullaire, dont ils pren- nent la place dans ces trois régions. Les cellules de chaque secteur, semblables à celles de la file qui s'y épanouit, sont disposées par trois ou quatre assises superposées, paralléles au bord interne du secteur, que j'appellerai secteur péricyclique. Partons maintenant du centre d'un secteur péricyclique en marchant vers l'épiderme. La file dont le secteur n'est que l'épanouissement passe comme dans une gorge formée par deux grandes cellules de l'assise interne de l'écorce; puis, augmentant de plus en plus le nombre et la grandeur de ses éléments, elle s'élargit en une sorte de triangle curvi- ligne isocèle ayant pour base convexe la limite épidermique, pour sommet le centre du secteur péricyclique, et pour côtés égaux deux courbes tournant leur convexité vers l'intérieur du triangle. Le faisceau scagliaire dont j'ai parlé plus haut se forme par différenciation des éléments de ces triangles les plus voisins de chaque aréte. L'épaississement des parois, toujours assez faible dans les secteurs et dans les files voisines, devient considérable sur la périphérie du rhizome. Les parois des cellules corticales sont colorées par les réactifs de la cellulose et sont rebelles à tous les autres, tandis que les membranes des éléments de chaque faisceau sont sensibles aux réactifs de la lignine. Une coupe de rhizome plongée dans la fuchsine ammoniacale se montre colorée en rouge dans l'étendue des trois triangles périphériques, et l'on 298 SÉANCE DU 24 Mar 1889. peut constater quela coloration générale de chaque faisceau, trés intense dans la région sous-épidermique où les parois sont fortement épaissies, subsiste toujours, quoique moins facilement observable, dans le voisinage du cylindre central. En d'autre termes, la lignification des éléments a lieu dans toute l'étendue des triangles périphériques et elle est de plus en plus appréciable à mesure qu'on se rapproche de l'épiderme. Le rôle le plus évident de ces faisceaux externes est un rôle de soutien. Ils forment le stéréome externe du rhizome, comme la moelle lignifiée en forme le stéréome interne. Ils n'ont pas seulement un róle de soutien, ils servent aussi à la cir- culation des liquides dans la plante. On peut le démontrer par l'expé- rience suivante : un individu complet de Polytrichum juniperinum est plongé par sa tige souterraine dans une solution de tannin. Si l'on fait au bout de quelques heures une coupe dans le rhizome et qu'on fasse passer cette coupe dans une solution de sulfate de peroxyde de fer, on peut constater sur les faisceaux externes une coloration d'un noir d'encre trés intense dans la région hypodermique et de moins en moins intense au voisinage du cylindre central. Le parenchyme de l'écorce ne montre pas de coloration. On peut conclure de cette expérience que l'ascension de la solution du tannin dans le rhizome s'est effectuée par la voie des faisceaux externes, etque par suite ces faisceaux ont un róle éminemment conduc- teur. La méme expérience montre que la moelle posséde aussi à un trés haut degré, la propriété de conduire les liquides. II. TIGE AÉRIENNE FEUILLÉE. Cette tige fut d'abord la seule connue. Elle a été étudiée par plusieurs botanistes, parmi lesquels on peut citer par ordre de date, Schimper et l'abbé Hy, en France; MM. Lorentz et Haberlandt, en Allemagne. Mais en lisant les descriptions de ces auteurs, on peut se convaincre que l'ana- tomie ou la physiologie pure ont été les seuls objets de leurs préoccupa- tions, et qu'ils ont laissé de cóté l'étude comparative détaillée de la tige feuillée et du rhizome. Cependant cette étude offre un grand intérét, par cela méme qu'elle permet d'établir des homologies entre les organes aériens et les organes souterrains. De plus, quelques régions particulières de la tige aérienne laissent planer sur leur origine etsur leurs fonctions une incertitude que je voudrais au moins atténuer, s'il ne m'est pas pos- sible de la faire disparaître. Il me semble donc indispensable de reprendre cette description. Une coupe transversale dans la partie feuillée montre, lorsqu'on la suit de la périphérie au centre: 1° un épiderme; — 2% une zone hypoder- mique ; — 3° le parenchyme de l'écorce; — 4° une zone péricyclique; BASTIT. — TIGE AÉRIENNE FEUILLÉE DES MOUSSES. 299 — 9° une moelle périphérique; — 6° une moelle centrale; — T° des faisceaux ou traces foliaires. L'assise épidermique est formée de cellules trés petites, à parois forte- ment épaissies, à lumiére souvent virtuelle. Certains auteurs ont nié l'existence d'un véritable épiderme dans la tige des Mousses. Cependant il est facile de se convaincre du peu de fondement de cette opinion : l'épiderme de la tige feuillée est caractérisée par la cutinisation intense des parois de ses cellules et par la présence d'une cuticule externe, comme celui de la tige souterraine se reconnaissait à ses formations piliformes. La fuchsine ammoniacale rougit fortement cette assise, la- quelle ne porte jamais de poils dans la partie feuillée. ` La zone hypodermique comprend de deux à trois assises d'éléments plus grands que les cellules épidermiques, mais plus petites que ceux de l'écorce ; les parois cellulaires sont fortement épaissies, et, malgré l'ab- sence d'une limite bien tranchée, on ne peut pas confondre cette zone avec le parenchyme cortical. Vient ensuite l'écorce reconnaissable à ses larges cellules, presque toujours réguliérement polygonales. L'épaississement de leurs parois, toujours plus faible que dans la zone hypodermique, diminue de plus en plus vers le centre. Réduite dans le rhizome, elle prend au con- traire une grande importance dans la tige aérienne, puisque son épais- seur peut embrasser jusqu'à dix rangées de cellules. Le diamètre de ces cellules est peu variable, cependant on peut remarquer que les plus larges occupent toujours la partie médiane de la zone corticale. Ce pa- renchyme enveloppe sans interruption le cylindre central. Sur une tige fraiche, on constate que les cellules de l'écorce sont rem- plies de grains de chlorophylle, mais il n'est guére possible de distin- guer, dispersés cà et là au milieu du parenchyme, en apparence sans ordre, en réalité suivant une loi constante, les faisceaux foliaires qui fourniront la nervure médiane de chaque feuille; il faut, pour les rendre apparents, recourir à une technique spéciale. La séparation de l'écorce et du cylindre central, manifeste dans le rhizome, ne l'est plus autant dans la tige feuillée fraiche; la zone péricyclique, qui est la partie la plus externe du cylindre central, ne se distingue pas du parenchyme cortical autrement que par une grande abondance de matiéres huileuses et amylacées. La technique seule peut révéler d'une manière suffisante la limite de l'écorce et du cylindre central, J'exposerai ici celle qui m'a donné les meilleurs résultats : On fait absorber par une tige feuillée une solution concentrée de tan- nin, et l'on pratique ensuite dans cette tige des coupes que l'on plonge dans le rouge-congo. Ce réactif colore d'abord toute la coupe, mais le 300 SÉANCE DU 24 Mai 1889. tannin fixe, par tous les points où il a été absorbé, une plus grande quantité de matiére colorante. Les coupes sont ensuite plongées dans l'hypochlorite de soude, puis dans la potasse pendant une minute environ, temps DH pour faire disparaître le contenu des cellules. On lave rapidement et on fait passer dans une solution d’acide phos- phorique : les coupes prennent instantanément une couleur bleue. On les plonge dans l'alcool absolu qui chasse la matière colorante partout, sauf dans les régions qui ont absorbé la solution de tannin. Un séjour trop prolongé dans l'alcool finirait par décolorer ces régions elles- mêmes : il est bon d'enlever les coupes quand on voit l'écorce prendre la coloration jaune orange. On les met alors dans l'essence de girofle et on peut les monter dans le baume de Canada. Une coupe de tige feuillée ainsi traitée laisse clairement apercevoir les trois régions du cylindre central et tous les faisceaux foliaires dont la couleur bleu foncé tranche sur le fond pàle de l'écorce. On peut alors constater : 4° que la moelle est trés réduite, tandis qu'elle occupait une large place dans le rhizome; 2 que sa partie cen- trale, moins colorée que la partie périphérique, se compose de files de cellules nées par cloisonnements paralléles d'une cellule-mére, files à parois externes trés épaisses et fortement lignifiées, les parois communes internes restant purement cellulosiques ; 3° que la partie périphérique offre trois ou quatre rangées de cellules petites, sensiblement cubiques, d'un calibre à peu prés uniforme, dont les parois, non lignifiées, mais un peu épaissies, se colorent fortement en bleu foncé et se distinguent net- tement, soit de la moelle centrale, soit de la zone péricyclique. Autour de la moelle périphérique, on peut observer les trois assises de cellules, composant la région que j'ai appelée zone péricyclique et qui est le dernier terme du cylindre central. Les deux assises les plus internes, qui sont restées incolores, se mon- trent formées de cellules peu réguliéres, tenant le milieu, sous le double rapport du calibre et de l'épaississement des parois, entre les cellules de l'écorce et celles de la moelle périphérique. La troisième ne se dis- tingue des deux autres que par sa coloration bleue, et elle dessine un cercle complet autour du cylindre central. La zone médullaire périphérique et la zone péricyclique, réguliérement circulaires dans les pousses non encore pourvues de feuilles, ne le sont plus autant dans la tige feuillée. On remarquera en effet, dans une coupe de tige feuillée traitée de la fagon que je viens d'indiquer, qu'en trois points de sa circonférence la moelle repousse la zone péricyclique, en BASTIT. — RHIZOME ET TIGE FEUILLÉE DES MOUSSES. 301 formant d'abord une petite protubérance qui finit par s'étrangler et se séparer de la moelle. D'autre part la zone péricyclique, qui, dans une tige fraiche, se montre gorgée de granules amylacés, multiplie ses cellules au voisinage des protubérances médullaires et contribue avec elles à la formation des faisceaux foliaires. Ces faisceaux apparaissent dans un ordre tel que, si l'on part d'un faisceau naissant sur le bord dela moelle, le faisceau suivant naitra à une distance égale à 3/8 de circonférence, comptée en sens inverse du mou- ement des aiguilles d'une montre. III. COMPARAISON DES DEUX TIGES, PASSAGES DE L'UNE A L'AUTRE. Résumons parallélement les principaux caractéres du rhizome et de la tige feuillée. TiGE SOUTERRAINE. TiGE AÉRIENNE FEUILLÉE. Epiderme pourvu de poils. Épiderme sans poils. Pas d'hypoderme. Un hypoderme. Trois faisceaux scagliaires. Un grand nombre de faisceaux fo- : liaires. Ecorce trés réduite. Ecorce trés développée. Pas de zone péricyclique : trois sec- | Une zone péricyclique, pas de sec- teurs. teurs. Moelle trés développée de structure | Moelle réduite séparable en deux ré- sensiblement uniforme. gions, l'une centrale et l'autre péri- phérique. Faisons maintenant une coupe transversale dans une premiére pousse non encore sortie du sol, facilement reconnaissable à sa couleur jaune , brun età son sommet végétatif d'un blancheur remarquable : cette pousse présentera les caractéres généraux de la tige souterraine. Cependant on y remarquera la présence des écailles dont la nervure emprunte la moitié du faisceau externe correspondant, et dont le limbe, d'une seule épaisseur de cellules, se forme aux dépens de la couche épidermique encore jeune. Cette modification en appelle une autre : les poils absorbants, que nous avons vus se répartir sur toute la surface du rhizome, abandonnent peu à peu les faces, et on ne les trouve plus qu'à la face externe des écailles, et particulièrement sur la nervure médiane. Enfin la moelle, toujours largement développée, montre en son milieu quelques files de cellules à parois externes fortement lignifiées, Les parois cominunes restant cellulosiques. 302 SÉANCE DU 24 Mar 1889. Prenons ensuite une pousse devenue aérienne et dont le point végé- tatif va donner des feuilles. Cette pousse nous présentera tous les pas- sages de la tige souterraine à la tige feuillée. En effet, une coupe dans la partie souterraine ne nous apprend, il est vrai, rien de nouveau et se montre identique à toutes celles qu'on a faites dans la pousse exclusivement souterraine. Mais la section de la région voisine du point de sortie du sol offre des changements plus importants : d'une part, chacun des triangles périphé- riques contenant les faisceaux scagliaires s'élargit vers la baseen glissant pour ainsi dire sous la couche épidermique, tandis que le triangle s'aplatit en quelque sorte en rapprochant son sommet de sa base; en méme temps chacun des trois secteurs péricycliques s'élargit vers sa droite et vers sa gauche, en glissant sous la rangée interne des cellules de l'écorce, laquelle tend à rendre plus uniforme le calibre de ses cellules et finit par séparer chaque secteur du triangle périphérique correspondant. Des coupes successives, de plus en plus rapprochées du sommet, mon- trent que les caractères précédents s'accentuent : à un moment donné les triangles générateurs des faisceaux scagliaires arrivent à joindre leurs bases et à former une zone fermée adjacente à l'épiderme et enveloppant l'écorce: la zone hypodermique est dés lors constituée. Par une marche analogue, les secteurs internes finissent par former autour de la moelle une couronne complète : c'est la zone péricyclique. A ce moment, la moelle est déjà différenciée en deux régions, l'une centrale à grands éléments, associés par files, et à parois épaisses et trés lignifiées ; l'autre périphérique, à petites cellules à parois peu épaisses, fortement colorée par les réactifs dont j'ai parlé précédemment. Nous sommes déjà bien rapprochés de la structure de la tige feuillée. L'épiderme n'a plus de poils, l'écorce a augmenté sa puissance; la moelle a réduit son étendue et atteint sa structure définitive. Cependant quelques caractéres nous manquent : la zone péricyclique n'a pas encore différencié ses éléments, et la formation des faisceaux foliaires n'est pas commencée. Les coupes suivantes vont fournir les derniers passages. C'est d'abord la différenciation de la zone péricyclique en deux assises internes, qui paraissent constamment gorgées de résines, et une assise externe d'apparence plus claire, que les réactifs colorent fortement. Plus haut, la moelle périphérique forme sa première protubérance, laquelle pousse devant elle la zone péricyclique qui l'entoure, s'allonge de plus en plus en rétrécissant sa partie voisine de la moelle, dont elle finit par se séparer. Pendant ce temps, la zone péricyclique multiplie ses cellules et passe entre la moelle et la protubérance. Celle-ci, désormais isolée et entourée BASTIT. — RHIZOME ET TIGE FEUILLÉE DES MOUSSES. 303 de cellules péricycliques, constitue le premier faisceau foliaire. D'abord peu différencié au voisinage de son point de formation, ce faisceau s'éloigne de plus en plus de l'axe, pour se rapprocher de l'hypoderme au voisinage duquel il acquiert sa structure définitive. Elle est du reste fort simple et comprend : Une rangée interne, de grandes cellules à section carrée au nombre de sept à huit; une rangée externe de cellules de méme forme, mais un peu plus petites; une rangée médiane de cellules minuscules, dont chacune est adjacente à deux éléments consécutifs de la rangée externe et à deux de la rangée interne, de façon à simuler un espace inter- cellulaire. Ainsi constitué, ce faisceau s'entoure du tissu hypodermique et devient la nervure de la feuille, tandis que le limbe, formé d'une seule épaisseur de cellules, a ses éléments en relation directe avec la couche épider- mique. Les autres faisceaux et les limbes foliaires correspondants naitront et se développeront de la méme maniére, suivant un angle de divergence de 3/8. On a maintenant la constitution compléte d'une tige aérienne feuillée, laquelle offre dans toute sa longueur une remarquable uniformité de structure. Un rapide coup d’œil sur tout ce qui précède permet de tirer les con- clusions suivantes : 1° La tige des Mousses est limitée par un véritable épiderme, caractérisé pendant la vie souterraine par la production de poils absorbants et pendant la vie aérienne par l'existence d'une cuticule et par une cutinisation intense des parois. 2 Le limbe des écailles et celui des feuilles sont d'origine épider- mique. 3 La nervure des écailles et celle des feuilles sont d'origine interne. 4 La zone hypodermique de la tige aérienne correspond aux trois triangles périphériques du rhizome. 9 La zone péricyclique de la tige aérienne correspond aux trots secteurs situés à la périphérie de la moelle du rhizome. 6° A mesure qu'on passe de la vie souterraine à la vie aérienne, la moelle augmente le diamétre de ses cellules centrales et la lignification de leurs parois, tandis que ses éléments périphériques subissent des modifications inverses. M. Bonnier fait à la Société, au nom de M. Daniel, la communi- cation suivante : 304 SÉANCE DU 24 MAI 1889. STRUCTURE ANATOMIQUE COMPARÉE DES BRACTÉES FLORALES, DES FEUILLES VERTICALES ET DES FEUILLES ENGAINANTES, par M. L. DANIEL. Dans une série de notes publiées récemment dans le Bulletin de la Société, j'ai montré l'influence de l'orientation sur la structure des brac- tées de l'involucre des Composées. J'ai ramené à quatre types principaux cette orientation et cette struc- ture : éclairage égal sur les deux faces, structure homogène, chloro- phyllienne ou non ; éclairage inégal, structure hétérogéne normale ou renversée. Jusqu'à ce jour, la structure hétérogène renversée pouvait être consi- dérée comme une rare exception. C'est qu'on ne l'avait cherchée que dans les feuilles horizontales où elle se forme exceptionnellement par une rotation du limbe qui tourne de 180 degrés (Allium ursinum, Alstra- meria, quelques Graminées, etc.). J'espére montrer que cette structure renversée est presque aussi com- mune que l'autre, mais il faut la chercher surtout dans les feuilles ver- ticales. Dans ces feuilles, un relèvement de 90 degrés contre l’axe ou la fleur, ou mieux le non-rabattement, a pour effet d’éclairer la face inférieure beaucoup plus que la supérieure; par conséquent la structure devra être la même que dans le cas de la rotation de 180 degrés d’un limbe hori- zontal. Comme la feuille est, en tout ou en partie, dressée normalement dans divers involucres et dans nombre de bractées florales, dans certaines feuilles radicales, et enfin dans les feuilles engainantes, on comprendra pourquoi j'ai étudié la structure de ces organes, une même orientation appelant une structure identique. Dans cette rapide étude, je prendrai des types dans les familles les plus diverses, pour mieux montrer la généralité des phénoménes obser- vés : involucres des Dianthus, des Plombaginées, des Camellia, Hac- quetia, Eranthis; spathes, bractées méres des fleurs dans les capitules, les épis; sépales des calices; gaines des Ombellifères et des Monocoty- lédones. INVOLUCRES. — Dianthus. — L'involuere de certaines Caryophyllées (Dianthus) présente une remarquable analogie avec celui des Composées. Le parenchyme le plus dense et le plus chlorophyllien est à la face infé- DANIEL. — STRUCTURE ANATOMIQUE DES BRACTÉES FLORALES, ETC. 305 rieure; on trouve ensuite une bande médiane de sclérenchyme et des lacunes au milieu du parenchyme incolore de la face supérieure. Le sclérenchyme se réduit plus haut, età la pointe il forme seulement un arc inférieur dans chaque faisceau. En méme temps, la bractée, éclairée sur les deux faces, acquiert un parenchyme palissadique plus ou moins lacuneux, mais homogène. Dans les Plombaginées, je signalerai des états absolument analogues au point de vue de la structure renversée et du sclérenchyme, soit dans les bractées, soit dans les sépales du calice. Dans les Camellia, Vinvolucre présente également une structure ren- versée bien nette. La bande de sclérenchyme y est remplacée par les cellules irréguliéres pierreuses spéciales à ces plantes, et ces cellules sont bien plus abondantes que dans la feuille. Ces trois exemples, pris dans des familles assez éloignées, suffiraient à montrer l'influence de l'orientation ; s'il restait des doutes et si l'on était tenté d'expliquer la structure renversée par la métamorphose florale, il suffirait de faire des coupes dans des involucres disposés horizontalement (Hacquetia, Eranthis, etc.). L'Hacquetia Epipactis (Ombelliféres), l'Eranthis hyemalis (Renon- culacées, etc.), ont un involucre horizontal ; les fleurs caduques n'en- travent en rien l'action de la lumiere plus intense sur la face supérieure. Or la coupe présente du parenchyme palissadique à la face supérieure et des lacunes à l'inférieure. On y retrouve donc bien la structure que fai- sait prévoir l'orientation. C'est donc l'orientation seule qui est cause de la structure renversée dans la généralité des bractées florales. SPATRES. — Les exemples donnés jusqu'ici appartiennent pour la plu- part à des plantes dont les feuilles ont une structure hétérogène par le fait méme de leur horizontalité (Dicotylédones). Si nous passons à celles dont la structure est au contraire le plus sou- vent homogéne à cause de leur direction verticale (Monocotylédones), nous observerons une transformation plus ou moins nette du type homo- gène en Lype hétérogène renversé. Les spathes d'Allium Porrum, de Galanthus nivalis, etc., sont par- ticulièrement instructives à cet égard. Le type hétérogène renversé y est très net, car non seulement le parenchyme supérieur reste incolore, mais il est encore très lacuneux. En outre, l'épiderme supérieur se soulève très facilement et est très différent de l’épiderme inférieur. Dans les Narcisses nous trouvons une spathe moins différenciée. Elle offre une structure hétérogène renversée moins nette, car le parenchyme supérieur n'est plus lacuneux. Il est encore incolore et ses membranes T. xxxvi: (SÉANCES) 20 306 SÉANCE DU 24 MAI 1889. plissées et contournées rappellent l'aspect des bractées de l'involucre de certaines Centaurées. L'épiderme supérieur s'enléve facilement el se distingue de l'inférieur par sa forme. Il est bien entendu que cette structure s'applique seulement à l'état jeune de la bractée, qui plus tard se dessèche et se réduit considéra- blement. La spathe d'Arum maculatum fournit un état moins accentué encore, ce qui s'explique facilement en ce sens que la face supérieure n'est pas complètement soustraite à l’action de la lumière. Les lacunes y sont médianes et le parenchyme supérieur ne diffère de l'inférieur que par l'absence de chlorophylle. L'épiderme supérieur lui-méme est adhérent et ne se souléve plus comme dans les spathes des plantes précédentes. Passant aux bractées mères des fleurs, je signalerai comme présentant le type hétérogéne renversé, outre celles des Composées, celles des Plom- baginées, du Plantain, de l Ulex europœus, etc., en général toutes celles où la face supérieure est moins éclairée. Mais, si l'épi est lâche, la brac- tée peut se trouver éclairée également sur les deux faces, ou méme plus éclairée à la face supérieure. On y trouve aussitôt les structures corres- pondantes (Corydalis bulbosa, ete.). CALICES. — Les calices sont ou caducs, ou persistants. Les derniers seuls peuvent présenter du sclérenchyme. Je n'insisterai pas aujourd'hui sur les dispositions variées de ce tissu qui peuvent devenir caractéris- tiques des espéces. Dans les calices caducs, la structure est le plus souvent hétérogène renversée, quelquefois homogéne, mais le parenchyme y reste arrondi (Crucifères, Papavéracées, etc.). Dans les calices persistants, le type de structure est plus variable. Le plus souvent le parenchyme est arrondi, mais il peut être palissadique (Borrago officinalis, Lithospermum, etc.). Le parenehyme est homogéne dans les calices des Helleborus. Dans lH. fœtidus, les lacunes sont situées indifféremment aux deux faces, le parenchyme arrondi est peut-étre un peu plus vert et plus dense à la face supérieure. Dans PH. niger, les lacunes sont médianes, disséminées dans un pa- renchyme incolore compris entre deux bandes chlorophylliennes sous- épidermiques. L'épaisseur du sépale est ici cause de la non-coloration du parenchyme médian. Cette structure homogène pourrait paraître infirmer la généralité des faits énoncés plus haut. Mais, si l’on observe attentivement la fleur, on voit que les pétales de ces plantes, très petits, ne recouvrent pas la face DANIEL. — STRUCTURE ANATOMIQUE DES BRACTÉES FLORALES, ETC. 307 supérieure des sépales qui, verticaux, recoivent également la lumiére sur les deux faces. Ici donc l'exception confirme la régle. Dans les Labiées, on peut signaler des faits analogues. La fleur tombe vite; l'ovaire situé au fond du tube n'en recouvre qu'une portion trés restreinte. L'éclairage peut se faire dés lors d'une facon à peu prés uni- forme sur les deux faces. Aussi trouve-t-on dans la plupart des calices des Labiées une structure très lacuneuse homogène. Vers la base seule- ment un rang de parenchyme plus dense et plus chlorophyllien indique la structure renversée. Mais, si l’ovaire s’accroit rapidement de façon à remplir le tube du calice persistant ou à couvrir la face supérieure du sépale, la structure hétérogène renversée réapparaît aussitôt. Il en estainsi dans un grand nombre de calices persistants. J'en citerai des exemples pris au hasard dans les familles les plus diverses : Pri- mula sinensis, Borrago officinalis, Vinca major, Lychnis dioica, Malva silvestris, Verbena officinalis, Vicia sativa, Viburnum Lan- tana, Veronica polita, etc., etc. Comme particularité intéressante, je signalerai la rangée sous-épider- mique de cristaux mâclés que l'on rencontre à la face supérieure des sépales, dans certaines Malvacées et Géraniées. Quant aux tissus de soutien, on les retrouve sous forme de bande plus ou moins complète, ou d'arcs dans les faisceaux (Labiées, Solanées, Bor- raginées, Légumineuses, etc.). On voit immédiatement le parti que l'on pourrait tirer de ces disposi- tions variées, trop peu étudiées jusqu'ici, en fait de classification. Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'un méme sépale peut présenter diverses structures suivant le niveau de la coupe. FEUILLES PROPREMENT DITES. — On sait qu'une feuille complète com- prend trois parties: limbe, pétiole et gaine. Les deux premières seules ont été l'objet d'une étude plus ou moins complète. Pourtant, par sa situation comprimée contre l'axe de la plante, l'orientation de la gaine est inverse de celle du limbe horizontal ; elle ne doit donc pas présenter la méme structure, mais bien la structure hétérogène renversée, C'est ce que l’on peut observer dans les gaines d’Ombellifères, d Arum, de Ranunculus, etc. Le parenchyme inférieur est arrondi, chlorophyl- lien, le parenchyme supérieur est entièrement incolore et souveni lacu- neux. Les gaines d'Eguisetum présentent un type semblable, mais sans lacunes. On observe une structure analogue dans les gaines des Graminées, Cypéracées, Joncées; mais il y a des lacunes médianes. 308 SÉANCE DU 24 MAI 1889. Dans l'Allium oleraceum, le parenchyme palissadique de la partie fistuleuse fait place à un parenchyme arrondi dont le supérieur incolore a l'aspect collenchymateux, etc. Enfin, il y a des feuilles radicales où la gaine et le limbe ne sont pas distincts l'un de l'autre. Malgré cela, la base présente la structure ren- versée dans une étendue variable; les lacunes sont trés accentuées à la face supérieure. Puis, par une série d'états intermédiaires, on arrive à la structure homogène de la partie terminale (feuilles radicales de Sal- sifis, de Scorzonére). En résumé, l'objet de ces diverses notes est de montrer que : 1° La structure des bractées florales est presque toujours différente de celle des feuilles dans une méme plante. 2» Dans une méme feuille, ou dans des feuilles orientées diversement dans une même plante, on peut trouver divers types de structure. Il est donc indispensable d'indiquer le niveau de la coupe. 3° La structure de la gaine est toujours différente de celle du limbe. 4 Il n'y a pas, à proprement parler, de type invariable de structure des feuilles. Le parenchyme homogéne du début peut prendre, sous l'influence des rayons solaires les dispositions variées que révèle l'histo- logie. La structure de la feuille dépend essentiellement de son orien- tation (1). M. Poisson fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CHAMPIGNON RAPPORTÉ AU GENRE MYLITTA; par M. J. POISSON. Parmi les espéces de Champignons dits hypogés, quelques-unes sont restées à l'étude, parce que leur évolution compléte est encore ignorée. Les régions lointaines où croissent ces végétaux sont probablement l'ob- stacle qui n'a pas permis de les observer à loisir et par conséquent d'en achever l'histoire. Dans le célébre Mémoire des fréres Tulasne sur les Champignons hypogés, les auteurs ont mis à la fin de leur travail les espèces auxquelles il est fait allusion dans cette Note. Les deux genres les plus connus sont le Pachyma et le Mylitta, l'un et l'autre de Fries. L'opinion générale des mycologues qui se sont occupés du sujet est (1) Ce ttavail a été fait au laboratoire de Botanique de la Sorbonne, dirigé par M. G. Bonnier. POISSON. — SUR UN.CHAMPIGNON RAPPORTÉ AU GENRE MYLITTA. 309 que la masse fongique qui porte le nom de Pachyma n'est pas un Cham- pignon parfait, mais un sclérote. Le P. Cocos Fr. — Sclerotium Cocos Schw., qui atteint la taille du poing et parfois davantage, est originaire de l'Amérique du Nord. Cette masse semi-solide a pu, à la rigueur, étre comestible et porter le nom de pain de terre. La seconde espéce, P. Tuber-regium Fr. ou P. Hoelen Fr. (Tuber regium Rumph. Herb. Amboin. Lib. XI, p. 122), est plus connue peut- étre en ce qu'elle est trés répandue dans l'extréme Orient, la Chine, les iles de l'Inde, où elle est réputée comme un médicament plus merveil- leux qu'efficace. Elle passe pour étre parasite sur les racines des Pinus longifolia et P. sinensis. Le tissu du Pachyma est homogène, comme celui d'un selérote, et la seule confirmation que l'on aurait jusqu'ici de sa nature est une figure de Rumphius, dans l'ouvrage précité (tabula LVII, fig. 4), qui représente le sclérote surmonté de plusieurs Champignons hyménomycétes que Berkeley attribue à un Lentinus (1). Il n'en est pas de même du Mylitta, dont trois espèces sont mention- nées dans les Fungi hypogei : le M. Pseudacaciæ Fr., considéré par MM. Tulasne comme une galle radicellaire et par conséquent devant étre rejeté comme Champignon; le M. venosa Fr., espèce peu connue de la Suéde; enfin le M. australis Berk. (in Ann. and Mag. of Nat. Hist. t. III, p. 326, pl. VID), du sud de l'Australie et de la Tasmanie, et qui fait l'objet de cette communication. Cette Tubéracée est la plus volumineuse qui soit connue; elle peut avoir le volume de la téte d'un homme et au delà, surtout avant la des- siccation. Son poids est assez considérable pour avoir été parfois con- fondue avec une masse rocheuse. Cependant le nom de Native bread que lui donnent les Anglais prouverait que les autochtones en faisaient usage comme aliment (2). L'ensemble de ce végétal n'est pas homogéne comme celui du Pa- chyma. Un tissu qu'on pourrait appeler central, sorte d'hypha à tubes fins et allongés, semble former l'élément de soutien ou stroma; puis des régions voisines sont occupées par des cellules rameuses d'un diamétre supérieur, ce qui ferait supposer que c'est là le tissu hyménial; mais on y cherche en vain des asques ou des spores. . Le spécimen sur lequel nous voulons appeler l'attention semble dif- férer des Mylitta australis ordinaires. Il a une couleur presque noire, sur la coupe, avec des veinules blanches dues aux parties pénélrables par (1) Journ. of the process. of the Linn. Society, III, 102. (2) Note ajoutée pendant l'impression. — D’après le témoignage de M. Max. Cornu, un exemplaire complet de ce Champignon existerait au British Museum, à Londres, où M. Murray le lui aurait montré lors de son dernier voyage en Angleterre. 210 SÉANCE DU 14 juiN 1889. la lumière, et la teinte sombre est produite, vraisemblablement, par une oxydation de la paroi et du contenu de certaines cellules qui résiste aux réactifs les plus énergiques. Les échantillons de comparaison de nos collections dont il a été pos- sible de s'aider semblaient insuffisants pour décider si le spécimen dont il s'agit était réellement distinct; mais l'Exposition de cette année en a fourni l'occasion. Nous avons pu voir dans la section australienne de beaux Mylitta australis, dont l'aspect sur la coupe totale ne ressem- blait en rien à notre échantillon. Faut-il en conclure que nous avons affaire à une espéce nouvelle ou bien que c'est un exemplaire dans un état différent de développement ? Un mycologue n'hésiterait peut-étre pas à trancher la question. Ce qui ne contribue pas à faire prendre une prompte décision dans le cas présent, c'est l'obscurité qui entoure le Champignon qui nous occupe, quant à son origine. Il a un cóté anecdotique qui mérite d'étre succinctement relaté. Pendant le siége de Paris on s'était hàté de mettre à l'abri des causes d'incendie les objets précieux des collections du Muséum. Les greniers méme furent vidés et, dans l'un de ceux attenant au service de la géologie, se trouvaient quelques roches sans intérét reléguées dàns un coin. Le calme revenu, une de ces roches, sans valeur apparente, servit à l'un des employés du service de la botanique, en guise de poids, pour la dessicca- tion des plantes et cela pendant de nombreuses années. La gangue ter- reuse qui enveloppait cette masse l'avait fait prendre pour un spécimen géologique, et des recherches ultérieurs apprirent qu'il avait été en effet adressé au géologue Cordier, professeur au Muséum. Aprés inspection, ce savant aura constaté que cet objet était étranger à la science qu'il professait et il dut être abandonné sans qu'on en soupconnát la véritable nature. Ce n'est qu'aprés des lavages réitérés qu'il fut possible de le rendre étudiable, et une racine qui traverse la base de ce Champignon prouve qu'il vivait en parasite. SÉANCE DU 14 JUIN 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Costantin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 24 mai, dont la rédaction est adoptée. SÉANCE DU 14 JuiN 1889. 311 M. le Président, par suite de la présentation faite dans la der- nière séance, proclame membre de la Société : M. CHaviGny (Paul), étudianten médecine, rue de l’Arrivée, 8bis, à Paris, présenté par MM. Bureau et Franchet. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Girau- dias qui annonce la découverte, faite par M. Galissier et par lui, d'un Diplolaxis nouveau pour la flore francaise; il croit pouvoir le rapporter, sauf comparaison ultérieure avec des spécimens authentiques, au D. Blancoana Boiss. et Reut. Cette espéce a été récoltée sur les rochers de Lujat, prés de Cazenave. Dons faits à la Société : Barla, Flore mycologique illustrée des Alpes-Maritimes, fasc. 2. — Champignons nouvellement observés dans les Alpes-Maritimes. Cariot, Étude des fleurs, tome IT, 8° édition, revue et augmentée par le D" Saint-Lager. Dangeard, Le Botaniste, 4° fascicule. Gandoger; Flora Europe, tome XVII. Huet, Catalogue des plantes de Provence. Ém. Mer, Influence de l'exposition sur l'accroissement de l'écorce des Sapins. A. et C. de Candolle, Monographie Phanerogamarum, vol. VI. (Andropogoneæ, auct. Ed. Hackel.) H. Hoffmann, Phænologische Beobachtungen. Nylander, Lichenes Novæ-Zelandie. Sælan, Kihlmann et Hjelt, Herbarium Musei Fennici. — Y. Plantæ vasculares. i M. Doûmet-Adanson fait hommage à la Société des deux ouvrages suivants : Rapport sur une mission botanique én 1884 en Tunisie ; 2 De l'utilité des arbres. M. Paul Maury présente huit brochures ou tirages à part que leur auteur, M. Corbiére, professeur au lycée de Cherbourg, envoie à la Société pour sa bibliothéque. M. Malinvaud présente à la Société et distribue aux personnes présentes des exemplaires, à l'état frais, d'une Crucifére nouvelle pour la flore francaise, l'Alyssum edentulum W. et K. (Boiss. F1. Or. 1, 966 ; A. gemonense L.), qu'il a récoltée le 12 juin, d’après une ancienne indication fournie par le D' Bras, sur les ruines du 312 SÉANCE DU 14 jvIN 1889. cháteau d'Assier (Lot). Il donnera de plus amples détails, dans une communication ultérieure, sur la découverte et la synonymie de cette espéce. M. le Secrétaire général donne ensuite lecture de la lettre sui- vante : gr LETTRE DE M. Alfred CHABERT À M. MALINVAUD. Rennes, le 10 juin 1889. Cher Monsieur, J'ai l'honneur de vous adresser une boîte remplie d’A zolla filiculoides, que j'ai trouvé dans plusieurs fossés aux environs de Rennes et dans la Vilaine, et de vous prier d’en distribuer les échantillons aux membres de la Société à la prochaine séance. Ces échantillons sont tous fructifères, et permettront d'é- tudier les phénoménes de la fécondation, si bien décrits par M. Roze dans le Bulletin, t. XXX (1883), p. 199. Cet Azolla, pendant les deux premiers mois de sa végétation, de février en avril, présente une helle couleur rouge de sang, qui, à quelque distance, donne l'illusion d'une vaste nappe de sang remplissant le fossé; à mesure que la plante se développe, elle devient verte, et vers la fin d'avril les fossés où elle se trouve ont la méme teinte que ceux que recouvrent les Lemna. Veuillez agréer, etc. M. Doümet-Adanson dit avoir observé que la coloration rouge de l'Azolla se manifeste au-dessous de zéro et s'efface graduellement à une température plus élevée. Il ajoute que cette plante se natu- ralise facilement, mais disparait de méme. M. Rouy dit que l'Azolla s'est abondamment propagé dans la Gironde, dans la Charente-Inférieure et à Nantes où on le trouve dans l'Erdre. M. l'abbé Hy fait à la Société la communication suivante : SUR LA PRÉSENCE EN ANJOU DE L'EQUISETUM LITTORALE Kühlwein ; par M. l'abbé HY. La plante dont j'ai l'honneur de présenter quelques exemplaires à la Société n'est pas une nouveauté pour la flore francaise, puisque Duval- Jouve en a signalé la présence, il y a prés de trente ans, à Arles, en Provence et dans la vallée du Rhin, prés de Strasbourg. Cependant HY. — PRÉSENCE EN ANJOU DE L'EQUISETUM LITTORALE. 313 l'Equisetum littorale n'est point sorti du rang des espèces réputées rares. L'est-elle réellement? je ne le pense pas, à voir l'abondance avec laquelle la plante se montre en plusieurs localités de l'Anjou. Son état habituel de stérilité l'a dà plutót faire méconnaitre, et sans doute elle se retrouvera dans les environs de Paris. Voici, pour guider les recher- ches, à quels caractéres extérieurs on la reconnaitra des E. arvense el limosum avec lesquels elle croit d'ordinaire, et dont elle serait même une hybride, suivant quelques botanistes. La lacune centrale, médullaire, réduite à la moitié du diamètre de la tige, permettra toujours de la distinguer sans peine de l'E. limosum aus tiges largement fistuleuses. D'autre part, elle se sépare de PE. arvense, par le premier entre-nœud des rameaux, qui ne dépasse que peu ou pas la longueur de la gaine foliaire correspondante. ! Je n'indique ce dernier caractére, à la suite de Duval-Jouve, que pour faciliter les observations sur place, car il serait par lui-méme insuffisant et parfois méme trompeur. Mais, si les deux espèces varient l'une ct l'autre dans leur apparence extérieure, conséquence du' polymorphisme des organes végétatifs, les indications que fournit l'anatomie les sépa- rent très nettement. Dans V E. littorale, chaque faisceau est entouré d'un endoderme spécial, caractère qui ne se retrouve que dans PE. limosum, tandis que dans l'E. arvense, au contraire, un endoderme unique et commun contourne extérieurement le cylindre central. Si l'E. littorale a réellement la rareté qu'on lui attribue, on ne peut guére l'expliquer que par la raison d'hybridité, car son aire de disper- . Sion en Russie, en Allemagne, en France, dans les régions du Nord et Méditerranéenne, moritre assez que le climat n'est pour rien dans la localisation restreinte. On ne peut objecter que la proximité ordinaire des plantes parentes devrait donner plus fréquemment naissance à l'hy- bride, car, ainsi qu'on l'a rappelé justement, il y a quelques semaines, devant la Société, les mémes espéces ne s'hybrident ni toujours, ni partout. Comme exemple, je puis rappeler un fait, dont j'ai été témoin i! ya peu d'années. En 1882, les vallées de la Loire et de la Maine étaient envahies par les hybrides des Polygonum Persicaria et mite, qui ne se Sont pas montrées de nouveau aux mémes localités les années suivantes. L'hybridité, dans les espéces annuelles, n'a que des conséquences fugi- lives, et bientôt tout rentre dans l'ordre commun. Mais il en est tout autrement dans les genres Salix, Mentha, Equisetum, où la longévité des hybrides est assurée par l'extréme facilité de leur multiplication végétative. Un seul cas de fécondation croisée, méme exceptionnel, peut couvrir bientôt une région entière d'individus hybrides résultant du sec- tionnement indéfini, et même du transport au loin des tronçons de là plante originelle. 314 SÉANCE DU 14 JUIN 1889. Sans en avoir la preuve directe, je suis porté à considérer PE. litto- rale comme plante hybride des E. arvense et limosum. Ses caractères sont absolument intermédiaires ; son état, dans nos environs, est toujours stérile, dans les cas rares où ses épis fructifères se développent les spo- ranges sont atrophiés, et les spores incapables de germer. Enfin l'un de ses caractères anatomiques met en défaut- la division des Equiseta hete- rophyadica et des homophyadica, dont les premiers seuls, comme on sait, ont leurs rameaux dépourvus de lacune médullaire. Or, notre plante en présente ou non, suivant la région où on l'étudie; le fait indiqué par Milde est parfaitement exact, malgré les dénégations de Duval-Jouve. M. Rouy dit que l Equisetum littorale existe dans la région de l'Orégon de l'Amérique du Nord, il y est fertile et en compagnie seulement de l Equisetum limosum; l'absence de l'un des parents présumés parait ici en contradiction avec l'hypothése d'hybridité. M. Hy répond que la plante de l'Orégon n'est peut-étre pas absolument la méme que celle dont il vient de parler. La méme question s'est posée pour d'autres plantes. Ainsi l'Orchis alata de l'Ouest est incontestablement une plante hybride, et cependant, d’après de bons observateurs, ce même Orchis présenterait, dans d'autres parties de la France, les attributs d'une variété ou méme d'une espéce légitime. Il s'agit peut-étre de deux formes voisines, mais cependant différentes. Il semble à M. Roze que l'hybridation admise par M. Hy doit étre difficile, car les spores des deux espéces ne germent pas en méme temps. M. Hy dit que cette remarque explique la rareté du phénoméne, sans impliquer son impossibilité. Il rappelle que la durée des prothalles máles est plus longue que celle des prothalles femelles. M. Luizet fait à la Société la communication suivante : SUR DES ORCHIS HYBRIDES, PROVENANT DU CROISEMENT DE L'ACERAS ANTROPOPHORA R. Br. ET DE L'ORCHIS MILITARIS L., DÉCOUVERTS A FONTAINEBLEAU, LE 20 MAI 1889, par MM. GUIGNARD ET D. LUIZET ; Note de M. LUIZET. Depuis MM. Weddell et de Schænefeld, on n'avait pas revu l'hybride, Aceras anthropophora R. Br.-- Orchis militaris L. L'un de nos confrères, M. de Nanteuil, avait seulement signalé à Bouray. LUIZET. — HYBRIDE (ACERAS ANTHROPOPHORA X ORCHIS MILITARIS). 315 et désigné sous le nom d'Orchis Bergoni un hybride de l'Aceras antro- pophora R. Br. et de l'Orchis Simia L. On peut donc regarder comme très rares les croisements d’un Orchis avec un Aceras. Au cours d'une herborisation dans la forêt de Fontainebleau, le 30 mai 1889, nous eümes la bonne fortune, M. Guignard et moi, de rencontrer deux spécimens différents d'hybridation de l'Aceras anthropophora R. Br. par l’Orchis militaris L. Le voisinage des parents et l'absence ab- solue de l'Orchis Simia L. ne pouvaient pas nous faire douter de l'ori- gine de nos échantillons; mais ni l'un ni l'autre ne se rapportaient à la plante récoltée par Weddell et décrite dansla Flore de France de Grenier et Godron, sous le nom d'Aceras anthropophoro-militaris. Nous étions done en présence de deux cas d'interversion des rôles des parents qui méritaient d'étre signalés. J'ai le plaisir de présenter à la Société, l'échantillon qui se rapproche le plus de la plante de Weddell, et en voici la description détaillée : Deux tubercules ovoides. Tige de 35 à 40 centimétres, nue supérieurement. Feuilles luisantes, oblongues ou oblongues-lancéolées, arrondies et brusque- ment acuminées au sommet, les caulinaires supérieures appliquées et engai- nantes. Épi cylindrique, allongé, de 10 à 12 centim. de longueur sur 2,5 à3 centim. de largeur, assez láche. Bractées d'un blanc verdàtre, membraneuses, lancéolées sublinéaires, acu- minées, égalant ou dépassant l'ovaire. Ovaire fortement contourné. Divisions périgonales externes conniventes en casque, ovales subobtuses binerviées, d'un blanc légérement verdátre, bordées d'un pourpre vif; les deux divisions internes du casque, uninerviées, d'un blanc verdâtre et T ment bordées de rouge. Labelle d'un pourpre vif et foncé dans son pourtour, blanc verdâtre dans sa partie entière et non ponctué de pourpre au milieu, trilobé, beaucoup plus long que l'ovaire; lobes latéraux d'un rouge foncé et assez larges (1 1/2 à 2 millim, de large sur 6 à 8 millim. de long); lobe moyen un peu plus large ue plus long. que les latéraux, légérement dilaté au sommet, bifide, à subdivisions conformes aux lobes latéraux, mais un peu plus courtes et légèrement élargies à l'extrémité, divergentes, munies ou non à l'angle de la bifidité d'une dent rudimentaire. : Éperon conique, droit, de 2 millim., deux à trois fois plus court que l'ovaire. Port de l'Aceras anthropophora et couleur de l'Orchis militaris. Cet hybride, trés distinct de celui de Weddell, en différe par son inflo- rescence beaucoup moins verdátre et d'un rouge beaucoup plus foncé ; 346 . SÉANCE DU 14 JUIN 1889. par son labelle qui n'est pas ponctué de pourpre; par ses lobes latéraux qui ne sont pas filiformes et ont 1 1/2 à 2 millim. de largeur; par ses bractées atteignant ou dépassant l'ovaire, jamais plus courtes que lui; par son ovaire un peu plus développé. Je n'ai malheureusement pas pu comparer cet échantillon à l'Orchis spuria Rchb. fil. qui est également un Aceras anthropophoro-militaris; mais quelles qu'eussent été les conclusions tirées de cet examen, les variations constatées sur nos deux échantillons et les différences consi- dérables qu'ils présentent avec l'hybride de Weddell permettent de douter de la possibilité de donner aux Orchis anthropophoro-militaris, une dénomination rationnelle en rapport avec le róle des parents. Je laisserai donc à de plus autorisés que moi le soin de donner un nom à la plante que je viens de décrire; je suis convaincu que, si les cas de croisements entre les Orchis et le seul Aceras que nous possédons aux environs de Paris n'étaient pas aussi rares, nous aurions à découvrir une foule de formes intéressantes de ces hybrides, comme cela a lieu entre les Orchis purpurea, militaris et Simia. M. Luizet annonce ensuite qu'il a retrouvé, dans la forét de Fontainebleau, le Carex obesa All. à « la Chaise-à-l'Abbé », sur les bords de la route de Médicis. Cette rare espéce avait échappé depuis plusieurs années aux recherches des botanistes parisiens et passait pour avoir disparu de sa localité classique. | M. Malinvaud, secrétaire général, donne lecture de la communi- cation suivante : DEUXIÈME NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE, par M. Alfred CHABERT (!). Ranunculus aquatilis L. — Forme typique à style court et épais. Bóne dans les fossés entre la ville et l'Orphelinat (Meyer). Ranunculus cœnosus (uss.; R. homæophyllus Ten.; Batt. et Trabut Fl. Alg. 4, 1. — La forme à bec du carpelle assez long, grêle et arque, signalée par les auteurs de la Flore d'Algérie, n'est pas la seule qui existe dans cette contrée. Il en croit une autre à Djelfa, dont le bec est court el droit. Cette espèce présente, pour la forme et la longueur -du style, les mêmes diversités que la précédente. Sisymbrium crassifolium Cav. — Médéah sur les glacis. (1) Voyez plus haut, page 15, CHABERT. — DEUXIÉME NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 91; Arabis Turrita L. — Mont Mouzaia, dans les ravins de l'Oued-el- Kebir. Cistus Pouzzolzii Del. — Mont Mouzaia, sur le versant méridional au-dessus des ruines. Helianthemum sanguineum Lag. — Ravins boisés au-dessous de Médéah. Fumana Spachii G. et G. — Parmi les rochers de l'oued Barrourah, prés de Médéah. Parnassia palustris L. — Indiqué à La Calle, par Desfontaines, n'y aurait pas été retrouvé d’après M. Battandier (Fl. Alg. 1, 109). Il existe dans l'herbier de Meyer, avec l'indication « La Calle, marécages, récolté le2 septembre 1877 par Meyer ». C'est la forme à petites fleurs. Spergula Morisonii Dor. — Coteaux herbeux au Pont-de-l'Arch, prés Médéah. Buffonia perennis Pourr. var. Willkommiana (B. Willkommiana Boiss.). — Coteaux pierreux et boisés de la région montagneuse : Guelt- el-Merdjah (cercle de Boghar), où il croit avec le B. Duval-Jouvii Batt., dont il se distingue facilement par ses fleurs plus petites, ses pédoncules très courts et par ses larges bractées scarieuses presque imbriquées, etc. Herniaria cinerea DC. var. fragilis Lange. — Coteaux boisés : le Point-de-mire près Damiette. Linum corymbiferum Desf. — L'espèce est vivace, mais elle peut fleurir dés la premiére année, ainsi que le prouvent les échantillons à fleurs blanches que je possède, récoltés à Bône par le D" Tribout. Aussi la forme décrite comme sous-espèce par M. Battandier (Bull. Soc. bot. de Fr. 1885, p. 331), sous le nom de L. Aristidis, et distincte par ses feuilles scabres sur toute leur surface, par sa racine toujours annuelle et ses fleurs d'un jaune d'or vif, me parait-elle constituer une simple variété. Une autre forme remarquable est : — var. Meyeri. — Foliis linearibus subulatis, margine dorsoque levibus ; sepalis minute denticulato-ciliatis haud. glandulosis ; floribus albis. — Bóne sur la route du Fort-Génois (Meyer). J'ai donné à cette variété le nom de Meyer, qui l'a découverte en juillet 1874 (1). Le L. corymbiferum trés variable a les feuilles lancéolées ou linéaires- lancéolées, aiguës, scabres sur les bords et souvent aussi sur la nervure (1) Meyer, interprète militaire, s'est beaucoup oceupé de botanique depuis 1873, jus- qu'à sa mort arrivée en 1887. Il a exploré les environs de La Calle, Bóne, Constantine, Dellys, Blidah et Alger, sans jamais pouvoir s'écarter des villes à cause de ses fonctions sédentaires. Son herbier assez considérable que j'ai acquis renferme beaucoup de 318 SÉANCE DU 14 Juin 1889. médiane dorsale, les sépales ciliés glanduleux; la couleur des fleurs varie du blanc au blanc rosé et au jaune. Hypericum segyptiaeum L. — Laghouat entre le dj. bou Khatil et le Ksar Demed (Reboud). Bonjeania hirsuta Rchb., indiqué in Barbaria par Desfontaines (Fl. Atl.), n'aurait pas été retrouvé depuis, selon M. Battandier (Fl. de l'Algérie). L'herbier de Meyer en contient deux échantillons avec l'éti- quette « Bóne, dans la plaine des Kharezas, juillet 1874, Meyer ». Tetragonolobus guttatus Pomel. — Sous les buissons de la région montagneuse des tribus des Ouamri et des Ouzrah (Cercle de Médéah). Coronilla fruticans Jord. — Souk Arras (Reboud). Coronilla minima L. — Constantine (Meyer); coteaux secs auprès et à l'est d Aumale. Agrimonia Eupatoria L. — Dellys, Blidah (Meyer). Sedum micranthum Bast. var. Clusianum (S. Clusianum Guss.) : S. album micranthum Letx Kab. 44. — Rochers des montagnes : oued Grobedji, prés de Constantine (Meyer); col de Tirourda, Imontagne des Beni-Salah de Blidah. Il se reconnait à ses pétales aigus. Sedum acre L. var. morbifugum. — S. acre Letx Kab. 44 partim. Floribus quam in typo majoribus, sepalis ovato-lanceolatis, petalis erectis calyce semel, staminibus 1/3 longioribus. Rochers du Djurdjura oriental, Azerou-Tidjer, où il avait été cueilli en quantité pour un malade par des paysannes kabyles. Je n'ai pu savoir contre quelle maladie il devait étre employé. Le S. acre qui croit sur la méme montagne et les montagnes voisines : Lalla Khadidja, etc., a les sépales courts ovales ou oblongs, les pétales étalés deux fois plus longs que le calice, les sépales égaux aux étamines. Par ses pétales dressés, le S. acre morbifugum se rapproche du S. alpestre Vill. Sedum magellense Guss. — Dans les creux de rochers du Djurdjura occidental, région moyenne et supérieure : Tamda Ouguelmin ; Tabbourt bou-Friken, Tala-ailal. Fedia Caput-bovis Pomel. — Cà et là à Médéah. Bellis microcephala Lang. — Sous les buissons des ravins au-des- sous de Médéah. plantes des botanistes algériens et notamment de MM. Reboud, Letourneux, Durando, Debeaux, etc. Quant à celles qu'il a récoltées lui-méme, lenr préparation défectueuse et leur mauvais état de conservation qui en est la conséquence ne m'ont permis d'en conserver qu'une très faible partie. Il s'y trouve entre autres deux espèces probablement nouvelles : un Fumana et un Eryngium dont les échantillons sont trop imparfaits pour en permettre la description. CHABERT. — DEUXIÉME NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 319 Centaurea Caleitrapa-fuscata Debeaux. — Lieux vagues au-dessous de Médéah. Carduncellus carthamoides Pomel. — Ravins au-dessous de Lodi. Scorzonera fasciata Pomel. — Prairies montueuses. Lodi. Helminthia raeemoides Pomel. -— Ravins boisés : l'oued Barrourah au-dessous de Médéah. Microcala filiformis Link, — Mares de Cheraga (Meyer). Passerina annua Wikstr. var. glgeriensis. — Exaltata, 1 metr. 17,20 longa; ramosa, ramis erectis rigidis virgatis; floribus tribrac- teatis. Dans les champs auprés de Blidah. Merendea filifolia Camb. var.? atlantica (M. atlantica A. Chabert in litt. et exsicc. 1876). Floribus magnis, perigonii phyllorum lamina obovato-lanceolata, an- theris basi profunde bifidis filameuto longioribus; gregarie crescens. — Fl. octobri, Hab. Inter rupes regionis atlanticæ versus 700-900 metr. Médéah. Cette plante, qui à distance ressemble au Colchicum autumnale, pour- rait anssi bien étre rapportée au M. Bulbocodium Ram., dont elle a la taille, qu'au M. filifolia. Le premier en diffère par ses divisions périgo- nales étroitement lancéolées ; le second par ses divisions lancéolées, par le bulbe et les fleurs de moitié plus petits et par les étamines à peine bifides à la base. Je n'ai pu trouver les feuilles et les fruits de la variété décrite; eux seuls permettront d'établir son entité spécifique. La plante croit mélangée au M. filifolia dans les ravins au-dessous de Médéah, où je l'ai observée trés rare en octobre 1871. Allium ? Tourneuxii. Planta uniflora, bulbo rotundato parvo tunicato mom prolifero ; foliis duobus integerrimis linearibus elongatis 15-20 centim. longis, 4-5 millim. latis, planis basi canaliculatis glabris, margine non vel par- cissime ciliatis, scapum longe superantibus ; scapo brevi wmifloro 4-5 centim. alto, vagina membranacea diaphana in spatham bivalvam flore breviorem desinente tecto; flore cernuo albo 15 millim. longo; perigonii phyllis liberis lanceolato-linearibus subæqualibus acutis sta- mina 1/3 superantibus; staminibus subæqualibus, in perigonii phyllis insertis, filamentis liberis simplicibus edentatis ; ovario libero supero, stylo gynobasico terminali integro staminibus subæquali, stigmate sub- trilobo, capsula. — Fl. aprili ineunte. Hab, In fruticetis montanis : dj. Mouzala. 320 SÉANCE DU 14 Jurn 1889. Ogs. — C'est avec doute que j'ai placé cette plante uniflore dans le genre Allium, dont toutes les espèces ont les fleurs en ombelle ; mais elle me parait lui appartenir par son style gynobasique et pouvoir se ranger dans la section Molium Don. M. Reichnecker est d'avis qu'elle doit constituer un genre distinct. Je n'en ai trouvé que trois individus fleuris, le 2 avril 1871, en allant du lac au col de Mouzaia, sous les buissons, parmi les Viola Munbyana, Ranunculus spicatus, Tulipa fragrans, Allium Chamæmoly, Nar- cissus algirus, Leucanthemum glabrum, Potentilla micrantha, etc. Les nouvelles recherches faites par moi en 1874 et celles que j'ai fait faire en 1887, pour la retrouver, sont restées sans résultat. J'ai dédié cette espèce nouvelle à M. le président Letourneux, le savant explorateur de la Flore algérienne. Gagea Liottardi Rom. et Sch. var.? algeriensis (G. algeriensis À: Chabert in litt. et exsicc. 1876). Bulbis duobus tunica communi inclusis : folio radicali solitario tereti cylindrico fistuloso junciformi glabro scapum longe superante; scapo 1-3 floro; pedunculis simplicibus plus minusve hirsutis; peri- gonii phyllis oblongo-lanceolatis obtusis parce pubescentibus rarius glabris, e viridi-lutescentibus apice purpurascentibus ; staminibus peri- gonio tertia vel quarta parte brevioribus stylum subæquantibus ; cap- sula... ; foliis floralibus 2-3 suboppositis parce hirsutis vel glabris, infe- riore majore spathaceo floribus breviore. — Fl. martio. Hab. In declivibus herbosis prope urbem Aumale. Oss. — Le G. Liottardi a la feuille semi-cylindrique et non cylin- drique, égalant la tige ou à peine plus longue, les divisions du périgone glabres. Je n'ai pu trouver les fruits de la forme décrite qui offriront pro- bablement des caractéres spécifiques; car i| serait surprenant que le G. Liottardi, plante des Alpes de l'Europe centrale et des Pyrénées, se trouvàt dans unelocalité aussi chaude et aussi voisine du Sahara que l'est Aumale. M. Reichnecker m'écrit qu'il a observé en 1876, entre Saidah et Frendah, une plante semblable à la mienne et dans une station ana- logue. Muscari... MM. Battandier et Trabut dans leur Flore d'Alger, p. 156, ne signa- lent aux environs de cette ville que le M. comosum Mill. J'ai recueilli en 1876, sous les haies des chemins ombragés qui descendaient de la Casbah vers le faubourg de Bab-el-Oued, un Muscari ayant les feuilles planes du botryoides, mais plus larges et les fleurs bien plus grandes, etc. Aucun des ouvrages que j'ai consultés alors n'en donnait la description ; je ne veux pas la publier aujourd'hui d'aprés mes notes, mes échantil- CHABERT. — DEUXIÉME NOTE SUR LA FLORE D'ALGÉRIE. 321 lons ayant été détruits par les insecles. C'est en vain que j'ai recherché cette plante de 1886 à 1888. Les plantations d Eucalyptus l'ont fait disparaître; il est probable qu'elle se montrera de nouveau quand ces bois seront coupés. Ophrys iricolor Desf.; O. atlantica Munby. — Batt. et Tr. Fl. Alger, 200, atlas pl. 1 (optima). — Sur les coteaux au nord-est de Damiette et sur le Nador de Médéah. Narcissus serotinus L. var. emarginatus. — Perigonii laciniis pro- funde emarginatis fere bilobis haud apiculatis. — Fl. novembri. Avec le type dans les ravins au-dessous de Médéah. Narcissus algirus Pomel var. eminens. — Scapo 90-60 centim. alto, cylindrico sulcato; foliis quam in typo latioribus fere ensiformibus ; floribus 10-12 per paria dispositis, præcocioribus longius pedicellatis spatham longe superantibus. Dans les bas-fonds des ravins au-dessous de Lodi. Cette plante trés ornementale ne se distingue du N. algirus par aucun caractére impor- tant ; je n'ai pas vu le fruit mür. — var. discolor Batt. et Trabut, Fl. d'Alger, 177. — Environs d'Aumale. Cladium Durandoi. Culmus elatus rigidus angulosus foliosus, foliis latis linearibus (foliis sub inflorescentiam sitis 15 millim. latis), planis, margine dorsoque denticulato-scabris ; spiculis badiis unifloris anguste lineari-lanceo- latis acutis, 4 millim. longis, 3-6 in cimulas pedunculatas terminales corymbum latum bracteatum foliis destitutum efficientes congestis; glumis ovatis obtusis; stigmatibus duobus ; stylo basi inflato ; setis hypo- gynis nullis; utriculo fructifero ovato rostro brevi acuminato lævis- simo nitido fusco. — F1. julio. Dans les fossés à la Maison Carrée, prés d'Alger, où elle croit avec le C. Mariscus L. Je dédie cette espéce au doyen des botanistes algériens, M. le professeur Durando, qui l'a découverte en juillet 1870. L'inflorescence du C. Durandoi est corymbiforme; la tige se termine assez brusquement en donnant naissance à un grand nombre de pédon- cules triquétres d'autant plus longs qu'ils partent de plus bas. Les infé- rieurs atteignent 8 à 10 centim., tandis que les moyens en ont 4 à 5 et les supérieurs 2 ou 3. Ceux-ci portent les glomérules pédicellés des épillets ; ceux-là donnant naissance à des pédoncules secondaires longs de 4 à 6 centim. qui fournissent à leur tour des pédoncules tertiaires terminés par les glomérules. Les pédoncules moyens ne portent que des pédoncules secondaires. Il en résulte un vaste corymbe déprimé au centre. T. XXXVL (SÉANCES) 21 329 SÉANCE DU 14 JUIN 1889. et peu régulier. L'inflorescence est dépourvue de feuilles; chaque pé- doncule est engainé à la base par une bractée large, longuement acu- minée. Le C. Durandoi est tout à fait différent du C. Mariscus dont la tige est arrondie, les feuilles linéaires étroites, les épillets biflores oblongs réunis en capitules disposés en petites anthéles axillaires et terminales formant une panicule allongée et feuillée. Le C. giganteum Willk. Prodr. fl. hisp. 1, 136, Scirpus Martii Duf., se rapproche du Durandoi par sa tige triquétre et par la largeur de ses feuilles ; il s’en distingue par sa taille de 3 à 4 mètres, ses épil- lets ovales, ses anthèles axillaires disposées en une panicule feuillée très longue et atteignant 1 mètre de hauteur, etc. © Carex hirta L. — Lieux humides à Staouéli. Carex hordeistiehos Vill. — Le Rummel supérieur près de Constan- tine (Meyer). Carex ovalis Good. — Le Hamma, prés Alger (Meyer). Agrostis alba Schr. var. gigantea Mey. Chl. Hannov.; A. gigantea Gaud. — Lieux humides de la région montagneuse au-dessous d'Ain-el- Hammam (Kabylie). Cette forme atteint 2 métres à 27,50. Cheilantes odora Sw. — Rochers du Pont de l'Arch, prés Médéah. Asplenium Trichomanes L. — Même localité. Scolopendrium Hemionitis Lag. — Rochers ombragés et humides du mont Mouzaia, dans le ravin de l'Oued-el-Kebir. Pteris lanceolata Desf. — Même localité. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SUR LES VARIATIONS DE L'EAU DANS LES PÉRIANTHES, par M. EMERY. La loi suivant laquelle varie avec l'àge la quantité d'eau contenue dans une feuille quelconque, végétative ou florale, est trés complexe comme toutes celles d'ailleurs qui régissent l'organisation ou la vie. Chacune d'elles est une fonction de nombreuses variables indépendantes, dont on ne découvre que de loin en loin l'existence et le rôle. Il en résulte qu'on ne saurait procéder autrement, dans l'établissement de ces lois, que par des approximations successives qui ont pour effet de tendre indéfini- ment, sans jamais l'atteindre, vers leur expression compléte. Celle qui va nous occuper n'a pas échappé au sort commun à toutes. A l'ori- gine, on a posé en principe, en vertu d'une simple vue de l'esprit, el EMERY. — SUR LES VARIATIONS DE L'EAU DANS LES PÉRIANTHES. 323 comme une sorte d'axiome dont chacun par conséquent jugeait superflu de vérifier l'exactitude, que la quantité d'eau diminue dans la feuille de la naissance à la mort. Or, en biologie, rien de trompeur comme les axiomes : neuf fois sur dix, sinon toujours, ce sont des contre-vérités. ll existe ainsi dans la science, dont elles compromettent Ja marche en avant, une foule d'opinions fausses dont personne ne met en doute la véracité, et qu'on ne songe nullement à contróler, tellement elles sem- blent évidentes à priori. Elles se transmettent intégralement et telles quelles d’âge en âge comme des dogmes. C'est ce qui arrive à celle qui va m'occuper. En 1865,'dans ma thése de doctorat és sciences natu- relles, — « Du róle physique de l'eau dans la nutrition des plantes », — J'ai prouvé, — balance en main, — que chez les feuilles végétatives du Dlé et dela Féve, la quantité d'eau augmente à partir de la naissance, atteint un certain maximum, puis décroit ensuite jusqu'à la dessicca- tion compléte qui survient à la mort de l'organe. Ce résultat fut d'abord accueilli avec une incrédulité parfaite en vertu de l'axiome. Plus tard, des expérimentateurs allemands reprirent la question, arrivérent au résultat signalé par moi, et aujourd'hui la seconde approximation de la loi de variation de l'eau, telle que je l'ai formulée le premier, est généra- lementeadmise. Toutefois, il ne faut pas se faire d'illusion, ce n'est encore là qu'un à peu prés; je vais e prouver. ; A tout instant, la quantité d'eau contenue dans la feuille est la diffé- rence entre celle qui pénètre par absorption à sa base, et celle qui se dégage de la surface par transpiration. Or, absorplion et transpiration sont incessamment sujettes à des variations individuelles, les unes acci- dentelles et temporaires, les autres normales et permanentes. On voit dés maintenant à quel point la question se complique. Laissons de côté la transpiration, peut-être la moins mal connue des deux fonctions, tout le monde d'ailleurs en prévoit les effets, et occupons- nous exclusivement d'une influence généralement négligée. Je veux parler de l'entrave apportée à l’afflux de la sève par l'apparition plus ou moins tardive et l'extension plus ou moins rapide d'un tissu d'occlusion de nature subéreuse, orienté transversalement à l'organe. On sait depuis longtemps que, dans la vieillesse des feuilles caduques, il se forme à la base du pétiole un tissu subéreux de rupture, au niveau duquel s'opère spontanément la séparation de la feuille et du rameau générateur. C'est là d'ailleurs un cas particulier d'un phénoméne plus général en vertu duquel, toutes les fois qu'un tissu parenchymateux vivant est accidentellement ou normalement mis à nu, il se recouvre d'une formation subéreuse destinée, semble-t-il, à suppléer dans son office l'épiderme disparu. C'estlà un fait général, et, pour en étre témoin, il suffit d'amputer partiellement un limbe sur une plante quelconque, 324 SÉANCE DU 14 Juin 1889. maintenue en végétation. La plaie se ferme bientót à l'aide d'une forma- tion subéreuse. — Longlemps, on a regardé la naissance de ce tissu de rupture comme exclusivement propre à nos arbres feuillus. Il n'en est rien toutefois, et le fait est beaucoup plus général. D'abord, il se produit également, avec des variantes diverses, chez beaucoup d'autres espéces. L'immense groupe des Orchidées exotiques en fournit de nombreux exemples des plus démonstratifs. J'ai en ce moment, en culture dans mon laboratoire, entre autres plantes que je pourrais citer, un Cymbidium aloifolium dont les feuilles, longues, étroites et demi-charnues, possédent elles aussi un tissu de rupture, qui se développe non pas à la base de l'organe, mais à une certaine distance, dans une direction oblique au grand axe du limbe. Cette formation tranche nettement par son aspect, et surtout par sa teinte plus foncée, sur le parenchyme environnant. En second lieu, beaucoup de folioles florales, sépales et plus souvent pétales chez les périanthes dialypétales, se désarticulent le moment venu en vertu du méme mécanisme. Il existe dans ce cas, au point d'at- tache de l'onglet, un renflement plus ou moins prononcé, trés visible dans nombre d'espéces, la Tulipe, le Camellia, entre autres, où prend naissance le tissu de rupture. Le phénomène s'observe également chez beaucoup de périanthes gamophylles, comme chez la corolle des Kal- mia, etc., etc. Dans certaines espèces infère-ovariées, tel que le Fuchsia, ce n'est plus seulement la corolle, mais tout ce que surmonte l'ovaire, — périanthe, étamines et style, — qui se sépare du fruit. Il se produit d'ailleurs, sous ce rapport, de nombreuses variations spécifiques dans l'examen desquelles je ne puis entrer ici. Enfin, les axes caulinaires herbacés, surtout certains pédoncules, subissent normalement ou exceptionnellement la désarticulation spon- tanée. La souffrance, le malaise de la plante peut provoquer l'accident. Le phénoméne est bien connu pour les pédoncules des Abutilon et de l'Hibiscus Rosa-sinensis, et maintes fois jen ai constaté la réalité, notamment au moment même où j'écris. Chez ces espèces, la chute pré- maturée des fleurs se produit trés fréquemment dans nos serres au début de la floraison. Pour les Abutilon, les premiers boutons tombent quel- ques jours aprés leur apparition ; les suivants résistent mieux, grandis- sent davantage, mais tombent cependant avant leur épanouissement. Le moment vient pourtant où leur évolution se poursuit jusques et y compris celle dernière phase, mais la fleur se détache sans nouer son fruit, et ce n'est que beaucoup plus tard que ceux-ci se montrent, et parviennent à mürir, mais toujours, m'a-t-il semblé, en petit nombre. J'ai observé les mêmes phénomènes sur d'autres espèces, entre autres sur le Lavatera EMERY. — SUR LES VARIATIONS DE L'EAU DANS LES PÉRIANTHES. 325 acerifolia qui offre en outre cette particularité, — moins rare d'ailleurs qu'on semble le croire généralement, — que les premiers boutons qui ne tombent pas prématurément ne produisent que des fleurs cléistogames. L'Hibiscus Rosa-sinensis se comporte comme les Abutilon, avec cette. circonstance aggravante toutefois, — due sans doute à un défaut d'har- monie entre son organisation et le milieu artificiel où nous l'élevons, — qu'il ne parait jamais donner de graines fertiles dans nos cultures. J'ai essayé en vain la fécondation artificielle pour combattre cette impuis- sance, et je suis porté à croire que les graines de cette espèce que le commerce nous fournit sont de provenance exotique. En tous cas, si l'espéce fructifie parmi nous, le fait doit étre trés rare. L'observation et l'expérience m'ont d'ailleurs montré qu'on peut aisé- ment exagérer cette chute des boutons chez les espéces qui y sont natu- rellement sujeltes, ou la provoquer chez les autres par des actions de milieu, et notamment par de brusques variations dans un sens ou dans l'autre de la température, du degré d'humidité, etc., etc. Enfin, ce phénoméne est encore plus général que je ne viens de l'in- diquer, et tous les horticulteurs savent que (réquemment, sousles mémes influences, des axes feuillés se désarticulent par le méme mécanisme. Ces trés longs préliminaires nous fourniront des éléments indispen- sables à la juste interprétation de la loi des variations de l'eau dans les périanthes. Cette loi comprend deux phases : une premiére de gains suc- cessifs ; une seconde, de déperditions successives dans la teneur en eau. Pourquoi ces gains d'abord, ces pertes ensuite? Deux influences règlent l'étendue des premiers. C'est d'abord l'espace libre intracellulaire qui augmente peu à peu: dans la jeunesse, par le grossissement progressif de ces organismes ; plustard, par la diminution continue du protoplasma. D'autre part, c'est la puissance endosmotique qui croit pendant un certain temps, sous certaines influences sans doute et notamment par l'intervention du sucre. Il résulte de mes dosages, déjà assez nombreux, exécutés sur différentes espèces, que la quantité de sucre renfermée dans un pétale varie précisément dans le méme sens que l'eau; serait-ce là une simple coincidence fortuite ou bien une relation de cause à effet? La seconde hypothèse parait plus probable à priori. Ainsi le sucre, comme l'eau, augmente d'abord à partir de la nais- sance, puis diminue progressivement au delà d'un certain maximum. Laissons pour le moment de côté pour y revenir dans une autre circon- stance la question de l'origine de ce sucre, et retenons seulement ce fait que ce dernier doit attirer d'autant plus énergiquement l'eau dans l'or- gane qu'il est lui-méme plus abondant. Voilà pour la premiére phase du phénoméne; la seconde, celle des déperditions successives d'eau, s'explique tout aussi aisément. 326 SÉANCE DU 14 Jurin 1889. L'eau diminue continuellement dans l'organe parce que, durant cette dernière phase de la vie du pétale, les pertes par transpiration restent supérieures aux gains par absorption. Le ralentissement de plus en plus prononcé de celle-ci tient à l'apparition, puis à l'extension gradueile du tissu subéreux obturateur. Ce dernier tissu entrave d'abord et finalement intercepte à peu prés complètement l’accès de l'eau et celle du sucre, la substance osmotrice par excellence, toutes les fois que celle-ci tire son origine du dehors et non de la saccharification sur place de l'amidon. Ces considérations préliminaires vont nous faire comprendre la signi- fication des résultats obtenus dans les dosages d'eau que je vais mainte- tenant résumer aussi brièvement que possible. Le mode opératoire est du reste trés simple. Deux pesées successives du méme organe, pris d'abord à l'état frais, puis aprés un séjour de dix à quinze jours dans une étuve chauffée à 40 degrés environ, donnent par différence la teneur en eau de l'organe, en négligeant toutefois les pertes dues à d'autres causes. De mes déterminations, exécutées au printemps de l'année dernière, je ne rapporterai que celles faites sur trois espéces : le Safran printanier (Crocus vernus) ; la Tulipe des fleuristes (Tulipa Gesneriana); la Jacinthe d'Orient (Hyacinthus orientalis). I Safran printanier. L'extréme facilité avec laquelle on peut éveiller ou endormir les fleurs de cette espéce sommeillante, ainsi que la grandeur de ses périanthes, m'ont eugagé à expérimenter sur elle. Tout le monde connait du reste le mode de végétation et de floraison de ces plantes, mode que nous allons sommairement rappeler ici pour l'intelligence de ce qui va suivre. Sur le bulbe solide se forment des bourgeons qui, en s’épanouissant, émettent d'abord un certain nombre de gaines scarieuses et blanchâtres d'ou sort un faisceau de feuilles vertes, longuement et étroitement aci- culaires. Au début, le bouton est caché par les feuilles; plus tard, celles-ci s'écartent les unes des autres en grandissant, et le bouton se soulève et se dégage. Il est alors complétement enfermé dans une sorte de chemise pelure oignon et translucide, la spathe, à travers laquelle le périanthe recoit l'impression solaire et se colore promptement. D'ailleurs, la lumiére n'est pas indispensable à la genése de la matiére colorante, qui se forme également à l'obscurité, mais acquiert moins d'intensité. Enfin, la spathe se fend longitudinalement en plusieurs languettes, le bouton devient libre et s'épanouit. Le tableau ci-dessous résume les déterminations faites : NUMÉRO PROPORTIO? de DATE Mure OBSERVATIONS l'expérience DEAU Variété à fleurs jaunes. 1888 1 12 févricr 85,13 % Début de la floraison. 2 14 février 19,90 9/o Fin de la floraison. Variété à fleurs violettes. 2 29 février 86,36 9/; Début de la floraison. 4 Id. 93,27 9/o En cours de floraison. 5 16 mars 92,714 9/o Fin de la floraison. II Tulipe des fleuristes. Les périanthes, dialyphyles, sont sommeillants, mais moins sensibles que les précédents aux agents dn sommeil et du réveil. Premier cas. — Végétation normale. DATE : M NOM D PROPORTION OBSERVATIONS d'ordre | DE LA VARIÉTÉ l'expérience D'EAU 1888 1 Ophir d'or...| 11 avril | 86,169/; | Bouton vert. 9? | Blanche...... 13 février! 86,539/, | Bouton prêt à s'ouvrir. 3 | Rouge..... .. 10 février| 86,85% | Id. 4 | La Candeur..| 44 avril | 87,07 °% | Epanouie pour la première fois ce jour. 5... | Rouge... :.:. 24 février! 88,85 | État de sommeil aprés plu- sieurs épanouisssements. p | Marlo S 27 avril | 88,54, | En cours d'épanouissement ; état de veille. 1 nc s ; Id. 88,529/, | En cours d'épanouissement ; état de veille. 8 Rouge. .... 8 mars | 87,890, | En cours d'épanouissement ; état de veille. 9 Méme variété. Id. 87,62 0/0 | En cours d'épanouissement ; état de veille. 10 | Ophir d'or...| 27 avril | 85,63°% | Folioles se ramollissant. 11: | Blanche ..... 12 mars | 85,61 °/% | Le périanthe se fane. 328 SÉANCE DU 14 JUIN 1889. Ce tableau met bien en évidence la loi énoncée. Les boutons débutent par 86 pour 100 d'eau en nombre rond; peu à peula proportion d'eau augmente jusqu'à un maximum voisin de 89 pour 100. Au delà, elle dimi- nue et devient inférieure, à la fin, à celle du début. La loi se trouve donc vérifiée pour la Tulipe dans les conditions nor- males de végétation. Mais il y aurait un intérêt évident, pour cette espèce comme pour toute autre, à rechercher ce que cette méme loi devient dans les autres milieux compatibles avec la vie du protoplasma. Celte étude permettrait de tracer la ligne de démarcation entre la matière vivante et la matiére brute, et d'établir la distinction entre ces deux modes d'activité de la matière. Dans la question spéciale qui nous occupe, celle de l'imbibition, nous savons que la matiére, dans ces deux états, est perméable à l'eau ; mais l'est-elle dansles deux cas de la méme facon et au méme degré ? Tout corps brut plongé dans l'eau ou dans une atmosphére chargée de vapeur d'eau absorbe celle-ci et s'imbibe. Mais l'aptitude à l'imbibition varie avec la nature du corps. En est-il de méme pour l'étre vivant, et celui-ci se comporte-t-il en outre autrement que celui-là sous ce rap- port? Le moment semble venu d'aborder ces questions, et, pour y répondre, il faut varier les milieux. C'est ce que j'ai commencé à faire. Je n'ai pu encore qu'effleurer un sujet aussi vaste et aussi complexe, et les quelques résultats, — en nombre bien insuffisant, — que je vais rappor- ter au sujet de la Tulipe et de la Jacinthe ne sont que des jalons plantés un peu à l'aventure sur ces voies inexplorées. A priori, on peut faire varier le degré d'imbibition en modifiant l'énergie de l'absorption et de la transpiration. Et comme d'autre part la radiation solaire exerce une influence manifeste sur celle-ci, j'ai été conduit à expérimenter trois milieux : atmosphère confinée et éclairée ; atmosphére confinée et obscure; submersion partielle ou totale. 1° Végétation dans une atmosphère confinée et éclairée. Le 23 mars 1888, on pose sur un plan de verre dépoli et douci, à côté d'un cristallisoir contenant de l’acide sulfurique concentré, un pot dans lequel végétent deux oignons de Tulipe dont les boutons sont préts à s'épanouir pour la première fois. On recouvre le tout d'une cloche de verre rodée et fixée au suif. L'acide sulfurique enlevait l'excés d'humi- dité sans dessécher complétement l'air intérieur, car de l'humidité se déposait sur la paroi interne de la cloche. Le 28 mars, les fleurs, largement ouvertes depuis le matin, ont leurs folioles rouges avec une bordure jaune. Trois pétales internes de l'une des fleurs contiennent à ce moment 89,67 pour 100 d'eau. EMERY. — SUR LES VARIATIONS DE L'EAU DANS LES PÉRIANTHES. 329 Le 31 mars, les trois autres pétales de la méme fleur renfermaient 90,81 pour 100 d'eau. Le 2 avril, le périanthe de la seconde fleur approche du terme de son existence, et depuis plusieurs jours ses folioles restent immobiles à l'état d'épanouissement ou de veille. Deux pétales externe et un interne, réunis, fournissent une proportion d'eau de 94,93 pour 100. Enfin, le 4 avril, il ne reste plus que deux pétales, — le troisième étant tombé, — qui contiennent 94,22 pour 100 d'eau. En résumé, les proportions d'eau ont été beaucoup plus fortes que dans l'état normal, et elles n'ont cessé de croître depuis l'épanouisse- ment jusqu'à la chute des pétales, étant successivement : 89,67, — 90,31, — 91,93, — 94,22. Cette expérience a donné lieu en outre à une observation — con- firmée d'ailleurs pour d'autres espéces dans des circonstances analogues — et qui montre une fois de plus que le mécanisme de la déhiscence des anthéres est tout autre que celui de l'épanouissement des corolles, puisque celles-ci se sont ouvertes comme à l'ordinaire, tandis que les an- théres sont restées closes. Le fait ne tient pas à l'arrét de développement de ces derniéres, car en les détachant, lors de l'épanouissement des fleurs, et en les abandonnant à l'air libre, elles ne tardaient pag à s'ou- vrir à la facon ordinaire. C'est que, — on le sait, — la déhiscence des anthéres est un simple effet de dessiccation, au lieu que l'épanouissement des corolles est un phénomène d'imbibition, inverse par conséquent du premier. 2° Végétation dans une atmosphère confinée et obscure. Le 9 janvier 1888, on met en végétation, dans la terre d'un pot ordi- naire sur lequel on renverse un plus grand pot vide, deux oignons. Les fleurs s'ouvrent pour la première fois le 2 avril; elles sont doubles, et présentent un aspect insolite dà à ce que les folioles internes sont seules colorées en rouge, les externes étant restées blanches. On trouve dans l'un des périanthes, le seul expérimenté, 84,56 pour 100 d'eau, moins par conséquent qu'en végétation normale oü, à ce moment de l'épanouissement, nous avons précédemment dosé 87 pour 100 d'eau en nombre rond. 3° Végétation en submersion partielle et à la lumière. Le 23 mars 1888, on renverse un pot contenant deux Tulipes, — va- riété à fleurs jaunes, — dont les boutons vont bientôt s'épanouir. On le maintient dans cette position et de facon que le$ hampes seules plongent dans l'eau d'un vase en verre. D'un jour à l'autre, les hampes tendent de plus en plus à se redresser par une flexion lente et continue qui se 330 SÉANCE DU 14 JuIN 1889. manifeste dans le voisinage du réceplacle; mais on ajoute de l'eau, quand il est nécessaire, pour maintenir les hampes submergées. Le 24 mars, les boutons s'épanouissent, et continuent de vivre, malgré la submersion, en s'ouvrant et se fermant allernativement comme dans l'air. Les trois pétales externes des fleurs, détachés le 27 mars, contiennent alors 88,10 pour 100 d'eau. Durant l'expérience on avait maintenu humide la terre du pot. \ 4 Végétation en submersion totale et à la lumière. La principale difficulté, dans ces conditions, n'est pas de nourrir la plante, — les aliments de réserve de l'oignon y pourvoient, — mais de la faire respirer dans cette eau stagnante. J'y parviens aisément en pul- vérisant sous l'eau, à l'aide d'un injecteur spéeial, un courant continu d'air comprimé à 2-3 atmosphéres. Malheureusement, cette puissante aération a le grave inconvénient de suractiver le développement des Conferves qui s'attachent aux plantes en expérience, les recouvrent, entravent leur développement et finalement les font mourir préma- turément. Aussi mes tentatives de culture ont-elles été malheureuses à l'exceptien d'une seule. Un oignou cultivé en pot, et submergé le 9 avril 1888 alors que le bouton était encore vert, a épanoui pour la première fois sa fleur le 17 avril. Le lendemain on a retiré la plante de l'eau; les pétales commencaient à se colorer en jaune et en rouge, en sorte qu'ils étaient de trois couleurs : vert, jaune et rouge. Ils renfermaient à ce moment 92,93 pour 100 d'eau. TITI Jacinthe d'Orient. Plusieurs motifs m'ont fait choisir ce type parmi les autres espèces non sommeillantes. Ses fleurs, bien qu'assez grandes, sont nombreuses sur la même grappe; elles vivent longtemps, et se dessèchent sur pied en restant épanouies. Ces circonstances permettent à tout instant d'avoir sur la méme hampe; et par conséquent dans des conditions aussi identiques que possible, des fleurs d'âges notablement différents. 1° Végétation normale, EMERY. — SUR LES VARIATIONS DE L'EAU. DANS LES PÉRIANTHES. 331 Première série. — Fleurs de différents âges prises au méme instant sur la méme inflorescence. Nine NATURE ÉTAT DE LA FLEUR de | DATE dd [r.c TON 0 FRE OBSERVATIONS fe E En voie s : l'expér. VARIÉTÉ Bouton 23 AE Epanouie d’ épanouissem 1888 1 |11 avril FI. rouges.. . .|85,33 9/o d'eau 86,82 9/5 | 88,19 9/o 2 |192 avril |F]. blanches. . » 83,69 %% | 86,27 % Deuxième série. — Fleurs cueillies à des époques différentes sur la méme inflorescence. ex 10 mars 21 mars 11 mars 21 mars HS reu... FL. couleur chair » 11 mars |Fl. bleues... 24 mars » > » 86,95 ?/o » » » » » ) D 87,64 ° » ) 4^ » 90,24 0/0 91,32 % 91,80 % 91 ,25 70 Fin de l'épanouis- sement, Épanouies de la veille. » Fin de l'épanouis- sement. 2^ Atmosphére confinée et éclairée; appareil analogue à quelques légéres variantes prés à celui précédemment décrit. Numéro de l'expér. — DATE | NATURE | DATE : DU DÉBUT de la du eic OBSERVATIONS de l'expérience! VARIÉTÉ | nosace | ÉPANOUIE 1888 24 mars | Fl. roses.| 24 mars | 92,380) | Fl. épanouies de la veille. » » 3 avril | 93,94% » 25 mars | Fl. bleues! 25 mars | 90,11 % | Fl. épanouies le 23. > » 4 avril | 91,99% » » » 9 avril | 90,74 9/, | Fl. commençant à sécher et à brunir. 332 SÉANCE DU 14 Juin 1889. 3° Atmosphère confinée et obscure ; appareil identique à celui précé- demment décrit. de DATE de la apu PAE OBSERVATIONS EIS n voie ; s l'expér. VARIÉTÉ | Bouton |, — . | Epanouie d’épanouisst 1888 1 |16 mars |Fleurs roses. | 89,94 0/0 » 91,909/,] Fleurs épanouies de- puis plusieurs jours. 28 mars > » » 92,930 | Fl. de la méme hampe que les précédentes. 2 |16 mars |. bleues. » > 92,029/,| Fl. épanouies depuis longtemps. 4 Submersion totale. Première expérience. — Le 29 mars 1888, submersion d’une Jacinthe à fleurs rouges, cultivée en pot. À ce moment les boutons sont entière- ment verts. Le 9 avril, début de la floraison; ces fleurs, complètement épanouies le 11, contiennent alors 90,28 pour 100 d’eau. Deuxième expérience. — Le 9 avril 1888, submersion d’une Jacinthe à fleurs blanches, cultivée en pot. Les boutons sont entièrement verts. ÉTAT DE LA FLEUR DATE | rn OBSERVATIONS de lotti En voie ; : le l'expérience Bouton je : Epanouie d'épanouissem* 1888 13 avril 90,56 9/o » 93,18/ | Fl. épanouies depuis la veille. 23 avril > » 95,55 9/; | Les périanthes entrent en dé- composition. Il résulte de l'ensemble de ces dosages que la loi des variations de l'eau présente deux cas pour les plantes terrestres, suivant que celles-ci végélent dans les conditions normales ou bien dans un milieu saturé d'humidité. Dans le premier cas, la loi est telle que nous l'avons énon- cée, ayant pour caractéristique un maximum d'imbibition correspondant à une phase moyenne de la vie du périanthe. Dans le second cas, il n'existe point de maximum et le poids relatif de l'eau croit sans cesse depuis le début de l'épanouissement jusqu'à la décomposition des périanthes, ma- niére d'étre facile à prévoir étant données les explications précédentes. DOÜMET-ADANSON. — SUR UN SAPIN HYBRIDE. 333 M. Doümet-Adanson fait à la Société la communication sui- vante : NOTE SUR UN SAPIN HYBRIDE, par M. DOUMET-ADANSON. Vers 1878, mon oncle, M. Anacharsis Doümet, fit relever au pied d'un grand Abies Pinsapo, qui fructifiait depuis plusieurs années, un certain nombre de jeunes plants venus spontanément; ces jeunes sujets furent repiqués et plantés ensuite à demeure sur divers points du parc de Daleine (Allier). Trois d'entre eux, placés à cóté les uns des autres, prospérérent rapidement; mais, sur les trois, un seul prit nettement le caractère du Pinsapo, tandis que les deux autres présentaient la dispo- silion distique des feuilles des espèces du groupe de l'Abies pectinata ; c'est-à-dire que, au lieu d’être implantées en spirale autour de la branche comme dans le Pinsapo, elles restèrent placées horizontalement sur ua seul rang de chaque cóté du rameau. Frappé de cette dissemblance si marquée, et en dépit des affirmations absolues et réitérées du jardinier qui avait procédé à l'arrachage des jeunes plants, je demeurais convaincu qu'il y avait eu confusion de sa part, quetous ces jeunes arbres n'avaient pas la méme origine et queles uns provenaient du Pinsapo, et les autres d'un Abies pectinata. Ma conviction devenait de plus en plus forte, lorsque, il y a trois ans (1887), je fus étrangement surpris de voir se développer sur l'un des deux sujets ayant la forme et les caractères du pectinata et sur un seul rameau latéral, une véritable jeune pousse de Pinsapo, caractérisée par des feuilles charnues, rigides, et disposées en spirale tout autour de la jeune branche. L'année suivante, cette ano- malie, que j'avais d'abord attribuée à une piqüre d'insecte, s'accentua encore plus par le prolongement du rameau et la production de ramilles secondaires ayant toujours le caractère du Pinsapo. Enfin cette année (1889), la troisième, le rameau anormal a continué sa croissance en conservant toujours le méme caractère. En présence de la persistance de celte anomalie, j'étudiai plus atten- tivement les feuilles normales de mes deux jeunes sujets et je m'ap- perçus bientôt que celles-ci, au lieu de présenter comme dans toutes les espéces se rapportant au groupe Pectinata (A. pectinata, A. cilicica, A. Nordmanniana, A. amabilis, A. balsamea, A. Fraseri, eic.), deux pointes plus ou moins obtuses à leur extrémité, se terminaient par une seule pointe trés acuminée, ce qui aurait plutót rapproché mes jeunes sujets de PA. cephalonica, mais n'expliquait pas l'apparition spontanée du rameau anormal ayant le caractère du Pinsapo. Du reste, mes A. cephalonica n'ayant encore jamais fructifié, je ne pouvais admettre 334 SÉANCE DU 98 JUIN 1889. que ces jeunes plants relevés il y a onze ans pussent provenir de graines de cetle espéce. D'autre part, il existe un groupe d'A. pectinata à proximité du Pin- sapo au pied duquel mes jeunes plants ont été arrachés. Je crois donc pouvoir avancer que les deux sujets en question sont le produit d'une hybridation naturelle entre le Pinsapo (cône femelle) et PA. pectinata (pollen), auquel ils auraient emprunté la disposition distique des feuilles tout en conservant le caractère unifide du Pinsapo. L'apparition spon- tanée du rameau ayant tous les caractéres de ce dernier serait donc, non pas un cas de dimorphisme accidentel, mais un cas d'atavisme qui témoignerait de l’origine commune des graines d’où sont sortis ces deux sujets en méme temps que de vrais Pinsapo, ceux-ci en plus grande abondance. M. de Vilmorin dit qu'il a obtenu un hybride d'Ab?es Pinsapo et d'A. cephalonica, ce dernier ayant fourni le pollen. La plante issue des graines obtenues de ce croisement a fleuri l'an dernier; elle se rapproche plus de l'A. cephalonica. Il est à remarquer que généralement, dans les Sapins, les feuilles sortent de toute la péri- phérie de la tige; dans quelques espèces, telles que l'A. pectinata, les feuilles sont reportées à droite et à gauche comme si elles étaient distiques. SÉANCE. DU 28 JUIN 1889. PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE. M. H. de Vilmorin, président, se fait excuser de ne pouvoir assister à la séance. En l'absence des Vice-Présidents, M. Roze, membre du Conseil d'administration, prend place au fauteuil. M. Costantin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 juin, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. Rouy dit que l'Equiselum littorale Kuhl. existe aussi à Montebourg (Manche) d’après Lebel et à l'embouchure du Var (Alpes-Maritimes) d'aprés Shuttleworth. Ces indications portent à quatre le nombre des localités connues en France jusqu'à ce jour de cette intéressante espèce. BRUNAUD. — CHAMPIGNONS DES ENVIRONS DE SAINTES. 335 M. le Président annonce à la Société qu'elle a fait une perte trés regrettable dans la personne de M. Jules Buffet, pharmacien, décédé le 18 juin, à Paris, dans sa cinquante-cinquiéme année. M. Roze ajoute : Je crois devoir rappeler que l'on doit à M. Buffet la découverte de plusieurs localités nouvelles d'espéces rares de la flore parisienne. Il mettait, du reste, tous ses soins à la préparation d'un herbier qui comprenait à la fois les plantes vasculaires de l'ile de Ré et celles des environs de Paris. Il y avait joint une collection de types intéressants, surtout au point de vue botanique : c'était lherbier que Massey, le collaborateur de Mirbel, avait composé de tous les végétaux qu'il cultivait dans les Jardins et les Pépiniéres de Trianon sous le régne de Charles X. Faisant partie de notre Compagnie depuis 1856, naguére un des plus fidéles . aux séances de la Société et continuant à s'intéresser à nos travaux lorsque l'affaiblissement de sa santé ne lui permettait plus d'y prendre part, d'une grande modestie et appelé deux fois, presque malgré lui, par les sympathies qui l'entouraient, aux fonctions de vice-président, puis de membre de notre Conseil d'administration, Jules Buffet était un excellent confrére et un homme de bien, et sa disparition prématurée laisse d'unanimes regrets à tous ceux qui l'ont connu. M. le Secrétaire général a écrit une lettre de condoléance à M7* veuve Buffet, au nom du Conseil d'administration. M. Malinvaud donne lecture du mémoire suivant : CHAMPIGNONS A AJOUTER A LA FLORE MYCOLOGIQUE DES ENVIRONS DE SAINTES (3* série); par M. Paul BRUNAUD. Collybia ingrata Schm. — A terre, sous les Conifères. — Saintes. Coprinus exstinctorius (Bull.) Fr. — Dans les crevasses des troncs des vieux Ormeaux. — Rochefort, Saintes. Uromyces Scillarum (Grev.) Wint. — Sur les feuilles du Muscari comosum et du Muscari monstruosum.— Saintes, ‘Fouras, Rochefort (Jardin botanique). Puccinia oblongata (Link) Wint. — Sur les feuilles du Luzula Fors- teri. — Fouras, Saintes, Fontcouverte, Pessines, Chaniers. OEcidium punctatum Pers. — Sous les feuilles de l'Anemone coro- naria et de l'Anemone cyanea. — Saintes, Rochefort. OEcidium Ranunculacearum DC. p. part.; Wint. — Hypophylle sur les feuilles du Ranunculus Philonotis. — Beaugeay. 336 : SÉANCE DU 28 JUIN 1889. Peziza Acetabulum L. var. retigera P. Brun. (Cupule réticulée exté- rieurement). — À terre, dans les bois sablonneux. — Fouras. Peziza ancilis Pers. — À terre, dans les bois, les friches, les allées: des jardins. — Fouras. Peziza reticulata Grev. — À terre, dans les champs. — Saint- Agnant. Cystopus eandidus (Pers.) Lév. — Sous les feuilles de l'Alyssum campestre. — Fouras. Synchytrium Anemones (DC.) Wor. — Sous les feuilles de l’Ane- mone coronaria et de l Anemone cyanea. — Rochefort. Anthostomella Tomicum Lév. — Surles chaumes morts du Juncus acutus. — Fouras. Anthostoma gastrinum (Fr.) Sacc. — Sur les branches mortes du Frazinus excelsior. — Saintes. Gnomoniella Hippocastani P. Brun. — Périthéces épars ou rap- prochés, quelquefois confluents, couverts, subglobuleux, renflant l'écorce en forme de pustule, à contexture d'un violacé bleuâtre, à ostioles assez épais à la base, exserles, allongés, dépassant quelquefois 1/2 millim., bruns. Théques claviformes ou subclaviformes, atténuées inférieurement en pédicelle, long. 50-55 (p. s. 38-42), larg. 6 1/2-7, octospores. Spo- ridies obliquement réunies, distiques ou tristiques, fusiformes-allongées, continues, droites ou subdroites, guttulées ou granuleuses, hyalines, long. 14-15, larg. 2-2 1/2. — Sur les pétioles tombés de l'ZEsculus Hippocastanum. — Saintes, Pessines. — Affine à Gnomoniella Brunau- diana Passer., dont il se rapproche beaucoup par la forme des théques et des sporidies, mais dont il différe surtout par les périthéces plus gros et les ostioles plus épais et plus longs. Pleospora herbarum (Pers.) Rabh. — Sur les tiges mortes des Dahlias cultivés, du Mentha rotundifolia et du Marrubium vulgare. — Saintes. Ophiobolus vulgaris Sacc. — Sur les tiges mortes du Lepidium graminifoliwm. — Saintes. Phyllosticta Saniculse P. Brun. — Taches irrégulières, brunes. Périthèces épars, punctiformes, noirs. Sporules ovoïdes, oblongues, long. 6 1/2-1, larg. 2 1/2, hyalines. — Sur les feuilles du Sanicula europea. — Saintes, Pessines. Phyllostieta Epilobii P. Brun. — Taches'arrondies, petites, blan- chàtres, à bordure d'un brun clair. Périthéces épars, couverls, puis érumpents, punctiformes, brunàtres. Sporules oblongues, biguttulées, BRUNAUD. — CHAMPIGNONS DES ENVIRONS DE SAINTES. 331 hyalines, long. 7, larg. 2 1/2. — Sur les feuilles de l'Epilobium hirsu- tum. — Saintes. Phoma Pseudacacize Sacc. — Sur les branches mortes du Robinia Pseudacacia. — Saintes, Fouras. Phoma pulicaris Sacc., Reliq. Lib. H, n° 211. — Sur les branches mortes du Sambucus nigra. — Mortagne-sur-Gironde. Phoma Chzenomeles P. Brun. — Périthéces nombreux, épars ou rap- prochés, couverts, puis érumpents, globuleux-déprimés, noirs perforés. Sporules fusoides, biguttulées, long. 10-12, larg. 3-3 1/2, hyalines. — Sur les tiges mortes du Chænomeles japonica. — Pons. Phoma Amelanchieris Cook. — Sur les branches mortes de l'Ame- lanchier vulgaris. — Pons. Phoma Sumaeis P. Brun. Splierops. p. 14 form. Spirszeze P. Brun. — Sporules long. 3 1/2-4, larg. 2 1/2. — Sur les branches mortes du Spirea sorbifolia. — Saintes, Pons. Phoma viniferze Cook. — Sur les sarments morts du Vitis vinifera. — Saintes, Pons. Phoma Fuchsise P. Brun. — Périthèces épars ou rapprochés, petits, noirs, globuleux, perforés, érumpents à peine. Sporules oblongues-allon- gées, hyalines, biguttulées, long. 10-12, larg. 3. Sur les branches mortes du Fuchsia coccinea cultivé. — Saintes. — Leslignes noires qui existent sous l'écorce semblent indiquer que ce Phoma est la spermo- gonie d'un Diaporthe. Phoma depressa (Lév.) Sacc. form. minor P. Brun. — Sporules long. 6-8, larg. 2 1/2. — Sur les fruits desséchés du Syringa vulgaris, variété dite Lilas Charles X. — Saintes, Pons. Phoma Friesii P. Brun. — Périthèces espacés, couverts, puis érum- pents, libres aprés la chute de l'écorce, enfoncés dans le bois, coniques ou subglobuleux, noirs, luisants. Sporules subovoides, petites, hyalines, continues, long. 4 1/2-6, larg. 3-4. — Sur les branches mortes du Ligus- trum ovalifolium. — Saintes. — Avec Melomastia Friesii Nke. Phoma glandulosa Cook. form. santonensis P. Brun. — Sporules _oblongues, biguttulées, long. 5-7, larg. 3, hyalines. — Sur les pétioles de l'Ailanthus glandulosa. — Saintes. : Phoma eryngiicola P. Brun. — Périthèces épars ou rapprochés, couverts par l'épiderme noirci, blancs intérieurement, subglobuleux, à ostiole émergeant à peine. Sporules cylindriques-oblongues, hyalines, continues, à deux gouttelettes, long. 10, larg. 3. — Sur les tiges mortes de l'Eryngium campestre. — Saintes. T. XXXVI. (SÉANCES) 22 338 SÉANCE DU 28 Juin 1889. Phoma Marrubii (Dur. et Mont.) Sacc. form. santonensis P. Drun. — Périthéces épars ou rapprochés, globuleux, noirs, couverls, à ostiole conique-aigu, érumpent. Sporules fusiformes ou oblongues-subfusiformes, à deux gouttelettes, hyalines, long. 9-10, larg. 3. — Sur les tiges mortes du Marrubium vulgare. — Saintes. Phoma herbarum West.— Sur les tiges mortes d'un Dégonia tuber- culeux hybride, de l'Odontites serotina. — Saintes, Pessines. — form. Parietariæ P. Brun. — Périthèces épars, globuleux-dépri- més, noirs, petits, couverts, puis érumpents. Sporules ovoides, hyalines biguttulées, long. 7, larg. 3. Basides? — Sur les tiges mortes du Parie- taria officinalis. —- Pons. Phoma juncicola P. Brun. — Périthéces nombreux, coniques, trés petits, noirs, érumpents. Sporules ovoides, hyalines, continues, long. 4-5, larg. 2 1/2-3. — Sur les chaumes morts du Juncus acutus. — Fouras. Phoma fimeti P. Brun. — Périthéces épars, sae has trés petits. Sporules ovoides, hyalines, continues, long. 4-5, larg. 2-2 1/2.— Sur des crottes de mouton. — Fouras. Maerophoma Ailanthi P. Brun. — Périthèces disposés parallèlement, rapprochés, linéaires, innés, puis érumpents en fente. Sporules ovales- oblongues, long. 14, larg. 7-8, hyalines, à deux gouttelettes. Basides fili- formes, arquées au sommet, long. 25-30. — Sur les pétioles de l'Ailan- thus glandulosa. — Saintes. Dendrophoma juglandina Schultz. et Sace. — Sur du bois pourri de Juglans regia. — Mortagne-sur-Gironde. Asteroma Phaseoli P. Brun. — Taches arrondies ou subarrondies, éparses, quelquefois confluentes, d’un brun-noir, à fibrilles plus claires, longues, quelquefois ramifiées. Périthéces peu nombreux, épars, globu- leux, érumpents, Sporules oblongues, long. 3-4, larg. 2 1/2, hyalines.— Sur les légumes desséchés du Phaseolus vulgaris. — Pessines. Sphæropsis Cereidis P. Brun. — Périthèces nichés profondément dans l'écorce, d'abord couverts, puis érumpents à peine, coniques-tron- qués, perforés, noirs, grisàtres intérieurement. Sporules oblongues d'un olivacé clair, continues, à deux gouttelettes ou granuleuses, long. 17-18, larg. T. — Sur les branches mortes du Cercis Siliquastrum. — Saintes. Coniothyrium Ribis P. Drun. — Périthéces rapprochés ou subagré- gés, érumpents, globuleux, noirs. Sporules oblongues, non guttulées; oué long. 8-10, larg. 3-3 1/2. — Sur les branches ir du Ribes floridum. — Saintes. — Affine à C. olivaceum Bonord. BRUNAUD. — CHAMPIGNONS DES ENVIRONS DE SAINTES. 339 Diplodia Ribis Sacc. form. aurei P. Brun. Sphærops. p. 33. — Sur les branches mortes du Ribes floridum. — Saintes. Diplodia herbarum (Cord.) Lév. var. Marrubii P. Brun. — Péri- thèces épars, globuleux. Sporules oblongues ou ovales-oblongues, 1-sep- tées, rétrécies au milieu, fuligineuses, long. 22-28, larg. 12-15. — Sur les tiges mortes du Marrubium vulgare. — Saintes. Diplodina Vitis P. Brun. — Périthéces épars ou rapprochés, érum- pents à peine, globuleux, noirs, perforés. Sporules oblongues-allongées, hyalines, 1-septées, non rétrécies à la cloison, long. 15, larg. 5-5 1/2. — Sur les sarments morts du Vitis vinifera. — Saintes. Diplodina Humuli P. Brun. — Périthèces épars, érumpents, globu- leux ou globuleux-déprimés, noirs, perforés. Sporules subfusiformes, hyalines, 1-septées, non ou à peine rétrécies à la cloison, long. 15-18, larg. 2 1/2-3. — Sur les tiges mortes de l Humulus Lupulus. — Saintes. Diplodina Parietarize P. Brun. — Périthèces rapprochés, couverts, puis érumpents, oblongs ou subglobuleux, d'un brun noir, se déprimant à la fin. Sporules subfusiformes, 1-septées, hyalines, long. 15, larg. 31/2. — Sur les tiges mortes du Parietaria officinalis. — Pons. Hendersonia sarmentorum West. — Sur les branches mortes du Spiræa crenata. — Pons. Hendersonia ambigua P. Brun. — Périthèces épars ou rapprochés, couverts, puis érumpents, globuleux-déprimés, noirs, perforés. Sporules oblongues, d'un brun-jaunátre, 3-septées, rétrécies aux cloisons, long. 15- 18, larg. 4 1/2-5. — Sur les branches mortes de l'Amelanchier vulga- ris, du Spirea sorbifolia, sur les sarments du Solanum Dulcamara. — Saintes, Pons. — Diffère de l'Hendersonia sarmentorum West. par la longueur des sporules. Affine à H. sarmentorum var. laurina Cook. Hendersonia syringæcola P. Brun. — Périthéces épars ou rappro- chés, petits, noirs, couverts, puis érumpents, globuleux ou globuleux- déprimés, perforés. Sporules oblongues, long. 18, larg. 8-9, 3-septées, peu rétrécies aux cloisons, jaunes ou légèrement fuligineuses. — Sur les fruits desséchés du Syringa vulgaris, variété dite Lilas Charles X. — Pons. Hendersonia Marrubii P. Brun. — Périthèces épars, globuleux, noirs, perforés. Sporules brunes, 3-septées, rétrécies aux cloisons, long.14, larg. 5. — Sur les tiges mortes du Marrubium vulgare. — Saintes. Septoria media Sacc. el P. Brun. — Taches arrondies, éparses, parfois confluentes, brunes, blanchissant au centre à la fin, à marge d'un noir sanguin. Périthéces peu nombreux, punctiformes, noirs. Sporules 340 SÉANCE DU 28 jviN 1889. filiformes, flexueuses, granuleuses, hyalines, long. 50-55, larg. 1. — Sur les feuilles de l'Euphorbia palustris. — Saintes. — Diffère du S. Kal- chebrenneri Sacc. par la couleur de ses taches. Leptothyrium culmigenum Sacc. et P. Brun. — Périthèces épars ou rapprochés, disciformes, un peu convexes, noirs, subastomes. Sporules ovales-oblongues, hyalines, long. 3, larg. 1 4/2. — Sur les chaumes du Bambusa arundinacea. — Saintes. Leptothyrium Carpini P. Brun. — Périthéces épars, amphigènes, punctiformes, globuleux, se déprimant un peu à la fin, noirs, luisants, astomes, se détachant facilement. Sporules oblongues, hyalines, long. 5-7, larg. 3, biguttulées. — Sur les écailles trilobées des fruits du Carpinus Betulus. — Saintes. Trinacrium subtile Riess. — Sur les périthèces d'un Phoma. — Saintes. Torula herbarum Link. — Sur les tiges pourrissantes du Zea Mays, du Solanum Lycopersicum. — Saintes. Coniosporium rhizophilum (Fr.) Sacc. — Sur les racines du Cyno- don Dactylon. — Saintes. Hormodendrum cladosporioides (Fres.) Sacc. — Sur des feuilles tombées de l'Acer Pseudoplatanus. — Saintes. Cladosporium Typharum Desm. form. minor P. Brun. — Conidies oblongues, 1-septées, olivacées, à deux gouttelettes, long. 15-10, larg. 84 — Sur les feuilles du Typha latifolia. — Rochefort. Sporodesmium fuscum Donord. — Sur diverses plantes pourries. A Saintes. Maerosporium Coluteæ Thum. — Sur les légumes du Colutea arbo- rescens. — Rochefort. Fusarium roseum Link. — Sur les fruits desséchés du Celtis occi- dentalis et de l? Alcea rosea. — Saintes. Fusarium oxysporum Schlecht. var. aurantiacum Cord.; Sacc., Syll., Hyph. p. 105. — Sur l'écorce des fruits du Cucurbita Pepo. — Saintes, Pessines. M. G. Camus fait à la Société la communication suivante : CAMUS. — PLANTES DES ENVIRONS DE PARIS. 340 LOCALITÉS NOUVELLES DE PLANTES PLUS OU MOINS RARES DES ENVIRONS DE PARIS ET DU NORD DE LA FRANCE: par M. G. CAMUS. Je demande la permission de faire connaitre à la Société quelques loca- lités de plantes intéressantes des environs de Paris et du nord de la France. Potentilla mixta Nolte. — Meudon, prés de l'Anémométre! Carex ericetorum I. — Méry (Seine-et-Oise), prés de la gare (Bureau et Franchet). Carex humilis Leyss. — Parc de Stors (Bureau et Franchet). Orobanche Epithymum var. lutescens Boreau. — Montrognon! Cham- pagne (Seine-et-Oise). Koleria cristata Pers. — Champagne, Montrognon! Peucedanum Chabræi Gaud. — Champagne, bords de l'Oise ! Valeriana excelsa Poir. — Champague, batardeau prés du chemin de fer! X Orchis ambigua Kerner. — Marais de Presles (Delacroix); cette hy- bride de l'O. maculata et de l'O. incarnata existe aussi dans la vallée de l'Yvette, prés de l'étang de Grand-Moulin! X Orchis Chatini G. Camus. — Prés d'Amiens (Gonse). X Orchis Luizetiana G. Camus (hybride de l'O. laxiflora et de PO. in- carnata). — Marais d'Épizy (Luizet). Cette belle plante peut être définie ainsi : Orchis laxiflora grêle, à tubercules digités et à éperon d'O. incarnata. Enfin j'appellerai l'attention de la Société sur une variété remarquable de l'Orchis mascula L. Cette plante récoltée aux Pàtis, commune de Raisménil, à 10 kilomètres de Doullens, par notre zélé confrère M. Copi- neau, a les caractéres suivants : Port de l'O. mascula ; feuilles non ma- culées, divisions du casque presque obtuses, labelle dépourvu de taches violacées et de papilles filiformes. Jasqu'à présent on avait considéré la présence de ces papilles comme l'un des caractéres constants de l'O. mascula, et, lorsqu'on détermine la variété que j'ai l'honneur de pré- senter avec les clefs des différentes Flores, on arrive à l’O. alata qui est aussi dépourvu de papilles. Notre confrére avait bien reconnu que celte détermination était inexacte et que le labelle ne ressemblait pas à celui de lO. alata. L'examen attentif de la plante de Raisménil nous montre qu'elle res- 342 SÉANCE DU 28 JUIN 1889. semble en tous points à PO. mascula si l'on fait abstraction des papilles, et que la forme du labelle est semblable à celle du type. Je propose de donner à cette variété le nom de fallax. Il est bon d'ajouter que dans la localité la variété typique munie de papilles n'existe pas et que la variété fallax est relativement abondante. La présence des deux hybrides d'Orchidées palustres, Orchis Luize- tiana et O. ambigua, est une des raisons qui me font croire que le poly- morphisme des Orchidées des marais est plus apparent que réel. On rapporte, comme formes d'une espéce, des hybrides souvent nombreuses. Ainsi je considère les formes intermédiaires qui existent entre l'Orchis latifolia et l'O. incarnata comme hybrides de deux espèces légitimes. Dans les endroits où lA. latifolia croit seul, il n'est pas polymorphe ; au contraire il varie, s'il est influencé par le voisinage d'un autre Orchis. Pourquoi et d’où vient cette influence qui se manifeste surtout par le voisinage de l'O. incarnata? Il en est de méme pour l'O. incarnata, qui est stable lorsqu'il est seul. De plus ces deux espéces n'ont pas exacte- ment la méme époque de floraison. L'O. maculata varie dans les mêmes conditions. Il est d'une stabilité relative quant aux variétés. J'ai pu étudier dans notre région quatre formes distinctes qui ne varient pas si l’espèce est seule. J'ai l'honneur de vous présenter deux échantillons d'une plante qui, à premiére vue; a le port d'un Gymnadenia à fleurs pàles et qui de prés, par la forme de son éperon et par les lobes latéraux du périanthe maculés, ressemble plus à l'O. maculata. Cette plante me paraît être hybride de PO. macu- lata et d'un Gymnadenia, peut-étre l'odoratissima. Je ne puis affirmer lequel, le G. conopea et le G. odoratissima croissant dans le lieu méme où j'ai récolté mes deux plantes. Je demande la permission de montrer à la Société une hybride rare qui m'a été envoyée par notre confrère M. Gadeceau, de Nantes. Cette plante était vivante il y a quinze jours, et j'ai regretté que l'état de ma santé m'ait empéché de vous la présenter dans la derniére séance. Cette belle plante est le Serapias triloba Lloyd; elle a été du reste vue par M. Lloyd. M. Rouy dit qu'à première vue l'Orchis maculata présenté par M. Camus lui parait étre un hybride d'un Gymnadenia, proba- blement G. odoratissima, et de l'Órchis maculata. Il ajoute qu jl a nommé dans son herbier X Serapias Nouletii (S. triloba Lloyd non Viviani) l'hybride signalé jusqu'ici seulement dans l'ouest de la France et distingué précédemment par Noulet sous le nom de S. cordigero-laxiflora; M.- Lloyd-l'avait rapporté au S. tri- CAMUS. — PLANTES DES ENVIRONS DE PARIS. 343 loba Viv. (Isias triloba DN.), plante méditerranéenne issue du croisement des S. neglecta DN. et Orchis papilionacea, ainsi qu'en font foi les exemplaires, provenant d'Italie, que M. Rouy possède. D'ailleurs il existe deux autres Serapias triloba: l'un, S. triloba Dupuy non Viv., produit du croisement de l'Orchis laxiflora et du Serapias pseudocordigera, est, pour Grenier et Go- dron, le S. purpurea Doumenjon; l'autre, S. triloba Koch non Viv. (S. Tommasinii Kern.), aurait pour parents, d'aprés M. A. Kerner, le Serapias pseudocordigera et l'Orchis coriophora, probablemen la forme fragrans. M. Camus dit qu'il n'ignore pas que le Serapias triloba Lloyd diffère de la plante ainsi nommée par Viviani. Il a présenté la plante vue par M. Lloyd, sous le nom que lui a imposé l'auteur de la Flore de l'Ouest, parce qu'elle provient d'une localité classique. Quant à la nouvelle dénomination, Serapias Noulelii, donnée à cette hybride par M. Rouy, on peut l'accepter, mais ce nom ne sera valable qu'à partir du jour où il sera publié dans le Bulletin, une étiquette d'herbier ne pouvant tenir lieu de cette publicité. M. Rouy dit qu'il connait depuis longtemps cet axiome des lois de la nomenclature et que c'est précisément à l'occasion de la commu- nication de M. Camus qu'il croit devoir publier, pour prendre date bien entendu de ce jour, le nom donné par lui au Serapias hybride, de l'Ouest, qui n'est pas le S. triloba. M. Malinvaud a rencontré, au commencement de juin de cette année, l'Orchis incarnata L. d'une extréme abondance dans les prairies humides des arrondissements de Figeac et de Gourdon (Lot). Une fois, un pied unique d'Orchis latifolia, distinct à pre- mière vue par ses feuilles plus larges et tachées, s'est présenté au milieu de centaines de pied d'O. incarnata à feuilles non tachées et relativement étroites. M. Camus a trouvé souvent les Orchis latifolia et incarnata croissant ensemble dans les environs de Paris. Il est porté à ad- mettre que dans ce cas les formes intermédiaires sont des hy- brides. ! M. Roze regarde l'observation de M. Malinvaud comme fort inté- ressante, parce qu'elle semble montrer la fixité des caractères essentiels de l'Orchis incarnata. 344. SÉANCE DU 28 jurn 1889. M. Rouy est d'avis que cet Orchis n "est qu'une variété de l'O. latifolia. M. Luizet a trouvé une forme à fleur blanche de l'O. incarnata, et il en conclut que cette plante est sujette à varier. M. Camus dit qu'il n'accorde qu'une importance relative à la couleur. Il a recu de M. Malinvaud un Orchis laxiflora d'un blanc trés pur, qui ne présentait aucune trace d'hybridité. - D'après M. Maury, la variabilité d'une espèce serait en rapport avec le milieu. Dans une région où ce que l'on appelle la station est trés variable, on observe des différences parfois trés notables entre les individus de la màme espéce et sur des points rapprochés. Ailleurs, au contraire, sur de vastes espaces où les conditions sta- tionnelles sont sensiblement uniformes, les individus appartenant à la même espèce seront parfaitement semblables. Quant à l'albi- nisme que présentent accidentellementcertains végétaux, M. Maury ne croit pas qu'on puisse rattacher ce phénoméne à l'action du milieu. M. Malinvaud dit qu'il a observé fréquemment des cas d'albi- nisme chez les plantes, mais dans des conditions variées qui ne permettent guère d'assigner avec certitude à ce phénomène patho- logique sa cause véritable, ou du moins une cause unique. Assez souvent les Campanules, notamment C. rotundifolia, croissant à l'ombre, ont des fleurs blanches. D'autres fois les corolles déco- lorées se sont épanouies en plein soleil. C'était le cas pour des pieds d'Orchis laxiflora à fleurs parfaitement blanches, observés à la (in du mois de mai dernier dans une prairie des environs de Salgues (commune d'Alvignae, Lot) et disséminés au milieu de nombreux autres individus de la même espèce qui conservaient la coloration normale. On voyait dans la méme station des Orchis Morio et maculata et un pied de Serapias Lingua à fleurs plus ou moins décolorées. M. Malinvaud ajoute qu'il a rencontré en 1887, dans le grand bois de Salgues, plusieurs pieds d'Angelica silves- tris dont le feuillage était gracieusement panaché; toutes les folioles étaient d'un beau vert dans leur partie centrale et large- ment bordées de blanc. SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. 345^ SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. PRÉSIDENCE DE M. H, DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la. séance du 28 juin, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons fails à la Société : A. Magnin, Recherches sur le polymorphisme floral du Lychnis vespertina. Mer, Sur les causes d'excentricité de la moelle dans les Sapins. Niel, Catalogue des plantes vasculaires croissant spontanément dans le département de l'Eure. i Saint-Lager, Vicissitudes onomastiques de la Globulaire vulgaire. — Notes sur quelques plantes de la Haute-Maurienne. Sauvageau, Contribution à l'étude du système mécanique dans la racine des plantes aquatiques. Sauvaigo, Note sur les Figuiers introduits et cultivés dans les envi- rons de Nice. Caruel, Contribuzione alla flora delle Galapagos. Lange, Conspectus flore groenlandice ; pars secunda. Masters, An erratic Ivy. — Abies lasiocarpa and its ailies. Malpighia, anno IlI, fasc. 3-4. M. Mer fail part à la Société de ses recherches sur la question suivante : De l'influence des éclaircies sur la croissance des Sapins (1). M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture des communications suivantes : (1) Le Secrétariat n'a pas encore reçu le manuscrit de cette communication. (Nole ajoutée pendant l'impression, 10 septembre 1889.) 340 SÉANCE DU 42 JUILLET 1889. ORIGINE NUCLÉAIRE DU PROTOPLASMA (3° NOTE), SUR L'ORIGINE DES DIASTASES DANS LA DIGESTION DU NUCELLE; par M. Charles DEGAGNY. Dans les deux Notes (1) que j'ai précédemment adressées à la Société, j'ai insisté sur l'origine des matières plasmiques comme les fils achroma- tiques, la membrane nucléaire, les matiéres rayonnantes qui environnent parfois le noyau; ce n'est pas dans le cytoplasma qu'il faut la rechercher, pour cette unique raison que l'on y trouve à un moment donné toutes ces matiéres réunies et condensées. Cette condensation se ferait, dit-on, à partir d'une substance liquide, émanant du protoplasma cellulaire, se réunissant suivant des lignes déterminées autour du noyau, et, dans ces nouvelles positions, acqué- rant tout à coup une haute cohésion, devenant solide. Comme je l'ai montré, toutes ces matières sont produites dans le noyau, d'ou elles sont expulsées sans que, la plupart du temps, il en reste de vestiges constalables par nos moyens d'investigation. Elles servent alors intégralement à la formation des substances que nous remarquons seulement, dans la cellule, lorsqu'elles prennent une forme solide : granulations, leucites, fils achromatiques, membrane nucléaire, malières rayonnantes. Mais il n'en est pas toujours ainsi, leur formation se fait quelquefois en excès, ct se trouve suivie parfois, à bref délai, de cette solidification, de celle coagulation brusque que nous leur voyons prendre lorsque nous les remarquons dans l'intérieur de la cellule. Elles laissent alors à l'in- térieur du noyau des vestiges trés faciles à constater. Ces excédents de production sont repris par les vaisseaux comme des déchets cellulaires pour étre employés ailleurs. Il y a donc là, à cóté l'un de l'autre, deux phénoménes qu'il faut se garder de confondre et de méconnaitre. Sans doute la réalisation du second est moins fréquente; car on voit souvent, dans la plupart des cellules au moment de la division, les matières plasmiques hyalines qui prennent la forme de fils, de lignes, de fuseaux, de tonneaux, destinés à servir de souténement à la cellule en voie de formation, tandis que la plupart du temps on ne voit rien à l'intérieur du noyau en dehors des matières chromatiques et des matières hyalines qui leur servent de gaine. Lorsqu'il en est autrement, et que l'on trouve en dehors des matières chromatiques et du filament ou des bàtonnets, à l'intérieur du noyau, (1) Voyez le Bulletin, t. XXXIV (1887), p. 365, et t. XXXV (1888), p. 248. DEGAGNY. — ORIGINE NUCLÉAIRE DU PROTOPLASMA (3° NOTE). 347 comme dans les faits que j'ai décrits, des matières plasmiques, il ne faut pas se hâter d'en conclure qu'il y a là un simple résultat du hasard. Quant aux réactifs, malgré les observations qui m'ont été présentées par M. Guignard, que j'ai eu le plaisir de voir depuis à son laboratoire, et qui me les a renouvelées en me montrant ses préparations avec une obligeance dont j'ai été bien touché, je ne crois pas positivement qu'ils puissent produire la formation de dépôts si régulièrement placées dans les mémes conditions. Ils ne coaguleraient pas et ne condenseraient pas seulement au bas du noyau une matière plasmique tenue en suspension dans le suc nucléaire ; mais ils opéreraient une condensation analogue sur une maliére semblable contenue, non plus dans du suc cellulaire, mais dans le protoplasma cellulaire, du sein duquel ils la sépareraient pour en former une couche au bas de la ccllule-mére, ce qui me paraît impossible. Il s'agit donc de donner une explication plausible, et j'ai cherché à le faire, d'un phénoméne, qui nécessairement a une cause. Or, il faut se rappeler que nos moyens d'observation ne nous permettent guére de constater que des faits qui s'exagérent d'une facon inopinée. Dans ceux que j'ai étudiés, en réalité il n'y a que l'exagération d'un fait qui se passe ailleurs, exagération en rapport avec les conditions particuliéres qu'af- fectent alors le noyau et la cellule qui en sont le théâtre. Par exemple, en ce qui concerne les faits spéciaux dont j'ai parlé et qui se passent dans le noyau de la cellule-mère du sac embryonnaire, que voit-on? — L'une des cellules du nucelle, c'est-à-dire d'une expan- sion foliaire, s’hypertrophie, ainsi que le noyau qu'elle contient. Immé- diatement tous les phénoménes qui se réalisent dans l'un et dans l'autre deviennent plus visibles; nous voyons le filament et les bàtonnets parfai- tement distincts des matières qui y adhèrent par cohésion, dans les noyaux plus petits. — Dans les grands noyaux, dans les grandes cellules, les diverses forces moléculaires synergiques ou antagonistes peuvent s'exercer, alors que l'espace est devenu plus grand entre chaque élé- ment, et que la cohésion ne maintient plus étroitement unies les diverses matiéres qui y sont contenues. Nous avons trouvé ainsi, dans le noyau de la cellule-mére du sac embryonnaire de la Fritillaire, le filament chromatique pelotonné et opposé au dépôt d'hyaloplasma qui s'agglomére sur la paroi inférieure du noyau. Pourquoi ne peut-on constater les mêmes phénomènes dans les noyaux plus petits des tissus du nucelle? c'est que les matières plas- miques renfermées dans les replis du filament restent accolées à celui-ci. Le filament ne peut obéir à la force répulsive qui s'exerce entre lui et l'hyaloplasma qui se forme à son contact, ce qui devient possible dans un espace plus étendu. Mais, dans les noyaux du nucelle comme dans 348 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. celui qui s'est hypertrophié, les mémes faits se réalisent, constatables seulement dans le dernier. Il est vrai que chez les Lis on ne trouve pas de couche de plasma hyalin sur la paroi inférieure du noyau. On ue trouve que des matières plasmiques granuleuses agglomérées souvent entre les replis du filament contre la paroi supérieure; la paroi infé- rieure est libre. Or, il est évident qu'ici le filament occupe une position opposée à la paroi inférieure pourla méme raison que chez la Fritillaire, à cause de l'élimination par la paroi inférieure d'une matiére semblable à celle que l'on peut constater chez la Fritillaire. Chez la Fritillaire on trouve aussi des matiéres plasmiques granu- leuses agglomérées entre les replis du filament et rejetées avec lui contre la paroi supérieure; alors la paroi inférieure devient libre comme chez les Lis. On ne remarque plus cet antagonisme qui existe entre les ma- tières plasmiques à l'état homogène et le filament. Ces matières peuvent donc prendre dans le noyau la forme granuleuse, comme elles la pren- nent dans la cellule en poursuivant leur évolution. La cohésion propre aux matiéres non organisées y disparait et il s'y forme des centres à activité propre, autour desquels viennent s'ajouter les matiéres qui forment les granulations. .. Les faits que nous avons constatés dans le noyau de la cellule-mére du sac embryonnaire de la Fritillaire, des Lis, dans les cellules-méres de pollen, ete., ne sont donc que l'exagération d'un phénomène général, la production de l'hyaloplasma à l'intérieur du noyau, production mise nettement en évidence chez le noyau de la céllule-mére du sac embryon- naire de la Fritillaire par cette circonstance intéressante que l'hyalo- plasma produit en excés et évacué du cóté du faisceau funiculaire se coagule par moments sur la paroi du noyau comme une matiére coagulable qui laisserait un résidu sur un filtre. Les phénoménes qui me restent à aborder et auxquels j'ai déjà fait allusion dans le cours de mon étude se rapportent étroitement au méme sujet. Il s'agit encore de la production de matières plasmiques qui Se coagulent, comme je le montrerai, d'une facon intermittente, qui affec- tent méme par moments la forme striée, probablement en perdant de l'eau d'une facon intermittente, et que l'on trouve dans certaines condi- lions favorables à l'observation, et par cette raison qu'elles sont aussi produites en excès sur la voie où nous avons trouvé les matières plas- miques hyalines dans le noyau de la Fritillaire; ne trouvant plus, à un certain moment, d'emploi au lieu de leur production, elles sont absor- bées par les vaisseaux, quand elles redeviennent liquides, pour étre em- plovées ailleurs. Dans les noyaux que nous avons étudiés, nous les avons vues se former DEGAGNY, — ORIGINE NUCLÉAIRE DU PROTOPLASMA (3° NOTE). 349 pendant l'évolution normale de la cellule et du noyau, vers l'extrémité d'une expansion foliaire en croissance. Ici, nous les verrons se former vers l'extrémité de la méme expansion foliaire, non plus en croissance, mais enj voie de résorption, alors que pour une raison ou pour une autre le nucelle, à la suite d'un arrêt de croissance du sac embryonnaire, est en partie résorbé. Nous prendrons un sujet d'étude aussi favorable que la Fritillaire, et nous le trouverons chez l'Hellébore noir, non pas que nous ne puissions retrouver et étudier les mémes faits chez d'autres plantes. Comme on le verra, ils s'y réalisent comme chez l'Hellébore. Mais, chez cette dernière, ils s'exagérent et deviennent plus saillants. On les retrouve dans d'autres plantes, d'une facon beaucoup moins apparente, ailleurs on ne les retrouve plus. Leur exagération chez lHellébore tient à certaines cir- conslances particuliéres qui sont probablement sous la dépendance des variations atmosphériques que subit l'Hellébore comme la Frilillaire pen- dant sa floraison. Nous aurons assisté dans les deux cas à la réalisation d'un fait géné- ral; l'absorption par les vaisseaux des matières protoplasmiques, azotées ou ternaires, ramenées à l'état liquide et rentrant dans la circulation générale où elles vont subir de nouvelles transformations. A l'extrémité d'un membre en croissance, au point végétatif, dans les couches cambiales des tiges, dans les cellules en division des feuilles, chaque cellule fonctionne comme nous avons vu fonctionner la cellule- mére du sac embryonnaire : les matériaux en excés sorlis nécessairement des cellules et charriés par les vaisseaux n'ont pas d'aulre origine. Dans une tige, dans un bourgeon, dans une feuille, au moment où les tissus vont cesser de vivre, les phénomènes que nous allons chercher à surprendre chez l'Hellébore, dans le nucelle en résorption, se passent dans chaque cellule, quand leur contenu, protoplasma, noyau, suc cellu- laire disparaissent progressivement avec une partie des membranes et sont résorbés par les vaisseaux. Leur disparition se fait comme la dispa- rition des éléments cellulaires que nous allons suivre dans le nucelle quand le sac embryonnaire ralentit sa croissance ou avorte complète- ment, et devient dés lors un corps étranger au milieu d'un tissu vivant qui s'en débarrasse en absorbant au fur et à mesure les produits de disso- lution et en les déversant dans les vaisseaux. Ce n'est pas seulement dans l'ovule de l'Hellébore que l'on trouve des maliéres qui, n'étant pas employées dans le sac embryonnaire, se diri- gent vers le faisceau funiculaire qui les résorbe. Ces matières, avant d'arriver aux vaisseaux, traversent des tissus intacts, au milieu desquels ils produisent des solutions de continuité qu'il est facile d'observer. En faisant des coupes minces à travers les ovules de la Jacinthe, du 350 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. Haricot, de la Nivéole, de la Pensée, nous trouverons constamment en bas du sac et toujours dans la même direction, en descendant vers la base du nucelle, une certaine quantité de cellules qui sont fortement entamées. On n'y trouve plus ni protoplasma, ni noyau. Les membranes sont déformées, trouées par places, et l'on peut constater que des produits liquides provenant de la dissolution des diverses parties des cellules sont entrainés vers la base du nucelle. Chez l'Hellébore, ces faits sont tellement nets, qu'il est impossible de ne pas les voir. En se plaçant dans de bonnes conditions on peut suivre progressivement, dés leur début, la marche des matiéres liquides, qui, peu à peu, sont atlirées, à partir des parois ou des parties voisines du sac embryonnaire, en trouant, au fur et à mesure qu'ils avancent, les tissus et les cellules sur leur passage, en produisant des coulées que l'on peut suivre depuis le sac jusqu'à la base du nucelle oü ils viennent dis- paraitre. Si l'on veut assister au début des coulées de résorplion, il faut ouvrir des ovules venant de carpelles où l'on commence à trouver des sacs em- bryonnaires au moment de la fusion des noyaux polaires. On remarque alors un fait curieux. Il n'y a aucune trace de coulées au-dessous des sacs qui contiennent des noyaux polaires soit séparés, soit en voie de fusion. Les autres coupes contiennent des sacs avec un, ou deux, 0U quatre noyaux; chez les premiers on peut voir le début des coulées. Les noyaux des cellules en voie de résorption s'allongent dans une direction parallèle à l'axe du nucelle, et bientôt il se forme dans cette direction une petite trainée bien visible qui traverse les membranes des cellules situées au-dessous. | En ouvrant des ovules plus âgés, provenant de carpelles plus avancés, lorsque le noyau secondaire est bien formé dans certains sacs, sur les dix ou douze ovules d'un carpelle, on trouve généralement trois ou quatre sacs avec noyaux secondaires. Dans le reste des ovules, il y a des sacs avec un, deux ou quatre noyaux. Chez ces derniers les coulées de résorp- lion se sont allongées vers la base du nucelle. Au contraire, au-dessous des sacs qui contiennent un noyau secondaire, on ne trouve pas du tout, ou quelquefois trés peu de coulées. Il y a plusieurs années, en étudiant le sac embryonnaire de l'Hellébore noir, je, fus frappé de cette différence dans la quantité des produits de résorption non employés dans le sac, quantité d'autant plus considérable que le sac semble étre en retard. Il est évident que le sac embryonnaire qui contient un noyau secondaire est plus volumineux que le sac qui ne contient encore qu'un, deux ou quatre noyaux. Chez le premier la sur- face du sac en contact avec les tissus du nucelle est plus considérable. Le sac doit donc digérer, dans le méme temps, un nombre plus grand de DEGAGNY. — ORIGINE NUCLÉAIRE DU PROTOPLASMA (3° NOTE). 351. cellules. Les diastases qu'il produit (si toutefois il les produit) doivent étre en quantité plus considérable que lorsque la surface est moindre, et la quantité de cellules à digérer moindre aussi. Comment expliquer dès lors que c’est précisément dans ces derniers cas que les produits liquides qui sont appelés vers le faisceau funiculaire contiennent des dias- tases, alors qu'il n'en apparait pas dans le premier cas? Je cherchai alors à me rendre compte de la cause qui produisait ainsi des retards de croissance dans les trois quarts environ des ovules, retards qui aboutis- sent souvent à un avortement complet, comme on le verra plus loin. J'eus l'idée de rechercher ce qui se passait sur des pistils provenant de fleurs épanouies à la fia de novembre ou au commencement de décembre ; car je soupconnais que les intempéries, moins fréquentes au début de la floraison de l'Hellébore, devaientsplus tard provoquer ces irrégularités si frappantes dans la croissance des sacs embryonnaires d'un méme pistil. Je trouvai alors la constatation d'un fait qui frappera tous les observateurs qui voudront renouveler mes observations et se mettre dans les mêmes conditions que moi. Si l'on explore des pistils lorsqu'ils n'ont pas encore été soumis aux premières intempéries, tout à fait au début de la floraison de l'Hellébore, on trouve, dans l'ensemble des coupes d'ovules de tout un pislil, la suc- cession parfaitement suivie de toutes les phases de la croissance du sac embryonnaire, depuis la cellule-mère jusqu'aprés la fusion des noyaux polaires et la constitution complète des appareils. On ne voit jamais, nulle part, de coulées de résorption. Lorsque le sac suit son évolution régulière sans intermittences et sans arrêts, il consomme intégralement les tissus avec lesquels il se trouve en rapport. Au contraire, si, pour une cause ou pour une autre, que l'on peut rapporter chez l'Hellébore aux variations brusques de température, le sac embryonnaire subit un temps d'arrét dans sa croissance, sa con- sommation est forcément restreinte. Or, immédiatement l'aliment qu'il absorbait, etqui continue, comme on le verra plus loin, à se désorganiser, est d'abord en partie absorbé par les tissus et les cellules voisines, puis quand celles-ci n'y suffisent plus, par le faisceau vasculaire qui inter- vient pour faire disparaitre les matériaux en excés. C'est alors que l'on assiste à ce fait curieux, que les produits non employés par le sac, qui a ralenti ou cessé complétement sa consommation, possédent précisément la propriété de dissoudre membranes, protoplasma, noyaux. C'est l'ali- ment lui-même antérieurement employé par le sac, qui ne laisse alors aucun résidu, ou bien devenu disponible par défaut d'emploi, qui dans les deux cas contient les matières que l'on appelle les diastases, lesquelles produisent la dissolution des matières azotées et ternaires qui entrent dans la composition des cellules. 352 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. Lorsque le sac suit son évolution régulière, il consomme complètement les cellules voisines ; on ne voit qu'une couche de cellules et de noyaux qui disparaissent progressivement. Au contraire, quand sa croissance se ralentit, fait important à noter, les cellules qui sont en rapport avec lui continuent à se morlifier. En colorant les coupes avec la safranine et en montant dans le baume, on obtient des préparations trés démonstratives. L'étendue de cette Note ne me permet pas de m'étendre beaucoup sur tous les détails qui se ratta- chent à ce sujet; il me suffira de dire que l'on peut aisément reconnaitre toutes les cellules voisines du sac qui sont mortifiées à l'aspect particu- lier que prend le noyau. Celui-ci devient homogène et fixe très fortement les matières colorantes. On peut suivre ainsi les coulées de matières liquides qui se dirigent peu à peu vers la base du nucelle. Elles produi- sent de proche en proche la mortification des cellules et leur dissolution progressive. J'ai dit plus haut que les cellules qui sont en rapport avec le sac embryonnaire continuent à se morlifier et à se désorganiser pendant que celui-ci ralentit sa croissance et cesse de croitre à un moment donné; ainsi l’on peut constater que, dans certains ovules où l'on ne trouve qu'un noyau, plusieurs assises concentriques de cellules sont désorganisées. Le sac a pris peu de développement; à son intérieur on voit le noyau de la cellule-mére qui n'est pas encore divisé. Il est peu coloré et semble en voie de mortification. Les noyaux des cellules voisines contigués au sac deviennent homo- gènes ; ils sont faciles à distinguer des noyaux normaux des cellules du nucelle. Il est alors aisé de remarquer que les coulées de matières liquides deviennent plus abondantes. De chaque cellule en voie de désor- ganisation parlent de petites trainées qui se dirigent vers la base du nucelle. La mortification des cellules, la désorganisation des éléments qu'elles contiennent, l'abondance des coulées ne sont done pas en rap- port avec la croissance du sac. La désorganisation des cellules du nucelle, qui se fait de proche en proche sur plusieurs assises de cellules, n'est pas due à la compression du sac. Sur des coupes transversales de l'ovule on voit, à une certaine distance du sac, les cellules désorganisées conserver leur grandeur nor- male. Celui-ci n'exerce pas encore de compression sur elles, et leur désorganisation tient à une autre cause. En examinant attentivement l'ensemble des cellules du nucelle dans une coupe qui contient un sac embryonnaire en retard, on voit que la safranine colore autour du sac une zone d'une facon trés distincte et trés remarquable; tous les noyaux sont fortement colorés, leur substance interne est devenue homogène. En dehors de cette zone à noyaux trés colorés, en vient une autre où les noyaux DEGAGNY. — ORIGINE NUCLÉAIRE DU PROTOPLASMA (3° NOTE). 903 le sont à peine ; la vie des cellules s'y trouve diminuée. Les cellules ne sont pas mortes, mais elles se désorganiseront tout à l'heure comme celles qui sont plus prés du sac. Une véritable lutte pour l'existence s'est éta- blie entre celui-ci et le nucelle dont les cellules doivent succomber tour à tour. En dehors de cette zone à noyaux pàles, on voit de nombreuses assises de cellules où les noyaux sont colorés plus fortement; à leur inté- rieur on peut distinguer le filament. Quelques noyaux en division exis- tent d'un côté et d'autre (1); ces cellules n'ont pas subi l'influence du sac embryonnaire. Dans la lutte entre le sac et le nucelle, ce dernier ne succombe pas toujours. On voit alorsles cellules périphériques du nucelle, au voisinage des tissus mortifiés et éliminés progressivement par le faisceau funicu- laire, reprendre progressivement leur vitalité. Sac embryonnaire et tissus mortifiés ont disparu. Du sac, il ne reste souvent qu'une masse inerte, au milieu d'un grand espace vide laissé par les tissus résorbés. Immédiatement à cóté, on peut voir les noyaux des cellules du nucelle colorés exactement comme ceux qui sont placés plus loin. ll n'y a plus de cellules à noyau pâle; toutes, jusqu'au bord de la solution de continuité, se sont remises à végéter. Je viens de montrer, par le simple examen des faits, que l'apparition des produits de résorption coincide exactement avec le ralentissement ou la cessation de l'assimilation du sac embryonnaire. Dès ce moment apparaissent les produits éliminés par le faisceau vasculaire, produits précédemment consommés par le sac. L'observation atlentive, que je vais faire rapidement, de certains détails anatomiques, montrera clairement aussi que les produits éliminés ne proviennent pas du sac. Mon attention avait été arrétée par ces faits il y a plusieurs années déjà, et dés lors j'avais été porté à croire que les diastases dont on fait remonter l'origine au sac sont bien dues aux produits eux-mêmes de la désorganisation des cellules du nucelle. Lorsque l'on examine un sac qui est en retard, on constate souvent que les coulées des produits éliminés aboutissent à la région moyenne du sac. On est surpris de voir qu'à la base du sac, la moitié inférieure de la couche pariétale de protoplasma repose sur des cellules non entamées. En faisant des coupes très fines de 1/80 à 1/100 de millimètre, où il n'existe qu'une rangée de cellules, et en faisant passer ces coupes par le sac embryonnaire, on obtient des préparations trés démonstratives. On voit des cellules admirablement conservées sur lesquelles repose le pro- toplasma pariétal du sac. Or les produits liquides qui contiennent les (1) Je reviendrai, dans un prochain travail, sur la coloration particuliere qu'ils prennent avec la safranine. : T. XXXVI. (SÉANCES) 23 354 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. diastases étant en grande abondance, et de plus étant attirés en ligne directe vers la base du nucelle, où ils produisent encore, très loin du sac, la dissolution des cellules, il est bien évident iei que, si ces dia- stases étaient sécrétées par la couche pariétale de protoplasma du sac, les cellules qui sont à là base du sac ne seraient pas épargnées. Il est de toute évidence que les diastases proviennent ici des cellules pariétales en voie de désorganisation. Dans un prochain travail j'étudierai de plus présles matières qui pren- nent naissance sous l'influence des produits en voie de désorganisation des cellules du nucelle. NOTE SUR UN NOUVEAU CYCLAMEN D'ALGÉRIE ET SUR L'ESPECE DES ENVIRONS DE TUNIS, par M. A. POMEL. 4° CYCLAMEN SALDENSE. — Fleurs automnales, médiocres, paraissant avec les feuilles. Pédoncule à la fin enroulé, finement papilleux, briéve- ment recourbé prés du sommet, long de 07,15 : calice un peu glandu- leux, à divisions ciliolées sur les bords, lancéolées linéaires, longue- ment atténuées en pointe filiforme qui dépasse le pli de la corolle. Celle-ci à tube globuleux, à gorge pentagonale, bidentée à chaque angle par la saillie du pli en dehors, à divisions longuesde 15à 18 millimétres et larges de 6 à 7, faiblement tordues, lancéolées sublinéaires, atténuées au bout, d'un rose pâlissant au bout, foncé à la gorge, avec les saillies commissurales blanches. Style plus court que les étamines, qui égalent le tube. Capsule müre inconnue. Feuilles grandes, coriaces, marbrées de rouge en dessous, de vert påle et de vert obscur en dessus, glabres, suborbiculaires cordiformes, à sinus profond, étroit et souvent fermé par recouvrement des lobes larges et arrondis, obtuses ou même rétuses au sommet, à bord non anguleux peu distinctement crénelé par la terminaison en saillie calleuse des nervures. Tubercule napiforme irrégulier. Sene ru des rochers calcaires à l'ouest de Bougie (Saldæ); rare. Ce Cyclamen appartient à la section du C. autumnale par ses pédon- cules à la fin enroulés et par la gorge dentée de la corolle. Il parait en différer par ses fleurs beaucoup plus petites, à divisions de la corolle plus courtes, égalant trois fois le tube et non cinq fois, aigués et non obtuses. par les divisions du calice trés atténuées et non simplement aigués, et par ses feuilles plus arrondies à sinus non ouvert. Les Cyclamen neapolitanum et africanum s'en distinguent nelle- POMEL. — CYCLAMEN SALDENSE. 399 ment par leurs feuilles à pourtour anguleux ou lobé et plus ou moins fortement denté et par leurs fleurs beaucoup plus grandes. Notre plante est isolée au milieu del'aire de dispersion du Cyclamen africanum sans y être mêlée avec lui, du moins d’après ce que nous en ævons actuellement. Cette aire parait s'étendre du fond occidental de la Mitidja jusqu'au Fedj-kantour, entre Philippeville et Constantine. Là elle atteint une altitude de prés de 900 métres, qu'elle dépasse encore beaucoup dans le Jurjura. Je n'en ai point observé l'extension dans le massif de Miliana. 2° Le Cyclamen répandu aux environs de Tunis en diffère beaucoup par ses fleurs paraissant longtemps aprés les feuilles, par la gorge de sa corolle non bidentée aux angles et presque circulaire, par son pédoncule ne s'enroulant pas en spirale à la maturité. Il appartient à une autre section qui comprend les Cyclamen latifolium Sibth. Sm. et persicum Mill. et il a été rapporté à cette derniére espéce, dont l'une des variétés a, comme lui, la corolle rose avec la gorge blanche dans les divisions. Ce Cyclamen persicum n'existant pas en Perse d’après la constatation de Boissier, M. Cosson en a conclu que c'est la plante de Tunisie qui aura ainsi été nommée par erreur de lecture du nom de punicum, qui devrait lui revenir. Boissier, de son cóté, considére le Cyclamen persicum comme une simple forme cultivée du C. latifolium, qui dans ce cas devrait ressembler à la plante de Tunisie. Les diagnoses laissent cependant beaucoup de doute dans cette assi- milation. Les feuilles sont dites ovales un peu aigués, cordiformes à la base avec sinus presque ouvert, les divisions du calice ovales un peu aigués, celles de la corolle longuement elliptiques. Dans la plante de Tunis, les feuilles sont plutót subtriangulaires cordiformes avec sinus trés ouvert, dont les lobes sont séparés par un prolongement cunéiforme du limbe entre les nervures qui figurent comme une dilatation du sommet du pétiole. Les divisions du calice sont lancéolées aiguës ; celles de la corolle sont largement linéaires et aigués. Ces différences ne plaident certainement pas en faveur d'une identification. Quant au Cyclamen persicum cultivé, les différences résultant de comparaisons directes sur le vif ne sont pas moins considérables : ses feuilles sontovales ou oblongues cordiformes, obtuses, à sinus peu ouvert, sans prolongement cunéiforme bien marqué du limbe entre les lobes ; leur pourtour n'est pas anguleux et ses crénulations sont peu saillantes. Les divisions du calice sont trés largement et brièvement ovales lancéo- lées, fortement imbriquées par les bords plus ou moins crispés; celles de la corolle sont oblongues plus ou moins obtuses et sensiblement élargies vers le haut. Dans la plante de Tunis les feuilles ont un pourtour mani- estement anguleux, des dentelures créniformes plus saillantes et iné- 356 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. gales; elles sont plutôt lancéolées cordiformes à sinus très ouvert remontant sur les cótés du limbe. Le calice a ses divisions lancéolées, à bord presque uni et à peine imbriqué; la corolle a ses divisions presque linéaires, plus ou moins aigués au sommet; elle est aussi beaucoup plus petite, ses divisions ayant 20 millimètres de long sur 5 millimètres de large, au lieu de 35 millimètres sur 14 millimètres. Il me parait bien difficile d'attribuer à la culture des divergences aussi considérables et dans un pareil sens. Je pense donc qu'il y aurait lieu d'inscrire celte plante barbaresque comme une espèce, ou au moins comme une sous- espèce distincte, jusqu'à ce que la culture ait fourni un argument con- traire et péremptoire. On pourra lui conserver le nom ci-dessus indiqué de CYCLAMEN PUNICUM. Fleurs printanières paraissant longtemps après les feuilles. Pédoncules finement papilleux, ne s'enroulant pas à la maturité. Calice papilleux à divisions lancéolées aigués, bien nerviées. Gorolle blanche, plus rare- ment rosée, à gorge d'un rouge vif, pentagonale à angles arrondis non dentés, à divisions sublinéaires, atténuées vers le sommet plus ou moins aigu. Capsule müre inconnue. Feuilles automnales, vertes dessous, marbrées de clair et de foncé en dessus, rarement rougeátres, cordiformes sublancéolées, plus ou moins anguleuses, à bord obtusément, inégalement et fortement denticulé, à sinus trés ouvert et remontant sur une expansion cunéiforme du limbe qui semble prolonger le pétiole. Tubercule napiforme assez petit. Environs de Tunis; abonde sur le djebel Bou-Kournein au-dessus de Hammam-El-lif. — Fleurit en avril. M. le Secrétaire général donne lecture de la communication suivante : NOTES SUR LA FLORE DE LA CORSE; par M. P. FLICHE. Un séjour d'un mois environ en Corse, en mai 1885, m'a permis de constater l'existence, dans l'ile, de quelques espéces qui n'y ont point encore été signalées, et d'ajouter de nouvelles localités pour un certain nombre de plantes déjà indiquées par de précédents explorateurs. Il me semble utile de faire connaitre les unes et les autres, à raison de l'intérét considérable que présente la flore de la Corse. Jy joindrai, à l'occasion, des observations relatives aux variations d'espéces qui ont spécialement attiré mon attention, aux conditions d'existence aussi de quelques- unes d'entre elles. Je serai, toutefois, trés sobre de détails sur ce dernier sujet, me réservant d'y revenir plus tard, et ne voulant pas retarder FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 301 davantage une publication que des occupations urgentes mont empèché de faire plus tôt. Je me suis référé, pour connaître les résultats des observations anté- rieures aux miennes, à la Flore de France de Grenier et Godron, à l'important Catalogue de M. de Marsilly, aux documents publiés dans le Bulletin de la Société botanique à l'occasion de la session extraordinaire de mai-juin 1877, enfin, au Catalogue des végétaux ligneux de la Corse par Requien. Quelques autres travaux partiels sur la flore de l'ile peu- vent renfermer des indications qui m'auraient échappé; le motif que j'ai déjà exposé, celui de ne pas retarder ma publication, m'a empéché de faire des recherches bibliographiques plus étendues, l'inconvénient qui peut résulter de quelques indications reproduites à nouveau étant des plus minimes. Afin de gagner de la place, je n'ai pas fait mention, dans la liste qui va suivre, des noms de famille; comme j'ai suivi l'ordre adopté dans la Flore de France de Grenier et Godron, etle Catalogue de M. de Marsilly, il sera facile de la consulter. Les noms des espéces pour lesquelles je me borne à citer des localités nouvelles, ou à rapporter quelques observations, seront en italiques ; les espéces non encore signalées dans l'ile, ou dont la présence n'est pas admise par tous les botanistes qui se sont occupés du pays, seront en PETITES CAPITALES. Clematis Vitalba L. — Environs de Sarténe, AC.; Porto-Vecchio, prés de la rivière de Bala. Ranunculus Flammula L. —- Porto-Vecchio. — Forme remarquable par sa trés grande vigueur, les feuilles presque cordiformes à la base, la nervation diffuse, les fleurs abondantes et rapprochées, la tige et les rameaux fortement feuillés jusqu'en haut, l'enracinement grêle. Elle n'est pas, d'ailleurs, spécialeà l'ile; un échantillon du Mont-Dieu (Ardennes), notamment, lui ressemble beaucoup sans lui étre identique. Ranunculus demissus DC. — Forêt de Valdoniello, à peine à l'alti- tude indiquée par M. de Marsilly. Ranunculus acris L. — Châtaigneraie à Vico. Ranunculus velutinus Ten. — Sarténe. Ranunculus cherophyllos L. — Maquis au-dessus de Sartène. Ranunculus parviflorus L. — Sarténe, fossés de la route forestière, en dessous de la ville. Berberis ætnensis Rom. et Sch. — Casamaccioli. — AC. Papaver hybridum L. — Porto-Vecchio, jachères. 358 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. Chelidonium majus L. — Sartène, route allant au Rizzanèse, vers le ruisseau. Corydalis fabacea Pers. — Commun sous les Aunes verts, au-dessus de la forét de Valdoniello, vers les bergeries de Custole. Comme le dit M. de Marsilly, il doit exister un seul Corydalis dans les hautes montagnes de la Corse; mais, s'il en est ainsi, à en juger par les échantillons que j'ai recueillis, je merangeraisà l'opinion de Soleirol (1), ainsi que l'ont fait les auteurs de la Flore de France. La taille peu éle- vée, les inflorescences serrées et courtes, les feuilles peu divisées, les pédoncules courts, un peu plus gréles, toutefois, qu'ils ne le sont habi- tuellement, sont du C. fabacea. Le caractère tiré de la direction du style, pour distinguer cette espéce du C. solida, parait avoir peu de valeur, autant que j'ai pu en juger sur le sec, d'aprés de nombreux échantillons des deux espèces. Il pourrait bien se faire, d'ailleurs, que le C. fabacea ne füt qu'une variété ou une race du C. solida, et il n'y aurait rien d'étonnant, par suite, à ce qu'en Corse, notamment, on pül se trouver en présence de formes se rapprochant davantage tantôt d'un type, tantôt de l'autre. Sisymbrium Alliaria Scop. — Sartène, bord de la route allant au Rizzanése, auprés du ruisseau. Arabis sagittata DC. — Bonifacio, en allant à l’anse où commence l'immersion du càble sous-marin. Cette espéce a déjà été trouvée, dans la localité, par Requien. Les échantillons recueillis sont bien évidem- ment vivaces, contrairement à ce qui se présente habituellement chez l'espèce. Ce n'est pas, d'ailleurs, la seule Crucifère, ni méme le seul Arabis, qui montre semblable anomalie. Mes propres observations con- firment, ici, ce qui a été dit par d'autres botanistes. Cardamine rbsedifolia L. — Région supérieure d'Aitone. Draba muralis L. — Vico, talus dans la châtaigneraie au-dessus du couvent de Saint-François; Aitone, région supérieure. Isatis tinctoria L. — Entre l'ile Rousse et Corbara. Thlaspi rivale Presl. — Valdoniello. Lepidium humifusum Req. — Valdoniello. CISTUS MONSPELIENSIS L. X sALvIFOLIUS L. — Ajaccio, forêt de Petaca. — L'origine hybride de ce Ciste est certaine; il ne parait, d'ail- leurs, correspondre à aucune des deux formes, provenant des mémes parents, observées par Timbal-Lagrave. Ici les fleurs sont intermédiaires; (1) A celle aussi de M. Gillot (Bull. Soc. bot. 1887, p. LXXX et LXXXVI), puisque le C. pumila Host n'est qu'une variété du C. fabacea. FLICHE. --- NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 359 comme taille, entre celles des deux espèces ; la corolle est en coupe, avec les pétales à onglet jaune; les fleurs sont portées sur de longs pédoncules ; la cyme est peu fournie, feuilles du C. monspeliensis avec pas ou très peu de glandes. HELIANTHEMUM VULGARE Gærtn.— Pâturages immédiatement au-des- sous de la forêt de Valdoniello. VIOLA HIRTA L. — Vico, châtaigneraie au-dessus du couvent de Saint- Francois. Silene gallica L. — On rencontre sur les sables maritimes, aux envi- rons de Dastia, une variété naine dont les feuilles rappellent celles du S. niceensis. Saponaria ocymoides L. B. gracilior Bertol. — Chemin entre Casa- maccioli et Ceresole. Sagina glabra Willd. B. corsica Gr. et Godr. — Vico, au bord du Liamone, entre les pierres. Cerastium aggregatum Dur.? — Aitone. Spergularia media Pers. — Bastia, à Diguglia. Tilia platyphylla Scop. — Cultivé au couvent de Saint-François, à Vico. Tilia silvestris Desf. — Bords du Golo, vers Pietrosa. Geranium columbinum L. — Vico, chàtaigneraie. Geranium lucidum L. — Porto-Vecchio, environs de la rivière du Bala. Geranium Robertianum L. — Baraques de Custole, dans les pàtu- rages au-dessus de la forét de Valdoniello. Erodium Botrys Bertol. — Calvi, dunes. Erodium moschatum L'Hér. — Calvi, sentier en remontant le Bam- bino, à partir de la route. Hypericum australe Ten. — Sarténe, bois de Chénes-liége au bord de la route forestiére, en dessous de la ville. Hypericum hircinum L.— A raison de sa lailleet de son abondance en Corse, cet arbrisseau mérite de figurer dans les flores forestiéres de France, comme l'avait déjà indiqué Requien. Acer monspessulanum L. — Remonte, dans la vallée du Golo jusqu'à Pietrosa. Rhamnus Alaternus L. — Entre l'ile Rousse et Corbara. Spartium junceum L. — Commun à Patrimonio. Sarothamnus vulgaris Wimm.— L'indigénat de cette espèce, à Calvi, 360 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. est douteuse; dans tous les cas, elle y a été répandue largement, par voie artifieielle, pour fixer les dunes. Genista aspalathoides Lamk.— Contrairement à ce que dit M. de Mar- silly, j'ai trouvé dans l'intérieur de l'ile, à Vico, au bord du Liamone, il est vrai, la forme z. genuina Gr. et Godr.;les échantillons que j'ai recueillis dans cette localité ont, en outre, l'étendard à peine velu et seulement dans la région médiane. Genista Scorpius DC. — Dans les dunes de Calvi, cette espèce est plus feuillée, plus grêle que sur le continent; par le dernier caractère elle se rapproche du G. corsica. Genista candicans L. — On trouve dans les maquis, au-dessus de Sartène, une forme remarquable par ses petites feuilles et sa ramifica- tion trés dense vers les extrémités. Ononis variegata L. — Les échantillons que j'ai recueillis sur les sables marins, à Bastia, n'ont pas les feuilles florales supérieures réduiles aux stipules. Medicago Braunii Gr. et Godr. — Sables marins, à Bastia. Medicago tribuloides Lamk. — Sables marins, à Bastia. Trifolium incarnatum L. — Sarténe, en dessous de la ville, sous ses deux formes. Trifolium scabrum L. — Je l'ai trouvé, aux environs de Calvi, avec les dents du calice plus molles, plus étalées que dans le type. Trifolium tomentosum L. — Sarténe, route de Propriano. Trifolium nigrescens Viv. — Forme à fleurs rosées, à Vico, vers le Liamone. Biserrula Pelecinus L. — Sartène, route forestière en dessous de la ville. Vicia lutea L. — Sarténe, vers le milieu de la route allant au Rizza- nise; Vico, maquis vers le Liamone. Cracca corsica Gr. et Godr. — Ajaccio, extrémité de la forêt de Petaca. Lathyrus latifolius L. — Sarténe, maquis au-dessus de la ville. Lathyrus sphericus Retz. — Sartène, bord de la route allant au Riz- zanése. CORONILLA SCORPIOIDES Koch. — Crique, à Bonifacio, où elle a sans doute été introduite depuis la rédaction du Catalogue de M. de Marsilly. Ornithopus compressus L. — On trouve, dans les dunes de Calvi, une forme remarquable rampante, la base des rameaux enfoncée dans le sable. Il peut être intéressant aussi, à raison de l'importance physiolo- FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 301 gique probable des tubercules radicaux des Papilionacées, de savoir que ceux-ci s'observent gros et nombreux, sur cette plante, dans la station indiquée. Hippocrepis ciliata Willd. — L: plante, que j'ai recueillie à Bonifacio, appartient à cette espèce, mais les échancrures du fruit forment des cercles complets, peut-étre est-ce ce qui a donné lieu au doute émis par M. de Marsilly. Potentilla crassinervia Viv. -— Casamaccioli, en allant à la forêt de Ceresole. Rosa canina L. — Sartène, bord de la route forestière, au-dessous de la ville. — R. — Vico, haie au bord de la route de Guagno. — L'arbris- seau que j'ai observé dans cette localité appartient certainement à cette espéce, méme entendue dans le sens assez étroit de M. Christ (Ros. d. Schw. p. 153) ; mais elle ne correspond à aucune des variétés décrites par lui. La forme corse est remarquable par ses feuilles absolument glabres, ses pédoncules et surtout son calice assez fortement glanduleux, ses fleurs solitaires peut-étre réfléchies avant la floraison. Rosa dumetorum Thuill. — Vico, au bord de la route de Guagno. Crategus monogyna Jacq. — Comme M. de Marsilly, j'ai rencontré assez fréquemment cette espèce; je l'ai méme observée à une altitude de 1400 mètres, aux bergeries de Cussole. Mais j'ai cherché vainement le C. oxyacantha, lequel doit être rare en Corse, si méme il y existe; cela est conforme, d'ailleurs, à la distribution géographique de cette espèce, qui est plutót une forme du Nord. Eriobotrya japonica Lindl. — Cultivé au couvent de Saint-Frangois, à Vico. Cydonia vulgaris Pers. — A Sarténe, redevenu sauvage au bord de la route conduisant au Rizzanèse. Pirus amygdaliformis Vill. — J'ai trouvé, aux environs de Porto- Vecchio, un pied de cette espéce, remarquable par ses feuilles à limbe spatulé. Sorbus aucuparia L. — Forét de Lindinosa. Eucalyptus Globulus Labill. — Cette espéce est aujourd'hui plantée en plusieurs endroits. La station la plus froide que j'ai vue est celle du couvent de Saint-François, à Vico. Illecebrum verticillatum L. — Calvi, sables demi-submergés du Bambino. On trouve, en cet endroit, une forme presque stérile, de trés grande taille, à développement foliaire considérable. Sedum ceruleum Vahl. — Entre l'ile Rousse et Corbara. 362 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. Saxifraga corsica Gr. et Godr. — Cette espèce, que j'ai étudiée sur des échantillons recueillis à Valdoniello, parait avoir été séparée légiti- mement du S. granulata par les auteurs de la Flore de France; le caractére qu'ils indiquent pour la longueur des pédoncules n'est cepen- dant pas absolu. Bupleurum fruticosum L. — Entre l'ile Rousse et Corbara. Cherophyllum temulum L.— Vico, aux environs du couvent de Saint- Francois. Hydrocotyle vulgaris L. — Calvi, lieux humides des dunes. Viscum album L.— Cette espèce est extrémement abondante sur les Sapins etles Pins (P. Laricio), sur ces derniers surtout dans les foréts d'Aitone et de Valdoniello. Elle se présente, sur les Pins, sous la forme qui a été décrite, par Boissier, comme une espèce distincte, sous le nom de V. laxum ; indépendamment des caractères indiqués pour celle-ci, la plante corse a les feuilles remarquablement petites, et le plus souvent jaunátres. Sambucus nigra L.— Sartène, bord dela route forestière, en dessous de la ville. Viburnum Opulus L. — Cultivé sous la forme dite Boule de neige, dans les jardins du couvent de Saint-Francois, à Vico. Asperula odorata L. — Forét d'Aitone. Aster Tripolium L. — Porto-Vecchio, aux Salins. Senecio lividus L. — Sarténe, bord de la route forestiére, au-dessous de la ville ; il est souvent trés abondant. Senecio Cineraria DC.— Porto-Vecchio. Chamomilla mixta Gr. et Godr. — Dunes de Calvi. Erica arborea L. — Cette espèce s'éléve trés haut dans la montagne. Je l'ai vue jusqu'à 1000 mètres dans la forêt d'Aitone. Elle s'éléve plus haut encore dans celle de Lindinosa, ou elle arrive à rencontrer le Junt- perus alpina Clus. Il résulte, de cette extension en hauteur, que l'époque de floraison varie sensiblement des stations basses aux autres; lorsque j'ai visité la Corse, à la suite d'un hiver long et d'un printemps froid, l'espéce était en fleurs, même au-dessus de Vico, le 19 mai. Erica scoparia L. — Sarténe, au-dessus de la ville; forét de Mello. Pirola uniflora L. — Forét de Mello, prés de la fontaine, sur le che- min de Corte à Valdoniello ; trés peu abondant. Erythrea maritima Pers. — Porto-Vecchio, prés de Georgesville. Gentiana lutea L. — Cette plante parait se trouver sur toutes les hauteurs d'Aitone, rive gauche. Borrago laxiflora DC. — Cette espèce est trés certainement vivace; FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 363 comme le pense M. de Marsilly. Un des pieds recueillis par moi, à Sar- téne, portait encore un rameau de l'année précédente. Myosotis hispida Schlecht. — Sartène, bord de la route forestière en dessous de la ville. Scrofularia trifoliata L. — Sartène, maquis, anciennes cultures au- dessus de la ville. Digitalis purpurea L. — Sartène, au-dessus de la ville. — AC. — Vico, forét de Nesa. Trizago apula Stev. — Sartène, le long de la route forestière, en dessous de la ville. Orobanche cruenta Bertol. — Sarténe, au bord de la route forestière, en dessous de la ville. Lavandula Stechas L. — J'ai rencontré dans la forêt de Petaca, aux environs d'Ajaccio, une forme de cette plante, curieuse par ses fleurs dont les corolles sont restées d'un beau bleu violacé, tandis que les calices et les bractées sont verts, et les grandes bractées supérieures blanches à nervure verte. Lamium bifidum Cyr. — Forét d'Aitone. Stachys glutinosa L. — Cette espèce a parfois les corolles trés violettes. Atriplex Halimus L. — Porto-Vecchio ; évidemment planté. Obione portulacoides Moq. — Bastia, à Biguglia. Rumex Acetosella L. — Sables, à Calvi. Daphne glandulosa Spreng. — Pâturages au-dessus de la forêt de Mello, oü il est en mélange avec les Genévriers nains. Passerina hirsuta L. — Bonifacio, vers le point d'immersion du câble. Cytinus Hypocistis L. — La forme à fleurs rouges, à Sartène, bord de la route forestière, en dessous de la ville. Euphorbia insularis Boiss.? — L'Euphorbe signalée à Valdoniello par M. de Marsilly (1), et rapportée par lui avec doute à PE. hyberna, en est distincte. La plante indiquée sous ce nom, en Corse, est PE. insularis Boiss.; il me semble méme que ce n’est point à cetle espèce qu'il faut rattacher l'Euphorbe de Valdoniello, qui, M. de Marsilly le fait remarquer avec raison, a des caractères particuliers qui l'éloignent du type habituel; la tige est, notamment, assez fortement velue. Ce serait, à tout le moins, une variété notable. La question ne pourrait étre définitivement tranchée (1) Loc. cit., p. 128. 364 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. que par l'observation de la plante fructifiée; elle commençait seulement à fleurir lorsque je l'ai vue. Euphorbia pinea L. — Calvi, maquis vers les dunes. La plante pré- sente un nombre d'ombelles supérieur à celui indiqué par Grenier et Godron. Mercurialis annua L. — Sarténe, bord de la route forestiére, en dessous de la ville. La capsule pédicellée, la racine trés grêle, la rap- prochent du M. ambigua. Celtis australis L. — Cette espèce n'est certainement pas spontanée dans l'ile; mais elle se maintient dans les endroits où elle a été plantée, méme aprés l'enlévement des arbres, sous forme de buissons, dans des haies; je l'ai rencontrée, ainsi représentée, à Calcatoggio età Vico. Ulmus campestris Sm.— Sartène, prés du ruisseau de la route allant au Rizzanèse. On voit, dans cette localité, à la fois, des arbres de cette espéce provenant de plantations et d'autres ayant crü spontanément. Urtica pilulifera L. — Vico, aux environs du couvent de Saint-Fran- cois; entre Calvi et l'ile Rousse. — CC. — Bastia. Humulus Lupulus L. — Sartène, vers le ruisseau rencontré par la route du Rizzanése. Fagus silvatica L. — Sur le versant opposé à Cristinacce, on ren- contre une futaie de cette espèce; elle présente ce fait intéressant, que; dans la région basse de la forêt, le Hêtre est mélangé au Chéne-Yeuse, et que sous les deux arbres on trouve en abondance l'Erica arborea. Castanea vulgaris Lamk. — Le Châtaignier ne me semble pas spon- tané dans l'ile. Une seule fois je l'ai rencontré avec quelque apparence contraire; mais l'exiguité du petit bois dans lequel il se trouvait et l'étude de l'ensemble de la végétation forestière dans la même localité ne permettent pas d'attacherla moindre importance à ce fait absolument isolé. Quercus sessiliflora Sm. — Non seulement le Chêne Rouvre, en Corse, est distribué cà et là, comme le dit M. de Marsilly; mais, en outre, dans tous les endroits que j'ai visités, il est par pieds isolés, soU" vent rare et n'ayant, par suite, pas grande importance forestière. Je lat rencontré jusqu'à 1350 métres dans la forét d'Aitone. Quercus Suber L.— Le Liège est abondant en Corse. On le rencontre en massif complet, en massif clairsemé, enfin à l'état d'arbres isolés; il est visible qu'il a eu, autrefois, une plus grande extension, à laquelle on pourrait le ramener avec grand avantage économique. Ostrya carpinifolia Scop. y. corsica. — Forêts de Pielrosa, de Tova, de Bavella et plateau du Nebbio. J'ai déjà donné dans le Bulletin, au + = FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 365 tome xxxiv, les caractères de cette variété et quelques détails relatifs à sa répartition en Corse. Salix fragilis L. — Cette espèce, qui figure au Catalogue de Requien, a été supprimée dans celui de M. de Marsilly. Je l'ai rencontrée avec les apparences de la spontanéité à Porto-Vecchio au bord de la rivière, et bien évidemment plantée entre Bastia et l'étang de Biguglia. Salix alba L. — Bords de la Gravona, où cette espéce m'a paru spon- lanée. Je l'ai vue, en outre, plantée à Sartène et à Calvi. Salix purpurea L.— Cette espèce présente souvent dans ses stations méridionales de trés petites feuilles. C'est ainsi qu'aux environs de Digne, je l'ai trouvée à feuilles presque entières, ayant au maximum 26 millimétres de largeur, sur 3 de largeur. J'ai rencontré, à Calvi, une forme analogue, quoique différente ; les feuilles sont légèrement plus grandes, 31 millimètres de longueur, 4 de largeur, au maximum; en outre, elles sont dentées un peu plus méme qu'elles ne le sont dans le Nord. Aussi, la feuille étant petite, parait-elle l'étre trés formellement. Salix aurita L. — Ce Saule figure au Catalogue de Requien. Il a été supprimé par M. de Marsilly dans le sien. Je n'ai pu vérifier la localité de Guagno indiquée par Requien; mais j'ai rencontré le Saule à oreil- lettes à Porto-Vecchio, aux environs du Stabbiaccio, où il est rare; entre le Mouillage et Vico, il y est également rare. Peut-étre le trouverait-on plus abondamment aux altitudes supérieures, d’où il parait avoir été entrainé par les eaux. Je dois dire, cependant, que dans certaines foréts de la montagne, les Saules sont trés rares ou font méme absolument défaut. Salix pedicellata Desf. — Ce Saule a déjà été signalé en Corse, notamment par les auteurs italiens et par M. Mathieu (1) ; il parait étre commun dans la région basse, où je l'ai rencontré largement représenté, entre Bonifacio et Porto-Vecchio, dans cette dernière localité; au bord dela Gravona dans son cours inférieur et à Calvi. Il pénétre dans la région moyenne, à Vico, par exemple, où il existe au bord du Liamone. C'est une belle espèce, qui se distingue facilement du S. cinerea, qui croit également en Corse, non seulement par ses caracléres botaniques, mais encore par sa vigueur, sa taille généralement plus élevée, la belle teinte verte que présente le feuillage à la face supérieure. SALIX PEDICELLATA X S. PURPUREA. — J'ai trouvé à Calvi, au bord de la route de l'ile Rousse, un pied unique d'un Saule présentant tous les Caractères d'un hybride exactement intermédiaire entre les deux espèces que je considère comme les parents, et au milieu desquelles il se ren- (1) Flore forest., 3* édit., p. 407. 366 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. contre. Voici ses caractères : rameaux gréles plus ou moins velus dans leur jeunesse, souvent rougeàtres; feuilles de la taille normale chez le S. purpurea dans le Nord, nullement subopposées, pétiole trés court ; nervures plus prononcées que chez le S. purpurea, mais rappelant la nervation de celui-ci; la forme générale de la feuille est intermédiatre entre ce qu'on observe chez les deux espéces parentes, se rapprochant tantôt de l'une, tantôt de l'autre. Les feuilles sont d'un vert clair, un peu glauques à la face inférieure qui est peu velue, d'autant moins que l'or- gane est plus àgé. Cet hybride n'a encore été signalé nulle part; il est possible que le Saule trouvé par la Société à Miomo, et signalé par M. Gillot (1), doive lui étre rapporté. SALIX NIGRICANS Sm. — Porto-Vecchio, au bord du Stabbiaccio, où il est rare; Vico, bord du Liamone, où il est plus commun. On peut répéter, à propos de ce Saule, ce qui a été dit plus haut au sujet de la distribu- tion probable du S. aurita. Ce Saule est variable, en Corse, comme dans les autres pays qu'il habite ; c'est ainsi que la forme de Porto-Vecchio a de grandes feuilles allongées, ressemblant beaucoup à celles d'échantillons recueillis par moi à Pontarlier; ceux-ci les ont cependant un peu plus courtes et ils ont les stipules plus grandes. La forme de Vico est à petites feuilles ; elle est identique à des échantillons des bords du Rhin, à Strasbourg, qu'a bien voulu me communiquer M. Mathieu, avec lequel j'ai étudié tous mes échantillons corses de Saules. Populus alba L. — Je ne sais pourquoi M. de Marsilly a omis ce Peuplier dans son Catalogue. Requien le cite à Ajaccio, sans s'expliquer au sujet de sa spontanéité. Il existe également entre Bastia et l'étang de Biguglia, au moins à l'état d'arbres plantés, et il parait, en outre, se multiplier spontanément. Betula alba L. — Les indications fournies à M. de Marsilly, au sujet de la présence de cet arbre dans la forét de Valdoniello, étaient parfai- tement exactes; le Bouleau est trés commun dans la localité qu'il cite, parfois assez gros, mais trés abimé par les bergers pour faire de la feuil- lée. Je l'ai rencontré aussi au-dessus des bergeries de Ceresole, et dans les régions élevées d'Aitone. Je n'ai jamais trouvé que la forme verru- cosa. Alnus viridis DC. — C'est à trés juste titre que Regel (2) el M. Mathieu (3) ont réuni à cette espèce PA. suaveolens Req. Les échan- (1) Bull. Soc. bot. XXXIV, 1887, p. XLVI. (2) Prodrome, 16-2, p. 181. (3) Flore forest., 3° édit., p. 364. FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 361 tillons recueillis par moi au-dessus de Valdoniello montrent que le caractère tiré de l'état subsolitaire des chatons mâles n'a aucune valeur, que celui de la forme des feuilles en a fort peu ; sous ce rapport, des feuilles de l'origine indiquée et du Riffel se ressemblent complètement. La taille et la forme des feuilles varient d'ailleurs dans d'assez larges limites chez l'A. viridis, dans les Alpes. Un seul caractère me semble constant chez l'arbuste corse, c'est l'absence de poils sur la face infé- rieure des feuilles; mais la villosité est, en général, si légère, quoique sujette à quelques variations, chez l'A. viridis du continent, qu'il me semble difficile de fonder une espéce sur un aussi mince caractere. Les individus corses sont incontestablement atteints d'un léger endémisme, mais il permet à peine d'en faire une variété. Alnus glutinosa Gærtn ? — J'ai recueilli, sur les bords du Liamone, à Vico, un Aune dont je figure, ci-dessous, deux feuilles prises comme ; m PA X up Sr | # Be termes extrémes des formes qu'il présente. On voit que la différence saute immédialement aux yeux, avec ce que présente le type habituel. Non seulement la feuille n'est pas ici échancrée, elle est plutôt acuminée, mais obtuse; la dentelure du pourtour descend presque jusqu'à la base, ce qui l'éloigne encore du type, de méme que la rareté de sa pubescence à la face inférieure de la feuille, la brièveté du pétiole et le peu de déve- loppement du limbe; elle s'en rapproche, au contraire, par l'irrégularité de cette méme dentelure, la consistance et la couleur du limbe. Quelques- uns de ces caractères, auxquels se joint une moindre rigidité des ner- 368 SÉANCE DU 12 JUILLET 1889. vures secondaires, font songer à une influence possible de PA. viridis, surtout sous la forme corse. Mais en l'absence d'organes de reproduc- tion, et étant données les variations dont sont susceptibles les feuilles de PA. glutinosa, il est préférable de se tenir sur la réserve. Pinus Laricio Poir. — On admet généralement que les cônes de cette espéce sont trés peu variables et, d'autre part, on a donné quelquefois, comme caracteres différentiels des races qu'elle présente ou des sous- espèces établies à ses dépens, des différences, assez peu prononcées d’ailleurs, dans la taille de ces organes. Ces opinions ne me semblent pas exactes. J'ai trouvé dans une même forêt, celle d'Aitone, et pour une seule race, celle de Corse, des différences de taille entre cônes parfaite- ment conformés semblant supérieures à ce qui est considéré comme caractéristique de races ou sous-espèces. Les plus grands de ces organes que j'aie observés avaient 75 millimètres de longueur; les plus petits, 34 millimétres; l'écaille présente quelquefois une forme et une saillie de l'écusson assez différentes du type habituel. Je n'insiste pas, me réservant de revenir sur cette question dans un autre travail. Sans entrer dans des détails forestiers qui ne seraient point ici à leur place, je crois utile de dire que le Pinus Laricio prend avec l’âge, comme le disent les auteurs qui s'en sont occupés, une cime aplatie remarquable, par un procédé spé- cial, une inflexion de l'axe principal et un développement des axes laté- raux que je ne vois décrit nulle part, que les branches basses restent fort longtemps adhérentes à la tige, qu'elles sont longtemps vivantes, que le couvert ne rappelle nullement celui du Pin silvestre comme on le dit généralement. Hayer a mis, sous ce rapport, une autre race, celle d'Autriche, à la suite du Hétre. C'est, je crois, la place qui conviendrait aussi à la forme corse; il y a là une indication importante au point de vue du traitement forestier de cet arbre. Pinus halepensis Mill. — Cette espèce a été introduite dans le reboi- ment de Casone, prés d'Ajaccio. Pinus Pinea L. — Comme le dit M. de Marsilly, ce Pin est cultivé à Ajaccio et à Bastia; mais je ne vois pas de motif pour douter de sa spon- tanéité à Porto-Vecchio et dans les autres localités de la cóte orientale, où il le cite. Abies pectinata DC. — Forêt de Valdoniello. Dans cette forêt, plus encore que dans celles citées par M. de Marsilly, le Sapin est moins com- mun que les Pins; il lui faut une exposition et un sol suffisamment froids ; mais, en outre, il tend à devenir plus rare parce que, occupant les parties supérieures de la forét, il est particuliérement exposé aux délits commis par les bergers. FLICHE. — NOTES SUR LA FLORE DE CORSE. 369 JUNIPERUS COMMUNIS L.— Forêts d'Aitone et de Mello, régions basses. Ornithogalum umbellatum L. — Vico, châtaigneraie au-dessus du couvent de Saint-François. Gagea Soleirolii Schultz. — Région supérieure d'Aitone. Hyacinthus fastigiatus Bertol. — La forme des hauteurs ne se dis- lingue pas seulement par sa taille plus élevée, comme le dit M. de Marsilly, mais encore par ses fleurs rosées, à pédicelles moins allongés; l'inflo- rescence est, par suite, plus contractée ; les feuilles sont un peu plus larges. Cephalanthera ensifolia Rich. — Bois au-dessus de Sartène. Orchis papilionacea L. — Je l'ai trouvé en pleine floraison, un peu au-dessus de Sarténe, le 9 mai. ORCHIS LATIFOLIA L. — Bois au-dessus de Sartène. Orchis maculata L. — Maquis au-dessus de Sartène. Ophrys lutea Cav. — Bonifacio. — Le lobe moyen du labelle est plus fortement bilobé que ne le disent Grenier et Godron. Luzula spicata DC. — Région supérieure d'Aitone. Carex glauca Scop. — Bois au-dessus de Sartène. Carex silvatica Huds. — Sartène, au-dessus de la ville, non loin d'un ruisseau. Carex extensa Good. — Porto-Vecchio, plage d'une lagune. Andropogon pubescens Vis. — Ajaccio, forét de Petaca. Avena barbata Brot. — Terrains vagues à Bastia. Scleropoa maritima Parl. — Dunes de Calvi. Scleropoa rigida Gris. — Sarténe, route allant au Rizzanése. Vulpia bromoides Rchb. — Dunes de Calvi. Polypodium vulgare L.— Habite sur les arbres dans la forêt de Nesa, prés de Vico. Asplenium lanceolatum Huds. — Sartène, bord de la route fores- tière, en dessous de la ville. Asplenium septentrionale Sw. — Vallée du Golo, entre Pietrosa et Casamaccioli; Cristinacce, où il est commun sur les murs en pierres sèches, avec un peu de Ceterach officinarum, et au milieu d'une végé- tation franchement méridionale, composée notamment d'Erica arborea et de Cistus monspeliensis. Cette station est fort intéressante ; comme celle, si remarquable, signalée par M. Vallot dans l'Hérault, elle prouve que cette espèce est essentiellement calcifuge, et qu'elle peut descendre T. XXXV. (SÉANCES) 24 310 SÉANCE DU 26 JuiLLET 1889. dans la région chaude à condition d'y trouver des roches non calcaires. Dans toute sa flore, la Corse présente des faits fort curieux relatifs à l'influence du sol sur la distribution des espéces végétales; j'ai eu, à diverses reprises, l'occasion de vérifier l'exactitude des observations de M. Burnouf à ce sujet (1). è Blechnum Spicant Roth. — Cette Fougère mest pàs aussi exclusive- ment localisée au bord de l'eau que le dit M. de Marsilly; je l'ai rencon- trée dans des conditions différentes dans la forét d'Evisa. Adiantum Capillus-Veneris L. — Sartène, rochers humides en des- sous de la ville. EQUISETUM ARVENSE L. — Au bord d'un ruisseau affluent du Stab- biaccio, un peu au-dessus de Porto-Vecchio. — Cette station est une des plus méridionales de la plante; elle y est abondante. Elle y présentait cette particularité remarquable qu'au 12 mai 1885, elle avait en méme temps des tiges stériles bien développées et des tiges fertiles en trés bon état. Ces dernières se trouvaient dans le lit du ruisseau, avec le pied recouvert d'eau ; les premières invariablement sur la terre sèche au bord du cours d'eau. L'explication du fait me semble facile; dans le ruisseau le développement de la plante est retardé par la fraicheur de l'eau qui vient de la région montagneuse, et grâce à la disposition orographique du pays, aprés un trés court trajet; et ce qui prouve qu'il s'agit d'un développement tardif et non d'une seconde pousse, c'est que sur les rhi- zomes placés sous l'eau les tiges stériles commençaient seulement à se montrer. La plante est, d'ailleurs, parfaitement normale, et les spores très bien conformées. La gaine, sur ces échantillons corses, el sur les deux formes de tige, a les dents remarquablement acuminées. SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 12 juillet, dont la rédaction est adoptée. (1) Bull., t. XXIV, p. xix. SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. 314 M. le Président s'exprime en ces termes : « La Société sera heureuse d'apprendre que son trés sympa- thique trésorier, M. A. Ramond, a été nommé le 14 juillet dernier commandeur de la Légion d'honneur; c'est le couronnement légitime d'une longue carrière administrative consacrée au service de son pays. Nous voudrions pouvoir reconnaitre à notre tour par une éclatante distinction les services rendus depuis vingt-cinq ans par M. Ramond à notre œuvre sociale, qui est redevable, pour une grande part, à la gestion financiére de son trésorier, toujours si scrupuleuse et si dévouée, du développement de la situation pros- pére constatée par vos comptes rendus annuels; qu'il nous soit du moins permis de lui adresser ici nos plus vives félicitations et l'assurance de notre profonde gratitude. » Ces paroles sont accueillies par des marques unanimes d'appro- bation. M. le Président, aprés avoir annoncé qu'un attentat a été com- mis récemment sur la personne de S. M. Dom Pedro, empereur du Brésil, et que cette tentative criminelle a heureusement échoué, propose de voter, à cette occasion, une adresse de respectueuses félicitations au souverain à l'esprit libéral, protecteur éclairé des arts et des sciences, que la Société a l'honneur de compter parmi ses membres. Cette proposition est votée à l'unanimité. Dons faits à la Société : Giraudias, Notes critiques sur la flore ariégeoise. Jumelle, Assimilation et transpiration chlorophyllienne. — Sur la constitution du fruit des Graminées. Mouillefert, L'arboretum de l'École d'agriculture de Grignon. . Pailleux et Bois, Crosne, Epiaire à chapelets ; histoire d'un nouveau légume. Roumeguère, Mort du D" Antoine Mougeot. John Lubbock, La vie des plantes. (Trad. par M. Bordage.) i Micheletti, Raccommandaz ioni intese ad ottenere che l'Italia abbia la sua Lichenografa. — Index schedularum in Lichenes exsiccatos Italie. Aunales du Bureau central météorologique de France, ann, t. II, et 1887, t. II. — Rapport du Congrès de Zurich. 1885, 312 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. Mittheilungen des naturwissenschaftlichen Vereines fur Steiermark. Jahrb. 1886-87-88. M. Maury dépose sur le bureau vingt-deux brochures ou tirages à part que M. Penzig, de Génes, lui a envoyés pour la bibliothéque de la Société. M. Ramond a fait remeltre, pour étre offerts à la Société, 91 volumes parfaitement reliés, tomes 1 à XVIII (1749-1775) et suppléments t. I à III (1774-1776), de l'édition princeps de l'His- toire naturelle de Buffon. Cet ouvrage provient de la bibliothèque de Bernard de Jussieu, et il a ensuite appartenu à Antoine-Lau- rent et Adrien de Jussieu ; M. Ramond, gendre d'Adrien de Jussieu, a désiré qu'à ce titre l'exemplaire dont il s'agit prit place dans la bibliothéque de la Société botanique. M. le Président, aprés avoir signalé le bon état et la valeur bibliographique de ces volumes, décide qu'une lettre de remer- ciements sera écrite à M. Ramond. M. Bureau donne lecture de la Notice suivante : NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LE D' SAGOT, SUIVIE DE LA LISTE DE SES PUBLICATIONS ; par MM. E. BUREAU et J. POISSON. Il y a peu de temps, la Société botanique de France apprenait avec douleur la mort du D' Sagot. Tous nous étions plus ou moins touchés par ce coup inattendu, car cet homme d'élite ne comptait parmi nous que des amis; mais notre science aussi était cruellement atteinte; M. Sagot, en effet, l'aimait et la cultivait avec passion. Il laisse nombre de travaux estimés sur différentes branches de la botanique, et particulièrement sur la végétation des pays chauds; car il était deceux qui se vouent à l'étude des flores exotiques, et qu'on regrette de voir en si petit nombre en présence des riches matériaux d'étude que renferment nos collections. Connaissant depuis longues années le D" Sagot et nous étant trouvés en relations fréquentes avec lui en raison de la nature deses travaux, il nous a semblé que nous répondrions aux sentiments de la Société botanique en retraçant les principaux traits de la vie de notre regretté confrère, et en rappelant les services qu'il a rendus à la science des végétaux. Paul Antoine Sagot naquit à Paris le 44 juin 1821. Son père était magistrat (substitut); mais il y avait déjà eu des naturalistes dans sa famille. BUREAU ET POISSON. — NOTICE SUR LE D? SAGOT. 373 Son aïeul paternel, pharmacien à Paris, était fort lié avec Antoine- Laurent de Jussieu. Nous donnerons l'idée de la haute estime que l'auteur de la méthode naturelle avait pour son ami, en disant qu'il le choisit plusieurs fois pour le suppléer. Il dut vaincre une modestie, allant jus- qu'à la timidité, qualité dont devait hériter Paul-Antoine Sagot. Son grand-oncle maternel était le D" Raffeneau-Delile, botaniste atta- ché à l'expédition d'Égypte et professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. Notre futur confrére fit ses études comme éléve externe au collége (actuellement lycée) Louis-le-Grand. Jl y eut des succès dans les lettres, et plus encore dans les sciences mathématiques el physiques. A cette époque les sciences naturelles étaient peu cultivées dans l'enseignement secondaire ; cependant il montrait pour elles, et particulièrement pour la botanique, un goüt tout à fait prédominant; sa vocation fut précoce, comme celle de presque tous les vrais naturalistes. Sous l'influenee du D' Andral, ami de sa famille, il embrassa la car- riére médicale. Comme le fait remarquer Decaisne, dans sa Notice historique sur Adrien de Jussieu, on n'imaginait pas alors que le titre de botaniste püt être séparé de celui de médecin. C'était. une exagéralion sans doute, à laquelle on pourrait opposer de nombreux et illustres exemples ; mais ce qui reste vrai, c'est que la détermination des maladies, des espéces nosologiques, et la détermination des espéces d'étres vivants sont des opérations de méme ordre, et que les exercices de la clinique constituent une grande école d'observation et une précieuse gymnastique intellectuelle pour ceux qui se dirigent vers les sciences naturelles proprement dites. Paul Sagot continua à remporter dans ses études de médecine les succès qu'il avait eus au collège. Il conquit le grade si envié d'interne des hópitaux de Paris. C'est alors seulement qu’il put faire sa première herborisation loin- laine; profitant d'un voyage de famille à Montpellier, il étudia la végéta- tion du Midi et explora les Cévennes. En 1848, pendant les journées de Juin, il voulut faire partie de la garde nationale, bien que ses fonctions l'en exemplassent, et il combattit l'insurrection avant de soigner les blessés à l'hôpital Saint-Louis. Cette même année, il fut recu docteur avec une thèse sur la fièvre typhoïde. Il avait pu observer cette maladie non seulement dans les salles qui lui étaient confiées, mais sur lui-méme; car il en avait été gravement atteint en remplissant ses fonctions. Notre confrére exerca d'abord la médecine à la campagne, dans le département de l'Yonne, où sa famille avait des intérêts et s'était fixée dans une propriété qu'elle habite encore. Il s'établit dans le voisinage, 314 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. à Coulanges-sur-Yonne, et là il prodigua à tous des soins par trop désin- téressés; car son dévouement allait jusqu'à l'oubli complet de ses inté- rêts. Il se fit remarquer surtout dans une épidémie de choléra qui sévit sur ce pays en 1849. Tous les instants dont il pouvait disposer étaient consacrés par lui à l'éducation de son plus jeune frére; il finit méme par délaisser peu à peu la médecine pour se donner tout entier à ce devoir, qu'il remplit jusqu'au bout. C'est alors seulement que le D" Sagot songea à accomplir quelque grand voyage qui donnât à la fois satisfaction à ses instincts de dévouement et à ses goûts de naturaliste. Il s'engagea comme chirurgien auxiliaire de la marine à la fin de 1853, et s'embarqua pour la Guyane en février 1854. Là, aprés quelques mois de service auprés des transportés aux iles du Salut, il fut nommé médecin et directeur de la léproserie de l'Acarouany. Dans ce poste, situé en pleine forêt vierge, il se trouva seul Européen, avec quelques sœurs hospitalières, au milieu des nègres. Profondément attaché à ses devoirs, il ne pouvait étendre ses explora- tions au loin. Ce fut un bonheur pour la science; car il étudia à fond tout ce qui était à sa portée : il rassembla la flore complète, fit de pré- cieuses observations d'agriculture pratique, et examina au point de vue anthropologique la race nègre et les indigènes (Caraïbes ou Galibis). Rien n’était intéressant comme de lui entendre raconter plus tard à quel point les herborisations dans les pays tropicaux diffèrent de celles que nous faisons en France. Dans ces pays, et à la Guyane particulière- ment, la végétation herbacée est peu de chose; la plupart des espèces sont des arbres, dont la floraison n’a lieu qu’à des intervalles fort longs et irréguliers. Pour compléter son herbier, M. Sagot était obligé de guet- ter l'apparition des fleurs avec une lorgnette de spectacle et de faire couper l'arbre par le pied. Ses études d'histoire naturelle ne firent jamais tort à ses travaux de médecine. Il contracta méme la fièvre jaune, guérit etreçut une médaille de dévouement. ; C'est au bout de cinq ans seulement que notre confrère put se rem- barquer pour la France. Il y arriva en 1859, après une courte relâche aux Antilles française, et put commencer à mettre en œuvre les maté- riaux scientifiques qu'il avait amassés. i Mais il n'avait pas renoncé aux voyages. Il passa l'hiver de 1864-65 à Ténériffe, chez son ami le D' Perez, médecin et agriculteur trés distingué, et il put ainsi compléter ses études sur les cultures des pays chauds. En 1865, il reprit du service comme chirurgien d'un paquebot trans- atlantique, le Tampico, qui devait prendre à Trieste des volontaires autrichiens allant au Mexique; mais l'hostilité des États-Unis empécha l'embarquement, et le navire, aprés avoir emmené des émigrants à New- BUREAU ET POISSON. — NOTICE SUR LE D' SAGOT. 315 York, se rendit à la Vera-Cruz chercher des troupes françaises pour les rapatrier. Ses devoirs professionnels et l'insécurité du pays empéchérent le D" Sagot de sortir de la ville et de sa banlieue et, à son grand regret, ce voyage ne put avoir de résultats botaniques. Lors de la création de l'École normale spéciale de Cluny, plusieurs sa- vants qui étaient chargés d'y organiser l'enseignement, et en particulier MM. Dumas et Ad. Brongniart, songèrent au D" Sagot, pour inaugurer dans cet établissement l'enseignement des sciences naturelles. Celui-ci accueillit favorablement leurs ouvertures; mais il était déjà engagé comme chirurgien, pour un nouveau voyage, avec la Compagnie trans- atlantique, et il espérait avoir le temps de remplir cette obligation. Sa nomination lui arriva au Havre quelques heures avant le départ du bâti- ment. Il partit quand méme, ne voulant causer aucun préjudice à la Compagnie par une brusque démission; mais sa place de professeur lui fut gardée à Cluny, et il commença ses leçons à la fin de 1865. Désormais fixé en France, le D' Sagot épousa, le 4 décembre 1867, à Chàlons-sur-Marne, M'* Virginie de la Chevardière de Lagrandville, d'une famille ancienne et respectée où le dévouement à la patrie dans l'armée est de tradition constante. Les vertus de la compagne que notre confrère et ami avait choisie, les qualités du cœur dont lui-même avait fait preuve en mainte circonstance, devaient faire augurer que cette union serait heureuse, et elle le fut en effet. Il avait accueilli à son foyer la mére de sa femme, qui eut pour lui une sincére affection, et il partagea sa vie entre son intérieur et son enseignement. Ses lecons étaient bien à la portée de ses éléves et tout à fait appro- priées à la carrière qu'ils devaient suivre. Il sacrifiait le brillant au solide et à l'utile, et ne perdait pas de vue le cóté pratique et les applications. Les jeunes gens dont l'instruction lui était confiée l’apprécièrent hautement el devinrent ses amis, tandis que, grâce à l'aménité de son caractère, il entretenait avec ses collégues les rapports les plus cordiaux. Les savants venus pour inspecter l'École donnérent de lui les témoignages les plus flatteurs, et il reçut les palmes d'officier d'Académie. Il fit don à l'École de son herbier de France et lui procura de nom- breux échantillons minéralogiques. Aprés douze ans de professorat pendant lesquels il s'était prodigué, le D' Sagot songea à prendre du repos, ou plutót à revenir à ses études personnelles qu'il avait dû sacrifier. Il quitta Cluny en 1877, passa trois ans et demi près d'un de ses frères à Dijon et fut recu membre de l'Aca- démie de cette ville. En 1881, il s'installa à Melun, auprès de sa sœur et du beau-frère de sa femme, et, grâce à la proximité de Paris, renoua des relations intimes avec le Muséum ; il y recut méme une mission temporaire, pour la déter- 316 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. mination et le classement, dans les herbiers, des plantes de l’Amérique tropicale, qui avaient fait l’objet de ses constantes études. C’est alors qu'il put songer sérieusement à la publication de la Flore de la Guyane francaise. Il la fit précéder d'un Catalogue méthodique dont les premières parties parurent dans les Annales des sciences naturelles et qui, dressé d’après la classification de de Candolle, s'étendait, au moment où il fut interrompu par le décès de l’auteur, des Dilléniacées aux Myrtacées inclusivement. En même temps que le Catalogue, il rédigeait la Flore en francais. Le manuscrit du premier volume est entiérement écrit et ne demandera que peu d'additions pour étre publié. Si considérable que fùt cette œuvre, le D" Sagot ne se laissa pas entièrement absorber par la science pure. Il était vivement encouragé à composer un ouvrage qui manque jusqu'ici, un Précis de l'agriculture des pays tropicaux, et il consacra à ce travail une grande partie de ses dernieres années. C'était une tâche difficile; car il devait relier entre elles, en les soumettant au contróle de sa grande expérience, des données jusque-là éparses. Il s'y appliqua avec la conscience qu'il mettait à toutes choses. Tout faisait done espérer que deux ouvrages importants allaient sorlir de sa plume, lorsque la mort vint l'atteindre de la maniére la plus inattendue. Il était retourné en 1888, comme chaque année, passer quelques semaines à la campagne dans cette maison de Magny, restée un centre de réunion de famille, lorsque, le 8 octobre, il fut atteint tout à coup d'une crise d'étouffement qui l'enleva en une demi-heure, sans avoir pu arracher une plainte à son courage, une expression de regret à sa rési- gnation chrétienne. Le D" Sagot était en effet un chrétien dans la plus haute acception du mot. Il ne laisse pas d'enfants, mais une veuve dont la vie est brisée, et qui s'est efforcée de remplir toutes les intentions de son mari. Il avait exprimé le désir, plusieurs années avant sa mort, que son herbier de la Guyane et le manuscrit de la Flore de cette colonie fussent remis au Muséum; M"° Sagot s'est empressée de faire parvenir à notre grand éta- blissement national ce don précieux. L'herbier renferme les types du Catalogue et de la Flore de la Guyane; il est étiqueté et rangé avec le plus grand soin. Cette collection est bien ce qu'on pouvait attendre d'un botaniste aussi zélé et aussi scrupuleux que le D' Sagot. Le manuscrit de la Flore de la Guyane est, nous l'avons dit, presque en état d'étre publié, et nous nous occuperons certainement des moyens de le faire paraitre. Le Précis d'agriculture tropicale verra aussi le jour. M. Raoul, très BUREAU ET POISSON. — NOTICE SUR LE D' SAGOT. 311 connu par ses ouvrages sur les pays chauds, a bien voulu se charger de revoir le manuscrit et d'en surveiller la publication. Nous ferons assurément tout ce qui sera possible pour honorer la mémoire d'un confrère dont nous n'oublierons jamais le savoir, la modestie, la bonté, les sentiments élevés et généreux. LISTE DES PUBLICATIONS DU D' SAGOT. Étude sur la végétation des plantes potagéres d'Europe à la Guyane francaise (Journal de la Société imp. et centr. d'Horticulture, t. VI, 1860, pp. 113- 134). Explication physiologique de la mauvaise végétation des légumes des pays tem- pérés sous l'équateur. — Caractère général des produits végétaux des divers climats (Bulletin de la Société botanique de France, 1. 1X, 1862, pp. 147-156). de. Exploitation des forêts à la Guyane française (Revue maritime et coloniale, aoüt-octobre 1869). Tirage à part en brochure, in-8° de 71 pages. [Analyse in Bull. Soc. bot., t. XVH (1870), Revue bibl., p. 50]. Quelques souvenirs d'herborisations à propos de la relation qui lie la végéta- tion à la nature du sol [Mémoires de la Société académique d'Angers. Analyse in Bull. Soc. bot. de France, t. XVII (1870), Rev. bibl., p. 127]. Élève du bétail à la Guyane (Annales de (a Société academique de Nantes, 1870). Tir. à p., 128 pages. Analyse in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XVII (1870), Rev. bibl., p. 179. [Lettre de M. Paul Sagot à M. le Secrétaire gé- néral (en lui envoyant le tirage à part) in Bull. Soc. bot. de Fr.,t. XVI, 1871, pp. 270-272.] Considérations générales sur les rendements agricoles, comparaison de produits de diverses natures (Bull. Soc. bot. de Fr., t. XVII, 1870, session à Autun- Givry, pp. XXIX-XXXI). De quelques opérations générales de culture à la Guyane (Revue maritime et coloniale, 1810). Des Ignames | Bull. Soc. bot. de Fr., t. XVII (1871), pp. 304-311]. Du Manioc [Ibid., t. XVIII (1871), pp. 341-354]. De la Patate [Journal Soc. centr. d Hortic. de Fr., 2* série, t. V (1871), pp. 450- A98]. Des Tayes ou Tayoves (Journ. Soc. centr. d'Hortic. de Fr., 2* série, t. V, 1871, pp. 506-514). De l'Arbre-à-pain (Ibid., t. VI, 1872, pp. 37-44). Culture des céréales à la Guyane francaise : Du Riz (Jbid., pp. 94-107). Du Mais, du Grand Sorgho ou Dourra (Ibid., pp. 160-169)... Du Bananier (Ibid., pp. 226-235, 269-277). 318 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. Des végétaux fruitiers cultivés à la Guyane (Ibid., pp. 347-359, 483-488). Légume et cultures potagères de la Guyane française (Ibid., pp. 544-565). Des plantes oléagineuses cultivées à la Guyane francaise (Ibid., pp. 661-668, 126-736). De la chasse et de la pêche à la Guyane. Cluny, 1873. Généralités sur la Guyane. Cluny, 1873. Agriculture de la Guyane française en 1855-60. Cluny, 1873. Remarques générales sur les plantes alimentaires, à la Guyane (Journ. Soc. centr. d'Hortic. de Fr., 2° série, t. VII, 1873, pp. 271-277, 360-365, 503- 512). Observations relatives à l'influence de l'état hygrométriqne de l'air sur la végé- tation (Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXVI, 1879, p. 57). Sur le dimorphisme du fruit du Jubelina riparia (Ibid., p. 113). Notice sur la vie et les travaux d'Isidore Pancher, ancien jardinier chef au Muséum (Journ. Soc. centr. d'Hort. de Fr., 1879, pp. 515-924). Catalogue des plantes, Phanérogames et Cryptogames vasculaires, de la Guyane francaise (Annales des sciences naturelles, 6° série, t. X, 1880, pp. 361- 382; XI, 1880, pp. 1934-180; XII, 1881, pp. 177-211; XIII, 1882, pp. 283- 336 ; XV, 1883, pp. 303-336 ; XIX, 1884, pp. 181-216). Note sur le Tagasaste (Cytisus proliferus) et le Chicharraca (Lathyrus tingi- tanus) (Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de France, 3° série, t. IX, 1882, p. 698). Sur le Bananier Féhi (Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXIII, 1886, p. 217). Les différentes espéces dans le genre Musa (Bananier), leur groupement natu- rel. Courtes indications sur les caractères distinctifs de chacune et sur l'in- térêt alimentaire ou ornemental de plusieurs (Journ. Soc. nat. d'Hortic. de Fr., 3° série, t. IX, 1887, pp. 238-249, 285-305). M. Guignard fait à la Société la communication suivante : SUR LES ANTHÉROZOIDES DES MARSILIACÉES ET DES ÉQUISÉTACÉES, par M. Léon GUIGNARD. En étudiant récemment le développement et la constitution des anthé- rozoides chez les Characées, les Muscinées et les Fougères (1), je suis arrivé à cette conclusion, qu'ils se forment partout de la méme facon, - par métamorphose spéciale du contenu de leurs cellules-méres. Aprés (1) Léon Guignard, Développement et constitution des anthérozoïdes (Revue géné- rale de botanique. n** 1, 2, 3 et 4, 1889. — Compt. rend. Acad. des sc., janvier et mars 1889). iid GUIGNARD. — ANTHÉROZOIDES DES MARSILIACÉES ET ÉQUISÉTACÉES. 319 s'étre rapproché de la surface, sur l'un des cótés, le noyau de la cellule- mère s'allonge en un corps spiralé, en même temps qu'à la périphérie de la cellule, et tout d'abord sur la face externe du noyau, les cils se différencient aux dépens d'une mince couche de protoplasme hyalin, à partir de l'extrémité antérieure du corps sur laquelle ils s'insérent. L'autre partie du protoplasme, beaucoup plus abondante et renfermant des granulations amylacées, sert à nourrir le corps spiralé dans la con- stitution duquel elle entre plus ou moins complétement ; chez les Musci- nées et les Fougères, où elle n'est pas complètement absorbée pendant le développement, le résidu protoplasmique forme une vésicule accolée àla face interne et vers l'extrémité postérieure de l'anthérozoide. Le corps de ce dernier est pourvu d'une enveloppe hyaline trés délicate, qui réagit comme le protoplasme. Le contenu de la cellule-mére subit donc, pour former l'anthérozoide, une rénovation ou plutót une transfor- mation particulière. Le corps spiralé offre dans toute sa longueur les réactions de la substance nucléaire; mais ces réactions, atténuées ordi- nairement dans la partie postérieure, le sont encore davantage dans la partie antérieure toujours très grêle. Avec les cils dont il est pourvu, et malgré la métamorphose qui s’est opérée dans le noyau et dans le pro- toplasme, l’anthérozoïde n’en représente pas moins une cellule. L'étude du Pilularia globulifera et des Equisetum (palustre, limo- sum, arvense) m'a fourni des résultats analogues. Toutefois, les anthé- rozoides de ces plantes offrent des caractères qui leur sont propres et qui les distinguent de ceux des Cryptogames mentionnées précédemment, Je n'entrerai pas dans le détail de la formation de l'anthéridie du Pilu- laria, parce que, au cours de mes observations sur la germination des microspores de cette plante, j'ai pris connaissance d'un travail de M. Douglas H. Campbell sur le méme sujet (1). Mes résultats, quant à la Structure de l'anthéridie adulte, sont conformes à ceux de cet observa- teur; ils établissent un rapprochement trés étroit entre l'anthéridie des Marsiliacées et celle des Lycopodiacées hétérosporées, étudiées dans ces dernières années par M. Belajeff (2). Dans ses recherches sur les Isoetes et les Selaginella, M. Belajeff a vu que la structure de l'anthéridie n'est pas celle qui avait été décrite par M. Millardet et par M. Pfeffer, dont les opinions n'étaient d'ailleurs pas concordantes sur plusieurs points. Le contenu de la microspore se partage d'abord en deux cellules trés inégales : une petite, qui restera indivise et représente à elle seule la partie végétative du prothalle mâle; une (1) Douglas Houghton Campbell, The Development of Pilularia globulifera (Annals of Botany, t. Il, novembre 1888). « ^ (2) W. Belajeff, Antheridien und Spermatozoiden der heterosporen Lycopodiaceen (Bot. Zeit., 1886). 380 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. grande, qui se divisera pour produire l'anthéridie. Celle-ci est consti- tuée par une assise de cellules pariétales et par un groupe central de cellules-méres d'anthérozoides; il nait seulement quatre cellules-méres dans l’Isoetes, mais il y en a un plus grand nombre dans le Selaginella. Au total, l'anthéridie des Lycopodiacées hétérosporées offre une struc- ture qui rappelle, beaucoup plus qu'on ne l'avait pensé, celle du méme organe chez les Fougéres. Il résulte également des observations de M. Douglas H. Campbell et des miennes que la microspore du Pilularia se cloisonne, comme chez les Lycopodiacées, pour donner une partie prothallienne réduite à une ou deux cellules, et une anthéridie pourvue d'une assise pariétale entourant les cellules-méres d'anthérozoides, qui sont assez nombreuses. En suivant la formation des anthérozoides, j'ai constaté aussi qu'ellea lieu dela méme facon que chez les Characées, les Muscinées et les Fou- gères. C'est encore le noyau, devenu latéral dans sa cellule-mére, qui s'étire pour donner le corps spiralé, en absorbant partiellement le protoplasme granuleux et amylacé autour duquel il s'allonge; le résidu protoplasmique forme une vésicule, conservant des granules amylacés, qui adhère à la face interne de la partie postérieure du corps, dont elle se détache assez promptement pendant la rotation. de l'anthérozoide devenu libre. Le corps de l'anthérozoide comprend deux tours de spire. Par son aspect général et sa ténuité, il ressemble surtout à celui des Sphagnum. Comme chez ces derniéres plantes, il offre à son extrémité antérieure un petit renflement, qui a la forme d'un bouton réfringent sur lequel sont insérés un certain nombre de cils d'une grande ténuité et dont la lon- gueur dépasse un peu celle du corps. Ces organes locomoteurs provien- nent également de la partie périphérique hyaline du protoplasme et se différencient dans toute leur longueur avant l'achévement du corps lui- méme. Lorsque l'anthérozoide entre en liberté, on les voit souvent encore accolés ensemble en un faisceau unique, dans la région antérieure, puis ils s'isolent les uns des autres, et leur insertion commune sur le pelit renflement antérieur devient facile à apercevoir. Ce renflement ne pa- rait pas avoir été remarqué par M. Douglas H. Campbell (1), ni par M. Buchtien (2), qui figure l'insertion des cils à quelque distance de l'extrémité antérieure du corps non renflée. Ce qui distingue surtout l'an- thérozoide des Pilularia de celui du Sphagnum, c'est le nombre des cils. puisqu'il n'y en a que deux chez les Muscinées; par ce caractère, (fy Loc. cit: pF XHP fig. 21. (2) Buchtien, Entwicklungsgeschichte des Prothallium von Equisetum (Bibliotheca - Botanica, 1887). GUIGNARD. — ANTHÉROZOIDES DES MARSILIACÉES ET ÉQUISÉTACÉES. 381 le premier ressemble à celui des autres Cryptogames vasculaires, bien que les cils soient moins nombreux chez le Pilularía que chez les Fou- géres, par exemple. Les réactions microchimiques sont d'ailleurs les mémes, pour les diverses parties du corps, que chez les Muscinées. La constitution générale de l'anthérozoide des Fougères et des Préles a été récemment l'objet d'une courte Note de M. Belajeff (1), qui ne parait pas avoir eu connaissance de mon travail sur le sujet. La manière de voir de cet observateur est assez différente de celle que j'ai énoncée pour les Fougères. L'étude que j'ai faite, depuis, de plusieurs espèces de Préles me permet de dire que, pour ces dernières également, je ne con- sidére pas son opinion comme fondée. D'après M. Belajeff, l'anthérozoide adulte des Fougères serait formé par une bande assez large, homogéne et transparente, égalant environ trois tours de spire; les deux derniers tours renfermeraient un filament chromatique trés colorable, représentant le noyau primitif de la cellule- mére. Les cils seraient insérés à la partie externe des deux tours anté- rieurs de la spirale. Quant au développement du corps, il aurait lieu de la facon suivante. À la surface de chaque cellule-mére, qui se montre ordinairement un peu allongée, apparait à l'une des extrémités une proéminence en forme de crochet, qui est l'extrémité antérieure de l'anthérozoide. Le noyau de la cellule-mére devient latéral et s'allonge de plus en plus dans la direction de l'axe du corps; il reste toujours trés colorable et donne fina- lement le filament chromatique qui occupe les deux derniers tours de spire. Du protoplasme périphérique homogène se sépare le protoplasme central, d'aspect spongieux, qui forme le vésicule, tandis que les cils se différencient à la surface de la bande spiralée. Les anthérozoides des Préles offrent, d’après M. Belajeff, une structure et un mode de développement analogues. Ils n'ont que deux tours de spire. Leur substance fondamentale ne se colore ni par le vert d'iode, ni par le carmin boraté. Dans le tour de spire postérieur, très épais, se trouve un corps ordinairement allongé, parfois aussi arrondi, qui se colore d'une façon très intense par les mêmes réactifs; il représente le noyau de la cellule-mére. Il en serait de méme chez l'Isoetes. Au total, pour ce botaniste, l'anthérozoide de toutes les Cryptogames vasculaires serait formé par une bande achromatique, dérivant du proto- plasme de la cellule-mére, et contenant un filament ou un corps chroma- tique de nature nucléaire. Il résulte également de l'exposé méme que M. Belajeff fait du développement, que la partie antérieure du corps se (1) W. Belajeff, Ueber Bau und Entwicklung der Spermatozoiden bei den Gefüss- kryptogamen (Berichte der deutsch. bot. Gesellsch., 29 mars 1889). 382 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. formerait avant qu'on observàt le moindre changement dans le noyau, ce dernier pouvant méme parfois conserver sa forme globuleuse. A mon avis, les choses se passent d'une façon différente. Sans revenir en détail, en ce qui concerne les Fougéres, sur la structure et le mode de développement que j'ai décritsil y a quelques mois et que j'ai exami- nés de nouveau, je crois devoir rappeler, en confirmant mes premières observations, que j'ai insisté sur les faits suivants. Le premier indice de la formation du corps se manifeste par un allon- gement et un étirement du noyau, qui produit d'abord l'extrémité anté- rieure, sur laquelle les cils se différencient immédiatement. Cette partie antérieure, pourvue d'ailleurs d'une enveloppe hyaline comme le reste du corps, est peu colorable par les réactifs de la nucléine, en raison de sa ténuité, et aussi parce qu'elle est entourée du cóté externe par les cils, du cóté interne et sur les faces latérales par des granulations de proto- plasme nutritif qui contribuent à en masquer la réaction chromatique. Mais le protoplasme ne se différencie pas, avant que le noyau s'al- longe, pour fournir l'extrémité antérieure du corps, comme le pense M. Belajeff; protoplasme et noyau subissent une métamorphose simul- tanée, et il est possible de mettre en évidence, dans le premier tour de spire de l'anthérozoide, la présence de la substance nucléaire. D'autre part, en ce qui concerne les cils, je erois avoir prouvé que leur insertion se fait, non pas sur les deux premiers tours de spire, comme le dit M. Belajeff, mais seulement sur la première moitié du tour antérieur. Chez les Préles, le développement de l'anthérozoide est analogue à celui des Fougéres. Le noyau, encore au repos dans sa cellule-mére, est pourvu de plusieurs nucléoles et possède une charpente chromatique d'aspect granuleux. En se portant sur le côté, de façon à n'étre plus recou- vert à sa face externe que par la mince couche de protoplasme hyalin destinée à former les cils, il perd ses nucléoles, et ses granulations chro- : matiques diminuent de volume. Toutefois, si on le compare, au début du développement et aux stades ultérieurs, au noyau d'une cellule-mére chez les Fougéres, il reste plus longtemps granuleux et d'aspect moins homo- gène que chez ces dernières. Après être devenu ovoide, la pointe qu'il forme à l'une de ses extrémités, qui donnera l'extrémité antérieure du corps, est trés aigué ét se contourne bientót en direction spiralée. Le corps de l'anthérozoide adulte comprend deux tours de spire trés dissem- blables, le premier trés serré et très grêle, le second très large et con- stitué par la majeure partie de la masse nucléaire. L'intérieur de la spi- rale est occupé par du protoplasme granuleux et amylacé, qui n'a pas été résorbé pendant le développement et représente encore, au moment où l'anthérozoide est mis en liberté, une notable partie du protoplasme nutritif de la cellule-mére. Pendant les mouvements de rotation de l'an GUIGNARD. — ANTHÉROZOIDES DES MARSILIACÉES ET ÉQUISÉTACÉES. 983 thérozoide, ce résidu protoplasmique ne se détache pas du premier tour de spire, comme chez les Fougères, où la partie antérieure du corps devient complétement libre, la vésicule n'adhérant, chez elles, qu'à la face interne de la région postérieure du corps. Au premier abord, surtout quand les anthérozoides n'ont pas été fixés el conservés avec leur structure normale, le second tour de la spirale parait seul renfermer de la nucléine. C'est, comme on l'a vu, l'opinion de M. Belajeff, qui a employé comme agents fixateurs l'acide osmique à 2 pour 100, les solutions concentrées de sublimé et d'acide picrique, le chlorure d'or, et, comme réactifs colorants, surtout le carmin au borax el le vert d'iode. Je dois faire remarquer qu'il faut se tenir en garde, notamment, contre les effets d'une action trop prolongée de l'acide osmique en solution con- centrée, car souvent on ne peut plus reconnaitre la présence de la nu- cléine dans le premier tour de spire, où elle n'existe qu'en trés faible proportion, la réduction de cet acide empéchant les réactifs colorants de se fixer sur la chromatine du noyau. D'ailleurs, l'extrémité antérieure du corps parait surtout formée par de la substance nucléaire achroina- tique, laquelle n'y peut exister, en outre, qu'en faible proportion en raison de la ténuité du premier tour de spire, recouvert sur sa face externe par de nombreux cils et tapissé sur les faces interne et latérales par le pro- toplasme granuleux non résorbé. Quand on colore l'anthérozoide par la méthode de Gram, fondée essentiellement sur l'emploi du violet de Gentiane, on apercoit assez souvent, dans la seconde moitié du premier tour de spire, quelques granulations de nucléine colorées en violet, isolées les unes des autres et disposées en file dans un substratum achromatique. Parfois aussi, on y observe un filet chromatique délicat, qui continue la bande nucléinienne trés épaisse du second tour de spire. Avec un mélange approprié de vert de méthyle et de fuchsine, on reconnait plus facile- ment l'existence de ce filet chromatique. L'extrémité antérieure de l'an- thérozoide, dans la partie qui porte les cils, est réduite, en quelque sorte, à la substance protoplasmique hyaline, qui, plus en arriére, forme l'enveloppe du corps. Telle m'a paru étre, en résumé, la structure réelle de l'anthérozoide des Préles. Dans aucun cas, je n'ai vu le noyau de la cellule-mére con- server sa forme primitive globuleuse, comme le dit M. Belajeff; il subit toujours, aussi bien chez les Préles que chez les Cryptogames qui pos- sédent des anthérozoides spiralés, une métamorphose profonde, accom- pagnée de changements particuliers dans le protoplasme de la cellule- mére, 384 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. M. Maurv, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : LE CONVOLVULUS TENUISSIMUS Sibth. et Sm. ESPÈCE FRANÇAISE, par M. D. CLOS. Au commencement de ce siècle, de Candolle décrit dans sa Flore française une espèce nouvelle, le Convolvulus argyrœus reçu par lui de Calabre (t. V, 423); mais elle ne figure pas dans le Botanicon galli- cum de de Candolle et Duby publié en 1828; et si, vingt-quatre ans aprés, Grenier et Godron l'admeltent dans la Flore de France, c'est comme variété du C. althæoides et sans indication de localité. Tel avait été en 1842, le sentiment de Gussone, qui l'inscrit à ce titre dans son Flore sicule synopsis, T, 242; et c'a été aussi l'opinion de Parlatore (Flora ital., VI, 816). En 1862, Castagne signale le C. altheoides à Aix (Catal. des plantes des Bouches-du-Rhône, 108); mais par erreur ou confusion, sans doute, car depuis lors le type de l'espéce n'y a été rencontré nulle part. En 1866, M. Achintre annonce avoir trouvé le C. argyreus DC., à quelques minutes d'Aix, au bas d'une pente gazonnée sur les collines qui ' s'élévent au nord de la ville au-dessus de l'hópital (voy. Congrés scient. de France, 33° sess. à Aix, pp. 304 et 444). Cinq ans aprés, MM. de Fonvert et Achintre, dans leur Catalogue des plantes vasculaires d'Aix, ne voient dans le C. argyræus qu'une variété du C. altheoides L., et lui assignent pour localité : « Vallon de Brunet, sur une rive sèche de la propriété de M. Joseph Vieil ». Elle y occupe, dit-on, une superficie de quelques métres carrés seulement, sur un talus, au bord d'un champ à vingt minutes de la ville. Ces quelques indieations sont de nature à soulever une double ques- tion : à quel titre doit figurer le C. argyræus en phytographie? A-t-il droit à prendre rang dans le cadre de la Flore française ? M. Favier, alors conseiller à la cour d'Aix, écrivait en 1886 que la plante s'y maintient en un seul endroit qui n'a pas 20 mètres de lon- gueur, « ce qui indique qu'elle a dà étre importée, de Sicile peut-être »- Je relève ce renseignement dans une autre de ses lettres du 13 novembre 1887 : « M. Bruyas en ayant transplanté quelques pieds dans son jardin, ils y ont prospéré, mais en dégénérant, en perdant leurs soies argentées, en revenant sans doute au type de l'espéce ». L'an passé, M. Favier voulut bien m'adresser, avec de beaux échantillons desséchés de la plante d'Aix, trois pieds vivants dont deux mis en vase ont parfaitement repris. Abrités durant l'hiver dernier, l'un dans une orangerie, l'autre CLOS. — CONVOLVULUS TENUISSIMUS SIBTH. ET SM. 385 dans une bàche à température assez élevée, ils ont émis tous deux de l'axe souterrain de nombreux rameaux, d'abord totalement dépourvus des feuilles pinnatifides et soyeuses-argentées du type, revétant en un mot par leur teinte verte et leurs feuilles indivises tous les caracteres du C. altheoides. Cette transformation a été si prompte, si radicale, que j'aurais eu peine à y croire si elle ne s'était opérée sous mes yeux. Mais à cette première phase de végétation en a succédé une autre toute diffé- rente : avec l'allongement des tiges ont apparu des feuilles plus réduites, se couvrant de poils blancs et se rapprochant de plus en plus de la forme pédalée ; enfin au commencement de juillet la plante a fleuri et, au voi- sinage des fleurs moins développées que chez le C. althæoides, on voit de petites feuilles soyeuses et à trés peu prés semblables à celles des échantillons d'Aix. La comparaison des fleurs fraiches de l'un et de l'autre a donné les dimensions suivantes : C. althaoides crü en pleine terre. C. argyra'us DC. Calce TI GPL VITIS 12 mill. | cent. COQUE de TIC NE 45 2 Emines eic ve den, crane 20 1 Audiétell: rte et cie ve 5 9 millim. PHI V ione ere. 20 13 Bertoloni n'a pas hésité, dès 1833, à rapporter le €. argyreus DC. au C. tenuissimus Sibth. et Sm., qu'il distingue ainsi du C. altheoides : « Multo minor, caulis 1-2 pedalis tenuior... tota herba molliter et adpresse sericeo-argentea » (Flora ital. II, 441). ll a été suivi en 1858 par Reichenbach, écrivant aussi du C. tenuissimus comparé au C.altheoides : « Recedit indumento argenteo adpresso, foliorum laciniis partitioni- busque angustioribus, calycis partitionibus latioribus brevioribus » (Icon. Flor. Germ. XVIII, 82). En 1879, Boissier partage le méme avis, rapportant le C. argyræus en synonyme au C. tenuissimus, dont la description est accompagnée de cette remarque : « Indumento et foliis caulinis angustius et profundius divisis a præcedente (C. altheoides)specifice distinctus videtur » (Flor. Orient. IV, 107). Enfin Mutel s'était aussi rangé à cette opinion (Flor. franc. IL, 301). La plante d'Aix est tout à fait conforme à celle de Sicile, notamment aux échantillons recueillis et distribués par M. Todaro sous le nom de C. tenuissimus Sibth. (Flor. Sic. exsicc. n? 1222). Ne serait-ce pas aussi le Convolvulus argenteus, elegantissimus, foliis tenuiter incisis de Tournefort (Instit. Rei herb. 85)? En 1845, Choisy voyait dans le C. tenuissimus Sibth. et Sm. une va- T. XXXVI. (SÉANCES) 25 386 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. riété, « n. pedatus, foliis pedatis sericeis nitidissimis » du C. althæoides, et dans le C. argyreus DC. une autre variété, « y. Caule foliisque argenteo-sericeis » (in de Candolle, Prodr. IX, 409). Parlatore admet cette méme synonymie pour le C. althæoides : « Planta variabilissima per la lobatura delle foglie e la loro pelurie... Il C. tenuissimus non è che una forma estrema per la divisione delle foglie, fra laquale e l'altre forme vi sono molti passagi » (Flor. ital. VI, 815). Loret et M. Barrandon tiennent aussi le C. argyrœus DC. pour une forme du C. althæoides (Flor. de Montp. II, 440). Mais, bien que le C. althæoïdes soit une espèce trés variable, la persistance des caractères de cette prétendue forme ou variété ne justifie pas une telle interpréta- tion. Il découle, ce me semble, des considérations qui précèdent : 1° Que l’on doit considérer la plante d'Aix comme le C. tenuissimus Sibth. et Sm., dénomination qui ala priorité sur celle de C. argyrœus DC., inscrite dans le cinquiéme volume de la Flore francaise (p. 423), de 1815, le Flora greca de Sibthorp et Smith ayant paru de 1806 à 1813; 2» Que l'on peut, jusqu'à preuve de transformation par une longue culture du C. tenuissimus en C. althaoides (celui-ci manquant à la flore d'Aix), les tenir pour espèces distinctes, nonobstant la stérilité du premier à Aix et à Toulouse, car le second, bien que trés florifére à notre Ecole de botanique, n'y porte que rarement des graines ; 3° Qu'en l'absence de toute donnée sur l'origine du C. tenuissimus aux portes d'Aix, il convient de l'inscrire comme espèce française, bien qu'elle soit cantonnée dans un coin de notre*sol. De Candolle a eu inconsciemment raison de le faire. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DU POLLEN; par M. Louis MANGIN. Les nombreux travaux publiés jusqu'à présent sur le développement du pollen nous ont fait connaitre les modifications éprouvées parle pro- toplasme et le noyau pendant la formation des cellules máles, mais nos idées sur la nature des membranes et leurs transformations sont peu avancées. La controverse qui s'est établie tout récemment sur le mode de forma- tion des membranes a bien provoqué, de la part de MM. Strasburger (1) (1) Strasburger, Histologische Beiträge 1889. Heft. IL (Ueber das Wachsthum der vegetabilischer Zellhaute). MANGIN. — DÉVELOPPEMENT DU POLLEN. 381 e et Wille (1), etc., des vues originales sur la membrane des cellules- méres et des cellules polliniques; mais ces vues sont fondées sur la description physique, et aucune donnée nouvelle n'a été fournie sur la nature de ces membranes ou sur les transformations qu'elles subissent pendant la différenciation progresssive des tissus de l’anthère. Les observations que j'ai résumées dernièrement (2) sur la structure de la membrane du pollen mür m'ont engagé à reprendre l'étude du développement de ces importantes cellules. Les résultats nouveaux obte- nus dans cette étude, qui semblait devoir être stérile par suite des nom- breux travaux déjà publiés, m'ont paru intéressants, et, quoique ce travail ne soit pas encore terminé, je viens présenter à la Société, pour prendre date, quelques observations sur ce sujet. J'examinerai d'abord, à titre d'exemple, le Digitalis purpurea, dont les fleurs à différents états de développement ont été conservées dans l'aleool absolu. Les coupes transversales d'anthéres trés jeunes sont d'abord débarras- sées des matiéres azotées par la macération dans l'eau de Javelle étendue; car elles pourraient masquer les réactions des membranes. Les coupes sont traitées ensuite par les réactifs de la cellulose. L'acide phospho- rique iodé convient très bien pour ce genre d'observations, et on l'emploie de la maniére suivante. Les coupes étant placées dans une solution d'acide phosphorique iodé de concentration moyenne (3), on ajoute un cristal d'acide phosphorique cristallisé, de maniére qu'il couvre les coupes à examiner; le cristal se dissout lentement, et l'on voit les tissus riches en cellulose se colorer progressivement, et avec une grande intensité, en bleu foncé. Lorsque le cristal est dissous, on couvre d'une lamelle, et on procéde à l'observation. Les parois des cellules manifestent avec une grande netteté les réactions de la cellulose, sauf dans quatre régions occupant la place des futurs sacs polliniques; là les cellules, d'assez grande taille, sont limitées par une membrane qui reste incolore ou qui se colore très faiblement dans les anthėres très jeunes. La cellulose fait done défaut dans la membrane des cellules-mères primordiales; on ne la rencontre, et seulement en petite quantité, qu'au moment de l'indivi- dualisation de ces cellules. D'autres coupes, aussi débarrassées des matières azotées, sont placées dans une goutte de phénosafranine ou de bleu de méthylène, réactifs des composés pectiques insolubles ; elles permettent de constater la présence (1) N. Wille, Ueber die Entwickelungsgechichte der Pollenkórner der Angiospermen und das Wachsthum der Membranen durch Intussuception (Christiania, Videnskabs- selskabs Forhandlinger, 1886, n° 5). (2) Bull. Soc. bot., t. XXXVI, p. 274, mai 1889. (3) Bull. Soc. bot. de France, t. XXXV. 388 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. de ces composés dans toute l’étendue de la coupe, aussi bien dans la membrane des cellules-mères primordiales que dans le parenchyme de l'anthére. Dans des étamines un peu plus àgées, notamment au moment de la division des cellules-méres du pollen, la membrane de celles-ci n'est formée que par des composés pectiques. Traitées comme précédemment par l'acide phosphorique iodé, ces membranes ne manifestent pas trace de cellulose, tandis que la phénosafranine les colore en jaune orangé et le bleu de méthyléne en bleu violacé. Si l'on n'avait pas pris la précaution de débarrasser les tissus des matières azotées, les réactions précédentes seraient masquées; ear les composés pectiques sont mélangés, dans la membrane de ces jeunes cel- lules, à une forte proportion de matiéres azotées; ces derniéres sont faciles à mettre en évidence avec l'induline ou la nigrosine qui ne se fixent pas sur les composés pectiques et colorent les substances pro- téiques en bleu noir. Pour ne laisser aucun doute sur la présence des composés pectiques dans la membrane des cellules-méres, on laisse ma- cérerles coupes dans la potasse caustique étendue qui transforme, au bout d'un certain temps, les composés pectiques en pectates solubles. Si l'on examine alors les coupes dans l'eau, les membranes privées de cel- lulose se gonflent, se désagrègent peu à peu en se dissolvant, et la phéno- safranine ou le bleu de méthyléne ne donnent plus la coloration carac- téristique. Un peu avant la double partition du noyau des cellules-mères polli- niques, on sait que la membrane s’épaissit irrégulièrement, puis elle se gélifie progressivement pendant la formation des quatre cellules polli- niques, de manière à les envelopper dans une masse de gelée incolore. La constitution chimique de la membrane présente, à ce moment, une complexité qu'on n'avait pas soupconnée jusqu'ici. Mes observations antérieures sur le grain de pollen mûr ayant montré que le gontlement et la gélification des membranes sont ordinairement dus aux composés pectiques qui la composent, je m'attendais à retrouver le méme phéno- mène dans la paroi des cellules-méres polliniques. Aussi ai-je été sur- pris de constater que la proportion de ces substances n'augmente pas sensiblement, et que les amas réfringents irréguliers, dont la présence a depuis longtemps été signalée, ne se colorent pas par la phénosafranine, ni par le bleu de méthylène ; l'acide phosphorique iodé n’y produit non plus aucune coloration bleue, il leur communique seulement une teinte jaune. Mais, si l'on emploie comme réactif le bleu d'aniline, on constate que ces masses réfringentes se colorent en bleu de ciel et sont formées par la substance que j'ai déjà signalée dans le grain de pollen et que j'ai MANGIN. — DÉVELOPPEMENT DU POLLEN. 389 nommée substance calleuse, pour rappeler son analogie avec le cal ren- fermé dans les tubes criblés pendant le repos végétatif. D'abord formée par des amas irréguliers occupant les angles de chaque cellule, cette substance augmente peu à peu en volume et refoule les masses protoplasmiques. Je n'ai pu encore décider si celte augmentation de volume de la substance calleuse est due à une accumulation de ma- tériaux nouveaux, ou bien si elle est causée par un gonflement consécutif de l'absorption de l'eau. J'incline à penser cependant que l'épaisseur de la membrane des cellules-méres du pollen augmente par l'apport de nouvelle substance calleuse et non par une gélification; en effetle réactif colore avec la méme intensité les différentes parties de la masse, d'autre part les contours de cette substance sont nettement limités ; enfin, si l'on écrase les tissus par une légère pression exercée sur la lamelle, la substance calleuse se fragmente en morceaux irréguliers et anguleux, ce qui n'arriverait pas si elle était en voie de gélification. Les coupes pratiquées dans une anthère au moment où les quatre cel- lules polliniques sont constituées dans chaque cellule-mére, mais lorsque celles-ci forment encore un tissu compact, sont examinées dans une goutte de safranine ou de bleu de méthyléne: la masse de substance calleuse qui emprisonne les tétrades reste incolore, et toutes les cellules- mères sont séparées par des cloisons minces sur lesquelles les colorants se fixent; elles sont formées par des composés pectiques associés à des maliéres azotées. La dissociation du tissu formé par les cellules-méres et la mise en liberté des grains de pollen a lieu successivement. Tout d'abord, la mince membrane mitoyenne des cellules-mères, formée par des composés pec- tiques insolubles, se dissout par suite du passage de ces corps à l'état soluble, et les tétrades, enveloppées encore dans une gaine épaisse et réfringente de substance calleuse, sont dissociées, Un peu plus tard, la substance calleuse se dissout à son tour et les cellules polliniques sont mises en liberté. La disparition de la substance calleuse est trés rapide ; car, si l'on compare deux boutons de fleur ayant à peu prés les mémes dimensions, on trouve dans l'un les sacs polliniques encore remplis d'un tissu compact où la substance calleuse manifeste très nettement ses réac- tions caractéristiques, tandis que, dans l'autre, les cellules polliniques sont déjà dissociées, et les réactifs ne décèlent pas trace de la substance calleuse. Cette dissolution parait cependant précédée d'une modification dans la constitution chimique; car on peut rencontrer, dans certaines coupes, des régions où la substance calleuse, tout en conservant sa ré- fringence, ne fixe plus que trés faiblement le bleu d'aniline. J'ignore encore la nature de ces transformations; néanmoins les obser- vations que i viens de rappeler montrent que le phénomène de la géli- 390 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889, fication, assez mal défini d’ailleurs dans les traités de botanique actuels, n'intervient presque pas dans l'anthére pour mettre les grains de pollen en liberté à l’intérieur des sacs polliniques. TAM La plupart des espéces présentent à l'observation les mémes faits que la Digitale, je signalerai notamment les espèces suivantes : Asparagus officinalis, Lycium europeum, Althea rosea, Cephalaria tartarica, Tropeolum majus, Campanula Rapunculus, etc. Dans toutes ces plantes, la cellulose qui existe au début dans le tissu homogène de l'anthére, associée à des composés pectiques, disparaît rapidement au moment de l'individualisation des cellules-méres primor- diales, et, jusqu'à la double bipartition des cellules polliniques, les cloi- sons nouvelles qui se constituent par la division des cellules-méres pri- mordiales sont formées par des composés pectiques purs ou associés à des matières azotées; au moment de la bipartition des cellules-mères polliniques, la substance calleuse apparaît à la surface interne des mem- branes et augmente progressivement de manière à entourer complètement les cellules de chaque tétrade. Il existe cependant quelques différences à signaler entre les diverses espèces que j'ai étudiées. Ainsi, dans le Gentiana officinalis, les tétrades examinées au moment de la dissociation des cellules-méres du pollen sont entourées d'une membrane réfringente qui présente, cà et là, des épaississements formant saillie à l'extérieur. Cette membrane n’est pas homogène comme celle des anthéres de la Digitale, car les réactions de la substance calleuse se manifestent seulement dans la partie qui entoure et qui englobe les tétrades ; les épaississements irréguliers qui font sail- lie à l'extérieur sont constitués par une substance incolore renfermant de nombreuses granulations de matières azotées, elle ne donne aucune colo- ration avec les réactifs des composés pectiques ou avec ceux du cal. Cet état représente-t-il un des stades précédant la dissolution dela substance calleuse? C'est ce que je ne saurais affirmer quant à présent. Dans le Campanula rapunculoides, les composés pectiques et la substance calleuse intracellulaire sont plus ou moins mélangés. En effet, les coupes transversales d'anthéres, pratiquées dans les boutons ayant 3 millimètres de longueur, montrent, dans les sacs polliniques, les cellules- mères du pollen, irrégulières, réunies les unes aux autres par un ciment formé de composés pectiques en voie de dissolution. La paroi des cel- lules-méres est épaissie et réfringente; elle est constituée par une couche plus ou moins épaisse, extérieure, formée par les composés pec- tiques qui constituent aussi la plus grande partie des épaississements irré- guliers dans lesquels on distingue les couches nettement stratifiées depuis longtemps décrites. La substance calleuse forme la partie interne, très réfringente, de la membrane, ainsi que les lames séparantdes tétrades ; MANGIN. — DÉVELOPPEMENT DU POLLEN. 394 elle forme aussi, en petite quantité, des strates dans les épaississements irréguliers qui sont à l'extérieur, et là se trouve intimement mélangée aux composés pectiques. La substance calleuse présente parfois une assez grande hétérogénéité ; ainsi dans l'Althea rosea, si l'on écrase les anthères renfermant des tétrades encore plongées dans la masse réfringente qu'elle constitue, on distingue deux bandes de granulations disposées en croix et traversant diamétralement la substance calleuse entre les masses protoplasmiques des cellules; ces granulations sont constituées par des matiéres azotées. En outre on remarque quelques stries paralléles aux faces internes des loges qui emprisonnent les cellules polliniques. Ces détails de structure sont plus difficiles à voir dans les autres espèces à cause de l'exiguité des cellules-méres polliniques. Avant de terminer ces observalions, j'ajouterai quelques mots sur la nature et l'origine de la membrane du grain de pollen. Prenons la Gentiane officinale comme exemple, les boutons ayant 1 centimétre de longueur offrent les états les plus favorables à l'examen ; car c'est dans les tétrades, encore incluses au milieu de la gelée formée par la substance calleuse, que la membrane propre du grain de pollen fait son apparition. Il n'est pas nécessaire, pour cet examen, de pratiquer des coupes transversales minces de l'anthére ; on peut obtenir de bonnes préparations en écrasant seulement les étamines dans les réactifs colorants. A l'aide d'une goutte de phénosafranine, on peut constater que les masses proto- plasmiques des grains de pollen sont déjà entourées d'une mince mem- brane colorée en jaune orangé ; mais, comme les matières azotées prennent la méme teinte, il n'est pas facile de reconnaitre, par la coloration seule et au moyen de ce réactif, la nature de ce revétement. Il est préférable d'employer pour cet examen le bleu de méthyléne et d'examiner les pré- parations dans une lumière riche en radiations jaunes (lumière naturelle du gaz, du pétrole, ou lumière solaire tamisée par un verre jaune). Dans ces conditions, le bleu de méthyléne communique une teinte violacée, presque lie de vin, aux composés pectiques, tandis qu'il colore les ma- tières azotées en bleu, et la lignine ou la cutine en bleu verdàtre; on peut alors assez facilement constater, autour des jeunes grains de pollen, l'existence d'une membrane mince ayant les réactions des composés pec- tiques. D'ailleurs cette membrane disparait entiérement par un séjour prolongé dans la potasse caustique étendue, parce qu'elle est transformée en pectates solubles. Cette membrane n'a aucune adhérence avec la substance calleuse qui entoure les tétrades, elle est au contraire fixée en certains points à la 392 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. substance protoplasmique du grain: ce fait, joint à la différence com- plète de nature entre la membrane de la cellule-mére et la paroi propre du grain, tend à montrer que cette derniére n'a aucune communauté d'origine avec la paroi des cellules-méres, contrairement à ce qui a été affirmé pour certaines espéces. La membrane propre du grain de pollen est uniforme et d'épaisseur égale dans les grains encore sphériques, mais chez ceux oü la forme prismatique du pollen mür commence à s'ac- cuser, on voit apparaitre des épaississements intérieurs correspondant aux arétes du prisme et représentant les amas que l'on rencontre dans le grain arrivé à maturité ; c'est en face de ces bandes épaissies que se con- stituent, plus tard, les plis de l'exine. L'examen des préparations dans l'acide phosphorique iodé montre l'absence compléte de cellulose dans la membrane primitive du grain, les composés pectiques seuls entrant dans sa constitution. L'observation d'anthéres présentant un stade un peu plus avancé laisse voir l'apparition des couches cutinisées de l'exine dans la mem- brane primitivement homogène, mais on n'apergoit encore aucune trace de cellulose à la face interne de celle-ci où les composés pectiques per- sistent. C'est beaucoup plus tard, quand les grains de pollen sont mis en liberté dans les sacs polliniques et qu'ils ont presque acquis leurs dimen- sions définitives, que la cellulose manifeste son apparition par les réac- tions caractéristiques; d'ailleurs, dans la Gentiane officinale, la propor- tion de cellulose est trés faible. La partie cellulosique de l'intine ne constitue pas une membrane distincle, elle se continue sans solution de continuité, vers la région extérieure avec les amas de composés pectiques que nous avons vus ébauchés de trés bonne heure. La membrane du grain de pollen est donc, à l’origine, homogène et formée par des composés pectiques purs; bientót cette membrane se différencie vers l'extérieur et se transforme en cutine, puis plus tard elle développe, à sa face interne et dans une partie de son épaisseur, de la cel- lulose. C'est alors qu'on peut y distinguer au moins deux couches, l'in- Line et l'exine ; on doit donc considérer ces deux couches, non comme des membranes formées successivement, mais comme le résultat de la diffé- renciation progressive d'une membrane unique. D'ailleurs, par sa struc- ture, la membrane du grain de pollen présente une grande analogie avec la membrane externe des cellules épidermiques; je reviendrai plus tard sur cette analogie déjà signalée par M. Van Tieghem dans son cours au Muséum. Si M. Strasburger a émis, dans son récent Mémoire (1), des vues diffé- rentes, et s'il considère, dans un certain nombre d'espèces, Pintine (1) Loc. cit. à HY. — RAMIFICATION ET CORTICATION DANS LES CHARACÉES. 393 comme une membrane de nouvelle formation, née par apposition à la face interne de l'exine, cela tient à ce qu'il n'a pas suivi, avec les réactifs appropriés, dans les diverses espèces étudiées, les phases successives de développement de la membrane que je viens de rappeler d'aprés la Gen- liane officinale. On obtiendrait les mêmes résultats avec le Lilium candidum, l'Aspa- ragus officinalis, le Cephalaria tartarica, le Geranium pratense, elc. Dans une prochaine communication, je compléterai, s'il y a lieu et en attendant un Mémoire délaillé en préparation, les observations pré- cédentes. M. l'abbé Hy fait à la Société la communication suivarite : SUR LES MODES DE RAMIFICATION ET DE CORTICATION DANS LA FAMILLE DES CHARACÉES, ET LES CARACTÈRES QU'ILS PEUVENT FOURNIR A LA CLASSIFICATION; par M. l'abbé HY. La morphologie des Characées a été l'objet de recherches minutieuses qui ont fait ressortir dans ses moindres détails l'admirable architecture du corps de ces végétaux. A la suite des botanistes éminents qui s'en sont occupés, il reste peu à glaner; cependant je prends la liberté d'attirer l'attention de la Société sur quelques points de leur organisation qui intéressent spécialement la classification naturelle. I 1° Ramification des axes. — Les Characées se ramifient, comme on sait, principalement par des branchesaxillaires possédant la méme struc- ture que l'axe principal. Ces rameaux, que l'on peut appeler primaires, naissent à l'aisselle des feuilles les plus âgées du verticille, isolés dans les Chara, au nombre de deux dans les Nitella. Ce caractère trés simple, en apparence, permet au premier coup d'œil, méme quand les autres font défaut, de distinguer les plantes appartenant aux deux principaux genres de la famille. Toutefois, cet examen réclame souvent un peu d'at- tention; car il n’est pas rare de voir chez certains Chara le nombre des rameaux s'élever à deux ou trois par verticille, et méme à cinq ou six chez quelques Nitella. Pour s'expliquer cette anomalie apparente, il suffit de considérer que chaque rameau primaire peut toujours étre accompagné à sa base de deux rameaux accessoires, naissant l'un à sa droite, l'autre à sa gauche, non plus à l'aisselle des feuilles, mais en face des stipules dans les Chara. On pourrait appeler stipulaires ces ramuscules de second ordre, s'ils n'existaient également chez les Nitella, 394 SÉANCE DU 26 JUILLET 1889. où les stipules font défaut; il vaut mieux, pour ce motif, les désigner par le nom de collatéraux. Leur apparition comme simples bourgeons est fréquente, mais leur développement en axes allongés est plus rare : parfois cependant ils atteignent la longueur du rameau primaire, qui lui-même prend souvent l'importance de l'axe principal. De là ces appa- rences de fausse ombelle de rameaux partant des verticilles inférieurs de plusieurs Nitella et Tolypella. Assez souvent les deux rameaux colla- téraux se développent inégalement; quelquefois méme un seul s'allonge, et, dans ce cas particulier, la ramification d'un Chara, résultant du rameau primaire normal et d'un seul collatéral, peut simuler jusqu'à un certain point celle des Nitella : un peu d'attention suffit pour montrer l'inégalité des deux branches latérales, dont une seule est axillaire. En résumé, si l'on tient compte de ces anomalies apparentes et des causes qui les déterminent, on peut maintenir, comme caractere de genres, la ramification des axes, par un seul rameau axillaire dans les Chara, deux dans les Nitella, quel que soit d'ailleurs le nombre des rameaux collaté- raux qui les accompagnent. 2» Cortication de la tige. — La plupart des espèces du genre Chara montrent sur leur tige un mode de cortication trés régulier, dont les détails ont été figurés avec soin dans plusieurs cas particuliers. De chaque nœud, et en face de chaque feuille, partent des tubes ascendants et descendants qui se rencontrent et s'ajustent vers le milieu de l'entre- nœud. Ces tubes corticants, appelés primaires, se divisent eux-mêmes en nœuds et entre-nceuds, et se ramifient à l'instar des feuilles suivant la symétrie bilatérale; chacun d'eux correspond done morphologiquement à une feuille. C'est à tort qu'on a voulu leur accorder la valeur de rameaux dont ils n'ont aucun des caractères. Pour établir cette assimilation, on à fait remarquer, il est vrai, que l'un de ces tubes ascendants fait défaut à chaque verticille précisément au-dessus de la feuille qui porte le rameau axillaire, et l'on a conclu que ce rameau développé en axe distinct cor- respond à chacun des tubes primaires formant dans l'ensemble le sys- tème cortical. La comparaison des tubes descendants avec des rameaux est déjà plus difficile. I1 nous parait plus simple d'expliquer la dispari- tion du tube corticant, en face du rameau primaire, comme un avortenient déterminé par une cause toute mécanique, sa place étant occupée par un organe hétérogéne, et d'attribuer aux uns et aux autres la valeur d'une feuille (1). (1) Si l'on admet que les tubes corticants de la tige sont de nature raméale, on explique difficilement l'bomologie des tubes corticants des feuilles. Dans notre hypo- thése, rien de plus simple; les tubes corticants de la tige sont des feuilles, ceux des Er sont des folioles modifiées, et, comme ces dernières, toujours et absolument indivises. HY. — RAMIFICATION ET CORTICATION DANS LES CHARACÉES. 395 En fait, la ramification de ces tubes corticants primaires est tout à fait celle des feuilles, et leurs nœuds donnent ordinairement naissance à des cellules indivises, correspondant morphologiquement à des folioles. La cellule unique, ou les cellules en petit nombre, insérées sur le dos, font saillie sous forme de papilles ou d'acicules; on leur donne ce nom. Mais les cellules latérales s'appliquent contre le tube central de l'entre- nœud, tout comme les tubes primaires dont elles sont issues, formant par leur alignement régulier et par leur soudure bout à bout des tubes secon- daires qui alternent avec les premiers. Ce mode d'agencement est bien connu dans le Chara fragilis qui sert toujours de type classique; dans ce cas particulier, chaque tube primaire étant escorté de deux tubes se- condaires, il en résulte que l'ensemble du système cortical comprend un nombre de tubes trois fois plus grand que celui des feuilles. Mais il en est autrement dans la plupart des cas. A. Braun avait re- marqué que les tubes corticants pouvaient étre en nombre égal, double ou triple de celui des feuilles. La troisième disposition, celle communé- ment décrite, s'applique aux Chara fragilis, aspera et espéces voisines. La première disposition, qui convient aux Chara crinita, imperfecta, - S'explique sans peine par l'absence complète des tubes secondaires, ou leur arrét de développement. Quant au deuxiéme mode de cortication, il demande une observation plus attentive, que l'on peut également bien faire sur les organes en voie de développement, et à la base des tiges sur les partie âgées où la dissociation des cellules se produit parfois sponta- nément. On voit alors que le tube secondaire unique, intercalé entre deux primaires voisins, résulte de cellules courtes émanant alternativement de chacun de ceux-ci, par conséquent les unes de droite, les autres de gauche. Cet enchevétrement remarquable donne naissance à une série unique de cellulés, vrai tube secondaire encore, mais de nature plus complexe dans ce second cas que dans celui du C. fragilis. Dans l'état présent de la nature, la cortication du fruit des Characées présente un caractére de simplicité qui exelut toute assimilation mor- phologique ; mais certains indices, tirés des espéces éteintes, permettent d'établir nettement son homologie avec un axe véritable. Dés 1825, ril- lustre géologue anglais Lyell (1) signala, dans un calcaire d'eau douce des couches éocénes de l'ile de Wight, un Chara nommé tuberculata pour ses nucules fossiles recouvertes de ponctuations sur les tours de spire. Ces ponctuations, traces évidentes de papilles ou aspérités quelconques, ne peuvent s'expliquer que par le cloisonnement des tubes corticants du fruit en nœuds et entre-nœuds; car nulle part, chez les Characées, 9 ne peut admettre l'existence de la moindre papille sans un nœud. Dés (1) Ch. Lyell, Transact. of the geol. Soc. of London, vol. M, p. 73-96. 396 SÉANCE DU 20 JUILLET 1889. lors ces tubes corticants prennent le rang de feuilles modifiées, et la rangée axile comprenant l'oogone celui d'un axe proprement dit; rameau adventif, sans doute, puisqu'il nait sur une feuille, mais ayant les carac- téres d'une pousse tout entière avec ses appendices. De pareils rameaux issus de feuilles se rencontrent accidentellement sur d'autres plantes trés diverses, seulement ici le cas serait normal. Ainsi la morphologie des Characées les rapprocherait, pour la nature de l'organe fructifère, du groupe des Muscinées, auquel les rattachent d'ailleurs tant. d'autres traits d'organisation, tels que la germination protonématique, la forme des anthérozoides, pour ne parler que des plus importants. II Si de ces faits l’on passe à leur application au groupement des espèces, on est frappé de l'enchainement progressif qui unit entre elles les formes de Characées. Cette idée de l'unité de structure a d'ailleurs été longtemps celle du botaniste qui peut-étre les connut le mieux, A. Braun. Son pre- mier essai monographique de 1834 (1) maintient dans son intégrité l'ancien genre Chara, déjà pourtant démembré dès 1824 par Agardh (2). Ce premier essai de division, il faut bien le reconnaitre, n'avait pas été heureux : le genre nouveau Nitella, établi pour les espèces privées de corlication, n'avait aucune des qualités d'un genre naturel. En vain M. Kutzing, en 1843, avait-il introduit une nouvelle section, sous le nom de Charopsis, pour les espèces non cortiquées qui néanmoins présen- tent plus d'affinités réelles avec les vrais Chara; ce moyen terme n'amé- liorait pas notablement la division primitive, et les trois nouveaux genres, malgré l'autorité de Lindley, qui les admit dans son Vegetable Kingdom, ne pouvaient subsister sur ces bases. Mais, telle est l'influence d'un mot nouveau en botanique, c'est autour de cette division des Characées en Chara et Nitella que se sont épuisés tous les efforts ultérieurs des monographes. La méme année, 1849, vit naitre les deux ouvrages où se trouvent le mieux accentuées les deux tendances inverses à établir une nouvelle diagnose de ces genres, d'une part sur l'appareil végétatif, de l'autre sur les organes reproducteurs. Dans le premier sens, M. Kutzing, abandonnant avec raison son ancien genre Charopsis, établit nettement les genre Nitella et Chara d'aprés le mode de ramification des feuilles palmé ou penné (3). De son cóté, A. Braun, adoptant à son tour les deux genres nouveaux, (1) Ann. sc. nat., ® série, t. HE (2) Syst. Algarum. Leipzig. (3) Species Algarum, p. 513. HY. — RAMIFICATION ET CORTICATION DANS LES CHARACÉES. 397 leur donne une diagnose toute différente : les Chara ont une coronule persistant au sommet du fruit, et formée de cinq cellules; celle des Ni- tella, caduque, se compose de dix cellules sur deux rangs superposés (1). Tout aurait été pour le mieux, si la coincidence des diagnoses eüt été parfaite. Wallmann le croyait encore en 1854, quand il publia sa mono- graphie (2) où il ajouta un caractère, important aussi, pour séparer les deux genres : l'absence chez les Nitella de stipules qui ne manquent jamais aux Chara. ; Mais il n'en est pas réellement ainsi; les observations ultérieures ont montré que les Nitella de Braun ne correspondent pas exactement à celles de Kutzing et de Wallmann. Il se trouve une espèce rebelle, le Chara stelligera, qui possède tous les caractères végétatifs d'un groupe, avec le mode de fructification de l'autre. Depuis cette époque, on a pu multiplier les divisions des genres ou sous-genres; ce sont de pures queslions de mots, puisque ces divisions étaient précédemment indiquées, et qu'elles n'intéressent d'ailleurs que les catégories de second ordre: on appellera, si l'on veut, Tolypella les Nitelle caudatæ de Kützing, et les Chare barbatæ du méme auteur seront des Lychnothamnus. Mais la difficulté principale subsiste toujours : où loger le Chara stel- ligera, qui a le fruit des vrais Chara avec les organes végétatifs des Nitella? Cette difficulté ne peut se résoudre que par la création d'un nouveau genre, marquant exactement le passage entre les deux sections princi- pales de la famille. Aucun des noms précédemment proposés ne pouvant lui étre appliqué, celui de Nitellopsis convient à exprimer son aspect de Nitelle. Quel que soit l'accueil faità ce nouveau genre, c'est, à notre avis, la seule modification que comporte à l'heure présente la classification des Characées, si l'on veut tenir compte à la fois des caractères végélalifs et reproducteurs, suivant les vrais principes de la méthode naturelle. Celle que M. Otto Nordstedt a fait connaitre en 1882, nous semble, d'aprés les notes d'A. Braun, inadmissible (3). Dans ce travail les Lychnothamnus sont dédoublés, et la section qui conserve ce nom s'aug- mente du Ch. stelligera en litige. Or cette immixtion a l'inconvénient : 1* de créer une confusion en détournant de son sens primitif le genre Lychnothamnus de Ruprecht; 2° de réunir à tort, dans ce nouveau genre Lychnothamnus, des plantes d'aspect et de caractére tout différents, (1) Hooker, Kew garden. Misc. I, p. 200. * (2) Kong. Vetenskapo-Akademiens Handlingar for ar 1852. Stockholm. —— (3) Fragmente eines Monographie des Characeen. Berlin. (Akad. der Wissensch. ) 398 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. à savoir le Chara stelligera sans stipules, avec les espèces qui ont ces mémes organes les plus développés de toute la famille. En résumé, la division en deux tribus ou genres de la famille des Cha- racées ne s'appuie pas sur des caractéres naturels; il lui faut substituer une division en trois branches sur les bases suivantes : į Tige jamais cortiquée, à rameaux axillaires au nombre de deux. — Feuilles ramifiées suivant le mode palmé ou flabelliforme (ra- rement penné avec des divisions articulées). — Pas de stipules. Fruit à coronule caduque, formée de dix cellules. FE NHITELLA. Fruit à coronule persistante, for- mée de cinq cel- lules. nov. gen. Tige ordinairement cortiquée, à rameaux axil- laires solitaires à chaque noeud. — Feuilles composées d'articles alignés en rachis prin-. cipal, émettant aux nœuds des folioles tou- jours simples, suivant le mode penné. — Des stipules. — 7m m 70 en ats III. CHARA. II. NITELLOPsiIS. | \ L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président déclare close la session ordinaire de 1888-1889. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1889-90. M. le Secrétaire général dit qu’il est heureux d'annoncer à la Société que deux de ses membres ont recu de hautes récompenses à la suite de l'Exposition : M. Édouard André a été nommé chevalier et M. Henry de Vilmorin promu au grade d'officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur. M. Malinvaud, se rendant, à cette occasion, E interprète d'un sentiment unanime, adresse à M. le Président dé vives félicitations au nom de ses collégues : « C'est, dit-il, une double satisfaction pour la Société, d'appr edis qu'une distinction aussi élevée a été accordée à l'un de ses membres dans l'année même où celui qui en est l’objet préside à ses travaux et a donné à notre œuvre sociale des preuves particulières de dévouement: ? SÉANCE DU 8 NOVEMRRE 1889. 399 L assemblée s'associe à ce témoignage par de chaleureux applau- dissements. M. le Président informe la Société que M. le Ministre de l'agri- culture a bien voulu lui accorder, comme les années précédentes, une subvention de 1000 francs, qui est décernée au nom du gou- vernement de la République. M. le Président ajoute qu'il a écrit à M. le Ministre afin de le remercier, au nom de la Société, pour cette nouvelle marque de l'intérét que veulent bien témoigner à celle-ci les Pouvoirs publics. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations. M. le Secrétaire général a reçu la regrettable nouvelle de la mort d'un ancien membre de la Société, M. Auguste Burle, décédé à Gap, à l’âge de cinquante-quatre ans, et bien connu par ses beaux exsiccatas de plantes alpines ; il avait été l'un des organisateurs de la session extraordinaire tenue par la Société à Gap en 187^, et il était le frère d'Émile Burle, décédé en 1875, qui avait aussi appar- tenu à notre Compagnie (1). Dons faits à la Soeiété : G. Amé, Le Jardin d'essai du Hamma, près Alger. Ed. André, Bromeliacee Andreanæ. Barla, Champignons des Alpes-Maritimes, fasc. III. Bornet, Les Nostocacées hétérocystées du Systema Algarum de C.-A. Agardh (1824) et leur synonymie actuelle (1889). A. Chabert, Note sur la flore d' Algérie. Dangeard, Le Botaniste, 5* fascicule. Daveau, Plombaginées du Portugal. — Remarques sur la flore de l'Archipel des Açores. — Promenades botaniques aux environs de Lisbonne. Flahault, L'œuvre de J.-E. Planchon (Don du D" Louis Planchon). Hue, Lichens du Cantal (2* série). — Lichenes Yunnanenses. Ivolas, La végétation des Causses. Jumelle, Recherches physiologiques sur le développement des plantes annuelles. : Mer, De l'influence des éclaircies sur l'uccroissement diamétral des Sapins. ages CXVI etcxvir du Compte rendu (1) Voyez dans le tome XXI du Bulletin (1874), p La perio de la session extraordinaire à Gap, le Rapport sur une visite à l'herbier de frères, et une Note de M. H. Gariod sr Emile Burle. 400 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. Richon, Catalogue raisonné des Champignons qui croissent dans le département de la Marne. Baker, Handbook of the Bromeliaceæ Cavarra, Matériaux de mycologie lombarde. H. Micheels, Recherches sur les jeunes Palmiers. Regel, Descriptiones et emendationes plantarum. Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1888. Mémoires de la Société d’émuiation du Doubs, 1888. Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institu- tion 1886, part. I. Bulletin of the Torrey botanical Club, vol. XVI (1889), n% 1 à 6. Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. XXII (1888), part. II. Boletim da Sociedade de geographia de Lisboa, 8° série, 3 numéros. Boletim da Sociedade Broteriana, 4 fascicule. Memorias de la Sociedad cientifica Antonio Alzate, 1 numéro. M. Malinvaud annonce que, par suite d'un accord avec M. Penzig, le savant directeur du Malpighia, journal mensuel de botanique publié à Génes, cet important Recueil sera désormais recu par la Société en échange de son Bulletin. M. P. Duchartre croit devoir appeler l'attention de la Société sur l'ouvrage de M. Édouard André intitulé: Bromeliaceæ Andrea- næ, qui est mentionné parmi les dons. Ce bel ouvrage de M. André, ajoute M. Duchartre, aussi remarquable pour le soin avec lequel il a été écrit que pour la heauté des 40 planches qui en accompagnent le texte, élargit considérablement les limites entre lesquelles avait été renfermée jusqu'à ce jour la famille des Broméliacées ; il ajoute en effet 91 espéces et plusieurs variétés nouvelles à celles dont nous devions la connaissance aux voyageurs antérieurs. Ces nombreuses découvertes ont été faites à peu prés toutes par M. Édouard André dans le cours du voyage extré- mement fructueux pour la botanique qu'il a exécuté, en 1875 et 1876, dans la Colombie, l'Ecuador et le Vénézuela. Quelques autres seulement y ont été ajou- tées, à son instigation, depuis cette époque. Or, il est bon de rappeler qu'on n'avait trouvé auparavant, dans les mêmes contrées, qu'environ 25 espèces de Broméliacées. En outre du mérite scientifique, notre savant voyageur a tenu à se créer des titres sérieux à la gratitude des amateurs de belles plantes et des horticulteurs ; il a introduit, en effet, soit en pieds vivants importés par lui, soit au moyen de graines, plusieurs Broméliacées qui occupent déjà une place distinguée dans les collections. Il serait à désirer que tous les botanistes voyageurs VOU- lussent ou pussent suivre le bon exemple qu'il a donné à cet égard. CAMUS. — FLORE DES ENYIRONS DE PARIS. 401 M. Malinvaud est heureux d'annoncer à la Société qu'elle a obtenu, à l'Exposition universelle de cette année, une médaille d'or pour son Bulletin, dont on pouvait voir les volumes publiés depuis 1878 dans la section des Sociétés savantes. Elle avait eu une médaille d'argent en 1878 pour les volumes publiés antérieu- rement. M. Camus fait à la Société la communication suivante : QUELQUES FAITS NOUVEAUX SUR LA FLORE DES ENVIRONS DE PARIS, par MI. IE.-G. CAMUS. J'ai l'honneur de présenter à la Société une observation sur une forme curieuse de Carew tomentosa L. Cette plante a été trouvée dans un petit ravin, prés de l'étang de Villebon, dans le bois de Clamart. J'avais plu- sieurs fois, en cet endroit, récolté un Carew ne présentant qu'un seul épi ne renfermant que des fleurs màles. La grandeur de la plante, la forme des écailles et des feuilles ne permettaient pas d'attribuer ce Carex au C. dioica; de plus, il était impossible de trouver des pieds femelles. Cette année, au mois de mai, remarquant dans le méme endroit la pré- sence du Carex tomentosa et vérifiant la forme des épis mâles et la disposition des feuilles et du rhizome, J'ai pu assimiler, avec un peu de doute cependant, et rapporter à la méme espèce la forme typique avec ses épis femelles et la forme munie seulement d'épis mâles, sans trace d'avortement d'épi femelle. Dans une deuxiéme course faite au commen- cement de juin, j'ai pu récolter deux fois sur un méme rhizome la forme hermaphrodite et la forme à fleurs mâles; il n'y a donc plus de doute sur ce sujet. Ce que je crois utile de noter dans ce fait est l'absence totale d'épi femelle. Il existe quelquefois dans les Carex des avorte- ments d'épis femelles, mais on peut en retrouver les traces. De plus, l'abondance relative de ces pieds unisexués m'a engagé à vous présenter cette singularité, parce que, comme une conséquence de ce fait, les clefs employées dans les Flores pour la détermination des Carex devien- nent fausses. Je signale aussi à l'attention de la Société la découverte du Digitalis lutea, dans les bois qui se trouvent entre Vallangoujard, canton de l'Isle- Adam (Seine-et-Oise), et Arronville. Indiqué dans le canton de Méru (Oise) et dans celui de Magny (Seine-et-Oise), je pouvais espérer à bon droit trouver cette plante caractéristique de nos terrains calcaires sur les coteaux du canton de l'Isle-Adam. Cependant je l'avais cherchée en vain depuis douze ans dans cette région. Cette année, en nous rendant au T. XXXVI. (SÉANCES) 26 402 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. marais d'Arronville, notre confrère, M. Sauzay, et moi, nous en avons trouvé une station dans le bois attenant à Vallangoujard et une autre station prés du hameau de Méréville. Enfin je termine en faisant connaitre la présence de l Artemisia Ver- lotorum Lamot., prés du pont du chemin de fer à Champagne (Seine-et- Oise). Cette plante signalée par M. Edm. Bonnet, est-elle en voie de naturalisation, ou bien aurait-elle été méconnue jusqu'à ce jour dans nos . environs ? M. Malinvaud donne lecture des communications suivantes : NOTE SUR UN NOUVEAU LACTUCA D'ALGÉRIE; par M. J.-A. BATTANDIER. L'année dernière, au mois de mai, nous étions allés, M. le D" Trabut et moi, à Mansourah, curieuse petite ville kabyle située au delà du défilé historique des Portes-de-Fer. Notre but était d'explorer le Dréat, montagne de 1900 mètres qui domine la ville et qui avait été jusqu'alors peu visitée. Nous eümes la bonne fortune de trouver un guide indigène trés intelligent, berger de la montagne, qui parlait bien le francais. Nous n'eümes pas de peine à lui faire comprendre le but de notre excursion, car les bergers indigénes sont tous plus ou moins botanistes à leur manière. Il nous mena tout droit à la station du pays sans contredit la plus intéressante pour nous. C'était un grand escarpement rocheux, appelé Tadjenent, situé au-dessus d'un bois d'Amandiers sauvages et de Crategus ruscinonensis. Cet escarpement paraissait infranchissable, mais notre guide en connaissait à fond toutes les passes, d'ailleurs peu commodes, et il nous le fit non seulement franchir, mais parcourir dans toute son étendue. Ces rochers, trés plantureux, forment un véritable jardin botanique, oü se sont réfugiées une foule de plantes que l'on chercherait vainement ailleurs dans cette région pâturée à outrance de temps immémorial. Une des plus remarquables parmi ces plantes était une Laitue à grandes feuilles rappelant le Lactuca virosa, mais avec des différences considérables. Je cueillis le pied le plus àgé, qui commençait à peine à dresser sa tige. Nous sommes revenus cette année, fin juin, dans cette même localité; la Laitue, montée en tige, avait com- mencé à se ramifier, mais n'était pas encore en boutons. Je pus toutefois constater que les feuilles étaient fortement décurrentes sur la tige, à la maniére du Lactuca viminea. Les circonstances ne m'ont pas permis de revenir chercher cette plante avant le commencement de novembre (Mansourah se trouve à 210 kilomètres d'Alger). Cette fois, la Laitue BATTANDIER. — LACTUCA NUMIDICA. 403 était entiérement défleurie, mais il restait des capitules encore verts, contenant des fruits en bon état. Il ne me manque plus que les ligules de cette remarquable espèce, que j'ai désignée dans la Flore de l'Algérie sous le nom de Lactuca numidica. Le Lactuca numidica est une des plus grandes espéces du genre. Un des échantillons que j'ai pu atteindre mesure 2 métres, et il y en avait de bien plus grands. Elle m'a paru annuelle, ou tout au plus bisannuelle. Les feuilles radicales ont de 2 à 3 décimétres de longueur; elles sont oblongues, obtuses, larges de 5 à 8 centimètres, irrégulièrement dentées et denticulées sur le bord, insensiblement atténuées en pétiole ailé et peu élargi à la base. Elles sont plus minces et plus molles que celles de la Laitue vireuse, un peu pubescentes en dessous et aux bords; leur nervure centrale est lisse. Les premières feuilles caulinaires, semblables de forme, ont leur nervure centrale un peu spinuleuse, leur pétiole étroitement auriculé, denticulé-spinuleux sur le bord. Les feuilles cauli- naires proprement dites sont profondément roncinées, hispidules en dessous, à nervure lisse, à pétiole étroit, non dilaté à la base, longue- ment décurrent sur la tige. Les lobes inférieurs de ces feuilles sont largement linéaires (1-2 centimétres de large sur 4-6 de long), plus ou moins sinués-dentés; les supérieurs sont confluents en un large lobe terminal profondément sinué-denté, anguleux. Les décurrences trés vertes, sur la tige d'un blanc de lait, ont de 3 à 8 centimètres de long; parfois deux se soudent et atteignent alors des longueurs plus considé- rables. La tige, droite et ferme, est grosse comme le petit doigt; elle est trés lisse et reste simple jusqu'à 6 ou 10 décimétres du sol, aprés quoi elle produit des rameaux simples ou ramifiés, longs de 3 à 6 décimétres, plus ou moins étalés en panicule pyramidale ou ovoïde. Les capitules fructiféres sont fusiformes allongés, trés semblables à ceux du L. vimi- ned, mais un peu plus gros. Il en est de méme des fruits, tout à fait pareils à ceux du L. chondrillæflora Boreau. Les capitules sont agglo- mérés en courtes grappes, à l'aisselle de bractées, le long des rameaux. Cette trés remarquable plante, que j'espére culliver et peut-étre amé- liorer au point de vue cultural, n'est connue jusqu'à présent que sur cet unique escarpement, oü elle est loin d'étre abondante. J'ai parcouru toutes les stations similaires de ce versant du Dréat; nulle part on ne la retrouve. Il est vrai que les autres escarpements ne sont ni aussi consi- dérables ni aussi frais, et manquent de beaucoup des plantes de Tad- jeuent. Je me suis demandé si elle ne pourrait pas provenir de l'hybridation du L. viminea, commun dans la région, par le L. Scariola qui se retrouve à peu de distance; mais sa grande fertilité et la constance absolue de ses Caractères rendent cette hypothèse peu vraisemblable. 404 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. J'ai revu cette année, sur tout le sommet du Dréat où il règne en maître, le Thym, que j'ai décrit sous le nom de Thymus dreatensis et qui est voisin du Th. Serpyllum. Je l'ai cultivé en abondance. Jai, d'autre part, observé les diverses formes du Th. Serpyllum sur place, depuis la Manche jusqu’à la Méditerranée ; et je suis resté convaincu que notre plante constitue une espèce à part. A la base du Dréat on retrouve beaucoup d’autres Thyms : Th. ciliatus Bentham (type), Th. algeriensis Boiss. et Reut., Th. lanceolatus Desf., etc. L'Erysimum repandum L., que j'avais abondamment cueilli, en 1888, à Ain Sefra, dans le Sud-oranais, m'a été envoyé cette année d’Aïn Beida, dans l'Aurés, par M. Julien. C'est donc bien une plante algé- rienne. NOTES AGROSTOLOGIQUES, par M. L. TRABUT. RÉVISION DES CARACTÈRES DES Stipa gigantea Lag., Lagascæ R. et Sch., Letourneuzii sp. nov., Fontanesii Parlat.; CLEISTOGAMIE CHEZ LES STIPA. Le Stipa Lagascæ R. Sch. a été signalé plusieurs fois en Algérie (Balansa, Fl. alg. exsiccat. n° 261; Boiss. Fl. Or.; Lge et Willk. Prod. Fl. Hisp.), mais sans aucune indication précise de localité ou sans aucune preuve de rigoureuse détermination; c'est ainsi que ce Stipa Lagasce de l'exsiceata Balansa, de la localité de Saida, est rapporté par M. Cosson au Stipa juncea L., Desf.; mais Kunth a fait du Stipa juncea var. Desfontaines un synonyme du St. Lagascæ R. et Schult. M. Cosson, dans l'Expl. bot. alg., donne les caractères du St. Lagascæ R. et Sch., mais ne l'indique pas en Algérie; d'un autre cóté, ce méme auteur cile le St. Lagasce Boiss. Voy. comme synonyme du St. gigantea, et rap- porte ainsi au méme Stipa gigantea le. St. Lagascæ Balansa exsiccala, n° 102, de Mostaganem. Il y a deux ans (1), à propos du Stipa Fontane- sii Parlatore (— St. juncea var. Desf. Fl. Atl.), je citais avec doute le St. Lagasce R. et Sch. comme synonyme de cette espèce. En juin 1888, au cours d'une intéressante exploration dans le Sud- oranais, j'ai pu récolter, au djebel Mzi (2000 métres), le vrai St. La- gascæ R. et Sch. identique à des échantillons reçus d'Espagne. Le St. Lagasce est très voisin du St. gigantea et facile à confondre (1) Voyez le Bulletin, t. XXXIV (1887), séances, p. 292. TRABUT. — CARACTÉRES DES STIPA. 405 avec le St. Fontanesii Parl.; mais on peut, soit par l'aspect extérieur, soit par une analyse, distinguer ces trois espéces; il en est de méme du Slip. Letourneuxii, sp. nov., forme trés remarquable dérivée du St. gigantea et qui peut être décrite comme sous-espèce. Les caractères de ces quatre Stipa peuvent se résumer de la manière suivante : A. Anthéres, 8-9 millimètres, terminées par un faisceau de poils rudes, expulsées au moment de l’anthèse; deux styles; glumes, 25 millimètres ; glumelle inférieure, 15 millimètres; aréte pubes- cente, 15 centimétres; face supérieure de la feuille, sept cos- ROI. T a T TTE T ST. FONTANESII. B. Anthères nues au sommet, 3-4 styles : a. Arêtes, 25-30 centimètres, scabre, mais glabre; glumes, 90-60 millimètres; glumelle inférieure, 13-15 millimètres : 1. Feuilles glabres; ligule membraneuse; ovaire glabre au sommet; anthéres pauvres en pollen, restant incluses, et couronnant le caryopse à maturité. ST. GIGANTEA. 2. Feuilles velues, soyeuses; ligule ciliée sur les contours; ovaire hérissé au sommet; anthéres expulsées à l'an- these a o TNT TY ST. LETOURNEUXII. b. Aréle de 15 centimètres, pubescente ; feuilles glabres; glumes, 30 millimé- tres; glumelle inf. 10 millimétres, cou- ronnée de poils; anthéres incluses; plante plus petite dans toutes ses parties que le St. gigantea. . . . . . ST. LAGASCE. Stipa Letourneuxii Nob. (St. giganteæ affinis). — Rhizomate cespi- toso fibroso, culmis elatis, foliis rigidis velutinis, ligula longiuscula ciliata, panicula vaginæ summæ basi involucrata, erecta, ramosa; glumis 50-60 millim. hyalinis æqualibus in cuspidem subulatam eis longiorem abeuntibus; glumella seriatim pubescente in callum obconicum seri- ceum basi glabrum attenuata, ejus arista 30 centim. ad tertiam partem geniculata, supra genu arcuata, glabra sed leviter scabra; antheris apice glabris supra caryopsem non remanentibus ut in St. gigantea ; ovarium superne pilosum; stigmata frequenter 4, rarius 3. — Fl. Maio. Hab. — In planitie excelsa inter Khranguet Douara et Fernana apud Tunetanos a claro Letourneux maio 1887 ineunte inventa. Le Stipa Letourneuxii est évidemment très voisin du St. gigantea. 406 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. Cette forme est remarquable par son apparence soyeuse due à une fine pubescence qui recouvre ses feuilles; mais ce qui nous a décidé à décrire cette Graminée, c'est la particularité de son ovaire qui est velu, hérissé au sommet. On a généralement attribué à ce caractère une cer- taine valeur dans l'établissement des genres ou des coupes importantes dans les grands genres; dans le cas présent, il permet de séparer une bonne variété. Dans les nombreux épillets du St. gigantea que j'ai examinés, j'ai toujours trouvé au-dessus du caryopse les anthéres restées incluses par suite de cléistogamie ; chez le St. Letourneuzii, les anthéres sont expul- sées, celte forme est donc différente aussi au point de vue physiologique. Les Stipa gigantea, Letourneuxii, Lagasce, capillata, Fontanesii, juncea, ne m'ont pas présenté, dans les comparaisons histologiques des feuilles, des détails bien caractéristiques facilitant la détermination. Les différences de diamétre apparaissent bien sur des coupes, le con- tour plus ou moins arrondi ou elliptique dépend souvent de l’âge de la feuille; la quantité de fibres hypodermiques peut aussi varier avec la saison et la station. Les St. gigantea, Lagasce, capillata et Fontanesii ont le méme nombre de faisceaux, et l'organisation de la feuille est à peu prés iden- tique. Le St. juncea diffère par deux côtes saillantes de moins (pl. I, fig. 3). Ce caractère a une certaine valeur, car le nombre des faisceaux foliaires m'a paru constant chez les Stipa que j'ai pu observer. Chez la méme espéce, les expansions exodermiques de la face supérieure sont réduites à de petites aspérités aculéiformes, tandis qu'elles deviennent de vrais poils chez le St. Fontanesii. Ce type de feuilles, remarquable par la prédominance du tissu fibreux envahissant le mésophylle, se retrouve aussi complètement réalisé chez certains Avena vivaces, Av. filifolia, Av. convoluta, etc. (pl. I, fig. 6 et 7). Le Stipa gigantea, trés fréquent en Algérie, a constamment sa pani- cule étroitement enveloppée dans une grande gaine, ce qui la fait paraitre latérale. Si l'on observe les épillets au moment de leur sortie de cet étui, on y trouve un ovaire déjà fécondé et développé, qui est surmonté des trois étamines plissées contournées et refoulées dans la partie supérieure de la loge formée par les deux glumelles qui s'embrassent. Il devient dés lors évident que ce Stipa est cléistogame. L'épillet, pour être étudié avant la fécondation, doit être recherché dans la gaine; il est facile de constater que les glumellules, au nombre de trois, dont une plus petite, restent minces, tandis qu’elles deviennent épaisses, turgescentes, et écartent les glumelles en agissant comme un coin chez d’autres Stipa. Les anthères sont pelites (4 millimètres), grêles, et ne contiennent qu'un nombre très TRABUT. — AVENA DU NORD-AFRIQUE. 401 faible de grains de pollen d'un diamètre de 25u; les filets sont trés gréles, courts, fragiles. L'ovaire est surmonté de trois stigmales étroite- ment appliqués sur la face interne de chaque anthère : l'existence de ces trois stigmates est évidemment en rapport avec l'occlusion de cette fleur, chaque stigmate correspondant à une anthère et y prenant directement le pollen. Dans le cas où les glumelles s'écarteraient pour laisser sortir les organes floraux, ce troisième stigmate deviendrait inutile, puisque les stigmates doivent se placer à gauche et à droite, dans l'entre-bàille- ment des glumelles ; le stigmate postérieur resterait inclus sans avoir chance de recevoir du pollen, ou bien sortirait d'un cóté ou de l'autre et ferait double emploi. Le troisiéme style, chez les Graminées, parait donc se développer toutes les fois que les dispositions des autres piéces florales lui per- mettent de jouer son rôle. Chez le Stipa Letourneuxii, espèce affine du St. gigantea, mes échantillons ne m'ont pas présenté de fleurs cléisto- games, les anthéres sont expulsées; dans ce cas, le style postérieur se dédouble, si bien que ce Stipa parait avoir quatre styles, deux robustes et deux gréles. La fécondation du St. gigantea s'opère avant que les épil- lets deviennent apparents hors des gaines. L'ovaire s’accroit rapidement en longueur; étroitement enfermé dans les glumelles, il refoule dans le sommet de ce canal les anthéres et les stigmates qui se contournent et se plissent de manière à ne former qu'un petit cône jaunâtre au-des- sus du fruit mür. Darwin (1) cite une Graminée indéterminée du Brésil dont les fruits mürissent sans que les épillets sortent d'une grande gaine; il est trés probable qu'il s'agit aussi d'un Stipa. IT Détermination, avec l'aide de comparaisons histotaxiques, des Avena vivaces du Nord-Afrique. La section Avenastrum est formée avec des espèces répondant à deux types très différents par la structure de leurs feuilles : les Avena, dont la face supérieure de la feuille est relevée de fortes nervures séparées par des sillons profonds; sous l'influence de la sécheresse, ces feuilles, se repliant, deviennent jonciformes. Cette organisation rappelle complè- tement celle des Stipa. En effet, dans cette série, le tissu fibreux est prédominant, continu contre la face inférieure; il pénètre jusqu'aux faisceaux, dans les nervures qu'il occupe en entier, sauf un ilot de (1) Darwin, Formes de fleurs (traduct.), p. 341. 408 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. parenchyme sur les flanes de chacune d'elles (pl. I, fig. 6 et 7). Pour ce motif, nous rangerons ces espèces dans une section : STIPOPSIS. D'autre part les Avena plus ou moins affines de l'A. pratensis con- stitueront la section AvENAsTRUM devenue plus homogène. Les feuilles ont la face supérieure plane ou trés faiblement sillonnée, le tissu hy- podermique non continu, mais en groupe à la caréne et à chaque marge, et quelques traces vis-à-vis des faisceaux. Sect. STIPOPSIS. Avena filifolia Lag. — Cette belle Graminée, qui n'était connue qu'en Espagne, croit aussi sur les montagnes de l'extréme Sud de la province d'Oran au dj. Mzi, entre 1800 et 2000 métres. Les pentes inférieures de cette montagne sont couvertes d’Halfa (Stipa tenacissima); mais, vers 1800 mètres, cette Graminée cesse et est remplacée par l'Avena filifolia, qui a absolument le méme aspect. Nous avons comparé l’Avena filifolia d'Algérie avec le type espagnol, et aussi avec l’Avena convoluta de Sicile (pl. I, fig. 6 et 7), que l'on y rattache quelquefois. C'est à la plante espagnole que notre Avena doit être rapporté. Nous avons aussi dans la méme station les deux formes, l'une glabre et l'autre pubescente (var. velutina Wk. et Lge). Sect. AVENASTRUM. Aveno pratenses Coss. Fl. alg. Cette section du genre Avena est assez bien représentée dans le Nord-Afrique; mais l'Avena pratensis L. type me parait y manquer complétement, ainsi que dans le reste de la région méditerranéenne. C'est l’Avena bromoides Gouan qui abonde sur tous les points, ainsi que quelques espéces affines ou dérivées. L'Avena albinervis Boiss. est rare; j'en ai un exemplaire de Tanger. L'Avena macrostachya Coss. Fl. alg., qui est une espéce bien tranchée, est localisée sur les mon- tagnes de la Kabylie et de l'Aurés. Les caractères permettant de séparer l'Av. bromoides de Y Av. pratensis m'ont paru longtemps trés incertains, et ce n'est que par l'étude de la structure de la feuille que j'ai pu déterminer avec précision les nom- breuses formes examinées. L'Av. pratensis L. des localités classiques m'a toujours présenté des feuilles dont les ilots de tissu hypodermique de l'une et l'autre face sont reliés aux faisceaux par du parenchyme incolore (pl. I, fig. 8 et 8' 8b). L'Av. bromoides et espèces affines ont, au contraire, des faisceaux isolés dans le parenchyme vert (pl. I, fig. 110, 12, 13b, 14, 15). Les poils du callus, qui sont courts dans les Av. bromoides de France que j'ai examinés (Auch, Marseille, Var), sont longs dans les formes algé- riennes; ce caractère est d'un faible secours pour la détermination, il en TRABUT. — AVENA DU NORD-AFRIQUE. 409 est de méme de la largeur et de la forme de l'extrémité des glumes et glumelles. La différence trés nette dans la structure des feuilles de ces deux Graminées me parait au contraire constante, et ce seul caractère permettra de maintenir l'Av. bromoides comme espéce. Au point de vue de la géographie botanique, il n'y aurait qu'inconvénients à réunir ces deux formes sous une méme dénomination, puisqu'elles sont distribuées suivant des latitudes différentes, et révélent par leur organisation des influences climatériques dont il est intéressant de fixer les limites. Les Avena sulcata, albinervis Boiss. et levis Hackel (Espagne) se rattacheraient, d’après la structure de leurs feuilles, à un autre type d'organisation ayant beaucoup d'affinités avec l’Av. pratensis (voy. pl. I, fig. 9 et 40). L'Avena bromoides est trés répandu dans toute la région méditerra- néenne; dans le Nord-Afrique, on trouve cette espéce représentée par des variétés assez tranchées, dans les stations séches et rocailleuses du littoral, dans la région montagneuse et les hauts plateanx. J'ai observé cette Graminée dans un grand nombre de localités trés éloignées les unes des autres (du 5° Ouest au 7° Est), et j'ai pu me convaincre que l'Av. bromoides, comme beaucoup d'autres espèces d stations dis- jointes, présente un très grand nombre de races locales fort bien diffé- renciées, mais trop nombreuses et reliées par trop d'intermédiaires pour constituer ce que l'on est convenu d'appeler de bons types spéci- fiques. Dans la région montagneuse du Tell, en Kabylie, dans l'Aurés, on trouve la forme décrite par Parlatore sous le nom d'Av. australis, avec de légéres variations. Dans les mémes conditions d'altitude, en Tunisie, M. Letourneux a trouvé une forme intéressante à trés petits épillets pau- ciflores, à glumelle trés étroite, terminée par deux longues pointes scarieuses fragiles (Av. Letourneuzii) Les montagnes du Sud-oranais (dj. Mzi, dj. Aissa) nous ont présenté une forme trés différente, à pre- miére vue, par ses gros épillets rares, ses feuilles épaisses, glauques, très scabres (Av. pruinosa Hackel et Trabut). Si nous n'avions que ces trois races d'Av. bromoides, il serait trés légitime de les considérer comme trois bonnes espèces; mais un grand nombre d'autres variétés locales unissent ces formes extrémes. ro L'étude histologique de la feuille peut étre de quelque utilité pour ces déterminations, cependant on n'en retire pas la révélation de caractères qui ne soient déjà évidents à la loupe; mais ces caractères mieux vus deviennent plus précis. Le limbe, tantôt large, tantôt étroit, se plie sul- vant une forte nervure médiane, unie à chaque demi-limbe par une sorte de charnière à grandes cellules bulliformes. Lorsque le limbe est étroit, Chaque moitié est épaisse et présente une face interne ou supérieure 410 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. plane, et une face inférieure convexe ; dans ces conditions, la feuille pliée parait à peu prés cylindrique (Av. pruinosa, Av. Requienii). Quand le limbe est large, la feuille pliée reste encore rubanée ; dans quelques cas, le limbe se contourne en tire-bouchon par la dessiccation, raccour- cissant inégalement le parenchyme et les bandes fibreuses des marges et de la caréne. Dans tous les cas, les bords du limbe sont garnis d'une marge blanche aiguillonnée sur le tranchant; à la nervure médiane correspond aussi une forte cóte blanche saillante. Les nervures latérales primaires et secondaires sont tantôt trés nombreuses (11 de chaque côté), tantôt réduites à 3-5, dans beaucoup de cas les faisceaux ne sont pas indiqués à l'extérieur. Ailleurs, on trouve en face de chaque faisceau une bande saillante de sclérenchyme, la face dorsale de la feuille est alors fortement sillonnée, sur le sec surtout ; ces cótes saillantes sont le plus souvent recouvertes latéralement d’aiguillons dirigés vers les sillons où le parenchyme n’est recouvert que d’un épiderme à stomates (pl. I, fig. 11 et 13). Ces expansions exodermiques sont quelquefois très courtes, d'autres fois très allongés en forme de poils (pl. I, 3°). La face supérieure présente quelques grands poils, et les faisceaux hypodermiques y sont trés faibles. D'après la structure de la feuille, PAv. bromoides présente les varia- tions suivantes : 1° Limbes plans méme quand ils sont pliés, larges (23 nervures) ou étroits (13-15 nerv.) ; . 2° Limbes formés de deux moitiés demi-cylindriques et paraissant à peu prés cylindriques quand la dessiccation rapproche les deux côtés de la feuille. — Hypoderme plus développé, ainsi que les expansions exoder- miques, — Formes des stations plus sèches. Clef analytique des espèces affines ou variétés se rattachant à l'AVENA BROMOIDES Gouan. 1. Feuilles des innovations à face inférieure très légèrement striée et inerme, restant planes après la dessiccation, nervure médiane et marges trés saillantes..... 4 — Feuilles cylindriques par dessiccation, sillonnées sur la face inférieure, qui pré- sente généralement des aiguillons ou poils sur les côtés des groupes de fibres hypodermiques saillants... . torse. 2. Glumelle inférieure large obtuse, tronquée, irrégulièrement denticulée, inflorescence souvent allongée................ AVENA BROMOIDES. + Poils du callus rares et courts........ E Rte e . forma genuina. + + Poils du callus abondants, longs, épillets espacés, glumelle trés obtuse, érodée, chaume lisse.... forma barbara. + + + Épillets trés grands, nombreux en longues pani- cules, chaume scabre............ o... v. grandispiculata. + + + + Glumelle hirsute................. ........ forma hirsuta. — Glumelle étroite aiguë bidentée, panicule généralement courte... 3 vésvesss tee TRABUT, — AVENA DU NORD-AFRIQUE. 441 3. Épillets 6-8 fleurs, panicule courte et dense, glumelle à pointe scarieuse plus ou MOINS fendue.. 25.57 59 7 e AVENA AUSTRALIS, + Épillets colorés, 4-5 fleurs, en panicule courte et pau- vre, arete tròs apos c c p form. stenostachya. + + Feuilles trés longues contournées..,,.........,.. forma longifolia. — Épillets petits, 3 fleurs, panicule courte, dense, glumelle termi- née par deux dents scarieuses très effilées, fragiles........ A, LETOURNEUXII, 4. Feuilles fines, cylindriques par dessiccation. + Glumellé velue -.-..-.....- RE ev DS OC Odone A. REQUIENII. T F Glumslio elabre: 22.5 conovccodoaovoudocoonc ACDOGc forma oranensis. — Feuilles glauques, épaisses trés scabres, marges blanches, épillets peu nombreux, trés grands, glumelle glabre....... A. PRUINOSA. AVENA BROMOIDES Gouan form. barbara. — Hauts plateaux, Ain el Hadjar (Oran). — var. grandispiculata Hackel in litt. — Oran Teniet el Haad. — forma hirsuta. — Oran. AVENA AUSTRALIS Parlat.— Se distingue assez difficilement des autres formes de l'A. bromoides. Cette espéce serencontre communément dans la région montagneuse. A Bougie, au Gouraya se trouve la forme iden- tique à celle de Palerme (Todaro, Fl. sicul. n° 307). — forma stenostachya. — Ben Chicao. — forma longifolia, panicule pauvre, feuilles étroites trés longues, 25-80 cenlimétres, contournées. — Gorges du Chabet el Akra. . AVENA. LETOURNEUXI. — Chaume de 4-5 décimètres, feuilles planes scabres surles marges seulement, panicule courte dense de petits épillets de 3-5 fleurs, glumes étroites, glamelle inférieure étroite trés effilée Supérieurement et se terminant par deux longues dents scarieuses fra- giles. Hab. — Tunisie, dj. Semata, 1400 mètres (Letourneux, 1887). Avena REourewu Mutel FI. fr. (pl. I, fig. 12, 120). — Av. bro- moides var. filifolia Rouy, Voy. Espagne. — Var. oranensis (pl. I, fig. 45 et 15 b). — Feuilles avec des lignes de poils dans les sillons de la face inférieure. — Oran. AVENA PRUINOSA Hackel et Trabut. — Chaume élevé 6 à 8 décimétres, feuilles glauques épaisses rigides à large nervure médiane blanche, ainsi que les marges, 12 nervures secondaires très saillantes sur la face inférieure et portant des aiguillons qui les rendent scabres; panicule courte de grands épillets (30 à 35 millimètres) 5 à 7 fleurs, poils du callus égalant le double de sa longueur, glumes très aiguës, la supé- 412 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. rieure égalant presque la glumelle contiguë, glumelle inférieure ponc- tuée scabre, lancéolée aiguë, scarieuse au sommet, glumelle supérieure linéaire plus étroite que dans PA. bromoides. — Fl. juin. Hab. — Dj. Mzi, dj. Aissa, Sud-oranais. Explication de la planche I de ce volume. Fic. 1. — Stipa gigantea. Fic. 2. — Stipa Fontanesii. Fic. 3. — Stipa juncea. Fic. 4. — Stipa Lagasca. Fic. 5. — Stipa capillata. Fic. 6. — Avena convoluta. Fic. 7. — Avena filifolia. Fic. 8, 8b. — Avena pratensis (Strasbourg). Vic. 8'. — Avena pratensis (Grande-Chartreuse). Fic. 9, 95. — Avena albinervis (Tanger). Fic. 10, 10b. — Avena levis (Espagne). Fic. 11, 115, 11 c. — Avena pruinosa. Fic. 12, 125. — Avena Requienii (Espagne). Fic. 19, 13b. — Avena Requienii var. oranensis. Fic. 14, 14 b, 14 c. — Avena bromoides. . Fic. 15. — Avena australis. ADDITION A LA SÉANCE DU 12 JUILLET 41889. M. Mer dépose sur le bureau un Mémoire qu'il vient de publier, intitulé : De l'influence des éclaircies sur la croissance diamétrale des Sapins ; et il fait à ce sujet la communication suivante (1) : On sait que, pour favoriser le développement des massifs boisés, On exploite, à intervalles réguliers, un certain nombre d'arbres. Cette opé- ration, connue sous le nom d'éclaircie, n'est en somme que l'application à la sylviculture d'une pratique en usage dans la culture de beaucoup d'autres plantes, à mesure que les sujets qui végétent sur un espace déterminé acquiérent avec le temps de plus grandes dimensions. Je me suis proposé, dans le travail que j'ai l'honneur de présenter à la (1) Voyez plus haut, p. 345. Bull. Soc.bol.de France e t Fa ^ ef eee ee EE Piet 4 Y s Tome XXXVI. PL.I Er | ITH JOURDAN ALGA -— LEM TL se 1-5 STIPA, 6-15 AVENA MER. — INFLUENCE DES ÉCLAIRCIES SUR LA CROISS. DES SAPINS. 413 Société, de rechercher quelle influence cette opération exerce sur la végétation des arbres réservés; dans quelle mesure, par exemple, elle favorise leur croissance en diamètre; si elle modifie leur forme; pendant combien de temps ses effets sont appréciables ; s’il en résulte également une augmentation d'accroissement en hauteur, etc... Mes observations ont été faites dans une sapiniére des Vosges. J'ai choisi, comme sujets d'étude, des arbres ágés de soixante aus environ, faisant partie d'un massif en pente rapide exposée au sud, à une altitude moyenne de 800 mètres. Ce massif, de consistance serrée, avait été éclairci pour la première fois en 1873. On s'était borné à supprimer les perches dominées, c’est-à-dire celles dont la cime se trouvait sousle couvert des arbres voisins. Il serait trop long de décrire ici le procédé opératoire dont je me suis servi pour apprécier avec exactitude l'augmentation d’accroissement en hauteur et en diamètre. Je me bornerai à énumérer les résultats que j'ai obtenus. Ils s'appuient sur un assez grand nombre d’observations pour que les points suivants puissent étre regardés comme établis, au moins lorsque les conditions sont analogues à celles du massif que j'ai étudié. J'ai appelé rapport d'accroissement diamétral, ou plus simplement rapport d'accroissement, le rapport entre l'aceroissement annuel moyen des huit années postérieures à l'éclaircie et celui des huit années anté- rieures à cette opération. J'ai appelé rapport d'allongement le rapport entre l'allongement annuel moyen des quatre années postérieures à l'éclaircie et celui des quatre années antérieures à cette opération. 1° Les éclaircies favorisent l'allongement des arbres réservés, aussi bien que la croissance diamétrale de leur tronc. Ce double effet semble dû au supplément de nourriture mis à leur disposition par suite de la sup- pression des arbres qui les avoisinaient, peut-être aussi par suite d'une nitrification plus active dans la terre végétale, provenant d'une plus grande aération du massif. Des éclaircies il ne résulte donc pas seulement, comme on le croyait, une modification dans la répartition de la matière ligneuse, mais encore une production plus abondante de bois. 2» C'est à la base du tronc que l'augmentation de grosseur est le plus sensible. Elle va ensuite en décroissant d'une manière irrégulière. On la constate cependant encore jusqu'à une hauteur de 8 à 12 métres. Laforme conique des arbres est donc accentuée par ces opéralions. 5 3° Le rapport d’accroissement est supérieur à l'unité dés. la première année qui suit l'éclaircie; il s'éléve ensuite, mais n'atleint sa valeur maxima que quatre ou cinq ans plus tard. Il reste stationnaire pendant un laps de temps à peu près égal, puis diminue et se rapproche de l'unité au bout de douze à quinze ans. 414 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1889. Le rapport d'allongement suit une allure plus irrégulière, mais il est généralement supérieur à l'unité, si l'on envisage d'assez courtes périodes avant et aprés l'opération. 4 L'augmentation d'accroissement en diamètre se prolonge d'autant plus qu'elle a été plus forte au début. De méme, quand elle est faible dans les premiéres années, elle abandonne rapidement les régions élevées du tronc pour se cantonner dans les parlies inférieures. 5" Le rapport d'accroissement varie avec la distance qui séparait les sujets exploités de ceux réservés. Il s'éléve d'autant plus, toutes choses égales d'ailleurs, que cette distance est plus faible. Ainsi, tandis que, pour des distances de 1à 3 métres, il oscillait dans mes observations entre 17,30 et 17,50, je l'ai trouvé de 17,82 dans un arbre débarrassé d'un voisin avec lequel il s'était soudé. 6^ Le rapport d’accroissement varie aussi avec la vigueur des sujets en présence : a) Avec la vigueur des sujets exploités. Plus cette vigueur est grande, plus est appréciable l'augmentation d'accroissement qui se manifeste, à la suite de leur disparition, dans les arbres avoisinants. Q) Avec la vigueur des sujets réservés. En général l'effet produit est plus appréciable sur un arbre dont la végétation est active et méme, quand cetarbre a une moelle excentrique, il arrive fréquemment que c'est sur la face où les couches annuelles étaient le plus larges que l'aug- mentation d'aceroissement est le plus appréciable. Dans ce cas, l'excen- tricité de la moelle est plus prononcée. Les éclaircies peuvent donc modifier la forme des arbres, non seulement dans le sens longitudinal, mais encore dans le sens transversal. En général le rapport d’accroissement est peu élevé dans tous les cas où l'activité eambiale était trés faible avant l'éclaircie. Ce résultat doit étre attribué à l'inertie du cambium. Il semble que, lorsque le fonction- nement de cette assise s'est trouvé trés ralenti pendant plusieurs années, il ne puisse ensuite que trés difficilement reprendre son activité pre- miére. Aussi les éclaircies n'ont-elles qu'une influence trés faible, ou méme nulle, sur la croissance des arbres dont la végétation est ralentie, à la suite d'un couvert prolongé, par exemple. C'est là un fait que la pratique ne doit pas perdre de vue, car il prouve combien il est néces- saire de maintenir constamment les arbres en bon état de végétation, pour qu'ils puissent bénéficier des éclaircies. 1° Une seconde éclaircie exécutée quelques années aprés la première produit un résultat analogue à celle-ci. Les éclaircies successives sem- blent donc être indépendantes les unes des autres dans leurs effets. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. 415 SÉANCE DU 99 NOVEMBRE 1889. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. . En l'absence de MM. le Président et les Vice-Présidents, M. P. Duchartre est invité à prendre place au fauteuil. Par suite des présentations faites dans la précédente séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. RawiRez (D' José), professeur au Musée national de Mexico, présenté par MM. Bureau et Maury. SAUZAI, docteur-médecin à Bourth (Eure), présenté par MM. Camus et Malinvaud. M. le Secrétaire général dit qu'il a été informé par les journaux dela mort d'un membre de la Société, M. Hervé de Maupassant, frère de l'écrivain bien connu, M. Guy de Maupassant, et qui habi- tait Antibes où il s'occupait d'horticulture. M. Malinvaud donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. CLOS A M. MALINVAUD. Toulouse, le 18 novembre 1880, Monsieur le Secrétaire général, J'ai l'honneur de vous transmettre la nouvelle de la mort de l'un de nos anciens confréres de la Société, M. Henri Bordére, chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, instituteur honoraire, à Gédre (Hautes-Pyrénées), où il est décédé le 6 du courant, à l’âge de soixante-quatre ans. Bien que ce botaniste n'ait, si je ne me trompe, rien publié de quelque valeur, il s'était'acquis une certaine notoriété en botanique et rendait de réels services par les collections de plantes, soit séches, soit vivantes, des Pyrénées, qu'il mettait en vente, d'aprés un Catalogue imprimé, ou qu'il adressait à divers établissements scientifiques. Le Jardin des plantes de Toulouse notamment, recevait de lui chaque année des pieds ou éclats de certaines espéces alpines réfractaires! à la vie des plaines. Nul ne connaissait mieux que Bordére leurs stations de prédilection; il était toujours disposé à fournir les matériaux des- 416 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. tinés à élucider les espèces critiques, et Louis Reichenbach père a eu fréquem- mentrecours à lui pour la publication de son Iconographia ou de ses Icones. La vie de Bordére a été bien remplie; il n'a jamais voulu quitter ses chéres montagnes, et lorsque à la date d'une dizaine d'années nous le visitàmes dans sa modeste demeure de Gédre, il nous parut offrir le type de l'homme vraiment heureux, du sage borné dans ses désirs et content de peu. Il n'y a pas deux mois qu'il nous expédiait encore un envoi de plantes vivantes, et rien ne fai- sait pressentir une fin aussi prompte, qu'a déterminée une attaque de paralysie. Je ne doute pas que nos confréres ne s'associent aux regrets exprimés dans cette Note, que j'aurais aimé à compléter par quelques détails sur la longue carriére de Bordére, s'ils ne m'avaient fait défaut. Du reste, les services rendus par M. Bordére n'ont pas été méconnus des botanistes : M. Hackel lui a dédié une espéce de Festuca. En 1865, aprés que Bordére eut découvert dans la vallée de l'Otal le Dioscorea pyrenaica, déjà vu dés 1845? sur un autre point des Pyrénées par Bubani, et encore en 1857, dans la vallée de Pinéde, par M. l'abbé Miégeville, ce dernier mettant à profit, pour l'étude, de nombreux exemplaires provenant de cette trouvaille, crut devoir considérer la plante comme le type d'un nouveau genre et l'appeler Borderea pyrenaica. Mais Grenier, et plus récemment Bentham et M. D. Hooker, l'ont fait rentrer dans le genre Dioscorea. Toutefois, dans le Genera plantarum des deux auteurs anglais (LI, 743), elle en constitue à elle seule la première section Borderea (1). Il nous semble que Bordére a droit à l'honneur de la dédicace d'un genre, ayant rendu, dit trés justemeut M. Miégeville, à la flore pyrénéenne les services rendus par Eugéne Bourgeau à la flore universelle. Bordére était marié, mais ne laisse pas de fils: son filleul, de méme nom et âgé seulement de quinze ans, se propose de poursuivre l'industrie de son parrain. M, Rouy fait remarquer que le genre Borderea, non maintenu dans le Genera de MM. Bentham et Hooker, a été rétabli dans VIndex de M. Théophile Durand. M. Brandza fait à la Société la communication suivante : (1) Voyez, pour les détails relatifs à la découverte d y : ) ez, ; e la plante, les volumes XI, p. 261 et XIII, p. 373-379, 380-383, de ce Recueil, où la plante est figurée avec ses caractéres floraux (pl. I du tome XIII). BRANDZA. — TÉGUMENTS DE LA GRAINE, ETC. 417 SUR L'ANATOMIE ET LE DÉVELOPPEMENT DES TÉGUMENTS DE LA GRAINE CHEZ LES GÉRANIACÉES, LYTHRARIÉES ET OENOTHÉRÉES ; par M. Marcel BRANDZA (!). : On admet généralement que, pendant l'évolution de l'ovule en graine, le nucelle et le tégument interne de l'ovule sont résorbés par l'embryon en voie de développement. Les Euphorbiacées (2), les Rosacées et les Rutacées (3), sont les seules fanrilles dans lesquelles on a observé que les-deux téguments ovulaires persistent dans la graine müre. Ayant entrepris un travail sur les transformations que subissent les téguments ovulaires pendant la maturation de la graine, j'ai eu l'occasion de me convaincre que les deux téguments de l'ovule subsistent plus sou- vent qu'on ne le pense généralement, et que, quelquefois méme, le nu- celle peut contribuer à la formation des téguments séminaux. Je me pro- pose dans cette Note d'étudier quelques exemples, choisis dans trois familles distinctes. GÉRANIACÉES. — Les graines de Geranium, Erodium et Pelargo- nium présentent entre elles une remarquable analogie, tant par leur forme externe que par la structure anatomique de leurs parties consti- tuantes. Aussi, tout ce que je dirai pour le genre Erodium s'appliquera parfaitement aux deux autres. Une coupe transversale, faite dans les téguments d'une graine d'Ero- dium (E. gruinum, E. Manescavi, etc.), montre les parties suivantes : à l'extérieur un épiderme, composé d'une rangée de cellules, ayant cha- cune la forme d'un verre de montre, dont la concavilé regarde vers l'extérieur; au-dessous, on trouve une assise de trés petites cellules, et enfin une couche composée de cellules prismatiques et lignifiées. Ces cellules sont lignifiées seulement sur leurs faces externes et latérales, tandis que leurs parois internes restent cellulosiques. Ces trois couches de cellules forment ce que j'appellerai la partie externe du tégument. Au-dessous de cette partie externe, nous trouvons une nouvelle assise à cellules lignifiées, puis une double rangée de cellules aplaties et à pa- rois demeurées cellulosiques. (1) Ce travail a été fait dans le laboratoire de Botanique de la Sorbonne, sous la bienveillante direction de M. le professeur G. Bonnier. : (2) Baillon, Euphorbiacées. — A. Gris (Ann. sc. nat., 4* série, t. XV, p. 5 et t. XVII, p. 312). a (3) Jumelle, Sur les graines à deux téguments (Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXV, 1888). T. XXX (SÉANCES) 27 418 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. Voyons maintenant de quelles parties de l'ovule proviennent ces diffé- rentes couches du tégument mür. Les ovules d'Erodium sont à demi recourbés et pourvus de deux téguments. Le tégument externe se compose de trois assises de cellules. La plus extérieure, dont les cellules sont ovales, donnera naissance à l'épiderme du tégument de la graine. L'assise moyenne du tégument externe de l'ovule subira quelques cloi- sonnementsradiaux et donnera naissance à la seconde couche du tégument mûr, tandis que l'assise la plus interne divisera d'abord radialement ses cellules qui ensuite se lignifieront, en constituant ainsi la premiére couche lignifiée du tégument de la graine. Le tégument interne de l'ovule compte également trois assises de cel- lules dont la plus externe deviendra la seconde assise lignifiée, tandis que les deux assises internes, en se développant considérablement d'abord, puis en s'aplatissant, formeront la couche la plus profonde du tégument de la graine. LYTHRARIÉES. — J'ai choisi comme type de cette famille le genre Cuphea (G. lanceolata, C. purpurea, C. viscosissima, C. platy- centra). Dans les téguments d'une graine de Cuphea, on peut distinguer trois parties bien nettes. La partie externe est composée d'abord d'un épiderme à grandes cel- lules cubiques, ensuite d'un parenchyme dans lequel on distingue en moyenne trois assises de cellules aplaties et colorées en brun, enfin d'une assise protectrice formée de cellules cubiques fortement lignifiées. Il est à remarquer que, dans chacune des cellules épidermiques du légument de la graine de Cuphea, existe un filament enroulé en spirale et attaché à la paroi supérieure de la cellule, filament qui, par l'action prolongée de l'eau, se déroule d'abord, puis se gélifie (1). On distingue ensuite, dans le tégument d'une graine de Cuphea, une partie moyenne, constituée par deux assises de trés petites cellules pris- matiques. Enfin on y trouve une partie interne qui comprend une rangée de petites cellules, suivie de plusieurs assises entièrement aplaties et écrasées. En examinant un ovule de Cuphea, on voit qu'il est renversé et bité- gumenté. Le tégument externe de l'ovule se compose d'un parenchyme, compris (1) Georg Klebs, Beiträge zur Morphologie und Biologie des Keimung. (Unters. aus dem Bot. Inst. zu Tübingen, t. IV, 1885. Leipzig). BRANDZA. — TÉGUMENTS DE LA GRAINE, ETC. 419 entre deux assises de cellules cubiques. L'assise externe à cellules cubiques, donnera naissance à l'épiderme du tégument de la graine; les couches parenchymateuses moyennes, en prenant un certain nombre de cloisons radiales et tangentielles, puis en colorant leurs cellules en brun, deviendront le parenchyme du tégument mûr: et l’assise interne à cellules cubiques constitue, par la lignification de;ses cellules, la couche lignifiée de la partie externe des téguments séminaux. Le tégument interne de l'ovule se compose de deux rangées de petites cellules qui prendront de trés nombreuses cloisons radiales, puis la plus externe lignifiera ses parois, et toutes les deux ensemble constitueront la partie moyenne du tégument mür. Quant à la troisiéme partie du tégument de la graine, celle qui est la plus interne, le développement nous a montré qu'elle tire son origine des assises les plus externes du nucelle, qui n'est résorbé qu'en partie par l'embryon. En analysant les téguments de la graine de Lythrum, j'ai pu observer la méme structure ainsi que le màme développement. La seule chose à noter c'est l'absence de filaments gélificateurs dans les cellules épider- miques. (ExovHÉRÉES. — Les téguments d'une graine de Clarkia (C. pul- chella) se montrent composés des trois parlies suivantes: 1° une couche externe, formée d'un épiderme à cellules papilliformes allongées radia- lement et couvertes chacune d'une cuticule, puis d'une assise à cellules cubiques complètement lignifiées; 2° une couche moyenne, constituée par deux assises de très petites cellules prismatiques; 3° enfin, le tégu- ment est limité par une troisième couche, composée d'une série d'assises très écrasées. Les ovules de Clarkia sont courbés et pourvus de deux téguments. Le tégument externe montre deux assises de cellules, dont l'externe, en allongeant radialement ses cellules, donnera naissance aux papilles épidermiques du tégument mür, tandis que l'interne deviendrala couche lignifiée sous-jacente. Le tégument interne de l'ovule compte également deux assises de petites cellules, qui, par de nombreuses divisions radiales, formeront la partie moyenne du tégument de la graine. i Les assises les plus externes du nucelle contribueront, elles aussi, à la formation du tégument mûr, mais en subissant un aplatissement con- sidérable. Le tégument de la graine d'Œnothera nous a présenté la structure et le développement observés dans le Clarkia, mais avec cette différence qu'entre les papilles épidermiques et l'assise lignifiée, il y a une rangée 420 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. de cellules parenchymateuses. Ce fait nous semble assez important, car le genre Œnothera établit, au point de vue qui nous occupe, la transi- tion entre les genres Cuphea et Clarkia. Nous avons vérifié fes mêmes choses dans les téguments de graines appartenant aux genres Boisduvalia, Epilobium et Godetia. CONCLUSIONS. 4 Dans les Géraniacées les téguments de l'ovule subsistent et don- nent naissance aux parties correspondantes des téguments de la graine. 2» Dans les OEnothérées et les Lythrariées il en est de méme, mais en outre, les assises les plus externes du nucelle subsistent également. Répondant à une question de M. Dufour, au sujet des cellules épidermiques concaves qu'il a signalées dans les Geranium, M. Brandza ajoute que ces cellules ne sont autre chose que les cellules épidermiques convexes dont la paroi externe est venue s'appliquer contre la paroi interne par suite de la dessiccation. M. Duchartre pense que les intéressantes observalions qui vien- nent d'étre présentées par M. Brandzaacquerraient une plus grande valeur et une précision indiscutable, si l'auteur, ne se bornant pas à étudier les téguments dans les états éloignés d'ovule et de graine, avait suivi leur développement. C'est sans doute à ce fait qu'on doit attribuer la divergence qui existe entre les observations de M. Le Monnier, lequel a posé en principe que le tégument interne disparait, et celles de M. Brandza qui vient d'énoncer le contraire. M. Duchartre ajoute que, pour lui, l'identification des Ger anium, Erodium et Pelargonium est discülable, M. Duchartre croit devoir rappeler que la distinction du nucelle et des téguments n’a pas été suffisamment indiquée par M. Brandza, attendu que, dans certaines graines, le nucelle se détruit en partie, ce qui peut être une cause d'erreur. M. Brandza, ayant fait à travers la graine des coupes à différents niveaux, ne pense pas avoir été induit en erreur. M. Poisson présente les observations suivantes : Les objections faites par M. Duchartre me paraissent justifiées. Les botanistes qui ont étudié les téguments des graines sont déjà nom- SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. 421 breux (1); mais ceux qui, dans leurs recherches, auraient négligé de suivre le développement se seraient infailliblement exposés à des erreurs d'observation. Il est essentiel de prendre l'ovule comme point de départ, si l'on veut attribuer aux enveloppes de la graine une origine certaine. Il se fait des transformations successives, dans des cas nombreux : des déformations de cellules et le plus souvent des multiplications cellulaires avec ou sans épaississement des parois des cellules, ou bien des adjonctions de matiéres colorantes, formation de cristaux, etc., troublantes pour l'observateur qui n'aurait pas assisté à la genése de ces organes (2). Habituellement un tégument ovulaire débute par un repli cellulaire partant du placenta ou de la base du nucelle. Ce repli, analogue à celui que ferait un doigt de gant quand les deux surfaces sont ramenées dos à dos sur elles-mémes, est un cas fréquent pour beaucoup d'ovules et, sur la graine müre, on retrouvera, avec des modifications plus ou moins pro- fondes de forme, de consistance, etc., à trés peu de chose prés, le méme nombre de couches de cellules qu'il y avait sur l'ovule, c’est-à-dire les deux épidermes dos à dos de chacun des téguments, si l'on a affaire à un type à tégument double. Ce caractère sera fixe en général pour toutes les espéces d'un genre, ou méme tous les genres d'une méme famille quand celle-ci présente une homogénéité satisfaisante. Ce ne sera plus alors que sur des caractères de détails que reposeront les différences de genres et d'espéces, mais ces caractères seront souvent précieux par leur constance. J'ai trouvé quelques exceptions à cette règle, mais en trés petit nombre. Les exemples cités dans l'intéressante communication de M. Drandza et pris dans les familles des Géraniacées, Lythrariées, (Enothérées, me semblent, au moins pour les espéces qui me sont connues, rentrer dans les types à système tégumentaire assez simples et faciles à observer, c’est-à-dire dans lesquels le nombre des éléments ne s'est guère modifié de l’état de jeunesse à l'état adulte. Il suffit alors, pour une personne exercée déjà à ces sortes de recherches, d'une coupe pratiquée sur ur ovule, puis sur une graine à moitié müre et une troisième sur une graine parfaite pour étre fixé sur l'origine d'un tégument. Un nombre de (1) Voyez Bull. Soc. bot., t. XXIV, p. 280 et xiv; puis t. XXV, p. 48 et 49. (2) C'est ainsi que s'exprime M. Le Monnier (Ann. sc. nat., 5° série, XVI, p. 243) : « Il est bien établi qu'en général, le testa et le tegmen ne représentent pas du tout la primine et la secondine, mais seulement des couches diversement modifiées de la primine..., sauf le cas des Euphorbiacées, je n'ai point rencontré de graines ou la présence de la secondine füt évidente à la maturité. » Cet habile observateur n'aurait pas écrit ces lignes s'il avait suivi le développement de quantité de graines issues d'ovules à deux téguments. 499 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889, graines beaucoup plus grand qu'on ne pense doivent être rangées dans cette catégorie. Au contraire, dans les types où la multiplication cellulaire du ou des téguments est manifeste, et surtout quand l'un des téguments doit étre sacrifié, alors que l'autre persiste, l'étude attentive du développement devient indispensable pour bien déterminer à quelle partie les éléments restants appartiennent. Il importe de suivre avec soin les épidermes qui vont rapidement multiplier leurs cellules dans le sens radial et dans le sens tangentiel et de constater, finalement, si ces épidermes persistent ou se détruisent. Un point sur lequel les observateurs n’ont peut-être pas assez insisté dans l'étude des téguments de la graine, mais dont on est frappé quand on en a vu un grand nombre, c’est le rôle prépondérant des épi- dermes de ces téguments qui, dans les exemples que je connais, sont presque toujours les formateurs des parties solides ou colorées ou hyper- trophies de la graine. Ces régions sont habituellement, dans l'ovule, riches en protoplasma, ce qui est l'indice d'une fonction qui se détermi- nera bientôt après la fécondation. Il y a là un lieu d'élection qui semble bien se généraliser, mais qu'il faudrait bien se garder d'ériger en prin- cipe avant d'avoir étudié les principaux types de toutes les familles de plantes. Quant au róle du nucelle dans la formation du tégument séminal, il est trés variable. Abondant dans beaucoup d'Euphorbiacées, et quelques autres familles, il est nul ou presque nul ailleurs. Toutefois, il est bien rare, à moins que le nucelle soit d’une simplicité de composition extréme et alors éphémère (Orabelliféres, Rubiacées, beaucoup de Monopétales), qu'il ne reste pas quelques traces de cellules lacérées ou comprimées de ce petit organe que l'albumen a épargné de digérer. Avec des réactifs appropriés et un séjour un peu prolongé de coupes bien faites en divers points des graines en étude dans le liquide servant à conserver les pré- parations, on trouve presque toujours quelques traces du nucelle, qui se distinguent d'autant plus sürement que l'épiderme du tégument en con- tact avec lui est bien défini. D'ailleurs, au moyen d'un réactif iodé peu énergique et par tàtonnement, on arrive assez facilement à colorer en violet seulement les restes du nucelle non cutinisés, alors que les élé- ments voisins résistent à la coloration. J'ai constaté assez souvent que pour la méme espéce, suivant que les graines examinées avaient été recueillies parfaitement mûres, ou bien avant complète maturité, la portion restante du nucelle était plus abon- dante dans le second cas que dans le premier, ce qui d'ailleurs s'explique facilement. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. 423 M. Maury a constaté chez les Plombaginacées, dont l'ovule pos- sède deux téguments, fait assez rare dans les Gamopétales, que le tégument interne est réduit, dans la graine, à son assise externe, les assises plus profondes étant fortement comprimées ou détruites. Un point intéressant, que l'étude comparée du développement de plusieurs graines lui a seule permis d'établir, c'est la présence, chez le Statice Limonium, d'un albumen réduit, au dos de chaque cotylédon, à deux ou trois assises de cellules adhérant intimement au tégument et pouvant, par suite de la compression des assises internes, étre considéré comme en faisant partie. Mais la structure des graines du Statice Bonduellii et du Plombago zeylanica montre bien la véritable signification de cette particularité. M. Dufour pense que l'on ne peut se borner à établir les carac- téres de deux phases différentes d'un organe, qu'il est indispen- sable d'étudier les états intermédiaires; c'est précisément une étude qui occupe actuellement M. Brandza. M. Jumelle ajoute qu'il n'est pas toujours nécessaire, pour déter- miner l'origine des téguments de la graine, de suivre le dévelop- pement ; l'examen de la région chalazienne suffit. En effet, comme on peut l'observer dans les Euphorbiacées, et comme lui-méme l'a vu dans les Rosacées et les Rutacées, quand les deux téguments ovulaires persistent, ces deux téguments, dans la graine müre, se séparent l'un de l'autre par formation d'une couche de liége dans la région de la chalaze, où, à l'origine, ils étaient réunis. Cette for- mation, ainsi limitée à cette région, montre bien qu'elle a pour but de séparer ces deux téguments, elle ne peut s'expliquer autre- ment, et serait, du reste, inutile, au cas où il y aurait digestion du tégument interne. La présence de cette calotte subéreuse permet donc, sans la moindre hésitation, de rapporter au tégument externe la partie du tégumentqui lui est extérieure, et au tégument interne celle qui lui est immédiatement sous-jacente. M. Russell fait à la Société la communication suivante : 424 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. NOTE SUR L'ORGANISATION DES VERTICILLES FOLIAIRES DES SPERGULES (1), par M. W. RUSSELL. Chez les Spergules, et en particulier chez la Spergule des champs (Spergula arvensis), les feuilles, au lieu d’être distiques opposées comme chez la plupart des Caryophyllées, forment des verticilles d'au- tant plus fournis que l'on observe une région plus âgée de la tige. Un examen attentif d'un de ces verticilles montre qu'il est composé de feuilles d'inégale grandeur paraissant insérées au méme niveau et dont la base est cachée par une gaine scarieuse complete. Or M. Lebel (2), dans un travail sur les Spergularia, qui constitue, comme on sait, un genre voisin du genre Spergula, a signalé chez ces plantes la présence d'une gaine nodale résultant de la coalescence des bases de deux feuilles opposées, que « la présence d'un court rameau feuillé fait quelquefois paraitre fasciculées ». L'apparence verticillée des feuilles des Spergula est-elle due à la présence de pareils rameaux nés à l'aisselle de deux feuilles opposées à ‘bases concrescentes, comme nous porte à le croire la présence de la gaine scarieuse, ou reconnaît-elle une autre cause, c'est ce que nous allons tàcher de résoudre anatomiquement. Une série de coupes transversales faites dans l'extrémité de la tige, et de préférence dans le bourgeon terminal, montre qu'à l'approche d'un nœud l'anneau libéroligneux s'étire suivant un diamètre de la tige et se fragmente bientôt en trois portions, une médiane T et deux symétriques par rapport à celle-ci, et que nous désignerons par les lettres A et A’. Ces trois fragments de l'anneau libéroligneux primitif ne tardent pas à rapprocher leurs extrémités libres, de maniére à reformer chacun un cercle vasculaire. Si, laissant de cóté le cercle médian qui continue purement et simplement l'anneau vasculaire de la tige, nous portons notre attention sur l'un des deux autres, celui de droite par exemple, nous voyons qu'il est composé de faisceaux de grosseurs différentes ; un entre autres, situé du cóté externe et que nous nommerons F, est surtout plus développé que les autres. Ce faisceau ne tarde pas à sortir du cercle vasculaire pour se porter rapidement à la périphérie ; bientót aprés, dans une direction perpendi- (1) Ce travail a été fait au laboratoire de Botanique de la Sorbonne, sous la bienveil- lante direction de M. le professeur Bonnier. eine morphologique du genre Spergularia (voy. le Bulletin, t. XV, 1868. pp. 99-04). RUSSELL. — VERTICILLES FOLIAIRES DES SPERGULES. 425 culaire à celle prise par ce faisceau, deux nouveaux faisceaux f et f, s'éloignent de l'anneau suivant une méme ligne diamétrale ; à peine se sont-ils détachés qu'une nouvelle paire de faisceaux f» et fs commence à se séparer aux deux extrémités d'un diamètre faisant à peu prés un angle de 45 degrés avec le précédent. Ils sont suivis d'une quatrième paire f, el f; disposés en croix par rapport à eux. Une fente se produit alors de chaque côté dans l'écorce de la tige ; elle commence dans la portion de celle-ci renfermant le cercle médian et s'étend à droite et à gauche de maniére à limiter une bande circulaire de parenchyme renfermant le faisceau F et son homologue F’ sorti du cercle A^; car il est inutile de dire que tout s'est passé dans celui-ci comme dans le cercle A. Presque en méme temps que cette fente s'établissait, la portion de la tige renfermant le cercle T se séparait des deux autres. Il n'est maintenant pas difficile de reconnaitre, dans la bande de parenchyme contenant les faisceaux F et F', la gaine que nous avons observée à la base de chaque verticille, gaine qui, par conséquent, repré- sente les bases soudées de deux feuilles opposées ayant pour faisceau F et F^; à l'aisselle de chacune d'elles est né un bourgeon ayant A ou A’ comme cercle vasculaire, et qui possède des paires de feuilles séparées par des entre-nœuds d'une telle brièveté que leurs faisceaux semblent se détacher presque simultanément de son cylindre central. En outre, comme ce bourgeon ne se développe que rarement en branche, ses feuilles paraissent insérées sur la tige. Comme à l'aisselle de chacune d'elles peut se former un bourgeon se comportant comme celui de premiére génération, on comprend pourquoi le nombre des feuilles va en augmentant du sommet à la base. En résumé, les feuilles des Spergules sont opposées, et c'est la pré- sence à leur aisselle de courts rameaux feuillés qui leur donne une apparence verticillée. M. Duchartre pense que des coupes longitudinales eussent nota- blement aidé M. Russell dans son étude de la course des faisceaux. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : UN HYBRIDE DES CENTAUREA CALCITRAPA L. ET C. PULLATA L. (X C. MIRABILIS Rouy), par M. G. ROUY. Parmi quelques plantes innommées de l'herbier de l'École polytech- nique de Lisbonne dont mon ami M. Daveau m'avait confié la détermi - nation, se trouvait un Centaurea évidemment hybride, ayant vrai- 496 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1889. semblablement le C. Calcitrapa comme père, l'autre parent pouvant être, à première vue, soit le C. pullata, soit une Centaurée de la section Seridia. Mais un examen plus attentif permettait de constater que les spinules latérales des appendices étaient plus ténues que dans les espéces de la section Seridia, tout en étant plus allongées et plus nombreuses que celles situées à la base de l'épine médiane, bien plus forte, dans le C. Calcitrapa, et qu'en outre les folioles du péricline étaient munies d'une bordure plus ou moins brunâtre. — Ces caractères désignaient déjà bien le C. pullata comme porte-graine, mais, pour plus de certi- tude, je demandai à M. Daveau quels étaient les Centaurea croissant ensemble à la localité où fut recueilli cet hybride : ce sont, parait-il, les C. Calcitrapa (CCC), melitensis et pullata (CCC); cette réponse levait tous les doutes. Voici la description de ce curieux hybride : X CENTAUREA MIRABILIS (C. Calcitrapa L. X C. pullata L. forma caulescens). — Racine bisannuelle, très allongée (15 centim.), peu épaisse, pivotante. Tige de 3 décim., dressée, rameuse dès le milieu, presque régulièrement dichotome, à rameaux ascendants terminés par 1-3 calathides rapprochées et en portant généralement aussi une près de la base de la dichotomie (comme dans le C. Calcitrapa). Feuilles molles, vertes, pubescentes-grisáàtres (les radicales manquent sur l'exem- plaire décrit), les caulinaires non décurrentes, pinnatipartites, à rachis ailé et denté, à lobes linéaires-lancéolés, dentés, à dents apiculées, le lobe terminal plus long et plus large que les latéraux; feuilles supé- rieures et involucrales lancéolées, acuminées, entiéres ou denticulées. Calathides entourées de feuilles florales qui les dépassent. Péricline ovoide glabre, à écailles imbriquées, très inégales, coriaces, bordées d'une membrane plus ou moins brunátre, atténuées au sommet, puis légèrement contractées sous l'appendice; celui-ci pâle, arqué en dehors ou trés étalé, penné, prolongé en une épine gréle (bien plus ténue et un peu plus courte que dans le C. Calcitrapa), à peine vulné- rante, munie de chaque cóté, dans son tiers inférieur, de 3-4 spinules ou cils blonds, allongés (semblables à ceux du C. pullata). Fleurs purpurines, celles de la circonférence plus grandes, rayonnantes. Achaines (trés jeunes, la plante étant en fleur, avec une seule calathide à peine défleurie) blancs, pubescents, oblongs ; aigrette blanche égalant environ la moitié de la longueur de l'achaine (non mür). Habitat. — PonTUGAL : environs de Lisbonne, à Alfeite; leg. R. da Cunha, juin 1880. A propos de la précédente communication, M. Duchartre fait ROUY. — CENTAUREA CALCITRAPO-PULLATA. 497 remarquer que M. Rouy vient, par un seul mot, de trancher la question si controversée de la ressemblance de l'hybride avec l'un ou l'autre des parents. M. Rouy déclare en effet que l'hybride qu'il présente à la Société ressemble beaucoup plus au pére. M. Rouy répond qu'étant donnés la taille et le port respectifs des Cenlaurea Calcitrapa et C. pullata, il est à présumer, comme il vient de le dire, que le C. mirabilis a pour père le C. Calcitrapa, le pollen de cette espéce ayant été porté par le vent sur les fleurs du C. pullata étalé sur le sol. Il cite aussi deux autres hybrides de la péninsule Ibérique qu'il a rencontrés dans ses excursions : le Lepidium ambiguum Lange (L. Cardamines X subulatum) et le Thymus paradoxus Rouy (T. Funkii X Zygis). Le premier a été trouvé dans un gazon de Lepidium Cardamines situé au-dessous de nombreux pieds de L. subulatum, croissant sur une muraille à une hauteur de 6 à 7 métres, et dont quelques graines ont dü tomber et germer au milieu des L. Cardamines qui auront fécondé les pieds issus de ces graines; or, le L. ambiguum ressemble plus au L. Cardamines. Le Thymus paradoæus a été trouvé dans une petite garigue, en exemplaire unique, au milieu de nombreux T. Zygis L. et à quel- ques métres d'un emplacement couvert de T. Funkii, là encore le pollen du T. Funkii a été porté par le vent ou par des insectes sur un pied de T. Zygis. Le T. paradoæus, issu de deux plantes aussi distinctes que ces deux Thymus, est évidemment très diffé- rent de chacun d'eux, mais son port, la couleur de ses bractées et de ses corolles le rapprochent plus du T. Funkii. Ces cas parti- culiers n'incitent nullement M. Rouy à affirmer que les hybrides tiennent toujours plus du père, mais seulement que, pour certains hybrides spontanés et surtout dans les régions méridionales, il y a des exceptions à la règle généralement admise que la plante formée se rapproche plus de la mére. On obtiendrait sans doute des résultats intéressants, en essayant des hybridations dans les terrains arides et chauds de la région méditerranéenne en dehors des jardins. M. Malinvaud rappelle quelques-unes de ses observations sur l'hybridité dans les Menthes; il a remarqué que, dans un grand nombre de cas où le rôle des parents pouvait être indiqué avec certitude, l'hybride ressemblait surtout à la mére. Mais il ya aussi 428 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. des faits complexes et contradictoires qui ne permettent pas encore de tirer des conclusions positives sur ce point si controversé. M. Camus confirme l'observation de M. Malinvaud par celles qu'il a eu l'occasion de faire sur les Orchidées hybrides des envi- rons de Paris; le port de celles-ci se rapproche surtout de celui de la mére. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. leSecrétaive général a seulement appris depuis peu de jours la mort de M. le D" Victor-Constant Reboud, membre de la Société, décédé à Saint-Marcellin (Isère), le 25 mai dernier. Le D" Reboud était médecin-major de premiére classe en retraite, officier de la Légion-d'honneur et de l'Instruction publique et correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. D’après des rensei- gnements donnés par M. Henry Duhamel sur ce regretté collégue, il a légué son important herbier au Muséum de la ville de Grenobie qui renferme déjà les précieux herbiers de Mutel et de Villars. Le D' Reboud avait longtemps résidé en Algérie et puissamment con- tribué, par ses persévérantes et fructueuses recherches, à vulga- riser la connaissance des espèces de ce pays (1). M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : Daillet, Notice sur la vie et les travaux d'Éd. Timbal-Lagrave. — Notice sur la vie et les travaux du D' E. Jeanbernat. Battandier et Trabut, Flore de l Algérie, 3° fascicule. (1) Les services rendus à la science par le D" V. Reboud ont été exposés et appréciés par M. le D* E. Cosson, dans la partie historique du Compendium Flore Atlanticæ (voy. vol. 1, p. 79-85 et Supplément à la partie historique, vol. II, p. xc-xcir).] SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. 499 Jules Bel, Les maladies de la Vigne et les meilleurs cépages fran- qais et américains. Alfred Chabert, Seconde Note sur la flore d'Algérie. Deflers, Voyage au Yémen ; Journal d'une excursion botanique faite en 1887 dans les montagnes de l'Arabie Heureuse, suivi du Catalogue des plantes recueillies. H. Gadeau de Kerville, Les animaux et les végétaux lumineux. Gonse, Additions an Catalogue des Muscinées de la Somme. — Supplément à la Flore de la Somme. — Florules de Sailly-Bray, d'Hautebut et du Hable d Ault. Husnot, Muscologia gallica, livraison 8. Le Breton, Communications mycologiques. Zeiller, Variations de forme du Sigillaria Brardi. — Sur quelques empreintes végétales des couches de charbon de la Nouvelle-Calédonie. Em. Chr. Hansen, Ueber die in dem Schleimfusse lebender Büume beobachteten Mikroorganismen. Th. Holm, Notes on Hydrocotyle americana L. Rodriguez, Algas de las Baleares. Paléontologie française. Végétaux : terrain jurassique, livr. 41, par M. le marquis de Saporta. M. Malinvaud présente à la Société une petite collection de Cha- racées, provenant de l'herbier d'Édouard Lamy de la Chapelle et toutes récoltées n naguère par ce savant botaniste dans le départe- ment de la Haute-Vienne ; les déterminations ont été contrôlées ou établies avec le concours de M. l'abbé Hy, qui s'occupe présente- mení d'une étude monographique de cette famille. Elles se rappor- tent aux espèces suivantes : Chara fragilis, avec les variétés deli- catula (Ch. pulchella Wallm.), brevibracteala et longibracteata A. Br.; C. fragifera DR.; C. coronata Ziz. — Nitella syncarpa Chevall.; N. opaca Agardh; N. translucens Agardh; N. flexilis Agardh; N. mucronata Coss. et G.; N. Lamyana Hy sp. nov.; N. arvernica Hy sp. nov. et var. elongala (foliis longissime atte- nuatis) (4). Il est procédé au dépouillement de la correspondance. M. le Président donne lecture de la lettre suivante : (1) Nitella Lamyana, diarthrodactyla, foliis fructiferis simplicibus, aut semel divi- sis; sporangiis singulis aut binis; nucleo long. 07,3. Nilella arvernica, triarthrodactyla, foliis fructiferis semel aut iterum divisis; spo- rangiis singulis, rarius binis; nucleo long. 0"",36. 430 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. LETTRE DE M. A. LE GRAND À M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bourges, le 10 décembre 1889. Monsieur le Président, Permettez-moi d'appeler l'attention de nos confréres sur un travail qui serait d'une grande utilité et dont l'intérét, je crois, ne saurait échapper : il s'agirait d'opérer le recensement de toutes les plantes francaises publiées dans les collections d'exsiccatas. Peu d'herbiers possédent ces précieuses collections en totalité; leur recherche et leur étude y sont extrémement difficiles. Les floristes éloignés des grandes collections, des riches bibliothéques, ne connais- sent pas toujours les catalogues sommaires et trés insuffisants qui accompa- gnent d'ordinaire ce genre de publications; les Flores, les Catalogues régio- naux, ne relatent presque jamais dés lors les espéces de leurs domaines qui ont eu l'intéressant privilége de figurer dans les exsiccatas, tels que ceux de Bourgeau, Billot, Schultz, Puel et Maille, Mabille, Michalet, Déséglise, Paillot, Boulay, Malinvaud, etc., etc., pour ne citer que les plus anciens. Le Catalogue en question, ne comprenant que les noms des espéces, leurs numéros, le titre de l'exsiccata, la provenance et le nom du collecteur, ne for- merait pas un bien gros volume; et tous les botanistes francais pour le moins l'honoreraient bien certainement de leurs souscriptions. ll me semble que ce serait là un des répertoires les plus utiles. Ce répertoire une fois dressé serait tenu au courant par des suppléments périodiques. Le travail pourrait étre enfin facilité par la collaboration de nombreux botanistes. Puisse cette idée étre assez goütée de nos confréres, pour qu'ils lui assurent le succès qu'elle me semble mériter ! Veuillez agréer, etc. M. Malinvaud reconnaît que la publication recommandée par M. Le Grand aurait une incontestable utilité, et il pense que les sympathies et l'appui de nombreux botanistes seraient à l'avance acquis à notre confrére de Bourges, s'il voulait bien entreprendre ce travail dont mieux que personne il apprécie et surmonterait les sérieuses difficultés. M. le Secrétaire général donne lecture des lettres suivantes : CH. ARNAUD. — CETERACH OFFICINARUM VAR. CRENATUM. 431 LETTRE DE M. Charles ARNAUD A M. MALINVAUD. Layrac, le 30 novembre 1889. Monsieur le Secrétaire général, J'ai l'honneur de vous adresser, pour l'herbier de la Société, un Ceterach, dont les frondes sont à segments tous crénelés; il a été récolté le 10 octobre dernier et trouvé pour la premiére fois, en septembre 1885, par M. A. Dané, aujourd'hui éléve au grand séminaire d'Agen. M. l'abbé Dané m'ayant envoyé derniérement cette plante, je n'hésitai pas, aprés étude et comparaison avec des échantillons du Ceterach officinarum Willd. renfermés dans mon herbier et provenant de localités différentes de France et de l'étranger, à le considérer comme une forme remarquable de cette espéce de Willdenow. Je fus du reste absolument affermi dans cette ma- niére de voir, lorsque j'eus trouvé, sur des pieds de C. officinarum provenant de Hongrie, quelques frondes possédant des segments trés distinctement cré- nelés, Trés fort de cette constatation, je m'empressai d'écrire à M. l'abbé Dané, qu'il avait, à mon avis, découvert une variété trés intéressante du Ceterach officinarum Willd. et qu'à ma connaissance elle n'avait pas encore été signalée en France. Il me répondit alors, qu'ayant, en janvier 1887, envoyé quelques frondes de sa plante à M. le D" Guillaud, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux, enle priant de vouloir bien lui douner des renseignements sur ce Ceterach, ce botaniste s'était contenté de lui répondre simplement, et sans aucun détail, que c'était le « Ceterach crenatum Milde ». Pour moi, ne possédant pas l'ouvrage de Milde sur les Fougéres d'Europe et ne pouvant par conséquent me rendre compte de la valeur de l'opinion de M. le D" Guillaud, et de plus aucun des ouvrages français ou étrangers que je posséde ne faisant mention de cette espéce de Milde et pas davantage d'une forme du C. officinarum Willd., je persiste, en m'appuyant sur mon observa- tion personnelle, à considérer la plante de l'abbé Dané comme une variété de l'espéce de Willdenow. Je vous serai donc bien obligé, Monsieur le Secrétaire général, si vous croyez que ce qui précéde puisse intéresser la Société, de vouloir bien le lui communi- quer. 1l se pourrait du reste, que cette plante eût été déjà signalée en France ou à l'étranger, et, si ce n'est pas une découverte, ce serait toujours une nou- velle station; je voudrais bien étre fixé là-dessus. ; Voici la station et l'état des lieux oü a été découverte la plante qui nous occupe : Ceterach officinarum Willd. var. crenatum. Au sud-est et à un kilomètre environ de Castelculier, canton de Puymirol 432 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. (Lot-et-Garonne), dans un bois appelé Bois du Tailleur ou du Pagnon, dans les crevasses de la base des rochers qui entourent le coteau du côté du Levant, parmi les Mousses, le Lierre et les broussailles qui rendent ce lieu fourré et sombre, et par cela méme y entretiennent une certaine fraicheur. — Rare. Veuillez agréer, etc. M. Malinvaud dit que l’intéressante Fougère signalée par M. Arnaud, variété remarquable du Ceterach officinarum (ou peut- être hybride ?), est probablement nouvelle pour la France. Elle paraît correspondre au Ceterach officinarum var. crenalum de Milde (1). LETTRE DE M. Michel GANDOGER A M. ERN. MALINVAUD. Arnas (Rhóne), le 12 décembre 1889. Monsieur le Secrétaire général et cher collégue, En parcourant le dernier numéro du Bulletin de la Société, vol. XXXVI, j'ai vu, à la page 354 du Compte rendu des séances, une Note sur le genre Cycla- men — fort bien faite, du reste — publiée par M. Pomel. Mais, aprés avoir étudié la description que l'auteur donne de son Cyclamen saldense, je demeure persuadé que ce nom est synonyme de mon C. numidi- cum Gdgr Flora Europe, vol. XV, p. 248. En effet, dans mon Flora Europe terrarumque adjacentium, qui, comme son nom l'indique, contient également les plantes de l'Afrique septentrionale et de l'Asie occidentale, j'ai subdivisé le Cyclamen africanum Boiss. et Reut. en plusieurs espéces trés différentes les unes des autres. Le C. saldense Pomel ne peut rentrer que dans ce groupe. Le C. numidicum Gdgr (C. saldense Po- mel) s'éloigne de toutes les formes voisines par ses feuilles briévement créne- lées, les divisions de la corolle étroites, plus courtes, etc. Je ne l'ai regu que de la province de Constantine, notamment de Philippeville; mais il doit se rencontrer ailleurs. Du reste, le C. africanum est un groupe étonnamment variable. Il abonde sur tout le littoral algérien où il fleurit dés la fin d’ octobre, aussitôt après les premières pluies, en compagnie de nombreuses Liliacées , Amaryllidées, Iridées et autres plantes bulbeuses. Je l'ai étudié tout à loisir, dati notre colonie afri- caine, pendant les années 1877, 1878 et 1879. Et, tout en récoltant les échan- tillons pour mes exsiccatas, j'ai noté sur le vif lés principaux caractères des formes qui me paraissaient les plus remarquables. (1) « Ceterach officinarum var. crenatum. — Laciniæ grosse serratæ. Raro. Meran. Triest. Fiume. » (Milde, Filices Europa, p. 94 ) PRILLIEUX. — LE PACHYMA COCOS EN FRANCE. 433 D'autre part, ce que M. Pomel nomme C. punicum me semble offrir quelque analogie avec ce que j'ai décrit sous le nom de C. tunetanum Gdgr Fl. Eur., XV, p. 248. Dans ce dernier, les feuilles sont, effectivement, anguleuses ou lobées, les divisions de la corolle larges de 6-7 millimétres. Il habite Ain- Draham en Tunisie. Mais la floraison ayant lieu pendant l'hiver, il y aurait témérité à vouloir identifier ces deux espèces. Pour se prononcer sûrement, des échantillons du C. punicum seraient nécessaires. Agréez, etc. M. Malinvaud rappelle, à propos du Cyclamen persicum, que cette espéce n'existant pas en Perse, on a pensé que son nom pri- mitif était peut-être C. punicum altéré plus tard en persicum. Or il résulte d'un renseignement communiqué récemment par M. Doû- met-Adanson à M. Malinvaud que cette rectification n'aurait pas été proposée par M. Cosson auquel l'attribuait M. Pomel (1) et qui ne s'en reconnait pas l'auteur, mais par M. Doümet-Adanson lui-méme. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : LE PAGHYMA COCOS EN FRANCE, par M. Éd. PRILLIEUX. M. d'Arbois de Jubainville a donné à l'Institut agronomique une partie de la belle collection de Champignons parasites des arbres forestiers qu'il avait exposée dans le pavillon des Foréts, à l'Exposition universelle de 1889. Parmi les échantillons que j'ai recus de lui pour l'Institut agrono- mique sont des corps fort singuliers qu'il a récoltés l'an dernier à Saint- Palais-sur-Mer, dans la Charente-Inférieure. Ce sont de grosses masses ovoides, à peu prés de la taille de la téte d'un homme, que recouvre une écorce brune à surface un peu inégale et rugueuse. M. d'Arbois de Jubainville a bien voulu me donner, pour les étudier, les deux échantil- lons qu'il avait exposés. L'un n'est pas tout à fait aussi volumineux que l'autre; le plus gros des deux atteint 27 centimètres dans le plus grand sens et 20 centimètres dans l'autre; le plus petit a seulement 23 centimétres sur 19. À travers l'écorce crevassée et détachée sur quelques points sur le petit tubercule, on pouvait voir une masse blanche compacte et dure; en le sciant par la moitié, je pus m'assurer que la substance blanche, qui est trés résistante et difficile à couper, occupe tout l'intérieur du tuber- cule. Elle paraît homogène dans toute sa profondeur, mais est divisée (1) Voyez plus haut, page 355. i : T. XXXVI. (SÉANCES) 28 434 | SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. par de profondes crevasses en portions anguleuses. Ces fentes sont dues sans doute à la dessiccation de la masse qui était plus volumineuse à l'état frais et s'est réduite en séchant. Cette supposition est tout à fait confirmée par ce que m'écrit à ce sujet M. d'Arbois de Jubainville. Quand ces corps ont été trouvés sur des racines de Pin dans le sable des dunes en placant les traverses du tramway forestier de la Coubre à Saint-Palais, leur chair, me dit-il, était caséeuse et trés aqueuse; pour les sécher, on a dü les garder au moins quinze jours sur un poéle allumé. En séchant, leurs dimensions ont diminué de moitié. L'écorce brune, qui se détache assez aisément de lasubstance blanche et compacte qu'elle recouvre, est assez mince ; elle n'a guére ordinaire- ment qu'un demi-millimétre, en certains points cependant elle présente une épaisseur un peu plus grande; elle est souple et a la consistance d'une peau. Elle est formée d'un feutrage d'hyphes brunes entrelacées; entre elles on voit de petites masses brunes altérées et sans forme déter- minée. Au-dessous de la couche brune est une lame plus pâle, grisâtre, qui est formée d'hyphes, non plus brunes, mais incolores, enlacées de méme et dirigées parallélement à la surface du tubercule. Des ramifica- tions ou des prolongements de ces hyphes pénétrent dans l'intérieur de la masse blanche qui occupe tout l'intérieur du tubercule. Cette substance blanche, compacte et présentant à l'état sec une consis- tance dure et cependant un peu élastique qui la rend assez difficile à couper, est formée de corps ramifiés à ramifications courtes et épaisses qui ressemblent à des branches de corail microscopiques. On n'y dis- tingue pas de cavités ; ce sont de petits rameaux massifs trapus, ramassés, d'une matière qui paraît homogène; ils se sont entremélés et serrés en pénétrant les uns entre les autres au point de ne laisser entre eux aucun vide. La masse compacte ainsi constituée a, sur les échantillons secs, une consistance qui rappelle celle de la corne ou de l'ivoire; mise dans l'eau chaude, elle se renfle, s'amollit et devient charnue, un peu à la facon d'un liége trés mou. La masse des rameaux coralloides est traversée par des hyphes fili- formes et fines sans cloison, mais assez souvent ramifiées, qui pénètrent de la face interne de l'écorce et se dirigent vers son centre, en glissant à la surface des courtes branches des corps coralloides sur lesquels ils laissent souvent une empreinte visible. Ces filaments déliés ont des parois épaisses et on y distingue difficilement une cavité, si ce n'est sur les points où ils ont un diamètre un peu plus grand, là ou ils.donnent nais- sance à une ramification. Dans les grandes crevasses qui se sont ouvertes dans l'intérieur de la tubérosité, ces filaments s'allongent au delà de la masse à structure coralloide qui s'est beaucoup plus contractée en se PRILLIEUX. — LE PACHYMA COCOS EN FRANCE. 435 desséchant et forment des houppes soyeuses qui revêtent la surface des fentes. On trouve le long des hyphes de nombreux cristaux d'oxalate de chaux. Ni les hyphes, ni les corps coralloides ne présentent les réactions de la cellulose : l'acide sulfurique les attaque et les dissout sans que l'iode ajouté donne de coloration bleue; les divers réactifs iodés ne les colo- rent pas ou les colorent en jaune. La potasse dissout immédiatement les corps coralloides ; les hyphes filiformes résistent plus longtemps à son aclion. Quand on fait bouillir pendant quelque temps une coupe comprenant l'écorce et une petite portion de la masse pour l'amollir et en rendre la désagrégation plus facile, on peut observer les passages des hyphes fili- formes aux corps coralloides. On voit des tubes minces et déliés se gon- fler par leur extrémité d'une facon assez inégale, présenter des saillies courtes et des branches trapues plus ou moins ramifiées. La transition de l'un des éléments constitutifs du tubercule à l'autre est incontestable. La nature de ces gros corps tubéreux n'est guére douteuse, bien qu'ils ne présentent pas de fructifications. Ce doit étre l'état stérile d'un Cham- pignon analogue à un sclérote, bien qu'ils n'aient nila taille, ni la structure ordinaire des sclérotes. Parmi les Champignons trés incomplétement connus et qui ont été observés seulement à l'état imparfait se trouve une production que je crois identique à celle que je viens d'étudier ; c'est ce que Fries a décrit sous le nom de Pachyma Cocos. Voici les caractères du genre Pachyma (Tulasne, Fungi hypogæi, p. 197) : Pacuyma Fries, « inter genera prorsus dubia, scilicet Fungi hypogæi, maximi, globosi, arrhizi, corticali, cortice crasso squamoso seu tubercu- lato, intus carnoso-suberosi similares seminibusque destituti. Utrum in Fungos perfectiores abeant inquirendum ». La description du Pachyma Cocos donnée par Fries est la suivante : Pacuywa Cocos (Sclerotium Cocos Schweinitz) « oblongum cortice duro fibroso squamoso-bruneo. Ellipticum aut subreniforme magnitudine capitis humani, nucem Cocos exacte refert. Cortex unciam crassus fibroso squamosus durus colore radicum Pinorum. Intus uniforme læve materia carnoso-suberosa repletus odore fungoso farinaceo ; color in adultis sub carneus. — In terra Carolinæ præsertim in pinetis sabulosis rarius ». J'ai tout d'abord hésité à rapporter à ce Pachyma exotique celui que M. d'Arbois de Jubainville a trouvé dans la Charente-Inférieure, surtout à cause de la consistance dure et compacte de ce corps qui ne rappelle 436 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. en rien la matiére charnue subéreuse décrite par Fries; mais je recon- nus bientót que dans l'eau chaude cette substance blanche si dure s'amollit et répond alors trés bien à la description de la chair du Pa- chyma Cocos. Le Muséum posséde des échantillons de Pachyma Cocos de diverses provenances. ll m'a été permis d'étudier la structure d’un spécimen rap- porté du Japon; je l'ai trouvé identique à celle du Pachyma de la Cha- rente-Inférieure. Le Pachyma Cocos se trouve à Saint-Palais dans le sable des dunes sur les racines des Pins, comme l'indique Fries pour la Caroline « in pi- nelis sabulosis ». L'un des échantillons que m'a donnés M. d'Arbois de Jubainville montre des restes de racines de Pin engagées dans l'écorce du Pachyma. En outre, M. d'Arbois de Jubainville a récolté, auprès des tubercules, des racines de Pin recouvertes par place d'une sorte de croüte épaisse dans laquelle j'ai reconnu les mémes éléments, hyphes et corps coralloides, que dans le Pachyma. Ge tissu du Pachyma pénètre l'écorce et englobe des lames détachées du périderme, mais je n'ai pas vu ses hyphes pénétrer dans le corps méme de la racine. La masse fongueuse entremélée de lames de péri- derme et recouverte de grains de sable agglutinés par de la résine forme un étui au-dessous duquel les couches inférieures de l'écorce et tout le bois paraissent restés sains, du moins sur les échantillons que j'ai examinés. Les tubercules désignés sous le nom de Pachyma peuvent-ils produire, comme les sclérotes, des formes parfaites de Champignons; cela parait probable. Une figure de Rumphius montre un semblable tubercule, qui a été désigné sous le nom de Pachyma Tuber-regium, donnant nais- sance à une touffe d'Agarics. Il serait bien intéressant de suivre de près, à Saint-Palais-sur-Mer, le mode de vie et surtout le développement du Pachyma Cocos, si on peut le retrouver dans la localité indiquée par M. d'Arbois de Jubainville, sur le bord du tramway forestier de la Coubre dans le sable des dunes. Ce sont des recherches que nous signalons tout particuliérement à nos zélés confrères de la Charente-Inférieure. C'est à eux à résoudre aujour- d'hui le probléme de la véritable nature du Pachyma Cocos en décou- vrant la forme parfaite de Champignon que doivent produire, si nos suppositions sont exacles, ces singuliers tubercules. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : GANDOGER. — VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO. 431 VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO ; par M. Michel GANDOGER. Le voyage au mont Viso est long, pénible et coüteux. De quelque cóté, en effet, que l'on arrive, il faut prendre la ligne de Grenoble-Veynes- Briançon, où les trains vont trés lentement, s'arrétent beaucoup et offrent à peine le confortable qu'on trouve sur les autres lignes. Dans tous les cas, pour venir seulement de Lyon à Abriés, localité la plus rapprochée du Viso, le trajet est de dix-huit heures, dont douze passées en chemin de fer. On s'arrête à la station de Montdauphin-Guil - lestre, et de là, par la pittoresque vallée du Guil que remonte le cour- rier, on franchit 37 kilomètres jusqu'à Abriés pour n'y arriver que vers onze heures du soir. Je descendis moi-même dans ce dernier village, le 7 août 1889, avec l'iutention de passer plusieurs jours dans le massif du mont Viso, afin d'en faire l'exploration botanique aussi compléte que possible. Un temps splendide, méme trop chaud, favorisa mes projets et me permit de récolter de nombreuses plantes. Jusqu'à ce jour, je ne crois pas qu'on ait catalogué aussi complètement la flore de cette célèbre montagne. Tout d'abord, lorsqu'on pénètre dans ces àpres et imposantes mon- tagnes, une impression singulière vous saisit, et l'on se dit : Si les pre- miers navigateurs osèrent s'aventurer dans les mers polaires, au milieu des neiges et des banquises, sans avoir la vapeur à leurs ordres, quel courage aussi n'ont pas dû avoir les premiers botanistes qui ne craigni- rent pas de s'enfoncer dans ces sauvages montagnes, dans un pays perdu, au bout du monde, pour ainsi dire, privés des moyens relativement rapides de locomotion que nous avons aujourd'hui, par des sentiers trés difficiles, à peine tracés! Oui, il faut avouer que les Chaix, les Villars, les Mutel, les Mathonnet, ont bien mérité de la botanique en explorant ces solitudes et en nous en faisant connaitre les prodigieuses richesses végétales, eux à qui il fallait trois ou quatre jours pour faire le trajet que nous opérons en douze heures! Afin d'étre utile à mes collégues, je vais donner les indications sui- vantes sur la meilleure maniére, selon moi, pour explorer fructueusement la montagne. D'abord, on trouve facilement à Abriés un guide qui se charge de con- duire aux diverses localités et qui, en méme temps, porte les vivres et une partie de l'attirail botanique. J'avais emporté des provisions pour plusieurs jours, car, dans la montagne, on netrouve guére que du laitage. Afin d'étre plus dispos, on fera bien de prendre à Abriés une voiture pour se faire mener jusqu'au bas de la bergerie du Grand-Vallon; on 438 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. évite ainsi trois bonnes heures de marche dans cette interminable vallée du Guil durant lesquelles la montée est peu sensible et l'herborisation peu intéressante. Un autre avantage est de pouvoir emporter beaucoup plus de provisious, sauf à faire arréter de temps à autre le véhicule lorsque quelque plante rare se montre. Arrivé de bonne heure au point où la route cesse d’être carrossable, je mis pied à terre, puis je renvoyai la voiture en avertissant que je l'enverrais chercher au moment de notre départ. J'établis mon quartier général àla bergerie du Grand-Vallon, par 2150 métres d'altitude, oü mon guide porla une partie de nos approvisionnements (1). Je commengai tout de suite la récolte des plantes, tant sur les bords du Guil que dans les prairies voisines par : Aconitum Lycoctonum. Sempervivum alpestre Lamotte. — Anthora. Sedum dasyphyllum. Delphinium montanum. Saxifraga aizoides. Thalictrum montanum. Laserpitium glabrum. Anemone narcissiflora. — Siler. — myrrhidifolia. Carum Carvi. Ranunculus nemorosus. Bunium Bulbocastanum. Brassica Cheiranthus. Pimpinella magna. Sisymbrium Villarsii. Angelica montana. Hugueninia tanacetifolia. Libanotis montana. Arabis bellidifolia. Sambucus racemosa. Polygala calcarea. Lonicera cærulea. Parnassia palustris. Galium boreale. Dianthus silvestris. — argenteum. — neglectus (calyx pallide viol.). — verum. Saponaria ocymoides (fol. angust.). — Bocconii. Cerastium lineare. — montanum. Silene nutans. Valeriana tripteris. Onobrychis montana. Scabiosa lucida. Hedysarum obscurum. Carduus defloratus. Vicia Gerardi. Carlina caulescens. Lotus Delerti. Centaurea nervosa (virens ef var. canes- Trifolium montanum. cens). — heterophyllum Tratt. — variegata (squama nigra). — glareosum. — montana. Ononis Natrix, Achillea dentifera. Geum montanum, — Millefolium var, lanata. Epilobium spicatum. Erigeron Villarsii. (1) A l'avenir, il sera préférable de s'établir à la laiterie que l'on construit en ce moment dans la grande prairie du mont Viso, au bas du col de la Traversette. Cette laiterie, construite dans de vastes proportions, offrira un certain confortable et sera admirablement placée pour servir de point de départ à de nombreuses excursions. Si l'on ne voulait rester qu'uae journée dans le massif du Viso, il faudrait d'abord monter directement au col de la Traversette, puis, de là, gagner celui de Valante en herborisant au lac de Lestio; enfin, en revenant, passer par le sentier inférieur qui longe le Guil et faire l'excursion de Ruine, si le temps le permet, pour y récolter [satis alpina, Campanula cenisia, Draba carinthiaca, etc. Mais ce serait une course fatigante et l'on risquerait de manquer bien des choses. GANDOGER. — VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO. 430 Aster alpinus. Polygonum Bistorta. Chrysanthemum montanum. — alpinum. Artemisia Absinthium. Rumex scutatus. Adenostyles alpina. Euphorbia Cyparissias. Picris Villarsii. Salix cæsia. Leontodon pratensis. — daphnoides. — alpinus, — Arbuscula. Hieracium murorum, — nigricans. — glaucopsis. Fritillaria involucrata. — staticefolium, Festuea heterophylla. — florentinum. Poa nemoralis var. alpina. Phyteuma Halleri. Calamagrostis montana. Campanula spicata. — acutiflora. — Scheuchzeri. Avena versicolor. Gentiana lutea. — montana. Echinospermum Lappula. Kæleria cristata. Nepeta graveolens. — setacea. Plantago media. On entre ensuite dans la grande prairie du mont Viso, vaste étendue de plusieurs kilométres de longueur, entrecoupée de profonds ravins, de monticules, arrosée par des torrents qui vont grossir le Guil. Elle est entourée de toutes parts, sauf à l'ouest, de trés hautes sommités dont l'altitude n'est pas inférieure à 3000 métres. Au fond se dresse à pic le mont Viso dans toute sa majesté, avec ses neiges, ses glaciers et d'une hauteur absolue de 1400 métres au-dessus du niveau moyen de la prairie en question. Cette prairie est un vrai jardin botanique. Le sol, à certains endroits, y est recouvert d'une profonde couche de terre végétale ; aussi les plantes y sont-elles luxuriantes ; bien plus, on y trouve d'énormes Mélézes jus- qu'à plus de 2200 mètres. Cà et là quelques touffes rabougries de Sorbus aucuparia, d' Acer opulifolium, indiquent d'anciens taillis, mais tout a été détruit : l'homme a fait le désert dans la montagne comme il l'a fait dans la plaine. Témoin ce fameux Méléze, à la jonction du sentier du col dela Traversette et de celui du col de Valante, cité par les guides et qu'on ne manque jamais de faire voir aux touristes. J'en ai trouvé un autre, à moitié coupé, sur le bord du torrent qui descend de la Traver- sette, d'autres troncs sciés presque ras-terre indiquent assez de quelle puissance de végétation ce site pittoresque est doué. Cela tient à son orientation méridionale et à ce qu'il est protégé des vents du nord par la haute chaine qui va de la Traversette au mont Pelvas (2936 mètres), par le col Lacroix (la patrie du rarissime Saxifraga valdensis DC.). Il est, en outre, bien arrosé et offre des pentes dont l'altitude varie depuis 2100 métres (bords du Guil) jusqu'à 2800 métres au col de la Traver- sette. On conçoit aisément que cette célèbre prairie doive être d'une grande richesse botanique. A mon avis, elle égale celle du Lautaret. C'est ce que 440 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. je constatai bientôt en gravissant les premières pentes de la montagne. Ayant mis en ordre mes précédentes récoltes, je m'acheminai, suivi du guide, vers le col de la Traversette en récoltant : Anemone Halleri. Erigeron glabratus. Ranunculus pyrenæus. Achillea Herba-rota. — montanus. Solidago minuta. Trollius europæus. Artemisia spicata. Aquilegia alpina. Adenostyles leucophylla. Biscutella lævigata. -— hybrida. — glabra. Senecio Doronicum. Draba lævipes. — incanus. Brassica Richeri. Cineraria alpina. Kernera saxatilis. — aurantiaca. Helianthemum grandiflorum. Hieracium Pseudocerinthe. Silene rupestris. — chloropsis. — saxifraga. — alpinum. — vallesia. — glanduliferum. Cerastium latifolium. — piliferum. — arvense var. viscosum. — picroides. Dianthus neglectus var. — prenanthoides. Sagina Linnæi. — Camerarii. Arenaria ciliata. Hypochæris uniflora. Gypsophila repens. Leontodon pyrenaicus. Saponaria ocymoides forma latifolia. — croceus. Acer opulifolium. Picris crinita Reut. Trifolium alpinum. Crepis grandiflora. - nivale. Phyteuma betonicæfolium. Oxytropis cyanea. — scorzoneræfolium. Phaca astragalina. — Halleri (fol. glabris et fol. hirtis). Onobrychis sativa var. Campanula valdensis. Alchemilla fissa. — Scheuchzeri. — montana. Soldanella alpina. Potentilla grandiflora. Primula suaveolens. Sedum Anacampseros. — marginata. — annuum. Androsace obtusifolia. — repens. Gentiana campestris. — atratum. Myosotis alpestris. Sempervivum frigidum Lamt. Thymus Serpyllum. — arachnoideum. Betonica hirsuta. Saxifraga Aizoon. Calamintha alpina. Bupleurum ranunculoides. Galeopsis intermedia. Astrantia minor. Scutellaria alpina. Chærophyllum hirsutum. Euphrasia montana. Laserpitium Siler (fol. pilosis). — hirtella. Gaya simplex. Pedicularis rostrata. Galium anisophyllum. — incarnata. — pusillum. — rosea. — Jussiæi. — foliosa. Centaurea uniflora. Veronica Allionii. — variegata (sq. fulvis). — aphylla. — seusana. — alpina. — phrygia. — bellidifolia. — Ferdinandi. Rhinanthus hirsutus. Cirsium spinosissimum. Armeria alpina. Erigeron alpinus. Plantago alpina. GANDOGER. — VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO. 444 Plantago graminea. Festuca flavescens. — fuscescens. — heterophylla. — Victorialis. — sulcata Hack. Blitum Bonus-Henricus. — rubra. Polygonum viviparum. — spadicea. — Bistorta (flore albo). Calamagrostis tenella. Rumex Acetosella. Avena distichophylla. — alpinus. — flavescens var. — arifolius. Phleum alpinum. Thesium montanum. — Michelii. Empetrum nigrum. Kæleria valesiaca. Urtica hispidula Cariot. Oreochloa pedemontana. Salix prunifolia. Poa brevifolia. Juniperus nana. — alpina. Fritillaria delphinensis. — cenisia. Allium Scheenoprasum. — divaricata. Larix europæa. — supina. Colchicum alpinum. Agrostis alpina. Veratrum Lobelianum. Lycopodium selaginoides. Orchis albida. Cystopteris montana. Luzula spicata. — fragilis. Juneus Jacquini. Botrychium Lunaria. Carex nigra. A partir de 2700 mètres la végétation cesse, et l'on peut s'arrêter là. Toutefois, il convient de continuer l'ascension de la montagne et d'at- teindre le col de la Traversette, où, par 3051 mètres d'altitude, on découvre une grande partie du Piémont, Turin, le massif du mont Cenis, etc. De cet endroit, en vingt minutes environ, il est facile de se rendre au curieux Pertuis du Viso, tunnel long de 72 métres, ouvert lors des guerres d'Italie, en 1482, par le marquis de Saluces. ll était destiné à protéger les voyageurs contre les avalanches. Depuis longtemps il est de- venu inutile. Soit que les conditions climatériques aient changé, soit par suite de certaines causes encore inconnues, son entrée est presque toujours obstruée par les neiges et méme par le glacier voisin qui semble augmenter. Personnellement je n'ai pu y pénétrer à cause de l'amon- cellement des neiges, et cela le 8 août, c'est-à-dire au cœur de l'été. Du col de la Traversette on pourrait aller directement à celui de Valante situé au pied méme du Viso. Si l'on est pressé par le temps, au lieu de suivre par 3000 mètres d'altitude la base des crêtes voisines, d'un accès difficile, il vaut mieux redescendre jusque vers 2500 métres, continuer à traverser la grande prairie de l'ouest à l'est et herboriser, chemin faisant, jusqu'au lac de Lestio où le Guil prend sa source. Dans tous les cas, n'oublions pas d'explorer les berges du torrent qui descend du col de la Traversette. Ces berges, couvertes de nombreux Salix, souvent profondément encaissées, renferment une multitude de plantes intéressantes. Peu ou pas exposées au soleil, abondamment arro- 442 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. sées et surtout épargnées par la dent des bestiaux, le botaniste y fera ample moisson, comme on peut s’en convaincre par les plantes suivantes que j'y ai récoltées : Aquilegia alpina. Vaccinium uliginosum. Hugueninia tanacetifolia. Gentiana Burseri. Sisymbrium pinnatifidum. Myosotis alpestris var. elata. Cardamine resedifolia. Pedicularis incarnata. Arabis alpina. i Euphrasia minima. — Allionii. Linaria supina var. — alpestris. Veronica alpina. Thlaspi montanum. Oxyria digyna. Silene nutans. Polygonum nanum. Alsine Villarsii. Thesium alpinum. Geranium silvaticum. Salix reticulata. — phæum. — retusa. Trifolium nivale (fl. albo). — serpyllifolia. Lotus corniculatus var. crassifolius. — herbacea. Sibbaldia procumbens. — myrsinites. Potentilla alpestris. — Arbuscula. — aurea. — glauca. Epilobium collinum. — Lapponum. — origanifolium. — helvetica. Paronychia serpyllifolia. — repens. Saxifraga adscendens. — phylicifolia. — bryoides. — nigricans. — aspera. — pirifolia. — exarata. — hastata. Valeriana tripteris. Anthoxanthum villosum. Achillea nana. Poa laxa. Adenostyles alpina. Agrostis rupestris. Homogyne alpina. Festuca nigrescens. Bupleurum caricifolium. — rhætica ! Galium argenteum. Peltigera aphtosa. Rhododendron ferrugineum. Tel est à peu prés l'ensemble de la végétation de la Traversette à cette époque de l'année. Plus de trois cents espèces, et des plus intéressantes, se trouvent sur un espace de quelques kilomètres, fait rare dans les Alpes et qui, comme je le disais plus haut, constitue, pour cette partie du mont Viso, l'une des plus riches localités alpines connues. En quittant les bords du torrent de la Traversette, on continue Sa marche de l'ouest à l’est jusqu'au fond de la vallée du Guil, vers le col de Valante, c'est-à-dire à la base méme du mont Viso. Pendant cet itinéraire, je me suis tenu entre 2300 et 2500 métres d'al- titude, voici les plantes que j'ai récoltées : Anemone narcissiflora, Alsine laricifolia. Petrocallis pyrenaica. Sagina Linnæi. Viola calcarata. Cerastium arvense. — —-. var. flava. — suffruticosum. Dianthus neglectus (calyc. ruberr.). — trigynum. GANDOGER. — VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO. 413 Silene acaulis. Campanula valdensis. — exscapa. Gentiana glacialis. Cherleria sedoides. Thymus nervosus ! Trifolium Thalii. Armeria alpina var. brevifolia. Oxytropis uralensis. Polygonum alpinum var. Geum reptans. Luzula spicata. Herniaria alpina. Eriophorum angustifolium. Saxifraga stellaris. — gracile. Athamanta cretensis. Scirpus cespitosus. Galium Jussiæi. Carex pauciflora. — helveticum. — Œderi. Senecio rotundifolius Lap. — fætida. Erigeron uniflorus. — disticha. Chrysanthemum alpinum. Alopecurus Gerardi. — coronopifolium (ceratophylloides ?). Agrostis rupestris var. Artemisia glacialis. — alpina. Phyteuma pauciflorum. Poa cenisia. Campanula Allionii. Puis je suis arrivé à une sorte de petit plateau marécageux précédant le lac de Lestio, par 2523 mètres d'altitude, d’après la carte de l'État- major français. Il faut longer la paroi gauche de la montagne où l'on trouve plus facilement à traverser le Guil. Bientôt je me trouvai sur les bords du lac encore en grande partie encombrés de neige et dont les eaux glacées étaient fouettées par un vent extrémement violent. Il con- vient de s'y arréter pour y prendre un peu de nourriture, si l'on veut gravir le col de Valante, situé à 400 mètres plus haut, car on ne trouve plus d'eau potable sur la montagne. — En herborisant sur les rochers voisins et auprés des neiges fondantes, j'ai trouvé les plantes suivantes : Ranunculus gracilis. Aronicum Clusii. — glacialis. Taraxacum Dens-leonis. Hutchinsia alpina. Gentiana nivalis. Cardamine alpina. — brachyphylla. Arenaria biflora. — bavarica. Lotus corniculatus var. alpinus. Myosotis alpestris. Alchemilla pentaphyllea. Eritrichium nanum. Geum montanum. Bartsia alpina. Saxifraga androsacea. Plantago alpina. — retusa. Salix herbacea. — oppositifolia. Oreochloa pedemontana. — — var. albiflora. Le Salix herbacea monte en colonnes serrées jusqu'à 2700 mètres ; il forme d'admirables tapis reposant agréablement les yeux de la vue monotone des neiges et des éboulis pierreux; çà et là le Saxifraga op- positifolia au bord de la neige fondante, dernier effort d'une végétation qui s'éteint. On arrive insensiblement au col de Valante, par 2800 mètres et plus, sur la limite de la France et de l'Italie. De là, vue grandiose sur le mont Viso, dont on n'est séparé que d'un kilomètre à vol d'oiseau. Cette montagne célébre se dresse à pic. Elle est à peu prés inaccessible 444 SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1889. du côté de la France, et c’est à peine si l’on cite deux ou trois ascensions par ce versant. Le côté italien, au contraire, étant gazonné beaucoup plus haut et offrant moins de remparts à pic, est plus facilement atta- quable. Toutefois, qu'on le sache bien : l'ascension du Viso est péril- leuse; ce n’est qu'en 1861 seulement qu'il a été gravi pour la première fois. Le mont Viso a 3845 mètres de hauteur, d’après la carte de l'État- major français ; néanmoins, les géographes varient assez sur son altitude ; quelques-uns lui attribuent 3936 métres. Il est situé sur le territoire ita- lien, et présente, par sa forme, ses dimensions et son isolement méme du reste de la chaine, un panorama grandiose. Vu des prairies de la Tra- versette, il apparait comme un immense plateau partagé en deux par le milieu. A gauche est le petit Viso ou Visolet, haut de 3600 mètres; à droite le Viso proprement dit. Sillonné de glaciers et couvert de rochers dentelés dans la partie nord, il offre, un peu aprés son milieu, une échan- erure d’où part un gigantesque glacier trés incliné, long de plus d'un kilométre et venant aboutir sur le plateau du col de Valante. La partie méridionale est terminée par un autre glacier trapézoidal, modérément incliné, mais dominant un effroyable précipice de plusieurs milliers de pieds de profondeur. Cette derniére partie a tout à fait l'aspect d'une maison qui serait construite au sommet de la montagne et dont le toit serait recouvert de neige. Tel est l'aspect du Viso de ce cóté, ou, du moins, tel que je l'ai noté. Comme originalité, le Viso l'emporte sur le Mont-Blanc lui-même, dort le sommet n'est qu'un dos d'àne monotone, blanc et arrondi. J'ai étudié les deux montagnes, et c'est l'impression que j'en éprouve. Une trés intéressante excursion esl celle du vallon de Ruine pour aller à la conquéte de la grande rareté de nos Alpes frangaises et du Viso en particulier. J'ai nommé l'Isatis alpina All. On quitte la vallée du Guil pour remonter, sur sa rive gauche, un torrent qui descend de la montagne. Cette plante se trouve au sommet du vallon sur un espace de 25 à 30 métres seulement, mais en assez grande abondance (1). J'ai dit qu'on arrivait à Abriés trés tard dans la nuit. Il est donc impos- sible d'herboriser entre Guillestre et cette localité. Toutefois, on peut (1) Au sujet de l'7satis alpina, je citerai une anecdote peu connue. Mathonnet pré- posé aux douanes, vers 1830, avait beaucoup herborisé dans le Queyras, doní il connais- sait parfaitement les localités de plantes rares. Trés sensible à la flatterie, on obtenait de lui tout ce qu'on voulait quand on lui avait dit : « Mon bon père Mathonnet, vous étes vraiment un grand botaniste! » Le compliment était, du reste, justement mérité. Or, vers cette époque, le colonel Mutel, auteur d'une Flore de France et d'une Flore du Dauphiné, voulait herboriser dans le massif du Viso et aller, notamment, à la con- quéte du rarissime /satis alpina. Il parait que le ton par trop militaire du colonel ne GANDOGER. — VOYAGE BOTANIQUE AU MONT VISO. 445 combler ce déficit au retour. Le courrier, qui part d'Abriés pour Guil- lestre à sept heures du matin, s'arréte de temps à autre en chemin. En mettant pied à terre à Chàteau-Queyras, j'ai cueilli le long de la route: Malva crispa. Hieracium tomentosum. Potentilla caulescens. Sonchus parviflorus. Prunus brigantiaca. Hieracium staticefolium. Myricaria germanica. Phyteuma Charmeli. Sedum micranthum. Thymus lanuginosus. Ptychotis heterophylla. Scutellaria alpina. Laserpitium Siler. Plantago Cynops. Centranthus angustifolius. Polycnemum arvense. Artemisia Absinthium. Atriplex angustifolia. Carduus nutans. Salix incana. Tragopogon orientalis. Lasiagrostis Calamagrostis. Au-dessous de Guillestre, par 4200 mètres d'altitude, et à l'endroit appelé Maison du Roi (en souvenir du passage du roi Louis XIII dans ces montagnes), je récolte encore : Thalictrum feetidum. Hieracium Lawsonii. Ononis fruticosa. — pulmonarioides. Rosa nemorosa. Campanula valdensis. Amelanchier vulgaris. Vincetoxicum officinale (flore luteo). Sedum ochroleucum. Satureia montana. Ribes Uva-crispa. Lavandula Spica. Saxifraga aizoides. Linaria monspessulana (flore ochroleuco). Sambucus racemosa. Rumex scutatus. Globularia cordifolia. Juniperus sabina. Scabiosa graminifolia. Allium sphærocephalon. Carduus cirsioides. Melica Magnolii. Echinops Ritro. Stipa capillata. Chrysanthemum maximum. Festuca glauca. Hieracium saxatile. Asplenium Halleri. Enfin, à Aiguilles (1), j'avise un pàtre qui porte un magnifique bou- quet de Leontopodium alpinum Cass. Il me dit avoir récolté cette jolie plante dans un pré au-dessus du village, à 2000 métres d'altitude. Il me plut pas au « bon pére Mathonnet », lequel, vrai Mentor des botanistes alpins, était habitué à de légitimes égards. Au lieu de conduire Mutel au vallon de Ruine pour lul montrer l'/satis alpina, il le mena sur le versant opposé. Et, comme aprés de longues recherches la rarissime plante ne se montrait pas, Mathonnet, d'un air singulier : « Les moutons, répondit-il, ont dévoré la plante, car ils en sont friands ». Mutel prit la chose au sérieux. (ur E : Et voilà pourquoi, dans sa Flore du Dauphiné, il a inséré la réponse du « bon pére Mathonnet ». Je tiens cette anecdote du chanoine Cl. Bourdin, à qui elle avait été contée par Mathonnet lui-méme, à la Grave, en 1843. d (1) Ce joli village, déjà incendié en 1886, est devenu de nouveau la proie m flammes au mois de septembre dernier. Plus de 100 maisons ont été détruites, et bien des familles, à l'entrée de l'hiver trés rigoureux dans ces hautes régions, se sont trou- vées en face de la plus affreuse misere. 446 SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1889. remet le précieux fascicule contre quelques pièces de monnaie, enchantés l'un et l'autre, de notre échange. Comme on le voit, jusqu'au dernier moment, il y a à récolter dans ce pittoresque pays qui mériterait d'étre exploré plus souvent, si l'on n'était quelque peu effrayé par la perspective d'un long, pénible et coüteux voyage. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1889. PRÉSIDENCE DE M. H. DE VILMORIN. M. Maury, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 13 décembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation et, par suite de celles qui avaient été faites dans la précédente séance, il pro- clame membres de la Société : MM. Cauver (Eugène), avocat, rue Duval-Jouve, à Montpellier, présenté par MM. Flahault et Granel. PALOUZIER (Émile), préparateur à l'École supérieure de pharmacie de Montpellier, présenté par MM. Courchet et Jadin. ll est procédé, conformément aux Statuts, à l'élection du Prési- dent de la Société pour l'année 1890. M. Gaston Bonnier, premier vice-président sortant, ayant obtenu 167 suffrages sur 184 votes exprimés, est proclamé Président pour 1890. La Société nomme ensuite successivement : Premier vice-président : M. Ernest Roze. Vice-présidents : MM. Aug. Michel, J. Poisson, J. Vallot. Secrétaire général : M. Ernest Malinvaud. Membres du Conseil : MM. H. de Vilmorin, E. Cosson, l'abbé Hue, L. Mangin et Patouillard. Par suite de ce renouvellement partiel, le Bureau et le Conseil d'administration seront composés, en 1890, de la manière suivante ÉLECTIONS. 441 Président. M. GASTON BONNIER. Vice-présidents. MM. E. Roze, MM. J. Poisson, A. Michel, J. Vallot. Secrélaire général. M. Malinvaud. Secrélaires. Vice-secrélaires. MM. Costantin, MM. G. Camus, Duval. Maury. Trésorier. A Archiviste. M. Ramond. M. Bornel. Membres du Conseil. MM. E. Cosson, MM. Morot, Colomb, Patouillard, Duchartre, Prillieux, Guignard, Rouy, Hue (abbé), de Seynes, Mangin, H. de Vilmorin. Avant de se séparer, la Société, sur la proposition de M. Pril- lieux, vote des remerciements unanimes à M. H. de Vilmorin, pré- sident sortant. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINYAUD. 95. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE CONGRES DE BOTANIQUE TENU A PARIS DU 20 AU 25 AOUT 1889 Le Congrès réuni à Paris par les soins de la Société botanique de France (2), à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889, a tenu ses séances du 20 au 24 août 1889, dans les salles que la Société d'Horticulture avait bien voulu mettre à sa disposition, en son liótel, rue de Grenelle, 84. * Les personnes qui ont répondu à l'appel de la Société et pris part aux travaux du Congrés sont les suivantes : LISTE DES PERSONNES QUI ONT ASSISTÉ AU CONGRÉS. 1* Membres de la Société botanique de France : MM. Amé (Georges), rue Najac, 37, à Bordeaux. ANDRÉ (Édouard), rédacteur en chef de la Revue Horticole, rue Chaptal 30, Paris. ARBOST (Joseph), pharmacien à Thiers (Puy-de-Dóme). (1) La Société botanique de France, afin d'assurer une large publicité aux Actes du Congrés, a décidé de les insérer dans le volume XXXVI de son Bulletin, à la place habi- tuellement réservée au compte rendu de sa session extraordinaire annuelle; mais, suivant sa règle constante, elle ne prend sous sa responsabilité ni les votes émis sur des questions scientifiques, ni les opinions formulées dans les travaux ou les comptes rendus imprimés par ses soins. (Note de la Commission du Bulletin de la Société botanique de France.) (2) Le Comité d'organisation du Congrès était ainsi composé : Président, M. H.-L. de Vilmorin, président de la Société botanique de France; — Secrétaire, M. P. Maury, vice-secrétaire de la Société ; — Membres, MM. E. Malinvaud, secrétaire général de la Société; A. Ramond, trésorier; G. Bonnier, Bornet, Ed. Bureau, P. Duchartre, L. Guignard, Patouillard, Prillieux, G. Rouy, E. Roze, J. Vallot. T. XXXVI. 1 Il CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. MM. Baiuière (Émile), éditeur, rue Hautefeuille, 19, Paris. BAINIER (Georges), pharmacien, rue de Belleville, 44, Paris. BALANSA, naturaliste-voyageur. BanBEY (William), à Valleyres-sous-Rances, canton de Vaud (Suisse). BanszicnBE (l'abbé T.), curé à Pontoy, par Solgne (Alsace-Lorraine). BERTRAND (Ch.-Eugéne), professeur à la Faculté des sciences de Lille. BESCHERELLE (Émile), chef de bureau au Ministére des travaux publics. BiLLIET (P.), percepteur, rue de la Poudrière, 1, Clermont-Ferrand. BLONDEL (D* Raoul), préparateur à la Faculté de médecine de Paris BLOTTIÈRE (René), pharmacien, rue de Sèvres, 56, Paris. Bois (Désiré), aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. Bonnert (D' Edmond), préparateur au Muséum. Bosco (Georges), rue des Rosiers, 16, Paris. BuLLEMONT (Louis de), à Aincreville (Meuse). Burrau (Ed.), professeur-ad ministrateur au Muséum. Camus (Ed.-G.), pharmacien, boulevard Saint-Marcel, 58, Paris. CARON (Henri), à Bulles (Oise). CAUVET, professeur à la Faculté de médecine de Lyon. CiNTRACT (Désiré-Auguste), boulevard Saint-Germain, 208, Paris. CoPINEAU (Charles), juge au tribunal de Doullens (Somme). CorNu (Maxime), professeur-administrateur au Muséum. Cosson (D' Ernest), membre de l'Institut, rue La Boëtie, 7, Paris. DaANGUY (Paul), préparateur au Muséum. DAvEAU (Jules), inspecteur des Jardins botaniques de Lisbonne. DELACOUR (Théodore), quai de la Mégisserie, 4, Paris. DEMORTIER (Henri), à Châtres, par La Bachellerie (Dordogne). DorLrus (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes Naturalistes, rue Pierre-Charron, 35, Paris. DouLioT, préparateur au Muséum. DRAKE DEL CASTILLO, rue de Vigny, 7, Paris. DREVAULT, jardinier en chef de l'École supérieure de pharmacie, Paris. DUCHARTRE (Pierre), membre de l'Institut, professeur honoraire à la Faculté des sciences de Paris. FINANCE, pharmacien, boulevard Rochechouart, 5, Paris. FORTIER (Me Marie), boulevard Poissonniére, 20, Paris. Foucaup (Julien), jardinier chef botaniste de la Marine, Rochefort. FRANCHET (Adrien), attaché à l'Herbier du Muséum. GADECEAU (Émile), négociant, rue des Hauts-Pavés, 11, Nantes. GÉRARD (Albert), rue Drouot, 8, Paris. GÉRARD (Claude), conservateur des Hypothéques à Beaume-les-Dames (Doubs). GiBAULT (Georges), quai Bourbon, 55, Paris. GLAZIOU (À.), directeur des Jardins impériaux à Rio-de-Janeiro. GONOD D'ARTEMARE (Eugène), avenue Charras, 8, Clermont-Ferrand. Grès (Louis), pharmacien à Noisy-le-Sec (Seine). LISTE DES MEMBRES DU CONGRÈS. II MM. GUIGNARD (Léon), professeur de botanique à l'École supérieure de phar- macie de Paris. GUILLON (Anatole), directeur honoraire des Contributions indirectes, Angoulême. HARIOT (Paul), attaché au Muséum. HOVELACQUE (Maurice), rue des Sablons, 88, Paris. Hua (Henri), rue de Villersexel, 2, Paris. Hue (abbé A.-M.), rue Saint-Dominique, 98, Paris. HotLÉ (A.), professeur honoraire d'hydrographie, à Blaye (Gironde). HUSNOT (Th.), maire de Cahan, par Athis (Orne). Hv (abbé F.-Ch.), professeur à l'Université catholique d'Angers. Ivoras (J.), professeur au collège de Millau (Aveyron). JEANPERT (Ed.), rue Saint-Simon, 9, Paris. JEHENNE (Adrien), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, Paris. KLINCKSIECK (Paul), libraire-éditeur, 52, rue des Écoles, Paris. Kenic (Mie Marie), rue Duphot, 18, Paris. LE BRETON (André), boulevard Cauchoise, 43, Rouen, délégué de la Société des Amis des Sciences de Rouen. LECOMTE, professeur au lycée Saint-Louis, Paris. LIGNIER (Octave), professeur à la Faculté des sciences de Caen. LuizEr (M.-D.), ingénieur chimiste, rue La Fayette, 118, Paris. MaLiNVAUD (Ernest), secrétaire général de la Société botanique de France. MARTIN (Henri), de la maison Vilinorin-Andrieux et Cie. MASCLEF (abbé), rue Lhomond, 26, Paris. Mauron (D^), médecin-major en retraite, quai Duquesne, 4, Nantes. MAURY (Paul), préparateur au Muséum. MER (Émile), inspecteur-adjoint des Forêts, Longemer (Vosges). PARISOT (J.-F.), capitaine en retraite, Fontenay-sous-Bois (Seine). PATOUILLARD (N.), pharmacien, à Fontenay-sous-Bois (Seine). PÉNICAUD (Georges), rue Taithout, 27, Paris. Poisson (Jules), aide-naturaliste au Muséum. RAMOND (A.), administrateur honoraire des Douanes, Neuilly (Seine) Rouy (Georges), secrétaire du Syndicat de la presse parisienne, Paris. Roze (Ernest), chef de bureau au Ministère des finances, Paris. SAHUT (Paul), avenue du Pont-Juvénal, 10, Montpellier. VENDRELY, pharmacien à Champagney (Haute-Saóne). VESQUE (Julien), maitre de conférences à la Sorbonne. VILMORIN (Henri Lévêque de), président de la Société botanique de France. VUILLEMIN (D' Paul), chef des travaux pratiques à la Faculté de médecine de Nancy (1). (1) Indépendamment des sociétaires ci-dessus, il convient de citer quelques-uns de nos collégues empéchés par des circonstances indépendantes de leur volonté d'as- sister aux séances du Congrès, mais qui avaient donné leur adhésion et contribué effi- cacement à son organisation par leurs libéralités; ce sont: MM. G. Bonnier, Ad. Cha- tin, F. Comar, M. Gomont, D' Gontier, A. Monod, Ed. Prilieux et J. de Seynes. IV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. 2» Personnes ne faisant pas partie de la Société botanique : MM. ARÉvALO v BACA, professeur et directeur du Jardin botanique de Valence (Espagne). BALLÉ (Émile), rue de Nanterre, 9, Puteaux (Seine). BEAUVISAGE (D'), professeur agrégé à la Faculté de médecine, Lyon. BosscHERE (Ch. de), directeur du Cercle floral d'Anvers (Belgique). CORBIERE (Louis), professeur au lycée de Cherbourg. DunaND (Théophile), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État à Bruxelles, délégué de la Société royale de Botanique de Belgique. FERRARI-PEREZ (Fernando), professeur à l'École normale de Mexico. FISCHER DE WALDHEIM, professeur à l'Université et directeur du Jardin botanique à Varsovie. GARCIN (A.-G.), préparateur à la Faculté des sciences de Lyon. GnEcESCU (D' D.), professeur à l'Université de Bucharest. HANSEN (Carl), professeur à l'Académie royale d'agriculture de Copen- hague. HanTOG (Marcus M.), professeur au Queen's College, Cork (Irlande). Korrz (J.-P.-J.), vice-président de la Société botanique et délégué du Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg. Kraus (Mathias), secrétaire de la Société botanique du Grand-Duché de Luxembourg. LECLAIRE (M^*), à Saint-Germain-en-Laye. LE Jouis, directeur et délégué de la Société des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg. MorEL (Francisque), de Lyon. NIERDERLEIN (Gustave), délégué de la République Argentine à l'Exposi- tion universelle. Pague (E.), professeur au collège du Sacré-Cœur, Charleroi (Belgique). PENZ1G (D" Ottone), directeur du Jardin botanique de Gênes. Perit (Paul), pharmacien, boulevard Saint-Germain, 17, Paris. PoxiROPOULOS (Eustache), professeur à l'École royale normale d'Athénes. PnuxET (Adolphe), secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Tou- louse. Ramirez (D' José), professeur au Musée national de Mexico, délégué de la Société Antonio-Alzate de Mexico. SAHUT (Félix), président de la Société d'Horticulture de l'Hérault. Tuiz (André), inspecteur adjoint des Forêts. Tnit (Math.), professeur à l'Athénée, Luxembourg. TimiRIAZEFF (Clément), professeur à l'Université de Moscou. WESMAEL (Alfred), architecte-paysagiste à Nimy, Mons (Belgique). SÉANCE D'OUVERTURE. V SÉANCE D'OUVERTURE. La séance d'ouverture du Congrès a eu lieu le mardi 20 août 1889, à deux heures de l'aprés-midi. M. H.-L. de Vilmorin, président du Comité d'organisation, prend place au bureau, assisté de MM. E. Malinvaud, secrétaire général de la Société; P. Maury, secrétaire du Comité; P. Duchartre, Ed. Dureau, L. Guignard, N. Patouillard, E. Roze, Ramond, membres du Comité. En ouvrant la séance, M. H. de Vilmorin remercie les nombreux botanistes présents d'avoir bien voulu répondre à l'appel qui leur a été adressé ; il ajoute que les efforts du Comité d'organisation pour provoquer une telle réunion sont suffisamment récompensés, et il ne doute pas que le Congrés, par l'importance des questions qui lui sont soumises, aussi bien que par le nombre des communi- cations déjà inscrites à son ordre du jour, ne témoigne d'une acti- vité féconde dont les résultats seront plus tard sanctionnés par la publication de ses Actes. Il s'estime personnellement heureux d'avoir l'honneur d'ouvrir ce Congrés, honneur dont il est sans doute redevable au goüt qu'il a toujours eu pourla botanique sans étre un botaniste de profession et aux méthodes scientifiques qu'il a essayé d'introduire dans ses travaux. Au nom de la Société bota- nique de France, il souhaite la bienvenue aux confréres étrangers qui ont bien voulu apporter au Congrés, par leur présence, le gage de leurs sympathies et le précieux concours de leur savoir. Il est ensuite donné lecture des lettres par lesquelles sont accré- dités comme délégués au Congrés : MM. J.-P.-J. Koltz, vice-président de la Société botanique du Grand- Duché de Luxembourg, délégué par le Ministre d' État prési- dent du gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg ; Th. Durand, aide-naturaliste au Jardin botanique de P État à Bru- xelles, délégué par la Société Royale de Botanique de Belgique ; D* José Ramirez, professeur au Musée National de Mexico, délégué par la Société Antonio Alzate de Mexico; A. Le Jolis, directeur et délégué dela Société nationale des Sciences mathématiques et naturelles de Cherbourg ; A. Le Breton, délégué de la Société des Amis des Sciences de Rouen ; VI CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. O. Lignier, professeur à la Faculté des sciences de Caen, délégué de la Société Linnéenne de Normandie. M. H.-L. de Vilmorin demande au Congrés de nommer son Bu- reau dé(initifet propose pour en faire partie, d’après la liste dressée provisoirement par le Comité d'organisation : Président : M. FISCHER DE WALDHEIM, professeur à l'Université et direc- teur du Jardin botanique de Varsovie. Vice-présidents : MM. AnEvaLO Y Baca, directeur du Jardin botanique de Valence (Espagne). W. Bargey, de Genève. Tu. DuranD, aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à Bruxelles. CanL HANSEN, professeur à l'Académie royale d'Agriculture de Copenhague. Marcus M. Hanroc, professeur à Queen's College, à Cork, Ir- lande. J.-P.-J. Korrz, vice-président de la Société botanique du Grand- Duché de Luxembourg. D" O. PENziG, professeur à l’Université et directeur du Jardin botanique de Génes. C. TMIRIAZEFF, professeur à l'Université de Moscou. Ep. Bureau, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris. L. GUIGNARD, professeur à l'École supérieure de Pharmacie de Paris. Secrétaires : MM. J. Daveau, directeur technique du Jardin botanique de Lisbonne. D" D. GnECESCU, professeur à l'Université de Bucharest. M. Kraus, secrétaire de la Société botanique du Grand-Duché de Luxembourg. E. PoxiropouLos, professeur à l'École normale royale d'Athénes. P. Maury, vice-secrétaire de la Société botanique de France. P. VuiLLEMN, chef des travaux pratiques d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Nancy. Ges choix ayant été confirmés par les applaudissements unanimes SÉANCE D'OUVERTURE. VII de l'assemblée, M. H. de Vilmorin prie les personnes qui vien- nent d’être désignées de vouloir bien prendre place au bureau. En l'absence momentanée de M. Fischer de Waldheim, nommé Président, M. C. Timiriazeff, vice-président, occupe le fauteuil. Au nom des bolanistes étrangers, ses collègues au bureau, et plus particulièrement au nom des botanistes de son pays parmi lesquels ont été choisis deux membres du Bureau, M. le professeur Timiriazeff remercie le Congrés de l'honneur qui leur est fait. Il remercie aussi la Société botanique de France et les botanistes francais de l'accueil cordial et sympathique qu'ils ont hien voulu faire à leurs confrères de l'étranger. Il déclare ouvert le Congrès de Botanique. M. Ed. Bureau, au nom du Comité d'organisation, donne lecture du projet de programme des travaux du Congrés qui est adopté ainsi qu'il suit : PROGRAMME. Manni 20 aourt. — Séance d'ouverture à 2 heures: à 9 heures du soir, réception des membres étrangers, rue de Grenelle, 84. MERCREDI 21 AouT. — Matin : à 9 heures, séance consacrée à lexa- men de la première question (De l'utilité qu'il y aurait à établir entre les différentes Sociétés, les différents musées botaniques, une entente, pour arriver à dresser des cartes de la répartition des espèces et des genres de végétaux sur le globe). Soir : à 4 heure, visite à l'Exposition universelle. Jeunr 22 aour. — Visite aux établissements el cultures de la maison Vilmorin-Andrieux, à Verrières-le-Buisson. VENDREDI 23 aour. — Matin : à 9 heures, séance consacrée à lexa- men de la deuxième question (Des caractères que l'anatomie peut four- nir à la classification). : Soir : à 1 heure, visite aux collections du Muséum d'histoire naturelle. SAMEDI 24 AoUT. — Matin : à 9 heures, séance, communications di- verses. Soir : à 1 heure, visite à l'Exposition universelle. — à 8 h. 1/2, séance supplémentaire, s'il y a lieu. DimANcHE 25 AOUT. — A 2 heures de l'aprés-midi, visite à l'herbier de M. le D" E. Cosson. A Th. 1/2, banquet offert aux botanistes étrangers. VIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889, M. Ed. Bureau fait observer que la première question soumise à l'examen du Congrès est vaste et complexe; il serait nécessaire de ne pas laisser s'égarer la discussion et de rendre plus fructueux les travaux du Congrés en n'insistant que sur les points principaux. Il demande donc à l'assemblée de vouloir bien nommer dés main- tenant une Commission, qui aurait à faire une étude préalable et à présenter dans la prochaine séance un rapport sur ce qu'il con- vient d'esaminer en commun et de discuter. Celte proposition est adoptée et une Commission nommée, com- prenant : MM. Ed. Bureau, E. Cosson, Koltz, O. Penzig, P. Maury et G. Rouy. SÉANCE DU 21 AOUT 1859. PRÉSIDENCE DE M. FISCHER DE WALDHEIM. En ouvrant la séance, M. Fischer DE WaLpnéim s'excuse de n'avoir pu assister à la réunion d'hier. Il remercie bien vivement les membres du Congrés de lui avoir fait l'honneur de l'appeler à diriger leurs travaux ; il considère que cette marque de haute estime ne s'adresse pas tout entière à lui, mais aussi à son pays, à ses compatriotes, dont il croit pouvoir se faire l’interprète en adressant ses sentiments de gratitude aux botanistes français et étrangers réunis en ce moment pour une œuvre toute de paix et de science. Le présent Congrès lui parait être l'un des actes de cette belle manifestation en faveur de la paix, par le travail, par l'union scien- tifique, que la France et Paris offrent aux peuples de l'univers ; il pense que, tant par l'échange des idées qui vont se produire que par les relations créées ou resserrées au cours du Congrés, la réu- nion provoquée par la Société botanique de France portera des fruits. Les deux questions proposées par le Comité d'organisation sont toutes deux d'actualité; il dépend du Congrès de faire entrer leur solution, depuis longtemps cherchée, dans une voie nouvelle, en aplanissant les difficultés matérielles dela premiére, en provo- quant des efforts continus pour la seconde. Il termine enfin en SÉANCE DU 21 AOUT 1889. IX remereiant la Société botanique de France et le Comité d'organisa- tion du Congrès de leur dévouement aux intérêts dela science et de l'accueil fraternel que recoivent les botanistes étrangers. M. Ed. Bureau à la parole sur la premiére question, et s'exprime en ces termes : Messieurs, La botanique taxinomique, qui a précédé les autres branches de notre science, et qui, comme elles, n'a cessé de progresser, a, depuis ses ori- gines, présenté plusieurs périodes distinctes, dont je me garderai de tracer ici l'histoire, mais que je dois rappeler, pour rendre plus clairs les caractères et le rôle de la période que nous traversons maintenant. Pendant un certain nombre d'années, je dois méme dire pendant un certain nombre de siécles, on s'occupa à peu prés uniquement de décrire les plantes : celles d'Europe d'abord, puis les plantes exotiques, à mesure que les explorateurs ouvraient à l'observalion scientifique de nouvelles contrées. Plus tard, le besoin de mettre de l'ordre dans le nombre toujours croissant des espéces, des formes végétales connues, s'imposa, et la recherche de la meilleure classification sembla devenir le but de la bota- nique taxinomique. Bien des systémes plus ou moins artificiels furent proposés et eurent une vogue plus ou moins longue, jusqu'à l'établisse- ment de la méthode naturelle, maintenant acceptée par tous les bota- nistes. Aujourd'hui, la plupart des plantes sont décrites, et les cadres qui doivent recevoir les espéces non encore connues sont tracés dans leurs grandes lignes; il semblerait donc que la botanique descriptive, à laquelle convient peut-étre mieux, dans sa seconde phase, le nom de botanique méthodique, düt entrer dans une période de moindre activité. Nous devons constater qu'il n'en est rien, et que, depuis une vingtaine d'années peut-étre, des préoccupations que n'ont pas connues nos pré- décesseurs semblent pousser notre science dans une direction nouvelle. Certes, les descriptions d'espéces, de genres nouveaux, les Flores de pays encore inexplorés, les lumières jetées sur des affinités naturelles jusqu'iei restées obscures, sont toujours accueillies avec intérét; mais on ne se contente plus d'étudier les plantes dans tous leurs caractéres extérieurs et intérieurs, deles comparer entre elles; on veut aussi les considérer dans leurs rapports avec les pays où elles croissent et les cli- mats sous lesquels elles vivent. La connaissance de la réparlition de chaque espéce, de chaque genre, de chaque famille sur le globe, a pris x CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. une haute importance, surtout à partir du moment où 1l a été démontré que les formes végétales prennent leur origine plus ou moins loin dans les temps géologiques, qu’elles sont d’une antiquité très différente, et qu'à partir de leur apparition, fréquemment elles se sont déplacées, lorsqu'elles ne trouvaient plus, sur les points précédemment occupés par elles, les conditions nécessaires à leur existence. C’est ce qu’un des savants qui ont le plus agité ces grandes questions, M. le marquis de Saporta, a justement et poétiquement appelé leur exode. Si la réparti- tion actuelle des végétaux sur le globe est en grande partie la consé- quence de leur répartition antérieure, il est facile de comprendre com- bien l'étude des flores qui ont immédiatement précédé la nótre peut éclairer la géographie botanique, et comment celle-ci peut guider les recherches de la paléontologie végétale, dont elle devient en quelque sorle le couronnement. Dans des études aussi complexes, il est essenliel de procéder avec méthode, du connu à l'inconnu, de ce que nous avons sous les yeux à ce qui est caché à nos regards. Le point de départ de toute induction, de toute explication, doit être, pour chaque espèce actuelle, la constatation exacte des localités où elle croît spontanément, et, comme conséquence, le tracé, sur une carte, de l'aire qu'elle occupe à la surface du globe. Certes, d'excellents travaux ont été faits dans ce sens : les cartes de géographie botanique publiées par MM. Alph. de Candolle, Grisebach, Cottrel Watson, Regel, Sargent, Drude, etc., ont marqué de véritables progrés dans la science et seront toujours consultées avec le plus grand fruit. Mais chacun de ces botanistes, si distingué, si éminent méme qu'il soit, n'a pu exprimer que les faits constatés par lui ou puisés à un nombre de sources nécessairement limité : les uns ont pu étre fournis par des correspondants, d'autres par des Flores locales ou par des her- biers. Ces travaux ont donné tout ce qu'on pouvait attendre de l'effort particulier de savants bien préparés à un pareil travail, et il n'est guére à espérer que, dans les mêmes conditions, on puisse faire mieux. N'y a-t-il donc rien à tenter au delà? Je suis convaincu, pour ma part, qu'il y a quelque chose à faire, mais par des moyens nouveaux. Si actif que soit un homme de science, s'il se propose de reconnaître l'aire d'une espéce végétale, à moins qu'il ne s'agisse de quelque rareté à localité trés restreinte, pourra-t-il explorer lui-méme toute la région où il a quelque chance de la rencontrer? pourra-t-il dépouiller tous les herbiers qui possèdent cette espèce, pour relever les localités où elle a été cueillie? Il essayera assurément de suppléer à l'insuffisance des ren- seignements directs en consultant un certain nombre de Flores; mais ici se présente un nouvel inconvénient. Si dans ces ouvrages l'espéce est mal déterminée ou diversement limitée, il de glissera dans le tracé de la BUREAU. — EXPOSÉ DE LA PREMIERE QUESTION. XI carle des erreurs qu'on ne pourra rectifier; car les Flores, lorsque à pro- pos d'une espèce elles mentionnent une localité, indiquent rarement dans quel herbier sont conservés les échantillons provenant de la localité citée. Mais un travail qui dépasserait les forces d'un seul devient possible à une associalion, et nous avons, dans une science sœur de la nôtre, un exemple frappant de ce qu'une telle entente peut produire. Les diffé- rentes Sociétés géologiques de l'Europe ont réussi à organiser en colla- boration le tracé de la carte géologique de cette partie du monde; aujourd'hui les divers gouvernements européens prétent leur concours à cette œuvre internationale, les congrès géologiques sont devenus périodiques et se tiennent chaque année dans un pays différent. Je suis convaincu que nous pouvons faire ce que les géologues ont fait, et que nous arriverious à tracer les cartes botaniques des espéces d'Europe, et méme des espéces extra-européennes, par des moyens jus- qu'à un certain point analogues à ceux employés pour la géologie. Je dis jusqu'à un certain point; car les conditions ne sont pas identiques, et, pour la botanique, les difficultés à vaincre sont plus grandes. Voici, en effet, comment se font les cartes géologiques en collabora- tion, et en particulier la carte géologique détaillée de la France. L'explorateur chargé d'une certaine étendue de pays parcourt le ter- ritoire qui lui est assigné, relevant avec soin tous les affleurements de roches et marquant ces localités sur une carte dite carte de pointage. La couleur des points marqués varie et indique le terrain, et méme l'étage. L'exploration finie, il prend une autre carte et y recouvre d'une méme teinte tout l'espace qui, sur la carte de pointage, est parsemé de points d'une méme couleur. Il agit ainsi pour tous les étages compris dans le territoire étudié et obtient par ce moyen la carte définitive de la région. Les mémes opérations étant faites dans les feuilles voisines par d'autres observateurs, il n'y a plus qu'à rapprocher ces différents frag- ments pour en faire une carte unique. Ainsi, les cartes géologiques actuellement en voie d'exécution sont obtenues par l'examen direct du terrain. Les cartes et les Mémoires pré- cédemment publiés sur le méme pays ne sont consultés que secondai- rement, pour compléter et rectifier, s'il y a lieu, les données acquises par l'observation immédiate. Cela n'empéche pas, bien entendu, de rendre justice à ces travaux antérieurs, qui sont toujours cités dans la légende explicative annexée à chaque feuille de la carte. Dans l'exécution des cartes botaniques le méme point de départ me parait devoir étre adopté, et je crois que vous penserez aussi qu'un pareil travail doit étre l'expression d'observations directes faites par les colla- XII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. borateurs, et non résulter d'une compilation d'ouvrages plus ou moins anciennement publiés. S'il s'agissait d'aller maintenant constater la présence de toutes les espèces connues sur le globe, ou méme seulement en Europe dans toutes les localités où elles croissent, on ne pourrait pas méme songer à une telle entreprise ; car elle serait impossible, si nombreux que nous fussions ; mais nous avons ici une supériorité sur la géologie. De méme que nous recueillons et conservons des échantillons de plantes, le géo- logue recueille des fragments de roches et en forme des collections; mais, si ees fragments ne contiennent pas de fossiles, ce qui arrive sou- vent, leur examen dans le cabinet peut trés bien ne pas permettre de reconnaitre le terrain et l'étage auquel ils appartiennent, des roches de méme nature pouvant se trouver à des niveaux différents. D'où la néces- sité, pour celui qui dresse une carte géologique, de travailler surtout sur leterrain; les collections ne lui offrent que des renseignements coni- plémentaires. La botanique est, sousce rapport, dans de meilleures conditions. Les échantillons conservés dans nos herbiers, s'ils ont été convenablement recueillis, peuvent presque toujours étre exactement déterminés, et les localités portées sur les étiquettes, si elles sont indiquées avec préci- sion, ce qui est ordinaire pour les collections qui ne sont pas très anciennes, ces localités, dis-je, peuvent trés bien étre pointées sur une carte géographique. Le travail du tracé des cartes est donc surtout, pour notre science, un travail de relévement dans les collection. Supposons maintenant une espéce quelconque choisie pour commen- cer et dont il s'agit de connaitre l'aire exacte. Voici comment les choses pourraient se passer. L'herbier du Muséum de Paris, par exemple, aprés avoir vérifié la détermination des échantillons de cette espéce qu'il con- tient, pointerait en couleur, en rouge, si l'on veut, sur une carte, toutes . les localités exactement indiquées. Cette carie serait envoyée à l'herbier de Kew, qui, procédant, pour la méme espéce, de la méme manière, pointerait ses localités en bleu. De là, elle passerait aux herbiers de Berlin, de Saint-Pétersbourg, de Vienne, etc., et chaque établissement y consignerait, par une couleur ou par un signe, de manière qu'ils fussent toujours distingués des autres, les renseignements qu'ils pos- sedent. Il va sans dire, du reste, que les grands herbiers appartenant à des botanistes connus, ceux de MM. de Candolle, Cosson, Barbey, par exemple, seraient également mis à contribution. Un procédé plus rapide serait de faire pointer en méme temps une carte dans chaque herbier, et de réunir ensuite toutes ces cartes entre les mains d'une commission, qui rassemblerait sur une seule feuille tous BUREAU. — EXPOSÉ DE LA PREMIÈRE QUESTION. XIII les documents relatifs à une méme espèce et tracerait l'aire de disper- sion ainsi reconnue. Il est évident que cette aire se trouverait bien plus exactement obtenue qu'elle ne l'a été jusqu'ici. Il y aurait, il est vrai, des difficultés d'exécution; mais elles ne nous paraissent pas de nature à faire reculer devant une œuvre aussi utile. On peut dés maintenant en prévoir quelques-unes. 1° Des erreurs pourraient se glisser dans les cartes par suite de déter- minations inexactes; mais ces erreurs seraient toujours rectifiables. Puisque la commission exécutive connaitrait la part de renseignements fournis par chaque herbier, il suffirait qu'une rectification lui füt indi- quée dans une quelconque de ces collections pour qu'elle püt en tenir compte sur les cartes de pointage et sur la carte définitive de l'espèce, et méme, en cas de doute, pour qu'elle püt contróler l'exactitude de cette reclification en demandant communication de l'échantillon ou des échantillons visés. Avec le procédé du pointage, le contrôle est perma- nent et des améliorations peuvent toujours étre introduites. 2° On peut se demander comment on comprendra l'espéce, et si l'on devra tracer séparément l'aire de toutes ces formes secondaires entre lesquelles, depuis un certain nombre d'années, on a partagé beaucoup de types anciens, et qu'on a élevés au rang d'espéces. À mon avis, il y a un intérét réel à connaitre la dispersion géographique du type spécitique pris dans son sens le plus large. C'est là une forme végétale importante, dont il est utile d'avoir la situation géographique actuelle, ne serait-ce qu'au point de vue de son âge relatif, de sa descendance possible et de son déplacement sur le globe, si cette forme s'est déplacée, comme cela a eu lieu le plus souvent. Quant aux espéces qu'on en a tirées, à ces formes qu'on a désignées sous le nom d'espéces affines, je suis loin de nier leur intérêt; mais je crois prudent de confier l'étude de leur répar- tition géographique aux botanistes qui s'occupent plus particulièrement de ces formes. Ils sont mieux que d'autres préparés à ce travail et plus à méme d'éviter les erreurs de détermination, d'autant plus faciles qu'il s’agit d'apprécier des caractères moins accusés. 3° Une troisième objection peut être tirée du nombre considérable de carles que nécessite ce systéme de pointage. C'est elle surtout que j'avais en vue lorsque je disais que, pour la botanique, les difficultés à vaincre seraient plus grandes. En effet, pour les pointages en géologie, une seule carte suffit. En botanique il n'en faut assurément pas autant que d'espéces; car on peut pointer sur la méme carte, en se servant de cou- leurs différentes, les localités de plusieurs espéces, et, pour les cartes définitives on peut aussi teinter sur la méme les aires de plusieurs espèces, pourvu que ces aires ne se recouvrent pas. Néanmoins, on fera, cela n'est pas douteux, surtout pour le travail de pointage, une grande XIV CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. consommation de cartes, et cela devient une question de dépenses; mais les cartes n'ont pas besoin d'étre à grande échelle, et, parmi celles qui sont d'assez petite taille et tirées en noir (ce qui est indispensable), il y en a d'un bon marché extréme. La géologie topographique n'a vraiment pris en France un grand essor que lorsque les feuilles de l'État-major ont coûté assez peu pour qu'on n'hésitàt pas à en sacrifier un certain nombre. Je suis convaincu que les cartes dont nous pouvons nous servir pour la botanique seront obtenues à un prix inférieur à celui des feuilles de l'État-major français. Trouver à bas prix des cartes suffisamment exactes devra étre une des préoccupations de la Commission que vous avez nommée. Vous avez reconnu, Messieurs, qu'une entente était nécessaire pour l'exécution des cartes de géographie botanique. Ce qui importe mainte- nant, c'est de nous meltre sans retard et courageusement au travail. Nous allons entrer dans l'examen des points principaux, et je souhaite que le Congrès s'attache surtout à poser solidement les bases de l'œuvre importante qu'il se propose de fonder, sans s'arréter aux détails que la Commission pourra résoudre d'aprés les principes établis dans les séances générales et les résolutions qui auront été votées. M. E. Pâque fait la communication suivante sur le méme sujet: CARTE BOTANIQUE UNIVERSELLE ET PROJETS RELATIFS A SON MODE D'EXÉCUTION, par M. E. PAQUE. Je suis persuadé, Messieurs, que la grande majorité des savants ici présents a vu avec plaisir le Congrès convoqué par la Société botanique de France prendre l'initiative de l'entreprise grandiose qui fait l'objet de la première question de votre programme. — Vous le savez, il ne s'agit de rien moins que de tenter la mise au jour d'une publication scienti- fique internationale, embrassant, dans leur ensemble, toutes les régions explorées du globe et signalant, pour chacune d'elles, de la manière la plus précise et la plus compléte possible, le mode de répartition actuel des espéces végétales. Certes, tout le monde en conviendra facilement, — un tel travail, qui réunirait en un corps d'ouvrage méthodique, concis, d'un maniement commode et expéditif les immenses matériaux fournis par les travailleurs consciencieux des cinq parties du monde, constituerait une œuvre du plus haut intérét scientifique et serait appelé à rendre des services importants à quiconque s'occupe d'études botaniques et de géographie botanique en particulier. PAQUE. — CARTE BOTANIQUE UNIVERSELLE. XV Mais vous me permettrez de ne pas insister davantage sur le côté wti- litaire de la question : des voix plus autorisées vous en ont déjà entre- tenus ou ne manqueront pas d'y revenir dans la suite de ces séances. Je me bornerai done à soumettre à votre bienveillante attention quel- ques idées concernant le mode d'exécution de l’œuvre projetée. Nous nous demanderons comment on pourrait s'y prendre pour réa- liser une publication, qui, sous un volume relativement réduit et à la portée de toutes les bourses, puisse coordonner, d'une manière ration- nelle, méthodique, simple et facile, l'effrayante multitude de renseigne- ments qu'il s'agira d'y condenser? Comment faire aussi, pour que le maniement d'un semblable ouvrage puisse offrir de l'attrait et fournir, de la maniére la plus rapide possible, les indications qu'on est en droit d'en attendre? Les deux projets suivants, si je ne me trompe, pourraient peut-être offrir quelque intérét pratique. I. — L'exécution de ce projet est représentée sur une Carte-spéci- men (1) que j'ai eu l'honneur de faire figurer à l'Exposition organisée dans cette salle. Elle représente, d'aprés les indications du Prodro- mus de de Candolle, la dispersion des 96 espéces qui constituent le genre Clematis. Je vous ferai grâce, Messieurs, de l'énumération aride des détails minimes de l'exécution : un simple coup d’œil jeté sur notre carte-modéle la remplacera avantageusement. Je me con- tenterai d'ajouter que le modèle dont il s'agit comprend d'abord un planisphére, exécuté sur la projection de Mercator. Il est accompagné d'une légende, indiquant, d'après l’ordre alphabétique, les noms des genres et des espèces, ainsi que les séries de signes conventionnels auxquels l'auteur a eu recours pour simplifier les indications néces- saires. Grâce à ces signes diversement colorés, fort simples et occupant peu d'espace, chaque exemplaire de la carte pourrait indiquer la disper- sion de 800 à 1000 espéces de plantes. — L'ensemble de ces cartes formerait un Atlas-Dictionnaire d'un usage commode et conduisant rapidement à la solulion cherchée. II. — Toutes choses égales d'ailleurs, ce second projet me parait pré- férable au précédent : il entrainerait des frais d'exécution moins consi- dérables, tout en offrant, méme à un degré supérieur, ce me semble, tous (1) Sur la carte de M. Pàque, que nous regrettons de n'avoir pu insérer ici, chacune des especes du genre Clematis est représentée par une lettre en couleur. Pour obtenir un nombre indéfini de signes, M. Pàque emploie les lettres de l'alphabet disposées en séries : 1'6 série: A, B, Ce: 2f gér.: At Bt Choa, 0 ser: A, BS, OC, IP" n € b, c,...; 21° sér.: a, B, y... etc. Le signe (.) placé à côté d'une lettre, dans la légende aécompagnant la carte, indique pour l'espèce, une seule localité; (..) en indique deux ; un trait de couleur indique l'étendue du pays où croit l'espéce. (Note du Secretariat.) XVI CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. les avantages du premier. Ce projet comprend les éléments suivants : 1° un Catalogue raisonné, indiquant, comme le Nomenclator botani- cus de Steudel, les noms des genres, des espéces et des synonymes (s’il y a lieu), par ordre alphabétique; — 2° à la suite du nom spécifique est inscrit le nom du pays ou de la localité où l'espéce a été observée; -— 3° (et je me permettrai d'attirer d'une facon spéciale l'attention sur ce point) s'il s'agit d'iles de peu d'importance ou de localités peu connues, on indiquera, entre parenthéses, en le faisant précéder du mot prope ou d'un terme équivalent, le nom de la ville, de l'ile ou du pays géné- ralement mieux connu qui en est le plus proche. Ce dernier détail, remarquons-le, rendra grand service au travailleur : il lui épargnera souvent des recherches fort longues, fort fastidieuses et qui néanmoins, bien des fois, n'auraient conduit à aucun résultat. — Le dernier élémen qui vient compléter ce projet est une Carte géographique à insérer dans le volume du Catalogue raisonné. Cette Carte, d'assez grandes dimensions, et pouvant se replier facilement sur elle-méme, représen- terait un planisphère dessiné sur la projection de Mercator ou de Babinet. Elle indiquerait, au grand complet, tous les noms de pays, d'iles et de villes mentionnés dans le texte, de maniére à dispenser le lecteur de recourir à d'autres ouvrages, tout en lui fournissant des renseignements sûrs et rapides. — Un spécimen d'exécution de ce second projet a été également exposé dans cette salle, et permettez-moi, Messieurs, en terminant, de demander pour lui quelque chose de cette attention bien- veillante que vous avez bien voulu m pues et dont je vous suis infi- niment reconnaissant. M. le Président. — M. le professeur O. Drude nous a annoncé un Mémoire sur la question à l'ordre du jour. Ce Mémoire n'est pas encore parvenu au secrétariat du Congrés; dés que nous l'aurons, nous nous empresserons de vous le communiquer. Il est entendu, dés maintenant, qu'il sera inséré dans les Actes du Congrès, à Ja suite de ceux que vous venez d'entendre. La discussion est ouverte sur les systèmes à employer pour le tracé des cartes de géographie botanique : la parole est à M. le D" Cosson. M. le D' Cosson. — L'exposé que nous a fait tout à l'heure M. Bureau montre bien, ce me semble, ce que l'on doit attendre de la discussion qui vas'engager. Maintes fois, mes observations personnelles m'ont appris combien il était difficile à un seul botaniste de réunir des documents suffisants sur la géographie bolanique d'une région ou sur la dispersion d'une espéce. Il est évident qu'un travail en commun s'impose. Mais, pour que ce travail soit fructueux, il convient d'établir dés maintenant des principes acceptables pour tous et de s'entendre sur le type de carte SÉANCE bU 21 aovT 1889. XVII à proposer pour la préparation des documents. Ce dernier point est plus particulièrement lié au système que présente M. Bureau. Je crois, pour ma part, messieurs, que ce Congrès aura dans l'avenir des résultats importants, si nous arrivons, comme je n'en doute pas, à nous entendre sur quelques points. M. P. Maury. — Messieurs, l'expression biologique de l'aire d'une espèce n'est pas toùt entière renfermée dans l'énoncé de ses limites géo- graphiques, et une carte ne saurait nous renseigner complètement à son sujet. Mais, comme cette expression biologique n'est qu'une conséquence de la répartition géographique, toutes les fois qu'on voudra l'établir, il sera nécessaire de se préoccuper d'un certain nombre de particularités qui, laissées de cóté, peuvent devenir souvent des causes d'erreur, Ce sont ces particularités de divers ordres que je vous demande la permis- sion d'examiner rapidement devant vous et au sujet desquelles il con- vient, je crois, de se prononcer pour n'avoir plus à y revenir. 1* Station.— Les conditions climatériques d'une station ne sauraient étre négligées dans nos cartes. On trouvera aisément ces données, lors- qu'on en aura besoin pour établir l'expression dont je viens de parler, dans les ouvrages spéciaux, et, pour beaucoup de cas, un coup d'oeil jeté sur une carte climatologique suffira à renseigner sur la température générale moyenne, ou sur la quantité de pluie tombée annuellement. L'altitude parait avoir plus d'intérél à étre exactement notée, mais elle se trouve déjà indiquée par des courbes de niveau sur les bonnes cartes, et on peut la laisser dans les listes d'espéces. La nature du sol mérite plus d'attention. Sans examiner, pour le moment, si le sol agit chimique- ment ou physiquement, je rappellerai qu'il existe des catégories de plantes se rencontrant, les unes dans un terrain calcaire, les autres dans un ter- rain siliceux, d'autres enfin croissant indifféremment sur les deux. Il y a, ce me semble, grand intérêt à préciser le substratum d'une espèce en ses diverses localités; car de l'ensemble des faits ainsi indiqués se déga- gera nettement la loi qui régit la dispersion de cette espéce. Mais la notation de la nature du sol est une difficulté de plus pour les carles que nous avons en vue, aussi devons-nous décider s'il faut l'entreprendre ou non. 2 Spontanéité. — Lorsque nous nous trouverons en présence d'es- pèces susceptibles d’être transportées d'une station dans une autre, n'au- rons-nous pas également à tenir compte de leur spontanéité ou de leur naturalisation? Si l'on notait indifféremment toutes les localités, on ris- querait assurément de fournir une idée fausse de l'aire à quiconque ne serait point prévenu de notre maniere de faire. Je citerai un exemple : l Ulex europeus, dont je me suis occupé ces temps derniers. Voilà une T. XXXVI. 2 XVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A BARIS EN AOUT 1889. espèce qui a été introduite dans beaucoup de localités pour différents usages et qui, depuis longtemps, s'y est naturalisée; elle existe de la sorte aux environs immédiats de Dijon, dans l'ile Sainte-Hélène et au Chili. Fera-t-on entrer ces divers points dans le dénombrement de ses stations? Je pense que oui, mais en les indiquant de telle manière qu'on voie aussitót que la plante y est introduite. Cette précaution a assurément plus d'importance pour les deux points de Sainte-Hélène et du Chili situés hors de l'aire que pour Dijon qui y est compris, mais dans tous les cas elle sera une contribution historique à la connaissance des lois de migration de l'espéce. Une espèce naturalisée en un endroit y a autant de valeur qu'une espèce spontanée, et quelquefois plus, puisqu'elle peut en chasser les autres. Le processus de la naturalisation est donc impor- tant à connaitre. 3° Type spécifique. — Une grosse difficulté consistera, je le crains, dans l'appréciation différente de l'espéce par les différents auteurs qui auront à la citer. On pourrait cependant éviter ce sujet de discussion en s’attachant tout d'abord aux types spécifiques incontestables ou en lais- sant momentanément de cóté les variétés, les formes, etc. En agissant de la sorte, il sera possible de s'entendre, d'autant mieux qu'on pourra, par la suite, établir les aires des variétés comme on l'aura fait pour les espèces. Dans tous les cas, il serait à désirer que le botaniste qui voudra ne considérer qu'un type peu admis, fournisse la synonymie ou une note critique. Tels sont, Messieurs, les points qui m'ont paru devoir appeler un moment votre attention, préalablement à tout examen de méthode gra- phique. M. Vesque demande si l'on doit conserver sur la carte achevée le pointage primitif qui présente sur les teintes l'avantage de préciser les localité et de tenir compte de la station. M. Ed. Bureau. — Il est évident que le pointage n'exprimant que des faits positifs, et ne laissant place à aucune présomption, offre un degré plus grand d'exactitude que la carte dans laquelle une teinte a été passée sur toute la région où ces pointages se trouvent disséminés; mais la teinte a l'avantage de faire ressortir d'une manière plus frappante l'en- semble des localités où l'espéce trouve ses conditions d'existence, c'est- à-dire précisément ce qu'on désigne sous le nom d'aire de l'espéce. L'idéal serait une carte teintée sur laquelle les pointages ressortiraient en une nuance plus foncée ou plus claire. Il suffira probablement de publier la carte exprimant l'aire de l'espéce et de conserver dans un endroit convenu les cartes de pointage, dont on pourrait, au besoin, com- muniquer des copies. Les pointages indiqueront non seulement les loca SÉANCE DU 21 AOUT 1889. XIX lités, mais souvent les stations, et pourront même faire connaître les habi- tudes calcicoles ou silicicoles de plantes au sujet desquelles on n’a, à cet égard, aucune donnée. Je me souviens avoir pointé sur une carte de France, il y a quelques années, les localités du Quercus Toza, d'après les échantillons de lher- bier du Muséum. L'ensemble des localités marquées se trouvait groupé en deux triangles : l’un comprenait une partie de la Vendée et de la Bre- tagne, et avait son sommet dans les environs de Rennes; l'autre corres- pondait en grande parlie aux landes de Gascogne. Ces deux régions sont siliceuses. Elles se trouvent séparées par la Charente-Inférieure, dépar- tement essentiellement calcaire, dans lequel je n'avais aucune trace du Quercus Toza, sauf en un seul point. Or, ce point répondait exacte- ment à la région siliceuse que l'on appelle dans ce département « le pays de landes » et qui s'étend sur les communes de Montendre et de Mont- lieu. Le Chéne en question se présente donc comme une espéce silici- cole, ce qu'on ne semble pas avoir nettement indiqué jusqu'ici. M. Vesque. — Je crois que la nature du sol n'est pas le seul facteur qui influe sur la distribution des plantes. La lutte pour l'existence peut faire d'une plante calcicole dans un endroit, une espèce silicicole dans un autre; les conditions physiques ou climatériques y sont bien aussi pour quelque chose. Bien que la géographie botanique proprement dite soit en quelque sorte étrangère à ces divers facteurs, il n'en est pas moins vrai que d'immenses régions géographiques doivent leur flore spéciale aux conditions d'humidité ou de sécheresse. M. Ed. Bureau. — Je partage, à cet égard, l'opinion de M. Vesque. M. Rouy. — On ne peut songer à faire entrer dans le cadre restreint d'une carte une foule d'indications qu'il serait cependant intéressant de connaitre, mais on peut les présenter dans une liste ou note annexée à la carte. Tout ce que l'on pourrait indiquer par un signe conventionnel, ce serait la naturalisation et la fréquence ou la rareté. Ces deux derniers faits méritent d'étre souvent pris en sérieuse considération. M. Ed. Bureau. — ll y a un point que nous ne devons pas, je crois, laisser indécis : c’est de savoir s'il est préférable de se servir de cartes ordinaires ou de cartes muettes. J'ai employé, pour des pointages, ces deux sortes de cartes, et je n'hésite pas, en ce qui me concerne, à donner la préférence aux cartes portant les indications habituelles, fussent-elles méme un peu chargées. Sur ces cartes, les notations en couleur sont tou- jours suffisamment visibles. Les cartes muettes, au contraire, obligent à des recherches et des comparaisons continuelles pour placer convena- blement les localités à marquer. M. Rouy. — J'estime que, pour faciliter l'indication des localités d'une XX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. méme espéce à pointer sur la carte d'un pays, il convient de quadriller celte carte de façon que les côtés de chaque division aient un quart de degré. On partagera ainsi en seizièmes la superficie comprise entre deux degrés de latitude et deux degrés de longitude. Les quadrilatères obtenus de cette manière (cases) seront numérotés de 1 à 16, toujours de gauche à droite et de haut en bas. L'uniformité de notation, dans tous les pays, sera obtenue en men- tionnaut, toujours dans le méme ordre, les deux degrés de latitude (nord—N, sud=S), et les deux degrés de longitude (est—E, ouest—0), entre lesquels croit une plante, puis celle ou celles des seize cases du quadrilatére ainsi délimité où l'on a constaté la plante en question et sa position aussi exacte que possible dans les cases par l'addition, sur les listes, d'une lettre (d—droite en haut, d'= droite en bas, c—centre, g—gauche en haut, g/'— gauche en bas), les signes C et R servant à indiquer le degré de fréquence ou de rareté de la plante dans la localité que l'on veut pointer sur la carte : AC (assez commun), G (commun), CC (trés commun), AR (assez rare), R (rare), RR (très rare). La figure ci-aprés montre la division en 16 cases des quadrilatéres formés par l'intersection des degrés : le modèle est choisi exprès, pour mieux faire saisir le système, à partir de l'équateur et du méridien de Paris, le plus généralement adopté pour les cartes terrestres. NORD 3 2 1 0 1 2 3 9 2 1 ——— l B5|ei7|s ouye OUEST 0 LUNA 0 EST 1 1121314 l s as 9 Salei 9 3 » ] 0 ] 2 » SUD Voici maintenant comment seront exprimées trés simplement les men- tions nécessaires à l'établissement des cartes. — Exemples : SÉANCE DU 21 aourt 1889. XXI 4° La notation : 41-42 N, 6-7 E, 12, g', C, indiquera que la plante dont on s'occupe croit entre les 41° et 42* degrés de latitude nord et 6* et T° degrés de longitude est, dans la case 12 du quadrilatère formé par ces degrés, à gauche en bas, et qu'elle y est commune. Si l'on regarde sur la carte, on voit que la localité ainsi déterminée est Bonifacio, en Corse, où existe, en effet, l'Helichrysum microphyllum Camb., plante que j'avais en vue. 2° La notation: 36-37 N, 7-8 0, 14, g, RR, signifiera que la plante se trouve entre les 36° et 37° degrés latitude nord, 7* et 8* degrés longitude ouest, dans la case 14, à gauche en haut, et qu'elle y est trés rare : c'est le cas du Silene gibraltarica Boiss., la localité ainsi précisée étant Gibraltar. 3° La notation : 55-56 N, 12-13 E, 15, R, fera connaitre que la plante existe entre les 55° et 56° degrés de latitude nord, 12° et 13* degrés lon- gitude est, dans la case 15, et qu'elle y est rare; ce qui est exact pour l'Anemone cerulescens Lange, de l'ile Bornholm, dans la mer Bal- tique, etc., etc. Il sera bon également de signaler, comme l'a demandé M. Maury, par un signe adopté uniformément (je propose le signe 1), la naturalisation d'une espèce en un point où elle n'est pas spontanée. Dans ce cas, la nota- tion serait précédée de ce signe. La précision absolue s'obtiendrait évidemment en notant en degrés, minutes et secondes, la latitude et la longitude; mais il faudrait alors des carles de dimensions telles qu'on n'y peut songer pratiquement. D'ailleurs, dans l'immense majorité des cas, ce pointage rigoureux ne serait d'aucune nécessité. Pour les planisphères et les continents, la division en degrés seule- ment suffira, le but de ces cartes étant de permettre d'embrasser l'en- semble de l'aire d'une espèce sur le globe ou de faire saisir à première vue la dispersion d'une autre. En résumé, ce système de quadrillage et de notation est établi unifor- mément pour tous les pays, sur une division uniforme, le degré : il peut donc étre considéré comme universel, sans confusion possible, et il parait devoir simplifier beaucoup le texte des indications à fournir pour les listes faites en vue de l'établissement des cartes géo-botaniques, tout en permettant de pointer rapidement, sur une carte, à la lecture d'une liste, les localités d'une ou de plusieurs espéces. J'ajouterai encore quelques mots. Il est certain qu'on pourra mentionner, sur une méme carte, l'aire de plusieurs espèces à habitats écartés, souvent même des espèces d'un même genre, en se servant de teintes tranchées pour le pointage. — On XXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. réduira ainsi considérablement le nombre des cartes nécessaires. Les exemples suivants le démontrent. 4° Pour la carte de France, prenons le genre ERYNGIUM. — Si une seule carte est utile pour une espèce très commune dans presque toute la France, l'E. campestre, il est aisé de voir que les autres espèces peuvent toutes être notées sur une seconde carte: PE. maritimum par une teinte rose dans les régions maritimes de la Manche, de l'Océan et de la Méditerranée, les autres par un trait ou un point à leurs localités spéciales dans les départements : E. Barrelieri (trait rouge en Corse), E. viviparum (trait indigo dans le Morbihan), E. alpinum (trait jaune d'or à ses localités du Jura, de la Savoie, du Dauphiné, de la Pro- vence), E. Spina-alba (traits gris dans la Provence et le Dauphiné), E. Bourgati (traits verts dans les Pyrénées). Ne voit-on pas aussi la possibilité-d’agir de méme pour parties impor- tantes de certains genres? Dans le genre Cerastium, des cartes uniques sont nécessaires pour les C. glaucum, viscosum, brachypetalum, glu- tinosum, pumilum, vulgatum, alpinum, arvense (1), latifolium, mais les C. trigynum et anomalum peuvent figurer sur la méme carte (cou- leurs différentes à des habitats différents); il en est ainsi des C. semi- decandrum (teinte) et C. aggregatum, Riœæi, Lamottei, illyricum, Boissieri, stenopetalum, pyrenaicum (traits ou points) qui peuvent étre notés sur une seule et méme carte. Quant aux variétés d’une même espèce, on peut les mentionner, sur une carte unique, en augmentant ou en diminuant l'intensité des teintes de la couleur attribuée à l’espèce. Par exemple, pour la carte du Cerastium alpinum, si l'on choisit le rose vif pour la variété hirsutum, on pourra teinter en rouge la variété lanatum et en rose clair la variété glabratum. La carte représentera bien ainsi, en définitive, l'ensemble de l'aire en France de l’espèce typique C. alpinum. Le principal sera que la légende des teintes se rapporte bien aux habitats teintés. 2° Pour les planisphéres, prenons un genre à espéces nombreuses, disséminées, SENECIO, par exemple. — Aucune confusion ne pourra se produire si l'on établit, sur le méme planisphére, l'aire du S. strictus (Sénégal), Marmore (Sardaigne), vernalis (Europe orientaie, Asie occidentale, Afrique septentrionale), uniflorus (de la Savoie au Tyrol), gibraltaricus(Espagne australe), Candolleanus (Hindoustan), chinensis (Chine), odoratus (Australie), capillaris (iles Sandwich), Ambavilla (Réunion), canaliculatus (Madagascar), repandus (cap de Bonne-Espé- rance), cruentus (Canaries), Swartzii (Jamaïque), candicans (Pata- (1) Les cartes géo-botaniques de ces espèces vulgaires sont les moins utiles; mais leur planisphère présentera toutefois de l'intérêt en montrant exactement les limites de leur aire. SÉANCE DU 21 AOUT 1889. XXHI gonie), linariæfolius (Chili), andryaloides (Brésil), spinosus (Pérou), bogotensis (Nouvelle-Grenade), calcarius (Mexique), Balsamitæ (États- Unis), triangularis (Amérique boréale), etc., le degré de fréquence étant mentionné, à côté du trait ou sur la teinte, par les signes conven- tionnels adoptés. Du reste, comme je l'ai dit plus haut, les planisphères ne seront utiles à établir et à consulter que pour les espèces à aire étendue ou à aires disjointes. — Pour les espèces localisées, les Senecio du Cap, par exemple, les cartes régionales, au seizième de degré, seules seront à examiner. Enfin ce que l'on peut faire pour plusieurs espéces d'un méme genre, peut se faire également pour certains genres à espéces uniques ou peu nombreuses. Une seule carte de France peut suffire pour tracer l'aire des Opoponax Chironium, Gaya simplex, Endressia pyrenaica, Cnidium apioides, Xatartia scabra, Brignolia pastinacæfolia. Je pourrais citer bien d'autres exemples, tant pour les cartes régio- nales que pour les planisphéres, mais par ceux qui précédent, les membres du Congrés verront sans doute la possibilité d'arriver à établir, sans trop de frais ni trop de perte de temps, un certain nombre de cartes géo-botaniques. M. Cosson. — Le procédé qu'indique M. Rouy peut être d'un grand secours dans la transmission des documents. Il permet aussi d'employer indifféremment toute carte. Cependant la Commission a examiné s'il ne conviendrait pas de proposer un type de carte pour le travail de pointage. Il faut que cette carte soit assez grande pour qu'on y trouve de nom- breuses localités et que les accidents du sol, les cours d'eaux, etc., y soient trés nets, afin de donner quelque idée de la station. Cette question de l'échelle est trés importante, car une fois adoptée, chacun sera libre de choisir telle carte qu'il voudra, à condition qu'elle se rapproche de l'échelle indiquée. M. Hartog. — Je reconnais la nécessité d'une échelle un peu grande pour les cartes de préparation, mais je crains que de trop grandes cartes n'entrainent de lourdes dépenses. La Commission s’est-elle préoccupée de cette question? M. Rouy. — La Commission s'en est occupée, et j'ai l'honneur de mettre sous les yeux des membres du Congrés la carte de France au 1/1250 000, trés suffisamment détaillée, que pourrait fournir en noir la maison Hachette. Le modéle a paru à la Commission convenir pour l'établissement des cartes géo-botaniques de la flore de France, d'autant mieux que, divisée en quatre feuilles vendues séparément, il ne sera pos nécessaire, pour préciser l'aire de plantes localisées telles que Erin- gium viviparum, Lobelia Dortmanna, Dioscorea pyrenaica, Xatar- XXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. tia scabra, Gouffeia arenarioides, Carduus aurosicus, Heracleum alpinum, Obione pedunculata, et tant d'autres, de se procurer la carte de France entiére, mais seulement la feuille comprenant l'habitat de l'espéce. — Les conditions de prix formulées par la maison Hachette sont les suivantes pour chacune des quatre feuilles de la carte de France : Par tirage de 1000 exemplaires : 25 centimes. su 3000 e op com -- 5000 — 20 — M. Bureau. — Nous serions heureux que les botanistes étrangers voulussent bien fournir à la Commission, sur les cartes de leurs pays, des renseignements analogues à ceux que M. Rouy vient de donner. Cela nous permettrait d'établir des comparaisons utiles en ce qu'elles pourraient guider notre choix. M. Cornu. — De nombreuses cartes botaniques ont déjà été publiées en Allemagne par M. le professeur Drude, aux États- Unis par M. le pro- fesseur Sargent; nul doute que la Commission ne trouve, dans l'examen de ces travaux, de précieuses indications pour son choix. M. l'abbé Hy. — J'estime que la question du type de carte et de l'échelle est secondaire, si l'on s'est tout d'abord entendu sur les prin- cipes géodésiques, c'est-à-dire si l'on adopte un procédé de notation étroitement lié à la construction méme d'une carte géographique. M. Bureau. — Cette question, comme beaucoup d'autres, doit étre l'objet d'un examen approfondi de la part de la Commission, car je ne pense pas que nous puissions, en séance, résoudre des points si délieals sur lesquels il peut se produire de nombreuses divergences. Mais, en attendant l'achévement du travail dela Commission, il y a, il me semble, un premier point sur lequel nous sommes tous d'accord, et qui pourrait étre l'objet d'un vote immédiat. C'est la nécessité d'un travail en com- mun pour l'exécution des cartes botaniques, surtout de celles qui inté- ressent plusieurs nationalités différentes. Je propose done au Congrès de voter la résolution suivante : Tl y a lieu de faire du tracé des cartes de géographie botanique comprenant plusieurs pays une œuvre inter- nationale. Cette proposition est mise aux voix et adoptée. M. Cosson. — Je pense qu'en raison des questions multiples qui viennent d'étre soulevées et comme conséquence du vote qui vient d'étre émis, il convient de décider que la Commission sera permanente. Elle pourra ainsi étudier à loisir différents systèmes et se prononcer sur SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXV beaucoup de délails dans l'examen desquels le Congrés ne peut entrer; elle pourra ainsi faire appel aux lumiéres d'hommes spéciaux, géogra- phes, géologues, etc., qui faciliteront sa tâche et, lors d'un prochain Congrés botanique, elle sera en mesure de présenter des documents et des travaux pour servir de base à une exécution définitive des cartes botaniques. M. H. Hua. —— De la proposition de M. Cosson se dégagent trois points qu'il convient, je crois, de voter séparément : 1° la Commission sera permanente ; 2° elle pourra s'adjoindre tout savant dont le concours lui paraitra utile; 3^ elle présentera, au prochain Congrés international de Botanique, un rapport sur les travaux qu'elle aura effectués. M. le Président demande à l'assemblée de voter séparément cha- cune des trois résolutions ainsi présentées. Ces propositions sont adoptées sans opposition. M. Bureau. — Messieurs, la Commission, s'inspirant de la discus- sion qui vient d'avoir lieu et tenant compte des votes qui viennent d'étre émis, présentera, dans la prochaine séance du Congrès, un projet de résolutions concernant l'entente à établir pour l'exécution des cartes botaniques. SEANCE DU ?3 AOUT. PRÉSIDENCE DE M. FISCHER DE WALDHEIM, M. Ed. Bureau, au nom de la Commission des cartes botaniques, présente le rapport suivant : MESSIEURS, La Commission que vous avez désignée a tenu deux séances dans lesquelles elle a examiné avec soin les projets exposés devant vous et les principales questions se rattachant à l'exécution des cartes de géo- graphie botanique. Les trois projets qui lui étaient soumis peuvent se diviser en deux catégories. Dans la première rentrent le système de pointage que j'ai XXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. préconisé moi-même, et le système de quadrillage pour aider au pointage, indiqué par M. Rouy. Loin de s'exclure l’un l'autre, ces deux procédés d'exécution des cartes botaniques peuvent s'allier parfaitement et s'ap- pliquer simultanément. Votre Commission a vu dans chacun de ces pro- cédés des moyens pratiques d'obtenir les cartes botaniques, et elle a décidé de les proposer à votre choix. Sans se dissimuler les imperfections qu'ils présentent encore et qu'elle espére faire progressivement dispa- raitre, elle a cru que vous pouviez les adopter précisément parce qu'ils sont susceptibles de perfectionnement, parce qu'ils sont facilement appli- cables et que l'un d'eux a déjà fait ses preuves en géologie. Le projet de carte universelle de M. Pàque, d'une catégorie toute différente, et qui peut trouver son application dans certains eas, n'a pas paru présenter les mémes avantages. M. Pàque, vous vous le rappelez, a proposé de représenter chaque espéce d'un genre par une lettre de l'alphabet aecompagnée d'un chiffre, ce qui permet un trés grand nombre de combinaisons. Ces lettres en couleurs différentes, suivant la série de la combinaison à laquelle elles appartiennent, seraient placées sur une carte quelconque au point où l'espéce a été trouvée, et l'on pourrait ainsi réunir sur la méme carte un grand nombre de ces lettres. Il nous a semblé que plus les lettres seraient nombreuses, moins l'aire de chaque espéce serait nettement visible. Ce systéme deviendrait du reste impraticable dans les cas nombreux ou plusieurs espéces d'un méme genre se trouvent dans une méme localité; car alorsles signes, pour étre exactement placés, devraient se superposer. Abordant ensuite l'examen des diverses questions que soulève l’exécu- tion des cartes botaniques, la Commission a été unanime à désirer que ces carles, faites en collaboration, soient basées sur le dépouillement des herbiers et, quand il se pourra, ce qui sera assurément plus rare, sur l'observation même des localités. Sans exclure absolument les renseigne- ments fournis par les Flores, elle a pensé que ces ouvrages ne devaient étre utilisés que s'ils étaient rédigés à l'aide de collections connues auxquelles il soit possible de recourir. Elle ne saurait également trop recommander awx collaborateurs qui voudront bien lui assurer leur concours de noter, en un court mémoire joint à la carte, le résultat de leurs observations relativement à la spontanéité, à la fréquence, au voisinage avec d'autres de l'espéce étudiée, à la nature du sol, à l'expo- sition, etc. Pour que les pointages soient toujours facilement com- parables, il convient d'employer une carte uniforme d'une échelle donnée, ou tout au moins se rapprochant le plus possible de l'échelle adoptée. Enfin, en s'appuyant sur les votes émis par le Congrès dans sa derniére séance, votes qui lui reconnaissent l'internationalité el la per- manence, la Commission a cru bon de présenter à votre approbation, SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXVII aprés examen, une série de résolutions consacrant les principes de l’œuvre que nous fondons et iudiquant à grands traits la marche à suivre. Mais, en les rédigeant sous forme d'articles, la Commission n'entend point les imposer comme les articles d'une loi immuable et inflexible; elle les propose simplement, aux botanistes qui consentiront à l'aider, comme les moyens qu'elle juge, jusqu'à présent du moins, les plus propres à atteindre le but indiqué. L'entente que nous avons le projet d'établir entre les musées, les Sociétés botaniques et les botanistes, vous l'avez reconnue possible, nécessaire; vous l'assurerez maintenant en fixant les principes qui doivent guider nos collaborateurs dans leur tàche et régler leurs rap- ports avec nous. La Commission vous demande de lui laisser le soin d'étudier et de résoudre, conformément à ces principes, les nombreux détails de l’œuvre dont vous lui avez confié la préparation. M. E. Cosson. — Il serait bon que la Commission s'oceupàt d'éla- borer quelques cartes dont elle répandrait ensuite des spécimens, afin d'indiquer aux botanistes qui lui offriront leur collaboration comment elle comprend que doive étre exécuté le tracé des cartes botaniques. M. E. Pâque. — La Commission s'est-elle préoccupée des frais qu'entrainerait la réalisation de son projet nécessitant un grand nombre de cartes? Il faudrait chercher à mettre à la portée des petits musées et des particuliers des cartes bon marché; ainsi on obtiendra le concours de nombreux et précieux collaborateurs qui, dans le cas contraire, pour- ront bien s'abstenir. Le projet que j'ai eu l'honneur de présenter, n'exi- geant aucune carte spéciale, n'occasionne que peu de frais. M. Ed. Bureau. — La Commission a examiné cette question : pour les travaux préparatoires à la carte géologique d'Europe, chaque collabo- rateur se procure les cartes sur lesquelles il exécute ses pointages. II pourra en étre de méme pour la botanique, et, en portant sur une méme feuille les indications fournies par un certain nombre de bolanistes ou d'établissements, les frais seront peu de chose ; car ils seront fort divisés, et il ne s'agit nullement d'employer des cartes d'un prix élevé. Pour la France, la Commission espére, comme M. Rouy vous l'a dit, pouvoir indiquer une carte simple et bon marché, dont il n'y aurait que le tirage à payer. Lorsqu'il s'agira d'imprimer les cartes définitives, il sera pos- sible, sans doute, d'intéresser à cette œuvre les différents Gouverne- ments, comme cela a eu lieu pour la carte géologique internationale de l'Europe. M. Bureau donne lecture d'une série de résolutions proposées à l'approbation du Congrés par la Commission, affirmant les inten- XXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. tions du Congrès et sanctionnant les pouvoirs dela Commission (1). Aprés avoir entendu cette lecture, l'assemblée décide d'examiner séparément et successivement chacun des articles qui lui sont sou- mis. Les articles 1 et 2 sont adoptés sans discussion. ART. 3. — Il convient de s'occuper avant tout de la géographie botanique des es- pèces, l'aire des genres ou des familles résultant nécessairement de la surface occupée sur le globe par les espéces qui les composent. M. Cosson. — Je pense que la Commission aura à désigner les espèces par lesquelles il serait préférable de commencer le travail de pointage. Les arbres forestiers paraissent s'imposer à ce choix, car ils sont bien connus de tous et faciles à noter. M. Bureau. — Je ne suis pas sür que nous puissions les indiquer tout d'abord, et cela pour plusieurs raisons. Les espèces forestières sont souvent introduites, et il faut résoudre ce premier point ; certaines espèces présentent des variations ou des formes qu'il importe de bien connaitre pour noter leur dispersion souvent plus intéressante que celle du type; enfin, pour la France et pour un certain nombre de pays tels que les États-Unis, le travail est déjà fait en grande partie par les admi- nistrations des foréts, comme on peut s'en rendre compte d'aprés les cartes qui sont sous les yeux de l'assemblée (2). M. Maury. — Je me permettrai de répondre à ce dernier point de l'observation de M. Bureau, en fournissant au Congrès quelques ren- seignements sur les cartes que l'administration forestière a fait exécuter et qu'elle a bien voulu nous soumettre. Ces cartes ne répondent en rien au but que nous nous proposons, n'ayant aucune analogie de plan ou d'exécution avec celles que nous avons en vue. Elles sont en effet dressées d’après les indications, parfois douteuses, des gardes forestiers ou brigadiers, peu familiarisés avec ce que les botanistes entendent par espéce. De plus, elles ont pour but de renseigner, non pas seulement sur la présence en un point quelconque d'une essence forestière, mais sur- tout sur le rendement économique de cette essence, et l'évaluation en est le plus souvent faite par département. Enfin, les teintes désignent non pas l'aire précise, mais la moyenne du rendement annuel, et les grada- tions des teintes correspondent à une échelle ascendante de celle (1) Pour abréger le texte, il a paru bon de n'imprimer les résolutions qu'une seule fois, telles qu'elles ont été votées. (2) Les cartes auxquelles il est fait allusion avaient été obligeamment prétées par 'Administration des Foréts; elles ornaient les murs de la salle des séances du Congres. SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXIX moyenne. Donc les cartes botaniques forestières sont à faire, pour la France au moins ; il est certain que l'étude de la dispersion des arbres forestiers pourrait avoir des résultats pratiques immédiats au point de vue de leur acclimatation, attirerait ainsi l'attention des admi- nistrations des forêts sur notre œuvre et les disposerait en notre faveur. M. Cosson. — J'ajoulerai que, précisément parce que les espèces forestières sont bien connues, leur dispersion l'est peu d'une manière exacte, Sans doute l'étude de cette distribution présente des points difficiles (moins cependant que pour les espèces herbacées) ; mais ce sera justement là une excellente pierre de touche pour la Commission. M. Rouy. — Je partage l'opinion de M. Cosson; toutefois je pense que la Commission peut seule se prononcer sur cette question et qu'il n'est pas nécessaire d'obtenir un vote précis du Congrès; il suffit que le principe soit admis. ART. 4. — Le procédé recommandé pour arriver à établir des cartes donnant l'aire des espèces est celui usité depuis longtemps pour l'établissement des cartes géologiques, procédé qui consiste, pour cette science, à marquer en couleur, sur une carte dite carte de pointage, tous les affleurements d'un même terrain et à recouvrir d'une teinte, sur une seconde carte, toute la surface occupée par l'ensemble de ces pointages. — En botanique, les pointages seront obtenus en relevant, dans le plus grand nombre d'lier- biers possible, les localités indiquées pour une méme espèce. M. Páque. — Le procédé qui vient d’être indiqué a l'inconvénient de nécessiter un nombre considérable de cartes, nombre bien supérieur à 200000, puisque pour chaque espéce il y aura au moins autant de cartes de pointage que de collaborateurs; une fortune ne suffira pas pour acquérir l’atlas botanique qu'il suppose. M. Bureau. — Le pointage exigera de nombreuses cartes, il ne sau- rait en étre autrement, et c'est ce qui a lieu depuis longtemps pour l'élaboration des cartes géologiques. Mais il faut se rassurer sur le nombre définitif des cartes et ce qu'elles pourront coüter. Pour la publi- cation on réunira trés certainement un grand nombre d'espéces sur une méme carie et l’on pourra, dans quelques cas, s'en tenir à l'aire du genre ou des sections du genre. L'article 4 est adopté sans modification. Les articles 5, 6, 7, 8, sont adoptés sans discussion. A propos de l'article 6, M. Bureau a fait obseryer qu'il permet de réaliser une grande économie de cartes, puisque, toutes les fois qu'on pourra réunir sur une même carte plusieurs espèces à aires nettement distincles, on ne manquera pas de le faire. XXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ART. 9. — Le Congrès recommande pour le travail de pointage, quel que soit le pays dont il s'agisse, l'emploi uniforme de cartes au 1/1 600 000. M. Grecescu. — Ainsi rédigé, cet article est trop exclusif. Je ferai remarquer qu'il ne sera pas toujours facile de se procurer des cartes à l'échelle indiquée, qu'il peut n'en pas exister pour tous les pays, enfin que l'achat d'aussi grandes cartes peut devenir onéreux. M. Bureau. — La Commission a simplement voulu indiquer un type de carte qui lui a paru réunir les meilleures conditions. M. Maury. — À mon avis, l'échelle est trop grande, au moins pour les cartes définitives ; si pour le pointage elle offre des avantages, on ne peut que la recommander. Mais je crois qu'on pourrait ajouter à l'ar- ticle 9 ces mots: et, à leur défaut, de cartes dont l'échelle se rap- prochera le plus de celle-ci, ce qui laisse une grande latitude. La modification proposée par M. Maurv est adoptée. L'article 10 est adopté sans discussion. ART. 11. — Pour le tracé des cartes définitives qui représenteront l'aire de chaque espèce, le Congrès préfère, à la méthode qui consiste à entourer l'aire par un trait, celle qui consiste à recouvrir cette aire par une teinte; cette dernière méthode mon- trant la répartition d'une maniére plus apparente et ayant le grand avantage de per- mettre d'indiquer, par la différence d'intensité des teintes, le degré de fréquence ou de rareté des espéces. M. Grecescu. — La dégradation des teintes indiquant la fréquence ou la rareté ne me semble pas devoir étre préconisée : l'appréciation d'une nuance est un fait trop personnel et par conséquent trés variable. Il serait préférable d'employer une teinte uniforme pour l'aire de l'espéce avec un pointage ou un signe spécial pour la fréquence et la rareté. Les lettres R, RR ou C, CC, ete., déjà utilisées dans les Flores, conviendraient trés bien. M. Rouy. — J'estime qu'il vaut mieux s'en tenir à la teinte plus ou moins foncée ou dégradée pour l'aire des espéces vulgaires. En ce qui concerne les espéces plus rares ou localisées, le point ou le trait, avec signes de fréquence, semblent de beaucoup préférables comme exacli- tude. J'ajouterai, au sujet de ces derniéres, qu'une méme carte pourra servir pour quatre, cinq, ou méme dix espèces, si ces espèces ont une aire trés restreinte ; de là une économie sérieuse dans l'achat du nombre de cartes nécessaires. M. Hua. — Lorsqu'on se trouvera en présence d'espéces localisées en un seul point du globe, on sera bien obligé d'abandonner la teinte pour se contenter d'un simple pointage. M. Bureau. — Cela est évident, et je puis citer un exemple oü cela SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXXI deviendra nécessaire. Le Coleanthus subtilis a quatre stations connues qui se trouvent : une en Bretagne, la seconde dans le Tyrol, la troisieme en Bohéme, la quatriéme en Scandinavie. On ne l'a jamais rencontré dans des points intermédiaires. La carte de sa distribution géographique, pour étre exacte, ne devra done comporter que quatre points séparés. M. Grecescu. — Je ne suis pas absolument de cet avis. Je puis citer le cas du Silene compacta qui n'est connu qu'en deux localités sur les bords du Danube. Je crois que son aire ne doit pas étre marquée seule- ment par deux points, mais par un trait qui unisse ces deux points, trait brisé si l'on veut, pour le distinguer d'une limite. Ce mode a l'avantage tout de permettre de retrouver tout de suite les localités. M. Bureau. — Nous ne devrons certainement pas adopter un procédé exclusivement à tous lesautres. D'ordinaire nous emploierons les teintes, mais dans beaucoup de cas, c'est le pointage lui-méme qui devra étre conservé. L'article 11 est adopté sans modification. ART. 12. — La Commission des cartes botaniques aura son siège à. . M. Bureau.— La Commission n'a pas cru pouvoir elle-même désigner son siège, elle s'en rapporte entièrement à l'appréciation du Congrès. M. le Président. — Il me semble que le siège de la Commission internationale doit étre fixé à Paris jusqu'à nouvel ordre. Il est néces- saire, pour son bon fonctionnement et pour le succès de ses études, qu'il y ait un centre unique où tout soit réuni. Nous avons entrepris une grande œuvre sous les auspices de la Société botanique de France, il convient de la laisser quelque temps s'élaborer sous ces mémes auspices. M. le b’ Penzig. — J'appuie bien volontiers la proposition de M. le Président: il me sera facile de rester en correspondance avec la Com- mission dont j'ai l'honneur de faire partie. M. Hartog. — Il serait à désirer que la Société botanique de France voulüt bien fournir un local à la Commission et se charger de la conser- valion de ses archives. Je demande au Congrès de se prononcer dans ce sens. M. Cornu. — La proposition de M. Hartog ne peut étre votée que sous forme de vœu, le Congrès étant une institution distincte de la Société botanique. M. Malinvaud, secrétaire général de la Société botanique de France. —. La proposition de confier à la Société botanique de France le dépôt des archives de la Commission permanente instituée par le Congrès sou- XXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. lève deux objections : en principe, l'acceptation du dépôt devrait être préalablement autorisée par le Conseil d'administration de cette Société, et, en fait, les locaux dont elle dispose étant déjà occupés par une biblio- théque et des collections importantes qui y sont à l'étroit, il ne parait guère possible d'y trouver encore l'emplacement nécessaire pour rece- voir le dépót dont il s'agit. Il serait sans doute facile à M. le professeur Bureau, président de la Commission, de placer ces documents, au moins provisoirement, dans les galeries de botanique du Muséum ou dans une des annexes qui en dépendent. M. Bureau.—Je serai heureux de mettre mon laboratoire du Muséum à la disposition de la Commission pour y conserver ses archives. On pourra m'y adresser toutes les communications que l'on voudra bien nous faire; ce sera certainement d'une plus grande facilité pour notre travail. L'assemblée consultée décide que le siège de la Commission sera provisoirement fixé à Paris et que les communications devront étre adressées à son président, M. le professeur Bureau. ART. 13. — La Commission restera en fonctions jusqu'au prochain Congrés interna- tional de botanique. M. Th. Durand. — hien ne s'oppose à ce que la Commission actuelle soit indéfiniment permanente, il suffirait que ses pouvoirs fussent renou- velés à chaque Congrés international. Toutefois, il convient de définir dés maintenant le caractére d'un Congrés international, afin que la Com- mission ne soit pas exposée à voir contester ses pouvoirs par une réu- nion sans autorité qui se déclarerait Congrès international. M. Bureau. — L'observation de M. Durand est fort juste, et j'ajou- terai que, d'autre part, il n'est pas nécessaire à un Congrés réellement international de porter ce titre. Il y a déjà plusieurs exemples de ce fait. Un Congrés international se reconnaitra à l'universalité des invitations faites et à la présence, parmi ses membres, de botanistes de nationalités trés diverses. M. Cornu. — Un bon caractère d'internationalité peut, il me semble, résulter de ce fait que le Congrés aura été réuni sous les auspices d'une Société botanique nationale dans les conditions indiquées par M. Bureau. M. Cosson.— ll est bien entendu que la Commission.ne peut dépendre que d'un Congrés international auquel elle aura été régulièrement invitée. En tenant compte de ce qui vient d’être dit, et aussi d’un vote émis dans la dernière séance, je propose au Congrès de vou- M. Maury. SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXXII loir bien adopter, pour l'article 13, la rédaction suivante : Cette Com- mission sera formée de six membres élus en Congrès international de botanique ; elle pourra s'adjoindre tout savant dont le concours lui paraitra utile. La rédaction proposée par M. Maury pour l'article 13 est mise aux voix et adoptée. L'article 14 est adopté sans modifications. M. Bureau donne lecture de l'ensemble du projet tel qu'il vient d'étre modifié. Résolutions prises par le Congrés international de Botanique de 1889. Les botanistes réunis en Congrés à Paris au mois d'aoüt 1889, aprés avoir nommé une Cemmission à l'effet d'étudier les questions qui se rattachent à l'exécution des cartes de géographie botanique, le rapport de cette Commis- sion ayant été entendu et suivi d'une délibération en séance générale, déci- dent : ARTICLE PREMIER. — Il y a lieu de faire du tracé des cartes de géographie botanique qui comprennent plusieurs pays une ceuvre internationale. ART. 2. — La Commission mentionnée ci-dessus deviendra permanente et sera chargée d'organiser le travail des cartes et de centraliser les résultats. Ses fonctions dureront jusqu'au prochain Congrès international de Botanique en quelque lieu et à quelque époque qu'il se tienne. Elle devra lui présenter un rapport sur les travaux accomplis. ART. 3. — Il convient de s'occuper avant tout de la géographie botanique des espéces, l'aire des genres ou des familles résultant nécessairement de la surface occupée sur le globe par les espéces qui les composent. ART. 4. — Le procédé recommandé pour arriver à établir les carles donnant l'aire des espèces est celui usité depuis longtemps pour l'établissement des cartes géologiques, procédé qui consiste, pour cette science, à marquer en . L LI couleur, sur une carte dite carte de pointage, tous les affleurements d'un méme terrain et à recouvrir d'une teinte, sur une seconde carte, toute la sur- face occupée par l'ensemble de ces pointages. En botanique, les pointages seront obtenus en relevant, dans le plus grand nombre d'herbiers possible, les localités indiquées pour une méme espéce. ART. 5. — ll! ne sera tenu compte que des échantillons rigoureusement déterminés et des localités indiquées avec précision. . , ART. 6. — On pourra pointer sur une méme carte autant d'espéces qu'on voudra, pourvu que les aires de ces espéces ne se recouvrent pas. ART. 7. — Les botanistes de chaque pays exécuteront le travail de pointage relatif à leur propre flore. Yo XXX 3 XXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ART. 8. — Chaque carte de pointage sera faite en deux exemplaires, dont un restera dans le pays, et l'autre sera transmis à la Commission internationale des cartes botaniques. AnT. 9. — Le Congrés recommande, pour le travail de pointage, quel que soit le pays dont il s'agisse, l'emploi uniforme de cartes au 1/1 600 000 et, à leur défaut, de cartes dont l'échelle se rapproche le plus de celle-ci. ART. 10. — Il recommande aussi l'emploi de cartes quadrillées de telle sorte que chaque quadrilatère soit égal à un quart de degré et numéroté de gauche à droite et de haut en bas, le méridien adopté étant celui de Paris, le plus em- ployé pour les cartes terrestres. Les prescriptions ci-dessus ont pour but de rendre les comparaisons et les reports plus faciles, lors du rapprochement des différentes cartes partielles pour tracer des cartes d'ensemble. ART. 11. — Pour le tracé des cartes définitives qui représenteront l'aire de chaque espéce, le Congrés préfére, à la méthode qui consiste à entourer l'aire par un trait, celle qui consiste à recouvrir cette aire par une teinte; cette der- niére montrant la répartition d'une maniére plns apparente et ayant le grand avantage de permettre d'indiquer par la différence d'intensité des teintes le degré de fréquence ou de rareté des espéces. ART. 12. — La Commission internationale des cartes botaniques aura provi- soirement son siége à Paris. Toute offre de collaboration et toute demande de renseignements devront étre adressées au Président de cette Commission (1). ART. 13. — Cette Commission sera formée de six membres élus en Congrès international de Botanique; elle pourra s'adjoindre tout savant dont le con- cours lui paraitra utile. ART. 14. — La Commission actuelle aura à rédiger, pour les actes du Con- grés, une notice explicative réglant les détails du travail qui ne peuvent trouver une place dans les présentes décisions. Ces résolutions sont mises aux voix et adoptées. M. Rouy entretient le Congrés de deux intéressants Rosiers liti- gieux cultivés chez M. de Vilmorin, à Verriéres, et dont plusieurs botanistes ont la veille récolté des rameaux sur les indications de M. B. Verlot. Ces Rosiers, qu'il a étudiés, lui paraissent ètre : Le premier, une Villeuse à gros fruits ovales hispides et à folioles ultimes très grandes, R. pomifera Herm. forma recondita Pug. Le second, une Alpine de la sous-section Gentiles, munie de glandes disséminées sur toute la surface de la page inférieure des folioles petites, ovales et à fruits largement ovales, hispides, le (1) M. Ed. Bureau, professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue Cuvier, 57, Paris. SÉANCE DU 23 AOUT 1889. XXXV R. alpina L. (forma R. Malayi Kern. var. adenocalyx Borb.), voisin de la forme pyrenaica Gouan, à folioles et à fruits plus allongés, rameaux aciculiféres, pédoncules plus longs, et glandes n'existant que sur les nervures en dessous des folioles. La parole est donnée à M. J. Vesque pour l'exposé de la deuxième question inscrite au programme du Congrés (1). A la fin de la séance, M. Fischer de Waldheim, président, dit qu'il a le vif regret de présenter ses adieux au Congrés : il vient en effet d'étre subitement rappelé dans sa famille et il doit partir le soir méme. Il prie le Congrés de vouloir bien l'excuser et d'agréer encore ses plus sincéres remerciements pour l'honneur qu'on a bien voulu lui faire en l'appelant à la présidence. NOTE SUR LA PREMIERE QUESTION DU PROGRAMME PROPOSÉ PAR LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, A L'OCCASION DU CONGRÈS DE 1889, par M. ©. DRUDE. La Société a proposé aux membres du Congrès l'examen « de l'utilité qu'il y aurait à établir, entre les différentes Sociétés et les différents Musées botaniques, une entente pour arriver à dresser des cartes de la répartition des espéces et des genres de végétaux sur le globe ». Cette question me parait d’un intérêt si grand, que, malgré les circonstances qui me privent d’assister au Congrès, je cède au désir d'exprimer quel- ques idées sur ce sujet. Elles me sont inspirées par l'expérience que j'ai acquise au cours de mes études de géographie botanique, et surtout à l’occasion de la publi- cation de l'Atlas der Pflanzenverbreitung que j'ai faite en 1887 pour le Berghaus’ physikalischer Atlas. Je m'y suis pénétré maintes fois de l'utilité qu'il y aurait à soumettre les données de la géographie bota- nique à un travail d'ensemble, qui, en reliant les unes aux autres les notions éparses, les rendit plus positives et plus rigoureuses. On doit désirer pourtant que les Sociétés botaniques et les Musées mettent une sage réserve à limiter les observations qu'ils communiqueraient, et à ne fournir que des faits certains, surtout lorsqu'il s'agirait de dresser les (1) Pour ne point scinder le texte de cet exposé, nous le donnons tout entier au début de la séance du 24 aoüt. (Note du Secrétariat:) XXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. cartes figurant l'aire de dispersion des genres appartenant aux flores sep- tentrionales et méditerranéennes, et des espéces les plus intéressantes pour nos flores européennes. Je me demande dés lors : 4° Quels procédés graphiques doit employer surtout la géographie botanique pour arriver à formuler, d'une façon plus précise et plus saisis- sante que ne peuvent le faire les Flores, l'ensemble des données géogra- phiques éparses dans ces ouvrages? 2» Les données nécessaires à la géographie botanique peuvent-elles étre obtenues par une « entente » plus sürement que par le travail attentif d'hommes se consacrant individuellement à la question et la connaissant d'ailleurs préalablement comme il convient? I Lorsqu'il s'agit d'étudier l'aire de dispersion des genres, ceux qui sont caractéristiques d'une région déterminée ou d'un groupe de régions unies par des caractères communs méritent toujours et avant tout latten- tion; on doit attacher la même importance à ceux qui marquent un fait significatif dans l'histoire du développement des flores, et dont l'exten- sion répond à des conditions climatériques déterminées. Des genres à grande extension, dont les subdivisions naturelles (sous-genres ou sec- tions) sont géographiquement séparées, occupent à cet égard le premier rang. On peut citer, par exemple, les genres Rhododendron et Bejaria, Cousinia, Valeriana, Gentiana, Saxifraga, Genista et Cytisus, Draba et Larix, comme méritant qu'on étudie avec beaucoup de soin leurs limites, tandis que les genres Andromeda, Linum, Ranunculus ne justifient une pareille recherche qu'autant qu'il s'agit de montrer en détail jusqu'à quel point ces genres sont disséminés. Or quelques mots suffisent à l'établir, beaucoup mieux que des cartes. La dispersion des genres doit, à ce qu’il me semble, être représentée graphiquement par des surfaces unies, sans tenir compte de la fréquence plus ou moins grande à l'intérieur des limites; les stations disséminées loin de l'aire générale de dispersion méritent seules d'étre mentionnées isolément. La distribution de certaines espèces choisies a, dans toas les cas, une importance toute particuliére pour la solution des questions qui nous occupent. Il importe que ces espèces soient choisies, parce qu'elles sont loin d'offrir toutes le même intérêt, On a toujours, et avec raison, accordé une importance prépondérante aux arbres à ce point de vue. M. E. Regel, l'un des hommes qui a rendu le plus de services à la géographie botanique, ne s'est pas contenté de présenter au Congrés DRUDE. — NOTE SUR LA PREMIÈRE QUESTION DU PROGRAMME. XXXVII géographique de Saint-Pétersbourg une liste d'arbres et d'arbustes dont il se proposait de fixer l'aire de dispersion en s'aidant du concours de divers collaborateurs; il est allé plus loin, il leur a adressé des cartes d'Europe et d'Asie, sur lesquelles il les priait de tracer la limite de ces végétaux (les résultats qu'il a obtenus n'ont pas encore été publiés). Nous avons du reste à notre disposition une bibliographie étendue; je me contenterai de rappeler les travaux de M. Willkomm, le Mémoire publié tout récemment à Saint-Pétersbourg par M. Th. Kóppen (1), les publications de M. Sargent sur l'Amérique du Nord, et les ouvrages publiés à Montréal avec des cartes représentant la distribution des espéces forestiéres du Canada. Une entente collective ayant pour but d'arriver à tracer la carte de la distribution des genres pourrait être utile en déler- minant la fréquence relative des espèces, en distinguant les régions, où certaines essences forment à elles seules des forêts, des contrées où on les trouve clairsemées; il serait fort facile d'exprimer ces données sur une carte par des teintes plates dans le premier cas, par des points ou des signes isolés dans le cas de stations localisées. Il me semble que, parmi les arbustes, les arbrisseaux, les sous-arbris- seaux et les herbes, les espéces sociales ou qui vivent réunies en masses dans certaines formations méritent encore qu'on détermine leurs limites de végétation. J'ai publié une courte Note (2) sur ces formations spéciales que tous les auteurs de Flores ont signalées, et j'ai fait connaitre ce qu'il y à de caractéristique dans ces formations. C'est ainsi que j'ai cité (p. 44, loc. cit.) comme caractéristiques de la haute forêt hercynienne : Poly- gonatum verticillatum avec Smilacina bifolia, Trientalis, Listera cordata, Crepis paludosa, Hypnum Crista-castrensis, Plagiothecium undulatum , etc. Il serait trés utile qu'on püt établir les limites de pareilles associations considérées comme indépendantes. Mais je ne m'illusionne pas sur les difficultés que cela présenterait, parce que les espèces constitutives de ces associations ne disparaissent pas toutes en méme temps; on les trouve encore plus ou moins à l'état isolé, alors que l'association est rompue, l'une d'un cóté, l'autre de l'autre. Il faudra donc toujours et malgré tout s'en tenir à l'étude des espéces elles-mémes plutót que des associations dans leur ensemble. Il en résulte qu'il faut choisir les espéces principales des formations; je les ai désignées, dans la Note mentionnée ci-dessus, sous les noms de plante sociales, gregariæ, copiose, désignations que j'ai abrégées (loc. cit. p. 35) en n'en donnant que les premiéres lettres. Les arbres (1) Th. Köppen, Die geographische Verbreitung der Holzgewüchse des europäischen Russlands und des Kaukasus. . (2) O. Drude, Ueber die Principien in der Unterscheidung von Vegetations forma- lionen, erlüutert an der Centraleuropüischen Flora (Englers' botan. Jahrb., XI, p. 21). XXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ne sont, à proprement parler, que les espéces principales des formations forestiéres. Abstraction faites de celles-ci, je proposerais volontiers les espéces suivantes à ceux qui voudraient étudier les limites de végétation pour diverses formations de l'Europe moyenne : Formation alpines : Rhododendron hirsutum, ferrugineum, Loise- leuria procumbens; — tourbières des montagnes : Pinus montana, Vaccinium uliginosum, Empetrum; — forêt montagneuse jusqu'à la plaine : Digitalis purpurea; — prairies montagneuses : Meum atha- manticum et Mutellina;— landes et marais de la plaine : Erica Tetra- liz, Ilex Aquifolium, Genista anglica, Myrica Gale, Ulex europæus. Ce sont là, presque toutes, des espèces qui jouent un róle dominant pour des régions déterminées de l'Europe moyenne. Je ne crois pas pourtant que, dans l'entente dont il s'agit, il faille exclure à priori les espèces plus rares; il faut seulement ne jamais perdre de vue que ces espéces plus rares expriment un caractére géographique plus limité. C'est le cas pour les espéces qui ne sont communes nulle part, qui n'occupent une place prépondérante dans aucune formation, comme aussi pour les espèces qui, immigrées de domaines voisins, tendent à démontrer les causes climatériques et géologiques du développement d'une flore. Je n'en veux citer comme exemples que trois éspèces plus ou moins rares : Lobelia Dortmanna, Scheuchzeria palustris, Carex sparsiflora. Un certain nombre d’Éricacées européennes peu répandues, d'origine hété- rogéne, montrent à quel degré il pourrait étre intéressant de considérer cette troisième catégorie d'espéces comme méritant une place à côté des familles les plus importantes au point de vue géographique, telles sont, par exemple: Daboecia polifolia, Erica cinerea, E. ciliaris, E. medi- terranea, Bruckenthalia spiculiftora, Chamædaphne calyculata, Phyllodoce taxifolia, Rhodothamnus Chameæcistus, Ledum palustre, Pirola chlorantha, P. media. Il me paraît donc, pour conclure, qu'il importe, en Europe, de dresser les cartes de la distribution : 1° des espèces forestières; 2° des espèces qui expriment le caractère dominant d'autres formations ; et enfin, 3° des espèces plus rares, importantes par leur seule existence dans la région es ou parce qu'elles fournissent des renseignements sur l'origine des flores. II Nous devons nous demander maintenant comment on pourrait réaliser une entente pour résoudre les problémes que nous venons de poser. Si l'on voulait obtenir assez rapidement une connaissance détaillée de l'aire de dispersion des espéces européennes, l'entente pourrait consister DRUDE. — NOTE SUR LA PREMIERE QUESTION DU PROGRAMME. XXXIX à diviser le travail en répartissant les sujets d'étude (genres et espèces), ou bien en répartissant les territoires à étudier. [l vaudrait mieux combiner les deux méthodes. Chaque Société s'occuperait de l'aire de dispersion de certains genres, ou des espéces pour lesquelles cette Société posséderait le plus de documents bibliographiques ou d'her- biers. Elle aurait aussi à s'occuper du soin délicat de réunir les données d'ensemble sur son territoire. A toute personne ou Société qui collaborerait à l'euvre commune on fixerait un rayon d'opérations ; le simple envoi de cartes sur lesquelles chacun pourrait, suivant son bon plaisir, noter ses observations, a dans la pratique peu d'effets utiles. Plus le territoire choisi est restreint, plus les résultats acquis sont précis, mais aussi plus il est difficile de les rassembler et de les mettre en œuvre pour en faire un tout homogène. En distribuant, par exemple, l'étude de l'Europe occidentale entre Paris, Montpellier, Londres, Édim- bourg, Christiania, Copenhague, Leyde, Berlin, Münich, Genève et Vienne, on altribuerait à chacun de ces centres une zone singulièrement étendue encore, et on diminuerait leur róle au point de vue de l'observation per- sonnelle. Mais on arriverait, par ce procédé, à un résultat que des indi- vidualités isolées ne sauraient atteindre. On utiliserait plus sürement, en effet, toutes les données dispersées dans les écrits et les publications des Sociétés régionales et locales, en les soumettant à une vérification critique par l'observation des faits. Il faudrait toutefois s'entendre préalablement sur la forme du travail et sur la maniére de représenter les résultats obtenus. Dresser des cartes chargées de lignes multicolores et d'un grand nombre de lignes constitue une réelle difficulté; pour que les résultats puissent étre convenable- ment consignés, l'échelle des cartes ne devrait pas étre inférieure à 1/15 000 000; c'est l'échelle qui a été adoptée pour la carte de la flore de l'Europe qui porte le n° 47 du Berghaus' Physikalischer Atlas. Je crois que, de cette manière, les lignes de végétation les plus sail- lantes et l'aire de dispersion des genres les plus importants pourraient étre mises en évidence par des traits coloriés et des signes saillants. Mais ce procédé ne saurait étre appliqué pour le plus grand nombre des espéces ou des genres de l'Europe moyenne, dont il serait désirable qu'on connût l'aire de dispersion. Le tracé de l'aire des quelques Érica- cées que nous avons nommées plus haut suffit à lui seul à surcharger complétement une carte. Si donc l'entente n'avait pas pour effet de limiter l'étude de la distribution géographique à un pelit nombre de cas bien choisis, on pourrait encore avoir recours au procédé employé par M. H. Cottrel Watson (1). Voici en quoi il consiste : le domaine consi- (1) H. Cottrell Watson, Topographical Botany, showing the distribution of british plants, 2* édition. London, 1883. XL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. déré est divisé en arrondissements naturels de peu d'étendue (la Grande- Bretagne est divisée en dix-huit provinces, trente-huit arrondissements et cent douze districts). Une seule carte suffit à en montrer les limites; ils sont désignés par des chiffres. L'aire d'une plante est connue d'une facon précise et en trés peu de mots par le seul énoncé des chiffres qui désignent les provinees, les arrondissements et les districts où elle se trouve. La part principale du travail consiste dès lors en un texte qui sert de développement à une bonne carte, obtenue, autant que possible, par la division du travail, grâce à l’entente proposée. On arriverait à des résul- tats d'une importance exceptionnelle si, à côté du chiffre représentant la zone considérée, on consignait par une abréviation le degré de fré- quence relative de la plante en question. On pourrait employer pour cela les mots : sociales, gregariæ, sporadicæ, rare, qu'on abrégerait comme nous l'avons proposé plus haut. En résumant les données acquises par le moyen des cartes isolées et des notes recueillies par le procédé de M. Watson, il n'est pas douteux qu'on n'arrive à dresser de bonnescartes de la distribution géographique, à la condition qu'on réalise une union effective dans ce but. Les cartes relatives aux phénomènes périodiques, publiées par M. Hoffmann, mon- trent à quels résultats on peut arriver en centralisant des observations isolées sur un sujet restreint. La géographie botanique a déjà réuni une masse énorme de matériaux; puissions-nous en tirer parti! Puisse la Société botanique de France, qui inscrit cette idée au programme du Congrés, avoir aussi l'honneur de contribuer ainsi à sa réalisation ! SÉANCE DU 24 AOUT 1889. XLI 24 AOUT. — SÉANCE DU MATIN. PRÉSIDENCE DE M. CARL HANSEN, VICE-PRÉSIDENT. M. J. Vesque a la parole pour l'exposé de la deuxième question. DE L'EMPLOI DES CARACTÈRES ANATOMIQUES DANS LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX; par M. J. VESQUE. I Les principes généraux. 1. Décrire les végétaux dans tous les détails et sous tous les rapports, c'est faire de la Botanique descriptive; les grouper de telle facon que le tableau de l'ensemble représente l'arbre généalogique des entités que nous appelons espéces, races, variétés, c'est faire de la Botanique sys- tématique. Cette dernière science émane directement de la première ; il suffit, en effet, de subordonner les caractères les uns aux autres quant à leur valeur taxinomique, de définir les groupes les plus élevés par des caractères de grande valeur et les autres, de dignité déeroissante, par des earactères de valeur de plus en plus faible. Ce n'est malheureusement pas une tàche facile que de subordonner les caractères selon leur véritable importance taxinomique. Si on ne veut pas recourir à des hypothéses qui puissent servir de guide, on en est réduit à résoudre le probléme par une méthode de fausse position, en le supposant résolu, pour chaque caractère choisi, de sentiment, et en jugeant ensuite, également de sentiment, de la qualité des coupes obte- nues. Les hypothéses auxquelles je fais allusion étant de date récente, c'est en effet ainsi que les choses se sont passées ; le cercle vicieux caché dans le raisonnement, n'a arrêté personne. De tâtonnements en tàtonne- ments, de corrections en corrections, on a fini par établir la classification naturelle que nous possédons et qui n'est pas aussi éloignée de la per- fection qu'on pourrait le croire. Ce qui a servi de criterium en cette circonstance, c’est la concordance de plusieurs caractères différents, venant confirmer un jugement qu'on pouvait à l'occasion porter d'avance à l'aide d'un seul. De là cet apho- risme, tourné en définition, que la classification naturelle repose sur plusieurs caractères, tandis que les systèmes ou classifications artificielles XLII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. procèdent par caractères uniques. On s'est donc appliqué à faire figurer dans la définition des groupes autant de caractères communs que pos- sible, et on a eu raison. Et cependant on en a négligé toute une série, qui, pour n'étre pas immédiatement visibles à œil nu, n'en appartiennent pas moins à la plante et doivent par cela méme faire partie de la description et, le cas échéant, de la définition. Si nous voulons faire œuvre de savant, nous n'avons pas le droit d'ex- clure un caractère uniquement parce qu'il n'est appréciable qu'au micro- scope. [l est absurde de faire de l’acuité de l'œil humain le criterium de la valeur taxinomique d'un caractère appartenant à un végétal. Je veux parler des caractéres anatomiques. Tout homme soucieux des progrés de la science admettra à priori l'application de l'anatomie et de la physiologie à la taxinomie et à la phytographie. Il ne sera pas difficile de bien démontrer, si ce n'est déjà fait, que la transformation s'impose irrésistiblement. Mais nous avons à convaincre surtout les savants qui, moins exclusive- ment voués à la science pure, s’attachent plutôt à la détermination des végétaux et qui ne verraient volontiers dans la Botanique descriptive que l'art de dresser les signalements des espèces, signalements juste suffi- sants pour qu'on puisse les reconnaitre à livre ouvert. Pour eux la classi- fication naturelle ne serait guére plus qu'une clef qui facilite le travail. Ils pourraient tirer autant de profit d'un systéme quelconque, ou, mieux encore, de plusieurs systémes croisés. J'en appelle à l'expérience de tous les savants qui ont eu à déterminer spécifiquement des échantillons d'herbier, à tous ceux qui ont essayé de fixer l'origine d'une drogue, d'un produit végétal quelconque ; si les anatomistes leur promettaient qu'on pourra déterminer la famille aussi bien à l'aide de l'anatomie de la tige, de la feuille, parfois de la racine, que d’après les organes floraux, que la détermination de l'espèce, si diffi- cile actuellement, deviendra une opération aisée et süre, que les maté- riaux, si défectueux qu'ils soient, des feuilles séches, broyées en menus fragments, méconnaissables, pourront suffire aux recherches, ils compren- draient que l'art gagnera autant que la science à la révolution à laquelle nous assistons, Le bénéfice est vraiment trop grand pour qu'on recule devant la peine de se familiariser avec l'emploi du microscope. 2. L'anatomie n'est pas destinée à supplanter les caractéres morpho- logiques sur lesquels repose la classification actuelle, ni par conséquent à bouleverser la Botanique systématique. La place de certaines familles, de certains genres, sera changée sans doute, ou l'a été déjà; mais, pOur peu qu'on y regarde de prés, on reconnait qu'il s'agit en général de VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. XLIII groupes dont la position était dés longtemps considérée comme douteuse et que l'appoint des caractères fournis par l'anatomie n'a servi qu'à faire pencher la balance d'un cóté ou de l'autre. Dés le début de mes recherches, j'étais tellement convaincu de la con- comitance nécessaire des caractères anatomiques el morphologiques, que je ne me sentais pleinement satisfait du choix des premiers qu'en présence d’un accord parfait avec les autres, dans une famille ancienne- ment établie. Malgré les hypothèses qui m'ont mis sur la voie de la décou- verte des principaux caractères anatomiques des familles, j'ai procédé comme tout le monde, en vérifiant la valeur des caractères par la concor- dance de plusieurs autres. Ces remarques, qui enlèvent tout cachet révolutionnaire à notre entre- prise, sembleraient même banales et superflues, si quelques esprits enthousiastes n’avaient espéré un revirement complet dans la science ou même la création d’une classification absolument nouvelle, si quelques autres n'avaient craint un bouleversement prématuré, imprimant une fausse direction aux travaux futurs : ces espérances et ces craintes sont également chimériques, et ce qu'on doit attendre de l'anatomie est à la fois plus modeste et plus profitable à la science. Plus nous avangons dans les recherches anatomiques, plus nous sommes obligés d'applaudir à la science, au tact des systématiciens de l'ancienne école. Pour ainsi dire, à chaque pas, nous admirons ce senti- ment botanique, qui, dit-on, ne s'acquiert pas, et avec lequel de nom- breux savants ont démélé les groupes les plus compliqués. L'anatomie donnera à ce tact, à ce sentiment vague, june expression concréte; elle substituera à l'appréciation non analysable et presque inconsciente l'observation directe des faits. Les plus savants systématiciens, quoique hostiles à ce qu'on appelle la méthode anatomique, ont fait en réalité de l'anatomie, peut-étre sans s'en douter. L'apparence de la feuille (folia nitida, lucida, opaca, etc.), sa consistance (folia membranacea, papyracea, chartacea, coriacea, etc.), son épaisseur, etc., etc., telles sont en effet trés souvent les notes sur lesquelles repose la diagnose des espèces. Or on conçoit que ces notes, qu'il est parfois impossible d'exprimer clairement en paroles, prennent leur source dans la structure anatomique, et que, celle-ci étant connue, une appréciation vague se trouve remplacée ou expliquée par des notions précises et moins sujettes aux erreurs. Les points pellucides des feuilles des Rutacées, Hypéricacées, de quel- ques Guttifères, des Lauracées, de quelques Bignoniacées, etc., sont signalés par tous les auteurs. Que ce caractére soit commun à toutes les Rutacées, à toutes les Hypéricacées, qu'il rapproche de ces derniéres les Guttiféres, cela ne peut nous surprendre; mais nous serons à COUP XLIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. sûr étonnés de le retrouver chez les Lauracées, et encore bien plus chez quelques Bignoniacées. Le systématicien de l'ancienne école, renonçant au microscope, ne peut aller plus loin. Eh bien, voyons l'anatomie à l’œuvre. Chez les Ruta- cées, les Hypéricacées, les Guttiféres, ces points sont dus à des organes sécréteurs schizogènes plongés dans le parenchyme de la feuille, tandis que chez les Lauracées, on ne trouve que de grandes cellules remplies d'huile essentielle, appartenant également au mésophylle, mais souvent refoulées entre les cellules épidermiques; chez les Bignoniacées, de grands poils en écusson, sécréteurs, enfoncés dans des dépressions superficielles de la feuille, produisent ‘précisément le méme effet opti- que. L'anatomie nous enseigne donc à séparer entiérement les trois sortes de points pellucides, elle nous défend du danger d'en confondre d'une part la signification taxinomique, ce qui aurail conduit à des rapproche- ments absurdes, de leur refuser d'autre part toute signification, sous prétexte qu'ils se rencontrent dans des familles notoirement trés éloignées et qu'ils n'apparaissent pas toujours chez toutes les espèces de ces familles, ce qui nous aurait conduits à renoncer à un caractère excellent. Parmi les Guttifères seuls, les Mammea, Ochrocarpus, Kayea, Pæciloneuron et quelques Garcinia offrent ces points. L'anatomie nous monire en revanche que les feuilles de toutes les Guttiféres renferment des organes sécréteurs de méme nature, changeant seulement de forme, tantôt sphé- riques, donnant l'apparence de points pellucides, tantót allongés, cana- liformes, souvent invisibles à leil nu, apparaissant quelquefois sous la forme de lignes foncées; elle rend donc à l'appareil la valeur taxino- mique qu'on lui aurait refusée, faute de moyens d'investigation suffi- sants. De leur cóté, les poils glanduleux des Bignoniacées ne donnent lieu à des points pellucides que lorsqu'ils sont enfoncés assez profondément dans la feuille, ce qui diminue d'autant l'épaisseur des tissus opaques. Il suffit que les poils soient fixés sur l'épiderme plan, non enfoncé, pour que l'apparence n'existe plus ; ce sont les poils, non les points pellucides, qui constituent le caractère de famille. Les points pellucides eux-mémes ne sauraient être ici que des caractères d’espèce. Les nervures, les veines peuvent être plus ou moins saillantes; on à bien soin de le noter, quoique ce soit là un caractère absolument ana- tomique; on va méme jusqu'à indiquer des nuances, en disant, par exemple : « rene immerso-prominulæ », ce qui, traduit en langage anatomique, veut dire que la cuticule épaisse ou un hypoderme permet- tent bien aux faisceaux, plus ou moins bien armés de tissu mécanique, de faire saillie à la surface d'une feuille dontles parenchymes sont affaissés < VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. XLV par la dessiccalion, mais empéchent pourtant une saillie vivement accusée. Ces exemples montrent bien que les phytographes sont en réalité loin de dédaigner les caractères anatomiques ; mais pourquoi refusent-ils de se servir du microscope? Ne serait-il pas préférable de remplacer de pareilles diagnoses, grossières et incomplètes, par le fait anatomique qui est la cause d’une apparence extérieure assez importante pour être signalée ? Et quelles singulières erreurs sont journellement commises par ces anatomistes privés de tout moyen d'observation ! Choisy décrit les feuilles du Vismia lauriformis comme étant glabres; or elles sont absolument tomenteuses en dessous, mais les poils étoilés sont si bien enchevétrés par leurs branches horizontales, qu'ils constituent à l’œil nu une surface plane qui n'est pas la surface proprement dite de la feuille. Ailleurs des feuilles éricoides, à bords fortement révolutés, sont décrites comme char- nues, sédoides ; ailleurs encore on voit confondre, sous le nom de pruina, le revétement cireux et les papilles épidermiques, des lenticelles sont prises pour des glandes; les acarodomaties d'un Olivier lui ont fait donner le nom d'Olea glandulosa. Il est inutile, je crois, de faire plus longtemps le procès à cette tendance misérable à vouloir limiter artificiellement les attributs et les moyens d'investigation de la Botanique descriptive. 3. Quoi qu'on en dise, et quel que soit l'avis de quelques hommes de science, le mouvement est aujourd'hui commencé. Rien ne l'arrétera ; la transformation s'opérera, et méme moins lentement qu'on pourrait le croire, malgré la quantité énorme de travail qu'elle exige. Il semble, à première vue, que l'anatomie systématique doive néces- sairement parcourir tous les tàtonnements qui ont si longtemps entravé la création de notre classification naturelle. Certes une science aussi récente n'échappera pas aux maladies d'en- fance, mais le nombre des savants qui s'occapent aujourd’hui des mêmes sujets nous protège contre les erreurs de longue durée. Une erreur d'observation ou d'interprétation n'a plus les conséquences néfastes qu'elle entrainait, il y a cinquante ans. Tout est aussitôt corrigé, et l'er- reur elle méme peut devenir profitable, d'abord parce qu'elle n'est jamais complète, ensuite parce qu'elle appelle de nouvelles recherches presque aussitôt exécutées que conçues. Mais il y a d'autres raisons qui assurent les progrès réguliers et rapides de la jeune science. Tandis que les anciens systématiciens travaillaient pour ainsi dire au hasard, n'ayant pour toute arme que leur expérience et leur sagacité, nous faisons valoir aujourd'hui des doetrines, des hypo- théses si l'on veut, mais d'excellentes hypothéses, qui facilitent au plus XLVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. haut degré la subordination des caractères. Après avoir dressé la liste des caractères qui nous semblent propres à définir un groupe naturel, nous procédons au travail de contrôle, nous comparons les limites du groupe défini anatomiquement à celles du méme groupe défini par les caractères morphologiques. S'il y a concordance parfaite, le caractère anatomique choisi doit être rangé à côté des autres; dans le cas contraire, bien des variantes, souvent fort intéressantes, peuvent se présenter et donner lieu à une discussion toujours fertile en résultats. Je reviendrai tout à l'heure sur les doctrines en question; pour le moment, je préfére quitter le terrain purement abstrait pour citer un exemple de cette concordance. Tout le monde reconnaitra que les Rubiacées comptent parmi les familles les plus naturelles. Chez toutes les Rubiacées étudiées jusqu'à présent, le stomate adulte est accompagné de deux cellules accessoires latérales. Cette disposition ne se retrouve ni chez les Valérianées, ni chez les Dipsacées, ni chez les Caprifoliacées, à l'exception de quelques Viburnum. A part ce dernier cas spécial, les limites qu'on donnerait aux Rubiacées à l'aide du caractère anatomique coincident avec celles que la morphologie a depuis longtemps assignées à cette famille. D'une part, les considérations théoriques nous ont permis de choisir le carac- tére anatomique ; d'autre part, la qualité naturelle de la famille, basée sur la morphologie, ne faisait aucun doute, de sorte que nous avons pu contróler à posteriori la valeur du caractére anatomique adopté à priori. En un mot, d'excellentes hypothéses nous ont amenés à choisir le carac- tére, la classification naturelle toute faite nous a permis de le contróler; nous disposons ainsi de deux moyens d'action, à l'aide desquels nous pouvons aller droit notre chemin, sans tàtonnements et sans hésitation. Je viens de mentionner une exception relative aux Viburnum. Bien loin d'infirmer la valeur du caractére anatomique par un désaccord apparent avec les limites morphologiques, elle dévoile ou plutót con- firme un rapprochement naturel, depuis longtemps pressenti, puisque seul parmi les Caprifoliacées (sauf les Pentapyæis que je n'ai pas étu- diés) le genre Viburnum renferme des espéces à feuilles stipulées. 4. Revenons maintenant à ces hypothèses, qui nous ont permis de choisir d'emblée le caractère anatomique convenable. La forme, la structure des plantes dépendent de deux facteurs : l'évo- lution purement phylétique et l'adaptation. Cette dernière n'est elle- même que la résultante de l’influence du milieu, dirigée par des ten- dances héréditaires et de la sélection. Nous envisageons d’ailleurs ici l'adaptation dans le sens le plus large du mot. Comme, de fait, presque tout dans le végétal est atteint par l'adaptation, les caractères phylétiques se trouvent masqués ou dénaturés de telle facon, qu'il devient indispen- VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. XLVII sable de démêler partout les effets de l'adaptation. Il est donc clair que, de deux caractères, le plus naturel est celui qui est le plus étranger à l'adaptation, d’où nous pouvons déduire ce corollaire : un caractère taxi- nomique a une dignité d'autant plus élevée qu'il est plus purement phy- létique et moins adaptationnel. Tout cela n'a rien d'absolu; c'est une affaire de plus ou de moins, qu'il faut peser sagement avant de passer au travail de contróle. Si j'insiste autant sur cette partie synthétique et purement spéculative des études, c'est qu'il faut redouter les fausses pistes dans lesquelles le travail d'observation seul, suivi de conclusions à posteriori, pourrait nous lancer. Ce n'est pas que l'observation des faits ne soit réellement la vraie force des recherches scientifiques, mais ici l'observation doit se doubler de l'étude spéculative. Il est en effet difficile d'étudier tous les représentants d'un groupe naturel; une concordance parfaite dans un nombre restreint d'espéces passe facilement pour une constance absolue, malgré la mauvaise qualité philosophique du caractère. J'irai méme plus loin : il est très possible qu'un caractère soit absolument constant dans une famille, sans pouvoir servir pour cela à la définir. I] ne sera qu'un caractère empirique, excel- lent dans la détermination pratique, sans nulle valeur pour la définition scientifique. Admettons, pour fixer les idées, que nous venons d'étudier les fruits de toutes les Ombelliféres connues, et que nous l'avons trouvé partout sec, avec sa forme connue. Nous plagant sur le terrain de l'observation pure, nous serons tentés de faire de la nature du fruit de ces plantes un caractère de premier ordre, parce qu'elle est constante. Et nous aurions tort. En effet, ce caractère est fortement entaché d'adaptation, et aucun botaniste ne serait surpris outre mesure, si l'on découvrait une Ombelli- fère à fruit bacciforme, uni-carpellé par avortement, comme un fruit de Rubia. Encore moins songerait-il à refuser à cette plante sa place parmi les Ombellifères ; il serait au contraire frappé de suite du parallélisme entre les deux types carpologiques des Ombellifères et les deux types des Rubiacées-Étoilées, et il croirait avoir comblé une lacune par la découverte de la nouvelle Ombellifère. Cet exemple idéal est encore beaucoup trop beau pour faire com- prendre les inconvénients des recherches purement objectives, nécessai- rement restreintes. Lorsque les résultats wont pas été passés au crible du raisonnement, les plus singulières erreurs deviennent possibles. C'est ainsi que certains caractères du bois ont été présentés comme fixes dans une famille étendue parce qu'on les a trouvés constants dans une demi-douzaine d'espèces: XLVHI CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. C'est encore ainsi qu'un auteur a pu donner à la structure du pétiole une valeur taxinomique exagérée, alors que le méme auteur dit en tête de ses conclusions que la structure du pétiole dépend en première ligne de la nature herbacée ou ligneuse de la plante, d’où il faudrait conclure que cette nature herbacée ou ligneuse serait également d'une grande importance taxinomique. Mais la faute commise ici se borne, au fond, à la confusion de l'art avecla science, de la taxinomie avec l'art de déter- miner les plantes. Sans aller bien loin dans l'étude de l'adaptation, aujourd'hui trés avancée, nous avons à établir une distinction importante : 4° la plante est adaptée aux êtres vivants; 2° elle est adaptée aux conditions phy- siques dont l'ensemble constitue plus particulièrement le milieu. Tout en conservant pour l'ensemble le nom d'adaptation, j'ai désigné l'adapta- tion au milieu physique sous la dénomination d'épharmonisme. Sans aucun doute, un caractère d'adaptation est d'autant plus fixe, posséde une valeur taxinomique d'autant plus grande que les chances de modifications nouvelles sont plus faibles. Une fleur, par son organisation plastique, par la couleur de son appa- reil de réclame, par la position des nectaires, est adaptée à la polliuisa- tion par un insecte déterminé. Si loin que les moyens de dissémination emportent les semences, il est à présumer que les mêmes insectes auront encore accés à ces fleurs. Les occasions d'adaptations nouvelles seront done rares, la plante bénéficie de la motilité de l'insecte qui va la cher- cher, elle, passivement livrée à ses visites. Sans pouvoir fuir le milieu animé nouveau, elle attire à elle, par ses moyens de séduction, l'ancien milieu auquel elle est adaptée et qui vientla trouver; les choses se pas- sent exactement, quant aux résultats, comme si la plante, douée de la motilité de l'insecte, pouvait rechercher le milieu habituel et fuir les milieux inaccoutumés, tout comme un animal. Il semble méme, à en juger d’après le peu que nous savons à ce sujet, que l'adaptabilité des fleurs soit actuellement si faible, que la plante, dans les cas désespérés, ne reste féconde que gràce à la cléistoganiie (Trèfle rouge en Australie). Il est donc clair que les caractères adaptationnels qui dérivent de ce fait et d'autres analogues conservent une valeur taxinomique beaucoup plus élevée que ceux qui expriment l'adaptation au milieu physique s'im- posant tyranniquement au végétal fixé au sol. ; Ce que je viens d'expliquer au sujet de la pollinisation s'applique aussi bien à la dissémination des graines par les animaux, à bien d'autres cas encore relatifs à l'adaptation aux étres vivants, animaux ou plantes (Clématisme, par exemple). Toute personne quelque peu versée dans ces études en tirera les conclusions aussi bien que moi; bref, nous voyons VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. XLIX très fréquemment ces caractères revêtir la dignité générique ou subgé- nérique, alors que les caractéres épharmoniques ne peuvent prétendre qu'à la qualité spécifique, et encore avec certaines réserves que j'aurai à formuler plus loin. Il nous reste ainsi tout l'ensemble des caractères d'adaptation au milieu physique, ou, comme je les ai appelés, des caractéres épharmo- niques. Les adaptations à l'éclairage et à l'humidité relative du sol et de l'air sont ici les principaux articles qu'il conviendrait d'étudier. Comme je l'ai déjà fait dans mes Mémoires antérieurs, je puis me borner à une simple énumération, quitte à y revenir plus loin quand il s'agira de discuter plus en détail la valeur des caractéres anatomiques. Je laisse d'ailleurs de cóté le mécanisme méme de l'adaptation et de l'in- fluence du milieu, qui ont déjà fait l'objet de travaux importants. Je rappellerai seulement que les causes finales doivent étre entiérement écartées, que la transpiration joue le-róle dominant dans l'influence du milieu et, enfin, que toutes les plantes ne réagissent pas de la méme maniére lorsqu'on les cultive dans le méme milieu, ce qui fait supposer l'existence de tendances héréditaires latentes, qui ne s'expriment anato- miquement que lorsque le milieu vient les éveiller. Ces faits, que jecrois avoir signalés le premier dans un Mémoire publié dans les Annales agro- nomiques et in extenso dans un travail déposé à l'Académie des Sciences, ont été largement confirmés, notamment par M. Kohl. Mésophylle bifacial ou céntrique, développement qualitatif et quanti- tatif du parenchyme en palissade: tels sont les caractéres en rapport avec l'assimilation chlorophyllienne et avec l'intensité de l'éclairage. Quant à la transpiration, les choses sont plus compliquées, Si nous laissons de cóté les organes macroscopiques qui peuvent servir de réser- voirs d'eau, de méme que les dispositions morphologiques qui conduisent à la réduction graduée de la surface transpiratrice et à des types variés tels que spartoide, éricoide, pinoide, asparagoide, etc., etc., pour ne retenir ici que ce qui est plus exactement microscopique, nous voyons que la plante se défend contre les pertes d'eau excessives et contre la pénurie de l'eau : 1° Par épargne : a. en se couvrant de papilles ou de poils; b. en épaississant sa cuticule ou la paroi externe des cellules épidermiques, en y sécrétant un dépôt de cire de structure variée; c. en diminuant la surface méatique, en diminuant le nombre des stomates, leur grandeur et respectivement la largeur de l'ostiole, en créant des chicanes (1) dans (1) Ce terme, emprunté par l'auteur au vocabulaire technique de l'art des fortifica- tions, est employé ici comme synonyme d'obstacle. (Note du Secrétariat.) T. XXXVI, 4 L CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. le méat méme, chicanes qui ont pour résultat de rendre plus difficile le passage mécanique des gaz ; d. en enfoncant les stomates au-dessous du niveau des cellules épidermiques, de manière à créer un canal plus ou moins étroit interposé entre l'ostiole et l’atmosphère extérieure ou en logeant les stomates au fond de cryptes; 2 Par prévoyance, eu créant des réservoirs d'eau qui sont de deux sortes : L'épiderme. L'hypoderme. VIVANTS ....( La réserve parenchymateuse, générale ou localisée surtout dans des tissus ou des organes particu- liers. Les vaisseaux et trachéides du bois, les réservoirs vasiformes, les réserves extérieures par rapport i l aux plantes, ou contenues dans des organes par- ticuliers superficiels. MoRTS. Il est facile de comprendre qu'il faudra, dans tous les cas, distinguer entre la qualité et la quantité. Soit deux espéces du méme genre, toutes deux protégées par une cuticule épaisse, l'une pourvue d'un hypoderme, l'autre privée de ce tissu; ces espèces sont qualitativement différentes, et méme quand il n'y aurait pas de différence morpholo- gique trés sérieuse entre elles, je les maintiendrais à titre de bonnes espéces. Soit, d'autre part, deux plantes du méme genre, toutes deux pourvues d'un hypoderme, mais qui ne compte qu'une assise de cellules dans l'une et quatre dans l'autre, je dirai que ces espéces sont quantita- tivement différentes, et, en l'absence de différence morphologique suffi- sante, je les réunirai en une seule espéce. En effet, dans le premier cas, de deux choses l'une : ou bien l'espèce privée d'hypoderme n'est pas adaptée à un milieu assez sec pour que le besoin s'en fasse sentir, et alors la lutte pour l'existence (contre les végétaux envahissants) l'empéche de traduire sa tendance par le fait anatomique, ou bien, et ceci serait beaucoup plus décisif, elle n'a méme pas la tendance à former l'hypoderme. Dans l'un et dans l'autre cas, ces plantes sont différentes. . | Si, au contraire, les deux plantes possédent un hypoderme, mais inégalement développé, le fait, et à plus forte raison la tendance, existent; nous ne sommes méme plus sürs qu'un méme pied, suivant les conditions d'exposition, ne puisse réunir les deux formes quantitative- ment différentes. Les mémes considérations s'appliquent aisément à toutes les autres particularités anatomiques. En résumé, il faut être trés réservé lorsque les différences anatomiques sont purement quantitatives; mais cela ne veut pas dire que ces diffé- VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LI rences ne puissent à l’occasion s'ajouter de tout leur poids à des diffé- rences morphologiques qui, seules, auraient laissé le systématicien dans la perplexité. 9. Si, aprés avoir étudié un grand nombre d'espéces des familles les plus diverses, on cherche à se former une opinion sur la répartition des adaptations dans les familles ou dans de grands groupes naturels de dignité quelconque, on constate aisément que, tantót toutes les adapta- tions qualitatives peuvent se rencontrer dans le méme groupe, que tantót au contraire toutes les espéces du méme groupe s'adaptent à peu prés dela méme maniére. Je dis alors que ce groupe (genre, famille, classe) a des allures épharmoniques définies. Au point de vue transfor- miste, il se dégage de ceci la réflexion suivante : la souche commune du groupe possédait déjà ses tendances épharmoniques avant qu'elle se füt morphologiquement disloquée en espéces ou en entités taxinomiques quelconques. Il faut étudier soigneusement et l'anatomie et la morpho- logie de toutes les espéces; en voyant ensuite comment ces différents - caractères se combinent, on parvient sans beaucoup de peine à retracer l'histoire, non seulement naturelle, mais réellement chronologique, c'est-à-dire l'histoire, dans le sens propre du mot, du groupe entier, et cela de proche en proche, en descendant l'échelle des dignités taxino- miques, jusqu'aux plus infimes. En voici un exemple : Tous les Clusia sont glabres; ils ont un hypoderme au moins 2-sérié el des réservoirs vasiformes peu développés, jamais de stomates à la face supérieure des feuilles, tous les autres caractères épharmoniques sont variables. Mais, à cóté de ces allures uniformes, quelles différences surpre- nantes dans la structure des organes floraux! J'en conclus que la souche commune des Clusia possédait déjà cet hypoderme, ces réservoirs vasiformes, que les différences morphologiques se sont produites plus tard sans grande modification, surtout sans modification anatomique concordante. Les quatre sous-genres, les dix sections se sont trouvés en un moment donné représentés par autant de souches secondaires définies morpho- logiquement, non anatomiquement. A l'examen anatomique d'un Clusia, on reconnait bien le genre par ses allures épharmoniques, on reconnait bien l'espéce, mais il est impossible de la ranger à l'aide des caractères anatomiques rationnels dans une section plutót que dans une autre. Prenons une de ces sections au hasard, les Euclusia, nettement accusés par leurs nombreuses étamines à anthéres linéaires, à loges latérales, différenciées en étamines externes fertiles et en internes sté- riles soudées en une masse centrale. Nous y trouvons toujours lhypo- derme de deux assises de cellules et les réservoirs vasiformes peu LII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. développés. Rien de plus facile que de distinguer les unes des autres les cinq espèces de cette section, à l'aide de caractères anatomiques qui pourraient être constatés sur un carré de feuille de 5 millimètres de côté, alors que la distinction morphologique, loin d'être aisée, a donné lieu à bien des méprises. Je place au centre du groupe, je dirai tout à l'heure pourquoi, le Clu- sia nemorosa. Il est facile à reconnaitre à ses caractères pour ainsi dire négatifs ; c'est assurément l'espéce la moins héliophile et la moins xéro- phile du groupe : mésophylle bifacial; ordinairement deux assises de PERA PP 4 Fic. 1. — Comparaison de la structure de la feuille des cinq espèces de la section vue — 1, CI. nemorosa ; 2, Cl. grandiflora ; 3, Cl. palmicida; 4. Cl. insignis ; 9, Cl. rosea. — On n'a figuré que la moitié supérieure du mésophylle de cette der- niére espéce. : cellules en palissades peu développées, mais inconstantes; euticule médiocre ou épaisse. Cetle espéce, trés variable, se subdivise en une multitude de formes mal définies dont quelques-unes (Cl. Lhotzkyana, c. Hoffmannseggiana) ont été décrites comme des espéces distinctes, mais toutes les différences épharmoniques sont purement quantitatives. Il n’est pas rare d'y voir l'assise inférieure du mésophylle composée de cellules légèrement allongées dans le sens vertical ; il est évident qu'il y existe une tendance à la formation d'un mésophylle centrique, ou, pour être modeste, subcentrique. Mais nous avons une espèce voisine, le CI. palmicida, dont non seu- lement le mésophylle est franchement centrique, mais qui développe sous l'épiderme inférieur un second hypoderme unisérié et naturellement interrompu en regard des stomates. VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LIII Il west pas douteux que cette espèce ne se rattache directement au Cl. nemorosa par l'intermédiaire de ces formes qui dénotent une ten- dance au mésophylle centrique. Mais aucun Cl. nemorosa ne possède un hypoderme à la face inférieure de la feuille; il y a donc un organe nouveau, la différence est qualitative, et méme en l'absence des légéres différences morphologiques qui existent, je n'aurais pas hésité à main- tenir l'espéce. Voici maintenant une troisiéme espéce, le C/. insignis, qui, à part ses caractères morphologiques de faible importance, diffère uniquement du Cl. palmicida par la transformation des deux hypodermes en un tissu mécanique scléreux. Les Cl. palmicida et insignis sont, parmi Fic. 2. — Tableaux des affinités des espèces de la section Euclusia. — Le Clusia penduliflora Engl. se rattache au CL. palmicida, le Cl. Hoffmannseggiana Schlecht., considéré à tort par M. Engler comme une variété du CI. insignis, aux Cl. nemorosa, malgré la forme de ses étamines. Je ne connais pas le Cl. macropoda Klotzsch. les Euclusia, les seuls qui présentent le mésophylle centrique et l'hypo- derme double; d'autre part, le Cl. palmicida est incontestablement plus voisin du Cl. nemorosa que le Cl. insignis. Il est intermédiaire entre les deux, et j'en conclus que le Cl. palmicida se rattache au Cl. nemorosa et le Cl. insignis au Cl. palmicida. Cette branche aberrante, portant deux espéces, s'arréte là. À un autre endroit de cette nébuleuse que représente le Cl. nemorosa, c'est-à-dire aux formes à cuticule épaisse, vient s'accoler le CI. grandi- flora, remarquable par la grandeur insolite de ses fleurs et par l'appa- rence de sa masse staminodiale centrale. Les stomates, au lieu de laisser les cellules accessoires à découvert, prennent une forme circu- laire et les recouvrent presque entiérement. La cuticule est énormément épaissie et l'inférieure se couvre de gros tubercules. S'il n'y avait pas eu de différence morphologique, j'aurais peut-être hésité à séparer ce Clusia du Cl. nemorosa ; mais, dans tous les cas, il n'y a aucun rapport entre le LIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 4889. Cl. grandiflora et la branche palmicida-insignis. Le rameau grandi- flora, très court, ne porte qu'une seule espèce et se termine là. Nous avons vu que la feuille du Cl. nemorosa renferme généralement deux assises de palissades. Supposons que la plante devienne macrocyte, c’est-à-dire que toutes les cellules parenchymateuses prennent un volume considérable, il en résultera que les assises supérieures seront transpa- rentes, ce qui permettra, l'héliophilie aidant, le développement de nou- velles cellules en palissades au-dessous des premières. Toutes ces cellules, d'ailleurs de méme longueur ou à peu prés, sont terminées en pointe aux deux bouts et imbriquées les unes dans les autres à la façon des fibres d'un prosenchyme : nous aurons le Cl. rosea, qui se rattache évi- ' demment au Cl. nemorosa, sans aucun rapport ni avec le Cl. grandi- flora, ni avec la branche palmicida-insignis. Trois ramifications partent donc du Cl. nemorosa, dont une à deux espèces étagées, les deux autres monotypes. Le Cl. nemorosa occupe done une position centrale; il est en méme temps l’espèce adaptée aux conditions les moins extrémes et la plus variable, la moins nettement caractérisée ; c'est une espèce collective. J'appelle « groupe nodal » cet ensemble de formes mal définies qui constituent pour ainsi dire le centre d'un groupe naturel quel qu'il soit. Et maintenant, toutes ces observations, tous ces raisonnements que je crois inattaquables, étant répétés pour toutes les sections, qu'il me soit permis de demander si l'organographie seule aurait été capable de jeter un tel jour sur l'histoire d'un genre et s'il faut continuer à bannir l'anatomie de la Botanique systématique. Chaque genre, chaque famille, chaque espéce, si l'on considére les variétés, races, etc., possède son histoire propre, différente d'un groupe à l'autre, et dont les données géographiques viennent encore augmenter l'intérêt. Si nous comparons sous ce rapport aux Clusia le genre Capparis, que j'ai également étudié espèce à espèce, nous serons frappés de la différence. Le genre Capparis n'a pas d'allures épharmoniques. Sa définition est purement morphologique, mais les sections sont nettement caractérisées par des données anatomiques qualitatives tellement variées, que tous les modes d'adaptation se rencontrent dans ce méme genre. L'enchevétrement des caractères anatomiques et morphologiques est tout autre que chez les Clusia. L'enseignement philosophique qu’il faut tirer de ces considérations, c'est qu'il n'y a pas de méthode anatomique, pas plus que de méthode organographique; que ces expressions n'ont pas de sens aux yeux du savant, que tout ce qui peut servir à éclairer l'histoire naturelle doit être étudié et doit entrer en ligne de compte selon sa valeur. Bien des VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LV organes sont trop petits pour être étudiés autrement qu'au microscope ; nous n'y pouvons rien, et il faudra se résigner. Nous laisserons les méthodes à ceux qui réduisent la Botanique à l'art de déterminer les plantes. IT Des caractères que l'anatomie peut fournir à la classification. Après ces considérations générales, qui étaient nécessaires pour bien fixer notre point de vue et pour nous former une opinion sur la nature des modifications que l'emploi du microscope introduira dans la Bota- nique systématique, je vais m'appliquer plus spécialement à répondre à la question proposée par le comité d'organisation du Congrès : « Des caractères que l'anatomie peut fournir à la classification. » Tout carac- tére morphologique on anatomique, devenu héréditaire, servira en classification. Sa valeur taxinomique, que nous pouvons déjà prévoir par des spécu- lations philosophiques, que nous mettons ensuite à l'épreuve par l'obser- vation, nous dira à quel groupe nous devons l'appliquer, s'il est caractére de classe, de famille, de tribu, de genre, d'espéce, de variété, etc, Nous aurions tort de négliger les dignités les plus faibles, le sous-genre, la section, l'espéce, la sous-espèce ; car c'est précisément là que l'anatomie rendra les plus grands services. Je ne puis passer en revue tous les problémes qui se présentent. L'anatomie est si intimement liée à la morphologie, j'ai tellement désappris moi-méme de séparer ces choses connexes, qu'il faudrait écrire un volumineux traité de Botanique pour préciser tous les faits qui nous intéressent. Deux méthodes de recherches se présentent immédiatement à l'esprit : choisir un organe, un détail de structure, qui semble à priori devoir jouer un róle plus ou moins important, et l'étudier chez un aussi grand nombre que possible de plantes, pour en déduire à posteriori la valeur taxinomique, pour confirmer, corriger ou infirmer les vues théoriques; 2° faire l'étude monographiqne d'un groupe naturel. La seconde méthode, étendue successivement à tous les groupes, est incontestablement la meilleure ; elle fait ressortir immédiatement les valeurs de tous les caractéres qui s'étagent clairement et sans peine, s'enchevétrant de mille maniéres avec les caractéres morphologiques. Mais le travail exige plus de constance et donne en outre, il faut bien le dire, des résultats moins brillants, frappant moins le grand nombre des bolagisies, LVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. C’est pourquoi nous avons vu surgir une foule de travaux conçus d'après la première méthode ou méme d’après une méthode mixte, qui consiste à n'étudier qu'un seul caractére dans un groupe naturel. Je . erains fort qu'on n'ait dépensé de celte maniére beaucoup d'énergie en pure perle, puisque les monographies seront nécessairement faites un jour ou l'autre, et que pour cela on devra tout reprendre en sous- œuvre. Néanmoins, puisque la question proposée est précisément conçue dans cet esprit, je vais énumérer les caractères anatomiques qui, d’après ma propre expérience, semblent devoir intervenir le plus souvent. Je ne m'occuperai d'ailleurs que des Dicotylédones parvenues à l'état adulte. IH Organes de reproduction. 1. Le pollen, auquel on attribue depuis longtemps une grande impor- tanee taxinomique, est généralement d'une trés grande constance lors- qu'il présente la forme ordinaire, merveilleusement économique au point de vue du principe de la moindre action, d'un ellipsoïde à trois plis et à trois pores. Très souvent on voit cette forme s'étendre à plu- sieurs familles voisines, réapparaitre ailleurs avec la méme fixité chez des familles éloignées. Les autres formes sont en général plus variables, soit au point de vue strictement géométrique, soit à celui des ornements qui les recouvrent. La valeur de ces formes est alors trés souvent géné- rique ou subgénérique. Le mémoire déjà ancien de H. v. Mohl renferme un grand nombre de données utilisables. Tout le monde connait le pollen des Chicoracées, si caractéristique qu'il fait reconnaitre ces plantes à premiére vue, et qui passe dans le genre Tolpis au pollen des autres Composées. Or, ce genre s'éloigue déjà des Chicoracées par un dimorphisme trés prononcé des fleurs. M. Radlkofer a récemment démontré la valeur générique du pollen chez les Acanthacées. On trouvera des faits analogues chez les Apocy- nées, les Convolvulacées, etc. Bref, toutes les fois que la forme diffère de l'ellipsoide à trois plis, il y a lieu de rechercher des différences géné- riques ou subgénériques,'quelquefois d'ordre plus élevé (Onagrariées). L'étude n'est pas toujours aussi facile qu'on pourrait le croire ; il faut dessiner le pollen à sec, dans la glycérine épaisse ou dans l'alcool et dans l'eau, aprés gonflement, toujours au méme grossissement, car la grosscur peut étre variable d'une espéce à l'autre. Voici, à titre d'exemple, ce qu'on trouve chez les Renonculacées, famille trés variable sous le rapport du pollen et de l'ovule: Clematis : VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LVII pollen ellipsoide à trois plis, excepté la section Viorna à huit pores (ordinairement), suivant les angles d'un octaédre; Cl. patens, environ huit pores également distribués ; Cl. stans, aplati aux deux pôles avec trois plis. — Anemone, ellipsoide à trois plis, excepté A. fulgens, sphé- rique avec lignes tortueuses. — Thalictrum, huit pores comme chez les Clematis de la section Viorna. — Ranunculus, ellipsoïde à trois plis, mais souvent irrégulier, parfois tétraédrique à quatre fentes suivant les arêtes (R. aquatilis, acris, affinis, lanuginosus, Thomasii, tube- rosus), forme qui dérive facilement de l'ellipsoide à trois plis. — Caltha, ellipsoide à trois plis. — Helleborus, ellipsoide à trois plis, réticulé .(odorus, purpurascens, viridis, caucasicus) ou finemeut perlé (niger, vesicarius). — Trollius, ellipsoide à trois plis. — Aquilegia, ellipsoide à trois plis. — Nigella, ellipsoïde à trois plis. — Pæonia, ellipsoïde à trois plis. — Actæa, ellipsoide à trois plis. — Les dimensions, la densité des ornements varient en outre d'une espéce à l'autre. 2. Les papilles stigmatiques n'ont pas été suffisamment étudiées au point de vue taxinomique pour qu'il soit permis de leur attribuer la valeur qui leur convient. Il est à présumer, d’après le peu qu'on sait, qu'elles présentent des variations remarquables. 3. Les téguments et l'ovule apparaissent comme un caractère très constant dans la majorité des groupes naturels. On sait que l'immense majorité des Gamopétales ont un ovule 1-tégumenté et que les excep- lions (Primulacées, etc.) sont elles-mémes constantes dans ces familles. L'ovule 1-tégumenté est plus rare chez les Dialypétales, il conslitue un des liens qui rattache les Ombelliféres et familles voisines aux Gamo- pétales infères. Les Renonculacées sont remarquables par la variabilité que l'ovule présente sous le rapport du nombre des téguments. Certaines autres particularités des ovules, telles que des arilles impar- faits, la conformation du micropyle, la longueur relative de la secondine, la forme et la grandeur du sac embryonnaire, le nucelle plus ou moins érodé, la présence, la forme d'une calotte nucellaire, sont encore autant de points qui n'ont été étudiés jusqu'à présent qu'au point de vue de la Botanique générale et attendent encore leur emploi en Botanique des- criptive. 4. Les téguments séminauz et le péricarpe des fruits secs, surtout des achaines, sont à peu de chose prés dans le méme cas. Pour me faire une idée de l'importance taxinomique de ces parties de la plante, j'ai étudié les téguments séminaux de plusieurs Crucifères et les péricarpes de toutes les Clématidées, Anémonées et Renonculées dont j'ai pu me procurer des échantillons. Je suis arrivé ainsi à la conviction que celte étude doit étre faite complétement, espéce à espéce. La définition des genres et des espéces y gagnera beaucoup. Tout le monde, je pense, est LVIII CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. convaincu de l'intérêt que présenterait l'anatomie comparée du péricarpe des Composées, du péricarpe et des téguments séminaux des Légumi- neuses, des Euphorbiacées, des Géraniacées, etc., etc., les caractères extérieurement visibles étant déjà employés dans la distinction des espéces et des genres. 9. L'albumen et l'embryon. Quant à l'albumen, les expressions vagues de « charnu, huileux, corné » seront remplacées par les véritables caractères de ce tissu. Le contenu des cellules ainsi que Ia conformation des parois cellulaires, soigneusement décrits pour l'embryon aussi bien que pour l'albumen, fourniront en outre des caractéres nouveaux qui échappent nécessairement à l'observation grossière. Certaines familles. paraissent présenter sous ce rapport un intérét tout particulier. La grandeur relative de l'embryon, souvent mentionnée dans la des- cription des familles, sera complétée par des données précises sur le véritable degré de développement cellulaire, auxquelles viendra s'ajou- ter la conformation cellulaire des points végétatifs, surtout de celui de la radicule. La locution d'embryo minimus n'est pas toujours synonyme d'embryon peu développé, et, de plus, la tigelle d'un embryon peu tétre anatomiquement trés développée alors que les cotylédons sont à peine indiqués (Renonculacées), et inversement, on peut trouver une tigelle anatomiquement trés simple et des cotylédons bien développés (Campa- nulacées, sauf Platycodon). Certains faits de cet ordre, mais ceux-là faciles à constater à l'œil nu, sont déjà employés, notamment dans la classification des Guttifères. Il n’y a pas de raison pour les négliger chez les plantes où l'embryon est plus petit. . IV Organes végétatifs, 6. La grandeur des cellules (macrocytie). La grandeur des cellules parenchymateuses, et notamment des cellules épidermiques, constitue dans certaines familles un caractère pour ainsi dire populaire, quoiqu'il n'ait été signalé par aucun anatomiste. Ces cellules sont en effet souvent visibles à l'oeil nu chez les Bégoniacées, les Commélynées (au moins en partie), etc. J'ignore jusqu'à quel point cette macrocytie est constante dans ces familles. Ailleurs elle apparait sporadiquement pour se réduire à la valeur d'un caractère de section ou méme d'espéce. C'est ainsi que je l'ai rencontrée récemment encore sur quelques Clusia et notamment chez les Garcinia trés voisins entre eux, que M. Pierre a réunis dans la section Brindonia et dont le G. lanceæfolia est le type. Tantót la macrocylie s'étend à tout le systéme parenchymateux de la VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LIX plante, tantôt elle se réduit au contraire à certains tissus. Toutes les combinaisons imaginables peuvent se rencontrer et l'adaptation aux fonctions de réservoir d'eau vient encore s'ajouter à cette complication ; dans ces cas complexes on ne peut guére espérer en faire plus qu'un caractère spécifique, à moins que les espèces d'un méme groupe ne se ressemblent par adaptation convergente et alors nous avons affaire à des allures épharmoniques, non à un véritable caractére taxinomique. Autant que je puisse me prononcer aujourd'hui, la macrocytie générale seule peut constituer à l'occasion un caractére de famille ou méme d'un groupe plus étendu. T. L'épiderme proprement dit. Il est bien établi que l'épiderme, privé de chlorophylle chez les plantes trés franchement aériennes, joue le rôle de réservoir d'eau. Cette fonction physiologique intimement liée au milieu nous oblige à considérer comme purement épharmoniques les modifications anatomiques qui sont en relation directe avec elle, entre autres le volume des cellules, soit, à surface égale, leur hauteur, la division tangentielle des cellules, la structure des parois latérales, pourvues ou privées de ponctuations, tantót entiérement minces, lantót épaissies dans leur partie supérieure et sur une hauteur variable, tantót rectilignes, tantôt ondulées, la forme plane ou bombée de la paroi externe. La valeur d'aucun de ces caractéres ne dépasse la qualilé spéci- fique, et si, par aventure, ils se trouvaient constants, ils feraient simple- ment partie des allures épharmoniques, ils deviendraient de bons carac- tères empiriques du groupe tout en restant impropres à la définition scientifique. Il me serait faeile de citer à ce sujet un grand nombre d'exemples, si je pouvais croire qu'un seul botaniste püt douter de la vérité de ce que j'avance. Le dernier point seul me semble plus difficile à saisir et mérite par conséquent que je m'y arréte un instant. Seul parmi toutes les Hypéricinées, le genre monotype Eliea présente un épi- derme double ou pour mieux dire une tendance à dédoubler tangentielle- ment les cellules de l'épiderme supérieur, tendance qui peut fort bien rester latente si les conditions de milieu ne sont pas favorables. J'ai eu entre les mains deux échantillons de l'E. articulata, de Mada- gascar, l'un récolté par Commerson, l'autre par Chapelier. Le premier a manifestement poussé daus un milieu plus éclairé et plus sec que le second, un grand nombre de cellules épidermiques sont divisées tangen- tiellement, tandis que je n'ai pas trouvé trace de paroi tangentielle dans l'épiderme du second. Il est bon de rappeler que M. Stahl, s'adressant à un genre de plantes (Ficus) dans lequel l'épiderme double ou multiple appartient aux allures épharmoniques, et ayant cultivé dans l'air sec une espéce dont l'épiderme est habituellement simple, est parvenu à faire apparaitre des cloisons séparatrices tangentielles. Il est clair qu'il a ix CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. éveillé par le milieu une tendance déterminée et héréditaire qui serait restée latente dans les conditions ordinaires. C'est la tendance, non le fait anatomique, qui apparait comme caractère du genre. Si M. Stahl avait choisi une espéce privée d'hypoderme, mais appartenant à un genre dont la plupart des espèces possèdent ce tissu aquifère, sans aucun doute, les mêmes conditions de culture, au lieu de déterminer le dédou- blement des cellules épidermiques, auraient pu provoquer la transforma- tion de l’assise supérieure du mésophylle en cellules hypodermiques. L'épiderme multiple dans le premier cas, l'hypoderme dans le second, appartiennent aux allures épharmoniques du genre. L'épaisseur de la paroi externe de l'épiderme, la culinisation d'une partie plus ou moins forte de cette paroi, liées à la modération de la transpiration sont des caractères épharmoniques quantitatifs et n'ont même pas qualité spécifique, en l'absence totale de caractères distinctifs d'autre nature, mais ces derniers caractères existant, il est clair que la détermination des espéces sera facilitée par ces particularités qui ne laissent pas que d'étre héréditaires au moins dans une certaine mesure. Le dépôt de cire est spécifique (Brassica oleracea, B. Napus; fruits du Prunus domestica et du P. Cerasus). Les ornements cuticulaires sont spécifiques, si on les prend dans le sens qualitatif, stries paralléles droites ou tortueuses, réticules, perles, etc., opposés les uns aux autres ; ils ne sont méme pas spécifiques, en l'absence d'autres caractères, si, la nature des dessins restant la méme, leur densité seule varie. Une plante à cuticule lisse et une autre à cuticule striée appartiennent souvent à la méme espèce. 8. Les poils. ll est inutile, je crois, d'insister beaucoup sur l'impor- tance capitale des poils dans la définition des familles. Depuis une dizaine d'années, c'est-à-dire depuis mon premier Mémoire d'anatomie systématique, cette vérité a été si souvent confirmée qu'aucun botaniste expert en la matiére n'en peut plus douter. Mais quelques malentendus ayant surgi dans ces derniers temps, il est bon de faire voir ce qui, dans le poil, est propre à définir la famille ou des groupes encore plus étendus, et ce qui descend, dans les mémes poils, à la qualité générique ou spé- cifique. On concoit tout d'abord que le poil, ce membre si extraordinairement simple de la plante, soit bien fait pour nous dévoiler quelque particula- rité fixe d'un ensemble issu de la méme souche. Or, si nous voulons trouver cette particularité fixe au milieu du polymorphisme extraordi- naire de ces petits appareils, il faut écarter tout ce qui a trait à l'adapta- tion. Il nous restera, ce travail fait, pour les poils tecteurs, les formes suivantes : poil unicellulé, poil unisérié, poil plurisérié. Il est peu de familles trés naturelles qui fassent exception et il est probable que ces VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXI exceplions ont encore une signification taxinomique. Toutes les Campa- nulacées ont des poils unicellulés, toutes les Composées des poils unisé- riés, toutes les Cruciféres des poils unicellulés, toutes les Caryophyllées des poils unisériés, etc., etc., — mais elles peuvent être entièrement glabres ou, dans le cas de mélanges de deux ou plusieurs sortes de poils, l'une d'elles peut manquer; ceci est une affaire de quantité sans nulle signification taxinomique (autre que spécifique). Une exception assez fréquente parmi les Rubiacées, les Oléacées, Hal] HI 2h SE Fic. 3. — Formes diverses des poils chez les Composées. — A, sur la feuille du Cos- mophyllum cacaliæfolium ; B, sur les écailles de l'involucre; G, au fond d'un jeune capitule du Chrysanthemum coronarium; C, sur les feuilles; E, sur les filets des étamines du Cirsium lanceolatum; F, sur la feuille du Seriola ætnensis; D, sur la feuille du Catananche cerulea; H, sur le pédoncule du Palafoxia texana; l, sur l'involuere ; J, sur la feuille de l'Andryala sinuata. ch quelques autres familles encore, consiste en ce que le poil unisérié est tellement court qu'il ne développe plus qu'une seule cellule, et alors ces poils unicellulés sont ordinairement mélangés aux poils unisériés sur la méme plante : je dis alors que le poil est unicellulé par réduction. On voit en outre fréquemment que les poils unisériés propres à la famille sont remplacés par des poils unicellulés sur la corolle, les éta- mines, etc. On peut dire que ces poils sont pétaloides à leur maniére, et il suffit d'étre prévenu de ce détail pour éviter toute erreur. > La forme du poil a une valeur beaucoup moindre; elle est ordinaire- ment spécifique, mais peut cependant prendre une valeur (empirique?) LXH CONGRÈS DE BÒTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. plus grande. Ainsi par exemple tous les Hypericum que j'ai vus (ceux de l'École botanique du Muséum) ont des poils unisériés simples ou rare- ment unicellulés par réduction, en mélange avec les poils unisériés (H. hirsutum), tandis que tous les Vismia ont des poils étoilés à pied unisérié. Qui n'a remarqué la singulière variété des poils des Cruci- féres? Tous ces poils, dont la forme varie d'une tribu à l'autre, d'une espéce méme à l'autre, sont unicellulés, depuis les trés grandes étoiles ou écussons de certaines espèces aux poils malpighiacés d'un Cheiran- thus et aux poils absolument simples d'autres espéces. Comparons par curiosité ces poils malpighiacés à ceux qui se rencontrent parfois chez les Composées, nous verrons que chez ces dernières le pied du poil est unisérié, tandis que le poil tout entier de la Crucifére est unicellulé. Les poils capités, qui se trouvent tantôt seuls et tantôt mélangés aux poils tecteurs, ont une tête unicellulée ou divisée seulement dans le sens longitudinal (Scrofulariées) ou dans les sens longitudinal et transversal (Solanées). Ces structures morphologiques sont essentielles au point de vue de la classification; la forme etla grandeur, le degré de complica- tion et à plus forte raison la densité du système pileux, au contraire, sont de valeur moindre, souvent seulement spécifique. Les poils à téte composée de deux cellules collatérales sont caractéristiques pour un grand nombre de Composées ; des concordances de méme nature entre espéces du méme genre ou de la méme famille ne sont d'ailleurs pas rares et peuvent rendre de grands services. ll est à remarquer que le poil capité peut être remplacé par un poil técteur qui dérive par une certaine métamorphose de la téte, fort inté- ressante au point de vue philosophique et qui consiste en ce que les diverses cellules de la téte s'allongent en perdant leurs fonctions sécré- trices, on aura ainsi des poils en pinceau, ou étoilés ou en écusson (non sécréteur), tels qu'on les trouve par exemple chez bon nombre de Sola- num, de Viburnum, etc. La comparaison avec les espèces ou les genres voisins permet alors de juger très nettement de la nature des modifica- tions qui se sont produites et facilite énormément le classement ration- nel des espèces. 4 E Vp En résumé, c'est la construction morphologique du poil qui a le plus de valeur, sa forme est au contraire subordonnée ; il faut voir avant tout si le poil tecteur est unicellulé, unisérié ou plurisérié, si la téte du poil capité est divisée verticalement ou dans les deux sens; on s'occupera "i eb: de la forme variée qu'il peut présenter, simple, rameux à divers degrés et suivant divers types (botrytique chez les poils unisériés, sou- vent cymeux chez les poils unicellulés, etc.). Ces études ne peuvent être bien faites qu'en poursuivant l'histoire compléte des espéces d'un méme groupe; il n'y a peut-être pas un autre.organe qui exprime mieux les VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXIII affinités entre espéces que les poils et qui en retour puisse rendre de meilleurs services dans la détermination pratique. 9. Stomates. Le mode de développement de l'appareil stomatique est d'une constance absolue dans la majorité des familles; quand il y a des exceptions, elles comprennent ordinairement des groupes naturels bien définis. Fort heureusement ce mode de développement, qu'il serait tou- jours pénible, ordinairement impossible, de poursuivre pas à pas, laisse Fic. 4. — Les principaux modes de formation de l'appareil stomatique. — A, type renonculacé ; A', formation de la cellule-mére spéciale; A*, appareil stomatique adulte; A*, schéma. — Dans les autres figures l'indice 1 correspond à l'aspect de l'appareil adulte; l'indice 2, au schéma du mode de développement. — B, type cru- cifère; les chiffres indiquent les parois successives; C, type rubiacé; D, type labié ; S, est partout la cellule-mère spéciale. dans l'appareil adulte des traces peu équivoques, qui permettent de por- ter immédiatement un jugement d'une trés grande süreté. On peut classer les différentes formes de l'appareil stomatique de la maniére suivante : a. Forme renonculacée : cellule-mére spéciale détachée par une simple paroi en U; stomate adulte entouré de plusieurs cellules épider- miques disposées sans ordre. b. Forme crucifère : cellule-mére spéciale découpée dans la cellule- mère primordiale par trois ou plusieurs parois inclinées les unes sur les autres d'environ 60 degrés. Stomate adulte entouré de trois cellules accessoires, dont une ordinai- rement plus petite que les deux autres. c. Forme rubiacée : cellule-mère spéciale du stomate découpée dans LXIV CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. la cellule-mére primordiale par deux parois paralléles. Stomate adulte accompagné de deux cellules accessoires parallèles à l'ostiole. d. Forme labiée ou caryophyllée : cellule-mére primordiale décou- pée dans la cellule-mére primordiale par deux cloisons en U contrariés, la seconde implantée par ses branches sur la concavité de la première. Stomate adulte, pour ainsi dire suspendu au milieu d'une cellule épider- mique par deux cloisons perpendiculaires à l'ostiole, en d'autres termes, accompagné de deux cellules accessoires perpendiculaires à l'ostiole. Les deux premiéres formes peuvent à l'occasion se confondre dans la pratique, lorsque, par suite de l’accroissement ultérieur des cellules épi- dermiques, l'apparence des trois cellules accessoires si nettes chez les Crucifères a été troublé, de telle sorte que le stomate se trouve entouré de plusieurs cellules irrégulières. La forme rubiacée peut exiger parfois une observation trés attentive, parce que le stomate, lorsqu'il est trés grand, peut recouvrir les cellules accessoires au point de les cacher plus ou moins complètement. Enfin la forme caryophyllée peut, et c'est ce qui arrive précisément assez souvent chez les Caryophyllées, se trouver masquée par deux anomalies. Le stomate adulte peut, en effet, occuper toute la largeur de la cellule-mére primordiale, de sorte que la cloison, au milieu de laquelle il devrait être suspendu, n'existe plus; dans d'autres cas moins fréquents, il n'est pas au milieu de cette cloison, mais rejeté sur le cóté. L'une et l'autre de ces anomalies me paraissent étre en rela- tion avec la forme (plutôt l'accroissement) allongée de la feuille et l'étroi- tesse des cellules épidermiques. Il est presque inutile d'ajouter que l'apparence de l'appareil stoma- tique est la méme dans des familles très éloignées les unes des autres, sans qu'il soit permis pour cela de tirer de cette concordance une con- clusion quelconque sur les relations taxinomiques. La forme des stomates, surtout en ce qui concerne la coupe transver- sale et les divers aspects qui en résultent sur la coupe langentielle, est certainement loin de manquer d'intérét, Elle me semble méme d'une importance taxinomique considérable, mais elle a été si peu étudiée jus- qu'à présent, que je dois me borner à exprimer cet avis sans insister sur des différences qu'il est d'ailleurs difficile d'exprimer sans le secours de nombreuses figures. J'en ai tiré parti pour les trois grandes coupes du genre Garcinia, coupes que j'ai élevées à la dignité de sous-genres et qui coincident parfaitement (sauf en ce qui concerne le G. Huillensis), avec les sections Rheediopsis, Xantochymus et le reste des Garcinia (Eugarcinia). E Le nombre des stomates, leur distribution, leur position relativement au niveau de l'épiderme (saillants ou enfoncés) leur grandeur, la forme de leur contour, sont des caractères d'ordre inférieur, tous, le dernier VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXV excepté, épharmoniques, propres à l'espéce. Ces caractères peuvent néanmoins, et cela arrive en effet fréquemment, faire partie des allures épharmoniques de groupes plus ou moins étendus. L'absence de sto- mates à la face supérieure des feuilles est du reste souvent en rapport avec la présence d'un hypoderme, qui est lui-méme dans le méme cas quant à sa signification taxinomique. 10. Les cristaux d'oxalate de chaux. La forme de ces cristaux est relativement trés constante si l’on a soin de ne considérer que les cristaux pris dans destissus homologues. Il est en effet de connaissance commune que le liber mou, par exemple, et méme les cellules (chambres à cris- laux des auteurs allemands) qui avoisinent les tissus mécaniques, renfer- ment des cristaux souvent différents de ceux qu'on rencontre dans les parenchymes de l'écorce, de la moelle et de la feuille. Il y a bien long- temps que les raphides ont été signalés dans des groupes de plantes par- faitement définis et trés éloignés les uns des autres. Un récent travail de M. Schimper vient de donner à ce fait une signification physiologique fort intéressante. Le sable cristallin est de son cóté trés répandu chez les Solanées par opposition aux Scrofulariées, dont les espèces herbacées sont privées de cristaux, tandis que les espèces arborescentes en ren- ferment de forme très différente. Les cristaux en oursins des paren- chymes sont très constants dans bon nombre de familles, remplacés quel- quefois le long des faisceaux, trés rarement entièrement remplacés par des cristaux simples ou presque simples. Si je puis en juger d’après une douzaine de cas que j'ai rencontrés, ces exceptions ne sont jamais l'effet du hasard, mais dénotent entre les plantes d'un méme groupe des affi- nités confirmées par d'autres caractères. Il en est à peu prés de même des cristaux simples en prismes obliques et de quelques autres formes analogues. Les Bignoniacées, Gesnéracées, Acanthacées et quelques autres familles voisines, présentent des cristaux en lames rectangulaires parfois réduites à des acicules ou les octaèdres trés aplatis qu'on désigne ordinairement sous le nom d'enveloppes de lettres; les Oléacées, de petits cristaux aciculaires répandus à peu prés dans toutes les cellules parenchymateuses. Souvent une espéce ou un genre se signale par de groscristaux simples ou mâclés, ordinairement de forme très régulière et déposés dans des cellules spéciales sous-épidermiques. Ce caractère est loin d'être aussi important que la forme des cristaux ordinaires; parfois il appartient à une seule espèce dont les voisines n’ont rien de semblable ; dans d'autres cas il est assez répandu dans le même genre ou dans la même famille. L'absence de cristaux, d'ailleurs très difficile à constater, est de peu d'importance. Si d’un côté des groupes étendus (Renonculacées, Serofu- lariées, Composées, Borraginées, ete.), presque exclusivement composes |-4 T; SXXV, 9 LXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. d'herbes, ne montrent que rarement des cristaux, et alors le plus souvent chez les espéces ligneuses, il arrive assez fréquemment qu'au milieu d'un genre dont les représentants sont fortement chargés de ces excrétions solides, une ou quelques espéces isolées s'en montrent totalement dé- pourvues. À part l'influence de la nature ligneuse opposée à la nature herbacée, il serait difficile d'indiquer une cause, méme éloignée, de ce phénomène physiologiquement inexpliqué. Peu nous importe du reste actuellement, puisque l'observation a constaté les faits. Ce que je dis en ce moment n'a d'ailleurs été observé que dans la feuille. Il est pos- sible que ces espéces sans cristaux en renferment dans la tige. 11. Les laticifères et les organes sécréteurs internes, deux sortes d'appareils d'une trés grande importance dans la définition des familles ou des tribus. Il convient d'indiquer non seulement la présence et la na- ture de ces appareils, laticifères non articulés, articulés ou cloisonnés (Sapotacées), cellules à huile (Lauracées, Magnoliacées, etc.), cellulesà gomme-résine colorée ou à gomme incolore, glandes internes schizo- gènes canaliformes ou arrondies, à gomme, à huile, ou à latex résinifère, mais encore la place morphologiquement définie que ces appareils occu- pent. Tous ces caractéres me paraissent absolument constants dans de grands groupes naturels qui souvent embrassent toute la famille, et méme avec certaines modifications, la classe. Quoique les combinaisons soient ici plus nombreuses que pour les poils, les, stomates, les formes cristal- lines, il me semblerait pourtant dangereux d'établir des rapprochements uniquement fondés sur ces organes sécréteurs et en dépit des autres caractères morphologiques ou anatomiques. L'histoire des organes sécréteurs internes est trop bien connue, grace surtout aux travaux de M. Van Tieghem, pour que j'y insiste davantage. Il est curieux que M. Stahl, à la suite d'expériences très ingénieuses, les considére comme des moyens de défense contre les animaux. Cette adaptation aurait agi avec assez de puissance pour modifier ce que les Allemands appellent le chimisme de la plante. L'utilité des principes sécrétés dans la défense contre les animaux ne peut étre mise en doute, mais cela n'implique pas, à mon avis, une relation de cause à effet, méme dans le sens télévlogique qu'on est convenu de donner au mot de cause lorsqu'il s'agit d'une influence du milieu. 12. La collatéralité et la bicollatéralité des faisceaux. Les faisceaux bicollatéraux se distinguent des faisceaux collatéraux par deux fascicules de liber, dont l'un occupe l'extrémité trachéale, l'autre l'extrémité cam- biale de la coupe transversale. Ces faisceaux, que j'ai décrits le premier dans leur ensemble, appartiennent en propre à de grands groupes natu- rels souvent trés éloignés les uns des autres, par exemple aux Apocynées- Asclépiadées, aux Solanées, aux Onagrariées, à beaucoup d’autres ji VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXVII familles ou tribus. Les trois exemples que je cite montrent que ce carac- tére, de méme que ceux que nous fournissent les poils, les stomates, les organes sécréteurs, les cristaux, ne peut en aucune facon servir à rap- procher des familles éloignées dans notre systéme actuel. En revanche, il concourt avec les autres à les délimiter avec une netteté admirable. La séparation des Solanées et des Scrofularinées, restée si longtemps indécise, est peut-étre le plus bel exemple de ce que j'avance, et de l'ap- plication des caractères anatomiques en général : faisceaux bicollatéraux, sable cristallin, poils capités à divisions dans le sens transversal et dans le sens longitudinal chez les premières ; faisceaux collatéraux, cristaux nuls ou rarement du systéme bignoniacé, poils capités à k diens toutes verticales chez les secondes. Quand on songe que la morphologie n'a pu nous fournir un seul caractère distinctif constant, on voit de combien l'anatomie enrichit la science. 13. Je préfère passer sous silence les caractères fournis par la décor- tication, et notamment par le lieu morphologique où se développe le périderme primaire, quoique j'aie étudié un grand nombre d'espéces à ce point de vue et à propos de mes recherches sur l'anatomie de l'écorce. Il s'agissait alors de choisir des plantes aussi variées que possible, tandis qu'il faudrait plutôt étudier aujourd'hui les espèces voisines entre elles pour s'assurer de la constance des caractéres. 14. La structure élémentaire du bois ne peut donner que des carac- tères d'ordre secondaire, parfois méme très inférieur, malgré l'opinion exprimée par M. Solereder. Ce savant n'a pas examiné un assez grand nombre de plantes ; il suffit d'ouvrir son Mémoire au hasard pour voir conibien les exceptions abondent et à quel point il est obligé de recourir à des atténuants, tels que : il semble, il pourrait étre, etc. Je ne veux pas nier d'ailleurs que la structure élémentaire du bois ne puisse à l'occasion dépasser la valeur spécifique ou méme générique, mais elle fait alors partie des allures épharmoniques, tout comme un hypoderme par exemple, qui peut également se trouver constant dans un grand genre (Clusia par exemple), sans que ce caractère ait en soi une valeur générique. La méme remarque peut s'appliquer à une tentative de même nature sur la structure du bois chez les Lauracées. Les caracléres généraux sont donnés péniblement, avec une multitude d'alternatives possibles, si bien qu'on ne peut se former une idée caractéristique du bois de ces plantes. L'auteur lui-même renonce à indiquer des caractères de tribus et de genres; il ne reste donc que les espéces. Ce résultat était à prévoir, puisque les éléments du bois, en relation intime avec d'importantes fonctions physiologiques, ne pergi échapper à l'adaptation. LXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. 45. La structure du liber secondaire est très caractéristique chez les Malvales, fait connu depuis longtemps. Quant aux autres familles, j'hésite à me prononcer, malgré les nombreuses recherches faites malheureuse- ment au point de vue de la Botanique générale. 16. Le parenchyme en palissades. Un tissu aussi intimement lié à l'assimilation chlorophyllienne ne saurait prendre une importance plus que spécifique. Ici, plus qu'ailleurs, il imporle de distinguer entre les différences qualitatives et quantitatives. Les premiéres se réduisent au fond à la distinction entre les mésophylles centrique et bifacial qui ont franchement qualité spécifique. Lorsque les cellules en palissades sont étroites (10-15 micromilli- mètres de largeur), il n'y en a ordinairement que deux ou trois assises, et celles des assises inférieures sont graduellement plus petites que les autres. Lorsque les supérieures sont trés longues et étroites, elles sont ordinairement seules. Quand les cellules sont larges, il n'est pas rare de voir le parenchyme en palissades s'étendre à une grande partie du méso- phylle, sur 3-4-5-6 assises, il peut méme de cette facon occuper tout le mésophylle, que celui-ci soit bifacial ou centrique. La cause immédiate de cette strueture doit étre recherchée dans la transparence relative des assises externes, qui est elle-même le résultat de la macrocylie. Il est facile de tirer de ces données les conséquences qu'elles compor- tent. Toujours il est indiqué de se tenir sur la réserve et de ne pas perdre de vue l'influence considérable et immédiate du milieu sur le degré de développement du parenchyme en palissades. Ce tissu est néanmoins de fait plus constant qu'on ne l'admettrait à priori, probablement parce que la largeur des cellules, qui, elle, est en grande partie inhérente à l'espéce, intervient puissamment. Quand il existe déjà des différences suffisantes entre deux plantes, il est donc nécessaire d'indiquer les carac- tères de ce tissu. Je propose à cet effet la méthode suivante : nombre des assises, relation entre la longueur et la largeur des cellules, largeur absolue des cellules en palissades de l'assise supérieure, fraction de la hauteur du mésophylle occupée par le parenchyme en palissades, le tout précédé de l'indication : mésophylle bifacial ou centrique; dans ce der- nier cas, le parenchyme en palissades de la face inférieure doit étre éga- lement décrit. Il est clair que ce systéme doit étre décrit également pour la tige lorsqu'il y est quelque peu développé, ainsi que cela arrive dans les tiges vertes de divers types végétatifs : spartoide, asparagoide, etc., tiges qui se chargent d'une partie ou de la totalité des fonctions chlorophylliennes, selon que les feuilles sont développées ou avortées. 17. Le parenchyme spongieux présente au moins trois modifications intéressantes : æ. les cellules, de forme irrégulière, làchement unies; VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXIX laissent entre elles des méats plus ou moins vastes. b. Les cellules, rami- fiées ou étoilées dans un plan horizontal, se superposent exactement les unes aux autres, fixées par l'extrémité de leurs rameaux aux rameaux des autres cellules et décrivant ainsi des cheminées verticales qui peu- vent communiquer les unes avec les autres par des méats à section lenti- culaire que laissent entre elles les cellules superposées d'une méme pile. c. Les cellules sont étoilées dans tous les sens, se touchant seulement par l'extrémité de leurs branches. Ayant surtout étudié les feuilles sèches des échantillons d'herbier, où le parenchyme spongieux est trés souvent dans un état de conservation déplorable, je n'ai pas une idée trés nette de sa valeur taxinomique; dans tous les cas elle est faible, probablement spécifique. 18. Les scléréides. Un grand nombre de feuilles et d'écorces renfer- ment des cellules mécaniques à parois épaisses, dont la présence, la forme et la position fournissent d'excellents caractéres spécifiques et peuvent, en faisant partie des allures épharmoniques, prendre une valeur empirique plus élevée. J'ai distingué deux formes de ces cellules mécaniques, celle de fibres allongées, courant isolément et d'une ma- niére irréguliére à travers les parenchymes (feuilles oléoides), plus rare- ment unies en fascicules ordinairement logés sous l'épiderme (Clavija), et celle de cellules dites scléreuses isolées (feuilles protéoides), groupées en petit nombre ou réunies en un tissu qui, ordinairement, forme un plancher horizontal dans le mésophylle, le plus souvent sous l’ épiderme inférieur. Ces cellules, les scléréides proprement dits, présentent lês apparences les plus diverses, toutes également importantes dans la déter- mination de l'espèce. Dans le cas le plus simple, une cellule du parenchyme spongieux ou du parenchyme en palissades, sans changer de forme, épaissit et lignifie ses parois; une cellule du parenchyme en palissades destinée à devenir scléreuse, souvent dilatée en forme de téte de clou sous l'épiderme, s’accroit par sa partie inférieure en restant simple ou en se ramifiant, jusqu'à une profondeur variable, assez souvent jusqu'à l'épiderme infé- rieur, où elle peut se terminer par un nouveau renflement ou s'infléchir pour glisser à quelque distance sous l'épiderme. Une cellule de la zone moyenne du mésophylle s'accroît en prenant des formes ramifiées diverses et peut pousser ses branches non seulement jusqu'à l'épiderme, mais encore entre les cellules épidermiques jusqu'à la cuticule. La position initiale occupée par les futures cellules scléreuses étant importante au point de vue spécifique, j'ai donné aux feuilles les noms d'épi-, de méso- et d'hypo-protéoides, suivant que la cellule appartient à la région supe- rieure, moyenne ou inférieure du mésophylle. 19. Le systéme mécanique du faisceau des nervures et des veinules. ( LXX CONGRÉS DE.BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Les faisceaux libéro-ligneux du limbe de la feuille peuvent étre cause ment dépourvus de tissu mécanique; ils peuvent être accompagnés d'un massif fibreux en dessous, ou en dessous et en dessus, et alors un endo- derme plus ou moins épaissi à sa face interne peut mécaniquement fermer la gaine sur les côtés, ils peuvent être enfermés dans une gaine mécanique. Quelle que soit cette disposition, j'appelle le faisceau « im- mergé » lorsque les parenchymes normaux le séparent de l'épiderme. La premiére modification consiste en ce que le tissu parenchymateux situé entrele faisceau et l'épiderme devient incolore, plus dense, aqui- fère ; la méme chose peut ensuite se répéter en dessous. Un degré plus loin nous montre ce tissu aquifére remplacé par du collenchyme, puis par des massifs fibreux ou scléreux, tous tissus qui rattachent le faisceau à l'épiderme ou éventuellement à l'hypoderme. Toutes les combinaisons sont d'ailleurs possibles, les deux faces de la feuille ne se comportant pas de la même manière, et toutes constituent autant de caractères d'es- péce qui, gràce aux allures épharmoniques, simulent souvent des carac- léres de genre ou méme de famille et prennent cette importance lors- qu'il s'agit de la détermination des plantes. Je crois avoir à peu prés épuisé ainsi la série des caractères apparte- nant aux tissus et qui se présentent dans la généralité des plantes dico- Lylées. Beaucoup d'entre eux peuvent être étudiés sur la tige et sur la feuille, mieux sur la feuille que sur la tige, sauf les organes sécréteurs internes, qui pourraient à la rigueur ne pas pénétrer intégralement jusque dans la feuille. À Il reste toute une série d'appareils, sécréteurs (à sécrétion solide : Myrsinées, Viola, Polygala à tannin, etc.) ou autres, qui apparaissent souvent, pour ainsi dire, sporadiquement. Les cellules à tannin ne peu- vent être éludiées sur les échantillons secs, de sorte qu'il n'y a pas grand parti à en tirer quant à présent. Aucune difficulté d'interprétation taxi- nomique ne me semble pouvoir se présenter à ce sujet. Les fonctions physiologiques étant à peu près toujours inconnues, nous n'avons pas le droit de nous livrer à nos réflexions ordinaires, nous ne pourrons que constater les faits. I] en est ainsi pour les cystolithes proprement dits, les poils et les plaques cystolithiques, trés répandus quoique inconstants, les premiers chez les Acanthacées, les Urticacées, les seconds chez les Borraginées, à un degré moindre chez les Campanulacées et dans d'autres familles, quelques Urticacées y comprises. Tous ces détails ne peuvent étre utilement énumérés que dans les travaux monographiques. Je n'ai jamais manqué de le faire dans mes Mémoires d'anatomie systématique. . Suivant des lignes qui croisent la série des organes, nous aurons à VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXXI inscrire les membres de la plante, racine, tige, feuille, dans lesquels les organes sont dispersés. Lequel des trois membres faut-il étudier de préférence? C'est une question que j'entends souvent formuler. Il est clair qu'il faut les étudier tous les trois, mais il y a là des dif- ficultés de deux ordres; d'abord, lorsqu'on est obligé d'avoir recours aux herbiers, ainsi qu'il arrive fatalement lorsqu'il s'agit d'une monogra- phie compléte, les plantes n'ont pas de racine. Il devient méme souvent trés difficile d'étudier la tige, parce qu'on n'en a pas toujours des par- lies comparables à moins de sacrifier complètement les échantillons et de mettre les collections au pillage, ce qui équivaudrait à détruire un registre d'état civil. Il faudra donc bien se contenter de la feuille; ce qui ne présente pas de grands inconvénients dans un travail monographique, parce que les caractères d'espéce sont incomparablement mieux exprimés dans la feuille que dans la tige. Ensuite la tâche serait bien lourde pour un seul homme; on passerait littéralement sa vie à faire une seule monographie un peu étendue. Si on ne pousse pas l'ambition jusqu'à vouloir étudier les affinités entre espéces et qu'on puisse ainsi choisir les objets du travail, on accor- dera tout naturellement la préférence à celui des trois membres qui semble promettre les meilleurs résultats. Laissons donc à tous entiére liberté en faisant remarquer que la tige est plus propre à l'étude du bois et du liber secondaire, des organes sécréteurs internes, de différentes autres particularités sur lesquelles j'aurai à revenir bientót, tandis que la feuille montre mieux les poils, les stomates et tout ce qui est relatif à l'épharmonisme ; elle est absolu- ment nécessaire à la définition de l'espéce. C'est à ce chapitre des membres de la plante, plus qu'à celui de l'ana- tomie des tissus, qu'appartient l'histoire des tiges dites anormales et celle du parcours ou de la course des faisceaux. Je ne dirai rien des tiges anormales qui sont aujourd'hui assez bien connues pour passer à quelques remarques sur un sujet aujourd'hui à la mode. i 20. Le parcours des faisceaux dans la tige. C'est presque exclusi- vement en France que nous avons vu surgir dans ces dernières années une multitude de Notes, de Mémoires et de livres qui témoignent d'un zèle véritablement stupéfiant. Les autres pays sont en ce moment presque muets à ce sujet et semblent se contenter des travaux, d'ailleurs excel- lents, de Nægeli. Les efforts qui ont été faits en vue d'appliquer le parcours des fais- LXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ceaux à la classification n'ont pas donné jusqu'à présent de résultats trés brillants. A mon avis, une bonne partie des recherches ont été conduites à rebours, sans étude préalable et trop exclusivement par l'observation directe. On a trop individualisé le faisceau, sous l'influence dela morphologie animale on a voulu en faire quelque chose d'analogue à un filet nerveux, on a méme poussé cette théorie de morphologie fasciculaire assez loin pour déduire du systéme fasciculaire toute la morphologie extérieure de la plante, alors que c'est tout l'inverse qu'il eüt fallu faire, alors que la position, la marche, le nombre des faisceaux sont manifestement la résul- tante, trés compliquée il est vrai, de certaines nécessités physiologiques (ascension de l'eau, écoulement des produits élaborés), de la situation des membres (feuilles) et du principe de la moindre action. L'effet de la premiére de ces trois composantes est facile à prévoir; elle régit le nombre et la grosseur des faisceaux ; peut-être influe-t-elle également sur le nombre des entre-nœuds que chacun des faisceaux foliaires par- court dans sa marche descendante avant de se confondre avec un fais- ceau voisin. La deuxiéme, composant la position des membres, n'est autre chose que la phyllotaxie ou, si l'on préfère une expression plus large, l'organotaxie, qui est elle-méme d'ordre purement mécanique. J'imagine qu'étant données ces deux causes, la loi d'économie présidera à l'arrangement de tout l'échafaudage fasciculaire dans la tige et dans la feuille. Soyons bien persuadés qu'un jour viendra oü un homme trés instruit des faits et doué d'un grand esprit de synthèse nous fournira la loi relativement simple de tout l'ensemble. De toutes ces spéculations dont on pourrait à la rigueur contester la valeur, retenons pour le moment ce simple fait indéniable, que la phyl- lotaxie ne dépend pas du système fasciculaire de la tige, mais que lin- verse est vrai. Il sera de la dernière évidence qu'aux feuilles opposées correspond un système fasciculaire tout autre qu'aux feuilles alternes. M. Lignier, qui ne mesemble pas trés éloigné aujourd'hui des idées que je viens d'exprimer, nous en a fourni derniérement un exemple trés inté- ressant, en étudiant la course des faisceaux dans deux tiges de la méme espèce d'Atriplez, dont l’une portait des feuilles opposées, l'autre des feuilles alternes. Or, l'opposition des feuilles (y compris les verticilles) et la dispersion de ces membres étant un caractère taxinomique assez important dans le régue végétal, trés important dans certains groupes, il en résulte que le parcours des faisceaux considéré à ce point de vue fournit par contre- coup un caractère anatomique également important. VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXXIII Lorsque la trace foliaire se réduit à un seul faisceau, les images que fournit le développement de la tige sont assez simples et d'ailleurs con- nues de tout le monde. Mais la trace foliaire comprend trés fréquem- ment plusieurs faisceaux. Dans ce cas la seule distinction qui me paraisse trés importante, et qui a été établie déjà par Nægeli, consiste en ce que les faisceaux des traces foliaires des feuilles voisines sur le dia- gramme peuvent: 1^ rester ensemble dans la tige (nebenláufig, d’après Nægeli), sans se croiser; 2° se croiser avec les faisceaux des traces foliaires voisines (verschrünktláufig). Peut-étre parviendra-t-on à trouver sous ce rapport des faits intéres- sant la taxinomie, par exemple des concordances permettant de conso- lider certains rapprochements. Mais la position des feuilles, si facile à constater extérieurement, le nombre des faisceaux de la trace foliaire, me paraissent, quantà présent, des indications suffisantes, de sorte que je crois bien faire en m'abste- nant de travaux absolument hors de proportion avec les résultats que je puis espérer. 21. Les faisceaux dans le pétiole. Je n'ai pas l'intention de décrire ici les diverses figures que présentent la section du pétiole et celle du système fasciculaire qu’il renferme. Le nombre des faisceaux de la trace foliaire dépend, je ne dis pas exclusivement, mais essentiellement, des dimensions de la feuille ; il est d'autant plus constant qu'il est plus faible. M. Petit a relevé avec raison que le pétiole est herbacé chez les plantes herbacées, ligneux chez les plantes ligneuses; j'ajouterai cependant qu'on trouve souvent des faisceaux disjoints chez les plantes ligneuses. Je ne sais pas où le méme auteur a vu que je refuse au pétiole toute valeur taxinomique. Je lui refuse la qualité nécessaire pour former un caractère de famille; sans doute M. Petit a négligé de lire les premières pages du Mémoire dont il parle et où il est dit expressément que je ne recherche que les caractères de famille. De ce fait seul que la structure du pétiole dépend de la nature herbacée ou ligneuse de la plante, nous pouvons déduire en toute assurance qu'il ne peut fournir un caractère de famille. La clef qui termine le travail de M. Petit est artificielle; c'est à tort que la structure du pétiole y figure en premiére ligne, au-dessus des autres caractéres, beaucoup plus naturels ceux-là et qui sont précisé- ment ceux que j'avais indiqués. La structure du pétiole, celle de la nervure médiane, surtout en ce qui concerne le système fasciculaire, sont des caractères spécifiques qui deviennent trés fréquemment de faux caractères de genre ou de famille, lorsqu'ils font partie des allures végétatives. : Je crois d'ailleurs qu'il faudrait enfin étudier le pétiole au point de vue de la Botanique générale. Nous n'avons pas encore une bonne définition LXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. de cette partie de la feuille ; un limbe réduit à la nervure médiane n’est pas encore un pétiole, pas plus qu'une feuille très découpée n'est une feuille composée. Cela se voit trés bien, par exemple, sur une feuille de Clavija, portant à la base un pétiole avec sa structure en quelque sorte rhizomateuse propre aux vrais pétioles (anatomiquement définis) et au- dessus une longue portion de la nervure médiane privée de limbe et de structure anatomique absolument différente. 22. La nervation ne rentre pas dans le cadre de cette Notice. Je la mentionne uniquement par son nom pour appeler l'attention sur une partie de la Botanique qui attend toujours une bonne étude, morpholo- gique, physiologique et mécanique, ainsi qu'une terminologie qui per- mette de Ja décrire. Nous en sommes réduits aujourd'hui à la dessiner. Malheureusement la plupart des figures que nous trouvons dans les ouvrages de Botanique descriptive sont sous ce rapport très incomplètes, ce qui s'explique aisément par le travail fastidieux qu'exigerait la repré- sentation exacte d'une nervation quelque peu compliquée. V La variabilité des caractéres anatomiques. Etant donné d'une part que les caractéres anatomiques de l'espéce sont épharmoniques, c'est-à-dire des caractères d'adaptation au milieu physique, étant donné d'autre part que le milieu physique influence d'emblée les caractères d'adaptation, on doit se demander quelle con- fiance on peut avoir en ces caractères. J'ai fait dans ce but un grand nombre d'expériences sur l'influence du milieu, et de plus, j'ai étudié la structure anajomique de tous les échantillons de provenance diverse, toutes les fois que j'avais affaire à ces espéces trés variables qui consti- tuent les groupes nodaux d'un ensemble naturel. Je suis parvenu ainsi à me former une opinion que je demande la permission d'exprimer iei, sans citer les exemples sur lesquels elle s 'appuie, et que je me réserve de publier si le besoin s'en fait sentir. 1. La structure anatomique des plantes spontanées, méme en ce qui concerne les caractères épharmoniques, est beaucoup moins variable que les expériences sur l'influence du milieu ne semblent le faire croire. Cela peut tenir à plusieurs causes. Les expériences de culture portent généralement sur des plantes culturales adaptées dés l'origine à des conditions moyennes, et dont la variabilité, déjà inhérente à l'espéce,"est bien souvent tenue en haleine par des hybridations répé- tées entre variétés et par l'inconstance du milieu lui-méme. VESQUE. — DES CARACT. ANATOM. DANS LA CLASSIFICATION. LXXV Les résultats qu'elles fournissent sont donc trop défavorables à la fixité des caractères anatomiques. Quand il s'agit au contraire de plantes spontanées, la lutte pour l'existence (contre les végétaux envahissants), lutte à laquelle nous savons soustraire les plantes cultivées, en faisant ainsi prospérer méme les faibles, a dû contribuer singulièrement à la fixation des caractères anatomiques. 2. Les caractéres anatomiques d'adaptation sont d'aulant plus con- stants que la plante est adaptée à des conditions plus extrêmes (extrême sécheresse, éclairage trés intense); ils le sont d'autant moins que les conditions sont plus éloignées des extrémes, ce qui esl trés souvent le cas pour les groupes nodaux primaires. 3. Les caractéres épharmoniques qualitatifs ont le pas sur les carac- tères quantitatifs ; je les ai toujours trouvés d'une constance absolue chez les plantes spontanées. 4. Il ne faut jamais compter sur un caractère épharmonique quanti- tatif; on s'exposerait au danger de trouver plusieurs espéces sur le méme pied. Cependant ils ne manquent pas en général d'une certaine constance quelquefois surprenante, et s'il existe entre deux espéces voisines des différences morphologiques suffisantes, on doit les intro- duire dans la caractéristique de l'espéce, ce qui présente d'autant moins . inconvénient que tout le monde est prévenu de l'existence d'une cer- taine variabilité d'ailleurs insignifiante chez la plante spontanée. Inver- sement les caractères épharmoniques, méme quantitatifs, rendent de grands services dans la détermination des espèces. 9. La variabilité est elle-même un caractère de l'espèce. Elle est souvent très grande chez ces espèces collectives qui forment le groupe nodal ; mais ce mot de variabilité peut donner lieu à des méprises. Nous disons qu'une espéce est variable lorsque les différents exemplaires que nous ne croyons pas devoir séparer spécifiquement présentent des caractères différentiels quelconques. Il faudrait savoir alors si ces formes distinctes se perpétuent, si elles sont fixes, si, autrement dil, l'espéce se partage en races ou variétés toujours semblables à elles- mémes, ou bien si chaque individu est susceptible d'un changement, soit sous l'influence du milieu, soit par une variabilité inhérente. Dans ce cas, nous n'avons que des formes qui ne transmeltent pas nécessai- rement les caractéres différentiels à leur descendance, mais qui les acquièrent à chaque génération. Je pense que les caractères épharmo- niques quantitatifs sont dans ce dernier cas, et ce n'est méme pas tout. La plante ne possède pas une individualité du méme degré qu'un animal supérieur. L'épharmonisme agissant sur place, les caractères peuvent LXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. changer sur la méme plante d'une branche à l'autre, d'un rameau à l'autre, d'une feuille à l'autre. Variété et variabilité sont des choses qui préparent au naturaliste les plus grandes difficultés. En présence d'échantillons récoltés au loin, il ne peut que constater le fait morphologique ou anatomique. Rien, à part ce que je viens de dire des caractères épharmoniques quantitatifs, ne lui permet de juger. Si néanmoins il adopte une classification des subdivi- sions de l'espéce, cette classification ne peut être que provisoire et purement signalétique. Il faudrait donc pouvoir suivre les plantes vivantes dans leur développement et durant plusieurs générations. VE Les difficultés pratiques des recherches d'anatomie systématique. Le grand desideratum de la future Botanique descriptive étant la création des monographies de toutes les familles, il est clair que nos jardins botaniques ne peuvent fournir qu’un faible contingent des maté- riaux nécessaires. On devra s'adresser aux herbiers, aux collections car- pologiques, etc. Quiconque a travaillé quelque peu dans ces collections s’est bien vite aperçu de nombreuses et regrettables lacunes. Quand il s'agit de plantes arborescentes exotiques, il est rare que toutes les . parties de la plante figurent dans les collections. Ce n'est malheureusement pas tout. Un grand nombre d'échantillons ne sont pas nommés ; quand ils le sont, on n'est jamais assez sür, à moins d'un exemplaire type, de l'exactitude de la détermination pour qu'on puisse se dispenser d'un travail de revision, ce qui aboutil à refaire entiérement la monographie morphologique de la famille, dou- blée d'une monographie anatomique, un travail dont on ne peut se faire une idée que par expérience. La plupart des descriptions que nous trouvons dans les livres sont non seulement incomplètes, mais souvent non comparables, si bien qu'une détermination faite d'aprés des des- criptions est rarement certaine. Toutes ces incertitudes cesseront quand l'anatomie occupera en clas- sification la place qu'elle mérite; mais nous qui commencons, nous avons tout à eréer, tàche colossale que les hommes plus que les choses ont rendue difficile; en effet, il importe d'étre juste envers tous, d'étu- dier, de comparer entre elles toutes les descriptions, toutes les figures, de se retrouver dans un chaos d'appellations synonymes, de redresser toutes les erreurs sans en commettre de nouvelles. Ah ! si nous avions le droit de le faire, combien nous aurions raison SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXVII de ne pas nous préoccuper de toutes ces descriptions obscures, de tous les mauvais dessins, de rayer les noms qui ne se rapportent pas de suite clairement aux objets, et de créer une nomenclature nouvelle. Ce que je dis là est bien hardi et bien ingrat, mais je suis convaincu que cela viendra un jour ou l'autre, et cela ne sera ni plus ingrat ni plus difficile que de retrancher de la Botanique tous les noms antélinnéens. En attendant, résignons-nous à fairejce que nous devons, et contentons- nous des matériaux que nous offrent les grandes collections de France et de l'étranger. Une difficulté d'un autre ordre surgit au sujet de la publication des travaux de systématique anatomique. Il est clair que les descriptions doivent être rédigées en latin. Ce n'est pas au moment où les commer- çants s'efforcent de créer une langue internationale que nous renonce- rons à une langue adoptée depuis longtemps et que nous connaissons suffisamment pour comprendre et pour nous faire comprendre. Mais si claires que soient les descriptions, elles ne vaudront jamais les figures, méme médiocres, exécutées à un grossissement connu, et permettant par conséquent de déterminer les dimensions absolues des cellules. J'ai eu l'idée de recourir à un procédé de tirage trés économique à l'encre grasse. Quelques-unes des planches que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux des membres du Congrès peuvent rivaliser avec la lithographie ; les moins bien réussies sont encore suffisantes, de sorte qu'on peut sans grandes dépenses, consacrer une planche, et méme deux, à chaque espéce étudiée. Toutes les explications nécessaires étant inscrites sur les planches mémes, le texte pourra se réduire à la plus simple expression, ce qui constitue une nouvelle économie trés importante. A la suite de la partie générale de son discours, M. Vesque a ouvert le débat sur les différents caractéres qu'il avait énumérés. Le temps trop limité n'a malheureusement pas permis d'examiner en détail tous les points sur lesquels ils se proposait d'appeler l'attention. M. Vesque. — À propos de la macrocytie je serais heureux de savoir 1 "d » 2) « ` , si elle peut fournir, dans certains végétaux, un bon caraclére. J'avoue que je n'ai encore jamais eu à la considérer comme telle. M. Ém. Bescherelle. — Les bryologues, qui n'ont, la plupart du temps, en fait de Mousses exotiques, que des échantillons stériles à leur disposition, emploient depuis longtemps l'anatomie dans leurs détermi- nations. Or, sans établir de rapprochement entre les grandes cellules LXXVII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. dont vient de parler M. Vesque et celles qu'on trouve dans les feuilles ou tiges de certaines Mousses, il n'est pas douteux que ces grandes cellules ne constituent un caractère distinctif de certains genres ou de certaines espèces. C'est ainsi que, pour les Campylopus, suivant que ces cellules occupent l'assise dorsale, ventrale ou centrale de la nervure foliaire médiane, on a trois espèces différentes. Il en est de méme, quant à la disposition et au nombre des assises cellulaires des feuilles dans les genres qui composent les familles des Polytrichacées, Leucobrya- cées, etc. M. Vaillemin. — La présence des grandes cellules signalées par M. Bescherelle, chez les Leucobryum, ne rentre pas dans l'ordre de carac- tères visé par M. Vesque. Ces grandes cellules sont des réservoirsanalogues à ceux des Sphagnum. Elles sont le résultat d'une adaptation spéciale. Je ferai maintenant remarquer que plusieurs des particularités indiquées dans l'exposé de M. Vesque rentrent dans le domaine de l'histologie et non de l'anatomie. M. Vesque. — Dans l'anatomie, telle que je la concois, je fais entrer tous les caractères de structure indistinctement. Il s'agit de tous les caractères dont l'observation mérite l'emploi du microscope, par opposi- tion à ceux qu'on apprécie à l'oeil nu ou à la loupe. M. Vuillemin. — On ne doit pas juger de la valeur absolue d'un caractère à l'emploi qu'on peut en faire dans les déterminations. Il suffit que l'on ait antérieurement constaté la coincidence d'une particularité insignifiante avec les caractéres essentiels d'une espéce, pour supposer ceux-ci quand on observe celle-là. La diagnose repose sur cette concor- dance établie empiriquement et non sur une telle particularité envisagée absolument. Si, par exemple, vous avez reconnu, chez une plante à co- rolle gamopétale, à ovaire infére, à androcée isostémone, etc., un détail de structure de la cuticule que vous n'avez rencontré nulle part ailleurs, chaque fois que vous retrouverez ce détail histologique, vous nommerez la plante sans hésiter. Cela ne veut pas dire que celte particularité ait une valeur taxinomique équivalente à la gamopétalie, à l'hypogynie, etc. Vous avez simplement reconstitué ces derniers caractéres à la vue du premier et c'est sur eux seuls que votre détermination base sa légitimité ; le détail histologique n'est ici que l'enseigne des caractéres réellement spécifiques. M. Vesque. — Je suis entièrement d'accord sur ce point avec M. Vuillemin. J'ai exprimé exactement la méme idée en créant la notion des allures épharmoniques. Toutes les espèces d'un méme groupe naturel peuvent avoir la tendance à s'adapter de la méme façon; mais cette ten- dance, invisible par elle-méme, n'est pas nécessairement exprimée par SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXIX le fait anatomique. Elle ne l'est que lorsque la station l'exige ; aprés avoir observé que toutes les espéces d'un ensemble bien délimité pré- senlent un caractére épharmonique commun, on n'a pas le droit de con- sidérer ce caractère épharmonique comme un caractère rationnel du groupe. Il peut servir à reconnaître ce groupe, mais il ne saurait être employé à le définir. L'allure épharmonique est, pour les espéces d'un genre (par exemple), la maniére de s'adapter au milieu physique ; elle est une tendance héré- ' ditaire qui peut fort bien rester latente, parce que la station des espèces n'est pas nécessairement lice à l'affinité naturelle. Depuis les quelques années qu'on s'est engagé résolument dans la voie que j'ai ouverte par la monographie des Capparacées, on a déjà beaucoup péché contre ce principe, pourtant bien clair. Les scléréides, si inconstants dans une foule de genres, constants au contraire chez les Protéacées, par exemple ; cela provient tout simplement de ce que toules ces Protéacées vivent dans des milieux analogues. Le caractère, spéci- fique en soi, simule un caractère de famille qui n'est cependant constant que par hasard. Nous n'avons pas le droit de fermer la porte sur les Protéacées ainsi définies; que ferions-nous si on nous présentait une Pro- téacée hygrophile? Lui refuserions-nous le titre de Protéacée ou chan- gerions-nous les caractères de la famille ? Non, cela n'est pas sérieux. M. Hartog. — La présence ou l'absence de cire ne varie pas seule- ment chez des espéces voisines; chez les Prunus et chez plusieurs Cucurbitacées, des formes d'une seule espéce se distinguent par des dif- férences de cette nature. M. Vuillemin, — Les conditions du dépôt de cire nous sont incon- nues; et, dans l'ignorance où nous sommes de la cause, nous devons réserver notre jugement sur la valeur de l'effet. M. Vesque. — Il est indifférent de connaitre ou d'ignorer les condi- lions du dépôt de cire. Nous savons pertinemment qu'il diminue très efficacement la transpiration : il constitue un caractére épharmonique. M. Vuillemin. — Il faut se tenir en garde contre les arrêts de déve- loppement. On rencontre de temps en temps, notamment chez les Com- posées parmi les poils normalement cloisonnés, des poils restés simples. Il ne serait pas impossible qu'une pareille réduction füt constante dans certaines espéces. M. Hartog. — Si l'on ne borne pas ses recherches aux feuilles assi- milatrices, mais qu'on les étende aux écailles des bourgeons, des ma rions, etc., on trouvera, chez une même plante, une grande diversité. Dans les bourgeons notamment on observe, côte à còte, des poils uni- sériés et des poils plurisériés. LXXX CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. M. Penzig. — J'ai également observé une certaine variation dans la structure des poils d'une seule espéce. M. Vesque. — J'ai cité moi-même bon nombre de cas analogues. Quant aux phyllómes autres que les feuilles assimilatrices ‘ordinaires, il est clair que les poils peuvent céder à des adaptations diverses ; ces poils rentreraient dans la méme catégorie que ceux des organes pétaloïdes. Le mélange de poils: unisériés et unicellulés peut devenir aussi carac- téristique que celui des poils unisériés et plurisériés (Composées). La constance absolue de la nature des poils étant reconnue dans un assez grand nombre de familles , nous n'avons qu'à étendre nos recherches sur toutes les familles naturelles età enregistrer les faits observés. M. Vuillemin. — La présence d'un puits influe sur la structure du stomate lui-méme. On trouve à cet égard de grandes différences entre espèces voisines et dans les variétés d'une méme espèce comme chez les Marsilea et le Polygonum amphibium. Ailleurs ce caractère est plus fixe eta pu recevoir un emploi taxinomique. Sur lui reposent les prin- cipales coupures des Orthotrics dans plusieurs ouvrages bryologiques récents. M. Bescherelle. — M. Venturi a, en effet, divisé les Orthotrics en Cryptopores et Phanéropores ; mais, tout bien considéré, ce caractère ne parait pas dépasser chez les Mousses la valeur spécifique. M. Vesque. — La présence ou l'absence de puits constitue un carac- tère épharmonique; si, par hasard, il se rencontrait chez toutes les espèces d'un genre, il faudrait l’inscrire dans les allures épharmo- niques. , M. Vuillemin. — La constance des stomates profonds ou superfi- ciels dans un certain nombre d'espéces d'un genre aussi difficile que le genre Orthotrichum facilite les déterminations, quand méme les espèces répondant à chaque type ne seraient pas les plus proches parentes. M. Hartog. — Je ne crois pas que la structure de l'hypoderme soit, dans tous les cas, adaptée directement au milieu dans lequel vit la plante considérée. Ainsi, j'ai observé des réservoirs d'eau sur certains Ficus vivant dans des stations d'une excessive humidité, oü leur présence n'était guère justifiée. | M. Vesque. — Même dans des pays trés humides, de soudaines séche- resses peuvent entrainer la destruction des espèces, qui n'auraienl pas de réserves pour parer à une telle éventualité. M. Hartog me semble d'ailleurs s'exagérer beaucoup l'efficacité d'un hypoderme de dimensions modérées; il faudrait un hypoderme de hauteur assez respectable pour fournir l'eau qu'une feuille perd en une journée chaude et relativement SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXXI sèche. $1 ma mémoire ne me fait défaut, les Ficus ont un épiderme multiple, non un hypoderme; la remarque de M. Hartog n'en est pas moins excellente. M. Hartog. — Cette remarque peut bien s'appliquer aux circonstances auxquelles je fais allusion. J'ai constaté à Ceylan que les Ficus elastica mènent parfois dans leur jeunesse une existence épiphyte; ils ont alors besoin de réserves d'eau, dont l'utilité n'est pas tout d'abord évidente sur les plantes adultes. M. Vuillemin. — Toutes les familles ne présentent pas, dans la dispo- sition des stomates, la fixité des types choisis par M. Vesque. Parmi les Ombellifères, l'Hydrocotyle bonariensis offre, à titre d'exception, le type des Rubiacées; ce rapprochement ne manque pas d'intérét, car Ombelliféres et Rubiacées ont plus d'un point de contact. Les Portula- cées offrent une particularité bien singuliére. Dans les Montia et Por- tulaca, le système stomatique rappelle celui des Rubiacées, comme l'a indiqué M. Vesque; mais le développement est tout différent dans les deux genres, car les cellules annexes se forment aux dépens de l’initiale du stomate chez les Portulaca et se découpent dans les cellules épider- miques voisines chez les Montia. Uue apparence analogue dans la dis- position des stomates adultes ne révéle donc pas toujours une concor- dance dans les procédés histogéniques, méme chez les espéces d'une seule famille, et n'est pas en elle-méme une preuve de la parenté de ces plantes. Enfin, la forme de l'organe modifie l'appareil stomatique dans les familles où cet appareil est assez homogène, par exemple sur les feuilles larges ou étroites des Plantains et des Plombaginées. Ces diffé- rences s'accentuent d'un membre à l'autre. Ainsi, dans les Composées, les feuilles ont généralement le type stomatique des Cruciféres : la tige présente parfois le méine type, par exemple chez les Othonna; mais plus souvent les stomates y sont entourés de quatre ou cinq cellules dis- tribuées sans ordre. M. Vesque. — L'exemple de l'Hydrocotyle, que vient de citer M. Vuil- lemin, est exactement de méme nature que celui que j'ai décrit tout à l'heure au sujet des Rubiacées et des Caprifoliacées. Il est une confirma- tion de la valeur taxinomique de l'appareil stomatique. J'ai mentionné moi-méme l'influence de la forme de l'organe sur l'apparence de l'appa- reil Stomatique, je n'ai donc pas à y revenir. Quant à la particularité qui nous est signalée chez les Montia, elle est du plus haut intérét (1). (1) On a remarqué, peut-être non sans peine, que dans mes diagnoses anatomiques, € ne parle le plus souvent que de l'aspect du stomate adulte. Je pense, en effet, depuis longtemps que le mode de développement du stomate n'est qu'une conséquence du mode d'aceroissement superficiel de l'épiderme au moment même où les stomates T. XXXVI. 6 LXXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. M. Cornu. — Je désire, Messieurs, présenter quelques observations sur plusieurs points de l'exposé de M. Vesque. Ainsi que vous venez de l'entendre, M. Vesque nous propose un systéme, une méthode anato- mique, pourla substituer à la méthode naturelle inaugurée par A.-L. de Jussieu en 1789, il y a actuellement un siécle; qu'il me soit permis de rappeler en passant cet anniversaire. Avec la méthode naturelle, des générations de botanistes ont pu déterminer et classer dans un ordre véritablement merveilleux, on peut dire toutes les plantes du globe, sou- vent avec une parfaite connaissance des af(inités et avec une süreté abso- lue; M. Vesque a dà le reconnaitre lui-méme. Or, à une telle méthode simple, pratique, accessible à tout le monde, qui n'en est plus à faire ses preuves, que personne n'éprouve le besoin de délaisser comme une chose usée et incapable de servir encore, que veut-on substituer? Un systéme qui n'existe pas, qui est tout entier à établir! Si, cependant, il nous apparaissait comme offrant de sérieux, de réels avantages sur l'an- cien, nous pourrions en recommander l'essai ; mais, outre qu'il exige des recherches longues et délicates qui ne sauraient étre entreprises par tout le monde, ni méme toujours bien conduites, il ne fournit aucune garantie de détermination. Lorsque M. Duval-Jouve, qui le premier tenta d'introduire, pour des plantes présentant toutes un port trés semblable, dans la classification les caractères tirés de la structure interne, et qu'il nomma trés exactement caractères histotaæiques, fit connaitre le résultat de ses travaux, il eut bien soin de définir les cas dans lesquels sa méthode pouvait venir au secours de l'ancienne. Je tiens de lui que les Cypéracées ne lui avaient pas donné des caractères aussi précis que les Graminées, auxquelles il faut appliquer cette méthode avec une certaine circonspection, et qu'il n'avait pas poursuivi ses recherches. C’est qu'en effet, si l'anatomie peut, dans certains cas, élucider les points douteux ou préciser mieux l'ensemble des caractères d'un végétal, il s’en faut de beaucoup qu'elle nous permette une détermination exacte par le simple examen de quel- ques millimètres carrés du limbe d'une feuille, comme nous l'affirmait tout à l'heure M. Vesque. Je ne saurais, dans les observations que je vous soumets, encourir le commencent à sefformer. Ce qui me l'a fait croire, c'est que les divisions opérées après coup dans les cellules environnantes, sont très souvent parallèles aux divisions qui se sont opérées dans la cellule-mére du stomate. L'appareil stomatique lui-même ne serait pour nous qu'un moyen d'apprécier ce mode d'accroissement. Les différences entre les appareils rubiacé, labié et erucifére seraient ainsi très grandes, tandis qu'elles seraient assurément beaucoup moindres entre les appareils crucifère et renonculacé. Il en résulterait en outre que l'aspect du stomate adulte serait plus important que son mode de développement. Il me semble que ces suppositions seraient susceptibles d'une épreuve expérimentale. (Note ajoutée par l'auteur pendant l'impression.) SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXXIII reproche de parler de choses qui me sont étrangères : il me semble être suffisamment au courant des procédés anatomiques pour prendre la parole ici. Il semble très étonnant de voir M. Vesque venir nous assurer, avec compétence sans doute, mais certainement avec témérité, que l'anatomie doit remplacer la méthode naturelle et que jusqu'à présent les classifi- cateurs ont fait de l'art et non dela science! J'avoue ne pas comprendre de telles affirmations, et M. Vesque eût dû nous fournir, de sa nouvelle classification, des preuves légitimes; il n'a pas rappelé d'ailleurs les recherches antérieures aux siennes. M. Van Tieghem, par exemple, pour ne citer qu'un seul nom bien connu, a, par de nombreux travaux, montré la possibilité de tirer de la structure des formations secondaires d'excellents caractéres de classification pour les groupes de quelque im- portance, tels que les familles ou les genres. Il a développé ses recher- ches dans ses leçons publiques, il y a déjà plusieurs années, leçons que J'ai suivies avec assiduité. Or, M. Vesque ne nous a nullement parlé de ces travaux, ni des résultats qu'on leur doit. Il est certain cependant que, si l'anatomie peut étre de quelque secours dans la classification, ce n'est pas seulement une partie de l'anatomie, celle des feuilles, mais encore celle de tous les autres organes de la plante. Vouloir tirer des caractéres d'un seul ou de quelques organes, c'est retomber dans l'er- reur des botanistes anciens qui fondaient leur classification sur un seul ou quelques caractères. Enfin, il est encore un point que je ne puis laisser passer sans obser- vation. M. Vesque nous disait, il y aun instant, que la culture trouverait dans l'anatomie un auxiliaire précieux pour la connaissance des condi- lions dans lesquelles nous devons placer les végétaux que nous entre- tenons dans nos jardins ou dans nos serres (1). Cette asserlion n'est pas exacte. C'est à grand' peine, vous le savez, que nous maintenons plus ou moins longtemps dans nos serres, hors de leurs conditions naturelles d'existence, des plantes de régions diverses. Il mest pas nécessaire de vous rappeler les constants progrés de la culture sous ce rapport. Nous ne pouvons, en général, réaliser les conditions qu'exigeraient les végé- taux soustraits par nous à leur milieu pour les placer dans un autre, artificiel, auquel ils doivent se plier ou périr. Bon nombre d'entre eux vivent et prospèrent dans une situation toute nouvelle, absolument dis- semblable. Quels renseignements pourrait donc nous fournir l'étude de la structure puisque des conditions différentes donnent des résultats (1) Le manuscrit que M. Vesque a remis au secrétariat le jour méme de l'ouverture du Congres ne renferme pas la phrase à laquelle M. Cornu fait allusion. Cependant il est exact que M. Vesque a rappelé dans son discours que la structure anatomique in- dique nettement les conditions physiques auxquelles la plante est adaptée et qu'il faut réaliser autant que possible dans la culture. (Note du secrétariat. du Congrès.) LXXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. supérieurs aux conditions normales? Le Caféier exige des terres fortes dans les régions tropicales, il périrait dans nos serres si on lui appliquait ce traitement. Les Nepenthes ne peuvent étre cultivés chez nous que dans un substratum extrémement poreux et perméable; un voyageur nous a apporté une touffe de Nepenthes de Sumatra avec le sol méme aux dépens duquel il vivait, ce sol était une argile compacte et absolument imperméable. Le Cresson de fontaine, qui, chez nous, est une plante aquatique, se cultive au Gabon sur des planches de jardin dans des conditions trés éloignées de celles qui lui sont ordinairement nécessaires. La culture des Orchidées, si perfectionnée aujourd'hui, fournirait aussi à cet égard de nombreux exemples. En résumé, Messieurs, avant de substituer à la classification admise jusqu'ici, des caractères tirés de la structure, il faudrait en démontrer la légitimité, dans tous les cas faire voir que, comme pour la méthode naturelle, la structure éloigne ou rapproche ce qui est éloigné ou voisin. On ne trouvera, de longtemps, rien qui vaille les caractéres fournis par les organes reproducteurs, faciles à apprécier et d'une constance absolue. Que l'anatomie vienne au secours de la systématique, c'est ce que l'on peut désirer le plus; qu'elle puisse jamais lui étre substituée, c'est ce qui ne ressort pas de l'exposé qn'on nous a présenté. M. Vesque. — Je demande la permission de répondre en quelques mots aux objections que M. Cornu vient de me faire. Aprés avoir déve- loppé aussi longuement et aussi clairement mes idées sur le róle futur de l'anatomie dans la botanique systématique et descriptive, je puis être surpris des intentions que M. Cornu me préte et qui ne sont pas les miennes: je chercherais à substituer à la méthode de de Jussieu une autre méthode toute différente! Je répéte donc que l'anatomie apporte à la classification naturelle une série de caractéres qui jusqu'à présent en avaient été injustement exclus et qui jettent un jour tout nouveau sur les affinités des grands groupes et surlout sur l'histoire du genre, — voilà la part de la science pure; qu'elle permet la détermination des plantes lorsque les organes floraux font défaut ou ne suffisent pas, — voilà la part de l'art. M. Cornu semble douter que cela soit possible; il a sans doute négligé de prendre connaissance des nombreux travaux qui ont été publiés dans ces derniers temps par un assez grand nombre d'auleurs résolument entrés dans la voie nouvelle. Depuis longtemps on se sert des caractères anatomiques pour la détermination des drogues, des débris végélaux qui entrent dans la composition des tourteaux, etc. L'étude méthodique des caractères anatomiques permettra un jour de généraliser leur emploi. Mes recherches s’étendent aujourd'hui sur plus de cin- quante familles dont quelques-unes ont été étudiées d'une manière 25562 complète, et je n'ai pas encore rencontré deux bonnes espèces qui De SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXXV puissent pas être distinguées anatomiquement. Je ne veux pas dire qu'il faille renoncer à la fleur, au fruit, etc., mais qu'on pourra s'en passer si on n'en a pas. Voilà tout. Je n'ai pas dit que les botanistes ont fait jusqu'à présent de l'art et non de la science; j'ai dit que la botanique systématique est une science qui a pour but de dévoiler les affinités, la botanique descriptive une science qui s'occupe de la description des végétaux, et la détermination, l'art de trouver, par n'importe quelle méthode, le nom qui convient à un échantillon donné. Si je n'ai pas cité mes devanciers, c'est que je suis venu au Congrés pour rendre compte de mes propres travaux et de mes idées. C'est pour la méme raison que je n'ai parlé que de l'anatomie de la feuille. D'autres observateurs étudient la tige ou la racine; ils pouvaient, comme moi, exposer ici les résultats de leurs recherches. Quant à l'historique de l'anatomie systématique, il est difficile à faire; je ne me charge pas de la besogne ; mais, si on veut la preuve que je suis loin de mépriser les tra- vaux de mes devanciers, il suffit de lire la préface de mon Mémoire sur les caractères des principales familles gamopétales. M. Cornu ne croit pas que l’anatomie puisse renseigner l’horticulteur sur les soins à donner à une espèce quelconque. Je rappellerai tout d'abord que le chapitre que j'ai publié à ce sujet a fait quelque sensation dans le monde horticole et qu'il a été confirmé, pour les Orchidées, par M. Maxwell T. Masters. Les deux cas que M. Cornu m'oppose échappent à ma compétence; j'ignore jusqu'à quel point l'adaptation à un sol argi- leux ou spongieux peut être exprimée par la structure anatomique ; je n'ai eu en vue que l'arrosage et l'éclairage, non la composition chimique ou physique du sol. Je ne crois pas que M. Cornu réussisse à faire pros- pérer une plante héliophile à l'ombre, ni une plante héliophobe en plein soleil; je ne crois pas davantage qu'une plante xérophile supporte l'humi- dité excessive de l'air, ete. La preuve, c'est qu'on divise les serres en locaux distincts dans lesquels on réalise des conditions de milieu diffé- rentes et qu'on réunit dans un méme local les végétaux qui réclament le méme traitement. L'anatomie nous indique quel doit étrece traitement ou, inversement, dans quel local il faut caser une plante donnée. Autre chose est de savoir si cette méthode sera jamais acceptée par les horticulteurs ; si elle ne l'était pas, ce serait non parce qu'elle est mauvaise, mais parce qu'elle nécessite l'emploi du microscope. C'est la méme raison qui a empéché jusqu'à présent les systématiciens d'employer les caractéres anatomiques. Je m'arréte, Messieurs; car cette discussion, aprés tout ce qui a été dit, me parait assez stérile. Le mouvement scientifique a porté la bota- nique systématique dans une autre voie. Personne n’est forcé de la suivre, LXXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. mais le mouvement ne s'arrétera pas, et le siécle futur, comme l'a dit éloquemment un des adeptes, appartient à l'anatomie systématique. M. Bureau. — Je ne crois pas, Messieurs, qu'il puisse exister de désaccord entre les botanistes sur la question présente puisque tous désirent atteindre le méme but : une classification de plus en plus natu- relle et une détermination de plus en plus précise. Or ces deux choses ne font qu'une, car on ne peut classer sans déterminer. Les classificateurs et les déterminateurs font également de la science, et ils s'aident mutuel- lement; les moyens dont ils se servent peuvent étre trés variés. M. ©. Penzig. — M. Vesque a voulu, je crois, indiquer l'importance des recherches microscopiques dans les circonstances où les autres procédés de détermination ne sont plus applicables; il ne songe pas à créer une méthode anatomique, comme M. Cornu semble l'avoir compris. On ne peut contester aux anatomistes le mérite de rendre un grand ser- vice, quand ils arrivent à déterminer une plante d'aprés un fragment de feuille de quelques millimétres, comme disait M. Vesque. M. Vesque. — Ce n'est là, en effet, ni mon idée, ni mon but. Je ne veux pas faire de systéme anatomique, je tiens au contraire à fusionner et à subordonner tous les caractères. Le côté pratique s'en dégagera tout seul. Au reste le meilleur moyen de s’assurer de la vérité de ce que j'avance, c'est de faire la monographie complète d'une famille ou d'un grand genre (1). M. H. L. de Vilmorin. — Il faut, je crois, se féliciter du débat actuel, qui, par l'ardeur méme avec laquelle les opinions sont attaquées et défen- dues, prouve qu'il était nécessaire. Je ne doute pas que ceux d’entre vous qui, comme moi, y auront assisté en simple auditeur, n'emportent l'impression d'une discussion toute favorable au but que nous cherchons, el dans laquelle l'antagonisme n'aura été qu’apparent. M. Bureau. — J'appuie bien vivement les paroles de M. de Vilmorin. Il. n'existe pas d'antagonisme entre les méthodes, j'en ai moi-méme fait l'expérience. Qu'il me soit permis, en effet, de rappeler que la structure des formations secondaires des Bignoniacées m'a fourni de bons carat- tères génériques; ce sont là cependant des caractères d'adaptation. Le point important de la question est, je erois, d'établir quel rang doivent prendre les caractéres externes ou internes dans la classification. Il me semble qu'on ne peut vouloir appliquer, exclusivement à tout autre, la même méthode aux différents groupes de végétaux. Nous savons tous, (1) J'ai reçu, après la clôture du Congrès, l'anatomie de la feuille des Arbutoidées et des Vaccinioïdées, de M. Niedenzu ; c'est la plus éclatante confirmation des idées que je viens d'exposer. (Note ajoutée par M. Vesque pendant l'impression.) SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXXVII en effet, qu'un caractère ou une série de caractères a plus d'importance dans une famille que dans une autre. Si dans un cas la méthode ordi- naire ne donnait pas de bons résultats, la méthode anatomique pourrait sans doute être employée avec succès. M. Hartog. — Je viens compléter en un sens la pensée de M. Bureau. M. Vesque, dans son travail magistral, fait, selon moi, une faute en voulant établir d'une façon absolue la hiérarchie des caractères anato- miques. Tel caractére, qui parait épharmonique et spécifique dans une famille, peut dans une autre acquérir une constance qui s'étend sur toutes les espéces de cette famille. Je pourrais citer, par exemple, le fruit des Ombelliféres. Les organographes ont dü compter avec cette variabilité de la valeur des caractères qu'ils ont employés pour la classi- fication ; il est évident qu'il en sera de méme pour les anatomistes. M. Vuillemin. — La remarque de M. Hartog est, selon moi, une objection capitale au système de M. Vesque. Même théoriquement, je ne comprends pas les limites tranchées établies entre divers ordres de caractères micrographiques. M. Vesque, admettant les principes trans- formistes, doit voir dans une adaptation au milieu l'origine des modifica- tions qui ont produit la diversité du monde végétal actuel. Ainsi un caractère aujourd'hui invariable, et si bien approprié à un milieu donné que telle plante où il s'observe ne peut pas se maintenir dans un milieu différent, a dà, chez les ancétres de cette plante, apparaitre simultané- ment à ces facteurs externes eux-mémes et se fixer peu à peu, en raison des avantages que les individus vivant dans ce milieu et munis de ce caractère rencontraient dans la lutte pour l'existence. L'apparition d'un tel caractére ne peut s'expliquer, d'aprés les idées de Darwin, que s'il a possédé jadis une élasticilé analogue à celle des caractères épharmo- niques de M. Vesque. Les caractères phylétiques eux-mêmes n'ont d'autre raison d'étre qu'une adaptation à certaines conditions d'existence; et, si la concordance n'est plus évidente actuellement, un transformiste, dis- posant d'une période de temps indéfinie, ne saurait étre embarrassé pour remonter à l’époque où chacun de ces caractères cadrait exactement avec les nécessités biologiques locales. Cette concordance donne seule raison de l'apparition du caractère et de la survivance des générations qui en ont recu l'héritage. Un caractère phylétique est simplement un caractère d'adaptation ancienne, que rien n'a sollicité à varier à travers une période de temps correspondant à l'évolution de tout un phylum. Les caractéres aujourd'hui phylétiques ont eu, dans le principe, une moindre dignité ; ils sont devenus peu à peu constants dans des groupes étendus, parce que la persistance de ces groupes n'a pas été intéressée à leur transforma- lion; mais dans des groupes voisins, soumis à des conditions telles que LXXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. le même caractère devait se plier à des facteurs nouveaux du conflit vital, ce caractère a pu rester variable et ne pas dépasser la valeur de caractère épharmonique, même dans la nature actuelle. M. Vesque. — Les caractères épharmoniques sont certainement trés différents de tous les autres, adaptationnels ou non; ils sont sans doute contemporains de la différenciation des stations à la surface du globe. Il m'importe peu de savoir pour le moment comment les caractères dits phylétiques ont pris naissance ; chacun peut avoir ses idées sur ce point. Je ne vois pas bien, par exemple, en quoi la forme pentamère du Paris quadrifolia peut étre le résultat d'une adaptation. Ce qui est certain, c’est qu'il existe des caractères anatomiques des familles comme il existe des caractères morphologiques, et que je distinguerai une Crucifère d'une Caryophyllée ou d'une Labiée à l'aide de ces caractères alors que les caractères épharmoniques, tels que la structure histologique du mésophylle, ne me seraient d'aucun secours. Dans tous les cas, je ne vois pas en quoi l'observation de M. Vuillemin touche à ce qu'il appelle mon systéme. La subordination n'en existe pas moins. Celle dont j'ai eu l'honneur d'exposer les principes, semble trop rigide; c'est une méprise. Je sépare rigoureusement tous les caractéres en rapport avec l'adaptation au milieu physique sous le nom d'épharmo- niques ; je constate qu'il y en a d'autres de valeur beaucoup plus élevée, tout le monde les connait maintenant, et si j'ai moi-méme, si d'autres que moi ont cité quelques exceptions, nous n'en serons ni plus ni moins avancés que les systématiciens de l'ancienne école qui en ont autant à notre service. Je refuse absolument à tous les caractéres épharmoniques une valeur plus que spécifique; j'ai trop peur qu'on ne remette encore la Baleine parmi les poissons et le Villarsia parmi les Nymphéacées. M. Hartog, pour montrer que j'établis une hiérarchie trop rigide, cite encore le fruit des Ombelliféres sur lequel j'ai dit mon sentiment; il parle, en outre, d’un caractère épharmonique et spécifique dans une famille et qui peut acquérir dans une autre une constance qui s'étend à toutes les espéces de cette famille : ce sont les allures épharmoniques de la famille exprimées dans tous ses membres. Le caractère en question n'est pas un caractère de la famille, mais il peut néanmoins rendre des services dans la détermination. Voilà tout. Ma hiérarchie se borne à cela : quelques caractères de famille, dont personne ne peut nier l'existence, un petit nombre de caractères inter- médiaires actuellement connus, enfin toute la foule des caractéres éphar- moniques qui ne se parent mensongèrement de la valeur générique 0u familiale, etc., que par adaptation semblable. M. Hartog ne me parait pas avoir saisi parfaitement le sens des « allures épharmoniques ». SÉANCE DU 24 AOUT 1889. LXXXIX M. Maury. — De tout ce que vous venez d'entendre, Messieurs, il se dégage nettement, je pense, la nécessité d'introduire dans la classi- fication des végétaux les caractéres tirés de leur structure. Il semble, en effet, singulier de concevoir une classification fondée seulement sur une série de caractères à l'exclusion des autres. Mais quels caractères de structure utiliser? On pourra discuter longtemps encore à ce sujet, car l'on différera d'opinion tant que l'on n'aura pas des données suffi- santes sur l'ensemble des familles végétales et sur les variations de structure dans diverses conditions; tant que, dans la recherche de ces caractères, les botanistes s'attacheront, suivant leur tempérament ou l'impulsion reçue, à ne recourir qu'à certains d'entre eux, comme on l'a surtout fait jusqu'ici. Dans tous les cas, les recherches à poursuivre ne paraissent devoir étre fructueuses qu'autant qu'elles auront un but moins utilitaire, qu'elles seront, suivant la pensée exprimée tout à l'heure par M. Vesque, plus scientifiques. Il ne peut donc étre question, au point de vue élevé ou l'on doit se placer, de méthode, de systéme ou de classi- fication à édifier, pas plus que de moyen pratique de détermination à trouver, mais bien de la connaissance entière, complète des types végé- taux, à la suite de laquelle les affinités, les rapprochements se révéleront d'eux-mémes. Et, d'ailleurs, est-il besoin de rappeler que toute classi- fication, méme la plus naturelle, même celle d’Ant. de Jussieu que défendait, il y a un instant, M. Cornu, n'est qu'un adjuvant de notre connaissance des étres et n'existe point effectivement dans la nature? Qui pourrait prétendre posséder tous les éléments de la classification naturelle? Tous ces étres que nous rapprochons ont-ils réellement entre eux le lieu de parenté ou de filiation que nous leur supposons? Ce qui apparait comme seulement réel, positif, scientifique, c'est la définition d'un individu ; commencons donc par l'obtenir. Le reste, la détermina- lion pratique viendra par surcroit. Ces idées m'ont paru devoir étre exprimées, et je vous remercie, Mes- sieurs, de m'avoir laissé attirer sur elles votre attention, car ce sont celles qui, peut-étre, effectueront l'union tant cherchée entre la taxinomie ancienne et l'anatomie systématique. M. P. Vuillemin fait la communication suivante : XC CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE, par M. Paul VUILLEMIN. Les opinions les plus divergentes ont été émises par les botanistes au sujet des services que l'emploi du microscope peut rendre à la systéma- tique. Pourtant l'entente est facile. Définissons les caractéres ayant servi de base à toutes les classifications et les caractères révélés par le micro- scope, et nous verrons que les uns et les autres sont de méme nature. Toutes les classifications reposent sur la forme de la plante, envisagée dans le corps entier, les membres, les organes, les éléments, sur la mor- phologie, dans le sens le plus large du mot. La morphologie a été subdi- visée, dans la pratique, en cytologie, histologie, anatomie, morphologie externe. La cylologie envisage isolément les cellules. L'histologie s'occupe de leur groupement en tissus; elle étudie la texture de la plante, la consis- tance des feuilles, des tiges, etc. L'anatomie ne considére plus les maté- riaux, mais leur répartition dans le corps; elle fait connaitre le plan de l'édifice, l'architecture de la plante ou, si l'on veut, la topographie des divers systèmes de tissus. Les caractères cytologiques, histologiques, anatomiques, se reflétent en partie dans la forme générale, dans l'aspect extérieur de l'individu. Les contours du corps, l'agencement des mem- bres qui constituent, soit la fleur, soit l'appareil végétatif, sont des carac- téres de méme ordre que la répartition des faisceaux conducteurs ou des &léments scléreux ; et les botanistes pourraient les appeler des caractéres anatomiques, de méme que les artistes ne croient pas franchir les limites de l'anatomie humaine, quand ils passent de l'agencement des muscles ou du parcours des veines au relief du corps et au modelédes membres. Mais on est convenu de réserver le nom de caractères anatomiques à la structure intérieure et d'appeler morphologie externe et, par extension, morphologie, sans épithéte, la configuration apparente. L'anatomie profonde exige d'ordinaire une certaine technique : la dissection, les coupes fines, les réactifs colorants ou éclaircissants, le microscope sont d'un emploi courant dans ce genre de recherches. Aussi, par une confusion fàcheuse de la fin et des moyens, a-t-on souvent taxé de caractères anatomiques toutes les propriétés dont la découverte exige des manipulations complexes et, notamment, l'emploi du microscope, réservant le nom de caractères morphologiques à ceux que décèlent des procédés plus simples. De là cette scission entre les botanistes descrip teurs et les micrographes, que les premiers décorent du nom d'anato- VUILLEMIN. — LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE. XCI mistes et auxquels ils prêtent des idées absolument subversives en phyto- graphie. Si l'importance des communications précédentes ne m'obligeait à condenser mes idées en quelques lignes, je n'aurais pas de peine à établir que tous les grands taxinomistes ont tenu compte des caractères de structure, anatomiques, histologiques, cylologiques, qui étaient à leur portée. Chacun d'eux en a ajouté à ceux qu'étudiaient ses devanciers. S'il existait une limite tranchée entre le domaine des micrographes et ` celui des phytographes, on peut donc dire que ceux-ci empiéteraient sans cesse sur les frontières de leurs rivaux. Mais une telle limite est imagi- naire. L'étude des corpuscules, par exemple, ne rentre pas dans deux ordres de sciences, parce que ces organes sont superficiels chez les Cryptogames vasculaires, plongés dans le nucelle chez les Gymno- spermes. | On démontrerait, de méme, que bien des caractéres de morphologie externe (poils, stomates des plantes supérieures, corps entier de plu- sieurs Thallophytes), ne peuvent étre sainement appréciés sans l'aide du microscope. De leur nature, ces caractères morphologiques délicats ne différent pas plus des autres caractéres superficiels, que les données anatomiques, histologiques, cytologiques, saisissables à l'eil nu ne différent des plus fins détails de structure. Tant qu'on s'adresse à des propriétés de méme ordre, peu importe qu'il nous convienne de les examiner à la loupe ou au microscope. Cette nécessité concerne des qualités purement subjectives et se rapporte à l'acuité de notre vue ou à l'insuffisance de nos sens ; mais elle ne touche nullement la plante elle-méme, objet de nos recherches. Dans quelles circonstances l'emploi du microscope est-il indiqué en phytographie? — Si l'on ne peut élever aucune objection de prin- cipe contre l'emploi des caractéres microscopiques en taxinomie, cer- tains botanistes semblent en redouter les difficultés et craindre que l'introduction de ces caractères ne ferme l'accés de la science aux simples amateurs, pour en faire le monopole de quelques initiés, peu soucieux d'ailleurs de dénombrer les richesses végétales de chaque localité. Pour dissiper ces appréhensions, examinons les conditions dans lesquelles les recherches mieroscopiques s'imposent aux classificateurs. Le criterium est l'impossibilité d'atteindre les mémes résultats par une autre voie. Tout ce qui s'est fait jusqu'ici sans microscope doit étre continué par les mémes procédés : les travaux des plus modestes collec- teurs de plantes seront aussi utiles, les catalogues et les Flores seront élablis sur les mémes principes et consultés avec le méme fruit que par le passé. Les circonstances oü l'on aura recours au microscope Sont définies XCII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. par les-buts mêmes que poursuivent les classificateurs. Or les classi- fications botaniques ont deux objectifs bien distincts : le premier est de déterminer les plantes, de rapporter les espèces déjà connues aux noms et aux descriptions qui s'y rapportent, de dénommer les formes nouvelles suivant des règles consacrées; le second est de disposer tous les types végétaux dans un ordre méthodique, conforme à leurs affinités, tradui- sant, par la place relative qui leur est assignée, la parenté réelle qui les unit. Au premier point de vue, la classification est un simple procédé pour reconnaitre les plantes; au second elle se propose de les faire connaître en elles-mêmes et de révéler d'une façon sensible la somme des ressemblances et des différences qui existent entre deux espéces données. Le microscope répond à chacun de ces buts et doit étre employé quand les caractères visibles à l'eeil nu ne suffisent pas pour reconnaitre une plante ou pour en préciser les affinités. Il permet, en outre, de vérifier les données établies approximativement sur des caractères superficiels. Les applications du microscope aux classifications se ramènent donc à trois chefs : 1° reconnaissance des plantes indélerminables à l'œil nu; 2 contrôle des résultats fournis par les autres méthodes; 3° solution de certains problémes concernant la filiation des plantes et inaccessibles aux procédés plus simples. : Caractéres microscopiques appliqués à la détermination des plantes. — Si la plante à déterminer est suffisamment grande, comme c'est le cas pour les Phanérogames, et de plus pourvue de fleurs et de fruits, la question est facile à trancher, à un simple examen des caractères exté- rieurs. La supériorité de la fleur ressort, indépendamment de sa valeur absolue, de la commodité de son emploi, puisque les différences basées sur sa forme et son organisation sont les plus apparentes, les plus sail- lantes, les plus faeiles à apprécier et les moins aptes à faire naitre la confusion. Mais souvent il est utile de reconnaitre une plante dépourvue de fleurs ou méme réduite à des fragments informes. Il s'agit, par exemple, de préciser l'origine d'une drogue exotique, de déceler une falsification dans une substance alimentaire ou médicamenteuse, de retrouver un poison végétal dans le contenu stomacal d'une victime. Comment y par- venir, si l'on ne connait pas la structure intime de la plante dont on soupçonne la présence ou de celles qui peuvent lui être substituées? Des problémes de ce genre se posent continuellement en pharmacologie, en médecine légale, et les recherches anatomiques et histologiques, appuyées sur l'emploi du microscope, peuvent seules en fournir la solution. Comme les plantes à découvrir par ces caractères sont souvent imprévues, il es ` VUILLEMIN. — LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE. XCIIL nécessaire d'en systématiser l'application. Une classification basée exclu- sivement sur des caractéres de structure, et notamment sur des carac- téres microscopiques, est donc appelée à rendre de réels services. Cette classification n'est pas tenue d'étre conforme aux affinités ; son but peut être atteint sans qu'elle ait aucune valeur théorique. Les caractères invo- qués seront subordonnés, non d'aprés leur dignité absolue et leur impor- tance taxinomique, telle que l'entendent les adeptes de la méthode natu- relle, mais d'aprés leur constance daus les sortes d'échantillons qu'il s'agit de distinguer. Dans cette voie encore les micrographes ont été précédés par les plus illustres phytographes; et il suffit de rappeler que Lamarck est l'inventeur de la clef dichotomique, pour assurer que l'on peut baser toute une systématique sur des propriétés envisagées simple- ment au point de vue de la commodité de leur emploi, sans se désinté- resser pour cela des questions les plus philosophiques de la science taxinomique. La classification micrographique, que médecins, pharmaciens, etc., appellent de leurs vœux, est donc justifiée, ni plus ni moins, par les motifs mêmes qui ont fait accueillir avec tant de faveur la « Flore fran- çoise », et qui ont mis en honneur les tableaux analytiques chez les plus fervents admirateurs des Jussieu et de leurs illustres continuateurs. Un autre cas se présente à chaque pas en paléontologie. Il s'agit de plantes nouvelles dont les fragments ne rappelleut directement aucune espéce décrite. Si l'on songe aux résultats merveilleux obtenus par l'anatomie comparée sur ces débris de tiges et de feuilles et à l'écla- tante lumiére que ces recherches ont déjà répandue sur l'évolution du régne végétal, on ne voit plus seulement dans les travaux analomiques un procédé trés acceptable de détermination, mais une science suscep- tible d'étendre le domaine et d'augmenter la précision de la phytogra- phie en général. ; Caractères microscopiques employés comme moyen de contrôle. — La valeur des caractères microscopiques comme moyen de contrôle est indépendante de toute idée de supériorité ou d’infériorité de la micro- graphie à l'égard de la phytographie ordinaire. Elle repose tout entière sur ce fait que les mémes questions sont envisagées par une autre face. Les conditions particuliéres dans lesquelles certains groupes ont évolué ont pu modifier des qualités essentielles au point de les rapprocher, en apparence du moins, des caractères considérés comme propres à des groupes tout différents, et d'éveiller, dans l'esprit de l'observateur non prévenu, l'idée d'affinités inexactes. Les caractéres admis à bon droit comme dominateurs n'échappent pas à une certaine variabilité, et une confiance trop exclusive dans une seule catégorie de propriétés devien- drait une source d'illusions, Lamarck avait excellemment indiqué cet XCIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. écueil, quand il disait : « Tous les caractères, dans quelque partie qu'on les prenne, sont susceptibles de varier ou d'étre constants selon les plantes dans lesquelles on les observe : c'est ce qui fait, pour le dire en passant, que les principes qui établissent des caractéres du premier, du second ou du troisiéme ordre sont si souvent démentis par la nature. » (Flore francaise, 2* edit., an HT; t. I, p. xxxix.) Concurremment avec la morphologie superficielle, examinons la struc- ture intime des végétaux : il est improbable que l'adaptation ait imprimé à des propriétés aussi différentes des modifications de méme sens et de méme degré. Provoqué par le sentiment d'une telle divergence, un examen plus approfondi des caractères macroscopiques indiquera de nouveaux points de vue pour l'examen de ceux-ci et amènera entre les morphologistes eux-mêmes un accord que l'emploi exclusif de leurs pro- cédés avait été impuissant à réaliser. Les caractéres micrographiques peuvent ainsi rectifier diverses inexac- titudes à peine soupconnées, et, pour les mémes motifs, résoudre des questions litigieuses, marquer la place réelle des groupes critiques, que des analogies superficielles faisaient rapprocher avec autant de vraisem- blance de plusieurs types éloignés. Les services rendus de la sorte à la phytographie par les études microscopiques sont déjà nombreux. On pourrait citer les travaux de M. Van Tieghem sur les canaux sécréteurs comme un modéle du genre. Mais, forcé de me restreindre, je rappel- lerai un simple exemple de nature à indiquer les avantages de celte méthode. Le genre Frankenia est un de ceux qui défient le plus audacieuse- ment les procédés ordinaires des phytographes : réuni aux Hypéricacées par Eichler, il est généralement considéré comme l'unique représentant d'une petite famille, voisine des Caryophyllées, selon Bentham et Hoo- ker, des Violacées, des Linacées, selon A. Pyr. de Candolle, des Plom- baginées, selon Decaisne, etc. C'est donc un de ces cas désespérés en présence desquels l'emploi des remédes suspects est justifié; c'est un groupe au profit duquel les phytographes les moins entreprenants ne sauraient refuser l'essai des caractéres microscopiques. Toutes les Frankéniées présentent des glandes épidermiques, dont le modéle n'a été retrouvé chez aucune autre plante, sauf chez les Tamari- cacées. Ces organes sont homologues de poils glanduleux, mais contrat- tés de telle sorte, que la paire de cellules basilaires est refoulée laté- ralement par la paire de cellules sécrétrices, et que ni l'une ni l'autre ne fait saillie au dehors. Les glandes des Plombaginées sont adaptées à une fonction analogue, mais répondent à un type différent. La présence exclusive d'une telle particularité dans les Tamaricacées et les Franké- niées faisait soupçonner une certaine parenté entre ces deux groupes. VUILLEMIN. — LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE. XCV Toutefois une conclusion ferme ne pouvait être assise sur une observa- lion isolée ; ce caractère nouveau avait une valeur incertaine, et de plus, ayant échappé aux recherches passées, malgré sa constance dans les types en question et malgré le talent incontesté des savants qui avaient fait une étude spéciale de l'épiderme de ces plantes, il pouvait exister à notre insu dans plusieurs familles. Cependant, les recherches entreprises depuis la publication de ma première note sont restées infructueuses. Les formations signalées récemment par M. Heckel chez les Globulariées et les Sélaginées sont en effet des poils capités d'un type répandu et se rapprochant, non pas des glandes de Frankenia, mais des poils égale- ment munis de pores des Lathræa, d’après Kerner et Wettstein, ou des Drosera, d'aprés mes propres observations. Quoi qu'il en soit, pour vérifier l'hypothèse suggérée par la présence des glandes, je fis appel aux autres caractères de structure des Frankéniées et des Tamaricées. Si les autres familles rapprochées des Frankéniées n'ont pas de glandes épidermiques, en retour, on ne rencontre pas chez les Frankenia les canaux et les poches oléifères caractéristiques des Hypéricacées. Si le périderme est exodermique chez les Frankéniées, ` péricyclique chez les Hypéricacées, comme l'a signalé M. Douliot, il est également péricyclique chez les Plombaginées et les Caryophyllées, exodermique chez les Tamaricées. On retrouve à la fois chez les Fran- kenia et les Tamaricées des détails tels que cellules épidermiques pro- longées en papilles ou poils mécaniques unicellulaires. A la suite de ces constatations et d'autres analogues, la commune filiation des deux groupes est devenue probable. Pour arriver à la certi- tude, assurons-nous si les caractéres de morphologie extérieure ne sont pas en contradiction avec les résultats des recherches microscopiques. Ils le sont si peu, qu'un rapprochement analogue a déjà été proposé par Decaisne et Le Maout et par M. Baillon. A quoi se réduisent les diffé- rences des Frankéniées et des Tamaricées? L'une d'elles concerne l'ap- pareil végétatif: les feuilles sont alternes chez les Tamaricées, opposées chez les Frankenia ; mais cette particularité, qui est loin d'avoir partout une importance familiale, est bien compensée par les allures de parenté que présentent dans la forme, l'aspect, la consistance, les feuilles des deux groupes. Les différences concernant la fleur ne sont pas plus abso- lues. Les sépales sont presque libres chez les Tamarix, longuement concrescents dans les Frankenia. Les anthéres des Frankéniées sont extrorses, celles des Tamaricées le sont rarement. Les étamines, malgré une inégalité numérique, forment deux cycles dans chaque groupe ; dans les Frankéniées, leurs cycles sont isoméres aux carpelles; dans les Tamaricées, ils le sont aux verticilles externes, sauf dans des types exceptionnels, comme le Tamariz tetrandra, etc., où ils le sont à la XCVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. fois aux cycles enveloppants et enveloppés. L'albumen farineux des Frankéniées offre le principal contraste avec la graine exalbuminée des Tamaricées. Mais ces divergences sont peu de chose à cóté d'une affinité basée sur les pétales libres, l'ovaire supére, uniloculaire, à placentation pariétale, les ovules ascendants, anatropes, la capsule à déhiscence s'opérant au milieu des carpelles. La distance qui sépare les Tamaricées des Fran- kéniées se trouve encore comblée par deux tribus intermédiaires : les Réaumuriées, qu'on pourrait définir des Tamaricées à albumen farineux, et les Fouquiérées, que Bentham et Hooker ont retirées des Frankéniées, où les avait placées Endlicher, pour les rattacher aux Tamaricacées. Les caractères morphologiques, grâce aux indications fournies par la structure, nous permettent donc de résoudre, au sujet des affinités des Frankéniées, une question sur laquelle, réduits à eux-mêmes, ils étaient restés incapables d'amener les botanistes à une entente. Grâce à celte combinaison de procédés, il paraît légitime de considérer les Franké- niées comme une simple tribu des Tamaricacées, tribu dont les carac- tères les plus saillants sont la soudure étendue des sépales et les feuilles opposées. Valeur propre des caractères microscopiques et données qu'ils fournissent sur la filiation des plantes. — Les applications de la micrographie, dans les cas examinés jusqu'ici, sont indépendantes de la valeur absolue des caraciéres qu'elle révéle et de la subordination de ceux-ci à l'égard des autres caractères morphologiques. Cette dernière question a pourtant un grand intérêt théorique. Dans de nombreux Mémoires et Dissertations, on a choisi arbitraire- ment un systéme anatomique et, l'examinant dans un groupe quelconque, on a cherché s'il était constant dans une famille ou si ses variations correspondaient aux subdivisions admises dans quelque ouvrage célèbre de phytographie. Il s’est trouvé cà et là des tribus où un caractère structural concordait avec les divisions fondées sur la morphologie externe, tandis que tout à côté le même caractère chevauchait sur plu- sieurs tribus, sans se reproduire dans tous les représentants de l'une d'elles. Que faut-il conclure de cette discordance, sinon que la question a été mal posée ? On ne rencontrerait pas davantage deux caractères superficiels ayant exactement la même compréhension. On ne citerait pas une famille un peu étendue qui fût définie par un caractère à Ja fois constant et exclusif. À ce point de vue les caractères introduits dans les classifications par les mierographes se comportent absolument comme les autres. Tantôt ils sont moins fixes que ceux-ci, tantôt ils le sont davantage. Ainsi les glandes épidermiques des Tamaricacées, y compris VUILLEMIN. — LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE. XCVII les Frankenia, sont peut-étre l'organe le plus spécial à cette famille. Un caractére histologique l'emporte, dans ce cas particulier, sur toute la morphologie de la fleur; mais cette valeur n'est démontrée que par la concordance de la somme des autres caractéres morphologiques, superficiels et profonds. En fait, il ne serait pas plus légitime d'attribuer une importance absolue à un détail micrographique qu'à tout autre caractère. Il est pourtant utile d'établir, par une statistique, la constance relative des divers caractéres de cette sorte, si l'on veut découvrir les lois de leurs variations. Les travaux de M. Vesque constituent la tentative la plus compléte dans cette voie, et les régles que cet observateur a énoncées dans plusieurs Mémoires, et qu'il vient de récapituler devant les membres du Congrés, renferment des données précieuses au sujet de la subordi- nation des caractéres anatomiques et histologiques. Pour l'exposé des faits, nous renverrons simplement au Mémoire de M. Vesque et à la discussion provoquée par cette communication, bien que nous regrettions d'en voir systématiquement écartés des caracléres, comme ceux des faisceaux, dont l'importance taxinomique est pourtant, dans cerlains cas, de premier ordre. Nous ferons seulement quelques réserves au sujet de la limite tranchée, établie par l'auteur, entre ses catégories de caractères phylétiques, adaptatifs à divers degrés, épharmoniques, etc. Ici surtout s'applique le mot de Lamarck, et la fixité d’un caractère varie beaucoup selon les plantes. On ne réussit pas mieux à trouver un criterium infaillible de la valeur taxinomique des caractères de structure. M. Vesque nous semble attri- buer une importance exagérée à la discordance que l'on constate fréquemment entre la valeur taxinomique d'un caractère et son utilité physiologique. L'opportunité d'un détail d'organisation est en effet toute relative. Tel caractère, en apparence indifférent à une espèce donnée et dans des circonstances déterminées, a pu suffire, dans un autre milieu, pour assurer la résistance d'un autre type dans la lutte pour l'existence. L'adaptation, c'est-à-dire l'action des conditions extérieures et la réaction provoquée dans la plante par ces influences, est, en dernière analyse, la cause de toute transformation dans un caractére existant et par conséquent de l'apparition d'un caractère nouveau. A ce point de vue les caractères « phylétiques » ont dù être d'abord « épharmoniques ». Quant à la persistance d'un caractére, elle résulte, soit de l'absence d'actions extérieures capables de susciter une nouvelle adaptation, soit de l'existence, chez la plante, d'une force interne capable de neutraliser de telles actions. Ainsi un caractère ne variera pas, si une accélération ontogénique l'amene à se différencier à l'abri des influences de la con- currence vitale. Les propriétés essentielles de la tige, de la feuille, de T. XXXVI. ' 1 XCVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. la racine, celles des trois régions principales de ces membres (épiderme, tissu fondamental, faisceaux), étant déjà ébauchées dans la graine, c’est-à-dire avant que le jeune individu soit soumis aux actions extérieures avec lesquelles ces caractères sont en rapport, sont constantes chez toutes les Phanérogames. La fixité de ces caractères n'a rien à faire avec leur importance physiologique ; elle en est indépendante. Un caractére aura encore bien peu de chances de subir des actions modificatrices, s'il imprime à l'organisme de profondes transformations pour le mettre en étroite harmonie avec un milieu spécial ; car la descendance de plantes présentant une allure aussi particulière ne pourra plus se plier à des conditions d'existence absolument différentes. Ainsi l'apparition d'or- ganes analogues à des tiges et à des feuilles a si bien adapté les premières Mousses à la vie aérienne, que leur postérité s'est presque exclusive- ment localisée dans le méme milieu et a conservé l'organisation primitive. La différenciation des systèmes ligneux et libérien s'est montrée si con- forme aux besoins de végétaux aériens plus parfaits encore, qu'elle s'est maintenue dans l'immense série des plantes vasculaires. Trouvera-t-on des caractères à la fois plus fixes et plus utiles ? Enfin un caractère sera peu sollicité à subir des transformations durables, tant que ses modi- fications seront sans importance pour mieux adapter la plante aux influences de milieu. L'indifférence physiologique d'un caractère contri- buera dans ce cas à en prévenir l'altération. Mais cette indifférence est toute locale, et liée bien moins à la nature intrinsèque du caractère qu'aux conditions de milieu auxquelles est actuellement soumise l'espéce qui le posséde. Ainsi, pour prendre un exemple avec lequel M. Vesque nous a familiarisés, examinons les mâcles d'oxalate de chaux. Si certaines familles n'ont aucune tendance à en produire, si d'autres familles en offrent fréquemment, à l'exclusion de toute autre forme cristalline, nous voyons les mâcles coexister avec des raphides, chez les Rubiacées par exemple. Nous retrouvons les màcles chez des Monocotylédones, des Dicotylédones et jusque dans le groupe des Champignons, tandis qu'elles manquent dans les familles les plus voisines de celles où elles ont la plus grande constance. Si vraiment ce caractère a un faible intérêt physiologique, opinion qui repose surtout sur l'insuffisance des données actuelles de la science, on ne peut done pas non plus lui attribuer une importance taxinomique toujours et partout indiscutable. Chaque caractère micrographique présente, en somme, une valeur taxinomique analogue à celle des autres caractères morphologiques- Plus est longue la période pendant laquelle le caractère considéré à échappé à toute cause de variation durable, plus ce caractère s'élève en dignité dans le groupe considéré. Je dis dans le groupe considéré, car un méme caractére a pu étre inégalement sollicité à se transformer, dans VUILLEMIN. — LA MICROGRAPHIE ET LA BOTANIQUE DESCRIPTIVE. XCIX deux phylums différents. Restant insignifiant dans telle famille, il a pu conquérir ailleurs une grande constance, en conférant une supériorité décisive à la descendance des plantes chez lesquelles il s’est d’abord montré. À la hiérarchie immuable admise par les anciens taxinomistes, on sent de plus en plus le besoin de substituer une échelle mobile des caractères. Il n'y a plus de caractère dominateur par droit de naissance. Tout caractère important a gagné le grade qu'il possède dans un groupe naturel par des services rendus, dans la lutte pour l'existence, aux ancétres de ce groupe. CONCLUSION. — A tous les degrés de la hiérarchie végétale, les caractères les plus délicats, révélés par le microscope et à l'aide d'une technique spéciale, sont applicables aux classifications. Ils ne diffèrent pas essentiellement des autres propriétés utilisées en phytographie, puis- que, comme celles-ci, ils concernent la morphologie externe, l'anatomie, l'histologie ou la cytologie. Leur emploi est donc aussi légitime que celui des caractéres macroscopiques. Ils se recommandent à trois points de vue : 1° Pour déterminer les plantes incomplètes ou altérées dans leur forme et les espéces de trés petite taille ; 2» Pour corroborer ou rectifier les classifications basées sur des caractéres différents ; 3° Pour résoudre certaines questions relatives à la filiation des plantes et inabordables par les autres voies de recherche. Dans les deux premiers cas, l'introduction des caractéres microgra- phiques ne vise qu'aux applications. Il est avantageux de systématiser l'étude dela structure intime, de dresser des tableaux analytiques de chaeun des caractéres auxquels on doit avoir recours; on peut méme souhaiter que tout un système édifié sur ces caractères permette de recon- naître un fragment informe aussi facilement qu'on détermine une plante compléte au moyen d'une Flore. Cette espérance semble réalisable dans un avenir prochain ; mais une telle classification ne doit avoir aucune prétention théorique : elle sera exclusivement pratique. Dans le troisiéme cas au contraire, les caractéres micrographiques sont appelés à concourir au perfectionnement, on peut dire à l'édification de la méthode naturelle. On ne songe donc pas à baser sur eux une classi- fication opposée à celle à laquelle ont travaillé les Jussieu, mais à les employer concurremment avec les autres données des phytographes, pour résoudre le probléme le plus élevé de la taxinomie, c'est-à-dire pour composer une classification traduisant fidélement l'évolution du régne végétal. C CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. M. Bureau croit pouvoir conclure de la discussion à laquelle vient de donner lieu la seconde question proposée à l'examen du Congrès, que les caractères fournis par la structure ne sauraient être négligés dans la classification ; sur ce point tout le monde sera d'accord. Reste à faire un choix parmi les caractères : ce ne peut être qu'une question de patientes recherches et de temps. Le Con- grés doit se féliciter d'avoir entendu M. Vesque dont l'exposé a vivement intéressé l'assemblée et donné lieu à une discussion des plus fructueuses. 25 AOUT. — SÉANCE DU SOIR. PRÉSIDENCE DE M. CH. DURAND, VICE-PRÉSIDENT. M. Ed. André dépose sur le bureau du Congrés un exemplaire de son ouvrage, Bromeliaceæ Andreanæ (Histoire et description des Broméliacées récoltées dans la Colombie, V Ecuador et le Véné- zuela), enrichi de quarante planches dessinées par M. Bruno, et il donne un aperçu de la distribution géographique des plantes de cette famille dans ces régions, où il a pu les étudier lui-même sur place. M. L. Guignard fait la communication suivante : ÉTUDE SUR LES PHÉNOMENES MORPHOLOGIQUES DE LA FÉCONDATION ; par M. Léon GUIGNARD. i INTRODUCTION. Les travaux dont la fécondation aété l'objet dans ces dernières années, soit en botanique, soil en zoologie, ont fait faire un progrès considérable à la connaissance des phénomènes morphologiques qui l'accompagnent. On avait cru d'abord qu'elle consiste dans la fusion et méme dans la combinaison de deux cellules, fusion et combinaison portant séparément sur les protoplasmes et sur les noyaux; puis on est arrivé à cette opt GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CI nion, que les noyaux seuls jouent le róle essentiel. La réduction progres- sive du protoplasme de la cellule mâle, à partir des organismes inférieurs chez lesquels la sexualité est à peine ébauchée jusqu'à ceux dont les corps reproducteurs sont le plus différenciés, fit penser, en effet, que ce protoplasme ne doit remplir qu'un róle accessoire, alors méme qu'il accompagne le noyau mâle et pénètre avec lui dans la cellule femelle. Dans les plantes, cette réduction du protoplasme de la cellule mâle, coincidant avec la différenciation progressive des gamètes, se manifeste déjà d'une façon trés marquée chez les Algues, quand on en compare à ce point de vue les divers groupes. Elle atteint son plus haut degré chez les Characées, les Muscinées et les Cryptogames vasculaires, où l'anthé- rozoide, né par métamorphose spéciale du contenu de sa cellule-mére, peut être considéré comme entièrement formé, dans sa partie active, par de la substance nucléaire. De méme, il semble établi que, chez les Pha- nérogames, le noyau mâle arrivé dans l'oosphére intervient seul dans la fécondation en s'unissant au noyau femelle. Entrevue d'abord, en 1875, chez l'Oursin par O. Hertwig (1), la pré- pondérance du noyau dans l'acte de la fécondation s'affirma de plus en plus dans la suite, en méme temps qu'à travers les différences secondaires présentées par les plantes et par les animaux se manifesta dans les deux régnes l'identité fondamentale de ce phénoméne. Mais cette idée si simple, que la fécondation consiste dans la fusion de deux noyaux, renfermait cependant quelque chose d'obscur. Le noyau contient, en effet, un certain nombre d'éléments différenciés, charpente chromatique et nucléoles : que deviennent ces éléments pendant la fécon- dation? A la suite de ses belles recherches sur les Phanérogames, M. Strasbur- ger arrivait, en 1884 (2), aux conclusions suivantes. Le noyau mâle seul, amené dans l'oosphére par le tube pollinique, se conjugue avec le noyau de cette cellule, sans que le protoplasme qui l'accompagne intervienne dans le phénoméne de la fécondation. Rien ne prouve d'ailleurs que ce protoplasme de la cellule mâle pénètre dans l'oosphére. Les deux noyaux, mâle et femelle, s'aplatissent d'abord l'un au contact de l'autre, tout en restant pendant quelque temps séparés par leur membrane ; puis la double membrane disparait et les deux cavités nucléaires se confondent en une seule. Les éléments chromatiques de chaque noyau, autrement dit les deux charpentes chromatiques, se trou- vent ainsi en contact immédiat, sans toutefois se pénétrer ni se fusionner (1) Oscar Hertwig, Beitrüge zur Kenntniss der Bildung, Befruchtung und Theilung des thierischen Eies (Morph. Jahrb., t. I, 1875). : (2) E. Strasburger, Neue untersuch. über den Befruchtungsvorgang bei den Phane- rogamen, 1884. CII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. mutuellement; mais un mélange réel se produit entre les sucs nucléaires et souvent aussi les nucléoles eux-mémes se fusionnent. Les éléments chromatiques qui proviennent du noyau mâle ne peuvent être distingués de ceux qui dérivent du noyau femelle. Quand la masse nucléaire unique ainsi formée entre ensuite en division, il apparait des segments chroma- tiques libres,qui se dédoublent suivant leur longueur, comme dans toute division normale, et, au stade de la plaque nucléaire, les deux moitiés d'un méme segment se séparent pour se rendre, en sens inverses, cha- cune à l'un des póles du fuseau qui a pris naissance, pour y constituer les deux premiers noyaux embryonnaires, lesquels recoivent par consé- quentautant de segments chromatiques du pére que de la mére. A la date indiquée ci-dessus, M. Strasburger admettait que ces seg- ments, dérivés des deux parents, se soudent ensemble dans chacun des noyaux de l'embryon, de facon à former un filament unique et continu. Dans son récent Mémoire (1), ce savant pense, au contraire, que dans tout noyau au repos, les segments chromatiques restent toujours distincts; il confirme d'ailleurs, sur les autres points, ses résultats antérieurs. Chez les animaux, où la différenciation des noyaux sexuels, pronucléus måle et pronucléus femelle, s'accompagne de phénomènes en apparence plus compliqués que chez les végétaux, M. Flemming, un des premiers (2), émit l'opinion que la chromatine du pronucléus mâle se mélange avec celle du pronucléus femelle, augmentant ainsi la masse chromatique de ce dernier. En étudiant l'Ascaris megalocephala, M. Ed. Van Beneden a été conduit à une interprétation toute spéciale du phénomène (3). Tout d'abord, le pronucléus mâle et le pronucléus femelle ne seraient, d'aprés ses observations, que des demi-noyaux, formés d’une façon par- ticulière, car, au moment où ils se différencient, le noyau du spermato- mère, qu'il considère comme hermaphrodite, expulserait sa substance chromatique femelle, tandis que le noyau ovulaire rejetterait sa substance mâle, sous forme de globules polaires. Les deux pronucléus devien- draient ainsi unisexués. Dans chacun de ces pronucléus, alors que le mâle est encore éloigné du femelle dans le vitellus ovulaire, il se con- sütue un cordon chromatique, tout d'abord fin et sinueux, qui plus tard se raccourcit et s'épaissit, de sorte qu'il devient bientót possible de constater que le cordon de chaque pronucléus est unique et continu et qu'il forme le plus souvent, sinon toujours, une courbe fermée. Le cor- (1) Ueber Kern- und Zelltheilung, 1888. (2) Archiv. für mikrosk. Anat., t. XX. « (3) Recherches sur la maturation de l'œuf et la fécondation (Archives de biologie, 1884). — Nouvelles recherches sur la fécondati ati c M. Van Neyt, 1887). fé ation... (en collaboration ave GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CIII don subit ensuite une segmentation transversale, qui donne naissance à deux anses chromatiques coudées vers le milieu de leur longueur. Il se fait ainsi deux anses dans le pronucléus måle et deux anses dans le pronu- cléus femelle. Ces quatre anses chromatiques s'orientent peu à peu, sans que les pronucléus se confondent, de facon à former ensemble une étoile à huit branches, chaque anse tournant son angle vers le centre et ses deux branches vers la périphérie. A ce moment, les membranes nu- cléaires n'existant plus, les anses chromatiques semblent suspendues dans le protoplasme ovulaire. C'est alors que s'accomplit, dans chacune d'elles, le dédoublement longitudinal, qui distribuera à part égale, aux deux premiers noyaux de l'embryon, la substance chromatique du pére et de la mére. Il n'y a jamais fusion des chromatines paternelle et mater- nelle dans les noyaux redevenus hermaphrodites, et, à tout nouveau stade de division, on voit réapparaitre quatre anses chromatiques. En résumé, M. Ed. Van Beneden voit dans la conjugaison des pronu- cléus un phénoméne tout accidentel, car elle manque dans la trés grande majorité des cas. La fécondation consiste essentiellement dans la substi- tution d'un demi-noyau, fourni par le mâle et introduit par le spermato- zoïde, à un demi-noyau éliminé par l’œuf sous forme de globules polaires. Les deux pronucléus représentent ensemble un noyau complet, il est absolument indifférent qu'ils s'aecolent ; leur présence seule, dans l'œuf, suffit pour que la fécondation soit accomplie. La première cellule embryonnaire, capable de division et représentant virtuellement l'indi- vidu futur, est donc constituée dès le moment où ces deux éléments nu- cléaires différenciés coexistent dans l’œuf. La nécessité d'une copulation des noyaux a été, au contraire, soutenue par les fréres O. et R. Hertwig, surtout à la suite de leurs recherches expérimentales touchant l'influence des agents extérieurs sur le processus de la fécondation et la division de l’œuf (1). Le contact seul des deux pronucléus ne suffirait en aucune facon pour que la fécondation füt accomplie et que le développement normal de l’œuf püt avoir lieu. C'est aussi, comme on l'a vu, l'opinion de M. Strasburger. Pour lui, la copulation des noyaux est absolument nécessaire, et il considére comme telle la réunion des filaments nucléaires du noyau mâle et du noyau femelle dans le noyau de l'œuf. Tel est, en quelques mots, l'état actuel de la question. Ayant suivi moi- méme aussi attentivement que possible chez diverses plantes, d'une part le développement et la constitution des éléments sexuels mâle et femelle jusqu'au moment de leur union dans l'oosphére, d'autre part la ( 1) Ueber der Befruchtungs- und Theilungsvorgang des thierischen Eies und den Einfluss ausserer Agentien (Jenaische Zeitsch. für Naturwiss., t. XX). CIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. marche de cette union et ses conséquences, je pense qu'il n'est pas inutile, en présence des divergences d'opinion mentionnées plus haut, de faire connaitre les résultats de mes observations. Le sujet a d'ailleurs une telle importance, au point de vue biologique, qu'on ne saurait rien négliger de ce qui peut contribuer à l'élucider et à soulever le voile épais qui nous cache encore la nature et la modalité du phénomène si complexe de la transmission des propriétés héréditaires. EXPOSÉ DES OBSERVATIONS. Les difficultés de ce genre de recherches chez les végétaux et la néces- sité de s'adresser à des plantes pourvues de noyaux assez gros pour pouvoir étre étudiés dans les détails, au cours des phénoménes qu'ils présentent avant, pendant et aprés la fécondation, restreignent forcé- ment le nombre des objets favorables à cette étude. Il ne sera d'ailleurs question, dans ce travail, que des Phanérogames hermaphrodiles, les recherches que j'ai entreprises sur les plantes unisexuées dioiques ayant encore besoin d'étre poursuivies. Mes observations ont porté surtout, parmi les Monocotylédones, sur diverses espéces de Lilium, Fritillaria, Tulipa, Muscari, Agraphis, Iris, Alstremeria; parmi les Dicotylédones, sur les Aconitum, Del- phinium, Clematis, Viola. En présence des résultats que l’Ascaris a fournis à M. Ed. Van Beneden, et qui semblent assez différents de ceux qu'ont obtenus les autres observateurs, je décrirai avant tout ce qui se passe chez le Li- lium Martagon, parce que, de toutes les plantes que j'ai examinées; c'est celle qui rappelle le plus, à certains égards, les faits signalés chez l'Ascaris. C'est aussi un des exemples les plus intéressants aux divers points de vue qu'il importe d'envisager dans le cas actuel. Il permettra de suivre en détail : en premier lieu, le mode de déve- loppement et la constitution intime des éléments sexuels mâle et femelle qui doivent entrer en jeu dans la fécondation; en second lieu, la façon dont ils s'unissent dans l’oosphère et la division de l'œuf donnant nais- sance à l'embryon; en troisième lieu, les phénomènes accessoires qui Se passent dans le sac embryonnaire. On lui comparera ensuite d'autres cas, afin de montrer les variations qui peuvent exister dans la marche de la fécondation, variations dont la connaissance est nécessaire pour arriver à une interprétation exacte du phénoméne. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CY I. — DÉVELOPPEMENT ET STRUCTURE DES NOYAUX SEXUELS. A. Noyau mále. Avant sa maturité, le grain de pollen des Angiospermes divise, comme on sait, son contenu en deux cellules de grosseur inégale, l'une petite, appelée cellule génératrice, l'autre grande, appelée cellule végétative. Les noyaux de ces deux cellules diffèrent également par leur forme, leur structure et leurs réactions. Dans la plupart des cas, la cellule géné- rawice devient libre dans le grain de pollen, à une période plus ou moins avancée du développement. Elle prend ordinairement la forme d'une lentille ou d'un croissant dont le centre est occupé par le noyau; son protoplasme se distingue facilement de celui de la cellule végétative. Tandis que le noyau végétatif ne se divise jamais, le noyau générateur présente, au contraire, ainsi que le protoplasme qui l'aecompagne, une bipartition qui peut précéder la germination du grain de pollen, mais qui, le plus souvent, ne s'accomplit que dans le tube pollinique. Suivant les plantes, c'est tantót le noyau végétatif, tantót le noyau générateur qui s'introduit le premier dans le tube. Ainsi que l'a montré M. Strasburger (1), la bipartition du noyau géné- rateur a lieu par division indirecte, et tandis que le noyau végétatif disparait plus ou moins rapidement dans le protoplasme du tube polli- nique, en général au moment où ce dernier pénètre dans l'ovule, les deux nouveaux noyaux générateurs se retrouvent avec leurs caractères propres jusqu'au moment de la fécondation. Il résulte également des observations de ce savant que l'un d'eux seulement s'unit au noyau de l’oosphère ; l'autre se désorganise et se résorbe. Quant au protoplasme qui les accompagnait dans le tube pollinique et qui provenait de la cellule génératrice, M. Strasburger ne l'a pas vu pénétrer dans l'oosphére; il pense qu'il disparait avant la fécondation, sans indiquer toutefois par quels réactifs on peut le distinguer du protoplasme végétatif qui sert de véhicule aux éléments dérivés de la cellule génératrice. Comme on le verra dans la suite, l'un des points les plus importants dans l'étude de la constitution des noyaux mâle et femelle est de con- naître le nombre des anses ou segments chromatiques qu'ils renferment l'un et l'autre avant la fécondation. Il est nécessaire en méme temps de rechercher si ce nombre subit ou non des variations dans les noyaux sexuels chez une espéce donnée : question qui a déjà plusieurs fois attiré l'attention de M. Strasburger et la mienne, et dont M. Ed. Van Beneden a également fait ressortir l'intérét. (1) Neue Untersuch. über den Befruchtungsvorgang. . ., p. 16, 82. CVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Si l'on examine les tubes polliniques du Lilium Martagon pendant leur marche dans le style, ou dans des cultures artificielles, on voit que le noyau végétatif est situé généralement vers l'extrémité du tube, dans lequel il est entré le premier; la cellule génératrice, avec son proto- plasme et son noyau, se trouve à quelque distance en arrière (Planche II, fig. 1). Tandis que le premier noyau est pourvu d'un ou de plusieurs nucléoles assez gros et d'une charpente chromatique peu colorable par les réactifs de la nucléine, celui de la cellule génératrice n'offre pas de nucléoles neltement différenciés et sa charpente chromatique trés dense se colore vivement par les mémes réaclifs. Avec un mélange approprié de vert de méthyle et de fuchsine, j'ai pu colorer en rose vif, et d'une facon tout à fait caractéristique, le protoplasme de la cellule génératrice, et le distinguer ainsi du protoplasme végétatif qui remplit plus ou moins complètement la région antérieure du tube pollinique. Cette réaction per- met de suivre la destinée du premier de ces protoplasmes aux diverses phases du développement, et de savoir s'il intervient ou non dans la fécondation. Pendant l'aceroissement du tube pollinique, et peu de temps aprés la germination du grain de pollen, la cellule génératrice divise son noyau et son protoplasme chacun en deux moitiés égales, qu'on aperçoit d'abord trés rapprochées l'une de l'autre, puis assez écartées et étirées dans le tube dont elles occupent tout le diamètre (fig. 6 et 7). Aux deux extré- mités de chaque noyau, on peut toujours reconnaitre, à l'aide du réactif indiqué, le protoplasme de la cellule génératrice. Bien que, dans le cas actuel, la succession des stades qui caractérisent la division indirecte exige, pour être aperçue, des recherches souvent infructueuses, j'ai pu l'observer à plusieurs reprises. Il apparait dans le noyau de la cellule génératrice en voie de bipartition douze segments ou bàtonnets chromatiques, faciles à compter quelque temps avant et sur- tout pendant le stade de la plaque nucléaire (fig. 3). Ces segments offrent de bonne heure les indices du dédoublement longitudinal. Autour du fuseau achromatique, mais surtout aux póles, on retrouve le protoplasme dela cellule génératrice. Lorsque les deux moitiés de chacun de ces douze segments primaires se sont séparées, suivant le mode bien connu, pour se rendre en sens inverses vers les deux póles du fuseau, chaque noyau reçoit par conséquent douze segments secondaires (fig. 4). A l'équateur des fils connectifs qui réunissent les deux groupes chro- matiques, on remarque souvent un rudiment de plaque cellulaire trés réfringente, mais qui ne vient pas rejoindre la paroi du tube pollinique et disparait bientót sans le cloisonner (fig. 5). Les deux noyaux généra- teurs ainsi formés et tout à fait semblables entre eux, s'écartent ensuite l'un de l'autre, comme on l'a vu, en conservant à leurs deux extrémités GUIGNARD. —- PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CVII chacun une part du protoplasme de la cellule génératrice primitive; on peut dire, par conséquent, qu'il existe alors deux cellules génératrices au lieu d'une seule. Il est à remarquer que le noyau de la cellule génératrice, avant sa division, ainsi que les deux nouveaux noyaux qui résultent de cette bipar- tition, s’accroissent et grossissent sensiblement dans le tube pollinique, tandis que le noyau végétatif diminue de volume. Pendant que les deux noyaux générateurs continuent leur marche en avant, sans changer d'aspect ni rien perdre de leur aptitude à se colorer par les réactifs de la nucléine, le noyau végétatif, au contraire, ne tarde pas à présenter des symptómes de désorganisation; il devient granuleux et s'étire en perdant la netteté de son contour, pour disparaitre presque complètement avant l'arrivée du tube pollinique sur le nucelle ovulaire (fig. 7). Dans l'étude des noyaux du tube pollinique, il importait de compter avec certitude les segments chromatiques qui entrent dans la constitution de chacun d'eux et de s'assurer que leur nombre est le méme dans les noyaux générateurs que celui qu'on observe dans les divisions successives qui s'opérent dans les cellules mères du pollen. Ce qui doit surtout atti- rer l'attention, c'est la fixité de ce nombre ; car, dans l'état actuel de nos connaissances, elle ne parait exister que dans les noyaux sexuels. M. Strasburger a insisté avec raison, dans son récent Mémoire (1), sur ce fait intéressant, que j'avais remarqué dans mes recherches anté- rieures (2). De la connaissance du nombre des segments chromatiques dans les noyaux des cellules-méres de pollen en division on pouvait logi- quement tirer cette conclusion, que les noyaux générateurs et végétatif doivent présenter le méme nombre, puisque la division a toujours lieu avec dédoublement longitudinal des segments. Toutefois, la démonstra- lion directe du fait est d'autant moins superflue, dans le cas actuel, qu'on verra plus loin le nombre des segments varier dans une méme cellule, telle que le sac embryonnaire, suivant que l'on considére l'une ou l'autre des deux tétrades nucléaires qui s'y forment. En outre, il n'était pas inutile de fournir un nouvel argument à l'appui de ce fait, que la différenciation des noyaux générateurs ne s'accompagne pas d'un rejet d'une partie de la substance chromatique du noyau dont ils pro- viennent, comme M. Ed. Van Beneden l'admet pour la formation du pronucléus mâle et du pronucléus femelle chez l'Ascaris. Cette démon- Stration me parait absolument faite pour les végétaux. On va pouvoir juger maintenant de l'analogie compléte que le noyau femelle de l'oos- phére présente, à cet égard, avec le noyau mále du tube pollinique. (1) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 238, 1888. (2) Recherches sur la structure et la division du noyau cellulaire (Ann. des sc. nat., Bor., 6* série, t. XVII, p. 40, 1884). CVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. B. Noyau femelle. J'ai déjà eu l’occasion, dans ces dernières années, d'étudier en détail (1) les phénomènes de la karyokinèse dans les noyaux du sac embryonnaire de plusieurs espèces de Lis. Je me contenterai donc de mentionner seulement ce qui concerne la différenciation de l'appareil sexuel femelle, qui présente un intérét spécial, et de compléter sur divers points mes observations antérieures que j'ai tenu à vérifier à nouveau. Pendant sa division, le gros noyau primaire du sac embryonnaire offre toujours, comme je l'ai montré jadis (2), douze segments chromatiques, qui se groupent trés régulièrement pour former la plaque nucléaire (fig. 8). Aprés le dédoublement longitudinal de ces segments primaires et le transport des segments secondaires aux deux póles du fuseau, les deux nouveaux noyaux, dans la constitution desquels entre le méme nombre de segments chromatiques, se montrent tout d'abord entiére- ment semblables l'un à l'autre sous le rapport de la structure et des réactions (fig. 9). Quand ils s'éloignent du centre du sac embryonnaire en se dirigeant vers ses deux extrémités, le noyau inférieur commence à l'emporter, par son volume et sa masse chromatique, sur le noyau supé- rieur (fig. 10). Puis tous deux se divisent, tantót dans deux plans diffé- rents, tantót dans le méme plan. Alors on constate ce fait curieux, que j'ai signalé dans mes premiéres observations (3) et retrouvé depuis, non seulement dans le Lilium Mar- tagon, mais aussi dans toutes les autres espéces de Lis, à savoir que le nombre des segments chromatiques n'est pas le méme dans ces deux noyaux en division. On en compte toujours douze dans celui du haut, tandis que celui du bas en offre souvent seize, comme on peul s’en con- vaincre facilement par la figure 11, où la division des deux noyaux est parvenue au stade de la plaque nucléaire et se fait dans deux plans perpendiculaires. Le noyau inférieur peut méme offrir un nombre de segments encore plus élevé, sans que le nombre de douze change dans le noyau supérieur hi dans ses dérivés (fig. 13). Il apparait ainsi, dés les premières divisions qui s'effectuent dans le sac embryonnaire, une différence caractéristique dans la constitution des noyaux, différence qui coincide avec le rôle qu'ils auront à remplir. La distance qui sépare les deux groupes nucléaires augmente peu à peu, par le fait méme de l'accroissement du sac, dont le centre est géné- ralement occupé par une ou deux vacuoles. L'inégalité des deux groupes (1) Nouvelles recherches sur le noyau cellulaire (Ann. des sc. nat. BoT., 1885). (2) Ibid., p. 326, fig. 4 à 10. (3) Nouvelles recherches, etc., p. 334, fig. 18. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CIX s’accentue de plus en plus avant qu'une dernière bipartition four- nisse les deux tétrades qui seront situées aux deux extrémités du sac. Les noyaux dela base deviennent une fois plus gros que ceux du sommet, et, quand ils se divisent, on compte en moyenne de vingt à vingt-quatre segments chromatiques dans chaque plaque nucléaire. Ces segments sont d'ailleurs aussi épais et aussi longs que ceux des noyaux du groupe supé- rieur, ce qui montre bien que l'augmentation de volume s'est accom- pagnée d'une augmentation de [a masse chromatique. Quelle est la cause de cette singulière différence, se manifestant dans une méme cellule? C'est une question sur laquelle on reviendra plus loin. Dans un méme sac embryonnaire, le nombre des segments chroma- tiques dans les gros noyaux de la base (fig. 12) peut aussi varier de l'un à l'autre dans certaines limites, de méme qu'il varie, pour un méme noyau, dans des sacs embryonnaires différents. Qu'il suffise, pour le moment, de remarquer le fait. Par contre, les quatre noyaux du sommet comprennent chacun douze segments chromatiques, et dans les diverses figures de division qui ont passé sous mes yeux, je n'ai pas trouvé d'exception. Comme l'un de ces noyaux appartiendra à l'oosphére et sera par conséquent le noyau femelle qui s'unira au noyau mâle, il en résulte que cette union aura lieu à nombre égal de segments chromatiques, soit que l'on admette que ces derniers restent toujours distincts dans chaque noyau, soit qu'ils réapparaissent au moment de la fécondation. Je montrerai, en effet, un peu plus loin, qu'on retrouve vingt-quatre segments dans l'œuf. Mais il est nécessaire, auparavant, de suivre ce qui se passe dans le sac em- bryonnaire jusqu'à la constitution définitive de l'appareil sexuel. Parmi les quatre noyaux occupant le sommet du sac, il en est deux qui appartiendront, comme on sait, aux synergides, et qui sont frères; des deux autres situés un peu au-dessous, l'un deviendra le noyau de l'oosphére, tandis que son congénére, restant libre, concourra à former le noyau secondaire du sac embryonnaire. Dès que les synergides et l'oosphére se sont entourées d'une membrane d'enveloppe trés délicate, ce noyau demeuré libre, que j'ai désigné jadis, ainsi que son homologue iuférieur, sous le nom de noyau polaire, à cause de leur situation dans le sac embryonnaire, commence à grossir et à devenir plus chromatique que le noyau de l’oosphère dont il est pourtant le frère (fig. 14 à 16). Pendant ce temps, une différence trés marquée se manifeste également entre le noyau polaire de la tétrade inférieure et les trois noyaux des antipodes. Ces derniers sont méme déjà en voie de désorganisalion et de résorption avant la différenciation complète de l'appareil sexuel et la fusion des deux noyaux polaires. Quand l'appareil sexuel est parvenu à l'état adulte, le noyau de l'oo- GX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. sphère est un peu plus gros et plus chromatique que ceux des deux syner- gides; il possède un ou plusieurs nucléoles inégaux. Le noyau polaire supérieur reste au voisinage de l'oosphére; ordinai- rement une grosse vacuole le sépare du noyau polaire inférieur (fig. 14). Ce dernier fait la plus grande partie, parfois méme la totalité du che- min nécessaire pour venir le rejoindre (1). Arrivés au contact l'un de l'autre, les deux noyaux, toujours inégaux, restent d'abord accolés en conservant chacun leur membrane propre; ils descendent ensemble vers la partie centrale du sac embryonnaire (fig. 16). A la place de la vacuole primitive, on voit alors deux ou plusieurs vacuoles entre lesquelles les deux noyaux polaires soudés s'aplatissent de plus en plus au contact l'un de l'autre, sans que la ligne de démarcation formée par leurs mem- branes cesse d'étre visible, dans la plupart des cas, méme au moment de la fécondation. Il n'y a donc pas pénétration des deux noyaux polaires l'un par l'autre, el j'ai tout lieu de croire, pour des raisons qui seront indiquées ultérieu- rement, que la membrane nucléaire commune peut persister jusqu'aux premiers symptómes de l'entrée en division. L'origine double du noyau secondaire du sac embryonnaire reste donc, dans le cas actuel, trés longtemps visible; aucun changement interne, soit dans le nombre et la grosseur des nucléoles, soit dans la structure de la charpente chroma- tique des deux masses plus ou moins soudées l'une à l'autre, ne parait se manifester avant le moment où la division va commencer. Remarquons, toutefois, que si l'union des noyaux polaires est peu prononcée dans le Lis, il n'en est pas de méme dans beaucoup d'autres plantes, chez lesquelles le noyau secondaire du sac embryonnaire forme une masse globuleuse, où les éléments chromatiques paraissent confondus et où les nucléoles eux-mémes se fusionnent. IT. — FÉCONDATION ET DIVISION DE L'EUF. Les faits observés au moment de la pénétration du tube pollinique à travers le micropyle de l'ovule et l'épiderme du nucelle, jusqu'au sommet du sac embryonnaire, me permettent de confirmer les données essen- tielles fournies à cet égard par M. Strasburger et en méme temps de pré- ciser plusieurs points intéressants. On a vu que le noyau végétatif, qui précéde ordinairement, dans le cas actuel, les deux noyaux générateurs, a disparu lorsque le tube polli- (1) Dans un travail sur le sac embryonnaire des Angiospermes, j'ai fait connaitre; chez un assez grand nombre de plantes, les différences qu'on observe dans la fagon dont les deux noyaux polaires se rapprochent pour s'unir et former le noyau secondaire du sac embryonnaire (Ann. des sc. nat., Bor., 6° série, 1882). GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXI nique est parvenu au contact du nucelle ovulaire. Le tube, qui s'était rétréci pour franchir le micropyle, continue son chemin en s'insinuant entre les cellules épidermiques du nucelle, qui recouvrent directement le sac embryonnaire dans sa partie supérieure (Planche III, fig. 17 à 21). Une fois arrivé sur le sommet du sac, il renfle son extrémité en massue ou en ampoule et refoule la membrane de ce dernier, en s'avangant vers l'intérieur soit en droite ligne, soit obliquement, sans s'étaler à la sur- face, comme chez l'ürchis latifolia et le Monotropa Hypopitys figurés par M. Strasburger (1). Dés lors, il est impossible de distinguer la mem- brane du sac de celle de l'extrémité renflée du tube pollinique. La pénétration du tube a souvent lieu à côté ou entre les deux syner- gides (fig. 19, 21); mais elle peut se faire directement dans l'une des synergides, dontle contenu se désorganise et prend un aspect particulier. Ce second cas, considéré d'abord comme général par M. Strasburger, qui pensait quele rôle des synergides était de transmettre à l'oosphére le contenu du tube pollinique, se congoit d'autant plus facilement que la membrane non cellulosique des synergides ne peut ollrir d'obstacle à la pénétration. Que cette dernière ait lieu d'une facon ou de l'autre, le tube n'en envoie pas moins directement dans l'oosphére, sans temps d'ar- rét, celui des deux noyaux générateurs qui doit opérer la fécondation, et qu'on peut désigner, pour le distinguer de son congénére, sous le nom de noyau mâle. Aussitót que l'extrémité du tube se renfle en arrivant au contact du sac embryonnaire, le noyau mâle qui y parvient le premier sous la forme d'une petite masse chromatique, auparavant trés étirée pendant son pas- sage dans le micropyle, traverse la membrane et va si rapidement s'ac- coler au noyau de l'oosphére, qu'il est très rare de le trouver encore à quelque distance de ce dernier (fig. 17). Le ramollissement de la mem- brane est d'ailleurs tel que ce passage direct ne peut souffrir aucune difficulté, sous l'influence de la poussée qui continue à s'exercer à l'inté- rieur du tube pollinique. On pourrait croire, au premier abord, à une attraction réciproque du noyau mâle et du noyau femelle déterminée par une influence d'ordre chimique, analogue à celle qui parait guider les anthérozoides des Cryptogames vers l'archégone (2) ; mais, en pré- sence de cette circonstance, que, dans l’œuf de P Ascaris, les deux noyaux (1) Neue Untersuch., etc., pl. Il, fig. 67, 69, 87. REN (2) M. Pfeffer a montré (*) que, chez les Fougères, le col de l'archégone laisse échap- per un mucilage qui renferme une substance agissant sur les anthérozoïdes et les diri- geant vers l’intérieur. Ce serait, dans ce cas particulier, de l’acide malique. On obtient le même résultat en expérimentant avec des tubes capillaires renfermant une solution (*) W. Pfeffer, Locomotorische Richtungsbewegungen durch chemische Reize (Unters. a. der Bot. Inst. zu Tübingen, 1884). CXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. sexuels ne s'accolent pas dans la plupart des cas, il y a lieu de ne pas conclure sans plus ample informé. D'ailleurs, cette attraction n'est peut- étre exercée que par le protoplasme de la cellule femelle. La petite quantité de protoplasme, qui provenait de la cellule généra- trice et accompagnait le noyau mâle, ne se retrouve pas dans l'oosphére. Diffieile à mettre en évidence, dans la plupart des cas, lorsqu'il est arrivé avec le noyau måle vers l'extrémité du tube, ce protoplasme dis- parait alors et ne peut étre distingué à l'aide du mélange de fuchsine et du vert de méthyle. Il me semble certain qu'il ne joue aucun róle dans la fécondation. Le second noyau générateur parvient, comme le premier, tout au moins dans la plupart des cas, à l'extrémité du tube pollinique. Tantót il en traverse la membrane, tantôt il reste dans le renflement où il perd rapidement son aptitude à la coloration par les réactifs de la nucléine; son contour s'efface dans la substance protoplasmique du tube devenue à ce moment trés réfringente. Souvent on l’aperçoit comme à moitié sorti du tube pollinique, ou méme à l'extérieur, quoique en contact avec lui (fig. 17, 19). Au moment où il vient s'unir au noyau de l'oosphére, le noyau måle n'offre pas de structure différenciée ; sa forme est plus ou moins irrégu- lière. La figure 17 le représente à quelque distance du noyau femelle. Le second noyau générateur, reconnaissable à l'aide des réactifs de la nucléine, occupe l'extrémité du tube, dont le contenu est homogène, brillant et trés colorable par la fuchsine (employée en mélange avec le vert de méthyle). Cette coloration, plus intense qu'auparavant, semble due à la fois aux changements survenus dans le protoplasme végétatif proprement dit et à la présence du protoplasme provenant de la cellule génératrice. Dans les synergides, les noyaux et le protoplasme ont pris un aspect réfringent, qui témoigne de leur prochaine destruction. À la base de l'oosphére, le noyau femelle ovoide possède plusieurs nucléoles inégaux et une charpente chromatique à replis trés délicats. Dès qu'il est arrivé dans l'oosphére, le noyau mâle commence à grossir et à prendre insensiblement les caractéres morphologiques d'un noyau au repos; un ou plusieurs nucléoles apparaissent dans son réseau chro- matique. Accolé au noyau femelle, il doit, d’après mes expériences, mettre plusieurs jours à acquérir sa taille définitive. Son volume n’atteint, pour de malate neutre de soude contenant 0,01 à 0,5 pour 100 d'acide, ou en se servant des poils foliaires de l'Heracleum sphondylium, qui renferment le méme acide. Les anthérozoides y pénètrent en grand nombre ct présentent des mouvements très actifs. Pour les Mousses, le sucre agit de même sur eux; mais chez le Marchantia, on ignore encore la nature de la substance chimique exsudée par le col de l'archégone. Pour les Phanérogames, M. Strasburger pense que le liquide destiné à diriger le tube pollinique dans l'ovule est expulsé par les synergides GUIGNARD. — PHÉNOMÉNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXII ainsi dire jamais exactement celui du noyau femelle; une ou deux fois seulement, je l'ai vu presque aussi gros que ce dernier au moment de l'entrée en division (fig. 23). Il en résulte que, quelle que soit sa posi- lion au contact du noyau femelle [en général il est au-dessus (fig. 19, 21)], cette seule différence permettrait déjà de l'en distinguer facilement. Mais, comme sa charpente est toujours un peu plus dense et plus chro- malique, alors méme qu'on ne pourrait apercevoir la membrane com- mune qui sépare les faces aplaties des deux noyaux sexuels, il n'y aurait à cet égard aucune difficulté. La limite commune des noyaux est surtout bien visible quand ils ont élé fixés par le liquide de Flemming ou par le sublimé ; l'aleool absolu suffit méme à la faire reconnaitre dans la plupart des cas lorsqu'on colore à l'hématoxyline. De la différenee d'aspect qui vient d'étre indiquée entre le noyau mâle et le noyau femelle, il ne faudrait pourtant pas conclure que le premier est plus riche en chromatine que le second; et, à ce sujet, M. Srasburger (1) a fait remarquer que la maniére de voir de M. E. Zacharias (2) n’est pas suffisamment fondée. Ce dernier observateur a cru pouvoir, eu effet, déduire de ses observations sur la composition chimique des éléments sexuels que le noyau femelle renferme trés peu de nucléine, tandis que le noyau mâle, végétal ou animal, est formé presque uniquement par cette substance. Or, si le noyau mâle se colore plus vivement par les réactifs de la nucléine, c’est parce qu'on le trouve presque toujours plus petit que le noyau femelle; mais, quand on l'examine au moment de l'entrée en divi- sion, on constate que ses segments chromatiques ne sont ni plus longs ni plus épais que ceux de l'autre noyau, et que bientôt aucun réactif ne permet de les distinguer de ceux qui proviennent du noyau femelle. De sorte que, si l'on compare les deux noyaux à des états réellement com- parables, on n'observe à cet égard aucune différence. On voit parfois, dans le protoplasme de l'oosphére, au voisinage des deux noyaux sexuels accolés, un autre noyau ressemblant beaucoup au noyau màle par sa grosseur et par ses réactions. C'est le cas de la figure 18, dans laquelle la résorption des noyaux des synergides est déjà fort avancée, bien que le contour de ces deux cellules soit encore recon- naissable. Le noyau en question n'est autre que le second noyau généra- teur, qui a suivi de trés prés le premier et qui a pris peu à peu dans l'oosphére les mêmes caractères morphologiques que lui, sans toutefois S'unir au noyau femelle. Comme, en raison des faits exposés précédemment touchant le mode (1) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 235, 1888. (2) Bol. Zeit., 1887, p. 354. | To XXXVI. 8 CXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. de formation des noyaux générateurs, rien ne permet de dire que ces noyaux ne sont pas équivalents au moment où ils arrivent au contact du sac embryonnaire, on concoit qu'ils puissent l'un et l'autre remplir le méme róle et s'unir au noyau femelle. Cette union, d'ailleurs exception- nelle, a été vue par M. Strasburger dans le Monotropa (1). D'autre part, on sait, que chez les animaux, plusieurs spermatozoides pénètrent parfois dans l’œuf, mais en provoquant généralement des anomalies de développement. Quant à la raison d’être de deux noyaux générateurs, il faut recon- naître qu’elle n’est pas parfaitement claire, puisque chez les Angio- spermes, le sac embryonnaire ne renferme qu’une oosphère à féconder. En supposant que leur formation ait pour but de diminuer la masse du noyau primitif et d'équilibrer les noyaux måle et femelle qui doivent s'unir, il n'en resterait pas moins encore sur ce point une certaine obscu- rité. S'il était démontré que ces noyaux ne sont pas équivalents, on com- prendrait que la division qui leur donne naissance füt nécessaire pour la différenciation du noyau mâle; mais l'observation directe ne permet pas de constater entre eux de différences morphologiques. Quand le noyau primitif du grain de pollen se divise pour donner le noyau végé- tatif et le noyau générateur, la division se fait bien suivant le processus normal; mais, presque aussitót aprés leur formation, les deux noyaux se différencient très nettement l'un par rapport à l'autre, et le méme fait, on l'a vu, se manifeste aussi aprés la division du noyau primaire du sac embryonnaire. Dans le tube pollinique, au contraire, rien n'indique une semblable différence entre les noyaux générateurs. L'espace de temps qui s'écoule entre l'arrivée du noyau måle au con- tact du noyau femelle et l'entrée en division de la masse nucléaire com- mune est assez long pour qu'on puisse suivre facilement tous les change- ments par lesquels passe le noyau mâle. Après avoir pris, comme on l'a vu, l'aspect d’un noyau ordinaire et atteint un certain volume, un peu moindre en général que celui du noyau femelle, le noyau màle commence à épaissir les replis de sa charpente chromatique; le nucléole unique ou les nucléoles qui s'étaient formés se résorbent. Toutefois, malgré l’aplatissement des noyaux sexuels l'un contre l'autre, on reconnait entre leurs charpentes chro- matiques une ligne de démarcation, et méme après la disparition des nucléoles dans l'un et dans l'autre, cette limite est encore visible. Les figures 24 et 25, dessinées à un assez fort grossissement, représentent, la première l'aspect des noyaux peu de temps avant la contraction de leurs éléments chromatiques, la seconde le stade de développement qui suil (1) Befrucht. und Zelltheil., pl. IV, fig. 130. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXV la résorption des nucléoles. Dans la derniére, la membrane des noyaux a persisté, bien qu'on soit en présence du premier stade de la division; par conséquent, les noyaux sont reslés jusque-là entiérement dislinets l'un de l'autre, tout en étant intimement accolés sur une large surface. Dientót les enveloppes nucléaires disparaissent, mais le contour pri- mitif des deux noyaux formant la masse commune se reconnait encore à la périphérie. Les sucs nucléaires peuvent alors se mélanger, sans qu'il soit possible d'affirmer qu'aucun échange de substances solubles ne s'est produit antérieurement entre les deux noyaux. Mais aucune fusion ne se produit entre leurs éléments chromatiques figurés. Plusieurs fois j'ai pu distinguer encore, comme l'indique la figure 26, planche IV, les deux groupes chromatiques du noyau mâle et du noyau femelle l'un à côté de l'autre. Celui qui appartenait au noyau måle (à droite dans la figure) était un peu plus colorable que l'autre. A cet état, les segments chromatiques, dont on voyait quelques bouts libres dépasser cà et là le contour primitif des noyaux, ne pouvaient pas encore être comptés. A partir de ce stade, la contraction et, par suite, l'épaississement con- linuant à s'effectuer, les segments s'orientent pour former une plaque nucléaire, en méme temps qu'apparait un fuseau achromalique dirigé parallèlement au grand axe de l'euf (fig. 27, 29, 30). Au-dessus du fuseau ou parfois sur les cótés, se trouvent une ou deux grandes vacuoles. Dans la figure 27, l'orientation des segments, de chaque cóté du plau équatorial, est déjà trés avancée, et il est possible d'en apprécier exac- tement le nombre, qui est de vingt-quatre. Un peu plus tard, quand la plaque nucléaire est définitivement constituée, comme dans les figures 29 et 30, malgré leur position et leur inflexion dans plusieurs plans, leur numération ne laisse aucune incertitude, et j'ai pu la faire dans un assez grand nombre de cas. D'ailleurs, on arrive à lever tous les doutes en comprimant avec précaution la plaque nucléaire de façon à les écarter les uns des autres, comme dans la figure 28. On retrouve donc dans le noyau de l’œuf en voie de segmentation vingt-quatre segments chromatiques, et, comme il a été prouvé antérieu- rement que le noyau màle et le noyau femelle en renfermaient chacun douze, il en résulte que la fécondation se produit avec un apport égal de part et d'autre. En outre, quand la plaque nucléaire est formée, on ne remarque ni dans la longueur, ni dans l'épaisseur, ni dans le pouvoir chromatique des segments aucune différence qui permette de distinguer ceux qui proviennent du noyau mâle de ceux qui dérivent du T femelle. Il importe peu, d'ailleurs, que leur disposition varie et qu ils soient ou non répartis symétriquement et à nombre égal de chaque côté du plan équatorial, puisque les deux moitiés ou segments secondaires, CXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. nés du dédoublement d’un segment primaire, se rendront toujours, en sens inverses, chacun à l’un des pôles du fuseau, pour concourir à la formation des deux nouveaux noyaux. Comme les deux noyaux sexuels, avant le début de la division, sont souvent situés l’un au-dessus de l'autre (fig. 19 et 21), le grand axe.de l'oosphére étant vertical, on peut supposer que la moitié supérieure de la plaque est formée par l'un d'eux et la moitié inférieure par l'autre, la première dérivant du noyau mâle, la seconde du noyau femelle. D'autres fois, les noyaux sont placés dans un méme plan horizontal, et dans ce cas, il y aurait, de chaque cóté du plan équatorial de la plaque, un nombre à peu prés égal de segments chromatiques mâles et femelles : c'est ce qui parait devoir exister dans la figure 26, où le groupe chromatique de droite appartient au noyau mâle et celui de gauche au noyau femelle. Mais, pendant leur orientation, les segments dérivés de l'un ou de l'autre noyau ne laissant plus reconnaitre leur origine et offrant des déplacements variés, leur disposition relative devient méconnaissable. Remarquons aussi que le dédoublement longitudinal se manifeste déjà dans chaque segment primaire dés l'instant ou les segments apparaissent libres avant leur orientation en plaque nucléaire. Mais, conformément à la régle générale, leurs moitiés ne se séparent l'une de l'autre qu'aprés la con- stitution de la plaque. Cette séparation est trés avancée dans la figure 31, où les segments secondaires ne sont plus unis deux à deux qu'à l'extrémité tournée vers la périphérie et la plus éloignée, par conséquent, du centre de figure. En glissant sur les fils achromatiques du fuseau, les deux groupes de segments secondaires vont ainsi donner naissance aux deux premiers noyaux de l'embryon, qui comprendront chacun, comme le noyau de l'œuf, vingt-quatre segments chromatiques. Aprés leur arrivée aux pôles, uue cloison cellulosique se forme à l'équateur de la figure, sur le trajet des fils connectifs, et divise œuf en deux cellules embryonnaires tou- jours superposées et inégales, l'inférieure étant la plus petite. Ainsi, la fécondation a pour résultat essentiel de doubler le nombre des segments chromatiques dans le premier noyau de segmentation comparé aux noyaux sexuels du tube pollinique et de l'oosphére. Dans les divisions ultérieures, tout au moins quand l'embryon est encore jeune, on compte aussi vingt-quatre segments dans les noyaux (fig. 32 et 33). Méme lorsque l'embryon avait déjà différencié son coty- lédon et que l'albumen remplissait entièrement le sac embryonnaire, les figures de division que j'ai observées présentaient également le méme nombre de segments chromatiques. En était-il de méme pour tous les noyaux, et à quel moment commence la variation de nombre? C'est un point qu'il n'est pas encore possible de préciser. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION, CXVII Examinons maintenant les phénomènes qui accompagnent la fécon- dation et qui se passent en dehors de l'oosphére. III. — PHÉNOMENES ACCESSOIRES DANS LE SAC EMBRYONNAIRE, On a vu précédemment comment les deux noyaux polaires se réunis- sent pour former le noyau secondaire du sac embryonnaire, dont la division produit, comme on sait, les noyaux de l'albumen. L'union de ces deux noyaux n'est pas sans rappeler, chez le Lis, ce qui se passe pour les noyaux sexuels : en effet, ils ne forment pour ainsi dire jamais une masse sphérique, et leur surface de contact reste longtemps visible; parfois même on la reconnait encore au moment où la première phase de la division se manifeste. En général, cette union précéde de trés peu la pénétration du noyau màle dans l'oosphére: il arrive méme, de temps en temps, qu'elle ne fait que commencer lorsqu'il traverse l'extrémité du tube pollinique. Mais, quels que soient le degré de cette union et l'aspect extérieur de la masse nucléaire constituant le noyau secondaire, la division de ce dernier com- mence dés que le noyau mále pénétre dans l'oosphére. Le phénoméne est d'une constance remarquable. Comment l'influence immédiate de cette pénétration s'exerce-t-elle sur le noyau secondaire ou sur le pro- toplasme qui l'entoure? C'est ce qui échappe à l'observation directe. On reviendra plus loin sur cette question. Dans le sac embryonnaire qui renfermait l'appareil sexuel représenté seul dans la figure 17, où le noyau mâle n'a méme pas encore rejoint le noyau femelle, le noyau secondaire élait déjà en division. Dans les figures 21 et 22, le noyau mäle n'a pas non plus atteint sa grosseur défi- nitive au contact du noyau de l'oosphére, et pourtant les deux premiers noyaux de l'albumen sont presque entièrement constitués. On en trouve déjà quatre dans le sac embryonnaire de la figure 23, où la différencia- lion du noyau mâle est achevée ; les premiers indices de la division com- mencent à se manifester dans l'eeuf. Une fois seulement j'ai constaté un certain retard dans la division du noyau secondaire (fig. 20), et j'ai toul lieu de croire qu'il était dû à cetle circonstance que les deux noyaux polaires, au moment de la. pénétration du noyau måle dans l'oosphére, venaient seulement de se rejoindre. D'ailleurs, on remarquera, dans le cas actuel, que le noyau måle est encore assez petit et que le noyau secondaire, formé de deux masses iné- gales, offre déjà les premiers symptômes de la division, caractérisée par la contraction des éléments chromatiques. Dans un autre cas, les deux noyaux polaires accolés présentaient le stade du peloton, tout en étant CXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. distincts l'un de l'autre : phénomène qui rappelle ce qui se passe au moment de la division du noyau de l’œuf. Dans les saes embryonnaires qui ont fourni les figures 24 et 25, il y avait quatre noyaux d'albumen en voie de division; dans ceux des figures 26 à 31, on en comptait huit. Par conséquent, la formation de l'albumen précède notablement la segmentation de l'ceuf. Un autre caractère à noter dans la division des noyaux de l'albumen consiste dans la variation du nombre de leurs segments chromatiques. Ce fait pouvait étre prévu, si l'on se rappelle que, pendant la formation des noyaux dans le sac embryonnaire, avant la constitution définitive de l'appareil sexuel, une différence trés marquée se manifeste aussitôt après la division du noyau primaire entre le groupe du sommet et celui de la base. Le noyau polaire inférieur devient lui-méme beaucoup plus volu- mineux et plus chromatique que ceux des antipodes, el une inégalité analogue, quoique moins prononcée, se remarque également entre le noyau polaire supérieur et les noyaux de l'oosphére et des synergides. La masse double qui doit former le noyau secondaire du sac embryonnaire comprendra done toujours un plus grand nombre de segments que le noyau de l'euf; de plus, ce nombre variera nécessairement dans cer- taines limites, non seulement dans le noyau secondaire lui-méme, mais encore dans les noyaux auxquels il donnera naissance. Pour le premier, j'ai compté, dans l'ensemble des cas observés, de quarante à quarante- huit segments chromatiques ; pour ses dérivés, le nombre diminue, tout en restant supérieur à celui qu'on rencontre dans les noyaux des tissus de l'ovule et des autres organes de la plante. Il diffère d'ailleurs souvent dans les cellules contemporaines appartenant à un méme albumen; quand il y a seize noyaux formés, il peut descendre de quarante à trente. La figure 34 représente un noyau secondaire dont la plaque est for- mée d'environ quarante-huit segments déjà orientés de chaque cóté du plan équatorial, mais n'offrant pas encore le maximum de contraction el d'épaississement qui précéde immédiatement la division longitudinale de ces segments, IV. — CoMPARAISON AVEC D'AUTRES EXEMPLES. Si intéressant qu'il soit à tous égards, l'exemple du Lilium ne don- nerait qu'une nolion incomplète des phénomènes morphologiques de la fécondation, sans la connaissance des modifications qu'elle présente dans son accomplissement chez d'autres plantes; car, s'il en est, parm! ces dernières, plusieurs qui ressemblent entièrement au Lis, il en est aussi d'autres qui se comportent d'une facon différente surtout au point de vue de l'union des noyaux sexuels. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXIX Dans le Fritillaria Meleagris, le noyau mále offre, comme celui du Lis, douze segments chromatiques au moment où il se forme dans le tube pollinique; ce qui pouvait étre prévu, puisqu'il résulte des obser- vations de M, Strasburger sur les cellules-méres de pollen du Fritillaria imperialis que le méme nombre se rencontre dans leurs noyaux en divi- sion. On retrouve également ce nombre dans le noyau de l'oosphére. Le développement du sac embryonnaire ressemble d'ailleurs complétement à celui qui a été décrit pour le Lilium : mémes caractéres dans la diffé- renciation des huit noyaux jusqu'à la constitution définitive de l'appareil sexuel, méme inégalité de volume entre les noyaux du groupe supérieur et ceux du groupe inférieur. La (igure 35, planche V, représente l'état qui précéde immédiatement le rapprochement des deux noyaux polaires. Le tube pollinique, arrivé sur le sae embryonnaire, livre passage au noyau mâle qui va directement s'aecoler au noyau femelle; le second noyau générateur reste ordinairement dans l'extrémité du tube (fig. 36). Souvent, l'une des synergides demeure intacte, jusqu'à une période assez rapprochée de la division de l'œuf, à côté de sa voisine dont le noyau se désorganise dés que le tube pollinique a rempli sa fonction. Le noyau mále grossit peu à peu au contact du noyau de l'oosphére en revétant les mêmes caractères que chez le Lis. Quatre jours après la polli- nisation, il présentait l'aspect indiqué dans la figure précédente. Puis il atteint sensiblement la même grosseur que le noyau femelle, sans cesser de pouvoir en étre distingué jusqu'au premier stade de la division (fig. 37 à gauche). Lorsque la plaque nucléaire est formée, on y compte vingt-quatre segments chromatiques, comme on peut en juger par la figure 38, où la plaque a été dessinée aprés une compression ménagée, de façon à rendre la numération plus facile. Chaque segment se montre formé, comme à l'ordinaire, de deux moitiés accolées. Au premier plan de la prépara- tion, en avant de l'extrémité du tube pollinique, l'une des synergides avait conservé son aspect normal. Les phénomènes ultérieurs observés dans l'euf et dans l'embryon sont analogues à ceux qui ont été mentionnés chez le Lilium. De même, on trouve presque toujours huit noyaux d'albumen dans le sac embryon- naire au moment où le noyau de l'œuf est en voie de division. Le Muscari comosum, V Qrnithogalum pyrenaicum présentent les mêmes caractères au point de vue du mode d’union des noyaux sexuels. Mais leur limite commune, déjà moins facile à voir dans la Fritillaire que dans le Lis, est à peine perceptible chez ces deux plantes au moment où commence la contraction des éléments chromatiques. Ils forment d'ailleurs ensemble une masse presque entiérement sphérique (fig. 39). CNR CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Toutefois il est des cas où, même après la disparition de la membrane commune et l'apparition de segments distincts, on reconnait encore l'origine double du noyau de l’œuf, ainsi qu'on peut le voir dans la figure précédente, où les deux groupes chromatiques, accompagnés chacun d'un nucléole, laissent entre eux une zone plus transparente correspon- dant à la surface de contact des noyaux. Ce dernier indice n'est visible que pendant un trés court espace de temps, car les segments chroma- tiques mâles et femelles, en se redressant pendant leur contraction, se mélangent plus ou moins les uns aux autres dans l'espace correspondant à la zone mentionnée. L'union des noyaux màle et femelle est encore plus prononcée quand les membranes nucléaires disparaissent plus tót et que les nucléoles eux-mémes se fusionnent. C'est le cas considéré comme général par M. Strasburger, pour lequel toutefois la fusion des nucléoles n'a pas nécessairement lieu dans toutes les plantes. D’après mes observations, il en est ainsi notamment chez l'Agraphis cernua, où la lenteur relative de l'union des noyaux mâle et femelle permet de suivre facilement tous les stades de cette union. Le noyau mâle encore très petit peut déjà posséder un nucléole, avant d’être lar- gement accolé au noyau femelle (fig. 40). Plus tard, on le reconnait encore trés facilement à son aspect plus chromatique et à la différence de grosseur de son nucléole unique ou de ses deux ou trois nucléoles comparés à celui du noyau femelle (fig. 41). Finalement toute distinc- tion devient impossible: on ne trouve plus ordinairement qu'un seul nucléole volumineux, comme on le voit dans la figure 42, représentée à un grossissement plus fort que les précédentes, au début de la con- traction des éléments chromatiques. ; Dans cet exemple, on observe déjà huit noyaux d'albumen sur les parois du sac embryonnaire, avant la fusion des cavités des noyaux sexuels. Quant au nombre des segments chromatiques appartenant au noyau màle et au noyau femelle, je n'ai pas réussi à obtenir des préparations permettant de les compter avec certitude. : J'ai été plus heureux avec l'Alstremeria psittacina, qui méritait à cel égard une attention particuliére. En effet, mes recherches antérieures (1) ayant montré que, dans celte Amaryllidée, les noyaux des cellules-méres de pollen offrent toujours huit segments chromatiques, il était intéressant de prouver que les noyaux de l'appareil femelle sont exactement comparables sous ce rapport à ceux de l'organe màle. Malgré les difficultés de l'étude dans ce cas Spé- (1) Nouvelles recherches, ete., p. 40. GUIGNARD. — PHÉNOMENES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXI cial, je suis arrivé à reconnaitre, d'une part que le nombre observé dans les cellules-méres polliniques se continue jusque dans le noyau mâle, d'autre part que le noyau primaire du sac embryonnaire possède aussi huit segments, qu'on retrouve chez ses descendants dans l'appareil femelle et, par suite, dans le noyau de l’oosphère. Après la pénétration du noyau mâle dans l'oosphére, il arrive très fréquemment que l'une des synergides non seulement persiste comme dans la Fritillaire, mais encore s'accroit au point de devenir aussi grosse que l'euf; comme lui, elle s'entoure d'une membrane cellulosique, mais elle ne posséde pas de vacuole dans sa partie supérieure (fig. 44). Dans l'oosphére, l'union des noyaux sexuels présente les mémes carac- tères que chez l'Agraphis. La fusion porte à la fois sur les cavités nucléaires et sur les nucléoles, avant l'entrée en division. Dans la figure 43, la contraction a déjà commencé dans le noyau de l'œuf, où l'on ne trouve qu'un nucléole assez volumineux. La plaque nucléaire est formée de seize segments chromatiques, plus courts et moins sem- blables entre eux que dans le Lis ou la Fritillaire; Cest surtout au stade de la séparation des segments secondaires qu'on peut le plus facilement les compter. Dans les figures 45 et 46, on voit quelques-uns de ces seg- ments secondaires encore incomplètement isolés à l'équateur; leur nombre total est de seize dans chacun des deux groupes. Par conséquent, dans.le cas actuel, comme dans ceux qui précédent, le nombre des seg- ments primaires, de méme que celui des segments secondaires, est exac- tement le double de celui que renfermaient d'une part le noyau mâle, d'autre part le noyau femelle. Un résultat semblable découle des observations dont plusieurs espèces d'Allium ont été l'objet. Le fait mentionné jadis dans mes recherches (1), que les noyaux des cellules-méres de pollen en division renferment tou- jours hüit segments chromatiques, a conduit M. Strasburger à recher- chersile méme nombre n'existerait pas aussi dans le noyau primaire du sac embryonnaire (2). Or il a constaté qu'il en est ainsi dans l'Allium fistulosum, chez lequel le fuseau nucléaire, avec sa plaque, rappelle entièrement celui que j'avais figuré pour le pollen de la méme plante. Si j'ajoute que j'ai compté seize segments chromatiques dans le noyau de l'euf en division, on aura la preuve compléte d'un apport égal de segments mâles et femelles au moment de la fécondation. Dans l'Iris desertorum on peut suivre assez facilement tous les états par lesquels passe successivement le‘noyau måle arrivé dans l'oosphére (fig. 47 et 48). Très petit au moment où il vient s’accoler au noyau (1) Recherches sur la structure et la division du noyau, 1884, p. 40, fig. 31 et 38; Ouvelles recherches, etc., fig. 75. (2) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 242. CXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. femelle, il devient finalement presque aussi gros que ce dernier, tout en restant distinct jusqu'aux premiers indices de la division. La figure 48 permet de remarquer que, si le tube pollinique parvient directement sur l'oosphére, les deux synergides peuvent conserver plus longtemps qu'à l'ordinaire leur aspect normal ; elle montre en outre que le noyau secon- daire du sac embryonnaire se divise, comme on l'a vu pour les autres eas, avant le noyau de l’œuf. Dans la plaque nucléaire de ce dernier, je crois avoir compté seize segments chromatiques, sans pouvoir toutefois être absolument affirmatif, parce que, daas les préparations observées, la séparation des segments secondaires que j'avais sous les yeux avait déjà commencé et rendait la numération assez difficile (fig. 49). Ce méme nombre, indiqué dans mes observations sur les noyaux pol- liniques du Listera et de l'Epipactis, chez les Orchidées (1), M. Strasbur- ger l'a retrouvé depuis dans les mêmes noyaux chez le Cypripedium (2), ainsi que dans le noyau primaire du sac embryonnaire; de sorte qu'il existe vraisemblablenient seize segments chromatiques dans un assez grand nombre de plantes de cette famille. Mais la différence qu'on observe à cet égard chez les Liliacées, entre le Lilium et le Fritillaria, par exemple, qui en possèdent douze, et l'Alliwm qui n'en a que huit, montre qu'il faut s'attendre à des variations dans une méme famille. De même encore, il en existe douze, d'aprés M. Strasburger (3), soit dans les noyaux polliniques, soit dans le noyau primaire du sac embryon- naire de l'Helleborus fœtidus. Quant à la copulation des noyaux sexuels chez les Renonculacées (Aconitum, Delphinium, ete.), il suffira de jeter les yeux sur les figures 50 et 51 pour constater qu'elle s'effectue comme dans les exemples cités en dernier lieu. APERÇU GÉNÉRAL. / En essayant de tirer des faits qui précédent les conclusions qu'on peut en déduire, je suivrai l'ordre méme dans lequel ils ont été exposés et Je rappellerai en méme temps les données qu'on posséde aujourd'hui sur les phénomènes morphologiques qui précèdent, accompagnent et suivent la fécondation. En ce qui concerne l'organe mâle, on sait que la première bipartition qui s opére dans le grain de pollen, peu de temps apres sa formation» donne naissance, suivant le mode normal de la division indirecte, à deux noyaux qui possèdent chacun un nombre de segments chromatiques égal (1) Recherches sur la structure, etc., 1884, p. 19 (2) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 241. à (3) Ibid., p. 243. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXIII à celui du noyau dont ils dérivent. Mais le cytoplasme se partage inéga- lement entre les deux nouvelles cellules, génératrice et végétative, aux- quelles ces noyaux appartiennent, et ses réactions microchimiques dif- ferent, comme on l'a vu à propos du Lilium, suivant qu'il s'agit de la cellule génératrice ou de la cellule végétative (1). Chacun des segments chromatiques primaires se dédouble en deux moitiés égales, et, par suite, aprés la séparation de celles-ci, les deux groupes de segments secondaires reçoivent l'un et l'autre la méme quantité de substance nucléaire. Pen- dant la reconstitution des deux noyaux, appartenant l'un à la cellule végétative, l'autre à la cellule génératrice, une différence d'aspect et de structure ne tarde pas à se manifester entre eux, et celte différence con- corde avec celle qu'on observe entre les cytoplasmes des deux cellules. Le noyau de la cellule génératrice se divise à son tour, à un moment qui varie suivant les cas, mais en général peu de temps aprés son entrée dans le tube pollinique, en deux noyaux générateurs secondaires, égaux et semblables sous tous les rapports, autant qu'on peut en juger par l'observation; le cytoplasme se partage de méme en deux parties égales. Cette bipartition équivalente montre que la cellule génératrice avait acquis, au moment de sa division, les propriétés nécessaires pour l'accom- plissement de la fonction reproductrice. Si l'un des deux noyaux inter- vient seul dans la fécondation et a recu pour ce motif le nom de noyau màle, l'autre n'en est pas moins son égal et peut quelquefois, comme on l'a vu, présenter à l'intérieur de la cellule femelle les mémes change- ments d'aspect et de structure que le premier. Il peut arriver que les deux noyaux générateurs subissent chacun une bipartition. Ce fait excep- tionnel a été vu par M. Strasburger (2) dans des tubes polliniques de Scilla nutans et d'Ornithogalum. a différenciation qui s'établit dès la première division à l'intérieur du grain de pollen est propre aux Angiospermes. Mais, chez diverses Gymnospermes, elle exige plusieurs divisions successives; en outre, les cellules végétatives sont pourvues de cloisons cellulosiques et restent incluses dans le grain de pollen. Cette sorte d'élimination cellulaire, résultant de la division répétée du noyau primitif du grain de pollen, est comparée avec raison, ce semble, par M. Strasburger, à celle qu'on Observe dans la différenciation des éléments sexuels chez les ani- maux (3) ; et, comme, au cours de ce phénomène, les divisions nucléaires successives présentent tous les caractères de la division indirecte nor- (1) Le fuseau nucléaire se montre ordinairement formé de deux moitiés inégales, comme on peut en juger facilement par exemple, par les figures de division que Jai données récemment pour le Ceratozamia (Journal de botanique, 1889). (2) Neue Untersuch., ete., p. 17. (3) Ibid., p. 91, etc. CXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. male, il s'ensuit que les noyaux générateurs ne tirent pas leurs pro- priétés d'un mode spécial de bipartition; la différence qui se produit entre eux et les noyaux végétatifs est sous la dépendance des cytoplasmes, qui eux-mêmes se différencient à cet effet et acquièrent des propriétés particulières, suivant qu'ils appartiennent à la cellule génératrice ou à la cellule végétative. J'ai montré, en effet, que les réactifs permettent de distinguer le cytoplasme de la cellule génératrice de celui de la cellule végélalive. Les deux noyaux équivalents, qui résultent de la division du noyau générateur primitif, emportent chacun, dans leur marche à l'intérieur du tube pollinique, le cytoplasme spécialisé qui leur appartient : en réalité, il existe alors dans le tube deux cellules génératrices nues. Pendant leur trajet, les noyaux présentent dans plusieurs cas une augmentation de volume manifeste, qui n'est pas due simplement à une diminution de densité de leur charpente chromatique; en méme temps, leur cylo- plasme s'appauvrit. Toutefois, ce dernier n'a pas complètement disparu, toul au moins dans les cas que j'ai observés, au moment oü le tube pénètre dans le nucelle ovulaire, et où, par suite, le noyau mâle va rejoindre le noyau femelle. En pensant à ce qui se passe dans le développement des anthérozoides des Cryptogames, on peut concevoir sans peine qu'il importe peu qu'une partie du cytoplasme de ja cellule génératrice persiste ou non autour du noyau auquel revient le rôle capital dans la fécondation. Il est certain, à mon avis (1), que, pendant la formation d'un anthérozoide de Chara, par exemple, tout le protoplasme de la cellule-mère est absorbé et digéré en quelque sorte par le noyau s'allongeant en corps spiralé, à l'exception de la partie qui fournit les cils ; quand l'anthérozoide a atteint son déve- ioppement normal et complet, il n'en reste que quelques granulations à la face interne et postérieure du corps. L'enveloppe excessivement déli- cate de la spirale, qui réagit comme le protoplasme, me parait être une formation nouvelle, un protoplasme remanié, pour ainsi dire, et non pas le résultat d'un simple dépót du protoplasme primitif à la surface du corps. Ailleurs, comme chez les Fougères et surtout les Préles, une portion du protoplasme de la cellule-mére reste sans emploi et forme la vésieule adhérente à la face interne du corps; mais il est bien évi- dent que ce résidu ne joue pas plus de rôle dans la fécondation que les cils de l'anthérozoide. La connaissance du mode de développement et de la constitution définitive du corps reproducteur mâle des Cryptogames fait supposer, Edo ERA ar JE ituti iroxoides (Revue générale de Botanique, 1889). pp constitution des anthérozoides ( GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXV par analogie, que, chez les Phanérogames, le cytoplasme qui accompagne le noyau måle pendant sa marche dans le tube pollinique n'intervient pas directement dans la fécondation, mais qu'il concourt peut-étre aussi à la nutrition de.ce noyau. Toutefois, il faut remarquer que la différen- ciation des noyaux générateurs n'est pas comparable à la formation des anthérozoides; par suite, leur cytoplasme ne subit pas les mêmes transfor- mations, et son rôle parait être terminé dès que les deux noyaux ont pris naissance. On conçoit alors qu'il puisse perdre insensiblement ses réac- tions microchimiques, tout en persistant, du moins partiellement, jus- qu'à l’arrivée du noyau mâle au contact du sac embryonnaire. En tout cas, je n'ai pu le retrouver au contact de ce noyau arrivé dans l'oo- sphère. Cette opinion touchant le rôle du cytoplasme de la cellule géné- ratrice est confirmée par ce qu'on connait de l'importance relative des diverses parties constitutives du spermatozoide animal. Bien qu'on ne soit pas encore suffisamment fixé sur leur origine et leur nature, du moins dans un certain nombre de cas, il semble prouvé pour plusieurs que le noyau seul en forme l'élément essentiellement actif. À ne considérer que les organismes végétaux ou animaux chez lesquels la différenciation du corps reproducteur mâle est moins accentuée que celle des anthérozoïdes des Characées, des Muscinées et des Cryptogames vasculaires, on pourrait au premier abord accorder un rôle actif au cyto- plasme, comme, par exemple, chez les Algues telles que les Fucacées, dont l’anthérozoïde adulte possède un noyau entouré de eytoplasme. De méme, M. Nussbaum (1) a cru que, chez l'Ascaris, où le spermatozoïde a également la forme cellulaire, le noyau intervient pas seul dans la fécondation. Mais cette manière de voir est combattue par ceux qui ont étudié depuis ce dernier phénomène chez cet animal, et, quant aux Algues, nos connaissances actuelles sur le rôle respectif du noyau et du cyto- plasme chez les autres plantes nous éclairent suffisamment sur leur importance relative. C'est là un point que M. Strasburger a depuis plu- sieurs années mis en lumière. L'étude du Lis et de la Fritillaire vient confirmer l'opinion de ce savant observateur. Un autre point, dont l'importance apparait aujourd'hui de plus en plus grande, consiste dans la fixité du nombre des segments chromatiques du noyau mâle et dans son égalité par rapport au nombre observé dans le noyau femelle. Cette fixité existe et se maintient, pour tous les cas où l'observation a pu en étre suivie à chaque division, à partir du noyau des cellules-mères de pollen. Elle résulte du fait méme de la division indirecte, caractérisée essentiellement par le dédoublement longitudinal, (1) Nussbaum, Ueber die Veranderung der Geschlechtsproducle bis zur Eifur- chung, etc. (Arch. f. mikrosk. Anat., t. XXIII). CXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. à chaque bipartition nucléaire, des segments chromatiques dont les moitiés se rendent chacune en sens inverses aux deux póles du fuseau. On sait que pour M. Ed. Van Beneden, au contraire, la formation des globules polaires et la différenciation des pronucléus måle et femelle de l'Ascaris megalocephala auraient lieu d'une facon toute différente, par division « pseudo-karyokinétique ». Tandis que la division indirecte ou karyokinétique a pour effet de dédoubler les segments chromatiques sans en réduire le nombre pour chacun des deux noyaux en voie de for- mation, « la genése des globules polaires a pour résultat de réduire de moitié le nombre des éléments chromatiques du noyau ovulaire (1) ». ll en serait de méme lors de la formation du spermatozoïde. Les deux noyaux sexuels différenciés et capables d'entrer en jeu dans la féconda- tion ne seraient que des demi-noyaux, formés par expulsion et élimina- tion de la moitié du nombre des segments chromatiques qu'on rencontre dans toutes les cellules de l Ascaris. Bien que ces résultats, énoncés d'abord en 1884, aient été énergi- quement mainlenus dans un second travail en 1887, en présence des contradictions formelles élevées sur ce point par M. Nussbaum, par M. Boveri (2) et par M. Kultschitzky (3), qui ont constaté, contrairement à l'opinion précédente, que la formation des pronucléus màle et femelle et celle des globules polaires ont lieu par division indirecte et par conséquent sans aucune élimination de segments chromatiques entiers, on ne peut considérer comme exacts les résultats de M. Ed. Van Beneden, dont la théorie sur la fécondation perd par le fait méme tout fonde- ment (4). Chez les plantes, la formation des noyaux générateurs, comparable à celle des pronucléus chez les animaux, a toujours lieu aussi par dédou- blement longitudinal des segments ehromatiques. Dans son travail de 1884 (5), M. Strasburger affirmait déjà l'existence de la division indi- recle pour le noyau générateur dans le tube pollinique du Convullaria Polygonatum; il la signale aussi, dans son récent Mémoire (6), chez le Chlorophyton Sternbergianum. J'ai constaté de méme que dans diverses espèces de Lilium, Tulipa, Fritillaria, la plaque nucléaire de ce noyau ~ (1) Ed. Van Beneden et Va p. 17, 1887. (2) Boveri, Zellen-Stüdien, p. 9, 1887. Se cs bte einer Untersuch. über die Befruchiungsvorgtnde p. 17, 1888). phata (Sitzunsgber. d. math.-phys. Cl. d. Akad. d. Wiss. zu , (4) M. Balbiani a constaté de méme que les globules polaires de l'Ascaris se for- ment par division indirecte normale (Cour ATE t à ours d ll le France, 1889). (5) Neue Untersuch., etc., p. 16. : à : (6) Ueber Kern- und Zelltheil., p. 59. n Neyt, Nouvelles recherches sur la fécondation, etc GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXVII en voie de division est formée de douzesegments dont le dédoublement est aussi facileà suivre que dans les noyaux des cellules végétatives ordinaires. Les figures 3 et 4 dela planche II en représentent deux stades, qui, à eux seuls, seraient déjà suffisamment probants. Dans chacun des groupes chromatiques de la figure 4, les douze segments secondaires sont mani- festement plus minces que les douze segments primaires de la figure 3. Si nous comparons à présent la différencialion des noyaux sexuels dans le sac embryonnaire à celle des noyaux purement végétalifs, nous la trouverons également trés caractéristique chez le Lilium et le Fritil- laria, et il doit certainement en étre de méme dans beaucoup d'autres . plantes, oü la petitesse des noyaux et la nécessité d'avoir sous les yeux tous les stades de leur division en rendent l'observation longue et difficile. Dans le Lilium, les deux noyaux, qui résultent de la bipartition du noyau primaire du sac embryonnaire et qui vont occuper les deux extré- mités du sac, présentent rapidement une différence profonde qui se maintient dans leurs dérivés. Quand ils entrent en division, celui du haut possède douze segments chromatiques, comme le noyau primaire du sac; mais celui du bas en offre un plus grand nombre (fig. 11). Tandis que le nombre reste égal à douze dans les biparlilions successives qui produisent l'appareil sexuel et le noyau polaire supérieur, il varie dans les noyaux des antipodes et le noyau polaire inférieur, mais en étant tou- jours plus élevé que le premier : de seize, il peut s'élever à vingt-quatre. En outre, dés que les synergides et l'oosphére sont différenciées, le noyau polaire supérieur devient plus gros que les noyaux de ces trois cellules, et, d'après le nombre des segments chromatiques qu'on peul compter dans le noyau secondaire du sac embryonnaire en division, on peut affir- mer qu'en venant se joindre au noyau polaire inférieur, pour former ce noyau secondaire, il apporte un nombre de segments supérieur à celui qu'il avait reçu au moment de sa naissance, c'est-à-dire à douze. En somme, ce dernier nombre n'est fixe que pour l'oosphére et les syner- gides; mais dans celles-ci, il n'offre pas d'intérét, puisque leur róle se termine à la fécondation. Il y a done, dans le sac embryonnaire, une différenciation trés curieuse, qui n'est pas de tous points comparable à celle qu'on observe dans le grain de pollen. En effet, elle se produit à la suite de la division des noyaux sans que le protoplasme du sac se spécialise morphologiquement et tout de suite autour d'eux, comme c'est au contraire le cas pour la cel- lule génératrice et la cellule végétative du pollen; en outre, celte diffé- renciation a lieu dans une méme cellule, puisque c'est seulement après les derniéres divisions nucléaires qu'on voit les synergides et l'oosphére CXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. s'entourer d'une enveloppe délicate. Bien que sa cause apparente échappe à l'observation directe, elle ne peut étre rapportée qu'à une différence de nutrition. Le résultat final, trés intéressant, est la conservation du nombre des segments chromatiques dans le noyau de l'oosphére, seul chargé dans l'organe femelle de la transmission des caracléres et pro- priétés héréditaires. On connait aujourd'hui un certain nombre de cas dans lesquels on a pu compter avec certitude les segments chromatiques dans les noyaux sexuels. M. Strasburger les a cités dans son dernier Mémoire (1), en faisant ressortir l'intérét que présente l'égalité de nombre qu'on rencontre dans le noyau mâle ou dans le noyau femelle d'une espèce donnée, aussi bien chez les végétaux que chez les animaux. A dire vrai, ces cas ne sont pas encore trés nombreux ; mais il y a tout lieu de croire que les obser- vations ultérieures conduiront à des résultats semblables. La connaissance de ce nombre dans les noyaux sexuels des plantes est due aux recherches de M. Strasburger et aux miennes; le présent travail fournit sur plu- sieurs points un complément nécessaire aux observations antérieures. Quoique déjà mentionnées pour la plupart par M. Strasburger, les don- nées suivantes trouvent ici leur place naturelle. Il existe toujours douze segments chromatiques dans les noyaux des cellules-mères de pollen du Lilium et du Fritillaria, et mes observa- tions prouvent qu'on les retrouve dans les noyaux générateurs. Comme jai apercu le méme nombre dans ces derniers noyaux chez le Tulipa, on peut en conclure, méme en l'absence d'observations directes, qu'il existe aussi dans les noyaux des cellules-méres polliniques. D'autre part, j'ai prouvé qu'il y en a également douze dans l'oosphére du Lilium, dont l'étude a été aitentivement süivie. Je puis ajouter d'ailleurs, en ce qui concerne les cellules-mères du pollen, que mes conclusions s'appuient sur l'examen de plusieurs centaines de noyaux en division appartenant à diverses espèces(L. Martagon,candidum, croceum, etc.). M. Strasburger a trouvé douze segments dans les cellules-mères polliniques des Trades- cantia, Helleborus fetidus, Chlorophyton Sternbergianum, et l'on à vu que, chez cette derniére plante, il a constaté qu'on les retrouve tou- jours dans les noyaux générateurs. Il en existe huit dans les cellules- mères polliniques de l'Allium et de l'Alstremeria; M. Strasburger en a compté autant dans le noyau primaire du sac embryonnaire de l Allium fistulosum, et, de mon côté, j'ai constaté qu'il en est de même dans l'Alstremeria psittacina. Les Qrchidées qui ont été examinées récem- ment par M. Strasburger (Gymnadenia conopea, Orchis mascula, Himantoglossum hircinum, Cypripedium barbatum), on antérieure- (1) Ueber Kern- und ,elltheil., p. 35, 233, etc. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXIX ment par moi (Listera ovata, Neottia Nidus-avis), en possèdent seize dans les cellules- méres polliniques, et bien que la certitude soit moindre pour les noyaux femelles, le nombre parait être identique. M. Strasburger en a compté également seize dans le Convallaria maialis et vingt-quatre dans le Muscari neglectum. Récemment, le Ceratozamia mexicana m'en a montré huit dans tous les noyaux du grain de pollen; par analogie avec les autres plantes, il y a lieu de penser que le noyau de l'oosphére doit en posséder autant. Pour les animaux, les résultats sont moins étendus. M. Flemming a vu douze segments chromatiques dans les spermatocytes de la Salamandre, M. dela Valette Saint-Georges également douze dans ceux du Forficula auricularis, M. Platner trente chez des Lépidoptéres. Le noyau femelle de l'Ascaris megalocephala en renferme seulement deux, d’après M. Ed. Van Beneden et M. Boveri; ce dernier observateur en admet vingt-quatre chez lA. lumbricoides. C'est M. Ed. Van Beneden qui, le premier, a attiré l'attention sur l'éga- lité du nombre des segments dans le pronucléus mâle et le pronucléus femelle de l’Ascaris megalocephala, où ils en renferment chacun deux. La méme égalité est indiquée par M. Carnoy chez d'autres Nématodes, avec quatre segments pour chaque noyau sexuel dans le Coronilla robusta, six dans le Spiroptera strumosa et l'Ophiostomum mucro- natum, huit dans le Filaria Mustelarum. Il résulte de ces faits que les noyaux måle et femelle doivent normale- ment participer à la fécondation avec le méme nombre de segmeuts chromatiques. Toutefois, avant de conclure avec une entiére assurance, il ne faut pas oublier que M. Platner a observé, chez l'Arion empiri- corum, une inégalité de nombre et de volume des segments nucléaires à l'avantage du noyau femelle. Il est possible, comme le suppose M. Stras- burger, que des cas semblables se rencontrent ailleurs, et que, dans la transmission des propriétés héréditaires, la mère ait parfois une influence plus grande que le père : on pourrait arriver ainsi jusqu’à la parthéno- genèse. Quoi qu'il en soit de l'avenir réservé à cette question, la fixité qu'on remarque dans le nombre des éléments nucléaires des cellules sexuelles n'est certainement pas un fait insignifiant, car elle n'existe que là. On pourrait croire que, si les cellules polliniques du Lis, par exemple, ont toutes douze segments dans leurs noyaux, c'est parce qu'elles sont con- lemporaines et appartiennent à un méme tissu. Mais l'observation montre d'abord que les cellules primordiales du sac pollinique, qui donnent nais- sance aux cellules-méres du pollen, possèdent au contraire seize segments chromatiques ; en outre, ce dernier nombre, fréquent également dans les lissus qui forment les autres parties de Panthère, y subit des variations. T. XXXVI, 9 CXXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Les mêmes différences de nombre se rencontrent dans le parenchyme de l'ovule et du nucelle; d'autre part, on a déjà vu, à propos de la division des noyaux de l'albumen du Lis, que ces noyaux ont également un nombre de segments variable. L'exemple le plus frappant, d'ailleurs, de cette variation, dans des éléments qui n'ont pas un róle cirect à jouer dans la fécondation, nous est fourni parle sae embryonnaire du Lilium, pen- dant la formation de ses deux tétrades de noyaux avant la constitution définitive de l'appareil sexuel. Dans l'Alstremeria et i Allium, les cellules végétatives des divers tissus ont le plus souvent douze, parfois méme seize segments chroma- tiques, au lieu de huit comme dans les noyaux sexuels. Il résulte aussi de mes observations que le nombre des segments de ces derniers noyaux est presque toujours, sinon constamment dans les diverses plantes étudiées, inférieur à celui qu'on observe dans les cellules végétatives. M. Strasburger est arrivé au méme résultat; toutefois, comme il en trouve vingt-quatre dans les cellules-mères du pollen du Muscari, il se demande s'il y a également réduction de nombre dans les noyaux sexuels de cette plante : c'est à l'observation de nous éclairer sur ce point. En tout cas, il n'y a pas, à ma connaissance, une seule observation prou- vant que ce nombre soit supérieur à celui des noyaux végétatifs. Les données fournies par les animaux parlent dans le nême sens, puisque, d’après M. Flemming et M. Rabl, les noyaux des cellules épithéliales de la Salamandre ont vingt-quatre segments, tandis que ceux des spermatocytes en renferment douze; chez l'Ascaris megalocephala, les noyaux des mémes cellules en ont quatre, et ceux des pronucléus seulement deux. L'opinion que, chez les Phanérogames, le noyau de l'œuf renferme un nombre de segments chromatiques double de celui que possédait le noyau mâle ou le noyau femelle, et que ce nombre double se retrouve au moment de la division, n'a pourtant pas encore été jusqu'ici établie par l'observation directe. C'est cette démonstration que fournit le présent travail. En raison du nombre relativement élevé des segments chroma- tiques, si on le compare à celui qui existe dans l’œuf de l'Ascaris, elle m'a demandé des observations d'autant plus répétées que la division du noyau de l'œuf n'a pas lieu simultanément dans tous les ovules d'un méme ovaire et que rien n'indique extérieurement le stade de la fécon- dation. Chez le Lis, le premier fait à remarquer, aprés la pénétration du noyau mâle dans l’intérieur de l'oosphére, consiste en ce que ce noyau, formé par une petite masse chromatique dense et méme d'apparence presque homogène, va s’accoler très rapidement au noyau femelle, qui présente, au contraire, la structure d’un noyau ordinaire au repos. Aucun changement ne se manifeste dans le noyau femelle avant que le noyau GUIGNARD. — PHÉNOMÉNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXXI mâle n'ait lui-même revêtu les caractères de l'état de repos. Pour cela, le noyau måle grossit peu à peu, en méme temps que ses éléments chro- matiques deviennent distincts et forment insensiblemeni uu réticulum ou charpente à nombreux replis; le suc nucléaire, que ce noyau tire évidem- ment du protoplasme de l'oosphére, apparait et augmente de quantité; un ou plusieurs nucléoles se montrent ensuite entre les replis des élé- ments chromatiques. Dans le Lis, ces nucléoles sont presque toujours multiples, comme dans le noyau femelle; toutefois leur grosseur et leur nombre sont généralement moindres que dans ce dernier. Méme lorsque la prophase de la division s'est manifestée dans chacun des noyaux, et le phénomène se produit en même temps dans l'un et dans l'autre, les membranes nucléaires sont encore visibles et, quelle que soit l'étendue de la surface de contact des noyaux, leurs éléments chro- matiques ne se mélangent pas de l'un à l'autre. La division de la masse commune, où l'on reconnait toujours les deux constituants, ne peut commencer qu'autant que le noyau mâle a revêtu les caractères morpho- logiques d'un noyau ordinaire au repos. Il importe peu que son volume reste un peu plus petit, comme c'est le cas ordinaire chez le Lis, que celui du noyau femelle; la quantité de substance chromatique est égale dans chacun d'eux; par suite, la charpente du noyau màle est un peu plus compacte. On ne peut d'ailleurs considérer ici, comme substance chromatique, les nucléoles compris dans les replis de la charpente. On voit donc qu'il y a toujours accolement des deux noyaux sexuels dans l'oosphére. C'est au protoplasme de cette dernière que le noyau mâle emprunte les éléments nécessaires à sa reconstitution, et non au noyau femelle, qui, pendant ce temps, ne manifeste aucun changement apparent, ni dans sa structure, ni méme dans sa position. Ce qui le prouve, c'est d'abord la possibilité, signalée chez le Lis (fig. 18), d'une reconstitution semblable du second noyau générateur entré exception- nellement dans l'intérieur du protoplasme de l'oesphére; c'est aussi l'exemple de l'Ascaris, chez lequel le pronucléus mâle revêt les carac- tères morphologiques de noyau au repos, aiors qu'il est encore, tout au moins dans la plupart des cas, à quelque distance du pronucléus femelle, dont il reste souvent écarté méme aprés que la contraction des éléments chromatiques s'est manifestée dans l'un et dans l'autre; c'est, enfin, le développement analogue que peuvent présenter, dans des cas ordinaire- ment pathologiques, il est vrai, les pronucléus mâles qui ne se réunis- sent pas au pronucléus femelle lorsque plusieurs spermatozoides ont pénétré dans l’œuf de certains animaux (1). Par suite, l'accolement des (1) H. Fol, Recherches sur la fécondation, p. 262, 1879. " CXXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. noyaux sexuels n'est pas nécessaire pour que le noyau mâle revéte les caractères d'un noyau au repos. Ainsi, par l'ensemble des phénoménes qui précédent la division de l'œuf, le Lis rappelle à beaucoup d'égards ce qui se passe chezl Ascaris. La principale différence consiste en ce que, dans cette plante, les noyaux sexuels s'accolent toujours de bonne heure, tout en conservant leurs membranes propres jusqu'à un certain moment de la prophase de la division. Si quelques plantes, telles que le Fritillaria Meleagris, offrent à ce point de vue une assez grande analogie avec le Lis, on observe au con- traire chez d'autres pour ainsi dire tous les degrés dans la rapidité avec laquelle se fait l'union de ces mémes noyaux sexuels. La fusion des cavilés nucléaires, qui a lieu encore trés tardivement, c'est-à-dire peu de temps avant la division, dans le Muscari et l’ Ornithogalum, chez les- quels les nucléoles des deux noyaux restent distincts, est plus hàtive dans l'Agraphis, P Alstremeria et plusieurs Renonculacées, où les nucléoles eux-mêmes se fusionnent ordinairement et où toute distinction devient impossible entre la partie nucléaire dérivée du noyau mâle et celle qui provient du noyau femelle. Ces derniers cas sont les plus nombreux ; ce sont ceux que M. Strasburger a observés dans ses recherches sur la fécondation. Cette série de variations, dans laquelle le Lis occupe l'un des points extrêmes, est assurément très intéressante, parce qu'elle permet de saisir ce qu'il y a d'essentiel dans le phénomène. Tout d'abord, puisque les éléments chromatiques du noyau mâle ne se soudent pas à ceux du noyau femelle, l'union ne peut consister qu'en un mélange des substances solubles, suc nucléaire et nucléoles : c'est à cela que se réduit la copu- lation des noyaux. Ainsi comprise, la copulation a lieu à un moment variable, tantót aprés que les éléments chromatiques se sont déjà con- tractés et épaissis, les membranes nucléaires existant encore ; tantôt avant tout changement dans la structure qui caractérise l'état de repos, la membrane double séparant au début les éléments chromatiques des deux noyaux ayant disparu. : Comme, dans la plupart des cas, chez l'Ascaris, il ne se produit méme pas d'accolement entre les deux noyaux sexuels, M. Ed. Van Beneden en conclut que la conjugaison n'est pas nécessaire à la féconda- tion et que l'essence du phénoméne ne réside pas dans une union de ces noyaux (1). Par contre, M. Strasburger est d'avis que la fusion des produits de l'activité des deux noyaux, suc nucléaire et son contenu, est nécessaire pour mettre en jeu le développement ultérieur de l'œuf. Il (1 Nouvelles recherches sur la fécondation, p. 34. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXXIII pense que si l'on ne s'apercoit pas, dans l’Ascaris, de la fusion du suc nucléaire des deux cavités, c'est parce que les filaments nucléaires des deux noyaux ne se réunissent qu'à un stade avancé de la prophase, au moment de la formation de la plaque nucléaire à l'équateur du fuseau achromatique, tandis que chez les plantes cette union a lieu pendant l'état de repos (1). M. Strasburger invoque à l'appui de son opinion les résultats des recherches expérimentales de MM. O. et R. Hertwig sur le Strongylocentrotus lividus (2). Ces auteurs ont constaté que, dans cet animal, la fusion des noyaux n'est plus possible dés qu'ils sont entrés dans la phase du peloton. Cette phase peut d'ailleurs se produire dans chacun d'eux sans qu'ilsse soient préalablement unis, et c'est précisément le cas de l’ Ascaris. Mais tandis que, dans ce dernier, l'union peut encore se faire pendant la prophase, puisque c'est alors qu'elle a lieu effective- ment, il n'en est plus de méme dans le Strongylocentrotus, car, si les noyaux restent isolés, leur évolution ne va pas au delà du début de la phase du peloton; en outre, cette évolution limitée ne se manifeste dans le noyau femelle que si l’œuf a reçu un spermatozoïde; d'autre part, la tête d'un spermatozoide entré dans un œuf qui n'est pas encore mür, ne présente aucun changement avant la formation du premier globule po- laire : d’où cette conclusion, que, dans les deux cas, les noyaux exercent l'un sur l'autre une action réciproque, directement ou indirectement déterminée par les produits de leur évolution dans le protoplasme de l'eeuf. Pour M. Strasburger, lorsque le noyau mâle copule avec le noyau femelle alors qu'il est encore réduit à une masse chromatique dense et sans cavité nucléaire, les produits dont la fusion avec ceux du noyau femelle est nécessaire, c’est-à-dire le suc nucléaire et la substance nu- cléaire, ne seraient formés qu'aprés l'union du noyau mâle avec le noyau femelle; et, comme ces produits dérivent, à son avis, de l'aetivité des filaments nucléaires, le noyau mâle peut tout aussi bien leur donner naissance aprés qu'avant cette union ; il importe peu, pour leur action ultérieure, qu'ils se forment à tel ou tel moment. Si l'on refusait à ces produits toute influence sur le développement ultérieur du premier noyau embryonnaire, on serait presque forcé d'admettre que ce développement est dà à l'action réciproque des filaments nucléaires (3). En résumé, si M. Strasburger considére la copulation des noyaux comme nécessaire, elle se réduirait au mélange des sucs nucléaires et de la substance nucléolaire. Pour MM. 0. et R. Hertwig, il faudrait quelque (1) Ueber Kern- und Zelltheilung, p. 227 et 228. (2) Ueber den Befruchtungs- und Theilungsvorgang des Thierischen Eies unter dem Einfluss ausserer Agentien; tirage à part, p. 144, etc. (3) Kern- und Zelltheilung, p. 229. CXXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. chose de plus, car leurs observations les aménent à conclure que le développement normal de l'euf ne peut avoir lieu qu'autant que les noyaux se sont « intimement pénétrés et confondus (1) ». Mais, comme il est démontré que les éléments chromatiques ne se fusionnent pas, cette derniére opinion est évidemment inexacte. Tout en partageant, sur les points essentiels, l'opinion de M. Stras- burger, les faits que j'ai observés m'autorisent à dire que, méme dans les cas où les noyaux sexuels semblent au premier abord former une masse unique dans laquelle les membranes ont disparu au contact des deux noyaux, peu de temps aprés leur union, ces noyaux restent souvent, en réalité, distincts jusqu'à ce que le mâle ait revêtu les carac- téres morphologiques de l'état de repos. La ligne de démarcation correspondant à la surface de contact persiste plus longtemps qu'on ne l'avait pensé (fig. 41, 50); elle ne disparait qu'au moment de la pro- phase, et méme aprés le début de cette derniére, on peut encore parfois distinguer les deux groupes chromatiques appartenant au noyau mâle et au noyau femelle, dans la masse sphérique constituant le noyau de l'œuf (fig. 39). Mais, dans d'autres cas, la fusion des cavités nucléaires peut avoir lieu avant le commencement de la prophase: il en est ainsi, notamment, dans les plantes chez lesquelles la division de l'œuf, après la fécondation, est tardive, comme par exemple dans le Thesium, dont l'œuf se remplit, avant le premier cloisonnement, d'un grand nombre de plastides amylacés (2). | ; Au total, la fusion des cavités nucléaires peut avoir lieu, chez les plantes, à un moment variable; c'est chez le Lis qu'elle parait se faire le plus tardivement. A cet égard, cette plante ressemblerait beaucoup à l'Ascaris, si, chez elle, les noyaux sexuels ne s'accolaient pas entre eux. Cet accolement, constant chez toutes les plantes étudiées, donne à penser que la fusion des substances nucléaires autres que les segments chromatiques est nécessaire, puisque, comme on l'a vu, surtout par des exemples empruntés aux animaux, le noyau mâle peut revêtir les carac- téres morphologiques de l'état de repos sans se réunir au noyau femelle. Il faut remarquer d'ailleurs que, si cette fusion est nécessaire, les sub- stances en question n'ont qu'une importance subordonnée, en ce sens que leur apparition dans le noyau mâle dépend des changements qui s'opérent dans les filaments chromatiques, lesquels, en définitive, sont véritablement les éléments essentiels. Puisque le nombre des segments chromatiques dans le noyau de l'œuf (1) Loc. cit., p. 145. (2) L. Guignard, Observations sur les Santalacées (Ann. des sc. nat., BOT., 1885, pl. XIII, fig. 20 et 21). GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXXV aprés la fécondation est le double de celui que possédaient, chacun de leur côté, le noyau måle et le noyau femelle, on doit nécessairement se demander comment on passe du premier nombre au second, de quelle facon et à quel moment, par exemple dans le Lis, les vingt-quatre seg- ments de l’œuf se réduisent à douze dans les noyaux sexuels. Ainsi qu'on l'a vu, les noyaux des premières cellules embryonnaires possèdent de méme vingt-quatre segments, que j'ai retrouvés encore aprés la différen- ciation du cotylédon, du moins dans plusieurs noyaux où j'ai pu les compter; mais je n'affirmerais pas qu'il en füt de méme pour tous. Par suite, la diminution de nombre se produirait surtout aprés la germination, pendant la formation des divers organes de la plante. Il est probable aussi qu'elle a lieu graduellement, mais sans régularité; en tout cas, on à constaté qu'au moment de la formation des cellules-mères du pollen, le nombre descend tout d'un coup de seize à douze. Or, on sait que toutes les divisions nucléaires se font avec dédoublement longitudinal des seg- ments chromatiques, d’où l'on doit forcément conclure que la diminution ne se produit pas pendant la karyokinése, mais pendant l'état de repos. Et si l'on admet que les segments restent distincts et conservent leur autonomie dans le noyau au repos, on est conduit par là méme à suppo- ser qu'un certain nombre d'entre eux se résorbent ou se soudent aux autres, tandis que dans l'hypothése d'un filament continu, la différence de nombre dépendrait de la segmentation transversale. Il y a là, comme on voit, une question encore fort obscure, dont la solution pourra sans doute étre fournie par l'étude de noyaux ne renfermant qu'un petit nombre de segments chromatiques. A cet égard, l'Ascaris megaloce- phala peut sembler au premier abord un objet favorable, et cependant, malgré les nombreuses observations dont il a été l'objet, ce point spécial reste encore douteux. M. Ed. Van Beneden (1) pense que dans les pro- nucléus mâle et femelle il n'existe, à un moment donné de la contraction de leur charpente chromatique, qu'un cordon unique et continu, formant dans la plupart, sinon dans tous les cas, une courbe fermée, D'autre part, M. Boveri (2), qui admet chez l'Ascaris l'existence de deux types d'œufs et de spermatozoides, l'un avec un seul élément chromatique pour chaque noyau sexuel, l'autre avec deux éléments, est disposé à eroire que, dans le second type, les deux éléments doivent étre distincts. S'il élait établi, comme l'affirme M. O. Zacharias (3), que les éléments chromatiques des pronucléus se fusionnent dans l'œuf en un filament continu, la question serait résolue, mais l'opinion de cet auteur est loin de reposer sur des preuves suffisantes. (1) Nouvelles recherches, p. 17, fig. 5, pl. 1. ! (2) Zellen-Studien (Jenaische Zeistchrift f. naturw., etc., pp. 710 et 738, 1888). (3) O. Zacharias, Archiv. f. Mikrosk. Anat., 1887, pl. X, fig. 21, 22, 23, 24. CXXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Quoi qu'il en soit à cet égard, le fait important à retenir, c'est qu'au- cune réduction du nombre des segments chromatiques n'a lieu à partir du moment où les cellules-mères du pollen sont formées dans l'anthére et où le noyau primaire du sac embryonnaire a pris naissance dans l'ovule, puisque les éléments sexuels qui en dérivent se forment toujours, comme dans les cas de division ordinaire, par dédoublement longitudinal de ces segments. Quelle est maintenant la cause qui détermine la division dans l'ceuf aprés la fécondation ? Chez les plantes, l'observation n'a fourni jusqu'ici sur ce point aucune donnée morphologique positive; mais chez les animaux, le protoplasma est le siége de manifestations trés caractérisées en rapport avec la division nucléaire. Elles ont été étudiées avec soin, surtout chez l'Ascaris, il y a quelques années par M. Ed. Van Beneden, et plus récemment par M. Boveri et d'autres observateurs. Je mention- nerai seulement les faits qui peuvent nous intéresser ici, en tant qu'ils se rapportent à la question qui vient d'étre posée. Quand on observe le fuseau achromatique aprés sa formation dans l'œuf de l'Ascaris, on aperçoit à chacune de ses extrémités un « corpus- cule polaire » signalé pour la premiére fois par M. Ed. Van Beneden (1). Ce corpuscule occupe le centre d'une figure radiaire à contour circu- laire, qui constitue une « sphére attractive », autour et en dehors de laquelle se développent des stries radiaires formant les « asters ». D'aprés les dernières observations de ce savant, les deux sphéres attractives existent déjà dans œuf, non seulement pendant la phase du pelotonne- ment, mais méme plus tót, alors que les pronucléus sont encore réticulés et fort écartés l’un de l'autre. Elles apparaissent simultanément et sont peu écartées l'une de l'autre au début; leur position relativement aux pronucléus semble varier beaucoup d'un œuf à l'autre. Lorsque les pro- nucléus se rapprochent l'un de l'autre, elles prennent une position déter- minée el vont occuper les pôles du fuseau en participant à sa formation. Ces sphères attractives n’interviennent en rien dans la constitution des noyaux des cellules-filles ; elles persistent à cóté des noyaux, en tant que portions différenciées du corps cellulaire, avec leurs corpuscules cen- traux, à tous les moments de la vie cellulaire. Pendant qu'un nouveau noyau prend naissance, elles se dédoublent en deux sphères d'abord con- tigués, dont la destinée ultérieure est la méme que précédemment. En somme, elles constituent un. organe permanent de la cellule, au méme titre que le noyau lui-méme ; leur division précéde toujours celle du noyau. Quant à leur origine dans l'eeuf, M. Ed. Van Beneden ne peut (1) Recherches sur les Dicyémides, 1874. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPIIOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXXVII rien dire de certain; il incline pourtant à croire qu’elles dérivent de la figure de la division qui donne naissance au second globule polaire (1). Cette importante question de l'origine des sphères attractives serait résolue si les observations plus approfondies de M. Boveri (2) et surtout celles de M. Vejdovsky (3) venaient à être étendues et confirmées, M. Boveri distingue dans l’œuf, abstraction faite du noyau, une sub- stance fondamentale homogéne dans laquelle s'étend un réticulum à mailles plus ou moins serrées, des corps vitellins petits et gros, des granulations trés fines et une substance particuliére, qui, suivant l'état de développement de œuf, est granuleuse ou filamenteuse. Cette der- niére seule jouerait un róle dans la division cellulaire ; elle constitue P « archoplasme ». Tandis qu'un mélange d'acides acétique et picrique gonfle et change en une masse transparente, homogène et souvent creusée de vacuoles toutes les autres substances, l'archoplasme seul conserve sa structure (4). Avant l'élimination du second globule polaire, l'archoplasme forme, au centre de l’œuf, autour du noyau spermatique, une couche épaisse de substance réguliérement granuleuse et distincte à sa péri- phérie de la substance cellulaire homogène. Après la sortie du second globule polaire, le noyau spermatique quitte cette enveloppe formée par l'archoplasme pour se porter en un point plus ou moins rapproché de la périphérie. Vers le moment oü le réticulum nucléaire commence, dans les deux noyaux sexuels, à entrer dans la phase du pelotonnement, on voit apparaitre dans l'archoplasme, qui occupe le centre de l'ceuf, deux eorpuscules opaques, se distinguant par leur grosseur des autres granulations : ce sont les « corpuscules centraux » ou « centrosomes », formés par division d'un corpuscule unique. En se partageant en méme temps et en s’amassant autour d'eux, l'archoplasme donne naissance à deux nouvelles masses sphériques : ce sont les sphères attractives de M. Ed. Van Beneden. Ainsi, tandis que ce dernier observateur voit apparaitre simultanément les deux sphéres attractives, M. Boveri les fait provenir d'une masse primitive unique, qui est l'archoplasme. En raison de la situation qu'oc- cupait d'abord le noyau mâle au centre de l'archoplasme, il est vrai- semblable, dit-il, que ce noyau apporte dans l’œuf un corpuscule central ou centrosome, qui se divise ensuite en deux. Or les deux sphéres attractives gouvernent la division de l’œuf; par suite, la faculté de seg- mentation de l’œuf dépendrait de la présence du noyau spermatique (5). (1) Nouvelles recherches sur la fécondation, p. 57 et suiv. (2) Zellen-Studien (Jenaische Zeitschrift, etc., 1888). i RS Er. Vejdovsky, Entwicklungsgeschichtliche Untersuchungen, pars I; Prague, (4) Loc. cit., p. 745, etc. (5) Loc. cit., p. 755. CXXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Dans ses recherches sur la fécondation du Rynchelmis, M. Vejdovsky a vu que le spermatozoide, après sa pénétration dans l’œuf, est constitué par un petit noyau accolé à une sphère hyaline, laquelle représente la queue du spermatozoide. A un moment donné, le noyau entre dans la sphère, que l'auteur appelle « périplaste ». Aprés la sortie du second globule polaire, cette sphére devient ovoide, puis fusiforme; le noyau spermatique en occupe le centre. Aux deux extrémités de cette petite masse fusiforme, le protoplasme ovulaire commence à former des stries radiaires, pendant que le périplaste s'y accumule pour donner naissance à deux masses sphériques, qui ne seraient autre chose que les sphéres attractives, entre lesquelles se trouve le noyau spermatique qui a pris aussi la ferme ovoide. C'est alors seulement que le pronucléus femelle vient s'unir avec le noyau spermatique ou pronucléus mâle. Si cette intéressante observation est confirmée, l'origine des sphéres attractives devra être rapportée au spermatozoïde. Malgré les recherches attentives effectuées dans celte voie, on n'a pas encore trouvé de corpuscules polaires chez les plantes ; cependant, depuis les observations de M. Strasburger et les miennes, on connait plusieurs cas dans lesquels des asters apparaissent pendant la division nucléaire aux deux póles du fuseau. Si cette différenciation du protoplasme est moins fréquente chez les plantes que chez les animaux, les póles n'en exercent pas moins une action semblable. On conçoit que les manifes- tations du protoplasme étant moins caractérisées chez les végétaux, on n'y rencontre pas, pendant que les noyaux sont à l'état de repos, de sphères attractives individualisées, et que les asters eux-mêmes y soient peu fréquents. Dans quelques cas pourtant, comme chez l'Anthoceros et l'Isoetes, au moment de la formation des spores dans le premier et des macrospores dans le second, le protoplasme s'individualise en quatre masses dont la différenciation précède la division du noyau de la cellule- mère el n'est pas sans rappeler ce qui se passe dans les cellules animales lors de la formation des sphéres attractives. Le peu de fréquence de ces manifestations bien caractérisées du protoplasme chez les végétaux nous fait comprendre la raison pour laquelle on n'apercoit pas dans l'œuf végétal quelque élément protoplasmique différencié présidant à la division cellulaire. Toutefois, comme ce phénomène pouvaitavoir échappé jusqu'ici à l'observation, je l'ai cherché attentivement dans les ceufs qui paraissaient, comme chez le Lis ou la Fritillaire, devoir se préter mieux que d'autres à son étude : mes recherches sont restées sans résultat. D'ailleurs, les faits que je vais rappeler en quelques mots contribueront encore à montrer qu'on ne doit pas nécessairement chercher l'explication de la division de l’œuf dans l'apport d'un élément particulier effectué par le noyau mâle. GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXXXIX On a vu, dans l'exposé des phénoménes accessoires qui se passent, au moment de la fécondation, en dehors de l'oosphére, que le noyau secon- daire du sac embryonnaire, quel que soit le degré d'union des deux noyaux polaires qui l'ont formé, se divise aussitôt que le noyau måle pénètre dans l'oosphére. Dans le Lis en particulier, on trouve déjà huit noyaux d'albumen lorsque le noyau de l’œuf entre lui-même en division. Si les deux noyaux polaires viennent à peine de se réunir et n'offrent encore qu'une faible surface de contact quand le noyau mâle arrive dans l'oosphére, les deux parties constitutives du noyau secondaire du sac entrent simullanément dans la prophase et parfois méme, pendant la formation du peloton, elles se montrent distinctes l'une de l'autre: phé- nomène qui rappelle d'une facon frappante ce qui se passe plus tard dans le noyau de l’œuf parvenu au méme stade de la division, et qui montre en méme temps que les segments chromatiques dérivés des deux noyaux polaires ne se fusionnent pas plus entre eux que ceux des deux noyaux sexuels. Quelle est la cause de la division constante et immédiate du noyau secondaire du sac, au moment de l'entrée du noyau mâle dans l'oosphére? On ne peut assurément attribuer le phénoméne à l'aclion d'une substance figurée apportée par le tube pollinique. Outre que l'ob- servation reste absolument négative sur ce point, il suffit de remarquer cette double circonstance, que l'extrémité du tube se dirige sur l'oosphére, dont la membrane devient cellulosique aprés la pénétration du noyau mâle, et que le noyau secondaire du sac est toujours séparé et quelquefois méme assez éloigné de la cellule femelle. Il me parait évident que la division immédiate du noyau secondaire du sac embryonnaire s'explique par ce fait, que les deux noyaux polaires en contact sont l'un et l'autre dans le méme état lors de l'arrivée du noyau mâle dans l'oosphére; ils n'ont pas besoin, comme ce dernier, de revêtir les caractères morpholo- giques de l’état de repos, puisqu'ils les possèdent au moment de leur réu- nion ; ils peuvent par conséquent entrer en division dès que se fait sentir l'impulsion spéciale occasionnée par la pénétration du noyau mâle dans l'appareil sexuel. Une action du méme ordre se manifeste dans d'autres cas. La forma- tion des embryons adventifs, chez les Phanérogames dites à tort parthé- nogénétiques, montre l'influence que le tube pollinique peut exercer sur le développement de cellules tout à fait indépendantes de l'appareil sexuel femelle, sans entrer en contact avec elles ni leur céder aucun élément particulier. On sait, en effet (1), que dans le Funkia ovata, le Nothos- cordum fragrans, les Citrus, elc., la fécondation se fait comme à l'ordinaire ; mais, aprés qu'elle a eu lieu, des embryons se forment en (1) Strasburger, Ueber Polyembryonie (Jen. Zeitschr., t. XX, 1878). CXL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. dehors du sac embryonnaire, aux dépens des cellules du nucelle adja- centes à la cavité du sac, dont ils refoulent la membrane pour pénétrer bientót à l'intérieur. Dans les Citrus, ces embryons adventifs naissent méme loin du sommet du sac, sur Tes côtés. Seul, le Cælebogyne ilici- folia développe de semblables embryons, sans que la fécondation soit possible dans nos jardins, où n'existent que les pieds femelles de cette Euphorbiacée dioique. Mais, si la fécondation n'est pas nécessaire dans ce dernier cas, l'expérience montre que, dans ceux qui précèdent, elle active considérablement le développement. La présence du tube polli- nique retentit sur les tissus voisins du sac embryonnaire, chez lequel elle provoque la formation d'embryons multiples. A mon avis, celte action est de méme ordre que celle qu'exerce la pollinisation des Orchidées, dont les ovules ne se forment pas ou ne continuent pas leur évolution incompléte si le pollen ne germe pas sur le stigmate et si les tubes polliniques ne pénètrent pas dans le gynostème et dans l'ovaire pour l'aecroissement duquel leur présence est néces- saire (1), à moins que cet accroissement ne soit provoqué accidentelle- ment par la présence de larves d'insectes dans la cavité ovarienne (2). Ces quelques faits mettent bien en lumiére le véritable mode d'aclion des tubes polliniques dans les plantes à embryons adventifs. Abstraction faite de la fécondation normale de l'oosphére, qui peut avoir lieu chez elles, la formation de ces embryons n'est pas due à une influence spéci- fique de ces tubes, dont la présence provoque ou active l'aecroissement des tissus ovariens. Or un phénomène physiologique analogue se pro- duit dans le sac embryonnaire : en pénétrant dans la cellule femelle contenue dans cet organe, le noyau mâle détermine la continuation d’un développement momentanément suspendu chez les plantes angio- spermes. On pourrait dire, il est vrai, que si la division du noyau secondaire du sac embryonnaire peut se produire, ainsi que la formation des embryons adventifs, c’est parce que, dans ces deux cas, les noyaux sont accom- pagnés, comme les autres noyaux purement végétatifs, de quelque cor- puscule protoplasmique analogue à celui qui sert de point de départ aux sphères attractives dans les cellules animales, corpuscule qui ferait défaut dans l'oosphére. Jusqu'ici, malheureusement, on n'a rien aperçu qui puisse appuyer cette hypothése. Il ressort également de la comparaison qu'on peut établir entre les deux noyaux sexuels et les deux noyaux polaires au point de vue de l'état (1) Hildebrand, Die Fruchtbildung der Orchideen, etc. (Bot. Zeit., 1863). — Léon oU Sur la pollinisation et ses effets chez les Orchidées (Ann. des sc. nat., BOT. 6). (2) Treub, Notes sur l'embryon, etc. (Ann. du Jard. bot. de Buitenzorg, 1883). GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXLI dans lequel ils se trouvent au moment oi ils s'unissent, que la formation du noyau secondaire du sac embryonnaire ne peut étre assimilée à celle du noyau de l’œuf, puisque les deux noyaux polaires sont toujours dans un état comparable méme avant leur union, tandis que, pour les pre- miers, la structure qui caractérise l'état de repos n'est acquise par le noyau mâle qu'un certain temps aprés son introduction dans l’oosphère. Le méme phénoméne doit se produire, à plus forte raison, chez les Cryptogames à anthérozoides spiralés, et j'ai constaté, en effet, tout récemment, que, chez les Marsiliacées et les Characées, l'anthérozoide arrivé dans l’archégone au contact du noyau femelle subit une métamor- pliose analogue à celle qu'il présente dans l’oosphère des Phanérogames. On peut dire, en somme, que chez les unes, comme chez les autres, la fécondation n'est achevée qu'aprés cette métamorphose du corps repro- ducteur mâle. Comme le noyau est incontestablement le support des propriétés héré- ditaires, ce serait le cas de mentionner ici les diverses théories que l'étude de la fécondation a fait naitre dans ces dernières années, si je n'avais l'intention de me limiter exclusivement à l'exposé des phénomènes morphologiques (1). Toutefois, je rappellerai quelques faits qui se rat- lachent directement à notre sujet. On a constaté, chez quelques animaux, que dés les premiéres seg- merftations de l’œuf, il existe une différenciation en cellules sexuelles et en cellules somatiques, les premières étant destinées uniquement à former l'appareil sexuel adulte, les secondes devant périr avec l'animal. Tel est notamment le cas des Diptéres, pour lesquels on peut dire que la substance germinative, contenue dans les noyaux des cellules sexuelles, se transmet directement d'une génération quelconque à la génération subséquente : d’où cette conclusion que l'espéce, représentée par les éléments sexuels, est pour ainsi dire immortelle, tandis que les individus, représentés par les cellules somatiques, sont périssables. Suivant la comparaison de M. Nussbaum, l'espéce est une souche vivace, et les individus dont l'existence est plus ou moins éphémére, sont les feuilles annuelles que porte cette souche. Chez les végétaux, une différence de méme nature que la précédente nous est offerte par le Volvox globator, espèce monoique dans laquelle certaines cellules de là colonie restent dés la segmentation de l'œuf privées de cils, deviennent plus grosses que les autres qui sont pour- vues d'organes locomoteurs et prennent une teinte verte plus foncée : ce sont elles qui se transforment plus lard, les unes en oosphéres, les autres en anthérozoides. (1) Ces théories ont été résumées par M. Balbiani dans la Revue philosophique, 1889, 'CXLII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Mais chez les autres organismes, animaux ou plantes, rien de pareil ne se produit ; les cellules dérivées de l’œuf sont équivalentes jusqu'à la formation des éléments sexuels qui n'apparaissent qu'après les princi- paux organes. Une cellule d'un ordre quelconque est capable de repro- duire l'étre tout entier, tout au moins dans un assez grand nombre de végétaux : témoin, par exemple, le cas des Begonia, dont un fragment de feuille permet d'obtenir un nouvel individu. S'il en est ainsi, les noyaux doivent tous contenir de la substance germinative dérivée du pre- mier noyau embryonnaire, et il n'y a pas dés l'origine une différencia- tion en cellules sexuelles et en cellules végétatives ou somatiques. Les premiéres ne doivent se former qu'à un moment donné de l'évolution de l'individu. Or on a vu plus haut que le changement de nombre des seg- ments chromatiques, qui évidemment est une marque de cette différen- ciation, n'apparait en effet, dans l'anthére, qu'au moment de la formation des cellules-méres polliniques, et dans le sac embryonnaire, que pendant la formation des deux tétrades nucléaires. En résumé, les résultats consignés dans le présent travail, qu'il était nécessaire de comparer, tout au moins succinctement, aux principaux faits actuellement connus sur le sujet, contribueront, j'espère, à préciser un certain nombre de points importants. Ils mettent en évidence, notam- ment: le mode de formation et de différenciation des noyaux sexuels, qui s'accompagne toujours du dédoublement longitudinal des segments chromatiques, ce qui permet de comprendre facilement la raison pour laquelle des propriétés màles et femelles sont transmises à l'embryon par chacun de ces noyaux, soit màle, soit femelle; la fixité du nombre de ces segments et son égalité dans le noyau màle et le noyau femelle; la nature et la modalité de la copulation, avec les variations qu'elle pré- sente et qu'on n'avait pas encore observées chez les plantes; le chauge- ment de structure du noyau mâle parvenu dans l’oosphère ; l'existence dans le noyau de l’œuf fécondé et dans ses dérivés, tout au moins les plus rapprochés, d'un nombre de segments chromatiques double de celui de chacun des deux noyaux sexuels; enfin, comme conséquence, lim- portance de ces éléments chromatiques dans la transmission des pro- priétés héréditaires, et les analogies qu'on rencontre, dans l'ensemble des phénoménes, chez les plantes et chez les animaux. Explication des planches II, IHE, IV et V des Actes du Congrès. PLANCHE IIl. Fic. 1 à 16. — Lilium Martagon. Fic. 1. — Partie antérieure d'un tube pollinique renfermant, à quelque dis- tance de l'extrémité, le noyau végétatif nv, et en arrière, la cellule nard del. Conéres botanique de 1889 L. Cuig hologiques de la Fécondation enomenes morp , Ph Imp. Gery-Gros. Paris GUIGNARD. — PHÉNOMÉNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXLIII génératrice cg avec son noyau allongé et son protoplasme propre. — Gross. 250. Fic. 2. — Division du noyau générateur. — Gross. 250. 3. — Le méme noyau plus grossi, dont la plaque montre douze segments FIG. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. chromatiques, manifestement doubles; le protoplasme propre à la cellule génératrice est surtout accumulé aux deux póles du fuseau. — Gross. 1000. 4. — Les deux groupes de segments chromatiques secondaires arrivent aux pôles; chacun d'eux comprend douze segments. — Gross. 1000. 9. — Constitution définitive des deux nouveaux noyaux générateurs, tou- jours accompagnés du protoplasme de la cellule génératrice. Un rudi- ment de plaque cellulaire, destiné à disparaitre bientót, existe à l’équateur des fils connectifs. — Gross. 1000. 6. — Aspect comparé des deux nouveaux noyaux générateurs et du noyau végétatif peu de temps aprés la division. — Gross. 250. 7. — Sommet d'un tube pollinique au moment où il arrive sur l'ovule; le noyau végétatif est désorganisé. — Gross. 250, 8. — Sac embryonnaire au moment de la division de son noyau primaire, au stade de la plaque nucléaire, qui comprend douze segments chro- matiques. — Gross. 250. suu 9. — Les deux nouveaux noyaux, semblables entre eux, encore réunis 10. 11. 14, par quelques fils connectifs. — Gross. 250. — Différenciation de ces deux noyaux quelque temps après; celui du bas est presque une fois plus gros que celui du haut. — Gross. 250. — Division des mêmes noyaux : celui du sommet est formé d'une plaque nucléaire qui comprend douze segments déjà manifestement doubles ; celui de la base offre au contraire seize segments. Les deux fuseaux sont perpendiculaires l’un à l’autre. — Gross. 600. . — Différence très marquée entre les deux noyaux du sommet du sac et les deux noyaux de la base, parvenus les uns et les autres à l'état de repos. — Gross. 250. . — Sommet d'un sae embryonnaire, au moment de la division des deux noyaux du groupe supérieur. Les deux plaques nucléaires, occu- pant deux plans différents, sont formées chacune de douze segments; dans l'inférieure, les deux moitiés de chaque segment commencent à s'isoler l'une de l'autre pour se rendre, en sens inverses, aux deux pôles du fuseau. — Gross. 600. — Sac embryonnaire avant la formation de son noyau secondaire. Il offre, au sommet, les deux synergides sur le même plan, l'oosphére plus allongée, sur le côté; à gauche de l'oosphére, le noyau polaire supérieur; au-dessous de la vacuole centrale, le noyau polaire infé- rieur trés volumineux surmontant les trois antipodes. — Gross. 250. Fic. 15. — État un peu plus avancé, indiquant le rapprochement des deux noyaux polaires, — Gross. 250. Fic. 16. — État adulte, bien que les deux noyaux polaires ne soient accolés que sur une faible surface. — Gross. 250. CXLIV Fic. Fic. Fic. Fi6. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. PLANCHE lll. Fic. 17 à 25. — Lilium Martagon. 17. — Sommet du sac embryonnaire recouvert par l'épiderme du nucelle, 18. 22. 23. 24. 26. dont les cellules supérieures ont été écartées par le tube pollinique. Le noyau mile, dense, est encore à quelque distance du noyau de l'oosphére; le second noyau générateur est resté à l'extrémité du tube. Les synergides sont en voie de résorption. — Gross. 250. — Au contact du noyau femelle, en partie visible à droite dans l'oo- sphère, se trouve le noyau mâle plus petit et plus chromatique; le second noyau générateur a pénétré aussi dans l'oosphére et méme presque pris les caractères du premier. — Gross. 250. — Grossissement progressif du noyau måle accolé au noyau femelle ; des nucléoles sont déjà visibles à son intérieur. — Gross. 250. — Partie d'un sac embryonnaire comprenant le noyau secondaire» formé de deux parties distinctes correspondant aux deux noyaux polaires, qui montrent déjà le commencement de la contraction des filaments chromatiques. Dans l'oosphére, le noyau mâle, plus chro- matique que le noyau femelle qu'il surmonte, commence seulement à grossir. — Gross. 250. . — Grossissement plus avancé du noyau mâle, dont les éléments chro- matiques sont encore trés serrés. Le noyau secondaire s'est divisé en deux nouveaux noyaux déjà pourvus d'une membrane. — Gross. 250. — Dans l'oosphére, les deux noyaux sexuels sont à peu prés au méme stade que dans la figure précédente; le noyau mâle est au-dessous du noyau femelle. Les deux premiers noyaux de l'albumen ont presque atteint leur développement complet; ils sont réunis par de nombreux fils achromatiques. — Gross. 250. ; — Le noyau mile, situé au premier plan, est devenu presque auss! gros que le noyau femelle ; tous deux commencent à contracter leurs éléments chromatiques. — Gross. 250. $ — Les deux noyaux sexuels sont à l'état de repos; quoique plus peut que le noyau femelle, le noyau mále, situé en haut, a atteint son volume définitif; mais sa charpente chromatique est plus serrée que celle du noyau femelle. — Gross. 750. - Slade plus avancé; les deux noyaux sexuels, toujours pourvus de leur membrane, sont entrés dans la prophase de la division; leurs nucléoles ont déjà disparu. — Gross. 750. PLANCHE IV. Fic. 26 à 34. — Lilium Martagon (gross. 750 d.). i: : x — Œuf dans lequel les membranes nucléaires ont disparu. Les a ; groupes de segments chromatiques sont encore reconnaissables ; Ce de droite provient du noyau mâle, 1889 V. Bonnet sc Phénomenes morphologiques de. la Fécondation Imp. Gény- Gros, Paris. — 25 Da, 24 L Guignard del. Phénomènes morphologiques de la Fecondation Imp. Gény-Gros. Paris PL. IV y. Bonnet ** - GUIGNARD. — PHÉNOMÈNES MORPHOLOG. DE LA FÉCONDATION. CXLV Fic. 97. ic, 28. Fic. 29. Fic. 30. Fic: 81. Fic. 32. Fic. 33. Fic. 34. Fic. 37. Fic. 38. Fic. 39, — Orientation des bàtonnets au moment de la formation de la plaque nucléaire ; apparition des fils achromatiques du fuseau. Les segments se montrent déjà aplatis. E — Plaque nucléaire comprimée pour mieux permettre d'en compter les vingt-quatre segments. Chacun d'eux se montre formé de deux moitiés encore soudées. — Stade de la plaque équatoriale; on peut y compter vingt-quatre segments. Le fuseau est parallèle au grand axe de l'ceuf. — Même stade. La vacuole de l’œuf, au lieu de surmonter le fuseau, comme c'est le cas ordinaire, occupe une situation exceptionnelle. — Séparation des moitiés de chaque segment primaire dédoublé, se dirigeant sur les fils du fuseau vers les deux póles; elles sont encore unies par leurs extrémités dirigées auparavant vers les póles ou vers la périphérie de la figure. — Embryon bicellulaire, dans lequel les deux noyaux entrés en divi- sion renferment aussi chacun vingt-quatre segments chromatiques. — Embryon formé de quatre cellules, dont la supérieure renferme un noyau également formé de vingt-quatre segments. Les autres offrent divers stades. — Noyau secondaire du sac embryonnaire en division; stade de la plaque nucléaire formée de trés nombreux segments, peu de temps aprés sa naissance, PLANCHE V. Fic. 35 à 98. — Fritillaria Meleagris. . — Sac embryonnaire avant la réunion des noyaux polaires d'inégale grosseur. — Gross. 250. . — Sommet du sac embryonnaire, avec l'épiderme du nucelle. L'une des synergides a conservé son noyau intact. L'extrémité du tube pol- linique renferme une petite masse chromalique représentant le se- cond noyau générateur. Le noyau mále, à gauche, dans l'oosphére, grossit au contact du noyau femelle et offre déjà des nucléoles. — Gross. 750. — Les deux noyaux sexuels à l'état de repos, largement accolés, quoi- que encore distincts; le mâle est à gauche et ne se distingue du noyau femelle que par ses nucléoles un peu plus petits; sa charpente chromatique est à peine plus chromatique que celle de l'autre. — Gross. 750. — Plaque nucléaire de l’œuf, dont les segments un peu écartés par une compression modérée sont manifestement doubles et au nombre de vingt-quatre. L'une des synergides a persisté avec son noyau intact. — Gross. 750. Fic. 39. — Muscari comosum. Pd — Les cavités des deux noyaux sexuels se sont confondues, mais on T. XXXVI. 10 CXLVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. , léments déjà , reconnait encore les deux groupes chromatiques à é contractés. — Gross. 750. Fic. 40 à 42. — Agraphis cernua. Fic. 40. — Le noyau mâle, à gauche, quoique encore plus petit que celui de l'oosphére, possède déjà un nucléole., — Gross. 250. Fic. 41. — Les noyaux sexuels sont accolés sur une large surface; à gauche, le mâle a deux petits nueléoles, le femelle un gros. Sur la paroi dn sac embryonnaire, qui renfermait déjà huit noyaux d'albumen, deux de ces derniers ont été représentés. — Gross. 250. Fic. 42. — Fusion compléte des sucs nucléaires et des nucléoles, commence- ment de la prophase de la division. — Gross. 750. Fic. 43 à 46. — Alstræmeria psittacina. Ni 4 Fic. 43. — Œuf dans lequel la fusion des cavités nucléaires est complète; les . segments chromatiques se montrent distincts. — Gross. 750. Fic. 44. — A droite, l'eeuf avec son noyau en division; à gauche, l'une des synergides a persisté et s'est revétue d'une wie iu cellulosique en grossissant; l'autre, vers le sommet, est presque résorbée. — Gross. 250. Fig. 45. — Le noyau de l’œuf de la figure précédente plus grossi, pour mon- trer les seize segments chromatiques dans chacun des deux groupes qui se rendent aux póles. — Gross. 750. Fic. 46. — Stade un peu plus avancé. — Gross. 750 diamétres. Fic. 47 à 49. TE is desertorum. Fic. 47. — Oosphére montrant le petit noyau mále au moment oü il vient de rejoindre le noyau femelle. — Gross. 600. Fic. 48. — L'union du noyau mâle avec le noyau femelle a lieu sur une large surface; le premier, trés colorable, n'a encore qu'un petit nucléole; il est situé au-dessus du noyau femelle. Le noyau secondaire du sac embryonnaire s'est divisé. — Gross. 600. Fic. 49. — Œuf avec son noyau en division. — Gross. 600. Fic. 50 et 51. — Delphinium Ajacis. Fic. 50. — Les deux noyaux sexuels sont encore distincts et séparés par une membrane commune; le mâle est à gauche. — Gross. 750. Fic. 51. — Les cavités EUR. se sont fusionnées et la contraction des éléments chromatiques a commencé; ceux qui proviennent du noyau mâle paraissaient être à gauche de la masse commune. — Gross. 190. Conérès botanique de 1889 FEV ! E « f d" vr ent v a T V. Bonnet sc Phénomenes morphologiques de. la Fécondation BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CXLVII SUR QUELQUES PLANTES VIVANT DANS LE TEST CALCAIRE DES MOLLUSQUES; par MM. Ed. BOR NET et Ch. FLAHAULT, Depuis plus de quarante ans les zoologistes, en étudiant les parties dures des animaux récents ou fossiles, ont découvert, dans certains exemplaires, des canaux rameux qui les traversent en tous sens et sans régularité. Ces canaux ont été vus dans les coquilles, les polypiers, les éponges, les écailles de poissons, et même dans les ossements fossiles. Il y a toute une littérature sur ce sujet (1). (1) CARPENTER (W.-B.), On the minule Structure of the Skeletons or hard Parts of Invertebrata, in Annals and Magazine of natural History, vol. XI, p. 380, 1843; — On the microscopic Structure of Shells (Report of the XI V'^ Meeting of the British Association for the Advancement of Science; held at York in september 1844. London: F. Murray, 1845, p. 1-24, pl. I-XX). QueKETT (J.), Lectures on Histology, etc. London, 1854, vol. II, p. 276. Rose (C.-B.), On the Discovery of parasitic Borings in Fossil Fish scales (Trans- Hide of the microscopical Society of London. New Series, vol. HI, p. 7, pl. I, 855. LAGAZE-DUTHIERS (H. de), Histoire de l'organisation et du développement du Den- tale (Ann. des sc. nat., 4° sér., Zoologie, vol. V, 1856, p. 350, pl. XII, fig. 9). WEDL (C.), Ueber die Bedeutung der in Schalen von manchen Acephalen und Gas- teropoden vorkommenden Canäülen (Sitzungsberichte der K. Akademie der Wissens- chaflen, Bà XXXIII, n° 28, p. 451, pl. I-III, 1858). KóLLIKER (A.), On the frequent Occurrence of vegetable Parasites in the hard Struc- lures of Animals (Annals and Magazine of nat. History, ser. 3, vol. IV, p. 300, 1859) ; — Ueber das ausgebreitete Vorkommen von pflanslichen Parasiten in den Hartge- bilden niederer Thiere (Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, Bd X, p. 215, pl. XV et XVI, 1860); — On the frequent Occurrence of vegetable Parasites in the hard Tis- sues of the lower Animals (Quarterly Journal of microscopical Science, vol. VIII, p. 171. tab. VIII, 1860). STIRRUP (M.), On Shells of Mollusca showing so-called Fungoid Growths (Proceedings of the Literary and Philosophical Society of Manchester, vol. XI, session 1871-1872. Manchester, 1872, p. 173). MOSELEY, Proceedings of the Royal Society of London. vol. XXIV, p. 64, 1875. DUNCAN (P.-M.), On some Thallophytes parasitic within recent Madreporia (Procee- dings of the R. Society of London, vol. XXV, p. 238-257, pl. V, VI et VII, 1876-1877); — On some remarquable Elargements of the axial Canals of the Sponge spicules a M their Causes (Journal of the R. microscopical Society, ser. 2, vol. I, pp. 597-972, pl. VII et VIII, 1881), Roux (W.), Ueber eine im Knochen lebenden Gruppe von Fadenpilzen (Mycelites t Mi in Zeitschrift für wisensschaftliche Zoologie, vol. XLV, pp. 227-254, pl. XIV, ToPsENT (E.), Notes sur les Thallophytes marins perforants (Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, 1887, p. 297) ; — Sur les prétendus prolongements périphe- riques des Cliones (Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. CV, p. 1188, 1887), CXLVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Tous ou presque tous les auteurs qui se sont occupés de la question s'accordent à regarder les canaux comme produits par des plantes per- forantes, Algues pour les uns, Champignons pour les autres. Mais, bien qu'il ait été souvent donné des figures de ces productions, elles n'ont pas été représentées avec des détails suffisants pour qu'il soit possible de les déterminer botaniquement. Ce sont les galeries formées par les plantes, plutót que les plantes elles-mémes, qui sont le plus souvent figurées, et il ne pouvait en être autrement lorsqu'il s'agissait de fossiles dont la matière végétale avait depuis longtemps disparu. M. Reinsch (1), qui, plus que tout autre, s'est occupé des Algues para- Sites et qui a décrit une Floridée vivant dans les éponges et dans les tubes de Sertulaires, ne parle pas de celles qui perforent les coquilles. M. Lagerheim (2) est le premier botaniste dont l'attention se soit portée sur elles. Au cours d'une herborisation sur la cóte sud-ouest de la Suéde, il remarqua que la plupart des coquilles éparses sur le sable de la plage étaient marquées de taches grises ou vertes qui n'élaient pas simplement superficielles, mais qui s'étendaient jusqu'à une certaine profondeur dans l'intérieur du test. L'examen microscopique de ces taches Jui montra qu'elles étaient formées de deux Algues : une Chlo- rosporée, que l'auteur placa dans le genre Codiolum, une Noslocacée, constituant un genre nouveau, le Mastigocoleus, dont M. Lagerheim a donné la description dans le Notarisia du mois d'avril 1886. Les con- ditions dans lesquelles le Mastigocoleus croissait en Suède sont si souvent réalisées sur nos cótes qu'il était vraisemblable qu'on le ren- contrerait aussi sur les cótes de France. Nos prévisions n'ont pas été trompées et notre excellent correspondant, M. le Dantec, qui voulut bien chercher la plante à Brest, nous en envoya bientót de beaux exemplaires. Dans les premiers mois de 1887, M. Hariot a fait connaitre, dans le Journal de Botanique de M. Morot (3), une Cladophorée perforante des coquilles, le Siphonocladus voluticola, qu'il avait rapportée du Cap Horn. La méme année, en septembre 1887, dans une excursion au Croisic, nous nous mimes en quéte du Mastigocoleus. Non seulement nous l'avons trouvé en grande abondance, mais nous avons constaté que les coquilles vides servent d'habitation à bien d'autres plantes, et que plusieurs ne peuvent rentrer dans aucun des genres connus jusqu'à présent. Nous en avons déjà signalé deux (4); nous en ferons encore cónnaitre quelques (1) Beobachtungen über entophyte und entozoische Pflanzen-parasiten (Bot. Zeitung, 1879, pp. 17-33, tab. 1). (2) (Efversigt af K. Vet.-Akad. Fórhandlingar, 1885, n° 8, pp. 21-32, tab. XXVII. (3) Morot, Journal de Botanique, 1, 1887, p. 56. (4) Morot, Juurnal de Botanique, VM, 1888, pp. 161-155. BORNET ET FLAHAULT. -— SUR LES ALGUES PERFORANTES. CXLIX autres dans ce Mémoire. Ce sont les plus communes, les plus faciles à trouver, celles dont l'autonomie nous a paru la plus assurée. Nos obser- vations ne sont pas toujours aussi complètes que nous l'aurions souhaité, surtout au point de vue des organes reproducteurs, mais le mélange presque constant des espèces, la difficulté de les extraire, ne nous ont pas permis d'aller plus loin. En ne retardant pas davantage la publica- tion des résultats que nous avons obtenus, et en appelant sur un champ fertile en observations nouvelles l'attention des botanistes, nous espé- rons que quelques-uns d'entre eux s'occuperont de ces plantes dont nous ne faisons qu'ébaucher l'histoire. Lorsqu'on parcourt à marée basse les gréves sablonneuses entrecou- pées de rigoles et de petites flaques, on remarque qu'un grand nombre de coquilles mortes (1) appartenant aux genres les plus divers présentent des taches orbiculaires ou sans limites définies, les unes d'un gris- ardoise, les autres vert d'herbe. Ces derniéres sont les plus fréquentes. Il est peu de coquilles, de celles qui ont séjourné dans l'eau pendant quelque teinps, qui n'en soient plus ou moins couvertes, soit en dehors, soit en dedans, souvent des deux cótés à la fois. Ces taches ne sont pas superficielles; le grattage avec l'ongle ne les fait pas disparaître, ce qui permet de les distinguer aisément des macules formées par les thalles jeunes d'une foule d'Algues qui croissent sur les coquilles, comme sur tous les corps où elles trouvent un point d'attache assez fixe. — Si l'on détache un éclat perpendiculaire à la surface de la coquille suffisamment mince pour être transparent, ou si, prenant un fragment de la coquille, on le réduit à l'état d'une lamelle translucide, à l'aide d'une pierre à repasser, on voit que les plantes perforantes forment une couche hori- zontale paralléle à la surface et qu'un grand nombre de rameaux, nés de cette couche, s'enfoncent plus ou moins profondément dans le corps de la coquille. Toutefois, ces procédés ne donnent qu'un apercu de la dis- tribution générale et du diamétre plus ou moins grand des filaments, ils ne permettent pas d'étudier la plante méme ni d'en reconnaitre la structure. Pour en obtenir une vue satisfaisante, il est indispensable de l'extraire au moyen d'un acide qui enléve le calcaire et laisse subsister le tissu végétal. Aprés divers essais, nous avons donné la préférence, pour décal- cifier les coquilles, au liquide de Pérényi (2) qui fixe le protoplasme en méme temps qu'il dissout le carbonate de chaux. Le contenu cellulaire est assez bien conservé pour qu'on puisse le traiter, aprés un lavage soigné, par les réactifs colorants. Si l'on décalcifie une coquille entière, . , (1) Les coquilles des Mollusques vivants n'en sont pas exemptes. Les Patelles et le Lasea rubra en sont fréquemment infestés. (2) Voici la formule du liquide de Pérényi : acide azotique à 10 pour 100, 4 vol.; alcool, 3 vol.; acide chromique à 0,5 pour 100, 3 vol. Le liquide devient bleu violet. CL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889, on sera parfois surpris de la quantité considérable de filaments étrangers qu'elle contenait et, dans tous les cas, en en étalant des lambeaux ou en en pratiquant des sections verticales, il devient relativement facile d'étu- dier la structure de ces filaments. L'étude directe sur le vivant, indis- pensable pour la solution de diverses questions, est excessivement labo- rieuse et fragmentaire, en raison de la poussiére calcaire opaque ou réfringente dont les préparations sont encombrées. Examinées directement dans la coquille, la plupart des plantes qui l'habitent ne peuvent pas être déterminées avec une précision suffisante. On reconnait aisément l’Ostracoblabe à la ténuité de ses galeries, l'Os- treobium à la forme particuliére des ramifications de sa couche hori- zonlale; mais, lorsqu'il s'agit du Gomontia, du Mastigocoleus, de l'Hyella, et que leur thalle est trés ramifié, la détermination est fort incertaine. Elle est un peu plus assurée lorsque les thalles sont jeunes et peu compliqués. Le Gomontia se distingue à ses articles en massue, à ses rameaux souvent opposés; l'Hyella se présente sous des aspects trés différents, comme le montrent les figures 7 et 8 de la planche X. C'est par lui que sont produites ces galeries contournées, irréguliérement dilatées, qui sont si fréquentes dans la couche superficielle de beaucoup de coquilles. Lorsque ces caractères manquent, on peut soupconner qu'on a sous les yeux le Mastigocoleus dont les canaux, trés allongés, sont de calibre uniforme. Toutes les espéces présentent le méme mode général de développe- ment. Au début, elles s'étalent horizontalement dans la couche épider- mique de la coquille, soit en formant un réseau irrégulier, comme le Plectonema terebrans, soit en rayonnant autour d'un point central (Gomontia, Siphonocladus, Hyella, etc.). De cette couche horizontale sortent des rameaux dont les uns s'enfoncent verticalement dans le test, tandis que d'autres s'allongent parallèlement aux. premiers filaments. Avec le temps, ceux-ci deviennent si nombreux, leurs branches si rap- prochées, que le calcaire interposé finit par disparaitre et que la plante, mise en contact immédiat avec l'extérieur, peut abandonner ses cellules multiplicatrices. En méme temps, la surface de la coquille devient ru- gueuseet inégale, Il n'est pas douteux que cette corrosion continue de la coquille ne finisse par en amener la destruction totale et ne soit la cause principale de leur disparition dans les baies tranquilles, où elles ne sont pas mécaniquement broyées par le roulement incessant des vagues. Les coquilles marines ne sont pas les seules qui servent d'habitation à des végétaux perforants. Wedl en a rencontré, bien que rarement, dans le test des Gastéropodes d'eau douce (loc. cit.), M. Topsent (1) (1) Comptes rendus, t. CV, 1887, p. 1188. BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLI en a vu dans les valves d Unio provenant de l'Orne, et nous-mêmes avons constaté la présence de deux espéces de Lyngbyées dans les Unio du lit de la Loire. Il nous parait en outre indubitable qu'on en trouvera éga- lement dans les roches calcaires lorsqu'on prendra la peine de les y chercher. Nous avons récolté le Mastigocoleus sur un galet calcaire; une des Lyngbyées des coquilles d'Unio dont nous venons de parler ne semble pas distincte de l'Hypheothrix incrustata (Phormidium Gomont), que M. Nægeli a découvert sur les roches, dans les ruisseaux des environs de Zurich (1). Enfin M. Maddox (2) a fait connaitre, sous le nom de Botrydium minutum, une production de nature végétale, mais insuffisamment déterminée au point de vue de la place qu'elle doit occu- per, qui eroissait dans le sédiment déposé par une source incrustante. Les plantes connues jusqu'à ce jour comme habitant le test des co- quilles appartiennent aux Algues chlorosporées, aux Algues phycochro- macées, aux Champignons; on n'a encore rencontré ni Algues rouges, ni Algues brunes. Pour en faciliter la détermination, nous les rangerons dans le tableau suivant, avec l'indication des caractères distinctifs les plus aisés à obser- ver. Nous suivrons le méme ordre en exposant nos observations sur cha- cune d'elles. t. Plantes colorées. * Chlorosporées. Filaments cloisonnés. Filaments monosiphoniés, confervoides. 5 Articles souvent irréguliers; rameaux séparés à la base par une cloi- son ze. pM 2... Gomontia Bornet et Flah. Articles régulièrement cylindriques; ra- meaux dépourvus de cloison basilaire. Siphonocladus Schmitz. Filaments anastomosés produisant des expan- sions parenchymateuses............ RA Zygomitus. Filaments non cloisonnés......... TAA 2. Üstreobium. ** Phycochromacées. Nostocacées, Filaments trés ramifiés, pourvus de poils et d'hétérocystes latéraux................ Mastigocoleus Lagerheim. Filaments simples ou peu rameux, dépourvus d'hétérocystes et de poils......,...... Filaments très fins, épais de 0,95 à 1:500. FXRHEUE 1:11.22 peers . Plectonema Thuret. Filaments simples, épais de 4 à 6 p; p d plante d'eau douce..... Vedi ce Va Phormidium Kützing. (1) Kützing, Species Algarum, p. 269, 1849. i * - (3) Maddox, Mid Remarks on a minute Plant found in an prés erg T bonate of Lime (The monthly microscopical Journal, 1873, 1X, p. 141, pl. à CLII -CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Chamæsiphonées. Trichomes composés de cellules distinctes, dont le contenu se divise finalement en cellules secondaires. Plante très réfrin- gente... . TTE E ES Hyella Bornet et Flahault. tt. Plantes incolores (paraissant se rapporter aux Champi- gnons). Filaments trés fins, droits, uniformes, sans cloi- 50n8:- ee eee 0. SO Dodar Ostracoblabe. Filaments irréguliers, présentant des renfle- ments plobuleux....:..... LG LIAE .. Lithopylhium. CHLOROSPOREES. Gomontia polyrhiza Bornet et Flahault in Morot, Journal de Botanique, V, 1888, p. 163. (Pl. VI à VIII.) La plante que nous avons désignée sous ce nom est une des plus curieuses que nous ayons rencontrées. Les sporanges dans lesquels naissent les cellules reproductrices ne ressemblent à ceux d'aucune autre Algue connue. Ils présentent des caractéres morphologiques et biologiques si singuliers, que M. Lagerheim les a pris pour des orga- nismes indépendants et qu’il. en a fait une espèce du genre Codiolum (C. polyrhizum). Le thalle est formé de filaments articulés, rameux. Dans les plantes jeunes ces filaments rayonnent autour d'un point central. Plus tard, par la confluence des thalles et l'enchevétrement de leurs filaments, il se constitue, dans la couche superficielle de la coquille, un réseau horizon- tal continu qui finit par recouvrir la plus grande partie de la coquille. Ces filaments sont de grosseur assez différente dans les différentes plantes et, au premier abord, on croirait avoir sous les yeux des espéces dis- tinctes, mais il ne nous a pas paru qu'il en fût ainsi réellement; ear l'on rencontre tous les intermédiaires entre les dimensions extrémes. Les plus gros filaments ont 12.y, les plus fins de 4 à 6 p; le plus grand nombre mesure de 8 à 9 y. La longueur des articles atteint jusqu'à 59 p, mais elle est souvent beaucoup moindre. Les articles sont cylindriques et légérement claviformes, droits ou onduleux. Les divisions principales des rosettes se ramifient d'une manière subdichotome et forment des sortes de coulants qui s'étendent circulairement en éniettant, dans toute leur longueur, mais sans régularité, des rameaux latéraux alternes où opposés. Les rameaux naissent près de l'extrémité antérieure de l'article. BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLIII Outre cette ramification latérale qui donne naissance au thalle hori- zontal du Gomontia, les filaments présentent une ramification dorsi- | ventrale très prononcée (P1. VII, fig. 9). Du côté opposé àla surface de la coquille, les articles produisent un et même deux rameaux qui se dirigent vers l'intérieur du test. Ils sont d'abord simples; mais, quand ils s'allongent, ils se ramifient eux-mêmes. Parfois aussi dans les articles purement végétatifs, toujours dans les articles reproducteurs, on voit se développer sur le côté extérieur de l’article un certain nombre de rhi- zoides (Voy. pl. VI, fig. 4, 7, 8). Les filaments dressés sont de deux sortes: les uns, semblables à ceux dela couche horizontale, traversent la coquille plus ou moins obliquement et vont former une seconde couche horizon- tale, soit à la face opposée de la coquille, soit sur le plan formé par une des strates dont elle est composée. Les autres restent relativement courts et se terminent par un article claviforme obtus (Pl. VI, fig. 2, 4,6). Lors- qu'ils sont nombreux et serrés et qu'on examine par la face interne une préparation décalcifiée, l'aspect général est celui d'une pelote couverte d'épingles. Les articles qui constituent ces filaments sont fort dissem- blables dans les différents exemplaires et dans les diverses parties d'une méme préparation. Souvent ils sont cylindriques (fig. 2, 3) ou légère- ment renflés en fuseau un peu au-dessus du milieu; mais il n'est pas rare de voir ce renflement s'exagérer beaucoup et les articles devenir ellip- tiques, ovoides ou ventrus, selon que la dilatation porte sur tout le con- tour ou sur un seul côté de l'article. Dans les cellules en végétation active le protoplasme chlorophyllien forme un réseau à mailles irréguliéres, généralement assez pelites, de Sorte que les chromatophores apparaissent comme une couche appliquée contre la paroi et plus ou moins interrompue; des bandelettes vertes passent d'une paroi à l'autre à travers la cavité de la cellule. Suivant qu'elle est plus ou moins longue, la cellule renferme de 1 à 5 noyaux. Les noyaux, relativement gros, sont situés dans des renflements du pro- loplasme vert et le plus souvent appliqués contre la paroi; si la cellule qui les renferme est étroite, ils se trouvent fréquemment dans les cor- dons protoplasmiques qui traversent la cellule. Lorsque l'aecroissement se ralentit, le contenu protoplasmique devient plus abondant et plus granuleux ; il s'y dépose des grains d'amidon qui deviennent si nombreux, principalement dans les filaments dressés, que la cellule finit par en étre remplie. Les filaments sont alors opaques et ont souvent perdu toute apparence de coloration verte (fig. 5 et 6). La membrane du Gomontia est d'abord mince et délicate; avec l'àge elle s'épaissit et se eutinise. Les cloisons transversales, la paroi des Sporanges et les rhizoides acquièrent souvent une épaisseur considérable. Ni le chlorure de zinc iodé, ni l'iode et l'acide sulfurique ne colorent la CLIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. membrane en bleu. Le dépót lamelleux réfringent qui se forme à l'ex- trémité des articles ordinaires et à la base de ceux qui se développent en sporanges montre seul la réaction de la cellulose. La membrane résiste à l'action de l'acide sulfurique et à celle de l’acide chromique. SPORANGES. — Examine-t-on un thalle de Gomontia par sa face interne ou sur une coupe vertieale (Pl. VII, fig. 9 et 10), on apercoit entre les filaments dressés et souvent groupées en nombre considérable, de grosses cellules remplies d'un contenu granuleux si abondant qu'elles en sont presque opaques. Ces cellules résultent du gonflement total ou partiel, le plus souvent unilatéral, de quelques-uns des articles qui composent les filaments horizontaux. La saillie du gonflement est dirigée vers l'inté- rieur du test de la coquille. Parfois les articles qui les produisent sont épars, souvent ils se succèdent en file plus ou moins nombreuse le long d'un méme filament. Il est facile de rencontrer des extrémités de rameaux semblables à celles que nous avons représentées dans les figures 14, 15, 16, et de bien plus longues encore, le long desquelles on peut apercevoir tous les degrés successifs du développement. Dès que l’excroissance ou le gonflement commence à se montrer, on remarque que le protoplasme s’écarte des cloisons qui le séparent des deux cellules voisines, et qu'une matière réfringente cellulosique se dépose en couches concentriques aux extrémités de la cellule dont le protoplasme s'est retiré. Peu à peu ces articles gonflés, qui deviendront des Sporanges et que nous appellerons désormais de ce nom, s'isolent de plus en plus; leurs points d'attache se changent en rhizoides, d'autres rhizoides naissent de divers points de leur face inférieure ; dés lors elles vivent d'une vie propre ; les extrémités par lesquelles elles étaient unies se flétrissent et disparaissent, de sorte qu'on les prendrait aisément, si l'on n'en suivait pas le développement, pour des organismes autonomes. On ne saurait hésiter à admettre que les sporanges ne puissent vivre et croitre pendant assez longtemps aprés leur isolement, lorsque l'on considére Ie volume qu'ils peuvent atteindre, le grand développement qu'acquiert parfois leur systéme radiculaire, l'épaisseur et le nombre des couches stratifiées que présente leur mem- brane dans la région voisine des rhizoides. Du reste, la germination et le développement des individus issus des aplanospores montrent qu'il en est réellement ainsi. Rien de plus variable que la configuration des sporanges. La forme type est celle d'un sac ovale ou cylindrique porté sur deux ou trois pieds. Un certain nombre affectent la. figure d'un V renversé, d'une cornue; quelques-uns sont irrégulièrement bosselés ou présentent des disposi- tions bizarres, Les dimensions les plus grandes que nous ayons mesurées sans avoir fait de recherches prolongées qui nous semblaient sans inté- BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLV rêt, ont été de 120 y de long sur 75 de large. M. Lagerheim a rencontré des sporanges atteignant jusqu'à 240 y. sur 60. La plupart restent bien au-dessous de ces grandeurs. Pendant tout le temps qu'ils s'accroissent, les sporanges contiennent, outre la matiére verte, de l'amidon en grains globuleux ou légèrement ovales, ou bien des gouttelettes huileuses (1). Lorsque le moment de la reproduction approche, l'huile ou l'amidon dis- paraissent et le protoplasme se divise en un grand nombre de corps pour- vus chacun d'un noyau. Tout nous porte à croire que la division a lieu simultanément; du moins nous n'avonsrien vu qui fasse croire à une divi- sion progressive de la masse protoplasmique à partir du début. Nous ne savons pas exactement de quelle maniére le contenu du sporange est mis en liberté, Sur les préparations décalcifiées les sporanges vides ne pré- senlent aucune trace de rupture (2). Lorsqu'on détache au couteau la partie superficielle d’une coquille bien chargée de Gomontia, il n'est pas rare de rencontrer sous le microscope des sporanges rompus; mais il se peut que ce soit le résultat de la pression exercée par l’instrument, Dans ces cas, le sporange laisse échapper sa couche interne enveloppant tout le contenu. Nous ne saurions dire si c'est par la dissolution ou la rupture de cette enveloppe que le contenu s'échappe au dehors. Quoi qu'il en soit, les corps qu'elle renferme deviennent libres, soit à l'état de zoospores, soit à l'état de spores immobiles, d'aplanospores pour employer la termi- nologie de M. Wille (3). Les zoospores sont pourvues de deux cils d'égale longueur insérés au sommet du rostre. Elles sont de grandeur assez inégale : les unes mesu- rant seulement 5 y. sur 3,5, les autres 10-12 p sur 5 à 6 p. Ces dernières sont plus longuement ovoides. Les unes et les autres ont un noyau bien visible, le rostre incolore et la partie postérieure renflée occupée par le protoplasme coloré. Les zoospores ne paraissent pas se mouvoir pendant longtemps, si on en juge par ce qui se passe dans les préparations micro- scopiques, où elles ne s'éloignent guère du sporange qui leur a donné naissance. Il en est peut-étre autrement dans d'autres conditions. Il a été impossible de constater la copulation, soit des petites zoospores (1) Les organes reproducteurs n'ayant pas atteint leur maturité pendant notre séjour au Croisie, c'est au bord de la Méditerranée, à Cette, qu'ont été faites les observations relatives aux spores et à leur germination. (2) Il semble vraisemblable que l'ouverture du sporange se fait à sa base, peut-être Par un rhizoide. Les observations suivantes paraissent favorables à cette maniere de Voir. On trouve fréquemment, dans les sporanges vides, des Diatomées qui s'y déve- loppent au point d'en remplir complètement la cavité et d'en distendre fortement la paroi. Nous avons d'autre part observé sur une plante du Cap Horn, dont nous parle- rons plus loin, que les grandes cellules en forme de sporanges sont souvent envahies Par des Algues venues du dehors. (3) Botanisches Centralblatt, 1883, XVI, n° 46. CLVI CONGRÈS DE ROTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. entre elles, soit des petites avec les grandes. Il n'a pas non plus été pos- sible d'observer avec certitude la germination des petites zoospores; mais les grandes commencent à germer dés qu'elles sont fixées. Elles s'al- longent par une de leurs extrémités et constituent un jeune filament qui se cloisonne à mesure qu'il s'allonge. On distingue aisément ces jeunes plantes par la vive coloration verte qu'elles présentent et parce qu'elles ne contiennent pas d'amidon. Les aplanospores sont à peu prés de méme grosseur que les petites zoospores (c'est-à-dire qu'elles mesurent environ 4 y. en diamétre). Elles se disséminent autour du sporange; souvent il en demeure un certain nombre dans sa cavité et elles y germent. La germination des aplano- spores différe de celle des zoospores. Au lieu des'allonger immédiatement en filament, l'aplanospore arrétée entre les aspérités de la coquille com- mence par augmenter de volume, émet dans la direction de la coquille un ou plusieurs rhizoides et produit un corps tout pareil aux sporanges précédemment décrits, mais de petites dimensions. Ges corps sont réunis en grand nombre à la surface des coquilles. Si la surface en est à peu près intacte et sila couche chitineuse qui la recouvre est épaisse, la plu- part des corps issus des aplanospores demeurent pendant longtemps sans subir de modification notable; ils sont vivants pourtant, trouvant dans les produits de l'assimilation des éléments nutritifs en quantité suffisante pour ne pas mourir, sans doute; mais ils s'accroissent à peine et ne mul- tiplient pas le nombre de leurs noyaux. Ils ne paraissent pas pouvoir supporter indéfiniment cette vie indépendante, car finalement le plus grand nombre d'entre eux meurt et se vidc. Si les aplanospores ont germé sur des coquilles vieilles ou sur des points où la couche chitineuse est peu épaisse, on voit quelques-uns des rhizoides, mais le plus souvent un seul, amincir son épaisse paroi cellu- losique, s'étaler en crampons, pénétrer dans la couche chitineuse el s'allonger bientót en un filament articulé qui s'étend d'abord parallèle- ment entre celte couche et les lames calcaires; la nouvelle plante ainsi formée continue son développement suivant le mode ordinaire et Papla- nospore se vide bientôt; de même que le sporange, elle donne fréquem- ment asile à des Diatomées de petite taille. Parfois, et à la condition que les aplanospores ne soient pas trop sèr- rées les unes contre les autres, quelques-unes d'entre elles s'accroissent beaucoup; leur contenu se divise en un nombre variable, mais toujours assez faible (2 à 8), de corps immobiles renfermant chacun un noyau p3 pourvus de bonne heure d'une membrane qui les rend parfaitement sem- blables aux aplanospores qui ont germé à la surface de la coquille ; comme elles, ces corps nouveaux sont entourés d'une membrane épaisse se pro- longeant déjà en un ou deux rhizoides, et montrant ccs remarquables BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLVII épaississements basilaires qui distinguent à première vue les sporanges du Gomontia. Faut-il voir là une nouvelle forme normale de la reproduction ? Nous ne le pensons pas. Il nous parait plus légitime de considérer cet isole- ment des différents noyaux d'une méme aplanospore accrue comme un moyen accidentel de défense contre des conditions défavorables. De méme que le filament de Vaucheria se divise en cellules pour former ce que l'on a longtemps considéré comme un genre autonome sous le nom de Gongrosira (1), de méme que les cellules des Mucorinées se segmentent pour mettre leur protoplasme à l'abri, que ces cellules soient végétatives ou reproductrices (2), il nous semble légitime de voir dans la segmentation du contenu des aplanospores que nous venons de décrire un phénoméne analogue. Nous ne savons pas exactement comment les zoospores et les aplano- spores sont mises en liberté. Sans doute, les sporanges se forment à peu près exclusivement dans la partie du thalle la plus extérieure, où le lacis végétal est si serré que la matiére calcaire a presque entiérement dis- paru ; mais, comme le sommet du sporange est tourné vers l'intérieur de la coquille, nous n'avons pu reconnaitre de quelle manière les corps reproducteurs arrivent au dehors. Par la structure du corps protoplasmique et de la membrane cellulaire, le Gomontia se rapproche surtout des Siphonocladées, mais dans aucun genre de cette famille il n'existe de sporanges végétants comparables à ceux du Gomontia. Nous proposons en conséquence d'établir provisoire- ment pour ce genre une tribu particulière, de méme que M. Wittrock a élé conduit à créer le groupe des Pithophoracées pour un cerlain nombre d'anciens Cladophora qu'il a réunis sous la dénomination générique de Pithophora, en raison de la structure de leurs kystes. Le genre Gomontia fournit un nouvel et intéressant exemple de poly- morphisme chez les Algues, qui prend place à côté de ceux que pré- sentent les Lemanea, Batrachospermum, Cutleria, Vaucheria, Botry - dium, etc. De la germination d'une zoospore, qui représente peut-étre ici la génération sexuée, nait un thalle filamenteux dont certains articles se délachent, vivent indépendants de la plante-mére et constituent des plantes multiplicatrices ou sporanges. De ces sporanges sortent, soit des zoospores, soit des aplanospores. Les zoospores reproduisent immédiate- ment un thalle filamenteux. Les aplanospores germent autrement. Elles ne se développent pas immédiatement en filaments, mais donnent: nais- (1) E. Stahl, Ueber die Ruhezustande der Vaucheria geminata (Botan: Zeitung, XXXVI, 1879, p. 129). - ave (2) Van Tieghem, Troisième Mémoire sur les Mucorinées (Ann. des sc. nat., 6° sér., Bor., IV, pp. 4-11). z CLVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889.- . sance à des individus semblables aux plantes multiplicatrices issues du thalle filamenteux. Ces individus se comportent de deux manières : les uns, peu aprés leur naissance, produisent un thalle filamenteux, les autres grossissent et deviennent sporangiaux. Ce que ceux-ci produisent ultérieurement, nous l'ignorons encore, nos observations n'ayant pu étre continuées, GowoNTIA Born. et Fl. (loc. cit.). Thallus minutus e filis radiantibus ramosis, articulatis compositus; Sporangia magna articulorum transformatione exorta, radicantia, demum libera et seorsim crescentia. Sporz duplicis indolis : 1^ zoosporæ, divi- sione simultanea formatæ, numerosissimæ, piriformes, ciliis binis polo antico ornatæ ; 2 sporæ immobiles (aplanosporæ) globosa. GowoNTIA POLYRHIZA Dorn. et Fl. Codiolum polyrhizum Lagerheim, Ofversigt af Kongl. Vetenskaps- Akademiens Fürhandlingar, 1885, n* 8, p. 21, tab. XXVIII (quod aplanosporangia Gomontiæ sistit). Thallo immerso, viridi, maculas orbiculares 5-10 millimetra latas, demum confluentes et ambitu indefinitas efficiente; filis primariis in reticulum horizontalem implexis, 4-42, sæpius 6 y crassis, ex articulis cylindraceis 15-55 p longis constantibus; secundariis verticalibus, aliis cylindricis longis oblique per testam excurrentibus, aliis brevioribus, simplicibus vel ramosis, articulo terminali clavato. Sporangiis forma irregulari, usque ad 200 y. et ultra longis, ad 100 y. latis, radiculis plus minus numerosis et ramosis præditis. Zoosporis nunc minoribus 9 p longis, 3,5 y. crassis, nunc majoribus 10-12 y longis, 5-6 p latis. Apla- nosporis 4 y. crassis. Hab. in conchis vetustis nec non in testis Carcinorum in littoribus arenosis Oceani et maris mediterranei inter limites æstus derelictis. Frequens invenitur in Gallia ad oras Armoricæ prope le Croisic ! Belle-Ile-en-Mer (Chevreux !), Brest (Le Dantec!), Roscoff, etc.; Nor- manniæ, Luc (Dangeard!) et in Gallia mediterranea in lacu salso, Etang de Thau, prope Cette ! Crescit etiam in Suecia ad Kristineberg (Lagerheim!) in mari Baltico (Reinke). Cette espéce, dans sa couche superficielle, est seuvent mélée avec un Ochlochete qui ne semble pas différer du dendroides Crouan. Mais celui-ci ne pénétre pas dans le test, Il se distingue en outre aisément à BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLIX l'épaisseur de sa membrane, à la disposition de son contenu cellulaire, à la présence de longues soies flexueuses d'une grande fragilité. A l'inté- rieur des coquilles, le Gomontia, le Mastigocoleus et les autres Nosto- cacées dont nous parlerons plus loin sont très fréquemment entremélés. On met aisément en évidence les filaments du Gomontia en traitant les préparations décalcifiées par les réactifs iodés qui colorent le Gomontia en bleu et teintent en jaune les autres Algues. Il faut probablement rattacher au Gomontia les productions dont parle Wedl (1) qui présentent des cellules piriformes insérées sur les filaments et qui, traitées par l'eau iodée, se colorent en bleu intense. On en peut dire autant de la plante que Kölliker (2) a trouvée dans le Cleidothaerus chamoides, dont les filamentis, épais de 7 à 12 p, montrent, dans la couche superficielle de da coquille, des ampoules allongées que l'auteur considére comme des sporanges. Enfin, si nous interprétons bien la phrase suivante : if is upon the inner layer that the curious appearance of sporangia with slightly branched filamentous processes proceeding from them present themselves, c'est M. Stirrup (3) qui aurait observé le premier les rhizoides du sporange du Gomontia. En examinant un fragment de la coquille portant le Siphonocladus voluticola que M. Hariot a bien voulu meltre à notre disposition, nous avons trouvé qu'il était garni d'une Algue que nous avons représentée dans la figure 3 de la planche X. La plante se compose de deux sortes de cellules, les unes étroites, épaisses de 5 à 6 p, les autres 3 à 4 fois plus larges. Dans l'hypothése où les premières représenteraient des fila- ments végétatifs et les autres des sporanges, nous rapportons provisoire- ment celte Algue au génre Gomontia, sans nous dissimuler toutefois combien cette attribution est douteuse, en raison de l'état trop imparfait de l'échantillon. Une curieuse particularité qu'elle présente et qui jelte un certain jour sur la manière dont les sporanges du Gomontia arrivent peut-être à se vider au dehors, nous engage à la mentionner. Dans la coquille du Cap Horn, la destruction du calcaire déterminée par la mul- tiplication des filaments horizontaux ou par le frottement a produit Pou- verture des cellules à leur base, et elles sont remplies, pour la plupart, de parasites divers. Une Oscillariée à très courts articles, épais de 1 p, (1) Wedl, Ueber die Bedeutung der in Schalen von manchen Acephalen und Gaste- ropoden vorkommenden Canäle, in Sitzungsb. d. K. Akad. d. Wissensch. (mathem.- naturw. Classe), XXXIII, 1858, n° 98, p. 451, tab. I-II. . (2) Kólliker (A.), Ueber das ausgebreitete Vorkommen von pflanzlichen Parasiten in den Hartgebilden niederer Thiere (Zeitschrift für wissensch. Zoologie, X, 1860, P. 215, tab. XV, XVI). (3) Stirrup (Mark), On Shells of Mollusca showing so-called Fungoid Growths (Proceedings of the Literary and Philos. Society of Manchester, XI, session 1871-72, Manchester, 1872, p. 173). CLX CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. une Phycochromacée voisine de l'Hyella s'y sont introduites et en obstruent la cavité. Tout le reste de la membrane cellulaire est parfaite- ment intact. Siphonocladus voluticola Hariot. Mission scientifique du Cap Horn, t. X, Bor. ALGUES, p. 22, 1888. (PL X. fig. 1 et 2) Cette plante du Cap Horn n'a pas été trouvée dans nos régions. Nous en donnons une figure afin de compléter la série des Algues perforantes reconnues jusqu'à ce jour, en méme temps que nous reproduisons la description publiée par l'auteur de l'espéce. La structure de ses filaments la fait aisément reconnaitre. € Siphonocladus thallo minuto maculiformi, orbiculari, ærugineo, e filis a puneto radiantibus ramosis, ad superficiem et inter laminan exteriorem concharum repentibus constituto. Filis primariis 6-8 p crassis vage ramosis; ramis inferioribus hinc inde oppositis, superioribus alternis sæpe unilateralibus æqualibus, 5 p crassis, articulis cylindricis 44-51 p. longis. » Zygomitus reticulatus. (Pl. IX, fig. 1-4.) Nous avons donné ce nom à une plante que nous n'avons rencontrée qu'une fois, dans une préparation d'Hyella traitée par l'acide chromique. Elle présente des caractéres si particuliers que nous croyons devoir la signaler malgré l'insuffisance de nos observations. Les filaments sont irréguliers et mesurent de 4 à 6 p en épaisseur. Ils sont rameux et offrent la propriété de se souder entre eux par leurs rameaux de maniére à constituer un réseau à mailles inégales. Sur des filaments paralléles rapprochés, on voit parfois deux arlicles, situés à la méme hauteur, envoyer chacun un prolongement latéral qui se joint au prolongement opposé, affectant ainsi une disposition qu'on rencontre chez plusieurs Conjuguées. Toutefois, il n'y a pas abouchement des cel- lules, mais simple juxtaposition et soudure des membranes. La longueur des articles est égale au diamètre du filament ou 2 à 3 fois plus grande. La cloison qui les sépare est souvent oblique. Le plus grand nombre des articles sont constitués par une seule cellule, mais sur les rameaux ils se divisent souvent dans le sens longitudinal. Ces cellules collatérales sont le point de départ de formations cellulaires, globuleuses ou allongées, dont le réseau rappelle de trés prés celui des Ulves et des BORNET ET FLAHAULT. SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXI Enteromorpha. Nous avions pensé d'abord que ces productions pouvaient étre des états de développement d'une de ces Algues, mais les Ulvacées sont fixées par un disque ou un crampon ; nous n'en connaissons pas qui débutent par un thalle inférieur filamenteux. Ostreobium Queketti. (Pl. IX, fig. 5-8.) Dans ses Lectures on Histology (vol. II, p. 276, fig. 162), J. Quekett donne la figure d'une plante habitant le test de l'Anomia Ephippium, qui nous semble identique à une espéce que nous avons trouvée dans la couche nacrée dont est formée la face interne des vieilles coquilles de l'huitre comestible. Cette Algue, qui accompagne le Gomontia, s'en dis- tingue par ses filaments dépourvus de cloisons, dont les branches latérales se décomposent en rameaux rapprochés, divariqués, s’entre-croisant en un réseau à mailles étroites (pl. IX, fig. 5). Le calibre des filaments prin- cipaux est de 4 à 5 u, celui des plus ténus de 2 p seulement. Au-dessous de la couche superficielle de la coquille, les filaments se renflent çà et là en ampoules irréguliéres d'un diamétre beaucoup plus grand que celui des filaments ordinaires; il atteint de 20 à 40 y et plus. Le protoplasme chlorophyllien est appliqué en lame interrompue sur la paroi du tube. De place en place, il s'étend en travers du tube en formant des dia- phragmes plus ou moins épais. Dans les dilatations, le protoplasme affecte la méme disposition. Malgré l'analogie que ces ampoules présentent avec les sporanges du Gomontia, nous n'avons pas observé qu'elles fussent en rapport avec la multiplication de la plante. Dans la saison où nous les avons examinées, elles étaient semblables, à la forme prés, aux filaments végétatifs. L'Ostreobium se distingue du Gomontia par ses filaments composés d'un tube continu. Ce caractère le place dans le groupe des Siphonées. L'extréme difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, que nous avons trouvée d'extraire de la coquille de l'huitre des fragments de filaments un peu étendus et suffisamment conservés ne nous a pas permis de les étudier plus complétement. Nous avons recueilli l'Ostreobium au Croisic; nous l'avons recu de Brest (Le Dantec !) et de Normandie (Dangeard !). Il est vraisemblable qu'on le retrouvera partout où se rencontrent de vieilles coquilles d'huitres, T. XXXVL. il CLXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. PHYCOCHROMACÉES. Mastigocoleus testarum Lagerheim. Note sur le Mastigocoleus, in Notarisia, 1886, I, p. 65, tab. I. (PI. X, fig. 4.) La description que M. Lagerheim a donnée de cette Algue intéres- sante, qui constitue le représentant le plus compliqué de la tribu des Sirosiphoniacées et le seul genre en dehors des Rivulariées où l'on ait jusqu'à présent observé des rameaux pilifères, en fait connaitre si exac- tement la structure, que nous n'avons rien d'essentiel à y ajouter. Nous nous bornerons à la développer sous quelques rapports. Tout aussi facilement que le Gomontia, et peut-être plus sûrement encore, on reconnaît à la mer le Mastigocoleus. Il se présente sous forme de taches d'abord orbiculaires, puis confluentes, d'un gris bleuàtre ou violacé, qui se détachent nettement sur le fond généralement plus clair des coquilles. Quand celles-ci sont minces et perméables à la lumiére, si on les examine par transparence, on apercoit aisément, à l’aide d'une simple loupe, que les taches sont formées de filaments rayonnants trés fins. En examinant un de ces thalles aprés l'avoir extrait du calcaire, on voit que le centre est occupé par un lacis de filaments trés serrés, trés contournés, trés rameux, composés d'articles courts; à la périphérie, le réseau est plus làche, les filaments sont plus droits, moins rameux, et composés d'articles plus longs. Une coupe verticale montre que les fila- ments forment une série d'arcades entre-croisées, de la convexilé des- quelles partent de courts ramules terminés par un hétérocyste et de lon- gues branches qui s'enfoncent dans la coquille. Les rameaux de tout ordre ont une tendance marquée à se réfléchir vers le bas. Ceux qui pro- duisent les hormogonies ou se prolongent en poil ne s'arrétent pas au- dessous de la surface de la coquille comme les rameaux végétatifs, mais ils se prolongent un peu au delà et communiquent librement avec le dehors. Les gaines dont ces ramules spéciaux sont entourés sont plus épaisses et plus gélatineuses que celles des filaments végétatifs. Outre les poils simples qu'a figurés M. Lagerheim, on en rencontre de géminés qui courent parallèlement dans la méme gaine. Dans ce cas, les poils se forment à la manière des fausses ramifications des Scytonema : la continuité du trichome s'interrompt à un point donné et les deux cel- lules contigués s'allongent simultanément; le rameau pilifére, au lieu d'étre terminal, est alors placé dans la longueur du filament. BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES,PERFORANTES. CLXIII Lorsque les hétérocystes sont pédicellés, la cellule qui les supporte donne fréquemment naissance à un rameau; après que celui-ci s’est allongé, l'hétérocyste parait sessile sur le filament. HORMOGONIES. — A l'époque où nous avons examiné l’Hyella, les hor- mogonies étaient peu nombreuses, et nous n'avons pas réussi àen observer la sortie. En comparant les gaines hormogoniféres pleines et celles qui sont vides, on peut déterminer avec assez de vraisemblance que les hor- mogonies sont généralement uniques dans la gaine et sont longues d'en- viron 20 à 25 p. M. Lagerheim attribue au Mastigocoleus un mode de reproduction par cellules isolées. Nous avons bien observé les filaments que décrit M. La- gerheim, mais il nous a été impossible de constater la connexion de ces rameaux coccogènes avec ceux du Mastigocoleus, ni sur les exemplaires des cótes de France, ni sur un échantillon original que nous devons à l’obligeance de M. Wittrock. D’après nos observations, ces rameaux appartiennent à l’Hyella, qui croit trés fréquemment avec le Mastigo- coleus. Par ses hétérocystes pédicellés, le Mastigocoleus rappelle le Nosto- chopsis ; par la conformation de ses rameaux hormogonifères et pilifères, il n’est pas sans ressemblance avec le Brachytrichia. Mais il diffère essentiellement de celui-ci par son mode de ramification, qui est celui des Sirosiphoniacées. Cette Algue se trouve en Suède, où elle a été découverte par M. Lager- heim en 1884. En France, elle a été observée sur les côtes de l'Océan, à Brest (Le Dantec !), au Croisic! etc., et sur les côtes de la Méditerra- née, à Cette (étang de Thau !). M. Reinke (1) l'a signalée dans la Bal- lique. Elle ne croit pas exclusivement dans les coquilles; nous l'avons récoltée dans des pierres calcaires, au Croisic. Plectonema terebrans. (PI. X, fig. 5 et 6.) Cette petite Algue est si voisine du Plectonema Nostocorum Bornet (2), que nous avons hésité quelque temps à l'en séparer. Considérant toute- fois son habitat, la flexuosité plus grande de ses filaments, nous avons cru préférable de la tenir pour distincte. Elle se rencontre assez souvent en filaments épars entre les autres Algues perforantes. Il est plus rare de la trouver, dans les coquilles marines, en gazons tout à fait purs (1) Algenflora der westlichen Ostsee deutschen Antheils, in-4*, Kiel, 1889, p. 90. (2) Bornet, Notes Algologiques, p. 137. * CLXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. comme celui dont nous avons représenté un fragment. Au contraire, dans les vieilles coquilles d'Unio, qui, on le sait, vivent dans les eaux douces, elle est souvent trés abondante et presque sans mélange. Sur les préparations décalcifiées, le Plectonema terebrans se distingue au premier coup d’œil à l'extréme finesse de ses filaments, qui mesurent de 0,95 à 4,5 u. Avant l'enlévement du calcaire, aucun signe n'indique sa présence dans les coquilles. Les filaments, longs de 2 à 3 dixièmes de millimétre, légérement flexueux, de méme épaisseur dans toute leur longueur, se croisent dans diverses directions. Le plus grand nombre s'enfoncent perpendiculairement à la surface de la coquille. Autant que leur enchevétrement permet de l'observer, ils paraissent générale- ment simples; cependant, on constate cà et là de fausses ramifications en nombre bien plus considérable qu'on n'en rencontre ordinairement dans les véritables Lyngbya. La gaine, trés mince, incolore, ne bleuit pas par le chlorure de zinc iodé, ni par l'iode et l'acide sulfurique. Elle résiste assez longtemps à l’action de l'acide chromique. Les articles, souvent à peine distincts sans l'emploi de réactifs appropriés, sont longs de 2 à 6 et pourvus à leurs extrémités d'un granule réfringent. Nous avons trouvé cette Algue au Croisic, dans une foule de coquilles, et à Cosne (Nièvre), dans le test usé des Unio, dont le lit de la Loire est parsemé. L'identité des plantes provenant des deux localités est com- pléte, et s’il semblait étrange qu'une même espèce vive indifféremment dans l’eau salée et dans l’eau douce, nous rappellerions que bon nombre de poissons de mer, saumons, aloses, plies, s'accommodent alternative- ment à ces conditions diverses. ; Phormidium incrustatum Gomonl mscr. Hypheothrix incrustata Nægeli in Kützing, Species Algar., P- 269 (1849); Tab. phycolog. I, tab. 70, fig. IV. M. Gomont, dont la compétence en matière de Nostocacées homocys- tées dépasse de beaucoup la nôtre, a bien voulu nous donner cette déter- mination pour une Algue qui croit sur les vieilles coquilles d'Unio; dans le méme lieu que la précédente. Elle se reconnait, à la simple vue; à à présence de petites dépressions orbiculaires larges de 1 à 2 millimètres, vert-olive sur les coquilles fraîches, d'un gris verdàtre lorsqu'elles som desséchées. Les filaments, qui sont épais de 4 à 5 p, s'enfoncent dans à test jusqu'à une profondeur de 3 à 4 dixièmes de millimètre en déeri” vant des flexuosités irrégulières. Lorsqu'on les extrait de la coquille en dissolvant le calcaire, ils forment, avec la trame organique de la coquille et les plantes diverses qui les accompagnent, une lame plus ou germ serrée, qui rappelle la disposition caractéristique des Phormidium. La BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXV gaine est membraneuse, incolore; elle ne bleuit pas par le ehloro-iodure de zinc. Les articles du trichome sont isodiamétriques ou un peu plus longs que larges. Hyella ezespitosa Bornet et Flahault. Morot, Journal de Botanique, II, 1888, p. 162. (EIX, fg. Tet 8, pLi XL) Rabenhorst (1) divise les Algues Phycochromacées en deux ordres, suivant qu'elles sont unicellulaires (Cystophoræ) ou multicellulaires (Nematogeneæ). — G. Thuret (2) conserve les deux groupes, mais il les caractérise non plus d’après le thalle, mais d’après les corps multipli- cateurs, qui sont unicellulaires dans les Chroococcacées coccogonées et pluricellulaires dans les Nostochinées hormogonées. Les groupes établis par ces deux auteurs se correspondent avec tant d'exactitude que le choix de l'un ou de l'autre point de départ semblerait indifférent, si le genre Chamesiphon et les genres qui s'y rattachent ne conduisaient à préférer lun des deux. Ces petites plantes, dans leurs représentants les plus élevés, présentent la forme d'un filament composé d'une gaine et d'un trichome. Par là, elles se rapprochent des Oscillariées; aussi Raben- horst les a-t-il placées dans ses Nematogenæ, entre les Lyngbya et les Hydrocoleum (Microcoleus). Mais, si l'on considère qu'elles ne se mul- tiplient pas à la manière des Oscillariées, par des tronçons de trichome, que ce sont au contraire des cellules isolées qui s'échappent de la gaine, c’est dans la première des divisions de Thuret, celle qui répond aux Cystophorées de Rabenhorst, qu'il conviendra de les ranger. - M. Borzi (3) fait une combinaison des deux sortes de caractères. Il adopte la premiere division de Rabenhorst, puis il applique aux Némato- génées la division primaire de Thuret et les partage en Nématogénées hormogonées et en Nématogénées cystogonées; cette derniere division comprend les Chamæsiphoniées. RE EM Aussi longtemps qu'on ne connaissait que des Chamæsiphoniées à thalle très simple et peu développé, la question a pu rester indécise, mais l'Algue nouvelle que nous avons nommée Hyella cespitosa nous semble apporter une solution définitive et montrer que le rapproche- ment, dans le méme groupe, des Chamæsiphoniées et des Nématogénees hormogonées introduit un élément discordant dans un groupe d’ailleurs parfaitement homogène par l'ensemble de sa structure. (1) Flora europea Algar., I, p..1. RE 363 (3) Essai de classification des Nostocacées (Ann. des sc. nat., 6° série, Bor. I, p. 363). (3) Nuovo Giorn. bot, italiano, X, n° 3, 1878, p. 238. CLXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Dans toutes les Nostocacées hormogonées le trichome est composé de cellules soudées entre elles, qui ne peuvent être séparées, sans violence, qu’en fragments plus ou moins longs. Tout autre est la structure du thalle de l’Hyella, quoique, à première vue, ses filaments offrent une grande ressemblance avec ceux d’une Sirosiphoniacée. Les cellules qui le composent sont simplement juxtaposées en file comme celles d’une Con- ferve et ne sont liées que par la gaine cloisonnée où elles sont incluses. On pourrait dire que c'est une famille d'Algues unicellulaires plutôt qu'une Algue pluricellulaire, tant les articles qui la composent sont indépendantsles uns des autres. Et par là, malgré sa dissemblance apparente, elle est bien plus réellement voisine des Chamæsiphoniées à port d'Aphanocapsa que d'aucune Nostocacée hormogonée. L'Hyella est souvent mélangé au Gomontia et au Mastigocoleus. Dans ce cas, il ne forme pas de taches assez caractéristiques pour qu'on le reconnaisse à l'oeil nu; mais, quand il est pur et bien développé, il se distingue du Mastigocoleus, dont il a la couleur, par ses taches plus nombreuses, plus petites (atteignant à peine 2 millimètres), plus rap- prochées, disposées circulairement, confluant en réseau, qui rendent parfois les coquilles mouchetées comme les pétales d'une Fritillaire. En les examinant par transparence, on n’aperçoit pas distinctement les filaments qui composent les taches, au lieu qu'ils sont trés visibles dans le Mastigocoleus. Quand on l'étudie aprés l'avoir décalcifié, on voit que le thalle de l'Hyella est composé d'une couche inférieure horizontale et de fila- ments qui s'en élèvent perpendiculairement en s’enfonçant dans le test. La couche inférieure se présente sous deux aspects différents, qui semblent corrélatifs d'une végétation plus ou moins active. Dans un cas, elle est formée de filaments rayonnants, écartés et distincts, étalés en roselte. Peu à peu, à partir du centre, les filaments se chargent de rami- fications courtes, rapprochées, entrelacées en un réseau serré qui finit par devenir si dense que la structure filamenteuse primitive cesse d’être facilement visible, Dans l'autre cas, la couche primaire est constituée par des groupes de cellules qui, vus en masse et à un faible grossissement, ressemblent à des colonies de Chroococcacées. Entre ces deux extrémes, on rencontre d'ailleurs tous les intermédiaires possibles. Quelle que soit l'apparence de la couche horizontale, elle émet de sa face interne de nombreux filaments verticaux. Au début, ces filaments sont courts, formés d'articles à peu prés aussi longs que larges, sépares par des cloisons minces et sont abondamment ramifiés. Ils constituent de petites touffes qui ont beaucoup de ressemblance avec de jeunes Chantransia d'eau douce. Plus tard, ils forment des gazons serrés à filaments paralléles, et enfin, à l'époque de leur complet développement, BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXVII ils allongent beaucoup leurs articles, deviennent gréles, divergents et pénétrent profondément dans la coquille. L'épaisseur des filaments varie entre 4 et 12 u. Suivant la région du filament où on l'examine et suivant l'état de développement des fila- ments, la gaine présente des différences notables. A la base, elle est souvent ferme, résistante, réfringente ; les articles qu'elle entoure sont serrés, tassés; dans d'autres cas, elle se montre épaisse, hydratée, géla- tineuse; les articles y sont làchement distribués. Plus haut elle devient mince, d'aspect membraneux et parfaitement lisse. Elle est toujours close au sommet. Presque toujours elle est incolore; parfois, cependant, elle est teintée de jaune dans les parties superficielles. Ni le chlorure de zinc iodé, ni l'iode et l'acide sulfurique n'en déterminent le bleuisse- ment. Elle est fortement cutinisée dans les filaments courts et dans les parties rapprochées de l'extérieur, de sorte qu'elle résiste longtemps à l'action de l'acide sulfurique et de l'acide chromique, qui dissolvent seulement les portions les plus jeunes et celles qui sont enfoncées dans l'épaisseur de la coquille. Les articles qui constituent le trichome sont épais de 3-10 p. Leur protoplasme, finement granuleux, est vert-olive ou brun. Les articles inférieurs sont courts, souvent géminés et se touchent par des surfaces planes ou faiblement arrondies. De minces cloisons les séparent. Dans la région moyenne et supérieure des filaments, les articles s'allongent et peuvent dépaser 40 p. Leurs bouts sont arrondis. Ils sont alors plus ou moins écartés, et l'intervalle est occupé par un bouchon lamelleux formé de couches concentriques exfoliées de l'extrémité des articles. Le plus souvent, l'une de ces extrémités ou toutes les deux sont terminées par une calotte réfringente constituée par la lame interne de la cloison. La mayière dont se ramifient les articles allongés rappelle complète- ment ce qui se voit dans les Cladophora, les Callithamnion et autres Algues confervoides. La ramification résulte du gonflement latéral de l'extrémité de l'ar- ticle, qui refoule la gaine de cóté et pousse une excroissance en doigt de gant, laquelle, en s’allongeant, devient un rameau. Avant qu'une cloison ait séparé à sa base la portion du protoplasme qui pénètre dans le rameau, l'apparence du filament ramifié n'est pas sans analogie avec celle des Siphonocladus. Quand les articles sont courts, la hernie laté- rale est égale à leur longueur; dansce cas, la ramification est semblable à celle des Sirosiphoniacées. C'est ce qu'on observe dans les filaments primaires et à la base des filaments dressés. Nous n'avons pas rencontré dans cette Algue de spores à enveloppe épaisse semblables à celles qui sont depuis longtemps connues dans les Nostocacées hétérocystées, et il est invraisemblable, vu la structure du CLXVIIHI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. trichome, qu'elle ait des hormogonies. Son mode de multiplication est le même que celui des Cham:siphoniées ; il consiste dans la production dé cellules isolées, dépourvues d'enveloppe protectrice, dont nous avons pu observer la formation sur les plantes décalcifiées, mais dont nous n'avons pas encore réussi à voir la dissémination ni à suivre le dévelop- pement sur des individus vivants. En examinant de vieilles coquilles à surface dépolie, rongée par les Algues perforantes et dont la trame organique est beaucoup amoindrie, on constate que la végétation de l’Hyella s'appauvrit et change de carac- tére. Il ne se produit plus de longs filaments, mais seulement de petites touffes de filaments serrés, trés rameux, dont les cellules se redivisent fréquemment. A la fin, on ne rencontre que des débris de filaments épars dans une couche mucilagineuse, formée de gaines gélifiées. Des cellules libres ou encore engagées dans les gaines sont disséminées entre ces filaments. Beaucoup sont arrondies; d'autres, après s'être entourées d'une nouvelle gaine, commencent à se cloisonner et forment de petites masses semblables à des colonies de Chroococcacées, dont elles différent, toutefois, par l'irrégularité de leurs divisions. D'autres, qui végétent sans se diviser et produisent, à mesure qu'elles grandissent, une gaine lamelleuse, finissent par acquérir d'assez grandes dimensions (18 p). Les individus jeunes qu'on rencontre fréquemment entre les plantes plus àgées présentent une foule d'états intermédiaires entre ces diverses cellules et la plante bien développée. Mais ce mode de propagation par dissociation des cellules végétalives n'est pas le seul que présente l'Hyella. Il se reproduit encore par des spores résultant de la division du protoplasme de certains articles en un grand nombre de petites cellules sphériques, tout à fait de la méme manière que chez les Dermocarpa. . Les articles sporangiaux sont intercalaires ou terminaux. Dans le pre- mier cas, ils s'arrondissent en se gonflant plus ou moins, tantót symé- triquement, tantôt d'un seul côté du rameau. Leur enveloppe ne diffère pas de celle qui entoure les articles voisins. Quand ils sont terminaux, ils deviennent piriformes et acquièrent un volume notablement plus grand que les cellules ordinaires. En général, plusieurs cellules d’un même rameau éprouvent simultanément la même modification, de sorte que les sporanges se rencontrent fréquemment en groupes corymbiformes. L'aceroissement de l'article sporangial se fait plus activement vers le sommet et, à mesure qu'il s'allonge et s'élargit, il exfolie à sa base une série d'enveloppes coniques qui l'engainent jusque vers son milieu. Ensuite le protoplasme se divise, à partir de la base, en nombreuses spores ayant environ 2 y de diamétre. Il n'est pas rare de trouver des Sporanges dont une portion du protoplasme, encore indivise, forme une BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXIX grosse masse au sommet du sac, tandis que le reste du contenu cellulaire est déjà divisé. Dans la plupart des cas, le sporange est porté, comme sur un pied, par un article dont le contenu s'est converti en corpuscules grisàtres sans structure appréciable. Quand les sporanges sont réunis en corymbes, les stipes partiels sont insérés sur un stipe commun plus ou moins volumineux, souvent tapissé d'un réseau filamenteux dont l'ori- gine n'est pas une des moindres curiosités de la plante. En effet, il est dà à la pénétration, dans la membrane gélifiée du stipe, d'un rameau de l'Hyella qui se développe sous la couche extérieure cutinisée, comme il le fait dans le tégument organique superficiel de la coquille. Toutefois, son développement n'est pas vigoureux et les cellules de cette sorte d'involucre restent toujours petites. Il ne nous a pas été donné d'assister à la sortie de ces spores ni d'en suivre l'évolution en dehors du sporange; mais il n'est pas rare de rencontrer des sporanges à l'intérieur desquels elles se sont accrues. Chacune des cellules grossit, s'entoure d'une membrane, et l'ensemble constitue une masse muriforme trés compacte. De jeunes filaments, dont nous avons vu ces masses hérissées, montrent qu'elles donnent directement naissance à de nouveaux thalles filamenteux. On peut rattacher à deux types les premiers développements du thalle de l’Hyella. Ou bien les cellules qui en sont le point de départ se divi- sent dans plusieurs directions et forment des masses d'apparence chroo- coccoide avant de produire des filaments, ou bien elles s'allongent immé- diatement en filament. On trouve sans peine des plantes qui ne sont encore composées que de quelques articles (2 à 4). Elles commencent à se ramifier de trés bonne heure, quand elles ont seulement 4 à 5 articles. Quand ils ont pris plus d’accroissement, ces jeunes individus, qu'on observe surtout dans la membrane superficielle de la coquille, ont parfois une extraordinaire ressemblance avec des Stigonema ; ils paraissent n’en différer, au premier abord, que par l'absence d'hétérocystes. Dans la jeune plante, comme dans les filaments plus développés, la gaine présente des variations analogues. Le plus souvent elle est mince et forme un liséré étroit autour des cellules; mais il n'est pas rare de la voir épaisse et gonflée. Dans ces individus à gaine molle les articles se divisent fréquemment en cellules plus ou moins nombreuses. Tantót ce sont tous les articles d'un rameau ou d'un filament qui subissent cette transformation, tantót ce sont les articles intermédiaires ou les articles terminaux. C'est une disposition de cette dernière sorte qu'a figurée M. Lagerheim comme un rameau coccogène de Mastigocoleus. Com- ment ces cellules sont mises en liberté et sous quelle forme elles se développent reste encore indéterminé. Nous ajouterons que cette transfor- mation de tout un filament de la plante en un sac rempli de cellules n'est CLXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. pas particuliére aux seules plantes à gaine làche; il se rencontre égale- ment dans les filaments ordinaires (pl. X, fig. 9; pl. XI, fig. 1, partim). L'Hyella est le représentant le plus élevé de la famille des Chamæsi- phoniées. Il semble tout d'abord avoir une grande affinité avec certaines Phycochromacées hétérocystées et l'on pourrait le considérer comme formant un lien, un passage entre les deux groupes; mais, au fond, la ressemblance est tout extérieure et superficielle. En effet, tandis que dans les Nostocacées Sirosiphoniacées, dont on voudrait le rapprocher, les cellules sont nettement différenciées en cellules végétatives, toujours et exclusivement végétatives, et en cellules multiplicatrices, ici toutes les cellules sont de valeur égale et sont capables de reproduire la plante. Leur ensemble constitue une agglomération d'éléments équivalents plutót qu'un individu composé de membres remplissant des fonctions diverses. . De méme que dans les Dermocarpa, la différence entre les cellules assimilatrices et les cellules reproductrices est assez faible. Des dimen- sions un peu plus grandes et le mode de division du contenu cellulaire sont les caractéres qui les distinguent. HyELLA Born. et Fl. (loc. cit.). Thallus radiatim expansus orbicularis, e filis duplicis indolis compo- situs. Primarii horizontales, intricati, tortuosi, in stratum pannosum demum densissime implicati; secundarii verticales, per testam longe excurrentibus; vagina septata, ad basim filorum crassiuscula, superne tenuior. Articuli disjuncti, id est in trichomate continuo Nostochacearum hormogonearum modo non catenati, inferiores breves, haud raro longi- tudinaliter divisi, superiores longiores. Ramificatio vera. Heterocystæ nullæ. Propagatio fit per cellulas vegetativas vagina liberatas, et per spo- ras in sporangiis evolutas, cytioplasmatis divisione succedanea formatas. Genus ab omnibus hucusque notis trichomatis fabrica recedit. Hyella cespitosa Born. et Flah. Thallo immerso fusco-cinereo maculas orbiculares 1-2 millimetra latas, demum confluentes efficiente; filis primariis nune in reticulum laxiusculum implexis, nunc flexuoso-contortis, condensatis, ex arliculis brevibus in cellulis collateralibus divisis formatis et adspectum chroo- coccaceum præbentibus; secundariis sæpe creberrimis 6-10 p crassis, ramosis; articulis inferioribus diametro brevioribus vel æqualibus , superioribus usque ad 60 y longis, 4 p latis. : Hab. ad testas vetustas sæpe in consortio Gomontiæ et Mastigocolet, ad oras Sueciæ (Lagerheim !), Germaniæ (Reinke), Armoricæ prope le BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXXI Croisic! et in mari mediterraneo prope Cette! (Etang de Thau); in Adriatico (Hansgirg !). Ostracoblabe implexa. (Pl. XII, fig. 1-4.) Les plantes que nous avons décrites jusqu'à présent sont indubitable- ment des Algues; quant aux suivantes, qui ne contiennent ni matiére colorante ni amidon, nous croyons qu'elles appartiennent aux Champi- gnons. La ressemblance de leur thalle avee des filaments de mycélium est frappante. D'aprés Duncan (1), deux espéces de Saprolégniées habitent divers madrépores. Il nomme l'une d'elles Achlya penetrans, et rapporte l'autre, qu'il regarde comme identique avec une plante des huitres et des anomies, à l'Achlya (Saprolegnia) ferax Kützing (2). Il est pos- sible que cette derniére soit celle que nous désignons sous le nom d'Ostracoblabe, bien que l'épaisseur des tubes indiquée par l'auteur (2,5 p à 3,3 p) soit un peu plus forte que celle de nos échantillons (1,5 à 2,5 g). Quoi qu'il en soit, nous doutons fort que la détermination adoptée par Duncan soit admissible et que l'Achlya ferax croisse réel- lement dans le test des coquilles. A la page 350 de son Histoire de l'organisation et du développement du Dentale, M. de Lacaze-Duthiers parle de canaux trés déliés qui par- courent la coquille de ces animaux. « Ces canaux sont pour la plupart droits et d'un calibre égal dans toute leur étendue; ils présentent cepen- dant, de loin en loin, de tout petits renflements. » Cette description et la figure qui l'accompagne ont la plus compléte ressemblance avec une plante qu'on rencontre abondamment dans les écailles de l'huitre et de beaucoup d'autres coquilles. C'est aussi, selon toute apparence, la méme production qu'a représentée Quekett, dans la partie gauche de la figure 163 des Lectures on Histology. Si l'on détache une lamelle assez mince pour étre transparente de la couche naerée qui forme la face interne de l'huitre comestible, et qu'on l'examine par la face interne, on apercoit presque toujours des canaux rectilignes ou légèrement flexueux, larges de 1,5 p à 2,5 p, qui traver- sent tout le champ du microscope. Peu abondants et presque simples dans quelques préparations, ils sont dans d'autres extrémement nom- P Proceedings of the Royal Society of London, XXV. London, 1876-1877, pp. 238- i (2) Wedl avait déjà choisi ce nom pour une espèce croissant dans le test des mol- usques, CLXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. breux et s’entre-croisent dans toutes les directions. Ils présentent alors de fréquentes ramifications. Les rameaux sortent à des distances irrégu- lières, sans ordre apparent, sous un angle qui se rapproche de l'angle droit. Les plus courts s'arrétent souvent à la rencontre d'une branche située dans le méme plan qu'eux, de sorte que les canaux paraissent anastomosés ; mais aprés décalcification on ne retrouve plus cette appa- rence. Sur les coquilles fraichement récoltées, de méme que sur celles qui sont desséchées depuis plusieurs mois, les canaux ont une teinte rosée, qui ne provient pas de la couleur propre au filament végétal qu'ils renferment, car celui-ci, lorsqu'on l'isole au moyen du liquide de Pérényi, qui ne détruit pas la couleur des autres plantes, se montre tout à fait incolore. Il est constitué par un tube délicat, à paroi trés mince, non cloisonné, renfermant un protoplasme granuleux tantôt appliqué sur la paroi, tantôt réuni en amas irrégulièrement disséminés dans le tube. Dans les parties terminales des filaments, les amas protoplasmiques sont parfois placés à des intervalles à peu prés égaux qui lui donnent une apparence articulée, mais nous n'avons pu apercevoir de cloisons. Le protoplasme est surtout abondant dans les parties jeunes, à la péri- phérie dé la plante; avec l'àge il disparait, ainsi que le tube membra- neux, et l'on est surpris, en décalcifiant certains fragments de coquilles criblés de canaux (pl. XII, fig. 4), de ne plus trouver qu'un petit nombre de filaments. Les filaments présentent, de distance en distance, des ren- flements fusiformes épais de 3 à 5 y. Plus rarement ces renflements sont globuleux avec un diamètre de 8 à 12 y. La rareté de ces derniers, jointe à l'extréme difficulté d'isoler, dans de bonnes conditions pour l'étude, des porlions un peu étendues de la plante, ne nous a pas permis de recon- naître si ces renflements globuleux étaient de simples dilatations du tube ou des sporanges en voie de développement. ` Nous avons observé cette plante sur diverses coquilles mortes prove- nant du Croisic!, de Brest (Le Dantec!) et de Luc (Daugeard !). Lithopythium gangliiforme. (Pl. XII, fig. 5 et 6.) La plante que nous désignons ainsi croit sur diverses coquilles au milieu des Algues perforantes. L'aspect des filaments, leur irrégularité, les renflements moniliformes qu'ils présentent, l'absence de matière colorante, la disposition du protoplasme la font immédiatement recon- naître. La rareté de cette production dans la saison où nous avons fait nos recherches, l'impossibilité oà nous avons été de la reconnaitre à l'état de vie, ne nous ont pas permis d'en observer la reproduction. Il BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXXII semble, toutefois, que ce soit prés des Saprolégniées, plutót que dans tout autre groupe, qu'elle doive être rangée. Le Lithopythium forme un réseau horizontal de filaments entrelacés, dont l'épaisseur varie de 1,75 à 3,5 p. Ces filaments sont droits ou flexueux, tantót dépourvus de rameaux pendant de longs espaces, tantót garnis de ramifications rapprochées. Les rameaux simples ou décom- posés n'affectent aucune disposition régulière. Les uns sont horizontaux; les autres, perpendiculaires aux précédents, s'enfoncent dans le test. En avançant en âge, les filaments et les rameaux se chargent de dilatations ovales ou sphériques qui peuvent étre isolées ou rapprochées par 3 à 6 à la file. Ces renflements sont remplis d'un protoplasme jaunâtre, d'aspect écumeux. Ils sont généralement réunis par un isthme étroit. Ceux qui lerminent une série formée aux dépens d'un ramule latéral présentent parfois un petit mucron. Les filaments nous ont paru continus, sauf à la naissance des rameaux et dans le pédicelle des renflements où les cloi- sons existent d'une manière non douteuse. Jusqu'à présent nous n'avons vu cette plante que sur des coquilles prises au Croisic en septembre 1888. Explication des planches. PLANCHE VI. Gomontia polyrhiza Born. et Flah. Toutes les figures, à l'exception de la figure 1, sont dessinées d'aprés des préparations obtenues par décalcification de la coquille au moyen du liquide de Pérényi. Fic. 1. — Fragment de coquille enlevé perpendiculairement à la surface. Il est traversé dans tous les sens par les filaments du Gomontia. (Gros- sissement de 160 diamétres.) ; Fic. 2. — Coupe verticale d'une coquille décalcifiée montrant la couche de l’Algue parallèle à la surface avec les filaments qui s'en élèvent et s'enfoncent dans le test. (Gross. de 250 diam.) Fic. 3. — Jeune plante prise dans une partie de la coquille encore peu envahie, (Gross. de 250 diam.) - Fic. 4 et 7. — Filaments détachés d'une plante en végétation aclive. Les articles du filament horizontal sont garnis de rhizoides. (Gross. de 250 diam.) Fic. 5 et 6. — Filaments pris à une période plus avancée. remplies de grains d'amidon. (Gross. de 250 diam.) Fic. 8. — Plante. jeune (Gross. de 250 diam.) Leurs cellules sont CLXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. PLANCHE VII. Gomontia polyrhiza Born. et Flah. Toutes les figures sont dessinées d'aprés des préparations décalcifiées. Fic. 9. — Coupe verticale d'une plante commençant à fructifier. (Gross. de 250 diam.) Fic. 10. — Sporange entièrement développé. Les filaments végétatifs sont représentés par un simple trait. (Gross. de 250 diam.) Fic. 11 et 12. — Sporanges isolés. (Gross. de 250 diam.) Fic. 13. — Fragment de thalle dont quelques articles se changent en spo- ranges. (Gross. de 250 diam.) Fic. 14, — Sporanges à divers états de développement, depuis leur première apparition, jusqu'au début de la formation des rhizoides. (Gross. de 250 diam.) Fic. 15. — Groupe de sporanges résultant de la transformation de plusieurs articles successifs. (Gross. de 250 diam.) Fic. 16 et 17. — Sporanges complétement formés, encore attachés au filament qui les a produits. (Gross. de 250 diam.) Fic. 18. — Sporanges mûrs dont l'un est en partie et l'autre entièrement vide» (Gross. de 250 diam.) Fic. 19. — Jeune plante paraissant provenir de la germination d'une apla- nospore. PLANCHE VIII. Gomontia polyrhiza Born. et Flah. Une partie des figures a été dessinée d'après des préparations décalcifiées. Fic. 20, — Cellules de filaments végétatifs traités par la picro-nigrosine. Elles contiennent plusieurs noyaux. (Gross. de 700 diam.) Fic. 21. — Zoosporange rompu. A gauche se voit l'enveloppe externe épaisse du sporange. La membrane interne représentée à droite renferme encore quelques zoospores. (Gross. de 330 diam.) Fic. 22, — Zoospores oblongues tuées par l'iode. (Gross. de 570 diam.) Fic. 23. — Zoospores piriformes tuées par l'iode. (Gross. de 570 diam.) Fic. 24. — Germination des zoospores. (Gross. de 330 diam.) Fic. 25. — Un aplanosporange montrant les différentes couches cellulosiques de ses rhizoides. (Gross. de 700 diam.) Fic. 26. — Aplanospores commençant à germer. (Gross. de 700 diam.) Fic. 27. — Aplanospores se développant à la surface dela coquille. (Gross. -— 700 diam.) Fic. 28. — Diverses formes d'aplanospores en voie de développement. (Gross. de 700 diam.) Fic. 29. — Formation des premières cloisons et du filament végétatif. (Gross. de 700 diam.) Fic. 30. — Une aplanospore se développant en sporange à la surface sens coquille. (Gross. de 700 diam.) BORNET ET FLAHAULT. — SUR LES ALGUES PERFORANTES. CLXXV PLANCHE IX. Zygomitus reticulatus. D'aprés des échantillons isolés au moyen de l'acide chromique, aprés décal- cification. KIC: le Fic. 2, Fic. 5 ne: T. Fic. 8. Fic. 1 Fic. 2. Fic. 3. Fic. 4. Fic. 5. Fio. 6. — Fragment de la plante ayant atteint le plus grand développement que nous ayons observé. (Gross. de 470 diam.) 3 et 4. — Divers fragments du thalle montrant la division longitudi- nale des articles et la manière dont les filaments se soudent en réseau. (Gross. de 470 diam.) s Ostreobium Queketti. et 6. — Portion du thalle superficiel tel qu'on le voit dans la coquille avant la décaleification. (Gross. de 250 diam.) — Filament isolé au moyen du liquide de Pérényi. (Gross. de 250 diam.) — Filaments extraits de la partie interne de la coquille. (Gross. de 160 diam.) PLANCHE X. Siphonocladus voluticola Hariot. . — Section verticale d’une coquille passant à travers une touffe de Siphonocladus. (Gross. de 80 diam.) — Filament isolé par décalcification. (Gross. de 250 diam.) Gomontia ?? sp. — Touffe de cellules qui croissent dans le voisinage du Siphonocladus voluticola. Ces cellules, qui paraissent avoir été ouvertes à la base par l'usure de la coquille, sont souvent remplies de parasites, ainsi qu'on le voit dans la partie droite de la figure. Un de ces parasites est une Lyngbyée remarquable par son petit diamétre et ses articles trés courts. L'autre n'est pas sans ressemblance avec le genre Hyella. (Gross. de 250 diam.) Mastigocoleus testarum Lagerheim. — Section verticale d’une coquille décalcifiée montrant la disposition du Mastigocoleus dans le test. (Gross. de 330 diam.) Plectonema terebrans. — Coupe verticale d’une coquille décalcifiée passant à travers un gazon de Plectonema. (Gross. de 330 diam.) Hyella cespitosa Rorn. et Fl, — Filaments isolés. (Gross. de 745 diam.) Fic. 7 et 8. — Divers aspects que présentent les filaments d'Hyella lorsqu'on CLXXVI CE CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889: : . les examine dans des lamelles horizontales de coquilles non décalci fiées. (Gross. de 330 diam.) — Filaments après décalcification. (Gross. de 330 diam.) PLANCHE XI. Toutes les figures, sauf la figure 5, ont été dessinées d’après des prépara- tions décalcifiées. HG. 4. iuc» Fic. 3. FC. 4. Fic. 5. Fic. 6, Fic. 10. DIG. 5. Fic. 6. — Jeune thalle étalé horizontalement. Une de ses branches s'est divi- sée en nombreuses cellules. (Gross. de 330 diam.) — Portion de thalle vue en section verticale. Les filaments horizon- taux sont composés d'articles courts, souvent pluricellulaires; dans les branches verticales, les articles deviennent plus longs et souvent plus étroits, à mesure qu'ils sont plus enfoncés dans la coquille. (Gross. de 330 diam.) — Coupe verticale d'une plante dont tous les articles sont courts et composés de plusieurs cellules et qui ont pris l'aspect d'Algues chroo- coccacées, (Gross. de 330 diam.) — Cellules végétatives devenant libres par la dissolution de la gaine. (Gross. de 330 diam.) — Groupe de cellules obtenu en raclant la couche superficielle d'une coquille. (Gross. de 330 diam.) 7,8 et 9. — Divers états et diverses formes de sporanges. Les uns sont terminaux, les autres intercalaires. Dans la figure 7, on voit les fila- ments de l'Hyella qui se sont développés dans la membrane gélifiée des cellules qui supportent le sporange. (Gross. de 330 diam.) — Jeune plante provenant de la germination des spores. (Gross. de 330 diam.) PLANCHE XII. Ostracoblabe implexa. — Section transversale d'une coquille de Solen toute pénétrée ks canaux de l'Ostracoblabe. (Gross. de 330 diam.) — Réseau pris vers le centre du thalle dans un fragment de coquille non décalcifiée. (Gross. de 330 diam.) — Filaments formant le pourtour du méme thalle. (Gross. de 290 diam.) . — Filaments isolés par décalcification. (Gross. de 745 diam.) Lithopythium gangliiforme. — Filaments de la périphérie du thalle. (Gross. de 330 diam.) — Coupe verticale de la partie centrale du thalle. Les grosses cellules qu'on remarque à la partie inférieure de la figure de droite appartien- nent à l'Hyella cespitosa. (Gross. de 330 diam.) . Ces deux figures représentent des plantes isolées par le liquide de Pérényi. Congres botanique de (889. —RL-ITS Td ? a v A NM MEN 4 Gomontia polyrhiza Born. et Flah . PILVI Arnoul lith H li PI. V Congres botanique de 1889. Arnoul ll} Comontia polyrhiza. Congrés botanique de 1889 Congrés botanique de 1889. Arnoul lit}. Dornet del. IS. QOstreobtuz. 4 à Zygomitus ; Congrés botanique de 1889. Ep. EU messe = ps 2 z m X EER HIDE 7 Arnoult lith 3. Comontlia ? ó. 6.Plectonerma. . PA. Congrés botanique de 1889. : PIX. Congrès botanique de 1883 . 5-6 Lithopythium 4-4. 0stracoótabe. BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. FR. CLXXVII Les communications suivantes, en raison de l'heure avancée, sont analysées en partie ou briévement résumées : I. HÉPATIQUES NOUVELLES DES COLONIES FRANCAISES, décrites par MM. Em. BESCHERELLE et Richard SPRUCE. Les diagnoses qui suiven£ devaient faire partie de la florule hépaticologique de nos colonies pour laquelle j'ai déjà réuni de nombreux matériaux, mais tout ce qui a été publié jusqu'ici est à revoir de trés prés, et cette révision exigeant beaucoup de temps, j'ai cru devoir communiquer les échantillons à des mains plus habiles. MM. Richard Spruce et F. Stephani ont bien voulu se charger de l'examen de mes Hépatiques; c'est le travail que vient de m'envoyer le pre- mier de ces savants botanistes que j'ai l'honneur de présenter au Congrès, afin de prendre date et de conserver la priorité de la description des espéces nou- velles, tout en faisant remarquer que, bien que M. Spruce ait associé mon nom au sien, comme auteur des espèces nouvelles, c'est à lui seul qu'en revient tout le mérite, mon unique collaboration ayant consisté dans l'envoi de docu- ments inédits qu'il ne connaissait pas. L'attention de M. Spruce a surtout été appelée par moi sur les espèces du genre Lejeunea qu'il a étudié d'une manière spéciale dans ses Hepaticæ ama- Zonice et andina et qui, à ne considérer que cette région, comprend 37 sous- genres et 273 espèces. Aussi a-t-il trouvé 7 espèces nouvelles de ce genre à la Guadeloupe, 1 à la Guyane, 2 à la Nouvelle-Calédonie et 1 à la Réunion, soit 11 sur 18 espéces d'Hépatiques nouvelles. Je ne doute pas que ce nombre n'augmente encore quand ce botaniste aura pu examiner toutes les Hépatiques de mon herbier. Ém. BESCHERELLE. I. Guadeloupe. MyLIA ANTILLANA n. sp. Carr. et Spruce. Dioica, pusilla, rufo-badia, radicellis validis breviusculis arcte repens. Caules semipollicares, fastigiati et intricati, simplices vel solum in ipsa basi divisi, fragiles, flexuosi, cellulis corticalibus quadrato- hexagonis. Folia dissita, angulo 80° patentissima, sspe subrecurva, succuba vel fere transversa, cuneata vel cuneato-oblonga, truncato- retusa vel subemarginata, margine integerrima vel angulata, basi antica indistincte reflexula; cellule minutule, subchlorophyllosæ, trigonis magnis ad angulos auctæ. Folia caulium fertilium majora, florem versus subinerescentia; sterilium autem duplo-triplove minora, angusta, apice T. XXXVI. a CLxx Viii CONGRÈS DE BÓTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. retusula vel interdum rotundata, sicuti clavulam compressam simulantia. Foliola plus duplo breviora, subulata, medio margine utrinque sæpius in dentulum vel solum in angulum prominula, omnia fere radicellas paucas demittentia. Flores Q terminales, cum vel sine innovatione. Bracteæ 1-2-jugæ, foliis majores, laxe amplectentes, suborbiculate, late emarginatæ vel breviter trifidæ, angulari-repandæ, basin versus paulo laxius cellulosa; bracteolæ plus duplo minores, teneræ, late subulatæ, obsolete dentatæ, interdum subquadratæ, apiceque truncato- bifidæ, persæpe basi cum altera bractea connatæ. Pistillidia pauca, libera. Perianthia juniora campanulata, adulta ovali-globosa, bracteas duplo superantia, leptodermia, subinflata, ore lato tamen a latere compressa et bilabiata, labiis subtruncatis vel alte rotundatis, ciliolatis, ciliis omnibus sub 16, inæquilongis, cellul. 2-5 longis, basi 1-3 cell. latis. Calyptra perianthio duplo brevior, ovali-piriformis, subtenuis, basi in collum attenuata. Capsula (marcida solum visa) globosa, 4-valvis, bistrata. Elateres dispiri. Spore elateribus æquilatæ, scabe- rule. Andrecia spicata, in caule (' terminalia mediave; bractew 2-10-jugæ, foliis proximis majores, imbricatæ, suborbiculatæ, conca- vissimæ, late emarginatæ, Antheridia, solitaria, majuscula, globosa, stipite brevi tenui suffulta. — Folia:25 x15 (caulis fertilis), cel- lule d,; foliola: (1) -:45; bracteæ *5»«5, bracteola *2, perian- thium 1:0 X0:5 mill. Hab. Insula Guadalupa, cortice putrescente et foliis emortuis arcte adrepens (Perrottet, in hb. Carrington). Mylia cuneifolia (Hook. Brit. Jung. tab. 64, sub Jungermannia), in Hibernia lecta, M. Antillanæ proxima, distat caule arcuante; foliis deciduis, angulo minore (60°) a caule patentibus, brevioribus, Sæpe tam latis quam longis, obovato-rotundove-cuneatis, apice rotundato retusove, nunquam emarginato, Foliola minora, latiora tamen, ovato- lanceolata, apice integra bifidave, margine integerrima. Espèce fort intéressante, qui est la première du genre qu'on ait trouvée dans les terres tropicales, et qui présente une étroite affinité avec le Mylia cuneifolia d'Irlande. Comme nous ne connaissons jusqu'à présent que la plante mâle de cette dernière, nous ne pouvons pas comparer les périanthes des deux espèces; mais les tiges du M. Antillana qui sont stériles sont beaucoup plus gréles que les fertiles, et tellement semblables à celles du M. cuneifolia qu'on ne saurait douter que les deux espéces (1) La notátion anglaise, qui est employée pour les dimensions des organes; doit ètre comprise de la manière suivante : ]:95"m — 4nttim 95 ; (Q-5mm — 075,5, etc. (Note de M. Bescherelle.) BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. Fh. CLXXIX ne soient congénéres. — Deux autres espéces de Mylia, le M. Taylori (Hook.) et le M. anomala (Hook.), répandues dans les marais tourbeux du nord de l'Europe, de la Sibérie, et des régions isothermes de l'Amé- rique boréale, sont beaucoup plus robustes que les précédentes, et leur périanthe est entier et tronqué à l'orifice. Le Mylia verrucosa Lindberg, de la Sibérie, a le périanthe cilié comme chez le M. Antillana, mais ses feuilles sont beaucoup plus grandes et recouvertes entiérement de papilles verruqueuses. LEJEUNEA (LoPHOLEJEUNEA) MARIEI Besch. et Spruce n. sp. Dioica, L. Mullerianæ G. (monoicæ) proxima, subminor, caule vix semipollicari pinnalim ramoso. Folia pallida v. badia, supra lobulum majusculum rhomboideum, valde turgidum (margine autem appressum) abrupte divergentia, oblonga, rotundata, decurvula, cellulis parvulis subleptodermibus. Foliola foliis subtriplo minora, distantia, orbiculata. Flores Q terminales, sine innovatione; bracteæ foliis submajores, obo- vate, obtusæ, apicem versus obsolete denticulatæ, lobulo complicato (vel non) brevi, lineari, vel ad angulum exstantem redacto; bracteola minor , obovato-orbiculata, integerrima. Perianthia emersa, obovato- obconica, subcompressa, brevirostria, subtus alte bicarinata, margine carinisque ala inciso-alata auctis. — Folia:6 X *5, lobulus:3, cellule '025; foliola:2 — *25; bracteæ:15, bracteola *6 x * 99, perianthium 10X *65 mill. Ad cortices, socia L. Breulelii (Mate). — L. Mulleriana Gotts. Hep. Mex. differt florescentia, foliis supra lobulum minus patentibus, apice sæpius subacuto, lobulo angusto interdum nullo; foliolis duplo fere majoribus. LEJEUNEA (PLATYLEJEUNEA) INCRASSATA Tayl. ms. Monoica, prostrata, badia, caule arcte repente, parce ramoso. Folia subconferta, imbricata, patentia, late oblique ovato-oblonga, apice lato decurvo, rotundato-truncata, basi recte complicata, lobulo parvo, glo- boso vel ovoideo; cellule mediocres, æquilatero-hexagonæ, pariete ad angulos incrassato. Foliola sat minora, late orbiculata, appressa, mar- gine utrinque incurva. Flores Q in ramo brevissimo terminales, inuo- vatione (sæpe Z) suffulti. Bracteæ foliis duplo minores, complicatæ, æquilobæ, lobis semicuneatis rotundatis, bracteola anguste obovato- oblonga, apice obcordata. Perianthia foliis vix æquilonga, obovato- triangularia, compressa, supra subplana, subtus alte convexa (carinis CLXLE CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. obliteratis), margine apicem versus apiceque laciniato-alata, laciniis inæqualibus flexuosis sublinearibus, 2 (raro basi 3) cellulas latis, laci- niis paucis faciei inferiori sub apice adjectis, demum apice bilabiatim rupta. Calyptra vix minor, obovato-obconica. — Folia 1:15» "15, 1:39 1:0,- lobulus-15-°3; foliola :65x-8, 85X105 cellule is-4,; bracteæ Q*6; perianthia 1°2X°38 (sine laciniis) mill. Manie; hb. Besch. — Jungermannia incrassata Tayl. in hb. Gre- ville. Lejeunea transversalis var. Hookeriana G. in Syn. Hep. p. 311. — À L. transversali vera certe diversa videtur. Specimina e Santa Ca- tharina Brasiliæ (hb. Stephani) habent folia 1:2 X 0:9, lobulus "19 2 cellule 4-5; foliola*85«:95; bracteæ lobus GX °25; perianthia 1:2X 1:05 mill. Florescentia ac stirpe antillana certe monoica. LEJEUNEA (STREPSILEJEUNEA) INFLEXA Hampe. Dioica, elata, rufo-badia, laxe reptans, caule bipollicari paucirameo. Folia subimbricata, supra lobulum semierectum divergentia, apice devo- luta, oblique ovata vel ovato-lanceolata, acuta vel subacuminata, facie e cellulis prominulis tuberculosa margineque hic illic crenulata, lobulo plus triplo breviore ovoideo inflato, apice brevi incurvo; cellule parvi? pachydermes subopacæ, pleræque (ad plicam præcipue) alle convexo- prominulæ. Foliola subduplo breviora, orbiculata, ad 4 obtuse bifida, segmentis acutis. Flores 9 in ramulo sæpe brevi, innovatione plerumque simplice aucto, raro in ipso caule innovato, terminales. Bracteæ foliis sublongiores, lanceolatæ, subdenticulatze, plica perangusta lineari (apice libero subulato) aucte; bracteola ovali-orbiculata, breviter bifida. Perianthia majuscula purpurea, dimidio infero obconica, supero rec- tangulari-oblonga, subcompressa, ex apice lato rotundato brevirostria, alte 5-carinata, carinis tenuibus vix alatis, facie supra medium plus minus tuberculosa. — Folia *6 x :38, lobulus 18, cellule 02; foliola "S X35 bractee 7195 perianthia 1:3 x5 mill. In cortice cum L. filiformi aliisque Lejeuneis spartim crescens (Huswor, L'HrnwiNIER, etc.). — Speciem in G. L. et N. Synopsi e speci- minibus sterilibus incomplete descriptam, supra fusius exposui. Trachy- lejeunea Aquarius (Hep. Am. et And.) species proxima est, bene di- versa tamen. LEJEUNEA (HARPALEJEUNEA) SPORADICA Besch. et Spruce n. Sp. Monoica, pusilla, tenera, albicans, pellucida, caule semipollicari prostrato vage intricato-ramoso vel sparso. Folia dissita contiguave, BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. FR. CLXXXI patentia, a basi constricta late oblique obovata, rotundata, margine antico fere recto, cochleato-subconcava, basin versus valide sinuato- complicata, lobulo plus triplo breviore turgide ovoideo saccato, apice exciso-aeuto abscondito; cellule parvæ, subæquales, trigonis nullis. Foliola 4-plo breviora, obovata, ad 4 bifida, segmentis acutis. Andræcia minuta; bracteæ 3-5-jugæ, cymbiformes. Flores Q in ramo perbrevi, innovatione simplice suffulti, terminales. Bracteæ foliis duplo minores, bilobæ, vix complicate, lobo obovato-lanceolato, subobtuso, lobulo sub breviore lineari; bracteola anguste obovato-lanceolata, breviter bifida, segmentis acutis. Perianthia alte emersa, oblongo-clavata, brevirostria, 9-carinata carinis superne muricato-papillosis. — Folia *4 x *35, lob.12, cellule *02; foliola ‘1 ; bracteæ ‘2; perianthia *5 X :25 mill. In truncis putridis, socia Hookeria Hahniana (Marie, 1871).— Le- jeunea subspathulata. (Hep. Am. et And.), hinc peraffinis, differt foliis subcrenulatis, cellulis majoribus ; foliolis minoribus; bracteis triplo majo" ribus; perianthiis subimmersis. LEJEUNEA (HARPALEJEUNEA) TRIDENS Besch. et Spruce n. sp. Dioica, pusilla, caule reptante semipollicari filiformi, pinnatim ramoso. Folia dissita contiguave, distiche patentia vel parum decurva, cuneata, apice lato oblique ad £ longitudinis usque in dentes 3 subulato-acumi- natos fissa, raro dente quarto breviore antico aucta, rarissime apice solum 2- vel etiam 1-dentata, infra medium subsinuato-complicata, lobulo plus duplo breviore ovoideo turgido, apice brevi acuto incurvo; cellule minutulæ, subquadratæ, pachydermes, convexulæ (unde folium ad speciem crenulatum videtur). Foliola foliis 5-plo minora, caule abscondita, late obcordato-cuneata, angulis rotundatis. Flores dioici : 9 in ramo brevi, innovatione minuta suffulti, terminales. Bracteæ inæquales, altera foliis duplo major, complicato-biloba, lobis planis subsemiobovatis, majore distanter spinoso, lobulo duplo minore eroso-denticulato, plica anguste denticulato-alata; altera bractea duplo minor subæquiloba; bracteola brevis obovato-oblonga, integra, rotundata, margine repandula. — Folia "35 X *2, lobulus ‘15, cellule 016; foliola ‘07 mill. Super L. filiformem (Sw.) reptans. — L. tridactyla Gottsch. in Syn. Hep. differt foliolis profunde subulato-bifidis, cellulis mammillatis, etc. LEJEUNEA (CHEILOLEJEUNEA) LINEATA L. et L.! Jungermannia lineata L. et Lg. Nov.et minus cogn. stirp. Pug. IV; Lejeunea L. eorumd. Syn. Hep. 371. CLXXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Dioica, elata, sordide flavida! Caules elongati, flexuosi, parum divisi, floribus vel 4 vel 9 sepe pinnulati. Folia majuscula, subimbricata, divergentia, falcata ; oblique semicordato-lingulata, apice valide decurvo abrupte obtusa rotundatave, raro subacuta, repandula, supra basin sinuato-complicata; lobulus 4-plo brevior, insigniter devexus, ventri- cosus et fere globosus; cellule parvulæ, subopacæ, ad angulos incras- satz, posticæ subbasales magis elongatæ lineari-oblongæ, marginem an- ticum apicemque versus multo minores magis æquilateræ. Foliola foliis plus duplo breviora, dissita, suborbiculato, ad 4-4 acute bifida, seg- menlis acutis. Ramuli 9 lu umo simplicissimi, basi foliis minutis unijugis elobulatis et foliolo unico stipati. Bracteæ laxiusculæ, semi- obovato-lanceolatæ, faleat: et hamatæ, obtuse, infra medium lobulo (vix complicato) perangusto lineari, apice libero subulato, auctæ; bracteola duplo fere brevior, linearis, apice breviter inæqualiter bifida. Perianthia exserta, a basi brevi obconica lineari-oblonga, sat compressa (altero sec- tionis diametro duplo latiore) rotundato-truncata, nunc retusula, erostria, antice convexula, postice altius convexa, ecarinata, cellulis subplanis. Calyptra triplo fere brevior, brevistipitata, anguste obovata. Andræcia spicis brevibus lateralibus constantia; bracteæ parvuli, haud confert, turgidæ, subæquilobæ. — Folia 1-0 xx -6 (C8, lobulo incluso), lobulus “25, cellule $; — 45; foliola ‘4 X 4,4 X -43; bracteæ 1.0 x45, brac- teola :95 X 25; perianthia 1:5 x *6 mill. Antillis insulis ut videtur haud infrequens, semper aliis Lejeuneis (e. g. L. filiformi) consociata. E Guadalupa fructifera a cl. L'Herminier lecta; exemplaria originalia Lindenbergiana ex ins. Sancti Christophori, in hb. Hookeri, similia. Stirps singularis caractere omnino Cheilole- jeuneæ, statura elatiore tamen habituque ad Trachylejeuneam (e. g. T. Aquarius S.) accedit. E perianthio in Syn. Hep. imperfecte descripto pro Macrolejeunea, L. pallescenti affini, olim habui. LEJEUNEA (EULEJEUNEA) swARAGDINA Besch. et Spruce n. sp. Monoica, pusilla, intense viridis, caule semipollicari arcte repente vage ramoso. Folia pro plantula magna, plana, subimbricata, late oblique ovata, rotundata, raro oblique subacuta, lobulo ad plicam par- vam ERU redacto; cellule mediocres, leptodermes, subæquila- teræ. Foliola 4-plo freca orbiculata, ad medium bifida, segmentis acutis. Flores monoici : c amentulis folo caulino brevioribus, bracteis 3-o-jugis constantes. Flores 9 in ramulo perbrevi terminales, innova- tione simplice suffulti. Bractec foliis duplo fere breviores, lanceolatæ, acutæ, lobulo perparvo lineari infra medium auctæ; bracteola cuneato- BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. FR. CLXXXIII lanceolata, breviter bifida, segmentis acutis. Perianthia parvula, cla- vato-oblonga, ex apice depresso longirostria, altiuscule 5-carinata, carinis apice rotundo-prominulis celluloso-papulosis. — Folia *8 X 65, 10x78, cellule 033; foliola ‘2 5«:2,:20 X :3; bractee ‘6 X :2; perian- thia 8 X 25 mill. Ad cortices (L’HERMINIER, n° 70). L. leta L. et Ldng, proxima, folia habet angustiora, ovato-elliptica ; foliola minutissima; bracteas foliis conformes. — Nostris L. L. musci- cola, subsessilis et Tarapotentis convenit L. smaragdina foliis pro ratione magnis, foliolis minutis, ramo Q brevissimo innovatione simplice, specifice autem ab-omnibus diversa. BLEPHAROSTOMA ANTILLANUM Besch. et Spruce n. sp. Autoica, cespitosa, virens; caule semipollicari, cellulis 7-8 in dia- metro, periphericis sub 9-seriatis magnis pellucidis conflato, pinnato vel subbipinnato, ramis omnibus lateralibus. Folia transversa, late patentia, confertiuscula, caulina ad basin fere usque 4-partita, cruribus 6-7 cell. longis; cellule uniseriatæ (preter basales biseriatas) magnæ subeylindricæ, medi:e paulo longiores quam latæ, infimæ magis elongate. Foliola 3-partita, cruribus parvis, cellulis 3 vel 4 tenuibus constantibus. Andræcia in ramis terminalia; bracteæ pauci-multijugæ, foliis subcon- formes, assurgentes, monandræ. Flores 9 in caule, rarius in ramo, ter- minales; bracteæ plurijugæ, foliis plus duplo majores, confertæ, 4-par- tite, pagina basali 3-4 cell. lata, cruribus bifurcis vel subpinnatis. Perianthia alte emersa, linearia, inferne subteretia, superne obtuse trigona, laxe pellucide areolata, ore truncato ciliis longis fimbriata. — Folia :5, cellule ‘08; foliola ‘2; bractee 9 1:2; perianthia 2:8 X 0:6 mill. Le Gommier (Marie). — Bl. trichophyllum certe distat ramifica- tione dichotoma, florescentia paroica vel dioica, foliorum cruribus 12 cellulas ubique uniseriatas longis, etc. CEPHALOZIA (CEPHALOZIELLA) ANTILLANA Besch. et Spruce n. sp. Dioica, virescens, cespitosa, magnitudine habituque C. divaricate, caule 6 mill. longo, subsimplice, assurgente. Folia distantia, patentia, cuneata, ad 4 bifida, segmentis semi-lanceolatis, basi 5 cellulas latis, integerrimis vel (foliorum superiorum præcipue) plus minus denticu- latis, cellulis oblongo-quadratis minutulis. In aliis caulibus adveniunt folia abnormalia, duplo majora, obtusiloba, lobulo antico autem bre- CLXXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. viore vel manco; sunt pauca vel plura consecutiva, aliis foliis norma- libus in eodem caule semper presentibus. Foliola nulla. Flores dioici : Q terminales, cum innovalione. Bracteæ 2-3-jugæ, laxæ, 3 intime foliis plus duplo majores, toto ambitu spinulosæ, bifidæ, segmentis sat latis acuminatis; exteriores dissitæ, interioribus conformes. Perianthium (unicum semimaturum visum) obtuse trigonum, ore truncato spinuloso. In terra sabulosa inter Muscos (L'HERMINIER).— C. dentato subaffi- nis, distat foliolis nullis, foliis pluribus edentatis, involucro laxo. Kantia MiovELU (Mont.). Calypogeia Miquelii Mont. in G. L. et N. Syn. Hep. p. 200. Ad truncos semiputridos (L'HEnuiNrER, Marik, etc.). E Surinamo (Hb. MoxrAGNE). — Cum descriptione auctoris haud omnino quadrat, eamdem speciem tamen censerim. Duas formas ante oculos habuimus; 1. tenera est, foliis plane alternis, dissitis vel subimbricatis; foliolis pro- funde bifidis, segmentis triangulari-lanceolatis, acutis obtusisve sepe integerrimis; 2. elata, robustior, foliis suboppositis, qu:e descriptione particulari meretur. Prior a typo Montagneano parum recedit; K. biapi- culata (Hep. Am. 414), forsan diversa erit statura foliisque sat mino- ribus, precipue autem foliolis duplo brevioribus late orbiculatis (nec cuneatis). Kantia MiovuELU Mont. var. OPPOSITIFOLIA Spruce. Elata 4-pollicaris, caule flexuoso subsimplice, ramos perpaucos (nul- losve) e facie postica edente. Folia ad + lat. usque imbricata, opposita, incuba, subplana vel decurvala, oblique late ovata, fere dimidiata, mar- gine antico rotundata, postico subrecto, apice breviter bidentata, rima hiante solum 5 vel 6 cellulas alta, dentibus acutis vel breviapiculatis, basi prælonga rectilinea, subdiagonali vix non longitudinali; cellule majuseulæ pellucidæ sublongo-hexagonæ, inerassatione angulari nulla. Foliola duplo breviora dissita, prælate cuneata vix ad 1 biloba, sinu es obtusangulo, segmentis obtusis angulatis interdum obsolete 3-lobulatis. — Folia 1:6 mill. longa, basis 1-5 mill., cellule 3; ; foliola 19 x 4 mill. L’HERMINIER. — Foliola foliis utrinque contigua, nune cum altero eorum breviter connata. Videntur etiam folia nonnulla haud exacte oppo sila, solum per paria approximata, adeo pro distinctione specifica 1m2- qualia. BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. FR. CLNXXV Leroscypaus Husxori Besch. et Spruce n. sp. Dioica, robusta, fulva, caule brevi, pollicari, valido, parum ramoso. Folia magna, densa, assurgenti-accumbentia, concavissima, prælate oblique ovata, truncato-rotundata-undulatave ; cellule mediocres, pachy- dermes, trigonis angularibus magnis. foliola dimidio breviora, basi foliis utrinque connata ibidemque processu filiformi incurvo aucta, cune- alo-hexagona, ad 4 quadrifida, segmentis triangularibus sensim acumi- natis, acumine tenui flexuoso caudiformi, segmentis lateralibus submi- noribus patentibus. Flores Q terminales, cum innovatione. Bracteæ foliis majores, prælatæ, undulatæ, interdum denticulo uno alterove armatæ ; bracteola foliolis similis, longior, e lobulo spiniformi sub- basali adjecto hastata. Perianthia rectangulari-oblonga, compressa, ore rotundato subundulato. — Folia 9:3 X 274, cellule .035; foliola 2:0 X 1:5; bracteæ 3:0 X 9:8 ; perianthia 4:0 x 3:0 mill. « Bains chauds du Matouba, sur les troncs pourris » (Husnot, Exsicc. n° 225 — L. Liebmannianus G. et L. var. Gottsch.). — L. fragilifo- lius Tayl., foliis magnis, concavissimis, hine peraffinis, diversa erit foliis Suborbiculatis, fragillimis, foliolis magis profunde fissis. L. Liebman- nianus longius distare videtur. JUNGERMANNIA LONGIRETIS Besch. et Spruce n. sp. Dioica, elata, cespitosa, pallida, flaccida, caule simplice vel ramos perpaucos longos edente. Folia succuba, subimbricata, patentia, pellu- cidissima, suboblique ovato-quadrata, ad £ bifida, segmentis ovatis sub- acuminatis acutis, basi antica subdecurrentia, margine raro papilla una alterave armata; cellule magn; elongato-4-6-gonæ 2-3-plo longiores quam lat, leptodermes, plerumque vacuæ. Foliola duplo breviora, late ovata rotundave, ultra 4 bifida, segmentis bifidis, laciniis-subulatis inter- dum furcatis vel externe 1-2-spinis. Flores Q terminales, innovatione nulla suffulti. Bracteæ erectæ, foliis longiores, apice breviter 2-3-fidæ, segmentis aliquando subdenticulatis, basin versus unispin:e; bracteola anguste oblonga, apice bifida et subdenticulata. Perianthia lineari-cla- vata, 5-plo longiora quam lata compressula, obscure 3-plicata (sutura nunc intus alata) apice sparsim papillata, ore conniventi-clauso breviter ciliata, ciliis inæqualibus flexuosis. Capsula (juvenilis) oblongo-cylin- drica. — Folia 9:3 x 1:6, cellule 5-2 X 5-3 foliola 12 X 1:0, 1:2 X 1:3; bracteola 3:0 X 1:0; perianthia 371 X 715 mill. L'HERMINIER. — Stirps insignis, inter Jungermanniam et Lophoco- leam ludens, neutrique bene adnexa. CLXXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. TE Guyane francaise. LEJEUNEA (ODONTOLEJEUNEA) SCALPELLIFOLIA Besch. et Spruce n. sp. Dioica pusilla, pallida, arcte repens, pauciramea, ramis æquifoliatis. Folia divergentia, convexula, solum in ipsa basi subimbricata, falcato- semicordato-ovata, acuta, integerrima vel hic illic cellula conica exstante paucidenticulata apiceque minute apiculata, subrecte complicata ; lobulo 2-3-plo breviore, rhomboideo, exciso-acuto, ex involutione semiovoides; cellule parvulæ, subpellucidæ, subinerassatæ. Foliola 4-5-plo breviora, reniformi-rotunda vel subquadrata, late retusa, superiora sæpe suborbi- culata, emarginata. Flores Q innovatione sat longa suffulti. Bracteæ foliis breviores obovato-lanceolatæ, acutæ vel obtuse, subdenticulatæ, basi lobulo brevi quadrato-rotundo complicato aucta; bracteola brevior oblongo-rotunda, integra. Perianthia (valde juvenilia) compressa mar- gine subspinosa. — Folia ‘15 x *5, lobulus *3, cellule +; foliola 19 X ‘2, 2 X 2; bracteæ 55, bracteola ‘45 X *4 mill. Hab. Guiana gallica in folio vivo (Leprieur, sub nom. L. adnata), L. stachyclada (Hep. Am. et And.), huic affinis, alios ramos profert elongatos, parvifolios; folia habet minora haud falcata, magis denticu- lata, lobulo præminuto, et bracteas serrulatas. — L. convexistipa L. et L. folia habet dimidiata non autem faleata, toto margine antico apiceque murieato-spinulosa; foliola squarrosa, cochleata, subdenticulata. III. Nouvelle-Calédonie. LEJEUNEA (TRACHYLEJEUNEA) PROTENSA Besch. et Spruce n, Sp. Dioica, elata, pallide viridis, caule bipollicari flexuoso, inordinate ramoso, ramis pro more brevibus. Folia imbricata, decurvo-concava, supra lobulum sinuato-divergentia, valde oblique semicordato-oblonga, obtusa, raro rotundato, e cellulis convexo-prominulis scabra; lobulus tri- plo brevior, ex involutione angustus, corniformis, apice abscondito; cellulæ parvæ subpellucidæ, guttulatæ. Foliola subcontigua, foliis duplo breviora, suborbiculata, paulo latiora quam longa, ad 4 bifida, segmentis patentibus acutis vel subobtusis. Flores Q ramulo brevissimo simplice insidentes. Bracteæ foliis sat majores incurvo-conniventes, falcato- oblongæ rotundatæ, basi lobulo parvo lineari vix complicato auctæ: bracteola obcordata, sinu apicis angusto acuto, segmentis obtusatis. — Folia *6 X ‘5, lobulus :2, cellule 25; foliola *3 X *4 mill. Germain, n° 27 in herb. Mus. Par. — L. asperiflora (Hep. Am. et BESCHERELLE ET SPRUCE. — HÉPATIQ. NOUV. DES COLON. FR. CLXXXVII And., p. 183, t. VID), habitu, floribus Ẹ haud innovatis, ut et partium magnitudine huic persimilis distat florescentia monoica, foliorum lobulo breviore planioreque, foliolis ad vel ultra 4 bifidis, bracteolis ovalibus anguste bifidis, segmentis acuminulatis. — L. inflexa Hpe differt foliis acutis, ramulis 9 innovatis, etc. LEJEUNEA (TRACHYLEJEUNEA) GERMANII Besch. et Spruce n. sp. Dioica, elatiuscula, rufo-fusca; caules pollicares, flexuosi, intricati, florescentiis sepe crebre ramulosi, ceteram parum et vage ramosi. Folia fragillima tuberculoso-aspera, arctiuscule imbricata, primum paten- tia, deinde divergentia, insigniter decurvo-concava vel fere devolula, a basi valde constricta, transverse oblonga, abrupte obtusa vel subacuta, basi antica longe semicordatim producta caulemque late transeuntia, sinuato-complicata; lobulus 4-plo brevior, ovoideo-lageniformis, apicu- latus; cellule parvulæ, pachydermes, trigonis angularibus magnis alte convexe, unde folii margo celluloso-crenulatus evadit. Foliola duplo breviora, orbiculata, concava, ad + bifida, segmentis subacutis, sinu acuto obtusove. Flores Q ramulo brevissimo simplice, foliis normalibus 1-3-paribus stipato, constantes. Bracteæ foliis longiores angustioresque, in gemmam ovoideam ad speciem sese convolutæ, lobulo lineari evoluto auctæ; bracteola minor, ovato-oblonga, subquadrata, apice lato breviter marginato-biloba. Perianthia a basi obconica oblonga, apice lato bre- virostria, tota longitudine 5-carinata facieque celluloso-asperula. — Folia *65 X +4, 15x 5, lobulus ‘15 — “18, cellule 4; — À; foliola ‘3 X3, *35 X04; perianthia 1:1 X 765 mill. Hab. Ile des Pins Novæ Caledoniæ, in Macromitrii specie repens (GERMAIN, n° 27). LEJEUNEA (EULEJEUNEA) Preripis Besch, et Spruce n. sp. Monoica, pusilla, virescens, prostrata, vage ramosa. Folia parum imbricata, late patentia, subplana, oblique et subfalcato-oblonga, rotun- data, subrecte complicata, lobulo quintuplo breviore, subrhombeo, exciso- acuto, parum inflato; cellule pellucidæ, mediocres, marginem versus sat minores. Foliola triplo breviora, subrotunda, ultra $ bifida, segmen- tis patulis acutis vel subacuminatis. Flores Q in caule ramove innovato insidentes. Bractew foliis sepe longe minores, iisdem subconformes, lobulo tamen plano lanceolato subulatove ; bracteola cuneato-lanceolata, ad $ bifida, segmentis acuminatis. Perianthia emersa, foliis caulinis lamen subbreviora, cuneato-piriformia, sat compressa, postice bicari- nata, ex apice obcordato parvirostria. Amenta c' foliis sublongiora, CLXXXVHI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1884. bracteis 4-5-jugis. — Folia *1 5745, lobulus *15, cellule j;; foliola :95 X 720; perianthia *65 X 74 mill. Hab. Insula Nova Caledonia, in filice (BArANsa, n° 3604). — Ab hac differt L. nesiotica n. sp. foliis subovatis, prom. elobulatis, reti laxiore; foliolis duplo minoribus; bracteis majoribus ; andreeciis termi- nalibus. IV. Réunion et Sainte-Marie de Madagascar. LEJEUNEA (DREPANOLEJEUNEA) INTORTA Besch. et Spruce n. sp. Dioica, pusilla, pallida, repens, pauciramea. Folia dissita, patentia, valde oblique ovato-lanceolata, falcata, apice acuminato intorto, facie margineque e cellulis acute prominulis muricata, infra medium subrecte complicata, lobulo duplo breviore, anguste ovoideo-conico apice brevi incurvo; cellule minutulæ, subæquales, leptodermes. Foliola minuta, caule abscondita, cuneata, bipartita, cruribus angulo recto divergenti- bus, subulatis, 4 cellulas longis. Amenta sæpe elongata. Folia *35 X :20, lobulus *15, cellule + mill. Hab. Ins. Réunion, super Lejeuneam Montagnei repens (RICHARD). LEJEUNEA (HyGROLEJEUNEA) LEUCOSIS Besch. et Spruce n. sp. Dioica, pusilla, albescens, tenera, dense depresso-cespitosa; caule semipollieari, vage subramoso vel subpinnato. Folia imbricata, subplana, oblique semi-cordato-oblonga, rotundata, sinuato-complicata, lobulo 6-plo breviore ovato-rotundo turgido ; cellule parvulæ, subconformes et æquilateræ, sat crassæ, pariete tamen tenui, ad angulos parum incrassato, ambitu anguste opacæ, medio pellucidæ. Foliola parum minora, bre- viora sed latiora, prælate cordato-ovato-orbiculata, ad 4 fissa, segmentis acutis obtusisve, sinu pro more obtuso. Flores Q terminales, innovali. Bracteæ foliis breviores, laxe complicate, lobo oblongo rotundato- truncato, lobulo lineari-oblongo rotundato; bracteola major, ovali-lan- ceolata, ad 1 bifida, segmentis lanceolatis subacuminatis. Perianthia immersa, obconico-piriformia, rotundato-truncata, subcompressa, obtuso 5-carinala, rostello brevi et lato mucronata. Andræcia ramulo brevi constantia, globosa, bracteis 2-3-jugis. — Folia ‘6 X ‘5, lobulus *1— 195, cellule $; foliola *4 X *595 bracteæ *45, bracteola *6 X 4, perianthia 55 x :3 mill. : Hab. Sainte-Marie de Madagascar, in cortice. (Borvin, in hb. Mus. ar.) SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICAN.E TROPICÆ. CLXXXIX GEOCALYX ORIENTALIS Besch. et Spruce n. sp. Dioica, viridissima opaca, in plagas latas extensa; caule pollicari, repente, paucirameo, masculo interdum spiculis antleridiiferis pinnulato. Folia subimbricata, succuba, alterna, late patentia, assurgentia dein decurvula, basi diagonali inserta, subrectangulari-oblonga, margine antico fere stricto, postico parum rotundato, apice æquilato ad 4 bifida, segmentis triangularibus acutis vel subacuminatis, sinu depresso lunulari rariusve subacuto ; cellule parvulie, subquadrato-hexagonæ, chlorophyl- losæ, pariete ad angulos subinerassato. Foliola plus triplo breviora, cum folio collaterali leviter connata, ad basin fere usque bipartita, laciniis angulo recto divergentibus, lanceolatis, acutis. Andræcia postica, tenui- spica, sepe binata; bracteæ foliis plus triplo breviores, oblongo-rotun- die, concave; antheridia solitaria, magna, subglobosa, brevistipita. Marsupia pendula, lateralia (postica) subsessilia, cylindracea, orificium versus paulo latiora et subvillosa, ceterum calva, 4-5-strata, ore squa- mulis parvis, laciniatis, fragilibus cireumdata. Calyptra pertenuis, uni- strata, marsupio paulo brevior eidem adnata, solum apicem versus libera. Capsula longipedicellata, eylindracea, 4-valvis (fragmentaria solum visa). Folia A: X 0*6, cellule 4; foliola (lacinie) 3 X 1; marsupium 1:5 X ‘30 mill. Hab. Insula Réunion ad terram legit cl. FRAPPIER (hb. Mus. Par.). — Nostrati G. graveolenti N. persimilis, differt foliis magis parallelogram- mis, foliorum cruribus brevioribus multo magis divergentibus, marsupio solum caulem versus villoso, etc. Pulcherrima species! IT. HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ ET ALLE, a Ricardio SPRUCE descripto. Indépendamment des Hépatiques des colonies françaises, dont la note qui précède donne les espèces nouvelles, j'avais communiqué à M. Richard Spruce les échantillons de mon herbier provenant d'autres régions et qui étaient innommées. Cet éminent botaniste y a trouvé 33 espèces nouvelles dont la dia- gnose suit. Ces plantes proviennent du Mexique (3), du Paraguay (14), de la République Argentine (2), du Brésil (14). Les Hépatiques du Paraguay ont été distribuées par M. Balansa, explorateur aussi intelligent que zélé, qui a enrichi la flore de si nombreuses espèces inconnues avant lui et provenant notamment du Maroc, de la Nouvelle-Calé- donie, du Paraguay et du Tonkin. Celles de la République Argentine ont fait Partie des collections envoyées par cette nation à l'Exposition universelle de 1878 et données au Muséum d'histoire naturelle de Paris; elles avaient été récoltées par le Frére Hieronymus, dans la province de Cordoba. CXC CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU À PARIS EN AOUT 1889. C'est à M. Glaziou, l'intrépide directeur del Passeio publico de Rio Janeiro, qu’on doit la connaissance des plantes des provinces qui avoisinent cette ville et qu'il explore depuis trente ans, avec un succès toujours constant. Les qua- torze espèces décrites ci-après ne sont qu'une bien faible partie de celles qu'il a recueillies. Les échantillons récoltés antérieurement ont été envoyés par lui à M. Gottsche, mais ce dernier, en raison de son état de santé et de son grand âge, n'a pu se livrer à leur étude. M. Glaziou, qui est en ce moment à Paris, m'a promis de m'envoyer des doubles à son retour à Rio Janeiro. Je ne doute pas que l'on n'y trouve une grande quantité de nouveautés qui ont échappé aux recherches de ses devanciers. M. Glaziou et M. Balansa sont de ces rares bota- nistes qui s'intéressent au méme titre à toutes les classes de végétaux et l'on ne saurait trop leur savoir gré de leur ardeur et leur témoigner de reconnais- sauce pour les services qu'ils rendent à la science. Ex. BESCHERELLE. Hepaticæ paraguayenses. FRULLANIA (CHONANTHELIA) CONFERTA Spruce n. sp. Monoica, pusilla, nigro-viridis, caule pollicari inordinatim arctissime ramoso intricato. Folia imbricata, late patentia, oblique cordato- orbiculata, concava; lobulus duplo brevior, cuculliformis, sepe com- presso-hemisphæricus, ore truncato, plerumque tamen evolutus, ovato- lanceolatus; cellulæ parvulæ, subæquales et æquilatero-hexagonæ , præterquam marginales subquadratæ. Folia lobulis æquilonga, cuneato- lanceolata, recurva, valde radicellifera, apice ad 4 bifida, segmentis aculis. Flores Q in ramis, sepe brevibus, terminales. Bracteæ intimæ foliis subconformes, lobulo evoluto submajore; altera appressa et bracteola lineari-lanceolata profunde bifida, segmentis contiguis acutis, connata; altera bractea subdissita, reflexula. Perianthia alte emersa, subpiri- formia, vel breviora et subrotunda, ex apice lato brevirostria, subcom- pressa, 5-carinata, carinis levibus. Amenta cf foliis subzquilonga, ovato-globosa, compressula; bracteæ sub 5-jugæ, subæquilobæ, diandræ. — Folia 5 x *6, -65 X -65; lobulus ‘3; cellule +023; foliola ‘3 X 19; bracteola *8 x ‘3; perianthia 4*5 X 1*0 mill. Hab. Paraguay, ad Guarapi, in cortice (Barawsa, n° 4249). À Fr. semiconnala L. et G. ceterisque certe valde distincta. — FRULLANIA (TRACHYCOLEA) JULACEA Spruce n. Sp. Dioica, virescens, prostrata, caule 1-2-pollicari, pinnatim ramoso- Folia imbricata, laxe convoluto-amplexantia, superne recurvulo-patentia, SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ. CXCI in sicco julaceo-convolutiva, cordato-ovato-rotunda, lobulo altiuscule compresso-galeato, sepissime autem evoluto ovato-lanceolati cuspidulato ; cellule parvæ, incrassatæ. Foliola duplo fere breviora, obovata, ad 4 bifida, segmentis apiculatis conniventibus, margine sinuato-recurvulo utrinque. 1-2-dentata, raro solum angulata. Flores Q in ramulo brevi terminales. Bracteæ intimz foliis parum longiores, basi connatæ, com- plicatæ, lobo obovato interdum dente uno alterove armato, lobulo sat minore, triangulari, subacuminato, laciniato; bracteola ovalis, breviter bifida, sublaciniato-ciliata. Perianthia alte emersa, basi brevi obconica excepla, subrectangulari-oblonga, subcompressa alte triquetra, ex apice lato retusulo longirostria, facie (basi excepta) ad carinas præcipue papillis interdum longiusculis squamulisque parciuscule armata. Folia *8xX; lobulus expl. *5 x25 foliola 5 xx 4; bracteæ 95 bracteola ‘8 ; perian- thia 2:1 C *55 mill. (sine ciliis). Hab. Paraguay, ad Caaguazu, in cortice (BALANSA, n° 3723). — A Fr. squarrosa dilfert foliis haud fragilibus neque squarrosis; foliolis pro ratione sat minoribus, longioribus quam latis; perianthiis papillis lon- gioribus ciliiformibus — aliis foliaceis — ad carinas præcipue armatis. LEJEUNEA (TAXILEJEUNEA) TERRICOLA Spruce n. sp. Monoica, pumila, virescens, arcte repens, caule pollicari valde et inordinatim vel subpinnatim ramoso. Folia tenera subplana, parum imbricata, late patentia, oblique subsemicordato-ovata, rotundata, elo- bulata; cellule mediocres, leptodermes, subpellucidæ, subæquimagnæ. Folia ramea multo minora angustioraque. Foliola 3-4-plo minora, obovato-rotunda, profonde bifida, segmentis patentibus subobtusis. Flores Q in ramis brevibus bis terve innovandis quasi-seriati. Bracteæ foliis caulinis duplo minores, elobulatæ, altera obovata obtusata, altera lanceolata acuta; bracteola lanceolata breviter acute bifida. Perianthia parva, vix emersa, anguste obconica, ex apice depresso brevirostria, 9-carinata, carinis levibus apice rotundo-prominulis. Andræcia ramulo brevi constantia, julacea; bracteæ parvie, subconfertæ complicato-cym- biformes. — Folia 1°0X0-:7; cellule :034-:041; foliola *25 X25; bractee 5: X :25; perianthia 4x 3 mill. Hab. Paraguay, prope Assuncion, in terra humida (Balansa, n° 1282). Lejeunea crebriflora Hep. Am. et And., hinc peraffinis, differt foliis faleato-oblongis, perianthiis longioribus truncato-carinatis. Utraque species inter Taxilejeuneam et Eulejeuneam medium locum tenet. CXCII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. LEJEUNEA (EULEJEUNEA) TROCHANTHA Spruce n. sp. Monoica, pallida, fragilis, dense depresso-cespitosa, caule pollicari repente pinnatim ramoso. Folia subimbricata, subopaca, decurvo-con- cava, late semicordato-ovata, rotundata, basi recte complicata, lobulo 4-plo fere breviore ovoideo inflato brevi-apiculato ; cellule parvæ, sub- equales, in ambitu opacis, trigonis nullis. Foliola duplo breviora, subimbricata, late orbiculata, paulo ultra $ fissa, sinu triangulari, segmentis plus minus obtusis. Flores 9 terminales, innovati. Bractee foliis subæquales, subplanæ, lobo obovato, lobulo breviore lineari; bracteola ovali-orbiculata, vix ad 1 fissa, obtuse carinata. Perianthia sat alle emersa, rufula, turbinata, a basi tenui in globum subabrupte dilatata, alte 5-carinata, brevirostria. Capsule insigniter lutem, in pedicello valido articulato non autem geniculato. Andræcia in ramis terminalia, bracteis magnis turgidis pauci-plurijugis. — Folia '0 X4, lobulus *15, cellule &; foliola 25 x :3; bracteola 453-35; perian- thia "1X5 mills, Hab. Ad arbores ia monte Peribébui Paraguay: (BArANSA, n° 3719). — L. pulvinate L. et L. affinis, florescentia monoica, etc., diversa videtur. LEJEUNEA (EULEJEUNEA $ PLANILOBULÆ) POLYCEPHALA Spruce n. sp. Dioica, pusilla virescens, arcte repens, caule semipollicari crebre inordinatim ramoso. Folia subcontigua vel parum imbricata, subplana, late oblique ovata, rotundata, basi vel eplicata vel plica perangusta in dentem brevi-subulatum abeunte aucta; cellule mediocres, leptodermes, subæquilateræ. Foliola vix triplo breviora, orbiculata, ad medium bifida, sinu segmentique acutis obtusisve. Flores Q in caule ramisque sepe ileratim innovatis terminales, creberrimi. Bracteæ foliis subminores, erecte, ovales, altera elobulata, altera plica lineari-lanceolata aucta; bracteola magna, late orbiculata, breviter acute bifida. Perianthia magna, pellucida, obovato-obconica, subcompressa, brevirostria, acute o-carinata. [Andrecium unicum in caule distincto terminale vidi; bracteæ 3-jugæ cymbiformes diandræ; anne igitur florescentiam etiam monoicam adesse ignoro.]— Folia *4 X +35, cellule 4; ; foliola 15 X 19; bracteæ *35 ; bracteola *3 X 355; perianthia *'15 X 5 mill. Hab. Paraguay, ad Guarapi, in cortice (Baransa, n° 4250). Ab omni- bus Eulejeuneis planilobulis mihi cognitis distat foliis parvulis, brac- teola prælata, perianthio pro foliorum ratione maximo; forsan etiam florescentia dioica ? SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICAN.E TROPICAE. CXCIII LEJEUNEA (MICROLEJEUNEA) GLOBOSA Spruce n. sp. Dioica, minuta, virescens, dense depresso-cespitosa, caule 3-5 mill. longo assurgente paucirameo. Folia dissita, patentia, ovata, subconcava, obtusa vel subacuta, medio recte complicata, lobulo duplo breviore angustioreque ovoideo-rhomboideo inflato, apice brevi acuto; cellule minutule, subopacæ, subplanæ. Foliola plus duplo breviora, obovato- cuneata, profunde bifida, segmentis acutis obtusisve basi 2 cellulas latis. Flores Q terminales, innovatione simplice suffulti. Bracteæ foliis parum majores, planilobæ (explanatæ oblique obcordato-obovatæ), lobis rotun- datis inferiore paulo minore. Perianthia subimmersa, globosa, vix rostellata, obtuse 5-gona. — Folia :25 x ‘2, lobulus *12, cellule ‘017; bracteæ (expl.) :3 X2; perianthia :'2 X :2 mill. Hab. Paraguay, ad Guarapi, in cortice (BALANsA, n° 3722). A L. ulicina Tayl. differt foliis haud suberectis, minus concavis, lobulo sat minore; bracteis multo minoribus obtusilobis integerrimis. Folia infe- riora in caule elongato interdum obsolete lobulata. LEJEUNEA (MICROLEJEUNEA) CEPHALANDRA Spruce n. sp. Dioica, pusilla, strato tenui arcte repens, virescens. Caules 4 polli- cis longi, intricati, vage ramosi. Folia subexplanata, inferiora perparva dissita, superiora inerescentia, contigua vel subimbricata, oblique ovata, rotundata rarius abrupte obtusa, basi antica lata interdum subsemicor- data, postica elobulata raro plica minuta aucta ; cellule parve, subæqui- lateris, subpachydermes. Foliola triplo breviora, orbiculata, ad À acute bifida. Flores Q in caule ramove terminales, innovatione (plerumque simplice) suffulti. Bracteæ foliis submajores, altera ultra 4 biloba, lobo oblique ovali, lobulo sat breviore lineari-oblongo rotundato, bractea altera persæpe elobulata; bracteola obovata, ad 4 acute bifida. Perian- thia alte emersa, piriformia, subcompressa, 5-carinata, carinis humi- libus levibus, apice lato brevirostria. Andræcia in caule ramisque ter- minalia, globoso-capitata, raro caulis medium vel totum fera occupantia; bracteæ pro m. pauci- (sub 3-) jugæ, foliis multo majores, compresso- hemisphæricæ, breviter bilobæ, diandrze. — Folia ‘35 X 25, cellule *018; foliola ‘12 xc 49; bracteola 32 X :385 perianthia ^19 X 45 mill. Hab. Paraguay, in montibus Peribebuy, ad cortices (BALANSA, 1879, n° 3720). T. XXX VI. 13 CXCIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. LEJEUNEA (COLOLEJEUNEA) PAUCIFOLIA Spruce n. sp. Dioica, minuta, albida, tenera, caule 4 mill. longo, simplice vel pau- cirameo, assurgente. Folia pauca (in caule subsexjuga) contigua, paten- tia, anguste ovato-lanceolata, cuspidato-acuminata, acumine decurvo, obsolete lobulata cellulæ parve, subquadrato-hexagon:e pachydermes, pellucidæ. Foliola nulla. Flores Q terminales, innovatione solitaria, vel binis oppositis, suffulli. Bracteæ foliis paulo longiores, complicato-bilo- bæ, lobulo lobo duplo breviore rhomboideo, plano. Perianthia (valde juvenilia) rotundo-fusiforinia compressa. — Folia ‘4 X : 125, cellule ‘02 mill. Hab. Paraguay, in cortice, cum L. globosa mixta (BALANSA, n° 3722 p. p-). — Ab hac distat L. ensifolia (Hep. Am. et And.) foliis multo longioribus, sensim acuminatis, distincte lobulatis. — L. oxyphylla Mont. (Ann. des sc. nat. 1843, p. 264) imo minutior est, foliis latiori- bus lobulo majusculo inflato auctis. RADULA AURANTII Spruce n. sp. Dioica, flavida, facie exacte R. complanate, cespite subplano in cortice arcte repens, caulibus intricatis subpinnatis. Folia arctiuscule imbricata patentissima late oblique oblonga vel oblongo-rotunda, apice rotundato decurva, margine postico dh subrecte complicata ; lobulus subduplo brevior et angustior, subrhombeus obtusulus, ad pli- caturam tumidus (mammilla radicellifera alte prominente) cæterum planus; cellule minutulæ subplanæ, æquilateræ ambitu anguste opacæ, pariete pellucido ad angulos haud incrassato. Flores Q terminales, innovalione suffulti, raro dichotomiales. Bracteæ foliis subæquilongæ erect, lobulo longiore. Perianthia foliis plus duplo longiora lineari- oblonga (præter basin brevi-obconicam) superne complanata, ore rotun- dato-truncata vix bilabiata. Calyptra anguste piriformis. Capsula oblongo- subcylindrica. — Folia ‘8 X '55, OX 71, lobulus :35-5 (ad carinam mensus), cellule $; bracteæ *9; perianthia 2:0 x 1*1 mill. Hab. Paraguay, in Citri aurantiaci cortice, locis Asuncion, Caa- guazu, etc. (BaLansa, n* 19284, 3715, 4248). — Habitu aspectuque omnino nostre Radulæ complanate, distinctissima tamen florescentia dioica, floribus 9 innovatis, etc. SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ. CXCV LOPHOCOLEA PARAGUAYENSIS Spruce n. sp. Cum L. Martiana N. sat bene convenit quoad folia anguste triangu- laria (utroque margine subrecto) apice recte fere truncato ad angulos apiculum minutum, 3 cellulas longum, proferentia, necnon florescentia monoica differt autem caracteribus sequentibus : Folia alterna vel obs- cure per paria approximata (neque exacte opposita ac in L. Martiana). Foliola perparva, ad basin fere usque 4-partita, segmentis setaceis divergentibus. Rami Q simplices. Bractec irregulares, integerrimæ vel subspinosæ; bracteola prælate cuneata, breviter biloba, lobis bifidis. Perianthia anguste obconico-triquetra, exalata, vel una alterave carina peranguste alata, ala integra; apice 3-labiata, labiis grosse paucilaci- niatis. — Folia 1:3 X 1:0 (basi) x 0:6 (apice); cellule $; foliola 0:3; perianthia 3:0 X 1:3 mill. Hab. Paraguay, in lignis putridis (BALANSA, n° 4252). — Eadem videtur stirps a cl. GLAZIOU, prope Rio Janeiro, sub n^ 7230 lecta ; parum differt foliolis minus profunde fissis, laciniis brevioribus. ANEURA CATARACTARUM Spruce n. sp. Lætevirens, opaca, depresso-cespitosa et inlricata; caules 1-3-polli- cares, subplanæ, anguste lineares, pinnatæ et subbipinnatæ, latitudine lota 2 cellulas crassa, vel tantum in ipso margine cellulis uniseriatis sublimbata, raro in medio 3 cell. crassæ; cellulæ superficiales subæqui- latere parvulæ. Flores dioici : Q ramulo abbreviato constantes; pistil- lidis sub 12-juga; involucrum duplex, membranis vario modo incisis incurvulis utrinque binis constans. — Frons 0:2-0:8 mill. lata. Hab. Paraguay, in scaturiginosis (BALANSA, n° 3704, 4245, 4246 : rochers bordant les torrents, Cerros de Mbatobi et Léon). A. tenuicula Nob. in Hep. Am. certe distat minutie, fronde (ad ramos precipue) limbo lato unistrato circumdata. — Sub n° 4246 adest forma planior, elongata, magis regulariter pinnata, caractere tamen typico. RicciA (RIGCIELLA) STENOPHYLLA Spruce n. sp. Albescens, prostrata, intricata. Frondes 1 centimetro longæ, peranguste lineares, semel bisve furcatæ, angulo furcæ acuto, leviter canaliculatæ, cellulis 3-stratis subpellucidis, extimis parvulis subæquilateris planis, cavitalibus strati interioris elongatis (unde frons striata videatur). Calyp- træ (cum capsula concretæ) solitariæ, globosæ, magna, cauli æquilatæ, CXCVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. hypogenæ, strato cellulari tenuissimo primum opertæ demum subnudæ. Sporæ sat magna, sporodermio sat crasso pellucido reticulato, areolis latis, interstitiis vix prominulis. — Frondis lat. :2—4; capsula :35-4; spore *05 mill. Hab. Paraguay, interra humida, prope Asuncion (BALANSA, n° 3706). RicciA (RICCIELLA) PARAGUAYENSIS Spruce n. sp. Frondes pallide virides, orbiculares planæ tenues, in sieco menibra- naceæ, ad centrum usque fere fisse, radiis bis furcatis, laciniis latis, cellulis sub 3-stratis, parvulis, exterioribus suboblongo-5-7-gonis, strato medio cavernis magnis interrupto. Fructus magni, globosi, subter fron- dem alte prominentes ibidemque demum fatiscentes. Spore sat magne, perisporio crasso arcte reticulato, tuberculis minutis truncatis asperulo. — Frons diametro 2-2 1 *", laciniæ 2-3 mill. late; capsula 0:5, spore *05 mill. Hab. Paraguay, in terra humida prope Asuncion (BALANsA, n? 1280). ANTHOCEROS TENUIS Spruce n. sp. Frondes matrici arcte adpresse, orbiculares, profunde lobatæ, lobis sat latis, apice late crenatis, tenues, solum loborum axin versus 3-stralæ, cæterum 2-stratæ, subplanæ, crebre viridi-punctatæ, subtus parce radi- cellosæ. Flores dioici (?). Involucra breviuscula, inter se sat inæqui- longa (2-4 mill.), ore truncato, nunc bilabiato, cellulas 3 crassa. Capsula (cum stipite) 4-5" longa; elateres incomplete, geniculate; spore sat parva, tuberculis minutis scaberulæ. Hab. Paraguay (BALANSA). Fronde pertenui punctata ab A. levi, cæ- terum sat similis, distat. Hepaticæ brasilienses. LEJEUNEA (BRYOPTERIS) FRUTICULOSA Tayl. Var. tamariscina nobis. A typo paulo recedit caule minus concinne pinnato; foliis ambitu toto (basi sola excepta) argute dentato-serratis, dentibus omnibus ad 20. Bracteæ spinosæ, ad 4 bilobæ, lobis acuminatis, inferiore duplo angustiore. Bracteola oblongo-lanceolata, spinosa, vix ad $ complicato-bifida, laciniis acuminatis. Perianthia bracteis subbre- viora, subovato-oblonga, apice lato truncato (angulis rotundatis) brevi- tenuirostria, alte 3-carinata, demum ad carinam posticam pro capsulæ missio e rupla, apice tamen integra. SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ. CXCVII Hab. Brasilia australis (GLaziou, n° 7427 : L. tamariscina Nob. in Rev. Bryol. 1887). LEJEUNEA (ODONTOLEJEUNEA) GrAziovir Spruce n. sp. Monoica, dense depresso-cespitosa, viridis, caule prostrato, flaccido, vage et valde innovando-ramoso. Folia sat magna, dense imbricata, oblique obovato-rotunda, concavula, margine anguste recurvo integer- rimo, ex apice rotundato valde oblique et breviter apiculata, sinuato- complicata, lobulo duplo breviore, rhomboideo, subacuto, ad plicam inflato, margine appresso; cellule mediocres, leptodermes 6-gonæ, subæquilateræ, marginales autem duplo minores quadrat. Foliola foliis subduplo breviora, superne increscentia, reniformia, margine recurvula, apice late retusula, basi exciso-subdecurrentia. Flores Q in ramis iteratim innovandis terminales. Bractec oppressa, foliis subma- jores, cæterum subconformes. Bracteola oblongo-orbiculata, retusa, concava, margine late recurvula. Perianthia subimmersa, obovata, compressa, brevirostria, 3-carinata, carinis lateralibus apicem versus laciniato-alatis, laciniis utrinque 6-8, ad 10 cellulas longis, 2 cell. latis; carina postica lata inermi, non nisi ad apicem paucilaciniata. Calyptra obovata, demum trifida. Capsula magna, globosa. Andræcia rara, amentiformia, e caule basin versus oriunda; bracteæ 5-10-jugæ, parva, confertissimæ, paulo inæquilobæ. — Folia 4:15« 1:0, lobulus 5 X 25, cellule *035; foliola 45 X :65, "65 C89, 1x 1:05; bracteae 1:3 x 1:05, bracteola 4:05 x ‘8; perianthia 4:2 XC8 mill. (sine laciniis). Hab. Brasilia, prope Rio Janeiro, in cortice cum L. bicolori (GrAzioU, n* 7404). — Inter Odontolejeuneas e foliis integerrimis fere singularis, solum cum L. cognata N. comparabilis, cui autem adsunt folia mutica et foliola plana orbiculata. LEJEUNEA (HARPALEJEUNEA) LIGNICOLA Spruce m. Sp. Monoica, pusilla, caule semipollicari subprostrato vage ramoso. Folia contigua, planiuscula, patentissima, ovata, apiculata cuspidulatave, raro solum acuta, plerumque sinuato-complicato, lobulo triplo breviore ovoideo apiculato, vel sepius obsoleto fere, ad pliculam minutam redacto; cellule parvulæ pellucidæ. Foliola præminuta, caule velata, orbiculata, ad + bifida, segmentis acutis. Flores Q in ramo brevi terminales, inno- valione parva suffulti; bracteæ foliis minores. Perianthia alte emersa, clavato-obconica, rostellata, parum compressa, alte 5-carinala, carinis Supra medium spinoso-ciliatis, ciliis cujusque carinæ sub 6, Andrecia CXCVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889, brevispica ; bracteæ majusculie. — Folia *35 X ^2, lobulus *1, cellule 4; perianthia *6 X *3 mill. Hab. Prope Rio Janeiro, in lignis putridis (Graziov, n° 9205). — L. paratropæ (Hep. Am. et And.) persimilis, distat foliis angustioribus apice magis abrupte angustatis, lobulo sæpissime obsoleto; foliolis duplo minoribus; perianthii carinis constanter ciliatis. LEJEUNEA (EULEJEUNEA) SYMPHORETA Spruce n. sp. Monoica, majuscula, saturate viridis, dense depresso-cespitosa ; caules pinnatim ramosi, intricati. Folia late imbricata, planiuscula, oblique ovato-oblonga, rotundata obtusatave, basi antica subsemicordata caulem transeuntia, postica recte complicata, lobulo minuto subtriangulari inflato? cellule parvulæ, subæquilateræ, leptodermes, subopacæ. Foliola magna, foliis paulo breviora, latiora tamen, late orbiculata, vix subcordata, ad + biloba, sinu triangulari, lobis acutis. Flores Q in ramis subrecte inno- vandis tam conferti ut laterales viderentur. Bracteæ foliis submajores, erecto-patentes, laxe complicatze, lobo obovato-ovali interdum dente uno alterove armato, lobulo duplo minore oblongo retuso-rotundato; bracteola maxima, ovali-orbiculata, ad { fissa, segmentis acuminulatis. Perianthia subemersa, piriformia brevirostria, compressula, 5-carinata, carinis posticis altis approximatis. — Folia 62 X 45, lobulus ‘1, cellule "025 ; foliola -4»«:45, 5 X -55; bracteæ *15, bracteola *8 x 65 perianthia "i5 X ‘5 mill. Hab. Brasilia, prope Rio Janeiro (Grazrov, n° 9232). — L. mega- lostipa (Hep. Am. et And.) huie quoad foliola maxima similis, differt precipue lobulo multoties majore, necnon foliis floribusque minime confertis. — Forsan inter Taxilejeuneas ponenda, Pycnolejeuneis eliam haud remota. LEJEUNEA (EULEJEUNEA) GEOPHILA Spruce n. sp. Monoica, magnitudine L. serpyllifolie, prostrata, albida, paucira- mea, raro subpinnata. Folia subimbricata, late patentia, subdimidiata, prælate semicordato-ovata, apice decurvulo rotundata vel obtusata, bas! subsinuato-complicata, lobulo 5-plo breviore subovato inflato, apice brevi incurvo, haud raro obsoleto; cellule parvulæ subæquilateræ lepto- dermes subpellucidz. Foliola foliis 4-plo breviora, patula, subrotunda, ultra obtuse biloba, lobis obtusis. Flores rari : Q in caule ramove ter- minales, innovati. Bracteæ foliis breviores, bilobæ, vix complicatæ, lobo ovali vel lanceolato acuto obtusove, lobulo lanceolato acuto; bracteola SPRUCE. — HEPATICÆ NOV/E AMERICANÆ TROPICÆ. CXCIX brevior, anguste oblonga, breviter biloba, lobis obtusatis, a basi cum utraque bractea alte connata. Perianthia sat alte emersa, obovato-obco- nica, vix compressa 5-gona, rostellata. Andræcia amentis parvis late- ralibus paucijugis constantia. — Folia * 6 X ^5, lobulus *125, cellule 73- i5; foliola A5 X *155 bracteæ ‘5; perianthia 8 X *5 mill. Hab. Prope Rio Janeiro, in terra umbrosa eum L. trifaria (GLAZIOU, n° 9189). LEJEUNEA (MICROLEJEUNEA) OLIGOCLADA Spruce n. sp. Dioica, exigua, virescens, prostrata, pauciramea. Folia dissita vel subimbricata, late patentia, semicordato-ovato, obtusata rotundatave, recte complicata; lobulo majusculo, dimidio folio subbreviore inflato, ovoideo, truncato, subapiculato; cellule parvæ, leptodermes, marginales minores et subopacæ. Foliola 4-plo breviora, oblongo-rotunda, adj bifida, seg- mentis subulatis subobtusis. Flores Q rari, innovati. Bracteæ foliis parum diversæ, lobulo tamen angusto, plano, elongato ; bracteola ovalis, ad 4 acute bifida, segmentis erectis obtusis. Perianthia emersa, late piri- formia, subcompressa, alte 4-carinata, carina quinta (antica) humili, minute rostellata. Andræcia in medio caule ramove posita; bracteæ pauci- (siepe uni-) jugæ, magnæ, subglobosæ. — Folia 39 X 25, lobu- lus *15, cellule & ; foliola ‘08 ; perianthia *5 X *35 mill. Hab. In Brasilia australi (GrAziou n° 7425). LEPIDOZIA PLUM.EFORMIS Spruce n. Sp. Dioica, laxe depresso-cespitosa virens; caule bipollicari pinnato, frondulam lineari-lanceolatam sistente; pinnis subdistantibus, horizonta- libus, vel apice decurvo flagellari radicantibus. Folia patentia, subplana, caulina dissita, ramea subimbricata, subquadrata, basi antica gibba semicordata, apice 4-dentata, caulina ad 1, ramea ad 4 fissa dentibus planis late subulatis vel semi-lanceolatis subacuminatis acutis, postico subangustiore ; cellule parvæ, superiores subæquilateræ, opacæ, inferiores sensim longiores et subpellucidæ, ad angulos haud incrassatz. Foliola triplo fere minora, distantia, quadrata, ad medium 4-fida, dentibus subu- latis subobtusis. — Folia *8 X *55, cellule 35; foliola *3 X *29 mill. Hab. Prope Rio Janeiro, sterilis (GLazrou n° 7135). In Boliviæ Andi- bus orientalibus copiose legit cl. Dr. Rusey, alt. circ. 1800", annis 1881-0. — L. reptanti affinis, multo major, regulariter sed laxe pin- nata foliis planioribus minus profunde fissis, cellulis duplo fere minoribus subopacis. cc CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. CHILOSCYPHUS SCABERULUS Spruce n. sp. Dioica, prostrata, albicans, caule sesquipollicari parum ramoso, sub- æquifoliato. Folia patentissima, paulo imbricata, opposita (haud con- nata), oblique ovato oblonga, rotundata vel subtruncata concavula; cel- lule majusculæ, suboblongæ, punctis creberrimis subopacæ et scabe- rulæ, marginales minores rotundo-quadratæ, omnes ad angulos parum incrassatæ. Foliola triplo breviora, basi sublibera, bipartita, segmentis lanceolato-subulatis acutis. Flores 4 amentis minutis posticis contenti ; bracteæ 6-jugæ orbiculatæ concavis tenerrimæ monandræ. — Folia 1:6 X 1-05, cellule 3; foliola *55 X *5 mill. Hab. Prope Rio Janeiro, in truncis emortuis (Grazrov, n° 9099). PLAGIOCHILA TRICHOMANES Spruce n. sp. Caules e caudice repente sesquipollicares, simplices, raro ramum proferentes. Folia viridia, subplana, patentissima, subcontigua lineari- oblonga ligulatave, rotundata, parum decurrentia, margine antico leviter recurvulo vel plano, integerrima, postico superne apiceque dentata, den- tibus 3-10 (plerumque sub 6) late subulatis; cellule parvulæ subcon- formes, incrassatione angulari conspicua. — Folia 2:5 10, cel- lule + mill. Hab. Rio Janeiro (GLaziou, n° 9203). — Facies fere Asplenii Tri- chomanis minoris. PLAGIOCHILA THAMNIOPSIS Spruce n. sp. Dioica, flavieans, caulibus e caudice repente ortis, dendroideis, 3-pollicaribus, dimidio infero simplicibus, supero ramosis, di-tricho- tomo-decompositis. Folia subopposita, subimbricata, patentia, oblique vel subsemi-ovata rotundata, interdum e dente terminali ad speciem api- culata; margine antico decurrente recurvo inlegerrima vel sub apice unidentata, ad angulum 50° e caule exstante; postico supra medium apiceque inæqualiter dentata, dentibus omnibus sub 8; cellule medio- cres pellucidæ, suboblongæ, ad angulos minute incrassatæ. Amenta c m ramis terminalia ovoidea. — Folia 2:5 X 4:1, cellule s mill. Hab. Prope Rio Janeiro (Graziov, n° 9198). — N° 9198 S ronas est. Folia magis imbricata, utrinque decurrenti-amplexantia, pite basi latiora (2-5 X 1:6) margine antico revoluto 1-2-dentato, postico fere a basi dentata, dentibus omnibus ad 15, SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ. CCI ANEURA DIGITILOBA Spruce n. Sp. Dioica, pusilla, pallide viridis. Frondes vix semipollicares, imbricatæ, assurgentes, basi varie divise, dein laxe subpinnatæ, furcatæ vel sub- simplices; rami omnes lineari-digitiformes plano-convexi vel biconvexi, medio 5 cellulas crassi, sectione semilanceolata, limbo unistrato nullo, apice æquilato obcordati; cellule superficiales parvæ subæquilatere opa- culæ; intern: multo majores, oblongae, subvacuæ. Flores 9 subbasales ; calyptra clavata, carnosa, cortice mucoso subtuberculato, apice haud mammillato. Capsula oblongo-cylindrica. Plante £ haud visæ. — Laci- nie frondis '2-:6 mill. late; capsula *6 x *35 mill. Hab. Prope Rio Janeiro (GLaziou, n° 7228 et 9262). Obs. Utraque cellula frondis interna (subsuperficialis) cellulis 5-7 cor- ticalibus operta est. Pedicellus in sectione 16 cellulas, sc. 12 corticales, 4 axiales, monstrat. — Aneuræ palmateæ et latifrondi subsimilis, cha- racteribus supra-expositis distincta. ANEURA GLAzIOVII Spruce n. sp. Dioica. Frondes e rhizomatle repente assurgentes, 1-2-pollicares, subplanæ, bipinnatæ; costa primaria sectione lanceolata, medio 16 cel- lulas crassa, undique limbo unistrato 4-5 cell. lato alata; pinnæ omnes lineares, subopposite ; pinnulæ costa 4-5 cell. crassa, limbo paulo latiore sub 6 cell. lato; cellule limbi majuscule subæquilateræ. Calyptra clavata tuberculis subaspera. Capsula magna ovali-cylindrica. — Caulis latitudo 1-0 mill., pinnularum “55 (sc. costa *15, utraque ala ‘2 mill.); calyptra 45 X 0-6 mill. Hab. Prope Rio Janeiro (GLaziou, n° 7069). — Ab A. prehensili e. a. certe diversa videtur. METZGERIA ALBINEA Spruce n. sp. Autoica, pusilla, prostrata, albido-pellucida, fronde semipollicari bis furcata, lineari vel hie illie constricta, apicibus obcordatis. Costa tenuis et diaphana, utraque facie cellulis magnis biseriatis operta, subtus pilis longis plus minus hirta. Pagina subplana, calva, margine recurvo tamen pilis binis divaricatis eiliato, vel hie illic subnudo; cellule majuscule subæquilatero-hexagonæ alte convexæ, pellucidæ et subvacuæ. Flores 9 rari, in furca sæpe insidentes, vix involuerati. Calyptra piriformi-cla- valà incurva carnosa, ubique pilis divergentibus, inferne paucioribus, CCII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. apice longioribus sparsa. Capsula alte exserta ovali-cylindriea. Andræ- cia perparva valde numerosa, globosa, calva; antheridia 2-4-na. Fron- dis latitudo 1:3, cellule $ - 5; calyptra 2:3 X 1:0; capsula 1:0 X 0*5 mill. Hab. Brasilia, prope Rio Janeiro (GrAziov, n° 1318). — Cum M. con- jugata Lindb. convenit florescentia autoica multo tenerior autem, palli- diorque, cellulis duplo majoribus insigniter prominulis, costa tenui diaphana, subtus cellulis biseriatis solum (nec 3-5-seriatis) operta, anthe- ridiis paucis; denique ab omnibus Metzgeriis hucusque cognitis cap- sula duplo longiore quam lata — nec ovali-globosa, vix paulo longiore quam lata — distat. METZGERIA PLANIUSCULA Spruce n. Sp. Dioica, pusilla, viridis, parce dichotoma, angulo vix rectangulari, ramis subinæquilongis. Frons linearis, sat lata, subundulata cæterum plana; costa angusta subteres, supra 2 cellulis, subtus 4 cellulis cortica- libus obtecta; pagina supra glabra, subtus vel glabra vel sæpius (idem ac costa) pilis longiusculis sparsa, margine vel calva vel hic illic pilis solitariis ciliolata; cellule pro genere parvæ, conformes et æquilatero- hexagonæ, parum chlorophyllosæ. Involucra parva obcordata complicala facie externa margineque crebre pilosa. Calyptra caulis latitudine sub- brevior, piriformis, incurva, tenuiter carnosa et pellucida, tota plus minus dense pilosa, Capsula oblongo-globosa. — Frondis lat. 1*6, cel- lule +; calyptra 1:3 X 0:5; capsula 0:5 x 0*4 mill. Hab. Prope Rio Janeiro, in cortice (GLAziov, n° 7394). — Est quasi M. furcate forma platyphylla, cellulis autem duplo minoribus, etc. , certe diversa species. — Eamdem speciem in Paraguay legit Balansa, sub n° 4334. Hepatica peruviana. FRULLANIA (METEORIOPSIS) SUBACULEATA Spruce n. sp. (« Frullania aculeata Tayl., LEcHLER, n° 2550 », false). Dioica, atro-purpurea, caule bipollicari bipinnato, pinnis brevibus, pinnulis paucis. Folia parum imbricata, caulina suberecta, ramea sub- patentia, in sieco julaceo-amplexicaulia, parvula, oblique cordato-ovala — vel solum semicordata — subabrupte et breviter tenui-acuminata, integerrima vel obsolete subserrata, tolo margine anguste recurvula, acumine recurvo vel incurvo; lobulus 4-plo brevior, digitiformis, cauli appressus ; cellule minutulæ, oblongæ, pachydermes, paucæ subbasales SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ. CCIII majores et saturalius coloratæ. Foliola subduplo breviora, lineari- oblonga, ad 4 bifida, dimidio supero uncinato-recurva, alis recurvulis, segmentis tenui-subulatis. Flores 9 in pinnis superioribus — rarius etiam in pinnulis — terminales. Bracteæ intime prælongæ, pallidi, E flexuosis, rude serratis, postico angustiore; bracteola complicata, ad 1 bifida, lobis tenuibus subintegerrimis. Perianthia inclusa, fusiformia, alte triquetra. Hab. Peruvia (LEcHLER, n° 2550). — Fr. aculeata T. (vera) certe distat caule fragili, laxe pinnato; foliis triangularibus, basi æqualiter biauriculato-cordatis, acumine prælongo subulato-selaceo, margine plano, lobulo minore, cellulis longioribus ; foliolis ad 4 bifidis, segmentis seta- ceis rectis ; bracteis bipartitis, laciniis setaceis pro m. integerrimis. appresse, ultra 4 bilobæ, lobis subæquilongis, subulato-acuminatis, Hepaticæ Argentinicæ. LEJEUNEA (HARPALEJEUNEA) LONGIBRACTEATA Spruce n. sp. Dioica, pusilla, pallidula, subopaca, caule semipollicari parce ramoso depresso-cespitoso. Folia subimbricata vel dissitula, e lobuli ascendentis apice divergentia, decurva, semiovata, plus minus subacuminata, obtu- sula, sinuato-complicata, lobulo triplo fere breviore, ovoideo, exciso- acuto; cellule minutulæ, subæquales, quarto circiter paulo supra basin exceptis, magnis, pellucidis, ocellum sistentibus, trigonis subnullis. Foliola minuta, foliis 4-plo breviora, caule vix latiora, obcordata, breviter biloba, lobis rotundatis patentibus. Flores Q in caule, innovatione con- tinuato. Bracteæ foliis plus quam dimidio longiores, suberectæ, planæ — interdum apice devexæ — complicato-bilobæ, ad plicaturam alatæ ; lobo oblique lanceolato acuminato acuto; lobulo paulo angustiore, duplo fere breviore, obtusato ; bracteola basi subconnata, obovata, retuso-truncata. — Folia 4 X -32, lobulus ‘15, cellule $; foliola ‘1 X ‘12; bracteæ lobus -65 X -32, bracteola *5 X “35 mill. Hab. In Republ. Argentina, prov. de Cordoba, sierra Achala, cerca de Puerto Alegre, ad truncos putrescentes cum L. Hieronymi associata (G. Hieronymus legit [n° 47] in herb. mus. Par.). LEJEUNEA (STREPSILEJEUNEA) HIERONYMI Spruce n. sp. Dioica, rufo-badia, prostrata, caule sesquipollicari paucirameo. Folia subimbricata, supra plicaturam semierectam divergentia, falcata, semi- cordato-ovala (subdimidiata) apice decurvo repandulo subapiculato- acuta; lobulus 4-plo brevior, subrhombeus, involutus, truncato-acutus ; CCIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. cellule minutulæ, planæ, subopacæ, inerassatæ, suboblongæ, trigonis parvis auctæ, inferiores sensim majores. Foliola vix duplo breviora con- tigua, subrotunda, ad + bifida, sinu angusto, segmentis subacutis. Flo- res f in spicis paucijugis, vel propriis, vel ramum terminantibus. — Folia -6 x *45, lobulus ‘15, cellule 3.5 foliola *35 x *32 mill. Hab. America Australi, in Republica Argentina(G. HIERONYMUS legit, cum Lej. longibracteata socia). — Aspectu L. austrine nob. similis differt florescentia dioica, foliis semper subapiculatis et lobulis multo minoribus. Hepatieze mexicane. LEJEUNEA (DREPANOLEJEUNEA) PUNCTULATA Spruce n. sp. Dioica, pusilla, pellucida, caule repente, 6"^ longo, parum ramoso. Folia sat magna, late patentia, subplana, a basi subrecte complicata sensim constricta oblique obovato-lanceolata, acuta, rarius obtusa, distan- ter inæqualiter dentata ; lobulus duplo brevior ovato-quadratus, ad cari- nam inflatus, dein appressus, truncatus, plerumque apiculatus; cellule parvæ, subrhombeæ, ad angulos vix incrassatæ, inferiores longiores rhom- boideo-hexagonæ, aliæ autem cujusque folii suboctonæ cæteris cellulis duplo majores, primum opacæ, demum pellucidæ, per folium sparse; plerumque biseriatæ, seriebus ab axi et margine utrinque subæquidistan- tibus. Foliola minuta, late cuneata, ad medium biloba, lobis divergenti- bus late subulatis, basi 3-4 cellulas latis. Flores Q in ramulo perbrevi, innovatione parva suffulti, terminales. Bracteæ foliis duplo breviores, erect, complicate, lobis lato-linearibus, inferiore sat breviore apice libero acuto; bracteola longe cuneata ad + bifida, segmentis acutis. Perianthia alte emersa, obconico-clavata, supra medium alte 5-cari- nata, truncata, carinis apice in cornua acute triangularia horizontaliter dilatatis. Andræcia ramis julaceis constantia; bracteæ plurijugæ, turgi- dulæ, paulo inæquilobæ, monandræ. — Folia "15x ‘38, lobulus 89, cellule $7; bracteæ ‘35 ; perianthia *85 X :38 mill. Hab. Mexico, in folio vivo (ANpnIEUX, in herb. Mus. Par., sub nom. « L. trematodes N. et M. »; qu: tamen differt foliis cuspidatis integer- rimis, foliolis magis profunde fissis, perianthiis brevioribus obovatis). FRULLANIA (THYOPSIELLA) BRACHYCARPA Spruce n. Sp. Dioica, Fr. brasiliensi peraffinis, foliisque eadem fere forma, valde concava tamen et sensim brevi-apiculata, lobulo tenui digitiformi. Foliola etiam parum diversa, Bracteæ Q foliis caulinis paulo longiores, SPRUCE. — HEPATICÆ NOVÆ AMERICANÆ TROPICÆ,. CCV multo latiores, concavæ, ad $ bilobæ; lobis cuspidatis, antico ovato, postico lanceolato bifido, lacinia exteriore subulata; bracteola magna ovali-orbiculata concavissima, ad $ fere bifida, segmentis acuminatis. Perianthia parum emersa, ruberrima (basi tamen bracteis obtecta scariosa), ovato-conica, ecarinata, ex apice angusto subabrupte longi- rostria, demum plurifida. — Folia 1:3 x *15, lobulus *3, cellule 4; foliola *85 X *55 (haud explanata) ; bracteæ 1:7, bracteola 1:6 X 1:35; perianthia 2*1 x 1:2 mill. Hab. Mexico, in prov. Oaxaca (Galeotti, 6997). — Fr. brasiliensis distare videtur bracteis spinuloso-dentatis, perianthio longiore, a basi angusta cylindracea, ex apice rotundo-dilatato abrupte rostellata. LEJEUNEA (TAXILEJEUNEA) LEPTOSCYPHA Spruce n. sp. Monoica, virescens, tenera; caulis reptans, sesquipollicaris, vage vel subpinnatim ramosus. Folia patentia, dissita vel vix imbricata, oblique semi-cordato-ovata, subabrupte apiculata acuminulatave, raro solum acuta, basin versus subsinuato-complicata; lobulus parvus inflatus, per- sepe subobsoletus; cellule mediocres leptodermes pellucidæ. Foliola plus duplo breviora, orbiculata, vix ad & bifida, sinu obtuso, segmentis subacutis. Flores Q in ramo brevi innovando terminales, pauci (1-3) cujusque rami. Bracteæ foliis minores, semilanceolatæ, subfalcatæ, acutæ, vix complicatæ, lobulo nullo vel perparvo lineari, apice denti- formi; bracteola longe brevior, oblonga, breviter bifida. Perianthia alte emersa, perangusta, clavata, supra medium 5-carinata, carinis altis compressis apice rotundo prominulis. Andræcia lateralia folio caulino vix æquilonga; bracteæ 3-juge. — Folia "1 X 5, cellule 3;; foliola '9 X 7955; perianthia 4:0 X 0:3 mill. Hab. Mexico (?) super Muscos laxe reptans in hb. Bescherelle). — L. flaccidæ G. affinis, distat forma foliorum, bractearum, et præ aliis perianthii. Iles Marquises. LEJEUNEA (EULEJEUNEA) JARDINI Spruce n. sp. Dioica, pusilla, virescens, caule tenui elongato, 1 — 1-pollicari vage ramoso. Folia dissita, patentia, subsemi-ovato-rotunda, subsinuato-com- plicata, lobulo triplo breviore rhombeo — ex incurvatione ovoideo-trun- cato, acuto, apiculatove, haud raro obsoleto; cellule parvæ pellucidæ leptodermes. Foliola preminuta, caule omnino velata, subrotunda, bifida, segmentis triangularibus. Flores in caule ramisque, innovati. CCVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Bracteæ erectæ, foliis æquales, breviter bilobæ, lobo obovato, lobulo complicato lineari; bracteola cuneato-lanceolata, ad £ bifida, segmentis acutis. Perianthia emersa, piriformi-oblonga, compressula, ex apice rotundato rostellata, obtuse 5-carinata. Flores J haud inveni. Hab. Insula Nukahiva (Marquesas), in Muscis repens (Ep. JARDIN). — Lejeunea pacifica Mont. certe differt florescentia monoica; foliis majoribus, longioribus; foliolis multo majoribus, ovalibus, profunde bifidis; perianthio longirostri. Explication des figures des planches XIII à XVII. PLANCHE XIII. Lejeunea (Harpalejeunea tridens). Fic. 1, Plantæ nat. magn.; — 2, caulis pars a fronte et 3, a tergo visa X 65; — 4-8, folia X 85; — 9, cellulæ folii X 290; — 10, 11, foliola X 64; — 12, foliolum X 85. PLANCHE XIV. Mylia antillana Carr. et Spruce. Fic. 1, Plante nat. magn.; — 2, caulis fertilis a fronte [visus X 31; — 3, ejusdem pars postice visa X 64;— 4, folii cellule X 290; — 5, foliolum X 85; — 6,7, bracteæ X 31; — 8,9, folia infrafloralia (s. bracteæ exteriores) X 31; — 10, perianthium X 31; — 11, 12, perianthii sectiones X 31; — 13, perianthii oris pars X 64; — 14, caulis g apex; — 15, bractea; — 16, antheridium : omnia X 85. PLANCHE XV. Lejeunea (Hygrolejeunea) leucosis. Fic. 1, Plante nat. magn.; — 2, ramus a fronte visus; — 3, caulis cum ra- mulo masculo postice visus X 24; — 4, folia X 64; — 5, cellulæ folii X 290; — 6, folii lobulus X 64; — 7-9, foliola X 24; — 10, foliolum X 64; — 11, bracteæ et (12) bracteola X 64; — 13, perianthium antice visum X 64; — 14, bractea g* X 64; — 15, antheridium X 85. PLANCHE XVI Lejeunea (Trachylejeunea) Germanii. Fic. 4, Plante nat. magn.; — 2, caulis pars cum ramulo femineo (simplice) X 24; — 3, caulis pars postice visa X 24; — 4,5, folia caulina X 24; — 6, f.[ rami X 64; — 7, cellulæ folii X 290; — 8, earumdem facies exterior papuloso-convexa in sectione; — 9, 10, foliola X 24; — 11, foliolum X 64; — 12, 13, bracteæ X 24; — 14, bracteola X 25; — 15, 16, foliola subfloralia X 24. PEXHI Congrès botanique de 1889 . br E. Bcnard del UH Pearson del | Lejeunea (Harpa-Lej ) tridens. Congrès botanique de 1889 PI. XIV Mylia antillana Congres botanique de 1883 PLAV Lejeunea (Hygrol.) leucosis . Congrés botanique de 1889 1 WH Pearson del. Le jeunea ( Trachyl ) Germani . Congres botanique de 1889 PE XVI 15 WH Pearson del E Bonard del. Geocalyx orientalis REINSCH. — GROSSISSEMENT DES FIGURES MICROSCOPIQUES. CCVII PLANCHE XVII. Geocalyx | orientalis. Fic. 1, Plantæ nat. magn.; — 2, caulis cum foliis a fronte visus ; — 3, caulis d cum foliis foliolisque postice visus ; — 4, marsupium, s. perigynium, et etiam ramulus g^; — 5-9, folia; — 10, cellule folii; — 11, 12, foliola; — 13, involucrum Q ; — 14, marsupii sectio transversa; — 15, bractea g^, cum 16, bracteola; — 17, antheridium. Omnes figure auctæ, præter fig. 1. INTRODUCTION D'UNE ÉCHELLE UNIVERSELLE DE GROSSISSEMENT DES FIGURES MICROSCOPIQUES, par M. P.-F. REINSCH. Jusqu'iei chaque micrographe s'est servi d'une échelle arbitraire pour ses figures. Le dessin à la chambre claire fournit bien, pour une méme combinaison d'objectif et d'oculaire, un grossissement constant de l'objet figuré ; mais les microscopes des divers constructeurs différent beaucoup entre eux, et les grossissements des systémes d'objectifs et d'oculaires ne progressent pas dans la méme mesure. Aussi lindication de l'oculaire et de l'objectif employés, que les auteurs marquent sur leurs figures, ne renseigne-t-elle pas ceux qui n'ont pas à leur disposition le méme mi- croscope. Pour les figures anatomiques et biologiques, le grossissement n'a pas la même importance que pour les figures systématiques. D'après les nou- velles bases adoptées par la description systématique des plantes micro- scopiques, il est de la plus grande importance de donner les dimensions en valeur absolue. On est enfin convenu d'une unité de mesure applicable aux mensurations microscopiques : on a choisi le milliéme de milli- mètre, un micromillimètre — 4 p. Cette convention permet d'éviter de fréquents malentendus dans la détermination systématique des Algues et des Champignons microscopiques, et de bannir des ouvrages phytogra- phiques des unités de mesure incommodes, ainsi que les fractions déci- males et fractions ordinaires composées de quatre ou cinq chiffres. Il est également à désirer qu'une échelle de grossissement, univer- sellement adoptée, soit basée sur une unité invariable. Il serait naturel de rapporter la base des mensurations à la méme unilé que les valeurs numériques de mensurations. Dans ce cas encore, c'est naturellement le u qui serait recommandable. Chaque micrographe, qui se livre aux études systématiques, sait que les mensurations sont indispensables pour comparer aux figures publiées les spécimens d'Algues et de Champignons microscopiques. Ce travail est compliqué par l'hétérogénéité des gros- CCVIIL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. sissements employés par les auteurs, et il faut recourir à de longs calculs pour trouver Jes valeurs numériques absolues qui sont demandées. Pour dessiner les figures conformément à la base des mensurations, ou bien si l'on dessine à la chambre claire, il faut ramener le micro- scope au grossissement voulu. On y arrive aisément en tirant ou en abais- sant le tube de la lunette. En prenant le y pour unité de grossissement, on peut recommander les grossissements suivants : Grossissements en y. : Coefficients. 2500 (Dimens. de la figure) divisé par 2,5 — n y (valeur absolue). 2000 — 0x 1500 — 15--nu 1000 multiplié par 1 =ne 500 — 2 =ne 250 — 4 = nu 200 — 3) em hg 125 — S — nu 100 — IU =ni On ne peut considérer comme pratiques que les coefficients qui, mul- tipliant ou divisant 1000, fournissent comme produit ou comme quotient des nombres entiers. On obtient les grossissements supérieurs à 1000 en multipliant 1000 par le coefficient; on obtient les grossissements infé- rieurs à 1000 en divisant 1000 par le coefficient. Entre 500 et 250, non plus qu'entre 200 et 125, il n'existe malheureusement pas de nombre entier, les grossissements tels que 333,3 (pour le premier cas), ou 166,0 (pour le dernier) sont inacceptables. L'échelle qui précède, représentant les grossissements qu'il est possible d'exprimer en nombres entiers, répondra à tous les besoins des figures microscopiques. TECHNIQUE APPLICABLE A L'ÉTUDE DES SAPROLÉGNIÉES, par M. Mareus HARTOG. Dans le cours des recherches que j'ai entreprises depuis plusieurs années au sujet de la famille des Saprolégniées, j'ai été amené à faire l'essai de nombreux procédés de fixation et de coloration. Je me propose de faire connaitre dans cette Note la marche qui m'a conduit aux meil- leurs résultats et que je crois pouvoir recommander aux botanistes qui se livrent à des études analogues. A. Fixation. — J'ai adopté comme fixatif la solution saturée de sublimé corrosif. Après traitement par ce réactif on lave à l'eau, puis on passe à l'alcool absolu. CLOS. — LOBATIONS OU ANOMALIES DE FEUILLES SIMPLES. CCIX * B. Coloration. — On colore à la solution de carmin boracique de Naples, et on décolore par la solution alcooliqne d'acide acétique cristal- lisable. Cette coloration réussit mieux à la suite d'une trés légère action d'une solution alcoolique de nigrosine trés faiblement acidulée. Elle est complétée par une seconde coloration plus intense à la nigrosine. C. Montage. — 1°. Dans la solution de sulfophénate de zinc et glycé- rine mélangés à parties égales. — Pour cela l'objet est placé dans une goutte d'eau que l’on addilionne trés lentement du liquide conservateur. 2° Dans le baume, — L'objet est placé dans de l'alcool absolu, auquel on substitue goutte à goutte du xylol phéniqué, dans la proportion de 3 de xylol pour 1 d'acide phénique; de temps à autre on décante le superflu. La substitution terminée, on ajoute quelques fragments de résine de baume du Canada. Au bout de vingt-quatre heures, la dissolu- lion est compléte; il ne reste plus qu'à couvrir la préparation el à la sécher au bain- marie. Cette méthode déforme les organes sexuels. 3 Dans l'essence de santal jaune. — La substitution de l'essence à l'aleool s'opére trés graduellement, absolument comme pour le xylol. Quand elle est achevée, on termine la préparation en la scellant avec le ciment à chaud pour verre, dit coaguline. LOBATIONS OU ANOMALIES DE FEUILLES SIMPLES, par M. D. CLOS. Dans un précédent travail, intitulé : Variations ou anomalies des feuilles composées (1), j'ai montré que la plupart des cas rapportés à des soudures anomales de feuilles étaient dus à des lobations ou dédouble- ments, soit complets, soit incomplets, collatéraux ou parallèles. La présente élude a pour but d'étendre cette interprétation aux feuilles simples offrant accidentellement des scissures, et d'établir que cette anomalie dénote parfois le passage de l'opposition à l'alternance. Rappelons d'abord que rien ne prouve la soudure originelle des feuilles normalement bilobées des Bauhinia et des Cliffortia, pas plus que de celles qu'ont décrites et figurées comme telles, Bonnet pour le Grenadier (Recherches sur l'usage des feuilles, pl. XXX, f. 2), de Candolle pour le Justicia oxyphylla et le Laurier commun (Organ. vég., pl. XVII, f. 3, et pl. XLVII, f. 2), et M. Masters pour l Ulmus montana (Veget. Terat., f. 184). Mais longtemps encore sans doute ces idées outrées de soudure auront cours dans la science. I. Multiplication et lobation des cotylédons. — M. Delavaud d'une (1) Imprimé dans les Mémoires de l'Académie des sciences, etc.,de Toulouse, 1° sér., t. VIU, avec 3 planches. T. KXXVIE 4 PCE CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. part (in Bull. Soc. bot. de Fr., VIII, 287), Musset de l'autre (voy. Mém. Acad. des sciences de Toulouse, 1* sér., VITI, 121-138), ont décrit avec soin les faits de ce genre dont l'Érable Sycomore offre de si fréquents exemples. J'en ai constaté de semblables chez le Diospyros virginiana. Parmi les nombreuses plantules nées spontanément dans les plates- bandes de l'École de botanique de Toulouse, à la suite de la dissémina- tion des fruits d'un gros pied de cette espèce de Plaqueminier, la plupart montraient les deux cotylédons normaux, quelques-unes en avaient trois, soit verticillés, soit disposés de telle sorte que le troisième naissait immé- diatement au-dessous de l'un des deux opposés. Chez d'autres, il n'y avait que deux cotylédons, l'un d'eux étant parinervié et bilobé, soit au sommet, soit dans la moitié de sa longueur. Où trouver des faits plus probants du passage de la lobation au dédoublement complet ? Un embryon germant d' Atriplex patula offrait d'un côté de la tige un seul cotylédon et de l'autre deux cotylédons géminés, opposés au pre- mier et provenant d'un dédoublement, car le bourgeon axillaire occupait exactement l'intervalle compris entre ces deux collatéraux. II. Lobation anormale de feuilles. — Une feuille de ce joli petit arbre, aujourd'hui répandu dans toutes les collections, le Sparmannia d'Afrique, avait perdu sa forme habituelle ou en cœur pour prendre celle de beaucoup de Bauhinia, montrant deux grands lobes latéraux séparés par trois nervures, une médiane et deux latérales incurvées, et tendant à reproduire le phénomène normal offert par les Bauhinia, parle Diphylleia cymosa (voy. Michaux, Flora boreali-amer., 19 et 20). Une feuille de Platanus occidentalis était également réduite à deux ailes latérales. II. Cas de lobation subnormale.— Les faits de bifurcation de feuilles normalement indivises, faits n'entrainant aucune autre déviation appa- rente de la plante, sont assez communs. J'ai cité ailleurs l'Anemiopsis californica et l'Orchis maculata, qu'il faut ajouter aux exemples bien connus de Nerium, Scolopendrium, etc. Mais ils acquièrent un intérêt spécial, quand ils coincident avec quelque autre particularité ou qu'ils sont l'indice d'une supernutrition. Je rappellerai d'abord que les jeunes feuilles du Saxifraga lingulata offrent souvent un phénomène décrit et figuré par Wydler. A la suite de la gaine le pétiole s'aplatit, s'élargit à partir du milieu et se termine par deux limbes collatéraux concaves, denticulés, adossés par les cótés internes entre lesquels court la nervure, continuation des faisceaux fibro- vasculaires du pétiole; parfois cette nervure se termine par 2-3 petits ]imbes cucullés et denticulés. Les exostoses des branches des Jujubiers émettent des rameaux fasci- CLOS. — LOBATIONS OU ANOMALIES DE FEUILLES SIMPLES. CCXI culés sur deux desquels j'ai vu les feuilles augmenter par degrés de grandeur, à partir des basilaires oü elles étaient arrondies, devenir ovales jusqu'à la huitième ou neuvième, représentant le maximum de dévelop- pement. En général celle-ci reste entière et ovale, mais dans deux cas elle était bifurquée en deux lobes égaux (et alors trinerviés), ou inégaux (dont l’un à deux nervures); les feuilles suivantes décroissant insensi- blement vers le haut du rameau. Un bel arbuste de la famille des Euphorbiacées, le Borya ligustrina, m'a présenté deux années de suite plusieurs des feuilles alternes ou opposées de ses rameaux gourmands, surtout vers le sommet de ceux-ci, binerviées et à deux lobes égaux ou inégaux; l'une d'elles était méme trinerviée et trifide. Une branche portait au méme niveau trois feuilles, une d'un côté, deux géminées de l'autre, celles-ci occupant la place d'une seule et représentant le dernier terme de la lobation ou la partition. Les feuilles des rameaux àgés n'offrent rien de semblable, étant toutes indivises. En ce cas, comme chez le Jujubier, la lobation est l’indice d’une exu- bérance de nutrition. Voici encore une Rubiacée, fréquente dans les haies de plusieurs contrées de la France, le Rubia peregrina, dont les verticilles montrent parfois une ou deux de leurs feuilles parcourues par deux nervures lon- gitudinales et rétuses au sommet. Dans les deux dernières plantes citées le phénomène est normal, mais dans la première la binervation est presque toujours accompagnée de bilobation, et, dans la seconde, d’une simple échancrure du sommet de l'organe. On sait que le Phaseolus heterophyllus W. a sa foliole médiane entière lancéolée, et les deux latérales chacune à deux lobes inégaux. IV. Ascidies. — M. Maxwell T. Masters dressait, en 1869, la liste des cas alors connus d'ascidies, et dans le nombre des espéces ayant jusqu'a- lors offert ces singulières productions ne figure aucune Hippocastanée. L'an passé, un botaniste attirait mon attention sur une ascidie assez longuement stipitée, se détachant de la nervure moyenne inférieure d'une foliole d’un Pavia (Calothyrsus) californica, en un point peu éloigné du sommet. Bientót je constatais le méme fait sur une foliole d'une autre feuille du méme pied, et enfin une troisième foliole de cel arbre émet- tait, toujours de la nervure médiane inférieure, un filament libre, long de 2 centimétres, subulé et dont la pointe était dépourvue d'ascidie. : On sait que les ascidies ne sont pas rares chez le Staphylea colchica el le Caragana Chamlagu. CCXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION DE LA CHALEUR SOLAIRE SUR LES ENVELOPPES FLORALES, par M. E. ROZE. Il est certaines questions qu'il est permis de se poser, quelque diffi- culté que l'on ait à les résoudre. Aiusi, on peut se demander s'il est possible de donner une explication de la grande diversité de coloris que présentent les fleurs des végétaux supérieurs. On a cru le faire en attri- buant à ce coloris varié, ainsi qu'aux nectaires, un certain pouvoir attractif sur les insectes, agents inconscients des fécondations croisées. Mais il faut avouer que ce ne serait là, en somme, qu'un avantage indi- rect pour la plante, d'autant plus qu'il n'en restera pas moins à connaitre pourquoi les enveloppes florales d'une espéce quelconque présentent telle ou telle coloration, pourquoi une telle différence de teintes dans les espéces d'un méme genre, pourquoi cette dégradation des couleurs chez les variétés d'une méme espéce. Le probléme est trés complexe. Je me suis contenté de chercher à résoudre une question plus générale: la chaleur solaire ne produirait- elle pas une action de force variable suivant les couleurs mémes des pé- rianthes ou des corolles ? J'ai dà reconnaitre, aprés divers essais de constatations calorimé- triques, qu'il serait difficile d'obtenir des résultats trés nels. Mais je puis dire que ce qui s'observe aisément, c'est que lorsqu'on expose brusque- ment à la radiation solaire une fleur tenue à l'ombre, cette fleur absorbe d'abord une certaine quantité de chaleur, puis trés rapidement dégage une grande partie de ce calorique, et que, remise à l'ombre, elle perd graduellement et assez vite le calorique absorbé pour se remettre en équilibre avec la température de l'air ambiant. Toutefois, que de varia- tions thermiques se succédent pendant la durée de l'action de la radia- tion solaire, en raison des vapeurs, des nuages, des refroidissements subits causés par la brise, le vent, etc.! D'un autre cóté, si l'on établit des comparaisons avec des résultats fournis par des fleurs de différentes espèces, on peut craindre que la longueur, la largeur, l'épaisseur, la forme méme des enveloppes florales ne donnent lieu à des déductions discutables. Il convient donc de prendre des précautions assez minu- tieuses pour éviter toute erreur. Je fais, par suite, quelques réserves sur ce que j'ai eru pouvoir noter, à savoir que les enveloppes florales de couleur rouge ou violette, absorbaient et émettaient plus de rayons calo- rifiques que celles de couleur bleue ou jaune, et ces derniéres que celles de couleur blanche. Ainsi, lorsque le thermomètre suspendu sur les ROZE. — ACTION DE LA CHALEUR SOLAIRE. CCXIII premiéres, en passant de l'ombre au soleil, montait de plus de 8 degrés, il n'aecusait que 6 à 7 degrés pour les secondes et 5 à 6 degrés pour les troisièmes. Peut-être trouverait-on une explication de ce fait dans la constitution méme du tissu des pétales diversement colorés? Dans tous les cas, si l'on compare ces résultats avec ceux que donnent des feuilles vertes, placées et observées dans les mêmes conditions, on constate que si les feuilles s'échauffent presque au méme degré que les pétales, elles n'émetteut que trés peu de rayons calorifiques, le thermomètre ne dépas- sant alors la température de l'air que de 2 ou 3 degrés au plus. Cela résulte cerlainement de la moins grande faculté d'évaporation dont se trouve douée la feuille comparée à la corolle. Quoi qu'il en soit, ne retenons que le fait de cette émission de rayons calorifiques qui a lieu dans l'intérieur des corolles ou des périanthes diversement colorés, exposés à la lumiére du soleil. On comprend que l'action de la chaleur solaire, augmentée de celle du rayonnement des enveloppes florales, se fera plus vivement sentir sur les étamines et aura pour effet de provoquer la déhiscence des anthéres et d'aider à la dissé- mination des grains de pollen. D'oü cet avantage qu'ont les fleurs pé- rianthées sur les fleurs sans périanthe, de profiter doublement de leur enveloppe protectrice. Quant aux plantes qui fleurissent à l'ombre, on peut dire qu'elles doivent étre constituées de telle sorte que leurs fleurs n'ont pas besoin de s'aider de cette action calorifique. Mais on s'explique aussi que les inflorescences en panicules, en ombelles, en capitules, se trouvent trés favorablement disposées pour tirer profit de la chaleur solaire, parce que, malgré la petitesse assez ordinaire de leurs organes floraux, le rapprochement ou la réunion de leurs fleurs produit dans leur ensemble les mémes effets que ceux qu'on observe sur les fleurs séparées de plus grande dimension. Enfin, le méme phénoméne ne se fait. pas seulement remarquer sur les fleurs ouvertes ou à divisions étalées, il a également lieu dans les fleurs fermées, telles que celles de certaines Bor- raginées, Rhinanthacées, Scrophularinées et Légumineuses. Et il est permis de supposer que cette élévation de température dans un espace clos a probablement une plus grande importance physiologique. Il me reste à parler d'un autre phénomène, produit par la chaleur solaire, qui se fait sentir sur la plante tout entière et par suite sur ses fleurs, même si elles sont trés petites. Il s'agit de l'échauffement du sol et de l'absorption du calorique terrestre par les végétaux qui pps ans a sa surface. Je m'en suis aperçu fortuitement dans mes recherches. J'avais noté que le thermométre suspendu dans une corolle de Papaver Rhœas m'avait donné, à l'ombre 20 degrés et au soleil 28 degrés, la pT ture de Pair au soleil étant de 24 degrés; je pensai, un quart d'heure aprés, qu'il serait intéressant de vérifier quelle était alors la chaleur CCXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. propre de la corolle. La délicatesse des pétales ne me permettant pas d'appliquer la base du thermométre sur l'un d'eux, je détachai la fleur et la plagai en expérience sur le sol herbeux qui était vivement ensoleillé. Je fus trés surpris de voir le thermométre monter peu à peu jusqu'à 48 degrés. La température de l'air au soleil avait, il est vrai, varié depuis l'observation premiére : elle s'était élevée de 24 à 28 degrés; mais d'oü provenait cette différence de 20 degrés? Il me vint à l'idée que cette différence ne pouvait résulter que de l'échauffement du sol sur lequel j'opérais. Je m'en assurai, en effet, en appliquant l'instrument, d'abord sur une feuille de Plantago major étalée au niveau du sol, puis sur une feuille d'Hypocheris radicata tout à fait appliquée sur la terre : le ther- momètre marqua 44 degrés pour la première et 46 degrés pour la seconde. On voit que la température de la corolle du Coquelicot était elle-même un peu plus élevée : je crois avoir donné plus haut l'explication de cette différence. Je n'ai pas encore eule temps de faire quelques observations du méme ordre sur les plantes aquatiques à fleurs nageantes ou isolées sur l'eau. Il y aurait encore là des constatations à faire qui ne manqueraient peut- être pas d'intérét, en raison du milieu méme où s'effectuerait l'action de la lumière solaire. OBSERVATIONS PHYSIOLOGIQUES SUR UN (ENOTHERA DES NEILGHERIES, par M. LÉVEILLÉ. Cette intéressante Onagrariée, nommée en tamoul « Arou Mani Pou » et en anglais « Evening's primrose », habite à une altitude de 4000 à 6000 pieds. Ce n'est pas la premiére fois que je la rencontre sur les mon- tagnes de l'Inde; on la rencontre, en effet, non seulement sur la chaine des Ghattes occidentales, mais encore dans les Ghattes orientales. Jus- qu'ici, je n'avais été frappé que de l'heure de son épanouissement et de son passage du blanc au rose, ce n'est qu'il y a quelque temps que je fus amené à examiner de prés et patiemment le mode d'ouverture de cette fleur. Voici les principaux caractères de la plante : Calice gamosépale, à quatre divisions en forme de languettes soudées ensemble par le sommet, puis se séparant aprés la fermeture de la fleur pour demeurer soudées deux à deux. Corolle dialypétale, grande, à quatre pétales obovales émarginés ; fleurs solitaires, généralement une seule fleur fleurissant snr la tige qui peut donner jusqu'à cinq ou six fleurs; corolle aprés fleuraison, plissée puis contournée, passant du blanc immaculé au rose tendre, puis au rouge vineux, ainsi que les calices, Plusieurs fleurs toutefois semblent LÉVEILLÉ. — SUR UN (ENOTHERA DES NEILGUERIES. CCXV n'être pas changeantes : ce serait done une variété d'une méme espèce; d'ailleurs elles ne présentent aucune autre dissemblance et sont mêlées aux fleurs changeantes. Ces fleurs qui demeurent blanches sont moins vite flélries que les autres. Le passage du blanc au rouge, pour les fleurs changeantes, s'opère assez lentement, en dix à douze heures ; générale- ment de six heures du soir à six heures du matin, — Huit étamines paraissant disposées sur un seul rang; quatre opposées, quatre alternes ; style à stigmate quadrifide, à divisions étalées, pollen jaune pâle, ovaire infère, ovules trés nombreux, horizontaux, placentalion centrale. — Fruit hérissé, ailé, à côtes (quatre ailes, quatre côtes) s'ouvrant par quatre valves, en forme de barette à quatre cornes. — Feuilles lancéo- lées, presque sessiles, décurrentes, alternes, pubescentes. Tige de 10 à 25 centimètres, ramifiée souvent dés la base, redressée, arrondie, héris- sée. Racine charnue, pivotante, longue. La fécondation commence avant l'ouverture de la fleur, se poursuit durant l'épanouissement et se ter- mine après la fermeture. Les stigmates se réfléchissent pour toucher les anthères ; d’ailleurs, ainsi que nous le verrons dans la suite de cette étude, les stigmates, dans le bouton, sont à peu près au niveau des éta- mines et sont repliés au lieu d’être étalés. Voici maintenant l'exposé des mouvements de cette fleur au moment de son ouverture. Le phénomène commence quelques minutes avant six heures. On remarque dans la plante un léger mouvement ; généralement à six heures dix minutes, six heures un quart tont est terminé; parfois, à cause des résistances que rencontre la fleur, l'épanouissement peut durer une demi-heure, une fois méme j'ai vu une fleur qui ne termina son évolution qu'à sept heures. Voici l'ordre de succession des différents mouvements : d'abord le calice se meut, puis c'est la corolle, ensuite les styles, enfin les étamines. Mais, ainsi que nous le verrons, ces mou- vements ne sont pas exactement séparés, mais empiétent les uns sur les autres, Les sépales commencent. à se séparer sur un point et à se déjeter du méme cóté en glissant sur les pétales et en restant soudés par le sommet seulement, leur partie inférieure demeurant libre : la tige éprouve alors une sorte de tremblement fébrile. On sent que la plante lutte. Que faut-il en effet? Il faut vaincre la résistance du calice qui enserre la fleur. À cet effet, les pétales exercent une pression contreles sépales qui se contractent dans leur partie libre, les stigmates horizontaux s'arc-bou- tent contre les pétales qui forment d'abord en se desserrant, un étroit hoyau, puis un conduit plus grand qui permet d'apercevoir les organes intérieurs; le conduit ainsi formé va en s'élargissant, les pièces de la corolle qui se recouvraient bords par bords se détachent lentement, parfois par petits soubresauts; là corolle est à demi épanouie. Bientôt CCXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. le style s'agite, le calice glissant toujours sur la corolle lui permet de prendre sa place au milieu de la fleur; alors on le voit opérer un léger mouvement d'ascension, puis se diriger et se fixer au milieu de la fleur : les stigmates sont ordinairement surchargés de pollen; la corolle se détend de plus en plus; alors les étamines prennent leurs places respec- tives en dégageant leurs anthéres mélées les unes aux autres. A cet effet, on voit les filets formant un paquet se déméler et se redresser; les an- thères repliées le long du filet prennent leur position d'équilibre ; enfin un dernier glissement des extrémités du calice détermine parfois une légère secousse. Alors la fleur est ouverte presque entièrement : il ne reste plus aux pétales qu'à s'abaisser doucement. Les sépales forment autour du pédoncule, en se réfléchissant, une sorte de revétement comine chez plusieurs espèces de Ranunculus, tandis que leurs extrémités tou- jours soudées et déjetées d'un méme côté affectent la forme de cuiller se terminant en pointe et formant un angle droit avec la tige. Reste enfin l'aménagement intérieur de la fleur en vue d'une symétrie parfaile; des intervalles égaux séparent les organes ; les stigmates deviennent rigou- reusement droits et perpendiculaires au style. Ainsi donc, on peut remarquer successivement: d'abord une rupture, puis un mouvement par glissement, une dilatation et des déplacements dus à l'élasticité des organes. Le vent ne parait pas influer, au moins d'une maniére notable, sur les mouvements de la fleur. Le lendemain la fleur est fermée, et durant le courant de la journée, , . ° ý d " ` qu'elle soit passée au rose ou non, elle se dessèche. Ephémère, elle a duré une nuit. UN NOUVEAU GENRE DE LILIACÉES (LINDNERIA Th. Dur. et Lubbers), par M. Th. DURAND. Dans le courant de l'année 1886, M. O. Lindner, de Bruxelles, étant au cap de Bonne-Espérance, fit un court voyage d'exploration dans le Dammaraland. Il en rapporta un certain nombre de plantes sèches el vivantes dont il a gracieusement fait don au Jardin botanique de l'Etat. Une Liliacée de cette collection, ayant fleuri en 1888, avait fortement frappé mon collégue M. Lubbers, chef des cultures, qui avait tout de suite reconnu qu'elle différait sensiblement de toutes les autres plantes de la tribu des Aloinec. Cette espèce, d'un aspect fort ornemental, ayant de nouveau fleuri celle année, nous l'avons étudiée attentivement et nous avons reconnu qu'elle était nouvelle, méme comme genre, DURAND. — UN NOUVEAU GENRE DE LILIACÉES (LINDNERIA). CCXVIT Pour plus de certitude, nous avons soumis notre plante à l'éminent botaniste de Paris M. le D" H. Baillon, qui, aprés examen, a confirmé notre maniére de voir. Nous ne pouvions mieux faire que de lui donner le nom de celui qui l'a découverte. LiNDNERIA Th. Dur. et Lubb. (gen. nov.). Fleurs grandes (3-4 centimètres de long.), nombreuses (50-80), en grappe spiciforme de 20-25 centimètres de longueur, dressées, puis pen- chées et enfin redressées aprés l'anthése. Périanthe à divisions soudées en tube dans les deux tiers de sa lon- gueur, incurvé, vert, à six divisions subétalées, ovales-subarrondies, d'un gris verdàtre, avec cinq stries d'un vert plus foncé au milieu, les divi- sions externes un peu plus étroites. Etamines insérées à l'entrée de la gorge du tube, d'un gris verdàtre, opposées aux divisions du périanthe et un peu plus courtes; anthéres oblongues, dorsifixes ; filaments minces, élargis de la base au sommet. Style dépassant sensiblement les divisions du périanthe, gris verdâtre; stigmate obscurément trilobé, à papilles grandes et nombreuses. Ovaire libre, oblong-ovoide, obscurément triangulaire, à trois lobes, à ovules nombreux. Pruit Pédoncules longs (4-5 centimètres), articulés, assez épais et sensible- ment renflés à la base, munis d’une bractée largement linéaire subam- plexicaule, plus ou moins scarieuse, atteignant la moitié de leur longueur, et de deux bractées latérales de moitié plus petites, scarieuses. Feuilles toutes radicales, peu nombreuses (6-8), semi-amplexicaules, épaisses, charnues, entières, vert glauque et pruineuses, longues (35- 90 centimètres), redressées puis courbées au sommet, atténuées graduel- lement en pointe aiguë, se détruisant après la floraison en laissant d'abon- dantes fibrilles qui entourent le bulbe. Bulbe gros, écailleux. Hampe florale dépassant longuement les feuilles (1 à 1 1/2 mètre de hauteur), droite, cylindrique, d'un vert glauque, plus ou moins profondément canaliculée, et bossuée dans sa partie supè- rieure par des mamelons qui supportent les pédoncules, terminée par de petites fleurs atrophiées et un bouquet de bractées chevelues. LiNDNERIA FibRILLOSA Th. Dur. et Lubb. (sp. unica). Hab. Dammaraland (Afr. austr.) (Lindner). Ce nouveau genre, voisin des Lomatophyllum, se distingue à pre- mière vue de tous les genres de la tribu des Aloinee par son bulbe et la forme du périanthe. CCXVII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Explication des fizures de la planche XVII. Lindneria fibrillosa Th. Dur. et Lubb. Fic. 1. — Plante complète réduite. Fic. 2. — Insertion des pédicelles et bractées. Fic. 3. — Fleur (coupe longitudinale). Fic. 4. — Partie de fleur étalée. Fic. 5. — Étamine vue de face. Fic. 6. — Étamine vue de dos. Fic. 7. — Grain de pollen fortement grossi. NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE RARES, NOUVELLES OU PEU CONNUES (1); par M. BATTANDIER. * Clematis baleariea Rich.— Tlemcen. Couvre quelques Oliviers sur le bord de la route qui va aux cascades. Je considère cette plante comme une variété du Cl. cirrosa, mais non comme une forme appauvrie, car à Tlemcen elle est aussi plantureuse que le type. Ranunculus pusillus Pomel. — Djebel Ouach (Julien). Ranunculus lateriflorus DC. — Mares dans les prairies du djebel Dréat, juin; djebel Ouach (Julien). Ranunculus procerus Moris. — Commun de Taourirt-Iril à El Kseur, dans la Kabylie orientale. Fumaria longipes Cosson et Durieu. — Nemours. Sisymbrium Columnæ Jacquin. — Djebel Filhausen. Matthiola lunata DC. — El Achir, prov. Conslantine. Matthiola oxyceras DC. — Trouvé, peut-être accidentel, à Sidi Aich (Kabylie orientale). CAMELINA Crantz. — Sectio nova brassicoides. Siliquæ valvis muticis, apice juxta stylum haud productis; cotyledonibus incumbentibus. Camelina Soulieri nov. spec. Annua, glaberrima, caule robusto, crasso, fistuloso, lævissimo, ra- moso ramis ereclo-patulis; foliis pro genere amplissimis, carnosulis, pruinosis ; infimis oblongo-dentatis ; cæteris cordatis, obtusissimis, Inte- gris vel parce dentatis amplexicaulibus; supremis sæpe rotundato-den- tatis, bracteiformibus; racemis longis, multifloris, floribus majusculis; (1) Les plantes marquées d'un astérisque sont nouvelles pour l'Algérie; Congrès Botanique de 1889 PI. XVII Du 1pCk del /mp Becquet fr. Bris. AZisseron th LINDNERIA FIBRILLOSA. Th Dur.et Lubb BATTANDIER. — NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. CCXIX petalis 7 millim. longis, 3 millim. latis, limbo obovato; glandulis epi- gynis 2, in sicco conspicuis ; siliculis oblongis, inflatis, basi attenuatis, stylo triplo longioribus, pedunculo duplo triplove brevioribus; stigmate capitato. Habitat in ditione Sersou, inter Teniet-el-Haad et Tiaret, ubi aprili 1889 ab amicissimo doctore Soulié inventa fuit. Specimina duo, imma- tura tantum vidi. Reseda Duriæana Gay. — Bibans. Cistus ladanifero-monspessulanus Loret. — Hybride exactement intermédiaire pour tous ses caractéres, sauf la capsule que je n'ai pu voir, entre ses parents. Cette plante a été trouvée par un zélé botaniste, M. Coutan, dont il sera plusieurs fois question dans le cours de cette communication. Il l'a trouvée sur la montagne Sarcab, aux environs de Cherchel, non loin du bourg de Novi, au milieu des cistées de C. mons- peliensis qu'elle dépassait largement, et non loin du C. ladaniferus. Les fleurs ont 3 centimètres de diamètre. Elle pousse en rares pieds isolés. Halimium umbellatum Spach. — Commun dans les bois au-dessus de Tlemcen, sur la route de Terni. Malope malachoides L. — Kabylie orientale. Lavatera flava Desf. Fl. Atl. — Terres argileuses aux abords de la Tafna, prov. d'Oran. C'est bien à tort que dans la Flore d'Algérie je n'ai signalé cette plante qu'en Tunisie. * Hypericum zegyptiacum L. — Cette espèce, dont j'ignorais lexis- tence en Algérie, m'a été communiquée de Laghouat par M. le D' Cha- hert. D’après les renseignements qu'il a bien voulu me donner, elle y avait été cueillie par notre regretté collègue le D" Reboud, et elle ne serait point rare dans le Hodna. Geranium bohemicum L. — De Taourirt Iril à EI-Kseur. Erodium tordylioides Desf. — Les fleurs de cette plante sont rosées et non bleuâtres, comme elles paraissent l’être sur le sec. Les deux pé- tales supérieurs sont généralement tachés de pourpre. Elle a l’odeur et l'indumentum de l'E. moschatum, dont elle est assez voisine. Elle habite les grands escarpements voisins des cascades à Tlemcen, en com- pagnie du Sarcocapnos crassifolia, de l'Anthyllis polycephala, du Polygala oxycoccoides, etc. * Linum narbonense L. — Cette plantea été trouvée plusieurs années de suite dans les broussailles aux environs de Cherchel, par M. Coutan, avec toute l'apparence d'une plante spontanée. CCXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Silene seabrida Soyer-Willemet et Godron. -— Rocher de Sel (De- laage), Batna (Lx). Silene neglecta Tenore. — Trés commun sur le bord de la route de Taourirt-Iril à El-Kseur. J'ai toujours vu en Algérie le calice de cette J $ plante grossièrement nervié en réseau, contrairement aux descriptions. Eudianthe corsica Reichenbach ; Lychnis corsica Loiseleur ; Silene Loiseleurii Gren. et Godron. — Prairies sous le bordj de Taourirt-fril. Juin. Cette plante se trouve là mêlée avec les E. leta et Coli-Rosa. J'ai presque toujours reçu sous le nom de Silene Loiseleurii, soit l'Eu- dianthe leta, soit VE. Celi-Rosa. Cependant je ne connais pas d'espèce plus tranchée que lE. corsica. Montia fontana L. var. — Íl existe dans les ruisseaux du sommet du Dréat, une curieuse forme de Montia, ne poussant pas en touffes, à tiges robustes et rouges, à trés grandes feuilles un peu charnues et à gros fruits. * Ononis minutissima L. — Cherchel (Coutan). Ononis cenisia L. var. biflora Nob. — Plante puissante à longs pé- doncules presque tous biflores. Djebel Sgag dans l'Aurés (Lx). Vicia hirsuta Koch. — De Taourirt-lril à El Kseur. Vicia mauritanica nov. spec. Annua, caulibus decumbentibus, scandentibusve, ramosissimis, 2-4 decim. longis; puberulis, angulato striatis; stipulis semi-sagiltatis, sericeis; foliis 4-7 jugis, apice caulium præsertim argenteo-sericeis, cirrosis cirro ramoso vel simplici, foliolis ovato-lanceolatis, mucronalis : pedunculis puberulis folium subæquantibus ; racemo polysticho, multi- floro, juniore comoso coma argentea-sericea ; floribus parvulis (8 mill.); pallide roseis, in sicco cærulescentibus, brevissime pedicellatis ; calice vexillo dimidio breviori, dentibus subæqualibus, setaceis, plumosis, tubo sesquilongioribus ; vexillo amplo, obovato, recto, haud unguiculato, apice vix emargidato, carina duplo longiori; alis patulis, carinam pau- lulum excedentibus; staminibus diadelphis ; tubo parum oblique trun- cato ; filamentis inferioribus spathulato-dilatatis ; stylo a latere compresso, ensiformi, fere a basi ad apicem barbato; legumine adhuc ignoto (1). Facies et habitus Viciæ leucanthæ Biv. et ejus socia; sed abunde dis- tineta indumento, racemis comosis, polystichis; floribus roseis numero- (1) J'ai récolté cette année la plante fructifiée. Le fruit est rhomboïdal, disperme, pareil à celui du Vicia disperma, mais couvert d'un duvet argenté et soyeux. (Note ajoutée pendant l'impression.) BATTANDIER. — NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. CCXXI sioribus ; vexillo haud truncato, alis minoribus, filamentis dilalatis, stylo barbato, etc. Habitat prope Tlemcen, loco dicto « Les Cascades » ubi vigesimo die aprilis floriferam legi. J'avais, il y a plus de dix ans, trouvé un pied unique de cette belle espèce au Zaccar de Miliana, et je n'avais jamais pu la retrouver depuis. Aussi l'avais-je simplement signalée dans une courte note de la Flore d'Algérie aprés le Vicia leucantha. Lathyrus artienlatus L. — Nemours, moissons. Lathyrus inconspicuus L. — Taourirt-Iril. Hedysarum mauritanicum Pomel var. micranthum Nob. — Fleurs plus courtes de moitié et aussi petites que celles de I'H. spinosissimum Sibthorp. et Smith. Cette plante constitue une race trés stable qui forme des peuplements considérables dans les terres argileuses voisines de la Tafna, province d'Oran, non loin de Lella Maghnia. Cette plante croit avec l'Hedysarum pallidum Desf. Coronilla minima L. — Dréat. Coronilla repanda Gussone. — Nemours. Rosa corsica Trattinick. — Djebel Dréat (Vidit Christ). Anthriscus cerefolium L. — Subspontané à Lella Maghnia, dans les broussailles au bord de la riviére. Le Persil est, comme l'on sait, tout à fait spontané dans les foréts de Terni, au-dessus de Tlemcen, daus l'Aurés où M. Letourneux vient de le trouver et en Tunisie. Cauealis bifrons Cosson et Durieu. — Djebel Filhausen. Centranthus macrosiphon Boissier. — Cascades de Tlemcen. — Avril, mai. Atractylis serrata Pomel. — Beni-Mansour. — Juin. Atraetylis echinata Pomel; A. diffusa Cosson et Durieu (pro parte). — Beni-Mansour. Carduncellus Reboudianus Spec. nov. Perennis, parce araneosus, læte viridis ; caule stricto, erecto, ramoso, 3-5 decim. alto; ramis monocephalis, erecto-patulis; foliis inferioribus petiolatis, omnibus pinnatisectis, rachide angusto; haud alato, araneoso, lobis lanceolato-linearibus, acuminato-spinosis, pungentibus, remous, oppositis, pinnatipartitis, multis minutulis simplicibusque interjectis ; foliis supremis sessilibus, rachide plus minus alato loborum decurrentia; anthodii ovati foliis externis paucis, e basi dilatato-scariosa acuminatis acumine patulo, foliaceo, margine apiceque spinoso; squamis interme- CCXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. diis adpressis, rugosis, multinerviis, ovato vel lanceolato acuminatis, exterioribus nonnullis ovatis, margine spinulosis, intimis linearibus, margine scariosis; achæniis quadrangularibus, obpyramidatis, angulis prominulis, faciebus rugulosis, disco subplano; radiatim striato, margi- nibus acuto; hilo laterali, rhomboideo; pappo achænio triplo longiori, pilis plumosis, multiseriatis, extus decrescentibus, in annulo deciduo coalitis. — Achænia 6 millim. longa, 4-5 millim. apice lata, pappus 15 millim. longus. Descriptio juxta specimina fructifera a clarissimo et defleto socio nos- tro D' Reboud, ad basim montis Senalba, versus Ain Meska, haud procul Djelfa, olim lecta. Species eximia, nulli proxima. M. Reboud avait envoyé autrefois cette plante à l'herbier de l'exposi- tion permanente d'Alger sous le nom de Carduncellus multifidus DC., avec lequel elle n'a d'ailleurs qu'une trés faible ressemblance. Le Car- duncellus multifidus doit être maintenu dans le genre Carthamus où l'avait placé Desfontaines, auteur de l'espéce. Son aigrette est une aigrette de Centaurinée, l'aigrette des vrais Carduncellus est une aigrette de Cirsium. Carthamus hybrides. — Nous avons trouvé cette année, M. le D' Trabut et moi, entre Mansourah et El Achir, aux kilomètres 108-109 et 110 de la route de Constantine, de vastes étendues de Blés remplis de Carthamus évidemment hybrides entre les C. helenioides Desf. et C. ce- ruleus L. Ces hybrides présentaient tous les intermédiaires et toutes les combinaisons imaginables entre les caractéres des parents qu'il était bien rare de trouver absolument typiques. Ces hybrides étaient trés puissants et leurs achaines étaient bien développés. Hypochæris Claryi nov. spec. sectionis Achyrophorus. Perennis, glaberrima, glaucescens ; caudice crasso, nigrescente ; foliis uninerviis, lanceolato-linearibus, integris vel repando-dentatis, acumi- natis, radicalibus rosulatis, in petiolum attenuatis, caulinis paucis, decrescentibus, ultimis sessilibus; caule elato, angulato, apice ramoso ramis erecto patulis monocephalis furcatisve, bracteatis ; capitulis medio- cribus, apice vix incrassato ramorum insidentibus; perigonio campanu- lato, imbricato, furfuraceo, glabro; squamis lineari-lanceolatis, margine membranaceis, apice nigricantibus, intimis ligulas subæquantibus ; ligulis parvulis, strictis, extus violaceis ; paleis receptaculi apice subu- latis pappos subæquantibus ; achæniis homomorphis, brevissime rostratis, apice vix muriculatis. — Folia radicalia 13-20 cent. longa, 10-12 millim. lata; caulis (in specimine meo) 7 decim. altus ; capitula 15 millim. longa; BATTANDIER. — NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. CCXXIII achenium 6-7 millim.; pappus totidem. Descriptio juxta specimen unicum. Habitat ad ripas oued Aflou in provincia Oranensi australiori, et ibi, a ferventissimo scrutatore D" Clary, cui grato animo dico speciem, junio 1888 inventa. C'est bien à tort que, dans ma derniére communication (Bull. Soc. bot. de Fr. t. XXXV (1888), p. 392), j'avais rapporté cette plante, comme variété, à l'Hypocheris taraxacifolia. Crepis patula Poiret; Lapsana virgata Desf. — Sidi Aich, Taourirt- [ril, El Kseur (Kabylie orientale). Seriola Izevigata Desf. var. baborensis Nob. — Plante gazonnante, multieaule, trés feuillée, à feuilles glauques trés hispides; écailles du péricline souvent aussi hispides que dans le S. æthnensis. Guerouch, Babors. Picridium tingitanum Desf. — Il est remarquable que les varia- lions de ce type soient exactement parallèles à celles du Picridium vul- gare. Dans tous les deux les variétés vivaces ont des feuilles étroites, pinnatifides un peu charnues ; tandis que les formes annuelles ont des feuilles caulinaires larges amplexicaules, enliéres ou subentiéres. Le Picridium tingitanum vivace est assez rare en Algérie; on le trouve sur le littoral, d'Oran à Nemours. Les formes annuelles qui correspon- dent au P. intermedium de Schultz, dans le type du P. vulgare, sont beaucoup plus communes : P. discolor Pomel (Tell et Sahara) et P. Sa- hare Pomel (Sahara). Zoltikoferia arborescens Nob. (Bull. Soc. bot. 1888, p. 391). — Nous sommes heureux de pouvoir donner de cette plante, une localité bien précise et facilement accessible. Nous l'avons, en effet, M. le D' Trabut et moi retrouvée à Nemours, prés du monument commémoratif du combat de Sidi Brahim, et autour des remparts en montant aux ruines romaines à l'est de la ville. Là, comme à Founassa, elle pousse avec le Z. spinosa. Nous avons vérifié la parfaite constance des caractères diffé- rentiels déjà donnés de ces deux plantes ; de plus les capitules, abondam- ment fleuris cette fois, ont un diamètre moitié moindre dans le Z. arbo- rescens. La culture différencie tout de suite ces deux plantes et leur mode de végétation est trés différent. Periploca angustifolia Labillardière. — Nemours. Nemours, bien que sur le littoral, se trouvant sous une latitude très m ridionale, nourrit beaucoup de plantes du sud : Zollikoferia arborescens, Periploca angustifolia, Cladanthus arabicus, Apteranthes Gusso- é- CCXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. niana, Chloris villosa, Pennisetum ciliare, etc. Il est à remarquer que le Periploca, réputé toxique, y est impitoyablement tondu par les troupeaux. Il en est de même pour PIF sur le Dréat dans la province de Constantine. Cerinthe oranensis Nob. (Association francaise, Congrés de Tou- louse). — Nemours. Linaria (Chænorrhinum) rubrifolia Rob. et Cast., in DC. Fl. fr. — Nemours, Zaccar de Miliana. Plantago atlantica NOV. SP. Il existe en abondance dans la forét de Teniet el Haad un Plantain que j'avais autrefois rapporté à tort au Pl. serpentina Vill. Il a en effet le scape et l'épi des Plantains de ce groupe : PI. serpentina, subulata, carinata, etc. Ses souches sont courtes, jamais serpentiformes, à un petit nombre de divisions et non en touffes gazonnantes comme dans le P. subulata; ses feuilles sont planes, ni charnues, ni carénées, mais lancéolées-linéaires, larges de 3 à 4 millimètres, trés régulièrement dentées en scie, à dents profondes et aigués. Je n'ai pu le rapporter à aucune espéce connue. Allium sativum L. — MM. Bonnet et Maury, dans leur récit d'her- borisation dans le Sud-Oranais, signalent l'Allium sativum à Founassa et l'y considérent comme probablement subspontané. J'ai moi-méne rapporté du djebel Mzi un Allium paraissant absolument spontané ax je n'avais pu déterminer tout d'abord, sur un échantillon trop avance; mais je l'ai cultivé depuis. Il a tout à fait l'aspect de l'Allium sativum et ne saurait en être distingué que par ses anthères exsertes el son om- belle non bulbillifère. Ce dernier caractère est pour moi sans valeur, ayant remarqué depuis longtemps que toutes les espéces d'Allium peu- vent être ou n'étre pas bulbillifères. C'est d'ailleurs un fait remarquable, sur lequel je compte revenir un jour, que le nombre considérable de plantes cultivées réellement autochtones en Algérie. Thelysia alata Salisbury var. micrantha Nob. — (Fleurs pas n coup plus grandes que celles de l'Iris Sisyrinchium.) Aflou (Clary). J'ai trouvé au djebel Aissa une forme analogue de l'Iris Xiphium. Orchis Markusii Tineo. — Foréts au-dessus de Taourirt-Iril. Orchis picta Loiseleur. — On trouve sur la route de Terni, au-dessus de Tlemcen, un Orchis du groupe de l'Orchis picta et beaucoup plus voisin du type que de l'Orchis longicornu, si répandu en Algérie. " Cephalanthera pallens Reich. — Djebel Sgag dans l'Aurés (Lx). Limodorum Trabutianum Batt. (Voyez ce Bulletin 1886, p. 291, et BATTANDIER. — NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. CCXXV Atlas Fl. d Alg., pl. 10). — Depuis la publication de cette espèce, j'ai appris qu'elle avait déjà été vue à Nantes par M. Lloyd et signalée, dans une courte note de sa Flore, comme une déformation probable du L. abortivum. Beaucoup de botanistes sont trés disposés à accepter cette maniére de voir, car c’est un véritable dogme aujourd'hui que le genre Limodorum est un genre monotype. Pourtant, depuis que ma publication a attiré l'attention des botanistes algériens, M. Gay a retrouvé le L. Tra- butianum à Blida et à Médéa, ce qui fait déjà quatre stations. Dans ces quatre stations la plante se montre toujours identique à elle-méme; jamais une seule fleur n'a dévié du type. Ce n'est point là la conduite ordinaire des monstruosités. On m'a objecté encore la similitude des organes de végétation; maisil en est de méme dans toutes les Orobanches. Quant aux différences tirées de la fleur, elles sont telles qu'elles suffi- raient pour motiver l'établissement d'un genre. Dans le cours de cette communication, nous avons ajouté à la flore de l'Algérie un assez grand nombre d'espéces nouvelles provenant de tous les points du territoire. En échange nous pouvons proposer quelques simplifications. Helianthemum metlilense Cosson, Illustr. tab. 71, est exactement la méme plante que M. Pomel avait décrite sous le nom d'H. getulum. Genista Vepres Pomel est la méme plante que le G. kabylica Cosson, inédit. Anagallis collina Schousboë n'est pour moi que la forme à fleurs rouges de l'A. linifolia L. A Oran on trouve encore quelques pieds bleus mélés aux pieds rouges, et à El-Achir, dans la province de Constan- line, j'ai trouvé, au milieu des pieds bleus, un pied rouge semblable à ceux de la plante d'Oran. De méme je ne puis séparer les Anagallis arvensis et phonicea. Une longue étude sur le vif de leurs caractères différentiels m'a démontré qu'aucun d'eux n'était constant en Algérie ; celui que M. Clos a récemment tiré des racines se trouve ici bien sou- vent en défaut. Les botanistes refusent d'admettre bien des espèces infi- niment meilleures. [Note ajoutée pendant l'impression. — Le Vicia mauritanica aa décrit west, je crois, qu’une forme à fleurs très nombreuses (20-40 au Jie e 9 à 12), trés denses et à fruits fortement velus-soyeux, du Vicia ei Aden Boiss.; Ervum vicioides Desf. Fl. Atl. Cette plante est trés rare en -— je n'en avais de bons échantillons que d'Espagne oü les fruits sont m glabres. Je n'avais pas assez pris garde à ce que dità ce sujet eS am son Voyage en Espagne. Les fleurs de cette plante sont roses, mai bleuissent en herbier.] 15 T. XXXVI. CCXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. NOTE SUR LES HYBRIDES DES ORCHIDÉES DU NORD DE LA FRANCE, par M. G. CAMUS. On sait que la détermination des espéces si attrayantes de la famille des Orchidées est compliquée par la rencontre assez fréquente de pro- ductions adultérines entre des espèces souvent voisines. Les diagnoses, bien que reposant sur des caractères le plus souvent constants, sont quelquefois difficiles à saisir. Je vais faire passer sous vos yeux des plantes et des planches représentant les principales formes hybrides observées dans le nord dela France. Ces hybrides, au nombre de 14, appartiennent toutes à la tribu des Ophrydées; 11 proviennent du croisement de deux Orchis, ce sont : 1° O. JacouiNi Godron (0. purpurea -+ militaris). 2» 0. Dusia G. Cam. (0. Jacquini +- militaris). 3° O. SIMIO-MILITARIS Gren. et Godr. (0. Simia + militaris). 4° O. CHaTINI G. Cam. (Simio-militaris + Simia). 9° 0. BeyricH Kerner (0. Simio + Simio-militaris). 6° O. FrancHerit G. Cam. (0. purpurea + Simia). T 0. WEbppELLu G. Cam. (0. Simia + purpurea). 8" O. TiupALIANA G. Cam. (0. Morio + maculata). 9^ 0. LuizETIANA G. Cam. (0. laxiflora + incarnata). 10° O. arara Fleury (0. Morio + laxiflora). 11° O. AunIGUA Kerner (0. maculata + latifolia). Une hybride provient du croisement de deux Ophrys, cest l'OPHRYS AScHERSONI de Nanteuil (Ophrys arachnites + aranifera). Enfin les deux dernières hybrides sont issues d'un Aceras et d'un Orchis, ce sont : 1° Aceras WEDDELLII Gren., Aceras anthropophoro-militaris Wed- dell, dont il a été signalé une forme nouvelle par notre zélé confrére M. Luizet. 2° Orcas BEncowI de Nanteuil, Aceras anthropophora + Orchis Simia. La présence de ces hybrides se joignant au polymorphisme de quelques espéces vient accroitre la difficulté dans la détermination des plantes de cette belle famille. Le groupe des Orchis purpurea et Simia, qui comprend 3 espéces, 7 hybrides distinctes et au moins 15 formes, nous en offre un exemple frappant. | Depuis plusieurs années j'ai étudié avec soin les formes des Orchidées CAMUS. — HYBRIDES DES ORCHIDÉES. CCXXVII palustres, et j'ai acquis la conviction quele polymorphisme de ces plantes est plus apparent que réel. Dans nos marais, en particulier dans les marais tourbeux à Sphaignes oü les espéces sont en quelque sorte entas- sées, il n'y arien d'étonnant qu'on puisse observer des productions adul- térines. Si nous y observons l'Orchis maculata qui est abondant, nous voyons, avec le type, des échantillons qui ne répondent à aucune diagnose Spécifique. La première hypothèse est que l'on est en présence de formes de transition. Mais, sile polymorphisme existe ainsi, il doit étre un peu partout ou à peu près. Or, si nous observons au contraire l'O. maculata lorsqu'il est seul dans une localité, tous les échantillons ont la méme forme et j'ai pu retrouver cette stabilité pendant plusieurs années. Je n'ai vu varier la forme que dans les cas, sans doute peu rares, où l'O. ma- culata était à proximité d'une ou de plusieurs autres espéces d'Orchis. Il est évident que le voisinage ayant une influence sur les formes, il n'est pas possible d'exprimer autrement que par l'hybridation la cause de celte influence. C'est ainsi que j'ai pu retrouver l'O. ambigua de Kerner qui est un O. maculata croisé par un O. incarnata. J'ai récolté l'an dernier, dans une prairie tourbeuse prés d'Episy, deux plantes ayant le port d'un Gymnadenia, à coloration rosée assez pàle (caractére de peu d'importance), à lobes latéraux du périanthe maculés de taches d'un lilas violacé, ces taches étant disposées comme dans les fleurs d'O. maculata ; l'éperon est conique, plus court que l'ovaire comme dans l'O. maculata; les fleurs ont une odeur suave assez déve- loppée. Ces plantes avaient assurément comme parents, d'une part l'Or- chis maculata et d'autre part probablement un Gymnadenia, mais lequel? Deux Gymnadenia existaient dans la prairie en assez grande abondance. L'affinité paraissait plus grande avec le G. odoratissima, mais celte raison ne suffisait pas. J'ai dü laisser ces deux plantes dans mon carton en attendant une plus ample information. Cet été, par suite du mauvais état de ma santé, j'ai été forcé de renoncer à retourner à Episy au moment favorable. Ayant communiqué ma plante à M. Rouy, Son impression fut aussi immédiatement que nous avions des hybrides de Gymnadenia et d'O. maculata; ma première idée était donc affermie, mais ce n'élait pas tout. Grâce à l'obligeance de M. le D" Bonnet, ja zn qu'une hybride du G. odoratissima et de l'O. maculata avait été décrite et figurée dans le Garden-flora, le passage traitant cette quem est ainsi concu (Garden-flora, tome V, p. 26, tab. 148) : « L'été dernier » j'ai recueilli un seul exemplaire d'une hybride de cette espèce et de » l'O. maculata, pl. 148, fig. 3 et 4. Les feuilles tiennent le milieu, » ainsi que le montrent les figures 5, 6, et méme la figure 6 grossie le » démontre. Par la coloration cet hybride se place parmi nos plus belles » Orchidées. Le labelle est d’un violet foncé, ainsi que cela se voit quel- CCXXVHI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ə quefois dans lO. maculata; les périanthes sont lilas. Le seul exem- » plaire que j'ai récolté à Oto, prés Zurich, se trouve au Jardin botanique » de Zurich... » (Régel). Mes plantes correspondent bien aux figures de Régel, il n'y a d'excep- tion que pour les lobes latéraux du périanthe qui ne sont pas maculées lans la planche de cet auteur. D'autre part, Régel déclare le labelle violet foncé et la figure en couleur n'est d'un foncé que relatif. Mes deux plantes ayant exactement les formes et le port de la plante de Régel, je n'hésite pas à les identifier. Les pressentiments de mon savant ami Rouy et les miens ont donc été justifiés, et Régel n'ayant pas donné de nom simple à sa plante, je me fais un devoir de nommer 0. Regelii VO. maculata X Gymnadenia odora- tissima. Voici la diagnose complète des plantes d'Episy : bulbes palmés; tige de 3 à 4 décimétres, assez grêle, feuillée, non fistuleuse ; feuilles lancéo- lées linéaires, pourvues de macules obscures; épi oblong cylindrique assez compact ; bractées plus longues que l'ovaire; fleurs d'un rose clair; périanthe à divisions extérieures libres, les deux latérales étalées, macu- lées de taches d'un violet assez intense; labelle ayant la forme du labelle du Gymnadenia odoratissima, à trois lobes profonds, le moyen entier égalant au moins les latéraux; éperon conique, dirigé en bas, plus petit que l'ovaire. Je demanderai la permission de présenter encore une forme hybride de l'Orchis mascula ayant les labelles d'O. mascula type, mais dont le périanthe n'est pas étalé et semble se rattacher un peu au casque de l'O. Morio. Cet Orchis a été recueilli par notre collègue M. Duval, qui n'a pu me renseigner exactement sur les Orchis qui croissaient dans le voisinage ; je crois à l'origine hybride sans pouvoir donner une indication plus précise sur sa filiation. LE GOODYERA REPENS DANS UNE PINIÈRE DU BOIS SAINT-PIERRE, AUX ESSARTS-LE-ROI (SEINE-ET-OISE), par M. Ad. CHATIN. Le 14 juillet dernier, comme je suivais une allée du bois Saint-Pierre qui couronne la côte dite des Sapins, j'aperçus, dans des Bruyères (Erica cinerea) tapissant le sol de la pinière qui descend de la colline vers les sources de l'Yvette, de petites fleurs blanches que je crus tout d'abord étre celles d'une variation de l'Erica cinerea qu'il n'est pas trés rare de rencontrer. Cependant la disposition et l'apparence des fleurs ayant, dans cette hypothése, quelque chose d'insolite, je m 'approchai pour voir celles-ci de plus prés. A ma surprise et grande joie, j'avais CHATIN. — GOODYERA REPENS AUX ESSARTS. CCXXIX devant moi, l'y voyant pour la première fois, ce Goodyera que mon her- borisation, étonnée et heureuse, découvrait en juin 1853, à Fontaine- bleau, sous les Pins du Mail Henry IV. Je n'avais vu d'abord qu'un épi en fleur, mais bientót aprés, cher- chant dans l'entourage, j'en comptai une centaine sous la piniére. C'était bien une localité nouvelle de la jolie Orchidée alpestre, et cela sur un point que je visite fréquemment depuis plus de vingt-cinq ans! Les Pins qui abritent le Goodyera remontent à un semis exécuté par l'administration forestiére vers 1830, peu avant l'aliénation des bois des Essarts-le-Roi. Donc ici, comme à Fontainebleau et dans les autres localités de la flore parisienne où il a été signalé en ces dernières années, le Goodyera à mis un temps considérable à prendre le complet développement qui se manifeste par l'apparition des fleurs. Nul doute que la production d'une couche suffisamment épaisse de l'humus spécial que produit la décomposition successive des feuilles de Pin ne soit nécessaire pour déterminer l'évolution florale de la plante, dont les trés fines graines, semées inconsciemment avec celles des Pins auxquelles elles s'étaient attachées, ont germé avec celles-ci. On comprend du reste que le Goodyera, réduit à de minuscules rosettes avant la floraison, n'apparaisse à nos yeux que décelé par celle-ci. Je ferai la remarque que, si, à Fontainebleau, la piniére à Goodyera Se compose exclusivement de Pins sylvestres, aux Essarts elle est formée par un mélange du Pin maritime et du Pin sylvestre; ce dernier, seul alpestre, ayant dû apporter les germes du Goodyera, à l'exclusion du premier. Je ne saurais omettre de dire qu'en 1870, je plantai, dans un massif tout formé de Pins sylvestres et que par cette raison je supposais le plus favorable au Goodyera, quelques pieds de cette Orchidée rapportés de Fontainebleau; mais, contre mon attente, ils périrent dans l'année méme, ce qui me parait s'expliquer par cette circonstance que le massif de Pins est sur un plateau à sol humide et gras et quelque peu tourbeux, au lieu d’être en côte sableuse et sèche. Les deux stations, d'ailleurs, Séparées par plus d'un kilomètre de bois feuillus, ne pouvaient avoir aucune communication entre elles. Je termine en donnant des nouvelles de deux plantes du voisinage (de Saint-Léger), l’'Oxycoccos et le Sibthorpia, aujourd'hui disparues et que j'ai recueillies. Toutes deux persistent ; mais, tandis que le Sibthor- pia vivote, l'óxycoccos s'étend en vainqueur sur les Sphagnum de plu- Sieurs mares. CCXXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. NOTICE SUR L'HERBIER DIT DE GASTON D'ORLÉANS, CONSERVÉ AU MUSÉUM DE PARIS; par M. Edm. BONNET. Il existe, dans les Collections du Muséum, un petit herbier qui, d'aprés une tradition admise jusqu'ici sans conteste, aurait appartenu à Gaston de France, duc d'Orléans, frére de Louis XIII. C'est un volume de 38 centimètres 1/2 de haut sur 24 centimètres de large, contenant 106 feuilles de papier blanc; sur le recto de chacun de ces feuillets, sauf les deux premiers qui n'ont pas été utilisés, on trouve une et quelque- fois deux plantes, suivant la dimension des échantillons, fixées au moyen de larges bandelettes de papier gommé. A cóté de chaque spécimen est inscrite la phrase de Matthiole, de Lobel, de Bauhin ou d'un autre auteur, qui servait à caractériser les espéces, suivant la nomenclature en usage à cette époque. En regard d'un certain nombre d'échantillons, une éti- quette latine, collée sur le verso de la feuille précédente, énumère les propriétés et les usages de la plante correspondante. Cette collection comprenait primitivement 114 espéces, mais, un échan- tillon ayant disparu, il en reste donc encore 113, tous en bon état et par- faitement déterminables. A l'intérieur du volume, sur le dernier plat, on lit l'inscription sui- vante : Ce Liure m'a Este Donné Par M. Porlier le 17 juin 1703 qui l'a Eu d'un homme qui auoit a feu Monsieur Gaston fils de france. Ce Prince estoit tres Curieux des Plantes Et en auoit fait venir de Tous les pais du monde que lon Cultivoit dans un Jardin séparé du grand dans son palais de luxembourg (1). Et il en auoit aussy des Livres comme celuy cy, de celles mesme que lon n'auoit pas peu faire venir en terre. J'ignore absolument quel est l'auteur de cette inscription, mais je suis (1) Du vivant de Gaston, le Luxembourg portait le nom de Palais d'Orléans. BONNET. — L'HERBIER DIT DE GASTON D'ORLÉANS. CCXXM certain qu'on ne peut l'attribuer à aucun des botanistes qui professaient au Jardin du Roi à la fin du xvi et au commencement du xvin’ siècle. Quel est l'auteur de cet herbier? Dans quels pays et à quelle époque a-t-il été composé? telles sont les questions que je me suis posées et qu'une étude minutieuse de la collection m'a permis de résoudre. Tout d'abord j'ai été frappé de la prédominance, dans l'herbier de Gaston d'Orléans, des espéces franchement méridionales, quelques-unes méme spéciales à la Sicile ou à l'extréme sud de l'Italie; en second lieu, l'aspect extérieur du volume, la disposition des échantillons, la tournure des phrases relatant les vertus et usages thérapeutiques de certaines plantes, enfin la forme trés caractéristique de quelques lettres employées dans les inscriptions qui accompagnent les échantillons, ont bien vite éveillé dans mon esprit le souvenir des herbiers du Prince de Condé dont j'ai autrefois donné la description (Bull. de la Soc. bot. de Fr., XXX, p. 213); dès lors, il m'a suffi d'une comparaison détaillée de la collection dite d'Orléans avec celle de Condé, pour acquérir la certi- tude que toutes deux possédaient une origine commune et avaient été composées dans le dernier tiers du xvi? siècle par Paolo Boccone. L'attribution de l'herbier en question à Paolo Boccone étant un fait incontestable, il n'est plus possible d'admettre que ce petit volume de plantes séches ait appartenu au duc d'Orléans; d'abord, à la mort de Gaston survenue le 2 février 1660, Boccone, âgé de 26 ans, était encore un inconnu, non seulement pour le prince lui-méme, mais aussi pour les botanistes qui dirigeaient le jardin de Blois; si quelques relations scientifiques eussent existé, dés cette époque, entre ceux-ci et le natu- raliste sicilien (1), comment expliquer que, douze ou treize ans plus tard, Boccone se soit présenté à Morison sous le patronage de sir Charles Hatton, ainsi que cela ressort de l'épitre dédicatoire placée en téte des Icones rariorum plantarum Sicilie; enfin, on trouve au feuillet 99 de la collection dite de Gaston d'Orléans, un échantillon du Rhapon- ticum Prosperi Alpini que Boccone avait observé dans le jardin de l'évéque d'Anvers, comme il nous l'apprend lui-méme dans son Museo di Fisica, p. 198; or, on sait que les voyages de Boccone en Italie, en France, en Brabant et en Allemagne eurent lieu en 1671 et 1672, et que C'est pendant cette tournée scientifique qu'il fit hommage de quelques Collections de plantes séches aux princes qui lui avaient donné lhos- pitalité. Quant à l'attestation inscrite à la fin du volume, je ferai remarquer qu'elle porte la date de 1703, qu'elle est par conséquent de quarante- (1) C'est la qualification que Boccone se donne lui-même, bien qu'en réalité il soit né à Savone, CCXXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. trois ans postérieure à la mort de Gaston de France et que, pendant ce laps de temps, la collection aurait changé trois fois de propriétaire ; dans de pareilles conditions, une erreur, voire méme une supercherie, a pu étre commise. Quelle confiance, du reste, peut-on accorder à un document anonyme et d'une authenticité des plus contestables en présence d'un argument aussi positif et aussi concluant que celui tiré de la présence du Rhapon- ticum ? L'herbier dit de Gaston d'Orléans, bien que n'ayant jamais appartenu à un prince du sang, ne perd pourtant rien de sa valeur et n'en constitue pas moins un document important pour l'histoire de la botanique; il forme le complément des herbiers du prince de Condé et permet de reconnaitre un certain nombre de plantes mentionnées dans les ouvrages de Boccone ; pour cette raison, je crois utile d'en donner le catalogue. J'ai suivi dans celte énumération l'ordre méme de l'herbier, me bornant à ajouter à chaque phrase de Boccone la nomenclature binaire basée sur l'étude de l'échantillon correspondant; enfin, un certain nombre de plantes qui figurent dans les herbiers du prince de Condé se retrouvant également dans la collection dite d'Orléans, j'ai distingué ces espéces en les faisant suivre de la mention : (Herb. Condé). 1. Gramen aculeatum Italicum Johannis Bauhini — Crypsis alopecuroides Schrad. (Herb. Condé.) 2. Limonium cordatum — Statice cordata Guss. (Herb. Condé.) 3. Chamæpitys tertia Matth. — Cressa cretica L. (Herb. Condé.) Forte Hyperieum Alexandrinum Lob. — Hypericum crispum L. (Herb. Condé.) 9. Stœchadi citrinæ affini D. Paludani — Phagnalon Tenorii Presl. 6. Amaranthus spicatus radice perpetua ex Sicilia — Achyranthes argen- tea Lamk. (Herb. Condé.) 7. Pimpinella exigua Tragi — Pimpinella Gussoni Bert. 8. Kali lignosum floridum semine cochleato ex Sicilia — Salsola oppositi- folia Desf, (Herb. Condé.) 9. Thlaspi montanum romanum Columns — Alyssum obliquum Sibth. (Herb. Condé.) 10. Marum Cortusi — Teucrium Marum L. 11. Thymbra Cretica Prosp. Alp. — Micromeria approximata Benth. (Herb. Condé.) 12 2. Millefolium Creticum Prosp. Alpini — Santolina incana Lamk. Jacea montana candidissima B. prodr. — Centaurea Cineraria L. (Herb. Condé.) Chamælon exiguus Trag. — Carduncellus pinnatus DC. Millefolium tomentosum luteum Chabræi — Achillea tomentosa L. 6. A. s 19. 20. 21. 22. 23. T Án amm 24. 25. 26. Zi: 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 31. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. BONNET. — L'HERBIER DIT DE GASTON D'ORLÉANS. CCXXXIII Thlaspi clypeatum minus Chabræi — Clypeola Jonthlaspi L. Thlaspi minus, Alyssum minus multis — Alyssum calycinum L. Ranunculus vernus capitulis Melampyri — Ceratocephalus falcatus Pers. (Herb. Condé.) Plantago aquatica latifolia — Alisma arcuatum Michal. Plantago aquatica humilis angustifolia Chabræi — Alisma lanceolatum With. Muscus maritimus pinnatus — Aglaophenia pluma Lamrx. (Hydraire.) Fucus folliculaceus Abrotani vel Thymi folijo Jo. Bauhini — Cystosira ericoides Ag. Convolvulus argenteus Pone — Convolvulus Cneorum L. Jacea lutea longis aculeis capite spinosa B. prodr. — Centaurea sicula Guss. (Herb. Condé.) Polygala Valentina Clus. hist. — Frankenia pulverulenta L. (Herb. Condé.) Carduus minima Prosperi Alpini — Atractylis cancellata L. Pastinaca hirsuta crispa — Daucus mauritanicus Desf. (Herb. Condé.) Linaria triphylla latifolia B. prodr. — Linaria triphylla Desf. (Herb. Condé.) Securidaca erecta siliquis fabaceis — Astragalus bæticus L. (Herb. Condé.) Arisarum Potamogeitifolio — Ambrosinia Bassii L. (Herb. Condé.) Thlaspi fruticosum Leucoij folio latifolium quod 9 in Prodr. — Iberis semperflorens L. (Herb. Condé.) Ammi Matthioli — Ptychotis verticilla Dub. Tragacantha Matt. — Astragalus aristatus L'Hérit. Sedum maritimum semine villoso — Reaumuria vermiculata L. (Herb. Condé.) Conyza palustris — Jasonia sicula DC. (Herb. Condé.) Conyza Hyssopifolio ex Melita — Jasonia glutinosa DC. (Herb. Condé.) Alsine maritima longius radicata — Alsine procumbens Guss. (Herb. Condé.) Alsine lotoides — Glinus lotoides L. (Herb. Condé.) Lithospermum umbelliferum angustifolium B. Pin. app. — Lithosper- mum rosmarinifolium Ten. (Herb. Condé.) Polygonum argenteum, seu Paronychia Hispanica Clus. Hist. — Paro- nychia argentea Lamk. Eupatorium aquaticum folio integro Park. — Bidens cernua L. : Senecio Chrysanthemi facie — Senecio squalidus Guss. (Herb. Condé.) Holosteum Creticum Prosperi Alpini — Plantago albicans L. (Herb. Condé.) Gnaphalium marinum Ger. — Diotis maritima Coss. Tartonraire Lob. — Passerina Tartonraira DC. (Herb. Condé.) Linaria tetraphylla Column: — Linaria simplex DC. Myagro affinis Chabræi — Erysimum cheiranthoides L. Lavandula multifido folio Lob. — Lavandula multifida L. CCXXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. 45. 46. 47. 48. 19. 50. 5l. 52. 53. 54. 99. 56. 57. 58. 59. 60. 61. ej 63. 64. 65. 66. e. | s 69. 70. n. 12. 73. 14. 75. 16. [y 78. 19. Stæchas crispo folio Clusij — Lavandula dentata L. Thymelea grani gnidij — Daphne Gnidium L. Saponaria sphærula Jo. Bauh. — Sapindus Saponaria L. Linaria Valentina Clusij — Linaria reflexa Desf. Peplis Dodonæi — Euphorbia Peplis L. Fœnum grecum Sylvestre Jo. Bauh. — Trigonella gladiata Stev. Kali geniculatum sive Soda Dodonæ — Salicornia macrostachya Moric. Sanamunda Clusij — Passerina hirsuta L. Camphorata monspeliensium Lob. — Camphorosma monspeliaca L. Camphoratæ congener Lobelij — Polycnemum arvense L. (P. majus A. Br.). Polygonum maritimum minimum foliolis serpilli Ic. Lob. — Frankenia intermedia DC. (Herb. Condé.) Polygonum maritimum latifolium B. pin. — Polygonum maritimum L. Jacobea marina — Senecio Cineraria DC. Convolvulus folio Altheæ — Convolvulus althæoides L. Limonium reticulatum — Statice reticulata auct. (Herb. Condé.) Valeriana angustifolia rubra Joh. Bauhini — Centranthus angustifo- lius DC. Tithymalus Juniperifolio — Euphorbia pinea L. (Herb. Condé.) Thapsia Imperati — Thapsia garganica L. Gramen caninum maritimum asperum B. Prodr. — Tragus racemosus Hall. Phyllitis ramosa Prosperi Alpini — Pteris longifolia L. Senecio folio non laciniato lo. B. — Senecio nebrodensis L. Clinopodium Creticum Prosperi Alpini — Micromeria microphylla Benth. (Herb. Condé.) : Trifolium argenteum floribus luteis Chabræi — Argyrolobium Linnæa- num Walp. Cichorium spinosum Imperati — Cichorium spinosum L. (Herb. Condé.) Thlaspi fruticosum alterum Lobelij — Alyssum maritimum Lamk. Rubea muralis minima Col. — Vaillantia muralis L. 8. hirsuta Guss. Gramen bicornu. (La plante manque ici, mais se retrouve sous le mème nom dans l'Herbier de Condé : c’est Andropogon distachyon L.) Cneorum Matthioli — Daphne Cneorum L. Seseli Massiliense Lobelij — Seseli tortuosum L. Rubea cynanchica Columnæ — Asperula cynanchica L. Teucrium vulgare fruticans Clusij — Prasium majus L. Herba terribilis Narbonensium — Globularia Alyssum L. Cistus Ledon Laurinis folijs — Cistus ladaniferus L. Aconitum Lycoctonon flore Delphinij — Aconitum Napellus L. Rubea spicata Bauh. — Crucianella angustifolia L. Anthriscus Plinii Clusij — Scandix Pecten-Veneris L. Laurus indica Aldini — Persea indica Spr. Alga crispa scabiosa rubra Chab. — Volubilaria mediterranea Lamrx. (Herb. Condé.) 8 m 81. 82. 83. 81. 85. 86. 87. 88. 89. 90. 91. 92 BONNET. — L'HERBIER DIT DE GASTON D'ORLÉANS. CCXXXV Coronopus minima Rainaudeti — Plantago subulata L. (Ilerb. Condé.) Ranunculus arvensis Lob. — Ranunculus arvensis L. Barba Jovis Lobelij — Anthyllis Barba-Jovis L. Plumbago seu Dentillaria Rondeletij — Plumbago europea L. Selinum montanum pumilum Clusij. — Seseli montanum L. Trachelium umbelliferum Pone — Trachelium ceruleum L. Thymum creticum seu capitatum Matthioli — Thymus capitatus Link. et Hoffm. Cynoglossum folio virente Io. Bauh. — Asperugo procumbens L. Pseudodictamum Pone = Ballota saxatilis Guss. (Herb. Condé.) Genistella montis ventosi spinosa Chab. — Genista silvestris Presl. Genista spinosa major brevioribus aculeis C. B. — Ulex nanus Sm. Mentha spicata folio longiore acuto glabro — Mentha silvestris L. Chamænerion Gesneri seu Lysimachia — Epilobium rosmarinifolium Hænck. Laureola Cretica humilis Prosperi Alpini — Daphne collina Sm. "| Corallina, muscus marinus tenui capillo Io. Bauh. = Jania rubens Lmrx. 93. 94. 95. 96. 97. 98. 99. 100 1 101. 102. 103. 104. Genistella herbacea sive Chamespartium Chabræi — Genista sagit- talis L. Fluvialis Pisana foliis denticulatis Chabræi et Johannis Bauh. hist. = Najas major All. et Caulinia fragilis W. Aster montanus — Inula montana L. Amaranthus baccifer Indicus seu Solanum magnum Virginianum ru- brum — Phytolacca decandra L. Fontinalis minor lucens Chabræi — Fontinalis antipyretica L. Papyrus ex Sicilia in exordio — Cyperus Papyrus L. (Herb. Condé.) Rhaponticum Prosp. Alpini — Rheum rhaponticum L. Chamæmoly Fab. Col. — Allium Chamæmoly L. Dictamnus Creticus Matth. — Origanum Dictamnus L. Limonium maritimum minimum Bauh. prodr. — Statice minuta L. (Herb. Condé.) Galega sive Ruta capraria Matth. — Galega officinalis L. Virga aurea Matth. — Solidago Virga-aurea L. Helichrysum Italicum Matthioli — Achillea tenuifolia Lamk. (Herb. Condé.) CCXXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. TROIS FAMILLES DE LA FLORE HELLÉNIQUE (LABIÉES, SCROFULARIACÉES, RENONCULACÉES), ET ÉNUMÉRATION DES PLANTES LIGNEUSES DE LA GRECE; par M. Eustache J. PONIROPOULOS, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A L'ÉCOLE NORMALE ROYALE D'ATHENES. I LABIATÆ. — Xz0av05. Mentha rotundifolia L. — Marais, endroits humides et submergés. — silvestris L. — Grèce. — — var. stenostachya, petiolata et viridis. — Grèce et Macédoine. — aquatica L. — Endroits humides et ombragés en Gréce. — arvensis L. — Dans le Byzantin. — Pulegium L. — Endroits inondés en Grèce. Origanum Tournefortii Sibth. — Ile Amorgo. — Dictamnus L. — Crète (vulg. Zrauaréyoprov). — scabrum Boiss. — Sur les monts Taygéte et Malevó. — pulchrum Boiss. — Sur le mont Delphi. — vulgare L. — Partout en Grèce. — hirtum Vogel. — Taygéte; Malevô; Messénie; Arcadie; Del- phi ; Céphallonie; Créte ; dans les iles Cyclades; etc. — microphyllum Sieb. — Sur les montagnes de Créte et surtout celles de Sphakia. — dubium. — Ile de Naxos. — Onites L. — Sur les montagnes de Grèce. Thymus striatus Vahl. — Montagne de Céphallonie. — teucrioides Boiss. — Mont Parnasse. — Serpyllum var. genuinus. — Sur le mont Delphi. e — var. Marschallianus. — Grèce et Macédoine. ET — var. ocheus. — Sur le mont Caryste, Grèce. s — var. Chaubardi Boiss. — Sur les monts Taygéte; Citheron; Olympe; Parnasse. s — var. angustifolius. — Delphi. — hirsutus M. B. — Sur les monts Parnes ; Taygéte ; Chelmos; Parnasse; Olympe. — Billardieri Boiss. — Dans les iles de l'Archipel. — capitatus L. — C. dans toute la Gréce. Calamintha grandiflora L. — Taygéte; Cylléne; Parnasse ; Olympe. — officinalis Mænch. — Corphiati. PONIROPOULOS. — TROIS FAMILLES DE LA FLORE GRECQUE. CCXXXVII Calamintha Nepeta L. — Grèce; dans les iles et en Crète. — incana Sibth. — Champs de l'Attique. cretica L. — En Crète, Sphakia (vulg. nommé A«6avóyogzo). alpina L. — Malevó; Chelmos. suaveolens S. M. — Taygéte; Cylléne; Parnasse; Olympe en Thessalie. patavina Jacq. — Corphiati. Acinos L. — Péloponése. graveolens M. B. — Malevó; Pentélique ; Parnasse; Crète. Salvia triloba L. — Gréce. — — Nepeta ringens Sibth. — Sur les monts Cylléne; Parnes; Par- nasse, etc. pomifera L. — Crète. calycina Sibth. — Hymette (Souniou); Béotie; Lycabéte; iles Poros, Naxos, Melos. glutinosa L. — Dans les endroits ombragés, Macédoine. Sclarea L. — Cyllene. Æthiopis L. — En Grèce. argentea L. — Aux environs d'Athénes ; Parnasse, etc. candidissima Vahl. — Sur la montagne Geranion (Corinthe); au pied du mont Veluchi d'Étolie. pratensis L. — Sur le mont Ithome (Messénie), et sur les montagnes de l'Attique ; sur le mont Hagios Hilias d'Egine. virgata Ait. — Malevó ; Étolie; Béotie. silvestris L. — Olympe ; Thessalie ; Macédoine. nutans. — Macédoine. Verbenaca var. vernalis Boiss. — Grèce; Byzantin; Macé- doine. viridis L. — Pelouses séches, régions inférieures de la Gréce. Horminum L. — Gréce. verticillata L. — Béotie. peloponesiaca Boiss. — Navarin; mont Ithome; Mesologion. Scordotis L. — Crète. Sibthorpii Bth. — Nauplie; Argos; Cyllene ; Parnes. — var. dirphya. — Delphi. parnassica Heldr. — Parnasse. — var. Orphanida Boiss. — Malevó (Castanitsa). Spruneri Boiss. — Sur les monts d'Etolie. melissefolia Lamk. — En Créte et dans l'ile Melos. nuda L. — Mont Parnasse; Corphiati. — var. albiflora. — Mont Corphiati. CCXXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Scutellaria orientalis var. genuina. — Mont Parnasse. — var. pinnatifida. — Mont Parnasse et Velougo d'Etolie. — var. alpina. — Olympe. alpina L. — Très rare en Grèce, mont Olenos. Columnæ All. — Dans les endroits ombragés de Laconie ; Malevó ; Carpenisi d'Étolie; Corphiati, etc. peregrina L. — Régions inférieures du mont Parnes; Ra- chova; mont Parnasse. — var. parnassica Boiss. — Sur les monts Parnes, Delphi, Parnasse. Sibthorpii Boiss. — Dans les endroits ombragés du Pélo- ponése, et surtout Malevó, Cylléne, ile Naxos, etc. albida L. — Mont Corphiati, etc. Sieberi Bth. — Sphakia en Créte. hirta Sibth. — En Créte, Sphakia. — var. brachystegia. — Mont Taygète (au lieu dit Cacochoni), Ænos de Céphallonie. galericulata L. — Macédoine. Marrubium peregrinum L. — En Arcadie ; Doride; Béotie, etc. — —— thessalum Boiss. — Dans les régions inférieures du mont Olympe de Thessalie. ; velutinum Sibth. — Mont Parnasse; Belougo d'Etolie. — var. cyllenum. — Cyllène. cyllenum Boiss. — Monts Chelmos et Cyllène. vulgare L. — Régions inférieures de la Gréce. Sideritis lanata L. — Champs cultivés et sablonneux; Péloponèse ; iles — Naxos, Leros; Créte; etc. romana L. — Lieux incultes de Gréce et de Créte. purpurea Talbot. — Zante ; Péloponése. montana L. — Lieux cultivés en Gréce. remota Urv. — Champs de l'Attique ; iles Ioniennes; etc. cretica Boiss. — Crète. (Nom vulgaire : Malotoca.) — var. condensata Sibth. — Sur les montagnes de l'ile Négrepont. (Appelé vulgairement Thé de Delphi.) Ræseri Boiss. — Mont Parnasse (Arapocephalo) et à Velougo d'Eurytanie. scardica Griseb. — Olympe de Thessalie. theezans Boiss. — Mont Malevó, Taygéte (appelé Thé grec). — var. peloponesiaca Boiss. — Mont Cyllène (Olenos). Stachys orientalis Vahl. — Région inférieure de l'Olympe. lanata Jacq. — Byzantin. PONIROPOULOS. — TROIS FAMILLES DE LA FLORE GRECQUE. CCXXXIX Sta Lai chys Tournefortii Poiret. — Lieux stériles de Créte, surtout Cydo- nia et Chania. — cretica Sibth. — A Zante, sur les montagnes de l'Attique, Déotie, etc. — germanica L. — Prairies de l'Olympe en Thessalie; mont Tymphristos en Étolie. — — var. bilhynica. — Olympe en Bithynie. — — var. penicillata. — Mont Taygéte; Chelmos; Olenos; Cylléne; Delphi; Parnasse. — Heldreichii. — Dans les endroits humides de Béotie, surtout en Livadie, etc. — greca Boiss. — Messénie; Malevó ; Poros; Argolide; etc. — silvatica L. — Laconie. — palustris L. — En Béotie; Livadie. — viridis Boiss. — Mont Corphiati ; Olympe de Thessalie. — messeniaca Boiss. — Navarin, Messénie. — virgata Bory. — Argolide; Cranidi ; Acrocorinthe. — Swainsoni Bth. — Parnasse; Delphi. c — var. scyronica. — Isthme de Corinthe, aux lieux dits Kaki-Scala et Loutraki. es — var. argolica. — Nauplie, ile d'Hydra. — Spruneri Boiss. — Mont Parnes; Cératie; mont Onion en Béotie. — tetragona Boiss. — Delphi. — spinosa L. — Crète. — candida Bory. — Laconie ; Messénie; Mistra; Taygéte. — chrysantha Boiss. — Mont Malevó. — maritima L. — Péloponèse et ile d'Hydra. — annua L. — Mont Parnasse. — spinulosa Sibth. — Région inférieure des montagnes de Grèce. — arvensis L. — Grèce et Crète. nium Galeobdolon L. — Byzantin. — striatum Sibth. — Mont Ænos de Céphallonie ; Hymette; Parnes; Helicon ; Delphi. rum — var. minus. — Taygète ; Cyllene; Parnasse. ve — var. pictum. — Mont Parnasse. — bifidum Cyrill. — Zante ; Péloponèse; Attique. — maculatum L. — Mont Malevó; Hagios-Petros; dans les endroits ombragés. — moschatum Mill. — Région inférieure du Péloponése; Athénes ; etc. — purpureum L. — Péloponése; iles Cyclades. CCXL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Secrophulariaceæ. — ‘Puyyouopya. Verbascum Thapsus L.— Zante. thapsiforme Schr. — Malevó ; Crète; ile de Négrepont. Sartorii Boiss. — Mont Ithome en Messénie; Pentélique; Zante. fœtidum Boiss. — Mont Parnasse et surtout à Dipota- mou.— R. epixanthinum. — Mont Parnasse (Rachova); Taygéle; Trikala. Guicciardii Held. — Mont Parnasse. phlomoides L. — Thessalie; à l'ile de Tinos; etc. macrurum var. laxiflorum Boiss. et Orph.; mont Malevó; très commun sur les montagnes grecques. megaphlomos Boiss. — Mont Parnasse (près Arachova). R. speciosum Schrad. var. megaphlomos Boiss. — Mont Par- nasse; Malevó; Trikali, prés de Gymnobouni. delphicum Boiss. — Mont Delphi. olympicum Boiss. et Orph. — Olympe de Thessalie, prés de Hagios Dionysios. mallophorum Boiss. — Mont Malevó (prés de Castanitsa); mont Parnasse; Taygéte; Cylléne; Delphi. pulverulentum Vill. — Mont Chelmos en Péloponése. sinuatum L. — Répandu dans toute la Grèce; vulgaire- ment s'appelle Phlomos et Agriosplonos (c'est le Pàópos méhas de Dioscorides). floccosum Griseb. — Melos; Syros; Taygéte; Malevó; Argos; Nauplie; Levadie; Athénes. pinnatifidum Vahl. — Égine; Phalére; Hydra. undulatum Lamk. — Nauplie; Athènes; Parnes. hypoleucum Boiss. — Cylléne. — R. grecum Held. et Sart. — Parnes; Malevó. — var. ætolicum.— Étolie et sur la montagne Arapo- cephalo. spinosum L. — Crète ; Sphakia. Linaria microcalyx Boiss. — Taygète; Mistrá; Malevó. longipes Boiss. — Salamis ; Crète. spuria L. Elatine L. var. villosa. — En Gréce et en Créte. græca Bory. — Attique; Étolie; Crète ; etc. vulgaris Mill. — Laconie; Attique. PONIROPOULOS. — TROIS FAMILLES DE LA FLORE GRECQUE. CCXLI Linaria Pelisseriana L. — Par toute la Gréce et Créte. arvensis L. —- Péloponèse. micrantha Cav. — Attique; Scyros; etc. Sibthorpiana Boiss. -— Mont Parnasse. — var. peloponesiaca. — Taygète; Malevó. — parnassica. — Mont Parnasse. purpurea L. — C. en Gréce. triphylla L. — CC. en Grèce. reflexa L. — Argolide. chalepensis L. — Attique; Zante; Créte. rubrifolia Rob. — Mont Pentélique; Hymette; Salamis. minor L. — Mont Parnasse. Scrofularia peregrina L. — CC. en Gréce. Scopolii var. grandidentata Boiss. — Mont Malevó ; Del- phi. — var. oligantha Boiss. — Taygète. alata Gilib. — Mont Malevó; Parnasse. lucida L. var. genuina. — Dans les iles Cyclades. — var. filicifolia Boiss. — Mont Hymette; Parnes; Pentélique; Parnasse; dans les iles d'Andros, Hydra et Naxos. laxa Boiss. — Cylléne et Taygète. taygetea Boiss. — Mont Taygéte prés de Mistra. heterophylla Willd. — Dans les iles de Naxos, Mélos, San- torin, Syros; Boétie; Livadie; Nauplie; Lycabète. — var. pinnatisecta. — Acropole d'Athénes; Lyca- béte; Kalamata; Navarin ; Céphallonie; Zante; Acarnanie. laciniata W. — Mont Cyllène, au-dessus de Mégaspyleon. — var. multifida Boiss. — Taygéte; Chelmos; Par- nasse. canina L. — Péloponése; Attique; Céphallonie; Zante et Scyros; etc. Digitalıs ferruginea L.—- Mont Malevó; Taygète; Parnasse; vulgaire- — — ment nommé Koracochorton (8à£6opoc Xcoxóc de Diosco- ride). lanata Ehrh. — Mont Parnasse, etc. levigata W. K. — Mont Malevó (vulg. nommé Pountochor- ton, xovvcxóyopszov). Veronica anagalloides Guss. — Béotie. — —-— Beccabunga L. — Lieux humides, en Gréce. thymifolia Sibth. — Mont Tymphristos en Étolie; Parnasse. T. XXX. lü GCXLIi CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Veronica Clematis — Chamædrys L. var. pilosa Benth. — Mont Taygète et sur les montagnes d'Achaie. Teucrium L. — Mont Parnasse. latifolia L. — Péloponèse, sur les montagnes. austriaca L. — Sur le mont Belougo en Étolie. aphylla L. — Sur le mont Parnasse. thessalica Bth. — Cylléne; Parnasse. Sartoriana Boiss. — Mont Parnes; Attique; Parnasse (Ara- chova). acinifolia L. — Mont Parnes. glauca Sibth. — Terrains sablonneux, en Attique. peloponesiaca Boiss. et Orph. — Argolide; mont Malevó; Hé- licon en Béotie; sur le mont Ænos en Céphallonie, et dans l'ile Tinos. triphyllos L. — En Gréce, lieux sablonneux. Buxbaumii Ten. — Grèce. didyma Ten. — Grèce. Cymbalaria Bod. — Grèce. hederæfolia. — Grèce. Ranunculaceze. — Barodyta. cirrosa L. — Attique; Argolide; littoral de la Méditerranée. integrifolia L. — Prairies humides en Laconie. orientalis L. — Ile de Tinos. Flammula L. — Laconie et Zante. Vitalba L. — Mont d'Achaie; Parnasse et dans l'ile Mélos. Anemone coronaria L. — Mont Parnes. — — var. parviflora. — Messénie. fulgens J. Gay. — Messénie; Argolide; Attique. — var. purpureo-violacea Boiss. — Attique; Messé- nie, etc. i blanda Schott et Ky. — Sur les montagnes de Grèce. nemorosa L. — Mont Parnasse. Ranunculus aquatilis L. — Environs d'Athènes. trichophyllus Chaix. — Dans l'eau, à Zante, etc. Ficaria L. — Sur les montagnes du Péloponèse à Zanle ; sur le mont Enos ; Céphallonie et Hymette. calthefolius Jord. — Athènes, sur le mont Hélicon et en Péloponése, — -.. : ficarioides Bory et Chaub. — Sur le Taygéte. brevifolius Ten. — Taygète; Parnasse. PONIROPOULOS. — TROIS FAMILLES DE LA FLORE GRECQUE. CÜXLIIL Ranunculus isthmicus Boiss. — Isthme de Corinthe. peloponesiacus Boiss. — Sur les monts Parnes; Acnos; Parnasse, etc. rumelicus Griseb, — Mont Parnes et Panique, | psilostachys Griseb. 8. grecus. — Laconie ; Malevó ; Tay- gète. . cherophyllos L. — Iles Cyclades. Sprunerianus Boiss. — Hymette; Pentélique; Apres lide, etc. Heldreichianus Jord. — Argos; Parnes. millefoliatus Vahl. — Parnes ; Taygète; Cylléne; Malevó. Millii L. — Entre Sparte et Gythion. palustris L. — Argolide et Attique. neapolitanus Ten. — Dans l'Olivet d'Athènes; Kefissia. repens L. — Cà et là. Villarsii DC. — Cyllene. demissus DC. y. græcus Boiss. — Cylléne; Chelmos; Olenou. brutius Ten. — Mont Cylléne. velutinus Ten. — Zante; Péloponèse et Attique. ophioglossifolius Vill. — Zante; Attique; Argolide. parviflorus L. — Achaie. chius DC. — Attique; Argolide ; Chios. trilobus Desf. — Lieux humides de Grèce. philonotis Retz. — Mêmes stations. trachycarpus F. et M. — Nauplie. muricatus L. — Grèce. graecus Griseb. arvensis L. — Toute la Gréce. Helleborus niger L. — Sur les montagnes de Laconie. — cyclophyllus Boiss. — Mont Parnasse; Hélicon et Oleneu en Achaie. Delphinium tenuissimum Sibth. — Mont Hymette. — Ajacis L. — Mont Malevó ; Parnasse et Ænos en Céphal- lonie. peregrinum L. — lle de Zante, etc. — var. eriocarpum Boiss. — Dans l'ile de Scyros. Staphysagria L. — Zante; Scyros; Naxos; etc. CCXLIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. I PLANTES LIGNEUSES, ARBRES, ARBRISSEAUX ET SOUS-ARBRISSEAUX DE LA GRECE, ÉNUMÉRÉS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS LATINS (1). Abies Apollonis, A. cephallonica, A. Reginæ-Ameliæ, Acacia Farne- siana, Acer platanoides, Alnus glutinosa, Amygdalus communis et var. amara, Anagyris fetida, Anthyllis Hermanniæ, Arbutus Andrachne, A. Unedo, Artemisia arborescens, Arundo Donax. Berberis cretica, Buxus sempervirens. Calycotome villosa, Carpinus duinensis, Castanea vesca, Celtis austra- lis, Ceratonia Siliqua, Cercis Siliquastrum, Cistus parviflorus, Clematis Flammula, Colutea arborescens, Cornus mas, C. sanguinea, Corylus Avellana, C. Colurna, Cratægus monogyna, C. oxyacantha, Cupressus sempervirens, Cydonia vulgaris. Daphne oleoides, Diospyros Lotus. Elæagnus angustifolia, Ephedra campylopoda, Erica arborea, Erio- botrys japonica, Euphorbia biglandulosa, E. dendroides, Evonymus europæus. Fagus silvatica, Ficus Carica et var. caprifica, Fraxinus excelsior, F. Ornus. Genista acanthoclada. Hedera Helix. Ilex Aquifolium. Juglans regia, Juniperus attica, J. drupacea, J. fœtidissima, J. ma- crocarpa, J. Oxycedrus, J. phænicea. Laurus nobilis, Lonicera Caprifolium, L. etrusca, Loranthus euro- pæus, Lycium mediterraneum. Medicago arborea, Morus alba, M. nigra, Myrtus communis. Nerium Oleander. Olea europæa, Ostrya carpinifolia. Paliurus aculeatus, Persica vulgaris, Phillyrea angustifolia, P. media, Phlomis fruticosa, Pinus halepensis, P. Laricio, Pinus Pinea, Pirus amygdaliformis, P. communis, P. Malus, Pistacia Lentiscus, P. Terebin- thus, P. vera, Platanus orientalis, Populus nigra, P. Tremula, Poterium (1) Dans le manuscrit de l'auteur, le nom spécifique latin de chaque espèce était accompagné de ses noms correspondants en grec ancien et moderne. Sans mécon- naître l’imporlance, surtout au point de vue littéraire, de cette nomenclature, le comité de publication, obligé par l'abondance des matières de faire des coupures, a décidé que les noms latins seraient seuls imprimés. (Ern. M.) PONIROPOULOS. — PLANTES LIGNEUSES DE LA FLORE GRECQUE. CCXLV spinosum, Prunus Armeniaca, P. Cerasus, P. domestica, P. insititia, P. Mahaleb, P. Pseudo-Armeniaca, P. spinosa, Punica Granatum. Quercus Ægilops, Q. brachyphylla, Q. calliprinos, Q. coccifera, Q. Æsculus, Q. Ilex, Q. infectoria, Q. pedunculata, Q. pubescens, Q. ses- siliflora, Q. Tozza. Rhamnus Alaternus, R. græca, Rhus Coriaria, R. Cotinus, Ricinus communis, Rosa canina, R. sempervirens, Rosmarinus a Rubus amænus, R. discolor. Bliconná fruticosa, Salix, Salvia calycina, S. officinalis, S. triloba, Sambucus Ebulus, S. nigra, Satureia cuneifolia, S. Thymbra, Smilax aspera, Sorbus Aria var. græca, S. domestica, Spartium junceum, Styrax officinalis. Tamarix, Taxus baccata, Thymbra capitata, Thymus striatus, Tilia intermedia. Ulmus campestris, U. nemoralis. Viscum album, Vitis vinifera var. silvestris. Zizyphus vulgaris. CCXLVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. HERBORISATIONS EN 1887-88-89 DANS LE DÉPARTEMENT DU LOT, UN ALYSSUM ET UN ORCHIS HYBRIDE NOUVEAUX POUR LA FLORE FRANCAISE; ; par M. Ernest MALINVAUD. Je m'efforce de faire servir, autant que les circonstances le permet- fent, un voyage de vacances — perdulce otium — qui me ramène presque tous lesans depuis ma jeunesse dans le département du Lot à des études sur la végétation de ce pays. Les faits intéressants notés dans ‘ces herborisations et la plupart des plantes recueillies furent pendant longtemps communiqués à M. le D* T. Puel et devaient étre cités dans ‘une seconde édition de son Catalogue (1). Cette attente étant aujourd'hui déçue, je recours à la publicité du Bulletin, me bornant à insérer dans la présente Note la liste, par localités, des récoltes des trois derniéres années, suivie de détails sur la découverte de l’ Alyssum petrewm Arduin. au chàteau d'Assier et celle, à Thémines, d'un Orchis hybride, l'un et l'autre nouveaux pour la flore francaise. Des observations plus anciennes pourront étre ultérieurement publiées lorsque seront réunis et coordonués les documents à consulter, particulièrement les échantillons intercalés naguére dans un herbier général. Les herborisations résumées ci-aprés ont eu lieu, entre le 20 mai el le 20 juillet (2), sur le territoire des communes suivantes : 4° dans lar- rondissement de Figeac, Thémines, Théminettes, Rueyres, Issendolus, Espeyroux, Aynac et Leyme, faisant partie du canton de Lacapelle-Ma- rival; Flaujae, Saint-Simon et Sonac, de celui de Livernon; les ruines du château d'Assier; — dans l'arrondissement de Gourdon, les environs du chef-lieu (Saint-Clair, Prouillac, etc.) ; Alvignac et Rocamadour, du canton de Gramat; enfin Montvalent et Gluges, de celui de Martel. Les espéces tout à fait ubiquistes et de nul intérét seront passées sous silence. 1° Herborisations dans l'arrondissement de Figeac. Thémines. C'est à Thémines (3), où habite une partie de ma famille et point de départ de mes excursions dans les autres parties du département, que (1) Catalogue des plantes vasculaires qui croissent dans le département du Lo!, par T. Puel. Cahors, 1852. L'auteur avait réuni des matériaux en vue d'une seconde édition de cet ouvrage; mais il avait abandonné ce projet longtemps avant sa mort, survenue au commencement de 1890. (Note ajoutée pendant l'impression.) (2) En 4887, du 21 juin au 20 juillet; en 1888, du 14 juin au 8 juillet; en 1889, du 21 mai au 12 juin. A (3) Thémines est à une altitude de 347 métres; le Mas du causse, hameaw pum entre Thémines et Flaujac, est à 352 mètres. MALINVAUD. -— HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCXLVII jai le plus souvent herborisé. Selon qu'on dirige ses pas, sans quitter le territoire de cette commune, du côté de celle de Rueyres ou vers celle de Flaujac, l'une et l'autre limitrophes de la précédente, l'aspect du pays est assez différent. Dans la premiere de ces directions on rencontre les terrains du lias, notamment des argiles exploitées dans des briquet- teries, et l'on traverse, le long du ruisseau de Thémines, des prairies, un peu marécageuses dans leurs parties déelives, entourées de champs cultivés et de coteaux boisés. Dans ces stations diverses on peut récolter ; * Ranunculus trichophyllus var. ter- restris (R cespitosus Thuill.)(1). — parviflorus. i Aquilegia vulgaris. * Fumaria officinalis forma media (F. media Lois.). Nasturtium pyrenaicum. Cardamine impatiens. Erysimum perfoliatum. Draba muralis. Thlaspi arvense. Myagrum perfoliatum: Bunias Erucago. Rapistrum rugosum. Reseda Phyteuma (2). Polygala vulgaris et var. flore albo. — calcarea (3). Dianthus Armeria. Cucubalus baccifer. Geranium nodosum. — pusillum. — rotundifolium. — lucidum. — * Robertianum var. parviflorum. Genista pilosa. — sagittalis. * Ononis repens var. mitis. Anthyllis Vulneraria. * Medicago media. — apiculata. — maculata. — Gerardi. * Trifolium Molinerii. — * striatum. * maritimum. subterraneum. patens. * filiforme var. pauciflorum Coss, et G. Lotus tenuifolius. Coronilla scorpioides. Vicia Cracca. — sativa et var. angustifolia. — sepium (form. foliolis oblongo- cuneatis). Ervum hirsutum. — gracile. Lathyrus Nissolia. — hirsutus. Spiræa Filipendula. * Rosa canina var. dumalis (R. du- malis Bechst.). (1) Les espèces ou variétés marquées d'un astérisque ne figurent pas dans le Cata- logue de M. Puel ou y sont mentionnées avec doute sans indication de localités et Sur des, données peu précises; on peut considérer comme tels les renseignements puisés dans la Statistique du Lot de Delpon, ouvrage publié en 1831 et méritoire à d'autres égards, mais d'une faible valeur, ainsi que l'auteur le reconnait lui-même; au point de vue des notions relatives à la flore du pays. ; (2) RESEDA PuYTEUMA, trés abondant dans les champs de Mays à Rueyres, plus rare dans les champs du Puy de la Garde à Thémines, oü j'en ai vu un pied en fleur le 22 juin 1888. Ce n'est qu'à la fin d'aoüt ou au commencement de E qué cette espèce est en pleine floraison. M. Puel la cite dans son Catalogue (n* 653), sans localité, d'aprés la Statistique de Delpon. ` (3) POLYGALA CALCAREA, extrémement répandu; à fleurs roses sont à peu près également communes sont plus rares. la forme à fleurs bleues et celle à Thémines, les fleurs blanches CCXLVIII * Rosa agrestis Savi. (1). — * micrantha $m. Cydonia vulgaris (dans les haies). Epilobium montanum. Sedum rubens. — Cepæa. Saxifraga tridactylites. — granulata. Sanicula europea. Sison Amomum. — Fleurit en août, ainsi que l'espéce suivante. — * segetum. Carum Bulbocastanum. Conopodium denudatum. Bupleurum rotundifolium. * (Enanthe peucedanifolia. — pimpinelloides. Tordylium maximum. Orlaya grandiflora. Caucalis daucoides. Turgenia latifolia. * Torilis nodosa. Anthriseus vulgaris. Viburnum Lantana. hnautia arvensis. Inula graveolens. — Fleurit en août. * Cirsium acaule var. caulescens. Carduus tenuiflorus. * Tragopogon pratensis. Scorzonera humilis. Lactuca muralis. * Hieracium vulgatum Fr. var. scia- philum (S. sciaphilum Uechtr. forma). — Rochers le long du ruisseau de Thémines, avec le suivant. — murorum L. f. silvaticum L, Campanula glomerata. CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. * Campanula Trachelium var. urtici- folia. — persicifolia. — Rapunculus. — patula. Symphytum tuberosum. Lithospermum officinale. * Myosotis silvatica. — hispida. * Orobanche cruenta. Lathræa Clandestina. Melampyrum arvense. Rhinanthus minor. Melissa officinalis. Stachys germanica. — alpina. — Peu abondant; Thé- mines, Mas de Lafont. Lysimachia Nummularia, Plantago serpentina (2). Rumex nemorosus. — pulcher. Euphorbia platyphylla. verrucosa. Peplus. falcata. exigua. — amygdaloides. Salix purpurea. Orchis ustulata. coriophora. fe * x, Pauliana Malvd (un seul indi- vidu, voy. plus loin sa descrip- tion). Morio. mascula. — laxiflora. — maculata. — latifolia (3). (1) Un de ces Rosa, s'écartant un peu du type, a été étiqueté comme il suit pst M. Rouy auquel je l'avais communiqué: « ftosa agrestis Savy (R. sepium Thuill.) form. Thuillieri Rouy! ad var. pubescens Rap. accedens ». (2) PLANTAGO SERPENTINA Vill. Cette plante est celle que Lamotte, dans son Pre drome (p. 619), nomme P. graminea Lamk, avec les synonymes suivants : « P. maritima Bor. Fl. du centr. édit. 3, p. 53); Reichb. fil. Ic. plant. XVII, tab. 81, f. 1; — P. ser- pentina G. et G. II, 724 (pro parte) et plerique auct. an Vill.? » (3) M. G. Camus rapporte au type latifolia un individu, à feuilles larges mais non tachées, récolté dans la prairie des Pradasses, au milieu de nombreux O. incarnata. J'adopte provisoirement (n'étant pas encore personnellement fixé sur la question) l'opinion de M. G. Camus sur la distinction spécifique des O. latifolia et incarnata. Je suis aussi redevable à notre collègue, bien connu par ses intéressantes observa- tions sur les Orchidées françaises, de la détermination de VOrchis ambigua Kern. MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCXLIX Orchis incarnata e£ sa variété angus- tifolia (0. Traunsteineri Saut.). — * ambigua Kern. (hybr. des O. ma- culata et incarnata). — Un seul pied, à cóté des parents présumés, dans la prairie des Pradasses. — conopea. Ophrys Scolopax. Serapias Lingua. Cephalanthera rubra. Neottia ovata. Gladiolus segetum. Narcissus poeticus (1). Ornithogalum pyrenaicum. * Carex disticha. — distans. * Carex hirta var. hirtæformis (C. hir- te formis Pers.). * Avena pubescens. Melica ciliata. Bromus secalinus. — * commutatus. — squarrosus. — * erectus. Gaudinia fragilis. Triticum caninum. * Hordeum secalinum. Lolium perenne var. tenue. Equisetum palustre. — limosum. Scolopendrium officinale. Si l'on se dirige au contraire du côté de Flaujae, en suivant pendant environ un kilométre le chemin qui y conduit aprés avoir traversé la grande route de Gramat à Figeac, on aperçoit des deux côtés les champs pierreux du causse (calcaire jurassique), cultivés en quelques endroits où la terre végétale est suffisante pour produire de maigres moissons, plus souvent utilisés en pacages, et cà et là parsemés de quelques taillis. Ces terrains, en général peu fertiles au point de vue agricole, nourris- sent une population végétale assez variée, dont la liste suivante donnera un apercu : riété à fleurs blanches ou d'un Thalietrum minus (2) (forme des lieux blanc jaunâtre (3)]. secs). * Fumaria officinalis form. media (F. media Lois.). Myagrum perfoliatum. Helianthemum vulgare [avec une va- Helianthemum pulverulentum. Dianthus carthusianorum (avec la va- riété congestus). Arenaria controversa (4). — Avec À. (1) Le Narcissus poeticus présente, dans les prairies à Thémines, deux variétés se distinguant surtout par la forme des divisions du périanthe, qui sont dans l'une trés larges, presque arrondies, se recouvrant par les bords, et dans l'autre au contraire relativement étroites, oblongues, ne se touchant point par les bords. Celle-ci est peut-étre le Narcissus stellaris Haw. J'ai rencontré, en mai 1889, plusieurs individus à tige biflore. : : (2) M. Foucaud, auquel j'avais communiqué cette forme, y a reconnu son ancien Thalictrum Savatieri. 4 (3) Les individus, en trés petit nombre, qui offraient ces fleurs blanches étaient Peut-être hybrides des Helianthemum vulgare et pulverulentum, au milieu desquels ils étaient clairsemés, et correspondent probablement à lH. vulgare var. e. albiflo- rum de J. Koch, dont l'observation (Syn. édit. 3, p. 70) relativement à la comparai- Son avec le type vulgare « prater colorem floris nullam differentiam invenio » serait egalement applicable à notre plante. poa espèce figure dans le Catalogue de M. Puel sous le nom d'A. Gouffeia aub. CCL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. serpyllifolia et tenuifolia dans | Carduncellus mitissimus. le méme champ. Kentrophyllum lanatum forma simplex. * Linum alpinum var. Leouii (1). Podospermum laciniatum. Althaa hirsuta. Lactuca perennis. Hypericum hirsutum. Crepis pulchra. Acer monspessulanum. * Hieracium vulgatum Fries var. scia- Geranium sanguineum. philum (H. sciaphilum Uechtr. — nodosum. forma). — Robertianum var. parviflorum. Convolvulus Cantabrica. * Cytisus supinus. Echinospermum Lappula. — argenteus. * Echium vulgare var. parviflorum Ononis Columnæ. (E. Wierzbickii Hab.). Medicago orbicularis. Linaria minor. — minima. Orobanche Rapum. — Gerardi. — Epithymum. Trifolium rubens. — * amethystea. — ochroleucum. |* Melampyrum cristatum. Hippocrepis comosa. Melittis Melissophyllum. Spiræa obovata (2). Globularia vulgaris (4). * Rosa micrantha. Euphorbia verrucosa. * Sedum anopetalum. — Cyparissias. Trinia vulgaris. — falcata. * Carum Bulbocastanum. Aceras pyramidalis. Conopodium denudatum. — hircina. Bupleurum aristatum (3). Lilium Martagon. Orlaya grandiflora. Allium vineale et var. compactum. Caucalis daucoides. Koleria cristata. Inula montana. [Au mois d'aoüt on trouve communé- Pyrethrum corymbosum. ment, entre Thémines et Flaujac, lE- * Carduus vivariensis. ragrostis pilosa et le Tragus race- Serratula tinetoria. mosus |. y es plante parait correspondre au Linum austriacum du Catal. de M. Puel n? ; (3) C'est le Spiræa hypericifolia L. in Gren. et Godr. (Fl. de Fr. 1, 518); S. hype- ricifolia L. var. crenata Seringe in Puel Catal. n° 693; S. obovata W. et K. (in Willd.) d'aprés Boreau Fl. centr. et Lamotte Prodr. Ces deux derniers auteurs distinguent spécifiquement leur S. obovata du S. hypericifolia L. Nous reviendrons ultérieurement sur cette synonymie. (8) Cette plante doit conserver le nom de B. aristatum Bartl. auquel, dans ces pe niers temps, on a voulu substituer à tort celui de B. opacum Lange. (Voyez sur won question l'excellent travail publié par M. le D" Saint-Lager sous le titre : « eigen “rations sur le polymorphisme de quelques espèces du genre Bupleurum »; Paris, e (chez J.-B. Baillière). (Note ajoutée pendant l'impression). : : (4) Notre Globularia vulgaris, celui de Tournefort, de Linné et de la tradition, est la forme commune à laquelle M. Nyman a si mal à propos et hors de propos applique le nom parasite de G. Willkommii. (Voyez, sur cette question de nomenclature, l'ar- ticle intitulé : « Récentes vicissitudes du Ranunculus cherophyllos et du Globularia vulgaris » in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXVII, sess. de la Rochelle, p. LXXXVII). (Note ajoutée pendant l'impression.) MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCLI Théminettes. Champs du causse, 24 juin 1888. Altitude de Théminettes, 345 métres. Adonis flammea. * Cytisus supinus. * Rosa agrestis Savy forma. Bupleurum aristatum. ; Caucalis leptophylla. Plantago lanceolata (forme naine à épis subglobuleux, an var. capitellata Koch ?). Euphorbia falcata. Echinaria capitata. | Bromus squarrosus. Issendolus. Espéces récoltées, le 9 juillet 1887, dans les champs du causse de cette commune, qui est limitrophe de celles de Flaujac et de Thémines : - Dianthus carthusianorum et var. con- gestus. Hypericum hirsutum. Genista sagittalis. * Cytisus supinus. Trifolium rubens. Rosa arvensis (diverses formes) (1). Sedum rubens. Bupleurum rotundifolium. — faleatum (non encore fleuri). Viburnum Lantana. Pyrethrum corymbosum. * Carduus vivariensis (forma). Serratula tinctoria (non fleuri). Campanula glomerata. Convolvulus Cantabrica. * Melampyrum cristatum. Euphorbia verrucosa. — falcata. Polygonatum vulgare. Lilium Martagon. Allium sphærocephalum. Entre Assier et Flaujac. Herborisation le long de la voie ferrée, 24 mai 1889, en passant sur le territoire des communes de Sonac et de Saint-Simon; terrains du causse. Altitude de Flaujac, 333 mètres. Ranunculus gramineus. * Sisymbrium asperum. Thlaspi perfoliatum. * Capsella Bursa-pastoris var. rubella. Neslia paniculata. Helianthemum pulverulentum. Reseda lutea. Polygala calcarea. (Fleurs bleues, ro- sées et blanches). Cerastium glutinosum. . Medicago Gerardi. Trifolium ochroleucum. . Coronilla scorpioides (commencant à fleurir). Vicia gracilis. Spiræa obovata (trés bien fleuri). Asperula arvensis. * Taraxacum officinale var. erythro- spermum (T. erythrospermum Andrz). Ajuga genevensis. — Chamæpitys (non fleuri). (1) L'une de ces formes, soumise à M. G. Rouy, a été déterminée comme il suit par notre obligeant collègue : « Rosa arvensis Huds. (p. p.), forme repens (R. repens Scop., à fruits ovales), var. parvifolia de Martr. Donos, » CCLII Globularia vulgaris. * Euphorbia papillosa de Pouz. (E. Duvalii Lec. et Lam.) (1). — Gerardiana. Orchis Morio. CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Limodorum abortivum (non fleuri). Ornithogalum umbellatum. Muscari comosum. * Avena pubescens. Poa bulbosa var. vivipara. Espeyroux. Plantes récoltées, le 4 juillet 1887, aux environs de l'étang de Lasbios; terrains du Ségala (2) : Helianthemum guttatum. Hypericum pulchrum.— Quelques indi- vidus offraient des feuilles ter- nées. Genista anglica (en fruit). — pilosa. Adenocarpus complicatus Gay (très abondant). Trifolium patens. Lotus major. Carum verticillatum. Galium palustre. Scorzonera humilis (avec la forme an- gustifolia). Jasione montana. Wahlenbergia hederacea. * Myosotis palustris var. lingulata. * Orobanche cruenta. Anagallis tenella. Sparganium ramosum. Serapias Lingua. Heleocharis palustris. Aynac et Leyme. Herborisation, le 8 juillet 1888, le long de la route montueuse qui con- duit de la premiére de ces communes à la seconde. Terrains et flore du Ségala. Altitude de Leyme : 463 métres. Sur les talus au bord de la route : Polygala vulgaris. Lychnis coronaria. Senecio adonidifolius (non encore fleuri). Jasione montana. Campanula glomerata. Danthonia decumbens. Festuca sciuroides. Sur un tertre sablonneux à un kilométre de Leyme : Sagina procumbens. Spergularia rubra. Radiola linoides. Hypericum humifusum. (1) Cette rare espèce, nouvelle pour la flore du Lot, commençait à peine à fleurir. Elle peut être facilement confondue, si on ne la connait pas, avec l'E. verrucosa, Lotus angustissimus. Ornithopus perpusillus. Scleranthus annuus. Filago montana. qui est répandu dans l'arrondissement de Figeac et fleurit à peu près vers la méme époque. (2) On donne le nom de Ségala au pays dont le sol est généralement granitique et favorable à la culture du Seigle. MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCLIH Dans un pré marécageux qu'on trouve à droite de la route en allant vers Leyme : Droserà rotundifolia. Helodes palustris. Genista anglica (fruit). — pilosa. Lotus major. Carum verticillatum. Scorzonera humilis. Wahlenbergia hederacea. * Myosotis palustris var. strigulosa. Orobanche Rapum. Anagallis tenella. Orchis conopea (en fruit). Narthecium ossifragum (commençant à fleurir). Luzula multiflora. Carex stellulata (en fruit). — Œderi. Heleocharis multicaulis (avec épillets vivipares). Blechnum Spicant. Rhinanthus minor. 2» Herborisations dans l'arrondissement de Gourdon. Gourdon (Saint-Clair, Prouillac, Groslejac). Àu mois de juin 1887, me rendant à une invitation de mon ami M. Gustave Alayrac, président du tribunal de Gourdon, j'ai fait aux envi- rons de cette ville, suivant l'itinéraire qu'il m'avait tracé, trois herbori- sations fructueuses dans des directions différentes. La première fut con- sacrée aux grezes de Saint-Clair, terrains en friches calcaires et rocailleux; la seconde, dirigée vers le bourg de Prouillac situé à 4 kilo- métres au sud-est de Gourdon, devait me donner un apercu de la végé- lation de la Bouriane, vaste étendue de terrains siliceux limités au Nord et à l'Ouest par une ceinture de collines dont la formation parait se rap- porter au grès vert du crétacé avec bréches et cavernes à la partie supé- rieure fortement pénétrées de calcaire. Enfin, le dernier jour, M. Alayrac me conduisit lui-même aux étangs de Groslejac, situés sur le grès vert du crétacé (1) et en partie dans le département de la Dordogne; les points que je visitai sont compris dans le Lot. Voici les espèces intéressantes récoltées à Saint-Clair, le 21 juin : Iberis amara var. (I. arvatica Jord.?). | Linum strictum. Rapistrum rugosum. — tenuifolium. * Fumana procumbens var. Spachii. |Coriaria myrtifolia (fr.). Silene nutans. Genista tinctoria. : : : ii (1) M. Alayrac, auquel je suis redevable de ces indications géologiques, s'intéresse aux recherches d'histoire naturelle et s'y livre lui-méme avec succes dans les mn loisirs que lui laissent ses devoirs professionnels. Il a découvert AETAT dans les fissures du rocher de Coupiac, à 4 kilomètres au sud-ouest de Gourdon, sa Fougère très rare en France et peu connue, qui est peut-ètre l'Asplenium refrac - Lowe, étant du moins entièrement semblable à un Asplenium papire, Mu ig Par le D' Eug. Fournier et provenant de la Corrèze. Faure OcoAMOR CO POVERI 3 cette plaute remarquable. (Note ajoutée pendant l'impression.) CCLIV Ononis Column. * Anthyllis Vulneraria var. rubriflora. Trifolium ochroleucum. Coronilla scorpioides (commengant à fleurir). Hippocrepis comosa. * Onobrychis sativa var. (0. collina Jord.?) (1). Ervum gracile. Lathyrus latifolius. Crucianella angustifolia. Rubia peregrina forma longifolia. Knautia arvensis var. integrifolia (2). * Tragopogon crocifolius (3). Lactuca perennis. Inula montana. Helichrysum Stechas (commençant à fleurir). CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Xeranthemum (4). Chlora perfoliata. — Quelques indivi- dus avaient les feuilles verticillées par trois. 7 * Echium vulgare var. parviflorum (E. Wierzbickii Hab.). Digitalis lutea (les premières fleurs). Globularia vulgaris. Brunella alba. Teucrium Botrys. Euphorbia verrucosa. Ophrys apifera. * Epipactis microphylla (5). Cephalanthera rubra. Luzula Forsteri. Avena flavescens. Bromus squarrosus. . Entre Saint-Clair et Gourdon, au bord de la route et cà et là: Ononis Natrix. Jasione montana. * Peucedanum Cervaria. — Non fleuri, | Cynoglossum pictum. sur un talus herbeux prés de | Ophrys apifera. Gourdon). Crepis pulchra. Festuca rigida. Ægilops ovata. Aux environs de Prouillac, 22 juin : Bunias Erucago. Raphanus Raphanistrum (variété à élé- gantes fleurs lilas). Drosera rotundifolia. Spergula arvensis. Geranium molle. Rhamnus Frangula. Ulex europæus. Lotus major. Alchemilla arvensis. * Epilobium lanceolatum. Carum verticillatum. (4) Cette plante, par ses tiges courtes et couchées et la brièveté de la corolle, se distingue à première vue de l'O. sativa type. Elle parait se rapporter à l'O. collina Jord, Pug. p. 63 (Bor. FI. centr. édit. 3, n° 544). (2) Cette variété présente des feuilles entières, au moins les inférieures, et les corolles extérieures non rayonnantes ; d’après Boreau (Fl. centr. édit. 3, p. 316), ces caracteres correspondraient au K. campestris Bess. (3) Je rapporte provisoirement à cette espèce un Tragopogon à fleurons violets, malheureusement trop jeune pour être déterminé avec une entière certitude. (4 Ne montrait que les premières feuilles; probablement Xeranthemum cylin- draceum. (5) Des deux échantillons récoltés, l'un présentait trés exactement tous les carac- tères attribués à PE. microphylla Swartz, notamment toutes les feuilles plus courtes que les entre-nœuds de la tige. Sur l’autre, au contraire, les feuilles moyennes dépas- saient très notablement les entre-nœuds, comme dans Epipactis atrorubens Hoffm. Nous croyons que ce dernier doit être réuni spécifiquement au précédent, et il est meme possible que l'un et l'autre ne soient que des variétés de l'Epipactis latifolia. MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. Œnanthe pimpinelloides. Knautia silvatica. * Hieracium vulgatum var. sciaphilum (H. sciaphilum Uechtr.). Veronica arvensis form. polyanthos (V. polyanthos Thuill.). Anagallis tenella. * Rumex bucephalophorus. — Très abondant, prés du bourg de Prouillac, au bord d'un champ. Polygonum Convolvulus. Euphorbia verrucosa. — Cyparissias. CCLV Orchis laxiflora. — conopea. — * incarnata, avec la forme foliosa. Tamus communis. * Eriophorum angustifolium. * Carex pulicaris. — stellulata. — * paludosa var. Kochiana. * Agrostis alba var. coarctata. * Equisetum palustre var. polysta- chyum. Osmunda regalis. Au bord de la route conduisant à Groslejac : Ononis Natrix. Psoralea bituminosa. Festuca Pseudomyuros. * Festuca ciliata. Ægilops ovata. — triuncialis. Dans les étangs de Groslejac, 24 juin : * Cirsium anglicum. x — Forsteri Smith (C. anglico-pa- lustre) (4). Andryala sinuata. Carex panieulata. — Œderi. Orchis conopea. * Orchis odoratissima. Epipactis palustris. Cladium Mariscus. * Eriophorum angustifolium. Equisetum Telmateia. * Polystichum Thelypteris. Auzac, Couzou. Dans le trajet de Gourdon à Gramat, le 26 juin 1887, profitant de deux haltes j'ai récolté : A Auzac : Vicia tenuifolia (non fleuri). * Sedum anopetalum. Bupleurum rotundifolium. Lonicera etrusca. Rubia peregrina var. intermedia. Knautia arvensis var. integrifolia (K. campestris Bess. ?). Inula montana. Xeranthemum cylindraceum (non fleuri). Ornithogalum pyrenaicum. (1) A côté du Cirsium anglicum, je récoltai deux formes hybrides dont les carac- léres anormaux m'avaient frappé et sur la description desquelles je me propose de revenir dans un travail ultérieur, M. G. Camus, qui a fait une étude particulière des Cirsium litigieux, rapporte l'un des hybrides de Groslejac au Cirsium Forster $m. (Franchet, F1. Loir-et-Cher, p. 318), qui serait un C. anglico-palustre et se rat- tacherait pro parte au C. spurium Delastre. — L'autre Cirsium hybride récolté à Gros- lejae est également issu en partie du C. anglicum, mais le second parent est moins évident. CCLVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Et à Couzou : Ononis striata. * Vicia peregrina. Ervum Ervilia. Herniaria glabra. Pyrethrum corymbosum. Teucrium Botrys. Euphorbia Gerardiana. Limodorum abortivum. Phalangium Liliago. Alvignac, château de Salgues. Le château de Salgues, où je reçois l'hospitalité d'amis de longue date et second centre aprés Thémines de mes herborisations dans le Lot, est situé, ainsi que les domaines de Salgues et de Réveillon, ses dépendances, dans la commune d'Alvignae, limitrophe de celle de Rocamadour. Lors- qu'on passe pour la premiére fois de celle-ci dans la premiére aprés avoir traversé la voie ferrée, en voyant succéder aux mornes solitudes du causse les champs cultivés, les prairies et les bois, on est frappé du contraste inattendu offert par un paysage riant et varié avec le plateau pierreux, triste et monotone, qu'on a laissé derriére soi. Ce changement est dà à la différence des terrains : le calcaire oolithique est subitement remplacé par les assises argilo-marneuses du lias qui viennent émerger dans la commune d'Alvignac. Plantes notées' dans le grand bois de Salgues : Hypericum hirsutum. Acer campestre var. hebecarpum. Evonymus europæus. Rhamnus Frangula. Genista tinctoria. — sagittalis. Melilotus macrorrhiza (fleurit en août). Lathyrus Nissolia. Orobus tuberosus. — niger. — R. dans ce bois; plus com- mun prés de Miers, commune voisine. Cratægus monogyna. Sorbus torminalis. Epilobium montanum. Sanicula europæa. Sison Amomum (fleurit en août). Conopodium denudatum. (Enanthe pimpinelloides. Angelica silvestris. — Le 13 juillet 1887, j'en observai une forme à feuillage trés élégant avec des folioles panachées de blanc. Lonicera Xylosteum. * Hieracium vulgatum var. sciaphilum (H. sciaphilum Uechtr. forma). Symphytum tuberosum. * Myosotis silvatica. Me Scrofularia nodosa. — Quelques indivi- dus présentaient des feuilles ver- ticillées par trois. * Orobanche cruenta. Rumex nemorosus. Euphorbia duleis. Quercus sessiliflora. Carpinus Betulus. * Platanthera bifolia var. Reichb. is Epipactis latifolia. — Fleurit fin juillet et en aoüt. * Cephalanthera ensifolia. Convallaria multiflora. Ruscus aculeatus. Luzula Forsteri. — * multiflora var. pallescens. Carex vulpina. — divulsa. — remota. laxiflora MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCLVII Carex glauca. Carex hirta. — pallescens. Milium effusum. — silvatica. * Festuca heterophylla. Dans les prairies et les champs de Salgues : Polygala calcarea. Orchis Morio. — Avec une forme à Medicago maculata. fleurs blanches. Melilotus alba. — laxiflora. — Avec de nombreux * Trifolium elegans (1). pieds à fleurs d'un blanc trés pur. Vicia lutea (2). — * alata. — Un seul pied au milieu Lathyrus hirsutus. des deux précédents. Epilobium tetragonum. — *ambigua Kern.— Un seul pied(3). Bupleurum rotundifolium. — * incarnata. Linaria minor. — pyramidalis. Euphorbia platyphyllos. Serapias Lingua. — Cyparissias. Carex distans. Orchis ustulata. Çà et là : Ranunculus auricomus. Verbascum Blattaria. Reseda Luteola. Vinca major. — Probablement natu- Geranium dissectum. ralisé, au voisinage des habita- Trifolium angustifolium. tions. Hyoscyamus niger. * Myosotis Balbisiana. À côté de la fontaine et le long du ruisseau de Salgues : Nasturtium officinale var. siifolium. Guss. ?). Heliosciadium nodiflorum. * Zannichellia palustris forma. — Pa- * Veronica Anagallis (à inflorescence rait étre le Z.repens de quelques glanduleuse, V. anagalloides auteurs. A Réveillon et aux alentours de la grotte de ce nom : Impatiens Noli-tangere (à l'entrée de| Medicago Gerardi (M. cinerascens la grotte). Jord.). Medicago minima. Trifolium scabrum. (1) Ce Trèfle, nouveau pour le Lot, était très abondant, le 26 juin 1888, dans une prairie située entre le grand bois de Salgues et le chemin qui conduit à Alvignac. Comme je le rencontrais en ce lieu pour la première fois, je pensai qu'il pouvait provenir de graines mélangées aux semences des fourrages. Cependant M. Joseph Delfour, propriétaire de Salgues, qui est un bon observateur, m'assura que cette Plante devait étre spontanée. bes .(2) J'ai vainement cherché dans un champ, près du château de Salgues, "i bind bithynica L., que naguère j'y avais vu très abondant. : (3) Je dois la détermination de cette forme à M. G. Camus; elle parait étre hybride des O. maculata et incarnala, au milieu desquels elle se trouvait. T. XXXVI. 17 CCLVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Melica ciliata, etc. Crepis pulchra. * Caucalis leptophylla. Campanula Erinus. Carduus vivariensis. Rocamadour. Cette localité, l'une des plus remarquables de la flore du Lot, offre aux recherches du botaniste trois stations principales: le causse; — la vallée de l'Alzou, petite rivière descendant de Gramat ; — les coteaux et rochers qui, des deux cótés de ce cours d'eau, s'élévent à une grande hauteur, et en quelques endroits presque verticalement. Gramat est à 292 mètres d’altitude et le bourg de Rocamadour à 256 mètres. Le causse de Rocamadour, compris entre la voie ferrée et la vallée, présente un spécimen typique de la physionomie et de la végétation de ce genre de terrain. Le sol est légèrement accidenté; on y voit quelques éminences en forme de mamelons arrondis, ainsi que des excavations plus ou moins larges et profondes résultant d'anciens affaissements (1); presque partout à nu une roche grisàtre se délitant en feuillets avec lesquels, pour en débarrasser le sol, on éléve de petites murailles en pierre séche qui séparent les champs et servent à enclore les moindres héritages ; des pacages parsemés de rares bouquets d'arbres et d'arbris- seaux, parmi lesquels une forme de Quercus pubescens, le Genévrier, l'Érable de Montpellier, le Spiræa obovata, le Prunus Mahaleb, ete. ; cà etlà de maigres cultures : tel est l'aspect général de ce pays. Si l'on veut recueillir en bon état les plantes du causse, on doit les rechercher de préférence dans les pacages d'hiver, ainsi appelés parce qu'on n'y eonduit les troupeaux qu'à l'arriére-saison. Dans un de ces enclos réservés que je visitai le 2 juillet 1888, je pris note de toutes les Phanérogames qui y étaient reconnaissables à ce moment; en voici la liste : Thlaspi perfoliatum (en fruit). Trifolium rubens. Helianthemum vulgare. — scabrum. — pulverulentum. — ochroleucum. * Linum alpinum var. Leonii. Astragalus monspessulanus. Acer monspessulanum. Coronilla minima. Althæa hirsuta. Cerasus Mahaleb. Ononis striata. Spiræa obovata. Medicago minima. . [* Rosa pimpinellifolia. (1) L'épaisseur plus grande de la terré végétale dans ces excavations y favorise c développement d'une végétation relativement luxuriante, et l'on y volt p certaines espèces, par exemple le Peucedanum Ghabræi Gaud., qui ne pourraient pà vivre sur le plateau environnant. MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. CCLIX Thymus Serpyllum. Stachys recta. * Sideritis hyssopifolia (fleurit en août) (1). Teucrium Chamædrys. Globularia vulgaris. * Thesium divaricatum (2). Euphorbia Gerardiana (3). — exigua. Quercus sessiliflora forma. Koeleria valesiaca. Melica ciliata. Echinaria capitata. * Sedum'anopetalum. Eryngium campestre. Trinia vulgaris. Bupleurum aristatum. Asperula cynanchica. Crucianella angustifolia. Inula montana. Pyrethrum corymbosum. * Carduus vivariensis. Carduncellus mitissimus. Podospermum laciniatum. Vincetoxicum officinale var. laxum. Convolvulus Cantabrica. Salvia pratensis. Ce n'est là évidemment qu'une partie minime de la florule du causse ; mais, sauf peut-étre le Rosa pimpinellifolia etle Sideritis hyssopifolia relativement un peu moins répandus, les autres espéces mentionnées sont toutes communes aux environs de Gramat et se retrouvent probable- ment ailleurs sur de vastes étendues dans le département. En sus des plantes de l'énumération précédente, on trouve sur divers points du causse de Rocamadour : Delphinium peregrinum. — Dans les moissons, fleurit au mois d'aoüt. * Capsella Bursa-pastoris var. rubella. Myagrum perfoliatum. Neslia paniculata. Fumana procumbens. — * Spachii. Reseda lutea. Alsine tenuifolia. Linum gallicum. — strictum. — tenuifolium. * suffruticosum. angustifolium. * Hypericum perforatum var. micro- phyllum (H. microphyllumJord.). Cytisus argenteus. — Medicago falcata. — * media. — minima. Trifolium scabrum. Bupleurum falcatum. — junceum. * Peucedanum Chabræi. — Dans les dépressions herbeuses. Cornus mas. Lonicera etrusca. Galium silvestre (diverses formes). Kentrophyllum lanatum (avec la va- riété simplex). * Centaurea maculosa var. tenuisecta (non encore fleuri au milieu de juillet). (1) C'est la plante décrite par E. Timbal-Lagrave sous le nom de S. Guillonii. M. Puel la cite d'aprés Dom Fourmeault. ni (2) Cette espèce est probablement le Th. linophyllum L. cité par M. Puel d'après Delpon et Dom Fourmeault (Catal. n° 334). (3) M. Puel, dans son Catalogue, n° 661, mentionne l Euphorbia Gerardiana Jacq. comme synonyme QE. Esula L. et sans localité, d’après la Slatistique de Delpon. Il avait sans doute en vue la plante citée ci-dessus, mais le nom Linnéen ne lui est pas applicable; on doit l'appeler : EUPHORBIA GERARDIANA Jacq. (E. Esula Thuill. non L.). CELL CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Campanula Rapunculus. — Dans les |* Carex præcox var. umbrosa. dépressions. Teucrium montanum. Lithospermum purpureo-cæruleum. Avena pratensis. — Le long de la voie Orobanche (2 espèces à tiges dessé- ferrée. chées, l'une paraissait être O. |* Agropyrum glaucum forma. Epithymum). Le plateau du causse est brusquement interrompu par l'étroite et profonde vallée au fond de laquelle l'Alzou a creusé son lit dans les ter- rains du lias. Ayant peu suivi ce cours d'eau, je me bornerai à men- tionner le Saponaria ocymoides, qui est commun dans la vallée; le Silene Armeria, que j'ai rencontré une seule fois et qu'on retrouve dans la vallée de l'Ouisse; l'Hesperis matronalis, dont j'ai aperçu plusieurs pieds, bien fleuris le 29 mai, à cóté du pont sur lequel on traverse la rivière, et le Lepidium graminifolium à floraison tardive. Sur les rochers qui dominent le village, aux alentours du château (1) et sur les coteaux rocailleux en dessus de la vallée, on récolte : * Fumaria officinalis var. media. * Libanotis montana. Arabis Turrita. Laserpitium gallicum. Alyssum calycinum. Rubia peregrina form. longifolia. — macrocarpum (2). Galium silvestre (diverses formes). Biscutella lævigata. Centranthus Calcitrapa. Isatis tinctoria. * Valerianella coronata. Arenaria grandiflora. — * Morisonii. — mucronata. Micropus erectus. Rhamnus Alaternus. Inula squarrosa. — Fleurit en août. — alpina. Artemisia camphorata. — Fleurit habi- Pistacia Terebinthus. tuellement vers la fin d’août. Ononis Columnæ. Tragopogon major. * Trigonella monspeliaca. — porrifolius. * Coronilla glauca.— Subspont. le long | * Taraxacum officinale var. erythro- d'un sentier qui descend dans la spermum (T. erythrospermum vallée. Andrz.). Vicia tetrasperma. Lactuca chondrillæflora Bor. Lathyrus sphæricus (3). Andryala integrifolia (avec la forme à Sedum altissimum. feuilles roncinées, A. sinuata). Petroselinum sativum. Campanula Erinus. (1) Cet édifice, qui se dresse hardiment au-dessus d'un précipice d'environ 100 mè- tres de profondeur, sert de maison curiale au supérieur et aux chapelains de Roca- madour, chargés de desservir le célèbre sanctuaire de ce nom, objet d'une grande vénération dans la contrée et visité, surtout aux mois de mai et de septembre, par de nombreux pèlerins. (2) Au premier printemps on trouve abondamment, dans les rocailles, à Rocama- dour le Clypeola Jonthlaspi, découvert dans cette localité par M. Léon Soubeiran, le 14% avril 1861 (voy. Bull. Soc. bot. de Fr., t. VIII, p. 229). à (3) Cette plante est probablement la méme que M. Puel (Catal. n* 1113) rapporte à tort au L. angulatus L. MALINVAUD. — HERBORISATIONS DANS LE LOT. Jasminum fruticans. Vinea major. — Au voisinage des lieux cult., probablement subsp. Erythræa pulchella. Linaria supina. Veronica Teucrium. * Thesium alpinum L. (1). CCLXI Allium paniculatum. — sphærocephalum. Stipa pennata. Dactylis hispanica. Festuca rigida. Bromus squarrosus. — * madritensis. Sur le coteau boisé qui domine la rive gauche de l'Alzou : Hutchinsia petræa. Silene nutans. Geranium sanguineum. — * Robertianum var. parviflorum. Rhamnus saxatilis. Orobus tuberosus. * Potentilla rupestris. * Amelanchier vulgaris. Sorbus Aria. Conopodium denudatum. Lactuca muralis. * Hieracium præcox Sch.-bip. (avec le suivant) (2). — murorum g. silvaticum L. Campanula persicifolia. Euphorbia verrucosa. Mercurialis perennis. Epipactis latifolia. Narcissus Pseudonarcissus (en fr.). Convallaria maialis. Polygonatum vulgare. Phalangium Liliago, Ornithogalum umbellatum. — * tenuifolium Guss. Carex Halleriana. Sesleria cærulea. Asplenium Adiantum-nigrum. Gluges. Herborisation, le 45 juillet 1887, sur les bords de la Dordogne à Gluges, au-dessous de Montvalent : Nasturtium palustre. — * silvestre forma rivularis. Cardamine impatiens (desséché). Hesperis matronalis (en fruit). Brassica Cheiranthus. Lepidium graminifolium (non fleuri). Bunias Erucago. Dianthus carthusianorum. Cucubalus baccifer. * Malva moschata var. laciniata. Tilia grandiflora. Acer monspessulanum. Oxalis corniculata. Ruta graveolens. (Enothera biennis (en boutons). * Sedum elegans. Ægopodium Podagraria. Pimpinella magna. Fœniculum officinale. Galium Mollugo var. erectum. (1) J'avais naguère récolté un échantillon de cette espèce trop jeune pour être reconnu; j'en dois la détermination au frère Saltel qui l'a retrouvée au même endroit en meilleur état. Ce zélé botaniste a herborisé avec succès dans la vallée du Lot et y a fait d'intéressantes découvertes qu'il a bien voulu me communiquer; j'aurai sans doute l'occasion plus tard d'en signaler quelques-unes. : : : (2) M. Arvet-Touvet, le monographe bien connu des Hieracium, qui veut bien tou- jours examiner avec beaucoup de complaisance les formes litigieuses que je lui sou- mets, a nommé celle-ci : « Hieracium præcox Sch.-bip. forma ad H. cinerascens G. G. Fries (non Jord.) vergens ». CCLXII Knautia silvatica. Scabiosa columbaria forma patens (S. palens Jord.). Centaurea maculosa (commençant à fleurir). * Crepis setosa. Xanthium strumarium (très abondant, mais non fleuri à la fin de juil- let). Campanula rotundifolia. — patula. Heliotropium europæum. Scrofularia canina (non fleuri). Linaria Elatine. Orobanche minor. Mentha rotundifolia. CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Mentha silvestris var. candicans et mollissima (avec des hybrides bien fleuris de cette espéce et de la précédente, tandis que la flo- raison des parents était moins avancée). — Pulegium. Melissa officinalis. Stachys palustris (à feuilles sensible- ment pétiolées). Lysimachia Nummularia. Ficus Carica. — Subsp. Ruscus aculeatus. * Poa nemoralis var. debilis (P. debilis Thuill.). * Equisetum ramosum. Les listes précédentes, quoique restreintes à des observations faites pendant seulement deux moisde l'année dans un petit nombre de loca- lités, contiennent prés de cent espéces ou variétés non mentionnées dans le Catalogue de M. Puel ou que ce botaniste signalait avec doute d'aprés des indications dont il n'avait pu confirmer l'exactitude. Parmi les acquisitions offrant le plus d'intérét pour la flore départementale, on remarquera les suivantes : Sisymbrium asperum, Rhamnus saxa - tilis, R. alpina, Cytisus supinus, Trigonella monspeliaca, Trifolium maritimum, T. elegans, Vicia peregrina, Potentilla rupestris, Rosa pimpinellifolia, R. agrestis, R. micrantha, Sedum elegans, S. anope- talum, Peucedanum Cervaria, P. Chabræi, Valerianella coronata, Cir- sium Forsteri, Crepis setosa, Hieracium sciaphilum, H. precoz, Ru- mex bucephalophorus, Thesium divaricatum, Th. alpinum, Euphorbia papillosa, Orchis Pauliana, O. alata, O. ambigua, O. odoratissima, Cephalanthera ensifolia, Epipactis microphylla, Ornithogalum tenui- folium, Bromus commutatus, Equisetum ramosum, Polystichum The- lypteris, etc. UN ALYSSUM NOUVEAU POUR LA FLORE FRANÇAISE. Trouver dans une localité du centre de la France une plante nouvelle pour notre pays et même pour l’Europe occidentale, et non pas une forme douteuse ou critique, mais une espèce Linnéenne se montrant d'une remarquable abondance au milieu de la luxuriante végétation qui couvrait les vastes ruines d’un ancien château : cette fortune assez inat- tendue couronna, au mois de juin 1889, ma petite campagne annuelle d'herborisations dans le département du Lot. Le D A. Bras, bien connu par ses recherches sur la flore de l'Aveyron, MALINVAUD. — L'ALYSSUM PETRÆUM ARD. DANS LE LOT. CCLXITI avait, d'aprés une lettre de ce botaniste adressée à notre collégue M. D. Clos qui me l'a obligeamment communiquée (1), récolté, en 1883, cet Alyssum et l'avait méme déterminé; mais il mourut peu de temps aprés cette découverte sans avoir eu le temps de la publier, et sa précieuse observation semblait perdue pour la science, lorsqu'un renseignement donné par M. Balagavrie, instituteur communal à Gramat (2), nous décida, mon cousin M. Paul Lacarrière et moi, à visiter prés d'Assier, le 12 juin, les ruines du château de ce nom, construit au commencement du seiziéme siècle el qui offre, même dans son état actuel de dégradation, un spécimen fort intéressant de l'architecture de la Renaissance (3). Nous ne fümes pas peu surpris de voir, par milliers de pieds sur les décombres et les murailles du vieux manoir, un Alyssum presque entièrement défleuri, dont je rapportai à Paris de nombreux échantillons à l'état frais qui me permirent de l'étudier dans tous ses détails et de le rapporter sans hésitation à l'A. edentulum Waldst. et Kit. du Flora Orientalis. S'il était relativement facile d'arriver au nom de la plante dans l'ouvrage de Boissier, il l'était beaucoup moins de reconnaitre, dans la nomencla- ture assez confuse du groupe litigieux dont elle fait partie, les synonymes qui lui sont applicables et dont aucun n'a recu encore la sanction de l'usage, afin d'en dresser la chronologie et de donner la préférence au plus ancien. Dans une semblable recherche, la comparaison des textes est d'un faible secours si l'on ne peut y joindre celle d'échantillons authentiques se rapportant aux espèces citées. Ne trouvant pas dans mes collections des matériaux suffisants pour cette étude, je m'adressai à M. le D" Cosson, qui voulut bien, avec une complaisance dont je ne saurais trop le remercier, puiser dans son riche herbier et me transmettre les éclaircissements que je désirais. Les passages suivants de la lettre con- tenant ces explications, que notre éminent collégue m'a autorisé à repro- duire ici, en feront ressortir l'importance. (1) Cette lettre, datée du 14 juillet 1882, commencait ainsi: « Monsieur et honoré » professeur, jai l'honneur de vous adresser un échantillon d'une plante que jai » trouvée cette année sur les ruines du château d'Assier, dans le département du Lot. » Je crois que c'est l'Alyssum gemonense L... » V'échantillon mentionné était d'ail- leurs trés défectueux. Le D' Bras mourut le 2 septembre suivant. (2) M. Balagayrie, zélé botaniste, avait récolté l'Alyssum d'Assier en fleur à la fin de mai et me le montra chez lui, le lundi 9 juin, dans un lot de plantes à déter- miner, (3) M. Murat, propriétaire du vaste enclos dans lequel est compris le château, nous accorda de la facon la plus gracieuse l'autorisation d'en parcourir les ruines et d'y recueillir les plantes qui nous convenaient; qu'il me permette de lui témoigner ici notre sincère gratitude. CCLXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. EXTRAITS D'UNE LETTRE DE W. le B" E. COSSON A M. MALINVAUD. Paris, 5 juillet 1889. ... J'aurais voulu vous répondre plus tót au sujet de l'intéressant Alyssum des ruines du château d'Assier, mais l'étude que j'ai eu à en faire m'a pris beaucoup plus de temps que je ne le pensais; car, à cette occasion, j'ai dà passer en revue les nombreux échantillons du groupe, dont un certain nombre n'étaient pas rapportés à leur véritable type spécifique. Votre Alyssum est trés certainement, comme vous le pensez, l'A. edentulum W. et Kit., d'aprés les échantillons authentiques que j'en posséde et d'aprés la figure des Plante rariores Hungarica, ainsi que d’après celle des [cones flore germanice. Mais comment cette plante du Banat et de l'Italie septentrionale se trouve-t-elle en France sur un seul point si éloigné de sa véritable patrie? Ne serait-ce pas, comme je suis trés porté à le croire, un fait de naturalisation, comme celui du Farsetia clypeata sur les ruines du château de Montrond et comme celui du Dianthus Caryophyllus sur les ruines de plusieurs chàteaux forts aux environs de Paris. Le véritable nom de la plante est celui d'Alyssum petræum Ard., antérieur au nom Linnéen comme l'avait déjà établi Koch dans son Synopsis, et la syno- nymie de l'espéce devrait étre établie dans l'ordre suivant : ALYSSUM PETRÆUM Ard. Specim. alt. 30, t. 14 (1764) [je ne possède pas ce livre et je n'ai pas pu vérifier l'exactitude de la citation]; Koch Syn. fl. germ. édit. 2, 63 (1). — A. gemonense L. Mant. 92 (1767); Bert. FI. ital. VI, 498. — A. edentulum W. et Kit. Pl. rar. Hung. 1, 95, t. 92 (1802); Reichb. Ic. fl. germ. M, t. XXI, f. 4981; Boiss. Fl. Or. I, 266. — A. vesi- carioides Andrz. e specim. hort. paris. — Aurinia gemonensis Griseb. Spicileg. fl. rumel. I, 272. (1) Voici la diagnose de l'Alyssum petreum Arduin. in Koch, Synop. édit. 3, p. 51. A. PETRÆUM Arduino. — Caule herbaceo erecto ramoso, racemis paniculatis fructi- feris elongatis, lamina petalorum semibifida sinu acuto, filamentis basi intus dentículo obtuso, siliculis glabris lato-ellipticis medio inflatis margine depressis, loculis biovulatis, fol. radicalibus oblongo-obovatis in petiolum attenuatis, cau- linis lanceolatis sessilibus. — In locis apricis asperis. — A. edentulum W. K., À. gemonense L. Boissier (in Flora Orientalis, I, 266) donne la description suivante : A. edentulum (W. K. Pl. rar. Hung., tab. 92). — Caulibus herbaceis superne panicu- latis, foliis inferioribus obovato-oblongis caulinis lanceolatis subintegris, racemis fructiferis elongatis, petalis bifidis, filamentis minoribus basi callo auctis, sili- culis ellipticis margine planis ad medium inflatis stylo eis dimidio breviori apicu- latis, loculis biovulatis, seminibus anguste alatis. /c. Reichb. f. 4281. A. gemo- nense L. Mant. 92, Aurinia gemonensis Griseb. A. petreum Arduin. Ar. Geogr. Germ. austro-orientalis, Banatus. MALINVAUD. — L'ALYSSUM PETRÆUM ARD. DANS LE LOT. CCLXV Voici sous une forme très succincte les diagnoses différentielles des Alyssum pelrœum et saxatile : A. petreum. — Radice bienni; petalis profunde bilobatis; racemis fructiferis elon- gatis; siliculis medio inflatis. A. saxatile. — Caudice perenni lignoso; petalis late emarginatis; racemis fructi- feris abbreviatis; siliculis tantum medio convexis. Je n'ai d'échantillons déterminés avec certitude que du Frioul, à Gemona la localité Linnéenne (Herb. Bunge, leg. Huter); des montagnes Carniques, à Canàle (J. Ball), et du Banat (Wierzbecki in Reichb., exs. fl. germ. n° 1978, Janka). J'ai aussi un échantillon recueilli en Bosnie par Moellendorf. (Il est indiqué à Cividale en Frioul par Bertoloni). La plante de Dalmatie qui a été souvent distribuée sous le nom d'Alyssum petreum ou d'A. edentulum pour- rait bien étre différente de la vótre; mais, pour juger cette question, il faudrait faire une étude monographique que mes nombreuses occupations ne me per- mettent pas d'aborder et qui me détourneraient trop longtemps de travaux en cours diexécution. ue. rw Cou UR di dia nie Sur tous les points traités dans cette lettre je me range à l'avis exprimé par mon savant correspondant. — Au sujet de la préférence accordée au nom donné par Arduino, j'admets que la règle de priorité, dont on fait quelquefois de nos jours un étrange abus, recoit dans ce cas une judi- cieuse application ; son utilité est incontestable lorsqu'on pourrait hésiter entre divers synonymes se parlageant à peu prés également les suffrages des auteurs. Pour ne citer ici que les principaux, edentulum, adopté par Boissier, aurait sans doute le mérite de rappeler un caractère spéci- fique important (1), gemonense indique la localité Linnéenne de l'espéce, et petræum, terme banal, semble devoir s'effacer devant les deux précé- dents; mais il a sur eux l'avantage d'étre le plus ancien et, par suite, de résoudre d'une façon simple et précise la difficulté causée par l'em- barras du choix, en la réduisant à une question de date. On se demandera peut-être pourquoi Boissier avait adopté, pour l'espèce qui nous occupe, le plus moderne des trois noms que nous venons de citer. Doit-on en chercher la raison dans le désaccord des auteurs au sujet de cette synonymie? Dans le Prodrome (T, 160 et 163) les Alyssum edentulum et gemonense sont non seulement séparés, mais placés dans des sections différentes. D'autre part, Reichenbach, in Flora germ. excurs., page 611, mentionne les A. petreum Ard. et gemonense L. comme synonymes d'A. saxatile L. et place dans une autre section l'A. edentulum W. et Kit.; or, c'est évidemment à ce dernier type, si (1) L'Alyssum peireum fait partie de la section AURINIA, caractérisée notamment Par: « Filamenta edentula sepius basi gibbo calliformi aucta », tandis que d'autres sections du méme genre (Scleroptychis, Odontarrhena, etc.) présentent : « Filamenta dentata vel appendiculata ». CCLXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. l'on distinguait plusieurs espéces, que se rattacherait la plante du Lot, et l'on pourait trouver quelque avantage à choisir, comme l'a fait sans doute pour ce motif l'auteur du Flora Orientalis, le terme qui ne sou- léve aucune contestation. Cependant, à la suite du rapide examen que jai pu faire des diverses formes litigieuses de celte section du genre Alyssum, considérant comme trés probable que toutes se rapportent comme variétés à la méme unité spécifique, je ne puis qu'adhérer à la réunion partielle qui résulte de la synonymie synthétique établie d'abord par Koch, puis confirmée par Boissier et M. Cosson ; la préférence donnée au plus ancien des noms spécifiques synonymes est la conclusion logique de cette maniére de voir (1). L'Alyssum petrewm est trés voisin de PA. saxatile L. (2) souvent cultivé sous le nom de Corbeille d'or, et il importe de connaitre les notes différentielles de ces deux espéces, parce que la présence de la seconde, qu'on pourrait présumer échappée des jardins, aurait beaucoup moins d'intérét. Ainsi que l'a fait observer M. Cosson dans la note citée plus haut, l'A. petræum a des pétales nettement bilobés et les rameaux de sa panicule s'allongent pendant l'anthése, tandis que les rameaux fructifères dela Corbeille d'or restent courts et ses pétales sont émarginés mais non bilobés. Ce sont là du moins les caractères les plus évidents. L'Alyssum du château d'Assier est un des plus rares de la flore euro- péenne. Doissier lui assigne comme aire géographique « l'Allemagne austro-orientale et le Banat (3) »; sa présence dans le département du (1) Je crois devoir faire connaitre ici l'avis de M. Rouy, auquel j'ai communiqué l'Alyssum d'Assier. Son opinion, fondée sur une étude attentive des matériaux que renferme son herbier, est favorable à la distinction établie dans le Prodrome. D'après notre honorable collègue, le nouvel Alyssum du Lot est l'Alyssum edentulum Waldst. et Kit. (A. microcarpum Neilr.) et doit étre distingué de l'A. petreum Ard. (A. gemo- nense L.) « par son port plus lâche, les tiges plus rameuses, ses fleurs et ses silicules » presque de moitió plus petites, celles-ci sensiblement moins renflées, les pétales » plus étroits, plus profondément échancrés à sinus moins ouvert, tandis que dans le » petreum ils sont émarginés, etc. ». M. Rouy, dans ses observations, confirme, comme l'avait déjà fait M. Cosson, l'exactitude de ma détermination de l'Alyssum d'Assier, qui, dans tous les systèmes, est identifié avec l'A. edentulum W. et K. Je ne m'arréterai pas davantage au débat relatif à la synonymie, qui donnerait lieu, comme toutes les questions de ce genre, à une interminable discussion. (2) D'après Boissier (in Flora orientalis, 1, 266), le véritable Alyssum saxatile L. wexisterait pas dans le domaine de la flore d'Orient et se distinguerait : « Foliis 1m- tegris, siliculis minoribus obovatis ad medium convexis » de PA. orientale (Aurtnta saxalilis Griseb.) caractérisé par « foliis inferioribus spathulatis sinuatis vel pinnati- fidis, caulinis lineari-lanceolatis integris ». Sans vouloir discuter ici sur ce point spécial l'opinion d'un phytographe si autorisé, je me bornerai à faire remarquer qoe Linné (Species, 908) dit de son Alyssum saxatile : « Habitat in Creta ». Or, Pile de Crète est dans le domaine de la flore d'Orient. (3) Voici comment Nyman (Consp., p. 55) indique sa dispersion: « ALYSSUM GEMO- » NENSE L. (A.edentulum W. K.; Exs. Rchb. 1278). Hung. Galic. Bucow. Banat. Serb. MALINVAUD. — ORCHIS PAULIANA MALVD. CCLXVII Lot constitue un probléme de géographie botanique difficile à résoudre. Serait-ce un fait de naturalisation, comme le pense M. Cosson, une colo- nie avancée et en quelque sorte perdue dans l'Ouest, et, dans ce cas, comment est-elle arrivée jusque-là? Doit-on y voir plutôt une espèce indigéne, mais trés localisée, comme le Saponaria bellidifolia de l'Aveyron, le Specularia castellana des coteaux du Lot, et quelques autres dont les habitats en France n'ont été révélés que dans la seconde moitié de ce siécle? Serait-elle une plante naguére plus répandue et en voie d'extinction, à laquelle le chàteau d'Assier offrirait en Occident un dernier asile? L'explication véritable nous échappe. Quelle que soit l'hypothése adoptée, la découverte, dans le sud-ouest de la France, d'une espéce considérée jusqu'à ce jour comme austro-orientale, est une obser- vation intéressante pour la flore de notre pays ainsi qu'au point de vue général de la géographie botanique européenne. X ORCHIS PAULIANA Malvd. Le 15 juin 1888, herborisant, au Mas de Lafont (entre Thémines et Rueyres), dans une prairie située sur le penchant d'une petite colline où l'on voyait une grande abondance d'Orchis laxiflora, conopea et co- riophora, j'apercus au milieu de ces derniers et non loin d'O. Morio desséchés, un individu, un seul, sensiblement différent des espéces voi- Sines, sans aucun doute d'origine hybride, et que, n'ayant pas en ce moment à ma disposition les ouvrages nécessaires pour l'étudier compa- rativement, je m'empressai d'envoyer le méme jour par la poste à notre collègue, M. Gustave Camus, aprés avoir noté sur le vif les caractères suivants : Deux tubercules ovoides, entiers. Tige de 30 centimètres, assez robuste, feuillée jusqu'à la base de l'in- florescence. Feuilles au nombre de huit, rapprochées, oblongues lancéolées, larges, les moyennes et les supérieures engainantes et recouvrant entière- . Mment la tige. Epi de 10 centimètres, lâche, composé de 26 fleurs sensiblement plus grandes que celles de l'Orchis coriophora voisin. Bractées lancéolées d'un pourpre foncé avec une nervure médiane ver- » Bosn. Transs. Maced. mer. Carn. A. petræum Ard. A. microcarpum Neilr. — A. me- ? dium Host. Syll. 201. A. gemonense K. Syn. ed. 1 (Dalm. Croat. Carn. Carinth. » Transs. mer.) ». — Il serait intéressant de vérifier si le nom d'A. microcarpum Neilr. n'a pas été donné à une remarquable variété dont j'ai rencontré à Assier de nombreux individus mélangés au type et qui a fleurs et fruits deux fois plus petits que dans la forme ordinaire. "Ww CCLXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. dàtre : les inférieures dépassant l'ovaire, les supérieures l'égalant ou plus courtes, Divisions du périgone conniventes en un casque subglobuleux, un peu entr'ouvert au sommet, d'un pourpre foncé veiné de vert. Labelle plus large que long, verdàtre-livide, plus ou moins teinté et ponctué de pourpre sur quelques fleurs, à trois lobes peu profonds, denticulés ou crénelés presque égaux, élargis au sommet, le moyen émarginé, les latéraux souvent repliés en arriére. Éperon horizontal ou ascendant, cylindrique, presque droit, à sommet obtus, égalant à peu prés le labelle et de moitié plus court que l'ovaire. Odeur fade, presque nulle. A la suite de ces détails descriptifs rapidement inscrits sur mon carnet de notes, m'étant dessaisi en faveur de M. G. Camus de l'unique échan- tillon trouvé, je erois devoir faire connaitre ici l'avis du monographe de nos Orchidées ; puis, aprés avoir recherché pour un examen comparatif les productions analogues décrites par les auteurs, j'essayerai de justifier le nom nouveau que, malgré ma répugnance pour les créations onomas- tiques, il m'a paru opportun d'imposer à la nouvelle plante. M. Camus, en m'en accusant réception, m'apprit qu'il la rapportait à l'Orchis olida de Brébisson, présumé hybride des O. coriophora et Morio (1). Le lien de parenté de ma plante avec l'O. coriophora de la méme localité était évident, mais il était plus difficile de se prononcer sur le second parent, d'autant plus que l'Orchis Morio, plus précoce, avait disparu ou n'offrait que des tiges desséchées et méconnaissables. Cependant son intervention apparait assez nettement dans les carac- téres du nouveau produit qui ont une grande analogie avec ceux de l'espéce de Brébisson ; relativement à celle-ci il y a certaines différences : « Votre hybride, m'écrivait M. Camus, se distingue de l'O. olida par ses » feuilles oblongues lancéolées, par ses bractées membraneuses roses, (1) Voici la description faite par A. de Brébisson de son Q. olida dans la 3° édition (1859), page 296, de sa Flore de Normandie : « 17. ORCHIS oLIDA Bréb. O. cimicina Bréb. Flor. Norm. 1" édit. non Crantz (0. odorant). — Cet Orchis, dont l'odeur, quoique moins désagréable, rappelle cependant légèrement celle de l'O. coriophora, en diffère sous beaucoup d'autres rappor Is. Tige haute de 3 à 4 décimètres. Feuilles lancéolées-linéaires, pointues; les supérieures dressées. Fleurs d'un pourpre violacé, foncé, avec labelle de même couleur, un P pâle et ponctué à sa base. Épi lâche, allongé. Divisions supérieures du périant : pointues, conniventes. Labelle à trois lobes à peu prés égaux, tronqués, inégalemen dentelés, le moyen un peu échancré; les latéraux rejetés en arriére, non tronques obliquement. Éperon conique, droit ascendant, un peu plus court que l'ovatre. Brac- tées colorées aussi longues que l'ovaire. — J'ai trouvé cette nouvelle espèce, en 1 - d dans un pré des environs de Falaise; je l'avais d'abord appelée O. cimicina; J gn changer ce nom, puisqu'il a été donné par Crantz à une espèce différente. Peut-e n pourrait-on le considérer comme un hybride provenant des O. coriophora el e M. Ch. Des Moulins l'a retrouvé dans le département de la Dordogne. » MALINVAUD. — ORCHIS PAULIANA MALVD. CCLXIX » par ses fleurs plus étalées. Le lobe moyen du labelle est fortement denté » et à ces dents correspondent les extrémités des nervures. L'éperon » est notablement plus court, etc. » Des formes hybrides plus ou moins voisines de l'Orchis olida Bréb. et paraissant également résulter du croisement des O. Morio et coriophora, ont été signalées par Charles Des Moulins, par Timbal-Lagrave et par M. Franchet. La plus ancienne de ces découvertes, aprés celle de l'Orchis olida décrit sous le nom d'O. cimicina par de Brébisson en 1836, appar- tient à Des Moulins ; ce botaniste trouva, les 3 et 8 juin 1837, dansun pré humide à Lanquais (Dordogne), deux individus d'une Orchidée intermé- diaire aux O. coriophora et Morio, cependant beaucoup plus voisine du premier et qu'il identifia avec l'O. coriophora var. b. de Mutel (1), variété qui n'est autre que l'O. olida de Bréb. « Quoique je n'aie vue, ? dit l'auteur (2), ni la plante, ni méme la description originale de M. de » Brébisson, il ne m'est pas possible de douter de l'identité, tant la » courte note de M. Mutel se rapporle bien à mon espèce (à l'exception » du lobe médian du tablier qu'il dit être un peu échancré et qui est » entier dans mes échantillons ; mais cette différence si légére est sans » aucune importance). M. Mutel ne dit rien du caractère le plus saillant » de ma plante qui consiste dans la soudure des sépales supérieurs jus- » qu'au quart ou au tiers de leur longueur, et non jusqu'au sommet; si » ce caractère important ne se retrouvait pas dans la plante de M. de » Brébisson, je n'hésite pas à dire que la mienne serait tout à fait nou- » velle, et, dans ce cas, je proposerais pour elle le nom d'Orchis Tectu- » lum à cause de l'espéce d'auvent que forme la réunion des trois » sépales supérieurs ». Des Moulins termine son article trés détaillé par (1) Mutel [Flore française destinée aux herboris. t. ITI (1836), p. 234, n° 5] donne la diagnose suivante de son Orchis coriophora var. b. : « Tablier à 3 lobes à peu près » égaux, tronqués, inégalement dentelés, celui du milieu un peu échancré, éperon co- ? nique, droit, ascendant, un peu plus court que l'ovaire. O. cimicina Bréb.Fl. Nor. » (2) Ch. Des Moulins, Catalogue raisonné des plantes qui croissent spontanément dans le département de la Dordogne (1840), pages 134-137. Voici la phrase spécifique con- Struite par l'auteur pour son Orchidée hybride (les caractères qui la distinguent de PO. coriophora sont imprimés en romain): « 0. labello semi-trifido dependente, laciniis subæqualibus, media lanceolata subcarinata integra, lateralibus triangulari-obtusis denti- culatis media vix longiore multo latioribus, calcare conico recto fere horizontali, apice subemarginato, ovario subduplo breviore, perigonii laciniis patentissimis horizontalibus basi tantum connatis acutiusculis, bracteis membranaceis trinerviis ovarium æquanti- bus (infimis ovarium multo superantibus), foliis lanceolatis, luberibus indivisis. — Flores inodori vel subinodori, lilacini, labio pallidiore punctato. Anthera lutea! vel rubra! Un des individus avait l'anthére jaune, l'autre l'avait rouge; l'un deux élait inodore, l'autre avait une très faible odeur de punaise, trés fugace, tandis que celle 7 l'O. coriophora persiste pendant plusieurs jours sous la presse. Seraient-ce là des presomptions d'hybridité? » „Cette description présente, comme on voit, de nombreux traits communs avec celle ci-dessus donnée de l’hybride du Mas de Lafont. CCLXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. un examen des différences que présente son espèce hybride comparée avec les parents présumés. L'Orchis décrit par Timbal-Lagrave (4) sous le nom d'O. Morio- co- riophora Pomm. et Timb. fut récolté, en 1856, par Ed. de Pommaret, dans une prairie, prés d'Agen, au milieu des O. coriophora et Morio. « Cet hybride, dit Timbal, emprunte à PO. coriophora la plus grande » partie de ses caractères ; aussi, pour être fidèle à la nomenclature que » j'ai suivie, je n'hésite pas à considérer cet Orchis comme en étant la » mère, tandis que je réserve la paternité à Orchis Morio. — La cou- » leur des fleurs, l'ensemble de l'inflorescence, la forme de l'éperon, » celle des plis du labelle, les feuilles lancéolées-linéaires la rapprochent » du coriophora : mais le Morio est venu modifier les autres caractéres, » car les fleurs sont plus grandes, plus espacées, le casque est plus glo- » buleux, à divisions plus acuminées, le labelle est plus grand, à lobes » moins larges que dans le Morio, mais plus que dans le coriophora, » tous tendant à s'élargir au sommet comme ceux du Morio. Enfin les » nervures qui parcourent la surface du tablier appartiennent plutót au » Morio qu'au coriophora, tandis que le velouté qui couvre sa surface le » range avec le coriophora. » Dans sa Flore de Loir-et-Cher oà abondent les observations intéres- santes, M. Franchet décrit un Orchis olida Bréb. (2) dont il indique trois stations dans Loir-et-Cher. Il considère comme digne d'attention l'odeur suave de ses fleurs, l'un des parents étant à peu prés inodore et l'autre (4) Sur de nouveaux hybrides d'Orchidées de la section Ophrydeæ par Ed. Timbal- Lagrave, in Mémoires de l'Académie de Toulouse en 1860; cette Note fut réimprimée, avec quelques autres, dans le Bulletin de la Société des sciences physiques et natu- relles de Toulouse, tome VI, pages 287 à 236. Il en parut en 1887, à Toulouse, un tirage à part, de 50 pages et 4 planches, intitulé: Mémoires sur quelques hybrides de la famille des Orchidées, 2° édition. A la page 40 de cette brochure on trouve la description suivante : « ORCHIS MORIO-CORIOPHORA Pomm. et Timb.-Lagrave. — Fleurs en épi allongé (9 centimètres) lâche, d'un rouge foncé; bractées blanchâtres, lancéolées, scarieuses, uninerviées, plus courtes que les fleurs, égalant l'ovaire; divisions supérieures du périanthe courtes, elliptiques, acuminées conniventes en casque jusqu'au milieu, sépa- rees au sommet. Labelle à trois divisions, les deux supérieures étalées, fortement émarginées aux bords; le lobe moyen de méme longueur et à peu près de méme forme que les latéraux; tous les trois plus larges au sommet qu'à la base et parcourus paT de grosses veines simples sans ramifications. Le labelle présente à sa surface ume pubescence blanchütre soyeuse sur un fond pourpre foncé. Les deux lobes latéraux sont repliés en dessous, le moyen par le milieu comme on l'observe dans l'Orchis coriophora. Éperon en sac, court, horizontal ou un peu incliné, plus court que Povaire. Feuilles lancéolées-acuminées ; tige de deux centimètres environ. — Fleurit en mat. ? (2) Voici la description qu'on en trouve dans la Flore de Loir-et-Cher, p. 969 : X ORCHIS OLIDA Bréb. — Hybride de l'O. coriophora et de l'O. Morio; il a le casque obtus et le large labelle du second, mais ce labelle est trilobé comme dans l'O. corio- phora, dont l'O. olida diffère par la coloration des fleurs qui sont d'un pourpre fonce, par la forme du labelle dont les divisions élargies sont peu inégales, tronquées el ‘0104401109 *() 9p ‘əmu onbsoeaq ‘ANS SJJ, | 0100 *uro4925] 1uvjoddvy "ejmnu onbsoid *opeq Jnepo *9J1€A0,[ 9nb Janod snid sio} xnop onb ‘ateac onb 34n0o *a11eao g onb -s94d *1ouruos ne pug "211840 | snid prow op 'snjqo uoi1odq 31n09 sn[d *ourpour nod -JIeui9qns *jejuozirioq "941040, T onb Jano snyd onb Janos snjd nod un j9wuos p *juepuoosv un no pejuozigoy ‘oes uq | onbso4d *jrop ‘onbiuon | *oubripur]&o "rop d | juepuoosejro1ponbruo) | no jejuozuor "bupur&) "nod "juouonbripqo sonb "94910 U9 SorTd94 JUA un ossvdop so[ inb Jon -UO04] UOU fe uo -h0S xnuoqve[ sop Pn "99uoJ e1danod -U9 39 11049 UvIpou 9] $9jofoa apeg so ‘ou -1euio nod un uo&oui puoy un ans osnofos oub so$ie snyd 39 $9191 "91no[oA -uey uod un uo&our 9| 'jouruos nv eidave]o 91j*ugoue[Q 99u99$9q -uap sn)jqo ‘19781 soqo[ ? 99u0j o1dinod un p 9p 'souop '[e39ut *xnvZ9 ənbsəad 89[n21] enreqeT -nd :snossop uo səd v "jo[or^ op 9jonbid 19 *jouruios ne soojnonuop sonbuosy xneĝə sgud -uàp spuojod nod soq -31 Xn?J97v[ So xnv$o JIVIO 31194 9p 9ouenu s99po49 39 sognbuouj nod v 'qo[ £ v 'oseq -0[g ?'o4danod op 9n1 said nod g *jouuros u3wa 3] * Jegora *sojeSout nəd səra] v[ v pnpuod jo əd -9uod jo 93110] juoAnos ne siie soqop g y | ouv[q unp ‘pyg | 'siAtp v ‘ogg *$qopa] | nəd un gouoy o4danoq | ‘opiait onepaon *o v] "nop ej 9p sussop-ne "Jouruos ne juoAn» uo quoulo[r] 194no nod un snqo "$9194 "A19U 9p oKvu ouofr1od *jeururos nv sooaedos -U0ZH0Q *[v19 *son2ieq onbseo un yur g sa] gouoy oOuduinod un,p uv ‘nər ne,nbsnf onb -ns *oseq el g *uionos IIAL JULWIOJ *0seq v v "99uoj *jouuros ne j319An0,1j p -SR9 U9 -'Aluuoo ‘SIJU $99uU0O9 soinoeri9jxo s929uuoo'uroAQ1t1qou9) 9»v]orA o1dinod un,p -uo nod un '[nqoj|2qns SUOISIAT(T -munoe ‘dre sojino) | sop *oov[ora oso. un,q | əsdınod Up u1ojXo so | 'sojuoAruuOO — sonjuroq | onbsvo un uo 'atuuog 'qjuve|v39,] sone so[ ‘nuog surow *19dus so] *9ureA0,[ Juere89 ‘onwao q anb Buor snyd *sə}an09 snyd *941940,] *'Ssedop 'agjur sogqoua SOPAIQUIUN ‘SƏSNƏLIVIS dnooneaq ajur sə] nəd un no o11040,| JuL] *911?A0,[ onb 89| *'QpJ9A * pour *A1ou 9 a so9popouve[ sorypqouepq | 'sogarourr'snouvadquioy | -v39 ‘səpasəurun S9940[09 | sonSuo[ rssnv ‘sog10109 | v gouoy Snos *[ogouv "euo; (unua 6) puy 'euovp zossy '93uojv *oqovT | 'y 9g '(wroop p) ayoga 1d "$99sso1p 'sanop xnenbsnf ofn *S29SS91P soo[no “Jodns səp ‘sonquiod vriuvddopoaud *soSuv[ səmə q 'so9utuinov soopoogourr 'seppogouv' | -reueo nod un 'sojtosq | so1reourq soopogouvT | zəsse *'[ogouv[-2uo[qO (jequiry 3o "uruoq D401d01402-0140]( *)) SNNOWVO-43-LOT 3d (suinoj soq wn1n1901 *Q) 3N900N00 VI 3d (4949-12-4107 14 OUT **qoag VPO *0) VMAH9-14-U]10T 3d Cqosq vpuo *Q) SOGVA'IVO NA (pape vuvunva ‘0) LOT (1d M. : suuoujIedop sə; sutp *sqo *joeivo xuediurid sino op 43 V.to dorioa jo OLLON SIYIQ SƏP sopuq£j[ sep Jyeaeduoo neojqv] CCLXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. exhalant, dans les localités où se produit lO. olida, une repoussante odeur de punaise. M. Franchet ajoute cependant que parfois ce méme Orchis coriophora peut offrir un parfum réellement agréable, particula- rité bizarre et provoquant un doute légitime sur l'importance accordée à l'odeur des plantes par quelques auteurs. Le distingué botaniste dont je rapporte ici les observations fait remarquer que la figure donnée par Timbal-Lagrave de son Orchis Morio-coriophora ne convient ni aux spécimens de Loir-et-Cher, ni méme à celui que de Larambergue lui avait communiqué : le casque est trop ouvert et les divisions supérieures du périgone trop allongées et trop aigués (1). Le tableau comparatif ci-joint présente un résumé synthétique des dé- tails qui précédent. On y trouverait difficilement peut-étre, en réunissant les traitscommuns, leséléments d'une diagnose précise pouvant également convenir aux cinq plantes. Ce qu'on peut dire de plus général, c'est que leur épi lâche, le casque obtus et l'éperon droit les distinguent de P Orchis coriophora (qui a un épi compact, l'éperon arqué et le casque oblong acuminé en bec), tandis que les divisions externes du périgone moins obtuses et le labelle trés nettement trilobé les séparent du Morio. Quel nom donner maintenant au nouvel Orchis hybride observé à Thémines? S'il a de nombreux rapports avec PO. olida, il offre aussi des différences, et M. Camus croit pouvoir les attribuer à une inversion du róle respectif des parents: ceux-ci seraient les mémes dans les deux cas, mais celui qui aurait apporté le pollen au premier croisement serait intervenu comme porte-graine dans le second, ou réciproquement. Ce ne sont là d'ailleurs que des conjectures plausibles; on est en présence de deux plantes présumées hybrides et paraissant voisines mais non entiére- ment semblables. L'incertitude relative à leur véritable origine ne per- mettant pas de les réunir sous une dénomination commune, je donne au nouveau produit découvert au Mas de Lafont le nom d'O. Pauliana (2). érodées denticulées au sommet; tubercules arrondis; feuilles étroites, un peu canali- culées, dressées; fleurs exhalant une odeur trés suave et disposées en grappe asses lâche ; bractées colorées, uninervées égalant l'ovaire ou un peu plus courtes que lui; divisions externes du périanthe d'un pourpre terne, briévement connées à la base, formant avec les deux internes un casque un peu ouvert au sommet; labelle d'un pourpre foncé, velouté; éperon pile, droit, cylindrique, plus court que l'ovaire. — Mat, juin. — Prairies sèches, en société de l'O. Morio et de l'O. coriophora. » : (1) Ce défaut de concordance peut s'expliquer de deux manières. Il est possible que deux individus de la méme plante hybride, méme récoltés l'un à côté de l'autre, soient notablement dissemblables; mais il arrive aussi fréquemment, lorsque l'auteur ne fait pas lui-méme les dessins qui accompagnent ses descriptions, que les figures soient en désaccord avec le texte, surtout lorsqu'il s'agit de plantes litigieuses qui exigeraient une grande précision. Les Mémoires de Timbal illustrés de planches donnent souvent lieu à cette remarque. : (2) En l'honneur de mon cher cousin, M. Paul Lacarrière, propriétaire du domaine du Mas de Lafont (dans lequel a été trouvé PO. Pauliana) et qui plus d'une fois m'a accompagné et utilement guidé dans mes herborisations. FI (àmus del Zap Becquet fr Paris Zisseron Ath ORCHIS- PAULIANA Malva. BONNIER. — ASSIMILATION DU GUI. CCLXXIII Explication de la planche I. Fic. 1. — Plante entiére, grandeur naturelle. Fic. 2. — Fleur, ovaire et bractée grossis. Fic. 3. — Masses polliniques. Fic. 4. — Gynostème. L'ASSIMILATION DU GUI COMPARÉE A CELLE DU POMMIER, . par M. Gaston BONNIER. On sait que le Gui est une plante parasite oà la chlorophylle abonde dans les tiges et dans les feuilles, et qu'il persiste sur les branches d'arbres pendant l'hiver alors que ces arbres sont dépourvues de feuilles. M. Van Tieghem a cité depuis longtemps un Pommier couvert de Guis comme un cas remarquable de symbiose. En été, ce serait surtout le Pommier qui assimile pour le Gui; en hiver, lorsque l'arbre est dé- pourvu de feuilles, ce serait surtout le Gui qui assimile pour le Pommier. D'autre part, au point de vue pratique, les avis sont partagés sur l'inno- cuité du Gui par rapport aux arbres sur lesquels il pousse. Je me suis proposé d'étudier la question en mesurant comparativement les échanges qui se produisent entre un Gui et l'atmosphére, entre le Pommier qui le supporte et l'atmosphére, entre le Gui et le Pommier. Si l'on opère en été, on trouve qu'en moyenne, au soleil, par des tempé- rature variant de 15 à 35 degrés, un méme poids de feuilles de Gui décompose environ six fois moins d'acide carbonique qu'un poids égal de feuilles de Pommier. Mais il faut remarquer que les feuilles du Gui sont plus épaisses, aussi peut-on se proposer d'établir autrement la compa- raison en considérant les mêmes surfaces foliaires. On trouve alors que, Pour la même surface foliaire, le Gui a décomposé en moyenne trois fois moins d'acide carbonique que le Pommier. Ces expériences, ayant été répétées pour diverses proportions d'acide carbonique mis dans le volume initial, ont donné à peu prés les mémes résultats. On doit donc admettre que cette comparaison est encore valable pour la proportion d'acide car- bonique renfermée dans l'air ordinaire. q abes Si l'on opère en hiver, on a d'une part l'assimilation du Gui et d'autre part celle que peut donner la couche chlorophyllienne des jeunes branches de Pommier, On constate alors que cette dernière, même par une belle journée d'hiver, ne suffit même pas pour contre-balancer la respiration totale du Pommier, tandis que celle du Gui se maintient comme en été, et au soleil d’hiver, par des basses températures, l'emporte encore de beaucoup sur la respiration. On peut déjà conclure de ces auia Lui Pendant la moitié de l’année, le Gui assimile réellement pour le Pommier. T. XXXVI. 18 CCLXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Il s'agit maintenant de savoir si la quantité de substance fournie par le Pommier au Gui est beaucoup plus grande que celle fournie par le Gui au Pommier. On peut s'en rendre compte d'une manière approximative de la facon suivante. Si l'on cherche le rapport du poids sec au poids frais pour les feuilles du Gui, on trouve que ce rapport est égal à peu prés à 0,33. Or, ayant choisi pour sujet d'expérience un jeune Gui, ne fleurissant pas et dont toutes les feuilles se maintenaient vertes et vivantes pendant plus d'un an, qui poussait de haut en bas sur un Pommier, à Louye (Eure), j'ai mesuré l'augmentation de son volume pendant une année, depuis le moment qui précède l'apparition des feuilles du Pommier jusqu'au méme moment de l'année suivante. Pour mesurer le volume, je n'avais qu'à immerger le Gui dans un vase plein d'eau placé au-dessous sur un support qu'on pou- vait élever graduellement ; la différence entre les deux niveaux de l'eau, avant et aprés l'immersion, en ayant soin d'éliminer toutes les bulles d'air pouvant rester adhérentes au Gui, me donnait le volume cherché. De l'augmentation de volume, observée d'un an à l'autre, je pouvais facile- ment déduire l'augmentation du poids frais, en comparant chaque fois pour le volume et pour le poids avec des branches absolument analogues de Gui voisin qu'on pouvait détacher et peser. De l'augmentation du poids frais on déduisait l'augmentation du poids sec; d’où je pouvais évaluer l'augmentation du carbone en poids. Pour le Gui considéré, l'augmenta- tion du poids du carbone a été égale à 32395. En mesurant la surface de ce méme Gui et en comparant avec les expériences citées précédemment, et avec d'autres expériences faites en diverses saisons et faites pendant la nuit, on arrive à conclure d'une maniére certaine que le poids de carbone calculé précédemment ne peut étre qu'inférieur au poids de carbone assimilé par le Gui seulement. Il faut donc en conclure que le Pommier et le Gui présentent réellement un exemple de symbiose complet et qu'au point de vue des matières échangées le Gui n'est pas nuisible au Pommier. Le seul inconvénient de l'envahissement des Pommiers par le Gui pourrait étre le développement exagéré de la plante associée, qui ne laissera pas à toutes les branches fleuries la place nécessaire pour se développer. SUR QUELQUES VARIATIONS DE LA STRUCTURE DU THYMUS VULGARIS, par M. Gaston BONNIER. Le Thymus vulgaris est une espèce méridionale qui remonte cà el là dans les Pyrénées. Associé à d'autres espèces, telles que les Genista Scorpius, Coronilla minima, Astragalus monspessulanus, Tele- phium Imperati, Crucianella angustifolia, ete., il y forme de petites BONNIER. — VARIAT. DE LA STRUCTURE DU THYMUS VULGARIS. CCLXXV colonies de plantes du Midi, qu'on trouve installées sur les rochers bien exposés au sud (1). C'est ainsi que je l'ai observé aux envirens de Cadéae, dans la vallée d'Aure, sur des rochers situés de 700 à 1000 métres d'altitude; entre Lancon et Gouaux, à des altitudes ana- logues, ainsi que dans la vallée du Louron. J'en ai méme trouvé quelques exemplaires sur des rochers surplombants, exposés au midi, et par conséquent recevant beaucoup de chaleur dans la journée, jusqu'à 1220 métres d'altitude, dans la vallée du Riou Majou. Je dois à la complaisance de M. Granel, qui a bien voulu m'envoyer à Cadéac des échantillons vivants de Thymus vulgaris récoltés à Mont- ` pellier, d'avoir pu comparer à l'état frais des exemplaires du Thym, croissant en pleine région méditerranéenne, à ceux qui poussent aux derniéres limites d'altitude que peut supporter cette espéce. 1° Échantillons récoltés sur les rochers de Cadéac. — Tous les échantillons de cette localité, comme de celles analogues que j'ai citées plus haut, sont plus ou moins rabougris, portent un grand nombre de branches mortes et n'ont pas beaucoup de feuilles. De plus, toutes les branches sont développées d'une façon asymétrique ; les plus âgées pré- sentent ordinairement des cótes ou des cannelures du cóté opposé au rocher ou du cóté tourné vers le midi. Chaque individu forme une touffe aplatie, peu fournie et portant peu de fleurs. En revauche, si l'on compare ces échantillons à ceux de la région méditerranéenne, on con- state que les feuilles sont en général plus larges, plus vertes et moins roulées en dessous par les bords. Si l'on fait une coupe transversale d'une jeune branche de l'année, au milieu de sa longueur, et qu'on la compare à la coupe analogue faite dans l'échantillon de Montpellier, on ne trouve pas de trés grandes dif- férences, sauf que le bois et le liber sont moins développés dans les échantillons de Cadéac, que le liège y est plus précoce et que le dia- mètre de la tige est beaucoup plus petit. Mais, si l’on fait la section d'une branche plus àgée dans l'échantillon pyrénéen, on voit se révéler en général, chez les branches qui ont plus de trois ou quatre ans, une asymétrie qui s’exagère de plus en plus dans les couches suivantes. On peut rendre la comparaison frappante en faisant la section, dans l'échantillon de Montpellier, d'une branche de trois ans, par exemple, et en examinant en méme temps une section d'une branche du Thym de montagne ayant à peu prés la méme grosseur. La première section montrera, autour d'une moelle assez petite, trois épaisses couches de . (1) Pour l'étude détaillée de ces localités, voy. 6. Bonnier, Etudes sur la végeta- lion de la Vallée d'Aure (Revue générale de Botanique, t. M, p. 145 et suiv.). CCLXXVI .CONGRÉS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. bois, régulièrement circulaires et concentriques, une assise génératrice et un liber extrémement minces, un suber assez développé. La seconde section faite dans une branche de méme épaisseur aura à peu près la forme d'une coquille de Gryphæa Cymbium ou celle que présente la seetion de certaines Lianes, ou encore l'apparence d'un grain de fécule vu au microscope. Le bois présente douze à quinze couches, dont les trois ou quatre premières sont presque circulaires, les trois ou quatre suivantes plus développées d'un cóté; les derniéres ne font plus le tour entier de la tige et se renflent toutes du méme cóté. L'assise génératrice et le liber sont généralement trés minces ; l'assise généra- trice fait généralement défaut sur toute une moitié de la tige oü il ne se produit plus ni bois ni liber, mais où existe encore l'assise phello- gène, de telle sorte que le liège, plus épais que dans l'échantillon de Montpellier, se renouvelle encore sur tout le pourtour de la tige. Si l'on coupe une tige plus âgée de l'échantillon de Cadéac (les plus grosses que j'ai pu trouver n'avaient que 2 centimétres de diamétre), on peut observer une anomalie plus bizarre des formations successives du bois. Ces vieilles tiges sont contournées et comme tordues sur elles- mémes à la base, et forment souvent une lame creusée d'un cóté et pré- sentant de l'autre, du cóté convexe, un certain nombre de petits bour- relets. Des sections faites dans les branches d'àge intermédiaire, entre la branche décrite précédemment et celle-ci, sont nécessaires pour expli- quer la structure des tiges les plus âgées. Sur les branches de vingt à trente ans, on voit l'assise génératrice se fractionner dans la partie bombée, et méme plus tard de nouveaux centres générateurs se produire entre cette assise et le liège. Il se déve- loppe alors des formations tertiaires qui fonctionnent comme les productions secondaires des branches plus jeunes, d'abord presque symétriquement, puis, dans les années successives, d'une maniére de plus en plus asymétrique. Plus tard, il arrive ordinairement que toute la partie ancienne de la tige meurt complètement, y compris l'assise génératrice et le phellogéne; plus tard encore, tous ces tissus pourrissent et disparaissent, ne laissant plus qu'un demi-cylindre creux à la surface duquel rampent, à cóté les uns des autres, les cordons de formation tertiaire constituant les bourrelets dont j'ai parlé plus haut, et qui sont enveloppés d'un rhytidome trés épais. Il devient alors impossible de compter l'àge de la tige; cet àge doit d'ailleurs étre considérable, car j'ai compté jusqu'à cinquante-trois couches dans une tige de Thym qui n'était pas encore creusée d'un côté et dont les formations tertiaires n'avaient encore que vingt à vingt-sept couches. La structure comparée des feuilles traduit anatomiquement les dif- MALINVAUD. — VISITE DU CONGRÈS A VERRIÉRES-LE-BUISSON. CCLXXVIL férences qu'on observe dans leur aspect extérieur. Dans les échantillons de Cadéac les poils sont moins nombreux et moins développés, la chlo- rophylle y est plus abondante et les nervures sont moins lignifiées. 2 Échantillons récoltés au Riou Majou. — Les quelques échan- tillons observés au Riou Majou, à plus de 1200 mètres d'altitude, sont encore moins feuillés que ceux de Cadéac et présentent des branches mortes encore plus nombreuses. Quelques-uns n'avaient pas trace de fleurs, et sur les autres j'ai pu constater, en octobre, que les fruits n'ar- rivaient pas à maturité. On y trouve des bourrelets d'un cóté déjà sur les branches plus jeunes, de neuf à douze ans par exemple; ces bourrelets correspondent seuls aux branches vivantes plus petites qui sont situées au-dessus de la ligne considérée. Le reste de la tige correspond aux branches mortes trés nombreuses qu'on observe aussi au-dessus. La structure asymétrique du bois correspond ainsi clairement à l'asymétrie générale du développement de la plante. Ces exemplaires de Thymus vulgaris, poussant ainsi aux dernières limites d’altitude que peut supporter cette plante, ne vivent donc plus que par leurs petits bourrelets supplémentaires, qui, tous situés d’un même côté, en général du côté le plus chaud, font encore commu- niquer les rares petites branches feuillées qui subsistent avec les racines, chez lesquelles, d’ailleurs, on peut constater un retentissement de cette remarquable structure asymétrique. J'ai à peine besoin d'ajouter que les échantillons provenant de la région méditerranéenne, méme ceux qui croissent sur les rochers, ont leurs rameaux assez régulièrement développés, ne présentent, dans leurs formations secondaires, aucune anomalie notable et ne produisent jamais de formations tertiaires. La petite étude qui précède montre un curieux exemple de l'adaptation d'une plante méridionale à un climat presque alpin, et fait voir qu'une méme espéce de plante peut offrir dans son développement des variations très grandes. RÉCEPTION DES MEMBRES DU CONGRES CHEZ M. HENRY DE VIGMORIN À VERRIERES-LE- BUISSON (SEINE-ET-OISE), ET VISITE DES CULTURES DE LA MAISON VILMORIN-ANDRIEUX ET C^. . Le 29 aoüt, le Congrés suspendait ses séances et faisait tréve au bril- lant tournoi de ses discussions scientifiques pour se rendre, sur une aimable invitation adressée à chacun de ses membres, à Verriéres-le- Buisson (Seine-et-Oise), chez M. Henry L. de Vilmorin, président de la CCLXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Société botanique de France et chef de la maison de graines Vilmorin- Andrieux et C*. Cette visite à Verriéres était pour ainsi dire une tradition; car, déjà en 1867, M”? Élisa de Vilmorin, mère du propriétaire actuel, avait recu le Congrés présidé par M. Alphonse de Candolle lors de la session mé- morable où furent promulguées les lois de la nomenclature botanique. Le souvenir de cette charmante réception, le renom de cette gràce cour- toise et cordiale qui est héréditaire dans la famille de Vilmorin, les nombreux sujets d'étude ou de curiosité que devait offrir un établisse- ment modéle en horticulture, étaient autant d'attraits qui ne pouvaient manquer de faire accepter avec empressement par les membres du Congrès l'invitation qu'ils avaient reçue. Aussi, dés avant neuf heures du matin, ils étaient réunis, au nombre de plus de cent, sur le boulevard Saint-Germain, autour de la statue de Broca, où avait été donné le rendez-vous, et ils montaient, pour ainsi dire à l'assaut, dans de vastes tapissiéres qui les transportaient rapidement à Verriéres-le-Buisson ; d'autres visiteurs, venus par le chemin de fer ou dans des voitures particulières, les y avaient précédés. Là, M. et M™ H. L. de Vilmorin, assistés de M. Maurice de Vilmorin, frére de M. Henry, et de nombreux membres de leur maison, firent, pendant toute la journée, les hon- neurs des collections botaniques et horticoles, vivantes ou conservées, que renferment les jardins et les bâtiments de Verrières. Bien des arbres intéressants, mentionnés au compte rendu (1) de la visite de 1867, manquaient à l'appel; car, dans l'intervalle, les froids excessifs de l'hiver 1879-1880 avaient fait de nombreuses victimes. Par contre, de nouvelles espéces avaient été introduites, notamment les Pinus edulis et Bungeana, les Abies concolor, Menziesii, Engel- manni, etc. Parmi les nombreux objets qui ont attiré l'attention du Congrés et qu'il nous est impossible méme d'énumérer (2), on remarquait un rocher artificiel construit avec une face abrupte tournée vers le nord et une face en pente douce exposée au midi, hébergeant, dans ses anfrac- tuosités, de nombreuses tribus de plantes alpines de l'ancien et du nou- veau monde. Il suffit d'ajouter, pour faire apprécier l'importance de cette collection, qu’elle a été formée et est entretenue par M. Bernard Verlot, ancien chef de l’École botanique au Muséum et aujourd'hui un des chefs des cultures de Verrières. (1) Voyez, dans les Actes du Congrès international de botanique tenu à Paris en août 1867, p. 256, la Note sur les cultures de la maison Vilmorin de M. J. Grenland. (2) Un des secrétaires du Congrès qui s'était chargé de ce Rapport étant parti pour un long voyage à l'étranger sans nous communiquer ses notes, on voudra bien excuser les lacunes inévitables et par suite la brièveté de notre compte rendu. (Ern. M.) MALINVAUD. — VISITE DU CONGRÈS A VERRIÉRES-LE-BUISSON. CCLXXIX Mais bientôt tous les visiteurs, qui s'étaient répandus dans les cultures el les champs d'expérience au gré de leurs préférences, étaient réunis sous une tente rustique, décorée avec une élégante fantaisie, en face d'un déjeuner aussi confortable que somptueusement servi, auquel, aprés la course matinale et la promenade, on était fort disposé à faire honneur. Les nombreux convives étaient répartis entre une douzaine de tables, à chacune desquelles les maîtres de la maison s'étaient efforcés de grouper des invités de méme pays, ceux qui parlaient la méme langue ou que la similitude d'áge ou d’occupations rapprochait naturellement. Un membre de la famille des amphitryons ou l'un des personnages prin- cipaux de la maison Vilmorin était préposé à chacune des tables. Cet arrangement a beaucoup contribué à faire partout régner l'entrain et la cordialité dés le commencement du repas. Au dessert, M. le D" Cosson, membre de l'Institut, s'est levé pour porter la santé des membres du Congrès et, dans une improvisation fort applaudie, il a fait ressortir les services rendus à la science, aussi bien qu'à la pratique agricole et horticole, depuis quatre générations, par la famille de Vilmorin ; il a rappelé en particulier les travaux de M. Louis de Vilmorin sur les Blés etsur la Betterave à sucre. Puis il a fait l'éloge des publications dues au chef actuel de la famille, dont les études expé- rimentales, indépendamment de l'importance de leurs applications pratiques, offrent aussi un grand intérét au point de vue purement botanique. Dans l'aprés-midi on visita l'herbier, puis les salles affectées aux col- lections où sont conservés les spécimens des diverses plantes cultivées à Verrières et les reproductions en moulages des principales races des es- pèces potagères et de grande culture; on est aussi entré dans les ateliers de moulage, de peinture et de décoration de ces modèles qui reproduisent si fidélement la nature. Dans une de ces salles, M. Henry de Vilmorin a fait voir toute la série des formes de Blés obtenues par croisement entra les diverses races généralement regardées comme des espéces différentes, les Triticum sativum, turgidum, durum, polonicum, Spelta, etc. Non seulement loutes les fécondations croisées ont donné des produits fertiles, mais souvent le Blé issu du croisement de deux de ces races reproduisait les Caractères d'une troisième, ce qui est la preuve la plus évidente de l'identité spécifique de toutes. s Enfin, aprés une dernière halte à la terme Saint-Fiacre, vaste båti- ment récemment construit pour le séchage et la manutention des récoltes de graines des plantes de toutes sortes cultivées à Verrières, Pheure du départ était venue, sonnant trop tôt au gré de chacun, et les membres du Congrés, remontant dans les spacieuses voitures qui les CCLXXX CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. avaient amenés, ne tardaient pas à reprendre le chemin de Paris. Vive- ment touchés par la cordialité de la réception qui leur avait été faite, ils en emportaient un souvenir ineffacable, ainsi que de tout ce qu'ils avaient vu dans cet établissement hors ligne oü la science dirige con- stamment la pratique horticole. ERNEST MALINVAUD. RAPPORT SUR L'HERBIER DE M. GEORGES ROUY, par M. Ernest HMALINVAUD. Mereredi matin, 28 aoüt, M. Georges Rouy réunissait, dans son élé- gant chalet de la rue Mozart, un groupe de confréres désireux de visiter son musée botanique, et M" Rouy l'aidait à nous faire de la façon la plus aimable les honneurs du logis, puis ceux de l'herbier : ne se bor- nant pas à tolérer et méme à encourager les goüts scientifiques de son mari, — ce qui serait déjà peut-étre un mérite peu commun, — elle les partage et s'y associe en lui prétant souvent un concours aussi effi- cace que dévoué. L'herbier Rouy a été commencé en 1868; notre confrére en posa soli- dement les premières assises avec ses récoltes de plantes françaises poursuivies sans relàche pendant vingt années d'herborisations sur les points les plus divers du territoire, notamment dans les Alpes, les Pyré- nées, la Bourgogne, les environs de Paris, le département dela Manche, la région Méditerranéenne, etc. En méme temps il l'enrichissait par les échanges et par les voies pécuniaires, soit en y ajoutant la majeure partie des exsiccatas publiés depuis quinzeans sur les flores européennes et orientales, soit par l'achat de collections particuliéres d'un grand intérét à divers titres. Mais l'emploi de ces moyens ordinaires, dont l'efficacité était encore accrue par une infatigable activité, ne suffisait pas à notre confrère. La merveilleuse flore espagnole devait l'attirer au delà des monts; il voulut glaner à son tour sur cette terre promise, d'une inépuisable fécondité en formes curieuses et nouvelles, visitée avant lui par d'illustres botanistes et qui lui a fourni, comme elle avait donné à ses devanciers et donnera peut-étre encore aprés lui à d'autres explorateurs, une moisson abondante de découvertes et de faits d'une haute valeur en géographie botanique. C'est en 1878 qu'il franchit les Pyrénées pour la premiére fois, et pendant plusieurs années il recom- mença ce fructueux voyage, visitant chaque fois méthodiquement une partie nouvelle de la péninsule ibérique. Les richesses botaniques qu'il en rapportait lui permirent de fonder le Comptoir Parisien d'échanges de plantes et d'entrer en relations avec l'Académie des sciences de Saint- MALINVAUD. — RAPPORT SUR L'HERBIER ROUY. CCLXXXI Pétersbourg, les Jardins de Copenhague, Lisbonne, Coimbre, Palerme, Athènes, plusieurs Sociétés françaises et étrangères, avec les proprié- laires de grands herbiers (Cosson, Boissier, MM. Burnat, Halaesy, ete.) et nombre de botanistes de diverses nations. Pour faire apprécier d'une facon plus précise l'importance de l'herbier constitué avec ces diffé- rents apports, nous donnons intégralement ci-aprés, d'aprés les notes que M. Rouy nous a communiquées, une énumération des pays dont la flore est représentée dans ses collections, et pour chacun corrélative- ment celle des voyageurs et botanistes qui ont récolté ou signé les échantillons. ABYSSINIE. — Schimper. AconEs. — Drouet, Hewett C. Watson. ALASKA ET ÎLES ALÉOUTIENNES. — Chamisso, Wossnessenski. ALGÉRIE. — Allard, Balansa, Battandier, A. Chabert, Choulette, Clary, Clauson, Cosson, Courciére, Debeaux, Doumergue, Duhamel, Duker- ley, Durando, Durieu, Gandoger, Garrigues, H. Gay, Hénon, Julien, Lallemand, Lefrane, A. Letourneux, Lucas, Mac-Carthy, Ch. Martins, Maury, Miergues, Munby, Pomel, V. Reboud, Rossel, H. Roux, Salle, Schmitt, Trabut, Tribout, de Vésian, Warion. ANTILLES. — Bourgeau, Eggers, Ramon de la Sagra, Sintenis. ARABIE. — Boissier, Schimper. | ARCHIPEL. — Cadet de Fontenay, Dumont d'Urville, de Heldreich, Orphanidés, Pichler. ASIE MINEURE. — Aznavour, Balansa, Barbey, Blanche, Boissier, Born- muller, Bourgeau, Deyrolle, Du Parquet, Gaillardot, Haussknecht, de Heldreich, Kotschy, Letourneux, André Michaux, Péronin, Pi- chler, Pinard, Post, Sintenis, Szovits. AUSTRALIE. — Lhotsky, Muller, Tæœpffer, Verreaux, Wilhelmi. Barnes (ILES). — Boissier, Bourgeau, Burnat, Cambessédes, Marès, Porta et Rigo, Rodriguez, Vollert. Borve. — Mandon. Bosnie ET HERZÉGOvINE. — Beck, de Degen. BRésiL. — Bryrich, Claussen. Burcanrg. — Bornmuller, de Janka, Velenowsky. CANADA. — Chalmers, Fowler, Holmer, Matthew. CANARIES. — Berthelot, Bourgeau, de La Perraudiére, Masferrer, Sagot, Webb. CAP DE BowwE-EsPÉRANCE ET CAFRERIE. — Bolus, Mac-Owan, Murray, Quenedey, Tuck. CAUCASE ET DAGHESTAN. — Becker, Boskener, Brotherus, Buhse, CELXXXII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. Caltso, Frick, Hohenaker, C.-A. Meyer, Owerin, Ruprecht, Smir- noff, Wittmann. CaL. — Lechler. CHYPRE. — Kotschy, Sintenis et Rigo. Corse. — Arthur André, Burnouf, Debeaux, Frey, Gillot, Huon, G. Le Grand, Mabille, Mercier, Requien, Revelière, Reverchon, Soleirol. CRÈTE. — De Heldreich, Reverchon, Sieber, Spreitzenhofer. CYRÉNAÏQUE ET TRIPOLITAINE. — Daveau, Du Parquet, Ruhmer. ÉcverE ET Nes. — Barbey, Cramer, Delile, Du Parquet, de Fonte- nay, Kotschy, Kralik, Letourneux, Raddi, Schweinfurt, Sichenberger. EsPAGNE. — Badal, Balaguer, Barincou, Boissier, Bolos, Bordère, Bourgeau, Bonsor, Burnat, Pedro del Campo, Casaviella, Clemente, de Coincy, Compaño, Cordoniú, Costa, Dautez, Duchartre, Dufour, Durieu, Fragoso, Fritze, Guirao, Hackel, Hegelmaier, Lacaita, La- cassin, La Gasca, Laguna, Lange, Lázaro, Leresche, Levier, Loscos, Martin-Cercos, Mazaneda, Montagne, Oertel, Paŭ, Paul, Pernod, Porta et Rigo, Ramon, Reverchon, J.-O. Richard, Rodriguez, Rouy, Schmitz, Timbal-Lagrave, de Torrepando, Trémols, Vayreda, Will- komm, Winkler. Érars-Unis. — Allen, Anderson, Asa Gray, Arthur, Bebb, Bessey, Bes- sing, Blake, Bolander, Bolm, Brendel, Canby, Chapmann, Clappe, Clinton, Congdon, Cratty, Curtis, Davis, Donflan, Drummond, Dupuis, Edward Lee-Greene, Eggert, Engelmann, Færste, Fowler, Hall, Howell, Hysems, Kirnskel, Klinton, Kumlien, Lherminter, Lloyd, Marcus E. Jones, Mason Bross, Michaux, Moyer, Munroë, Noisette, Nolz, Oakes, Harry Patterson, Pierron, Porter, Pringle, Priston, Richl, Rugel, Short, Suksdorf, Thimpson, Vasey, Vinzent, Werthner, Wibbe, Wright. : GRÈCE. — Guicciardi, Halaesy, de Heldreich (et Holzmann), Lacaita, Orphanidés, Pichler, Psaridés, Sartori, Topali. GROENLAND. — Aug. Berlin, Hansen, Holboll, Jensen, Kolderup Boe winge, Kornerup, Nathorst, Petersen, Pfaff, Rink, Ryder, Smitb, Sylow, J. Vahl, Warming et Holm. GUATEMALA. — De Turckheim. GUINÉE ET GABON. — Jardin. GUYANE. — Edm. Huet. Hairr. — Pittard. HiNpousTAN. — Metz, Perrotet. ÎLES ÉOLIENNES. — Lojacono. ÎLES IoNIENNES. — De Heldreich, Letourneux, Pichler, Spreitzenhofer, Schimper, Tommasini. ÎLE DE LA RÉUNION. — Missionnaires. MALINVAUD. — RAPPORT SUR L'HERBIER ROUY, CCLXXXIIT ILE SAINTE-HÉLÈNE. — Melliss. ILES SanpwicH. — Jardin. ISLANDE. — Aube, Edm. Huet, Krabbe, Paykull, Thoroddsen. JAPON. — Matsumura. ; JAVA. — Zollinger. LABRADOR. — Cauby, Glitsch. LAPONIE (scandinave et russe). — Ahlberg, Anderson, Brotherus, Enwald et Knabe, de Geete, Hakansson, Indebetou, Lalin, Nathorst, Nylander, de Rougemont, Skanberg, Wahlenberg, Zetterstedt. MapaGascar. — Hildebrandt. - MADÈRE. — Fritze. Maracca. — Kehding. Marte. — De Fontenay. Maroc. — Balansa, Grant, Ibrahim et Mardochée (par le D* Cosson), Schousboé, Warion. MARTINIQUE. — Bellanger, Hahn. MÉSOPOTAMIE. — Haussknecht, Sintenis. MoNTÉNÉGRO. — Pichler. MEXIQUE. — Bilimek, Bourgeau, Kerber, Pringle, Sartori, Virlet d'Aoust. NOUVELLE-CALÉDONIE. — Vieillard. NovvELLE-GRENADE. — Bayon. NOUVELLE-ZÉLANDE. — Helm. NovvELLE-ZEMBLE. — Kriwoscheja, Al. Lehmann, Sterneck. Pérou. — Lechler. PERSE. — Buhse, Bunge, Haussknecht, Kotschy, Lehmann. PonTUcar. — De Coincy, Coutinho, Da Cunha, Daveau, Durant, Ferreira, Fonseca, Goltz de Carvalho, Guimaraes, Henriques, Levier, de Mariz, Mendoca, Moller, Schmitz, Welwitsch, Willkomm, Winkler, Zuqte. RÉPUBLIQUE AncENTINE. — Eggers, Galander, Hieronymus, Lorentz. RHoDEs. — Bourgeau, Hedenborg. ROUMANIE. — Grecescu, Sintenis. SARDAIGNE. — Forsyth Major, de Notaris, Reverchon, Sardagna. SÉNÉGAMBIE ET Rio Nunez. — Jardin. SERBIE. — Bornmuller, Derocca, Pancic, Pelivanovic, Dragutin Petrovic, Sava Petrovic. SIBÉRIE (y compris KAMTSCHATKA, MANDCHOURIE et ÎLE SACHALIN). — Augustinowiez, Brylkin, de Bunge, Czekanowski, Faskmann, Gebler, Glehn, Groom, Hage, Lessing, Maak, C.-A. Meyer, Middendorf, F. Muller, Politow, Steven, Stubendorff, Thornann, Turezaninow, Woss- nessenski. CCLXXXIV CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. SICILE. — Bianca, Borzi, de Coincy, Cosson, Lacaila, Lojacono, Nicotra, Strobl, Todaro. SONGARIE. — Kuhlewein, Meinshausen, Schliapin, Schrenk. SPITZBERG. — Elgenstierna, Th. M. Fries, Gyllencreutz, Gustapon, Kjellman, Malmgren, Nathorst, Oberg, Parry, Sterneck, Thoren. TERRE-NEUVE. — Edm. Huet. Texas. — Berlandier, Vinzent. Tunisie. — Barratte, Cosson, Du Parquet, Juffé, Kralik, Letourneux, Robert. TURKESTAN. — Karelin, Lehmann. TurQuIE. — Aznavour, Beck, Charrel, Du Parquet, Frivaldsky, de Janka, Pestalozza, Pichler, Sintenis. UruGuay. — Lorentz. Les flores d’Allemagne, Autriche-Hongrie, France, Italie, Grande- Bretagne, Russie et Finlande, Suède et Norvège, et Suisse sont fort bien représentées. Voici, pour quelques genres, le nombre des espèces que nous avons noté : Ranunculus, 241; Alyssum, 103; Helianthemum, 129; Dian- thus, 192; Ulex, 28; Genista, 107; Cytisus, 52; Saxifraga, 189; Centaurea, 321 ; Linaria, 173; Sideritis, 54; Thymus, 86; Salix, 103 et 91 hybrides; Luzula, 35; Carex, 395; Avena, 42, etc. M. Rouy estime que son herbier contient actuellement environ 22 000 espèces appartenant à 2482 genres, et au moins 100000 parts, soit en moyenne quatre ou cinq par espèce. Lorsqu'il reçoit la méme plante de plusieurs correspondants, les échantillons qu'il garde de préférence sont originaires d'habitats trés éloignés les uns des autres. Ainsi nous remarquons que les lieux de provenance extrémes des exemplaires du Papaver nudicaule L. sont le Groenland et la Nouvelle-Zemble; du Cortusa Matthioli L., Savoie, lénisséi, ile Sachalin; du Potentilla pensilvanica L., Etats-Unis, Espagne et Maroc; du Saxifraga stellaris L., Groenland, Laponie, Corse et Macédoine ; du Linum corymbulosum Reichb., France occidentale, Abyssinie et Songarie chinoise, etc. L'installation de l'herbier nous a paru mériter d'étre proposée et décrite comme un modéle du genre; tout y est confortable et de bon goüt sans luxe inutile. Sans doute beaucoup de botanistes n'ont pas la possibilité de faire aussi bien, mais ceux qui voudraient appliquer les mémes procédés sur un plan réduit trouveront dans les détails que nous allons donner d'utiles indications. L'herbier est rangé dans des armoires vitrées (de 07,65 de largeur sur 0^,50 de profondeur et 27,75 de hauteur), adossées aux murs et sur- MALINVAUD. — RAPPORT SUR L'HERBIER ROUY. CCLXXXV montées d'impostes également vitrées. Sur desrayons placésdans chaque armoire et distants en hauteur de 47 centimètres sont posés verticale- ment et alignés de gauche à droite les paquets, de 22 à 25 centimètres d'épaisseur, trés serrés entre deux solides cartons réunis d'un côté par un dos de toile forte et de l'autre par quatre cordons fixés aux cartons. Chaque paquet est muni, sur le dos, d'une étiquette portant la mention « HEnBrER Rouy », et, au-dessous, un numéro d'ordre dont la référence au Répertoire et au Catalogue permet d'arriver à connaitre, avec la plus grande célérité, le contenu du fascicule en résumé. L'ensemble de ces dispositions offre l'aspect d'une bibliothéque dont tous les volumes auraient la méme reliure et le méme format. Le Catalogue de l'herbier est en préparation et sera prochainement terminé. Il composera trois gros volumes in-folio reliés en forme de grand-livre et de 800 pages chacun. Sur chaque page sont inscrits successivement de gauche à droite, dans des colonnes distinctes : le numéro de la plante dans l'herbier, le nom de l'espéce, celui de l'au- teur de l’espèce, les régions (département, province, chaine de mon- tagne, ile ou ville) ou elle a été recueillie (une ligne pour chaque nom géographique), le pays auquel appartient chaque localité citée, enfin le nom du botaniste qui a récolté la plante, et la date pour les récoltes antérieures à 1850. Exemples : 2007 POTENTILLA NIVEA Okhotsk Sibérieorient.| Wossnessenski. : Fl. Tchaoun | Sibérie bor.- | Ex hb. Acad. sc. or. Pétersbourg. FI. Olenek Sibérie bor. Czekanowski. Caucase Russie Becker. Laponie Russie Malmberg, Spitzberg Suède Thorén. Dovre Norvège Zetterstedt. Hautes-Alpes | France Cornet. Tyrol Autriche Huter. Ikertok Groenland Kornerup. 9814 | LAGOECIA CUMINOIDES Madrid Espagne La Gasca (1804). Malaga Espagne Rouy (2 parts). Almeria Espagne De Coincy. Tarente Italie Groves. Crète Turquie Reverchon. Mélos Archipel Dumont-d'Urville (1819). Rhodes (C^ Anglaise) | Bourgeau. Cilicie Asie Mineure | Péronin. Le verso des pages est laissé en blanc, pour y inscrire au fur et à mesure les acquisitions récentes, soit les plantes entrant pour la pre- CCLXXXVI CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. mière fois dans l’herbier et qui sont indiquées en regard des espèces les plus voisines mentionnées au recto à droite, soit, pour celles précédem- ment inscrites, les localités nouvelles venant s'ajouter aux anciennes. Toutes les plantes ont été empoisonnées et sont dans un état remar- quable de conservation ; il faut sans doute l'attribuer en partie au soin de tenir les paquets dans des armoires closes et d'y faire de fréquentes recherches, mais aussi dans une trés large mesure à l'efficacité du pro- cédé de préservation dont M. Rouy fait usage. Nous avons prié notre collégue de vouloir bien nous faire connaitre la facon dont on opére chez lui, et il nous a obligeamment remis la note détaillée suivante, en nous autorisant à la publier in extenso. La solution à employer se prépare en versant dans un bocal (d'une con- tenance d'environ 6 litres) 5 litres d’alcool ordinaire à brûler, tel qu'on le trouve dans le commerce, puis 200 grammes de bichlorure de mercure (sublimé corrosif), soit 40 grammes par litre d'alcool, et en agitant jusqu'à dissolution compléte. Ensuite on fait fondre à part, dans 375 grammes d'eau chaude, 100 grammes de chlorhydrate d'ammoniaque pulvérisé (sel ammo- niac du commerce), et l'on verse le tout dans le bocal contenant déjà la solu- tion alcoolique de sublimé, puis on agite et on laisse reposer la liqueur pendant une heure ou plus. Avec 5 litres de cette solution on peut empoison- ner 500 à 600 plantes bien représentées. Pour s'en servir, on en verse jusqu'à mi-bord dans une cuvette rectangu- laire en porcelaine, dont le fond a 45 centimètres environ de longueur sur 91 ou 32 de large, avec un bord haut de 5 à 8, et que l'on pose sur une grande table ou sur un établi. A gauche de la cuvette, on met le paquet de plantes à empoisonner, en laissant à côlé de ce paquet une place pour les feuilles de papier dont on va retirer les échantillons. A droite de la cuvette, on réserve aussi une place pour le paquet que l'on va former avec les plantes qui auront élé passées dans la solution. On tient encore à sa portée des feuilles de papier bulle fort et enfin du papier à sécher (buvard gris ou rouge, paille, etc.). Ces préparatifs terminés, on prend la première plante à empoisonner, on la plonge dans la solution avec une pince en bois, et on l'y laisse de 30 à 40 secondes selon sa consistance, puis on la dépose sur un premier coussin formé d’une dizaine de feuilles de papier buvard sur lesquelles on a ajouté une feuille de papier bulle (1). Sur cette première plante on pose une deuxième feuille de pa- pier bulle, puis successivement une seconde plante empoisonnée, une troisième feuille de papier bulle, une troisième plante, une quatrième feuille de papier bulle et sur celle-ci un deuxième coussin de papier buvard; on recommence ensuite la série précédente en superposant de nouveau quatre feuilles de papier bulle dans. lesquelles on intercale trois plantes empoisonnées, puis un coussin buvard sur le tout, et ainsi de suite jusqu'à épuisement des plantes à empot- sonner ou que le paquet ainsi formé ait atteint 15 à 20 centimétres de hau- teur ; on le recouvre alors d'un dernier coussin de papier buvard et on serre le tout modérément entre trois courroies, afin que les plantes soient suffisamment (1) Le méme papier bulle sert indéfiniment et doit être mis de côté pour de nou- veaux empoisonnements, MALINVAUD. — RAPPORT SUR L'HERBIER ROUY. CCLXXXVH pressées mais non froissées ou brisées, et on laisse le paquet sans y toucher pendant une huitaine de jours au moins. Les étiquettes ont été retirées pendant l'opération et empilées au fur et à mesure les unes sur les autres; sans celle précaution, nombre d'entre elles, notamment celles faites avec de l'encre d'aniline ou au polycopie, se décoloreraient ou deviendraient à peine lisibles. Àu bout de huit jours on défait le paquet, et l'on replace les étiquettes avec les échantillons correspondants; la premiére a été la derniére retirée, de méme que la premiére plante du paquet étaitla derniére empoisonnée, on les remet ensemble, de méme pour les suivantes, et finalement le paquet primitif se trouve reconstitué dans le méme ordre qu'avant l'empoisonnement. Les plantes sont ensuite fixées, par de petites bandelettes de papier gommé, sur du papier bulle de force moyenne, de 45 centimétres de long sur 28 de large, et classées dans l'herbier général, chaque espéce ayant une chemise dans la- quelle viennent prendre place les diverses parts de cette espéce. Ce procédé d'empoisonnement ne donne lieu à aucune efflorescence, fait pénétrer suffisamment le poison dans le tissu des plantes pour en assurer la conservation et n'altére que peu ou point la couleur des fleurs. Nous avons vu des Campanules (Campanula saxatilis, C. lingulata, C. speciosa, C. stellaris, C. strigosa, etc.), dont les fleurs avaient conservé leur couleur bleue si déli- cate aprés la dessiccation et qui la présentaient encore plusieurs années après l'empoisonnement (1). La bibliothèque botanique de notre confrère, formée surtout en vue des études auxquelles il s'est particuliérement adonné, renferme, outre un grand nombre d'ouvrages de phytographie et de géographie bota- nique, ainsi que divers traités, une trés importante série de brochures contenant, sur les diverses flores de l'Europe, de l'Asie occidentale et boréale et du nord de l'Afrique, une grande variété de Mémoires, de Notices et de renseignements précieux. Nous n'avons pas à rappeler ici les travaux déjà nombreux de M. Rouy, (1) L'addition de chlorhydrate d'ammoniaque à la solution alcoolique de sublimé Corrosif, recommandée dès 1852 par le chimiste Cloez, parait avoir l'avantage de donner lieu à une combinaison aussi toxique et plus stable que le bichlorure de mer- cure employé seul. (Voyez sur cette question, dans les Actes du Congres interna- tional de botanique de 1867, pages 84 et suiv., la Note fort intéressante et très instructive de M. Jules Poisson « Sur la manière de préserver des insectes les col- lections botaniques ».) Ajoutons toutefois, simplement à titre de renseignement et Pour ne pas être plus affirmatif qu'il ne convient, que des botanistes expérimentés contestent la supériorité de la formule due à Cloez sur les anciens procédés. Nos re- grettés collègues, le D" Warion et Ernest Cosson, aprés avoir perdu une grande partie des plantes auxquelles ils l'avaient appliquée, étaient revenus à l'emploi exclusif du sublimé corrosif dont ils élevaient la dose jusqu'à 45 grammes par litre d'alcool. Si nous devions nous en rapporter à notre expérience personnelle, l'efficacité des e méthodes serait peut-étre équivalente; car nous avons employé l’ancienne pour -— Partie de notre herbier, ia nouvelle pour d'autres parties, et, dans un P gomme dans l'autre, des plantes empoisonnées depuis plus de vingt ans se sont mn jusqu'à ce jour dans un parfait état de conservation. Nous croyons d'ailleurs que es soins à donner aux collections botaniques consécutivement à | uc af ppt deus tout le choix du locai, ont une importance considérable. On trouvera à cet égard les indications les plus judicieuses dans la Note précitée de M. Poisson. (Ern. M.) CCLXXXVIII CONGRÈS DE BOTANIQUE TENU A PARIS EN AOUT 1889. ils sont d'ailleurs bien connus de tous ceux qui s’occupent de géographie botanique. Notre confrére, comme on sait, n'est pas un botaniste con- templatif, et encore moins un de ces collectionneurs peu sociables qui s'efforcent de cacher à tous les yeux avec un soin jaloux les richesses qu'ils ont amassées; c'est toujours au contraire avec une extréme com- plaisance qu'il met à la disposition de ses collégues les échantillons et les renseignements de toute nature contenus dans son bel herbier. Aussi quelques-uns de ses correspondants se sont fait un plaisir et quelquefois presque un devoir d'attacher son nom à des espéces nou- velles dont ses libérales communications avaient souvent contribué à leur rendre l'étude plus facile. Nous citerons, parmi ces dédicaces, le Brassica Rouyana Janka, figuré dans les J{lustrationes de M. Willkomm ; le Silene Rouyana Battandier, d'Algérie, représenté dans les Ilustra- tiones Flore Allantice ; le Salvia Rouyana Briquet; lArmeria Rouyana Daveau, du Portugal, figuré dans le Boletim de la Sociedad Broteriana ; le Romulea Rouyana Battand., d'Algérie, — et la série probablement s'enrichira encore de nombreux termes. Ce Rapport détaillé sur des collections particuliéres n'a pas seule- ment pour objet d'en faire ressortir l'importance et de rendre un hom- mage mérité au travail persévérant dont elles sont le brillant résultat et la récompense. Un herbier considérable, riche en termes de compa- raison et dont la eonsultation est rendue aussi facile que profitable par la bienveillance et l'érudition de son possesseur, offre aux botanistes phytographes, ainsi qu'aux amateurs simplement désireux de bien nom- mer leurs plantes, des ressources précieuses qu'ils ont intérét à con- naître. Nous croyons rendre service à plusieurs de nos confrères en signalant à leurs investigations les éléments utiles qu'ils pourront trou- ver pour leurs études dans l'herbier de M. Rouy. [Note ajoutée pendant l'impression, décembre 1891. — Les visites des membres du Congrés à l'herbier de M. le D* Cosson, qui leur avait fait la plus aimable réception, à l'École de Pharmacie, au Muséum et à l'Exposition universelle, devaient être l'objet de Rapports qu'un des secrétaires du Congrès s'était chargé de rédiger. N'ayant pas reçu ces documents, ni les procès-verbaux ou les notes qui auraient peut-être permis d'y suppléer, nous avons dü passer outre, aprés une vaine attente, pour ne point retarder plus longtemps la publication de ce dernier fascicule.) (Ern. M.) Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 1653. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MoTTEROZ, directeurs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1889) Les Cypripédiées. Texte par MM. A. Godefroy-Lebeuf et N.-E. Brown, chromolithographies par M. G. Severeyns, d'aprés les aqua- relles de M"? Jeanne Koch; première livraison. France: A. Godefroy- Lebeuf, à Argenteuil (Seine-et-Oise); England : James Veitch and sons, King's Road (Chelsea, London) ; in-4° (1889). L'ouvrage sur les Cypripédiées dont MM. Godefroy-Lebeuf, horticul- teur à Argenteuil, et N.-E. Brown, botaniste attaché à l'herbier de Kew, viennent de publier la première livraison, est destiné à présenter l'his- toire à la fois botanique et horticole d'un sous-ordre d'Orchidées dont les représentants vivauts abondent aujourd'hui dans les serres et y deviennent de jour en jour plus nombreux, gràce à des importations fréquentes ainsi qu'à la production incessante de variétés et d'hybrides obtenus artificiellement. Le but que (se proposent les deux auteurs est, disent-ils dans la préface de leur livre, « de donner une planche de » chaque espèce de Cypripède, des principales variétés et hybrides, » accompagnée d'un texteen francais et en anglais, contenant la descrip- » lion originale soit en latin, anglais ou autre langue, en méme temps » que les synonymes et références ayant quelque importance, suivi de la » description détaillée, l'habitat, l'histoire et les notes sur la culture ». Là, paraît-il, ne se bornent pas leurs projets, car ils ajoutent : « Si notre » œuvre trouve auprès du public un accueil favorable, notre intention est » de donner, quand l'ouvrage sera terminé, une étude détaillée sur la » Structure et l’histoire des Cypripèdes. » La partie iconographique de l'ouvrage sur les Cypripédiées est extré- mement remarquable. Chaque espèce, variété ou hybride est d’abord représentée en grandeur naturelle soit en entier, quand ses dimensions ont permis d’en comprendre la figure entière dans une planche in-quarto, soit, dans le cas contraire, par ses parties essentielles, fleur et inflores- cence, avec feuilles, qu'accompagne alors une reproduction réduite de la plante entiére. Ces planches, parfaitement exécutées en chromolitho- T: XXXVf- (REVUE) 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graphie, d'après des aquarelles dues à M'* Jeanne Koch, méritent les plus grands éloges tant au point de vue artistique que pour le caractère de vérité sans exagération qui les distingue. En outre, dans le texte sont intercalées de nombreuses figures analytiques qui représentent l'extré- mité de la feuille et les diverses parties de la fleur. Ces dernières figures présentent une particularité qui ne manque pas d'intérêt : les sépales et les pétales y sont naturellement dessinés tels qu'ils se présentent dans la fleur fraiche; mais en outre, quand, daus l'état naturel, leurs bords sont plus ou moins relevés ou ondulés, une ligne ponctuée, tracée autour de la figure, montre la configuration réelle de l'organe supposé complète- ment étalé. Les sujets compris dans la premiére livraison de l'ouvrage dontil s'agit sont les suivants : Cypripedium | Lowii C. Lemaire, Flore des serres, 1847, vol. mi, p. 291^, et 1848, vol. 1v, p. 375. Espèce de Bornéo, d’où elle a été im- portée par M. Low, de Clapton. C. superbiens Reichb. fil. in Bonplandia, 1855, p. 227 ; Allgemeine Garten-Zeitung, 1856, p. 323 et Xenia orchidacea, 11, p. 9, t. 103. Espèce de Java, d’où elle a été importée par MM. Rollisson, et du mont Ophir à Malacea. C. philippinense Reichb. fil. in Bonplandia, 1862, p. 335 (C. Ræb- belinii Reichb. fil., in Garden. Chron., 1883, xx, p. 684 et 1884, XX1, p. 16; Selenipedium levigatum May in Revue hortic., 1885, p. 301). Espèce des iles Philippines, d’où elle a été importée, en 1865, par M. John Gould Veitch. C. Dayanum Stone in Garden. Chron., 1860, p. 674 (C. Petri Reichb. fil., Belg. hortic., 1881, xxr, p. 242). Espèce du nord de Bornéo, sur le mont Kina Balu où elle a été découverte, en 1859 ou 1860, par M. Hugh Low, à qui en est due l'importation. C. purpuratum Lindi., Botan. Regist., 1831, t. 1991 (C. sinicum Hance). Espèce de Hong-Kong, d’où elle a été importée depuis plus d'un demi-siécle, ; C. X Sallieri Godefroy-Lebeuf, Revue hortic., 1885, p. 416. Hybride entre les C. insigne et villosum, obtenu par M. Sallier, jardinier-chef E cháteau du Val, prés de Saint-Germain-en-Laye. C. ciliolare Reichb. fil. in Garden. Chron., 1882, xvii, p- 488, el 1883, xx, p. 46. Espéce des iles Philippines, d’où elle a été importée, en 1882, par M. Hugh Low. C. caudatum Lindl., Genera and Species of Orchid. Plants, p- 591 - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 (Selenipedium caudatum Reichb. fil., in Bonplandia, 1854, p. 110). Espèce des Andes du Pérou et de la Nouvelle-Grenade, dont l'impor- tation en Europe, par William Lobb, remonte à 1849 ou 1850. P. DUCHARTRE. Recherches sur l'enroulement des vrilles; par M. Leclerc du Sablon (Ann. des se. nat., 1° série, BoT., 1887, t. v, p. 5). Ce travail se compose de deux parties : la première est consacrée à l'étude de l'anatomie comparée des vrilles et la seconde à celle du méca- nisme de leur enroulement. Dans la première partie, l’auteur étudie la structure des vrilles de plantes appartenant à des familles trés différentes (Cucurbitacées, Passi- florées, Smilacées, Ampélidées, Bignoniacées, Légumineuses, Renoncu- lacées, Commélinées) et conclut de cette étude que la sensibilité plus ou moins grande d'une face et sa plus ou moins grande aptitude à l'enroule- ment sont en rapport avec le plus ou moins grand nombre de fibres ou de cellules allongées qui se trouvent dans le voisinage de cette face. Cette corrélation est telle que l'examen anatomique d'une vrille quelconque permet toujours de dire à priori quelle est la face qui deviendra concave par l'enroulement : c'est toujours celle dans le voisinage de laquelle se trouve le plus grand nombre de fibres. Dans la seconde partie, l'auteur commence par réfuter l'opinion géné- ralement admise, d'aprés laquelle l'enroulement des vrilles serait dü à une inégalité de croissance des deux faces; puis il rapporte une série d'expériences, desquelles il résulte que, si l'on plonge une vrille dans l'eau, les cellules courtes absorbent l'eau en plus grande quantité que les cellules longues, leur turgescence augmente et par suite la courbure se fait de facon que la face à fibres longues et à turgescence moindre devient concave. Dès lors, si une vrille vient à toucher un support par sa face sensible, les cellules touchées subissent une compression, une excitation dont l'effet est de leur faire perdre une partie de leurs sucs, qui se ren- dent dans les cellules antagonistes. Il en résulte une différence de turges- cence à l'avantage des cellules antagonistes, différence d'autant plus considérable que ces dernières ont la propriété de devenir plus facile- ment turgescentes, d’où enroulement. m Une derniére question étudiée est celle de l'enroulement hélicoide. On considérait la contraction héliçoïde de la partie libre d'une vrille fixée, comme étant la conséquence et en quelque sorte la propagation 3 | v4 roulement autour du support. Ces phénomènes doivent être, d’après M. Leclerc du Sablon, considérés comme tout à fait distincts. La contrac- 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion héliçoïde de la partie libre d'une vrille fixée, doit être comparée à l'enroulement spontané d'une vrille qui n'a pas atteint de support. G. COLOMB. Recherches sur l'anatomie comparée des Malvacées, Bombacées, Tiliacées, Sterculiacées ; par M. A. Dumont (Annales des sciences naturelles, T° série, BoT., 1887, t. vi, p. 129). Dans ce travail présenté comme thése à la Faculté des sciences de Paris, M. Dumont étudie l'anatomie comparée des végétaux appartenant à ces différentes familles et cherche à en tirer des caractères pouvant servir à la classification. Selon M. Dumont, les caractéres dont l'ensemble constitue la diagnose anatomique des Malvacées sont, par ordre d'importance : 1* la structure du liber secondaire toujours trés développé, et divisé en massifs triangu- laires par l'extrémité graduellement élargie des rayons médullaires prin- cipaux ; 2 la nature des appareils gommeux qui peuvent être des cellules gommeuses, des poches lysigènes, des poches lacuneuses, des poches sécrétrices schizogènes ou des canaux sécréteurs ; 3° la forme et l'abon- dance des cristaux ; 4° la sécrétion du tannin et de la substance rouge brun; 5° l’amidon ; 6° l'appareil stomatique; 7^ les productions épider- miques dans lesquelles l'auteur trouve des caractères de sous-tribus; 8° la structure du limbe de la feuille; 9° la structure du pétiole dont les faisceaux sont ordinairement rangés en cercle. Ces faisceaux, distincts à la base du pétiole, se soudent près du limbe et donnent, par invagina- tion, naissance à des faisceaux médullaires ; 10° la structure du péricycle toujours divisé en faisceaux fibreux placés en dehors du liber; 17° la structure de l'écorce qui se divise en trois zones concentriques : une Zone sous-épidermique peu épaisse; une- zone collenchymateuse; une zoné parenchymateuse contenant le plus souvent les cellules et poches gom- meuses ; 12^ la structure de l'endoderme qni ne présente pas de plisse- ments; 13° la structure du bois secondaire qui peut servir à caractériser les tribus et les sous-tribus; et enfin 14° Je liège contenant du tannin et la substance rouge brun. Il tire son origine de la première assise sous- épidermique. Comme conclusion générale, les Malvacées forment un groupe divisé en quatre grandes tribus qui répondent aux anciennes familles : Malvées, Bombacées, Tiliacées, Sterculiacées. GE Recherches sur le développement du Physcia parie- tina; par M. Gaston Bonnier (Comptes rendus, 9 juillet 1888). M. Gaston Bonnier, grâce aux cultures pures qu'il a faites, a pu suivre» T REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 jour par jour, l'association de l'Algue etdu Champignon dont l'ensemble constitue le Lichen, jusqu'à la formation du thalle différencié. Il n'est pas indifférent de faire remarquer que ces études ont pu étre suivies sur la méme culture. M. Gaston Bonnier a semé deux spores de Physcia et une quarantaine de cellules de Protococcus viridis. ll a assisté ainsi à la différenciation première des filaments issus des spores et englobant les cellules d' Algues. Il a vu se former les faux tissus et a pu se rendre compte de la maniere dont les Algues deviennent peu à peu les gonidies du Lichen. Toutes les phases du développement, depuis le semis jusqu'àla constitution d'un thalle identique à ceux qu'on observe dans la nature, ont pu étre étudiées en détail. G. 6. Sur la constitution du fruit des Graminées: par M. Henri Jumelle (Comptes rendus, 23 juillet 1888). On sait que le grain des Graminées, décrit d'abord par Mirbel sous le nom de cerium, puis par Richard sous celui de caryopse, a été défini par ces deux auteurs : un fruit dont les parois se sont soudées, vers la maturité, avec les téguments de la graine. Cette définition, qui exprime un fait assez rare dansle régne végétal, a été généralement adoptée par les botanistes. M. Jumelle n'accepte pas cette maniére de voir. Un examen attentif du fruit des Graminées lui a permis de poser les con- clusions suivantes : 1° A aucun moment, pendant la maturation du grain des Graminées, il n'y a soudure entre les téguments de la graine et le péricarpe. 2° Le péricarpe se résorbe en partie; les tégumenls de la graine dis- paraissent complètement. 3° Le fruit des Graminées ne mérite pas un nom spécial; c'est un akéne renfermant une graine sans téguments. G. G: Sur le polymorphisme foliaire des Abiétinées ; par M. Aug. Daguillon (Comptes rendus, 14 janvier 1889). La communication de M. Daguillon n'est que le premier chapitre d'un travail plus étendu. On peut résumer ses observations relatives au poly- morphisme foliaire des Abiétinées vraies (genres Pinus, Abies, Picea, Larix, Cedrus) en disant que l'existence de feuilles primordiales, c'est- à-dire intermédiaires aux cotylédons et aux feuilles de la plante adulte, est assez constante dans ce groupe. Le passage de la forme primordiale à la forme définitive se fait sans transition, comme dans les Pins, ou par gradations insensibles comme dans les Sapins. Ce passage est caractérisé presque toujours par le développement progressif de l'hypoderme et du Sclérenchyme adjacent au système libéro-ligneux, et dans certains genre? 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par le dédoublement de la nervure centrale en deux faisceaux, sous un endoderme commun; en un mot par une différenciation croissante dans la morphologie interne de l'organe. G. COLOMB. Peroniella Hyalothecæ, eine neue Suesswasseralge (PERONIELLA HyaALoTHECEE, nouvelle Algue d'eau douce), par M. Chr. . Gobi (Scripta botanica, t. 1); traduction allemande d'un Mémoire en langue russe, avec 1 planche en lithographie. 1887. M. Gobi, en publiant de son Mémoire une traduction dans une langue plus répandue que le russe, donne un exemple que nous proposerions volontiers à tous les savants de l'Europe orientale. Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que chacun parle et écrive la langue de son pays, mais nous regrettons que des travaux, sans doute excellents, soient trop sou- vent lettre morte pour ceux qui n'entendent que les trois langues prin- cipales de l'Occident européen. Le Peroniella Hyalothecæ a été découvertdans un lac de la Finlande, où il croît exclusivement dans les enveloppes gélatineuses d'une Des- midiée, le Hyalotheca mucosa. C'est une Chlorophycée unicellulaire, d'abord ovoide ou piriforme, finalement sphérique, fixée par un pédicelle allongé qui porte la cellule au voisinage de la surface de l'enveloppe mucilagineuse de la Desmidiée. C'est une plante à vie indépendante, malgré ce que pourrait faire penser la localisation de son habitat. Le con- tenu de la cellule adulte se divise en 7 ou 8 zoospores uniciliées; elles sorlent par une fente latérale, se meuvent lentement et pendant peu de temps, avant de se fixer à la surface de l'enveloppe de la Desmidiée et d'y germer. La cellule végétative s'enkyste aussi par un simple épais- sissement de sa membrane et par condensation de son protoplasma. C'est sous cette forme, sans doute, que la plante hiverne. L'auteur place le Peroniella à côté des Sciadium parmi les 'Chlorophycées Cénobiées; il formerait avec les genres Sciadium et Ophiocytium un petit groupe naturel. CHARLES FLAHAULT. Desmidieer frân Bornholm samlade och delvis bestæmda af R. T. Hoff (Desmidiées de Bornholm, recueillies et en partie déterminées par R. T. Hoff); par M. O. Nordstedt (Vidensk. Meddel. fra den naturhist. Forening i Kjöbenhavn, p. 182-213, 1888). Tirage à part en brochure in-8° de 30 pages, avec 4 planche sur cuivre, et un résumé français. Parmi les 142 formes (espèces ou variétés) de Desmidiées observées à Bornholm, 48 sont nouvelles pour la flore danoise. M. Nordstedt fait suivre d'intéressantes observations le nom de beaucoup d'entre elles; il figure et donne la diagnose latine de trois espèces nouvelles. Le Cosma- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1 rium formosulum Hoff est voisin du C. subspeciosum Nordstedt; il faudrait peut-être en rapprocher le C. Quasillus Lund, B. quadrifera forma polycrenata Jacobsen; mais les descriptions et les figures qu'en donne cet auteur permettent seulement d'affirmer qu'on n’a pas eu rai- son d'en faire une forme du C. Quasillus; le C. eductum Roy et Bisset à sa place à cóté du C. holmiense; le C. helcangulare Nordstedt est voisin du C. norimbergense Reinsch. G. F- Sopra un curioso Flos-aquæ osservato a Parma (Sur une curieuse Fleur-d'eau observée à Parme); par M. G. B. de Toni (Nuovo Giornale botanico italiano, xx, p. 295-297, 1888). L'auteur a observé une Fleur-d'eau produite à la surface d'un aqua- rium, dans les serres du jardin de Parme, par une quantité innombrable de zoospores appartenant, comme l'a montré leur développement ulté- rieur, au Dictyosphærium Ehrenbergianum Nægeli. C- F- Beitrag zur Kenntniss der Algengattung Chætopeltis (Contribution à la connaissance du genre d Algues Chætopeltis); par M. Moebius (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, vt, Heft 7, p. 242-248, avec 1 planche en lithographie, Berlin, 1888). Le thalle de la plante dont il s'agit forme un disque assez semblable à celui qui constitue la fronde des Coleochæte, et apparait comme des taches vertes sur les tiges d'un Myriophyllum exotique dans les serres du Jardin de Heidelberg; leur ressemblance avec le Coleochæte orbicu- laris Pringsheim est souvent fort grande, mais il n'est pas rare de ren- contrer, surtout à la surface des feuilles, des thalles irréguliers qui montrent que le développement est différent de celui des Coleochaæte ; il n'est pas douteux que cette Algue appartienne au genre Chælopeltis Berthold. La spore aplatie en disque, entourée d'une membrane délicate, se divise successivement et forme des cloisons telles que le thalle tend, dés Pori- gine, à s'étaler suivant un plan; les divisions se font alors suivant deux directions de l'espace. La cellule ne renferme normalement qu'un noyau; il est ordinairement entouré d'une couche d'amidon ; les chromatophores, multiples dans chaque cellule, sont dépourvus de pyrénoides. La plupart des cellules du thalle sont susceptibles de devenir des sporanges; le con- tenu cellulaire se divise en quatre, rarement en huit portions, dans cha- cune desquelles on observe de bonne heure un point oculiforme. Les Spores müres s'échappent par une déchirure qui demeure visible à la partie supérieure de la membrane, presque toutes les cellules se vident. Les spores, d'abord immobiles et enveloppées d'un mucilage commun, ne tardent pas à se dégager et à se mouvoir; elles ont deux cils et appar- 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiennent au type le plus fréquent des zoospores chez les Chlorosporées; ce sont des gamétes; l'auteur les a vues se réunir deux par deux pour former un zygote. C'est la spore que nous avons prise pour point de départ; elle parait capable de se développer immédiatement en un thalle nouveau. M. Berthold n'a observé chez le GChetopeltis orbicularis qu'une reproduction asexuée par zoospores. Ce n'est pas des Coléochétées, mais des Chétophorées que M. Moebius rapproche le Chætopeltis, et avec lui le Phycopeltis, malgré ce que les caractères extérieurs du thalle pourraient faire penser au premier abord. CHARLES FLAHAULT. Note sur P Uronema, nouveau genre des Algues d'eau douce de l'ordre des Chlorozoosporacées, par M. G. Lagerheim (Malpighia, t, fasc. xir, 1887). Tirage à part en brochure in-8° de 7 pages, avec une pl. en lithogr. Le genre Uronema parait constituer un intermédiaire entre les Ché- tophorées et les Ulotrichées. L'U. confervicolum, la seule espèce qu'on puisse sürement rapporter au nouveau genre, est une plante filamenteuse, fixée par un disque basilaire; les cellules, cylindriques, renferment un seul noyau et un chromatophore unique, en anneau, avec deux pyré- noides. Il se forme dans chaque cellule une zoospore, rarement deux. Les zoospores ont quatre cils antérieurs et un point oculiforme rouge un peu au-dessous du sommet; elles germent directement en une plante nouvelle, aprés s'étre échappées par une ouverture latérale déterminée par une dissolution locale de la membrane. L'auteur a observé aussi des aplanospores. Peut-être faut-il encore rapporter au genre Uronema le Stigeoclonium sinpliciusculum Reinsch. C. F. On the structure of Spongocladia Areschoug (Spon- godendron Zanard.), with an account of new species [Sur la structure des Spongocladia Aresch. (Spongodendron Zanard.)], avec la description d'une nouvelle espèce, par MM. G. Murray et L. A. Boodle (Annals of Botany, vi, n° 6, p. 169-175, 1888). Tirage à part en brochure in-8*, Zanardini a donné le nom de Spongodendron à deux plantes des mers tropicales. L'étude des échantillons originaux a prouvé aux auteurs de cette Note que le Spongodendron établi en 1878 fait double emploi avec le genre Spongocladia Areschoug (1853) ; c’est parmi les Cladophorées et probablement tout prés des Cladophora que ce genre a sa place; c'est sur de simples apparences qu'on l'a confondu avec les Siphonées. Le thalle se compose d'un filament irréguliérement et abondamment ramifié, constitué par une seule file de cellules; chacune d'elles se ramifie, sans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 que les rameaux se séparent du filament principal par une cloison trans- verse, Les cellules sont courtes à la base, mais la cellule terminale s'al- longe énormément et prend l'aspect d'un filament de Vaucheria ; l'axe et les rameaux sont enchevétrés. La membrane s'épaissit parfois au point d'oblitérer presque la lumière de la cellule; elle montre alors une stra- tification très nette. Areschoug a figuré les zoospores germant à l'inté- rieur méme de la cellule terminale; on ne les a pas observées sur le vivant. — Des recherches qui précédent, il résulte que le Spongoden- dron crassum Zanardini devient synonyme de Spongocladia vaucherie- formis Areschoug, que le Spongodendron dichotomum Zanardini devient le Spongocladia dichotoma Murray et Boodle; les auteurs ajoutent au genre une espéce nouvelle, le S. neocaledonica Grunow. C. F. Ueber die Gestalt der Chromatophoren bei einigen Phaeo- sporeen (Sur la forme des chromatophores chez quelques Phéo- sporées) ; par M. J. Reinke (Berichte der deutschen botan. Gesellschaft, vr, Heft, 6, p. 213-217, avec 1 planche en lithogr. Berlin, 1888). Les chromatophores des Phéosporées n'ont pas attiré l'attention comme ils le méritent; leurs formes sont beaucoup plus variées que ne le font penser les travaux de M. Schmitz et de M. Schimper ; l'auteur en décrit et en figure quelques exemples. Ils sont isolés dans chaque cellule et discoides dans le Scytosiphon lomentarius; ils sont isolés, mais grands et étalés sur une grande étendue de la surface interne, dans le Ralfsia verrucosa; le Myrionema orbiculare en présente deux ou trois dans chaque cellule. Les Ectocarpus et divers autres genres manifestent une grande variété dans le nombre et la forme de leurs chromatophores; dans certaines espèces, ils sont discoides et nombreux; ailleurs, ils sont allon- gés en bâtonnets ou en rubans plus ou moins contournés; parfois méme, comme dans PE. confervoides, il peut n'y en avoir qu'un disposé en un ruban qui rappelle le grand chromatophore des Spirogyra. Les carac- téres tirés des chromatophores n'ont aucune valeur générique; mais il y a lieu d'en tenir grand compte dans les diagnoses spécifiques; car ils conservent rigoureusement les mêmes caractères dans une méme espèce. G: FK. The apical Cell of Fucus (La cellule apicale des Fucus); par M. W.-M. Woodworth (Contributions from the Cryptogamic Labo- ratory of Harvard University, n^ 9, in Annals of Botany, 1, febr. 1888). Tirage à part en brochure in-8° de rx pages avec 4 planche en lithogr. On sait que M. Reinke considére le sommet végétatif des Fucus comme 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formé par un groupe uniforme d'initiales, l'une d'elles se distinguant seulement par son plus grand volume. Pour M. Rostafinski, le groupe de cellules apicales aurait plus de régularité ; c'est par des segmentations répétées dans trois directions qu'aurait lieu la multiplication des cellules. Cette divergence d'opinion a été le point de départ des recherches de M. Woodworth : ses observations l'ont conduit à ce résultat que le sommet végétatif des Fucus furcatus et vesiculosus est formé par une cellule à quatre faces convexes, deux étroites et deux larges; des divisions paral- lèles aux faces larges se répétent avant qu'il se produise des divisions dans d’autres directions. Les Fucus ne constituent plus dès lors une exception parmi les Fucacées; car les travaux de MM. Reinke, Kny et Valiante sont d’accord sur ce point, que le sommet des Sargassum, Cystoseira, Cystophora, Cystophyllum, Halidrys et Pelvetia est formé d'une seule cellule d’où dérivent tous les tissus de ces plantes. CHARLES FLAHAULT. Zur Entwickelungsgeschichte des Æydrurus (Sur lhis- toire du développement de l'Hydrurus) ; par M. G. Lagerheim (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, vi, Heft 11, 1888). Tirage à part en brochure in-8 de 12 pages, Berlin, 1888. M. Lagerheim a fait de nouvelles observations morphologiques sur l'Hydrurus ; elles lui paraissent de nature à nous éclairer sur la place que ce curieux genre doit occuper dans la classification. Il confirme la plupart des résultats acquis par M. Rostafinski et ajoute quelques don- nées nouvelles à ce que nous savons. Les cellules d'Hydrurus ne renferment jamais d'amidon, mais on y trouve des. gouttes d'huile. Il y a des vacuoles dans chaque cellule et deux d'entre elles au moins sont pulsatiles, c'est un exemple rare chez les Algues fixées; on ne les connait guére que chez le Chlorangium marinum Cienkowski et chez un petit nombre de Palmellacées. Il n'y à pas concordance entre les observations de M. Klebs et de M. Rostafinski sur les organes reproducteurs; l'auteur confirme celles de M. Klebs. Les zoospores se forment dans toutes les cellules des rameaux, chaque cel- lule en forme deux ou quatre ; quand il y en a deux, elles sont produites par la division longitudinale du contenu, elles sont mises en liberté par la dissolution de la membrane cellulaire et de la gaine mucilagineuse qui englobe toutes les cellules. Les zoospores s'arrondissent et com- mencent à se mouvoir lentement dans le mucilage, en changeant de forme, pour devenir finalement tétraédriques. Quand il se forme quatre Z00- spores, c'est par une double division en croix. Dans tous les cas, elles possèdent un chromatophore logé à l'un des angles, un cil qui naît du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 milieu de la face opposée au chromatophore, des vacuoles pulsatiles, mais pas de point oculiforme. Au bout de peu de temps, les zoospores s'arrondissent, et il parait hors de doute qu'elles germent sans copula- tion préalable. M. Lagerheim a trouvé les spores durables inconnues jusque-là; comme les zoospores, elles se forment dans toutes les cellules des rameaux, elles augmentent de volume, se remplissent de granules brillants, s'arrondissent et s'entourent d'une membrane propre, épaisse, à double contour trés net. La spore complètement formée atteint 15 mil- liémes de millimètre de diamètre. Sans émettre une opinion arrêtée au sujet de la place naturelle de l'Hydrurus, M. Lagerheim pense qu'il n'est pas impossible de le ratta- cher aux Flagellés bruns, en raison de l'existence de vacuoles pulsatiles dans les cellules végétatives et du cil unique que portent les zoospores. ü: F: Sur la formation des pores secondaires chez les Poly- siphonia; par M. K. Rosenvinge; résumé francais d'un mémoire publié en danois (Botanisk Tidsskrift, xvu, livr. 1; Copenhague, 1888). Tirage à part en brochure in-8° de 9 pages avec 4 planche en litho- graphie. L'auteur a signalé ailleurs ce fait remarquable que, chez tous les Poly- Siphonia examinés par lui, une portion du protoplasma du bord externe et inférieur des jeunes cellules péricentrales se rapproche de la cellule péricentrale sous-jacente et finit par se confondre avec elle, bien qu'il ne soit séparé de la premiére par aucune membrane. Ce phénoméne est en relation avec la formation des pores secondaires qui se forment entre les cellules péricentrales. On sait que, chez les Floridées, toutes les cellules Issues d'une méme cellule-mére sont reliées par des pores; ce sont les pores primaires, on appelle secondaires ceux qui se forment entre des cellules d'origine différente. Le développement de ces pores secondaires est le même, à ce qu'il semble, chez tous les Polysiphonia; les noyaux y prennent une part active. Le noyau primitif des cellules péricentrales se divise en deux : l'un garde sa place, et l'autre se loge contre le bord externe et inférieur de la cellule; peu aprés, un fragment minime de protoplasma se concentre autour du noyau-fille inférieur et se sépare de la cellule-mére par une cloison. En méme temps, le noyau-fille, avec le protoplasma qui l'environne, pénètre à travers la membrane de la cellule péricentrale sous-jacente et se confond avec cette cellule; le noyau s'y introduit et prend sa part des divisions que subissent ultérieurement tous les noyaux des cellules péricentrales. Le pore secondaire des Floridées correspond au pore qui met en communication les cellules de beaucoup 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'Hyménoinycétes ; ils paraissent, dans tous les cas, destinés à faciliter la communication entre les cellules. C. FLAHAULT. Sur la disposition des feuilles chez les Polysiphonia; par M. Kolderup Rosenvinge; résumé francais d'un mémoire publié en danois (Botanisk Tidsskrift, xvi, liv. I; Copenhague, 1888). Tirage à part en brochure in-8? de 9 pages avec 1 planche en lithogr. M. Schwendener pense que la disposition spiralée des feuilles ou des organes appendiculaires en général est déterminée par le contact de ces organes avec l'axe qui les produit. Tel n'est pas l'avis de M. Rosenvinge. Dans le Polysiphonia violacea, les organes appendiculaires (ou feuilles) ne sont jamais en contact ni avec la tige, ni avec le sommet des feuilles plus âgées. Les premières divisions de la cellule terminale qui déter- minent la position des feuilles ne sont jamais cachées par aucun organe; ces cellules-filles ne subissent donc pas plus de contact que la cellule ter- minale elle-méme; elles se développent pourtant en spirale réguliére avec une divergence de 2/5; le point oü se formera la feuille la plus élevée est marqué dés avant la division de la cellule terminale; le noyau se divise et le noyau-fille inférieur, au lieu de se placer dans l'axe de la cellule primitive, prend une position excentrique; il va se loger du cóté où apparaîtra la feuille, et la cloison qui sépare les deux noyaux est oblique dés l'origine. Il ne semble donc pas qu'il faille demander à des causes extérieures l'explication de la position des feuilles. C. F. Meeresalgen von Puerto-Rico (Algues marines de Porto-Rico); par M. F. Hauck (Engler's Botanische Jahrbuecher, 1x , p. 451-410, 1888). Tirage à part en brochure in-8°. La flore algologique de cette ile n'avait encore été l'objet d'aucun tra- vail; les documents mis en œuvre par M. Hauck jettent quelque lumiére sur la physionomie de la flore algologique des Indes occidentales. Ils montrent une certaine communauté de caractéres entre la mer Rouge et les Antilles, bon nombre d'espéces sont communes; quelques genres sont représentés dans ces deux mers par des espéces voisines, appartenant surtout aux Siphonées, au genre Sargasse et aux Algues calcaires. Le catalogue publié par M. Hauck comprend 92 espèces, il faut le considérer comme une ébauche; on sait, en effet, que Mazé et Schramm ont porté à 119 le nombre des espéces ou variétés d'Algues marines de la Guade- loupe; alors méme que ce nombre serait réduit par des observations ulté- rieures, il n'en résulte pas moins que la flore algologique des Antilles est trés riche. C. F. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 Révision des Nostocacées hétérocystées contenues daus les principaux herbiers de France; par MM. Ed. Bornet et Ch. Flahault (Annales des sc. nat., vn* série, Bor., tomes ur, 1v, v et vir, 1886- 1888). LÀ La plus grande confusion a régné jusqu'ici dans la nomenclature des Nostocacées, par suite de la méthode défectueuse suivie par les auteurs qui ont pris ce groupe pour objet de leurs études. D'une part, chacun d'eux n'a pas assez tenu compte des travaux de ses devanciers et, trop fréquemment, a créé une nouvelle espéce pour chaque forme nouvelle qui lui tombait sous les yeux, sans rechercher avec assez de persévé- rance si elle n'avait pas été décrite antérieurement. D'autre part, on a trop souvent fait reposer la synonymie sur des descriptions qui ne con- stituaient pas alors des données suffisantes pour caractériser des végé- laux aussi peu distincts les uns des autres. MM. Bornet et Flahault ont réussi à mettre l'ordre dans ce chaos en prenant pour base de leur tra- vail l'examen d'échantillons authentiques provenant des créateurs des espéces. Ils ont pu constater ainsi avec certitude que beaucoup de ces prétendues espéces n'étaient que de simples synonymes, et par suite en réduire considérablement le nombre. La Révision des Nostocacées hétérocystées se compose de deux par- lies : une introduction et une partie systématique. Au début de l'intro- duction, les auteurs expriment nettement leur opinion sur la question du polymorphisme. Comme on sait, cette théorie, qui a rencontré des partisans convaineus en Allemagne, en Italie et ailleurs, considère la plupart des genres parmi lesquels sont réparties les Algues inférieures comme les stades d'évolution d'un petit nombre de formes autonomes. MM. Bornet et Flahault déclarent, avec de Bary, que cette théorie ne repose jusqu'ici, à leurs yeux, que sur des observations inexactes ou incomplétes, puisqu'elle admet sans démonstration suffisante, et seule- ment en raison de leur ressemblance, que des formes vivant en mélange dérivent par cela méme les unes des autres. Dans cette première partie, les auteurs, sans faire l'histoire complète des Phycochromacées, au point de vue biologique et anatomique, donnent un résumé des connaissances actuelles sur cette matiére, en y joignant la définition précise des termes employés par eux dans la partie descrip- tive, et l'indieation des procédés techniques les plus favorables à l'étude. Si nous passons maintenant à la seconde partie du Mémoire, nous voyons que les espèces, réparties dans quatre tribus, les Rivulariacées, les Sirosiphoniacées, les Scytonémacées et les Nostocées, y sont énumérées en série décroissante, en commençant par les formes les plus parfaites. 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La description des genres est précédée, dans chaque tribu, de considé- rations générales sur l'aspect des organes, leur développement et le mode de vie des espéces. On y trouve en outre un résumé statistique du nombre de ces derniéres contenues dans chaque genre el de leur distribution géographique. Des tableaux permettent d'arriver rapidement au nom des genres et des espèces. Les auteurs n'ont pas employé la forme dicho- tomique; les plantes y sont disposées suivant l'ordre de leurs affinités, de sorte que ces tableaux donnent un résumé synoptique du travail tout entier. La synonymie, trés étendue, a été traitée avec beaucoup de soin et de précision, et la plupart des citations synonymiques reposent sur l'examen d'échantillons provenant des descripteurs eux-mémes. Pour les végélaux qui font l'objet de cette étude, l'identité de deux espèces ne peut guère étre établie sur une autre base, et l'affirmation des auteurs, lorsqu'elle n'a pu étre vérifiée sur la plante méme qui leur a servi de type, doit étre laissée sous leur responsabilité. Quant aux figures, surtout celles qui se trouvent dans les anciens ouvrages, elles ne donnent en général que des renseignements insuffisants. Pour le méme motif, les espéces dont MM. Bornet et Flahault n'ont pu se procurer un spécimen authentique ont été reléguées parmi les species inquirenda, sauf certaines d'entre elles qui figurent dans le corps de l'ouvrage, avecla reproduction de la diagnose telle qu'elle a été donnée par le premier descripteur. Sept plantes nouvelles ont été décrites dans la Révision des Nostoca- cées hétérocystées, savoir : 3 Calothrix, 1 Scytonema, 1 Mostoc, 1 Anabena et 4 Nodularia. En outre, les auteurs ont établi le nouveau genre Wollea pour une Algue dont les trichomes, identiquesà ceux d'un Sphærozyqa, sout englobés dans leurs gaines confluentes, de manière à former un tube creux fixé originairement au substratum par une de ses extrémités. En résumé cette étude, qui se distingue par sa clarté et par la netteté de ses divisions, permettra à l'avenir des déterminations sérieuses pour tout un groupe de plantes où elles étaient impossibles jusqu'ici, et fournira un cadre excellent pour les ouvrages ultérieurs qui seraient entrepris sur le méme sujet. On peut espérer qu'elle fera naitre dans les travaux de méme ordre des habitudes de précision rigoureuse, faute desquelles ils perdent la plus grande partie de leur utilité. M. Gomonr. Forty-First Annual Report of the Trustees of the State Museum of Natural History for the Year 1887 (41° Rapport annuel des adm- nislrateurs du Musée gouvernemental d'histoire naturelle pour l'année 1887). Comme les années précédentes, la partie botanique de ce recueil est REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 tout entière de M. Peck et est consacrée presque uniquement aux Cham- pignons. On y trouve les descriptions en langue anglaise d'un assez grand nombre d'espéces récoltées dans les riches localités des environs d'Albany : les monts Adirondack et Catskill. Signalons parmi les plus remarquables : le Lepiota arenicola dont les spores allongées se rapprochent de celles du L. metulispora ; le Tricholoma intermedium qui ressemble au T. equestre, mais qui a les lames blanches ; le Clitocybe subsimilis qui n'est peut-être qu'une variété blanche du C. clavipes ; le Clitocybe sul- furea analogue au Tricholoma sulfureum par sa couleur, mais à lames adnées; l'Omphalia subgrisea, qui a la couleur du Mycena vulgaris et la dimension du M. corticola ; le M. capillaripes, bien voisin du M. ru- bromarginata ; le Clitopilus erythrosporus, facilement reconnaissable à sa couleur grise incarnate, à ses lames trés décurrentes et à ses spores elliptiques rose rouge; le C. conissans, dont l'aspect général ainsi que la couleur noire des lames rappellent quelques espèces d Hypholoma ou de Psilocybe, mais dont les spores roses et elliptiques obligent d'en faire un Clitopilus; l'Inocybe subfulva, allié à PT. calospora, mais à spores ovales et non globuleuses ; le Galera inculta, qui ressemble, lorsqu'il est sec, au Galera tener par la couleur du chapeau, etaux petites formes glabres et légèrement striées du Clitocybe laccata lorsqu'il est humide; le Lactarius maculatus à chapeau gris lilas, à suc d'abord blanc puis couleur de chair ou lilacin (alliée au L. uvidus, cette plante a été indiquée dans le 38° Rapport comme variété magnus de cette der- nière espèce); le Clavaria albida, qui a le port du C. Botrytis et du C. flava, mais facilement reconnaissable à sa couleur uniformément blanche. Enfin nous indiquerons qu'une espèce commune, mais bien curieuse, le Polyporus (Poria) vulgaris Fr., a été observée, avec un hyménium à pores vésiculaires; on sait que cette manière d’être de l'hyménium est celle qui caractérise le genre Myriadoporus Peck, qui n'est, comme l'a signalé depuis son auteur, qu'un élat particulier, pro- bablement conidifère, de divers Polyporus, les P. obducens (Myriado- porus induratus), P. adustus (Myr. adustus) et P. subacidus dont les deux formes eroissent ensemble sur le méme support. N. PATOUILLARD. Icones select Hymenomycetum Fenniæ nondum deli- neatorum ; fascicule 11; par M. P. A. Karsten (Extrait des Actes de la Société des sciences de Finlande). Helsingfors, 1887. Ce deuxième fascicule renferme la description des trente espéces sui- vantes qui sont figurées dans dix planches grand in-4° : Clitocybe puel- lula Karst.; Mycena amicta Fr. var, leucopsis Karst.; Mycena latebri- 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cola Karst.; Omphalia psilocyboides Karst.; Lyophyllum leucopheatum Karst.; Collybia demonica Karst.; Collybia ignobilis Karst.; Cortina- rius pheophyllus Karst.; Cortinarius lucorum Fr.; Naucoria tavas- tensis Karst.; Tubaria anthracophila Karst.; Inocybe trivialis Karst.; Hebeloma deflectens Karst.; Hebeloma subsaponaceum Karst.; Agaricus sanguinarius Karst.; Psilocybe Gilletii Karst.; Psilocybe simulans Karst.; Psathyrella squamifera Karst.; Lentinus domesticus Karst.; Coprinus lagopides Karst.; Coprinus Spegazzinii Karst.; Coprinus affinis Karst.; Polyporellus tubæformis Karst.; Bjerkandera ciliatula Karst.; Bjerkandera melina Karst., Poria ferrugineo-fusca Karst.; Fomes thelephoroides Karst.; Fomes tenuis Karst.; Sarcodon fennicus Karst. et Dacrymyces incarnatus Karst. N. PATOUILLARD. Illustrazione di due Agaricini italiani; par M. P. Voglino. Brochure in-8° de 9 pages et 2 planches chromolithographiées (Extrait des Actes de l'Académie royale des sciences de Turin, vol. xxu. Turin, 1888). Dans ce Mémoire on trouve la description et l'analyse de l'Eccilia griseo-rubella Lasch. et du Psilocybe ferrugineo-lateritia Vogl. Voici la diagnose de cette nouveauté : Pileus carnosulus in ipso ortu convexus, rarius campanulatus, demum convexo-expansus, in centro leniter umbilicatus, ad marginem inæqua- liter parumque striatulus, ferrugineo lateritius, glaber, aliquanto hygro- phanus, 2-2 1/2 cent. latus. Lamellæ 3-4 mill. latæ, leniter ventricosc, subconfertæ, adnato-subdecurrentes, purpureo-atræ. Stipes cylindraceus, subcartilagineus ad basim et ad verticem paullo incrassatus, glaber, sub- ferrugineo lateritius, intus pallidior, subcavus, 3, 4, 4-5 cent. altus, 11/2 mill. latus, albus ad basim. Caro pallida, odore farinæ prædita. Spore fusco-purpureæ, ellipticæ, rarius ovato-ellipticæ ; 7-9 X 4, sæpius 8 X 4. Ad terram muscosam in pinetis prope « S. Giuseppe » mense Martii. N- PAT- Neue Beitræge zur Pilzflora von Freiburg und Umge- bung (Nouvelles contributions à la flore mycologique de Fribourg et de ses environs); par M. G. Lagerheim (Extrait des Mitteilungen des badischen botanischen Verein, 1888). Ce Mémoire renferme les nouveautés suivantes : Peronospora Thesii Lagerh. parasite sur toutes les parties vertes du Thesium pratense ; Ustilago Caricis(Pers.) Fuck. B. leioderma Lagerh., diffère du type par la membrane des spores qui est parfaitement lisse ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 Œcidium Linosyridis Lagerh. parasite sur les feuilles et les tiges de Li- nosyris vulgaris ; enfin le Chrysomyxa albida Kuehn (Bot. Centralbl., 1882), parasite du Rubus fruticosus, est indiqué comme Phragmidium albidum Lagérh. Nc Par: Le genre Coleopuccinia; par M. N. Patouillard (Revue myco- logique, 1889, p. 35). Ce nouveau groupe d'Urédinées est caractérisé par des léleutospores en forme de Puccinies stipitées, placées individuellement dans une gaine gélatineuse, cylindrique; toutes les gaines des spores d'un méme sore sont soudées entre elles de maniére à former un globule hémisphérique, gélatineux, Les spores du centre sont parfaitement développées, les plus jeuues sont à la périphérie. Croit sous les feuilles d'un Amelanchier du Yun-nan. Une seule espéce : Col. sinensis. P. Hanior. La Truffe, étude sur les Truffes et les Truffiéres; parle D" C. de Ferry de la Bellone. Paris, J.-B. Dailliére, 1888 (in-18), avec 21 figures dans le texte. L'auteur, aprés avoir exposé les différentes hypothèses qui ont été suc- cessivement émises sur la nature de la Truffe (galle souterraine, piqure de la Mouche truftigène), cite les noms des nombreux botanistes qui se sont oecupés de ce précieux tubercule. La place de la Truffe dans le règne végétal n'est plus à rechercher depuis les admirables et conscien- cieux travaux de Vittadini et de Tulasne : la question du mycélium était cependant restée entourée d'obscurités, et l'auteur parait avoir contribué à l'éclaireir en l'étndiant avec succès dans certaines espèces, dans le Tuber panniferum entre autres, qui se prête tout spécialement aux recherches de ce genre; mais la germination des spores (qui rendrait évidente l'existence de ce mycélium) est encore à obtenir pour les Truffes vraies. La technique mieroscopique appliquée aux Tubéracés est l'objet d'un chapitre étendu; quoi qu'il en soit, les procédés nouveaux jmaginés par M. de Ferry de la Bellone, tout en paraissant un peu compliqués, per- mettent d'obtenir de trés jolies préparations. L'organisation générale de la Truffe, la ressemblance de ces Champignons hypogés avec les Pézizes y sont discutées avec dessins à l'appui; puis l'auteur s'occupe longue- ment des variétés de Trulfes (variétés botaniques, variétés culinaires) et aborde leur classification. Pour le commerçant, il existe deux classes de Truffes : les comestibles et les sauvages; le botaniste, ne pouvant se contenter de cette division, a cherché des caractères décisifs dans les spores qui peuvent étre échinées ou alvéolées et dans le péridium verru- T. XXXVI (REVUE) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. queux ou lisse. Les conditions de sécheresse ou d'humidité ont sur la venue et sur l'aspect physique des Truffes une influence si considérable, une méme Truffe ressemble si peu à elle-méme à deux périodes éloi- gnées de son évolution, que le eryptogamiste doit apporter la plus grande prudence dans la détermination spécifique de ces Champignons, et ne se permetire de créer de nouvelles espéces qu'avec beaucoup de circon- spection. Un tableau dichotomique permet d'arriver à la détermination d'un grand nombre de Tubéracés et des Hypogés qui y sont le plus fré- quemment mélés. Une description spéciale de chacune des espéces indi- quées dans ce tableau, description faite d'aprés nature, rendra le plus grand service à ceux qui voudront s'occuper de leur étude : les diamètres des spores y sont indiqués ainsi que les noms vernaculaires sous lesquels ces intéressants Champignons sont connus dans leur pays de production. Parníi les nouveautés indiquées, nous signalerons le Tuber stramineum (Quélet et de Ferry), espéce voisine des T. Requienii et rufum, du midi de la France, le Tuber moschatum également du midi et retrouvé aux environs de Chaumont. A propos du Tuber æstioum, la Truffe grise, que l'on recueille pendant l'été, M. de Ferry de la Bellone adopte l'opi- nion émise l'an dernier par M. Chatin, qui a séparé de la Truffe d'été du midi et du centre la Truffe dite de Bourgogne sous le nom de T. uncina- tum : la forme des spores, l'époque de la maturité sont absolument diffé- rentes. Toutes les espéces comestibles sont comprises dans une section à péridium verruqueux, à spores échinées, réticulées ou alvéolées. Un autre groupe comprend des espèces à péridium à peine papilleux ou lisse, à spores alvéolées, qui sont tout à fait impropres aux usages culi- naires (T. rapæodorum, macrosporum, etc.), sauf toutefois le T. magna- tum fort recherché des Provençaux et des Italiens. Le mode de croissance de la Truffe, son voisinage des racines des arbres ont donné lieu à de nombreuses hypothèses qui sont passées en revue et ont apporté de fortes présomptions en faveur du parasitisme de ce Champignon. L'observation des conditions naturelles de production, qui résident plutót dans l'arbre que dans la composition el la maniére d’être du sol, a permis de créer des Truffières artificielles qui ont modifié dans une large mesure la production économique de la Truffe. Les diverses variétés d'arbres ne paraissent pas indifférentes à la qualité de la production; c'est ainsi que les Truffes venues au pied des Pins s'im- prégnent d'un certain goüt résineux, que celle que l'on recueille au voisinage du Noiselier sont d'un parfum plus pénétrant et d'une saveur plus relevée, La maturité des Truffes n'a pas lieu non plus à la même époque de l'année : c'est pendant l'hiver qu'on récolte les variétés noires si renom- mées du Périgord et de la Provence, dont l'habitat parait localisé en REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Europe entre les 40 et 49° degrés de latitude. Les Truffes d'été remontent plus haut vers le nord et descendentun peu moins bas vers lé sud. Dans les autres régions, la mode et le goût ont fait adopter d'autres Hypogés tels que le Terfez en Algérie, le Boukouriow au Japon. La nature du sol n'est pas sans présenter une certaine influence sur la production des Truffes, et d'une manière générale on peut dire que ce sont les ter- rains contenant une certaine proportion de chaux qui conviennent le mieux. L'historique de la création des truffières artificielles et le mode de culture remplissent un long chapitre et abondent en détails intéressants; il en est de méme de ce qui a trait à la reconstitution des truffiéres qui ne se rétablissent que quatre à cinq ans aprés le recépage. Nous n'insisterons pas sur la récolte des Truffes, sur les procédés em- ployés, sur les conditions d'exploitation, détails que tout le monde con- nait plus ou moins et qui demandent à étre lus en entier dans l'ouvrage du D" de Ferry de la Bellone. Les usages de la Truffe, ses propriétés et ses inconvénients y sont exposés avec esprit, et nous laisserons au con- sommaleur le soin de rechercher avec Brillat-Savarin si réellement la Truffe ajoute aux qualités aimables de l'homme. La recherche de la Truffe faisant l'objet d'un commerce considérable, la justice a été appelée à sauvegarder les intéréts des producteurs, et les arréts de plusieurs tribunaux ont transformé en récolte ordinaire de fruits utiles de la terre les Truffes qui jusqu'alors étaient considérées comme des productions spontanées. Cette courte analyse ne saurait donner une idée complète de l'inté- ressant ouvrage du D* de Ferry de la Bellone, que ses études spéciales mettaient mieux que qui que ce soit à méme de l'écrire. Il sera certai- nement lu avec un égal plaisir par l'homme du monde aussi bien que par le spécialiste. P. Hanior. Nitella (not Tolypella) Macounii (Bulletin of the Torrey Club. New-York, January 1888). Le Nitella Macounii décrit par T. F. Allen sur des échantillons du lac Sainte-Claire, communiqués par M. Macoun, est voisin du N. Stuar- lis A. Br. de la Nouvelle-Zélande : Segmenta ultima sepe bicellularia; cell. ult. non mucroniform., long. nucl. 210-215 p: N. Macounii (Allen). Segmenta ult. unicellularia; long. nucl. 270 y: N. Stuartii (Al. Br.). P E 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Botanizing in the Strait of Magellan (Herborisation dans le détroit de Magellan); par M. W.-E. Safford (Bulletin of the Torrey Club. New-York, January 1888). L'auteur indique à Gregory-bay les Algues suivantes : Callophyllis variegata, Ptilonia magellanica, Ceramium rubrum et diaphanum, Codium tomentosum (plutôt Codium fragile), Durvillea utilis, Ulva Lactuca, Enteromorpha compressa, Porphyra laciniata, Rhodymenia palmata et des espéces indéterminées de Delesseria, Plocamium, Cla- dophora et Ptilota. P. Hanmor. Diatoms of Atlantic City and vicinity (Diatomées d'Atlantic City et de ses environs); par M. Henry Kain (Bulletin of the Torrey botanical Club. New-York, May 1888). 10 Diatomées sont indiquées dans cette Note sans qu'aucune d'entre elles soit nouvelle. Les Scoliopleura tumida, Pleurosigma balticum, Amphiprora pulchra, Bacillaria paradoxa, Meridion circulare y sont particulièrement abondants. p. H. The Fresh-Water Algæ of Maine (Algues d'eau douce du Maine); par M. F.-L. Harvey (Bulletin of the Torrey botanical Club. New- York, June 1888). Les Algues d'eau douce indiquées par M. Harvey ont été récoltées dans le courant de l'année 1887. Elles sont au nombre de 68, comprises dans les Rhodophycées, les Chlorophycées, les Cyanophycées. Les Des- midiées comptent dans cette liste à elles seules 51 espèces. L'auteur ne signale comme nouveautés que le Batrachospermum moniliforme var. subulatum etle Staurastrum saxonicum (Bulnh.) v. pentagonum. P.H Sul Fungo che é causa del Bitter Rot degli Americani (Sur le Champignon qui cause le Bitter Rot des Américains); par M. Fri- diano Cavara (Istituto botanico della R. Universita di Pavia), in", 4 pages. Pavie, 1888. D'aprés les échantillons de Greeneria fuliginea communiqués par M. Scribner à l'auteur, il résulte qu'il existe une différence réelle entre ce Champignon et le Coniothyrium Diplodiella et au contraire de nom- breux points de ressemblance avec le Tubercularia acinorum (Cavara). Le Greeneria qui cause le Bitter Rot doit étre placé parmi les Mélan- coniés dans le genre Melanconium dont il ne se distingue pas suffi- samment, sous le nom de Melanconium fuligineum (Scribner et Viala) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 Cavara. Ce serait jusqu'ici la seule espèce de ce genre parasite sur des fruits de Dicotylédones. E H Intorno al disseccamento dei grappoli della Vite : par M. Fridiano Cavara (Istituto Botanico della R. universita di Pavia), in-8°, 33 pages, 3 pl. Milan, 1888. L'auteur signale la présence nuisible sur les grappes de raisin des Peronospora viticola (de Bary), Coniothyrium Diplodiella (Speg.) Sacc., et indique le traitement qui doit leur être appliqué. D'autres Ampélo- mycèles italiens sont décrits par M. Cavara. Ce sont : Physalospora baccæ n.sp., Phoma lenticularis n. sp., Macrophoma reniformis (Viala et Ravaz), Macrophoma flaccida n. sp., Glæosporium Physalospore n. sp., Pestalozzia viticola n. sp., Napicladium pusillum n. sp., Alter- naria Vitis n. sp., Tubercularia acinorum n. sp. et Briosia ampelo- phaga a. sp., type du nouveau genre Briosia appartenant au groupe des Stilbés, où il doit être placé entre les genres Heydenia et Antromyces. Il est caractérisé par la diagnose suivante : Stroma verticale, cylindra- ceum, stipitatum, hyphis fasciculatis compositum, apice capitulum compactum efformans; conidia globosa, typice catenulata, fusca, acrogena. 3 planches jointes au Mémoire donnent les caractères des espèces énumérées ci-dessus. P. H. Appunti di Patologia vegetale (Alcuni Funghi parassiti di Piante coltivate) (Observations de Pathologie végétale); par M. Fri- diano Cavara (Istituto botanico della R. Universita di Pavia), in-8°, 13, 1 pl. Milan, 1888. Dans cette courte notice sont décrites les espèces suivantes : Dendro- phoma Marconii n. sp. sur les tiges du Chanvre; Pseudopeziza Trifolii (Bern.) Fuckel, auquel l’auteur donne pour synonymes Ascobolus Tri- folii (Riv.), Peziza Trifolii (Libert), Trochila Trifolii (Bern.), Pha- cidium Trifolii (Bern.) et Phyllachora Trifolii (Sacc.); Phleospora Trifolii n. sp. sur les feuilles du Trifolium repens: Botrytis parasitica n. sp., forme conidienne en rapport avec le Sclerotium Tulipæ Lib. sur les diverses parties du Tulipa Gesneriana; Basiascum Eriobotrye: Sur les feuilles d'Eriobotrya japonica. Le nouveau genre Basiascum doit étre placé au voisinage des Melanconium et des Gleosporium, tout en différant nettement de l'un et de l'autre comme le montre la diagnose Suivante : Acervulis subcutaneis mox erumpentibus, crustaceis; basi diise stro- mate parenchymatico ortis, brevissimis, basi valde inflatis, fuscis; gonidiis cito deciduis, continuis, concoloribus. Le genre Plenodomus 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. figure également avec le Pl. Oleæ n. sp. sur les olives et les Pestalozzia avec le P. Banksiana n. sp., sur les feuilles du Banksia Robur. Les Champignons indiqués plus haut sont figurés dans la planche jointe au Mémoire. P. Hanior. La Flore des Vosges. — LicuENs ; par M. E. Berher. Épinal, 1887, in-8°. Cette Flore des Vosges fait partie du grand ouvrage de statistique de ce département, publié en six volumes par M. Léon Louis. La florule des Lichens comprend 05 genres et 333 espèces. L'auteur a suivi l'an- cienne méthode de M. Nylander pour les grandes lignes de la classifica- tion, et il a emprunté à Fries beaucoup de noms de genres et d'espèces. Le fonds de ce travail est tiré des Considérations générales sur la végétation spontanée du département des Vosges, par le D' Mougeot. M. Berher a ajouté un bon nombre de localités et quelques espéces nou- velles pour cette région. Elles lui ont été fournies principalement par M. Flagey, qui a publié quelques espèces des Vosges dans ses Exsiccata de Lichens de Franche-Comté, puis par MM. Nylander, Kampmann, Blind et abbés Boulay et Jacquet. Enfin, l'indication de certaines localités provient des herborisations de l'auteur lui- méme. Les principales espèces nouvelles sont : Usnea longissima Ach. (etlà on pourrait ajouter Bruyères, où je l'ai récoltée); Ramalina thrausta Nyl., Peltigera scu- tata Ach., Physcia astroidea Nyl., Psoroma chrysoleucum Flagey, Placodium cirrochroum Nyl., Phlyctis argena Kerb., Toninia squa- lida Mass. et T. aromatica Mass., Lecidea ostreata Schær., etc. C'est avec raison que M. Berher inscrit comme douteuses les espéces Chlorea vulpina Nyl. et Stictina linibata. Mais il fait erreur en indiquant deux localités pour le Phylliscum Demangeonii. Il résulte d'une lettre de M. le D' Demangeon fils, que la seule localité où ce rare Lichen ait jamais été récolté en Europe est Remiremont; l'indication des sources de la Vologne, citée d'aprés M. Nylander, est erronée. La découverte du Bæomyces placophyllus Walhenb., attribuée à M. Flagey, appartient au D" Mougeot, d’après M. Nylander, Syn. 1, p. 180. AnnÉ HUE. Lichenologische Fragmente ; xxix. Miquelon (Fragments liché- nologiques. LicugNs de l'ile Miquelon); par M. F. Arnold (Flora, 1888). M. le D" Arnold a publié, dans la Revue mycologique de 1887 (1), une liste de 114 Lichens récoltés dans l'ile Miquelon par notre regretté con- (1) Voyez le Bulletin, p. 16, 1888. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 frère le D" Delamare. Dans le Flora, ce nombre est porté à 135, et M. Arnold ne se contente plus d'une simple énumération. Le nom de toutes les espéces y est suivi ou de remarques critiques ou d'indications d'exsiccatas. Les genres dont le nombre des espèces est le plus augmenté sont : 1° les Cladonia, qui se plaisent également dans les régions arc tiques et dans les contrées antarctiques; de 17 ils s'élévent à 21; 2 les Lecidea, dont le nombre est porté de 21 à 26. C'est aussi le genre Lecidea qui a le plus grand nombre d'espéces dans l'Enum. Lichen. Freti Behringii de M. Nylander. La tribu des Stictés est augmentée d’une espèce, Stictina crocata Nyl., ce qui fait 5 espèces pour 3 genres de cette tribu. Il faut remarquer Sphinctrina turbinata Pers., parasite du thalle du Pertusaria subobducens Nyl., et une espèce fréquente sur les rochers maritimes de la France, Lithoicea maura Wahlenb. Si, d'un côté, M. Arnold a augmenté, pour certaines espèces, le nombre des variétés, notamment pour le Cladonia furcata Huds., de l'autre côté, il a supprimé, et avec raison, la variété de l'Umbilicaria pustulata Linn., qu'il avait nommée pennsylvanica. En parcourant le travail de M. Arnold, on verra que, comme le constate M. Nylander (Lich. du Portug., p. 30), il y a la plus grande analogie entre ces Lichens et ceux de l'Europe sep tentrionale. AnpÉ H. Contributions à la Flore crypíogamique du nord du Portugal. LicuENES ; par Isaac Newton. Coimbre, 1888, in-8° de 29-70 pages. Ce Catalogue des Lichens du Portugal s'ouvre par une lettre de M. Nylander à l'auteur. Dans cette lettre, le savant lichénologue retrace l'historique des explorations faites dans ce pays pour en recueillir les Lichens, et constate que le Portugal est avec l'ouest de l'Irlande, en laissant de cóté les pays septentrionaux, les seules parties de l'Europe où l'on retrouve les Lichens de l'Amérique. Ceux qui se sont occupés des Lichens du Portugal ne sont pas nombreux. Bertero, au commencement de ce siècle, en cite un certain nombre dans son Flora lusitanica. Plus tard, Welwitsch fait de nombreuses et belles récoltes que détermine M. Nylander; puis, en 1866, le comte Solms-Laubach rapporte, du sud de cette contrée, une collection que M. Arnold a étudiée. Ainsi M. Newton vient en quatriéme lieu, et le Catalogue qu'il vient de publier n'est pas lé dernier mot de ses découvertes. Cel ouvrage comprend 245 espéces, réparties en 41 genres, toutes ou presque toutes déterminées par M. Nylander. Les genres qui renferment le plus d'espéces sont : Lecanora (48 espèces), Lecidea (46), Cladonia (13), Parmelia (16) et Phys- cia (13). Le genre Ramalina n'en a que 13, mais il contient R. Panizzei, | qui n'avait encore été observé que dans le nord de l'Italie et en Algérie. 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les espèces nouvelles ont déjà été décrites par M. Nylander dans le Flora de Ratisbonne ; il faut en excepter le Lecanora plumbella Nyl., qui parait iei pour la première fois. On remarque que certaines espèces propres au Portugal ne figurent pas dans cet opuscule, telles que Par- melia lusitanica Nyl., Rinodina lusitanica Arn. On n'y trouve pas non plus quelques espéces communes au Portugal et aux régions tropicales de l'Amérique, Glyphis favulosa Ach., Arthonia polymorpha Ach., dont M. Nylander a récemment changé le nom. A. polymorpha Ach. reste synonyme d'A. dilatata Fée, et les échantillons du Portugal et de la Nouvelle-Grenade prennent le nom de A. meizomorpha Nyl. ABBé HUE. Spore-dissemination of Equisetumn (Mode de dissémination des spores chez les Equisetum); par M. F.-C. Newcombe (The Bota- nical Gazette, xi, juillet 1888, p. 173). Pour arriver à une connaissance exacte du phénoméne de dissémina- tion des spores chez les Equisetum, M. F.-C. Newcombe a successive- ment étudié l'élongation de l'axe de l'épi, la structure de la paroi du sporange et sa déhiscence, la structure et l'action des élatères. Il montre que le premier temps de la dissémination est l'écartement des écailles sporangifères occasionné par l'allongement de l'axe de l'épi par accrois- sement intercalaire. Cet écartement permet la circulation de l'air entre les sporanges et par conséquent leur desséchement, et donne lieu à des espaces libres pour le passage des spores. Bien que la structure de la paroi du sporange ait été étudiée par divers botanistes, l'auteur pense que si on ne l'a pas jusqu'ici exacte- ment connue, c'est que les procédés d'étude employés ont été mauvais. La paroi du sporange des Equisetum arvense et hyemale est formée, dans sa région dorsale, de trois ou quatre assises de cellules dont les plus superficielles, à membrane épaissie, sont dirigées d'abord longitu- dinalement et deviennent de plus en plus obliques en s'approchant de la région ventrale, où elles sont tout à fait horizontales. Le nombre de ces assises de cellules diminue progressivement du dos à la partie antérieure, où la paroi est formée d'une seule épaisseur de cellules transversales et munie d'une bande d'épaississement en spirale. C'est précisément suivant l'une de ces rangées de cellules transverses de la paroi ventrale et très amincie du sporange que se fera la déhiscence. Celle-ci est pro- duite par une contraction en long et en large de la couche de cellules externes qui raccourcit beaucoup la paroi dans la région dorsale et pro- voque ainsi une déchirure longitudinale de la paroi ventrale plus faible. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 25 M. Newcombe a reconnu que les propriétés hygroscopiques des éla- léres sont dues à la composition chimique différente des deux couches de cellules dont elles sont formées, ainsi du reste que lavait précédem- ment établi M. Leclerc du Sablon. Quant à leur fonction, elle est double: elles poussent la spore hors du sporange et elles constituent des sortes de voiles que le vent enfle pour emporter et disséminer les spores. PauL MAURY. Xerotropismo nelle Felci (Du xérotropisme chez les Fougères); par M. A. Borzi (Nuovo Giornale botanico italiano, vol. xx, 1888, p. 416). M. A. Borzi appelle zérotropisme un phénomène connu autrefois sous le nom de révivisvence, et déjà en partie étudié par divers auteurs, notamment P. Bert et M. Ed. Bureau, Hanbury, Duval-Jouve, etc. Sous l'influence d'une grande sécheresse, un certain nombre de végétaux per- dant la presque totalité de l'eau qu'ils contiennent, se trouvent modifiés dans leur forme et demeurent ainsi un temps indéterminé dans une rigi- dité absolue. Si de l'eau arrive à leur contact, ils l'absorbent et repren- nent vite leur forme normale et leur vie interrompue, ou mieux, suspendue. C'est cette faculté de pouvoir se conserver dans des condi- tions hygrométriques défavorables, de pouvoir alors passer à l'état de vie latente et d'en pouvoir sortir, qui constitue le xérotropisme. M. Dorzi s'est proposé d'étudier la structure spéciale au moyen de laquelle peut étre obtenu ce résultat chez les Fougères, où le phénomène est surtout fré- quent. En effet, tandis qu'on ne l'a observé que chez un petit nombre de Phanérogames, onenatrouvé de nombreux exemples chez les Cryptogames de divers ordres : les Oscillaires, quelques Ulothrix, Schizogonium, des Lichens, Mousses, Sélaginelles, Isoetes, enfin de nombreuses Fou- gères des genres Ceterach, Notochlæna, Asplenium, Cheilanthes, etc. Les feuilles du Ceterach officinarum, de méme que celles de plusieurs Sélaginelles, deviennent complétement rigides et passent à l'état de vie latente si elles sont plusieurs mois soumises à une grande sécheresse. Le pétiole se redresse et le haut du limbe se recourbe vers le centre dela touffe, de telle sorte que la face inférieure est tout entiére au soleil. Mais cette face se trouve garantie, chez les Ceterach, par des écailles brunes fort nombreuses. La réduction que le volume de la feuille peut éprouver dans ces conditions peutétre de 45 ou 50 pour 100, et le raccourcissement de la nervure médiane de 10 à 15 pour 100. Cette réduction considérable est favorisée par une structure interne appropriée. L'épiderme de la face supérieure, formé de grandes cellules à parois latérales sinueuses, se contracte sous l'influence de la séche- 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. resse, de telle sorte que la paroi externe de chaque cellule fait saillie au- dessus de la surface comme une papille. Le mésophylle inférieur ren- ferme un grand nombre de lacunes et de méats, et l'épiderme de la face inférieure est composé de cellules petites et extensibles, conditions néces- saires à la dilatation de ces parties pendant la contraction de la face supérieure. Daus les Cheilanthes on observe des phénoménes analogues (Ch. fari- nosa, Lindheimeri, elegans, scariosa, tomentosa, rufa), et aussi un rétrécissement inverse, c'est-à-dire de la face inférieure (Ch. fragrans, Regnelliana, Sieberi, etc.). Dans ce dernier cas, la face inférieure du limbe est dépourvue de poils ou d'écailles. Dans Asplenium Tricho- manes, deux folioles opposées du limbe se rabattent de manière à recou- vrir mutuellement leurs faces inférieures et à empécher ainsi une grande évaporation. Dans cette espèce, la réduction de la face du limbe est de 25 à 30 pour 100. On voit que si le résultat est le méme partout : protection des surfaces évaporatrices pendant l'état de vie latente, les moyens de l'obtenir sont assez variés méme dans des types voisins. P. Maury. On the systematic position of Isoetes L. (Sur la position systématique des Isoeles L.); par M. E.-H. Vines (Annals of Botany, 11, p. 117 et 223, 1888). On sait que les Jsoetes ont été rattachés par divers auteurs tantôt aux Mousses, tantót aux Phanérogames, enfin définitivement placés parm! Cryptogames vasculaires. Dans ce dernier groupe méme, on les a suc cessivement rapprochés des Pilularia, Marsilia, Salvinia et Azolla, et de Candolle les a enfin incorporés aux Rhizocarpées ou Rhizospermées, opinion d'abord adoptée par Lindley (Natural System of Botany, édit. 2, 1836), puis rejetée par lui quelque temps aprés ( The Vegetable Kingdom, édit. 2, 1846 et édit. 3, 1853), pour les considérer comme des Marsilia- cées. Dans sa classification des Cryptogames vasculaires, M. Sachs a su tirer un grand parti du caractère que présentent ces végétaux, Savoir: les uns des spores toutes semblables, les autres des spores de deux sortes, d’être isosporés ou homosporés et hétérosporés. Les trois classes admises par M. Sachs : * I. EoQUisETACEE... 9 | 1. Stipulatæ (Ophioglossæ, Marattiaceæ, Osmundacec ' WB. FILICINE ; Schizeaceæ ?). 2. Filices. . 9. Rhizocarpee. lI. DICHOTOMAE. .... | 1. Lycopodiaceæ ‘(Lycopodiæ, Psilotæ , Phyloglossæ). 2. Ligulatæ (Selaginellæ, 1soetæ). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 renferment chacune des formes isosporées et des formes hétérosporées, les Rhizocarpées étant reconnues être des formes hétérosporées alliées aux Filicinées, de même que les Ligulate sont les formes hétérosporées des Lycopodinées. Cette classification a été remaniée par M. Goebel (Grundzuege der Systematik, 1882), qui a divisé les Filicine en deux groupes seulement : les Filicine leptosporangiatæ (majorité des Fou- gères et Rhizocarpées) et les Filicinæ eusporangiate (Ophioglossées et Marattiacées), tandis qu'il restituait le nom de Lycopodinæ aux Dicho- tome de M. Sachs et conservait trois divisions dans cette classe: 4° Lyco- podiaceæ (Lycopodium, Phylloglossum) ; 2 Psilotaceæ (Psilotum, Tmesipteris); 3° Ligulate (Selaginella, Isoetes). Cette manière de voir a élé, à peu de chose près, généralement adoptée. La question que M. E.-H. Vines s'est proposé de résoudre n'est point de savoir si les Isoetes doivent être séparés des Sélaginelles, avec lesquelles ils ont tant de rapports, mais bieu de déterminer si en réalité ils sont de véritables Lycopodinées ou si, au contraire, ils appartiennent à un autre groupe de Cryptogames vasculaires. La comparaison des divers caractères des /soetes avec ceux des autres Lycopodinées porte M. Vines à n'admettre de relation qu'entre les Isoetes d'une part, les Phylloglossum et Selaginella de l'autre, el à proposer, par conséquent, de les retrancher de la classe des Lycopodinées. Mais oü les placer? M. Goebel a montré qu'ils différaient considérablement des Rhizocarpées ou, comme il dit, des Hydroptéridées, parmi lesquelles de Candolle les avail rangés. Au contraire, l'absence de cônes sporangiferes, la présence d'un sporophylle spécialement différencié, divers traits d'évolution, sont communs aux Jsoetes et aux Fougères : le velum méme des premiers peut étre considéré comme l'homologue de l'indusium des secondes. Aussi, pour M. Vines, les 7soetes doivent-ils être considérés comme des Filicine eusporangiatæ et prendre place à côté des Ophioglossées et des Marattiacées. Les objections que l'on pourrait faire à cette manière de voir n'ar- rélent pas l'auteur, qui les passe en revue l'une aprés l'autre et pense les résoudre. Trois seulement lui paraissent avoir de l'importance. On sait que les racines des Isoetes et des Lycopodinées en général, sauf les Séla- ginelles, ont une racine terminée par plusieurs cellules initiales, tandis que les Filicinées, à part quelques types considérés jusqu 'à ces derniers temps comme des exceptions, n'ont qu'une cellule initiale. M. Vines invoque ces exceptions et aussi le cas des Sélaginelles, qui n'ont qu'une seule initiale, pour montrer que le nombre des initiales ne saurait étre un obstacle au rapprochement qu'il propose. Le nombre et la position des sporanges, différents chez les Fougères et chez les Jsoetes. ne sont pas non plus des caractères absolus: on a observé chez les Azolla, Lygodium, 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aneimia, Ceratopteris et Ophioglossum, des cas de réduction de spo- ranges à un seul et, d’après M. Goebel, la situation ventrale du sporange est normale chez les Marsilia et Pilularia. Enfin l'analogie trés grande qu'offrent les gamétophytes mâle et femelle des Isoetes et des Selaginella ne peut avoir d'autre valeur que celle d'une correspondance de formes dans deux séries distinctes, les Isoetes devant occuper, par rapport aux Filicinées, lasituation que les Selaginella occupent vis-à-vis des Lyco- podinées. En résumé, on peut considérer les /soetes comme des Filicinées eusporangiées trés voisines des Selaginella, et se rattachant ainsi aux Lycopodinées. P. Maury. The systematic position of the Rhizocarpeæ (Sur la position systématique des Rhizocarpées ; par M. Douglas H. Campbell (Bull. of the Torrey bot. Club., xv, 1888, p. 258). Pendant deux ans l'auteur s'est livré à des recherches sur le dévelop- pement des Pilularia globulifera, Marsilia egyptiaca et Salvinia natans, et il s'appuie sur ses observations pour émettre quelques consi- dérations sur la position systématique du groupe dont ces plantes font partie, les Rhizocarpeæ. Pour ce qui regarde les Marsiliacées, l'une des deux divisions des Rhizocarpées, l'auteur conteste les résultats obtenus par Hofmeister et Hanstein au sujet des différents détails du développement de ces plantes. Il eroit que la potasse, employée par le second de ces auteurs, en 50n- flant et dissolvant les parois cellulaires des prothalles, l'a induit. en erreur en lui montrant les cellules primordiales du prothalle femelle des Marsilia dépourvues de membranes, et le contenu de la microspore divisé en trente-deux segments cellules-méres des: anthérozoides. M. Arcangeli et M. Sadebeck ont eu, au contraire, le mérite de bien observer les cloisons qui se forment dans le prothalle femelle, et de démontrer l'existence d'une cellule végétative dansle prothalle mâle. Les observations de M. Campbell, qui ont eu pour base de nombreuses ger- minations de spores de Pilularia et de Marsilia, notamment de Mar- silia ægyptiaca dont les spores (même âgées de douze ans) germent, produisant des organes sexuels fécondés el des embryons en partie déve- loppés en treize heures, confirment les résultats obtenus par M. Arcan- geli et M. Sadebeck. Elles montrent de plus qu'il y a bipartition de la spore dont la partie inférieure, par cloisonnements successifs, donne pn archégone de tous points semblable à celui des Ptéridophytes, sauf qu'il a un col plus court chez les Marsilia. Chaque microspore donne per bipartition une cellule basilaire végétative et une cellule plus large, mêre de l'anthéridie. Dans le Pilularia. la cellule basilaire végétative se Seg REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 mente de nouveau en deux cellules inégales. Les anthéridies offrent une structure identique à celle des Polypodiacées. De cette ressemblance à laquelle il faut ajouter l'analogie des sporophytes, des sporanges, de la préfoliation des feuilles, l'auteur croit pouvoir conclure que les Marsi- liacées et les Polypodiacées représentent deux branches, peu écartées, d'un tronc commun. Quant aux Salviniacées, la seconde division des Rhizocarpées, elles différent sensiblement des Marsiliacées. Ce que l'on connait de leur développement est dû aux recherches de M. Pringsheim et de Jurani pour le Salvinia, de M. Berggren pour l'Azolla, et aussi de M. Campbell lui- méme pour le Salvinia natans, recherches qu'il a exposées antérieure- ment, aussi ne croit-il pas devoir s'arréter sur ce point (1). Il rappelle cependant que ses observations sont en contradiction avec les auteurs précédents et que, de méme que pour les Marsilia, il admet l'existence de cloisons dés la première phase du développement du prothalle. Tou- tefois, la connaissance que l'on peut avoir de la constitution des Salvi- niacées ne saurait permettre un rapprochement de ces plantes avec un groupe quelconque de Filicinées actuelles. En résumé, M. Campbell pense que les Rhizocarpeæ renferment deux groupes qui représentent les termes de deux séries distinctes de formes. Trés probablement les Marsiliacées dérivent de types trés étroitement unis aux Polypodiacées actuelles; les Salviniacées sont dans une silua- lion encore douleuse et doivent certainement étre éloignées des Marsi- liacées. P. M. Recherches sur les Poroxylons, Gymnospermes fossiles des terrains houillers supérieurs ; par MM. C.-Eg. Bertrand et D. Renault (Extrait des Arch. bot. du N. de la France). En créant le genre Poroæylon, M. B. Renault (Nouvelles Arch. du Mus., 1875, p. 270) en a fait le type de tout un groupe de végélaux fos- siles à structure conservée, caractérisés par les faisceaux de leurs tiges et de leurs feuilles diploxylés comme ceux des Sigillaires, mais diffé- rents de ceux-ci par les ponctuations aréolées contigués de leurs fibres ligneuses secondaires. Il regardait ce groupe des Poroxylées comme ser- vant de passage entre les Sigillariées et les Cordaitées, et comme appar- tenant à la division des Phanérogames gymnospermes. Contrairement à celte opinion, divers paléobotanistes ont eru pouvoir placer les Poroxylées prés des Lycopodiacées, parmi les Cryptogames vasculaires. C'est pour in Bull. Torrey Club, 1886, et Zur (1) Voyez Campbell, The Antheridium of Ferns, d e Nc Cola Entwickelungsgeschichte den Spermatoaoiden, in Ber. der avril 1887. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. élucider ce point controversé que MM. Bertrand et Renault ont entrepris le travail que nous analysons. Ils ont étudié successivement, et avec une grande abondance de détails, la tige, la feuille et la racine des Poroæylon Boysseti, Edwardsii et stephanensis. De cette étude, ils ont tiré les conclusions suivantes sur la caractéristique du type Poroxylon, ses affinités, l'importance de sa structure au point de vue de l'anatomie et de la morphologie générales. [. Les Poroxylons se présentent dans les couches du terrain houiller supérieur sous forme de troncs silicifiés à nœuds rapprochés, ne don- nant naissance chacun qu'à une seule feuille. Leurs feuilles sont alternes, distribuées en une hélice génératrice sénestre. A leur aisselle se déve- loppent des rameaux dont les faisceaux libéro-ligneux s'insérent sur les deux faisceaux du tronc, situés de chaque côté du faisceau foliaire. Les troncs se décortiquaient de bonne heure chez le P. Edwarsii, plus tard chez les autres, et l'assise subéreuse, plus mince que celle des Sigil- laires, gagnait jusqu'au liber. Chaque feaille à limbe épais, à nervures incluses reçoit de la tige un faisceau foliaire volumineux, bilobé dés la base du pétiole, se ramifiant pour former les nervures latérales. Les faisceaux libéro-ligneux unipolaires et diploxylés présentent plus de bois centripéte prés de leur sortie de la tige pour entrer dans la feuille et, au contraire, plus de bois secondaire ou centrifuge dans leur partie enfer- mée dans la tige. Le liber était extraordinairement développé et offrait, entre les rayons libériens, une alternance régulière de grandes cellules parenchymateuses et de tubes grillagés. La moelle est grande et ren- ferme souvent des canaux gommeux ou tannifères. Le cambiforme exfo- liateur est double : il produit du liège par sa face externe, du tissu fondamental secondaire par sa face interne, et renferme de nombreux canaux gommeux. L'épiderme ne comprend qu'une seule assise cellu- laire, semblable aux deux faces de la feuille, soutenue par des cordons hypodermiques. Les racines gréles ont un faisceau bipolaire. Enfin, tous les éléments histologiques des divers appareils végétatifs sont semblables: les Poroxylons n'avaient done pas destructure polymorphe, et dans tout le temps écoulé entre la formation de la Grand'Croix et celle d'Autun, cette structure n'a pas sensiblement varié. IT. On ne connait pas jusqu'ici les organes reproducteurs des Poroxy- lons; or, les classifications actuelles des végétaux étant essentiellement fondées sur la comparaison des divers caractères fournis par ces organes, il semble difficile de tenter d'attribuer une place bien déterminée à ces plantes fossiles. Cependant les essais faits jusqu'à présent pour ranger les espéces et les genres d'aprés les caractéres fournis par la structure de leurs appareils végétatifs sont assez satisfaisants pour per- mettre d'établir une comparaison entre la structure des Poroxylons et REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 31 celle des plantes actuelles. [ci encore, on ne saurait tirer de conclusion bien certaine de cette comparaison, puisque les faisceaux axiaux unipo- laires et diploxylés des Poroxylons n'existent dans aucun type actuel et qu'on ne les retrouve [que chez les Sigillaires, Sigillariopsis, Lyginoden- drons, Hétérangiums de l'époque houillére. Seules, parmi les plantes vivantes, les Cycadées semblent avoir conservé quelque chose de cette structure : elles ont des faisceaux caulinaires unipolaires qui, en péné- trant dans la feuille, deviennent diploxylés, sur un trés court trajet, il est vrai. Cette circonstance autorise donc un rapprochement entre les Poroxylons et les Cycadées, et les auteurs ont cru en pouvoir tirer cette conclusion : « Les Poroxylons sont un type fossile trés tranché, sans représentants dans la nature actuelle, ce sont des Phanérogames gymno- spermes:inférieures, plus voisines des Centradesmides ou Cryptogames vasculaires à structure radiée que nos Cycadées, mais supérieures aux Sigillariopsis, aux Sigillaires, aux Lyginodendrons et aux Hétérangiums. Ils n'ont aucun rapport avec les Ptéridophytes. » HI. L'étude complète du type Poroxylon apporte des données nou- velles à la connaissance des faisceaux unipolaires diploxylés, notamment ces notions:le bois centripéte tend à devenir prépondérant dans la partie supérieure du faisceau, tandis qu'il peut faire défaut dans la partie infé- rieure; le bois centripète est un reste d'organisation ancienne, etc. Elle permet encore de saisir les rapports des stipes à structure radiée avec les tiges et les rapports du faisceau unipolaire avec les autres faisceaux. Enfin, elle semble préciser, mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, les rela- tions des Phanérogames et des Cryptogames vasculaires, les types fossiles à faisceaux diploxylés reliant les Phanérogames gymnospermes aux Crypto- games vasculaires à structure radiée. P. MAURY. Note sur ume nouvelle Cycadée du lias; par M. Morière (Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, 4 sér., 1, p. 125, 1886-81). La découverte du nonveau type de Cycadée liasique que fait connaitre M. Morière est due à M. Salles, propriétaire à Montigny (Calvados). Le fossile en question consiste en un fragment de tronc bifurqué avec un commencement de trifurcation et offrant tous les caractéres extérieurs d'une Cycadée : cicatrices longitudinales fusiformes saillantes avec indi- calion de faisceaux vasculaires. L'étude anatomique, faite avec le con- cours de M. B. Renault, est venue confirmer le résultat d'un examen superficiel. Le bois est constitué par des trachéides, annelées vers la moelle, à ponctuations aréolées vers la zone génératrice, s'anastomo- sant entre elles en de nombreux points, laissant passer de larges rayons médullaires et formant des lames rangées en couches concentriques. Mais, si ces caractères ne laissent aucun doute sur la nature du fossile, la 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bifurcation trés accentuée du tronc, le développement considérable du bois par rapport à la moelle, montrent que cette Cycadée est bien dis- tincle des types actuels et des espéces fossiles connues jusqu'à ce jour. M. Moriére a donc cru pouvoir établir un genre nouveau pour ce débris végélal, et il lui a donné le nom de Schizopodium Renaulti. P. Maury. Ciathropodium Morieri ; par M. B. Renault (Bull. de la Soc. Linn. de Normandie, 4° sér., 1, p. 143, 1886-87). Le nouveau Clathropodium que décrit M. Renault, dans cette Note, provient de la formation de Purbeck, dans l'ile de Portland. C'est une tige globuleuse haute de 22 centimètres, large de 215,5, offrant à sa base un prolongement radiculaire. Sa surface est recouverte de bases de pétioles soudées ensemble et formant, avec de nombreuses écailles et poils searieux développés entre elles, une armature extérieure à la tige. Les cicatrices rhomboidales, d'inégale grandeur, laissées par les pétioles, sont creusées par suite de la disparition du parenchyme cellulaire avant la silicification. De nombreux bourgeons adventifs ont également laissé des traces à la surface du tronc, et leurs prolongements internes sont plus ou moins développés et dirigés en divers sens. La structure du tronc offre tous les caractères des Cycadées; elle se distingue particulièrement par l'épaisseur de sa moelle, traversée par des canaux gommeux et par- courue par des cylindres ligneux surnuméraires. La base des pétioles n'offre point de faisceau à double bois comme il en existe dans les Cycadées actuelles. Mais il est probable que, dans cette espéce, le double systéme de bois ne se prolonge pas jusque dans le cylindre central. Le Clathro- podium sarlatense de Sap., étudié à ce point de vue par M. Renault, offre ce double bois comme les Cycadées actuelles. Le nom proposé pour la nouvelle espèce de Clathropodium, bien distincte des quatre autres connues jusqu'ici, est Clathropodium Morieri. P. M. Etudes sur la flore fossile du calcaire grossier pari- sien ; par M. Ed. Bureau (Mémoires publiés par la Société philo- matique à l'occasion du centenaire de sa fondation, p. 235-264, pl. xxir, xxur). Dans ce travail, M. Bureau étudie quelques espéces nouvelles ou mal connues de la flore éocéne du bassin de Paris: une Algue, cinq Mono- cotylédones et une Dicotylédone. L'Algue, mentionnée par Ad. Brongniart sous le nom de Spherococcites Beaumontianus, et décrite par Watelet sous celui de Delesserites parisiensis, parait à l'auteur appartenir posi- tivement à la tribu des Delessériées, mais il la classe dans le genre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 Nitophyllum plutòt que dans le genre Delesseria : elle ressemble sur- tout au N. Gmelini, mais avec des dimensions notablement plus grandes. Un fragment de feuille simple, à nervures parallèles, à bords dentés, a pu être rapporté sans hésitation au genre Pandanus, qui n'avait encore été signalé que dans le erétacé et dans le miocène; l'espèce recueillie au Trocadéro, P. lutetianus, vient attester l'existence de ce genre sous nos climats à l'époque éocéne. Comme les Palmiers, et à l'inverse de la plupart des Dicotylédones, le genre Pandanus parait manquer dans la flore fossile des régions arctiques ; on n'en a pas hon plus constaté la présence en Amérique : il aurait eu son origine en Europe et aurait accompli sa migration exclusivement vers le sud-est. A l'occasion de celle espéce, M. Bureau indique les caractéres qui permettent de classer génériquement les feuilles simples et dentées appartenant aux Monoco- lylédones, caractères qui n'avaient pas encore été aussi nettement mis en lumière. Il examine la place qui peut être attribuée, parmi les Palmiers, au Flabellaria parisiensis, et aprés examen comparatif des feuilles de Cha- merops, Sabal, etc., il est amené à conclure que cette espèce ne peut être rangée dans aucun des genres actuellement vivants ; elle représente vraisemblablement un type générique disparu. Par contre le Sabal præ- cursoria, bien que ressemblant presque autant à un Brahea qu'à un Sabal, doit appartenir plutót à ce dernier genre, auquel il faut sans doute rapporter également la tige du caleaire grossier de Meudon à laquelle Brongniart a donné le nom de Palmacites annulatus. Par un hasard heureux, M. Bureau a découvert, dans les collections de l'ancienne École du travail manuel, un magnifique échantillon de tige d'une Monocotylédone à feuilles embrassantes, dont l'attribution au genre Yucca ne semble pas contestable ; la présence de ce genre américain dans l’éocène parisien avait, il est vrai, été signalée dés 1830, par Eug. Robert, mais les échantillons originaux avaient disparu, la détermination générique en avait été contestée, et le fait était à peu prés tombé dans l'oubli. Le nouveau spécimen, conforme à la figure donnée par E. Robert, offre le moulage d'une tige de Yucca, longue de plus d'un métre, et entiérement dépouillée de son épiderme; elle ne se distingue guère des liges vivantes que par la dilatation assez prononcée qu'elle présente à sa base; le Yucca Roberti semble avoir été cantonné dans le continent qui déversait ses eaux vers le bassin parisien. à Enfin, sous le nom de Nuphar dubium, l'auteur décrit un rhizome de Nymphéacée rapporté à tort par Watelet au genre Nymphæa et qui est jusqu'à présent le seul représentant fossile qu'on connaisse du yo Nuphar ; il ressemble d'une maniére frappante au rhizome du N. pumi- lum, mais il n'offre, sous chacune des cicatrices foliaires de sa face infé- T. XXXVI (Revue) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieure, qu'une seule cicatrice radiculaire au lieu d'un groupe de sept ou huit ; peut-être ce caractère distinctif est-il l'indice de l'existence ancienne d'une section particulière du genre, aujourd'hui disparue. R. ZEILLER. Plant: Marlothian:e. Ein Beitrag zur Kenntniss der Flora Süd- ` Africas, mit Unterstuetzung von A. Cogniaux, A. Heimerl, O. Hoff- mann, F. Pax, C. Schumann, bearbeitet von A. Engler (Contribution à la connaissance de la flore de l'Afrique australe); par A. Engler, avec le concours de MM. A. Cogniaux, A. Heimerl, O. Hoffmann, F. Pax, C. Schumann (Botanische Jahrbuecher, Band x, Heft 1). Premier fascicule : Monocotyledoneæ et Dicotyledoneæ archichla- mydeæ. 6 pl. Les plantes qui font l'objet de ce travail ont été récoltées, en 1885 et 1886, par le D' Marloth dans le Griqualand, le Betschuanaland et le Hereroland. M. A. Cogniaux a étudié les Cucurbitacées; M. A. Heimerl, les Nyctaginées; M. O. Hoffmann, les Composées; M. F. Pax, les Ama- ryllidées, les Capparidées, les Aizoacées et les Euphorbiacées; M. C. Schumann, les Malvacées, les Sterculiacées et les Tiliacées. Les autres familles sont dues à M. Engler. Beaucoup d'espèces nouvelles sont signa- lées. — Liliaceæ : Aloe hereroensis Engl.; Haworthia tenuifolia Engl.; Dipcadi Marlothii Engl.; Asparagus juniperoides. — Amaryllidaceæ : Ammocharis coccinea Pax ; Buphane longepedicellata Pax. — Mora- ceæ : Ficus damarensis Engl. — Amarantaceæ : Celosia spatulæfolia Engl.; Sericocoma quadrangula Engl.; Ærva desertorum Engl. — Nyctaginaceæ : Boerhavia hereroensis Heim.; B. Marlothii Heim. — Aïzoaceæ : Tetragonia macroptera Pax; T. dimorphantha Pax ; Mesem- briantemum Marlothii Pax. — Capparideæ: Dianthera carnosa Pax, D. bicolor Pax. — Rosaceæ : Grielium Marlothii Engl.— Leguminosæ : à propos du genre Acacia, dont les espéces jouent un róle si caracté- ristique dans la végétation de l'Afrique australe, M. Engler donne le tableau synoptique de toutes celles qui ont été signalées dans cette région, en y ajoutant les suivantes : A. Marlothii Engl., A. spinosa Marl. et Engl., A. hereroensis Engl., A.uncinata Engl., A. Luederitzii Engl., A. spirocarpoides Engl., A. Maras Engl., A. dulcis Marl. et Engl. ; Hoffmangges rubia Engl.; Banuhiraia Marlothii Engl., Lotonopsts Marlothii Engl.; Crotalaria damarensis Engl., C. Marlothii Engl; Indigofera saxicola Engl. ; Tephrosia augustissima Engl., T. dama rensis Engl. — Geraniaceæ : Sarcocaulon Marlothii Engl. — Zygo phyllaceæ : Tribulus inermis Engl., T. erectus Engl.; Zygophyllum Marlothii Engl.; Fagonia minutistipula Engl. — Rutaceæ : Tham- nosma africanum Engl. — Euphorbiaceæ : Phyllanthus humilis Pax; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 Croton microbotryus Pax; Euphorbia hereroensis Pax, E. Marlothii Pax. — Anacardiaceæ : Anaphrenium crassinervium Engl. — Celas- traceæ : Gymnosporia crenulata Engl.; Lauridia ? multiflora Engl. — Rhamnaceæ : Marlothia Engl., novum genus : Flores hermaphroditi. Calyx tubo brevi cum ovario üdhierente: laciniis 5 semiovatis acutis. Discus ovarium obtegens 5 lobatus, lalis: calycis lobis oppositis. Petala 9 concava stamina includentia eum illis margini disei inserta. Ovarium 2-3 loculare, loculis uniovulatis, ovulis e basi ascendentibus. Stylus tri- partitus, cruribus demum divergentibus. Voisin du genre Helinus E. Mey.; 1 esp. M. spartioides Engl. — Sterculiacee : Melhania griquen- sis Bolus ms. in herb. Kew; Hermannia amabilis Marl., H. cana Schum., H. solaniflora Schum., H. Helianthemum Schum.— Malvaceæ : Luederitzia Schum.,novum genus Urenearum. Involucri polyphylli phylla distineta. Tubus stamineus apice 5-dentatus staminibus duabus seriebus altera apicem altera basin versus utraque e 10 staminibus efformata affixis filamentis elongatis, antheris monothecis. Ovarium 5-merum 5-alatum 9-loculare, ovulo solitario pro loculo pendulo; stylus apice 10-fidus; cap- sula pentaptera loculicida, valvis scariosis demum a columella centrali secedenlibus. 4 esp. : L. pentaptera Schum.; Hibiscus Marlothianus Schum., H. Engleri Schum. ; Cienfuegosia. pentaphylla Schum, — Cünbrels cdi à : Combretum pr imigenum Marloth. Les espèces suivantes sont figurées : Pl. 1. Haworthia tenuifolia Engl.; pl. 2., Tetragonia dimorphantha Pax; pl. 3, A. Acacia unci- nata Engl.; p. A. Luederitzii Engl.; pl. 4. A, Sarcocaulon Marlothi Engl.: B. Zygophyllum Marlothii PR pl. 5. Marlothia spartioides Engl. ; pl. 6. Luederitzia pentaptera Schum. A. FRANCHET. Monographische Uebersicht ueber die Arten der Gat- tung Primula (Essai d'une Monographie du genre Primula); par M. F. Pax (Engler's Botanische Jahrbuecher, Bd x). Leipzig, 1888, in-8°, 169 pages. L'auteur consacre un chapitre préliminaire aux origines du genre Primula, dont le nom, employé d'abord par Dioscorides, aurait été appli- qué par lui à la plante appelée depuis Alisma Damasonium, puis à cer- trains Verbascum ou Phlomis, soit même au Bellis perennis (Primula veris de Tragus), au Sanicula europea, etc. Ce n'est guére qu'avec Dodonœus, et surtout avec Clusius, que le nom de Primula se vit défi- nitivement fixé et appliqué aux plantes qui le portent aujourd'hui. Il passe ensuite aux différentes classifications du genre proposées depuis Tournefort et Linné; il les partage en deux séries: celles qui sont établies d'aprés la morphologie et celles qui ont pour base l'ana- tomie. Parmi ces dernières il cite surtout les groupements proposés par 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Kamiensky et par MM. Van Tieghem et Douliot. La morphologie lui fournit la matière d'un long chapitre, dans lequel il étudie avec beaucoup de soin les différents organes de la plante, rappelant les observations soit morphologiques, soit anatomiques, auxquelles ils ont donné lieu et en y joignant le résumé de ses recherches personnelles. Recherchant ensuite la place que doit occuper le genre Primula dans la famille à laquelle il appartient, M. Pax rappelle les différentes classi- fications qui ont été successivement adoptées par Endlicher, Meisner, Duby et plus récemment par MM. Bentham et Hooker. Aucune de ses classifications ne lui paraissant satisfaisante, il en propose une nouvello dans laquelle les Primulacées sont divisées en cinq tribus, dont deux sont elles-mêmes partagées en sous-tribus : Í. PriMuLEÆ : 4. Primuline ; 2. Soldanelline : 3. Hottoninæ. IT. SAMOLE Æ. III. Lysimaciez : 1. Lysimachine ; 2. Anagallidine. IV. CycLAMINEE. V. CORIDEÆ. La sous-tribu des Primulinæ, la seule dont l’anteur ait à s'occuper spécialement, comprend 9 genres répartis en deux groupes. Le premier se compose des genres dont les étamines sont insérées vers le milieu du tube de la corolle : Primula, Dionysia, Douglasia, Stimpsonia, Arelia et Androsace ; le second comprend les Cortusa, Kaufmanna et Ardisiandra, dont les étamines sont placées à la base du tube de la corolle. On voit que les genres Primula et Androsace sont conservés comme distincts par M. Pax; mais cette distinction ne reposant que sur la dimen- sion du tube de la corolle, plus long que le diamètre du limbe dans les Primula, rarement aussi long dans les Androsace, l'auteur ne la consi- dére pas sans doute comme bien sérieuse, car il ajoute plus loin, apres avoir donné la diagnose générique des Primula : « Genus naturale, ab Androsace characteribus constantibus haud separandum ». M. Pax admet 145 espèces de Primula qu'il répartit en 20 sections: Presque toutes appartiennent aux régions froides ou tempérées de l'hé- misphére boréal (1) ; le genre est surtout abondamment représenté dans la région montagneuse et alpine. Il fait connaitre la distribution des espèces dans chacune des régions qu’elles occupent à l’aide d’une série de tableaux qu'il résume en un tableau général permettant de saisir facile- . (I) Le P. farinosa fait seul exception ; il est en effet représenté sous une forme spe* ciale dans la région Magellanique et aux Malouines. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 ment les relations géographiques de toutes les espèces, en méme temps que la répartition des sections. Ainsi l'on voit que l'Himalaya tient le premier rang pour le nombre des espèces (65) et pour celui des sections (15); 'Yun-nan vient aprés, avec 30 espèces et 10 sections; puis l'Europe centrale, avec 26 espéces appartenant à trois sections seulement. La section des Vernales, à laquelle appartiennent les Primevéres printaniéres de nos plaines, fait absolument défaut dans les régions qui sont à l'est de l'Afghanistan et de l'Altai. De méme les Auricula, section comprenant presque tous les Primula alpins du centre de l'Europe, sont éminemment occidenlaux et ne dépassent pas la Transylvanie. La petite section des Floribunde, la plus tropicale de toutes, s'étend de l'Abys- sinie à l'Himalaya occidental, sans trop quitter la région chaude submon- lagneuse. Les Farinosæ se retrouvent dans presque toutes les régions et fournissent le seul représentant du genre existant dans l'hémisphére austral. Toutes les autres sections sont trés cantonnées et, pour la plu- part, propres à l'Himalaya ou à l'Yun-nan. M. Pax ne donne pas la description des espèces qu'il énumère; mais, en téle de chacune des sections, il expose sous forme de tableau quelques-uns des caracteres distinctifs des espéces dont ces sections sont composées. Il ne fait connaitre aucun type nouveau ; la variété tenuiloba Hook. du P. muscoides s’y trouve seulement élevée au rang d'espèce. A. FRANCHET. Description des différentes formes du genre Rubus observées dans le département de Meurthe-et-Mo= selle; par M. J. Harmand (Extrait dela Hevue de botanique dirigée par M. Lucante, tomes v et vi). Tirage à part de 68 pages in-8° et 90 planches, chez Klincksieck jeune, à Paris; et chez l'auteur, collége de la Malgrange, par Jarville (Meurthe-et-Moselle). L'auteur a divisé son travail en deux parties : l'une théorique, où il traite « de l’espèce en général et dans le genre Rubus en particulier », la seconde descriptive et accompagnée de dessins. Il formule et déve- loppe, dans son exposé théorique, les deux propositions suivantes : 1° UNE PARTIE DES CARACTÈRES QUI ONT SERVI A CRÉER DES ESPÈCES DE RONCES SONT TROP NOTOIREMENT VARIABLES POUR QU'ON PUISSE LES PRENDRE AU SÉRIEUX ; lels sont Ja couleur des organes floraux, corolle, étamines et styles, et le vestimentum de la tige, des rameaux, des feuilles, du calice, des pétales et des carpelles (il excepte les aiguil- lons). 2^ LA PLUPART DES AUTRES CARACTÈRES, QUOIQUE MOINS CHANGEANTS, PEUVENT NÉANMOINS ÊTRE LE RÉSULTAT DE L'ADAPTATION ET, PAR CON- 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉQUENT, DES FORMES ACQUISES OU ADVENTIVES CONSTITUANT DES RACES. Voiei les plus importants : consistance et direction de la tige, sa forme, ses aiguillons, sa glaucité, la canaliculation du pétiole, le nombre des folioles, leur forme, leur couleur, la longueur des pétiolules; la direc- tion, l'aculéation, la forme du calice ; la forme des pétales; la grosseur, la couleur et la glaucité des carpelles mürs. L'auteur, contrairement à l'avis de G. Genevier (Monographie, pré- face, p. 8), pense que les hybridations dans le genre Rubus « ou, pour parler plus exactement, que les croisements entre formes différentes sont trés fréquents ». : « Si l'on considère, dit plus loin M. Harmand, que la Ronce est une plante trés aromatique, dont le nectar embaumé attire les insectes de toutes sortes, on concoit que ce petit peuple, par ses voyages incessants, fasse de nombreux échanges de pollen et prépare ainsi de quoi remplir les centuries de l'École analytique. Les anomalies que l'on constate dans plusieurs individus et l'immense variété des caractères doiventnous con- firmer dans cette opinion. Notre avis est donc, qu'au lieu de vouloir séparer et diviser, il faut, au contraire, s'efforeer de rapprocher et de grouper, en ne tenant compte que des caractères les moins variables. On pourra de la sorte arriver à une cinquantaine de formes assez nettes pour toute la France. Parmi ces formes, on choisira quelques types bien accusés, autour desquels on groupera les sous-lypes qui s'en rappro- chent... Enfin, nous croyons ne pas nous écarter beaucoup de la vérité en disant que, en dehors des Rubus saxatilis et idæus, tous les Rubus proviennent d'une même souche primitive. » La partie descriptive, comprenant 38 espéces de valeur inégale, est terminée par une « table analytique conduisant aux principales formes », suivie elle-même d'un tableau « où toutes les formes décrites précédem- ment sont réunies par groupes à peu près naturels et rangées selon leur valeur approximative au point de vue spécifique ». Toutes les descriptions sont établies d'aprés un plan uniforme. A la suite du nom spécifique accompagné des indications relatives à la biblio- graphie et à la synonymie, les caractéres sont énumérés dans un ordre constant : 1° tige foliifère (axe, stipules, pétiole, limbe); — 2° rameau fructifére (axe, inflorescence, calice, pétales, étamines, styles, carpelles); — enfin les stations et localités. Pour chacun des types décrits, sauf le Rubus degener Mull., où sont réunies des formes hybrides dissemblables, et le R. idæus ou Framboisier bien connu, les principaux organes sont figurés de grandeur naturelle dans une série nombreuse de dessins au trait qui reproduisent très fidèlement leur forme générale et leurs contours. Cette illustration, ne REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 39 renfermant pas moins de cinquante planches, constitue un album véri- lablement original et d'un grand secours pour l'étude. M. Harmand divise le genre Rubus en trois sections : 4° Herbacei Arrhen. (R. saxatilis L.), 2 Fruticosi veri. Arrhen., 3° Idei Arrhen, (R. idœus L.). Les Fruticosi veri sont subdivisés comme il suit : A. Triviales Mull. — R. esesius L. (1) ; elegans (rudis X cæsius ?) ; vali- dus (cæsius X corylifolius?) ; NEMonosus Hayne; SERPENS Godr.; CORYLIFOLIUS Sm.; TILIÆFOLIUS (cæsio-vestitus ?) ; Gopronn ; degener Mull. B. Glandulosi Mull. — R. glandulosus Bell.; glanduloso-rudis: horri- dus ; Schleicheri Weih. et Nees; ninrus Weih. et N.; hirto- discolor; rupis Weih. et N.; subrudis; RAbULA Weihe et N. ; fasciatus ; hamatus. C. Vestiti Favr. — R. vestitus Weih. et N.; LEjEUNII Weih. et N. D. Discolores Mull. — R. cozzinus DC. ; discolor Weih.et N. ; tomento- sus Borckh.; RuauNiFOLIUS Weih. et N.: malgrangianus. E. Silvatii Mull. — R. vulgaris Weih. et N.; MICANS Godr.; PILETOSTA- cHys Godr.; siLvATICUS Weih. et N. ; anomalus Harm. non Mull. ; thyrsoideus Wimm. - Suberecti Mull. — R. fruticosus L.; SUBERECTUS Anders.; mitidus Weih. et N. ll nous sera sans doute permis, sans sortir de la réserve qui nous est imposée, de faire du Mémoire que nous venons d'analyser un éloge trop rarement mérité par les monographes des genres critiques. Le systéme exposé a tout au moins l'avantage d’être parfaitement clair, facile à saisir et à suivre ; il offrira au botaniste le plus novice désireux d'aborder l'étude du genre Rubus le moyen d'en reconnaitre promptement les espéces principales et d'acquérir ainsi les connaissances nécessaires pour pénétrer ensuite plus profondément, à l'aide de ses observations personnelles, dans la détermination des formes secondaires de ce groupe litigieux. Nous espérons que M. Harmand poursuivra une œuvre de vul- garisation si bien commencée et réussira, en étendant ses travaux mono- graphiques à toutes les Ronces de la flore francaise, à relever chez nous les études rubologiques (2) du discrédit injuste dont elles sont frappées. ERNEST MALINVAUD. "1 (1) Les noms des espèces de premier ordre sont imprimés en earaetéres gras, ceux des types de second ordre en PETITES CAPITALES, l'emploi des lettres italiques est réservé aux formes de troisième ordre. : : (2) L'usage a consacré le mot rubologique , mais batologique serait plus correct, 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hlustrationes Florz Atlantic, seu Icones plantarum novarum, rariorum vel minus cognitarum in Algeria necnon in regno Tunetano et imperio Maroccano nascentium ; auctore E. Cosson. Fasciculus tertius (1) ; tab. 51-73 et duæ additivæ a cll. Ch. Cuisin et A. Riocreux ad naturam delineatæ [avec un texte descriptif de 48 pages (73-120) in-4°]. Paris, impr. nationale, décembre 1888. Librairie G. Masson. Voici les espéces décrites et figurées dans le nouveau fascicule de cette magistrale publication : 51. Biscutella frutescens Coss. Pl. crit. 21. — 52. Iberis odorata L. — 53. Iberis gibraltarica L. — 54. Iberis semperflorens L. — 55. Senebiera violacea Munby. — 56. Senebiera lepidioides Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. de Fr. t. II, 245 (espèce très voisine du S. nilotica DC., dont elle diffère surtout par les caractères du fruit). — 57. Isatis Djurdjuræ Coss. et DR. ap. Bourg. PI. Alg. exsicc. (1856), propre à l'Algérie. — 57 bis. Isatis aleppica Scop. va- riétés aleppica et constricta. — 58. Zilla macroptera Coss. ap. Kralik in Bourg. PI. Alg. exs. (1856). — 59. Crambe Kralikii Coss. in Kral. PI. Alg. exs. (1858), propre à l'Algérie. — 60. Kremeria Cordylocarpus Coss. et DR. ap. Bourg. PI. Alg. exs. (1856); connu seulement dans une localité de l'Algérie. — 61. Rapistrum bipinnatum Coss. et Kral. ap. Kralik PI. Tun. exs. (1854). — 62. Geratocnemum rapistroides Coss. et bal. in Bal. PI. Mar. exs. (1867), connu seulement au Maroc. — 63. Draba lutescens Coss. ap. Bourg. Pl. Hisp. exs. (1851). — 64. Lepi- dium subulatum L. — 64 bis. Rytidocarpus moricandioides Coss. genus et sp. nov. (le nouveau genre Rytidocarpus, créé par M. Cosson pour une Crucifére découverte dans le N.-O. du Maroc en 1888, est voi- sin du genre Eruca, dont il- se distingue d’après l'auteur: € sepalis » lateralibus basi saccatis, valvis siliquæ turgidioribus 5-7 nerviis nervis » Sæpius flexuosis carinatis vel incrassatis omnibus etiam demum præ- » minentibus nervo medio carinato venas obliquas prominulas emittente, » non nervo medio carinatis nervis lateralibus vix distinctis vel obsoletis, » foliis caulinis integris cordato-semiamplexicaulibus, non plus minus » pinnatifidis inferne attenuatis »). — 65. Randonia africana Coss. ap. Kralik Fl. Alg. exs. (1858) et in Bull. Soc. bot. vi, 392, Résédacée du Sahara algérien. — 66. Reseda tricuspis Coss. et Bal. in Bal. PI. Mar. exs. (1807). — 67. Reseda arabica Boiss. — 68. Reseda villosa Coss. ap. Kralik PI. Alg. exs. (1858). — 69. Reseda elata Coss. et Bal. in Dal. Pl. Mar. exs. (1867), jusqu'ici connu seulement du Maroc. — 710. Reseda Alphonsi Mull. Arg. in Bot. Zeit. (1856). — 71. Helianthemum metli- lense Coss. ap. Kral. Pl. Alg. exs. (1858), espéce du Sahara algérien.— (1) Voyez l'analyse du second fascicule dans le Bulletin, tome xxxit (1885), page 138 . de la Revue. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 41 12. Frankenia Boissieri Reut. — 73. Polygala Munbyana Boiss. et Reut. — Enfin les Polygala Webbiana Coss. et Balanse Coss., décrits dans ce fascicule, seront représentés dans le suivant, sous les n% 74 et 75. Ern. MALINVAUD. Catalogue des plantes observées à Daya (Algérie); par M. le D° L.-R. Clary (Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, 1888). Tirage à part de 60 pages in-8°. Toulouse, 1888. « Le village de Daya, dit l'auteur dans la préface, est situé à la limite septentrionale des Hauts-plateaux, à une altitude de 1230 mètres. Assis sur un de ces immenses gradins parallèles au littoral et si bien dessinés dans la province d'Oran, il est entouré d'une vaste forét qui s'élend sur- tout vers l’ouest, le nord et l’est. Au sud, la forêt disparaît, s'ouvre en quelque sorte, et n'óffre plus que des broussailles, qui, elles-mêmes, sont bientôt remplacées, plus au sud, par Alfa et le Chih. Malgré son altitude, ce poste est dans une sorte de dépression, de cuvette (en arabe daya) entourée par des crétes et des coteaux peu élevés... » Le Quercus Ballota et le Pinus halepensis forment les éléments dominants de la forêt; cà et là viennent s'y joindre, surtout dans la plaine, les Q. Hex, coccifera et pseudo-coccifera. Les Genista quadriflora et ramosissima accompagnent le Quercus Ballota; le Callitris quadrivalvis ne dépasse guére 900 métres d'altitude, l'Arbutus Unedo s'avance jusqu'à Daya. Les broussailles comprennent encore les Pistacia Lentiscus etatlantica, les Phillyrea media et angustifolia, le Pirus longipes, le Juniperus Oxycedrus (fréquemment envahi par l Arceuthobium). Les clairières des coleaux renferment : Ferula communis, Thapsia villosa et garganica, Daucus setifolius, Cachrys tomentosa, etc., et répondent parfaitement aux « terrains à grandes Ombelliféres » de M. Trabut. Nous remarquons dans le Catalogue les variétés suivantes : Page 19, Trifolium ochroleucum var. floribus roseis. P. 23, Lythrum Hyssopifolia var. grandiftorum Clary (à 5 pétales obo- vales égalant au moins les deux tiers de Ia longueur du calice). P. 44, Teucrium fruticans L. var. linearifolium Clary. — Feuilles petites linéaires, obtuses, à bords roulés en dessous. — Le type linnéen à larges feuilles n'existe pas à Daya. P. 41, Beta vulgaris L. var. Debeauxii Clary. — Tiges étroitement ap- pliquées sur le sol. Graines d'un brun roux, presque globuleuses. Nous formons ou plutôt nous renouvelons le vœu que les travaux par- tiels, de plus en plus nombreux, sur la végétation de l'Algérie sotent prochainement utilisés pour l'achévement, depuis si longtemps attendu, d'une Flore compléte de ce pays. Ern. M. 42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bulletin de la Société royale de Belgique, tome xxvi, année 1887 (Premier fascicule, Bruxelles, 1887 ; deuxième fascicule, 1889); et tome xxvir, année 1888; Bruxelles, 1889. Tome XXVI (1887). 1% fascicule. STRAIL (Ch.-A.), pp. 63-168. — Essai de classification et description des Menthes qu'on rencontre en Belgique (1). (L'auteur s'est affranchi résolument des difficultés d'interprétation qu'aurait pu lui créer le souci de la hiérarchie des formes aussi bien que l'étude des variations produites par l'action des milieux ou se rattachant aux phénoménes d'hybridité. Procédant comme les menthographes de l'école analy- tique pure, notamment Opiz et Déséglise, il accorde la méme valeur taxinomique aux 135 Mentha décrits dans son Mémoire; le plus grand nombre de ces espèces ont été rapportées à des créations antérieures, quarante environ réfractaires à toute identification ont recu des noms nouveaux) (2). (1) On lit à la fin de l'avant-propos la déclaration suivante, trés honorable pour l'auteur : « Je considére, dit-il, comme non avenu mon premier essai qui a paru en » 1864, non seulement parce qu'il a été mal imprimé, mais aussi parce qu'ayant déter- » miné les plantes qui y sont mentionnées d’après des données incomplètes, leurs » dénominations ne sont pas exactes. » L'essai dont il s'agit est la Monographie des Menthes des environs de Liége, publiée par M. Strail in Bulletin Soc. roy. de bota- nique de Belgique, t. ut. (2) Divers passages, dans lesquels M. Strail fait à mes modestes écrits sur le genre Mentha l'honneur de les citer, contiennent quelques inexactitudes ou malentendus, notamment au sujet du Mentha pseudostachya qui m'est attribué dans la table des espèces. J'ai désigné sous ce nom, non pas une ESPÈCE, mais une VARIÉTÉ remarquable du M. sativa (voyez Bulletin Soc. bot. de Fr., t. xxvin, page 376); par suite on doit dire « Mentha sativa L. var. pseudostachya Malvd » et « non M. pseudostachya Malyd », ces deux expressions correspondant à des principes différents de classification. M. Strail ajoute, au sujet de ce Mentha (page 113): « N. B. — Je ne partage pas l'opinion de » M. Malinvaud, qui considère le rapprochement des verticilles floraux de cette plante » comme un lusus résultant d'un arrangement anomal de l'inflorescence. Cette Menthe » présente ordinairement un faux épi terminé par un petit capitule aphylle à son » sommet. On y rencontre quelquefois des variations, mais seulement sur des rameaux » ou des pieds isolés dont le développement n'est pas complet. » Je ne connais pas z Mentha pseudostachya de M. Strail; mais j'ai observé pendant plusieurs années a l'état spontané, puis j'ai cultivé la variété à laquelle j'avais donné ce nom. Dès la seconde année de culture, la disposition spiciforme de l'inflorescence au sommet de l'axe principal était sensiblement modifiée, et deux années plus tard, en païtie peut-être sous l'influence d'arrosements très fréquents, le curieux caractère que rappelait " terme pseudostachya avait entièrement disparu et la plante était revenue à l'une des formes communes du type sativa. Il serait sans doute facile à l'honorable M. Strail de répéter cette expérience et de s'assurer par le méme procédé du degré de fixité relative des nombreuses espèces qu’il a si minutieusement décrites. Si l'on veut, au mi- lieu dela complexité des faits, surprendre le secret de l'origine des formes critiques dans le genre Mentha et acquérir la notion vraie des rapports qui les unissent, l'obser- vation seule des phénoménes spontanés, si attentive el sagace qu'on la suppose, em REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 43 Durano (Th.), pp. 289-369. — Essai d'une monographie des Ronces de Belgique (1). (L'auteur donne un aperçu très lucide des travaux antérieurs, dus principalement à Lejeune dirigé par Weihe et à Dumortier, sur les Rubus de la flore de Belgique. Lui-même admet, pour ce pays, 40 espèces de Ronces, de valeur inégale suivant les idées de M. Focke. Les espèces primaires seraient seulement au nombre de 4: R. saxatilis L., R. ideus L., R. ulmifolius Schott f., R. cæsius L.; une forme hybride est décrite sous le nom de R. cesius x ideus Focke. Un tableau synoptique, ingénieusement disposé, donne un résumé de la classification, qui est celle de M. Focke, suivie dans le Mémoire, en méme temps que de la disper- sion des espèces dans les différentes zones botaniques du pays. La seule nouveauté de nomenclature à signaler est le changement du Rubus serpens Godron Fl. de Fr. en R. serpentinus Th. Durand, Weihe ayant antérieurement décrit un R. serpens in Comp. Fl. belg. En résumé, l'Essai monographique de M. Th. Durand mérite, à notre avis, d'étre placé au nombre des bons travaux à consulter sur le « terrible » genre Rubus, comme naguére l'appelait Boreau.) 9* fascicule. DunaNp (Théophile), pp. 6-23. — Les acquisitions de la flore belge en 1886. (Une espéce entiérement nouvelle, Limodorum abortivum ; deux retrouvées qui étaient douteuses, Brunella grandiflora et Alo- pecurus bulbosus; quatre nouvelles pour la région jurassique, Gypsophila muralis, Geranium pyrenaicum, Medicago minima et Bupleurum falcatum ; deux nouvelles pour la zone calcareuse, Trientalis europea et Herminium Monorchis; deux nouvelles pour la zone maritime, Juncus tenuis et Luzula multiflora ; une espèce nouvelle pour la zone argilo-sableuse, Sparganium minimum, et une aussi pour la région ardennaise, Nitella opaca; enfin un assez grand nombre de plantes adventices.) — pp. 23-28. — Quelques considérations sur la flore du départe- moyen d'étude précieux et nécessaire, mais insuffisant; une culture méthodique en est le complément indispensable. La voie expérimentale, si longue qu'elle paraisse et qu'elle soit en effet, est souvent le plus court chemin pour arriver à la certitude scientifique. (Ern. M.) (1) A l’occasion des fétes de son jubilé, la Société royale de botanique de Belgique avait organisé un concours et, grâce à la générosité de quelques-uns de ses membres, promis des récompenses aux auteurs des meilleurs Mémoires qui lui seraient envoyés en réponse à un certain nombre de questions, parmi lesquelles la. suivante avait. été proposée par M. Fr. Crépin : « Faire l'étude monographique détaillée des Rubus ind- gènes en Belgique ». M. Th. Durand, auteur du Mémoire ci-dessus, fut proclamé lauréat pour cette question, 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment du Pas-de-Calais [à propos d'une analyse de l'ouvrage publié par M. l'abbé Masclef sur la flore de ce département (1)]. CRÉPIN (Fr.), pp. 65-69, — Nouvelles recherches à faire sur le Rosa obtusifolia Desv. (L'auteur croit qu'on doit réunir le R. obtusifolia Desv. au R. tomentella Lem., dont il ne diffère que par les dents foliaires, simples dans le premier, plus ou moins composées-glan- duleuses dans le second.) — pp. 97-102. — Les Roses des iles Canaries et de l'ile de Madère. (R. canina var. armide Webb, R. Mandonii et canariensis Déségl.) Tome XXVII (1888). 17 partie. CRÉPIN (Fr.), pp. 81-117. — Observations sur les Roses de la Suisse. (« Je me propose, dit l'auteur, de publier une série de Notes sur certaines Roses de la Suisse dont la connaissance ne me parail pas suffisamment compléte, sur les caractéres spécifiques d'autres espéces qui n'ont pas attiré l'attention qu'ils méritaient, enfin sur divers faits relatifs à la distribution géographique et à la classifica- lion. » M. Crépin examine, dans le présent article: 1° le Rosa abietina Gren. et les formes de ce groupe; 2 l'armature du R. al- pina L.; 3 le R. ferruginea Vill.; 4° les glandes sous-foliaires sur les folioles pubescentes, moyen de les bien observer.) 2* partie. VAN DEN BnoEck, pp. 7-14. — Catalogue des plantes observées aux environs d'Anvers, deuxiéme Supplément. [Nouveautés pour celte florule locale, d'aprés l'auteur : Spiræa tomentosa L. (adventice), Carum Carvi, Veronica montana, Salvia silvestris, Scheuchzeria palustris, Carex filiformis, Polystichum Thelypteris, Equisetum silvaticum, etc.] l GuyseBREcCaTS (L.), pp. 14-22. — Nouvelles additions à la florule des environs de Diest (notamment Drosera anglica et obovata, ce dernier nouveau pour la Belgique, Lysimachia thyrsiflora, Cen- tunculus minimus, Vaccinium Vitis-idæa, Senecio nemorensis, Chenopodium opulifolium, Polygonum Bistorta, Potamogeton polygonifolius, P. alpinus, P. acutifolius, P. obtusifolius, Acorus Calamus, Juncus tenuis, Carex teretiuscula, Calamagrostis lan- ceolata, Polypodium Phegopteris et Dryopteris, Lycopodium clavatum, Equisetum maximum, etc.) CRÉPIN (Fr.), pp. 31-46. — Sur le polymorphisme attribué à certains (1) Voy. le Bulletin, t, xxxiv (1887), Revue, p. 33. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 groupes génériques. (L'auteur cherche à montrer, suivant les con- clusions formulées à la fin de ce petit article : « 1* que la polymor- phie exceptionnelle attribuée à certains genres est loin d'étre établie, 2° que la stabilité des formes appartenant aux genres réputés non polymorphes n'est pas non plus démontrée, 3° que le degré de poly- morphie ou de stabilité des formes d'un genre à un autre est extré- mement difficile à établir en se basant uniquement sur les travaux publiés, attendu que ces travaux n'ont pas été élaborés dans des conditions suffisamment égales et par des savants disposant tous des mémes moyens d'investigation ».) — pp. 74-16. — Le Rosa villosa de Linné. (Les Rosa pomifera Herm. et mollis Sm. doivent être rattachés spécifiquement au R. villosa L., mais le R. tomentosa Sm. en est distinct, d'aprés M. Crépin.) — pp. 97-113. — Observations sur les Roses décrites dans le Supple- mentum Flore Orientalis de Boissier. (Les Roses du Flora Orien- talis ont été décrites et classées à nouveau, dans le Supplément, par M. Christ, qui a introduit des modifications assez notables, exposées et appréciées par M. Crépin.) Cumrsr (H.), pp. 163-168. — Appendice au nouveau Catalogue des Carex d'Europe (1). LocnEwiEs (G.), pp. 190-204. — Compte rendu de la 26° herborisation de la Société royale de botanique de Belgique. (Cette herborisation a été faite le 30 juin 1888, en commun avec la Société botanique du Grand-Duché de Luxembourg, aux environs de Rochefort et d'Han- sur-Lesse, zone calcareuse. Parmi les espèces intéressantes récol- tées : Fragaria Hagenbachiana Lang., Bromus arduennensis, Polygala comosa, Thlaspi montanum, Libanotis montana, Epi- pactis atrorubens, Phelipæa cerulea.) EnN. MALINVAUD. Nuovo Giornale botanico italiano (Nouveau Journal de bota- nique italien), sous la direction de M. Caruel; volume xx (1888). Florence, 1888. Nous devons signaler, dans ce volume, les articles suivants : * Ricci (R.), page 329 (2) : Découverte du Festuca alpina Sut. dans la marche d'Ancóne. Marreuut, p. 359 : Contribution à la flore de Massaouah. " Taxrani (E.), p. 387 : Trois plantes nouvelles ou rares pour la Toscane (Ononis mitissima, Allium tenuiflorum, Narcissus serotinus). (1) Voyez le Bulletin, t. xxxi (1886), Revue, p. 140. x vem (2) liés articles marqués d'un astérisque sont extraits du Bulletin de la Société bota- nique italienne, publié dans le Journal de M. Caruel. 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. * Goman (A.), p. 399 : Notes sur la flore de Vérone. — Plantes remar- quables mentionnées : Polypodium vulgare var. bifidum et var. dædaleum Milde ; Scolopendrium vulgare var. serotinum (planta pumila, semper sterilis); Pteris cretica; Oxalis corniculata var. purpurea Parl.; Callitriche verna var. alpina Parl.; Vulpia ligus- tica Link; Bromus condensatus Hackel; Lolium rigidum ; Ægilops triticoides (Triticum vulgari-ovatum et T. vulgari-triaristatum Godr.) ; Phleum ambiguum Ten. (forme du P. Michelii); Festuca alpina Sut. (confondu souventavec F. Halleri), et Festuca alpestris R. et Sch. (confondu avec F. varia Hænk. par les floristes italiens). * TANFANI(E.), p. 422 : Sur la limite supérieure de la culture de l'Olivier en Italie. — Ainsi que l'a fait observer M. Caruel, cette limite varie selon le climat, le terrain et la variété de la plante cultivée; elle peut alteindre 560 mètres en Toscane, 700 mètres en Corse, 800 mètres dans le midi de la Sardaigne, 840 mètres dans les Abruzzes, et jusqu'à 1000 mètres sur le versant sud-est de l'Etna. * SOMMIER (G.), p. 424 : Une Gentiane nouvelle pour l'Europe. — Cette Gentiane est le G. barbata Frül., considéré par Grisebach (in Genera et species Gentianarum) comme une simple variété du G. de- tonsa Fries. On la trouve dans la région forestière des monts Oural, sur le versant occidental qui appartient à l'Europe. Le G. barbata était déjà connu sur le versant oriental ou asiatique de cette chaine de montagnes, ainsi que dans le nord de l'Amérique et en Sibérie. La forme typique du G. detonsa, plus arctique que le G. barbata, est répandue dans les contrées les plus septentrionales de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie. * ManrELLI (A.), p. 427 : Sur le Quercus macedonica DC. — L'auteur rapporte à cette espéce un Chéne récemment découvert en Italie et propose une classification des espéces et variétés distinguées dans le groupe du Q. Ægilops L., dont fait partie le Q. macedonica. * BarkLLI (A.), p. 463 : Une excursion au mont Terminillo (Abruzzes).— L'auteur donne la liste des espèces récoltées. ERN. MALINVAUD. Causeries sur Noirmoutier, vieilles croyances et vieilles cou- tumes; par M. le D" Viaud-Grand-Marais. Une brochure in-8° de 39 pages. Nantes, L. Mellinet, 1889. Les curieux des anciennes traditions se délecteront à la lecture de ces charmantes Causeries, dont l'intérét qu'elles présentent aux érudits ne suffirait pas à motiver l'annonce dans cette Revue, mais avec notre con- frére de Nantes la botanique ne perd jamais ses droits; il fait connaitre les usages des plantes qui servaient aux incantations chez les Gaulois REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 41 (Gui de Chêne, Verveine, Samole ou Plantain d'eau, Jusquiame) et nous apprend qu'il y avait une Herbe de la détourne (Spiranthes), VHerbe qui égare (Lycopodium clavatum), Y Herbe qui fait parler les bêtes, et d'autres plantes douées de propriétés non moins merveilleuses qu'hési- teraient sans doute à admettre aujourd'hui ceux mêmes qui attribuent encore aux simples de nos pays toutes les vertus curatives. Eryx. M. NOUVELLES. (15 mars 1889.) — Le nécrologe par lequel s'ouvrent les Nouvelles de cette année, contient les noms de botanistes dont la plupart avaient atteint un àge avancé. Comme M. le Président l'a annoncé en séance, notre confrère M. Jules Hennecart, auquel M. Poisson a dédié un curieux genre de Monimiacées, s'est éteint 1e 23 décembre dernier, à l’âge de quatre-vingt- onze ans. — Le professeur Ernest Rudolph von Trautwetter, bien connu par ses nombreux travaux sur la flore de la Russie, est mort à Saint-Péters- bourg, le 24 janvier. Il avait quatre-vingt-un ans. — Giuseppe Meneghini, professeur de géologie à l'Université de Pise, est décédé le 29 janvier, dans sa soixante-dix-huitiéme année. Aprés avoir publié, de 1837 à 1848, de nombreux et importants travaux sur les Algues, il cessa complétement de s'occuper de botanique et laissa inachevé, à la page 384, un ouvrage intitulé Alghe italiana e dalmatiche, qui eût été d'un très grand prix pour la connaissance de l'algologie italienne. Sa monographie des Nostochinées a été une ceuvre considérable pour le temps auquel elle a paru. — Sextus Otto Lindberg, professeur de botanique de l'Université d'Helsingfors, auquel ses travaux bryologiques ont valu une notoriété trés étendue, est mort le 20 février, dans sa cinquante-huitiéme année. — M. Charles-Frédéric Martins, né à Paris le 6 février 1806, vient de mourir à Paris, le 7 mars 1889. Docteur en médecine dés 1834, il fut nommé au concours, en 1846, à la chaire de botanique et à la direction du Jardin des plantes de Montpellier. Voyageur et alpiniste infatigable, botaniste, météréologiste et géologue, d'un esprit libre et ardent qu atti- raient les questions difficiles et obscures de l'origine et de ne des êtres sur la terre, il exposait ses idées avec un talent d écrivain que n'ont pas oublié les lecteurs de nombreux articles qu'il a publiés dans la Revue des Deux-Mondes, ni son volume intitulé : Du Spitzherg au Sahara. C'était en outre un causeur étincelant. Dans ces dernières années l'état de sa santé l'avait éloigné de sa chaire, où il fut remplacé Par notre regretté confrère M. J.-E. Planchon. 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Nous apprenons au dernier moment la mort du D" Mougeot; une nolice sera consacrée dans le Dulletin à notre regretté collégue. — Sous le titre de Revue générale de Botanique, notre confrère M. Gaston Bonnier commence la publication d'un recueil mensuel qui contient, en méme temps que des mémoires originaux sur des sujets variés, une analyse systématique des travaux qui ont paru dans les mois précédents sur les diverses parties de la botanique. Le texte est accom- pagné de planches et de figures sur bois. — Le prix de l'abonnement est de 20 francs pour la France. On s'abonne chez M. Paul Klincksieck, 15, rue de Sévres, à Paris. — Le journal de botanique le Flora, qui paraissait à Ratisbonne depuis 1819, et qu'on citait couramment sous la désignation de Flora Ratisbonensis ou de « Regensburg Flora », a changé de résidence depuis le 1° janvier de cette année; il se publiera désormais à Marburg (Prusse), sous la direction de M. le professeur K. Goebel. — Parmi les collections diverses que renfermait l'herbier de feu Malbranche, se trouvaient 3 cartons in-4° contenant des Algues de France dont un grand nombre proviennent des fréres Crouan. Si quelqu'un de nos confréres désirait en faire l'acquisition, il pourrait s'adresser à M. l'abbé Hue, rue Saint-Dominique, 28, à Paris. — Nous sommes priés d'appeler l'attention de nos lecteurs sur le Journal publié par M. le professeur D" G. Leimbach, sous le titre de : Deutsche botanische Monatsschrift. Ce périodique, spécialement con- sacré à la botanique descriptive, contient une foule de renseignements utiles aux floristes et aux possesseurs d'herbiers. — Le prix pour l'étran- ger est de 7 marks 50 (9 fr. 35). — On s'abonne chez le directeur, à Arnstadt, ou à Leipzig, à lalibrairie O. Klemm. — M™ veuve Ed. Marie tient à la disposition des amateurs une col- lection, bien préparée et nommée, de 100 espèces de Mousses récoltées par feu son mari à la Guadeloupe, à Mayotte, à Nossi-Bé et Nossi-Comba, à la Réunion et à Sainte-Marie de Madagascar. — Le prix de la collec- tion est de 35 francs. — S'adresser à M" veuve Édouard Marie, à Paris, rue Christine, n° 1. Le Directeur de la Revue, Dr Ep. BeRNET., Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ERN. MALINVAUD. 18303. —. Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1889) Beïitræge zur Morphologie und Physiologie der Bakte- rien. — I. Zur Morphologie und Physiologie der ScHWEFELBAK- TERIEN (Contributions à la morphologie et à la physiologie des Bactéries. I. Morphologie et physiologie des SULFOBACTÉRIES); par M. Winogradsky (1). Leipzig, Engelmann, 1888. Plusieurs auteurs, principalement M. Zopf, avaient annoncé des trans- formations trés nombreuses des Beggiatoa en Cladothrix, Leptothrix, Crenothrix, etc. Ces variations en sont pas fondées d’après M. Wino- gradsky ; c'est au moins ce qui résulte de sa longue et belle étude qui l'a conduit à une autre conséquence trés importante au point de vue physio- logique. Les Beggiatoa sont des étres singuliers qui ne se développent bien que dans une eau contenant une quantité modérée, mais constante d'hydro- gène sulfuré; il leur faut cependant de l'oxygéne, mais en proportion très faible. Si on les transporte dans un autre milieu que le précédent, dans l'eau distillée, dans un liquide nutritif stérilisé, les Beggiatoa meu- rent. Ces remarques expliquent pourquoi l'auteur n'est pas arrivé à les cultiver à l'état de pureté ; il a dû se résigner à employer une méthode moins parfaite d'investigation, consistant à plonger la plante dans une goutte d'eau et à l'observer sous le microscope. Il a pu cependant, grâce à une expérimentation trés simple et trés ingénieuse, arriver à résoudre un grand nombre de délicates questions relatives à la physiologie de ces êtres dégradés. Contrairement à ce qu'on a cru pendant longtemps, M. Winogradsky établit, ainsi que l'avait déjà annoncé M. Hope Seyler, que les Sulfobac- léries ne décomposent pas les sulfates pour produire de l'acide sulfhy- drique, mais au contraire réduisent ce dernier. Si l'on fait végéter un Beggiatoa dans une eau contenant de l'acide sulfhydrique, on voit des (1) Voyez également Winogradsky, Recherches physiologiques sur les Sulfobacteries (Annales de l'Institut Pasteur, 1889, n° 2). "T > A T- XXXVI. (REVUE) 4 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. granules de soufre se déposer dans toutes les cellules et disparaître rapi- dement si l’on transporte la plante dans l’eau pure. En suivant jour par jour les phénomènes à l'aide de réactifs microchimiques (1), l'auteur s’est assuré que le soufre disparu se transformait en acide sulfurique. Tout le monde sait cépendant qu’en introduisant de la barégine con- tenant des sulfates dans une bouteille, il se forme au bout de peu de temps de l'hydrogène sulfuré. Ce résultat est parfaitement exact, mais il est dà à d'autres organismes anaérobies et il suffit d'examiner au microscope les filaments de Beggiatoa vivant dans ces conditions pour se convaincre qu'ils sont alors à demi désorganisés. Au point de vue physiologique, M. Winogradsky renverse donc les théories anciennement admises en établissant que les Beggiatoa décomposent l'acide sulfhy- drique au lieu de le produire. Au point de vue morphologique, les résultats de son travail ne sont pas de moins haute portée. Il a trouvé que les Sulfobactéries ne déri- vent pas les unes des autres, mais qu'il existe un nombre considérable d'espéces bien distinctes pouvant se développer dans les mêmes condi- tions et capables de produire les mêmes phénomènes. L'auteur désigne toutes ces plantes sous le nom de Sulfobactéries. Parmi elles il faut d'abord citer les Beggiatoa. Les espéces de ce genre peuvent se fragmenter en articles de dix à quinze cellules quand l'hydrogène sulfuré manque; mais ce sont là les seules métamorphoses à signaler. L'auteur décrit plusieurs espèces se distinguant par une épais- seur constante de leurs filaments. Les Thiothrix forment un genre nouveau se distinguant des Beggia- toa parce qu'ils sont fixés et entourés d'une gaine. De la partie supé- rieure se détachent des petits articles gonidiens mobiles qui servent d'appareil de reproduction. Ici viennent se placer également un certain nombres de Bactéries colorées en rouge par une substance qu'on appelle la bactériopurpurine. Les Bactéries qui se meuvent à la lumiére décomposeraient l'acide car- bonique comme les plantes vertes d’après les recherches d'Engelmann (2). M. Winogradsky combat cette opinion, il attribue les résultats si curieux du savant hollandais à l'intervention de Bactéries vertes dont il n'aurait pas pu se débarrasser. Cette hypothése de M. Winogradsky explique la découverte si inattendue d'une bande assimilatrice dans l'infra-rouge et la coincidence des bandes d'absorption de la bactériopurpurine avec les régions où les Bactéries dégagent de l'oxygéne. (1) Une solution de chlorure de baryum acidulée avec l'acide chlorhydrique pisei au microscope une trace de 0,004 pour 100 d'acide sulfurique. ; (2) Engelmann, Die Purpurbakterien und ihre Besiehungen zum Lichte (Bot. Zeit: 1886, p. 661). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 L'auteur décrit successivement les Thiocystis, zenre nouveau, formant plusieurs colonies englobées dans une masse gélatineuse; les Lampro- cystis; les Amcæbobacter, genre nouveau qui montrent des sortes de mouvements amiboides des colonies; le Thiopolycoccus ruber, genre nouveau et espèce nouvelle; les Thiodictyon, genre nouveau, rappelant un Hydrodictyon; les Thiothece, semblables aux Aphanothece; les Thiocapsa, analogues aux Aphanocapsa; les Thiopedia, ressemblant aux Merismopedia. Les Chromatium comprennent les Monas Okenii, vinosa, etc.; et à ce propos l'auteur insiste sur ce point, que les zoos- pores n'existent pas chez le Beggiatoa roseo-persicina ; enfin les Rhab- dochromatium, genre nouveau, ont des cellules en forme de fuseau. En résumé, au point de vue physiologique, M. Winogradsky renverse les théories généralement admises et, au point de vue morphologique, il combat trés nettement le polymorphisme qu'on avait cru pouvoir annoncer sans preuves suffisantes. Il semble, à ce dernier point de vue, qu'on ne saurait oublier que l'auteur n'est pas arrivé à cultiver, dans des milieux stérilisés et va- riés, les plantes qu'il a pu étudier. Les résultats des travaux nouveaux et trés soigneusement faits de MM. Charrin et Guignard, Wasserzug, etc., démontrent qu'il existe un polymorphisme restreint chez les Bactéries. J. COSTANTIN. Contributions à Fétude du pléomorphisme des Bacté- riens; par M. Metschnikoff (Annales de l'Institut Pasteur, 1889, n° 2, avec une planche). Le travail de M. Metschnikoff est une réponse aux théories émises par M. Winogradsky. Le Spirobacillus Cienkowskyi qu'il a étudié justifie son nom, car il passe successivement par l'état de Bacterium, de Bacil- lus et de Spirillum. Ce parasite attaque les Daphnies, petits crustacés aquatiques, et leur communique la teinte rouge qu'il possède. L'auteur à pu suivre toutes les transformation de la Bactérie qui correspondent aux diverses phases de la maladie; les stades qu'il figure paraissent bien former tous les passages entre les formes les plus éloignées; il est cepen- dant regrettable que M. Metschnikoff n'ait pu obtenir ces résultats par la culture, car cette méthode seule peut entrainer la conviction. J. C. Nutrition hydrocarbonée et formation de glycogène chez la levüre de bière: par M. Laurent (Annales de l'Institut Pasteur, 1889, p. 112). Une étude physiologique de la levüre de bière semble presque syno- nyme d'étude sur les fermentations. Il n'en est pas toujours ainsi comme 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le montre la très intéressante étude de M. Laurent, car la fermentation alcoolique n'est qu'un phénomène trés restreint, ne se produisant que lorsqu'on nourrit la levüre avec les matières sucrées. Quand on remplace ces dernières par un certain nombre d'autres substances (acélates, gly- cérine, érythrite, etc.), on obtient un beau développement du Saccharo- myces, mais pour servir d'aliment ces hydrates de carbone doivent étre consommés au contact de l'air; ils ne conviennent donc pas à la vie de ferment. M. Laurent donne la liste de trente-quatre substances qui peuvent ainsi remplacer le sucre comme aliment hydrocarboné. Non seulement ces substances organiques peuvent servir à la nutrition directe, mais quelques-unes peuvent contribuer à la formation de ré- serves de glycogéue (l'auteur en indique quatorze). Une ancienne expérience de M. Pasteur s'explique aisément par l'ob- servation précédente; la levüre de bière, délayée dans l'eau pure et aban- donnée à elle-même, laisse dégager de l'acide carbonique et produit de l'alcool dans le liquide. La levüre détruit dans cette expérience d'auto- phagie une substance capable de se saccharifier et de produire une autofermentation. Cette substance est le glycogène. M. Errera avait déjà entrevu assez nettement l'existence de ce glyco- gène prenant avec l'iode une teinte rouge brun-acajou, mais les tenta- tives d'extraction ne lui avaient pas donné des résultats bien précis. M. Laurent a fait faire un pas nouveau à cette intéressante question. Il a pu doser le glycogène formé, à l'aide de trois méthodes imparfaites, mais conduisant cependant à des résultats concordants. Ces trois pro- cédés étaient les suivants : 1° Transformer par un acide le glycogéne en un sucre réducteur, sans altérer les membranes; 2 Peser un poids de levüre bien nourrie, à réserve abondante, épuiser un poids égal par l'autophagie, et déterminer la perte de poids ; 3° Doser la quantité d'alcool produite par un poids de levüre soumise à l'autophagie et en déduire la quantité de matière sucrée consommée. Le résultat de ces recherches est que la quantité de glycogéne accu- mulée peut représenter jusqu'à 32 pour 100 du poids sec. Jusqu'ici aucune réserve glycogénique aussi forte n'avait été signalée chez les Champignons. L'accumulation du glycogéne dans la levüre complète l'histoire des phénoménes d'autophagie et explique les résultats anciennement observes par M. Pasteur et M. Duclaux, que la levüre perd de son poids quand on la fait fermenter avec un poids de sucre trop faible relativement au Sie" J. CosTANTIN. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 Oxalsæuregæhrung (an Stelle von Alcoholgæhrung) bei einem typischen (endosporen) Saccharomyceten (S. Hansenii n. spec.) (Fermentation oxalique, non alcoolique, chez un Saccharomycète à endospores, S. Hansenii, n. sp.); par M. Zopf (Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 1889, p. 94). M. Zopf a découvert un Saccharomyces nouveau (S. Hansenii), qui, en végétant dans différents milieux, ne produit jamais d'alcool, mais de l'acide oxalique. Il a obtenu ce résultat en cultivant cette plante dans le saccharose, le galactose, le glucose, lactose, maltose, glycérine, dulcite, mannite. Les cellules végétatives de la plante mesurent 4 à 11 p; les spores peu- vent se produire sur les milieux solides, elles mesurent 2 à 4p, il y ena en général une, et quelquefois deux, dans une cellule fertile. J. C. Observations sur les levüres de bière; par M. Hansen (An- nales de Micrographie, 1888, n* 1). M. Rees avait autrefois établi un certain nombre d’espèces de Saccha- romyces, en s'appuyant sur les caractéres tirés de la forme des cellules ; une étude approfondie a montré à M. Hansen que presque toutes les espèces qui doivent être admises aujourd'hui peuvent, dans leur évolu- lion, passer successivement par les diverses formes que M. Rees regar- dait comme spécifiques. Ce résultat d'un grand intérét a été obtenu à l'aide de cultures faites en partant d'une cellule unique, en employant une méthode imaginée en 1882, avant la publication des procédés de M. Koch. Cette méme méthode a permis à l'auteur d'établir que les levüres à fermentation haute et basse ne se transforment pas les unes dans les autres; et on ne peut s'expliquer le résultat inverse obtenu par MM. Pasteur et Rees que par des mélanges de deux espéces. Les espéces de Saccharomyces sont définies, selon M. Hansen, par les courbes des températures du développement de leurs spores, par les températures critiques (amenant la mort, etc.), par le bourgeonnement, par le pouvoir fermentatif et par la production des voiles. ; Il y a donc des espèces bien distinctes de levüre mais € nation ne peut étre faite que par une trés longue étude et en L appuyant sur d'autres caractères que ceux qui ont été employés jusqu ici. J. C. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Die Gattung Tubicaulis Cotta [Le genre Tubicaulis Cotta]; par M. G. Stenzel (Mittheil. aus dem ken. mineral. geol. und prehistor. Museum in Dresden, 8'** Haft). Cassel, in-4°, 50 pages, 7 planches. Le genre Tubicaulis a été eréé en 1832, par Cotta, pour des fragments de tiges subarborescentes de Fougéres, encore entourées des restes de leurs pétioles; il a été depuis lors subdivisé en plusieurs groupes, dis- tincts les uns des autres par la disposition des faisceaux vasculaires qui parcourent la tige ou les pétioles. M. Stenzel dans l'étude qu'il vient faire de ce genre examine d'abord, à titre de comparaison, les tiges des Fou- gères vivantes, et fait remarquer que, tandis que chez les Fougères arborescentes les pétioles finissent par se détacher complétement et par laisser des cicatrices foliaires bien nettes, chez les Fougères herbacées à tige oblique ou dressée, les bases des pétioles persistent fort longtemps et ne se détruisent guère qu'avec la portion méme de la tige sur laquelle elles viennent s'implanter; en outre, chez la plupart de ces derniéres, les pétioles sont habituellement assez minces à leur base, et se renflent ensuite rapidement, pour décroitre au delà graduellement. Ces deux caractères se retrouvent chez les Tubicaulis, qui représentent évidem- demment des plantes de dimensions assez réduites, avec des pétioles atteignant au plus la grosseur du doigt. Une section transversale de ces fossiles montre au centre la tige entourée de pétioles plus ou moins nombreux, dont les plus voisins du centre viennent à peine de se détacher de la tige, tandis que les autres sont coupés, à mesure qu'on approche de la périphérie, à des hauteurs de plus en plus grandes; au milieu de ces pétioles on reconnait souvent des racines qui partaient, soit de la tige elle-méme, soit de la base de ces derniers. Les échantillons sur lesquels porte le travail de M. Stenzel proviennent, pour la plupart, du gisement bien connu de Chemnitz en Saxe, où l'on a trouvé tant de belles tiges silicifiées; il a utilisé notamment les types mémes de Cotta et de Corda et a pu compléter d'une manière trés heu- reuse ce qu'on en savait. A l'exemple de Corda, il subdivise les Tubi- caulis paléozoiques en quatre genres, conservant le nom générique primitif pour le seul Tubicaulis solenites, caractérisé par son faisceau vasculaire central affectant la forme d'un cylindre creux ; les faisceaux foliaires offrent, comme ceux des Osmondes, une section lunulée; mais à l'inverse de ce qui a lieu chez toutes les Fougères vivantes el chez presque toutes les espèces fossiles, ces faisceaux en gouttière tournent leur convexité vers la tige et non vers l'extérieur. Dans les Asterochlena, le faisceau de la tige est formé de plusieurs lames qui partent de l'axe en rayonnant, et se bifurquent une ou plu- sieurs fois vers l'extérieur, offrant en coupe l'aspect d'une étoile à rayons REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. DƏ ramifiés : M. Stenzel y distingue trois sections : Menopteris, à pétioles parcourus par un faisceau en gouttière tournant, comme chez le Tubi- caulis solenites, sa concavité en dehors; Asterochlena, à faisceaux foliaires en gouttière tournant leur concavité en dedans, c'est-à-dire vers la tige; et Clepsydropsis, à faisceaux foliaires affectant la forme de bandes planes, à bords épaissis. Dans chacun de ces deux derniers sous- genresilfait connaitre une espéce nouvelle: Aster. laxa, confondu à tort avec l'Aster. ramosa et différant de celui-ci par ses pétioles moins serrés, et non renflés au-dessus de leur base; et Clepsydr. kirgisica provenant de Semipalatinsk. Dans les Zygopteris, dont M. B. Renault a étudié en détail plusieurs espéces recueillies par lui à Autun, M. Stenzel distingue deux groupes, ayant en commun un faisceau central épais creusé de cannelures longi- tudinales plus ou moins profondes et des faisceaux foliaires en forme de fersà double T. Dans les Zygopteris proprement dits, toutes les feuilles se développaient, munies chacuue d'un large pétiole, c'estle cas du Zyg. primaria de Corda ; en outre, chez celui-ci, les branches qui se déta- chent du faisceau foliaire ne forment de chaque cóté qu'une seule série longitudinale; chez les autres, désignés par l'auteur sous le nom nouveau d'Ankyropteris, la plupart des feuilles avortaient ou se réduisaient à des écailles, si bien que l'on ne compte autour de la tige, sur une section transversale, que quelques rares sections de pétioles; de plusles branches émises latéralement par le faisceau foliaire sont disposées de chaque cóté en deux séries distinctes, de telle façon que les segments de premier ordre de la fronde devaient naitre le long de quatre génératrices, deux un peu au-dessus du plan médian du faisceau, et deux un peu au-dessous. M. Stenzel a observé fréquemment une des espéces de cette section, qu'il a étudiée en grands détails, au milieu des racines de Fougéres arbores- centes du genre Psaronicus, comme si elle avait grimpé entre ces racines on à la surface du lacis qu'elles formaient; il a observé chez cette espéce, qu'il nomme Zyg. (Ankyr.) scandens, un corps particulier, une sorte de bourgeon à section circulaire, à l'aisselle de chaque pétiole; il est porté à croire que ce devait étre la base d'un lobe ventral de la fronde, proba- blement fertile comme chez les Ophioglossées, et ultérieurement dé- truit (1). Un fait assez remarquable, c'est qu'avant méme d'être entière- ment dégagés de la tige, les faisceaux foliaires commencent à émettre (1) Dans l'étude qu'il vient de faire d'une espèce probablement identique, bien qu'il la désigne sous un nom différent, celui de Rachiopteris Grayü, M. Williamson est amené à regarder ces corps comme de véritables bourgeons, susceptibles de donner naissance à des branches constituées comme la tige principale elles-méme (Phil. Trans. Roy. Soc., vol. 180, B, p. 157). 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des branches latérales, de sorte que les frondes devaient porter des folioles ou des pennes feuillées dés leur base. Enfin le genre Anachoropteris offre, dansses tiges, un faisceau central semblable à celui des tiges de Zygopteris, mais les faisceaux foliaires y affectent la forme de gouttière à concavité tournée vers la tige; les pétioles de ce genre offrent cette particularité assez étrange, qu'ils sont canali- culés sur le dos, et non sur leur face ventrale. En terminant son intéressant travail, M. Stenzel passe en revue, mais sans les étudier, les quelques autres tiges de Fougères fossiles qui peu- vent étre rapprochées des Tubicaulis, comme les genres Cottea, Sphal- lopteris, Anomorrhea, Chelepteris et Bathypteris du trias ou du zechstein, et enfin les Osmundites ou tiges d'Osmondes à structure con- servée, trouvées dans les couches tertiaires d'Angleterre et de Hongrie. R. ZEILLER. Bemerkungen ueber einige Pflanzenreste aus den tria- sischen und liasischen Bildungen der Umgebung der Comersees (Remarques sur quelques plantes fossiles des forma- tions triasiques et liasiques des environs du lac de Côme): par M. Schenk (Berichte der math.-phys. classe der ken. Sechs. Gesells- chaft der Wissenschaften. In-8°, 13 pages, 1 planche, 1889). O. Heer avait fait connaitre, il y a longtemps déjà, quelques empreintes dela région dulac de Côme, recueillies par Escher de la Linth ; M. Schenk à pu en étudier à son tour une série d'une certaine importance, qui lui a été communiquée par M. Stoppani. Ces empreintes sont malheureuse- ment assez incomplètes et mal conservées, et pour plusieurs d'entre elles les déterminations restent un peu douteuses, M. Schenk a reconnu dans le nombre deux espéces de Bactryllium, mais qui n'ont fourni aucun éclaireissement sur la vraie nature de ce genre, classé jusqu'à nouvel ordre parmi les Diatomées. Les Équisétacées sont représentées par l'Equi- setum arenaceum et le Schizoneura Meriani, du keuper. Pour les Fougéres, le fait le plus intéressant est la présence d'une portion de penne appartenant au genre Andriania, qui jusqu'à présent n'avait été rencontré que dans le rhétien de Franconie et à Steierdorf. Un autre fragment semble devoir étre classé dans le genre Cycadopteris. Enfin il y a quelques débris de Cycadées et des ramules de Coniféres de tout point semblables à ceux du Pagiophyllum peregrinum. R. Z. Ueber neue Funde von Sigillarien in der wettiner Steinkohlengrube (Sur de nouvelles découvertes de Sigillaires dans la houillére de Wettin) ; par M. Weiss (Zeitschr. der deutsch. geol. Gesellschaft, xL, pp. 565-570, quatre figures). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 Germar n'avait observé à Wettin que deux espèces de Sigillaires, Sig. spinulosa et Sig. Brardi; on vient d'y découvrir une quantité assez nolable d'autres échantillons du méme genre appartenant aux quatre groupes : des Léiodermariées ou Sigillaires à écorce lisse, des Clathra- riées ou Cancellatées, c'est-à-dire des Sigillaires sans cótes à cicatrices encadrées par des sillons obliques entre-croisés, des Rhytidolepis ou Sigillaires à côtes, et des Syringodendron ; on y a rencontré aussi des représentants du genre Rhytidodendrom ou Bothrodendron, d'aprés lesquels M. Weiss estamené à rattacher ce genre aux Sigillaires à écorce lisse. Le fait le plus intéressant, c'est l'existence, parmi ces nouvelles espéces de Wettin, de formes établissant une transition entre le groupe des Léiodermariées et celui des Clathrariées. Chez le Sig. spinulosa, qu'on peut prendre comme type des premières, l'écorce est tout à fait unie, du moins lorsque les cicatrices foliaires sont espacées; elle n'est marquée que de fines rides longitudinales ou transversales; lorsque les cicatrices se rapprochent, on voit se former entre elles des sillons longitudinaux ondulés, qui encadrent d'une façon plus ou moins complete chaque file verticale de cicatrices, s’écartant à la hauteur des cicatrices qu'ils com- prennent entre eux pour se rapprocher au-dessus et au-dessous; ainsi certains échantillons sont entièrement lisses sur une partie de leur étendue, tandis que le reste de leur surface est parcouru par ces sillons flexueux, dont la disposition rappelle celle qu'on observe chez le Sig. rhomboidea de Brongniart. Sur d'autres, qu'il faut distinguer spécifiquement du Sig. spinulosa, et que l'auteur désigne sous le nom de Sig. twettinensis, ces sillons, plus marqués, sont réunis, d’un côté à l'autre de chaque série de cica- trices, par des sillons transversaux placés au-dessus des cicatrices fo- liaires, de telle facon que celles-ci se trouvent complètement encadrées ; en méme temps la portion d'écorce sur laquelle elles sont placées forme une proéminence plus ou moins accusée; et chaque cicatrice est ainsi portée sur un mamelon saillant assez nettement délimité. Avec des cica- trices et des mamelons plus petits et plus rapprochés, on arrive au Sig. Brardi, qui est le type de la section des Clathrariées, et chez lequel, comme le montre l'échantillon méme de Germar, la forme et l'espacement des mamelons foliaires sont susceptibles de variations notables, suivant qu'on passe de la tige aux branches daus lesquelles elle se subdivise, ou qu'on observe telle ou telle région de celles-ci; on trouve même parfois sur ces dernières des portions susceptibles d être confondues avec le Sig. elegans, du groupe des Favulariées, c est-à-dire des Sigillaires à cótes à cicatrices contigués. C'est un nouvel exemple du peu de constance de quelques-uns des 58 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caractères distinctifs des espèces du genre Sigillaria, et de la difficulté qui doit en résulter pour la délimitation des espéces. R. ZEILLER. Lichenologische Beitræge, xxvir-xx (Contributions lichénolo- giques); par M. J. Mueller, de Genève (Flora, 1888). Les trois chapitres que M. Mueller consacre aux Lichens ne com- prennent pas moins de 257 numéros, dans lesquels : 1* il décrit des espèces ou variétés nouvelles; 2° il corrige certaines déterminations de MM. Hooker et Taylor d'une part, Nylander de l'autre. 1° On trouve d'abord une espèce nouvelle, Rhabdopsora polymorpha, originaire du Brésil, qui, unique dans son genre, appartient à une tribu particulière, les Rhabdopsorés. M. Mueller place cette tribu près des Biatorinopsidés. Viennent ensuite 67 espéces nouvelles rentrant dans 30 des genres déjà connus. Le genre Parmelia en a 4, provenant de l'Afrique: P. con- turbata; P. amphixantha, P. Schenckiana et P. lecanoracea. Le genre Stictina,1 : S. impressula, de l'Australie. Le genre Sticta, 4 : S. Sage- ri, également de l'Australie. Le genre Amphiloma, 3, dont 2, A. leuco- œanthum ev A. eudoxum, de l'Afrique, et l'autre, A. sanguineum, de l'Amérique australe (Patagonie). Le genre Placodium en obtient égale- ment 2 : Pl. deminutum, de l'Afrique; Pl. glebulare, de l'Australie. Le genre Callopisma n'en a qu'une espèce venant du Brésil, C. flavi- dum. Un des genres le plus largement représentés est le genre Lecanora, 8 espèces dont une de la Sibérie, L. sibirica ; 4 de l'Afrique, L. fibrosa, L. leucoxantha, L. carneoflava et L. crassilabra, et 3 du Brésil, L. ochroleuca, L. subcrenutata et L. canthomelena. Le genre Pertu- saria s'augmente de 2 espéces, P. cryptostoma, de l'Afrique, et P. xanthomelæna, également de l'Afrique (cap de Bonne-Espérance); le genre Ocellularia, d'une espèce, 0. gyrostomoides, de l'Australie; le genre Cenogonium, également d’une espèce, C. patagonicum, de la Patagonie; le genre Psora, de 3 espèces, Ps. testudinea et Ps. endo- chlora, de l'Australie, Ps. microlepidea, du Brésil; le genre Thalloi- dima, d'une seule espéce, Th. iguapense, du Brésil. Au genre Lecania s'ajoutent 3 espéces provenant de cette méme région : L. nigrella, L. sulphurella et L. coarctatula; au genre Patellaria, 3 également, P. nigrata, décrite sans indication de localité, P. rufella, du Brésil, et P. Wilsoni, de l'Australie; au genre Blastenia, 4, Bl. punicea el Bl. confluens, de Y Afrique, Bl. pulcherrima, de l'Australie, et Bl. mela- nantha, du Brésil. Le genre Lecidea en a 2 : L. ocellatula, de lile antarctique de la Géorgie australe, et L. facinensis, du Brésil. Le genre Buellia a autant d'espéces nouvelles que les Lecanora, 8:1de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 l'Afrique, B. Schinziana; 1 de l'ile Géorgie australe, B. argillacea, et 6 du Brésil, B. flavovirens, B. fuscella, B. homocarpa, B. insulina, B. papillosa et B. rimulosa. Le genre Rinodina en a 3 : R. microle- pidea, de l'Afrique; R. ornata et R. subtilis, du Brésil. Le genre Gra- phina wen a qu'une: Gr. multisulcata, du Brésil. Au genre Opegrapha s'ajoutent 2 espèces provenant du Brésil, O. cæsia et 0. rufo-atra; au genre Arthonia, 3, dont 1 de l'Afrique, A. capensis (du cap de Bonne- Espérance), une, A. serialis, du Brésil, et une, A. tenuissima, de l'ile de la Trinité. Enfin les genres suivants en ont : Astrothelium, 1: A. grossum, de la Nouvelle-Calédonie; Arthothelium, 1 : A. consan- guineum, du cap de Bonne-Espérance ; Phlyctidium, 1 : Ph. phylloge- num, de la Nouvelle-Guinée; Verrucaria, 1 : V. erodens, de l'Afrique tropicale; Arthopyrenia, 2 : A. subpunctiformis, de l'Australie, et A. zonata, du Brésil; Polyblastia , 4 : P. verruculosa, du Brésil; Microglena, 1 : M. brasiliensis; Staurothele, 1 : St. pachystroma ; Porina, 2 : P. exserta et P. nigro-fusca, tous les quatre du Brésil; et enfin Anthracothecium, 2, de l'Australie : A. desquamans et A. oligo- Sporum, pour lesquelles est créée une nouvelle section de ce genre : sect. Porinastrum. Les variétés nouvelles, décrites comme le sont les espéces qui viennent d’être énumérées, sont au nombre de 10 : Ramalina inflata var. fissa, de l'Australie; Usnea barbata var. capitulifera, de Vile Bourbon, et U. me- laxantha var. angulosa, dela Patagonie; Parmelia levigata var. gracilis f. furfuracea, du Brésil; Lecanora coarctata var. lirellina ; Pertusaria communis var. tetramera; Patellaria millegrana var. carnea, toutes du Brésil; Buellia parasema var. sanguinea, de l'Atrique, et Willeya dif- fractella var. flavicans, du Brésil. Il faut y ajouter Stictina fragillima var. linearis, de l'Australie. 2 Tout en décrivant ces Lichens, M. Mueller passe en revue les espéces publiées par MM. Hooker et Taylor dans le recueil intitulé : The London Journal of Botany, années 1844 et 1847, il rectifie les descriptions et redresse les déterminations de ces auteurs, aprés avoir examiné les types de l'herbier qu'ils ont laissé. Un certain nombre de ces espèces sont rapportées à des noms déjà publiés soit par d'autres lichénographes, soit par M. Mueller lui-même ; quelques-unes deviennent simplement, pour M. Mueller, des variétés de ces anciennes espèces. Ainsi, par exemple, Ramalina ovalis Hook et Tayl. et Parmelia car- porrhizans Tayl., regardés tous deux par M. Nylander comme des sous- espèces, deviennent pour lui, le premier R. Eckloni var. ovalis, et le second P, tiliacea var. hypothrix. D'autres espèces de MM. Hooker et Taylor sont changées de nom ou de genre, et parfois M. Mueller modifie également les noms que leur a imposés M. Nylander. Il suffira d'indiquer 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les principales de ces modifications. Parmelia patinifera Tayl. n'est pas autre chose que Ricasolia sublevis Nyl., et doit s'appeler Rica- solia patinifera. — Cornicularia leta Tayl., réuni par M. Nylander à Alectoria ochroleuca, est placé dans un genre spécial, Bryopogon. — Dufourea simplex Tayl., Siphula simplex Nyl., est une espèce à sup- primer, c’est le Siphula ceratites Fr. — Sticta calithamnia, Leptogium calithamnium Nyl., est un Stictina. — Parmelia cribellata Tayl., Nyl., est le P. lophyrea Ach. — Lecidea mamillata Hook. et Tayl., L. adumbrans Nyl., appartient à la tribu des Pannariés et devient le Parmelieila adumbrans. — Verrucaria rhodosticta Tayl. doit se nommer Pyrenopsis rhodosticta, espéce de laquelle ne différent ni Pyre- nopsis sanguinea. Anzi, ni P. subareolata Nyl., ni P. fuscatula Nyi. — Mais M. Mueller se trompe quand il dit, n° 1311, que M. Nylander ne distingue pas le Sticta Wallichiana du Platysma leucostigma. La con- fusion existe, il est vrai, dans le Synopsis, mais l'erreur est formelle- ment rectifiée dans le Flora, 1869, p. 443. — Lecidea glaucopa Hook. et Tayl. se trouve posséder trois noms : il a été appelé l'année dernière L. conflectens Nyl. Lich. Fueg., p. 15, et L. epichlorotica Muell., Lich. Cap Horn., n° 11. — Lecanora microphthalma Hook. et Tayl. (1884) en a 4: L. dentilabra Tuck. (1877), L. predolosa Nyl., Lich. Fueg., p. 9 (juillet 1888), et L. albellina Muell., Lich. Cap Horn, n° 64 (aoüt 1888). — Enfin, à plusieurs reprises, M. Mueller exprime cette opinion, que ni les spermaties ni les réactions chimiques ne peuvent fournir de caractères spécifiques. ABBÉ HUE. Mission scientifique du Cap Horn, 1882-1883. — LICHENS, par M. Mueller d'Argovie. — Paris, Gauthier-Villars, 1888, in-4° de 32 pages. Ces Lichens des régions magellaniques ont été récoltés, pour le plus grand nombre, par M. Hariot; quelques espèces ont été fournies par les D" Savatier, Hyades et Hahn. L'ouvrage commence- par une préface de M. Hariot, dans laquelle il retrace les explorations faites dans ces con- trées depuis 1767, et énumére les principales espéces qui en ont été successivement rapportées. Le travail de M. Mueller comprend 89 numé- ros et renferme 18 espéces et 16 variétés nouvelles. M. Hariot, dans la préface, porte le nombre de ces espéces à 25, mais quelques-unes d'entre elles ont déjà été publiées. Les genres les plus largement repré- sentés dans ces régions antarctiques sont : Cladonia (16) et Sticta (11). Les espèces nouvelles recueillies par M. Hariot, nommées et décrites par M. Mueller, sont: Parmelia opuntioides ; Psoroma contortum ; Cal lopisma Harioti; Rinodina antarctica: Pertusaria rugifera; Lecidea lividula, L. impolita, L. azurella; Patellaria prepallida, P. humi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 strata, P. pallida; Melaspilea stenocarpa ; Opegrapha pseudo-agelea ; Arthonia heteromorpha ; Dermatocarpon nigrum ; Pleurotrema leptosporum ; Arthopyrenia australis, et enfin Coccotrema antarcti- cum. Ce genre Coccotrema est nouveau et créé pour cette espèce. Il se place, dans les Pyrénocarpés, près du genre Thelocarpon. Les Leca- nora albellina et Lecidea epichlorotica ont été retranchés de cette liste, M. Mueller ayant reconnu depuis que le premier est le Lecanora micro- phthalma Hook. f. et Tayl., et le deuxième, le Lecidea glaucopa Tayl., cf. Mueller, Flora, 1888, p. 532 et 538. ABBé H. Lichenes Paraguayenses a cl. Balansa lecti et a Prof. Mueller elaborati (Revue mycologique, 1888). La collection de Lichens que M. Balansa rapporta du Paraguay fut divisée en 100 numéros. Mais, outre ces 100 espèces distribuées à dif- férents botanistes, il en resta quelques-unes qui ne furent pas nommées, et souvent de petits fragments d'autres Lichens adhéraient aux exem- plaires déterminés. La séparation de toutes ces espèces fut opérée avec soin à Genève, et M. Mueller trouva que M. Balansa a récolté 304 Lichens distincts, se décomposant en 248 espèces et 56 variétés. Sur ces deux derniers nombres, 73 espéces et 18 variétés sont nouvelles. M. Mueller fait remarquer que beaucoup des Lichens qu'il décrit ici se retrouvent dans des contrées trés éloignées, eu Afrique, en Australie et en Nouvelle- Calédonie. Ce fait prouve, une fois de plus, que les Lichens qui végètent sous les tropiques ou dans leurs environs ont une vaste distribution géographique. Les tribus dont les espéces l'emportent par leur nombre, sont : 1° les Graphidés, qui ont 59 espèces; 2° les Lecidea, qui en offrent 39; 3 les Parmelia, 355 sur ce nombre il n'y a qu'un Sticla et que 2 Ricasolia, tandis que les Sticta deviennent trés nombreux daus les régions antarctiques et dans les hautes montagnes des pays tropi- caux ; 4° les Lecanora n'ont que 32 espèces, mais il faut remarquer que M. Mueller ne comprend dans cette tribu ni les Placodium (2 espèces), ni les Psora (5 espéces). Les genres qui ne sont représentés que par des espéces nouvelles, el qui, par conséquent, ne figurent pas dans la collection primitive de Balansa, sont : Synechoblastus (S. crenatus); Pannaria (P. polyspora); Placodium (Pl. albo-effiguratum) ; Amphiloma (A. brachylobum) ; Melaspilea (6, M. leucoschisma, M. epileuca, M. phæoplaca, M. orbi- culina, M. platygraphella, M. epigena); Platygrapha (2, Jes carnea et Pl. leucophthalma) ; Lithothelium (L. paraguayense); Clathropo- rina (Cl. leioplaca); Verrucaria (V. leioplacella); Haplopyrenula (H. acervata); Anthracothecium (A. platystomum). Pour les autres genres, M. Mueller ne sépare pas ceux qui appartiennent à l'ancienne 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. collection. Enfin, page 2, il décrit les apothécies et les spores de l Hete- rina tortuosa Nyl., qui jusqu'alors étaient complètement inconnues. ABBÉ HUE. Pyrenocarpe: Feeanæ in Féei Essai et Supplément edit» e novo studio speciminum originalium exposite et in novam dispositionem ordinatæ auctore D'° J. Mueller. Genève, 1888, in-4° de 45 pages. M. Mueller termine par cet ouvrage la revision des Lichens de Fée (1). Il conserve 82 des espéces de Pyrénocarpés de cet auteur, rejetant les autres dans différents genres et principalement dans les Pertusaria. Ces espèces sont réparties en 2 tribus. La première tribu, Strigulec, ne renferme qu'un genre, Strigula, avec 4 espèces. La seconde tribu, Pyrenuleæ, se divise d'abord en deux séries, puis en 3 sous-tribus. La première série, qu'il nomme Pyrenuleæ campylostomaticæ, n'a qu'une des 3 sous-tribus avec 3 genres : Astrothelium (1 espèce), Parmentaria (2 espèces), Pyrenastrum (4 espèces). La seconde série, Pyrenuleæ orthostomaticæ, se subdivise en 2 sous-tribus. La deuxième sous-tribu, Trypethelieæ, contient 5 genres : Trypethelium (16 espèces), Bathe- lium (3 espèces), Bottaria (2 espèces), Melanotheca (5 espèces) et Tomasellia (1 espèce). La troisième sous-tribu a 6 genres : Porina (15 espèces), Arthopyrenia (5 espèces), Pseudopyrenula (3 espèces), Pyrenula (15 espèces), Anthracothecium (5 espèces) et Microthelia (3 espèces). ABBÉ H. Lichenes portoricenses ab egregio Sintenis lecti, adjunctis non- nullis a Barone Egger in San-Domingo lectis, quos determinavit D" J. Mueller (Flora, 1888, p. 490-4906). Cette collection de Lichens de l'ile de Porto-Rico en contient 63, parmi lesquels se trouvent 50 espéces et 30 variétés. Les genres qui possèdent le plus d'espèces sont les Cladonia, que l'on trouve sous toutes les latitudes, et les Ramalina, qui en ont chacun 7. Les Par- melia sont au nombre de 6. Les Usnea sont représentés par 4 variétés. On n'y voit ni Lecanora ni Lecidea. Les espéces nouvelles sont au nombre de 5 : Cladonia macrophylla (il faut remarquer qu'il existe déjà , un Cl. macrophylla (Schær.) Nyl.); Ramalina Sintenisii, R. rigida f. dendroides Nyl., que jusqu'alors on avait toujours trouvé stérile; R. sub- pellucida, Graphina platygrapha et Astrothelium versicolor. Ces espèces nouvelles sont décrites par M. Mueller. A la suite de cette énu- mération, se trouve une liste de 8 espéces de Lichens, récoltés dans l'ile la plus voisine de Porto-Rico, Saint-Domingue. ABBÉ H. (1) Voyez le Bulletin , pp. 18 et 67, 1888. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 On two recent collections of Ferns from Western China (Sur deux collections récentes de Fougères de la Chine occidentale); par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, xxvi, p. 225, août 1888). Les récoltes qui sont l'objet du présent mémoire de M. J.-G. Baker, ont été faites l'une par le Rév. Ernst Faber, sur les monts Omei, dans la province de Szechwan; l'autre, par le D* A. Henry, d'Ichang, dans le district de Patung. Elles sont toutes les deux parvenues en Angleterre dans le courant de 1887, et M. J.-G. Baker a déjà fait connaître les espèces nouvelles que contenait la collection du D' A. Henry, dans le Journal of Botany, p. 110 (1). Un fait intéressant qui ressort de l'examen de la liste de ces Fougéres, c'est que dans les montagnes de l'ouest de la Chine se rencontrent des types tropicaux comme Acrostichum flagellife- rum et Gymnogramme involuta, et des types boréaux comme Crypto- gamme crispa et Lycopodium annotinum. Nul doute que les recherches auxquelles se livrent en ce moment, dans cette région si peu connue au point de vue botanique, d'infatigables collecteurs, ne révélent encore des faits de ce genre et des espéces nouvelles. Sur les 52 espéces énumérées par M. J.-G. Baker, 16 sont nouvelles. Ce sont : Adiantum Faberi, intermédiaire entre PA. monochlamys et PA. ethiopicum, également très proche de PA. venustum de l'Hima- laya; — Cheilanthes patula, voisin du C. subvillosa Hook. et du C. Dalhousie Hook.; — Pteris deltodon, voisin du P. cretica ; — Lomaria deflexa, parent du P. norfolkiana Kunze; — Asplenium (Athyrium) lastreoides, allié à VA. fimbriatum Wall.; — A. (Polysti- chum) xyphophyllum, voisin de l'A. munitum et l'A. falcinellum ; — A. (Polystichum) auriculatum Sw. : var. nov. 1, submarginale, dont les pinnes ressemblent à celles de PA. obliquum Don; var. nov. 2, stenophyllum, à port de PA. Lonchitis ; — A. (Polystichum) capillipes, bien caractérisé par son indusium large et membraneux, bullé, rappe- lant celui de PA. eraspedosorum, par son port semblable à celui de VA. fontanum; — A. (Polystichum) carnifolium, à port analogue à celui de PA. tenuifolium; — Nephrodium (Lastrea) unifurcatum ;— Polypodium (Phegopteris) gymnogrammoides, voisin de l'espéce japo- naise P. Krameri Franch. et Savat.; — P. (Phegopteris) omeiense, dif- fére de l'espéce himalayenne P. appendiculatum Wall., par ses rhi- zomes rampants et ses sores médians; — P. (Phegopteris) alcicorne, ressemble à l Aspidium fœniculaceum Hook.; — P. (Phegopteris) brai- neoides, très proche du P. decussatum L., de l'Amérique tropicale; —- (1) Voyez le Bulletin, t. xxxv, p. 96 de la Revue bibliographique. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Polypodium (Phegopteris) stenopterum, voisin du P. distans Don, de l'Himalaya; — P. (Phymatodes) asterolepis, diffère de toutes les for- mes du P. simplex par ses sores submarginaux; — P. (Phymatodes) deltoideum, voisin du P. hemitomum Hance. Enfin {1 espèces sont nouvelles pour la Chine. Ce sont : Crypto- gramme crispa R. Br., Pteris dactylina Hook., Allantodia Bruno- niana Wall., Nephrodium Clarkei Baker, N. cicutarium Baker, Polypodium erythrocarpum Mett., P. propinquum Wall., Gymno- gramme involuta Hook., G. macrophylla Hook., Selaginella Savatieri Baker, Equisetum diffusum Don. Pauz Maury. New Manipur Ferns collected by D' Watt (Fougères nou- velles du Manipur, récoltées par le D' Watt); par M. R.-H. Beddome (The Journal of Botany, xxvi, p. 234). Dans cette Note, M. R.-H. Beddome décrit deux espéces et une variété nouvelle de Fougères, savoir : Aspidium (Lastrea) Wattii, voisin de l'Asp. feniculaceum Mook.; — Polypodium (Phegopteris) manipu- rense, voisin de P. rugulosum et ressemblant au Lastrea scabrosa ; — Polypodium niponicum var. Wattii, qui diffère du type par son rhi- zome plus glauque, glabre et par l'indumentum moins épais. — P. M. On a third collection of Ferns made in West Borneo by the Bishop of Singapore and Sarawak (Sur une troi- sième collection de Fougères faite dans l'ouest. de Bornéo par l'Évéque de Singapore et de Sarawak); par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, xxvi, p. 323). Cette nouvelle collection de Fougères complète les deux précédem- ment analysées dans ce Bulletin (voy. t. xxxiv, Rev., p. 21 et t. XXXV, ibid., p. 93). Elle témoigne de nouveau de la richesse de l'ouest de Bornéo en Fougéres, et permet de penser que toutes les espèces spé- ciales de cette région ne sont pas encore connues. Sur 29 espèces que vient d'y récolter M. le D" Hose, 13 ont été reconnues nouvelles par M. Baker, ce sont : Davallia (Leucostegia) Hoosei, voisin du D. Kingii, nephrodioides, ciliata; D. (Leucostegia) oligophlebia, ne ressemblant à aucune espèce décrite jusqu'à présent; — Lindsaya (Isoloma) indurata, voisin du L. divergens Wall.; — Adiantum Hosei, parent de l'A. affine Willd. ; — Pteris (Eupteris) Walkeri, rappelant le Pt. quadriaurita Retz; P. furcans, également proche du Pt. quadriaurita ; — Nephrodium (Eunephrodium) simulans, ressemblant beaucoup au Polypodium rep- tans Sw., des Indes orientales ; N. (Sagenia) pterodium, trés voisin du N. singaporianum Baker; N. (Sagenia) melanorrachis, voisin du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 N. cicutarium Baker; — Polypodium (Goniophlebium) holophyllum, dont le port rappelle celui du Meniscium simplex; — Gymnogramme (Syngramme) valleculata, allié au G. alismeæfolia Hook.; — G. (Selli- guea) acuminata, qui se place prés du G. membranacea Hook.; — Acrostichum (Gymnopteris) exsculptum, voisin de l'A. virens Wall. Pr A new Acrostlichum from Trinidad (Un nouvel Acrostichum de l'ile de la Trinité); par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, AA p- 311). Cet Acrostichum, appelé par M. Baker A. (Gymnopteris) Hartii, se trouvait dans une collection faite par M. Hart à l'ile de la Trinité. II est voisin de A. suberectum Baker, de A. juglandifolium et de A. polybo- thryoides. P. M. Supplementary Note on the Ferns of Northern India (Note supplémentaire sur les Fougéres du nord de l'Inde); par MM. C.-B. Clarke et J.-G. Baker (Journal of the Linnean Society, XXIV, 1888, p. 408). La note de MM. Clarke et Baker est une sorte dejsupplément à celle que M. Clarke a publiée depuis quelque temps déjà dans les Transactions de la Société Linnéenne de Londres sous le titre : On the Ferns of Northern India. Elle a surtout pour but de rectifier quelques délermi- nations sans doute hàtives et de faire connaître diverses observations qu'a pu faire M. Baker en étudiant la collection de M. Clarke. On ne doit donc pas s'attendre à trouver dans ce travail des descriptions nouvelles, cependant les auteurs indiquent une espèce nouvelle : Alsophila sikki- mensis, ainsi que plusieurs variétés : Cheilanthes farinosa Kaulf. var. 4, subdimorpha ; var. 2, anceps ; var. 3, tenera; — Asplenium multicaudatum Wall. var. caudicea; — Polypodium juglandifolium D. Don var. pauper. Enfin, ils établissent ainsi le nombre des varié- tés du Nephrodium gracilescens Hook. : a — Aspidium gracilescens Blume; b — As. glanduligerum Kunze; c = Neph. gracilescens, var. hirsutipes C.-B. Clarke; d — Nephr. flaccidum Hook.; e — Neph. gracilescens var. decipiens C.-B. Clarke. P. M. Pedicularis L. Synopsis generis nova (Diagnoses plantarum novarum asiaticarum. VII. — Scripsit C. J. Maximowiez, mart. 1888 [Extrait des Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. xi, pp. 769-919]) cum 6 tab. æn. Ce nouveau travail de M. Maximowicz sur un genre dont il a déjà eu 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux fois (1) l'occasion de s'occuper, donne l'énumération complète de toutes les Pédiculaires connues au jour où il a été écrit. L'auteur fait observer tout d'abord qu'il est peu de genres de plantes qui se soient pareillement accrus en espèces sans que la partie systématique en ait été moins sensiblement modifiée. En effet, depuis que le premier monogra- phe du genre, Steven, a donné en 1822 une énumération des espéces de Pédiculaires connues à cette époque, au nombre de quarante-neuf seu- lement, ceux qui l'ont suivi, tels que Bunge en 1843 et 1846, et Bentham en 1835 et en 1846, n'ont introduit aucune modification sensible dans le système de classification proposée par l'auteur du Monographia Pedi- cularis. Trente-cinq ans plus tard, dans son premier essai d'un Synopsis du genre, bien que le nombre des espèces fut porté à 153, M. Maximowicz dut encore suivre ses prédécesseurs pede presso comme il le dit, en l'ab- sence de tout nouveau caractére de quelque importance pouvant amener des modifications dans le groupement des espèces. Depuis six années, grâce aux recherches de MM. Przewalski et Potanin, dans le Thibet, la Mongolie et la Chine; de M. David, dans le Thibet oriental (ses plantes, récoltées en 1869, viennent seulement d'étre pu- bliées); de M. Delavay, dans l'Yun-nan ; de MM. C.-B. Clarke et D. Prain, dans l'Himalaya oriental, le nombre des Pédiculaires s'est accru dans des proportions plus considérables encore, au point que M. Maximowic peut en énumérer dans son travail 250 espèces (2), dont l'examen l'a confirmé encore dans cette opinion, déjà formulée par lui, que d'une part, pour la presque totalité, les groupes établis par Steven devaient être maintenus à peu prés tels qu'il les avait conçus et, d'autre part, qu'il fallait se garder d'attribuer une importance trop grande au port, en méme temps que les caractères floraux fournissaient d'utiles particu- larités distinctives. L'auteur développe longuement l'examen des modi- fications présentées dans les diverses espéces par le casque, le rostre, le tube et le labelle; il étudie aussi avec soin le bouton, ainsi quela struc- ture intimefde la corolle et celle du calice; il en conclut qu'à ce point de vue, ces organes ne peuvent fournir des caracteres assez absolus pour constituer à eux seuls des sections naturelles, ni méme pour leur venir en appui. Conséquemment à ses prémisses, l'auteur maintient la série des cinq tribus suivantes : — I. Longirostres. — Corollæ tubus tenuis, sepe elongatus, labium (1) Cf. Bull. Acad. Pelersb., xxiv, 26 et xxvit, 425, vel in Mél. biol. x, 80 et XI, 278. (2) Chiffre dépassé aujourd'hui parla découverte de nouveaux types spécifiques dans lYun-uan. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 amplum sessile tenerum, galea coriacea longirostris vel rarissime erostris, folia sparsa vel verticillata. . Il. Rhyncholophe. — Galea rostrata, rostro rarissime nullo, tubus cylindricus sursum dilatatus ut in sequentibus, folia sparsa. IHI. Verticillatæ. — Corolla varia, sed galea haud longirostris, folia verticillata vel opposita. IV. Bidentate. — Galea adunca erostris vel brevissime latirostris infra apicem bidentata, folia sparsa. V. Anodontæ. — (Galea erostris apice rotundata vel angulo inferiore acutiuscula edentata vel rarius et inconstanter bidenticulata, folia sparsa. Ces cinq tribus sont subdivisées en 28 sous-tribus établies surtout d’après la longueur du rostre, la forme du casque et celle du labelle. Un tableau donne la répartition géographique des tribus. On y voit que les Longirostres manquent à la flore d'Europe et à celle d'Amérique; ils sont représentés par 2 espèces dans l'Asie occidentale, par 4 esp. dans la Sibérie et le Turkestan, par 24 esp. dans l'Inde, par 32 esp. dans l'empire Chinois, par 4 esp. dans le Japon. Les Verticillate ont 2 esp. en Europe, 8 esp. dans l'Asie occidentale, 13 esp. dans la Sibérie et le Turkestan, 12 esp. dans l'Inde, 33 esp. dans l'empire Chinois, 2 esp. au Japon, 1 esp. en Amérique. Les Rhyncholophæ ont 15 esp. en Europe, 2 dans l'Asie occidentale, 8 dans la Sibérie et le Turkestan, 10 dans l'Inde, 16 dans la Chine, 2 au Japon et 12 en Amérique. Les Bidentatæ ont 16 esp. en Europe, 4 esp. dans l'Asie occidentale, 23 esp. dans la Sibérie et le Turkestan, 2 esp. dans l'Inde, 11 esp. en Chine, 2 esp. au Japon et 9 en Amérique. Enfin les Anodontæ ont 15 esp. en Europe, 5 esp. dans l'Asie occidentale, 13 esp. dans la Sibérie et le Turkestan, 1 esp. dans l'Inde, 2 esp. en Chine, 1 esp. au Japon et 9 esp. en Amérique. En résumé le total des Pedicularis est de 48 espéces pour l'Europe, 18 pour l'Asie occidentale, 59 pour la Sibérie et le Turkestan, 49 pour l'Inde, 97 pour la.Chine, 8 pour le Japon, 31 pour l'Amérique. 33 espèces sont endémiques en Europe, 14 dans l'Asie occidentale, 29 dans la Sibérie et le Turkestan, 33 dans l'Inde, 67 en Chine, 5 au Japon, 22 en Amérique. : à Si, d'autre part, on réunit comme région naturelle la Chine occiden- tale et la région alpine himalayenne, ce qui semble indiqué par le carac- tère de la végétation, on trouve pour cette région un total de 123 espèces, dont 16 seulement appartiennent à la flore d’autres pays; ce qui montre que cette région indo-chinoise est le siège principal du genre. Les organes floraux de la plupart des espèces sont habilement figurés Sur les planches qui accompagnentl’important mémoire de M. Maximowicz. A. FRANCHET. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber einige neue Pflanzenarten aus Brasilien (Sur quel- ques nouvelles espéces de plantes du Brésil); par M. Th. Loesener (Flora oder. allgemeine Botanische Zeitung. Marburg, 1889, 1, pp. 79-19). Les nouvelles espéces ici décrites par M. Loesener font partie des collections envoyées par M. Glaziou, directeur des Jardins impériaux de Rio-de-Janeiro; ce sont les suivantes : Trichilia gracilis (Meliaceæ), Glaz. n. 15876; Cathedra grandiflora (Olacaceæ), Glaz. n. 16712; Topirira fasciculata (Anacardiaceæ), Glaz. n. 16751; Gaylussacia pruinosa (Ericaceæ), Glaz. n. 11118; Oxypeta- lum Glaziovianum (Asclepiadaceæ), Glaz. n. 11143; Adenostephanus rufa (Asclepiadaceæ), Glaz. n. 17199. A. FRANCHET. Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar: publiée par M. Alf. Grandidier. Vol. xxvi. — HISTOIRE NATURELLE DES PLANTES; par M. H. Baillon, t. 11, Atlas, 1, 2° partie. Paris, impr. nationale, MDCCCLXXXVI, in-4°, 50 planches (pl. 51-88 et pl. 11 pl. bis). Les espèces suivantes sont figurées : 14*, Alchemilla bifurcata ; 16*, Cnestis glabra ; 23*, Mimosa nosibiensis ; 24, Cadia pubescens; 24, Mezoneurum Grevei (mâle); 24, Mesoneuron Grevei (femelle); 24°, Colvillea racemosa; 30°, Baudouinia ftuggeiformis ; 30°, Dialium madagascariense ; 44°, Desmodium Boivinianum ; 44", Crotalaria Per villei ; 44, Lebeckia retamoides; 51, Erythrospermum amplifoliun ; 92, Nympha capensis; 53, Cleome tenella; 54, Thylacium angusti- folium; 55, Crateva excelsa; 50, Rhopalocarpus Thouarsianus ; 91, Kalanchoe Grandidieri; 58, Weinmannia Hildebrandtii; 59, Wein- mannia Boiviniana; 60, Dicoryphe stipulacea ; 61, Dicoryphe angus- tifolia; 62, Dicoryphe macrophylla; 63, Elatostema Humblotii; 64, Sterculia Tavia; 65, Sterculia comorensis ; 66, Sterculia Richardiana: 67, Sterculia erythrosiphon (màle); 68, Sterculia erythrosiphon (fruct.); 69, Dombeya Pervillei ; 10, Dombeya longicuspis ; 11, Dombeya Corta; 12, Dombeya parviflora; 13, Dombeya crassipes; 14, Dombeya obova- lis; 15, Dombeya Richardi; 16, Dombeya Pseudo-Populus ; 11, Dombeya Thouarsii, 11, Dombeya macrantha; 19, Dombeya Bernieri; 80, Car- podiptera Boivini; 81, Christiana madagascariensis ; 82, Grewia Grevei; 83, Grewia lorifolia; 84, Grewia lavanalensis ; 85, Grewia chalybea; 86, Grewia cyclea; 81, Rhodolæna altivola; 88, Leptolæna Bernieri. A. Fn. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 69 Descriptiones plantarum novarum vel minus cognita- rum, anno 1886 a A. Krassnow in regionibus Thian-shanicis lecta- rum; auctore A. Krassnow (Scripta botanica Universitatis petropo- litanæ, 1, pp. 9-22. Pétersbourg, 1888). L'auteur donne l'énumération, au nombre de 86, des formes nouvelles ou des espèces non encore signalées jusqu'ici dans le Thian-shan orien- tal, recueillies dans le cours de l'année 1886, durant l'expédition envoyée par la Société Impériale de Géographie, et dont M. Krassnow était le botaniste. Le nombre total des espèces récoltées s'est élevé à 1180; la collection a été déposée dans l'herbier au Jardin Impérial de Saint-Pé- tersbourg ; les espéces ou formes suivantes doivent surtout étre remar- quées : Ranunculus affinis R. Br., var. mongolica Maxim. ined., qui diffère du type par sa tige plus velue, ses pétales plus courts et ses feuilles à lobes aigus: Parrya siliquosa, n. sp. et P. Beketowi; Beketowia, nou- veau genre de Crucifères : « Cruciferæ sect. platylobeæ fructu bivalvi non articulato, valvis septo parallele compressis, seminibus cotyledonibus incumbentibus. A Malcomia siliquis abbreviatis, ab Hesperidi siliquis habitu calyceque non deciduo et floribus bracteatis; a Cochlearia et Smelowskia, ab hac cotyledonibus incumbentibus siliquis pilosis, ab illa foliis, siliquarum squamis uninerviis et floribus bracteatis differt; 4 sp. : Beketowia tian-schanica. » Oxytropis Beketowii, n. sp. ; sina da us Borodini, n. sp.; Chrysos- plenium tian-schanicum, n. sp.; Saussurea Famintziniana, n. sp.; Pedicularis Maximowiczii, n. sp.; Lagotis Grigorjeri, n. sp.; Draco- cephalum Gobii, n. sp.; D.villosum, n. sp.; Atraphaxis Muschketowi, n. sp.; Tulipa Hegeli, n. sp. (trés remarquable par ses feuilles qui sont parcourues longitudinalement à leur face supérieure par des lames llexueuses hautes de trois lignes, avec des nervures transversales placées entre les lames ; la fleur ressemble à celle du T. silvestris L.); Triticum Batalini, n. sp.; Stipa Semenowii, n. sp.; Stipa Woronini, n. sp. A. FR. Monographie du genre Paris; par M. A. Franchet (Mémoires publiés par la Société Philomathique de Paris, à l'occasion du cen- tenaire de sa fondation 1788-1888. Extrait, Paris, 1888. In-8*, pages 268-291). L'auteur étudie successivement les organes de végétation et les xh mère lloraux des Pari is ; il s'étend assez longuement sur le mode de développe- inent des rhizomes, fort peu étudiés jusqu'ici, et dont lui-méme n'a pu 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. encore suivre l'évolution complète; il lui parait probable que l'apparition du rameau aérien du P. quadrifolia ne se fait sur le rhizome qu'à des intervalles irréguliers et qui peuvent être assez éloignés ; d'autre part, le bourgeon qui produit ce rameau floral, est le seul survivant parmi plusieurs autres dont l'évolution ne s'est point accomplie. L'inflorescence des Paris serait donc une cyme. M. Franchet fait ensuite l'histoire du P. quadrifolia, le seul qui ait été connu des anciens botanistes et dont Dorstenius, Botan. p. 304, parait avoir été le premier à donner la figure en 1540, sous le nom d Uva versa. Quant à la dénomination de Paris, il en trouve la premiére trace dans Matthiole, Comment. p. 481 (ed. 1554), mais il est possible que ce nom se retrouve également dans les éditions italiennes antérieures à 1554, que l'auteur n'a pu consulter. L'origine du mot Paris, appliqué aux plantes en question, a été con- troversée ; plusieurs auteurs font dériver ce nom de par, au gén. paris, parce que, disent-ils, les feuilles sont disposées par paires. M. Ascherson croit que la plante a plutót emprunté son nom au célébre berger Paris. Les plus anciens auteurs, en effet, ont toujours écrit: herbe Paridis, herbam Paridis et non pas: herbe paris, herbam parem, ce qu'ils n'eussent sans doute pas manqué de faire si le mot eüt été similaire de Padjectif par. Les espèces forment deux groupes assez naturels, celui des Euparis, dont le fruit est une baie indéhiscente et les divisions du style gréles et allongées ; les Euthyra, qui constituent la deuxième section, ont un fruit à déhiscence loculicide et un style à rameaux épais trés raccourcis. Les Euparis sont eux-mémes divisés en Petaliferæ et en Apetale (Demidowia Hoffm. gen. pr.), selon que les pétales sont ou non déve- loppés; les Euthyra se partagent en Caudatæ et en Submutice d'apres le développement du connectif. Neuf espéces sont décrites : P. quadrifolia L., Europe et Asie ; P.in- completa M. Bieb., du Caucase et de la région pontique; P. tetraphylla A. Gray, du Japon; P. thibetica Franch., du Thibet chinois; P. verti- cillata M. Bieb., espèce douteuse du Caucase; P. chinensis Franch., de la Chine occid.; P. polyphylla Smith, de l'Himalaya et de la Chine; P. yunnanensis Franch., de la Chine occid.; P. japonica Franch., du Japon, figuré pl. xxtv. E. BUREAU. Champignons du Venezuela et principalement de la région du Haut-Orénoque récoltés en 1887, par M. A. Gaillard; par MM. N. Pa- touillard et A. Gaillard (Bulletin de la Soc. mycol. de France, 1888, avec 3 planches). Dans ce travail sont signalées 123 espèces d'Hyménomycetes homoba- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 14 sidiés et 8 espèces d'hétérobasidiés, récoltés sur les bord de l'Orénoque de Ciudad Bolivar à San-Fernando d'Atabapo. On y remarque 49 espèces ou variétés nouvelles, parmi lesquelles nous indiquerons une forme de l'Oudemansiella platensis; Annularia pu- silla; Leucocoprinus flavipes, intermédiaire entre Lepiota et Hiatula ; Hexagona capillacea; Laschia lamellosa; Physalacria orinocensis, deuxième espèce d'un genre voisin de Pistillaria ; le très curieux Helico- basidium cirratum, dont la cupule est entourée de vrilles hygrométriques, et enfin Delortia palmicola, unique espèce d'un genre nouveau dont voici les caractères : Delortia Pat. et Gail., tuberculiforme, gélatineux ; hyménium périphérique; basides pédonculées, ovoides, unicellulaires, portant un stérigmate unique, trés court ou nul. Spore incolore, courbée en fer à cheval, à deux cloisons. Del. palmicola Pat. et Gail., tubercule gélatineux, blanc grisátre, croissant sur les pédoncules pourris des fruits d’un Palmier. Hanior. Trois espèces nouvelles de Discomycètes ; par M. L. Rolland (Bulletin de la Soc. mycol. de France, 1888, avec une planche). Ascobolus Costantini Roll. — Stipitatus; receptaculum carnosum ; discum tenue, purpureo-brunneum, luteo-marginatum, sæpe umbilicatum, subtus ocraceum, stipite sat brevi, etiam ocraceo, sursum dilatato suf- fultum. Thecæ cylindricæ, breviter pedicellate, aut ad basin altenuatie 100 X 45 &, sporz 8 includentes. Sporæ elliptico-fusiformes, episporio violaceo, longitudinaliter rimoso instruct, normaliter 15 X8p; rimis tenuibus; paraphyses numeros», gracillimæ, hyalinæ, simplices, ut thecæ gelatina sulfurea immersa. Ad corticem putrescentem Rubi prope Parisios, vere 1887. Ascobolus globularis Roll. — Receptaculum carnosum, luteo-virens, extus furfuraceum, piriforme, sed basi immersa globulum figurans 1/24 mill. vix latum. Discum plus minusve planum, aut convexum, thecas paucas valde prominentes gerens. Thecæ claviformes, maximæ, ample 280-300 x 70-80 p, breviter pedicellatæ, sporas 8 includentes. Sporæ sphæroideæ, maxime, circiter 33 X 28 p, sacco hyalino singulatim incluse, vel aliquando nudi, intensive violaceæ, brunnescentes, leves vel aliquando verrucosæ. Paraphyses hyalinæ, graciles, ad apicem. leviter vel vix inerassatze, plerumque simplices, juniores granulosæ, dein sep- late, ut thecæ gelatina sulfurea immersa. Ad stercus caprinum horto botanico Parisiorum, vere 1888. id Pseudombrophila theioleuca Roll. — Carnoso-ceracea. J unior turbini- formis, dein, disco expanso pediculata. Discum planum vel vix cupulatum, 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2-4 mill. latum, hymenium vitellinum præbens, margine brunescentes. Subtus sieut pes album. Thecæ cylindricæ, pedicellatæ, 180-190 X 164, opereulatz, sporas 8 includentes. Sporæ hyalinæ, ellipticæ, 15 X 8p, leves. Paraphyses dichotomo-ramos:e, strate, sat graciles, granulosæ. Ad stercus caprinum, horto bolanico Parisiorum, vere 1888. N. PATOUILLARD. Champignons nouveaux de lAube; par M. le major Briard (Revue mycologique, 1889, p. 16). Les six espéces suivantes sont décrites dans ce travail : Vermicularia Ranunculi Briard, à la face supérieure des feuilles mourantes du Ra- nunculus auricomus ; Vermicularia Davalliana Briard et Hariot, sur les feuilles mortes du Carex Davalliana : Cytospora Harioti Briard, sur écorce de Peuplier; Camarosporium Grossulariæ Briard et Hario!, sur les tiges vivantes du Ribes Uva-crispa; Pyrenoschæta leptospora Saccardo et Briard, sur les tiges sèches du Milium effusum, et enfin Diplodia aparine Briard, sur les tiges sèches du Galium Aparine. N: PAT- Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum, vol. VI; par M. P.-A. Saccardo. Padoue, 1888. Ce sixième volume comprend les Polyporées, Hydnées, Théléphorées, Ulavariées et Trémellinées et renferme les descriptions de 3011 espèces. En présence d'une telle multitude de formes, souvent peu caractérisées, on comprend les difficultés que l'auteur a eu à surmonter pour faire un recensement à peu prés complet et on excuse facileinent quelques omis- sions inévitables ainsi que quelques doubles emplois. L'ordre adopté est celui des anciens auleurs avec quelques légères modifications ; il devait nécessairement en étre ainsi, étant donné le grand nombre d'espèces dont on ne possède que des descriptions tout à fait insuffisantes. Voici un apercu de cette disposition : Les Polyporées renferment les genres suivants : Boletus Dill. 194 es- pèces, Strobilomyces Berk. (6 esp.), Boletinus Kalchbr. (1 esp. Bole- tinus cavipes Opat.), Gyrodon (8 esp.), Fistulina (5 esp.), Polyporus Mich. (418 esp.), Fomes Fr. (262 esp.), Polystictus Fr. (401 esp.) Poria Pers. (225 esp.), Trametes Fr. (114 esp. ), Hexagonia Fr. (69 esp.), Dædalea Pers. (67 esp.), Myriadoporus Peck (2 esp.), Cerio- myces Corda (Ptychogaster) (1 esp.), Bresadolia Speg. (t esp.); ces tros derniers genres ne renferment pas d'espéces autonomes; Cyclomyces Kunz. et Fr. (5 esp.), Favolus Fr. (58 esp.), Glæoporus Montg. (4 esp.) Laschia Fr. (33 esp.), Merulius Hall. (50 esp.), Theleporus Fr. (1 esp.)» REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 Porothelium Fr. (Stigmatolemma Kalchbr.) (14 esp.) et Solenia Hoffm. (21 esp.). Les Hydnées renferment : Hydnum Lin. (244 espèces), Caldesiella Sace, (2 espèces: C. italica Saec. et ferruginosa Fr.), Hericium Pers. (4 esp.), Tremellodon Pers. (3 esp.), Sistotrema Pers. (8 esp.), Irpea Fr. (99 esp.), Radulum Fr. (22 esp.), Phlebia Fr. (11 esp.), Lopharia K. et M. Ow. (1 esp.), Grandinia Fr. (28 esp.), Grammothele Berk. et Curt. (4 esp.), Odontia Pers. (20 esp.), Kneiffia Fr. (15 esp.) et Mucro- nella Fr. (4 esp.). Les Théléphorées renferment : Craterellus Fr. (30 esp.), Hypolyssus Pers. (1 esp.), Thelephora Ehrh. (131 esp.), Cladoderris Pers. (14 esp.), Beccariella Cesati (2 esp.). Stereum (200 esp.), Hymenochæte Lév. (13 esp.), Skepperia Berk. (1 esp.), Corticium Fr. (190 esp.), Penio- phora Cooke (27 esp.), Coniophora DC. (28 esp.), Michenera B. et C. (2 esp.), Hypochnus Fr. (51 esp.), Exobasidium Woron. (9 esp.), Helicobasidium Pat. (2 esp.), Cyphella Fr. (102 esp.), Friesula Speg. (1 esp.), Cora Fr. (6 esp.) et Rhipidonema Matt. (8 esp.) ; ces deux der- niers genres étant des Hyménolichens. Les Clavariées renferment : Sparassis Fr. (5 esp.), A.-Curtis Fr. (1 esp.), Clavaria Vaill. (249 esp.), Calocera Fr. (21 esp.), Lachnocla- dium Lév. (17 esp.), Pterula Fr. (14 esp.), Typhula Pers. (41 esp.), Pistillaria Fr. (41 esp.) et Physalacria Peck (1 esp.). Enfin, les Trémellinées contiennent les genres suivants : Auricu- laria Bull. (12 esp.), Hirneola Fr. (28 esp.), Platyglea Schroet. (4 esp.), Exidia Fr. (28 esp.), Ulocolla Bref. (2 esp.), Craterocolla Bref. (4 esp.), Femsjonia Fr. (2 esp.), Tremella Dill. (13 esp.), Næ- matelia Fr. (14 esp.), Gyrocephalus Pers. (1 esp.), Delortia Pat. et Gail. (4 esp.), Dacryomyces Nees (46 esp.), Arrhytidia Berk. (2 esp.), Ceracea Cragin (1 esp.), Guepinia Fr. (26 esp.), Dacryomitra Tul. (2 esp.), Collyria Fr. (1 esp.), Hormomyces Bon. (3 esp.), Ditiola Fr. (15 esp.) et Apyrenium Fr. (2 esp.). N. Par. La Biologie végétale; par M. Paul Vuillemin. Paris, J.-B. Bail- liére, in-16, 360 pages, avec 82 gravures intercalées dans le texte (1888). L'auteur s’est efforcé de dégager des manifestations complexes de la vie et de la variété morphologique des êtres l’unité des lois biologiques essentielles, de montrer suivant quelles règles uniformes les inicro- somes dans la cellule, les éléments dans le corps, les individus dans la nature s'enchainent et s'équilibrent. L'ouvrage comprend trois livres : la vie cellulaire, la vie individuelle, la vie sociale des plantes. Le premier chapitre est consacré à la cellule en général. La cellule est 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formée par deux sortes de microsomes : cytosomes et caryosomes, géné- ralement localisés en deux régions distinctes, de façon à constituer un cyloplasme et un caryoplasme ou noyau. Au contact d'un corps étranger ou deutoplasmique, ce cytoplasme prend des caractères spéciaux et devient un dermatoplasme ou couche membraneuse. Les cytodes sont des éléments dans lesquels les caryosomes ne se groupent pas en noyau, mais il serait prématuré de nier l'existence de ces particules à l'état de mélange intime avec les cytosomes. On peut voir dans les cytodes végé- taux jun type d'élément réduit en ce qui concerne la morphologie des noyaux. Les symplastes représentent des cellules réduites par simplifica- tion du cytoplasme (suppression du dermatoplasme). A côté des cellules réduites, il y a des cellules différenciées. C'est dans la différenciation que l'on trouve la caractéristique de la cellule végétale : celle-ci s'encombre des nombreux produits de sa propre acli- vité, tandis que chez les animaux la différeuciation frappe surtout les substances dites conjonctives excrétées entre les éléments vivants. Aprés avoir constaté que la production du suc ‘cellulaire, des leucites, des hydrates de carbone à molécule trés condensée est la propriété la plus saillante de la cellule végétale, l'auteur passe en revue les dérivés du protoplasme dans cette cellule. C'est ici qu'est reléguée l'histoire de la membrane cellulosique que M. Vuillemin considére comme un dérivé toujours intra-cellulaire et qu'il traite au paragraphe des caractères morphologiques des hydrates? de carbone : à la suite des hydrates de carbone en grains sont étudiés les hydrates de carbone en mem- branes. La morphologie du corps des plantes occupe la seconde partie du second livre. Le thalle a pour point de départ une cellule isolée (spore) et les cellules qui le composent n'ont entre elles qu'une médiocre solida- rité; elles n'y sont pas combinées suivant un type régulier et général. Le corps des Champignons est généralement formé de cellules réduites quant au noyau et quant à la membrane. Mais, si l'on considère que la Structure cellulaire se retrouve là la base méme des Champignons, chez les Entomophthorées et dans les spores de la plupart des types, on peut conclure d'aprés la phylogénie et l'ontogénie, que la forme habituelle du corps des Champignons est dérivée des thalles. Leur corps n'est donc pas acellulaire; l'auteur caractérise cet état secondaire par le mot apocytie. Un tvpe plus élevé de corps végétal s'organise à la suite de la féconda- tion. Les éléments de l'embryon, solidaires les uns des autres, se diffé- rencient dès le début en un épithélium (épiderme) et une masse apothé- liale. Le corps épithélial, déjà: représenté chez les Mousses par le Sporogone, est le point de départ du corps vasculaire des plantes plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. deg 7 élevées. Certains types aberrants de cryptogames vasculaires, comme les Fougères, ont le stade d'embryon supprimé; leur œuf donne naissance directement aux membres vasculaires. Il s'agit sans doute d'une abrévia- tion évolutive que M. Vuillemin qualifie d'apo-embryonie. A propos du corps vasculaire, l'auteur se demande si les systèmes conducteurs des divers membres ne sont pas réductibles à un type unique. [l remarque que le faisceau collatéral isolé et pourvu d'une gaine endodermique, a été observé dans la feuille, dans la tige, dans la racine. Le cylindre central, méme dans la racine, peut étre envisagé comme résultant d'une concrescence de faisceaux collatéraux. Directs dans la tige, ces faisceaux collatéraux seraient inverses dans la racine. M. Vuillemin insiste de nouveau sur la nécessité de distinguer les « cylindres centraux » des divers membres, car ils ne sont pas homo- logues; il a donné les noms de cladocycle à celui de la tige, rhizocycle à celui de la racine, phyllocycle à celui qu'on peut rencontrer dans la feuille. Les chapitres rv à 1x sont consacrés aux fonctions de la vie indivi- duelle. Les organes de la fixation, de soutien, de protection sont d'abord décrits. Tout ce que la plante recoit est traité dans le chapitre v; ce qu'elle donne fait l'objet dn chapitre vi. Les sources de l'énergie qui se dépense dans les actes vitaux consistant aussi bien dans l'influence de cer- taines forces, comme la radiation, que dans l'introduction d'éléments solides, M. Vuillemin a cru devoir réunir ces diverses actions du milieu sur la plante sous le titre d'absorption. Fidèle au principe posé par M. Van Tieghem et suivant lequel « la plante ne connait pas les sensa- tions que nous nommons chaleur et lumiére », l'auteur envisage toujours la radiation à un point de vue objectif. Au mot absorption il oppose le terme excrétion, sous lequel il embrasse tout ce que la plante rend au milieu, soit en matiére pondérable, soit en travail mécanique. L'émis- sion de radiations, la faculté motrice se trouvent ainsi groupées à lasuite de l'exhalaison des gaz. La respiration fait l'objet d'un chapitre à part. L'auteur pense que « certaines cellules peuvent vivre, du moins un certain temps, sans res- pirer, pourvu que l'énergie leur soit transmise par une autre source de chaleur et de mouvement ». Sont ensuite décrits, les transformations internes, le transport des matériaux dans le corps et l'emploi des résidus. Les fonctions de la vie spécifique sont divisées en rénovation, multi- plication, fusion, conservation et dispersion. os La rénovation, qui affranchit le corps de toute complication et le ramène au point de départ de son évolution ontogénique, est considérée par l'auteur comme caractérisant la naissance morphologique; tandis 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que sous le nom de multiplication ou naissance physiologique il réunit tous les cas dans lesquels un nouvel individu s'isole. La fécondation, malgré son lien intime avec la reproduction chez les plantes supérieures et la plupart des animaux, semble à l'auteur en étre distincte; son absence ou ses caractères mal définis chez bien des eryptogames indique- raient qu'elle est dérivée de fusions purement végétatives, destinées à compenser l'affaiblissement qui résulte des phénomènes de division et de multiplication, et que la sexualité doit sa constance dans la nature actuelle aux avantages assurés, dans la lutte pour l'existence, aux étres chez qui elle s'est depuis longtemps perfectionnée. Le livre 111 a pour titre : Vie sociale des Plantes. Les relations entre individus d'une méme espéce et particuliérement les relations sexuelles sont étudiées dans le chapitre xr. Le dernier chapitre est consacré aux relations entre espéces distinctes, relations tantót indirectes et ayant trait à la concurrence vitale, tantôt directes et comprenant l'épiphytisme, l'hybridité, la greffe, le parasitisme et la symbiose. L'auteur s'étend avec complaisance sur ces deux derniers points et particuliérement sur là doctrine algo-lichénique et sur celle des mycorhizes. P. HARIOT. Sur la théorie de la sève descendante; par M. E. Guinier (Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, année 1888, n° 21). Tirage à part, 3 p. et 1 pl. La courte note de M. E. Guinier est peu susceptible d'étre résumée. L'auteur signale certains phénomènes présentés par l'insertion. d'une branche sur la tige chez les Cerisiers et les Coniféres, phénomènes qui sont pour la plupart contraires à la théorie de la sève descendante. P. H. On the Strueturc, Development and Affinities of Tra- pella Oliv., à new Genus of Pedalinæ; par M. F.-W. Oliver (Structure, développement et affinités du Trapella, nouveau genre de Pédalinées). (Annals of Botany, n, n° 5, juin 1888). Tirage à part, pages 75-115, avec 5 planches. M. F.-W. Oliver s'occupe dans cette note d'une plante peu connue de la Chine centrale, dont son père, M. D. Oliver, avait fait l'an dernier le type d’un nouveau genre Trapella (Hook. Ic. pl., 1595). La place dans la classification en paraissait douteuse. Les échantillons reçus récem- ment ont permis de compléter la description originale et de donner la caractéristique spécifique suivante : Trapella sinensis Ol. loc. cit. (sp. unica). Hab. : Ichang, China, D" A. Henry. Caulis gracilis inferne radices fibrosas ad nodos emittens. Folia superiora 25-35 mill. lata; petiolus 15-20 mill. largus, inferiora 30-90 mill. ionga, 5-7 mill. lata. Flores pedunculati, pedunculus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. T] 12-25 mill. longus; corolla perigyna 10-15 mill. longa. Fructus 15-20 mill. longus, 2-3 mill. latus; spinis apicalibus longioribus 40-70 mill. longis, 2 brevioribus 3-5 mill. longis. L'auteur, aprés avoir étudié cette plante au point de vue morpholo- gique et anatomique, recherche ses affinités. Il la compare aux Gesné- riacées, aux Scrophulariacées, aux Bignoniacées, aux Myoporinées et aux Pédalinées. Tl conclut qu'elle doit être comprise dans les Pédali- nées où elle formera une cinquième tribu, au voisinage du genre Peda- lium, malgré les profondes modifications que lui a imprimées son habitat aquatique. Le genre Trapella, dont le nom indique la ressemblance avec les Trapa, n'habite pas seulement la Chine centrale, où il porte le nom de tich ling chio, mais aussi le Japon, ainsi que le témoignent des échantillons envoyés de Tokio à M. Maximowicz et une planche coloriée du volume 76 du Phonzo Zoufou. On lui donne aussi dans ce pays le nom de His himodoki. PH Due Funghi nuovi dell Agro Bellunese (Deux Champignons nouveaux des environs de Bellune); par M. U. Martelli (Bulletino della Societa botanica italiana nel Nuovo Giornale bot. ital., Xx, 3; luglio 1888). 2 pages. L'auteur décrit deux Champignons nouveaux rencontrés aux environs de Bellune : Phyllosticta bellunensis sur les feuilles tombées de l'Órme, et Phyllosticta Venziana sur les feuilles vivantes d'un Lamium. P. M. Nota sopra una forma singolare di Agaricus (Note sur une forme singulière d Agaric); par M. U. Martelli (Nuovo Gior- nale botanico italiano xx, 3; luglio 1888). 2 pages, avec 4 planche. Le Champignon figuré par M. U. Martelli a été trouvé.par le D" Barge. dans une cruche d'huile. La détermination en était trés difficile, telle- ment cette monstruosité présentait de différences avec la forme normale d'un Agaric. Malgré cela, M. Martelli pense se trouver en présence d'une déformation de l'Agaricus coalescens Viv., à laquelle il donne, en raison de la forme qui rappelle le Cladonia rangiferina, le nom d'Ag. coalescens forma cladonioides. P. H. A provisional Host-Index of the Fungi of the United- States (Liste provisoire des plantes des Etats-Unis sur lesquelles vivent les Ghampignons); par MM. W.-G. Farlow and A.-B. Seymour. Part. 1, Polypetalæ, in-8°, 51 pages. Cambridge, août 1888. L'ouvrage dont MM. Farlow et Seymour viennent d'entreprendre la publication comblera une véritable lacune dans la mycologie systéma- "78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tique. Ce sera un guide indispensable dans la détermination des Cham- pignons de l'Amérique du Nord, quand l'habitat en est connu. Les espèces de Champignons mentionnées ont été tirées des ouvrages indi- qués dans la List of Works on North-American Fungi, de MM. Farlow et Trelease. La nomenclature est celle qui est adoptée par la généralité des mycologues européens; le nom de l'auteur qui a donné la descrip- tion originale est indiqué entre parenthéses, suivi de celui du botaniste qui a transporté la plante en question dans le genre adopté : Hypoxylon investiens (Schw.) Berk. La synonymie est donnée toutes les fois qu'elle parait nécessaire. Parmi les polypétales qui ont été traitées dans la première partie de l'ouvrage qui vient de paraitre, les familles suivantes sont celles qui abritent le plus grand nombre de parasites : Magnoliacées (Lirio- dendron tulipifera, 86 espèces; Magnolia glauca, 63) ; Tiliacées, llieinées, Ampélidées, Acérinées, Légumineuses, Rosacées (Malus, 80 espèces), Hamamélidées, Myrtacées, Cornacées. P. HARIOT. Eremothecium Cymbalariæ, Nuovo Ascomicete: par M. A. Borzi (Nuovo Giornale botanico italiano, 1888, xx, n° 4, p. 452). Le nouvel Ascomycéte décrit par M. Borzi semble, par ses caractéres de fructification, devoir étre placé au voisinage des Exoascus, Gym- noascus, etc. Il habite en parasite dans les capsules du Linaria Cym- balaria qu'il ne déforme pas, mais dont il empêche la déhiscence compléte. L'état ascophore a encore seul été rencontré. Les asques nais- sent solitaires au sommet de courts ramuscules mycéliens qui s'élévent perpendiculairement au substratum. Voici d'ailleurs la diagnose que M. Borzi a donnée de ce nouveau genre : Eremothecium, gen. nov. E. mycelio arachnoideo-effuso, albicante, hyphis tenerrimis, hyalinis, laxe et irregulariter complicato-ramosis ; remote seplalis; ascis solitariis, ad apices hypharum, lageniformibus, sessilibus aut basi breviter attenuatis, membrana lævi, ætate provecta deliquescente ; sporis 30 aut plurimis in singulo asco, clavato-acicula- ribus, rectis vel sepius curvulis, achrois, simplicibus. E. Cymbalarie, nov. Sp. — Hyph. lat., 2-6: u; asc. long., 25-30 X 10-14 p; sp. long., 1-10 p. Hab. intra capsulas maturescentes Lina- rit Cymbalarie seminum tegumenta, placentas, loculos late investiens. Leg. prope Montecatini (Val di Nievole), jul. 1888. p. H. & REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Sopra due parassiti della Vite per la prima volta íro- vati in Italia (Sur deux parasites de la Vigne trouvés pour la premiére fois en Italie); par M. Berlese (Nuovo Giornale botanico italiano, 1888, xx, n° 4, p. 441). L'auteur signale la présence en Italie de deux Champignons parasites dela Vigne qui n'y avaient pas encore été rencontrés, le Melanconium fuligineum (Scribner et Viala), — Greeneria (S. et V.), qu'on ne con- naissait encore qu'aux États-Unis, et l Ascochyta rufo-maculans (Berk.) Sacc., spécial jusqu'alors à la Grande-Bretagne. Ces deux fongilles se sont développés sur des raisins presque arrivés à maturité aux environs de Vittorio (Nord de l'Italie). L'Ascochyta rufo-maculans devra proba- blement faire partie du genre Macrophoma. P. H- Monographia dei genere Pleospora, Ciathrospora e Pyrenophora (Monographie des genres Pleospora, Clathrospora et Pyrenophora); par M. Augusto Napol. Berlése (Nuovo Giornale botanico italiano, 1888, xx, n* 1 et 2, 260 pages avec 12 planches). Le genre Pleospora, fondé en 1857 par Rabenhorst, dans sa deuxième édition de l'Herbarium mycologicum, s'est rapidement étendu, et le Sylloge de M. Saccardo en comprenait déjà 130 espéces : ce nombre a méme été porté depuis à 170 dans les Additamenta aux quatre premiers volumes de l’œuvre du professeur de Padoue. M. Berlèse a entrepris de vérifier la validité de ces nombreuses espèces et de recher- cher sur quels caractéres pouvaient élre basées leurs diagnoses. Le nombre des cloisons qui divisent les spores lui a paru suffisament per- sistant pour fixer sur lui le principal caractère auquel il s'est fié pour classer les nombreuses espèces du genre Pleospora. Les spores peuvent être en effet : 1° triseptées, avec l'axe des loges divisé par une cloison longitudinale; 2° 4-septées, avec les deux loges longitudinalement septées; 3 3-5 septées; 4° toujours 5-septées ; 5° divisées transversalement par 6-7 cloisons ; 6° 8-septées; enfin une dernière division est caractérisée par ses spores hyalines. Les caractères secondaires sont tirés de la grosseur des spores (micro- Sporeæ, macrosporeæ), de leurs formes (sporidia leplosphæriacea, pleosporacea, ou bien encore de la consistance des périthèces (perithe- cia membranacea, sclerotiacea). On doit savoir gré à l'auteur d'avoir réduit considérablement le nombre des espèces qui n'est plus que de 104 : 36 espèces créées anté- rieurement sont rentrées dans la synonymie. Nous citerons particulière- ment le Pleospora herbarum. qui s'est vu adjoindre 13 autres espèces : Pl. Pisi, albicans, Dianthi, leguminum, Grossularie, Oxyacanthe, 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. socia, Erythrine, Gymnocladi, samare, Cepe, Asparagi, Alli; le PI. infectoria renforcé des vulgaris, socialis, ete. Les Pyrenophora coro- nata, calvescens, pellita, par l'ensemble de leurs caractéres, ont dü rentrer dans le genre Pleospora ; les deux derniers, réunis au Pl. papa: veracea, ont constitué le PI. calvescens. Quelques espèces, au nombre de 19, devront étre étudiées de nouveau ou retrouvées avant qu'on soit fixé avec certitude sur la place qu'elles doivent occuper. D’autres. enfin, sont restées douteuses ou bien ne doivent plus faire partie du genre Pleospora, par exemple, le PI. vitriospora (Cooke et Hark.) type du genre Pelto- pheria et le Pl. nigerrima (Blox.) qui jusqu'ici forme à lui seul le genre Berlesiella. Les espèces nouvelles sont au nombre de 9 : PI. rudis, de la Perse australe; breviasca, d'Italie; Dianthi, d'Europe; palustris (Pl. heleocha- ridis Plowr. nou Karsten), d'Allemagne; aculeorum, d'Italie; fibril- losa, de la méme région; gibbosa, id.; Passeriniana, id.; Saccardoi, de France. Le genre Clathrospora, qui n'avait pas été admis au Sylloge après avoir été fondé par Rabenhorst (Hedwigia, 1, p. 116), a été repris par M. Berlése, qui y fait rentrer des Sphériacées à spores plus ou moins atténuées, fusiformes, pluriseptées transversalement, à loges divisées par des cloisons longitudinales. Des huit espèces admises, deux sont nou- velles : Cl. Passeriniana, d'Italie; Donacis, de la méme région; les autres avaient été classées dans le genre Pleospora. Des trois genres dont M. Berlése a entrepris l'étude, le plus ancienne- ment créé est le genre Pyrenophora, indiqué par Fries dans le Systema vegetabilium Scandinaviæ (1849). Les 28 espèces qui le composent présentent des caractéres communs, des poils rigides, noirs et longs, divergents, qui revêtent le sommet des périthèces. Les différences spé- cifiques sont encore, dans les genres précédents, tirées du nombre des divisions transversales et de la grosseur des spores. Aucune espéce nou- velle n'a été ajoutée. Le Pyrenophora Rose (de Not.) Sacc. est devenu le type du nouveau genre Protoventuria. Les descriptions paraissent avoir été faites avec beaucoup de soin, les mesures micrométriques trés minutieusement indiquées ; mais le carac- tére méme sur lequel l'auteur a basé ses divisions, le nombre des cloi- sons, est-il toujours suffisamment exact ? Malgré cela la monographie de M. Berlèse sera consultée avec fruit, et les planches qui y sont annexées aideront certainement à la détermination des espèces du genre Pleo- spora, si voisines les unes des autres. E. HARIOT. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 8l Rapport sur le traitement expérimental du Black-rot fait à Aiguillon en 1888; par M. Ed. Prillieux [Bulletin du Ministère de l'Agriculture, vir année (1888), p. 577 et suiv.]. Dans des excursions faites l'année précédente dans la vallée de la Garonne, au-dessous d'Agen et dans celle du Lot, l'auteur avait constaté la présence du Black-rot des Vignes sur des points fort éloignés de la haute vallée de l'Hérault, qui avait été jusqu'alors considérée comme l'unique foyer en Europe de ce mal récemment importé d'Amérique. Le Champignon parasite qui cause le Black-rot a été nommé Phoma uvicola quand il couvre de ses pycnides les grains noirs et desséchés qu'il a tués, mais il attaque aussi les feuilles et comme il y produit des taches desséchées, il a été, dans ce cas, décrit comme Phyllosticta. L'en- quête faite l'année précédente ayant démontré que l'attaque. des feuilles précéde de plus d'un mois celle des grains et que le mal se propage des feuilles aux grains, il était naturel d'espérer que les traitements à l'aide desquels on combat le Peronospora de la Vigne seraient efficaces aussi pour arréter le développement du Black-rot, en traitant préventivement les feuilles. Des traitements expérimentaux ont été faits en 1888 à Aiguillon (Lot- et-Garonne), à partir du 22 mai, sur un point reconnu infecté par la maladie l'année précédente. Tous les détails de l'expérience sont con- signés dans le rapport; pour faire juger des résultats obtenus, il suffit de dire qu'au 25 juillet, tandis que, sur les lignes de Vignes non traitées et qui avaient été conservées comme témoins, le nombre des grappes plus ou moins complètement détruites par la maladie était en moyenne de 94 pour 100, sur les rangées traitées par la bouillie Bordelaise le nombre moyen des grappes atteintes était en moyenne de 20 pour 100 seulement et encore n'étaient-elles pour la plupart que faiblement attaquées. P. HARIOT. Beitr:ge zur Kenntniss der Baumkrankheiten (Contri- butions à la connaissance des maladies des arbres); par M. Karl Freiherr von Tubeuf ; avec 5 planches lithographiées, 1888. Berlin, Jul. Springer. Ce petit ouvrage de 60 pages contient une introduction et 5 Notices. 1. Dans la premiere l'auteur décrit les dommages que cause le Botry- tis Douglasii en attaquant le Pseudotsuga Douglasii. Les jeunes pousses de l'arbre envahies par le parasite se recourbent, leurs feuilles meurent; les plus jeunes restent toutes unies ensemble en un paquet par le mycé- lium du Botrytis, les plusàgées tombent. Le mycélium grisâtre se montre à la surface des pousses courbées. En décembre, sur les aiguilles et les T. XXXVI. (REVUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rameaux, principalement à la base des pousses de l'année, sous les écailles séches du bourgeon de l'année précédente, on trouve des sclé- rotes gros comme des têtes d'épingle. Si on place ces petits corps à l'humidité, ils se couvrent aussitót de conidiophores de Botrytis portant de nombreuses fructifications. Les conidies germent dans l'eau et dans les solutions nutritives, elles produisent chacun deux ou trois tubes de germination qui se cloisonnent ensuite et forment un mycélium, d'abord transparent, puis grisàtre. Le mycélium a le plus souvent une apparence rubanée; cultivé à l'humidité et placé dans l'eau, il parait rond ; mais dans l'alcool et quand il se desséche pendant qu'on le place sur le micro- scope, il s'aplatit et prend la forme rubanée caractéristique. On trouve le mycélium dans les aiguilles vertes qui commencent à se faner; il s'y développe puissamment dans les grands espaces intercel- lulaires. La nature parasitaire du Champignon est incontestable. M. de Tubeuf a fait des infections artificielles, Des germinations ont été envahies par le Champignon, peu de jours aprés qu'on eut semé des spores sur leurs cotylédons. Des jeunes pousses furent aussi infectées et tuées fort rapi- dement au printemps. 2. La deuxiéme Notice a pour sujet l'étude des Arceuthobium Dou- glasii et americanum, parasites sur le Pseudotsuga Douglasi et le Pinus Murrayana. Les Arceuthobium, en enfonçant dans l'écorce des arbres des racines corticales et des coins comme le Gui, y causent non seulement des hypertrophies, mais encore la production de balais de sorcière. 3. Dans la troisième Notice, l’auteur traite des Loranthacées du Japon et particulièrement du Loranthus Kæmpferi, parasite du Pinus densi- flora. I en étudie l'organisation et examine tout spécialement la struc- ture de son systéme radiculaire. 4. La quatriéme Notice est consacrée à des Champignons nouveaux des forêts de la Bavière. a. Trichospheria parasitica Hartig, sur le Picea excelsa. — L'au- teur a observé, dans un bois où les Sapins et les Épicéas étaient mélangés, qu'à côté de Sapins recouverts d'une couche blanchâtre formée par le Trichospheria parasitica, les feuilles d'Epicéas placés sur les bords de la route étaient couvertes d'un revêtement qu'il crut d'abord dù à la pous- sière du chemin, mais où il reconnut ensuite des hyphes. Les pousses de ces Épicéas étaient certainement malades; M. de Tubeuf pense qu'elles étaient attaquées par le Trichosphæria parasitica, mais il n'a pu en observer les fructifications. b. Lophodermium brachysporum Rostrup, sur le Pinus Strobus. — ysp P, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 L'auteur a observé ce parasite aux environs de Passau, sur le Pin Wey- mouth. Au mois d'aoüt, les jeunes pousses d'une grande partie des branches étaient mortes et leurs aiguilles brunes, tandis que les aiguilles de la pousse de l'année précédente étaient vertes. Les jeunes pousses et leurs aiguilles brunies montraient de courtes lignes noires disposées en file, qui s'ouvraient dans leur longueur en crevant l'épiderme, c'était une Hystériacée ressemblant à l'Hysterium Pinastri Schrad. (— Lophoder- mium Pinastri) et qui a été observée par M. Rostrup en un seul point du Danemark. — Les feuilles attaquées prennent d'abord une couleur jaune- paille ; on y reconnait alors aisément le mycélium du Champignon; plus tard les apothécies se développent, l'auteur décrit et figure les asques contenant les spores et les paraphyses. c. Balais de sorcière sur l’Alnus incana. Ces productions portaient au commencement d'aoüt un fin revêtement blanc formé par un Exoascus qui a paru identique à l'£xoascus flavus Sad., mais que l'auteur regarde comme l'Exoascus borealis de Johanson. d. Pestalozzia Hartigii, n. sp.; Pestalozzia conorum-Piceæ, n. sp. et formes voisines. Dans des pépinières on voyait à la fin de septembre parmi des plants de Sapin de deux ans, un grand nombre de pieds desséchés aprés que la pousse de l'année s'était plus ou moins développée. Une partie des plantes les plus vigoureuses présentaient une teinte vert pàle, peu aprés le déve- loppement puissant de la pousse de l'année. Ces plants présentaient un épaississement particulier de la tige hypocotylée qui cessait brusquement au niveau du sol; sur les plantes encore vivantes et fraîches, on voyait là de petites places brunes de 2 à 4 centimètres de long, où l'écorce était desséchée et brunie jusqu'au bois. M. de Tubeuf reconnut que les plants ainsi altérés présentaient à l'endroit du rétrécissement de la tige des coussinets noirs formés par un Champignon qui sortait de l'écorce; il y reconnut un Pestalozzia. Comme il l'a toujours trouvé sur les pieds altérés de la méme façon, il n'hésite pas à le considérer comme parasite et comme cause de la maladie. Il décrit ce Pestalozzia sous le nom de P. Hartigii. Il étudie ensuite les caractères de diverses espèces de Pestalozzia. La cinquième Notice est consacrée au Mycorrhiza du Pinus Cembra et à la théorie de Frank sur le róle que les Mycorrhiza joueraient dans l'alimentation des arbres dont ils couvrent les racines. M. de Tubeuf regarde la symbiose comme un parasitisme du Mycorrhiza sur les racines et il décrit et figure les déformations que produit le parasite sur les ra- cines du Pinus Cembra. Ep. PRILLIEUX. 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La chlorose; recherche de ses causes et de ses remèdes; par M. Ém. Petit. Bordeaux, Féret et fils, éditeur, 1888. M. Ém. Petit, tout en admettant que la chlorose peut être due à diverses causes, pense que le plus souvent elle est produite par la présence dans le sol d'une quantité d'eau surabondante qui remplit toutes les cavités qui, dans les conditions normales, sont remplies d'air. La chlorose est alors la manifestation extérieure de l'asphyxie des racines. La maladie est caractérisée par la couleur jaune pàle des feuilles et le rabougrissement des pousses. Elle se manifeste au printemps daus les terres marneuses où les éléments du sol se tassent et où l'écoulement de l'eau se fait mal. Bien souvent, quand la chaleur survient, les Vignes reverdissent, c'est qu'alors l'eau surabondante a été évaporée et rem- placée par de l'air. L'asphyxie des racines cessant, la végétation redevient normale. C'est surtout dans les marnes calcaires que la chlorose est fréquente, mais ce n'est pas la constitution chimique du sol, ni la trop grande quantité de carbonate de chaux dissous dans l'eau qui s'y trouve qui la produisent; les propriétés physiques de ces terrains sont la principale cause de la maladie. Le climat y a aussi une part considérable. Le sol, rempli d'eau à la suite des pluies, redevient sain quand le temps est chaud et sec. Dans un méme terrain et sous un méme climat, tous les cépages ne sont pas uniformément alteints par lachlorose. Il en est qui sont regardés comme à peu près indemnes. En comparant les racines des variétés diversement résistantes à la chlorose, M. Petit y signale des différences et il groupe d’après leur facilité d'adaptation et la disposition de leurs racines les cépages en trois groupes : PREMIER GROUPE (types Riparia et Rupestris). — Ce groupe comprend les cépages dont les racines sont les plus faibles de diamètre, les plus ramifiées et ont le chevelu le plus gros et le plus abondant. Elles ont le corps ligneux central d’un diamètre relativement considérable et le paren- chyme cortical peu épais. DEUXIÈME GROUPE (types Solonis, Herbemont, Vialla, Jacquez, etc). — Les cépages de ce groupe ont les racines d’un diamètre plus consi- dérable, moins ramifères, un chevelu espacé d'autant plus grêle que la racine est plus grosse. TROISIÈME GROUPE (types Cordifolia, Cinerea, Berlandieri). — Ces cépages ont encore plus que les précédents les racines d'un fort diamètre, à chevelu grèle et à parenchyme cortical très épais. | Les cépages du premier groupe exigent plus que les autres des condi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 tions favorables à l'émission précoce et continue des radicelles nouvelles ; les cépages de la deuxième et de la troisième catégorie sont moins exigeants à ce point de vue. Ils s'accommodent mieux des sols dont le tassement est considérable et qui s'égouttent mal, tels que les sols mar- neux à sous-sol imperméable et peu profonds. Ils y sont moins sujets à la chlorose. ÉD. PRILLIEUX. Flore de la Côte-d'Or, contenant la description des plantes vascu- laires spontanées ou cultivées en grand dans ce département, un aperçu de leurs propriétés médicales et de leurs usages, des tableaux analytiques pour la détermination des familles, des genres et des espèces, et un vocabulaire des mots techniques; par MM. A. Viallanes, professeur à l'École de médecine et de pharmacie de Dijon, et J. d'Arbaumont, vice-président de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Un vol. in-18, de Lxx-526 pages. Dijon, impr. Darantiére, 1889. — Prix : 6 francs. Parmi nos flores locales celle du département de la Cóte-d'Or, grâce aux ouvrages classiques pour cette partie de la Bourgogne de Lorey et Duret (1831), puis de Ch. Royer (1881-83), est aujourd'hui l'une des mieux connues. Il restait cependant encore à publier, à l'usage des étu- diants et des simples amateurs, « un Manuel pratique de détermination » qui, sous un format commode et essentiellement portatif, puisse leur » servir en quelque sorte de vade-mecum dans leurs courses d'herbori- » sations ». Cette lacune au point de vue didactique vient d'être heureu- sement comblée par le petit volume dü àla collaboration de MM. Viallanes et d'Arbaumont. L'Introduction renferme : 4° un tableau sommaire de la distribution des plantes dans le département de la Cóte-d'Or ; 2° la liste des espèces et des principales variétés qui y ont été signalées depuis la publication de la Flore de Lorey et Duret; 3° une instruction sur l'emploi des tableaux analytiques. On trouve, à la fin du volume, un vocabulaire des mots techniques. Les auteurs distinguent dans le département de la Cóte-d'Or, quatre régions naturelles : 1* le Morran, comprenant une partie des arrondis- sements de Beaune et de Semur, et dont le sol montagneux, presque entiérement formé de roches cristallines, s'éléve souvent à plus de 600 mètres ; 2 les vallées et coteaux de P Auxois, qui s'étendent, dans les mémes arrondissement, entre la premiére et la troisiéme région ; 3 les plateaux jurassiques, qui embrassent tout l'arrondissement de Châtillon et une partie de ceux de Semur, de Beaune et de Dijon; enfin 4? la plaine de Saóne, de constitution géologique variée, formant une partie des arrondissements de Beaune et de Dijon. — La flore du Morvan, 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. où l'on retrouve les plantes habituelles des basses montagnes siliceuses (Ranunculus aconitifolius, Viola palustris, Anagallis tenella, Nar- dus stricta, etc.) présente un contraste frappant avec celle des plateaux jurassiques ; la plupart des espèces qui forment le fond de la végétation de la premiére manquent dans la seconde, et réciproquement (1). — Les vallées de l'Auxois sont creusées dans le lias, tandis que les sommets appartiennent à l'oolithe inférieure ; la flore de cette région, moins riche et moins variée que celle des trois autres, n'a rien de spécial. — Par contre, la végétation des PLATEAUX JURASSIQUES (2) est essentiellement calcicole, des mieux caractérisées et des plus intéressantes : tandis qu'à de faibles altitudes apparaissent en assez grand nombre des espèces alpines ou subalpines (Draba aizoides, Acer opulifolium, Athamanta cretensis, Carlina acaulis, Carduus defloratus, Ligularia sibirica, Hieracium Jacquini, Linaria alpina, Thesium alpinum, Daphne alpina, Schænus ferrugineus, Poa alpina, etc.), on observe dans de nombreuses stations des espèces méridionales (Ruta graveolens, Acer monspessulanum, Convolvulus Cantabrica, Plantago Cynops, etc.). Notons encore quelques espèces rarissimes, telles que Dictamnus albus, Silaus virescens, Cypripedium Calceolus.— La vaste PLAINE DE SAONE renferme trois zones de végétation suivant la nature des terrains : la premiére zone, séche et calcaire, posséde la plupart des espèces des plateaux jurassiques, sauf les montagnardes, et en propre quelques plantes qui manquent à la région précédente (Erucastrum Pollichii, Myagrum perfoliatum, Androsace maxima, Orobanche amethystea, Aristolochia Clematitis, ete.). Dans la seconde zone, largement arrosée, riche en étangs et constituée surtout par des alluvions argilo-calcaires ou argilo- siliceuses, on trouve beaucoup d'espéces du Morvan et un petit nombre qui lui sont spéciales: Ranunculus sceleratus, Braya supina, Silene noctiflora, Lathyrus palustris, Inula graveolens et Helenium, Doro- nicum Pardalianches, Carex Davalliana, C. elongata, C. strigosa, C. polyrrhiza, etc. La végétation de la troisième zone, très analogue à celle de la seconde et principalement silicicole, est aussi caractérisée par . (1) L’Asplenium Adiantum-nigrum est cité parmi les « espèces appartenant exclu- sivement à la région du Morvan »; nous avons rencontré cette Fougère sur les Causses (calcaire jurassique) dans le département du Lot. (Ern. M.) À (2) Cette végétation offre une grande analogie avec celle des plateaux du calcaire jurassique connus sous le nom de causse dans le département du Lot; parmi les yere trés répandues sur ceux-ci comme dans la Cóte-d'Or, nous citerons : Hutchinsia pe- trea, Helianthemum polifolium, Fumana procumbens, Sedum dasyphyllum, Ünonts Columne, Trifolium scabrum et rubens, Cerasus Mahaleb, Rosa spinosissima, Bupleu- rum aristatum, Trinia vulgaris, Rubia peregrina, Pyrethrum corymbosum, Inula squarrosa, Lactuca chondrillæflora, Globularia vulgaris, Euphorbia verrucosa, any Martagon, Scilla autumnalis, Allium sphærocephalum, Keleria cristata et valesiaca, Bromus squarrosus, ete. (Ern. M.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 un certain nombre d'espèces : Elatine Alsinastrum, Cytisus supinus, Adenocarpus parvifolius, Genista germanica, Trifolium Michelia- num, Potentilla supina, OEnanthe silaifolia, Campanula cervicaria, Lindernia pyxidaria, Scutellaria hastifolia, Chenopodium ficifolium, Potamogeton acutifolius, Fritillaria Meleagris, Carex cyperoides, Eragrostis major, etc. Enfin plusieurs espèces méridionales ou étran- gères s'y sont introduites ou fixées : Fumaria capreolata, Rapistrum rugosum, Ammi majus et Visnaga, Centaurea paniculata, Helodea canadensis, etc. L'Introduction est suivie de la clef analytique des familles; dans le corps de l'ouvrage, des tableaux dichotomiques conduisent, pour chaque famille au nom du genre, et pour chaque genre au nom de l'espéce. La description des divers groupes, aussi bien des familles que des genres et des espéces, est réduite à des diagnoses trés concises, mais non moins précises et suffisantes pour permettre d'arriver, par une voie courte et süre, à la détermination cherchée. Les localités des espéces rares sont indiquées; les usages et les propriétés médicales, lorsqu'il y a lieu, sominairement rappelés. : On voit que tout est bien ordonné dans ce petit volume; il contient, sous un format commode, toutes les notions nécessaires au botaniste novice, et il offre à ceux qui s'intéressent aux études de géographie botanique un inventaire trés exact des richesses végélales du départe- ment de la Cóte-d'Or. ERNEST MALINVAUD. Un coin du Minervois, exploration botanique des environs de Caunes (Aude), versant méridional de la montagne Noire ; par M. l'abbé Ed. Baichère (Bulletin de la Société d'études scientifiques de Paris, 14* année, 1889). Tirage à part de 18 pages in-8°, chez Bonnafoux, libraire, à Carcassonne. L'auteur de la présente Note avait eu l'occasion de citer, dans un pré- cédent travail (1), la plupart des plantes rares ou intéressantes qui crois- sent aux environs de Caunes. Il a voulu donner, dans cette étude, un aperçu plus détaillé de la florule d'une localité qui lui parait étre « un centre de végétation et qui est, en tout cas, le point du versant » méridional de la montagne Noire le plus riche en espéces méditer- » ranéennes ». Celles-ci, d'aprés les constatations de M. Baichère, se- raient au nombre d'environ 500, sur un total de 970, et, comme il le fait remarquer, « c'est un chiffre élevé quand on réfléchit qu'on est là bien » prés de la limite de culture de l'Olivier ». : : i )me XXX* (1) Herborisations dans le Cabardés et le Minervois, voyez le Bulletin, tome (1888), session extraordinaire à Narbonne, p. L et suiv. 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La petite ville de Caunes est située sur le versant méridional de la montagne Noire, à 22 kilomètres est-nord-est de Carcassonne et au point précis où la rivière de l’Argentdouble quitte les gorges de Citou pour déboucher dans la plaine du Minervois. Le sol est constitué par des roches le plus souvent calcaires : schistes dévoniens, argiles rouges et calcaires lacustres de la base del'éocéne, etc. L'auteur a surtout exploré et recommande de visiter de préférence pour se procurer les plantes méri- dionales: au sud de Caunes, les coteaux de Sicard et les bords de l'Ar- gentdouble; à l'est, le vallon et les rochers de Notre-Dame-du-Cros, ainsi que la garigue de la Matte; au nord, la garigue de Terralbe et les escarpements boisés du roe de Monsieur ; à l'ouest, la garigue de Ville- rembert et le ruisseau des Lavandières. Les listes des plantes citées contiennent de longues séries d'espéces rares ou localisées dans la région méditerranéenne. Nous ne dirons pas du zélé botaniste qui nous trace un tableau si séduisant de la flore de son pays : Felix nimium sua si bona norit... mais simplement : Felix nimium ! ERN. MALINVAUD. Catalogue des plantes de Provence, résultat des herborisations faites pendant plus de dix années dans les départements des Bouches- du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes, par MM. R. Shuttleworth, À. Huet et Jacquin, Hanry, ete. Un vol. in-8° de 165 pages. Pamiers, 1889. Ce Catalogue, dressé par les soins de M. Edm. Huet, capitaine de frégate en retraite et fils du botaniste bien connu A. Huet, est la liste des espéces contenues dans un herbier considérable commencé par le D' R. Shuttleworth, à Hyères (Var), puis augmenté des récoltes de Huet et Jacquin, Hanry, et enfin complété, par voie d'échanges, avec les plantes recueillies dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes, par MM. Thuret, Bornet, Canut, Roux, Autheman, le père Eugène, Goaty, Albert, Chambeiron, Consolat, etc., etc. A la suite du nom de chaque plante sont indiqués les localités d’où proviennent les échantillons de l'herbier, ainsi que les botanistes qui les ont récoltés. Le répertoire trés exact (1), qui est le principal objet de cette publication, réunit ainsi les plus utiles renseignements, tant au point de vue histo- . rique que pour la distribution des espèces, sur la belle flore provencale. Ern. M. (1) L'herbier de Provence ainsi catalogué se trouve chez M. Edm. Huet, à Pamiers (Ariége). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 Excursions botaniques des 29, 30 et 31 juillet 1887 dans la Charente, Rapport par M. Duffort (Annales de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure). 10 pages in-8°. La Rochelle, 1888. Cette Notice est le récit d'une petite campagne botanique « dont le » programme depuis longtemps arrêté, dit l’auteur, se trouve exécuté de » point en point ». Les localités explorées ont été Montemboeuf, Cherves, Chasseneuil et Fontafie. Cinq plantes nouvelles pour le département de la Charente ont été découvertes : Rubus idœus, Epilobium palustre, Eriophorum gracile, Sparganium minimum et Liparis Loselii. Ern. M. Flore de l'Algérie, ancienne Flore d'Alger transformée, contenant la description de toutes les plantes signalées jusqu'à ce jour comme spontanées en Algérie; par MM. Battandier et Trabut, professeurs à l'Ecole de médecine et de pharmacie d'Alger. — Dicolylédones, par M. Battandier ; 2* fascicule, pp. 185-384, Calyciflores polypétales. Un volume in-8° grand raisin. — Prix: 4 francs. Alger, chez Adolphe Jourdan ; Paris, librairie F. Savy, 1889. Ayant déjà fait connaitre le plan général de l'ouvrage en rendant compte du premier fascicule (1), nous signalerons seulement dans celui-ci les genres et les espèces décrits ou mentionnés pour la première fois ; — pp. 196-197, Genista retamoides Spach (inéd., voisin du G. spar- lioides Spach), G. Cossoniana Batt. et Trab. (G. retamoides Batt. et Trab. exsicc., non Spach); p. 200, G. demnatensis Coss. (du Maroc, Sp. nov., cité non décrit); — p. 204, Cytisus hosmariensis Cosson (sub Genista, du Maroc, inéd. non décrit) ; — p. 214, Ononis incisa Cosson et DR. (voisin d'O. cenisia L.); — p. 218, O: cirtensis Battand. et Trab. (voisin de lO. hirta Desf.); — pp. 256-259, Astragalus Aristidis Cosson (voisin de PA. radiatus Ehr.), A. Trabutianus Battand., A. Kralikii Cosson ; — pp. 321-322, Tamarix brachystylis, bounopæa, Balansæ el pauciovulata de J. Gay (mentionnés dans le Catalogue de Munby, mais sans description); — pp. 347-348, Selinopsis Coss. et DR., genre décrit Pour la première fois ainsi que les deux espèces, S. montana et fætida Coss. et DR.; — p. 368, Ferula vesceritensis Coss. et DR., F. longipes Coss. ; — p. 311, Ammiopsis Aristidis Cosson (on ne connaissant jus- qu'iei qu'une seule espéce, A. daucoides Boiss., qui existe au Maroc, de ce curieux genre créé par Boissier); — pp. 318-319, Ammodaucus leu- (1) Voyez le Bulletin, tome XXXV (1888), Revue, p. 153. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cotrichus Coss. et DR. (du Sahara, genre et espèce inédits); — p. 379, Daucus Reboudii Cosson. Les genres Acanthyllis (page 251) et Tragiopsis (p. 348), établis, le premier pour l'Anthyllis tragacanthoides Desf. et le second pour le Pimpinella dichotoma L., ont été décrits par leur auteur, M. Pomel. Un grand nombre des espéces décrites dans ce volume ne se trouvent pas dans le Catalogue de Munby; les genres Genista, Ononis et quel- ques autres se sont particulièrement enrichis. Le genre Ononis, par exemple, ne comprend pas moins de 42 espéces, indépendamment de nombreuses sous-espéces et variélés rattachées aux types principaux : ainsi l'auteur fait entrer dans le groupe de l Ononis Natrix, à titre de sous-espèces ou variétés, les O. picta Desf., mauritanica Pomel, tomen- tosa Boiss., condensata Gren. Godr. inæquifolia Mutel, ramosissima Desf., anomala var. nov., hispanica L?, Clausoniana var. nov. ; il subordonne au type de Ononis serrata Forsk. les O. glaucescens Pomel, diffusa Tenore, Cossoniana Boiss. et Reut. ; il groupe, comme formes secondaires, à la suite de l’ Ononis monophylla Desf., les O. tuna Pomel, viscidula Pomel, villosissima Desf., alba Poiret. En un mot, l'auteur s'est efforcé de modeler autant que possible sa classification sur les degrés de la subordination des formes qui est dans l'ordre naturel. EnN. MaALINVAUD. Os Quercus de Portugal (Les Chénes du Portugal); par M. A. X. Pereira Coutinho (Bulletin de la Société Brotérienne, vi, 1888). Tirage à part de 77 pages et 3 planches. D'aprés cette Monographie, le genre Quercus est représenté dans la llore du Portugal par les espéces suivantes : Quercus pedunculata Ehrh.; Q. sessiliflora Salisb., rare; Q. Toza Bosc, répandu surtout dans le nord du Portugal; Q. lusitanica Lamk, trés polymorphe ; Q. humilis Lamk; Q. Suber L.; Q. Ilex L.: Q. coccifera L. La description, trés détaillée, de chaque espéce est accompagnée du tableau de ses variétés et de nombreuses notes critiques ou de géographie botanique. L'auteur décrit quatre formes hybrides : Quercus pedunculata x lusitanica, Q. lusitanica X pedunculata, Q. Toza X lusitanica, Q. Iex X Suber. Une clef dichotomique, placée à la fin de l'ouvrage, facilite les déter- minalions. Sont figurés, sur les planches au nombre de trois, les feuilles ou les fruits de diverses formes des Quercus lusitanica, Suber, Ilex et coccifera, ainsi que des Chênes hybrides. Ern. M REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 Œsterreichische botanische Zeitschrift, Orzan für Botanik und Botaniker (Revue autrichienne de botanique), sous la direction de M. Alex. Skofitz ; 38° année (1888). Vienne, 1888. Articles descriptifs et de géographie botanique à signaler dans ce volume : BLockt (Bronislaw), p. 45. — Viola roxolanica sp. n. (forme voisine des V. badensis et alba). — p. 48. — Hieracium pseudobifidum sp. n. (séparé de PH. bifi- dum Kit. et observé, comme le Viola roxolanica, dans le sud-est de la Galicie). — p. 117. — Rosa Liechtensteinii sp. n. (du sud-est de la Galicie, ce Rosa est de la section des Micranth«). — p. 193. — Hieracium Andrzejowskii sp. n. (récolté prés de Lemberg; voisin des H. roxolanicum Rehm. et glomeratum Froehl.). — p. 190. — Hieracium subauriculoides sp. n. (de la Galicie orientale; cette forme est du groupe de PH. prealtum). — p. 268. — Contribution à la flore de la Galicie orientale. — p. 296. — Hieracium gypsicola sp. n. (de la Galicie orien- tale, cette espèce appartient à la section des H. præalta). — p. 340. — Rumex Skofitzii n. hybr. (cà et là dans tout l'est de la Galicie, au voisinage de ses parents, R. confertus Willd. et eris- pus L.). — p. 365. — Rumex Kerneri n. hybr. (R. conferto x obtusi- folius). — p. 407. — Potentilla Andrzejowskii sp. n. (abondant près de Lemberg). Borgas (D' Vinc. V.), p. 44. — Cynoglossum paucisetum (espèce nou- velle de la Transylvanie; intermédiaire aux C. officinale et holose- riceum Stev.). — p. 157. — Geum spurium C.-A. Mey., en Hongrie, et G. mon- tanum var. geminiflorum. — 447. — Sur les formes du Bromus erectus Huds. BonNMULLER (J.), p. 10. — Ptilotrichum (Koniga) Uechtritzianum sp. n. (de la Bulgarie orientale). — p. 125. — Remarques sur le Vaccaria parviflora Monch. et le V. grandiftora Jaub. et Spach. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BonNMULLER, p. 267. — Verbascum Pancicii hybr. n. (Les parents pré- sumés sont le V. malacotrichum Boiss. et le V. Jankeanum Panc.) Braun (Henry), p. 151. — Sur quelques plantes de Hainburg dans la Basse-Autriche (formes critiques des genres Mentha, Thymus et Rosa). BuBELA (Jean), pp. 169 et 200. — Annotations à la flore de la Moravie. CELAKOVSKY (D" Ladisl.), pp. 6, 44, 83. — Sur quelques espèces nou- velles de la flore d'Orient (Lathyrus spathulatus, plante de la Cappadoce rapportée par Boissier, in Flor. Orient., à l'Orobus pal- lescens MB., variété, d'après le méme auteur, de PO. canescens L. fil. Ce serait, d'aprés M. Celakovsky, un nouveau type spécifique trés distinet des Orobus canescens et pallescens. — Lathyrus brachy- pterus, de Cilicie, séparé de lOrobus sessilifolius Sibth., auquel Doissier l'avait rapporté). CoNRATH (Paul), pp. 16, 49, 89, 193. — Nouvelle contribution à la flore de Banjaluka, ainsi que de quelques localités du centre de la Bosnie. DEGEN (Arpad V.), p. 118. — Contribution à la flore des environs de Presbourg. — p. 230. — Le Botrychium virginianum Swartz dans la Hongrie méridionale. Formanek (D' Édouard), pp. 21, 55, 92. — Contribution à la flore du nord de la Moravie. — p. 186. — Formes du genre Thymus en Moravie. — pp. 240, 271, ete. — Contribution à la flore de la Moravie et de l'Herzégovine. Fnuirscu (D7 Carl), p. 71. — Nomenclature de nos espéces indigénes du genre Cephalanthera. [D'aprés l'auteur de cette Note, le Cephalan- thera grandiflora Bab, (C. pallens Rich., C. lancifolia Coss. et G.) devrait étre étiqueté : « Cephalanthera alba Crantz Stirp. austr. » édit. IE, fasc. vi, page 460, sub Epipactide (1169) excl. var. 8. » — le Cephalanthera ensifolia Rich. serait nommé : « Cephalanthera » longifolia Linné Spec. pl. édit. I, page 950, pro var. Serapiadis » Helleborines (1153) », et le Cephalanthera rubra Rich. devient : « Cephalanthera rubra Linné Syst. nat. édit. XII, page 594, sub » Serapiade (1161), Richard De Orchid. annot. page 38 (1817) » (1).] — p. 262. — Un nouveau Verbascum de Styrie (V. styriacum, décrit sur un seul exemplaire récoité par Prokopp, en 1846, aux (1) Cette sorte de nomenclature, contraire aux règles adoptées par le Congrès D national de botanique tenu à Paris en 1867, constituerait, si elle était mise en usagé» REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 03 environs de Gratz; cette plante parait intermédiaire aux V. Thapsus L. et thapsiforme Schrad., dont elle est peut-être une hybride). JETTER (Charles), pp. 127, 163, etc. — Une excursion printanière sur les cótes de la Dalmatie. KiSSLING (Benoit), pp. 53, 159, 379. — Remarques de géographie bota- nique sur la flore de la Basse-Autriche. Munn (D' Joseph), pp. 202, 237. — Additions importantes à la flore phanérogamique du Tyrol septentrional. (L'auteur indique les plantes hybrides suivantes : Arabis ciliata X hirsuta, Crepis nicæwensis X biennis, Hieracium Auricula X piloselleforme, Hieracium super- aurantiacum X Auricula, Phyteuma spicatum X Halleri, Galeop- sis. versicolor X Tetrahit, Polygonum mite x Persicaria, Carex nigra X atrata, C. pallescens X silvatica, C. superflava X Horns- chuchiana.) RucurEn (Aladar), p. 199. — Notes sur la flore du comitat de Gœmeær. SAUTER (D* F.), p. 113. — Sur deux Potentilles nouvelles (P. porphy- racea, voisin des P. alpicola de la Soie et P. silesiaca Uechtr. — P. bolzanensiformis, probablement hybride des P. bolzanensis Zimm. et argentea). SIMONKAI (D' L.), pp. 221, 300, etc. — Remarques sur la flore de Hongrie. (Notices consacrées aux groupes suivants : Pedicularis carpatica Andre, Genista nervata Kit., Erysimum banaticum Grisb., Bromus erectus Huds. et formes affines, Psilurus hir- tella Link, Trollius transsilvanicus Schur, Achillea tanaceti- folia All.) SrAPF (D* Othon), p. 12. — Sur quelques espèces d'Iris du Jardin bota- nique de Vienne. SrROBL (Gabriel), pp. 24, 58, etc. — Flore de l'Etna. ULLEPITSCH (Joseph), p. 19. — Plantes nouvelles du comitat de Lips (Arabis Halleri var. paradoxa, Saxifraga Aizoon var. Scherfelit, Urtica dioica var. trilobescens). Vannas (D^), pp. 329, 387, 412. — Contribution à la flore de l'Herzé- govine méridionale. (L'auteur décrit une sous-espèce nouvelle : Car- lina aggregata subsp. decurrens.) suivant la remarque trés juste de M. de Candolle « un retour aux piros iem: » génie éminemment pratique de Linné avait délivré l'histoire ae - ü ic Ai P hi Nomenclature, p. 21). Les nouvelles phrases, au lieu d'étre descriptives pr les anciennes, présenteraient un mémorandum historique ; elles iri mé aussi longues et souvent beaucoup moins claires que celles des auteurs pr linnéens. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. VukoriNovic (L.-V.), p. 82. — Deux nouvelles formes du genre Quercus (Q. pubescens f. Schulzeri et Q. pubescens f. Brandisii). WoLoszczak (D' Eust.), p. 122. — Sur l’Heracleum simplicifolium Herbich. — p. 225. — Sur les Salix bifax (S. appendiculata X Mielich- hoferi) et Mariana (S. cinerea X daphnoides). EnNEST MALINVAUD. Les plantes aquatiques alimentaires: par MM. A. Paillieux et D. Bois (Bulletin de la Société nation. d'acclimatation, décembre 1888). Tirage à part de 31 pages in-8°. Les auteurs signalent notamment les espèces suivantes : Aponogeton distachyum Thunb. (Naïadacées), originaire du Cap de Bonne-Espérance, naturalisé aux environs de Montpellier et de Brest; les rhizomes sont comestibles. Trapa bicornis L. fil., cultivé dans les eaux stagnantes de toute la Chine, pour son fruit nommé Ling-kio, qui forme la nourriture des populations oü la récolte du riz est insuffisante. Nelumbium speciosum Willd., Nélombo de l'Inde, Féve d'Égypte, Lis rose des Égyptiens, ete., la plus célèbre et la plus belle des plantes aquatiques alimentaires; originaire de l'Asie méridionale, et naguère très répandue en Égypte d’où elle a disparu depuis longtemps, c'était une des espéces de Lotus du Nil. Les graines, les rhizomes et les trés jeunes feuilles sont alimentaires. Heleocharis tuberosa Schult., de l'extréme Orient; les Chinois en mangent le fruit, ou Pi ts'i, qui est pour eux la véritable Châtaigne d'eau. Sagittaria sinensis Sims.s les racines fournissent une fécule qu'on à comparée à celle d'arrow-root. Sagittaria sagittæfolia var. variabilis Micheli, Pomme de terre de cygne, répandu dans les marais de l'Amérique boréale; ses racines tubé- reuses sont trés recherchées par les Indiens. Œnanthe stolonifera DC., connu sous le nom de Seri au Japon, se rencontre aussi à l'état sauvage dans les marais de la Chine et de l'Inde; le Seri livré au commerce est le résultat de la culture et se mange cuit. On lira avec intérét les nombreux détails que donnent MM. Paillieux et Bois sur l'histoire, les usages économiques et les essais de culture des diverses plantes alimentaires passées en revue dans ce Mémoire. Ern. M. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 05 NOUVELLES. (15 juin 1889.) — Nous recevous, trop tard pour pouvoir en rendre compte dans ce numéro, la huitiéme édition du tome deuxiéme (Botanique descriptive) de l'Etude des Fleurs de l'abbé Cariot (1). Cette édition, revue et augmentée par M. le D* Saint-Lager, est publiée sous les auspices de la Société botanique de Lyon, à laquelle l'abbé Cariot a légué la propriété de son ouvrage. — Le concours pour le Prix fondé par Augustin-Pyramus de Candolle pour la meilleure monographie d'un genre ou d'une famille de plantes sera clos cette année. Nous en reproduisons les conditions : « Un concours est ouvert par la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour la meilleure monographie inédite d'un genre ou d'une famille de plantes. — Les manuscrits peuvent être rédigés en latin, francais, allemand (écrit en lettres latines), anglais ou italien. Ils doivent étre adressés, franco, avant le 1** octobre 1889, à M. le président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. à l'Athénée, Genève (Suisse). — Les membres de la Société ne sont pas admis à con- courir. — Le prix est de 500 francs. Il peut être réduit ou n'étre pas adjugé dans le cas de travaux insuffisants ou qui ne répondraient pas aux conditions du présent avis. — La Société espère pouvoir accorder une place au travail couronné, dans la collection de ses Mémoires in-4°, si ce mode de publication est agréable à l'auteur. » — Le professeur Heinrich Gustav Reichenbach, directeur du Jardin botanique de Hambourg, est mort le 6 mai dernier aprés une longue maladie. Il était àgé de soixante-cinq ans. — Parmi les décorations académiques décernées à l'occasion des fétes du centenaire de la Révolution, nous avons remarqué celles qui ont été attribuées à nos confrères de la Société botanique de France. MM. Ch. Flahault, L. Quélet et A. Seignette, ont été nommé officiers de l'Instruc- tion publique; M. M. Granel a recu les palmes d'officier d'académie. — L'organisation de l'enseignement de la botanique à Montpellier vient d'éprouver des modifications importantes qu'il est intéressant de signaler à nos confréres. — Jusqu'à ces derniers mois il existait à Mont- pellier trois centres d'enseignement distincts. La Faculté des sciences, la Faculté de médecine, l'École supérieure de pharmacie possédaient chacune un service de botanique particulier dont l'outillage, médiocre (1) Librairie Vitte et Perrussel, place Belle cour, 3, à Lyon. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pour chacune d'elles, pouvait fournir les éléments d'une installatiou satisfaisante si les ressources ainsi dispersées étaient réunies dans un méme. établissement. Depuis le mois de mai l'ancien état de choses n'existe plus; un Institut de botanique a été fondé où sont groupées toutes les forces éparses. ll est installé au Jardin des plantes, dans les båti- ments qui constituaient jadis l'habitation du directeur du Jardin et diver services annexes. Un pavillon complétement aménagé depuis le mois d'avril est devenu le laboratoire de recherches d'anatomie et de physiologie. Un autre, orga- nisé pour recevoir les collections de botanique, se compose d'une longue galerie, assez vaste pour contenir tous les herbiers de l'Université de Montpellier. Elle peut étre facilement agrandie si les besoins l'exigent. Un troisième bâtiment, situé entre les précédents, comprendra un grand amphithéâtre, les salles de conférences et de travaux pratiques, les col- lections d'étude et tout ce qui est nécessaire aux cours et aux étudiants. Un terrain d'un demi-hectare, fermé au public, est annexé à l'Institut de botanique comme jardin d'étude et d'expériences. Un promenoir ombragé et bordé d'un parterre de Palmiers et de fleurs s'étend en avant des bàtiments. Il est à remarquer que ce travail de réorganisation a élé mené avec une rapidité tout à fait insolite. Décidée à la fin de l'année dernière à la suite d'un voyage du directeur de l'Enseignement supérieur, la transfor- mation a été opérée par les soins et sous la surveillance des professeurs de botanique de Montpellier avec un zéle et une activité qui ont valu à deux d'entre eux les récompenses que nous venons de mentionner. — Les collections de Phanérogames de feu M. Malbranche sont à vendre; elles comprennent : 1° Un herbier de plantes exotiques dont une partie provient du Jardin botanique de Rouen. 23 gros paquets bien conservés ; 2^ Un herbier de plantes d'Algérie, collection Trabut. 13 paquets bien conservés ; 3 Un herbier de plantes de France et d'Europe composé de 40 gros paquets. Pour les renseignements et le prix, s'adresser à M"* veuve Malbranche, rue de Joyeuse, n° 26, à Rouen. Le Directeur de la Revue, Dr Ep. BoRNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ERN. MALINVAUD. 19011. —. [mprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1889) Observations sur le sous-genre Lemoinea E. Fourn. (Bégonias tubéreux proprement dits); par M. Henri Duchartre. Bro- chure in-8° de 100 pages, avec 2 planches lithogr. Paris, 1889. Eug. Fournier a distingué des Bégonias, à titre de sous-genre, sous le nom de Lemoinea, un certain nombre de plantes tubéreuses originaires de l'Amérique méridionale et surtout des montagnes de la Bolivie. On en connait onze espéces; les avantages qu'elles offrent au point de vue ornementa] les ont mises en faveur depuis quelques années; elles ont élé l'origine d'un grand nombre d'hybrides et de variétés culturales qui ont rendu de plus eu plus rares les espéces primitives. : M. H. Duchartre a pensé qu'il serait utile de les étudier avant qu'elles devinssent introuvables. Son travail est consacré à l'examen de l'appareil végétatif de ces plantes ; la différenciation anatomique y est faible. A la germination, l'embryon développe un pivot éphémére; l'axe hypo- cotylé joue dés le début le róle d'un rhizome, se détruit progressivement à partir du pivot pour développer sa partie supérieure, seule persistante, en un tubercule définitif. La structure de la racine primaire ne se modifie pas dés la base de l'axe hypocotylé, mais seulement au niveau des coty- lédons où l'axe prend les caractères caulinaires ; le développement con- Sidérable du tubercule est déterminé, pour la plus grande partie, par les phénomènes qui se passent en dehors du cylindre central, grâce à l'acti- vité d’un phelloderme d’origine sous-épidermique. M. H. Duchartre rap- proche ce mode de formation de ce qu'a observé M. Treub chez les Myrmecodia et Hydnophytum. L'auteur fait une étude trés attentive de la racine, de la tige et des feuilles aux différents états de leur dévelop- pement; il en examine toutes les modifications avec une richesse de détails qui ne se préte pas à une analyse résumée; nous ne pouvons que signaler quelques particularités. Les tiges et les racines sont dépourvues de cambium persistant, ce qui limiteleur durée ; dans les grosses racines, les faisceaux ligneux primaires sont coalescents en une masse cylindrique centrale. La désarticulation automnale des tiges et des feuilles donne lieu aussi à des observations trés intéressantes; elle parait due à l'action T. XXXVI. (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. différente qu'exerce la diminution de la turgescence sur les divers tissus qui composent la tige aux nœuds et dans leurs intervalles; le phéno- mène est le méme à la base des pétioles et à la base des pédoncules. CH. FLAHAULT. Ueber den Mehlthau-Pilz der Erdbeere, Oidium Fra- gariæ (Sur le Blanc du Fraisier); par M. C.-0. Harz (Congrès botanique de Munich, séance du 17 janvier 1887; Botanisches Cen- tralblatt, xxxii, p. 313). En 1885, aprés qu'on eut construit de nouvelles serres en fer dans le potager royal de Munich, il se déclara, sur les Fraisiers qu'on y cultiva, une maladie que l'on n'avait jamais observée jusque-là. Elle apparut dés les mois de novembre et décembre, augmenta les mois suivants et, vers le commencement du mois de mars 1886, arréta presque completement la formation des fruits et méme le développement des fleurs. Les feuilles des pieds malades étaient contournées et recouverles à leur face inférieure par un mycélium blanc de Champignon, qui s'éten- dait méme sur les pédoncules floraux. | L'auteur considére le Champignon, qu'il n'a observé qu'à l'état conidi- fère, comme un Oidium très voisin de l'Oidium Ruborum Rabh.; il en différe seulement par la taille des spores. Elles sont un peu plus longues et un peu moins larges dans l'Oidium du Fraisier que dans l'O. Ru- borum. Comme reméde, l'auteur propose, avant tout, l'aération attentive des serres, puis, si cela est nécessaire, la destruction des pieds de Fraisier atteints et la désinfection des serres. Au bout de quelques semaines, durant lesquelles on avait aéré les serres plusieurs fois par jour, les feuilles reprenaient leur aspect normal, les fleurs se montraient en grand nombre. Tous les Fraisiers ainsi traités guérirent sans exception. Ép. PRILLIEUX. Ueber die Sclerotienkrankheit der Vaccinien-Beeren: Entwickelungsgeschichte der diese Krankheit verursachenden Sclero- tinien (Sur la maladie des sclérotes des fruits de Vaccinium. His- toire du développement des Sclerotinia qui causent cette maladie) ; par M. Woronine (Mémoires de l'Acad. Imp. des sciences de Saint- Pétersbourg. T° série, t. xxxvi, n° 6, avec 10 planches). Saint-Péters- bourg, 1888. Ce Mémoire, accompagné de planches lithographiées et en partie colo- riées d'une exécution parfaite, trace l'histoire complète du développement REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 de Pézizes (Sclerotinia), qui sont parasites sur plusieurs espèces de Vac- cinium et y produisent des sclérotes à l'intérieur des fruits. Le premier chapitre, le plus développé, est consacré à la Pézize du Vaccinium Vitis-idea (Sclerotinia Vaccinii Woronine). Àu printemps, on voit apparaitre, sur des points desséchés des feuilles et des jeunes pousses de l'année du Vaccinium Vilis-idæa, un épais revêtement blanc ou légèrement jaunâtre, qui a. l'aspect d'une sorte de moisissure pulvérulente exhalant une odeur intense et agréable d'amande. Dans les couches situées au-dessous de l'épiderme s'est formée, entre les éléments dissociés et détruits du tissu de la plante-nourriciére, une masse de pseudo-parenchyme d’où émanent des hyphes simples ou rami- fiées dichotomiquement qui sortent à travers la cuticule; elles forment des chapelets de cellules qui sont les conidies du Sclerotinia. Entre chacune d'elles se produit un petit corps cellulosique en forme de fuseau, composé de deux cônes opposés parla base et dont le rôle consiste à sépa- rer les unes des autres les conidies quand elles sont müres. M. Woronine à donné à ce petit corps le nom de « disjunctor ». Les conidies müres et isolées les unes des autres germent en se com- portant différemment selon le milieu où elles se trouvent. Dans l'eau absolument pure, elles se couvrent sur toute leur surface de petites sporidies rondes qui semblent être des spermaties incapables de germer. Dans l'eau moins pure, les conidies produisent de courts fila- ments qui se couvrent de méme de pareils corpuscules. Dans le jus frais de prunes müres, les conidies forment des tubes de germination ramifiés multicellulaires, dont les articles se gonflent en grosses boules et s'ana- Stomosent facilement. Enfin, dans une décoction de prunes, les conidies poussent de longs filaments ramifiés, cloisonnés et plusieurs fois ana- slomosés, qui, placés dans l'eau pure, produisent de petites sporidies globuleuses. Les conidies de Sclerotinia portées par le vent ou les insectes sur le stigmate des fleurs de Vaccinium y germent à côté des grains de pollen et produisent des filaments qui suivent les boyaux polliniques et pénè- trent ainsi dans l'ovaire où se forme le sclérote. Le fruit envahi se desséche au lieu de mürir, se momifie et tombe à la fin de l'été. Il reste dans le méme état durant tout l'hiver sous la neige. Au printemps, à la fonte des neiges, on voit apparaître, dans la zone externe des sclérotes, des foyers de formation dont un ou deux seulement continuent à se développer et donnent naissance à des cupules de Sclero- tinia, portées par de longs stipes garnis à leur base de touffes de rhi- Zoides. Ces Sclerotinia sont d'un brun marron. Les ascospores qu'ils produisent germent, comme les conidies, de facon différente selon le milieu où elles sont semées. Dans l'eau pure, 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. elles donnent aussi des sporidies globuleuses semblables à des spermaties. Dans une décoction de feuilles fraiches de Vaccinium, elles forment un ou plusieurs tubes de germination. Les jeunes pousses de Vaccinium sont infectées au printemps, à la fin du mois de mai ou au commencement de juin, par les ascospores proje- tées par les asques de Sclerotinia. Les tubes de germination pénètrent soit entre, soit à travers les cellules épidermiques, jamais par les sto- mates. Ils gagnent les faisceaux vasculaires, puis se portent de là vers la périphérie. Ils exercent une action mortelle sur les tissus de la plante hospitalière qui les avoisinent et en tirent la nourriture nécessaire à leur développement ultérieur. C'est alors que les filaments se gonflent au milieu des éléments désorganisés de l'écorce externe pour former une sorte de stroma, un pseudo-parenchyme à grosses cellules d'où sortent, à travers la cuticule déchirée, des chapelets de conidies qui se séparent et sont emportées par le vent et les insectes. Les Sclerotinia des Vaccinium Myrtillus, V. Oxycoccos et V. uligi- nosum ont donné lieu à des observations à peu prés identiques. Le second chapitre du Mémoire est consacré au Sclerotinia Oxy- cocci Woronine; le troisième au Sclerotinia baccarum Schræter, qui se développe sur le Vaccinium Myrtillus, et le quatrième au Sclerotinia megalospora Woronine du Vaccinium uliginosum. Ces trois espèces de Sclerotinia sont très voisines du Sclerotinia Vaccinii. Ep. PRILLIEUX. I. Ueber eine sehr verbreitete Krankheit der Kartof- felknollen. — Il. Zur Bek:mpfung der Kohlhernie. — III. Die Structur der Inhaltskerper in den Zellen einiger Wurzelanschwellungen (I. Sur une maladie tres répandue des tubercules de Pomme de terre. — II. Sur le moyen de combattre la hernie du Chou. — VI. La structure des corps conte- nus dans les cellules de quelques tubérosités des racines); par M. Brunschorst (tirage à part du Bergens Museums aarsberetning, 1881, pp. 219-246, avec 2 planches). Compte rendu dans le Botants- ches Centralblatt, t. xxxi, p. 209. I. L'auteur a étudié, en Norvége, une maladie des Pommes de terre, qui y est trés commune et qu'il considére comme identique à celle qui est désignée en Allemagne sous le nom de « Schorf » ou de « Grind ». Il pense qu'elle est due à un Myxomycète, analogue au Plasmadiosphora et auquel il donne le nom de Spongospora Solani. Il a observé dans les cellules malades des boules de plasma qui lui paraissent étre creuses et dont l'intérieur est rempli par une sorle de réseau ou de charpente. La REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101 paroi de la boule aussi bien que les traverses sont constituées par de petites cellules polyédriques qui ont une paroi distincte. II. L'auteur pense que la hernie du Chou est fréquente sur les Choux d'abord semés sur couche et il propose de désinfecter la terre de la couche par le sulfure de carbone. HT. Il admet que les tubérosités des racines de l'Aulne et des Éléa- gnées sont de nature parasitaire. Il assure avoir constaté avec süreté dans les cellules de ces corps, comme il l'avait déjà annoncé précédem- ment, de véritables pelotes de filaments, et il pense que l'explication que Franck a donnée de ces formations n'est pas exacte. Il a observé de semblables tubérosités de racines sur le Myrica Gale, et y a constaté un organisme hétérogène ; mais sur ce point ses observa- tions ont hesoin d'étre complétées. Éd. Pn. Untersuchungen zweier Krankheiíserscheinungen, die an Wurzeln der Zuckerrübe in Schlesien seit letztem Sommer ziemlich hæufig vorkommen sind (Examen de deux maladies des racines de Betterave à sucre, qui se sont montrées assez communément en Silésie aprés le dernier été [1887]); par M. Eidam (Jahresbericht der schlesischen Gesellschaft für vaterlændische Cultur, 1887, p. 261). Résumé dans le Bot. Centralblatt, xxxv, p. 308. L'une des maladies se manifestait extérieurement par des taches d'un brun foncé qui grandissaient et pénétraient à l'intérieur de la racine. Elles étaient séparées du tissu blanc etsain par une ligne intermédiaire d'un brun clair. Cette altération est due au Rhizoctonia Betæ Kuhn qui peut attaquer les jeunes racines et les germinations de Betterave. La pénétration du mycélium peut étre directement observée sur de minces couches de Betterave. La membrane et le contenu des cellules sont désorganisés avant d'étre atteints parles hyphes du Champignon : il est vraisemblable que le mycélium sécrète un ferment qui lui prépare un terrain de végé- lation convenable. Il peut étre cultivé dans une décoction de pruneaux. Les hyphes sont d'abord blanches, puis brunes. Les fructifications de ce Champignon sont inconnues. La deuxiéme maladie est caractérisée par des fentes et des crevasses qui se produisent au collet de la Betterave; puis elle pourrit. Il est vrai- semblable que cette altération est causée par des condilions extérieures défavorables. EX PR. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Einige Beobachtungen ueber pilzliche Feinde der Cham- pignonculturen (Quelques observations sur les Champignons qui nuisent à la culture des Champignons de couche); par M. Magnus (Congrés des naturalistes et des médecins à Wiesbaden en septembre 1887 ; dans le Botan. Centralblatt, t. xxxix, p. 394). M. Magnus cite spécialement trois Champignons comme particulière- ment nuisibles pour les cultures. L'un est le Xylaria Tulasnei, qui, restant stérile, produit des sortes de rhizomorphes de la grosseur d'une plume à écrire; il est apporté avec le fumier, il affame le Champignon cullivé et entrave sa végétation. — Un autre, qui a une semblable action, est un Gastéromycète, dont les fructifications ressemblent beaucoup aux Hydnangiées qui se montrent souvent dans la terre de bruyère. — Mais le plus dommageable des ennemis du Champiguon de couche est un para- site qui attaque les jeunes Champignons et les couvre d'un revétement blanc. Il est formé d'hyphes qui produisent des spores à deux cellules dont l'inférieure est plus petite et lisse, la supérieure plus grosse et à paroi papilleuse. Il ressemble de tout point aux chlamydospores des Hypomyces qui vivent en parasites sur les Champignons. Il diffère des autres par sa couleur blanche hyaline; M. Magnus pense que c'est une espéce nouvelle, et il lui donne au moins provisoirement le nom de Hypomyces perniciosus Magn. Ép. PRILLIEUX. History and biologie of Pear Blight (Histoire et biologie de la Carie du Poirier); par M. Arthur (Proceedings of the Philadelphia Acad. of nat. sc., 1886, pp. 322-3411; résumé dans le Botan. Cen- tralblatt, xxxv, p. 336). La Carie des Poiriers est une maladie répandue dans la plus grande partie des États-Unis, mais qui n'a pas encore été observée en Europe. Elle cause en Amérique de grands dégàts aux Poiriers et aux Pommiers. Cette maladie a été attribuée à des causes fort diverses jusqu'à ce que Burill reconnut enfin qu'elle est due à des Bactéries. Dés 1845, Gookius avait assuré que la Carie est une maladie contagieuse et divers observa- teurs avaient constaté que des arbres malades peuvent infecter des arbres sains; mais c'est Burill qui signala comme cause spéciale du mal la Bac- térie qu'il nomma Micrococcus amylovorus. Cette Bactérie est globuleuse, les cellules en sont le plus souvent isolées ; rarement elles sont réunies plusieurs ensemble, mais sans former des chaines véritables. Placées dans des conditions de végétation favo- rables, elles présentent des mouvements vifs; quand au contraire le milieu est défavorable, elles paraissent se transformer en spores et se montrent trés réfringentes. La formation de zooglées, qui se produit seu- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 lement quand on les cultive dans des liquides, est trés caractéristique. Ce Micrococcus peut étre cultivé dans des milieux fort divers, mais on peut recommander tout spécialement pour cet usage une infusion de Pomme de terre. Ce qu'il y a de particulier à cette Bactérie, c'est qu'elle se développe et se multiplie dans les cellules vivantes de l'arbre infecté. D'autres Bactéries meurent quand on fait de semblables essais d'infection ou ne se propagent que quand le tissu est mort. Le Micrococcus amylo- vorus se multiplie bien encore dans un liquide auquel on ajoute jusqu'à 2 pour 100 d'acidé malique. Cette insensibilité aux acides lui permet de supporter l'action du suc du tissu qui a une réaction acide. Ép. Pn. Zur Bekampfung der Stockkrankheit des Roggens (Sur le traitement de la maladie vermiculaire du Seigle) ; par M. Ritzema Bos (Die landwirtschaftlichen Versuchs-Stationen, vol. xxxiv, 2* fasc., p. 118). Cette petite Notice est un chapitre, le vri, d'une étude sur les ani- maux nuisibles à l'agriculture que publie M. Ritzema Bos. Il a pour objet de discuter la valeur des moyens proposés par M. Kuhn pour combattre la maladie vermiculaire du Seigle et qui consiste à semer le Seigle de bonne heure et trés épais, puis, au printemps, à peler la surface du sol et à porter la terre de la surface et les plantes qu'elle portait sur le bord du champ où on la mélange avec de la chaux vive. Le champ pelé doit être aussitót ensemencé de Sarrasin; puis, quand celui-ci a atteint une cer- taine taille, il doit être enlevé avec ses racines et détruit. Selon les cir- constances, on peut faire suivre ce premier ensemencement en Sarrasin d'un second. On a pensé que par ce moyen on pourrait enlever du sol toutes les anguillules avec leurs plantes nourricières ; mais le procédé est peu pra- tique. Outre que le transport dela terre de la surface du champ, sur une épaisseur de 3 centimètres, serait fort coûteux, on ne pourrait jamais parvenir à détruire tous les parasites. Des essais faits en West- phalie ont montré que le procédé recommandé ne donnait pas les résul- lats annoncés. Sur des parcelles ainsi traitées, le Seigle continue d'étre atteint de la maladie vermiculaire, bien qu'à un degré moindre qu'au- paravant. L'auteur croit cependant qu'on peut tirer un bon parti des plantes- pièges pour combattre la maladie vermiculaire du Seigle, mais le choix convenable des plantes présente des difficultés, parce que les Tylenchus qui depuis plusieurs générations sont fixéssur une espéce de plante pas- sent difficilement sur une autre espèce d'une famille différente. Le Sarrasin ne sera pas une plante-piège bien efficace pour PRE les Tylenchus qui depuis des années dévastent les culture de Seigle d’une 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. localité. M. Ritzema Bos en a fait l'expérience. Un trés petit nombre d'an- guillules attaquent le Sarrasin; elles se trouvaient en beaucoup plus grand nombre sur les Graminées sauvages du champ, Poa annua et Anthoxanthum odoratum. Sur un champ fort attaqué par la maladie vermiculaire du Seigle, on ne peut trouver de meilleure plante-piège que le Seigle lui-même. On seme le Seigle de bonne heure à l'automne; il est fort attaqué par les anguillules; on le détruit au printemps avec toutes les anguillules qu'il contient, et on sème un Seigle d'été sur le sol en partie désinfecté ; il pousse vite et donne une bonne récolte. L'expérience a démontré à M. Ritzema Bos que, dans des conditions comparables, le Seigle d'hiver est toujours beaucoup plus exposé à la maladie vermiculaire que le Seigle d'été, le premier restant bien plus longtemps exposé à la pénétration des anguillules qui ne peuvent envahir les pieds qu'avant que la paille commence à s'allonger. M. Ritzema Bos a confirmé par expérience l'efficacité du conseil donné par M. Kuhn de labourer profondément les champs infectés. La moilié d'un champ où régnait la maladie vermiculaire fut travaillée à 2 pieds de profondeur, l'autre moitié ne recut qu'une facon superficielle. Dans la premiére le mal fut à peu prés nul, tandis que dans l'autre il exercait les ravages ordinaires. Les anguillules vivent dans la terre à la surface du sol et peuvent y passer beaucoup de temps à l'état de vie latente. Placées dans la profondeur du sol, dans un milieu humide, elles sont à l'état de vie active et, ne trouvant pas de nourriture, meurent de faim. Ép. PRILLIEUX. Trichosphæria parasitica et Herpotrichia nigra; par M. R. Hartig (Hedwigia, 1888, p. 12). Le Trichosphæria parasitica n. sp. existe vraisemblablement partout où l’Abies pectinata se trouve dans son aire naturelle. Le mycélium incolore revét les rameaux du Sapin et se répand de là sur la face infé- rieure des aiguilles vertes où il forme d'épais coussinets de pseudo- parenchyme fixés sur l'épaisse paroi des cellules épidermiques par des suçoirs bacillaires. Les cellules épidermiques sont tuées les premières et brunissent, puis la mort gagne les cellules contiguës du mésophylle. Plus tard des hyphes pénètrent par les stomates dans l’intérieur des aiguilles et achèvent de les tuer. Les aiguilles mortes ne tombent pas, elles sont rattachées par le mycélium qui enveloppe les pousses et les aiguilles. Jusqu'à l'automne se développent, sur les coussinets de la face inférieure des aiguilles, des périthèces globuleux munis de poils dans leur moitié supérieure. Les asques qu'ils renferment contiennent des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 spores en fuseau divisées le plus souvent en quatre, parfois en deux ou trois compartiments seulement. L'Herpotrichia nigra n. sp. est parasite sur les Picea excelsa, Pinus montana, Juniperus communis et J. nana. Le mycélium est d'un brun noir et recouvre les rameaux et leurs aiguilles. Dans les régions élevées des montagnes, le Champignon se déve- loppe surtout sur les branches des Épicéas qui sont prés du sol, jusqu'au niveau qu'atteint la neige et où elle séjourne. Le mycélium ne forme pas de coussinets, mais seulement, sur l'anti- chambre de chaque stomate, un peloton de mycélium granuleux qui envoie dans la paroi épaisse de l'épiderme de nombreux suçoirs bacil- laires. Quelques filaments pénètrent à l'intérieur de l'aiguille et la tuent. Sur les aiguilles mortes se développent les périthéces noirs, globuleux, qui sont munis de poils dans leur partie moyenne et inférieure. Les asques de 76 à 100 p de long et 12 u de large contiennent 8 spores disposées en deux séries et divisées chacune en quatre compartiments à la maturité. Ces deux parasites sont particulièrement remarquables par la disposi- tion toute spéciale des sucoirs qui fixent leur mycélium sur l'épiderme. Ép. Pn. Weitere Beobachtungen ueber die Blasenrost der Kic- fern (Nouvelles observations sur la Rouille vésiculaire des Pins); par M. H. Klebahn (Berichte der deutschen botan. Gesellchaft, Bd vt, p. XLv et suiv., 1888). Depuis plusieurs années, l'auteur a observé à Bréme et dans plusieurs endroits, dans le grand-duché d'Oldenbourg, un Peridermium (OEci- dium), trés voisin du P. Pini var. corticicola avec lequel il a été jus- qu'ici confondu, et qui attaque le Pin Weymouth (Pinus Strobus L.) et des espéces voisines, P. Lambertiana Dougl. et P. monticola Dougl. Ce Peridermium du Pin Weymouth, auquel l'auteur donne le nom de P. Strobi, se distingue du P. Pini corticicola par ses spores dont les Papilles se confondent sur une assez grande surface en un revêtement lisse, tandis que, dans le Peridermium du Pin commun, on trouve seule- ment une petite place aréolée. Il se distingue aussi par l'époque plus précoce de l'apparition de ses fructifications qui s'ouvrent vers le milieu de mai, tandis que dans celles du Pin commun les spores ne se répan- dent qu'à partir de la seconde semaine de juin. Mais le caractère le plus important qui sépare le Peridermium du Pin Weymouth, c'est que ses spores peuvent infester une plante fort différente de celles que l'on a considérées comme nourricières transitoires du P. Pini, les Groseilliers 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur lesquels elles font naitre le Cronartium ribicola Dietr. M. Klebahn a ensemencé des pieds de Ribes nigrum avec des spores du Perider- mium Strobi en les tenant dans un milieu fort humide pendant deux ou trois jours ; au bout d'environ quinze jours ils étaient couverts de fructi- fications de Cronartium ribicola. Des essais d'infection faite sur le Cynanchum Vincetoxicum n'ont produit aucun résultat. Du reste l'auteur a vainement tenté aussi de répéter les expériences de M. Cornu et d'infecter le Cynanchum Vince- Loxicum avec les spores du Peridermium Pini corticicola. Le Cronartium ribicola peut être produit par ensemencement des spores du Peridermium Strobi non seulement sur le Ribes nigrum, mais sur les Ribes aureum Pursh., rubrum L., sanguineum Pursh., Grossularia L., oà on l'observe de juin à septembre. L'auteur recommande de couper toutes les branches du Pin Weymouth qui sont attaquées par le Peridermium, d'arracher tous les Groseilliers dans le voisinage et enfin de ne semer que des graines de Pin Weymouth provenant de localités non contaminées. Ep. PRILLIEUX. Recherches sur le Rouge des feuilles du Pin sylvestre et sur le traitement à lui appliquer; par MM. Bartet et Vuillemin (Comptes rendus de l Acad. des sciences, séance du 27 février 1888). La maladie du Rouge, qui parait identique à l’affection désignée par les forestiers allemands sous le nom de Schuette, a été étudiée par les auteurs à la pépinière de Bellefontaine, prés Nancy, où elle sévit depuis vingt ans sur les jeunes plants de Pin sylvestre. Ils sont attaqués soit pendant leur deuxiéme, soit pendant leur troisiéme année. Leurs feuilles sont envahies par le Champignon parasite qui cause la maladie durant l'année même de leur formation : elles se couvrent de taches brunàátres dans le courant de l'été ou au commencement de l'automne. Vers le milieu d'octobre, les planches de semis atteintes prennent une teinte jaunàtre qui bientôt tire sur le rouge, puis le Champignon, dont le mycé- lium se voyait dès le commencement de la maladie dans les taches brunes, produit d'innombrables spermogonies qui caractérisent le Lep- tostroma Pinastri Desmaz. Le Leptostroma est bien l'agent véritable de la maladie du Rouge. En l'empéchant de se reproduire on peut arréter le mal dés son apparition. C'est ce qu'ont fait MM. Bartet et Vuillemin en traitant les jeunes semis par la bouillie bordelaise employée avec tant de succès contre le Péro- nospora de la Vigne. En faisant des badigeonnages intenses des jeunes plants à l'aide d'un balai au commencement de juillet, ils obtinrent une préservation complète des pieds traités. Au mois de février suivant, ceux-ci avaient l'aspect normal, tandis que sur la planche non traitée REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 pour servir de lémoin, il y avait environ 80 pour 100 de plants tués par la maladie. Ép. Pn. Sur unc Bactériocécidie ou tumeur Dacillaire du Pin d'Alep ; par M. P. Vuillemin (Compt. rend. de l Acad. des sciences, t. cvi, p. 874, 26 novembre 1888). — Sur les relations du Bacille du Pin d'Alep avec les tissus vivants (/bid., p. 1184, 31 décembre 1888). Dans la première de ces deux Notes, M. Vuillemin décrit des tumeurs ligneuses qui couvrent les rameaux du Pin d'Alep aux environs de Coa- raze, dans les Alpes-Maritimes, et quilui ont été signalées comme causant à ces arbres de sérieux dan Il considére la masse ligneuse de la tumeur comme formée par des expansions d'un corps ligneux dépendant du bois normal. Ce corps ligneux et les diverticules qui s'en détachent sont traversés par de fins canaux remplis de Bacilles immobiles qui sont réunis par du mucilage en boules zoogléiques. Les trachéides sont étendues en couches paral- léles aux canalicules et en suivent les circonvolutions. Une gaine isolante de cellules mortifiées, écrasées et refoulées par la masse des Bacilles, sépare ceux-ci de la coque ligneuse. M. Vuillemin explique le mécanisme de la production de ces excrois- sances, en admettant qu'un Bacille a pénétré à travers les tissus mous jusque dans le cambium. L'assise génératrice mortifiée est devenue le point de départ de la gaine isolante. Au contact de la gaine isolante, le cambium a exagéré les propriétés génératrices et formé la coque ligneuse qui emprisonne le parasite. Cependant le Bacille fusait dans diverses directions et produisait dans l'assise génératrice de nouvelles solutions de continuité et finalement on a un cambium irrégulier trés contourné, qui du reste continue à fonctionner comme un cambium normal. Dans sa seconde Note, M. Vuillemin décrit les premiers états des tumeurs. Il les a vues percées, au centre, d'un trou bien distinct qui pénètre profondément. Ce petit canal semble produit par la piqüre d'un insecte ; il est limité par du liège. Ce serait la porte d'entrée habituelle du Bacille pour pénétrer jusqu'au cambium. M. Vuillemin a reconnu en outre, en étudiant des excroissances frai- ches qui lui ont été envoyées des environs de Toulon, qu'outre les tumeurs d'origine cambiale il peut aussi se former, en dehors du cam- bium demeuré indemne, des tumeurs d'origine corticale. Ép. Pn. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Die Wurmfaule, eine neue Erkrankungsform der Kar- toffel (La pourriture vermiculaire, nouvelle maladie de la Pomme de terre); par M. Jul. Kuhn (Deutsche landwirtschaftliche Presse. Berlin, 24 octobre 1888). Les tubercules attaqués par la nouvelle maladie, dans le champ d'expé- riences de l'Institut agricole de l'Université de Halle, présentaient d’abord un changement de couleur plus nettement prononcé sur certaines places. Sur une coupe transversale on voyait sur ces points des taches brunes assez semblables à celles des tubercules attaqués par le Phytophthora infestans, mais n'ayant pas cependant exactement le méme aspect; elles s'étendaient moins profondément et atteignaient au plus 19 millimétres; en outre, dans leur milieu, les taches brunes étaient d'une couleur blanchàtre, et là leur tissu s'émietlait aisément. Ces taches deviennent confluentes, puis, au milieu du tissu bruni, on voit des masses blanches qui semblent formées de grains de fécule, et parfois méme il s'y forme des cavités plus ou moins grandes. L'observation microscopique montre que cette altération des tuber- cules est due à une anguilluledu genre Tylenchus. On trouve, dans les taches, des animaux à tous les degrés de développement : sexués, larves et œufs. Ils paraissent absolument identiques au Tylenchus devastatriz, qui cause des ravages notables sur le Seigle, l'Avoine et le Sarrasin, et que l'auteur a découvert en 1856 dans les tétes du Chardon à foulon. On devra faire cuire et consommer par les animaux, aussitót que pos- sible, les Pommes de terre atteintes par la maladie vermiculaire. Les anguillules ayant. pénétré peu avant dans le tissu du tubereule qui est encore sain, le dommage causé ne sera pas bien considérable et on dé- truira ainsi une grande quantité du Tylenchus, dont la présence dans le sol est un danger pour d'autres cultures. Ép. PRILLIEUX. Tubercolosi, Iperplasie e Tumori dell Olivo (Tuberculose, Hyperplasies et tumeurs de l'Olivier); par M. L. Savastano (extrait de l'Annuaire de l'École roy. sup. d'Agriculture de Portici, vol. V, fasc. 1v. Naples, 1887). M. Savastano, qui est professeur d’arboriculture à l'École d'agricul- ture de Portici, dans une région où la culture de l'Olivier est trés rê- pandue, a fait une étude trés approfondie des conditious diverses qui peuvent exercer une influence sur la production des tumeurs ligneuses dont se couvrent les branches des Oliviers. Il donne un résumé historique trés complet des travaux publiés sur la maladie que les Italiens désignent sous le nom de Rogna. La nolice bibliographique qui l'accompagne ne contient pas moins de soixante-dix REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 numéros, puis il &udie la distribution géographique de la maladie en Italie. M. Savastano a. déjà annoncé, dans une communication qu'il a faite à l'Académie des sciences de France (Compt. rend., cur, p. 1146), qu'il considére ces tumeurs comme dues à une Bactérie qui y a été découverte par M. Arcangeli et il donne pour cette raison à la maladie de la « Rogna » le nom de Tuberculose. Il s'est assuré par expérience que la taille trés énergique des arbres ne produit pas de tumeurs sur ceux qui sont sains, mais qu'il en est tout autrement sur ceux qui sont infectés. Des causes fort diverses contribuent puissamment au développement de la maladie et à la formation de nombreux tubercules. M. Savastano étudie en détail l'influence de la nature du terrain, de l'irrigation, de la fumure, des travaux culturaux, puis l'action des conditions météorologiques, des bles- sures, etc.; enfin il décrit des expériences d'inoculation qu'il assure avoir exécutées avec succès sur des plants élevés en pot. Quatorze ino- culations furent faites par lui sur trois plantes; douze produisirent des tubercules parfaitement semblables à ceux qui se forment d’ordinaire, tandis que dix-huit piqûres faites aux mêmes rameaux, mais non infec- tées en vue de servir de contre-épreuve, ne donnèrent pas lieu, à une seule exception prés, à la production de tubercules. Ces inoculations furent faites le 28 juin; le 27 juillet, les tubercules étaient très nettement visibles, ils mesuraient de 5 à 9 millimétres. A la suite dece Mémoire, M. Savastano réunit quelques courtes Notices sur des hyperplasies et des tumeurs de l'Olivier dont la cause ne peut: être attribuée à l'invasion des tissus par des colonies de Bactéries. Quatre grandes planches lithographiées sont jointes à ce travail. Ép. Pn. Les Champignons des Alpes-Maritimes, avec l'indication de leurs propriétés utiles ou nuisibles; par M. J.-B. Barla (Nice, 1888- 1889). Tous les mycologues connaissent la belle iconographie des Champi- gnons de la Province de Nice, publiée par M. Barla, il y a déjà un certain nombre d'années; malheureusement le cadre restreint que lau- teur s'était tracé alors l'avait forcé d'omettre un nombre considérable d'espéces. La présente publication a pour but de compléter l'illustration des richesses fongiques de la région de Nice. Les deux premiers fasci- cules, actuellement seuls parus, peuvent donner une idée de l'exubé- rance de la végétation eryptogamique de « ce merveilleux pays, qui avec ses régions littorale, montagneuse et alpine, offre des climats si opposés qu'on y trouve la plupart des Champignons d'Europe et que la végétation 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fongique, mème celle des espèces charnues, s'y renouvelle toute l'année presque sans interruption ». Le fascicule premier est consacré uniquement au genre Amanita, il comprend neuf planches oü sont figurées, en couleur et de grandeur na- turelle, trente espéces, dont quelques-unes fort rares et spéciales à la région. Citons les Amanita Boudieri Barla et Amanita lepiotoides Barla, décrites originairement dans le Bulletin de la Société mycolo- gique de France. Le fascicule second représente le genre Lepiota, il comprend dix planches où sont figurées trente-six espèces ou variétés, parmi lesquelles il faut remarquer une variété fuliginosa du Lepiota procera Scop., le Lepiota Olivieri Barla (L. rachodes var.), le Lepiota permixta Barla, voisine du L. procera, les L. excoriata et L. rachodes, le Lepiota exco- riata Schielf. var. montana Quélet, le Lepiota prominens Viviani, le Lepiota campanetta Barla (L. clypeolaria var.), le Lepiota rorulenta Panizzi, espèce bien voisine du L. cepæstipes Sow. et comme elle appar- tenant au genre Leucocoprinus, etc. N. PATOUILLARD. Figures peintes de Champignons de la France; par M. le capitaine Lucand. 11* fascicule. Autun, 1889. Ce onzième fascicule renferme les espèces suivantes : 251 Lepiota nau- cina Fr., 252 Tricholoma panæolum Fr., 253 Clitocybe concava Fr., 254 Mycena luteo-alba Fr., 255 Mycena plicato-crenata Fr., 256 Pleu- rotus oleariusFr.,251 Hygrophorus cossus Fr.,258 Hygrophorus nemo- reus Fr., 259 Lactarius violascens Fr., 260 Lactarius glyciosmus Fr., 261 Russula depallens Fr., 262 Russula aurata Fr., 263 Volvaria spe- ciosa Fr., 264 Pluteus chrysophœus Fr., 265 Pilosace algeriensis Quél., 200 Gomphidius viscidus Fr., 267 Cortinarius largus Fr., 268 Cort. infractus Fr., 269 Cort. porphyropus Fr., 270 Cort. emunctus Fr., 211 Cort. bivelus Fr., 272 Cort. torvus Fr., 213 Cort. iantipes Fr. var. gracillimus, 214 Boletus fusipes Fr. et 215 Phallus caninus Huds. N. PAT- New species of Kansas Fungi (Champignons nouveaux du Kansas); par MM. Kellerman et Swingle (Journal of Mycology, 1889, mp1. Ce Mémoire renferme les nouveautés suivantes: Tilletia Buchloeana daus les ovaires de Buchloe dactyloides; Ustilago Andropogonis dans les ovaires d'Andropogon provincialis et A. Hallii; Ustilago Boule- louæ dans l'ovaire de Bouteloua oligostachya ; Œcidium Dalec sous les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. TH feuilles de Dalea laxiflora. Une planche lithographiée noire représente ces espèces. N. Par: Some new species of Hymenomycetous Fungi (Quelques nouvelles espèces d'Hyménomycètes); par MM. Ellis et Everhart (Jour- nal of Mycology, 1889, n° 1, p. 24 et suiv.). Inocybe pallidipes F. et E.5 I. murino-lilacinus E. et E., T. cicatri- catus E. et E., I. echinocarpus E. et E., I. subdecurrens E. et E., I. tomentosa E. et E. et Agaricus (Hypholoma) olivæsporus E. et E.5 toutes ces espèces ont été recueillies à Newfield (N. J.). Dans le méme Mémoire, les auteurs proposent un genre nouveau de Polyporées : Mucronoporus Ellis et Everh., caractérisé par la présence, dans les tubes, de cystides spiniformes analogues à celles qui caracté- risent le genre Hymenochæte Lév. et qui servent à le distinguer du Ste- reum. Les auteurs indiquent les espéces suivantes comme se rapportant à ce nouveau genre: Polyporus circinatus Fr., Pol. dualis Bk, Pol. tomentosus Fr., Pol. gilvus Schw., Pol. isidioides Bk, Pol. setiporus Bk, Pol. licnoides Mtg., Pol. cichoriaceus Berk, Pol. tabacinus Mig., Pol. spongia Fr., Pol. crocatus Fr. et Pol. Balansæ Speg. A propos de cette dernière espèce M. Saccardo fait remarquer, dans le Sylloge, que la présence d'épines dans les tubes de certains Polvpores pourrait servir à caractériser un nouveau genre : c'est ce qu'ont fait MM. Ellis et Everhart. Ce caractére facile à saisir n'a malheureusement qu'une impor- lance fort secondaire, comme on s'en rend compte par une étude ana- lytique approfondie du genre Polyporus : un nombre considérable d'espéces ont ces cystides spiniformes, et souvent ces espèces mucrono- pores n'ont entre elles aucun autre caractère commun; de plus la même espèce peut avoir ou manquer de ces organes, suivant son àge et les con- ditions dans lesquelles elle s'est développée. N; Par. Fungi aliquot novi in Brasilia a D" Edw. Vainio anno 18835 lecti; par M. P.-A. Karsten (Hedwigia, 1889). Dans cette énumération de Champignons du Brésil, on remarque deux genres nouveaux d'Hyménomycétes, caractérisés comme il suit : Stereophyllum Karst. : Pileus coriaceus spathulato-flabelliformis, basi in stipitem plus minus distinctum attenuatus. Hymenium definite infe- rum, strato intermedio fibrilloso a pileo inodermeo distinctum, lave, immutatum persistens. Cystidia nulla. Une seule espèce : St. pallens Karst. n. sp. voisine de Stereum cyphel- loides B. et C. Thelephorella Karst. est un Thelephora Fr. dont l'hyménium est par- semé de cystides (setulis) rigides, aigués et colorées. L'espéce décrite, 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thelephorella brasiliensis Karst., a des spores anguleuses sphéroidales verruculeuses, jaunàtres; elle croit sur la terre et est voisine du Thelo- phora vialis Schw. Le Thelephorella Karst. parait analogue au Phy- lacteria (Pers.). N. PATOUILLARD. Une nouvelle espèce du genre Batarrea; par M. V. Lud- wig (Builetin de la Société mycologique de France, 1889, p. xxxiv, pl. v). Batarrea Tepperiana Ludw., espéce terrestre originaire d'Australie, remarquable par la petitesse de son péridium (3 centimétres de large) relativement à la longueur de son stipe (26 centimètres de long sur 8 millimétres d'épaisseur). N. Par. Excursion mycologique dans le Frioul; par M. A.-N. Berlese (Bulletin Société mycologique de France, 4889, p. 36, une planche coloriée). Dans cette énumération les Basidiomycètes ont été un peu négligés, puisqu'on n'y rencontre que les Pleurotus ostreatus Jacq. et Polyporus hirsutus Fr. Par contre, le nombre des Pyrénomycètes est assez élevé ; parmi eux on voit un certain nombre de nouveautés fort intéressantes, telles que: Rosellinia anthostomoides Berl., Diaporthe Orobanches Berl., etc. N. PAT. $ur un nouveau genre d'Urédinées; par M. G. Lagerheim (Morot, Journal de botanique, 1889, p. 185). Rostrupia nov. gen. : Sori uredosporiferi explanati uredosporis apice pedicelli solitariis; sori teleutosporiferi explanati; teleutosporæ sim- plices, 2-pluries seplatæ (rarissime uniseptatæ), quoque loculo porum singulum germinationis gerente. (Ecidia adhuc ignota, verosimililer (ut in generibus Uromyces et Puccinia) pseudoperidio instructa et para- physibus destituta. Deux espèces : R. Elymi (Puccinia Elymi West., Puccinia triarli- culata Berk. et Curt.) et R. tomipara (Puccinia tomipara Trelease). N. PAT: Fungi nonnulli gallici; par MM. P.-A. Karsten et P. Hariot (Morot, Journ. de bot., 1889, p. 206). Dans ce Mémoire nous remarquons quatre espèces nouvelles de Cham- pignons microscopiques et un genre nouveau dont voici la caractéristique : Hariotia Karst. nov. g.— Perithecia carbonacea, erumpentia, glabra, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 rima subdehiscentia, atra. Asci cylindraceo-clavati. Sporæ 24, ovoideæ, 1-septatæ, hyalinæ. Paraphyses nulle. Une seule espèce : H. strobiliginea (Spheria strobiligena Desm., didymella Sace. Syll.) indiquée déjà par Crouan comme ayant des théques à vingt-quatre spores. N. Par. Note sur le Ranunculus chærophyllos L.; par M. A. Franchet (Journal de Botanique dirigé par M. Louis Morot, numéro du 1* janvier 1889). Question de nomenclature et A propos du Ranuncu- lus chærophyllos; par M. Ernest Malinvaud (Même journal, numéros du 16 décembre 1888 et du 16 janvier 1889). Il est depuis longtemps établi que la diagnose Linnéenne du Ranun- culus chærophyllos manque de précision et paraît s'appliquer moins exactement à la plante francaise connue jusqu'ici sous ce nom qu'à une forme voisine habitant l'Italie et nommée depuis par Bertoloni R. Agerii ; aussi M. Freyn a proposé de réserver à celle-ci le nom Linnéen et d'iden- tifier l'ancien R. chærophyllos avec le R. flabellatus de Desfontaines (1). M.-Franchet se déclare partisan de cette innovation, qu'un assez grand nombre de phytographes ont déjà adoptée. M. Malinvaud s'est attaché, au contraire, à faire valoir les raisons qui ont décidé des botanistes tels que Grenier, Boissier, M. Cosson, etc., à conserver l'ancienne nomen- clature (2). CLo. DuvaL. Flora Europ:e terrarumque adjacentium, etc.; auct. Mich. Gandoger, tomes xv à xvir, grand in-8° autogr. Paris, Savy, 1888- 1889 (3). L'auteur a créé les nouveaux genres suivants : Tome xv, 400 pages, juin 1888 (des Ambrosiacées aux Apocynacées). — Deux genres nouveaux, Canadæa et Davæa ; le premier, ainsi appelé en l'honneur de M. A.-M. Canada, botaniste espagnol de la province de Murcie, comprend une partie des Campanula de la section Campanu- (1) Cette identification n'est pas admise par beaucoup d'auteurs ; Grenier, Boissier, M. Cosson, etc., distinguent le R. flabellatus Desf., à titre de variété, du R. chæro- phyllos L. : . A (2) Boissier a exprimé son avis dans les termes suivants: « Ex. cl. Freyn et forum observationibus patet Linnæi descriptionem et specimina. ejus herbarii ad aliam. vel alias species dubias spectare; nihilominus ne confusio major oriatur prescriptionis jure legem prioritatis temperans hauc speciem ab omnibus botanicis suh hoc nomine jam- dudum notam, cl. Trimen secutus, sub chærophyllo Auct. enumerare aptius autumo ». (Flor. Or. Supplem. page 6.) : E (3) Voyez jee précédents volumes dans le Bulletin, t. XXXV (1888). Revue, p. 107 (REVUE) X T. XXXVI. 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lastrum ; et le second, Davæa (M. J. Daveau, auquel M. Gandoger a déjà dédié le genre Dacaella), correspond aux Campanula de la section Ra- punculus (Fourr. non Mill.). Tome xvr, 391 pages, mars 1889 (Gentianacées aux Verbénacées).— Trois genres nouveaux : 1? Deflersia (en l'honneur de M. Deflers, notre collègue), pour le Verbascum sinuatum et espèces voisines; 2° Acantho- thapsus, pour le Verbascum spinosum L.; enfin 3° Neosotis, renfermant les Myosotis à calices couverts de poils apprimés (M. palustris, etc.). Tome xvir, 473 pages, juin 1889 (Labiées). — Trois genres nouveaux : 4° Debeauxia, établi pour les Thymus des sections Thymastrum et Pseudothymbra ; ® Perardia, renfermant les Menthæ spicate, et 3 Phyllotaphrum, où sont réunies diverses plantes de la flore orientale rapportées par les auteurs aux Nepeta, aux Calamintha ou aux Melissa. Cro. DUVAL. Annales de la Société botanique de Lyon. Quatorziéme et Quinziéme années, 1886, 1887. Notes et Mémoires, 2 vol. gr. in-8°. Lyon, 1887, 1888. Ces deux volumes (1) renferment les Mémoires suivants : Quatorzième année, 1886. Page 1, Un mois en Tunisie et en Algérie, par M. Sargnon ; — p. 37, B. Vaivolet et les premiers explorateurs du Beaujolais, par M. Ant. Magnin ; — p. 161, Apercu sur la flore des environs de Nancy et la chaîne des Vosges, par M. Perroud; — p. 201, Herborisations à la Bourboule et au Mont-Dore, par M. Fr. Morel. Quinziéme année, 1887. Page 1, La Flore pharaonique, par M. Victor Loret ; — p. 65, Florule de l'ile Miquelon, par MM. Delamare, Renauld et Cardot; — p. 145, Documents pour servir à l'histoire de la botanique dans la région lyonnaise, par M. Edm. Bonnet; — p. 157, Observations sur deux Roses prolifères, et p. 462, Le Jardin botanique de la Faculté de médecine de Lyon et la méthode naturelle, par M. Beauvisage ; — p. 197, Recher- ches sur les Apocynées, par M. Garcin. Ern. MALINVAUD. (1) Ces volumes étant parvenus à la Société à la fin de septembre 1889, nous ne pouvons que mentionner des Mémoires présentés à la Société botanique de Lyon en 1886 et 1887; ceux que nous avons recus précédemment en tirage à part ont été ana- lysés dans la Revue. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 Bulletin trimestriel de la Société botanique de Lyon. Comptes rendus des séances; seconde série, t. vr, 1888. Lyon, au siège de la Société et chez Georg, libraire, rue de la République, 65, 1889. Deux fascicules, ensemble 156 pages gr. in-8*. — Prix : 3 fr. N° 1 et 2, janvier-juin 1888, pp. 1-72. Branc (Louis): Comptes rendus d'herborisations (Flore des environs d'Ajaccio; exeursions au Mont-Grenier, au col de la Ruchère, aux environs de Givors, à la forétdes Eparres, à Donzére et Viviers). PETEAUX : Bunias orientalis naturalisé à Ecully. Vivier-MoreL : Hybridations de Rosiers. — Rosa pomifera croisé par le Rosier Bengale ordinaire et Rosier Thé croisé par le Rosa gallica sauvage. Les étamines de ces hybrides ont paru à l'auteur bien con- formées, cependant ils sont stériles; mais ils donnent des graines fertiles, si on les féconde avec le pollen de l'un ou de l'autre de leurs parents. N 3 et 4, juillet-décembre 1888, pp. 73-152 et table. BourtLv : Herborisations dans l'Aude, ou session des Corbières de la Sociélé botanique de France. MacurN (Antoine) : Plantes du Jura. MEynaN : Excursion de la Société dans le Jura. — Herborisations dans les Alpes : 1° la vallée du Vénéon et Saint-Chris- tophe-en-Oisans; 2° la vallée de l'Eau-d'Olle et le Glandon ; 3° la vallée de la Romanche, le Goléon; 4° le Vallonnet (Basses-Alpes). Ern. M. Catalogue des plantes phanérogames vasculaires et cryptogames semi-vasculaires croissant spontané- ment dans le département de l'Eure; par M. Eugène Niel. Grand in-8° de 138 pages. Paris, librairie Jacques Lechevalier, 1889. Brouard fit paraître en 1820, et Chesnon en 1846, un Catalogue des plantes de l'Eure ; M. Niel a pensé avec raison qu'il y aurait aujourd'hui quelque utilité à reconstituer l'inventaire de cette flore locale. Le département de l'Eure, couvert de belles foréts, sillonné par de nombreux cours d'eaux, présente une diversité de terrains favorable au développement d'une végétation variée. De larges banes de sable se montrent au fond des vallées de l'Eure, de la Seine et dela Risle, dont les coteaux sont formés par de puissantes assises de craie blanche. L'ar- gile à silex abonde dans tout le pays d'Ouche, des plateaux argileux 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. occupent ailleurs une vaste étendue ; on trouve aussi des grés, des pou- dingues et des meuliéres. L'altitude moyenne est de 150 mètres au-dessus du niveau de la mer; le point culminant est à Verneusses, 240 mètres. Dans la partie de l'arrondissement de Pont-Audemer avoisinant l'em- bouchure de la Seine et le littoral, s'avancent, en nombreuses colonies, les plantes de la zone maritime : Glaucium corniculatum, Cochlea- ria danica et anglica, Frankenia levis, Spergularia marginata, Trifolium maritimum, Crithmum | maritimum, Aster Tripolium, Chrysanthemum maritimum, Artemisia maritima, Armeria mari- tima, Obione portulacoides, Salicornia herbacea, Rumex maritimus, Glyceria maritima, Hordeum maritimum, etc. — Le marais Vernier, d'une surface de 2600 hectares, est une station privilégiée de rariores : Lathyrus palustris, Apium graveolens, Sium latifolium, Menyanthes trifoliata, Utricularia minor, Pinguicula lusitanica, Glaux mari- tima, Euphorbia palustris, Alisma ranunculoides, Orchis palustris, Epipactis palustris, Triglochin maritimum, Potamogeton plantagi- neus, Cyperus fuscus, Schenus nigricans, Cladium Mariscus, Rhyn- chospora alba, Scirpus fluitans, Carex divisa, Aspidium Thelyp- teris, etc. — Citons encore, parmi les espéces signalées comme plus ou moins communes dans le département de l'Eure : Myosurus mini- mus, Corydalis lutea, Cardamine amara, Lepidium Draba, Trifolium hybridum, Lythrum Hyssopifolia, Chrysosplenium oppositifolium, Orlaya grandiflora, Ægopodium Podagraria, Galium saxatile, Vale- rianella Morisonii, Inula Helenium, Chrysanthemum segetum, Peta- sites vulgaris, Senecio erraticus et paludosus, Carduus crispus et acanthoides, Centaurea solstitialis, Hieracium tridentatum et boreale, Pirola minor, Vaccinium Myrtillus, Oxycoccus palustris, Myosotis lingulata, Scrofularia vernalis, Linaria arvensis, Veronica persica, Salvia Verbenaca, Calamintha Nepeta, Galeopsis dubia, Pinguicula lusitanica, Lysimachia nemorum, Primula variabilis, Plantago ma- ritima, Daphne Laureola, Alirma ranunculoides, Butomus umbel- latus, Allium ursinum et sphærocephalum, Paris quadrifolia, Poly- gonatum vulgure, Iris fœtidissima et pumila, Narcissus poeticus, Neottia Nidus-avis, Stratiotes aloides, Potamogeton lucens et pectina- tus, Luzula maxima, Scirpus maritimus, Carex Pseudo-Cyperus, C. levigata, C. cespitosa, C. paradoxa, C. pulicaris, Calamagrostis Epigeios, Gaudinia fragilis, Lycopodium clavatum. — Mentionnons enfin comme raretés : Viola rothomagensis Desf., Geranium phaum, Genista prostrata, Seseli annuum, Digitalis purpurascens, Hermi- nium Monorchis (plusieurs localités), Avena longifolia Thore. En résumé, environ 1300 espèces, dont 32 Cryptogames vasculaires, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 sont énumérées et réparties sur 500 genres; de plus l'auteur a relevé 3 Chara et 4 Nitella. Un Catalogue départemental, consciencieusement élaboré comme celui ci, est toujours un important service rendu aux études de géogra- phie botanique. ERNEST MALINVAUD. Étude des fleurs; Botanique élémentaire, descriptive et usuelle, renfermant la Flore du bassin moyen du Rhóne et de la Loire, par l'abbé Cariot. Huitième édition, revue et augmentée par M. le D" Saint- Lager; tome deuxiéme : Botanique descriptive. Un fort volume de 1004 pages ; Lyon, librairie Vitte et Perrussel, 1889. En 1841, Lud. Chirat, professeur au petit séminaire de l'Argentiére (Rhône), publia à Lyon, sous le titre d'Étude des fleurs, une Flore de la région lyonnaise et en donna, en 1854, avec la collaboration de son éléve Ant. Cariot, une seconde édition en deux volumes. Aprés la mort de son maitre, l'abbé Cariot fit paraitre, en 1860, une troisième édition de l'Étude des fleurs en trois volumes, dont le pre- mier contenait un traité élémentaire d'organographie végétale et des clefs analytiques, le second était entièrement descriptif et le troisième consacré à la « botanique usuelle ». Le succès de cet ouvrage rendit nécessaires, en peu d’années, deux réimpressions qui furent décorées du titre de quatrième et cinquième éditions; la sixième, très augmentée, parut en 1879: aux départements du Rhône, de la Loire, de l'Ain, que comprenaient les précédentes, l'auteur ajoutait l'Isére, la Drôme, les Hautes-Alpes et les deux Savoies. L'abbé Cariot, décédé en 1883, légua à la Société botanique de Lyon la propriété de son ouvrage, avec le soin de l'améliorer encore et d'en combler les lacunes. L'édition que nous devons à M. le D" Saint-Lager est notablement perfectionnée : le nombre des espéces a été réduit de 3084 à 2935, beaucoup étant descendues au degré de variété; parmi celles qui sont conservées, l'auteur en admet de primordiales dont les noms sontimprimés en grandes capilales, les secon- daires étant distinguées typographiquement par l'emploi de petites capi- tales; les indications de géographie botanique ont été trés augmentées par l'intercalation de nombreux renseignements inédits sur les plantes du Vivarais, de la Savoie et du Dauphiné. La partie descriptive elle- méme a été revue et développée au point de vue de la précision et de la clarté des diagnoses. La révision du genre Rosa a été confiée à M. l'abbé Boullu ; M. Lachmann s'est chargé du chapitre des Filicinées, et M. Garcin des Characées. Ces divers changements et additions ont à peu prés trans- formé la seconde partie de l'ouvrage primitif, en élevant sensiblement son niveau scientifique. On sait que M. le D* Saint-Lager est l'auteur d'un projet de réforme 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. radicale de la nomenclature botanique au point de vue des regles de la linguistique et de la grammaire; n'ayant pas la liberté d'en faire l'appli- cation dans le volume qu'il vient de publier, il encourait le reproche de paraitre oublier dans la pratique les principes dont il s'était fait le défenseur. Notre érudit confrére a triomphé trés heureusement de cette difficulté : il n'a changé que trés rarement, et lorsque la synonymie lui offrait un terme plus correct, les dénominations vicieuses consacrées par l'usage; ainsi Sagina repens Burnat est substitué à S. glabra Willd. (cette espéce étant pubescente dans les Alpes), Lomaria borealis Link à L. Spicant, Athyrium incisum Newm. à A. Filiz-femina, etc. Plus souvent, une expression plus ou moins incorrecte a été maintenue faute d'un synonyme irréprochable; mais elle est suivie, à titre de ren- seignement, du nom mieux formé par lequel on pourrait la remplacer, de sorte que la leçon est donnée, sans être imposée, et chacun reste libre, selon sa maniére de voir, de suivre la tradition ou de faire amende honorable au bon goüt et à la grammaire. Par exemple, on lit: « Oro- banche Hederæ, ou mieux O. hederifira, — Alisma ranunculoides, ou mieux À. batrachiocarpum, etc. » EnN. MaLINVAUD. De la végétation des causses, étude de géographie botanique, par M. J. Ivolas (Bulletin de la Société languedocienne de géogra- phie). Tirage à part de 29 pages in-8°. Montpellier, 1889. M. Ivolas a déjà publié, sur le sujet de cette Étude qu'il posséde par- faitement, divers Mémoires (1), indépendamment de plusieurs Rapports d'herborisations dans le Compte rendu dela session extraordinaire tenue par la Société à Millau en 1886. Aussi nous bornerons-nous à mentionner ici, comme une œuvre utile de vulgarisation, ce résumé fidèle et très clairement rédigé des principaux faits relatifs à la dispersion des espèces caractéristiques de la région des Cévennes. Er. M. Essai de la Flore du sud-ouest de la France, ou Recher- ches botaniques faites dans cette région par M. l'abbé Joseph Revel ; deuxième partie, des Composées aux/Labiées pro parte. Un vol. in-8° (pp. 433-609). Villefranche, Prosper Dufour, 1889. Nous avons rendu compte en 1885, dans le Bulletin (tome xxx, Revue, page 136), de la première partie de cette publication que la mort de son auteur a malheureusement laissée inachevée. Toutefois, comme le manuscrit de la seconde partie était à peu prés terminé, la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron s'est chargée de la faire paraitre (1) Voyez notamment dans le Bulletin, t. xxxi (1886), Plantes calcicoles et calci- fuges de l'Aveyron REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 et a confié à un savant botaniste de ce département, M. Jordan de Puyfol, le soin d'en surveiller l'impression. Grâce à ce concours de libéralité et de dévouement, nous possédons un nouveau fragment de l'ouvrage de l'abbé Revel, qui, tout incomplet qu'il est, constitue un précieux docu- ment pour la géographie botanique du sud-ouest de la France. Ern. M. Notes critiques sur la flore ariégeoise; par M. Giraudias (Bull. Soc. étud. scientif. d'Angers, 1888). Tirage à part de 17 pages in-8°. L'auteur croit opportun de présenter d'abord sa profession de foi « au sujet de la question de l'espèce ». S'il nous était permis de le suivre sur ce terrain, nous serions heureux de constater l'accord presque absolu de notre maniére de voir avee les idées exprimées dans cet exposé, sauf, en adoptant les prémisses du raisonnement de notre collégue, à faire quelques réserves sur une partie des conclusions qu'il en tire au point de vue pratique ; d'ailleurs la divergence porte moins sur les principes que sur les procédés de nomenclature (1). Les Notes critiques sur la flore ariégeoise formeront un recueil pé- riodique qui aura pour objet, dit l'auteur, « de publier chaque année, » sous ce titre, les différentes observations que j'aurai été à méme de » relever moi-méme et de contróler d'aprés les données fournies par » d'autres : notes de géographie botanique, description de formes nou- » velles, précision de caractères peu connus », etc. — Nous remarquons, dans ce premier fascicule, les nouveautés suivantes : Biscutella Timbali (du groupe levigata), X Teucrium Contejeani (T. montano-pyrenai- cum Contej.), Globularia Galissieri (G. nana-vulgaris), Globularia fuxeensis (G. nana-nudicaulis), avec des remarques sur plusieurs espèces ; Alyssum marginatum Jeanb. et Timb., Saponaria alsinoides Viv., Dianthus brevistylus Timb., etc. M. Giraudias annonce qu'il a formé le projet de réunir les matériaux nécessaires pour la rédaction d'un Catalogue de la flore ariégeoise, et nous prenons acte de l'engagement pris à cet égard par notre confrère ; nul n'est mieux capable, en menant ce travail à bonne fin, de combler une lacune regrettable dans les connaissances relatives à la flore francaise. Eryn. M. (1) M. Giraudias, « partisan absolu de la nomenclature binaire, qu'il s'agisse d'hy- brides de races ou de sous-espèces », appelle, par exemple, avec Lapeyrouse, Lactuca sonchoides une plante qu'il reconnait n'étre qu'une variété du L. perennis; nous pré- férons dans ce cas employer la formule « Lactuca perennis var. sonchoides », plus longue, il est vrai, mais qui a l'avantage de marquer une subordination naturelle. 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Jardin d'essai du Hamma à Mustapha, près d'Alger; par M. Georges Amé. Brochure de 61 pages in-8°. Paris, librairie agri- cole de la Maison rustique; Bordeaux, librairie Feret et fils, 1889. — Prix : 2 francs. Cette Notice est destinée surtout aux horticulteurs; sa lecture inté- ressera aussi les botanistes, en faisant passer sous leurs yeux, avecl'énu- mération des végétaux exotiques cultivés au Hamma accompagnée de remarques utiles sur plusieurs d'eutre eux, une altachante esquisse de la flore des pays chauds. Des vues photographiques, reproduites d’après des clichés communiqués par M. Maurice de Vilmorin, repré- sentent avec une netteté remarquable les principaux sites et quelques- uns des plus beaux arbres du Jardin du Hamma. Ern. MaLiNvAUD. Flore de l'Algérie, ancienne Flore d'Alger transformée, contenant la description de toutes les plantes signalées jusqu'à ce jour comme spontanées en Algérie; par MM. Battandier et Trabut, professeurs à l'École de médecine et de pharmacie d'Alger. — Dicotylédones, par M. Battandier; 3* fascicule, pp. 385-576, Caliciflores gamopétales. Un volume in-8° grand raisin (1). — Prix : 4 francs. Alger, chez Adolphe Jourdan ; Paris, librairie F. Savy, 1890. Ce fascicule renferme en entier l'imposante famille des Synanthérées et celles qui la précédent immédiatement (Araliacées, Caprifoliacées, Rubiacées, Valérianées, Dipsacées) ou qui la suivent (Aubrosiacées, Lobéliacées, Campanulacées, Vacciniées). On y trouve décrites pour la premiére fois, comme dans les précédents fascicules, plusieurs espéces ou sous-espéces publiées nominalement dans des Catalogues antérieurs ou méme entièrement inédites, ce sont : Oldenlandia incon- stans Pomel (0. sabulosa Munb. non DC.); — Putoria brevifolia Coss. et DI. ; — Galium Bourgeanum Coss., G. Perralderii Coss. et DR., Galium petreum Coss.; — Valerianella fallax Coss. et DR.; — Cephalaria atlantica Coss. et DR.; — Pulicaria mauritanica Coss. ; — Perralderia purpurascens Coss.; — Chrysanthemum macrocar- pum Coss. et Kral.; — Senecio giganteo-Cineraria, nouvel hybride ; — Atractylis polycephala Coss.; — Centaurea microcarpa Coss. el DR., C. omphalotricha Coss. et DR., C. kroumirensis Coss.; — Amberboa Omphalodes Battand. ; — Carduncellus rhaponticoides Coss. et DR.; — Hypocheris Claryi Battand.; — Leontodon Djurd- jure Coss. et DR.; — Lactuca numidica spec. nov.; — Crepis sub- erostris Coss. et DR., C. amplexifolia Godr., C. myriocepkala Coss. et DR., C. Claryi spec. nov. (1) Voyez plus haut, p. 89, l'analyse du 2* fascicule. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 Plusieurs plantes sont signalées pour la premiére fois, d'aprés l'herbier de M. Cosson, comme appartenant à la flore du Maroc. Le Viburnum Opulus, mentionné d'aprés l'herbier de M. Pomel, est nouveau pour l'Algérie. ` L'auteur, ne s'en rapportant qu'à lui-même pour l'examen et la coor- dination des formes critiques, en a souvent modifié, d'après ses vues personnelles, la nomenclature et la classification généralement adoptées ; et les données nouvelles, qui sontle fruit de cette œuvre originale, méri- tent d’être ici brièvement indiquées. De nombreuses variétés, parfois inédites, ont été décrites à la suite de divers types spécifiques : ainsi l'Asperula aristata possède 5 variétés, le Galium parisiense 4, le Scabiosa maritima ,le Filago spathulata 8, } Helichrysum Stæchas 4, le Senecio leucanthemifolius 5, le Podospermum laciniatum en a 7 toutes précédemment décrites comme autant d'espéces, ete. D'une ma- nière générale, les types secondaires précédemment distingués, mais dont les caractères ne paraissaient pas suffisamment fixes et tranchés, ont été réunis, à titre de sous-espèces ou de variétés, aux espèces prin- cipales dont on les avait séparés. Nous voyons rattachés au Crepis lara- vacifolia par exemple, les C. myriocephala, intermedia, spathulata, tingitana, intybacea, numidica, taraxacoides, stellata, hirsuta et vesi- caria ; au Centaurea nicæensis, les C. kroumirensis, atlantica, bar- bara et fuscescens ; au Microlonchus tenellus, les M. Duriæi, strictus, Reboudii, etc. Malgré ces nombreuses réductions, beaucoup de genres sont très richement représentés : les Centaurea ne comprennent pas moins de 47 espéces; les Carthamus et les Carduncellus, qui sont limités comme dans le Flora Orientalis de Boissier, présentent plusieurs types spéciaux à l'Algérie et peu connus. Les genres Evax et Filago sont également riches en espèces, dont quelques-unes entierement nouvelles ont été découvertes par M. Pomel. M. Battandier a été amené, par une révision attentive de ces groupes litigieux, à s'écarter dela classification ordinairement suivie. D'apréslui, les Evag sont caractérisés par un péri- cline ovoide arrondi, non anguleux, à écailles spiralées, jamais carénées, en nombre indéfini, et le groupe ainsi limité renferme les Parwrax de M. Pomel et les Euevax DC., sauf PE. exigua et PE. Heldreichii ; ces deux derniers rentrent dans les Filago, dont le péricline est pentagonal, à écailles carénées, subverticillées, peu nombreuses; enfin il résulte des observations de l'auteur qu'on ne saurait attribuer une valeur géné- rique à la présence ou à l'absence d'une aigrette sur les akénes. Une planche intercalée dans le texte représente, vus de face et en coupe, les fruits de toutes les espéces algériennes des genres Fedia et Valerianella ; huit espéces et cinq variétés y sont figurées pour la premiére fois. 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On peut entrevoir maintenant dans un avenir prochain, grâce à l'ac- tivité dont témoignent les derniers fascicules, le couronnement de cette Flore de l'Algérie depuis longtemps attendue et désirée. ERN. MALINVAUD. Notes sur quelques plantes rares ou peu connues de la flore oranaise: par M. O. Debeaux (Association francaise pour l'avancement des sciences, Congrés d'Oran, 1888). Tirage à part de 16 pages in-8*. L'auteur a réuni, dans ces Notes, les observations qu'il a eu l'occasion de faire, pendant cinq années de séjour à Oran (1880 à 1885), sur quel- ques espéces remarquables ou peu connues de la flore oranaise. Ila décrit quelques variétés nouvelles : Linum maritimum L. var. gigan- teum, Orobanche minor var. Ballotæ (sur les racines du Ballota hir- suta), Salvia nemorosa var. oranensis, Rosmarinus lavandulaceus de Noé var. littoralis, Rosmarinus laxiflorus de Noë var. reptans. Ern. M. Une espèce nouvelle de Centaurea de la section Mela- noloma; par M. Debeaux (Société d'hist. natur. de Toulouse, séance du 13 mars 1889). Cette espéce nouvelle, Centaurea Claryi Debeaux (ainsi nommée en l'honneur de notre oonfrèré M. le D' Clary), se distingue, d’après l'au- teur, du C. pullata par ses fleurs jaunes, sa souche acaule, ses feuilles toutes radicales, ses calathides sessiles ou à peine pédonculées et tou- jours au nombre de trois; M. le D" Clary l'avait découverte, en 1888, aux environs d'Aflou, dans le sud de la province d'Oran. Ern. M. Étude sur I'Halfa (Stipa tenacissima); par M. L. Trabut, profes- seur à l'École de médecine d'Alger. (Mémoire ayant obtenu le premier prix au concours ouvert par le gouvernement général de l'Algérie, 1888.) Un volume in-8° de 91 pages et 22 planches. Alger, chez Ad. Jourdan, 1889. — Prix : 4 francs. M. le D" Trabut, déjà avantageusement connu par ses travaux sur les Graminées de quent nous montre, daus cet ouvrage couronné, qu'aprés avoir étudié les plantes utiles au point de vue purement bota- nique, il n'est pas moins capable de traiter avec succès les questions relatives à leur culture et à leur exploitation. Voici l'ordre des matières d’après la table : Chapitre I. VÉGÉTATION : description ; station ; distribution géogra- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 123 phique; structure; phases de la végétation; influence des milieux; reproduction ; culture. Chap. II. EXPLOITATION : dépérissement ; påturages; parasites; dangers du dépérissement. Chap. IIT. AMÉLIORATIONS A APPORTER DANS L'EXPLOITATION POUR ARRÊTER LE DÉPÉRISSEMENT. Chap. IV. RÉGLEMENTATION ADMINISTRATIVE. Chap. V. PRODUCTIONS ET EMPLOIS DANS L'INDUSTRIE. On trouve dans ce Mémoire, indépendamment des renseignements agricoles et économiques qui devaient y tenir une grande place, une his- toire très détaillée de l'Halfa au point de vue descriptif et biologique. Les planches, au nombre de vingt-deux, dessinées par l’auteur, repré- sentent les caracléres extérieurs et, à l'aide de coupes anatomiques, la structure interne des principaux organes, ainsi que les parasites animaux el végétaux du Stipa tenacissima. Eryx. M. The Journal of Botany british and foreign, edited by James Britten, vol. xxvi (1888). London : West, Newman and C. BrEBy (W..H.), p. 78. — Potentilla reptans et formes voisines. (La forme la plus répandue en Angleterre parait étre le P. suberecta Zimmet., qui a été considéré comme un P. tormentilla X procum- bens Smith; l'auteur signale aussi, parmi les espèces britanniques, les P. reptans var. microphylla Tratt. et suberecta Zimmet.) — p. 233. — Le Callitriche polymorpha Lönnr. (Cette espèce, décrite par le botaniste suédois Lönnroth en 1854, est caractérisée surtout par la longueur des stigmates ct voisine des C. vernalis et hamulata ; l'auteur l’a récoltée dans une des îles Shetland et pense qu'on la retrouvera sur d'autres points.) — p. 340. — Sur les Valeriana Mikanii et sambucifolia. FRYER, pp. 273, 297. — Notes sur le genre Potamogeton. (L'auteur a fait une étude approfondie des P. flabellatus Bab. et fluitans Roth.) HaNBunY (Fred.-H.), p. 204. — Quelques Hieracium nouveaux pour la Grande-Bretagne (H. Schmidtii Tausch; H. auratum Fr.; H. an- gustum Lindeb.; H. Langwellense, voisin d'A. anglicum Bab. ; H. pollinarium, du groupe du murorum Linn.; H. scoticum, séparé de l'H. norvegicum Fr.). Murray (Rev. R. P.), p. 173. — Herborisations dans le nord du Portu- gal. (L'auteur a surtout exploré les environs d'Oporto au mois de juin 1887. Il décrit un nouveau Rubus, R. lusitanicus, voisin des R. villicaulis W. et N. et macrophyllus Weih.) 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ScuEuTZ (N.-J.), p. 67. Sur deux Rosiers de la Grande-Bretagne (R. mollis Sm. var. glabrata Fries et R. coriifolia Fries var. Lintoni, variété nouvelle.) Waite (F. Buchanan), p. 196. — Des Salix fragilis, Russeliana et viridis. EnN. MaLINVAUD. Plombaginées du Portugal; par M. J. Daveau (Boletim da Sociedade Broteriana, vi). Tirage à part de 51 pages et une planche. Coimbre, 1889. Ainsi que le fait remarquer l'auteur, la famille des Plombaginées est l'une des plus intéressantes de la flore du Portugal, principalement à cause du genre Armeria, dont le centre de dispersion s'y trouve indiqué d'une facon manifeste par l'abondance des espéces endémiques : sur 25 espéces de ce genre qui habitent dans ce pays, 12 lui sont spéciales. Il n'en est pas de méme pour les Statice dont toutes les espèces se retrouvent dans d'autres régions. Clusius (1576) connaissait seulement 2 Staticées portugaises; Tour- nefort (1719) portait ce nombre à 7, Hoffmannsegg et Link (1809) à 13, Willkomm et Lange en mentionnaient 20 en 1870, Colmeiro 25 en 1888; enfin leur énumération dans le présent Mémoire s'éléve à 40, dont 25 Armeria, 13 Statice, 1 Limoniastrum et 1 Plumbago. Nous regrettons que le défaut de place ne nous permette pas de nous arréter à l'important chapitre intitulé : Distribution géographique, non plus qu'aux détails de la classification suivie par l'auteur, ni aux nom- . breuses observations relatives aux espèces critiques. Les déterminations sont rendues faciles par des tableaux synoptiques et analytiques, oü l'on trouve, pour les genres et les espéces, des dia- gnoses comparatives courtes mais précises. La planche qui accompagne le Mémoire représente l' Armeria Rouyand Daveau, publié dans le Bulletin, t. xxxv (1888), p. 330. Enw. M. Vicissitudes onomastiques de la Globulaire vulgaire: par M. le D" Saint-Lager. Brochure de 24 pages gr. in-8°. Paris, J.-B. Bailliére, 1889. On trouve dans les iles suédoises d'(Eland et de Gothland, ainsi que dans le sud-ouest de l'Europe, une Globulaire à feuilles coriaces, presque cartilagineuses, luisantes, souvent tridentées à dents spinescentes, etc. rapportée à tort par Lamarck (Encycl.) au G. spinosa L., et qui serait, d'aprés M. Nyman (1), le véritable G. vulgaris L., tandis que la plante commune à laquelle ce dernier nom est généralement appliqué ne serait (1) Sylloge Flore europæ, page 140 (1855). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 pas décrite dans les diagnoses Linnéennes; M. Nyman a proposé d'ap- peler celle-ci G. Willkommii, en l'honneur du botaniste qui avait déjà montré que le G. spinosa Lamk n'est autre que le G. vulgaris de l'ile d'(Eland. « M. Willkomm, dit M. Saint-Lager, flatté de voir son nom désormais associé à celui d'une plante que les botanistes européens ont souvent ocea- sion de prononcer, n'a pas hésité à prétendre que Linné ne connaissait pas l'espéce appelée par presque tous les auteurs Globularia vulgaris. » «On sera surpris, ajoute avec raison notre honorable confrère de Lyon, que la légende de la Globulaire Willkommienne ait pu étre inventée par un savant du plus grand mérite et docilement acceptée par plusieurs botanistes judicieux qui ordinairement ne se laissent pas imposer des opinions mal fondées (1). » L'auteur de la Nolice que nous analysons réduit cette légende à sa juste valeur ; il établit, avec les textes à l'appui : 1° qüe l'appellation Globularia vulgaris apparait pour la première fois dans les écrits de Tournefort et désignait la plante ainsi nommée par les auteurs modernes; 2° que la Globulaire des iles suédoises n'était pour Linné qu'une variété du type vulgaris de Tournefort (2) et qu'elle n'en est, en effet, qu'une forme coriacea, d'où résulte, avec une complète évidence, suivant la conclusion de M. le D" Saint-Lager, que « l'appella- tion Globularia Willkommii n'a plus aucune raison de subsisler ». Ern. M. Fragmenta Monographiæ Labiatarum ; par M. John Briquet. Fascicule premier : A. Révision systématique des groupes spécifiques el subspécifiques dans le sous-genre Menthastrum du genre Mentha ; B. Notes sur quelques Labiées américaines (Bulletin V de la Société botanique de Genève). Tirage à part de 103 pages in-8°. Genève, 1889. L'auteur a entrepris de faire une étude approfondie, sous le double rapport biologique et descriptif, des plantes de la famille des Labiées, et le titre détaillé ci-dessus indique les matiéres traitées dans ce premier (1) D'après M. Saint-Lager, « tous les floristes modernes, sauf Caruel, de Florence, acceptent la dénomination proposée par Nyman (Gl. Willkommii) ». Il nous sera per- mis de rappeler, à ce propos, qu'en citant l'opinion de M. Caruel sur cette ci dans un de nos comptes rendus du D ie perg déclaré nous y rallier absolument. (Voy. le Bulletin, tome XXXI, , Revue, p. : : : (2) ver y d un de ‘ses Mémoires, à propos de la p'ante de l'ile I : * En dehors de notre pays, la Globulaire vulgaire existe en Autriche, a een et en » France, mais jamais personne n'avait soupçonné qu elle se trouvát à l'état sauvage » en Suéde...... » et ailleurs : « la Globulaire vulgaire des iles suédoises diffère du » type par ses feuilles radicales tridentées, épaisses et luisantes, puis par ses capitules » plus gros...:.. » 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fascicule. La partie relative au genre Mentha est la plus développée (1); la division Liunéenne des formes de ce groupe en Spicatæ, Capitate et Verticillatæ y est conservée en principe, mais le premier de ces termes est modifié en Spicastreæ et le troisième est changé en Axillares (2). M. Briquet, suivant une méthode qui tend à se généraliser et quenous n'avons pas à discuter ici, admet des espéces de divers ordres ou caté- gories ; ainsi les M. rotundifolia, silvestris, aquatica et arvensis sont pour lui des espèces de premier ordre, le M. viridis en est une de deuxième ordre, et le M. insularis est seulement de troisième ordre. Une large part est faite aux productions hybrides, dont les unes sont binaires (par exemplele M. gentilis), d'autres sont ternaires (M. rubra, etc.). Le M. sativa est un M. arvensi-aquatica ; le M. gentilis, un arvensi-viri- dis; le M. nepetoides, un aquatico-silvestris, etc. Nous sommes heureux de retrouver ici, dans son ensemble, une doctrine que nous soutenons depuis plus de dix ans et qui finira sans doute par triompher, comme toules les vérités scientifiques méconnues, des résistances opiniàtres de nos contradicteurs et de l'incrédulité à peu près générale qu'on lui a témoignée jusqu'à ce jour. La partie descriptive du Mémoire est écrite en latin, les notes au bas des pages sont en francais. La section des Axillares, présentée la première, contient trois espèces légitimes : 4° M. LAxIFLORA Benth., d'Australie, avec une sous-espèce, M. truncata Briqu.; — 2^ M. naPLOCALYX Briqu., avec trois sous-espèces, M. Pavoniana Briqu., du Mexique, M. haplocalyx Briqu. (M. javanica Benth. pro p.), M. austera Briqu. (comprenant les M. jaranica Benth. pro p., canadensis L., borealis Michx, etc.); — 3° M. ARVENSIS L., avec les M. silvatica Host, parietariæfolia Beck. et agrestis Sole comme sous-espèces (3). (1) Dans les premières pages de son Mémoire, M. Briquet apprécie, en termes bien- veillants dont nous le remercions, nos modestes publications, déjà anciennes, sur le genre Mentha, et forme le souhait très légitime que nos Menthe exsiccalæ presertim gallice soient prochainement complétés. A notre avis, la culture expérimentale des Menthes est le seul moyen pratique de résoudre les difficultés que présente leur étude; le regretté professeur Decaisne nous avait naguère engagé à entrer dans cette voie et avait mis à notre disposition, au Jardin des plantes de Paris, le terrain nécessaire pour une série d'expériences dont il approuvait le plan. Malheureusement celles-ci ont pris fin, en 1886, par suite du retrait de la concession qui nous avait permis de les instituer, et avant d'avoir produit les résultats décisifs que semblaient promettre les premiers essais. L'arrét de nos expériences a entrainé celui des publications; nous espérons repreudre, au moins dans une certaine mesure, les unes et les autres, dès que les circon- stances nous en offriront la possibilité, et dans tous les cas nous terminerons l'exsiccata commencé, (Ern. M.) (3) D'après Rochel (in Linnea, 1838). (3) L'auteur rattache à ces sous-espèces un grand nombre des espèces de Host, Opiz et autres botanistes de l'école analytique; parmi ces formes classées comme légitimes, les suivantes, d'après l'examen d'exemplaires typiques, nous avaient paru appartenir au groupe des Sative et d'origine hybride : M. nitida et atrovirens de Host, M. odorata REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 L'auteur décrit ensuite les hybrides « inter Axillares et Capitatas », . c'est-à-dire nos Sativæ, puis les hybrides « inter Axillares et Spicas- treas », qui sont nos Gentiles et nos Arvenses spurie. La section des Capitatze renferme le M. AQUATICA, subdivisé en deux sous-espèces : 1° M. Bakeri Briqu. et M. lanigera Briqu. Vient ensuite la catégorie des hybrides « inter Capitatas et Spicastreas », qui répond à peu prés à nos Spicate petiolate, ce sont les M. piperita Huds., ne- petoides Lej., Reverchonii Briqu., Maximilianea Schultz, auxquels sont ajoutés nos Capitatæ spuriæ (M. citrata Ehrh., M. Ayassei Malvd, etc.). Enfin la section des Spieastreæ est divisée en deux sous-sections : À. les Silvestres (M. capensis Thunb., M. vipis L., M. ROYLEANA Benth., M. sizvesrris L., M. GRISELLA); B. les Rotundifoliæ (M. To- MENTOSA d'Urv., M. iNsUuLARIS Requ., M. Timiza Coss., M. ROTUNDIFO- LIA L.) (1). Les Hybride Spicastrearum inter se comprennent les M. ne- morosa Willd., Nouletiana Timb., etc. L'auteur admet, comme on le voit, 13 espèces, de valeur inégale, dans le sous-genre Menthastrum. Le Mémoire se termine par des Notes sur quelques Labiées améri- caines, dont il ne nous appartient pas de donner ici le compte rendu. Nous souhaitons que notre jeune confrére de Genéve continue dans le méme esprit scientifique et puisse mener à bonne fin l’œuvre originale qu'il a si bien commencée ; la partie qu'il vient de publier permet de con- cevoir pour la suite les meilleures espérances. Ern. MariNvAUD. Le Thé et ses succédanés ; par M. Désiré Bois, aide-naturaliste au Muséum. Brochure de 24 pages in-8°. L'auteur retrace, dans un exposé historique inléressant, les origines de l'usage du Thé et passe en revue les caractéres botaniques et le mode de culture de la plante, la préparation des feuilles, les principales va- riétés, enfin les pays dans lesquels le Thé est cultivé et ceux où l'on a essayé del'introduire. Le Maté (Ilex paraguayensis Saint-Hil.) et le Coca (Erythroxylon Coca Lamk, du Pérou) sont l'objet des chapitres suivants. L'énumération des plantes employées en infusion théiforme termine ce Mémoire, la plupart sont exotiques; parmi celles existant en France nous remarquons : le Myrtille, le Thé de France(Melissa officinalis), le Thé de la Gràce (Salvia officinalis), le Thé des Européens (Prunus spinosa), le Thé des Forêts (Sticta pulmonacea), le Thé de Sibérie et fallax Opix. M. Briquet, ayant reçu en communication les échantillons authentiques de l'herbier du Jardin botanique de Bruxelles sur lesquels était fondée notre apprécia- lion, pourra s'assurer si nos souvenirs sont exacts. : (1) Nous passons sous silence les nombreuses sous-espéces de cette section et nous abstenons aussi de toute remarque, pour ne pas dépasser les limites qui nous sont imposées, 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Potentilla rupestris), le Myrica Gale, le Thé du Nord (Veronica offi- cinalis), le Lithospermum officinale, etc. (1). EnN. MALINVAUD. L'œuvre de J.-Émile Planchon; par M. Charles Flahault (Mé- moires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, section des sciences, t. x111). Tirage à part de 32 pages in-4°; Montpellier, 1889. Notice sur la vie et les travaux d'Édouard Timbal- Lagrave; par M. Baillet (Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, tome xr). Tirage à part de 35 pages in-8° ; Toulouse, 1889. Sans entrer ici dans un développement qui sortirait du cadre de cette Revue, nous signalons à nos lecteurs les deux intéressantes Notices publiées presque simultanément, par M. Flahault sur le professeur Emile Planchon de Montpellier, et par M. Baillet sur Édouard Timbal-Lagrave de Toulouse. La vie et les travaux de nos deux regrettés collègues y sont fidèlement retracés. Leurs aptitudes et leurs œuvres n'étaient guère comparables, mais ils ont largement coopéré l'un et l'autre au mouve- ment scientifique de leur époque; ils avaient aussi cela de commun, qu'ils aimaient avec passion l'étude des plantes et méritent également d'étre cités au nombre des savants les plus laborieux de ce siécle : la liste des publications qui termine chaque Notice ne comprend pas moins de 181 ouvrages d'Édouard Timbal et de plusieurs centaines d'articles con- stituant l’œuvre totale d'Émile Planchou, dont l'activité et la facilité au travail étaient vraiment prodigieuses. Ces deux savants étaient aussi des hommes de bien, ils unissaient les précieuses qualités du cœur aux dons brillants de l'esprit et comptaient dans notre Société de nombreux amis qui sauront gré aux auteurs des Notices du pieux devoir qu'ils ont rempli. Ern. M. The botanical exchange Club of the british isles; Report of the distributor for 1888, by G.-Cl. Druce (Société botanique d'échange des îles britanniques, Rapport de M. G.-Cl. Druce sur les distributions faites en 1888). Broch. de 46 pages in-8°. Manchester, 1889. 4243 échantillons, formant l'ensemble des contingents fournis per trente membres, ont été distribués en 1888. On remarque, dans la ne (1) Nous ne voyons pas, dans cette énumération, le Spiræa obovata Waldst. et Kit., trés répandu sur les plateaux calcaires ou causses du Quercy; les paysans de cette con- I en font sécher es feuilles et attribuent à leur infusion les propriétés de celles u Thé. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 annotée des espèces : 1° trois variétés nouvelles signalées par M. Druce : Arabis petræa Lamk var. grandifolia, Papaver Rheas var. Pryorii, Melampyrum pratense var. hians; — 2^ divers hybrides : Epilobium parviflorum X hirsutum, E. montanum X obscurum, E. roseum X parviflorum, E. obscurum X palustre, Galium verum X Mollugo, Carduus nutans X crispus, Cirsium arvense X palustre; — 3" des séries nombreuses de Rosa, de Rubus et d'Hieracium, dont quelques espéces sont l'objet de remarques assez étendues. Enw. M. Scrinia Floræ selects : Directeur, M. Charles Magnier. Bulletin Vir, 1886, pages 137-155. Saint-Quentin, 1889, chez M. Charles Magnier. — Prix : 2 fr. 50 cent. Avec la distribution de cette année, le nombre des espèces publiées par M. Magnier s'éléve à 2121. La liste est suivie des Notes suivantes : Albert, Clematis hybrida Alb. (CI. Vitalba + Flammula); — Magnier, genre Oxygraphis Bunge; — Briard, Iberis Violetti ; — Malinvaud, Arenaria controversa Boiss.; — Boullu, Rosa Aunieri Cariot; — G. Rouy et Malvezin, Sorbus erubescens Kerner; — Genty, Cineraria campestris Retz, Galeopsis Reichenbachii Reuter, Allium petreum Genty, Kæleria intricata Genty (comprenant les K. valesiaca Gaud. et setacea DC.) ; — F. Gérard, Filago neglecta DC., Juncus Germanorum Steud. (J. tenuis auct. germ.), Carex verna Chx forma gynobasis F. Gér., Nardurus Lachenalii var. longipes F. Gér.; — J. Freyn, Euphra- sia micrantha var. versicolor, Amarantus silvestris Desf., Stipa Tirsa Stev.; — P. P. Gave, sur la fructification du Colchicum alpinum DC.;— Sava Petrovic, Description de quelques espèces de Serbie (Genista nys- sana Petr., Peucedanum serbicum Petr., Achillea serbica Petr.). Ern. M. Société dauphinoise pour l'échange des plantes; 15° Dul- letin, pages 589 à 612, et 16° Bulletin, pages 613 à 642. Grenoble, 1888-89. Le 15° Bulletin renterme les annotations suivantes : Arnaud (Ch.), Succisa pratensis forma radiata ; Bertram, Diagnoses des Rubus Bel- lardi Weihe et Nees, hercynicus Braun, silvaticus Weih. et N. et Win- teri Mull.; — Boullu, Geoglossum hirsutum Pers.; — Chevallier (abbé), Polygonum amphibium var. natans et terrestre; — Delacour, Taraza- cum Reichenbachii Huter ; — Dupin (Ch.), Jussiea grandiflora Michx; — Giraudias, Ervum nemorale Giraud. ; — Guillon, Dianthus virgi- neus L., Sparganium neglectum Beeby ; — Hervier d.) Hieracium Peleterianum Mérat forma subnivea; — Loret, Galium obliquum Vill.; T. XXXVI. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Ozanon, Carex Pairæi Schultz; — B. Verlot, Polygala pedemontana Perr. et Verl. Dans le 16° fascicule : Daichére (abbé), Malva parviflora-nicæensis ; Battandier, Bellis rotundifolia Boiss. et Reut.; — Bertram, Diagnoses des Rubus badius Focke, dasyacanthus Braun, Maasii var. glau- coclados Kretzer, et vulgaris Wh. et Nees; — Bruyas, Taraxacum gymnanthum; — Callay, Mentha arduennensis Callay et dulcissima Dumort;— Gillot, Rumex scutatus var. glaucus Boiss.; — Guillon, Dianthus vaginatus var. Pourretianus Timb.; — Héribaud-Jh (frère), Fontinalis arvernica Renauld, Thyidium decipiens DN., Jungerman- nia grimsulana Jack.; — Jordan de Puyfol, Hieracium rapunculoides Arv.-Touv. ; — Moutin, Rosa mollardiana Mout. et R. vaulæiana Mou- tin; — Ozanon, Rosa dimorpha Bess. et R. lagenaria Nill.; — Pellat, Anthyllis Jacquini Kern.; — Saxifraga delphinensis Ravaud. La distribution de cette année se termine par le numéro 5100 et clót dignement la première série des exsiccatas de la Société dauphinoise. Cette publication, poursuivie avec succés pendant seize ans, gràce au dévouement de M. l'abbé Faure et au zèle de ses collaborateurs, a rendu d'importants services aux études phytograpbiques en répandant dans les herbiers bon nombre d'espéces ou de formes peu connues et en donnant daus ses Bulletins annuels soit des observations intéressantes, soit des descriptions authentiques de plantes nouvelles ou critiques. ERN MaALINVAUD. Manuel de Fherboriste, comprenant la culture, la récolte, la conservation, les propriétés médicinales des plantes du commerce; par le D" M. Reclu. Paris, J.-B. Baillière et fils. In-16 de 860 pages et 92 figures dans le texte. C'est un livre à la portée de tous que vient de publier M. le D" Reclu. Il renferme tous les renseignements utiles sur le maniement des simples, el, à ce point de vue, il intéresse non seulement les herboristes, mais aussi tous ceux qui veulent acquérir quelques notions sur les plantes médicinales ou avoir sous la main quelques remèdes de première néces- sité. Les divers procédés de culture sont passés en revue; l'auteur indique les époques de l'année où les plantes doivent être récoltées, les soins qui doivent présider à leur classification et à leur conservation, d’où dépend souvent l'efficacité des végétaux. Une partie spéciale est consacrée à faire connaitre chaque plante iso- lément, les noms qu'elle porte dans le langage vulgaire, les caractéres de port, saveur, odeur, couleur, ete.; les lieux qu'elle habite à l’état sau- vage, l'exposition et le terrain qui lui conviennent, ses propriétés médi- cinales et ses usages. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 Deux autres parties traitent de la législation et des réglements qui régissent la profession, des maladies et des remédes végétaux propres à les combattre. Cinquante-deux figures, intercalées dans le texte, aident à l'intelligence des descriptions. P. Hanror. Le genre Lachnocladium Lévy. (Morot, Journal de Botanique, rr, 2, p. 23; 3, p. 33, 1889); par M. N. Patouillard. Le genre Lachnocladium, créé par Léveillé en 1846, est un genre essentiellement artificiel. Les espèces qui le composent, soumises à une révision sévére par M. Patouillard, montrent bien qu'il ne saurait étre conservé tel que le comprenait Léveillé : des coupes ont dü y étre faites, qui devraient bien certainement avoir une importance générique. Dans certaines espèces l'hyménium est réellement amphigène comme dans les véritables Clavariées; dans d'autres la membrane fructifère ne s'étend que sur une partie du thalle ou bien est localisée en des points déterminés : dans ce dernier cas, il y a un rapport évident avec les Thé- léphorées. Il est intéressant de faire observer, à ce sujet, que, parmi les Merisma de Léveillé, les uns à hyménium amphigéne, de consistance dure et tenace, sont des Pterula, tandis que les autres, à hyménium limité, doivent rentrer dans une des coupes pratiquées par M. Patouillard dans le genre Lachnocladium. Au point de vue de la villosité, ces Champignons présentent des carac- tères correspondant à ceux qu'on peut tirer de la distribution de l'hymé- nium. Les uns, à fructification amphigéne, ont un tomentum constitué par des poils aigus généralement rameux, étoilés ou fourchus ; les autres sont couverts, sur une des faces seulement, d'une pulvérulence occasion- née par un amas de spores; d'autres enfin présentent des rameaux absolument glabres avec un tronc velu comme dans certains Théléphores. Dans ce cas, la villosité provient de la présence de paquets d’hyphes Séparées de la masse générale. Enfin, il en est d'autres qui sont absolu- ment glabres. Les spores peuvent rentrer dans deux types bien délimités ; elles sont ovoïdes, lisses et de couleur ocre pale, ou bien ovoïdes apiculées à une extrémité, brunes et échinulées verruqueuses. | La première section, Lachnocladium Léveillé, caractérisée par des « rameaux cylindracés, entièrement tomenteux, par des poils simples ou » rameux, spores inconnues », comprend deux espèces : Lachnocla- dium brasiliense Lév. et divaricatum Berk. Dans la deuxième, qui tire ses caractères de ses « rameaux arrondis » ou comprimés, plus ou moins charnus, coriaces, carlilagineux, élas- » tiques, hyménium unilatéral, spores ocracées, pâles, lisses », el à laquelle M. Patouillard donne le nom de Goniocladium, on compte Jus- 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'à ce jour huit espèces dont trois sont nouvelles: L. furcellatum Lév., cartilagineum B. et C., geniculatum Lév., pallidum B. et C., cervi- num B. etC., clavarioideum Pat., violaceum Pat. et cirratum Pat. (1). Ces trois dernières espèces sont originaires de la Guyane francaise. Le groupe Dendrocladium également composé de huit espéces, avec la diagnose suivante : « Rameaux plus ou moins comprimés, souvent » canaliculés ; aisselles aplaties, semi-circulaires ; hyménium unilatéral ; » spores brunes, échinées ou verruqueuses, ovoides arrondies, apiculées » à la base », estle plus richeen formes nouvelles qui sont au nombre de cinq : Lachnocladium albo-cinereum Pat., giganteum Pat., insigne Pat., guyanense Pat. (tous quatre originaires de la Guyane française) et leucoceras Pat., de la Guadeloupe. Les autres espèces, anciennement connues, sont les L. tubulosum Lév., quadelupense Lév. et carbona- rium Mont. Ilest probable que d'autres Clavariées devront rentrer dans les sec- tions du genre Lachnocladium, de méme que certains Lachnocladium acceptés par M. Saccardo devront être classés ailleurs. Les caractères mis en lumière par M. Patouillard permettent d'aflir- mer dés aujourd'hui que les trois sections admises par lui devront former autant de genres bien distincts, le premier rangé dans les Clavariées (Lachnocladium), les deux autres (Coniocladium et Dendrocladium) dans les Théléphorées au voisinage des Phyllactaria. P. Hanior. Sur l'hermaphrodisme parasitaire et le polymorphisme floral du Lychnis dioica DC.; par M. Ant. Magnin (Comples rendus de l'Académie des sciences du 26 novembre 1888), 3 pages. L'auteur résume ses observations dans les propositions suivantes : 1° la présence de l'Ustilago ne provoque aucun changement important dans les caractères morphologiques de la plante mâle; 2° dans la plante femelle, le parasite ne fait apparaitre que les caractères des étamines et de l’entre-nœud sépalopétalaire; 3? toutes les fleurs malades appartien- nent au type pentamère normal; la ramification du limbe pétalaire ne parait pas influencée; l'influence du parasite amène une atrophie par- tielle, qui atteint les styles et raccourcit aussi les étamines dans la fleur mâle et dans celles de la plante androdioique. Les observations de M. Magnin ont d'ailleurs corroboré celles antérieures de MM. Cornu et Giard. P. H. (1) Morot, Journal de Botanique, 11, p. 167 (1889). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 Algenflora der westlichen Ostsee deutschen Antheils. Eine systematisch-pflanzengeographische Studie (Flore algologique de la partie allemande de la Baltique occidentale); par M. J. Reinke. Extrait du 6° Compte rendu de la Commission d'exploration des mers allemandes, à Kiel. Petit in-folio de ix et 101 pages avec une carte en couleur. Kiel, 1889. Atlas deutschen Mecresalgen. Im Auftrage des K. Preussischen Ministerium fuer Landswirthschaft, Domænen und Forsten herausge- geben im [nteresse der Fischerei vonder Kommission zur wissenschaf- tlichen Untersuchung der deutschen Meere (Atlas des Algues marines de l'Allemagne) ; par M. Reinke, avec la collaboration de MM. F. Schuett et Kuckuck. Première partie. Petit in-folio de 34 pages, planches 1-25. Berlin, 1889. Nous réunissons à dessein les titres de ces deux ouvrages qui se sup- posent et se complétent. Tous deux se placent au rang des plus impor- tants qui aient paru récemment sur les Algues. En méme temps qu'ils font connaitre la végétation sous-marine d'une région encore peu explorée, ils sont intéressants par le nombre vraiment remarquable de formes nouvelles que l'auteur a su découvrir dans un espace relativement restreint et dont les conditions sont assez uniformes. Les côtes du Schleswig, du Holstein et du Mecklembourg constituent la limite méridionale de la flore; la limite septentrionale est formée par une ligne qui s'étend à peu prés à mi-chemin entre le littoral allemand et les iles danoises. Analyser méme d'une facon superficielle la Flore de M. Reinke n'étant pas possible ici, nous nous bornerons à indiquer les principaux chapitres qui la composent. Dans une première partie comprenant 18 pages, l'au- teur fait connaitre le domaine de sa flore, les documents fournis par les botanistes qui l'ont précédé, les ressources dont il a disposé pour son travail, les résultats d'herborisations qu'il a exécutées sur divers points de son territoire. Il examine ensuite les conditions qui déterminent la nature des espéces et leur distribution dans la Baltique occidentale. La constitution du fond, la profondeur, la composition chimique de l'eau, la pression qu'elle exerce, les mouvements qui l'agitent, les variations de niveau, la température, l'influence de la glace, de la lumière, la nanisa- lion, sont étudiés dans autant de paragraphes qui constituent un ensemble trés instructif. La seconde partie de la Flore est consacrée à l'énumération des Algues de la Baltique occidentale allemande, à l'exclusion des Diatomées. En retranchant les Characées que l'auteur réunit aux Algues, la liste com- prend 106 genres dont 10 nouveaux. Le nombre des espéces est de 218, 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 11 sont nouvelles. Nous signalerons comme particulièrement intéressante la partie relative aux Algues brunes, dont l'auteur s'occupe depuis long- temps avec une préférence marquée. On y trouvera un exposé des prin- cipes d'aprés lesquels i] cherche à établir une classification naturelle des Phéosporées, des observations nouvelles sur le développement et la structure du thalle de plusieurs Dictyosiphonées, Stilophorées, Chor- dariées. Le livre se termine par un essai d'histoire de la flore de la Baltique occidentale. L'auteur traite successivement des rapports de la flore actuelle avec les autres flores marines, de l’âge de la flore de la Baltique, de l'origine de la flore de l'Atlantique moyen, des modifications éprouvées par le bassin de la Baltique, de la conservation et de l'organisation de la flore jusqu'à la période actuelle. Il convient d'ajouter que le travail de M. Reinke est un Catalogue rai- sonné plutôt qu'une Flore proprement dite. Le nom de chaque espèce est accompagné des synonymes, de la distribution géographique, de l'in- dication de la station, etc., et, quand il y a lieu, de remarques plus ou moins étendues sur l'histoire ou la structure de la plante; les descrip- tions techniques des genres et des espèces se trouvent dans l'Atlas, dont il nous reste à parler. | Le texte de l'Atlas comprend, pour chaque espèce figurée, une descrip- tion générique, une diagnose spécifique et une explication des figures. 27 espèces ou variétés y sont représentées ; 20 planches sont consacrées aux Phéosporées, 2 aux Floridées, 3 aux Algues vertes. La plupart des genres nouveaux établis par M. Reinke y sont figurés. L'Halothriz (pl. 1) ressemble à un Elachistea ; il s'en distingue par ses sporanges plurilo- culaires disposés en sores à la partie moyenne des filaments végétatifs. — Le Symphoricoccus se sépare des Myriotrichia, dont il est voisin, par ses filaments constamment monosiphoniés. — Dans le Kjellmania (pl. 3), qui a l'apparence d'un petit Striaria, on trouve deux sortes de sporanges : les uns intercalaires comme ceux des Pylaiella, les autres disposés en sores à la surface des filaments végétatifs, dont beaucoup d'articles sont divisés longitudinalement. L'auteur place ce genre à côté du Desmotrichum. — Les Microspongium (pl. T et 8) ont l'aspect des Myrionema, mais les filaments dressés sont rameux. — Le Leptonema (pl. 9 et 10), qui a le port d'un Elachistea, est caractérisé par ses spo- ranges pluriloculaires qui résultent de la transformation des cellules supérieures des filaments végétatifs. — Le Blastophysa (pl. 23) parait voisin des Valonia. C'est une Algue composée de vésicules vertes qui produisent des poils raides et des tubes incolores rampants. — Le genre Epicladia (pl. 24) est formé de filaments verts, trés ramifiés, dont les articles se soudent latéralement en nn tissu parenchymateux . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 — Par son thalle, le Pringsheimia (pl. 25) rappelle le Chœtopeltis. Il se sépare de ce genre par ses zoospores biciliées. Les planches qui composent l'Atlas rendent sensibles à l'œil ces dif- férences que les descriptions écrites ne suffisent pas à exprimer d'une manière adéquate. Elles sont exécutées avec un soin et une clarté tout à fait dignes d'éloges. Les chromatophores, sur la forme et la disposition desquels l'auteur a justement fixé son attention d'une facon plus com- pléte qu'on ne l'avait fait jusqu'à présent, sont représentés d'une manière aussi exacte que précise. En somme, la première livraison de l'Atlas des Algues marines allemandes fait honneur à ceux qui l'ont publiée et nous souhaitons que les livraisons suivantes ne tardent pas à paraitre. Nul doute que les algologues de tout pays ne s'associent à ce vœu. Ep. BonNET. Recherches comparatives sur lorigine des membres endogénes des plantes vasculaires: par MM. Ph. Van Tieghem et H. Douliot (Annales des sciences naturelles ; BOTANIQUE, T° série; tome vin, avec 40 planches, 1889). Les auteurs ont étudié l'origine des radicelles et des racines latérales dans presque toutes les familles de plantes vasculaires. Les résultats obtenus sont essentiellement les mémes chez toutes les Phanérogames d'une part et chez les Cryptogames vasculaires d'autre part. Examinons d'abord comment naissent les radicelles de Phanérogames. Les radicelles naissent dans le péricycle de la racine qui les porte. Lorsque le péricycle est simple, les cellules qui doivent former la racine S'aceroissent radialement, puis se divisent par une cloison tangentielle en deux assises. Les cellules de l'assise interne constituent le cylindre central; les cellules de l'assise externe se divisent de nouveau par une cloison tangentielle et donnent par leur rang interne l'écorce et par leur rang externe l'épiderme. Ce second cloisonnement ne porte pas sur toutes les cellules rhizogénes; il laisse en dehors de lui au moins une cellule tout autour ; il y a donc à la base de la jeune racine une zone annulaire qui n'est pas divisée en épiderme et en écorce : c'est l'épistéle. Les trois régions dela jeune racine ou mieux les quatre régions, sion tient compte de l'épistele, sont ainsi constituées dés le début. a Ces quatre régions s’accroissent ensuite et se cloisonnent. Les iuitiales du eylindre central, de l'écorce et de l'épiderme dérivent de la cellule médiane de l'are rhizogène, si le nombre des cellules rhizogènes est impair, de l’une des deux cellules médianes, plus rarement à la fois de ses deux cellules médianes, si le nombre des cellules rhizogènes est pair. La radi- celle proprement dite provient donc le plus souvent d’une seule cellule 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, périeyelique, quelquefois de deux cellules. Toutes les autres cellules rhizogènes, en nombre variable, ne jouent qu'un rôle accessoire. Si le périeycle a deux ou plusieurs assises, presque toujours l'assise externe se comporte exactement comme il vient d'étre dit pour l'assise unique quand il est simple, c'est-à-dire donne à elle seule toute la radi- celle proprement dite ; l'assise interne, ou les assises internes quand il y en a plusieurs, s'accroissent aussi et se cloisonnent, mais contribuent seulement à produire la région inférieure de la radicelle. Les exceptions à cette régle sont trés rares et accidentelles. Une fois formée, la radicelle grandit et, en s'accroissant, attaque et digère l'écorce de la racine mère, pour se nourrir de sa substance; en méme temps elle se fraie un passage vers l'extérieur. C'est dans ce phé- noméne de croissance interne et de digestion, qu'on observe, d'une famille à l'autre, d'un genre à l'autre dans la méme famille et parfois d'une espèce à l'autre dans le méme genre, les différences les plus mar- quées. Quelquefois l'endoderme est digéré comme le reste de l'écorce : c'est le cas le plus simple. La radicelle est nue et sa coiffe, au moment de sa sortie, se réduit à sa calyptre (Crucifères, beaucoup de Capparidées, de Papavéracées, de Fumariacées, de Résédacées, de Caryophyllées, Cras- sulacées, Portulacées, Illécébrées, beaucoup de Chénopodiacées, d'Ama- ranfacées, d'Aizoacées, Basellées, Cactées, Bégoniées). Le plus souvent, au contraire, l'endoderme s'accroît et enveloppe la radicelle d'une poche, qui attaque et digére l'écorce. Cette poche diges- tive est simple dans toute son étendue, ou simple sur les flancs et dé- doublée une ou plusieurs fois à l'extrémité, ou double dans toute son étendue ou enfin double à la base et s'épaississant davantage au sommet. Quand elle arrive à l'extérieur, la poche est quelquefois digérée sur les flancs et ne persiste qu'au sommet en forme de bonnet; ou bien elle n'est digérée qu'à la base et circulairement ; ou bien, sans étre digérée en aucun point, elle se détache par glissement dans la zone inférieure; dans tous les cas, elle est entrainée par la radicelle. À sa sortie, la portion caduque de la radicelle, c'est-à-dire sa coiffe, se compose donc de cette poche endodermique plus ou moins épaisse et de la calyptre. Enfin, quel- quefois une ou plusieurs assises corticales internes échappent à la diges- tion et se joignent à l'endoderme pour entourer la radicelle d'une poche plus épaisse que d'ordinaire (diverses Sterculiacées, Légumineuses, Rosacées, Cucurbitacées, ete.). Après la sortie de la radicelle, la poche et la partie externe de l'épi- derme s'exfolient; l'assise interne seule reste chez les Dicotylédones et forme l'assise pilifére; chez les Monocotylédones et les Nymphéacées, l'épiderme s'exfolie tout entier et l'assise pilifère est formée par l'assise REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 de cellules la plus externe de l'écorce. C'est là le caractère différentiel le plus important que présentent les Dicotylédones et Monocotylédones dans la formation des racines, et encore voit-on qu'il n'est pas général. Chez les Gymnospermes, les radicelles naissent et s'accroissent comme chez les Angiospermes; elles offrent aussi, suivant les plantes, les mémes variations secondaires que celles des Angiospermes. Plus tard, aprés leur sortie, elles se conduisent comme des radicelles de Dicotylédones; l'assise pilifére est formée par l'épiderme et non par l'écorce. Chez les.Cryptogames vasculaires, les radicelles naissent dans l'endo- derme de la racine mére aux dépens d'une seule cellule. Les radicelles de Cryptogames vasculaires différent profondément de celles des Phané- rogames : par la différenciation trés précoce de l'endoderme, qui est la première assise différenciée de l'écorce interne, tandis qu'elle est la der- niére chez les Phanérogames; par leur origine unicellulaire et endo- dermique; par le maintien indéfini de l'intégrité de la cellule-mère, qui ne détache d'elle que des tronçons à croissance limitée ; par leur dis- position régulièrement isostique dans tous les cas; enfin par l'orientation transverse de leurs faisceaux ligneux, si la structure est binaire. Les racines latérales des Phanérogames se forment sur la tige mère de la méme facon que les radicelles sur la racine mére. Les Cryptogames vasculaires se répartissent en deux groupes distincts, au point de vue de l'origine et du développement des racines latérales endogènes : d'une part les Filicinées, de l'autre les Lycopodium et les Isoetes. Les Equisetum et les Selaginella ne produisent que des racines gemmaires exogènes. Dans le premier groupe, la racine se forme dans l'assise la plus interne de l'écorce, c'est-à-dire dans l'endoderme ; elle est d'origine corticale. Elle se constitue aux dépens d'une seule cellule-mére qui demeure entiére en se cloisonnant, de maniére à produire une initiale commune. Dans le second groupe, la racine se forme dans l'assisela plus externe du cylindre central, c'est-à-dire dans le péricycle; elle se constitue aux dépens d'une plage de cellules qui se cloisonnent deux fois totalement, de maniére à produire trois sortes d'initiales; les Lycopodium et les Isoetes se conduisent donc comme des Phanérogames. En somme, les trés nombreux exemples étudiés peuvent se ramener à deux types : 4° Les racines ont trois sortes d'initiales et naissent dans le péricycle (radicelles et racines latérales de Phanérogames, racines latérales de Lycopodium et d'Isoetes). 2» Les racines ont une seule initiale et naissent dans l'endoderme (radicelles et racines latérales des Filicinées, radicelles des Equisétacées). LECLERC DU SABLON. 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D' L. Rabenhorst's Kryptozamen-Flora von Deutschland, Œsterreich und der Schweiz. LAUBMOOSE (Flore cryptoga- mique de l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. Mousses); par M. Gustave Limpricht, n° 9 et 10. Le n° 9 dela partie bryologique de la Flore cryptogamique de L. Ra- benhorst comprend la description du genre Distichium, celle de la famille des Pottiacées pour les genres Pterygoneurum, Aloina, Crossi- dium, Pottia, Desmatodon, Tortula, Dialytrichia, Syntrichia, qui composent la tribu des Pottiées, et pourles genres Timmiella, Hydro- gonium, Leptodontium et Trichostomum, qui forment une portion de la tribu des Trichostomées. Le genre Pterygoneurum, établi par Juratzka, comprend trois espéces qui, pour les bryologues francais, font partie de trois genres différents, savoir : le Pt. subsessile — Pharomitrium subsessile Sch. Syn.; le Pt. cavifolium — Pottia cavifolia Ehrh. (1787), Pottia pusilla Lindb.; le Pt. lamellatum (Lindb.) — Pottia cavifolia var. barbuloides Dur., Barbula concava et B. cavifolia Sch. Syn. e parte, Pottia barbuloides in Husnot, Muscol. gallica. Le genre Pottia, qui absorbe le genre Anacalypta, présente une nouvelle espéce, le P. commutata, intermédiaire entre le P. Starkeana et le P. minutula, mais différente de cette dernière par la présence d'un péristome. Le genre Didymodon, auquel sont réunis une partie des espéces du genre Trichostomum et le genre Geheebia, offre une espéce nouvelle, le D. validus. Le n° 10 donne la suite des espéces du genre Trichostomum avec le sous-genre Hydrogonium C. Mull., comprenant le T. Warnstorfii Limp. el le T. Ehrenbergii Lorentz. Les autres genres décrits sont les suivants: Timmiella, Leptobarbula, Tortella, Barbula et Aloina. Le genre Timmiella (section du genre Trichostomum pour de Notaris) est constitué avec les Trichostomum anomalum Sch., T. Barbula (Schwægr.), T. flexipes Br. et Sch. Le genre Tortella (C. Mull.) se compose des Barbula squarrosa, B. cespitosa, B. inclinata, B> tortuosa et B. fragilis. Le genre Barbula ne comprend que les B. gracilis, icmadophylla, revoluta, Hornschuchiana, unguiculata, reflexa, fallax, vinealis, sinuosa, bicolor, convoluta, flavipes et paludosa : ces quatre derniers sont rangés dans le sous-genre Streblotrichum (Pal. Beauv.). Le genre Aloina (section du genre Barbula pour M. Ch. Muller) est formé avec les Aloidella du Synopsis de Schimper. Em. BESCHERELLE. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 Musci novi exotici, descripsit F. von Brotherus (Botanisches Cen- tralblatt, Band xxxvi, n° 3, 1888). Sous ce titre, M. Brotherus, d'Helsingfors, publie la diagnose des cinq espèces nouvelles suivantes : Arthrocormus africanus, récoltée par feu Édouard Marie à Sainte-Marie de Madagascar, Splachnobryum Baileyi, Papillaria Baileyi, Isopterygium robustum, récoltées toutes les trois au Queensland, prés dela riviére Brisbane, par M. F.-M. Bailey, et le Breutelia Wainioi, rapportée de Coraça, au Brésil, par M. le D'E. Wainio, qui dépasse en grandeur le Breutelia giguntea de Java. Ex. B. Plant: turcomanicæ a E. Radde et A. Walter collectæ, Musci, par M. F. von Brotherus. Saint-Pétersbourg, 1888. Les Mousses récoltées par MM. Radde et Walter, dans la Turcomanie, sont au nombre de 28, dont 4 espéces nouvelles déjà décrites en détail dans le n° 44 du Botanisches Centralblatt de 1888. Ces Mousses appar- tiennent aux genres Bryum, Funaria, Encalypta, Barbula, Grimmia, Orthotrichum et Hypnum. Die Mooswelt das Kilima-Ndscharo's (Les Mousses de Kili- mandscharo); par M. Karl Muller Hal. (Flora, 1888, n* 21). Dans ce Mémoire de seize pages, le savant bryologue de Halle résume les découvertes faites dans le Zanguebar par MM. James Hannington, évéque de Mombassa, et H.-H. Johnston, dont les Mousses ont été décrites par M. Mitten, dans le Journal de la Société Linnéenne de Londres (vol. xxit, n° 146); il donne ensuite la liste des espèces récoltées dans les monts Kilimandscharo par M. Hans Meyer, de Leipzig. Ces espèces sont au nombre de 63, dont 25 sont nouvelles; ces derniéres sont les sui- vantes : Andreæa firma, A. striata, Fissidens undifolius, F. caloglot- tis, Mnium kilimandscharicum, Polytrichum nano-Globulus, P. pun- gens, Rhodobryum minuti-rosatum, Bryum minutirete, B. compres- sulum, Campylopus Joannis-Meyeri, C. acrocaulon, C. leucochlorum, Breutelia kilimandscharica, Bartramia striatula, Barbula pygmea, Leptodontium Joannis-Meyeri, Anæctangium paucidentatum, Ortho- trichum undulatifolium, Grimmia campylotricha, G. calyculata, Hedwigia Joannis-Meyeri, Braunia (Hedwigidium) teres, Neckera (Orthostichella) imbricatula, Hypnum (Trismegistia, Prionothrix) Trichocolea. Le Mémoire se termine par la diagnose d’une nouvelle espèce de Bryum, le B. Benitzii, trouvé en Norvège, à Lyngenfjord, près de Lyngs- lidet, par M. le D" Bænitz, de Kœnigsberg. Cette espèce serait trés sem- blable au Bryum pendulum, mais elle s'en éloignerait beaucoup par les 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles rappelant celles des Leucoloma et par la consistance du péri- stome lequel est composé de dents internes libres, étalées, et de cils libres uniques entre ces dents. EM. BESCHERELLE. New Mosses of North-America 1 (Nouvelles Mousses de l'Amé- rique du Nord), par MM. F. Renauld et J. Cardot (Botanical Gazette, apr. 1889). Ce travail fait suite à celui dont il a été rendu compte dans la Revue bibliographique de 1888, p. 172, et s'applique aux espèces suivantes : Dicranum sabuletorum, D. Howellii, D. miquelonense, Trichodon fleæifolius, Webera Cardoti Ren., Bryum Sawyeri, Fontinalis Dela- marei; à la suite se trouvent trois planches représentant, indépendam- ment des espèces ci-dessus indiquées, le dessin de diverses variétés américaines de Mousses déjà connues. Éx. B. Contributions to american Bryology : (Contributions à la bryologie américaine); par M"* Elizabeth G. Britton (Bulletin of the Torrey Botanical Club; vol. xvi, n° 4). Ce Mémoire comprend le catalogue de 94 espéces de Mousses récol- tées par M. John B. Leiberg dans le nord de l'Amérique septentrionale, sur le terrain de l'État d'Idaho, notamment près des lacs Pend-d'Oreille et Ceur-d'Aléne; les plantes sont classées dans l'ordre du Synopsis de Schimper, mais avec les noms modifiés par S.-O. Lindberg. Parmi les espèces citées on remarque une espéce nouvelle : le Thamnium Leiber- gii Britt., qui est intermédiaire entre l'Hypnum alleghaniense C. Mull. et l Hypn. neckeroides Hook. Le Grimmia torquata y est indiqué comme ayant été trouvé pour la première fois en fructification ; une planche jointe au Mémoire représente le réseau des parties basilaire et terminale des feuilles, la capsule avec son pédicelle contourné, et la coiffe mitréforme. Nous croyons utile de reproduire ici la traduction de la diagnose que l'auteur donne de la fructification de cette Mousse qui n'a encore étéren- contrée en France et en Europe qu'à l'état stérile. Pédicelle de 3 à 4 millimètres de long, grêle, courbé et tortillé par la sécheresse; capsule exserte, à peine longue d'un millimétre, longuement oviforme étant jeune, devenant cylindrique, cannelée et brune en vieil- lissant ; opercule ayant un long bec effilé, couvert par une coiffe mitré- forme brunâtre. Pas d'anneau, ni de péristome sur le seul exemplaire trouvé en fructification ; feuilles périchétiales 3, plus longues et plus fortes que celles de la tige, ayant une pointe hyaline, courte et serrulée, contournées autour de la base du pédicelle étant sèches, dressées-étalées étant humides. Ém. B. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 Revue bryologique; par M..T Husnot, année 1888, n° 6. Ce numéro, que nous n'avons pu analyser en son temps (Rev. bibliogr., 1888, p. 168), renferme : 4° la suite des études de M. Philibert sur le péristome des Mousses, dans laquelle l'auteur s'applique à démontrer les différences existant entre les Nématodontées et les Arthrodontées, et les transitions entre ces deux groupes; 2° une Note de M. Amann, de Suisse, sur les méthodes de préparations microscopiques pour l'étude des Musci- nées; 3° la diagnose du Marchantia Bescherellei Steph. trouvé dans la province de Rio-Janeiro par M. Glaziou et distribué sous le n? 6348; 4 une Note de M. F. Renauld sur une collection de Mousses de l'ile Mau- rice qui contient la description des espéces nouvelles suivantes recueillies par M. de Robillard, Papillaria Renauldi Besch., P. acinacifolia Besch., Ectropothecium Bescherellei Ren. Éy. B. Revue bryolozgique: par M. T. Husnot, année 1889, n^ 1, 2et 3. Le n° 1 contient, avec la suite des études de M. Philibert sur le péri- stome des Mousses : 1° une Note de MM. Renauld et Cardot sur la syno- nymie de leur Dicranum sabuletorum ; cette Mousse aurait été déjà nommée par Schimper Dicranum pallidum dans le Bryologia Euro- pea, mais comme M. Ch. Muller a décrit lui aussi un D. pallidum (Syn. 1, p. 359), qui est différent de l'espéce de Schimper, MM. Renauld el Cardot proposent, pour éviter toute confusion, de maintenir le nom de D. sabuletorum dont la synonymie s'établirait ainsi: Dicranum sabu- letorum Ren. et Card. (D. pallidum Br. et Sch. Bryol. eur. mem., non C. Muller, Syn. 1, p. 359); D. spurium var. condensatum Lesq. et James, Manuel, 16, non D. condensatum Hedw.; D. arenarium Ren. et Card. mss. in litt. et sched ; — 2° une Note dans laquelle M. Amann discute la valeur spécifique des Hypnum fastigiatum et H. Sauteri Br. et Sch., et il en conclut que le dernier ne se distingue du premier que par son habitus et sa ténuité et que PH. Sauteri doit être subordonné, comme espèce de deuxième ordre, à l'H. fastigiatum. Le n° 2 ne renferme que la liste des bryologues du monde entier. Dans le n° 3, on trouve : 1° la diagnose en français d'une nouvelle espèce de Weisia, le W. Alberti Corbière, trouvée à la Farléde (Var), par M. Albert, en avril 1887, sur le revétement d'un mur; — 2» une Note de M. F. Gravet, sur les couleurs variées que présentent les Sphai- gnes; — 3 des observations de M. Philibert sur la valeur spécifique des Bryum imbricatum Br. et Sch. et B. comense; — 4° la suite des études de ce botaniste sur le péristome des Mousses. Ex. b. 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Revue bryologique ; par M. Husnot (1889, n° 4). Indépendamment de la Note de M. Stephani, sur le Dichiton perpu- sillum, ce numéro renferme : 1? une Note de M. Philibert relative à POr- thothecium Duriæi Bescherelle (Hypnum Mont.), qui a été trouvé par lui en assez grande abondance, à l’état stérile, au pied de l'Estérel, prés de Travas, en France; 2° plusieurs Notes de M. Amann : la première sur des échantillons du Bryum comense Schimper récoltés sur la route de Davas à Frauenkirch et qui ne paraissent étre pour l'auteur qu'une forme remarquable du B. cespititium se reliant au type par la variété imbri- catum ; la seconde sur le Campylopus alpinus Sch. qui doit être consi- déré comme très distinct du Dicranodastium longirostre Web. et Mohr, auquel Schimper l'a réuni daus la deuxiéme édition de son Synopsis; la troisième sur deux Mousses nouvelle, le Barbula rhætica Amann, voisin du B. gracilis etle Fissidens riparius Amann, voisin du F. os- mundoides Hedw.; les autres Notes ont trait au Brachythecium trachy- podium Brid., à différentes Mousses nouvelles pour la Suisse et enfin à la description d'une nouvelle espéce, le Tayloria parvula Philib. et Amann, trouvée sur l’humus dans une forêt dela vallée de Dischma, prés Davos à 1600 métres d'altitude. Le méme numéro contient une deserip- tion du Bryum imbricatum Schw:eg., faite par M. Husnot sur un échan- tillon de l'herbier de Schwægrichen, et une Note de M. Philibert sur les Mousses norvégiennes ci-aprés : Pseudoleskea tectorum. Sch. (c. fr.), Brachythecium Ryani Kaurin (sp. nov.), Thedenia suecica Sch., Ortho- trichum Rogeri Brid., Bryum (Cladodium) Axel-Blyttii Kaurin p . ńov.), Bryum labradorense Philib., B. flavescens Kindberg. Ex. BESCHERELLE. Revue bryologique: par M. T. Husnot (année 1889, n° 5). ; Ce numéro renferme la description de deux nouvelles espéces d'Hépa- tiques du genre Riccia, récoltées en Algérie par M. le D" Trabut, les R. mamillata Trab. et R. Trabutiana Stephani, et un huitième article de M. Philibert sur le péristome des Mousses, notamment sur les diffé- rences qui existent entre les Mousses nématodontées et les Mousses arthrodontées et sur les transitions entre ces deux groupes. Éx. B. Westindische Hepaticæ (Hépatiques des Indes occidentales); par M. F. Stephani (Hedwigia, 1888, pp. 216-302). Cet important Mémoire du savant hépaticologue de Leipzig renferme, avec la description des espèces nouvelles, la liste des Hépatiques récol- tées dans l'ile de Porto-Rico (111 espèces) par M. Sintenis, et dans les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 iles de Saint-Domingue et de la Dominique (36 espèces), par M. Eggers. On trouve néanmoins intercalées dans le texte des observations et des diagnoses qui se rapportent à des espèces étrangères à ces localités, telles sont celles qui ont trait aux espèces ci-après: Aneura virgata G., de la Guadeloupe, A. Zollingeri Steph., de Java, Cololejeunea stylosa, de l'ile Luçon. Les espéces nouvelles de Porto-Rico sont les suivantes : Kantia por- toricensis Steph., Taxilejeunea antillana Steph., Odontolejeunea Ber- leroana Gott. mss., Taxilejeunea Eggersiana Steph., Microlejeunea ovifolia Gott. mss., Cololejeunea sicæfolia Goit. mss., C. Sintenisii Steph., Micropterygium portoricense Steph., M. Martianum Steph., Radula portoricensis Steph., R. tectiloba Steph. Les espèces nouvelles de Saint-Dominique sont: Bazzania Krugiana Steph., Eulejeunea Urbani Steph. et Radula Eggersiana Steph. Quatre planches terminent ce Mémoire, donnant le port et les carac- tères des espèces nouvelles. Ex. B. Hepaticæ Australiæ; par M. Stephani (Hedwigia, 1889, pp. 1-50). Dans ce deuxième travail, plus important encore que le précédent, M. Stephani a entrepris la révision des Hépatiques de l'Australie; 127 es- péces y sont cataloguées avec des observations critiques sur la plupart d'entre elles et la diagnose des espéces nouvelles. Ces derniéres sont au nombre de 53, ainsi réparties par ordre alphabétique : Aneura 1, An- thoceros1, Bazzania 1, Dendroceras 1, Fimbriaria 3, Fossombronia 1, Frullania 4, Nardia 1, Lejeunea 21, Lepidozia 1, Lophocolea 1, Mar- chantia 2, Metzgeria 2, Porella 1, Radula 1, Riccia 1, Ricciella 3, Schistocheila 1. : Deux planches accompagnent le texte. Ex D. Note sur le Dichiton perpusillum Montag.; par M. Ste- phani (Revue bryologique, 1889, n° 4). C. Montagne et Durieu ont publié dans la 6° Centurie, n° 23, le Jun - germannia calyculata M. et DR., qui est devenu le Dichiton perpusil- lum Montag., dont la diagnose assez écourtée est décrite dans le Sylloge Cryptogamarum, p. 52. La seule espéce qui compose ce genre a été trouvée prés de Philippeville en Algérie, par M. Durieu de Maisonneuve. M. Stephani, qui a eu entre les mains un échantillon authentique du Dichiton, a jugé utile d'étudier à nouveau celte plante et d'en donner une description plus complète. — L'examen minutieux qu'il en a fait lui a permis de reconnaitre que le D. perpusillum est une vraie Jungermanniée, tant par son port que par 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les seuls organes femelles que l'on connait ; l'inflorescence måle, quoique la plante soit indiquée par Montagne comme étant monoique, n'ayant pu être constatée par M. Stephani, non plus que la capsule. Cette Hépa- tique offre une organisation toute particulière; elle présente un double périanthe, l'un encaissé dans l'autre, comme cela se voit dans quelques Frullania exotiques seulement. Le périchèze se compose de trois paires de feuilles trés serrées, beaucoup plus grandes que les caulinaires infé- rieures; elles sont unies sur le derriére par un amphigastre grand, en forme de languetle et montrent trois degrés différents de coalescence. Dans la premiére paire celte coalescence est réduite à la partie inférieure de l'amphigastre; dans la deuxième paire, les trois feuilles forment déjà un cylindre fermé, coupé très brièvement au bord; la troisième paire ressemble beaucoup au périanthe qu'elle renferme et constitue un cylindre fortement plié à orifice coupé et entier. Le périanthe, qui dépasse cette dernière paire de feuilles, a cinq plis; son ouverture est contractée et finement crénelée; il contient 7-9 archégones qui entourent la base de la jeune coiffe. Ém. BESCHERELLE. Additions au Catalogue des Muscinées de la Somme; par M. E. Gonse (Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France, tome vir, 1886-1888). Mémoire de 9 pages renfermant l'indication de 78 espéces de Mousses et de 8 espèces d'Hépatiques découvertes dans les arrondissements de Montdidier et d'Abbeville, depuis la. publication par l'auteur, en 1885, de son Catalogue des Muscinées de la Somme. Parmi ces espèces qui n'avaient pas encore été signalées dans la circonscription, on remarque: Orthotrichum phyllanthum, Trichostomum flavo-virens, T. crispu- lum, Eurhynchium circinatum. Ew. B. Contributions to the Bryology of Canada; by John Macoun (Bulletin of the Torrey Botanical Club, vol. xvi, n° 4, april 1889). Ce Mémoire, qui fait partie de la Floredu Dominion du Canada et qui est extrait de la cinquième partie, contient la description de 16 espèces nouvelles de Mousses nommées par M. Kindberg, de Linkoping (Suede). Ces espèces sont les suivantes : Dicranella parvula, Dicranum iet neuron, D. stenodictyon, Barbula megalocarpa, Grimmia arcuatifolia, Rhacomitrium Macounii, Merceya latifolia, Physcomitrium megalo- carpum, Bryum vancouveriense, B. hydrophyllum, R. meesioides, Rhodobryum ontariense, Pogonatum Macounii, Dichelyma longinerve, Leskea nigrescens, Camptothecium hematidens. Ex. B. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 145 Neue Beitrage zur Moosflora von Neu-Guinea (Nouvelles recherches sur les Muscinées de la Nouvelle-Guinée); par M. A. Geheeb (Bibliotheca botanica, 1889, fasc. 13). La flore bryologique dela Nouvelle-Guinée n'était guére connue que par les échantillons récoltés au cours de l'expédition de la Gazelle par M. Naumann, et qui ont été décrits trés sommairement par M. Charles Muller, dans les Engler's botanische Jahrbuecher, de 1883. M. Geheeb, profitant des récentes récoltes faites par M. W. Bauerlen, sur une des branches de la rivière Fly, au sud de l'ile, par MM. Chalmers et Bridge aux Cloudy Mountains, near South-Cape, et par M. W.-G. Lawes au nord, a réuni ainsi 27 espéces de Mousses et 13 d'Hépatiques. Les Mousses nouvelles de Fly River sont : Leucobryum auriculatum C. Mull., Leucophanes (Tropinotus) minutum C. Mull., Syrrhopodon (Eusyrrhopodon) gracilis Geheeb, S. (Calymperidium) strictifolius C. Mull., Endotrichum (Garovaglia) Bauerlenii Geheeb, Neckera (Pa- raphysanthus) nano-disticha Geheeb, N. (Nanocarpidium) Bauerlenii Geheeb, N. (Nanocarpidium) prionacis C. Mull., Chætomitrium ele- gans Geheeb, C. cygneum C. Mull., Pelekium lonchopodum C. Mull., Hypnum (Sigmatella) tabescens C. Mull., H. (Trichosteleum) novo- guinense Geheeb, H. (Vesicularia) angusto-textum Geheeb, H. (Taxi- caulis) submammilosulum C. Mull., H. subverrucosum Geheeb, Hyp- nodendron subarborescens C. Mull. La Mousse nouvelle des Cloudy Mountains est l'Hypnodendron fusco- aciculare C. Mull. Le Mémoire de M. Ad. Geheeb forme un fascicule de 12 pages in-4^ et se termine par 8 planches. Ex. B. A new Hepatic, by B. Carrington and W. H. Pearson (Journal of Botany. Vol. xxvii, n° 320, 1889). Ce Mémoire est spécial à la description, en anglais, d'une nouvelle espèce d'Hépatique du genre Lepidozia, le L. reversa, trouvée à Sandy- Creek, prés de Beenleigh, Queensland, par M. C. Wild. Cette espèce, qui, d'aprés l'auteur, pourrait former le type d'un nouveau genre, se distingue des autres espéces de Lepidozia par les feuilles succubes, Une planche trés détaillée accompagne la diagnose. Ex. B. Noterelle briologiche; par M. A. Bottini (Malpighia, 111, fasc. 111- Iv, 1889, p. 101). M. Bottini, qui a publié, en 1886, un Mémoire sur l'organisation des Fissidens serrulatus et F. polyphyllus, le complète et le reclifie sur quelques points dans la présente Note, par l'examen du réseau cellu- T. XXXVI (REVUE) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laire des feuilles en coupe transversale, d'aprés des échantillons fructifiés récoltés sur le mont Pisano. D'aprés l'auteur, le F. serrulatus Brid. (forma «. Bott.; F. Langei DN.) aurait une coiffe constamment symé- trique, conique, mitréforme, 4-5 lobée à la base, tandis que Schimper lui attribue une coiffe cucullée ; il serait important de vérifier, sur les exemplaires de l'auteur du Bryologia Europea, si le Fissidens serru- latus qu'il a décrit dans le Synopsis (2° édition) ne diffère pas, par d'autres caractères, du F. serrulatus du mont Pisano. Les notes de M. Bottini renferment en outre des détails anatomiques sur le Thuidium pulchellum de Notaris et le T. punctulatum de Not. D'après l'examen auquel s'est livré l'auteur, le T. pulchellum Geheeb (Revue bryol. 1879, p. 83), de Transylvanie, doit, comme l'avait déjà reconnu M. Venturi (ibid., 1880, p. 102), être reporté au T. punctula- tum. Trois planches sont jointes à ces Notes. ÉM. BESCHERELLE. Addenda ad Floram italicam ; prima Contribuzione all' Epati- cologia romana; par M. Ugo Brizi (Malpighia, 1889, p. 176). L'Hépatieologie du territoire de la province de Rome était assez mal connue, sil'on en juge par les quelques espéces citées dans l'Epatico- logia italica de M. Massalongo, dans le Flora Romana de Maratti, et dans le Florula del Colosseo de M"* la comtesse El. Fiorini-Mazzanti. M. U. Brizi a entrepris de venger la province romaine de l'oubli dans lequel elle était restée et il publie un Catalogue des espéces qu'il a re- cueillies ou qu'il a trouvées dans l'herbier de l'Institut royal botanique de Rome, en indiquant les localités où les échantillons ont été rencontrés. Le Catalogue renferme l'énumération de 41 espéces. Éw. M. Nuovo Giornale botanico italiano, vol. xxr, 1889, n° 3 et 4. Le n° 3 contient l'Énumération des Mousses de Bologne (1"° centurie), par M. Farneti : un Index des Muscinées récoltées jusqu'ici au mont Amiata, par M. Arcangeli, savoir : 89 Mousses, 21 Hépatiques ; une Note de M. Massalongo, avec diagnose latine, sur une nouvelle espéce d'Hépa- tique, le Lejeunea Rossettiana, trouvée par M. C. Rossetti, à Verceil, et qui .se distingue du L. calcarea par son inflorescence probablement dioique, et surtout par les lobes des feuilles offrant sur toute leur face dorsale des cellules garnies de fortes papilles pointues, et, sur la marge interne, des dents spiniformes. Le n* 4 du méme recueil renferme une Note de M. Massalongo, sur une nouvelle variété du Frullania dilatata Dumort. var. Briziana Massal., récoltée par M. Ugo Brizi, à la villa Borghése, prés de Rome; une autre Note de M. C. Arcangeli sur 14 espèces d'Hépatiques recueillies par lui en Calabre. Ém. B. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 Action des ferments alcooliques sur les différentes espèces de sucre; par M. Hansen (Annales de Micrographie, 1888, n* 2 et 3). Il y a plusieurs années, M. Hansen a défini six espéces de levüres iso- lées à l'aide de cultures ayant pour point de départ une cellule, il en décrit trois nouvelles dans ce nouveau Mémoire : Saccharomyces Marxianus, exiguus (1) et membranefaciens. Leur découverte modifie la conception du genre Saccharomyces au point de vue morphologique, car quelques espèces peuvent développer un mycélium (S. Marzianus découvert sur le raisin). Au point de vue physiologique, la notion du genre est égale- ment transformée; le S. membranæfaciens forme un premier groupe dans lequel on n'observe aucune fermentation alcoolique avec les quatre sucres employés (saecharose, dextrose, maltose, lactose) et dans lequel l'invertine ne se développe pas. Les S. Marxianus et exiguus se différencient par leur action sur le maltose qu'ils ne font pas fermenter, propriété qui appartient aux autres espéces. C'est donc à ces derniéres, formant un troisiéme groupe, que l'on doit attribuer un rôle dans la fabrication de la bière. Les espéces précédentes sont capables de produire plus ou moins faci- lement des endospores. M. Hansen a également étudié l'action sur les divers sucres d'un certain nombre de végétations bourgeonnantes res- semblant à des Saccharomyces, mais ne produisant jamais de spores endogénes. Parmi elles, il faut citer les Mycoderma vini, Myc. cerevisie, l'ancien Saccharomyces apiculatus, les Torula de M. Pasteur, le Moni- lia candida. Or, si certains vrais Saccharomyces ne produisent pas de fermentation alcoolique, plusieurs faux Saccharomyces jouissent de celte propriété à un degré notable, mais cependant moindre que chez les vraies levüres. Toutes ces fausses levüres, sauf le Monilia candida, ne font pas fermenter le maltose, leur róle dans l'industrie de la bière est donc faible, mais elles peuvent intervenir dans la fabrication des vins de raisins et d’autres fruits. Pratiquement on ne peut donner de renseignements précis sur cette question, parce que l'étude botanique de ce problème n'a jamais été entreprise jusqu'ici. ; i Quant aux différents Mucor étudiés par l'auteur, les uns produisent de l'invertine et les autres n'en donnent pas, mais tous provoquent une fermentation alcoolique trés lente. x De tous les sucres, le dextrose est celui qui fermente le plus aisément et c'est celui qu'il faut employer de préférence quand on doit cultiver une espéce inconnue. qui ne correspond pas à la définition de ce dernier (1) Ce nom ancien de Ress, ent distinguées. auteur, est applicable à plusieurs espèces nouvellem 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En résumé, on voit que c'est à l'aide de caractères physiologiques et non morphologiques que l'auteur fonde ses espèces. Jamais jusqu'ici on ne s'était servi d'un pareil criterium. Sera-t-il meilleur que l'ancien? l'ave- nir décidera. On sait cependant, d'aprés divers physiologistes, qu'une méme espèce peut suivant le milieu présenter des caractères physiolo- giques très différents. Le Penicillium glaucum peut sécréter, suivant les cas, l'amylose, la sucrase ou la présure, c'est-à-dire que la production des diastases est en rapport avec le mode d'alimentation (1). J. CosTANTIN. Species der Saprolegnieen (Espèces de Saprolégniées); par de Bary (Botanische Zeitung, 1888, n* 38 à 41, avec deux planches). Huit années de recherches se trouvent condensées dans ce travail posthume de l'éminent mycologue publié par les soins de M. de Solms- Laubach. La premiére parlie est consacrée à la méthode employée par l'auteur pour se procurer des matériaux d'étude. Elle consiste à introduire dans une eau bouillie des brindilles de plantes ou de la vase récoltée pen- dant les excursions dans différentes mares, lacs, etc., et à semer sur celle eau des insectes morts. Les zoospores viennent se fixer et germer sur ce dernier substratum, de sorte qu'on a, au bout de peu de temps, une premiére culture avec plusieurs espéces que l'on isole les unes des autres par boutures. On arrive ainsi rapidement à obtenir une cul- ture suffisamment pure. Malgré l'extréme diffusion des Saprolégniées, le nombre total des espèces connues est très peu élevé. Il y en a cependant dans toutes les mares, dans tous les lacs jusqu'à une altitude de 2000 mètres. Presque toujours les mémes espéces sont retrouvées dans les mémes lieux, à plu- sieurs années de distance. Jamais de Bary n'a rencontré les Mono- blepharis, ces Champignons si intéressants par l'existence d'anthéro- zoides. L'auteur donne la diagnose des genres qu'il a pu étudier parmi lesquels trois Sont nouveaux : Saprolegnia, Leptolegnia n. gen., Pythiopsis n. sen., Achlya, Aphanomyces, Dictyuchus, Aplanes n. gen., Lepto- mitus. Le Leptolegnia caudata présente les caractères des Saprolegnia, mais l’oogone ne contient qu'une seule oospore le remplissant complète- ment. Le Pythiopsis cymosa possède des zoospores primaires à deux cils (1) Duclaux, Chimie biolog., p. 195. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 qui cessent de se mouvoir sans s'entourer de membrane et qui germent directement en zoospores secondaires. Les zoosporanges sont organisées en cymes. Les oogones et les oospores présentent le$ mêmes caractères que chez les Saprolegnia. Les zoosporanges vidés ne sont jamais tra- versés par les filaments sous-jacents. Le genre Aplanes, créé pour l'Achlya. Braunii, présente les carac- téres des Achlya, mais s'en distingue par l'absence de véritables zoo- sporanges; les spores germent directement à l'intérieur du sporange. Les espèces, de tous les genres indiqués précédemment sont étudiées avec soin ; pour chacune d'entre elles l'auteur indique les localités ou il les a trouvées. Le genre Saprolegnia est étudié tout spécialement; il se divise en trois groupes : 1. Groupe asterophora à oogones étoilés. — S. asterophora. 2. Groupe ferax à oogones lisses, restant en continuité avec leur sup- port jusqu'à la maturité. a. Sans anthéridies, oospore centrale. — S. Thureti. b. Anthéridies existant mais non comme branches latérales. — S. hy- pogyna. c. Anthéridies sur des branches latérales. Oospore centrale : S. monoica, mixta, torulosa, dioica. Oospore excentrique : S. anisospora. 3. Groupe monilifera à oogones séparés de leur support trés tôt et en chapelet. — S. monilifera n. sp. Dans les autres genres, comme espèces nouvelles, on doit signaler l'Achlya apiculata, dont l'oogone présente une pointe, et l'A. oligacan- tha, en présentant plusieurs. Signalons enfin le Dictyuchus clavatus dont le sporange présente une membrane extrémement fugace, et qui rappelle par ce caractère les Mucor. J G Zur Kenntniss der Infectionskrankheiten niederen Thiere und Pflanzen (Étude sur les maladies infectieuses des animaux et des plantes inférieurs); par M. W. Zopf (Nova Acta der k. k. Leop.-Carol. Deutsch. Akademie der Naturforscher, 1888, t. LiI, n° 7, 64 pages et 7 planches). L'étude des maladies parasitaires des étres inférieurs est, en ce mo- ment, complètement négligée ; elle peut cependant permettre de mieux étudier la lutte des cellules de l'hóte avec le parasite, les adaptations et 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un grand nombre de questions qui peuvent être résolues grâce à la sim- plicité de l'étre attaqué. Dans un premier chapitre, l'auteur montre que l'Arthrobotrys oligo- spora Fres., qui vit d'ordinaire en saprophyte sur le bois, les feuilles, ete., peut produire une maladie sur les Anguillules. Pour établir ce fait, M. Zopf cultive la Mucédinée précédente dans un vase de Geissler et ajoute à la culture le Tylenchus scandens ou d'autres animalcules ana- logues (1); il voit alors le mycélium traverser la peau, se ramifier dans ses muscles et amener la mort du ver. Le parasite produit une dégénéres- cence graisseuse, et la substance grasse ainsi produite sert à sa nutrition, aussi perce-t-il de nouveau la peau de l'animal pour aller attaquer d'autres individus. Dans ces nouvelles conditions de vie, le Champignon produit un nombre énorme de spores-kystes aussi bien à l'intérieur qu'à l'exté- rieur de l'Anguillule. La germination de ces spores n'a pas été obtenue jusqu'ici. Une autre maladie des Anguillules est produite par l'Harposporium Anguillule. Le mycélium végéte dans le corps du ver en formant des kystes et fructifie à l'extérieur. M. Zopf décrit aussi quelques maladies parasitaires d'Algues inférieures; une épidémie du Chroococcus turgidus est produite par le Rhizophyton agile Zopf, une maladie des Diatomées et Desmidiées est causée par un ennemi semblable, le Rhizophyton gibbosum qui détruit aussi les œufs dé certains Rotiféres. Le parasitisme a quelquefois d'autres conséquences que la mort, il peut déterminer la formation d'appareils de reproduction plus aptes à résister aux attaques d'agents extérieurs. C'est ainsi qu'un Syncephalis ou le Pleotrachelus fulgens, qui détruisent les sporanges du Pilobolus crystallinus, améneraient, d’après l’auteur, la formation des zygospores. J. COSTANTIN. Das epidermische Auftreten einer Urophlyctis Art auf Carum Carci (Épidémie du Carum Carvi produite par une espèce d'Urophlyctis); par M. Magnus (Sitzungsberichte der Gesells- chaft naturforschender Freunde, 1888, p. 1). Le Champignon est richement développé dans toute la plante nourri- cière, sa présence se traduit par des excroissances à noyau noir. Le para- site est localisé dans une cellule centrale de l'excroissance, ou du moins ses spores durables dont le diamètre est de 42 p; cette particularité semble indiquer que l'hóte a dà pénétrer dans une cellule épidermique (1) Heterodera Schachtii. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 et que son développement a amené la formation d'une excroissance ana- logue à une galle. La cellule centrale contient un petit nombre de ces spores à parois épaisses et lisses. Cette organisation rappelle absolument celle des kystes sporanges des Chytridiacées (Zygochytriacées) apparte- nant au genre Urophlyctis Schrott. (Krypt. Flora v. Schles. rit, p. 126). Ce dernier auteur a constaté la transformation des spores durables en Z0oSporanges pour une espèce appelée autrefois Physoderma pulpo- sum Wallr.; chez d'autres formes qu'il a cru devoir rattacher au même genre, il n’a pas fait cette constatation (Uroph. majus — Physoderma majus, sur Rumez) ; l'analogie de structure l'a conduit à faire ce rappro- chement. C'est aussi par une induction analogue que M. Magnus a eru devoir appeler ce parasite du Carum Carvi, Urophlyctis Kriegeriana. J. C. Beobachtungen an Sigillarien von Wettin und Umge- gend (Observations sur des Sigillaires de Wettin et des environs); par M. Weiss (Zeitschr. der deutsch. geol. Gesellschaft, xti, pp. 376- 319). M. Weiss, qui avait signalé précédemment l'existence de formes intermédiaires entre les deux groupes des Clathrariées et des Léioder- mariées, établissant un passage entre le Sigillaria Brardi etle S. spi- nulosa (1), vient de décrire un échantillon sur lequel ces deux formes s'observent simultanément : c'est un tronc aplati, décortiqué sur une de ses faces, qui, de ce cóté, montre nettement, malgré la disparition de sà surface externe, les sillons caractéristiques des Clathrariées et qui peut être identifié au S. Brardi ; mais sur les bords les sillons s'effacent peu à peu, et sur l'autre face l'écorce, parfaitement plane, offre l'aspect habituel du S. spinulosa sans cependant que l'écartement relatif des cicatrices foliaires soit pour cela modifié (2). Un autre échantillon montre à sa parlie supérieure les sillons entre-croisés des Clathrariées, avec un aspeet analogue à celui du S. Defrancei, tandis que vers le bas les sillons disparaissent complétement comme chez les Léiodermariées. L'auteur rappelle que des faits du méme genre ont été constatés chez les Rhytidodendron, qu'il réunit d'ailleurs aux Sigillaria. Ces diffé- rences répondent à des stades différents de développement et se repro- duisaient sans doute périodiquement sur une méme tige. 1) Voyez plus haut, p. 97 de la Revue. : x : e Geitis E de deux formes considérées jusqu'alors comme spécifiquement dif- i ) i i sté tatée également de la façon la plus férentes, Sig. Brardi et Sig. spinulosa, a été cons g nette - id échantillon du terrain houiller de Terrasson (voy. Bull. Soc. géolog. de France, 3° sér., xvi, pp. 603-610, pl. xiv). 159 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On ne peut toutefois conclure de là à la réunion définitive et absolue des Léiodermariées et des Clathrariées : ilest fort possible que certaines espéces n'aient jamais offert ces variations, et soient restées pendant toute leur vie avecles caractéres, les unes des Clathrariées, les autres des Léiodermariées ; on constate en effet l'existence de ce dernier groupe, représenté par le Sig. camptotenia, dans les couches del'étage houiller moyen, où les Clathrariées paraissent manquer. Il n'est pas impossible, d'autre part, que les Sigillaires à côtes ou Rhytidolepis arrivent aussi, par l'effacement de leurs sillons longitudinaux, à prendre l'aspect des Léio- dermariées. En tout cas, la liaison des Rhytidolepis avec les Favulariées étant depuis assez longtemps reconnue, et celle des Clathrariées et des Léio- dermariées étant établie parles découvertes qui viennent d'étre signalées, M. Weiss estime qu'il y a lieu de fondre en deux les quatre groupes dans lesquels on divisait jusqu'à présent le genre Sigillaria, savoir : les Sub- sigillaires, comprenant les Léiodermariées et les Clathrariées, et les Eusigillaires, comprenant les Favulariées et les Rhytidolepis. R. ZEILLER. Ueber Medullosa Colta und "Fubicewultis Cotta (Sur les Me- dullosa et les Tubicaulis de Cotta); par M. A. Schenk (Abhandl. der math.-phys. Classe der ken. Sechs. Gesellsch. der Wissenschaften, Bd xv). Leipzig. In-4°, 38 pages, 3 planches. On a donné le nom de Medullosa, ou, plus généralement, de Médul- losées, à une série de tiges fossiles rencontrées à l'état silicifié dans les formations permiennes de la France ou de l'Allemagne ; elles se montrent, sur des coupes transversales, constituées par un nombre plus ou moins considérable de corps ligneux, disséminés dans une masse médullaire commune, et dont les uns offrent une section circulaire ou elliptique, tandis que les autres sont aplatis en forme de bandes arquées ou ondu- leuses. Chacun d'eux est constitué d'ailleurs par une moelle centrale propre et par des coins de bois rayonnants formant un anneau continu autour de cette moelle. Parmi les échantillons étudiés par M. Schenk, l'un des plus intéres- sanis est un fragment de tige de Med. Ludwigii provenant de la steppe de Pawlodar au nord de Semipalatinsk, qui est encore garni de nom- breuses bases de pétioles, serrées les unes contre les autres, et rappelle ainsi l'aspect des troncs de Cycadées ; chacune de ces bases de pétioles est parcourue par plusieurs faisceaux qu'on voit partir des corps ligneux les plus voisins de la périphérie; des coupes transversales et longitudi- nales montrent d'ailleurs ces corps ligneux peu différents les uns des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 autres, formés de trachéides aréolées, se ramifiant à diverses reprises et s'anastomosant mutuellement; ils ne semblent pas munis de bois pri- maire, bien que sur un point M. Schenk ait pu reconnaitre des trachéides rayées. A cet égard, le Med. Ludwigii semble différer des autres espéces du méme genre, Med. Leuckarti, Med. stellata, Med. Solmsii et Med. Sturii, chez lesquelles on observe toujours à l'origine de chacun des coins ligneux, en contact avec la moelle centrale, un groupe de trachéides rayées qui ne peut étre considéré que comme du bois primaire, par ana- logie avec ce que l'on constate chez plusieurs plantes fossiles, chez les Sigillaires par exemple. Il n'y a pas lieu d'entrer ici dans la distinction des différentes espéces ou formes de ce groupe, qui oscillent toutes autour d'un type unique, le Med. stellata Cotta, ne différant guére les unes des autres que par le mode de répartition et la disposition relative de leurs corps ligneux. Chez quelques-unes d'entre elles, on reconnait, disséminés dans la masse médullaire générale, de petits faisceaux ligneux, formés, eux aussi, de séries de trachéides rayonnantes, mais ne mesurant qu'un millimètre de diamètre et dont les relations avec les corps ligneux plus développés ne sont pas encore déterminées. On observe aussi, soit en mélange avec ces petits faisceaux, soit à la périphérie de la tige, de nombreux faisceaux sclérenchymateux cylindriques courant dans le pa- renchyme. Une autre particularité consiste dans les inégalités notables de développement que présentent souvent les corps ligneux principaux, par- ticulièrement ceux qui affectent la forme de bandes aplaties contournées ou enroulées sur elles-mémes, le bois secondaire s'y montrant plus épais du côté externe que du côté interne. Enfin il faut mentionner les obser- vations faites par M. Schenk sur les faisceaux foliaires, qu'il a vus partir des groupes de trachéides du bois primaire, et qui se divisent d'abord en deux, puis en quatre branches en passant à travers l'écorce; ils présen- tent eux-mémes un bois primaire, et un bois secondaire formé de tra- chéides disposées en séries rayonnantes. M. Schenk conclut de la structure des corps ligneux qui conslituent ces tiges, que les Medullosa ne sauraient étre rapportés aux Cycadées, comme l'avaient pensé divers auteurs, et que l'on ne peut les placer que parmi les Cryptogames vasculaires, et non parmi les Gymnospermes ; ils se rapprochent notamment des Lyginodendron, mais ils possèdent en propre divers détails trés particuliers de structure, qui ne permettent de les assimiler à aucun type de Cryptogames vasculaires vivant ni fossile. Il y a bien, il est vrai, des plantes appartenant à cet embranchement, les Angiopteris, par exemple, chez lesquelles la disposition et la course des faisceaux offrent des analogies avec ce qu'on observe chez les Medul- losa, mais la constitution de ces faisceaux est toute différente. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il semble probable que lors de la différenciation du méristéme pri- mitif il devait se former, chez les tiges de Medullosa, d'une part des faisceaux cylindriques, simples ou ramifiés, d'autre part, à la périphérie, des bandes ligneuses annulaires aplaties. Ces divers corps ligneux étaient susceptibles de croitre ultérieurement en épaisseur, et peut-étre une assise cambiale donnait-elle lieu ensuite à la formation de nouvelles bandes ligneuses périphériques. M. Schenk décrit, en terminant, sous le nom de Rachiopteris Lud- wigii, un échantillon silicifié de la steppe de l'Oural formé d'un groupe épais de pétioles appartenant à une tige de Fougère subarborescente du groupe des Tubicaulis de Cotta; ces pétioles sont constitués comme ceux des Clepsydropsis d'Unger, et séparés les uns des autres par de nom- breuses racines; mais la tige elle-méme manque, de sorte qu'il est im- possible de savoir à quelle section de l'ancien genre Tubicaulis l'échan- tillon peut étre rapporté. R. ZEILLER. NOUVELLES. (19 décembre 1889.) — Les comptes rendus de nos séances ont fait connaitre, à mesure qu'ilsse produisaient, les trop nombreux vides que la mort a causés parmi les membres de la Société botanique de France. Au dehors les pertes n'ont pas été moins regrettables, nous en mentionnerons quelques-unes : nous apprenons la mort de M. l'abbé Angel Lucante, curé d'une petite commune du Gers et fondateur en 1882 d'un Recueil périodique qu'il initulait : « Revue de botanique, Bulletin mensuel de la Société francaise de botanique ». En réalité, cette Société ne se réunissait jamais et son existence était purement nominale. L'abbé Lucante, placé dans des conditions qui semblaient peu favorables à une telle entreprise, avait cependant réussi par son activité à la faire prospérer et à la continuer jusqu'à sa mort. On trouve dans cette Revue de botanique quelques bons travaux, notamment des Mémoires sur les Lichens, dont la publica- tion rendait service à la science. — Sébastien Vidal, directeur du Jardin botanique de Manille, auteur de nombreux travaux sur la flore des iles Philippines, est décédé le 28 juillet. — Le Rév. Miles Joseph Berkeley a été enlevé le 30 aoüt, à l'àge de quatre-vingt-trois ans. Il s'est occupé d'Algues, de Mousses et de Gham- pignons. C'est à cette dernière classe de végétaux qu'il s’est plus parl REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 culiérement attaché. Indépendamment d'une foule de Notices qu'il a insérées dans les Annals of nat. history et dans le Gardeners’ Chro- nicle, il a publié des ouvrages considérables, tels que les Fungi de l'En- glish Flora, les British Fungi, V Introduction to cryptogamic Botany. — Tout le monde sait que les jardins des grandes villes souillés par les poussiéres et la suie sont généralement dans des conditions peu favorables à la végétation des plantes cultivées en plein air, et, à Paris notamment, les botanistes qui poursuivent des observations exigeant des cultures appropriées étaient souvent arrétés par l'inconvénient que nous signalons. Cet obstacle est aujourd'hui aplani grâce à l’intelligente libéralité de M. le Directeur de l'enseignement supérieur. Par décret du 22 février 1889, un terrain de deux hectares et demi, pris sur la forét domaniale de Fontainebleau, a été affecté au ministère de l'Instruc- tion publique pour l'établissement d'un laboratoire de biologie végétale, dont notre confrére, M. Gaston Bonnier, professeur de botanique à la Sorbonne, a été nommé directeur. Les bàtiments sont actuellement terminés et les cultures expérimentales pourront être entreprises dés l'année prochaine. Un emplacement sera spécialement réservé pour ceux de nos confréres qui désireraient instituer des expériences de culture en vue de recherches personnelles. Tous ceux qui s'intéressent aux progrés de la botanique applaudiront à cette utile création. — Nos confrères, MM. Devaux, Douliot, Jumelle, Lecomte et Seignette, ont soutenu avec succés à la Faculté des sciences de Paris, en juillet et novembre derniers, des théses de botanique pour l'obtention du grade de docteur és sciences naturelles. De plus M. Devaux a été nommé Stagiaire au Muséum d'histoire naturelle. — L'un des secrétaires de notre Société, M. Cl. Duval, précédemment chef de l'École de botanique du Muséum où il avait remplacé M. Verlot, a quitté cet établissement pour êlre attaché, comme chef des cultures, au laboratoire de biologie végétale de la Faculté des sciences qui vient d'étre créé à Fontainebleau. — Notre confrére, M. Charles Legendre, vient de fonder, dans la Haute-Vienne, une « Société botanique du Limousin », qui comprend dans son programme la préparation collective d'une Flore du Limousin, la création à Limoges d'un Muséum et d'un Jardin des plantes, enfin la distribution dans l'enseignement primaire d'un « herbier scolaire » des- tiné à vulgariser parmi les cultivateurs la connaissance des plantes utiles ou nuisibles. Nous suivrons avec intérét le développement de cette nou- velle Société, qui compte déjà deux cents membres. — La Société Dauphinoise pour l'échange des plantes commencera 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en 1890 la publication d'une deuxième série de ses exsiccalas. Il reste, au siège social, quelques paquets contenant les espèces des cinq ou six dernières distributions et qui seraient cédés à des conditions trés avan- tageuses, le prix qui en serait retiré devant être employé à l'impression de la Liste générale et méthodique des espéces (5700 numéros) dont se compose la premiére série. — S'adresser, pour plus amples renseigne- ments, à M. l'abbé Guiguet, professeur à l'Externat Notre-Dame, 8, rue Sainte-Claire, Grenoble. — M. le D' Christ (rue Saint-Jacques, 5, à Bâle, Suisse) désire se procurer, par achat ou échange, des exsiccatas de Fougéres exotiques. — Notre confrère M. Jadin, chef des travaux de botanique à la Fa- culté des sciences de Montpellier, est chargé d'une mission scientifique aux iles dela Réunion et de Maurice, pour en étudier la flore algolo- gique ; son départ est fixé au 1° janvier. — M. J. Foucaud, directeur du Jardin botanique de la marine à Rochefort-sur-Mer, prépare actuellement une monographie illustrée des Muscari d'Europe. Il serait trés reconnaissant à MM. les botanistes de vouloir bien lui adresser, par la poste, pour ses cultures, trois ou quatre bulbes des différentes espéces et formes de Muscari qui crois- sent dans leurs environs. — Les Papeteries de Vidalon, Canson et Montgolfier, 39, rue de Pales- tro, à Paris, tiennent du papier bulle vergé, fabriqué spécialement pour herbier sur les indications du Muséum d'histoire naturelle. Il est exempt de toute matière minérale et coùte 10 francs la rame de 900 feuilles simples (format 28 X 43 1/2). Le prix est de 20 franes pour la rame feuilles doubles, format ouvert 45 X 58 1,2. Le Directeur de la Revue, pr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ERN. MALINVAUD. TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DU TOME XXXVI. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. A. PHANÉROGAMES. Recherches comparatives sur l'origine des membres endogènes des plantes vascu- laires; MM. Van Tieghem et Douliot. . Recherches sur l'enroulement des vrilles : M. Leclerc dû Sablon ..r. UR Recherches sur l'anatomie comparée des Malvacées, Bombacées, Tiliacées, Ster- cullacées; M. A. Dumont: Observations sur le sous-genre Lemoinea (Bégonias tubéreux) ; M. H. Duchartre. Sur la constitution du fruit des Graminces ; MH Jumelles. mere nee Sur le polymorphisme foliaire des Abiéti- Heese M: A: Daguilon. rec La Biologie végétale ; M. P. Vuillemin... Sur la théorie de la sève descendante ; M. E: Guinier. 20,2290 1225 noces B. CRYPTOGAMES. Du xérotropisme chez les Fougères; M. A. Borzi e o dc IA Opo ne 135 95 Mode de dissémination des spores chez les Equisetum; M. F.-C. Newcombe....... Recherches sur le développement du Phys- cia parietina; M. G. Bonnier......... Nutrition hydrocarbouée et formation de glycogène chez la levüre de bière ; M. Laurent..... t RO Don di AT Fermentation oxalique, non alcoolique, chez un Saccharomycète à endospores (S- Hansenu); M. Zopf...…. i. i: Observations sur les levůres de bière; M. Hansen > 2.4 eas Action des ferments alcooliques sur les différentes espèces de sucre; M. Hansen. Sur la disposition des feuilles chez les Polysiphonia ; M. K. Rosenvinge...... Sur la formation des pores secondaires chez les Polysiphonia; M. K. Rosenvinge. La cellule apicale des Fucus; M. W.-M. Woodworth Sur la forme des chromatophores chez quelques Phéosporées ; M. J. Reinke... "eto tacto | t| | |] | 5 n n | n9 BOTANIQUE DESCRIPTIVE. A. PHANÉROGAMIE. Annales de la Société botanique de Lyon. Bulletin de la Société royale de Belgique, tomes xxvi et xxvir (1887-1888).. ..... Nuovo Giornale .botanico italiano, t. XX PR nl de Det ES di pred oe The Journal of Botany british and fo- TON ns oru EHE Sa Ra ris Scrinia Flore selectæ ; M. C. Magnin.. Note sur le Ranunculus chærophyllos L4 M-A Fiinchel eoo uodpe nei nem Question de nomenclature et A propos du Ranunculus chærophyllos; M. E. Ma- p esee PORTU E eut Sur l'hermaphrodisme parasitaire et le polymorphisme floral du Lychnis dioica BC; M. A. Magnin ule v Une espèce nouvelle de Centaurea de la sect. Melanoloma; M. Debeaux....... Vicissitudes onomastiques de la Globulaire vulgaire; M. Saint-Lager,...... 114 42 132 124 Essai d'une monographie du genre Pri- mula; M. EF. Dax... cies ores e Fragmenta | Monographie Labialarum ; ; M: J. Briquel; 00.2. Pedicularis L. Synopsis generis nova; M. C.-J. Maximowicz .. Structure, développement et affinités du Trapella, nouveau genre de Pédalinées ; M. Fow. Olyer..--.. 1 ees n ss Les Cypripédiées; MM. Godefroy-Lebeuf et Browna ses. Moss caso oe C» eue uie a Monographie du genre Paris; M. A. Fran- chet . Étude sur Breus tenacissima); M. L. Trabut . eet t n | t 9t n À 5 | | | t9. ss... B. CRYPTOGAMIE. Sur la position systématique des Rhizo- carpées ; M. D.-H. Campbell.......... Sur la position systématique des /soetes ; MEE Vines, nr... 158 Revue bryologique de M. Husnot, 1858, ND ee 0049. 39 ose... 141 Revue bryologique de M. Husnot, 1889, HELID e e 141 Revue bryologique de M. Husnot, 1889, nS A eto e a 142 Notules bryologiques; M. A. Bottini...... 145 Musci novi exotici; M. von Brotherus.... 139 Note sur le Dichiton perpusillum Montag.; M. SUD: Lees uei erre rn 143 Une Hépatique nouvelle; MM. Carrington ec Pearson -ceo feoeo iein DCDODOOUE 145 Nitella (non Tolypeli Macounii; M. T.-F. Allen: a a a a eere 19 Sylloge Fungorum hucusque cognitorum, vol. vi; M. P.-A. Saecardo........ ... 19 Sur quelques nouvelles espéces d'Hymé- nomycètes; MM. Ellis et Everhart..... 111 Liste des plantes nourriciéres des Cham- pignons des États-Unis; MM. Farlow et Seymour. oso PE AS e eh ih 77 Sur une forme singulière d'Agaricus ; M. U. Martelli... cts 11 Une nouvelle espéce du genre Battar ed ; MR. Ludwig: be oe eis 112 Le genre Lachnocladium Lév.; M. N. Pa- 2touillard- 0955. noie. 131 La Truffe; M. C. de Ferry de la Bellone.. 17 Trois espèces nouvelles de Discomycètes ; M-L Roland. 0... S 11 Sur la maladie des sclérotes des fruits de Vaccinium ; M. Woronine.. ......... 98 GÉOGRAPHIE Flora Europg lerrarumque adjacen- tium, etc., t. Xv à XVIL; M. M. Gando- get. uoce ICT ULIS 113 Catalogue des plantes phanérogames vas- culaires et eryptogames semi-vasculaires croissant spontanément dans le dépar- ment de l'Eure ; M. E. Niel........... 115 Description des différentes formes de Ru- bus observées dans le département de Meurthe-et-Moselle; M. J. Harmand... 37 La Flore de la Côte-d'Or; MM. Viallanes et d'Arbaumont........ cere ed. > 89 Un coin du Minervois; M. Ed. Baichèro.. 87 Étude des fleurs; abbé Cariot. 8° édition, par M. DC Re (0 117 Bulletin trimestriel de la Société botanique de Lyon, t. vr (1888)..... ren UE 115 Essai de la Flore du sud-ouest de la France: M. I. Revel; 2... oes 118 Excursions botaniques dans la Charente ; M. Duffort...... inccr. era 2... RE De la végétation des causses; M. J. Ivclas. 118 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. Eremothecium | Cymbalarie, Ascomycète nouveau: M. A. BOIZ)---....- B Monographie des genres Pleospora, Cla- throspora et Pyrenophora; M. A.-N. Ber- Icktoooocodosoooo5ocoóano0OcoEgGOguoc Trichospheri ia parasilica et Herpotrichia ngra; M. R. Hartig... -e Le genre Coleopuccinia ; M. N. Patouil- lardi: e. e cabeuannoncanuonenvouuoe Sur un nouveau genre d'Urédinées; M. La- gerheim ..... Pucca ocre donc Espèces de Saprolégniées; A. de Bary... Contributions lichénologiques ; M. J. Mul- Pyrenocarpeæ Feeang ; M. J. Muller... Contributions à la morphologie et à la phy- siologie des Sulfobactéries ; M. Wino- gradski - eese. 98| laire du Scigle; M. Ritzema Bos....... VARIÉTÉS. Société dauphinoise pour l'échange des Grand-Marais....,......... srda plantes. 9e Nes JE 199 | Le Jardin d'essai du Hamma, prés d'Alger; The botanical exchange Club of the bri- M. C::Amé: 4. ie oin tish Isles, IS o osse. Shi... 198 | Manuel de l'herboriste, etc.; M. M. Reclu. Les plantes aquatiques alimentaires ; L'œuvre de M. J.-E. Planchon; M. Ch. Fla- MM. Pailleux et Bois....... aep a 94| hawt... eser rrr DE Le Thé et ses succédanés ; M. D. Bois... 197 | Notice sur Ja vie et les travaux d'E. Tim- Causeries sur Noirmoutier; M. Viaud- bal-Lagrave; M. Baillet...........: t. NOUVELLES |. 2... ss. o 9.pqd.Wb UO "9t re Te cr n 21159. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 151 98 102 101 103 46 120 130 128 128 47, 95, 15 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TRENTE-SIXIÈME. (Deuxième série. — TOME XI.) N. B. — Les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont le plus souvent les noms latius des plantes. Ainsi, pour trouver Sapin, cherchez Abies, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société; les chiffres arabes entre crochets [] désignent la pagination de la Revue bibliographique, et les chiffres romains celle des Actes du Congrés de botanique. Afin de faciliter les recherches de géographie botanique, les articles contenant des renseigne- ments sur la flore d'un pays ou d'un département français sont indiqués, à la suite du nom de ce pays ou de ce département, par des citations abrégées ou des renvois à l'aide desquels on peut remonter auxdits articles. Voyez, par exemple, Algérie, Asie, France, Lot, etc. A Abies Pinsapo var. baborensis, 61, 64. — Sur un Sapin hybride, 333. — De l'influence des éclaircies sur la croissance diamétrale des Sapins, 412. — Vitalité des souches d’un Sapin (Abies pectinata), 256. — Maladie du Sapin [104]. Abiétinées (Polymorphisme foliaire des) [5]. Absidia cerulea (Sur V), 184. Acacia Melanoxylon (Cas patholo- gique présenté par un), 55. — Aca- cia tortilis, 48-50. Acanthothapsus (Verbascées) Gandog. nov. gen. [114]. Aecroissement en poids des différents membres d'une plante annuelle, 72. Aceras anthropophora R. Br. (Croi- sement de l) et de l'Orchis mili- taris L., observé à Fontainebleau, 314. Achillea abrotanoides Visiani var. montenegrina Beck et Szysz. nov. var., 123. Acrostichum Hartii Baker sp. nov. [65]. Afrique (Flore du sud de I’) [34]. — T. XXXVI. (Plantes d", 404 [139], ccxvr. — Iitustrationes Flore Atlantice [40]. — Voy. Algérie, Madagascar et Sainte-Marie de Madagascar, Réunion, Tripoli, Tunisie. AGARDH (C.-A.). Voy. Bornet. Agaric (Forme singulière d") [77]. Agrimonia Eupatoria L., 318. Agrostis alba Schr. var. gigantea Mey., 322. Agrostologiques (Notes), 404. Alger (Le Jardin d'essai du Hamma à Mustapha, prés d") [120]. Algérie (Flore d"). Notes sur la flore d'Algérie, 15, 316. — De Djidjelli aux Babors par les Beni Foughal, 56. — Sur un nouveau Cyclamen d'Algérie, 354. — Sur un nouveau Lactuca d'Algérie, 402. — Notes agrostologiques, 404. — Sur quel- ques plantes d'Algérie rares, nou- velles ou peu connues, CCXVIII. — Plantes observées à Daya [41]. — Flore de l'Algérie [89] [120]. — Al- lium? Tourneuzii A. Chabert sp. nov., 319. — A. sativum L., ccxxiv. — Alsine verna Bartl. var. alpina Koch et umbrosa A. Chab., 20. — Alyssum Djurdjuræ A. Chab., 19, 11 162 — Amelanchier vulgaris Mœnch. var. Djurdjuræ A. Chab., 22. — Anagallis collina Schousb., ccxxv. — Anthriscus Cerefolium L., CCXXI. — Artemisia kabylica A. Chabert sp. nov., 27. — Avena bromoides Gouan, 408. — Bellis silvestris Cyr., 26. — Beta vulgaris var. De- beauxii Clary [41]. — Bonjeania hirsuta Rchb., 318. — Buffonia perennis Pourr. var. Willkommia- na A. Chab., 317.— Camelina Sou- liei Batt. sp. nov., CCXVII. — Campanula macrorrhiza J. Gay var. jurjurensis et var. rotundata A. Chabert, 28. — Carduncellus atractyloides Coss. et Dur. var. ela- tus A. Chab., 27. — C. Reboudia- nus Bait. sp. nov., CCXxXI. — Centau- rea amara L., 27. — C. Claryi Deb. [122]. — Cephalanthera pal- lens Reich., ccxxiv. — Cephalaria atlantica Coss. et Dur., 25. — Cistus ladanifero-monspessulanus Loret, ccxix. — Cladium Durandoi A. Chab. sp. nov., 321. — Clematis balearica Rich., ccxviit. — Cycla- men saldense Pomel sp. n., 354. — C. punicum, 355. — Cytisus tri- florus L'Hérit. var. bidentatus A. Chab., 24. --- Daphne kabylica A. Chabert sp. nov., 30. — D. Phi- lippi G. et G., 30. — Erodium tor- dylioides Desf., ccxix. — Eryngium campestre L. var. algeriense, 23. — Euphorbia atlantica Coss., 30. — Evonymus latifolius Scop., 91. — Gagea Liottardi Rem. et Sch. var. algeriensis A. Chab., 320. — Hedysarum mauritanicum Pom. var. micranthum Batt., CCXXI. — Hieracium prenanthoides Vill., 28. — Hypericum œgyptiacum L., ccxix. — Hypochæris Claryi Batt. Sp. nov., ccxxrt. — Juniperus com- munis L. et var. alpina Gaud., 30. — Lactuca numidica Batt., 402. — Lathyrus Ochrus L. var. ochroides A. Chab., 24. — Limo- dorum Trabutianum Batt., CCXXV. . — Linum corymbiferum Desf. et SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. var. Meyeri A. Chab., 317. — L. narbonense L., ccxix. — Ly- thrum Hyssopifolia var. grandiflo- rum Clary [41]. — Merendera filifolia Camb. var. atlantica A. Chab., 319. — 'Muscari..., 320. — Narcissus serotinus L. var. emar- ginatus A. Chab., N. algirus Po- mel var. eminens A. Chab. et var. discolor Batt. et Trab., 321. — Ononis minutissima L., CCXX. — Pæonia algeriensis A. Chab., 18. — Parevax mauritanica Pomel, 184. — Parnassia palustris L., 317. — Passerina annua Wikstr. var. algeriensis Chab., 319. — Pi- cridium tingitanum Desf., CCXXII. — Pimpinella Battandieri et Djur- djuræ A. Chabert sp. nov., 24, 25. — Plantago atlantica Batt. sp. nov., CCXXIV. — Potentilla cau- lescens L. var. Djurdjuræ A. Cha- bert, 23. — Ranunculus aquatilis L, 316. — R. aquatilis var. ele- gans A. Chab., 15. — R. aurasiacus Pomel var. Djurdjuræ, genuinus et pseudodemissus A. Chab., 16. — R. cænosus Guss., 346. — R. divarica- tus Schrank, 16. — Rhamnus myr- tifolia Willk., 21. — Rosa stylosa Desv., 22. — Salix pedicellata Desf., 30. — Saponaria depressa Biv. var. Djurdjuræ A. Chab., 20. — Scabiosa Djurdjuræ A. Chabert sp. nov. et var. fulva, 26. — Sedum acre L. var. morbifugum A. Chab., 318. — Seriola lævigata var. ba- borensis Batt., ccxxui. — Silene atlantica Coss., 20. — S. Loise- leurii G. G., ccxx. — Stipa Fon- tanesii, gigantea, Lagascæ et Le- tourneuxii, 404-407. — Teucrium fruticans var. linearifolium Clary [41]. — Thelysia alata Salisb. var. micrantha Battand., CCXXIV. — Thymus dreatensis Battand., 404. — Trisetum flavescens P. B. var. nodosum A. Chab., 31. — Vicia mauritanica Batt. sp. nov., CCXX- — Vincetoxicum officinale Mænch et var. acutatum, dentiferum et TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. floribundum, 29. — Zollikoferia arborescens Batt., ccxxut. — Voy. Amé, Clary, Cosson, Debeaux. Algues, 144, cxLvit [4] [6-13] [133].— marines (Atlas des) de l'Allemagne [133]. Allemagne (Algues d') [133]. — (Mousses d') [138]. — Voy. Fri- bourg. ALLEN (T.-F.). Nitella (non Toly- pella) Macounii [19]. Allium carinatum L. var. montene- grinum Beck. et Szysz. nov. var., 117. — ? Tourneuxii, 319. — sa- tivum en Algérie, ccxxiv. Alnus de Corse, 366. — Tubérosités des racines de l'Aulne [101]. Alpes (Hautes-). Voyage botanique au versant francais du mont Viso, 437. Alpes-Maritimes (Champignons des) [109]. — Voy. Provence. Alsine verna Bartl. var. alpina Koch et umbrosa A. Chab., 20. Alvignac (Lot). Voy. Gourdon. Alyssum Djurdjuræ A. Chab., 19. — microcarpum Neilr., CCLXVIL. — petræum Arduin. (gemonense L., edentulum W. et K.), nouveau pour la France, 311, CCLXII. AMÉ (G.). Le Jardin d'essai du Hamma à Mustapha, prés d'Alger [120]. Amelanchier vulgaris Mœnch var. Djurdjuræ A. Chabert, 22. Amérique (Algues d') [12] [20]. — (Champignons d’) [14] [70] [110- 111]. — (Lichens d’) [22] [60-62]. — (Mousses d' [140] [144]. — (Plantes d") [20] [68] [77]. — tropi- cale (Hépatiques de l), CLXXXIX. — Voy. Antilles, Brésil, Canada, États-Unis, Guyane, Paraguay, Vé- nézuela. Anagallis collina Schousb., ccxxv. Anatomie de la feuille des Corymbi- féres, 82. — des Crosnes du Japon (Stachys tuberifera), 189. — des bractées florales, des feuilles verti- cales et des feuilles engainantes, 304. — des téguments de la graine des Géraniacées, Lythrariées et (Enothérées, 417. — Caractères 163 anatomiques dans la classification des végétaux, XLI. — Anatomie com- parée des Malvacées, Bombacées, Tiliacées, Sterculiacées [4]. ANDRÉ (Ed.). Hommage rendu au mé- rite de son ouvrage : Bromeliaceæ Andreanæ, 400. — présente cet ouvrage au Congrès de botanique, c. Anemone nemorosa L. var. anandra (Sur I), 255. Aneura cataractarum Spruce sp. nov., CXCV. — digitiloba et Gla- ziovii Spruce sp. nov., cct. Angleterre (Flore d’) [123]. Anjou (L'Equisetum littorale Kuhl- wein en), 312. Annales de la Société botanique de Lyon [114]. Annonces. Voy. Nouvelles. Anomalies. Voy. Monstruosités. Anthérozoides des Marsiliacées et Equisétacées, 378. Anthoceros tenuis Spruce sp. nov., CXCVI. Anthriscus Cerefolium en Algérie, CCXXI. Antilles. Voy. Guadeloupe, Porto-Rico, Trinité. Anvillea radiata Coss. et DR., 42. Apteranthes Gussoneana, 50. ARBAUMONT (J. d'). Voy. Viallanes. Arbres (Maladies des) [81]. — (Rabou- grissement des) des cultures japo- naises, 284, 290. Arfedj. Voy. Anvillea. Argentine (Hépatiques de la Répu- blique), cci. Ariège. Un Diplotaxis nouveau pour la France, 310. — Notes critiques’ sur la flore ariégeoise [119]. ARNAULD (Ch.). Lettre sur la décou- verte du Ceterach officinarum Willd. var. crenatum Milde dans le Lot-et-Garonne, 431. ARNOLD (F.). Fragments lichénolo- giques. Lichens de l'ile Miquelon [22]. Artemisia kabylica A. Chabert sp. nov., 27. — Verlotorum Lamot., 402. Artha, 43. 164 ARTHUR. Histoire et biologie de la Carie du Poirier [102]. Ascobolus Costantini et globularis Rolland sp. nov. |71]. Asie (Plantes d, ccxiv [17] [63-65] [69] [76] [139]. — Voy. Chine, Ju- dée. Assier (Lot). Voy. Figeac. Asteroma Phaseoli P. Brun. sp. nov., 338. Atlanticæ [40]. Aube (Champignons de I") [72]. Aude. Voy. Minervois. AUDIGIER (P.). Lettre sur la floraison précoce du Galanthus nivalis, 31. Australie (Hépatiques d") [143]. Autriche (Flore) [91]. — (Mousses d") [138]. — Voy. Skofitz. Auvergne. Voy. Puy-de-Dóme. Avena australis Parlat., bromoides Gouan, Letourneuxii Trabut, prui- nosa Hack. et Trab. et Requienii Mutel, 408-412. Aynac (Lot). Voy. Figeac. Azolla filiculoides, 342. Azzel, 42. (Illustrationes — Flora) B Bactéries (Morphologie et physiologie des) [49]. — (Pléomorphisme des) [51]. Bactériocécidie ou tumeur bacillaire du Pin d'Alep [107] BAICHÈRE (abbé Ed.). Minervois [87]. BAILLET. Notice sur la vie et les tra- vaux d'Ed. Timbal-Lagrave [198]. BAILLON (H.). Histoire naturelle des plantes de Madagascar [68]. BAINIER (G.). Sur l'Absidia cerulea, 184. BAKER (J.-G.). Sur deux collections récentes de Fougéres de la Chine occidentale [63]. — Sur une troi- siéme collection de Fougéres faite dans l'ouest de Bornéo [64]. — Un nouvel Acrostichum de l'ile de la Trinité [65]. — Voy. Clarke. BALANSA (B.). Voy. J. Muller. Un coin du SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Baltique occidentale (Algues marines de la) [133]. Barbula montenegrina Breidler et Szysz. sp. nov. , 115. BaRLA (J.-B.). Les Champignons des Alpes-Maritimes [109]. BARTET et VuILLEMIN. Recherches sur le Rouge des feuilles du Pin syl- vestre [106]. Bary (A. de). Espèces de Saprolé- gniées [148]. Basiascum Cavara gen. nov. [21]. Bastır (Eug.). Comparaison entre le rhizome et la tige feuillée des Mousses, 295. Batarrea Tepperiana Ludw. sp. nov. [112]: BATTANDIER (A.). Note sur un nouveau Lactuca d'Algérie, 402. — Note sur quelques plantes d'Algérie rares, nouvelles ou peu connues, CCXVIII — et TRABUT (L.). Flore de l'Al- gérie, ancienne Flore d'Alger trans- formée [859] [120]. BEDDOME (R.-H.). Fougères nouvelles du Manipur, récoltées par le D* Watt [64]. Beggiatoa [49]. Beketowia (Cruciféres) Krassnow nov. gen. de Chine [69]. Belgique (Flore de) [42-45]. — (Bulle- tin de la Société royale de bota- nique de) tome xxvr, 1887 [42]. Bellis microcephala Lange, 318. — silvestris Cyr. var., 26. BEnHER (E.). La flore des Vosges; Lichens [22]. BERKELEY (Rév. Miles J.). Sa mort, 154. BERLESE (A.-N.). Sur deux parasites de la Vigne trouvés pour la pre- miére fois en Italie [79]. — Mono- graphie des genres Pleospora, Cla- throspora et Pyrenophora [19]. — Excursion mycologique dans le Frioul [112]. BERTRAND (C.-Eg.) et RENAULT (B.). Recherches sur les Poroxylons, Gym- nospermes fossiles des terrains houillers supérieurs [29]. BESCHERELLE (E.). Observations pre- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. sentées au Congrés de botanique, LXXVII, LXXX. — et SPRUCE (R.). Hépatiques nouvelles des colonies francaises, CLXXXVII. Beta vulgaris var. Debeaucii Clary [41]. Betonica officinalis L. var. Cerna- goræ Beck et Szysz. nov. var., 122. Betterave à sucre (Deux maladies des racines de la) [101]. Betula alba L. en Corse, 366. BiLLiET. Lettre sur la découverte de diverses plantes en Auvergne, 15. Biologie végétale (La) [73]. Bitter-Rot des Américains causé par un Champignon [20]. Black-rot [81]. BLANG (Ed.). Notes recueillies au cours de mes derniers voyages dans le sud de la Tunisie, 37. Blepharostoma antillanum Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXIII. BLONDEL (R.). Sur le parfum et son mode de production chez les Roses, 107. Bois (D.). Le Thé et ses succédanés [127]. — Voy. Pailleux. Bombacées (Anatomie des) [4]. Bonjeania hirsuta Rchb. en Algérie, 318. BoNNET (Edm.). Note sur l'herbier dit de Gaston d'Orléans, conservé au Muséum de Paris, ccxxx. Bonnier (G.). Élu Président pour 1890, 446. — L'assimilation du Gui comparée à celle du Pommier, CCLXXIII, — Sur quelques variations de la structure du Thymus vulga- ris, CCLXXIV. — Obs., 37, 85, 211, 289. — Recherches sur le dévelop- pement du Physcia parietina [4]. BoopLE (L.-A.). Voy. Murray. BonpEnE (H.). Sa mort et hommage rendu à sa mémoire, 415. Bornéo (Fougéres de l'ile de) [64]. BonwNET (Ed.). Les Nostocacées hété- rocystées du Systema Algarum de C.-A. Agardh (1824) et leur syno- nymie actuelle (1889), 144. — et FLAHAULT (Ch.). Sur quelques plantes vivant dans le test calcaire 165 des Mollusques, cxLvit. — Revision des Nostocacées hétérocystées [13]. BonNnorw (Desmidiées de) [6]. Borzi (A.). Du xérotropisme chez les Fougères [25]. — Eremothecium Cymbalariæ, nouvel Ascomycète [78]. Bos. Voy. Ritzema. Botanical (the) Exchange Club of the British isles [198]. Botrytis Douglasii [81]. Bortnı (A.). Notes [145]. Bouches-du-Rhône. Convolvulus te- nuissimus Sibth et Sm. (C. argy- reus DC.) à Aix, 384. — Voy. Provence. BouLLU (abbé). Lettre sur le D" Per- roud, 182. Bractées florales (Structure anato- mique des), 304. BnaNp2A (M.). Sur l'anatomie et le dé- veloppement des téguments de la graine chez les Géraniacées, Lythra- riées et (Enothérées, 417. — Obs., 420. Brésil (Champignons nouveaux du) [111]. — (Hépatiques du), cxcvr. — (Plantes du) [68]. BRIARD (major) Champignons nou- veaux de l'Aube [72]. Briosia ampelophaga Cavara sp. nov. [21]. BRIQUET (J.). Fragmenta Monogra- phiæ Labiatarum |125]. BRITTEN (J.). The Journal of Botany british and foreign, année 1888 [123]. Brirron (Me E.-G.). Contributions à la bryologie américaine [140]. Brizi (U.). Addenda ad Floram ita- licam. Première contribution à l'hépaticologie romaine |146]. BROTHERUS (F. von). Musci novi exo- tici [139]. — Plante turkomanice a E. Radde et A. Waller collecta, Musci |139]. Brown (N.-E.). Voy. Godefroy-Lebeuf. BnuNAUD (P.). Champignons à ajouter à la flore mycologique des environs de Saintes, 3* série, 335. bryologiques 166 BRUNSCHORST. Sur une maladie trés répandue des tubercules de Pomme de terre. Sur le moyens de com- battre la hernie du Chou. La struc- ture des corps contenus dans les cellules de quelques tubérosités des racines [100]. Bryologiques (Notes) [145]. — Revue bryologique [141] [142]. Bryum comense Schimp. [142]. BurrFET (J.). Sa mort et hommage rendu à sa mémoire, 335. Buffonia perennis Pourr. var. Will- kommiana A. Chabert, 317. Bulletin de la Société royale de bota- nique de Belgique, t. xxvi, 1887 [42]. Bulletin trimestriel dela Société bota- nique de Lyon, 1888 [115]. BunEAU (Ed.). Discours sur la pre- miére question posée au Congrès de botanique, IX. — Observations pré- sentées au Congrès de botanique, XVII, XIX, XXIV, XXV, XXVII-XXXI, LXXXVI, C. — Rapport sur le projet d'uue carte botanique universelle, XXV. — Obs., 273, vir, — Études sur la flore fossile du calcaire grossier parisien [32]. — et Poisson (J.). Notice biographique sur le D" Sagot, ue de la liste de ses publications, Bureau et Conseil de la Société pour 1890, 446. BURLE (Aug.). Sa mort, 399. C Calcaire (Flore fossile du) grossier parisien [32]. Calédonie (Hépatiques de la Nou- velle-), CLXXXvI. Calligonum comosum L'Hérit., 43. Camelina sectio nova brassicoides, COXVIII, — Souliei Batt. sp. nov., CCX VIII, Campanula macrorrhiza J. Gay var. jurjurensis et rotunda A. Chabert, 28. CAMPBELL (Douglas H.). Sur la position systématique des Rhizocarpées [28]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CAMUS (G.). Localités nouvelles de plantes plus ou moins rares des environs de Paris et du nord de la France, 341. — Quelques faits nou- veaux sur la flore des environs de Paris, 401. — Note sur les hybrides des Orchidées du nord de la France, CCXXVI. -— Obs., 85, 343, 344, 428. Canada (Bryologie du) [144]. Canadæa (Campanulacées) Gandog. nov. gen. [113]. Cantal (Lichens du), 212. CARDOT (J.). Voy. F. Renauld. Carduncellus atractyloides Coss. et Dur. var. elatus A. Chabert, 27. — carthamoides Pomel, 319. — Re- boudianus Batt. sp. nov., CCXXI. Carex obesa All. retrouvé à Fontai- nebleau, 316. — tomentosa L. sans épis femelles, 401. Carie du Poirier [102]. CanioT (abbé). Étude des fleurs; 8° édition revue et augmentée par M. le Dr Saint-Lager [117]. CARRINGTON (B.) et PEARSON (W.-H.). Une nouvelle Hépatique [145]. Cartes de géographie botanique : question soumise à l'examen du Congrés, discussion et résolutions relatives à ces cartes, VIII-XXXIII.— Voy. Bureau, Drude, Paque. Carthamus hybrides, CCXXIL. CARUEL (T.). Le Flora italiana et ses critiques, 257. — Nouveau Journal de botanique italien [45]. Carum Carvi (Épidémie du) produite par un Urophlyctis [150]. Causses (Végétation des), cezvint [118]. : CAVARA (F.). Sur le Champignon qui cause le Bitter Rot des Américains [20]. — Sur la dessiccation des grappes de Raisin [21]. — NUS vations de pathologie végétale [21]. Cellule apicale des Fucus [9]. Centaurea Calcitrapa-fuscata Deb., 319. — Calcitrapa L. et pullata L. (Hybride des), 425. — X Uo bilis, 426. — Claryi Deb. [122]. Cephalanthera (Nomenclature des) [92]. — C. pallens Reich., CCXXIV. CCXLIX; TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Cephalaria atlantica Coss. et Dur., 25. Cephalozia antillana Besch. et Spruce Sp. nov., CLXXXIII. Cerastium dinaricum Beck et Szysz. sp. nov., 117. Ceterach officinarum Willd. var. cre- natum Milde, 432. CHABERT (A.). Notes sur la flore d'Al- gérie, 15, 316. — Lettre et envoi de l'Azolla filiculoides, 312. Chelopeltis (Algues) (Contribution au genre) [7]. Chaleur solaire (Action de la) sur les enveloppes florales, ccxit. Champignons, 184, 205, 308, 433, CLXXI [14-21] [49-53] [70-72] |77- 81] [98-112] [131-132]. — des Alpes-Maritimes [109]. — des envi- rons de Saintes, 335. — de couche (Maladie des) [102]. Characées (Ramification et cortication des), 393. — de la Haute-Vienne, 429. Charente (Herborisations dans la) [89]. Charente-Inférieure (Pachyma Cocos dans la), 433. — Voy. Saintes. CHATIN (Ad.). Le Goodyera repens dans une piniére du bois de Saint- Pierre, aux Essarts-le-Roi (Seine- et-Oise), CCXXVIII. Cheilantes odora Sw., 322. Chéne. Voy. Quercus. Chiloscyphus scaberulus Spruce sp. nov., CC. Chine (Plantes de) [76]. — occi- dentale (Fougéres de la) [63]. — Plantes de Thian-shan [69]. — Voy. Yunnan. Chlorose (La) [84]. Chou (La hernie du) [100]. Chromatophores de quelques Phéospo- rées [9]. Cirsium odontolepis Boiss. var. mon- lenegrinum Beck et Szysz. nov. var., 123. — C. Forsteri Sin. (C. anglico-palustre), CCLY. Cistus | ladanifero-monspessulanus Loret, ccxix. — monspeliensis L. X salvifolius L., 358. — Pouzzol- zii Del., 317. 167 Cladium Durandoi A. Chab. sp. nov., 321. Cladonia du Yunnan, 159-161. —— Cladosporium Typharum f. minor P. Brun., 340. CLARKE (C.-B.) et BAKER (J.-G.). Note supplémentaire sur les Fougéres du nord de l'Inde [65]. Crary (D'L.-R.). Catalogue des plantes observées à Daya (Algérie) [41]. Classification des végétaux (Caractéres anatomiques dans la), XLI. Clathropodium Morieri (foss.) Re- nault sp. nov. [32]. Clathrospora (Monographie des) [79]. Cléistogamie chez les Stipa, 404. Clematis balearica Rich., cexvur. CLos (D.). Le Stachys ambigua Sm. est-il espéce, variété ou hybride? 66. — Le Convolvulus tenuissimus Sibth. et Sm. espéce francaise, 384. — Lettre sur la mort de M. H. Bor- dére, 415. — Lobations ou anoma- lies de feuilles simples, ccix. CocNIAUX (A.). Voy. Engler. Coleopuccinia (Urédinées) Pat. nov. gen. [17]. — sinensis [17]. Colonies francaises (Hépatiques nou- velles des), CLXXVII. Cóme (Plantes fossiles du lac de) [56]. Commission nommée par le Congrés à l'effet d'étudier les questions rela- tives aux cartes de géographie bota- nique, vill. — Commissions nom- mées par le Conseil administratif de la Société pour 1889, 36. Composées (Généralités sur les), 139. Comptabilité (Procès-verbal présenté au nom de la Commission de), 183. : Congrés de botanique tenu à Paris en aoüt 1889 (Fixation de la date du), 36. — (Liste des personnes qui ont assisté au), I. — (Séance d'ouver- ture du), v. — (Délégués au), v. — (Bureau du), vi. — (Programme du), vit. — (Séances du), VIII, xxv, xir, C. — (Résolutions votées par le), XXV, XXXIII. Coniothyrium Ribis P. Brun sp. nov., 338. 168 Conservation des plantes en herbier. Voy. Empoisonnement. Convolvulus tenuissimus Sibth. et Sm. (C. argyræus DC.) espèce fran- caise, 384. CORBIÈRE. Don de ses ouvrages à la Société, 311. . Corbières (Quelques plantes des), 157. Cornu (M.) présente des fruits d'Adan- sonia, 123. — Objections aux idées développées par M. Vesque dans son exposé de la deuxiéme question du programme au Congrés de bota- nique, LXXXII. — Obs., XXIV, XXXI, XXXII. Coronilla fruticans Jord. et minima L., 318. — scorpioides Koch, 360. Corse (Flore de la), 356. Cortication des Characées, 393. Corydalis fabacea Pers. en Corse, 358. Corymbiféres (Feuilles et folioles de l'involucre des), 82. Cosson (E.). Plante in Cyrenaica et agro tripolitano, anno 1875, a cl. J. Daveau lectæ, 100. — Graminæ due nova? tunetanæ e genere Spo- robolus, 250. — Observations pré- sentées au Congrés de botanique, XVI, XXIII, XXIV, XXVII-XXIX, XXXII. — Illustrationes Flore Atlantica, fasc. m [40]. — Lettre sur l'Alys- sum petræum Ard. découvert à Assier (Lot), CCLxIv. Cóte-d'Or (Flore de la) [85]. COUTINHO (Pereira). Les Chênes du Portugal [90]. Cratægus monogyna en Corse, 361. CRÉPIN (Fr.). Divers opuscules sur les Roses et sur le polymorphisme attri- bué à certains groupes [44-45]. Cycadées (Pollen des), 206. — du lias [31]. Cyclamen punicum, 355. — saldense Pomel, 354, 432. Cynarocéphales (Anatomie de la feuille et de l’involucre des), 133. Cyperus distachyos des Corbiéres,157. Cypripédiées (Les) [1]. Cyrénaique (Espéces nouvelles de), 103. Cytisus Laburnum (Membrane du SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grain de pollen du), 274. — triflo- rus L’Hérit. var. bidentatus A. Chabert, 21. D DAGUILLON (Aug.). Sur le’ polymor- phisme foliaire des Abiétinées [5]. Danemark. Desmidiées de Bornholm [6]. DANIEL (L.). Structure anatomique comparée de la feuille et des folioles de linvoluere dans les Corymbi- fères, 82. — Structure comparée de la feuille et des folioles de l'invo- lucre dans les Cynarocéphales el généralités sur les Composées, 133. — Structure anatomique comparée des bractées florales, des feuilles verticales et des feuilles engai- nantes, 304. Daphne kabylica A. Chabert sp. nov. et Philippi G. et G., 30. Dauphinoise (Société) pour l'échange des plantes, 15* Bulletin [129]. Davæa (Campanulacées) Gandog. nov. gen. [114]. Daveau, (J.). Plombaginées|du Por- tugal [124]. — Voy. Cosson. Daya (Algérie). Voy. Clary. DEBEAUX (0.). Notes sur quelques plantes rares ou peu connues de la flore oranaise [122]. — Une espèce nouvelle de Centaurea de la section Melanoloma [122]. Debeauxia (Labiées) Gandog. nov. gen. [114]. Deflersia (Verbascées) Gandog. nov. gen. [114]. DEGAGNY (Ch.). Origine nucléaire du protoplasma (3* Note), sur l'origine des diastases dans la digestion du nucelle, 346. DELAvAY (abbé). Voy. abbé Hue. Delortia palmicola Patouill. sp. nov. 71]. ne de Bornholm [6]. Devaux. Sur quelques modifications singulières observées sur desracines de Graminées croissant dans l'eau, 16. — Obs., 81, 123. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. Dianthus medunensis et Nicolai Beck et Szysz. sp. nov., 117-118. Diastases (Origine des) dans la diges- tion du nucelle, 346. Diatomées d'Atlantic City [20]. Dichiton perpusillum Montag. (Sur le) [143]. Dictyospherium | Ehrenbergianum Nægeli [7]. Digitalis lutea dans le canton de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 401. Diplodia Vitis P. Brun sp. nov., 339. — D. herbarum var. Marrubii P. Brun., 339. Diplodina Humuli et D. Parietariæ P. Brun sp. nov., 339. Diplotaxis Blancoana Boiss. et R., nouveau pour la flore de France, 311. Discomycétes nouveaux [71]. Discours de M. Bureau, ix. — de M. de Vilmorin, 9. Djedari, 54. Dons, 10, 37, 72, 91, 123, 124, 904, 254, 311, 345, 371, 372, 399, 428. Dordogne (Herborisations sur les hords de la) à Gluges (Lot), CCLXI. DouLioT (H.). Voy. Van Tieghem. DoumET-ApANSON (N.). Don d'ouvrages à la Société, 311. — Note sur un Sapin hybride, 333. — Obs., 312. Druce (G.-Cl.). Rapport sur les distri- butions faites en 1888 par la Société botanique d'échange des iles Bri- tanniques [128]. DnupE (0.). Note sur la première ques- tion (cartes de géographie botanique) du programme proposé au Congrès de botanique, XXXV. DUcHARTRE (H.). Observations sur le sous-genre Lemoinea E. Fourn. [91]. DucHARTRE (P.) fait l'éloge d'un ou- vrage intitulé : Bromeliaceæ An- dreanæ, 400. — Obs., 81, 250, 257, 273, 283, 294, 420, 425, 426. Durronr (L.). Excursions botaniques dans la Charente [89]. Durour (L.). Obs., 81, 420, 423. Dumonr (A.). Recherches sur l'anato- mie comparée des Malvacées, Bom- bacées, Tiliacées, Sterculiacées [4]. 169 Durano (Th.). Un nouveau genre de Liliacées (Lindneria Th. Dur. et Lubbers), ccxvi. — Essai d'une monographie des Ronces de Bel- gique, et Acquisitions de la flore belge en 1886 [43]. — Obs., xxxir. E Echelle (Introduction d'une) univer- selle de grossissement des |figures microscopiques, CCVII. Eipam. Examen de deux maladies des racines de Betterave à sucre, qui se sont montrées assez communément en Silésie aprés l'été de 1887 [101]. Éléagnées (Tubérosités des racines . des) [101]. Elections de la Société pour 1890, 446. ELLIS et EvERHART. Quelques nouvelles espèces d'Hyménomycétes [111]. EwERY (H.). Épanouissement, veille et sommeil des périanthes, 245. — Sur les variations de l'eau dans les périanthes, 322. Empoisonnement des plantes. Procédé employé par M. Rouy, CCLXXXVI. ENGLER (A.), COGNIAUX (A.), HEIRMERL (A.), HOFFMANN (0.), Pax (F.) et SCHUMANN (C.). Plante Marlothia- næ ; Contributions à la connaissance dela flore de l'Afrique australe [34]. Epipactis microphylla Sw., ccriv. Équisétacées _(Anthérozoïdes des), 378. Equisetum (Spores des) [24]. — ar- vense L., 370. — littorale Kuhlwein en Anjou, 312. Eremothecium | Cymbalarie Borzi, nouvel Ascomycéte [78]. Erica arborea, son altitude et la date de sa floraison en Corse, 362. Erodium tordylioides Desf., ccxix. Eryngium campestre L. var. alge- riense À. Chabert, 23. Erythrostictus punctatus Schlecht., 55. Espeyroux (Lot). Voy. Figeac. Essarts-le-Roi (Le Goodyera repens dans le bois de Saint-Pierre aux), CCXXVIII. 110 États-Unis (Plantes des) sur lesquelles vivent les Champignons [77]. — , (Algues des) [20]. Etude des (leurs, par l'abbé Cariot, 8* édition revue par M. Saint-Lager [117]. Eudianthe corsica Reich. en Algérie, CCXX. Euphorbia insularis Boiss., 363. — E. papillosa Pouz., ccLit. Eure (Plantes phanérogames vascu- laires et cryptogames semi-vascu- laires du département de I") [115]. Europe (Flore d') |113]. — Voy. les noms des divers pays de l'Europe. EVERHART. Voy. Ellis. Evonymus latifolius Scop., 91. F FAnLow (W.-G.) et SEYMOUR (A.-B.). Liste provisoire des plantes des Etats-Unis sur lesquelles vivent les Champignons [77]. Fécondation (Phénoménes morpholo- giques de la), c. Fedia Caput-bovis Pomel, 318. Feeanæ (Pyrenocarpeæ) |62]. Ferments alcooliques (Action des) sur les différentes espèces de sucre [147]. FERRY DE LA BELLONE (D' C. de). La Truffe, étude sur les Truffes et les Truffières [17]. Feuilles (Structure anatomique des) verticales et des feuilles engai- nantes, 304. — (Anatomie des) de Corymbifères, 82. — (Structure comparée des) dans les Cynarocé- phales, 133. — des Polysiphonia [12]. — (Lobations et anomalies de) simples, ccix. Figeac, (Lot). Herborisations sur le territoire de communes de cet arrondissement : Assier, Aynac, Espeyroux, Flaujac, Issendolus, Rueyres, Thémines, Théminettes, CCXLVI-CCLIIH. Finlande (Hyménomycétes de) [15]. FISCHER DE WALDHEIM, Président du Congrès de botanique. Allocution, vi. — Observations présentées au SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Congrès de botanique, XVI, XXXI, XXXV. ; FLAHAULT (Ch.). L'œuvre de J.-Emile Planchon |128]. — Voy. Bornet. Flaujac (Lot). Voy. Figeac. Fleurs (Etude des) [117]. — Fleur- d'eau observée à Parme [7]. FLicHE (P.). Notes sur la flore de la Corse, 356. Flora Europe terrarumque adja- centium, etc. [113]. — Flora ita- liana et ses critiques, 257. Flore du sud de l'Afrique, voy. En- gler. — d'Algérie (Sur la), 15, 316. — de l'Algérie, voy. Algérie, Bat- tandier. — algologique d'Allema- gne, voy. Reinke. — bryologique d'Allemagne, voy. Limpricht. — de l'Ariége, voy. Giraudias. — Atlan- tique, voy. Cosson. — bryologique d'Autriehe, voy. Limpricht. — de la Corse, 356. — de la Cóte-d'Or, voy. Viallanes. —. de la France, voy. France. — du sud-ouest de la France, voy. abbé Revel. — myco- logique de Fribourg, voy. Lager- heim. — du Gard (Iberis de la), 32. — de la flore hellénique (Trois familles et plantes ligneuses de Ja), voy. Po- niropoulos. — d'Italie, voy. Brizi. — du Lot, voy. Malinvaud. — ora- naise, voy. Debeaux. — de Paris, voy. Paris. — fossile de Paris, voy. Bureau. — cryptogamique du Por- tugal, voy. Newton. — du Rhóne et de la Loire, voy. abbé Cariot. — my- cologique des environs de Saintes, 335. — bryologique de la Suisse, voy. Limpricht. — des Vosges, voy. Berher. Fontainebleau (Hybrides de l'Aceras anthropophora R.Br. et de Orchis militaris L. à), 314. — (Le Carex obesa All. retrouvé à), 316. Fossiles, cxLvit. — Voy. Bertrand, Bureau, Moriére, Renault, Schenk, Stenzel, Weiss. Fougéres, 431 [25] [28] [63-65]. — (Tige des), 12. — (Xérotropisme chez les) [25]. — fossiles [29]. Fraisier (Blanc du) [98]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. France (Flore de) : Lettre de M. Billiet sur des plantes nouvelles pour l'Au- vergne, 15. — Sur les Iberis de la flore du Gard, 32. — Le Silaus vi- rescens dans les Pyrénées-Orien- tales, 65. — Sur le Cyperus dista- chyos et quelques autres espéces des Corbières, 157. — Lichens du Cantal et de quelques départements voisins, 212. — Anemone nemorosa L. var. anandra, 255. — Sur l'Azolla filiculoides aux environs de Rennes, 312. — Sur la présence en Anjou de l'Equisetum littorale Kuhlwein, 312. — Sur des Orchis hybrides, provenant du croisement de l'Aceras anthropophora R. Br. et de l'Orchis militaris, découverts à Fontainebleau, 314. — Champi- gnons à ajouter à la flore mycolo- gique des environs de Saintes, 335. — Localités nouvelles de plantes plus ou moins rares des environs de Paris et du nord de la France, 344. — Sur la flore de Corse, 356. — Le Convolvulus tenuissimus Sibth. espèce française, 384. — Quelques faits nouveaux sur la flore des envi- rons de Paris, 401. — Lettre sur le Ceterach officinarum var. crena- tum Milde, 434. — Le Pachyma Cocos en France, 433. — Voyage bo- tanique au Mont-Viso, 437. — Sur les hybrides des Orchidées du nord dela France, ccxxvi.— Le Goodyera repens dans une piniére du bois Saint-Pierre aux — Essarts-le-Roi (Seine-et-Oise), ccxxviit. — Herbo- risations en 1887-88-89 dans le dé- partement du Lot; un Alyssum et un Orchis hybride nouveaux pour la flore française, CCXLVI. Espèces décrites ou signalées : Allium fallax, 15. — Alnus gluti- nosa et viridis, 366-367. — Alys- sum petrœum Ard. (A. gemo- nense L., A. edentulum W. et K.), 311, ccLxi. — Anemone nemorosa var. anandra, 255. — Ascobolus 111 Costantini et globularis Roll. sp. nov. [71]. — Azolla filiculoides, 312. — Artemisia Verlotorum La- mot., 402. Betula alba L., 306. — Bupleurum- ranunculoides, 15. Carex obesa All., 316. — C. tomen- tosa L., 401. — Ceterach officina- rum var. crenatum, 492. — Cir- sium Forsteri Sm., CCLV.— Cistus monspeliensis L. X salvifolius L., 358. — Cochlearia pyrenaica, 15. — Convolvulus tenuissimus Sibth. et Sm., 384. — Coronilla scor- pioides Koch, 360. — Corydalis fabacea Pers., 358. — Cracca vil- losa, 15. — Cratægus monogyna, 361. — Cynosurus echinatus, 15. — Cyperus distachyos, 151. Digitalis lutea, 401. — Diplotaxis Blancoana Boiss. et R. (?), 311. Epipactis microphylla Sw., cCLIV. — Equisetum arvense L., 310. — littorale Kuhlwein, 342. — Erica arborea L., 362. -— Euphorbia insularis Boiss., 363. — E. papil- losa Pouz., cct. Galanthus nivalis, 34. — Goodyera repens, CCXXVIII. Helianthemum vulgare Gærtn., 359. — H. vulgare var. albiflorum, CCXLIX. Iberis collina Jord., 33. — I. inter- media Guers., 32. — I. panduræ- formis Pourret, 34. — I. Violetti Soy.-Will., 32. Knautia campestris Bess., CCLIV. Lavandula Stæchas, 363. — Lycopo- dium alpinum, 15. Narcissus poeticus L. et var. stella- ris, CCXLIX. Nitella arvernica et Lamyana Hy sp. nov., 429. Onobrychis collina Jord., CCLIV. — Orchis alata Fl., ccLvit. — ambigua Kern., CCXLIX, ccLvit, — latifolia L., 369. — laxiflora et Morio à fleurs blanches, 344, CCLVII. — 0. mascula var. fallar G. Camus, 341. — x 0. Pauliana Malvd, ccuxvii, — X 0. Regelii G. Camus 112 (0. maculata X Gymnadenia odo- ratissima), CCXXVII-CCXXVIII. Pachyma Cocos, 433. — Pinus La- ricio, etc. (en Corse), 368. — Plan- tago serpentina Vill., ccxrvirt. — Polygala calcarea, ccxLvI. — Pseudombrophila theioleuca Roll. sp. nov. [74]. Rosa canina L., 361. Salix aurita L., 365. — S. nigricans Sm., 366. — S. pedicellata Desf., S. pedicellata X S. purpurea et S. purpurea L., 365. — Salvia sil- vestris, 157. — Saxifraga corsica, 362. — Serapias triloba Lloyd., 342. — Spiræa hypericifolia L. et obovata W. et K., cc. Trifolium elegans Savi, ccLvir. Viola hirta L., 359.— Viscum album (en Corse), 362. Voy. (parmi les auteurs des ouvrages analysés dans la Revue bibliogra- phique) : abbé Baichère, Barla, Berher, Briard, Cariot, Duffort, Giraudias, Gonse, Harmand, Huet, lvolas, Karsten, Lucand, Niel, Revel, Rolland, Viallanes. FRANCHET (A.). Monographie du genre Paris [62]. — Note sur le Ranun- culus cherophyllos [113]. Fribourg (Flore mycologique de) [16]. Frioul (Excursion mycologique dans le) [112]. FRITSCH. Nomenclature des Cepha- lanthera [92]. Fruit des Graminées [5]. Frullania brachycarpa Spruce sp. nov., CCIV. — conferta et julaea Spr. nov. sp., cxc. — subaculeata Spr. sp. nov., CCI. Fucus (Cellule apicale des) [9]. FuzET (abbé). Voy. abbé Hue. G Gagea Liottardi Rem. et Sch. var. algeriensis A. Chab., 320. GAILLARD (A.). Voy. Patouillard. Galanthus nivalis eu fleur le 25 dé- cembre dans le Puy-de-Dóme, 31. Galicie (Flore de) [91]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GANDOGER (M.). Plantes de Judée (2° Note), 177. — Lettre sur le Cy- clamen saldense Pomel, 432. — Voyage botanique au mont Viso, 437. — Flora Europe terrarum- que adjacentium, etc., tomes xv à xvii [113]. Gard (Iberis de la flore du), 32. GEHEEB (A.). Muscinées de la Nouvelle- Guinée [145]. Genista Sahara Coss., 45. Gentiana barbata Fról. en Europe [46]. Geocalyx orientalis Besch. et Spruce Sp. nov., CLXXXIX. Géographie botanique. Végétation des causses [118]. — Voy. Cartes. Géraniacées (Tégument de la graine des), 417. Giornale (Nuovo) botanico italiano [45]. GiRAUDIAS (L.). Notes critiques sur la flore ariégeoise [119]. Globularia vulgaris (Vicissitudes ono- mastiques du) [124]. Gluges (Lot). Voy. Gourdon. Gnomoniella Hippocastani P. Brun sp. nov., 336. Gosi (Chr.). Peroniella Hyalothece, nouvelle Algue d'eau douce [6]. GODEFROY LEBEUF (A.) et BROWN (N.- E.). Les Cypripédiées; chromolitho- graphies par M. G. Severyns [1]. Gomontia, cLVII. — polyrhiza Born. et Fl., CLI, CLVII. GoNsE (E.). Additions au Catalogue des Muscinées de la Somme [144]. Goodyera repens dans une piniére du bois Saint-Pierre aux Essarts-le- : Roi (Seine-et-Oise), CCXXVIII. Gourdon (Lot). Herborisations sur le territoire de communes de cet arron- dissem. : Alvignac, Gluges, Mont- valent, Rocamadour, CCLIII-CCLXI. Graine (Téguments de la) des Géra- niacées, Lythrariées et (Enothérées, 417. Graminées (Constitution du fruit des) [5]. — (Deux nouvelles) de Tunisie, 250. GRANDIDIER (A.). Histoire physique, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. naturelle et politique de Madagas- car., vol. xxvii. — Hist. naturelle des plantes, par M. H. Baillon [68]. Grèce. Labiées, Scrofulariacées et Renonculacées de la flore hellé- nique; énumération des plantes ligneuses de ce pays, CCXXXVI. GRECESCU (D* D.). Observations pré- sentées au Congrés de botanique, XXX, XXXI. Grimmia Hartmannii Schimp. var. montenegrina Breidler et Szysz. nov. var., 116. — torquata [140]. Guadeloupe (Hépatiques nouvelles de la), cL.xxvir. Gui (Sur l'assimilation du), CCLXXIII. GUIGNARD (L.). Observations sur la Structure et la division du noyau dans les cellules-mères du pollen des Cycadées, 206. — Sur les an- thérozoides des Marsiliacées et des Équisétacées, 378. — Étude sur les phénoménes morphologiques de la fécondation, c. — Obs., 211, 245, 283, 284. — Voy. Luizet. Guinée (Muscinées de la Nouvelle-) [145]. GUINIER (E.). Sur la théorie de la séve descendante [76]. Guyane francaise (Hépatique nouvelle de la), CLXXXVI. H Halfa (Stipa tenacissima) (Sur V) [122]. HANSEN. Observations sur les levures de biére [53]. — Action des fer- ments alcooliques sur les différentes espéces de sucre [147]. HARIOT (P.). Voy. Karsten. Hariotia (Champ.) Karst. nov. gen. [112]. HanMAND (J.). Description des diffé- rentes formes du genre Rubus ob- servées dans le département de Meurthe-et-Moselle [37]. HanriG (R.). Trichospheria parasi- tica et Herpotrichia nigra [104]. Hanroc (M.-M.). Observations pré- sentées au Congrés de botanique, 113 XXIII, XXXI, LXXIX-LXXXI, LXXXVII. — Technique applicable à l'étude des Saprolégniées, CCVIII. Harvey (F.-L.). Algues d'eau douce du Maine [20]. Hanz (C.-0.). Sur le Blanc du Frai- sier : Oidium Fragariæ [98]. Hauck (F.). Algues marines de Porto- Rico [12]. Hedysarum | imauritanicum Pomel var. micranthum Batt., CCXXI. HEIMERL (A.). Voy. Engler. Helianthemum sanguineum Lag. , 317. — vulgare Gærtn. en Corse, 359. — vulgare var. albiforum, ccxuix. Hendersonia ambigua, Marrubii et syringæcola P. Brun. sp. nov., 339. HENNECART (J.). Sa mort [47]. Hepatice novæ americane tropice et alie, CLXXXIX. — argentinicæ, cci. — Australie [143]. — brasi- lienses, CXCVI.— mexicana, CCIV.— paraguayenses, cxc. — peruviana, CCII. Hépaticologie romaine [146]. Hépatiques nouvelles des colonies françaises, CLXXVI. — des Indes occidentales [142]. — des iles Mar- quises, ccv. — Voy. Hepaticæ. Herbier (Sur I) dit de Gaston d'Or- léans, conservé au Muséum de Paris, CCXXX. — (Rapport sur l’) de M. G. Rouy, CCLXXX. Herborisations aux environs de Cau- nes (Aude) [87].— dans la Charente [89]. — dans le Frioul [112]. — au Monténégro, 113. — à 165 lieues du póle nord, 194. — dans le Lot en 1887-88-89, CCXLVI. Herboriste (Manuel de l’) [130]. Hermaphrodisme parasitaire du Lych- nis dioica [132]. Herpotrichia nigra Martig sp. nov. [104]. Hieracium prenanthoides Vill. var., 28. Horr (R.-T.). Voy. Nordstedt. HorFMANN (0.). Voy. Engler. Hongrie (Flore de) [91-93]. Horn (Lichens du cap) [60]. Hua (H.). Anemone nemorosa L. var. 114 anandra, 255. — Observations présentées au Congrès de botanique, XXV, XXX. Hue (abbé). Lichenes yunnanenses a cl. Delavay præsertim annis 1886- 1887 collecti, 158. — Lichens du Cantal et de quelques départements voisins récoltés en 1887-1888 par M. Pabbé Fuzet, 212. HuET (Edm.). Catalogue des plantes de Provence, résultats des herbori- sations faites pendant plus de dix années par MM. R. de Shuttleworth, A. Huet, Jacquin et Hanry [88]. Husnot (Th.) Revue bryologique [141] [142]. Hv (abbé). Sur la présence en Anjou de l’Equisetum littorale Kuhlwein, 312. — Sur les modes de ramifica- tion et de cortication dans la famille des Characées, et les caractéres qu'ils peuvent fournir à la classifi- cation, 393. — Observation présen- tée au Congrès de botanique, xxiv. — Obs., 314. Hybridation de Rosiers [115]. Hybrides, 66, 313, 314, 333, 342, 497 [115]. — d'Orchidées francaises, CCXXVI. — X Centaurea mirabilis Rouy, 425. — Cistus ladanifero- monspessulanus Loret, CCXIX. — Carthamus, ccxxm. — X Orchis Pauliana Malvd, ccuxvir. Hydrurus (Développement de l’) [10]. Hyella Born. et Fl., cxx. — cespi- losa, CLXV, CLXX. Hymenomycetum (Icones selectre) Fenniænondum delineatorum[15]. — nouveaux Hyménomycètes [111]. Hypericum œgyptiacum L., 318, ccxiv. — Decaisneanum Coss. et Dav. sp. nov., 104. Hyperplasies de l'Olivier [108]. Hypocheris Claryi Batt. Sp. nov., CCXXII. I Iberis de la flore du Gard, 32. — col- lina, intermedia, panduræformis et Violetti, 32-34. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ille-et-Vilaine. Azolla filiculoides aux environs de Rennes, 312. Inde (Fougères du nord de l’) [65]. — Un OEnothera des Neilgheries, cciv. Indes-Occidentales (Hépatiques des) [142]. Institut de botanique de Montpellier [96]. Involucre (Anatomie des folioles de l’) des Corymbiféres, 82. — (Structure des folioles de l' des Cynarocé- phales, 133. Isoetes L. (Position systématique des) [26]. Issendolus (Lot). Voy. Figeac. — Italie (Algue d') [7]. — Agaricinées d’) [16]. — (Flore d^), 257 [45] [46] [76]. — (Parasites de la Vigne en) [79]. — (Plantes fossiles d') [96]. — Hépatiques de la province de Rome [146]. — Mousses de Bologne et autres Muscinées d'Italie [146]. — Nuovo Giornale bolanico ita- liano [45]. — Voy. Parme. IvoLas (J.). De la végétation des causses, étude de géographie bota- nique [118]. J Japon (Rabougrissement des arbres des cultures du), 284. — (Procédés employés pour obtenir des arbres nains au), 290. : ; JARDIN (Ed.). Excursion botanique à 165 lieues du pôle nord, 194. Journal (Nouveau) de botanique 1ta- lien [45]. Journal of Botany british, etc. [123]. Judée (Plantes de), 177. JUMELLE (H.). Marche de l'accroisse- ment en poids des différents membres d'une plante annuelle, 72. — Obs., 423. — Sur la constitution du fruit des Graminées [5]. Jungermannia longiretis Besch. et Spruce nov. sp., CLXXXV. Juniperus communis L., 30, 369. — var. alpina Gaud., 30. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. K KatN (H.). Diatomées d'Atlantie City et de ses environs [20]. Kansas (Champignons nouveaux du) [110]. Kantia Miquelii et var. oppositi- folia Spruce, CLXXxIv. KARSTEN (P.-A.). Icones selectæ Hyme- nomycetum Fenniæ nondum deli- neatorum [15]. — Fungi aliquot novi in Brasilia a D'* Edw. Vai- nio anno 1885 lecti [111]. — et Haron (P.). Fungi nonnulli gallici [112]. KELLERMAN et SWINGLE. Champignons nouveaux du Kansas [110]. Kilimandscharo (Mousses de) [139]. KLEBAHN (H.). Nouvelles observations sur la Rouille vésiculaire des Pins [105]. Knautia campestris Bess., CCLIv. KnassNow (A.). Descriptiones planta- rum novarum vel minus cognita- rum |69]. Kuckuck. Voy. Reinke. Kuan (J.). La pourriture vermiculaire, nouvelle maladie de la Pomme de terre [108]. L Labiatarum (Fragmenta Monogra- phie) [125]. Labiées de la flore grecque, CCXXXVI. Lachnociadium Lév. (Sur le genre) [131]. Lactuca nouveau d'Algérie (L. numi- dica Batt.) sp. nov., 402-403. LAGERHEIM (G.). Note sur l'Uronema, nouveau genre des Algues d'eau douce de l'ordre des Chlorozoospo- rées [8]. — Sur l'histoire du déve- loppement de l'Hydrurus [10]. — Nouvelles contributions à la flore mycologique de Fribourg et de ses environs [16]. — Sur un nouveau genre d'Urédinées [112]. Lathyrus Ochrus L. var. ochroides A. Chabert, 21. 175 LAURENT. Nutrition hydrocarhonée et formation de glycogéne chez la le- vure de bière [51]. Lavandula Slechas L. forma, en Corse, 363. Lecanora albella Ach., cæsio-rubella Ach., callopizoides Nyl. sp. nov., chlarona Nyl., endopheoides Hue sp. nov., flavido-rufa Hue sp. nov., pallescens Ach. , parella Ach. etc., du Yunnan, 170-173. Lecidea affinis Schær., albuginosa Nyl. var. cinereo-fuscescens Hue, melina Krempelh., etc., du Yunnan, 175-176. LECLERC DU SABLON. Observations sur la tige des Fougères, 12. — Sur un cas pathologique présenté par une Légumineuse, 55. — Recherches sur enroulement des vrilles [3]. LE GRAND (A.). Note sur le Cyperus distachyos et quelques autres es- péces des Corbiéres, 157. — Lettre sur le recensement des plantes fran- caises publiées dans les exsiccatas, 430. Légumineuse (Cas pathologique d'une), 55. Leioscyphus Husnoti Besch. et Spruce Sp. nov., CLXXXV. Lejeunea cephalandra Spruce sp. noy., CXCIHI. — fruticulosa Tayl., cxcvi, — geophila Spruce sp. nov., cxcyiui. — Germanii Besch. et Spruce sp. nov., cLXXXVU. — Gla- ziovii Spruce sp. nov., CXCVII. — globosa Spruce sp. nov., CXCHI. — Hieronymi Spruce sp. nov., CCHI. — incrassata Tayl. ms., CLXXIX. — inflexa Hampe, cLxxx. — intorta Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXVHI. — Jardini Spruce sp. nov., CCV. — leptoscypha Spruce sp. nov., CCY. — leucosis Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXVIII. — lignicola Spruce sp. nov., CXCVII. — lineata L. et Lg.! CLXXXI. — longibracteata Spruce sp. nov., CCI. — Mariei Besch. et Spruce sp. nov., CLXXIX. — Oligo- clada Spruce sp. nov., CXCIX. — paucifolia Spruce sp. nov., cxciv. 116 — polycephala Spruce sp. nov., exc. — protensa Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXVI. — Pteridis Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXVIL — punctulata Spruce sp. nov., CCIV. — scalpellifolia Besch. et Spruce, CLXXXVI. — smaragdina Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXII. — Spora- dica Besch. et Spruce sp. nov., CLXXX. — symphoreta Spruce sp. nov., cxcvrit. — terricola Spruce sp. nov., CXCI. — tridens Besch. et Spruce sp. nov., CLXXXI. — trocan- tha Spruce sp. nov., CXCII. Lemoinea E. Fournier (Bégonias tu- béreux proprement dits) [97]. Lepidozia plumæformis Spruce sp. nov., CXCIX. — reversa Carr. et Pearson sp. nov. [145]. Leptogium Delavayi Hue sp. nov., 158. — L. Menziesii Mont., 158. Leptothyrium culmigenum Saec. et P. Brun. et Carpini P. Brun sp. nov., 341. LETOURNEUX (A.). Note sur un voyage botanique à Tripoli de Barbarie, 91. Lettres de MM. Arnaud, Audigier, Billiet, abbé Boullu, Chabert, Clos, Gandoger, Giraudias, Le Grand, Pomel, de Seynes. Voy. ces noms. LÉvEILLÉ.Observations physiologiques sur un Œnothera des Neilgheries, CCXIV. Levure de bière (Glycogéne de la) [91]. — (Sur les formes de) [53]. LHIOREAU. Sa mort, 254. Lichens du Cantal, 212. — du cap Horn [60]. — de l'ile Miquelon [22]. — du Paraguay [61]. — de Porto- Rico [62]. — du Portugal [23]. — des Vosges [22]. — du Yun-nan, 158. — Contributions lichénolo- giques [58]. Ligneuses (Plantes) de la Gréce, CCXLIV. Liliacées (Nouveau genre de), cexvr. Limodorum Trabutianum Batt., CCXXV. LIMPRICHT (G.). Flore eryptogamique de l'Allemagne, l'Autriche et la SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Suisse, du D' Rabenhorst. Mousses [138]. LINDBERG (S.-0.). Sa mort [47]. Lindneria (Liliacées) Th. Dur. et Lubb. nov. gen., cexvI. — fibril- losa, ccxvil. Linum corymbiferum Desf. et var. Meyeri A. Chab., 317. — narbo- nense L., CCXIX. Lithopythium gangliiforme Bornet et Flah., crxxir. Lobations de feuilles simples, ccIX. LoESENER (Th.). Sur quelques nou- velles espéces de plantes du Brésil [68]. Loire-Inférieure. Causeries sur Noir- moutier [46]. Lophocolea paraguayensis Spruce sp. nov., CXCV. Lot (Lichens du département du), 212. — (Plantes atteintes d'albinisme dans le), 344. — (Alyssum gemo- mense L.(A. petrœæum Arduin.) dans le), 311, ccLxir. — (Herborisations dans le département du) en 1887- 88-89, CCXLVI. Lot-et-Garonne (Découverte du Cete- rach officinarum Willd. var. cre- natum dans le), 432. Lotus (le) des anciens, 52. LucAND (Capitaine). Figures peintes de Champignons de la France [110]. LUCANTE (abbé Angel). Sa mort [154]. Lupwic (F.). Une nouvelle espèce du genre Batarrea [112]. Luederitzia (Malvacées) Schum. nov. gen. [35]. : LuizeT (D.). Sur des Orchis hybrides, provenant du croisement de l'Ace- ras anthropophora R. Br. et de l'Orchis militaris L., découverts à Fontainebleau par MM. Guignard et Luizet, 344. — a retrouvé à Fontat- nebleau le Careæ obesa All., 316. — Obs., 344. : Lychnis dioica DC. (Hermaphrodisme parasitaire et polymorphisme floral du) [132]. Lyon (Société botanique de) [114-115]. Lythrariées (Téguments de la grame des), 417. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Lythrum Hyssopifolia var. grandi- florum Clary [41]. M Macoun (J.). Contributions à la flore bryologique du Canada [144]. Macrophoma Ailanthi P. Brun. sp. nov., 338. Madagascar (Histoire naturelle de). Planies [68]. Magellan (Herborisation dans le dé- troit de) [20]. MaGNIER (Ch.). Scrinia Flore selec- tæ [129]. MAGNIN (A.). Sur l'hermaphrodisme parasitaire et le polymorphisme floral du Lychnis dioica DC. [132]. MAGNUS. Quelques observations sur les Champignons qui nuisent à la culture des Champignons de couche [102]. — Epidémie du Carum Carvi produite par une espéce d'Uro- phlyctis [150]. Maine (États-Unis) (Algues d'eau douce du) [20]. Maine-et-Loire. Voy. Anjou. Maladies de l'Abies pectinata [104]. — des animaux et des plantes infé- rieurs [149]. — des arbres [81]. — de Ja Betterave à sucre [101]. — du Carum Carvi [150]. — des Cham- pignons de couche [102]. — du Chou |100]. — du Fraisier [98]. — de l'Olivier [108]. — des Pins [105] [106] [107]. —- du Poirier [102]. — de la Pomme de terre [100] [108]. — de quelques plantes cultivées [21]. — du Seigle [103]. — des fruits de Vaccinium [98]. — de la Vigne [20] [21] [79] [81] [84]. MaLiNvAUD (E.). Observations sur le Stachys ambigua, 71. — Sur l'uti- lité de conserver, quel que soit le genre adopté, le plus ancien nom spécifique, 271. — présente des échantillons d’Alyssum edentulum W. et K. (A. gemonense L., A. pe- trœum Ard.), 311. — sur des cas d'albinisme, 344. — Characées de la Haute-Vienne, 429. — réélu secrétaire général, 446. — Herbo- T. XXXVII. 177 risations en 1887-88-89 dans le dé- partement du Lot : un A/yssum et un Orchis hybride nouveaux pour la France, ccxtvi. — Rapport sur l'herbier de M. G. Rouy, ccLxxx. — Réception des membres du Con- grés chez M. H. de Vilmorin à Ver- riéres-le-Buisson (Seine-et-Oise) et visite des cultures de la maison Vilmorin, Andrieux et Ci°, ccLxxvil. — Question de nomenclature et A propos du Ranunculus cherophyl- los [113].— Obs., 32, 85, 343, 398, 400, 427, 428, 430, 433, XXXI. Malvacées (Anatomie des) [4]. MANGIN (L.). Observations sur la mem- brane du grain de pollen mür, 274. — Observations sur le développe- ment du pollen, 386. — Obs., 283, 284. Manipur (Fougères nouvelles du) [64]. Marlothia (Rhamnacées) Engl. nov. gen. [35]. Marlothianæ (Planta) [34]. Maroc. Voy. Cosson. Marquises (Hépatique des iles), ccv. Marsiliacées (Anthérozoides des), 378. MARTELLI (U.). Deux Champignons nouveaux des environs de Bellune [77]. — Note sur une forme singu- lière d'Agaric [77]. MARTIN (B.). Notice sur les Iberis de la flore du Gard, 32. Martins (Ch.-F.). Sa mort, 181 |47]. — Hommage rendu à sa mémoire, 181. Mastigocoleus CLXII. MAUPASSANT (Hervé de). Sa mort, 415. Maury (P.). Sur la morphologie des tubercules du Stachys affinis Bge, 186. — Sur les procédés employés par les Japonais pour obtenir des arbres nains, 290. — Observations présentées au Congrésde botanique, XVII, XXVIII, XXX, XXXII, LXXXIX. — Obs., 344, 423. Maximowicz (C.-J.). Pedicularis L. Synopsis generis nova [65]. is Médaille d'or obtenue par la Société à l'Exposition universelle, 401. 12 testarum — Lagerb., 178 Medullosa de Cotta (foss.) [152]. — M. Ludwigii [153]. ` Membres (Origine des) endogénes des plantes vasculaires [135]. MENEGHINI (G.). Sa mort [47]. Mentha. Menthes de Belgique [42]. — sativa var. pseudostachya Malvd [42]. — Revision systématique des groupes spécifiques et subspéci- fiques dans le sous-genre Mentha- strum du genre Mentha [125]. MER (E.). De l'influence des éclaircies sur la croissance diamétrale des Sapins, 412. Merendera filifolia Camb. var. atlan- lica À. Chab., 319. METSCHNIKOFF. Contributions à l'étude du pléomorphisme des Bactéries [51]. Metzgeria albinea et planiuscula Spruce sp. nov., CCIC, CII. Meurthe-et-Moselle (Rubus de) [37]. Mexique (Hépatiques du), cciv. MicHEL (Auguste). Membre perpétuel, 203. Micrococcus amylovorus [102]. Micromeria Juliana L. var. conferta Coss. et Dav., 105. Microscopiques (Grossissement des . figures), ccvir. Minervois (Un coin du) [87]. Ministre de l’agriculture. Subvention de 1000 francs, 399. Miquelon (Lichens de l'ile) [22]. MoEBiUS. Contribution à la connais- sance du genre d'Algues Chætopel- tis [7]. Mollusques (Plantes vivant dans le test calcaire des), CXLVI. Monstruosités et Anomalies, 55, 255, 256, 284, 290, 344, ccix. Monténégro (Herborisations au), 113. Montvalent (Lot). Voy. Gourdon. MoRIERE (J.). Note sur une nouvelle Cycadée du Lias [31]. MoucEOT (D' Ant.) Sa mort, 182 Mousses [138-146]. — (Comparaison entre le rhizome et la tige feuillée des), 295. MOYEN (abbé). Voy. de Seynes. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mucronoporus (Polyporées) Ellis et Everh. nov. gen. [111]. MuLLER (Ch.). Les Mousses de Kili- mandscharo [139]. MULLER (J.). Contributions lichénolo- giques [58]. — Mission scientifique du Cap Horn, 1882-1883 [60]. — Lichenes Paraguayenses a cl. Ba- lansa lecti [61]. — Pyrenocarpeæ Feeanæ [62]. — Lichenes portori- censes [62]. Murray (G.) et BoopLE (L.-A.). Sur la structure des Spongocladia Aresch. (Spongodendron Zanard.) [8]. Muscari... d'Algérie, 320. Musci novi exotici [139]. Muscinées de la Somme [144]. — de la Nouvelle-Guinée [145]. — Hépa- tiques nouvelles des colonies fran- çaises, CLXXVII. Musée gouvernemental d'histoire na- turelle de New-York (41° Rapport des administrateurs du) [14]. Mycologie. Voy. Champignons. Mylia antillana Carr. et Spruce sp. nov., CLXXVII. Mylitta (Champignon rapporté au genre), 308. N Narcissus algirus Pomel var. em- nens et var. discolor Batt. et Trabut et N. serotinus L. var. emargina- tus, 321. — N. poeticus et var. stellaris, CCXLIX. Nécrologie, 181, 182, 254, 274, 335, 399, 415, 428 [47] [95] [154]. Neosotis (Borraginées) Gandog. nov. gen. [114]. : NEwcowBE (F.-C.). Mode de dissémi- nation des spores chez les Equise- tum [24]. NEwTON (1.). Contributions à la flore cryptogamique du nord du Portugal; Lichens [23]. NigL (Eug.). Sur un phénomène re- marquable de vitalité présenté par des souches de Sapin, 256. — Cata- logue des plantes phanérogames vasculaires et cryptogames semi- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. vasculaires croissant spontanément dans le département de l'Eure [115]. — Obs., 257. Nitella arvernica et Lamyana Hy sp. nov., 429. — Nitella (non To- lypella) Macounii Allen sp. nov. [19]. Noirmoutier (Causeries sur) [46]. Nomenclature botanique, 66, 257, 271 [113]. — de la Globulaire [124]. NORDSTEDT (0.). Desmidiées de Bor- nholm recueillies et en partie déter- minées par R. T. Hoff [6]. Normandina Davidis Hue sp. nov., 176. Norvège. Voy. Pôle nord. Nostocacées hétérocystées (Révision des) des principaux herbiers de France [13]. — du Systema Alga- rum de C.-A. Agardh, 144. Nouvelle-Calédonie. Voy. Calédonie. Nouvelles [47] [95] [154]. Nucelle (Diastases dans la digestion du), 346. Nuovo Giornale botanico italiano [45]. 0 OEnothera des Neilgheries, ccxiv. (Enothérées (Tégument de la graine des), 417. OEsterreichische botanische chrift, 38* année, 1888 [91]. Oidium du Fraisier [98]. OLIVER (F.-W.). Structure, dévelop- pement et affinités du Trapella, nouveau genre de Pédalinées [76]. Olivier (Tuberculose, hyperplasies et tumeurs de l) [108]. Onobrychis collina Jord., CCLIv. Ononis minutissima L., ccxx. Ophrys iricolor Desf., 321. Oranaise (Flore) [122]. Orchidées hybrides, 314, 341-344. — du nord de la France, ccxxvi. Orchis alata Fleury, ccLvi. — am- bigua Kern., CCXLIX, CCLVII. — lati- folia L.,369, cexLix. — laxiflora et Morio à fleurs blanches, 344, ccLviI. — mascula L. var. fallax G. Ca- Zeits- 179 mus, 344. — Morio-coriophora Timb: , CCLXX-CCLXXI.— olida Bréb., CCLXVIII-CCLXXI.— Pauliana Malvd, CCLXVII-CCLXXIII. — Regelii G. Ca- mus (0. maculata X Gymnadenia odoratissima), CCXXVII-CCXXVIII. — Tectulum Desm., CCLXIX, CCLXXI. Orient (Flore d") [92]. Ostracoblabe implexa Born. et Flah., CLXXI. Ostreobium Queketti Bornet et Flah., CLXI. P Pachyma Cocos en France, 433. Pœonia algeriensis A. Chab. sp. nov., 18. PAILLEUX (A.) et Bors (D.). Les plantes aquatiques alimentaires [94]. Pague (E.). Carte botanique univer- selle et projets relatifs à son mode d'exécution, xiv. — Observations présentées à ce sujet, XXVII, XXIX. Paraguay (Hépatiques nouvelles du), CXC. — (Lichens du) [61]. Parevax mauritanica Pomel, 184. Parfum des Roses, 107. Paris (Monographie du genre) [69]. Paris (Congrés de botanique tenu à) en 1889, 1. — (Flore de). Localités nouvelles de plantes plus ou moins rares des environs de Paris, 341. — Quelques faits nouveaux sur la flore des environs de Paris, 401. — ArtemisiaVerlotorum Lamot., 402. — Carex tomentosa L., 401. — Digitalis lutea, 401. — Trois nou- veaux Discomycètes [71]. Parme (Fleur d'eau observée à) [7]. Parmelia meiophoraNyl. sp.nov.,etc., du Yunnan, 164. Parnassia palustris L. en Algérie, 317. Passerina annua Wikstr. var. alge- riensis À. Chab., 319. Pathologie végétale [21]. PATOUILLARD (N.). Le genre Coleopuc- cinia [17]. — Le genre Lachnocla- dium Lév. [131]. — et GAILLARD (A.). Champignons du Vénézuela [70]. 180 Pax (F.). Essai d'une monographie du - genre Primula [35]. — Voy.Engler. PEARSON (W.-H.). Voy. Carrington. Peck. 41° Rapport annuel du Muséum de New-York ; Champignous [14]. Pédalinées (Un nouveau genre de) de Chine [77]. Pedicularis L. nova) [65]. PENziG (0.). Don, 372. — Observations présentées au Congrés de botanique, XXXI, LXXX, LXXXVI. Perardia (Labiées) Gandog. nov. gen. [114]. PEREIRA COUTINHO (A.-X.). Les Chénes du Portugal [90]. Périanthes (Épanouissement, veille et sommeil des), 245. — (Variations de l'eau dans les), 322. Peroniella Hyalothecæ,nouvelle Algue d'eau douce [6]. Pérou (Hépatique nouvelle du), ccu. PERROUP (D'". Sa mort, hommage rendu à sa mémoire, 182. Pertusaria globulifera Nyl., velata Nyl., Westringii Nyl., 174. Pestalozzia Hartigii Tub. nov. sp. [85]. PETIT (Em.). La chlorose ; recherches de ses causes et de ses remèdes [84]. Phelipea œgyptiaca Pers. et lutea Desf., 47. Phéosporées (Chromatophores chez quelques) [9]. Phoma Chenomeles, eryngiicola, Friesii, fimeli, Fuchsiæ, juncicola P. Brun. sp. nov. et Ph. depressa form. minor, glandulosa form. san- tonensis, herbarum form. Parie- tarie, Marrubii form. santonensis et Sumacis form. Spirææ P. Brun., 331-338. Phormidium incrustatum Gomont, CLXIV. | Phyllosticta Epilobii et Sanicule P. Brun. sp. nov., 336. Phyllotaphrum — (Labiées) Gandog. nov. gen., 114. Physcia du Yunnan, 167-169. — pa- rietina (Développement du) [4]. Picridium tingitanum Desf., ccxxur. (Synopsis generis SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pimpinella Battandieri et Djurjure A. Chabert sp. nov., 24, 25. Pinus Laricio, etc., en Corse, 968. — Rouile vésiculaire du Pin Wey- mouth [105]. — Rouge des feuilles du Pin sylvestre [106]. — Tumeur bacillaire du Pin d'Alep [107]. Plagiochila Thamniopsis et Tricho- manes Spruce sp. nov., CC. PLANCHON (L'œuvre de J.-E.) [128]. Plante in Cyrenaica et agro Tripo- litano, 100. — Species nove Cyre- naicæ, 103. — Marlothiane [34]. — turcomanicæ [139]. Plantago atlantica Batt. sp. nov., CCXXIV. — Coronopus L. var. cras- sipes Coss. et Dav., 106. — serpen- tina Vill., cCcxL vit. Platysma yunnanense Nyl., 162. Plectonema tierebrans Born. et Flah., CLXIII. Pleospora, Clathrospora et Pyreno- phora (Monographie des genres) (19): Plombaginées du Portugal [124]. Poirier (Carie du) [102]. . Poisson (J.). Note sur un Champi- gnon rapporté au genre Mylitta, 308. — Observations sur les tégu- ments des graines de certains végé- taux, 420. — Obs., 257. — Voy. Bureau. Pôle nord (Excursion à 165 lieues du), 194. Pollen des Cycadées, 206. — Mem- brane du grain de pollen mür, 274. — Développement du pollen, 386. Polygala calcarea, CCXUVH. — Polymorphisme foliaire des Abiétinees [5]. — floral du Lychnis dioica [132]. Polysiphonia (Feuilles des) 2] — (Pores secondaires des) [11]. PowEL. Lettre sur les genres Pseude- vax et Parevax, 184. — Note sur un nouveau Cyclamen d'Algérie et sur l'espéce des environs de Tunis, 354. Pomme de terre (Maladies de la) [100] [108]. — (Pourriture vermi- culaire de la) [108]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 181 Pommier (Assimilation du Gui com- parée à celle du), cctxxrrt. PONIROPOULOS (E.). Trois familles de la flore hellénique (Labiées, Scro- fulariacées, Renonculacées) et énu- méralion des plantes ligneuses de la Grèce, cCcxxx vi. E secondaires des Polysiphonia [11]. Poroxylons (foss.) [29]. Porto-Rico (Algues marines de) [12]. — (Lichens de) [62]. Portugal (Chénes du) [90]. — (Lichens du) [23].— (Plombaginées du) [124]. — Centaurea Calcitrapa-pullata prés de Lisbonne, 425. Potentilla caulescens L. var. Djurd- juræ A. Chabert, 23. Pourriture vermiculaire dela Pomme de terre [108]. PniLLIEUX (Ed.). Le Pachyma Cocos en France, 433. — Rapport sur le traitement expérimental du Black- rot fait à Aiguillon en 1888 [81]. Primula (Monographie des) [35]. Procès-verbal de vérification des comptes du Trésorier, 183. Protoplasma (Origine nucléaire du), 346. Provence (Catalogue des plantes de) [88]. Pseudevax et Parevax, 184. Pseudombrophila theioleuca Roll. sp. nov. [71]. Psilocybe ferrugineo-lateritia Vogl. sp. nov. [16]. Pteris lanceolata Desf., 322. Puy-de-Dôme (Plantes découvertes dans le), 15. — Galanthus nivalis, 31. — Lichens, 212. Pyrénées-Orientales (Le Silaus vires- cens Boiss. dans les), 65. — Voy. Corbières. Pyrenocarpeæ Feeaneæ [62]. Pyrenophora (Monographie des) [79]. Q Quercus. Divers Chênes d’Algérie, 58. — Les Chênes du Portugal [90]. — hybrides, 65. R Rabenhorsts Kryptogamen-Flora. Voy. Limpricht. Racines de Graminées croissant dans l'eau, 76. — Tubérosités parasitaires des racines [101]. — Maladies des racines de Betterave à sucre [101]. Rappe (E.). Voy. Brotherus. Radula Aurantii Spruce sp. nov., CXCIV. Ramalina du Yunnan, 161. RAMOND (A.). Nommé commandeur de la Légion d'honneur, 371. — Don d'un ouvrage à la Société, 372. — Rapport sur la situation financière de la Société à la fin de l'exercice 1888 et propositions pour le budget de 1890, 86. Ranunculus aquatilis l., 9316. — aquatilis var. elegans A. Chabert, 15. —. aurasiacus Pomel, 16. — chærophyllos L. [113]. — cœnosus Guss. (R. homæophyllus Ten.), 316. — divaricatus Schrank, 16. Rapport sur la situation financière de la Société, 86. — présenté au Congrés au nom de la Commission des cartes botaniques, XXV. REBoUD (D^ V.-C.). Sa mort, 428. REcLU (M.). Manuel de l'herboriste [130]. REICHENBACH (H.-G.). Sa mort, hom- mage rendu à sa mémoire, 274 [95]. REINKE (J.). Sur la forme des chroma- tophores chez quelques Phéospo- rées [9]. — Flore algologique de la partie allemande de la Baltique occidentale [133]. — Atlas des Al- gues marines de l'Allemagne; avec la collaboration de MM. F. Schuett et Kuckuck [133]. REiSCH (P.-F.). Introduction d'une échelle universelle de grossissement des figures microscopiques, CCVII. RENAULD (F.) et CARDOT (J.). Nou- velles Mousses de l'Amérique du Nord [140]. RENAULT(B.). Clathropodium Morieri [32]. — Voy. Bertraud. 182 Renonculacées de la flore grecque, CCXLII. Reseda Phyteuma, ccxr1vit. Résolutions adoptées au Congrès de botanique, XXV, XXXIII. Réunion et Sainte-Marie de Mada- gascar (Hépatiques des îles de La), CLXXXVIIL. REVEL (abbé J.). Essai de la Flore du sud-ouest de la France [118]. Revue autrichienne de botanique [91]. — Revue bryologique [141-142]. Rhamnus myrtifolia Wilk., 21. Rhizocarpées (Position systématique - des) [28]. Rhizome des Mousses, 295. Rhône (Flore du bassin moyen du) [117]. Rhus dioica Wild., 54. Riccia paraguayensis et stenophylla Spruce sp. nov., CXCV, CXCVI. RiTzeMA Bos. Sur le traitement de la maladie vermiculaire du Seigle [103]. RoLLAND (L.). Trois espèces nouvelles de Discomycètes [71]. Rome (Hépatiques de la province de) [146]. Rosa agrestis Savi var. Milenæ H. Braun nov. var., 121. — canina L. en Corse, 361. — canina L. subsp. nitens Desv. var. subfirmula H. Braun nov. var., 119. — collina Jacquin var. ornata H. Braun nov. var., 121. — dumalis Bechst. subsp. insignis Gr. var. dissimilis H. Braun nov. var., 119. — dumeto- rum Thuill. var. valdefoliosa H. Braun nov. var., 191. — Heckeliana Tratt. var. Szyszylowiczii et var. montenegrina H. Braun novæ var., 122. — pilosa Opitz var. subviola- cea H. Braun nov. var., 120. — pen- dulina L. var. pseudorupestris H. Braun nov. var., 118.— rubrifolia Villars var. prærupticola H. Braun nov. var., 119. — surculosa Woods subsp. rupivaga H. Braun nov. subsp., 120. — stylosa Desv. formæ, 22. — Le parfum des Roses, 107. RosENVINGE (K.). Sur la formation SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des spores secondaires chez les Polysiphonia [11]. — Sur la dispo- sition des feuilles chez les Polysi- phonia [12]. Rosiers (Hybridation de) [115]. Rostrupia (Urédinées) Lagerh. nov. gen. [112]. Rouge des feuilles du Pin sylvestre [106]. Rouille vésiculaire des Pins [105]. Rouy (G.). Le Silaus virescens Boiss. dans les Pyrénées-Orientales, 65.— Sur le Papaver nudicaulis L., 202. — Sur des hybrides d'Orchis, 349. — Sur divers hybrides, 427. — Un hybride des Centaurea Cal- citrapa L. et pullata L. (C. mira- bilis Rouy), 425. — Observations présentées au Congrés de bota- nique, XIX, XXIII, XXIX, XXX, XXXIV. — Obs., 65, 85, 312, 314, 334, 343, 344, 416. — (Rapport sur l'herbier de M.), CCLXXX. Roze (E.). Notice nécrologique sur M. Jules Buffet, 335.— Contribution à l'étude de l'action de la chaleur solaire sur les enveloppes florales, CcxiI. — Obs., 314, 343. Rubus de Meurthe-et-Moselle [37]. Rueyres (Lot). Voy. Figeac. RussELL (W.). Note sur l'organisation des verticilles foliaires des Sper- gules, 424. Russie (Plantes de). Voy. Karsten, Gobi. Rytidocarpus (Cruciféres) Coss. nov. gen. du Maroc [40]. S Saccanpo (P.-A.). Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum, vol. vi [72]. Saccharomyces Hansenii Zopf sp. nov. [53]. Saccharomycète (Fermentation OYa- lique chez un) [53]. SAFFORD (W.-E.). Herborisation dans le détroit de Magellan [20]. SAcoT (Notice biographique sur le D' Paul), 372. — Liste de ses tra- vaux, 311. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. SAINT-LAGER. Vicissitudes onosmas- tiques de la Globulaire vulgaire [124]. — Voy. abbé Cariot. Sainte-Marie de Madagascar (Hépa- tique de), CLXXXVHI. Saintes (Charente-Inférieure) (Cham- pignons des environs de), 335. Salix alba, aurita L., nigricans Sm., pedicellata Desf., purpurea L., pe- dicellata X purpurea en Corse, 365, 366. — pedicellata, 30. Salvia silvestris dans les Corbières, 157. Sapin. Voy. Abies. Saponaria depressa Biv. var. Djurd- jure A. Chab., 20. Saprolégniées (Espèces de) [148]. — (Etude des), ccv. SAVASTANO (L.). Tuberculoses, hyper- plasies et tumeurs de lOhvier [108]. Saxifraga corsica Gren. et Godr.,362. — Tige des Saxifrages, 125. Scabiosa Djurdjuræ A. Chabert sp. nov. et var. fulva, 26. SCHENK (A.). Remarques sur quelques plantes fossiles des formations tria- siques etliasiques des environs du lac de Côme [56]. — Sur les Medul- losa et les Tubicaulis de Cotta [152]. Schizopodium Renaulti (foss.) Mo- rière sp. nov. [32]. SCHUETT (F.). Voy. Reinke. ScHUMANN (C.). Voy. Engler. Sclerotinia causant la maladie des fruits de Vaccinium [98]. Scolopendrium Hemionitis Lag., 322. Scorzonera fasciata Pomel, 319. Scrinia Flore selecta, 1886 |129]. Scrofulariacées de la flore grecque, CCXL. Sedum acre L. var. morbifugum A. Chab., S. magellense Guss. et S. micranthum Bast. var. Clusia- num A. Chab., 318. Seigle (Maladie vermiculaire du) [103]. SEIGNETTE (A.). Recherches anato- miques et physiologiques sur les Crosnes du Japon, 189. — Note sur 183 les tubercules du Spiræa Filipen- dula et du Veratrum album, 241. Seine-et-Marne. Voy. Fontainebleau. Seine-et-Oise. Anemone nemorosa var. anandra à Luat, 255. — Plantes de Seine-et-Oise, 341. — Digitalis lutea près Arrouville et Artemisia Verlotorum à Champagne, 401, 402. — Le Goodyera repens dans une piniére du bois Saint-Pierre, aux Essarts-le-Roi, ccxxvitt. — Récep- tion du Congrés à Verriéres-le-Buis- son, CCLXXVII. Sempervivum Heufelii Schott var. glabrum Beck et Szysz. n. var., 118. Septoria media Sacc. et Brun., 339. Serapias triloba Lloyd (S. Nouletii Rouy), 342. Seriola lœvigata Desf. var. baboren- sis Batt., CCXXIL. Sève descendante [76]. SEVEREYNS (G.). Voy. Godefroy-Le- beuf. SEYMOUR (A.-B.). Voy. Farlow. SEYNES (J. de). Lettre sur le Traité élé- mentaire de Mycologie de M. l'abbé Moyen, 205. — Obs., 81. Sigillaires de Wettin (foss.) [56] [151]. Silaus virescens Boiss. dans les Pyré- nées-Orientales, 65. Silene atlantica Coss., 20. SiLHOL (Plantes envoyées par), 255. Sinapis pubescens L. var. cyrenaica Coss. et Dav., 103. Siphonocladus voluticola Hariot, CLX. Sisymbrium crassifolium Cav., 316. Skorirz (Al.). Revue autrichienne de botanique ; 38° année, 1888 [91]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mem- bres nouveaux et décédés, 5, 7. — Situation financière à la fin de 1888, 86. — Subvention de 1000 francs du Ministre de l'Agriculture, 399.— Médaille d'or obtenue à l'Exposi- tion universelle, 401. — Élections et Bureau pour 1890, 446. Société royale de botanique de Belgi- que; tom. xxvi, 1887 [42]. — bota- nique d'échanges des lles-Britan- niques [123] — dauphinoise pour 184 l'échange des plantes, 15* et 16* Bul- letins, 1888-89 [129]. — bota- nique de Lyon: Annales, 1886-87, et Bulletin trimestriel, 2° série, t. VI, 1888 [114-115]. Solanum tuberosum. Maladies des tu- bercules de Pomme de terre [100] [108]. Soloronina sinensis Nyl., 167. Somme (Muscinées de la) [144]. — Orchis mascula var. fallax à Raisménil, 345. Sommeil (Epanouissement, veilie et) des périanthes, 245. Spartium junceum (Membrane du grain de pollen du), 275. Spergula (Verticilles foliaires des), 424. Spheropsis Cercidis P. Brun. sp. nov., 338. Spirea Filipendula (Tubercules du), 241. — hypericifolia L. (S. obo- vata W. et K.), CCL. Spirobacillus Cienkowskyi [51]. Spongocladia Aresch. (Structure des) [8]. Spores (Dissémination des) des Equi- setum |24]. Sporobolus letevirens et Tourneuzii Coss. sp. nov., 250, 251. SPRUCE (R.). Hepatice nove Ameri- canæ tropicæ, etc., CLXXXIX. — Voy. Bescherelle. Stachys affinis Bge (Anatomie et phy- siologie du), 186, 189. — (Morpho- logie des tubercules du), 186. — ambigua (Le) est-il espéce, variété ou hybride ?, 66. STENZEL (G.). Le genre Tubicaulis Cotta [54]. STEPHANI (F.). Hépatiques des Indes Occidentales [142]. — Hepaticæ Australiæ [143]. — Note sur le Dichilon perpusillum Montagne [143]. Sterculiacées (Anatomie des) [4]. Stereocaulon paschale Ach. et stric- tum Nyl., 159. Stereophyllum (Hyménomyc.) Karst. nov. gen. [111]. Stipa Fontanesii Parl., gigantea SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lag., Lagascæ R. et Sch. et Letour- neuxii Trab. sp. nov. (Revision des caractères et cléistogamie chez les), 404. — tenacissima (Etude sur le) [122]: STRAIL (abbé). Menthes de Belgique [42]. Sud-ouest (Flore du) de la France [118]. Suisse (Flore de la) | 44]. — (Mousses de) [138]. Sulfobactéries (Morphologie et phy- siologie des) [49] SwINGLE. Voy. kellerman. SzvszvLowicz (Ign. de). Une excursion botanique au Monténégro, 113. T Table des articles analysés dans la Revue bibliographique [157]. TARRADE (A.). Sa mort, 254. Tératologie. Voy. Monstruosités. Teucrium Daveanum Coss. sp. nov., 105. — fruticans var. linearifo- lium Clary [41]. Thamnium Leibergii Britt. [140]. Thé (Le) et ses succédanés [127]. Thelephorella (Hyménomyc.) Karst. nov. gen. [111]. Thelysia alata Salisb. var. micrantha Batt., CCXXIV. Thémines et Théminettes (Lot). Voy. l'igeac. Thian-Shan oriental (Plantes du) [69]. THOUVENIN (M.). Sur l'appareil de soutien dans les tiges des Saxi- frages, 125. Thymus dreatensis Battand., 404. — vulgaris (variations de strueture du), CCLXXIV. Tige des Fougéres, 12. — des Mous- ses, 295. — des Saxifrages, 125. Tiliacées (Anatomie des) [4]. TimBAL-LAGRAVE (Ed.). (Notice sur la vie et les travaux de) [128]. TimiRIAZEFF (C.). Obs., vir. : Toni (G.-B. de). Sur une curieuse Fleur-d'eau observée à Parme [7]. TnaBUT (L.). De Djidjelli aux Babors par les Beni Foughal (Algérie), 56. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. — Notes agrostologiques, 404. — ' Étude sur l'Halfa (Stipa temacis- sima) [122]. — Voy. Battandier. Trapelia (Pédalinées) Oliv. nov. gen. [76]. — sinensis [76]. e (E.-R. von). Sa mort 41]. Trésorier (Rapport du), 86. — (Véri- fication des comptes du), 183. Trichosphæria parasitica Hartig sp. nov. [104]. Trifolium elegans, ccLvit. Trinité (Acrostichum nouveau de l'ile de la) [65]. Tripoli de Barbarie (Voyage à), 91.— (Plantes de Cyrénaique et de), 100. Trisetum flavescens P. B. var. nodo- sum A. Chabert, 31. Truffe (La) [17]. Tubercules du Spirea Filipendula et du Veratrum album, 241. — du Stachys affinis Bge, 186. Tuberculose de l'Olivier [108]. Tubérosités des racines de l'Aulne et des Eléagnées [101]. TunbEUF (Ch. de). Contributions à la connaissance des maladies des arbres [81]. Tubicaulis (foss.) Cotta (Le genre) [54] [152]. Tumeurs de l'Olivier [108]. Tunica Daveana Coss. sp. nov., 103. Tunis (Cyclamen des environs de), 355. Tunisie (Deux Graminées nouvelles de), 250. — (Voyages dans le sud de la), 37. — (Cyclamen de), 355. — Voy. Cosson. Turcomanie (Mousses de) [139]. U Uronema (Chlorozoosporacées) La- gerh. nov. gen. [8]. — confervico- lum [8]. Urophlyctis [150]. Kriegeriana Magnus Vaccinium (Maladie des fruits de) [98]. Vainio. Voy. Karsten. 185 Valeriana Phu (Membrane du grain de pollen du), 276. VALLOT (J.). Causes physiologiques qui produisent le rabougrissement des arbres et des cultures japonaises, 284. — Obs., 294. VAN TIEGHEM (Ph.). et; DourioT. (H.). hecherches comparatives sur l'ori- gine des membres endogénes des plantes vasculaires [135]. Var. Voy. Provence. Vénézuela (Champignons du) [70]. Veratrum album (Tubercules du), 241. Verbascum styriacum Fritsch sp. nov. [92]. Vérification des comptes du Trésorier, 183. Verticilles foliaires des Spergula, 424. VEsQUE (J.). De l'emploi des caractères anatomiques dans la classification des végétaux, XLI. — Observations présentées au Congrés de bota- nique, XIX, LXXVII-LXXXI, LXXXIV, LXXXVI, LXXXVIII. VIALLANES (A.) et ARBAUMONT (J. d"). Flore de la Cóte-d'Or [85]. ViaUD-GRAND-Manais (D'). Causeries sur Noirmoutier, vieilles croyances et vieilles coutumes [46]. Vicia mauritanica Batt. CCXX. VibAL (Sébastien). Sa mort [154]. Vienne (Characées de la Haute-), 429. Vigne (Maladies ‘de la) [20] [21] [84]. ViLMORIN (H. de). Discours, 9, v. — Nommé officier de la Légion d'honneur, 398. — Obs., 64, 205, 957, 974, 371, 399, LXXXVI. — (Visite du Congrès chez M. de), CCLXX VII. Vincetoxicum officinale Mænch var. acutatum, dentiferum et floribun- dum A. Chabert, 29. ViNES (E.-H.). Sur la position systé- matique des Isoetes L. [26]. Viola hirta L. en Corse, 359. Viscum album en Corse, 362. Vitalité de souches de Sapin, 256. sp. nov., 186 ViviaAN-MonEL (Hybridation de Ro- siers) [115]. VoGLiNo (P.). Illustration de deux Agaricinées d'Italie [16]. Vosges (Flore lichénique des) [22]. Voyage à Tripoli de Barbarie, 91. — en Tunisie, 37. — botanique au mont Viso, 437. Vrilles (Enroulement des) [3]. VuILLEMIN (P.). La micrographie et la botanique descriptive, xc. — Ob- servations présentées au Congrés de botanique, LXXVIII, LXXIX, LXXX, LXXXI, LXXXVII. — La Biologie vé- gétale [73]. — Sur une Bactériocé- cidie ou tumeur bacillaire du Pin d'Alep. Sur les relations du Bacille du Pin d'Alep avec les tissus vivants [107]. — Voy. Bartet. W WaLDHEIM (De). Voy. Fischer. WALTER (A.). Voy. Brotherus. Warr (D^. Voy. Beddome. Weiss. Sur de nouvelles découvertes de Sigillaires dans la houillére de Wettin [56]. — Observations sur des Sigillaires de Wettin et des environs [151]. Wettin (Sigillaires de la houillére de) [56] [151]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. WiNoGRADSKY. Contributions à la mor- phologie et à la physiologie des Bactéries. Sulfobactéries [49]. WoopwonTH (W.-M.). La cellule api- cale des Fucus [9]. WORONINE. Sur une maladie des fruits de Vaccinium; histoire du déve- loppement des Sclerotinia qui causent cette maladie [98]. X Xérotropisme chez les Fougères [25]. Y Yun-nan (Lichens du), 158. Z Zizyphus Spina-Christi, 51-53. Zollikoferia arborescens Battand., CCXXHI. Zopr (W.). Fermentation oxalique, non alcoolique, chez un Saccharo- myces à endospores, S. Hanseni sp. nov. [53]. — Etude sur les ma- ladies infectieuses des animaux et des plantes inférieurs [149]. Zygomitus reticulatus Born. et Fla- hault, cLx. ERRATA Er ADDENDA COMPTES RENDUS DES SÉANCES L4 Dans la communication de M. Blanc (séance du 25 janvier, pages 37 et suiv.), le mot est a été imprimé plusieurs fois à tort pour ouest ; ainsi : Page 37, à la première ligne, au lieu de sud-est de la Tunisie, lisez sud- ouest.... -— 38, ligne 9, au lieu de à l'est de Gafsa, lisez à l’ouest... — 39, ligne 16 (en remontant), au lieu de l’est et le centre de la Tunisie, lisez l'ouest.... — 40, ligne 4, au lieu de du sud-est, lisez du sud-ouest.... - A, ligne 14, au lieu de sud-est du chott Djérid, lisez sud-ouest... — — ligne 18, au lieu de rive sud-est, lisez rive sud-ouest. — 42, ligne 2 (en remontant), au lieu de à l'est, lisez à l'ouest. — 58, ligne 10 (en remontant), au lieu de du Quercus Suber, lisez des Quercus Suber et Ilex. Dans le compte rendu de la méme séance, à la page 71, le sens d'une observation de M. Malinvaud relative au Stachys ambigua a été déna- turé par une transposition. Il faut lire feuilles subsessiles à la ligne 8 (en remontant) et pétiolées à la ligne suivante, en rétablissant la phrase comme il suit : € vus on Ce dernier (Stachys palustris) est notamment distingué, par ses feuilles subsessiles, du S. ambigua, qui a les siennes pétiolées. .. . . . » Page 84, ligne 9 (en remontant), au lieu de Dahliaum, Doronic lisez Dahlia, Doronicum. Dans la communication de M. Letourneux (Voyage botanique à Tri- poli de Barbarie) : 188 ERRATA ET ADDENDA. Page 94, aprés la ligne 15 de la premiére colonne, entre Lepidium sativum et Cakile maritima, INTERCALEZ : Carrichtera Vellæ DC. — Oas. Méme page, deuxiéme colonne, ligne 10, apres Lmk, AJOUTEZ : var. Même page, aprés la ligne 27 de la deuxième colonne, entre Melilotus parvi- flora et Trifolium scabrum, INTERCALEZ : Melilotus sulcata Desf. — Qas. Page 95, ligne 3 de la première colonne, aprés Reaumuria vermiculata L., AJOUTEZ : var. Même page, deuxième colonne, entre Cressa cretica et Nonnea phaneranthera, INTERCALEZ : Cuscuta planiflora Ten. — A. Z. . Page 96, deuxième colonne, entre Iris Sisyrinchium et Narcissus Tazetta, INTERCALEZ : lris scorpioides Desf. — Guir., Ghir. Page 101, ligne 14 (en remontant) de la deuxième colonne, aprés Centaurea contracta Viv., AJOUTEZ : (C. Delilei Godr.). — 102, ligne 8 (en remontant) de la deuxième colonne, au lieu de verisi- milet, lisez verisimiliter. — 105, ligne 20, au lieu de ereeto, lisez erecto. — 156, lignes 15 et 16, au lieu de l'Oscillaria nigra, lisez l'Oscillaria crispa. — 278, ligne 13, au lieu de munie, lisez muni. — — ligne 14 (en remontant), au lieu de de grains, lisez du grain. — 280, ligne 1 (en remontant), au lieu de grossissements, lisez épaississe- ments. — 918, ligne 3, au lieu de Khatil, lisez Khalil. -- 319, ligne 12, au lieu de Merendea, lisez Merendera. — 960, ligne 1, au lieu de douteuse, lisez douteux, — — lignes 1f et 12 (en remontant), au lieu de Rizzanise, lisez Rizza- nése. — 361, ligne 21, au lieu de Cussole, lisez Custole. — 965, ligne 12, au lieu de 26 millimètres de largeur, lisez 26 millimètres de longueur. — — ligne 16, au lieu de formellement, lisez fortement. ERRATA ET ADDENDA. 189 Page 383, ligne 4 (en remontant), au lieu de chez les Cryptogames, lisez chez les autres Cryptogames. ACTES DU CONGRÈS DE BOTANIQUE Page ccxviii, ligne 7 (en remontant), au lieu de Soulieri, lisez Souliei. M. Spruce, auteur de deux Mémoires « Sur des Hépatiques nouvelles » insérés dans les Actes du Congrès de botanique, pages cLxxvir à ccvn, nous a adressé les errata suivants que nous insérons ci-aprés, suivant le désir de l'auteur, en conservant sa rédaction : Page cLxxix. Lejeunea (Platylejeunea) incrassata Tayl. ms. Cette espèce me paraît être la même que le L. barbiflora Hpe et Gottsche in « Hepat. Por(oricenses » (ann. 1853) : ouvrage qui jusqu'à ces der- niers jours m'était resté inconnu. Le nom de Taylor cst sans doute antérieur à celui des deux savants ; mais, comme il n'existait aupa- ravant qu'en manuscrit, il faudra reconnaitre le droit de priorité du nom £L. barbiflora. — CLXXXI, lin. 14, pro « hine » lege « huie ». CLXXX : « Blepharostoma antillanum n. sp. » eadem species videtur ac Jun- germannia nematodes Gottsch. in Wright « Hepat. cubenses exsic- cate » Blepharostoma cum Telaranea (Nob. in Hepat. Amaz. p. 360) fere adnectit. CLXXXV : « Jung. longirelis n. sp. » forsan tanquam varietas Jung. (Isotachis) erythrorhizæ L. ct Lg. habenda. CLXXXV1: Lejeunea (Trachylejeunea) protensa n. sp., cum sua descriptione, delenda est, quoniam cadem species erit ac seq., L. Germanii n. sp , qua vix differt præter quod e speciminibus magis perfectis descripta fuit. Observatio tamen diagnostica, post L. protensæ descriptionem, ad L. Germanii releganda est. CLXXXVILI, lin 4, post« L. nesiotica n. sp. » adde « (Insulis Nov. Hebridarum a cl. G. Braithwaite lecta) ». CLXXXIX, lin. 2, pro « Dioica » lege « Monoica et dioica ». lin. 22, post « differt » adde « floribus monoicis ». cxct, lin. 3 ab inf., pro « hinc » lege « huic ». 190 ERRATA ET ADDENDA. Page exc, lin. 6 ab inf., pro « fera » lege « fere ». — cxcy, lin. 5 ab inf., pro « centimetro » lege « centimetrum ». — CXCVI, lin. ult., pro « missio » lege « emissione ». — cxcvit, lin. 43 a sup., pro « oppressa » lege « appressæ ». — cci, lin. 18, pro « caulis » lege « frondis ». — couts, lin. 18, pro « quarto » lege « quatuor ». — cciv : « Lejeunea (Drepanolejeunea) punctulata n. sp. » Melius forsan ad Leptolejeuneam adscribenda ; revera inter hoc subgenus et Dre- panolejeuneam fere media. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Page 115, ligne 10, au lieu de Vivier, lisez Vivian. Le Secrétariat, tout en apportant le plus grand soin à la correction des épreuves, ne saurait étre responsable des fautes échappées aux auteurs, et il ne se charge pas d'en faire le relevé ; mais celles qui lui sont signalées en temps utile peuvent être l'objet de notes rectificatives ou d’errata insérés à la fin du volume. AVIS AU RELIEUR. Planches. — La planche I doit prendre place en regard de la page 412 des Comptes rendus des séances ordinaires. Les Actes du Congrès de botanique (tenant lieu du Compte rendu de la session extraordinaire des autres années) sont accompagnés de 18 planches qu'on peut intercaler comme il suit : la planche II en regard de la page CXLIIL; la planche III en regard de la page cxLiv; la planche IV en regard de la page CXLV; la planche V en regard de la page cxLvi; les planches VI à XII groupées en face de la page cLxxvi; les planches XIII à XVII en regard de la page ccv1; la planche XVIII en regard de la page cexvin; enfin la planche I en regard de la page CCLXXIII. Classement du lexte.— Comptes rendus des séances, 447 pages; — Actes du Congrès de botanique, CCLxxXvVII pages; — Revue bibliographique et Tables, 192 pages. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. FIN DU TOME TRENTE-SIXIÈME. 1654. — Libr.-Impr. réunies, rue Mignon, 9, Paris. — MAY et MOTTEROZ, directeurs.