REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER Se PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE "4 TOME QUATRIÈME H Mo. Bot. Garden, 1893 : PARIS : LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 52, RUE DES ÉCOLES, 52 EN FACE DE LA SORBONNE — 1892 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 janvier 1892 IN° 87 | PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 62, aux pxs ÉCOLES, 52 Ji. EN FACE DELA SORBONSE | ee EL. LIVRAISON DU 15 JANVIER 1892 | Pages. — SUR LES VARIATIONS DU QUERCUS MIRBECKIL Durieu, EN ALGÉRIE (avec 3 planches), par ME. I. —— Et . — SUR L'ADAPTATION DU PTERIS AQUILINA AUX SOLS : CALCAIRES, par PT. À: Mévelél, * — OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'INFLO- RESCENCE MALE DU NOYER, par M. William f, —— REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALE, parus en 1890 et jusqu'en juin 1891, par M. Henri Jumelle (f)....................... PA RE v4 . — REVUE DES TRAVAUX SUR LA DESCRIPTION ET LA GÉOGRAPHIE DES LICHENS, Fe en 1890, par ME. A. PR — REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE | ra ÉGÉTALE, p juillet 1890 à décembre 1891 is. figures dans À par ME. A. Prunet........ ee A © PLANCHES GONTENUES DANS curre LIVRAISON : PLancue 1. — Quercus Mirbeckii. : PLANCHE 3: — Quereus Mirbeckii. ; < toile livraison renferme on outre deux gravures Hans le texte. PLANCHE si Quercus Mirbeckii. SUR LES VARIATIONS DU QUERCUS MIRBECKII DURIEU, EN ALGÉRIE Par L. TRABUT (Planches 1, 2 et 3) La section des Chênes à feuilles caduques et à gland müris- sant en un an est représentée en Algérie par une espèce dé- nommée, par Durieu de Maisonneuve, Quereus Mirbeckii. Si nous comparons ce Chène avec les innombrables dérivés du Rouvre, nous arriverons à nous convaincre que nous n'avons en réalité qu'une des nombreuses espèces affines se rapportant au Q. Robur, si polymorphe et si flottant. Néanmoins, beaucoup d'auteurs admettent une section Galli- feræ Spach, ou Chimophyllum Kotschy, pour toute une série de Chênes méditerranéens déterminés: Q. lusitanica Lam., Q. Mir- beckii Durieu, Q. infectoria, etc. — Les caractères admis sont les uns insuffisants, les autres erronés. Nous considérons comme un caractère insuffisant celui qui est tiré de la présence des galles. Spach, Endlicher, Kotschy, Wenzig, et tout récemment Prantl (in Engler et Prantl, Die natürlichen Pflansenfamilien), établissent cette section sur une maturation biennale qui n'existe certainement pas. Cette erreur s'explique par l'apparence de beaucoup d'échantillons d’herbier portant sur le bois aoûté de l’année des glands situés au-dessous d’une vigoureuse pousse d'été qui, par son insertion, fait croire que le rameau porteur du gland est de deuxième année. J'ai pu m'assurer que les “— Rev. gén. de Botanique, — IV. 1 2 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. glands du Q. Mirbeckii mûrissent toujours dans l'année, M. Coutinho Pereira a fait la même observation en Portugal sur les différentes formes du Q. lusitanica. Les caractères propres du Q. Mirbeckii permettent à peine de le séparer du Q. Robur, surtout des formes du sessihiflora. Le nombre et la régularité des nervures latérales est le caractère le plus apparent et aussi le plus constant. Chez le Q. Robur on compte seulement 6 à 9 nervures, tandis que chez le Q. Mirbeckii on en trouve presque toujours 9 à 15. — La face inférieure des feuilles du Q. Mirbeckii est tantôt très pubes- cente, tantôt glabre; quand elle est glabre, elle a abandonné pendant son développement un duvet floconneux, caduque, abondant ; quelques poils persistent seulement le long de la ner- vure principale. La feuille du Q. Mirbeckii est très rarement et très faible- ment lobée, le plus souvent régulièrement crénelée ou dentée ; sa consistance est variable : les formes des stations sèches ont des feuilles très coriaces, beaucoup plus épaisses que celles des stations humides du littoral. La persistance des feuilles pendant l'hiver est rare ; à Terni au-dessus de Tlemcen, j'ai observé en avril beaucoup de taillis qui avaient conservé un assez grand nombre de feuilles vertes de l’année précédente. A Alger, à la station forestière d’Aïn-Baïnen, certains pieds de Q. Mirbecki cultivés conservent leur feuillage vert tout l'hiver au milieu d’autres individus dépouillés dès la fin de l'automne. On pour- rait facilement, dans cette station, sélectionner une race à feuil- lage persistant. Les caractères que l’on peut tirer des organes floraux et du fruit m'ont paru sans valeur ; la cupule présente des écailles qui passent pour être plus gibbeuses que celles du Q. Robur; la forme et les dimensions du gland varient dans des propor- , tions très considérables, absolument comme dans le Q. Robur. … Le bois du Q. Mirbecki est lourd, sa densité peutatteindre 0,92; chez le Chène de Bourgogne elle n’est que de 0,76 à 0,80. — Le Q. Mirbeckii paraît avoir dominé en Europe pendant le Miocène _etle Pliocène, les restes fossiles des Q. Lamottei Sap., Q. Mir- A ‘ FR 4 VARIATIONS DU QUERCUS MIRBECKII. 3 bechir, antiqua Sap., Q. alpestris, pliocena Sap., Q. lusitanica du Pliocène de Durford (Gard), indiquent que les nombreuses formes qui, aujourd'hui, vivent à quelques degrés plus au sud, peuplaient la région occupée maintenant par le Q. Robur qui s’est substitué pendant l'instauration du climat actuel. Le Q. Mirbeckii occupe en Algérie deux régions assez dis- tinctes : 1° les forêts du littoral des départements d'Alger, de Constantine et de la Khroumirie où il forme parfois des peuple- ments magnifiques; 2° les montagnes des chainons de l'Atlas, de Tlemcen à l’Aurès, où il est souvent à l’état isolé au milieu des Q. Ilex ou Q. Suber, parfois en taillis. Dans la première zone le Chène de Mirbeck ou Zéen des Arabes est pourvu de feuilles amples pouvant atteindre 17 centimètres; assez uniforme, il ne présente sur cette vasie étendue que des variations individuelles (PL 1, fig. 1,2, 3, 4, 5), mais pas de races; la forme angus- tifolia (fig. 19) est tout à fait accidentelle ; dans cette variation les feuilles des pousses du printemps sont assez larges, ce sont les pousses d'été qui portent des feuilles très étroites, ce dimor- phisme est assez fréquent chez le Zéen; la figure 13 (PI. 2) représente aussi un type de feuilles étroites pubescentes pro- venant du massif de l’Ouarsenis et pris sur des rameaux d'été du même arbre qui portait la feuille large (PI. 2, fig. 11) sur les pousses de printemps ; la figure 18 représente aussi une va- riation du même ordre. Sur le littoral, les feuilles du Zéen per- dent toujours leur pubescence floconneuse et ne conservent que quelques poils sur les côtés de la nervure principale. Le Zéen habite avec le Chène-liège et le Chêne Afares _(Q. castaneæfolia), les sols siliceux de gneiss ou du grès de l’'Eo- cène; on le rencontre surtout dans les ravins et sur les versants nord. — D'après les observations que m'ont communiquées quel- ques gardes forestiers, depuis quelques années le Zéen tendrait à s'étendre aux dépens du Chène-liège, probablement sous l’in- fluence de la protection des forêts contre les troupeaux. Dans les montagnes de l’intérieur, dans des stations calcaires bien plus sèches où la quantité d’eau pluviale annuelle n’est ë plus que de 40 à 50 centimètres au lieu de:1 mètre, le Q. Mir- 4 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. beckii est sujet à quelques variations. L'influence des stations plus sèches se traduit par des feuilles bien plus petites, plus coriaces, telles que celles de la forme microphylla (PI. 2, fig. 9) formant un peuplement signalé par M. Reboud à Oum-Achra près Médina, dans l’Aurès. Souvent les feuilles ainsi réduites conservent leur pubescence sur la face inférieure comme dans la forme #/emcenensis (Warion in PL Atl. Select. Q. lusitanica +. Broteri Coutinho) (PL 2, fig. 6), qui constitue un peuplement assez étendu dans la région de Tlemcen à Aïn-Ghoraba et Terni sur un terrain calcaire. Ce Chène présente un certain intérêt historique: c’est à lui qu'on doit très probablement rapporter le Q. Pseudo-suber de Desfontaines qui a été fait dans la région de Tlemcen, où il n'existe certainement pas un autre Quercus répondant mieux à la description de Desfontaines. L'hvbride Z/ex X Suber qui se trouve représenté par un seul individu dans la même forêt s'é- loigne trop de la diagnose du Flora Atlantica pour qu’on puisse le regarder comme le type visé par Desfontaines. Non loin d’Aïn-Ghoraba, à quelques kilomètres au nord-ouest, à Hañfir, un peuplement de Q. Mirbeckii sur des grès et dans une station humide toute l’année se présente avec les mêmes carac- tères que sur le littoral; il en est de mème dans le ravin de Ben Chicao à Berrouaghia; les formes représentées par les figures 7 et 8 proviennent aussi de la région de Tlemcen. Dans l’'Ouarsenis nous trouvons encore le Q. Mirbecki type du littoral dans les bas-fonds, et vers les points élevés et calcaires (1,100 mètres d'altitude), la forme #/emcenensis, mais un peu différente : les feuilles sont plus allongées sur les pousses d'été, certaines rappellent le Q. a/pestris de Boissier (PI. 2, fig. 40, 41, 12, et PL 3, fig. 43). A Bouira, dans une station où le Q. Mirbechii est à l'état isolé au milieu des Q. lex et des Q. Suber, on trouve certains ravins présentant des séries de formes si différentes qu’on est amené à admettre l'influence de croisements. J'ai décrit dans la Flore de l'Algérie un Q. Mirbeckii x lez à feuilles coriaces, superficiellement sinuées, dentées, ondulées, très pu- Eu ÿ VARIATIONS DU QUERCUS MIRBECKIT. ÿ bescentes en dessous (fig. 14), très peu fertile, ayant des cupules, les unes sessiles, les autres pédonculées. Dans la même région croît la forme subpedunculata (PL. 3, fig. 16), feuilles coriaces remarquables par la réduction des ner- vures latérales. Des échantillons d'herbier de ce Chêne seraient facilement considérés comme appartenant à une espèce bien différente du Q. Mirbeckir. La forme fagifolia (PL. 3, fig. 17) pro- vient aussi de la même forêt, ainsi que la varialion représentée par la figure 15 (PL. 3). J’ai encore d’autres formes très carac- térisées de la même station et je suis porté à les considérer comme le résultat de croisements. En Espagne et en Portugal, les Chènes de ce groupe (Q. lusi- tanica) sont aussi très variables; il en est de même en Orient, et une revue critique de toutes les formes permettrait une grande réduction des types décrits comme espèces et une intéressante énumération de variations adaptées aux conditions climatériques ou telluriques. Ce qui rendra ce travail difficile, c’est la trop grande variabilité aboutissant à des séries inter- médiaires entre les races fixées ou bien donnant naissance à des individus porteurs de caractères aberrants, sur lesquels on serait tenté d'établir des espèces ou variétés fictives. Cette étude devra être faite sur place, les échantillons d’herbier pouvant induire en erreur. M. Coutinho Pereira, qui a publié sur les Chènes du Portugal une très bonne étude, admet quatre variétés du Q. lusitanica: x, faginea ; &, alpestris; y, Broteri ; à Mirbeckii. Nous retrouvons en Algérie le Q. Mirbeckii très abondant, alors qu'il est rare en Portugal; la variété Broteri Coutinho se confond certai- nement avec le {/emcenensis Warion (Q. Pseudo-suber, v. tlem- senensis du Prodrome). Quant aux variétés alpestris et faginea, on ne les retrouve en Algérie que sous forme de variations in- dividuelles ne formant pas de peuplement, pas de race fixée. Le type de feuille, figures 8 et 7 (P1. 2) rentre dans le faginea; les types figure 10 et figure 15 (PI. 2 et 3) rappellent l'a/pestris. Nous avons conservé au Chêne Zéen le nom de Q. Mir- becki parce que cette variété du Q. lusitanica Lam est domi- 6 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. nante en Algérie, qu’elle y est déjà connue sous ce nom et que l'appellation Q. lusitanica « sensu latiori » comprend un trop grand nombre de formes et manque par cela de précision. En résumé le Q. lusitanica Mirbeckii appartient bien à la même section que le Rouvre, dont il est le représentant méri- dional; aussi polymorphe que le Rouvre, il est susceptible de s'adapter à des stations différentes et d'y constituer des formes locales très caractérisées ; il peut aussi, probablement à la suite d'un croisement avec le Q. Ilex, donner des variations très aber- rantes que l’on serait porté à regarder comme des espèces, si on ne constatait pas sur le terrain que ce ne sont là que des variations individuelles. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche 1. Fig. 1, 2, 3. — Quercus Mirbeckii du littoral, formes Grdinèires. Fig. 4, 5. — Formes plus rares de la même région. Planche 2. Fig. 6. — Variétés tlemcenensis d'Ain-Ghoraba. Fig. T. — Forme tendant à la var. faginea. Fig. 8. — Forme brevipetiolata tendant à la var. faginea. Fig. 9. — Forme mad glabre, Fig. 10. — Variété tlemcene Mig: 11, 12. — Var. air de l’Ouarsenis tendant à la var. alpestris. Planche 3. Fig. 13. — Variétés tlemcenensis de l'Ouarsenis. Fig. 14, — Q. Mirbeckii X Ilex. Fig. 15. — Forme microphylla du 2 Mirbeckü (comparez à la figure 9, PI. 2). Fig. 16. — Forme subpedunculata Fig. 17. — Forme fagifolia. Fig. 18. — Feuilles de quelques jeunes pousses de Q. Mirbeckii. Fig. 19. — Forme angustifolia, feuille des pousses d’été. à + SUR L’'ADAPTATION DU PTERIS AQUILINA AUX SOLS CALCAIRES Par M. A. MASCLEF. Depuis que l'attention des botanistes a été attirée par les travaux de Pyr. de Candolle, Link, Wahlenberg, Giraud-Sou- lavie et Mouton-Fontenille (1) sur la part importante à faire en géographie botanique à l'influence du sol, un nombre considé- rable d'observations ont été accumulées sur ce sujet. Diverse- ment interprétées suivant les conditions dans lesquelles se trou- vait l'observateur et souvent aussi d’après ses idées préconçues, elles ont donné lieu aux deux théories de l'influence physique et de l'influence chimique du terrain sur la végétation. La lutte a souvent été très vive entre les partisans de ces deux théories, et il suffit de jeter un coup d’æil rétrospectif sur la littérature botanique de ce siècle pour voir combien d'ou- vrages ont été écrits sur la matière, et de lances rompues entre les champions des deux écoles. Et pourtant la victoire est tou- jours restée indécise, sans doute, comme le faisait remarquer A. de Candolle en 1855 (2), lors de toute l’ardeur de la con- (1) Mouton-Fontenille : Si sur les différentes espèces de végétaux propres aux montagnes calcaires et granitiques des environs de Grenoble. — Ce mémoire fait suite à un pan du même auteur intitulé: Tableau des systèmes de botanique généraux et particuliers, publié à Lyon, 1198. On y trouve, outre des considérations Le sur la distribution des plantes sur les montagnes des environs de Grenoble, n Catalogue complet des plantes de ces ni be l'indication des localités, * Le l'altitude et des terrains sur ve s elles croiss . Ce travail, l’un des plus anciens de géographie pren n’est cité ni par Pritzel, - ni par M. J. Vallot dans ses Recherches sur La terre végétale. _@) A. de Candolle : Géographie botanique raisonnée, p. 422. 8 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. troverse, parce que « à force de chercher les détails on aurait un peu perdu de vue les grands faits ». Cependant la théorie de l'influence chimique a fini par réunir à un moment donné le plus grand nombre de partisans, et actuellement encore elle prime sa rivale plus ancienne. C’est qu'en effet elle a à son actif un plus grand nombre d’observa- tions consciencieuses et de faits incontestables: mais elle est loin de s'imposer à tous, car si l’on approfondit et l’on compare les preuves alléguées, on ne tarde pas à s’apercevoir que la plupart, vraies dans une région déterminée, ne le sont plus dans une autre et mènent alors à de nombreuses contradictions. D'autre part, les partisans de l'influence chimique n’allèguent aucun argument véritablement positif. Ce n’est le plus souvent que parce que les faits observés ne concordent pas avec les théo- ries de l'influence physique qu’ils concluent a priori à la né- cessité d’une action chimique; au contraire, les analyses de cendres qui ont été faites ne prouvent pas grand’chose, et tous les essais de cultures tentés jusqu'ici sont plutôt négatifs. Bref les deux écoles de l'influence physique et chimique du sol sur la végétation ont toujours leurs partisans : les uns obsti- nément attachés à l’une ou l’autre de ces théories, les autres se faisant de mutuelles concessions, mais attribuant une plus large part à l'un des deux facteurs. En présence de ces doutes et de ces contradictions, des ob- servateurs plus sagaces ont cherché une idée plus générale pou- vant expliquer tous les faits et les dominant tous. Dès 1867, au Congrès international de botanique tenu à Paris, A. de Can- dolle (1) émettait cette opinion que la prédominance de cer- taines espèces dans telle ou telle région n’est la plupart du ne qu'un effet de la utte pour l'existence. Ce n’était là encore qu’une hypothèse. En 1880, M. Gaston Bonnier (2), dans un mémoire résumant de nombreuses obser- vations faites pendant plusieurs saisons dans les Fine fran- de Actes du Congrès internétiiel de Botanique —— Paris en août 1 p. 66. 3 n Bo 867, nnier : “ae 8 observations sur | k des Sc. natur., Bot. 1880 tr a flore alpine d'Europe Es LE PTERIS AQUILINA SUR LES SOLS CALCAIRES. 9 çaises, les Alpes du Tyrol et les Carpathes septentrionales, la faisait entrer dans le domaine des faits incontestables, et arri- vait à cette conclusion que s? l’on supprime la concurrence vitale, presque toutes les plantes pourront croître dans le méme sol. Ce n est pas à dire pour cela que la nature physique ou chimique du sol n'influe pas certainement sur la distribution de certaines espèces dans une région isolée, mais ce n’est jamais que d'une manière relative et non absolue, car si l’on étudie en les com- parant des régions différentes, on voit que la préférence d’un sol est toujours liée à la concurrence vitale, M. Gaston Bonnier donne de nombreuses preuves à l’appui dans le mémoire que nous venons de citer; depuis, il a poursuivi activement des re- cherches du même ordre dans les Alpes et les Pyrénées, et il a pu signaler à nouveau plusieurs cas (1) où la concurrence vitale domine incontestablement l'influence du terrain. Ces observations consciencieuses indiquent la véritable solu- tion.de toutes les controverses auxquelles ont donné lieu les ‘ deux théories de l'influence physique et chimique : avec la con- currence vitale tous les faits contradictoires relevés jusqu'ici trouvent une explication toute naturelle. De plus, un horizon tout nouveau s'ouvre en géographie botanique et il devient per- mis de considérer tous les faits d'influence physique ou chimi- que comme des cas particuliers d'adaptation. L'adaptation est, comme on le sait, le résultat de la concur- rence vitale; c'est, pour employer la définition d'Herbert Spen- cer, « la persistance du plus apte ». Si donc une plante est spécialement localisée dans un terrain particulier, c’est que, plus forte et plus apte sur ce terrain que ses congénères, elle les a vaincues dans la lutte pour la vie et s’y est adap- tée. On peut, pour chercher à expliquer les faits, distinguer deux sortes d'adaptation des végétaux au sol: l’une, que j'appellerai primitive, qui s'est faite au moment de la dispersion des plantes dans la période géologique actuelle; et une autre toute moderne, (1) Gaston Bonnier : : É sur la végétation de la vallée d'Aure (Hautes-Pyrénées) e. génér. de Bot., 1890). 10 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. modifiant constamment la première et dont nous pouvons voir les effets se manifester tous les jours sous nos yeux. L'adaptation primitive a agi de plusieurs manières diffé- rentes. Pour certaines plantes, assez rares d’ailleurs, elle s’est faite d’une façon uniforme; c’est le cas des plantes dites exclusives. Pour prouver que cette préférence presque exclusive a été acquise dès le début de notre période géologique, il faudrait faire appel aux documents paléontologiques; malheureuse- ment il est bien difficile de savoir sur quel terrain croissait une plante dont on observe les empreintes fossiles. Citons néan- moins à l’appui l'opinion de M. de Saporta à propos du Châtai- gnier : « La préférence du type pour les sols siliceux, dit-il (4), doit dater de loin et explique l’absence ou la rareté de ses ves- tiges dans tous les gisements des régions purement calcaires. » Pour d'autres espèces plus nombreuses, les préférentes, l'a- daptation primitive s’est faite d’une façon variable suivant la végétation des différentes régions; une même espèce dans une région donnée a adopté un sol déterminé à l’exclusion de tout autre, tandis que dans une autre région analogue, vaincue dans la lutte par une autre plus vigoureuse, elle a dû pourcontinuer à vivre s'emparer d’un terrain absolument différent. Ces faits d'adaptation sont plus faciles à constater que les précédents; tels sont ceux que M. Gaston Bonnier à mis en évidence. = Enfin, ïl reste à montrer le rôle joué par les plantes endi/f- férentes lors de l'adaptation primitive. Ces plantes moins exigeantes et mieux organisées pour la lutte, plus rustiques comme l’on dit en horticulture, ont pu résister aux autres plantes et se sont adaptées à tous les terrains. Les espèces vé- ritablement indifférentes sont d’ailleurs moins nombreuses qu'on ne le croit, car au point de vue de l'adaptation il faut comprendre en même temps les deux influences physique et chimique, et bon nombre d’indifférentes au point de vue chi- mique ne le sont plus quant à la nature physique du sol. (1) Marquis G. de Saporta : Origine paléontologique des arbres cultivés ou utilisés par l'homme. Paris, 1888, p. 159. F LE PTERIS AQUILINA SUR LES SOLS CALCAIRES. 11 Tels ont été les effets de l'adaptation primitive, mais ces adaptations anciennes peuvent être modifiées tous les jours par des adaptations nouvelles, comme nous en citerons tout à l'heure quelques exemples. L’'attention une fois attirée sur ce sujet, il est indubitable que la question de l'influence du soi sur la végétation ne peut man- quer d’entrer dans une phase nouvelle. En effet, il suffira soit de rechercher des faits d'adaptation primitive différant avec les régions, soit de constater des exemples relativement modernes où l’adaptation primitive a été modifiée par d’autres plus ré- centes, pour prouver le rôle prédominant de la concurrence _ vitale dans les faits relatifs à l'influence du sol. Malheureusement, les observations de ce genre ne peuvent se faire avec des documents bibliographiques; elles sont difficiles et souvent coûteuses. Il faut entreprendre de longs voyages, comparer des régions différentes, parfois creuser le sol à de grandes profondeurs et exécuter des analyses. À chacun donc d'apporter sa faible contribution en ce sens. Pour ma part j'ai déjà signalé un certain nombre d'exemples d’adaptations locales, des plantes halophiles adaptées à des ter- rains azotés ou aux eaux douces et de plantes indifférentes à des sols exclusivement calcaires. Le nouvel exemple que je vais citer me paraît d'autant plus intéressant qu'il s’agit d’une espèce réputée comme l’une des plus exclusives au point de vue de la nature minéralogique du sol. « Le Pteris aquilina, dit M. J. Vallot (1) dans le savant tra- vail où il résume si consciencieusement les travaux relatifs à la question, est une des espèces citées le plus souvent par les botanistes qui se sont occupés de l'influence du sol. Il est pres- que toujours donné comme caractéristique des sols siliceux, et, lorsqu'on l’a indiqué sur des terrains calcaires, c’est presque toujours par suite d’une observation superficielle, qui a été dé- montrée inexacte plus tard. » Après avoir démontré que le … (1) 3. Vallot: Recherches physico-chimiques sur la terre végétale et ses rapports … avec la distribution géographique des plantes. Paris, 1883, p. 328 et 334. 12 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Pteris aquilina est complètement indifférent à la nature phy- sique du soi, M. J. Vallot ajoute : « Quant à l'influence chimi- que du sol sur le Pferis, elle nous semble rendue évidente par son absence sur les calcaires purs, et sur les sables dolomiti- ques effervescents. Les seuls terrains calcaires où nous l’ayons rencontrée sont des dolomies compactes, ne faisant pas effer- vescence à froid et par conséquent difficilement dissoutes par les eaux pluviales ; notons que le Pteris n’atteint pas sur ces terrains une hauteur de 50 centimètres. « Nous pouvons conclure de ces recherches que le Pteris aquilina préfère les terrains siliceux, mais qu'il n’est pas abso- lument exclu par quelques centièmes de calcaire, ni par les dolomnies que leur nature empêche d’être facilement dissoutes. » Ajoutons pour compléter ces conclusions que M. Contejean (1) a signalé deux cas où le Pteris aquilina s'aventure dans les sables des dunes où l'acide commence à déceler la présence du calcaire: mais, ajoute-t-il, dans cette zone le Pteris aquilina n'est plus représenté que par des individus isolés et rabougris. Ainsi donc, d’après les observations faites jusqu'ici, le Pteris aquilina, tout en étant normalement une plante des terrains sili- ceux, s'adapte quelquefois à des sols contenant une petite pro- portion de calcaire, mais la quantité de calcaire constatée est très faible. Encore est-il possible que dans les cas observés par M. Contejean, les rhizomes du Pteris n’atteignissent pas un sous-sol faisant effervescence, comme je l'ai constaté sur d'autres dunes où le Pferis croissait dans des conditions ana- logues. Or, j'ai trouvé le Pteris aquilina végétant non seulement sur des terrains siliceux fortement imprégnés de calcaire, mais en- core sur de la craie glauconieuse pure. Dans une excursion faite au mois d'août 1889 à l'ile de Cézem- bre, la plus grande du petit archipel Malouin, je fus frappé de l'abondante végétation de Péeris aqguilina ‘qui recouvrait la pente des rochers granitiques du côté de l’île faisant face à la (1) Ch. Contejean : Géographie botanique. Influence d : ni Paris, 1881, p. 41 et 48. à res nee ds enr ginsen fa -égetation ” LE PTERIS AQUILINA SUR LES SOLS CALCAIRES. ee ville de Saint-Malo; en même temps, je remarquais que la base des rochers était recouverte par du sable coquillier amassé Jà par les vents de la mer. Le Péeris végétait indifféremment sur les rochers recouverts par du sable et sur ceux qu'il n'avait pas encore atteints, mais il suffisait d’un simple coup d'œil pour voir que la végétation du Pteris était moins luxuriante là où les rochers étaient recouverts de sable. L'influence du calcaire contenu abondamment dans le sable paraissait donc bien évi- dente ; toutefois, je voulus m'assurer que les racines étaient directement soumises à l'action du calcaire. Pour cela, il me fallut déblayer une grande masse de sable et briser les anfrac- tuosités de rochers dans lesquelles pénétraient les rhizomes: au bout d’un certain temps de ce travail, j'avais en ma possession quelques échantillons bien complets de la Fougère et je pus m'assurer sur place que non seulement les débris de rochers dans lesquels végétait le Preris faisaient avec l'acide une vive effervescence ; les parcelles de terre encore adhérentes aux poils radicaux ou racines faisaient aussi effervescence. J'avais donc en main des spécimens de Pteris poussant dans des terrains granitiques contenant une notable proportion de ealcaire. Di- verses analyses de sables recueillis au bord de la mer m'ont fait voir que la proportion du calcaire varie de 5 à 7 p. 100. C'est dans la baie de Seine, sur les falaises de Rogerville, au delà de Harfleur, que j'ai trouvé en 1891 le Péeris aquilina dans un terrain exclusivement calcaire formé de craie glauco- nieuse désagrégée. Le Pteris n’y était pas abondant, car je n'en ai observé que deux pieds poussant en compagnie du Brassica oleracea et d’autres plantes calcaires. La falaise en ces endroits étant dans un état de désagrégation assez avancée, il me suffit de quelques coups de piochon pour m'assurer que toutes les parties souteraines des Pteris en question étaient bien renfer- mées dans la craie glauconieuse et nullement en contact avec un autre terrain. Le haut de la falaise et le plateau étaient re- couverts d'argile siliceuse où le Pteris poussait assez abon- P damment. é Tels sont les faits; voyons maintenant comment on peut les t4 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. interpréter, Aussi bien pour les échantillons de Cézembre que pour ceux des falaises de Rogerville, une adaptation relati- vement récente était évidente. En effet, à Cézembre, le sable maritime apporté par le vent de la mer n'a pu certainement recouvrir les rochers. graniti- ques qu'après le début de la végétation du Pteris aquilina sur ces rochers, et ce n’est que peu à peu que les Peris de la base ont dû s’habituer, s'adapter, à la présence du calcaire: cela peut se comprendre d'autant plus facilement que le calcaire entrainé par la pluie n’a imprégné les rochers granitiques que peu à peu et suivant une progression insensible. Sur la craie des rochers de Rogerville, l'adaptation n’est pas moins facile à établir. En effet, comme je l'ai dit, le haut de la falaise était encore recouvert d'argile et il surplombait même au-dessus de la cassure crayeuse où j’ai recueilli ces Péeris: il est donc évident qu’à un moment donné, la couche d'argile sili- ceuse devait descendre jusqu'à la base de la falaise et qu'alors toute la pente pouvait être recouverte de Pteris. Un éboulement s'étant produit, il a entraîné avec lui l'argile et sa végétation; plusieurs de ces Fougères, grâce à leurs rhizomes profonds, sont sans doute restées dans quelque crevasse contenant encore des éboulis argileux et y ont continué à vivre, mais la pluie conti- nuant son aclion toute l'argile a été insensiblement enlevée, et finalement les quelques pieds de Pteris que j'ai observés dans la craie glauconieuse s'y sont adaptés, après avoir probablement végélé d'abord dans de l'argile siliceuse, puis dans de l'argile mélangée de craie. L'adaptation là encore s’est donc faite lente- ment et c'est pour cela qu’elle a pu réussir dans des conditions aussi difficiles pour cette plante, qu’un passage d’un terrain siliceux pur à un autre exclusivement calcaire. Il est maintenant intéressant de rechercher quelles sont les modifications qu'ont subies les Pteris de Cézembre et de Roger- ; ville, aussi bien dans leur morphologie externe que dans leur Structure interne, et par conséquent de voir comment se sont Comportés leurs organes pour s'adapter à cette vie nouvelle. EURE, HQ MONS # LE PTERIS AQUILINA SUR LES SOLS CALCAIRES. 15 On sait comment est constitué le Pteris aquilina daus des terrains siliceux purs, c'est-à-dire dans ses conditions nor- males de végétation ; prenons comme terme de comparaison la plante de ces terrains. Les Pteris aquilina poussant au milieu des sables calcaires de Cézembre étaient extérieurement plus petits que ceux des falaises granitiques voisines; le rhizome était assez grêle, mais très allongé et ramifié comme dans les échantillons normaux ; enfin les racines étaient plus abondantes que dans des échantil- lons recueillis sur des terrains siliceux. Les Fougères de la même espèce, recueillies à Rogerville, étaient également rabougries, mais comme à Cézembre, les mo- difications principales s’observaient dans les parties souterraines. Le rhizome était gros, très court, tortueux et couvert d’une telle quantité de racines que ces dernières formaient une masse très épaisse, presque comme les racines en « queue de renard », bien connues chez les Saules ou des Peupliers. Nous voyons donc qu’extérieurement, à part la question de taille et de vigueur, les rhizomes de Péeris sont d'autant moins développés et munis de plus de racines qu'ils sont dans un sol moins siliceux. Un mot maintenant de ce que j'ai ob- servé sur la comparaison de leurs structures anatomiques. Si on compare la structure des tiges souterraines, c’est-à-dire de la partie de la plante où s'accumulent surtout les réserves, on trouve entre les rhizomes des trois terrains les différences suivantes : Le rhizome des sables siliceux présente la structure normale. Au centre se trouvent, au milieu du tissu conjonctif, deux îlots vasculaires aplatis, entourés par un sclérenchyme interne, çà et là percé de boutonnières très allongées dans le sens de l’axe du rhizome. Autour de ce sclérenchyme interne, et en correspon- dance avec les parties concaves de la surface extérieure, on dis- tingue six à neuf îlots vasculaires entourés par la partie externe du tissu conjonctif. Plus près de l'extérieur se trouve le sclé- renchyme externe, çà et là réduit à une épaisseur très faible. “ Gest surtout dans le tissu conjonctif que sont D Ce 16 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. les réserves nutritives, et en particulier l’amidon qui y est très abondant. Le rhizome des Pteris des rochers siliceux imprégnés de cal- caire présente d’une manière générale une structure analogue. sauf que le développement relatif du tissu conjonctif à réserves y est en moyenne moitié moindre en diamètre; les îlots vascu- laires extérieurs peuvent être au nombre de trois ou quatre, et les deux sclérenchymes sont beaucoup plus épais. Quant au rhizome du terrain calcaire, si on l’examine en coupe transversale, on dirait au premier abord qu'il est presque exclusivement constitué par des vaisseaux et du sclérenchyme. Le tissu conjonctif est constitué seulement par une mince lame qu'interrompent les masses vasculaires externes, et par un cor- don très réduit qu’on n’observe guère qu’à la partie extérieure des îlots vasculaires internes. Les deux sclérenchymes externe et interne sont en effet tellement développés qu’ils se réunissent entre eux en plusieurs points et que les îlots vasculaires s’v trouvent souvent complètement encastrés. On y observe aussi ce fait très remarquable de l’augmentation du nombre des îlots vasculaires, surtout des internes, qui au lieu d’être au nombre de deux comme dans les Pteris des sables siliceux, sont au nom- bre de cinq à sept. Il en résulte que dans ce dernier exemple les” tissus de réserves sont extrèmement réduits, tandis que les tissus protecteurs y acquièrent le maximum de leur développement. On voit donc qu'il y a dans les tissus de la plante la marque d'une adaptation très différente paraissant liée à la nature des terrains où elle croît. L’abondance relative des tissus de réserves, qui doit être liée sans aucun doute au développement général de la plante, se rencontre dans les échantillons des sables si- liceux. En somme, il résulte de ce qui précède, qu’une plante qui, “comme le Pteris aquilina, peut arriver à croître dans un ter- rain différent de celui où elle ne pousse pas habituellement, ne le fait qu’ en s adaptant d’une manière particulière à ce me À De an Dre # ' RE OS EDR Soie 4 À LE PTERIS AQUILINA SUR LES SOLS CALCAIRES. 17 ment dans la nature du sol. Dans l'exemple étudié, la Fougère, qui préfère ordinairement partout les terrains exclusivement siliceux, s'adapte au calcaire en modifiant surtout ses organes souterrains. Lorsque le Pteris arrive à croître dans le calcaire pur, ses rhi- zomes sont plus courts, ses racines plus nombreuses, plus serrées et plus développées, et la structure de sa tige souterraine révèle une réduction relative considérable des tissus de réserves. Les échantillons recueillis dans un sol contenant 5 à 7 p. 100 de calcaire ont montré dans les caractères extérieurs et ana- tomiques de leurs parties souterraines un intermédiaire entre ceux du calcaire pur et ceux des terrains exclusivement si- liceux. Rev. gén. de Botanique. — IV. ? OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'INFLORESCENCE MALE DU NOYER ‘ Par M. William RUSSELL. On sait que chez plusieurs de nos arbres fruitiers, Pommier, Cerisier, Poirier, etc., les diverses parties constituantes de la fleur sont déjà complètement formées longtemps avant la floraison. En effet, au moment de la chute des feuilles, les bourgeons à fleurs de ces arbres ont presque en entier subi leur évolution et n’attendent plus que des conditions climatériques favorables pour étaler au grand jour les organes qu'ils ren- ferment. Ces faits sont surtout observés pour une certaine catégorie de plantes appartenant toutes à la même famille; il y aurait par conséquent, à mon avis, un certain intérêt à les étendre à d’autres végétaux. C’est dans ce but que j’ai suivi cette année le développement de l’inflorescence mâle du Noyer. Cet arbre possède, on ne l’ignore pas, des fleurs de deux sortes. Les fleurs femelles sont disposées en épis axillaires ou terminaux; les fleurs mâles forment par leur ensemble des chatons toujours ires. Les inflorescences composées de fleurs femelles naissent sur des pousses entrées en végétation au printemps et toute leur évolution s’accomplit dans l’année même; au contraire les chatons mâles sont toujours portés par des rameaux de l'année (1) Ce travail pee au Laboratoire de Botanique de la Sorbonne dirigé par M. le Professeur PAT I MER VE TRES INFLORESCENCE MALE DU NOYER. 19 précédente, de sorte que les fleurs femelles sont fécondées par le pollen de fleurs beaucoup plus âgées qu'elles. Ceci étant rappelé, voyons quand et comment se forment les fleurs mâles : si l’on examine une jeune pousse au début du mois de mai, c’est-à-dire peu de temps après l’épanouisse- ment des fleurs, on peut remarquer, à l’aisselle de certaines feuilles voisines du sommet, des bourgeons de forme conique, sensiblement plus gros que ceux abrités par la base des feuilles plus inférieures. Ces bourgeons représentent les futurs chatons de l’année suivante. Si l’on fait des coupes longitudinales dans l'un d’eux on peut voir que déjà le bourgeon est considérable- ment différencié. Il se compose d’un axe court et renflé sur lequel sont insérées de très nombreuses feuilles fort rapprochées les unes des autres, et, fait qui doit surtout nous intéresser, on peut reconnaître, au niveau de l'insertion des feuilles les plus âgées, de petits mamelons dont la signification morphologique n'est pas difficile à interpréter, car un certain nombre d'entre eux possèdent une ou plusieurs feuilles. Les fleurs mâles sont donc ébauchées. Leur mode de formation est facile à suivre, car sur une même coupe on observe des mamelons gemmaires à des états variables de développement. Les plus voisins du sommet végétatif se montrent sous forme d’un épaississement de la face supérieure des feuilles, c'est en effet aux dépens des tissus de la feuille que s'effectue le cloisonnement qui doit donner naissance au bourgeon floral. L'apparition de l’un d’eux est annoncée par une rapide multiplication des cellules qui occupent la face dorsale d’une feuille près de son insertion sur l'axe. Bientôt après, on voit se dessiner une légère pro- tubérance qui ne s'élève que faiblement au-dessus de la surface de la feuille et très promptement forme sur son bord opposé à l'axe une petite proéminence qui est l’origine de la première pièce du périanthe. La formation des autres éléments de Ja fleur suit de près, car des coupes transversales faites dans un bourgeon à la fin de juin montrent que tous les verticilles floraux sont au complet dès ce moment. . ke Au mois de juillet le jeune chaton a environ ‘un lite 20 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de hauteur et, à partir de cette époque, passe à l’état de vie ralentie jusqu'aux débuts du printemps. Les frêles organes qu’il renferme sont protégés contre les rigueurs de l'hiver de la façon suivante : la bractée immédiatement superposée à chaque bourgeon à fleur présente une dépression dans laquelle est reçu le bourgeon. Celui-ci, par suite de la très faible distance qui sépare sa bractée mère de celle qui est au-dessus, se trouve ainsi logé dans une chambre presque entièrement close. L'oc- elusion est rendue complète par le recourbement vers le haut des extrémités de chaque bractée qui s'appliquent étroitement les unes sur les autres. Les extrémités ainsi imbriquées de ces bractées sont en outre fortement subérifiées et couvertes de poils nombreux. Cette sorte de niche qui contient chacun des bourgeons est formée par le bourgeon lui-même qui pendant son développe- ment vient presser sur la face inférieure de la bractée située au- dessus de lui et gène de la sorte l'accroissement en épaisseur de la région en contact. - Lorsqu'au printemps, une énergique croissance intercalaire amène le chaton à l'état adulte, les bractées brusquement éloignées les unes des autres arrivent assez difficilement à séparer leurs extrémités toujours fortement unies entre elles ; aussi Le plus souvent celles-ci se rompent au niveau de l'insertion du bourgeon floral. L'apparition des grains de pollen n’a lieu qu’au moment de la floraison, bien que les sacs polliniques soient déjà formés dès le mois de juillet. En gi” La relation étroite qui existe entre un bourgeon à fleur et la feuille qui le porte s'établit très nettement, avons-nous vu, quand on suit le développement; mais elle cesse d’être aussi netle si l'on n'observe que des organes adultes. En effet, par suite de son origine, le bourgeon floral participe de la erois- sance intercalaire de la feuille; il éprouve de ce fait un accrois- sement en diamètre l’emportant sur l'accroissement en hauteur, qui, nous le savons, est très faible. Il en résulte que sa région inférieure subit un étirement si considérable, qu'avec l’âge elle EE AL RTE, RE NS \ * ré INFLORESCENCE MALE DU NOYER. 21 se confond avec la feuille à tel point que le périanthe de la fleur semble adné avec celle-ci. Un pareil état de choses n’a pas manqué d'induire en erreur nombre de morphologistes qui ont cru reconnaître dans cette concrescence du bourgeon floral avec sa feuille mère un phénomène de soudure. Cette manière de voir, il va sans dire, était purement hypo- thétique, car avant d'admettre qu'il y ait soudure des deux organes il fallait préalablement établir qu'aux débuts de leur développement ils étaient séparés, ce que personne, je crois, n’a songé à rechercher. Pour terminer je puis ajouter que le système vasculaire de chaque bourgeon est en relation directe avec celui de sa feuille mère. En résumé, les fleurs mâles commencent à se former vers la fin d'avril chez le Noyer, aux dépens de leur bractée axillante et sont entièrement constituées dès le mois de juillet de l'année gd précède la floraison. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET CHIMIE VÉGÉTALES PARUS D'AVRIL 1890 A JUIN 1891 (Fin). Cette dernière manière de voir de M. Krabbe trouve une certaine confir- mation dans l’un des résultats qu'a obtenus M. HABERLANDT (1), en étudiant l'assise à gluten de l’albumen des graminées, au point de vue du rôle que cette assise doit jouer pendant la germination. L'assise à gluten, pour M. Haberlandt, n’appartiendrait pas, à proprement parler, au système des Lissus de réserve, mais représenterait bien plutôt un cellules, en effet, dès le début de la germination, prennent les caractères de véritables cellules glandulaires, dont la paroï interne proémine sous forme de papille vers l’intérieur du grain. De plus elles ne se vident pas et restent unies entre elles, contrairement à ce qui a lieu, par exemple, pour les cellules amylacées de l’albumen qui se trouvent à leur contact. Enfin, lorsqu'on isole toute l’assise, on constate qu'elle corrode et dissout les grains d’amidon sur lesquels on l'applique. M. Prangl, il est vrai, admet que l’assise à gluten sert seulement, dans ce cas, de tissu conducteur, amenant aux cellules amylacées la diastase pro- duite par l’embryon, mais l'expérience suivante de M. Haberlandt ne paraît pas justifier cette hypothèse. Si, avant toute germination, on fait sur un grain de Seigle, par exemple, une incision annulaire vers le milieu de la longueur, on interrompt toute communication possible, par l'intermédiaire de l’assise à gluten, entre l’'em- bryon et une partie de l’albumen. Or, dansle grain ainsi traité et mis ensuite à germer, la corrosion et la dissolution d’amidon se font partout comme sur des grains intacts, commençant dans les cellules immédiatement au-dessous de l’assise à gluten. Pour toute une partie du grain, la diastase ne peut ce- pendant plus venir du scutellum (2); elle est donc nécessairement formée sur place par chaque cellule de cette assise à gluten. C'est ce résultat qui s'accorde, comme on voit, entièrement avec l’hypo- thèse de M. Krabbe. (1) Haberlandt : Die Kleberschicht des Gras-Endosperms als Diastase ausscheiden des ewebe (Berichte der deut. bot. Gesellschaft, fév. 1890). (2) Dans l'embryon, d'après les recherches de + Horace Brown et Harris Mornis (Recherches sur la germination de quelques Gruminées. — Biederm. Cen- tralblatt., XX, 19} c'est surtout l'épithélium du scutellum qui sécrète la diastase, car o . l'embryon sans scutellum ne transforme pas l’amidon. RE TO UE RE # Y 4 REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET CHIMIE VÉGÉTALES. 23 Dans son travail, M. Krabbe repousse l’idée émise par quelques auteurs, MM. Nâgeli et Mayer entre autres, que le protoplasma lui-même puisse agir sur l’amidon à la manière d’une diastase. Cette idée est cependant de nou- veau reprise et défendue par M. WortmaAnN (1). M. Wortmann s'appuie principalement sur ce fait qu’on trouve souvent de grandes quantités d’amidon dans des régions de la plante qui, cependant, ne contiennent jamais que fort peu de diastase. Dans les feuilles, par exemple, où il y a une transformation active d’amidon, on éprouve, la plupart du temps, une grande difficulté pour extraire le ferment en quantité appréciable, et cette quantité ne suffit certainement pas pour opérer la transformation en glucose de tout l’'amidon produit à la suite de l'assimilation. La même observation s'applique aux tiges el aux pétioles. D’après les expériences de M. Wortmann, faites sur les différents organes des plantes les plus variées, ce ne serait que dans quelques cas spéciaux (graines, tubercules et rhizomes amylacés) que la dissolution de l’amidon serait due à la diastase. Dans les autres cas (feuilles en particulier) cette dissolution aurait lieu plutôt sous la seule influence du protoplasma, sans intervention d’un ferment sécrété. Et maintenant, pour terminer la revue des travaux de cette année relatifs à lamidon, il ne nous reste plus qu’à signaler les résultats qui découlent, au point de vue physiologique, de toute une série de recherches entreprises par M. LesAGe (2) sur les plantes halophytes et autres. La conclusion de ces re- cherches est que la formalion d’amidon dans les organes végétatifs chloro- phylliens dépend du degré de salure. Une trop forte salure ralentit la pro- duction d’amidon, et, par suite, les phénomènes de l’assimilation. Ce dernier fait est à rapprocher d’un autre précédemment observé par le même auteur, à savoir qu’une forte salure est également accompagnée d’une dimi- nution de la chlorophylle. Les divergences d'opinions que nous venons de constater entre les diffé- rents auteurs au sujet de la production des grains d’amidon se retrouvent, presque aussi nombreuses, lorsqu'il s’agit du développement de ces forma- tions albuminoïdes qu’on observe dans la plupart des graines, en particulier dans les graines oléagineuses, et qu’on désigne sous le nom de grains d’aleurone. À ce sujet, M. Par una(s) pense que jusqu’à présent le développement des grains d’aleurone n’a été suivi d’une façon complète as pur un nombre d'espèces beaucoup trop restreint et, presque toujours s,appar- tenant en grande majorité à un type unique de srostir adulte. Il serait (1) Wortmann : Ueber den Nachweiss, das V ééréteges und die Bedeutung des same oo Enzyms in “# rage (Bot. Zeit. 1890, 37). 2) Pierre Lesage : In, de la salure sur la formation de dcr dans les ere vépélati chlorophylliens (Comptes rendus de l'Académie des sciences mars 1891). — Contributions à la Biologie des éo tes du littoral # ds halophytes, Influence de la ir sur l'anatomie des végétaux Émrrge 1891). (3) Belzung : Développement des grains d’aleu et structure protoplasmique générale chez quelques Papilionacées (Journal de hstiues mars et avril 1891). 24 Re REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. L4 eut-être donc nécessaire, avant tout, d'étendre ces recherches à d’autres types de grains d’aleurone afin de montrer si le développement de ceux-ci s'opère encore suivant la marche générale, ou si, au contraire, il est impos- sible de réunir dans une catégorie unique de formations les différents types de grains. C'est dans ce but que, laissant de côté l'examen des grains d’aleurone avec enclaves, qui ont, jusqu'alors, été surtout étudiés, l’auteur porte de préférence son attention sur les grains sans enclaves qu’on trouve, par exemple, fréquemment chez les Légumineuses,. e dépôt de ces grains d’aleurone, d’après les recherches de M. Belzung, ne commence qu'assez lard, quand la graine a déjà acquis une assez grande taille, et lorsque la concentration du suc celluloïde a atteint un degré déter- nmané, la proportion des acides libres devenant alors suffisante pour hâter la précipitation du principe albuminoïde. Ce dépôt apparait comme la consé- quence de phénomènes purement physiques et chimiques dont le suc cellu- laire est le siège, et auxquels le protoplasma reste étranger. Comme l’avait déjà remarqué M. Godfrin, les grains d’aleurone naissent à la périphérie des cellules, contre la membrane. Ils se présentent sous forme de petits grains pleins et homogènes; ils sont insolubles dans l’eau et sont, à ce moment, uniquement formés de légumine. Ils grandissent rapidement et restent encore pléins pendant quelque temps ; puis en vertu de leur pouvoir osmotique ils se creusent d’une ou plusieurs vacuoles aquifères. Le grain d’aleurone adulte consiste, soit en un réseau. régulier ou irrégulier, ’ ’ o ; emprisonnant dans ses mailles un suc riche en principes dissous, notam- ment en albuminoïdes; soit en une paroi circulaire limitant une large vacuole aquifère centrale. Réseau ou paroi circulaire sont insolubles dans l’eau et représentent essentiellement le grain d’aleurone. Les grains d’aleurone des espèces étudiées par M. Belzung (Haricot, Fève, Pois, Lupin, Cytise) ne contiennent aucune inclusion et ne sont pourvus d'aucune membrane propre, Lorsque la graine est complètement mûre et desséchée, un principe albu-. minoïde soluble dans l’eau et précipitable par la chaleur en présence des acides étendus, et probablement aussi la galactane, les acides organiques libres, elc., se trouvent concrétés dansles vacuoles des grains d’aleurone et: les remplacent plus ou moins complètement. En présence de l’eau, à une température insuffisante pour provoquer un commencement de germination, les grains d’aleuroné reprennent l'aspect vacuolaire qu'ils offraient avant la dessiccation de la graine. Nous rappelons, une fois encore, que tous ces résultats énoncés par M. Belzung se rapportent uniquement aux grains sans enclaves des Légumi- neuses, les seuls que l’auteur se soit proposé d'étudier. Dans ics feuilles charnues d’Oncidium microchilum, M. Mxoscu (1) a observé: 1) C. Mikosch : Ueber ein neues Vorkommen geformten Eiveisses (Berichte der deut. bot. Ges., fév. 1890). LÉ: jé de LE À pe = on 2 ï Ÿ REVUE DES TRAVAUX DE PAYSIOLOGIE ET CHIMIE VÉGÉTALES. 25 des corps figurés, de nature vraisemblablement albuminoïde, analogues à ceux qui ont déjà été vus par M. Molisch, puis par M. Chmielewsky dans les rameaux d'Epiphyllum Ces corps se trouvent dans les cellules épidermiques des deux faces ; ils peuvent affecter des formes variées, en aiguille, en anneau, en tube, etc. Ils sont homogènes ou striés; dans ce dernier cas, ils sont constitués par des fibrilles parallèles, que réunit une substance hyaline peu réfringente. Is ne sont pas régulièrement répartis dans l’épiderme, et sont réunis en ilots. Ils manquent parfois dans certaines feuilles, et sont constants surtout dans les cellules accessoires des stomates. Toujours absents dans les jeunes feuilles, ils n'apparaissent que dans les feuilles de moyenne grandeur. Leurs réactions sont celles des corps protéiques. La question qui se pose au sujet de ces corps est celle de savoir si ce sont des matières de réserve ou des excrétats. M. Molisch se prononce en faveur de la première hypothèse, M. Chmielewsky, au contraire, en faveur de la seconde. Pour M. Mikosch, la persistance de ces corps, qu'il a constatée après la mort et à l'obscurité, leur absènce dans les jeunes feuilles tendent plutôt à les faire considérer comme des excrétats. Mais ils rentreut mieux encore dans la catégorie des subsiances accessoires, formées au cours des transfor- mations chimiques qui ont lieu dans la cellule. = C'est dans cette même catégorie de produits accessoires, qui ne sont ni des matières de réserve, ni de véritables excrétats, que M. Waace (1) place la phloroglucine, dont il a fait dans la plante une étude détaillée. La phloroglucine (trioxybenzol symétrique) est très répandue dans le règne végélal, soit libre, soit en combinaisons complexes. Ces derniers se pré- sentent sous forme de corps éthérés correspondant aux glucosides et qui SE. £ A4 RS So F 11 1 rs gs, naringénine.phlo- Le, L& rétine, quercetine, etc.) ou s’ils contiennent un sucre dans leurs molécules comme des phloroglucosides (aurantine, glycophylline, rhamnine, hespé- ridine, etc.). Pour déceler la présence de la phloroglucine, l’auteur a-eu recours à un certain nombre de réactions, microchimiques ou macrochimiques, pour l’énumération desquelles nous ne pouvons que renvoyer au travail même, Le principal réactif employé a été, dans tous les cas, celui de Lindt qui con- siste à faire agir sur la cellule la vaniline en présence de l'acide chlorhy- drique. La phloroglucine, dissoute en général dans le suc cellulaire, est pré- cipitée alors à l’état de fines granulations rougeâtres de phloroglucivaniléine. M. Waage a ainsi fréquemment constaté la présence de phloroglucine dans les cellules des méristèmes. Sous l’action du chlorure de vaniline, le plasma de ces cellules, en effet, se colore aussitôt. Quelques vacuoles, toute- fois restent incolores; ce fait semblerait indi que,comme pour le tannin, (1) Th. Waage: Ueber das Vorkommen und die Rolle des Phloroglucins in der Pflanze (Berichte der deut. bot. Ges., nov. 1890). l 26 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. il existe des vacuoles particulières renfermant cette substance, à côté d’autres qui en sont dépourvues. Dans les organes axiles, l'épiderme renferme toujours de la phloroglucine quand l'écorce ou un autre tissu quelconque de la plante considérée en contient. D'une façon générale, aussi bien chez les racines que chez les tiges et les branches, les tissus ou les régions qui présentent de la phloro- glucine sont : le parenchyme cortical, surtout dans sa partie externe; le pourvus les fibres libéricnnnes et les tubes criblés. Pour la moelle, les cas sont variables. Quand il y a de la phloroglucine dans l’é spiderme, il y en a dans les poils. Enfin on trouve encore cette substance dans les poils radicaux et dans la coiffe. Les rhizomes se comportent comme les racines; les réactions y sont tou- tefois plus fortes que chez ces dernières qui elles-mêmes, en présence du chlorure de vaniline, réagissent plus fortement que la tige. Pétioles, nervures et pédoncules floraux présentent, mais à un degré plus faible, les mêmes réactions que les rameaux. Lorsque les organes axiles renferment une grande quantité de phloroglu- cine, les feuilles en ont également. L’accumulation chez celles-ci est sur- tout forte sur les bords, où sont les terminaisons des nervures el où afflue le suc cellulaire ; elle est assez grande aussi au voisinage des faisceaux. En général, le parenchyme en palissade contient plus de phloroglucine que le parenchyme lacunaire ; de mème l’épiderme supérieur par rapport à l’épi- derme inférieur. Chez la graine mûre, la phloroglucine est presque exclusivement localisée dans les téguments. Quant à la fréquence de la phloroglucine dans le règne végétal, les nombres suivants en donnent une idée. Sur 185 plantes examinées, 135 ren- fermaient cette substance : 51 en abondance, 41 en proportion moyenne, 43 en quantité faible, Fait à noter : quand une espèce contient de la phloroglucine, toutes celle du genre en présentent. Il est à remarquer encore que les Monocoty-: lédones et les Dicotylédones gamopétales sont particulièrement pauvres en phloroglucine qui, au contraire, est assez répandue chez les Cryptogames vasculaires et les Gymnospermes et abonde chez les Dicotylédones polypé- tales. Enfin, Re rh les arbres et les arbrisseaux sont plus riches que les plantes herbac Il reste maintenant à ee où et dans quelles conditions se forme celle phloroglucine si répandue. C’est le sujet de la seconde partie du tra- e M. e. Nous avons vu que les graines ne contiennent le plus souvent de phloro- glucine que dans leurs téguments. C’est le cas, par exemple, pour les graine s de Phaseolus multiflorus. Or, si on enlève les téguments de ces graines, la phloroglucine n’en apparaît pas moins, à un moment donné, # REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET CHIMIE VÉGÉTALES. 27 dans l'embryon à l'obscurité. Ce premier fait semble indiquer que la forma- tion de la phloroglucine dans la plante est autochtone. Cette formation autochtone devrait même être très forte, bien plus forte que la formation analogue du tannin telle que l’admet M. Kraus, car la lu- mière ne paraît pas avoir d'influence directe sur l’apparition de la phloro- glucine. Des plantules étiolées contiennent, en effet, celte substance en aussi grande quantité que des plantules vertes. La production de la phloroglucine, indépendante du processus d'assimi- lation, a lieu dans le suc un jamais on ne l’observe dans les grains de chlorophylle ni dans le plasm La phloroglucine naît arr ce vs du sucre C6H1206 dont se sépare- raient, non plus une molécule d’eau pour reproduire lamidon (C°H°0), mais trois molécules, ce qui donne CéH$03. A l'appui de cette hypothèse, M. Waage fait remarquer la coïncidence des régions où se trouvent, dans la plante, la phloroglucine et l’amidon. Généralement, la phloroglucine augmente avec le développement. Elle est souvent abondante dans les parties qui tombent, telles que feuilles, en- best «its du fruit on de la graine. C’est ce qui amène : a 2 qu’elle n’est qu’un produit accessoire des transformations chimique Sous plus d’un rapport, la nr doit, comme on voit, être rap- prochée du tannin. L'opinion de M. Waage, et c'est aussi celle de M. Nicxez (1), est du reste, “y la phloroglucine est une source du tannin, El, en effet, partout où se trouve de la phloroglucine, on rencontre toujours du tanuin. Il est à peine besoin d’ajouter que l'inverse n’est pas vrai, car si le tannin peut provenir de la phloroglucine, il a aussi beaucoup d’autres origines. Signalé un peu partout dans le règne végétal, le tannin n'avait cependant pas encore été étudié dans la grande famille des Composées, où sa présence était à peu près, jusqu'alors, restée inaperçue. Les travaux antérieurs de M. DanreL (2) sur la famille des Composées l'ont amené à l’idée d’entrepren- dre quelques recherches à ce sujet. De ces recherches, il ressort tout d’abord que les tannins sont, en géné- ral, abondants dans la famille des Composées, surtout chez les Cynarocé- phales. Les Chicoracées forment la tribu la plus pauvre. Ces tannins contenus dans les Composées, ainsi que ceux des Ambro- siacées et des Dipsacées, précipitent en vert les sels de fer. Seul, le tannin du Stenactis annua les précipite en brun noir. Tous sont sans action sur la gélatine, Pour une même pi, c’est, en général, dans la feuille que se trouvent, à (1) Nickel : Zur Physiologie des Gerbsloffs und der Trioxybenzole (Bot. Cent. n° 13). de Et Daniel : Le tannin dans les Composées (Revue générale de Botanique, 90). — Nous sign nalons, à ce sujet, le récent ouvrage de M. BROEMER : Les Tannoï- naissances actuelles sur les tannins, en même temps qu'une critique des hotes employées pour l’étude de ces corps en histologie et physiologie végétales. k 28 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. poids égal, le plus de substances astringentes; c’est ensuite dans le capitule, puis dans la tige ; la racine est l'organe le moins riche. La racine jeune contient moins de tannin que la racine adulte ; c'est le contraire pour la tige. La feuille, en général, est plusriche en tannin à l'état adulte qu’à l’état jeune, le parenchyme en renferme plus que les nervures. L'étiolement, dans les feuilles végétatives, nuitau développement du tannin. Le capitule est, chez les Composées, l'organe qui donne la mesure moyenne du tannin de chaque espèce. Cette moyenne est inférieure à celle de la feuille, mais supérieure à celles de la racine et de la tige. Les variations du tannin dans les capitules d’âge différent sont dues, très probablement, aux variations, avec l’âge, des proportions des parties cons- tituantes du capitule, parties qui, assez souvent, ont une teneur différente en tannin. _ De quelques-uns des faits observés dans ses recherches, M. Daniel con- clut, comme la plupart des auteurs qui.se sont occupés avant lui de l'étude des lLannins, que ces substances ne jouent pas le rôle de matières de réserve. * Chez presque toutes les Crucifères, il existe, comme on sait, un ferment particulier où myrosine qui, en agissant sur un glucoside, provoque la for- mation d’essences ordinairement sulfurées. Ces essences ne préexistent pas dans la plante, et leur formation n'a lieu que dans des conditions dé- 4 terminées. M. GuiexarD qui, dans un travail que nous avons précédemment 4 analysé, a fait connaître la localisation des principes qui, d’une façon ana: logue, fournissent l'acide cyanhydrique des amandes ou du laurier-cerise, a, de même, recherché depuis chez les Crucifères la localisation de la myrosine et des principes formateurs des essences sulfurées (1). 454 Ces principes, de même, par suite, que les essences qu’ils engendrent sous l'influence du ferment, peuvent varier comme composition chimique suivant qu'il s’agit de telle ou telle espèce de plante. C'est ainsi que, dans les graines de Moutarde noire, le glucoside sur lequel agit la myrosine est la sinigrine ou myronate de potassium dont le dédoublement fournit de l'essence de moutarde, du sulfocyanate d’allyle, du glucose et du sulfate acide de potassium, tandis que dans la graine de Moutarde blanche, le glucoside est la sinalbine, dont le dédoublement donne en même temps que . du glucose et un sulfate acide de sinapine, une essence qui paraît être de l'isosulfocyanate d’orthoxybenzyle. Maïs, quelles que soïent les différences observées dans la composition chi- mique des glucosides ou des essences, la réaction qui engendre ces derniè- res est certainement partout de même ordre. ‘4 D'après les recherches de M. Guignard, le ferment particulier, on myro- sine, qui provoque cette réaction, est contenu dans des cellules spéciales. . De tous les organes, c’est la graine qui est le plus abondamment pour- … vue de ces cellules à ferment. se .: À Dans la racine, qui n'offre d'intérêt qu’à la période secondaire, la locali- sation de ces mêmes cellules a lien surtout dans le parenchyme cortical et le parenchyme libérien. Chez les racines tubérifiées, les mêmes cellules sont, en (1) Léon Guignard : Sur la localisation des principes actifs des Crucifères (Journal de Botanique, novembre et décembre 1890). os REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET CHIMIE VÉGÉTALES. 29 outre, abondantes dans le parenchyme ligneux, relativement très développé. Dans la tige, aérienne ou souterraine, toutes les régions peuvent en con- tenir, mais le lieu d'élection le plus fréquent est le péricycle ; plusieurs es- pèces n’en possèdent même que là. Dans la feuille, la répartition correspond à celle de la tige. Les espèces dont la tige renferme des cellules à ferment dans l'écorce et la moelle en possèdent également dans le parenchyme du pétiole et du limbe. Quand, dans la tige, les cellules sont localisées exclusivement dans le péricycle, on ne les trouve que dans le péricycle des faisceaux foliaires. Il en est de même pour les carpelles. L'ovule en offre parfois dans son tégument externe. Dans les cotylédons, la localisation est la même que dans la feuille, Isolées les unes des autres, sauf parfois dans le péricycle des faisceaux foliaires et plus souvent encore des faisceaux cotylédonaires, où elles peu- vent être accolées et superposées, les cellules spéciales diffèrent ordinaire- ment assez peu par leurs dimensions des autres éléments du tissu qui les contient ; parfois pourtant, dans les organes végétatifs surtout, elles sont plus longues et moins régulières que les cellules qui les avoisinent. On sait d’ailleurs que, chez les Laurinées, par exemple, les cellules à essence peuvent exister dans n'importe quelle partie du parenchyme, de l'écorce, de la tige et du limbe de la feuille, sans différer non plus des cellules adjacentes, non sé- crétrices, par des caractères particuliers de forme et de grandeur. Il en est de même, dans. d’autres cas, pour les cellules de tannin, à cristaux, etc. Les cellules spéciales se distinguent avant tout par la nature de leur con- tenu, dépourvu d’amidon, de chlorophylle, d'huile grasse et d’aleurone, même dans les tissus qui sont abondamment pourvus de ces substances. La réaction la plus caractéristique de leur contenu albuminoïde consiste dans la coloration violette qui leur est communiquée, sous l'influence de la chaleur, par l'acide chlorhydrique pur. Par l'ensemble de ses propriétés, cette matière aibuminoïde diffère du protoplasma de la cellule qui la ren- ferme, et on l’en distingue par divers réactifs, Est-elle formée par un corps chimique unique, ou bien la substance qui agit comme ferment n’en repré- sente-t-elle. qu'une partie, douée d’une constitution différente? C'est une question que l’état actuel de nos connaissances sur la nature des ferments ne permet pas de résoudre, Pendant le développement de l'embryon, les cellules spéciales se diffé- rencient quelque temps avant la maturité de la graine, au moment où les tissus commencent à se remplir de matériaux de réserve. Dans les organes végétatifs, leur différenciation a lieu en même temps que celles des divers tissus dans le méristème primitif. Plus tard, quand appa- raissent les formations secondaires, on les voit naître et devenir distinctes, surtout par la nature de leur contenu, au même moment que les éléments du liber et du bois secondaires. Par la suite, elles s’accroissent comme les éléments du tissu qui les renferme, ou bien elles prennent parfois, avec des dimensions plus grandes, une forme quelque peu variable et différente de celle des cellules voisines. Les expériences faites avec les organes végétatifs et avec les graines mon- 30 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. treut que le myronate de potassium ne peut être décomposé qu’autant que ces organes ou ces graines possèdent des cellules spéciales. Toutes les fois que le microscope permet d'en distinguer quelques-unes dans une partie quelconque de la plante, on peut déterminer, avec ces tissus, la forma- tion du sulfocyanate d’allyle par l'addition du glucoside, Quand, en effet, les parties végétatives ou les graines sont très pauvres en cellules à ferment, elles ne renferment pas non plus une quantité de glucoside suffisante pour que la digestion dans l’eau, à la température convenable, de quelques grammes de cette substance puisse donner lieu directement à un dédou- blement sensible. Toutefois, dans certaines graines (Lunaria, Matthiola, etc.), l'embryon est riche en glucoside, tandis que le ferment est localisé presque exclusive- ment daus le tégument. Que le ferment réside dans l'embryon, ou qu’il se trouve dans le tégu- ment séminal, il existe toujours en quantité bien supérieure à celle qui est nécessaire au dédoublement complet du glucoside que renferme la graine, Il en est de même pour les organes végétatifs. L'analogie est complète, sous ce rapport, entre les Crucifères et les amandes amères, chez lesquelles l'émulsine contenue dans un cotylédon peut décomposer au moins quarante fois plus d’amygdaline qu’il n’en contient. Un organe végélatif ou une graine qui n’a pas de ferment, n’a pas non plus de glucoside. Le cas d'organes sans ferment semble d’ailleurs très rare ; on peut citer cependant l’Arabis alpina et le Berteroa incana : les expériences résultat négatif. Il est nécessaire toutefois d'ajouter qu’une espèce peut être si pauvre en principes aclifs qu’il faudrait peut-êlre opérer sur un poids assez élevé de substance pour arriver à une conclusion certaine. D'autres Crucifères, même assez abondamment pourvues de cellules à ferment dans les organes végétatifs, ne renferment une quantité de glu- coside appréciable que dans la graine (Cheiranthus, etc.), Le ferment paraît être identique dans toutes les espèces de Ja famille, bien que le composé dédoublable sur lequel il agit soit variable. Dans le Lepidium sativum, par exemple, l'essence est formée par le nitrile alphatoluique, corps différent du sulfocyanate d’allyle. Pourtant, si l’on fait agir la tige ou les feuilles contusées sur du myronate de polas- sium, ce dernier est décomposé avec formation de sulfocyanate, dont l'o- n deur intense et caractéristique est facile à distinguer de celle de l'essence propre à celte espèce. M. Heinricher compare les cellules spéciales des Crucifères aux laticilères des Papavéracées el aux cellules, à contenu particulier, des Fumariacées et des Capparis. L'importance phylogénétique qu’on leur donne ainsi sem- ble à M. Guignard très exagérée, De l’avis de l’auteur, Lout ce que l'on peut ; dire, c'est que les Crucifères possèdent des cellules sécrétrices bien diffé- a rentes des organes sécréteurs qu’on rencontre chez les autres Phanéroga- mes, cellules dont la nature et le rôle avaient échappé jusqu'ici à l'obser- valion. 3 Hevri JUMELLE. faites avec 2 grammes de graine ou de l'un quelconque des organes végé- tatifs de ces deux espèces ont en effet, loujours donné à M. Guignard un si REVUE DES TRAVAUX LA DESCRIPTION ET LA GÉOGRAPHIE DES LICHENS PUBLIÉS EN 1890 Les monographies de deux genres de Lichens peuvent être placées en tête des ouvrages parus sur ces végétaux dans le cours de l’année 1890. M. Willey, déjà connu par un certain nombre de publications sur les Lichens de l'Amérique du Nord et surtout par l'achèvement du second volume du Synopsis des Lichens de cette contrée par Tuckerman, a réuni dans un important et très consciencieux travail tous les Arthonia végélant dans le monde entier (1). Le total des espèces de ce genre qu'il indique parait à peu près exact, car si, sur ce nombre de 348, il convient d'un côté de retrancher l’Arthonia Austini Will. qui est synonyme de l'A. dispersula Nyl. el 10 espèces que l’auteur décrit sans leur donner de nom spécifique, il faut d’un autre côlé y ajouter quelques espèces qu’il laisse de côté parce qu'il n’en a pas lu la description. Cette raison est d'autant moins suffisante pour exclure ces Arthonia qu'ils ont été décrits dans des ouvrages faciles à consulter ; par exemple, la description de l'A, albata Nyl. se trouve dans les Annal. Scienc. nat., 4e série, t. XI, p. 231. Après avoir constaté que ces Lichens se divisent en deux grands groupes naturels, selon qu’ils contien- nent des chrysogonidies ou des gonidies vertes, M. Willey laisse de côté ce groupement naturel et répartit toutes les espèces en deux séries fondées sur la couleur de l’apothécie : le nombre de loges qui se rencontrent dans chaque spore lui fournit ensuite des subdivisions. Au point de vue de la distribu- tion géographique, nous voyons par ce mémoire que 121 espèces d’Arthonia sont propres à l'Amérique, 79 à l’Europe, 40 à l'Océanie et 23 végètent sous les tropiques : les autres sont communes à deux au moins des cinq parties . du monde, ou n’ont pas de localité indiquée. Les espèces nouvelles sont au nombre de 7 et proviennent ou de la Floride ou du Texas. Le nom spéci- fique de chaque Arthonia est suivi le plus souvent de nombreux synonymes, et il est toujours accompagné d’une courte description et de l'indication des réactions. L’aufre monographie (2), qui est d’une importance beaucoup plus restreinte, indique les Pertusaria végétant en France. Elle n’a été composée que pour relever les erreurs nombreuses contenues dans l'Étude sur les (1) H. Willey: À Synopsis of the genus Arthonia. New-Bedford, 1890. (2) L'abbé Hue : Les Pertusaria de la Flore française (Bull. de la Soc. bot. de France, t. XXX VII). 32 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Pertusaria de la Flore française de M. l’abbé Olivier. Il n’y a pas lieu de À nous arrêter sur ce travail, dont les points principaux ont été indiqués dans « la Revue de l’année dernière (1). On peut seulement remarquer que ce n’est qu'après avoir compulsé tous les auteurs qui ont traité des Pertusaria de la \ France et après avoir consulté presque tous les botanistes qui ont quelques- uns de ces Lichens dans leur herbier, que l’auteur a rejeté les espèces que M. l'abbé Olivier y avait indûment introduites. 1 Pour les Lichens français, nous n'avons à indiquer celte année que la publication du 8° fascicule des Exsiceuta de M. l'abbé Harmand (2). En Irlande, le Rév. W. Lett{3) a exploré la partie des monts Mourne située dans les comtés de Down et d’Armagh de la province d'Ulster, et dans celui de Louth de la province du Leinster. L’altitude la plus élevée de ces petites » montagnes est 850 mètres; c’est celle du Slieve-Donard, point culminant de l'Ulster : le terrain est formé de granit, de basalte et de schiste, et sur un M point assez restreint on y rencontre le calcaire carbonifère. Sur un espace de 560 milles carrés, M. Lett a récolté 275 Mousses, 64 Hépatiques et 85 espèces ou variétés de Lichens. Ces derniers appartiennent pour une … petite partie aux flores maritime el subalpine; les autres sont ceux que l'on rencontre partout. Le travail de M. Lett présente un grand intérêt, . parce que c’est la première fois qu’un botaniste ait été récolter des Lichens. dans cette contrée. Leighton, dans sa Flore des Lichens de la Grande- Bretagne, ne cite qu’une seule espèce provenant des monts Mourne, le Graphis… scripta Î. divaricata Leight., et l’amiral Jones, qui a cependant écpiôté ces. comtés, n’en a rapporté aucun Lichen. En remontant vers le nord de l’Eu-. rope, M. Hellbom (4) nous offre une flore complète des Lichens de la petite île danoise de Bornholm. Ce remarquablé mémoire attribue 315 espèces de Lichens à cette île dont la superficie est à peu près celle de notre départe-. ment de Seine-et-Marne; ces 315 Lichens représentent ps des trois quarts | du total du Danemark, puisque dans cette contrée on n’en a encore observé | que 397. Dans une savante introduction, M. Hellbom passe en revue les roches qui forment le sol de cette île, et énumère les espèces qu'il à. recueillies sur ces différents substratums : c’est le granit qui y domine, on y voit aussi quelques grès, un peu de calcaire, elc. Dans son énumération il suit la classification de M. Th: Fries, donnant un plus grand nombre de genres que M. Nylander, mais restreignant les espèces de ce dernier, dont. souvent il ne fait. que des variétés. En vertu dé la loi de priorité, cet auteur change le nom de deux espèces : le Ramalina fastigiata Persoon (1793) doit prendre le nom de R. populina Ehrhart (1785), et le Parmelia exasperatula _Nyl. (1873) est'le P. papulosa (Anzi, 1868). Si nous descendons vers le sud; l’infatigable M. Zahlbruckner nous présente trois mémoires par lesquels il | nous fait connaître les Lichens : 1° du Monténégro (5). Ce pays a élé (1) Revue La de botanique, t. IT, p. 404. (2) L'abbé Harmand : Lichenes in Lotharin ngia. (3) . W. Lett : L Re eport on the Mosses, Hepatics and Lichens of the Mourné . mountain district. Dublin, 1899 Re of the Royal irish Academy). (4) P.-J. Hellbom : Bornholms Lafflora. Stockholm, 1890. (5) D° A. Zahlbruckner : Plantæ site og Lichenes. Cracovie, 1889. REVUE DES TRAVAUX SUR LES LICHENS. 33 exploré par le D* Ign. Szyszlowiez, de Vienne, et il s’est avancé un peu dans l’Albanie ; il a rapporté de son voyage de six semaines environ 59 Lichens, ce qui est peu pour un pays de montagnes. Mais il est bon de remaquer que les explorations ne sont pas faciles à opérer dans ces régions et M. Szyszlowiez a échappé avec peine aux mains des Albanais. Les autres récoltes de Phanérogames et de Cryptogames paraissent plus importantes que celles des Lichens qu’a déterminés M. Zahlbruckner. En second lieu, ce * dernier a parcouru lui-même la Petite Tauern (1) en Autriche, et des trois herborisations qu'il y a faites, il en a rapporté 66 Lichens récoltés sur le granit et le schiste micacé : ce sont les espèces à {halle fruticuleux et foliacé qui dominent, car elles forment un peu plus de Ja moitié de la collection. Quelques-unes appartiennent à la flore alpine, ce lichénographe ayant fait l'ascension du Steinkar, dont l'altitude est de 2,200 mètres. Troisièmement, enfin, M. Zahlbruchner achève sa flore des Lichens de la Basse-Autriche (2), dont les deux premières parties ont paru en 1883 et 1888. Si on retranche les espèces communes à ces trois publications, on obtient un total de 187 espèces, énumérées suivant les méthodes de Koerber et de M. Th. Fries. La même remarque est à faire ici comme pour l’ouvrage de M. Hellbom, c’est- à-dire que si l’on suivait la classification de M. Nylander, ce total se trou- verait plus élevé. Dans cet opuscule, M. Zahlbruckner a fait souvent suivre Je nom de l'espèce de quelques synonymes ou de remarques critiques et des- criptives. Avec M. le professeur Kernslock nous pénétrons dans le Tyrol (3) pour aller ensuite en Italie. M. Kernstock, qui est loin d'être un inconnu dans la lichénographie, a, marchant sur les traces de M. Arnold, parcouru une partie de ce Tyrol que le savant lichénographe de Munich ne cesse d’ex- plorer depuis trente ans, et ses investigations se sont portées sur deux points principaux : Pinzolo el Bozen. Pour le premier point, Pinzolo, M. Kernstock énumère successivement les Lichens qu’il a récoltés sur différents substra- tums, sur des roches variées, sur les murs de l’église de Saint-Vigile, sur la terre, les Mousses, le bois et sur les écorces d’arbres d’essences diverses ; comme cerlaines espèces sont communes à ces listes, il est difficile de se rendre compte du total des espèces qu’elles renferment. Quant au second point visité, Bozen, le nombre s’en élève à 164. Ce n’est pas une simple et sèche énumération que cet auteur a faite ; souvent, il décrit au moins som- mairement le Lichen, en indique les réactions, la mesure des spores, etc. A la fin de quelques-unes de ses listes, il place un certain nombre de Lichens parasites dont plusieurs au moins devraient peut-être être rangés au nombre des Champignons. Il est cependant impossible de quitter le centre de l’'Eu- rope Sans signaler l'apparition des numéros 78-142 des Ersiceata des Lichens de Munich de M. le D° Arnold (4) et celle des numéros 1497-1514 de lungen der and] (3) Prof. Kernstock : Lichenologische Beitrage (aus den Verhan zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1890). . y (4) F. Arnold : Lichenes Monacenses'exsitedti. © Rev. gén. de Botanique, — IV. 3 34 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ses autres Exsiccata. Les numéros 1493-1496 sont des photographies de Cladonia par lui récoltés antérieurement dans les environs de Munich. Avec M. Jatta nous descendons dans l'Italie méridionale (4). Cet auteur indique 583 espèces de Lichens (dont 12 dans l'Appendice) pour la région comprise entre le sud de la Sicile et les fleuves du Latium et du Picenurma, le Tibre avec son affluent la Néra, et le Truentus. Il a obtenu ce total soit par ses propres herborisations, soit par celles de ses correspondants, soit encore en compulsant les herbiers des Universités de Naples, de Rome et de Pavie et celui de l’École d'agriculture de Portici. Cependant les limites établies ci- dessus sont parfois franchies, car M. Jatta cite un certain nombre de Lichens de la Sardaigne. Sa classification se rapproche beaucoup de celles : de Kærber et de Massalongo ; mais a-t-il eu raison de confondre dans un même genre, à l'exemple de Tuckerman, tous les Sliclés, qu'ils aient des gonidies vertes ou bleues, des cyphelles ou qu'ils n’en possèdent pas. Il est permis d'en douter, car les groupements adoptés ordinairement pour ces Lichens sont tout à fait naturels. On peut encore se demander s'il est bien conforme à la nature de placer, comme l’a fait M. Jatta, les Sphærophoron qui ont l’apothécie entourée d’une enveloppe déhiscente dans la même famille que les Sfereocaulon et les Cladonia qui l’ont nue. Chaque espèce, à l'excep- tion de celles provenant de Ja Sardaigne, est accompagnée d'une courte description ; la mesure des spores s'y trouve rarement et M. Jatta répudie l'usage des réactifs. Les espèces qui lui appartiennent en propre dans cet ouvrage sont au nombre de 11, dont une seule n'avait pas encore été publiée. Urceolaria sicula; on y remarque aussi 7 variétés qu'il a créées, dont une paraît ici pour la première fois : Amphiloma pusillum var. umbraticum et enfin un genre nouveau : Lecaniella, Pour l'extrémité orientale de l'Asie, le Japon, de M. Nylañder (2) qui est d’une imp géographique des Lichens. Sur les 383 nous avons un ouvrage ortance capitale pour la distribution elle est encore moindre, 27 sur 220. Il Parait constan grande dans le nord des continents, c'est-à- contre un grand nombre de Graphis et de sont pas représentés en Europe L'’e M. Nylander (3) a prouvé la vérité de cette assertion pour le nord, et elle est … et à l’Europe, il en est quelques-unes qui jusqu'alors n'avaient été obser- u vées que sur notre continent ; telles sont Stenocybe euspora Nyl., Coniocybe . (1) A. -Jatta : Monographia Lichenum Italiæ meridionalis. Trano 9 planches coloriées. (2) W. Nylander : Lichenes Japonie. Parisiis, 1890. 397. » 1889, avec (2) Revue générale de Botanique, t.1, p. gi Eu REVUE DES TRAVAUX SUR LES LICHENS. 35 gracilenta Ach., Leptogidium Moori (Hepp}, Pertusaria amara (Ach.), Agyrium rufum (Pers.), etc. Les espèces nouvelles pour la flore japonaise sont au nombre de 108, et les genres qui en ont le plus sont les Pertusaria, 16 sur un total de 23, et les Lecidea qui en ont 44 sur 90 énumérées. Il est tout à fait digne de remarque qu’un de ces Lichens nouveaux, le Lecanora xan- thophæa Nyl. a été récolté presque en mêmet emps dans l'Amérique du Nord, dans le territoire de Tennessee parle D. Calkins. Tous ces Lichens du Japon ont été recueillis en 1879 par le D° Almquist au retour de l'expédition de la Véga conduite par M. Nordenskiæld. Ce travail de M. Nylander est donc la suite de ses Lichenes Freti Behringii dont il a été question plus haut. Il y a ajouté quelques espèces qui avaient recueillies auparavant soit dans le Japon même, soit dans les îles Ogassawara, que nous appelions jadis îles Bonin, parce que les Japonais les avaient nommées Mou-nin, quand elles étaient inhabitées. Cette collection rapportée par M. Almquist est encore intéres- sante, parce qu’elle renferme beaucoup de Lichens saxicoles, lesquels font trop souvent défaut dans les récoltes de Lichens exotiques. De plus il ne s’est pas contenté. d'explorer le rivage de la mer, il a fait l'ascension de plusieurs montagnes et notamment du mont Foujiyama, qui lient le second rang pour l'altitude parmi les monts de l'empire japonais. Après être resié près d’un mois sur les côtes du Japon, du 25 septembre au 23 octobre 1879, la Vega continuant sa route vers l'Europe, s’arrêta trois jours, du 147 au 20 novembre, dans la petite île Labuan, située près de Bornéo. M. Nylander a énuméré à la suite de ses Lichens du Japon une par- tie de ceux qui ont été recueillis dans cette île. Mais comme il vient de don- ner une liste complète des Lichens de cette partie de l'Océanie, il n'y a pas lieu, pour le moment, de s’y arrêter plus longtemps. M. Muller (1) a revisé les Lichens récoltés sur des feuilles, par Beccari, dans l’ile de Bornéo, pen- dant les années 1866-1867. Ils avaient été déterminés par Krempelhuber et publiés en 1874 dans un petit opuscule que celui-ci fit imprimer par son fils. Sur les 24 espèces de Krempelhuber, 3 seulement ont paru, à M. Mul- ler, bien nommées; ce sont: Leptogium foliare Krempelh., Cœnogonium tenuiissimum Krempelh. et Platygrapha striguloides Nyl. C’est à tort que M. Muller attribue à Kempelhuber la paternité de cette espèce; elle appar- tient à M. Nylander qui l’a d’abord appelée ainsi, puis l’année même où paraissait le Mémoire de Krempelhuber il en changea le nom en P. strigu- lina et la décrivit dans ses Lichenes insularum Andaman p. 13. Quant au Cœnogonium, on peut se demander s’il appartient bien aux Lichens, car il est stérile. Une quatrième espèce, le Leptogium crispulum Krempelh., paraît douteuse à M. Muller, et enfin sur les 20 qui restent, il en fait passer 14 d'un genre dans un autre pour qu’ils puissent entrer dans sa classification, & lui semblent mal nommés et 2 sont relégués parmi les Champignons, de sorte qu'après la revision de M. Muller et les observations ci-dessus, une seule espèce, le Leptogium foliare, reste telle que Krempelhuber l'a faite. Dans quelques observations que M. Nylander a placées à la fin de ses Liche- nes Japoniæ, il décrit un certain nombre de Lichens appartenant à l'Améri- (1) 3. Muller : Lichenologische Beilræge (Flora, 1890). 36 © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. À que du Nord; quelques espèces avaient déjà été définies par Tuckerman, d’autres proviennent de l’herbier de M. Willey, l’auteur du Synopsis des Ar- thonia, et dans ce premier groupe on remarque un bon nombre de Pyre= nopsis. D’autres sont nouvelles, et parmi celles-ci on peut citer Lecanora aphanotripa Nyl., du Mexique; L. minutella Nyl., du Tennessee; Arthonia ochrodiscodes Nyl., de la Floride; A. viridicans Will., du Texas > Graphis s0- phisticascens Nyl., du Missouri; Verrucaria prospersella Nyl., des environs de | icago; V. concatervans Nyl. de la Floride, etc. Enfin M. Nylander donne la dénériphiort d’un Lichen singulier, le Sehizopélté Californica Th. Fr. qui ap- partient à un genre nouveau, lequel doit prendre place près des Roccella. M. Muller, avec ses Contributions lichénologiques déjà citées, nous conduit dans l’Amérique du Sud, où il étudie principalement des Lichens foliicoles récoltés dans le Brésil par Puiggari et Glaziou. Il a formé 4 genres nou- veaux : {1° Micrographa avec 3 espèces dont 2 nouvelles : M. abbreviata et M. anisomera, 2° Pycnographa avec une seule espèce qui est nouvelle : P. radians ; 3° Phyllobathelium qui n’a qu'une espèce placée auparavant dans le genre Bathelium; 4° Microtheliopsis dont l’unique espèce est nouvelle: M. Uleana. Puis un ancien genre de Fée, Aulaxina, a êté repris et 2 espèces Jui sont attribuéés : A. opegraphina Fée et A. velata. Muell. ; cette dernière est une nouveauté. M. Mueller place ce genre parmi les Xriograptéiss: et: en même temps il répudie complètement l’Echinoplaca epiphyllu Fée qu'il regarde comme étant le Lopadinm vulgare Mull. Parmi ces Lichens folii- … coles du Brésil, il s’est rencontré 14 espèces nouvelles que le savant liché- nographe de Genève décrit avec soin, pendant qu'il passe en revue quelques espèces anciennes de l’île de Cuba, de la Guyane, etc. Mais il est en désac- cord avec M. Nylander quand il indique le Parmelia gossypina var. filamen- tosa Mont. comme synonyme du Byssocaulon niveum Mont. M. Nylander re- connaît là 3 espèces : le Crocynia gossypina Ach., le Byssocaulon niveum Mont. et le Byssocaulon filamentosum Nyl. (1). M. Muller termine son article en rejetant parmi les Champignons quelques espèces comptées jusqu'alors parmi les Lichens et en donnant'la description de la fructification d’un nouveau Lichen végétant sur les feuilles, l'Orthidium. Sans sortir du Brésil, nous arrivons à un ouvrage qui fait une révolution complète dans la classi- : fication des Lichens. M. Wainio (2) part de ce principe que les Lichens ne se distinguent des Champignons Ascomycèles que par leur symbiose avec | les Algues. En effet, les différences que l'on regardait comme capitales entre les Lichens et les Ascomycètes étaient fondées principalement sur de 4 prétendues dissemblances de fécondation. Ainsi les spermaties- passaient pour les organes mâles de la fécondation des Lichens. M. Müller en les mn e _ tivant les a fait germer el a obtenu un thalle bien conformé. Les sperm ties ne sont donc que des conidies et M. Wainio les nomme des ppérotinisiet + Quant aux ascogones observés par Stahl dans certains Lichens où aux tri: … chogynes, ce ne sont pour M. Wainio que dés réservoirs nutritifs. Il propose donc de diviser les Gmnocarpes en RE ce et en PR et les Li (1) Voir abbé Hue : Lichenes exotici, 2) Ed. Wainio: Étude sur la la ci i cation naturelle et hologie des Lichens du Brésil. Helsingfors, 1890 ia ñ pins . et me sit suce 0e sans. "haute" ENS Le dcr CRETE REVUE DES TRAVAUX SUR LES LICHENS. 37 rénocarpes en Pyrénomycètes et en Pyrénolichens. Mais pour plus de clarté, il juge convenable d'adopter pour les Lichens la dénomination générale d’Ascophytes de Th. Fries, réservant celle d’Ascomycètes pour les Cryploga- M. Wainio ajoute les Lichens imparfaits, c’est-à-dire ceux qui se présentent ordinairement sans fruclification, comme les Cora, les Siphula, les Lepra- ria, etc. Un bon nombre des tribus appartenant aux Lichens n’ont aucun représentant parmi les Ascomycètes, tandis que d’autres comme les Buel- liées, les Lécidées, les Lécanactidées, les Graphidées, les Caliciées et les Pyré- nolichens, représentent un développement plus ou moins marqué de certains des groupes des Ascomycètes. Enfin les Lichens que l’on rencontre toujours dépourvus de gonidies comme les Lecidea resinæ Fr., Calicium parietinum Ach., Verrucaria epidermidis Ach., ou ceux qui sont parasites sur d’autres Lichens sans posséder de thalle propre, reçoivent le nom de Pseudo-Lichens. Quant à la distinction des espèces et à leur groupement, M. Wainio rejette complètement les classifications fondées sur l’aspect extérieur du thalle, car il n’est pas rare de trouver dans le même groupe naturel des Lichens qui ont un thalle foliacé ou fruticuleux et d’autres qui l’ont crustacé; par exem- ple, les Sphærophoron et les Calicium appartiennent au même gronpe ; il en est de même de l’Endocarpon miniatum et des Verrucaria. Il s’appuie pour établir une classification naturelle sur l'examen de la structure interne du thalle, des gonidies, des spores et des paraphyses; c'est pourquoi, pour ne citer qu’un exemple, les Physcia, qui pour M. Nylander forment une tribu distincte, sont réunis, pour les espèces à spores brunes, par M. Wainio aux Fyæine, Rinodina et Buellia dans la tribu des Buelliées. 1] serait trop long de reproduire ici toute sa classification; qu’il nous suffise de dire que les Dis- colichens sont partagés en trois grands groupes : 1° les Cyclocarpées qui renferment un très grand nombre de genres; 2° les Graphidées; 3° les Conio- sification par l'étude qu'il a faite au Muséum de Paris d’une collection con- sidérable de Lichens qu’il a recueillie lui-même, en 1885, au Brésil, dans les provinces des Mines et de Rio-de-Janeiro. Cette collection comprend 514 espèces ou sous-espèces dont plus de la moitié, 230, sont nouvelles. Dans ce nombre ne sont pas compris les Cladonia qui sont énumérés dans un travail spécial (1). Toutes ces espèces sont minutieusement décrites et leurs affinités sont indiquées ainsi que les réactions, De plus, de nombreux synonymes sont placés en tête des espèces déjà connues et souvent des er- reurs sont redressées. Le défaut d'espace ne nous permet pas de reproduire toutes les espèces nouvelles de M. Wainio; nous nous contenterons de citer les genres qu’il a créés : 1° dans les Stictées, le genre Pseudo-cyphellaria comprenant les espèces à fausses cyphelles des Sticta et Stictina de M. Ny- lander ; 2° les genres Leptodendricum, Lepidocollema, Leprocollema, Pterygio- (1) Wainio : a Cladoniarum universalis. Helsingfors, 1887 (le premier volume seul a paru). 38 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. psis el Calothricopsis dans les Collémées; 3° la tribu des Lécidées n’a qu'un 4 genre nouveau : Sphærophoropsis; 4o la 21° tribu des Cyclocarpées, Pilo- carpées, ainsi que son genre unique, Pilocarpon, a été créée pour renfermer la Lecidea lecoblephara Ny1., le Biatora tricholoma Mont.et les espèces qui leur sont alliées. Dans les Graphidées, qui sont la seconde section des Discolichens, nous ne trouvons qu’un genre nouveau: Acanthothecium, et dans la troi- sième et dernière section, Coniocarpées, se trouve indiqué un genre nouveau, Tylophorella, fait pour une partie du n° 2891 de la collection Lindig, de la Nouvelle-Grenade. M. Nylander a nommé ce numéro, Tylophoron modera- tum (1). Dans les Pyrenolichens, on voit d’abord le genre Coriscium fait pour le Normandina viridis (Ach.) Nyl., puis les genres Aspidothelium et As- pidopyrenium. Ne peut-on pas s'étonner que M. Wainio ait rencontré tant d'espèces nouvelles dans un pays relativement bien connu et qui a été par- couru par des explorateurs sérieux, tels que MM. Glaziouet Puiggari ? Il est incontestable que le nombre de Lichens nouveaux augmente chaque année dans des proportions considérables, mais il arrive aussi que les espèces: nouvelles d’un lichénographe sont regardées par un autre lichénographe comme étant des espèces déjà connues. En sera-t-il de même pour les nou- veautés de M. Wainio? Nous aimons à croire que non, et en Lou cas, son livre a un mérite réel, ÿ Il ne nous reste plus à parler que de deux publications relatives aux Li- … chens de l’Afrique. L'une est du! savant lich gue de Const ,M.Stizen- à berger, dont nous aurons à faire connaître l’année prochaine d'importants travaux (2). Il à réuni cette année les Lichens qui ont été observés dans l'ile de l'Ascension; il en compte 29, provenant principalement de deux collecteurs : le D* Wavra, dans le voyage de la corvette la Caroline, et le D'° Naumann dans l'expédition de la Gazelle. A ces récoltes, M. Stizenberger ajoute une espèce citée par le Rév. Crombie dans ses Lichens de l’expédi- tion du Challenger, deux qui sont citées dans le Synopsis Lichenum de M. Nylander et une qui se trouve dans la Lichenographia universalis d’Acha- rius, le Lecanora Adscensionis, mais d’après l’opinion de M. Nylander cette dernière espèce est Le Physcia Ægialita Nyl. La seconde publication est de M. Muller (3) et contient des Lichens de l’est de l'Afrique qui proviennent de trois sources : 1° du voyage que le lieutenant de vaisseau au service de l'Autriche, le chevalier von Hôhnel a exécuté de concert avec le comte Teleki dans le territoire de Leikipia, près de Kenia ét du mont Kilimand- scharo ; 2° des explorations faites par les voyageurs anglais les Révérends Hannington et Johnston et M. Last dans la contrée située entre le Victoria- Nyanza et la côte de Zanzibar ; 3° enfin de ceux que l'explorateur allemand, le D' Meyer a recueillis dans l'Usambara et sur les pentes du Kilimand- scharo. Toutes ces récolles ont donné à M. Muller 82 espèces, réparties en 34 genres, el parmi elles il a reconnu 14 espèces nouvelles. Mais pour les” Lichens de M. Meyer, ce n’était qu’une révision, car ils avaient été détermi- RTE PRE US Pr 1 4 ‘ : | (1) W. Nylander : Prodromus Floræ Novæ Granatensis, ed. 24, p. 1. (2) E. berger : Die Lichenen der Insel Ascension (Flora, 1890). (3) J. Muller : Lichenes Africæ tropico-orientalis (Flora, 1890). FRS REVUE DES TRAVAUX SUR LES LICHENS. 39 nés précédemment par M. Stein (1), inspecteur du jardin botanique de Bres- lau, mais si malheureusement, dit M. Muller, que beaucoup d'espèces nou- velles furent méconnues, et que la plupart des espèces regardées comme nouvelles appartiennent à des Lichens déjà connus. Ainsi des 5 nouveautés de M. Stein provenant du Kilimandscharo, 4 sont rejetées par M. Muller : le Stereocaulon Meyeri Stein est le St. ramulosum var. farinaceum Th. Fr. (ce- pendant M. Stizenberger dans sa Lichenæa africana, p. 23, regarde cette es- pèce comme bien nommée par M. Stein); le Ramalina Meyeri Stein est le R. polymorpha Ach.; l'Urceolaria Steifensandii Stein est l'U. scruposa var. cæsio-cinerea Mull., et enfin le Pyrenula Gravenreuthii Stein est le Melano- theca cruenta Mall. Pour les Lichens d'Usambara, M. Stein est plus heureux car M. Muller ne fait que changer de genre ses deux espèces nouvelles. Mais M. Muller a aussi revisé les Lichens du Congo également déterminés par Stein, et là le désastre est complet. En effet, sur les 8 espèces ou varié- tés présentées comme nouvelles par ce dernier, il n’y en a que 2 qui soient vraiment des nouveautés et encore ont-elles reçu des faux noms. Ainsi le Dimelæna Stanleyi Stein doit s'appeler Buellia Stanleyi Muell. et le Myxo- diction iemadophiloides Stein reçoit le nom de Helminthocarpon Congoense Mull. De plus le Lichen que Slein a regardé comme étant le Phæographis tortuosa Mull. est une nouveauté qui reçoit le nom de Phæographis para- grapta Mull. Enfin le Lichen des iles Philippines que M. Stein avait donné comme nouveau, le Psorothecium Schadenbergianum Stein, est simplement le Patellaria atro-rubricans Muell. (1) Voir Revue générale de botanique, t. II, p. 407. Abbé Hur. | REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 A DÉCEMBRE 1891 I. ANATOMIE DE LA CELLULE. 10. Constitution de la cellule. Un grand nombre de naturalistes, avec Nägeli et M. Pfeffer, identifient la structure de la substance vivante à Ja structure moléculaire; d’au- tres, comme MM. Berthold, Bütschli, Plateau, Quincke, etc., revenant à l'opinion des anciens auteurs, considèrent le protoplasma comme un simple liquide ou un mélange de plusieurs liquides; d'autres enfin, avec M. Brücke, regardent le protoplasma comme doué d’une organisation spéciale propre à la substance vivante. En partant des idées de M. Brücke, M. J. Wieser (1) vient de publier un important travail que l’on peut considérer comme l’ef- fort le plus considérable qui ait été fait depuis les publications de Nâgeli, pour expliquer à la fois la structure élémentaire et le mode de croissance de la substance vivante. . Après une introduction où se trouvent nettement et clairement exposés le but et les tendances de l'ouvrage, un chapitre est consacré à la critique ‘ approfondie des recherches entreprises jusqu'ici sur le même sujet. La plus large place ést faite, on le concoit, à la théorie des micelles de Nägeli qui a eu, en Allemagne du moins, sur les recherches d'anatomie et de physiolo- gie végétales, une influence siconsidérable qu’elle les domine pour ainsi dire presque toutes. On sait que, d’après Nägeli, les substances organisées sont formées de corpuscules cristallins doublement réfringents, les micelles, libres de toute adhérence, mais placés régulièrement les uns à côlé des autres. A l’état humide, les micelles par suite de leur attraction plus grande pour l’eau que pour eux-mêmes, s’entourent d’une enveloppe liquide; l'attraction des micelles pour l’eau est en raison inverse des dimensions de leurs axes, A l’état sec, les micelles se touchent. La croissance des substances organi- sées résulte, d’une part de la croissance des micelles et. d'autre part de l'in- tercalation de nouveaux micelles entre ceux qui existent déjà. Les micelles s’accroissent par apposilion comme les cristaux et ils naissent pour ainsi dire spontanément à la façon des cristaux, de sorte que le processus (1) 3. Wiesner : Die Elementarstructur und dus Wachsthum des lebenden Substanz, n-8, 284 p., Wien., A. Hôlder, 1892. x 42 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tout entier de la croissance est une sorte de cristallisation. Nâgeli invoquait | à entre autres faits empiriques favorables à sa théorie, la réaction des membranes végétales, des grains d'amidon, des cristalloïdes protéiques, vis-à-vis de la lumière (double réfringence, elc.), et la striation des mem- ! branes et des grains d’amidon. Or, MM. Brewster et von Ebner ont démontré que des influences variées, pression, tension, etc., sont susceptibles de mo- difier les propriétés optiques des membranes végétales; il paraît donc super- flu de faire intervenir une structure micellaire, Nägeli attribuait la striation des membranes des grains d’amidon à l'existence de couches alternativement riches et pauvres en eau, existence qu’expliquait facilement l'attraction iné- gale des micelles pour ce liquide. D'après Nâgeli lui-même, la striation devait dès lors disparaitre par la dessiccation, Or il résulte des observations de M. Wiesner que la striation ne disparait jamais complètement, et que dans certains cas même elle devient plus apparente. Nous renvoyons au mémoire pour la suite de cette discussion dont Ja conclusion est que les théories ba- sées uniquement sur les lois de la physique moléculaire ou sur les propriétés des liquides sont impuissantes à expliquer tous les processus vitaux. Passant ensuite à l'exposition de sa propre doctrine, M. Wiesner pose d’abord comme un axiome que dans l’intérieur d’un organisme, le vivant nait toujours du vivant, l’organisé de l'organisé. Toutes nos connaissances, ; dit-il, nous prouvent qu'un noyau, un grain de chlorophylle, etc., ne se fors ; ment jamais spontanément aux dépens de simples substances chimiques : sucre, Corps gras, albuminoïdes, etc. L'auteur montre ensuite l'importance de ladivision dans la vie des plantes et des animaux qu’elle dorhine pour ainsi à dire. Les organes se développent par suite de la division des cellules, les cellu- … les résultent de la division d’autres cellules, les noyaux de la division d'autres noyaux, et la division s’observe autant que nos moyens d'observation nous … permettent de leconstater dans toutes les petites individualités organisées que l'on trouve dans l’intérieur des cellules, grains de chlorophylle, leucites, etc. Dès lors l'opinion que la division se retrouve dans des parties vivantes de la cellule que nos moyens d'investigation ne nous pérmettent pas d'atteindre lui parait absolument justifiée. Comme on ne connaît pas dansl’organisme d'au | tre mode de nouvelle formation de substance vivante que la division, à moinS … d'admettre la génération spontanée du vivant aux dépens de l'inerte, on est conduit, dit M. Wiesner, à admettre comme une nécessité logique que de : protoplasma ne saurait sans division intérieure se régénérer. Lorsque, par :. exemple, une cellule de méristème s’est divisée plusieurs fois et qu'elle à ainsi multiplié sa substance vivante, cette nouvelle formation de protoplasma est le résultat d’une division intérieure. Il résulte de cette argumentation que les parties vivantes de la cellule sont … formées de petites individualités organisées qui possèdent la propriété de À se multiplier par division. Mais si ces individualités se divisent, elles doivent | s’accroitre, et si elles s’accroissent, elles doivent assimiler. Dès lors la sub$- À tance vivante doit consister en un ensemble de petites individualités possé- | dant la propriété de se diviser, de s’accroiître et d’assimiler dans le sens le plus large du mot. M. Wiesner donne à ces individualités le nom de plasomes. D nu jo à ; F 4 ’ “ 4 1 ; REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 43 Le dernier organe élémentaire de la plante n’est donc pas la cellule, mais le plasome; la cellule est par rapport au plasome un véritable orga- nisme. La loi de l'unité dans la structure interne dela plante ne se trouve pas pour cela altérée, seulement le plasome remplace la cellule comme plus simple élément de l’organisation. Les plasomes s'unissent entre eux comme ‘s'unissent les cellules d'un tissu, cette union s’effectuant sans doute de façons très diverses, mais toute- fois de telle sorte que les plasomes soient en contact au moins partielle- ment avec les liquides cellulaires. De même que les cellules d’une plante dif- fèrent les unes des autres par leur structure et leurs fonctions, de même les plasomes d’une cellule se différencient de façon à s’adapter aux diverses manifestations de son activité. Cette différenciation peut être extrêmement faible chez certainsorganismes unicellulaires ; il en est d’ailleurs de même parfois chez les plantes supérieures où l’on peut voir l’ensemble des plasomes d’une cellule aboutir none ses à la sole d'une meta fines di- quel- verses, vaisseaux, etc ) Li ur former des individualités plus élevées, par exemple des vaisseaux, les: plasomies peuvent ense fusionnant donner naissance à des individualités d'ordre supérieur, membrane cellulaire, noyau, corps chlorophylliens, etc. De même que dans les tissus vivants des cellules peuvent disparaître par une sorte de dissolution, des plasomes peuvent dans des parties vivantes de la cellule se dissoudre et ainsi s’éliminer complètement. La croissance du protoplasma, du noyau, de la membrane cellulaire et en général de toutes les parties organisées de la cellule s'effectue de la même manière que la croissance d’un organe multicellulaire ; de même que la croissance de l'organe résulte de l'accroissement et de la multiplication de ses cellules, la croissance de la cellule est la conséquence de l’accroisse- ment et dela multiplication de ses plasomes. Le plasome s’accroit par absorption de matières dissoutes qui pénètrent dans sa masse conformément aux lois de la diffusion et y sont assimilées. L'existence des plasomes ne saurait être démontrée par l'observation di- recte mais se déduit des phénomènes vitaux comme celle de l’atome et de la molécule des phénomènes chimiques et physiques. De même, dit l'au- teur, que la molécule représente la plus petite quantité de matière qui puisse exister à l’état de liberté et l'atome la plus pelite quantilé de matière qui puisse entrer en combinaison, le plasome représente le plus petit corps de l'organisme qui soit apte à la division, à la croissance, à l'assimilation. Le travail se termine par un certain nombre de considérations d'un très grand intérêt ayant pour but de rattacher la théorie des plasomes aux théo- ries actuelles de l’hérédité, de l’origine et de la durée de la vie. Nous ne savons quel sort les progrès futurs de la science réservent à la théorie de M. Wiesner, mais cette théorie a du moins le grand mérite, en dehors de sa haute valeur spéculative, de n’ètre en opposition avec aucun fait, d'en expliquer la généralité et de s'appuyer sur un ensemble de données qui paraissent aujourd'hui définitivement acquises. C’est ce qui fait sa grande supériorité sur les théories physico-moléculaires qui sont toutes plus ou moins en désaccord avec les faits et reposent sur une base absolument 44 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. inconnue la structure moléculaire. M. Wiesner ouvre en outre aux chercheurs! une nouvelle voie qui ne saurait manquer d’être féconde en résultats. M. Azruanx (1), à l’aide d’une technique spéciale, aconstaté l'existence dans le protoplasma et le noyau de corpuscules arrondis extrêmement nombreux w (granula) qu'il considère comme représentant les organes élémentaires de la cellule, et qu’à ce titre il désigne sous le nom de bioblastes. Les bio- blastes ne sont pas identiques aux plasomes de M. Wiesner, mais sont for- més de plasomes; ces derniers échappent par leur petilesse à nos moyens | d'observation. Tandis que pour M. Wiesner, les organismes inférieurs, les bactéries, par exemple sont des colonies de plasomes, pour M. Altmann, une bactérie représente un seul bioblaste ou comme il dit un autoblaste ; les cellules des organismes supérieurs sont des colonies de bioblastes, ou par opposition de cytoblastes, plongés dans un liquide indifférent; dès lors une … de ces cellules correspondrait à nne zooglée de bactéries. Les bioblastes d’après l’auteur se multiplient par division; toutefois M. Altmann ne re- pousse pas l’idée d’une genèse spontanée de bioblastes aux dépens du li- quide ambiant, bien qu’il la considère comme invraisemblable. Il est disposé . à admettre que les bioblastes sont de nature cristalline. Il serait remar- … quable qu’il n’en fût pas ainsi, ajoute-t-il, car la nature ne se présente pas sous deux aspects différents, elle n’a qu’une loi qui domine tout, le vivantet le mort. En employant les méthodes de coloration signalées par M. Altmann, ; A. Zimmermann (2) a lui aussi observé les granula dans les cellules . sägétaless Mais il se préoccupe peu de leur signification comme organes élémentaires ; il cherche surtout à montrer leur importance dans les échan- ges de matière. 2° Multiplication cellulaire et fécondation. On sait Sd D que, pour une espèce végétale donnée, les noyaux sexuels qui doivent s’unir dans l’acte de la fécondation, renferment un nom- . au point de vue dela transmission des propriétés héréditaires. On sait aussi queles noyaux de l'embryon possèdent un nombre de bâtonnets chromatiques … qui est exactement le double de celui des noyaux sexuels. Dans le Lis, par . exemple, il y a 12 bâtonnets dans les noyaux sexuels, tandis qu’on en compte vingt-quatre dans les noyaux des tissus embryonnaires. Il se fait donc, au cours du développement, une réduction de moitié dans le nombre des élé- | ments chromatiques. Mais à quel moment et de quelle façon a lieu cette . réduction, dont la nécessité est facile à concevoir puisque sans elle ces élé- . (1) R. Altmaon : Die Genese der Zee (Fetschrift für Carl Ludwig, Leipzig, 1887); | — Die Structur des Zell erns Es v für Anatomie uad Physiologie, 1889); — Leipzi ismen (2) A. Zimmermann : Be es zur nn und Physiologie der Mes selle Heft, 1, Tübingen, 1890. ? EU CRU TV M ue Tee dt TER Men et LUN REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 45 ments iraient sans cesse en augmentant à chaque fécondation ? Des recher- ches faites par M, L. Guicnarp (1), en particulier sur les genres Lilium, Fritillaria, Tulipa, Allium, Alstræmeria, Listera, il résulte que la réduction du nombre des bâtonnets chromatiques se produit tout d’un coup, à la même phase, dans l'organe mâle et dans l'organe femelle ; elle se manifeste au moment de la première bipartition du sac embryonnaire ou de la cellule mère du pollen. Divers observateurs, parmilesquels MM. E. Van Beneden, Boveri, Vialleton, Garnault, Vejdowski, Henneguy, Flemming, etc., ont signalé dans les cel- lules animales l'existence de deux corpuscules qui au moment dela division du noyau servent de point de départ à la formation des asters: on les dési- gne sous le nom de sphéres attractives. M. Guignard a retrouvé ces formations dans les cellules végétales, aussi bien pendant la division du entourée d’une zone transparente limitée elle-même en dehors par une cou- che granuleuse. Au moment où le noyau va entrer en bipartition, les sphè- res attractives s’écartent progressivement, et vont se fixer en deux points diamétralement opposés; elles prennent alors des stries radiaires et c’est d'elles que mt ensuite en ri em hd nt PAIE RONSS qui se re- constituer le fuseau nucléaire. La bipartition longitudinale des bétonnets chromatiques étant opérée, avant même que les deux nouveaux noyaux se soient complé- tés par la formation d’une membrane propre, chaque sphère attractive se divise en deux et deux nouvelles sphères accompagnent ainsi le flanc externe de chacun des nouveaux noyaux pendant toute la durée de sa période de repos. Ces corpuscules, que M. Guignard propose d'appeler sphères directri- ces, puisqu'ils gouvernent la division du noyau, se transmettraient donc sans discontinuité d’une cellule à l’autre pendant toute la durée de la plante. La transmission ininterrompue des sphères directrices de cellule à cellule, quelle que soil la nature de l'organe considéré, donnait à penser que le noyau de la cellule mâle chargé d'opérer la tébbndätiof doit être, comme celui de la cellule femelle accompagné de deux sphères directrices. M. Gui- gnard a vérifié le fait dans le Lis Martagon et la Fritillaire. Après son entrée dans le tube pollinique, la cellule génératrice du grain de pollen est fusiforme et pourvue Œun protoplasma propre et différencié; elle présente à l’un de ses pôles deux sphères directrices. Lorsque cette cellule se divise pour donner conformément à la règle générale chez les Angiospermes, deux nouvelles cellules libres, le grand axe du fuseau nucléaire est rit à Sur la nature morphologique du phénomène 2 la fécondation (Comptes ondus t. CXII, n° 23, 8 juin 1891). 46 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. à ! celui du tube pollinique ; après celte division, celle des deux cellules qui est 1 ja plus rapprochée de l'extrémité du tube a ses sphères directrices en avant du noyau, là où se trouvait le pôle antérieur du fuseau nucléaire ; par conséquent, au moment où cette cellule qui est seule chargée d'opérer la FA fécondation, pénétrera dans l'appareil femelle, les deux sphères directrices | qu’elle possède précèderont le noyau qui a recu le nom de noyau mâle. Avant la fécondation, le sac embryonnaire produit, comme on sait, huit oyaux disposés en deux tétrades, l’une au sommet, l’autre à la base. Dans la tétrade du sommet, les deux noyaux qui appartiendront aux synergidesse forment dans un plan horizontal ; les sphères occupent donc la face laté- rale et externe de chacun d’eux. Les deux autres noyaux naissent au con- traire dansun plan vertical; le plus élevé appartiendra à l’oosphère, et seul, interviendra dansla fécondation; les deux corps directeurs qui lui corres- pondent vont se placer au-dessus de lui. Dès lors, au moment où la cellule mâle pénètre dans la cellule femelle, le contact s’établit d'abord entre leurs sphères respectives qui s’accouplent deux à deux ;;puis lesdeux sphères, ainsi constituées chacune par deux éléments d’origine différente, s’écartent l’une de l’autre pour permettre aux noyaux de s’unir à leur tour. Il résulte donc de ces données que le phénomène de la fécondation consiste non seulement … dans la copulation de deux noyaux d’origine sexuelle différente, mais aussi - dans la fusion de deux proltoplasmes également d’origine différente, repré= sentés essentiellement par les sphères directrices de la cellule mâle et dela : cellule femelle. Ces résultats sont analogues à ceux que M. Hermann Fol avait précédemment observés chez un Oursin, le Sérongylocentrotus lividus; … le phénomène fondamental de la fécondation serait donc essentiellementle même chez les plantes etchez les animaux. M. Van Tiecueu a donné le nom général de leucites à tous les corpuscules de forme déterminée et de composition albuminoïde qui existen avec les noyaux dans le protoplasme constitutif des êtres vivants, continu ou cloisonné en cellules, qui s’y multiplient par bipartition comme les noyaux et qui ont, en conséquence, Llout aussi bien que les noyaux une origine indépendante du protoplasme. M. Van Tieghem (1) propose d’appeler leucites directeurs ou pour abréger tinoleucites les sphères directri- ces des cellules végétales. - 3° Protoplasma. M. Prerrer (2) a étudié, après un grand nombre d'auteurs, parmi lesquels MM. de Bary, Cienkowsky, Van Tieghem, Velten, Wakker, etc., le méca- nisme de l'absorption Là de AL des Q0rps solides par le protoplasma. Il a pris } I deChondrioderma radar (1) Ph. Van tes: Sur les tinoleucites Uodraal de Botaiigés, 5° année, n° 12 1er avril 1891, p. 10 -(2) Pfeffer : Ueber Aufnahme und Ausgabe Ste Kôrper done y der mathematisch-phys sischen Classe der kônigl. . Gesellschaft der Wissenschaften, Bd. XVI. p. 149-184, 1890). ie à Pate Se 2 à D NS a St FAPNNE AS $ FOR LC ie j À REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 47 L'auteur a constaté que le plasmode absorbe avec la même facilité les corps les plus divers, vivants (Pleurococcus, Diatomées) ou inertes, solubles (cristaux d’asparagine, de vitelline) ou insolubles (grains de quartz, de donc dépourvu soit de sensibilité chimique, soit de sensibilité au contact ou au choc. Les corps étrangers pénétreraient mécaniquement dans le plas- mode par leur propre poids ou à cause de la résistance qu'ils opposent à sa progression. La sortie des corps absorbés paraît d’après l’auteur, s'effectuer sous l'influence des mêmes causes; elle a lieu après un temps variable (24 heures à 4jours) sans que l'on puisse observer de différence spéciale entre les substances indifférentes (quartz, carmin) et celles qui peuvent ser- vir à la nutrition du plasmode; ces dernières d’ailleurs peuvent avoir été partiellement dissoutes dans leur passage à travers le plasmode. A l’aide de réactifs appropriés, M. Pfeffer a pu déterminer, dans des cel- lules pourvues d’une membrane, la précipitation de cristaux ou de granula- tions de nature diverse; il a vu ensuite ces corpuscules Lantôt passer du suc cellulaire dans le plasma environnant, tantôt suivre la marche inverse. C’est ainsi que dans les poils radicaux du Trianea Bogotensis, l’auteura vu de petits cristaux d’oxalate de chaux passer d’une vacuole dans le protoplasma et retourner ensuite dans le suc cellulaire. Ces observations sont particu- lièrement intéressantes en ce qu’elles montrent, contrairement aux idées reçues, que la présence d’un corps figuré dans une certaine partie du contenu cellulaire ne prouve pas nécessairement qu'il s’y soit formé. D'après M. H. de Vries et son école, la membrane plasmatique, c’est- à-dire la mince couche hyaline qui limite le protoplasma cellulaire ou les corps protoplasmiques nus, serait un véritable organe indépendant du protoplasma au point de vue génélique et comparable par exemple au noyau ou aux leucites, c'est-à-dire que celte membrane proviendrait tou- jours par croissance et par division d’une membrane plasmatique préexis- tante. M. PrFerrer (1) ayant séparé de la partie centrale de plasmodes de Chrondrioderma difforme quelques-unes de leurs ramifications, a toujours vu une portion de membrane se différencier au niveau de Ja section, aux dépens du protoplasma granuleux eten apparence par simple retrait des granula- tions. En fusionnant des fragments de plasmodes, il a d’ailleurs pu déterminer la transformation inverse. Pour M. Pfeffer, la nature protéique de la membrane plasmatique n’est pas absolument démontrée, mais il repousse l’hypothèse de M. Quincxe (2) d’après laquelle cette membrane serait de nature huileuse. D'après M. H. de Vries et ses élèves, en particulier M. Went, jamais une vacuole nese formerait spontanément au sein du protoplasma ; les vacuoles nouvelles proviennent toujours de la division de vacuoles déjà existantes. Dans le même mémoire, M. Pfeffer fait connaître les méthodes qui lui ont 1) W. Pfeffer : Zur Kenntniss der Plasmahaut und der Vacuolen nebst Bemer- kungen über der Aggregatzustand des Protoplasmas und über osmotische Vorgänge (Abhandlungen der mathematisch-physischen Classe der kônigl. Sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften, Bd. XVI, p. 187-344, 1890). (2?) Quincke : Annalen der Physik und Cherie, N. F. Bd. xxxv, p. 627, 639, etc. 48 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. permis de provoquer pour ainsi dire à volonté dans le protoplasmala for- . mation spontanée de vacuoles. Des plasmodes de Chondrioderma difforme sont placés dans des solutions saturées de substances inoffensives : asparagine, . gypse, vitelline, phosphate de chaux, bleu de gentiane, etc.; des fragments e la substance dissoute étant ajoutés à la solution, les plasmodes en absor- bent un certain nombre ; les plasmodes étant ensuite apportés dans l'eau - pure, par graduelle dissolution des fragments absorbés, il se forme une va: cuole autour de chacun d'eux (fig. 1 et 2). En outre, ‘une vacuole prend tou w 5 —————— Dre © » 3 so té à sr ” Fig. 1. — Portion de plasmode de Chon- Fig. 2: — - Portion de plasmode une heure 1 drioderma difforme, renfermant un aprè de fragments d’aspa- . fragment d’asparagine n’ayant pas en- re chacun des fragments absorbés | core déterminé la formation d’une v a donné naissance à une vacuole ; l'un cuole (d’après Pfeffer). d’eux est complètement dissous dans la vaeuole qu'il a formée (d'après Pfeffer). jours naissance par introduction au sein du protoplasma d’une goutteletle d’une solution aqueuse, Les vacuoles artificielles peuvent se former en des points quelconques du protoplasma et ne se distinguent en rien des vacuo- les normales ; comme ces dernières, elles sont limitées par une membrane hyaline ; les propriétés vsmotiques des unes et des autres sont identiques; . eomme les vacuoles normales, les vacuoles artificielles sont susceptibles de multiplier par division et de se fusionner. L'auteur a mème vu des va- euoles artificielles se fusionner avec des vacuoles normales. La formation _ vacuoles paraît être d'après M. Pfeffer un shendiabdé 4 purément physique car des vacuoles peuvent [apparaître dans des plasmo- des rein L'auteur pense que des différences locales mn 4 sont susceptibles de déterminer la production d'une vacuole. LS (A suivre.) A. PRUNET. / “4 CN Ga w RS, “ à me = JrX ; xs ; ” NE NS ME 7 Sen MAN a EUR Ur DRATATE PAR AC DENCAN mr AT UNS) x 2h ai lans e PRES 0 3 Puféur Se: . AE ; CR ÿ à " Prat A YF 1 AU RES Des fi = D: RCA TRE CRE Nb È LOIRE NCING NOUS FÉ PIRE VA A DIE Dre RTS Ÿ dar . EVA sea é ARE 4 PCR p' g LUN we = A Ne N . où Ce LS é À à x d PA ANSE RNURS TE d RE AREA AR RE NT Ah VE an x LNH EN ] o ON MZ À Ce PE) : ; : den € NS 5 RSC DE É, re : CUNANNSRT © RDA CRUE SGEN ju X FA + ENT k PS A Tw A À Ty ECTS SE je SAN 4 7 NA 4 la EE CR / Le D ® Mo RES, > LG: FA ; CPE gue LA CL " CPS À à SNS RL Y ce RTE 2 1 INT AN CSA CR D gi AD IA RAA base NS 7 4 = EL : & LE # ; ; s f æ : Ke, \ ONCE LTN ap NE % “ e \ LA) . EAU AAA s RS Aooue que Ne PS À Ptanche à e Fe cn “ 2, 5 a — LE 2 A ee E) e cs " ice ARS) 20 7 FT =: 8! ' S ie À ns REZ Ê KX Rs KO Ki FLD XF [LS Co ON RTS END je - Se . FA ES on RU re 7 %, 20 Es Si æ, & (4 “ se D À Ÿ Se ie LA \X D S EXT 1 Se S PT A 0) es (No 7 ee pe gs Us SEEN ee Le TASER ; NX € ee Lo E © do & #, G e, . KE à Ke ; % \ d É EX KE) RATE 5e at {77 2 44 à ve ETS AT Lee, LL33 Sais ES À ù Lo CRISE LC A Lez 17 ù 2 >, EN des sie ESA ESA ee tes ERP NT RO PPS Dre Grecs IN RIRE s RSS ARS LS en See KR RER F4 Ce V4 << 7 a NET TN LS is ÿ N S < > ex < ss ASS Ne ape ja X 7 PS a as CR LE LA Le A D SA Se RSS |? XC X ie ES se à 9 re DK RE 2 PE Le D A gi LES Scies es FT F. REA AIS “au CTLTS 6 LAC HAE RIRES NA PAP YTOS LÉ SE RS meteo < PRTASCE NT NES NC La A fe KO) PRRRORE SR 7 Ke LE] TIRE ge BANC SE Laine ie à , ARR & a Lave frere Fetes de EAN ta NLEN ER OEL 7) Cr Cr ONE NRA ATX Poe LENS BIRT SR DANS A PSS RSR De SUR UNE ÿ AC EURE Le ARR VAN ES LES SO AE SE D 6 PR CZ PRET ARTS RSS Es ER + US REA « PE ANT MST ROSE CT) SEM ba XXI APRES AE LE EL CEE CZ De LCA 7 HN (4 SAS CRC DERNIER SORT OT RSA , + Fes BR CEE OR OS as aber RS I ke N Se 2 x) ÉRETA CESR ES reg 0e Ses eus SR ON AREA SRE MSA ZE OS U En RE À NO) F4 Se CRE SR ER ER ARE TEE EU (SLREN ep ae > Es NC SZ ER TENNS RATER AT LAON Z LÉ > pe € a ‘ar, FF ee: LES SIT TR TO KY DAS KES RSC EX Me ÉRRES ERSS : CASA REX SD RC nge C BSD ST ON EN OS TSS) See e EC RRSNER ae SRE S Se TatUu rame CDR GARE SE POLE ETES LR? 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Ÿ> Ge L SES PS Or PUS ET 2 C “: be za # 94 LE D Tome À Planche 8 de ac, CD LH} RE a À S Be SAS K E EEE ÿ 3 USE PSS CA É # re, y s)7] RONA E TE ROLE EX RTS 2 CES PAT ÉÈ nt 020 r] ÿ $ Es (£ RENÉE LR RH À F: es À K/ LE Le PAR ÉD ee SNS | RS rad | RE EE, RENE] PL El _ Quereus Mirbecki Dur. NODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABOXNEMENT La Revue générale de Botanique parail régu- lièrement le 15 de chaque mois, et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d’abonnements, mandats, etce., à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou modernes dont il est fait mention dans la /evue. Adresser tout ce gui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 7, rue Amyot, Paris. Îl sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires Où notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue générale de Botanique, Les auteurs des travaux insérés dans la Æevue générale de Bota- = fique ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. À Rd Eu PTT TEÉt vire nr LT à * RS CR ON PRET DT EE CUS ea REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 février 1892 N° 38 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES ee . PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR As re 52, RUE DES ÉCOLES, 92 EN FACE DE LA SORBONNF LIVRAISON DU 15 FÉVRIER 1892 Pages. I. — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS (avec planches), par ME. Henri Jumelle................. 49 IH. — SUR L'ANALYSE PHOTOGRAPHIQUE DES MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX, par MME. Dewèvre et E. Bordage. 65 I. — REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE VÉGÉTALE, parus de juillet 1890 à décembre 1891 (avec figures dans le texte), par M. A. Prumet (suife)..............:....... ee PLANCHE CONTENUE DANS CETTE LIVRAISON : PLANCHE #. — Recherches physiologiques sur les Lichens. Cette livraison renferme en outre huit gravures dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième page de la couverture, RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS Par M. Henri JUMELLE (1) INTRODUCTION. Depuis que les travaux de Schwendener, confirmés par un grand nombre de recherches ultérieures, nous ont fait connaître la véritable nature des Lichens, ces plantes peuvent être con- sidérées comme formant une des classes les plus curieuses du règne végétal. Jusqu'à une époque encore peu éloignée, un Lichen était regardé comme un être ayant une individualité propre, voisin des Champignons par la structure générale de son thalle et son mode de reproduction, s'en séparant toutefois par la présence, au milieu de ses filaments incolores, de cellules vertes ou gonidies. De Bary (2), le premier, émit l’idée que l'organisme ainsi (1) Ce travail a été fait au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé par M. Gaston Bonnier, $ mms des sciences a décerné au présent Mémoire le prix Montagne, au Concours de 1891. : * 2) De Bary : Ueber die Keimung einiger grosssporigen Flechten (Pringsheim's Jahrbücher, 1866 et HS — Morphologie und Physiologie der Pilze, Flechten, uñd Myxomyceten. Leipzig, 1866. On attribue assez généralement à OS de r À tro idée de la théoric 4 Schwendener. Nous n'avons pu, pour notre par r trace d ication Ungsgeschichte der Hag ciliaris re 8 Zeitung. Oct. 1853). — Zur Ana- tomie und Enckelumggeshiehte ag Parmelia À cetabétibn: (id., juillet, cale Dans l'an et l'autre de ces mémoires, l'auteur races pe au contraire, qu'il est hors de doute que la gonidie provient res ras dont elle peut, à un moment donné, se per en üglement. Car, dit-il, admettre pour la gonidie une formation libre, indépendamment du filament, ce sérait supposer un fait absolument sans analogue dans toute la physiologie végétale. Rev. gén. de Botanique. — IV. # 50 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. constitué de deux éléments différents, l’un privé, l’autre pourvu « de chlorophylle, pouvait bien n'être que l'association de deux êtres distincts, unis par parasitisme. À l'appui de son hypo- thèse, l’éminent botaniste attirait l'attention sur les ressem- blances de forme que l’on peut observer entre les cellules vertes, isolées ou groupées parmi les filaments du thalle incolore; et certaines Algues inférieures. Le Lichen serait alors simplement un assemblage d’Algues déformées par l'introduction, dans leur substance, d’un mycélium étranger, qui les attaquerait | comme les Urédinées attaquent certains végétaux supérieurs, les Euphorbes par exemple. Mais ce n’était là qu'une simple hypothèse, basée sur aucun fait précis, et De Bary ajoutait aussitôt que le Lichen pouvait bien être encore un état plus développé, et fructifié, de végé- | taux dont les formes inférieures et incomplètes seraient ran- gées parmi les Algues. Entre ces deux hypothèses possibles, De Bary restait indécis. Schwendener (1) opta pour la première et s’attacha à la démon- | trer. Les principales raisons qu’il fit valoir sont les suivantes : 1° On n’a jamais observé d’une façon certaine aucun rapport d’origine entre les gonidies et les cellules filamenteuses du thalle; on n’a considéré un tel rapport comme réel que sur des relations anatomiques; 2° Les membranes des gonidies, relativement à leur compo- sition chimique, se distinguent complètement des membranes propres aux filaments; les premières réagissent comme le tissu des Algues, les secondes comme celui des Champignons; 3° Les diverses formes de gonidies, en ce qui concerne leur | structure et leur mode de multiplication, correspondent à | autant de types d’Algues unicellulaires et d’Algues filamen- | teuses, de sorte qu’une gonidie isolée ne peut, souvent, Sê (1) Schwendener : Ueber die wahre Natur der Flechten (Verhandlungen âer : schweizerchen naturforschenden vu Maé ad 1887). — Unt dr Flechtenthallus (Nägeli: Beiträge zur wissenschaftli chen Botanik, 1868). — Deber die Beziehung zwischen Algen und Flecht onidien (Botanische HE mr 1868)- Die Algentypen der a gt on 1869. — Erürterun ng zur Gonidi "et : t 15). | (Flora, 1872, n°5 11,12, 13e 5 + RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 51 distinguer de l’Algue correspondante. Ainsi, à la plupart des Lichens. hétéromères (Usnea, Evernia, Physcia, Imbricaria, Parmelia, etc.) correspond le genre de Palmellées Cystococcus ; à quelques autres Lichens hétéromères, le genre Pleurococcus; aux foccella, le genre Exococcus; aux Omphalariées ainsi qu'aux autres Lichens à gonidies d’un bleu verdâtre, divers représentants de la tribu des Chroococcacées, notamment le Glæocapsa ; aux Collémacées à gonidies en chapelets, le genre Nostoc ; à l'Ephebe et aux genres voisins, le genre Sfigonema ; au Cœnogonium et aux Cystocoleus, une Algue filamenteuse du type Conferve; aux Graplus, Opegrapha, etc., le genre Chroolepus ; £° Si, dans les recherches antérieures à celles de l’auteur, la Sermination des spores de Lichens n’a pu être poursuivie bien loin, c’est peut-être, précisément, par manque du concours des Algues nécessaires ; ÿ Entre les Lichens et les Pyrénomycètes on observe, à l'égard du développement des spermogonies et des conceptacles où apothécies, une concordance remarquable, et l'on ne pour- rait tracer entre les deux aucune ligne de démarcation, sans faire intervenir les gonidies. C'était en 1867 qu’à la suite de ces différentes remarques, Schwendener établissait cette théorie de l'association lichénique, à laquelle son nom reste attaché. Depuis cette époque, les travaux sur le même sujet se sont multipliés. La question, en effet, offrait un trop réel intérêt pour ne pas susciter aussitôt, de la part d’autres botanistes, de nouvelles recherches, d'autant plus nécessaires que bien des points restaient à éclaircir, bien des preuves à fournir par les méthodes les plus variées, avant qu'un fait aussi particulier pût être définitivement admis. Tout d’abord, dès 1868, MM. Famintzine et Baranetzky (1) Constatèrent que les gonidies des Lichens hétéromères tels que les Physcia, les Evernia, les Cladonia, les Peltigera, et des (1) Famintzine et Baranetzky : Zur Entwickelungsgeschichte der Gonidien und Zoosporenbildung der Flechten (Mémoires de l’Académie de Saint-Pétersbourg, 1868). pe netky : Beiträge zur Kenntniss der selbstandigen Lebens der Flechtengonidien (Pringsheim’s Jahrbücher, 1869). 52 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. "1 1 Lichens gélatineux tels que les Collema, sont capables de vivre d'üne vie tout à fait indépendante, en dehors du thalle du Lichen, et mème de donner des zoospores, tout comme les Algues unicellulaires. Ces zoospores, d’ailleurs, d'après des observations plus récentes de M. Woronine (1) faites sur les gonidies isolées du Parmela pulverulenta, ne produisent jamais, en germant, ni filament, ni hyphe, mais donnent continuellement naïssance à de nouvelles colonies de jeunes gonidies ou, ce qui revient au même, à de jeunes individus de l’Algue unicellulaire du genre Cystococcus. M. Rees (2), d'autre part, én 1871, démontrait que, quoique les thécaspores du Collema glaucescens germent dansl'eau, cepen- dant le développement ultérieur de leurs tubes germinateurs en véritable mycélium n’a lieu que dans le cas où ces tubes pénè- trent le tissu mucilagineux de jeunes exemplaires du Vostoc liche- noides. Dans le cas contraire, les jeunes hyphes périssent bien- tôt. Pour qu’un nouveau Lichen se forme, il serait donc de toute nécessité que le filament issu de la spore d’un autre Lichen ren- contrât et enveloppât des Algues ou colonies d’Algues. C’est surtout deux ans plus tard que ce fait fut bien mis en évidence, dans sa généralité, à la suite des recherches de M. Bornet (3). Après avoir isolé et déterminé spécifiquement les Algues qui entrent dans la composition d’un grand nombre de Lichens, M. Bornet, non seulement observa et décrivit l’enve- loppement progressif de l’Algue par l’hyphe, mais précisa les conditions diverses dans lesquelles peut se faire cet enveloppe- ment, ainsi que les avantages mutuels qui en résultent pour chacun des deux éléments associés. Des observations analogues étaient faites à peu près vers la | même époque par M. Treub (4). | (1) Woronine : Sur les gonidies du Parmelia pulverulenta (Annales des sciences naturelles, 5° série, tome XVT). . (2) Rees : Entstehung der Flechte 9 ( Akademie, 1871). cs (3) Ed. Bornet : Recherches sur les gonidies des Lichens (Ann. des sc. nat., 5° série tome XVH). — Deuxième note sur les gonidies des Lichens (id., 5° série, t. XIX), (4) Treub : Onderzoekingen over de Natur der Lichenen (Nederl. Kruidk. Arch., ?* série, tome 1). — Lichencultur (Bot. Zeit., 1813, page 122). à 1 FPDIN a PU 5 LA VAT. 4 DNS SR OS EN SRE Re TS ge CAE VE RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS, 53 « Toutefois, ainsi que le fait remarquer M; Gaston Bon- nier (1), aucun de ces savants n’a pu établir des cultures, mettant en évidence la formation du faux tissu des Lichens, l'organisation et la différenciation interne de l'association des deux êtres. Les moisissures, les infusoires ou les bactéries ont promptement détruit toutes leurs cultures, et ce n’est jamais que le premier début qui a pu être observé. «M. Stahl (2), il est vrai, en 1877, est allé plus loin, non pas en semant des spores et des Algues prises isolément et culti- vées dans un milieu privé de germes, mais en observant l’as- sociation naturelle qui se produit chez certaines espèces de Lichens, du groupe des Verrucariées, croissant sur de la terre argileuse, et chez lesquels se trouvent des gonidies hyméniales particulières qui sont projetées avec les spores. » Pourtant à ce dernier travail même, des objections peuvent encore être faites, valables également pour les précédents. Toutes nu TER des! ichens noce nl ULJLCLILL chargé de germes de toutes sortes, et sur un substratum non stérilisé. On à pu ainsi croire parfois avoir réalisé une synthèse, alors qu’à l'endroit où on avait tenté de la réaliser, étaient peut-être venues tout simplement germer des sorédies de Lichens, c'est-à-dire une association déjà toute faite. Pour parer à ces objections, après les avoir posées, M. Gaston Bonnier reprit, en 4887, les cultures déjà tentées, mais les fit dans un milieu privé, par stérilisation, de germes étrangers. Dans ce milieu furent semées des spores pures ainsi que des Algues déterminées, prises également dans une culturepure, Or, dans ces conditions, à l'abri de toute erreur possible, des Lichens apparurent. Leur développement complet put mème, CA certains cas, être suivi jour par jour. M. Bonnier a vu ainsi les Algues devenir les gonidies des Lichens, en même temps que to) Gaston Bonnier : Recherches sur La synthèse des Lichens (Ann. des sc. nat, , tome # @) Stahl : Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Flechten, Leipzig, 1811. “54 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. les filaments issus de la spore du Champignon se différen- ciaient, s’épaississaient et se soudaient pour donner les hyphes, les tissus de bordure et les apothécies où se forment les spores. Après ces dernières recherches, aucun doute ne peut évi- demment subsister, et si nous ajoutons encore, pour compléter ce rapide historique, que M. Müller (1) a pu, dans un milieu. nutritif convenable, obtenir le développement isolé du Cham- pignon, comme Baranetzky avait, il y a déjà longtemps, obtenu celui de l'Algue, on voit qu'aujourd'hui la théorie posée en 1867 par Schwendener peut être considérée sans crainte comme définitivement établie, successivement contrôlée, comme elle l’a été, par les méthodes d'analyse et de synthèse. Un Lichen est bien, non une individualité réelle, mais l'asso ciation de deux plantes pouvant même, dans certaines condi- tions, être séparées et vivre isolées : d’une part, un Champignon appartenant le plus généralement au groupe des Ascomycètes; de l’autre, des Algues appartenant à différents types de cetle classe. Dès lors, ces faits étant admis, on peut pressentir que l'étude physiologique d’un tel organisme doit. présenter, à plusieurs points de vue, un certain intérêt. Toute différente, en effet, : est la physiologie des deux êtres ainsi unis. L'un d'eux l’Algue, pourvu de chlorophylle, tire exclusivement de l'air qui l'entoure l'acide carbonique avec lequel il produit les hydrates de carbone nécessaires à son existence; l’autre, & Champignon, ne peut, au contraire, emprunter qu'au subs- | tratum sur lequel il se trouve les principes nutritifs dont il à besoin. | | Dans l'association lichénique, ainsi que l’a nettement faitres sortir pour la première fois M. Van Tieghem dans une intéres sante observation (2), chacun des deux éléments semble apporte’ à à l’autre, en un échange mutuel, les matériaux qu'il a recueillis : (1) A. Müller : Ueber die Cultur flechtenbildender Ascomyceten ohne Alge" Münster, 7 eddell (2) Van Tieghem : Observation à propos d'une communication de M. Were (Bull. Soc. Bot. de France, 27 novembre 1874, t. XXE, p. 348). RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 55 par ses moyens propres. Il en résulte, comme l’a remarqué M. Bornet, que la végétation des Algues est singulièrement activée par l'hyphe du Champignon. Les colonies de G/æocapsa, d'Omphalaria, etc., prennent dans les Lichens un développe- ment qu’elles acquièrent rarement lorsqu'elles sont isolées. « Les gonidies, à leur tour, exercent sur l’hyphe une influence évi- dente. A leur contact, celui-ci acquiert un surcroît de-vitalité, qui se manifeste par la multiplication rapide et pressée des cellules et par la production de nombreux rameaux. » | Et la conséquence de ce bénéfice réciproque, c’est que les Lichens vivent et s’accroissent dans des conditions où l’Algue et le Champignon isolés ne se développent que lentement, et avec une grande difficulté. On les trouve, par exemple, en abon- dance dans des régions où leurs deux éléments sont très rares. Alors, s’il ne l’est pas morphologiquement, le Lichen devient, du moins, physiologiquement une sorte d’individualité. C’est à ce point de vue qu'il est intéressant d'étudier ses fonctions, en les comparant à celles des deux êtres qui le composent; et tel est précisément le but de ce travail. Dans cet ordre d'idées, nous nous sommes plus particulière- ment attaché à l'étude des échanges gazeux qui se produisent entre les Lichens et l'atmosphère, et à l'influence qu'exercent les agents extérieurs sur ces échanges. Comparativement, nous avons étudié Ja même action sur un certain nombre d'autres plantes cryptogames. Une telle étude avait été, jusqu'alors, à peine abordée, et restait presque entièrement à faire. Avant de décrire les résultats qu’elle m'a fournis, je m'em- presse d'adresser ici mes plus vifs remerciements : à M. Cailletet, membre de l'{nstitut, qui a si obligeamment mis à ma dispo- sition le nouvel appareil qu’il a récemment fait construire et qui m'a servi dans mes expériences sur l’action du froid; en mème lemps qu'à M. l'abbé Hue, le savant lichénologue, qui à bien voulu, à plusieurs reprises, me déterminer quelques-uns des Lichens sur lesquels, au cours des différentes recherches qui Yont suivre, j'ai été amené à expérimenter. | | CHAPITRE I. Les échanges gazeux entre les Lichens et l’atmosphère. 1. — OBJET DES RECHERCHES ET MÉTHODE. Nous venons de rappeler, en exposant le but de nos recher- ches, qu’il y a, au point de vue physiologique, une grande différence entre les deux plantes dont l'association constitue le Lichen et que cette différence porte particulièrement sur les échanges gazeux qui ont lieu entre chacune de ces deux plantes et l'atmosphère. D'une part, le Champignon, composé de filaments incolores, ou, du moins, dépourvus de chlorophylle, se comporte à la lumière comme à l'obscurité; dans les deux cas, il absorbe de l'oxygène et rejette de l'acide carbonique. A ce phénomène de la respiration ne vient jamais. se superposer aucun autre. Dans l’Algue, au contraire, qui renferme de la chlorophylle, il y a non-seulement respiration, à la lumière comme à l’obscu- rité; mais, en outre, à la lumière, la plante décompose l'acide carbonique de l'air et rejette de l'oxygène. Au phénomène de la respiration se joint celui de l’assimilation, par lequel du carbone. est fixé dans la cellule. Si l’on considère l’ensemble du Lichen, il y a ainsi : à l'obs- curité, perte de carbone par la respiration des deux éléments; à la lumière, perte, encore, de carbone par cette même respira= tion, mais, d'autre part, en même temps, gain par suite de l'assi- milation de la couche gonidiale. Alors une question se pose : Le.gain de carbone dû aux seules gonidies peut-il, à la lumière, surpasser-la perte due à la … | ration de l’ensemble du Lichen? : RECHERCHES : PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 57 La question mérite une étude d'autant plus attentive que sa solution nous permettra de nous rendre compte si, d’une façon générale, l’Algue peut suffire à introduire dans la plante le car- bone nécessaire, et si, sous ce rapport, les Lichens sont: indé- pendants du substratum sur lequel ils se développent, comme l’est une Mousse, par exemple. Nous devons ajouter que, a priori, la prédominance du gain de carbone sur la perte, à la lumière, a été généralement admise. Il importe pourtant de remarquer que, dans la grande majorité des cas, cette prédominance est loin d'être évidente. Et si elle n’a pas lieu d’étonner pour les Lichens dits homæomè- res, tels que les Ephebe et les Collema, où la masse de l’Algue est supérieure à celle du Champignon, il n’en est pas de même pour les Lichens hétéromères, où c'est au contraire l’ensemble du Champignon qui l'emporte sur l'ensemble des Algues. Avant d'admettre, dans ce dernier cas, la supériorité du gain de carbone sur la perte, il semble au moins nécessaire que l'expérience l'ait prouvée. Or les seules recherches qui aient été entreprises sur ce sujet sont celles de MM. Bonnier et Mangin (1) et les résultats sont précisément contraires au fait admis. Dans l'étude qu'ils ont faite, à ce point de vue, de plusieurs espèces de Lichens telles que le C/adonia rangiferina, YEvernia prunastri, le Parmelia caperata et le Peltigera canina, MM. Bonnier el Mangin n’ont jamais pu, en effet, constater à la lumière un dégagement d'oxygène supérieur à l'absorption. A la fin de l'expérience, la proportion d'acide carbonique dans le milieu entourant la plante avait augmenté. En est-il de même pour tous les Lichens, et ne peut-on, au Moins dans certaines conditions, constater, à la lumière, une prédominance de l'assimilation sur la respiration ? C’est le point ue nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre. La méthode que nous suivrons est celle de l’air confiné. Elle (1) Bonnier et Mangi | gin : Sur les échanges gazeux.entre les Lichens et l'atmosphère (Bulletin de la Société botanique, 1884), he 58 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. consiste, Comme on sait, à analyser, au début et à la fin de l'expérience, l'atmosphère dans laquelle ont été placés les . Lichens dont on veut déterminer les échanges gazeux. Quand on opère sur des Lichens qu'on peut recueillir en grandes quanlités, comme des Peltigera canina ou des Cladonia. rangiferina, on introduit ces Lichens dans un vase plat en verre, semblable à celui que représente la figure 1 de la planche 4, et on renverse ce vase sur une cuve en bois remplie de mercure. Un tube recourbé, muni d’un robinet, placé ainsi que l'indique la mème figure, établit la communication entre l’air intérieur et l'extérieur. Au début de l'expérience, ce tube en verre est relié, par un tube en caoutchouc, avec un appareil à prises de gaz, dont nous avons donné la description détaillée dans un précédent travail(1). Lorsqu'on a recueilli, avec l’aide de cet appareil, une cer- taine quantité de gaz, on ferme le robinet, et on expose le vase à la lumière solaire si on veut étudier l'assimilation, où 00 le recouvre de papier noir si on veut déterminer la respiration. On fait une nouvelle prise de gaz à la fin de l'expérience. L'air est analysé au moyen de l'appareil de MM. Bonnier et Mangin (2): Souvent les Lichens sur lesquels on veut expérimenter ne peuvent être obtenus qu’en assez petites quantités; tel, paï exemple, le Parmelia ohivacea. On met alors ces Lichens dans | de petites éprouvettes, de 20 centimètres cubes environ dé # capacité (fig. 2, planche 4). Après avoir introduit un peu dé # mercure à l’intérieur, on renverse l’éprouvette sur une petit capsule cylindrique en verre (C), remplie également de mercuré: Pour les analyses qu'on fait avant et après l'expérience, 0Ë transporte l'éprouvette elle-même sur la cuve de l'appareil ? analyses; la prise de gaz est ainsi faite directement. : Lorsque, dans nos expériences sur l'assimilation, nous n0Ë servions des vases plats décrits plus haut, nous introduision au préalable dans ces vases une proportion donnée (7 à 8 p.1 té coté SG nn à dd à de LUS Ge (1) Henri Jumelle : Influence des D sur la transpiration ‘chlore pbhyllienne (Revue générale de Botanique, 1890). - (2) E. Aubert : Nofice sur un nouvel appareil à gene er de gaz de MM. Bonni et Ming (Revue générale de Botanique, 1891). GR RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 59 d'acide carbonique. Cette introduction peut se faire facilement au moyen de l'appareil à prises; nous ne reviendrons pas ici sur la façon d'opérer, que nous avons déjà indiquée, avec détails, dans le travail déjà cité. Dans les petites éprouvettes, on risque toujours d'introduire une trop grande quantité d’acide carbonique, et il est difficile d'y régler exactement la proportion qu'on veut obtenir. Le plus simple est alors de placer les Lichens dans ces éprouvettes, quelques heures avant les expériences d’assimilation ; la plante, par sa respiration, fournit elle-même, en quantité suffisante, de l’acide carbonique au milieu. Nous avons, dans toutes ces recherches, expérimenté sur le plus grand nombre de Lichens possible. On sait, en effet, combien, chez ces végétaux, la couleur du thalle varie avec les espèces, et on sait aussi combien l'assimilation, à son tour, varie avec la coloration. Il suit de là qu'on pourrait constater, par exemple, l'assimilation chlorophyllienne chez un Lichen bien vert, comme le Peltigera canina, sans être, cependant, en droit d’en induire que pareille assimilation doit encore se mani- fester quand il s’agit de Lichens, comme le Physcia parietina où le Parmelia caperata, chez lesquels la couleur verte de la chlo- rophylle est complètement masquée par la présence d’autres pig- ments colorants, répandus dans le Champignon ou dans l'Algue. Nous pensons que les expériences, que nous allons mainte- nant décrire, sont assez nombreuses et variées pour qu’on nous accorde que les conclusions que nous en tirerons peuvent être appliquées à toute la classe des Lichens. 2. — Exposé DES RECHERCHES. — RESPIRATION ET ASSIMILATION. Nous avons surtout choisi comme matériaux d'étude les Lichens hétéromères, chez lesquels, comme nous l'avons. vu, l'assimilation est le moins évidente. Ces Lichens peuvent se présenter sous trois formes différentes bien connues, suivant que leur thalle est fruticuleux, foliacé ou crustacé. Pour la commodité et la clarté de la description, nous établi- 60 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE: rons deux divisions. Dans la première nous ferons rentrer les Lichens fruticuleux et foliacés ; la seconde se composera exelu- sivement des Lichens crustacés. Nous verrons que cette distinc- tion correspond, jusqu’à un certain point, à des différences physiologiques, au point de vue des échanges gazeux. 1° Licuens FRUTICULEUX ET FOLIACÉS. — Nous avons cru bon, en même temps que nous donnons les résultats de nos analyses, de rappeler en quelques mots l'aspect et la constitution de chacun des Lichens sur lesquels nous avons opéré. Cette courte description, en fixant les idées, fera peut-être suivre avec plus d'intérêt les résultats successivement obtenus, non seulement dans ce chapitre mais dans les suivants, où les mêmes Lichens nous serviront de sujets d'expérience. Evernia prunastri. L'Evernia prunastri est, comme on sait, un Lichen fruticu- leux, à thalle vert blanchâtre, très commun sur les arbres et sur les rochers, Ses gonidies, qui forment des groupes épars au-dessous de la couche corticale, appartiennent au groupe des Protococcus. En douze heures, 05,360 (poids sec) de ce Lichen, humide et placé dans une atmosphère saturée, ont absorbé 1°°,98 d'oxygène et rejeté 1,60 d'acide carbonique. Le rapport : de l'acide carbonique rejeté à l'oxygène absorbé est égal à 0,80. Le même Lichen a été ensuite exposé à la lumière diffuse pendant quatre heures. Au bout de ce temps, l'atmosphère de l'éprouvette contenait en moins 1*,21 d’acide carbonique, et; en plus, 1°,68 d'oxygène. La résultante des échanges gazeux, à la lumière, s’est donc traduite par une diminution d'acide carbonique et une augmen- tation d'oxygène. En d’autres termes l'assimilation l’a emporté sur la respiration, et le rapport & Lé de la résultante des deux RECHERCHES ‘PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 61 actions combinées, c'est-à-dire de l'oxygène définitivement rejeté à l'acide carbonique absorbé, égale 1,38. Ramalina fraxinea. Le thalle est fruticuleux, composé de lames aplaties, d’un vert glauque. On le trouve le plus souvent sur les troncs d'arbres. 05,355 (1) de ce Lichen ont absorbé en dix-sept heures, à l'obscurité, 1°%,31 d'oxygène et rejeté 1°*,04 d'acide carbonique. ENS Le rapport respiratoire ss est égal à 0,79. En sept heures, à la lumière, ce même Lichen a décomposé 0,36 d'acide carbonique et exhalé 0°,46 d'oxygène. Le rapport de la résultante 2= 1,27. Ramalina farinacea. Très voisin du précédent, ce Lichen s’en distingue par ses ramifications qui ne forment plus de larges lames, mais sont Presque linéaires. La couleur est à peu près la même. 05,140 de ce Lichen ont absorbé en dix-sept heures à l’obscu- rité, 0°,17 d'oxygène et rejeté 0°,58 d’acide carbonique. Le rapport 0,75. À la lumière diffuse en six heures, ce Ramalina a décomposé 0,36 d'acide carbonique et rejeté 0°,50 d'oxygène. Le rapport _— ,38. Cladonia rangiferina. Le Cladonia rangiferina (Lichen des Rennes) se compose de fameaux grèles, cylindriques, eux-mêmes ramifiés, d’un vert (1) Les poids que nous donnons dans toutes ces expériences sont toujours ceux | des Lichens desséchés à l'étuve après l'expérience. 62 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. cendré. Il est abondant partout sur la terre, au milieu des 4 Mousses. 45,825 de ce Lichen ont absorbé, à l’obscurité, en dix À heures (température de 10° environ), 11°°,38 d'oxygène et rejeté M 9,45 d'acide carbonique. Le rapport + = 0,83. La même touffe de C/adonia a été ensuite exposée pendant » neuf heures à une lumière diffuse faible. Au bout de ce temps, . il avait disparu de l'atmosphère entourant la plante 2°°,29 d'acide . carbonique remplacés par 2°°,65 d'oxygène. Le rapport us est égal à 1,11. Cladonia furcata. Dans le Cladonia furcata, les branches se ramifient en . mant une sorte de dichotomie. Le thalle est vert pâle. En seize heures, à l'obscurité, la composition de l'atmosphère dans une éprouvette de 16 centimètres cubes environ renfer- mant quelques rameaux de ce Lichen, a été ainsi modifiée : + CO? — 8,64 — 0 — 10,26 Le rapport ee — 0,84. A la nie diffuse, en sept heures, la modification a été, au contraire : — CO? = 3,11 + 0 — 3,55 ue Le rapport C Parmelia Acetabulum. Le thalle, comme d’ailleurs celui de presque tous les Parm lia, est foliacé. Il est d’un vert olive. Ce Lichen se rencont surtout sur les troncs d'arbres. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 63 Les gonidies sont des Protococcus. 05,400 de ce Lichen ont absorbé en douze heures à l’obscu- rité 0°°,148 d'oxygène et rejeté 0,11 d'acide carbonique. Le rapport Co 19 de pe 0 se A la lumière diffuse, en cinq heures, ce même Lichen a ainsi modifié la composition de l'atmosphère : — CO? p. 100 — 3,76 + O p. 100 — 4,97 Le rapport À 1,933. Parmelia caperata. Ce Parmelia, si commun sur les arbres et sur les rochers, à, Comme on sait, un thalle membraneux, ondulé, de couleur jaune. La chlorophylle se trouve complètement masquée par la présence de pigments colorants spéciaux. Un de ces Lichens, pesant ces 05,370, a absorbé en dix-sept heures 2,08 d'oxygène et exhalé 1,58 d'acide carbonique. 2 Le rapport e 0,79. À la lumière diffuse, en quatre heures, 1*,70 d'acide carbo- Mque a été décomposé et remplacé par 2°,35 d'oxygène. Le rapport == 1,30. Ainsi, même à la lumière diffuse, malgré la coloration jaune du Parmelia caperata, Y'assimilation l'a emporté sur la respi- ration. Du carbone a été, en définitive, fixé par J’Algue dans la plante. _ Physcia ciliaris. Le thalle, foliacé, de ce Lichen, qu'on rencontre générale- Ment sur les troncs d'arbres, est vert foncé lorsqu'il est humide. 5,680 de ce Lichen ont absorbé en dix-sept heures à l'obs- curité 27+,76 d'oxygène et rejeté 22°°.20 d'acide carbonique. 64 REVUE GÉNÉRABE DE BOTANIQUE. CO? Le rapport D — 0,80. À la lumière diffuse, en einq heures, le même Lichen a dé: composé 15*,52 d'acide carbonique, remplacés par 18*%,172 d'oxygène. Le rapport = 1,20. Physcia aipolia. Le thalle, foliacé, blanc quand il est sec, prend une teinte verdâtre quand il est humide. Mis à l'obscurité dans de petites éprouvettes, il a ainsi modi- fié la composition, pour 100 de l'atmosphère : + CO?— 9,60 — 0 — 13,09 2 4 Le rapport + 43 | A Ja lumière diffuse, le changement dans l'atmosphère a été, le suivant : : — CO? p. 100 — 2,22 + 02,58 Le rapport = 1,16. Malgré la faible couleur verte du thalle, l'assimilation a été, même à la lumière diffuse, supérieure à la respiration. (A suivre). SUR L'ANALYSE PHOTOGRAPHIQUE DES MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX Par MM. DEWËÈVRE et E. BORDAGE Depuis longtemps, les mouvements si nombreux et si variés qu'effectuent les différentes parties des plantes ont attiré l’atten- lion des botanistes. Dutrochet, Charles et Francis Darwin, Duchartre, Sirasburger, Sachs, Heckel, Wiesner ont publié Sur ce sujet d'intéressants Mémoires. Ayant été amenés, au cours de recherches nouvelles entreprises sur ce point, à déterminer la trajectoire que décrivent en se dé- plaçant certains points des végétaux, nous n'avons trouvé indi- quée nulle part une méthode satisfaisante. Darwin avait essayé de déterminer ces tracés, mais il s'était servi de la plus simple et aussi de la moins exacte des méthodes expérimentales, l'observation directe. Désirant pousser plus loin l'analyse nous avons eu recours à deux autres méthodes d'investigation bien autrement précises, nous voulons parler de la méthode graphique et de la photographie. | Nous nous proposons d'examiner ici quelques-uns des résul- lats que nous à permis d'obtenir cette dernière méthode d’en- registrement, Mais voyons tout d’abord le procédé imaginé par hd pour établir le tracé des mouvements végétaux, pro- cédé que l’auteur reconnaît être très approximatif. L'illustre savant anglais, qui ne voulait avoir qu'une idée Sénérale de la marche du phénomène, employait la méthode Rev. gén. de Botanique. — IV. ÿ 66 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Be suivante. Supposons que l’on veuille observer les mouvements exécutés par le sommet de la tige d’une plante en voie de crois sance, c'est-à-dire la circumnutation de cette tige. On colle à son extrémité une pelite pointe de verre très légère dont on a noirci le sommet; au-dessous, on dispose, en A (fig. 3), ua petit carré de papier sur lequel on a marqué un point noir; et au-dessus, on place horizontalement, au moyen d’un support une lame de verre, P. ! On place ensuite l'œil de façon que les deux points noirs, Fig. 3. — Procédé employé par Ch. et Fr. Darwin pour étudier le mouvement des végétaux. : (le point mobile 4 et le point fixe A) paraissent coïncider exac” tement, et on fait sur la lame de verre une marque à l'encre, . de façon à ce que les trois points À, £,,m, soient en ligne droite. On opère de même quand le sommet de la tige a pris un R seconde position 4. En continuant ainsi et en reliant tous le | points par un trait continu, on obtient sur la plaque de verre un tracé agrandi du mouvement. Nous avons déjà dit quel était le but que se proposait le en employant ce procédé. Il est évident que si l'on veut la représentation du mouvement exact dans ses moindres : ails, c’est là, comme le déclarait Jui-même Darwin, un P 0€ MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX. 67 absolument insuffisant et qui, de plus, a l’inconvénient d'exiger la présence presque continuelle de l'observateur. Si l'on jette un coup d'œil sur les figures données par Darwin (1), on verra que le tracé du mouvement entre deux points successifs, souvent assez éloïgnés les uns des autres, au lieu d’être une ligne droite ou un arc de cercle, comme l’a figuré l’expérimentateur d'après une simple supposition, doit être en réalité bien plus complexe et se composer d’une série de sinuosités et de courbes dirigées dans différents sens. Une autre défectuosité de cette méthode tient à ce que le mouve- ment est relevé en projection oblique et la figure obtenue dé- formée par cela même. Nous avons songé à employer la photographie pour obtenir des reproductions exactes et continues du mouvement végétal. Le principe que nous avons pris comme point de départ est des plus simples et avait déjà donné d'excellents résultats à M. Marey, dans ses études sur la locomotion animale. Si l’on dirige un appareil photographique sur un orifice suffisamment large percé dans l’une des parois d’une caisse noircie intérieurement de façon que l'obscurité absolue règne dans celte caisse, on pourra démasquer l'objectif sans que la plaque sensible soit impressionnée, car elle ne recevra pas de lumière. Mais si, parallèlement à cetle plaque, on fait se déplacer, entre la caisse et l'objectif, un objet blanc ou brillant vivement éclairé par le soleil, l'image de cet objet Impressionnera la plaque sensible, sur laquelle on verra la trace de son passage sous forme d’une trajectoire continue. Nous appuyant sur ce principe, nous avons fixé au sommet de la partie végétale à étudier, d’une tige par exemple, un très Petit filament de verre terminé par une pointe arrondie mi- nuscule fondue au chalumeau. C'est un simple filet de verre d'un poids tellement négligeable, que la plante ne s’en trouve nullement incommodée et les mouvements à étudier ne sont Pas altérés en quoi que ce soit. La petite tête de verre est laissée (1) Voir Darwin : La faculté motrice des plantes. 68. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. telle qu’elle est, ou enduite d’une substance d’un blanc mat, tandis que le reste de la tige de verre est soigneusement noirci. Cette tige se fixe facilement au moyen d’un peu de colle. liquide ordinaire à la partie à étudier. La colle liquide est. tout à fait inoffensive pour les tissus végétaux, et, du reste, h quantité que l’on emploie dans ce cas est réellement insigni- fiante. Ch. Darwin employait de la cire à cacheter noire et a constaté que cette substance n’avait également aucune influence fâcheuse sur les plantes. La plante peut être ensuite placts dans une grande caisse noire (fig. 4). On fait arriver latéralement un rayon de soleil sur ia pete ET à | a Ù 1 — > ss Fig. 4. — A et B, les deux appareils photographiques: m, petit E tife par et on fait vhs un filet de lumière sur la petite pointe brillante ou d'un blan mat, P, fixée au sommet de la tige de la plante située dans une chambre a R tête de verre, mais de façon que la plante elle-même reste | | dans l'obscurité. On dispose deux appareils photographiques comme l'indique la figure 4, l’un horizontalement et l'autre verticalement. Avant que la petite tête de verre ait cessé d’être | au point, on a, sur la plaque horizontale, la trajectoire décrite par le sommet de la plante, et sur la plaque verticale, la pr® | jection verticale du mème mouvement. On peut aussi recourir à la stéréoscopie. [L suffit pour cela de placer les deux appareils photographiques l'un à côté de l’autre suivant une même paroi de la caisse. Les images ainsi oblenues donnent, quand on les examine au A la sensation de relief. MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX. 69 Nous devons dire que les photographies obtenues sur plaques verticales ne donnent presque jamais de bons résultats. En effet, les tours sont quelquefois très nombreux pour une très petite croissance. On obtient alors sur la plaque verticale des traits qui tendent à coïncider entre eux. Il en résulte une sorte de tache indécise. Mais cet inconvénient est supprimé avec les plantes qui croissent avec rapidité tout en ne faisant pas un très grand nombre de tours en un temps donné. C'est ainsi qu'avec le Houblon, qui croît en raison de 8 centimètres et demi en moyenne par vingt-quatre heures, au mois de juin, et qui ne fait un tour complet que toutes les deux heures et demie envi- ron, on obtient d'excellentes photographies, sur la plaque ver- ticale, deux demi-tours consécutifs étant séparés par une dis- lance d'à peu près 4 millimètres. On obtient aussi de bons résultats avec le Volubilis et le Liseron des haies ou Convolvu- lus sepium. Au lieu d’encastrer, en quelque sorte, le tube qui porte l'objectif dans un orifice pratiqué dans la paroi de la grande caisse (fig. 4), on peut placer complètement les appareils à l'intérieur de cette caisse, tout en continuant à opérer comme nous venons de l'indiquer. Dans certains cas, la croissance de la partie végétale obser- vée est très lente et les déplacements de la petite tige de verre sont presque inappréciables. On peut dans ce cas disposer l’ap- Pareil photographique de façon à obtenir une reproduction amplifiée du mouvement. Enfin, quand ces mouvements sont Fe trop réduits, on pourrait, croyons-nous, employer les pro- cédés de la photomicrographie, c’est-à-dire adapter un miero- Scope à grossissement assez faible à l'appareil photographique. La croissance des plantes nécessitant l'emploi de ce procédé, “lant très lente, on pourrait, avant que la petite tête de verre ait cessé d’être au point, obtenir une représentation suffisante de leur mouvement (quelquefois le sommet d’une tige crois- sant lentement peut effectuer plusieurs tours circumnutatoires Pendant qu’elle ne croît que d’une quantité insignifiante repré- Sentée par de petites fractions de millimètre). 70. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le dispositif que nous venons de décrire a l'inconvénient de maintenir la plante dans l'obscurité, ce qui modifie sensible- ment ses conditions physiologiques et amène, comme on le sait, à la longue, l’étiolement. Nous devons cependant ajouter que, pendant le temps assez court, nécessaire pour obtenir une re- production du mouvement, cette influence n’a guère le temps 4 AR SN À Fig. 5. — Les lettres a et «a FPRRén tant les facon q a poin ivement éclairée par le soleil se ok po er sur les fonds noirs sp au moyen de deux longs cylindres . tôle, T et T’, noircis intérieurement ; /, su pr NS de se faire sentir. La croissance de la plante est augmentée sans que la nature de ses mouvements soit modifiée. 11 n’en serait pas ainsi si la plante demeurait longtemps à l'obscurité, et nous aurons l’occasion de revenir un peu plus loin sur ce sujet. Si l'on ne fait arriver que d’un seul côté la lumière sur la pointe, ce sera encore là se mettre dans un cas particulier. En effet, quel que soit le peu d'amplitude du rayon lumineux que M à ii é MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX. 71 l’on fait tomber sur cette pointe, la quantité de lumière est cependant encore suffisante pour éclairer le sommet même de la partie végétale étudiée. Cet éclairage est plus considérable sur la face directement frappée par la lumière que sur la face opposée. Il en résulte une inégalité d’éclairement susceptible de causer des mouvements tout particuliers, comme nous l'avons déjà vu. On peut parer à cet inconvénient, en faisant parvenir sur la pointe un second petit filet de lumière par un orifice Fig. 6. — Photographie du mouvement d’enroulement d’une _ de Volubilis ({pomæa Ahead (Le sommet de la tige dépassait un peu upport, ce qui explique la grande EE des tours.) Le gap NE à lb est le point .de départ. L a trajec: a été décrite en 11 h. Fig. 7. — Photographie du mouvement EH osé Pise taste tige de Volubilis qua a pas ve core commencé à s’enrouler autour d’un support. (L'appareil photo- mL ue était per. au- > pie du sommet de la plante, de façon que la plaque sensible fût Hérinials percé dans la paroi opposée à celle que présenie l'orifice #2 (fig. 4). * ü est plus simple, pour éviter les deux néon nine que . nous venons de signaler, d'adopter le dispositif indiqué par la figure 5, dispositif que la figure en question et la légende explicative qui l'accompagne feront comprendre suffisamment. 4 De cette façon on se met entièrement dans des Le nor- males pour l'étude de la cireumautation. | C'est au moyen de ce dernier procédé que 72 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 4 les figures 6 et 7 qui représentent les mouvements cireumnu- tatoires d'une tige de Volubilis (/pomæa purpurea) étudiée à deux stades différents du développement de la plante. L'appa- reil photographique occupait la position (a) indiquée sur la figure 5. Le mieux est d'opérer sous une sorte de hangar ou de serre vitrée, laissant pénétrer la lumière de tous les côtés. On sous- trait ainsi la plante à l’agitation de l'atmosphère, qui pourrait provoquer des mouvements anormaux dans le cas où on opé- rerait en plein air. e. La figure 7 représente les mouvements de cireumnutation d'une jeune tige de Volubilis qui n’a pas encore commencé à s’enrouler autour d’un support. Ces mouvements sont ceux qui accompagnent la croissance de toute tige non volubile. Ils se composent d'une succession de courbes circulaires ou ellipti: à ques plus vu moins irrégulières, et le sens même de ces mou: È Yements varie à chaque instant. Ils sont provoqués, comme. on sait, par l'inégalité d’allongement de la. zone de crois- : sance de la tige. La ligne de plus fort allongement se déplaçant progressivement tout autour de l'axe du végétal, la tige im. prime continuellement à son sommet, à mesure qu'il s'élève, un mouvement circulaire ou elliptique le long d’uné hélice LE ascendante. Il va sans dire que le nombre des tours décrits. l dans un temps donné varie beaucoup suivant les plantes. Quel- : quefois la plupart de ces tours sont incomplets, comme le mon tre la figure 7. 11 L'étude photographique da trajet parcouru par la tige du « Volubilis nous à permis de relever encore quelques autres à particularités. n C'est ainsi que nous avons pu constater que cette plante offre un héliotropisme réel, mais en quelque sorte hésitant, d'u tracé peu net, souvent agité, tremblotant. 11 semble que la ti ait peur de se laisser aller à des flexions qui pourraient l'en- dk dt PE TA se à fé de à PRET “x MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX. 73 teurs avaient nié cet héliotropisme du Volubilis, et Darwin, qui ne l’avait observé qu'à l'œil nu, pensait qu’il était en tout cas très peu prononcé. Notre méthode permet de le mettre en évi- dence d’une façon précise, mais il ne se produit avec netteté qu'à certains moments, en rapport probable, comme nous venons de le dire, avec les conditions d'équilibre de la plante. Il est facile, en ayant recours à un éclairage unilatéral, de montrer cette sensibilité héliotropique du Volubilis. On cons- tate alors que du côté de la source lumineuse la plante décrit un arc de révolution beaucoup plus court que de l’autre côté. La demi-révolution qui s'éloigne du foyer étant de quatre heures trente minutes, la demi-révolution qui s’en rapproche est d’une heure environ, La plante fait dans ces conditions ce que nous ferions nous-mêmes : on peut dire qu’elle accélère sa mar- che, pour se soustraire le plus tôt possible à une influence nuisible. Il est facile de prévoir que dans cette lutte la victoire doit rester fatalement à la force la plus grande, c’est-à-dire à la lumière. Et en effet, c’est bien là ce qui arrive, et nous avons PU constater en prolongeant, jour et nuit pendant deux se- maines et davantage, ces conditions d'éclairage inégal, n'exis- tant jamais, bien entendu, dans la nature, que les spires deviennent de plus en plus longues du côté de la lumière. La plante ne traverse plus aussi vivement cet arc périlleux de sa révolution. Elle y consacre un temps toujours de plus en plus grand, et on voit finalement son extrémité se courber d’une façon définitive vers le foyer lumineux. Nous soulignons à dessein le mot extrémité, car jusqu'alors l’héliotropisme était resté sans action sur le dernier entre-nœud de la tige et la partie terminale. | Nous avons recherché en outre quelle influence pouvaient exercer les lumières colorées sur l’enroulement de la tige du Volubilis. En général leur action est nulle, et nous n'avons pu Constater aucune différence dans les trajectoires décrites par une même tige soumise successivement pendant plusieurs heures à l'influence de la lumière blanche et d’une radiation colorée. Toutefois, si l’on emploie des rayons colorés dont l'in- 7% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. fluence sur la croissance est plus retardatrice que celle de la lumière blanche, on constate une diminution dans le nombre et dans l'amplitude des tours de spire effectués par la tige. C'est ainsi que les rayons violets et ultra-violets exercent une influence très préjudiciable au travail d’enroulement. Il y a là quelque chose d'autant plus curieux que ces mêmes rayons paraissent exercer une action également nuisible sur certains animaux (Fourmis, Lombrics, quelques Batraciens) qui les évitent et les fuient. Pour bien se rendre compte de l’action des différentes radia- tionssurles mouvements héliotropiques, il convient de s'adresser à une plante non volubile, et nous avons trouvé certains avan- tages à nous servir du Lepidium sativum. Nous avons pu obte- nir ainsi le contrôle photographique de certains faits des plus intéressants et nous avons constaté que le jaune est sans action. La flexion commence à partir du vert, croît vers le bleu et le violet, et alteint son maximum à la limite du violet et de l’ultra- violet, entre les raies H et I du spectre. On peut vérifier qu'elle décroit ensuite lentement dans la région ultraviolette et l’extré- mité de cette région ; là où les sels d'argent cessent de noircir, où les substances fluorescentes ne luisent plus, elle se mani- feste encore faiblement, et ne cesse tout à fait qu'un peu plus loin, à une distance ordinairement égale à deux fois la lon- gueur de la bande lumineuse obtenue à travers un prisme de quartz. On sait que la lumière blanche exerce, par radiation équila- térale, une action manifestement retardatrice sur la croissance: Ce retard varie suivant les plantes, et la croissance de la Vesce (Vicia sativa), par exemple, est retardée de moitié, tandis que celle de la Passerage est diminuée seulement d’un tiers. Tous. les rayons, y compris les infra-rouges, ont une action retardatrice sur la croissance, mais cette action est fort inégale. Les rayons | jaunes agissent le moins. À partir du jaune l’action va en aug mentant d'intensité, mais cela faiblement vers le rouge et l'in- ru fra-rouge, où elle atteint un premier et faible maximum. Elle MOUVEMENTS DES, VÉGÉTAUX. 75 augmente ensuite plus rapidement vers le bleu, le violet et l'ultra-violet, où elle atteint un second maximum beaucoup plus élevé que le premier. Cette loi générale à été établie par Wiesner. Nous avons pu faire varier l'amplitude et le nombre des courbes enregistrés sur nos plaques, en faisant varier l'intensité de la lumière ou la distance du foyer lumineux, et déterminer d'une façon mathématique le point optimum d’héliotropisme que nous avons toujours trouvé superposé à celui de la croissance. Comme nous le disions en commençant, nous avons eu recours dans notre étude d'ensemble des mouvements végétaux à la méthode graphique, qui nous a donné en général, quand elle était applicable, des résultats bien inférieurs à ceux de la pho- tographie. Ici cependant, dans cette analyse des mouvements béliotropiques de la tige, nous avons pu obtenir des tracés qui ne le cèdent en rien à nos clichés. En fixant un crin léger à l'extrémité de la tige et en disposant au-dessus à une distance convenable un carton enduit de noir de fumée,.nous avons con- traint la plante à écrire elle-même le tracé de ses mouvements. Il convient de choisir pour cette étude une plante à croissance très lente qu'on peut ainsi, sans trop de déplacement, abandon- ner pendant plusieurs jours sous cette plaque enduite de noir de fumée. Nous avons essayé d'analyser également par la plaque photo- Sraphique les mouvements normaux de circumnutation décrits Par une racine qui s'enfonce dans le sol, Les mouvements que décrit ainsi l'extrémité de la racine sont tellement complexes et si bien adaptés aux lignes de moindre résistance, dirigés avec tant de soin pour éviter les obstacles, que Darwin n'avait pas craint de comparer l’action de l’extré- Mité de la racine à celle du cerveau de l'animal. On comprend combien l'analyse photographique des mouve- ments de la racine présente de réelles difficultés. I faut tout d'abord changer la plante de milieu et laisser la racine se déve- : lopper dans l’eau ou à l'air libre. Nous ne pouvions pas songer 76 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. non plus à fixer à l'extrémité radiculaire une petite pointe de verre comme celle dont nous nous étions servi pour la tige. Nous serions sorti ainsi des conditions normales, car dans le sol le contact de la racine avec des obstacles susceptibles de provoquer des courbures, n’est que momentané. La pointe de verre fixée à l'extrémité aurait constitué un obstacle permanent capable de produire une série de flexions anormales. Nous avons songé alors à un index d’une extrême légèreté, un filament de papier de soie par exemple, mais nous avons dû renoncer aussitôt à ce moyen. La moindre petite banderole collée latéralement sur la coiffe amenait constamment une courbure de la pointe en sens opposé, de façon à l’éloigner du corps irritant. Nous n'avons pas voulu nous laisser arrêter par cette exquise sensibilité, et après de longs tâtonnements et beaucoup d'essais infructueux, nous nous sommes arrêté au procédé suivant. Nous avons recouvert toute la racine d'une mince couche de noir de fumée, à l'exception de l’extrémité, au niveau de la région de croissance. Cette partie demeurant blanche, si elle reçoit une radiation suffisante, peut être rendue assez visible pour impressioner la plaque sensible. Il faut, en tout cas, disposer l'appareil photographique de manière que la plaque sensible soit horizontale et le mettre non plus au-dessus mais au-dessous de la caisse noire. Nous avons pu constater par ce dispositif que la racine ainsi livrée à-elle-même décrit un mouvement de circumnutation des plus réguliers, bien moins oscillant que l'extrémité de la tige. | : Chose remarquable, cette régularité de circumnutation est partagée par un grand nombre de racines aériennes qui restent complètement insensibles à l'effet de la radiation. Nous avons pu relever cependant sur nos tracés photographiques des mou- vements décrits par les racines aériennes des Orchidées, Aroï- dées, Bignoniacées, un héliotropisme négatif très marqué. Nous avons voulu étudier par notre double méthode graphique et photographique les mouvements qu’exécutent certaines feuilles pour prendre les positions de veille ou de sommeil. Nous MOUVEMENTS DES VÉGÉTAUX. : 71 avons expérimenté successivement sur les feuilles de Robinia, Lupin, Glycine, Haricot, qui exécutent lear mouvement vers le bas, sur celles du Trèfle, Lotus, Luzerne, Vesce, étc., qui se tournent au contraire vers le haut pour prendre leur position de sommeil. Il convient ici de choisir une feuille robuste pouvant facile- ment supporter le poids du petit index fixé à son extrémité. Nous nous sommes contenté dans plusieurs de nos expériences de recouvrir de noir de fumée les feuilles observées. Il suffit Fig. 8. — Schéma du mouvement exécuté par l'extrémité d'une foliole de Lupin renant la position de sommeil. ensuite de recouvrir d’une très légère couche de farine la pointe de la feuille placée en observation. Ce n'est pas tout; il faut encore avoir soin de disposer la plante sur une plaque tournante se déplacant d’un mouvement lent et régulier — la vitesse d’un millimètre à la seconde nous à paru suffisante dans la plupart de nos expériences. En jetant les yeux sur la figure schématique ci-dessus, on Comprend la nécessité de ces dispositions. On constate, en effet, Que la foliole ne change pas tout d’un coup sa position, qu elle Monte et descend plusieurs fois avant de prendre un état de si. ; REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. repos définitif. Sa pointe décrit done une série d’oscillations qui resteraient forcément superposées et indéchitfrables, si nous ne prenions la précaution d’en dissocier les tracés en déplaçant la feuille horizontalement devant l'objectif, qui doit être situé perpendiculairement à cette pointe. Nous avons pu constater, en procédant de cette façon, que dans tous les cas la pointe d’une feuille en mouvement se déplace par une série d’oscillations assez régulières. Dans le cas précédent, on voit la pointe s’infléchir d’abord, se soulever, retomber, se relever de nouveau pour descendre davantage, et ainsi de suite. Elle arrive, par une série de chutes et de relèvements, à l’état de repos, où elle entre par une suite de toutes petites oscillations qui se traduisent sur le tracé par une sorte de frémissement ondu- latoire. Il y a donc toujours, entre l’état de repos et de veille, deux périodes distinctes que nous proposons de dénommer M phases d’oscillation et de trémulation. Ces quelques exemples peuvent suffire à montrer l'utilité de notre méthode de recherches dans l’étude des mouvements végé- taux, et c'est le but principal que nous nous sommes proposé en rédigeant cette Note. REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 À DÉCEMBRE 1891 (Suite). M. Ts. Boxonxy (1) à étudié au point de vue histochimique l’action de cer- tains réactifs sur le protoplasma. Ces réactifs sont divisés en deux catégories Suivant qu'ils déterminent ou non la mort du protoplasma. à Dans la première catégorie se placent la caféine en solution aqueuse à 2000 la potasse et l'ammoniaque en solution très étendue. Sous l'in- flu infinilé 7 ence de ces substances, le protoplasma granuleux se résout en une infinilé 7e corpuscules arrondis fortement réfringents, pressés les uns contre les au- res = : es,enfin se trouve alors comme on dit en « agrégation » (fig. 9 et 10). Lors- OriZ C> — La même cellule en 9 — Cellule traitée par une solution de Fig. 10. ; coupe optique (d’après Bokôn- NY). ae À 7100 vue don ut pr granuleu ovrû = : Boronwy), x est en agrégation (d’après u ; cat: ; ; ‘ " ; u Fit ie est obtenue sous l’action de la caféine, il suffit de placer pe dans l’eau pour que le protoplasma reprenne peu à peu sa struc- ture primitive. ii P dE “ PR catégorie, appartiennent les réactifs généraux des substan- + uminoïdes qu’il me parait inutile de rappeler ici. — Di derniers temps, on a émis de divers côtés l'opinion qu'il existe des sé connexions génétiques entre le tannin et les matières albuminoï- FR Eve uen A la suite d'observations faites sur le contenu cellulaire Écheveria (gibbiflora?), M. Tu. Boronny (2) est disposé à accepter cette Manière de voir. (1) Th. Bokorny : Zur ; y: Zur Kenntniss des Cytoplasmas (Berichte der deutschen bota- nischen “er ria ge VIII, Heft 3, p. re ne . dut okorny : Notiz über das Vorkommen des Gerbstoffs (Berichte der Utschen botanischen Gesellschaft, Bd. VILL, Heft 3, p. 112, 1890). a 80 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. M. Taouvenix (1) a trouvé dans les cellules tannifères de certaines plantes | 4 sèches (Myristica, Coronilla Emerus, Sambucus nigra, etc.) une substance qui, par ses réactions, paraît être une combinaison du tannin avec les ma tières albuminoïdes du protoplasma. Cette substance n'aurait pris naissance qu'après la mort de la cellule ; on admet en effet que le tannin n'exerce au” cune action coagulante sur le protoplasma vivant. n sait que d’après l'opinion courante, aussitôt que les vaisseaux et les trachéides ont épaissi leurs parois, leur protoplasma disparait sans qu'il en ' reste de traces. M. Tu. LANGE (2), ayant repris l’étude de cette question, & constaté que nombre d'éléments conducteurs renferment encore du proto= plasma après que leurs parois se sont lignifiées et ont acquis leur épaisseur définitive; parfois même cette persistance peut durer autant que la vie des. organes qui renferment ces éléments. Le protoplasma des vaisseaux el des trachéides peut, d’après l’auteur, participer à l'assimilation et aux migra- tions de matière. Les protoplasmas des cellules d’un même vaisseau se. fusionnent fréquemment après la résorption des parois transversales. | 4° Noyau. IE À Les opinions les plus contradictoires ont été émises sur les fonctions dt d’observer des filaments de Sirogonium et de régis dont certaines cellu les étaient dépourvues de noyau. Une cellule sans noyau était toujours voir sine d'une cellule à deux noyaux, ce qui permet de croire que les de provenaient d’une cellule unique à un seul noyau, les deux noyaux issus de ce sh élant restés dans l’une des cellules sœurs. Au commencement LE taille demeure toujours moindre que celle des cellules voisines. Chose ©l rieuse, elles sont plus fréquemment attaquées par les parasites (Chytridinées). Elles sont aussi plus sensibles que les autres aux influences défavorables, el se montrent frappées d’une précoce caducité. Il n'est pas rare de trouver dans un filament toutes les cellules à noyau parfaitement vivantes, tant que les cellules sans noyau sont dépourvues de vie. Autour de ces de nières, on voil alors s’accumuler des bactéries. En résumé, dans des cond tions idéalement favorables, les cellules à à noyau pourront vivre et se ne or nan Note sur une combinaison du tannin avec le tops \ ancy, 1890. . (2) ii Lange : Beiträge zur Kenniniss der Entwicklung der Gefässe und Trachei der Fra 1891, p. 393- ste 34). as rassimoff : Ein ge Bemerkungen über die Function des Zellherns e de ï Société impér. des Naturaléte de Moscou, n° » 1890) REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 81 tiplier pendant un temps indéterminé, tandis que les cellules sans noyau seront condamnées à une mort inévitable, Pour M. Gerassimoff, comme pour MM. Strasburger et Haberlandt, l'influence du noyau sur les autres parties de la cellule est d'ordre dynamique. Jusqu'ici la structure du noyau cellulaire au repos ou en voie de division n'a été étudiée que par transparence. M. J, W, Mozz (1), à l’aide d’une technique spéciale, est parvenu à obtenir des noyaux en coupes microsco- piques successives. Des ovules de Fritillaria imperialis sont placés pendant vingt-quatre heures danslaliqueur deFlemming; après lavage à l’eau, ilssont passés dans l'alcool de concentration croissante jusqu’à 95°. Les ovules sont ensuite disséqués à la loupe sous l'alcool; on détache le protoplasma pa- riétal du sac embryonnaire et on le transporte dans une goutte de celloi- dine ou de collodion ordinaire sur le porte-objet. Dès que la celloïdine est solidifiée, on plonge le porte-objet dans l'alcool à 95°. On détache du porte- objet la petite plaque de celloïdine renfermant les lambeaux à couper; on la place dans l'alcool à 95° additionné de violet de gentiane ; après une heure on la fait passer dans un mélange de 6 0/0 d'huile d'Origan el de 1 0/0 d'alcool à 95°, puis dans l’huile d'Origan pure où elle devient transparente. Le lambeau de celloïdine est ensuite encastré dans la paraffine et divisé en tranches minces. Les coupes sont montées au baume du Canada ou à la résine Damar après coloration par le violet de gentiane. M. A. ZiumErmanx avait précédemment démontré l'existence de cristaux protéiques dans les noyaux de nombreuses Ptéridophytes. Ila depuis étendu ses recherches aux Phanérogames (2). Les cristalloïdes du noyau sont beau- Coup plus répandus dans ces plantes qu’on ne le croyait jusqu'ici. L'auteur en a trouvé dans 42 espèces nouvelles réparties dans 10 familles, On ob- serve beaucoup de variété dans la forme et la grandeur de ces formations, beaucoup aussi dans leur répartition ; cependant ils abondent surtout dans les feuilles et dans les parois des fruits non mûrs. Dans l'ovaire du Melampy- rum arvense, l'auteur a vu, pendant la karyokinèse, les cristalloïdes du noyau Passer d’abord dans le cytoplasma, puis disparaître, en même temps que de nouveaux cristalloïdes se formaient dans les jeunes noyaux. 5° Éléments figurés. Dans ces trois dernières années, le mode de développement des grains d’aleurone a été l'objet de nombreux travaux qui sont loin d’être dants. Pour MM, Wakker et Werminski les grains d’aleurone sont des vacuoles des- séchées; M. Van Tieghem les considère comme des hydroleucites desséchés ayant préalablement élaboré des substances albuminoïdes dans leur cavité; Pour MM. Rendle et Ludtke, ils naissent directement dans le protoplasma. (1) De J. W. Moll : Doorsneden van celkernen en kerndeelingsfiguren (Botanïisch Jaarbæk, tweede Jaargang, p. 325, 1890). (2) A. Zimmermann : Ueber Proteinkrystalloide in den Zellkernen der Phanero= EL ps der deutschen botan. Gesellschaft, Bd. VIII, Generalversammlungs- LS : 47 : Rev. gén. de Botanique, — IV. is : nv L! 82 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ‘4 M. E. Bezzuxc (1) a étudié à son tour la formation des grains d'aleuroné, + dans les genres Pisum, Faba, Phaseolus, Lupinus, Cytisus. Dans les grainés de “ ces plantes, les grains d’aleurone naissent à la périphérie des cellules soûs la forme de petits grains pleins et homogènes; ils résultent d’après l’auteur, de la précipitation de la légumine en dissolution dans le suc cellulaire parles acides libres du suc, de plus en plus concentrés par suite de la dessiccation M progressive de la graine. Ils prennent en grandissant une structure vacuo- Û laire. Lorsque la graine est complètement mûre et desséchée, des matières u diverses, albuminoïdes, galactane, acides organiques, elc., se concrètent dans les vacuoles des grains d’aleurone et les remplissent plus ou moins complètement. En présence de l’eau, les grains d’aléeurone reprennent leur aspect vacuolaire. Dans les genres étudiés, les grains d’aleurone ne présen- tent ni enclaves, ni membrane propre. Il est regrettable que sur une question … de cêtte importance, la science ne soit pas définitivement fixée. : La question de la formation de l’'amidon, de l'origine et de la structure | des grains de chlorophylle est aussi loin d'être résolue. Nous avons cette L année à signaler un certain nombre de travaux en bien des points contra- 11 dictoires ; nous donnerons un résumé des uns et des autres. M. On sait que pour MM. A. Mever et Schimper les grains de chlorophylle… sont formés de granulations colorées éparses dans une masse fondamens tale incolore; MM. Pringshiem et Tschirch au contraire les considèrent a dépourvus de membrane propre. D'après M.R. Cnopar (3), il n'y aurait pas de différence essén les grains de chlorophylle et les leucites incolores, car l'étude histologiqu du bulbe d’une Orchidée, le Calanthe Sietoldtii lui a permis d'observer tous les passages entre les grains de chlorophylle des parties externes du bulbe etlé leucites de l’intérieur. Les observations de M. Chodat ont été faites sur des cellules non mo fiées par les réactifs et en évitant même l'emploi de l’eau; les coupes ont Des recherches de M. Hans Brenow (4), il résulte aussi que les grains de chlorophylle ont une structure réticulée Spongieuse ; la matière colorante 0€ (1) E. Belzung : Développement des grains d'aleurone et structure protoplasmique “en _—. chez quelques Papilionacées (Journal de Botanique, 5e année, nos 6 et fs 1891). : $ . (2) R. Chodat : Contribution à l'étude des plastides (Archives des sciences physi ques et naturelles de Crenève, 3e période, t. XXV, n° ?, p. 244, 1891). - (3) R. Chodat : Transformation des grains dé chloronhn fs 22 oil amylog bid., t. XXII, n° 6, p. 559, 1890). f E hr à de ; (4 Hans Bredow: Beifräge zur Kenniniss der Chromatonhoren Ualrb für wissenschafiliche Botanik, Bd. xxu , Heft 3, p. 340-414, 1890). pis R Li REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 83 cuperait principalement les maïlles du réseau. Contrairement à l'opinion de M. odat et conformément à celle de MM. Pringsheim et Tschirch, une membrane plasmatique pourrait d'après l'auteur se démontrer autour des grains dans la plupart des cas. On sait que les cotylédons debeaucoup de graines (Lupin, Pois, etc.), per- dent pendant la maturation leur couleur verte pourla reprendre ensuite pen- dant la germination. M. Bredow a recherché après MM. Sachs et Tschirch la cause de ces changements de coloration. Pendant la maturation de la graine les grains de chlorophylle ne se dissolvent pas dans le protoplasma, mais par dessiccation se rapetissent, et ils sonttellement comprimés par les matières de réserve qu’ils deviennent difficiles à apercevoir; de là la décoloration observée. Pendant la germination, les grains de chlorophylle deviennent plus : visibles, d'abord par disparition d’une partie des réserves qui les masquaient, ensuite parce qu'ils se gonflent en absorbant de l’eau ; d’ailleurs ils se multi- plient bientôt par de nombreuses divisions en pelites masses prises par divers observateurs pour des granulations protoplasmiques, d’où l'opinion que les corps chlorophylliens proviennent du verdissement du protoplasma. L'auteur n'a pas employé de réactifs; ses préparations ont élé observées dans l'huile. On sait qu'aujourd'hui la plupart des botanistes admettent, avec M. À. F. W. Schimper que les grains d’amidon naissent toujours dans des Corpuscuies albuminoïdes spéciaux différenciés du protoplasma, les leucites, et qu’ils représentent des produits de l’activité même des leucites, lesquels né naissent pas du plasma mais préexistent dans la plante, se multiplient Par division et ont en quelque sorte une existence éternelle. M. O. Esenpr (1) admet bien avec M. Schimper que les grains d’amidon ont pour point de départ un corpuscule albuminoïde, leucite ou plastide, mais pour luice Corpuscule ne préexiste pas et résulte simplement d’une diflérenciation du Protoplasma, Tandis que pour M. Schimper ces corpuseules sont les sance, cette enveloppe s’est rompue, l'accroissement du grain se continue seulement dans les parties encore en contact avec l’enveloppe, d’où la for- Mation de grains excentriques. Les grains d’amidon ne s’accroitraient plus après la chute de leur enveloppe. Les grains d’amidon composés auraient Pour point de départ des corpuscules pourvus d’une enveloppe génératrice commune : D'après M. Eberdt des corpuscules pourraient dans certains cas servir de point de départ à la formation des grains de chlorophylle, non qu'ils ver- (1) 0. Eberdt : Briträge su Bath tre ücher für : ungsgeschichte der S (3abrb We Wissenschaftliche Botanik, Bd. xx, Heft 3, p. 293-348, 1890), 84 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. LL: dissent eux-mêmes, mais par verdissement de matières plasmatiques qui viennent s’y adjoindre. . M. E. Bezzuxc (1) a étudié lui aussi la formation des grains d’amidon; ses observations ont porté sur des embryons de Légumineuses à divers états de développement. Les coupes, failes à sec élaient immédiatement colo- rées principalement par le vert d'iode et examinées ensuite dans le sut. filtré des plantes ou dans la glycérine étendue. D'après ce botaniste, le pro- toplasma des embryons en voie de formation présente l'aspect d'un réseau à mailles multiples, qui à aucun moment ne renferme de formation compa- rable à celle définie par le mot leucite; les grains d’amidon naissent dans certaines des mailles du réseau protoplasmique exactement comme des cristaux ; ils sont simples. À la maturité, les mailles non amylifères se cloi- | sonnent en d’autres plus petites très rapprochées. Au moment de la germi- nation, des grains d’amidon se déposent dans ces mailles secondaires et | comme ils setrouvent ainsi en plus ou moins grand nombre, pressés fesuns contre les autres, il en résulte des grains composés. ‘ Les grains d’amidon de germination et même l’amidon de réserve se mé . tamorphoseraient en grains de chlorophylle avec le concours des principes | azotés du suc cellulaire ; c’est-à-dire que, contrairement à l'opinion géné | . rale, M. Belzung envisage l’amidon comme source et non comme produit spécial de la chlorophylle. On a vu plus haut que M. Bredow explique à autrement l'apparition des grains de chlorophylle dans les graines de Pos. de Lupin et d’autres] égumi es en voie de germinati Br. les leucites n'existent à aucun âge et dans aucun membre des plantules étudiées dans son travail. M. R. Cnonar (2), au contraire, dont les observations ont porté sur un certain nombre de plantes adultes appartenant à des familé | variées, n’a jamais vu de grain d’ : D'après M. À, ZiMMERMANN (3), les grains de chlorophylle sont beaucoup plus répandus dans chées, qu’on ne le croit généralement. A la vérité, ils sont ordinairement sucre, ils augmentent de volume et verdissent ; l’auteur conclut de là q leur décoloration pourrait être due à l'insuffisance de l’arrivée des hydral de carbone au moment de leur développement, $ Dans les cellules épidermiques des feuilles de l’Oncidium mierochiluih (1) E. Belzung : Nouvelles recherches su … grains chlorophylliens (Annales des science a L r l'origine des grains d’ mhiloh ts eh s naturelles, Botanique, ‘Te série, t. (2) R. Chodat : Contribution à l'étude des plastides (Archives des sciences P ques et naturelles de Genève, 3e période, t, XXV, no 2, p. 244, 1891) (3) A. Zi immermann : Ueber die Chromato oren in panachi en BI À _der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VIII, Heft 3, p. 95, 1890) 0 — REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 85 M. Karz Mixosca (1) a vu des éléments figurés de nature protéique, en an- neau, en fuseau, etc., tout à fait analogues à ceux que MM. Molisch et Chmie- lewsky ont signalé dans les feuilles des Epiphyllum. La présence de ces corps n’est d’ailleurs pas constante et, d’après l’auteur, paraît n'avoir aucune sorte de relation avec les conditions extérieures. Il semble que sous certaines in- fluences encore inconnues ces corps puissent se former dans les cellules, _ puis s’y dissoudre pour se reformer ensuite de nouveau. M. J. H. Waxker (2) donne une description détaillée d’une substance albu- minoïde qu'il a trouvée dans les cellules d’une Amaryllidée, le Tecophilaca cyanocrocus, substance qui par son aspect et ses réactions se rapproche de la précédente. D'après M. Hans Moursce (3), il y aurait identité entre les deux substances. D'après M. Carz Muzuer (4), les cellules de l’endosperme des graines de divers Tilia contiennent comme matière de réserve, au lieu d’hydrates de carbone, une huile grasse formant dans les cellules de nombreuses goutte- lettes. La coupe a la même apparence que celle que fournirait l'endosperme d’une graine de Ricin. M. E. Ronter (5) a trouvé dans la tige des Senecio vulgaris et Cineraria des sphéro-cristaux de couleur jaune, présentant au-dessous d’une mince membrane d’enveloppe une écorce cristalline à éléments radiés et une ma- tière granuleuse amorphe qui occupe toute la région centrale ou se creuse elle-même d’une lacune. Des diverses réactions que lui ont présenté ces cristaux, l'auteur conclut que l'enveloppe et la partie centrale amorphe sont sans doute de nature organique, tandis que la partie corticale cristalline est minérale et contient de la chaux. L'auteur signale en outre l'existence de sphéro-cristaux dans la Rave et dans le Pandanus ; ceux de la Rave seraient analogues à ceux du Sénecon. 6° Substances dissoutes. Dans la partie anatomique de son travail sur la phloroglucine, M. Ta. Wa- AGE (6) fait connaître la répartition de cette substance dans les divers tissus de la plante et dans les principales familles de Cryptogames vasculaires et de Phanérogames. La phloroglucine est surtout abondante dans les tissus (1) Karl Mikosch : Ueber ein neues Vorkommen geformten Eiweisses (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VIII, Heft 1, p. 33-38). (2) 3. H. Wakker: Ein neuer Inhalitshôrper der Pflanzenselle (Jahrbücher für Wissenschaftliche Botanik, Bd. XXIII, p. 1-12, 1891). (3) Hans Molisch : Bemerkung zu J. H. Wakker's Arbeit « Ein neuer Inhaltskürper der Pflanzenzelle » (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. IX, Heft 8, p. 270, 1891). (4) Carl Müller : Ueber ein fettes Oel aus Lindensamen (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VIN, Heft 10, p. 372-377, 1890). : (5) E: Rodier : Sur la formation et la nature des sphéro-cristaux (Comptes rendus, 29 avril 1889). Lo, . Waagc : Ueber das Vorkommen und die Rolle des Phloroglucins in der open “pires der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VIII, Heft 8, p- 260- » . j NET 86 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. parenchymateux à parois minces (écorce, rayons médullaires, gaines des faisceaux); les fibres péricycliques, les fibres ligneuses, les vaisseaux du bois, les tubes criblés, le liège, en contiennent peu ou point. Certaines familles (Rosacées, Amentacées, etc.) sont riches en phloroglucine, d'autrés (Acéracées, Ampélidées, Myrlacées, etc.) en contiennent moyennement; d’autres (Papilionacées, Renonculacées, Ombellifères) en sont pauvres ;enfinil en est (Caryophyllacées, Crucifères, Rutacées, etc.) qui n’en contiennent pas du tout. Sur les 185 espèces étudiées, 435 en contiennent dont 51 beau- coup,#1l moyennement, et 43 très peu.Les Cryptogames vasculaires, les Gym- nospermes et les Dialypétales sont assez riches en phloroglucine, les Mono- cotylédones et les Gamopétales en contiennent très peu. Quand une espèce d'un genre contient peu, beaucoup ou point de phloroglucine, il en est de même de toutes les espèces du même genre. M Waage a employé comme réaclif histochimique de cette substance une solution de vanilline addition- née d'acide chlorhydrique. D’après lui, la phloroglucine serait comme les tannins un produit accessoire de la nutrition, mais non toutefois exclusive ment un excrélat, c’est-à-dire qu’il pourrait être repris dans certaines cr constances. | L'étude du ferment diastasique a été l'objet de nombreux travaux dus en particulier à MM. A. Mayer, Baranetzky, Detmer, A. Hansen, etc.; malgré cela nous ne savons que fort de chose sur cette substance ; M. G. KraBse(l) | apporte de nouvelles contributions à sa connaissance. D’après ce botaniste, l'action de la diastase sur les grains d’amidon peut se rattacher à trois ty pes. Chez les Graminées, les Polygonées, etc., on voit se former à la surface 4 du grain de petites excavations qui se creusent de plus en plus de façonà former de petits canalicules plus ou moins irréguliers se ramifiant à mesure qu’ils s'étendent vers la partie interne du grain, s’envoyant des branches de éie communication, de telle sorte que le grain d’amidon est bientôt traversé par un réseau complexe de canalicules et finalement se divise en fragments plus … ou moins volumineux ; la éorrosion est donc centripète et inégale. Chezles | Légumineuses la marche de la corrosion.est d’abord la même que dans le premier type, mais lorsque les-canalicules sont arrivés versle centre dugrain ‘ qui, on le sait, est habituellement creusé d’une excavation d’où partent des | fentes rayonnantes, ils se continuent dans les fentes radiales qui sont les points de plus faible résistance, de sorte que la marche de la corrosion de- vient à partir de ce moment centrifuge. Enfin dans la Pomme deterre, le Lis, les grains d’amidon subissent une corrosion céntripète égale. : é. D’après l’auteur, la diastase agit de proche en proche sans imbiber legr un d’amidon ; les fragments même lesplus petits se colorent encore en bleupaf l’iode; il n° Lminéan an REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE, 81 curieuse, lorsqu'on fail agir des sucs diastasiques ou des bactéries. sur des grains d’amidon de Pomme de terre, il y a corrosion centripète inégale, et non digestion égale comme dans les cellules de la plante. Pour certains auteurs le: ferment est composé de particules protoplasmiques ; or si le pro- toplasma intervenait directement dans la corrosion, on en trouverait dans les canalicules ; d’ailleurs la diastase conserve encore son pouvoir après trailement des tissus qui en contiennent par l’alcool absolu. Cette circons- tance et l’action des bactéries sur l’amidon de la Pomme de terre infirment l'opinion de MM. Marcano, Wigand, etc., qui font intervenir les bactéries ans la dissolution de l’amidon dans les cellules des plantes supérieures, En somme la vraie nature de la diastase est encore à établir. Cependant les recherches de M. Krabbe semblent montrer que c’est une substance colloïde incapable de traverser les membranes soit par éndosmose soit par exosmose; l’auteur ayant placé en effet dans l’eau des fragments de cotylédons deHaricot en voie de germination et des graines entières dans une solution diastasique fréquemment renouvelée afin d'empêcher le développe- ment des bactéries, n’observa pas plus d’exosmose du ferment dans le pre- mier cas que d’absorplion dans le second. Dès lors il paraît probable que la diastase naît dans la cellule même où elle exerce son action dissolvante. Pour M. Krabbe, comme d’ailleurs aussi pour MM. Ad. Mayer, Baranetzky, etmer, Ad. Hansen, etc., la dissolution de l’amidon s'effectue dans les cellules des plantes sous l'influence de la diastase. D’après M. J. Wont- MANN (1), il n’en serait pas toujours ainsi. Dans les feuilles, où la disso- lution et les migralions de l’amidon sont très actives, on ne trouve que peu ou point de diastase, et d’autre part on en rencontre tout autant dans des organes dépourvus d'amidon (graines et tubercules divers, Betterave) Où par conséquent cette substance est dénuée de toute espèce de significa- tion. Sauf dans des cas spéciaux où des graines, des tubercules, des rhizo- mes à réserve amylacée extrêmement abondante se montrent au temps de la germination ou de la croissance, riches en diastase, la réparlition de cette Substance d'après l’auteur, n’est pas du tout parallèle à la formation et à la dissolution de l’amidon ; on peut même constater, ajoule-t-il,que dans le cas où les organes contiennent avec de l’amidon, de la diastase, le ferment y est En proportion si restreinte qu’on ne saurait lui attribuer qu’une importance très minime dans la dissolution de l'amidon. Il peut même y avoir dissolu- lion d’amidon sans intervention de diastase ; c'est ce qui arrive par exemple lorsqu'on fait absorber de l'amidon à des plasmodes de Myxomycètes; les grains sont peu à peu corrodés sans qu'on ait pu trouver dans le plasmode ace de ferment diastasique, M. Wortmann conclut de ses recherches que la diastase n'est pas la seule substance qui puisse dissoudre l’amidon et que le protoplasma peut intervenir dans la dissolution de cette substance. Les résultats contradictoires obtenus par M. Krabbe et Wortmann appel- lent évidemment de nouvelles recherches. hd D'après MM. Tangl, Wigand, Tschirch, etc, l’assise périphérique de l’albu- (D S. Wortmann : Ueber den Nachweis, das Vorkommen und die Bedeutung des diastatischen Enzyms in den Pflanzen (Botanische Zeitung, n° 31-41, 1890). 88 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. men de la graine des Graminées, ou assise à gluten, renferme une diastase au moment de la germination. D’après M. Tangl, la diatase naît dans la couche externe du cotylédon, au contact de l’albumen, et de là passe dans l’assise à gluten qui, dès lors, servirait seulement à la conduction de cette substance. M. G. Hagerranpr (1) a repris l'étude de cette question pour le Seigle. Au repos, les cellules à gluten du Seigle qui ne constituent qu’une seule assise … immédiatement accolée au tégument, offrent de nombreuses granulations protéiques contenant de un à quatre globoïdes et en outre un noyau volumi- neux ; sur les faces latérales et la face interne, la membrane présente de fines perforations traversées par des filaments protoplasmiques. Pendant la ger- mination, alors que la portion amylacée de l’albumen est déjà transformée en bouillie, les cellnles de l’assise à gluten renferment un protoplasma gra- nuleux abondant rappelant tout à fait celui des cellules sécrétrices. La di- gestion de l’amidon commence au niveau du colylédon, et se continue ensuite, au contact de l’assise à gluten, dans la première couche amylacée jusqu’au côté opposé de la graine ; il résulte de là que les cellules à gluten émettent une diastase, Pour démontrer que cette diastase ne vient pas de l'embryon. M. Haberlandt isole par une incision le cotylédon de la couche gluten, et pendant la germination les grains ainsi traités se comportent « comme des grains intacts. D'ailleurs des fragments de l’assise à gluten, dé » tachés des grains précédents et soigneusement lavés, mis au contact d'un & peu de bouillie de farine de Seigle humide déterminent rapidement dissolution de l'amidon. L’assise à gluten sécrète donc elle-même pendant la germination une partie de la diastase nécessaire à la digestion des : réserves. On sait depuis longtemps que divers organes d'un certain nombre de | plantes appartenant'pour la plupart au groupe des Amygdalées peuvent four # nir de l'acide cyanhydrique grâce à l’action de l’'émulsine ou synaptase SU À l'amygdaline en présence de l’eau. MM. Thomé et Johansen avaient montré 1 que l’'émulsine est localisée dans les faisceaux libéro-ligneux des amandes es 1 l'amygdaline dans leparenchyme des cotylédons. M. Léon GuiexarD (2), PE À cisant les observations de ses devanciers, a montré que dans la partie axl d'une amande, l'émulsine est localisée dans le péricycle et que dans les coty on la trouve à la fois dans le péricycle et l’endoderme des faisceaux M. Guignard a trouvé en outre que dans les feuilles du Laurier-cerise, l'émul sine est contenue dans des cellules spéciales représentant l’endoderme qu! entoure les faisceaux des nervures, i sclérifiées du péricycle qu’on trouve isolées ou plus souvent reliées à gaine endodermique. La localisation est analogue dans les jeunes rameal" de la même plante. M. Guignard a confirmé, en outre les assertions Le 48, 1890). (2) Léon Guignard : Sur la localisation dans les Amandes et le Laurier-cerise de 0 . qui fournissent l'acide cyanhydrique (Journal de Botanique, n° : Le REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 89 MM. Thomé et Johansen relativement à la localisation de l’amygdaline dans le parenchyme des cotylédons, et a montré que cette substance se rencontre uniquement dans la partie parenchymateuse des feuilles du Laurier-cerise. On à constaté depuis longtemps que les essences sulfurées des Crucifères ne préexistent pas dans la plante et qu’elles ne prennent naissancé que dans des conditions déterminées, C’est ainsi que la graine de Moutarde noire contusée ou pulvérisée doit être traitée par l’eau pour que le ferment solu- ble qu’ellerenferme, appelé myrosine, puisse agirsur le myronate de potasse rte de gl ide salin dont le dédoubl tf itl’essence de moutarde, du glucose et du sulfate acide de potasse. Une réaction analogue se manifeste dans les mêmes conditions, soit avec les graines, soit avec divers tissus d’au- tres Crucifères, maisles produits de dédoublement peuvent varier suivant que l’on considère telle ou telle espèce. M. Léon GurenarD (1) a montré, ce que l'on admettait d’ailleurs déjà sans en avoir la preuve, que le ferment et le glucoside sont contenus dans des éléments anatomiques distincts. Les cellules à myro- sine (cellules àalbumine de M. Heinricher) se distinguent avant tout par leur Contenu privé d’amidon, de chlorophylle, d'huile grasse et d’aleurone, et uniquement albuminoïde. Dans les graines, ces cellules sont disséminées dans le parenchyme huileux des cotylédons et de l’axe embryonnaire. Dans les organes végétatifs, on les rencontre dans l'écorce et dans les parties du péricycle voisines du liber, qu’il s'agisse de la tige ou de la racine. Leur réaction la plus caractéristique est la couleur violette qu’elles prennent par l'acide chlorhydrique sous l'influence de la chaleur. Les cellules à myronate se rencontrent dansla plupart des cellules parenchymateuses, à l'exclusion bien entendu de celles qui contiennent la myrosine. Les matières colorantes des plantes ont été étudiées par un grand nom- bre de chimistes et de botanistes, mais elles n’en sont pas mieux connues Pour cela. Peu d’entre eux s’étant suffisamment préoccupés des travaux de leurs devanciers, la même substance a souvent reçu des noms différents et le même nom a pu être attribué à des substances différentes, il en résulte dans la Sÿnonymie un véritable chaos. M. L. Maccurari (2) a entrepris à ce Sujet un travail de revision dont il fait connaître les premiers résultats. La matière colorante rouge extraite des feuilles par M. Arnaud, et identi- fiée par Jui à la carotine n’est pas autre chose, d’après M. Macchiati, que l'érythrophylle de Bourgarel, que la chrysophylle de Hartsen, et la substance Jaune retirée par Immendorff des feuilles vertes n’est sans doute qu'un pro- düit de transformatiou de l'érythrophylle, dû à quelque légère erreur de Préparation, D'après l'auteur, Ja chlorophylle est constamment accompagnée € deux matières colorantes jaunes dont l’une est soluble (vanthophyllidine) t l'autre insoluble (tanthophylle) dans l'eau. Ces deux substances ne doi- Lt pas être confondues avec l'érythrophylle ou carotine, laquelle existe AUSSI loujours dans les feuilles. S re) L. Guignard : Recherches sur la localisation des principes actifs des Cruci-. sv (Journal de Botanique, nos 21, 22 et 23, 1 Soc Macchiati : Sulle s0s i età dei Naturalisti di Modena, série III, vol. IX, 1890). coloranti gialle e rosse del foglie (Atti della 90 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 7° Membrane. deux nouveaux acides qu’il nomme acide subérique et acide phloïonique; d’après lui la subérine pourrait être, comme pour Kügler, un mélange dedi. vers éthers ou encore un produit de la condensation et de la polymés. lonate de potasse formé, et d'autre part la couleur violet rouge que PIé la lamelle subéreuse sous l'action du chloro-iodure de zinc après traitement par l'acide chromique, serait due à l'acide phellonique mis en liberté. à Des recherches récentes ont montré que la matière incrastante du bois la plupart à la fois sur la coniférine et la vanilline; il en est ainsi par exem- ple pour la phloroglucine, le sulfate et le chlorhydrate d'aniline, l’orcine el la résorcine, elc.; mais par contre, le phénol et le thymol ne colorent que, + HEGLER (2) fait connaître deux nouveaux réactifs dont | l’un la toluiamine, colore à la fois la Yanilline et la coniférine et dont l'autre L. us dans de l'alcool à 50°; il colore le / sh en jaune orangé. Ces colorations peuvent persister très longtemps à Lee de Ja lumière, surtout si les Préparations sont montées dans la gélatirs # glycérinée. LS À l'aide du thymol et du sulfate de thalline, employés isolément ouÆl: (1) Gibson : La subérine et les cellules du liège (La Cellule, t. VI, p. 63-114, 1 ges Hegler : genes Untersüchungen verho! zler Membranen, ein Det zur Physiologiedes Gewebe-Metamorph ra. Neue Rgihe, 48 Jai AS p. 31-61, 1890). TE aR ARE NI +AIRRP Role, : ie fs REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, 94 semble (sulfate de thalline, 08,5 ; — thymol, 4 gramme ; — eau, ? centi- mètres cubes ; — alcool, 26,5; — chlorate de potasse, 06r,5 ; — acide chlor- hydrique, 1 centimètre cube), M, Hegler a pu constater que la coniférine est plus abondante que Ja vanilline dans les tissus nouvellement lignifiés, qu'on trouve au contraire plus de vanilline que de coniférine dans les tissus âgés. L'auteur conclut de là et de diverses considérations théoriques que la vanilline est un produit de dédoublement de la coniférine. M. O. Ropxam (4) a observé que dans les Tecoma les cloisons transversales qui, dans les vaisseaux du bois, séparent les uns des autres les éléments cellulaires dont se composent ces vaisseaux, présentent l'aspect d’un crible d'une régularité absolument remarquable. Sanio avait signalé dans les trachéides de quelques Conifères, l'existence de travées unissant entre elles, àla facon de poutres ou de solives, les parois tangenfielles de ces éléments. M. C. Muizen (2) à constaté qu’en réalité ces travées son! propres à toutes les Conifères et qu’on les observe dans tous les organes axiles, et dans toutes les parties du bois; ces formations ne se ren- contrent d'ailleurs pas exclusivement dans les trachéides car l’auteur en a vu dans le parenchyme ligneux des Podocarpus Thunbergii et Araucaria bra- Siliana ; il en a même trouvé dans les tissus du liber et spécialement dans les tubes criblés dont elles paraissent être un élément caractéristique. Les tra- vées, de forme très variée, ont la composition chimique des parois qu’elles unissent. Leur développement paraît indépendant du climat et de la nature du sol. On comprend qu'elles permettent au bois de résister plus facilement à des actions de pression ou de traction exercées dans le sens radial. Une travée provient, d’après l’auteur, de la résorption partielle d'un pro- longement en forme de pli, naissant sur la paroi radiale d’une cellule cam- biale et se continuant bientôt sur ses parois tangentielles. La résorption a Pour résultat d'isoler le repli ainsi formé de la paroi radiale d’où il tire son origine, Comme on sait, dans les Spirogyra, dans les cellules assimilatrices des Pinus, etc., la membrane des cellules présente sur sa face interne des épais- sissements que l’on a longtemps considérés comme constitués par des replis de la membrane, et par suite comme formés par intussusception. M.J. Beu- RENS (3) ayant étudié le développement de ces formations, confirme l'opinion de M, Strasbürger qui les considère comme des bandes d'épaississement for- mées par apposilion, Toutefois d’après M. Behrens, il ne serait pas impos- Sible que l’intussusception intervint plus tard dans leur croissance, On sait que la striation de certaines membranes végétales est une des bases sur lesquelles Nägeli a cherché à étayer sa théorie des micelles. Aussi (1) O. Rodham : Zur Kenntniss der Gefüssquernetze |Berichte der deutschen bota- nischen Gesellchaft, Bd. VILE, Heft 6, p. 188, 1890). Dani (2) C. Müller : Ueber die Balken in den Holselementen der Coniferen (Berichte Li gr botanischen Gesellschaft, Bd. VU, Generalversammlungs-Heft, Absh. YF 11-40, 1 90). . Û ra (8).3. Behrens : Zur Kenntniss …einiger Wachsthums und Gestaltyngsvongänge in der vegetabilischen Zelle (Batanische Zeitung, n° 6-10, 1890). 24 92 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de nombreux travaux ont été consacrés à l’étude de ces formations. M. C.. Conrexs (1) à l’aide d'observations faites en particulier sur des fibres et des . trachéides et de considérations théoriques, cherche à son tour à expliquer les diverses formes de siriation ou de stratification des membranes. Ce | travail ayant pour point de départ la théorie micellaire, aboutit nécessaire- ment à la confirmation des idées de Nägeli. Pour M. Correns, comme pour à Nägeli, la striation des membranes ou leur stratification résultent d’une façon générale de la succession de couches alternativement claires et som bres, ces dernières étant caractérisées par une teneur plus forte en cu particularité qu’explique l'attraction inégale des micelles pour ce liquide. Toutefois, M. Correns admet qu’une différenciation plus profonde peul exister entre la substance claire et la substance sombre, soit que ces deux substances appartiennent à des individualités chimiques différentes, sol qu'elles résultent d’états physiques différents de la même substance. Cette dernière opinion lui paraît la plus justifiée. Il. — ANATOMIE DES TISSUS ET DES ORGANES. 1° Tissus de protection et de soutien. On sait que les cellules de l’endoderme sont munies, en général sur leurs faces latérales et transverses, de plissements subérifiés ou lignifiés formant autour des cellules un cadre de petites dents qui les engrènent fortement; | on sait aussi que cette variété de parenchyme subérisé ou lignifié a reçu Lu M. van Tieghem le nom de tissu plissé. Le tissu plissé a été observé d’ailleurs dans des régions anatomiques très différentes. M. Pa. van TriEcufM ns signale aujourd’hui l'existence de ce tissu dans une nouvelle région * l’assise pilifère de la racine des Coniféres et des Cycadacées. (4 M. C. Muzzer (3) a étudié le collenchyme dans les pétioles de plus © quatre cents espèces; ses observations l’amènent à distinguer dans ce HSE les variétés suivantes : 4° Le collenchyme angulaire (Ecken-Collenchym), dans = elles sans méats et ont leurs parois uniformément épaissies (Conium, 51° via, etc.); — 3° le collenchyme cartilagineux (Knorpel-Collenchym) à par (1) G. Correns : Zur Kenntniss der inneren Structur der vegelabilischen Zell branen (Jahrbücher für wissenschaftliche Bota nik, Bd. XXII, p. 354-838, 1891): à 2) Ph. Van Tieghem : Un nouvel exemple de tissu plissé (Journal de Botanique 5° année, p. 165, 1890). (3) C. Müller : Ein Beitrag zur Kenntniss der Formen des Collenchyms (Be der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VIII, Heft 5, p. 150-166, 1890). REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE, 93 5° le collenchyme méatique (Lücken-Collenchym) (fig. 4), dans lequel les épaississements sont localisés autour des méats (Petasites officinalis et ni- veus, Helianthus tuberosus (fig. 11), Pulmonaria, etc.) ; — 6° le métacollenchyme (Metacollenchym) dont les épaississements sont de formation très tardive et apparaissent vers la fin de la vie des cellules (Acacia, Gunnera scabra) ; à cette forme se rattache sans doute le Keratenchym de Wigand; — 7° le protoscle- renchyme(Protoscel hym) lenchyme transitoire» de M.Haberlandt, qui n'est qu'un premier état des fibres du sclérenchyme. M. Müller pense que le rôle-principal du collenchyme serait de servir à la réserve aqueuse. Le collenchy t l t formé de cellulose, M. Mouiscu (1) a trouvé au-dessous de l'épiderme du fruit du Solanum melongena var. coccinea et de nombreuses variétés de Capsicum, un tissu qui a l'apparence extérieure du collenchÿme, mais dont les parois sont fortement subérisées. Ce tissu que l'auteur appelle liège collenchymateux (collenchymatischer Kork) participe- rait à la fois, quant à ses fonctions, du liège et du collenchyme. Le liège est habituellement considéré comme étant un tissu mort qui sert à Fig: 11. Coupe à travers le pétiole de l’Helianthus tuberosus montrant le collen- chyme méatique de l'hypoderme. — m, méat entouré d’une plaque de collenchyme commune aux cellules qui bordent ce méat. (D'après C. Müller.) protéger, contre la dessiccation, les organes qu’il recouvre. M. J. WIEsnER (2) à Conslaté que dans certains cas les cellules du liège restent longtemps vivantes ; elles s'opposent alors beaucoup moins à la dessiccalion des par- ties sous-jacentes, mais elles peuvent servir à l'absorption des liquides. Des tubercules de Pomme de terre à liège périphérique vivant perdent dans les mêmes conditions beaucoup plus d'eau que les lubercules à liège mort, mais par contre, dans l'eau ou dans le sol humide les premiers absorbent de 5 à 7 fois plus d’eau que les seconds. Tant que la terre est humide, le liège des tubercules parait rester vivant, mais ses assises les plus externes . cessent de vivre dès que le sol commence à se dessécher; le rôle absorbant du liège est alors fini et son rôle protecteur commence. Ce n’est pas seule« ent dans les organes souterrains d’ailleurs que M. Wiesnér à pu observer 4 persistance de la vie dans les cellules du liège, C'est ainsi que dans les jeunes rameaux d'Érable et de Tilleul il a trouvé le périderme encore vivant Pendant l'hiver. (1) H. Molisch : Colenchymatische Korke (Berichte der deutschen botan. Gesell- schaft, Heft 9). . eft ù - (@)3. Wiesner : Ueber das Safiperiderm (ŒEsterreichische botanische Zeitschrift, P- 107-111, 1890). Ë | | 94 $ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 20 Lenticelles et stomates. M. H. DEvaux (1) a constaté que les lenticelles des tubercules de pont | E de terre prennent un développement extraordinaire lorsqu'ils sont placés dans de l'air humide, ou mieux encore, lorsqu'ils plongent incomplètement … + dans l’eau. Il a en outre observé des faits analogues sur la tige du Peaplier, Li sur la tigelle du Peuplier germant dans l’eau, etc.; le phénomène est lité par la chaleur et paraît mieux se produire à a lumière. Pour l'atenfi cette hypertrophie des lenticelles représente une adaptation de la pes à des conditions de grande humidité extérieure, 1 On sait que de Candolle considérait les lenticelles comme des bourgeons |: radiculaires et que cette opinion, combattue en particulier par Hugo Mohl, : fat rejetée par les auteurs qui suivirent. M. H. Kiepan (2) a constaté que 5 dans le Solanum Dulcamara el V'Herminiera Elaphroxylon, on trouve dans ni l'écorce, au-dessous de chaque lenticelle, une ébauche de racine ; les racines adventives proviennent toujours du développement de ces ébauches et il 1 suffit de mettre dans l’eau un fragment de tige de Solanum dulcamara, pou | voir bientôt des racines se développer à travers les lenticelles. Toutefois cette relation de position entre les lenticelles et les ébauches des racin adventives est trop peu répandue pour qu’on puisse en donner une explict… tion physiologique plausible. M. A. Weiss (3), continuant des recherches dont les premiers résultat avaient été publiés en 1865 (4), donne aujourd’hui sur la forme, la disposi tion, le nombre et la grandeur des stomates d’un nombre considérable plantes, des renseignements d’une grande précision, renseignements d' tant plus utiles que les espèces étudiées ont des conditions d’existence extrê- mement variées. M. W. KoreLLA (5) a recherché l'existence et la réparlition des stomale sur les sépales. Ses observations ont porté sur 288 espèces réparties dans 192 genres et 58 familles : 5 espèces seulement se sont montrées dépourv de stomates (Andromeda polifolia, Amaranthus caudatus, A. bicolor, A. SP& ciosus, À. atropurpureus) ; 222 espèces en présentent sur les deux faces des sépales, 65 seulement sur la face externe et 2 seulement sur la face in. terne (Cerinthe auriculata, C. minor). Le nombre et la grandeur des stomates sont extrêmement variés et il en est de même de leur répartition à la sur des sépales, (1) H. Dovaux : Hypertrophie des lenticelles chez la Pomme É terre et chez ques autres re PA de la Ra botanique de France, 2e série, t. X S p. 48- (3) A, Weiss è Weitere Untersuchungen fiber die 7 p. 307-382, 1 1890). 14 rs one: ms für wissenschaftliche Botanik, Bd, IV pe 15, 1865). :_ (5) Wilhelm Korella : Ueber das Vorkommen und Vertheilung der dE gen auf den Kelchblättern (Inaug. Dissertation, Kônigsberg, 1890). REVUE DES TRAVAUX D'ANAÂTOMIE. #5 30 Poils et piquants. Les jeunes feuilles du Corokia budleoides sont couvertes dé poils én ñavélte qui forment à leur surface un épais feutrage ; les poils dé la facé inférieure persistent seuls sur les feuilles adultes. Les poils des deux faces ét les déux épidermes ont leurs parois imprégnées de carbonate de chaux. À ün éérfain Stade de leur développement et du développement de la feuille, la cellule terminale des poils se recouvre de petites éminences coniques formées de carbonate de chaux, en même temps que ses parois s’épaississent considé- rablement; peu après les exsudations calcaires disparaissent et les parois cellulaires reprennent leur minceur primitive. M. A. Werss (1), qui a observé ces faits, pense que les cellules terminales des poils servent à un moment donné à emmagasiner de la cellulose et du calcaire, lesquels sont ensuite utilisés ailleurs. M. R. Kezcer (2) a recherché les causes et le mécanisme de la chute des poils, mais les résultats qu'il a obtenus sont peu susceptibles de généralisa- tion. L'éclairement lui paraît jouer un certain rôle dans la chute ou la per- sistance des poils dans les feuilles bifaciales, c’est en effet la face supérieure, c'est-à-dire la plus éclairée qui devient glabre. La structure anatomique du Poil lui paraît avoir une grande influence sur le processus qui détermine sa chute; c’est ainsi que dans les poils unicellulaires, la chute se produit par Tupture du poil. Les poils ne disparaissent pas en entier; leur portion basilaire demeure fixée à l'organe et porte une cloison transversale subé- rifiée qui isole les parties sous-jacentes du milieu extérieur. M. Lornerter (3) a constaté que chez le Berberis et le Cratægus l'air sec accélère la production des piquants, tandis que l'air humide la retarde; de Plus le tissu de soutien prend aux dépens du parenchyme un plus grand déve- loppement dans l'air sec que dans l'air humide. L'auteur a en outre montré que, dans les plantes précédentes et dans un certain nombre d'autres, un éclairement intense détermine la formalion de piquants plus nombreux, mieux différenciés et plus fortement développés que dans les conditions ordi- haires, 49 Tissu conjonctif. M. Van Tieghem (4) a montré que chez diverses Prêles (E. limosum, E. litto- rale, etc.) et chez certaines Dicotylédones (Nymphéacées, Ranunculus lingua, Mia. A. Weis : Untersüchungen über die Trichome von Corokia budleoides (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften in Wien. Bd. XCIX, Heft 4 et 5, p. 268-289, 1890 nn, Rs æ — © " (4) Ph, Van Tie ; ° . ghem : Remarques sur la structure de la tige des Préles (Journal de Botanique, n° 21, 1890). ci 96 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. PRES R. aquatilis, etc.) ou Monocotylédones (Hydrocleis, Limnocharis, eLc.), la tige” est caractérisée par l'absence de cylindre central ou de stèle, en un mot présente la structure astélique. Chaque faisceau libéro-ligneux, en effet, plongé directement dans un parenchyme qui de la périphérie jusqu'au centré est l'écorce, parenchyme dont l’assise qui borde chaque faisceau se développe tout autour en un endoderme particulier. On sait d’autre part que le péricycl est, par définition, la partie du conjonctif du cylindre central extérieure aux faisceaux. Dans la structure astélique, il n’y a pas de cylindre central &t parlant pas de conjonctif, il ne saurait donc y avoir de péricycle, pas ph que de moelle ou de rayon médullaire, M. Van Trecuew donne le nom péridesme à l’assise ou couche de tissu qui dans la structure astélique entour sous l’endoderme particulier, le liber et le bois de chaque faisceau libéro- ligneux. ‘7 (A suivre.) A. PRUNET. Revue générale de Botanique. Tome 4. Planche 4. LES SES Te SRE LE = 5 Vi St MORE ES LÉ ESS SL LS iQ == [LE Hi si : — 6e NS M ( | La A 148 ven eme RS Me ne ES \BRE + = | “ue ns = see : : j 1, Nu EU REX ue Le HUE 1 \X & il rt (NUE fl ÆT | Ï Sy HU HAT bre L Hi LEE : LA is CHAT LH CL ss. wii Ds ait TILL si, CH Ho fn ru re * os à Se AR ER \ AL \ ne. GE SS + Ari) 4 il fl ie fi fl pl Le ar Mae s D TI CAT qe HA jé) suis \ = LE HS = ES Nil if = ES Millot del. Ed. Crête. Vitou se. Recherches physiologiques sur les Lichens. MODE DE PUBLICATION 4 CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- lièrement le 15 de chaque mois, et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures L dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n'est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., … à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui 1 se Charge de fournir tous les ouvrages anciens ou È | 3 : 4 É & odernes dont il est fait mention dans la /ievue. Adresser lout ce qui concerne la rédaction à M. (Gaston ONNIER, professeur à la Sorbonne, 7, rue Amyot, Paris. Ilsera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue nérale de Botanique. Les auteurs des travaux insérés dans la /evue générale de Bota- que ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 mars 1892 IN° 39 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 52, RUE DES ÉCOLES, 652 EN FACE DE LA SORBONNE ns LIVRAISON DU 15 MARS 1892 . Pages. I. — SUR LES TUBERCULES DES ÉQUISÉTACÉES (avec figures dans le texte), par ME. Leelere du Sablon........... Il. — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS (avec planches), par M. Henri Jumelle (suite)........... 10: HE, — REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES ET LES FER- MENTATIONS parus pendant l’année 1890 (avec figures dans le texte), par ME. Léon Boutroux............ IV. — REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE VÉGÉTALE, parus de | juillet 1890 à décembre 1891 {avec figures dans le texte), | par ME. À. Prumnet (suile)..................... Ma 1 . PLANCHE GONTENUE DANS CETTE LIVRAISON : s F Parois à 3. — Recherches physiologiques s sur les Lichens. Cette livraison renferme en ontre quarante-trois gravures dans le ie Pour le mode de ring et les conditions Æabor 6 : isa page de la ceuver SUR LES TUBERCULES DES ÉQUISÉTACÉES Par M. LECLERC DU SABLON On a signalé depuis fort longtemps sur le rhizome de cer- taines espèces de Prêles la présence de tubercules gros à peu près comme une graine de Pois. Ce sont ordinairement de petits rameaux réduits à un seul entre-nœud ; quelquefois plu- sieurs tubercules sont réunis en file, séparés par des étrangle- / Fi & : ae PE Tubercale (grandeur naturelle); A, rhizome; r, racine ; £, tubercule. — F4 13. — Coupe transversale d’un tubercule; f, faisceau. — Fig. 14. — Figure orique montrant la disposition des faisceaux d’un tubercule; ce, contour du tubercule ; /, faisceau ; n, couronne formée par jh réunion des faisceaux. ments Correspondant aux nœuds et formant comme un chape- let. Séparés du rhizome qui les porte, Les tubercules peuvent Passer à l’état de vie ralentie, puis lorsque les conditions sont favorables, germer ef produire une nouvelle plante. ii Les tubercules de Prêle sont ordinairement très profond De sr dans le sol; c'est sans doule pour cette raison en peu étudiés jusqu’à présent; aussi me semble-t-il Rev. gén. de Botanique. — IV. 98 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. opportun de faire connaitre les quelques observations anatomi- ques que j'ai eu l'occasion de faire sur ce sujet. . Les tubercules d'Equisetum Telmateia sont pyriformes (fig. 12), l'extrémité qui s’insère sur le rhizome étant la plus mince; il peut y avoir deux et mème trois tubercules attachés au même : nœud d’un rhizome, mais jamais je n’ai vu dans cette espèce plusieurs tubercules former un chapelet. Dans une coupe transversale faite dans la partie moyenne d'un tubercule, on voit que l’épiderme est à peine différencié des cellules sous-jacentes: la paroi externe des cellules recou- … verte d’une très mince couche de cuticule ne paraît pas du | & Fo ne . tr Fig. 15. — Faisceau libéro-ligneux d’un tubercule; e, endoderme; p, péricyeler b, bois ; L, liber. ne tout incrustée de silice. A l’intérieur de l’épiderme, on voit des | cellules de parenchyme renfermant des grains d’amidon € . abondance. Ce parenchyme s'étend sans discontinuité jusqu'au centre de la section. Vers la périphérie de la section (fig. 13)® trouve un cercle de faisceaux libéro-ligneux dont nous allons examiner la structure. . Tout autour du faisceau est un endoderme (e, fig. 15) présen" tant sur ses parois radiales les plissements caractéristiques; le contour formé par l’endoderme présente la forme d’un cer ou plus souvent d’une ellipse plus ou moins irrégulière, allo gée tangentiellement. A l’intérieur de lendoderme, se trou comme dans la tige des Equisétacées en général, une assis® * TUBERCULES DES ÉQUISÉTACÉES. 99 parenchyme péricyclique p immédialement en contact avec le faisceau libéro-ligneux. Le liber /, situé à La face externe du faisceau, est ordinairement peu développé et ressemble au liber de la tige. Quant au bois il a une structure différente du bois d’un rhizome. D'abord, on n’y voit pas de lacune; or on sait que dans la fige des Equisétacées il se forme toujours une lacune, par dissociation des éléments, dans la partie la plus âgée des faisceaux du bois. C’est donc là une première différence inté- ressante entre le bois du tubercule et le bois de la tige. En second lieu les vaisseaux du bois sont plus nombreux dans le tubercule que dans le rhizome; ils sont disposés sans ordre et mêlés à des cellules de parenchyme. Les vaisseaux les plus gr0s ne sont pas toujours vers la partie extérieure, mais mêles irrégulièrement aux plus petits. On ne reconnaît nulle trace de la disposition en V qui caractérise les faisceaux de la tige. Dans une coupe longitudinale on constate que les vaisseaux sont tous annelés et spiralés, les anneaux ou les spirales ligni- fiées étant plus minces et moins rapprochés les uns des autres que dans la tige. Les faisceaux qui se trouvent dans une même section trans- Yersale sont de dimensions différentes, on en voit qui sont en voie de division ou de réunion. Le nombre des faisceaux varie en effet suivant la région que l’on considère. A Ja base du tubercule il y en à de 6 à 8, dans la partie la plus large il y en à 14 ou 16 ; puis, certains faisceaux se réunissent deux à deux, et leur nombre redescend à 8 ou 9. Enfin tout à fait versle sommet, les faisceaux se réunissent en une couronne qui correspond au nœud terminal du tubercule. Dans un tubercule, les faisceaux forment donc un réseau irrégulier dont on peut se faire une idée Dr . es IX NEA Fig. 16. — Faisceau libéro- -ligneux du rhizome d'Equisetum Telmateia. — Fig Fur libéro-ligneux d'un tubercule d’E. silvaticum; e, endoderme ; p, D lé bois iber. rant chaque faisceau, l'absence de lacunes dans le bois, et la disposition entire des vaisseaux, tels sont les caractères Principaux qui distinguent la structure du tubercule de che du rhizome dans l’Equisetum Telmateia. En comparant les figures 15et 16 représentant l’une un faisceau du tubercule et l’autre un faisceau du rhizome, on peut facile ment se rendre compte de l'étendue de ces différences. Dans l’Equisetum silvaticum les tubercules sont ovoides el souvent disposés en chapelet, chaque rhizome correspondant (1) Pfitzer, Ueber die Schutzscheide der ges uen (Fahrbücher Je wissenschafiliche Botanik, tome VI, 186). Or D . TUBERCULES DES ÉQUISÉTACÉES. 101 un entre-nœud du rhizome modifié. Par leur structure, ces tubercules ressemblent beaucoup à ceux de l'E. Telmateia. Cependant dans l'E. silvaticum quelques assises de parenchyme cortical sous-jacentes à l’épiderme sont fortement sclérifiées et forment une enveloppe protectrice; c’est d'ailleurs une parti- cularité que l’on retrouve dans le rhizome de la même espèce. Dans la partie interne, se trouve un parenchyme formé de grandes cellules bourrées de grains d'amidon. Les faisceaux (fig. 17), entourés chacun d’un endoderme spé- cial, ont à peu près la mème disposition et la même structure que dans les tubercules d'E. Telmateia. Ces quelques observations, qui demanderaient à être étendues à d’autres espèces, montrent que : _ Les tubercules des Equisétacées sont, au point de vue anato- Mmique, nettement différenciés des rhizomes. Les faisceaux libéro- ligneux sont entourés d'un endoderme spécial alors même que ce caractère ne se retrouve pas dans le rhizome, les vaisseaux du bois sont disposés sans ordre et il n'y a pas de lacune à la partie interne du faisceau. Ce dernier caractère est d’ailleurs en rapport avec le rôle d'organe de réserve que jouent ces tubercules. PU à LUS RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS Par M. Henri JUMELLE (Suite). Physcia parietina. Le thalle, foliacé, est d’un jaune orangé plus vif que dans le Parmelia caperata. Les gonidies sont des Protococcus. En treize heures, à l'obscurité, 0,090 de ce Lichen ont ab- sorbé 0%,67 d'oxygène et rejeté 0°°,56 d'acide carbonique. 2 Le rapport = 0,83. Les éprouvettes étant ensuite transportées à la lumière dif- fuse et laissées quatre heures, on observe que, au bout de ce temps, 0,31 d'acide carbonique ont été décomposés ; l’atmo- sphère renferme en plus 0,36 d'oxygène. Le rapport Ds 4,16. Il y a donc eu, ici encore, prédominance de l'assimilation sur la respiration, bien que, comme pour le Lichen précédent, le : fait ne pût guère être prévu, si l’on fait attention à la couleur du thalle. Umbilicaria pustulata. Pour ce Lichen encore, il est intéressant de rechercher st l'assimilation peut être constatée. Le thalle, foliacé, et qui ad- 10 hère, par un point seulement, au rocher, est d’une couleur ——. - indécise, jaune verdâtre. © 404 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. En dix-sept heures, à l'obscurité, 35,960 d'Umnbilicaria ont absorbé 16,30 d'oxygène et rejeté 13,85 d'acide carbonique. CO? à Le rapport x: —0,85. À la lumière diffuse, le même poids de Lichen a décomposé, M en cinq heures, 5,86 d'acide carbonique, remplacés. par : 6,75 d'oxygène. 4 La résultante se traduit done par une supériorité de l'assi- milation sur la respiration. Le rapport = 1,15. Sans nous attarder, outre mesure, dans la description de ces analyses, nous ajouterons que nous avons obtenu des résultals analogues aux précédents avec l'Usnea barbata, à thalle fruti- culeux d’un vert cendré , avec le Parmelia perlata,à {halle foliacé vert pâle, avec le Parmelia physodes, à thalle blanc grisâtre, a avec le Parmelia olivacea, à thalle vert olive, enfin avec lé Pel- . tigera canina dont les gonidies, d'espèces variées, sont en pal- à tie des Glæocapsa. Toutes ces expériences, ainsi que les suivantes, ont été faites, ; à à cit eue reprises, pendant les mois de novembre à mai; les | résultats ont toujours été concordants. Pour tous ces Lichens nous avons pu constater que, même al lumière diffuse, l'assimilation l'emporte sur la respiration. 1 D'ailleurs ce fait du dégagement d’ oxygène à la lumière Pa : ‘les Lichens foliacés ou fruticuleux peut ètre encore constalé : d'une façon très simple, par une méthode bien connue. : Si on plonge une touffe de Physcia ciliaris, par exemple ainsi que l'indique la figure 3 (planche 4), dans un vase plat en verre rempli d’eau chargée d'acide carbonique, et si 0 expose ensuite ce vase au soleil, on ne tarde pas à voir des, bulles se dégager du Lichen et monter à la surface de l'eau. C dégagement s'arrête aussitôt qu'on place devant le vase un ‘écran interceplant la lumière: il recommence quand l'écran est enlevé. Or les bulles qui se dégagent ainsi sans se dissoudre RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 4105 dans l’eau sont, comme on sait, dues à l'oxygène mis en liberté à la suite de la décomposition de l'acide carbonique. Le rejet d'oxygène, résultat définitif des échanges gazeux des Lichens foliacés ou fruticuleux à la lumière, est ici mis en évi- dence par l'observation directe. 2° Licuens cnusracés. — Les Lichens crustacés, sur lesquels il nous reste à répéter les recherches précédentes, sont ces Lichens dont le thalle est si adhérent au substratum, écorce ou rocher, qu'il ne peut en être séparé. C'est surtout pour ces végétaux aux couleurs variées, au thalle en général si peu développé que, parfois, les périthèces seuls apparaissent au dehors, qu'il est permis d'émettre des doutes sur une intensité d’assimilation supérieure à la respi- ration. La confirmation de l'expérience est, dans ce cas, de toute nécessité. Nous nous sommes servis des mêmes éprouveltes que précé- demment, dans lesquelles nous introduisions des fragments de —oches où d’écorces recouvertes par le Lichen. La principale difficulté consiste ici à trouver de ces fragments où la présence d'aucun élément étranger ne puisse être une Source d'erreur, Pour les Lichens vivant sur les écorces, en Particulier, il convient de s’assurer tout d’abord, par un exa- men aitentif, qu'ils se trouvent seuls sur le morceau introduit dans l’éprouvette. On remarquera que nous avons, le plus sou- Yent, expérimenté sur des échantillons pris sur des rochers; dans lequel cas toute possibilité d'erreur semblable à celle 7e ous signalons disparaît complètement. Lest à peine besoin de faire remarquer que dans toutes Jes expériences qui vont suivre, nous n'indiquerons plus que le sectes de parvenir jusqu'aux nectaires intra-floraux, où leur pré sence aurait le grave inconvénient d éloigner les visiteurs char- gés d'assurer la pollinisation. M: F. Delpino (9), qui s’est fait une spécialité de l'étude des plantes à Fourmis, a longuement décrit la répartition et la struc- ture des nectaires extra-floraux, et fait connaître les moyens mis en œuvre par la plante pour préserver les nectaires intra-floraux de l'invasion des Fourmis. Parmi les plantes étudiées par ce bo- taniste et dans lesquelles se trouvent le mieux réalisées, à son avis, d'une part la f réquentation des nectaires extra-floraux et d'autre part la protection des nectaires intra-floraux, se trouvent les 5 _— du genre Tecoma. nel) Fr. RATRRE Journal pre Soc. Botan., vol. XV. Realé (2) F. Delpino : Funzione mirmecofila nel gt vegetal (emori della 1858, Academia delle Sélenze dell Istituto di Bologna, séri VIH, X, 1856, | Les 1889) ;.— Contribuzione alla storia dello slivuppo del pré) Mdr RÉ : (3) A F. w Schimper : Die zwischen Pflanzen und 4 im rare Amerika, Jena, 1%, (4 ere : Annales du FL botanique + Buitenzorg, vol. 4, P: vol. vi “ É pr we Gael 1bid., vol. PME p: 2L a imper : r DC : a pes The re in rap 1874. (8) Beccari : Malesia, II. : (9) F. Delpino : (oc. in PLANTES ET INSECTES. 149 En septembre dernier, j'ai observé dans le Lot-et-Garonne, sur trois pieds de Tecoma radicans, des faits qui sont en contradic- tion avec les assertions de M. Delpino et avec divers points de la théorie des plantes à Fourmis. Ces trois plantes, placées côte à côte le long d’un mur, portaient de nombreuses fleurs et étaient fréquentées par de véritables légions de Fourmis. On sait que le Tecoma radicans présente des nectaires extra- floraux sur les feuilles et sur le calice et des nectaires intra-flo- faux sur la corolle et les carpelles. Voici, comme exemple, quelle étail un jour la répartition des Fourmis sur les divers nectaires portés par 4 rameaux : er Rameau. 2%°Ram. 3° Ram. 4° Ram. 2 ae 10, 5 à: Nectaires intra-flor.....,........... 185 248 320 190 Les nectaires extra-floraux des rameaux dépourvus de fleurs épanouies, étaient en général moins riches en Fourmis que ceux des fameaux à nombreuses fleurs épanouies ; parfois mème la différence était considérable. Il était visible que les grands Courants de Fourmis étaient dirigés vers les rameaux portant le plus grand nombre de fleurs épanouies, c’est-à-dire vers les par- les de la plante où la nourriture était la plus abondante, tout en élant d’un facile accès. a Fes ENS LES MERE - = SUR QUELQUES PLANTES D’'ESPAGNE RÉCOLTÉES PAR M. E. REVERCHON Note de M. J. HERVIER Les voyages de M. E. Reverchon en Espagne et les découvertes si intéressantes qu'il a faites, ont été déjà l’objet d'articles pu- bliés par divers botanistes. L'on doit à M. G. Rouy plusieurs articles dans le Bulletin de la Société botanique de France et dans le Naturaliste (1). M. O. Debeaux, dans son Synopsis de la Flore de Gibraltar, énumère la presque totalité des récoltes de M. E. Reverchon dans cette région (2). Enfin, M. le D' M. Willkomm, de Prague, publie dans une revue d'Autriche (3), une série de notes très a parmi lesquelles je ci- terai seulement : — Rhamnus bæticus Willk. et Reverch., nov. sp. loc. cit. — Rh. Frangula L. var. longifolius Rouy in Le Naturaliste 1887. P. 199, olim! : Sir de Palma, près Algeciras Kaidsaéett bois mt Juillet 1887. — Exsie, 1887, n° 119. “6 ce Cossoniana Boiss. Reut. var. nov. rotundifolia Wilk. .C a us a Bulletin de la Société bot. de Fr., tome 34 (18817), p. 434. — Le Natu- Pr Bodo Synopsis “de là Foie ‘dé Gibraltar. Paris, 1889. Estrie des ctes de à Soc. Linnéenne de Bordeaux 1888.) “ PAT A M. nee Sur quelques plantes nouvelles et critiques dela a ere fe faite et baléarique (OEsterr: botanische Zeitschrift. 1 % 152 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Sables à San Roque et Gibraltar (Andalousie). Juin 1888 (Reverchon et Dautez). — Medicago gaditana Perez-Lara in litt. — Willk. L. c. Grazalema (Andalousie), lieux arides. Mai 1890. — Conopodium elatum Willk. spec. nov. L. c. Grazalema (Andalousie), bois. Juin 4890. — Senecio Lopezii Boiss. var. nov. minor Willk. 1. c. =. gt braltaricus Rouy, in Le Naturaliste, 1887. p. 78. Sierra de Palma, près Algeciras, 1887. — Exsic. 1887, n°137. — Teucrium Reverchoni Nik. sp. nov. 1. c. — 7. Polium L. var. montanum Boiss. Willk. Lge prodr, fl. hisp. Il, p. 478, p.p. Reverch., in sched. olim. Sierra de la Pizarra, près Cartana (Andalousie), lieux arides, 11 juin 1888. — Exsic. 1888, n° 166. — Ajuga Chamæpytis Schreb. var. nov. suffrutescens Willk.I.c. Serrania de Ronda (Andalousie), lieux sablonneux sur le calcaire, Août 1889. — Exsic. 1888, n° 401. — Thymus arundanus Willk. sp. nov. 1. c. Serrania de Ronda, près Grazalema (Andalousie), lieux arides sur le calcaire, Juin 1890. ILsignale en outre d’autres variétés, mais je ne me borne à y renvoyer le lecteur pour les diagnoses et les notes critiques. Je me propose avant tout dans cette courte notice de réunir les matériaux nouveaux et inédits a je crois utile de consigner pour la science. … — Lepidium hirtum D. C: Syst. H.— Willk. Lge. prod. fl hisp. IL, p. 783, var. nova. psuopterum Willk. inéd. in Sched. Differt a typo foliis caulinis dentatis, petalis minoribus, sili- culorum alis glabris, margine solùm breviter ciliatis. Hab.: Sierra de Santo et Sierra de la Cueva Santa, lieux incultes, herbeux sur le calcaire jurassique, rare, 700 mètres: Juin 1891. — Alsine Paui Willk. Sp. nova, in litt. novemb. 189! (abs : verna. Pau, notes, fase. L P- 30, oi k4, non ann Intricata, caulibus longi s FA 4 ascen” É «| | és PLANTES D’ESPAGNE. 153 dentibus, ramosis, infernè puberulis; foliis dissitis e basi lata linearibus acutatis rectis, planis, trinerviis,. mârgine seabris; floribus laxè paniculato-cymosis, pedicellis capillaribus ealyce 2-3 longioribus, erectis, cum cymae ramulis sepalisque puberulis; sepalis ovato-lanceolatis trinerviis angustissimè sca- riosis, petalis calyce longioribus basi lata in unguem brevem contractis albis; capsula calycem subæquante; seminibus..….. Proxima A. vernæ Bartl., quæ caulibus brevibus cum sur- culis foliariis cæspitem densum formantibus, foliis multo tenuio- ribus, curvatis, bracteis scariosis, et valvis capsulæ calycem Conspicuè superantibus eximiè differt. Hab.: Sierra de Espadan, terrains rocheux et ombragés sur le calcaire triasique, rare, à 1,800 mètres. Août 1891. Cette nouvelle espèce est fort remarquable par ses caractères, son port et son aspect, qui sont nettement tranchés; elle parait loute spéciale à la Sierra de Espadan. M. Willkomm a dédié celle curieuse espèce à M. Charles Pau de Ségorbe, botaniste distingué, qui le premier l'avait découverte en 1883 dans la même localité, et l'avait prise pour l’Alsine verna Bartl. M. Reverchon la publie dans son exsiccata 1891, sous le n° 702, en magnifiques exemplaires. La figure 4 de la planche 7 représente un exemplaire de l'Alsine Pau. | — Saxifraga valentina Wil\k. spec. nov. in litt. Januar. 1892. Laxè cœæspitosa, intricata, glabra, viscidula, foliis longè petiola- ” lætè virentibus, petiolo angustè lineari basi dilata vaginante, limbo flabellato profundè tripartito, partitionibus linearilanceo- latis Obtusissimis, margine (in sicco) subrevolutis, nervosis, lateralibus divaricatis sæpè bifurcatis; caulibus floriferis teneris erectis, simplicibus, aphyllis aut folia 2-3 parva tripartita ferentibus ; floribus cymoso-paniculatis, bracteis bracteolisque linearibus cum pedunculis et calycibus glanduloso-puberulis, Yiscidis, pedunculis jäm sub anthesi calyce longioribus, ter- Mnalibus rectiuseulis, alaribus arcuatis, defloratis nutantibus; “épalis oblongis obtusis toro obconico sub anthesi longioribus, 154 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. petalis calyce duplo longioribus, obovato-cuneatis trinervis albis ; staminibus sepala sub æquantibus, antheris capitatis luteis, stylis elongatis valdè divergentibus. Capsula ignota. Species, a sectione Dactyloides, valdè affinis S. trifurealæ Schrad., a quà differt teneritate, peliolis angustioribus, parti- tionibus foliorum obtusissimis (nec valdè acuminatis), caulibus multo gracilioribus, floribus minoribus, sepalis toro longioribus obtusis (nec brevioribus mucronatis), stylis divaricatis (neque erectis). Similis quoquè S. paniculatæ Cav., quæ caulibus multo robustioribus, foliis rigidis magis coriaceis latiüs petiolatis, parli- tionibus limbi minüs profundè tripartiti latis, sæpè omnibus (sem- per saltèm lateralibus) divaricato-bi-trifidis, caulibus ramosis fo- liatis, panicula ampla, sepalis oblongo-triangularibus torum æquantibus,staminibus e cal; ti à nostra benè distinclaes! Hab.: Sierra de Javalambre, rochers escarpés à Le Prado, à 2,000 mètres. Juillet 1891. E. Reverchon, exsice. 1891, n° 622. La figure 2 de la planche 7 représente un exemplaire du Sazifraga valentina. — Galium murale AI. var. nov. /axum Lang ein Sched. 1889. Differt a typo caulibus capillaceis longè diffusis, foliis Joxis latioribus, internodiis elongatis, fructibus longiüs pedicellatis: . Hab. Sierradela Nieva, prèsR d ,surles rochers. 20 juin 188%. Les Hieracium ont été revisés par M. Arvet-Touvet, je neSi- gnalerai que les plus intéressants. : — Hieracium bæticum Arvet-Touvet et Reverchon, in litt octob. 1889. Species nova. Plus ou moins ériopode: feuilles vertes grisätres, plus pâles en dessous mais non à peine glaucescentes, toutes radicales, 0 rarement une seule située près de la base de la tige et alors allénuée en pétiole et non subembrassante comme den sazatile Vill. ou phlomoides Froël., étroitement elliptique” # r LA les 1 ovales, oblongues ou lancéolées, obtuses — mucronées où, © & intérieures, acuminées-aiguës, denticulées surtout pres de PLANTES D'ESPAGNE, 155 base, ou presque très entières, poilues — pubescentes ordinai- rement sur les deux faces, atténuées ou contractées en pétiole + court et+poilu-sublaineux, à poils très blancs (sur le vif), Îlexueux et un peu soyeux, visiblement denticulés plutôt que subplumeux; scape mono-oligocéphale, nain où peu élevé (-15 centimètres de long), grêle, dressé, strié, pubescent à la base, pubescent étoilé-farineux et glanduleux supérieurement et sur tous les pédoncules appuyés par une bractée linéaire; péricline ovoïde (environ 4 centimètre de long sur un peu moins de large) à écailles glanduleuses et d'un vert noirâtre sur le dos, blanchâtres — farineuses surtout sur les bords, lancéolées-acumi- nées, mais obtuses ou obtusiuscules au sommet, excepté 2-3 des plus intérieures qui sont acuminées-aiguës; ligules à dents glabres ou finement papilleuses ; styles jaunes; achènes de à mil- limètres environ, d’un pourpre noirâtre; réceptacle denté fibril- leux plutôt que ciliolé. —Section Cerinthoidea. Grex. Phlomoidea. #. Andalousie, Sierra de la Nieva, sur les rochers calcaires, 12 juillet 1889. Cette plante a des affinités, mais assez éloignées avec Îles A. saxatile Nil. et phlomoïdes Froël. qui sont glauques, à poils subplumeux, et à ligules ciliolées, ainsi que le réceptacle, etc. — Êlle à également des rapports avec les A. Loscosianum, bellidifotium et spathulatum Scheele, qui ne semblent former qu'une seule ou, au plus, deux espèces et qui sont très glau- ques, à feuilles obovales, glabres ou glabrescentes, à écailles du péricline très aiguës et à ligules ciliolées, etc. ; M. Arvet-Touvet ajoute, dans une lettre datée du 25 octobre 1889 : « Je ne vois cette plante décrite nulle part; il me semble Pourtant l'avoir rencontrée dans quelques herbiers, mais comme forme doute, et avec la même provenance du midi de l’Espagne. Il Convient donc dès lors de la fixer par un nom et une des- Cription. » CE — À. flocciferum Arv.-Touv. in Revue de botanique dela Soc. franc. de Bot. tome IX, n° 97, p. 31 — (forma abbreviata, gra- cilenta). ee. Sierra de Javalambre près de Ségorbe, rochers escarpés ln 156 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. | le calcaire jurassique, à 2,000 mètres, rare. Juillet 1894. — À. Berardianum Arv.-Touv: Hierac. Alp. franc. p: 50. Sierra de Javalambre, rochers escarpés sur le calcaire juras- sique, à 2,000 mèt. rare. Juillet 1891. :.E. Reverch. exs. 1791, n° 630. Nouveau pour la Flore d'Espagne. — 11. valentinum Arv.-Touv. et Reverchon spec. nov. in Jitt. Æ, pseudocerinthoides Koch inter et H. atlanticum Wries quasi medium. Phyllopodum et eriopodum, pumilum, intensè viride subglaucescens ; folia margine ciliato-glandulosa cæterüm glabrescentia, caulina nulla vel 1-3 reducta sessilia, decrescentia; caulis glabrescens vix glandulosus; pedunculi glandulosi supernè cano-floccosi ; ligulæ dentibus ciliatæ, stylo luteo; achenia ma- lura (badio-atrata?). Sect. Pseudocerinthoides. Hab.: Sierra de Javalambre, juillet 1894. .— A. anchusoïdes Arvet-Tour. Hier. Alp. franc. p. 13 (for- ma!) = A. echioides Scheele, in Willk. et Lge, prod. fl. hisp. ll, P- 255, non W. K.! Hab.: Sierra de Espadan, lieux arides et ombragés, sur le _rias, rare, à 800 mètres. Juillet 1891. Exsic. 1891, n° 635. . — Linaria Reverchoni Wittrock nova spec. in Acta Horti Ber- giani, (om. 4, n°4, cum 1 tabula, Stockholm 1891. Sectio Versi- colores Benth. Planta annua, inflorescentia excepta giabra, cinerascenti- glauca; axis principalis parum evolutus, non fructicans ; axes adventitii erecti, simplices vel parcè ramosi, teretes; 0, — 1.1 met. longi, primarii 4-4 foliis inferioribus ternis, secundarit (æ ) foliis inferioribus quaternis, omnes foliis superioribus spar- sis, inlernodiis prœcipuè supremis sat longis, racemum termi- nalem ferentes; foliis caulinis angustè linearibus semiteretibus infernè convexis, supernè subplanis, apice obtuso; racemus capituli-formis omnibus ferè partibus glandulosus pilis glandu- liferis parvis violaceis, pedicellis curtis (2-4 mm. longis), eadem ferè longitudine ac bracteis, augustè obovatis ; calix subirregu= laris lacinia postica paullo longiore quàm cæteris, laciniis omDI | bus sublanceolatis, eadem ferè longitudine ac pedicellis; corolla PLANTES D'ESPAGNE. 157 magna, externè glandulosa violacea (1) palato macula fulva albocincta ornato, parte anteriore tubi fulva: labium superius paullum refractum, ad partem ferè dimidiam bifidum, lobis obtusis ; Zabium inferius multo brevius quäm labium superius, lobis brevibus rotundatis, lobo medio minore quàam lateralibus, palato sulcato; faux in latere anteriore pilis unicellularibus plerisque fulvis vestita ; calcar ferè rectum; breve eadem ferè longitudine ac pedicellus; filamenta parte anteridre superiore pilis violaceis unicellularibus velutina ; stylus breviter bifidus sta- Mina posteriora subæquans ; capsula parva glabra, compressè ovi- formis apice emarginato, paullo longior quàm lacinia calycis, po- ris duobus apicalibus dentibus quaternis curtiscircumdatis aperta, semina parva (vix 4 mm. longa) nigra, compresse semiglobosa, lesla manifesté scrobiculata, scrobiculis fere transverse seriatis. Specimina sicca hispanica ac viva in Horto Bergiano culta vidimus. Hab.: in Hispania prope Malacam “tata in locis aridis Mmontis Sierra de Mijas, ubi celeberrimus peregrinator botanicus E. Reverchon mense junii 1888 plantam florentem et fructi- feram invenit nobisque communicavit. Nomen specificum Reverchont in honorem clar. inventoris dedimus. Species hæc pulcherrima et distincta L. Clementei Hœns. affinis est. — Differt præcipuè structura et colore corolla ac forma et sculptura seminis pi; L. Reverchoni Witt. . 1 L. Clementei Faute Baisse Voy. Esp., P di Labiu Superius ad partem me-| Labium So ad bas fère bifi- pe bifidum, lobis .obtusis. dum, lobis subacutis Labium _inferius multo brevius Labium inferius altum, paul bre. Am labium superius vius quam labium superiu Palatum mec idénts fulva al-| Palatum M macuia auran- brsincta Hs iaca flavocincta artea Filamenta “té pren velutina. (maire) mr a nteriore superiore P apsu TE dentibus uaternis| Pori . sulæ dentibus senis longis brevibus “circumdat q aber ps nan nigra, compres se semiglo- Semina grisé: acute triquetra, cor- esta manifeste scrobiculata. |rugat ( Î Ÿ } Flos Siccatus colorem violaceum cum colore subcæruleo mutat. 158 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. — Erinus hispanicus Pers. var. lariflora Willk. in Sched. | Differt à typo E. hispanici racemis laxifloris, floribus minoribus longè pedunculatis (pedunculis calyce 2-3 longioribus), corolla parva. Fortassè species nova. Hab.: Sierra de Grazalema, rochers calcaires, rare, 20 juin 1890. — Ornithogalum Reverchon: Lange in litteris. Bulbus ovatus, membranace-tunicatus, nucis avellanæ magnitudine; caules : 5— 3 decimet. altus; folia c. 4 plana, latè linearia, inflores- centiam non attingentia ; racemosus brevis (non corymbosus) 6-7 floribus, bracteæ flore breviores, lanceolatæ longè acumi- natæ, virides (nec hyalinæ); pedicellus 7-10 mm. longus, 'peri- gonio brevior; folia perigonalia elliptico oblonga, obtusius- cula, intus albida, dorso lutescentia vel rufescentia; antheri filamentis (omnibus indivisis) duplo vel ultrà breviora; fructus.. Hab.: Sierra de Ronda, rochers, très rare. Juin 1889. Species bæc propè O. unifolium Gawl. (O0. nanum Brat) collocanda, sed hujus forma typica 2-3 humilior, folio unico, ete, differt; ejusque varietas planifolia Coss. apud Bourgeau, 1863. n° 2543, a nostra bracteis brevioribus hyalinis, pedicellis brevissimis vel subnullis, etc. recedit. — Panicum eruciforme Sibth. Sm. (Hackel !). Ségorbe, lieux humides et herbeux près du Rio, sur le ak caire, rare, à 350 mètres. Août 1891. C’est une nouvelle acqui- sition pour la flore d'Espagne; M. Reverchon la publie sous le n° 661 (1891), de son exsiccata. — Festuca Hystrix Boiss. (Hackel, monog. p. 119!) Sierra de la Peñagolossa, lieux arides sur le calcaire juras sique, rare, à 1,700 mètres. Juin 1891. C’est une nouvelle st tion de cette remarquable Graminée. | | RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS Par M. Henri JUMELLE (Suite). x, à INFLUENCE DE LA PROPORTION D'EAU DU LICHEN SUR L'INTENSITÉ DES ÉCHANGES GAZEUX. Nous avons vu que lorsque le Lichen est entièrement desséché; ses échanges gazeux avec le milieu sont suspendus; la respira- lion et l'assimilation ne réapparaissent que lorsqu'on fournit à la plante une certaine quantité d’eau. Mais, cette quantité d’eau Une fois fournie, il y a lieu de se demander, comme nous l'avons déja fait remarquer, si les fonctions acquièrent de suite une Intensité qui restera toujours à peu près la même, quel que soit le degré d'humidité de la plante, ou si, au contraire, à mesure que le rapport du poids frais au poids sec augmentera, ces fonc- lions continueront elles-mêmes à se modifier sensiblement. Dans ce dernier cas, qui est évidemment le plus probable, il importe de préciser la grandeur et le sens de ces modifications. Nous envisagerons successivement à ce point de vue l'inten- # des phénomènes respiratoire et assimilatoire, chez des ichens à des degrés divers d'humidité. Respimarion, — Nos recherches ont porté sur le Physcia filiaris, l'Evernia prunastri, le Peltigera canina, le’ Cladonia "giferina et l'Umbilicaria pustulata. | us $ Lichens sont d’abord tous plongés dans l’eau; on laisse Mie chacun d'eux se dessécher pendant un temps plus ou Moins long, de façon qu'ils contiennent, en définitive, des quan- 160 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tités d’eau différentes. Le poids frais est déterminé au moi où on introduit la plante dans l'éprouvette; le poids sec est établi après l'expérience. On compare alors entre elles les quantités d'oxygène qu'ab- sorbent pendant un même temps, à poids sec égal, ces Lichens placés à l'obscurité, chacun avec une proportion d’eau différente. Evernia prunastri. — Des Evernia prunastri ont été ainsi laissés quinze heures dans des éprouvettes à l'obscurité. Nous donnons dans les tableaux suivants les résultats obtenus. Le rapport du poids frais au poids sec est indiqué dans la première colonne. Les nombres des deuxième et troisième colonnes représentent, en centimètres cubes, les volumes d'oxygène absorbé et d'acide carbonique dégagé par 4 grâmme (poids sec) du Lichen. Nous donnons, en outre, le rapport d de l'acide carbonique exhalé à l'oxygène absorbé. sue" vs OXYGÈNE ; Vs ti 1 Dee + Sat Æ d par € gramme 0 de sa er de Lichen. | Pen nn sl UE C. c. 0,80 2,68 2,15 0,80 17e EXPÉRIENCE. 1,66 3/02 4:02 . 080) 0,85 2,82 2,29 0,81 2 EXPÉRIENCE. 1,32 418 3,47 0,83 pu ho D 4,44 4,23 3,47 16888 0,20 0,00 0,00 Lu 5 0,45 0,37 Te 3e EXPÉRIENCE. 0,70 2,78 2,38 0,85 ar 2,15 8,75 7,81 0,89 (2,80 8,40 7,49 0,8 | 0,36 . 6,67 , 5,33 0,30, 4° Exvémence, 0,48 15,58 12,77 0,82 \ ad 19 37,13 29,71 0,80 On voit par l'examen de ces tableaux, que li ntensité de ls respiration SO EER avec la quantité __— que renferme | LBichen. : : Mais on peut s’assurér, en édise: que cette augmentation ni ‘ RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. | 164 pas lieu d’une façon régülière, proportionnellement à l'humidité de la plante. Considérons, par exemple, la troisième expérience. Dans le second lot, 1 gramme de Lichen supposé sec contient 0 gr. 29 d'eau ; dans le troisième, 1 gramme en contient 0 gr. 70. Le rapport a des quantités d’eau que renferment ces deux lots 2,78 0,45 gène qu'ils absorbent est bien supérieur, puisqu'il est égal à 6,17. Au contraire, si nous comparons le troisième et le quatrième 2,15 “6 lot, nous trouvons que, d’une part, le rapport 0:70 des quantités est donc égal à 2,8. Or le rapport des quantités d’oxy- d'eau contenue dans ces Lichens est égal à 3,7, et que, de l'autre, le rapport ee des quantités d'oxygène absorbé est égal à 3,2. Les deux rapports sont maintenant à peu près égaux. D'une façon analogue, dans la quatrième expérience, entre le premier et le second lot, la différence des intensités respira- : 3 : , toires (58 = 2,38) est sensiblement la même qu'entre le Premier et le second (Fr=2383). Et Cependant la différence dans la teneur en eau est bien plus &rande entre le second et le troisième lot (0,48 et 2,13) qu'entre le premier et le second (0,36 et 0,48). il S 2,43 Si l'on fait, en Outre, attention que le rapport 048 — 442 et que D Dés 7 0,36 ‘sale seulement 1,33, on voit que pour celte séri d “xpériences, comme pour la précédente, la conclusion est, en Somme celle-ci : . Au-dessous d'un certain degré d'humidité, le rapport des. 'Aensités respiratoires de deux Lichens inégalement humides St plus 8rand que celui de leurs quantités d’eau; c’est le con- ; : re, au-dessus de ce degré. Rev. gén. de Botanique. — IV:+ 11 162 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. es. Cette conclusion va être confirmée et complétée par les recher ches ci-dessous. Fi Umbilicaria pustulata. — Deux séries d'expériences faites avec celle autre espèce de Lichen nous ont donné les résultals suivants. : TARN Le fn ee ai PREMIÈRE EXPÉRIENCE: QUANTITÉ OXYGÈNE - + D EAU CARBONIQUE CO? 4 contenue APSORSE dégagé A F . dans 1 gramme PAL RENE par 1 grimme 0 de Lichen sec. de:Hichen: de Lichen. cc c.c. 1 0,53 0,91 0,77 0,87 2 0,98 1,73 1,46 0,84 3 1,57 6,25 5,44 0,87 % 1,74 4,85 4,13 0,85 DEUXIÈME EXPÉRIENCE. RPANTS OXYGÈNE D'EAU CARBONIQUE + cs âdist d'énnss "+ pure par Font de Lichen sec. ms de Lichen. c.c. e.c. 1 0, 1,31 1,03 2 1,28 3,23 2,80 3 1,44 3,92 3,18 4 1 3,10 2,64 Ces résultats sont analogues aux précédents. Si on examiné la première expérience, par exemple, on constate que le rapport entre la quantité d’eau contenue dans le second Li- 0,98 chen et celle contenue dans le premier est égal à 0,53 ou 4,84: Or, la différence d'intensité respiratoire de ces deux Lichens cn T exprimée par un rapport plus grand, puisqu'il est égal à £3f ou 2,48. | La respiration n’a donc pas augmenté proportionnellemen! à l'humidité, mais plus rapidement que celle-ci. RECHERCHES. PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 163 De même, entre le troisième et le second Lichen : | : Fr ra 2:01 1° Le rapport de l'humidité (1) est égal à De ou 1,60. ; ? 2° Le rapport de l'oxygène absorbé est de LE ou 3,61. À une différence relativement faible de l'humidité des deux Lichens, correspond encore une différence très grande de respiration. Au contraire, si l’on compare le troisième et le quatrième Lichen, qui renferment tous deux une quantité d’eau très voi- Sine du maximum, on trouve que le quatrième, quoique plus humide que le troisième, a respiré moins fortement. Cette première expérience ne nous fournit toutefois pas de données sur les variations de la respiration, dans Île cas où les Umbilicaria contiennent (pour 4 gramme de poids sec) des quan- lités d'eau comprises entre 0 gr.98 et 1 gr. 57. Nous ne savons Pas si, entre ces limites, la respiration a toujours augmenté dans des proportions bien plus grandes que l’humidilé, ou si elle n'a augmenté ainsi que pendant un certain temps, pour ne Plus s'élever ensuite que très lentement. La seconde expérience vient, sur ce point, compléter la pre-. Miére : 1° Le rapport de l'humidité entre le second Lichen, contenant : # 28 d’eau, et le premier, qui en renferme 0 gr. 80, est égal à 4,60. | | ,29 Le rapport de l'oxygène absorbé est alors de ou 2,48, C'est-à-dire bien plus grand. ? Le rapport de l'humidité entre le troisième et le second Li-. chen est de 1:44 e 1.28 ou 1,12. 001,20, c'est-à-dire presque égal. ins deux Lichens de mème poids sec. don eg apPellerons ain, pour faciliter les explications, 1 rapport qe “ere et : Le rapport de /’ bsorbé intenant de es P e l’oxygène absorbé est mainte 58. We T'es REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 3° Le rapport de l'humidité entre le quatrième et le troisième Lichen égale 1,22. La respiration du quatrième Lichen est ici plus faible que celle du troisième, qui est pourtant moins humide. Rappelons que pour l’Evernia prunastri, dans la troisième ex- périencé, nous avions trouvé de même une diminution de l'in- tensité respiratoire coïncidant avec le maximum d'humidité. Cladonia rangiferina. — Quelques expériences ont été faites | également sur le Cladonia rangiferina. QUANTITÉ D'EAU OXYGÈNE gr T4 à C02 contenue égagé arr ei 1 L-] Getiagenes | de Lichon. | Pay t{frimme c.c. c.c l 0,47 0,203 0,163 0,80 PE AR 0,64 0,726 0,380 0,80 EXPÉRIENCE. 3 0,74 0,850 0,680 0,79 | k 1,18 1,280 1,031 0,80 [ it | 1 0,42 0,301 0,241 0,80 ti rt 2 0,63 0,739 0,591 0,80 EXPÉRIENCE.) 3 1,20 1,086 0,868 0,80 | 4 1,30 1,150 0,920 0,80 ‘On remarquera ici encore que, dans la première expérience à mesure que la quantité d’eau augmente : 1° Le rapport de l'humidité entre le second et le premier Li- chen étant de 1,36, celui de l’absorption d'oxygène est de 3, 2° Le rapport de l'humidité entre le troisième et le second Lichen étant de 1,15, celui de l'absorption d'oxygène n'est pl que de 1,17. 3° Le rapport de l'humidité entre le quatrième et le troisième Lichen étant de 1,59, celui de l'absorption d’oxygène est de” veau 1,50. De même, dans la deuxième expérience : 1° Le rapport de l'humidité entre le-second et le premier Li- chen est de 1,51, et celui de l'absorption d'oxygène est de a 2 2° Le rapport de l'humidité entre le troisième et le second Li : F6 Eh, 7 < A PT he + : Lex RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 165 chen étant de 1,90, celui de l'absorption d'oxygène n'est plus que 1,47. | CHANT: Li Jul ; Meg rer . | Lit t RNA ; nn EE SRE Gars SES S * nu Émis PU "e tas i he à F - hs £ # A Vis R Frs rapport de l'humidité entre le quatrième et le troisième Le Si en étant 1,08, celui de l'absorption d'oxygène est 1,05. É nous ajoutons que le PAyscia ciliaris, le Peltigera canine, # 166. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. “ le Ramalina fraxinea nous ont donné les mêmes résultats que. les Lichens précédents, nous pouvons alors, pour donner une idée nette de l'ensemble de ces résullats, représenter par h courbe ci-contre les variations que subit l’intensité respiratoire suivant la plus ou moins grande humidité du Lichen. Les quantités d'eau contenue dans un gramme de plante (poids sec) étant représentées par les points équidistants pris sur l'axe des abscisses, on construit la courbe en élevant, sur chacun de ces points, des ordonnées proportionnelles à l'absorption d'oxygène qui correspond à la quantité d’eau. L'examen de cette courbe montre de suite que l'intensité: res- piratoire augmente avec la proportion d’eau contenue dans le Lichen, mais n’augmente pas régulièrement. Lorsque les Lichens sont peu humides, un faible accroissement de la proportion d’eau suffit pour amener une forte accélération de l'intensité respiratoire. Au contraire, s'il y a déjà dans À plante une notable quantité d’eau, l'augmentation d l'humi- dité n’accélère que de plus en plus faiblement l'absorplit d'oxygène, Une trop grande humidité est même défavorable à la respirt tion. On constate en effet, en général, un affaiblissement de l'énergie respiratoire chez les Lichens. À ce propos, il est à rappeler que, pour la germination, l'opti- mum d’humiditéne correspond pas, de même à l'élat de satur® tion de la graine, mais est situé un peu au-dessous. .ASssiMILATION. — ]1 nous reste à rechercher si les variatio® des quantités d'eau contenues dans les Lichens ont la mêm influence sur la décomposition de l'acide carbonique à la Ju- _mière, que sur l'absorption d'oxygène à l'obscurité. Les expériences que nous avons faites, dans ce but, avé | l'Evernia Prunastri, exposé à la lumière 7 peuvent enr résumées dans le tableau suivant : RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 167 QUANTITÉ VOLUME VOLUME D'EAU | D’ACIDE CARBONIQUE| D’OXYGÈNE Co2 contenue décomposé égagé — dans 1 gramme | par 4 gramme | par 1 gramme e Lichen. de Lichen. de Lichen. gr. croi cc: MN 1 0,80 0,176 0,212 1,20 EXPÉRIENCE. 2 41,66 4,746 2,077 1,19 (l 6,25 0,080 0,100 ; Perhes 0,70 0,409 0 503 123 EXPÉRIENCE, 3 2,15 1,585 2,012 1,27 x 2,50 1,027 1,191 1,16 | DA 3e- | s 0,85 1,400 qe ! ir re fixé 144 12869 2911 1,21 Avec le Physcia ciliaris, nous avons obtenu les nombres sui- vants : QUANTITÉ LUM D'EAU D'ACIDE GARBONIQUE | D’OXYGÈNE C02 contenué décomposé dégage gr: va dans 1 gramme par 1 gramme par 1 gramme e Lichen e Lichen de Lichen, nn en c. c. c.c : 0,288 0,432 1,50 1,26 1,706 2,325 1,48 1,56 1,913 2,677 1,40 8 0,553 0,663 1! nous semble inutile de multiplier les exemples. Les la- bleaux précédents suffisent à prouver que les varialions de l’as- lnilation avec l'humidité sont, en somme, les mêmes que les Yariations de la respiration. Pre dans cette dernière expérience faite avec le Physcia Re he 1° Le rapport de l'humidité entre les deux premiers Lichens, ‘lant de 1,35 le rapport de l'acide carbonique décomposé est de van c'est-à-dire bien plus grand. À Le rapport de l'humidité entre le troisième et le second Lichen étant de 1,23, le rapport de l'acide carbonique décom- Posé n’est plus, au contraire, que de 1,12, c’est-à-dire presque égal. QE DR RER 468 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 3 Enfin le quatrième Lichen qui renferme, à peu près, ha plus grande quantité d’eau possible a une respiration moins énergique que le troisième, dont la teneur en eau est un peu plus éloignée du maximum. “el Les expériences faites avec l'Evernia prunastri fournissent les mêmes résultats, comme on peut s’en assurer facilement par l'examen du premier tableau. | Les conclusions que nous avons énoncées précédemment pour la respiration s'appliquent, par suite, à l'ensemble des échanges gazeux; et la courbe qui représente les variations de la respi- ration suivant le degré d'humidité, représente également celles de l'assimilation. | 3. — Résumé. Si maintenant nous tenons compte, non seulement des don nées nouvelles qne nous venons successivement d'acquérir dl cours des recherches décrites dans ce chapitre, mais encor . des quelques faits antérieurement établis, nous pouvons résumer ainsi qu’il suit nos connaissances actuelles sur la façon dont comportent les Lichens en présence des conditions variables de sécheresse ou d'humidité du milieu. | Tandis que les végétaux supérieurs ne peuvent passer à l'état de repos qu’à des époques déterminées, et alors sous l'influentè de: causes qui paraissent surtout internes, les Lichens, com beaucoup de Cryptogames inférieurs, peuvent toujours, au C0! traire, quel que soit le moment du développement où On ” considère, se dessécher sans périr, sous l'influence des agenf extérieurs et passer brusquement à l'état dit de vée latente. Gela tient à ce que les Lichens n’ont jamais, contrairenl à ce qui a lieu pour les végétaux supérieurs d'eau de cons tion. Leur humidité se règle sur celle du substratum. | Chez les Lichens hétéromères, la proporiion maxim que peuvent renfermer les tissus n’est, d’ailleurs, jamais De grande, et toujours moindre que la proportion d’eau ordité” du des Champignons et des végétaux supérieurs. Le poids © ent | a d'a NT : IE CET RS 4] à ra À ï RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 169 Lichen hétéromère saturé égale en effet, au plus, quatre fois son poids sec. Les Lichens homæomères gélatineux ont, naturellement une proportion d'eau plus élevée; et, pour cette raison même, il est bien évident que ces espèces ne se dessèchent pas aussi facile- ment ni aussi fréquemment que les précédentes. lei encore pourtant, la dessiccation complète peutse produire sans entraîner la mort du végétal. Aussitôt que, de nouveau, on fournit à toutes ces plantes ainsi desséchées la moindre quantité d'eau, la respiration et l'assimi- lation réapparaissent. L’'intensité des échanges gazeux va alors en augmentant au fur et à mesure que l’humidité s'accroît. Cette augmentation ne suit pas, toutefois, une marche régu- lière. Quand le Lichen ne renferme qu’une faible proportion d'eau, une augmentation légère de cette proportion suffit pour produire une accélération très grande de la respiration ou de l'assimilation, Au contraire, quand le Lichen est arrivé à un cerlain degré d'humidité, l'intensité de ces deux fonctions ne Sélève plus que faiblement, même pour une différence assez &rande dans la proportion d’eau. La plus grande intensité des échanges gazeux ne coïncide pas, au reste, exactement avec le maximum d'humidité de la plante. Les Lichens complètement imbibés d’eau ont, en général, des fonctions moins actives que ceux dont la proportion d’eau est ‘A peu au-dessous du maximum. | ARE I y a ainsi pour l'intensité de l'assimilation et de la respira- lion, un optimum d'humidité, correspondant à une proportion d ‘au Voisine de la proportion maxima que le Lichen peut con- lenir, mais cependant sensiblement inférieure. 7. A l'état de vie latente, les Lichens subissent, comme les” raines, une altération lente. Des échantillons soumis pendant, Plusieurs mois à une dessiccation constante ont, en effet, pré- senté un affaiblissement notable dans l'intensité de leurs échanges gazeux, lorsqu’au bout de ce temps, ils ont été, de nou- Yeau, imbibés d’eau. : | CHAPITRE IIL La vie des Lichens aux hautes températures. La cellule végétale résiste d'autant mieux à l’action de la chaleur qu'elle renferme une moindre quantité d’eau. Des : graines sèches de Blé, de Maïs, de Pois peuvent être maintenues à une température de 100° pendant un quart d'heure, ou à une température de 65° pendant une heure, sans perdre leur pouvoir germinatif. De même, d’après les expériences de M. Pasteur, des spores sèches de Penicillium glaucum ne sont pas tuées après un séjour d’une demi-heure dans une étuve chauffée à 120°. A l’état humide, ces graines ou ces spores meu- rent déjà, par contre, à des températures bien moins élevées. Le degré de résistance de la cellule dépendant ainsi de la. proportion d'eau, les végétaux inférieurs, tels que les Lichens, qui peuvent se dessécher rapidement et passer à l’élat de vie latente devront, semble-t-il, supporter, par là même, comme les graines et les spores, des températures auxquelles ne sur” vivent jamais les végétaux supérieurs, que leur eau de consli- tulion (1) place toujours, sous ce rapport, dans des conditions défavorables. : © C'est à élablir d’une façon exacte celte limite de résistance du : Lichen desséché, que sera consacré ce nouveau chapitre. Nous devons tout d’abord faire remarquer.qu il y a entre 6. cas de la graine ou de la spore et celui du Lichen une différence essentielle : la graine ou la spore ne renferment pas de chlor” | phylle : le Lichen, au contraire, est un organisme pourvu dé qe (1) L'eau a pour effet d'abtivet laitération des différentes substances, en par culier la coagulation des matières ne see — Voirèàces kon ma ude js de . les phénomènes dé la vie communs aux anim Chev : Mémoires du Muséum, t. ET — à Boss : Piysilogie vale” RECHLRCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 171 cellules vertes. Cette différence ajoute un certain intérêt à l'élude que nous voulons entreprendre. | La présence de la chlorophylle, substance éminemment alté- rable, peut en effet modifier les conditions de résistance (1) et abaisser la moyenne des températures extrêmes que supportent, d'autre part, lorsqu'ils sont incolores, le végétal ou l'organe à l'état de dessiccation. | Or nous n'avons actuellement sur ce point aucun renseigne- ment précis. Tandis que beaucoup d'expériences ont été faites pour délerminer la résistance des organes incolores desséchés, tels que spores ou graines, tandis qu'on sait à peu près aussi jus- qu'à quel degré de chaleur survivent en général les plantes verles renfermant une certaine proportion d’eau de constitution, on n’a qu'une idée très imparfaite de la résistance que pré- sentent les plantes vertes susceptibles de passer à l’état de vie latente. Font | Nous ne connaissons guère, comme expériences en ce sens, que celles de MM. Paul Bert et Bureau (2) sur le Seaginella le- pidophylla et le Ceterach officinarum. Ces deux Cryptogames Vasculaires sont revenus à la vie après avoir élé soumis à une lempérature de 60°. Mais MM. Bert et Bureau n'ont pas indiqué la période de temps pendant laquelle s'est exercée l'action de l chaleur. Dans les observations de ce genre, la durée est. Cependant, comme on le sait etcomme nous aurons l'occasion de le voir plus loin à maintes reprises, le facteur important dont dr faut, avant tout, tenir compte. : Avant de pouvoir, par l'exposé de nos recherches sur les Lichens, fournir des données plus précises à ce sujet, il nous, : faut décrire quelques résultats que nous avons également ‘btenus dans des expériences analogues faites sur les Phanéro- Sames. ‘ - (1) 11 est à remarquer ‘que les végétaux infériéurs connus pour leur résistance ere à la chaleur, même à l'état humide, sont surtout des régit ex Ron É Pr it * Ph giapert, Les ue 5 et ir 5 Re en dépourvns dos ans Îles . chaudes jusq , (2) Paul Bort et do. Nole sur la réviviscence du Selaginella lepidoyhylla et elerach officinarum (Comptes rendus de la Société de biologie, 1868). É- © & M à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 0 Nos connaissances actuelles en ce qui concerne la résistance des végétaux supérieurs sont en effet, elles-mêmes, sur quelques . points incomplètes. Les expériences de Sachs (1) démontrent bien que, chez ces plantes pourvues d’eau de constitution, la chaleur maxima qui peut être supportée pendant un certain temps sans que la mort survienne est 45° environ. A 50°, le Nicotiana rustica, le Zea Mays, le Tropæolum majus, le Brassica Napus, le Ceratophyllum demersum, le Cucurbita, Pepo meu- rent en quelques minutes. Mais quel est, au juste, ce temps, vraisemblablement limité, pendant lequel la température de #5? et les températures inférieures voisines n'ont pas d’action mot- telle? Les expériences de Sachs ne nous l’apprennent pas: Et c’est seulement lorsque nous serons fixés à cet égard que nous pourrons strictement établir la comparaison que nous vo lons faire entre la résistance des Lichens susceptibles de passer à l'état de vie latente, et celle des végétaux supérieurs qui, pendant leur développement, ne supportent pas, au contraire, la desssiccation. À. — INFLUENCE DES HAUTES TEMPÉRATURES SUR LES VÉGÉTAUX SUPÉ- RIEURS. Nous examinerons successivement l'influence des températu- res de 35, 40 et 45 degrés. La persistance de la vie nous serd indiquée par la persistance et la nature des échanges gazeux Expériences Faites À 35°. — Les plantes qui nous ont servi de sujets d'expérience sont le Cocos Weddeliana, le. Begon® tuberosa et le Picea eñcelsa. La première avait passé l'hiver en serre chaude, la seconde en serre tempérée; le Picea excelsa, d'environ trois ans, hi en pot depuis un an. Ges trois plantes, bien vertes et vigoureuses, ont été pe avec leurs pots, à l’étuve à 3%. Au bout de trois jours, une feuille de chacune de ces plantes . (1) Sachs : Ueber die obere Températurgrenze der Vegetation (Flora, 1864). RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 173 a été coupée, et plongée quelque temps dans l’eau où elle à repris à peu près sa fraîcheur normale. Mises à assimiler au soleil, ces différentes feuilles ont ainsi modifié en trois heures l’atmosphère des éprouvettes qui les renfermaient : 1° Le Cocos Weddeliana, dont le rapport du poids frais au poids’ sec déterminé après l'expérience égalait, au sortir de l'étuve, 1,69, a décomposé 1,21 p. 100 d'acide carbonique et rejeté 1,70 p. 100 d'oxygène. ts 2° Le Begonia tuberosa, dont le rapport du poids frais au poids sec était devenu 6,09, ædécomposé 0,90 p. 100 d'acide carboni- que et rejeté 1,360 d'oxygène. 3° Le Picea excelsa, dont le poids frais égalait deux fois le poids sec au sortir de l'étuve, a décomposé 2,09 p. 100 d'acide carbonique et rejeté 2,49 d'oxygène. Toutes ces plantes ont donc encore assimilé après être restées trois jours à 35°. D'ailleurs, remises au dehors, elles ont continué à vivre ; et de nouvelles feuilles se sont développées. Un séjour, même très prolongé, à 35° est ainsi sans influence Sur la vie de ces plantes. Exrénences À 40°. — Des expériences analogues ont eté refaites à40°. Les plantes ont, comme précédemment, été mises avec leurs pots à l’étuve. l° Pour le Cocos Weddeliana, au bout d’un jour le rapport du poids frais au poids séc était de 2,27. En quatre heures, au soleil, après que la feuille plongée dans l’eau a repris sa frai- heur, nous: n'avons pu constater aucun changement sensible dans la composition de l'atmosphère. L’assimilation est, par Suite, déjà affaiblie, et contre-balancée par la respiration. Après deux jours à l’étuve, la plante est à peu près desséchée. l'apport du poids frais au poids sec est de 1,16. Une de ses feuilles, après avoir été mouillée, a été mise dans Une éprouvette. Même au soleil, elle a présenté une absorption d'oxygène et ‘rejet d'acide carbonique. | Fait identique s’est produit pour la plante laissée trois jours à 4e © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE: l’étuve: Remise dans la serre chaude, après avoir été. arrosée, ; celte plante s’est flétrie et est morte. 2 Pelargonium zonale. — Le Pelargonium zonale s'est com- porté un peu différemment. Après un séjour de vingt-quatre heures à l’étuve, le Re | du poids frais au poids sec étant de 1,44, les feuilles ont encore, au soleil, décomposé 3,94 p. 100 d'acide carbonique et reje 4 p. 100 d'oxygène. En d’autres termes, la fonction assimilatrice n'a pas disparu. Mais, au bout de deux jours, le rapport du poids frais au poids sec n'étant plus que 3,95, la feuille préalablement mouil- lée, a, quoique exposée aux rayons directs, absorbé de l'oxygènt et dégagé de l’acide carbonique. La plante en pot est morte complètement peu après. 3° Picea excelsa. — Après vingt-quatre heures à l'étuve, le poids frais égale deux fois le poids sec. Un rameau, plongé quelque temps dans l’eau, a décomposé au soleil une certaine quantité d'acide carbonique. Après trois jours, le rapport du poids frais au poids sec y : . 1,950. Au soleil, il ÿ a à peu près balancement entre l'assimila- tion et la respiration, on constate seulement une très faible diminution d’acide carbonique dans l’éprouvette. Cependant l'Épicea, remis au dehors, ne tarde pas, comme les deux autres. à se flétrir et à mourir. Toutes ces plantes n’ont donc supporté que pendant un temps très limité un séjour de 40°. Les deux premières ne | ont guère supporté que vingt-quatre heures ; l’Épicea a résisté un peu plan. à mais est mort également après ètre resté trois jours à celle température. Expértences À 45°. —— Les mêmes espèces de plantes on mises ensuite douze heures à 45°. Au bout de ce temps, les feuilles étaient devenues jaunts a mn. tombaient. Comme on pouvait s’y attendre, elles n’ont pas mo : difié la composition de l'air des éprouvettes dans lesquelles où | xes a placées à l'obscurité. Il n’y a donc même plus, come à drécédemment, persistance de la respiration. Lai | ke + je RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 175 _Le résultat bien net de ces différentes expériences c’est que Si les végétaux supérieurs supportent, comme l’a montré Sachs, la température de 45°, ils ne la supportent du moins que pen-. dant quelques heures. Un séjour de vingt-quatre heures à cetle lempéralure suffit pour les tuer. Fu + est vrai que, la question sortant un péu de notre sujet, nous n'avons opéré que sur un petit nombre d’espèces, mais les ex- périences déjà faites par d’autres auteurs montrent qu'à quel- ques exceptions près les conditions de température nuisibles aux Yégétaux supérieurs sont à peu près les mêmes pour tous. En résumé, Ja chaleur la plus élevée à laquelle puisse résister pendant un temps prolongé (au moins trois jours) une plante Supérieure renfermant à l’état normal une proportion déter- minée d’eau, semble être environ 33°. La température de 40° n’est supportée que pendant un temps limité, deux ou trois jours, quelquefois moins. Enfin à 45° un jour de vingt-quatre heures est mortel. L’assimilation dispa- raît d'abord, puis la respiration s’affaiblit, et la plante meurt. È ce résultats, joints à ceux de Sachs pour les températures de ea ee RAD ou us kr phénomènes chez les Lichens, el incidemment, chez quelques autres Cryptogames cellulaires. (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES ET LES FERMENTATION PUBLIÉS PENDANT L'ANNÉE 1890 (Fin.) M. Miouez (1) à étudié une autre diastase qui, d’après la nomenclaturé introduite par M. Duclaux, doit s'appeler l’uréase ; cette diastase est sécrélée par les bactéries qui produisent la transformation de l’urée en carbonate d'ammoniaque. Il cultive un bacille-ferment de l’urée en bouillon peptonisé | additionné de 2 à 3 grammes de carbonate d’ammoniaque. par litre el Stérilisé par filtration à froid. Dans cette culture sans urée, l'uréase s’at0l . mule en quantité suffisante pour transformer en carbonate d’ammoniaqué | en moins d’une heure, 60 à 80 grammes d’urée. rt . Cette diastase est beaucoup plus délicate que les autres diastases C0! nues. Dès la température de 30°, au contact de l'air, elle s’altère, et elle est 4 détruite en trois ou quatre heures. Elle est totalement détruite par u® exposition de quelques minutes à 75° Mais elle est assez stable à froid : à à une température voisine de zéro, elle peut se conserver plusieurs semaines M. Miquel a cultivé une quarantaine d'espèces capables de transformer l'urée en carbonate d’ammoniaque ; toutes, cultivées en bouillon dé : pourvu d'urée, sécrètent la même diastase, Il en conclut que c’est ve jours par l’action de cette diastase que l’urée est transformée en carbon d’'ammoniaque, par exemple dans la fermentation alcaline de l'url” Comme application, M. Miquel offre aux chimistes une bonne méthode de dosage de l’urée. Il suffit de traiter à 30°, en vase presque plein el ” 1 fermé, le liquide contenant de l’urée, par son volume de bouillon chars" d’uréase, pour obtenir la transformation totale de l’urée en deux heure’ deux dosages alcalimétriques, effectués l’un avant, l’autre après ce traile : ment, font connaître la quantité d'ammoniaque qui s'est produite, et par . suite la quantité d’urée qui était présente. - LR EE PRET Comment se conservent dans la nature, pendant le temps où elles pr : pas à leur disposition le milieu le plus favorable à leur développemen"” a“ levures qui font fermenter le jus des fruits sucrés, c’est là un problèmet & (1 Miquel : Ferments de l’urée (Compte: rendus, CXI, p. 397 et 501). RÉVUE-DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES. 17 est loin d'être résolu d’une manière générale. En 4883, à la suite d’expé- riences dans lesquelles j'avais trouvé très fréquemment plusieurs espèces de levure dans des fleurs nectarifères et sur le corps des insectes, j'ai émis l'idée qu'on pourrait expliquer la conservation des ferments alcooliques en admettant qu'après avoir vécu sur les fruits mûrs entamés par les insectes ou les oiseaux, leur milieu de culture par excellence, ils se conservent en parie sur les débris de fruits qui subsistent, et en partie dans la terre; que dès le commencement du printemps les germes restés vivants sont portés par les insectes sur les fleurs où ils se rajeunissent, qu'ils sont ensuile cultivés de fleurs en fleurs toujours par l'intermédiaire des insectes, et qu'enfin ils arrivent, par le même moyen, sur les fruits (1). « Cette conception, ajoulais- je, est justifiée par l'expérience en ce qui concerne plusieurs espèces de levure, malheureusement {les moins intéressantes au point de vue des ap plications. Par analogie, je l'étends aux espèces qui-produisent les fermen- lations naturelles utilisées par l’homme, espèces qui ne devraient leur prédominance dans les moûts de fruits qu’à une plus grande puissance de prolifération dans ces milieux. » ans un mémoire sur les levures du vin (Comptes rendus, 1890, t. CX,. P: 536), M. Rommier déclare que le Saccharomyces apiculatus apparaît au printemps sur les fleurs nectarifères, est disséminé par les insectes Sur les fruits, et est rapporté par eux sur les rayons des mouches à miel, où il passe l’hiver, Je suis loin d’être responsable de ces assertions, car on voit dans mon mémoire, d’une part, que le S. apiculatus est une des levures que je n’ai Pas rencontrées une seule fois sur les fleurs, et d'autre part que je n'ai trouvé aucune espèce de levure dans du miel pris à l'intérieur des rayons. M. Hansex, de Copenhague (2), auteur de plusieurs mémoires importants sur la levure apiculée, réfute les assertions de M. Rommier. Pour lui cette levure n’a que deux habitats normaux, les fruits mûrs, doux et juteux, et la terre. Tout autre serait accidentel. + Hansen a répété mes expériences sur les fleurs nectarifères en ne reherchant que le S. apiculatus. Dans le cours des quatre premiers MOIS Sie, il n’a pas trouvé cette levure dans les fleurs, tandis qu'il y en 5 toujours dans Ja terre, sous les arbres et les arbustes dont elle avait ri les fruits l'été précédent. Elle ne se montra qu’en mai, et seulement y r cultures sur dix-huit faites avec des fleurs de Cerisier ou de Fraï- juin avec Le y était accidentelle, car les cullures analogues faites A re nie n'en renfermaient pas. En juillet et en août :l y en Hs ee : ous les Îleurs, mais on en rencontrait en même teips sur sa es as Hs dé euilles et ailleurs, ainsi que dans les poussières de l'air, Sur et pen “Re Jardin. Elle devint ensuite de plus en plus rare dans les ñetrss “ dans son ha + ph derniers mois de l’année, elle ne fut plus trouvée que . itat normal d'hiver, la terre. (ann, Leon Boutroux : Sur la conservation des ferments alcooliques dans la nature | ©) Emil C. nat., 6° série. Bot., t. XVIE, 144). nr | een il-Chr, Hansen : Nouvelles recherches sur la circulation du Saccharomyces ans la nature (Ann. des Sc. nat. Bot.,t. XI, p. 185; 1890)... Rev. gén. de Botanique. — IV. d > 178 à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. M. Hansen à cherché, au printemps, si cette levure pouvait aussi passer l'hiver chez les mouches, les abeilles et les bourdons, et n’en a trouvétraæ ni dans leurs poils ni dans leurs demeures. Des recherches faites sur là bouse de vache et le crottin de cheval dans les différentes saisons de l’année n’en ont pas fait trouver non plus une seule fois, contrairement à l'opinion de Brefeld, qui regarde les excréments des animaux, notamment des hér- bivores, comme l'habitat par excellence des cellules de levure. ; À toutes ces expériences négatives, M. Hansen en ajoute de positives, qui prouvent que réellement Ja levure apiculée se conserve dans la terre. Des pots à fleurs, remplis de lerre végétale naturelle ensemencée avec de la levure apiculée pure, sont enterrés dans un endroit du jardin où la terre ne contient pas de celte levure; au bout d’un an des cellules vivantes de la même levure sont retrouvées dans ces pots. On pourrait craindre que la levure trouvée n'ait été introduite tardivement du dehors, au lieu de provenir de la semence déposée au début. Pour rendre impossible cette cause der reur, M. Hansen enférme de la terre dans des bougies filtrantes du fillre Chamberland, la stérilise, l’ensemence avec de la levure apiculée pure et lavée, ferme les bougies et les enterre verticalement dans le jardin: Au bout de trois ans il retrouve de la levure apiculée vivante dans toules les bougies, Ainsi la levure apiculée peut véritablement se conserver pendänt plus d'u an dans Ja terre, de De toutes ces expériences M. Hansen conclut que les fleurs neclarifères ne servent pas de slalions intermédiaires au S. apiculatus, et que la lerré en est l'unique habitat normal en dehors des fruits mûrs, doux et juteux, À vrai dire, les expériences de M. Hansen ne prouvent pas que les insectes ne jouent aucun rôle dans le transport de la levure apiculée sur les fruils; pour expliquer le passage de la terre aux fruits, et d’un fruit à un autre; il manque un intermédiaire: le vent ne suffit pas. En fait, j'ai trouvé de Ê levure apiculée sur une abeille et sur une guëpe ; j'ai observé aussi que dés que le raisin a été entamé par des oiseaux ou des frelons, il est visité PA? dé nombreux insectes, notamment par des guëpes et des abeilles, et com d'aprés mes expériences, les grains de raisin entamés sont seuls riches ” levure, particulièrement en levure apiculée, il me paraît légitime d'ajouter aux habitats normaux indiqués par M. Hansen, le corps des insectes, ne comme lieu de multiplication, mais comme important moyen de dissém” nation, Quant aux fleurs, il peut se faire qu’elles servent de stations inter- médiaires pour certaines espèces de levure, et non pour d’autres. I. Voici maintenant des recherches faites en vue de découvrir ss microorganismes particuliers comme agents producteurs de divers phéno. méênes nalurels, L) La grande question de la circulation de l'azote dans la nature s’élue de plus en plus depuis qu'on se préoccupe de la part que peuven les microorganismes dans la synthèse et la transformation des M azolées.: + oi RAS a De tout temps les agriculteurs ont été frap és de l'influence amélioranl® M . Do. 4 u prend atières … REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES. 179 exercée sur le sol par la culture des Légumineuses : c’est un fait d'observa- tion ancienne que ces plantes enrichissent le sol en matière azotée, Mais. à quelle source empruntent-elles l'azote qu’elles laissent au sol à l'état de combinaison utilisable? A l'air. Il est démontré maintenant que l’azote gazeux de l'atmosphère est fixé par les Légumineuses, avec le concours de certains microorganismes dont l’action est corrélative du développement de nodosités sur les racines. MM. Hellriegel et Willfarth l'ont prouvé par une méthode indirecte fondée sur la seule analyse des sols, des graines et des plantes. MM. Scucæsine fils et Laurent (1) ont confirmé celte démonstra- tration par la méthode directe, c’est-à-dire par la culture de Légumineuses en présence d’une atmosphère confinée, et le dosage de l'azote gazeux avant et après culture. Un sol stérilisé reçoit trois graines de Pois nain et de l'eau pure où l'on à broyé des nodosités fraiches de Pois et de Fèves de pleine terre. Un dispo- sitif convenable permet de modifier à volonté la composition de l'atmo- sphère gazeuse de manière à fournir de temps en temps le supplément d'acide carbonique indispensable et à éliminer l'excès d'oxygène produit par la fonction chlorophyllienne. La végétation a duré près de trois mois. Les Pois ont fleuri, mais n’ont pas fructifié. Leurs racines portent de nombreuses nodosilés, La comparaison des poids de l'azote fourni au début et de l'azote reslant à la fin montre que l'atmosphère a perdu 368,5 d'azote. D'autre Part la méthode indirecte (analyse du sol et des graines, puis l'analyse du Sol des plantes) indique un poids d'azote fixé égal à 408,6, nombre qui confirme l'exactitude du précédent malgré un léger écart dû aux erreurs “xpérimentales inévitables. La méthode indirecte, appliquée à une cuture de Pois faite dans les mêmes conditions, sauf qu'on n'y avait pas semé le microbe des nodosités, a indiqué un gain d’azote nul. La démonstration est änsi complète, , PLE Le rôle des microbes des nodosités étant prouvé, M. Laurent étudie ces Microbes eux-mêmes (2). ; D'abord les nodosités sont bien produites par des parasites, car des Pois, cultivés à l'abri de tout germe étranger, n'en présentent pas; mais dans de : lelles cultures de Pois les nodosités sont inoculables de racine à racines © ln examine les nodosilés au microscope, on y voit des corpuscules sr er rectilignes, courbés, quelquefois en Ÿ ou enT, quelquefois à ions plus compliquées. M. Laurent a obtenu des cultures florissantes op “orpuscules en semanl, à l'abri de tout germe étranger, un peu de Pres re d’une nodosité sur des bouillons, gélatinisés ou non, de Pois pr isjusa k Dans les milieux liquides, il se forme, au fond du vase, un dép + Re jour montre au microscope les formes en Y ou en T, ou autres, ; Ps es dans les nodosités. L'auteur a obtenu des cultures de ces mêmes | obes en milieu minéral formé de phosphate de potasse, sulfate de ma- Enésie el un peu de sucre. a) nus OR Daneaein fils et Em. Laurent : Sur la firation de l'asole gazeux par les Ë @ . (Comptes rendus, CXI, 750). JE à ME © rendus, € Laurent :: Sur le microbe des nodosités des Légumineuses (Comptes us, CXI, 154). : ne ne unes di 180 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. FAR - Quelle est la place de ces corpuscules parmi les microorganismes ? Ke: rappellent les bactéries ; mais au lieu de se développer par division trans- versale, ils se ramifient par une sorte de bourgeonnement dichotomique, qui aboutit à la production des formes en Y et en T caractéristiques. M: Laurent rapproche cet organisme du Pasteuria ramosa de M. Metchnikof (voir Revue Générale de Botanique, t. 1, p. 663). Il considère ce dernier microbe el l’organisme des nodosités'des Légumineuses comme constituant un groupe distinct, intermédiaire entre les bactéries et les champignons filamenteux inférieurs, pour lequel il propose le nom de Pasteuriacées. L'azote, une fois emmagasiné dans le sol à l'état organique, à besoll, Pour servir d’aliment aux plantes, d’être amené à une forme minérale. D commence souvent par passer à l’état d'ammoniaque comme le montre M. Mur (1); cette transformation peut quelquefois se produire sans inler- vention microbienne, par une action purement chimique, mais générale- ment, c’est par fermentation qu’elle a lieu. En effet, M. Muntz stérilise me terres à 20° : la production de l’ammoniaque y est généralement arrêtée; elle reparait par l’ensemencement avec une parcelle de terre non sté- rilisée. Lo , . . , . . E i- À l’état d'ammoniaque, l'azote n’est pas encore assimilable : c’est ord nairement, sinon exclusivement à l’état de nitrate que les végétaux l'ab- sorbent. MM. Schlæsing et Muntz ont depuis longtemps démontré que dans le sol, ce sont des microorganismes qui sont chargés d'effectuer la dé formation de l’azoté organique en nitrates, mais ils n’ont pas isolé CE agents. M. WinocrapskY a repris ce problème (2). Bien des savants ont sad tenté de le résoudre. Les uns trouvèrent que le pouvoir nitrifiant app?” tient à beaucoup d'espèces banales; mais ils n’obtenaient qu'une pitié tion insignifiante, manifeslée seulement par l'emploi des réactifs les 2e sensibles. Or l'atmosphère contient constamment de l'acide nitreux ef © CA “2 4 1: des l'acide nitrique. A elle seule, la combustion du gaz en répand dans l'air A à exclure complètement bon nombre d'espèces. bl M: Winogradsky à commencé par chercher le milieu le plus favort possible à la culture des organismes nitrifiants. De nombreux essais lui 4 “ révélé ce fait inattendu, que toute matière organique, introduite dre milieu, entrave la nitrification, et le milieu qui lui a donné. les meilleur € a s de résultals élait composé de sulfate d’ammoniaque, phosphate de polis rendus, CX, 1206, 1890). : -.(2)S. Winogradsky : Recherches sur Les organismes dela nitrification (Ann: Pasteur, 1890, p. 213-257-7160). "D ee" vENTeS : (1) Muntz : Sur la décomposition des engrais organiques dans le sol (Copie? À ; | | . L LR REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES. 181 carbonate de chaux (1 gramme de chaque sel dans 1 litre d'eau distillée), les sels ayant été privés de Loute trace de matière organique par une puri- fication parfaite. Un milieu si défectueux pour les microorganismes ordinaires ne pouvait pas permettre la multiplication de nombreuses espèces. Aussi après plusieurs cultures dans ce liquide, dans lequel la nitri- fication avait toujours lieu énergiquement, ne resta-t-il plus que deux organismes, un champignon bourgeonnant eultivable sur gélatine, mais non uitrifiant, et une bactérie ovale, localisée dans le dépôt de carbonate de chaux du fond du vase, non cultivable sur gélatine. Par exclusion, il devenait certain que cette bactérie était Je ferment nitrifiant. On se servit alors de la gélatine pour isoler le microbe nitrifiant par la méthode ordi- naire renversée : les grumeaux du fond étaient dilués dans l’eau distillée; onnes ; elles restaient visibles par quelques cristaux de carbonate de chaux qu’elles avaient entrainés. On enlevait (sous le microscope) quelques- uns de ces cristaux et on les semait dans le milieu liquide nitrifable : il y eut culture, et nitrification. Le microbe nitrifiant était isolé. À M. Winogradsky étudie ce microbe; ce sont des cellules peu allongées, dont le petit diamètre, à peu près constant, ne dépasse pas 0,9 à 1,0 y, landis que la longueur varie entre 1,1 et 1,8 y. Les cellules, la plupart du lemps immobiles, entrent quelquefois en mouvement, mais pour peu de Mps. Le nom de bacille ne conviendrait pas à un organisme de forme si peu allongée ; l'auteur l'appelle nitromonade. ; La nitromonade nitrifie aussi activement que le fait la terre dans les “Xpériences de M. Schlæsing, pourvu qu’on ne laisse à aucun moment l'ammoniaque exister en proportion notable dans la liqueur; le sulfate d'ammoniaque est ajouté par petites portions à mesure que la portion pré- tédente à 616 nitrife, sta ie . Mais il est à remarquer que dans les expériences de M. Winogradsky l'ammoniaque est transformée presque uniquement en acide nitreux; il ne Se forme qu’une trace d'acide nitrique ; c’est donc le nom de ferment nitreux A Convient à la nitromonade. Sa Propriété physiologique la plus remarquable, déjà signalée, est de se Passer d'aliments organiques. Elle peut croitre normalement, se multiplier de da ass mil tatbone organique. 11 faut alors que sa substance se forme aux dépens carbone des carbonates. C'est ce que l'auteur vérifie en dosant le carbone “OPtahismea ; Fa ‘aci Sanisme incolore, possède la faculté d’assimiler le carbone de l'aci Carboni ué ; 6 Pès dégagement corrélatif d'oxygène, soit libre, soit employé à ni l'a S Pub, 7 CE v : MMoniaque : en effet, d’une part la nitrification est impossible à Rois in é 1 ue b TE ‘ ‘éfiniment et exércer son action dans un milieu privé des dernières {races Imilé, défalcation faite du carbone organique contenu d'avance dans le é leu, quand celui-ci en contenait. Il est donc prouvé que la nitromonade, Celte synthèse se distingue de l’action ehlorophyllienne en ce qu'il n'y à. \ recueillant dans des tubes slérilisés et les semant dans des milieux appl0 priés, il obtenait la nitrification. Les roches dénudées des Alpes, dés 182 do REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. sante pour la formation de l’acide nitrique produit. Il y a donc consomn tion d'oxygène libre. D'ailleurs les rayons solaires ne sont pas nécessaires, … car ces expériences de nitrification élaient faites à l'obscurité. Un fait … d'une importance capitale se trouve ainsi établi : c’est qu’une synthèse totale de la matière organique par l’action d'êtres vivants peut s’accomplir sur notre planète indépendamment des rayons solaires. La nitromonade est un type physiologique à part : tandis que les phéno- mènes de destruction liennent la première place dans la vie des autres microbes, ils se réduisent pour elle à un minimum peu appréciable, et les phénomènes de synthèse prédominent dans son activité vilale. Les phéno mènes de destruction sont remplacés chez elle par une action oxydante Spé- cialement adaptée à l'oxydation de l’ammoniaque qui lui. fournit toule l'énergie nécessaire au travail de sa vie. Ces propriétés exceptionnelles permettent d'attribuer à la nitromonade une part d'influence considérable dans la transformation des roches en térre végélale, comme le fait remarquer M. Muntz (1). 4 Ce savant a trouvé d’une façon constante l'organisme nitrifiant, non seulé- lement dans les roches basses recouvertes de terre végétale, mais sur les hautes montagnes, dans les roches dénudées où les végétaux supérieurs né peuvent plus vivre. En prélevant avec purelé des particules rocheuses, les Pyrénées, de l'Auvergne, des Vosges, comprenant les types minéralogiques les plus variés : granits, porphyres, gneiss, micaschisles, roches volcaniques calcaires, grès, se sont ainsi montrées recouvertes de ferment nitrifanl: (1) A. Muntz : Sur la décom (Comptes rendus, CX, p. 13 (2) Em. Laurent : Expéri (Ann. Inst. Pasteur, 1890, p. 722) REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES. 183 à la vie sans air, Ainsi une espèce qui, cultivée en matras plein de liquide, réduit les nitrates, cesse de les réduire si on la cultive en mince couche exposée à l’air, Beaucoup d'organismes inférieurs, Algues, Champignons, ont, à des de- grés différents, le même pouvoir. La levure le possède faiblement, et le ma- nifesle surtout quand elle est cultivée dans un milieu pauvre en sucre fer- mentescible. Enfin divers organes de beaucoup de végétaux supérieurs peuvent aussi réduire les nitrates. Des graines de Mais, de Lupin blanc, de Pois, en état de germination, immergées dans une solution de nitrate, la réduisent. Ici encore le phénomène est lié à la vie sans air : il faut d'abord qu'il y ail ac- tivité vitale : en effet les graines non germées ou les graines germées, mais tuées ou paralysées par des substances toxiques (éther, chloroforme), ne ré- duisent pas. Il faut de plus qu'il y ait vie sans air : en effet si la graine Sermée, au lieu d’être immergée, est mise en contact avec une dissolution de nitrate en couche mince qui laisse toute la graine exposée à l'air, la - l'éduction ne se produit pas. L'activité réductrice est au contraire aug- mentée dans le vide ou dans une almosphère d'hydrogène. Divers tubercules (Pomme de terre, Navet, Topinambour, Radis), ont aussi ce pouvoir, mais sans lien avec l’activité vitale ; ainsi avec la Pomme de terre, la propriété réductrice est augmentée par la présence de l’éther Ou du chloroforme, Ces organes contiennent donc une substance réductrice Par elle-même. D'ailleurs certains sucs végétaux (suc de racines de Féve- roles, suc de Cerises blanches) réduisent également les nitrates. On voit qu’il n’y a rien de spécifique dans le pouvoir de transformer les Mrates en nitrites. Ce n’est pas non plus une propriété générale des tissus égélaux, car M. Laurent a observé l'absence du pouvoir réducteur dans beaucoup d'espèces végétales : ainsi dans les conditions où les tubercules de Pomme de terre ou de Navet réduisaient, ceux de Carotte ne rédui- Salent pas, F Certains arbres sont sujets à une maladie (1) observée d’abord sur un Chêne Par le professeur Ludwig : il sortait de l’écorce une écume blanche, Puis un liquide mucilagineux blanchâtre, devenant ensuite jaunâtre et géla- lineux, Cette maladie fut observée ensuite sur des Trembles, des EÉrables et des Bouleaux, Le liquide qui s'écoule est en fermentation. Dans ce liquide Ludwig Signale la présence de plusieurs organismes, particulièrement d'un champignon qu'il appelle Endomyces Magnusüi, et d’une levure qu'il regarde ‘omme engendrée par ledit champignon. C’est ce champignon que Ludwig donne pour l’auteur de la fermentation. M. Hansen étudie au point de Pi *ue crilique les résultats énoncés par M. Ludwig. Frais 'emarque d’abord que l'observation seule est insuffisante pour faire HER “inaitre la cause de la fermentation. Des expériences d'inoculation de ‘ultures pures dans des arbres vivants seraient indispensables ; elles n'ont Pas été faites on ih * (1) Emil-Chr. Hansen : Ueber-die i ir lebender Büume beobachte : . ; e in dem Schleimflusse der 1% Mikroorganismen (Zeïtschr. f. Bakteriologie und Parasitenkunde, 1889)... * 184 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Il examine ensuile ce qu’il faut penser des transformations attribuées | par Ludwig à l’Endomyces Magnusü. Pour Ludwig ce champignon présenle, dans le cycle de son développement, trois formes : la forme Oidium, la forme Endomyces et la forme Saccharomyces. M. Hansen part d’une culture é pure, issue d’une seule cellule de la forme Oïdium. Sur du moût de bière gélatinisé il obtient un développement rapide. La plus grande partie de la plante est en chaînes de conidies qui se séparent facilement les unes des autres. Semées dans du moût de bière ou de l’eau de levure glucosée, ces conidies produisent une fermentalion qui engendre un peu d'alcool et un peu d'éther. Elles intervertissent le saccharose, mais ne modifient pas le lactose, la dextrine ou l'amidon. : ! On a varié les milieux de cultures de toutes les manières usitées : milieux . liquides, milieux gélatinisés divers, pain additionné ou non de solutions nutritives, blocs de plâtre. Aucune forme nouvelle de développement n8 RE Re ne Ne pe e tqa s’est produite M. Hansen sème de même une cellule unique de la levure trouvée, avec l'Oïdium, dans l’écoulement mucilagineux d’un Chêne. Cette levure répond exactement à la description donnée par Ludwig; elle doit donc être la même. Or les tentalives faites comme ci-dessus par des cultures en milieux _ encore plus variés, n’ont jamais donné ni la forme Oïdium ni aucune aufré forme de moisissure, Dans les milieux glucosés, la fermentation produi- sait de l'alcool non mêlé d'éther. Par conséquent la filiation admise Pal _ Ludwig n’est pas démontrée. 4 L'auteur énumère ensuite divers autres microorganismes trouvés dans les mêmes exsudals pathologiques des arbres, notamment une moisissure rappelant le Moniliu candida (Comptes rendus des travaux du Laboratoire de Carisberg, vol. IL, p. 153 et 154, 4888), le Saccharomyces apiculatus, des champignons bourgeonnants rouges, et de nombreuses bactéries. Il résu te de cet examen que la question exige de nouvelles recherches. Lu es De 2 PO" Les cultures de ces levures, examinées au saccharimètre, montrent ae” : tation gauche rapidement décroissante en valeur absolue, puis nulle; P° : (1) U. Gayon et E. Dubourg : Sér la fermentation alcoolique du sucre inle 2. (Comptes rendus, CX, p. 835). É"a - REVUE DES TRAVAUX SUR LES BACTÉRIES. 155 une rotation droite qui croit jusqu'à un maximum et décroit ensuile jus- u’à zé MM. G. Linossier et G. Roux (1) ont étudié les fermentations produites par le champignon du muguet, Cet organisme provoque la fermentation alcoolique du glucose, du lévulose et du maltose, mais non celle du sac- charose ni celle du lactose. Il n’intervertit pas le saccharose, Les fermenta- tions alcooliques qu'il produit se distinguent par certains caractères de celles que produisent les véritables levures. Elles sont très lentes et ne donnent naissance qu’à une dose maxima d'alcool de 5,5 p. 100 dans le moût de raisin. De plus on trouve, dans les produits de la fermentation, outre l'alcool, de l’aldéhyde et de l'acide acélique. Cet aldéhyde paraît se produire aux dépens de l'alcool préformé, car si l'on sème ce champignon sur une solution minérale additionnée d’un peu d'alcool, sans sucre, l’al- cool disparait et est remplacé par un mélange d’aldéhyde et d'acide acétique. … Quant à l'acide acétique, il paraît se produire par oxydation de l'aldéhyde sous l'influence de l'air, sans intervention d'aucun phénomène biologique ; car le champignon, semé sur une solution étendue d’aldéhyde additionnée de sels minéraux convenables, ne s’y développe pas. On voit que le champignon du muguet est bien un ferment alcoolique, mais comme il fonctionne un peu autrement que les levures usuelles, les auteurs croient devoir le rayer du groupe des Saccharomyces et le rappro- cher des Mucor. Le pouvoir de transformer le sucre en alcool est d’ailleurs loin de cons- liluer un caractère propre au genre Saccharomyces. Plusieurs bactéries possèdent ce pouvoir, MM. Frankland et Fox (2) en ont étudié une. Is l'ont tirée d’une fiente de brebis par. culture dans une solution de glucose- Peptone et ensuite dans la gélatine-peptone. Après cultures successives répétées dans les liquides fermentescibles jusqu'à ce que l'organisme pré 5 sentât un caractère uniforme, on obtint un bacille dont l'aspect varie avec le milieu : dans les liquides il se présente surtout en couples d'articles, etsur la gélatine solide, en longs fils. Dans aucune culture on n’a aperçu de spores. Dans des solutions de mannite ou de glycérine, ädditionnées de peptone et de carbonate de chaux, la fermentation marcha vivement, surtout avec la mannite, Les produits principaux trouvés après fermentation furent, dans les deux cas, l'alcool éthylique et l'acide acétique : d'où le nom de Bacillus ethaceticus proposé par les auteurs pour le ferment Ce bacille met en fermentation les solutions de glucose, saccharose, lac- . (ose, amidon et. glycérate de chaux. e voit, la jeune science des microorganismes se dévelop ‘Welle fournit lui assigne une place de plus en plus haute dans l'DRPRE Lé des connaissances humaines. Éox BouTROUX. f (1) Georges Linossier et Gabriel Roux : Sur la fermentation alcoolique el la tr ro de Palcool en aldéhyde provoquées par le champignon du muguer (Comptes rendus, CX Roy. , XLVI, 345-357 et Journ. Chem. Society, août 1890). 4 868). . @) P.-F. Frankland et J.-3. Fox : Fermentation of Mannitol and Glycerol (Proc. l pe, dans diverses directions, avec une admirable rapidité, et la portée des résultats = bourgeons dormants peuvent se former à lout âge en face des rayons mé REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 A DÉCEMBRE 1891 (Suife). 12°. — Bourgeons. Les écailles gemmaires sont habituellement considérées comme servant uniquement à protéger les bourgeons contre les influences atmosphériques et en particulier contre les basses températures hivernales. D'aprè M. F. ScHaar (1), les écailles des bourgeons du Fraxinus excelsior st des malières de réserve, substances plasmatiques, épaississements cellulo- siques, elc., qui sontutilisées au moment de l'épanouissement des bourgeons. Il résulte des observations de M. A. PRUNET (2) que les plantes ligneuses Dicotylédones présentent toujours des bourgeons dormants en relation avec la moelle de l'axe par l'intermédiaire d’un large rayon médullaire, Je « Tayon médullaire gemmaire », lequel a pour point de départ le rayon médallaire résultant du départ dans trace foliaire, Les bourgeons dormanls Se rencontrent non seulement à l'aisselle des feuilles ordinaires, mais encore à la base des feuilles rudimentaires et des écailles gemmaires. rdultaires gemmaires, les uns se développant aussitôt, les autres demeurant _ late : Se nts. Leur nombre s’accroit beaucoup par la taille ou le pincement: Is _ peuvent dans les conditions ordinaires être assez peu développés pour qué leur observation nécessile l'emploi du mn su 130, — Fleur. D'après M. W. C. GŒTHART (3 ) l’androcée des Malvacées spphratt dès que le calicule et le calice ont commencé à s'ébaucher sous l'aspect d'un pour- relet annulaire résultant de l’activité d'un méristème intercalaire et destiné (1) F; Rohab! Die sgh nl dé der Knospen von LT (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften zu Wi eft 4-5, p. 291-300, 18 ) A. Pranet : Sur les bourgeons dormants des plantes ligneuses Dicotylédont" se - 258 (Journal de Botanique, 1890, W C. Gæœthart : Beige zur “Kenntnies des Malvaceen-Androceums Lg . stbe Zeitung, 1890, col. 331, 1 pl.). 4 Des REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, 187 Chaque ébauche se divise dans le sens langentiel en deux où quatre parties dont chacune donnera une étamine à deux sacs DOUTER, Ainsi s'ex- plique la formation des phalanges initie $. ; Le travail que M. H. Fiscmer (1) vient de publier sur la forme ds gré de pollen et sur la structure de leur membrane ne contient pas de faits généraux bien nouveaux, mais à cause du nombre considérable des espèces étudiées (2214) et des renseignements de détail qu’on y trouve, il pourra être utilement consulté par les botanistes qu'intéressent particulièrement ces questions. D'après M. Fischer les caractères morphologiques fournis par les grains de pollen, tout en étant de valeur systématique peu constante et très cé méritent cependant d'entrer dans la définition de certains groupes natu D'ap rès s M. R. von Werrsteix (2) les nectaires rameux du Parnassia palus- tris représentent un deuxième cercle d'étamines. La partie basilaire de chaque staminode représenterait un filet d’anthère et les filaments glandu- lifères qui la surmontent nn He le médian, le conneclif, les laté- raux, les deux loges de l'anthèr On sait que les étamines dé cerlain nombre de plantes sont sensibles i et présentent des mouvements de divers sens en rapport plus où moins Un 4 rect avec la pollinisation ; on sait aussi d’aatre part que certaines fleurs, par PAPE bre res ns dreams, s Le ter 8 se assaut en nr sortepé- autres,comme celles des Cistes, après s'être ouveries puis refermées (orébeit presque aussitôt. M. A. HanscrrG (3) vient de publier une liste raisonnée des plantes qui présentent l’un ou l’autre de ces phénomène Nous signalerons simplement plusieurs séries hotes sur la structure des fonts de diverses plantes envisagée surtout dans ses rapports avec la cu un dues à M. E. Lorw 44), à M. C. CorRens (5), à M: J. Mac D (6). : (1) Hugo Fischer : os zur rt Morphologie der Pollenkärh net, à : Inaug.-Dissertatio on; 12 p., 3 pl., Breslau, 1890; résumé in Jahresbericht ag Schles. rs Gesellschaft für vaterl. Cie Hi nèer der botanischen Section, 1890, p. 3 dr (2) R. von Wettstein: Zur Mon "vhologie der Staminodien von Par nassia palustris 3) A. Hansgirg : Ueber Verbreitung der reizhbaren Sta ubfäden und Narben, s0 LÉ der sich periodisch oder blos einmal enter und schliessenden Blüthen(Botanisches Centralblatt, Bd. XLIIL, n° 13, p. 409-416, 1 te ) E. Loew : Ueber die Bestäubun ht d den anatomischen Bau der j * gseinric un . un ; Blülhe von Oxytropis pilosa (Flora, 1891, Heft 1, p. 84-91); — Ueber die bestau- : Ungseinrichtung und ten Ba Blüthe von Apios tubero (Flora, 1891, Heft 2, p. 160-171) : — Blüthenbiologische Beiträge (Jarbücher für "nrectahliche Botanik, va XXE p. 445-498, 1890 et Bd. XXII, p. 207-253, 1891); bau und d e Bestäubungseinr ichtung 4 Impatiens Roylei Walp. i Fngers Jahrbicher für Sstitie und Pflauzengeogr., Bd. XVI, Heft 1-2, p- 166-182, > (5) C. Correns : Re, zur ps dep ANA ONE, der Aristolochia-Blüthe. _ Zur Biologie und Anatomie der Salvienblüthe. — Zur Biologie und Ana ie der. . alceolarienblüthe (ahrbtcher für disnstiaiiiehe Botasik, Bd. XXI n HET “a ne Mac Leod : Ondezoeckingen omtrent den boue de Ontvitkelingen de 488 REVUE GÉNÉRALE. DE BOTANIQUE. 149, — Fruit. On sait que la plupart des classifications des fruits que l’on trouve dans les traités sont encombrées de termes barbares et plus ou moins mal définis, teis que carcérules, élatéries, péponides, galbules, sycones, elc., termes d’ailleurs parfaitement inutiles, puisqu'ils ne permettent pas de prévoir tous les cas particuliers, et qui ont en outre, avec beaucoup d’autres d’ailleurs, le grave défaut de rebuter les commençants. M. G. BEauvisAaGE (1) vient de publier une nouvelle classification qui, bien que n'étant pas à l'abri de tout reproche, présente du moins l'avantage de réduire considérablement Je nombre des termes spéciaux. Les fruits sont divisées en quatre types : Baie, Drupe, Achaine, Capsule. Dans le troisième type, les expressions samare et caryopse sont conservées. Les capsules sont réparties en deux groupes Suivant qu'elles sont ou non déhiscentes par des fentes longitudinales. Dans chacun de ces groupes, des subdivisions sont établies d'après le nombre des carpelles, la placentation et enfin le mode de déhiscence. Les expressions de follicule, gousse, pyxide sont seules conservées. Les résultats les plus généraux du volumineux mémoire consacré par quatre. Dans les drupes ayant atteint leur iaraité, l’épiderme externé devient en général stratifié, l’une des couches se différenciant en liège. ee chair a la même origine qué dans les baies. Le noyau, formé essentielle- ment de fibres et de cellules scléreuses, procède tantôt de l’'épiderme interne, tantôt du mésophylle, tantôt à la fois de l’épiderme et du mésophylle. Qu fl nous soit permis d'exprimer le regret que des nombreuses descriptions de détail consciencieusement accumulées par l’auteur, ne ressortent pas Ps ques types autour desquels les formes analogues ou secondaires viendralen" naturellement se grouper; l'esprit se perd un peu au milieu de tant de fails laissés ainsi sur un même plan. M. À. Hermers (3) a trouvé des cellules à mucilage au-dessous de l'épiderme à - 5 8 1) G. Beauvisage : Remarques sur la classification des fruits et la déhiscence ee _ Capsules, 24 p., 1 pl., Lyon, H. Georg. > hs :%(2) Garcin : Recherches sur l'histogenèse des péricarpes charnus (Annales sciences naturelles, Botan., 7e série, t. AU D: ITS igsbe- ) A. Heïmerl: Beiträge zur Anàtomie der Nyctaginaceen- Früchte (Stzun8" ; REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 189 extérieur du fruit des Mirabilées ; il a constaté en outre que dans les Mira- bilées et les Abroniées les parois des cellules épidermiques du fruit ren- ferment de petits grains ou cristaux d'oxalate de chaux. Ce dépôt serait caractéristique pour ces deux groupes de plantes. 150. — Graine. On sait que l’on ne retrouve pas Loujours à la fois dans la graine mûre les téguments et le nucelle : une partie de ces tissus peut être résorbée ou digérée par l'embryon dans le cours de son développement; la persistance des enveloppes ovulaires n’est même regardée par la plupart des auteurs que comme une rare exception. M, M. Branpza (1), ayant suivi dans un grand nombre de familles les modifications que subissent les téguments de l’ovule et le nucelle pendant la maturation de la graine, a constaté que dans les plantes dont l’ovule a deux téguments, le tégument interne persiste dans la plupart des cas et constitue souvent la partie lignifiée du tégument séminal; parfois le nucelle lui-même contribue à la formation des enveloppes de la ; graine mûre; dans quelques familles seulement le tégument de la graine mûre est formé par la partie externe du tégument externe de l’ovule. Dans les plantes dont l'ovule n’a qu'une enveloppe, les téguments de la graine proviennent, d’après l’auteur, soit de cette unique enveloppe, soit à la fois z de celte enveloppe et du nucelle. ‘après M. G. Lixpau (2), les sillons plus ou moins profonds, dev ou ramifiés, dont se creuse la surface de l'albumen dans les graines du Rhamnus cathartica et du Coccolobus populifolia tirent leur origine des téguments, les- quels forment vers l'extérieur des saillies en forme de sac que remplit plus lard l'endosperme. Quand on étudie la structure anatomique des téguments de la graine mûre, on trouve habituellement au-dessous des assises cellulaires externes à parois plus ou moins épaissies, une zone de cellules presque toujours apla- ties dans le sens radial et à cavité sensiblement oblitérée. Dans la graine mûre, ces cellules ont une structure normale et contiennent des matières nutrilives et en particulier de l’amidon transitoire. D’après M. Tschirch, qu a le premier appelé l'attention sur cette partie des téguments, ces cellules se vident à mesure que la graine mûrit et en particulier à mesure que s "épais- $ sissent les parois des cellules externes; de là l'opinion que ces cellules ser- Yent à compléter le développement de la graine et en particulier à compléter les épaississements de la partie scléreuse ou mucilagineuse des téguments, de là aussi le as Je zone nourricière sonne à Cois assise par le mpnss auteur. Desrech M.Hür FERT (3) < LED © % ag Er kais, Akademie der Wissenschaften zu Wien, Bd. XCVHL, Abth. 1, A M. Bran dza : jan ape pe CR de la graine (Revue générale de tanique, vol. IT, nos 25-26, 10 91). @) “hu gras Zur Entuicthgsgeschichte einiger Samen pue der deutschen ellschaft), Bd. IX, Heft 8, p. 274-279). @) 3. Hélfert : Die Nährschicht der Samenschalen (Flora, 1890, Hef 4, pe 20-543) Fa 2 190 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. _ ricière, il semble résulter qu’on se trouve bien en présence d’un tissu nutritit ; q P «ransitoire, dont l’oblitération ultérieure est le résultat de sa compression entre les téguments extérieurs devenus plus résistants et l’amande encore et voie de développement. Dans cent trente-neuf espèces sur cent soixante-qua- torze étudiées, on trouve une zone nourricière à éléments plus tard oblitérés corrélative del’existence d’épaississements scléreux ou mucilagineux dans les téguments ; dans dix-neuf espèces, on trouve une zone nourricière oblitérée, sans épaississements secondaires; dans douze espèces, enfin, on trouve un parenchyme non oblitéré à la place de la zone nourricière. On ne saurait se formant par apposilion sur la face interne de la membrane primilive, avec laquelle ils n'auraient dès lors que des rapports de juxtaposition. On trouvé en outre que ces épaississéements se colorent en jaune par l'iode el en bleu par le chlorure de zine iodé, le bichlorure d’élain iodé et l'action successive de l'acide sulfurique et de l'iode. Il ne faudrait pas cependant _ généraliser ces réactions à tous les mucilages, car celui des Légumineuses 0 1 ad 1h01 “ut PE des Crucifères (Annales des sciences naturelles, Bota se colore en jaune par l'acide sulfurique et l’iode. é Divers observateurs, parmi lesquels en premier lieu M. Sachs, ont signalé dans la graine d’un certain nombre de Monocotylédones pourvues d'albu: men l'existence d’un organe (Saugorgan) servant à absorber les malières nulrilives contenues dans cet albumen et à les conduire dans l'embryon pendant la germination. M. Tscmincu (3) signale l'existence d'un semblable organe dans la graine de Scitaminées. D'après lui, en outre, l'organe d'abr sorplion, que l'on retrouverait dans toutes les Monocotylédones à graines albuminées, serait formé dans la généralité des cas, au moins en parti (1) G. Kaiser : Ueber das Verhältniss der Integumente der Samenanlagen 2 de" Samenrdecken der reifen Samen (Berichte der pharmaceutischen Gesellschaft, » 6 p.). Fe (2) J. D'Arbaumont : Nouvelles observations sur les cellules à mucilage des graines À s, Botan., 7e sér., t. XI, p. 125). (3) Tschirch : Das Saugorgan der Scitamineen-Samen (Mathem. naturwis-ensch- Mittheilungen aus den Sitzungsberichten der kôn. preuss. Akademie der Wisse” Schaften zu Berlin, 1890, Heft Il, p. 89-98). re REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 191 Lanta entyléd ï PR dau A4 St LE 14 sa 124 1,504 1 le v J aussi un organe d'absorption, mais tandis qu'ici cet organe se développe ensuite en productions foliacées, chez les Monocotylédones, l'organe d’ab- sorption ne quitie pas les enveloppes de la graine et meurt dès que son rôle est terminé. L'auteur signale en outre l'existence d'un organe d’absor- lion chez les Gnétacées et les Cycadées et considère comme homologue de cet appareil le « pied » de l'embryon dans les Cryptogames vasculaires el le « pied » de la capsule des Mousses. Là où manque un organe absorbant spécial, les graines albuminées pre- sentent, d’après M. W. Hiscu (1), des dispositions propres à faciliter l'ab- sorplion des réserves par l'embryon. C'est ainsi que l’assise cellulaire qui sépare l’albumen de l'embryon, se gonfle en général beaucoup de facon à s'appliquer exactement sur l'embryon et remplace ainsi l’organe absorbant. En outre, dans les graines volumineuses à embryon petit el plus ou moins central, les cellules de l'albumen se disposent en files rayonnantes autour de l'embryon et s’allongent plus ou moins dans le sens radial, facilitant ainsi l'arrivée des malières nutritives. Dans les petiles graines à albumen minime, celte disposition est rendue inutile, d'après l'auteur, par l'abondance extraordinaire des ponctuations; elle est i inutile, dans les graiues à albu- men formé de cellules délicates parcouru dans divers sens par un embryon plus ou moins enroulé et volumineux; c'est pour cela qu’on ne l’observe pas dans ces deux catégories de graines. On voit que dans beaucoup de cas l'ab- sorplion des matières nutritives par l'embryon serait singulièrement facilitée. D'un travail général de M. A. Prerrer (2) sur les diverses formes d’arilles, il résulte que ces formations reconnaissent trois origines différentes : le funicule et ses divérses régions, hile, chalaze, raphé (Mucuna, Cylisus, Passiflorées, elc.); l’exostome (Euphorbiacées, Polygalées, etc.); les tissus Compris entre le funicule et l’exostome (Myrisca, Celastrus, Evonymus, elc.) Au point de vue analomique, les arilles, qu'ils soient mous ou résistants, sont Presque sans excéplion parenchymateux, les premiers élant formés de cellules à parois minces, les seconds des cellules à parois plus ou moins épaisses. | Habituellement ils contiennent d’abondantes matières nutritives de même de nalure que celles qui sont renfermées dans la graine. Certains arilles sont Parcourus par de pelits faisceaux détachés des faisceaux placentaires (My risticacées, Connaracées,. etc.). D'après l'auteur, les arilles faciliteraiens fréquemment la dispersion des grainés; il en serait ainsi en particulier des * arilles aliformes ou charnus. En outre, divers arilles paraissent emmagasiner transitoirement des réserves qui. sont ensuite consommées pendant la Maluralion de la graine. € prive “après M. Max Damme (3), le funicule est formé de dehors en dedans d'un à (1) W. Hirsch: Welche Einrichtungen bestehen behufs Ueberführung der 4 ne ee der Samen niedergelegten R-servestoffe in dem nd. ge : ; b. tr A der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. I, 7. s ?) A. Peiffer : Die Arillargebilde der Pflanzensamen (Engler's Jahrbücher für “ Ystematik, etc., Bd. XIII, Heft 3-5, p. 492-540, 1891). dé : ie Le Max Dahmen : Anatomisch-physiologische Untersuchungen mr fine bee $ der Samen (Jahrbücher für wissenschaft. Botanik, Bd. XXII, p. 441-478, _—r hs F5 < OS re LI M = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. a épiderme, de parenchyme lacuneux'et d’un faisceau libéro-ligneux occupan une position plus ou moins centrale par rapport à l'organe. Il contient géné lement du sucre et de l’amidon et on y trouve parfois des mucilages, des huiles grasses ou essentielles, du salpêtre, des chromoplastes. De ce que le Jliber ne contient pas exclusivement les matières nutritives, qu’on en trouve = que nous soyons de ceux qui pensent que le rôle de conducteur des tubes criblés a été exagéré, l'argumentation de M. Dahmen nous parait un peu faible. L'auteur nous apprend en outre que le funicule sert de voie dé Passage aux malières nutritrives destinées à la formation de la graine età la constitution de ses réserves. 7 Nous ne pouvons que signaler ici la description minutieuse donnée pal … M. Lurcr Maccuiari (4) de la structure de la graine du Vicia narbonensis. D'après M. J. Verscuarreur (2), les Brunella vulgaris el grandiflora, les u Salvia Horminum et lanceolata appartiennent à cette catégorie de plantés dont les graines ne sont mises en liberté que sous l'influence de la pluie pau de lhumidité; ce n’est qu'alors en effet que le calice fructifère écarte # Ë deux lèvres rapprochées par la dessiccation, En outre, chez les deux Salvia : mentionnés, le pédicelle fructifère courbé vers le bas lorsqu'il est sec, redresse sensiblement lorsqu'il est mouillé, de telle sorte que les fruits qui s'échappent de l’orifice du calice tombent à une certaine distance du qi de la plante, M. J. Venscuarrezr (3) a en outre ‘observé que dans l'Iberis umbellata, les pédicelles des fruits mûrs se pressent les uns contre les autres autour du sommet du rachis lorsque l’air est see et s’écartent les uns dés autres en s’étalant lorsque l'air est humide ou qu'ils sont mouillés Fer pluie. Il en résulle que la dispersion des graines par le vent ou les animal n'est possible que dans ce dernier cas. Rien dé semblable ne s’observe dans e espèce voisine l'Iberis amara. On voit donc que dans ces diverses plantes, l’ensemencement naturel des graines ne s'effectue que lorsque les ci fl es extéri ft Con: { bles à leur germination £ , , 2 91. ; es. (2) J. Verschaffelt : De Verspreiding der Zaden bij Brunella vulgaris, B. 4 pli flora, Salvia Horminum, S. lanceolata (Botanische Jaarboek, 1890, p. 148-156, 1 P: résumé allemand). nn. (3) 3. Verschaffelt : De Verspreiding der Zaden bij Iberis amara en I. umbellaa (Ibid., 1891, p. 95-109, 1 pl., résumé allemand). “3 : (A suivre.) A. PRUNET. Revue générale de Botanique. Tome 4. Planche 7. 1 Alsine Paui Wilik. — 2 Saxifraga valentina Willk. Phototypie Bellotti, Saint-Etienne. NODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique parait régu- lièrement le 15 de chaque mois, et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d’abonnements, mandats, etc., à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou Modernes dont il est fait mention dans la Aevue. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. (Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 7, rue Amyot, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires OU notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue Jénérale de Botanique. Les auteurs des travaux insérés dans la ne À rire de RE Fa ru nique ont droit gratuitement à vingt-cinq E ee: pi trhe de Ê à ne M Re ie Midi PA REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME eee | Livraison du 15 mai 1899 æ Ps T° 41 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 52 RUE DES ÉCOLES, 52 | EN FACE DE LA SORBONNE © LIVRAISON DU 15 MAI 1892 Page 1. — NOTE SUR LA RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSE- : CHÉES, par M. Gaston Bonnier................-.. Il. — RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L’ASSIMILATION 4 DES PLANTES GRASSES (avec planche et figures dans u : le texte), par M. Æ. Aubert. ................:.... 20 _ HE — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS (avec : planches), par M. Henri Jumelle (suite).......... IV. — REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE, parus de juillet 1890 à décembre 1891 (avec figures dans le texte), V ne A. Prunet (suite)........... RE | FLANGUE CONTENUE Hans GETTE LIVRAISON : : PLANCHE 6. — Recherches oies sur les Lichens. Cette livraison renferme en outre 8 gravures dans le texte, Pou troisième page de la couverture. NOTE SUR LA RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSÉCHÉES Par M. Gaston BONNIER Quelques physiologistes tels que Doyère (1), et souvent aussi les cullivateurs, ont remarqué que le Blé germé pouvait en cer- lains ças supporter une dessiccation plus ou moins forte, puis 'eprendre ensuite la vie active si on le place de nouveau dans des conditions favorables. On sait d’ailleurs que des plantes développées, certaines Sélaginelles, par exemple, peuvent pré- Senter la même particularité. de me suis proposé de préciser pour le Blé les condilions dans lesquelles on peut opérer le retour à la vie active dé ces plan- lules desséchées et dans quelles limites on peut observer le même Phénomène chez quelques autres espèces. *S expériences ont porté sur le Blé, la Fève, le Haricot, le P 01s et le Maïs. gs 1: BE. — J'ai fait les premières expériences avec le Blé, de la façon suivante $ Hit lots. de Blé- provenant de la récolte de l'añnée précé- dente et aussi comparables que possible, ont été mis à tremper Pendant un jour, puis retirés de l’eau à 9 heures du matin. \ “Un des lots contenait cinquante graines. Pour plus de clarté J'appellerai ces oi luts: A, 4: B,B';:G0,0;D,D. (1) Doy AE s rs Mémoire sur l’ensilage rationnel, Paris, 1856. Rev. gén. de Botanique, — IV, 13 194 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le 22 novembre, à 9 heures du matin, les lots A et A ont été desséchés pendant deux jours, le lot A à 35°, le lot A’ à 85°. Des pesées successives indiquaient qu'’iln’y avait plus de perte de poids au bout de ce temps. Les autres lots ont été mis à germer sur de la sciure de bois humide et sous cloche. Le 23 novembre, à 9 heures du matin, tous les Blés misà germer montraient déjà leurs radicules ; le lot B a été mis dans l’étuve à 35° pendant deux jours; le lot B’ dans l’étuve à 89° pen- dant le même temps. Le 2% novembre, à 9 heures du matin, la gemimule commen- çcait à sortir dans les Blés restant et les racines adventives pointaient à côté de la racine principale déjà allongée de 1 cen- timètre. Le lot C a été mis dans l’étuve à 35° pendant deux jours ; le lot C’ dans l’étuve à 85° pendant le même temps. Le 25 novembre, la gemmule était allongée de 5 millimètres dans les deux derniers lots restant et les racines étaient déve” loppées. Le lot D a été mis dans l’étuve à 35° pendant dns . le lot D’, dans l'étuve à 85° pendant le même temps. On avait donc le 27 novembre tous les lots formés de pi “ germé à différents états de développement, tous desséchés, * ka moitié à 35°, l’autre moitié à 85°. Dix Blés ont été prélevés, après la dessiccation, sur chaque ut et mis de côté, dans un endroit sec. Chaque lot était donc réduit à quarante échantillons. Le 27 novembre, ces quarante Blés desséchés de chaque ot ont à été trempés dans l’eau pendant vingt-quatre heures. Le 28 n0v8 bre, on les à mis à germer sur de la mousse humide T mais toujours égales au même moment pour tous les lots. Le 4 décembre, les résultats étaient les suivants : oules ces germinations, comme celles citées plus haut, sur la sciurede bois, ont élé faites à des températures comprises entre 18 et ; RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSÉCHÉES. 40 Blés ayant germé pendant 4 jours et 85° ut uit Aucun n'a re- pris. LOTS ETAT % éntule du pen DES ÉCHANTILLONS - ï ont étè ; ultérieurement SRG Te. PUR plantés en terre. À |40 Blés germés dans 35° 40 ont repris.|Ont donné des l'éâu pendant 24 plants aussi vi- heures goureux que ceux issus de graines. À’ |40 Blés germés dans! 85° 12 ont repris.|Ont donné des l'eau pendant 24 plants peu dé- heures. veloppés dont 8 ont pé ri ultérieure-. Et ent. B |40 Blés ayant germé 35° 34 ont repris.[Ont donné des dant 2? jours, plants aussi vi- avec radicule ap goureux que parente au dehors. ceux issus de rs 4 graines. ro B' |40 Blés ayant germé 85° Aucun n'a re- » pendant 2 jours, pris. avec radicule ap- |} parenteaudéhors. TT RER RTARE C |40 Blés ayant germé 35° 28 ont repris. {Ont donné des endant 3 jours lants moins et dont trois raci- vigoureux que nes étaient appa- ceux issus de rentes, graines et dont 5 ont péri ul- térieurement. —— ss emttalenaitaiénte C' 10 Blés ayant germé 85° Aucun n'a re- » pendant jours ris. et dont trois raci- nes étaient appa- RE ee D 10 Bles ayant germé 33° 21 ont repris.|Ont donné des Pendant 4 jours et plants pour la dont. la gemmule pl act plupart chétifs é de 5nm avecl do L 12 on racines . dévelop- péri ultérieu- tit: 608 rement. D’ Te —— : 195 196 . . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Il résulte de ce qui précède que : Les Blés germés desséchés à 85° ont perdu leur pouvoir germi- natif, sauf quelques Blés trempés dans l’eau pendant vingt- quatre heures. | Les Blés germés jusqu'au quatrième jour de germination à 20°, desséchés à 35°, ont conservé au moins en partie leur pouvoir germinatif. Les résullats ont été de plus en plus défec- tueux à mesure que les Blés étaient desséchés à un état de ger- mination plus avancé. J'ajouterai qu'en opérant dans les mêmes conditions avec des Blés plus germés que ceux des lots D, je n'ai obtenu aucune reprise après desséchement. Les dix Blés prélevés sur chacun des lots et conservés dans. un endroit sec ont été mis à germer au mois de mars suivant et ont donné pour chaque lot des, résultats tout à fait analogues aux | da L Il résulte de ces expériences que les plantules gerinées de Blé peuvent être desséchées et maintenues à l’état de vie très ra lentie pendant plusieurs mois, puis mises à germer comme des graines et reprendre l'état de vie active. Mais on voit que &@ retour possible’à l’état de vie presque latente, sans perle du pouvoir germinatif, dépend essentiellement de l’état de déve- loppemént de la plantule et de la température à laquelle on Ja dessèche. 9. .Fève. — J'ai fait une première expérience sur les Fèves dans les conditions qui suivent : Quatre Fèves ont été mises à germer le 43 novembre à 1#SUF de la mousse humide. L'ensemble de la racine et de la tige hypocotylée était d'une longueur de 4 centimètres environ che# trois des Fèves germées et de moins de 3 centimètres pour la qua” trième. Dans les quatre, la partie de la tige supérieure aux coty lédons est encore dans les téguments. L'ensemble des pr il plantes germées pesait 155,115. RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSÉCIIÉES. 197 Le 21 novembre, à 14 heures du matin, ces quatre plantes sont mises dans l’étuve à 35°, où on les laisse pendant vingt- quatre heures. Le 22 novembre, à 11 heures du matin, les plantes desséchées sont retirées. Leur ensemble ne pesait plus que 105,625. Deux d'entre elles, F, et F,, sont pesées isolément, puis laissées encore pendant deux jours à 35°. Les deux autres, F,et F,, sont trempées dans l’eau pendant vingt-quatre heures, puis mises à germer sur la mousse humide. On fait de mème deux jours après pour les Fèves F,etF, que des pesées successives ont mon- tré ne plus perdre de poids. Au bout de dix jours de nu, à 16° pour chacune des paires de plantes, on constate que F, et F,, plantules germées qui avaient été desséchées pendant un jour seulement à 35°, ont repris et ont donné ultérieurement des Fèves qui ont fleuri; tandis que F; et F,, desséchées à la même température, PU trois jours, n'ont pas repris. D'autres expériences, faites avec des Fèves à un état de germi- nation plus avancé, ont donné les mêmes résultats. Je citerai la suivante : Une Fève germée à 44° du 6 au 21 novembre avait sa tige d’une longueur de 7 centimètres et demi au-dessus des cotylé- dons et pesait 4%,035. Mise le 21 novembre pendant vingt- quatre heures dans l’étuve à 35°, son poids s’est réduit à 28°, 30. On voit que le rapport du poids sec au poids frais est ici bien plus considérable que dans l’expérience précédente, où la ger- mination des Fèves était moins avancée. Cette Fève trempée le 22 novembre pendant 24 heures a été mise à germer Le 23 novembre. On pouvait déjà constater qu'elle avait repris l’état de la vie active le 28 novembre. Ces expériences mettent en évidence une autre condition pour le retour possible des plantes germées à l’état de vie ralentie : c’est la plus ou moins grande dessiccation, pour une même tem- pérature. Il résulte en effet des expériences précédentes, que : Les Fèves germées pendant huit à quinze jours à 14°, puis 198 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. desséchées à 35° pendant un jour, ont pu reprendre l'état de vie active, tandis que les Fèves germées dans les mêmes conditions, mais complètement desséchées à 35° jusqu’à ce qu'il n’y ait plus perte de poids, n’ont pas pu reprendre. 3. Haricot. — J'ai opéré pour les Haricots comme pour les Fèves; mais on ne peut les faire passer à l’état de vie ralentie après dessiccation qu’au bout d’un temps de germination moins long. Des Haricots germés pendant quinze jours et mème pen- dant dix jours seulement, à 14°, puis desséchés seulement vingt- quatre heures à 35°, n’ont jamais repris. Je citerai l'expérience suivante, faite à l’état de développe- ment le plus avancé possible, pour permettre encore la reprise de la plante après dessiccation. | Quatre grains de Haricot ayant germé pendant huit jours à 14° ont la racine et l’axe hypocotylé ou recourbés dans les téguments et de longueurs : 2,2; 9% 5: 3em 4; 4em 5. On les met dans l’éluve à 35° pendant vingt-quatre heures; puis, après les avoir trempés dans l’eau pendant un jour on les fait germer Su? de la mousse humide. Huit jours après, deux pieds avaient repris sur quatre et ont donné des plantes peu vigoureuses, mais qui ont fleuri. J'ai fait, avec ces mêmes plantes, une autre expérience, 41 point de vue de l’état des réserves lorsqu'on les dessèche à des températures variées. 4 Des Haricots germés pendant deux jours ont été desséchés complètement à 20°, 35°, 55°, et 85°. En examinant comparali” vement dans la glycérine des coupes pratiquées dans les cotylé- dons, on remarque que l'aspect des cellules est très différent- En prenant les extrêmes, ceux desséchés à 20° et à 85°, on voil que la réduction du volume chez l'échantillon le plus desséché est re lativement plus grande pour le protoplasma ; par conséquent l? : dessiccation est bien plus sensible dans le. protoplasma que dans les membranes, les grains d'amidon et les grains d'aleuront- En effet, dans la graine desséchée à 85°, les-grains d’amidon n RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSÉCHÉES. 199 n’ont pas sensiblement changé d'épaisseur non plus que les cloisons ou les grains d’aleurone ; mais les grains sont bien plus reserrés les uns contre les autres et contre les membranes des cellules, par suite le protoplasma occupe une surface beaucoup moins grandé. Les coupes des graines germées à 35° et à 55° sont intermédiaires ; mais plus voisines de celles desséchées à 85° En essayant divers réactifs, on voit que l’iode colore sensible- ment de la même manière les grains d'amidon desséchés à 85° que ceux desséchés à 20°, que le chloro-iodure de zinc ou le violet d’aniline colorent les membranes à peu près de la même manière. Le protoplasma desséché à 85° est coloré très forte- ment par le violet d’aniline, et à peine lorsque la graine ger- mée a été desséchée à 20°. Le carmin dans l’eau colore immé- diatement le protoplasma desséché à 85°, et ne le colore pas à 20°. Ce sont là de simples indications qui pourraient conduire à la recherche d'un criterium du pouvoir germinatif par l'action des réactifs. Ce qu'il faut en retenir ici, c’est que les deux termes du rap- port du poids sec au poids frais sont beaucoup plus différents pour le protoplasma que pour la membrane ou les grains d'amidon. L'eau du protoplasma est celle qui joue le rôle le plus important dans le passage de l’élat de vie active à l'état de vie ralentie ou inversement. 4, Pois. — Les Pois peuvent être desséchés sans mourir à un état de développement qui est morphologiquement plus avancé qne celui des Haricots. Je citerai l'expérience suivante : Quatre Pois ayant germé depuis dix jours à 43° ayant l’en- semble de la racine et de la tige hypocotylée d’une longueur de 6 à 7 centimètres, ont été mis dans l’étuve à 35° pendant vingl-quatre heures. Trempés, puis mis à germer dans de la terre, ils ont repris tous les quatre et ont donné des plantes qui -0nt abondamment fleuri: En examinant comparativement des : coupes prétiquées dans 200 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. les cotylédons de Pois germés pendant deux jours, puis dessé- chés les uns à 20°, les autres à 85°, on constate que ceux qui ont perdu leur pouvoir germinatif à 85° sont devenus d’une cou- leur jaune ou même jaune orange et présentent des grains d'a- midon serrés, plus fendillés. Pour les réactifs, les résultats sont sensiblement les mêmes que ceux observés ches les Haricots. 5. Mais, — En opérant comme précédemment avec des plan- tules de Maïs germées pendant douze jours à 15°, dont l’ensemble de la racine et de la tige hypocotylée avait en moyenne 2 centi- mètres de longueur, puis desséchées pendant vingt-quatre heures à 35°, les deux cinquièmes des plantules ont repris. En opérant avec des plantules de Maïs analogues, mais des- séchées à 85°, aucune n'a repris. Conclusions et applications. — On peut conclure de ce qui pré- cède que beaucoup de plantes cultivées peuvent être desséchées après un commencement de germination plus ou moins Jong, se conserver comme des graines et passer de nouveau à l'état de développement actif si on les replace dans des conditions favorables. C'est surtout l’eau abandonnant le protoplasma ou se Con” binant avec lui qui joue le rôle principal dans ces alternatives de vie ralentie et de vie manifestée. L'eau des membranes, des grains d’amidon, ete., ne parait jouer qu’un rôle secondaire. Pour les espèces étudiées, le Blé, le Pois et la Fève sont celles qui présentent encore le phénomène de réviviscence à un état de développement assez avancé. Lorsque les racines ou le So met de la tige ne reprennent pas elles-mèmes l'état de vie active, après dessiccation, c’est par de nouvelles racines ou par des bourgeons adventifs que la plante se développe. Enfin, si l'on étudie au point de vue des échanges gazeux et de la chaleur dégagée, ces plantes en voie de réviviscence, es trouve des phénomènes analogues à ceux de la germination des RÉVIVISCENCE DES PLANTULES DESSÉCHÉES. 201 graines, sauf que la première période (pendant laquelle le rap- port des gaz échangés est voisin de l'unité et où la chaleur dégagée est moindre que par la suite) est relativement abrégée. Cette première période des phénomènes germinatifs est même d'autant plus abrégée que la réviviscence se produit sur une jeune plante qui a été desséchée à un état de développement plus avancé. Les résultats relatifs aux quantités de chaleur dé- gagée trouveront place dans un autre travail. Je terminerai cette Note par quelques considérations pra- tiques. Il arrive parfois dans la culture des légumes que les semis qui viennent d’être faits sont brusquement desséchés après la germination. Il ne faut pas pour cela croire toujours que la culture est perdue, et les expériences précédentes font voir que si la germination est récente, les plantes pourront reprendre. J'ai fait, par exemple, une expérience de culture avec des Pois semés dans un carré de terre, puis desséchés par le soleil. En les enfonçant un peu dans le sol et en les arrosant, ils ont tous repris, comme si le semis avait réussi au début. 1Ig 290 SIERDÉVITAH : 1 AS mens s#7p tue + sig Li € Sansa _ ra WT L'25 n sue RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L’ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT INTRODUCTION. On sait que les plantes grasses sont les végélaux qui pré- sentent, au moins dans l’une de leurs parties essentielles, un abondant développement de parenchyme soit cortical, soit mé- dullaire, et une réduction importante de l'appareil conducteur. Ces plantes présentent un vif intérêt physiologique au point de vue de leurs échanges gazeux, c'est-à-dire de leur respiration et de leur assimilation. : Si l'on expose, en effet, deux plantes, l’une grasse, l’autre ordinaire, à l'obscurité de la nuit dans des éprouveltes reposant sur le mercure, et que le lendemain matin on soumette à l'examen le gaz extrait de l’une quelconque des deux éprou- veltes, il sera possible, en procédant à l'analyse, de reconnaitre dans quelle éprouvette le gaz a été puisé. Bien plus, par l'analyse des gaz se rapportant à deux plantes grasses de familles et même d'espèces différentes, soumises aux mêmes conditions,on pourra Savoir, dans bien des cas, si les deux végétaux ont à peu près la même carnosité et à laquelle des deux éprouvettes corres- pondait le végétal le plus charnu. ne Fe 204 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. L'intérêt de cette étude est encore augmenté par la relation qu'il me sera possible d'établir entre les échanges gazeux des plantes grasses avec l'atmosphère et les variations protoplas- miques que subissent ces végétaux (1). Je me propose dans ce travail d'étudier la respiration et l'assimilation chlorophylienne des plantes grasses, comparées aux plantes ordinaires. Je terminerai par quelques considéra- tions générales sur la distribution des végétaux charnus à la sur- face du globe. HISTORIQUE. 1° Respiration. — Th. de Saussure (2) s’est occupéle premier, avec un réel succès, de la respiration comparée chez les végé- taux. Étudiant les échanges gazeux de diverses plantes avec l'ait renfermé dans un récipient à l'obscurité, il vit que toutes les plantes avaient diminué le volume de l'air pendant la nuit (ce qu'il appela inspiration) et l'avaient augmenté pendant le jour (ce qu'il appela expiralion). L'activité de ces échanges fut trouvée #arimum chez certains arbres qui se dépouillent de leurs feuilles pendant l'hiver (Abricotier, Hêtre, etc.), et mini- mum chez les plantes fortement grasses et des plantes de marais comme l’Alisma Plantago. | Le savant physiologiste fit remarquer d’abord que les plantes grasses sont douées d’une force de végétation assez grande Pour rester saines pendant plusieurs jours, et qu'il est préfé- rable d'opérer sur ces végétaux pour mesurer l'inspiration el l'expiration. Puis il compara l'inspiration chez diverses plantes: Il reconnut que, pendant la nuit, les feuilles de Chêne, de Marronnier d'Inde, de Sedum reflexum, ete., absorbent plus d'oxygène qu'elles ne dégagent d'acide carbonique, et que cê dégagement, en particulier, est à peine sensible avec le Cactus Opuntia, le Crassula Cotyledon, le Sempervivum tectorum l'Agave americana, le Stapelia variegata. | F {1} Voir E. Aubert : Recherches sur 4 turgescence et la transpiration des plante 18 grasses (Ann. sc. nat, Bot., t. XVI, Ë . (?) Th. de Saussure : Recherches chimiques sur la végétation. Paris, 180$- RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 205 Par l'exposition de l'Opuntia vulgaris dans un récipient clos, à l'obscurité de la nuit, Th. de Saussure a trouvé, le lendemain au lever du soleil, que le gaz entourant la raquette ne conte- nait plus que 14 pour 100 d'oxygène au lieu de 24 pour 400 qu’il renfermait la veille. Pas d'acide carbonique dégagé ; l’eau de chaux n’en accusait pas. Ainsi pour certaines plantes, d'a- près l’auteur, le rapport SE est plus petit que l'unité ; pour les plantes grasses, il est presque nul. h. de Saussure reconnut que les plantes absorbent plus d'oxygène quand la température augmente ; que cette absorption d'oxygène a lieu, mais de plus en plus lentement, jusqu'à ce que la plante en soit saturée, dit-il; après quoi, le volume de l'atmosphère ambiante ne change plus jusqu'à ce qu’elle ne tontienne plus d'oxygène. Le volume d'oxygène absorbé égale le volume d'acide Carbonique dégagé. Quand tout l'oxygène a disparu, le volume de l'atmosphère Confinée augmente par suite d’un dégagement d’acide carbo- nique qui accompagne l’altération, puis la mort de la plante, Ces phénomènes ne se produisent pas, ajoute l'auteur, avec les feuilles ordinaires qui dégagent autant d'acide carbonique qu'elles absorbent d'oxygène. L'éminent physiologiste fait suivre l'exposé de cette série d'expériences intéressantes, des résultats, moins importants d'ailleurs, qu'il a obtenus en recherchant l’action d'un mélange d'oxygène et d'acide carbonique sur les raquettes d'Opuntia : il trouve Que les deux gaz sont absorbés en même raison pendant * Nuit, et que l'inspiration est plus prompte lorsqu'il y a de l'acide carbonique. Cette dernière observation ne nous parait PS surprenante, étant connu le coefficient de solubilité. de l'acide carbonique. Mais ce n’est pas là encore l'explication Plausible qui puisse en être donnée; celle-ci découlera de mes Propres observations. _“°U d'expériences nouvelles ont été faites depuis le remar- Table travail de Th. de Saussure sur les plantes grasses. 206. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE, M. Detmer (1) ayant insisté sur ce fait que les tissus des Crassulacées et de beaucoup de plantes grasses renferment des: acides organiques libres en plus grande quantité la nuit que le jour, dit que la formation de ces acides dépend de l’exposition de ces plantes à l'obscurité à basse température et qu'elle est due à la combustion incomplète d’hydrates de carbone aceu- mulés dans ces végétaux. Les acides organiques se détruisent plus ou moins complètement sous l'influence de la lumière. Comparant à l'obscurité la diminution des volumes gazeux que font éprouver une plante grasse et une- plante ordinaire aux atmosphères confinées dans lesquelleson les renferme, M. Detmer observe que la plante grasse absorbe plus d'oxygène que l'autre. «€ Ainsi, conclut-il, en dehors de la respiration normale, les plantes grasses absorbent de l’oxygène sans production corres- pondante d’acide carbonique, pour la transformation des hy- drates de carbone en acides organiques. » M. Mayer (2) a montré que c'est l'acide isomalique qui pré- domine chez les Crassulacées ; cet acide, décomposé à la lumière, est la source principale de l'oxygène émis par ces plantes, même dans une atmosphère dépourvue d'acide carbonique. En résumé l'étude de la respiration des plantes grasses n’a donné lieu jusqu'ici qu’à des recherches très générales, Les physiologistes ontrarement fait à ce A mesures plus ou moins pré- cises. Aucun d’entre eux n° a, depuis Th. de Saussure, tenté d'é- tablir les rapports ou les différences qui peuvent exister entre la respiration des plantes grasses et celle des plantes ordinaires. Je me suis efforcé de tirer d’une pareille étude quelques ma tériaux propres à élargir le champ des connaissances sérieuse” ment acquises par l'expérience, connaissances applicables seulement jusqu'ici aux plantes ordinaires et dont la scienc® est redevable aux remarquables recherches de Dutrochet, Mob, Boussingault, de Fauconpret, Garreau , Frémy, Cahours, Wiesner; Bœhm, Dehérain,. Moissan, Lechartier, : Bellamy, uso (1) Detmer : er Fs * (2; Mayer ber o Sueroancheidung einiger Crassulaceen (Landwirtls- chaft L. RER t. XXI, 1880). ue. RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 207 Maquenne, Godlewski, Askenasi, Borodine, Van Tieghem; Wolkoff, Mayer, Rischavi. Schlæsinge, Müntz, ete., etc. Ces recherches ont été analysées et complétées, tout au moins pour certains points des plus importants, par les beaux travaux de MM. Bonnier et Mangin (1) sur la respiration des végétaux (Cham- pignons, tissus sans chlorophylle, tissus verts à l'obscurité). 2° Assimilation chlorophyllienne. — On sait que toute plante Yerle, exposée à la lumière, est le siège de deux séries d'échanges gazeux : Par la respiration, la plante absorbe de l'oxygène et dégage de l'acide carbonique nuit et jour. Par l'assimilation chlorophyl- lienne, elle absorbe au contraire de l'acide carbonique et dégage de l'oxygène sous l'influence de radiations spéciales, dont cer- laines radiations lumineuses, et par ses parties vertes seulement. Depuis le moment où la physiologie végétale a intéressé les naturalistes jusqu’à ces dernières années, les deux phénomènes dévoilés, l'an par de Saussure’et Garreau (2), l'autre par Bous- Singault (3) et Claude Bernard (4), n’ont été qu'imparfaitement étudiés. Th. de Saussure a, le premier, mis en évidence la respiration des plantes à la lumière par l'expérience suivante: Une plante st renfermée à la lumière dans une atmosphère confinée dont °n absorbe l’acide carbonique par l’eau de chaux. Au bout de Plusieurs heures, le volume du gaz oxygène a diminué dans le récipient; dans l’eau de chaux s’est formé un précipité : donc à là lumière la plante à absorbé de l'oxygène et dégagé de l’acide Carbonique. Boussingault, exposant une plante avec un bâton de phosphore dans un récipient plein d'acide carbonique, à une lumière dif- fuse excessivement faible, a vu luire le phosphore: ce quine S st pas produit lorsque l'appareil avaitété préalablement soumis “une obscurité complète. Ainsi, à la lumière, la plante dégage Fais we ” et L. Mangin : Recherches sur la respiralion des végétaux (Ann, (2 end ‘gs nr . XVI, XVHIL et XIX, 7e _. . 11). - des sc. nat., 32 série, t. et + ni Qssingaut : Agronomie, Chimie agricole et Physiologie, t. HI, IV et V. imnhnt Leçons sur les phénomènes de la vie. Paris, 1878. 208 < REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de l'oxygène aux dépens de l'acide carbonique qu’elle absorbe. Claude Bernard, par la méthode des anesthésiques, estartivé à la même conclusion. Toutes les expériences réalisées pendant plus de soixante ans par les physiologistes, au point de vue des échanges gazeux à la lumière, avaient pour but l'étude de l'expiration, comme disait Th. de Saussure, c’est-à-dire la résultante des deux phénomènes superposés, En ce qui regarde les plantes grasses, de Saussure à fait quelques observations importantes : 11 exposa à la lumière une raquette d'Opuntia vulgaris de volume 119 centim. cubes, dans un récipient contenant 951 centim. cubes d'air, sans acide carbonique. Le soir, il ob- serva une augmentation de 87 centim. cubes de gaz, sans acide carbonique; l'air contenait alors 27,25 pour 100 d'oxygène au lieu de 21 pour 100 au début. Les modifications subies par l’atmosphère se déduisent des nombres suivants : Gaz. Différence. Début Fin de l'expérience, de l'expérience. Oxygène... 200 cent. cubes. 283 cent. cubes. — 83 cent. cubes. AZOEE, sortis F0 _ 755 + #4 Ainsi, d’après de Saussure, la raquette a dégagé pendant le jour : 83 cent. c. d'oxygène et 4 cent. c. d'azote. Cette même raquette: avait inspiré la nuit précédente 79 centim. cubes d'oxygène. Il la soumit alternativement à l'obscurité et à læ lu mière, dans des atmosphères renouvelées, pendant sept jours ns sept nuits successifs ; les inspirations d'oxygène pendant la nuit et les expirations diurnes d'azote crurent constamment. La somme des inspirations des sept jours est égale à 331 cen- timètres cubes d'oxygène. : La somme des expirations des sept jours est égale à 584 centi* mètres cubes, dont 460,35 d'oxygène et 123,65 d’azote. La dernière expiration renfermait plus de la moitié en. azoles tandis que la première en contenait à peine _. . RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES, 209 De Saussure a obtenu des résultats du même genre en me- surant les inspirations soit dans l’eau distillée, soit dans l'azote ; il a constaté toutefois que, dans ces conditions d'expérience plus défavorables à la végétation, le dégagement d’azote était plus important. Aussi l’auteur genevois conclut-il : le dégagement d'azote provient de la décomposition de la plante qui en émet toujours quand elle souffre. Dans un autre ordre d'idées, de Sanssure montre que l'oxy- gène est nécessaire pendant la nuit à la vie du Cactus Opunta etque l'acide carbonique lui est indispensable pendant le jour. Ainsi une raquette d’Opuntia plongée dans l'azote pendant la nuit et dans l'air pendant le jour est morte au bout de cinq Jours, tandis que soumise à l'expérience inverse, une autre ra- quete vivait encore quinze jours après. Les plantes ordinaires, d'après de Saussure, périssent rapide- ment si, pendant le jour, elles sont placées dans une atmosphère dépourvue d'acide carbonique par l’eau de chaux ou la potasse ; les plantes grasses résistent plus longtemps, car elles ont un pa- renchyme plus épais et un épiderme moins poreux, retenant plus facilement l'acide carbonique. Il déduit de ce qui précède : -« Les plantes, et en particulier le Cactus Opuntia, en décom- Posant l'acide carbonique à la lumière, s’assimilent une partie de l'oxygène qui y était contenu, en même temps qu'elles en fixent le carbone. » L'éminent physiologiste montre enfin que « l'expiration du Cactus esten raison de l'inspiration ». Un Cactus, ayant inspiré à l'obscurité pendant 40 heures environ tout l'oxygène qu'il Peut absorber, abandonne ensuite au soleil, pendant 7 heures ‘l demie où 8 heures, une quantité de gaz plus grande que s'il 4 passé qu'une nuit à l'obscurité. « Je crois ce résultat impor- lant, ajoute de Saussure; car il prouve que l'émission d'oxy- eu ques un effet de l'inspiration, ne en pas ètre oo * Mission qu'on pourrait attribuer à la décomposition de eau, » J Toutes ces déductions, malgré leur peu de rigueur, n’en sont Pas moins très remarquables pour l’époque à laquelle elles ont Rev. gén. de Botanique. — IV. 14 210 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. été formulées. Bien que la chimie fût eicoré dans l'enfance, Th. dé Saussure en a tiré tout le profit possible pour intérpréter, au commencement de ce siècle, les phénomènes physiologiques qui s’accomplissent chez les végétaux. I a compris l'assimilation chez les plantes comme il a traduit leur respiration ; et chez les plantes grasses il a fait entrevoir des réactions un peu différentes de celles qui se passent chez les végétaux ordinaires. On peut s'étonner que d'aussi beaux travaux n'aient pas suscité un mou- vemént scientifique immédiat dans les recherches physiologiques concernant les plantes. C'est seulement en 1861, après dix-sept ans de recherches va= riées, que Boussingault ({), discutant letravailde Th. de Saussure surtout au sujet du dégagement de l'azote. et critiquant les expériences de quelques-uns de ses devanciers: Daubeny (2) Drapper (3), Cloëz et Gratiolet (4), montre que la quantité d'azote, considérée corimé dégagée par lés plantes, est exagérée puisqu'elle surpasserait même la proportion de cé corps simple contenue dans les tissus au début de l'observation. Il incline à croire que les appareils employés par de Saussuré n'étaient pas suffisamment isolés de l'air extérieur. Boussin= gault constate, d'autre part, qu'il est très difficile de se débar- rasser de l'air dissous dans l’eau ou confiné dans le tissu des plantes: vide, ébullition préalable de l'eau... sont des moyens tout à fait insuffisants pour chasser cet air. Aussi ne s'étonne t-il pas que Cloëz et Gratiolet, bien qu’en opérant avec habileté. aient toujours trouvé de l'azote dans le gaz dégagé par les végétaux à la lumière. Huit tiges de Potamogeton perfoliatum placées à la lumière dans de l’éau privée d’air par ébullition et légèrement imprégnée d’acide carbonique, ont dégagé du 827 oxygène renfermant de moins-en moins d'azote : 84,3 d'oxygène et 15,7 d'azote le premier jour, 97,10 d'oxygène et 2,90 d'azote (1) re . la . des gaz produits, ete. (Comptes rendus de rat des sc., t. LIT, 1862, p. 862 et 884.) LE (2) Daubeny : T ransactions philophiques, 13 | (3) Drapper : Annales de Chimie et de A at 3° sérié, t. XI, p. xxx RD Cloëz et Gratiolet : Annales de Chimie et de FAQ 3° ie, te Mr RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 211 le huitième jour. Cet azote avait évidemment pour origine l'air retenu dans le tissu végétal ou dans l’eau. | Aussi, pour vérifier si oui ou non les plantes dégagent de l'azote, Boussingault entreprend de belles recherches compa- ratives dans lesquelles il dose tous les gaz, aussi bien ceux qui proviennent du végétal que ceux dissous dans l’eau. Il opère avec des plantes très diverses et, dans tous les cas, il obtient, outre l'oxygène dégagé à la lumière, une faible quan- lité de gaz dans lequel il reconnaît de l'azote, de l’oxyde de carbone et de l'hydrogène protocarboné. Les feuilles de Pêcher, par exemple, ayant absorbé 41°"°,84d'a- cide carbonique, ont dégagé 41°%°,92 d'oxygène, plus Ov, 24 de gaz (Az, CO, CH), soit a — 0,0057 du gaz oxygène dégagé. MM. Bonnier et Mangin (1)se sont préoccupés plus récemment de la même question. Ils renferment des plantes dans une atmo- sphère confinée, et déterminent, au bout de deux à trois heures, les variations éprouvées par le gaz et la pression dans l'appareil Contenant les plantes. Ils considèrent comme négligeable la très lible différence trouvée entre la variation de pression observée et celle qui est calculée d’après les modifications qu'indique l'a- nalyse du gaz confiné. Ils déduisent de leurs expériences que : l'augmentation de la teneur centésimale en azote, révélée dans quelques expériences, n’est qu’apparente : elle est due à la dimi- nution du volume total provoquée par l'absorption d’un volume d'oxygène supérieur au volume d'acide carbonique émis. » Les plantes grasses dégagent-elles seulement des tracés d'azote ou n'en émettent-elles pas du tout? Je me propose de dire quelques mots sur cette question délicate. | Toutes les recherches physiologiques sur les échanges gazeux des Plantes grasses se bornent à peu près aux observations que jai Mentionnées plus haut. MM. Bonnier et Mangin (2) ont, dans ces dernières années, sa nnier ét Mangin : Recherches sur La respiration el la transpirotion des Vé- , Bot., 6° série, t. XVII, p. 265 ett. XIX, p. 228.) (AR ge Bonnier etL. Mangin : L'action chlorophyllienne séparée de la respiration, 212 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. nettement dégagé, dans les mesures, l'assimilation chlorophyl- lienne du phénomène protoplasmique inverse produit simulta- nément par la respiration. Connaissant le volume c de l'acide carbonique dégagé et le volume o de l'oxygène absorbé par la respiration d’une plante; puis le volume c’ d'acide carbonique absorbé et le volume 9" de l'oxygène dégagé par la résultante de la respiration et de l’assi- milation superposées, les deux auteurs en déduisent les échanges gazeux se rapportant à l'assimilation seule. La plante a dégagé, par l'assimilation seule, la quantité 0 d'oxygène immédiatement utilisée par la respiration, plus la quantité 0’ d'oxygène trouvée en excès à la fin de l'expérience: Soit O—0o+0 Oxygène dégagé par l'assimilation seule. La plante a, d'autre part, absorbé par l'assimilation seule, la quantité c d'acide carbonique dégagé par la respiration, plus la quantité c’ disparue dans l'atmosphère ambiante à la fin de l'expérience; d’où C—=c—+e Acide carbonique absorbé par l'assimilation seule. Le rapport = — Sé md = a représente, d’après MM. Bonnier c+e et Mangin, l'assimilation chlorophyllienne. Ce rapport est quelque peu inexact, ainsi qu'ils l'ont fait if marquer, puisque la respiration des plantes est un peu difré- rente à la lumière et à l’obscurité. | Chaque espèce végétale leur a donné trois rapports: C0? CE. =" concerne la respiration, —=R concerne la résultante et OO S1S = 4 représente l'assimilation chlorophyllienne. Telle est la marche suivie par MM. Bonnier et Mangin er leurs recherches sur les échanges gazeux des plantes à RL a. mière et à l'obscurité. Ces recherches ne renferment aucune RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 213 donnée relative aux plantes grasses. Il y à là une lacune que je me suis proposé de combler. PLAN GÉNÉRAL. L'étude des échanges gazeux des plantes grasses concerne, comme celle des plantes ordinaires, leur respiration et leur assimilation. Dans un premier chapitre, après avoir rapidement exposé le procédé expérimental adopté, je présenterai les principaux ré- sultats que j'ai obtenus en faisant respirer à l'obscurité des plantes grasses variées. De l'examen de ces résultats se déga- seront les variations qu'éprouvent l'intensité des échanges gazeux et le rapport ee des gaz échangés entre la plante et l'atmosphère sous diverses influences telles que : la respiration de jour ou de nuit, l’âge et la carnosité de la plante, la tempé- ralure, l’action de l'obscurité prolongée. L'étude de l'assimilation des végétaux charnus formera l'objet d’un deuxième chapitre. Appliquant la méthode de MM. Bonnier et Mangin dont j'ai dit à dessein quelques mots plus haut, je Séparerai les phénomènes de l'assimilation chlo- rophyllienne et de la respiration. Après avoir établi les valeurs 0 , du rapport GC = %; concernant l'assimilation chlorophyllienne, chez des espèces végétales à carnosité variée, je m’efforcerai de Montrer que, par leurs échanges gazeux à la lumière comme à l'obscurité, les plantes grasses forment une chaîne continue “ee les végétaux ordinaires: ces derniers se comportant, au Point de vue physiologique, d’une manière presque identique Aux plantes grasses qui possèdent le minimum de carnosité. “ CHAPITRE I Fo des plantes grasses; comparaison avec celle des végétaux ordinaires. Les plantes grasses (Crassulacées, Mésembryanthémées, Cac- tées, etc.) renferment des acides organiques dont la proportion augmente pendant le jour et diminue scus l'influence de la lu- mière et de la chaleur; à la température de 40 à 45, une plante grasse perd presque totalement son acidité, ainsi que l'a montré M. Hugo de Vries. Ce physiologiste pense que, danses stations naturelles où croissent les plantes grasses, si la tempé- rature atteignait de 40 à 45° pendant la nuit, ces plantes 1 ne datent pas d'acides organiques. Je me range volontiers à cet avis et j'en donnerai plus loin les raisons. Les oscillations constantes que subit la proportion des acides organiques doivent avoir un certain retentissement sur Jes échanges gazeux des plantes grasses placées dans des conditions diverses telles que: l'obscurité et une température modérée; l'obscurité et une température progressivement croissante. L'influence de ces conditions sur les quantités d'oxygène absorbé et d’acide carbonique émis par les végétaux charnus sera élablie par de nombreuses expériences. Méthode adoptée. — Appareils. — J'ai adopté la. méthode ( de l'air confiné dans les recherches qui suivent. Élle consiste à placer une portion détachée d’un végétal (tige feuillée, ui raquette de Cactée) dans une éprouvette ou un manchon, forme variable avec celle de la plante étudiée, contenant ul - certain volume d’air isolé par du mercure de l'air extérieur L'analyse du gaz confiné est faite au début et à la fin de 2 que expérience au M de l'appareil de MM. Bonnier © RESPIRATION .ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 215 Mangin (1); les nombres obtenus permettent d'évaluer les com- positions initiale et finale de l'air entourant Ja plante, et d’ap- précier les échanges gazeux de cette dernière. Mes appareils ont été très simples le plus souvent. Des éprou- vettes, ayant au maximum 150 centimètres cubes de xolume, reposaient sur le mercure ; elles étaient entourées d’un manchon de papier noir épais, pour que les plantes fussent plongées dans l'obscurité. La paroi de l’éprouvette était légèrement mouillée par un peu d’eau distillée que je rejetais avant d'in- troduire Ja plante (l'air confiné était ainsi saturé d'humidité). J'ai cru devoir éviter la présence d’une légère couche d’eau sur le mercure parce que, dans certains cas, les échanges gazeux des plantes grasses sont très faibles, et la quantité d'acide car- bonique dissoute dans cette eau eût apporté aux résultats une tause d'erreur appréciable. Les vapeurs mercurielles ne pou- Yaient guère se produire puisque, l'air étant saturé d'humidité, une buée recouvrait toujours la surface du mercure. Les éprouvettes en expérience étaient recouvertes d’une cloche dans laquelle un thermomètre indiquait la température. Pour recueillir un peu du gaz à analyser, il suffisait de transporter Prouvette sur la cuve à mercure, de brasser le gaz trois ou uatre fois de suite et d’en recueillir quelques bulles dans un Pelit tube à essais transporté ensuite sur la cuve de l'appareil à analyses. | Ë Quand les plantes étudiées atteignaient de grandes dimensions, J'utilisais soit des manchons cylindriques, soit des éprouvettes plates (en particulier pour les raquettes de Cactées), en com- Munication avec des appareils à prises de gaz. Un manchon cylindrique AB reposant sur une cuve à mer- are C est pourvu, à sa partie supérieure d’un bouchon de Jiège fraversé : 7 par le tube d'aspiration D communiquant avec l'appareil à Prise G ; — par le thermomètre { destiné à indiquer 7 température du manchon ; — par le tube d’un manomètre à PF hre y qui permet de mesurer la pression du gaz dans le h 54 ANC Rev: : Nouvel appareil dé MM. Bonnier ét Manginpour l'analyse des gaz. en Bot, be pe @7-)! cree Ds RATREES EU TS 216 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. manchon et de vérifier si l'appareil est bien isolé de l'air exté- rieur, quand on y fait un vide partiel à l’aide de l'appareil à prise G. Les tubes D et » ont une section intérieure qui ne dépasse pas 4 millimètre de diamètre. Pour assurer la fermeture du manchon par le bouchon 6, on enfonce totalement celui-ci de telle sorte qu'il forme, avec le æ_\ , a A Or RTL TU AS RER 1 À Dr 7 ESS Fig. 56. — Appareil servant à l'étude de la respiration et de l'assimilation des rh mercu tant d'établir la communication de l’éprouvette G, soit avec le manchon po . brassage du gaz, soit avec lc tube F pour recueillir quelques bulles gazeus" {, thermomètre; m, manomètre. bord du manchon, une cuvétte dans laquelle on verse du masi Golaz fondu, en une couche de plusieurs millimètres d'épais seur; on chauffe cette couche de temps à autre avec une petite lampe Bunsen, ainsi que le bord du manchon, jusqu'à ce qu'il n'y ait ni bulles dans la couche de mastie, ni solution de . tinuité avec la paroi du verre. Sur le tout, on verse, au mome” où l’appareil est définitivement installé, une nappe de mercure d'environ 1 centimètre d'épaisseur. (L’utilité de cette napp® xs | mercure provient de ce que parfois le mastic se fendille, d'un . RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES, 217 manière à peine appréciable, il est vrai, pendant la durée d’une expérience. On évite ainsi une petite cause d'erreur, le mercure S'opposant à la communication, par les fentes, de l’air extérieur avec le gaz confiné.) Le tube D est mis en rapport avec l’appa- reil à prise par un bout de caoutchouc épais, recouvert d’une forte couche de gélatine glycérinée en fusion et appliquéé au moyen d’un pinceau. Marche d’une expérience. — On mouille intérieurement la Paroi du manchon avec un linge, on y introduit la plante dont On à déterminé le poids frais; le manchon est enveloppé de Papier noir et placé sur la cuvette C. La communication du tube D avec l'appareil à prise est établie, le robinet r ouvert et le Mercure est versé sur le manchon en e. On recouvre de ouate, également coiffée de papier noir, la partie supérieure du man- Chon et une certaine longueur des tubes de verre » et D qui, Par réfraction, laisseraient pénétrer un peu de lumière jusqu’à la plante. Au bout d’un quart d'heure environ, une fois la température du manchon constante, on brasse l'air plusieurs fois à l’aide de l'appareil G, puis on fait passer 2 ou 3 centimètres cubes de ce $az dans l’éprouvette F pour l’analyser. On Procède de même à la fin de l'expérience. La marche suivie est à peu près la mème en ce qui concerne la prise de gaz dans les éprouvettes plates. Mesure du volume du gaz employé. — 1° Dans les petites tProuvettes cylindriques, j'ai soigneusement déterminé le niveau ‘ Mercure au début de l'expérience, à l’aide d'une grande étiquette dont le bord inférieur formait un plan tangent au Ménisque du mercure, l'air de l’éprouvette étant à la pression #mMosphérique, L'expérience terminée, j'ai mesuré, à l’aide d'une pipette 4 1 TT 4 ? 1 Sraduée ‘nTgde centimètre cube, la quantité d’eau, prise à la température du laboratoire, nécessaire pour remplir l'éprou- 218 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. vette jusqu'au niveau indiqué par l'étiquette, le ménisque con- cave de l’eau étant tangent à ce plan. J'ai procédé de même avec les éprouvettes plates, mais en employant plusieurs étiquettes disposées sur les deux faces. Cette détermination du volume gazeux, dans lequel Ja plante a été plongée au début, m'a servi pour apprécier et comparer l'intensité de la respiration chez les végétaux charnus ou non; s ; à CO? elle n’était pas nécessaire pour l'établissement du rapport ie Ce procédé de mesure n’est pas à l'abri de toute critique ; des bulles gazeuses peuvent rester adhérentes aux feuilles ; je les ai éliminées avec une pointe fine quand il s’en est trouvé. Toule- fois ces bulles se forment moins avec les plantes grasses qu'avec les végétaux ordinaires, car, en raison de leur turgescence, Les feuilles charnues ont une surface lisse sur laquelle les bulles d'air se fixent plus difficilement. | 2° L'évaluation du volume de gaz renfermé dans le mal” chon AB a été faite de plusieurs manières : ; Première manière. — On mesure très exactement les dimen- sions intérieures de l'appareil, depuis le sommet (face inférieure du bouchon) jusqu'au niveau du mercure dans la cuve C, 7 gaz étant toujours pris à la pression atmosphérique au début: On soustrait, de ce volume, ceux de la plante, de Ja partie du thermomètre et des tubes qui y sont plongés. On sd à 760 millimètres. Deuxième manière. — Soit x le volume cherché de l'air ar le manchon, la pression barométrique au début de Las rience. Au moyen de l'appareil à prises, on enlève un voue , de gaz mesuré dans une petite éprouvette graduée en dixième de centimètre cube. La pression dans le manchon est devent (H-h) (A est mesuré au cathétomètre). R La valeur de x est tirée de la formule : v A —(z-v)h (H+) L) LEZ ———— + h Gette marche serait préférable à Je première, si AREA RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 219 mettait pas une petite erreur dans l'évaluation du volume ». En 1 2 duée, en puisant 8 centimètres cubes de gaz dans le manchon, admettant que l'erreur atteint une + division de l’éprouvette gra- on fait une erreur de gg du volume extrait. L'erreur totale com- mise est d'environ 10 centimètres cubes pour un volume æ—1,600 centimètres cubes. De tels écarts auraient une réelle importance, si je devais me baser sur les volumes initial et final de l'air pour apprécier le rapport TE des échanges gazeux de la plante avec l'air dans lequel elle est renfermée. Il n'en est pas ainsi; je me sers uni- Quement. du volume initial pour apprécier l'intensité du phénomène respiratoire chez le végétal, à une température déterminée. La Comparaison des intensités de la respiration chez les diverses plantes étant basée sur la moyenne d’un certain nom- bre d'expériences réalisées avec chaque espèce végétale, et la COMparaison de ces moyennes exigeant, de la part de l’observa- teur, une marge assez large pour l'énoncé dé ses conclusions, On voit que les erreurs auxquelles je viens de faire allusion n’ont plus, à ce point de vue, aucune portée et peuvent être consi- dérées Comme négligeables. (A suivre.) RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS Par M. Henri JUMELLE (Suite). 2. INFLUENCE DES HAUTES TEMPÉRATURES SUR LES LICHENS. Nos recherches ont surtout porté sur l’action des tempéri- tures comprises entre 35° et 65°. Pour déterminer le tmp pendant lequel les Lichens secs survivent à chacune de € températures, nous avons examiné l’altération que présentent les fonctions assimilatrice et respiratrice lorsque les Lichens retirés de l’étuve, sont de nouveau imbibés d’eau. Ges Lichens, ainsi soumis plus ou moins longtemps à des degrés de chaleur ; plus ou moins élevés, ont toujours été comparés, au point de : vue de l'intensité de leurs fonctions, avec d’autres Lichens rt” $ cueillis en même temps, et desséchés, mais non mis à l'élu Ajoutons que jamais la plante n’a été exposée immédiatement à la température dont il s'agissait d'étudier l'influence ; elle à toujours été soumise d’abord à une température inférieure qu s'élevait peu à peu jusqu’au degré voulu. ne 1° INFLUENCE D'une TEMPÉRATURE DE 33°. — Nous n'avons SU" besoin d'insister sur les expériences faites à 35°; leur résullt | peut être prévu après nos précédentes recherches sur les V8 taux supérieurs. Nous les décrirons donc trèsrapidement. , . Après être resté trois jours à 35°, un Physcia parielind® placé dans une éprouvette et exposé au soleil. En qui heures, il a décomposé 7,45 p. 400 d’acide carbonique tre 9,41 d'oxygène. ” | RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 221 Un Ramalina fraxinea de nouveau imbibé d’eau après Cinq jours, à décomposé à la lumière diffuse, 1,91 p. 100 d'acide carbonique et dégagé 2,50 d'oxygène. Un Physcia ciliaris, après quatre jours, a décomposé à la lumière diffuse 10,73 p. 100 d'acide carbonique et rejeté 13,53 d’oxy- gène. En trois heures enfin, un Cladonia rangiferina, qui est resté pendant le même temps, à 35°, a décomposé, à la lumière diffuse, tout l'acide carbonique de l'air d’une éprouvelte qui en renfer- mait, au début de l'expérience, 5 p. 100 environ. Le résultat a été identique pour l'Evernia prunastri. D'autres Cryptogames ont montré, après un séjour aussi prolongé à l’étuve à 35°, une semblable intensité d’assimilation. Une Mousse, le Dicranum scoparium, qui était restée quatre jours à 35°, à fait disparaître, en deux heures, au soleil, tout l'acide carbonique de l'atmosphère d’une éprouvette qui en reufermait une proportion de 6 p. 100. Îl en a été de même pour les Algues. Nous avons vu que ces végétaux, après dessiccation, sont EnCore capables de décomposer l'acide carbonique lorsque, de Mouveau, on les imbibe d’eau. Des G/æocapsa et des Trentepohla, ainsi desséchés, ont été laissés deux jours à 35°. Non plus que les plantes précédentes, ils n’ont perdu, au bout de ce temps, leur pouvoir assimilateur. En deux heures, par exemple, à la lumière diffuse, des Glæocapsa ont ainsi modifié l'atmosphère de l’éprouvette dans laquelle ils avaient été placés : Acide carbonique décomposé...........:.. 1,69 p. 100 DAY SUR dé he éoscedemmet. vase 2 — Les Lichens, et, semble-t-il, d'une façon assez générale, les Uryptogames cellulaires supportent donc, comme les végétaux. “upérieurs, un séjour prolongé à une température de 35°. ? Ixrcence p'uxe remvérarune pe 40°. — Un Physcia parie- ru est resté, avec son substratum desséché, trois jours à 40°. Retiré de l'étuve, il a été délaché de la branche sur laquelle il * (ouvait et à été imbibé d'eau. | 292 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Au soleil, il a alors décomposé 6,84 p. 400 d'acide carboni- que et dégagé 7,41 d’ oxygène. | L'assimilalion a, comme on le voit, persisté, et le Lichen n'a pas souffert de son séjour prolongé à 40°. En effet, un autre Physcia, qui était resté le mème temps à l’étuve et qui à été ensuite placé au dehors avec son substratum, a continué à vivre. Mis en expérience deux mois après, il décomposait encore l'acide carbonique aussi énergiquement qu’un Lichen normal. ù Les résultats ont été un peu différents avec le Physcia céliaris. Après deux jours à 40°, ce Lichén, mis dans une éprouvetle à la lumière diffuse, a décomposé encore une quantité notable d’acide carbonique. Mais, après trois jours à l’étuve, toute assi- milation avait disparu ; en quelques heures le Lichen, exposé au soleil, a absorbé tout l'oxygène de l'éprouvette. wk Ramalina fraxinea, d'autre part, après un jour à Tétave, a encore présenté les phénomènes d'assimilation, mais après éi deux jours, exposé à la lumière diffuse, il a, d'une façon anû- logue au précédent, absorbé 0,64 p. 100 d’ oxygène, € et rojel 0, 20 d'acide carbonique. Après trois jours, il a absorbé 1,80 don . gène et rejeté 1,31 d'acide carbonique. Ainsi, au bout de deux jours, l'assimilation parait S se pr duire encore, car l'acide carbonique finalement rejeté est ner 4 pêtile quantité, mais cependant la respiration prédomine. Après trois jours, la respiration l'emporte de beaucoup. Le Ramalina fraxinea et le Ph yScia ‘ciliaris ont été, Lie sumé, déjà altérés par un séjour prolongé à 40°. Nous avons 0 servé le même fait avec l'Evernia prunastri. D'autres Cryptogames fournissent des résultats à peu pe semblables. à Une Mousse, le Dicranum scoparium, maintenue {rois jours l'étuve, montre encore, au bout de ce temps, une assimfo. intense. Une Hépalique, le Frullania Tamarisci, après sh : huit heures de séjour à 40°, décompose encore activement l'a ee” carbonique : après trois jours, pourtant, la respiration l'emporte sur l’assimilafion. CR Enfin les Trentepohlia, les Glébeapsa et ces amas gélatin RECHERCHES PIYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 223 qüi ont déjà sérvi à nos expériences précédentes et qui sont composés d’un mélange de Glæocystis, de Sfigonema ét de Pal- moglæa, ont perdu, après être restées deux jours à l’étuve, tout pouvoir assimilateur. L'assimilation chez ces organismes, est mème déjà très affaiblie et ne prédomine que faiblement sur la respiration, après vingt-quatre heures. Les Cryptogames que nous venons de passer en revue présentent donc entre elles quelques différences au point de vue de la résistance à la chaleur. D'une façon générale, toute- fois, la durée de cette résistance à une température de 40° pa- rait assez limitée : elle est d’un jour ou de deux, ou exception- nellement de trois jours. Après ce temps la respiration, ik est vrai, continue, mais l'assimilation est arrêtée. d INFLUENCE D’uNE rempéRATURE DE 45° ENvIRON. — La tempé- ralure, dans les expériences qui suivent, a été, au maximum, de 45°, mais élle est descendue à plusieurs reprises à 40°. Elle a oscillé, en somme, entre 40° et 45°. Nous résumons dans le tableau suivant les résultats obtenus pour des Ramalina fraxinea mis à l'étuve à 40-45°, avec les ra- Meaux sur lesquels ils s'étaient développés. Les volumes de gaz indiqués sont les volumes d'oxygène ou d'acide carbonique absorbés où dégagés par 1 gramme (poids sec) de Lichen. Le signe +, en face du nombre, indique, qu'il y a eu rejet de gaz par la Plante ; le signe — indique, au contraire, qu ‘il ya eu ab- Sorption. mms ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANGES gps à Lohan en 17 heures. à la lumière, en 8 heu TRÉ # » EE ————— Aires DU SÉJOUR #4 d Yéune d'acide . L Volume Volume d'acide | carbonique d'oxygène à 45, d'oxygéne carbonique dégagé (+) absorbe (—) absorbé dégagé où absorbé (—) | ou dégagé (# par Lor. par 1 gr. par À gr. rs de Lichen, de Lichen. de Lichen. de Lie ÉS EE nissan jo c. ce ce cc ec: u ” diet : Fun. M Athsts u.[: L18l728 3,280 1,955 2,222 nn 4236 3,582 2,288 26 LE OS ro 1,691 1,437 ares gene di Ne : 1,353 1,109 +0, Ha} A mis à léave. 1,141 4,113 —3,00 3,240 224 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le Physcia ciliaris mis à l’étuve dans les mêmes conditions que le Ramalina fraxinea, nous a donné d'autre part les résul- tats suivants. ÉCHANGES. GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 8 heures, à ; nn” Re es A DURÉE DU SÉJOUR : 7 et on Volume Volume d'acide rer d ne Pen À 450 d'oxygène carbonique écOMpOSS (2) Got -) | Fer qi met ou rejeté(+). | ou dégagé (# La ro : ar -1 gr: par . de Lichen. de Lichen. L a de’ Lichèn. Cet €. €. c. C 4 JOUT 4e Lise. 3,078 2,462 +-2,000 —2,500 2 JOURS... et 2,868 2,208 » . nt + 2,039 1,133 44,407 —1,664 De Lande rerrnt 1,548 1,393 +-2,664 —3,21 Non mis à l’étuve 2,629 2,103 2,027 +-2,331 LTÉE TO ETRSRS Un Dicranum scoparium qui est resté vingt-quatre heures à l'étuve entre 40° et 45° a été également mis en expérience. En trois heures, au soleil, { gramme (poids sec) de celle Mousse a absorbé 0,184 d'oxygène et rejeté 0,127 d'acide carbonique. | Pendant le même temps 1 gramme d’une Mousse qui n'a pis été mise à l’étuve a décomposé 2,003 d'acide carbonique el rejeté 2°,403 d'oxygène. L'’assimilation de la première Mousse a été ainsi supprime par un séjour de vingt-quatre heures à une température oscil- lant entre 40° et 45°. Avec les Algues, les phénomènes sont identiques. Pendant que des Trentepohlia laissés dans les conditions 0 dinaires décomposent au soleil 1,86 p. 100 d'acide carbonique: des Trentepohlia mis vingt-quatre heures à l’étuve absorbent 0,58 p. 100 d'oxygène et dégagent 1,03 d'acide carbonique: | Des Glæocapsa normaux décomposent 0,92 p. 100 d'acide | carbonique dans une éprouvette au soleil : pendant le Lt temps et dans les mêmes conditions, des G/æocapsa, qui one vingt-quatre heures à 42 environ, dégagent 1,57 p- 100 de . même gaz. _ RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 2%. Les Palmoglæa, les Clæocystis, les Stigonema se comportent d'une façon analogue. | Dans une expérience faite avec le PAyscia ciliaris, la tempéra- ture est restée constamment égale à 45° pendant douze heures; le Lichen a été ensuite retiré de l’étuve. Son pouvoir assimila- teur avait complètement disparu, mais la respiration était en- core très énergique. Toutes les recherches que nous venons de décrire nous mon- trent maintenant une différence assez nelte entre les Crypto- games cellulaires et les végétaux supérieurs. Pour ceux-ci, nous avons vu qu'une température persistante de 45° les tuait rapi- dement. Le Cocos, le Pelargonium et V'Epicea, non seulement n'assimilaient plus, mais même, à l'obscurité, ne respiraient plus. Chez les Cryptogames au contraire, l’assimilation est supprimée, et assez rapidement puisqu'on ne peut plus l'observer après douze heures à 43°, mais la respiration continue. En ce qui concerne plus particulièrement les Lichens, on voit en outre, ‘D'examinant les deux tableaux que nous avons donnés plus haut, que l'intensité respiratoire, après deux jours pour le Rama- lina fraxinea, après trois jours pour le Physcia ciliaris, est presque aussi grande que lorsque le Lichen n’a pas été mis à l'étuve. Chez un Ramalina fraxinea qui est resté sept jours à 45° la hi étre encore, et même ic je rt mere s, 1 gramme (poids sec) a absorbé 2*,370 d'oxygène Pendant que le même poids d’un autre Ramalina non mis à un ét 4 . “ uve en absorbait 3 centimètres cubes. L'action nuisible de la chaleur semble donc s'être portée pi sivement sur l'assimilation, ou plutôt sur l'agent de cette °nction, Ja chlorophylle. Ce mode d'action s’exercerait ainsi _. que soit l’état de la plante, sec ou humide, puisque les ue précédents qui ne renfermaient plus d’eau et étaient é Certai ù ire rlaine Proportion d’eau. Chez les uns comme chez les autres on : aire RE il est vrai, constater parfois une persistance de l'assi- "0h; après qu’ils sont restés plusieurs jours à 40°, mais en Rev. gén, de Botanique. — IV. 15 qu ü de vie latente n’ont guère mieux résisté sous ce rapport e Fe \ ne ‘S Végétaux supérieurs, contenant dans leurs cellules une “ 226 ss REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. généril, le phénomène disparaît au bout de vingt-quatre où de quarante-huit heures. = Pour la respiration, au contraire, les effets de la chaleur se- raient tout différents, suivant que la plante renferme ou n0n, une certaine quantité d’eau. Tandis, en effet, que les végétaux supérieurs, qui ne peuvent être mis secs à l’étuve puisque l'eau fait partie de leur constitution, meurent déjà à 45°, les Cryp- togames inférieurs continuent à respirer. Chez les Lichens, la respiration est même restée longtemps encore normale; comme si le protoplasme, peut-être à cause de la non-coagulation des matières albuminoïdes, n’avait pas encore subi la moindre allt- ration. 5 Pour nous résumer, il y aurait en quelque sorte deux mo ments dans l’altération que subit à haute température, le Lichet pouvant passer à l’état de vie latente. | 4° La chlorophylle s’altérerait d’abord à la même température à et à peu près aussi rapidement que chez les végétaux ne po vant se dessécher. Sous ce rapport il serait presque indifférent qu'il y ait, ou non, de l’eau dans la cellule. : 2 Le protoplasme ne s’altérerait, par contre, que bien pis tard, la respiration restant encore normale alors que l'assimila- tion n’a plus lieu. Dans ce cas, les choses se passeraient tons différemment en présence ou en l’absence d’eau de constitutiol: ; ‘ : : . scout Ce sont là, du moins, les conclusions qui paraissent due | ARE à F ’ Æ he Y des expériences précédentes. Les recherches qui vont = +. nous montreront si nous devons définitivement les formu sans restriction, en même temps qu'elles nous permettront : RS à 0 préciser le temps pendant lequel, à des températures enc r , # pof- plus élevées, le protoplasme conserve encore ses fonctions 00 males, quand l’assimilation est déjà supprimée. 4° INFLUENCE D'UNE TEMPÉRATURE DE 80°. — Les tableaux vants indiquent les volumes de gaz absorbés ou dégagt® pen : 1 à raQ8 Fa ; pas lumière et à l'obscurité, par À gramme (poids sec) de a cs après un séjour variable à 50°. D Does sui “ RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 1° Evernia prunastri MAINTENU 227 A 50° AVEC SON SUBSTRATUM. ÉCHANGES GAZEUX ÉCHLNGES GAZEUX à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. DURÉE : Pi Me Ox nyeen ts nl sc baie Oxygène carbonique Co? absorbé (= ) Écompns (=) à 50e er su dégagé T décers Fa) k par 1 gr. par { gr. egas dégagé (+) d = : ù 18 SRE tre duels. | LEE, CC CC, | 8 C.Ce ï 0 {heure.| 6,750 5,265 | 0,78 | <0,231 | —0,164 [= 1,40 N | 2006 1,84 0,81 » ÿ SO — 2,880 2,300 | 0,80 | —0,873 | —+-0,646 1 2,407 2,160 | 0,90 » » 10 — | 3,48 3,110 | O1 | —0,905 | 0,724 15 — 1,733 1,614 | 0,93 | —2,240 | +2,464 x. — | 2202 | 187 |o,85 | —0,390 | 0,330 | on MIS À k *ériemial 3,800 3,116 0,82 | —+1,649 1,818 = 1,09 | 2 Evernia prunastri MAINTENU A 50° AVEC SON SUBSTRATUM. HANGES GAZEUX HANGES GAZEUX ; à l’obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 en DURÉE —— A s Oxyges Acide ee share RE pu co? ne (—) Le. ) s absorbe dé agé HR uSS U ou à 500 ; -Par alger 0 dégagé (HF) | dégagé (+) ATK 45 Ans x ar 1 gr. 28 :2 de-hiohone P 4 ur À ae ne rh c.c. cc. c:c c.c. C eure.| 2,578 1,933 13 | +0,639 —0,477 g— 118 Ÿ — | 3,054 | 2,504 | 0,82 | —0,625 | 0,475 ER 4,181 2,926 | 0,70 » » Ron : 3,682 2,761 0,75 —1,416 +-0,902 é LP 1$ à ns RS l'étuve, { 3855 | 2,930 | 0,76 | 1,687 | —1,318 [5 —1,28 228 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 3° Ramalina farinacea MAINTENU A 50° AVEC SON SUBSTRATUM ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANCES GAZEUX à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. DURÉE © © TT À —— cide = Oxygè DU SÉJOUR Oxygène Pre co? Ps. gr =) nrnriqne À : pe dégagé — e ou . à 50°. 1 gr. par 1 gr. 0 dégagé (+) dégagé (+) F1 Li de Lichen. par 1 gr. par | gr de Lichen. de Lichen nl ee cc. CC. (EL 0 4 heure.| 4,248 3,270 | 0,77. | 1,256 | 1,292 g=1® = 300 1,953 | 0,74 | 0,246 | -0,159 = ro 1,000 | 0,70 | —0,213 | 0,424 7 — 0,492 0,244 0,70 —0,775 +-0,898 14 — 1,157 0,927 0,80 » » b Non mis à de ÿ Si l'étuve, | 4169 3,252 | 0,78 | +1,902 | —1,653 ds 4 Ramalina fraxinea MIS DANS LES MÊMES CONDITIONS QUE LES PRÉCÉDENS 4 1. NGES GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX ÿ à Mbits en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. DURÉE EE À 3 Oxygène é DU SÉJOUR Oxygène us | C0? NE —) lac El k à 50e, De dégagé dv él, 1 de Lichen. d Liches, par 1 gr. dégagé F4 + de Lichen. _ de Lichen. | is toire: c.c. CC ; cc. ee 0 116 4 heure.| 3,016 2,413 0,80 | +1,012 —0,873 Éd . ’ . 038 À 3. =! 262% | 29307-| 0,7%.) 0,322 | —027 ER AN ares 3,096 2,662 | 0,86 | —0,126 | 0,088 1 = 2,623 1,916 | 0,73 | —0,126 | —<+-0,100 4 1,275 1,020 | 0,80 » ce, ra (| 4,435 1,076 | 0,75 | —0,656 | 0,492 | ÿ 1 on mis à pes É l'étuve. {. 3,691 2,916 0,79 | +1,38 —1,014 ie u à: Rime F f” pre PET RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 229 5° Physcia ciliaris LAISSÉ A L'ÉTUVE A 50° COMME LES PRÉCÉDENTS. ÉCHANGES GAZEUX "ÉCHANGES GAZEUX à l’obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. vu sé cid Uxyeme étorqué rh de Oxygène. | carbonique Co2 absorbé (—) décompose (—) absorbé dégag ht + des ou à 50», par 1 gr. par 1 gr. 0 dégagé (+) dégagé (+) de Lichen. | de Lichen. par 1 gr. par 1 gr. de Lichen. de Lichen, c. C. CC, PE C. C: 0 {heure.| 2,157 1,747 | 0,81 | <+0,653 | —0,588 |S—1,11 de di | 1,666 1,174 |0,15 | 0,406 | —0,312 |<=—1,30 5 — 1,689 1,430 | 0,85 | —0,219 | +-0,199 ro 3,800 3,192 | 0,8% | <+0,456 | —0,3 : —- 3,464 2,689 | 0,85 | —0,335 | <+0,234 ‘ — 3,237 2,590: | 0,80 | —0,325 | —+0,230 on m1 l'étuve. &. 312 2,341 | 0,75 | 2,902 | —2,341 |=—1,24 6 Cladonia rangiferina LAISSÉ DE MÊME À L'ÉTUVE A 50°. ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX ; à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. Acid DU SÉJOUR : Acide Oxygène béchéntae De on me Co2 pre" T7 décomposé (—) onde tn. LEUR À 0. tete | 068088 60 Se de Lichen. | dicton. ne n ESA Eu à Me 7 i c.c. ce cc c.c. 1 heure. 1,730 1,384 0,80 | —0,368 0,322 7 | 0,807 0,621 | 0,77 » nr .. 0,980 0,833 | 0,85 | +0,2514 | —0,206 [5 — 1.22 1 ere k 0,627 0,502 | 0,80 | 1,224 | 0,979 : on mis È ' l'étuve, {1,750 1,487 | 0,85 | <+-0,780 | —0,577 |S— 1,37 nfin nous pouvons encore citer une experience faite avec un ] , . ® je Lichen crustacé, le Lecidea sulfurea, qui forme ces taches unes ei fus es si fréquentes sur les rochers. ET été laissé troi FM de roche, recouvert par ce Lichen, a été $ heures à 50°, et mis ensuite en expérience au soleil, comme VE Led 34 230 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. _ les Lichens précédents. La résultante des échanges gazeux sel | _ traduite par une absorption d'oxygène et un dégagement d'acide carbonique. Pendant le mnême temps, un Lecidea sulfurea qui ù n'avait pas été mis, au préalable, à l’étuve, a décomposé l'acide carbonique de l’air et rejeté de l'oxygène. ; Tous ces résultats concordent entre eux. Nous avons vu, pit | les expériences de Sachs rappelées plus haut, qu'un séjour de dis minutes à 50° suffit, en général, pour tuer complètement les *& gélaux supérieurs. Il ressort des tableaux précédents que les Li chens, à l’état de vie latente, se comportent un peu différem- ment. Non-seulement un séjour de dix minutes à cette même tempé rature esl sans influence sur la vie de ces végétaux, mais, mèmê au bout d’une heure, la décomposition d'acide carbonique 6! | encore assez énergique pour prédominer sur la respiration.Iles vrai qu’elle est, néanmoins très-ralentie, et inférieure à l'as ; milation normale des échantitlons non mis à l'étuve. : Quant à la respiration, elle n’est, en moyenne sensiblement - affaiblie qu'après que l’action de la chaleur s'est exercée pe dant dix à quinze heures. Au bout de vingt heures, le Physt ciliaris (5° tableau) respire même encore aussi énergiquemeil que le Physcia Xaïssé à la température ordinaire. | Nous retrouvons ainsi à 50 degrés les faits déjà observés à Al et 45°, à savoir : une disparilion de la fonction assimilafrite # peu plus tardive que chez les végétaux supérieurs, mais cop à dant très rapide: une persistance, au contraire, assez prolo longée de la respiration. ; On conçoit d'ailleurs que le temps exact pendant ge poursuivent normalement à ces températures l’une et re ces fonctions doit dans de certaines limites, varier avec be que l'on considère. C'est ainsi que, dans les tableaux précéden" l'Evernia prunastri et le Physcia ciliaris paraissent avoir ” sistance un peu plus grande que les Ramalina et le Cladonta' giferina. , Dans une même espèce, il faut, en outre, tenir complè variations individuelles. Car il en est évidemment des des à RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 231 _ comme des graines, l'élévation de température, alors même qu'elle n’est pas assez forte pour entraîuer, d'une façon géné- rale, la mort de l’espèce, augmente toutefois pour l'individu les risques dépérissements. Les exemplaires de constitution tout à fait normale survivent seuls, en définitive. De là résulte qu'à une température, que l'espèce, en elle- même, peut supporter, on trouve souvent nombre d'échantil- lons qui succombent; la proportion en est d’autant plus grande que le degré de chaleur est plus élevé. : (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX itæie D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 À DÉCEMBRE 1891 (Suite). 16° Fécondation et embryogénie. On sait que chez les Gymnospermes le grain de pollen est cloisonné et se montre formé suivant les cas de 2 cellules dont l’une grande et l'autre petite, ou de 3 dont 1 grande et 2 petites, ou de 4 dont 1 grande et 3 petiles; d’après l'opinion courante inspirée surtout par les travaux de Stras- bürger, la petite cellule ou les petites cellules quand il y en a plusieurs : seraient purement végétatives et resteraient sur le nucelle, la grande cel- lule formerait le tube pollinique et inter irait seule dans la fécondation. . Pour M. W.-C. BeLa3Err (1), les choses se passeraient tout autrement. Voici È par exemple ce qu'il a observé dans le Taxus baccata. Un grain de pollen = Fig: 57. — Tube pollinique de Tazus baccata ; à sa base on voit une petite cellule : ._ €t le noyau de Ja grande (d’après Balajeff). Fig. 58. — Tube pollinique de Tarus baccata ; à sa base on voit deux petites cons | vers son sommet le noyau de la granae (d’après Balajeff. de cette plante étant placé sur une ovule se divise en 2 cellules, 1 supé- 4 (fig. 3); l’une et l'autre arrivent bientôt à la partie inférieure du tube P d _ nique qui à ce moment est parvenu au contact de l’archégone. Le noyè _(1) W. C. Belajef : Zur Lehre von den Pollenschlauche der Gymnosperint ( | (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. IX, Heft 8, p. 280-286, ! 1891). OUT RE TN ET K k 1 REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, A "5 _ de la petite cellule détruite et le noyau de la grande cellule qui a fourni le tube pollinique se placent côte à côte sur l’un des flancs de la cellule mo- bile; celle-ci divise son noyau en deux l’an postérieur, pelit et lenticulaire, V'autre plus gros et arrondi ; c’est ce dernier qui avec une portion du plasma de la cellule qui le contient féconde l'œuf. M. Belajeff n’a pu savoir ce que deviennent les deux noyaux accolés précédemment à la cellule mâle. L'au- teur ayant fait des observations analogues chez le Juniperus communis. I] | admet que ce processus doit être commun à toutes les Gymnospermes. Dans Fig. 59. — Tube pollinique de Taxus baccata ; la petite cellule inférieure accompa- gnée du noyau de la supérieure arrive vers le sommet du tube pollinique au .Yoisinage du noyau de la grande cellule (d’après Balajefï). ; Fig. 60, — Archégone à peine fécondée surmontée du tube pollinique renfermant le reste de la cellule mobile dont le noyau aplati et une portion du protoplasma Ont seuls persisté (d'après Balajeff). | le cas où le même tube pollinique se divise en plusieurs branches et fé- Conde ainsi plusieurs archégones, M. Belajeff est disposé à admetire que la cellule fécondante se divise en plusieurs cellules de façon à ce que chaque ‘amification du tube pollinique recoive la sienne. qe exclusivement sur le Casuarina suberosa. La fleur femelle, (M. Treub : | dar dé étais : Angan 2'EUDb : Sur les Casuarinées et leur place dans le sys el, Fra du jardin botanique de Buitenzorg, vol. X, p. 145-231, pl. XII- "1 f D çon à se réduire à une simple fente; l'ovaire est surmonté d’un style dans lequel l'auteur distingue une partie centrale parenchyma- ï teuse ou « cylindre stylaire » et une partie périphérique très riche ee du chéides ; lestyle porte deux stigmates allongés. La formation des ovules débute par l'apparition de part el d'autre de la fente qui représente le der ves- tige de la cavité, de deux protubérances opposées qui poussant l'une contre D CSS E--< 5 ve = + La NS ESS IRE EE ; jent de là Fig. 61. — Section axile schématique d’un ovaire et de son ovale au mome fécondation. Cs, eyli ” , ! Ja bast ; Cylindre stylaire ; p, pont unissant les tissus de l'ovule à bryo le ; n, nucelle ; {sp, tissu sporogène ; $e, Sac em is plaire, À Pésètre près avoir émis une courte branche pores Le dans le nucelle et atteint 1 8 Sac embryonnaire ; son extrémité fixée : bryonnaire commence à si 4! Fig. 62. — Section axile d’ À : inique détachée Fig. 63. — Sac embryonnaire avec une extrémité de tube pollinique de (a soudée à sa paroi. o, 0osphère ; cv, cellule voisine ; ép, tube polliniq ne Treub). C5 _ l'autre-déterminent Ja réapparilion de la cavité ovarienne. Dès le ‘4 protubérances sont reliées par des cordons celluleux à la base du ri . stylaire. C'est là l’origine de l'adhérence des ovules au sommet de le 8% ovarienne, adhérence signalée par M. , . [4 : qui en résulte. L'un des deux ovules cesse bientôt de s me e de r ppé, il est relié à la partie M sorte d! l’o l'autre est complètement dévelo À me & vaire par le funicule et à la base du cylindre stylaire par . REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 1 98 pont cellulaire (fig. 4). Faute d’avoir suivi le développement des ovules, les auteurs avaient émis sur leur direction, leur insertion et leurs rapports avec les parois de l'ovaire, les opinions les plus contradictoi tles plusi tes; seules les indications fourines par M. Bornet à MM. Le Maoust et Decaisne se trouvent vérifiées. Les ovules sont habituellement au nombre de deux; il est rare qu'il ne s’en forme qu'un ou plus de deux; quoi qu’il en soit un seul arrive à son complet déveluppement et est fécondé, les autres avortent; quel que soit leur nombre, ils sont semi-anatropes et leur insertion est latérale. Le nucelle des Casuarinées présente jusqu'au moment de la fécondation une série de transformations et de phénomènes tellement différents de ce qu’on observe chez les autres Angiospermes qu'on est obligé de chercher les termes de comparaison parmi les Gymnospermes et les Cryptogames vasculaires. D’après M. Treub, l’« archéspore » est représentée par plusieurs grandes cellules sous-épidermiques. Certaines d’entre elles se cloisonnent donnant naissance à des « cellules-mères primordiales »; celles-ci par une série de cloisonnements produisent une grande masse de « tissu sporogène » 9CCupant toute la partie centrale du nucelle. Chacun des éléments de ce tissu correspond, d’après l'auteur, à une cellule-1 1 br} ire d t Angiospermes. Par cloisonnement transversal les cellules du tissu sporogène Peuvent donner naissance à trois sortes d'éléments : des cellules très grandes De 9U « Macrospores » correspondant au sac embryonnaire des autres Angios- Permes, des cellules « inactives » petites, destinées à servir au développe- 2. des précédentes et chez les Casuarina glauca et C. Rumphiana des tra- Chéide Les macrospores au nombre d’une vingtaine, en général s’allongent beau- COUP, poussant vers la chalaze leurs prolongements ou « queues » dont cer- lains s'insinuent entre les éléments du tissu conducteur du funicule (fig: 2). Contrair ement à ce qui se passe chez les autres Phanérogames la croissance des jeunes macrospores ne se fait pas en premier lieu aux dépens de leurs cellules-sæurs. Les macrospores qui se développent bien renferment dans leur sommet deux ou trois cellules rarement une seule; dans l’une des ma- “ ‘roSpores rarement dans plusieurs, ces cellules sont pourvues d'une mem- _ de cellulose; c'est le futur sac embryonnaire; l’une des cellules est “ l'oosphère » l'autre ou les deux autres sont les « cellules voisines »; par leur mode de formation aux dépens d’une cellule unique, les cellules voisi- 168 correspondent non à des synergides mais à des cellules de canal de o "nospermes ou de Cryptogames vasculaires; le sac embryonnaire mx enferme Jamais de cellules antipodes: on sait en outre que chez les autres ' Angiospermes l'apparition d’une membrane de cellulose autour de l'oosphère ompagne mais ne précède jamais la fécondation. Me On sait que chez les Gymnospermes, le grain de pollen traverse le micro- 2: °L ne commence à germer que lorsqu'il est arrivé au contact du nucelle; ® Sail aussi que chez les Angiospermes, le tube pollinique après un D. Se ® moins long à travers le stigmate et le style, entre dans la cp : 'enne et pénètre dans le micropyle. Chez les Casuarinées, le tube polli- “1e après avoir parcouru le cylindre stylaire, traverse le « pont» parcourt : : Fo 236. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. les tissus de l’ovule jusqu'à la chalaze et c’est par cette voie qu’il parvient É jusqu’au sac embryonnaire, c’est-à-dire qu’il ne traverse jamais la cavilé ovarienne et n’a aucun rapport avec le micropyle. Arrivé dans la chalaze, le tube pollinique fournit un ou deux rameaux courts et profitant d'une queué de macrospore stérile qu’il parcourt dans toute sa longueur, il pénètre dans la nucelle; plus loin, il abandonne la macrospore et va se fixer en un point ; de la surface du sac embryonnaire qui est variable mais jamais voisin de l'appareil sexuel. Vers le milieu du nucelle, le tube pollinique ne tarde pas à se rompre par élirement et sa portion terminale reste seule en rapport avec le sac embryonnaire. L'auteur n’a jamais vu qu'un seul tube pollinique pénétrer dans l’ovule. : M. Treub n’a pas pu observer le phénomène intime de la fécondation, mais il pense que le noyau mâle doit traverser le sac embryonnaire pour arriver jusqu’à l'oosphère, à laquelle il parviendrait ainsi par en bas. Avant la fécondation, il se forme dans le sac embryonnaire de nombreux noyaux « prothalliens » qui après la fécondation s’entourent de membranes _€t donnent naissance à l’endosperme. Le développement de l'embryon est analogue à celui des autres Angiospermes. Après avoir comparé au point de vue de l’évolution du nucelle et de la * fécondation, les Casuarinées avec les familles voisines, M. Treub conclut qué les Casuarina occupent parmi les Angiospermes une place tout à fait excep= _tionnelle qui leur revenait déjà, d’ailleurs, par les caractères tirés de leurs organes végétatifs. Celle place est d'ordre inférieur comme le montre €n particulier le grand nombre de leurs macrospores. Lorsque l'angi0$- permie a pris naissance, dit-il, le tube pollinique, après avoir parcouru k style, a suivi deux voies pour arriver jusqu’au sac embryonnaire; dans /8 . Durant cette période éloignée d'apprentissage du tube pollinique, les ee _rinées ont eu des affinités avec les ancêtres des Gymnospermes et des Dico tylédones actuelles. De souche ancienne, le genre Casuarina occupe me position isolée parmi les Angiospermes d'aujourd'hui comme le fait P exemple le genre Lycopodium parmi les Cryptogames vasculaires. de Comme conclusion de cette remarquable étude, M. Treub propose la di sion suivante des Angiospermes. Sous-embranchement : ANGIOSPERMES. Subdivision : Subdivision : HALAZOGAMES,. PoROGAMES. Classe : Classes : Chalazogames. Monocotylédones, Dicotylédones- + Acluellement les Casuarinées forment la seule famille de la cesse 2 Chalazogames. Il est superflu d'ajouter que les Chalazogames sont beau plus voisines des Dicotylédones que des Monocotylédones, a et REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, D ‘A l'inverse d’un grand nombre de botanistes qui regardent les cellules antipodes comme nn organe rudimentaire sans signification physiologique actuelle, M. WesTERMAIER (1) considère ces éléments comme constituant un E a ns Ko) 3 2. 5 8 © Fe Le! se 5 e © 5 = ei] =) © © un @ F3 LÀ Es © se =; 2 5 œ Es un c © = =) = = ? a= Là ta pe) =, œ = ®œ un "3 ® s= 5 ÿ de ; ; lo a processus. Dans beaucoup de cas d’ailleurs l’endosperme en se déve- Ppant finit par remplir entièrement la cavité du sac embryonnaire. Parfois ce L î , Ê à FAT À p. pendant, il n’en est Pas ainsi et la région du sac demeurée stérile s'isole dé : ù : fa Din) D'après M. F. HeceLuater (2), il faut ajouter à ces quatre Milles les diverses espèces du genre Linum. un Re + . analogue à celui qui, dans le sac embryonnaire des Phanéro- à Me à la formation de l'endosperme. C’est là un nouveau caractère sn és *T à tous ceux qui rapprochaient déjà les Isoëlées des Phanéro- 17 Germination et Développement. M. : ï , ee Hozx (4) a décrit et figuré les divers stades de la germination d'un nombre d'espèces de plantes américaines appartenant à des familles Variées. : : Planta] L'auteur a constaté que dans beaucoup de cas les caractères des °S en germination sont assez nets pour permettre la distinction de me Senres 0 » 3 pre Fe d'espèces d’une même famille. Certaines plantules même, com res Le Sarracenia et des Dionæa ne peuvent se confondre avec aucune ° 7 résulte en outre de ses observations que la racine primaire des S0gena Monte Antipoden (Nova Acta d. Kais. Lopoldinisch-Carolinischen deutschen np e der Naturfôscher, Bd. LVIL, no " (2) F. 1}. di (Beriche 8° lMaier : Ueber partielle “Abschnürung und Oblileration des Keimidine : ee n P- 97-100, 1890). 15 pl, avril 1891). Memoirs of the. Torrey botanical _—_ hé 2, n° 3, p. 517-108, à) Th. Holm : ) : Mo: 7 on Contributions to the knowledge of the Germination of some North | - I : Die ers von Isoëtes Fra Durieu (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd. VII, Re “ Ai 238 is REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Re # Monocotylédones n’a pas toujours été une durée aussi éphémère qu'on TT. à met ordinairement; elle peut dans divers cas atteindre un développement LL Res considérable et peut même persister très longtemps, par exemple dans les genres Attalea, Yucca, Anthurium. L'Adlumia crrhosa est une Fumariacée qui, d'après M. E. HEINRICHER (1), derme intérieur du péricarpe est formé de grandes cellules lignifiées forte- ment FREE séparées par de larges méats; ces cellules paraissent riches en eau; l’auteur les considère comme un renfermant une réserve aqueuse déslinée à à Se la germination de la graine. M. D. CLos (2) signale aussi un cas de germination de graines dans leur péricarpe, présenté par une Cactée, le Pereskia portulacæfolia. On sait que dans les Conifêres, le processus de la red est habiluel- lement normal. M. Ev. HeceL (3) ayant fait germer des graines d'Araucaria Bidwilli, a constaté que celte plante présente dans son développement,uné . anomalie intéressante, Dès que les cotylédons et la radicule se sont fait jour _ à travers les téguments, l'axe hypocotylé se renfle en un tubercule volumi- neux terminé inférieurement par une racine et formé aux dépens de la graine dont les restes pourrissent et tombent ainsi que la partie moyenne eL supé- rieure des cotylédons. Ces tubercules se développent ensuite plus facilement que les graines elles-mêmes en une plante pre Ge processus germinà est DRE esquissé dans l’Araucaria brasilie sait que, d’après M. Nobbe, les individus rs par annua issus de : en à germination rapide se développent plus promptement, fleuriste} d’une manière plus régulière et plus constante, présentent plus fréquemment des fleurs doubles, ont un poids sec plus élevé et sont plus vigoureux que les individus issus de graines à germination lente. M. J. Mac Leon, G- Srass el G. Van EeckHAUTE (4) ayant repris les expérieñces de M. Nobbe ont obtenu des résultats analogues. Mais des expériences du même genre entreprises sur le Delphinium Ajacis (elatior flore pleno) n’ont pas montré de différences Sel” sibles entre les divers individus bien que la durée de leur germination eùLéte très variable. E M. H. 2e Vies (5) avait trouvé dans ses cultures de Mais, 12 pl de din stériles. Des graines empruntées à un individu presque stér jé furent mises à part; en outre, le pollen d’un individu dépourvu de spadic® servit à féconder les spadices d’un individu fertile; les graines issue (1)E. Heinricher: Ueber einen eigenthümlich taltung ein er Or und sers biologische Deutung (Siwuneserete der kais. ps der Wi chaîten zu Wien., Bd. XCIX, Heft 1-3, p. 25-39, 189 péri (2) D. Cios : Singulier cas de germination des gr. aines d’une Cactée dans lewr carpe (Comptes rendus + l’Académie des sciences, t. CXI, p. 954, 1890)- (3) Ed. Heckel : Sur la germination des graines d’Araucaria Bidwillit pa liensis A a rendus de l'Académie us sciences, t. CXUHI. p. 816, 1891): hiola (4) J c Leod, G. Staes et G. Van Eeckaute : Cu Fe rs me français annua en Delhi nium Ajacis |Botanisch Jaarboek, 1890, 04, résu mort ns) 1e (5) H Vries : Sferiele Maïs als erfelijk ras À ae % “Harhoëks 1 112, LEA français). Ex REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. ” 239 dernier furent semées avec les premières; 19 p. 400 des individus nés de ce semis se sont trouvés stériles; il y a donc eu progrès. L'auteur en conclut que la stérilité s’est montrée une propriété héréditaire susceptible de fixation. S M. An. VaNDENBERGHE (1) a étudié la structure des graines de Salicornes, les circonstances de leur dispersion et de leur germination; il a cons- taté que ces plantes peuvent présenter dans une même localité et dans le cours d’une seule génération des modifications extrêmement profondes aboutissant d'ailleurs, à son avis, à la production de simples formes et non de races ou de variétés. M. P. DucHarrRe (2) décrit minutieusemeut la structure de la graine et les diverses phases du développement d’une Iridée du cap, le Freesia refracta Klatt. Cette plante est une de ces Monocolylédones dont la radicule ne prend que peu de développement et se détruit bientôt, son rôle étant rempli par des racines advenlives, Parmi celles-ci, les unes ont la structure normale, les autres sont napiformes ces dernières jouant suivant l'opinion de l’auteur le rôle de réservoirs nutritifs transitoires. De bonne heure, la tige commence à se renfler, non dès la base comme dans beaucoup d'espèces tubéreuses, mais seulement à partir du quatrième entre-nœæud, le renflement s'étendant peu 4 peu de bas en haut sur une étendue totale de cinq à six entre-nœuds. Le tubercule ainsi formé est sensiblement cylindrique et présente un élroit cylindre central entouré d'une masse épaisse de tissu cortical. Il se ramifie bientôt abondamment et ses divisions se disposent suivant l’ordre alterne- distique comme les feuilles el les fleurs sur les parties aériennes de la tige. Les tubercules secondaires peuvent à leur tour se ramifier en tubercules lertiaires suivant la même loi de symétrie. Un tubercule de Freesia refracta emprunté à un pied d’un an, étant mis en terre, s'enracine fortement dans sa Portion inférieure et d’un autre côté développe à son extrémité supérieure ne sorte de rhizome duquel naît un nouveau tubereule qui donne la tige florifère de la nouvelle année, Ce nouveau tubercule n'ayant presque pas de we du tubercule de l’année précédente comme correspondant à un YPocotyle et non à une racine. Chaque tubercule est surmonté d’un bour- "nes Vandenberghe : Bijdrage tot de studie der belgische Kustelflora (Botanische » 1890, p. 162-190, ? pl., résumé français). Nos d'horticuit artre : Observations sur le Freesia refracta (Journal re _ avec figgres” 4° lrance, Cahiers de mars et avril 1891, pages 152 15-230, «?) L. Jost :Die Erneuerungsweise von Corydalis solida Sm. (Botanische Zeilung, 7-19, 1 pl., 1890). | 240 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. geon qui fournit une tige florifère et porte en outre à l’aisselle d’une’ dés ses. se écailles un petit bourgeon destiné à fleurir l’année suivante: au-dessous ce bourgeon se développe le nouveau tubercule aux: dépens d’un méris- ème qui parait résuller de l'extension du cambium sous-jacent. La‘racin® Fri du nouveau tubercule à pour —_—. le cambium correspondant à la partie supérieure de l’ancienne racine. M. L. Kocx (1) a fait des cultures de diverses Rhinanthées et étudié les rapports des parasites avec les plantes hôtes. Il ne nous paraît pas qué l’au- teur accroisse beaucoup le nombre des faits déjà connus sur cette question. + Homer Bowers (2) a éludié avec beaucoup de soin la germination de l'Hydrastis cunadensis. La graine, semée dans le mois d’août, ne germe pas avant le printemps suivant, et on trouve alors une plantule possédant deux cotylédons épigés, péiotés; à limbes presque orbiculaires. La racine princi- pale est assez longue, forte, jaunâtre et avec beaucoup de ramifications. La gemmule est visible, mais ordinairement elle ne se développe pas dans la première année. L'année suivante on trouve une tige très courte, verticale, ‘portant deux ou trois feuilles en forme d’écailles, qui précèdent une seule feuille propre, petiolée à limbe à sept lobes. Voici les caractères les plus essentiels du développement de cette plante. La racine principale est persis- tante; le rhizome croît dans une direction verticale et porte des feuilles en forme d'écailles et constamment à deux rangs, précédant les feuilles propres à la base de la Lige aérienne. Cette dernière est annuelle et se dé veloppe dans le bourgéo: terminal du rhizome ; de petits boutons se trou” vent aussi à l’aisselle des feuilles en forme d'écailléé, dont le développement correspond à Lous égards avec celui de la gemmule. Du reste l’auteur à aussl signalé la présence de boutons, produits par les racines, et la plante possède alors de nombreux moyens pour assurer sa propagation. (1) L. Koch : Zur mg ee her mp der Rhinanthaceen (Jahrbücher für rissenseatiche Botanik, B Bd XXII, p. 1-34, 1890 Homer Bowers : À centribution to the ps “history of Hydrastis canadien nm Ar march 1891). — L'an M e de ce travail a été communiquée à Revue générale de Botanique par M. Holm (A suivre.) A. PRUNET. Millot del. Éd. Crété. Recherches physiologiques sur les Lichens. Vitou sc. anbiunjog op aouwuab ana JW I y ‘9 9Y2UD]) MODE DE PUBLCATION à CONDITIONS D'ABUNNENENT La Revue générale de Botanique paraîil régu- lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul KLINCKSIE£ECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou Modernes dont il est fait mention dans la Aevue. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, Professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. se LL sera rendu comte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires OU notes dont un exemplaire uura été adressé au Directeur de la Revue générale de Botanique. Les auteurs des travaux insérés dans la ARevue générale de Botæ nique ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 juin 1892 ee | N° 42 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 52 RUE DES ÉCOLES, a . EN FACE DE LA SORBONNE LIVRAISON DU 15 JUIN 1892 L — ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LE GENRE ANEMONE L. (avec planches), par ME. Édouard de Janezewski. 24 I. — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS (avec te planches), par M. Henri Jumelle (suite)..........: 259 {I — RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES (avec planche et figures dans le texte), par ME. E. Aubert (suile)................. . 2 IV. — REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE VÉGÉTALE, parus de + juillet 1890 à décenibre 1891 (avec figures dans le texte), En par M. A. Prumet (suite). ........................e . 283 PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON: PLANCHES 40 et 14. — Anemone : Fruit. PLancHes 12 et 13. — Anemone : Fruit, germination. Cette livraison renferme en outre 1 gravure dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions a Tour de la couverture. ÉTUDES MORPHOLOGIQUES SUR LE GENRE ANEMONE L. Par M. Edouard de JANCZE WSKI (1). Malgré la grande dissemblance qui existe entre les espèces constituant le genre Anemone, ces espèces présentent des carac- lères communs qui les distinguent des autres genres de la tribu des Anémonées; il n’y a donc aucune raison d'élargir le cadre de ce genre linnéen, comme quelques botanistes ont essayé de le faire (2), l'inverse serait beaucoup plus rationnel. De nombreux “anis ont depuis longtemps insisté sur la nécessité de diviser le genre Anemone, comme contenant des types bien variés, en Sous-genres, et même en genres autonomes. Les études sur la structure anatomique et la germination des diverses espèces n’ont pas affaibli cette deuxième opinion; au tontraire, elles lui ont donné une base vraiment scientifique, morphologique et physiologique en même temps. * On pouvait espérer qu’à la suite de ces recherches, la dispo- “lion des Anémones serait bientôt remaniée afin de répondre . “xigences actuelles de la science. Mais une révision appro- , à ; ; , ñ QU Na pas encore été faite jusqu’à présent, et les botanistes TM décrivent les nouvelles espèces et variétés, ou qui travaillent aux flores “is classification de De Candolle, qui n’a jamais, à aucun égard, : Ce travail a été £ 2 LE 42 L 1890 à l’Académie des sciences de Cracovie. Baillon : Hisloire des plantes. Monographie des Renonculacées. 1816, pages 7-20 Rev. gén. de Botanique, — IV ® Ë pe ie . ’ “he de diverses régions, se servent bien souvent de l'an té i : . . Se (42 4 LÉ: * Saisfaisante. Les classifications postérieures ont été bien Re 242 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. TES meilleures, mais, même la plus récente, celle de M. Pranil (4) laisse encore beaucoup à désirer et ne correspond pas avec la parenté réelle des espèces. . Combler cette lacune, tel est le but de notre étude. Faire une analyse comparée des organes végétatifs et reproducteurs pour le plus grand nombre possible d'espèces, choisir les caractères sur lesquels on pourrait baser une classification vraiment natu- relle des Anémones, contrôler par les expériences sur la germi- nation et l’hybridation si, dans cette nouvelle disposition, les espèces proches se trouvent voisines, et les dissemblables, éloi- gnées les unes des autres, tels sont les moyens par lesquels nous nous proposons de résoudre la question. À cause de la difficulté que nous avons eue pour nous procurer quelques types curieux d'Anémones exotiques à l'état vivant, notre étude monogri- phique ne sera pas achevée de si tôt. L'ensemble de ces recher- ches sera divisé en chapitres, traitant chacun une seule question et se lerminera par un aperçu général sur l’affinité des espèces et sur leur classification naturelle. (1) Prantl : Beiträge zur Morphologie und Systematik der Ranunculaceen. Engler’s botan. Jahrbücher. Vol. IX. 1887. CHAPITRE PREMIER. FRUIT ET GRAINE. La partie de l'axe floral, couverte de carpelles, le gynophore, est diversement développé chez les Anémones. Quand il est petit, il ne porte que cinq à dix carpelles; quand il est assez volumi- Deux, sphérique, ovoïde ou cylindrique, le nombre des carpelles qui le recouvrent monte à une cinquantaine, à une centaine et même davantage. Les carpelles se transforment avec le temps en akènes munis d’un style tantôt court, tantôt changé en une longue aigrette plumeuse. Les différences que présente l’akène de diverses Anémones Sont trop palpables pour ne pas avoir été prises en considération lorsqu'il s'agissait de la classification des espèces. Mais elles n’ont Pas encore été appréciées à leur juste valeur et étudiées d’une manière approfondie. Et pourtant elles sont d’une importance si décisive pour l’affinité physiologique des espèces, que la forme et là structure de l’akène doivent former la base de toute classifi- EM Calion des Anémones; aussi seront-elles spécialement analysées dans ce chapitre. Nous exposerons d'abord les caractères généraux du fruit et de la graine, et nous étudierons ensuite les types auxquels se. latlache l’akène de toutes les Anémones que nous avons pu examiner, : La graine qui remplit tout l'intérieur de l'akène est composée d'un testa à tissus délicats et d’un sac embryonnaire rempli albumen, Les cellules de l’albumen contiennent de l'aleurone et de l’huile grasse; la fécule y fait toujours défaut. Au sommet d' sac, on découvre l'embryon tantôt petit, mais dicotylédoné, tantôt minuscule, arrondi et non différencié en organes. I] n’y a a. jeuxcotylédons;l'embryon jamais An u LÉ s f æ is 244 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. pe ; est par conséquent toujours petit et plus ou moins incomplet. La graine provient toujours d’un ovule unique, anatrope, pendant, à un seul tégument et à raphé dorsal. L’akène est surmonté d'un style de longueur et de direction variables, généralement sessile, il est quelquefois porté par un _ pédicelle bien développé. Le péricarpe reçoit du gynophore un seul faisceau libéro-igneux qui se bifurque au-dessous de la graine. De ses deux branches, l’une est dorsale et se perd dans Je style, l’autre est ventrale, se recourbe en dedans au sommet } ? . de l'ovaire, passe par le funicule et le raphé et se términe dans + re »* Ke: CT la graine au-dessous du sac embryonnaire. Le péricarpe n'atteint que rarement une épaisseur plus consi- _ dérable. Il est toujours constitué de trois tissus différents : l’épi- derme souvent muni de poils et quelquefois de nombreux sto- males, le parenchyme à parois minces, disposé en deux où plusieurs assises, et le sclérenchyme fibreux, formant une seule assise (intérieure) rarement davantage. Le testa touche immé- _ diatement à cette couche lignifiée du péricarpe. L - . , à . 9 Le péricarpe provient de la base élargie du carpelle (gaine?) et ne présente aucune trace de soudure. Le style est au contraire produit par la partie supérieure du carpelle dont les bords pe. sont recourbés en dedans et collés ou soudés dans toute leur longueur. L'origine et la fonction différentes du style et du péri- carpe expliquent les différences anatomiques que l’on observé ‘entre ces deux parties du carpelle. Le rôle essentiel du péricarpe consiste à protéger la graine des Anémones jusqu'à sa germination. À cause de la délicatesse du testa, cette protection de la couche scléreuse du péricarpe est indispensable. Mais le péricarpe joue encore, dans beaucoup d’Anémones, un autre rôle, celui de la dissémination; il est notamment adapté au transport des akènes par le vent à des dis- tances plus ou moins considérables. A cet effet, l'akène est tantôt _ ailé, tantôt couvert de longs et nombreux poils, ou terminé par une aigrette/plumeuse. Il nous paraît que les mammifères con” _ courent aussi à la dissémination de quelques Anémones exoti- . ques et peut-être aussi de quelques espèces indigènes. Les styles LE GENRE ANEMONE. 245 terminés en crosse ou en crochet, ainsi que les poils rigides et obliques, recouvrent certains akènes, servent à les accrocher ou à les fixer aux toisons ou aux fourrures et peuvent par conséquent les fixer dans la laine et les poils des mammifères qui s’y heur- tent ou qui se couchent sur les plantes. Gette adaptation des akènes à un transport lointain n’est cepen- dant pas un fait général chez les Anémones; toute une série d'espèces est absolument dépourvue d'organes de dissémination; ce sont habituellement des plantes sociales, habitant les lieux ci ombragés. | | Après ces remarques préliminaires, nous allons maintenant examiner les divers types que présente l’akène des Anémones, | Suivant qu’il est adapté d’une façon ou de l'autre à la dissémi- nation où qu’il manque d'organes de transport. 1. — Pulsatilla Tourn. | (Pulsatilla DC. et Preonanthus DC. Campanaria Endl.) Dans toutes les espèces appartenant à ce type, l’akène estassez petit, surmonté d’une aigrette poilue sept à dix et même vingt fois (Pulsatilla dahurica) plus longue que l’akène lui-même (PL. 10 et 44, fig. 1 a, b, c, d). Le corps de l’akène est atténué à ses deux extrémités: mais son plus grand diamètre est plus lapproché du sommet que de la base. Sa coupe transversale est Complètement ronde (PI. 10.et 11, fig. 2). a Le Péricarpe est composé de trois tissus, comme dans toutes les Anémones. Le sclérenchyme fibreux (endocarpe) forme ur #4 7 Couche simple, dédoublée seulement autour des deux faisceaux el constituant ainsi leur gaine fibreuse. Le parenchyme (méso- , “arpe) est habituellement constitué par trois couches cellulaires. : ‘épiderme est généralement aussi épais que les deux rt Ussus du péricarpe pris ensemble, parce que ses cellules sont hautes et larges (pl. 10 et 41, fig. 5); les poils, même à leur base, Malteignent pas un diamètre aussi considérable que celui de ces cellules. : “2 La structure de l'aigrette diffère beaucoup de celle du péri- À 246 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. carpe. Le sclérenchyme forme une couche simple, située immé- diatement au-dessous de l’épiderme et tapissée à l'intérieur par _un tissu parenchymateux. Celui-ci entoure donc le canal ventral du style et contient le faisceau (PI. 10 et 11, fig. 3). La graine renferme un petit embryon dicotylédoné. Les poils qui recouvrent la surface de l’akène, étant courts, rigides et dirigés dans le sens oblique, ne peuvent servir à Ja dissémination par le vent, mais sont assez propres pour fixer l'akène dans la laine ou les poils des mammifères. Les poils de _ l’aigrette sont au contraire longs, soyeux et tantôt tous de lon- gueur presque égale (Pulsatilla dahurica, P. cernua, P. chinensis), tantôt devenant plus courts vers le sommet et vers la base de l'aigrette (PL. 10 et 41, fig. 1, a, b, c.) Ces poils changent de _diréction suivant l'humidité; à l’état sec, ils sont perpendicu- aires à l’axe de l’aigrette ; à l’état humide ils prennent une _ direction oblique et se rapprochent plus ou moins de la surface sants pour l’attacher aux poils des moutons, lièvres, € de l'axe. Le mécanisme de ce mouvement tient à la structure de Ja base du poil; sur la face inférieure la membrane est bien _ épaisse et se gonfle fortement dans de l’eau, tandis que dans le face supérieure elle est assez mince et peu variable dans son volume et longueur (PI. 10 et 11, fig. 4). L’aigrette elle-même est sujette à un mouvement de torsion suivant l'humidité de l'air ‘ambiant. De toutes les Anémones, les Pulsatilles possèdent l'appareil de dissémination le plus spécialisé. Leur aigrette plumeuse sert à cette fin pendant le beau temps et rend les akènes propres à être transportés par le vent à des distances notables. La pluie et l'humidité de l’air entravent ce mode de dissémination el agissant sur la direction des poils de l’aigrette, mais elles sont . peut-être d’une certaine utilité lorsqu'il s’agit d'amener l'akène à la surface du sol et l’enfouir à une petite profondeur, cominê _ cela a lieu pour le Stipa pennata. Nos expériences sur ce sujet ji 0 : ‘ it n'ont pas donné de résultat précis. Mais ce qui ne nous para : t qui son t suffi- te. En pas douteux, c’est le rôle des poils obliques de l’akène peu propres à fixer l’akène dans le sol, mais parfaitemen LE GENRE ANEMONE. 247 conséquence, les mammifères pourraient intervenir de temps en temps dans la dissémination des Pulsatilles et pourraient contribuer à faire apparaître ces plantes dans des lieux éloignés de leurs stations habituelles. L'akène muni d’une aigrette plumeuse caractérise toutes les espèces qui ont été rapportées aux sections Puzsarizza Tourn. et n DC. Ce sontles : Pulsatilla patens, P. pratensis (1), P. vulgaris, P. Halleri, P. vernalis, P. albana, P. ajanensis, P. cernua, P. déhuri ca, P. chinensis, Preonanthus alpina, P. oc- cidentalis (2). Les différences qu'on y remarque concernent surtout l’aigrette qui peut ètre fine, longue, très poilue (LP. da- hurica, cernua, chinensis) ou rigide, plus courte et plus épaisse (P. vernalis, albana), par conséquent moins propre à faire em- porter l’akène par le vent. IL. — Eriocephalus Hook. et Thoms. (Oriba Adans., Phacandra Spach, Anemonanthea et Anemo- nospermos DC. pro parte. ) Le type de l’akène, chez les espèces de ce groupe, est parfaite- ment caractérisé par les poils soyeux et très nombreux qui re- ouvrent toute la surface de l’akène et masquent absolument sa forme extérieure (PL. 40 et 14, fig. 6, 9, 10), obovale ou ellipti- que, plus ou moins comprimée sur les côtés (PI. 10 et 14, fig. 7 L'akène de l'Anemone silvestris diffère de ce type général d'abord parce qu’il n’est presque pas comprimé, ensuile, parce qu'il n’est pas sessile, mais supporté par un pédicelle presque aussi long que l'ovaire lui-même (PI. 10 et 11, fig. 8, 9). L'akène RAT de l'A. vitifolia est encore plus longuement pédicellé ; peut-ètre ” en est-il ainsi dans VA. japonica dont nous ne connaissons pas les akènes fertiles. Le style surmontant l'akène varie beaucoup. Court et oblique P. mont D | ana n’est qu’une race occidentale du P. pralensis rats P de (1) re hi pus probable que le Preonanthus occidentalis n ‘est qu'une , } 248 = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. dans PA .si/vestris et YA. vitifolia, il est pluslong, et tantôt oblique tantôt droit dans d’autres espèces ; il atteint même la longueur de l’akène dans l'A. palmata et VA. hortensis. Quand il est oblique, sa courbure se trouve à.la base et son sommet est in- fléchi vers le gynophore (PI. 10 et 41, fig. 10). La graine contient un embryon dicolytédoné. La coupe transversale de l’akène n’est jamais complètement ronde, ni même elliptique, parce que les deux faisceaux du péricarpe font saillie à l'extérieur et forment quelquefois des ailes rudimentaires. Le péricarpe est assez mince et ne contient habituellement : que deux assises de parenchyme. Les parois de l’assise scléreusé - sont épaissies en fer à cheval (PI. 10 et 44, fig. 11). Sauf che VA. silvestris, cette assise se dédouble dans le voisinage des fais- ceaux, qu'elle entoure d’une gaine scléreuse (PL 10 et AL. fig. 7 La dissémination des akènes est opérée par le vent ou même par des courants plus faibles de l’atmosphère. Les poils longÿ, : 11° à F e délicats et nombreux recouvrant l'akène, sont plus efficaces qu PAS : a 14 tout autre organe disséminateur. Ces poils sont plus longs à * base de l’akène et plus courts sur le style, qui en est quelquefois : : revêtu jusqu’au stigmate. Leur membrane est toujours mine dent pas d’affinité physiologique. Les unes feront partie À: japonica. Les autres, caractérisées par leur rh _.reux, constilueront le sous-genre que nous avons désigné quelquefois d’une teinte un peu jaunâtre. . La forme comprimée de l’akène n’ajoute rien à la per de son appareil disséminateur, tandis que le pédicelle augmé beaucoup la surface revêtue de poils et contribue puissamment fection le à la légèreté du fruit. Les espèces dont l’akène présente ce type, constituent deux er di à : sè- séries qui diffèrent par leurs caractères biologiques et ne PE du s0 d'ANEMO ultéfidas genre auquel nous avons proposé de conserver le nom NANTHEA (1); ce sont: les Anemone virginiana, A: m À. parviflora, A. rupicola, A. baldensis, À. silvestris, A: ® sous le .… ae Ce” (1) Janczewski. Hybrides dans le genre Anemone. (Bulletin de l'Académie de covie. Séance du 22? juin 1889.) izome tubé SE AL 2 | LE GENRE ANEMONE. 249 - nom d'Orma ; ce sont les : Anemone palmata, À. coronaria, À. hortensis, A. caroliniana, A. biflora. Barneoudia Gay. Les akènes des espèces appartenant à ce sous-genre rentrent dans le type précédent malgré quelques différences notables. L’akène est réniforme, atténué vers le sommet qui est terminé par le style (PI. 10 et 11, fig. 18) ; sa coupe transversale est ronde comme dans les Pulsatilles. Le péricarpe est composé de l’épiderme dont la structure Nous est restée obscure à cause de la mauvaise conservation des fruits, de deux ou trois assises de parenchyme et d’une assise sclé- reuse. La structure des cellules parenchymateuses est excep- tionnelle, car leurs membranes sont épaissies en réseau el ligni- fiées. Les fibres constituant l'endocarpe ont des parois très épaisses ; les parois latérales sont percées de pores assez larges. L'embryon est très pelit, mais franchement dicotylédoné. L'appareil de dissémination n’est pas aussi parfait que dans le lype Eriocephalus, car les poils qui recouvrent l’akène sont assez rigides, dressés et n'atteignent que le sommet du style. La Membrane de la base des poils est ornée de ponctuations on forme de fentes, disposées en spirale; à partir de cet endroit, les ponctuations deviennent de plus en plus faibles, peu nom- breuses, puis disparaissent bientôt entièrement. Le poil recouvre alors sa structure ordinaire. Anemone integrifolia Spreng. | Dans cette plante qui est encore plus exceptionnelle que les nr eudis, les akènes sont certainement disséminés par le re * out ovoïdes et poilus ; leur longueur atteint jusqu'à 3 milli- metres (1) : | y . j ; d 114 N'ayant jamais examiné les akènes de cette plante à l'état . (1) Wodel : Chloris dndi, a, 1857; 250 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 4 mür, nous ne pouvons rien dire sur leur organisation, Les car- 10 pelles fécondés (PI. 10 et 11, fig. 16) permettent de conclure | que les akènes sont disséminés par le vent à l’aide de leurs poils, qui s’allongent certainement et atteignent le développe- ment nécessaire pour servir d'organe de transport. IT. — Pulsatilloides DC. I est difficile de comprendre pourquoi De Candolle a donné ce nom à une section embrassant deux plantes africaines qui ne présentent aucune affinité avec nos Pulsatilles. Les akènes mal développés de l'Anemone capensis dont nous disposions avaient une forme elliptique plus ou moins allon- gée ; ils étaient munis d'un court pédicelle et d’un style qui les égalait presque en longueur (PI. 10 et 11, fig. 17). Toutes les parties du fruit sont hérissées de poils rigides, insérés dans le : sens oblique, trop courts pour que le vent puisse emporter les akènes dans les conditions normales, mais suffisants pour les fixer dans la laine ou les poils des mammifères. Ces akènes peuvent donc être assimilés à ceux des Pulsatilles ayant perdu leur aigrette plumeuse. # Les jeunes akènes de l’A. alchemillæfolia ont un aspect enbie- rement semblable. Trois espèces asiatiques se rapprochent tout à fait par Jeu fruit de ces deux Anémones africaines; ce sont les À. 00H loba, A. trullifolia (A. celestina Franch.), et À. glaucifolia (PL 10 et 14, fig. 14, 43, 12). Leur fruit sessile, ovoide ou elip- tique, est hérissé de poils rigides, dressés et propres à l'attacher à la laine des animaux. Dans l'A. obtusiloba, l'akène est un peu comprimé (PI: 10 e' 11; fig. 18) et la structure de son péricarpe ne présente rien - caractéristique ; mais le testa de la graine est beaucoup Er délicat que dans les autres Anémones, et son épiderme se constitué de cellules dont les parois extérieures ont acquis 1° épaisseur considérable. En outre, on découvre deux faisceau" _ traversant le testa : le faisceau dorsal, plus fort, qui apparte? 4 M LE GENRE ANEMONE. 251 _ auraphé et le faisceau ventral qui est certainement sa continua- tion au delà de la base du nucelle (PL. 10 et 11, fig. 18). IV. — Rivularidium Nov. sect. (Anemonospermos DC. pro parte.) De toutes les espèces appartenant à ce type, nous n'avons pu Nous procurer d’akènes mûrs que ceux de l'A. rivularis, origi- naire de l'Asie et fréquemment cultivé en Europe. Ils sont gros et lourds, coniques, parcourus par deux côles saillantes, et ter- minés par un style court et courbé en crochet (PI. 10 et 11, . 19). | | L'épaisseur du péricarpe dépend de l’endocarpe scléreux qui ‘forme ici une couche volumineuse (PI. 10 et 11, fig. 20, 21) et non plus une simple assise. Le mésocarpe est, au contraire, très Mince et composé de deux ou trois assises parenchymateuses. L'épiderme ne produit aucun poil. Les faisceaux sont englobés dans l’endocarpe qui conslitue leurs gaines et forme les deux cles saillantes. L'embryon que contient la graine acquiert une dimension plus considérable que dans d’autres Anémones. dissémination de l'A. rivularis ne peut pas être opérée par le Yent, à cause du volume et du poids de l’akène. Mais son style . É chet recourbé en dehors s'accroche très bien aux tissus ‘1 laine et y fixe l'akène, On se figure aisément qu'il doit s’ac- ‘rocher avec la même facilité aux poils des animaux. der des À. Richardson et antucensts (PI. 10 et 11, fig. 22) ent beaucoup à ceux de l'A. rivularis, mais leur style * lus long et courbé en crosse. Nous ne connaissons pas encore D Lac ds int Ù urs descriptions donnée rivularis Nous cro L | ins en pprocher qu'il faut placer dans ce type, ou du moin les akènes des A. hepaticæfolia et rigida (PI. 10 et ds nous permettent de les rapporter au type de l'A. 1 : é L; Ég. 23), bien que leur style soit plus court et moins crochu. \ 2 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. [ - Ces fruits sont presque cylindriques dans la première de ces # pèces, et ovoïdes dans la deuxième. Il faut encore ajouter que la | surface des akènes de l’A. rigida n’est pas entièrement lisse, mais hérissée de poils en forme de dents, imperceptibles à l'œil nu. … Les fruits de l'A. æquinoctialis sont totalement lisses, mais sont-ils entièrement dépourvus d'organes de dissémination ? C'est une question que nous ne pouvons pas résoudre sans les connaitre - à l'état mür. _V. — Knowltonia Salisb. Avant d’avoir examiné les fruits mürs des Knovwvltonia, nous avions mis en doute que l'opinion de Prantl (1), d’après laquelle les Xnowlionia ne formeraient qu’une branche des Anémones, : fût suffisamment fondée. Maintenant nous pouvons dire qu'au contraire nous nous rallions à cette manière de voir. Les fruits du X. vesicatoria ne sont pas des akènes, mais des drupes. Cela n ’empèche pas qu'ils soient organisés absolument de la même manière que l’akène des Anémones; la seule diffé- rence consiste dans le grand volume et la succulence des cellules k du mésocarpe. Le noyau (endocarpe) est ici muni de quatre côtes, dont les deux complètes (dorsale et ventrale) contiennent les deux faisceaux du péricarpe, tandis que les deux autres (latérales) prononcées au sommet et se perdant vers le milieu de l'akène sont dépourvues de faisceaux et uniquement composses de tissu scléreux. La graine contient un tout petit ditibero dicotylédoné. : Comme les drupes et les baies en général, les fruits du Knowltonia vesicatoria ne possèdent pas d'organes de dis | mination. (1 VI. — Omalocarpus DC. Dans les espèces appartenant ÿ à cette section, r akène est grand, aplati, bordé d’une aile circulaire; il rappelle pa conséquen! - ‘ samare de l'Orme (PI. 10 et 11, fig. 24. (1) Prantl, L. c., pag. 247. Sur une e'cbpe transversale de l’akène de l'A. narcissiflora, on reconnait que l'insertion de l'aile dorsale sur le corps de l’akène … diffère de celle de l'aile ventrale, parce qu’elle fontient le raphé _ massif de la graine (PL. 40 et 14, fig. 25). La structure du péricarpe ne présente rien d’ exceptionnel, _ cellules à parois épaissies et plus ou moins lignifiées (PI. 12 et 13, fig. 1). L'endocarpe embrassant les deux faisceaux se con- | tinue dans les ailes dont il constitue la couche rhédiane. Les sto- miates sont assez nombreux dans le voisinage des faisceaux, sur les lignes de jonction des ailes avec le corps de l’akène. _ sale. __ L'embryon dicotylédoné est l'un des plus volumineux que _ nous ayons rencontré dans les Anémones (PI. 12 et 13, fig. 2). | Les akènes de l'A. narcissiflora peuvent êlre emportés par le _ perfection que nous voyons dans les {ypes Puzsarizza et Erio- . CEPHaLus, Îl en est de même dans les À. polyanthos, A. demissa, » À. tetrasepala, dont les akènes sont si semblables à ceux de . l'A. narcissiflora qu'il est presque impossible de les distinguer. | et droit. | VII. — Anemonidium Spach. . Deux espèces représentent ce type, l'A. pensy/vanica et l'A. di- | chotoma. Malgré la parfaite ressemblance de leur port et de 4 ) de leurs akènes. D ‘ne coupe transversale (PI. 42 et 43, fig. 4); le raphé est ici peu r 0 LE GENRE ANEMONE Pau À _ sauf que la couche intérieure du mésocarpe esi composée de. Le style oblique semble former la continuation de l'aile dor- | apparent, et Jes ailes en Er de la couche médiane scléreuse. 1 vent à une certaine distance, mais leur appareil de dissémina- » lion, représenté par les ailes, est loin d'atteindre ce degré de 1 | Ceux de l'A. elongata n’en diffèrent que par leur style plus long | leur mode de végétation, elles se laissent distinguer par la forme . 4 Dans VA. pensylvanica, les akènes sont aïlés, mais les ailes _ M Sont épaisses (PL. 12 et 13, fig. 3, 4), tandis que dans les Oma- locarpus elles ont été minces, presque membraneuses. Les diffé- : D ‘ces deviennent encore plus évidentes lorsqu'on en examine à 254 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 7 En outre, on aperçoit dispersés sur l'akène, des poils qui man- quaient absolument dans les Omalocarpus. Lente a) En ce qui concerne la structure du péricarpe, il faut noter que les fibres scléreuses de l’endocarpe sont minces et disposées en deux assises plus ou moins régulières ; elles se multiplient beau- coup autour des faisceaux et constituent le tissu essentiel de la base des ailes. Le mésocarpe est constitué de trois à quatre assises de cellules parenchymateuses. La structure des ailes épaisses est toute particulière. Elles sont formées par un issu aérifère revêtu d’épiderme au-dessous duquel on trouve cà et là une cellule parenchymateuse normale: La particularité de ce tissu aérifère consiste dans la structure et le contenu des cellules qui le constituent. Leur membrane, pro- bablement subérifiée, est imperméable, malgré les ponctuations dont elle est ornée; leur intérieur ne contient que de l'air (PI. 12 et 13, fig. 5). | Ainsi organisées, les ailes sont utiles à la dispersion des akènes par le vent, mais qui plus est, elles leur servent d'appareil nala- toire; un akène semblable tombé dans l’eau n’est nullement perdu pour la propagation de l’espèce, mais peut être transporté au loin par les ruisseaux, surtout pendant les inondations. L'embryon est relativement bien développé, dicotylédoné. Bien différente est la forme des akènes de l'A. dichoton- Ceux-ci sont ovoides, comprimés sur les côtés, enchâssés comme dans un cadre et ridés à Ja surface (P1. 12 et 43, fig. 6). Quand ils sont gonflés dans l’eau, les rides s’effacent presque entièrè ment et le cadre devient peu apparent. Leur péricarpe est un peu plus épais que dans l'espèce pr” cédente; on compte habituellement cinq assises parenchymè" teuses dans le mésocarpe, et deux à trois assises irrégulières dans l'endocarpe scléreux. Le sclérenchyme entoure les faisceaux du péricarpe, mais ne constitue qu’une gaine assez mince n'ayant aucune influence sur la forme extérieure de l’akène. Le US aérifère embrasse les faisceaux de:trois côtés, en fer à cheval (PL. 12 et 13, fig. 7) et constitue la masse principale du cadre qui est apparent sur les akènes desséchés. 11 forme l'ap24 14 = LE GENRE ANEMONE. oi 855 _ natatoire à l'aide duquel l’akène de l'A. dichotoma nage aussi bien et aussi longtemps à la surface de l’eau que l’akène ailé de l'espèce précédente. D'après les renseignements que nous avons reçus de la Sibérie, l'Anemone dichotoma préfère réellement les terrains soumis aux inondations, et il nous est permis d'admettre que les courants de l’eau contribuent seuls à la dispersion de cette espèce dépourvue de tout appareil de dissémination sauf son appareil natatoire. VIII. — Sylvia Gaud. | (Æylalectryon Armisch, Anemonanthea DC. pro. parte.) Les espèces dont les akènes appartiennent à ce type forment un groupe très naturel de plantes habituellement sociales, demeurant dans des lieux ombragés et abrités contre le vent. La forme de l'akène, quelquefois comprimé sur les côtés, est elliptique, ovoïde ou presque sphérique (PI. 12 et 13, fig. 8, 10, 11). Le style, droit ou arqué, n'atteint jamais une longueur considérable. Les deux faisceaux du péricarpe sont générale- ment faciles à reconnaître, car ils provoquent autant de saillies longitudinales dans la surface de l’akène. Les poils disséminés sur l’akène et sur la base du style sont trop courts pour jouer quelque rôle dans la dissémination. La structure du péricarpe est la même que dans d’autres Ané- Mones. Les parois des fibres de l'endocarpe sont bien épaisses et percées de pores plus ou moins nombreux (PI. 12 et 13, fig. 12). Dans les espèces européennes et probablement aussi dans les espèces asiatiques, on trouve au sommet du sac embryonnaire Un embryon sphérique, attaché à un court suspenseur (PI. 142 et 13, fig. 9, 13). Les dimensions de cet embryon varient, non seu- lement suivant l'espèce de la plante, mais aussi suivant l’akène que l’on à choisi pour l'étude. Quand il est assez grand, on voit les cellules du jeune épiderme se diviser, dans le voisinage du Suspenseur, parallèlement à la surface et former la coiffe de la racine principale (PI. 12 et 13, fig. 9). Dans l'A. trifolia il arrive même de trouver des embryons cordiformes (PI. 12 et 13, 256 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Ron fig. 14) ayant les deux cotylédons ébauchés. Mais ces cas sont . exceptionnels. En général, l'embryon est sphérique et non difté- rencié en organes; quand il est plus petit on peut lui appliquer le terme : « embryo homogeneus » (PI. 12 et 143, fig. 13). Cette réduction de l'embryon dans une graine adulte attire des consé- quences biologiques qui seront exposées dans le chapitre suivant. Les akènes des Sylvies étant totalement dépourvues de tout appareil de dissémination, se dispersent seulement autour du . Pied-mère; dans quelques espèces, ils font courber le pédicule _ floral sous leur poids. : Le nombre des Sylvies est considérable ; ce sont les Anemone ReMmorosa, À. ranunculoides. A. trifolia, A. deltoidea,A. altaica, A. cærulea, À. umbrosa, A. reflexa, A. udensis, A. nikoensis, A. stolonifera, À. baikalensis, A. Delavayi, À. flaccida, A. apen- nina (1). IX. — Hepatica Dill. À première vue, les akènes de l’Hepatica triloba rappellent si bien ceux des Sylvies, qu'on serait justement étonné de trouver la mème forme du fruit dans les plantes qui diffèrent complète- ment à beaucoup d’égards. Un examen tant soit peu attentif nous apprend qu’on peut facilement reconnaître l’akène de l'Hépa- tique à un caractère qui ne se répète dans aucune autre Ané- mone : c’est sa partie basilaire, blanche à l'état frais et plus ou moins translucide (PI. 12 et 13, Rp ASE 5 : -L'akène est rond en Coupe transversale ; les faisceaux enve- loppés par le sclérenchyme sont saillants (PL 12 et 13, fig. 16). La structure du péricarpe n’a rien de remarquable (PI. 12 et 13, fig. 17). Le style trahit son origine par le sillon ventral, le long duquel se sont collés les bords du carpelle (PI. 12 et 43, fig. 19). Le tissu scléreux y est fortement développé; il touche immédiate- ment le canal intérieur dans Ja partie dorsale, tandis que dans la partie ventrale il est tapissé de tissu conducteur. Son épi- (1) Nous allons voir bientôt que l'A. apennina doit être exclu des Sylvies à canne; son rhizome tubéreux et de la manïère dont cette plante germe. LE GENRE ANEMONE. dr derme contient de nombreux stomates, ainsi que des poils qui ne manquent à aucune partie de l’akène. La base blanche de l’akène est limitée par un étranglement bien visible à l’état frais; à l’état sec, elle est contractée et perd son aspect normal. Sa structure toute particulière se reconnait parfaitement sur les coupes longitudinales (PI. 42 et 13, fig. 20). On y voit que l’akène n'est pas sessile, mais muni d’un pédierlls dont le volume ne dépend pas du faisceau entouré de paren- chyme, mais de l’épiderme fortement hypertrophié. Les énormes cellules de cet épiderme sont beaucoup plus hautes que larges et contiennent des gouttelettes huileuses qui leur donnent l'as- pect laiteux. Les poils qui garnissent le pédicelle sont en réa- lité bien plus longs que ceux de l’akène, parce qu'ils dépassent les énormes cellules épidermiques, leurs voisines. Nous appellerons kypophyse ce pédicelle de l’akène, bien que par sa structure il ne ressemble pas du tout à l'hypophyse des sporogones des Sp/achnum et des Polytrichum. Nous dirons done que l’akène de l'Hépatique est muni d’une hypophyse, tandis que celui des Sylvies, très semblable d’ailleurs, en est dépourvu. Il est vraiment difficile de comprendre que cette particularité du fruit des Hépatiques n'ait pas été signalée jusqu’à présent; il est vraie que l’hypophyse se contracte par la dessiccation, mais elle ne disparaît pas; elle devient presque transparente et colorée en jaune orangé. Dans l’eau, elle recouvre plus ou moins sa forme et son aspect naturel. La graine de l'Hépatique est semblable à celle des Sylvies. L'embryon qu'elle contient est minuscule, rond, attaché à un _Suspenseur assez court et large (PI. 12 et 13, fig. 18); c'est un embryon homogène, car il n’a même pas de racine indiquée par les divisions tangentielles de l’épiderme. Les akènes de l’Hepatica. transsilvanica (PI. 12 et 13, fig. 22). sont parfaitement semblables à ceux de l’Hepatica triloba, seu- lement les fibres de l'endocarpe sont un peu plus larges et leur membrane plus mince. L’embryon est use tee homogène " (PL. 12 et 13, fig. 24). | Nous ne connaissons pas les fruits complètement mûrs de l'A. Rev. gén, de Botanique. — IV 17 Tes" REVUE : GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 1 Falconeri; ceux que nous possédons sont bien plus minces | que dans les deux espèces précédentes, et pourvus d’une hypo- physe rudimentaire (PI. 12 et 13, fig. 21). Les cellules épidermi- ques du pédicelle ont déjà pris un développement exagéré mais insuffisant pour former une hypophyse distincte. I se peut -que les fruits parfaitement mûrs de l'Æ. Falconeri ressemble- ront davantage à ceux des espèces européennes. En tous cas, cette hypophyse existe et constitue le caractère de lakène de toutes les Hépatiques. Joue-t-elle quelque rôle dans la dissémi- nation de ces plantes, c’est une question à laquelle nous sommes “obligés de répondre dans le sens négatif. Nos Hépatiques se -sèment toujours sur place à l’aide d’un mécanisme très simple. Après la fécondation des carpelles, le pédoncule floral, dressé jusqu'alors, commence à s’incliner et finit par se coucher à h surface de la terre. Il se courbe alors au-dessous de l’involucre et presse sur la terre les akènes garantis contre les accidents par les trois folioles de l'involucre en guise de toit. I est diffi- cile de concevoir quel peut être le rôle biologique de l'hypophyse. (A suivre.) RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS Par M. Henri JUMELLE (Suite). 9° INFLUENCE D'UNE TEMPÉRATURE DE 55°. — Après les expériences précédentes, on pressent de suite que l'assimilation, déjà très affaiblie après une heure à 50°, et, en général, complètement supprimée après trois heures, ne doit supporter que pendant un temps très court une température de 55°. En fait, à part quelques exceptions individuelles, nous avons, dans la majorité des cas, constaté un arrêt complet de l'as- similation après un séjour d’une heure à cette température. La plante, retirée de l’étuve et exposée au soleil, absorbe de l'oxygène et rejette de l'acide carbonique. Nous chercherons maintenant à déterminer le temps pendant lequel, d'autre part, la même chaleur doit agir pour que la respiration elle-même subisse un affaiblissement marqué. Nous Suivrons la marche de ce ralentissement dont les expériences faites à 50°, qui n’ont duré que quelques heures, nous ont simple- ment montré le début. Dans les tableaux suivants qui résument nos recherches, nous COMparons, à la lumière et à l'obscurité, les échanges gazeux de Lichens qui sont restés, pendant un nombre variable de Jours, à 55°. 260 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 1° Physcia ciliaris MIS À L'ÉTUVE A 55°. HANGES GAZEUX ECHANGES G Le" | à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heu DURÉE | —— Acide = eo e | DU SÉJOUR Oxygène carbonique co? absorbé (—) |; ce Sn D | dégagé (+) à 55° r. e £ ne. loire met | déegé th : de Lichen. dé Lichen; c.c cc c.c 4 jour 2,213 1,977 0,85 —1,410 +-1,603 , 144 0,607 0,82 » » 3: — 0,618 0,496 0,80 —0,210 —+-0,205 4 — 0,230 0,330 » » 5 — 0,600 0,54% » » » 6 —, 0,160 0,150 » » 1 —., 0,462 0,415 » —0,887 —+-0,674 “ | Non mis à -=1,;4 éiive 4,005 3,404 0,85 +0,387 —0,275 ee | 2° Ramalina fraxinea MIS ÉGALEMENT A L'ÉTUVE A DD. ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX à l'obscurité, en 147 heures. à la lumière, en 7 heures. DURÉE EE ——— ! Acide Oxygène nr | pu s#iouxn | Oxygène | carbonique |. co2 aber A Pieteme V2 a Ag ce dégagé D dé ra séad é , T, égagé L k dé Lien. | D'Lichon. ne ete | de Lichen. de Lichen. Ê cc. c.c. c.c, c.c. 1 jour...| 0,792 0,736 0,93 —0,578 +-0,317 : 2 — ,..| 0,373 .| -0,467 » » » 3 — ...| 0,211 0,211 » » » & — .. 0,105 0,200 » » » 5 — “0,178 0,330 » ni. » : 6 — ...| 0,204 0,210 Em À24,997 : |: 40,409 | L mn 0,166 0,216 » ‘| —1,220 +-0,516 0 | n mIs à l'étuve. ÿ 923 | 2,943 | 0,75 | +2,257 | —41,963 [1,15 Le Cladonia rangiferina, le Parmelia caperata, le Pertusartl amara ont montré, comme les deux Lichens fm un affaiblissement graduel de Ja respiration. On voit ainsi, par toutes ces expériences, que es après UP RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 261": jour à 50° l’intensité respiratoire est bien au-dessous de l’in- tensité normale. Cependant, mème après sept jours, le proto- plasme n’est pas complètement mort, car il y a encore des échan- ges gazeux appréciables. Un fait qu’il faut toutefois remarquer el qui est la meilleure preuve de l'altération profonde du phénomène respiratoire, c'est que Le rapport Se est modifié. Contrairement à ce qui se produit normalement, l'acide carbonique est souvent rejeté en quantité plus grande que l'oxygène absorbé. Tous ces Lichens remis au dehors, chacun avec son substra- tum, ont perdu peu à peu leur couleur verte et sont morts. En même temps que les expériences précédentes, nous avons fait, comme précédemment pourles températures moins élevées, quelques expériences analogues sur d’autres Cryptogames. Sans détailler ici les résultats obtenus pour ces plantes, disons sim- plement qu’une Hépatique, le Frullania tamarisci, une Mousse, le Dicranum scoparium, nous ont amené aux mêmes conclu- sions que les Lichens que nous avons citès. Mais nous devons insister davantage sur le cas que nous à offert une autre Mousse qu’on trouve communément, à l'état sec où humide, sur les arbres : l'Orthotrichum affine. Cet Orthotrichum a été mis à l’étuve avec les autres Lichens, il a donc été soumis aux mêmes conditions de température. Les : résultats que nous a fournis l'étude de ses échanges gazeux, | après séjour à l’étuve, sont consignés dans le tableau suivant : 262 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Orthotrichum affine MIS A L'ÉTUVE À 55°. ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX à l'obscurité, en 17 heures à la lumière, en 7 heures. DURÉE + ——— : Acide ÜDissbne Acide Oxygène ‘ 0 pu sésoun | jee carbonique |) | absorbe (—) maire 7 ) ü ; ar { gr. dégagé — LE Et ou à 55. ‘Orthotri- | par 1 gr. 0 dégagé (+) | dégagé (+) chum d'Orthotri- par { gr. PTE she d'OFthotrichum d'OFthotr hum | CC c.c. cc c. © 1 jour...| 2,968 2,077 | 0,70 » » 2 | 2,625 1,837 | 0,70 | +2,755 | —1,837 1,50 3 à 2,643 2,493 | 0,83 | -+3,245 2,193 1,48 k — ..,| 1,863 1,602 | 0,86 | 0,441 | —0,395 1,12 Be, 5é 1,836 1,385 | 0,70 » » » ARE 2,818 2,338. | 0,83. |-+-2,600 . | —1,733 1,50 L .-.l 2,880 2,471 | 0,86 | <+0,816 | —0,530 1,54 Pétuve. | 2,216 1,817 | 0,82 | +2,543 | 1,817 1,10 Une seconde expérience avec la même espèce nous a donné les mêmes résultats. Après sept jours à 55°, la fonction assi- milatrice n’a pas disparu, elle se manifeste encore avec une intensité à peu près normale. : Bien que le fait paraisse exceptionnel, il montre combien il faut toujours se garder de trop rapidement généraliser. Ce que 2ous avons dit plus haut de l’altérabilité rapide de la chlorophylle s'applique à la généralité des cas, mais il peut se présenter des exceptions. En résumé done, chez les plantes qui passent facilement, par ‘ st R] ’ . " Li) dessiccation, à l’état de vie latente, une température de 55 détruit en général, très rapidement et en moins d’une heure le pouvoir d’assimilation; le. protoplasme lui-même ne Sup”: porte cette température que pendant un temps assez court, Cal’ après vingt-quatre heures, la respiralion est déjà très affaiblie. On trouve cependant des plantes qui, comme l'Orthotrichum affine, sont encore capables de décomposer l'acide carbonique après être restées sept jours à 55°. 6° INFLUENCE D'UNE TEMPÉRATURE DE 60°. — Un Physcia par ie- tina a été mis à l’étuve à 60° avec son substratum. 2. fée métier vint es dis d ans ri NS à AE TE D nr Cr de bi LÉ EP, D, leg ù 4 | F 1 ; RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. - 263 Après une demi-heure, la plante a perdu tout pouvoir d’as- similation : exposée au soleil, elle a dégagé de l’acide carboni- que, pendant qu’un autre Physcia de la même espèce, qui n'avait pas été porté à l’étuve, a rejeté, au contraire, de l'oxygène. A l'obscurité les échanges gazeux ont été les suivants : egag DURÉE DU SÉJOUR D re ACIDE CARBONIQUE Co? nt par 1 de ma ide: par 1 gr. de Lichen. 0 CC: c.c 1 Rated firs 2,104 1,746 0,83 &hebres.:, #4 5,798 4,696 0,81 Non de à l'étuve.… 4,660 3,821 0,82 Après quatre heures à 60°, il n'y a donc pas encore eu d’affai- blissement dans l'intensité respiratoire. De même, à l'obscurité, un Physcia ciliaris, qui élait resté cinq heures à l’étuve, a absorbé, pour 1 gramme de poids sec, 4%,677 d'oxygène pendant qu’un autre Physcia, qui n'avait pas été mis à l’étuve en absorbait, pour le même poids, 4 centimè- tres cubes. Par contre, après un séjour de six heures à 60°, un exemplaire de la même espèce n’absorbait plus, dans les mêmes conditions que les Lichens précédents, que 1,34 d'oxygène. Nous avons trouvé des résultats analogues avec le Ramalina fraxinea et V Evernia prunastri. Au sujet de cette dernière espèce — qui s'est toujours pré- sentée d’ailleurs comme une des plus résistantes — nous ne Pouvons toutefois passer sous silence les résultats exceptionnels. ue nous à donnés un des échantillons sur lesquels nous avons. expérimenté. Ces résultats sont mentionnés dans le tableau ci- dessous. 264% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Evernia prunastri MIS A L'ÉTUVE À 60° ÉCHANGES GAZEUX ÉCHANGES GAZEUX à l'obscurité, en 17 heures. à la lumière, en 7 heures. DURÉE A Ë Oxygene era 0 cha dite Oxygène Pr Co? absorbé | n. décbarett: ) C absorbé dégage Des ,. ou HER à 60°, par 1 gr. par 1 gr. 0 dégagé (+) dégagé (+) de Lichen. | de Lichen. par 1 gr. par 1 gr. de Lichen. de Licheu. de c. c. c.c. c.c. S 5 heures.| 5,313 4,675 | 0,88 | 1,088 | —1,037 De Ba 4,290 3,861 | 0,90 | +2,036 | —2,000 | 1, du 4,480 4,032 0,90 » » { $0 En 3,26 | 2,704 | 0,84 | +0,423 | —0,353 , Non mis à À ar —1,405 1,03 V'étuve. © 448 | 3,103 | 0,90 | +1,47 , Ainsi après avoir séjourné neuf heures à 60°, cet Evernia à encore décomposé à la lumière l'acide carbonique de l’air. Le Ce fait, joint à celui dont l’Orthotrichum affine nous a déjà fourni un autre exemple, nous force d'apporter quelques restric- tions aux conclusions générales qui découlent de la grande Ma- jorité des expériences précédentes, car il n’est évidemment qu'une explication possible de la contradiction apparente de ces deux sortes de résultats. Les plantes vertes susceptibles de se dessécher sont donc capables d'offrir parfois à la chaleur une grande résistance; très rarement cependant les individus sont assez bien consti- ués pour survivre aux conditions anormales d’une température très élevée. Plus la chaleur devient intense et plus s’affaiblit la proportion des échantillons qui résistent. C’est pourquoi ce n'est plus que par exception qu'on constate, au delà d’un certain degré, la persistance normale de deux fonctions, respiration et assimilation. 3. Résumé. En résumé, deux des dernières expériences que nous Mr de citer démontrent que la chlorophylle, chez les VAE desséchés, peut résister à de très hautes températures. FROM SMS MR RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 265 : Orthotrichum affine laissé sept jours à 55°, et un ÆEvernia pru- nastri soumis neuf heures à 60° ont encore, après ce temps, décomposé normalement l’acide carbonique de l'air. Ce ne seraient là toutefois que des cas très rares, absolument. exceptionnels, car ce sont les deux seuls que nous ayons con- : statés au milieu d’un très grand nombre d'expériences. En règle générale, les Cryptogames que nous avons exposées : aux hautes températures — et nous devons faire observer que nous avons chaque fois opéré sur des échantillons fraîchement recueillis et laissés adhérents à leur substratum — ont, grâce à leur faculté de dessication, un peu mieux résisté que les végé- taux supérieurs, mais la différence a été, en somme, assez faible. La fonction assimilatrice surtout a toujours été supprimée très rapidement. Dans la plupart des cas, le Lichen a cessé d’être apte à décomposer l'acide carbonique de l’air après avoir séjourné un jour à 45°, trois heures à 50°, une demi-heure à 60°. La plus grande différence qui semble exister, sous le rapport de la résistance, entre les Lichens et les végétaux supérieurs est relative à la respiration. Pour une certaine température l’ab- sorption d'oxygène peut en effet chez les Cryptogames se pour- suivre encore normalement alors que l'assimilation a déjà depuis longtemps disparu. Tandis que la plupart des Phanérogames, après avoir été maintenues dix minutes à 30°, non-seulement n’assimilent plus, mais même ne respirent plus, des Lichens qui ont séjourné trois jours à 45°, quinze heures à 50°, cinq heures à 60° ont encore bien souvent présenté, au sortir de l’étuve, une inten- sité de respiration à peu près égale à celle des échantillons qui n'avaient pas été soumis à ces degrés de chaleur. L’altération du protoplasme semble ainsi généralement beau- OUp moins rapide que celle de la chlorophylle; ce serait, par Suite, surout à cause de l’altération fréquente et facile de cette dernière substance, que les plantes inférieures, bien que dessé- chées, Supporteraient, la plupart du temps, à peine mieux que les plantes supérieures, les températures élevées. Les végétaux dépourvus de chlorophylle sont ceux qui doi- Ap&e REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. so “ent, en conséquence, offrir le plus souvent une longue résis- tance ; et de ce fait on estamené à conclure, en ce qui concerne particulièrement les Lichens, que l’Algue est, chez ces orga- nismes exposés à une forte chaleur, l'élément qui souffre le pre- mier. Dans l'association, cette plante peut être déjà en voie de. dépérissement, alors que le Champignon conserve encore une vie normale. D MN one à. CHAPITRE IV La vie des Lichens aux basses températures. Les Lichens sont, par excellence, les végétaux supportant les froids intenses : personne n’ignore qu'ils deviennent avec les Mousses les principaux et presque les seuls représentants de la vé- gétation (1) dans des régions où la température s’abaisse jusqu’à 40 et 50 degrés au-dessous de 0° et où ne se rencontrent plus que quelques espèces particulières de Phanérogames, en nom-. bre toujours très restreint. ; Ces faits bien connus rendent un peu superflue, pour les basses températures, une série de recherches analogues à celles qui viennent d'être faites pour les températures élevées. Le pro- blème se trouvant déjà en grande partie résolu par la simple observation, il devient d’un intérêt secondaire de chercher à déterminer la différence de résistance qu'offrent, à mesure que l'intensité de froid s’accentue, ces deux catégories de plantes : Lichens et végétaux supérieurs. - Aussi, sans insister à ce sujet, nous attacherons-nous surtout, dans ce dernier chapitre, à l'examen d’un autre point beaucoup moins bien établi. Nos données actuelles ne nous fournissent, en effet, aucun renseignement précis sur les modifications que subissent, chez la plante exposée aux basses températures, les fonctions caracté-. fistiques de la vie manifestée : respiration et assimilation. Sans doute nous connaissons, d’une manière générale, la loi, qui règle les variations des échanges gazeux, de la respiration. mu Pour des renseignements détaillés à ce sujet, consulter en particulier le mé- moire de M. € ppert : Ueber das Gefrieren, Erfrieren der Pflanzen und Schutz- el dagegen (Stuttgart, 1883). | ù 268 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. en particulier, suivant le degré de chaleur. Nous savons que, tandis que l'assimilation paraît foujours rester à peu près cons- tante, la respiration s’affaiblit très rapidement à mesure que la température s’abaisse. Mais cette loi, qui est celle du phénomène considéré en lui, peut être, chez la plante, entravée ou modifiée par les circonstances accessoires qui se produisent dans la cel- lule soumise aux températures extrêmes. C'est ainsi qu'aux températures élevées, nous avons vu quel'al- tération souvent rapide de la chlorophylle tend à supprimer l'assimilation alors que la respiration s'exerce encore norma- lement. D'une façon analogue au-dessous de 0°, des influences di- _Yerses peuvent intervenir, indépendamment du refroidissement lui-même. 1] n’est pas douteux, par exemple, que la congélation, en retranchant de la cellule une quantité de plus en plus grande d’eau libre, n’ait sur la marche normale des nr fonctions une action des plus sensibles. Le degré inférieur de température auquel les échanges ga- Zeux, ainsi peu à peu affaiblis par la combinaison de causes variées, doivent enfin être annulés, n'a jamais, que nous Sa chions, fait l'objet de recherches suivies. Ni la respiration ni l'assimilation n’ont été étudiées au-dessous de 0°. ‘Le genre d'expériences que nous poursuivons en ce moment sur la physiologie d’une classe de plantes qui fournissent les espèces dominantes de la flore arctique nous amène tout natu- rellement à chercher à combler cette lacune. Comment se com- portent ces végétaux qui survivent aux basses températures ? À vrai dire, si l'on se préoccupe surtout de ce qui parait se produire le plus fréquemment dans la nature, la réponse est des plus simples. Lorsqu'on recueille pendant les gelées de l'hi- ver (1), sur les arbres ou sur les rochers découverts, des Lichens ou des Mousses, on constate de suite que, le plus ordinairement tous ces végétaux ne renferment pas la moindre proportion d’eau. Ils sont complètement desséchés, c’est-à-dire à l état de de } Henri Jumelle : . vie des Lichens pendant l'hiver (Mémoires de la Société | 90). (1 Biologie, 6 décembre dENETES RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 269 vie latente; toute fonction se trouve ainsi naturellement sus- pendue. | Toutefois, c'est là un cas fréquent, mais non nécessaire, Il peut arriver aussi que, pour une raison quelconque, la plante, bien abritée par exemple, ne perde pas l’eau qu’elle renferme et reste exposée au froid, à l’état humide. Le fait est d'autant plus possible que la dessiccation n’est pas, comme on serait peut-être tenté de le supposer au premier abord, la cause de la résistante particulière des Lichens et de beaucoup de Crypto- games inférieures, aux basses températures. En effet, disons-le de suite, et nos expériences le démontreront suffisamment plus loin: les Lichens soumis imbibés d’eau, même à des froids de — 40 et — 50 degrés, résistent, en général, aussi bien que des échantillons sces. C’est sur des individus ainsi maintenus humides, c’est-à-dire placés dans des conditions où ils ne sont pas normalement à l'état de vie latente, qu'il y a lieu d'examiner comment varient, . avec l’abaissement graduel de température au-dessous de 0°, les différents échanges gazeux qui s'effectuent entre la plante et le milieu, à l'obscurité et à la lumière. Aucune recherche n'ayant encore été faite en ce sens sur quelque espèce que ce soit, nous profiterons de l’occasion qui nous est offerte d’élucider un point encore obscur de physio- logie générale. Dans ce but, nous ne limiterons pas notre étude aux Lichens, nous l’étendrons en même temps à quelques autres plantes susceptibles également de- supporter, sans périr, des froids intenses. 1 — INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES SUR LA RESPIRATION. Il est facile, tout d’abord, de s'assurer que la respiration des Lichens non desséchés peut être encore sensible à des tempé- ratures inférieures à 0°. Un Parmelia Acetabulum contenant trois fois et demie environ Son poids sec d’eau a été placé à l'obscurité, pendant deux heures, à une température de — 2°, dans une éprouvette sem- :270 1 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. + -blable à celle que représente la figure 2 de la planche #4. A bout de ce temps, ce Lichen a absorbé 0,31 p. 100 d'oxygène et rejeté 0,25 p. 100 d'acide carbonique. Dans des conditions analogues, mais à unè température en- core inférieure à la précédente, à — 9°, un Physeia cilianisa, en une heure, absorbé, pour gramme de poids sec, 0,129 d'oxygène et dégagé 0,108 d'acide carbonique. Un Cladonia rangiferina, un Parmelià caperata, un Peltigera -canina, ont présenté, de mème, une absorption d'oxygène el un dégagement d'acide carbonique, à des températures variant entre — 9° et — 12°. Mais ces résultats, nous devons le faire observer, prouvenl surtout que le phénomène respiratoire, considéré en lui- même, est encore appréciable, bien que très affaibli, à —10°. Il ne suit pas de là qu’en réalité un Lichen séjournant un certain temps à cette température continue à respirer. Les re- ches précédentes n'ont, en effet, eu qu’une durée d'une ou deux heures. Or il n’est pas impossible d'admettre que, le con- Lenu cellulaire se congelant lentement, la respiration soit encore sensible après deux heures parce qu’une partie de ce contenu est encore liquide, mais ne le soit plus quelques heures plus tard, après congélation complète. Pour être fixés sur ce point, nous avons laissé exposé au froid le Parmelia Acetabulum précédent, qui avait déjà séjourné deux heures à — 2. Ce Lichen est resté pendant douze heures è une température qui a été quelque temps encore (4 heures) de —. 2° puis est descendue à — $. . Pendant la première expérience qui avait duré deux heures à — 2°, le Parmelia avait dégagé 0,25 p. 100 d’acide carboni- que. Dans cette seconde expérience où la température, avan! de descendre à — 8°, est encore restée quatre heures à ra © même Lichen n'a plus dégagé que 0,31 p. 100 d'acide carbon” que, c'est-à-dire, en un temps bien plas long, à peu pre # mème quantité que précédemment. SE D'une façon analogue, 1 gramme {poids sec) de Physeia cihsars a absorbé: wie | 1 j 1 3 | ; L À RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 271 En une heure à —- 9:54. he 0°",129 d'oxygène ; Pendant l'heure suivante à — 9. . . .. 0°"°,050 — Pendant deux autres heures à — 10°, . 0:,030 — En dix-huit heures la température est ensuite remontée de — 10° à — 4°; La quantité d'oxygène absorbé a été de 0°",066. Enfin, la température restant de — 4° pendant quatre heures, celte quantité a été égale à 0°%,100. En d’autres termes, pendant la seconde heure de l'expérience, la respiration a diminué d'intensité et est devenue bien plus faible que pendant la première heure, bien que la température n'ait pas varié. Pendant les dix-huit heures qui se sont ensuite écoulées entre la troisième et la quatrième analyses, cette température s’est même constamment élevée, et cependant la quantité totale d'oxygène absorbé a été à peine supérieure à celle qui avait dis- paru pendant la seconde heure à — 9. De même, à la fin de l'expérience, il a disparu, en quatre heures à — 4°, moins d'oxygène qu'au début, en une heure à 199, Ces différences, contraires à celles qui devraient se produire si l’action de la température était la seule agissante ne s'expliquent que si l’on admet que la quantité d’eau restant libre dans les üssus à subi une diminution progressive ; cetle diminution ne peut avoir d’autre cause que la congélation. L'hypothèse que nous avions faite se trouve donc confirmée par l’une et l’autre des expériences qui précèdent; il y a bien, Comme nous le supposions, aux basses températures, alors même que le degré de froid demeure invariable, affaiblissement gra- duel de la respiration, dû à une congélation de plus en plus grande. | La faible quantité d’oxygène absorbé par le Physcia caliaris, après un séjour de quatre heures à — 10° laisse en outre en- trevoir que cette température doit être voisine des dernières li- miles auxquelles le phénomène respiratoire est encore sensible en des périodes de temps limitées. C’est, en effet, ce qui a lieu. Des éprouvettes renfermant des Lichens imbibés d’eau ont 272 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. été placées dans un mélange d’une partie de sel marin et de deux parties de neige. La température s’est abaissée très rapidement à — 20°, est restée stationnaire pendant quatre -heures, et est re- montée ensuite, en une heure, jusqu’à — 15°. Or, pendant ces cinq heures, des exemplaires de Cadonia _rangiferina, d'Evernia prunastri, de parmelia caperata, de Phys- cia ciliaris n'ont pas apporté dans la composition de l’atmos- phère des éprouvettes, de modification sensible. En résumé donc, la température la plus basse à laquelle nous ayons observé nettement le phénomène respiratoire chez les Li- chens est — 10° environ. L'arrêt de la respiration, au-dessous de ce degré, est évidem- ment produit, entre autres causes, à la fois par l’abaissement même de température agissant directement sur la fonction, et par la congélation qui soustrait à la cellule une quantité de plus en plus grande d’eau libre. À — 10° et au-dessous, on a pu remarquer, dans nos expe- riences, que l'intensité resptratoire va encore s'affaiblissant gra duellement jusqu'à une certaine limite alors même que la mi pérature est devenue déjà, depuis un certain temps, stationnaure. Cela s'explique aisément par ce fait que le degré de congéla- tion correspondant à une température déterminée n'est pas atteint immédiatement, aussitôt que cette température se pro duit, mais ne l’est qu’au bout d'un certain temps, sous lin- fluence persistante du froid. Et, à ce propos, l'intensité relativement encore assez grande de la respiration, au début de l'expérience, chez les plantes eX posées à — 10°, prouve que par elle-même, la fonction resterait peut-être encore sensible quelques degrés plus bas si la congt” lation ne venait, d’autre part, ajouter son action propre: (A suivre.) RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT (suite). Durée d'une expérience. — J'ai étudié la respiration des plantes grasses en employant des tiges feuillées, des feuilles seules ou des raquettes. Les tiges feuillées étaient placées entières dans l'appareil chaque fois que leurs dimensions le Pérmeltaient (Sedum en général). : Les plantes grasses présentent, dans ce genre d'étude, un très grand avantage sur les végétaux ordinaires, car leurs frag- Ments continuent à vivre normalement pendant plusieurs heures après avoir été détachés, et même pendant plusieurs jours, en ce qui concerne les raquettes de Cactées un peu épaisses. J'ai done PU, Sans inconvénient, étudier la respiration à l'obscurité pen- | dant tout un Jour (9 à 10 heures) et tout une nuit (12 à 14 heu- res). Les plantes ordinaires sont beaucoup plus délicates. La diffusion des gaz à travers la paroi des plantes grasses n'est donc pas modifiée pendant la durée d’une expérience. Le travail de M. Mangin (1) sur la pénétration ou la sortie des gaz dans les plantes nous permet d’entrevoir, avant toute recherche Spéciale, que les Cactées pourvues d’une forte cuticule épider- t AE Matin : Recherches sur la pénétration où la sortie des gaz dans les plantes. la science agronomique, française et. étrangère. t. I, 1888.) Rev. gén. de Botanique, — 1Y. 27% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. mique ont de faibles échanges gazeux avec l'atmosphère, sur- tout si l’on songe, comme l’a montré de Candolle, que le nom- bre de leurs stomates est notablement inférieur à celui des autres plantes. M. Mangin a trouvé, en effet, que le Cactus et l’Aloès sont rangés parmi les plantes dont la surface cutinisée se laisse le moins rapidement traverser par l'acide carbonique. Les Crassulacées, dont les feuilles ont un épiderme mince, se rapprochent de la plupart des végétaux ordinaires. Leurs échanges gazeux nous paraissent, dès maintenant, devoir être supérieurs à ceux des Cactées. Gaz contenus dans les organes étudiés. — Les plantes intro- duites dans une atmosphère confinée peuvent en modifier la composition par le mélange mécanique préalable de l'air que contiennent leurs lacunes avec l’air extérieur. MM. Bonnier et Mangin ont fait remarquer que, par le brassage du gaz tant interne qu’externe à la plante, on en peul facilement obtenir la composition exacte. Ils ont montré que les plantes ordinaires, le plus souvent, ne modifient pas la com- position de l'air extérieur, leur atmosphère interne étant très réduite. Le brassage préalable de l’airest done à peu près inutile avec ces végétaux. Une observation du même genre s'applique aux plantes grasses peu charnues et pourvues d'une mince cui- cule, comme la plupart des Crassulacées : après brassage, la com- position de l'air n’est pas changée, parle mélange à l'air extérieur du gaz renfermé dans ces plantes, surtout si elles sont plongées dans un volume d’air 45 ou 20 fois égal à leur propre volume: Mais pour les Crassulacées très charnues, le brassage de l'air est indispensable avant de faire une prise de gaz quelconque: Le résultat n’est malheureusement pas aussi satisfaisant ave les Cactées. Malgré le brassage, si parfait qu'il soit, on ne esé obtenir un mélange homogène du gaz de la plante avec l'ai! ambiant, car le gaz intérieur se déplace assez difficilement dans les lacunes. Ainsi, j'ai soumis au vide, approché à 3 où # centimètres de mercure, une raquette de Cactée plongée ee de l’eau distillée et récemment bouillie, sous une éprouvette RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. © 275 … réposant dans un cristallisoir également plein d’eau (le tout était recouvert d’une cloche); le gaz intérieur de la raquette s'en est échappé au début, avec abondance, par la section de base et les cicatrices d'insertion des feuilles tombées: ce gaz se rassemblait au sommet de l’éprouvette au-dessus de l’eau; j'ai laissé rentrer de l'air dans le récipient; la pression atmo- sphérique à fait pénétrer l’eau dans les lacunes de la raquette à la place de l’air précédemment extrait. J'ai répété la même opération cinq ou six fois successivement, et des bulles sazeuses se sont toujours dégagées; les dernières bulles étaient, il est vrai, de très petit volume. La composition du gaz recueilli de cette manière, bien que légèrement modifiée par la dissolution d’une faible partie de ce gaz dans l’eau, montre que l’air intérieur des Cactées et des Crassulacées épaisses diffère assez de l'air extérieur. Les résul- ais suivants proviennent de six expériences d'extraction de gaz faites en juin et juillet 1891, à 9 heures du matin : Noms : Composition des plantes. _ du gaz extrait. { CO?— 1,50 | Vive lumière Crassula arborescens (ile ay O —26,45 avant | Ai = 72 05 | 9 heures. ETS UT: ; Id. O —22,78 Ciel couvert. AZ: —=71,00 | + | CO?=— 0,85 Sedum dendroideum .…........... O —18,35 | Vive lumière. | Az — 80,80 COEUR Phyliocactus grandiflorus ....... | O —25,33 Vive lumière. Az —74,% } : r CO2— 0,67 OUpuntia tomentosa . ...........: | o — 24,02 Id. Az —75,31 CH DT |. Opuntia dejecta. | O =—3935,63 | Id. l'az —73,90 | Dans quatre expériences sur six, la proportion d'oxygène à tion Re Crassulacées étaient totalement injectées d'eau dès la troisième opéra- vide et de rentrée d’air dans le récipient. 276 à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. été comprise entre 24 et 26,5 p. 100; cette proportion a été moindre pour le Crassula arborescens, le jour où le ciel était couvert le matin (7 juillet). C’est qu’en effet la lumière était trop faible pour provoquer une active RD er des acides organiques formés pendant la nuit. Ainsi, malgré l’imperfection du procédé que je viens de décrire pour extraire le gaz interne des Cactées et des Crassu- lacées épaisses, je puis conclure que : L'atmosphère interne des Cactées et des Crassulacées épaisses diffère notablement de l'air extérieur ni sa composition centé- simale. Le volume de cette at hère interne est-il bien considérable? Pour l'évaluer d’une manière approchée seulement, j'ai cherché augmentation de poids éprouvée par des feuilles de Crassula et des jeunes raquettes d'Opuntia injectées d’eau distillée par le procédé décrit plus haut, et j'ai rapporté à 4 gramme de poids frais cette augmentation, en admettant que toutes les lacunes ont été remplies d’eau et que le volume de la plante n'a pas changé. Dans une première expérience, une feuille de Crassula arborescens dont le poids frais était 3,354 a subi, après injection, une augmentation de poids de 12,232; le volume total de son atmosphère interne était donc, par suite des conventions précédentes, de 4 centimètre cube 232; pour À gramme de poids frais, l'atmosphère interne était de 0° 307. Pour une autre feuille de Crassula arborescens, ratatili interne rapportée à 1 gramme de poids frais a atteint 0,323. Pour une grosse raquelte, jeune encore, d’ Opuntia marina: ce volume a été de 0°" ,245. L'atmosphére interne : des plantes charnues atteint donc le quart, le tiers, et quelquefois plus, de leur volume total, et la com position de cette atmosphère est différente de celle de t air ext rieur. Il ést donc indispensable de procéder avec soin au bras sage du gaz renfermé dans l'appareil à respiration, avant d'y faire une prise quelconque, bien que ce brassage ne soit qu "imparfait Il semble qu'en présence de telles incertitudes sur la véri- table composition des mélanges gazeux, les conclusions quê ss © RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 277 serai conduit à formuler au sujet de la respiration et de l’assi- milation des plantes grasses ne présentent pas de garanties suf- fisantes pour être acceptées sans hésitation. Je répondrai à cette objection toute naturelle que, dans toutes mes expériences, j'ai pris soin de placer les végétaux dans un volume d’air de dix à vingt fois supérieur au leur en général. Je puis calculer à peu près, d’ailleurs, l'erreur commise dans l'appréciation de la composition de l'air. Un gramme de poids frais de Crassula arborescens renferme, d’après l’une de mes expériences, un volume d'air égal à 0,323 qui contient, à la proportion de 79,2 p. 100 dans l’air, un vo- lume d'azote égal à 0°",323 x 0,792 = 0°*,256. Je suppose que, d’après une analyse faite le 6 juillet 4891, l'atmosphère in- terne de la plante renferme, à neuf heures du matin, au début d'une expérience, 28 p. 100 d'oxygène et d'acide carbonique, soit 100—28—72 p. 100 d'azote; 0°",323 renferment seule- ment : 0°%,323 X 0,72 = 0°"°,933 d'azote. Je fais une erreur de 0°%,256 — 0°%,233 — 0°",023 pour l'azote et par gramme de poids frais de la plante, en admet- tant que je n'ai fait aucun brassage préalable, prenant comme composition totale de l'air confiné dans l'appareil la composi- tion de l’air extérieur. Mais la plante est placée dans un vo- lume d’air de dix à vingt fois supérieur au sien; l'erreur est donc diminuée dans la même proportion ; c'est-à-dire qu’elle 0°°,023 , 0°"°,023 “A0 varie entre soit entre 2"%,3 et 1"%*,15 Pour un volume d’air de 10 à 20 centimètres cubes, c’est-à- dire de 79 = à Aie ou de Ta à 0 par rapport à l’a- z0te total. Cette erreur est donc négligeable. Ainsi malgré les imperfections que j'ai pris soin de signaler, ét qui sont toutes inhérentes à un procédé expérimental quel- Conque, mes résullats présentent une précision suffisante pour que les conclusions ‘auxquelles ils donneront lieu aient une réelle valeur scientifique. D'ailleurs on remarquera die loin que l'étude de Ja respira- 2178 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tion d’une mème espèce de plante grasse (Crassulacées) a donné, dans des conditions identiques et avec des organes divers, des va- 2 leurs du rapport ie tellement voisines que ce rapport peut être 0 considéré commeconstant dans ces 14: tfamant définies Nature des gaz émis et absorbés dans la respiration des plantes grasses à l'obscurité. — MM. Bonnier et Mangin ont montré que les plantes ordinaires absorbent de l'oxygène et dégagent de l'a- cide carbonique à l'obscurité, sans modifier la quantité d'azote de l'atmosphère où elles sont plongées. La quantité d'oxygène absorbée différant généralement de la quantité d'acide carbo- nique dégagée, la proportion pour 100 d’azote varie dans le cours d’une expérience sans qu'il y ait pour cela un changement effec- tif dans le volume d'azote confiné. Aussi les‘deux savants phy- siologistes ont-ils lenu compte de la constance de l'azote pour y ramener les proportions d'oxygène et d'acide carbonique échangées parles plantes avec l'air ambiant, dans chacune de leurs expériences. | Suis-je en droit de procéder ainsi avec les plantes grasses? En un mot, {es plantes grasses émettent-elles de l'azote? J'ai parlé plus haut, dans l'historique de la question, des recherches méticu- leuses faites par Boussingault à ce sujet. Parmi les expériences que j'ai réalisées avec les Cactées (pour lesquelles surtout il im- porte d'envisager la question), j'en citerai une seulement, du 18 novembre 1891. Une jeune raquette d'Opuntia maxima D (fig. 64) de 145,009 fut placée dans une éprouvette B, pleine d’eau distillée récemment bouillie, laquelle s’engageait dans une éprouvette à pied A pe tenant une petite couche de mercure C et une certaine quantité d'eau distillée. Je fis le vide dans l'appareil qui communiquti" avec une pompe d'Alvergniat P par un tube #, à robinet 7, ir versant le bouchon E de l’éprouvette A (Le bouchon E était recouvert d’une épaisse couche de gélatine glycérinée). Le vide fut approché à 25 millimètres de mercure et main” tenu jusqu'à ce que les bulles gazeuses, s’échappant de la ra” RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 219 quetfe et de l’eau, eussent cessé de se dégager. Je laissai rentrer de l'air dans l’éprouvette À de manière à injecter partiellement d’eau la raquette D. Je fis le vide à nouveau et rétablis la pres- sion ainsi, six fois de suite, jusqu'à ce que la raquette n'émiît plus de bulles gazeuses d’une manière appréciable. J'enlevai le gaz extrait de la raquette et j'exposai celle-ci, dans l'appareil même, totalement plongée dans l’eau qui remplissait l’éprou- vette B, à la lumière solaire directe pendant quatre heures (de 11 heures du matin à 3 heures du soir). Quelques bulles ga- zeuses s’'accumulèrent en haut de l’éprouvette B, et je refis la même opération que le matin, de manière à recueillir à peu près mércure ; B, éprouvette pleine d'eau distillée avec une raquette de Cactée D ; E, bouchon de liège recouvert de gélatine glycér ans et x vs un tube t'avec robinet r», Le tube { met en communication l'éprouvette À avec une pompe d'Al- rgniat P. lout le gaz qui avait pu se former dans la patslié pendant son insolation. J’obtins ainsi 0°*,75 environ d'un gaz mb pour Composition centésimale : CO1 = 9,53 0 =—73.60 . Az=23.87 Le gaz dégagé renfermait de l’azote dont le volume dégagé par 1 gramme de poids frais était égal à : Orne, 75 X 23.87 = 0 illim. iron. 100 X 14.009 — 0cme,0128, ou 13 millim. cubes envi Le volume de l'atmosphère interne de la raquette, déterminé Par son augmentation de poids dans l'eau dont elle a été in- jectée, à été trouvé de 424 millimètres cubes par __. de Poids frais. 280 ; REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. PE En faisant le vide à 25 millimètres près, il est resté dans la ra- quette, par gramme de poids frais, { volume d'air égal à rai — 13mmc 8 contenant 13mme,8 X 0.792 — 10mme 9 d'azote, Ainsi la quantité d’azote dégagée dans l’eau par la raquette (12°"°,8) est comparable à celle (10""° ,9) qui a pu rester-dans cette raquette par suite du vide incomplet. J'ai obtenu, dans . plusieurs cas comme celui-ci, un léger excès d'azote dégagé; mais la proportion en excès me paraît de- voir être attribuée à la solubilité de ce gaz dans le suc cellulaire. Il résulte de ce qui précède que : : Les Cactées ne dégagent pas d'azote provenant de la décompo- sition de leur substance. L'azote qu'elles émettent en méme temps que l'oxygène dans leurs échanges gazeux à la lumière, est en | quelque sorte drainé par l'oxygène dont la tension devient très forte dans l'atmosphère interne de ces plantes. | A l'obscurité, ce drainage est très faible ou méme nul, pe que les Cactées puisent de l'oxygène au dehors sans émfssion bien considérable d'acide carbonique. | En résumé : 1° L'atmosphère interne des plantes grasses diffère assez de l'air extérieur, non par la nature des gaz qui la composent, mais par les proportions relatives de cès gaz. 2° Les plantes grasses ne dégagent pas d'azote provenant de là décomposition de leur substance propre. 3° Le brassage réalisé au début et à la fin de chaque expt- rience est suffisant pour que les données de l'analyse puissent être considérées comme satisfaisantes. Ces trois points acquis, chaque expérience donne lieu à ee analyses par lesquelles on détermine les compositions centési- males des gaz au début et à la fin de l'expérience. Comme 8°” néralement la proportion pour 100 d'azote n’est pas la tro dans les deux cas, je ramène toujours les volumes d'oxygène absorbé et d'acide carbonique dégagé au volume d'azote con” RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 281 tenu dans le gaz initial, admettant, ainsi qu'il résulte des considérations précédentes, que le volume d'azote n'a pas changé. Soient V, et V, les volumes d'oxygène et d’acide carbonique contenus dans le gaz initial; V,' et V.' les volumes des mêmes 8az Contenus dans l'atmosphère finale rapportés au volume d'azote du début : La différence V, — V,' donne la quantité d'oxygène absorbé et V,'— V, indique celle d'acide carbonique dégagé par la plante. Lie e — V, CO? sie : ŸY = y St la valeur du rapport 1. de l'acide carbonique dégagé à l'oxygène absorbé par le végétal pendant la durée de l'expérience. ré J'ai noté le temps pendant lequel la plante a été soumise à la respiration dans l'obscurité, la température, le poids frais de la plante et le volume de l'air dans lequel elle a été placée. Par des calculs très simples, j'ai évalué à l’aide de ces nom- bres et exprimé en millimètres cubes, les volumes d'oxygène ab- sorbé et d'acide carbonique dégagé, en une heure, par 1 gramme de poids frais du végétal étudié. Exemple. — Une tige de Sedum reflerum, pesant 1%,65, est placée à l'obscurité dans 34°%,6 d'air, à la température de 23°, depuis 6 heures 25 du soir jusqu'à 8 heures 25 le lendemain matin. ; L'analyse du gaz au début donne 20,79 d'oxygène et 19,21 d'azote, — À Ja fin de l'expérience, les divisions lues sur l'appareil à analyses sont : ne ant es ra ds par la potasse.. 452,9 a _ le pyrogall. | 68,9 d'oxygène. de potasse. 384 Les proportions pour 100 de ces gaz sont : sal 68,9 PR . 81 84 pour CO? et Bt — 14,32 pour l'oxygène. La Composition centésimale du gaz à la fin est: CO? — 5,84 O— 14,32 Az— 79,84 282 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. “VITRE Ramenant les proportions d'oxygène et de C0* à 79,21 d'a- zote, on a : CO?— 5,79 O — 14,21 Az = 79,2 On en déduit : CO? dégagé — 5,79 0 absorbé — 20,79 — 1421 — 6,58 CO’: 5:79 Le ra = — — ; e rapport 6.58 088 Cherchons maintenant les volumes des deux gaz échangés par À gramme de poids frais de la plante en une heure. La marche à suivre étant la même pour chacun d'eux, je l'indi- querai pour l'acide carbonique seulement. La quantité d'acide carbonique contenue dans 1 centimètre cube d’air à la fin de l’expérience est 0°",0579; 34°*,6 en mr ferment : 0°*,0579 x 34,6, volume d'acide carbonique dégagt par 1,65 de la plante en quatorze heures. En une heure, { gramme de poids frais de la plante à dé- gagé : a = eme 087 ou 87 millim. cub. de CO?. Le volume d'oxygène absorbé dans les mêmes conditions est 87 , NE de 0.55 — 99 millimètres cubes. (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 À DÉCEMBRE 1891 (Suite). Les Gleichéniacées sont actuellement une des familles de Fougères les plus mal connues au point de vue de la germination de la spore, de la formation des prothalles et des produits-sexuels. M. RAUWENHOFF (1) a entrepris de- puis nombre d'années déjà de combler celte lacune. Il fait connaître aujour- d'hui l’ensemble des faits qu’il a observés. Excepté chez le Gleichenia flabel- lata où elles sont bilatérales et en forme de petits haricots, les spores des Gleichéniacées ont une structure radiaire; arrondies d’un côté elles sont limitées de l’autre par trois faces sensiblement planes de façon à figurer un segment sphérique surmonté d’une pyramide triangulaire. Les arêtes laté- râles des faces planes sont épaissies el il en est de même de la partie moyenne des êt de! base ; ces A L ép 7 Ps 4 p 4 CS Saillie à l'extérieur. La paroi est formée de trois couches : la périspore très mince, l’exospore épaisse et stratifiée, l'endospore, très mince ; aucune d’elles ne donne les réactions de la cellulose. Au moment de la maturité le contenu est d'un jaune d’or foncé. On n’y trouve pas d’amidon mais des globules de nature inconnue ayant l'aspect et non les réactions des corps gras. Les Cultures présentent les plus grandes difficultés. Au moment de la germina- Hon la spore perd sa couleur jaune puis verdit bientôt par formation de chlorophyile ; ses globules d'aspect graisseux se fragmentent et elle acquiert de l’amidon. Elle s’ouvre par écartement de ses trois valves lorsqu'elle est Tadiaire, de ses deux moitiés quand elle est bilatérale, et le contenu fait Saillie sous forme d’une papille dont la paroi qui, pour Leitgeb représente l endospore, est, pour l’auteur, de nouvelle formation. On peut voir alors que la Spore s’est divisée par une cloison en deux cellules, l’une verte qui est l'initiale du prothalle, l’autre incolore qui est le premier rhizoïde. Dans la règle, la cellule à chlorophylle, qui s’accroit rapidement, forme à Ja Suite de cloisonnements répétés un filament de 4-12 cellules dont la termi- nale donne naissance à un prothalle cordiforme par le mode habituel chez les Fougères. Le prothalle présente un coussinet axial et est pourvu de rhizoïdes ordinairement bruns. Les anthéridies apparaissent de bonne heure, Principalement entre les rhizoïdes; on peut en trouver aussi à la face supé- feure du prothalle ; leur développement et leur déhiscence ne présentent "en de bien particulier. Lés archégones apparaissent un peu plus tard sur 11 N-W.P. Rauwenhof : La génération sezuée des Gleichéniacées (Archives Néer- *ndaises, t. XXIV, p. 157-231, 7 pl.). 284 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. le coussinet, dans la partie la plus voisine de l’échancrure et toujours sur la face inférieure. Leur structure est d’abord la même que dans les autres Fou- gères, mais plus tard, pendant les premiers stades du développement de l'œuf, leur paroi se dédouble en deux assises cellulaires. L'auteur attribue ce fait à la lenteur de la croissance de ces plantes. L'oosphère fécondée donne naissance par divisions successives à un corps globuleux à petites cellules dont la cellule apicale de la racine est la première à se différencier ; la jeune plantule perfore ensuite les parois de l’archégone et se développe tout d'a- bord aux dépens du prothalle. On peut observer dans la formation du pro- thalle un certain nombre de déviations dont M. Rauwenhoff décrit quelques- unes. La génération sexuée des Gleichéniacées est done maintenant aussi bien connue que celle des autres Fougères. 18° Croissance. Les travaux relatifs à à la croissance terminale de la tige des Punnbrogatl sont aussi nombreux que contradictoires. Si l’on s’en tient à leurs résultats les plus généraux, on peut cependant les ranger dans deux catégories. Dans la première se placent ceux qui concluent à l'existence d’une cellule génératrice termaier, Korschelt, Dingler, etc.), dans la seconde ceux qui admettent plu- sieurs cellules génératrices (Hanstein, Sanio, N. Müller, Karsten, Vôchting, Haberlandt, etc.). M. H, Douior (1), ayant repris l’étude de la question, arrive aux conclusions suivantes : Dans la très grande majorité des Dicotylédones, la tige est terminée par trois cellules initiales donnant respectivement l'épi- derme, l'écorce, le cylindre central, et dans un petit nombre d'autres par deux initiales seulement : dans ce cas une initiale est commune à l'écorce et au cylindre central; chez les Monocotylédones, le cas de deux initiales es! le plus vase cher les Gymnospermes, la tige n’a partout qu’une seule ini- tiale à sons D'autre darts \ L. Kocu (2), qui vient de publier un travail très étendu sur la croissance terminale de la tige des Gymnospermes, a toujours cons” laté dans ces plantes l'existence de plusieurs initiales dont le nombre n'esl pas fixe, mais ne descend jamais jusqu’à l'unité. On voit que la question est loin d’être résolue. Le botaniste non prévenu hésitera longtemps encore à accepter les résultats d'observations dont le contrôle est si difficile, et qui revêlent ici plus qu'ailleurs un caractère absolument individuel. LL, — ANATOMIE APPLIQUÉE À LA CLASSIFICATION. 1° Dicotylédones. — a. Gamopétales. Campanulacées et Lobéliacées. — On sait que les deux nusliie des Lobé- (1) H. Douliot : Recherches sur La croissance d'érargd de la Fo des, Phang0g® mes (Annales des sciences se Botan. 7° sér. I, -350, 1890): 7, Recherches sur la croissance erminalé de la tige et a la Ma des Graminées (ibid., 7e sér., t. XIII, p. 92-102, 1891). (2) L. Koch : Ueber Bau und Wachsthum der Sprossspitze der P hanerogare” Jabrbücher fur wissenschafiliche Botanik, Bd. XXII, Heft 4, p. 490-680, 1891). } ME REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 285 liacées et des Campanulacées sont très voisines des Composées par leurs caractères morphologiques; d’après M. J. Seziemann (1), elles s’en rappro- chent beaucoup aussi par l’ensemble de leur structure anatomique. Loganiacées. — Les Loganiacées constituent une famille très hétérogène dont les genres sont apparentés aux Rubiacées, Scrophularinées, Apo- cynacées, Genlianées. Des recherches anatomiques de M. H. SoLergpeR (2), il résulte que la tribu des Gærtnérées établie par MM. Bentham et Hooker dans cette famille pour les trois genres Gærtnera, Pagamea et Gardneria, doit. être démembrée. D’après l'auteur, le genre Gardneria doit rester parmi les Loganiacées, mais se placer dans la tribu des Strychnées entre les genres Strychnos et Couthovia; quant aux genres Gærtnera et Pagamea, ils doivent se placer dans la famille des Rubiacées, tribu des Psychotriées, entre les genres Chazalia et Psychotria. On sait que, d’après de Bary, les ilots libériens intercalés dans le bois secondaire des Sfrychnos résultent de l’activité centrifuge du cambrium et que M. Hérail les considère au contraire comme étant d’origine centripète. MM. D.-H. Scorr et G. BREBNER (3) qui ont pu étudier le développement de ces formations sur des matériaux frais, se rangent à l'opinion de M. Hérail, Les groupes libériens interligneux sont, d'après ces auteurs, indépendants les uns des autres dans les entre-nœuds, mais contractent des anastomoses dans les nœuds. Le bois placé à la partie interne de chaque ilot est formé de : fibres ligneuses, le bois externe de parenchyme ligneux. Les auteurs ont trouvé des tubes criblés médullaires dans la racine, mais n’ont pas observé la formation d’ilots libériens dans le bois secondaire des racines âgées. Apocynées. — D'après M. LeonxarD (4), les Apocynées, tout en formant un groupe naturel, présentent peu de caractères anatomiques généraux. En de- hors de la disposition en files radiales régulières des éléments du bois et de l'existence, sauf cependant dans l'Arduinia spinosa, de tubes criblés péri- médullaires accompagnés de fibres non lignifiées, tous les autres caractères Sont dépourvus de généralité, L'auteur considère comme de faible valeur Systématique, à cause de leur inconstance, un cerlain nombre de particula- rités de structure signalées comme caractéristiques par M. Solereder; il en est ainsi, par exemple, de la résorption complète des cloisons transversales des grands vaisseaux, des ponctualions aréolées du prosenchyme, etc. Convolvulucées. — M. D.-H. Scorr (5) a étudié divers points de l'anatomie de l'Ipomæu vérsicolor, et en particulier la marche et la structure des faisceaux dans leur passage de la racine à la tige. Il a observé dans l’axe hypoco- © (1) J. Seligmann : Ueber anatomische Beziehungen der Campanulaceen und mr zu den Compositen (Botanisches Centralblatt, Bd. XLIII, n° 12, p. 1-5, (2) H. Solereder : Studien über die Tribus er Gærtnereen (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, General-Versammlungs-Heft, Abth. 1, p. 70-100, 1890). (31 D.-H. Scott and G. Brebner : 04 thé Anatomy and Histogeny of Strychnos (Annals III, n° 11, p. 275-304, 2 pl.) É me (4) M. Lconhard : Beilräge zur Anatomie der Apocynaceen (Botanisches Central- biatt, Bd. XLV, nôs°1-5, 1891. : 5) D. H. Scott : On some points in the Analomy 0f Ipomæa versicolor (Annals of San, Vol. V, no 18, p. 113-280, 1891). Le à fi Mt a om 286 REVUE GENÉRALE DE BOTANIQUE. RS tylé et dans les parties voisines de la racine et de la tige la formation d'un bois secondaire renfermant des plages criblées qui d’après lui dérivent de l’activité centrifuge de l’assise génératrice. Orobanchées. — On sait que les Lathræa et les Orobanche sont réunies dans une même famille, celles des Orobanchées par un certain nombre de bota- nistes descripteurs, tandis que d’autres rapprochent les Orobanche des Gesnéracées et les Lathræa des Scrophularinées et plus particulièrement des Rhinanthées. D’après M. M. HoveLacque (1), l'étude comparative des ca- raclères anatomiques des Rhinanthées, des Lathrées et des Orobanches montre que les Lathrées sont beaucoup plus rapprochées des Rhinanthées que des Orobanches. Il reste à chercher les rapports entre ces dernières et les Gesnéracées. Labiées. — On sait que M. Émize Burnar (2) a déjà publié sous le titre : Matériaux pour servir à l'histoire de la flore des Alpes-Maritimes, une série de monographies substantielles sur différents groupes intéressants de végétaux des Alpes-Maritimes (Rosa, Hieracium, Festuca). Cette collection vient de s’enrichir d’un nouveau volume consacré aux genres Mentha, Ajuga, Lyco- pus, Teucrium, Scutellaria, Galeopsis, Rosmarinus. Ce travail, dû à M. J. Bn- QuEr (2), présente cette supériorité sur la plupart des monographies consa- crées à l'étude systématique de groupes de plantes queles caractères analo- miques y sont étroitement associés aux caractères morphologiques et que les données biologiques ont été aussi mises à profit dans une large mesure. Après une étude sur l’anatomie, la morphologie et la biologie générales des plantes de la famille des Labiées, l’auteur consacre un. chapitre spécial à l'examen détaillé des caractères morphologiques, anatomiques et biolo- giques de chaque genre, de ses subdivisions et de ses espèces où variélés. Chaque chapitre renferme un tableau synoptique résumant ces carac- tères pour le genre auquel il est consacré. Dans le cours de ses recherches l'auteur a constaté que si la concomitance des caractères morphologiques; anatomiques et biologiques peut s’observer dans un certain nombre de cas elle est loin d'être constante. On a tort, en conclut-il, de se représenter uné plante comme un organisme dont toutes les fonctions sont fatalement liées les unes aux autres. Tel changement dans les conditions extérieures pourra n'affecter qu'une certaine catégorie de fonctions, de sorte qu'il en résultera une discordance finale, Utriculariées et Gentianées. — Les diverses espèces du genre Utrieularia ont été l'objet d’une étude approfondie à la fois morphologique el biolo- gique, due à M. K. Gæsec (3). Pour ce botaniste, les organes foliacés des Utriculaires ne sont que des cladodes et ce point de vue parait être confirmé par les diverses particularités du développement de ces plantes. M. Gœbel, (1) M. Hovelacque : Caractères anatomiques généraux des organes végétatifs ” Rhinanthacées el des Orobanchées (Bulletin de la Société d'études scientifiques de Paris, 11° année, 2e semestre). he rs - Br ns pour servir à l'histoire de la Flore des Alpes-Marilinie A Conévo et Bâle, HE Cook. 128 Pr UE PER + Goebel : Morphologische und biologische Studien (Annales du Jardin botaP} que de Buitenzorg, vol. IX, p. 1-126, 1890). : REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 287. en ssh a fait des recherches sur la morphologie et l’anatomie de quel- ques espèces du genre Limnanthemum. Pour lui, l'opinion d’Eichler, d'après laquelle CIRE de ces plantes serait un rameau latéral est inexacte ; la plante est entièrement sympodiale. L'auteur montre, en outre, que la longueur de l’axe de l’inflorescence est toujours en relation avec la profon- deur de l’eau. Ebénacées. — De ses recherches sur les caractères morphologiques et ana- tomiques des diverses espèces du genre Euclea (Ebénacées), M. Pauz Par- MENTIER (1) conclut que l’Euclea racemosa constitue un type nodal à affinités multiples autour duquel les autres espèces du genre peuvent venirse ranger. Ericacées et Epacridées. — On sait que par leurs caractères morphologi- ques les Epacridées sont voisines des Ericacées. D’après M. F. Simon, (2), leurs fibres péricycliques à ponctuations aréolées. Les Epacridées, en outre, présentent un certain nombre de caractères propres : parois radiales des cellules épidémiques fortement ondulées, fibres ligneuses à ponctuations aréolées, ponctuations des parois transversales des vaisseaux ordinairement scalariformes ; toutefois ce dernier caractère n’a pas la constance que lui attribue M. Saleréder, Quant aux Ericacées, l’auteur admet avec MM. Nie- denzu et Breifell que les caractères anatomiques de leurs feuilles ont une haute valeur systématique. b. Dialypétales. Saxifragacées. — Les Saxifragacées constituent une famille par enchaine- ment réunissant des plantes si différentes les unes des autres qu'on n'a pu Jusqu'à présent fournir un résumé de ses caractères morphologiques sans se heurter aussitôt à de nombreuses exceptions. Il n’y a donc pas lieu de S'élonner que M. THouvenIN {3) n'ait pu réussir à donner la diagnose ana- tomique de cette famille. L'anatomie ne lui a pas permis non plus de dis- linguer les unes des autres les tribus établies dans la famille, à cause sans doute des nombreuses formes de passage qui les relient entre elles. M.K. Leisr (4) n’a pas été plus heureux dans les tentatives qu'il a faites Pour concilier dans les diverses sections du genre Saæifraga les caractères anatomiques avec les caractères morphologiques. Cucurbilacées. — Les Cucurbitacées étudiées jusqu'ici au point de vue anatomique étaient toutes herbacées, M. C. Porter (5) décrit la structure (1) P. Parmentier : Sur Le genre Euclea (Ébénacées) (Comptes rendus de l'Acadé- mie des sciences, 13 juillet 189 2) F. Simon : Bei iträge zur ver. gleiche ende Anatomie der Epacridaceæz und Erica- ( si ‘gr ets S Jahrbücher für Systematik, Pflanzengeschichte, ete., Bd. XIII, Heft 1, f 18901. (3) Thouvenin : Recherches sur la structure des Saxifragacées (Annales des scien- ces naturelles, Bot tan., 7e sér., t. XII, p. 1-174). (4) K. ville: Beiträge zur vergleichende Anatomie der Saxifrageen (Botanisches t, Bd I, nos 6-12, é (à) G. Potter : On the increase æ diet thickness of the stem of the mettre (Proceedings of the Cambridge Philosophical Society, vol. VII, Pt. I, p. 14-16, 2p PE À — Fr note on the thickening of the stem of the Cucurbi taceae (ibid. +, p. ENST UN SCT ne REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Fa celte différence toutefois que l'écorce est dépourvue de sclérenchyme. Dans les rameaux plus âgés, le cambium conserve son activité et détermine l’ac- croissement en épaisseur de la tige comme dans les autres Dicotylédones ligneuses ; en outre, de nouveaux faisceaux apparaissent entre les faisceaux primaires. Passiflorées. — D'après M. W. Russez (4), la vrille des Passiflores repré- sente un rameau axillaire modifié qui peut présenter à sa base plusieurs rameaux secondaires dépourvus de feuilles axillantes, dont le premier peut donner soit un rameau feuillé, soit un pédicelle floral; les suivants de- viennent des pédicelles floraux ou bien avortent en tout ou én partie. Mélastomacées. — Des observations de M. Pu. Van Tircuem (2), il résulte que les Mémécylées doivent prendre définitivement place parmi les Mélasto- macées, dont elles forment une tribu bien caractérisée par son bois secon- Prorirs (3), l'anatomie d'accord, d'ailleurs en cela avec la morphologie, exige le démembrement dé la tribu des Kerriées. Deux de ses genres (Kerria, Ne- viusia) doivent continuer à se placer à côté des Spiréacées eL des Potentillées dont les rapproche en particulier l’origine péricyclique de leur périderme ; quant au troisième (Rhodotypus), qui s'éloigne des deux autres spéciale- ment par sun périderme sous-épidermique et en outre par des caractères morphologiques importants, il doit être exclu de la tribu des Kerriées. Des recherches ultérieures pourront seules faire connaitre sa véritable place. Légumineuses. — D'après M. P. Vuiccemn (4), la structure anatomique des teuilles de Lotus est telle qu’elle permet de définir ce genre, qu'elle donne des indications sur ses affinités et qu’elle fournit des matériaux pour la distinction et le groupement des espèces. : (4) W. Russell : Recherches sur la vrille des Passiflores (Bulletin de la Soc. botan. de France, t. XXXVII, fasc. IV, p. 189-191, 1890). ] ?) Ph. Van Tieghem : Sur La structure et Les affinités des Mémécylées (Annales des Sciences naturelles, Botan., 7e série, t. XIII, p. 23-92, 1891). re (3) G. Protits : Vergleichend-anatomische Untersuchungen über die Fepetations organe der Kerrieen, Spireaceen und Potentilleen (Sitzungsberichte der kais. Aka mie der Wissenschaften zu Wien. 67, 1891). iété (4) P. Vuillemin : Sur la structure des feuilles de Lotus (Bulletin de la Soci 213). (A suivre.) A. PRUNET. Revue generale de Botanique. ee à ie Tome #4 Planches Wet 1 Ed, une communication entre le flacon F et un appareil à prises. Toujours suivant le même pro- cédé, nous introduisons, à l’aide de cet appareil, de l’acide car- bonique en F, et nous recueillons pour l’analyse, avant et après l’expérience, une petite quantité de l'air du flacon. La température à laquelle se trouve soumise la plante est in- diquée par un thermomètre {non représenté sur la figure) qui pénètre dans ce flacon à travers une seconde ouverture, percée à la partie supérieure. Nos recherches ont d’abord porté sur l’Evernia SM Nous donnerons, sous forme de tableau, les variations de la température pendant la durée de chaque expérience. _ Evernia prunastri. — Pendant le tem ps que des Evernia pru- nastri imbibés d’eau sont restés dans le flacon F, la tempéra- ture de l'air de ce flacon a subi successivement les variations suivantes : d res TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE INTENSITÉ OBSERVATION. DANS L'APPAREIL. EXTÉRIEURE. LÉ LUMIËÈR E. “ie 0° 13° Lumière diffuse. 8 35 : er 5 # Fi 8 50 ni Fa È - Soleil. 9 45 ue ‘A. 9 50 _ 90 id 10 45 % 1 id 10 50 : Lu + ve 41 20 5 de 41 30 22147 Lure “usé. Le — % sr Soleil. Se — 25 5 id. 2 45 if + 15 Ê d 3 5 TS ee 4 45 — 20 du + Lumière diffuse. M 7 #3 + 45 id. DRE La prise initiale d'air dans le flacon a été faite à 8 heures 50, alors que le thermomètre marquait — 14°. Une seconde prise a été faite à 12 heures 30, par une température de — 32°. LE L “\ RECHERCHES PAYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. CIE On voit que, que cet intervalle de temps (4 heures envi- ron), la température qui s’est abaissée, en un quart d'heure, jus- qu'à — 20° est restée en sommé entre — 20° et — 32°, en passant par un maximum de — 37°. : Or, la composition de l'atmosphère du flacon a été ainsi mo- difiée : il a disparu 0,68 p. 100 d'acide carbonique et il y a en plus 0,75 p. 100 d'oxygène. Une troisième prise et une troisième analyse ont été faites ensuite à 4 heures 15. La température qui était, peu auparavant, de — 37°, est restée entre — 30° et — 20°. Pendant ces quatre autres heures, la plante a décomposé 0,67 p. 100 d'acide carbonique et dégagé 0,80 p. 100 d'oxygène. Ges quantités sont sensiblement les mêmes que celles absorbées où dégagées pendant le mème temps par la plante, dans les quatre heures précédentes. La réalité de l'assimilation dans ces deux séries de recherches n'est pas douteuse. Physcia ciliaris. — Pendant le cours d’une autre expérience, faite avec le Physcia ciliaris, les températures observées ont été les suivantes : 312 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. HEURE TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE Ne de chaque - , pe: OBSERVATION. DANS L'APPAREIL, EXTÉRIEURE. LA LUMIÈRE. 815 + 12° + 120 Lumière diffuse. 8 30 — 10 + 43 id. 8 50 a id 9 — 30 id 419 — 34 id 9 25 — 38 9 35 — 4 Soleil 10 15 — 39 + 44 10 40 — 35 id 10 50 — 38 id. 11 4 + 15 id. 11 30 — 33 5 “467 12 — 29 Lumière diffuse. 12 45 — 30 id. 4:46 — 26 5 + 16 Soleil. 130 — 95 es 2 — 41 17 id, 3 30 1418 va Lumière diffuse. 4 15 — 16 11 Soleil. 4 35 — 14 id. 5 20 — Ai Lumière diffuse. 6 = 8 + 16 id. La prise initiale de gaz a été faite à 8 heures 50, à une tem- pérature de — 23°,5, et la seconde à 1 heure et demie, à une température de — 9%. Nous n'avons pu ici constater aucune modification dans la composilion de l'atmosphère du flacon. Une troisième prise à alors été faite à 3 heures 20, la tempé” ture étant de — 44°, Mais Ja composition de l'air était 16 encore identique à celle que nous avons observée au début de l'expérience. | Le Physcia ciliaris ne paraît donc pas avoir assimilé à e mêmes températures auxquelles nous avons constaté une dé- Composition d'acide carbonique par l'Evernia prunastr. Juniperus communis. — En dehors des Lichens, nous aVOD$ voulu répéter des expériences analogues sur les Conifères. Pour varier, el comme nous avons déjà eu l'occasion d'opérer Su? l'Epicea, nous avons choisi ici une autre plante de la mème ” mille, également résistante, le Juniperus communis. ÿ F ne RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 43 Des rameaux de Genévrier ont été mis, comme les Lichens, dans le flacon F. La température, pendant la durée de l'expé- rience, à varié ainsi que l'indique le tableau ci-dessous : ° d'age TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE DE Re OBSERVATION. DAXS L'APPAREIL. EXTÉRIEURE. LA LUMIÈRE. 8" + 9° Lumière diffuse. 8 12 4 id. 8 30 c'e + 20° id 8 35 ur id 9 18 id ù 10 — 17 € 20 = 93 21 6 9 25 2:97 7 c 9 30 ue d e 45 Lt 8 à 0 5 a 9% 22 d. 10 45 he ta re k: 10 25 nn id. 10 35 12 É Soleil. 10 50 . AT À | Lumière diffuse. 11 10 a id. a 23 id. 42 30 LE rs 5 à Soleil. 12 45 — 97 id. 1 — 37 Lumière diffuse. 1 50 as id. 2 15 + id. 2 40 199 id. 2 55 — 32 Soleil. 3 10 di :488 Lumière diffuse. 3 25 — 32 + 22 id. 3 35 — 30 id. 4 30 ài ab HE 5 00 — 22 id — 90 + 20 id. w _ température de l'alcool dans lequel plonge le flacon est à ce moment de — 24°. — La première prise de gaz a été faite à 8 heures 45 et la seconde * midi. Les branches de Genévrier sont restées pendant ce as (3 heures et demie environ) à une lumière presque se inosllement diffuse, à une température qui ses abaissée ha à Peu de — 17° à — 40°, puis est remontée, dans la dernière éMi-heure, jusqu'à — 33°. 314 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ne Or, elles ont décomposé 0,75 p. 100 d’acide carbonique, et 1,05 p. 100 d'oxygène. Une troisième prise et une troisième analyse ont été faites à 3 heures 35. Pendant ces 3 heures et demie, la température est restée, en moyenne, de 35°. Les feuilles ont décomposé 0,60 p. 100 d’acide carbonique et exhalé 0,80 p. 100 d'oxygène. Enfin, de 3 heures 35 à 6 heures 15, 0,40 p. 100 d’acide car- bonique ont encore disparu du flacon, remplacés par 0,50 p. 100 environ d'oxygène. Il y a eu, par suite, de 9 heures à 6 heures, assimilation con- tinue du carbone de l’air par les feuilles de Genévrier. 3. — CONCLUSIONS. Ainsi, l'Evernia prunastri et des rameaux d'Epicea et de Ge- névrier soumis, soit dans l'appareil Drion et Loir, soit dans le Cryogène Cailletet, à des froids de 30 et 40 degrés au-dessous de 0, ont encore, en présence de ces basses températures, décomposé, à la lumière, l'acide carbonique de l'air. Les ana- lyses faites plus haut à plusieurs reprises ne laissent à cet égard aucun doute. Nous n'avons pu, il est vrai, observer fait semblable avec deux autres Lichens : le Physcia ciliaris et le Cladonia rangife- rina. Jamais ces deux plantes exposées aux mêmes tempéra- tures que les précédentes n’ont apporté la moindre modification sensible dans l’atmosphère qui les entourait, mais ce sont là des différences spécifiques dont il nous semble qu'il n’y à pas lieu de s'étonner. Nous devons, en effet, faire une seconde fois re marquer que l'Evernia prunastri à, dans les conditions n0ï- males, des échanges gazeux plus intenses que le Physcia ciliaris et le C/adonia rangiferina. Or l'assimilation, tout en persistant aux froids les plus vifs, est cependant de plus en plus affaibli par différentes causes, dont la principale est vraisemblablemen! la congélation des tissus. On conçoit que le phénomène peut ainsi, sous l'influence de ces différentes causes retardatrices, M rester appréciable, en un laps de temps déterminé, que C7 RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 315 les plantes où, normalement, grâce à l'abondance des cellules vertes, il se manifeste à un haut degré. Beaucoup de Lichens hétéromères, renfermant peu de gonidies relativement à leur masse générale, rentreraient, pour cette raison, bien plutôt dans le cas du C/adonia ou du Physcia que dans celui de l'Evernia. 11 est probable, au contraire, que la plupart des. Conifères et, parmi les Cryptogames, le plus grand nombre des Fougères et des Mousses se comportent comme l'Epicea et le Genévrier. Quant à l'explication de cette persistance de la fonction assi- milatrice chez ces dernières plantes jusqu’à — 30 et — 40 degrés, elle semble au premier abord d’autant plus difficile, que la décomposition de l'acide carbonique, comme toutes les autres fonctions, exige, ainsi que nous le savons, la présence dans les issus d’une certaine quantité d’eau libre. Toute l’eau de la plante ne se trouverait donc pas encore toujours congelée à — 40°. Sur ce point, il est à rappeler que, dans le phénomène de la tongélation des tissus, deux faits sont à considérer : 1° l’eau est, dans la cellule, à l'état de solution ; 2° elle est en même temps, Par Capillarité, retenue à l’état d’eau d’imbibition dans les pores Intermoléculaires de la membrane et du protoplasme. Chacune de ces circonstances tend à abaisser le point de congélation, et c'est Pourquoi la glace ne se forme que rarement, dans la plante, à 0°, mais bien plus souvent à une température infé- rieure. Sous ces deux influences réunies, il n’est pas impossible qu'il “ue dans la cellule, jusqu'à des températures très basses, au “oins une petite quantité d’eau libre. La meilleure preuve qu'en réalité on en puisse donner est la continuation assez gé- Nérale de la respiration jusqu'à — 10°. Cela montre bien que éme à l'obscurité, la congélation complète ne se produirait d'ordinaire, au plus tôt, qu'aux environs de ce degré. Il suffira, Alors, qu'à la lumière, une nouvelle cause intervienne qui ajoute a son action aux précédentes, pour ie 2. Mpératures les plus inférieures, n'ait plus lieu de nous Surprendre. | 16 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Or, c’est un fait connu que les rayons solaires, quand ils pé- nètrent à l'intérieur d’un morceau de glace sur une bulle d'air ou sur des corps solides, échauffent et liquéfient la glace envi- ronnante. Que pareil phénomène, comme cela n’est pas dou- teux, ait lieu dans les tissus congélés exposés au soleil, nous avons là le troisième facteur dont l’action s’ajoutant à celle des précédents retardera, à la lumière, jusqu’à des températures excessivement basses, la congélation complète de la plante. Toutes ces explications, sans doute, ne sont, pour le moment, que des hypothèses; et en dehors des trois causes que nous ve- nons de citer peut-être en existe-t-il d’autres, d'influence égale, sinon prédominante. Quelles qu’elles soient, et quelles que soient aussi les raisons des différences spécifiques observées, un pont nouveau de physiologie végétale n’en reste pas moins netfemels établi par les expériences et les analyses répétées faites sur cer- taines espèces : * Tandis que la respiration s'affaiblit très rapidement à mesu” que la chaleur diminue, la fonction assimilatrice, bien pis a dépendante de la température, se manifeste encore aux froids les plus intenses. C'est ainsi que des Conifères telles que l'Epicea et le Ge vrier, des Lichens tels que l'Evernia prunastri, exposés humides à des températures inférieures à ®, ont continué à assimiler, s la lumière, le carbone de l'air, dans une atmosphère où la tempertr ture s'est abaissée jusqu'à — 40°: chez ces mêmes plantes, au contraire, la respiration a toujours complètement disparu, 4 l'obscurité, à partir de — 10° environ. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. + s Sansrepr 1 . ; ui de 1 té "+ d FE 1 0 Mit pit Rs : ; : à srle avons déjà eu l’occasion, d’énoncer à la suite de chaque # it x ‘ idem nos recherches, nous pouvons, en terminant, jeter rapi ot ess : ve une vue d'ensemble sur les principaux résultats successi acquis au cours de ce travail : RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 317 I. — Contrairement à ce qu'on tendait à admettre, les Li- chens sont, au point de vue de la formation des substances hy- drocarbonées, indépendants du substratum sur lequel ils se dé- veloppent : ils peuvent n’emprunter à ce substratum que l’azote et la faible quantité de substances minérales dont ils ont besoin, etils sont, d'autre part, capables de puiser dans Pair, par l'intermédiaire de l’Algue, le carbone nécessaire à leur végé- tation. En effet, mème chez les Lichens hétéromères, où cependant la masse du Champignon prédomine sur l'ensemble des Al- gues, la résultante des échanges gazeux avec le milieu se tra- duit, à la lumière, par une décomposition d’acide carbonique ei un rejet d'oxygène. L'intensité de l'assimilation est toutefois, comme il est à pré- voir, très variable suivant l'espèce. Il y a lieu, sous ce rapport, d'établir en quelque sorte une division physiologique entre les Lichens fruticuleux ou foliacés et les Lichens crustacés. Ghez les premiers, l'assimilation l'emporte, la piupart du temps, sur la respiration, même à la lumière diffuse ; les Lichens crusta- cés, au contraire, ne présentent en général cette prédominance que lorsqu'ils sont exposés aux rayons solaires directs. IL, — Chez les uns comme chez les autres, l'intensité des deux modes d'échanges gazeux est en outre, pour une même es- pèce, très variable suivant le degré d'humidité de la plante. A mesure qu'un Lichen, primitivement sec et à l'état de vie latente, s'imbibe d’une quantité de plus en plus grande d'eau sous l'influence du substraium ou du milieu, ses fonctions res- piratrice et assimilatrice se modifient de la façon Ass qui est la même dans les deux cas: Au début, quand le Lichen ne renferme encore qu'une faible proportion d’eau, la plus légère augmentation de cette propor- tion suffit pour produire une accélération très grande des échanges gazeux. Dans la suite, quand le Lichen a atteint un certain degré d'humidité, l'intensité de la respiration et de l’as- similation ne s'élève plus, par contre, que faiblement, même Pour un fort apport d’eau. Enfin, il arrive un moment où non 318: à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. seulement l'accroissement d'humidité n'augmente plus l'éner- gie des échanges gazeux, mais même la diminue ; les Lichens saturés d’eau ont, en effet, des fonctions moins activesque ceux dont la proportion d’eau est un peu au-dessous du maximum. En d’autres termes, quand la quantité d’eau que renferme un Lichen va croissant, l'intensité respiratrice et l'intensité as- similatrice augmentent progressivement, passent-par un maxi- mum, puis diminuent; il y a ainsi, tant pour la respiration que pour l'assimilation, un optimum d'humidité. IL. — La propriété que possèdent tous les Lichens, — aussi bien Les espèces hétéromères que les espèces homæomères géla- tineuses — de pouvoir se dessécher complètement sans périr, permet à ces plantes de supporter des températures auxquelles le plus souvent ne résistent pas les Phanérogames. Tandis que chez ces dernières, tout échange gazeux avec le milieu est définitivement supprimé après qu'elles sont restées dix minutes à 50°, la respiration, chez les Lichens, se manifeste encore avec une intensité normale après trois jours à #5” quinze heures à 50°, cinq heures à 60°. Ce n'est toutefois que dans des cas très rares, paraissant tout à fait exceptionnels, que l'assimilation, d'autre part, persiste aussi longtemps. Presque toujours, cette autre fonction est déjà annulée après que laplante a été maintenue un jour à 45°, trois heures à 50°, une demi-heure à 6(°. Cette fréquente différence de persistance des deux fonctions, respiration et assimilation, est évidemment la preuve d'une iné- galité de résistance du protoplasme et de la chlorophylle aux hautes températures, chez la plante desséchée. IL suit de là que dans le Lichen exposé à la chaleur, l’altération de l'Algue 6st bien souvent déjà commencée alors que le Champignon est 62” core intact. La cellule verte a moins de chances de survivre qué la cellule incolore. IV. — Aux basses températures, la résistance des Lichens est ua fait bien connu, prouvé par de nombreuses observations. À ce sujet on à pu remarquer que, d'ordinaire, dans la nature, les Lichens soumis au froid sont, comme ceux qui sont exposés RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES LICHENS. 319 , aux températures élevées, à un état complet de dessiccation. Au premier abord, on serait assez tenté d’induire, par analogie, qu'ici encore la résistance du Lichen est due à cet état de sé- : cheresse. Nous avons vu, par nos expériences, qu'en réalité il n'en est rien: différents Lichens maintenus humides à 40° ont survécu comme des Lichens complètement dépourvus d’eau. Chez les individus ainsi maintenus humides à des froids in- lenses nous avons constaté la persistance de la respiration jus- qu'à — 10°, Mais le phénomène a toujours cessé d’être appréciable à partir de ce degré. L’assimilation au contrai peut rester sensible à — 40°. L'Evernia Prunastri, par exemple, a toujours, dans les expé- riences répétées que nous avons faites, présenté, à cette basse lempérature, en présence de la lumière, une décomposition d'acide carbonique accompagnée d’un rejet correspondant d'oxygène. En dehors des Lichens, nous avons retrouvé le même fait Chez des Conifères telles que l'Epicea et le Genévrier. L'assimilation, qu’on n'avait jamais jusqu'alors constatée au- dessous de 0°, peut donc, tant que, pour une raison ou pour une tire, il reste dans la cellule de la plante qui résiste une petite Juantité d’eau libre, continuer à s'exercer par les froids les plus intenses, alors que la respiration est déjà depuis longtemps Complètement supprimée. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche 4. Fig, 4 Di ee : x du Lichen |." 7 Dispositif employé pour mesurer les échanges gazeu ne le milieu. V: vas f Less renfermant le Lichen et reposant sur * Mercure dans la uve en bois G. En tournant le robinet r on fait passer, rs le tube t, dans l'appareil à prises, au déb t à la fin de chaque expé- l'obse” one petite quantité du gaz contenu en V. Pour les expériences à pie pité, Ce vase V est recouvert de papier noi diéie ee Second dispositif employé pour mesurer les échanges Ment sur le nified: L'apréovatte eu verre E est ee rad nt la cuve de l'appareil à analyses, au début et à la fin de l'exp Fig3. Let; de l'eau d’un vase plat «trs ichen (Physcia citiaris) est plongé dans l'eau D As mA el exposé au AE il se Roduit a dégagement de bulles d'oxy P'ouvant, d'une façon visible, l'assimilation chlorophyllienne. 320 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Planche 5. eil Dri i iifié de facon à istance de l’assi- Appareil Drion et Loir modifié de façon à prouver la persis “iètion chlorophyllienne chez les Lichens et les Conifères exposés à un roid d'environ 40° au-dessous de 0. ; és , lante mise en expérience est placée dans l’éprouvette T? qui plonge dans l’acide sulfureux liquide contenu en T!. is R. ans celte éprouvette T! arrivent d'autre part deux tubes: l’un, pds rête au-dessus du niveau de l'acide sulfureux ; l’autre S plonge auc dans l'acide. l'acide sulfureux liquide et produit un bouillonnement qui active l'évapora- ide. tion de cet acid En r- L'abaissement de température de l'éprouvette T? est indiqué par le the . 5 se ‘appareil atmosphère de T? est mise, à volonté en communication mere pé- à prises P par le tube S?. On recueille ainsi au début et à la fin > £ 1 cette Pour éviter le dépôt de vapeur d’eau et de glace à la surface PES » éprouvette est placée dans un vase en verre, bien clos, V,ren chlorure de calcium Cal. Planche 6. néthode, Cryogène Cailletet modifié de facon à prouver, par une en la persistance de l'assimilation chlorophyllienne chez les plante aux froids intenses. le tube T, La plante est placée dans le flacon F dont l'atmosphere esl, par mise à volonté en Communication avec un appareil à prises. F plonge dans l'alcool placé dans un vase méta paroi, intérieurement entouré d’un serpentin S. : jent À est la cavité comprise entre la doëble paroi; le serpentin $ Ve d aboutir par sou extrémité inférie é. ' sque li En tournant la roue R on produit la détente de l'acide carboniq Contenu dans le long cylindre incliné. A el L'acide carbonique Pass dans le serpentin puis dans la Mn 07 Ja s'échappe à l'extérieur par le tube S. Son passage dans le serp ératuré quide j ouvre La détente de l’acide carbonique se règle au moyen de la clef . Les enve- où ferme plus ou moins complètement l'entrée du serpentin. D nétallique à loppe de drap protégeant contre la chaleur extérieure le vase j double paroi. : sont le vase À G, plaque de verre recouvrant la caisse en bois B qui contient ‘€ double paroi. M, miroir reflétant les rayons solaires sur le flacon F. 1, Dans n08 X Le thermomètre indiqué sur la figure plonge dans l'alcool. ait, par dut périences, un second thermomètre (non représenté) plongeäl” tubulure supérieure, dans le flacon F. 7126. Bounier et L. Mangin : loc. cit. RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT (Suite). N 1, — RÉSULTATS NUMÉRIQUES DES EXPÉRIENCES SUR LA RESPIRATION DES PLANTES GRASSES ET DE QUELQUES VÉGÉTAUX ORDINAIRES. MM. G. Bonnier et L. Mangin (1) ont étudié le rap- Le . . .e Le 0! des gaz échangés par les plantes ordinaires avec l'air extérieur à l’obseurité, Les conclusions de leurs importants tra- Vaux ne sont pas toutes applicables aux plantes grasses, en par- FR 2 : À -üculier la constance du rapport is J'ai eu pour objet de sui- vre les variations de ce même rapport qui, chez les plantes grasses, se manifestent pour une même espèce avec : La respiration à l'obscurité, soit pendant le jour, soit pendant la nuit: L'âge et la carnosité de la plante ; Les variations de température : La persistance de l'obscurité. Des résultats obtenus peuvent être tirées des conclusions assez ‘ombreuses et assez importantes. J'ai pensé que l'exposé de ces lésullats sous forme de tableaux permettrait d’en faire mieux ét plus vite le rapprochement. Ces tableaux concernent un certain nombre d'espèces de lassulacées et de Cactées, une Mésembryanthémée et, parmi des familles variées, quelques espèces, les unes grasses, les au- les non charnues. : Rev. gén. de Botanique. — IV. TABLEAU I. — Crassulacées et Mésembryanthémées. à ; E Led NARÈRE 222 à Lg Ë Valeurs de = p. la respirat. Pa ms cf; bé À le ï ; Dunér, 4 poids frais en 4 heure en con l'expé- ä ; A ESPÈCES PLANTE, grammes, | en cent, €. rience. Ë us jour. de nuit. c* dégagé. 0 absorbé. | Jeunes liges...... . | 0.9921 26.5 | 13 VII 9M0 | 260 1 » 92.9 92.9 Sedum | Tiges fleuries ..... | 2.9890 51.5 Id. 9 00 | 26 0.97 » 125.0 | 128.8 { Grandes tiges ..... . 6500 34 VI ! { 0.98 » 121.6 | 124.0 reflezum. | Jeunes tiges....... 1.2450 30.8 | 7-8 VII | 16 20 | 19 ” 0.83 40.4 48.7 Grandes tiges ..... 1.6500 34.6 | 2-3 VII | 13 50 | 23 » 0.88 87.0 99.0 / Tiges jeunes. ...... 1.6425 24.4 ll 6h40 | 440 0.88 58.4 66.0 Sedum US PS .2035 36.5 24 IV 9 30 | 18 0.95 » 67.3 70.6 Tiges plus grandes. | 1.4830 22 2 6 50 | 21 0.99 » 85.5 85.9 COR, NO 5 ,,.:. .7510 24.8 ae VI 8 3 25 1 » 110.7 110.7 Et sde: 2.5070 38.9 | 2-3 VII | 14 10 | 23 » 0.82 68.4 83 à L Tige jeune:.....…. 1.9190 58.0 17 23 VII 700 | 24° 0.95 » 68.3 4.7 Sedum + adulis. fe. 4.6900 | 129.0 | 2 VI 15 | 34 1.01 » 206.8 | 204.7 Telephium. jeune. . 4... + 2.60 18.5 [15-16 VII| 12 30 | 148 » 0.60 36.7 61.3 — adulte..:.... | 4.6900 129.0 | 2-3 VII 50 | 23 » 0.76 71.9 | 102.1 Sedum Tige eue EN Æe 16.1400 | 144.5 | 21IV 830 | 12° 1 » 19.0 19.0 omadroidleum. = "Id, =. 5.80 89.0 | 3-4V | 18 20 | 18 » 0,41 127 31.1 TE feuillé . 14.550 112.0 49 Il 7845 | 4205 0.88 » 9.8 1.2 rastuté Feuilles. . fa.,..... 6.828 46.0 | 49H 3:35 |:33 0.87 » 14.4 16,6 Le ar 3 feuillé | : is He 25 IV 8 10 | 14 0.89 » 19.4 4.7 I .6 39. 3 VII & 16-15 0.88 » 91,1 65.1 arboresvens. | id. =... …. L 6.760 37.0 | 34 V | 18 45 | 18 » 0.24 er 2,7 ; \ Id. Ness 6.690 31.0 9-3 VIE | 44 15 |:93 » 0.52 29, 9 07.4 ! Rameau Pos: 4.979 4.5 | 23 TL 9h30 | 8° .88 » 28.8 32.9 Meseinbryanthe- | M, Et: 4.760 34.0 | 191V | 8 40 | 42 0.88 | 50.7 | 57.8 Ya. Lu ue 1.616 241 6 VI 00 | 23 0.93 » 72.2 71.6 mum deltoides. M ee. 3.290 35.5 |. 3 VIL 8 15 | 341 0.87 » 54.0 62.1 ; \ De st ere 3.290 35.5 2-3 VII | 13 50 | 23 0.83 48.0 56.2 8ce *“ANÜINYLO A0 A'IVUANYI ANAIU TABLEAU Il. — Cactées. NOMS NATURE POIDS | VOLUME DATE = the de co? AP be en mil. eub. pour 4 gr. des def FRAIS D'AI d Does 2 rs : A frais en 4 heure. en confiné l’expé- CR RE nn E ESA ge a wsrhoss. lis grammes. | en cent. c. | rience. Ë de jour. de nuit. œ dégagé. © äbsorbé. L .. Jeune tige feuillée . | 0.693 23.3 | 10 VI 9n25 | 200 0.88 » 253.8 289.4 Pereskia Id. | 1.084 | 30.9 | 23 VI | 5 25 | 2% 0.91 » 155.0 | 170.5 aculealu. Id. 0.804 26.5 | 29-301V | 15 45 15 » 0.86 99.0 114.9 | Id. 1.524 43.2 | 2-3 VIL | 14 10 23 » 0.84 104.2 124.0 | Rameau jeune :… 3.333 45.0 | 23 VII 8h10 | 24° 0.96 » 62.1 64,5 ot 6,302 49.5 10 VI 9 40 20 0.92 » 45.1 48.7 Phyllocuctus — trèsägé.. | 4.6515] 46.2 | 29 7 10 | 20 0.78 » 50.3 64.4 _ Jeune... 4.075 50.0 k 7 20 18 » 0.63 20.4 32.4 grandiflorus. — adulte ..> | 18.255 181.0 |29-301IV | 16 55 15 » 0.33 9.5 28.7 — adulte . 7.510 119.0 | 28-29 VI! 17 20 22 » 0.33 19.2 97.7 | — très âgé. + | 17.840 198.0 3-4 V | 17 00 18 » 0.09 2.55 27:2 L | Raquette très jeune. | 12.540 | 27.0 | 1ævi | gr5o| 25e | 0. » 19.7 26.8 — 8.335 87.0 3 VII 8 00 31 0:73 » 36.4 49.8 Opuntia — plus à a 14.135 78.3 | 23 VII 8 25 2% 0.49 » 10.8 22.0 — : Fr 18895 104.0 il 10 45 43 0.41 » 4.6 11.4 tomentosa. — très } Tue. 8.335 87.0 | 2-3 & 10 | 23 » 0.047 2.1 44.8 — [Es âgée. .135 78.3 |23-24 VII 45 10 20 » 0.00 0.0 23.17 — âgée ..... | 19:835 98.0 -6I 3 40 A1 » 0.02 0.145 159 ( Mamillarin | Plante de 3 ans.. 4.635 18.0. 3 VII | gn25 | 34 0.79 » 21.85 27.4 : : Id. .896 15.7 |16-17IV | 12 50 42 » 0.47 k.8 10.3 Newmanniana. Id. | 4.635 | 418.0 | 2-3 Vi | 14 20 | 23 » 0.00 | 0. 25.3 "SASSVU9 SALNVTId SH NOILVTINISSY LA NOILYUIdSAU 324 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. TAgLeau II. — Plantes diverses. ———— = ——"— Valeurs de CO? Vol. en mill.c.p. 1 gr. 0 Noms Poids frais Vol. d'air poids frais en 1 h. des espèces. en gr. : cm;c.. Temp. F jour. nuit. CO? dégagé. 0 absorbé, Euphorbia mamil- 6 ANS Se CE SES 4.63 2278 240 4 0% » 64.6 62.0 Id. E,e 5.78 41.0 18 » 0.34 46.4 47.1 Kleinia articu- lata(Composées). 10.102 39.0 24 0.99 » 29.5 . 29.7 ë “ses 10.10% 939:0 18 » 0.18 2.1 A4: Aloe spinosa (Lilia- Goes Ai TR 10,978: 90.5 "2 0.82 » 25.6 91.0 Rochea falcata (Crassulacées)... 8.9M5 40.0 PE eV | 21.08 : ee. 0.506 20.9 18 0.98 » 475.2 11747 TS “0.974 22.8 20 0.98 » 453.2 456.3 _ D:637 : 220:715 » 1.00 420.1 120.0 Ricinus communis. (Euphorbiacées).. 1.998 38.3 20 0.96» 192.2 199.9 Hedera Helix (Ara- pare liacées)......... L'O11 7 36,07 5:20 … 0:03.» 235.6 252.1 Triticum sativum (Grarminées)..... V,009 — din si 0.98 - » 283.2 290.9 Mese se 50 0 MAD à 46 28 =: 1:0% y» 186.2 179.0 Les tableaux 1 et Il renferment onze colonnes où sont ins- crites les indications relatives à chaque plante soumise à l'ex périence : son poids frais, le volume de l'air qui l'entourait dans l'appareil à respiration, la température, etc. Je n'ai pas mentionné les compositions initiale et finale de l'air, non plus que les résultats donnés par l'appareil à analyses, de peur de surcharger outre mesure les tableaux. Dans la cinquième colonne, l'indication 13 VII par exemple, qui signifie 43 juillet, indique que la plante a été placée gr l'obscurité pendant le jour; l'indication 3-4 IV, qui signifie 3-4 avril, indique que l'expérience a été réalisée pendant la nuit du 3 au 4 avril, Les valeurs du r CO, bre ssultats n0n apport 0 tirées de mes resullat mentionnés ici, sont inscrites : dans la huitième colonne lorsque RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 325 l'expérience a été faite à l'obscurité pendant le jour; dans la neuvième, lorsque cette expérience a eu lieu la nuit. Enfin les dixième et onzième colonnes renferment les quantités, en milli- mètres cubes, des gaz échangés, en une heure, par 1 gramme de poids frais de la plante, avec l'air ambiant; quantités qui ont été calculées d’après un procédé exposé précédemment. La comparaison de ces résultats peut être faite de deux ma- nières : ‘ ï: fn CO? 1° Par l'étude des variations du rapport sie 2° Par l'étude de l'intensité des échanges gazeux. CO* $ 2. — VARIATIONS DU RAPPORT GS 1° Variations du rapport des gaz échangés, à l'obscurité, entre les plantes grasses et l'atmosphère soit pendant le jour, sol Pendant la nuit. Des espèces grasses, appartenant à des familles très diverses, Ont élé, dans des conditions variées, soumises, dans une atmo- Sphère confinée, à l'obscurité soit pendant le jour, soit pendant là nuit, Quelles que soient ces espèces et ces conditions expérimen- lales, un fait général se dégage de mes observations : CO? ; ; »,: Le rapport D des gaz échangés par la plante avec l'air “Mérieur est variable, suivant que l'expérience a été faite à L vis : ï l'obscurité de jour ou de nuit. Examinons de plus près ce qui concerne chaque espèce prise Séparément et désignons par J la valeur du rapport ro ROME la espiration pendant le jour et par N la valeur de ce même “PPort pour la respiration pendant la nuit. À — Crassulacées. Pour le Secume reflexum on à : J=—1 sensiblement : N = 0,85 environ. 326 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le Sedum carneum est plus intéressant à observer: toutes ses tiges, prises à divers états de développement, ont été soumises à une température de plus en plus élevée avec celle de la saison où je les ai étudiées. J’ai obtenu pour J des valeurs successive- ment croissantes et se rapprochant constamment de l'unité, pour y parvenir au moment où l’activité vitale de la plante est maximum. J a varié de 0,88 à 1 N — 0,82 J>œN Le Sedum Telephium se prête à la même observation : J— 0,95 à 1 N — 0,60 à 0,76 Le Sedum dendroideum donne : À | | N—=0,#1 Les nombres fournis par le Crassula arborescens sont inté- ressants à consulter. La valeur J est très constante — 0,88. Quant à la valeur N, elle est, comme pour le Sedum dendroi- deum en particulier, notablement inférieure à J; elle a varié de 0,24 à 0,52. J— 0,88 N variable de 0,24 à 0,52 Il me paraît important de faire remarquer que ces deux dernières espèces ont des feuilles très charnues et qu'elles peuvent être considérées comme des plus grasses parmi les Crassulacées. Ainsi, pour les Crassulacées, le rapport wo est au plus égal À l’unité et les valeurs pendant la nuit en sont toujours plus pe lîites que les valeurs pendant le jour. B. — Mésembryanthémées. Pareille constatation a été faite pour plusieurs espèces de cette famille (Mesembryanthemum cristallinum, M. Cooperi, Le Mesembryanthemum deltoides donne : 3 — 0,87 à 0,93 | N — 0,85 RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 327 C. — Cactées. Cette famille est, au point de vue qui m'occupe ici, la plus intéressante à étudier, car elle offre des espèces très variées de lorme et de dimensions. | Le Pereskia aculeata, à rameaux grèles portant des feuille minces et bien étalées, donne des valeurs peu différentes du 2 rapport J— 0,89 en moyenne N = 0,85 EST La différence J — N devient beaucoup plus sensible chez le Phyllocactus grandiflorus dont les rameaux étalés sont plus épais déjà que les feuilles du Pereskia. J varie de 0,96 à 0,78 N varie de 0,63 à 0,09 Les valeurs les plus faibles, dans les deux cas, se rapportent à des tiges âgées. Je reviendrai plus loin sur cette observation. Avec les Opuntia apparaissent les Cactées en général consti- luées par des raquettes plus ou moins épaisses. Je n’ai reproduit, dans le tableau I] , que les résultats donnés par une seule SSpece, l'Opuntia tomentosa; mes observations ont porté sur des laquettes les unes très jeunes, les autres âgées. Ja varié de 0,73 à 0,41 is Na varié de 0,05 à 0 L'Opuntia mazima, dans deux de mes analyses, à donné : 3 — 0,90 N— 0,035 Avec l'Opuntia cylindrica, J a varié de 0,88 à 0,30 et N= 0,06 dans une expérience de respiration pendant la nuit du 5au 6 avril. L'Opuntia monacantha est l'une des espèces dont les ra- Jueltes sont les plus larges et les moins épaisses : Ja varié de 1à 0,77 — Na varié de 0,50 (en avr.), à 0,02 (enjuin et juil.) Une Cactée sphérique, le Mamillaria Newmanniana, a donné : . Pour J: 0,79 pour N: 0,47en avril, 0 en juillet. Ainsi, les raquettes d'Opuntia plus ou moins épaisses se tlées en boule peuvent, lors de leur exposition à l'obscurité 328 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de la nuit, ne pas dégager d'acide carbonique d'une manière 2 sensible, puisque la valeur N du Hot LS est représentée 0 par 0, 0,02, et 0,06. Je erois que s’il était possible d'effectuer un brassage complet de l'air qui entoure la plante avec le gaz renfermé dans cette plante, on obtiendrait toujours des traces d'acide carbonique. Il m'est arrivé d’avoir à l'analyse, après le traitement à la potasse, une diminution de 2 ou 3 dixièmes de division pour 470 ou 480 divisions occupées par le volume gazeux soumis à l'analyse; ces 2 ou 3 dixièmes étant dans les limites de l'erreur possible commise dans la lecture, j'ai admis qu'il n’y avait pas d'acide carbonique dans le gaz analysé. D. — Plantes grasses diverses. Les Euphorbiacées grasses se sont comportées comme les autres végétaux charnus; toutefois la valeur J du rapport 7 a élé plus grande que l'unité [1,04 à 1,16 pour l'Euphorbia ma- millaris ; 1,18 à 1,20 pour l’Euphorbia rhipsaloides dans plusieurs expériences]. La valeur N a été trouvée la même (0,32 à 0,34) pour les deux espèces étudiées encore jépné, Une Composée, le Xleënia articulata, dont j'ai placé la tige très renflée et encore dépourvue de feuilles à l'obscurité, à donné : pour J : 0,99 pour N:0,18. Quant aux plantes ordinaires, elles m'ont fourni, dans quel- ques cas, des valeurs J et N du rapport 2 à peu près iden- tiques : 0,97 à 1 et très voisines de l'unité. Ce résultat est con forme à celui qu'ont énoncé MM. Bonnier et Mangin, à Savoir à Jantes CO? que le rapport jp ‘St un nombre constant pour les p ordinaires. Conclusion. — Les résultats qui viennent d'être rapidem" _ exposés montrent que les plantes grasses, plongées dans F . rité, absorbent toujours plus d'oxygène qu'elles ne dégagen RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 329 d'acide carbonique. Contrairement aux conclusions, formulées d’ailleurs exactement par MM. Bonnier et Mangin pour les plantes ordinaires, le rapport A des gaz échangés entre une plante grasse et l'atmosphère qui l'entoure à l'obscurité, rapport plus petit que l'unité, présente pour chaque espèce grasse deux séries de valeurs, suivant que l'expérience a été faite pendant le jour ou pendant la nuit. La moyenne des valeurs de jour du rap- 2010 est plus grande que la moyenne des valeurs de nuit. 0 90 a A] CO? “ÈE , ! d n Variations du rapport <= avec l'âge et la carnosité de la 0 plante : a. Chez une même espèce. — La comparaison des valeurs Jet N du rapport Lu concernant une même espèce végétale grasse, nous a montré J>N pour chacune des espèces consi- dérées. Mais ces valeurs sont variables, pour la même espèce, avec le développement. Ainsi tandis que pour le Crassula arborescens les divers ra- Meaux que j'ai étudiés pendant le jour sont à peu près compa- rables comme âge et comme développement, et donnent pour J une valeur constante 0,88, le Phyllocactus grandaflorus a fourni les nombres suivants : Rameaux jeunes... ‘eat 0,96 0,63 en GUUIEOS: dés pese de “a - 0,98 0,33 — très Âgés..:......... 0,78 0,09 Les raquettes d'Opuntia tomentosa de divers âges ont donné Pour J des valeurs successivement décroissantes de 0,73 à 0,41 * mesure que ces raquettes étaient plus avancées. De même avec l'Opuntia monacantha : 7. N 0,50-à 0,20 HA Raquettes de quelques jours id EE à ,— 0,17. à. 0,02 semaines... 0,90 .… De tous ces exemples il résulte que : À mesure qu’une plante grasse avance en âge et acquiert, 330 REVUE. GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. par suite, une plus grande carnosité, le rapport fe concernant la respiration à l'obscurité, présente des valeurs, soit de jour, soit de nuit, qui décroissent à mesure que la carnosité est plus accentuée. b. Chez des espèces diverses. — Les variations qu’éprouvent, 2 pour une même plante, les valeurs J et N du rapport, ren- dent assez difficile la comparaison de ces mêmes valeurs chez des plantes diverses. Pour être autorisé à tirer d’une semblable Comparaison une conclusion indiscutable, il faudrait avoir réalisé avec chaque espèce un grand nombre d'expériences et prendre la moyenne arithmétique de toutes les valeurs J et de toutes les valeurs N obtenues. Je n'ai pas fait de recherches dans ce but spécial, l'importance de la déduction cherchée n'é- tant que secondaire. Aussi les moyennes indiquées ci-dessous pour chaque espèce végétale sont-elles les résultats d’un nom- bre insuffisant d'expériences dans quelques cas. Moyennes des valeurs Proportion d'eat Noms du rapport LE Différences rapportée à { 8 des plantes. concernant la respirat. norm. J-N de poids sec. CAMMTT aa Mes. de la carnosité)- Mirabilis Jalapa ..… ‘O0 Ù.% e 0.00 Te Pereskia aculeata . 0.89 0.85 0.04 11.9 Mesembryenthemum deltoides 0.85 0.0 17.3 Sedum carneum.. 0.95 0.82 (TS 18.5 —. MUR. À 0.98 0.85 0.13 13.4 Telephium. . 0.98 0.68 0.30 12.2 Crassula arborescens. 8 0. 0.50 20.8 Phyllocactus grandi- A 0.89 0.38 0.51 15.6 Opuntia cylindrica … 0.58 0.06 0.52 21.5 Mamillaria Newman- niana, jeune... 0.79 0.93 0.56 a Opuntia tomentosa… 0.59 0.03 0.56 — MmOonacantha. 0.93 0.24 0.69 14.6 Kleinia articulata.…. 0.99 018 0.81 : Opuntia maxima..…… 0.90 03 0.87 28.0 | L'échelle des différences (J-N) des moyennes du rappoït ÿ RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 331 établie suivant leur valeur croissante, a déterminé un classement à peu près exact des plantes suivant l'ordre croissant de leur carnosité. Ainsi que le montre la comparaison des nombres de la quatrième et de la cinquième colonne, sur douze plantes dont la carnosité est mesurée par la richesse en eau indiquée dans la cinquième colonne, huit sont rangées dans le même ordre que dans la quatrième colonne : Mirabilis Jalapa, Pereskia aculeata, Mesembryanthemum deltoides, Sedum carneum, Cras- sula arborescens, Opuntia cylindrica, Opuntia tomentosa, Opuntia maxime. Ainsi les variations du rapport nee, chez les plantes grasses, 0 Ont une certaine relation avec la carnosité de ces végétaux; elles sont d'autant plus grandes que la carnosité est plus pro- noncée, (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 A DÉCEMBRE 1891 (Suite). S) Polygalacées. — I1 résulte des observations de M. R. Cnopar cu “hr ‘aractères anatomiques ne peuvent servir à distinguer dans les Po ds les divers genres les uns des autres. Une exceplion est cependant PE par les genres Moutabea et Xanthophyllum chez lesquels le enr «del du pétiole devient annulaire, tandis qu’il est ouvert chez les SON eu POUVONS que signaler ici les considérations intéressantes de l’au ei vement à la distribution et à l'origine des espèces et des groupes € Polygalacées. Kramérincées. — Les Kraméri j æsal- acées ont été rapprochées, tantôt des C piniées , tantôt des Pol lantes Ygalacées. D'après M. FINsELBACH (2), me par nt des Cæsalpinées et des Polygalacées : de : mements SUT paraît ici impuissante à donner des EE leurs affinités. Cependant par la structure de leur pétiole les se rapprocheraient davantag Malvacées. — La di KüNTze (3) : é . Vax TE- .Diptérocarpées , Simarubaces, Liquidambarées. — D'a rès mn pré- SHEM (4), les Diptérocarpées, les Simarubacées el les Liquidam Le Archive (1) R. Chodat : Délimitation d Sur des Sciences phys t distribution et l'origine de Tr t. XXV > juin 1891). esgenres dans la famille des PT ur enève, t. XXII, n° 1, p. 98-101, 18 alacées (Ibid espèce et des groupes chez les Polyg 6, 15 ju (2) Finselbach : Anatomie at. * hys, et” des Kramériacées (Archives des Sciences P ÿs e Genève, 1891, no 11, p. 506 06-509). Botanisches (3) G. Küntze : Beilräge zur vergleichende Anatomie der Malvaceen (| Centralblatt, n°° 6-11, 1 pl., 1891). de anaux Séc (4) Ph. Van Tieghem : Nouvelles remarques sur la disposition pe (Journal . urs dans les Diptérocarpées, les Simarubacées et Liquidambar Éotanique, 1891, no 99, p. 371-388). : D REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 333 sentent ce caractère commun que leurs canaux sécréleurs primaires appar- tiennent à la périphérie de la moelle dans la tige et dans la racine, à la périphérie de la région médullaire du périderme dans la feuille. D'autre part, les Liquidambarées diffèrent des deux autres familles par leurs canaux sécréleurs périmédullaires sous-libériens et les Diptérocarpées diffèrent des Simarubacées par leur liber stratifié. Ce dernier caractère rapproche les Diptérocarpées des Malvacées et en particulier des Sterculiées, qui par leurs canaux sécréleurs périmédullaires servent de trait d'union entre les deux familles Myristicacées. — La présence chez les Myristiea fatua et fragans de cellules à lannin fusionnées entre elles par résorption des cloisons transverses en un Symplaste analogue à celui des Chicoracées, constitue aux yeux de M. Trou- VENIN (1), une nouvelle justification de l'exclusion des Myristica de la famille des Lauracées dans laquelle on ne trouve jamais de semblables formations. Malheureusement, les observations de l'auteur, qui n’ont porté que sur 2 des 85 espèces dont se compose le genre Myristica, paraissent peu suscep- libles de généralisation. lines ; il enrichit en outre la systématique de nombre de faits nouveaux après M. Lothelier, le rapport qui existe entre le développement des Pljuants et la sécheresse de la station occupée par la plante. M. Bonnier étudie ensuite successivement le développement et la structure anatomique de diverses Nymphéacées, Papavéracées et Fumariacées françaises. Signa- ticulier, les parties consacrées aux germinations si variées des Popaver et à l’anatomie de leur tige, à l'explication de la structure fenêtrée S! Singulière des racines âgées de Meconopsis et de Chelidonium; au déve- loppement Comparé de divers Corydalis; aux rapports remarquables que l'on t observer entre la différenciation morphologique externe des mordiales où adultes des Fumaria et la structure de leur limbe, gisse d’ailleurs des feuilles normales ou des feuilles grimpantes aria Capreoluta). qu'il sa (Fum, 2° — Monocotylédones. POUSSE teuètnre anatomique de la famille des Iridées peut fournir 1 (1} AOuYEnIn : Note sur la structure des Myristicacées, 8 p. Nancy, Berger- ro : Observations sur les Berbéridées de Mr Ant dis el les Pass. nique, p. 276, 1890, avec fig.) ; — Observations : À arc cées (Ibid. 4 acées (Ibid., p. 446, 1890, avec fig.); — Observations sur mari 519, 1890, avec fig.) 334 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. dans beaucoup de cas, d’après M. R. Cmopar (1), des renseignements pré- cieux applicables à la systémalique de cette famille. Dioscoréacées. — D'après M. Nägeli la tige du Discorea Batatas présente normalement dans chaque entre-nœud 12 faisceaux, dont 6 se rendent . aux feuilles immédiatement superposées, 3 pour chaque feuille, et dont les 6 autres sont destinés à la paire de feuilles suivante. M. G. Beau- VISAGE (2) considère cette conception comme étant la généralisation d’un fait exceptionnel]. D'après lui, chaque entre-nœud contient normalement 16 fais- ceaux; les 4 faisceaux méconnus par Nâgeli seraient superposés aux vallé- cules dont se creuse la surface de la tige. Partant de là, l’auleur expose ensuite la marche des faisceaux Llelle qu'il la concoit. Liliacées. — M. D. Laxza (3) conclut de ses recherches sur la structure de la feuille des Aloinées que les caractères anatomiques ne sont d'aucun secours pour la différenciation des quatre genres de ce groupe. La présence des cellules à aloès n’est pas même Caractéristique des Aloinées, puisque certaines espèces en sont dépourvues et que d’autre part les Asphodèles sici- liennes présentent de semblables formations. Des observations de M. W. Russec (4) sur le développement et l'anato- mie des cladodes du Petit-Houx, il résulte que ces formations ne sont ni des feuilles, ni des feuilles unies au rameau axillaire dont elles procèdent, mais des rameaux aplatis dans lesquels le cylindre central s’est comme décomposé et fractionné en parties séparées les unes des autres et disposées Sur un même plan. F D'après M. C. Scawir (5), les Hæmodoracées, si l’on en exclut les genres Ophiopogon et Sanseviera, sont assez bien caractérisées par la disposition des faisceaux libéro-ligneux de leurs feuilles ; les Xérotidées sont caractérisées aussi par la disposition de leurs faisceaux et en outre par l'épaisseur des parois de leurs éléments ligneux. Ces diverses plantes présentent les parti- cularités de structure habituelles aux espèces xérophiles. Juncacées. — La présence des tubercules ou des bulbes si fréquente chez les Liliacées n'a été signalée jusqu'ici que chez un petit nombre de Juncè- cées. M. Fr. BUCRENAU (6) a constaté que ces formations sont plus fréquentes dans cette dernière famille qu’on ne l'avait cru jusqu'ici. D’après l'auteur, ces bulbes ou ces tubercules ont pour origine toutes les parties de l'axé, *. seulement les feuilles, ou les gaines des feuilles ; ils peuvent se former nor” malement (Luzula nodosa) où sous des influences climatériques (June (1) R. Chodat : Sur La structure anatomique des feuilles des Iridées (Archives ae: Sciences phys. et nat. de Genève, 1891, n° 11, p. 496-501 (Extrait du Bulletin de la Soc. Bo au. de Lyon, 15° année, {{ p.). - _{3) D. Lanza : La strutture delle foglie nelle Abinez ed pa rapporéi co" = sistematica (Malpighia, Anno IV, p. 145-167). du (4) W. Russell : Recherches sur le développement et l’ Anatomie des Er" Pelil-Houx (Revue générale de Botani e,t. II, n° 17, p. 192-199, avec fig. Mc (3) C. Schmidt : Ueber den Blatthau einiger xerophilen Liliifloren (Botan Centralblatt, Bd. LXVIF, nos 1-6, 1891). (6) Fr. Buchenau : Ueber Knollen und Zwiebelbildung bei den Juncacee” (flore Heft 1, p. 71-83, 1891). REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE. 335 subulatus, J. nodosus, etc., Luzula campestris, var. bulbosa F. Buchenau, etc.), ou sous l'influence de Champignons (Juncus lamprocarpus, etc.) ou de larves d'insectes (nombreux Juncus). Restiacées. — Les Restiacées sont des plantes des lieux secs et chauds; on les trouve presque exclusivement cantonnées au ap et en Australie. D'après M. Gizc (1) ces plantes offrent à un haut degré les caractères analo- miques habituels aux espèces désertiques. Les feuilles demeurent rudimen- laires ou tombent de bonne heure, la tige présente au-dessous de l'épiderme un tissu assimilateur très développé ; à travers lequel la circulation de l'air est rendue facile grâce à l'existence de deux sortes de méats dont les uns occupent les angles des cellules assimilatrices et dont les autres les entourent Fig. 65. — Coupe transversale du tissu assimilateur de la tige de l'Hypolz na laxi- flora. — & épi dique ; am, assise de tissu mécanique ; }. — e, épid M6, méat en ceinture. (D’après F. Simon à la façon d’une ceinture (fig. 65); cette particularité est, d'après Pauteur, es l'apport avec la forte assimilalion qui se produit dans ce tissu. Elle a d’ail- leurs été sigualée dans quelques plantes de cette famille par M. Pfitzer, et Par M. Tschirch dans le Kingia australis. M. Gilg a pu donner une diagnose anatomique des divers genres de la famille des Restiacées. (1) E. Gilg : Beiträge zur vergleichende Anatomie der xerophilen Familie à Réestiacer (Engler's Jahrbucher fur Systematik, Pflanzengeschichte, etc., Bd. XI{I, Re V, p. 541-606, 3 pl., 1891). (A suivre.) À. PRONEF. Tome } Planches let b. Revue génerale de Botanique Ed Janczermski 4 Miczyñshi del. MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou Modernes dont il est fait mention dans la Aevue. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, Professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. L'sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires QU notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue Jénérale de Botanique. ; \ Les auteurs des travaux insérés dans la Aevue générale de era que ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Li REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 août 1892 Ce nee IN° 44 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 52 RUE DES ÉCOLES, 5? BEN FAGE DE LA SORBONNE ES PET ER . : - be LIVRAISON DU 15 AOUT 1892 Pages. l. — RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES (avec planche et figures dans le texte), par M. E. Aubert (suite) Le va I. — REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE, parus de juillet 1890 à décembre 1891 (avec figures dans le texte), par M. A, Prunet (An). RE AE RER AR tie 354 PLANCHE Rats DANS GETTE LIVRAISON : PLANCHE 8. — en pour étudier les échanges gazeux des plantes it Pour le mode de publication et les conditions diboéneitith voir à la | troisième page de la couverture. RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT (suite). o CO? 3 Influence de la température sur la valeur du rapport Ty : CO: MM. Bonnier et Mangin ont montré que le rapport des x $az. échangés avec l'air ambiant, par une plante ordinaire, à l'obscurité, est indépendant de la température. En est-il de même pour les plantes grasses? La comparaison ne peut en êlre faile que sur les valeurs J ou sur les valeurs N d’une même Plante, prise au même état de développement. /À V. / C0? * . Lan " sisi HE t * laleurs J du rapport D À diverses températures. outes les expériences citées au tableau [, concernant le Crassula arbo- ’eScens, sont relatives à des rameaux comparables. Pour quatre ébe Fr Cent “Xpériences réalisées à 12°,13°, 14° et 32°, le rapport Tr en 0,08: “ Porté un jour la température à 36”, le rapport à pris la va- eur À,14; mais la plante avait subi un commencement d’altéra- st Car { gramme de poids frais du végétal a absorbé par eure, à 36°, 58 millimètres cubes d'oxygène, tandis qu'à 32° … Celle absorption a atteint 65 millimètres cubes. Rev. gén. de Botanique. — IV. 2? 338 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Or on sait que pendant toute la durée de la respiration nor- male d’une plante, la quantité d'oxygène absorbé croît avec la température. Les valeurs J, données par des tiges de développement com- parable, ont été : Pour le Sedum carneum, égales à 1 à 21° et 25°. Pour le Sedum reflexum, de 0,97 à 4 aux températures 26° et 33°. Pour le Mesembryanthemum delloides, variables entre 0,87 et 0,93 aux températures de 8° à 34°. En résumé, La valeur du rapport ee pour la respiration pendant le jour est indépendante de la température, chez les Crassulacées et les Mésembryanthémées peu charnues. I ne paraît pas en être de même chez les Cactées qu'il ma été plus difficile d'étudier au même point de vue, car sur les plantes dont je disposais, je n’ai pu trouver des raquettes d’une même espèce entièrement comparables, si ce n’est pour les jeunes rameaux feuillés de Pereskia aculeata. 2 Les valeurs J du rapport ont été pour Pereskia aculeala : 0,88 à 20° et 0,91 à 240. Cette difficulté dans la comparaison des résultats est manifestée par la divergence des nombres suivants : A 20°, deux rameaux de Phyllocactus grandiflorus, dont les poids frais étaient 4,6515 et 65,302, ayant respiré à l'obscurité pendant huit heures, l'un le 28 mai et l’autre le 10 juin, à partir de la même heure, ont donné : te cor ce © — 0,178 (28 mai); 5 — 0,92 (10 juin) jour du Cependant chez les Cactées très épaisses, les valeurs de jour ea. . sde rapport y croissent avec la température et se rapprocher plus en plus de l'unité. LS SE An UC OT one _ RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 339 ter CO? co DR Ainsi les valeurs J du rapport = ont été pour lOpunthia 0 tomentosa : 0,41 à la température de 13°; 0,49 à 24° 0,73 à 28° a 0,98 à 35° | Les quantités d'oxygène absorbées par 1 gramme de poids frais et par heure ont atteint à ces quatre températures : Aimme £ à 130: 99mme 3 240: 26mme 8 à 280 et 37mme,2 à 35°. La progression croissante de ces volumes gazeux absorbés indique que les raquettes n’ont pas souffert, même celle qui à supporté la température de 35°. 2 L1 b. Valeurs N du rapport ne à diverses températures. — Si les C0? valeurs J du rapport ÿ, sont constantes chez les Crassulacées et les Mésembryanthémées peu charnues et variables tout au moins chez les Cactées très épaisses, aux diverses températures où S'accomplit la respiration normale, es valeurs N de ce même "apport sont variables chez toutes les plantes grasses à carnosilé UN peu accentuée. | ie En effet ces valeurs N ont été : Pour le Crassula arborescens : 0,24 48 et 0,52 à 23. Pour deux jeunes raquettes d’Opuntia monacantha entière- ment comparables (15,372 et 1#',280) : … :,0,24 à 0,12° 0,50 à 45° Conclusions - ; l° Les variations de la température (dans les limites où ne cesse ri la respiration normale) ne modifient pas le rapport D des gaz échangés avec l'air, à l'obscurité et pendant le jour, 5 sé les plantes grasses à épiderme peu cutinisé et par les Cactées res minro: F Mnces, comme le Pereskia aculeata. Les Ta 340 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. En CO? A Chez ces plantes et dans ces conditions, le rapport Ÿ est voisin de l’unite ; 2° Les variations de la température influent sur le rapport 2 « des gaz échangés avec l’air, à l'obscurité : Pendant le jour, par les Cactées épaisses; Pendant la nuit, par toutes les plantes grasses. CO? Chez ces plantes et dans ces conditions, le rapport est en général beaucoup plus petit que l'unité ; 2 u 3° Les variations du rapport . avec la température sont d'au- 0 tant plus grandes que les végétaux sont plus charnus; CO? ù" ; Re 4° Le rapport ——, dans tous les cas où il varie avec la tempéra- ture, se rapproche de plus en plus de l'unité, à mesure que la tem- pérature s'élève, mais sans jamais dépasser l'unité ; c'est-à-dire nn CO* que dans tous les cas envisagés ici, on a 0. <= 1. MM. Dehérain et Moissan (1) dans un travail publié en 1874 disaient que : _« La quantité d'oxygène absorbé par les feuilles surpassé Ja quantité d'acide carbonique produit; la différence est surtout sensible aux basses températures qui paraissent favoriser pans les plantes la formation de produits incomplètement oxydés, tels que les acides végétaux. » Cette proposition, contestée par MM. Bonnier et Mangin jé les espèces végétales ordinaires, est applicable dans une CEE mesure aux plantes grasses que n’ont pas étudiées MM. Dehéral" et Moissan. : D'accord avec ces deux savants sur la dépendance étroit phénomène respiratoire avec la formation des acides végét je ne saurais toutefois admettre, comme ils l'ont fait, que le e du aux, PE, : ï ; # des (1) Dehérain et Moissan : Recherches sur la respiration des feuilles. (Annales sc. nat., 5’ série, t. XIX, 1874.) = RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. ÉYT 0 ne 007: UE | rapport 5 puisse, dans la respiration normale, prendre des valeurs supérieures à l'unité. Les courbes de la figure 66 ont pour objet de rendre plus sai- sissables les conclusions qui précèdent. Elles montrent, pour serres] Plantes ordinaires . Vileurs de 4” ee | Con. Fig. 66. — Courbes des variations du rapport — : OX, axe des valeurs de —=— OY, de des températures. La courbe des plantes PS est une droite, puisque nm ei Constant avec la température et égal à l'unité; la courbe des plantes peu Charnues tend vers l'unité avec l'élévation de la température; Le valeurs J sont rs plus ag de 1 que les valeurs N : la courbe des plantes très char- nues indique que PT est quelquefois voisin de zéro pendant la nuit et se rappro- che % l'unité avec l'élévation de ps ph nat 3 J est le plus souvent très diffé- 'ent de N pour ces plantes, J $ Vi , toutes les plantes grasses, quelle que soit leur carnosité, qu avec l'a co roche 8mentation de la température, le rapport D rpP loujours de l'unité et que Jes valeurs J de ce rapport sont supé- _rieures aux valeurs N, dans tous les cas où l’on étudie la respi- ation des plantes grasses à l'obscurité. x r î 17- À nfluence de l'obscurité prolongée sur la valeu du rap pore 20° til 0 6 342 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. M. Hugo de Vries a fait connaitre que les acides organiques diminuent peu à peu chez les plantes grasses (Crassulacées) soumises à une obscurité prolongée. S'il y a véritablement corré- lation entre la formation des acides végétaux et la respiration des plantes, l'obscurité prolongée doit avoir une influence sur la valeur du rapport. Une pareille étude nous fournira proba- blement l'explication des variations de ce rapport, variations qui pourraient paraître étranges, voire même capricieuses, si je m'en tenais aux indications qui précèdent. J'ai déterminé les effets de l'obscurité prolongée sur les échanges gazeux d’une Crassulacée (Crassula arborescens) et de deux Cactées : l’une aplatie et d'assez faible carnosité (Phyllo- cactus grandiflorus), Y'autre cylindrique et très charnue (Opuntia cylindrica). a. Crassula arborescens. — Le rapport si a pris les valeurs : 0 0,24 à 48° et 0,52 à 23°, pour celte espèce placée seulement pen dant une nuit à l'obscurité. Il aurait sans doute été plus faible à la température de 10°, température à laquelle j'ai réalisé l'expérience suivante : Le 15 mars, à six heures du soir, un pied de Crassulæarbores- cens a été soumis à l'obscurité prolongée, sous une épaisse coiffe de papier noir; le lendemain matin, j'en ai détaché un ramei" que j'ai rapidement placé dans une éprouvette enveloppée de papier noir, sur la cuve à mercure. Une prise de gaz a été faite après brassage (le rameau n’a pas été un seul instant exposé al lumière pendant cette manipulation). Le 16 mars au soir, J*° fait l'analyse du gaz final ; le rapport a ététrouvé égal à 0,9: Une expérience semblable, réalisée avec un autre mn” détaché d’un pied depuis cinq jours à l'obscurité, m'a donné” 2 1 —- +: CO? D à sé pour le Ainsi, le rapport, d'abord très inférieur à l'unité po 0 | RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 343 Crassula arborescens exposé à l'obscurité pendant la nuit, prend des valeurs successivement croissantes et se rapprochant de plus en plus de l'unité, lorsque cette espèce est soumise à une obscurité prolongée. C'est pour une raison identique que les valeurs J du rapport se sont plus rapprochées de 1 que les valeurs N chez les Crassu- lacées; car une plante placée le matin à l'obscurité se trouve par : le fait soumise à une obscurité prolongée, puisqu'elle sort à peine de l'obscurité de la nuit. a b. Phyllocactus grandiflorus. — J'ai procédé d'une autre ma- nière avec cette espèce. Comme il est fort difficile de trouver, chez les Cactées, des parties de plantes parfaitement compa- rables, j'ai mis à profit la grande vitalité des Cactées en pla- çant un même rameau pendant plusieurs jours à l'obscurité ; de temps à autre, j'ai fait un brassage de l'air de l'éprouvette, Puis une analyse de ce gaz. Les résultats de cette expérience sont reproduits ici : Phyllocactus grandiflorus. Poids frais : 78r,51. — Vol. d'air inilial : 119%. — — Vol. en mill. c. Proportion p. 10ù Jours et heures Tome Valeurs de nr ons d'oxygène “8 CO de poids frais, dans l'air à cha- nn pérature. Q en que prise de 1 heure, de gaz. D Co? dégagé 0 absorbé 5h35 soir. 920 » » 28 juin. M. 10.55 mat. 290, 0:39 40:23. .-,67. 7,1, 0008 side 7 soir. 230 0:56. 32.53 57.9 (1.04 L us 925 mat. 9240 © 078 35.6 20:26 7.99 1 juillet. 11 40 mat. 24° 0.85 40.6 #79 O4 Pour le Phyllocactus, comme pour le Crassula arborescens, le C Pier. ’apport se rapproche de l'unité de plus en plus, à mesure que l'obscurité dure depuis plus longtemps. +2 : On ne peut invoquer ici, comme raison de cette variation : ni l'influence de la température qui s'est peu modifiée, n1 L'aPP “issement de l'air en oxygène puisque le volume d'oxygent, x L LÉ 0 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. absorbé a très peu diminué comparativement à la proportion pour 100 de ce gaz dans l'air; ni l'asphyxie ou la fermentation de la plante, puisque la quantité d’acide carbonique dégagé a augmenté très régulièrement. Et d’ailleurs, la meilleure preuve que la plante n’est même pas entrée dans la période de résistance à l’asphyxie, c'est que, exposée à partir de 11"40 du matin, le 1° juillet, dans la même éprouvette sans aucun changement, ‘à la lumière solaire, elle avait porté à 13 p. 100 la quantité d'oxygène dans l’air de l’éprouvette à 6 heures du soir. c. Opuntia cylindrica. — ai opéré comme pour le Phyllo- cactus, et les résultats de cette expérience sont les suivants : Opuntia cylindriea, — Poids : frais 898,36. RS AT rue RON a RE r qe "7 Vol. en mill. €. Proportion p. 100 Jours et heures Tem- Valeurs de À 4 d'ox gène CO? de poids frais, dans l'air à cha- prises de gaz. pérature. FD: en que prise de 1 heure, de gaz. 20.72 (début.) à CO? dégagé O absorbé 8 avril. 1050 mat. 42° » » » } 8 — 6 15 soir. 12° 0.42 1.7 4.1 18.29 9 — 8 55 mat. 10° 0.42 1.43 3.42 : 14,09 9 — 5 40 soir. 12° 0.46 1.7 357 11.4 10 — 7 20 mat. 10° 0.43 1.46 3.44 8.16 12 — 8 30 mat. ge 0.44 1.05 2.37 2.54 43, — 920 mal. 10 0.70 1.48 2.13 0.00 CO? ” L L LA Le rapport concernant l'Opuntia cylindrica esl demeurê constant pendant quatre jours, bien que la proportion d'oxygène p- 100 eût varié de 20,72 à 2,54: et c’est seulement lorsque l'air extérieur ne renferme plus que des traces d'oxygène, que €è rapport s'élève et se rapproche de l'unité. Pendant tout ce temps, la quantité d'oxygène absorbé diminuant peu à pe e régulièrement, la quantité d'acide carbonique dégagé à subi de faibles oscillations avec la température, pour n’augmenter qu ” moment où la plante aliait être dépourvue d'oxygène. : À ce dernier moment la plante a-t-elle commencé à subir l'asphyxie? Pour le vérifier, j'ai placé l'éprouvette et la plant: la lumière sans rien modifier de l'atmosphère intérieure: Le cie | RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 345 était faiblement couvert le 13 avril et, le soir à 6 heures, la pro- portion d'oxygène dégagé par la plante était de 1,81 p. 100. Con- tinuant à laisser la plante ainsi exposée alternativement à la lumière du jour et à l’obscurité de la nuit, j'ai trouvé le 47 avril 10,65 p. 100 d'oxygène dans l’air de l'éprouvette. Une plante grasse soumise à l’action de l'obscurité prolongée, met donc en réserve un volume d'oxygène égal à la différence entre le volume total d'oxygène absorbé et celui que contient la otalité de l'acide carbonique dégagé; mais cette mise en réserve 2 | s’atténue de plus en plus, puisque le rapport ss se rapproche peu à peu de l'unité qu’il atteint lorsque l'atmosphère confinée ne renferme plus d'oxygène libre. A partir de ce moment la résis- lance à l'asphyxie, puis l’asphyxie elle-même, se manifestent et l'oxygène de réserve s’épuise, la plante s'affaiblit et meurt. Sous quelle forme cet oxygène a-t-il été mis en réserve? Très probablement sous la forme d'acides organiques très oxygènes ; Mais celle question sera traitée plus loin avec tout le développe- ment nécessaire et d'une manière très générale. Je me conten- terai de citer ici la conclusion de l'étude relative à l'influence de à un ‘ CO? l'obscurité persistante sur le rapport Conclusion. — Les plantes grasses soumises à l'obscurité pro- longée ne donnent pas lieu à la distinction de valeurs J et N du k P 0? $ doit l'apport TE On à vu que ce rapport n est variable entre des limites étendues que pour les plantes grasses très charnues. Or uand on soumet ces plantes à une obscurité prolongée, le rap- 0 , # + es que À, s'en rapproche peu à peu à mesure que croit le rapide chez Les CO? 3) EN 2 "6 Port, d'abord pius ou moins éloigné de l'unité et plus petit séjour " C l obscurité. Cette augmentation du rapport TIR Crassulacées, est d'autant plus lente chez les Cactées que leurs lssus sont plus épais. Fe: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. $ 3. — INTENSITÉ DES ÉCHANGES GAZEUX. C0? , Le rapport &- des échanges gazeux des plantes grasses avec l'air extérieur est variable suivant que l'expérience à lieu à l'obscurité pendant le jour ou pendant la nuit; et ce rapport, plus petit que l’unité, est toujours plus petit la nuit que le jour, pour une même plante grasse et toutes conditions égales d’ailleurs. De deux choses l’une : ‘Ou bien la quantité d'oxygène absorbé est plus grande la nuit que le jour; Ou bien le volume d'acide carbonique dégagé est Fe petit la nuit que le jour. Cette question doit être résolue avant toute autre, pour per- mettre [a comparaison des échanges gazeux des plantes. 1° Intensité des échanges gazeux d’une plante donnée, à une même température, à l'obscurité pendant le jour et pendant la nuit. Quelques observations ont été faites avec c des Crassulacées el des Cactées. Sedum acre. — J'ai exposé à l'obscurité des tiges feuillées prises sur une même touffe de Sedum acre, les unes le 29 juin à la température de 26°, les autres dans la nuit du 29 au 30 juin à la température de 24° et j'ai obtenu : Respiration pendant le jour : co? D ER de carbonique dégagé EE EE 3 oxygène absorbé Respiration pendant la nuit : CO? 6Omme — acide carbonique dégagé: 0: —— 0, 84 = 71 35— oxygène absorbé. Les volumes d’ oxygène absorbés par heure et par & oh de poids frais sont sensiblement les mêmes (72,3 et 71, 39); RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 341 volume d'acide carbonique dégagé pendant la nuit est plus faible que celui qui à été émis pendant le jour (60 < 69,5). Des expériences réalisées de la même manière sur le Sedum carneum et le Sedum Telephium ont abouti à de semblables résultats. En opérant sur des Crassulacées plus épaisses, la différence sera probablement plus accusée puisque les variations du rap- CO? port sont plus considérables. Crassula arborescens. — Deux expériences ont été faites, l'une pendant Ja journée du 25 avril à la température de 14°, l'autre pendant la nuit du 3 au 4 mai à la température de 18°. Respiration pendant le jour : CO? — gg —19"", # = acide carbonique dégagé 0 ‘ 2 ,7— oxygène absorbé Respiration pendant la nuit : DLL 0.24 — 6 "%,10 = acide carbonique dégagé 7 25 ,175— oxygène absorbé | 5 La quantité d'oxygène absorbée a été un peu plus faible pen- dant le Jour, à cause de la température, inférieure de 4° à celle de l'expérience de nuit; la quantité d'acide carbonique dégagée pendant la nuit (6"" 1) est bieñ plus faible que celle dégagée pendant le jour (19,4). Phyllocactus grandiflorus. — Deux expériences, l'une du 10 juin à 20°, l’autre pendant la nuit du 28 au 29 juin à 22°, ont donné : Respiration pendant le jour : CO? LORS EE DV ie ‘ 25: 70 Respiration pendant la nuit : CO? À LM M 7: é . ; pal 44 ’ : Opuntia tomentosa. — De deux expériences faites, l'une le 6 avril à la température de 43°, l'autre dans la nuit du 16 au IT avril à 12, il résulte : 348 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Respiration pendant le jour : Lb : di mme 6 RAR Rninene Respiration pendant la nuit : Co? _ __ Omm,4 es ep Deux autres expériences faites avec la même raquette, l'une le 3 juillet, l’autre dans la nuit du 2 au 3 juillet, ont donné : Respiration pendant le jour : | CO? . 36mme 4 j' dapédint | dis. à Respiration pendant la nuit : CO2 2mme, 1 dr een 72 à Il résulte également d'observations faites avec la mème raquette, l'une le 23 juillet à 24°, l’autre dans la nuit du 23 au 24 juillet à 20° : Respiration pendant le jour : CO? A0mme S 7 MAINS 7 SENTE Respiration pendant la nuit : = D— Re (1) Opuntia cylindrica. — Deux expériences, l’une du 6 awril à 13°, l’autre de la nuit du 5 au 6 avril à la température de Le m'ont donné : Respiration pendant le jour : CO? Dmme ()4 — —0 En 0 Le 6,84 ses, abañ ne troublent pas a temps: cette eau comme le font les plantes ordinaires. C’est inexact la plupart du gr ; rassulacées € n chaux sur le mercure qui fermait en bas l'éprouvette ; dans le second cas, le a été relativement abondant. | RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 349 Respiration pendant la nuit : CO? Que 3 $ 0 —— 0,06 = Ep L'examen comparatif de tous ces résultats, pris deux à deux pour chacune des espèces végétales considérées, m’amène à con- clure avec d’autant plus de certitude que les exemples sont plus nombreux : ° Une plante grasse, soumise à la même température à l'obscu- ré, absorbe nuit et jour, pendant le même temps, un volume _ d'oxygène à peu près constant ; mais elle dégage pendant le jour une Proportion d'acide carbonique plus grande que pendant la nuit. Cette différence entre les volumes d’acide carbonique dé- gagés est d'autant plus importante que les plantes sont plus charnues. Pour comparer les échanges gazeux : d'une même plante grasse à diverses températures, de diverses espèces d une même température, il faut donc porter l'attention, non sur les volumes d'acide carbonique dégagés puisqu'ils sont variables, mais sur les vo- lumes d'oxygène absorbés qui sont à peu près constants. 2? Influence de La tempéralure sur l'intensité des échanges Jazeux. Après de Saussure et Garreau, M. de Fauconpret (1) a montré que les plantes ordinaires, respirant à l’obscurité, dégagent une quantité d’acide carbonique croissant avec la température, con- formément à la fonction Q —A + Ct?. MM. Wolkoff et Mayer (2) ont constaté l'augmentation régu- lière de l'intensité respiratoire avec la température, en Mer Surant l'absorption d'oxygène. Ils exposaient, à cet eh Plantes ou des portions de plantes dans une atmosphère con- née, en présence d’une dissolution de soude caustique qui t, des (1) Félix de Fauconpret : Recherches sur da respiralion des végélaur- ag ss rendus, 1864 ñ _ : Versuchstat. ie ME st Mare * Landwirthsch. Jahrb. 1814, t. TL. — Mayer 350 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. PAST EUES absorbait l'acide carbonique à mesure de sa formation. Ils déter- minaient la quantité d'oxygène absorbée par Ja diminution de pression lue sur un manomètre. MM. Richavi, Askenasy, Dehérain et Moissan, Bonnier et Mangin ont tous constaté l'augmentation de l'intensité respira- toire avec la température. Les plantes grasses ne font pas exception, et j'ai pu le vérifier dans un grand nombre de cas, surtout en opérant sur des échantillons comparables par leur développement. J'ai déterminé le changement survenu, au bout d’un temps déterminé, dans la composition du gaz entourant ces plantes, et j'en ai déduit, con- formément à un calcul précédemment indiqué, les volumes d'oxygène absorbés par 1 gramme de poids frais de ces plantes comparables, pendant une heure, à des températures diverses. Ainsi deux rosettes de Sempervivum tectorum A et B ont absorbé par gramme de poids frais, en une heure, les volumes d'oxygène suivants : à 13° à 26° à 42° A 24mme 7 104mmce 416 7mme B AL D 83 411 Des rameaux comparables de Crassula arborescens ont de _ même absorbé une quantité croissante d'oxygène avec la tem- pérature : à 12,5 jimme2 d'oxygène. ni 13° 16 6 0 ” 14° nr 27 — . 23° 57 1 — 4 31° 65 ,1 — Un jeune pied de trois ans de Mamillaria Newmannian® * également absorbé par gramme de poids frais en une heure : à 10° 10mme 3 d'oxygène. à 240 25, hi à 31° 27 ;# — Deux raquettes d'Opuntia tomentosa de quelques jour, = peu près comparables, qui pesaient 425,540 et 85,335, ont à de à ÿ MOT A RME RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 351 sorbé par gramme de poids frais : LE No 2 26mme,8 d'oxygène. la 2e & 97° 49 mr , Il est à remarquer qu'aux températures voisines de zéro, les échanges gazeux des Cactées sont à peu près nuls. Le Cereus grandiflorus à, le 5 janvier 1891, absorbé, à la température de 5° par gramme de poids frais en une heure : 4,4 d'oxygène. Le Cereus lanuginosus, le 29 décembre 1890, à la température de ®, a absorbé 6m 7 d'oxygène. Donc, /es échanges gazeux des plantes grasses sont favorisés Par l'élévation de température, comme cela se produit chez les Yégélaux ordinaires. 3° Influence de l âge de la plante sur l'intensité respiratoire. De Saussure avait déjà reconnu que l'intensité respiratoire d'une plante est d'autant plus grande que cette plante est plus Jeune. MM. Bonnier et Mangin ont longuement étudié la question Chez les plantes ordinaires. Je n'ai fait que de rares observations du même genre chez les plantes grasses ; je ne pouvais observer en effet les variations de l'intensité respiratoire à une même température, chez une plante grasse donnée, depuis son éclosion d’une graine jusqu'à sa fructification, le développement de ces plantes étant extrêmement lent dans la plupart des cas. Aussi me Contenterai-je d'ajouter, pour les plantes grasses, duelques résultats à ceux qui sont connus jusqu'ici pour les plantes ordinaires. Des tiges feuillées de Sedum acre ont été mises à l'obscurité dans des éprouvettes sur le mercure, aux dates et dans les condi- tions suivantes : x Vol. d'O absorbés Température : de PS A 1h;: degrés. 6 juin. 23 ue 3 "en 2% 92,2 29: 23 71,35 # REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. és Ainsi, à mesure que les tiges grandissent, elles absorbent une moindre quantité d'oxygène à poids frais égal et dans le méme temps. | Il en à été de même pour trois raquettes d'Opuntia mona- cantha, observées simultanément le 29 juin 1891 : Poids frais Vol. d'O absorbés des Terpérature : ar E raquettes : de poids frais en 1 h.: gr. degrés. mill. cub. 2,05 26 95,5 11,222 26 58,7 17,236 26 41,2 Avec l’Opuntia dejecta : Jeune raquette, 15° 23,0 Grande — 45° 417,4 Des résultats identiques m'ont été donnés par l'étude de a respiration des feuilles. Le 17 mai 1890, j'aisoumis à l'obscurité dans les mêmes con- ditions, à la température de 20°, les diverses feuilles d’une même tige de Sedum dendroideum. Les feuilles sont désignées ci-après par leurs numéros d'ordre à partir du bourgeon terminal: é J Vol. d'O absorbés Feuilles. Poids frais. de ae ral és FE : re mill, cub. : 0,04% 166,8 k 0,230 101,3 ÿ 0,557 60,1 8 1,127 54,4 Li, 1,200 16,65 Les résultats d’une deuxième expérience faite encore avec Les feuilles de Sedum dendroideum, le 22 mai 1890, sont les suivants : Numéros d’ordre Val, d'O absorbès des Ps Poids frais. da poids frais em 1 b.: Sr. mill. eub. Bourgeon terminal. 0,0243 249,1 2 0,2225 92,7 k 0,5305 64,5 7 1,0905 #09 19 ? 1,1525 43,0 | RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 353 | Avec le Crassula arborescens, dans une expérience qui à duré vingt-quatre heures, du 13 au 14 mai 1890, j'ai obtenu : oxygène absorbé: «= gr. mill, cub. Bourgeon lerminal. 0,095 71,7 1e verticille . ..... 0,613 39,3 ru un oui, 1,505 26,6 3° D 2,661 11,5 De tous ces nombres il résulte que : L'intensité respiratoire d'une méme espèce végétale grasse est plus grande chez les individus jeunes que chez les adultes, à tem- pérature égale. (A suivre.) Rev. gén. de Botanique. — IV. REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE VÉGÉTALE PARUS DE JUILLET 1890 À DÉCEMBRE 1891 (Fin). Graminées. — On sait que d'après Duval-Jouve les faisceaux libéro-ligneux de la feuille sont, dans toutes les Graminées, protégés par une gaine sclé- reuse. M. S. SCHWENDENER (1) n'a pas trouvé de gaine dans les Maydées, les Andropogonées et dans une partie des Panicées ; l’inconstance de celle formation dans cette dernière tribu ne lui parait d’ailleurs pas de nature à en déterminer la subdivision ou le démembrement. A cause de la struclure de sa gaine, le Beckmannia erucæformis doit être, d'après l'auteur, séparé des Panicées et rangé parmi les Chloridées. Pour la même raison les Mo- linia et les Calamagrostis doivent quitter les Arundinées et se placer, les pre- miers dans les Festucacées, les seconds dans les Agrostidées. Lorsque nous aurons ajouté que la gaine des Bambusées est caractéristique, nous aurons ainsi signalé tous les caractères généraux que la structure du tissu méca- nique de la feuille est susceptible, d'après l'auteur, de fournir à la systéma- tique des Graminées. Contrairement à l'opinion de Duval-Jouve, M. Schwen- dener n’admet pas que l'influence du milieu puisse seule expliquer les diverses particularités de structure de l'appareil mécanique de la feuille des Graminées,. et du stéréome, est parvenu à distinguer assez nettement les unes des aut les diverses espèces américaines des genres Uniola. Distichlis et Pleuropogo" Cypéracées. — 11 résulte des observations de M. Bonoer (3) que ination mie ne saurait être d’un secours bien appréciable pour la me des espèces du genre Carex, (1}S. Schwendener: Die Mestomscheiden der Gramineenblätter (Sieunghe der künigl. preuss. Akademie der Wissenschafien zu Berlin, 18%, ie p. 247-268). ican Gra- (2) @ é rh Ft study of some anatomical characters of North rs mine (Botanical Gazette. August and October, 1891). Bota- (3) Bordet : Recherches dafon es sur le genre Carex (Revue se dot . nique, vol. IlF, n° 26, p. 57-69, avec fig., 1891). Lu RP ns à DUR 7 7 REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE ©? 365 39 — (ymnospermes. Conifères. — Malgré des travaux nombreux, certains points de détails de l'anatomie des Conifères sont encore à fixer et les affinités de divers genres sont énçore incertaines. M. Pa. Vax Tiecnem (1) vient de publier une série de notes dans le but d'éclairer quelques-unes de ces questions. Contraire- ment à une opinion précédemment émise, M. Van Tieghem admet que la racine des Pins a des faisceaux libéro-ligneux de forme normale vis- teur. Dès que ce canal est differencié, ce qui a lieu de très bonne heure, il se montre flanqué latéralement de deux lames vasculaires, issues tomme lui du péricycle el que le faisceau vient plus tard réunir en goutlière vers l'intérieur. Ces lames vasculaires surajoutées serviraient en particulier à l'insertion des radicelles. D'après M. Van Tieghem, la région non carac- térisée de la tige des Pins n'a que des canaux sécréteurs péricycliques su- perposés aux faisceaux réparateurs et les feuilles de cette région n'ont que des canaux sécréteurs corticaux; la région caractérisée de la tige se com- Porte quelquefois de la même manière, mais le plus souvent elle acquiert des Canaux sécréteurs dans le bois primaire de ses faisceaux réparateurs ; dans ‘cas, les rameaux courts et leurs feuilles vertes peuvent quelquefois acqué- "Ir aussi des canaux sécréteurs (Pinus Pinaster, etc.). Par la disposition de leur appareil sécréteur, les Pinus se rapprochent surtout des Picea n Tieghem propose, d'autre part, de détacher des Podocarpus, la section Sfachycarpus d'Endlicher et d'en faire un genre spécial comprenant (outre les Se, andinä, St. spicata et St. taxifolia qui constituent actuellement la section Stachycarpus) très probablement le Podocarpus ferruginea et peut- Fe le P. nivalis, Le genre Stachycarpus serait défini par ses pédicelles fructifères grêles et ligneux et le genre Podocarpus par ses pédicelles ren- ésetc arnus. En outre, les Stachycarpus présentent seuls dans leurs racines des Canaux sécréteurs péricycliques. M. Van Tieghem estime qu'il est parti- culièrement avantageux de placer les Stachycarpus et les Podocarpus dans Ke Abiétinées, à la suite des Araucaria et des Dammara, ce groupement per- Mellant de définir les Abiétinées par l’ovule renversé et les Taxinées par l'ovule dressé, D'après M dans l'axe d 5 te tazus daus la tribu des Taxées à côté des Ginkgo, conformément * l'opinion d’Endlicher et Eichler. AE Ph. Van Tieghiem : Sur la structuré primaire et les affinilés des Pins f3otenal M nue 1891, nos 16-17;) — Structure et affinités des Stachycarpus; “st _ 4 LUXE la famille des Conifères (Bulletin de la Société Botanique de Franc , : XVII, fase. 3, p. 162-176, 1891); — Structure et affinités des Cephalotazu: (lbid., p. 184-190). 356 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. à D'après M. R. Pimorra (4), le Keteleeria Fortunei présente, entre autres particularités de structure, celle que, dans la racine, les organes sécréleurs, canaux résineux et cellules à mucilages, s’observent dans les formations secondaires, bois et écorce, tandis que la tige n’en renferme que dans ses tissus primaires. | Cycadées. — M. ne Soius-LauBacu (2) apporte un certain nombre de con- tribulions à la connaissance de la structure et de la croissance des Cycadées. C'est ainsi qu'il a étudié successivement la marche de la croissance dans la tige des Stangeria et des autres Cycadées, et en outre l'anatomie détaillée de la tige du Sfangeria paradoæa, la marche des faisceaux dans l'inflorescence des Cycadées et la formation du liège dans diverses espèces de cé groupe. D’après ce botaniste, la formation du liège peut se rapporter à trois Lypes. Dans les espèces qui perdent de bonne heure leurs feuilles, le liège apparaît - tout d’abord à la base des feuilles, dont il détermine la chute, et s'étend en- suite graduellement aux autres parties de l'écorce; dans les espèces dont les feuilles vivent longtemps, du liège se forme dans le pétiole dont la base encore vivante resle en place, mais, en outre, du liège se forme aussi au-dessous de l'épiderme des écailles du tronc et peu à peu s'étend aux parties de l'écorce non occupées par la base des feuilles; enfin dans le troi- sième type, l'évolution du périderme, tout d’abord semblable à la précédente, se complète par la formation de liège au pied des bases encore persistantes des pélioles, lesquelles ne tardent pas à périr. 4° — Cryptogames vasculaires. Lycopodiacées. — Contrairement à l'opinion de M. E. Bertrand, M. nes GEARD (3) admet, avec Russow, de Bary, etc., que, sauf l'orientation verli- cale du limbe, les Tmesipleris ont la constitution générale des autres plantes, et que par suite il ne faut pas y voir de fasciations, de cladodes, de sympodes de cladodes, M. Dangeard caractérise les diverses dispositions du système libéro-ligneux des Tmesipteris en disant que ce sont des plantes morose liques à stèle binaire (deux faisceaux) ou composée (plus de deux faisceaux) avec moelle ou sans moelle. Le faisceau des Tmesipteris comme celui es Sélaginelles comprend du protoxylème (f. foliaires) auquel vient er plus tard du métaxylème (f. caulinaires), mais le métaxylème au et . se différencier d’un seul côté se développe tout autour. L'anatomie à permis à M. Dangeard de distinguer les unes des autres les diverses espèces du genre Tmesipteris et d'en créer de nouvelles qui, d’après ce botanisle, ot et Jusqu'ici méconnues. Équisétacées. — On sait que M. Pftzer a le premier reconnu tar dans la tige des Préles et qu’il en a décrit les diverses dispositions dans { Annuario übrigen 9e sé (1) R. Pirotta : Sulla struttura anatomica della Keteleeria Fortunei del R. Istituto botanico di Roma, vol. IV, p. 200-203). ds (2) H. Graf zu Solms-Laubach : Die Soprossfolge der Slangeria und der Cycadeen (Botanische Zeitung, 1890, nos 12-15). . Se (3) Mémoire sur l'Anatomie et la Morphologie des Tmesipteris (Lo Botaniste, f* et 5° fasc., p. 163-229, 3 pl., 1891). Et REVUE DES TRAVAUX D'ANATONIE. 307 tige des Prèles d'Allemagne. M. Pa. Van Tiëche (1), reprenant cette étude et l'étendant à 23 des 25 espèces de Prêles admises par M. Milde, résume comme il suit les résultats de ses observations et de celles de M. Pftzer : 1° Endodermes particuliers dans le rhizome et dans la tige aérienne (Equisetum limosum, E. littorale, E. giganteum, E. pyramidale, E. debile, E. æylochætum, E. Marti ii); 2° Endodermes particuliers dans le rhizome, deux endodermes. généraux dans la tige aérienne (E. hiemale, E. trac sg _. ramosissimum, E. myrio- chætum, E. robustum, E. lævigatum, E. Schaffner 3 Deux endodermes généraux dans le os et dans la tige aérienne (E. variegatum) ; ° Deux endodermes généraux dans le rhizome, un endoderme général externe dans la tige aérienne (E. silvaticum). ÿ° Un endoderme général externe dans le shirons el dans la tige aérienne (£. arvense, E. Telmateia, E. pratense, E. palustre, E. scirpoides, E. bogo- tense, E. diffusum). Din ces cinq disposilions, le A accompagne ae pe * D'autre part,ens'appayant su M Tieghem propose un second groupement aps voici ES éléments : 4 lige as- télique dialydesme dans toutes ses part ties ; 2° s le rhizome, gamodesme dans les branches sétiennés: go tige astélique gamo- desme dans toutes ses parties. Les deux premières divisions de ce groupe- ment correspondent respectivement à la première el à la deuxième divi- _. on op groupement et la troisième à l’ensemble des trois autres. — De nouvelles observations sur l’anatomie de la tige des ses M. Pu. Van Tigcuem (2) conclut que la structure de la tige de ces plantes est dans toutes les espèces monostélique au-dessous de la pre- mière feuille, astélique au-dessus ; l’astélie étant tantôt dialydesme (Ophio- glossum), tantôt gamodesme (Botrychium, Helminthostachys). D'après M. Van ieghem, cette structure éloignerait les Ophioglossées des Filicinées et les lapprocherait au contraire des Équisétacées. er à l'opinion de De Bary et de MM. Thomæ et Strasbürger, OIRAULT (3) admet que le faisceau du pétiole des Osmondes n’est pas latéral et présente la même structure que chez les autres Fougère ue les Hyménophyllacées sont cantonnées dans les Rottel ” ses forêts des régions tropicales et subtropicales et qu’elles ue soit Sur le sol, soit sur le tronc ou les branches des arbres ou sur les ro humides des montagnes. D'après M. C. GresexnaGew (4), cet habitat si vai el la plasticité de ces plantes vis-à-vis des conditions extérieures sont su “ptibles de déterminer dans les individus d’une même espèce développés an (1) Ph. Van Tieghem : sr ré sur La structure de la tige des Préles (Journal de Dies s Ft n° 21, p. _. Ron ues sur la struc (Ibid. 1890. rh 2 5-410). 7 dé À G. Poiraul lt : Sur à structure du pétiole des Osmundacées (Ibid., 1891, n ture de La tige des Ophioglossées "a C. Giesenhagen : Die Hymenophyllaceen (Flora, — Heft V, p. 411-464) 358 __ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. : dans des stations différentes, des différences telles qu’on pourrait les consi- dérer comme appartenant à des espèces différentes si l'on n'avait à sa dispo- sition de nombreux termes de comparaison. On s’explique par là la confu- sion qui règne dans la systématique de ces plantes. M. Giesenhagen ayant pu consulter plusieurs collections très importantes, a pu, dans la nouvelle classification qu’il propose, rectifier un certain nombre d'erreurs commi- ses par ses devanciers. Muscinées. — M. L. Knx (1) a consacré 7 planches de sa 8° série de plan- ches murales et 37 pages du texte qui l'accompagne à la représentation et à la description de la structure et du développement du Marchantia polymor- pha L. Les figures sont suffisamment nombreuses et claires et le texte n’est pas une simple explication des planches, mais un résumé de toutes nos con- naissances sur la question ; l’ensemble constitue une véritable monographie de cette intéressante espèce. | TÉRATOLOGIE L'étude approfondie d’une anomalie donnée nécessite tout d’abord l’exa- men d’un grand nombre d'individus, car cette anomalie peut se présenter à des degrés divers de développement lesquels sont susceptibles de s’éclairer les uns par les autres; en outre elle nécessite autant que cela se peut l'intervention de la méthode expérimentale. L'étude ainsi comprise d'une monslruosité constitue ce qu’on peut appeler une monographie lératologi- que. Le volumineux mémoire que M. H. DE VRIES (2) vient de consacrer aux Phénomènes de torsion représente un travail de cette nature. M. de Vries prend d'abord le mot « torsion », dans le sens de Braun (Zwangsdrehung), ©'est- à-dire qu'il considère spécialement le cas où par suite de la torsion de l'axe, des feuilles opposées deviennent spiralées. Ses observations sur une rat de Dipsacus sylvestris à tiges et à feuilles tordues (D. silvestris (orsu _ H. de Vries) qu'il est parvenu à fixer sont particulièrement complétés. D'après Braun, la torsion des tiges à feuilles opposées est déterminée par une dévialion en spirale des bases des feuilles. M. de Vries précisant " idées de Braun démontre expérimentalement que la torsion est déterminée par la déviation en spirale des faisceaux qui se rendent aux feuilles. ne teur passe ensuite à l'examen détaillé des divers types de torsion qu'il croit pouvoir distinguer d'après les cas particuliers signalés par les tr eh ou rencontrés par lui-même. Généralisant les observations précédente® M. de Vries étudie ensuile la (orsion dans les tiges à feuilles éparses js dans les tiges nues, dans les feuilles et les pétioles, et en outre Farine ment en Spirale des tiges et des racines. En somme, le mémoire de M. de Vries en dehors des faits nouveaux qu'il contient, par la dant n la bibliographie et un groupement heureux des faits, résume d'unc pee L. Kny: Bauund Entwickeiung von Marchantia polymvorpha (Sondersbérugt pre Text der VIII Abtheilung der « Botanischen Wandtafeln », Berlin, Pau (2) Hugo de Vries : Monographie der Zwangsdrehungen (fahrbücher nt schaftliche Botanik, 1891, p. 13-206). ‘ Frise REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 359 _ complète et salisfaisante nos connaissances sur les phénomènes de torsion. De nombreuses observations ont montré que l'existence de certains organes qui servent de support à d’autres organes est en quelque sorte sous la dépendance de ces derniers. C’est ainsi que le pétiole d'une feuille meurt lorsqu'on enlève le limbe ; il en est de même d’une axe d'inflores- cence privé de ses fleurs, d’un rameau dépouillé de ses feuilles. Cette dé- pendance entre la fonction d’un organe de support et la durée de sa vie. vient d'être étudiée par M. Huco pe Vaiss (1) à un point de vue nouveau. Ce botaniste en effet a réuni un certain nombre de faits qui montrent qu'une prolongation anormale de la fonction d’un organe peut déterminer une prolongation de sa vie et en outre un accroissement de sa masse. Il n’est pas rare de voir certains pédoncules de Pelargonium zonale porter un bour- geon feuillé au lieu d’un bourgeon floral. L'auteur a vu un de ces bourgeons se développer après la chute des fleurs de l’inflorescence en un rameau feuillé ramifié dont il a observé la croissance pendant trois ans. Après ce temps, l’axe de l'inflorescence, très accru, montrait la même structure qu'un rameau ordinaire de même âge. Du liège s'était développé dans son écorce, ce qui n'arrive jamais dans les axes d’inflorescence normaux. Comme deuxième exemple, l’auteur cite des tubercules de Pomme de terre qui, au lieu de périr comme cela arrive normalement l’année même de leur mise en terre après emploi de leurs réserves au développement de rameaux aériens, avaient vécu deux ans. Les rameaux souterrains, au lieu de naître de la base des rameaux aériens comme cela arrive d'ordinaire provenaient de certains dance des matières nutritives qu’elles attirent, les galles déterminent ordi- ou th activité et s’accroitre. Il parait résulter en outre de ces j ons que certaines parties des plantes possèdent des propriétés qui dans le uelque sorte latentes pui i U s puissent devenir apparentes. ; On sait que dans! : H le de leur végétation, les bulbes produisent FA Hugo de Vries : Ueber abnormale Entstehung secundärer Gewebe (fahrbücher Vissenschaftliche Botanik, Bd. XXI, p. 35-72, 1890). 360 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. : rie en plus ou moins grand nombre des caïeux naissant à l'aisselle des écailles ou uniques du bulbe-mère; toutefois dans des cas rares, on peut voir des caïeux apparaître à la surface même des écailles, provenant des nervures de’ leur face interne. M. P. DucarTRE (1) qui a, depuis longtemps déjà, appelé l'attention sur ce phénomène qu'il a signalé dans le Lilium pardalinum Kellogg et en outre dans le Lilium Thomsonianum Lind., où ces formations apparaissent d’une facon régulière, a eu l’occasion d'observer de semblables productions dans le Lilium auratum. Dans cette dernière plante, une écaille ne portait pas moins de douze caïeux épars sur sa face interne et nés soit de la nervure médiane, soit des latérales. Le développement de ces caieux était d'autant plus considérable qu'ils étaient plus rapprochés de la base de l'écaille mère. M. Büscen (2) a trouvé des feuilles anormales de Marsilia hirsuta R. Br. présentant tous les passages entre des feuilles ordinaires et les sporotarpes normaux de cette plante. Cette observalion présente un intérêt particuier, car elle semble lever les derniers doutes que l’on pouvait avoir sur l’origine morphologique du sporocarpe des Marsiliacées. On sait que la pression exagérée de l’eau dans les divers tissus d'une plante est regardée comme une des causes qui peuvent déterminer la pro” duction de monstruosités dans les organes végétatifs. M. W. JANNICKE (3) attribue à cette cause les anomalies variées intéressant surtout la structure des feuilles et leur disposition sur la tige qu'il a observées sur des Weigelia du Jardin botanique de Frankfort, placés dans un endroit humide el peu éclairé et dont la croissance retardée jusqu’en mai par les froids persistants de l'hiver, se fit ensuite avec une extrême rapidité. D’autres pieds de _—. gelia placés à un endroit du jardin plus sec et bien éclairé n'ont pas pre” senté d'anomalies. - Certaines anomalies, au contraire, paraissent résulter de conditions de | nutrition insuffisantes. C’est ainsi que M. Fr. BUCHENAU (#) à vu un Charme rendre d’abord des feuilles plus petites lobées, et par une amélioration dans les conditions nutritives reprendre ensuite peu à peu des feuilles de dimension et de forme normales. M. F. HizpesranD (5) a vu aussi des feuilles de Rhamus Frangulu, de Juglans regia et d’Hepatica triloba devenir lobées et cette monstruosité persiste depuis plusieurs années. Il serait intéressant de savoir si un changement dans les conditions nutritives de ces plantés "° la ferait pas disparaitre. se M. W. Jinnicke (6) décrit diverses formes anormales de feuilles de Vigne; (1) P. Duchartre : Sur la production de caïeux épiphylles chez le Liliur auratum (Bulletin de la Société Botan. de France, t, XXXVIT, fasc. 5, p. 234-236, 1877 (2) M. Büsgen : Untersüchungen über normale und abnorme Marsilienfrüc (Flora, 1890, Heft 2, p. 169-182). : (3 Jäonicke : Bildungsabweichungen an Weigelien (Berichte der de botan. Gesellschaft, Bd. IX, Heft 8, p. 266-269). en Form (4) Fr. Buchenau : Ueber-einen Fall der Entstehung der eichenblätterigen "7. der Hainbuche (Carpinus Betulus L.) (Botanische Zeitung, 1891, col. 98-103) (5) Fr. Hildebrand : Ueber einige plôtzliche Umänderungen an Pflansen (Beric utschen ; > a ñ (6) W. Jännicke : Uber abnorm ausgebildete Rebenblätter (Berichte der deutsche botan, Gesellschaft, Bd. VIN, Heft 4, p. 145-147, 1 pl, 1890). REVUE DES TRAVAUX D'ANA TOME. dE Jet 4 l'une en ‘entonnoir, l’autre à péliole Ru dont le limbe en résulter de la fusion de deux limbes différents, e M. W. Rüssez (1) a observé la transformation do feuilles de Vicia sepium en ascidies sous l'influence de la piqûre d’un insecte. Il décrit en outre deux ascidies de Choux dont l’une épiphylle. M. E. Læw (2) a Era el décrit la transformation de hoitwdbis fevitlés de Gui en bourgeons florau M. P. Ducnarrre (3) a eu à sa disposition des fleurs de deux espèces d'Or- chidées, Cattleya Lawrenceana Hort et C. speciosissima présentant entre autres monstruosilés, la soudure des pétales par le bord inférieur de chacun d'eux à la colonne ou gynostème qui, par suile,se montrait dans toute sa “eme plus ou moins largement bordée et le plus souvent à ses deux côtés, d’une aile pétaloïde aussi vivement colorée que le sont les pétales normaux de l'espèce. Cette adhésion s'était compliquée d'une parlicularité intéressante. Au-dessus de sa portion adhérente, le bord inférieur de chaque pélale s'était Loujours notablement épaissi; dans cetle portion épaissie et en majeure partie blanchâtre, il existait à 5 ou 6 millimètres du sommet de la colonne un renflement oblong et long de 2 à 3 millimètres de couleur jauné, lequel dans trois fleurs de Cattleya Lawrenceana constituait une véritable loge d’anthère renfermant une assez forte masse de pollen, bien que les quatre pollinies caractéristiques des Caltleya existassent dans l’an- thère normale. Les pétales étaient non seulement devenus adhérents, mais encore anthérifères M. A.-G. Garon (& ) a observé dans des fleurs de Lonicera prime une série d'anomalies qui lui paraissent de nature à justifier l'hypothèse que les fleurs zygomorphes dérivent d’un type ancestral réguli ulier. M. STENZEL (5) décrit des fleurs doubles d”’ Orchidées et des fruits anormaux de divers Érables . CLos (6) rappelle les principes de la Tératologie végétale el fait connaltre Ke uns des résultats généraux qui découlent de leur applica Les Le tient signalés par les auteurs sont aujourd’hui si nom- breux qu’un ouvrage résumant tous ces fails et les rapprochant les uns des autres par famille, genre, espèce, doit rendre des services considérables. (1) W. Rüssell : nr pr olioles anormales du Vicia sepium (Revue générale de Botanique, vol. If, no + 481-489, avec fig., 1890); — Étude anatomique d'une tueidie de Chou (Ibid. we PL no 25, p. 33-4?, avec fig., prie ja *? Les ascidie épiphylle du Chou “bit, vol. 1II, n° 32, P- 37-340, ©) E. Lœw : Ueber die Metamorphose + Sprossanlagen in Blüthen bei tSCcum album Égapetine Zeitung, 1890, ee MR Ds : Pass past et de es Pr (Bulletin de la Société Botan. de France, t. XX VI, fasc. . p. 150-1 90)- m : : de: Gär rés une série d'anomalies du Lonicerd periclymenu u | el on la pra Botan. de Lyon, 3 p (5) Stenzel : Aus de M J area de Ro ebisieite Gesellchaft für vaterland- ische Cul, 1890, P. Fa D. : La Le es v nie et ses principes (B iences, eq et Belles-Lettres de Toulouse, 1891). (Extrait ulletin de l'Acad. des 362 =. : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. M. 0. PewziG (1) vient d'entreprendre la publication d’un travail de cette nalure. Après une courte explication des expressions les plus fréquemment employées en tératologie, l’auteur consacre 166 pages à l'indication de {ous les travaux de tératologie végétale parus depuis les temps les plus reculés, jusqu’en 1888. Ces travaux sont évidemment de valeur fort inégale et nous aurions désiré qu'un peu de critique accompagnät cette énumération. Vient ensuite la partie la plus importante de l'ouvrage, c'est le dénombrement. systématique des anomalies morphologiques observées dans les diverses familles, genres, espèces de Dialypétales. Pour chaque famille, l’auteur donne un aperçu général des malformations signalées dans l’ensemble de la famille, puis il passe à l'examen détaillé de ces malformations dans les tribus, genres, espèces dont elle se compose. Le rapprochement de lous ces faits montre d’abord que certaines anomalies sont répandues dans toutes les familles, tandis que d’autres se rencontrent dans un nombre de familles plus on moins restreint. Le livre de M. Penzig facilitera les recherches biblio- graphiques et diminuera sans doute les répétitions inutiles de descriptions de cas tératologiques déjà connus. DIVERS. On sait que les hybrides présentent en général des caractères morpholo- giques les rattachant à leurs parents. Des observations de M. BrANDZA (2), sur les caractères anatomiques de divers hybrides, il résulte que certains peuvent présenter dans leur structure une sorte de juxtaposition des carat- tères de leurs parents, d’autres ont une structure intermédiaire entre celle des parents ; enfin dans un troisième cas, certains organes présentent une Structure intermédiaire, tandis que d’autres montrent une juxtaposition des caractères des parents. | M. Dane (3) a greffé sur racines et sur tubercules des plantes apparte- nant à des familles même {rès éloignées. La soudure des parties n'a pas toujours eu lieu, mais, en général, le greffon a survécu. Dans la plupart CE cas, d’ailleurs, le greffon périt si l’on supprime les racines adventives qu'il à développées. L'auteur a en outre constaté que la greffe peut réussir Sans que les assises génératrices soient en contact. On conçoit que ces der réussissent d'autant mieux qu'elles se font entre espèces plus voisines: - On sait que si un organe est divisé en deux parties où séparé d’une plante par une section faite à l'aide d’un instrument tranchant, les ere séparées peuvent se souder si on applique les sections exactement Er contre l’autre, et si l’on prend des précautions pour évier la dessiccation des (1) O0. Penzig : Pflanzen-Teratologie, systematisch geordnet, Bd. I, Dictoty rÉ Polypetalae, Gênes, 1890. » Escu- M. Brandza : Recherches anatomiques sur la structure de l'hybride entre 4 gt lus rubicunda et le Pavia flava (Revue générale de Botanique, vol. II, n° 1‘ ms 4 1890) 5 — Recherches anatomiques sur les hybrides (Ibid, n°° 22 et % ., D $ s , (3) G. Daniel : Sur la greffe des parties souterraines. des plantes (Comptes rends de l'Académie des sciences, t. CXIIL, 405). ; ue : s REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. | 363 _ parties en contact. M. W. Ficoor (1) a étudié les conditions anatomiques el physiologiques de cette soudure. Ses expériences ont porté sur des racines (Carotte, Rave, etc.), des tubercules (Pomme de terre, Topinambour, etc), des rhizomes (Iris). Après rapprochement des sections, les bords de la blessure étaient enduits de mastic à greffer pour éviter l'évaporation; les organes en expérience élaient placés ensuite dans de la terre ou du sable humide. D’après l’auteur la soudure étant toujours le résultat de la forma- tion de nouveaux éléments anatomiques intercalés entre les surfaces en contact, ces surfaces doivent être séparées par un petit espace afin que le nouveau lissu puisse se former. Cependant au commencement une certaine pression paraît favorable. à la soudure. Un minimum de transpiration ne doit pas être dépassé. Relativement à l'aptitude des parties en contact à se souder, l’auteur distingue quatre cas : Dans le premier il y à soudure durable (Rave, Cyclamen); dans le second il y a d'abord soudure simple, puis formation de liège de part et d’autre du lissu cicatriciel (Pomme de terre); dans le troisième cas, l'union des parties en contact se fait partiel- lement par l'intermédiaire d’un nouveau tissu prenant naissance dans le cambium, partiellement par l'intermédiaire d’une matière gommeuse (Carotte, Betterave, Dalhia, Topinambour); enfin dans un quatrième cas, il n'y à jamais eu soudure (fris). À la suite de voyages dans diverses régions mon(agneuses de l'Europe, M. G. Bonnier avait pu constater, en comparant des échantillons de la même plante cueillis à diverses altitudes, que le climat alpin semble exercer sur les plantes une influence marquée. Désireux de rechercher, par l'emploi de la méthode expérimentale, la valeur et l'étendue de cette influence, M. G. Boxxrer (2) a entrepris à la fois dans les Alpes et dans les Pyrénées des séries de cultures failes à des altitudes différentes. M. Bonnier s'est entouré des précautions les plus minutieuses pour éliminer les influences aulres que celles du climat ; c'est ainsi, par exemple, que pour une espèce donnée, le plant cultivé à une haute altitude et à la station la plus basse Provenaient du même pied, qui avait été divisé en deux; lorsque des semis ont été faits, les grains provenaient de la même plante. En outre, M. she 3 erches peine modifiés par le climat alpin, le Lotus corniculatus et le Brunella vul- che Studien über die Erscheinung der l i ae < . - (1) W. Figdor : Experimentelle und histologis RE nu. “ot im Pflanzenvreiche Gers gp); der kais. ! ten in Wien., Bd. C, Heft 4, p. 177-200, 1 1). ; 5 SL @) G. Bonnier : Cultures expérimentales dans les Alpes et les Pyrénées (Revue Bénérale de Betanique, vol. IH, n° 24, p. 513-946, avec fig., 1890). 364 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Lu augmente, puis en sens contraire; tels sont la couleur des fleurs ou l’inten- sité de la teinte verte des feuilles. Une même espèce peut donc présenter pour cerlains caractères un optimum d'altitude qui correspond au maximum des variations de ces caractè D'autres caractères, au contraire, semblent varier daus le même sens jusqu’à la limite de la végétation phanérogamique. D'une manière générale, on observe le plus souvent que le plant de la station supérieure présente : 1° une taille plus petite ; 2° des entre-nœuds plus courts; 3° un développement relatif plus considérable des parties souterraines ; 4° des feuilles plus petites; 5° des feuilles plus épaisses relativement à leur surface et souvent même plus épaisses en valeur absolue; 6° une teinte plus verte des feuilles; 7° une coloration plus vive des fleurs. On sait que les individus appartenant à une même espèce peuvent pré- senter sous l'influence du climat ou de la culture des variations dans la durée dont la végétation s'achevait la première année. M. G. Bonnier à montré. d'autre part que le climat alpin détermine fréquemment un accroissement dans la durée des individus appartenant à certaines espèces. M. Th. Hozu 1) apporte dans le même ordre d'idée un certain nombre de faits nouveaux. L'Hypericum nudicaule Walt., le Delphinium consolida 1, le Cyperus flaves- cens L., le Carex cyperoïdes L. et le Tragus racemosus Hall qui, en Europe, sont des espèces annuelles, sont vivaces aux États-Unis et en particulier dans les environs de Washington. L'Arabis dentata Tarr. et Gr. qui est typiquement bisannuel, l’Arabis Cyrata L. qui est normalement annuel ou bisannuel lui ont présenté des individus vivaces et, au contraire l'Arabis lævigata Porr. signalé comme vivace par Hildebrand n’est pas rare sous la forme bisannuelle autour de Washington. à () Th. Holm : On the vitality of some annual plants (from the American Jonrne 1891). of Science, vol. XLIF, october, anspi tion ( + Schimper : Ueber Sehutzmittel des Laubes gegen sé Kong besona rsin der Flora Java’s (Mittheïlungen aus den Sitzungsberichten der preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1890, Heft VI, p- 633-650). + REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. 365. serait dù, d'après l’auteur, à la trop grande richésse en sels du substratum ui a pour résultat de réduire l’assimilation du carbone. Le Selaginella lepidophylla est une plante qui croît sur les parois en pente des ruchers dans diverses régions de l'Amérique tropicale ou subtropicale. D'après M. W. Wosowic (1), quand l’eau manque, la plante enroule ses rameaux en un peloton brun, sec et fragile. Une averse vient-elle à tomber, elle déroule ses rameaux et végète pour reprendre l’état de vie latente lorsque le milieu ne lui fournit plus d’eau et que sa réserve est épuisée, ce qui peut arriver, d’après l’auteur, au bout d'un petit nombre d'heures. Dans les parties jeunes de la plante, l’auteur a vu les cellules imprégnées d’une malière colorante d’un rouge intense qui, d’après lui, les protégerait contre uue trop forte insolation. Il a trouvé, en outre, dans les parties plus âgées une sorle d'huile grasse dont la présence expliquerait, d'après l’auteur, la résistance de la plante à la dessiccation. L'absence presque complète de cette substance dans les parties jeunes, lesquelles chez les autres plantes sont les mieux protégées par le contenu de leurs cellules contre la sécheresse, nous parail peu favorable à celte hypothèse. On sait qu’une même espèce peut présenter, suivant la station ou même dans une station donnée, des individus de taille très différente. M. P. Scau- MANN (2), s'étant proposé de rechercher si les grands exemplaires représen- tent simplement un tableau agrandi des petits, a constaté qu'il n’en est Presque jamais ainsi. La tige des grands individus présente chez les Mono- cotylédones un accroissement du tissu fondamental. Chez les Dicotylédones l'augmentation de diamètre est due uniquement dans la plupart des cas à . l'accroissement de la moelle. Dans le Datura Stramonium el l'Hyoseyamus niger, l'auteur a observé en outre une multiplication du parenchyme intercalé Parmi les vaisseaux primaires et dans le Carum Carvi l'apparition de fais- ceaux libéro-ligneux médullaires. L'accroissement de l'écorce est rare eLil en est de même de celui du bois, Dans la racine, l'augmentation de diamè- re des grands exemplaires porte au contraire presque exclusivement sur le bois, et dans une mesure moindre sur l'écorce. M. A. Pruxer (3), ayant eu l'occasion d'observer des tubercules de Pomme de terre traversés par des rhizomes de Chiendent,a constaté que le tubercule S'isole de la tige ou des racines de son hôte par une couche de liège, mais landis que les tiges traversent complètement le tubercule, les racines nées de la portion de ces liges emprisonnées dans le tubercule, arrivées à la partie inférieure du tubercule, au contact du tégument, se recourbent en général € façon à se mouler en quelque sorte sur le té Souvent dans le tubercule. L'extrémité de la tige et ce Seules une action dissolvante sur les tissus du tubercule. En somme, les D Wojinowic : Beiträge zur De nholrier re und pr (2 P. Schum ag ka joug ses der Grenzen der Variation im Analo- uschen Bau derselben Pflanzenart (Botanisches Centralblatt, Bd. XLV, n°* 12-13, et * XLVI, nos 13). | | : G) A. : Sur la perforation des } A. Prunet tubercules de pomme de terre par prb 0mes de Chiendent (Revue générale de Botaniqu hi e, vol..Hf, p. 166, avec fig., 1891). 366 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tubercules sont pour les liges et les racines non un milieu nulrilif, mais un corps étranger qu'ils traversent en employant des moyens un peu spéciaux. On sait que certaines plantes dites myrmécophiles présentent en particu- lier au voisinage de la fleur des nectaires fréquentés par des fourmis. La présence de ces animaux, d’après MM. Delpino, Belt, Beccari, Schimper, etc., aurait pour résultat d’éloigner des organes de reproduction ou des jeunes feuilles, les larves phytophages de beaucoup d'insectes. M. W. Burca (1) confirme les vues de ces divers auteurs, mais en outre s'attache à montrer que la présence de nectaires « extra-nuptiaux » sur la face externe du tube de la corollé de diverses espèces tropicales, au niveau des nectaires « iutra- nuptiaux »;, empêche dans beaucoup de cas les bourdons et les abeilles de recuëillir le nectar de ces derniers autrement que par les voies naturelles. L'auteur à en effet constaté qu'à Java les « vols de nectar » par l'inteérmé- diaire d'orifices percés dans les enveloppes florales à la hauteur des nec- _taires « intra-nuptiaux » sont extrêmement fréquents et s'observent dans un grand nombre d'espèces. D'après l’auteur, les nectaires « intra-nupliaux » du Memecylon rumiflorum hébergent une espèce de fourmi dont la présence éloigne: une deuxième espèce de fourmi de taille plus petite, qui se nourrit normalement de jeunes fleurs et de jeunes feuilles. L'auteur signale en outre quelques cas de myrmécophilie ayant pour résultat, selon lui, de pro- téger les jeunes feuilles contre les larves PR (Nepenthes, Tricho- Reg ma rate Smilaæ) ors d’une étude générale sur la mécaniqne de la dilatation, ‘le nouveau mémoire de M. Srgingrinck (2) contient une discussion mathémati- que des chângements de forme de nature hygroscopique soit des cellules, soit des tissus; l'auteur recherche en outre les relations qui existent entre les dilatations des membranes et les diverses hypothèses émises sur la constitution de la membrane cellulaire; la théorie des micelles de Nageli est l’objet de ses préférences. Le travail se termine par une par lie spéciale consacrée surtout à la théorie des mouvements de torsion ou d’entortille- ment. Dans un autre Mémoire, M. Sreerincx (3), cherchant dans l'anato- mie l& vérification de sés idées théo oriques, étudie en particulier la déhis- _cence d’un certain nombre de fruits secs, d’anthères et de sporanges de Fougères. Ce dernier travail n’ajoute pas de faits bien nouveaux à CEUX qui élaient déjà connus. M. L. CLauoeL (4), recherchant la cause des mouvements en résentent divers organes de l’Astericus maritimus Mœænch, du Carh acanthifolia All., et de l'Anastatica hierochuntica Crantz, constate que dus es plantes, ils s’expliquent à la lumière des deux principes suivants for- (1) $ Burch : Beitrüge zur Kenntniss der Myrmecophilen Pflanzen ere Bedeutung der extr Ne Nectar . (Extrait des Annales du Jardin botaniqu “raie À vol. X, p. 15-144, ? pl., 1891). und ) C. Steinbrinek : Zur. Theorie a on Fliüchenquellung schrumpfung vegetäbilischer Membranen, in-8, 128 p. avec pl.; Bonn, tré Q C. Steinbrinck : Ueber die ana rio rs on Ursache der hyg schen Bewegungen pfla pee Een (Flora, 1891, p. 193-219, avec pl:)- étri- (4) L. Claudel : Observ le mouvement de quelques plantes hygrer que, 10 Epl., Ph _ REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE. | 367 mulés | | Mt . su Sablon : 1° les cellulès ou les fibres se conträctent Rs re es se _. oses égales d ailleurs ; 2° les fibres les plus longues sont . AGE le mine dans le.sens de la plus grande dimension. * EN Pre ere précédemment signalés, M. W. Prerrer (1),recher- HR es pre ours des étamines des Cynarées, admet que er à e sauraient s expliquer par des phénomènes d’'imbibition és, ouper A plutôt par l’exosmose de principes osmoiqe an LE de substances de plus faible pouvoir die ee ayant eu l'occasion d'examiner des fragments fos- ni rs es dépôts parodie de Moresnet et considérés par nus “aie FORCES l’un une épine .dermique, l'autre une RE Rires ur ani l Aachenosaurus multidens G. Smets, a constaté nn . illons sont des débris de végétaux; l’un d'eux est une nu ares . à sa partie ligneuse et appartenant à un genre appelé Die oi ar et qui parait se rapprocher de certaines Gamopétales; D éau pourvu de bois et de liber d’une Dicotylédone qu'il ee nor js Nicolia Moresteni et qui lui paraît se rapprocher à + eq et en parhculier des Saururées. : ue à à “ a création d un Jardin botanique à la Faculté de Médecine RÉ Fe ” + BEAUVISAGE (3) fait connaitre les idées qui, d’après lui, de- présider à la disposition des divers groupes de plantes dans un jar- di ï . rm Fe d espace, formerait une sorte d'arbre généalogique à rameaux d’ane es ii ne cette sorte de réseau dans l’espace lui semble familles Far ifficile, il se contenterait d'un réseau-plan dans lequel les formé dsteôn ortes. seraient représentées par des massifs distincts de voisinage ren mais telle que chacun d'eux puisse avoir des relations de bc à es massifs renfermant des familles voisines. ‘en ant étude crilique des travaux les plus importants d'ana- dé dei Le depuis la publication de la Vergleichende Anatomie de signalées te tab ue à M. D. H. Scorr () et dans laquelle sont en outre dérable des m er qui restent encore à combler malgré la masse consi- M édlonx atériaux accumulés depuis cette époque. aussi une intéressante étude critique du récent ouvrage de À (1) W Ungen à AE ra den Aggregatzustand des Protoplasmas u Gesellschaf # der mathematisch-physischen Classe der kônigl. alt der Wissenschalften, p. 187-344, 1890) q Sächsische del Aachenosaurus mullidens G. Smets q d’'Hydrologie ne P. 59-72, 1 pl. et fig., i ) Beauvisage : Le Jardin / Vo 1 pl., Lyon. H. Geor VE < + Scott : On some recent progress in our knowledge of the anatomy 0f nnals of Botany, vol. IV, n° 13, p. 141-161). 1890). botanique de la Faculté de médecine de Lyon, in-8, 368 7 RÊVUE GÉNÉRALE: DE BOTANIQUE. M. H. de Vries : Intracellular Pangenesis (1), due à M. J.-W. Mozz (2). Des tubes criblés péri-médullaires n’ont été signalés jusqu'ici que dans un petit nombre de racines de plantes Dicotylédones. Aux exemples connus (3), il faut ajouter d’après MM. D.-H. Scorr et G. BreBner (4) les racines des Strichnos et des Chironia. Chez les espèces où ce liber interne existe dans la tige et manque dans la racine, le Jiber interne de la tige passe, dans la région de l'hypocotyle, au liber externe dé la-racine. Les auteurs ont, en outre, étudié la structure et l’origine des ilots libériens enclavés dans le bois de la racine de diverses plantes. D’après eux, ces formations sont primaires et proviennent du conjonctif primaire, ou secondaires, et résultent de l’acti- xité centrifuge du eambium, ou tertiaires, et tirent alors leur origine d'élé- mens cellulaires appartenant au bois secondaire. Ce dernier cas est propre aux racines charnues. Les auteurs examinent ensuite les anomalies que présente au point de vue de la structure anatomique la tige de diverses Apocynées, Asclépiadées, Gentianées, Plombaginées. La continuité du système libérien dans la tige et dans la racine, paraît à MM. Scott et Brebner un argument en faveur du rôle conducteur des tubes criblés, rôle nié dans : ces derniers temps, comme on le sait, par MM. Frank et Blass. : M. G. Hexscow (5) a étudié avec beaucoup de soin le système vasculaire des organes floraux. 11 décrit successivement la répartition, l’arrange ement et la marche des faisceaux dans les pédoncules, les pédicelles et les récep- tacles floraux, spécialement dans leur passage du pédicelle au réceptacle et du réceptacle aux pièces florales. L'auteur fait en outre connaitre les divers modes de séparation, de réunion, de réarrangement des faisceaux qu'il a observés dans les 61 espèces réparties dans 34 familles sur lesquelles ont parte. ses FRE gA ques (4) D.-H. Scott and G. Brebner : On internal re in the Root ee SE of Dicotyledons (Annals of Botany, it V, no XIX, August 1891, p. 259-300, 3 (5) G. Henslow : On the Vascular Sie Flora Organs, and the D 1h tance in the In roi of the Morphology of Flowers (Linnean Journal, Botany, vol. XXVIII, p. 151-197, 10 pl.). A. PRUNET. Millot del. , (+ E Éd. Crété. Appareil pour étudier les échanges gazeux des plantes grasses. IT | | il I | 1-2 “onbiun10g op agn4auob ana2y ‘8 2Y2U0]4 ‘h 20] MODE DE PUBLICATION & CONDETIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. L Aucune livraison n'est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc. à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou modernes dont il est fait mention dans la /evne. # Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Îlsera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue générale de Botanique. Les auteurs des Sabre à insérés dons la Revue générale de Bota- nique ont aors tuitement à vi Fe ires en tirage à part. gt-c = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR D£ BOTANIQUE A LA SORBBONNE TOME QUATRIÈME Livraison du 15 septembre 1892 nnenee N° 45 PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES PAUL KLINCKSIECK, ÉDITEUR 32 RUR DES ÉCOLES. 52 EN FACE DE LA SORBONNE ‘rsbiiiéats. LIVRAISON DU 15 SEPTEMBRE 1892 1. — DESCRIPTION D'UNE LILIACÉE EXOTIQUE PEU CONNUE, LE COHNIA FLABELLIFORMIS, par M. MH. Jacob | 369 de Cordemoy . …... tee trs sen sors és ss ve s de ser à IL. — RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES (avec planche et figures dans : 73 le texte), par ME. E. Aubert (suile). 42... arm l I. — REVUE DES TRAVAUX SUR LA CLASSIFICATION ET LA GÉO- GRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES DE . LA FRANCE, publiés en 1888 et 1889, par ME. A. Maselef …..... VS RU RE a LE d're Do ect ‘ o . ” s: te. Cette livraison renferme en outre une gravure dans le tex Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir troisième page de la couverture. DESCRIPTION D'UNE LILIACÉE EXOTIQUE PEU CONNUE LE COHNIA FLABELLIFORMIS Par M. H. Jacob de CORDEMOY Le genre CoAnia, créé par Kunth (1), est voisin du genre Cordyline. L'espèce que Kunth décrit sous le nom de Cohnia Parviflora avait été appelée Dracæna flabeliformis par Bory de Saint-Vincent (2) qui l'avait rencontrée à l’île Bourbon. Comme la petitesse des fleurs caractérise le genre lui-même et non cette espèce en particulier, nous pensons qu'il est préférable de Conserver la dénomination spécifique choisie antérieurement Par Bory. Nous nommerons donc cette espèce : Cohnia flabel- liformis Cordem. Du reste les trois espèces décriles par Kunth : Cohnia flori- bunda, C. parviflora et C. macrophylla paraissent devoir se ré- duire à cette espèce unique. Voici sa diagnose, avec quelques pa rticularités relatives à son Mode de végétation, particularités non signalées par les auteurs ; 0n n'a, d’ailleurs, donné de cette plante qu’une description in- complète. Cohnia flabelliformis. La fleur est supportée par un pédicelle blane, grêle, de 3 millimètres environ de longueur. Ce pédicelle se confond, au Premier abord, avec le tube floral dont il a la coloration blan- (1) Kunth. Enumeratio pl V. p. 35 + plantarum. T. V.p. 90 Le (2) Bory de Saint-Vincent. Voyage aux iles d'Afrique. T. J: p. 210-11 et 309. Rev, gén. de Botanique. — IV: 3. 370 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. che. Cette fleur est à 6 divisions légèrement soudées à la base, linéaires, réfléchies à l’anthèse, aiguës, un peu en capuchon au sommet, en préfloraison alternative. Les étamines sont au nombre de six ; à filets libres, un peu élargis à la base, aplatis, ayant un peu plus de la moitié de la longueur des lobes du périanthe, glabres, opposés à ces divi- sions. Anthères oscillantes, biloculaires, hastées, s'ouvrant par deux fentes latérales, introrses. Ovaire triloculaire, à 6 côtes semi-lunaires. Ovules 6-8, anatropes, disposés sur deux rangs et insérés à l’angle interne de chaque loge. Style épais, un peu plus long que l'ovaire, cylindrique, à trois sillons. Stigmate aplati, tronqué, trilobé. Le tout est glabre. Le bouton de la fleur est parsemé à l'extérieur de points d'un bleu verdâtre. Les divisions du périanthe sont uninerviées. Le fruit est une baie noire, lisse, brillante, conique, surmonté du style épaissi, charnu et muni de trois petites cavités en forme d'ombilics, situées au-dessous du style et correspondant aux cloisons. Cette baie renferme pour chaque loge 1-5 graines noires, anguleuses, luisantes, à arêtes vives, semi-ascendan!es. Les graines renferment, sous un tégument épais, coriace, friable, un albumen abondant, au milieu duquel se trouve l'embryon. Les pédicelles et les divisions persistantes du périan- the, coriaces, prennent quelque temps après la floraison une couleur rousse. L'inflorescence est en grappe composée. Les fleurs sont por- lées sur.les axes quaternaires par les petits pédicelles blancs. La constitution de cette inflorescence est la suivante : l'axe principal d’un blanc verdâtre, de plus d’un mètre de long, subtriangulaire, est enveloppé à la base de 3-4 bractées foliacées stériles, engainantes, puis de bractées semi-amplexicaules, de currentes, à l’aisselle desquelles naissent les axes secondaires munis d’une bractée intra-axillaire bifide au sommet; — ΰS axes secondaires aplatis horizontalement, subtriangulaires, PO” tent des bractées semi-amplexicaules, aiguës, à l'aisselle nf quelles naissent les axes tertiaires munis également de bractées LE CONNIA FLABELLIFORMIS. 371 intra-axillaires, dont les inféricures sont bifides au sommet, les supériéures entières et aiguës. Les axes tertiaires portent de la même manière des axes quaternaires dont la bractée intra-axillaire est entière. C'est sur ces axes quaternaires que naissent insérés sous forme de RUE de 6 grappes, suivant la fraction 5 les pédicelles florifères. Les dimensions moyennes des divers éléments de l’inflores- cence sont les suivantes : Longueur du rien principal. ...... pére see 15,50 es axés SeCONdAIFes. .....,. ses. 0®,50 — des axes enr RAS et 0m,25* des axes quaternaires................. 0w,12 Longueur de la fleur (le péisele compris)...... 0®,01 e la bractée de la base.............. 0®,45 — d'une bractée ane RS 0,20 Les bractées sont aiguës, très entières, lancéolées, linéaires. Les tiges simples, très rarement rameuses, de 3-4 mètres de longueur, de deux centimètres environ de diamètre, s'élèvent en nombre plus où moins considérable d’une grosse souche ligneuse plus ou moins aplalie ou globuleuse appliquée contre le tronc des vieux arbres. Elles se terminent à un certain àge par l'inflorescence, et continuent à s'allonger par un bourgeon Axillaire contiqu à l'axe florifére. Ces tiges sont dès lors marquées des cicatrices des axes flori- fères et de celles plus ou moins nettes des feuilles tombées. Les feuilles sont distiques, sessiles, engainantes à la base, équitantes, munies d’une forte nervure médiane. La portion équitante épaisse, pélioliforme, est longue d'environ 25 centi- mètres ; le limbe, long de 80 centimètres à 1 mètre, large de 8à 10 centimètres, est penninerve et présente des nervures fines, Serrées, non proéminentes. Les bords sont entiers, ondulés; le sommet est très aigu, acuminé. Le tout est glabre. Notre espèce est un arbuste épiphyte, à racines épaisses, fibreuses, rameuses, dures, solides, embrassant les rameaux des arbres et s’enfonçcant dans les mousses et l'humus qui recou< 372 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. vrent les vieux arbres. Nous ajoutons cependant que cette con- sistance fort dure qu'offrent généralement ces racines est due à ce que l'écorce molle s’exfolie de bonne heure en mettant à nu le cylindre central protégé par une gaine sclérifiée extrèmement résistante. Cette plante croît à l'ile de la Réunion dans les forêts hu- mides, sur les vieux arbres moussus, ou quelquefois sur le sol humifère parmi les racines des plantes voisines, auxaltitudes de 300 à 1.500 mètres. Son nom vulgaire, dans l'ile, est : Canne marronne. Elle fleu- rit en juillet-août, pendant les mois d'hiver de l'hémisphère austral. RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Pâr M. E. AUBERT (Suite). Reanque. — Il est plus intéressant d'envisager l'influence timulianée de l'âge et de la température sur l'intensité respira- loire d’une espèce grasse donnée, puisque dans les conditions naturelles du développement des plantes, à mesure que la Le iode végétative s'écoule, la température s'élève. J'ai pu déter- miner dans ces conditions les échanges gazeux du Sedum car- neum. En effet, pendant l'hiver de 1890-1891, un certain nombre de tiges rampantes de cette espèce végétale avaient pu être préservées du froid dans la serre de la Sorbonne ; dès le réveil de la végétation, elles produisirent un grand nombre de rameaux feuillés dont j'ai fait respirer quelques-uns à l'obscurité, dé lemps à autre, pendant le printemps de l'année 1891. Les résultat de mes observations ont été les suivants : Sedum carneum Ress ne Nature Date Vol. d'O absorbés 4 Poids frais e Temp. par 1 gr. de la plante. l'expérience. poids frais en { h. : | gr. mill. cub. Tiges très jeunes. 1,6425 3 avril. 14° 66,0 T un peu plus âgées, 2,2035 A — 18° 70,6 85,9 sy 1 1,4830 22 mai. 21° Grandes tiges. 4,7370 4e juin. 25° 410,7 ; Les volumes d'oxygène absorbés (par 1 gramme de poids frais € la plante en 1 heure) sont en progression croissante : résultat Conforme à celui de MM, Bonnier et Mangin concernant les 374 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. plantes ordinaires, abstraction faite du maximum correspon- dant à la période germinative ou à celle d'éclosion des bour- geons, que je n'ai pas eu à considérer (1). Je ne crois pas que cette progression existe chez les Cactées. bien que je n'aie pas fait de recherches à ce point de vue spécial; car cés plantes s’épaississent considérablement à mesure qu'elles grandissent et leur surface, par laquelle se produisent les échan- ges gazeux, s'accroît bien moins rapidement que leur volume. S 4. — COMPARAISON DE L'INTENSITÉ DE LA RESPIRATION CHEZ DIVERSES ESPÈCES VÉGÉTALES, De Saussure a fait, le premier, quelques travaux sur la com: paraison de l'intensité respiratoire chez diverses plantes: « Les feuillés des plantes grasses, dit-il, consument moins d'oxygène que la plupart des autres végétaux, car elles ont moins | : P 8 ; de points de contact avec l'air ambiant et un moins grand nombres de pores (slomates) à égalité de surface. Elles perdent infiniment peu de carbone. Les arbres qui perdent leurs feuilles pendant l'hiver, perdent en général le plus de carbone et consu ment le plus d'oxygène, Les feuilles des arbres toujours verts consument moins d'oxygène que celles des autres arbres.» MM. Bonnier et Mangin ont confirmé ces indications par des expériences précises réalisées chez quelques végétaux arbores- cents : les uns à feuilles caduques (Lilas, Tilleul, Chêne, Mar- ronnier), les autres à feuilles persistantes (Pin, Lierre, Houx). J'ai pu faire de nombreuses observations, non plus chez les arbres, mais chez les plantes herbacées, ne choisissant que pe” de plantes ordinaires comme termes de comparaison et m'intc- ressant bien plus à diverses catégories de plantes grasses: = Dans le tableau ci-joint, j'ai inscrit deux séries de résultats concernant les volumes d'oxygène absorbés par différents vége” taux, à deux températures à peu près identiques : les nn . variant peu autour de 13°, les autres 4 très voisines de 2 ” F (1) G. Bohnier et L. Mangin : Recherches sur les variations de la respiration 0e le développement des plantes. (Annales des Se. natur., 7e série, t. Il, D- 363) RESPIRATION ET ASSIMILATION. DES PLANTES GRASSES. 4 Intensité comparée de la Respiration chez div. espèces végétales, ET Noms des plantes, a Cereus macrogonus. 12° Mamillaria elephan- : 12 Opuntia cylindrica., 13 Mamillaria Newman- irait 12 Opuntia intermedia, 16 — lomenlosa.. 13 jecla 15 Aloe spinosa......, 10 Opuntia maxima 15 Crassula arbores - ses ss em 15 Picea excelsa....... 15 Sedum album, ..... 14 Mesembryanthemum deltoides ........ 12 Sedum carneum.... 14 Te AU ic, 4e Lupinus albus, ..... 12 Galanthus nivalis.… 13 Tulipa europæa... .. 13 Faba vulgaris... 12 Pereskia aculeata 15 Mirabilis Jalapa.... 15 Triticum sativum 13 Tem- pa pératures. poids fr aux températures: © Vol, d'O absorbés + gr. de ais en 1 h. Tem- pératures. b Noms des plantes. 18° Kleinia articulala. 20 23 Opuntia tomentosa. maxima. Mamillaria Newman- niana Rhipsalis salicor- pioides. Sedum dendroi - deu Opuntia monacan- {ha. Euphorbia mamilla- ris. À Sedum reflexum. Phyllocactus gran- iflorus. Crassula arbores - cens. Picea excelsa (âgé). Euphorbia rhipsa- loides. Sedum album. Mesembryanthemum deltoides. Sedum carneum. Faba vulgaris Mirabilis Jalapa. Pereskia aculeala. Ricinus communis. Lupinus albus. Piceu eæcelsa (jeune). Hedera Helix. Calamintha Nepcta. Dir, Po Telephium. Ces deux séries de plantes dans lesquelles les plantes grasses Sont indiquées en caractères différents des végétaux ordinaires, Mon{rent que les Cactées épaisses sont, de toutes les plantes, 376 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. celles qui respirent le moins activement, puis viennent les Crassulacées, les Euphorbiacées grasses, les Coniféres et les Mésembryanthémées indistinctement, ainsi que les Phyllocactus, Cactées aux rameaux très aplatis ; enfin se rangent les plantes ordinaires et les feuilles jeunes d’une Cactée, Pereskia aculeata, qui sont les végétaux herbacés dont l'intensité respiratoire est la plus active. A égalité de poids frais et dans le même temps, un jeune pied de Blé absorbe 100 fois plus d'oxygène que le gros Cereus macrogonus de forme cylindrique. Il est bon de remarquer que les nombres correspondant ici aux Cactées sont très élevés proportionnellement à ceux que fourniraient les grandes Cactées à raquettes ou à tiges cylin- driques ou sphériques très épaisses; car je n’ai opéré que sur des raquettes âgées d’un an au plus, et la plupart du temps, sur des échantillons de quelques semaines ou de quelques mois, ayant poussé dans la serre. Conclusions. — 1] résulte des données qui précèdent que les plantes ont des échanges gazeux d'autant plus actifs que leur car” nosité est moins prononcée. Les végétaux ordinaires respirent avec plus d'intensité que les plantes grasses. Parmi les plantes grasses, les Crassulacées et les Mésembryan- thémées, à cuticule mince, ont avec l'atmosphère des échanges gazeux supérieurs à ceux de la plupart des Cactées. Les Euphor- biacées grasses et les arbres à feuilles persistantes adultes sont à peu près intermédiaires, à ce point de vue, entre les Crassu- lacées et les Cactées. Il est bien évident que la surface de contact d’une plante avec l'air extérieur est le premier facteur à invoquer pour explique” la différence d'intensité des échanges gazeux chez les a végétales les plus variées. ILexiste un autre facteur dont ll portance est grande aussi : je veux parler de la proportion d'eau que renferment les végétaux, et j'en vais montrer l'influenct sur l'intensité de la respiration d’une plante. RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 377 INFLUENCE, SUR L’INTENSITÉ RESPIRATOIRE, DE LA PROPORTION D'EAU QUE RENFERME UN MÊME ORGANE. Quand un pied de Crassula arborescens est placé dans un mi- lieu trop sec, ses feuilles se rident, puis elles tombent sans ce- pendant être d'abord altérées, parce qu’elles perdent plus d’eau par transpiration qu’elles n’en reçoivent de la plante. Il m'a paru intéressant de rechercher ce que deviennent les échanges gazeux dans les feuilles fraîchement tombées. De même, les horticulteurs détachent des raquettes de Gacté es el les laissent indépendantes parfois pendant six mois, en hiver surtout, Ces raquettes se dessèchent plus ou moins ; quand on les pique ensuite dans une terre légèrement humide, elles re- prennent peu à peu de l’eau grâce aux racines adventives qu’elles émettent soit par la section, soit par les cicatrices des petites feuilles tombées à l'origine. L’intensité des échanges gazeux est-elle notable chez ces raquettes fanées? Crassula arborescens. — Le 7 février 1891, j'ai recueilli trois feuilles ridées, nouvellement détachées d’un pied de Crassula arborescens ; leur poids était de 75,93. Trois autres feuilles fraîches avaient un poids de 10:',46. Les premières, mises à l'étuve après l'expérience, ont accusé un poids sec de 0 gr. 4#; les feuilles fraiches un poids sec de 05,4715. En admettant que les feuilles ridées aient eu, lors de leur pleine activité vitale, la même proportion d’eau que les feuilles r AG gr fraîches, leur poids frais eût été de RE +. 98,76. Elles ont donc perdu 95,76 — 7,93 = 1#,83 d’eau : i sbi83 "1 Soil une proportion de leur poids égale à 976 < 5 Les deux lots de feuilles ont été placés à l'obseurité, à la tem- bérature de 9° dans l'air renfermant au début 20,64 d'oxygène. Les conditions et les résultats de l'expérience sont les suivants : 18 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE, Crassula arborescens. VOLUMES EN MILL. CUBES ET EN 1 HEURE Ses VOLUME DURÉE VALEUR | mme" enter UE e de de | par gr. de poids frais | par gr. de poids see ris l'expé- CD LE — À zeux, |rience, 0 de CO? de CO? d'O do. dégagé. | absorbé. | dégagé. | absorbé. ridées.| 7.93] 31.8 | 4830 | 0.56 6.26 11.14 113 201 Feuilles frai- ches ..10.46| 38.0 | 19 30 | 0.68 3.16 4.64 70 103 CE r. [cm. cub. É: ” 02 Le rapport “ est plus petit pour les feuilles ridées que pour les feuilles fraîches. La comparaison la plus propre à nous éclairer sur intensité des échanges gazeux, est relative aux volumes d'oxygène absorbé et d'acide carbonique dégagé à poids sec égal. La quantité d'oxygène absorbée est deux fois plus grande pour les feuilles ridées que pour les feuilles fraiches, landis que la quantité d'acide carbonique dégagée est seulement 1,6 fois plus forte pour les feuilles ridées que pour les fraiches. Il semble que les feuilles tombées fabriquent des acides si niques propres à retenir plus longtemps dans leurs tissus l'eau qu’elles ne peuvent plus recevoir de la plante. Quoi qu'ilen soil de cette interprétalion, il résulte de l'expérience précédente que: La turgescence des Crassulacées est un obstacle à leurs échair ges gazeux avec le milieu extérieur. La même conclusion est-elle applicable aux Cactées? de l'ai recherché avec des raquettes d'Opuntia monacantha. Le 22 mai 1891, une raquette d'Opuntia monacantha fut dé- tachée, peséé, puis suspendue par un fil dans la serre, de ma- nière à n'être pas en rapport avec le sol. Pesant 205,586 au début, elle avait perdu 75,79 le 27 juillet. Je l'ai placée, à cette dernière date, à l'obscurité, dan: : éprouvette sur le mercure. Elle a échangé avec l'air extérieur s une = RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 379 par heure et par gramme de poids frais, à la lempérature de 24°: 46ume,2 d'acide carbonique dégagé et 60mwe d'oxygène absorhé. Les échanges gazeux ont été, pour deux autres raquettes fraîches développées de la même manière : f0mme,& de CO? dégagé et 45mm3 d'oxygène absorbé, Température 20°. Lu) 1gS 4 — — 26 . Ainsi à des températures très voisines de 24°, les raquettes fraiches ont eu des échanges gazeux moins actifs que la raquette ridée; c’est surtout l'oxygène qui est absorbé en plus grande quantité, comme cela a été remarqué chez les feuilles ridées de Crassula. Il résulte de ces observations que : | La turgescence des plantes grasses est un obstacle à leurs échanges gazeux avec l'air extérieur. Lorsque les plantes grasses sont partiellement flétries par une l'anspiration trop active, elles absorbent plus d'oxygène et déqa- gent plus d'acide carbonique qu'à l'état frais. C'est surtout pour l'oxygène absorbé que cette différence est le plus sensible. Aussi CO? le rapport + les végétaux un peu fanés que pour les plantes fraiches. Lorsqu'une portion quelconque de Caclée est abandonnée Pendant l'hiver dans une serre, elle ne cesserait d’avoir, avec l'air elérieur, des échanges gazeux assez importants si la tempéra- lire était un peu élevée: mais comme, d'autre part, la transpi- ration serait activée, les horticulteurs ont soin de les soumettre À une température de 8 à 10° seulement. Le fragment détaché ranspire peu, ses échanges gazeux sont très réduits; il peul “ns résister pendant plusieurs mois. arque. — La proportion d’eau renfermée dans une plante _ lasse est un obstacle à ses échanges gazeux, c'est-à-dire que Son intensité respiratoire est amoindrie. Or les plantes les plus Charnues doivent, d’après cela, avoir une faible respiration et Plantes peu riches en eau respireront le plus activement, Ce est plus petit, dans les mêmes conditions, pour 380 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. sont précisément là des conclusions auxquelles j'ai été conduit, après de Saussure, par l’étude de la respiration comparée des végétaux. | CONCLUSIONS GÉNÉRALES DE L'ÉTUDE SUR LA RESPIRATION DES PLANIES GRASSES A L'OBSCURITÉ, INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS. Les résultats que l'étude de la respiration des plantes grasses m'a conduit à formuler peuvent se diviser en deux catégories: Les uns conformes à ceux déjà énoncés pour les végétaux ordinaires ; Les autres qui en diffèrent d'une manière notable. Les premiers résultats, applicables à la fois à tous les végétaux charnus ou non, sont les suivants: Les échanges gazeux dus à la respiration des plantes sont d'autant plus intenses que la température est plus élevée. L'intensité respiratoire d’une plante où d’un organe diminué avec l’âge de cette plante ou de cet organe. HSE L'activité respiratoire des plantes appartenant à diverses es- pèces végétales est d'autant plus grande qu’elles ont une moindre carnosité, J'ai montré toutefois que l'intensité de la respiration d'une plante ne dépend pas seulement de l'étendue de sa surface à v0- lume égal, mais encore de la proportion d’eau que cette plante renferme, en opérant sur deux espèces de végétaux charnus : La turgescence des plantes grasses est un obstacle à leurs échanges gazeux avec l'air extérieur. : Les résultats particuliers aux plantes grasses sont les suivants: o CO? CAE" à cons” 1° Le rapport == des gaz échangés par la respiration, 0 tant avec la température chez les plantes ordinaires, e5t variable avec la température chez les plantes grasses. Très voisin de l’unité ou égal à 1 chez les végétaux ord ce rapport en est plus ou moins éloigné chez les plantes mais &/ se rapproche de 1 à mesure que la température s'élève. inairess grasses, RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 381 2 Le rapport sus , indépendant de l'heure à laquelle on étu- die la respiration pour les plantes ordinaires, varie chez les plantes grasses suivant que le végétal respire, à l'obscurité, pen- dant le jour ou pendant la nuit. La valeur nocturne de ce rap- port est plus petite que sa valeur diurne. Quand une plante grasse est soumise à un séjour prolongé dans l'obscurité, le rapport S <1 se rapproche peu à peu de l'unité sans la dépasser, tant que la respiration est normale. 3° Le rapport Le , constant et voisin de l'unité pour cha- que espèce végétale non charnue, est variable pour une même espèce grasse avec sa carnosité ; ce rapport est d'autant plus éloigné de l'unité, soit pour une même espèce, soit pour des espèces diverses, que la plante considérée est plus charnue. Tels sont les points principaux où il y a divergence entre les plantes grasses et les végétaux ordinaires. Il est bon de remar- quer que, dans chacun de ces cas, soit qu’on observe le rap- port cher une même espèce dans diverses conditions expé- 'imentales, soit qu'on l’étudie chez diverses espèces dans des conditions identiques, ce rapport A si variable qu’il soil, tend toujours vers l'unité : 1° Quand la température s'élève; 2° Quand l'obscurité se prolonge; 3° Quand Ja plante a une plus faible carnosilé. Ces conclusions peuvent être interprétées facilement quand on se base sur les connaissances acquises par les travaux de MM. Mayer, de Vries et par mes recherches personnelles sur la nature, la répartition et les variations des acides organiques chez les plantes grasses. Les plantes grasses fabriquent des acides organiques res OXY- Sénés (surtout l'acide isomalique et l'acide oxalique) pendant les Premières heures de leur séjour à l'obscurité. 384 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Les nombreuses observations qui précèdent sur la respiration des plantes grasses et des végétaux ordinaires et l'analyse des résultats auxquels j’ai été conduit par cette étude me permettent d’en conclure la loi très générale qui suit, loi dont la figure 67 ci-jointe est la traduction. Les plantes grasses forment une série de végétaux où tous ÿ| > Pn RER »_Cryfère sors NN UE porn pe . SNL 7 è ef e ES : LS RE. Ë Ses. $ «2° Î3. Azer “de carnosite 5 . Plante Plades : Plantes x crdmairee. peu charnnes trés charnues. 1 A C0 voisin de 2650 Fig. 67. — Représentation théorique des échanges gazeux respiratoir gélaux. — OX, axe de carnosi Le la courbe à la température la plus élevée To est ce se rapproc de | oxygène absorbé et montre que, par l'élévation de la température, ee = + d'abord voisin de zéro pour les plantes très charnues, devient 5x er de 1. Une plante peu charnue, en ACC'B par exemple, présenterait un Ca5 List médiaire, les degrés de carnosité sont représentés. Les phénomènes respi- raloires dont elles sont le siège sont identiques pour toutes, Ma" Jes échanges gazeux y sont réglés par la production plus où moins abondante d'acides organiques. ia Cette production d'acides organiques dépendant elle-même développement du parenchyme (réduit au minimum chez RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 385 plantes ordinaires), les plantes peu charnues et surtout les plantes ordinaires fabriquent très peu d'acides organiques; elles occu- pent l’une des extrémités de la série végétale et leurs phéno- Lo, se : C0 mènes respiratoires sont régis par une loi Like constante), d'autant moins applicable aux diverses espèces de plantes grasses que ces espèces occupent, dans l'échelle de carnosité (OX, fig. 67) un rang plus éloigné des plantes ordinaires. Rev. gén. de Botanique, — 1V- 2 CHAPITRE II Assimilation chlorophyllienne des plantes grasses; comparaison avec celle des végétaux ordinaires. CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. Th. de Saussure a montré que les Cactées dégagent de l'oxy- gène en quantité notable à la lumière. M. Mayer a constaté le même fait chez les Crassulacées, en faisant remarquer que cé dégagement se produit même dans une atmosphère dépourvue d'acide carbonique : ce que ne font pas les plantes ordinaires. J'ai répété ces expériences en vérifiant le mode de dégage ment de l'oxygène. L'appareil employé consistait en une grande éprouvetle à pied A (PI. 8), aplatie latéralement et renfermant une épaisse raquette d'Opuntia robusta. Cette éprouvette était fermée par un bouchon de liège de 3 centimètres d'épaisseur traversé par les tiges de deux thermomètres T et T'et par trois tubes. L'un de ces tubes M' communiquait avec un manomètre M; le second DD’ était en rapport avec un appareil EF bien connu et destiné À brasser le gaz intérieur; le troisième KL se rendait à un à pareil spécial GHI destiné à puiser du gaz autour de la plante. Afin d'éviter toute fuite dans l'éprouvette, j'ai coulé sur le bouchon de liège une couche, épaisse d’un centimètre, de mastic Golaz fondu, en ayant soin, pendant tout le temps de sa solidi” fication, de chasser avec un brûleur les bulles d’air qui auraient pu y déterminer des vides el un manque d'homogénéité. … bouchon ayant été suffisamment enfoncé dans l'éprouvellés il restait, après le coulage du mastic, une sorte de petile cuvette supérieure, profonde de 2 centimètres, que je remplis de. mer” ture. Le mercure isolait la cire du contact de l'air et du double RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 387 courant d’eau amené ultérieurement sur l'éprouvette par deux tubes de caoutchouc P et P' d’un fort diamètre, en communi- cation avec les conduites d’eau de la ville de Paris. Les (hermomètres, gradués en & de degré, plongeaient : l'un T dans l’atmosphère de l'éprouvette ; l’autre T’ à cuvette étroite et très allongée, dans la raquette, jusqu'à 6 centimètres de profondeur. Un autre thermomètre mobile faisait connaitre, aussi souvent qu'on le désirait, la température de l'eau à la surface de l'éprouvette contre laquelle elle s’écoulait en nappe. Le manomètre à air libre M indiquait la pression dans l'é- prouvette. A l’aide de l'appareil EF, j'ai pu à volonté, par le robinet à trois voies R et les tubes D”, D", D’, D, D', mettre l'air de l’éprouvelte en communication avec l'air extérieur ou l'en isoler, et brasser les gaz de la raquette et de l'atmosphère am- biante, avant d’en faire des prises avec l'appareil GHI. Le brassage s'effectue ainsi : on tourne le robinet R de telle sorte que le tube DD”soit isolé du tube D" D" et mis au contraire en communication avec le tube évasé E plein de mercure. Il suffit alors d'abaisser et d'élever alternativement le réservoir à mercure F pour aspirer en E une partie de l'air de l'éprouvetle A et l'y refouler ensuite. J'ai pratiqué ce brassage quatre ou cinq fois avant de puiser du gaz avec l'appareil GHI. Ce petit appareil a été imaginé pour puiser de faibles quan- lités de gaz dans l'éprouvette À, de manière à ne modifier qu'in- sensiblement la pression du gaz confiné autour de la plante. La Quantité de gaz extraite par 10 prises successives m'a donné un volume moyen de 0°",4 pour chacune d'elles. (On peut avec quelque habitude ne prendre quez à - de centimètre cube.) Sous Un volume aussi faible, il est encore possible d'analyser le gaz à l'aide de l'appareil de MM. Bonnier et Mangin. L'appareil à prises consisté en une ampoule d Volume 4 centimètres cubes environ, prolongée en bas pre lube capillaire serré dans l'une des pinces du support $ et réuni au réservoir à mercure 1 au moyen d'un tube de caoutchouc e verre H, de 388 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. * épais. L’ampoule communique en haut avec un deuxième {ube capillaire muni en 7’ d’un robinet. Ce tube, effilé à son extré- mité supérieure en O, se termine au-dessous de la surface hibre du mercure contenu dans une cuvette G. Une petite éprou- vette N, remplie de mercure, coiffant le tube O, sert à recueillir le gaz. L'ampoule H présente sur le côté une tubalure, rodée à l'émeri, dans laquelle s'engage un tube capillaire coudé KL effilé en pointe à son extrémité libre, pourvu d'un robinet r et plongeant dans l'éprouvette A. Pour se servir de cet appareil, la cuvette G et le réservoir étant à peu près remplis de mercure, on ouvre les deux robinets ret r” et on soulève doucement le réservoir 1. Aussitôt le tube KL rempli jusqu’à la pointe, on ferme le robinet > ; continuant à élever le réservoir, on remplit le tube supérieur 0 et on ferme le robinet r’. L’éprouvette N, pleine de mercure, est placée à ce moment dans la cuvette et l'appareil est prêt pour l'expérience. C'est la première précaution à prendre une fois que l'appareil général a été installé, Une prise de gaz est faite de la manière suivante. On abaisse le réservoir T au-dessous de l'extrémité L du tube KL et on ouvre le robinet r ; le gaz de l’éprouvette A refoule le mereurê dans le siphon LKHI et pénètre dans l'ampoule H au somme de laquelle il se rend. On ferme 7 aussitôt que quelques bulles se sont accumulées en H; on soulève I jusqu’au-dessus de la cuvetle G et on ouvre le robinet’. Le gaz recueilli en H es refoulé dans l’éprouvette N, On ferme 7’, on ouvre r de manière à templir de mercure le tube KL; on referme r'; le réservoir | ” immobilisé sur le support s et l'appareil est prêt pour une dre de gaz ultérieure. Résultats. — Le 14 juin 1894, j'ai disposé l'appareil avé toutes les précautions indiquées, après avoir placé dans l'éprou- vette À une raquette fraîche d'Opuntia robusta de volume 24T centimètres cubes. Toute la nuit du 44 au 15 juin l'appareil fut en communication avec l'air extérieur par le robinet à trois voies R et les tubes D'DD’D"D". Pendant toute À ns - du 15, après avoir isolé l'atmosphère interne de l'air extérieur RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 389 j'ai fait des prises de gaz dans l'appareil à partir de 9 heures du matin. Le ciel demeura couvert tout le jour et les échanges gazeux furent peu importants. Opuntia robusta 15 juin 1891. Composition du gaz Heures des prises de Pressions intérieur. LA barométriques dans l'appareil. Températures. Az complément à 100. T : de Co2 0 9n00 mat. 763.2 764.7 1699 16°9 0.21 17.68 10 07 — » 767.2 169 173 0.27 18.60 1115 — » 767.7 17 47 6 0.29 18.60 1 20 soir. 762.9 11167 A1 47 9 0.04 48.76 203 — 762.7 714.9 17445 0.12 19.06 437 — 10154 F1ABe 17 47 5 0.43 19.19 Sn0 761.2 770.2 165 1467 0.25 19.44 Les nombres qui accusent la composition du gaz à tous les instants de la journée montrent que la proportion d'acide car- bonique subit de faibles oscillations. Quant à la proportion d'oxygène, elle augmente d'une manière régulière depuis le début de l'expérience jusqu'au moment où, l'intensité de la lumière diffuse diminuant, cette proportion d'oxygène faiblit à son tour (1). Les variations dans la proportion d'oxygène contenu dans l'air confiné ont été plus intéressantes à suivre le 13 mai, jour où une autre grande raquette d'Opunta robusta fut exposée au soleil, caché de temps à autre par de gros nuages.! Ramenées, comme plus haut, à la même proportion centésimale d’az les proportions d'oxygène et d'acide carbonique ont été les sui- Yantes : ote, précède pour résoudre la ques- là l'emploi des thermomètres, du Manomètre et du courant d'eau extérieur. Mais je me suis heurté à d difficultés. 1° Je n'étais pas certain que le volume de la raquette Ve 0. avec les variations de température qui s'y sont manifestées ; 2° même incerti : ; #4 ; Res i raquette et au sujet de la températu surface de l'éprouvette fois de plusieurs ogrés. n hypothétiques. _ (4) J'avais projeté de me servir de l'appareil qui tion du dégagement de l'azote par les Cactées ; de 2e roue des températures T’,T eté différentes par es corrections de dilatation devenaient ainsi bie 390 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE, Opuntia robusta, — 13 mai 1891. Composition du gaz Heures intérieur. Nature des prises de Az complément à 100. de Pom mm la lumière, co? 930 malin. 0.19 20.30 Ciel pur; rayons du soleil parvenant sur la plante. 10 25 — 0.00 20.09 Ciel pur. 10 55 — 0.00 20.72 Ciel pur, puis gros nuage cachant parfois la plante. 1 30 soir. 0.20 23 59 Rayons solaires perpendi- culaires à la raquelte. 225 — 0.11 24.9% Soleil vif. 3 25 — 0.00 26.14 — 4 04 — 0-00 26.28 an k 45 — 0.20 26.22 Un gros nuage a caché le soleil pendant dix mis nutes. 5 40 — 0.11 26.16 Lumière diffuse. Dans cette série d'expériences, la quantité d'oxygène dégagée par la plante a été, sauf au début, croissante jusque vers 5 heures du soir, heure à laquelle la plante a été exposée seulement à la lumière diffuse. Que le ciel soit pur ou couvert, c'est, à très peu près, à la même heure du jour que le maximum d'oxygène dégagé est atteint. À partir de ce moment, la quantilé d'oxygène dégagée décroît, devient nulle et pendant la nuit ce 847 est absorbé avec formation corrélative d'acides organiques. La proportion d'acide carbonique oscille quelque peu égale- ment. Quand la lumière est fort vive, tout l'acide carboniqU® produit par la respiration de la raquette est décomposé avan! même d’avoir pu se dégager; mais si le soleil est momentané- ment caché ou que les rayons en tombent perpendiculairement sur la raquette (épaisse de 2 à 3 centimètres), la plante insuffi- samment éclairée (en totalité dans le premier cas, en partie dans le second) dégage une faible quantité d'acide carbonique. C£ dégagement, en dehors du corps de la plante, de l'acide carbo- nique sous forme de traces peu appréciables est dû au brassag" Si ce brassage n’était pas effectué, on ne trouverait pas, pen” dant une journée de beau soleil, d'acide carbonique dans le ga2 RESPIRATION ET ASSIMILATION DES-PLANTES GUASSES. 39t qui enloure les grosses raquettes de Cactées : ainsi s’explique la découverte de Th. de Saussure. $ 1. — RÉSULTANTE DE LA RESPIRATION ET DE L'ASSIMILATION ; CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Après les observations isolées de Th, de Saussure, Dutrochet, H. Mohl et Garreau, Boussingault a fait de nombreuses recher- ches relatives à l’action de la lumière sur les plantes et à li nalure des échanges gazeux qui s'accomplissent à la lumière entre l'air et la plante. Une remarque importante de Claude Bernard sur l'influence des anesthésiques (suppression de l’action chlorophyllienne), jointe à toutes ces recherches antérieures, a conduit MM. Bon- nier et Mangin à séparer l’action chlorophyllienne de la respi- ration. Les deux savants physiologistes ont ainsi fait prévoir que, suivant leur importance respective, l’une des deux fonclions, élant prédominante sur l’autre, imprime à la résultante unc orientation différente : tantôt, la respiration l'emportant, on constate à la lumière une absorption d'oxygène et un dégage- ment d'acide carbonique; tantôt, l'assimilation étant la plus importante, c'est un dégagement d'oxygène et une absorption d'acide carbonique qu’on observe. On conçoit que, transiloirc- ment, on puisse obtenir un dégagement simultané d'oxygène et d'acide carbonique ou une absorption simultanée de ces mêmes gaz. ; Les plantes ordinaires ayant été seules étudiées à ce point de Vue, il importait de rechercher si les plantes grasses SC compor- lent absolument de même. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX. SUR LA CLASSIFICATION ; ET LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES DE LA FRANCE _ PUBLIÉS EN 1888 ET 1889 (Suite). 11, — GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, 1° Flore générale de la France. Peu de travaux de Géographie botanique publiés pendant la période M nous nous occupons dans cette revue, intéressent l’ensemble de la flore de la France. Rappelons en première ligne le travail déjà cité de M. Gasron Boxxter (1); bien que les observations qu'il renferme ne concernent que les Renonet- lacées, on peut le donner comme un modèle du genre. La Géographi® botanique y est comprise dans son sens véritable ; étude détaillée des loca- lités, part importante faile aux diverses influences du climat, du a 4 . l'altitude, contrastes de distribution suivant les diverses régions, rien nJ est oublié. ie Nous voudrions pouvoir citer en détail toutes ces observations, Mais © Gas le propre des meilleurs travaux de se refuser à une analyse satisfaisante" Le mieux à faire dans une revue bibliographique est de se contenter HE proclamer indispensables dans la bibliothèque d'un botaniste; tel est le cas du travail de M. Gaston Bonnier, Cette remarque est également vraie pour deux autres travaux dont ns avons aussi parlé précédemment, les Suites à la Flore de France se M. Rouyx (2) et le deuxième supplément du Conspectus floræ Lys M. Nywan (3); celte fois cependant la plupart des observations de GéograP $ botanique se bornent à des citations de localités et même le second ë as ouvrages ne fait-il que les relever dans de précédentes publications °® us exsiccata, mais il est à recommander pour la manière souvent ee 1 France ue .. Bonnier: Observations sur les Renonculacées de la Flore de _. ev. gén. de Botanique, 1889). iption (2) G. Rouy : Suites à la « Flore de France » de Grenier et Godron (Des®®t : ,88 et 1889- des plantes signalées en France et en Corse depuis 1855). Le Naturaliste, Sue: (3) G. F. Nyman : Conspectus floræ E —. ræ æ. Supplementum II. Ore 1889 et 1890. _—. pp | REVUE DES TRAVAUX SUR.LES PLANTES DE FRANCE. 393 avec laquelle il coordonne en les faisant rentrer dans certaines espèces col- leclives une foule de formes criliques ou de soi-disant espèces. Nous ne pouvons passer sous silence la question du tracé des cartes de Géographie botanique discutée au Congrès de botanique tenu à Paris au mois d'août 1889. Il est évident que, dans l'esprit des botanistes français présents au Congrès, il s'agissail surlout de bien s'entendre sur les moyens pratiques de dresser les cartes g6o-botaniques de la France et par conséquent de faire faire un pas immense à l’étude de la Géographie botanique de notre pays; c’est d’ailleurs ce qui ressort clairement de l'art. 7 des réso- lutions prises par le Congrès : « Les botanistes de chaque pays exécuteront le travail de pointage relatif à leur propre flore. » Malheureusement il suffit de lire dans les Actes du Congrès (1) les nom- breuses discussions sur la question, les divers systèmes présentés par MM. Bureau, Paque et Rouy, les résolutions volées et aussi les quelques notes publiées ensuite par MM. Hs (2) et Bureau (3) pour voir que rien de bien définitif n’a été adopté à ce sujet. C'est qu’en effet rien n'est moins aisé que d'établir nettement sur une carte la distribution de certaines espèces ; tous les botanistes, mais de les proposer à ceux qui vou à l'exécution des cartes botaniques. La commission fait appel à toutes les Dounes volontés; elle cherchera les moyens les plus propres à faciliter la iche commune et s’efforcera de bien remplir le mandat qui lui a été confié, » ctionne, espé - . serviront de (1) Actes du Congrès de Botanique tenu à Paris au mois d'août 1839, p. V à XL (Ball, Soc, b ! q Dr C ot. de France, 1889). rs sm * C.Hy: Sur les procédés pour représenter la ser Lt 1 q de bot. 185: : ue (Journal. de bot. 1889, ue Maury : Le tracé des cartes de géographie botanique au Congres interna- de Botanique tenu à Paris en août 1889 (Journ. de bot. 1589, ®° "°/ 394 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 2 Nord de la France. M. Maseuer (4) dans un pelit catalogue d’une trentaine de pages fait mieux connaître la végélation des collines de l’Artois. 11 indique de nom- breuses localités nouvelles el un certain nombre d’espèces dont la présence n'avait pas encore été conslatée ou n’avail plus été signaiée depuis très longtemps. Citons entre autres : ; Anemone Pulsatill. Veronica triphyllos. Thlaspi perfoliatum. Digitalis purpurea. Holosteum umbellatum. Calamintha mentæfoliu. entilla argentea. C. Nepeta. Myriophyllum spicatum. Lamium hybridum. Senecio saracenicus. Heleocharis acicularis. Vintexocium officinale, Carex vesicaria. Verbascum floccosum, L'auteur n'oublie jamais, quand il y a lieu, de signaler les faits d'in fluences locales du sol sur la végétation; il fait, de plus, ressortir la disper sion fort irrégulière de quelques espèces. M. Gopox (2) complète le précédent travail par une étude sur la er bulion géographique des espèces du Cambraisis. Il dislingue dans S? LS conscription cinq stations principales : 1° les parties basses des Po stations marécageuses; 2° les penchants des vallées, coteaux 605 ® he reux; 3° le sommet des plateaux, buttes tertiaires boisées; 4° les rempal : de Cambrai, abords de la ville, terrains vagues et décombres ; 5° les ne murs et les voies ferrées. M, Godon signale très peu d'espèces où ne nu 2 nouvelles, la plupart de ses découvertes personnelles ayant été précé 4 ment publiées par M. Masclef. Le littoral des départements du Nord, du Pas-de-Calais el de la SomPr° a élé l’objet de plusieurs études spéciales. station dés M. MascLer (3) a exposé d’une manière très détaillée la Fées ie terrains soumis à l’action des eaux salées, des dunes, des galets a LA marais voisins de la mer. L'auteur s'efforce surtout de mettre en Fa le diverses influences exercées au bord de la mer par le clim . M à la sel marin, le calcaire des sables maritimes, les vents violents L mer, les conditions si diverses de la lutte pour l'existence el les modi géologiques antérieures. . (1) A. Masclef: Contributions nouvelles à la Flore des collines d'Artois (ee brésis, Artois, Haut-Boulonnais) (Journ. de bot., 1888). À snèces. Cam” 2) Le Godon : Flore de Cambrésis; distribution géographique des sé , ’ (3) A. Masclef : Études sur la géographie botanique du nord de ta PS ee de bot. 1888, 1889). REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE, 395 Deux autres notes du mème auteur ont pour objet, la première l'étude des formes maritimes de Daueus (1) spéciales au Nord de la France, ct la seconde la découverte du Cochlearia anglica dans le Pas-de-Calais (2). Une autre note de M. Goxse (3) donne le compte rendu d’une herborisa- tion au Hable-d’Ault, non loin de l'embouchure de la Somme. Dans une liste de quelques pages à peine M. Riower (4) signale certaines plantes intéressantes récoltées sur les limites orientales de la région du Nord de la France. La dernière Flore de la Somme publiée par de Vieq.en 1883 était assez incomplète, cerlaines parties du département restant encore à explorer; plusieurs membres de la Société linnéenne du Nord de la France se sont chargés de ce soin et le résultat de leurs recherches a été consigné par M. Gonsg (5) dans une brochure d’une soixantaine de pages. Sept espèces : Senebiera pinna tifida. Cuscuta major. Potentilla argentea. Utricularia minor. Œnanthe pimpinelloides. Utricularia intermedia. Lathræa squamaria. sont nouvelles pour le département ou n'avaient encore été signalées que dans d'anciennes localités détruites. n y trouve aussi indiquées des localités nouvelles d'espèces rares, comme : Anemone silvestris. Cephalenthera ensifolia. Helleborus viridis. Liparis Læselii. Cicut virosa. Ophioglossum vulgatum. 30 Environs de Paris. » Nous n’avons à relever i ici, en essayant d'y mettre un peu d'ordre, que quelques notes éparses çà et là. M. Roze (6) indique quelques espèces non encore signalées dans les buis (1) A. Masclef: Note sur le Daucus his DC (our. de bot. 1889). pidus DC (Jour. Paie « Masclef : rh 2 du Cochlearia anglica L. dans le dpi tement du Pus- aiais (Ibid. 1 li 3) E. Gonse : Foriles de un Bray, d'Hautebut et du Hable d'Ault (Bull. soc. nr du Nord de la France, > ds Plantes enr rares æ curieuses [72 2 te en 1888 (Rev. de sue (Amiens, 1889; ttrolt des de l'Aisne et du Nord, trou- 88). (6) Le Galan i de Puris. — L'Ustilago Caricis ; nthus nes L. aux environs de Pack (w. ta Tul.) aux environs de Paris (Bull. Soc. bot. de France, 1888, P: 267,277 et commuuication p. #41 396 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. d'Orsay et de Chaville, puis la présence de l’Adiantum Capillus-Weneris à la cascade du Château d’eau du Vésinet, alimentée par l’eau d’un puits artésien qui conserve en hiver une tempéralure de 13°, M. Zeizcer (1) signale le Goodyera repens « très abondant dans la portion de la forêt d'Ermenonville, plantée en Pins, à la Butte-Noire, au voisinage du chemin dit route de Blamont », et le Dianthus superbus sur la lisière mé- ridionale de la forêt de Pontarmé. À ce propos M. Mazinvaun (2) fait observer qu’il a rencontré plusieurs fois le Dianthus Superbus dans le département de Seine-et-Marne, nolam- ment aux environs de Provins. Dans quelques brèves notes, M. Cauus (3) fait connaître la présence à Villers-Cotterets, du Potentilla procumbens, plante « non signalée dans n08 flores parisiennes », et donne les résullals de diverses herborisations à Clamart, l'Isle-Adam, Champagne, aux Essarts-le-Roi, à Esches et à Sainl- Lubin, cette dernière herborisation a été faite en compagnie de M. Duvar Q Dans ces diverses notes les auteurs tiennent compte de l'influence minéra- logique du sol, Les comptes rendus de quelques herborisations de la Faculé Le Sciences de Paris, sous la direction de M. Gaston Bonnier, ont été publiés par M. Masczer (5), jèces Dans ces comptes rendus on trouve les listes complètes des Lee récollées, d’intéressantes remarques sur leur distribution Ce dans le rayon de la flore parisienne et dans toute l'étendue de la rs enfin de nombreuses observations à propos de l'influence du sol sur végétation. Voici le résumé des principaux faits relatés :. Marly- La première de ces herborisations a eu lieu à l'Étang-la-Ville et kr a le-Roi ; on y a trouvé quelques espèces non encore signalées par pa Parisiennes dans ces localités. èces La seconde s’est faite à Meulan et dans les bois de Triel: deux ones Alyssum calycinum et Eryngium campestre, qui recherchent constamme # calcaire dans certaines régions de la France ont élé recueillies dans terrain siliceux ne faisant aucune effervescence avec les acides. (1) Zeïller (Bull, Soc. bot. de France, 1888, p. 417). (2) E. Malinvaud : Ibid js Nestler 8) E. G. Ca da . G. tes des en” l frore des amus et Duval: Herborisation à Saint-Lubin (Seine-et-Oise) (Ibid. es de (5) A. Masclef: Compte rendu des herborisations de la Fi meurt 4 l'Elang” Paris, sous la direction de M. G. Bonnier, professeur : I. Exeurston L: I. environs de Paris (Ibid. 1889 P. 4 Fontaine mont, plateaux s 3,40 (Bulletin scientifique (no 12) et Bulletin des Sciences naturelles (n ; sciences l'Association amicale des élèves et anciens élèves de la Faculté des : Paris, 1888). : + LE | ja REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 397 La troisième excursion, celle de Fontainebleau, donne lieu à un assez grand nombre de remarques originales. De la gare de Fontainebleau à la Croix du Grand-Veneur, par exemple, la plupart des espèces sont indiffé- rentes à la nature chimique du sol; cela tient au mélange fréquent du calcaire avec la silice. Cependant sur bien des points on observe une végé- lation tantôt nettement silicicole, tantôt franchement calcicole. A ce propos, M. Masclef fait remarquer que dans les terrains exclusivement sili- ceux la proportion des espèces indifférentes est toujours minime, et qu'au contraire sur les endroits calcaires les plantes calcicoles sont accompagnées d'un nombre beaucoup plus grand d’indifférentes. « Ce fait, ajoute l’au- leur, n’est pas exclusif à Fontainebleau. Tous les botanistes connaissent la désespérante monotonie des forêts exclusivement siliceuses et savent com- bien la végélation èst plus variée dans un bois à sous-sol calcaire. La com- posilion chimique du sol ne doit entrer que pour une très faible part dans cette distribution inégale des espèces indifférentes sur les terrains calcaires el siliceux; il faut en chercher l’explication dans l'étude des différentes conditions d'existence, concurrence vitale, plus ou moins grande diversité dans les Stations, etc., et aussi dans l'influence physique du sol. » La végétation des mares, vallon et rochers d’Apremont, ou mieux des sables et des grès de Fontainebleau en général, est franchement silicicole ; elle est caractérisée par un grand nombre de silicicoles exclusives, peu d'indifférentes et l'absence totale de calcicoles. De Barbison aux mares de Bellecroix, sur les parties basses de la forêt, les espèces indifférentes prédominent ; aux mares de Bellecroix, situées au milieu des sables et grès de Fontainebleau la flore est presque exclusi- Yement silicicole ; enfin aux environs de ces mares on voit un mélange à Pagnéee d’un certain nombre d'espèces indifférentes avec exclusion complète des silicicoles. “let, Lrès écartées les unes des autres et, par les plantes spéciales qu Le trouve, elles méritent chacune d'être visitées. Il était donc intéressant “SSayer s’il ne serait pas possible, dans une seule journée et in. Secours d'aucun véhicule, d'explorer les stations principales de la Rs ’ ‘un mot de récolter dans une même excursion la majeure parte ; » éSpèces rares qui font de Fontainebleau l'une des Jocalités les plus fré- entées des botanistes parisiens. » M. Luizet est arrivé à ce résullat en (1) D. Luizet : Herborisation à Fontainebleau le 30 mai 1889 (Jour. de bot. 1889) 398 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. marchant dix heures et en parcourant un trajet d'environ 30 kilomètres, abstraction faite des détours; il faut dire cependant que sa connaissance antérieure de la forêt et de sa flore l'ont beaucoup aïdé. L'article de M. Luizet indique l'itinéraire suivi el donne la liste des espèces récoltées. Dans une autre communication faite à la Société botanique, le même auteur (4) fait connaitre qu'il a retrouvé dans la forêt de Fontainebleau à « la Chaise à l'Abbé », sur les bords de la route de Médicis, le Careæ obæsa que l’on croyait disparu. Nous devons enfin signaler deux savantes études de M. Roze (2), l'une sur Ja flore parisienne au commencement du xvu® siècle, l’autre sur la flore d’'Étampes en 1747. L'importance de ce genre de travaux au point de vue de la géographie botanique est très grande, car grâce à eux on peut signaler les espèces disparues d’une région et souvent déterminer ou rechercher les causes de cette destruction. ia 4° Normandie. Le travail le plus considérable publié sur la flore de cette région esL le Cutalogue des plantes du département de l'Eure de M. Nue (3). Quarante deux ans élant écoulés depuis la publication du dernier calalogue de M. Chesnon, M. Niel a pensé avec raisou qu'il y avait lieu de reconstituer l'inventaire de la flore du riche département de l'Eure. En effe changements sont survenus pendant ce laps de temps, de nouve verles ont été faites, et malheureusement aussi, pour des causes bien des espèces rares ont totalement disparu. Le catalogue comple 138 pages in-8; c’est dire assez combien ce catalogue esl indispensable a°* bolanistes voulant herboriser dans le département de l'Eure, notamment sur les riches coteaux des vallées de l'Eure, de la Seine et de la : le Marais Vernier dont la flore si intéressante renferme encore mainis vestiges du voisinage immédiat de la mer, enfin dans les prairies marée geuses des environs de Gisors ct de la vallée de Charentonne ou sur les 1° meuses plateaux argileux du département. t, bien des Iles décou- multiples, Saiut-Evroult, un de ces coins encore inexplorés de la Norm es en passant dans cette liste les Maianthemum bifolium el Equisetum St ticum, espèces très rares en Normandie. . ii lu M. Le Jouis, dans un article très érudit, véritable monogra phie de pl (1) D. Luizet: Bull. Soc. bot. de France, 1889, p. 316. En- (2; E. Roze : La Flore parisienne au commencement du xvie siècle _. A chiridium botanicum parisiense de Joseph Cornuti. — La Flore d'Etampes ; ’aprè ard (3) E. Niel : Catalogue des plantes phanérogames vasculaires et cryplogame “gg. . vasculaires croissant spontanément dans le département de l'Eure, pré” di (4) E. Niel : Herborisation à Saint-Evroult N.-D. du Bois (Orne) El Soc. de France, 1888, p. 112). | FRS à UTP D 2,7 108 REVUE DES TRAVAUX SUR LES l'LANTES DE FRANCE. 399 _ sieurs Glycerin halophiles, fait l'historique de la découverte à Cherbourg G QU da Glyceria Borreri. I termine par quelques considéralions sur la disper- sion du Glyceria maritima dans le département de la Manche (1). Nous devons maintenant appeler l'attention sur quelques intéressantes brochures de M. Consière (2), ce zélé explorateur y faisant preuve d’une aussi grande sagacité comme botaniste-géographe que comme descripteur. Dans ses Nouvelles herborisations aux environs de Cherbourg, M. Corbière, après de précieuses remarques sur la dispersion et la valeur spécifique de quelques plantes critiques ou nouvelles pour le département de la Manche, donne une assez longue liste de localités de plantes rares nouvelles pour le département et le compte rendu de quelques excursions dans certaines Slations remarquables du Cotentin, trop peu ou nullement explorées jus- qu'à ce jour : marais de Gorges, landes de Lessay et de Saint-Remy, havre ct dunes de Surville. Dans une autre brochure M. Corbiére signale à Cherbourg la présence d'an certain nombre d'espèces manifestement échappées de jardios, puis l'existence dans des terrains vagues où l'on jette le lest des navires, les déblais des magasins de subsistance de la marine, criblures, etc., d'une dliziine d'espèces méridionales et américaines. Cette présence s'explique facilement par les relations du port de Cherbourg avec ceux du Midi et de l'Amérique. Toutes ces espèces s’acclimentaient bien à Cherbourg grâce à la douceur du climat maritime, mais des travaux de terrassement en ont fait disparaître quelques-unes. À Fécamp, au contraire, un certain nombre d'espèces américaines apportées vraisemblablement avec des chargements de bois sont apparues un moment pour disparaitre ensuite, sans travaux ‘e terrassement, Elles n'ont donc pu s’acclimater à Fécamp comme à Cher- bourg, celte première ville étant déjà trop au nord. Tout le monde connait d'ailleurs la douceur exceptionnelle du climat de Cherbourg où prospère le liguier. Dans une troisième note, M. Corbière rend compte d'une excursion de la Société linnéenne dans le département de la Manche. Fafin, nous devons relever dans le récit de l'excursion du mont Saint- Michel à Granville quelques observations de géographie botanique précieuses Pour la flore normande. Ce sont les suivantes: l'Hordeum maritimum est late dans la Manche, il n’est signalé que dans quatre localités ; le Glyceria Dorreri existe dans le sud du département de la Manche et dans le Cal- ‘ados ; les Statice Dodartii, S. ovalifolia et Salicornia fruticosa, sont à rayer de la flore de Normandie : enfin le Galium tenuicaule Jord, nouveau pour la Normandie, existe sur les falaises de Champeau. (1) À. Le Jolis : Le Giyceria Borreri à Cherbourg (Extr, du Bull, de la Soc. linn. (2) L, Corbière : Nouvelles herborisations aux environs de Cherbourg et ee” 4 du département de la Manche. — Sur l'apparition de quelques plantes qres à Cherbourg et à Fécamp. — Compte rendu d’une excursion botanique de kel Société linnéenne da he. — Excursion botanique du Mont Saint-Mic so. ns {a Manc anville (1-7 août 1888) (Ibid. 1838 et 1889). T'Ammi Visnaga à Elbeuf et une liste, dressée par M. CHar ARTIER ques espèces recueillies à Saint-Aubin pendant l’excursion di d'étude des Sciences naturelles Rad (1) E. G. ris Une Rerhor AE à Pourvil'e, près de Diane G uil. Soc. bot. de France, 1888). 0) Lanéclerie: Note sur l’Ammi Visnaga Lamk (Soc. d'étude ee 6 à retire (Rd 1888). NODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n'est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul KLINCKSIÆCK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou modernes dont il est fait mention dans la /tevue. PRES Ee. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, : Professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. | Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires °U notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue Jénérale de Botanique. _ Les auteurs des travaux insérés dans la Aevue générale de Bota- "que ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en sea nr _ 7 A VE M À 0 EU ; 54 RECHERCHES SUR LA MOLE MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE Par MM. J. COSTANTIN et L. DUFOUR INTRODUCTION On donne le nom de méle à une maladie du Champignon de Couche qui sévit avec intensité dans foules les carrières où l’on Ë cultive cette espèce comestible aux environs de Paris. Cette maladie n’est pas nouvelle dans cette région; elle y est connue d’une manière certaine depuis au moins trois généra- lions de champignonnistes. Elle a mème été probablement dis- _ linguée, ainsi que nous le verrons plus loin, depuis une époque plus reculée. Bien que la culture du Champignon de couche soit essentiellement francaise et parisienne, c’esten Allemagne et en Angleterre que M. Magnus (1) et M. Cooke (2) ont décrit pour la première fois l'affection qui va nous occuper. M. Prillieux (3) a élabli le premier l'identité de ce que les praticiens appellent Môle et de l'altération parasitaire décrite par les deux botanisles Précédents. La question de l'orthographe du nom de la maladie se trouve Probablement, autant qu’il nous semble, assez intimement liée . n°) oke : Mushronm disease (Gardener’s car. ci) Magnus : Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte in Wiesbaden (Bot. tralblatt, vol. 34, p. 394, 1888) onicle, 1889, n° 119, p. 434, vol. 5). la même maladie : Ueber den Cham- Ge (Verhandi. d. k. k. z001.- * sellschaft in Wien, 1889,t. XXXIV). : Champignons de couche attaqués pa colog. de France, 1892, p. 24, séance du 11 février.) Rev. gén. de Botanique. — IV. 54 402 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. à son histoire. Dans une note préliminaire sur ce Champignon (!) nous avions écrit ce nom de la manière suivante : « molle », adoptant ainsi, sans aulre recherche, l'orthographe de tous les champignonnistes et des traités de culture de l’Agaric de couche que nous avions pu consulter. M. Prillieux (2) a fait remarquer judicieusement que la consistance ferme du Champignon malade devant écarter toute idée de ramollissement (3), il serait plus rationnel de chercher l’origine de ce mot dans le latin moles (masse informe) et l'écrire « mole ». En réalité le mot mole telque nous venons de l'écrire n’est pas français et ne se trouve dans aucun dictionnaire. Nous avons adopté l'orthographe «môle »,car ce terme est bien français et se trouve dans les dictionnaires un pe! complets. Ce mot est masculin ou féminin : au masculin, il si- gnifie ouvrage de maçonnerie construit à l'entrée d’un port; au féminin, il a plusieurs acceptions, et il désigne en particulier, en médecine, une sorte de fœtus informe (4). Ce mot est assurément très peu usité aujourd’hui et il est très singulier de le rencontrer dans la bouche des champignonnisiés, qui sont des jardiniers et maraichers, gens en général peu ini- liés aux mystères des langues anciennes. Cette remarque peut conduire à penser que la môle est une maladie très ancienne- ment connue. C'est là une conséquence curieuse et qui explique un F Pourquoi nous avons insisté sur ce point. Si l'on se reporte d'ail- leurs aux écrits de Tournefort (5), on constate avec étonnement que depuis deux siècles la méthode de culture du Psalhota cam pestris est demeurée invariable. Or une pareille méthode aussl ancienne et aussi ingénieuse n’a pas été inventée en un jour, € n’est pas sortie complète et d’un seul coup du cerveau de quel que jardinier de génie du xvn° ou du xvr siècle dont le nom (1) Costantin et Dufour : La Molle, maladie du Champignon de couche (Comp®* rendus de l’Acad. des sc. ; Séance du 29 février 1892). (2) Prillieux (Bulletin de la Soc. Botanique de France, 1892, p. 146). . n déli- (3) Ce ramollissement ne se manifeste que lorsque le Champignon est © ue e. (4) En Ichtyologie, ce mot désigne un Poisson ; en antiquité romaine ES ler, de froment et de sel que l’on plaçait sur les cornes de la victime avant de re (5) Tournefort (Mémoires de l’Académie des Sciences, 1707, p- 58). 4 MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. _ 403 d'ailleurs serait resté inconnu. Il est plus vraisemblable d’admet- tre que les procédés de culture ont été lentement perfectionnés, et l'antiquité du mot « môle » semble plaider en faveur de cette opinion. ; Il paraît plausible de supposer que le maraîcher du tempsde Louis XIV devait rencontrer de temps à autre, sur ses meules, des Champignons informes, des môles, bien que T'ournefort n’en parle pas. Le silence de cet observateur si sagace et si précis s'explique probablement par cette circonstance que de son temps on cultivait le Champignon de couche à l'air libre. Or, dans ce cas la maladie n’atteint jamais qu’une faible intensité, c'est un fait qui nous a été communiqué par plusieurs champignonnistes el sur lequel nous reviendrons. C'est donc vraisemblablement au commencement de ce siècle, quand on a commencé à culti- . Yer en grand l’Agaric champêtre dans les carrières, que la ma- ladie a dû prendre une grande extension. CHAPITRE PREMIER Étude de la maladie. 1. — CaRACTÈRES EXTÉRIEURS DE LA MÔLE. Nous avons pu distinguer différents aspects très distincts les uns des autres parmi les Champignons atteints de la môle. Ils peuvent se rattacher à deux types principaux que nous désigne- rons sous les noms de forme commune et de forme scléroder- mique. 1 Forme commune. — Quand le Psalliota altaqué est assez développé pour que les feuillets soient différenciés, on remarque qu'ils ne sont pas droits, comme sur les individus sains, mais ondulés (fig. 4 et 6 pl. 16); leur coloration est faible et des fila- ments blancs, très délicats, en sortent et forment à leur surface une sorte de toile d’araignée très légère. C'est en ce seul point de l’organisne malade que le parasite se trahit exte- rieurement. 11 y a cependant d'autres indices qui décèlent > maladie : le pied est épais et court, sa surface irrégulière pré sente souvent des faches noirdtres au voisinage de l'insertion des lames. (Comparez les figures 1 et 2, pl. 16, représentant des 1D- dividus sains, aux figures 4 et 7 représentant des individus malades.) En section longitudinale, des taches noirâtres identiques peur vent s’observer dans le chapeau, le pied et les feuillets (Compa- rez la fig. 3, individu sain, à la fig. 5, individu malade). Dansles Champignons que nous venons de décrire, le chapet" conserve la forme normale, mais il peut arriver qu'il se déjetie d’un côté et devienne excentrique (fig. 6). Le parasite à, dans . cas, pris un développement irrégulier dans l'Agaric. Ce mi loppement inégal de l'hôte peut se manifester aussi dans té feuillets : on peut observer sur certains individus des lames me. MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. - 405 - nes, droites et rosées d’un côté, et des feuillets malades, ondulés et blancs de l’autre. Quelquefois aussi plusieurs individus se -soudent entre eux et l’ensemble constitue une masse tout à fait anormale (fig. 8). À l’état que nous venons de décrire, la maladie n’échapperait : certainement pas, même aux regards les moins exercés; mais l'affection peut être souvent reconnue beaucoup plus tôt. On peut même la prédire chez les individus qui sont encore à l’état de - grain (1): Dans l'ébauche d’un Champignon sain le chapeau se . différencie de bonne heure et il prend rapidement un développe- . ment prédominant relativement au pied (voir fig. 9 et 10, pl. 46). Dans un échantillon malade dès l'origine, le chapeau ne se sépare pas et il forme un simple mamelon au sommet d’un pied volumineux, bulbeux; souvent même on ne distingue plus ces deux organes et le grain se montre comme une masse bosselée, irrégulière, informe (fig. 14, 12 et 13, pl. 16). ÎL'est enfin une série de formes qui se rattachent à ces derniè- res que nous avons appelées formes sclérodermiques pour rappe- ler leur ressemblance extérieure avec des Lycoperdacées. 2. Forme sclérodermique. — Dans certaines conditions, en effet, les petites masses rudimentaires que nous venons de signaler en dernier lieu, grandissent et l’on a des Champignons tout à fait singuliers que l’on rattacherait difficilement a priori au Psalliota tampestris. Généralement Je pied est bulbeux et le chapeau petit (fig. 15, 16 et 17, pl. 17); ce dernier est parfois extréme- ment réduit (fig. 19 et 20). Il peut même complètement dis- Paraître et l’on n’a plus alors qu'une masse ovoide rappelant une sorte de Lycoperdacée, de Scléroderme dont la peau serait lisse (fig. 22, 23). Au début, ces échantillons sont d’un blanc sale, ils se teintent en vieillissant de gris perle sale ou gris rosé pâle, couleur qui S'étend surtout sur la partie inférieure du pied. ES C’est à ces derniers types que nous rattacherons des individus récoltés dans une carrière où sévissait une grande épidémie et (13 Les champigaonnistes désignent ainsi la première ébauche de la fructification sur la couche, 406 -__ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. qui sont représentés par la figure 8 (pl. 16). Ces Champignons avaient atteint une taille énorme; le pied avait jusqu'à 5 et 6 centimètres de diamètre sur 7 à 8 centimètres de haut; le cha- peau également volumineux, était bosselé el irrégulier, mais non épanoui, et les feuillets n’étaient pas visibles. De plus, de larges plaques couleur lie de vin ou gris rosé se montraient sur toute la surface du pied et du chapeau. Malgré sa taille gigantesque et son chapeau bosselé, cetindi- vidu doit être rattaché au deuxième type à cause de sa forme gé- nérale et de la teinte qui couvre le pied. Nous verrons plus loin que l'étude microscopique, que nous allons aborder maintenant, confirme cette interprétation. (A suivre.) . L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL? Par M. Henry de VARIGNY De nombreux botanistes se sont appliqués à l'étude de l'in- fluence des poisons sur le processus de la germination et à élucider le degré d'influence de ces poisons. Du moment où la graine, quelle qu’elle soit, avant de germer, s’imbibe d'une quantité variable sans doute, mais s'imbibe toujours d'une proportion quelconque d’eau, on ne peut être surpris Si la Composition de cette eau exerce une influence sur ce processus. Elle peut renfermer des sels indifférents, qui ne nuiront point à là vie du protoplasma, et qui n’exerceront point d'action sur les corps chimiques accumulés dans la graine; elle peut aussi renfermer des substances qui attaqueront la graine même, dans telle de ses parties, ou qui feront subir aux substances chi- Miques contenues dans celle-ci, des transformations nuisibles à une bonne germination ou au développement de la plantule; Peut-être enfin, le milieu artificiel dans lequel, au cours des expériences, on fait germer la graine, peut-il bire;; par, 38 composition, non plus indifférent ou nuisible, mais favorable à la Sermination; telles substances pouvant faciliter ou accélérer celle-ci. Les substances de cette dernière catégorie ne sont pas nom- reuses, à la vérité, et parmi elles on à cité souvent l'atropine. Ayant été amené par d’autres recherches à considérer | in- fluence de l’atropine sur la germination, je relaterai briève- Ment les résultats obtenus. 408 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Gôppert, cité par Nobbe, dans le Handbuch der Samenkunde (Berlin, 1874), d’après les Froriep's Notizen de 1834, semble avoir le premier fait des expériences sur l’action des alcaloïdes, et en particulier de l’atropine, sur les processus végétatifs. Il employait des infusions de belladone, et d’après lui, il était indifférent que l’on arrosât la terre ensemencée de froment, de pois, d'avoine, de cresson, avec de l’eau pure, ou de l'infusion de belladone ; les résultats étaient les mêmes dans les deux cas, et l’infusion ne hâtait ni ne ralentissait la ger- mination. | En 1865, dans ses très intéressantes Recherches de Physto- logie végétale (de l'action des poisons sur les plantes), P,5. Réveil a obtenu des résultats plus frappants. Au reste, sa méthode était beaucoup plus satisfaisante. Au lieu de se servir d’infusion, il préparait des solutions titrées d’atropine, à l'étal de sel soluble (sulfate), et à la terre il substituait du sable calciné et lavé. Dans ces conditions, et en opérant avec une solution de sulfate d’atropine (au millième d’atropine), il à constaté, en se servant de graines d'orge, que l’atropine exér® une influence favorable sur la germination. « Nous serlon, dit-il, entraînés beaucoup trop loin si nous voulions rapporter toutes les expériences que nous avons faites sur l’atropine; elles nous ont convaincu non seulement que l'atropine n'était Pis un poison pour les plantes, mais encore qu'elle était pou quelques-unes un véritable engrais, et ceci est tellement vrai ‘que les plantes arrosées avec la solution de cet alealoïde on mieux et plus vite fleuri que les plantes types; souvent nous avons fait mélanger à dessein par une main étrangère des échan- tillons en expérience, soigneusement étiquetés, el toujours 10% reconnaissions à distance à leur taille plus élevée, à leur Lt plus grande, ceux qui étaient arrosés avec l’atropine. Ce qui nous confirmerait dans l'opinion que l’atropine est un engrais, c'est Sè ‘Prompte disparition dans les plantes; si une portion de cel alca- loïde peut être retrouvée en nature, il est certain qu'une autre est promptement détruite et qu’une portion pourrait être décor posée dans le sol lui-même » (/oc. cit., p. 106) L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL? : 409 Les mots véritable engrais sont soulignés par l’auteur lui- - même, et ceci indique suffisamment sa conviction à l'égard des effets favorables exercés par l’atropine. On remarquera toute- fois que Réveil ne s’en tient pas à l'étude de la germination, - puisqu'il parle de plantes qui ont fleuri : mais il a consacré aussi des expériences spéciales à la germination, et il dit expressé- * ment (p. 105) que « la germination s’est bien faite, et plus vite : que dans l'échantillon type » (le témoin). l * En 1887, M. A. Marcacci, de Pérouse, a publié un travail _(L'azione degli Alcaloïdi nel regno vegetale et animale) dans - lequel il s’est occupé de l'action de l’atropine. Il n’a pas eu connaissance des recherches de Réveil : du moins il ne les cite : pas. Sa méthode a consisté, tantôt à étudier la germination de “graines abandonnées pendant 12, 24 ou 48 heures dans une : solution titrée d’atropine, et ensuite semées dans un milieu : privé d’atropine; tantôt à étudier la germination de graines . Semées sur du verre pulvérisé, et arrosées avec la solution titrée. - Des graines ayant séjourné 72 heures dans une solution de ‘sulfate d’atropine à 4 p. 100 ont donné les résultats suivants. Il : à germé 5 graines sur 10 (pois) à cuique superstiti pero sono 1n buonissime condizioni, e tali da eguagliare per forza di vege- lazione quelli tenuti in acqua semplice.……. (p. 20). Dans une ‘autre expérience (p. 31) les chiffres donnés par M. Marcacci Sur la longueur des plantes ayant germé après action de l'a- ‘tropine, indiquent nettement au contraire que l’atropine exerce une influence défavorable sur la germination du lupin, du maïs, etc. Aussi M. Marcacci conclut-il plutôt à l'action nui- ‘Sible de l’atropine. Entre la conclusion de M. Réveil et celle de l'exp ‘Malien, il y a un écart notable. Avant même de connaître le travail de M. Marcacci, -des doutes à l'égard des conclusions de M. Réveil, et la plupart de mes expériences ont été faites, non avant la pubhcanee _ Mémoire de M. Marcacci (qui date de 1887), mais avant d'en äVoir eu connaissance. Mes expériences. ont d’abord été fait érimentateur j'avais es de la facon suivante. #10 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. De petits pois à onguents sont remplis aux 4/5 de sable de rivière bien lavé à grande eau, puis desséché à la température - sèche de 130° ou 150°. Au sable j'ajoute une solution de sul- fate d’atropine, titrée, réservant toujours un pot comme témoin, et arrosé d’eau ordinaire (ou d’eau distillée si la solution d'a- tropine a été faite avec de l’eau distillée). L'eau liquide dépasse le niveau du sable de quelques millimètres (2 à 5) et j'y place 5 ou 10 graines de cresson alénois. Les pots sont ensuite mis sous cloches, à conditions de température et d'aération égales. Le cresson alénois, et d’autres graines d'ailleurs, telles que la len- tille, etc., germent parfaitement bien dans ces conditions; elles germent bien encore dans des conditions qui semblent moins favorables encore; elles germent quand elles sont séparées de l'air par une couche de 2 centimètres d’eau, ou plus encore. J'aurai à revenir sur ce point dans un travail prochain, et il me suffit de signaler le fait en passant. Au surplus, le témoin, où . les graines témoins, se trouvent, au point de vue de l'aération, exactement dans les mêmes conditions que les graines à l’atro- pine : dans les deux cas, je fais couler les graines à fond, au contact du niveau supérieur du sable. Ceci dit, je résume les résultats de mes expériences. | ; Expérience 1. — Cinq vases renfermant respectivement : du sulfate d'atropine à 1. p. 400 dans de l'eau distillée ; de l'eau distillée, témoin du précédent; de l’atropine à { p- et à 1 p. 400; et enfin, de l'eau ordinaire, témoin des deux derniers vases où la solution est faite d’un mélange d’eau ordi- naire avec la solution titrée à 4 p. 100, à l’eau distillée. Au bout de trois jours, je constate que la germination a lieu partout; mais qu’elle est faible à l’eau distillée; assez bonne dans les solutions d’atropine ; bonne dans le témoin à l’eau ordinaire. Quinze jours plus tard, il y à des plantes partout, mais les _ témoins tiennent la tête: et les plantes, dans les solutions d'a- tropine, sont d'autant moins belles qu’elles correspondentà UP solution de titre plus élevé. Tout ayant germé et pou J° prends les 20 plantes des deux témoins, et les 20 plantes des solutions à 4 p. 100 et 1 p. 200, et je les pèse : le poids des plantes L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL ? sit des témoins — 10 décigrammes; celui des plantes des solutions = 4 décigrammes. L'influence nuisible de l’atropine est évidente. Expérience 11. — Trois petits vases à fleurs, en terre, per- forés par le bas, remplis de terre, plongeant par, leur moitié inférieure dans autant de coupelles assez profondes, remplies, l’une d’eau ordinaire, les deux autres d’une solution d’atropine à 1 p. 200 et à 1 p. 800. Tout germe très bien : j'ai mis 40 graines à la surface de la terre de chacun des vases. Au bout d’une dizaine de jours, je pèse les récoltes. POMRQIR ; «au ee rec cuire — À gr, 25 Atropine 1/200............ = 1 gr. 25 Atropine 1/800............ = 1 gr. 40 Ici, l’atropine n’a pas exercé d'action nuisible : elle semble même favorable dans un cas. Et pourtant, tout en citant cette expérience, je n’en tiens qu’un compte médiocre. Je ne sais quelles réactions peuvent se produire entre la terre et l’atro- Pine : il me paraît préférable d’écarter la possibilité de ces réac- lions, en revenant à l'emploi du sable, ou du verre pilé. Expérience IL. — Comme la précédente : pots perforés par le bas plongeant dans des coupelles d'eau ou de solution d'a- lropine (1 p. 100, 200, 400, et 800) remplis de sable au lieu de lerre. Au bout de neuf jours, je pèse les récoltes. Témoin. Sec vtsrs se — 8 décigr. Atropine 1/100..........- —.3 déc. 5 — 417/200.........:- | déc. 5 — 1/400...... doice = 1 GORE — 1/800........... = 7 décigr. L'atropine, ici encore, exerce une influence défavorable. Il est à remarquer que dans la solution au centième, le système adiculaire est pour ainsi dire nul : la plante repose sur le sol, n'ayant pour ainsi dire pas de racine, et n'y étant point fixée. Aucoup de poisons exercent une influence analogue. Expérience IN. — Un témoin, et deux solutions à 1 p. 1000 ‘1 p. 2000. Je remplace le sable par une couche de ouate 412 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. hydrophile. Au bout de dix jours je pèse les récoltes, en chois- sissant dans chaque série les 20 tiges les plus belles. Récolte témoin............. — 55 centigr. — atropine 1/1000..... 00 — atropine 1/2000..... "0 L'atropine n’exerce aucune influence stimulante. Expérience V. — Deux vases bas et larges avec de l’eau ordi- ‘ naire et une solution à 4 p. 200. Les graines reposent sur une couche de ouate imbibée, et sont exposées au contact de l'air. Je sème 25 graines de cresson alénois et 10 de lin dans chaque vase. La germination s’effectue dans les deux vases également bien, mais bientôt une différence marquée s'établit. Le cresson témoin a de belles tiges surmontées de feuilles saines, très vertes: les mêmes feuilles s’observent chez les plantes à l’atro- pine, mais la racine est très petite, et la tige est réduite à des - dimensions insignifiantes : elle a une longueur presque nulle, alors que chez le témoin elle a 3 centimètres. Le lin est plus avancé dans le vase témoin. L’atropine ne joue donc guère le - rôle d'engrais dans cette expérience. = Expérience VI. — Mème dispositif que ci-dessus solution à 4 p.500. Dans chaque vase, 20 graines de cresson alénoiïs et 10 de lin. à Le cresson germe bien : mais dès le cinquième ou sixlëme jour, on remarque la supériorité du témoin dont les tiges plus longues. Il en est de même pour le lin. Expérience VIT. — Cette expérience, tout en se rap la question à élucider, avait encore pour but de rec dans quelle mesure deux variétés d’une même espèce P réagir différemment à l'égard d’un même agent extérieur, dans quelle mesure un hybride entre deux variétés se rapproc j ou s'éloigne de l’une ou l’autre des variétés mères, : ë Je y a une différence marquée dans les réactions de celles-©r" fis choix de deux variétés de blé, les blés Noé, et prince et le blé Lamed, hybride des deux variétés précédentes - témoin el portant à hercher euvent et J'avais L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL ? 413 un témoin, et deux solutions, à 4 p. 500 et 4 p. 1000. Dans cha- que vase je semai 10 graines de chacune de ces variétés (graines provenant des cultures de M. de Vilmorin, et par conséquent présentant toutes les garanties possibles). Je présume que les différentes espèces des graines étaient de même âge, mais n'en suis pas assuré. Ce point, toutefois, n’a pas d'importance pour la question actuelle. J'avais donc trois vases peu profonds, avec ouate, humectés d’eau pure, de solutions de sulfate d’atropine au 4/500 et au 1/1000, et dans chaque vase je mis 10 graines de chacun des blés cités plus haut. Je laisse de côté le détail de l'expérience et le résultat brut est qu'il a germé : Dans le témoin.......:... 29 graines sur 30. Dans l’atropine à 1/500..... 419 graines. Dans l’atropine à 1/1000.... 24 graines L'atropine n’a donc pas favorisé la germination : et ici comme ailleurs, le prétendu engrais est d'autant moins nuisible qu'il y en a moins. Expérience NII. — Cette expérience fut faite dans les mêmes conditions que la précédente, avec les trois variétés de blé dont il a été question, et avec deux solutions, au centième et au millième. Le résultat, en laissant de côté les détails dont il Sera question ailleurs, a été le suivant : FMI. ::5. met 44 tiges (sur 15 graines) pesant 1 gr. Atropine 1/1000...... 9 tiges pesant 7 décigr. 5. Atropine 1/100....... 1 tiges pesant 4 décigr. Expérience 1X. — Dans cette épreuve, j'ai opéré avec pou espèces de graines différentes de celles dont il a été jusqu ici question. J'avais un vase à atropine (1/500) et un Leo $ sé être plus exact, j'avais plusieurs vases de chaque série afin d'é- viter l'agglomération excessive des graines. Celles-ci apparte- naient aux espèces suivantes : pois, soleil et mais, dont jee ÿ graines dans chaque série; radis, laitue, cresson alénois, lentille, sarrasin et orge, dont je semai 10 graines dans chaque Série (10 graines de chaque espèce). Au bout de cinq jours, l’état était le suivant, les chiffres indi- 414 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. quant le nombre de germinations pour chaque espèce, dans le témoin et dans la solution d’atropine. u RES RE oi 2 © = M: il Sue Srs lets) SEPT s1.41)8}|3ls/ Ets £ _ TS Pl ee Er ee CU di Le, CE RE Me DER ee L 4: EE On voit qu’en somme le nombre des germinations est plus grand (35) dans le témoin que dans la solution d’atropine ; mais cette dernière affecte évidemment plus telles espèces que lelles autres, le pois, le sarrasin et la lentille semblant indifférents. Quelques jours plus tard je fis un nouvel examen des cultures et je répétai deux fois encore, trois et neuf jours après celui-ci. Je résume les résultats dans le tableau ci-dessous. 2 _ = a ” 5 (] | 2 2 | 3° Fes 3 5 1 : d jour. {Témoin..| 4% : : : HR Re D 6° (Atropine.| 3 5 4 4 6 9 2 ë : jour./Témoin..| 4 5 3 7 è ÿ ÿ . : Le ee 1 pare 11° (Atropine.| 3 4 4 4 5 5 : 3 k jour./Témoin..| 5 3 3 7 3 6] 5 3 LA Il convient d'ajouter qu’en plusieurs cas (laitue, pois par exemple) des graines qui ont germé au début sont mortes à tÔt après, et que Les premiers chiffres se rapportent au nombre des germinations, les derniers au nombre des plantules. 92 remarquera que si d’une façon générale l’atropine est nuisible, : il y a des cas où elle a semblé favoriser la vie des graines €t ” L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL ? 415 plantes (lailue par exemple). Cela n'empêche pas qu’en somme l'effet de cet alcaloïde est nuisible. J'ai pesé nombre égal des plus belles plantes des deux séries (3 orges, 3 lentilles, 3 ra- dis, etc.), et pour la série témoin j'ai obtenu le poids de 35,5; pour la série à l’atropine 2,8. La différence eût été bien plus considérable si j'avais pesé Le total les deux récoltes. Expérience X. — Comme dans la précédente, j'ai opéré avec différentes espèces de graines : une seule solution à l'atropine a étée mployée (au titre de 4 p. 500), avec le témoin. Les graines étaient d'espèces suivantes: vulpin, avoine, paturin, agrostide, chou, betterave, navet, carotte, moutarde de Chine (20 de cha- cune dans chaque série). Le chou, le navet et la betterave ont germé en premier, mais avec plus de hâte dans le témoin que dans l’atropine. Le tableau qui suit résume la situation aux 10°, 14° et 20° jours. Les chiffres relatifsau dernier jour ne concernent que les plantules existantes, et non le nombre des germinations. a] ss a] & S a É - z |218181É = > © É & |S|alé|e - E 2 3 _ elrISIs ë 8 À 2 me ——_—. 10e ( Atropine .| 1 10 Égalité 11 Nombre| S|ä|<|s jou ; (nombre petites {nonnoté = = É = Jour. ( Témoin | 1 15 non noté, 15 is belles. égal. dr a ml R e ( Atropine.| 1 | 11 Égalité 12 17 # bonnes. | (nombre |médiocres | petites. : jour. ( Témoin | 1 non noté). 15 4 belles. belles. | belles. ne TL Atropine . 1 16 12 18 Ï ee ao 0 faibles. | petites. Te Jour. | Témoin ..| 2 | 17 12 18 9 belles. belles. | belles. Ayant pesé la totalité de la récolte dans chaque série pour le Chou, le navet et la moutarde, j'ai obtenu pour le témoin le Poids de 45 décigrammes; pour l’atropine le poids de 9,5 déci- £rammes. D'une façon générale encore, la su périorité est pour le témoin ; 416 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. les cultures à l’atropine sont moins nombreuses et plus chétives que les cultures témoins. | Expérience XI. — Trois séries de cultures, toujours sur ouate hydrophile, les graines étant toujours au contact de l'air, et non submergées : témoin, solution à 1/500, et 1/150. Les graines sont de trois sortes : blé de Noé, orge et maïs; 25 des premières, et 15 de la dernière. Le tableau suivant résume les chiffres obtenus (germinations d'abord et plantules en dernier lieu) aux 5°,.8°, 14% 16° et 21° jours. ORGE MAÏS BLÉ. Atropine 1/500 ...| 15 germ. 0 germ. 5 germ. 5° jour. ? Atropine 1/1500..| 18 — 4 — —. Fémoin : 5:25 45 — k — IS | Atropine 1/500 ...| 5 tiges. 2 tiges. 2 tiges. 8° jour. { Atropine 1/1500 ..| 2 — 2 — Br. | Témoin aviser = 7 — 8? ee a mere pe ans Atropine 1/500 ...| 9tiges. 0 tiges. 4 tiges. 11e jour. À Atropine 1/1500 ..| 7 — 2 — pi | TéMOMÉS 0. —- 5 — _. ÉORE e : o me { Atropine 14/500 ...| 41 tiges. 0 tiges. 8 tiges. 16° jour. { Atropine 14/1500 ..| 9 — eng des Témoin... 1 = E — 7 FR RE a he | en | Atropine 1/500 ...| 41 tiges. 0 tiges. 9 tiges. 21€ jour. { Atropine.…........ 411 — 2 7. Témoin 1/1500 ...| 414 — E— se D Le u On voit que dans différents cas, les plantules meurent à cours de l'expérience. À ces données je joindrai les pesées faites le 21° jour, à la cessation de cette épreuve. L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL ? m7 Orge Témoin. 254. HR = 11 décigr..5 _ Atropine à 1/500.... — 12 décigr. Atropine à 1/1500... — 9 décigr. blé: Témoin... DRE À ie Atropine à 1/500.... — 8 décigr. Atropine à 14/1500... — 7 décigr. 5 Je n'ai point fait de pesées pour le maïs : mais l’avantage du témoin est évident (4 contre 2 et 0). Au total, pour les trois espèces considérées, nous avons : Dans le témoin... 30 plantes. Dans l’atropine à 1/500...... 20 — Dans l’atropine à 1/1500..... 19° + On ne peut dire que l’atropine exerce une action favorable. Expérience XI. — Un témoin et deux solutions d’atropine à 1 p. 500 et 1 p. 1300. Dans chaque soucoupe, 20 graines d'orge. 7° jour : Témoin. 1.2, 12444 PRO PE RER Atropine 1/500..............+ — 15 — Atropine 1/1300...... ....... == 14 Le témoin l'emporte donc dès le début. Au 44° jour Ja situation est la suivante : Témoin — 17; sol. 1/500 — 13; sol. 14/1500 = 14. Au 16° jour, l’état est le suivant : Min à . 47 tiges (dont 1 très récente) pesant 2 gr. Î Atropine 1 ISt0.. 15 tiges (dont 2 récentes) pesant 1 gr. . Atropine 1/4500. 15 tiges (dont 1 récente) pesant 1 gr. 85 lei non plus, on ne voit pas que l’atropine soit particulière- “ent favorable à la végétation. Expérience XI, — Un témoin, et solution à 1/500 et 1/1500. Fu chaque vase, 20 graines de blé de Noë. ü bout de 43 jours, voici les résultats oblenus ;: a .. 20 tiges pesant 1 gr. 8 Atropine 1/500..,.:....... 11 — 6 décigr. Atropine 1/1500...:....... 14 — : 18r.25 Rev. gén. de Botanique. — IV. sie 418 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Conclusions. — En résumé, les espèces de graines précé- dentes peuvent se partager en trois catégories. Dans la première, je placerai celles à qui J’atropine est défa- vorable : ce sont le blé (3 expériences), l'orge (3 expériences aussi), le cresson alénois (6 expériences), le radis (2 expériences), le soleil (2 expériences), le maïs, le navet, la moutarde, l’avoine, le vulpin, l'agrostide (1 expérience chacune). Dans la seconde, je placerai la betterave, le chou, la lentille, le sarrasin, le pois, à qui l’atropine semble indifférente, la ger- mination et là croissance étant à peu près les mêmes dans les deux séries de cultures. Enfin, dans la troisième, entreront la carotte, le paturin, la laitue, sur qui l'atropine peut sembler exercer une action favorable. On notera toutelois que sauf la laitue pour qui le fait a été observé deux fois (dans les deux seules expériences faites avec cette graine), l'action favorable de l'atropine n'a été constatée qu’une seule fois pour les autres plantes, ce qui est insuffisant pour élablir une conclusion de quelque valeur. Peut-être existe-t-il des graines sur la germin#” tion desquelles l’atropine exerce une action favorable, mais |e fait n'est point assuré. La majorité de celles sur lesquelles J° expérimenté ne retirent manifestement de Ja présence de jar caloïde, aucun avantage. Cela est bien marqué, en particulier pour le cresson alénois : dans presque toutes les expériences, le poids de la récolte dans le témoin est supérieur au poids de là récolte dans les solutions d'atropine, et, généralement, Je poids est d'autant plus faible que la proportion d’atropine est plus considérable. Cela est également marqué pour le blé. Si nous résumons les chiffres du total des graines Sel® dans les témoins, et dans les solutions à 1/500 et à ns nous avons, pour 75 graines de chaque série : 64 germin . dans le témoin; 39 dans la solution à 1 p. 500; 4 dans à solution à 4 p. 4500. Il en va de même pour l'orge, bien ee différence soit moins accentuée (28 pour le témoin se hi et 26 pour les solutions à 1/500 et 1/1500) ; et pour le _. moutarde, l’avoine, le vulpin, le soleil, Le radis, US ds ie prépondérance marquée du nombre ou du poids des P° L'ATROPINE EST-ELLE UN ENGRAIS VÉGÉTAL ? 419 témoins sur le nombre ou le poids des plantes traitées par l’a- tropine. Sur d'autres espèces, il y a des réserves à faire : tel es le cas pour le pois, le sarrasin, la lentille, le chou, la bette- rave. [l y a là des expériences à reprendre, et à répéter avant de conclure à l'existence d'espèces à qui l’atropine est favorable, où au moins indifférente. En tous cas, il me paraît bien clair qu'il y a des graines à qui l’atropine n’est pas favorable, des es- pèces chez qui l'atropine ne favorise ni la germination ni l croissance, des espèces qui germent et croissent d'autant moins qu’elles vivent dans un milieu plus riche en cet alcaloïde, là croissance ou la germination étant optima dans le témoin, rès médiocre dans la solution riche en atropine, assez bonne (mais encore inférieure à ce qu’elle est dans le témoin) dans la Solution la plus pauvre en atropine. Si donc l'atropine peut constituer un véritable engrais, Comme l'a affirmé Réveil, en employant les doses et l’une des espèces végétales que j'ai à mon tour utilisées, le fait n’est certainement Pas exact d’une façon générale et absolue. Réveil n'indique pas, malheureusement, les espèces sur lesquelles il a opéré, il n'en indique qu'une, du moins; et d'autre part, nous ne Savons $ loules ses expériences ont été faites dans des conditions unilor- Mes. Il me parait que pour bien élucider l'influence de ES Pine ou de telle autre substance, il est nécessaire d'éliminer outes les chances de réaction du milieu, toutes les chances de Modification de la substance expérimentée par le milieu où Pousse a plante. C’est pourquoi j'ai préféré les semis sur sable 9 Sur ouate, aux semis sur terre. J1 se pourrait fort bien : Le dans un cas, une substance fût nuisible; et dans l'autre utile : Mais n'est-il pas évident qu'il faut expérimenter dans les ee ditions où la substance en expérience risque le moins d'être allérée? Lra-t-on étudier l'influence du sulfate de cuivre par exemple, en faisant sa solution avec de l’eau ordinaire, ou en St servant de terre comme milieu d'ensemencement? Non, Parce que différentes substances de l'eau de rivière et de la terre Yégétale précipitent le sulfate à l'état de sel insoluble, “% LS, on ne peut plus étudier l'influence du sulfate. Peut-êlre, 420 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. : dans les expériences de Réveil y a-t-il eu quelque:cause d'erreur qui lui échappa : en tous cas, les expériences que j'ai faites Sop- posent nettement à la généralisation de la conclusion qu'il a for- mulée en termes si.catégoriques : l’atropine n’est pas, dâns la plupart des cas que j'ai observés, favorable à la germination; elle ne joue point, non plus, dans le développement de la jeune plante, Le rôle d'engrais qu’on lui accorde; les germinations étant généralement plus rares, et le développement des plantes inférieur dans les solutions d'atropine comparées au témoin. _— . RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSIMTÉATION DES PLANTES GRASSES Pâr M. E. AUBERT (Suite). Boussingault a trouvé que les feuilles vertes des végétaux ordinaires dégagent un volume d'oxygène à peu près égal au olume d’acide carbonique qu’elles ont absorbé. D'après M. Mayer, les plantes grasses émettent de l'oxygène dans une atmosphère dépourvue d’acide carbonique: telle est donc une différence importante entre ces deux catégories de plantes. En me servant d'appareils identiques à ceux que j'ai décrits au sujet de la respiration des plantes grasses, j'ai constaté, par de nombreuses expériences réalisées avec une lumière d'inten- silé variable et à des températures très diverses, que les plantes grasses peuvent présenter les échanges gazeux variés, définis par MM. Bonnier et Mangin et relatés plus haut. r Dégagement d'oxygène dans une atmosphère sans acide car- bonique. Le dégagement d'oxygène à la lumière est très fréquent chez les plantes grasses contenues dans une atmosphère confinée qui le renfermait primitivement aucune trace d'acide carbonique, 4 qui ne contient pendant l'expérience que l'acide carbonique ‘ésultant de leur respiration. Ainsi la plante, placée dès le début dans un apparel ; Gtbonique, modifiera la plupart du temps l'atmosphère environ table en l’enrichissant en oxygène. Elle décompose Hs car- bonique avant que ce gaz ne se soit dégagé en dehors d'elle. S exemples suivants sont nombreux et convaincants. Ils ne ‘epésentent cependant qu'une faible partie de ceux que J ” PU mentionner. 1 sans acide Noms des familles. Mésembryanthémées. Crassulacées...... = \ Cactées..... M rs [. — Dégagement d'oxygène. Là ce. Me Docs ride. d'A aculeala. +... a Qu ie. ss. ss... a | Buphorbinoées. 5. \ Buphosbia rhipsalbides. 3 Aloe LEE PO ss... Date de l'expérience. CS sl Gaz Gaz Vol. d'O dégagé Tem- initi final en mill, cub. pérature. Lumière. Oxygène Oxygène p.igr. de p. 10 p. 100. poids fraisen { h. 140 Lum. diffuse vive. 20.59 24.56 16.1 14 id. 20.59 21.28 17.6 1% id. 20.59 21,40 13.4 17 id. 20.42 2.51 23.95 28 20.70 24 .43 49.3 24 Lum. diffuse vive. 20.79 21.61 19.8 12 id, 20.46 24,0% 40.4 1% 20.59 25.02 29.9 18 Soleil 20.53 24,79 1: 20 Lum. diffuse vive. 20.65 30.24 14.0 8 Soleil. 20.58 21.41 12: 24 Lum. diffuse vive. 20.79 20.90 5.26 16 id. 20.67 24.48 44.44 18 Soleil, 20.53 24.34 52.9 20 id. 20.44 25,35 43.1 16 Lum. diffuse vive. 20.66 25.72 24 .7 33 il vi 20.79 29.11 120.6 16 Lum. diffuse vive. 20.67 28.38 22.40 48 Soleil, 20.53 24.07 21.2 20 Lum. diffuse vive. 20.70 21.82 9.6 20 id, A0 #2 24.93 24.5 2% id. 90.71 31.58 216.3 10 Ciel couvert. 20.70 21.00 5:9 [ad *“HAÜINYLO AG A'IVUANYHI ANA RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 423 Le fait signalé par M. Mayer pour quelques végétaux de la famille des Crassulacées s'étend donc à toutes les plantes grasses sans exception. Ilimporte de remarquer que, dans tous les exemples cités plus haut, le dégagement d'oxygène est obtenu : 1° À basse température, même avec un ciel couvert et peu de lumière diffuse ; 2 A une température moyenne, avec beaucoup de lumière diffuse, c’est-à-dire un ciel très peu couvert ou un ciel clair dans lequel se déplacent des nuages plus ou moins nombreux: 3° À une température élevée, lorsque le soleil est très vif. 2 Absorption d'oxygène et dégagement d'acide carbonique. On sait que l'activité respiratoire augmente, jusqu'à une certaine limite, avec la température ; il peut se faire que, pour une lumière d'intensité donnée, alors que l’assimilation l'emporte sur la respiration, à Ja température de 15° par exemple, la respiration arrive à prédominer sur l'assimilation à la tem- pérature de 25°, Ainsi, dans cette hypothèse, à 15° on constatera un dégagement d'oxygène et une absorption d'acide carbonique, tandis qu’à 25° on obtiendra un dégagement d’acide carbonique et une absorption d'oxygène. Ce phénomène m'a été offert quelquefois par les plantes grasses, Il. — Absorption d'oxygène et dégagement d'acide carbonique. D rene ere — oo Noms No Date de Tem- ms ute Lite: des familles. des espèces, l'expérience, pérature, Sedum album. .....…. SE: 15e Ciel couvert. Crassulacées. : E cg 43 IV 21 id, Crassula arborescens.. 25 HI 36 Ciel couvert. { { 23 NI 31 id. Lors de UE: dois SE Ov 2 Hi. 2 VII 33 Soleil. | Mesembry. Cooperi. 21 16 Lum, diffuse faible, : Pereskia aculeata..... 10 VI 20 Soleil. Cereus lanuginosus ... 31 XII 12 Lum. très faible. Cactées. . — serpentinus .. id. 12 id. — grandiflorus .. 31 12 de” — rostratus..... id. 12 id. — dendroideum., 2 IN 29 Lum, diffuse faible, Gaz initial, iQ pour ne Gaz final rapporté Vol, on mill. eub. Û Lgr à la même onse e À, + 8 d'Az qu'a Oxygène COS dégagé Oabsorbé GOT dégagé, 19.05 0.87 25.8 15,6 19.80 t.26 9.87 13.8 19.70 2.37 n » 15.85 : 6.83 35.7 1.4 19.32 1.81 39 55,7 19.89 0,77 11.8 14.2 20,40 0,43 4.9 3,4 20.145 0.13 For: 1.6 20.39 0:00 2,5 » 19.13 0.73 8.4 8.9 46.76 1.84. 10:41 5 49.40 . 0,52. 46.5 6.2 19.24 0.88 ‘23.2 16.34 "ANÔINYLOS 3Q J'IYUINIY ANAGY RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 425 : Je n’ai obtenu, avec les plantes très charñues :«comme :les Cactées, le phénomène simultané de l'absorption d'oxygène et du dégagement d’acide carbonique que pendant l'hiver et à basse température avec une lumière diffuse excessivement faible. La plus grande partie des tissus de ces végétaux est ainsi dans Vobscurité, la cuticule étant suffisamment épaisse pour arrêter toute la lumière. . > : 3° Dégagement simultané d'oxygène et d'acide, carbonique. Dans une note (1) à la Société de Biologie, lue en séance du 11 avril 1891, j'ai fait connaître par quelques exemples que les Cactées dégagent simultanément de l'oxygène et de l'acide car- bonique : | 304 {° Quand la température est voisine de celle des régions équatoriales, alors que les plantes sont exposées à une lumière diffuse de moyenne intensité ; . 2° Quand, la température étant peu élevée, la lumière a une faible intensité. Ce dégagement simultané avait été prévu jusque-là comme phénomène transitoire et, par suite, de peu de durée, lorsque s'établit la lutte entre l'assimilation et la respiration d'une plante quelconque, soit au début soit à la fin d’une journée. Or ce phénomène est très général chez les Cactées où j'ai pu le constater à chaque instant dans mes expérienees d'avril à juillet 4891 ; il s'applique de même aux autres familles de végé- taux charnus ; dans deux où trois circonstances, je l'ai même observé avec des plantes ordinaires encore pourvues de leurs cotylédons, à l’état jeune. C’est avec le Sedum dendroïideum que, pour la première fois, s’est manifesté le dégagement simultané d'oxygène et d’acide carbonique dans une de mes expériences à la lumière — les Crassulacées. J'y parvins en choisissant les jours d'expérience de telle sorte que, tout en augmentant peu à peu la lumière et par observe dans les échan- ; iologique qu'on 1% Aubert : Not ne ph GeiéS de Biologie, ND chez certaines plantes grasses. (Mémoires de 426 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. suite l'assimilation, je diminuais la température et par suite l'intensité de la respiration. Ces essais ont eu lieu en avril 1891. Sedum dendroideum, gr ere ee Bus SRE * à Date Tempé G Gaz final ramené Variations p. 100. de l'expé- : a à Lumière. is ot à la même proportion du gaz pendant rience, 7*Ure- —_. d'azote. l'expérience, nie agées pts OR à Oxygène. CO®. Oxygène CO. 2 avril.. 29° Ciel un peu cou- ert 20.70 19.80 1.28 — 0.90 + 1.28 Vi 13 — 21 Ciel couvert pen- an eures ; puis soleil voilé parle brouillard. 20.72 19.70 2.37 — 1.02 + 2.37 15 — 19 Soleil moins voilé que le 43 avril. 20.61 21.08 0.2 + 0.47 + 0.21 2 — 12 Ciel un peu cou- LR LUE PRES 20.46 24.04 0.00 + 3.58 0.00 Ainsi le 15 avril, j'obtins à la température de 19, sous l’in- fluence de la lumière solaire peu active, un dégagement simul- lané d'oxygène et d’acide carbonique par une expérience qui dura sept heures. La lutte entre l'assimilation et la respiration est parfaitement traduite aux diverses températures de 29° à 12° et sous l'in- fluence d’une lumière d'intensité variable, dans ces quatre expériences du 2 au 45 avril. Le tableau qui suit contient quelques-uns des exemples du dégagement simultané d'oxygène et d'acide carbonique, obtenus par l'étude de l’influence de la lumière sur des plantes grasses appartenant à diverses familles. IL. — Dégagement simultané d'oxygène et d'acide carbonique. Noms Noms des familles. des espèces. { Sedum album . | — neum Crassulacées. | — reflemum | nn JIEDUMES , de, Crassula arborescens . . Rochea fulcata. . . . . . Mesembry. cristallinum . . |'Phyllocactus 4 bi ur à E 0e lia tom i Mésembryant . Cactées. . . uni tom Lu sd, FRA iris , — cylindrica . = | Ce ereus macrogon Ë \ Mamillaria ous. “het ci Ephe biu mamillaris. Composées . . Kleinia articulata. Gaz Gaz final rapporté initial. à la Lumière. Oxygène proportion p. 100, initiale d'azote. Oxygène, CO? Soleil. 20.44 21.63 0.22 id. 20.79 22.48 0.11 Soleil par intervalles, 20.53 22.47 0.67 Soleil. 20.79 21.64 0.21 id. 20.83 21.96 0.09 id, 20.79 38.61 0.57 Soleil par intervalles. 20.53 27.1 0.#%4 Ciel couvert ; qq. éclai ircies. 20.79 20.81 0.14 20.79 23.18 0.21 Ciel couvert. 20.61 21.15 2.18 Lumière diffuse vive. 20.74 28.70 0.43 id. 20.53 20.74 0.50 Ciel couvert. 20.60 26.79 0.32 is 20.44 29.35 0.50 Lumière diffuse vive. 20.67 22.46 1.04 id. 20.67 22.66 3.43 ; 20.62 42.80 0.97 Soleil. 0. 08 de go® id. 29 0.23 id. D 28.94% 0.27 id. 20.77 39.66 0.20 id. 20.77 21.35 0.9 Vol. Le. à de poids ras, A O'dég. CO? dég. 15.6 2.9 39:7 : 2.6 34.1 11.8 34.3 8.6 28.6 2.3 124.3 4 36.6 2.44 0.8 5.5 29,7 2.6 4.7 18.9 85.3 4.6 0.85 2 8.9 0.46 25:2 1.4 6.3 > 37 12 30.11 1.21 16.7 0.46 43.2 1,4 145.5 1.54 28,2 1 ‘SISSYUY SALNY'Id SHQ NOILV'IINISSY LA NOILVUIASAU M >; REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. © 4 Tout en constatant la généralité du phénomène par lequel les plantes grasses dégagent à la fois de l'oxygène et de l'acide carbonique à la lumière, dans les conditions que j'ai définies plus haut, je dois cependant faire remarquer que, sauf dans quelques cas très rares, l'acide carbonique ne s’est dégagé qu'en faible quantité. Ce dégagement me parait dû le plus souvent à une sorte de drainage effectué par l'oxygène qui sort de la plante. Eo effet, dans une plante grasse, la partie profonde du pa- renchyme est sans chlorophylle, et cependant les acides organi- ques y sont mis en réserve aussi bien que dans les régions su- perficielles, en vertu des échanges osmotiques de cellule à cellule. Or, à la lumière et sous l'influence de la chaleur, plus grande même à l'intérieur de la plante que dans l'air extérieur. ces acides organiques se décomposent, en même temps que la partie profonde du parenchyme respire et n’assimile pas. L'oxy- gène dégagé par la décomposition des acides organiques étant en général Supérieur en volume à celui qu'utilise la plante pour sa respiration, l'excès d'oxygène se dégage en entraînant avec lui l'acide carbonique dû à la respiration du parenchyme in- colore. Une partie seulement de cet acide carbonique est réduite lors de son Passage à travers le parenchyme chlorophyl- lien et l'autre partie sort de la plante. | Telle me parait être l'explication la plus plausible de ce phé- nomène. S'il n’est pas constaté chez les plantes vertes ordi- naires, c’est que celles-ci ont, en général, un parenchyme peu développé, entièrement chlorophyllien, et que l'assimilation Y est beaucoup plus active que chez les végétaux charnus. Non seulement les plantes vertes ordinaires sont capables de décom- poser à la lumière l'acide carbonique qu'elles exhalent en ref pirant, mais encore elles peuvent décomposer une partie de ce R : 6 : x i les meme gaz préalablement introduit dans l'atmosphère qui le entoure. ’ , x je € En résumé, les plantes grasses se comportent à Ja es S , r d ÿ 3 (-} comme les végétaux : c'est-à-dire qu’elles absorbent de l'aci RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 429 carbonique et dégagent de l'oxygène. Toutefois, comme l'ont montré Th. de Saussure re l’'Opuntia — et M. _… pour quelques Crassulacées, j'ai vérifié que : 1° Les plantes grasses, à quelque famille qu'elles appartiennent, peuvent dégager de l'oxygène, à une lumière d'intensité suffisante, même dans une atmosphère dépourvue d'acide carbonique ; . 0 ; 2° La valeur c =RÀ: concernant les échanges gazeux des plantes grasses à la lumière, es, sauf de très rares exceptions, plus grande que l'unité, et d'autant plus grande que la plante est plus charnue ; 3° Les plantes grasses, surtout les plus charnues, dégagent fré- quemment, à la lumière, à la fois de l'oxygène ei de l'acide car- bonique. 8 2. — L'ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE. Méthode employée. — De même que j'ai entrepris dans le premier chapitre de ce travail l’étude de la respiration com- parée des plantes grasses et des végétaux ordinaires, de même j'ai voulu établir la comparaison des résultats de l'assimilation chlorophyllienne chez ces deux catégories de plantes. Je me suis inspiré, pour ce nouveau genre de recherches, de la méthode imaginée par MM. Bonnier et Mangin, dont j'ai dit quelques mots dans l'introduction. Cette méthode consiste à étudier : 1° La respiration des plantes en en comparant l'intensité à la lumière et à l'obscurité : 2 La résullante de la respiration et de l'action chlorophyl- lienne superposées, et de tirer des nombres obtenus les résul- lats se rapportant à l'assimilation chlorophyllienne seule. Quatre procédés ont été mis en œuvre par les deux savants Physiologistes pour séparer les deux phénomènes de la respira- tion et de l'assimilation, contrôler les résultats et s'assurer de leur exactitude : a. Le procédé de l'exposition successive à l'obscurité el à la lu- . 7 à 430 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE: b. Le procédé des anesthésiques ; ce. Le procédé de la baryte; d. Le procédé de la comparaison de branches inégalement vertes. Ces divers procédés, applicables sans difficulté aux plantes ordinaires, présentent des inconvénients lorsqu'il s’agit des plantes grasses. ‘étude de la respiration nous a montré, en effet, le rap- 2 port ses indépendant de la température et du moment auquel on réalise l'expérience chez les plantes ordinaires, tandis que chez les plantes grasses, ce rapport peut diverger, pour une même espèce, avec ces diverses conditions. Or une plante grasse ne pouvant être indifféremment exposée à telle ou telle heure à l'obscurité sans que ses échanges gazeux varient (régis qu'ils sont par la production d’acides organiques), il est préféra- ble d'exposer, à la même heure, deux plantes ou portions de plantes aussi comparables que possible, l’une à l'obscurité, l'au- tre à la lumière, dans les mêmes conditions de température, d'humidité, etc. Une autre raison en faveur de cette manière d'agir est la len- teur des échanges gazeux des plantes grasses qui nécessitent un séjour de six à dix heures dans une atmosphère confinée, pour la modifier à peu près autant que le feraient, en général, des plantes ordinaires en deux ou trois heures. Il est done plus commode et plus normal, à la fois, de mettre les plantes le malin dans leurs éprouvettes respectives et d’en étudier le soir les échanges. Le procédé des anesthésiques est inapplicable; car il esi 1m- possible, à cause de l'épaisseur des tissus, de vérifier Si UDE plante grasse, après le traitement par le chloroforme par exe ple, présente les mêmes propriétés qu'avant : l’anesthésique ut devant disparaître qu'après plusieurs heures et souvent plusieurs jours. Le procédé de la baryte n’est pas d’une application Sen ene chez les plantes grasses, parce que l'acide carbonique qui prel RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 431 naissance par la respiration des tissus y demeure retenu plus ou moins dans les lacunes. Or, dans les conditions ordinaires, une notable partie de cet acide est décomposée avant d'avoir pu se dégager, surtout chez les végétaux très charnus. Si donc on plaçait ces plantes dans une atmosphère dont la baryte absor- berait l'acide carbonique à mesure de son apparition, on conçoit que la tension de ce gaz dans l'atmosphère: extérieure à la plante, constamment inférieure à ce qu’elle est dans son atmo- sphère interne, lui ferait subir, de dedans en dehors, un drainage hors de proportion avec le phénomène habituel. Aïnsi les résul- tats se trouveraient en désaccord avec les phénomènes ordi- naires. Enfin le procédé de la comparaison de branches inégale- ment vertes ne peut être appliqué chez les plantes grasses dont le développement est très lent. La chlorophylle a toujours pu apparaître dans un organe jeune avant qu'il fût question de l'expérimenter. Le premier des quatre procédés employés par MM. Bonnier et Mangin est donc le seul applicable aux plantes grasses dans les conditions que j'ai signalées plus haut. Les mêmes auteurs ont fait observer que l'intensité de la respiration diminue à la lumière et qu'elle est comprise entre les : (à la lumière diffuse vive) et les 2 (à la lumière diffuse 3 20 faible) de l'intensité respiratoire à l'obscurité. L'exposition d'une plante grasse à la lumière diffuse, même très faible, dé- termine la décomposition des acides organiques et un dégage- ment d'oxygène, de telle sorte qu'il me paraît impossible pour diverses raisons (dégagement d'oxygène, drainage de l'acide carbonique par la baryte) de déterminer l'influence de la lumière sur l'intensité de la respiration des végétaux charnus. J'admettrai simplement que cette respiration est la même à la lumière et à l'obscurité. D'ailleurs, pour les végétaux très char- aus et à cuticule épaisse comme les Cactées, quelque vive que soit la lumière, elle ne pénètre que difficilement au centre de la plante, et le parenchyme interne (sans chlorophylle d’ailleurs, 432 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ce qui prouve que la lumière n’y accède pas facilement) respire à peu près comme à l'obscurité. L'erreur, commise en vertu de cette hypothèse, est donc de moindre importance qu’on pourrait le croire. | La méthode expérimentale une fois établie, au lieu de com- parer seulement les modifications apportées par la plante en expérience dans la composition centésimale du gaz où elle est plongée, j'ai préféré comparer les volumes gazeux échangés. Cette manière de procéder présente un double avantage, à mon avis : {° Elle donne le rapport : avec la même exactitude; 2° Elle permet de comparer l'influence de la température et de la lumière sur l'intensité des échanges gazeux. 1° RÉSULTATS NUMÉRIQUES. Pour exposer les résultats numériques concernant l’assimila- tion chlorophyllienne des végétaux, il faut donner, en même temps, les nombres obtenus par l'étude de leur respiration à l’obs- curité et par l’étude de l’action de la lumière sur ces, plantes. Les volumes d'oxygène et d'acide carbonique, absorbés ou dégagés à la lumière et à l'obscurité étant connus, on en déduira, par une marche indiquée plus loin, la valeur 4 du rapport d- Ces résultats sont contenus dans les tableaux suivants. "AI — ‘onbruviog op -u98 ‘so 8& PRE Re De Me DU PE NP RE MN ee ARR sure fé — € ai Le et à Mischenriamthémées. LV. td F VOL. EN MILL. CUBES DES oaz ÉCHANGÉS MOYENNE se 5 . par 1 gr. de pois frais, en 1 h: provenant de la re de a dans . NOUS NATURE |E | ou # 2 Eure comparaison de (6) et (7). |verses expé $ < Es à Nes! à la lumière ’obs he. riences. des de 1 E. ë = Résultante (6). Respiration tion (7) Assimilation chlorophyll. | à la lumière serons. us reaxre, TS) OS Doo | o pen [el 0 [ou [ol as à dégagé. dégagé. |absorbé. | dégagé. TO | dégagé. absorbé, ü — % | vive. | faible Jéunes tiges. .[480/21 IV Soleil. 1.541 6.3 | 70.6 | 67.3 10.95] 72.14! 60.95! 1.18 Sedum Tig. plus âgées. 21 [22 V id. 24 » 85.9 | 85.5 | 4 109.9 | 85.5 | 1.29 |1.32 carneum. | Grandes tiges . 32 | 2 VII id. 39.7 | 2.6 [107.6 | 97.8 |0.94/1447.3 | 95.2 | 1.55 Vie Jeunes tiges. .[44 | 3 IV |Ciel couvert.| 17.6 » 66 58.4 10.88] 83.6 | 58.4 | 1.43 1.43 * E SR pre : 2 9 c pe PhaGrr “à l'AS PAT srnars tiges .[20 [10 VI Soleil. 108 2.9 | 77.5 | 82.4 11.06! 93.45] 79.5 | 1.17 |1.12 id. 14 | 3 IV [Ciel couvert.| 16.1 » 56.65! 54.5 10.96! 72.75] 54.5 | 1.34 1.24 Jeunes tiges. .[21 |22 V Soleil. 23.34 » | 93.66! 89.2 [0.951117 89.2 | 1.31 |4 98 Sedum acre. | Grandes tiges .[24 [20 V id. 26.8 » 92:92: 1 JTE 119 94.7 | 1.29 ‘ Jeunes tiges. .[4% | 3 IV |Ciel couvert. 13.4 » 72.45| 61.4 [0.85| 85.85| 61.4 | 1.40 1.281 | Jeunes tiges, .[98 | 7 VIL| Soleil. 19.3 + 179.7 | 89.7 14.07! 99 85.7 | 1.15 |1 9 Sed. refleæum. Grandes tiges .[32 | 2 VIL id. 34.3 8.6 |124 121,6 |0.981158.3 |113 _1.40 # © — tiges.|26 [43 ViilCiel couvert.| 28.6 | 2.3 | 92.9 | 92.9 14 421.5 90.6 | 1.34 1,27 Sedtum | Grandes tiges .[32 | 2 VIL Soleil. 51.2 » |204.7 [206.8 | 255.9 [206.8 | 1.24 [1.24 Telephium. Jeunes — |2% |23 VIH |Ciel couvert.| 19.8 » 71.1 | 68.3 (0.95! 91.5 | 68.3 | 1.34 1.34 Rochea falcata.| Veuilles 23 | 6 VI | Lum. moy. | 36.6 2.44| 26.74| 24.7610.92! 63.341 22.3 2.84 |2.84 Crassula Mars feuillé.|32 | 2 VIL Soleil. |124.3 | 4 65.1 | 51.1 |0.88/189.4 | 53.1 | 3.57 12.87) Û 14 195 HI Ciel couvert.| 29.5 » 21.741 19.4 10.89! 54.24] 19.4 | 2.64 tu 13 (19 Hi [Cieltr. couv.| 28.66| » | 16.6 | 44.4 |0.87) 45.26) 14.4 | 18 ne } Rameau feuillé.| 8 123 HE Soleil. 12.2 » 32.9 | 28.8 |0.88| 45.1 | 28.8 | 1.56 Mesembrian- id, 42 MOI id. = 6.61 8.41 | 57.8.1 50.7 |[0.88| 51.2 | 42.6 | 1.20 |1.26 themum id. 32 | 2 VII id. — 4.9! 3,4 | 62.4 15% 0.97! 57.2 | 50.6 PF 4:49 deltoides. id. 43 | SIL [Ciel couvert.|— 31.2! 25.5 | 72.3 | 55.6 10.77 4.4 | 30.4 | 1.36 1.251 : id. 23 | 6 VI id. |—14.8l 44.2 | 77.6 | 72.2 [0.93] 65.8 | 58 | 1.14 : V. — Cactées et diverses plantes grasses. tj . VOL, ne MILL, CUBES DES a FOHANENES NOMBRES MOYENNE = Z F r 1 gr. de poids frais, en { h p t de la comparaison| de & dans NOMS NATURE 4 m © rs os de (6) et (7 7. diverses ds £ Pad | à la lum à l'obscurité. expériences de de CRT 2 Résultante 6. Respiration (7). Assimilation chlorophyll. | à la lumière ESPÈCES, LA PLANTE. ë LE = T0 | co 0 CO? | co? Fo Fois Re EN 2 dégagé. | dégagé, absorbé. | dégagé. | O |dégagé. |[absorbé.| C vive, | faible Pereskia \eune tig. feuil./20°/140 VI Soleil. st » |289.4 1253.8 |0.881286.9 1253.8 | 1.13 11.13! aculeata. id. 24 123 VIT |Ciel couvert.| 5.3 ». [170,5 155 |0.911175.8 [155 1.12 LA2 Phyllocactus Ram. un p. âgé.|20 [28 V Soleil, 29.7 | 2.6 | 64.4 | 50.3 |0.78| 94.1 | 47.7 | 4.97 [1.97 gr'andiflorus. er jeune..|24 123 VII |Ciel couvert.| 73.2 | 1,1 | 64.5 | 62.1 |0.961137.7 | 61 2.26 2.26 ï . de plus. m.|20 |29 V Soleil. 29.55| 0.74! 45.3 | 40.4410.89| 74.85! 39.7 | 1.88 |1.88 Opuntia 3 He une 26 |29 VI {Ciel couvert.| 43.7 | 5.4 | 95.5 | 94.6 |0.90/139.2 | 89.2 | 1.56 monacantha. — âgée.|26 | id. id, 51,2 1.64%! 58.7 | 52.9 10.901109.9 | 51.26| 2.14 2.20 — hgée....,. 26 | id. id, 15.541 3.3 | 41.2 | 43.3611.05/116.74| 40.06! 2.91 : ie jeune.|33 | 2 VII] Soleil. 120.6 » | 49,8 | 36.4 |0.731170.4 | 36.4 | 4.68 Opuntia — d'unan.|33 | 4° id, 39.45| 0.8 | 26.8 | 19.7 [0.731 66.25! 18.9 | 3.50 [4.09 tomentosa. _— jeune. 2% |23 VIT [Ciel couvert.| 56 0:90 Po2 10.8 10.49| 78 10,3. 7409 4,98 Ù — d'unan(35 (271 id. 4,7 | 18.9 | 37.2 | 36.5 lo.o8| 41.9 | 47.6 | 2.38 Op. rh | 14 | 4 IV |Ciel couvert.| 8.9 | 0.46| 8. 4.5 10.56! 16.9 | 4.04 | 4.19 [2.50 “ere À — ad ut sem.|20 |10 VI i 25.2 1.4 | 24.75| 22.5 10.90! 49.95| 21.1 | 2.37 nhipsalis sali re » 18 15 V id. 53.2 » 29.2 | 30.4511.04| 82.4 [| 30.46] 2.71 Mamill. ss Plante de 3 ans.|33 | 2 VII id, 43.2 41.4 | 27.4 | 21.5510.79| 70.6 | 20.15] 3.51 Euph. mamillar, Lost tiges. 9 VIII Soleil. 45.5 | 1.54! 62 64.6 |1.041207.5 ERA se 3.29. Aloe pinosa, (Tig. feuil.jeu ne.|24 |23 VII | Ciel couvert.| 30.5 | 0,5 | 31 25.6 |0.82| 61,5 2.45 Kleinia articul. Tige Aile. .|24 | 9 VI Soleil. 28.2: 4 29 29.5 (0.99! 57.9 ri ; 2,03 Fcr “HAOINVLO4 44 A'IVUANAI ANAAU Abe * ARIES PR TROT ue i F & 2 RAM à RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 435 VI. — Plantes ordinaires. Noms m- Date rs de Moyenne des espèces. pérature. de l'expérience. ‘+ md de a. Et 25 II 1,72 | ; 18 2% IV 1.10 Pupinus albus -: . . . …. 21 22 V 1.10 | 1.10 | 32 4er VI 1.06 : 14 27 NI 15 | POUNE QUIG ON, 412 8 IV 41.14 1.11 ( 2 49 IV 4.05 Calamintha Nepeta . . . . 24 24 VII 1.05 1.05 1 15 4.19 | Mirabilis Jalapa. . . . . . 20 28 V 4:49: 1.18 | 31 2 “EH 4.23 NE HO Le 5. 20 10 VI 4,43 1519 Ricinus communis . . . . . 20 28 V 1522 1.12 Triticum sativum jeune. . . 8 23 HI 4.45 1.45 45 28 I 1.19 | FD IRC LL, ss * - Le ne 1:42 28 FT VU 1.04 | Les tableaux 1V et V nous renseignent sur les conditions dans lesquelles ont été effectuées, à la lumière et à l'obscurité, les ex- périences comparatives propres à indiquer, pour chaque plante, la nature et la valeur des échanges gazeux dus à la respiration et à l'assimilation. Les nombres concernant l’assimilation chlorophyllienne sont déduits de ceux qui concernent la respiration d’une part, et d'autre part la résultante de la respiration et de l'assimilation Superposées. Les exemples qui suivent montrent la marche 0 adoptée pour tirer de ces résultats la valeur du rapport & = 4. 1% Cas. — La plante, exposée à la lumière, dégage de l'oxy- gène et absorbe de l'acide carbonique. C'est le cas le plus fréquent. Le 22 mai 1891, deux branches de Sedum carneum ont été placées : . 6 0 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 0 EN À une, ayantun poids frais de 15,603, dans 24,7 d'air, à une lumière diffuse vive ; L'autre, ayant un poids frais de 1,483, dans 22*,8 d'air, à l'obscurité. Le gaz initial renfermait 20,64 d'oxygène et 79,36 d'azote. — Température 21°, L'atmosphère finale était ainsi composée, au bout de 6"35, pour la plante à la lumière : CO? — zéro; O = 21,67 rapporté à la proportion initiale d’azote; et les volumes de gaz échangés par 1 gramme de poids frais de la plante ont été, en une heure {ç Acide carbonique dégagé Oums D, () | Oxygène dégagé nd PE L'atmosphère finale de la plante à l'obscurité, au bout de 650, était composée de : 00" = 3,78 0 — 16,84 pour 7,36 d'azote également. 1 grammede poids frais de la plante à l'obscuritéa,enune heure : | Oxygène absorbé 07m { < D À Addrcatbonne dégagé 85 5. On procède de la manière suivante pour obtenir les volumes de gaz échangés dans l'assimilation chlorophyllienne seule : Le ol d'acide carbonique absorbé est évidemment égal à celui que la plante a dégagé par sa respiration, puisque, dans l'air qui l entoure à à la lumière, on n’en trouve plus trace. CO? absorbé el décomposé par l'action chlorophyllienné — 22 857" 5. Si la composition du gaz à 4 fmière fût restée la même de- puis le début jusqu’à la fin: de: l'expérience, on en eût conclu que la quantité d’ oxygène dégagée par l’action chlorophyllienne était égale au volume d'oxygène absorbé par la respiration, soit: 83mme 9. Puisque l'oxygène est en plus grande. quantité dans l'atmosphère finale, la plante en a joie ne e. . n° en à LR c Para . ” add ut due re 0 dents Lou l'actijn éhlorophylinne SR Lime es AT OR = MM D tees OUEST Te k RS SU ER UE EE LUS LR ir Vas EL co de dl SES CARRE RE 7 GS ad ce RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES.. 109,9; 99 0 Le rapport & = = 555 | ee 2° Cas. — La plante absorbe de l'oxygène et dégage de r a P carbonique à la lumière. : Le 6 juin 1891, la lumière diffuse étant très faible et la tem- pérature de 23°, j'ai placé dans deux éprouvettes des branches de Mesembryanthemum deltoides, Vune à la lumière, l’autre à l'obscurité, sur le mercure. La composition du gaz initial était : 0 — 20,53: 64.7 Az — 70,87. La composition du gaz final était, au bout de 750, à la lu- mière, pour la même proportion d'azote : O — 19,89 CO? — 0,77 Az = 79,41. Les volumes de gaz absorbé et dégagé par 1 gramme de poids frais de la plante à la lumière, en une heure, ont été : 3 { Oxygène absorbé =. 1468, @) { cos dégagé — 14 ,2 La composition du gaz final à l'obscurité, pour la même art portion d'azote, a été au bout de huit leures D = 15,89 co +, 38. Az — 19,41. Et les volumes de gaz échangés avec l'air par 1 gramme de poids frais de la plante en une heure : { Oxygène absorbé. — 77"%,6. se 2 — 12. () t co? dégagé 72 Si le gaz final n'avait pas renfermé d'acide carbonique, la plante aurait décomposé tout celui. provenant de sa respiration, LE P'emte À par gramme ; comme il en reste ie À 1 gramme de poids frais de la plante a donc décomposé, sous Finfluence de la lumière : a . co absorbé et aécompos par Arr choropylienné = 08, . Raisonnant d’une manière identique, on trouvequ'un gramme 438 = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de poids frais de la plante a dégagé nt l’action chlorophyl- lienne, en une heure : 7 : 10 = Ve O dégagé par l’action chlorophyllienne — 65mmc,8, no U 65,8 Onen déduit: == à = == — 1,13. C D8 : 3° Cas. — La plante dégage simultanément de l'oxygène et de l'acide carbonique à la lumière. Le 29 mai 1891, à une lumière diffuse vive, j'ai placé, à la température de 20°, dans deux éprouvettes, deux rameaux de Phyllocactus grandifiorus, V'un à la lumière, l’autre à l'obscu- rité, dans un gaz renfermant : O — 20,79 Az — 19,21. Le gaz final, pour la plante à /a lumière, fut au bout de 6",30 et pour la même proportion d’azote : COS ON 02-2318 Ar 19,91. 1 gramme de poids frais de la plante avait donc, en une heure, dégagé dans l'air : “ei Ce dégagé — 299,7, QE js dégagé 2 Le gaz final, pour la plante à l'obscurité, se composait, après 7°,10, pour la même proportion d'azote, de : COS 30 O — 16,12 Az — 79,21. 1 gramme de poids frais de la plante [avait donc, en une heure, échangé avec l’air : Gamme 4, (6) “be absorbé — dégagé —50 ,3. La comparaison des nombres (5) et (6) permet d’en déduire facilement : CO? abs. et décomp. par l’action chloroph. = 50mmc,3 — 2m%6,6 — mie O dégagé par l’action chlorophyllienne —64 ,4+29 ,7—9% %- 1m NOT ER [7 afertees AL 5e OR RP UEONTE : fr le 340 LR Der a M SARA AT VE SP EN % : res KG à PL COL ES SFA ; k Lo Tar RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 439 0 94,4 © Le rapport& a TT — 1,07. Les résultats numériques obtenus pour l'assimilation chloro- phyllienne, de la manière qui vient d’être exposée, prêtent à deux sortes d’observations : Les unes relatives à l’êntensité de l'assimilation; À Re 0 Les autres ayant trait aux variations du rapport a ue x chez les divers végétaux. 2° INTENSITÉ DE L'ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE. Comme je l'ai mentionné déjà dans l’étude de la respiration : 1° L'intensité des échanges gazeux croft avec la température dans des conditions d'éclairement identiques. Ainsi les quantités d'oxygène dégagé et d'acide carbonique absorbé parl’action chlorophyllienne, rapportées à 1 gramme de poids frais en une heure ont été : à 48° O—"12.2 CO? — 60,95 Pour Sedum carneum. . . . . . . . à 21 109,9 85,5 à 32 147,3 95,2 à 8 48,1 28,8 Pour Mesembrianthemum deltoides. . | à 12 51,2 42,6 | à 34 104 89 Pour Phyllocactus grandifiorus. . « . e on Rey a 2 L'intensité des échanges gazeux diminue avec l'âge de la Plante, à égalité de température et d'éclairement. Ainsi deux raquettes d'Opuntia tomentosa, l'une d’un an, l'autre de quelques semaines, ont été exposées aux tempéra- lures de 33 à 35°; leurs échanges gazeux ont été : Raquettes d’un an. . . . . O dégagé — 41,9 CO? absorbé — 17,6 Raquettes de qq. semaines. id: <=: 110; id. — 36,4 3 À égalité de température et d'eclairement et pour une même Phase de lu période végétative, les échanges gazeux dus à l’assi- Milation sont d'autant plus intenses que les plantes sont moins Charnues. 440 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Ainsi les Sedum reflerum et Telephium, les rameaux feuillés | 5 jeunes de Pereskia aculeata, les rameaux aplatis jeunes de Phyllocactus grandiflorus sont, au point de vue de l'intensité -des échanges gazeux, entièrement comparables aux plantes ordinaires. Pa. Le 10 juin, l'étude de l'assimilation de feuilles du Pereskia + aculeata, de rameaux adultes du Phyllocactus grandiflorus, de | raquettes plus épaisses de l'Opuntia maxima, a donné les nom- bres suivants : À Pereskia aculeata . . . . . .. O dégagé — 286,9 CO? absorbé — 253,8 Phyllocactus grandiflorus . . . . 91,9 ps, Opuntia maxima.. . . . . . . 49,9 PL Et dans les mêmes conditions : Lopin (plinte) . : O dégagé — 208,45 CO? absorbé = 188,8 Fève (plante jeune). . . . . . 133,3 case RES Belle de nuit (plante jeune) . . 208,65 7e Lierre (feuilles jeunes) . . . . 267,4 235, Ricin (plante jeune). . . . . . 214,9 1e * Ces résultats montrent que les échanges gazeux des feuilles jeunes de Pereskia sont comparables à ceux des plantes ordi- naires (Lupin, Fève, etc.) et que des Cactées très diversement charnues ont, avec l'air, des échanges gazeux d'autant plus faibles qu'elles sont plus épaisses. 5 3° VARIATIONS DU RAPPORT == ü. C à l'unité, varie pour les plantes ordinaires que j'ai a (Lupin, Fève, Calament, Nyctage, Lierre, Ricin, Blé, Ê P er entre 1,05 et 1,23. Les nombres indiqués par MM. Bonnier et : Mangin (1), concernant également des plantes à feuillage mn% \Tabac, Lierre, Ronce, Petit-Houx, Genêt, Pin sylvestre, me 1° Pcanres oRDINAIRES (Tab. VI).— Le rapport a= (1) G. Bonnier et L. Mangin : Recherches sur l'action chlorophyllienne sépar° . la respiration (Annales des sc, nat., 7° série, t. III, p. 42). , à 2 Pcanres Grasses (Tab. IV et V). —Les RE qui : s'éloignent plus ou moins des plantes ordinaires quant à la va s appliquant à à la respiration, s’en écartent leur du rapport + . hu même pour le rapportr = 4 concernant l'assimilation, rap- port a qui devient notablement plus grand que l'unité chez les Les très charnues. REVUE DES TRAVAUX SUR LA CLASSIFICATION ET LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES DE LA FRANCE PUBLIÉS EN 1888 ET 1889 (Suite.) 5° Bretagne. Aucun travail spécial n’a été publié sur cette région. Rappelons cependant deux lettres publiées dans le Bulletin de la Socièté botanique de France. Dans l’une, M. Cxagerr (1) annonce la découverte de l’Azolla filiculoides dans plusieurs fossés des environs de Rennes et dans la Vilaine; dans l’autre, M. Viaun-Grann-Marais (2) indique quelques localités où le Gui croit sur Je Chêne. Au séminaire de Sainte-Anne d’Auray, entre autres, le 9 est d « abondant sur les Chênes de la grande allée du parc et il dédaigne pour F eux les autres arbres ». | 7e RO NN CINE. RTE 6° Centre. La statistique des diverses formes de Rosa spontanées en Indre-et-Loire a été établie par M, CHasTarner (3); ces formes sont au nombre de 54. ve $ coltées, soit par M. Tourlet de 1864 à 1886, soit par l’auteur lui-même 1877 à 1887, elles ont été révisées par Deséglise et M. Crespin et comparées avec de nombreux échantillons authentiques. M. Chastaingt indique les loc lités du département où elles ont été trouvées. 510 Grâce aux recherches persévérantes de M. Le Grano, la flore du Berry était déjà bien connue. Ce botaniste à continué pendant ces dernières années | l'exploration méthodique du département du Cher. os I a signalé (4) dans un marais près de Bourges, la présence a55€7 Si : rieuse du Scirpus Holoschænus, puis en compagnie de zélés collaboraters 4 à dirigé plusieurs excursions aux marais de Plaimpied, dans les me ss Fontmoreau et à Fublaine, enfin du Guétin à Fourchambault. Le comp rendu de ces excursions a été publié par M. Monner (5). | (1) A. Chabert : Bull. Soc. bot. de France, 1889, p. 312. (2) Dr Viaud-Grand-Marais : Ibid., 1888, p. 405. (3) G. Chastaingt : Énumération des Rosiers croissant naturellement ps d'Indre-et-Loire (Bull. Soc. bot. de France, 1888). : Fu * : Bull. Soc. bot. de France, 1888, p. 324 jans le Chers (5) Mornet : Compte rendu des principales herborisations faites dan à de dans le dé 2 F REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 443 Dans une intéressante brochure M. Rica (1) nous donne les résultats de ses recherches sur la végétation des clochers et des toitures des églises de Poitiers. Poursuivies pendant deux années consécutives, ces herborisations, moins terre à terre que la plupart de nos excursions botaniques, ont fourni à l’auteur un contingent de 76 espèces appartenant à 28 familles différentes. Fait important à remarquer, toutes ces espèces sont communes dans la ré- gion. Les Composées sont Les plus nombreuses, après viennent les Grami- nées. L’abondance des premières s'explique naturellement par la présence des fruits à aigreltes et celle des secondes par le transport des graines par les oiseaux, 7° Côte-d'Or. Dans l'introduction à leur petite Flore MM. VIALLANES et D'ARBAUMONT (2) nous donnent sous le titre de « Distribution des plantes dans le département de la Côte-d'Or » un savant travail de géographie botanique bien précieux pour se rendre compte de la végétation si originale de la Côte-d'Or. Ils distinguent dans le département quatre régions naturelles, La première est le Morvan (partie des arrondissements de Beaune et de Semur); c’est une région montagneuse d’une altitude souvent supérieure à 600 mètres, présentant des vallées tortueuses très encaissées, des étangs placés sur des hauteurs et des forêts tourbeuses. Le sol y est presque en- tièrement formé par des roches cristallines. La végétation de celte région présente de grandes analogies avec les stations analogues des basses mon- tagnes siliceuses ; 57 espèces du département sont spéciales à cette première région. La seconde est celle des vallées et coteaux de l'Auxois (partie des arron- dissements de Beaune et de Semur). C’est une région intermédiaire entre le Morvan granitique et les plateaux jurassiques qui caractérisent Ja troi- sième région; la végétation ne présente pas de caractère bien spécial ; elle esL principalement calcicole. La région des plateaux jurassiques est de beaucoup la plus importante. Elle comprend tout l'arrondissement de Châtillon et une partie de ceux de Semur, de Beaune et de Dijon. Le sol y est calcaire et la végétation nelte- ment calcicole. A des altitudes de 300 à 400 mètres à peine on y trouve nombre d'espèces alpines et subalpines. D’autres stations présentent des colonies d'espèces méridionales. Parmi les espèces spéciales à cette région 110 environ sont répandues partout, et plus de 80 disséminées seulement dans quelques localités. cu fin la quatrième région, la plaine de Saône ou Val-de-Saône (partie des arrondissements de Beaune et de Dijon) se subdivise en trois zones. Une Première, sèche et calcaire, présente de grands rapports avec les plateaux Jurassiques, mais sa flore ne compte que quelques espèces montagnardes ; 1889). 1, sous la direction de M. Le Grand (Mém. de la Soc. historique du Cher, - (1) 0.-5. Richard : Florule des clochers et des toitures des églises de Poitiers (Vienne). Paris, 1888. (2) A. Viallanes et J. d’Arbaumont : Flore de la Côte-d'Or, Dijon, 1889. « TT SU + REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. t +20 US dia elle possède toutefois une vingtaine d'espèces spéciales. La seconde zone, largement arrosée par la Saône, le canal de Bourgogne, de nombreux cours d’eau et riche en tourbières, compte une quarantaine d'espèces spéciales; bon nombre d'espèces du Morvan s'y retrouvent (130 espèces environ sont communes au Morvan et à la plaine de Saône). La troisième zone richeen. _-silice à beaucoup d’analogie avec la seconde, mais s'écarte de la première. À l’est la plaine de Saône se confond avec celle de Saône-et-Loire ; grâce à ce contact un « assez grand nombre d'espèces méridionales ou étrangères y sont introduites et fixées ». 5 8°. Plateau central. L'important travail de M. Beize (1) ayant pour but principal de détermi- ner les zones de végélation du massif central mérite une analyse détaillée. diterranéennes se retrouvent dans les dépressions du versant oriental _ Cévennes, quelques-unes déf t même la ligne de faite et suivent les vallées et les dépressions. La flore lyonnaise a surtout fourni à celle du plates! central un grand nombre d’espèces ubiquistes accompagnées cependant -Quelques plantes montagnardes, Enfin du sud-ouest sont venues plusieurs colonies de plantes méridionales, quelques plantes montagnardes el — des espèces introduites d'Amérique ou d'Italie. Le troisième chapitre estle plus im portant; l’auteur y établ zones de végétation du massif central. Ces zones sont au nombre la zone du Châtaignier, la zone du Hètre ou des plantes subalpines, zone alpine dépourvue de plantes arborescentes et localisée seuleme -les plus hauts sommets. ; … 4. La limite d'altitude du Châtaignier sur le plateau central 600 mètres, mais sous l'influence de l'exposition cette limite vari et l'on voit cet arbre atteindre et même dépasser 800 mètres. Les nur E -Propres aux plaines françaises et en général aux pays occupés par le 2 laignier ou situés en deçà de sa limite polaire l’accompagnent TE cension sur les flancs du massif central. De plus il n'est pas rare ©” u’on tater dans toute cetle zone du Châtaignier un certain nombre CE vies Fe trouve d'ordinaire seulement dans la région de l'Olivier ou dans Sn : “vinces méridionales ; ces espèces sont disséminées çàet là ou ronrs forme de colonies aux chaudes expositions du sud et du sud-est. EN RL il les différentes de tr ois : et la pt sur est d'environ dit M. Beille, « nous comptons environ 200 espèces qui, répandues dan —. l k . k . (1) L. LL Essai _— zones de végétation du ré is si ns Et FIAT ce REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 445. _ provinces méridionales, dans les plaines de la France ou le sud de l'Alle=:, : _ magne, ne dépassent pas la limite extrême du Ghâtaignier sur les flancs du massif central. Si nous ajoutons à ce nombre les 86 espè édit à qui restent au-dessous de cette même limite, nous arrivons à un total de 286, soit environ le 1/5 du nombre total des espèces du massif central qui reslent cantonnées dans celte première zone » 2. Au-dessus de la limite supérieure du Châtaignier la végétation du massif cen{ral prend une nouvelle physionomie; les plantes méridionales dispa- raissent et sont remplacées par des espèces montagnardes étrangères aux plaines françaises. Le Hêtre, qui est l'espèce forestière dominante, caracté- rise cette nouvelle zone. Jusqu'à 1000 mètres, seul ou associé au Chêne, il forme les forêts, sauf cependant sur les monts de la Margeride, du Forez et de la Madeleine où il est partiellement remplacé par le Pin silvestre; à par- tir de 1100 mètres, autour de quelques points culminants et à l'exposition du nord et du nord-est, il s'associe au Sapin pectiné et les deux essences mélangées arrivent jusqu’à la limite supérieure de la végétation arbores- cente. Celle limite, dans le massif central, varie suivant l'exposition entre 1490 et 1 550 mètres. Près de deux cents espèces spéciales à cette zone accompagnent le Hêtre; ce sont des plantes qui vivent aussi avec lui dans l'Europe centrale, et qui dans l'Allemagne, le Danemark et la Péninsule scandinave, restent en deçà de sa limite polaire. Il y a une analogie frappante entre la flore de tout le centre de l'Europe et la flore de la zone du Hêtre du plateau central : 96 p. 100 des plantes spéciales à cette zone croissent dans les plaines de la Sibérie, de la Bohème et du centre de l'Allemagne. M. Beille termine ces intéressantes considérations en établissant les ana- logies que la zone du Hêtre du massif central présente avec la zone subal- pine ou du sapin des montagnes de l'Europe. 3. Au-dessus des forêts de Hêtre se trouvent quelques hauts pâturages dépourvus de toute végétation arborescente, La végétation de ces prairies alpines est constituée par environ trois cents espèces, mais parmi-elles il y en a beaucoup d’ubiquistes et de subalpines et l’on en compte seulement Soixante-treize qui y sont exclusivement cantonnées ou s'en éloignent peu. Ces dernières sont des plantes arctiques et alpines qui se rencontrent aussi sur les hautes montagnes de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique et qui ne s’abaissent généralement dans les plaines qu'au delà de la limite polaire du être dans la partie boréale de la Scandinavie, dans la Laponie et dans la Sibérie. M. Beille rapporte la flore de cette troisième zone du massif cen=. tral à la zone alpine inférieure de M. Gaston Bonnier. 5 : Dans le quatrième et dernier chapitre, M. Beille recherche l’origine pro- _bable de la flore du massif central. Selon lui celte flore n’est pas autoch- Parvenues sur le plaleau central à l’époque actuelle ; il ne péut en être de même des epèces sibalpines et alpines. L'arrivée de DA DNeS FPRPRLe à la Période glaciaire, et la similitude des flores du massif central et de l'Eu- - = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ñ à x) rope centrale et septentrionale ne paraît pas pouvoir s'expliquer sans l'in tervention de ce grand phénomène géologique. UE M. Beille termine son travail par une série de tableaux où toutes les es- pèces du massif central sont rangées suivant la zone qu’elles habitent. Di- sons aussi qu'une belle carte de géographie botanique accompagne lou- vrage. Le département de l'Allier a été l’objet d’un certain nombre de recherches botaniques publiées dans la Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre. de la France; bien que la totalité de ce département n’appartienne pas à la région du plateau central nous allons toutes les signaler ici. M. Gay (1), dans une intéressante étude de géographie botanique, donne une liste de plus de 200 espèces récoltées par lui simultanément dans l'A lier et en Algérie. Parmi ces espèces il en distingue une vingtaine vérita- blement méditerranéennes et formant dans l'Allier une véritable colonie méridionale. Quelques-unes sont d'introduction très récente. Comme vole probable d'introduction naturelle de ces plantes, M. Gay indique la vallée de l'Allier qui a ses sources en pleines Cévennes, et comme causes d’introduc- tion artificielle le transport des fourrages et des minerais et les voies errées. M. Bouroor (2) fait connaître quelques localités de plantes nouvelles pour le département et pour la plupart introduites; les plus intéressantes sont : Ranunculus divaricatus. Poa serotina. Silene gallica. Alopecurus utriculatus. Peucedanum palustre. Une herborisation publique a eu lieu au bois de Pérogne, nous en trou- vons le récit détaillé dans un article de M. Ozrvier (3). Enfin, dans la « Chro- nique » du même recueil nous voyons indiquées deux localités nouvelles du Goodyera repens découvertes par M. R. pu BuxssoN (4). Voici maintenant les documents nouveaux pour la flore de l'Auvergne: Une note de M. Goxo» p’Arreware (5) appelle l'attention sur la dispersio" de quelques plantes. L'auteur tient compte de l’influence minéralogique du sol; il indique le Colutea arborescens et le Spartium junceum comme SPOD'# nés et non naluralisés dans la Limagne et il signale la naturalisation SUF les ruines de vieux châteaux du Tanacetum Balsamita et du Séapu" nnata. : Le Frère HériBaup (6) a communiqué à la Société botanique de France, (15 H. Gay : Contribution à l'histoire de la flore bourbonnaise (Rev. scientifique du nnais et du centre de la France, 1889). . (2) Bourdot : Plantes nouvelles pour La flore de l'Allier (Ibid., 1888). (3) E. Olivier: Excursion au bois de Pérogne, 24 mai 1888 (Ibid., 1888). (4) R. du Buysson : 1bid., 1889. : ju (5) C. Gonod d'Artemare : Matériaux pour la flore d'Auvergne (Ibid, 1889) (6) Frère Héribaud : Bull. Soc. bot. de France, 1888, p. 376 et 404. Tan ART EAN, Per Age 8 Lane fie HAN RC SE EX ® + x 4 | Ps HG 0 ETES 4 + R LR ÉMORREANRES REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. EUR la découverte de quelques espèces nouvelles : Careæ curvula, au Mont-Dore; Fritillaria Meleagris, dans les prairies de Saint-Urcisse (Cantal); Eragrostis poœides, à Montferrand. Dans deux autres lettres à la même Société, M. Bizzer (1) signale égale- ment quelques localités nouvelles de plantes rares et M. AupiGier (2) la flo- raison du Galanthus nivalis, le 25 décembre, à Bellerive (Puy-de-Dôme). Un travail de M. Ivozas (3) sur l’ensemble de la végétation des Grands Causses (200000 hectares environ), complète, surtout au point de vue de l'influence du sol, les travaux publiés précédemment sur cette intéressante région. M. Ivolas fait d’abord ressortir le caractère essentiellement calcicole de la flore de ces plateaux des Cévennes. A cet effet, il indique les espèces carac- téristiques des diverses stations et les proportions relatives de calcicoles et d’indifférentes. Cette partie de ce travail peut se résumer ainsi : Espèces caractéristiques Calcicoles. Indifférentes. b) 1. Cultures des plateaux... ......... 17 2. Pelouses des plateaux ./......... 26 22 le 3. Lieux pierreux et arides.......... 30 25 6) ere sue M... à 4 ÿ. Bois des plateaux et des pentes... 22 415 T 6. Lieux arides et rocailleux, brous- sailles et pelouses des pentes. ...... Mn. à 54 32 Quelques étages du calcaire jurassique des Causses sont souvent dolomi- tiques. M. Ivolas admet, avec plusieurs autres auteurs, l'influence de la ma- Snésie et par conséquent des plantes dolomitiques caractéristiques et pré- férentes. Comme espèces dolomitiques caractéristiques, ne se rencontrant jamais que sur la dolomie dans les Grands Causses, il cite : Alyssum montanum. Arenaria hispida. Draba Aizoides. À. tetraquetra. Kernera saxatalis. Athamanta cretensis. Æthionema saxatile. Aster alpinus. Hutchinsia pauciflora. Armeria juncea. M. Mauvaup (4) a eu la bonne fortune de rencontrer dans le Lot (canton de Livernon), sur les ruines du château d’Assier qui date du seizième siècle, une plante nouvelle pour la France et même pour l'Europe occidentale : l'Alyssum petreum Arduin (A. gemonense L., À. edentulum W. et K.). La el rer : Bull. Soc. bot. de France, 1889, p. 15. udigier : Jbid., 1889, p. 31. ‘ É (3) J. Ivolas : La satation dés Causses. Étude de géographie botanique (Bull. de nguedocienne de géographie, 1889). ; (4) E. Malinvaud : Un pe ren pour la flore française (Le Naturaliste, 15 octobre 1889). PMP POUR UT DE és t. er y A Er ñ Tx: $ # ( pe eue # 447 î É À ; dans le S départstient du Lot,-our W gné de sa véritable patrie, constitue un problème de € géog gr ri M. Malinvaud se pose sans toutefois le résoudre. Nous | Revue générale de Botanique. ‘Tome 4. Plante 1 6. \ Costantin del. Imp. Éd. Crété. Vitou sc. … Recherches sur la Môle. Len » Lu _ Revue générale de Botanique. mr Pt É Pick Fe ee ; © Costanti ostantin del. Imp. Éd. Crété. à Vitou se. Recherches sur la Môle. NODE DE PUBLICATION 4 CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages, avec RARES et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d’avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc, à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou modernes dont il est fait nes dans la Aevue. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston 1 BONNIER, F professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. : Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires - ou notes dont un exemplaire aura été adressé « au Directeur me la mio générale de Botanique. Les auteurs . me insérés dans la Revue és de he. Dre ont droit gratuitement à vingt-ci | ne ; y : ne La LIVRAISON DU 15 NOVEMBRE 1892 — RECHERCHE ee de MÔLE, MALADIE DU = . - DE COUCHE planches), par MEME. 3. con” Le #8 L. : Dufour (s Ê TE) PR RP EE D EC en: — RECHERCHES orne SUR LES FEUILLES DÉVE- LOPPÉES A L'OMBRE ET AU SOLEIL (ee Ée Land # _ M. L. Géneau de Lamarliére.. : —. RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L’ ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES (avec ee et fi es nr ue M texte), par M. E. Aubert (siu/e).. Motion is = REV UE DES TRAVAUX SUR LA CL ASSIFICATION ET LA se : or GRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES : LA FRANCE, D en 1888 et 1889, es > A. | 503 «2 (pue rame ne vas sers ane . ERVEST PL ANCHES CONTENUES DANS CETTE LAN | ÉPrancue 9. — Lacnidium acridiorume Ga. PLANCHE 20. — Maladie du Platane. ca PLANCHE 21. — ut eil pour la transpiration des planes. Do le mode de’ publication et tes conditions de ab nne ments ohne es de la couverture. vu NOUVELLES ÉTUDES LACHNIIDUM ACRIDIORUM, Gd CHAMPIGNON PARASITE DU CRIQUET PÉLERIN Par A. GIARD. Le 20 juin 1891, MM. Künckel d’Herculais et Langlois m'en- voyaient, en me priant de les examiner, des criquets pèlerins d'Algérie infestés par un cryptogame sur lequel diverses per- sonnes fondaient de grandes espérances pour la destruction des Acridiens envahisseurs (1). MM. Künckel et Langlois rappro- chaient ce champignon d’une autre Mucédinée entomophyte, le Polyrhizium leptophyei, parasite d’une vraie sauterelle (Lepto- Phyes punctatissima) que nous avons avions fait connaître il ya quelques années (2). L'examen attentif du parasite des criquets me prouva que le rapprochement étail exact, mais ne devait pas être poussé jus- qu’à l'identification. La maladie cryplogamnique à laquelle suc- combaient certaines femelles de Schistocerca peregrina élait due en fout cas non pas à un Botrytis, comme on l'avait supposé d'abord, mais à un cryptogame d'un groupe tout différent, voisin du Polyrhizium et se rattachant par suite aux Fusarium et aux Cladosporium. J'en donnai une description sommaire sous le nom de Lachnidium acridiorum (3). (1) 3. Künckel d'Herculais et Langlois : Les ne cs dar er geste FR À. Giard : Observations sur Les Champig D Ne 0.6092 0.0063 23.0 iola silvatica...... N°7... 0.0029 0.0018 19-21 RU etes Ne, 0.0025 0.0020 19-21 DL N°9.....| 0.0037 0.0015 19-21 ragarid vesca....…. No40::. 0.0050 0.001# 20 A Di secoue Noir... 0.0035 0.0029 2 — Pour ce qui est de la quantité d'oxygène absorbé dans la respiralion, elle est aussi plus grande pour les feuilles déve- Frpees au soleil que pour les feuilles développées à l'ombre. e donnerai seulement les résultats de quelques expériences : VOLUME d'oxygène absorbé. d'oxygène absorbé. SOLEIL. OMBRE. mé | entente 0.0080 0.0030 0.0140 0.0040 0.0100 0.0050 0.0072 0.0060 0.0076 Û 0.0032 0.0088 0.0035 1.0073 0.0040 0.0088 0.0042 0.0050 0.0036 ÿ 492 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. FAR LR Re On peut donc conclure de ces recherches que Les plantes déve- loppées au soleil, à égalité de surface, et toutes les autres conditions étant égales d’ailleurs, ont une respiration plus énergique que les feuilles développées à l'ombre. | V. — ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE. Tous les auteurs qui se sont occupés de l'anatomie comparée des feuilles développées au soleil et à l'ombre ont trouvé que les premières contiennent beaucoup plus de chlorophylle que les secondes, et que les assises en palissade sont plus nom- breuses et plus épaisses. : Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d'œil sur la comparaison anatomique que j'ai faite plus haut pour avoir une idée des différences qui existent entre les deux ordres de feuilles. Tantôt, en effet, comme dans le Mirabilis Jalapa et le Berberis . . ”” , « \ vulgaris, il n’y a qu'une assise en palissade à l'ombre comme au soleil, mais cette assise est plus épaisse au soleil. De plus dans ces dernières feuilles il y à sous l’assise en palissade une # couche dense de cellules rondes qui contient beaucoup de chlorophylle. Cette couche manque aux feuilles développées à l'ombre. Tantôt, comme dans le Weigelia rosea, le Chêne, le Hêtre, il y a deux assises en palissade au soleil, et une seule à l'ombre. Dans ce cas encore l'assise supérieure des feuilles dé- veloppées au soleil est plus épaisse que l'unique assise des feuilles développées à l'ombre. Il peut se produire diverses autres combinaisons qui toutes aboutissent à ce résultat que le tissu à chlorophylle est beaucoup plus abondant dans les plantes qui se sont développées au soleil, que dans celles qui ont crü à l'ombre. . Une telle différence de structure étant donnée, on peut Sup poser 4 priori que l'intensité de l'assimilation diffère pour . feuilles développées dans ces conditions diverses d'éclairement- C’est le raisonnement qu'ont fait souvent les anatomistes. Cepen dant il m’a paru utile de confirmer expérimentalement cette conclusion, car il serait imprudent, en Physiologie, de conclure . a M a | RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 493 de la structure à la fonction, surtout quand il s’agit d'assimila- tion chlorophyllienne. En effet, si l’on yoit souvent une con- cordance entre la structure des feuilles et l'intensité de l'assi- milation, ainsi que je l'ai démontré, en particulier pour les Ombellifères (1), on connaît toutefois certaines feuilles, telles que celles des plantes parasites vertes, chez lesquelles la dispo- sion du tissu en palissade ne correspond pas toujours exacte- ment à l'intensité de l'assimilation. Ce rage fait a été mis en évidence par M. Gaston Bonnier pour certai fularinées (2) La méthode que j'ai employée pour l'étude de asc ton chlorophyllienne, est la mème que celle qui a été décrite pour la respiration: c’est celle de l'air confiné. J'ai employé des tubes fermés par une extrémité et renversés sur une petite cuve à mercure. ï La feuille était introduite à l'avance dans le be, Au moyen d'une petite pompe à mercure, j'introduisais dans les éprou- vettes un mélange d'air et d'acide carbonique. Ce dernier gaz élait à la proportion optimum pour l'assimilation, c'est-à-dire à 6 p. 100 environ. Les feuilles ainsi disposées étaient exposées à la lumière pendant un certain temps au bout duquel l'analyse du gaz contenu dans l'éprouvette indiquait le volume d'acide carbonique disparu. Il m'a suffi alors de diviser ce volume par la surface de la feuille pour savoir ce qu'avait décomposé un centimètre carré de feuille dans le cours de l'opération. Mes expériences ont été faites à la lumière diffuse ou en plein soleil. Mais dans ce dernier cas, pour éviter l'élévation consi- | dérable de la température de l'atmosphère interne du tube, jai dû plonger celui-ci dans un cristallisoir dans lequel l'eau se Ténouvelait par un courant continu. J'ai obtenu ainsi une tem- pérature assez constante variant de 19° à 21°. J’ai aussi expérimenté avec des éprouvettes plates renversées sur le mercure; ces éprouvettes étant plus grandes que les tubes employés précédemment (elles avaient environ 500® de ca) L. Géneau de Lamarlière : Sur l'assimilation ie 2 rnb les Ombellifères. mptes rendus de l'Académie des Sciences. Séance du 27 juille + . () Gaston Bonnier : Sur l'assimilation des plantes parasites L “chorphye Comptes rendus de l'Académie des Sciences. Séance du 28 décembre 49% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. | - contenance) permettaient de se servir de rameaux munisde plu- ; - sieurs feuilles, et de faire durer l'expérience plus longtemps. Mais ces éprouvettes nécessitent l'emploi de l'appareil à prises de gaz. Dans le tableau qui suit j'ai réuni les résultats des diverses expériences que j'ai faites, en ne calculant que la quantité d'acide carbonique décomposé par l'unité de surface de la feuille. Quant aux quantités d'oxygène émis je me suis assuré qu'elles variaient dans le même sens : CO? pécomposé. ; AUXIRAMEAUX développés | développés au soleil. à l'ombre, ER on a UE tt Di. .ù 0.038 0.02% |Lumière diffuse. Rene Le 1... 0,0% 0.018 Id. de OO PEAR Lt OR 0.047 0.034 Id. TE PR Re N°&.:.:..} 0:081 0.068 Id. DT D uns 0 | LAS. PR 0.052 0.018 Id. RE Re RÉ 1, di PAU 0.041 0.017 Id. M a pour Lai PCR AU 0.06% 0.035 Id. pese patience D Disc, 0.090 0.037 dé Lot nr or RS 0.159 0.073 Soleil Bupleurum falcatum .. N° 10..... 0.111 0.066 a. ARR ee ot EL SONO 0.109 0 085 Id. — "di: HR . 0.136 0.076 Id Peucedanum parisiense. N° 13.....| 0.117 0.039 , BE LE: 0.200 0.069 * Id: — NA 0.093 0.046 |Lumière diffuse. Pimpinella Saxifraga. N° 16... 0.089 0.048 Id. D'après ces résultats on peut conclure que Les feuilles déve- loppées au soleil décomposent, à égalité de surface et dans les mêmes conditions, plus d’acide carbonique que les feuilles déve- loppées à l'ombre. L'oxyqène qu’elles émettent est ausst en plus grande quantité. Dans les expériences précédentes, j'ai donné seulement les résultats de l'assimilation chlorophyllienne, superposée È = respiration, Je n'ai pas cherché à isoler les deux fonctions . antagonistes, n'ayant pas l'intention d'étudier le phénomène e ; l'assimilation en lui-même, mais plutôt de. voir ce qu'en fin : de compte chaque espèce de feuilles apporte de carbone àla . a POV: A DE TT RECHERCHES PRYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. de EE plante. Toutefois le simple raisonnement suffira à à donner une _idée de ce que serait la fonction chlorophyllienne isolée. En effet, dans l’étude de la respiration j'ai montré que les feuilles développées au soleil produisent plus d'acide carbonique que celles qui ont poussé à l'ombre. Si donc les premières décom- posent d’abord une plus grande quantité d’acide carbonique provenant de la respiration, et ensuite une plus grande quantité d'acide carbonique prise à l'atmosphère, en supposant la res- piration supprimée, la différence s’accentuera encore en faveur des feuilles développées au soleil. J'ai fait tous les calculs précédents, en prenant pour base l'unité de surface de la feuille. La comparaison ainsi faite paraît s'imposer, car les feuilles exposées de la même manière, à la même lumière, recoivent par unité de surface exactement la même quantité de radialions. Mais la différenciation des tissus n’élant pas identique au soleil et à l'ombre je vais examiner maintenant à quelles con- clusions on arriverait si l'on voulait prendre une autre base de comparaison, par exemple le poids frais. C'est ce que les calculs suivants feront voir : J'ai montré, en effet, au commencement de cette étude, que le rapport du poids sec Ps au poids frais P/ est toujours plus grand dans les feuilles qui se développent au soleil que dans celles qui croissent à l'ombre. Ainsi pour le Hêtre on a: ’ P;, (1) Au soleil : = 47 A l'ombre : ni. 37 J'ai fait voir en second lieu qu'il en est de même pour le rapport du poids sec à la surface foliaire S: et en particulier pour le Hêtre ces rapports sont: P, w (2) Au soleil : CU =: 63 A l'ombre : g — 25 En divisant membre à membre les rapports era: on obtient les valeurs suivantes : P;_63 Pr _25 () Pre AN Dre ‘à 7 396 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. ; c'est-à-dire le rapport du poids frais à la surface [éintses | Nous savons d'autre part que le rapport de l'assimilation chlo- rophylilienne à la surface est pour le Hêtre : Ae (4) Au soleil : &— 52 A l'ombre : Fret cd En divisant membre à membre les rapports (3) et (4) on obtient, tous calculs faits : PrX Ac P; X Ac == 0.68. Comme nous faisons Pf— Pf' — 1, il reste: Ae À Donc dans ce cas, à égalité de poids frais, l'assimilation est plus intense pour les feuilles développées au soleil que po celles qui se sont formées à l'ombre. Cependant on pourrait trouver d’autres valeurs de A, et de A; qui renverseraient le sens du rapport. D'ailleurs le poids frais n’est pas une base de comparaison irréprochable, puisqu'il n’est pas constant pendant toute l'expé- rience. La feuille, en etfet, transpire beaucoup, et comme elle est détachée de l'arbre, il ne lui est pas fourni d’eau pour rem- placer celle qu'elle perd, Le poids sec ne peut non plus servir à la comparaison, Car les matières élaborées par chaque feuille ne restent pas dans celle-ci, mais s’en vont servir à la nutrition des autres parties. I n’y à donc pas proportion exacte entre la matière sèche de la feuille et l'intensité de ses fonctions. (A suivre.) RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L’ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT (Suite). Crassulacées. Les Crassulacées renferment des espèces peu charnues, comme les Sedum carneum, acre, reflezum, album, Telephium, et des espèces à feuillage très épais, comme le Crassula arbores- cens et le Rochea falcata. Pour les premières espèces, le rapport 4 prend des valeurs variant entre 4,15 et 1,50; les moyennes de ces valeurs, se rap- porlant à une même espèce, sont peu différentes avec l'intensité de l'éclairement : ; Soleil, Ciel couvert. Sedum carneum . .…. e:=:1,38 ‘ . DUR, » « 1,12 1,24 M. HO 7 0 + 1,28 1,28 — reflerum. . 1,24 4,27 — Telephium . 1,24 1,37 Ces nombres, qui représentent les valeurs moyennes du rap- Port = — 4, sont très rapprochés les uns des autres et néanmoins légèrement supérieurs à ceux relatifs aux plantes ordinaires, Puisque pour ces dernières le nombre le plus grand qui ait été oblenu par MM. Bonnier et Mangin et par moi nest pas Supérieur à 4,24. Les Crassulacées épaisses (Rochea falcata et Crassula ar- borescens) s'éloignent davantage des plantes ordinaires. Le rapport a, pour ces plantes, a des valeurs moyennes voisines de 2,80. Rev, gén. de Botanique. — IV. 8 198 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUÉ. Mésembrianthémées. Les espèces de cette famille que j'ai étudiées sont relalive- ment peu charnues et le rapport a est très voisin de celui des plantes ordinaires : 1,25 environ. Cactées. Dans cette famille, quelques rares espèces sont peu char- nues : le Pereskia aculeata Y'est le moins; le Phyllocactus grandi- florus un peu plus; l'Opuntia monacantha est pourvu de grandes raquettes très vertes et plus aplaties que celles des autres Opuntia ; les Mamillaria, les Cereus sont des espèces très charnues. Aussi les valeurs moyennes de a, pour ces diverses plantes, deviennent de plus en plus grandes : Pereskia aculeata. . . . . a—1,13 (comme les plantes ordinaires.) Phyllocactus grandiflorus. . 1,97 -à 2,2 untia monacantha. . . . 1,88 à 2,20 — tomentosa.. 4,09 à 4,98 — cylindrica 2,50 à 4,19 PR NUM 5 0 à 2,37 Ces nombres ne sont pas extrêmement éloignés de l'unité, parce que je n’ai opéré la plupart du temps qu'avec des raquettes jeunes ou au plus âgées d’un an. Avec des raquettes très épals- ses et de plusieurs années, comme celles des Opuntia maxima el robusta, nul doute que les valeurs du rapport a seraient bien plus grandes que 1. Les divergences du même rapport a pour une même espèce, dépendent moins de l'éclairement que de l'âge et de la carnosité de la plante. K suffit, pour s’en convaincre, de remarquer ques pour trois raquettes d'Opuntia monacantha étudiées le mème jour, l'une âgée de quelques jours, la seconde de quelques Se maines et la troisième de plusieurs mois, le rapport L a été : 4,56 pour la première, 2,14 pour la deuxième, 2,91 pour troisième. Espèces charnues diverses. : Les observations précédentes s'appliquent sans restriction. aux espèces grasses appartenant à quelque famille que Ce soil, RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES, 499 En vue de répondre aux objections qui pourraient être sou- levées au sujet des nombres précédents, soit parce que les expé- riences réalisées sur les diverses plantes ont eu lieu à des époques et à des températures différentes, soit parce que l'in- tensité de la lumière n’était pas absolument la même (on ne doit comparer que des nombres résultant d'expériences faites dans des conditions identiques), j'ai entrepris deux séries d’ex- périences simultanées : l’une, le 2 juillet 1891 à la tempéra- ture de 32° et au soleil; l’autre, le 23 juillet 1891 à la tempéra- ture de 24° et par un ciel couvert. Les valeurs du rapporus ont été les suivantes : C Expérience du 2 À ei Expérience du 23 juillet. Soleil Se Ciel couvert. à: | Sedum Tele- Crassu- | Sedum Tele- phium . . a — 1,24 | lacées. hium. , , g'= 1,95 Sedum re- Mésem- | Mesembriant. Crassu- fleæum. . + 1,40 | brianth. {| cristallinum. 1,07 lacées. }Sedum car- Pereskia acu- neu > 1,55 leata. . » 1,13 | Crassula ar- : Pyllocactus || borescens. . 3,57 ah pe grandiflorus. 2,26 nan Mesembryan . rite Ê - nan deltoides 143 mentosa. , 7,99 thémées ie ?" | Euphor- | Euphorbia Pereskia acu- biacées. rhipsaloides 3,16 taie. 1,23 | Lilia- (Aloe spi- Opuntia to - cées. NOSA « » + 2,45 Cactées .{ mentosa. . 4,68 | Labiées. Mamillaria (Plante |Calamintha Newman - not Nepeta. . 1,05 niana. « » 3,51 | grasse). Nyctagi - es. es (Plante Mirabilis Ja- ton lapee 1,23 grasse). | 0 Conclusion. — L'examen des valeurs du rapport 4 — & con- Crnant l'assimilation chlorophyllienne des diverses espèces. Yégétales charnues conduit à la conclusion suivanle : 500 = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 0 ; Le rapport a == des échanges gazeux dus à l'action chloro-, C phyllienne, est supérieur à l'unité pour tous les végétaux. Très voisin de l'unité pour les plantes ordinaires, ce rapport s'en éloigne d'autant plus pour les plantes grasses que celles-ci sont plus charnues, qu'il s'agisse de diverses espèces ou bien d'une même espèce aux diverses phases de son développement. Cette conclusion me paraît facile à interpréter : J'ai montré, lors de l'étude de la respiration des plantes grasses, que ces plantes tout en absorbant de l'oxygène PORCRUPE nuit ne dégagent, surtout lorsqu'elles sont très charnues, qu'une quantité relativement faible d'acide carbonique, puisque le 2 rapport de la respiration devient parfois voisin de zéro. Ces plantes mettent en réserve l'oxygène absorbé à l'obscurité sous la forme d’acides organiques très ox ygénés : l'acide mal- que pour les Crassulacées et les Cactées; l'acide oxalique pour les Mésembryanthémées. Or ces plantes, une fois ses. dé à la liniiere décomposent leurs acides organiques sans qu'une absorption d° acide carbo- nique leur soit immédiatement nécessaire ; outre les acides organiques qu’elles renferment, elles détruisent l'acide carbo- nique provenant de la respiration de leur ee profond non chlorophyllien. Ainsi ces plantes puiseut d'ordinaire peu d’ séldè carbonique au dehors et dégagent néanmoinsde l'oxygène provenant de leurs acid formé dant Ja nuit. Plusellessont charnues, plus elles renferniènt F À ces acides en réserve; plus elles déga- gent d'oxygène à la lumière : on conçoit donc que de la carno- sité doive dépendre la valeur du rapport & . mesurant l'assimila- tion chlorophyllienne. De cette observation en découle une autre relative au lent dé- veloppement des plantes très charnues. Ces plantes, puisant peu d'acide carbonique à l'extérieur, n’assimilent que peu de car” bone et augmentent lentement la proportion de cette substance RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 501 dans leurs tissus : aussi ne doit-on pas s'étonner de l'y trouver combinée à l’état de principes en général peu riches en carbone {cellulose (0,40), gommes (0,40), acides organiques (0,25 à 0,40)] qui y constituent, avec les éléments très complexes du proto- plasma, la matière vivante où l'hydrogène, l'azote et l'oxygène ont une très large part. Je reviendrai plus loin d’ailleurs sur ces considérations. Remarque.— J'ai noté soigneusement l’état du ciel dans toutes les expériences que j'ai réalisées à la lumière ; malgré cette pré- caution, les indications relatives à l'intensité des radiations qui ont provoqué le phénomène chlorophyllien sont insuffisantes. IL est encore impossible aujourd’hui d'évaluer la somme des radiations reçues par une plante pendant la durée d’une expé- rience; alors même que cette évaluation serait à peu près possible pour les plantes peu charnues, on rencontrerait de sé- rieuses difficultés pour les végétaux à parenchyme épais. En effet, tandis que les feuilles ordinaires sont suffisamment trans- parentes pour que les radiations les pénètrent et s'y répartis- sent à peu près également, les deux faces d'une raquette en expérience sont très inégalement éclairées. Deux séries d’ins- criptions des intensités lumineuses seraient nécessaires. Deplus, une feuille ordinaire emmagasine et utilise, sous forme de radiations calorifiques probablement, les radiations qui lui parviennent, de quelque ordre qu’elles soient et quelque rôle qu'elles jouent. Cette feuille, en raison de sa large surface de con- lact avec l'air ambiant, est à peu près en continuel équilibre de lempérature avec lui. 11 n’en est pas de même d'une raquette grasse. Sa température est toujours, pendant le jour, supérieure à celle de l'air extérieur, ainsi qu'ilrésulte de mes observations. Dès lors, il devient difficile, avec les méthodes scientifiques actuelles, d'apprécier exactement la somme de radiations utilisées par la plante pour un travail chimique interne dont les termes ex- 2 co LL. trèmes seuls sont donnés par les rapports (respiration) et 0 T —=4 (assimilation) des échanges gazeux. 502 à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Il faut espérer que ce problème complexe pourra être pro- chainement réalisé pour les plantes ordinaires et conduira à des observations plus rigoureuses pour toutes les catégories de vé- gétaux. Quoi qu'il en soit de l’imperfection de mes procédés d'observa- tion, il se dégage néanmoins, de mes recherches sur l’assimila- tion des plantes grasses, des indications générales importantes à signaler, tant au point de vue spécial à ces végétaux que dans leurs rapports avec les phénomènes établis par MM. Bonnier et Mangin pour les plantes ordinaires. (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX ; s SUR LA CLASSIFICATION ET LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES | DE LA FRANCE PUBLIÉS EN 1888 ET 1889 (Suile.) 9° Alpes. Dans un intéressant travail de géographie botanique M. Gasron Bonne (1) coordonne les nombreuses observations qu'il a eu l'occasion de faire pen- dant trois saisons consacrées à l’exploration minulieuse du massif du Mont Blanc et plus particulièrement de la vallée de Chamonix. : Après quelques considérations sur l'orientation, l'altitude el la nature Presque exclusivement cristalline du sol de la vallée de Chamonix, M. Bon- nier attire l’attention du lecteur sur deux caractères essentiels de la végéla- tion de cette vallée : la rareté des plantes spécialement alpines et l’abondance relative des plantes des plaines. Les plantes alpines sont rares, mème comme nombre d'individus, non seulement dans la partie inférieure de la vallée où elles manquent presque totalement, mais aussi dans la région subalpine el même dans la région alpine; partout, et plus spécialement dans la région subalpine, il y a lutte entre les espèces des plaines et les espèces spéciales. Cest ainsi, par exemple, que le Trollius europæus est relativement rare, tandis que le Caltha palustris est! très abondant, que le Phænopus muralis est beaucoup plus répandu que le Mulgedium alpinum et que les Aira Pr _ Briza media et Anthoæanthum odoratum prennent partout la place qu'oc- tupent les Graminées subalpines dans d'autres régions. À l'appui de ces considérations M. Bonnier cile une liste de 80 espèces de plaines que Ton trouve répandues par individus nombreux sur le massif du Mont Blanc et qui s'élèvent jusqu'au-dessus de la limite supérieure des forêts de see M. Bonnier passe ensuite à l'étude des diverses zones végétales que Pon peut reconnaitre dans la vallée de Chamonix. Ces zones sont au nombre de cinq. La première, la zone inférieure des montagnes, n'est représentée que Sur quelques points. Les espèces les plus caractéristiques sont : Corylus Avellana, | Agrimonia Eupatoria, 7 Rhamnus Frangula, Astragalus Glyeyphyllos, Berberis vulgaris, Carlina vulgaris. Crutægus Oxycantha, : L f L (1) Gaston Bonnier : Étude sur la végétation de la vallée de Chamonix nés =. Chaine du Mont Blanc. (Rev. gén. de Botanique, 1889 004 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. La seconde zone ou zone subalpine est beaucoup plus difficile à caractériser | que dans la plupart des autres régions des Alpes, à cause du petit nombre d'espèces exclusivement spéciales à cette zone. M. Bonnier ne cite que 25 plantes vasculaires véritablement subalpines ne s'étendant pas, soit dans la région inférieure, soit dans la région alpine. Ce sont : Geranium silvaticum, Epilobium spicatum, Campanula rhomboidalis, Myosotis silvatica, Melampyrum silvaticum, Rumezx arifolius, Alnus viridis, Picea excelsa, Larix europæa, Luzula nivea, Aspidium Lonchitis, Asplenium viride, Equisetum silvaticum, Lycopodium annotinum, Selaginella helvetica. Les forêts de cette zone sont presque exclusivement constituées par 1 É- picea et le Mélèze ; elles contiennent aussi des Bouleaux, des Aunes (Alnus viridis) et des Genévriers. Dans la troisième zone, la zone « caractéristiques sont les suivantes : . Anemone alpina, Trifolium alpinum, Dryas octopetala, Sibbaldia procum ens, Potentilla grandifiora, Epilobium alpinum, - Saxifraga oppositifolia, Gaya simplex, Erigeron alpinus, Leucanthemum alpinum, Gnaphalium supinum, lpine inférieure, les plantes vasculaires Hieracium alpinum, Vaccinium uliginosum, Loiseleuria procumbens, Myosotis alpestris, Veronica alpina, Pedicularis verticillata, Juncus trifidus, Luzula lutea, Eriophorum vaginatum, Cystopteris alpina. : La Zone suivante, ou zone alpine supérieure, est aussi plus mal délimitée inférieurement dans cette partie des Alpes que dans presque toutes les autres régions de la chaine. On peut ciler comme plantes vasculaires caractérisli- ques les espèces suivantes : Ranunculus glacialis, re aba frigi Cardamine bellidifolia, Potentilla frigida, Saxifraga groenlandica, Erigeron uniflorus. REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 505 Senecio incanus, Achillea moschata, Androsace helvetica, Festuca Halleri, où laxa, Poa cæsia. A côté de ces diverses zones, M. Bonnier en admet une autre qu'il désigne sous le nom de zone morainique. Cette distinction était nécessaire, car les moraines des glaciers et les dépôts glaciaires récents que l’on rencontre jusqu'au fond même de la vallée possèdent une association spéciale d’espè- ces qui s’y trouvent presque exclusivement localisées. Parmi les plantes vasculaires spéciales à cette zone il faut citer surtout les: Trifolium pallescens, Hieracium staticæfolium, Epilobium Fleischeri, Rumezx scutatus. Ces espèces sont accompagnées d’un certain nombre d'autres des zones subalpine et alpine ainsi que des espèces de plaines, mais la fréquence rela- tive de ces plantes y est tout autre. Ajoutons que M. Bonnier distingue une flore morainique inférieure et une autre supérieure. Les limites de ces deux flores, ainsi que celles des zones précédentes, sont nettement indiquées sur la carte de la vallée de Chamonix qui accompagne le travail que nous ana- lysons. ; M. Bonnier termine son étude par l'examen des diverses causes aux- quelles on pourrait attribuer la pauvreté relative de la flore de la vallée de Chamonix par rapport à celles des régions voisines dans les Alpes. Sa con- clusion, appuyée sur un grand nombre de faits nouveaux dont quelques-uns réfutent les opinions trop absolues admises par certains auteurs, est la sui- vanle : « Ce n’est ni à la nature du sol, ni à l'influence du climat actuel, que l’on peut attribuer la pauvreté de la flore qui nous occupe, c'est une cause antérieure qu'il faut invoquer, très probablement la longue persis- lance des glaces dans ces vallées encaissées. IL faut y ajouter la disposi- lion orographique du massif peu accessible à l’envahissement par la végé- lation. Tandis que le massif du Mont Rose ou les montagnes cristallines du Dauphiné présentent des vallées ouvertes dans toutes les directions et reliées aux flores les plus diverses, la vallée de Courmayeur, et plus encore la vallée de l'Arve, sont certainement d’un accès très difficile pour la propa- &ation des plantes. Ce n’est qu'avec une extrème lenteur que le tapis végétal se former sur tout le massif du Mont Blanc, et il n'a pu se trouver Composé que par un nombre restreint d'espèces. » Sur la carte de la vallée de Chamonix dont nous venons de parler, M. Bonnier a indiqué les deux stations de culture établies par ses soins sur la chaine du Mont Blanc. L'une de ces stations, la plus inférieure, est à 1,050 mètres d'altitude, peu loin du village de Chamonix; l'autre, supérieure, est siluée près de l'Aiguille de la Tour, au-dessus de la Pierre-Pointue, à 2,300 mètres d'altitude. Les résultats comparatifs des cultures faites dans ces deux stations ont été communiqués par M. Bose (1) à la Société bo- (1) Gaston Bonnier: Étude expérimentale de l'influence du climat alpin sur la Végétation et les fonctions des plantes. (Bull. Soc. bot.. de France. 1888, p. 436.) 506 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tanique de France. Indépendamment de leur intérêt anatomique el physio- logique, ces résultats sont très importants au point de vue de la géographie botanique ; ils montrent, en effet, que des plantes de-plaines cullivées à de hautes allitudes changent de caractères morphologiques, puisque leurs tiges deviennent rampantes, leurs feuilles moins amples et plus épaisses et leurs fleurs plus colorées. Or, ces seules différences ont souvent paru suffisantes aux botanistes pour créer avec ces variétés alpines des espèces spéciales. M. Bonnier montre clairement par ces cultures combien le nombre des es- pèces admises aujourd'hui serait vite notablement diminué si l’on tenait bien compte des diverses conditions d'existence et si l’on recherchait avec soin {ous les intermédiaires. La flore de la Haute-Maurienne est encore assez peu connue ; une note de M. Samr-Lacer (1) y apporte quelques contributions nouvelles. L'auteur, après un apercu topographique de la Haute-Maurienne, montre la corré- lation qui existe entre le tapis végétal et la nature des roches. La flore des schistes lustrés formés de mica noir et de carbonate de chaux est mixte, c'est-à-dire se compose d’indifférentes ou de calcicoles préférentes ; celle des calcaires compacts est franchement calcicole ; enfin celle des éboulis granitiques est manifestement silicicole. A la suite, M. Sainl-Lager fait l'his- torique des travaux botaniques déjà publiés sur cette région, puis il pe mère les plantes les plus intéressantes récollées depuis peu dans la Haute- Maurienne. Les plus importantes à signaler sont: Carex ustulafa, Kwleria brevifolia, Festuca pilosa, Alsine lanceolata, nouvelles pour la flore de Savoie. L'auteur continue par un aperçu de la végétation de la partie supérieure de la vallée de l'Arc et termine par des observations originales Sur quelques points de nomenclature. 10° Pyrénées et Corbières. I y a peu de matériaux pour la flore des Pyrénées proprement dites: M. ZeiiLer (2) a signalé aux environs de Bagnères-de-Luchon, près du à d'Oo, et au fond de la vallée du Lys, au voisinage de la cascade des aie variété Braunii de l'Aspidium aculeatum (A. Braunii Spenner). Cette var! n'avait pas encore été constatée en France. M. Zeiller a retrouvé dans < même région toutes les formes de passage entre celte variété et le IP normal. "Ariège M. BounpetTe (3) a publié les résultats de ses herborisations dans | … # aux environs de Pamiers, Foix, Tarascon et Ax; on y pi TR vingt-cinq espèces non citées dans les ouvrages sur la région. Pgo Py- mine par quelques observations intéressantes sur la dispersion dans se oi- rénées de quelques espèces ligneuses: Acer monspessulanum , Lonicer® teum, Osyris alba, Pistacia Terebinthus et Quercus Ilex. | (1) Dr Saint-Lager: Note sur quelques plantes de la Haute-Maurienne. L suis je (2) R. Zeiller: Sur la présence duns les Pyrénées de V'Aspidium au? Braunii. (Bull. Soc. bot. de France, 1888, p. 440.) EE mn ET (3) M. Bourdette: Addilins à la flore du département de l'Ariège. Ton REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 507 À propos de ce même département de l'Ariège, nous devons rappeler la brochure déjà citée de M. Giraupras (1); on y trouve relevées un certain nombre de localités nouvelles pour les environs de Foix. Dans une lettre à la Société botanique de France, le même auteur et M. Gazissier (2) annoncent la découverte d’un Diplotaxis nouveau pour la flore française récolté sur les rochers de Lujat, près de Cazenave. M. Girau- dias croit pouvoir le rapporter, sauf comparaison ultérieure avec des spé- mens authentiques, au D. Blancoana Boiss. et Reut. M. Roux (3) signale la dé:ouverte du Silaus virescens, par M. Olivier, dans les Pyrénées orientales, à l'Orry de la vallée d’Eynes, dans une région presque alpine. Cette espèce créée par Boissier avait déjà été indiquée par lui dans les Pyrénées orientales françaises. Grâce à la session extraordinaire de la Société botanique de France, tenue à Narbonve et à Quillan en juin 1888, plusieurs localités importantes de la région montagneuse des Corbières ont pu être explorées avec soin. . La première excursion, la plus intéressante sans aucun doule, est celle qui a été faite au Mont Alaric, le dernier et l’un des principaux chai- nons des Basses-Corbières. Cette montagne de 635 mètres de haut, isolée par la vallée de l’Aude d’un côté et de l’autre par des plaines dont l'altitude dépasse à peine 60 mètres, n’est défendue par aucun abri contre les ven{s furieux et glacés de la Montagne Noire et des Cévennes, ni contre ceux qui peuvent souffler des Hautes-Corbières. Sa végétation se ressent naturellemeut d’une telle situation. Pour que l’on puisse s’en rendre comple, il nous suffira de résumer rapidement le rapport de M. Gautier (4). | Le Mont Alaric s'élève brusquement d’un côté en muraille escarpée, mais de l’autre, suivant une ligne parallèle au lit de l'Aude, il s’abaisse par gradins successifs ; c’est naturellement de ce côté que s'étaient dirigés les membres de la Société botanique pour l’aborder. Jusqu’à 350 mètres environ la végétation .est franchement méridionale et représentée par les espèces caractéristiques des garrigues, mais entre 350 et 450 mètres la physionomie change et Ja flore montagnarde apparait déjà avec les Helianthemum canum, Thymus Serpyllum, Primula officinalis el Odontites rubra. e 450 à 350 mètres, le plateau rocheux planté de Pins d’Alep et de Chênes pubescents qui se continue insensiblement jusqu'au sommet, pré- senle une végétation franchement montagnarde mélangée toutefois de quelques espèces appartenant à la partie chaude de la plaine. Trois de ces espèces s'avancent même presque jusqu’au sommel; ce sont : Uropetalum Serolinum, Jasminium fruticans et Lithospermum fruticosum. Comme espèces rares, on rencontre à cette altitude : (1) Giraudias: Notes critiques sur la flore ariégeoise. (Bull. Soc. d'Études scient. eat se 1. Sée. bot. ée France, 1889, p. 311 alissi i ias : Bull. Soc. . , LE 2e ; G) G. Es Le St Line Buiss. dans les Pyrénées orientales. (Ibid., 1889, (4) G. Gautier : Rapport sur l'herborisation faite par la Société, le 1? juin, au Mont Alaric. (Ibid., 1898, Session extraordinaire, p. LXXXVI.) 508 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Tragopogon stenophyllus, Scorzonera bupleurifolia, Thalictrum tuberosum Allium Woly (quelques touffes dis- Ranunculus gramineus var. aspho- séminées), deloides, Scorzonera hirsuta. et un hybride nouveau, le Teucrium aureo X montanum. De 550 mètres jusqu’au sommet Ja végétation prend un caractère presque alpin; en effet, on y rencontre: Fritillaria pyrenaica, Euphorbia sexatilis, Curex brevicaulis, Dianthus subacaulis, Leucanthemum graminifolium, Anthyllis montana, Festuca spadicea, Nardus stricta, Serratula nudicaulis, Globularia nana, Serratula heterophylla, Plantago argentea, Genista Villarsii, Erinus alpinus, Senecio Gerardi, Hypericum hyssopifolium. et d’autres espèces encore qui appartiennent bien mieux à la flore des Alpes qu’à celle d’une montagne d'aussi faible altitude que l'Alaric. Ko Le retour s’est fait par la gorge des Beaux, la localité classique de l'Afliu Moly où cette espèce abonde. M. Gautier cite dans son rapport toutes les espèces intéressantes Dei trées pendant cette herborisation qui avait duré douze heures environ: Il termine ainsi: | : « Le Mont Alaric, grâce à la Société botanique de France, venait de pre à jamais de l’injuste obscurité qui s'était étendue sur lui depuis près d ne siècle, c’est-à-dire depuis que Pourret, le célèbre botaniste narbonnais, l'avait foulé de son pied. » On sait, en effet, que c'est grâce à la découverte, “ ya quelques années, de l'Allium Moly et du Serratula heterophylla dans er bier Pourrel acquis par le Muséum, que l'attention des botanistes a été attirée sur les richesses végétales du Mont Alaric. Plusieurs autres journées ont été consacrées à l'exploration des Hautes- Corbières. Il nous est impossible de donner ici l'analyse détaillée _ mn belles et fructueuses herborisations aux gorges de la Pierre-Lisse ce pes Quillan, à la forêt domaniale des Fanges, à celle du Pla-d'Estable, à Saint” Antoine de Galamus, ete. il nous faudrait pour cela citer presque en entie" les rapports de MM: Gavrren (1) et Corixeau (2); nous ne pouvons que F, (1) G. Gautier: Rapport sur l'herborisalion faite par la Société, le me : gorges de la Pierre-Lisse. — Rapport sur l'herborisation faite par la ee Juin, à la forêt des Fanges. — Rapport sur l'herborisation faite par la r la So- Juin, à la fort et au Pla-d'Estable. — Rapport sur l'herborisation faite Der ion ciété, le 19 juin, au Pont-de-lu-Fous, — (Bull, Soc. bot. de France, 1888, CXXIV.) jui (2) Copineau : Rapport sur les excursions faites par la Société les 20, 21 et 22 Eu 1888. — 20 juin, Saint-Antoine de Galamus ; 21 juin, Les Étroits d'Alet : 22] Vallée de Véruza. (1bid., p. CXXV à CXXXVL) : M REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 509 commander aux botanistes géographes la lecture de ces intéressants comptes rendus. 4119 Sud-Ouest. La région du Sud-Ouest, si nettement délimitée à l’ouest, au sud et à l'est par l'Océan, les Pyrenéés, la région méditerranéenne et le plateau cen- tral, n'a jamais eu ses limites septentrionales déterminées d’une manière précise. M. Guixaup (1), en essayant « de bien établir les caractères généraux de ce qu’on peut appeler la géographie botanique du Sud-Ouest », nous fournit de nouveaux documents à ce sujet M. Guillaud distingue dans le Sud-Ouest quatre zones distinctes: « Ea première, qu’on peut appeler zone de l’Olivier, est caractérisée par la pré- sence d’un grand nombre de plantes herbacées de la région méditerra- néenne, de l'Espagne et du Portugal, et par la présence même de l’Olivier qui peut y vivre indéfiniment et mürir ses fruits. Elle comprend une pelite portion du littoral, depuis Hendaye jusqu'aux Sables-d'Olonne, avec quel- ques angles rentrants à l’intérieur des terres, à l'embouchure des fleuves üe la Bidassoa, de la Nivelle, de la Leyre, de la Gironde et de la Charente, ainsi que les îles de Ré et d'Oléron : Béhobie, Hendaye, où l’Agave americana cl Eucalyptus globulus viennent fort bien ; Saint-Jean-de-Luz, où pousse l'Oli- vier; Bayonne, où l’Acacia dealbata, le Citronnier el une foule d’arbres mé- ridionaux viennent en pleine terre, sur le coteau de Saint-Étienne; les envi- rons d'Arcachon, où l’Arbutus Unedo est si beau et où l'Erica arborea, var. lusitanica, et le Lychnis corsica sont si bien établis ; Royan et Soulac, où les Chênes-Verts forment des bois si puissants el si vigoureux; Bourg-sur- Gironde el Saint-André-de-Cubzac, où l'Olivier pousse également; Coutras, où le Chêne-Liège est encore exploité ; Fouras, où le Smilax aspera se re- trouve, elc., sont les points principaux qui peuvent appartenir à cette zone. Il s'agit plutôt, il est vrai, d’une zone indiquée par des éléments restreints. Mais étant donné que nous sommes en voisinage avec le domaine de FO:i- vier, lequel par la vallée de l’Ëbre arrive jusque vers Pampelune et par le liltoral portugais s’avance presque jusqu’au cap Finistère, il nous est permis ‘admettre qu'il puisse s'étendre à certains points de notre littoral, du mo- Ment que nous y rencontrons, groupées ou isolées, des plantes manifeste ment méditerranéennes'et que nous né les trouvons que Jà ». Du reste, ajoule l'auteur, il y a des raisons climatériques qui rendent compte de l'existence de cette zone, En effet, la bande isothermique de 20 à 25°, pendant le mois de juillet, dépasse vers le nord La Rochelle et la bande isothermique de 4 à 6° au-dessus de zéro, en janvier, longe. justement le littoral. C'est donc grâce à ces deux circonstances réunies, chaleur estivale assez forte et Froid hiber- nal léger, que les végélaux de la zone de l'Olivier remontent jusqu aux iles de Ré et d'Oléron. Fe se «“ La seconde zone est cellé du Pin maritime. Elle est caractérisée, en, Outre de cet arbre, par le Chêne-Tauzin, le Chène-Vert, le Chène-Liège, les 1) Dr J- , AR Sud-Ouest de la France. (Extrait, et Le Pre PU Sud Ouen, Dardenus, 168) 510 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Phillyrea et autres arbustes méridionaux, à feuilles persistantes on non (Rosa sempervirens, Coriaria myrtifolia, Jasminium frutificans, etc.). Le Chà- taigner y vient, mais de culture. Enfin le Hêtre y manque totalement. » Cette zone est délimitée par une ligne demi-circulaire qui part de Fouras, à l'embouchure de la Charente, passe par Rochefort, Cognac, Barbézieux, Chalais, Riberac, Cahors, Montauban, Mirande, Vic-en-Bigorre, Orthez, e arrive à Bayonne à l'embouchure de l'Adour. La véritable zone d'extension des arbres de cette zone est depuis la mer jusqu'à 2 ou 300 mètres; on les retrouve cependant introduits par la culture jusqu’à # ou 500 mèlres d’alli- tude au sud, et 3 à 400 mètres au nord. La troisième zone, parallèle et concentrique à la précédente, est celle du Châtaigner. Cet arbre est excessivement abondant aux abords des Pyrénées jusque vers 700 ou 750 mètres d'altitude, et du massif central jusque 700 mètres et plus au sud et 500 mètres au nord; il abonde également entre Coufolens et la Vendée. Dans la partie inférieure de la zone il est moins abondant, soit qu’il ne retrouve pas son exposition préférée sur les flancs. des coteaux montueux, soit surtout que les terrains calcaires le forcent à abandonner la place. Le Châtaignier est rare et isolé au-dessous de 200 mè- tres d'altitude; il ne disparaît pas complètement cependant, puisqu'il croît et peut être cultivé jusqu’au bord de l'Océan. À sa limite supérieure au contraire, il cesse partout brusquement, et à ce point de vue il est dans le Sud-Ouest « ce que l'Olivier est pour les botanistes méridionaux : une norme tout à fait précise ». À La quatrième zone distinguée par M. Guillaud est celle du Hétre; elle esl parallèle et concentrique aux précédentes. « Une ligne demi-cireulaire, Par- . Lant des Sables-d'Olonne, sur l'Océan, el passant par Fontenay-le-Comte, Saint-Maïxent, Melle, Civray, Confolens, Nontron, Thiviers, Brives, Vayrac, Figeac, Villefranche-de-Rouergue, Albi, Castres, Revel, franchissan de Naurouse, et reprenant à Mirepoix pour suivre à quelque distanc des Pyrénées par Foix, Saint-Girons, Saint-Gaudens, Montréjeau, Lanne- mezan, Tarbes, Pau, Navarrens, Saint-Palais, Hasparrens, Cambo, et rejor gnant la mer à Saint-Jean-de-Luz, fixe la limite naturelle de l'extensi0" du Hètre vers les plaines. Au-dessous de cette limite il est très rare, par bouquets isolés, sur les çoteaux les plus élevés qui séparent les différents bassins des rivières etquirayonnent comme ses rivières elles-mêmes vers Toulouse; Bordeaux ou Dax. » Le Dr Guillaud ne donne que les limites inférieures de celle quatrième zone. Il est évident que la zone du Hètre vers des limites un peu plus élevées n'appartient plus à la région du Sud-Ouest, mais ho é voit pas clairement indiqué dans le travail en question si les limites rieures de la végétation du Hêtre doivent être considérées comme conslir tuant aussi bien au nord qu’à l’est et au sud, les limites de la flore du Sud- Ouest. Voici d’ailleurs comment s'exprime l’auteur à ce sujet : « Soit dans les Pyrénées, soit dans le massif central, cette zone (du Hêtre) constitue la limite naturelle et géographique de la flore du Sud-Ouest. Par les sr el rivières qui descendent vers les plaines, elle peut bien lui envoyer : ma ques plantes herbacées ou sous-ligneuses, mais elle n'en reçoil rip ; Elle jouit elle-mème d'une flore à part, celle de l'Europe moyenne, que REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 511 decommun avec la nôtre que les plantes ubiquistes. Nous n'avons donc pas à l'apprécier davantage ici, puisque nous nous occupons uniquement de la végélalion du Sud-Ouest. » Quoi qu’il eu soit, on peut conclure de tout ceci, que les limites nord-ouest de la région du Sud-Ouest n’atteignent pas la Loire et ne doivent pas être reportées jusqu’au-delà de la Vilaine ainsi qu'on le trouve indiqué dans les cartes de de Candolle, Drude, etc. Nous avons déjà parlé du second fascicule de la Flore du Sud-Ouest de J. REVEL (1) ; nous devons encore le rappeler ici à cause des nombreuses localités citées. Remettons également en mémoire la brochure de MM. Timsar-LAGRAVE et Marçais (2). On y trouve indiquées comme espèces nouvelles pour la Haute- Garonne : Berteroa incana, Silene dichotoma, Bifora radians, plantes d'intro- duction facile, et Potentilla recla L., espèce manifestement spontanée trouvée pour la première fois dans le Sud-Ouest. _ En même temps nous signalerons deux travaux qui intéressent la flore de là Charente : l’un, de M. Durrort (3), n’est que le compte rendu de plu- sieurs herborisations dans les marais situés aux environs de Chasseneuil ; cinq espèces nouvelles pour le département ont été recueillies. L'autre est uu manuscrit déposé par M. CréveLieR (4) à la Société botanique de France ; On y trouve la liste des plantes spontanées de l’arrondissement de Confolens. Nous terminerons cette revue des travaux sur le Sud-Ouest par l'analyse d'une étude de M. Cosre (5) sur la flore du bassin du Dourdou, l’un des affluents du Tarn. Cette rivière, de 90 kilomètres de cours, prend sa Source dans les Cévennes, sur le flanc septentrional de l’Espinousse, par 1,100 mètres d'altitude environ, et passe d’abord au fond des gorges étroites et profondes des Cévennes. Bien que M. Coste se borne à mentionner seulement le résultat de ses recherches dans la partie aveyronnaise du bassin, une partie de son travail, celle concernant la végétation du plateau Central, aurait dû être relatée plus haut, mais nous avons cru préférable de ne pas sectionner ce résumé. M. Coste distingue trois régions dans le bassin aveyronnais du Dourdou : les Cévennes aveyronnaises, le Camarès et le Causse. Les Cévennes aveyronnaises, dont plusieurs points culminants ont de 1,000 à 1,100 mètres d'altitude, sont les limites naturelles de l'Aveyron el de l'Hérault ; elles servent de ligne de partage aux eaux qui s'écoulent vers là Méditerranée et l'Océan. On y distingue deux zones : la supérieure ou schisteuse, caractérisée par une série de crêtes ou d'aiguilles dénudées, et (1) J. Revel : Essai de la Flore du Sud-Ouest de la France ou recherches botaniques faites dans cette région. Partie IL. Villefranche, 1889. (2) Ed. Timbal veetE (3) Duffort: Excursions botaniques du 29, 30 et 31 juillet 1887, dans la Charente. (Ann. Soc. Sciences nat. de la Charente-Inférieure, La Rochelle, 1888.) pis (4) 3.3. Crévelier: Liste des plantes qui croissent spontanément dans l'arrondis- ‘ment de Confolens (Charente). (Bull. Soc. bot. de France, 1888, p. 323.) Coste: Mes herborisations dans le bassin du Dourdou. Ibid., session ex- re, 1888, p. XL.) 512 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. riche en espèces subalpines ; l’inférieure ou calcaire, avec de larges vallées à végétation luxuriante et bon nombre d’espèces méridionales. Le Camarès s'étend de la petite ville de ce nom à la vallée du Tarn. Iles! principalement caractérisé par des collines plus ou moins arides et abruptes d'une altitude moyenne de 600 mètres ou par de riches et riantes vallées situées entre 400 et 250 mètres. « Grâce à cétte altitude relativement peu considé- rable, à la dépression du terrain que dominent de tous côtés des montagnes élevées, au manque presque absolu de sources et à sa position {opogra- phique, cette région jouit généralement d’un climat tempéré qui rivalise de douceur avec le climat méditerranéen et forme un contraste frappaut avec la rude et glaciale température des hautes Cévennes. La végélalion subit naturellement l'influence du climat. Aussi n’esl-ce pas dans le Camarès qu'il fautrechercher les espèces amies des montagnes et des lieux humides : elles lui font presque toutes complètement défant, Au contraire, la flore méri- dionale et même méditerranéenne y compte de nombreux représentants, qu'on chercherait vainement ailleurs dans le département de l'Aveyron. » Eufin le Causse, qui n’est qu'un prolongement des plateaux calcaires des Cévennes, ne forme dans le bassin du Dourdou qu’une bande très étroile. Son altitude moyenne est de 700 mètres. Sa flore est peu différente de celle des autres plateaux calcaires de l'Aveyron. Grâce à cette remarquable diversité de terrains, d'expositions, d’altitudes, le bassin du Dourdou possède une flore des plus riches et des plus variées ; M. Coste y a observé, en deux années, plus de 1,300 espèces vasculaires. L'auteur fait suivre ces considérations d’une longue liste où sont men tionnées ses découvertes les plus intéressantes; toutes les espèces calcicoles sont indiquées par un astérisque, Parmi les espèces citées, douze n'avaient jamais été signalées dans l'Aveyron; ce sont : Cistus Pouzolzii, Vicia purpurascens, Helianthemum umbellatum, Lathyrus setifolius, Viola sepincolu, Potentilla micrantha, Dianthus brachyanthus var. subacautis. | Pirus amygdaliformis, Alsi . Theveneï, Orchis Simia, Melilotus neapolitana, Scirpus Savii. (A suivre.) A. MAsCLEr. Revue générale de Botanique. Tome 4. Planche 9. %: à : # Vr 2 à. se œ Vel 2} 4 © Vitou se. Giard del. Éd. Crété. Lachnidium acridiorum, Gd. Leclerc du Sablon del. Imp. Éd. Crété. ; Millot sc. Maladie du Platane. di 1ÿ 7 LS il fl we nn aan tu = = — 104 -dP ap0agu9b ama “onu es MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ARONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît régu- _lièrement le 15 de chaque mois et chaque livraison est. composée de 32 à 48 pages, avec planches et figures : dans le texte. = Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'étranger. | … Aucune livraison n'est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc. : à M. Paul KLINCKSIECK, 52, rue des Écoles, à Paris, e | … qui se charge de fournir tous les ouvrages anciens ou es : è modernes dont il est fait mention dans la Revue. a A Re RE PT | - Adresser tout ce qui Concerne a “at à la er 4 5, rue de nr Paris. DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATRIÈME _ Livraison du 15 décembre 1892 © LIVRAISON DU 15 DÉCEMBRE 189 DE. — RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES VARIATIONS DE : __ PRESSION DANS LA SENSITIVE (avec deux rater: des se M: Contoi Monnier. .:.:........::..,.110 À si … IL — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES DÉVE- Te LOPPÉES À L'OMBRE ET AU SOLEIL (avec planche), par Fa M. L. Géneau de Lamarlière (An)... 1-08 : : — TRANSFORMATION DES CÔNES DES PINS SOUS L'INFLUEN- Lie D Ce nus vices lave once dant fe mL Ce ME. OS Muiel. 010000 see E RECHERCHE SUR LA MÔLE, MALADIE DU CHR " 2 LE COUCHE (avec planches), par Je J. C LL. Dulour {fir) ss... _sssssrs + à nr. ns rosses sos se . — RECHERCHES SUR LA RESPIRATION ET L'ASSINILATION Ex * - . DES PLANTES GRASSES (avec pe et da dan le texte), par ME. E. Au ubert (fin). Rare rs REVUE DES TRAVAUX SUR LA CLASSIFICATION ET LA GÉO- ne ls + GRAPRIE BOTANIQUE DES PLANTES VASCULAIRES de | nn LA FRANCE, + 1888 et 1889, par ME. pue ie rues DU Vous DE 1891 Ha “ ss... .…… . num ss PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIV RASON . PLANCHE 18. — Recherches sur la Méle. | : PLANCHE 19, — Recherches sur la Môle. “ PLANCHE 22, — Mouvements . la Sensitine sous l'nfuence de | lu à PrancHe 23. — Variations d hs pression da a la Se sit MLOVIG 7 À HEC Cie Cette à livraison renferme en 0 " 3 gr avures dans le RECHERCHES EXPÉRIMENTALES à see SUR LES VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE ee Par M. Gaston BONNIER (Planches 22 et 23). INTRODUCTION __ Beaucoup d'auteurs, comme on le sait, se sont occupés de l'étude de la Sensitive au point de vue des mouvements des feuilles. Je ne referai pas l'historique de cette question. Je me suis proposé dans ce travail d'exposer quelques recher- ches expérimentales que j'ai faites sur ce sujet, au point de ue des variations de pression qu'il est possible de provoquer dans le renflement moteur des feuilles sous diverses influences. Les résultats obtenus dans ces expériences pourront peut-être Contribuer pour une faible part à l'explication des curieux mou- Yements qu’exécutent les feuilles de la Sensitive. Je décrirai aussi quelques expériences faites en diminuant artificiellement la pression, soit dans l’intérieur des tissus de l plante, soit tout autour de la Sensitive. Sur ce dernier point, les différents auteurs sont loin d'être d'accord. C'est ainsi que Dutrochet (4) dit que lorsqu'on fait le vide autour de la Sensi- ie, le pétiole commun se redresse un peu tandis que les olioles prennent Ja position du sommeil. M. Sachs (2) décrit les É 4 | (1) Dutrochet : Mémoires pour servir à l'Hisloire naturelle des animaux et des Pégélaux, t. I, p. 561, 1837. | ; ) Sachs : Vorlesungen, p. 125: Rev. gén. de Botanique. — IV, 33 514 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. feuilles comme ayant en ce cas la même position qu’à l'obscurité; le pétiole commun s’abaisserait donc un peu au lieu de se redresser. M. Kabsch{1) voit seulement les folioles se mouvoir | et M. Correns (2) a vu que la position des feuilles est analogue à celle qui s'observe lorsque la Sensitive est à une température élevée. D'après lui, le pétiole commun se relève, les pétioles secondaires se rapprochent et les folioles se redressent en.se rap- prochant plus ou moins. Ce dernier auteur signale d’ailleurs des causes d’erreur qui sont inhérentes à ce genre d'expériences. En cherchant à les éviter, je suis arrivé à un résultat différent de ceux énoncés jusqu’à présent, tout en expliquant les diver- gences d'opinion que présentent les travaux des auteurs que je viens de citer. Quant aux recherches sur la pression dans l'intérieur des tissus et sur la relation de cette pression avec les différents mouvements des feuilles, je n'ai trouvé aucun auteur qui se soil occupé de cette question. l. — PRÉCAUTIONS A PRENDRE. Pour mesurer Ja pression dans l’intérieur des tissus de la Sen- sitive, je me suis servi de manomètres, dont une extrémité se terminait par une pointe effilée et dont l’autre extrémité, Sui- vant le cas, se trouvait ouverte ou fermée. Ces manomètres étaient tantôt à mercure, tantôt à eau. Dans ce dernier Cas, la partie du manomètre entrant dans la Sensitive présentait unê pelite anse servant à recueillir le peu de liquide qui pouvait s'é- couler de la plante en certains cas (PI. 22 et 23). Plusieurs " ces manomètres étaient disposés de façon à recevoir une petite couche d'huile au-dessus de l'eau, et d’ailleurs dans les man” mètres dont la branche externe était ouverte, celle-ci se — minait par un bouchon traversé par un tube effilé qui Sè recourbait en dehors, (1) Käbsch : Botanische Zeitung, 1869, p. 345. (?) Carl Correns : Ueber die Abhängigkeit der Reizerscheinungen hüherer pe” von der Gegenwart freien Sauerstoffes, p. 94 à 99, Tübingen, 1892. VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE. 515 Lorsque la pointe du manomètre est enfoncée dans le renfle- ment moteur et ensuite vernie à la glu marine, il faut opérer avec beaucoup de délicatesse et insérer la pointe tout à fait à la base du renflement moteur, en plaçant le manomètre dans un plan perpendiculaire au plan dans lequel se meut le pétiole principal; sans eela les mouvements du péliole principal ne peuventse produire; d’ailleurs, malgré ces précautions, beaucoup de manomètres insérés sur les Sensitives ne fonctionnent pas ou entravent les mouvements des feuilles. Cela peut tenir, soit à ce que le manomètre a été bouché à l’intérieur au moment où on l’a enfoncé, soit à ce que la petite couche de vernis qui en- toure la pointe ne ferme pas hermétiquement, soit enfin à ce que la pointe a été enfoncée trop profondément dans la partie mobile du renflement moteur. Ayant eu à ma disposition un grand nombre de Sensitives en pots, jai disposé des manomètres, soit à mercure, soit à eau, sur beaucoup de ces plantes. Je n'ai jamais opéré qu'avec des Sensitives ayant un manomètre qui fonctionnait régulièrement et chez lesquels les mouvements de toutes les feuilles, y compris celles ayant un manomètre près de la base, se faisaient exacte- ment de la même manière que chez une Sensitive comparable sans manomètre. Du reste, au moment de se servir d’une Sensi- tive pour une expérience, dans le cas où elle porte un mano- mètre à branche ouverte, il est prudent de prendre toujours les deux précautions suivantes : on penche le pot afin de voir si la pression atmosphérique ne se fait pas sentir à travers le vernis, Puis on aspire ou l’on souffle au moyen d’un tube en caoutchouc adapté à la branche ouverte ; avec un peu d'habitude, on peut constater par les mouvements du liquide que le manomètre n'est Pas bouché à la pointe et l’on voit en outre si le manomètre revient à sa position initiale. ; ÎLE. — CnanGEMENTS DE PRESSION QUAND ON TOUCHE LES FEUILLES. Je me suis d’abord proposé de chercher si l’on observe une différence de pression dans le renflement moteur ou dans la tige 516 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. lorsqu'on touche les feuilles de la Sensitive, et, si ce changement a lieu, de voir dans quel sens il se produit. Pour cela j’ai opéré de la façon suivante. Parmi les Sensitives dont les manomètres fonctionnaient régulièrement et dont les feuilles exécutaient leurs mouvements de la même façon que les Sensitives sans manomètre, j'en ai choisi deux dont les variations de pression à différentes heures de la journée paraissaient très analogues. Après avoir étudié de plus près pendant cinq jours les variations comparées de pression de ces deux plantes dans les mêmes con- ditions extérieures, j'ai observé l’une d’elles en touchant toutes les feuilles de la Sensitive ou en les laissant reprendre leur po- sition normale, alternativement. L'autre Sensitive servait de témoin. Les mesures étaient effectuées avec une lunette (L, pl. 23) pouvant se déplacer le long d’une tige verticale fixée sur un pied à trois vis calantes, et dans un plan horizontal ; on lisait le niveau du liquide, puis en faisant tourner la lunette on faisait la lecture sur une règle graduée verticale (R, pl. 23) placée à côté des Sensitives. Voici d’abord les observations qui montrent que les deux Sensitives étaient comparables. Si on appelle T la température de la serre où on opérait, H la pression atmosphérique, » la pression en millimètres indiquée par le manomètre de la Sensitive n° 4, »/ la pression en milli- mètres indiquée par le manomètre de la Sensitive n° 2, on à: 21 septembre. 9 h. malin. T—150 H — 768,0 FL m——18 2h. soir. T — 230 H — 766,5 NT n'E A 22 septembre. 4h. soir, T9 H — 768,5 m—0 m —=—1 23 septembre. : Th.30 matin. T—14 © H—7685 m——5 m'=—6 & h, 30 soir. == 2h H = 767,0 m—= +9 m'="+T 24 septembre. 9h. matin! T—9005 H—7660 m—+3 m=+#rI kh.30soir. T—210 H—765,5 m—+2 m'=0 VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE. 017 25 septembre. 9h. 30 matin. T—17 = 767,5 m = — 12 m —— AI On voit que les deux Sensitives choisies sont très sensiblement comparables au point de vue des variations de pression ; elles l'étaient également au point de vue des mouvements des feuilles. Le lendemain, on opère avec la Sensitive n° {, la Sensitive n° 2 servant de témoin ; appelons d la différence de pression entre les deux pressions observées successivement, de dix minutes en dix minutes ; on a: 26 septembre. 10h. 4m. T—22,5 H—768,2 m—+2,75 40h:14m. T—23%,5 H—17682 m=—+4.50 d= +1, On touche toutes les feuilles de la Sensitive après la lecture de 10 h. 11 ; au bout de six minutes, on constatera que toules les feuilles ont repris leur position première : 10h.21m. T—23,5 H—7682 m—+5,00 d=—+0,50 10h. 31m. T—24,0 H—7682 m—+6,50 d—+1,50 40h.&m. T—24,0 H—768,2 m—+9,25 d=—+2,15 On touche toutes les feuilles de la Sensitive après la lecture de 10 h. 41 ; au bout de cinq minutes, on constatera que toutes les feuilles ont repris leur position première : 10h.51m. T—25,0 H—768,2 m—+ 8,25 d=—1,00 Ah. 1m. T—25,0 H—768,2 m—+ 10,50 d=— +2,25 Mh.lim. TÆ955 H—768% m—+13,00 d=— +2,50 É . , x EP Une seconde série d'expériences reprise dans l'après-midi, à donné : 3h.17m. T—217%,5 H—17,690 m—-+ 17,50 3h.27m. T—27,5 H—7690 m—+17,50 d—0 On touche toutes les feuilles de la Sensitive après la lecture de3h. 27 ; au bout de quatre minutes, on constatera que toutes les feuilles ont repris leur position première : 3h.37m. T—26,5 H—7690 Mm—+ 16,00 d——1,50 3h.£7m. T—910 H—169,0 m—+15,00 d—0 3h.57m. T—27°,0 H— 769,0 m—+16,00 d—0 518 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. . Je citerai encore la série suivante : 27 septembre. 10h.32m. T—270,0 H—767,25. m—-+ 11,50 + 10h.42m. T—27%,0 H—767,25 m—+13,50 d—+2,0 On touche toutes les feuilles de la Sensitive après a lecture de 10 h. 42: 10 h. 52 m. à 4h: 2m. + 25 m—+13,80 d=0 25 m—+15,50 d—=+1,50 On voit par les séries d'expériences que je viens de ciler que pendant les dix minutes qui suivent l'abaissement provoqué des feuilles, la pression indiquée par le manomètre placé à la base du renflement moteur a toujours été plus faible que la pression observée dans le même manomètre pendant les dix minutes qui précèdent ou pendant les dix minutes qui suivent. Ce phé- nomène se produisaitaussi bien lorsque les pressions allaient en augmentant, comme dans la première série, que lorsqu'elles al- laient en descendant, comme dans la seconde. Pendant ces ob- servalions, la Sensitive témoin n° 2 avait une marche ascendante ou descendante régulière. D’autres séries d'expériences faites avec deux autres Sensi- tives comparables, n° 7 et n°9, m'ont donné des résultats abs0- lument analogues. On peut donc conclure de tous ces résultats, que :. : . ? Quand on touche les feuilles d'une Sensitive, la pression 5 07 baisse dans le renflement moteur, pour se relever ensuite quand les feuilles se redressent naturellement. IL. — ExPÉRIENCES EN DIMINUANT LA PRESSION DANS L'INTÉRIEUR DE LA SENSITIVE. 1 LA re fre s J'ai cherché dans une autre série d'expériences comment le pressions se transmettent à travers la Sensitive et Si en ré sant le vide à travers une section de la tige, on pouvait © VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE. 519 server, Soit dans la pression des tissus, soit dans les mouve- ments des feuilles, des modifications notables. Mais avant tout, il était nécessaire de s'assurer qu’une branche de Sensitive cou- pée et placée dans la serre où l'air est suffisamment humide, peut se maintenir fraiche pendant longtemps et continuer à offrir les mêmes mouvements des feuilles. Expérience préliminaire. — Deux branches de Sensitive A et B sont prises sur deux plantes différentes comparables; la tem- pérature de la serre étant de 25°. A 3 h. 47 m, on trempe l’une A dans l’eau et l'autre B est simplement maintenue dans le trou d'un pot à fleur renversé. En plaçant ces plantes avec délica- tesse, elles gardent leurs feuilles dans la position de veille. A 3 h.55 m., on louche les feuilles des deux branches; les feuillesse rabattent comme sur une Sensitive en pot. À 4h. 5 m., elles ont, lautes les deux en même temps, repris leur position initiale, on les recouvre toutes les deux d’un écran, elles prennent presque en même temps leur position de sommeil, Le lendemain à 9 heu- res du matin (l'écran ayant été supprimé) elles se rouvrent pres- que en même temps, à la température de 16°. Ce n’est que pen- dant cette seconde journée qu'il se manifeste une différence no- table en faveur de la branche de Sensitive trempée dans l’eau, el qu'on observe une inégalité entre la branche de Sensitive trempée dans l’eau et une Sensitive en pot comparable. Donc, on peut, sans troubler les mouvements de la Sensitive, opérer pendant plusieurs heures de suite avec une branche coupée. Première expérience. — On coupe deux branches Get D com- parables, prises sur le même pied de Sensitive. L'une est laissée à l'air libre comme la branche B précédente; l’autre est lutée à la base avec de la cire molle au-dessus d’un tube qui communi- que d'autre part avec un manomètre et une trompe de Schlæsing; là température dé la serre est de 21°,5. À 9 h. 38 m., on faitle vide dans le tube où se trouve la section de la branche C; on établit alors une dépression de 320 millimètres au moyen de la trompe e Schlæsing. : 520 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. A9 h. 48 m., on touche en même temps toutes les feuillesde la branche Cet de la branche D ; à 9 h. 55 m., les feuilles se sontrou- vertes et ont repris leur position normale en même temps pour la branche C et pour la branche D. En recommencant l'expé- rience avec une dépression de 491 millimètres on obtient le même résultat. Ce n’est qu'en maintenant la dépression à 561 millimètres, c’est-à-dire en ne laissant sur la Sensitive qu'une pression de 202 millimètres et en prolongeant l’expé- rience pendant trois heures, qu’on arrive à avoir une différence entre le mouvement des feuilles en C et en D. Cette différence est la suivante : sans toucher la feuille, on remarque que l'angle que fait le pétiole commun en C avec la tige est un peu plus grand qu'en D et surtout que les folioles de la branche C dont la section est dans de l’air déprimé sont sensiblement plus relevées que celles de la branche D placée à la pression ordinaire. De plus les branches C et D étant touchées en même temps, la bran- che C dont la section est dans l'air déprimé ne revenait à son état initial qu'après un retard d'une minute ou deux sur la bran- che D dont la section était laissée à la pression atmosphérique. La branche C délutée est mise dans les mêmes conditions que la branche D; 2 h. 1/2 après, elle avait repris exactement la même apparence que D et les deux branches touchées à la fois ont exécuté les mêmes mouvements. On peut donc dire que la branche C n'avait nullement souffert dans l'expérience. Deuxième expérience — Dans une seconde série d'expériences j'ai opéré exactement comme précédemment, sauf que chaquê branche de Sensitive portait deux manomètres à mercure; l'un à la base du renflement moteur et l’autre dans la tige. Les mêmes phénomènes que ceux dont je viens de parler se sont présentés, de plus la pression interne indiquée par les manomètres insérés à 12 età 15 centimètres au-dessus de la section n’a pas varié au dé- but. Au bout de 4 h.5 m., les deux manomètres ont indiqué pour une dépression de 562 millimètres, celui de la tige une dépres- sion de 3 millimètres seulement et celui du renflement moteur situé un peu plus haut, une dépression de 3"°,5. VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE,. 521 On peut tirer de ces diverses expériences les conclusions sui- “vantes : : 1° Un changement considérable de pression est bien loin de se transmettre intégralement à travers les tissus de la tige d’une Sensitive. 2 Quand on diminue la pression à l’intérieur des tissus de cette plante, on observe, au bout d'un temps assez long, une ten- dance des feuilles vers la position du sommeil, tendance qui coïn- cide avec l'abaissement de la pression indiquée par le manomètre dans les tissus de la tige et des renflements moteurs. LV. — ExPÉRIENCES EN FAISANT LE VIDE AUTOUR DE LA SENSITIVE. Nous venons de voir quel est l'effet lent et peu intense d’une dépression provoquée à l'intérieur des tissus dans la Sensitive. J'ai cherché quels sont les phénomènes qu'on observe en dépri- mant l'air autour de la plante entière. Expériences préliminaires. — J'ai d'abord étudié de plus près les modifications dans les mouvements des feuilles avant d’opérer avec une Sensitive à manomètre. Il faut avoir soin d'opérer lentement en faisant le vide autour de la plante. On sait en effet que si l’on souffle légèrement sur une feuille de Sensitive on fait redresser ses folioles; si on souffle un peu plus fort, on fait rapprocher les pétioles; si l’on souffle plus fort encore, on fait abaisser toute la feuille. En faisant le vide plus ou moins vite, il se produit un courant d’air plus ou moins fort qui peut provoquer, indépendamment de la dépression, les trois effets précédents suivant la force de l’aspira- tion de la pompe. Or, comme nous allons le voir, tous ces mouve- ments sont en sens contraire de ceux produits par la dépression seule; ils constituent ainsi autant de causes d'erreur. , I ne faut pas non plus pousser la dépression trop loin, car si le vide est fait à quelques millimètres près, on sait, comine Du- trochet l’a montré le premier, que la plante devient insensible et qu'aucun mouvement ne peut plus s'effectuer. 522 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Îlest très facile, en faisant agir la pompe avec une rapidité plus ou moins grande, de reproduire tous les mouvements précédents. C'est ainsi qu'avec une rapidité moyenne, on peut faire redresser les folioles par un léger courant d'air tout en faisant redresser le pétiole commun par l'effet de la dépression : en faisant le vide brusquement, on peut faire redresser les folioles, rapprocher les pétioles secondaires et abaisser le pétiole moyen. Comme on va le voir, aucune des descriptions données par les auteurs ne se rapporte exactement aux mouvements dus seulement à une dépression suffisamment modérée. Les erreurs partielles faites dans ces observations doivent tenir soit aux mouvements de l'air, soit à une dépression trop forte. On prend une Sensitive en pot dont les mouvements des feuil- les se font régulièrement, on la place dans une serre à 26° sur la platine d’une machine pneumatique (PI. 22, fig. 1), on la recouvre d’une cloche rodée et on diminue la pression autour de la plante en faisant fonctionner lentement la machine, tandis que l'observateur placé à une certaine distance vise l'une des feuilles avec un cathétomètre. On voit alors, à chaque coup de pompe, un mouvement se produire dans les folioles, dans les pétioles secondaires et dans le pétiole général. Ces déplacements que l'on peut suivre avec la lunette du cathétomètre se font dans le même sens, sans retour en arrière. En observant différentes fe uilles, les unes placées de profil, les autres de face, où même en observant à l'œil nu en prenant des points de repère fixes, on constate à mesure que la pression diminue les mouvements suivants : le pétiole commun se relève plus qu'il ne le fait jamais en aucun cas dans la position de veille normale; les pétioles secondaires s’écartent légèrement les uns des autres et les folioles opposées s’écartant aussi les — des autres sont un peu rejetées en dehors, de telle sorte ; rangée de folioles et la rangée opposée forment un angle ns obtus dont l'arète est en haut (PI. 22, fig. 4 dés et fig. 2 bis). En somme les feuilles sont, si on peut s'exprimer ainsi, dans l'exagération de l’état de veille. se Pour préciser je vais décrire l’état initial de la Sensilive VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE. 523 mise à la pression atmosphérique de 771 millimètres à 26°, comparée à l'état final où la pression était maintenue à 85 mil- limètres, en moyenne. Il est bien entendu qu'à cause du déga- gement de vapeur d’eau par la plante, il était nécessaire de donner de temps en temps un coup de piston à la machine afin de maintenir l'air autour de la plante entre 70 et 100 millimètres. Examinons une feuille déterminée. Dans l’état initial (PI. 22, fig. 2), le pétiole commun faisail avec la tige un angle de 60°, à l'état final cet angle n'était plus que de 40° (fig. 2 &es et fig. 3); les folioles dans l’état initial faisaient entre elles, en moyenne, un angle 160° (1), c'est-à-dire un angle très obtus, dont l’arète est placée en bas (PL. 22, fig. 2); à l’état final, elles faisaient entre elles un angle de—147°, c'est-à-dire un angle obtus dont l’arète est placée en haut (fig. 2 des). Mais il faut bien remarquer qu'il existe un maximum du re- lèvement du pétiole primaire, d’écartement des pétioles secon- daires et de rabaissement des folioles sous l'influence de la dé- pression extérieure. Il semble que la structure de la plante limite forcément ces mouvements qui tendent à se faire en sens contraire des mouvements ordinaires de la Sensitive, ou bien que la dépression est assez forte pour rendre la Sensitive insensible. C’est ainsi que si la même plante est maintenue à une pression de 40 millimètres, je n’ai pas trouvé de différence sensible avec l'état où elle se trouvait à la pression de 70 millimètres. J'ai varié l'expérience d'une autre manière en opérant le matin avant le lever du soleil. J'ai placé sous deux cloches, deux Sensitives A et Beomparables au point de vue des mouvements et de la position des feuilles. Autour de la Sensitive À, on à maintenu une dépression de 140 millimètres, tandis que la Sen- sitive B était laissée à la pression atmosphérique. Lorsque la lumière est arrivée peu à peu plus intense, on à pu voir nette ment les feuilles de la Sensitive À placée en dépression se re- veiller avant celles de la Sensitive B; l'expérience a été refaite le Se ft ee an ai ls des folioles sont à l'intérieur. (1) Par convention, j'affecte du les faces supérieures des folioles s0 _ue 180° dont les faces inférieures 524 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. lendemain en changeant les deux Sensitives de place. Elle a réussi aussi en mettant du chlorure de calcium sous la cloche de la Sensitive laissée à la pression atmosphérique, ou du chlorure de calcium dans les deux cloches. On ne peut donc pas dire que l'humidité de l'air ait eu une influence sur la différence du ré- veil de deux Sensitives. Expérience. — Une Sensitive est disposée comme précédem- ment sur la platine d’une machine pneumatique et porte inséré à la base du renflement moteur un manomètre dont la branche extérieure a été fermée à la lampe. Ce manomètre était en dé- pression avant la fermeture; par suite de la fermeture de la lampe, il est, après refroidissement, en pression de + 45"",00. La température étant de 25° à 8 h. 30 m. du matin on fait mar- cherla machine de manière à maintenir la pression autour de la plante entre 80 et 130 millimètres, La pression initiale dans le manomètre à air clos était de + 45"",09 ; à 40 h. 45 m. lapres- sion est encore restée la même. Des lectures faites d'heure en heure jusqu’à quatre heures du soir, la température restant con- stante, donnent encore les mêmes chiffres. La dépression est maintenue pendant toute la nuit et le lendemain, à la même température, on observe une pression de + 47°",50. On voit done que les mouvements observés lorsqu'on déprime l'air autour de la plante finissent peut-être par manifester à la longue une légère augmentation de pression dans le renflement moteur, à égalité des autres conditions extérieures. La différence n'est pas assez forte pour que je puisse me prononcer affirmati- vement sur ce point. Pour vérifier que le manomètre à air clos n'était pas bouché, on l’enlève de la plante à la fin de l'expérience. On trouve que la pression s'élève subitement à + 92 millimètres, ce qui tient à ce que le manomètre étant en dépression avant d'être ferme, puis ayant été obturé à la lampe, lorsqu'on met la branche interne en communication avec la pression atmosphérique, cette pression fait remonter le mercure du côté de l'air clos qui s’est trouvé déprimé après le refroidissement. VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE, 528 Une autre série d'expériences faites avec un second pied de Sensitive ayant un manomètre à air clos inséré dans la tige un peu au-dessus du renflement moteur, a donné une pression constante. On peut tirer de ce qui précède les conclusions suivantes : 1° Un changement de pression autour d'une Sensitive intacte provoque immédiatement dans les feuilles des mouvements qui sont inverses des mouvements ordinatres de la Sensitive, c’est-à- dire que le pétiole commun s'élève plus que dans l’état de veille ordinaire, que les pétioles secondaires s'écartent plus les uns des autres et que les folioles tendent à se rabattre en dessous. 2° Il y a une pression au-dessous de laquelle on n'observe plus de mouvements ; elle correspondau maximum de relèvement de la feuille. 8° La dépression extérieure ne se communique pas dans l'inté- rieur des tissus à travers la ne intacte, méme au bout de trente- huit heures. V. — ExPÉRIENCES AVEC LE CHLOROFORME. J'ai fait d'autres expériences en soumettant les Sensitives à l’action du chloroforme. Expériences. —Deux Sensitives comparables sont placées sous des cloches ouvertes en haut chacune par une tubulure (PI. 23, fig. 4). On a placé de la ouate sur la tubulure de façon à laisser possible le renouvellement de l'air dans la cloche; un ther- momètre est suspendu dans chacune des cloches et chaque clo- che peut être recouverte d’un écran de papier noir. Les Sen- sitives étudiées sont munies de manomètres qu'on peut viser à distance avec une lunette L ; une règle graduée verticale R, pla- cée à la même distance de la lunette que les manomètres, per- mel de mesurer les différences de niveau. Les choses étant ainsi No on peut dans l’une des clo- ches mettre forme C{/ftelle que le mouve- AAVELEC LC ment des toiles par contact soit seul aboli ou que tous les mou- 326 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. _vémerits soient abolis. Dans ce dernier cas, si les Sensitives sont au commencement de l'expérience à l’état de veille, celle qui est chloroformée restera à l’état de veille à l'obscurité. C’est ce que représente la figure 4 de la planche 23 où l’on suppose que les écrans viennent d’êlre enlevés pour une observation. | Si au contraire elles sont au commencement à l’état de som- meil, la plante chloroformée restera dans cet état même pen- dant le jour. J'ai publié ailleurs (1) les chiffres relatifs à ces expériences qui font voir que la pression reste élevée dans les Sensitives chlo- roformées à l’état de veille et demeure plus basse chez les Sensi- tives chloroformées à l’état de sommeil. Il résulte de ces expériences, que : Lorsqu'on maintient par un anesthésique une feuille de Sensi- tive dans üne position donnée, les variations de pression du ren- flement. moteur sont beaucoup moins grandes qu'à l'état normal. CONCLUSIONS GÉNÉRALES. J'ai montré par les expériences précédentes que : 1° Lorsqu'on touche les feuilles d’une Sensitive, la pression diminue à la base de la face inférieure du renflement moteur pour se relever ensuite quand les feuilles se redressent natu- rellement ; 2° Lorsqu'on maintient redressées les feuilles par les anesthé- siques, la pression du renflement moteur demeure plus élevée; 3 Lorsqu'on déprime l’air dans les tissus de la plante, cetle dépression ne se transmet pas intégralement, mais cependant finit par diminuer un peu la pression du renflement moteur et peut provoquer les mouvements tendant vers la position de sommeil ; . (1) Gaston Bonnier : Sur les variations de pression du renflement moteur de 3 Sensitire, à l'état normal et sous l'inflence du chloroforme (Bull. Soc. Bot. France, séance du 25 novembre 1892). VARIATIONS DE PRESSION DANS LA SENSITIVE. :.æai - 4° Lorsqu'on déprime l'air autour de la plante intacte, les feuilles ont une position plus accentuée encore que dans la posi- tion de veille, aussi bien pour les pétioles secondaires et pour les folioles que pour le pétiole commun; 5° La dépression extérieure ne se transmet qu'au bout d’un temps extrêmement lent à l’intérieur des tissus de Ja plante in- tacte et n'influe pas sensiblement pendant ce temps sur la turgescence des cellules. Il résulte donc de l’ensemble de ces recherches que toutes les circonstances qui influent sur le redressement du pétiole des feuilles de Sensitive augmentent la pression des cellules de Ja partie intérieure du renflement moteur et que toutes celles qui agissent en sens inverse diminuent cette pression. -ILen résulte encore que si l’on élimine avec soin les causes d'erreur, toutes les circonstances qui font redresser le pétiole commun font, avec un retard plus ou moins grand, écarter les pétioles secondaires et rabaisser les folioles, et que toutes celles qui agissent en sens contraire font rapprocher les pétioles secon- daires et relever les folioles. : La varialion de ces mouvements naturels ou provoqués, de sommeil ou d’excitation, est toujours dans un même rapport avec la variation de la pression interne du renflement moteur. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche 22. Fig. 1. — La figure 1 représente la Sensitive à son élat de és maximum en plein jour, à la pression atmosphérique. Elle est munie d'un manomètre m dont la branche extérieure a été fermée à la lampe et elle est placée sur la platine p d'une machine pneumatique qui ne fonctionne pas. Fig. 4 bis. — Cette figure représente la même Sensitive recouverte d une cloche et autour de laquelle on a fait lentement le vide par le tube + 6 70 millimètres (pression indiquée par le manomètre m'). Les pétioles _ muns se sont redressés, les pétioles secondaires se sont écartés el les folioles tendent à se renverser en dehors. Fig. 2. — Une des feuilles de la Sensilive dans sa position initial Péliole commun fait un angle A avec la tige. e. Le 528 4 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Fig. 2 bis. — La même feuille, lorsque l’air est déprime autour de la Sen- sitive. ke péliole commun ne fait plus avec la tige qu’un angle A". Fi — Différences de la position angulaire du pétiole commun avant et après la dépression : À, angle dans la position iniliale; A’, angle dans la position finale. Planche 23. Fig. 4. — Deux Sensitives comparables A et B sont placées sous deux cloches semblables dont l’une renferme un flacon ayant du chloroforme C{f. La Sensilive B a été soumise à l’action du chloroforme dans l’état de veille, puis les deux Sensitives ont été remises à l'obscurité. La Sensitive À a seule pris la position de sommeil. La figure est faite au moment où l’on vient de relirer les écrans noirs pour faire une observation au moyen de la lunette L. La PAR est plus forte dans le mancmètre de B que dans le mano- mètre 10. $. — Cette figure représente deux Sensitives comparables u° 1 et n° 2. On n'a pas touché à la Sensitive n° 2; on a touché toutes les feuilles de la Sensitive n° 1. On fait une observation du manomètre avec la lunette L; la pression est moins forie dans le manomètre de la Sensitive n° 4 que dans celui du n° RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES DÉVELOPPÉES A L’OMBRE ET AU SOLEIL Par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (fn) VE. — TRANSPIRATION. Pour l'étude de la transpiration comparée des feuilles déve- loppées à l'ombre ou au soleil, j'ai employé diverses méthodes, assez différentes les unes des autres, que je vais exposer succes- sivement, en discutant la valeur de chacune. Première méthode. — C'est la plus simple; elle consiste à recueillir des feuilles de la même espèce, à l'ombre et au soleil, à les peser immédiatement pour en obtenir le poids frais É. puis à les laisser côte à côte, à l'ombre, sur une feuille de papier blanc, et à les peser de nouveau après un certain temps, on obtient alors un second poids P, que l'on retranche du premier. La différence P,—P,, est le poids de l’eau perdue par la feuille pendant ce temps, et l’on peut admettre que, pendant les pre- miers temps, cette perte d’eau est sensiblement proportionnelle à l’eau transpirée normalement. Voici les résultats pour quel- ques plantes auxquelles j'ai appliqué cette méthode. 1° Berberis vulgaris. = Les feuilles ont été prises sur le même buisson, les unes au pourtour, les autres au centre. L'expérience a duré une heure, et a donné par centimètre carré de surface de la feuille les résultats suivants. P,— P, | Soleil —08",00066 Ts |Ombre=0 ,00055 Rev. gén. de Botanique. — IV. 530 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Les mêmes feuilles pesées encore une heure après ont donné un nouveau poids P, plus faible que P ; Ce qui donne par centimètre carré de surface de la feuille : P,—P; j Soleil —05",00033 $ _{Ombre—0 ,00011 Une nouvelle comparaison sur les feuilles d'un autre Berberis. m'a donné des résultats analogues. Po—P, | Soleil —06,00050 | P,—P, | Soleil =—08,00043 ù Ombre—0 ,00040 } $ | Ombre — 0 100020 2 Wergelia rosea. — Cette espèce prise dans les mêmes con- ditions que le Berberis, m'a donné des résultats dans le même sens, et encore plus accentués. Première expérience. Po—P, | Soleil —05r,00120 | P,—P, | Soleil —05",00098 $ Ombre—0 ,00040 s Ombre—0 ,00033 Deuxième expérience. Soleil —=05",00150 P, LR P;, Ombre=—0 ,00040 s Soleil —06",00150 Ombre —0 ,00040 P,—P, s Les feuilles dans la seconde expérience ont perdu la mème quantité d’eau pendant la deuxième heure que pendant la pre- mière : elles ne présentaient aucune apparence de flétrissement. Dans la première expérience, le flétrissement commençait à se faire sentir. 3° Hétre. — J'ai renouvelé ces mêmes expériences Sur des feuilles d'arbres : le Hêtre et le Chêne. Le Hêtre n’a donné ee des résultats contradictoires malgré le soin que j'ai pris à choi- sir les feuilles dans des conditions bien différentes d’éclairement. | Première expérience. P,-P, Fe —0",00066 4 P,—P, (Soleil —0:",00052 s Ombre—0 ,00069 | s pese ,00160 Deuxième expérience. P,—P, Soleil —08r,00056 { P,— P, | Soleil —05",00037 5 !Ombre—0 ,00056 } s (Ombre—0 ,00033 RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 591 Les feuilles ont perdu moins d'eau pendant la deuxième heure que pendant la première, et il y avait un commencement de flétrissement. 4° Chéne. — Cette espèce m'a donné des résultats analogues à ceux que j'ai trouvés avec le Berberis etle Weigelia. Soleil —05",00095 Ombre—0 ,00077 P,—P, ( Soleil —08",00170 P,—-P, s {Ombre—0 ,00110 s 5° Mirabailis Jalapa. — J'ai enfin expérimenté sur quelques plantes herbacées prises, les unes dans un endroit découvert et exposé au soleil pendant les deux tiers de la journée, les autres sous un abri formé par une toile noire et opaque. Les individus de même espèce pris dans ces deux conditions étaient dans un sol/semblable et d'humidité sensiblement égale. Voici pour le Mirabilis Jalapa un tableau qui donne les quantités d’eau évaporée en une heure par un centimètre carré de la plante. 08r,0024 Moyenne } 0 0031 0r,0030 | 0 ,0032 [0 ,003% 0sr,0009 P,—P, Moyenne } 0 ,0006 5: (MES oups L° 0007 0 ,0009 ” Ramosutr Éuiiés Po . . . Soleil, Feuilles isolées. Rameaux feuillés. Feuilles isolées. 6° Solanum nigrum. Première expérience. P,—P, {Soleil —05",0037 P,—P; \ Soleil —08r,0007 s Ombre—0 ,0017 s | Ombre=0 ,0003 Deuxième expérience. P,—P, (Soleil —05",0037 P,— P, | Soleil — 08",0004 | E Ombre—0 ,0002 ————_— s !Ombre—0 ,0012 | Après une heure d'expérience les feuilles étaient déjà très flétries. La quantité d’eau perdue pendant la deuxième heure est insignifiante. J'ai obtenu des résultats dans le mêmé sens _âvec le Cirsium arvense. : Des expériences précédentes il résulte clairement que si l'on 532 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. mesure la perte d’eau que subissent des feuilles que l'on vient de détacher de la plante, celles qui se sont développées au soleil perdent plus facilement leur eau que celles qui se sont dévelop- pées à l'ombre. On voit par là que malgré la défectuosité de celte méthode, puisque l’on ne fournit pas de nouvelles quantités d’eau à Ja plante à mesure qu’elle en perd, on peut en tirer parti pour la mesure de la transpiration. En effet, la concordance presque absolue de tous les résultats observés fait admettre que si l'on place dans les mêmes conditions des feuilles d’une même plante, celles qui se sont développées au soleil transpirent plus par unité de surface que celles qui se sont développées à l'ombre. Deuxième méthode. — Dans la méthode précédente, j'ai laissé la feuille se flétrir sans lui fournir d’eau à mesure qu’elle en perdait, ce qui m'a obligé à faire des expériences de courte durée. Dans la deuxième méthode, j'ai pris un dispositif au moyen duquel l’eau était fournie à la feuille à mesure qu'il s’en échappe par la transpiration. Pour cela j’emploie un tube presque capillaire ayant environ un mètre de longueur et gradué au moyen d'un index de mer- cure, en divisions égales; je dispose ce tube horizontalement, une de ses extrémités est ouverte librement, l’autre, évasée, est courbée vers le haut. Cette dernière extrémité est fermée _ moyen d’un bouchon percé d’un trou en son milieu. L'appareil étant rempli d’eau, l’on introduit par le trou du bouchon la base du rameau mis en expérience. Un lut à la cire molle em- pèche l’eau du tube de s'échapper autrement qu'en traversant la plante. Cet appareil est une modification de celui de Sachs. J'ai négligé l'erreur qui pouvait provenir de l'évaporation de l’eau par extrémité libre du tube, l’ouverture étant très étroite. Deux de ces appareils, l’un occupé par un rameau développe au soleil, l'autre par un rameau développé à l'ombre, étant M côte à côte, à la même lumière et dans les mêmes conditions de température et d'humidité, il suffit de faire une lecture de temps en temps sur le tube horizontal gradué pour se rendre compte RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 533 de la marche de l'expérience. Toutefois pour avoir un résultat immédiat il faudrait que les deux rameaux eussent des feuilles de surface rigoureusement égales, ce dont il est impossible de se rendre compte d’abord. Ce n’est qu'après l'expérience, lors- qu'on a mesuré la surface des feuilles, que l'on peut établir une comparaison exacte. Il faut remarquer en outre que par cette méthode on ne cal- cule pas directement la transpiration, mais l'absorption de l’eau par les rameaux. Si donc le rameau absorbe plus d'eau qu'il n’en émet, ou s’il en émet plus qu'il n’en absorbe (les deux cas peuvent se présenter), on n'obtient aucun résultat exact. Par suite il faut peser le rameau avant et après l'expérience; la dif- férence, s’il s’en trouve une, indique immédiatement si le rameau à gagné ou perdu en poids. Voici du reste un exemple des calculs à faire : 1° Salix rosmarinifolia. — Le rameau développé au soleil pe- sait avant l'expérience 3,810, après l'expérience, 35,720 ; son poids a donc diminué de 90 milligrammes. | Pendant le cours de l'expérience il a absorbé 795 millimètres cubes ou approximativement 795 milligrammes d’eau. La quan- tité d’eau évaporée a donc été en tout de 795 + 90, ou 885 milli- mètres cubes. Le rameau à l'ombre pesait avant l'expérience : 3%°,170, et après l'expérience : 3,090. Il a donc perdu 80 milligrammes d’eau. 11 a absorbé pendant l'expérience 210 millimètres cubes ou milligrammes, sa transpiration totale a donc été de 290 mil- limètres cubes ou milligrammes. Il ne reste plus qu’à diviser ces quantités d'eau évaporées par la surface des feuilles et l’on obtient par centimètre carré : Soleil — 0gr,0094 Ombre — 05",0030 Le rameau développé au soleil a transpiré plus, à surface égale, que le rameau développé à l'ombre. % Hétre. — Les rameaux ont augmenté de poids pendant l'expérience, contrairement à ce qui s’est passé pour le Sax roSmarinifolia. 534 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le rameau de Hètre pris au soleil a augmenté de 5 milli- grammes (35,740 au début, et 3,745 à la fin). Le rameau pris à l'ombre a augmenté de 15 milligrammes (3,695 au début et 3,110 à la fin). Le rameau pris au soleil a absorbé 952 milligrammes ; comme il à emmagasiné 5 milligrammes il n’en a émis que 941. Le rameau pris à l'ombre a absorbé 817 mnilligrammes, en retranchant les 15 milligrammes qu'il a conservés, on voit qu'il a émis 802 milligrammes. En divisant par les surfaces on obtient : Soleil — 08r,0043 Ombre — 0£",0030 Le Chëne dans une autre expérience m'a donné, tous calculs faits : Soleil — 08r,0042 Ombre — 0£",0020 Voici d’ailleurs, calculés par centimètre carré de surface, les résultats obtenus avec cette méthode. DÉVELOPPÉE DÉVELOPPÉE DURÉE. TERRES au soleil. à l’ gr. ÿ Degrés ee 40 Ô0.0014 0.0009 1 heure. 3-16 être. | 20 0.002% 0.0011 1 16-17 | 3° 0.0028 0.0012 raie 17-19 | , 0.001 00004 TRES 19,519 He DC .0006 0.0002 1h. 45 Charme... | 6o 0 .0006 0 0002 | 45 minutes. | 19-18 7e 00007 00004 + { 8 0.0009 0.0003 30 minutes. 18-19 Chêne -)9 0.000% 0.0002 |30 — 19-19,5 10° 0.0008 0.0002 |30.. — 19,5- Cette méthode qui permet de prolonger les expériences m'a toujours donné des résultats dans le même sens, c'est-à-dire que les feuilles développées au soleil transpirent plus que les feuilles développées à l'ombre, Elle confirme d’ailleurs les résul- tats de la première méthode. Troisième méthode. — Sur un tube de verre fermé à une € 4 ‘ur & " n trémité et rempli d’eau aux trois quarts, on place un boucho RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 535 percé en son milieu. On introduit par l'ouverture du bouchon la base d’un rameau fraichement coupé, de manière que la section plonge dans l’eau. On lute à la cire molle toutes les jointures, et l’on pèse. Si l’on reprend après quelques heures l'appareil et qu’on le pèse de nouveau on trouve une diminution de poids, correspondant à l’eau évaporée par la plante, pendant le temps de l'expérience. Cette méthode n’est qu'une modifica- tion de la méthode des poids, elle permet de se servir de la ba- lance de précision et de calculer de très petites pertes d’eau. Le Teucrium Scorodonia, dans deux expériences simultanées, m'a donné des résultats dans le mème sens que ceux obtenus par les méthodes précédentes. Première expérience. Soleil — 05",0053 Ombre — 08r,0043 Deuxième expérience. Soleil = 08",0058 Ombre = 05,0035 Les nombres précédents représentent la moyenne par heure d’une expérience qui a duré trois heures, à une température d'environ 20°. Des feuilles de Vigne-vierge (Ampelopsis hederacea) se sont comportées de la même manière que le Teucrium. Première expérience. Soleil — 05*,0020 Ombre —06",0010 Deuxième expérience. Soleil — 08",0018 Ombre —0£",0016 Cependant la même méthode appliquée aux rameaux d'arbres, ne m’a pas donné au premier abord de résultats satisfaisants ; voici les chiffres détaillés d’une expérience faite sur le Hètre : Deux rameaux pris dans des conditions d’éclairement diffé- rentes, et mis en expérience à 10 heures du matin, ont transpiré de 10 heures à 12h. 30, par centimètre carré : Soleil —05",009% | Température : 18°-48°,5 * Ombre —0 ,0133 À 336 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. de 12 h. 30 à 3 heures : Soleil — 08r,0042 : Ombre —0 ,0066 Température : 18°,5-199,5 de 3 heures à 6 heures : Soleil —05',0024 Ombre —0 ,0034 Température : 19°,5-18° enfin de 6 heures du soir au lendemain à 7 h. 30 du matin: Soleil — 08r,0033 Ombre —0 ,0018 Donc au début et pendant un certain temps le rameau déve- loppé au soleil a transpiré moins que celui développé à l'ombre; puis il à transpiré davantage. Le changement s'étant opéré pendant la nuit j’ai cru devoir d’abord en attribuer la cause aux circonstances extérieures; mais j'ai ensuite observé ce changement pendant le jour pour le Charme. Toutes les fois que j'ai expérimenté sur des arbres, j'ai constaté le même fait. Aussi j'ai eu soin chaque fois que j'ai eu affaire à des végétaux ligneux, de ne faire la première pesée que quelque temps après avoir mis le rameau dans l'appareil. En prenant celle précaution, j'ai trouvé pour les arbres des nombres variant dans le même sens que dans les autres méthodes. J'ai cherché quelle pouvait être la cause de ce phénomène. Mon attention s’est d'abord portée sur l'appareil lui-même. En effet, quand le tube est bouché, il se trouve une certaine quan- tilé d'air entre le bouchon et la surface de l'eau. À mesure que l’eau monte dans le rameau et disparaît par la transpiration, l'espace entre le bouchon et la surface de l’eau s'agrandit et l'air qu'il contient, isolé de l'extérieur, cesse d'être à la pression ini- liale. Cette diminution de pression est-elle compensée par la tension de la vapeur d’eau qui se produit à mesure que le vide se fait ? Pour résoudre la question, j'ai pratiqué dans le bouchon un second trou par lequel j'ai introduit un tube de verre recourbé deux fois, comme l'indique la figure 1 en M (Planche 24) et dans lequel j'ai mis un peu de mercure. J'ai obtenu de la sorte un manomètre à air libre, m'indiquant à tout instant la pres RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 537 sion de l'atmosphère interne du tube. Pendant trois jours que dura l'expérience le mercure resta absolument immobile, bien que toute l’eau du tube fût presque entièrement absorbée par le rameau. Le manomètre restait cependant sensible à la moindre excitation venant de l'extérieur. Cette expérience démontre que la tension de la vapeur d’eau qui se produit à mesure que le vide se fait dans l'appareil suffit à maintenir l'équilibre initial. L'expérience a réussi aussi bien lorsque je n’ai laissé au début qu'un très petit espace vide entre le bouchon et la surface de l'eau. L'appareil ne présentant pas d’imperfection, j'ai pensé que la cause d'erreur revenait à la plante elle-même. On sait en effet depuis les expériences de Hales, bien des fois renouvelées, que les racines produisent une poussée très forte de la sève, qui peut se faire sentir jusqu'aux dernières ramifications de l'arbre. M. Gaston Bonnier vient de dé- montrer d'une manière frappante, que lorsque l'on coupe un végélal, la pression interne diminue dans la portion située au- dessus de la section, ce qui se comprend d’ailleurs, puisque par le fait même on supprime la poussée des racines et des parties inférieures de la plante. De plus, M. Bonnier (1) a trouvé que cette diminution de pression était sensible immédiatement dans les végétaux ligneux où le tissu conducteur est très développé, tandis que le changement de pression est presque nul au début et pendant un certain temps chez les plantes herbacées et sur- tout chez les plantes grasses où le tissu conducteur est beaucoup moins abondant. Ainsi donc, dans la troisième méthode, en coupant des or- ganes herbacés (Teucrium Scorodonia, feuilles isolées armé lopsis) et en les mettant aussitôt en expérience, je naï pas amené de troubles graves dans les pressions internes de ces parties. Mais il n’en a pas été de même dans les végétaux ligneux (Hêtre, Charme, Chêne). Toute section amenant une cRitE à travers (1) Gaston Bonnier : Sur la différence de transmissibilité des pressions les plantes ligneuses, les plantes herbacées et les plantes grasses, (Comptes rendus _ de l’Académie des Sciences, séance du lundi 12 décembre 1892.) 538 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. diminution de pression dans les rameaux de ces dire et cette pression n'étant remplacée artificiellement par aucune force dans le cours de l'expérience, il a fallu quelque temps aux rameaux pour atteindre de nouveau un certain équilibre et fonctionner normalement. Remarquons en passant que le tissu conducteur étant plus abondant dans le rameau développé au soleil, c’est celui des deux qui a le plus à souffrir de la section. Comment se fait-il que l'inconvénient de couper les rameaux n'ait pas influé sur les résultats obtenus avec la deuxième mé- thode? C’est que l'appareil était disposé de manière qu'il y eût, pendant tout le cours de l'expérience, une pression constante de 40 millimètres d’eau. Cette pression tendait ainsi à rétablir l'équilibre normal. Quatrième méthode. — C’est la méthode de Guettard mo- difiée; elle à l'avantage de ne pas séparer de la plante le rameau sur lequel on opère, et par le fait mème de n'inter- rompre à aucun instant la circulation de la sève. Le procédé consiste à enfermer un rameau tenant encore à la plante et muni d’un certain nombre de feuilles, dans un récipient en verre contenant du chlorure de calcium, en assez grande quan- tité pour absorber la vapeur d’eau émise à mesure qu'elle s'échappe des feuilles. Il faut toujours mettre assez de chlorure pour que les parois internes du verre soient maintenues sèches. Le chlorure pesé au commencement et à la fin de l'expérience donne par la différence de poids la quantité d'eau rejetée. Voici quelques résultats : 1° Abies pumila pour 1 centimètre carré en vingt-quatre heures. Soleil — 08,0078 Ombre — 08,0035 2° Taxzus baccata pour 1 centimètre carré en jan heures. Soleil — 05r,0266 Ombre — 05",0095 3° Hétre. Première expérience. Soleil — 0sr,038 Ombre = 0£',035 RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 539. Deuxième expérienre. Soleil — 08",032 Ombre — 06",024 4° Charme. Soleil — 08",033 Ombre — 0£",023 Un des inconvénients de la quatrième méthode est celui-ci : il faut toujours plus ou moins plier les branches pour amener Les rameaux mis en expérience à être côte à côte, cette condition étant nécessaire pour qu’ils soient à la même température et au même éclairement. Cette flexion des branches gène beaucoup la circulation de la sève et peut contrarier les résultats, ce qui m'est arrivé plusieurs fois. J'ai en effet trouvé des chiffres bien différents en opérant sur la même branche pliée et non pliée. On voit en somme que cette méthode convenablement em- ployée donne les mêmes résultats que les précédentes. Cinquième méthode. — Cette méthode a été employée par Boussingault ; elle consiste à faire passer un courant d’air con- tinu préalablement desséché, dans un récipient contenant les plantes mises en expérience. Le courant d’air sec enleve la vapeur d’eau de la transpiration qu'il abandonne ensuite en passant sur du chlorure de calcium. Ce sel pesé avant et après l'expérience donne, par la différence des poids, la quantité de vapeur d’eau émise par les plantes. Voici les détails de l'appareil : l'air est mis en mouvement par un aspirateur (PI. 21); il pénètre par le tube A dans un flacon laveur B contenant de l'acide sulfurique qui lui enlève toute sa vapeur d’eau ; il passe ensuite dans un tube en U, contenant des fragments de potasse, qui absorbent les vapeurs d'acide sulfu” rique qui pourraient nuire aux plantes mises en expérience. L'air ainsi desséché passe, au moyen d’un tube en T, dans deux séries d'appareils exactement semblables et parallèles. airs de ces séries est destinée à la plante développée à l'ombre 0, l’autre à la plante développée au soleil S. L'air sec à partir du tube en T est conduit dans les cloches C, C’ au fond desquelles il 540 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. arrive pour en sortir ensuite par le haut. Dans ces cloches sont disposées les plantes dans des pots convenablement lutés. Un manomètre à mercure M indique que la dépression dans les cloches par suite de la circulation de l’air est à peine sensible (2 à 3 millimètres de mercure) et qu’elle est constante, ce qui montre qu’il ne se produit pas de fuites dans l'appareil, au cours de l'expérience. L'air chargé de la vapeur d’eau de la transpi- ration sort des cloches par les tubes D, D’ et passe dans deux séries de tubes en U, contenant du chlorure de calcium. Ces derniers sont pesés avant l'expérience. Le second tube en U de chaque côté, sert de témoin, son poids ne doit pas varier si l’on a eu soin de mettre une quantité convenable de chlorure de calcium dans le premier. L'air desséché passe ensuite dans les flacons laveurs E, E’ con- tenant de l'acide’ sulfurique qui isole les tubes à chlorure de caleium de l'atmosphère de l'aspirateur, au cas où l’on soit obligé d'arrêter le courant d'air pendant l'expérience. De plus, ces flacons indiquent par les nombres de bulles d'air qui se pro” duit à leur intérieur si le courant passe également dans les deux séries d'appareils. A la suite des flacons laveurs, au moyen d'un nouveau tube en T', l'air passe dans un tube unique de caout- chouc G qui est en communication avec l'aspirateur Sp. Par mesure de précaution il est bon de mettre sur le parcours du tube un nouveau flacon laveur F contenant de l'eau. Ce flacon empêche les vapeurs d'acide sulfurique de pénétrer dans l'as- pirateur et d’en attaquer les parois métalliques. J'ai fait avec cet appareil seulement deux expériences SUT le Lupin blanc. Les graines de cette plante avaient été semées dans des verres remplis de terre de bruyère et y avaient germe: Je les ai mis en expérience alors que chaque plante avait trois feuilles bien développées. J'avais eu soin de couvrir la surface de la terre d’une couche épaisse de mercure pour empêcher l'évaporation de l'eau qu’elle contenait. Voici les résultats de ces deux expériences: RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 541 RÉSULTAT | RÉSULTAT pour { gr. pour 1 ec. de poids frais.|de poids frais, SURFACE POIDS FRAIS VAPEUI d'eau émise. | de la plante. : gr. gr. cq. gr. gr. po | Soleil... 8.675 1.070 118.75 0.123 0,.0090 | Ombre..| 13.190 0.615 189.56 0.046 0.0032 90 { Soleil... 7.760 0.635 114.17 0.082 0.0055 ! Ombre..| 12.455 0.480 189.39 0.038 0.0025 On voit done que cette méthode confirme les précédentes. Sixième méthode. — {me reste enfin à exposer une dernière méthode, celle des pesées directes, qu’on emploie souvent pour l'étude de la transpiration, et qui est peut-être la meilleure. On sait que dans ce cas les plantes cultivées à l'ombre ou au soleil sont dans des pots bien imperméables qu'on achève de fermer avec une plaque de verre convenablement lutée. De la sorte, seule l'eau émise dans la transpiration peut s'échapper. On pèse au commencement et à la fin de l'expérience; la diffé- rence de poids donne la quantité de vapeur d’eau perdue par la plante. J'ai expérimenté seulement sur des Lupins développés les uns à l'ombre, les autres au soleil. Voici les résultats de deux expé- riences calculées pour 1 centimètre carré de la surface de la plante : 4° Soleil = 06,059 Ombre = 05r,026 20 Soleil —0 ,025 Ombre —0 ,010 En résumé les six méthodes que je viens de décrire ont tou- jours donné des résultats dans le mème sens : c'est-à-dire (ue à égalité de surface, et toutes les autres conditions étant égales d’ailleurs, les feuilles qui se sont développées au ne ah plus de vapeur d'eau que celles qui se sont développées à ‘ombre. Toutes les expériences décrites dentes ont été faites à la lumière. dans les méthodes précé- On sait combien la chloro- 342 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. phylle a d'influence sur la transpiration des plantes exposées aux radiations lumineuses. Comme, d'autre part, l'abondance plus grande de chlorophylle dans les feuilles développées au soleil pourrait jusqu’à un certain point expliquer comment ces feuilles transpirent plus que celles qui ont poussé à l'ombre, j'ai refait quelques expériences, d’après la troisième méthode, mais en plaçant les plantes à l'obscurité, j'ai trouvé les résul- tals suivants pour le Hêtre : 1° Soleil — 05r,0088 Ombre — 05",0046 2° Soleil —0 ,0074 Ombre —0 ,0040 L'expérience a duré vingt-quatre heures, les résultats sont les quantités de vapeur d’eau émises par 1 centimètre carré de surface de la feuille. On voit donc qu’à l'obscurité, comme à la lumière, les feuilles développées au soleil transpirent plus par unité de surface que les feuilles qui ont poussé à l'ombre. Ce résultat montre que la quantité de chlorophylle différent dans les deux sortes de feuilles ne suffit pas à expliquer la diffé- rence d'intensité de leur transpiration, mais qu'il y à là une influence due à la structure du limbe et au nombre des stomates. Les mêmes raisons qui m'ont fait choisir l'unité de surface de la feuille pour base de comparaison, dans l'étude de l'assi- milation chlorophyllienne, m'ont amené à prendre la mème base de comparaison pour la transpiration. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES FEUILLES. 543 CONCLUSIONS GÉNÉRALES. Des expériences exposées dans ce travail, il résulte que les diverses fonctions de la plante s’exercent plus énergiquement chez les feuilles qui se sont développées au soleil que chez celles qui ont poussé à l'ombre, lorsqu'on ramène les premières à se trouver dans les mêmes conditions que les secondes. Comme les feuilles développées au soleil ont, dans tous les cas, une transpiration plus abondante, et qu’elles contiennent relati- vement moins d’eau, la circulation est plus rapide à leur inté- rieur. Elles reçoivent par là même en plus grande quantité des substances utiles charriées par ce courant d'eau et retenues dans la feuille pour y être élaborées. D'autre part, la plus grande abondance de chlorophylle dans les feuilles développées au soleil leur permet de fixer plus de carbone dans les tissus de la plante. De plus, grâce à leur épaisseur plus grande, les feuilles développées au soleil ont une respiration plus intense que les autres. Toutes ces comparaisons ont été faites, je le répète, dans des conditions semblables de lumière, de chaleur et d'état hygro- métrique, et en opérant toujours sur des feuilles adultes. On peut donc, en somme, énoncer la conclusion générale Suivante: A la différence de structure anatomique qu'on observe entre les feuilles développées au soleil et celles qui poussent à l'ombre, correspond une adaptation physiologique de la feuille. Pour la méme surface considérée, la structure des feuilles développées au soleil augmente l'activité de la respiration, de l'assimilation et de la transpiration. 44 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. EXPLICATION DE LA PLANCHE 21. Fig. 1. —Appareil pour montrer que la tension de la vapeur d'eau est in- variable dans un vase clos, pendant loute la durée d’une expérience sur la D Me M, manomètre à mercure ig. 2. — Appareil à courant d'air Habau pour phare la transpiration dal: des feuilles développées à l'ombre et au solei , tube ouvert par où l’air pénètre dans l'appareil; B, flacon laveur à acide sulfurique ; U, tube en U contenant de la potasse T, tube en T dirigeant le courant d'air dans les deux séries ‘ parallèles d'appareils; C, C’, cloches aie te fermées où sont Sn les plantes; M, manomètre à me 5; 0, la plante dérelonpée à r ombre; S, la plante développée au soleil ; D, D’, tube par où sort l’air des ‘cloches: E, E”, flacons laveurs à acide sulfurique; T', tube en T, réunissant les AE courants d'air parallèles ; F, flacon laveur contenant de l’eau ; SP, aspirateur établissant le rat d'air. TRANSFORMATION DES CONES DE PINS SOUS L'INFLUENCE DES VAGUES Par M. William RUSSELL (1) - En certains points du littoral méditerranéen, particulière- ment dans les Alpes maritimes et en Corse, on rencontre fré- quemment dans les échancrures du rivage ou sur les plages, des Corps de forme ovoïde ressemblant assez bien à des pelotes d’étoupe grossière. Ces pelotes sont entièrement constituées par des fils brun clair à tel point enchevètrés et serrés les uns contre les autres, qu’elles peuvent résister sans se déformer à une forte compression. Les fils, très ténus, sont en général d'une faible longueur; les plus longs, en effet, n’alteignent guère plus _ de cinq ou six centimètres. Les habitants des côtes les consi- dèrent comme des fragments d'algues agglomérés sous l’in- fluence des vagues. IL est facile de s'assurer, en examinant un de ces fils au mi- crostope, qu'il ne présente nullement la structure d’une algue : il se montre constitué par un ensemble de longues cellules terminées en pointe à leurs extrémités et qui paraissent posséder de nombreuses ponctuations. Ces cellules, quand on les im- prègne de vert diode, prennent la coloration verte caractéris- tique des éléments lignifiés. On se trouve, par conséquent, en présence de débris de végétaux ligneux. (1) Ce Er. a us fait au Laboratoire de Botanique de la Sorbonne dirigé par M. Gaston Bon re + de Botanique. — IV. 35 546 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Or, les pelotes pouvant atteindre parfois de grandes dimen- sions, j'en ai vu de la grosseur d’un œuf d’Autruche (1), et étant toutes composées de matériaux semblables, il était difficile Fig. 68 à 10. — Cônes de Pins à différents degrés d'altération. — Les écailles ” cône ie É à ga Re 7 PA GTS détruites dans la portion “basilaire pr l'organe sont res ends vs modifica au met. z le cône figuré au milieu planche toutes les scies er persisté mais sont réduites à leurs faisce vasculaires nr tséparés les uns des autres, sauf à la base du côve. Dans cette région, les écailles das suite de la destruction seulement partielle des éléments pren se montrent sous forme de lames planes effilochées à leur extré- ce ts e de droite montre quel est le résultat ultime de la destruction des cô- nes. Leurs Late nts fibro-vasculaires après avoir été complètement dissociés, 528 Fm sous les fluts sous forme de paquets ovoïdes ressemblant à des pelotes upes d’ expliquer l’origine de ces épaves, sans avoir assisté à quelques" unes des phases de leur formation. _ Cette circonstance ne doit se Drenue que rarement, Cf, personne, à ma connaissance du moins, n'a décrit jusqu "ici, ces bizarres productions. Voici comment j'ai été amené à une solution. Au cours d’une herborisation à l’île Sainte-Marguerite (près pe inpiane que je dois à l'obligeance de M. Ernest Petit, provenait de l'ile e | (4 + ÿ 4 k . : HA î £ N° é TRANSFORMATION DES CONES DE PINS. 547 de Cannes), je suivais, sur la rive méridionale, un chemin tracé au milieu d'un bois de Pins qui s’avance presque où s'arrête le flot, lorsque mon attention fut attirée par un amas de ces pe- lotes énigmatiques, amas si considérable qu'il constituait une véritable levée autour d’une petite anse ombragée de grands Pins maritimes battus par les vagues. En examinant avec soin ce dépôt, je ne tardais pas à décou- vrir outre des pelotes sem blables à celles que j'ai signalées plus baut, des cônes de Pins, les uns non détériorés, les autres comme effilochés et passés à la carde. Parmi ces derniers, quelques-uns n'avaient éprouvé de modifications que dans leurs écailles qui étaient divisées en nombreux filaments encore adhérents à l'axe resté intact. Les pommes de Pins ainsi transformées avaient absolument l'apparence de ces gros pinceaux connus sous le nom de blaireaux. Dans d’autres échantillons, l'axe avait essuyé le mème sort que ses appendices et était réduit à son squelette ligneux auquel restaient encore fixés quelques fila- ments, derniers restes des écailles. J'ai été assez heureux pour trouver des écailles à des états divers d’altération, ce qui m’a permis de suivre en quelque sorte pas à pas, par l'étude anatomique, la marche de la destruc- tion. La voici en quelques mots : Au début, le parenchyme de l’écaille, bien qu'étant fortement lignifié, disparaît presque en entier et met à nu les faisceaux. Ceux-ci formés de trachées peu abondantes et d'une couche épaisse de fibres sont, à la base de l’écaille, réunis en un arc divisé par d’étroits rayons médullaires, tandis que vers le sommet, ils se séparent peu à peu les uns des autres et laissent entre eux des espaces de plus en plus grands occupés par du paren- chyme. Il en résulte, qu'après la disparition des parties paren- chymateuses, l’écaille se présente sous la forme d'une lame fibro vasculaire dentelée à son extrémité libre. Plus tard, les rayons médullaires sont à leur tour détruits et les FASÇaUx devenus libres flottent sous forme de filaments qui restent Quelque temps encore en relation avec l'axe ; finalement ils se 548 - REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. dissocient en grande partie, ainsi que l’axe lui-même, et vont voguer au gré des flots pour se réunir à nouveau avec d’autres débris de mème origine. Maintenant qu'est-ce qui détermine cette espèce de rouissage éprouvé par les diverses parlies des pommes de Pins? Selon moi deux explications me semblent possibles : on peut admettre que la mise à nu et la séparation des faisceaux fibro- vasculaires sont déterminées par l'incessant frottement des parti- cules sableuses sur les cônes tombés à la mer ou bien qu’elles sont dues à quelque microorganisme, qui détruit les parties pa- renchymateuses et respecte les éléments plus résistants tels que les vaisseaux et les fibres. Quoi qu’il en soit on peut admettre comme conclusion : Que les cônes de Pins, tombés dans la mer, éprouvent une sorte de trituration qui entraîne la dissociation de leurs éléments fibro-vasculaires, et que ceux-ci se réunissent de nouveau en paquels parfois volumineux qui sous l'influence des mouvements oscillatoires déterminés par lejeu des vagues prennent une forme ovoide caractéristique. RECHERCHES SUR LA MOLE MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE Par MM. J. COSTANTIN et L. DUFOUR (rh). CHAPITRE Il Extension de la maladie dans les carriéreés. 1° Importance de la maladie, — Nous nous sommes livrés à une enquête assez étendue afin d’avoir une idée de l’importance de la maladie, et les réponses qui nous ont été faites de côtés différents sur cette question ont été assez concordantes entre elles. Elles nous conduisent à penser que dans un grand nombre de carrières et dans les conditions les plus ordinaires de culture, le rapport des individus malades aux individus sains est d’envi- ron de 1/10. Dans certains cas moins fréquents, cette propor- tion peut s'élever jusqu’à 1/4. Bien plus, il peut arriver que la maladie prenne une extension beaucoup plus grande : certains jours le poids des individus atteints de la môle est de beaucoup Supérieur à celui des individus normaux. Un champignonniste a raconté à l’un de nous qu'il avait récollé dans une carrière assez peu étendue en une seule journée jusqu'à quarante-huit paniers (1) de môles ; le nombre des individus sains était ce jour-là extrèmement faible. Dans ces conditions, la maladie (1) Le poids de champignons contenus dans un panier varie entre 12 et 15 kilo- &ramines, La récolte des môles pouvait donc étre évaluée approximativement, en Prenant une moyenne, à environ 400 kilogramme 330 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. devient une véritable calamité et peut amener la ruine de l'in- dustriel. D’après les renseignements que nous a fournis M. Loubrieu, inspecteur des Halles, il arrive chaque jour sur ce marché de 800 à 900 paniers de champignons de 12 à 15 kilogrammes chaque ; il s'y vend donc journellement environ 12,000 kilo- grammes d’Agarics destinés soit à la consommation immédiate, soit à la fabrication de conserves réservées à l'exportation. Les champignonnistes qui apportent leurs produits aux Halles cen- trales sont ceux des environs immédiats de Paris, cependant quelques industriels des environs de Pontoise et de Beauvais sont compris dans cette catégorie. Les chiffres mentionnés plus haut ne correspondent certainement pas à la production com- plète de toutes les carrières de la région précédente, car beau- coup de champignonnistes expédient et vendent directement leur récolte ou fabriquent eux-mêmes leurs conserves. Aussi M. Lachaume (1) évalue-t-il la production journalière du cham- pignon dans les environs de Paris à 23,000 kilogrammes. En admettant ce dernier chiffre, et en tenant compte du prix moyen de 1 fr. 50 le kilogramme, on voit que la valeur annuelle de la production est d'environ 13 millions de francs. Si nous supposons que le poids de môles est égal au 1/10 de la récolte, ce qui est plutôt un minimum d'après ce que nous avons dit, nous arrivons à conclure que la perte annuelle dans les environs de Paris dépasse un million. 2° Distribution des môles sur les meules. — Quand on parcourt une carrière où sévit la maladie d’une manière peu intense, on est : ‘ : F très frappé del VAT DOUÉ 4 , 7-4 si Faite E MAN LUE CoLOUT rirréqulière pig C'est de-ci de-là du'apharsisent les individus atteints ; ici uné petite touffe d'échantillons déformés, à quelques mètres plus loin une autre, et cela sans qu’on puisse 4 priori observer de règle. C'est là, disons-nous, ce que l’on observe le plus fréquemment ; mais souvent, dans les cas de grande épidémie, la maladie peut (1) Lachaume : Le champignon dé couche, culture bourgeoise et commerciale. l'affection précédente était peu redoutable quand on cultiv . observe d’ailleurs sur logues sur l'Amanita r MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. 551 s'étendre et envahir par exemple tout un fond de carrière, Ce sont alors les échantillons sains qui sont isolés au milieu des champignons malades. Comme nous l'avons dit précédemment, on est dans ce cas averti à une assez grande distance de l'ex- tension du mal par une odeur âcre qui prend à la gorge. L'époque d'apparition des champignons attaqués sur les meu- les est variable. Ils se montrent quelquefois tout à fait au début de la culture; c’est un symptôme très inquiétant, car on peut alors redouter que la maladie ne devienne extrêmement grave. En général, c’est vers le milieu de la période de rendement d'une meule que le développement de la maladie arrive à son maxi- mum : le mal s’atténue en même temps que la force productricé de la meule s’amoindrit. 3 Culture à l'air. Carrières neuves. — Nous avons, à plusieurs reprises, entendu des champignonnisies dire qu'il ne se déve- loppait pas de môles quand on cultivait le champignon à l'air. Nous croyons qu'il n’y avait là que l'exagération d’un fait vrai : c'est qu'il y a peu de cas de maladie dans ces conditions culturales. : | Les remarques que nous avons faites d paraissent s’accorder avec celle manière de voir. Tournefort sur la maladie d’une part, et l'antiquité du mot môle d'autre part,ne peuvent se concilier qu'en admettant que ait ans l'introduction Le silence de le champignon dans les jardins. _ Rien ne paraît devoir s'opposer a priori au développement du parasite dans les cultures à l’air. Les petites épidémies que l'on un certain nombre d'espèces poussant confirment cette opinion. asion du Mycogone n observer d’ana- Spontanément dans la nature M.Cornu (1) a signalé autrefois une pareille inv rosea sur l'Amanita prætoria ; nous avons pu e ubescens et l'Inocybe Trini. Très commu- nement aussi on rencontre des Bolets dont le pied est couvert par le Sepedonium chrysospermum. (1) Loc. cit. 552 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Une part importante de la maladie doit être cependant attri- buée aux carrières dans lesquelles depuis le commencement du siècle on cultive le champignon de couche. Ce qui nous paraît le prouver, ce sont les précautions minutieuses de propreté que les champignonnistes ont été amenés à prendre peu à peu depuis qu'ils font leurs meules en des souterrains. L'opinion qu'ils professent sur les carrières neuves nous semble également con- firmer cette manière de voir. Nous avons entendu, en effet, répéter à beaucoup de praticiens qu'il n’y avait pas de môles dans les carrières neuves. C’est là un fait que nous n’avons pas encore eu l’occasion de vérifier par nous-mêmes et sur lequel nous publierons peut-être prochai- nement des observations (1), mais il nous paraît mériter con- sidération. Une affirmation même nous a paru en particulier digne d’être notée ; c’est celle d’un ouvrier français qui a cul- tivé pendant cinq années des champignons en Angleterre, à Bradford, sans constater la présence des môles sur les meules; les carrières exploitées étaient neuves au début, on n’y avait jamais cultivé de champignon, elles étaient il est vrai froi- des et nous allons voir que c’est là une condition favorable pour la bonne santé de l'Agarie. Le fait précédent est d'autant plus remarquable que le blanc était régulièrement expédié de Paris. Y a-t-il lieu d'espérer d’après cela que l’on parviendra à sup- primer entièrement le mal en assainissant les caves? Cela ne nous paraît pas vraisemblable, puisque le parasite peut exister en dehors des carrières. Si cependant on réduisait les causes de contamination, on diminuerait par cela même les cas d'épi- démies graves et ce ne serait pas un médiocre résultat. Depuis longtemps déjà, les champignonnistes ont la notion très exacte de la nécessité de nettoyer leurs carrières; ils prennent des pré- cautions tout à fait curieuses, minutieuses et quelquefois puériles comme devant un ennemi invisible et inconnu. Nous verrons (1) Depuis l'époque où ces lignes ont été écrites, l’un de nous a publié des résul- tats sur ce point : Costantin, De la culture dans les carrières neuves (Bull. de la SOC. Mycol., 1892). MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. 533 si les procédés qu'ils emploient sont efficaces et suffisants. L° Conditions physiques de développement du mal : tempéra- ture et étouffement. — Deux conditions physiques nous parais- sent intervenir d’une manière prépondérante dans le dévelop- pement du parasite ; la température du milieu ambiant et le renouvellement de l'air. Nous avons constaté à maintes reprises dans nos cultures sur milieux stérilisés qu'aux environs de 10° le développement des Mycogone et des Verticillium est beaucoup plus lent qu'à une température plus élevée de 15°, 20° et 30°. — Ceci est d’ailleurs confirmé par cette remarque que la môle est peu redoutable dans les carrières froides. Les industriels qui cultivent le cham- pignon à basse température récoltent d’une manière moins pré- cipitée le Psalliota, mais ils ont moins à redouter le parasite qui l'attaque. Ceux qui, pour avoir une récolte plus abondante et plus précoce, échauffent leur carrière par exemple en rentrant du fumier dans les parties laissées libres par la culture, sont exposés à de graves mécomptes quand la maladie fait son appa- rition. Aussi beaucoup préfèrent conserver la température basse de leur carrière, ils peuvent ainsi cultiver à une température presque invariable pendant toute l'année. Cette constance de la chaleur a été une des conditions les plus avantageuses découlant de la culture en des souterrains. L'utilisation des carrières à donc contribué puissamment à activer la production du champi- gnon de couche. Dans l'air confiné, la maladie est beaucoup plus redoutable que dans l’air renouvelé. Une expérience très simple montre ce fait. On place un premier lot de champignons jeunes malades sous cloches et un second lot en dehors. Au bout de deux jours on observe une différence frappante entre les individus de ces deux lots. Les premiers ont le chapeau, le pied et les feuillets couverts de filaments blancs qui n'étaient pas visibles précédem- meni, les seconds ont conservé leur aspect primitif. On conçoit, d’après cela, que la fermeture d’une bouche d'air puisse axoir, dans certains cas, des conséquences néfastes et que la môle puisse en vingt-quatre heures prendre un caractère épidémique 55k REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. et envahir tout un carré, ainsi que nous avons eu l’occasion dé le constater. | 5° Propagation de la maladie. — Parmi les agents qui nous paraissent jouer un rôle important dans la propagation de la maladie, nous devons signaler les courants d’air qui existent dans les carrières, les insectes qui y pullulent et les ouvriers qui y travaillent dont les mains et les vêtements sont constam- ment chargés des spores parasites. Il est des pratiques culturales qui doivent également beaucoup contribuer à l’extension du mal. Les ouvriers chargés de la récolte déposent d'ordinaire les échantillons malades dans les sentiers qui existent entre les meules ; ils y restent un temps plus ou moins long et ils y laissent évidemment les spores du Verticillium. Une autre habitude également déplorable est celle qui con- siste à laisser les môles sur les meules quand elles deviennent trop nombreuses, Les champignonnistes considèrent, dans ce cas, que l’enlèvement des individus atteints par le mal est une perte de temps et d'argent. Enfin, pour économiser la main-d'œuvre, dans un grand nombre de carrières, surtout celles où il faut descendre par une échelle, on laisse la terre qui a servi à couvrir les meules ainsi que les vieilles môles dans les coins de la carrière. Elles devien- nent évidemment dans la suite des foyers d'infection, aussi les champignonnistes ont-ils souvent l'occasion de remarquer que la môle se développe beaucoup dans le voisinage des points où se trouvent ce qu'ils appellent les dégobtures (la terre à gobter ou à gopter est celle qui recouvre les meules). 6° Remèdes employés pur les champignonnistes. — À propre- ment parler nous n'avons entendu parler d'aucun remède direct employé par les champignonnistes contre la môle, sauf peut-être le sciage des parties de meules trop attaquées ou leur refroidis- sement à l’aide de trous de sonde que l’on remplit d’eau. Mais s’il n’y a point de méthodes pour attaquer le mal directe- ment, deux pratiques culturales peuvent d’une manière indi- recle contribuer à enrayer son développement, ce sont: MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. | 555. 1° Le nettoyage des carrières ; 2° Les interruptions de culture. 4° La plupart des champignonnisles se contentent de nettoyer après chaque culture les carrières aussi complètement que pos- sible : ils enlèvent soigneusement tous les débris de fumier et ils grattent le sol. C’est cerlainement grâce à ces précautions que la culture peut donner de bons résultats, mais on conçoit combien ces procédés sont primitifs pour se débarrasser d’un parasite microscopique. Quelques industriels, en très petit nombre, emploient l’eau de chaux pour nettoyer le sol et les murs jusqu’à la hauteur des meules. D'après les témoignages que nous avons recueillis, les résultats obtenus par cette méthode ne sont pas concordants: selon les uns ils seraient bons, selon les autres insuffisants. 2° ‘interruption de la culture dans une carrière est un pro- cédé assez communément usité pour rendre la culture plus facile, On conçoit que dans les régions où le prix de location des caves est élevé, on ne se résigne pas à employer cette méthode sans répugnance ; on les laisse reposer six mois, le moins long- temps possible. A une certaine distance de Paris, on n'hésite pas à laisser, après une culture, une carrière abandonnée pendant trois ans. | On ne peut guère comprendre l'utilité de ce repos des car- rières qu’en admettant que les spores du parasite se dessèchent et se détruisent pendant ce temps; il n’est pas possible de com- parer l’abandon d’une cave à la mise en friche d'un champ: lé sol nourricier du champignon, ce n’est pas le plancher de la carrière, mais le fumier, ‘et on renouvelle ce dernier après chaque culture. Nous nous sommes demandé si l’on ne pourrait pas Lis 2 primer cette période de repos. Si l'on y parvenait sans nuire à la culture on la rendrait par cela même plus intensive. Nous publierons prochainement dans ce mème recueil les résultats de nos expériences sur cette question, dans un chapitre complé- 556 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. mentaire au présent mémoire concernant l’action des antisepti- ques sur le parasite produisant la môle. EXPLICATION DES PLANCHES Planche 16. . Fig. 4 et 2. — Aspect d’un champignon sain. Fig. 3. — Section longitudinale d’un champignon sain. : Fig. 4. — Individu atteint de la môle, forme commune. Fig. 5. — Section longitudinale de l'individu précédent. Fig. 6, 7 et 8. — Divers aspects des individus attaqués. Fig. 9 et 10, — Échantillons très jeunes et sains. Fig. 11, 12 eL13. — Champignons très jeunes et malades. (Tous ces des- sins sont réduits de 1/3.) Planche 1'77. Fig. 14. — Individu malade de la forme commune, non encore élalé. Fig. 15, 16 et 17. — Individus de la deuxième forme (sclérodermique), à chapeau réduit, à feuillets rudimentaires, à pied renflé. Ils sont couverts d Verticillium à petites spores. ig. 18. — Individu gigantesque se rattachant également à la deuxième forme. Fig. 19. — Échantillon de la forme sclérodermique déjà plus caractérisé par l’atrophie du chapeau. Fig. 20. — Échantillon analogue au précédent dans lequel deux individus se sont soudés. Fig. 21. — Section longitudinale d’un individu typique de la forme scléro- dermique, Fig. 22. — Aspect d'un individu typique de la forme sclérodermique. Fig. 23. — Échantillon exceptionnel de la forme sclérodermique qui était couvert sur une partie de sa surface de Verticillium à petites spores el Sur l’autre de Mycogone. Planche 18. Fig. 24, 25 et 26. — Divers aspects du Verticillium à grandes spores; 5 spores. Fig. 27 à 33. — Divers aspects des Mycogone anormaux. Les figures 30 et 33 montrent des Mycogone tricellulaires. Les figures 27, 28, 29 el.33 repré- sentent des Mycogone dont la cellule terminale n’est pas sphérique. : Fig. 34 et 35. — Filaments incolores dressés qui recouvrent un champi- gnon malade de la forme commune, au bout d’un séjour de vingt-quatre heures sous cloche. MALADIE DU CHAMPIGNON DE COUCHE. 887 36. — Chancre. La partie des feuillets non teintée est couverte d’une uissure blanche formée de Verticillium à grandes spores et de Mycogone. Planche 19. Fig. 37 et 38.—Chancre. Autre aspec tde ‘dé és sous le nom de « chancre ». La forme du chapeau de l'individu représenté aps 37 pré- sentait des Mycogone, celui qui a été dessiné figure 38 n'offrait que des Verticillium à petites spores. Dans ces deux cas, les moisissures n’existaient au début que sur le haut du chapeau. Fig. 39 et 40. — Mycogone normal; figure 39, jeune. Fig. 41. — Section d’un feuillet d’un champignon atleint par la môle, forme commune ; — b, basides encore stériles de l’Agaric; p, mycelium du parasite ; p’, filaments stériles du parasite qui sortent des feuillets; fs, filaments sporifères de Verticillium à grandes spores; s, l'une de ces spores. Fig. 42 et 45. — Divers aspects du Verticillium à petites spores et à fila- - ments grêles; s, spores groupées en Lête el Lombées; £, tête sporifère encore en place Fig. 16 et 47. — Régions isolées observées dans la même préparation que la figure #1. — Fig. 46. Hymenium de l'Agaric entre les cellules duquel s ’ob- serve un filament du parasite. — Fig. 47. Un de ces filaments mycéliens du parasite ; la partie horizontale était parallèle à l’'hymenium; le filament se redressait pour se diriger vers l'hymenium. s RECHERCHES SUR LA -RESPIRATION ET L'ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES Par M. E. AUBERT (Fin). CONCLUSIONS GÉNÉRALES DE L'ÉTUDE SUR LA RESPIRATION ET L’ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES A LA LUMIÉRE. Les plantes ordinaires, exposées à la lumière, puisent en gé- néral dans l'air libre l’acide carbonique qu'elles décomposent par leurs parties vertes, dégagent de l'oxygène et fixent le car- bone dans leurs tissus, même lorsque la radiation est d'assez fai- ble intensité. L’assimilation l'emporte presque toujours sur la respiration qui à lieu même à la lumière et qui détermine des échanges gazeux inverses (absorption d'oxygène et dégagement d'acide carbonique). Cependant, quand la température est assez élevée, la respiration prédomine sur l'assimilation et, comme phéno- nomène résultant, on constate l'absorption d'oxygène et le déga- gement d'acide carbonique. Les plantes grasses se comportent dans certains cas comme les plantes ordinaires. Toutefois elles présentent des particula- rilés intéressantes. 1° M. Mayer a trouvé que certaines Crassulacées, exposées à la lumière, dégagent de l'oxygène dans une atmosphère dé- pourvue d’acide carbonique. Eu étudiant de plus près ce phénomène, j'ai reconnu qu'il est applicable à toutes Jes plantes grasses, dans les conditions sui- vantes: RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 559 Les plantes grasses dégagent de l'oxygène à la lumière, en l'ab- sence d'acide carbonique dans l'air extérieur : À basse température par une lumière diffuse faible ; A une temperature moyenne par une lumière diffuse vive ; A une température élevée par un soleil très vif. 2° MM. Bonnier et Mangin, d'accord avec les physiologistes qui les ont précédés, ont fail entrevoir qu’une plante peut, #ran- sitoirement, vers le début et la fin du jour, absorber à la fois de l'oxygène et de l'acide carbonique, ou dégager simultané- ment ces deux gaz. J'ai trouvé, dans de nombreuses expé- riences que : Le dégagement simultané M ee et d'acide carbonique est un phénomène très fréquent chez les plantes grasses. Ce phénomène s’accomplit : Quand la température est voisine de celle des régions équato- riales et les plantes exposées à une lumière de moyenne intensité; Quand la température est peu élevée, mais la lumière très faible. Lorsqu'on isole les échanges gazeux se rapportant à l’assimi- lation chlorophyllienne seule, on reconnaît que : Pour toutes les plantes, charnues ou non : À. L'intensité de l'assimilation croît avec la température dans des conditions d’éclairement identiques ; 2, L'intensité de l'assimilation diminue avec l'âge de la plante, à égalité de température et d'éclairement ; 3. À égalité de température et d'éclairement, et pour une même Phase de la période végétative, les échanges gazeux dus à l'assi- milation sont d'autant plus considérables que les plantes sont _ Moins charnues. Quant au rapport — a de l'oxygène dégagé à l'acide carbonique absorbé par l’action chlorophyllienne, 27 est supé- rieur à l'unité pour tous les végétaux. . Q 0 » Très voisin de 1 pour les plantes ordinaires, le rapport & sen éloigne d'autant plus, pour les plantes grasses, que celles-ci sont 560 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. plus charnues, qu’il s'agisse de diverses espèces, ou bien d’une même espèce aux différentes phases de son développement. Remarque. — Les courbes représentatives du phénomène respiratoire (fig. 67, p. 384) peuvent être adoptées pour traduire graphiquement le phénomène assimilateur dans la série végétale, 60*: : Q $ en changeant sur la figure D 25€ et les mots « oxygène ab- sorbé » en oxygène dégagé, « et acide carbonique dégagé » en acide carbonique absorbé. Ainsi, les plantes très charnues n’assimilent que peu de car- bone à la lumière et y dégagent une grande quantité d'oxygène provenant de la décomposition des acides organiques formés pendant la nuit. CONSIDÉRATIONS SUR LA RÉPARTITION ET LE MODE D'EXISTENCE DES PLANTES GRASSES À LA SURFACE DU GLOBE, TIRÉES DE LA CONNAIS- SANCE DES RECHERCHES PRÉCÉDENTES. Th. de Saussure (1), à la suite de ses observations sur les plantes grasses, écrivait : « Les feuilles des plantes grasses consomment, à l'obscurité, moins d'oxygène que la plupart des autres feuilles ; elles le re- tiennent davantage : d’où elles dégagent moims d'acide car- bonique. « Une plante grasse, dégageant ainsi une faible quantité d'a- cide carbonique à l'obscurité, ne perd qu'une petite quantité de carbone. Les plantes grasses peuvent donc supporter plus longtémps la disette de cet aliment que les plantes ordinaires. Leurs racines ne jouent qu’un faible rôle dans leur végétation. Ainsi s'explique leur station sur le sable, l'argile, sur un sol stérile, etc. Comme elles consument moins d'oxygène, elles peu- vent vivre dans une atmosphère raréfiée : aussi constate-t-on la présence d’un grand nombre de Sedum, de Sempervivum, de Saxifrages, sur les montagnes. » Les délicates observations de l’illustre savant concernent sur- tout les plantes grasses acclimatées dans les régions tempérées, jusqu’au voisinage des zones glaciales. Lemaire (2), en parlant des Cactées, montre ces plantes ré- parties, en Amérique, sur une vasle étendue de part et d'autre de l'équateur, habitant sur les côtes, se répandant à profusion dans les plaines, pénétrant mème sur les montagnes et parfois, mais très rarement d'ailleurs, sur les Andes jusque près des neiges persistantes. Ces végétaux, atteignant de vastes dimen- sions dans les plaines, sont au contraire rabougris aux alti- (1) Th. de Saussure : Recherches physiques sur la végétation. Paris, 1804. (2?) Ch. Lemaire : Les Cactées. Paris, 1868. D Rev. gén. de Botanique. — à à 36 562 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. tudes élevées où ils revètent une épaisse fourrure. Les di- mensions restreintes que présentent les Cactées à une haute altitude, se manifestent de mème quand elles pénètrent dans les régions tempérées. Grisebach (1) fait remarquer qu’en Amérique, patrie des Cactées, c'est sur les terrains secs exposés au soleil que cette famille développe la plus grande variété de structure. Trans- portées en Espagne dès la conquête du Mexique, les Caclées s'y sont rapidement acclimatées et ont pris une extension considé- rable dans tout le domaine méditerranéen. Ni Lemaire, ni Grisebach n'ont tenté d’expliquer la distri- bution des Cactées et autres espèces grasses sur le globe. Les observations de Th. de Saussure, au sujet des plantes grasses de nos pays, m'ont suggéré quelquesréflexions ayant trait aux relalions entre la structure des plantes grasses, en général, et leur milieu de développement normal. Les plantes grasses à épiderme mince résident dans les ré- gion tempérées : Crassulacées. Les végétaux charnus pourvus d’un épiderme fortement cu- tinisé habitent les régions tropicales : Cactées. Lise Telles sont les remarques générales faites jusqu'à ce jour. Ne peut-on, par des considérations physiologiques, trouver ju raison de cette répartition ? Les plantes grasses ont à Æutter contre la transpiration (sur ” tout dans les régions tropicales) et à #irer Le meilleur parti pos sible de la lumière, qui-es pénètre plus difficilement que Les un ordinaires, leurs tissus étant plus épais. 1° Lutte contre la transpiration. — Les Sedum, Sempervivum: Crassula de nos contrées possèdent des feuilles charnues, Ce sont les feuilles qui, chez ces végétaux, présentent le plus grand développement et la carnosité la plus prononcée. Cette Carnosité, ainsi que l'ont établi mes recherches, est, sinon dé- (1) Grisebach : La végétation du globe, t.1, p. 437. RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 563 terminée, tout au moins favorisée par la présence d’acides organiques qui, relenant l’eau et diminuant la transpiration des organes, en provoquent la turgescence. Chez les Cactées tropicales, ce ne sont pas les feuilles, mais les tiges dont la structure est pareachymateuse. Les feuilles s’y dé- -veloppent, il est vrai, et leur production est accompagnée de Papparition de poils et de piquants plus ou moins abondants à leurs points d'insertion. Mais ces feuilles, cylindriques ou cylin- -dro-coniques, n’atteignent en général que quelques millimètres de longueur, se dessèchent et tombent, n'ayant rempli pendant leur éphémère existence qu’un rôle très secondaire. Leur trans- piration trop active eût gêné le développement de la plante : celle-ci s'en débarrasse. Mais par quels moyens les Cactées luttent-elles contre la tempé- -rature élevée de l'air extérieur dans leur pays d’origine ? Com- meut ne perdent-elles pas rapidement l’eau qui imprègne leurs tissus ? Elles le pourraient de deux manières : soit en absorbant en grande quantité la sève par leurs racines, soit en perdant peu de vapeur d’eau par la transpiration. Or les racines des Cactées plongent généralement dans un sol à peu près sec, aride, n'y puisant que peu pour une pareille lutte. La transpiration est au contraire faible, grâce à l’épais- -8eur considérable des tissus et la forme sphérique ou cylindrique que présente la plante dont la surface est à peu près minimum pour un volume donné. En outre, le duvet plus ou moins fourni -qui revêt les Cactées, une cuticule épidermique très épaisse, une formation lrypodermique spéciale, des stomates peu nom- breux, un faible développement de la chlorophylle localisée dans le tissu superficiel, réduisant la chlorovaporisation, s'oppo- -Sent à une perte d’eau importante. Ce ne sont pas, malgré tout, les moyens les plus efficaces -employés par les Cactées pour lutter avec avantage contre la transpiration. Ces plantes possèdent peu d'acides organiques; - mais il faut remarquer qu'elles sécrètent des principes qu'on _né rencontre pas chez les végétaux charnus des régions tempé- rées, à savoir des gommes abondantes, amassées dans des la- 564 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. cunes et des canaux nombreux qui aboutissent dans la région hypodermique. Les gommes absorbent et retiennent fist ment l’eau. Ainsi, malgré le hésstiitage de leurs stations, les Cactées sont nan arnione armées pour la lutte contre les ardeurs du soleil. Il n’en est pas de même pour les Crassulacées dans nos ré- gions, lorsque ces plantes ont à subir les fortes chaleurs de l'été. À cette époque, les Crassulacées perdent souvent leurs tiges aériennes et leurs feuilles et se réduisent à des rhizomes cou- rant à une profondeur variable dans la terre. La destruction de leurs acides organiques (acide malique) à 35 ou 40° entraîne ‘une diminution de leur turgescence, suivie plus ou moins ra- pidement d’une dessiccation des organes les plus exposés. Les Crassulacées qui vivent depuis longtemps dans les pays “chauds ont conformé les diverses phases de leur période végéta- tive aux conditions du milieu dans lequel elles vivent. Puisque leurs parties aériennes disparaissent en général au plus fort de l'été, ces plantes fleurissent et fructifient avant la saison sèche, assurant ainsi leur reproduction par graines. | M. Trabut a bien voulu me fournir à ce sujet, pour les ct: tds d'Algérie et leur mode d’existence, de précieux rensei- -gnements dont ; je tiens à le remercier ici. .Les Crassulacées annuelles de l'Algérie fleurissent et fructi- | ‘fient surtout au mois de mai et meurent ensuite. Les espè- ces vivaces habitent plutôt les montagnes et fleurissent d° autant plus tard qu'on les rencontre à une altitude plus élevée. Quel- “ques-unes de ces espèces forment des réserves dans des souches tubéreuses qui produiront ultérieurement des sujets aériens - Chargés de la reproduction. En hiver, les Crassulacées résistent aux froids grâce à la fai- ble longueur des tiges aériennes et de leurs entre-nœuds; les feuilles, pressées les unes sur les autres, se préservent mutuel- lement contre Île rayonnement. Dans les rosettes comme celles des Joubarbes, les feuilles les plus extérieures recouvrent com- plètement les autres, se dessèchent parfois et forment un revète- - ment protecteur pour la partie centrale de la rosette, | : RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 365 ‘ Au printemps, dès les premiers beaux jours, les rosettes s'épanouissent et donnent souvent lieu à des tiges florales char- gées de la reproduction, en même temps que des stolons nom- breux, émanant de l’aisselle des feuilles, viennent s'appliquer sur le sol et donner naissance à de nouvelles roseltes. La multiplication des Crassulacées est donc assurée à la fois par graines et par marcottes. Chez les Cactées, la multiplication par graines est rare ; c’est surtout par bouture que ces plantes se propagent. Des raquettes se détachant tombent sur le sol, y peuvent rester plusieurs mois sans autre modification qu’une perte d’eau. A l’époque des pluies, elles absorbent de l’eau, poussent des racines adventives en un point quelconque de leur surface (principalement à la cicatrice de base et aux points d'insertion des feuilles) et don- nent une plante nouvelle. 2° Utilisation de la lumière. — La croissance des plantes _ grasses est lente, surtout chez les plus charnues. Les Crassu- lacées peuvent prospérer dans nos contrées grâce au peu d'épais- seur de leur épiderme qui se laisse bein pénétrer par la lumière diffuse. Les échanges gazeux des représentants les moins charnus de cette famille sont assez comparables, comme intensité, dans nos pays, à ceux des plantes ordinaires, et la croissance de ces plantes est loin d’être négligeable, surtout dans un milieu humide. Il n’en est pas ainsi des plantes très charnues, telles que la plupart des Cactées, dont la respiration est moins active et l'assimilation plus faible s.que celles des végé- taux ordinaires. Les plantes grasses, qui mettent en réserve de l'oxygène sous la forme d'acides organiques pendant la nuit, en dégagent la plus grande partie sous l'influence des radiations calorifiques et ; ue agissant simultanément. Ce dégagement d'oxygène _ a pour effet de drainer l'acide carbonique produit par la respi- ration du parenchyme profond dans les lacunes duquel il ne _ Peut s’accumuler, _ L'acide carbonique, émis en quanlité assez faible, par la res- 566 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. piration des Cactées, est totalement décomposé sous l'influence d’une lumière très vive, par le parenchyme superficiel, le seul chlorophyllien. Les Cactées peuvent même dans ce cas, puiser de l'acide carbonique dans l'air extérieur, et décomposer ce gaz bien que leur surface de contact avec l'atmosphère soit restreinte et qu’elles soient souvent pourvues de piquants et d’un duvet qui constituent autant d'obstacles à leurs échanges gazeux. Mais si l'intensité lumineuse est trop faible, les végétaux charnus dé- gagent souvent à la fois de l'oxygène et de l'acide carbonique, et par suite dépérissent. Nous comprenons ainsi pourquoi les Cactées se sont acclima- tées dans la zone équatoriale où la lumière est assez intense pour provoquer, même à travers leur épaisse cuticule, une assimi- lation réelle dans les couches superficielles de leur parenchyme. 3° Influence de l'humidité sur la croissance des plantes grasses. — Étant donnée la faible proportion de substance sèche que renferment les plantes grasses, ces végétaux peuvent atteindre de grandes dimensions sans avoir besoin d’assimiler beaucoup de carbone, pourvu qu'ils aient de l’eau en quantité suffisante à leur disposition. Si dans les terrains secs, exposés au vif soleil dans les pays chauds, on rencontre beaucoup d'espèces char- nues, et surtout des Cactées, c’est parce que seules elles sont capables de lutter avec succès contre la transpiration ; mas alors elles souffrent malgré tout dans leur développement. Au contraire, elles manifesteront une surprenante activité vitale quand on les exposera, à une vive lumière, dans un milieu humide sans stagnation des eaux. En quelques jours, une ra quette produira de beaux et nombreux rejetons. J'ai obtenu | semblables résultats à la Sorbonne pendant l'été de 1891 ou, sous l'influence d’une température de 20 à 35, l'atmosphère ayant été maintenue humide sans saturation, de grandes ra- quetles d'Opuntia divers, des Phyllocactus et des Pereskia se sont admirablement développés et multipliés. Dans l'espace de 15 à 20 jours, de grands Opuntia robusta et maxzima ont pro duit des raquettes pesant de 120 à 150 grammes. è RESPIRATION ET ASSIMILATION DES PLANTES GRASSES. 007. Quoi qu’on en ait pu dire, l'humidité non exagérée n’est pas nuisible aux Cactées, car dans l'atmosphère elle augmente la perméabilité de leur épiderme dont elle empêche la dessiccation, et dans le so/ bien aéré elle favorise le développement des racines qui y prennent d'énormes proportions. La turgescence de ces organes est surprenante dans de telles conditions : quand on vient à les blesser, il s’en écoule une sève que les voyageurs des pays chauds ont souvent appréciée et utilisée pour étancher leur soif. En résumé, les plantes grasses occupent, sur la surface du globe, des régions de conditions climatériques excessivement variées. Elles ont subi, dans leur répartition, une véritable sé- lection déterminée par leur forme générale, leur structure anatomique et leurs propriétés physiologiques. Dans la plu- part des cas, elles luttent avec avantage contre la sécheresse par la réduction de leur surface, leur forme affaissée et la produc- tion soit de gommes, soit d'acides organiques qui provoquent et entretiennent leur turgescence. La lumière les pénétrant plus difficilement, en raison de leur carnosité, les plus épaisses _se sont acclimatées dans les régions tropicales où elles peuvent recevoir à peu près verticalement les rayons du soleil; les autres ont élu domicile dans les zones tempérées et s'élèvent même dans des régions de haute altitude où, l'atmosphère devenant plus pure, plus transparente, la lumière est assez intense pour favoriser l'assimilation chlorophyllienne. En terminant l'exposé de mes recherches sur les plantes grasses, je suis heureux de témoigner à mon cher Maitre, M. Gaston Bonnier, Professeur de Botanique à la Sorbonne, ma reconnaissance la plus profonde pour la large hospitalité qu’il m'a accordée dans son laboratoire de Physiologie végétale, pour sa bienveillante direction et les conseils qu’il m'a prodiguës au cours de mes travaux. 568 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. EXPLICATION DE LA PLANCHE 8. Appareil pour étudier les échanges gazeux des plantes grusses. Cet appareil a été employé pour suivre les modifications qu’éprouve l'air confiné dans l’éprouvette A, de la part d'une raquette de Cactée exposée à Ja lumière. A, Éprouvette plate à pied contenant la raquette en expérience. Celle éprouvette est fermée par un bouchon de liège B, surmonté d'une couche de mastic Golaz fondu ; au-dessus du mastic est ane couche de mercure. Le bouchon B est traversé par les tiges des thermomètres T et T’ et par les extrémités de trois tubes M’, L et D’. ©: T, Thermomètre dont le réservoir plonge dans l'air de l’éprouvette. T', thermomètre sensible au 35 de degré, dont le réservoir s'enfonce profon- dément dans la raquette. M, manomètre à mercure. D’D D” tube capillaire pouvant faire communiquer l’éprouvette A par l'intermédiaire du robinet à trois voies R, soit avec l'air extérieur en D" D’, soit avec un appareil EF qui sert à brasser le gaz confiné en A. LK, Tube capillaire avec robinet r, faisant communiquer l’éprouvette À avec l’appareil à prises IH G. . L'appareil [HG se compose d’une ampoule de verre H, pleine de mercure, communiquant : Par le tube coudé et capillaire KL (à robinet r) avec l’éprouvette À; Par le tube droit O (à robinet r’) avec la cuvette à mercure G; - Par un tube droit inférieur et un caoutchouc épais, avec le réservoir mobile I à mercure. Cet appareil permet de puiser en A une très faible quantité de gaz qu'on recueille en O dans un petit tube plein de mercure et reposant sur la cu- vette G. :$, Support de l'appareil à prises de gaz. P, P', tubes de caoutchouc ame- nant un fort courant d'eau sur l’éprouvette A pendant l’expérience. REVUE DES TRAVAUX SUR LA CLASSIFICATION ET LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DES PLANTES YASCULAIRES DE LA FRANCE PUBLIÉS EN 1888 ET 1889 (Fin). 12° Région médilerranéenne. La flore des environs de Carcassonne, tout en possédant un grand nom- bre d’espèces franchement méditerranéennes, compte également beaucoup d'éléments appartenant à la flore du sud-ouest. La chose est facile à com- prendre vu la situation de Carcassonne aux confins de la région méditer- ranéenne, dans la dépression intermédiaire entre les Corbières et la Mon- tagne Noire, par laquelle le canal du Midi fait communiquer le bassin de Ja Garonne avec celui de la Méditerranée. M. Baicnère (1) a dressé la stalis- tique de la flore de Carcassonne ; elle comprend environ 800 espèces phané- rogames. En parcourant les listes on peut facilement se rendre compte du mélange des deux flores. D'ailleurs M. Baichère répartit de la manière suivante les espèces des environs de Carcassonne : 200 appartiennent à la région méditerranéenne; 250 sans être méditerranéennes, sont. peu. communes dans presque toute la France; 350, enfin, sont ubiquistes. Deux autres brochures de M. Baicnëre (2) ont pour objet l'étude du versant méridional de la Montagne Noire; elles offrent un grand intérêt, Car elles permettent de tracer sur ce versant les limites de la flore médi- terranéenne. Les plantes méditerranéennes n’y sont pas réparties d’une manière uniforme, leur nombre devient de plus en plus grand à mesure ‘qu’on s’avance de l’ouest vers l’est dans Ja direction de Narbonne, c’est-à- dire selon que l’on considère des localités plus ou moins occidentales. D'autre part la nature du sol exerce sur la répartition de ces espèces une influence qui prime les conditions d'altitude; c’est ainsi que certaines espèces indif- férentes dans la tt à la nature chimique du terrain ne dépassent pas ( ni Ed. pures Note sur la nipésire des environs de Carcassonne (Bull. Soc. nal de la Montagne sp ne (Ibid. tion botanique ds de Caunes er Tà versant méridional de la Eponge rons ché (Bull. Soc, Piséss mr ms de Paris, 1889). 570 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 300 mètres sur le granite tandis qu’elles abondent sur le calcaire jusqu’à 630 mètres. M. Baichère divise le versant méridional de la Montagne Noire en trois régions. La première ou montagneuse, d’une allilude moyenne de 750 mè- tres, est granitique à sa partie supérieure et formée de schistes siluriens à . la buse. La partie granitique possède une flore exclusivement montagnarde; sur les schistes inférieurs, au contraire, la fusion commence à se faire entre la végétation montagnarde et la flore méditerranéenne. Les deux la seconde, dont le point net atteint 213 mètres, n’est autre que la plaine entrecoupée de petits coteaux qui s ‘étend depuis la base de la mon- tagne jusqu’à la rive gauche du Fresquel et de l'Aude. La végétation de ces deux régions est franchement + : avec l'Olivier, le Chène-vert, le Chêne Kermès et le Buis, on y trouv mme espèces dominantes : Brachypodium ramosum » Ægilops ovata, Era latifolia, Thymus vulgaris, _ Delphinium pubescens, Diplotaxis erucoides, Anacyclus clavatus, etc. M. Baichère n’a exploré sur le versant néridionsl de la Montagne Noire que le Cabardès et le Minervois; il y a trouvé 1340 espèces, dont 112 n’avaient encore été signalées sur aucun point du versant. Une localité du Minervois, Caunes, paraît absolument privilégiée ; M. Baichère a récolté ans ses environs immédiats 970 espèces, dont 500 environ spéciales à la région méditerranéenne. « C'est un chiffre élevé, ajoute l’auteur, quand on réfléchit qu’on est là bien près de la limite de la culture de l’Olivier », et c'est « en tout cas le point du versant méridional de la ons Noire le plus riche en espèces méditerranéennes ». Dans les notes qui précèdent, la flore méditerranéenne n’est envisagée qu’au point de vue de ses relations avec celles du sud-ouest et des régions montagneuses voisines; le (ravail que nous allons maintenant analyser étudie la région méditerranéenne dans presque tout son ensemble et donne la Mttsiinérais générale de sa végétation. Nous voulons parler des trois études remarquables sur la flore des gari- gues, de la plaine et des bois siliceux de la région méditerranéenne, que M. FLanaucr (1) a publiées pendant les années 1888 et 4889 sous ce titre modeste : « Les herborisations aux environs de Montpellier » - Les garigues, c'est-à-dire, dit M. Flahault, les He caleaires au sol aride, rocailleux et mouvementé é, sont, comme on le sait, très répandues dans la région méditerranéenne à laquelle elles donnent, au premier abord par suite de l'absence presque complète d'arbres, un aspect triste et dévasté. « Quelle variété pourtant et quelle richesse sous celte apparente pauvreté! Toute la flore propre au Midi trouve là sa place; chaque espèce sy développe et s'y épanouit, non pas, comme dans le Nord en quelques Semaines, mais depuis les premiers beaux jours de janvier jusqu'aux frimas ( ) Ch. Flahault : Les herborisations aux environs 0e Montpellier rss de Botanique, 1888, p. 34 et 97, 1889, p. 213). : REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 71 de la Noël. » Huit cents espèces environ sont répandues sur les garigues, Les espèces ligneuses les plus fréquentes sont, par ordre d’abondance : Quercus Ile, Smilax-aspera, Quercus coccifera, Phillyrea angustifolia, Cistus monspeliensis, Daphne Gnidium, Genista Scorpius, Pistacia Terebinthus, Thymus vulgaris, Rosmarinus officinalis, Dorycnium suffruticosum, Juniperus Oxycedrus, istus albidus, Lonicera implexa. Lavandula latifolia, Les plantes bulbeuses ou Luberculeuses sont d'autant plus nombreuses que le climat est plus chaud; déjà abondantes dans les garigues du Bas-Lan- guedoc, elles deviennent beaucoup plus nombreuses dans le Roussillon. Les plantes herbacées sont surtout représentées par les Graminées, les Composées, les Papilionacées, les Labiées. et les Euphorbiacées. De plus les Jasminées (Jasminium fruticans), diverses Asparaginées (Smilax aspera, Asparagus acutifolius), les Gistes, la Vigne, les Coriariées, les Térébinthacées, c’est-à-dire des types inconnus dans l'Europe centrale, apparaissent dans les garigues et viennent aussi en caractériser la flore. Dans sa seconde étude, M. Flahault, après avoir tracé le riant tableau de la végétation de la plaine méditerranéenne au premier printemps, donne quelques listes dont nous ne saurions trop recommander la lecture. La première de ces listes énumère 75 espèces communes aux environs de Paris qui font complètement défaut aux environs de Montpellier el dans presque toute la plaine de la Méditerranée. Citons entre autres : Linaria vulgaris, Lamium album, Campanula rotundifolia, Cirsium palustre, Cirsium acaule, Matricaria inodora, Chenopodium Bonus-Henricus, Anemone nemorosa, Caltha palustris, Sagina procumbens, Geranium Robertianum, Rhamnus Frangula, _ Sarothamnus scoparius, Sp Potentilla Frag Fagus silvatica, Quercus pedunculuta, Convallaria maialis, garia, Heracleum Sphondylium, iscum album, Myosotis palustris, Une seconde liste est consacrée à des espèces qui dans le Nord foisonnent dans les stations les plus diverses et qui dans le Midi ne se rencontren qu’au voisinage des eaux. Mais comme « il ne faudrait pas croire pourtant que la disparition de tant de plantes communes dans les pays plus froids ne soit pas compensée dans la région de l'Olivier par la présence de beaucoup d'espèces qui font défaut au nord de celle région », M. Flahault cite la longue série des espèces méridionales vulgaires qui sont inconnues dans le Nord ou y sont à peine représentées. Orchis maculata, Polystichum Filix-mas. 572 à REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. +. Les bois siliceux occupent relativement peu d’étendue dans la plaine méditerranéenne. Quel que soit l’état physique de la roche siliceuse, ils . présentent toujours certains caractères communs de végétation. « Les arbrisseaux en sont beaucoup plus caractéristiques que les espèces arbo- rescentes. Les Cistes y tiennent la plus grande place; les Bruyères (Erica arborea, scoparia, cinerea, Calluna vulgaris) et le Lavandula Stæchas ne leur cèdent guère en importance. Les Calycotome spinosa, Ulex parvi- florus, Genista candicans, et parmi les Cistes, les Cistus cripus, C. ladaniferus, C. laurifolius, C. populifolius, C. nigricans, ne se trouvent pas partout, mais on ne les rencontre jamais en dehors des bois siliceux. » L'espèce dominante est le Pin maritime; le Châtaignier s’y rencontre aussi, mais il ne prospère pas à l’état isolé et s’il est associé au Pin maritime il est toujours dominé par ce dernier. Un cerlain nombre d'espèces herbacées sont aussi exclusivement localisées dans les bois siliceux ; M. Flahault en donne également la liste. Il termine par une rapide revision des localités siliceuses les plus intéressantes. + Au cours de la session extraordinaire de la Société botanique de France à Narbonne, deux herborisations ont été faites au Pech-de-l’Agnèle et aux Pinèdes de Boutenac, localités fort intéressantes pour l'étude de la flore méditerranéenne. Les rapports de ces herborisations ont été rédigés par M. Gautier (4). ; La localité du Pech-de-l’Agnèle, près de Narbonne, était déjà bien connue; les membres de la Société y ont recueilli sur les coteaux dolomitiques plus de 200 espèces représentant, pour la plupart, le fond de la végétation médi- terranéenne. On y à trouvé de plus une espèce aragonaise, non encore signalée en France, l'Orobanche Santolinæ Losc. et Pard. parasite sur le Santolina Chamæcyparissus. Cette rare Orobanche, ajoute M. ‘ Gautier, croît aussi dans les Corbières aux environs de Caramany (Pyrénées- Orientales). Les Pinèdes de Boutenac situées à 18 kilomètrés de Narbonne sont des collines arrondies et stériles, généralement siliceuses et couvertes de Pins maritimes, où se donnent rendez-vous, comme dans la localité classique de Fontfroide, presque tous les Cistes de France. On y a recueilli, en effet, les espèces ou hybrides qui suivent : Cistus albidus, £. ans, C. monspeliensis, C. crispo X albidus, C. crispus, C. aibido X C. salvifolius, C. salvifolio X monspeliensis, . C. populifolius, C. longifolio X salvifolius, C. corbariensis, C. Ledon (C. laurifolio X monspe- : C. laurifolius, liensis). {1) G, Gautier : Rapport sur lhebrtaiol faite pc Société uit, AM ech-de-l Agnèle_ —: lite par la Société, le 9 juin, au RÉ re — Rapport sur l'herborisation faite par la Société, le 11 juin, ur Pinèdes de Boutenac (Bull. Soc. bot. de France, 1888, session extraordinaire, p- LXXVI et LXXXII). cr ape RRRe Rene REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. | 8173. Les Cistes, comme on le sait, sont exclusivement silicicoles, sauf les Cistus monspeliensis, albidus et salvifolius qui croissent indifféremment sur la silice, le calcaire ou la dolomie; le sol des Pinèdes de Boutenac étant presque exclusivement conslitué de grès siliceux, les Cistes précédemment cités poussaient naturellement à côté d’autres espèces également caracté- risliques des terrains siliceux, telles que : Lavandula Stæchas, Erica Scoparia, Genista Scorpius, Briza maxima, Calycotome spinosa, Jasione montana. Erica cinerea, Cependant sur un point où apparaît le calcaire jurassique le contraste entre les deux flores silicicole et calcicole devient frappant; les plantes sili- cicoles disparaissent complètement et sont remplacées par des espèces calci- coles, comme : Erodium pelræum, Dianthus virgineus, Alyssum spinosum, Bupleurum fruticosum, Laserpitium gallicum, Sedum dasyphyllum, Silene ilalica, Lactuca viminea, etc. Antirrhinum majus, Plusieurs points de la portion Sud-Ouest du littoral méditerranéen ont été également explorés avec soin par les membres de la Société botanique de France réunis à Narbonne. Cette fois encore M. Gaurien (1) a rédigé les comptes rendus de ces diverses excursions aux iles de Laute et de Sainte- Lucie, à la Font-Estramer et aux sidrières de Fitou et de Leucate. L'ile de Laute, d’une superficie de 50 hectares environ, est située dans l'étang de Bages. A l’est, sa rive est plate el ne présente que des plantes maritimes assez géneralement répandues sur le littoral de l'Océan et de la Méditerranée; mais bientôt le sol s'élève en amphithéâtre et se termine brusquement par des falaises abruptes el ravinées élevées d'environ 40 mè- tres au-dessus des eaux de l'étang. Sans parler d’une foule d'espèces sou- vent fort rares, recueillies sur le plateau, on trouve localisées dans les falaises : Polygala rupestris, : Erodium littureum, Heydysarum pallens, Bulbocastanum incrassalum, Scorzonera coronopifolia, Orobanche fuliginosa (sur Senecio Euphorbia flavicoma, Cineraria), à Melandrium macrocarpum, espèces également très rares ou même nouvelles pour la flore française. n faite par la Sociélé le 10 Juin, aux # sur l'herborisation faite par la So- og t sur l'herborisation faite par la Sociêté, le 14 juin, aux Sidrières de Fitou et de Leucate (Bull. Soc. bot 1 574 < REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. L'ile Sainte-Lucie est une localité classique dont la flore est déjà bien connue; les membres de la Société botanique y ont cependant récolté une dizaine d'espèces qui n’y avaient pas encore été signalées, entre autres : Cytinus kermesinus, Astragalus Stella, Anthyllis tetraphylla, Melandrium ma- crocarpum, Narcissus niveus. La Font-Estramer, entre Salces et Fitou, est une source minérale très peu salée, arrosant une fontaine et des marais voisins. Sur les bords du bassin et dans les prairies abondent les Phragmites gigantea et Cyperus distachyos, tandis que sur les rochers voisins on trouve les Theligonum Cynocrambe, Parietaria lusitanica et Alkanna lutea. À peu de distance de la Font-Estramer est la source de Font-Dame. Dans les prairies saumâtres qu'elle arrose, on peut recueillir un eertain nombre de plantes halophiles, telles que : Plantago crassifolia, Apium graveolens, Althæa officinalis, Aster Tripolium, Tetragonolobus siliquosus, var. ma-| Sagina marilima. rilimus, Les sidrières de Fitou et de Leucate avaient déjà été explorées minutieu- sement ; les membres de la Société botanique de France n’y ont guère revit que des espèces déjà signalées. Le compte rendu de cette excursion se ter- mine par la liste des espèces caractéristiques de la plage et des falaises de Leucale. Quelques autres notes ont encore été publiées sur la flore du littoral de la Méditerranée. Citons d'abord quelques rectifications faites aux précédents rapports par M. Le GranD (1). D’après cet auteur la découverte du Cyperus distachyos attribuée à Warion par M. Gautier avait déjà été faite par lui dès 1862. À cette mème date il avait également récolté sur les coteaux de Salces, les Anthyllis cyvisoides, Alkanna lutea et Bupleurum glaucum. Selon M. Rouy (2), le Centaurea dracunculifolia Duf. qui n’avail jusqu'ici été signalé que dans la province de Valence, a été recueilli par M. Guillon dans les sables de Rivesaltes. Les membres de la Société botanique de France ont retrouvé cette plante dans leur excursion à la Font-Estramer. Les membres de la Société d’études scientifiques de l'Aude, après une excursion à l’ile Sainte-Lucie dont la végétation si bien connue ne peut plus guère fournir de surprises aux botanistes, ont exploré les marais et les falaises de la Franqui; les plantes les plus intéressantes trouvées dans cette herborisation, sont, d'après le compte rendu de M. RESPAUD, (3) les” Statice globulariæfolia, Pancratium maritimum et Heliotropium curassivicum, plante de l'Amérique du Sud aujourd’hui complètement nalüralisée sur le littoral méditerranéen. Enfin, dans une lettre adressée à la Société botanique de France, M. BaïT- (1) Ant. Le Grand: Notes sur Cyperus distachyos et quelques autres espèces des Cor bières (Ball. Soc. bot. de France, 1889, p. 151). . ut HE es (2) G. Rouy : Notes sur la géographie botanique de l'Europe (ibid. 1888,p-. 32). (3) A. Respaud: Rapport sur l'ercursion faite par la Société, le 25 juillet 1889, 4 l'ile Sainte-Lurie et à la Franqui (Bull. Soc. d’étudesscientifiques de l'Aude, 1889 REVUE DES TRAVAUX SUR LES PLANTES DE FRANCE. 319 TANDIER (4) annonce la découverte dans l’herbier de M. Allard, du Lotus dre- panorarpos récolté à Carqueirane près Hyères; à ce propos. M. Lurzer (2) annonce qu'il a récollé cette espèce sur la route de la Corniche à Mar- seille et qu’elle lui a paru y présenter tous les caractères d’une plante spontanée. Le Catalogue des plantes de Provence publié par M. Epx. Huer (3) n’est qu'une simple liste d’un herbier considérable des départements du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes. Comme on le trouve indiqué dans le titre, de nombreux botanistes ont contribué à créer ou à enrichir cet herbier. Le Calalogue énumère plus de 3 400 espèces ou sous-espèces, ainsi que les diverses localités où elles ont été recueillies. Malgré les imperfec- tions d’une semblable publication on comprend aisément quelle peut être son importance pour l’étude de la flore provençale. Des essais pour cultiver en plein air les végétaux exotiques ont été entre- pris à Lodève par M.J. VazLor (4), qui avait choisi pour ces expériences un terrain très arbité, disposé en amphithéâtre, à l’exposition du sud-est, Les sujets plantés en 1886 n’ont pas été abrités l'hiver, à l'exception de quelques- uns qui ont élé entourés en automne d’un pavillon léger. L’hiver exception- nellement froid de 1886-87 a eu sur eux les effets suivants : Sur 15 espèces de Palmiers mis en culture, 10 ont résisté parfaitement au froid, 2 ont été plus ou moins éprouvées et les 3 autres ont été luées Sur 44 plantes grasses, 10 n’ont point souffert du froid, 1 à été gelée en partie et 3 autres complètement tuées; Sur 13 nat à de serre, 6 ont résisté, 4 ont été quelque pea éprouvées et 3 sont mortes Sur 11 espéces d'Eucalyptus, 3 n’ont nullement souffert, 6 ont un peu soufferl sans cependant perdre leurs feuilles et 2 autres ont été tuées; Sur 23 autres espèces d'arbres et d’arbustes, 15 ont résisté et 8 sont mortes ; Enfin le froid n’a eu aucune action sur 6 autres espèces diverses, landis qu’il en a éprouvé ou tué 3 autres. Pendant un mois de séjour en Corse, M. Fuicue (5) a trouvé un certain nombre d’espèces non encore signalées dans celte ile. Détail intéressant à (1) ep À Ball. Soc. bot. de France, 1888, p. 61. bid. (2) . 3) E Hues : Catalogue e asp de Provence. Résultat des herborisations faites din s dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des ae “Maritimes ju M 7 ur A. Huet et Jacquin, Ham Y, oux, B Albert, Goat Cnlot ele., dan me nées cn ents. Pami (4) JV allo : Essais seen 8 de plantes exotiques, à Lodève (Hérault) RM de la Soc. d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, 1888). (5) P. Fliche : Notes sur la flore de la Corse (Bull. Soc. bot. de France, 1889, p. Pre 576 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. faire ressortir, ce sont pour la plupart des espèces communes dans le Nord de la France. Citons entre autres : Helianthemum vulgare, Salix nigricans, Viola hirta Juniperus communis, Coronilla Scorpioides. Orchis latifolia, Rosa canina, Equisetum arvense. M. Fliche sigaale en outre près de 150 localités nouvelles, soit d'espèces absolument méditerranéennes, soit au contraire de plantes plus septentrio- nales très rares dans la région méditerranéenne. Les espèces ligneuses citées, une quarantaine environ, sont souvent accompagnées ne remarques sur leur distribution géographique, leur spontanéité el | caractères parliculiers qu'elles présentent en Corse. Au sujet de ne chimique du sol, l’auteur fait remarquer que l’Asplenium septentrionale peut en Corse comme dans l'Hérault, descendre dans la région chaude condition d'y trouver des roches non calcaires. A. MASCLEr. TABLE DES ARTICLES ORIGINAUX Sur les variations du Quercus Mirbeckii Durieu, en Algérie, par M. t3 1 Tragur (avec trois planches, PI. 1, 2 et 3)... .. Sur l'adaptation du Pteris aquilina aux sols calcaires, par | RS D Se D Te ce Observation sur le développement de l'inflorescence mâle du Noyer, par M. Wiccran RussELc. : ! . .. ........ Recherches physiologiques sur les nan par M. Hexn JuuELLe (avec trois planches, PI. 4,5 et 6). A , . .. 4 II. Les RES gazeux entre les Lichens et l’at- PU ai se D Vtt Ts To 56, 103 JEL. Euencs de la sécheresse et de l'humidité sur la..vie dos ERP ReRR 14,159 IV. La vie des Lichens aux hautes lire turés. son re ne 0, 220, 259 Ÿ, : vie des Lichens aux basses at D dB M ins mers ste 305 VI. Résumé énéral TP D rs A ns st vu 316 Sur l'analyse photographique des mouvements des végé- taux, par MM. Dewèvre et E. Borpace (avec cinq figures uans le texte)... ., 4 a Sur les tubercules des Équisétacées, par M. Leccerc Du SABLON (avec six figures dans le texté). . . ...:..... 97 Contribution à l'étude des relations entre les plantes et les “insécies, par M. A. PRONEE. ns se: Sur quelques plantes d'Espagne récoltées par M. E. Rever- chon. Note de M. J. Hervier (avec une planche, PI. 7). 151 . Note sur la réviviscence des plantules desséchées, par M. Gaisron Bone... .-..,...:...,,...., Recherches sur la respiration et l'assimilation des plantes ee Rev. gén. de Botanique. — IV. 37 578 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. grasses, par M. E. Auserr (avec 4 figures dans le texte et une planche, PI. 8). . Introduction et Historique. . . . . . ....... 203 IL. Respiration desplantes grasses 214, 273, 321, 337,373 HT. Assimilation chlorophyllienne des plantes RS Re 286, 421, 497 FVConcrusions générales... :.... Lie 598 V. Considérations sur la répartition et le mode d'existence des plantes grasses à la surface Études morphologiques sur le genre Arno L., par M. Épouarp pe Janczewsri (avec six planches, PI. 10, 15; D PO D in a à D OO 0. ei 289 - Description d’une Liliacée exotique peu connue, le Cohnia flabelliformis, par M. J. Jacos DE CoRDEMOY. . . . . . .. Recherchessur la môle, maladie du Champignon de couche, par MM. J. Cosrawnin et L. Durotr (avec quatre planches, PLU ET IS, As L'_ Étude de la maladie. . . . . .... . : .. cn 162 11. Extension de la maladie dans les carrières. . . 549 “po est-elle un engrais végétal ? par M. Hexrv DE . . ..... Nouvelles études sur le Lachnidium acridiorum Gd., Chaine pignon parasite du Criquet pélerin, par M. A. GarD Bee une planche, PL: D} m6: 0 Sur une maladie du Platane, par M. Leccerc pu SABLON D Diauche, PL Dh... : 0. ::...: 4-0 Recherches physiologiques sur les feuilles développées à l'ombre et au soleil, par M. L. Géneau DE LAMARLIÈRE (avec une planche, PI. 21). ............... 181, 529 Recherches expérimentales sur les variations de pression dans la Sensitive, par M. Gasron Bonnier (avec deux planches, PI. 22 et 23 M or sus uns vo à Transformation des cônes de Pins sous l'influence des vagues, par M. W. Russezz (avec 3 figures dans le texte). ms 55 TABLE DES REVUES DES TRAVAUX FRANCAIS ET ÉTRANGERS Revue des travaux de physiologie etchimie végétales parus d'avril 1890 à juin 1891, par M. Henri Jumezce (fin). . . 22 Revue des travaux sur Ja description et 18 géographie des Lichens publiés en 1890, par M. Hu. ......... 31 Revue des travaux d'anatomie végétale parus de juillet 1890 à décembre 1891, par M. A. Pruner (avec 15 figures dans le texte). | I. Anatomie de la cellule. 4°Cnnstitathion de la cellule. 5 2 Su où. 42 2° Multiplication cellulaire et fécondation. . . ... 44 7 D ON. 105 in 4, Parties 4 46, 79 REDON à pre eus M4 one tion dde Du 80 5e Éléments HEURES. de aitu uses 81 6° Substances dns Es Ci MA NÉS 85 1 Meme. sis Miss. sites. 90 II. Anatomie des tissus et des organes. . 4° Tissus de protection et de soutien. . ........ 92 D LonticoHes ét SOIMAIES: . ,.. . . . 0... . , . 94 D Didi... .. 40 95 &° Tissu conjonchif.., . 55.444 95 5e Faisceaux libéro-ligneux.,.4%. 377%: 135 6 Bois iii. 0 use species 135 1e Liber. 1 donateur ous 100 NU Lisau SÉCPOOE mu sn. 137 GC Nacines : 2 5 3, dis pus. 140 a 141 44e Feuille RE 142 12° Boutgéons 0e es rene sivremrs ee 186 43° Fleurs Te ee à AN 186 14 Fru it... RE ..«. .. 188 580 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. 16° Fécondation et embryogénie. . ........,... 232 17° Germination et développement ........ 237, 283 D UMR is NU ve ve se 40 00 284 4 UT. Anatomie appliquée à la classification. 284,332, 35 Revue des travaux sur les Bactéries et les fermentations publiés pendant l'année 1890, par M. Léon Bourroux (avéc 395 figures dans lé texte). : . ...... ... 122, 176. Revue des travaux sur la classification et la géographie botanique des plantes vasculaires de la France publiés en 1888 et 1889, par M. A. Masczer. (IL. Géographie bo- tanique). : 1° Flore générale de la France. . ........... CPR LR PACE. ia ChaiuLs COS 394 Oo PAS Li. ja LU ee 395 RS OP PR 398. SR 442 Mas pe ie ii lis ur. 442 FU in Qi ii ee 443 D PRE Con nine ice voue 444 Fe AÏDOR PE ns. Due 503 10-PYr6NÉE GE COPDRPes, 31. 0 uit 506. RRQ UT PR RS AO et A CT 1 509 42" Région méditepranéenne. : . .......::.. TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS LE TOME QUATRIÈME Planche 1. Quercus Mirbeckii Dur. — 2. Quercus Mirbeckii Dur. — 3. Quercus Mirbeckü Dur. — 4. Recherches physiologiques sur les Lichens. — 5. Recherches physiologiques sur les Lichens. — 6. Recherches physiologiques sur les Lichens. — 7. Alsine Paui Willk.; Saxifraga valentina Wilk. (1/4 de grandeur naturelle). — 8. Appareil pour étudier les échanges gazeux des plantes grasses. — 9. Lachnidium acridiorum Gd. — A10et 11. Anemone : fruit. — 12et 13. Anemone: fruit; germination. — 14et15. Anemone : germination. — 16. Recherches sur la môle. — 17. Recherches sur la môle. — 18. Recherches sur la môle. — 19. Recherches sur la môle. — 20. Maladie du Platane. — 21. Appareil pour la transpiration des plantes. — 22. Mouvements de la Sensitive sous l'influence de la dépression. — 23. Variations de la pression dans la Sensitive. TABLE DES ARTICLES ET DES REVUES PAR NOMS D'AUTEURS AugerT (E.). Recherches sur la respiration et l'assimilation des plantes grasses. 203, 273, 320, 337, 373, 191, 497, 558 BonNier (Gasron). Note sur la réviviscence des plantules Re qe Das de ee ee — Recherches expérimentales sur les varialions de DOTE CAE IE RUMIINGS. : .. . 0... Bonnace (E.). (Voyez Dewèvre). ao (Léon). Revue des travaux sur les Bactéries et les fermentations publiés pendant l’année 1890. . 422, 176 Cosranrix (J.) et Durour (L. ). Recherches sur la ble ma- er ladie du Champignon de couche. ........ 401, 162, 549 ewèvre et Borpace (E.). Sur l'analyse photographique des MOUV RIORRS CES VOB 7... Durour (L.). (Voyez Cosrartin). Géneau De Lawanuiëre (L.). Recherches physiologiques sur dE les feuilles développées à l'ombre et au soleil. 181, 529 Graro (A.). Nouvelles études sur le Lachnidium do um Gd., Champignon parasite du Criquet pélerin. . Henvien (J (3). Sur quelques plantes d'Espagne récoltées par M. Rèverchon. Hu (A. M.). Revue des travaux sur la description et la géo- graphie des Lichens publiés en 1890. .. ........:.: Jacos pe Cornewoy (H.). Description d'une Liliacée exotique peu connue, le Cohnia _flabelliformis. . . . . -.- - : JANCZEWSKI (Ébouann DE). Études morphologiques sur le genre Anemone 2 JUMELLE (Henri). Recherches physiologiques sur les Li- SL 49, 103, 159, 220, 259, — Revue des travaux de physiologie et chimie végé- LG D à rio DE 0 PTS AA NE EU, JR ui AU Dec Ed AE IR ANSE tales parus d'avril 1890 à juin 1894 (fin...) : 5. 419 369 " TABLE DES ARTICLES ET DES REVUES PAR NOMS D'AUTEURS. 583 Leczerc ou Sa8on. Sur les tubercules des Équisétacées. . . 97 —— Sur une maladie du Platane... . 7,7, 473. Masczer. (A.). Sur l'adaptation du Pteris aquilina aux sols EN D DA Cu — Revue des travaux sur la classification et la géo- graphie botanique des plantes vasculaires de Ja France publiés en 1888 et 1889 (IL. Géographie bota- UE de nr dise: 392, 442, 503, 569 Proxer (A.). Contribution à l'étude des relations entre les plantes et les insectes. : ...... «..,..,+....... 145 — Revue des travaux d'anatomie végétale parus de juil- let 1890 à décembre 1891. 41,79, 135, 186, 231, 283,332, 354 Russezz (Wizcrau). Observations sur le développement de l'inflorescence mâle du Noyer. . .............. 18 — Transformalion des cônes de Pins sous l'influence TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DONT LES TRAVAUX ONT ÉTÉ ANALYSÉS DANS LES REVUES DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS Explication des signes : (ph) Revue des travaux de physiologie et chimie végétales; (!) Revue des travaux sur la description et la géographie des Lichens; (a) Revue des travaux d'anatomie végétale ; (b) Revue des travaux sur les Bactéries et les fermentations ; (fr) Revue des travaux sur la classi- fication et la géographie botanique des plantes vasculaires de la France. A poutroux (D)... 177 Powcrs (a)... 240 MAR (4)... 5 issus. k&| Brandza (a).............. 189, 362 Arbaumont (d’) (a)............ 190 | Brebner et Scott (a)...... 283, 368 AN 6 Viaines (7)... 489 LBredow (a)... ....:.,...:...2 82e. Archangék (à). 15... 144} Briosi (a) ...........,..0... 144 Arnold (l)... -.. 43 | Brœmer (ph) .......::.0...ve 27 AUGIRER MPhsedes. 447 | Buchenau (a)............. 334, 360 DOC sisi receveur B Bureau (fFl.5,:.4s4s.ecee 393 Burnat (a).................... 286 EE , 138 | Büsgen (a)................... 360 PR 568 | Buysson (R. du) (fr)........... 446 Battandier {fr} .......:......: 575 mA Beauvisage (a)... 137, 188, 334, 337 C = hrens (a). ir ane 91 nr Deble (hi... as 444 | Campbell (a)..... D crue 237 : Belajeff (@):,.....:) 2321 Camus (#}.....: 0... 396, 400 ns Fe 23| — et Duval(fr)............ 396 a A 82, 84 | Cundolle (CG, de) (a)........... 1 Billiet (tr A 447 | Chabert (fr).................. 2 © Bokornÿ (a}.,,5..... ver 19 | Charher (fr) .4.45..essevivés Bonnier (a)... 2. 333, 363 | Chastaingt (fr) nn is... 0 392, 503, 505 | Chauveaud (a)................ DOTE (OR 5... 0e. 354 | Chodat (a).... Bourdetie(#} 2... 506 | Claudel (a.).: 4,5 css. Bourdot (fr. is &46 | Clos (a)..... ééee covetets TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS. COPIDEAU (fr}sssevsvertrdt 508 borbière (fasse 399 tn LE CS PR D te 92, 187 DONS (fr). sr aulixrio 51 movelier (}r)....,4e..#0t 2 511 D ii 3 RCE TRS 191 Dangodretal.-:2.....,. 195, ARE MR ere iau re FN TN nt ee ee 141, de PNYQUX (Ah sis, se ties rl 94 Honiol (0)..:.,...:2..44.60 28% Dubourg et Gayon (b)......... 184 Duchartre (a)........ 239, 360, 361 Dufont (fr). ei 511 Duval et Camus (fr)........... 396 E Eberdt (a). ir driqrn er ies 83 F Férnbach (0)... 134,1 Bidon (u)..........Nie#.: 3 Mnselbach {a).....,....., 139, 332 Fischer (Hugo) (a)............ 187 Piahault (fr)... 04/00 570 LILI: à PRORRSESSERERUS 375 Fox et Frankland (b).......... 185 Frankland et Fox (b).......... 185 Frémont (Mlle A.) (a).......... 137 G Galissier et Giraudias (fr)..... 507 CIN (ah nn side 188, 361 Gautier (fr)..... 507, 508, 572, 573 Day (fr)... ns 436 Gayon et Dubourg (b)......... 184 . Géneau de Lamarlière (a)...... 4140 Gerassimoff {a).......... des cout 00) Gessard (b)....... nr va 130 90 ; ‘Gibson (a)... ss... NA dei. 585 Giesenbagen (a)..:.........,.. 597 Giig (0). ST ru svt 335 Giraudias rh... ie: 507 — et Galissier (fr)......,.. 507 GOdON PF} sente ue 394 Gœ@bel {4}... 000 286 CO fa} soie 186 Gonod d’Artemare (fr)......... 446 DOUBS T Lis séescnvrece res 395 nn (PA sis sens chou 28 (Mess 45, 88, 89 Guillaud biere rise 50 H Haberlandt (ph)........... cui du Airis, sous 88 Hansen (0), 127, 177, 183 Hansgirg (a)..,..:4,..,5..du 187 HAFHOn (D... is eme 32 RE han ere cest use re 238 Hégeltioer (a)... si. 231 : PP EC RS UE ES 90 Te honore veu 188 MODE (ini ressens se 238 HGDOMR (0) 444 esse coco 32 ITS RC MERE AA 368 Her (0). .:,...........0 137 Héribaud {(fr)......,.:,1e0u 446 Hudebrand ID: 00... 360 DIT SOR PO eme metre st 191 Holfert (4)... 189 Holm (a)... 237, 354, 36% Hovelacque (a)............ 286, 367 Hue (D... 00e 31 Huét {fr}see.. és e e4ve musee 575 Hy (rh se sussseesrresress 393 I Ivolas (fr).::.ssvsssseitiess. 447 J Jännicke (a).................. 360 Jatta (l.......-..........,... 34 Jost (a)...........s..cse 141, 239 K LT us SUN ORNE ne 190 DC dl lus... 95 morustoon (f..5.:....:e.. 33 ne PRO ARR EU CN 94 een 122, 425 NY (us 135, 136, 398 MR ..intiiine 240, 284 nous (a... ia 94 Dane f0i de 86 noi (ah... lite, 332 L Famounette {4}: es 132 pancéleree {fr} ri 400 Lange (a... un crevé 80 Lanza p CR CE ED EE D 334 Heger (al... rvmeus ii be Grand-{frh::. 13. 442, 574 de A CS PRE OU te 287 DR Jo r céscrce eu 399 He0d ddhe. n 2e 187 _ Staes et Van Eckaute (a). 238 Écontard (ae ri eivrrers 85 Posage (ph)... #11... 23 M né ce. LU 137 es us 32 ne LS 189 Linossier et Roux (b)... ...... 185 W (4) es 187 me Lothelier (a); buiet (frise. 397, 398, 57 M Macchiati fa). 89, 192 Malinvaud (fr)............ 96, 447 Marçais et Timbal-Lagrave (fr). 5414 Mascief (f};.::.1. 394, 395, 396 a 393 | ER +. 442F Mikosch (ph)......... er ‘88 128, 179, 182 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Miquel &. PPT IPÉT ER 176 Mode (nil ssisreree 85, 93 Non NO... 81, 368 Môraot (/r)., 555. trees 442 Müller (Carl) (a) ........ 85, 91, 92 Muler (4.1 (D. es. 35, MURS (Oise tesrs.s 180, 182 N Pare (Dh)... dresse cm 21 DMOË (IT) verser ini 398 Myrlander (D, ses 34, 38 Maman (fr). cs: sms 392 [e) DHNOP (PT). ir remrsvaurers 446 ie Parmentier (a).............. 287 Péb-Laby:(a).:.,2...sersie 143 PURE (Ut)... cvcrsverveisn 362 Pilier (W.) (a)....... 46, #7, 307 Pieiler (A.) (a).....,:..:.r0 191 PONMIA]).:,,.,,rrerrrma ue 356 POIrAUIE (0,5, viens 137, 357 Potter (a rides 287 Prazmowski (b)............... 124 Protils (a); 524: fusoie 288 Prunot {a}, ss .xv: 141, 186, 365 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS. Rodier {a}:...seresbroevemesss 85 v Rostowzew{a)..:....,.5.,.... 140 Ho. 0 Vañot (hs ri Tree 575 — et Linossier (b).......... 185 | Vandenberghe (ah smetr art 230 ire 392, 507, 874 Van Bekauto, Leod et Staes (a). 238 D re. 398, 398 | Van Tieghem (a)... 46, 92, 95, 197, Russell (a)... 135, 139, 143, 288, 334, a ne Éd 361 Verschaffelt (a).............,. 192 Viallanes et d'Arbaumont (fr).. 443 ; Viaud-Grand-Marais (fr)... 442 È sn VOÏKENS (a)... s.s.sere 142 a Se | Von Wettsein (a)... 187 Schaar (a). D 186 | Vries (Hugo de)(a). 238,358, 359, 368 RE 364 Vuillemin (a)............. 139, 288 Ses (ils) et Laurent (b).. 179 w SCAN TAN uses cc sens s 334 Schumann (a)................ 365 EC T R Rie 25 Schwendener (a).............. 354 ÉTAT ee Fo 85 Scott (a)................. 285, 367 Wainio (Diese one 36, 37 — et Brebner (a)...... 285, 368| Wakker (a).................. Seligmann (a)................ 285 Weiss (a)............. 94, 95, rn Simon (a)..............-..... 287 | Westermaier (a).............. 237 Solereder (a)............. 137, 285 | Wiesner (a)........,....... 41, 93 Solms- Laubach (de) (a)... JOUE WIIer (secs renenes oo » « 31 Staes, Leod et Van —— ]. 238| Winogradsky (b).............. 180 Steinbrinck (a)............... 366 | Wojinowic (a)................ 365 Stenzel (a).............s.. 361 | Wortmann (ph)............... 23 Stizenberger (l)............... (ü)s.s. arme 7 T Z Thouvenin (a).... 80, 140, 287, 333 Zahlbruckner (l)............ 32, 33 Timbal-Lagrave et Marçais (fr). 511 | Zeiller Ph ressens 396, 506 D SUD iGh rs ri ererverre ses 233 | Zimmermann (a)........ 44, 81, 84 Chirch (d).:-1.:,+5.6rvstes 490 | Zopf (a)..................... ERRATA. Ne mg + au lieu de Cartana lisez: Carta Pse udocerinthotdes, — Preudrcerinthe.… ee — à Vo L ap) ne = Brat, Bot. Des 349, _ titre, a LACHNIHDUM, — LACHNIDIUM. 5479-91. — Conseir. {mprimerie Créré. k 2 Revue générale de Botanique. | ii 7 ome 4. Planche 18 4 Imp. Éd. Crété. Recherches sur la Môle. ALU ( fi | à Vre Pire 4 s + RQ ere, Pas LE fe Ly LE Cri . REG EEE À NA EE EE = SE LRO serie BA ERA CLALSRRET De EP TSI RÉ E £ ET Te e., LL — = pe AND ne ds Éd. si . Recherches sur la Môle. _ Las] | È Fi Lo S a Ÿ Ne à ER “4 | = WE S LE ss 3 > é: Q a Se Q = s qe” Î mn $ Sr 2] D); OUR NS es L à ? 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