REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, RUE DU BOULOI, 4 1902 Mo. Bot. Garden 1904, ::: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Janvier 1902 nd PS LR TT PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR 4, RUE DU BOULOI, 4 1902 Lé A+ é ê 1@n°} ; me, 2 1# Par 'E 4 LIVRAISON DU 15 JANVIER 1902 L — ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION (avec planches et figures dans le texte), par M. Noël Bernard. IL. — ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES PRÉALABLEMENT ÉTIOLÉES (avec planches et figures dans le texte), par M. H. Ricôme . . . HI. — REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUS- : CINÉES depuis le 1° Janvier 1895 jusqu’au 1* Jan- vier 1900, par M. EE. Géneau de Lamarlière RER Re ae eu: . sc co IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par M. E. Griffon (te + se ce _ PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON PLAGE is Salanum tuberosum. PLANCHE 5. — Eroum Lens. PLANCHE 6. — Ricinus communis ; Perilla nankinensis. Cette livraison renferme en outre six gravures dans le texte. sn troisième page de la couverture. Pages 45 Pour le mode de son et les conditions Pabaremett | REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME « PARIS PAUL DUPON-F, ÉDITEUR ic 4, RUE DU BOULOI, 4 _ 41902 ü | ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION par M. Noël BERNARD. INTRODUCTION La vie en commun des animaux et des plantes supérieures avec des végétaux inférieurs (Nostocacées, Bactériacées ou Champignons) apparaît de plus en plus comme un phénoïînène d’une grande géné- ralité. Il semble au moins très rare qu’un être ne soit pas au cours de sa vie infesté à quelque moment par certains de ces microorga- nismes. Dans l’étude de ces infections, il est commode et générale- ment possible de distinguer deux cas. L’infection peut être accidentelle et ne se rencontrer que chez un certain nombre d’ètres, tandis que d’autres êtres de la même espèce ne la présentent pas. Les individus atteints se distinguent alors des autres individus de l’espèce par des caractères spéciaux considérés comme les symptômes d'une maladie. Ces symptômes indicateurs permettent en général de reconnaître facilement les infections accidentelles ; ils ont de bonne heure attiré l'attention, et, dans Se _ l’étude des infections, on s’est tourné tout d ‘abord vers les maladies : microbiennes. Mais il y a aussi des cas où l'infection est normale : tous les his de la même espèce la présentent dans la nature. Si, dans ce cas, É l'infection a encore pour conséquence l’apparition de certains carac- tères chez les êtres atteints, ces caractères doivent exister, comme l'infection même, chez tous les individus de 1 espèce, ils ont dû forcé & ment être considérés comme des caractères spécifiques. En un mot, sil. = y a des symptômes, ce ne sont plus des symptômes indicateurs per- _ mettant de prévoir immédiatement l'infection. Il y a là pour me . reconnaissance des infections normales une Dpt Ma qui. me à 6 REVUE | GÉNÉRALE DE BOTANIQUE peut à elle Souts na que l’on soit relativement peu avancé dans leur étude. De nombreux cas d'infection normale sont aujourd’ hui connus chez les végétaux ; j'en prendrai pour préciser seulement trois exemples. . Les racines des Légumineuses soit toujours infestées par un bacille ; aux points atteints se produisent des nodosités qui sont un symptôme facilement appréciable de l'infection. Les radicelles des arbres forestiers sont généralement envelop- pées d’un manchon de mycélium qui reste localisé à leur extérieur ; les radicelles infestées présentent des ramifications nombreuses, courtes et renflées ; cette conformation spéciale, dite coralloïde, a été indiquée par Frank comme un symptôme de l'infection. Les nodosités des racines, ou leur aspect coralloïde sont des _ déformations se produisant au lieu même de l'infection ; elles ont été facilement reconnues comme symptômes bien que, par leur extrême diffusion dans les espèces ou les familles atteintes, elles eussent pu constituer des caractères spécifiques ayant quelque. valeur. Mais il existe des cas où de semblables symptômes immé- diatement appréciables font défaut. C’est ce qui se produit dans les cas d'infection par des champignons filamenteux endophytes, dont Si quelques-uns seront étudiés dans ce travail. _ Il importe en effet de remarquer que les tafécHonS de ce type très répandues chez les végétaux, n’ont été connues tout d “abord que par des travaux patients de statistique. L'examen microsco- pique des racines a seul permis de reconnaître les plantes infestées et celles qui ne le sont pas, sans qu'aucun caractère extérieur parût à première vue, distinguer les unes des autres. Peu après les premiers travaux de Frank (1), qui mettaient en évidence la fréquence et l’importance des associations de plantes supérieures et de champignons, Wabrlich (2) montra, par une statistique portant sur plus de 500 Orchidées, que la présence de champignons endophytes est normale pour les plantes de cette famille ; Schlicht Es examina à cè point de (4) B. Franck. — Ueber die auf W I le Ernährung gewisser Bäume durch imrier née (1 Berichie der cr ion tes nl. Gesellschaft, nor (2) Wahrlic Beitrag zur B): seit. — Berichte def deutschen, bot. Ges. 1888. ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 7 vue un grand nombre de plantes herbacées prises au hasard ; Janse (1), par l'étude de plantes appartenant aux diverses. familles existant dans une forêt tropicale, reconnut une infection dans 69 cas sur 75. Dans un récent mémoire, E. Stahl (2) donne une statistique étendue des cas connus jusqu'ici et en ajoute de nouveaux ; j'aurai moi-même à en indiquer quelques-uns. En relevant dans ces diverses statistiques les cas d'infection par des endophytes, on se trouve en présence d’une liste compre- nant les plantes les plus diverses (Muscinées, Cryptogames vascu- laires, Phanérogames), dont aucun caractère particulier n'avait fait en général soupçonner l'infection. Ceci paraît ne pouvoir s'expliquer que de deux manières : ou bien ces infections normales ne sont accompagnées d’aucun symp- tôme facilement appréciable ; ou bien elles ont pour symptômes des caractères constants que nous avons l'habitude -de considérer comme héréditaires ou spécifiques et dont, par cela même, lim- portance comme caractères indicateurs ne nous apparaît pas. _ La première de ces hypothèses m'a de tout temps paru diffci- lement admissible, Je suis parti de la seconde, dont j'espère montrer ici la légitimité, et je me suis proposé de chercher quels sont les symptômes de ces er normales par des champignons sut : Il Quelques plantes de la famille des Orchidées m'ont fourni les premiers et les plus importants matériaux pour cette recherche. L'infection normale est de règle pour toutes les plantes de cette famille ; on ne peut donc pas songer à découvrir les symptômes de cette infection en comparant soit des plantes de la même espèce, _soit des plantes d’espèces voisines. Mais il arrive, c’est le cas pour les Ophrydées, qu’une même plante au cours de sa vie s’affranchit de l'infection à des époques bien déterminées ; on peut alors com- parer ce qui se passe pendant deux périodes successives : avant et après la contamination. De cette comparaison il résulte avec une entière A tar que la plante a deux modes de développement (1) Janse, — Les endophytes radicants de quelques plantes javanaises. (Ann. du XIV). Es | jardin de Buitenz oTg. XIV en ” Stahl. — Der Sion. der Mycorhizenbildüng. ie sl Jahrb. 1899). 2 8 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE bien distincts, suivant qu’elle est ou non infestée. Le mode de développement spécial qui apparaît comme lié à l'infection d’une façon régulière, sera ici désigné par le terme de fubérisation, il est caractérisé par un retard dans la différenciation histologique et mor- phologique des points wégétatifs ou des bourgeons coïincidant avec la mise en réserve des aliments non utilisés pour la différenciation. Par une recherche de Biologie comparée, étendue à des cas divers, j'espère montrer que la tubérisation ainsi comprise est une conséquence et un symptôme de l'infection dans le cas bien défini d'infection des racines par des champignons filamenteux endo- phytes spécifiquement voisins de ceux des Orchidées. C’est à peu près uniquement à établir ce point que je m ’attacherai. Dès à présent il m'importe de dire que je n’ai ainsi traité qu’en partie la question générale des symptômes de l'infection telle que je l’ai posée : dans les cas que j'étudie il peut y avoir d’autres symptômes; il doit s’en présenter de nouveaux dans des cas différents. L'étude d’un symp- tôme unique, faite pour quelques cas, pourra montrer qu’on est en droit de rechercher les symptômes des infections normales chez les végétaux supérieurs parmi certains de leurs caractères spéci- fiques importants. Je me suis placé, pour cette étude, àun point de vue très immé- diat : c’est à des descriptions que la partie la plus importante de ce travail est consacrée ; c’est à des travaux purement descriptifs, tels que ceux d’Irmisch, que j'ai. eu le plus souvent à me reporter. Pour ne pas compliquer ces descriptions d’hypothèses préli- minaires, je me suis écarté dès l’abord des notions devenues classiques de saprophytisme et de symbiose qui servent souvent à grouper des faits analogues à ceux que j'étudie. Ces deux notions ont été liées tout d’abord l’une à l’autre par les recherches de Drude (1) et de Kamiensky (2) sur le Monotropa Hypopitys et le Neottia Nidus-avis. Ces plantes décolorées, incapables d’assimila- tion chlorophyllienne, tirent manifestement tout leur aliment de Vhumus où elles vivent : ce sont des plantes saprophytes typiques. Elles sont rss associées à des champignons, et cette (1) O0. Drude. — Die Biologie von date Hypopitys und Neottia hote à Fa Gôüttingen 1873. ee _® Kamiensky. — Les organes végétatits du Monotropa Hypopitys. (témoires Le _ de la Soc. des Sc. nat. et math. de Cherbourg. T. XXIV. 1882). ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 9 coïncidence remarquable à pu rendre un moment vraisemblable que la présence des champignons fût indispensable pour ce mode particulier de nutrition. On a vu là un cas de symbiose, ce mot étant pris au sens « d'association de deux êtres spécifiquement distincts qui harmonisent leurs fonctions pour le plus grand bien de la communauté. » On sait aujourd’hui qu’un grand nombre de plantes capables d’assimilation chlorophyllienne hébergent des champignons dans leurs racines, et il devient fort discutable que ces champignons aient un rôle utile pour l’alimentation. Frank (1), Janse, Stahl, qui ont cherché à préciser ce rôle utile, sont arrivés à des hypothèses très diverses; Groom (2) compare au contraire les champignons endophytes associés aux plantes supérieures à de véritables para- sites. Sans qu'il soit nécessaire de trancher la question, on est au moins en droit de ne pas employer, dans le cas dont je m'occupe, le mot symbiose qui, dévié de son sens étymologique, implique une hypothèse finaliste inutile. L'idée d’une symbiose en vue de la nutrition entre champignons et plantes supérieures a fait considérer d’autre part comme sapro- phytes un nombre de plantes de plus en plus considérable ; l’exis- tence de transitions ménagées entre les plantes saprophytes déco- lorées et les plantes vertes permet cette généralisation. A côté des plantes saprophytes typiques dépourvues de chlorophylle (plantes holosaprophytes), Johow (3) distingue des plantes vertes plus ou moins saprophytes (plantes hémisaprophytes) et l’on se trouve amené de jour en jour à étendre le nombre de celles-ci. La notion de saprophytisme, en devenant ainsi de plus en plus compréhensive, a perdu beaucoup de sa netteté primitive : il semble actuellement illusoire de chercher à fonder une classification des plantes sur leurs modes de nutrition dans les cas justement où ces modes nous _ sont le plus mal connus. k s'ERRE En disant qu’il y a infection normale dans le cas où l’on trouve ee toujours, pour les plantes d’une même espèce, les tissus euvahis dela même manière “par un même champignon, je n’ai pas eu d” autre but ra (1} Berichte der deutschen bot, Ges., 1891. (2) Groom, — On Thismia aseræ a its ARE ina of Botany, : | mr à . “he (3) Johow. de Die blorophyllfrei nach ihren er ge gsg htlichen Verhâltnisse “gen art 10 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE - que de revenir à un langage simplement et exactement descriptif, et c’est au moins une question de fait, qui peut être tranchée avec cer- titude, que de savoir si une plante est infestée ou si elle ne l’est pas. I Pour terminer cette introduction, il me reste à rappeler ou à établir quelques faits généraux relatifs à l'infection normale par des endophytes dans les cas que j'étudierai. RE Il sera ici surtout question des Orchidées qui font le sujet prin- cipal de mon étude ; Wabhrlich a le premier établi que toutes les plantes de cette famille sont normalement infestées : sa statistique, portant sur plus de 500 espèces, qui venait confirmer et permettait d'étendre diverses observations antérieures, a mis le fait hors de doute. Les confirmations apportées au travail de Wahrlich sont devenues si nombreuses que j'ai à peine besoin de dire que je n’ai jamais trouvé d’exception à l'infection des racines pour les Orchidées que j'ai étudiées : l'infection normale des Orchidées est un fait établi. L'examen microscopique des organes atteints permet en général de reconnaître très facilement l'infection. Dans les cellules qui viennent d’être atteintes, les filaments restent bien distincts et forment des pelotons de plus en plus serrés. Dans des cellules infestées depuis longtemps, il arrive le plus souvent que le peloton mycélien est digéré et dégénère : il se réduit alors à une masse irré- gulièrement arrondie, jaunâtre, brunissant par l'iode, contre laquelle le noyau de la cellule, plusou moins s déformé, se trouve généralement appliqué. Cetteint :e tout d’abord ne Cavara (1), Chodat et Lendner (2), Dangeard et Armand (3), e confirmée depuis, ne saurait laisser place äu doute après un examen attentif des préparations. Wabrlich avait considéré ces masses de dégénérescence comme des spores; Drude(4), Reinke (5), Molberg (6) les avaient prises pour des masses mucilagineuses ou résineuses - (4) Ipertrophie ed anomahe in-sequito a Due poeme vegelale. Unstitus. R. 4 - Pavie ; 1896 , (2) Sur les mycorhizes du Listera cordata. (Rev. mycolog. 1898). He. “ ._{3) Observations de Biologie cellulaire (Mycorhizes LS ls Res das Ho e calé: 1898). 2 Loc. cit: | (3) Flora 1873, : : or A8) Jenaische Zeitschrift für Rs à Bd. XVII, p. 519. me Caractéristiques: des conidies allongées, arquées et cloisonnées | _ (spores Fusarium) et des chlamydospores arrondies, à membrane 5 fréquemment disposées à la suite les. unes des autres au nombre de se deux à cinq (mégalospores de Wahrlich) (fig. 1, page 14). Bien que - les. ue de Wabrlich n ‘aient pas été à l'abri de toute cause vivre hors de ces plantes, en saprophytes, et se cultiver dans des ÉTUDES -SUR LA TUBÉRISATION 11 propres aux racines d’Orchidées. L’aspect de ces vieilles cellules infestées n’a même pas échappé à des auteurs qui se préoccupaient peu d’histologie : Irmisch les signale dans des plantules, Fabre les remarque et les considère comme des cellules contenant une pelote de bassorine. Ces remarques sont utiles à relever quand on fait la biblio- graphie des questions relatives aux Orchidées, dans des mémoires antérieurs à celui de Wabrlich. Bien que l'infection n'ait pas été à cette époque explicitement reconnue, les descriptions qui signa- lent et interprètent de diverses manières les cellules à peloton dégénéré ne peuvent pas laisser de doute sur l'existence de l’infec- tion. C’est ainsi que dans l'étude des plantules, eu me reportant à des descriptions de Irmisch, de Fabre et de Prillieux, je pour- rai Considérer l'infection comme reconnue par ces auteurs sans qu'ils en aient donné de descriptions explicites. L’infection est délicate à reconnaître dans certains cas, surtout quand il s’agit de plantules de petite taille, récemment infestées, et n'ayant pas de cellules à peloton digéré. Ayant eu à faire des recherches dans de semblables cas, je me suis servi de coupes en série colorées à la _ safranine, à l’hématoxyline ou au brun Bismark. Pour les plantules de petite taille ou les racines de très faible diamètre, j'ai eu de bons résultats en laissant macérer les matériaux dans l'hydrate de chloral sirupeux, en colorant par le bleu d’aniline, qui ne se fixe guère que sur les champignons, et en examinant, sans coupes, par trans- parence. Il m'importe ici seulement de noter que l'infection en général se reconnaît avec une extrême facilité chez les Orchidées qui sont des matériaux de choix pour son étude, et que les descriptions les plus sommaires au point de vue histologique permettent le plus souvent de savoir si elle existait dans les cas observés. Wabrlich a montré que les endophytes des Orchidées peuvent milieux nutritifs divers. Ils présentent alors deux sortes de spores épaisse et souvent brune, contenant des gouttelettes d'huile, et |. Me REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE d'erreur et que les résultats qu’il annonçait aient pu être contestés, un grand nombre d'auteurs se sont rangés à son avis. Après les con- firmations données par Chodat et Lendner et par Vuillemin (1), qui à observé la formation de chlamydospores dans les poils radi- caux de plantes vivantes, ces résultats ont pu être considérés comme établis. Il n’est cependant pas inutile de dire que J'ai vérifié ces sssuliie en employant la technique des cultures pures. Les endophytes se - développent bien sur pomme de terre, sur carotte et dans divers bouillons sucrés. J'ai des cultures pures d’endophytes des espèces suivantes : Catileya labiata, Lælia cinnabarina, Lælia Dayana, Bletia hyacinthina, Cypripedium insigne (et diverses variétés horticoles). Phalænopsis Schilleriana , Oncidium ornithorrhynchum, Ophrys arachnites, Ophrys nranilert Loroglossum hircinum, Orchis montana, Epipactis palustris, Epipactis - latifolia, Listera ovata, Limodorum aborticum, Neottia Nidus-avis. Il est facile “d'obtenir ces cultures en laissant les racines dans de l’eau courante, ou en les abandonnant, après les avoir lavées à l’eau stérile, dans des cristallisoirs stérilisés. Pour les grosses racines charnues j'ai pu, sans tuer les endophytes, aseptiser la surface par des lavages au sublimé à 1 °/. ; puis, après plusieurs lavages à l’eau stérile, je les ai laissées soit dans l’eau stérilisée, soit dans des bouillons nutritifs. Les racines traitées de l’une ou l’autre de ces manières ne tardent pas à se couvrir de mycélium qu’il n y a plus qu’à prélever pour les semis. On obtient ainsi presque à coup sûr dans la culture un seul cham- pignon, les bactéries étant les seules impuretés difficiles à éviter; un second semis à partir de Ja culture initiale donne très générale- ment le champignon en culture pure. En faisant des essais répétés, on obtient toujours le même champignon à partir d'une plante donnée ; il n’y a donc pas à douter que ce champignon soit bien l'endophyte. D'ailleurs, en coupant les racines qui ont servi au semis, on peut s'assurer que les pelotons mycéliens de 1 ‘intérieur des cellules sont bien en continuité avec Je mycélium au s’est développé à l'extérieur. Tous les champignons que j'ai ainsi mt présentent les due formes de spores décrites par Wahrlich. Les filaments fructifères 4) Bisbelin des Séances de la Société des Se. Nat. de Nancy, 15 nov. 1830, . ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 13 qui donnent les conidies en Eusarium s’agglomèrent dans les cul- tures âgées et les spores accumulées forment le plus souvent, à la surface du milieu. de culture, des masses d’aspect plus ou moins gélatineux, facilement reconnaissables. Il faut noter cependant des différences assez grandes pour un même endophyte cultivé sur plusieurs milieux à partir de cultures diversement avancées : tantôt les spores Fusarium typiques sont très abondantes, le mycé- lium végétatif étant peu développé et les chlamydospores rares, tantôt, au contraire, le mycélium est abondant, les spores Fusarium rares, et les chlamydospores nombreuses. Enfin, quoique je n'aie jamais observé l’absence complète de la forme en Fusarium typique pendant toute la durée d’évolution d’une culture, j'ai remarqué souvent qu’un grand nombre des conidies produites variaient de la forme presque complètement arrondie à la forme allongée et arquée. Les conditions précises, de la variation de ces diverses formes ne me sont pas connues. Ces variations assez étendues des formes de . spores de chaque endophyte atteignent l’ordre de grandeur des variations de formes qui s’observent en comparant des endophytes divers. Il serait au moins fort difficile de distinguer ces endophytes les uns des autres si l’on ne connaissait leur origine. Wabhrlich a obtenu des formes parfaites, pour les endophytes de deux espèces voisines d’Orchidées (Vanda suavis, Vanda tricolor) ; ces formes parfaites se rattachent au genre Nectria et constituent deux espèces distinctes de ce genre (Mectria F ’andae, Nectria Goro- shankiniana). J'ai eu l’occasion d’observer sur des racines de Phalæ- nopsis Schilleriana laissées en boîte de Pétri, le développement de deux perithèces à ascospores. Des semis de ces ascospores m’ayant donné la forme Fusarium, il n’est guère douteux que j'ai bien eu sous les yeux une troisième fructification ascosporée d’ endophyte. Ces jrs isolés, sans mer ne raides. couleur rose et. Les ira huit ascospores dispoaes ébliquement. régulière- ment elliptiques, bi-cellulaires, ayant 8 à 9 y de long sur 3 y, 4 de large. D’après ces caractères des périthèces, les endophytes du | : Ée Phalænopsis Schilleriana se rattachent au genre Vectria, comme _ ceux des Vanda observés par Wabrlich ; il est vraisemblable que _ c'est à à ce pue ou à des genres très voisins que tous les care 6 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE d’Orchidées devront être rapportés. Ces fructifications ascosporées de l'endophyte du Phalænopsis se distinguent nettement de celles .que Wabrlich a décrites pour deux Vanda ; cet nt AU doit être rapporté à une troisième espèce de Nectria. S'il n’est pas illégitime de généraliser l'indication que donnent ces trois cas, il y a lieu de penser que les endophytes des diverses espèces d'Orchidées sont spécifiquement distincts. Il faut cependant retenir qu'il s’agit ici d’un problème de elassi- fication particulièrement complexe. On compte d’une part en effet plus de 6000 espèces d’Orchidées : il est vraisemblable que tous les endophytes de ces plantes sont spécifiquement voisins de ceux qui ont été décrits d’abord par Wahrlich; le mycologue qui possé- derait la collection complète de ces endophytes serait sans aucun doute fort embarrassé pour en faire une classification. D'autre part, des plantes autres que les Orchidées, en nombre considérable, sont infestées d' ‘endophytes. La nature de ces endo- phytes est presque entièrement i inconnue, mais il me paraît vraisem- blablé que, dans un grand nombre de cas, ce sont encore des cham- — Fig. 1 à 3. — Chla amydospores et spreso en Fusarium des endophytes d'Epipasti palustris (1), de Ficaire (2), de Pomme de terre (3). Cultures pures. Dessins ‘à la chambre claire. (Même res nt 590). pignons très voisins des Fusarium de Wahrlich. La Ficaire et la Pomme de terre, en particulier, sont infestées de semblables champignons qui en culture pure ont les deux formes de spores (chlamydospores et spores en Fusarium), qui se rencontrent chez les endophytes d'Orchidées. Les figures 1, 2 et 3 permettront dè juger de la similitude parfaite des spores d’endophytes dans ces deux cas et dans ne d’une Orchidée pe au hasard (£ lee de ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 45 J'ai, incidemment, cultivé des champignons endophytes prove- nant de racines d’autres plantes, qui sont vraisemblablement des endophytes normaux, et j'ai ainsi le plus souvent trouvé des formes manifestement très voisines de celles des endophytes d’Orchidées (1). Le fait que toutes les formes imparfaites de ces champignons ont deux formes de spores en commun met hors de doute qu’il s’agit bien là d'espèces voisines, qui devront être ratta- chées, sinon au seul genre Nectria, du moins à des genres peu éloignés. Il existe là, selon toute vraisemblance, un groupe très homogène de champignons dont le nombre et l’importance dans la nature sont presque entièrement insoupçonnés. Provisoirement, je n’ai cru pouvoir faire mieux que classer ces champignons d'après leur origine, en mettant sur les étiquettes de leurs tubes de cul- ture le nem des plantes d’où ils provenaient. Pour compléter l’ensemble de ces notions préliminaires, deux remarques générales me restent à faire sur la localisation des champignons endophytes chez les plantes qui en sont infestées. Les organes contaminés paraissent être presque uniquement ceux qui ont un rôle dans l’absorption. C’est dans les racines que, normalement, les endophytes se trouvent ; ils existent parfois dans les rhizomes qui paraissent avoir le rôle d'organes absor- bants (Neottia Nidus-avis, diverses Orchidées sans racines, jeunes Ophrydées). Ils ne se propagent pas, en général, dans les tiges pro- prement dites, même dans leur partie souterraine ; les feuilles, les fleurs, les fruits, paraissent en être toujours dépourvus. J'aurai à donner plusieurs exemples précis de cette localisation des endo- phytes dans des organes absorbants. Le fait que cette localisation est assez étroitement déterminée est de ceux qui peuvent porter à penser que les endophytes ont un rôle dans l'absorption ; mais c’est là faire une hypothèse, qui n’est nullement nécessaire, et des conditions immédiates peuvent suffire à régler cette locali- sation. Pénétrer les tissus d’une plante n'est pas, sans doute, pour un champignon, une opération sans difficultés ; on comprend necment que cette POPRAEOR ne puisse se faire Le certaines (1) J'ai trouvé, en | évticuiés: des Co ayant ces deux rade de spores dans les racines de diverses variétés de Tulipes, des Crosnes du Japon (Stachys > d’une Linaire (Linaria vulgaris, de l'Asperge cultivée Reg tes _…. “oiaina 16 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE régions et par certains champignons capables de traverser en ces points la surface. La surface des organes absorbants est pour les endophytes le seul point de pénétration qui paraisse possible, ils tra- versent la base des poils absorbants, ou simplement la paroi externe des cellules voisines; s'ils s'étendent plus loin dans la plante, c’est de-proche én proche, à partir des organes absorbants qu’ils ont pénétrés. Une autre constatation qui a été souvent faite est que, quels que soient les organes infestés, on n’y trouve pas d’endophytes dans les points végétatifs. Les endophytes ne pénètrent les cellules d'un tissu que quand celles-ci ont atteint à peu près leur maximum de taille. D'autre part, comme je l'ai dit déjà, les cellules atteintes ne croissent ni ne se divisent plus. Les endophytes ne se propagent pas jusqu'aux points végétatifs ; il n'apparaît plus de points végétatifs dans les régions infestées. Dans les infections normales les mêmes tissus sont toujours contaminés de la même manière. Le seul fait que ces tissus soient par là incapables de différenciation, de croissance et de prolifération cellulaire, rend certain que l’infection peut intervenir pour régler les modes de croissance et de multiplication des plantes atteintes. . Mais là n’est pas sans doute le mode d’action le plus important des 5 -champignons endophytes : vivant dans les organes absorbants, ils doivent mêler leurs produits de sécrétion à la sève brute et con- tribuer à modifier chimiquement le milieu intérieur de la plante ; ils peuvent ainsi agir sur tous ses tissus et toutes ses parties, C'est, en définitive, à leur attribuer une action br de ce genre que je serai amené. ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 17 CHAPITRE I 4 INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES OPHRYDÉES ET LA FICAIRE Les travaux d’Irmisch et de Fabre (1) ont fait connaître d’une façon assez précise l’histoire naturelle des Ophrydées pour qu’il y ait peu à ajouter à tout ce qui concerne leurs modes de déve- loppement et de multiplication. Les recherches que j'ai faites, sur- tout pour l’Orchis montana (2), me permettront d'établir quelles relations il existe entre le mode d'infection et la tubérisation pen- dant tout le cours de la vie et d'interpréter les observations d’Ir- misch et de Fabre à un point de vue nouveau. Bien que ces botanistes n'aient pas soupçonné l'infection des plantes qu’ils ont étudiées, il m'a été possible de comprendre par plus d’un passage de leurs œuvres que l'infection et le mode de développement pré- sentaient dans les cas qu’ils ont fait connaître les mêmes rapports _ que dans ceux que j'ai moi-même observés. $ I. — TUBÉRISATION ET INFECTION PÉRIODIQUES CHEZ LES OPHRYDÉES ADULTES Quand on déterre une Ophrydée dans le cours de l'été on trouve deux tubercules attachés à la base de sa tige; l’un est flétri, de ns molle, la digestion des réserves s’y achève, bientôt il Fa Th. Irmisch.— Beitrâge zur Biologie und Morphologi der Orchideen. LApRE- 9° : + Fabre. — Recherches sur les tabetoutès de l'Himantoglossum hircinum. ee. es Nat. Bot. # Série, 3. 1855). . . Fabre — De la PR us des Ophrydées et de la nature de leurs ie M (2) J'ai récolté à diverses es u cultivé dans un jardin d'expériences, des _plantes des espèces suivantes : Die latifolia, O0. maculata, 0. simia, O. pur- urea, O. Morio, Loroglossum h ircinum, Ophrys arachnites, 0. aranifera; Aucune de ces plantes, au point de vue général où . me place, ne ne montré . bien différent de ce __ vu né J'Orchis m si Le de Botanique. = XIV. ee .. de 18 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sera détruit complètement; l’autre est ferme au toucher, dans le parenchyme qui forme sa masse achèvent de s’accumuler des réser- ves hydrocarbonées (amidon et mucilages), ce tubercule est prêt à se détacher de la plante entrainant avec lui le bourgeon à partir duquel il s’est formé. La figure 6 représente l’état d’un bourgeon de tubercule arrivé à maturité; sa différenciation est, comme on voit, peu avancée, on ne compile que quatre Ou cinq feuilles repliées autour du mamelon terminal. Ce bourgeon isolé en terre avec un tubercule donnera l’année suivante la tige feuillée ou florifère d’un pied nouveau de la plante; un bourgeon de second ordre né à l’aisselle d’une de ses feuilles inférieures produira un tubercule nouveau (b., fig. 4}. Je me propose de suivre ici pas à pas les phénomènes de ce développement, en prenant surtout l” Orchis montana pour exemple. La vie active du tubercule isolé « en terre ne tarde pas à repren- dre : dès le mois d’août il devient évident que la différenciation de son bourgeon principal fait de rapides progrès; les feuilles anciennes s’accroissent, tandis que de nouvelles se forment à la partie cen- trale ; il suffit pour s’en convaincre d'examiner en coupe les bour- : geons de tubercules récoltés à ce moment. Au point de vue physio- logique Leclerc du Sablon a parfaitement noté pour l’Ophrys aranifera cette reprise précoce de la vie active : il y a dès ce moment destruction des réserves et « les sucres qui se forment sont immédiatement absorbés par les jeunes feuilles » (1). Dans le cours de septembre la jeune hampe florale devient dis- . Lincte au centre des bourgeons de certains tubercules : elle atteint à la fin de ce mois l’état que représente la figure 4, toutes les jeunes fleurs étant déjà distinctes. Cette différenciation précoce de. la hampe florale paraît un fait constant ; _j'en ai eu pour des Ophry- dées diverses de nombreux exemples ; Irmisch la note pour l” Or chis militaris, où il a pareillement observé en septembre la différenciation des fleurs. A cette époque, on trouve un grand nombre de tuber- cules dont les bourgeons n’ont encore différencié que des feuilles, mais il faut tenir compte de ce qu’un grand nombre de pieds chaque année ne portent pas de fleurs. Dans les localités où j'ai, trois années de suite, recherché des pieds d’Orchis montana, ilest . (Rev. gén. de Boi.,T, X,p (1) Leclerc du Sablon. — Réserves hydrocarbonées des bulbes ss des ne # . 162). 7 si AL bi à = = t sPohe rain de Fabre, ils étaient en ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION à 19 facile de voir au printemps que la plupart des pieds restent stériles et ne développent que des feuilles ; c’est le cas en particulier pour ceux que l’on trouve attachés encore à une hampe fructifère desséchée de l’année précédente. La floraison a lieu rarement deux années de suite. Pareillement les tubercules que j’ai récoltés en septembre au pied de hampes desséchées n’avaient très généra- . lement encore différencié que des feuilles, tandis que la hampe se trouvait .souvent différenciée dans les bour- geons de tubercüles pris au pied de plantes qui n’avaient pas fleuri (1). Je pense donc qu'on peut dès le mois de sep- tembre distinquer les pieds qui fleuriront de ceux qui ne fleu- riront pas par l’état où sont alors les bourgeons. - A ce moment, qu'il s’agis- se de pieds fertiles ou stéri- les, on voit à l’aisselle des feuilles inférieures se former de jeunes bourgeons (b, à, fig. 4) ; ils ont d’abord une appa- rence normale, différencient leurs premières feuilles et er ne paraissent en rien dis- Fig. #4.— Etat du bourgeon principal et des _tincts des jeunes bourgeons bourgeons axillaires (a “eh d’un pied Re d'Orchis montana au t de la sor- qui, chez la plupart des plan- tie et de l'infection de itireé racines se a ce derameaux. (fin septembre); ; R, une jeune racine STE Fabre a fait pour les nn hircinum d’une localité déterminée une étude statistique qui l’a conduit à admettre que « environ un pied doit hi. quelques bourgeons ayant différencié leurs fleurs, surtout parce que, en automne, __ les piedsétant TA Pr re plus facilement les € pp si itués sé mn. pré de hampes persistan : È ie pieds rées Les le LÉ hircinum, j'ai trouvé ne RHONE reprises : _des bourgeons à hampe différenciée en Le Age embre et octo tobre, ue, pres ité. #, 20 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE A la fin de septembre, deux faits nouveaux se produisent à un court intervalle : Fig. 5 et 6. — Deux états successifs d’un bourgeon donnant un tubercule T : e À, au début de la tuberculisation (fin septembre) ; en B, à la bercule {fin mai); {, [”, feuilles de la plante mère ; 4, 2, 3, 4, feuilles du bourgeons is + maturité du tu- visible extérieurement. On sait les premières racines absorbantes sortent de la tige (R, fig. 4), un jeune bour- geon (b,) commence à se reufler en tubercule ; dès lors les phéno- mènes du développement vont devenir notablement difiérents. Je limite à l’époque où ces faits se produisent une première pé- riode du développement dont je viens de retracer les phases. Cette période, qui dépasse à pei- ne deux mois {août-septembre), suffit à la différenciation de tou- tes les parties {à l'exception du nouveau tubercule) que la plante comportera. Je l'appelle pour rappeler ce fait période de diffé- renciation. Dans le cours du mois d’octo- bre le développement en tuber- cule d’un des jeunes bourgeons axillaires devient facilement ap- préciable ; c’est régulièrement pour celui qui est né le plustard, etqui est le moins différencié que le fait se produit (b, fig. 4); sur le flanc du bourgeon, au-dessous de sa première feuille, apparaît un mamelon qui se renfle de plus en plus et qui est le pre-_ mier rudiment du nouveau tu- bercule (7, fig. 5); dès le début ce bourgeon renflé fait, sous la feuille qui le protège, une saillie que dans ce mamelon latéral, à _ mesure qu'il grossit, se différencient de nombreux cylindres cer _ traux, à bois et liber alternant, qui le mt iron depuis son inser- à ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 21 tion jusqu’à sa pointe, de telle façon qu’on doit considérer la masse du tubercule comme formée par un faisceau de racines adventives exogènes, soudées par leurs écorces parenchymateuses et nées toutes ensemble sur le flanc du bourgeon. Dans la masse du tuber- cule, s'accumulent des aliments mis en réserve : il est évident qu'une très faible partie seulement de l’aliment qui afflue vers le bourgeon est utilisée pour la différenciation de feuilles nouvelles : à la fin de mai (fig. 6) de semblables bourgeons sont à peine plus différenciés qu’en septembre (fig. 5). Pan Le bourgeon qui se transforme ainsi en tubercule est de tous ceux que porte la plante, celui dont le développement est, dans la seconde période, le plus brusquement et le plus apparemment modifié. Mais l'incapacité presque complète qu’il montre d’assi- miler en se développant les aliments qui lui arrivent ne lui est pas particulière; elle se remarque pour tous les autres bourgeons. et il devient ainsi manifeste que ce n’est pas l’état particulier d’un des bourgeons qui est changé, mais bien l'état général de la plante. Les bourgeons axillaires inférieurs (au nombre de 1 à 2 suivant les espèces ou les cas, b, fig, 4) meurent souvent à l’époque où la hampe se dessèche, sans s'être différenciés davantage ; s’il arrive qu'ils se développent, c’est toujours en se tubérisant. Jamais : ils ne donnent de rameaux, la tige reste toujours simple. On sait que fréquemment deux bourgeons évoluent à la fois en tubercules; on trouve alors au printemps trois tubercules à la base d'un pied l’un ancien, les deux autres nouveaux : j'ai observé assez souvent - ce fait pour l'Orchis maculata et pour l’'Orchis montana; il était connu pour d’autres espèces (1). Si l’on coupe la tige principale d'une Ophrydée en voie de développement, aucun des bourgeons axillaires ne se développe en une tige nouvelle, mais plusieurs pro- duisent alors des tubercules. On peut ainsi multiplier la plante. ___ Souvent ces jeunes bourgeons axillaires donnent des tubercules moins volumineux que le tubercule principal. C’est ce qui arrive, d’après Fabre, pour le Loroglossum hircinum : normalement, chez _ cette plante, une pousse qui ne fleurit pas « développe en tubercules : (1) Ed. Prillieux, — Étude du mode de végétation des Orchidées. (ann. se ses de impin es . — Rec erches sur la nature du is bulbe des 22 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE inégaux les trois bourgeons axillaires de sa base ou au moins les deux supérieurs. » J'aurai plus loin à dire quel est le sort des tubercules de petite taille qui se forment chez l’Orchis montana à partir des bourgeons axillaires inférieurs. Le fait à retenir ici est que rien d’essentiellement difiérent ne s’observe dans le dévelop- -. pement des divers jeunes bourgeons de la plante; un seul en général donne un gros tubereule, mais tous ont, dans la seconde période, une différenciation très ralentie, et si de l’aliment leur arrive, ils. ne l’assimilent pas mais le mettent en réserve. Le bourgeon principal de la plante ne donne jamais de tubercule chez une Qphrydée adulte ; son histoire est terminée pour ainsi dire dès la fin de la première période ; il ne différencie plus de parties nouvelles et développe seulement celles qu’il avait formées déjà. C’est ici le lieu de rappeler que les fruits, quand il s’en pro- duit, ne renferment, à leur maturité, que des graines rudimentaires dont l'embryon indifférencié paraît prématurément arrêté dans son développement et reste à un état qui, chez la grande majorité des végétaux, n’est qu'un état transitoire de l'embryon se développant dans la graine. Pour ce bourgeon principal, dans la seconde période, il y a donc surtout croissance, >, la différenciation se trouvant réduite au minimum. Ainsi, à la première et courte péril de différenciation, s oppose une seconde période beaucoup plus longue (septembre. à juin), pendant laquelle la différenciation de tous les bourgeons de la plante est considérablement ralentie ; je l'appelle période de tubé- risation. La formation d’un ou de plusieurs tubercules est, dans cette seconde période, un épisode essentiel, mais il n'apparaît que comme l’un des symptômes d’un état général de la plante, qui ne se montre plus capable d’assimiler, qu’en faible quantité, les aliments dont elle dispose en différenciant ses bourgeons. _ Le fait remarquable que je veux maintenant mettre en évidence _est que le brusque changement d'état de la plante qui s’observe entre la première et la seconde période coïncide avec l'infection. La plante n'est pas infestée pendant la période de différenciation, elle est infestée, au contraire, dès le début et pendant toute la durée. de la période de tubérisation. Les gros tubercules qui, à l’état adulte, servent à la propagd- tion des Ophrydées, sont indemnes d’ Se Le fait a ee | ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 23 signalé par Frank, et depuis par Vuillemin (4). En règle générale, une coupe faite au hasard dans la masse d’un tubercule ne montre aucune cellule infestée; il arrive parfois, cependant, que des infections locales peu étendues se constatent, mais elles ne paraissent jamais se généraliser à la masse du tubercule, même quand celui-ci se vide et se flétrit (2). Dans la première période, la plante réduite à un tubercule, et à son bourgeon en voie de développement, est donc normalement indemne ; mais dès que les jeunes racines sortent de la base du bourgeon, elles se conta- minent dans le sol; elles restent infestées pendant toute la seconde période. et l’infection y devient de plus en plus nt ou jus- qu’àprès la floraison. L’infection des jeunes racines est un phénomène d'une régula- _rité frappante : dès qu elles ont atteint un centimètre de long, on trouve les cellules de leur écorce pénétrées de l’endophyte qui forme à ce moment des pelotons à filaments bien distincts. C’est à partir du moment où il y a ainsi de jeunes racines infestées qu’un _ bourgeon conimence à se renfler en tubercule. Je me suis attaché à vérifier ce fait aussi bien pour les Ophrydées que j'avais en culture que pour celles que j'ai récoltées en septembre et octobre : toujours j'ai vu apparaître la saillie que forme le jeune tubercule au moment où il y avait des racines infestées ; jamais je ne l’ai vue se produire avant ce moment. {l y a donc ici entre l'infection et la tubérisation . une coïncidence exacte qu’il est particulièrement facile de constater. La sortie des racines a régulièrement lieu en automne pour les . Ophrydées que j'ai examinées et c’est en automne que la période de tubérisation commence. Il arrive parfois que la sortie des racines est plus tardive et la tubérisation se trouve alors d'autant retardée. J'ai eu de ce fait un exemple très net pour une Ophrydée que j'avais gardée,en culture dans un jardin humide et assez ombragé. Cette plante provenait d’un tubercule d'assez petite taille que j'avais planté en terre pendant l’été et que j'ai examiné le 31 mars suivant. D’après la localité où j'avais récolté la plante et la forme de son (1) Loc. Fra (2) Un des rares éremples d’une infection locale de ce genre ayant quelque. con$tauce s’observe pour l’'Orchis montana. On trouve souvent des cellules infes- * _tées à la partie moyenne de la digitation qui se développe tardivément à la “e fx pointe du tubercule; la masse Lepage principale reste en tout pen - indemne. Z. 24 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tubercule, je pense que c'était un Orchis maculata ; j'en ai représenté l’aspect d'ensemble dans la planche 1 (fig. 1) ainsi qu’une coupe lon- gitudinale passant par ses deux principaux bourgeons (fig. 2). Ces figures montrent les deux particularités que cette Ophrydée pré- sentait : elle n’avait encore développé aucune racine et l'un de ses bourgeons se développait en un rameau dont la différenciation était presqué aussi avancée que celle de la tige principale. Le tubercule n'était infesté ni dans sa masse ni dans ses digitations et, par suite d’un retard tout à fait anormal de la sortie des racines, la plante vivait sans être infestée depuis l'isolement de son tubercule, c’est- à-dire depuis plus de huit mois. Au lieu d'évoluer en tubercule sans se différencier, le bourgeon axillaire de la seconde feuille se déve- loppait d’une manière tout à fait inusitée et donnait un jeune rameau. Je dois dire que cette plante, au moment où je l’ai-examinée, était en assez mauvais état : la base de sa tige principale {partie _ pointillée sur la figure 1) était extérieurement noircie et envahie de bactéries ; bien que le centre du bourgeon fût encore intact, elle ne paraissait pas capable de continuer longtemps à se développer ; je l’ai sacrifiée pour en faire l'étude. Je ne pense pas qu’on puisse attribuer à l'altération de la tige principale le développement d’un bourgeon en rameau. La culture des Ophrydées est assez difficile pour que j'en aie vu pourrir ainsi souvent, dans les sols trop humides, après quelque temps de culture, mais toujours dans ce cas les j jeunes bourgeons évoluaient en tubercules jusqu’à la fin de la vie quand il y avait des racines infestées. J'ai dit déjà que si par _ une altération de la tige principale on obtient en général un déve- loppement plus actif des bourgeons axillaires ce n’en est pas moins en tubercules que ces bourgeons évoluent. Il me paraît donc que si la tubérisation qui se produit toujours lorsqu'il y a infection par l’endophyte normal ne s’est pas produite en ce cas, c’est parce que la plante n’était pas infestée. L'étude du déve- loppement des Ophrydées adultes donne ainsi des raisons de croire que l'infection est une condition déterminante de la tubérisation. La présence de tubercules est, chez les Ophrydées, un caractère d’une telle constance, qu’il peut servir à la définition de ce groupe d’Orchidées ; mais d'autre part, le fait que l'infection se produit Fr Î Aus précise de la sortie des _ etn atteint pas lestuber- FRA RES ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 25 cules est aussi un caractère constant de ces plantes qui pourrait, tout autant, servir à leur diagnose. Si l’infection ne se produit pas ou se produit différemment, c’est évidemment dans une infime minorité de cas, et s’il y a alors, comme je pense, développement des bourgeons en rameaux, on doit forcément à première vue considérer comme tératologique ce phénomène qui est de règle constante chez la majorité des végétaux et qui se trouve n'être ici qu’une très rare exception. En dehors du cas que j'ai observé moi-même, je ne connais qu'un exemple, donné par Fabre, d’une Ophrydée à tige ramifiée : il s’agit d’un pied de Loroglossum hircinum dont trois jeunes bour- geons axillaires se développaient en rameaux. Cette plante prove- nait d'individus plantés en pot deux ans auparavant. Fabre attribue bien à la culture la dérogation à la règle générale qu’elle présentait mais tout préoccupé d'établir, d’après ce cas, que les tubercules ont la valeur morphologique de rameaux, il ne donne malheureu- sement ni figure ni détails suffisants : ; sa description permet seule- ment de süpposer que la plante n'avait pas de racines (1). Le fait que le développement des bourgeons en rameaux peut se produire, quelle que soit la rareté du phénomène, autorise en tous cas à penser que la formation des tubercules est due à une condition de la vie de la plante évidemment très fréquente, mais susceptible pourtant de varier. L'infection est pour les Ophrydées adultes une condition très peu variable que je relie à leur mode régulier de propagation par tubercules. En reprenant dans le paragraphe qui suit l'étude du développement de ces plantes à partir de la graine, je me propose de montrer que les modes d'infection des jeunes plantules peuvent expliquer de même plus d’un des Re phénomènes qui mar- quent le début de leur vie. oo Voici la description de donne Fabre (loc. cit., p. 262): « La plante en - question avait deux feuilles déployées, et, dans sa partie enterrée, les cinq écailles . blanches décrites plus haut. Le rameau issu de 1 écai | presqu resq ême diamètre et de même hauteur que 1 èr ’une seule feuille gear Des écailles blanches pareilles aux précédentes envelop- paient sa base. ne présentait rien de remarquable; il n’en partait pas la _. moindre parte 08 es: n'y AePPIOR le moindre vestige de tubercule ».. ee . Fou . Re ce Re Æ sure). * ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES PRÉALABLEMENT ÉTIOLÉES par M. H. RICÔME Les végétaux cultivés à l’obscurité prennent un développement anormalconnu souslenom d’étiolement. Je mesuis proposé d'étudier comment se comportent les plantes étiolées, lorsqu'on les place dans les conditions habituelles d’éclairement, à l'alternance du jour et de. la nuit, d'examiner l'influence de la privation initiale de lumière sur le développement ultérieur, la forme et la structure de la plante, après le retour à l'éclairement normal. Avant de décrire les faits observés, il est nécessaire de rappeler brièvement les phénomènes d’étiolement. A l’obscurité, le verdissement nese produit pas, au cependant dans quelques cas exceptionnels (Flahault (1). Les entrenœuds de la tige s’allongent outre mesure, tandis que les feuilles restent petites (Voir le traité de A. P. de Candolle). C’est du moins le cas habituel chez les Dicotylédones et les Fougères et d’une façon _ générale chez les plantes à feuilles larges et pétioltes. Cependant les feuilles du Phaseolus multiflorus cultivé à l'obscurité acquièrent, en été, un développement normal. D'autre part, les Graminées et beaucoup d’autres Monocotylédones à feuilles étroites sans pétiole conservent à l'obscurité des entrenœuds courts, alors que leurs feuilles deviennent longues (J. von Sachs (2). L’élongation de la tige est due à l’allongement exagéré des cellules (Sachs, loco cit.). 1 y a en outre multiplication exception- (1) Flahault: Sur la présence de la matière verte dans les organes actuelle- ment at à | Pinfluence de, la lumière (Bull. de la Soc. bot. de France, t. 26, 4 (2) ; a n Sachs: Ueber den, Einfluss des Tageslichtes auf Neubildung und Bnifoliahy verschiedener Pflanzenorgane (Bot. Zeit. 4863) Voir aussi Handbuch- der experimental Physiologie (1865), traduit en français en 1868, et Vorlesungen über Pflanzenphysiologie, 4887. e ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 24 nelle des cellules ; leur allongement n’est pas suffisant pour déterminer accroissement en longueur constaté (Kraus (1), confirmé par. Bataline (2), et Rauwenhoff (3). Les cellules s’accroissent aussi transversalement et peuvent devenir plus larges qu'à l’état normal. Quant aux feuilles arrêtées dans leur développement à l’obscurité, leurs faibles dimensions avaient fait supposer qu’elles ne se cloisonnaient pas. Il n’en est rien : les cellules y sont plus nombreuses que dans les feuilles du bourgeon et, pour le Phaseolus, aussi nombreuses que dans les feuilles vertes (Prantl (4). La différenciation des cellules s'opère mal à l’obscurité : les éléments mécaniques sont peu ou pas lignifiés (Sachs, loco cit.), les parois cellulosiques sont minces (Rauwenhoff, loco cit.). Ajoutons que certaines plantes bulbeuses produisent, sans le secours de la lumière, des fleurs normalement CORNE et colorées (Sachs, Rauwenhoff). Tels sont les faits connus. Leur interprétation, leur atiibobtion à une cause déterminée soulèvent de nombreuses difficultés. L’exposé de l’opinion des auteurs trouvera plus utilement sa place à la fin de ce mémoire dans la discussion des résultats que j'ai obtenus et dans leur comparaison avec les faits antérieurement acquis. Les hanpbtionts de forme à l’obscurité sont assez divergents, souvent même contradictoires. Aussi a-t-on cherché, afin de les rattacher à une loi générale, à varier le plus possible les expériences. C’est ainsi que J. v. Sachs (5) et M. Teodoresco (6) font développer -à l'obscurité des bourgeons de plantes vertes maintenues à la HLRIREe que M. Bataline (7) expose à la lumière, (1) Kraus : Ueber die Ursachen der Formänderung etiolender Pflanzen (Pringsheim’s Iahrbücher, t. 7, 1869). (2) Bataline : Ueber ne Wirkung des Lichis auf die es er der (3) Rauwenhoff: Sur pa causes des as Eee . ni qui _croissent dans l'obscurité (Ann. des Sc. nat. Bot. 6° série ). (4) Prantl: Ueber den Eïnfluss des por auf das PRES der Blätier (Arb. des bot. Inst. in Würzbur. ‘A (3) J. v. Sachs: Wirkung des a auf die Blüthenbildung mass. Tue ie der Laubblätter (Bot. Zeitung, ). … : (6) Teodoresco : AE indirecte de la lumière sur la lige el. La feuille LR Rev gén. de Bot. t. 11, (7) Bataline: Joë 20 . Pa . 28 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à plusieurs reprises, mais sans leur laisser le temps de reverdir, des plantes étiolées, que M. Stapf (1) fait germer des tubercules de Solanum dans les conditions les plus diverses, que M. Wiesner (2) étudie le développement comparé de plantes vertes et de plantes étiolées dans une atmosphère humide et dans un air sec. C’est aussi ce qui m’a poussé à entreprendre les expériences que je vais exposer. Se Conditions des expériences. — Des graines ont été semées, dès le | début dela germination, sous une mince couche de terre et répar- ties en plusieurs lots. Un lot témoin a été laissé à la lumière ; nous le considérerons comme représentant l’état normal. Les autres lots ont été mis à l'obscurité pour être ensuite placés, successivement et après un étiolement de plus en plus accentué, à côté des témoins, à la lumière. Les plantes étiolées reverdissent à la lumière, tant que la durée du séjour à l'obscurité ne dépasse pas une certaine limite, au-delà de laquelle elles ne supportent pas le changement de conditions et périssent. Il faut éviter d’exposer les plants étiolés à l'insolation directe au moment où on les déplace. Les plantes ont été cultivées dans une serre chaude à compar- timent obscur. La température était uniforme pour tous les lots. Le sol était constamment maintenu humide par des arrosages fréquents. L'atmosphère était saturée de vapeur d’eau. A la fin des expériences seulement (fin juin et juillet), la serre restait ouverte pendant plusieurs heures de la journée, ce qui abaissait notable- ment le degré hygrométrique de l'air. Les expériences ayant été faites en deux ou trois séries successives pour plusieurs des espèces étudiées, j'ai pu constater quelques différences en relation avec le degré d'humidité de Pair. L’exposé des résultats sera suivi d'un résumé et d’un examen critique des faits. , I. EXPOSÉ DES RÉSULTATS Nous étudierons successivement le poids frais et le M sec, la morphologie externe et la ue interne des plants étiolés- reverdis. (1) Stapf : Verhandl. der k. k. z0ol. bot. Gesellschaft in Wien, 1 = (2) Wiesner : Formänderung von Pflanzen bei Cultur im absolut obhlir de Raume und in Dunckeln (Ber. der deutschen bot. FC t. 9, 1891). ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 29 NOMBRE DE JOURS| © 2 ge le à É é £ DE ES NOM DE LA PLANTE | LOTS ae NE [m2 un) À EE = : Fr | © Re: l'obseurité!la lumière © : & & FE 2 lin hiberosum | témoin: 0:08 406 CE 1,308 | 110 A 42 | 39 | 40,7 1,180 | 11 du 20 mai B 36 | 15 0,620 | 9 au 10 juillet à l'obsc.| 51 0 7,025 0,615 87 & | témoin | 0 | 2 8,287 0,722 87 Faba vulgaris À - 18 8,225 0,700 85 du 45 juin B 10 | 45 7,075 0,590 83 au 40 juillet C +49 10 5,179 0,420 81 à l'obsc.| 25 0 6,058 0,380 62 témoin | O0 | 25 0,356 0,052. | 146 Ervum Lens A k 91 0,358 0,052 145 B 7 | 48 0,338 0,050 | 148 du 15 juin C 40 45 0,326 0,033 | 101 au 10 juillet D 15 | 40 0.236 0,023 97 à l'obse.| 25 0 0,266 0,021 78 témoin | O | 69 0,620 0,114 | 183 Ervum Lens CR 0,598 0,109 | 182 du 2 mot. B 5 0,525 0,094 | 179 au 40 juillet Û 8 | 61 0,5: 0,097 | 4183 D 413 | 5 0,490 0,086 | 175 Ricinus communis | témoin | 0 62 4,025 0,455 | 113 du 10 mai D 3,950 0,415 | 105 ë au {1 juillet BF 27 3ù 3,810 0,395 98 : Perilla nankinensis | témoin | 0 51 0,590 0,084 142 21 mai A 7 | 44 | 0,690 0,068 | 138 à au 11 juillet B 16 | 3% 0,075 0,015 | 200 , . Sinapis alba témoin | O | 52 1,890 0,187 98 du 20 mai A . 3 14 1,790 0,172 96 au 41 juillet B 6 46 0,590 0,060 | 101. n * Cheiranthus Cheiri | témoin | O0 | 51 | 1010 | 0170 du 21 mai au 41 juillet] A 7 | 4 | 01% 0,030 | 171 . Senecio Jacobæa | témoin | O | 59 | 0,910 | 0,084 du 21 mai À 4 | 5 0,680 0,062 au 19 juillet | B 7 | 52 0,175 0,016 30 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 1. Poips FRAIS ET POIDS SEC. Un certain nombre d'échantillons ont été prélevés dans les différents lots de plantes et pesés d’abord à l’état frais, puis après dessiccation à l’étuve. Le tableau suivant indique le poids moyen, en grammes, d’un échantillon de chaque lot. Ces nombres se rapportent à la partie aérienne seule (tiges et feuilles), y compris l’axe hypocotylé dans les cas de germination épigée. On voit que le poids frais des plants étiolés-reverdis est inférieur à celui des témoins. La différence est particulièrement sensible pour les plantes à petites graines; certaines d’entre elles pèsent jusqu’à huit ou neuf fois moins que les témoins. Le poids frais demeure, durant plusieurs jours après l’exposition à la lumière, inférieur au poids frais des plants laissés à l'obscurité. Le poids sec.est inférieur au poids normal et d'autant plus : faible que l’étiolement initial a été de plus longue durée. La quantité de matière sèche est très faible dans les plantes à petites graines longtemps étiolées. La dernière colonne du täbleau indique la proportion de matière sèche pour mille de poids frais. La proportion d’eau diminue à la suite du transport au jour et, après un séjour suffisamment prolongé à la lumière, tend à devenir égale à celle des plants témoins. Il arrive même que cette propor- tion descend au-dessous de la normale. C’est ce qui se produit surtout dans les plantes à petites graines reverdies après un long étiolement. Ces plantes subissent une dessiccation très accusée. (Voir - Perilla, Sinapis, Cheiranthus). I se produit donc une grande perte d’eau dans les plants étiolés exposés à la lumière. Tandis que ie poids frais diminue pendant les premiers jours d'exposition à la lumière par perte d’eau, le poids sec ne tarde pas à augmenter dès l'apparition de la chlorophylle. Aussi trouve-t-on des échantillons étiolés-reverdis dont le poids frais est inférieur au poids frais des plants de même âge laissés à l'obscurité alors que le poids sec est au contraire supérieur à celui de ces derniers (Voir notamment Solanum, Faba, Ervum). 2. Monroe EXTERNE . Croissance longitudinale de la tige. — Ta croissance longitudinale 1 ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 31 de la tige, dans les espèces étudiées, est beaucoup plus rapide à l'obscurité qu’à la lumière. Les plants cultivés à l’obscurité acquiè- rent dans les premiers jours une grande longueur; au bout d’un certain ere variable avec l’espèce, la croissance à l'obscurité se ralentit. Lorsqu'on place à la lumière les plants étiolés, la :roissance longitudinale subit un grand ralentissement et devient très faible. Elle reste même pendant quelque temps, inférieure à la croissance normale des témoins. ; Le tableau suivant donne, en centimètres, la longueur moyenne de la tige à divers moments du développement, pour des Ervum Lens ayant germé le 2 mai. Le premier lot est le lot témoin cultivé à la lumière ; le dernier a été laissé à l’obscurité complète. Les autres lots ont été exposés à la lumière, après un séjour à l’obscurité qui à duré deux jours pour le lot À, cinq jours pour le lot B, huit jours pour le lot C. A la fin de l'expérience, toutes ces plantes por- taient des fleurs (sauf celles du lot : à l ‘obscurité mortes avant pou non é DATE AGE LOT LOT DES MESURES DES PLANTS TÉMOIN ee po se né à rap ER. , 2 jours 1,50 3,00 —. | 3,00 T T6 el 32 es | 00 a 12,00 1) mr Le 6,75 |. 6,00 | 13,35 | 21,00 | 21,00 45. x ; 13 — | 146,75 | 14,40 | 24,45 |-25,00 | 32,50 18 — ....| 16 — | 20,25 | 18,60 | 25,35 | 27,25 | 35,00 4er juin. . . .| 30 — ; 36,25 | 34,00 | 41,40 | 36,50 _ 4 juillet. . 60 — .- | 57,75 | 56,50 |: 62,40 | 48,00 | —, 79 — | 65,00 | 62,00 | 70,00 | 51,00 | — FE 49 — On voit que la croissance des plants étiolés, mis à la lumière, est d’abord inférieure à la croissance des témoins. Pour les lots A et B, ce retard s’atténue progressivement et l'allongement finit par devenir normal. Il n’en est pas ainsi pour le lot C, longtemps étiolé ; sa croissance demeure constamment inférieure à la normale. | La longueur de la tige adulte dépend de La ordres de circons- 32 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tances d’effet opposé : le séjour à l’obscurité accroît notablement la longueur de la tige, le transport à la lumière détermine au contraire un retard sur la croissance normale. Il en résulte que, suivant la prédominance de l’un ou de l’autre de ces deux phénomènes, la tige est, au moment de la floraison, tantôt plus longue, tantôt plus courte que celle des témoins. Les plants du lot A, peu étiolés, perdent bientôt leur avance. Dans le lot C, malgré la grande lon- gueur de la tige longtemps étiolée, le retard exagéré de la crois- sance à la lumière est assez prolongé pour que ces plants se laissent finalement distancer par les témoins. Dans le lot B, au contraire, les plants demeurent plus longs que les témoins, malgré le retard qui diminue leur avance. Il y a donc au point de vue de la longueur de la tige un optimum, correspondant à une certaine durée de l’étiolement initial (Voir les fig. de la planche 5, qui représentent des Ervum jeunes, possédant encore leurs premières feuilles ; à l’état adulte les différences sont de même ordre). Les mêmes phénomènes se Te pour Faba vulgaris et pour Solanum tuberosum (issu du tubercule). L'optimum de longueur est atteint par les plants reverdis après un étivlement de 14 jours pour Faba, de 18 jours pour Solanum. né - Les choses se passent autrement avec Senecio Jacobæa, Sinapis alba, Cheiranthus Cheiri, Perilla nankinensis. Prenons comme type le Senecio. Voici les longueurs successives de la tige (en centimètres) aux dates ci-après. Le lot A a été privé de lumière pendant 4 jours, le lot B pendant 7 jours. Toutes les graines ont germé le 21 mai. Le 19 juillet, des capitules de fleurs existent sur les témoins et sur les plants du lot A. DATE AGE FLO GET UE DES MESURES |-DES PLANTS | TÉMoIN LOT:A BOT'R LA us Br da 4 jours 0,95 : 4,40 — 1,40 nn HP 0 1,80 200 | 2,40 | 2,40 fer joie. 1. 4 E a0 2,50 20 |: 3%. + CE RP ee 4,25 | 290. FER, _— ANSE Le 6,50 3,60 5,00 ee 6 juillet. . . .| 46 — 12,50 8,75 6,60. E — De. l'en 15,50 | 11,00 7,20 — ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 33. On constate, comme dans le premier cas, une grande diminu- tion de la croissance dans la période qui suit l'exposition à la lumière des plants étiolés. Mais ici la croissance deméure cons- tamment inférieure à celle des témoins. Ces derniers ne tardent pas à devenir plus longs que les plants reverdis. Cependant les Perilla peu étiolés se comportent comme les plantes du premier groupe: la croissance devient normale, au bout de peu de temps, et la tige reste plus longue que celle des témoins. Un troisième cas est offert par le Ricinus communis. On trouvera, dans le tableau ci-dessous, les longueurs successives de la tige pour des plantes ayant germé ‘le 7 mai. Le lot À a été privé de lumière durant 14 jours, le lot B durant 21 jours, le lot C durant _ 30 jours. DATE AGE LOT LE LOT | DES MESURES -| DES PLANTS | TÉMOIN DRM RATES IA es SU mai. |: 46 jours | 10 :| 4000 — — | 1900 | SRB ab M — 9,80 | 21,00 |. 25,75 se LE Ans 0e 11,90 | 23,40 | 25,80 | 28,25 | 28,25 | BL al D e 15,25 | 26,80 | 28,90 | 30,75 | 32,00 “T6 jaillet. : -:F 60: 21,00 | 32,40 | 33,50 | 34,35 _ DE SEE 27,00 | 38,50 | 37,90 | 37,75 = La croissance du Ricin se ralentit après le transport au jour, mais elle est peu différente de la croissance normale et ne tarde pas à lui devenir égale, à moins que l’étiolement n’ait été longue- ment prolongé. Les plants étiolés-reverdis sont plus longs que les témoins et l’optimum de longueur se manifeste dans le lot A (Voir les fig. 1, 2 et 3 de la planche 6). C’est du moins ce que l'on observe + trois mois après la perounados, Les es sont loin de oe : adulte à ce moment Croissance relative des mbenets. _. “Jai mesuré, à divers = Le moments du développement et sur de nombreux échantillons, LE de F + Aa toutes + a VMUEVND IV “espèces LE SET a” < onpient des en © Rev. sen. de mn = x XIV, ss as + SE 34 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Ces longueurs étant assez variables d’un Er à l’autre, je ne donnerai que les résultats les plus nets. On sait que la longueur des entrenœuds varie régulièrement, en admettant des conditions constantes, sur un même échantillon normal, et passe par un maximum, atteint par un entrenœud moyen. Dans mes expériences, le fait se vérifie assez nettement pour les témoins. Il en est tout autrement des plants étiolés- reverdis. Pour plus de précision, je prendrai comme exemple des Ervum âgés de 40 jours. A ce moment, les témoins sont formés de 13 ou 14 entrenœuds, le plus long étant le huitième ou le neuvième, qui atteignent 475. Les plants à l obseurité ne possèdent que 4 ou 5 entrenœuds; le maximum de longueur, 15%, est atteint par le troisième. Dans les plants étiolés-reverdis, les entrenœuds basilaires, déve —Jloppés à l’obscurité, sont longs. Les suivants sont au contraire courts; il y a un minimum de longueur dans la région formée aussitôt après l'exposition à la lumière. Puis la longueur va crois- sant d’un entrenœud à l’autre, passe par un nouveau maximum pour décroître ensuite jusqu’au sommet. Il y a donc deux maxima séparés par un minimum. Dans le lot reverdi après un étiolement de 5 jours, ces longueurs critiques sont égales à 4"90 (premier maximum), 250 (minimum), 475 (deuxième maximum); dans le lot reverdi après 8 jours d ’étiolement 10c"30 (premier maximum), : °m80 (minimum), 475 (deuxième maximum). Les mesures pré- cédentes se rapportent à des Ervum placés à la lumière dans la période où l'atmosphère était peu humide (fin juin). La longueur minimum dont il vient d’être question, est souvent inférieure à la longueur normale de l’entrenœud lant des plants témoins. Dans une série d’expériences ditérigires, faites ds une atmo- sphère saturée de vapeur d’eau, j'ai constaté également l'existence d’un Minimum compris entre deux maxima; mais les entrenœuds les plus courts ont souvent une longueur égale ou pois à la normale. En somme on peut trouver ent sur se plants rever- dis des entrenœuds basilaires, développés à l'obscurité, plus longs qu’à l'état normal, des entrenœuds moyens, formés après le trans- a < * Er ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 35 port de la plante à la lumière, plus courts qu'à l’état normal et enfin des entrenœuds plus tardifs ayant les dimensions habituelles (Voir Ervum, planche 5). Ces faits se retrouvent dans Faba et Solanum (Voir planche 4). Dans les autres espèces étudiées, la germination est épigée. L’étiolement porte presque uniquement sur l’axe hypocotylé, par- tiellement aussi sur le premier entrenœud épicotylé. La croissance de la région hypocotylée se continue à l'obscurité jusque vers le moment de la mort de la plante. Lors de la mise à la lumière, la croissance se ralentit dans cette région. Les entrenœuds suivants acquièrent des dimensions peu différentes des dimensions nor- males: mais ils n’atteignent l’état adulte que longtemps après les entrenœuds correspondants des témoins (Perilla et autres plantes à petites graines, voir fig. 4,5 et 6, planche 6). Dans le Ricin, ce retard n’est manifeste que pour les échantillons réverdis après avoir séjourné un mois à l'obscurité (Voir pl. 6, fig. 1, 2 et 3). L'exposition à la lumière semble raccourcir la durée de la croissance des entrenœuds étiolés. On constate, en eflet, que, au moment où la croissance est terminée dans un entrenœud étiolé sur une plante reverdie, celle de l'entrenœud.correspondant des plants laissés à l'obscurité dure encore. Croissance transversale de la tige. — Chez les plantes à petites graines et à germination épigée, l’axe hypocotylé est plus grêle qu’à - l'état normal dans les plants reverdis (Voir Perilla, pl. 6, fig. 4, 5 et 6). Les entrenœuds suivants acquièrent un diamètre normal, quand l’étiolement a été de peu de durée. Pour lé Ricin, la différence est peu sensible entre les divers lots. Le diamètre n’est nettement inférieur à la normale que dans _les plants ayant subi un long étiolement. Le retard de développe- ment des entrenœuds épicotylés n’est évident a dans les échan- tillons étiolés durant un mois. - La région étiolée de la tige de Solanum, Ervun, Faba, a er un diamètre normal. C’est seulement dans les lots longtemps étiolés qu’on observe des entrenœuds basilaires grêles. Par contre, les | . | entrenœuds suivants sont renflés, souvent plus gros que les entre- _ nœuds normaux. Le fait est particulièrement net dans les échan- 36 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tillons longtemps étiolés : aux entrenœuds longs et grêles de la base succèdent des entrenœuds gros et courts (Voir Solanum, pl. 4, fig. 3, rameau R 1). La région supérieure prend le facies normal. Port de la tige principale et ramification. — Dans les plants cul- tivés à la lumière, il ne s’est produit de rameaux qu’exceptionnelle- ment ; ces rameaux naissent de la région moyenne de la tige. A l'obscurité, des rameaux se développent sur les Solanum, Ervum et Faba, dès que la croissance se ralentit. Ils sont produits par les nœuds inférieurs et apyaraissent habituellement en ordre descen- dant (du haut vers le bas de la tige). C’est ainsi que les £Ervum, étiolés 9 jours et reverdis, possèdent souvent un rameau unique, né du troisième ou du quatrième nœud; les échantillons ayant séjourné à l'obscurité un temps plus long, ont plusieurs rameaux _ nés des trois ou quatre premiers nœuds. Le nœud cotylédonaire - porte fréquemment un ou deux rameaux {Voir pl. 5, fig. 3, 4 et 5). La fig. 2 de la planche 4 montre un Solanum étiolé-reverdi très rameux, contrairement au témoin (fig. 1). La fig. 3 de la même planche réprésente un Solanum longtemps étiolé et reverdi ; on voit que la tige principale T et le rameau R, ont leur extrémité desséchée, tandis que le rameau R, s’est + déve- loppé. On constate HAT en effet, que lors de Ja mise à Ja lumière, _ l'extrémité de la tige se dessèche et périt, et dans d’autres cas, cesse presque complètement de croître et végète mal. Les rameaux, devenus très longs à l'obscurité, ont le même sort. Ce phénomène se manifeste dans Solanum | (pl. 4), dans Ervum (pl. 5), et aussi dans _ Faba, bien que cette dernière plante se soit peu ramifiée. Il est constant dans les expériences faites au moment où l'atmosphère était peu humide, Lorsque l'atmosphère est saturée de vapeur d’eau, _ on trouve après- le reverdissement, dans un même lot longtemps _ étiolé, des plants à extrémité desséchée et des plants dont le . _ sommet, après avoir éprouvé une plus ou moins longue période de. : _ faible végétation, continue son développement. Quand le sommet = périt, toute l’activité se porte sur les rameaux peu étiolés et sur les bourgeons, qui produisent à ce moment des rameaux Dre Es que : < rase” ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 37 D ne s’est pas formé de rameaux sur les espèces à germination épigée (sauf dans la région florale). Le sommet de la tige ne se dessèche pas, même dans une atmosphère peu humide. Quand l’étiolement a été prolongé, les feuilles se flétrissent à la lumière et la plante dépérit. Il semble évident, quand on examine les échantillons que l'effet de la dessiccation se fait d’abord sentir sur la base de l’axe hypocotylé ; on voit cette région se rétrécir et devenir parfois filiforme, Impuissante à transmettre par ses vaisseaux la quantité d’eau nécessaire à la transpiration, cette région cède une partie de son eau de constitution. Nous avons déjà attiré l'attention sur cette grande perte d'eau. Le phénomène est très accusé dans l’échantillon figuré dans la planche 6 (fig. 6), bien que ce dernier ait survécu au changement de eonditions. Les plantes à germination épigée semblent donc périr par la base et non par le sommet comme les précédentes. La plante meurt alors tout entière, tandis que dans le premier cas, la base de la tige persiste. Nombre des entrenœuds et des feuilles: — Les entrenœuds et par suite les author, sont moins nombreux dans les plants étiolés- reverdis qu’à l’état normal. Chez les Ervum adultes par exemple, la tige principale est formée de 20 à 24 entrenœuds dans le lot témoin, de 19 à 22 dans le lot A, de 15 à 20 dans le lot B, de 5 à 7 dans le lot C. Les plants laissés à l'obscurité sont morts avec 4 ou 5 entrenœuds. Les F'aba possèdent en moyenne 21 entrenœuds daus le lot ‘témoin, respectivement 16, 14, 8, dans les échantillons reverdis , après un étiolement de ER en plus PrAURRes à Fobaourité, il ne. s’en forme que 6. Dans les plantes à germination épigée, l'axe ee ne seulest franchement étiolé au moment du transport de la plante à la _ lumière. Les autres entrenæuds se forment au jour et leur nombre est inférieur à la normale. Dans le Ricin cependant, ce nombre _n’est plus faible que pour les échantillons ayant subi un _— as de un mois. s Dimensions ed fol. — - Normalement les feuilles du Solamum, 38 ._ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE rition de folioles. La feuille parfaite est composée de plusieurs grandes folioles, au nombre de cinq habituellement, et de folioles beaucoup plus petites. A FobsCurise, la feuille conserve de très faibles dimensions. Dans les plants reverdis, les feuilles longtemps étiolées ne s’accroissent pas après le transport au jour; elles reverdissent peu ou pas. Les feuilles moins étiolées s’accroissent, mais n’atteignent pas les dimensions normales; elles reverdissent lentement. Au contraire les feuilles, qui sont nées soit à l'obscurité, soit à la lumière, vers le moment du changement de conditions, deviennent plus longues et surtout plus larges que les feuilles normales; elles renferment beaucoup de chlorophylle. Plus tard les nouvelles feuilles ont la grandeur habituelle. On peut trouver cette succession de feuilles sur une même tige étiolée-reverdie (planche 4). Voici les dimensions moyennes du limbe de la foliole terminale, exprimées en centimètres pour la longueur et la largeur, en centi- mètres carrés pour la surface. LOT LOT Le TÉMOIN REVERDI À ne longueur … .. . . .| 1,50 0,20 0,145 2 FEUILLE : | égeur:.. fe 7. EOD 0,10 | oo SORRES 0. 2,30 0,0180 0,0140 lOnpUEUT 0 3,20 2,50 0,35 4e FEUILLE : | IGÉGOUr 5... 0 | 2,40 4,90 0,20 LS MAR de 7,40 L,50 0.07 { longuet 5,7. 3,60 3,80 0,70 6° FEUILLE : largeur Hire 2,60 3,30 0.50 | SOPIACB Lou 9,00 42,45 0,3250 Dans les Ervum (planche 5) et les Faba, nons trouvons de nou- veaux exemples des mêmes faits. Les deux premières feuilles sont réduites, commé on sait, à leurs stipules. Les feuilles suivantes rt atteindre de grandes dimensions. ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 39 Dans les Ervum ayant supporté une privation de lumière de 5 jours, la troisième feuille épicotylée, qui est bifoliolée, devient plus grande qu’à l’état normal; il en est de même des deux ou trois feuilles suivantes (la 4° et la 5e sont bifoliolées, la 6e est habituelle- ment quadrifoliolée). Pour un étiolement plus long, la troisième feuille croît moins; mais les suivantes acquièrent une grande surface. Il existe, au point de vue des dimensions de la feuille, des différences en rela- tion avec le degré d'humidité de l’air, comme on le voit dans le tableau ci-après. Les dimensions moyennes d’une foliole (en centi- mètres) sont les suivantes pour la troisième feuille. Le lot reverdi a subi un étiolement de cinq jours dans les deux séries d'expériences. LOT LOT LOT A L'OBSCU- TÉMOIN REVERDI . NÉ longueur . : . .. ce 1,50 1,60 0,50 AIR SATURÉE sub d6ù ta D'HUMIDITÉ RS | rue É BUPIACÉ 5 su 0,85 4,30 0,09 AORRUOUR. + à | 1,20 2,00 ; pre _. l 0,50 0,95 PEU HUMIDE DPaBUR sr As ,9Ë SUrFIRCS Ds 0,55 1,80 _— L’exagération des dimensions est plus grande dans l'air rela- tivement sec que dans l’air saturé d'humidité. Remarquons que la largeur s’exagère davantage que la longueur. | Pour Faba, les dimensions d’une foliole de la troisième feuille, dans Le peu humide, sont les suivants : : 4 LOT LOT TÉMOIN . | REVERDI “2 J0NDBeUr +. 4 . 29% 3,30 5 x FEUILLE : ARR OMR re ne 2,00 2,40 RUPEAUE 25e 0) 00 7,40 40 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Dans le Ricin, les cotylédons et les premières feuilles deviennent . plus grands qu’à l’état normal, à moins que l’étiolement n’ait duré un mois (pl. 6, fig. 4,2, 8). Voici les dimensions moyennes : LOT LOT LOT ; A L'OBSCU- TÉMOIN REVERDI SE longueur . . . . . . 6,00 7,00 4,00 COTYLÉDONS lamgenf 7 1 5,00 6,60 3,50 BUÉACE 5 Se 28,00 44,00 | 13,50 lONPHÈUE.- 7 + 7,20 10,00 — 3° FEUILLE note 7.00 5 ÉPICOTYLÉE ArgeUr rie 8,50 — surface . .:.. . .p 50,00 83,00 — Le pétiole des grandes feuilles, dans les espèces précédentes, … est habituellement plus court qu’à l’état normal. Dans les espèces à germination épigée et à petites graines, je cotylédons étiolés s’accroissent souvent beaucoup après la mise à la lumière et ils reverdissent. Mais ils n’acquièrent les dimen- sions normales que lorsque l’étiolement a été de très courte durée. Les feuilles ordinaires ne dépassent pas les dimensions des feuilles des témoins; elles sont en retard dans leur développement. Souvent elles restent moins développées qu’à l’état normal. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUSCINÉES DEPUIS LE 1° JANVIER 1895 JUSQU'AU 4° JANVIER 1900 /Suite) 2 SUÈDE. Un récit d’excursions très intéressantes sur la paroisse de Tasjô, faites par MM. ARNELL et JENSEN. nous donne une bonne idée de la flore subalpine de cette région (1). Ce Last est situé à l’extrémité N.O. de la province d’'Angermanland, au nord du 64° de latitude. Le point le plus élevé, le Tasjüberg atteint 650 m. . y a des bas-fonds marécageux, des tourbières, des forêts ombragées, etc. Le territoire est traversé par le Saxelf et deux lacs. Le sol appartient au Gabbro, au | Gneiss, au granite, aux quarzites et surtout aux schistes alunifères. La période à l'exploration (13-22 Juillet 1894), les résultats sont très abondants, surtout pour la région des schistes alunifères. En tout les num longifolium, var. ditrichiforme, Hylocomium parietinum var. secundum. L’Oncophorus suecicus (2) est une belle espèce voisine de VO. polycarpus, qui avait déjà été trouvée Lil M. Arnell, en 1870, dans le Jemtland, et qui a été revue en 1894 par les auteurs. sr Hypnum Tromsoeense Kaurin et eee) avait d’abord été trouvé par M. Kaurin à Tromsoe en Norwège, mais il était resté ge Ia été retrouvé sur le territoire de Tasjüô. | Il y aen outre une quarantaine d’espèces rares ou nouvelles ge la Suède ; 37 espèces donnant à la flore un caractère subalpin tout à fait tif. Ce caractère ressort encore de ce fait que plusieurs espèces qui sont fréquentes dans le Sud de la Suède deviennent ici très rares, où bien même manquent complètement. Enfin on y trouve aussi plusieurs 3 (1) H. W. Arnell et C. Jensen : Ein bryologischer Ausflug nach Tasjo (K. . : Svenska -Akad. ces 1896, 64 (2) H. W. Arnell e : Oncophorns ‘suecieus sp. n. (Revue berologtque. 1895, p. 75 42 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE espèces alpines. L'ouvrage se termine par l’énumération Ep espèces accompagnée de, nombreuses notes M. PErssoN (1) a publié uneliste den Mousses ae et souvent rares qu’il a rencontrées autour de la ville de Kongelf, aux confins des provinces de Vestergotland et de Bohusland. A noter une espèce nou: velle pour la Suède, le Campylopus atrovirens. M. Bryan (2) à consacré une semaine de l'été de 1898 à l'exploration de la montagne de Norbyknôl dans la province de Medelpad. La végé- tation bryologique en était peu connue. La flore des Mousses de cette élève à 275 espèces. Parmi les plus intéressantes il faut noter : Pylaisia suecica, Mere boreale et pnum avaient encore chacun qu’une localité en Suède, puis Bryum Stirtoni, Philonotis AT HR Rae ebltio : et PI. Ruthei qui sont nouveaux pour la S M. ArNELL (3) dans ses études sur les Méusiss de la Scandinavie, s’est appliqué à mettre en relief les variations du Bryum capillare dans cette région. 11 admet d’abord l’autonomie du B. elegans,tout au moins comme sous-espèce du B. capillare. De ce dernier, on connaît quelques variétés dans la Scandinavie, par exemple la var. flaccidum Br. eur., ui aurait son pendant dans certaines variétés du B elegans. La var. meridionale se rencontre aussi en Suède, mais la présence de la va cuspidatüm Schmp. est douteuse. Le Bryum elegans est plus ee en formes : on trouve la var. « typicum (— var. cochlearifolium et Fer- chelii), 8. carinthiacum, ; norvegicum Kaurin et Arnell par. n. et rosulatum. Cette dernière est plutôt méridionale, les autres au contraire sont septentrionale. Le B. elegans, à l'exception de la variété rosu- ©? latum, est considéré par l’auteur comme remplaçant le Br. + ds dans les régions septentrionales. L’auteur termine’ son article par l'indication de Diasténies localités nouvelles en Suède de l'Amblystegium glaucum Lindb., var. decipiens . 2 Lindb Dans une autre note M: ARNELL @ indique que le Bryum el rum Bomänsson (5) trouvé d’abord dans l’île d’Aland, existe aussi e Suède, près de Dalarne, et qu’il en a vu des échantillons recueillis en France par M. Boulay. C’est une espèce voisine du B. fallax et qui a des spores de taille très variable. Dans la même note l’auteur décrit aussi plusieurs espèces nouvelles: Bryum rivulare, voisin du B. mildeanum, trouvé dan s la province de Vestergotland et voisin du B. intermedium, qui a été rencontré Ha toi localités dé (1) I. Persson : Bidrag till Féstergütiand och PR mossfiora (Bot. : Notiser, 1896. p. 81-85). (2) N. Bryhn : Mosslist frà Norbyknôl (Bot. Natiser 1899, + 87.69). (3) H. W. Arnell : Moss-Studier (Bot. Notiser, 1896, p. 97-110). (4) H. W. Arnell : Moss-Studier (Bot. Notes: 1808, P. PAG, 1pl).. er Cf. Bomänsson (Revue bryologique, 1896, p.9 REVUE DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 43: la province d’Angermanland (1). Deux variétés nouvelles sont décrites pour le B. affine Lindb., les var. urnigerum et cylindricum. Les formes d’ailleurs très variables de la capsule de cette espèce sont figurées dans une planche. Enfin une dernière espèce nouvelle, le Br. Rerre voisine res bicolor et trouvée dans le Vestergotland est encore décr . WaARNSTORF (2) a décrit une espèce nouvelle d’ rue TH. tri- Des llam, provenant de la Laponie. Une nouvelle espèce de Weisia est décrite aussi par M. KINDBERG(3), le W. és découverte par M. Persson, en Scanie, en 1898. . ARNELL (4) décrit une nouvelle espèce de Bryum du groupe des Fucladodium, le 2, grandiflorum, voisin du B. inclinatum, découvert dans la province de Gestrikland où, paraît-il, cette espèce est assez Étertée Je cite enfin ici quelques notes que je ne connais que par le titre : J. Hagen : Webera Mg ee Limpr. i Sverige? (Bot. Notiser, 1897, P- 191-1792). — KR. der : Vara Torfmossar (Student- foreniger verdandis “AR sgé Stokholm). 5° Russie. Léé Mousses recueillies à la Nouvelle-Zemble, de 1891 à 1895, et étudiées par M. Exsram (5), montrent que la flore bryologique de cette île a les plus grands rapports avec celle du Spitzberg ; toutes les espèces qui y ont été trouvées jusqu'ici se rencontrent également au Spitzberg. On connaissait aussi quelque peu la flore bryologique de l'ile Waïgatsch, située près de la Nouvell:-Zemble. Parmi les espèces citées, dix-sept sont nouvelles pour la Nouvelle-Zemble, alors qu’elles étaient déjà connues à Waigatsch. L'ile d’Aland, en face des côtes de la Finlande a fourni dans les dernières années un assez fort contingent de Bryum nouveaux, étudiés consciencieusement par M. Bomansson (6). Le voisinage de la mer paraît favorable au développement des espèces de ce genre, et peut-être y a- t-il là dans quelques cas une adaptation spéciale à ce milieu particulier. En 1896, l’auteur décrit Bryrum alandicum et B. versisporum; en 1897, B. lutescens qui se place entre B. densum et B. arcticum, puis B. mari- rap voisin du B. Marattii; en 1898, B. littoreum ; en 1899, B. RATES S (1) Cé. H.-W. Arñell : Musci novi (Revue bryologique, 1898, 1.) (2) C. Warnstorf : Miscellanea der europaischer prés (Alg. bot. Zeits- . chrift für Systematik. Beiheîte, p. 28- _ (3) N.-C. Kindberg : Om Môss slägtet Weisia (Bot. Notiser, 1898, p 97). \ (4) H.-W. Arnell : ‘Bryum (Eucladodium} grandiflorum n. sp. ae bryolo- gique, 1899, p. 36-37). -1148} 0 Ekstam : Beiträge zur Kenniniss der Musci Novaja Semljæs (Tromso Museur Aarsheñfter, 1898, ). | (6) J. O0. Bômansson in Ross bryologique, 1896, p. 90; 1897, p. 10 ; 1898, p. 10; 4899, p. 9 “ ’ 4% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE B. coniractum, voisin du PB. Hagenü, B. stenotheca, B. tumidum, . bergoense, Ce dernier a été retrouvé sur la côte suédoise par M. Arnell. _ Une Sphaigne nouvelle de la Finlande, le S. cupulatum Lind. fil, du groupe des Sphagna cuspidata est décrite par M. Wannsrorr (1), et une autre de Batoum (Caucase), le S. batumense, est aussi décrite par le même auteur. Elle appartient au groupe des Sphagna sub- secunda M. Méucowier (2) a publié une liste de trente-trois Mousses des Provinces baltiques, dont vingt- -deux sont nouvelles pour la région. M. ZeLenerzki (3) a publié une liste de 32 Mousses et de six Hépa- tiques de la Crimée, la plupart vulgaires et qui ne donnent pas une idée bien attrayante de la flore bryologique de cette région (4). 6° BELGIQUE. MM. Mansion et CLAIRBoIS (5) qui avaient déjà donné la liste des Mousses de Huy (Cf. Revue précédente) continuent par une énuméra- de 64 Hépatiques et de 10 Sphaignes avec de nombreuses variétés. De son côté M. Locenies (6), qui a étudié à fond une localité inté- ressante des confins de la Belgique et de la France, le bois d’Angres, en énumère les richesses. à (4) C. Warnstori : Beiträge zur Kenniniss exotischer und europRiarRer Torfmaoose FRANS Centralblatt, 1898, HD Mikutowicz : Zur Mo _. der boites (Correspondenzblatt der Naturforsch. Vereins zu Riga, GI N. Zelenetzki : Matériaux re l'étude de la flore bryologique de la Crimée (Bu. de l'Herb. cles IV, p. 603-608). (4) Non consulté : Brenaer : Kajana Œsterboten och ne deler af l ° 4). A on et P. Clairbois : Les Muscinées de nc 2 à des environs s (Bull. du re de nie as 1895, p. 1 : G. Locheni es Mousses, Hépatiques et Lichens croissant au bois d'Angres (Mém. et er de la éme des Sc. du Hainaut, 5° série, IV, p. F4 (A suivre). _ L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. 4 REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1900 (Suite) III. LES PRINCIPES CHIMIQUES CONTENUS CHEZ LES VÉGÉTAUX Les différents travaux qui ont trait à la constitution chimique des végétaux sont extrêmement nombreux et assez difficiles à grouper. Nous nous placerons, en les at au point de vue complexe de la nature, de la localisation, de la formation, de la migration et de la signification physiologique des principes chimiques des plantes, Il en résulte que dans cette étude se trouvera comprise la chimie des fonc- tions de réserve et de sécrétion ; mais nous aide de côté, pour la traiter plus loin, la physiologie de l’absorption et de l'assimilation. Nous nous occuperons successivement des matières minérales, des matières organiques de la série grasse, puis de la série aromatique Nous traiterons à part des matières colorantes des vég si des diastases, puis des travaux divers qui ne rentrent que très diflicilement dans l’une quelconque des catégories venant d’être indiquées. Matières minérales. — BerraeLor (1) est revenu récemment sur la question du dosage du soufre et du phosphore dans les végétaux et dans leurs cendres et il a montré combien le procédé de l’inciné- ration ménagée ou de l’ébullition prolongée avec l'acide azotique concentré, sont assez souvent inexacts. me auteur est revenu aussi sur la présence et le dosage du Vs chlore dans les plantes (2). Les plantes renferment, en effet, une petite ne quantité de chlore et l’on admet que cet élément s’y trouve sous forme _ de chlorures alcalins et terreux. Cependant l'existence de certains composés organiques d’iode dans les varechs et dans le corps thyroïde _ autorisent à quelque réserve. Il paraissait donc utile d'instituer ue ‘ méthodes propres à doser le chlore total dans un tissu organique, quel Lire soit Fétat de combinaison. Ce da aus est Léna 20 analogue ss (4 Berthelot, CR. due ÊTA Re s : ! 0) Ibid. CXXVHI ae Hu ie 46 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à celui qui a été traité au sujet du soufre et du phosphore et la solution est facile à obtenir par la même méthode qui sert à doser le soufre ou le phosphore total. Les expériences ont montré que, quelle que soit la répartition des acides et des bases dans la plante, la dose du chlore est dans la plupart des cas trop forte, comparée à celle du sodium, pour que l’on puisse admettre que tout ce chlore ait pénétré dans la plante actuelle à l’état de chlorure de sodium, à moins de supposer qu’une portion de ce sodium ait été éliminée par quelque double décomposition ou précipitation au moment de l’absorption par les racines du liquide susceptible de renfermer du chlorure de sodium en dissolution. BERTHELOT et ANDRÉ (1) ont étudié la présence et la répartition de l’alumine chez les végétaux. L’alumine a été isolée en nature après avoir séparé le fer par les moyens connus et l’acide phosphorique à . l'état de phosphomolybdate. Ces auteurs ont trouvé que l’alumine peut exister dans les cendres des plantes annuelles pourvues de racines abondantes et profondes ; la proportion de ce corps s’est montrée com- parable à celle des autres bases dans la Luzerne ; l’alumine coexistait avec l'acide phosphorique, mais elle n’arrivait aux feuilles qu’en pro- portion infinitésimale, L’alumine d'ailleurs, aussi bien que le phosphate d’alumine peut être maintenue en dissolution et dès lors absorbée en présence des acides citrique, tartrique et congénèr es L’iode a fait l’objet d’un certain nombre de recherches publiées en 1898 et en 1899 par ARMAND GAUTIER (2). L'air de la mer étant parti- Dares riche en iode, exclusivement localisé dans des particules -en suspension et de nature organique, l’auteur a pensé que cet élément aa entraîné à l'état d’Algues microscopiques ou de spores iodées issues des eaux de la mer. Mais l’air des continents renferme aussi de l'iode sous la même forme quoique en moindre proportion. Aussi y avait-il lieu de se demander si l'iode n’existé que dans les Algues marines et s’il ne pourrait pas se faire qu'il fût indispensable à la consti- tution de tous les végétaux de cette grande classe. Les Algues d’eau de mer contiennent de 7 milligrammes à 60 milli- grammes et plus d’iode pour 100 grammes de plantes fraîches, soit en moyenne 12 milligrammes, nombre qu’il faut multiplier par 5 environ si on le rapporte à la plante desséchée : 100 grammes d’Algue sèche d’eau salée contiennent donc en moyenne 60 milligrammes d’iode. À On rencontre aussi de l’iode dans les Algues d’eaux douces cou- rantes et stagnantes, dans celles qui se développent sur la terre humide, qui vivent en symbiose avec les Champignons pour constituer les ichens, dans celles enfin qui se rencontrent dans les eaux sulfureuses froides ou chaudes et qui sont déjà presque des Bactériacées. Dans tous (4) Berthelot et André, C. R. CxXx, 288. (2) Armand Gautier, C. R. CXXIX, 189. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 47 les cas ces Algues appartenant aux divers ordres ne sont jamais dépour- vuës diode; elles en contiennent de omgr25 à 2mgrfo pour 100. Mais l’auteur n’a pas trouvé diode dans le Bacille de la diphtérie et n’a pu en déceler que des traces dans celui du tétanos. Dans les Champignons, l’iode augmente ou diminue, semble même souvent disparaître suivant le milieu où ils se nourrissent ; en un mot liode ne semble pas être, pas plus que dans le Tabac, le Cresson où on le voit parfois, un des éléments indispensables de leur protoplasma. Toujours présent, au contraire, dans les Algues vertes, souvent absent, quand elles sont incolores, l'iode semble entrer sinon dans la constitu- tion du pigment vert, du moins dans celle de la matière protoplasmique des chloroleucites et s’y trouver sous forme d’une combinaison nucléi- nique à la fois richement phosphorée et iodé Chez les végétaux supérieurs, l’iode s "atoole en proportions variables bien que dans le sol il n’y en ait que des quantités parfois très faibles. C’est là un phénomène analogue à celui qui a été observé autrefois par Bunsen au sujet du lithium et par eue au sujet du rubidium et du cœsium. Certaines familles, les Liliacées et les Chéno- odiacées accumulent beaucoup plus d'iode que d’autres, les rene ou les Ombellifères par exemple. Dans une même famille, souvent u même genre, il y a des différences d'absorption a iode très Ru Hcstos, C'est ainsi qu’un radis noir ne contient pas trace d’iode alors qu'une petite rave en contient 0"8180 par kilogramme; de même pour une escarole x et une laitue (08096). # el a été dosé ainsi par BOURGET o grâce à une méthode nou- velle paséé sur la srenerte. . GUÉRIN (2) a mis en évidence dans le tissu nus des arbres, l'exis- tence de composés organiques riches en manganèse. Toutes nos essences forestières js Zn des composés ro ayant les allures des combinaisons nucléiniques. Il paraît probable que le man- * ganèse existe sous cette forme dans les tissus ligneux de tous les végé- taux. L'analyse du bois de Hêtre a donné les résultats suivants, pour 100 parties : C — 52,762 US — 0,666 < = 5,040 Ph= 1,297 4,600 - Mn= 0,402 PicuärD : a donné un procédé de recherches et de dosage rapides du manganèse dans les plantes et la terre végétale. C’est un procédé colorimétrique basé sur ce fait qu’une terre ou une plante renfermant one a notables de manganèse, la fusion avec le carbonate alcalin HO. NUE 1120. (2 CR C (3) CR. Au . 48 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE donne une coloration verdâtre, caractéristique, et que confirme la couleur rosée qui se manifeste par l’addition seule d’acide nitrique. Le calcium est, lui, beaucoup plus répandu que le manganèse, mais sa signification physiologique, donne encore lieu à bien des controverses. On se rappelle que, d’après B6hm et Schimper, le rôle principal de la chaux est de neutraliser l'acide oxalique qui se forme pendant la genèse des matières albuminoïdes et qui s’accumulant sous forme d’oxalate acide de potassium, ser ait toxique pour la plante GrooM (1) se rallie à cette théorie, car il a constaté qu'un manque de chaux aboutit à une accumulation d’oxalate acide de potassium ; or cet oxalate nuit à aion de l’amylase; l’amidon ne pouvant plus émigrer, ralentit l'assimilation chlorophyllienne et l'on comprend que cette action ne se fasse pas sentir chez les jeunes plantes élevées dans un milieu dépourvu de chaux, car l’amidon, qui est une substance de réserve, n'apparaît dans la feuille qu’au bout d’un certain temps. On sait que J. Clermont, pour la première fois, aflirma l’existence de l’eau oxygénée chez les végétaux ; le fait a été combattu par Bellnès, affirmé de nouveau par Wurster et encore une fois contesté par Bokorny. A. Bacu (2) a été conduit à reprendre cette question à la suite de ses Herr sur le mécanisme de l'assimilation chlorophyllienne ; ucun des réactifs usuels de leau oxygénée, tétraméthylpara- - = nyiénedianine teinture de gaïac en présence de diastase, iodure de potassium, amidon en présence de sulfate ferreux, bioxyde de titane en solution sulfurique, acétate d’urane, bichromate de potasse, éther, ne peut lui donner de résultats sûrs et incontestables ; mais, ayant constaté que l’acide perchromique en solution éthérée tranélorme très lacilement, en présence d'acide libre, l’aniline en matière colorante violette, l’auteur a utilisé cette réaction pour la recherche de l’eau oxygénée dont il a pu ainsi déceler l'existence dans 18 plantes vertes sur 25 qui ont été essayées. (1) Groom: Annals ol Bolany pen no 37, p. 91. (2} A. Bach: C.-R. CXIX, 286, 1218 (A suivre). : Ep. GRIFFON. Pa ke mt 425 — Lille Imp Le Bigot frères. 2 Le Gérant: Th. Clerguin Revue générale de Botanique. Tome 14.Planche 4. Co? F3 OL T LP # H. Ricôme del Imp. Le Bigot frères. Bertin sc. Solanum tuberosum. Mo. Bot. Garden 1904, Revue générale de Botanique. Tome 14. Planche 5. ÿ - Ÿ Nace DE Z ® SN? | SŸ Fg11) H, Ricôme del, Fe. OL Zig 5 0 Bertin sc. Imp. Le Bigot frères. Ervum Lens. Revue générale de Botanique. | Tome 14. Planche 6. H. Ricôme del. Imp. Le Bigot frères. Berlin sc. . Ricinus communis (1 à 3); Perilla nankinensis (5 à 6). MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte Le prix annuel (éayable d’avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes Rs mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Pari On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez M. Jules PEELMAN, 2, rue Antoine Dubois, Paris. Adresser tout ce qui concerne la rédactio: n à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de Phétrapeé. Paris. 1l sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes dont un exemplaire aura is ra au u Directeur de la Rev ue générale de ss ot De plus l sur lu couverture * Les auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de Botanique ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part ES D eh nn des ie al LISTE DES AUTEURS des principaux Mémoires ou Articles parus dans la Æevue générale de Botanique AuUBERT, docteur ëês sciences. gi ‘fn eur à FlErole de e d’Ailge Dennano n'aître À Colérences à la culté des Scknsés e Caen. Sarre docteur ès sciences dé l’Uni- versité de Copenhague. ne Eee à Feng: de l'Acadé- Die. AE ra l'Académie des sciences, BouniEer, président de la Société de _ Mycologie. Bourroux, sin Lo LS Faculté des Sciences de Besanç Briquer, prof. à l’Université de Genève, gr eh chargé ” cours à l'École macie de Caauv . directeuradjont à l’École des Hautes-Etude COSTANTIN, A sr au Muséum, Courix, docteur ès sciences DaGuiLLonN, maître de loilérincté à la Sor bonne. DANIEL, docteur ès sciences. DassonviLLe, docteur ès sciences Devaux, professeur - adjoint à l'Univer-- sité de Bordeaux, : Re DEL CasTiLLo (E.), PER dela Société botanique de Franc: Durour, directeur-adjoint du Labora- er “asie ps végétale de Fon- tainebl past ak ob}; professeur à l’Acadé- ale d’Agricullure de Suède. Fée taie au Muséum. FLABAULT, ne sci à l’Université de tpellie docteur . sciences, F u, docteur ès sciences Rae re répétiteur au Muséure Gain, maître de Conférences à YUni- rsilé de Nancy. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE, no à l'École de médecine de Giarp, membre de Les des SC jen nces area docteur D re de YUni- é de Var GoLprius (Mie #2 ati). sage à l'Institut b botanique-de GréLor, docteur “a sciences. GRIFFON, professeur à l = 4e supérieure d’Agric Murs ra Ren Gurgxann, s membre de Te à des ien rar ts chef de he He gp à la é des Science HECKEL a àr Haveratté de Marine: Henny, prof. à l'École re de Nancy. Henvier (L’Abbé Jos Hicker,, garde ape sé ion. HocaReuriner, docteur ès sciences de l'Université de Genève à ia Sorbonne. iences. ue a tie bourdié de l'Institut. “abbé), pe à la Faculté i Angers: nu ph r à l'Université d Lau Jaco PAR x (H. * Cha é de cours ni “Un iversité de Na char arr re de), profesenr à l'Univer- _ JonNkMax, de Lame d’'Utrecht. F JuMELLE, prolesseur-adjoint à la Faculté | des Sciences de Marseille, P-KOSENVINGE, docteur ès scien- Copenh ces, de Uni iversi ité de ague. ni ur cæ la viticulture de Mébbentes, LÉGER, docteur ès science Lesace, maître 2 Conférences à l'Uni- versilté de LOTHELIER, a es ès Free, Nb, de l'Université de Copenh gE je Nan) s professeur à FUuE e Minn Fes ds à rase de Besançon. MarMier, docteur ès sciences MasCLer, conservaleur Fe collections botaniques de la Sorbon ee maître de cé à r e Normale Supérieure. Mer, eee de la Station forestière de PEst. MesxarD, professeur à l'École de méde- cine de Rouen. Mozzranp, maître de Conférences à la Sorbonne, MORKOWINE, docteur ès sciences, Mar- bour PaLLADIVE vie à l'Université de Saint- Pête urg. Para, ché de Le à la Faculté des Sciences > Bes PAULSEN (Ore) He Le — de l'Univers ile ds Copen POSTERNAK, docteur ès sciences de PUni- versité de Zurich. done er ès en de l’Uni- e Copenha ù Ditux membre F5 l'A des cien nces. , prof. à dedérr _ Toulouse. se T (Charles), explora Ray, pe à de co oniérencen à lFUniver- sité Lyon. Fi (William) docteur ès sciences, Saporfa (de), corresp. de l'institut. robe docteur ès sciences, Téovo Fsco, docteur ès sciences PR à l'École ” médecine de EE sançon TRABUT, prof. à , éd d'Al: sue (d. } directeur de Obseratie Le “Tisues, nie de l'Académie LA, prof, à l'institut frame. vus (ueo Jo) en professeur niver- ee anse, 2 ra à Un de Cpentague Zx 4 Étendtsnie des REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Février 1902 N° 158 PARIS - PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, AUE DU pese \ + dent Le 4902. < ; ee 7 * LIVRAISON DU 15 FÉVRIER 1902 Pages L — UNE SÉRIE DE FEUILLES D'ORME A RAMIFICA- TION LATÉRALE. — NATURE DE CETTE ANO- - MALIE, par M. Paul Vuillemin. . . . - . . .. 49 IL — ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION (avec planches et | figures dans le texte), par M. Noël Bernard (suite). 58 IL — ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES PRÉALABLEMENT ÉTIOLÉES (avec planches et figures dans le texte), par M. H. Ricôme (suite). 72 IV. — REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUS- : CINÉES depuis le 1° Janvier 1895 jusqu’au 1* Jan- vier 1900, par M. EL. Géneau de Lamarlière (SAR ER D NE ni De te 89 V. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par M. E. Grifton (suite). en De eus ru 147 140 130 Rapport de ce diamètre à l’épaiss” de l'écorce. 3,43 3,50 4,33 IAMMOLrE 6 M -MOBIIS - "5, , … |: 85 80 75 Diamètre de la lacune axile. . - . . . . . 40 45 60 HAUIQUrE. 2. 45 à D|12à 5% |12à © Dimension ; : 1er 7 Si DT 740) 18 D cellules épidermiques P e | longueur 90 à 125 |100 à 175 |125 à 200 Dimensions ( largeur radiale . ne 8aàa 15 | 10ù 18 | 15 à 20 des cellules corticales externes ( largeur tangentielle.| 10 à 20 | 12 à 18 | 12à 20 Diiensions largeur radiale . . .| 20 à 25 | 20 à 30 | 20 à 2 des cellules corticales{ largeur tangentielle,| 30 à 40 | 25 à 38 | 20 à 35 internes longueur . . . . . . 80 à 175 | 80 à 200 |100 à 200 Dimensions ( largeur. . . . . .. 20 à 40 | 18 à 36 | 20 à 30 des cellules périmédullaires ( lvbgubr . : ; . : . 80 à 175 | 80 à 200 | 100 à 200 Il se produit dans l’écorce moyenne une destruction des cellules comme dans Ervum. Il en résulte une erreur d’appréciation de l'épaisseur vraie de l'écorce. Le rapport du diamètre du cylindre 78 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE central est également faussé. Aussi ce rapport paraît-il plus élevé dans les plants reverdis que dans les plants témoins, contrairement à ce que nous constatons dans les autres espèces étudiées. Les cellules dg l’épiderme sont très inégales dans les plants reverdis ; certaines d’entre elles font saillie à l'extérieur comme de Fig. 16. — Faba vulgaris. — Coupe transversale du deuxième entrenœud dans un: plan du lot B. — Mèmes lettres que dans la fig, 15. courtes papilles. Les membranes externes sont plus minces que dans les témoins et moins cutinisées, surtout dans le lot B (fig. 15 et 16)- Les assises externes de l’écorce sont collenchymateuses ; les membranes sont plus minces dans le lot A eb surtout dans le lot B. C’est généralement au-dessous de cette couche que se produit la ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 79 destruction des cellules déjà signalée. Les différences de dimen- sions entre les cellules des deux couches corticales sont atténuées dans les plants reverdis (fig. 15 et 16). Les cellules de soutien du péricycle existent partout; mais, dans le lot B, les membranes sont plus minces et les cavités cellu- laires plus polygonales, moins arrondies. Elles ne sont pas ligni- fiées, même dans les témoins. Les faisceaux libéroligneux sont plus inégaux entre eux dans les plants reverdis. L’assise génératrice fonctionne moins active- ment et les vaisseaux sont moins nombreux que dans les témoins. Il y a peu de différences dans le diamètre des vaisseaux. On remarque cependant que les vaisseaux formés aussitôt après Te transport de la plante à la lumière sont plus larges que les vais- seaux de la même région des plants maintenus à l'obscurité. L’axe de la moelle est occupé par une lacune apparue plus tôt et plus grande dans les plants reverdis que dans les témoins. Les cellules de l’écorce et de la moelle sont plus étroites dans le lot B que dans les : autres lots. Les cellu- les corticales externes _ sont, au contraire, plus larges. : Entrenœuds moyens. —. Ces entrenœuds sont semblables dans les di- vers lots, l’axe est oc- cupé par une lacune. Le cylindre central a une importance relative plus grande que dans les entrenœuds infé- rieurs. Les entrenœuds courts des plants rever- dis ne diffèrent des au- iz — Rici om: js. — Lambeau la lon- Fiz. 17 et 18. Ricinus communs. nn ‘ d'épiderme (détaché et représenté de face} de guenr plus courte de l'axe hypocotylé. — 17, Plan témoin ; 18, plan leurs cellules. étiolé reverdi. 80 / REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE RiciNuS coMMuNIS. — Plants témoins cultivés à la lumière, du 7 mai au 8 juillet ; plants reverdis cultivés à l’obscurité, du 7 mai au 21 mai pour le lot À, au 6 juin pour le lot B, puis exposés à la lumière. Axe hypocotylé. — La section transversale est circulaire. Voici les dimensions pour des coupes faites vers le tiers supérieur de l’axe hypocotylé. Les cellules épidermiques sont plus inégales dans les plants reverdis ; la paroi externe est moins épaisse et moins cutinisée, surtout dans le lot B. Les fig. 17 et 18 représentent l'épiderme vu dé face. L’écorce est plus épaisse, grâce à la plus grande largeur des cellules ; le nombre d’assises est le même. L’épaississement des deux ou trois assises externes est d'autant moins accentué que l’étiolement a duré plus longtemps. L’inégalité des dimensions cellulaires des deux couches corticales s’atténue dans les plants reverdis. La longueur des cellules corticales est peu différente dans les divers lots par suite de recloisonnements transversaux _très visibles dans le lot B, qui avait au moment de la mise à la lumière des cellules d’une longueur triple (120-à 130 divisions micrométriques). Ces cloisons sont les unes transversales, les autres très obliques. Dans la zone corticale moyenne des plants reverdis, plusieurs assises sont écrasées et les membranes sont partiellement détruites. Le péricycle présente des cellules scléreuses peu lignifiées aussi nombreuses, peut-être même plus némbreuses et à parois plus épaisses, dans le lot À que dans les témoins. Elles sont peu diffé- renciées dans le lot B. Dans les faisceaux, on remarque des files radiales de vaisseaux, séparées par de petites cellules. Beaucoup de ces vaisseaux s’écra- sent dans les plants reverdis ; ils persistent au contraire dans les témoins, sauf les premiers formés, de faible diamètre. Les tissus secondaires forment un anneau continu. Les vaisseaux épars dans la région ligneuse, ont à peu près le même diamètre dans tous les lots. Il n’y a de retard sensible dans le fonctionnement de l’assise génératrice que s les plants longtemps étiolés. ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 81 La moelle est plus large dans les lots reverdis, les cellules y sont plus larges et conservent longtemps la faculté de se recloi- sonner transversalement. Aussi leurlongueur n’est-elle franchement exagérée que dans le lot B, où ce recloïisonnement ne s’est pas produit (bien que l'écorce y soit recloisonnée). Les cloisons sont - transversales ; il n’y en a pas d’obliques, contrairement à ce qui a lieu dans l'écorce. EE (OPA | LÔLE TÉMOIN Diamètre de l’axe hypocotylé. . . . . 250 258 247 Épaisseur de l'écorce. : . , . . . . . . . 2% 27 28 Diamètre du cylindre central. . , . . . . 200 20% 191 Rapport de ce diamètre à l’épaiss' de l'écorce. 8 7,03 6,28 Épaisseur de l’anneau ligneux , . . . .. 30 28 23 Diämeétre de la mode" 27... 410 420 122 Diamètre de la lacune axile . . . . . . . 100 50 0 : = HAL. 5 . | 0 9} ba 9T6A D Le ebtiee se larges" ©. sa 7|6à 8| 6à 1 Ionpuéur fs: 2. .:. 5 à 25 | 10 à 30 | 235 à 80 ml des cellules corticales externes. 5.4 A0 22, 74, 14 É Sur. à 21154 D 115 à. 936 des Aer étés du ie longueur 40 à 55 | 38 à 65 | 45 à 6 Dimensions des ( largeur. . . . . .. 28 à 32 | 40 à 55 | 45 à 62 cellules médullaires ( Jongueur . . . . . . 50 à 85 | 50 à 400 |125 à 185 La disparition de la région axile de la moelle est retardée par le séjour à l'obscurité; la lacune est plus petite dans le lot A que dans les témoins, elle est à peine indiquée dans le lot B. La lacune n’existait nulle part le 6 juin, jour de la mise à la lumière du lot le plus étiolé ; elle commençait à se former dans les témoins, Entrenœuds épicotylés. — Pas de différence marquée entre les divers lots. Partout l'écorce est nettement divisée en deux couches. Les formations secondaires sont identiques. Une lacune existe dans l'axe de la tige. Le lot B est très en retard dans la différenciation de toutes ces parties. PERILLA NANKINENSIs. — Lot témoin _cultivé à la lumière, du 19 mai au 98 juillet ; lots reverdis cultivés à l'obscurité, du 19 mai au 28 mai pour ‘? lot A, au 6 juin pour le lot B, Fe à la lumière jusqu’au 28 juillet. Axe hypocotylé. — La on ii faite vers le tiers supérieur. Rev. gén. de Botanique. — XIV, 6 . 82 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DR part a | LOTR TÉMOIN Diamètre de la section transversale. . . . 360 290 158 Épaisseur de l'écorce. . . . . . . . . . . 45 45 40 nt du er ee PRE RAA 270 200 78 "de l'écorce, 6 4,45 2 Éaisseur du bois dccihdaise dans les faisceaux , 90 60 45 Diamètre de la moelle . . , , : . . . . . 60 52 28 ; ET PI La -4-| 4-81 4407 Dimensions des largeur .!. . . ... Là 181 &4à 18| &aà 16 cellules épidermiques ongueur 7. 10 à 40 | 10 à 45 | 25 à 60 : { largeur radiale ; , .| 42 à 48 | 12 à 18 | 10 à 15 ns Sr largeur basentele 20 à 28 | 20 à 26 | 18 à 22 pedri- Lace 25 à 45 | 25 à 60 | 35 à 65 Dimensions d largeur. | ana { rte 20 à 45 | 15 à 40 | 10 à à cellules modulaires longueur . , . . . . 25 à 50 | 25 à 60 | 45 à 85 L'épiderme est bas et porte des poils pluricellulaires, qui per- sistent sur les échantillons étiolés-reverdis, jusqu’au moment de l’exfoliation de l’épiderme. Sa paroi externe est moins épaisse et moips cutinisée dans le lot B que dans les autres. L'écorce est composée partout de 5 à 6 assises cellulaires ; l’assise externe a des membranes épaisses; dans le lot B, cet épaississement est peu marqué. Les cellules de soutien du péri- cycle sont moins différenciées dans le lot B. Il existe une zone génératrice péridermique, située dans le péricycle et passant en dedans des cellules de soutien dont nous venons de parler. Elle a produit 6 cloisons tangentielles dans les témoins, # dans le lot A ; il n'y en a aucune trace dans le lot B. Les faisceaux primaires sont au nombre de quatre ; l’anneau libéroligneux secondaire est continu, plus avancé dans le lot témoin que dans le lot A ; -dass le lot B, il n'existe que deux ou trois assises lignifiées. La moelle est persistante et occupe sur la section transversale -une surface d’autant plus faible que l’étiolement a été plus long. Les cellules de la moelle sont beaucoup plus grandes que celles de l’écorce dans Iles témoins ; la différence est beaucoup moins nette dans le lot B. Ce dernier lot a des cellules nette- ment plus étroites et plus longues que les autres. L2 . ACTION DE LA LUMIÈRE SUR BES PLANTES ÉTIOLÉES 83 Entrenœuds épicotylés. — La section est carrée avec quatre angles saillants, soutenus par des cellules corticales collenchy- mateuses, et quatre faisceaux libéroligneux unis par des forma- tions secondaires. Les plants reverdis ressemblent beaucoup aux témoins, mais la section est plus étroite. Ils sont en retard dans leur développement, surtout ceux du lot B. Le premier entrenœud épicotylé du lot B, qui a subi l'effet de l’étiolement, a des cellules plus longues qu’à l’état normal. SINAPIS ALBA. — Lot témoin cultivé à la lumière, du 19 mai au 19 juillet ; lots reverdis cultivés à l'obscurité, du 19 mai au 23 mai pour le lot A; au 26 mai pour le lot B, puis à la lumière jusqu’au 19 juillet. ATe hypocotylé. — La section est faite vers le tiers supérieur. Elle est circulaire. LOT TÉMOIN LOT A LOT B Diamètre de la section transversale. , 450 Epaisseur de l'étorce, , . .:: . 2 ec 30 30 32 Diamètre du cylindre central, . . . . . . 90 Pp paiss' de l’écorce. 3 2,33 1,87 Épaisseur de l’anneau ligneux . . . . .. 11 “æ 5 Diamètre de la moelle... . 2... 60 50 45 \ largeur radiale . . .| 18 à 30 | 15 à +90 | 12à 5 saine ! largeur tangentielle.| 20 à 60 | 15 à 50 | 12à 40 des cellules cortiaie, dé bare 21800 30 à 55 | 30 ss | 20 4 ‘6 imensions des ÿ largeur. . . . . . 12 à 45 | 12à 35 | 10 à 30 cellules médullaires } longueur . . . . . . 30à 55! 300ùà 60 | 3%0aà 75 L’épiderme est moins cutinisé dans les plants reverdis, et la paroi externe est moins épaisse. L'écorce a partout sept assises de cellules. Il existe, dans le lot B, une zone de cellules corti- cales écrasées et déchirées, partiellement remplacée par des lacunes ; ce phénomène s’est produit tardivement, après le 6 juillet, L’anneau ligneux secondaire est d’autant moins impor- tant que l'étiolement a été plus long. La moelle persiste. Dans les témoins, les cellules de la moelle sont à peu près de même largeur que les cellules de l’écorce ; mais ces dernières 84 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sont étirées tangentiellement. Dans les lots A et B, les cellules de la moelle sont plus étroites que celles de l’écorce. Entrenœuds épicotylés. — Ces entrenœuds sont en retard sur ceux des témoins ; mais, finalement, la différenciation est normale. Il y a une lacune axile dans tous les lots. CHEIRANTHUS CHEIRI — Plants témoins cultivés à la lumière, du 19 mai au 19 juillet ; plants du lot A cultivés à l'obscurité, du 19 au 28 mai, puis mis à la lumière de cette date au 19 juillet. Axe hypocatul. — La section, faite vers le tiers supérieur, est arrondie. LOT TÉMOIN| LOT A Diamètre de la section transversale, , . . . . 66 47 Épaisseur'de T'ECORCE | 7 2", TL [El 9 Diamètre du Brin à Chabal se. kl 2 Rapport de ce diamètre à l’épaisseur de l’écorce.| 4 3,22 Épaisseur de la région ligneuse. . . . . . . . 14 Diamètres rectangulaires de la moelle . . . . 12 et 22 8 et 15 largeur radiale . . .| 10 à 24 5 à 12 ME ol LOUE ales 4 largeur tangentielle.| 10 à 32 5àa 18. longuoeariss fase 30 à 75 40 à 100 Largeur des cellules médullaires . . . . . . : &a 5 2,5 à 3,5 L’écorce est exfoliée par la formation d’une assise génératrice péridermique profonde, qui compte 8 cloisons tangentielles, au moment où le lot À n’en a que 2. Les cellules corticales sont comme dissociées dans les deux lots. En s’adressant à des échantillons plus jeunes, on constate que la membrane externe de l’épiderme est plus mince dans le lot A. Les assises corticales y sont en nombre normal; mais les cellules sont plus étroites et plus longues. Le cylindre central, presque entièrement occupé par les tissus secondaires, est beaucoup moins important et possède beaucoup moins de vaisseaux dans le lot reverdi ; aucun vaisseau n’y atteint le diamètre des vaisseaux formés en dernier lieu dans le témoin. La moelle, très réduite, se compose de cellules moins nombreuses et plus étraites dans le lot A. ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 85 Entrenœuds épicotylés. — Ces entrenœuds n’arrivent qu’assez tard à leur différenciation complète dans le lot A; mais ils ne diffèrent alors des témoins que par leur diamètre plus faible. Dans les plants moins étiolés que ceux que je viens de décrire, l’axe hypocotylé exfolie son écorce ; l'anneau libéroligneux, seul, est un peu moins épais. Les autres entrenœuds n’offrent aucune particularité. SENECIO JACOBÆA. — Lot témoin cultivé à la lumière, du 21 mai au 49 juillet; lots reverdis cultivés à l'obscurité, du 21 mai au 25 mai pour le lot À, au 28 mai pour le lot B; puis mis à la lumière jusqu’au 19 juillet. Quelques capitules de fleurs existent à ce moment sur les témoins et sur les plants du lot A. Axe hypocotylé. — La section transversale est faite vers le tiers supérieur. _. LOT A LOT B TÉMOIN Diamètre de la section transversale, . . . 92 66 43 Épaisseur de l'écorce. . . . . . . . . .. 18 16 14 Damnèse du ane nee dr ns 56 36 15 de l'écorce 3,11 2,25 1,07 Épisges de l'anneau hasux Re 16 6 hauteur... 10 à 15 7à 12 à 12 Dimensions des sea tenus 1622 LS As Le SR 45 à 25 | 20 à 55 | 20 à 60 di: . . «| 10,4 90:12 ‘30 | 10 à 350 | Dimensions . largeur tangentielle.| 20 à 60 | 18 à 50 | 25 à 40. Reese { rs nr is 15 à 50 | 30à 6 | 3%0a | mensions des OEROUR + se Sa. 90 1% 419 6 à 13 culs es à near. 30 à 80 | 40 à 90 | 40 à 100, L'épiderme, dont la paroi externe est moins épaisse dans les lots À et B, se cloisonne activement dans le lot A pour se. _ prêter à l’agrandissement du cylindre central. Les cellules corti- cales sont très élargies tangentiellement ; les plus larges présen- tent, dans le lot témoin et dans le lot A, de jeunes cloisons radiales, de sorte qu’en réalité aucune cellule non recloisonnée n’atteint les dimensions maxima indiquées dans le tableau. ‘anneau ligneux est formé de files de cellules au nombre de 86 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 25 dans le lot témoin, de 15 dans le lot A et de 4 peu lignifiées dans le lot B. La moelle est très réduite. Partout les cellules de l'écorce sont plus larges que celles de la moelle, Dans les lots reverdis, les cellules sont plus étroites qu’à l'état normal, surtout celles de la moelle. Les cellules y sont beaucoup moins nombreuses sur les coupes transversales, plus nombreuses au contraire sur les coupes longitudinales. | Entrenœuds épicotylés. — 11 n’y a pas de différence appréciable entre le lot A et le lot témoin : les cellules médullaires sont plus larges que les cellules corticales. Dans le lot B, se manifeste un grand retard de développement. Structure de la feuille. — En comparant les feuilles qui ont atteint leur complet développement, on ne constate que des diffé- rences généralement assez faibles. Il faut remarquer que souvent Fig. 19 et 20. — Solanum tuberosum. — Coupes transversales de la feuille ; 19, plan témoin; 20, plan étiolé-reverdi. les feuilles étiolées elles-mêmes, malgré leurs petites dimensions, diffèrent peu des feuilles vertes dans leur structure, ainsi que cela résulte des mesures de Kraus (loco cit.). SOLANUM TUBEROSUM. — Feuilles nées à l'obscurité et peu accrues à la lumière : Cellules plus petites qu’à l’état normal. EU ACTION DE LA LUMIÈRE SUR DES PLANTES ÉTIOLÉES 87 Épiderme moins épaissi et moins cutinisé. Palissades moins hautes. Tissu lacuneux moins épais. Epaisseur totale moindre. Grandes feuilles : Epaisseur plus grande que celle des feuilles normales. Cellules épidermiques plus sinueuses, surtout à la face supérieure, Nombre des stomates peu différent du nombre normal ; mais inférieur à la normale par unité de surface à la face supé- rieure, supérieur à la normale sur l’autre face. Cellules et lacunes plus grandes. Cellules palissadiques plus hautes, mais pas plus étroites (fig. 49 et 20). Vaisseaux plus nombreux et collenchyme bien développé dans la nervure médiane et dans le pétiole. Ervum Lens. — Grandes feuilles : Différences peu nettes. Epaisseur supérieure à la normale. Cellules épidermiques, particuliè- Fig. 21.- Ricinus communis.— Épiderme Fig. 22.— Ricinus communis.— Épi- de la face supérieure de la feuille, plan derme de ja face supérieure de la témoin, feuille, plan étiolé-reverdi. rement à la face supérieure, plus sinueuses. Stomates plus nom- breux à la face inférieure. Cellules un peu plus grandes. Lacunes plus grandes. FaBa vuucaris. — Grandes feuilles : Plus épaisses qu'à l’état normal. Cellules plus grandes. Épiderme plus sinueux. Stomates 88 -__ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE moins nombreux à la face supérieure, plus nombreux à la face inférieure qu’à l’état normal, par unité de surface. Palissades plus irrégulières, de hauteur sensiblement normale, mais de largeur plus grande en moyenne. Lacunes plus développées notamment entre les pallissades. RiciNus communis — Cotylédons devenus très grands à la lumière : Epaisseur plus grande qu’à l'état normal. Cellules et lacunes plus grandes. Epiderme supérieur et inférieur plus sinueux. Stomates moins nombreux par unité de surface à la face supé- rieure, plus nombreux au contraire inférieurement. Cellules palis- sadiques de hauteur et de largeur sensiblement normales. Tissu lacuneux plus épais. Il y a plus de vaisseaux écrasés dans la pervure médiane qu’à l’état normal. Grandes feuilles : Épaisseur plus grande que celle des feuilles normales. Cellules plus grandes. Épiderme supérieur vu de face, à parois planes dans les témoins, à parois ondulées dans les plants reverdis (fig. 21 et 22). Stomates moins nombreux qu’à l’état normal par unité de surface à la face supérieure ; l’inverse se produit à la face inférieure. Cellules de l’épiderme inférieur plus grandes que dans les feuilles normales alors que celles de l’épiderme supé- rieur ont les dimensions habituelles. Palissades un peu plus hautes, - maïs au moins aussi larges qu’à l'état normal. Lacures plus déve- loppées. Vaisseaux plus nombreux dans la nervure médiane et dans le pétiole. Collenchyme des nervures bien développé. SENECIO JacoBæa. — Cotylédons moins épais, à cellules plus petites. Même dans les témoins, il »’y a pas de cellules nettement palissadiques. Feuilles peu différentes des feuilles normales. Sinapis ALBA. — Cotylédons moins épais qu’à l’état normal. Cellules palissadiques presqu’aussi larges que hautes ; dans les témoins, beaucoup de cellules de l'assise sous-épidermique sont deux fois plus hautes que larges. Cellules plus petites. Feuilles peu différentes des feuilles normales. PERILLA NANKINENSIS. — Cotylédons à épiderme beaucoup moins sinueux qu'à l’état normal. Contour des paires de cellules stoma- tiques circulaire et non ovale. Cellules plus petites. Épaisseur moindre. Palissades moins hautes, surtout celles de la deuxième assise. Feuilles presque semblables aux feuilles normales. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUSCINÉES DEPUIS LE 1% JANVIER 1895 JUSQU'AU 1° 5ANVIER 1900 /Suite) 7° ALLEMAGNE DU NORD M. LimPricur (1) achève sa magistrale publication sur la flore des Mousses d'Allemagne, dont il a été question dans la Revue précédente. e ne puis entrer ici dans le détail de Panalyse de cette œuvre qui me mènerait trop loin. Je dirai seulement que c’est un ouvrage fondamental dont aucun bryologue sérieux ne peut actuellement se passer. M. Lurzow (2) a donné pour la bryologie de l'Allemagne du Nord un volume intéressant qui peut servir de guide aux bryologues indigènes, Un petit ouvrage qui peut être d’un certain intérêt surtout pour les commençants a été publié par M. Scawipr (3). C’est une description de 136 espèces de Mousses les plus communes d'Allemagne avec un appen- dice … vingt échantillons desséchés et quatre planches. Une note de M. Warnsrorr (4) traite des Thuidium de l'Allemagne. En se ee sur les caractères tirés de la ramification de la tige, de la forme des feuilles périchétiales, de la nervure et de la cellule terminale des feuillets raméales, l’auteur pense que les T. pseudatamarisci et Philiberti ne doivent pas être séparés comme espèces, et que le premier n’est qu’une variété du second, L’auteur décrit ensuite une espèce du même genre qu'il a trouvée aux environs de Tucheler-Heide, en Prusse, e 7. dubiosum, qui a les feuilles canimaire du T. delicatulum et les feuilles périchétiales sans cils du 7. Philiberti et du T. recognitum. tiges montrent : fréquemment une triple cRRRaUon. Quelques variétés moins importantes sont encore étudiée M. OsrerwaLp (5) a publié une liste de Loniiide de Muscinées pour l'Allemagne, observées entre 1892 et 1895. Soixante-dix espèces et variétés sont nouvelles pour ce pays. (1) D: L. L. Robenhorst's nee -Flora von Deutschland, OEsterreich und rer Die Laubmoose von K. Gustav Limpricht. Leipzig {2) G. Lutzow : Die Laubmoose ans Gera 1895, An et 16 pl. (3) = Schmidt : Führer in die Welt der Laubmoose. Géra, 1897, . Warnstorf : Ueber die deutschen Thuidiuwm-Arten aus De ben Eutidiun {Zeitschr. des. Naturw. Ver. des Harzes in Wernigerode, 1896, 8 pp ). (5) K.Osterwald : Lebermoose und Laubmoose.{Ber. der deutsch. bot. Geselisch, 1899, p. 1054 18). me rs 90 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 1° Schleswig-Holstein. — On doit à M. Praz (1) une petite flore bryologique de cette province. 2 Hambourg. — Si l’on en croit M. Jaar (2), le moment n’est pas encore venu d'écrire la flore bryologique de Hambourg, car les décou- vertes nombreuses qu’il a faites depuis 1890, découvertes souvent éton- nantes, permettent de croire que l’on ne connaît pas encore en entier la flore bryologique de la région. L’auteur signale en effet 13 Hépatiques, Sphaignes et une soixantaine de Mousses nouvelles pour la contrée. 3 Hanovre. — Par erreur, dans la Revue gs j'ai rattaché à la flore de la Hollande les travaux de MM. en et Fr. Müller sur les petites îles qui font face à la côte de la Frise saBteie et qui en réalité appartiennent à la province de Hanovre. M. MüLrer à continué ses recherches sur ce groupe d'îles et en particulier sur Baltrum, Langeoog et Borkum. Il a parcouru cette dernière île en compagnie de MM. Buchenau et Sandstedes du 28 Mai au 2 Juin 1898. Ces excursions lui ont donné l’occasion de trouver trente-six espèces nouvelles pour ce petit territoire. Dans ces récoltes il faut remarquer surtout une espèce nouvelle pour la Science : Bryum Frederici Mülleri Ruthe, et deux autres, les B. litoreum Büm. et B. fuscescens Spr., nouveaux pour l’Allemagne. De lile Borkum on ne connaissait que trois Hépatiques mentionnées par Eiïben. M. Fr. Müller (3) en a trouvé neuf autres non encore signalées. 4 Westphalie. — Les recherches de M. GREBE (4) sur une RE restreinte, il est vrai, mais de conditions physiques et géologique variées, ont donné un résultat tout à fait remarquable. En effet, en se limitant aux environs de Bredelar, lieu de sa résidence, rage a pu trouver environ 330 espèces de Mousses. On est là au point de réunion des vallées étroites et encaissées du Diemel et du Hoppeke, à la limite des régions hautes et basses de la Westphalie. Toutes les assises du dévonien s’y trouvent, et il y a des rochers escarpés de porphyre à labrador d’origine éruptive. De plus la région est riche en sources et en . dépressions humides. On trouve aussi fréquemment des altitudes telles que la flore subalpine y est à son aise. Parmi de nombreuses Mousses intéressantes ilfaut signaler une espèce et une variété nouvelles pour la {t) Prahl : es von Schleswig-Holstein und der angrenzenden (Schriften der naturwiss. Ver. für Schleswig-Holstein, X, pp. 147-293). (2) O0. Jaap: Beiträge : zur 2 der Umgegend von Hambourg. (Verhandi. der Nuturw. Ver, in Hamburg. 1899, 4 (3) Fr. Müller : Beiträge zur Moosflora der Ostfriesischen Inseln Baltrum und Langeoog. (Naturw. Ver. zu Bremen, XIII, p. 375-382). — Die Moosflora von ). 4) GC. Grebe : Neuheiten aus des Laubmoosflora des Westfälischen Ber- glandes (Alig. bot. Zeitschr., 4897, no 6, p. 89-92. REVUE DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 91 Science : Cynodontium Limprichtianum Grebe (1) et Encalypta rhab- docarpa Schwægr. var. eperistomata Limpr. et 42 espèces nouvelles pour la région. 5° Hesse-Cassel — Je ne citerai pour ce duché que deux notes de M. Lorcu (2) et de M. LAUBINGER (3) dont je n'ai pu prendre con- naissance. 6e Saxe- Weimar. — Un travail de M. GRIMME (4) concerne les Mous- ses des environs d’Eisenach. (1) Grebe : Cynodontium Limprichtianum n. é {(subgenues novum Lyncodon- tium) (Beiblatt zur Hedwigia, 1897, p. ae pl.). (2) W. Lorch : Die La ie oose der a: von Marbu.g und dere geo- raphische FE (Oberhessisch Gesellsch. fur Natur und Heilkunde. Giessen, 1895, 76 (3) C. La er. Die Laubmoose der Umgegend von Kassel. (Ber. des Ver. fur. Naturkunde zu Kassel, 1898-1899, p. 55-61). (4) A. Grimme : Die Laubmoose . Umgebung Eisenachs (Hedwigia, 1899, p. 177-195). (A suivre). L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 18983 à 1900 (Suite) Les nitrates sont universellement répandus dans le règne végétal, ainsi que l'ont constaté autrefois Berthelot et André. Ils persistent en nature dans les racines et les feuilles vivantes, malgré leur sad solubilité et les lavages successifs auxquels on peut les expos Demoussy (1) a constaté que chez les racines mortes et A vieilles feuilles tombées pendant l’hiver, les nitrates ont disparu. D’autre part, une plante séchée à 100 degrés cède instantanément ses nitrates à l’eau froide, celle-ci étant incapable d’en extraire quand la plante est vivante. Le chloroforme agit comme la chaleur, Il est donc possible que les nitrates soient retenus par une sorte de combinaison avec le proto- plasma vivant ou encore que le chloroforme, contractant le plasma, modifie les propriétés osmotiques de la cellule. L'auteur pense en outre que ces faits expliquent comment les nitrates peuvent s’accumuler dans les tissus ; c’est qu'ils y sont énergiquement retenus par le protoplasma ; cette opinion à laquelle conduisent les données précédentes n’est nullement en contradiction avec celle que professait Dehérain dès 1865 sur l’assimilation de la silice, des phosphates, des iodures, etc. qui s'accumulent dans les organes parce qu’ils y deviennent insolubles. emoussy a constaté en outre que l’absorption des nitrates est en raison inverse de l’abondance de la matière azotée contenue dans les jeunes plantes ou dans leurs réserves; tandis que si l'azote nitrique à la croissance des plantules, son absorption aurait été d’autant plus active que ces albuminoïdes auraient fait défaut plus complètement. ._ Nous reviendrons d’ailleurs sur cette question au sujet de l’absorp- tion et de l’assimilation. Matières organiques de la série grasse. TscairscH (2) a publié récemment, avec le concours d’un grand” (1) Demoussy : C.-R. CXVIII, 79 et 868. (2) Tschirsch : Die Harze und Hurzbehälter. (Bornträgger, Berlin, 1900). REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 93 nombre de travailleurs de l’Institut pharmaceutique de l’université de généralités très intéressantes des différents types de résines ; une partie botanique dans laquelle sont étudiés les réservoirs résinifères, le méca- nisme de la sécrétion normale et pathologique des résines. . L'auteur distingue des résines à tannols, des résines à résènes, des résines à acide résinolique Dans les résines à taniols, le caractère dépend de celui d’éthers d'alcools résineux particuliers présentant des réactions analogues à celles du tannin. Ces résino-tannols sont combinés à des acides aroma- tiques qui se rattachent d’une part à l'acide benzoïque, de l'autre à l'acide cinnamique On range dans ké résines à tannols : 1° Le benjoin, le Ps de Pérou, le sang-dragon des Palmiers, la résine d’Aloës, le st Les gommes-résines des Ombellifères (gomme-ammoniaque, ue sagapenum, asa-fœtida, opoponax). Dans les résines à résènes, il n’y a pas d’éthers de tannols ; le carac- tère de la résine dépend d’un résène, prin pe résineux résistant aux alcalis et montrant une in absolue à l'égard des réactifs. Ce groupe compren 1° Les résines de Burséracées (oliban ou encens, myrrhe, opoponax, baume de la Mecque, élémis, bdellium, tacamaque, mastic 2 Les résines des Diptérocarpées (dammar, résine de Daona, baume de Gurjun, copal de Manille). Enfin au troisième groupe, qui est celui des résines à acide résino- lique (terpéno- ne) appartien nent: : 1° Les résines des Conifères. 20 La ur de lAgaric (Poly porus offjicinalis 3° La résine des Césalpiniées (baume de Co copal de Zanzibar). MEesnaRD (1) a poursuivi ses recherches sur le dégagement des eurs qui, on le sait, sont engendrées par des huiles essentielles. On se rappelle que, dans un précédent mémoire, paru dans cette revue et analysé ici-même, l’auteur exposait un procédé de comparaison des odeurs é l'emploi de lessen érébenthine considérée comme essence étalon avec la phosphorescence du phosphore employée comme réactif, Mais ce procédé est très cat et il exige l'emploi d'appareils qui ne sont pas suffisamment transportables. Il songea alors à remplacer ses anciens appareils par de nouveaux (1) Mesnard : Action de la lumière et de quelques agents externes sur Le dégagement des odeurs (Revue générale de Botanique, t. VIII, p. 129, 1 94 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE qui sont des comparateurs d’odeurs à entraînement mécanique d'essence; nous n’en donnerons pas la description 11 étudie ensuite l'influence de la lumière sur le dégagement des parfums. C’est la lumière, non l’oxygène, qui est la cause principale de la transformation et de la destruction des substances odorantes; mais ces deux agents peuvent, dans certains cas, combiner leurs effets. L'action de l’oxygène est lente, régulière et donne parfois à notre sens re l'illusion d’une augmentation de la puissance odorante es parfums. La lumière agit avec plus de rapidité et Los ne constate jamais avec elle cette augmentation passagère. La lumière agit comme source re chimique aan les transformations par lesquelles passent les produits odorants depuis leur élaboration jusqu’à leur résinification. Elle agit aussi comme source d'énergie mécanique jouant un rôle important dans le dégagement périodique du parfum des fleurs. L'intensité du parfum dégagé par une plante dépend de l’état d’équi- ibre qui s'établit, à toute heure de la journée, entre la pression de l’eau dans les cellules qui tend à rejeter au dehors les huiles essentielles contenues dans l’épiderme et l’action de la lumière qui combat cette turgescence. Mais l’irritabilité du protoplasma joue dans la vitesse de réaction de la plante à l’excitation extérieure un rôle considérable. C’est là une cause primordiale de la variation d'intensité du parfum des fleurs et parfums. alternances régulières du jour et de la nuit déterminent des rs maxima et minima de l'intensité des parfums, modifiées souvent, il est vrai, par l’inconstance du temps, mais qui engendrent, néanmoins, une véritable périodicité dans le dégagement des odeurs. Chez certaines Orchidées, plantes plus sensibles que d’autres, cette périodicité serait teur examine ensuite, dans un chapitre très intéressant, l'influence de la lumière et de. l'humidité sur la culture des plantes à P (baume, myrrhe, encens des régions chaudes et sèches). Si l'on quitte la région saharienne et qu’on se dirige vers le Nord, on rencontre des conditions biologiques de plus en plus favorables à la culture des plantes à parfums. On en a des exemples frappants au Jardin botani- REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 95 que de Palerme où d’innombrables fleurs odorantes dégagent au prin- temps un parfum exquis, et sur les flancs des re mé Provence, aux environs de Cannes, de Grasse, de Nice, où, dans une atmosphère arrosées par les infiltrations et les ruisseaux torrentiels qui descendent des hauts sommets, produisent en abondance des parfums d'une finesse remarquable Le même auteur (1) a étudié en outre, dans la première partie de sa thèse, le mode de formation et l’origine des huiles grasses chez les végétaux. Dans ce travail, et après quelques mots d'historique, Mesnard expose les procédés de technique microscopique usités pour mettre en évidence les huiles grasses dans les tissus végétaux; c’est ainsi qu’il est amené à indiquer l’emploi de l’acide sulfurique, de l’acide osmique, de la teinture d’orcanette, de l’orcanette acétique, des vapeurs d’acide chlorhydrique pur ; c’est ce dernier réactif qui lui a donné les meilleurs résultats, Puis il étudie la germination des huiles grasses pendant la germination des graines oléagineuses (Ricin, Courge, Arachide, Colza, Bardane, Chanvre, Pin sylvestre, Sésame, Lin, Lupin) et des graines de Graminées dont la réserve principale ue l’armidon. 11 passe ensuite à la formation de l’amidon transitoire dans la germination des graines oléagineuses et termine la première partie de son travail par l'examen des PSE respiratoires qui se produisent pendant la germination des graine Selon ae sauf dans quelques cas particuliers (assise à gluten des Graminées), l'huile ne se localise pas dans les assises spéciales de cellules; elle peut Ms indistinctement et en quantité variable, toutes les cellules des mens ou des embryons. L’emmagasinement pa matières albuminoïdes de réserve (gluten, fibrine ou caséine végétale) est corrélatif de celui des huiles grasses. Ces deux groupes de substances pénètrent au même moment dans les tissus de l'embryon en voie de germination pour y être utilisés. L'amidon de germination paraît se former indépendammemt de l'huile de réserve alors que très souvent il semble que sa formation soit en relation avec les matières albuminoïdes de réserve. Il en résulte que les matières azotées jouent un rôle très important dans la germination des graines oléagineuses puisqu'elles sont en rela- tion à la fois avec l’amidon et avec les matières grasses. Bién entendu, les réactions microchimiques ne disent pas d’où vient l’amidon de ger- mination. L'auteur croit pouvoir admettre que les matières amylacées de réserve sont à l’état non figuré, intimement mélangées à lhuile et (1) Mesnard : Recherches sur la formation des huiles grasses et des huiles. essentielles dans les végétaux (Ann. Se, nat. Bot, XVIII, 257). 96 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE aux matières albuminoïdes et qu’elles sont entraînées en même temps que les autres au moment de la germinatio Enfin la mise en œuvre des réserves PES ne paraîtrait La résulter de l’action d’une saponase; ce seraient les matières album noïdes convenablement hydratées qui constitueraient l'agent pétectée de dislocation des maüères grasses. Par contre l’amidon des Graminées est bien utilisé grâce à une amylace sécrétée par un épiderme spécial: L'auteur s’occupe ensuite du mode de EP CR des huiles grasses Fresne re Le des fruits et des grai lei e e la production de l'huile est LT liée à celle des Enr ne Partout où l’on rencontre des matières albumi- noïdes en qualité notable (Noix, Chanvre, Blé, Maïs), il est toujours possible de provoquer l'apparition de l'huile, même lorsqu'elle semble à première vue ne pas devoir exister ; ici encore, comme tout à l'heure au sujet de la germination des graines, il semble que les matières albu- minoïdes convenablement diluées dans le corps de la plante se com- portent comme un dissolvant spécial des matières grasses. L'apparition de l’huile dans les cellules se produit au moment de la dessiccation et elle correspond à la formation des grains d’aleuron L'huile apparaît aussi dans les parties vertes. Elle pr ARTE indirectement de l’activité des chloroleucites et dériverait d’un glucoside intermédiaire qui serait, dans certains cas, au moins, de la mannite mme $ Luca l’a montré pour les feuilles et les jeunes fruits de Olivier. Quant aux transformations qui se produisent dans les parois du fruit, elles donnent des tanins, des sucres, des tissus lignifiés, des huiles EU TIO mais elles ne concourent pas à la formation des matières grass onc, selon Mesnart l'huile se forme dans les parties vertes et vient se déposer dans les réserves des graines, u contraire, Müntz et Leclerc du Sablon croient que c’est dans la graine même que les huiles sont élaborées ; de plus ces auteurs consi- dèrent les hydrates de carbone, les glucoses en particulier, comme l’origine des huiles, (A suivre). Ev. GRIFFox. 425 — Lille Imp Le Bigot frères Le Gérant: Th. Clerquin Revue générale de Botanique. Tome 14. Planche 1. N. Bernard del. Imp. Le Bigot. Bertin se. Ophrydées (1 à 6). — Ficaire (7 à 8). Revue genérale de Botanique. Tome 14. Planche 2. 72 0 ENT < COOP 9000 K : 0) PT UE D een OS Goo] NS (D £E ES K ) C0 VUE ne eo), LG op at Vase SA . de a eo CNE o QG ET) ES EE As Dans cette formule le radical stéarique C:#H350* peut être remplacé par des radicaux empruntés à d'autres acides gras ou à ceux de la famille oélique Les lécithinies sont donc une sorte de tone es (ou rgarates, ou oléates, ete.) de choline ; elles peuvent se détripler en acide glycérophosphorique, acides gras et choline ou __ celle-ci CH* - étant un dérivé de la choline par perte d’eau, Az eu CH — “ce. SCHULZE et FRANCKFURT (1) ont ont indiqué un procé ve qui permet de doser cette substance chez les plantes. On épuise la matière à étudier par de l’éther, puis par de l'alcool, après pulvérisation. Les deux extraits sont réunis puis évaporés à siccité. On ajoute au résidu de la soude et du nitrate de potasse, puis on calcine. On dose l'acide phosphorique. Le poids de pyrophosphate de magnésie multiplié par 7, 27 donne le poids de lécithine renfermé dans la prise d’essai. (1) Schulze et Frankfurt : Land. Vers. Stat. 43, N° 3 et 4, p. 307. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 141 Les auteurs ont effectué des dosages sur un grand nombre de plan- tes et ils ont observé que les graines des Légumineuses sont hs riches en lécithine que celles des céréales et des plantes oléagineus STOKLASA (1) s’est surtout occupé du rôle de ce son? chez les végétaux, Pour lui, le phosphore agit dans l’organisme principalement sous forme de lécithine. Dans la graine, la lécithine est localisée dans l’embryon, l’albumen n’en contient jamais qu’une faible quantité. Chez les plantes vivaces on en trouve beaucoup dans la racine. C’est la lécithine qui sert à la formation de la chlorophylle sous l'influence des rayons solaires. Pendant que la plante se développe, le phosphore absorbé à l’état de phosphate entre dans des combinaisons organiques et forme de la lécithine et de la nucléine. La lécithine a son siège de production dans les feuilles et ces dernières contiennent les 2/5 de leur acide phosphorique sous cette forme. La lécithine serait un produit du fonctionnement de la feuille sous l’influence de la lumière au même titre que l’amidon Selon Stoklasa. la chlorophylle est de la lécithine dans laquelle les acides gras sont remplacés par de l’acide chlorophyllanique. La chlo- rophylle est donc de la chlorolécithine, elle contient 3,37 p. 100 de phosphore. On SRE alors le rôle du phosphore dans le verdisse- ment des plant D'autre part F lécithine joue un rôle important dans la fécondation. En effet, au moment de la floraison, la lécithine se transporte des feuilles dans la fleur ; elle s’accumule dans la corolle qui devient alors un organe de réserve de lécithine, puis elle émigre dans les étamines ; là elle se localise surtout dans le grain de pollen qui en renferme jus- qu’à 8 0 Fr la fécondation, la lécithine se localise dans l’embryon, une artie au moins, car le reste sert à la formation d’autres matières orga- niques phosphorées. De nombreux travaux ont été effectués sur les kydrates de carbone ; nous donnerons ici ce qui a trait au côté chimique, nous réservant de revenir plus loin sur cette question au sujet de l'assimilation chloro- phyllienne. Isrrari et ŒTriNGER (2) ont montré que la proportion de sucre inversible contenue dans la tige du Maïs augmente de beaucoup quand on fait végéter la plante après avoir sectionné l’épi ; quelques variétés font cependant exception à cette règle. ScauLzE et FRANKFURT (3) ont trouvé du saccharose dans un grand nombre de graines (Blé, Seigle, Avoiné, Sarrasin, Chanvre, Soleil, Pois, Soja, Café, etc., etc.), mais ils n’en ont pas rencontré dans celles du (1) Stoklasa : Ann. n° ., t. 23, p. 79, 1897. (2) C.-R., CXXVIHI, (3) Ber. d. deut. mie Gesell. 1894, 625. 142 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Lupin jaune. Les graines précédentes renferment assez souvent, en outre, du raffinose ; ce corps existe aussi dans l'embryon du grain de Blé. BourquELoT (1) a montré que les deux sucres obtenus en traitant l'albumen de la graine du Caroubier (Ceratonia siliqua) sont du galac- tose et du mannose, et non un sucre nouveau, le caroubinose, comme le croyait Errront (2). Les hydrates de carbone qui représentent, d’après cet auteur, les 4/5 environ de la graine du Caroubier sont constitués par un mélange d’anhydrides du mannose (mannane) et d’anbydrides du galactose (galactane) à des états moléculaires plus ou moins condensés. Une grande partie de la mannane et la totalité de la galactane sont à l'état d’hémicellulose (hydrolysable par l'acide sulfu- rique étendu) ; le reste de la mannane étant à l’état de manno-cellulose. Peut-être même entre-t-il dans leur composition une petite proportion ire. RiTTHAUSEN (3) a retiré du Lupin jaune un beau corps cristallisé C2 H!8 O7 qu'il nomme galactite. Ce corps est sans saveur marquée, ne dévie pas le plan de polarisation de la lumière, ne réduit pas la liqueur de Fehling ; hydrolysé par l'acide sulfurique il donne 50 p. 100 de galactose, Les sucres qu’on rencontre chez les végétaux peuvent parfois être des produits excrétés par la plante ou sécrétés par des animaux, Aphi- diens et Cochenilles. Il y a donc bien lieu de considérer chez les plantes la miellée d'origine animale et celle d’origine végétale, La composition chimique de ces miellées varie beaucoup ; elle est la suivante pour celle des Pucerons sur le Tilleul (d’après Boussingault) : Sucres non réducteurs . 48,56 (mélézitose, selon Magpenne Sucres réducteurs. $ 8 L La extrine A Les nelle Vettel nenient du sucre de canne, du manni- tose chez le Frêne, le Sureau, de la dextrine, quelquefois du tanin (Chêne), de la mannite (Érable), des gommes (Aubépine) et enfin du glucose (dextrose et lévulose en proportions variables), Les miellées se rapprochent donc particulièrement, au point de vue chimique, du nectar des fleurs. En général la miellée n’est pas très recherchée par les Abeilles ; urie de nectar. Le miel d’abeilles renferme du > plus de sucres réducteurs que la miellée dont elles se nourrissen La production de la miellée végétale peut, re. G. Bonnser (4) être observée directement ; on voit les gouttelettes sucrées sortir par les (4) Journal de Pharmacie et pe San 1899. (2) C. CXXV, 38, 116, 309, 1 (3) Ib., XXIX, 89%. (4) rs générale de Botanique, 1896, p. 5. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 143 stomates. Cette durent cesse généralement pendant le jour et atteint son maximum à la fin de la nuit ; c'est l'inverse de ce qu'on constate pour la raicllés LE Le Les nuits fraîches, humides et sombres succédant à des journées chaudes et sèches sont très favorables à la production de la miellée végétale. On peut provoquer l’exsudation des substances sucrées au travers des stomates en plongeant les branches dans l'eau puis en les maintenant à l'obscurité en atmosphère saturée. Comment mettre les Era en here par la voie microchimique ? Liprorss (1) observe que beau de combinaisons qui ne sont ni des glucoses, ni des glucosides Fed la liqueur de Fehling, mais on rencontre très souvent des glucosides inactifs. L’acétate de cuivre acidulé avec de lacide acétique peut aussi rendre quelques services. L'auteur propose de remplacer la liqueur de Fehling par une solution alcoolique d’acétate de cuivre additionné d’un peu d’acide acétique et de glycérine mélangée à volume égal à une solution alcoolique de soude. Ce réactif qui agit à chaud en même temps que les tissus se durcissent e qu'il n’est pas attaqué par la phloroglucine, l’esculine, la Re l’hydroquinone, la résorcine qui réduisent la liqueur de Febling; n outre un grand nombre de corps réducteurs qui ne sont pas des glu- coses se dissolvent dans la solution nouvelle pendant la macération des fragments de ni étudiées alors que le glucose reste emprisonné dans les cellu LiNber (2) a in connaître un nouveau procédé pour doser l’amidon dans les graines des céréales, L'auteur solubilise le gluten en soumettant les grains à l’action d’une pepsine chlorhydrique sans none à à l’amidon qui existe libre et qu'on pèse ainsi en nature. Les amidons des végétaux ne sont pas tous ce sont des isomères. WinraRoPp E. STONE (3) a montré en effet qu is sont très diversement attaqués par les enzymes ; il y en a qui demanden jusqu’à 80 fois plus de temps que d’autres pour être complètement is bilisés ou saponifiés, et sous ce rapport la variation est sensiblement la même, quelle que soit l’enzyme employée (diastase, ptyaline, pancréa- tine, taka-diastase). Ainsi pour l’extrait de malt, l’ordre est le suivant : Batate, Pomme de terre, Blé, Maïs ; pour la ptyaline, Pomme de terre, Batate, Maïs, Riz, Blé ; pour la pancréatine, Pomme de terre, Batate, Maïs, l’amidon du Riz et du Blé n'étant pas solubilisé ; pour la taka- iastase, amidon de Pomme de terre en première ligne. L’amidon, on le sait, se colore en bleu par l’iode en produisant un iodure qui, selon Myzius, aurait pour formule (C5 Hi O5H I. Mais (1) Lunds. Arsskr. XXVIIT, Bot. Central., LIX, 280. (2) Bull. Soc. chimique, 4"° Série, t. XV, (3) Of. of exp. Stat., N° 34, 186. 144 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE RouviEr (1) observe qu’on obtient cette formule seulement en.présence d’un excès d'iode, En présence d’un excès d’amidon la formule du composé est (C5 H10 Oÿ}s L. En augmentant au contraire la quantité d’iode on obtient la formule (C5 H10 Oÿ)t6. ra L’amidon de Pomme de terre fixe moins d’iode que celui du Blé et des Céréales. Küsrer (2) a montré que l’iodure d’amidon de Mylius n’a pas une omposition chimique stable et il pense que la coloration est due à une dissolution d’iode dans l’amidon. L’iodure d’amidon ne serait pas une vraie Re HPRrOn chimique; c’est aussi l'opinion de Duclaux et d'Ost ee dx (3) a trouvé des inulines identiques dans l'Ail, la Jacinthe, les Narcisses, les Tubéreuses. (1) C.-R., Dan 128, 749, 1366. CXVIL, 281, 461. CXVIII. 748. CXIX, 383. CXX, 1179. CXXIV (2) Libbib'e than CCLXXXIHII, S. 360. (3) Journal Lee Fee et de Chimie. Série 6, 83, 1895. (A suivre). Ep. GRIFFON. #25 — Lille. imp. Le Bigot frères. Le Gérant: Th. Clerquin. MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT * La Re vue générale de Botani ee paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le cé: Le prix annuel (payable d'avance) est 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément, Adresser les demandes d'abonnements, mandats. etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Paris. On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues né mre ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, SE Jules PEELMAN, 2, rue Antoine Dubois, Hcfalanr à la ohone ne, 15, rue de CRatrapades Paris l rendu compte dans be revues dresse à Free ouvrages, mébiaires ou notes dont un HR Er aura été a ressé au rar cer de la Revue générale de Botanique. £ mmédiatement sur la couverture. : jé auteurs des travaux insérés dans | a Revue ÿ mn Panique ont droit ‘retéitément à vingt-cinq exemplaires en tirage à RÉCENTES PUBLICATIONS BOTANIQUES SR Eine lonseraphée RON Niphobolus. G. Fischer, Iena, 1901. 60 s : Die hante Erster band. Zweite u. dritte Lie- roi. “ Leipzig, :.Les etat coloniales. 1. ! Plantes alimentaires. — II. Plantes PALLADINE : Physiologie des plantes, traduiÿ sur la troisième édition russe, par ee ee sakoff. Paris, Masson, 1902. : Le Vanillier. He culture, préparation et commerce de la vanille. ud, 1902. hé à collaboration si M. . Paris sn Houzserr : Flore du Sén Sens, 1 WARD (Marshal): ra ss er re use in the field and laboratory. Cambridge, 1901. ne Methods in pont histology. cs 1901. D RE _ pflanzen. Hôlder, Vienn Mar botanique alpin de FOMerstotre du Pic du Midi ne Pagnbres de Bigorr eo I Mas ; . le “protoplasme des Schizophytes. Bruxelles, Jan : Hybrides des groseilliers à grappes (Bulletin l'Académie des + anses 4 tiborle e), 1901. Bon NET : ne sur À. Chatin. Paris, . sur la vie et les travaux de .. €. À, Chatin (Séance de 1 Société : CHopDaAT : Plañle Hosslerianm soit én mér a tion des plantes récoltées au Para: + se (Suisse). Première partie Genève, 1901. — Alques vertes de la Su: Pleurococcoides-Chroo epoides Beiträge 7 Kryptogamenflora der É cneg pd- I h. 3 Bern. K. I Wys: Se — Sur trois genres nouveaux de protococcoïdées et sur la permis ou : tonique re élang du Danen nark. Genève et Bale, 1900. _ Cnopar et Bouger : Études de Morphoogie et de he sh ds cellulaire: Sur la membrane tas ess 2e Paris, 4900. BErNanD : Sur le noire d'Helosis guyanensis. Paris, 1900. Bannans : 7e erches de Les sphères attractives de Lilium candidum, Helosis guyanensis. Paris, 1 Melle RoDRIQUE : Les feuilles panachées et Les feuilles colorées. Genève et Bâle, 1900. Conr1 : Les espèces du genre Matthiola. Genève, 1900. PauLesco : Recherches sur la Structure anatomique des hybrides. Genève, Z i A. Procopranu-Procopoviar : Contributiuni la flora ceah- lau lui I. Regiune eœ : si subalpina CRC de l'herbier de l’Institut Bota- carest, sept. 1901). Bucarest, — Bertrage zur flora des Ceahlau. I ire une subalpine region. Buca- rest, — SIMEO) . Rapraw : Contributiuni La flora bryologica a Romaniei (Bulletin de lherbier de Fast, Bucarest, 1901. e des sources du caoutchouc du Soudan français. 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I, Pr eæ-Labiatæ; HI et 1v, PMR baginac æ-Polypodiaceæ., Lund, 1898-1900. ot PAS ENRSAEER über die Scheide wände der Cruciferenfrüchte. nn. Kay: : Ueber de à Einftuss von Zug und Druck Leg res re me der Scheide- se wonder sich Free en AANERMERRS Leipzig, se REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Avril 1902 N° 180 PARIS PAUL. DUPONT, ÉDITEUR dé 4, RUE sécsl BOULOI, 4. 1902. “LIVRAISON DU 15 AVRIL 1902 ; ; “+ : + ; | Payes I. — SUR LE TUBERCULE DU TAMUS COMMUNIS (avec. figures dans le texte), par M. Leclerc du Sablon. 145 Il. — ÉTUDE SUR LA PHOTOSYNTHÈSE ET SUR L’AB- SORPTION PAR LA FEUILLE VERTE DES RAYONS DE DIFFÉRENTES LONGUEURS D'ONDE (avec planches ), par M. André Richter: . . 151 II. — ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION (avec planches et figures dans le texte), par M. Noël Bernard (suite). 170 IV. — REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUS- CINÉES depuis le 1‘ Janvier 1895 jusqu’ au 1* Jan- vier 1900, and M. LIL. Géneau de Lamarlière TS Rd en due ue ie 184 V. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES. parus, de 1893 à 1900, par M. E. Griffon /suite) nd Rd LÉ Lo Vince _ 189 PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON Pianenes 10 et 11. — Quantité de lumière passant à notés les milieux colorés. — Courbe de distribution de l'énergie. — Courbe de l’absorption de la lumière ‘dans la chlorophylle des feuilles ; id., derrière les milieux colorés. Cette livraison renferme en outre onze gravures dans le texte. o. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, “voir à la troisième page de la couverture. SUR LE TUBERCULE DU TAMUS COMMUNIS par M. LECLERC DU SABLON Les parties souterraines et vivaces du Tamus communis (fig. 27) se composent d’une sorte de long tubercule plus ou moins nettement vertical, souvent ramifié, qui s’ac- croit par son extrémité inférieure et porte à son: extrémité supérieure les tiges aériennes et annuel- les. De plus ce tubercule présente un grand nombre de racines sur tout son pourtour, est complète- ment dépourvu de feuilles même rudimentaires, est recouvert de liège même sur son sommet et s’ac- croit en épaisseur. De Bary a décrit dans son - Traité d'Anatomie compa- rée, les formations secon- daires qui déterminent l’é- paississement et qui sont comparables à celles de la tige du Dracæna. Plus ré- cemment, dans un mé- Fig. 27. — Parties souterraines du — sit à ‘ni communis : t, tübercule; r, racines ; £a, ba Pr se. ES dé tURrS aériennes ; vÉ, reste de la tige ie Bucherer(1{) a reprisl'étude ée précédente (réduit 3 fois). (1) Emil Bucherer : Beitrage mA Dorrhnpsts und Anatomie der Dioscorea- ceen (Bibliotheca botanica, 1889 ; heft 16), Rev, gén. de Botanique, — XIV, 146 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de la structure du Tamus communis en s’attachant surtout à décrire les tissus de la plante adulte. Je me propose dans cette note de préciser et de compléter les observations de cet auteur, notamment pour ce qui a rapport au développement du tubercule. La germination des graines est très lente; pendant la première année de la végétation, les parties aériennes des jeunes plantes se composent seulement d’une ou deux feuilles longuement pétiolées; le cotylédon reste inclus dans les téguments de la graine ; l'axe de la gemmule ne s’allonge pas; la tigelle, comme lavait déjà remarqué Dutrochet, se renfle de très bonne heure et donne un petit tubercule d’abord arrondi qui s’accroîtra les années suivantes. On peut distinguer, à la partie inférieure, un sommet végétatif par lequel ce tubercule s’allonge verticalement du haut en bas. J'ai constaté que la direction de l'allongement était déterminée par un géotropisme positif très net. Pour cela, j’arrache un pied après la première année de végétation, je le replante en aÿant soin de . disposer le tubercule horizontalement (fig. 28) ; à la fin de la seconde année, je constate que la nouvelle partie du rhizome qui vient de Fig. 28 à 30. — tf, base de la tige a. l, tubercule de la première année ; ki, tébanctilo de la seconde année ; {’,, branche du tubercule formée la seconde année, > se former est verticale, faisant avec l’ancienne un angle de 90° (fig. 29). Il est à remarquer que le sommet de l’angle est très net comme dans les expériences analogues faites sur les racines ; on n’observe pas comme dans le cas des tiges une courbe répartie sur un espace plus ou moins long. On peut en conclure que l'acerois- sement en longueur est terminal ou tout au moins s'effectue sur une étendue très faible à partir du sommet. Dans cette expérience, on voit presque toujours apparaître à la face inférieure du tubercule horizontal, non loin du bourgeon qui SUR LE TUBERCULE DU TAMUS COMMUNIS 147 produit les feuilles, un nouveau point végétatif qui donne une branche verticale >. L'origine de cette ramification est exogène comme celle d’une tige, et l'emplacement de sa formation ne paraît pas morphologiquement déterminé; ce dernier résultat n’est pas Surprenant attendu que le tubercule ne porte pas de feuilles et que les faisceaux y sont irrégulièrement distribués. Pour suivre la formation du rhizome au point de vue anatomique, il'est bon de faire des coupes parallèles au plan de symétrie de l'embryon. Avant la germination, ce plan est déjà déterminé comme élant le plan médian du cotylédon ; il s’accuse encore plus au moment où le jeune tubercule apparaît sous forme d’un renflement de la tigelle dans la région opposée au cotylédon. La figure 31 montre une coupe passant par ce plan de symétrie alors que le tuber- cule commence à peine à se former. Il n’y a encore ni liège ni assise généra- trice d’aucune sorte. Vis-à-vis du coty- lédon e, on voit une petite languette 7 Fig. 31. — Coupe longitudi- qui n’est autre que la section d’une sorte nale dans une jeune plan- de gaine formée par la base du cotylédon et que quelques anciens auteurs avaient feuille; /, languette; £, jeu- prise pour un second cotylédon; mais ne tubereule ; ec, écorce ; cette opinion a été abandonnée depuis que la question a été étudiée par Solms- radicelles ; &, portion de Laubach (1). Sur la surface du tubercule la figure représentée à un on peut suivre l’épiderme dont les cel- ns en 2" lules se sont cloisonnées radialement, comme le montre la figure 32 qui reproduit à un plus fort grossis- sement la partie « de la figure 31. En dessous de l’épiderme ep, on distingue l'écorce ec, formée généralement de # ou 5 assises et dont les cellules, pendant cette première période de la formation du tubercule se cloisonnent radialement et non tangentiellement ; c'est précisément ce mode de cloisonnement caractéristique qui permet de séparer l'écorce du péricycle qui est en dessous ; là, en effet, nous voyons les cloisonnements se produire dans des direc- (4) Solms-Laubach : Ueber monocotyledonen Embryonen. (Bot. Zeitung, 1878.) 148 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE | tions quelconques. Le début du tubercule provient donc du cloisonnement du cylindre central recouvert par l'écorce: dont l'épaisseur n’a pas changé. Bientôt après, le liège commence à apparaître sur toute la surface du tuber- cule ; l’assise sous-épider- mique s'agrandit radiale- ment, se cloisonne et de- vient génératrice du péri- derme; en même tempsles parois des cellules épider- Fig. 32. — Portion superficielle d’un très jeune miques se cutinisent: et tubercule (a, fig. 31). ep, épiderme ; et, restent accolées à la face p, péricycle. ; externe du liège; c’est peut-être pour cette raison que Buchener a pensé que le liège prenait naissance dans l'épiderme. Mais la disposition des cellules de l’épiderme par rapport à l’assise de liège sous- jacente ne me parait pas laisser de doute à cet égard (fig. 33). Ces cellules épi- dermiques alternent plus ou moins régulièrement avec les cellules sous-ja- centes, comme avant la formation du liège: si le liège s’était formé dans Fépiderme, chaque cellule périphérique serait sur le prolongement d’une file de cellules tubéreuses. D’ail- Fig. 33. — ges superficielle d’un tubercule leurs, dans plusieurs cas, LR Re Ve + J'ai observé un état très parenchyme secondaire ; /, jeune faisceau, Jeune où la première cloi- son tangentielle était en- core seule formée dans une cellule sous-épidermique. Pendant ce temps les cloisonnements du péricycle prennent une SUR LE TUBERCULE DU: TAMUS COMMUNIS 149 orientation tangentielle plus régulière, une assise génératrice se constitue ainsi vers la périphérie du cylindre central (ag., fig. 33); c'est cette assise qui permet au tubercule de s’épaissir et qui fonc- tionne exactement comnie l’assise génératrice des Dracæna. Vers la face extérieure, il y a une formation de parenchyme très faible, presque nulle ; à la face intérieure, au contraire, le paren- chyme secondaire constitue une couche épaisse ps dans laquelle se différencient des faisceaux libéro-ligneux. Sur la figure 33, on voit un jeune faisceau f qui prend naissance par les cloisonnements longitudinaux d’une cellule de parenchyme. La direction des fais- ceaux est d’ailleurs assez variable, une section faite perpendiculai- rement à l'axe du tubercule (fig. 34) coupe obliquement un grand nombre d’entre eux. L’assise génératrice du liège s'établit sur toute la surface du jeune tubercule et fonctionne même au-dessus du point végétatif où se fait l'accroissement en longueur. L'assise génératrice péricy- clique au contraire existe sur tout le pourtour d’une section transe Fig. 34 et 35, — Figures schématiques représentant une section transversale (fig. 34) et une section longitudinale dans un tubercule : /, liège ; ec, écorce ; ag, assise génératrice ; pS. ass secondaire ; f, faisceaux ; "M, rosonél tème terminal. versale pratiquée même très près du sommet (fig. 34), mais à mesure qu’on se rapproche du point végétatif les cloisonnements deviennent plus irréguliers et, au point végétatif même, il n'y a plus qu’un méristème où les cloisonnements se font dans une direction quelconque comme dans le méristème terminal du cylindre central d’une tige (fig. 35). D'ailleurs ce méristème est toujours surmonté par l’écorce à peine épaissie et par le périderme. Les caractères que présente le tubercule du Tamus n'indiquent pas nettement la nature morphologique de cet organe; certains 150 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sont des caractères de tiges, d’autres des caractères de racines. D'abord, le tubercule est complètement dépourvu de feuilles; ce qui est un caractère de racine; l'accroissement en longueur est subter- minal comme dans une racine. Le liège qui recouvre et protège le sommet végétatif joue le même rôle que la coifle des racines, c'est en quelque sorte une coiffe persistante. Enfin, le géotropisme du tubercule est positif comme celui d’une racine principale ; mais on sait qu’à ce dernier point de vue certains rhizomes de Phragmites ou d’Equisetum se conduisent de même. C'est par sa structure que le tubercule du Tamus se rapproche le plus d’une tige; on n’y voit pas la disposition des faisceaux Caractéristiques de la racine où le bois alterne avec le liber; tous les faisceaux sont libéro-ligneux. L'origine est exogène comme pour un raneau ; quant au méristème terminal, il diffère de celui d’une tige, surtout par la présence du liège et l'épaisseur de l'écorce qui est aussi grande que dans les régions éloignées du sommet. - En somme, le tubercule du Tamus communis, considéré au point de vue morphologique, tient à la fois de la tige et de la racine ; d'ailleurs il provient de la tigelle qui est elle-même normalement et daus toutes les plantes un intermédiaire entre la racine et la tige proprement dite, ÉTUDE SUR LA PHOTOSYNTHÈSE ET SUR L'ABSORPTION PAR LA FEUILLE VERTE DES RAYONS DE DIFFÉRENTES LONGUEURS D'ONDE par M. André RICHTER, « En abordant la question de l'espèce de rayons qui joue un rôle prépondérant dans la photosynthèse (dégagement d'oxygène), il importe tout premièrement de faire ressortir l’axiome que, seul, un rayon absorbé est capable de provoquer une raneior matos chimique. Le travail chimique, qui se fait dans le laboratoire de la cellule végétale, est causé par la force vive que perd le rayon solaire pendant le phénomène de l'absorption dans l'organe vert de la plante. Seuls, les rayons qui se prêtent le plus facilement et le plus complètement à l'absorption, peuvent jouer un rôle prépondérant dans la photosynthèse. Cependant, la seule considération de l'absorption dans la cellule verte ne nous permet pas encore de nous former une juste idée de son importance dans le mécanisme de la photosynthèse ; il nous faut connaître la quantité de force vive qu'apporte un rayon à la plante, son intensité mécanique. Un rayon incapable d’être absorbé (par exemple les rayons infra-rouges) ne peut donc produire aucun effet, quelle que soit son intensité mécanique. D’un autre côté, un rayon qui est absorbé entièrement ne produira qu’un travail faible, à moins que son intensité ne soit considérable au point de vue mécanique. » C’est au physicien Lommel, que nous devons la définition claire et précise, donnée ci-dessus et énoncée par lui, il y a trente ans, de la relation entre l’absorption d’un rayon lumineux et son travail pendant la décomposition de gaz carbonique (Lommel, Pogg. Ann. 1871, 143, p. 580). Cette idée, saisie au vol ou peut-être prévue par 152 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE M. Timiriazeff, fut développée et popularisée par lui dans une série de travaux pleins de talent. Mais, chose étrange! on aurait pu croire que la solution d'un problème physiologique, dont la nature est connue depuis long- temps d’une manière définitive et qui est lié indubitablement aux lois, physico-chimiques, aurait. dû s'accomplir d’une manière pré- cise par la voie expérimentale ; il serait difficile, à mon avis, de trouver un terrain de-recherches plus propice que celui que nous offre l'idée énoncée par Lommel, une idée sans doute préconçue, mais qui est fondée sur la loi de Helmholtz. Néanmoins, trente ans se sont écoulés et cette question est restée ouverte jusqu’aujourd’hui ; ainsi le prouve l’exposé contenu dans la Physiologie des Plantes de M. Pfefter (Pflanzeü-physiologie, t, Il) ou les travaux récents de M. Kohl. A strictement parler, nous ne savons pas jusqu’à présent, si la proposition de Lommel est vraie, entièrement vraie, ou bien s’applique en partie seulement aux phénomènes de photosynthèse. , La question du rapport qui existe entre la lumière et l'âssimi- lation du carbone date du commencement. de l'étude de là phy- siologie des plantes ; presque chaque savant l’a abordée d’un côté ou de l’autre; les recherches relatives à l’absorption de la lumière dans les pigments végétaux et à la question de l'influence des rayons de différentes couleurs sur la décomposition du gaz carbo- pique dans les plantes appartiennent "à celles qui sont le plus en faveur et, dirait on, les plus simples au point de vue technique et les plus définies quant aux résultats. Senebier, déjà, admettait que l’action des rayons violets sur la décomposition du gaz carbonique contenu dans les parties vertes des plantes est plus forte que celle des autres rayons. Cette idée semblait être d’autant plus approchée de la vérité que les rayons violets étaient généralement reconnus comme chimiques : c’étaient donc eux qui devaient produire la réaction chimique de la décom- position du gaz carbonique dans les feuilles vertes. Cette opinion fut adoptée, sans être contestée, pendant un demi-siècle jusqu’à ce que Daubény, en 1836, signalât les rayons jaunes comme les plus actifs. L'autorité de Draper confirma, en 1846, les résultats de Daubény; Cléez et Gratiolet, Cailletet et Sachs, enfin Pfefter conclurent de PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 153 même ; tous ces savants considèrent les rayons jaunes comme les plus productifs : « die Curven für Helligkeit in Spectrum und für Kohlensäurezersetzung sind sehr ährlich.... » (Pfeffer). Prillieux et Baranetsky arrivent au fond à la même déduction, en affirmant «qu’à égalité d’intensité lumineuse, la lumière oran- gée et la lumière bleue agissent avec une énergie sensiblement égale. » (Prillieux, 4869). Au point de vue de ces investigateurs, les choses se présentent très simplement: aucun d'eux n’a eu l'idée d'envisager le côté mécanique du phénomène, de s’assurer si tout rayon, pourvu qu'il ait suffisamment d'intensité, peut réellement produire du travail dans la feuille verte. Ce fut encore un physicien qui eut l'honneur et le mérite de faire entrevoir la possibilité de l'existence d’une relation entre le dégagement d'oxygène dans la feuille verte et l’absorption de la lumière dans la dissolution de chlorophylle. Ce fut le célèbre Becquerel. Mais ce fut Lommel qui, en 1871, avança, comme un théorème indispensable, l'hypothèse timide (« ... cela n’est pas impos- sible... ») de Becquerel et lui donna de la valeur en signalant la force vive des rayons incidents. Deux ans auparavant, Timiriazeff arriva à la conclusion que la décomposition du gaz carbonique s'effectue proportionnellement aux forces calorifiques des rayons solaires, et, l’année suivante (1872), Müller démontra que la plus grande activité est déployée par les rayons que la chlorophylle absorbe le plus complètement. La question était apparemment tirée au clair ; mais M. Pfefter s’en occupe et, par son autorité, réclame impérieusement la prédo- minance pour les rayons jaunes ; il ne reconnaît aucune relation entre l’absorption, la force vive d’un rayon et son travail. Telle était la situation vers l’époque, 1870-1880, du siècle dernier. Les travaux de Timiriazeff, Engelmann et Reinke portent sur l'étude de la relation entre l'assimilation et l’insolation de l1 feuille ; tous ces savants fondent leurs conclusions sur les phéno- mènes d'absorption et, parfois, d'intensité mécanique d’un rayon. Cependant, Pfeffer, jusqu’en ces derniers temps, maintenait le contraire, et trouvait encore des partisans : par exemple, Kohl. 154 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L'école allemande (Sachs, Pfefier, Reinke, Kohl), en reliant plus ou moins la photosynthèse à l’absorption, d’un rayon lumi- neux par l’organe chlorophyllien, arrive à cette conclusion, comme résultat de ses recherches, qu'il n’existe aucune relation directe entre la force vive d’un rayon et son travail dans la feuille. Outre cela, Pfeffer localise le maximum d’assimilation dans les rayons jaunes, c’est-à-dire dans la partie du spectre, où même l’absorption est relativement petite; le côté faible des expériences de Sachs et de Pfeffer a été suffisamment relevé par Timiriazeff: dans son travail. « L’assimilation de la lumière par la plante », pour que nous n’y revenious pas une fois de plus. Mais, récemment, Pfeffer essaie de glisser sur son incontestable erreur expérimentale, en prenant les courbes primaires et secondaires de la décomposition du gaz carbonique {primäre und secundâre Assimilationscurven) : Ja courbe primaire, dans les couches minces de chlorophylle, avec le maximum dans les rayons rouges et la courbe secondaire, dans les couches épaisses, avec le maximum dans les rayons jaunes. Sans doute, l'absorption dans les rayons jaunes eroîtra plus rapidement avec l'augmentation de la couche de. pigment vert, que dans la région rouge ; mais un simple calcul ou, mieux encore, une mesure photométrique, prise directement, nous montre clairement qu’un déplacement du maximum d'absorption de la position « primaire» à la position « secondaire » ne se fait anale et ne peut. jamais se faire. En général, la position prise par Pfeffer, dans la nouvelle édition’ de. son ouvrage de physiologie, à l'égard de la question qui nous intéresse, est un peu inquiétante pour le physiologiste à la recherche d’explications physico-chimiques. Pfeffer dit que « la courbe d’assi- milation ne peut coïncider avec celle -de la distribution d’énergie dans le.speetre ou -en général avec toute autre courbe objective, grâce aux particularités spécifiques du substratum vivant » (Pflan- zenphysiologie). Cette proposition mérite à peine le titre d’une hypothèse provisoire. Plus loin, Pfefter ébranle jusqu’à sa base la question de la possi- bilité de trouver quelque relation entre l’absorption et l’assimila- tion, en remarquant que la quantité insignifiante d'énergie retenue par la plante pour la production d’amidon peut être compensée, dans le cas (d'utilisation économique », par une déjà très faible absorp- PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 155 tion des rayons : « chaque région du spectre fournit beaucoup plus d'énergie qu’il n’en faut pour le travail de photosynthèse » (Pflanzen- physiologie). « Peut-être », continue-t-il, « parviendra-t-on à découvrir des organismes à protoplasma incolore, propres à une photosynthèse énergique » (Pflanzenphysiologie). Examinons, cependant, jusqu’à quel point Pfeffer a troublé la question de la relation entre l’absorption et l'assimilation. Vraisem- blablement il n’y a d’utilisé qu’une faible proportion de l'énergie emimagasinée dans la feuille, environ 10 °/,, mais peut-on conclure de là que tout le reste de l’énergie absorbée par le pigment de la feuille est complètement perdu pour la photosynthèse ? N’est-elle pas dépensée en phénomènes auxiliaires ? En tous cas, on ne peut admettre que toute l'énergie soit employée directement pour le phé- nomène chimique principal ; autrement nousaurions dans la feuille un mécanisme, dont la productivité égalerait 100 2/0, ce qui, bien entendu, est impossible. Le progrès toujours croissant de nos connaissances sur la chlorophylle et sur des matières colorées analogues, susceptibles de fluorescence, nous contraint de plus en plus à voir dans cette capacité de transformer les vibrations des rayons solaires en d’autres, d’une longueur d’onde différente, le trait caractéristique, commun à toutes ces substances, c'est-à-dire la faculté de reproduire des réactions photochimiques (voir un travail du plus haut intérêt d'Oscar Raab dans le Zeitschrift für Biologie, 39). Cependant, combien d'énergie doit être dépensée pour que la molécule de chlorophylle atteigne un tel mouvement, qu’elle devienne capable d'émettre des rayons d’une tout autre longueur d’onde que celle des rayons incidents. En d’autres termes, l’on doit admettre qu’il s’en faut de beaucoup que toute l’énergie assi- milée par la feuille verte soit transformée en travail chimique pour la décomposition du gaz carbonique, mais, qu’au contraire, une quantité considérable sera dépensée en: phénomènes préparatoires et collatéraux. Une série de travaux, entrepris par Reinke, présente un intérêt spécial, grâce à l'appareil (le spectrophore) à l’aide duquel ils furent exécutés. En rendant possibles l'isolement de régions entières dans le spectre prismatique ordinaire et leur réunion en faisceaux con- vergents séparés, le spectrophore résond pratiquement le problème de la réduction du spectre prismatique au spectre normal; cepen- 156 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE dant, un défaut capital de l’appareil consiste dans le grand nombre de milieux de verre que le rayon solaire doit traverser, ce qui fait perdre au passage la masse principale des rayons les plus réfran- gibles : ensuite, il faut signaler le choix malheureux de l'éternel Elodea canadensis, comme objet expérimental, avec son dégagement capricieux de bulles de gaz d’une composition inconnue. Comme résultat de ses travaux, Reinke considère comme démontrée que la décomposition maxima de l’acide carbonique a lieu entre les lignes de Frauenhofter B et C, dans la partie rouge du spectre, c'est-à-dire qu'elle coïncide complètement avec Île premier maximum d'absorption dans le spectre de la chlorophylle; les maxima secondaires et l'absorption finale, presque totale, du bleu-violet du spectre ne donnent pas de pareilles élévations dans la courbe de la décomposition du gaz carbonique par la feuille verte à la lumière (1). L'action de la lumière sur la plante est une fonction des facteurs suivants ; {} l'intensité, 2) la concentration des rayons, 3) le nom- bre de vibrations, 4) l'absorption par la chlorophylle et 5) les vibra- tions atomiques de la chlorophylle ; maïs cette action n'a aucun rapport avec la distribution de chaleur dans le spectre. Si toutefois nous avons, dans la partie la plus réfrangible du spectre, une absorption considérable de rayons par le pigment vert des feuilles, nous devons voir là-dedans cet écran de Pringsheim, qui retient les rayons oxydants par trop actifs, en les transformant en rayons calorifiques dépourvus d’influence nuisible. On peut étudier avec beaucoup de profit un autre travail de Reinke relatif à la décomposition des solutions de chlorophylle sous l'influence de la lumière : ici, en dehors du premier maximum situé dans la lumière rouge (170-166), nous rencontrons un second maximum qui a pour siège les rayons violets (145-141); ce maximum, bien qu’il soit moindre que le premier, est tout de même considé- rable (de 70 à 80 °/, du premier); dans ce cas aussi, Reinke tire la conclusion tout à fait légitime qu'il faut regarder la décomposition de la chlorophylle, comme une fonction de l'absorption ; cependant, il laisse passer sans attention le fait que, d’après sés propres mesures, l’absorption dans la partie du ‘spectre, où la longueur (1) Reinke nie même l'existence objective des” maxima secondaires d'a absorp- tion, en les __ comme subjectifs. Voir la réponse de Stenger. PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 157 d'onde est de À 45-À 41, est de 80 à 100, tandis que pour les rayons dont la longueur d’onde est comprise entre À 69-À 77, même avec un maximum, elle n’équivaut qu’à 43. Evidemment, il n’existe pas de rapport direct entre l'absorption et la décomposition de la chlorophylle et un simple rapprochement de ces deux faits pourra à peine servir à avancer notre compréhension du phénomène de photosynthèse. Engelmann regarde la question du phénomène à tout autre point de vue. L’inventeur d’appareils très précieux pour là physio- logie (microspectroscope, microspectrophotomètre) ‘et aussi d’une méthode très ingénieuse pour révéler la présence d'oxygène libre, à l’aide de la microchimie, grâce aux bactéries aérobies, Engel- mann, dans une série prolongée de travaux, s’est occupé et s'occupe encore de la relation entre l’absorption et l’assimilation. En évaluant d’une part la quantité de lumière absorbée par les cellules vertes, brun-jaune, bleu-vert et rouges, et, d’autre part, leur dégagement d'oxygène à la lumière, Engelmann arrive à conclure que la corrélation entre l'absorption et l’assimilation subsiste dans la forme la plus simple et la plus générale, c’est-à- dire l’énergie de l'absorption est égale ou proportionnelle à celle de l’assimilation (énergie, absorption — énergie, assimilation). La proposition de Lommel $e trouve ainsi confirmée expérimentale- ment; mais, mal] t, les travaux d’Engelmann présentent tant de côtés faibles qu’ils attirent plutôt l'attention par l'origi- nalité des méthodes employées que par la force probante des résultats obtenus et des conclusions qui en sont déduites. Assuré- ment, il existe de très grandes difficultés techniques pour obtenir un réactif de l'oxygène au moyen de ces « gut tanzende Bacterien ». Toute une série d’expérimentateurs (Pringsheim, Reinke, Vohl, etc.) rejettent absolument la méthode bactériologique, en indiquant son extrême inexactitude intimement liée aux particularités biolo- giques des organismes. Engelmann lui-même constate d’une part, la possibilité, d'une trop grande sensibilité chez les bactéries et, d'autre part, un affaiblissement rapide de cette sensibilité. Ainsi, l'incertitude du critérium principal diminue beaucoup la valeur des conclusions de FARGS DIEUX savant allemand. Plus loin, en mesurant au m différents objets, Engelmann regarde les chifires obtenus, comme exprimant l'absorption du 158 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE pigment, oubliant que l'absorption est la somme des absorptions de lumière par le pigment et par le substratum vivant (la cellule). Et celle dérnière quantité peut être considérable et distribuée inégalement sur le spectre. Les travaux du célèbre spécialiste russe, Timiriazeff, en matière d’assimilation et dé chlorophylle, frappent par la précision avec laquelle sont montées les expériences et, si l’on peut s'exprimer ainsi, par la basé physico-chimique des idées. Déjà, en 1869, ce savant avait démontré, au moyen de sa méthode des milieux colorés, la relation entre la photosynthèse et la distribution de la chaleur dans le spectre : en 1875, il établit expérimentalement la courbe de la décomposition du gaz carbonique entre les lignes de Frauenhoffer A ét E, avec un maximum qui coïneidait évidemment avec le maximum d’absorption de lumière dans la chlorophylle et le maximum de distribution de chaleur dans le spectre. M. Timi- riazeff signale alors l’importance essentielle de la solution des pro- blèmes suivants pour servir à élucider ultérieurement la question : |. Déterminer s’il existe des maxima secondaires, c’est-à-dire des endroits saillants sur la courbe obtenue pour l’assimilation, correspondant aux bandes d'absorption de la chlorophylle : et aussi étudier plus soigneusement la décomposition dans les rayons bleus et violets du spectre afin de vérifier si la courbe, traduite sur le spectre de diffraction, présente une augmentation de ses ordonnées dans cette région. IT. Déterminer, si cela est possible, la position du maximum de décomposition dans le spectre de diffraction. On pourra considérer cette expérience, comme décisive, dans la question sur l'espèce de lumière qui produit la décomposition. HI. Déterminer (à l’aide du pyrohéliomètre et de la pile de Melloni) la relation qui existe entre la quantité de chaleur reçue par la feuille, celle qui est absorbée par la chlorophylle et celle. qui est dépensée dans le mécanisme de la décomposition. Les problèmes posés par Timiriazeff sont formulés avec une précision et une justesse remarquables ; ils tranchent pour ainsi dire dans le vif de la question; mais, malheureusement, ils sont restés à l’état de problèmes. Grâce à une série de travaux ultérieurs, on peut considérer, comme établi par M. Timiriazeff d’une manière complète et assurée, que le maximum d’assimilation, le maximum PHOTOSYNTHESE PAR LA FEUILLE VERTE 159 d'absorption (B-C) et le maximum d'énergie dans le spectre solaire se trouvent presqu'au même endroit du spectre. Mais les expé- riences de Timiriazeff ne permettent pas de conclure, même en partie, à la proposition de Lommel; car, pour cela, il est indis- pensable de comparer la quantité d'énergie absorbée par la feuille dans les différentes parties du spectre avec la quantité de travail produit par celle-ci; l'indication de la coïncidence du maximum d’assimilation avec le maximum d'énergie, dans le spectre, est seulement une circonstance intéressante et fortuite, n'ayant d’im- portance que pour les organismes qui possèdent du pigment vert avec une forte bande d’absorption dans les rayons dont la longueur d'onde est 0,70 — 0,50 u. Plus tard, en 1893, Timiriazeff, en eflet, essaie d'établir une corrélation entre ces trois quantités capitales : l'absorption, l’assi- _milation et la distribution d'énergie, à l’aide du spectrophore, et obtient 100 pour le rayon « moyen » de la partie rouge et 14 pour la partie bleue ; ces chiffres, d’après lui, sont proportionnels à la distribution d’énergie dans le spectre. Mais ce calcul, comme on le voit de prime abord, n’est pas à l’abri de tout reproche d’inexacti- tude : il suppose, par exemple, que l'absorption entre B et C, d’un’ côté, et F et H, de l’autre côté, est d’une intensité égale et uniforme dans chaque bande ; que la bande F-H est plus de trois fois plus large que la bande B-C; que les rayons bleus et les rayons rouges traversent également «une lentille cylindrique » et « un prisme avec un très petit angle de réfraction », etc. A cause de ces bases inexactes, l'expérience ne peut avoir une valeur concluant, bien qu’elle occupe cependant une place importante dans la série des eforts tendant à établir d’une manière inébranlable la loi photo- chimique que « l’action chimique des ondes lumineuses de diffé- rentes longueurs dépend de leur énergie ». En 1897, parurent deux travaux de Kohl sur l'énergie d’assimi- lation des rayens de différentes longueurs d'onde. Après avoir choisi la méthode de l'enregistrement des bulles dégagées par la tige de l’Elodea, Koh], dans toute une série d'expériences, reprend cette méthode dont on a reconnu les inconvénients depuis long- temps, en l’entourant de précautions qui ne sont cependant pas à l'abri de toute critique : ainsi il fait passer la lumière à travers des milieux colorés dont l'effet sur la lumière n’est pas rigoureusement 160 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE connue (ceux que l’on emploie ordinairement sont le bichromate de potasse et l’oxyde de cuivre ammoniacal), et il se sert de la méthode de Reinke — du spectrophore. Les chiffres qu’il obtient se contredisent eux-mêmes. Assimilation à la lumière No de V positif: ie Herpesstes + rs dé blanche. rouge, bleue. violette. jaune. és 100 — — — sets rie | 100 65.8 52.2 pee ré : 100 38.4 se ss —s Avec le prisme. VI... — Re . 44 Avec VIL.. 100 : 104.8 : 166.4 — le spectrophore. NII. — 100 404.2 120.0 — Les résultats obtenus avec les milieux colorés sont en contra- diction complète avec les données reçues dans l'expérience avec le spectrophore ; et ces derniers chifires’ (expériences VI-VIII) nous ramènent aux anciennes et inexactes conclusions de Senebier, que l'énergie d’assimilation dans les rayons bleus et violets est beau- coup plus grande que dans les rayons rouges. Ces chifires lui ayant probablement inspiré des doutes sur ‘exactitude de ses méthodes, Kohl essaya de perfectionner la « Zählmethode » de Sachs, en mesurant sous le microscope le volume des bulles qui sortaient de la coupe de la tige d’Elodea; les chifires obtenus à l’aide de cette « volumetrische Bläsenzahimethode » méritent certai- nement plus d'attention, puisqu'ils représentent, pour ainsi dire, un premier rapprochement avec une analyse eudiométrique précise | de l'échange de gaz pendant le phénomène de l’assimilation qui se produit dans l’Elodea. Les mesures prises avec l’aide du spectro- phore donnèrent, comme la moyenne de 24 observations, les chiffres suivants : | Lumière blanche : 73.920 — 100 Valeur de la long. d'onde ».. — rouge : 92.067 — 50 (43°) (jusqu’à à 620). © ‘jaune: 9,2 —= 22 (de 540 à 570). —- verte : 14.127 — 20 (19) (de 565 à 510]. _- bleue : 18.482 — 40 (25) (de 490 à 430). — violelte: 7.238 — 10 (de 430 à 395). (1) Les chiffres entre parenthèses ont été déduits par moi de la première colonne. PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VÉRTE 1614 Prenant ces chiffres cofhme point de départ, Kohl admet un second maximum dans les rayons bleus en dehors de celui des’ rayons rouges, et le rattache à une forte absorption des rayons de cette partie du spectre; mais, chose étrange! l’énergie d’assimila- tion, qui se rapproche d’une manière étonnante de ce dernier: maximum, est propre aux rayons verts du spectre et, c’est d’elle,. comme on le sait, que dépend la couleur verte du feuillage, grâce : seulement à la circonstance qu’elle passe au travers presque intégralement. Non moins étrange est le fait que la somme des actions des régions spectrales, qui, cependant, ne forment pas un: spectre entier (comparer chez Kohl leur longueur), est plus grande que l’action de la lumière blanche qui n’a pas même passé à travers un-prisme, 81,117 et 73.920. Je passe sous silence les erreurs dans l'estimation du pour cent qui, pour la lumière bleue, atieignent jusqu’à 150/.. Le second travail de Kohl, destiné par lui, comme « experi- mentum crucis », à mettre fin à son désaccord avec Engelmann et Reinke, devait donner, comme valeurs relatives de l’assimilation au-delà de milieux colorés (des verres), les valeurs du poids see des cultures d’organismes verts. Voyons, maintenant, sa manièré de procéder : les verres laissent passer « das gesammte Roth...» l’on constate l’absorption de « etwas Blau und Grün... », « Viel Blau » et ainsi de suite, c’est-à-dire on déterminait à l'œil la qualité et la quantité de lumière qui avait passé, à l’aide du petit appareilde Sorby-Browning ; en d’autres termes la lumière qui pénétrait ou qui était active était inconnue. Le développement des algues ne se déterminait pas par la méthode indiquée auparavant de la pesée, mais à l’œil, et enfin, comme pour couronner cette investigation scientifique, Kobhl fait l’essai de l'activité de ses . verres pour le papier photographique celloïdine et constate la coïncidence « frappante » (weitgehende) de l’action photographique (chimique) avec l’action de l'assimilation des rayons lumineux. Grâce à cette méthode qui nous fait remonter à l’époque où l’on distinguait dans le spectre des rayons calorifiques, des rayons - lumineux et des rayons chimiques, Kohl arrive à la conclusion que le maximum d’assimilation se trouve dans les rayons bleus, ensuite viennent les rayons jaunes, rouges et verts. L'originalité des déductions et des procédés est hors de doute, mais, mal-- Rev. gén. de Botanique. — XIV, 11 162: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE heureusement, elle appartient tout entière à cette catégorie de curiosités, qu’engendrent des connaissances insuflisantes et une absence d’analyse critique. D'après ce court aperçu lcbaeiqne, on ee clairement, il- me semble, que la question abordée n’est pas encore vidée, qu’elle ne repose pas sur une base stable au point de vue phy- sico-mécanique ; et cela, malgré que l’on ait formulé avec une grande netteté théorique la nature de la corrélation entre la quantité d'énergie qu'absorbe la feuille, dans les différentes régions du spectre, et le travail qu’elle produit, c’est-à-dire le photosynthèse ; malgré aussi l’œuvre de toute une phalange de travailleurs, doués d’une habileté extraordinaire comme. expérimentateurs, et d’un grand sens critique à l'égard des méthodes et des procédés. Sans doute, la thèse de Lommel paraît la plus probable, mais de là à la certitude il y a encore loin, et jusqu’à présent, ni lestravaux d'Engelmana, ni les recherches de Timiriazeft n’ont comblé cette lacune. Mais le moyen est indiqué surtout par ce dernier savant ; c’est la mesure directe de l'énergie d’un rayon qui tombe sur la feuille et qui la pénètre, — mesure que l’on peut prendre à l’aide d’un instrument capable d'enregis- trer l'énergie, c’est-à-dire le bolomètre ou la pile thermo-électrique. Mais de pareïls travaux présentent des difficultés techniques énormes, à cause de l’extrême sensibilité des instruments employés, exigent des dépenses qui, non seulement, ne sont pas à la portée d’un seul individu, mais même de toute une corporation. J'ai donc dû remettre à un moment plus favorable ce procédé déjà cependant un peu essayé, et j'ai employé, dans les recherches actuelles, un procédé indirect, détourné, pour ainsi dire; c’est au lecteur de juger, jusqu’à quel point mon choix a été juste et s’il m'a conduit au but désiré. Pour obtenir la lumière de diverses couleurs, j’ai adopté la méthode de milieux, colorés. L'expression, « les cloches de Sene- bier »,. terme. connu- de chaque botaniste, fait voir que cette méthode compte déjà un siècle d'existence. Daubény, Draper, Cloëz, Gratiolet, Sachs, Cailletet, Timiriazeff, Prillieux, Baranetsky, Pieffer, Kobl ont adopté, dans leurs travaux, ce procédé simple et commode pour isoler des rayons colorés définis. Mais tous ces. PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 163 travaux doivent être classés sous une même rubrique : nulle part on n’a tenu compte de la quantité de lumière pénétrante; « presque tous les investigateurs, » dit Volkoff, « ont étudié leurs solutions et leurs verres à l’aide du spectroscope. Grâce à ceci, ils savaient à quelle espèce de lumière ils avaient affaire. Mais savaient-ils com- bien il y en avait? Supposons, comme exemple, que, derrière une solution jaune (bichromate de potasse), on obtint une assimilation cinq fois plus forte que derrière une solution bleue (sulfate ammo- niaçal de cuivre). Que peut-on conclure de ce résultat seul ? Avons- nous le droit de faire des déductions relatives aux rayons bleus et jaunes d’un faisceau solaire ? Pouvons-nous dire, par exemple, que les rayons solaires jaunes exercent une influence cinq fois plus grande sur l’assimilation que les rayons bleus?... Certaine- ment non. 3 Pour pouvoir conclure ainsi, il faudrait nee s'assurer. que la diminution d'intensité des rayons jaunes, lors de :leur passage à travers un milieu coloré, est proportionnelle à la dimi-. nution d'intensité que subissent les rayons bleus dans une solution bleue. Si, au contraire, l'opposé avait lieu, alors, il faudrait, d’abord, déterminer dans quel rapport se trouvent les intensités des rayons bleus et jaunes, derrière les solutions, à l'intensité de ces mêmes: rayons, en plein air. Qui donc, parmi ces expérimentateurs, a satisfait la condition sus-nommée ? Positivement, personne. Ces paroles ont été dites par un savant plein de talent, il ya déjà un quart de siècle ; mais elles sont vraies encore aujourd’hui : aucun des expérimentateurs avec les milieux colorés ne savait, précisément avec: quoi il travaillait, quoique, probablement, ils eussent tous la conviction que leurs milieux laissaient passer des faisceaux de rayons définis sans aucun changement d'intensité, ce qui, en réalité, n'arrive jamais. Voilà la source d’erreurs considé-, rables dans les travaux récents de Koh]. Cependant, s’il est impos- sible de trouver un milieu coloré qui éteint, par exemple, les rayons jaunes, en laissant passer tous les autres, sans altérer en rien leur intensité, nous avons alors un autre moyen à notre disposition, c’est de mesurer quelle partie de chaque faisceau de: rayons s'éteint, combien de rayons passent au travers du milieu employé. 164 :RÉVUÉ (GÉNÉRALE DE BOTANIQUE : Cette solution, indiquée déjà par Volkofi et par Timiriazeff, est grandement facilitée par le développement de la: spectrophoto- métrie, qui, entre les mains de Vierordt, est devenue une méthode quantitative pour la détermination de la masse d’une matière colorante en dissolution, Le spectrophotomètre pénètre peu à peu aussi dans le laboratoire botanique ; Reinke, Engelmann et d’autres s’en servent. Je me suis servi, pour mes expériences, des liquides colorés, ordinairement employés par les phytophysiologistes, à savoir, une solution de bichromate de potasse qui laisse passer la partie la moins réfrangible du spectre et un liquide bleu, c’est-à-dire une solution du sel double de sulfate d'ammoniaque et de cuivre; pour quelques expériences, j'ai pris aussi un liquide qui laissait passer les deux parties terminales du spectre, à savoir, une solution de permanganate de potasse. Dans toutes mes expériences, j'ai fait usage de solutions d’une concentration complètement définie et dans une couche d'épaisseur déterminée, ce qui me permettait de me servir directement des. données PARUS de Vierordt. De cette manière, on peut dire avec certitude non-seulement quelle espèce derayons passe à travers le milieu, mais, aussi, combien de rayons de chaque longueur d'onde; cela se ‘voit très clairement et ressort en relief sur les graphiques. Nous savons à présent, combien de chaque espèce de rayons ont passé à travers le milieu coloré, quelle partie d’entre eux est capable d'accomplir le travail de décomposition du gaz carbonique dans notre feuille verte mise en expérience. Les rayons supprimés par le milieu coloré sont perdus définitivement pour la plante ; quant aux rayons qui passent à travers le milieu coloré, quoique pas entièrement, ils ne peuvent être utilisés par la feuille verte qu'autant qu’elle est capable de les retenir, d’éteindre leur énergie cinétique, en la transformant en travail chimique d’assimilation. Ainsi, toute l'énergie des rayons que laisse passer le milieu coloré, mais qui ne sont pas absorbés par l'écran vivant de chlorophylle, sera de nouveau perdue pour la feuille; un rayon qui passe entiè- rement à travers le milieu coloré, mais qui ne s’éteint qu’à moitié dans la feuille, ne rendra que la moitié de son énergie à celle-ci, et ainsi de suite. En d’autres termes, étant donnée l'absorption de: C2 PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 165 lumière par le milieu coloré par la feuille, on peut mesurer, pas à pas, pour des rayons d’une longueur d’onde voulue, la fraction de «lumière » qui se trouve ae té dans la couche verte de ve chlorophyllien. Mais ici, la question se melti. Pour déterminer la nie d'absorption, par la feuille verte, de la lumière de différentes longueurs d'onde, il paraîtrait suffisant de l’examiner au spectro- photomètre. C’est ainsi qu'agissait Engelmann dans ses recherches sur des objets d’une petitesse microscopique, en rapportant tout entier au pigment des chromoplastes les chiffres obtenus pour l’absorption. Ce procédé est évidemment fautif, comme l’a indiqué tout de suite Reinke : Engelmann omit l’absorption dans les organes incolores de la cellule ; le protoplasma, le stroma des leucites, la membrane ; cette absorption existe certainement, elle diffère pour les différents rayons, croit depuis le rouge jusqu’au bleu du spectre, en se super- posant et s'ajoutant à l’absorption de l'écran assimilateur. S'il est nécessaire de tenir compte de l’absorption des parties incolores du protoplasma dans des objets translucides, d’une finesse micros- copique, à plus forte raison doit-on la prendre en considération dans les tissus grossiers, opaques de la feuille d’une plante supé- rieure, de la feuille à plusieurs couches de cellules et de méats remplis d'air. Reinke croyait pouvoir éviter la difficulté par la déter- mination spectrophotométrique de l'absorption de lumière dans l'organe vert d’abord, et ensuite dans ce même organe privé de pigment vert par l’action de l’alcool, et en prenant la différence d'absorption, comme absorption de la chlorophylle.'Il n’est pas difficile de voir que cette méthode indirecte ne peut donner que des résultats très vagues : une feuille vivante et une feuille laissée dans l'alcool, jusqu’à sa décoloration, sont deux choses bien différentes ; s’il est permis d'affirmer avec quelque degré de certitude que la chlorophylle, comme pigment, peut être extraite sans altérer ses propriétés optiques, il en est autrement du protoplasme du suc cellulaire ainsi que de son contenu. La translucidité de la cellule doit nécessairement subir un changement lorsque le protoplasme se coagule sous l'influence de l'alcool ; en outre les hydrates de carbone et autres substances analogues sont DRE “mais comment et jusqu’à quel point, nous ne savons pas. e 166 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Il ne reste qu’un moyen, c’est la détermination directe de l'ab- sorption du pigment qui a été extrait de la feuille. Un choix conve nable de la plante, des manipulations rapides, un dissolvant indif- férent peuvent servir de garanties que le pigment a passé à l'état de dissolution, sans que ses propriétés optiques soient altérées. Cependant, pour notre calcul, nous avons besoin de connaître, non pas l’absorption en général dans une solution de chlorophylle quelconque, mais bien une absorption complètement définie — celle produit par l’épaisseur étudiée dans la feuille mise en expé- rience; autrement dit, il nous faut connaître l’absorption d’une concentration correspondant à sa distribution dans les leucites de l'organe. La quantité du dissolvant correspondant à la concentration demandée se caleule facilement de la manière suivante : on mesure l'épaisseur de la feuille (sous le microscope, avec des instruments convenables) et sa superficie ; de cette manière, on obtient son volume. Dans le cas particulier, on obtient pour la feuille dé Bambusa : Épaisseur — 0,1 mill. Superficie — 43346 millimètres carrés. Volume de la feuille — 4.3340m6 ou 43346. On extrait de ce volume le pigment avec de l’alcool absolu ; si nous avions pris, pour examiner au spectrophotomètre, une couche de 0 millim. 4 d'épaisseur, alors le volume total de la solution, évidemment, devrait être égal à ces 43346 pour qu’un rayon lumi- neux, en traversant la solution, rencontrât, en moyenne, le même nombre de moléeules du pigment et subit, par conséquent, la même absorption. Mais nous prenons une couche dont l'épaisseur est de un centimètre d'épaisseur, c’est-à-dire cent fois plus grandé ; il faudra, évidemment, étendre la solution 100 fois, pour obtenir la concentration optique précédente, leS conditions précédentes pour l’absorption : la quantité d'alcool, comme dissolvant, sera égale à 433°c46. Je n’ai pas jugé nécessaire l’investigation complète de mes solu- tions au dant ones rraneees rénsirahié pour des raisons opti- ques purement et,d t, grâce à la coïncidence parfaitement suffisante que j'ai obtenue, pour trois points du spectre (pour À — 670, la raie rouge du lithium; pour À — 589, la raie jaune du sodium et pour À: 459 mill., la raie bleue du PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 167 césium des coefficients d'extinction avec les chiffres correspondants dans les recherches soigneuses de Volkoff et dont par conséquent j'ai pu profiter. Ces données, rapportées à l’absorption de ma feuille, sont présentées dans la 3 colonne du tableau III. Les 4°, 6 et 8 colonnes donnent déjà l’absorption combinée du milieu coloré et de la chlorophylle, c’est-à-dire indiquant la por- tion de lumière absorbée par la feuille verte derrière les milieux en Calculant pour la lumière totale. Lorsqu'on s’est fait une idée de la quantité de rayons absorbés par la chlorophylle dans la partie voulue du spectre que l’on a fait ‘passer à travers le milieu coloré, il n’est pas difficile de se repré- senter aussi la « force vive », l'énergie dépensée lors de cette absorption et utilisée par la plante. Grâce aux travaux remarquables de Langley, nous connaissons d’une manière précise la distribution d'énergie dans le spectre solaire. Pour mes recherches, je me suis servi de ce spectre aussi. Ayantexprimé,pour toutes nos régions du spectre, l'énergie du rayon en valeurs comparables, on peut facilement passer à l’expression de l’absorption en fonction de l’énergie absorbée ; les résultats de ce calcul sont rapportés dans les 5°, 7° et 9° colonnes du tableau III. Transportons ces données sur papier et traçons la courbe qui nous donnera une idée de la distribution de l’énergie absorbée par la chlorophylle dans les différentes parties du spectre, derrière les divers milieux colorés (Planches 10 et 11). Les aires comprises entre ces courbes et l’axe des abscisses représenteront, évidem- ment, la somme d'énergie pour chaque cas particulier; en mesu- rant ces aires, nous obtiendrons Les valeurs relatives de la force vive retenue, au-delà du milieu coloré, par la feuille soumise à l'expérience. Ces valeurs, pour les conditions de mon expérience, sont : Nature du milieu : Eau Bichromate Sulfate de cuivre Permanganate de potasse ammoniaca de potasse 1000 491 = 177 233 - ou 100 36 47.5 De sorte que, si, placée derrière un milieu d’eau, Ja chlorophylle de la feuille en expérience a la capacité et le pouvoir d’absorber 4000 unités d'énergie, elle n’en absorbera que 491 derrière le bichro- _ mate de potasse, seulement 177 derrière la solution bleue du sel de cuivre et 233 derrière le permanganate de potasse. 168 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE TABLEAU I RE QuaNrITÉS DE CHALEUR DANS LE SPECTRE NORMAL (Langley, Phil. Mag. 1889). 4, Chaleur : 84, TABLEAU II Long. d'ondes : L, Ou.35, 0,38, 0,40, 0,45, 0,50, 0,55, 0,60, 0,65, 0,70, 0,75, 0,768. 1,8,.: 3,7, 5,3, 11,9, 17,3, 20,7,. 21,9, 22,2, 21,4, 20,7 16,8, 24,0, 53,6, 78,0, 93,4, 98,7, 100, 96,4, 93,4, De 9, DONNÉES PHOTOMÉTRIQUES SUR L'ABSORPTION DE LA LUMIÈRE DANS LES SOLUTIONS DU BICARBONATE DE POTASSE, DE SULFATE DE CUIVRE AMMO- ‘NIACAL ET DE PERMANGANATE DE POTASSE (Vierordt, Die Anwen- dung, ete., 1873 e PARTIES DE SPECTRE Mcébnité de potasse à 1 !/; PROPORTION DE papeer-&- AYANT TRAVERSÉ UNE COUCHE ÉPA SSE D'UN CENTIMÈTR ammoniacal à 4°/5 © ©" Sulfate de cuivre Baiadanuté de potasse à 1/10°/, A, à NS B,,B B,,C ne CD CD —- C,;,D C:3D — CooD Cs0D -- D,,E DE — D..E D,,E — D,,E D,.E — D,.E D,,E — FE EF — E,.F Et EE EF — El EF — EF MT x F,,G F,6G — F,,G F G ue F:2G F:G — F,,G F,,G — F,,G F,,G qe F;:G F,G — F,,G F:,G éd G;0H GioH — Gs5H G;3H ne G:oH 75 9 lo 60 D} 21 » PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 169 TABLEAU III $ 2|252| à |2SE| à [25e] $ gs EE 22 Es : L&- a AT & > PARTIE » | 22 2 82 © S S28 S énéless| $ léssl < |435| © &È © 32 © 52 s © Be né DE SPECTRE É"2|S"o| 2 Du) ©. [aol © el ee ED 2 E0 AA lo Ep E SIBxe) 5 |£L2) $ |£.2) À | ; 1 lJA%I 0 dat 88) SL lo DEN EU 4 5 6 7 8 9 As 0u7070 | 5,601 5,6 %l 5,4 °/l — — | 3,8 °/ 3,3), As 0,6945 |19,0 |19,0 |18,4 — — [1,4 1 B;s 0,666 |87,4 |813 |81,3 — 180,6 130,6 C 65% [58,0 156.6 [56,6 e — (20,3 (20,3 LE 0,6445 [39,7 [38,7 |38,7 — —_ 8,3 8,3 Css 0,6195 142,2 141,1 40,7 — — |2,9 2,9 77 0,60% 29,7 28,7 28,4 aus _— 2,4 2,4 D 0,589 |27,4 |26,5 |26,0 — ee e ., 0,569 119,5 |18,5 |17,8 _. ee “ré + +5 0,554 120,2 [11,7 11,0 _ — — _ Ds 0,539 45,5 9,0 8,2 — _ — — 0,5273 431 5,9 5,1 RE Fe FT T7 Es 0,512 . |32,8 1,9 1,6 — — a — Es 0,507 43,2 re Re 1,3 / 1078: pres Es 0,497 |64,7 — — 4,9 3,8 — — Es 0,487 |79,8 — — | #6 8,4 — _- Fe 0,479 |87,0 — ms \A,S , 115,1 — — + 0,476 |91,0 — — |22,8 |15,4 — — Es 0,471 |89,8 _ TT TI72 — - Fe ,:65 |89,8 — æ {36,8 |23:1 _ _ Fo 0,459 |92,2 — — 147,0 |28,2 - — Fo 03,5 — "| 1277 5 1% 0,448 |96,4 — — |54,9 [28,4 127,6 °/,144,8 % Fa 0,435 197,4 = — - 55,5 196,4 (39,4 |18,9 Go 0,427 |97,4 — — 157,5 1249 153,6 . |23.0 H 0,397 |97,4 — — 162,3 (13,7 (59,4 |143 C’est seulement dans ces limites relatives que la feuille verte est capable de produire un travail relié directement à l'absorption d'énergie de la radiation dans le grain chlorophyllien. L'on conçoit bien que, puisque la photosynthèse s'étend sur toute la longueur du spectre, si au lieu de la rapporter à sa valeur dans une région arbitraire, on la rapporte partout à un même moment mécanique, c'est-à-dire à la quantité de force active pendant le travail; alors ses valeurs, pour les conditions indiquées de l'expérience, doivent reproduire les relations obtenues par le calcul. (A suivre). ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION par M. Noël BERNARD (Suite). CHAPITRE III GERMINATION DES ORCHIDÉES Bien que j'aie été amené à rapprocher le Neottia Nidus-avis des Ophrydées plus étroitement qu’on ne le fait d'ordinaire, il n’est pas moins évident que les modes de développement sont dans ces deux cas assez notablement différents; mais les différences s'expliquent en grande partie par le seul fait que l’infection, réalisée périodique- ment chez les Ophrydées, est constante chez le Néottia ; la consé- quence de l infection paraît dans les deux cas essentiellement la même: un ralentissement considérable de la différenciation des bourgeons concordant avec la formation de réserves. Cette consé- quence de l'infection se retrouve sans doute, sous des aspects divers, dans l'étude des autres Orchidées; j’ai lieu de le croire par ce que j'en sais, mais ne pouvant encore, sur beaucoup de points, donner à ce sujet que des observations par trop fragmentaires, je me limiterai ici à envisager d’une manière générale pour les plantes de cette famille les premiers phénomènes du développe- ment. Les Orchidées présentent, dans le cours de leur vie, des modes de développement assez variés; les premiers phénomènes qui suivent la germination montrent au contraire dans cette famille une remarquable uniformité. Les graines toujours minuscules et de constitution très simple comprennent seulement un embryon indifférencié muni ou non d’un suspenseuür et an tégument m°m- braneux. A la germination, embryon se renfle en un axe embryon- paire ayant le plus souvent une forme « en toupie » comparable à celle que j'ai indiquée pour 12 Néottia. Cet axe embryonnaire tuber- - ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 171 culisé produit d’abord des feuilles rudimentaires en petit nombre et, tardivement, des racines adventives. La différenciation est très lente et, le plus souvent, la formation des réserves pré- coce. Toujours plusieurs années s’écoulent avant qu'un seul bourgeon achève son évolution en produisant une tige feuillée ou florifère. Après un an les plantules ne dépassent pas en général une taille de quelques millimètres : les horticulteurs qui les obtiennent et les élèvent savent combien est délicat le maniement de ces jeunes plantes qu'il faut isoler à la loupe quand il devient néces- saire de les repiquer dans un sol nouveau. La tübérisation précoce, l'absence de racine terminale sont deux caractères constants des germinations d'Orchidées. Mon but essentiel sera ici de montrer que l'infection leur est liée constamment et peut les expliquer. Dans un article antérieurement paru dans cette Revue même (1), j'ai donné quelques-unes des raisons qui m'ont amené à croire que les Orchidées ne peuvent pas germer ailleurs que dans des sols infestés. Je ne reprendrai que sommairement quel- ques-uns des arguments que j'y ai développés; j'en ajouterai de nouveaux, $ [. — INFECTION DES JEUNES PLANTULES D'ORCHIDÉES. Un des points que j'ai antérieurement établis est que, dans tous les cas où des plantules d’Orchidéés ont été étudiées avec soin au point de vue histologique. l'infection ne peut guère être mise en doute, bien qu’elle n’ait le plus souvent pas été explicitement signalée. Il existe des cellules à contenu brun dans les plantules d’Angraecum maculatum et de Miltonia spectabilis, étudiées par Prillieux (2) aussi bien que dans les plantules d’Ophrydées que décrivent Irmisch et Fabre. Ces cellules brunes, manifestement infestées, sont toujours, dans ces cas divers, localisées du côté de la plantule, où le suspenseur s’attachait. J'ai dit que chez le Neottia Nidus-avis l'infection se faisait par le pôle homologue de l'embryon, qui n’a pas de suspenseur différencié et qu’elle pré- (1) Sur auelques germinations difficiles, (Rev. Gén. de Bot., t. XII, 1900). Ed. Prillieux et A. Rivière. —Observations sur la A et 1e dévelop- pement se Orchidée (4 rs maculatum). (Ann. Sc. Nat. Bot., 4" série, V., 1856). Ed. Prillieux. — Observations sur la germination du Miltonia spectabilis et de diverses Ke Orchidées. (Ann. Sc. Nat. Bot., 4" série, XIII, 1860). 172 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cédait tout cloisonnement cellulaire. J'ai eu l'occasion d'étudier des plantules de Bletia hyacinthina et d’un hybride du genre Lælia, dans les deux cas, j'ai constaté l'infection dès le début de la germination. A ces cas divers on doit ajouter ceux indiqués par Raciborsky (1) qui à expressément signalé la présence d'endophytes dans de jeunes plantules d’Orchidées épiphytes. Je donne ici quelques détails sur les plantules de Lælia, que j'ai étudiées afin de préciser la manière dont $e fait tout d’abord l'infection par le suspenseur de l'embryon. Fig. 36 et 37. — Plantules de Lalia. — À. Coupe optique d’une plantule encore . incluse dans le tégument de la graine. — B. Vue d’une partie de la surface d’une plantule plus avancée (grossi 100 fois). Ces plantules provenaient de graines obtenues par fécondation croisée de Lælia cinnabarina par Lælia purpurata ; le semis avait été fait en mars, j'ai examiné les plantules en octobre, les. plus grandes n’atteignaient pas alors un centimètre de long, pour la plupart l'embryon était seulement gonflé et verdi et n'avait pas encore déchiré le tégument de la graine. Ces plantules, les moins avancées, étaient superfciell tentourées de filaments mycéliens © (t) Flora. 1898. LXXXV, pp. 325-55. à ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION à 173 formant parfois autour d’elles un réseau assez serré ; ces filaments mycéliens produisaient en certaines places des groupes de spores Fusarium. Après avoir débarrassé l'embryon du tégument de la graine, on peut facilement l’examiner par transparence. On voit ainsi que les filaments mycéliens pénètrent uniquement par le suspenseur et n’envahissent que quelques cellules ; d’après la forme même de ces plantules,. il est clair que la croissance s’est faite par le pôle opposé; il se forme une masse renflée de cellules à chlorophylle, souvent séparée de la région infestée, qui ne s’est que peu accrue par un étranglement assez net (fig. 36). Chez les plantules les plus avancées il se produit à la surface, toujours vers le suspenseur, des papilles formées de groupes de cellules formant des proéminences dont la forme générale est celle d'un tronc de pyramide. Ces papilles sont pénétrées par l’endo- phyte qui ne semble jamais entrer par d’autres points (fig. 37). Souvent, les cellules supérieures de ces papilles s’allongent en poils absorbants qui fixent au sol la jeune plante. Autant qu’il m'a paru, ce fait ne se produit que quand les papilles ne sont pas infes- tées de bonne heure; quand elles sont infestées, elles doivent garder leur forme primitive. On trouve, en eflet, des papilles infestées non allongées en poils sur des plantules plus avancées. L’axe embryonnaire renflé différencie tardivement un bourgeon portant une ou deux feuilles vertes très petites, mais ayant des stomates nombreux. Ce bourgeon se produit toujours au point de l'embryon opposé au suspenseur. Les plantüules les plus avancées que j'ai eues, ayant déjà deux feuilles, n'avaient pas produit encore de racines. Chez ces plantules, la région de l’axe embryon- paire opposée diamétralement au bourgeon, était plus largement infestée ; dans de nombreuses cellules, les filaments mycéliens digérés formaient une masse de dégénérescence jaunâtre. Il importe de remarquer que ces plantules sont moins largement infestées que celles du Néottia ou des Ophrydées. L’infection y est moins facile à reconnaître surtout pour les stades jeunes quand la région infestée est encore de faible étendue et quand il n'y a pas de corps jaunâtres de dégénérescence. Cependant je n'en ai trouvé aucune, si peu développée qu'elle soit, qui ne fut pénétrée d’endo- phyte au moins par le suspenseur. Dans ce cas encore la lenteur de l& différenciation est extrême, mais la formation des. réserves est : 174 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE moins précoce que chez le Néottia. Seulement chez les plantules ayant de jeunes feuilles on trouve dans l’axe embryonnaire des grains d'amidon. Le cas du Bletia hyacinthina ne diffère en rien à antal de celui de ces plantules de Lælia. L’infection se fait d’abord par la région du suspenseur et secondairement par la jeune tige couverte de poils que développe le bourgeon terminal. Les plantules sont de bonne heure vertes, l'infection n’est jamais très PATERPAEn étendue, l’amidon se forme en faible quantité, LesOrchidées pour lesquelles j'ai indiqué ici lacontamination cer taine des plantules appartiennent à des tribus variées de la famille ; il est. donc entièrement vraisemblable que l'infection précoce ne leur est pas particulière et que c’est au moins une règle ayant quelque généralité pour ce groupe de plantes ; c’est ce qu’on arrive d'autre part forcément à croire par d’autres considérations. De l'étude des plantules je retiens seulement ici que linfection paraît se faire toujours dès le début de la germination et par le pôle nine de eme A qu'il y ait ou non un suspenseur différencié. $ II. — CONDITIONS DE LA GERMINATION Les Orchidées se maintiennent et se propagent dans la nature le plus souvent par des modes variés de multiplication asexuée ; on comprend dans ce cas que les pieds qui dérivent d’une plante mère infestée, continuant à vivre dans le même sol, s’infestent à leur tour. Le fait que ces plantes soient toujours et très tôt infestées est moins aisé à comprendre, si l’on songe aux conditions de la repro- duction par graines qui, pour être rare peut-être, a lieu cependant quelquefois. Les graines d’Orchidées sont parmi les plus légères qui existent et parmi les plus facilement disséminables au loin; on ne peut guère admettre qu’elles trouvent partout où elles peuvent tomber l'endophyte qui leur convient; cependant, comme je l’ai dit, la cons- tance de l’infection dans toute la famille est un fait qu’on ne peut plus contester ; malgré les chances que paraît leur donner pour cela la facile dissémination des graines, aucune de ces plantes ne paraît échapper jamais à l’infection. Ce fait s’expliquerait aisément si les graines transportaient l’endophyte, mais il n’en est pas ainsi au ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 175 moins en général. Je m'en suis assuré en prélevant dans des fruits mûrs des graines que j'ai semées en tubes stériles sur des milieux nutritifs divers convenables au développement des endophytes. Dans les nombreux essais que j'ai poursuivis pendant deux ans ({) je n’ai jamais obtenu ainsi d’endophytes à partir de graines. Souvent les tubes de culture sont restés parfaitement stériles; par- fois j'ai eu le développement de Bactéries ou de Mucédinées, com- munes, évidemment introduites par accident lors du semis. A l'examen microscopique je n'ai pas vu non plus de graines. infestées. Au reste les tiges aériennes étant dépourvues d’endo- phytes il est bien invraisemblable en général que les graines puissent être infestées. Si le fait se produit je n’en ai jusqu'ici pas d’exemple certain. Puisque toutes les Orchidées sont infestées, il faut donc admettre soit qu’elles ne germent pas sans endophytes, soit que celles qui germent sans s’infester sont détruites tôt ou tard. De ces deux hypothèses possibles, la première seule est rendue rm er par le fait bien _— S la eee red des Orchi- conditions particulières. Je m’attacherai à montrer ici que l'infection du sol est une des conditions nécessaires à la germination des graines; il me suflira presque pour cela de rappeler les conditions dans lesquelles les horticulteurs ont pu introduire et acclimater les Orchidées dans leurs serres. Il était de croyance commune, au début du siècle passé, que les graines d'Orchidées étaient incapables de germer. Salisbury annonça pour la première fois, en 1802, qu'il en avait vu germer quelques- unes (2) ; longtemps on n’eut à ce sujet que des observations éparses (3) et, alors que les Orchidées avaient déjà pris uue impor- tance horticole considérable, on ne savait encore les obtenir qu’à (1) Ces essais ont “ere sur dre graines des ae suivantes : Caltleya labiata, Bletia hyacinthina, Oncid pripedium insigne, Ophrys. arachnites, 0. De PT RE otte Nidus-avis, D latifolia, Epipactis palustris ris. Les gr raines ont été prélevées dans des fruits mûrs, ouverts avec quel- ques précautions, et transportées au moyen d’un fil de platine dans des tubes de culture, la manipulation n’a donc pu les altérer en rien. (3) CE. Du Petit-Thouars. — Histoire particulière des plantes Orchidées recueillies sur are trois îles nat d'Afrique. Paris, 1822. 176 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE partir de bulbes ou de rhizomes venus des pays d’origine (1).On les cultiva dès le début dans des serres séparées ; leur culture qui, aujourd’hui, s’est quelque peu vulgarisée, passait alors pour être d’une grande difficulté ‘il n’était pas même en question à cette époque d'obtenir ces plantes par semis ; faire refleurir quelques années un pied importé directement était toute l'ambition des horticulteurs. Cé mode d'introduction des Orchidees en Europe est ici à retenir ; à propos de la Pomme de terre, j'en retrouverai l'équivalent. Enintro- duisant les Orchidées elles-mêmes, et non leurs graines, on introduit en même temps les endophytes qu’elles hébergent. Les efforts des horticulteurs, la précaution qu'ils ont prise de n’employer pour la : culture que des humus spéciaux, ont abouti autant à acclimater dans leurs serres les endophytes d'Orchidées que les Orchidées elles-mêmes. Quand Wahrlich examina toutes les Orchidées d’une serre de Moscou, il les trouva toutes infestées, autant qu'il trouvait infestées les plantes récoltées dans la nature. Le fait remarquable qui s’est produit est que la germination des. graines qui passait pour presque impossible et devenue praticable depuis que les Orchidées sont acelimatées avec leurs endophytes. Plus d’un horticulteur fait germer aujourd’hui, presque à coup sûr, les graines qu’il récolte, et depuis plus de vingt ans, on obtient des plantes hybrides par semis. La méthode que les horticulteurs emploient le plus communément consiste à semer les graines sur la surface garnie de sphagnum des pots ou des paniers dans lesquels vit la plante adulte qui les a produites. Les racines de cette plante adulte, disent communément les horticulteurs, assainissent le € ompost et rendent possible la germination. Souvent, les graines ; qui germent les premières et le mieux sont celles qui ont été : _semées sur les : racines mèmes qui rampent à la surface du pot; à l’époque où furent faites les premières tentatives pour obtenir des germinations, on avait recommandé même de ne faire de semis que sur ces racines, mais où n’a pas lardé à reconnaître que ce point n’a pas d'importance spéciale et que la germination peut se produire en d’autres points du pot. 5 Si l’on se rappelle maintenant que an racines _. infestées | (1) C’est à partir de 1820 que l'importation des Orchidées vivantés prit dé l'ex- tension, en Angleterre d’abord, puis-suür lé continent, où il y'eut, à partir dé 1830, des collections spéciales cultivées à part. ÉTUDES: SUR: LA TUBÉRISATION 177 que les endophytes qu'elles renferment peuvent: vivre librement, en saprophytes, dans le sol, il me paraît qu’on est en droit de conclure que ce procédé revient à semer les graines d’une espèce dans un sol où vivent ses endophytes. Ce n’est pas en assainissant le sol que.ces racines interviennent, mais en l’infestant. Je. dois dire que les horticulteurs, à qui j'ai fait connaître cette interprétation de leur procédé, l’ont accueillie avec scepticisme, mais la seule objection sérieuse qu’ils m'aient faite s’appuie sur ce que : l’on peut parfois avoir des germinations en pots séparés sur de la sciure de bois et d’autres milieux qui bien vraisembla- blement ne sont pas infestés des endophytes qu'il faudrait. Cela est vrai, bien que l’expérience réussisse dans ces conditions d’une façon très irrégulière. Mais il faut remarquer que l’expérience se . fait toujours dans une serre où l’on cultive à peu près uniquement des Orchidées et où par suite les causes de contamination sont nombreuses. Au reste, les graines de Lœælia dont j'ai décrit la germination, avaient été semées sur sciure de bois, elles étaient infestées. J'ai semé sur sciure de bois, dans des pots séparés, des graines d’une vingtaine d’espèces. J’ai eu une seule fois des germi- nations (pour le Bletia hyacinthina) et dans ce cas encore, d’où que soit venu l’endophyte, les plantules étaient infestées par un Fusarium. C’est d'ailleurs par l’insuccès constant des tentatives que j'ai faites moi-même pour obtenir des Orchidées sans endophytes par semis que j'ai été amené à croire que les endophytes étaient néces- saires à la germination. Pour un grand nombre de plantes, il n’est pas très difficile d'obtenir des germinations en milieu stérile à partir de graines extérieurement aseptisées. En tubes stériles, j'ai obtenu à de nombreuses reprises des germinations de graines de. Pomme de terre, d'Ognon ou de diverses plantes. Pour les Orchidées, je n'ai jamais réussi ; les graines prélevées aseptiquement dans des fruits mûrs, sans qu'aucun traitement ait pu les endommager et semées en tubes stérilisés sur des milieux divers (sciure de bois, tourbe, carotte, etc.) demeurent des mois entiers sans altération apparente, mais sans que le moindre changement se produise. Dans le seul cas du Bletia hyacinthina, la vie des graines ainsi semées, s'est manifestée; je donnerai ici quelques détails sur ce. cas seulement. Rev. gén. de Botanique. — XIV. LA 178 _ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les graines m’avaient été envoyés de Rome encore incluses dans des fruits qui venaient d'être récoltés (novembre 1900). J'ai prélevé, dans les fruits ouverts avec précautions, upe partie des graines que j'ai semées, avec un fil de platine flambé, dans des tubes de culture stérilisés, sur carotte ; j'ai fait semer le reste des graines sur sciure de bois dans une serre à Orchidées. Un mois après le semis, la plupart des graines de ce second lot germaienten donnant de petites plantules vertes qui étaient infestées par un Fusarium que j'ai isolé et gardé en culture. Les tubes où se trouvaient les graines du premier lot sont en majorité restés parfaitement stériles, longtemps, les graines exami- nées à la loupe n’y ont montré aucun changement. C'est seulement cinq mois après le semis (mai 1901) que je pus constater-une modifi- cation de la plupart d’entres elles : les embryons, sans changer de forme, s'étaient légèrement gonflés, ils avaient pris une couleur d’un blanc de lait qui les rendait sur le milieu de culture immédia- tement visibles, J'ai pris quelques-unes de ces grainès pour les exa- miner en les comparant à des graines mises dans l'alcool lors de l'envoi; l'augmentation de longueur de leur embryon ne dépassait pas 1/4 de la longueur totale, le gonflement de l’embryon était dû, non à une multiplication cellulaire, mais au gonflement presque égal de toutes les cellules qui s'étaient remplies d’amidon. Les graines prises dans les fruits ne contenant pas trace d’amidon, il faut admettre que ces jeunes embryons ont pu absorber des sucres du milieu de culture et les mettre ainsi en réserve. J'ai semé dans de nouveaux tubes de caLurs les graines on. cet état, soit de nou- veau sur carotte, soit sur tourl > de d lutions nutri- tives, soit sur sciure de bois ; elles n’ont montré aucun changement nouveau et seulement à la fin de juillet elles ont commencé à bru- nir en se desséchant. Telle est la seule modification de graines d’Orchidées que j'ai pu observer en milieu stérile, les autres graines dont j'ai fait des semis (j'en ai donné plus haut la liste) ne se sont en rien modifiées. J’ai eu ainsi pour le Bletia hyacinthina des graines de même ori- gine dont les unes infestées germaient, et dont les autres en milieu aseptique pouvaient absorber des aliments mais ne les assimilaient pas, et ne montraient aucune trace de différenciation. | Cette expérience aurait en elle-même une valeur décisive si les ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 179 conditions où se trouvaient les deux lots de graines avaient été exactement comparables ; bien qu’il n’en soit pas ainsi, elle donne à ce qu'il me semble une indication qui n’est pas sans valeur. J'ai tenté à de nombreuses reprises soit pour ces grains de Bletia, soit pour d’autres, d'obtenir des germinations en tubes stériles avec le Fusarium endophyte des plantes correspondantes comme seul microorganisme. Je n’y ai pas réussi ; en culture pure, même sur des milieux nutritifs pauvres (tourbe, sciure de bois) le champignon prend un développement considérable ; il pénètre bien dans les cellules de l'embryon, mais celui-ci meurt sans modifications appréciables ; il faut retenir que le développement étant toujours très lent, ce n’est qu'après un mois au moins que la germination pourrait sûrement se constater et il faut ajouter encore que dans des cas comme celui du MNeottia Nidus-avis où les jeunes plantules ne verdissent pas, il faudrait leur assurer un-milieu nutritif con- venable sans provoquer un développement trop abondant du champignon. Les difficultés secondaires qui se présentent pour réaliser une expérience comparative po sont suffisantes pour en expliquer l’échec. Il y a au début de la vie comme à tout autre moment bien plutôt une lutte entre le champignon et la plante qu’une symbiose harmonieuse. La plante peut réagir à l'infection en se dévéloppant, mais souvent aussi elle succombe et le champignon la détruit, Même dans le cas où les horticulteurs réalisent l’infection par la méthode que j'ai dite, la germination ne peut être obtenue sans des soins attentifs qu’une longue pratique leur a suggérés el qui peut-être font intervenir d’autres conditions que j'ignore. Si je ne puis pas, en un mot, établir qu’en dehors des conditions connues de température, humidité et aération, l’infection est la seule condition nécessaire à la germination des Orchidées, je ne pense pas au moins dépasser la portée des faits que j'ai rapportés ici en affirmant que l'infection est une des conditions constantes et nécessaires de la germination de ces plantes. La nécessité d’une telle condition peut servir à comprendre pourquoi les Orchidées qui produisent des graines en nombre immense restent dans la nature des plantes relativement rares. Un seul pied d’Orchis maculata peut porter plus de 6000 graines, certaines Orchidées exotiques en ont plus d’un million par capsule 180. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE etil ya jusqu’à, 12 capsules par pied. Si toutes ces graines se déve- loppaient, la descendance d’un, Orchissuffirait, en trois générations, à recouvrir d’un tapis vert uniforme toute la surface des terres : « on ignore, dit Darwin, à, qui j'emprunte. ces données, comment une. aussi eflrayante progression, est arrêlée ». D'après ce. qu'il dit ensuite, Darwin. paraît pourtant porté à croire que les Orchidées ne sont pas convenablement protégées contre les dangers qui les menacent, dans la lutte. pour la vie et que,les jeunes plantes peuvent être détruites. en,grand, nombre. Je ne pense pas qu’ilen soit ainsi, les, jeunes plantules dans la nature sont, manifestement rares, on cherche en vain une Cause de destruction capable d’en faire dispa- raître un, si, grand, nombre ; ce qui. est entièrement. vraisemblable est qu’un nombre.immense de:graines ne germent: pas parce que, disséminées au, hasard, elles ne rencontrent pas le sol. infesté par l'espèce de Champignon dont. la présence est nécessaire pour leur germination: IL v a ici. un, cas entièrement comparable. à celui que présentent un, grand, nombre d'animaux ou. de plantes parasites.qui produisent un nombre presque infini d'œufs ou de graines dont la plupart:sont perdus parce que le développement, ne peut se faire que dans des conditions. étroitement déterminées. L'’infection du sol, qui est une _ condition. constante de la vie des Orchidées. adultes, est aussi. une condition sans laquelle l'embryon de ces plantes:ne-peut pas dépasser l'état de. développement qu'il a. atteint dans:la graine. S IL. — RaPPORTS ENTRE L'INFECTION PRÉCOCE ET LES CARACTÈRES DES. PLANTULES. Les, plantules d’Orchidées, présentent, comme j'ai dit, au début: de leur développement, deux, particularités essentielles : la tubé- risalion. marquée par la. lenteur de-la difiérenciation et de. la croissance concordant souvent avec l’accumnlation précoce de réserves et l’absence de racine terminale. - Je,note ici la. concordance. de la, tuhérisation, avec l'infection comme un exemple nouveau-du rapport constant qui-existe entre ces deux faits. L'absence de. racine terminale s'explique, d'autre part, d’une manière. très-simple par le fait-que linfectionide. l’ém- bryon.se fasse par le suspenseur : c’est à F'ordinaire au pôle suspen- ÉTUDES SUR LA ‘FUBÉRISATION 18t seur de l'embryon que Ja racine -primaire se’ différencie-chez les végétaux ; ici, ce pôle. est-infesté, et d'après ‘une -règle :qui -est générale, les cellules :pénétrées d’endophyte.qui-s’y- trouvent, ne croissent ni ne se diflérencient ; l'embryon prentd:une forme «en toupie », il ne forme pas de racine terminale. Comme:le dit fort juste- ment -Prillieux .pour :l’A Angræcum :maculatum : Con :dirait que-lx région inférieure de | ’embryon, qui est Ja plus âgée et:qui neprend aucun accroissement, commence déjà à se décomposer, tandis que sa partie supérieure continue encore de croître »:(1). J'ajoute seulement ici que c’est à l'infection qu'est due Ja-mort des cellules du pôle suspenseur: Les deux caractères aberrants des plantules d’Orchidées (tubé- risation immédiate et absence de racine terminale) ne se :retrou- vent pas dans le développement de l'embryon ‘homogène de -la Ficaire, qui.ne s’infeste que tardivement ; au contraire, ces -deux mêmes caractères se -retrouve nt. chez les Lycopodes et, là encore, coïncident avec une infection précoce (2). Par là, il paraît que l’in- fection est bien la condition déterminante de ces caractères. La convergence entre les Lycopodiacées et des Orchidées est certai- nement un des faits qui peuvent donner le:plus solide appui à cette manière de voir. Les spores de Lycopodes s’infestent dès le début de leur développement, elles donnent des prothalles tubereuleux dans la masse parenchymateuse desquels se forment-d’abondantes réserves. Les-plantules sont aussi infestées .de-bonne heure, elles dérivent d’un tubercule embryonnaire, ont ‘une différenciation très lente, ne portent'pas de racine terminale, D'une partilexiste dans ce cas entre -les prothalles et les plantules une ressemblance que Treub a justement.remarquée, ressemblance qu’on n’est pas habi- tué à. trouver entre la génération asexuée et la génération 'sexuée des Cryptogames vasculaires. D'autre :part les jeunes prothalles ou les jeunes :plantules de Lycopodes présentent avec les plan- L2 (1) Loc. cit., p. 112. (2) Dans l'article que j'ai (loc. cit.), j'ai montré qu'on avait trouvé pour faire germer des spores: de 0- podes, les mêmes difficultés qne pour faire rs des graines d "Orchidées. C'est un point sur lequel je ne reviens pas ici. Dans un livre récent bail A re der Pflanzen 11, Jena, 1900), Gæbel indiqué Piece n précoce des Lycopode comme uüre règle constante qui peut ne ga les msn “ph ds: prothalles 4 4 n DE : £ re 3 Pat AR PA 182 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tules d’Orchidées des analogies dont on ne pourra manquer d’être frappé si l’on compare par exemple aux prothalles de Lyco- podes figurées par Bruchmann les plantules de Neottia Nidus-avis que je fais connaître ou encore les plantules d’Angræcum maculatum étudiées par Prillieux. I ne saurait s’agir ici de ressemblances phylogénétiques, l'infection seule paraît pouvoir expliquer la con- vergence de ces cas. J’ajouterai ici quelques remarques afin d'établir que c’est bien l'infection qui est la cause des caractères singuliers des plantules et non un mode particulier d'absorption des aliments concordant avec elle, en un mot qu'ici le saprophytisme n’est pas en cause à moins que, comme on est amené peu à peu à le faire, on ne prenne improprement le terme de plante saprophyte pour synonyme du terme de plante infestée. Ilexiste chez les Orchidées deux types de plantules : les unes (Néottia, Ophrydées) sans chlorophylle, souterraines, tirant manifes- tement tout leur aliment de l’humus; les autres (Lœlia, Bletia, Miltonia) vertes de bonne heure, se développent à la lumière sur des milieux divers, paraissant se nourrir à la manière ordinaire des plantes vertes. Les unes comme les autres sont infestées ; les pre- mières le sont plus largement, la tubérisation y est plus marquée, la formation de réserves plus précoce; chez les secondes l'infection est moins étendue, la formation de réserves est plus tardive mais il n'y à en somme entre les deux cas rien d’essentiellement différent, si ce n’est justement que le mode de nutrition au début de la vie paraît différer. I n’est pas impossible que les plantules du second type absorbent directement au sol une partie importante de leur aliment ; C’est une question à laquelle il n’est provisoirement pas facile de répondre, mais en tous cas rien ne porte à croire que les champignons interviennent pour cela, le cas des graines de Bletia hyacinthina qui en semis stérile absorbent du sucre pour en faire de l’amidon, apporte à ce qu'il mesparait une preuve nouvelle du contraire. : Les prothalles et les plantules de Lycopodes se rattachent comme les plantules d'Orchidées à deux types différents dont le modé de nutrition ne paraît pas le même. Les prothalles étudiés par Bruch- manp sont tuberculeux souterrains, évidemment holosaprophytes, largement infestés. Les prothalles du Lycopodium cernuum étudiés ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION : 183 par Treub sont aériens, de bonne heure verts infestés toujours mais d’une façon beaucoup moindre. Les plantules de la même espèce sont vertes aussi de bonne heure, elles dérivent d’un tubercule embryonnaire infesté, produisent plusieurs feuilles avant d’avoir des racines. Ces racines sont au reste adventives et toujours la racine principale manque. Treub, qui a parfaitement indiqué l’analogie remarquable qu’il y a entre ces plantules de L. cernuum et les plan- tules d’Orchidées, a été empêché d’en voir la “portée justement parce qu’il recherchait dans le « saprophytisme » et non dans l'infection qu’il avait constatée la cause possible d’une telle dégradation orga- nique. « Le L. cernuum, dit-il, n’est pas plus saprophyte que plante aquatique... il fuit plutôt les terrains riches en humus que de les préférer ; il croît souvent sur un sol très stérile. Aussi tant la plan- tule que le prothalle contiennent-ils beaucoup de chlorophylle » (1). Ce n’est pas en effet, à ce que je crois, dans un mode commun d’absorption des aliments qu'il faut chercher la cause de la conver- gence entre ces divers cas ; pour le moment au moins la présence de champignons endophytes est la seule particularité qui paraisse leur être commune. Les faits que j'ai réunis jusqu'ici concourent à prouver que les phénomènes de tubérisation que normalement les Orchidées pré- sentent sont des symptômes de l'infection normale de ces plantes par des Fusarium endophytes. (1) Annales de Buitenzorg, T. 8, p: 26. (A suivre), REVUE DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES DEPUIS LE 1% JANVIER 1895 JUSQU'AU 1° JANVIER 1900 /Suite) Jo Harz. — Parmi les espèces les plus intéressantes trouvées par M. Lüske (1) dans le Harz et surtout dans la région du Brocken, il pat citer : Ditrichum vaginatum qui y paraît assez répandu, et ar ae mpagnie de l’Oligotrichum hercynicum, Didymodon spadiceus, EU PE alpicola, var. rivulare, Tayloria serrata, Webera gracilis, Plagiothecium elegans, ete. 8° Brandebourg. — M. Warnsrorr (2), qui s’est occupé de l’étude des Muscinées de cette province, trouve qu ‘apres toutes les explorations qui ont été faites, on devrait s’attendre à n’y plus rien rencontrer de nouveau. Il n’en est rien cependant, et les espèces les plus étonnantes par leur présence comme Tayloria splachnoides, Tetraplodon mnoïdes, Webera elongata, Conomitrium julianum, Scleropodium Illecebrum, Philonotis afjinis s’y sont rencontrés depuis peu. e même auteur (3), dans une note préliminaire, annonce la décou- verte dans la province des espèces a. Philonotis rivularis, Tortella fragilis, Plagiothecium succulentum, P. depressum, Hypnum Haldanianum, Didymodon spadiceus, ra raies M. LoEsKE (4), qui a déjà publié avec M. Osterwald des recherches sur la flore bryologique des environs de Berlin, a LE 38: ses inves- tigations et donne dans une note de nouveaux renseignements ; à noter le Reboulia hemisphærica qui était douteux pour la sion et dont la:présence a été confirmée par l’auteur. M. WaRnsToRF (5) a donné aussi une note sur la région de Nieder- lausitz, où l’on rencontre surlout des bruyères humides. L'auteur (1) L. Lôske : Zur Moosflora des Harzes (Zeitschr. der Naturwiss. Ver. des Harzes in Wernigeode, 1896, 10 -(2) C. Warnstort : Neue Beiträge zur Kryptogamenflora der Mark Bran- denburg (Bot. Ver. der Prov. Brandenburg, XXXIX, 1897, p. 25-38). (3) C. Warnstorf : Forlaufige Re uber neue Moosfunde in der Mark (Verhand!. des bot. Ver. der Prov. Brandenburg, XLI, (4) L. Loeske : Weitere Beige zur. Moosfiora o0ù Reriée und Umgegend (Verhand!. des bot. Ver. der Prov. Brandenburg, 1897, -103). (5) C. Warnstorf : Neue Beitrüge zur se net der Mark Bran- denburg (Verhandl, der Bot. Ver. der Provinz Brandenburg). REVUE :DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 185 s'occupe principalement des Hépatiques qui n’avaient pas encore été trouvées dans cette région. Il donne quelques remarques critiques sur le. Riccia subinermis Lindb. dont il‘distingue une variété inermis etu variété crassa, sur le Riccia Lescuriana Aust., avec les variétés: res et inermis, sur le À. Warnstorfii dont il distingue aussi plusieurs for- mes. Du Aiccia ciliata Hofm. il cite aussi une variété que Stephani avait ratiachée à tort au Riceia bifurca. Une Sphaigne nouvelle est aussi décrite, le Sphagnum aquatile, du groupe subsecundum ; enfin deux ousses nouvelles : Brachythecium subfalcatum et Plagiothecium pseudo-silvaticum. 9° Poméranie. — M. RUTHE (1) décrit trois espèces nouvélles de Bryum ERÈ en Poméranie : Bryum ammophilum, B. fissum, B. Winkelman M. mio (2) expose les résultats de ses excursions en 1892 et 1894, dans le cercle de Pyritz (46 Phanérogames, 6r Mousses, 2 Sphaignes.et 4 Hépatiques). IL décrit comme es nouvelles : Brachythecium polygamum et Hypnum Madiins 100 Province de Prusse. — M. WARNSTORF . a exploré aussi les environs de Tuchel, dans la Prusse occidentale. Après avoir décrit d’une façon générale la flore des bois de Pins sur sable, des feuillus, des tourbières et des yes nn l’autéur cite plusieurs Hépa- tiques nouvelles pour la vince : Aiccia sorocärpa, R. bifurca, R. Li£t Sphaignes il s'étend surtout sur les groupes difficiles des subsecunda et des cymbifolia, et il dome une clef des espèces européennes. Une espèce nouvelle du groupe cymbifolium est décrite : Sph. turfaceum, et une autre espèce, le S. centrale C. Jens., est nouvelle pour la pro- vince de Prusse. Comme mousses sévélies l’auteur décrit : Fissidens nus, ur dubiosum , A ec silvaticum et PBryum Duvalio s. bb encore en passant deux notes : F. Kalmus : Die Leber und Laub-Moose in Land und Stadtkreise Elbing (Schrift. der Naturforsch. Ges. in Dantzig) et M. Grutter : Beîträge zur Moosflora der Kreiser Schwetz (Ibid., XI, p. pape enfin pour la province de Posen : Miller : Moose der Ungegend um Koschmin (Zeïitschr. der bot, Abtheil. des Naturwiss. Ver. er Posen, 1899). (1) R. Ruthe : Drei neue in Pommern entdeckle Bryumarten (Hedwigia, 1897, p. 383-387), — Drei neue Bryumarten aus LE gs à 2 2 und Bornholm (Belblatt zur Hedwigia, 1899, p. 117-121). 2) C. Warnstorf : Weëtere: Beiträge zur Flora von Pommern. Hi. (Alig. bot. Zeitung zur System.... 1899-1900). (3) C. Warnstorf : Die Moor-vegetation der Duckeber. Heide und besonderer Berucksichtiqung der Moose, (Sehrift. der Naturforsch. Ges. in Danzig, 1876 Heît, 2, 69 pp.) 186 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 109 ALLEMAGNE DU SUD 19 Asace-Lorraine. — M. l'abbé FRrIREN (1) qui s’est mis à l'étude des Musecinées des envirors de Metz, a réuni en un Catalogue toutes les espèces constatées par ses devanciers. par labbé Kieffer et par lui dans la Lorraine annexée. Ce consciencieux ouvrage permet d’avoir une vue d'ensemble sur une région intéressante, et qu’on peut consi- dérer comme riche, On y trouve en effet, mentionnées, environ 240 espèces de Mousses et de Sphaignes, avec leurs stations, leurs localités et le nom des botanistes qui les ont signalées. On peut regretter cepen- dant que l’auteur n'ait pas essayé à la suite de ce Catalogue de donner quelques idées générales sur la distribution des espèces, 20 Grand Duché de Bade. — Plusieurs notes de M. K. MüL£Er (2) sont à citer pour cette région. Dans l’une d'elles. il énumère 74 Hépatiques pour lesquelles il a trouvé, en 1896 et 1897, des localités nouvelles. A noter une espèce nouvelle pour la région : Mærckia hibernica Gotts- che. Dans une seconde note, M. Më£Ler (3) complète les renseignements donnés. Enfin, le même auteur a étudié spécialement la flore bryologique de la région du Feldberg, près de Fribourg. C’est une région très riche en Phanérogames et en Cryptogames. Aussi sur 121 espèces d'Hépatiques : connues dans le Grand-Duché, 96 se rencontrent au Feldberg, et sur 480 Mousses badoiïises, 295 sont connues dans la même localité. Dans la région des collines (400-550 m.) qui est peu étendue, il y a moins de Mousses intéressantes à signaler que dans la région montagnense. Cette dernière (550-1200 m.) est tout à fait riche. IL faut dire aussi que les stations y sont très variées. La région subalpine (1200-1500 m.) est surtout intéressante par ses tourbières. Quelques espèces alpines se rencontrent entre 1200 et 1500 m. M. Herzoa (4) s’est occupé plus particulièrement des Mouseca des environs de Fribourg, Dans une première note, il cite les localités de uelques espèces rares FR Rs par lui dans la Forêt-Noire, à une altitude de 1200 m. : mia torquata, elatior et funalis, puis, au Schneiderkamin, Peche serrulata et Amphoridium. lapponicum. (1) A. Friren : Catalogue des Mousses de la Lorraine et plus spécialement des environs de Metz et de Bitche (Bull. de la Soc. d’Hist. nat. de Metz, 20° cahier, 2 série, T, VIN, L (2) K. Müller : Beiträge zur Lebermoossflora Badens (Mitth. des Badischen Bot. Ver., 1898, p. 1-16), — Uebersicht des badischen bete A (Ibid., 1899, p. 81-103). (3) K. Muller : Moosflora des Feldberggebiete. Ein Beitrage zur Kennitniss des Badischen Ad rt (Allg. bot Zeitschrift für System., Fo etc, pt 1899). GT . Herzog : Quelques Moudses intéressantes du Grand-Duché de Bade (Revue pire 1878, p. 82 REVUE DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 187 A. noter encore le rare Neckera turgida bien fructifié, et l'Andreæa Huntii ns deux autres notes, le même bryologue énumère d’abord 180 Mousses qu'il a recueillies aux environs de Fribourg ; les espèces les plus remarquables sont Anomodon longifolius en fruits, puis À mblys- tegium Kochii et Pseudoleskea atrovirens, var. brachyclados, nouveaux pour le Grand-Duché. Dans sa dernière note M. Herzog (1) énumère encore une douzaine d’espèces nouvelles. Enfin M. Jack (2) relève quelques erreurs dans les travaux de M. K. Müller dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici. 3 Wurtemberg.— Une note de M. F. Müller (3) sur la flore bryolo- gique de la Souabe, que je n'ai pu analyser, est à citer pour ce pays. 4° Bavière. — Après un long silence, M. GExreB (4), nous donne de nouveau le résultat de ses recherches sur la région montagneuse du Rhôngebirge. Bien que 400 Mousses eussent été déjà citées dans ce domaine floral, M. Geheeb en énumère neuf qui sont nouvelles pour la région. Il est paru un travail de M. Kaurrüss os sur la bryologie du Jura franconien dont je n’ai pu prendre connaissa M. Rôzc (6) énumère les espèces HR ou rares de Mousses et de Sphaignes de la Haute-Bavière. Il crée quelques variétés nouvelles. MILLER (7) s’est occupé principalement des Mousses de la Révies centrale. Dans son introduction, il fait l'historique des travaux bryologiques pendant le dernier siècle, depuis Hoppe. Puis il fait une courte esquisse topographique de la région, qui appartient en grande partie au Jurassique. Certains marais cependant reposent sur le qua- ternaire. Le corps du travail contient l’'énumération de 19 Sphaignes, 2 Andrééacées et 210 Bryinées. (1) Th. Herzog : Standorte von . aus dem Florengebiele Freiburg (Mittheil. des Badischen bot. Vereins, 1898, p. 1-10 et 1899, 11 pp.). (2) B. J. Jack : Zu den Lebermoosstudien in Baden [Mitth. der Bad. bol. Ver. no 169). (3) F. Müller : Beiträge zur Moosflora der Schwabischen Jura (Jahreshefte der Ver. fur Vaterl. Naturkunde in Wurttemberg, LIII, 184-190). (4) A. Geheeb : Bryologische Notizen aus _ PHP VI. (Alg. bot. pen fur System.-florist. Pflanzengeographie, 1898, p (5) J. S. Kaulfüss : Beitrage s zur À or der Lasbnocstors des Nordlichen “FES Jura und de: ndi. der naturhist. Gesellsch. zu Nunberg, X, p. 81-114, 157-477). (6) J. ou Beiträge zur Laub und Torfmoosflora von Oberbaiern (Hedwigia, 1399, p. 2 ). (7) LE. Féaitée Zusammenstellung der in der Umgebung von Regensburg und in der gesammt Oberpfalz “ps gefundenen Moose (Denkscrift. des Kgl, bot. Gesellsch. in Regensburg, 1898, p. 1-47). 188 REVUE GÉNÉRALE ‘DE BOTANIQUE M:leD' Horxer.(1) donne une description de la-flore bryologique des environs de Memmingen, localité située à 597 m. d’altitude au:piéd des montagnes de l’Algau. Un torrent important, l'Iller, arrose cétte région dont le sol est formé de roches variables, appartenant au Nagelfluh et à la mollasse, et aussi à des blocs erratiques calcaires provenant des Alpes. Des ravins ombragés, des forêts de Conifères et des Hètres, des marais profonds, font de cette localité une des plus privilégiées. Depuis longtemps, divers naturalistes, J.-B. Ehrhart, Gottlibe Ehrhart, C. L. Kôberlin, etc. en avaient exploré et décrit la flore bryo- logique ; les nouvelles recherches de M. Holler et de ses correspondants ont porté le total des Muscinées à 397: (70 Hépatiques, 21 sphones et 306 Mousses. (1) A. ‘Holler : Die Moosflora von Memmingen und benachbarten Ober- schwaben (Ber.der Naturw. Ver. für Schwaben und Nurnburg in Augsburg, 1898, }. (A suivre). ; L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. . REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1900 (Suile) CLAUTRIAU (1) a étudié les «propriétés physiques et chimiques pré- sentées par les divers glycogènes extraits des Champignons, des Levures et des tissus animaux. Il a pu pres ainsi que c’est bien la même espèce chimique que l’on trouve dans ms deux règnes, comme l'avait affirmé pour la première fois Errera en Les glycogènes:obtenus à l’état de pureté sasib sont toujours des substances ternaires, non azotées, non combinées à des substances minérales. quelconques, ls forment dans l’eau des pseudo-solutions opalescentes; l'alcool, lacide acétique, certains sels neutres ou basiques les précipitent; en outre, les réactifs qui sont sans action sur le glyco- gène animal se conduisent de même en présence du glycogène des végétaux. La. composition chimique des glycogènes est identique et répond chez tous. à ‘une même formule (C$ Hiv O5) + H*. Ces corps sont fortement:d Fa ; leur p rotatoire est le même, en moyenne 189° 18. Lorsque. l’on. soumet les différénts glycogènes à l’action soit des diastases, soit. des acides minéraux dilués et de la chaleur, les produits de décomposition sont les inêmes chez tous. La salive donne comme produit: final probablement du maltose tandis que les acides engendrent du dextrose. L’iode colore de la même façon tous les glycogènes. On sait que la coloration produite.est brun-rouge et qu’elle disparaît sous l'influence de la chaleur alors que le refroidissement la fait reparaître. Toutefois la coloration du, glycogène des Levures est rouge-violet ; en outre cette coloration ne disparaît pas à la même température que celle des autres glycogènes (excès de 8). Ajoutons que la solution de glycogène de la Levure a une opalescence assez faible, que le glycogène (1) Clautriau : Étude chimique du glycogène chez les Champignons el les Levures (Mémoires couronnés et autres, Mémoires publiés par. l’Académie royale de Belgique, LILI, 1895) 190 REVUE GÉNERALE DE BOTANIQUE. d'Amanita ne se précipite pas par l'alcool en grameaux aussi légers que ceux du Bolet ou du Lapin et que la précipitation ‘se fait mieux en forçant la quantité d’alcool. L'auteur pense que ces différences, si légères qu'elles soient, ne peuvent être attribuées à des causes étrangèr es et qu'elles paraissent inhérentes à la nature même des glycogènes ; ceux-ci formeraient donc un groupe chimique à individualités peu distinctes, comme le pensaient autrefois Errera, puis Bæœhmer et Hoffmann ; mais il est probable que certaines de ces individualités ne sont que ‘des mélanges de produits résultant de modifications du glycogène et pouvant se trouver en pro- portions variables. Enfin quelles conditions doivent remplir les hydrates de carbone pour être envisagés comme glycogène ? Clautriau pense que c’est-la composition chimique qui dans ce cas est tout; les autres propriétés pouvant être plus ou moins marquées; ainsi la réaction par l'iode manque à l’achrooglycogène, certains glycog nes donnent avec l’eau des solutions non opalescentes. La formule brute a été indiquée plus haut ; mais elle est probable ment trop simple et doit se rapprocher plutôt d n[(C5 H10 05)5 + H2]. Les différences que l’on constate dans les glycogènes proviendraient surtout de la valeur de x. En d’autres termes, les glycogènes différents seraient essentiellement des polymères, sans rejeter pour cela la possi- bilité de l'existence d’isomères proprement dits, dont le nombre peut être très considérable chez des molécules aussi complexes. amd En attaquant le bois des Angiospermes (Bouleau, Chêne, mr Peuplier) à l’aide de la lessive de soude, on extrait une substance gommeuse qui n'existe qu’en très faible quantité chez les arbres mt (Pins et Sapins). Or le tissu ligneux des Angiospermes, ainsi que l’a montré autrefois BERTRAND, contient 4 principes : la cellulose ordinaire, la vasculose de Frémy, une sorte de résine probablement phénolique, le lignol et la gomme de bois appelée xyrlane. Le même auteur (1) a trouvé que chez les Gymnospermes la xylane à peu près absente est remplacée par un hydrate de carbone tout à fait différent, la manno- cellulose. Or, cette dernière substance manque chez les Gnétacées; le fait est intéressant si l’on se rappelle que ces plantes constituent un terme de passage entre les Gymnospermes et les Angiospermes. ‘Isun (2) s’est occupé de la présence de la mucine chez les À amis On sait que si le mucus des animaux est protéique, celui des végétaux fait partie du groupe des substances hydrocarbonées. Dans les tuber- cules de Dioscorea, l'auteur a trouvé une matière visqueuse, facilement précipitable par l'acide acétique et se rapprochant beaucoup, par ses (1) C. R., CXXIX, 1055. (2) Coll. Ag. Tokyo, Bull., Vol, II, n° 9, p- 27. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 4191 propriétés chimiques, de la mucine de. la bile. Les tubercules secs en contiennent environ 8 p. 100 Le même auteur (1) a santé que la partie charnue des fruits du Diospyros Kaki contiennent beaucoup de dextrose et de lévulose, mais ni mannose, ni galactose, Quant à la graine elle renferme une subs- tance blanche qu'il nomme mannane, laquelle serait un polyanhydride du mannose, sucre ne se rencontrant pas dans la partie charnue du fruit, C’est cette même substance qui se trouve en grande abondance dans les racines comestibles d'une Aroïdée du Japon, l'Amorphophallus Rivieri. Ces racines sèches fournissent, selon Tsusi (2), 56 p. 100 de mannose. Les racines tuberculeuses de Conophallus konyakii en con- tiennent aussi selon Tsus: et KiNHositA (3). G. de Cnazmor (4) a retiré des germes d’orge ayant évolué à f Hé curité 60 à 90 p. 100 de matière fournissant du furfurol et contenant un pentosane, lequel donne bien un pentose par interversion. Dans le Maïs, la proportion de pentosanes augmente avec la durée de la germination. Pour les Pois, il y a accroissement, puis diminution. Rappelons que les pentosanes sont des corps à 5 atomes de carbone ; la gomme de paille donne, par laction de l’acide sulfurique étendu, des pentosanes (xylose, arabinose, etc.). HorMeisrEer (5) a trouvé un procédé permettant de séparer exacle- ment les hydraies de carbone cellulosiques (hémicellulose, cellulose, vasculose) des matières végétales Coss, BEVAN, SMirH (6) ont éthdie la constitution des celluloses des Céréales, Signalons en passant l'important ouvrage de ToLLess (7) sur es hydrates de carbone et qui intéresse à la fois puissamment le chimiste et le physiologiste. YosHimMURA (8) a étudié les mucilages de Sterculia platanifolia, Colocasia antiquorum, Opuntia, Vitis pentaphylla, Œnothera Jacquinii, Kadzura japonica. Celui des Sterculia est un mélange d’arabane et de galactane et il en est de même pour celui des Œnothera et des Kadzura; mais celui des Colocasia ne donne pas d'acide mucique par l'acide azotique, ne présente pas les caractères des pentoses et des mannoses, mais donne une ozazone identique à la phénylglucosazone. Selon TAYLOR (9), la gomme des sucreries — par le Leuconostoc mesen- teroïdes semble être de la dextrane (4) Ibid., p. Le (2) Ibid., p. (3) Ibid., p. a (#4) Americ. Chem. Journal, 16, 1894, (5) Land. Vers., XLVIIL, 401 et L, dt. om, 1897 et 1898. (6) Journ. Chem. Soc., LXIX, 804, 1896. (7) 1 vol., 772 p., Paris: Dunod, 1896. (8) Bull. Coll. Ag. Tokyo, Vol. II, n° 4, 207. (9) Louisiana Stat., 38, 2 Série, 1334. 192 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE JAGQUEMIN (1) à été amené à penser que les feuilles, à différentes époques de la végétation, sont le siège d’une élaboration de principes immédiats que la plante utilise au profit d’autres organes, du fruit par exemple, soit dès qu’ils ont été formés, soit après les avoir tenus en réserve au moment voulu: Or les feuilles de bien des végétaux portant des fruits à saveur caractéristique n’ont, par elles-mêmes, rien qui puisse faire soupçonner en elles la cause de cette saveur bien définie. Selon l’auteur ces incipes des feuilles pourraient bien être des gluco- m saveur. Effectivement, des feuilles de Poirier, de Pommier, de Vigne, mises à macérer avec des Levures donnent naissance à + produits aromatiques qui rappellent l’odeur du poiré, du cidre, du . L’odeur est d'autant plus prononcée qu’on opère au moment où Rues touts use- raient le plus activement de la réserve glucoside en vue. de leur matu- ration. L'auteur s’est basé sur ces faits pour tenter d’améliorer des moûts en y ajoutant des extraits de feuilles provenant de cépages qui donnent d'excellents vins; des moûts pasteurisés, puis ensemencés et addi- tionnés d'extraits de feuilles des régions de Saint-Émilion ont été mis à fermenter, ils ont donné un vin sans goût de terroir, fin et à bouquet accentué. (4) C.-R. CXXV, 144 et CXXVIII, 369, (A suivre). Ep. GRIFFON. -425 — Lille. mp. Le Bigot frères. Le Gérant: Th, Cierquin. ” Tome 14. Planches 10 et 11. Revue générale de Botanique. Bichromale de Folasse ä 1% : Permanaanate de Polasse 1 0 4 }n70 DR ILANES i Fermanganale Sulfak de Cuivre t- ss de je antn0ntaral Der ed 1 i % ê À 7 ci. à fo : ES. I Pers _ ms ee me À —— À ( as . | ° 1 nus 0 | Fe : La | | = ES a. arc | i nn a LL AME. | CESSE 5 45 6 #7 4 [ LL ÉÉPETERS SN Lafont del. Imp. Le Bigot. I. — Quantité de lumière passant à travers les milieux colorés, d'après Vierordt. HI. — L : Courbe de distribution de l'énergie d’après Langley. — A : courbe de P expérimenté. — B, C, D'et Di; 1d., derrière les milieux colorés, orangé, bleu et rouge. Bertin sc. 106 90 — 100 absorption de la lumière dans la chlorophylle des feuilles sur lesquelles on a MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque A ee est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le text annuel avi d'avance) est d 20 fr. pour Paris, les Départements el gérie 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendrie séparément. : Adresser les PER CS et ro one a etc., à we Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Pari On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues es iales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, : wh a Jules PEELMAN, 2; rue Antoine Dubois, Adresser tout ce qui mg la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne. 15, rue de l’Estrapade, Par 1l sera rendu po r ans ra revues Se és ouvrages, mémoires ou notes dont ue. exemplaire aura été adressé au Directeur de la Revue auteurs des travaux lise dans la Revue générale ae Botanique ont droit. gratuitement à vingiciug exemplaires en tirage RÉCENTES PUBLICATIONS BOTANIQUE 1904. R. PouxD À F. Cure : The uteiié of Nebraska. 1. General pee “Lime 1900. Flora helvetica 15-50, 1900 (Fascicule IV 5 de la Bibliographie natio- * nale met LIER : Monogrsphie des races. Cherbour urg, 4901, ARD : erches Sur l’évolution et la aient anatomique et tazinomique du ne dei Angiospermes, Bo f Caurca : On the Relation of Phyllotaxis to ii Laws. 1. Construction A Orthogonal Trajectories. 11. Asymmetry and Symmetry. Williams and Nor- gate. ape 1901-1902. ÉNEAU DE orme art Flore hygrophile et ges de la Marne. La montagne a Reims. 1901. Origin ve pre ce of the Multipolar Spindle in Gladiolus. (Botanieat, Gazette, Septembre 1900). TIMBERLAKE : The development and function of the cell plâte in al .. Plants. _ ru R e ne 4 A F2 nn enme P VULIURS VIe SUREC | ndriom À IMBACH 9 8 | AVEN NELso ti be Dh. hp Se (id. k - _ SARGENT : Neo or little known North American Trees. IL. l'ava. ‘April, 4901). . LS ou dre he … TOWNSEND : The effect + f hy 1 ya £ 1 l Ed 7 pl 2 LA ee s an 0 ther r seeds Lie: The Tuber-Like Rootlets 0 Eyes r revoluta. mn # ue Warrron : The gehetic development LA gs Lis of Northern Michigan; a _. in physiographic ecology. se ax : Mexican Fungl. ag (Ib ouars Ovule and embryo of mis Natans. (Ibid.). FFNER : À contribution to the life Ré À and eytOlogU %Æ Er ca cie re “join 1901). Hair : Studies on rie plants. (Ibid.). Avex Nerson : Contributions from the Rocky me Mountain herbarrum. Il. (Ibid.). ere Studies on the Geotropism of S 1 ALLEN : the Srigin and nature of the. a Ph lamella. | ae , Juillet 1901). PRESTON : sg rapid studies on Southwestern Cactacea. (Ib Srevens : Gamétogenesis and fertilization in Albugo. pers Re 1901). Bray : The ecological relations of the vegetation of western Texas. [Ibid à FLORENCE May Lvon : Study es . Sporangia and Gametophytes of Selagi- nella apus and Selaginella rupes Danpeno : The application of he solutions to Sibloyicai problems. (Ibid., ‘Octobre 1901). LivinGsron : Further notes on the physiology of polymorphism in green vs ee + : New or little sr mess Algae. II. — Eremosphaera viridis osé ee le (Ibid mbre 1 FRye : Development of the ph in some med (Ibid.). Smrra : On the distribution of red color in vegetative té in the New ge 200 fora, (Ibid.). : Some plant abnormalities. (Ibid.). 2 The anatomy of the Osmundaceae. Ibid., Décembre 1901). Harper : Binucleate cells in certain Hymenomycetes. (Ibid., Janvier, 1902). __. Cuank : On the toxic properties of some copper compounds avith special reference to Bordeaux mixture. (Ibid.). 5704 CINTON : Cladochytrium alismatis (Ibid.). “aol : Auatomisc, he studien ueber wichtige faserpflanzen bi mit beson- tigung der Bastzellen. (Journal fe the College of Science, impec Colette) Thé Japan, 1901. > : Untersuchu ber die niederen 0 PRE welche sich bei der orme 2 des pr aie Getränkes « Awamori » betheiligen (ournal of the College of Science, Imperial University}, Tokyô, Japan 1901. Mrvoser : Ueber die Sporocarpenevacuation und darauf erfolgendes Spore- nausstreuen bei einer Flechte (ournal of the College of Science Imperial Univer- ae Lu avé #5 n 1901. ersuchungen ueber die e Schrumpfkrankheit (Eshikubyo) des Maulbeer- pan 1901. Harront : Studien ueber die Einrirkung des Kupfersulfats auf einige ‘Pflanzen (Journal of the Cotlege of Science, Imperial University) Tôkyô, __. 1901. 7 Maxino et SmiBarTA : On Sasa, a New Genus _ Bambuseæ, and its Affinities me Botanical Magazine) Tokyo, 1901. UÉGUEN : ARMOR se. pars tou conducteur du style et du stigmate inige Ben rhn zu a Pat ha LI oi A1 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Mai 1902 A pi PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR £, RUE DU BOULOI, 4 : 1902 . LIVRAISON DU 15 MAI 1902 I. — VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUÉ VERTE SOUS L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF (avec planches), par ME. L. Matruchot et M. Molliard II. — ÉTUDE SUR LA PHOTOSYNTHÈSE ET SUR L’AB- SORPTION PAR LA FEUILLE VERTE DES RAYONS DE DIFFÉRENTES LONGUEURS D’ONDE (avec planches), par M. André Richter (fin) . . . . . III. — ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION ( avec planches et figures dans le texte), par M. Noël Bernard (suite). IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de a à 1900, par M. E. Griffon faute]. : ras an, à PRRNCRES: CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON PLancues 7 et 8. — Stichococcus bacillaris Nags Cette livraison renferme en outre une gravure dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième paye de la couverture. Pages 143 VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNEF ALGUE VERTE SOUS L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF par MM. L. MATRUCHOT et M. MOLLIARD (Planches 7, 8 et 9). On sait que des variations dans la nature de l’aliment déter- minent des modifications parfois considérables dans la forme et la structure des organes des végétaux, particulièrement des végétaux inférieurs. Maïs, à notre conuaissance, l’action de l'aliment sur la structure du protoplasma et du noyau n’a jusqu’à ce jour été l’objet que d’un petit nombre de travaux. En vue de recherches de cet ordre, nous avons fait choix, comme matériel d'étude, d'une Algue verte, le Stichococcus bacil- laris, pour les raisons suivantes : D'abord le Stichococcus est un organisiné à éléments dissociés ; de la sorte l’action de la substance étudiée se fait sentir directement sur la cellule. En second lieu, il s’agit d’une Algue, c’est-à-dire d’un organisme où la structure de la cellule est aussi complexe que chez les végétaux les plus différenciés, et où la présence de la chlorophylle assure un mode de nutrition semblable à celui des plantes supé- rieures. En outre, parmi toutes les Algues, le Sfichococcus bacillaris est une des rares espèces qu'on sache cultiver purement, à l'abri de tout microorganisme étranger, dans des conditions d’asepsie rigoureuse qu’il était indispensable de réaliser avant d'aborder une telle étude, car on conçoit quel trouble dans les cultures et quelle incertitude dans les résultats apporterait une Bactérie commensale, se nourrissant elle-même de l’aliment offert à l’Algue étudiée. Rev. gén. de Botanique. — XIV. ‘ 144 4t# REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Enfin, parmi les espèces en petit nombre que, jusqu'à ce jour, on ait réussi à isoler et cultiver, le Stichococcus nous a paru être une des plus plastiques, et l’une de celles qui réagissent le mieux à l'action chimique du milieu. Il se développe abondamment dans les milieux les plus divers, à la lumière ou à l'obscurité, dans l'air humide ou dans l’eau, en surface ou en profondeur dans les milieux gélatinés, etc. Le Stichococcus étudié a été recueilli sur une écorce d’arbre, où il constituait, mélangé à d'autres Algues, une abondante poussière verte. Par des réensemencements successifs et par la méthode des plaques, nous sommes arrivés rapidement à l’isoler et à le cultiver purement. Le genre Stichococeus a été établi par Nägeli (1) pour une petite Algue verte rangée d’ abord dans le genre Protococcus (P. bacillaris Näg.), mais qui difière des Protococçus véritables par l’absence de toute formation de spores endogènes. Elle ne présente d'autre mode de multiplication qu’un cloisonnement transversal, avec disso- ciation plus ou moins rapide des cellules. L'espèce qui fait l’objet de notre étude est, sans aucun doute, le _ Stichococcus bacillaris Näg. var. major. Il correspond très sensible- ment à la description et aux figures que Nägeli a données du St. major, lequel, d’après Nägeli lui-même, n’est pas spécifiquement distinct du St. bacillaris. La fig. 2 (PI. 7) représente en a des individus provenant d’une - culture superficielle sur milieu solide, se rapprochant autant que possible des conditions naturelles ; en b sont des individus de même structure, mais un peu plus petits, provenant d’une colonie profonde en milieu gélatiné (eau pure additionnée de gélatine à 15 0/0). La forme normale de la cellule isolée de St. bacillaris est celle d’un bâtonnet cylindrique, en forme de boudin généralement rectiligne, parfois incurvé, d’une longueur variant de 10 à 15, mais d’une largeur remarquablement constante, 5 x (PI. 7, fig. 2). Sur milieux solides, on peut observer la disposition filamenteuse du Stichococcus : par croissance longitudinale et cloisonnement transversal, il se forme des filaments ; mais ceux-ci se morcellent (1) Nägeli. — Gattungen einzelliger Algen. Zürich, 1849. 46 #46 VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE bientôt par gélification de la lame médiane des cloisons trans- versales. Dans les préparations montées en milieu liquide, la disposition en chaine disparaît, les cellules s’isolent les unes des autres, el ce n’est qu’exceptionnellement qu’on retrouve deux individus encore accolés (fig. 2, a), la gélification de leur membrane cominune n'étant pas encore achevée. La cellule renferme en général un seul chloroleucite de couleur vert olive, allongé dans le même sens que la cellule, à contour tantôt régulier, tantôt plus ou moins anfractueux, selon la nature plus ou moins trabéculaire du cytoplasma voisin. Ce leucite est toujours aplati en forme de ruban et tapisse généralement la paroi de la cellule, Il n’a jamais. présenté, dans nos cultures, aucune différenciation interne ; en particulier, nous n'avons jamais observé trace d’un pyrénoïde, comme en figure Gay (1) dans trois espèces de Stichoroccus (St. dissectus, flaccidus, bacillaris) (2). (1) Gay. Recherches sur le développement et la classification de quelques. Algues vertes, fig. 96 à 108. Thèse de doctorat, Paris 1891. (2) Klercker (*}), adoptant la manière de voir de Gay, considère la présence d'un pyrénoïde comme constante dans tous les S{ichococcus : il fait même entrer ce caractère dans la 248 du génre : « ein einziges rundliches Pyrenoïd in der Mitte des Chloroplasten. r il convient d'observer que Nägeli ne signale pas, dans l’espèce type qu’il a e d’un: différencié comme un pyrénoïde, mais seulement chez les individus où le leucite est formé de deux moitiés symétriques D'autre part, le St. fragilis (— Arthrogonium fragile Braun) est nettement dépourvu de pyrénoïde, ainsi que cela résulte de la figure donnée par Gay. d’après des NE authentiques. tre, le Glæotila mucosa qu'a étudié Borzi (**) et ré aps tous les pes des Stichococcus est, lui aussi, dépourvu de pyrén D'ailleurs, pour le S£. bacillaris lui-même, Klercker nuté « que la structure du contenu cellulaire est la même que celle du S£. subtilis ; mais, quant au chloro- leucite, dit-il, il y a de grandes différences ; la couleur est mr plus pâle et le ME est tout à fail indistincl; ER il n’y à pas d’am De plus, Klebs (***), à propos des idées émises par Borzi sur (éd affinités des Hormidium et des Stichococcus, fait remarquer qu'il y a entre les deux groupes une différence assez marquée : sans être absolument affirmatif, car il n'avait pas (#} Klercker. — Ueber zwei Wasserformen von Stichococcus (Flora, t. 82, 1896, p. 98). (++) a 2 — Studi algologici 1, 1895. — Die Bedingungen der Fortpflanzung bei einigen Algen und x###; Kle Pilzen. léna, … p. 330. Li #6 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Culture pure du STICHOCOCGUS BACILLARIS Näg. Les méthodes de culture pure, dans des conditions d’asepsie rigoureuse, mont été appliquées aux Algues qu’à une époque toute récente ; encore ne réussissent-elles qu'avec un petit nombre d’Algues inférieures, surtout avec les Algues unicellulaires qui sont susceptibles de vivre dans l'air à la surface des substratums les plus divers. La culture aseptique des Algues est en effet rendue difficile, du moins pour celles qui ont une vie purement aquatique, par la pré- sence des innombrables Bactéries de l’eau ; celles-ci sont toujours entraînées par la membrane plus ou moins gélatineuse de l’Algue qu’on veut isoler, et ce sont elles qui très rapidement prennent le dessus dans les cultures. à sa disposition d'échantillons de Sfichococcus, Klebs croit pouvoir dire que « les cellules de Stichococcus ne possèdent pas de pyrénoïde. » Senn (****) insiste également, à propos de diverses Algues vertes inférieures, sur la caractère important que constitue, pour la systématique ” ces groupes mal . > pue e ou l’absence de pyrénoïde. Éta onnés ces faits, et attachant à la présence d'un élément tel que le Sa une importance plus grande qu’à des dimensions de cellules, qui, comme nous le verrons dans la suite, peuvent varier dans de larges limites avec les conditions de sf nous serions d’avis de considérer le genre Sfichococcus, défini ainsi que l’a fait Gay, comme comprenant deux Baoupes d’espèces différant par un caractère important de la structure cellulaire *--S4ohoeene à leucite muni de FERRER Fe St, diss D, — Stichococcus sans pyrénoide St. bacillaris avec ses ut Re St. fragilis. Le premier groupe présente de ee affinités avec les Uoihria, dont il a été détaché par Gay à cause de l'absence de spores endogènes; on pourrait peut-être considérer n quatre espèces a st renferme comme des Le stériles dérivant des Ulothri e deuxième gro de comprend des Stichococcus plus authentiques, sans qu’il soit d’ailleurs possible d'affirmer qu’on n’est pas là en présence de formes stériles . Se tres Algues d’un groupe différent. L'espèce sur laquelle nous avons expéri- nté appartient à ce dernier groupe. Nous la considérons, ainsi que nous raie dit plus haut, comme étant le Stichococcus bacillaris var. major Näg. : ne Senn. — Ueber einige coloniebildende einzetlige Algen. Bot. Zeïtung, 1? VARIATIONS DE, STRUCTURE D’UNE ALGUE a, À la vérité, la plupart des problèmes relatifs à la morphologie et au développement des Algues n’exigent nullement que la culture soit faite à l’abri des microorganismes, et tous les beaux travaux sur les Algues qui ont paru dans la seconde moitié du XIXe siècle montrent bien que, pour ces sortes de recherches, une telle condi- tion n’est pas indispensable. Mais lorsqu'il s’agit — comme c’est le cas pour le présent travail — d'étudier la structure des cellules dans des conditions parfaite- ment déterminées, et les variations que présente cette structure lorsqu'on fait varier ces conditions, il devient indispensable d’opé- rer sur des organismes cultivés purement. On ne saurait, en parti- culier, étudier l’action de l'aliment sur la cellule, si le milieu nutritif est envahi par des microorganismes (Bactéries ou Cham- pignons) qui se nourrissent eux-mêmes de ce milieu et en modifient constamment la composition. Nous verrons d’ailleurs plus loin un exemple très frappant de ce fait : l’action d’un sucre sur la cellule est annihilée du fait de la présence d’une bactérie ; celle-ci con- somme rapidement la totalité de la matière hydrocarbonée, et l’Algue, dont le développement est toujours très lent, n’a plus à sa disposition qu’un liquide non sucré. Seule, par conséquent, la méthode des cultures pures permet d'aborder certains problèmes de morphologie ou de physiologie relatifs aux Algues. C’est à Beyerinck (1) qu'on doit les premières tentatives, suivies de succès, de culture pure des Algues. I cultiva sur milieux gélatinés diverses espèces : Scenedesmus acutus, Chlorella vulgaris, Chlorosphaera limicola, Cystococcus humicola, ete. Depuis, cet auteur isola et cultiva deux formes de Stichococcus (St. major et St. bacil- laris) sans s'attacher d’ailleurs à leur étude microscopique (2). W. Krüger (3) a retiré, du suc s’écoulant à la surface d’un tronc de Populus alba deux Algues vertes du groupe des Protococcacées : Chlorella protothecoides et Chlorothecium saccharophilum. I a cultivé (4) Beyerinck : Kulturversuche mit Zoochlorellen, Lichenengonidien und anderen niederen Algen (Bot. Zeitung, 1890). — Bericht über meine Kulturen niederer Algen auf M Denae (Centr. f. Bakt. und Paras., t. XIII, 1893). erinck : Notiz über Pleurococcus vulgaris (Centr. für Bakt. u. Paras., 2 Abth., IV, 1898, p. 685). (3) Krüger : Daber zwei Gus are rein D Ales (Zopfs Bei- ). trâge z, Phys. u. Morph. nied. Org., ve pe REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE purement ces deux Algues et a étudié l’action de nombreux agents chimiques sur leur développement. Tout récemment enfin, Chodat et Grintzesco (1) d’une part, Radais (2) d'autre part, ont indiqué des dispositifs spéciaux en vue de faciliter la culture pure des Algues inférieures. CARACTÈRES MACROSCOPIQUES DES CULTURES Le Stichococcus bacillaris a pu être cultivé avec la plus grande facilité dans des conditions très variées, en superficie sur des tranches de Pomme de terre, de Carotte, de Navet, de Potiron, sur divers milieux gélatinés, dans des liquides contenant diverses substances inorganiques ou organiques, alimentaires ou toxiques, enfin à l’intérieur même de milieux rendus solides par addition de gélatine, c’est-à-dire dans des conditions qui s’éloignent particu- lièrement des conditions naturelles de végétation. Nous avons surtout porté notre attention sur les modifications qui apparaissent à l’intérieur des cellules du Stichococcus suivant les conditions dans lesquelles celles-ci se développent, mais le seul examen de l’aspect offert par les cultures nous indique déjà que la nature de l'aliment agit profondément sur l'organisme que nous avons en vue. Nous allons donc tout d’abord décrire les caractères macrosco- piques des différentes cultures, sans avoir la prétention de présen- ter ces observations comme une étude concernant la nutrition des Algues, notre point de vue résidant, nous le répétons, dans les varia- tions morphologiques subies par le protoplasma et le noyau quand la nature du milieu vient à être modifiée. Des différents modes de culture que nous avons employés, celui qui permet le mieux de comparer macroscopiquement le développement des colonies de l’Algue mise en présence des diverses substances alimentaires, est la culture en profondeur dans un milieu rendu solide par Faddition de gélatine ; aussi passerons-nous d’abord en revue les caractères . offerts par l'Algue dans ces conditions de végétation. (1) Chodat et Grintzesco : Sur les pos de culture pure des Algues vertes (Congrès intern..de Bot., Paris, 1900, p. (2) Radais : Sur la culture des Alques à Le de pureté (id., p. 163). 19 VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE +19: — A.— MILIEUX GÉLATINÉS La substance dont on veut étudier l’action sur l’Algue est dissoute dans de l’eau ordinaire, et à ce liquide on ajoute 15 "/ de gélatine ; on distribue ce mélange dans des tubes ordinaires de culture, de manière à ce que chaque tube en contienne une masse d’environ 4 em. de haut ; puis, la stérilisation étant effectuée, on opère les semis en versant dans chaque tube, avec une pipette stérilisée, alors que le milieu gélatiné encore tiède n’est pas solidifié, une goutte d’une culture antérieure convenablement diluée. On agite fortement le tube de manière à répartir uniformé- ment les individus de Stichococeus et on détermine la solidification _ rapide de la gélatine en refroidissant le tube sous un courant d’eau. On réparti ainsi d’une manière homogène dans les différents milieux de culture un nombre comparable d'individus. Au bout de quelques semaines on commence à observer, dans le milieu gélatiné, des colonies sphériques, et le développement de celles-ci est très accentué après plusieurs mois. Les observations que nous allons relater se rapportent à des cultures observées 10 mois après le semis ; les différences portent sur l'intensité de la multiplication (nombre et taille des colonies) ainsi que sur la couleur. Nous prendrons commé premier exemple les colonies de Stichococcus qui se sont développées dans de l’eau ordinaire géla- tinée, sans addition d’aucun aliment, et nous leur comparerons ensuite celles qui ont végété dans le même milieu additionné de diverses substances. Eau ordinaire gélatinée. — Les colonies sont réparties dans toute la masse et sont aussi nombreuses dans le fond du tube qu’à la sur- face de la gélatine ; leur taille va en décroissant très régulièrement de la surface au fond de la culture, leur diamètre mesurant environ 450 vers la surface, 80 vers le fond ; leur couleur, lorsqu'on les observe par réflexion, est d’un beau vert franc, correspondant à une teinte intermédiaire entre les teintes 3 et 5 de l’échelle des teintes (PI. 8, fig. 44). Le fait que les colonies sont plus volumineuses dans le haut de la culture est évidemment en rapport avec une diminution gra duelle de l'oxygène à mesure qu’on s'éloigne de la surface libre #01 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE du milieu gélatiné. Les deux observations suivantes en donnent, s’il en était besoin, une démonstration suffisante. Lorsque le milieu gélatiné se dessèche et vient à se fendiller ou à se détacher du tube, on observe un accroissement notable de toutes les colonies qui se trouvent au voisinage de la surface libre ainsi déterminée; d’autre part, si un tube vient à se contaminer accidentellement, si par exemple un Penicillium se développe à la surface de la gélatine, toute végétation de l’Algue est empêchée, le Champignon retenant l'oxygène pour sa propre consommation. Ce fait montre que si le Stichococcus n’a pas besoin pour se développer d’une grande quantité d'oxygène, il ne peut du moins vivre en anaérobie, ainsi que peut le faire, d’après les expériences de Beyerinck, le Chlorosphaera limicola. Glucose (PI. 8, fig. 43). — Si au milieu précédent on ajoute du glucose, par exemple 3 °/., les caractères présentés par les colonies de Stichococcus sont, au bout du même temps, tout différents. ‘Les colonies ne sont plus réparties dans toute la masse du milieu de culture et ne s'étendent en profondeur qu'à 1 em. environ de Ja surface libre ; leur diamètre est beaucoup plus considérable que: précédemment, variant de 200 & pour les plus profondes à {mmÿ pour celles qui ävoisinent la surface; dès maintenant ces deux faits, développement plus considérable des colonies et absence de tout développement dans le fond de la culture, semblent être en corrélation ; on comprend en effet que les grosses colonies de Ja zone superficielle utilisent peu à peu l’oxygène qui pénètre dans la gélatine et n’en laissent pas arriver dans une région un peu éloignée de la surface, empêchant ainsi l’Algue de se développer dans cette région ; nous aurons l’occasion de remarquer plus loin qu'il en est presque toujours ainsi, bien que dans quelques cas la nature du milieu paraisse avoir également une influence sur la profondeur à laquelle les colonies peuvent s’accroître. La couleur est aussi profondément modifiée ; les plus petites . colonies du fond cnt une teinte jaune d’or (teinte n° 1 de la fig. 44, PI. 8), les plus grosses sont d’un vert très fortement jaunâtre (teinte n° 2) ; le glucose affaiblit donc dans une forte mesure la teinte verte de la chlorophylle, même lorsqu'on observe l’Algue en masse : il produit un véritable étiolement. 2 | VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE Ar Dans l’eau gélatinée, aucune colonie voisine de la surface ne devient assez volumineuse pour faire hernie à la surface de la gélatine et se mettre en contact direct avec l'air ; il n’en est plus de même pour le glucose à 3 °/, gélatiné ; les colonies superficielles deviennent très grosses (PI. 8, fig. 41, a), et font saillie, enveloppées d'abord d’une mince couche du milieu gélatiné, dont elles se débar- rassent bientôt vers leur partie supérieure; au contact direct de l'air lé développement s’accélère, et on observe à la surface de Ja gélatine des colonies cylindriques, dont la teinte est d’abord d'un vert jaunâtre uniforme, semblable à celui des colonies incluses dans le milieu, mäis qui ne tardent pas à prendre dans leur partie terminale une teinte d’un vert plus franc, les individus superficiels se développant dans des conditions telles que la présence du glu- cose intervient de moins en moins; la partie basilaire seule de cette petite colonie, celle qui est en contact plus direct avec le milieu sucré. et qui s’accroît d’ailleurs plus rapidement, conserve sa couleur primitive. D'abord rectiligne et perpendiculaire à la surface de la gélatine, cette colonie externe s’infléchit du côté où la croissance est la moins considérable (fig. 41, b), sous l’action de forces diverses agissant inégalement des différents côtés (pesanteur, lumière...) et il n’est pas rare que lextrémité libre, se rapprochant de plus en plus de Ja surface du milieu de culture, ne prenne à nouveau contact avec ce milieu ; c’est ce qui est arrivé pour la colonie r de la figure 41, formant un arceau très net : elle a pris naissance en d'et son extrémité d’abord effilée e, mise en relation directe avec le glucose, s’est manifestement renflée ; en même temps la couleur verte de celte région s’est atténuée et celle-ci a pris la teinte jaunâtre caractéris- tique des colonies qui sont en contact immédiat avec le milieu sucré ; à partir du moment où l'arceau a été constitué, il a été constam- ment soulevé par une croissance intercalaire s'opérant surtout aux deux points d et f où la colonie est en contact avec la gélatine. Les caractères que nous venons d'observer pour les colonies développées dans une solution gélatinée de glucose à 3 °/ se retrouvent pour des cultures dans des milieux semblables, mais contenant des proportions différentes de glucose (1 2/0; 8%/0, 12/0). Chaque fois que du glucose se trouve dans un milieu nutritif, sa présence amène un développement intense et une coloration carac- D 122 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE téristique des colonies ; c’est ainsi que dans du jus de Potiron gélatiné on remarque la même intensité de croissance, les mêmes colonies superficielles, et par suite le même arrêt de développe- ment des colonies à une certaine profondeur, faute d'oxygène. Lévulose. — Dans tous les autres milieux gélatinés dont nous allons étudier l’action, la substance alimentaire qui remplace le glucose entre toujours dans la proportion de 3 °/,. Dans une solution gélatinée de lévulose le développement est bien moins considérable qu'avec le glucose ; le diamètre des colonies, qui s’étendent à une profondeur moyenne de 1 cm., est environ de 500 & pour les plus voisines de la surface et de 100 & pour les plus profondes ; rarement on observe des colonies se dégageant de la gélatine pour devenir externes, mais plusieurs sont fortement étalées sous une mince couche de gélatine. Ce qui rapproche le plus des précédentes les cultures en milieu lévulosé, c’est leur coloration vert jaunâtre ; dans les deux cas la chloro- phylle subit une réduction très apparente. Saccharose (PI. 8, fig. 42). — Les colonies s'étendent à À cm. 5 environ de la surface; celles qui sont superficielles s’étalent légè- rement, mais restent toujours incluses dans la gélatine; le diamètre _ varie, suivant la profondeur, de 250 y à 120 » ; leur couleur est d’un beau vert franc (teinte n° 5 de l’échelle 44, PI. 8). Maltose. — Cultures assez semblables aux précédentes, le dia- mètre variant de 150 y. à 100 w ; les colonies peuvent atteindre le fond du tube ; la teur est très voisine de celles des colonies qui se développent dans le saccharose. Lactose. — Les colonies sont réparties d’une manière très homogène dans toute la masse gélatinée ; les plus grosses, celles qui sont au voisinage de la surface. atteignant 200 u, les plus petites mesurant à peine 20 & ; pas de colonies étalées ; même teinte verte que pour les deux milieux précédents, mais légèrement plus foncée. Mannite. — Ici encore on observe des colonies uniformément réparties dans toute la masse de la gélatine ou tout au moins très profondément ; leur diamètre oscille entre 400 et 150 ; coloration d’un vert franc très foncé, presque noir pour les plus grosses colo- nies. : 208 VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE +233 Dextrine. — Les colonies, dont le diamètre varie entre 400 v et 80 x, n’atteignent jamais le fond de la culture, bien que leur taille ne soit pas plus considérable que celle des précédentes ; mais les colonies qui se trouvent près de la surface sont fortement étalées, quoique ne devenant jamais externes. La couleur est d’un vert gai {teinte n° 3 de la figure 44), plus jaune que le vert des colonies développées dans le saccharose, le maltose et la mannite, et se rapprochant en cela du vert présenté par V’Algue en milieu glucosé. _ Fécule. — Dans un empois de fécule vélatiné le développement est très homogène, les colonies étant réparties uniformément dans toute la masse, et leur diamètre oscille entre des limites très rap- prochées, de 100 x à 60 &; elles sont d’un beau vert franc très foncé rappelant la teinte que présente l’Algue dans l'eau ordinaire. Inuline. — Daus une solution gélatinée d'inuline à 3 9/0; les colonies ne se développent guère à plus de 2 cm. de profondeur, leur diamètre variant de 150 x à 100 y ; leur forme est assez parti- culière : au lieu d’être exactement sphériques, elles offrent un contour irrégulier tenant à ce que l’inuline s’est solidifiée en partie en constituant un grand nombre de petits sphérocristaux ; ce sont ces derniers (dans lesquels l’Algue ne peut pas se développer) qui donnent au contour des colonies un aspect déchiqueté. La couleur de l’Algue est d’un vert gai, tout à fait comparable à celui que nous avons signalé dans le cas de la dextrine (teinte n° 3 de la figure 44). Gomme. — Nous avons également semé l’Algue dans une solu tion de gomme arabique gélatinée: elle S'y développe assez bien; les colonies voisines de la surface mesurent 600% de diamètre, les plus profondes s’observent jusqu’à 2 cm. environ de la surface et n’ont que 200 x; elles sont d’un vert frane très légèrement jau- nâtre, se rapprochant de celui que nous avons signalé pour les cultures en milieu saccharosé. Glycérine. — Cette substance apparaît aussi comme étant un aliment, car on observe, au voisinage de la surface, d'assez grosses colonies de 400 w de diamètre environ; le développement a lieu jusque dans le fond du tube de calture où les plus petites colonies n’ont plus que 20 #: la couleur est d’un vert sombre [teinte n° 5 de la figure 44). L «à 12% REVUE GÉNÉR&LE DE BOTANIQUE Peptone. — Colonies développées uniformément dans toute la masse et mesurant de 150 & à 75. Couleur très ée d’un vert olive (teinte n° 4). Les caractères que nous venons de donner pour les cultures en milieux peptonisés sont ceux qui se rapportent à des tubes où le développement s’est montré homogène ; mais souvent nous avons observé que, du semis primitif ne subsistait, dans ces milieux, qu’un petit nombre d'individus, de 2 à 5 par exemple, qui donnaient alors naissance à de grosses colonies vert olive pouvant atteindre 1 mm. de diamètre. C’est un phénomène que nous retrouverous pour les milieux riches en sels minéraux et qui peut s'expliquer dans le cas présent par un fait accidentel tel que l'acidité du milieu. En outre de cette première série de cultures dans lesquelles l’eau ordinaire constituait le milieu de comparaison, nous avons employé comme liquide nutritif type celui dont la composition indiquée par Molisch est la suivante : Pau ee LT FE SEE POST Azotate de potassium . . . . . . 0,2 Phosphate De CHICEUNRS ER SE MERE 0,2 Sulfate de magnésium .: . . . . …. 0,2 SUMAIC A6 CHERE. er PEUR 0,2 Sulfate de fer. ., : : traces Ce milieu neutralisé par du éébôhais da calcium est comme précédemment gélatiné à 150/ eton y ajoute les différentes subs- tances dont nous venons d'examiner l’action. Les résultats sont tout à fait comparables à ceux que fournissent les cultures faites avec de l’eau ordinaire; la seule différence consiste en ce que le nombre des colonies se montre toujours sensiblement moins élevé dans les cultures faites dans le milieu de Molisch que dans l'eau ordinaire, comme si un plus petit nombre des individus ensemencés pouvaient s'adapter à ce milieu ; il en résulte par contre que les colonies sont plus volumineuses, Quant à leur cou- leur il n'existe pas de différence appréciable entre deux cultures comparables des deux séries. De ces observations faites sur les cultures en milieux gélatinés il résulte que l'intensité de la végétation et que la couleur des colonies sont assez variables suivant la nature de l'aliment. De æ . 205 VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 425 toutes les substances que nous avons employées, c’est le glucose qui se montre de beaucoup le plus favorable au développement du Stichococcus, qu’on le donne à l’état pur ou sous forme de jus de fruit tel que le jus de Potiron ; les colonies les plus grosses ont au bout du même temps un diamètre 10 fois plus considérable que dans l’eau gélatinée; puis viennent le lévulose dont l’action est semblable à celle du glucose, la dextrine et la gomme, la glycérine et la mannite, les saccharoses (saccharose, maltose, lactose), la peptone, enfin l'inuline et l’amidon dont l’action devient très peu apparente et avec lesquels le développement est de même ordre que dans l’eau ordinaire gélatinée. La couleur est également dans un rapport très net avec la nature de l’aliment ajouté à l’eau ; la teinte naturelle de l’Algue est très peu modifiée par les saccharoses, qui nous apparaissent dès maintenant comme ayant une action très faible ou nulle sur le Stichococcus ; la glycérine et la mannite modifient peu la couleur ; dans la peptone la teinte est d’un vert olive très spécial; dans la dextrine, l’inuline et l’amidon, l’Algue acquiert une couleur d’un vert bleuté, moins accentué pour la gomme ; enfin le glucose et le lévulose provoquent l'apparition d’une teinte vert jaunâtre, pouvant paraître complèlement jaune pour les petites colonies. Ces résultats se préciseront d’ailleurs par l'étude microscopique des cellules, qui seule pourra nous permettre de juger dans quelle mesure l'Algue réagit en présence des diverses substances nutritives qui lui sont fournies. Ces résultats concordent dans leur ensemble avec ceux qu'ont obtenus antérieurement pour d’autres Algues vertes unicellulaires Beyerinck (1) et Krüger (2); l'action très nette des glucoses sur l'intensité du développement et sur le changement de coloration des colonies semble un fait très général pour tous ces végétaux inférieurs. Quant au groupement des substances organiques rangées par ordre décroissant d’action sur le développement du Stichococcus. (4) Beyerinck : Culturversuche mit Zoochlorellen, Lichenengonidien...... (Bot. res XLVIII, 1890, p. 725). (2) W. Krüger : Beiträge zur Kentniss der Organismen des D MMAeRES der Frs Aile (Beitr. z. Phys. u. Morph. d. nied. Org. IV, 1894, p. CH 126 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE il se trouve être sensiblement: le même que celui qu’a és Krüger pour le Chlorella protothecoides. B. — MILIEUX SUPERFICIELS. Le Stichococcus bacillaris se développe avec la plus grande faci- lité à la surface des milieux les plus divers et les caractères que présentent les cultures varient également avec la nature chimique de ces milieux ; sur des morceaux de bois, sur des tranches de Pomme de terre, à la surface de milieux gélatinés, il forme des colonies pulvérulentes très comparables à celles qu’on observe dans la nature. Il se développe plus rapidement sur des substances plus riches en eau, telles que des tranches de Carotte ou de Navet, sur lesquelles il prend en huit jours un développement tout à fait comparable à celui qu’offrent les bactéries qui se multiplient le plus activement. Il présente alors une couleur vert sombre (Fig. 1 a, culture sur Navet) rappelant celle de l’Algue humide dans la nature ; le développement est d’autant plus abondant que l’humi- dité est plus considérable ; aussi la culture s’étale-t-elle beaucoup dans la région où la tranche de Navet émerge de l’eau qui se trouve dans le fond du tube ; c’est pour la même raison que l’Algue se multiplie activement dans les faisceaux vasculaires du Navet, qui se trouvent dès lors rendus très apparents par la coloration verte que leur communique le Stichococcus se développant à leur inté- rieur. La culture de l’Algue est encore plus rapide sur des tranches de Potiron, où elle présente les mêmes caractères généraux, exception faite de la teinte qui est beaucoup plus jaune (PI. 7, fig. 4, b) et rappelle celle que nous avons observée dans les milieux gélatinés contenant du glucose ; la cause est d’ailleurs la même, puisque le Potiron est très riche en sucre réducteur. C. — MILIEUX LIQUIDES. Nous avons également cultivé le Stichococcus dans des milieux liquides, constitués par de l’eau ordinaire à laquelle sont ajou- tées les différentes substances que nous avons déjà introduites dans les milieux gélatinés. L’Algue se développe au fond des tubes avec une intensité variable suivant la composition du liquide, intensité 207 VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE qu'on peut dans une certaine mesure apprécier par l'étendue de la colonie de Stichococcus. ï Le résultat le plus net est encore ici fourni par les solutions de glucose; que la solution soit faite à 1 0}, 3 04, 80/, ou 12°/, le développement de l’Algue est sensiblement le même et dépasse de beaucoup celui qu’on observe dans l’eau ordinaire, où ilest d’ailleurs assez faible, Dans le cas des cultures liquides il est très difficile de juger de la coloration vraie présentée par l’Algue, dont la teinte verte parait d'autant plus foncée que l'épaisseur du dépôt est plus considérable ; c’est ainsi qu’inversement à ce que nous avons observé dans les milieux gélatinés pour des colonies de diamètre compara- ble, le Stichococcus paraît beaucoup plus foncé dans les liquides additionnés de glucose que dans l’eau ordinaire; l'observation microscopique nous démontrera cependant que l’Algue subit tou- jours sous l’action du glucose une décoloration très marquée; nous ne tiendrons donc pas compte des indications fournies, au point de vue de la couleur, par les cultures en milieux liquides. Nous avons, dans le cas du glucose, vérifié par des analyses que ce sucre agit bien comme aliment et que, par suite, les modifications cytologiques que sa présence entraîne ne doivent pas être rapportés à une action purement physique. L'Algue a été ensemencée dans des ballons où avait été dis- tribuée en quantités égales une même solution de glucose; certains ballons restaient comme témoins et n’étaient pas ensemencés ; au bout de 5 mois le développement de l’Algue était abondant et on procédait au dosage du glucose. Alors qu’un ballon témoin contenait 3,71 gr. de sucre réducteur, l’un des ballons où le Stichococcus s'était développé n’en contenait plus que 3,43 gr. ; l’erreur dans le dosage par la liqueur de Fehling étant évaluée à son maximum, ces Chifires deviendraient pour le ballon témoin au minimum 3,63 gr. et pour la solution où a vécu l’Algue au maximum 3,50 gr. ; en supposant que toutes les causes d'erreur d’analyse aient été défavorables, il reste donc encore 0,13 gr. de glucose assimilé. Dans l’eau additionnée de lévulose à 3 °/, le développement est de même ordre que dans les solutions de glucose ; la dextrine, l’inuline et la glycérine donnent naissance à un dépôt sensiblement DH. 128- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE moindre que les solutions précédentes, mais encore un peu plus considérable que celui qu'on observe dans l’eau ordinaire ; pour tous les autres corps organiques dont nous avons indiqué l’action à propos des milieux gélatinés, le développement est tout à fait comparable à celui des cultures témoins; il semble même plus faible, presque nul dans le saccharose et la mannite. Les cultures faites dans de l’empois d’amidon à 3 °/. présen- tent un aspect tout particulier tenant à la nature physique du milieu ; dans l'empois d’abord homogène il s'effectue une superpo- sition de couches qui se répartissent par ordre de densités, l’ami- don se déposant au fond du tube, de l'eau absolument transparente se trouvant à la partie supérieure et ces deux zones étant séparées par une couche intermédiaire très aqueuse maïs blanchâtre ; c’est uniquement entre cette dernière couche et la zone inférieure que se développe l’Algue, sous forme d’une lame mince, verte, très régulière. C’est aussi vraisemblablement à la nature physique du milieu qu’il faut rapporter Faspect des cultures dans les solutions de gomme à 3°/3; au lieu d'observer un- dépôt régulier de l’Algue dans le fond du tube, la viscosité du milieu s’opposant à la réunion des différentes colonies, celles-ci restent beaucoup plus distinctes les unes des autres. Influence de la concentration sur le développement.— Nous avons, d’autre part, cherché à comparer le développement du Stichococcus en milieux liquides lorsqu'on vient à changer la concentration de la substance dont on étudie l’action ; nous avons par exemple semé l’Algue dans des solutions aqueuses de glucose à des degrés de dilution très différents ; nous avons dans ce cas, comme véhicule, pris de l’eau pure (eau distillée du commerce redistillée à nouveau dans un alambic de verre) et y avons ‘dissous 0,03 °,, 0,3 °,, 3° et 6 °/, de glucose pur. La solution la plus faible donne déjà un beau développement de PAlgue ; le Stichococcus se développe avec plus d'intensité dans la solution à 0,3 °/., sensiblement de la même façon dans la solu- tion à 3 °/. que dans la précédente; peut-être y a-t-il, avec la solution à 6 °/,, un léger affaiblissement dans la multiplication. Il est à remarquer ici que nous n'avons fourni directement à 2.0 Î VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 129 l'Algue aucun élément minéral ni organique azoté ; il lui a suffi à cet égard des traces de corps minéraux qui peuvent provenir du verre du tube, et des substances azotées apportées par le semis, contenues dans l’air ou dans les produits employés. Cultures dans des solutions purement minérales. — Inversement l’Algue peut-elle se développer dans un milieu ne contenant aucun aliment organique ? Nous en avons effectué des semis dans de l’eau chimiquement pure à laquelle nous avons ajouté l’un des sels suivants : azotate de potassium (0,06 °/c), azotate d'ammonium (0,05 /.), azotate de calcium (0,15 °/.), azotate de magnésium (0,15 °/0), phosphate acide de calcium (0,15 0/0). Un seul de ces liquides a donné naissance à un développement, d’ailleurs peu abondant, c’est l’azotate d’ammonium. Les sels. d’ammonium semblent donc constituer, dans les conditions de cul- ture que nous venons de rapporter, une source d’azote pour le Stichococeus, alors que les azotates ne sont pas utilisés ; Krüger a reconnu qu'il en était de même pour une des Algues vertes qu'il a étudiées à ce point de vue, le Chlorella protothecoides. Action de l'acide citrique. — Si à de l’eau pure on ajoute 0,003°0/ — 0,03 °/. — 0,3 °/ d'acide citrique, on constate que cet acide constitue un aliment pour l’Algue, mais à condition que la dose n’atteigne pas 0,03 °/.. Action nu sulfate de cuivre. — L'Algue se développe également dans des solutions très diluées de sulfate de cuivre ; le développe- ment est assez abondant dans des solutions à 0,0000005 o/, ou à 0,000005 °/:, très faible dans des solutions à 0,00005 °/, et nul à partir des solutions à 0,0005 °/, ; il est intéressant d'observer que l’Aleue, bien que ne se développant pas dans l’eau privée de toute substance chimique, se multiplie lorsqu'on ajoute à celle-ci une très faible quantité d’un corps qui, à une dose un peu plus forte (environ 0,01 °/.), empêche toute végétation dans un liquide nutritif. Action du chlorhydrate de quinine. — Un fait semblable se passe pour les sels de quinine ; dans l’eau chimiquement pure on n’ob- tient aucun développement pour une dose atteignant 0,01 °/, de chlorhydrate de quinine, mais l’Algue se multiplie quand le degré de concentration s’abaisse à 0,001 o/, ; à cette dernière dose l’acti- vité végétative est d’ailleurs très faible. Rev. gén. de Botanique. — XIV. 2/b 4-30- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE CULTURES A L'OBSCURITÉ En même temps que nous laissions l’Algue se développer à la lumière, nous avons placé dans l'obscurité complète une série de cultures comparables aux premières ; les tubes étaient maintenus à l'intérieur d’une boîte dont les parois ne laissaient pas passer de lumière et qui était elle-même placée dans une chambre noire. Nous avons vériüé qu’un papier photographique n’était pas impres- sionné au bout d’un séjour d’un mois dans la boîte. Dans ces conditions l’Algue se développe encore bien ; on observe cependant pour toutes les cultures, en milieux gélatinés comme en milieux liquides, une différence légère mais appréciable dans l’activité de la multiplication, différence qui est en faveur des Algues placées à la lumière ; ce fait se traduit par un nombre plus petit de colonies dans les milieux gélatinés el par un dépôt un peu moins abondant dans les liquices. De même la coloration éprouve des variations, assez légères à la vérité, mais correspondant tou- jours à une intensité moins grande pour les cultures abandonnées à l'obscurité. Cette production de la chlorophylle à l’obscurité complète n’est qu’un nouvel exemple venant s'ajouter à ceux que lon connaît chez les Algues et même chez les végétaux supérieurs (1); Bouilhac a constaté, dans des cultures d’un Nostoc, un verdissement de la plante à l’obscurité et a vérifié avec Etard (2) qu’on est en présence de la chlorophylle. Artari(3) de son côté a montré que des gonidies de Lichens (Chlorococcum Xanthoricae) sont également capables de verdir à l’obscurité ; enfin Radaïs (4) avec une culture pure du Chlorella vulgaris, a pu observer également le verdissement de cette Algue à l’abri de la lumière et montrer par des analyses spectro- scopiques qu’on est bien en présence d’une chlorophylle. (1) Flahault: Sur la présence de la matière verte dans les organes actuelle- ment soustraits à l'influence de la lumière (Bull. Soc. Bot. 1879, p. 249). D'Arbaumont : Simple note sur La production de la chlorophylle dans (arerité (Bull. soc. Bot. 1880, p. E tard et Bouilbac: Sur la proue de la chlorophylle dans un Nostoc cul- tivé à l'abri de la lumière (C.R., V, 1898). (3) Artari. Bull. Soc. imp. d. Le ur. de Moscou, 1899, p. 39. (4) Radaïis : Sur la culture pure d’une alque verte; formation de chlorophylle à l'obscurité (C. R., t. CXXX, :900, p. 793). (A suivre). ail ÉTUDE SUR LA PHOTOSYNTHÈSE ET SUR. L'ABSORPTION PAR LA FEUILLE VERTE : DES RAYONS DE DIFFÉRENTES LONGUEURS D'ONDE par M. André RICHTER /Fin.. Passons maintenant aux expériences. On voit clairement, d’après ce qui précède, comment elles étaient montées. Une feuille verte du Bambusa, dont lépaisseur et la surface ont été préalablement mesurées, est introduite dans une éprouvetté contenant un mélange de gaz d’une composition déter- minée; grâce à la forme aplatie de l’éprouvette, il est possible _ d'introduire de larges morceaux de feuilles dans un volume de gaz relativement petit, ce qui, naturellement, est très avantageux pour faire ressortir les résultats. Les éprouvettes contenant les feuilles sont placées derrière les milieux colorés; on arrête toute autre lu‘ re que celle qui traverse le milieu en recouvrant partiellement les Cprouvettes avec du clinquant. On fait l'analyse du gaz à l’aide de l'appareil de Doyère; la quantité de gaz carbonique décomposé est rapportée au mètre carré; on détermiue à part la quantité de gaz carbonique que la feuille exhale pendant l'expérience et qui entre, par conséquent, dans le bilan général. En faisant la correction ci-dessus, on obtient pour la quantité de gaz carbonique décomposé les chiffres suivants : Nature du milieu : Eau Bichromate Cuivre Permanganate 1000 49% 168 249 ou 100 34.4 | 48 Lorsqu'on compare ces nombres exprimant le travail constaté expérimentalement avec les chiffres du calcul théorique fait en supposant exact le théorème de Lommel, on est frappé du rappro- chement qui existe entre eux; il n’y a pas de doute que ces valeurs appartiennent à un même ordre de grandeur. Cette coïncidence 212 132 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE très rapprochée, obtenue par un procédé long et détourné, entre les chiffres expérimentaux et les chiffres théoriques n'indique pas encore, sans doute, que toute l’énergie absorbée donne, comme résultat, le travail d’assimilation ; les chifires que nous venons de calculer ne sont que relatifs. Mais nous avons bien le droit de dire que le travail produit par un rayon dans la feuille est propor- tionnel à l'énergie absorbée par cette feuille, indépendamment de l'endroit du spectre et de la longueur d’onde du rayon. Ainsi, la vérité du théorème de Lommel paraît très probable, quoique je le répète, la conclusion définitive ne puisse être fournie qu'avec le bolomètre, par la mesure directe de Loti qu’absorbe la feuillle verte. Expérience No 1 Durée totale, 5 heures. Soleil. Le 3/16 février 1899. Milieux colorés : le bichromate À | le liquide bleu (solution du sel double, de sulfate d'ammoniaque et de cuivre) — B. Mie A. Mélange gazeux : 28,83 cm. cubes. CO — 6,17 °/ OŸ — 18,94 °/, Après l’expérience : CO? — 0,0 °/, Où — 25,6 °/, Acide carbonique décomposé : 1,92 cm. cubes (déduit de la quantité de l'oxygène recueilli). La surface de la feuille de Bambusa : 24,84 cm. carrés, d’où : | un mètre carré décompose 773 cm. cubes de CO. Mau B. Mélange gazeux : 36,032 cm, cubes. CO — 6,172 O* — 18,94 °/, Après l’expérience : CO* — 2,6 °/, 0° — 2,50, 212 PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE 133 L’acide carbonique décomposé : 8, 29 cm. cubes. La surface de la feuille de Bambusa : 28,56 cm. carrés, d’où : un mètre carré décompose 432 cm. cubes de CO’. B'= 100: 59 La décomposition de l’acide carbonique a été trop petite dans le cas de l’écran À, la feuille ayant utilisé avant la fin de l'expérience tout l’acide présent. Pas de correction relative au gaz acide carbo- nique exalé par la feuille. Expérience N° 2 Durée de l'expérience : 6 h. 45. Ciel couvert. Milieux colorés : bicarbonate ... liquide bleu ... B. écran noir ....- Mélange gazeux : CO? — 22,23 °/o O0? — 15,37 °/o Muuieu A. Surface de la feuille : 29,64 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume total : 38,42 em. cubes, contient CO — 11,70 ° O0? — 25,06 °/, Acide carbonique décomposé : 10,53 °/, ou 4,5 cm. te Mueu B Surface de la feuille : 29,12 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume total : 32,83 cm. cubes, contient CO* — 18,95 °/0 O0? — 18,59 2/0 Acide carbonique décomposé : 3,28 °/, ou 1,08 cn. cubes. Écran C. Surface de la feuille : 50,4 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume total : contient CO? — 24,63 °J0 Acide carbonique produit : 2,40 °/, ou 0, 504 cm. cubes. 21,1 em. cubes, at 134- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE En rapportant au mètre carré, nous avons les chiffres : Milieu A. Milieu B. Écran C (respiration). 1366 371 d’où, corrigeant les quantités du protosynthèse, nous avons : A : B = 1466 : 471 = 100 : 32 Expérience :, La 72 Durée de l'expérience, en plein soleil, 4 h. 15’. A Milieux : bichromate ....... liquide bleu..:.... B étran noir ........ C Mélange gazeux : CO? — 47,81 °/, 0? — 10,71 °c) MiLieu A Surface de la feuille : 30,24 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume : 28,48 cm. cubes, contient C0O* — 27,07 °/ Acide carbonique décomposé : 20,74 °/, ou 5,91 cm. cubes. Mirrieu B Surface de la feuille : 26,4 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume : 30,57 cm. cubes, | contient CO? — 42,37 °/, Acide carbonique décomposé : 5,44 °/, ou 1,66 cm. cubes. ÉCRAN C Surface de la feuille : 65,7 em. carrés. Atmosphère confinée : ‘volume : 22,5 em. cubes, contient . CO? — 50,06 °/, Acide carbonique produit : 2,25 °/, ou 0,51 cm. cubes. En rapportant au mètre carré, nous avons les chiffres : Milieu A. Milieu B. Écran C, 1954 629 77 et, en corrigeant les quantités de photosynthèse, nous avons : : B — 2031:: 706 = 400 : 34. PHOTOSYNTHÈSE PAR LA FEUILLE VERTE Expérience N° 4 Durée : 5h. 30’. Ciel couvert. Milieux colorés : eau distillée.............,..4 A. permanganate (au 1/10 /).,.. C. Mélange gazeux : Co? — 47,81°/, O° — 10,71 °/, MiLtEU A Surface de la feuille : 23,7 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume, 24,64 cm. cubes, contient CO*° — 39,08 °/o Acide carbonique décomposé : 8,73 °/,, ou 2,45 cm. cubes. Mueu B Surface de la feuille : 21,17 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume 30,48 cm. cubes. contient CO? — 44,27°/, Acide carbonique décomposé : 3,54 °/., ou 1,08 em. cubes. Maueu C Surface de la feuille : 22,5 cm. carrés. Atmosphère confinée : 21,63 cm. cubes. contient CO? — 45,44°/.. Acide carbonique décomposé : 2, 37 °/o, ou 0,51 cm. cubes. Le mètre carré a décomposé : Milieu A Milieu B Milieu C ; : 221. A:B:C = 907 : 510 : 227 = 1000: 562 : 250. B : C = 100 : 45. Expérience N° 5 Durée : 3 h. 30’. Soleil, puis ciel couvert. Milieux colorés : bichromate...... A. liquide bleu..... B. écran noir....... C. VIS #35 ait REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Mélange gazeux : . - CO* — 38, 48 °/, MiLieu À Surface de la feuille : 14,82 cm. carrés. Atmosphère confinée : volume : 19,38 cm. cubes. contient CO* — 26,31 °/, Acide carbonique décomposé : 12,17 0/,, ou 2,359 cm. cubes. Miieu B Surface de la feuille : 15,12 em. carrés. Atmosphère confinée : volume : 18,73 cm. cubes. contient © CO? — 34,29 °/, Acide carbonique décomposé : 4,19 °/,, ou 0,786 cm. cubes. Écran C Surface de la feuille : 33,88 cm. carrés. RP confinée : 27,314 cm. cubes. contient : CO* — 39,12 07, Acide carbonique produit : 0,64 °/., ou 0,175 cm. cubes. En rapportant au mètre carré, nous avons les chiffres : MiLiEu À Mueu B Écran C 1592 520 D2 Et, en corrigeant les quantités du sr À : B = 1644 : 572 — 100 : 35 Expérience N° 6 Durée: 6 h. Temps couvert. Milieux : eau distillée; A., bichromate. B, permanganate. écran noir D. Mélange gazeux : CO* — 38, 48 °/.. Miuieu A. Surface de la feuille : 13,842 cm. carrés. copie confinée : 16,09 cm. cubes. CO* — 23,58 °/o. Acide carbonique décomposé : 44, 9 /,, ou 2,41 em. cubes. œ t, "2 17 PHOTOSYNTHESE PAR LA FEUILLE VERTE 137 Miuieu B. Surface de la feuille : 13,84 cm. carrés. Atmosphère confinée : 18,53 cm. cubes. CO*.— 32,120). Acide carbonique décomposé : 6, 16°/,, ou 1,141 cm. cubes. Mieu C. Surface de la feuille : 14,125 cm. carrés. Atmosphère confinée : 15,23 cm. cubes. CO? — 34,77 °/o. Acide carbonique décomposé : 3,71 °/., ou 0,565 cm. cubes. | Écran D. Surface de la feuille : 39,23 cm. carrés. Atmosphère confinée : 26,93 cm. cubes. CO? — 39, A9 0/0. Acide carboniqne produit : 0,61 c/o, ou 0,464 cm. cubes. En ds ae au mètre carré, nous avons les chiffres : — 1742. B. 825. Ô 400. 12 en corrigeant les quantités de pholosynthèse : B:C— 17877008. #7. 1000 : 490 : 248. 100 : 51 Expérience N° 7 Durée : 7 heures. Soleil ; parfois couvert. Milieux : eau distillée — A. bichromate — B. Mélange gazeux : CO° — 38, 48 °/o . | Miteu A. Surface de la feuille : 15,8 cm. carrés. Atmosphère confinée: 20.0 cm. cubes. CO* — 24,26 °/, Acide carbonique décomposé : 14,22 °/+, ou 2,844 em. cubes. ot +38 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Miuteu B. Surface de la feuille : 15,8 cm. carrés. Atmosphère confinée: 19,2 cm. cubes. CO* — 31,66 °/, Acide carbonique décomposé : 6,82 /,, ou 1,31 cm. cubes. Mieu C. Surface de la feuille : 42,5 cm. carrés. Atmosphère confinée: 14,4 cm. cubes. CO* — 36,39 o/, Acide carbonique décomposé : 2,09 °/, ou 0,3 cm. cubes. Ecran D. Surface de la feuille : 33,8 cm. carrés. Atmosphère confinée: 20,1 cm. cubes. CO? — 39,74 0}, Acide carbonique produit : 1,26 °/,, ou 0,254 cm. cubes. En rapportant au mètre carré: e- . A — 1800 B— 829 C— 240 D—. 75 D'où, en corrigeant, nous avons : :.6G =:4875 :. 904 : 315 1000 : 429 : 168 100: 35 (Laboratoire de Physiologie végétale de l'Université de Saint-Pétersbourg ). 217 ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION par M. Noël BERNARD (Suite). CHAPITRE IV ÉTUDE DE LA POMME DE TERRE J’ai été amené à l'étude de la Pomme de terre, comme à celle de la Ficaire, par l’étude des Ophrydées. Mon but essentiel sera ici de montrer que le mode de végétation de cette plante est entièrement comparable à celui des Ophrydées et qu’on trouve dans ce cas nouveau une infection normale de même type. La possibilité d’une telle comparaison m’amène à faire l'hypothèse que l'infection est une condition nécessaire à la formation des tubercules. Cette hypo- thèse m’a été surtout suggérée par des arguments de Biologie com- parée, les expériences que j'ai faites jusqu'ici concordent avec elle et elle me paraît d’autre part, grouper et coordonner d’une façon satisfaisante plusieurs faits antérieurement connus qui ne sont pas, pour le moment, coordonnés d’une autre manière. Ces raisons seulement m’engagent à oser, dès à présent, aborder une question dont la complexité m’est connue et que je n’espère résoudre défi- nitivement que par des expériences plus précises que celles que je rapporterai. La réalisation de semblables expériences offre de grandes difficultés que je n’espère surmonter qu'avec le temps. Je crois au moins ne pas faire une œuvre inutile en abordant à un point de vue nouveau l'étude d’une plante dont il nous importe particulièrement de bien connaître la vie. $ LE. — MODE DE VÉGÉTATION. La durée de la végétation est assez largement variable pour les diverses variétés de Pomme de terre, le mode général en esL le même pour toutes. Je prendrai ici pour exemple le développement 2.20 t40 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à partir des tubercules d’une variété hâtive, souvent cultivée pour l'obtention des tubercules de primeur, la variété « Marjolin ». Les faits que je veux mettre en évidence s’y présentent avec leur maximum de netteté. On peut distinguer dans la végétation deux périodes succes- sives comparables aux périodes que j'ai distinguées pour le déve- loppement d’une Ophrydée venue de tubercule : une période de dif- férenciation et une période de tubérisation. Période de différenciation. — Les tubercules récoltés pour la plantation ont une période de repos de quelques mois après laquelle la végétation reprend. Déjà dans les celliers aérés et éclairés où l’on garde ces tubercules sur des claies, leurs bourgeons se développent et se différencient, ils donnent des tiges renflées, longues de deux à trois centimètres ; les cultivateurs ont grand soin de laisser ce premier développement des bourgeons se faire normalement : la culture ne réussit bien que si l’on plante ces « tubercules germés »; la plantation peut se faire en pleine terre au début d'avril. Pendant une période de trente à quarante jours après la plantation, la diffé- renciation des bourgeons est à son maximum d'activité. Les tiges aériennes se développent, s’accroissent, donnent des feuilles nom- breuses, et parfois des bourgeons floraux distincts. Des bourgeons de second ordre nés sur les tiges dans leur partie inférieure souter- raine, évoluent en donnant des stolons grêles qui peuvent quelque- fois se redresser et sortir du sol en donnant des rameaux feuillés. De ces stolons et de la base des tiges principales sortent des racines grêles, abondamment ramifiées, qui s'étendent au loin dans le sol. Jusqu'ici il y a eu différenciation active et régulière, l’aliment qui arrive à tous les bourgeons de la plante étant rapidement assimilé. Période de tubérisation. — Un changement assez brusque se produit dans le cours de mai. Les bourgeons terminaux des jeunes stolons souterrains cessent de se différencier en tiges; ils s’hyper- trophient et forment des tubercules où est mis en réserve la plus grande partie de l’aliment qui afflue vers eux. La tuberculisation commence en même temps pour un nombre variable de jeunes bourgeons. Les bourgeons aériens, déjà hautement différenciés, sont à cette époque presque complètement arrêtés dans leur déve- loppement ; ils déploient encore les feuilles qu'ils avaient formées 27 | ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION et l'appareil aérien de s'accroît plus notablement ensuite. Il com- mencera à se faner dès la lin de juin. Cet arrêt de développement des bourgeons aériens se remärque d’une façon très nette par l'étude des bourgeons floraux. Quand ceux-ci ne. sont pas apparus au moment où la tuberculisation commence, il ne s’en forme pas par ‘ la suite, Le plus souvent s’il en existe ils se fanent et tombent sans mème s'épanouir; rarement il y a des fleurs, presque jamais la plante n’arrive à produire de fruits. L'analogie de ce cas avec celui des Ophrydées est assez claire pour que je n’y insiste pas. Les tubercules de Pomme de terre sont non des racines, mais de courtes tiges renflées à structure primaire, à parenchyme cortical et médullaire amylacé; cette différence morphologi m'importe peu : dans les deux cas les tubercules dérivent de bourgeons qui n’assimilent plus d'aliment qu'en faible quantité, font des réserves et cessent de se différencier en rameuux. Les deux périodes que je distingue sont caractérisées par deux modes d'évolution différents des jeunes bourgeons de la plante. Ici encore ce fait doit être attribué non à un changement d'état de certains bourgeons, mais à une modification générale de l’état de la plante dont la tuberculisation des bourgeons est le symptôme essentiel. Si au début de la première période on coupe le bourgeon principal, des bourgeons axillaires des feuilles de sa base se développent en rameaux feuillés. Au contraire si pendant la seconde période on coupe les jeunes tubercules, d’autres bourgeons de la base de la. tige se développent en tubercules nouveaux. Tous les jeunes bour- geons dans la seconde période peuvent évoluer en tubercules et cela arrive, bien que plüs rarement, pour les jeunes bourgeons de l’ap- pareil aérien de la plante comme pour les bourgeons souterrains. Chez les Ophrydées, une modification générale entièrement analogue se produit après l'infection des racines par un Fusariun ; j'ai recherché s’il y avait aussi chez la Pomme de terre une infection normale des racines précédant la tuberculisation. J'indique main- tenant comment se poursuit à ce point de vue la comparaison entre les deux cas. $ IL. — INFECTION NORMALE DES RACINES DE POMME DE TERRE Les faits que pour les Ophrydées j'ai eu à mettre en évidence et à utiliser sont les suivants : 29 +42- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 4.11 y a infection normale des racines par un Fusarium endo- phyte. ï > Les tubercules sont indemnes d'infection. - æ Il y a concordance de date entre la première infection des | racines et le début de la tubérisation. C’est successivement pour ces trois ordres de faits que je cher: cherai à établir une comparaison entre la Pomme de terre et les Ophrydées. 1° Infection des racines. — Je me suis procuré au mois de Juillet des pieds entiers de Pomme de terre portant de jeunes tubercules ; ces plantes provenaient de localités diverses et appartenaient à différentes variétés. Des racines de ces pieds ont été lavées à l’eau stérile puis abandonnées soit en boîtes de Pétri stérilisées, à l’humidilé, soit dans des tubes stériles bouchés au coton sur des morceaux de tourbe humide. À partir des racines de tous ces pieds (l'expérience a été faite pour 6) j'ai obtenu ainsi le développement d'un Fusarium présentant avec les endophytes d’Orchidées et de Ficaire la plus grande analogie (fig. 1 à 3). Je dirai de suite que ce Fusarium ne paraît pas différer du Fusarium Solani qui est depuis lougtemps connu comme contribuant à la pourriture des tubercules atteints de maladies diverses. à D'autre part les racines se montrent à l’examen microscopique pénétrées de mycélium dans leurs cellules corticales, Je m'en suis rendu compte en traitant comme j'ai dit des radicelles par l’hydrate de chloral com- biné au bleu d'’aniline et les examinant par trans- parence. L’infection est beaucoup plus comparable à celle de la Ficaire qu’à celle des Ophrydées. Les cellules corticales qui sont infestées sont irrégulière- . 38. + Début de l'infection dans les cellu- ment réparties dans l’é- les corticales moyennes d'une radicelle de : Pomme de terre ; grossi 340 fois. corce, elles ne forment pas de zone continue, elles sont plus abondantes en certains points des radicelles qu’en d’au- tres ; certaines radicelles en sont dépourvues. Les hyphes qui pénè- 2? 3 ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 143 trent dans les cellules se ramifient et peuvent former des pelotons très serrés. Souvent ils présentent des renflements en ampoules irrégulièrement disposés en chapelet (fig. 38). Je n'ai pas vu dans ce cas de masses de dégénérescence. Par le seul examen de radi- celles isolées, l'infection paraît en ce cas beaucoup moins impor- tance que chez les Ophrydées ; mais si l’on tient compte du nombre considérable des radicelles de Pomme de terre et de leur grand développement, on arrive à conclure que dans ce cas le développe- ment total de l’endophyte dans la plante est sans doute plus impor- tant que dans celui des Ophrydées, dont les racines charnues, courtes et simples, sont infestées en chaque point d’une façon plus régulière et plus apparente. Ainsi, pour les pieds que j'ai étudiés, il y a bien infection des racines pendant la période de tubérisation, et, ici comme chez la Ficaire, l’endophyte est un champignon manifestement très voisin des endophytes d’Orchidées. La recherche de l'infection par les méthodes que j'ai dites est assez délicate et longue pour que je n’aie pas pu espérer établir simplement par une statistique beaucoup plus étendue que cette infection est normale. À priori, il peut y avoir sur ce point, dans le cas de la Pomme de terre, plus de doute que dans tout autre : il s’agit d’une plante cul- tivée, qu’on change sans cesse de sol; on ne peut guère admettre que tous les sols dans lesquels on la cultive sont infestés d'un même champignon. Ce qui me porte à croire que linfection est normale, c’est que : le Fusarium endophyte des racines existe nor- malement à la surface des tubercules sains ; il est transporté par ceux qui servent à la plantation et contamine le terrain où se fait la culture. C’est ce que j'ai déduit des expériences qui suivent. Des tubercules de diverses variétés (Marjolin, Richter imperator, Négresse, Saucisse), ont été lavés assez longuement à l’eau cou- rante pour bien mouiller leur surface, et.traités pendant quelques minutes par le sublimé à 1/100 pour détruire les germes super- ficiels accidentels. Après plusieurs lavages à l’eau stérilisée, ces tubercules ont été abandonnés dans des tubes stériles bouchés au coton, à l'humidité; souvent, j'ai dû opérer ainsi sur des moitiés de tubercules ou sur des fragments superficiels. Après quelques jours, du mycélium se développe en certains points de la sur- face des tubercules ainsi traités, formant des îlots isolés les uns 294 #4t— REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE des autres ; le mycélium prélevé en ces divers points est reporté dans des tubes ordinaires de culture sur Pomme de terre stérilisée où il continue à se développer. J’ai opéré sur 70 tubercules ou frag- ments de tubercules dont j'ai fait ainsi la flore mycologique. Les champignons obtenus appartiennent presque exclusivement à deux formes connues : le Fusarium Solani et le Spicaria Solani. Rare- ment j'ai obtenu d’autres Mucédinées qui pouvaient être consi- dérées comme des impuretés. Le Fusarium et le Spicaria s’ob- tiennent à partir de presque tous les tubercules. Pour une dizaine des fragments de tubercules traités, je n'ai isolé que le Spicaria des cultures, sans avoir pu trouver de Fusarium ; à ne considérer que ce résultat brut, il y aurait à conclure que le Fusarium Solani existe sur les tubercules dans 6 cas sur 7 ; mais comme d’une part je n’ai cpéré souvent que sur des fragments de tubercules, et que d’autre part le traitement préalable au sublimé a pu détruire le Fusarium dans quelques cas, il est entièrement vraisemblable que sa présence sur les tubercules est d’une fréquence plus grande encore. d L'extrème fréquence du Fusarium Solani sur les tubercules sains explique la présence presque constante de ce champignon dans les cas de maladies des tubercules. Régulièrement il contribue à la destruction des tubercules atteints de pourriture sèche ou humide ; il se comporte alors comme un parasite banal, et se développe sur les tubercules avariés, sans paraître Lee. le parasite spécifique d'aucune de leurs maladies. Ce Fusarium vit facilement en saprophyté sur des milieux de culture très divers. Je l’ai cultivé dans de larges tubes contenant du fumier de ferme stérilisé : il contamine ce fumier rapidement et dans toute‘la masse. Il est ici à remarquer que, fréquemment, pour la culture des Pommes de terre on utilise le fumier en le répar- tissant par portions égales autour de chaque tubercule semence. Cette méthode que recommandait déjà Parmentier (1), est évidem- ment très favorable à la propagation du mycélium apporté par le tubercule. Mais il me paraît évident, quelque méthode qu’on emploie, que lorsqu'on plante des Pommes de terre un champ con- venablement fumé, le Fusarium Solani s'y trouve ensemencé assez 4) Traité sur la culture et les usages des Pommes de terre, de la Patate el du Topinambour (Paris, 1789). 225 145 ÉTUDES SUR: LA TUBÉRISATION largement pour que l'infection des racines puisse régulièrement se produire. Les raisons que je viens de dire m’amènent à penser que pour les Pommes de terre l'infection des racines par le Fusarium Solani est un fait aussi fréquent que la production de tubercules (4). 2 Non infection du parenchyme des tubercules. — Les tubercules qui transportent le Fusarium Solani paraissent cependant être indemnes d'infection tout autant que les tubercules d’Ophrydées. Si l’on prélève aseptiquement des fragments de parenchyme vivant et qu’on les abandonne dans des tubes stériles à l'humidité, aucun développement de Fusarium ne s’y constate en général; or si l’on ensemence sur ces fragments vivants et stériles de tubercules des spores de Fusarium Solani, ce champignon s’y développe, bien que mal et pauvrement. 1! n'existe donc pas normalement dans le paren- chyme des tubercules, qui paraît un milieu aseptique. J'ai ainsi gardés aseptiques pendant plusièéurs mois des fragments importants de parenchyme de Pommes de terre nouvelles; én opérant sur des _ tubercules gardés” en cave depuis plus d’un an, , je n’ai eu que rare- (4). Je rappelle ici ce que j'ai dit, dans l'introduction de ce travail, sur la diffi- cuité qu’il y a d’homologuer ou de différencier d’après leurs formes imparfailes les Fusarium endophytes. Ici, aussi bien par l'examen macroscopique des cultures que par l’examen microscopique, je n'ai pas vu de différence essentielle à établir entre les Fusarium obtenus de tubercules et ceux qui proviennent de racines. Cependant les différences d'ordre secondaire, telles que celles de ET arium obtenu des variations de rendement nr bien avec les Fusarium venant de tuber- cules qu'avec ceux extraits de racin Sans aborder, pour le moment, nr nombreuses questions mycologiques qui se posent ici, je dirai seulement un mo caria i en culture sans passer de l’une à l'autre, D'après Reinke et Berthold (Die Zersetzung der Kartoffel durch Pilze, Berlin 1879), le Fusariwm Solani est une forme imparfaite d’un Hypomyces, le Spicaria Solani, une forme imparfaile d’un Nectria. Ces deux formes ascosporées, bien que voisines, sont distinctes. A partir de racines, j'ai obtenu une seule fois un Spicaria, cette forme ne doit donc pas appartenir à l’endophyte normal. Une expérience que j'ai laite, sur le type de celles que jé donne plus loin, en contaminant largement le sol avec le Spicaria Solani, ne m'a montré aucune augmentation de précocité comparable à celle que l'infection par le Fusarium Solani produit. o Rev. gén. de Botanique, — XIV. 45 2% #46. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ment un développement de Fusarium (1). Dans un but différent du mien, Matruchot et Molliard (2) ont ainsi préparé des tubes de culture avec du parenchyme vivant de Pomme de terre, qui restait aseptique. Je pense que, pendant la période de repos des tubercules, le Fusarium Solani reste enkysté à l’état de filaments ou de spores dans les assises subéreuses externes, formées de cellules mortes ou pleines d'air. Dans ces assises de cellules on voit assez fréquemment des filaments mycéliens bruns qui sont sans doute une forme de repos du Fusarium (3). Cette localisation expliquerait au moins que le champignon résistât aux lavages par le sublimé, l’antiseptique ne pénétrant pas les cellules subéreuses gonflées d'air. Quoi qu’il en puisse être, la présence du Fusarium sur les tuber- cules est certaine, et il ne pénètre pas normalement leur masse, ce qui m’amène à la conclusion que, dans ce cas comme dans celui des . Ophrydées, les tubereules sont, physiologiquement, indemnes. Dans ce cas comme dans celui des Qnhegdés, j'attache une grande importance à ce fait. Il a pour con$Séquence que, au moins au début de la période de différenciation, quand les bourgeons s’ac- croissent aux dépens des réserves du tubercule, la plante qui n’a pas encore de racines n’est infestée, au point de vue physiologique, en aucune de ses parties. 30 Rapport entre la date de l'infection et celle de la tubérisation. — Chez les Ophrydées l'infection se produit aussitôt après la sortie des racines, elle est facilement constatable, de suite le jeune tubercule commence à se former ; il y a un rapport précis et facilement appréciable entre la date de l’infection et celle de la tubérisation. {1} Je me suis servi de tubes de verre ouverts aux deux bouts, flambés au four, dont une des extrémités à laquelle on à conservè un calibre moindre qu’à l’autre peut servir directement “sante te-pièce al détacher un petit cylindre de paren- hyme dans un tuberculte fendu. On ferme à la lampe ensuite cette extrémité, ro reste bouchée au +00 on introduit de l’eau stérile avec une pipette’ (2) Sur la culture pure du si ha mriahe infestans, agent de la maladie de la Me de terre (Bull. Soc. mycol. t. XVD. { mpignon appelé par e Kûhn Rhizoctonia Solani forme souvent à la surface des Faber cules des sclérotes brunâtres. En culture sur carotte ou pomme clérotes ba rement cylindriques que j'ai es plusieurs fois et dont je parl Re 227 ÉTUDES SUR LA TUBÉRIS ATION +47 Ce rapport, dans le cas de la Pomme de terre, est moins facile à apprécier. D'après ce que j'ai dit jusqu'ici, il n'y a pas infection de la plante au début de la période de différenciation, il y a normale- ment infection au cours de la période de tubérisation, mais on ne peut guère fixer une date précise d’infection surtout à cause de difficultés matérielles, je ferai seulement quelques remarques à ce sujet. Les racines des Ophrydées restent simples et courtes, elles s'éloi- gnent peu du tubercule, leur développement est très lent, l’infec- tion atteint très régulièrement les assises moyennes de l'écorce. Les racines de Pomme de terre sont très longues, grêles, abondam- ment ramifiées, leur développement est très rapide, elles croissent dans le sol en tous sens en s’éloignant du tubercule semence ; . l'infection y est bien plus irrégulière, manifestement elles ne sont pas atteintes par l’endophyte toutes à la fois. Le Fusarium apporté par le tubercule doit les atteindre peu à peu à mesure qu'il s'étend de plus en plus loin dans le sol. On ne peut pas chercher de con- cordance exacte entre la date de sortie des racines et la date d’infec- tion. L’infection doit devenir progressivement de plus en plus importante vers la fin de la première période jusqu’au moment où la tuberculisation commence. Il y a donc ici dans l’infection, selon toute vraisemblance, une certaine irrégularité ; de suite il est à remarquer que le mode de végétation de la Pomme de terre est moins régulier que celui des Ophrydées. « La récolte des Pommes de terre, dit Couturier, est sans contredit une des plus attrayantes.. L’atlention y est continuellement tendue : on marche à la découverte, car on se trouve dans l’inconnu. À chaque coup de crochet donné, on met à l'air un produit plus ou moins important par son abondance ou par Sa beauté. Tantôt c’est un succès exceptionnel, tantôt c’est une complète déception. » (1) Si, dans le cas de la Pomme de terre comme dans celui des Ophrydées, l'infection a bien un rapport avec la tubérisation, il est présumable que c’est à l’irrégularité plus grande de l'infection qu’est due la variabilité du mode de végétation plus considérable dans le premier cas que dans le second. Par les expériences que (14) Agriculture moderne, 1896. av +48- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE j'ai entreprises et que je vais rapporter, j’ai voulu savoir s’il en était bien ainsi et si en assurant une infection plus précoce et plus régulière des racines de Pomme de terre, on rendait plus réguliers la précocité et le rendement qui sont, dans les conditions ordinaires de la culture, assez largement variables. $ ILE. — CULTURES EXPÉRIMENTALES, Les cultures que j'ai réalisées ont le même principe général, j'indique tout d’abord ce qui leur est commun. Je me suis servi pour la plantation de tubercules de la variété «Marjolin ». Cette variété hâtive a l’avantage de se prêter à des expé- riences dont la durée est courte. Les tubercules employées prove- naient de la maison Vilmorin. Suivant l’époque de la plantation les bourgeons en étaient plus ou moins développés, ce qui expli- quera la durée un peu variable des expériences. Dans chaque expé- rience tous les tubercules plantés étaient aussi comparables que possible, à bourgeons également développés. Les cultures ont été faites soit en pots séparés, en serre tem- pérée, dans du sable siliceux fin et homogène provenant de la forêt de Fontainebleau (Exp. 1 et II); soit en pleine terre, à Fontai- nebleau même, dans un sol sablonneux homogène qui n’avait pas été récemment fumé et où il n’avait jamais été cultivé de Pommes de terre. (Exp. I et IV). Dans chaque expérience les tubercules ont été répartis en deux lots égaux plantés comme suit : Premier lot (infesté expérimentalement). — Une contamination précoce et régulière des racines par te Fusarium Solani a été assurée : j'ai placé pour cela au moment de la plantation, autour de la base du bourgeon d’où devaient sortir les racines, du mycélium abon- damment développé en Culture pure. Dans les expériences I et IT je me suis servi de mycélium prélevé par raclage à la surface de fragments de Pomme de terre stérilisés, sur lesquels la culture pure avait été faite. Dans les expériences III et IV, le F usarium à été cultivé dans de larges tubes contenant du fumier de ferme consommé, stérilisé. Le contenu d’un tube est placé autour de chaque tubercule. On introduit ainsi un seul microorganisme et une quantité minime de fumier (8 à 40 grammes par sir réunie au même point. 227 149 ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION Deuxième Lot (non infesté expérimentalement). — Aucun micro- organisme n’est ajouté à ceux que transporte le tubercule. La contamination doit se produire plus tard et plus irrégulièrement par suite seulement du développement des germes que chaque tubercule apporte. Dans les expériences I et IL, la culture est faite en sable siliceux, milieu évidemment peu favorable à une rapide propagation du mycélium. Dans les expériences HIT et IV, le sol étant moins pauvre, la contamination peut se faire plus facilement, mais moins vite et moins régulièrement cependant que dans le cas où les racines trouvent dès le début de leur développement un sol largement contaminé. Dans ces deux dernières expériences, une quantité de fumier stérilisé égale à celle introduite avec le Fusarium pour le premier lot, est répartie dans le terrain où se fait la culture, mais non placée autour des tubercules (1). A part la condition de l'infection, il n’y a donc de différence entre les deux lots que pour la répartition d’une très minime quantité de fumier. J'ai réalisé ainsi, toutes choses sensiblement égales d’ailleurs dans chaque cas : Un premier lot à contamination précoce et régulière ; Un second lot à contamination plus tardive et irrégulière. La récolte a été faite soit au premier moment de l'apparition des tubercules (on en juge à l’aspect extérieur par l’apparition des bourgeons floraux sur là plupart des pieds), c’est le cas de l’expé- rience 1, soit un peu plus tard (Exp. IT et III), soit au moment où les tubercules sont habituellement récoltés pour être vendus comme primeurs, c’est le cas de l'expérience IV. Voici la statistique des diverses expériences : ExPÉRIENCE I 4 décembre 1900 à 3 février 1901. Deux lots de 5 tubereules chacun (2); culture en pots séparés, dans qi Si l’on prb an autour des tubercules du fumier séries on créerait r là même milieu éminemment favorable à la propagation des germes int de vue de infection, dans fait que les tubercules ne sont pas aseptiques, rend absolume dans les reel choisis pi j'ai dit, le Fusarium Solani n'existait pas, au moin abondam (21 Hui it tu ibercules pour chaque lot avaient été plantés. Au moment de la récolte, trois dans chaque lot n’avaient encore développé aucun des bourgeons de leur base ; ils ne donnaient de renseignement M aucun sens; je n’ai pas tenir compte dans Ja statistique. 230 459- REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE du sable siliceux. L’infection du premier lot est assurée par du mycé- ium pur, obtenu à partir de racines de pieds tuberculeux de la même variété ; le sol ne contient donc aucun engrais. Les bourgeons des tubercules sont peu développés au moment de la plantation. L’expé- rience est faite en serre tempérée, la récolte effectuée au moment de l'apparition des premiers tubercules. Au moment de la récolte, le développement des tiges principales est comparable dans les deux lots, elles ont de 5o à 8o cent. de haut, presque toutes portent des bourgeons floraux. Toutes ont des pousses de second ordre se développant à leur base sous terre, soit en stolons grêles, soit en tubercules. On fait le compte des pousses de chaque catégorie pour chaque pied. Le résultat d'ensemble est le suivant : PREMIER LOT DEUXIÈME LOT Infection régulière pain irrégulière et précoce ardive Nombre total des pousses à bourgeon tuberculisé Nombre total des pousses développées en stolons dis : FRE At Dans le premier lot, tous les pieds portent des tubercules. Ces tubercules, à l'exception de deux, sont immédiatement appliqués contre la tige principale : l’évolution des bourgeons en tubercules s’est donc produite dès le début de leur développement. Les trois pousses portées comme stériles sont des pousses très courtes dont l'état est douteux. La tubérisation a été précoce et régulière. Dans le second lot, tous les pieds portent des stolons grêles atteignant jusqu’à 10 centimètres de long. Deux pieds seulement ont de petits tubercules formés tardivement à l’extrémité de stolons grêles ayant 4 à 5 centimètres de long. La tubérisation a été faible, tardive et irrégulière. Le poids des récoltes des deux lots, à ce moment, est sans intérêt, j'ai négligé de le prendre. Il aurait été presque nul dans le second lot, le plus gros des quatre tubercules ne dépassant pas 1 centimètre de plus grand diamètre, et beaucoup plus grand dans le premier, le plus gros des tubercules formés atteignant 55 milli- mètres de long. EXPÉRIENCE II 23 octobre 1900 à 2 février 1901, Deux lots de 6 tubercules chacun, expérience exactement de même typé que la précédente, mais de plus longue durée, La statistique comparäble est la suivante : 28) ÉTUDES SUR LA TUBEÉRISATION PREMIER LOT DEUXIÈME LOT Infection régulière Infection irrégulière et précoce et tardive Nombre total de pousses à bourgeon tuberculisé . . . . 15 7 Nombre total de pousses développées en stolons grêles . , 2 10 Tous les pieds du premier lot portent des tubercules qui, à l'exception. de 3, sont appliqués contre la tige principale. Dans le deuxième lot trois pieds sur 6 seulement portent des tubercules, qui sont également appliqués contre la tige. La plus longue durée de l'expérience (101 jours au lieu de 60) explique suffisamment que la différence entre les deux lots soit moins marquée que pour l'expérience I, les chances de contami- nation devenant avec le temps plus grandes pour le second lot. De ces deux expériences je déduis que la formation des tuber- cules est plus précoce et plus régulière pour les plantes précocé- ment et régulièrement infestées. Il n’est pas douteux que, si l’on laisse de telles expériences se poursuivre plus longtemps (1), les plantes du second lot finiront par se contaminer plus régulière- ment. Il est clair aussi que dans ces conditions très voisines de celles de la culture ordinaire, elles finiront par donner des tubercules. Cependant il pourra persister, pendant quelque temps au moins, des difléreuces appréciables par le nombre ou la grosseur des tubercules. Les expériences qui suivent ont été entre- prises pour constater s’il existait bien des différences de cette nature et de quél ordre elles étaient à des stades plus avancés du développement. La statistique de ces expériences porte donc sur le nombre et le poids des tubercules. Expérience III 29 avril 1900 au 2 août 1900. Deux lots de 12 tubercules. Culture en pleine terre. L’infectiôn du premier lot est assurée par du fumier contaminé avec un Fusarium de même origine que dans lexpérience I Les tubercules plantés ont les bourgeons moyennement développés. Les tubercules produits dans (1) On remarquera que la durée des dernières expériences n’est pas sensible- ment plus grande que la durée des premières. A cette saison plus avancée, les bourgeons des tubercules qu'on plante sont notablement développés, la végétation a donc en réalité commencé, sans infection, bien avant l’époque de la plantation. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 93F. 2 chaque lot sont récoltés séparément, comptés et pesés. Le résultat d'ensemble est le suivant : REMIER LOT DEUXIÈME LOT Infection régulière Infection irrégulière et précoce et tardive Nombre total de tubercules . . . . . 81 69 Poids total de la récolte . . 1. 871 gr. 360 gr. Les tubercutes des deux lots sont encore d'assez petite taille, mais beaucoup plus pour le second (poids moyen 5 gr. 2) que pour le premier (poids moyen 10 gr. 8).. Ce qui vraisemblablement indique que la précocité a été plus grande pour le premier lot que pour le second. EXPÉRIENCE IV 28 avril 1900 au 4 août 1900. Deux lots de 40 tubercules, Conditions générales comparables à celles de l’expérience précédente, avec les deux différences suivantes : les tubercules employés ont des bourgeons bien développés à la lumière, le Fusarium servant à la contamination provient de tubercules de la même variété et non de racines (forme à mycélium abondant en culture et spores en Fusarium rares). La statistique comparable est la suivante. PREMIER LOT DEUXIÈME LO Infection régulière Infection irrégulière Nombre total de tubercules , , . | 368 273 Poids total de la récolte . , . . , 6.650 gr. 5.260 gr. La récolte est faite ici au moment où les tubercüles, bien déve-.… loppés, sont vendables comme primeurs. Le nombre de tubercules, comme dans toutes les expériences précédentes, est plus grand pour le premier lot que pour le second. Mais il est à remarquer que la grosseur moyenne des tubercules est sensiblement la même (poids moyen d’un tubercule : premier lot 48 gr., second lot 19 gr.) Ce-résultat est facile à interpréter si on le compare à ceux des expériences précédentes,voici comment je le comprends : les tuber- cules pour les pieds du deuxième lot apparaissent plus tard (Exp. l), sont moins nombreux et d’abord plus petits (Exp. HD). Dans la suite, les plantes du second lot ayant formé moins de tubercules, l'aliment qui arrive à chacun est proportionnellement plus consi- dérable, ils grossissent plus vite que ceux plus nombreux du pre mier lot ; la différence de poids qui se constatait au début doit * “ 233 ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 153 s’atténuer. On remarquera qu'il y a encore pour le premier lot une augmentation du rendement en poids, qui est de environ 1/4. Cette différence s’atténuerait sans doute encore par la suite, si on laissait les tubercules arriver à complète maturité. En récoltant les tubercules, il était facile de s’apercevoir que la diminution de leur nombre pour le second lot était bien due à ce qu'un certain nombre de bourgeons s'étaient développés en stolons stériles (1). Les plantes du second lot ont plus souvent des stolons complè- tementstériles que celles du premier; pour beaucoup les tubercules se sont développés à l’extrémité de stolons grêles plus ou moins allongés. Les plantes de ce second lot sont, comme disent les agri- culteurs, plus coureuses et moins fertiles que celles du premier. Il y a entre les plantes des deux lots une différence de port facilement appréciable lors de l’arrachage (2). (1) J'ai fait avec soin « statistique à ce point de vue de la A M relative des deux modes d’évolution des bourg _ ‘pour deux lignes de 10 tubercules : chacune, prises dans l'un et l’au se FRE “th er pereur a de mieu apprécier les causes de la différenc .e ‘tiens mpte du nombre de tubercules développés précoc nes tte contre la tige D EInEpaté { iubaretés non pédi- culés) comparé à celui des tubercules a us lardivement à l’extremité de stolons grêles antérieurement formés (tubercules pédiculés). : NOMBRE DE OT SERRES, On NE ERP des CRD ERA idieulés | Tubercul sm stériles | Tubercules bot rer ésreignalnes pédiculés (précoces) Premier lot . . . . 7 99 34 65 Deuxième lot . . 22 66 33 33 (2) Un point est à préciser ici : l'augmentation de précocité est un résultat de ces expériences que l’idée que je dé éveloppe amenait à prévoir. mais il n’en est pas me pour l’augme ion du rendement en poi priori il n’y aurait pas effet être préjuticiae au développement de l'appareil aérien qui, ne, il = el A l'un et RMS a y a ici un augmentation dn rende resse à peu uniquement parce qu’elle 1e résultat d’une tubérisation plus précoce à régulière. Mais il est parfaitement Ronan qu’une semblab 4 augmentation ne se produise pas pour des variéiés tardives qu'on récolle a nm la question tee e du rendement des pommes de terre. Entre, je suis con- 8 s Ca sé e moment, je ne puis abo L\ Tige REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les conclusions que je tire de ces expériences sont en résumé les suivantes : l'infection plus réqulière et plus précoce entraîne une tubérisation plus précoce et plus régulière. Pour les pieds régulièrement infestés, le nombre des bourgeons qui se tuberculisent est plus grand. Au plus grand nombre de tubercules correspond, en ce cas, un plus grand rendement en poids. La différence à ce point de vue, bien marquée tout d’abord, s’atténue par la suite, la croissance des tubercules étant plus lente sur les pieds qui en portent le plus grand nombre. Les faits généraux sur lesquels je m’appuie pour comparer les Ophrydées et la Pomme de terre étant maintenant établis, je m'attacherai à montrer qu’on trouve des motifs nouveaux pour rapprocher ces plantes dans l'étude des conditions de leur culture ou de leur acclimatation. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1909 (Suite) Les acides organiques de la série grasse ont fait aussi l’objet d’un certain nombre de recherches. Liver (1) a fait observer que les réactiôns qui de de diffé- rencier ces acides sont peu nombreuses, souvent d'un emploi incertain, que si l’on peut par exemple, grâce à l'insolubilité dé son sel de potas- sium dans le mélange d’2lcool et d’éther, caractériser l’acide tartrique, on se trouve plus embarrassé quand il s’agit d'isoler les autres acides et notamment les acides citrique et malique dont la présence est si fréquente dans les tissus végétaux. En étudiant les combinaisons de ces acides avec la quinine et la cinchonine, l'auteur a constaté que les sels qui en résultent et spécialement les sels acides, présentent dans l'alcool méthylique des différences de solubilité telles, qu'il est facile de disti ne” l'acide citrique de l’acide malique et de les extraire des jus végétau ui avons signalé plus haut, au sujet du calcium, les nes de GRoom sur l'acide oxalique BERG et GERBER (2) s seb. revenus sur les _— organiques des Mésembryanthémées étudiés autrefois par Aubert, Mais pour étudier les acides citrique, tartrique et malique, ils ont cnbitel des méthodes spéciales qui leur sont personnelles et une autre qui a été donnée autrefois par Mohler ; toutes ces méthodes sont basées sur les “ssl colorées qui caractérisent les acides organiques cités plus hau Ces auteurs ont alors obtenu des résultats qui s ie notable- ment de ceux d’Aubert. Selon eux, il n’est plus possible de dire que le seul acide organique des Mésembryanthémées soit l'acide oxalique, car dans les espèces qu'ils ont analysées, en opérant le matin en mars, les acides citrique et malique l’emportent de beaucoup sur lui, et même, une espèce, il fait complètement défaut. (1) Lindet : Pia et séparation des principuuz acides contenus dans se —. 1 (2) B ur la recherche des acides organiques dans quelques D thés Le générale de Botanique, t. VII, 295, 1895. 25% 456 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Matières organiques de la série aromatique. — Mreixe (1) soulève la grosse question du rôle des tannins dans le chimisme des plantes. es tannins, on le sait, doivent leur formation à l’acide gallique C5 H CO OH = (OH) et à ses isomères par déshydratation, quelques- uns comme l'acide ellagénique et l'acide ellagique à la fois par déshy- ge et par és Or rien de plus varié que tous les acides tanniques; c’est qu’e effet, is se Eine pe D L de radicaux de carbures des à des atomes d'hydrogène dans le noyau benzol, et des substitutions de radicaux acides à des groupes d’hydroxyle. Dans ce dernier cas on a des acides tanniques très stables, se transformant rarement en acide gallique. Quant aux acides galliques et à leurs isomères, ils deviennent facilement du pyrogallol ou de la phloroglucine en perdant de l'acide carbonique ou bien encore des anhydrides aus tanniques) en perdant de l’eau comme le montre la formule suivante 2 [CSH? (OH)? CO OH] — HO = C6H2 (OH)', Co?, C5H? (OH}?, CO OH b + r-mhnitegs. 255 553504 acide gallique acide tannique Cette formule indique que l'acide gallique, acide phénol, s’éthérifie en se combinant à lui-même pour donner l'éther digallique ou tannin, avec perte des éléments de l’eau. côté des acides tanniques, qui peuvent être ramenés à des phénols triatomiques C5H3 (OH), il existe des corps analogues pouvant être ramenés à des phénols diatomiques C6H# (OH}. Ici, par exemple, . l'acide protocatéchique C65H3 (OH)? CO OH jouera le rôle de lacide gallique. Aux acides protocatéchutanniques se rattachent un grand nombre de glucosides Pour l’auteur, lés! phénols avec leurs acides et leurs anhydrides, simples ou substitués, qui se rencontrent dans presque tous les végé- taux et que lon réunit sous le nom d’acides tanniques à cause des mêmes réactions qu'ils donnent avec les sels de fer et le bichromate de potasse, ont leur source dans les hydrates de carbone auxquels les phénols se rattachent comme glucosides. Or ces glucosides tanniques fournissent à la plante les matières incrustantes du bois. Alors les matières tanniques proprement dites ne seraient que les produits non ceux qui ont été préconisés par Müntz et par Aimé Girard. Ce procédé est basé sur le principe suivant : Etant donnée une solution aqueuse de tannin, cette substance, à l'exclusion des autres corps qui l’accompa- gnent d'ordinaire (acide gallique, glucose), est absorbée facilement et (1) Mielke : Ueber die Stellung der Gerbsäuren im ne tnt der Pflanzen (ste Centralb., LIX, 280). (2) G.-R., CXXXII, 369. 2-57 REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 157 sensiblement en totalité par la soie décreusée ; il suffit de maintenir le mélange soie-tannin dissous pendant 4 à 5 heures à la température de 5o degrés centigrades et d'employer la soie en grand excès par rapport au tannin qui doit être en solution diluée. (5 gr. soie, og r tannin dissous dans 100€). GÉRARD (1) a démontré autrefois que toutes les cholestérines retirées des Cryptogames appartiennent par leurs propriétés bien spéciales groupe de l’ergostérine de Tanret et qu’elles sont bien différentes dé celles qui proviennent des Phanérogames. L'auteur a continué ses recherches en étudiant les cholestérines de la Levure de bière, du Mucor Mucedo. du Lobaria pulmonacea et il a trouvé des résultats analogues aux précédents ; de même pour les cholestérines du Staphylocoque blanc et du Fucus crispus. BourQUELOT (2) a mis en évidence l’existence de l’éther méthylsalyci- lique ou salicylate de méthyle dans des plantes indigènes appartenant aux genres Polygala et Monotropa. Jusqu'ici ce principe n’avait été trouvé que chez les plantes exotiques (Gaultheria procumbens, G. Les- chenaultii, G. punctata, G. leucocarpa, Betula lenta, Polygala Senega!). Des fragments de tiges de Monotropa et des racines de Polyg'ala possèdent la propriété de dédoubler l’amygdaline, ce qui indique que les organes renferment un ferment analogue à l’'émulsine. e même auteur (3) a trouvé dans la gousse verte de la grosse Fève, de la tyrosine, de la leucine, de l’asparagine. Nous dirons plus loin que ces trois composés ont déjà été rencontrés dans les germes ou plantules de quelques Légumineuses. Nul doute que leur formation simultanée ne soit due, dans ces divers cas, à un processüs identique — peut-être uue sorte de processus digestif —que l’on voit se produire à une période où la vie de ces végétaux est très active. assons maintenant au groupe des alcaloïides. On doit à CLAUTRIAU (4) un intéressant mémoire mettant au point un ensemble de questions concernant la nature et la signification physiologique des alcaloïdes végétaux . Le groupe des alcaloïdes n’est pas un groupe chimique étroitement ni; mieux vaudrait, semble-t-il, attribuer au terme d’alcaloïde une signification . physiologique. Sans doute, il y a beaucoup d’alca- (1) Gérard ; Sur les cholestérines des Cryptogames, C.-R. CXXI, 73 et CXXVI, (2 } Bourquelot : us la Fat de l’éther méthylsalicylique dans quelques plantes indigènes. C. - 802. (3) Journal de ss . de Chimie. 1° novembre 1898. (4) BE Nature el signification des alcaloïdes végétaux (Ann. Soc. roy. des Sc. nat. et méd. Bruxelles, t. IX, fas. 2, 1900). 256 438 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE loïdes dérivés plus ou moins directement de la pyridine dont la formule (pE-- pyridine Telles sont la nicotine, la pilocarpine, l’atropine, la cocaïne, la brucine, a strychnine, l’aconitine, la vératrine, etc.; mais contrairement à la conception étroite de Künigs, il y a des bases naturelles ne contenant aucun noyau pyridique et que l’on ne peut ranger autre part que dans les alcaloïdes. Parmi ces substances, il faut citer, en première ligne, les alcaloïdes qui présentent des rapports étroits avec la xanthine et dont la caféine est le type principal. Or, la caféine, la théobromine, etc., sont des dérivés d’un radical organique à chaîne fermée auquel FiscHER a donné le nom de purine qui a pu être isolé récemment et dont la formule “est : (1). H C 4: Az Az C— LS : HC C—Az; \ / Az purine Cette purine peut engendrer par oxydation, la mises la xanthine, l'acide urique ct précisément les alcaloïdes du thé et du café sont des dérivés Etes de la xanthine, comme le Pres les formules suivantes 6 PEÉEER Az = CH AzH— C0 Az H—CO AZ: C—-AZN ! | | | b Re CH ou CH C—AzH| CO C—AzH\ CO C-Az CH? HC C—Az7 à + CH: E :} | CH | | CH Nef Âz— C— Az Az: C:5:.A37 Az CH3-0—Az= Az xanthine te purive Au point de vue physiologique, les substances de la série purique présentent une importance considérable. Elles sont très répandues dans les deux règnes, les unes spéciales à l’un ou à l’autre de ceux-ci, les autres au contraire, Communes aux deux séries d'êtres vivants. Chez les plantes ce sont toujours des dérivés chez lesquels existent des (4) Fischer : Synthesen in den Puringruppe (Ber. d. deut. chem. Gesell. XXII, 5, 4899). 229 REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 159 radicaux méthylés que l’on rencontre. Au contraire, chez les animaux, le radical méthyle est excessivement rare : il semble qu’il soit toujours rapidement oxydé. Par exemple, le plus oxydé dans la série purique, acide urique, se retrouve presque partout et, normalement, dans mu 2 de ses radicaux méthylés et doit être, sans aucun doute, l'origine de la monométhylxanthine irouvée par Salom D'autre part, la morphine, qu’on : cru pouvoir rapprocher du phénanthrène et considérer comme dérivant d’un noyau pyridique com- plexe voisin de l’acridine, serait plutôt constituée par un noyau spécial auquel on a donné le nom d'oxazine, noyau cyclique également, mais différent de-la pyridine en ce qu’il renferme un atome d'oxygène dans la chaîne fermée comme le montre le schéma suivant : e ce qui vient d’être dit il résulte qu’on pourrait peut-être appeler alcaloïdes toutes les bases naturelles dont l’azote est engagé dans un corps cyclique quelconque. Mais alors où classer la colchicine qui ne paraît renfermer aucun noyau APR Que faire de la choline très répandue dans les plantes, de la muscarine et de la bétaïne qui, d’après les dernières recherches sont des bases quaternaires du type de l’ammonium? Il y aurait donc, en dehors des alcaloïdes pyridiques, puriques, ozaziniques, en dehors de la colchicine dont la nature du groupement azoté n’a pu être déter- minée jusqu’à présent, des alcaloïdes à chaîne ouverte ou aliphatiques. Comme on vient de le voir, les recherches récentes ont considéra- blement élargi la signification chimique du mot alcaloïde qui s’applique maintenant aux catégories de substances organiques azotées les plus diverses. De ce fait, actuellement, dit Clautriau, c'est moins sa structure moléculaire, c'est-à-dire le côté morphologique, qu'il faut envisager d’abord chez l’alcaloïde, que son rôle dans la cellule vivante; la fonc- tion physiologique doit donc en être le caractère le plus essentiel. L'auteur va même jusqu’à se demander si la triméthylamine du Cheno- podium vulvaria résulte de l’anabolisme ou du catabolisme; si, par conséquent, comme nous le verrons plus loin, les composés végétaux à fonction amine ne pourraient pas être rangés parmi les alcaloïdes. Le nombre des plantes chez lesquelles la présence d’alcaloïdes a été signalée, est déjà considérable, mais il est certainement bien au-dessous de la réalité. En se beadtoup de plantes n’ont fait l’objet d’aucune recherche spéciale, ou bien ces recherches sont restées sans résultat, soit que l’alcaloïde fat réellement absent, soit qu'il se trouvât a4D 4160. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE en quantités trop faibles, soit que ss méthodes employées fussent peu favorables à leur extraction. Ajoutons que la plupart des méthodes ont se servent les chimistes sa huis les alcaloïdes ne con- viennent, en général, qu’à l'extraction et à la caractérisation des bases pyri L? ae passe ensuite en revue les différentes plantes à alcaloïdes ; il montre“ qu'elles se répartissent entre tous les embranchements du règne végétal. Les bases de la purine semblent se retrouver partout, tandis que les bases pyridiques appartiennent plutôt aux Angiospermes et notamment aux Dicotylédones Les alcaloïdes se caréctéetent au point de vue microchimique dans des tissus vivants (Moziscu) à l'aide de l’iodure de potassium iodé, de - l'iodure double de mercure .et de potassium, de l’acide phosphomolyb- dique, de l’acide phosphotungstique, de l’iodure double de bismuth et de potassium, de l'acide picrique, de l'acide ne du bichlorure de mercure, du chlorure de platine, du chlorure d’or Ajoutons la méthode signalée récemment à BaRTH (1) qui consiste à faire agir liode ou le brome à l’état de vapeur sur les coupes dier. Avant même de conclure définitivement à la présence d'un ‘examiner comparativement pes fraîches et d’autres qui ont préalablement ue une ou plusieurs heures dans de lalcool absolu contenant 5 00 d'acide tartrique; cette macération enlève aux coupes tout leur atcalérde et, dans ce cas, on ne doit plus obtenir aucune réaction L'auteur étudie ensuite les Fe ré nn | et la localisation de la caféine dans le Caféier et le Thé. , par une série de recher- ches JT ra a il a été amené à toto les conclusions suivantes : _ Contrairement à l’opinion de Heckel, l’alcaloïde ne disparaît pas au cours de la PART de la graine et n’est pas utilisé directement par la jeune plantule. L’alcaloïde donné à la plante comme aliment azoté n’est pas utilisé. UTZ L’alcaloïde n’est pas un produit direct de l'assimilation. I se forme toujours dans des endroits de grande activité cellulaire, où il résulte des transformations subies par les matériaux cytoplasmiques (1) Barth: Studien ueber den mikrochemischen Nachiceis von Atkaloïden in pharmaceutisch verwendelen PO TER Central. LXXV, n° 8, p. 225, 1898). (A suivre). Ep. GRIFFON. #3 Lille imp..Le Bigot frères. Le Gérant: Th. Clerquin rh Botanique. Tome 14. Planche 7. evue générale de p. Le F s |

r Pa in + bei Marsilia und ihre Abhängigkeit von der Tem-. ir, ae SE ee Berlin : Lipemure : Das V erhalten h Copulation ras Pfanzenarten rm Botanischen elisehaft) Berlin 4901. : Some new spermato from the gray. (contributions of Harvard Ne XXI. ). ir Le A gr Merico and central A America. . Héermaur Josepx (Frère) : Les Diatomées fossiles d'Auvergne. Clermont- Ferrand, 1902. Drake peL Casrizco: Madagascar au début du XX° siècle. Botanique. Paris, 1902. Darsoux uno Houanp: Zoocecidien-Hilfsbuch. Berlin, 1902. : Remarques à propos d’une notice critique de Monsieur l'abbé Kieffer. Nimes 1002. Wuuz A2: LE pe über Chlorophyceen (t. VII). Christiania, 1901. Ueb en Eïinfluss der Nahrung auf die Enzymbildung durch . mont Sr 7 on | Sacc. Leipzig, 1901. usnor (T.) : Les prés et les herbages. Fr par Athis (Orne), 1902. : ee des fruits. 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IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par D Er OMflon /suil).. . dis 5 5 . a. 280 PLANCHE CONTENUE DANS CETTE LIVRAISON PLancne 9, — Stichococcus bacillaris Näg. Cette livraison renferme en outre sept gravures dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième page de la couverture. 2+}} RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE > Au mois de juin 1900, j'eus l’occasion de visiter en compagnie d'un zélé botaniste, M. Devauversin, les marais de Saint-Gond. Ces marais s'étendent sur le bord occidental de la plaine champe- noise, au pied de la falaise tertiaire qui s’élève entre Vertus-en- Champagne et Sézanne (Marne). Ils constituent la portion supé- rieure de la vallée du Petit-Morin, qui, traversant ensuite la falaise tertiaire à partir de Saint-Prix, va se jeter dans la Marne plus à l'Ouest. Les marais, établis sur un sous-sol crayeux, sont aujour- d’hui en grande partie desséchés; mais certaines portions, plus basses de niveau, restent encore très marécageuses ; la tourbe s’y est accumulée depuis des siècles et, en quelques endroits, en particulier à Vert-la-Gravelle et à Bannes, elle donne lieu à une exploitation encore assez active. A côté des tas de tourbe, les ouvriers mettent à part de nom- breux fragments de troncs d’arbres de taille variable. L'un d’eux que j'interrogeai sur la nature de ces fragments me répondit que c'était du « bois de sapin ». Le terme de Sapin désigne pour les habitants de nos campagnes indifféremment les diverses espèces de Pins et de Sapins que l’on cultive communément. Je prélevai quelques échantillons, me proposant d’en faire l'étude au microscope et cette étude me con- firma l’exactitude du diagnostic des ouvriers, j'avais bien affaire, sinon exactement à du bois de sapin, tout au moins à du bois provenant d’une Conifère et encore très reconnaissable. Une première conclusion à tirer de ce fait, c’est que des Coni- fères existaient anciennement sur le sol champenois et qu'elles Rev, gén. de Botanique. — XIV. 16 242 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ont laissé leurs traces dans les tourbières. Ceci ne fait d’ailleurs que confirmer la découverte faite par M. Fliche (1), en 1898. Ce savant a en effet trouvé dans une ballastière, à 14 kilomètres de Troyes, sur la ligne d'Is-sur-Tille, des cônes de Pin silvestre, à uu niveau où se rencontrent des molaires d'Éléphant. Ainsi donc à l’époque quaternaire les coteaux de la Champagne, par suite d'un climat convenable, étaient couverts de Pins silvestres, d'Épicéas, de Genévriers et d’Ifs. Plus tard, par un relèvement de la moyenne des températures, l’Épicéa disparut d’abord: au début de la formation de la tourbe, l'If disparut à son tour, puis le Pin silvestre. Et si actuellement les plaines de la Champagne sont couvertes d'immenses forèts de Conifères (Pins silvestres et Pins d'Autriche), ce n’est que grâce à un reboïsement méthodique qui ne remonte pas au delà du commencement du XVIILe siècle (2). Le bois de Conifères ainsi extrait des tourbières est noirâtre; il se laisse facilement comprimer entre les doigts lorsqu'il est humide et présente à peu près la consistance d’un fromage dur. Desséché, il se réduit en poussière sans la moindre difficulté. Conservé dans l'alcool et même frais, il se coupe très aisément avec le rasoir et les sections sont faciles à examiner au microscope. Ce bois présentait les caractères des troncs qui ont subi une certaine décomposition sous l’eau. Hervé-Mangon (3) a trouvé que le bois des pieux de fondation du pont de Méjin, coupés à 250 en contrebas de l’étiage, ne présentait à l’état humide aucune résis- tance ; desséché il éprouvait une forte contraction et reprenait une assez grande dureté. Il était d’un brun foncé et paraissait profon- dément altéré, Ce qui est intéressant pour cet échantillon c’est qu'on a une analyse chimique élémentaire. De cette analyse je ne retiendrai qu’une chose, l’abondance relative des cendres, 8, 405 °/o. Alors que le bois frais n’en contient généralement que de 1 à °/o, la chaux et la silice en formaient la majeure partie (respec- tivement 1,155 et 5,575 /,). D'ailleurs dans toutes les analyses de (4) Fliche:: Sur la présence du Pin silvestre (Pinus silvestris L.) dans Les graviers quaternaires aux environs de Troyes (Comptes rendus de l’Acad, des Se., 1898, 11° sem., p. 1234). (2) Cf. Bull. de la Soc. d’études des Se. nat. de Reims, 1899, T. VIIT, Procès- verbaux, p. XXV + (3) Eu - Charpentier : Le Bois (E yclopédie chimique de Frèmy, n° 86, 1890). RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 243 tourbe on constate une proportion de cendres plus forte que dans les végétaux à l’état frais. Je n’ai pas encore pu trouver de tissu cortical (ou mieux du liège et du Hber (en bon état, pas plus d’ailleurs que de la moelle en des formations de bois primaire. C’est donc uniquement sur les modifications du bois secondaire que porteront les recherches suivantes. ÉTUDE MORPHOLOGIQUE I. Bois DE CONIFÈRES RÉCENTES Je rappellerai ici rapidement la structure du bois secondaire des Conifères, qui est assez uniforme dans tout le groupe. Il est en effet composé de trachéiäes ou cellules ligneuses à section transversale carrée pa rec- LR: tangulaire , disposées en { Æ U a F rangées radiales assez ré- mi gulières. Çà et là, des | C << || rie rayons médullaires, for- més d’une rangée de cellu- les courtes ayant: leur grand axe disposé dans le ,, sens radial, entrecoupent ÿ la masse générale, et, de distance en distance, sont “répartis des canaux sécré- teurs résinifères. On reconnaît aussi avec beaucoup de facilité sur des coupes transversales du bois secondaire des couches concentriques al- ternantes de bois d’autom- Le neet debois de printemps; Fig. 39. — Coupe transversale dans le bois à : secondaire d’une ifère récente, mon- les premières sont formées trant les trachéides de printemps p, et d'éléments plus petits, plus les trachéides d'automne a. (On a omis, pour simplifier, les ponctuations aréo- lées.) serrés, aplatis radialement 244 REVUÉ GÉNÉRALE DE BOTANIQUE et à parois plus épaisses. Le diamètre de leur cavité est en consé- quence beaucoup plus réduit que celui des trachéides de printemps où la paroi est moins épaisse, et dont la coupe est à peu près carrée (fig: 39). Les coupes longitudinales montrent que les trachéides sont allongées, se terminent en pointe, et qu'elles portent sur deux de leurs quatre faces, les faces radiales, des ponctuations aréolées tout à fait typiques (fig. 42, A). II. Boïs DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES Sur des coupes transversales du bois de Conifères des tourbières examinées directement au microscope et sans aucun réactif, on retrouve très bien les trachéides quadrangulaires avec leur dispo- sition en rangées Con- centriques et radiales. Cependant, il arrive fré- quemment, dans cer- taines régions, que les rangées sont moins ré- gulières ; elles sont plu- tôt diversement con- tournées. Ce fait indi- que avec beaucoup de netteté que les tissus examinés, après avoir perdu leur rigidité par macération dans Ja tourbière ont subi des compressions diverses ou se sont affaissés sur eux-mêmes, ce qui a Fig: Le — Ne pe enr dans le bois de produit un assez fort inleféellaire 8R ps # nes muorptt dérangement dans la ce _ plus ou moins lacavité,etçaet disposition régulière tissu a été assez fottenténé, ée © des différents éléments (Fig. 40). Certaines couches du bois sont formées d'éléments plus petits, RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 245 plus serrés. Ces couches alternent avec d’autres où le diamètre des cellules est plus grand; il est facile d’y reconnaître les zones alternatives du bois de printemps et du bois d’automne. Il arrive aussi que les cellules soient complètement vidées et ne conservent même plus la substance > qui décrite plus haut (fig. 40). Les coupes longitudinales convenablement dirigées laissent voir l’allongement des cellules en fibres, et on reconnaît à pre- mière vue sur chacune de ces fibres une rangée longitudinale de .ponctuations aréolées qui ont conservé leur aspect ordinaire moins le petit cercle central (fig. 42, B). On reconnaît donc, à ne pouvoir s’y méprendre, toute la struc- ture du bois secondaire des Conifères. Mais si les éléments, dans leur disposition et leurs traits généraux sont encore recon- naissables même pour un œil peu exercé, ils n’en ont pas moins subi des | modifications pro- f fondes, qui frappent l'observateur au pre- mier coup d'œil. Sur la coupe trans- versale, le contour 7 des trachéides est marqué par une li- gne brillamment ré- Fig. 1. — Coupe transversale du bois de tourbièe- fringente, très min- res montrant un rayon médullaire rm, des droit . restes de substance amorphe sa, et un grand ce aux endroiisS QUI ® ombre de cellules vides. correspondent aux faces de la trachéide, mais qui, au niveau des angles, s’épaissit en triangles ou en polygones à côtés concaves. L'ensemble forme un réseau brillant qui tranche sur le fond de la coupe resté beaucoup plus opaque. Avant tout examen microchimique, et rien qu'à l'aspect extérieur de cette portion de la membrane, on reconnaît en ce réseau l’ensemble des lames intercellulaires. 246 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Dans les mailles quadrangulaires ainsi nettement limitées par le réseau de substance intercellulaire, on constate, dans un grand nombre de cas, la présence d’une masse subopaque, brunâtre, à contours extérieurs un peu irréguliers, qui. r’est pas; dans bien es cas, en contact immédiat avec le réseau réfringent (fig. 40 et 41). Ces masses ont, dans leur forme, quelque chose de l’aspect du protoplasme con- tracté dans l’intérieur de la cavité cellulaire par la glycé- rine ou une solution sucrée. Ce n’est point pourtant du protoplasme, mais seulement la portion interne de la mem- brane des trachéides qui, sur le vivant, est épaissie régu- lièrement, appliquée contre — Ja face interne de la lame in- tercellulaire et qui limite en son centre la cavité de la tra- chéide. De réfringente qu’elle était, cette portion de la mem- brane cellulaire est devenue presque opaque, en se colo- rant en brun ; elle s’est déta- chée souvent de la lame inter- cellulaire et a dû subir une Fig.f42.'— En A : coupe longitudinale contraction, car en son cen- dans le bois de Conifère normal, mon- : ue trant les ponctuations aréolées. En tre, on ne voit plus, en géné- a. NO) Pie © e dans le bois ral, de cavité. Ce dernier fait ÉURNE. a ponton | montrant est peut-être dû aussi à un gonflement général accompa- gnant les modifications de cette partie de la membrane. Il arrive quelquefois, surtout dans certaines régions, que cette masse montre encore en son centre des traces d’une cavité. La masse amorphe prend alors un anpec apnniaise (fig. 40, 41 et 43). Enfin, ailleursencore, la substan ve mieux l'aspect IUUEI ph 0 000000 00 as © QÙ O00D LUÙ * RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 247 qu’elle possédait à l’état frais; ses contours extérieurs sont encore en contact avec la lame intercellulaire; la cavité centrale est alors quelquefois remplie d’un magma assez opaque où on reconnaît des granulations extrêmement fines qui sont des bactéries (fig. 43). M. B. Renault (1) a en effet montré que la tourbe et surtout le bois extrait des tourbières, contient beaucoup de ces microorganismes. De distance en distance, tantôt isolées, tantôt par groupes de 2 à 6, rarement plus, se trouvent des cellules vides, à parois uni- formément épaissies et très ré- fringentes qui paraissent être en ER À continuation directe avec le ré- = seau intercellulaire. La nature = de ces cellules reste encore à dé- 2 —= finir (fig. 44, a). Elles correspon- : = dent probablement à des élé- ments qui sont restés à peu près intacts. Les rayons médullaires sont peu visibles dans les coupes transversales, au moins dans leurs détails; ils apparaissent seulement comme des lignes sombres assez larges, sans structure définie. Les canaux résineux se ren- contrent aussi çà et là; mais les cellules qui les entourent, plus ) \ y) 7 1 mi 1) /} f))) il / TT Dr 1? 1) } > D —_—_—— ÈS Ù Fig. 43.— Coupe transversale du bois délicates que les trachéides, ne de tourbières, montrant la cavité à i des cellules occupée par - laissent que des restes informes Cohen tt 0e Dintéries D où l’on ne distingue plus rien. Il existe aussi dans certains fragments du bois secon trous arrondis, plus grands que les canaux résineux ; un magma daire des ils sont formés nettement par érosion des cellules voisines ; leur origine est due, selon toute vraisemblance, à quelque animal, ‘larve (1) B. Renault : Sur La constitution des tourbes (C. R. des séances de l’Acad, des Sc. 1898, T. CXXVII, p. 825). (1) B. Renault: loc. cit. 1 218 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE d’insecte ou autre, qui a attaqué le bois à une époque qu'on ne peut définir. Telles sont les modifications morphologiques qu'a subies le bois des tourbières. On voit que pour la lame intercellulaire, à part les déformations apportées par la compression, elles sont nulles, et que pour le reste de la membrane elles sont au contraire très importantes. En somme, dans ces fragments, il n’y a plus que la membrane intercellulaire qui donne quelque cohésion à la masse. Si l’on supprimait celle-ci tout tomberait en deliquium. M. Renault a pu observer divers stades de décomposition sur le Bouleau. Il a même trouvé de l’amidon et du protoplasme en partie intacts. Voici la conclusion de sa note qui a trait au bois : les bois trouvés dans les tourbières montrent de haut en bas une altération de plus en plus profonde ; leur tissu est souvent parcouru par des myceliums de Champignons microscopiques ; ils contiennent des modifications curieuses du protoplasme; enfin, ils montrent de nombreux microcoques dont quelques-uns restent mobiles long- temps après leur sortie de la tourbière. Quoique sous bien des rapports, les résultats de mes recherches ne concordent pas avec ceux de M. Renault, il n’y a pas à s'étonner outre mesure de ces différences. C’est qu’en eflet le phénomène qui transforme les débris des végétaux vivants en tourbe est peut-être uniforme dans ses grandes lignes, mais dans les détails il peut se rencontrer des variations importantes ; c’est à ces variations de détail qu’il faut attribuer la différence entre les résultats divers obtenus par difiérents chercheurs. ÉTUDE MICROCHIMIQUE Y a-t-il des modifications chimiques qui se soient produites dans la membrane en même temps que les modificatious morpho- logiques qui ont été précédemment décrites? C’est la question qui se pose maintenant et qu'il s’agit de résoudre par des observations à l’aide de réactifs surtout colorants, les plus utiles que l’on puisse employer en microchimie. Rappelons brièvement ce qu’on sait de la membrane des cellules ligneuses du bois de Conifères. On sait que quand deux cellules se forment par bipartition aux dépens d’une cellule primitive, il se RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 249 constitue d’abord une ébauche de cloison albuminoïde, bientôt remplacée ou imprégnée par des composés pectiques, en particulier par le pectate de calcium, qui constitue la lame moyenne de la membrane ou substance intercellulaire. Sur les deux faces de cette lame primitive en contact avec la cavité de chaque cellule, se déposent des couches successives de plus en plus épaisses de cellu- lose et de pectose, qui, dans le cas des cellules destinées à devenir plus tard des éléments ligneux, s'imprègnent de vasculose ou de lignine et de sels minéraux divers. Outre la vasculose, Frémy admettait encore la présence de la substance qu’il dénommait la cutose. M. G. Bertrand a de plus trouvé que la membrane des cellules des Conifères contenait une substance particulière, la mannocellulose, substance propre à ces plantes et remplaçant la xylose qui existe dans les membranes des Angiospermes (1). Je chercherai d’abord quelles sont les modifications chimiques qui se sont produites dans les substances fondamentales de Ja membrane, puis celles qui se rencontrent dans les substances imprégnantes. 1° CELLULOSE On sait que la cellulose, ou au moins certaines variétés de celluloses sont attaquées facilement par certains microorga- nismes. D'autre part, les éléments du bois, bien que contenant de la cellulose, résistent plus longtemps aux attaques des bactéries. Que s’est-il passé dans le bois de Conifères des tourbières ? A-t-il conservé sa cellulose ou l’a-t-il perdue ? telle est la première ques- tion que l’on pouvait se poser. J'ai employé pour la résoudre les réactifs iodés et les colorants organiques. Réactifs iodés. — On:sait que la cellulose traitée par l'acide sulfurique étendu d’eau se transforme en un produit d’hydratation, l’hydrocellulose, qui se colore en bleu par l’iode, comme l’amidon, sans toutefois être identique à cette dernière substance. En traitant des coupes de bois de Conifères ordinaire par l'acide sulfurique à 66°, additionné d’un quart de son poids d’eau, (1) G. Bertrand: Recherches sur la crane immédiate des re ge taux Page rendus de l’Acad. des 1892, t._CXIV, p. 149) e r la Présence de la mannocellulose me ne tissus pres des plantes symnôs- permes (Ibid., 1894, t. CXXIX, p.. 1025). 250 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE on obtient d’abord sur les membranes une coloration jaune soufre. Si l’on trempe ensuite la coupe dans une solution d’iode dans l'iodure de potassium, les parois des trachéides se colorent en brun foncé. Mais en bien des points on voit que les parois ont été gonflées par l’action de l’acide sulfurique, et il se produit comme des suintements d’une substance amorphe, qui se colore en bleu verdâtre, et qui est composée en grande partie d’hydrocellulose. Le bois de tourbières traité par l’acide sulfurique brunit d’abord et noircit eusuite. Mais si l’on examine les coupes au microscope après les avoir trai- tées par l’iode, on les voit se colorer en brun acajou foncé. Toutefois, cà et là, bien que rarement, sur le bord des cou- pes ou des déchiru- res, On aperçoit quel- ques flocons d’une substance amorphe colorés en bleu très net. Celte réaction, attribuable à l'hydro: cellulose , montre = E——— =——7 —— ——— — que dans les parois du bois de tourbière, il peut rester quel- Fig. 44. — Trachéides de Co uës en coupe ques ‘tratesi dx60l transversales gonflées par acide sulfurique lulose. sut La zone interne se colore en bleu J'ai obtenu des résultats identiques en remplaçant l'acide sulfurique par l’acide phosphorique (anhy- dride phosphorique en solution sirupeuse dans l’eau). - Le chloroiodure de zinc, très prôné en général pour cette réaction, ne m'a donné aucun résultat probant dans le cas présent; aussi, après quelques essais infructueux, l’ai-je définitivement abandonné. J’ai fait une seconde série de recherches sur les mêmes maté- RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 251 riaux, mais soumis préalablement à l’action du chlore (acide chlorhydrique attaquant le chlorate de potasse). Le bois de pin normal ainsi traité montre avec l’acide sulfurique étendu et l’iodure de potassium iodé, les modifications suivantes : l’acide attaque la face interne des trachéides en contact avec. la cavité, il la gonfle irrégulièrement, de manière à la faire paraître frangée ; l’iode colore bien en bleu cette partie, tandis que le reste de la paroi prend une teintg jaune ou jaune-brunâtre. Si la cavité de la trachéide estde faible étendue, comme dans le bois d’automne, elle est bientôt remplie d’un magma opaque coloré en bleu intense; c’est là surtout aussi que le reste de la paroi se colore en jaune brun. En somme, l’action de l’acide et de l’iode se fait mieux sentir après le traitement des matériaux par le chlore, et la présence de la cellulose est plus facilement mise en évidence. La même série de réactions appliquée au bois de tourbières m'a donné les résultats suivants. Le réseau intercellulaire se colore en brun très foncé. Les cellules réfringentes ont leurs parois fortement et irrégulièrement gonflées par l’acide sulfurique, et elles sont colorées en bleu intense, ce qui noie que la cellulose y est encore abondante. Dans les autres trachéides la masse amorphe qui remplit la cavité se teinte de bleu çà et là, mais très irrégulièrement. La majeure partie de la substance se colore en jaune brun clair par l’iode. Si on prolonge beaucoup l action de l’acide sulfurique on arrive à des résultats variables selon les fragments de bois examinés. Ainsi tandis que certains ne montrent que des traces de cellulose, d’autres se colorent beaucoup plus fortement en bleu. La cellulose a donc persisté en proportions variables selon les régions et il est naturel d'admettre que si cette substance a subi une décomposition, sa disparition a très bien pu se faire d’une manière irrégulière et variable pour les différentes parties des troncs examinés. L'action du chlore sur les matériaux d’étude favorise la mise en évidence de la cellulose. Il y a en effet oxydation et disparition d’une partie des substances incrustantes de la membrane. De plus on sait par les travaux de M. L. Vignon (1) que sous l’action (1) L, Vignon: C. R. de l'Acad. des Sciences, 1897, T. C. XXV, p. 448. 252 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE du chlore la cellulose s’oxyde aussi, et l’oxycellulose qui en résulte présente plus facilement la réaction en bleu par l’iode. L'emploi des réactifs iodés conduit donc à cette conclusion que les cellules réfringentes sont des éléments qui paraissent avoir gardé intactes leurs membranes cellulosiques, et que les autres trachéides ont perdu la plus grande partie, sinon la totalité de leur contenu en cette substance. Réactifs orÿaniques. — Les résultats obtenus à l’aide de ces réactifs sont beaucoup moins nets que les précédents et quelquefois contradictoires. L'orseilline BB aiguisée par l'acide chlorhydrique (ou moins bien par l’acide acétique), se fixe dans les coupes de bois de pin frais sur la portion épaissie des trachéides, mais non sur la trame intercellulaire. C'est la réaction à laquelle il fallait s'attendre d’après ce que l’on sait de l’action de ce réactif, qui ne colore que la cellulose. Le noir naphtol mordancé de même façon agit de même, colorant en bleu respectivement ce que l’orseilline colorait en rouge. Le bois de tourbières soumis à la coloration par l'orseilline fixe ce colorant sur la substance amorphe avec assez d'intensité. La substance intercellulaire reste incolore ou ne se colore qu’en rose pâle et après un assez long temps. Cette réaction indique la pré- sence d’une certaine proportion de cellulose persistante dans la substance amorphe. Le noir naphtol conduit aux mêmes conclusions. Mais si l’on traite les matériaux par le chiore, puis par les réactifs organiques de la cellulose, on arrive à un résultat tout autre. Le bois de pin normal, soumis pendant 24 heures à l’action du chlore, puis traité par l’orseilline BB acide ne se colore pas. Le noir naphtol acide ne donne pas de meilleurs résultats. Le bois de Conifères de tourbières soumis an même iritément montre des lames intercellulaires vivement colorées en rouge par l'orseilline, tandis que la portion amorphe de la membrane ne se colore pas ou se colore à peine et après un long temps. Le noir paphtol colore en bleu la membrane intracellulaire. Que l’on emploie l’acide acétique ou l’acide chlorhydrique comme mordant on arrive toujours au même résultat. Il reste là un point obscur qui mérite RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 253 d’être éclairei. L’oxydation produite par le chlore a pu modifier les substances de la membrane. ll n’en reste pas moins acquis par la plupart des réactions qu'il persiste de la cellulose dans la substance amorphe et dans les cellules réfringentes. * (4 suivre). VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE VERTE SOUS L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF par MM. L, MATRUCHOT et M. MOLLIARD (Suile). (Planches 7, 8 et 9). ÉTUDE MICROSCOPIQUE I — EXAMEN DU S7Y/CHOCOCCUS À L'ÉTAT VIVANT * Technique. — Les observations microscopiques ont d’abord été faites sur le vivant. Si le milieu de culture est liquide, la préparation est montée dans üne goutte du liquide de culture lui-même. Si le milieu de culture est solide (milieux gélatinés, Navet, Potiron, etc.), la préparation est montée dans une goutte d’eau ordinaire. Dans tous les cas, l'examen microscopique est effectué aussitôt et toujours dans les mêmes conditions d'éclairage. de grossissement, etc. Il a été reconnu, en effet, qu’une préparation vieille de quelques heures présente déjà des différences avec les préparations toutes fraîches. Au bout de 24 heures, la dégénérescence trabéculaire et huileuse du protoplasma est déjà fort avancée : un examen tardif ne saurait fournir aucune indication précise sur les véritables caractères présentés par les cellules vivantes. Lorsqu'il y a de grandes variations dans la forme et la structure des individus d’une même culture, nous nous sommes attachés à étudier et représenter les formes les plus fréquentes et — pourrait- on dire — les plus normales. Sur le petit nombre de cellules figurées dans chaque cas, — de trois à six ou huit cellules, — nous avons cherché à représenter autant que possible les principaux cas observés dans la préparation. Le degré d’homogénéité de chaque groupe de cellules donnera une idée de l’homogénéité de la culture correspondante. VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 255 Enfin les individus ont été examinés et comparés autant que possible dans des cultures de même âge: Ceci posé, nous allons décrire successivement les caractères microscopiques observés sur le vivant, dans les conditions qui viennent d’être fixées. Nous suivrons, pour les divers aliments étudiés, l’ordre suivant : A. — Série des Glucoses. B. — Série des Saccharoses. C. — Autres substances organiques et substances minérales. LA A. — SÉRIE DES GLUCOSES. I. GLUCOSE. 1° Solutions de glucose. Il faut distinguer pour le glucose l’action spécifique de ce sucre et l’influence de la concentration. Nous avons opéré sur des solutions de glucose à teneur très variable : a. — Glucose pur à 0,03 °/.. Même à cette dose très faible de glucose, il se produit une action manifeste sur le contenu cellulaire. Le protoplasma est très vacuo- lisé; il présente de nombreuses granulations de toutes tailles, et une dégénérescence huileuse très marquée (PI. 7, fig. 3) ; en outre le leucite devient diffus, son contour s’efface jusqu’à devenir indistinct; les cellules sont à peine teintées d'un vert jaunâtre, nombre d’entre elles sont même à peu près incolores, Quant à la forme générale de la cellule, elle reste à peu près la même ; toutefois les éléments sont un peu plus allongés (10, 15 et jusqu’à 20 &), plus étroits (4 x) et plus incurvés que dans la forme normale. b. — Glucose pur à 0,3 °/0. Même action que la solution précédente, plus marquée encore quant à la décoloration de la cellule et au contour vague du chloro- leucite : on distingue à peine la chlorophylle diffuse (PI. 7, fig. 4). D’assez nombreuses formes sout aberrantes : ce sont des cellules en forme de boudin allongé, parfois tout à fait recourbé sur lui- 256 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE même, remplies d’un protoplasma trabéculaire renfermant de nom- breuses gouttelettes d'huile et d’abondants granules réfringents. c. — Glucose pur à 3 °/o. Action de mème ordre que précédemment. Les éléments sont plus courts et souvent un peu plus étroits (PI. 7, fig. 5). d, — Glucose pur à 6 °/,, Le leucite est devenu très flou et très pâle (PI. 7, fig. 6). De nombreux individus sont totalement incolores. La dégénérescence huileuse est très accentuée. e. — Glucose du commerce. Des solutions de glucose impur (glucose du commerce) ont fourni des résultats analogues. Les fig. 7 et 8 de la PI. 7 représentent des Stichococcus vivant dans des solutions relativement concentrées (8 et 12 °/.) de glucose du commerce. La dégénérescence huileuse est abondante et les granules réfringents sont nombreux. Le dia- mètre transversal des cellules est encore plus faible que précé- dermnment, il descend jusqu’à 2 y. Il faut voir dans cette diminution continue du diamètre des cellules (PI. 7, fig. 3 à 8) un eftet de l’amoindrissement de la turges- cence, dû à la teneur croissante en sucre de Ja solution nutritive. 20 Milieux solides glucosés. a. — Glucose pur à 3 +/, additionné de gélatine. Il y a une différence remarquable dans l’action d'une solution de glucose pur à 3 °/, suivant qu’elle est ou non additionnée de gélatine. Dans le milieu gélatiné, tous les individus ne sont pas décolorés et atteints de dégéné granulo-huileuse, comme c’est le cas pour les solutions liquides. A côté des individus ayant subi l’action du glucose, et ici presqu'entièrement décolorés (PI. 7, a, fig. 13), on trouve, parfois en petit nombre, parfois en nombre égal aux pre- miers, des individus à leucite vert et bien délimité, sans dégé- nérescence huileuse, en un mot des individus ayant très -sensible- ment la structure du Stichococcus végétant à air libre. Nous reviendrons plus loin sur ce cas particulier. | b. — Glucose du commerce à 3 °/, additionné de gélatine. Des cultures en profondeur dans une gélatine additionnée de glucose du commerce ont fourni deux sortes d'individus ; des individus décolorés, à dégénérescence granulo-huileuse, semblables VARIATIONS DE STRUCTURE D’'UNE ALGUE | 257 à ceux qui sont représentés dans les fig. 5 et 6, et des individus verts, à leucite si profondément déchiqueté qu'il est comme mor- celé en 2, 3, 4 fragments (PI. 7, fig. 9, gélatine glucosée à 3 °/.), et présente jusqu’à 10 ou 12 petites masses d’un vért franc qui sem- blent autant de petits leucites indépendants (PI. 7, !fig. 40, gélatine glucosée à 8 °/.). c. — Cultures sur Potiron. Les cultures de Stichococcus sur des trnéhies stérilisées de Potiron fournissent des résultats de même ordre que les solutions de glucose ; le fruit de Potiron renferme en effet une assez forte proportion de glucose. Ainsi que nous l’avons déjà dit, l'aspect macroscopique des cultures est assez particulier, les cultures sont vert jaunâtre ; cette décoloration s’observe au microscope sur les individus isolés : la plupart des cellules n’ont qu’un leucite réduit, à contour flou et à teinte jaunâtre (PI. 7, fig. 11), et beaucoup paraissent même complètement incolores. Comme dans les cultures sur glucose, on observe une dégéné- rescence huileuse très aäccentuée, un protoplasma trabéculaire avec nombreux granules réfringents, et la forme générale des cellules est celle de boudins courts et arrondis aux deux bouts. d. — Cultures sur bouillon gélatiné de Potiron. _ Sur ce milieu, la culture — comme le sont en général toutes les cultures en profondeur sur milieu gélatiné — est très homogène quant à la forme et à la taille des cellules (PI. 7, fig, 4); mais ici, comme dans divers cas précédents, on trouve deux catégories très distinctes d'individus : les uns a ayant subi une dégénéres- cence granuleuse et qui sont presqu’entièrement décolorés ; les autres b qui ont l’aspect normal du Stichococcus en culture aérienne. Il. LÉVULOSE Solution de lévulose à 3 °/.. L'action du lévulose pur est la même que celle du glucose pro- ‘prement dit. La fig. 142 de la PI. 7 représente l’aspect normal des cellules dans une solution de lévulose pur à 3 °/;. On observe ici. encore de nombreuses formes entièrement incolores. En résumé, les sucres de la série du glucose (glucose pur, glucose du commerce, lévulose, Potiron), produisent dans les cel- Rev. gén. de Botanique. — XIV. 17 258 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE lules du Stichococcus des modifications analogues et constantes : La coloration verte disparaît au moins en partie; le leucite diminue de volume et son contour devient vague comme s’il difiu- sait dans le protoplasma ; en même lemps, sa nuance passe au vert jaunâtre et même au jaune; parfois — et, dans certaines cultures, une cellule sur deux présente ce phénomène — la dispa- rition de la chlorophylle est complète et les individus ainsi modifiés sont entièrement incolores. En outre, il se fait une forte dégénérescence cellulaire, marquée par la production de granules cytoplasmiques, sur la nature desquels nous reviendrons dans la suite, et surtout par la production de gouttelettes huileuses dont le volume va croissant constamment, jusqu’à remplir complètement la cellule d’une file de grosses gouttelettes d’huile de même diamètre que le filament. . Il y a un lien évident et général entre la dégénérescence huileuse et la forme du leucite : quand il y a des gouttelettes d'huile dans la cellule, le leucite est de couleur pâle et de contour flou, et inver- sement : nous n’avons observé aucune exception à cette règle. … Enfin, il faut noter la diminution du diamètre transversal. produite par la richesse en sucre du milieu de culture. Ce dernier résultat concorde avec ce qu’a observé Krüger (loc. cit.) sur les deux Algues qu'il a cultivées. Il est par contre en désaccord avec la loi formulée par Livingsion (1) à propos d’un Stigeoclonium : «Une pression osmotique élevée agit sur la forme de la cellule, qu’elle tend à rendre sphérique ». Remarque. — Les Stichococcus à contenu jaunâtre ou incolore et _à dégénérescence granulo-huileuse ne sont nullement des cellules mortes, où le protoplasma serait en voie de décomposition. Ce sont des cellules parfaitement vivantes, en voie d'accroissement et de multiplication. On s’en assure facilement par l’examen des cultures en milieu liquide; là, quel que soit l’âge de la culture, tous les individus ont le même aspect de cellules vert pâle ou jaunâtre, remplies de gouttelettes d'huile, et cependant la culture évolue nor- malement, la inasse de Stichococcus augmente régulièrement et atteint un volume aussi considérable que dans les meilleures cul- tures superficielles. (1) Livingston. — On the nature of the stimulus which rer the change of form in polymorphic green Algæ (Bot. Gaz., t. XXX, 1900, p. 289). VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 259 Dimorphisme du S71ICHOCOCCUS en milieux gélatinés et sur substratums glucosés. Il convient de faire ici une remarque très générale. En milieu liquide, toutes les cellules se trouvant soumises de façon égale à l’action du milieu ambiant, les effets de cette action sont plus ou moins manifestes sur tous les éléments. Bien qu’on observe une diversité dans la forme et le contenu des cellules, les modifications dues à l’action du milieu sont en somme sensiblement les mêmes chez tous les individus. Au contraire, pour les colonies de Stichococcus développées en profondeur dans les milieux gélatinés, ou en surface sur les milieux solides, on distingue toujours très nettement deux sortes d’indi- vidus : les uns (PI. 7, fig. 43 4, 14 a) qui ont subi effectivement l’action du milieu, et qui présentent les mêmes caractères que les Stichococcus développés dans les milieux liquides correspondants, les autres (fig. 13 b, 14 b) qui semblent avoir échappé à cette action et qui présentent très sensiblement les caractères des Stichococcus normaux. [l y a, en un mot, un dimorphisme remarquable chez les individus de Stichococcus cultivés dans ces conditions. Comment expliquer une telle anomalie, une divergence aussi marquée dans l’aspect d'individus appartenant à des colonies en apparence homogènes ? Il ne faut, croyons-nous, nullement faire appel à une hypothèse d'adaptation au milieu, d’après laquelle certains individus, s’adaptant au milieu, fourniraient, en se multi- pliant, une race de Stichococcus modifiés tous de façon identique, et certains autres individus, rebelles à l’action du milieu, donne- raient naissance à une race de Stichococcus normaux. L'hypothèse qui nous semble la plus plausible est la suivante : Dans une colonie de forme sphérique, qui s’accroît en milieu gélatiné, les individus périphériques sont en relation immédiate avec le milieu ambiant ; ils subissent donc dans toute son intensité l'action de ce milieu. Les individus placés au centre sont, au con- traire, plus ou moins complètement soustraits à cette action. En particulier, l’action du glucose dissous dans la gélatine ne peut se faire sentir que sur les Stichococcus périphériques que mouille la gélatine. : Kad Si l’on objecte à cela que les différents individus d’une même 260 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE colonie provenant d’un même individu initial, ont dû être tous, à un moment donné, mouillés par la gélatine, on peut répondre que l'accroissement en volume d’une colonie n’est pas uniquement le résultat de la digestion ou du refoulement de la gélatine par la masse de Stichococeus en voie de multiplication : la dessiccation de la gélatine qui est rendue apparente dans tous les tubes de culture par un retrait à la périphérie de ces tubes, s'effectue en réalité dans toute la masse; elle a pour conséquence l’augmentation de volume des lacunes que remplissent les colonies de Stichococcus. Par conséquent, ces lacunes s’accroissant ainsi mécaniquement et indépendamment de la masse de Stichococcus elle-même, on conçoit que la région centrale de chaque lacune puisse être le siège d’une multiplication abondante des individus de Stichococcus, multiplication dont l'effet serait de combler incessamment par le centre le vide produit à la périphérie. Or, les individus naissant de cette façon se trouvent dans des conditions en somme très analogues à ceux qui vivent à la surface du substratum sans subir l’action du milieu sous-jacent. Ils sont, en effet, séparés de la gélatine glucosée par toute la couche parié- tale de Stichococcus, laquelle s’oppose à la diffusion du glucose puisqu'elle le consomme elle-même pour son propre compte. Sous- traits à l’action du glucose, les Stichococcus du centre de la colonie — bien qu’ils tirent leur origine d'individus décolorés et partielle- ment dégénérés — prennent donc forcément, dans l'hypothèse où nous nous plaçons, le faciès des Stichococcus vivant à l'air libre. On s'explique ainsi que nombre d’individus extraits d’une colonie pro- fonde présentent le faciès et la structure des Stichococeus normaux. Dans les cultures superficielles sur Potiron ou sur milieux géla- tinés, où le dimorphisme dont il vient d’être parlé s'observe avec la même intensité, il reconnait une cause de même ordre. Après un certain temps où le développement s’est fait en contact avec le milieu glucosé, naissent des individus soustraits à l’action du glucose, se développant en colonies aériennes (PI. 8, fig. 41) et présentant les caractères normaux du Stichococcus. La vraisemblance de l'explication fournie dans ce dernier cas appuie fortement, nous semble-t-il, l'hypothèse que nous avons présentée pour les colonies en profondeur. VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 261 B. SÉRIE DES SACCHAROSES I. SACCHAROSE Dans les cultures en milieu liquide sur solutions de saccharose à 3°/,, les individus se montrent en général arrondis à l’extré- mité et restent fréquemment agélomérés en groupes de quelques cellules (PI. 7, fig. 45 a). Le leucite, quoique de même nuance (vert gai) que dans les conditions naturelles, ést ici le plus souvent morcelé; on peut trouver (a) jusqu’à 6-8 petites masses vertes à contour net qui sont comme autant de leucites distincts. Le protoplasma est vacuolisé, et sur lés trabécules sont de nom- breux granules réfringents (b); on trouve aussi de ces granules sur le bord même des leucites. Sur une solution de saccharose gélatinée de même concen- tration que la précédente, l’action du sucre est moins marquée (PI. 7, fig. 16): la cellule et le leucite gardent leurs caractères normaux ; le protoplasma est peu vacuolisé et il n’y a pas de granules dans le cytoplasma. c. — Navet. Mèmes observations pour le Stichococcus cultivé en surface sur des-tranches de Navet stérilisées (milieu qui, à ce point de vue, peut être considéré comme une solution de saccharose) : le leucite reste à contour net et il n’y a.pas de dégénérescence cellulaire. (PEU TE. II. MALTOSE a. — La solution de maltose à 3 4 produit les mêmes modifi cations que la solution de saccharose : leucite net, plus ou moins morcelé, d’un vert franc ; protoplasma trabéculaire avec quelques vacuoles (PI. 7, fig. 18). L’une des cellules de la fig. 18 a une membrane très fortement épaissie et striée ; elle est analogue aux éléments que Gay désigne sous le nom d’hypnocystes et qu’il considère comme des cellules de conservation. Nous avons trouvé çà et là de tels éléments, sans qu’il nous ait paru y avoir un rapport quelconque entre leur for- mation et des conditions de végétation difficile pour le Stichococcus. b. — En solution de maltose gélatinée, dans les cultures en 262 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE profondeur, les cellules restent courtes, généralement associées en chaînes (P1. 7, fig. 20); le leucite est normal et il n’y a pas de dégé- nérescence cellulaire appréciable. IIT. LACTOSE Le lactose en solution liquide à 3 °/, donne aux individus une forme arrondie aux deux bouts, légèrement allongée (8-10 sur 3u), avec leucite normal presque toujours entier. Cependant une légère dégénérescence semble marquée dans la plupart des cellules par la présence de granules réfringents disposés en général au bord des leucites. Certains individus, qu’on peut rencontrer presqu’à coup sûr dans une préparation quelconque, sont particulièrement aberrants (PI. 7, a, fig. 19) : l'allongement de la cellule et la division du leu- cite se sont effectués normalement, mais le cloisonnement trans- versal ne s’est pas produit ; on a donc des individus: en forme de boudin très allongé (30 à 40 y de long.}, à 8, 4, 5 leucites consécu- tifs, et où la dégénérescence granuleuse est d’ailleurs très nette. En résumé, les divers sucres étudiés appartenant à la série du saccharose (saccharose, maltose, lactose, tranches de Navet) pro- duisent sur les cellules du Sfichococeus des effets analogues : for- mes arrondies, leucite le plus souvent morcelé, mais gardant le contour net et la couleur verte du Stichococcus normal, dégénéres- cence granuleuse plus ou moins marquée. I] n’y a jamais de dégé- nérescence huileuse. Enfin les cultures superficielles et les cultures en milieu gélatiné ne présentent souvent qu’à un degré.faible ou nul les modifications qui viennent d’être signalées. Cette particularité est due, selon nous, aux mêmes causes que celles que nous avons exposées plus haut à l’occasion des milieux glucosés. C.— AUTRES SUBSTANCES ORGANIQUES ET SUBSTANCES MINÉRALES I. DExTRINE En milieu liquide (solution à 3 /;), la dextrine manifeste une action remarquable sur le leucite. Celui-ci, tout en devenant d’un VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 263 vert plus bleu que dans le Stichococcus normal, semble s’amincir, s’étaler en surface sous la membrane cellulaire, et en même temps il s’échancre profondément sans cependant se morceler (PI. 7, fig. 23). Sur le bord des leucites, le long des échancrures, s’obser- vent des granules réfringents. Quelques-uns de ces granules, plus gros, semblent constituer de petites gouttes d'huile. En milieu gélatiné, la dextrine n’agit pour ainsi dire plus. La fig. 24 (PI. 7), qui représente quelques individus d’une colonie profonde développée dans une dextrine à 3 °/, additionnée de géla- tine, montre des individus à structure normale; le leucite, quoique en général coupé en deux, a la nuance normale (vert de vessie) et garde un contour net. IT. AMmiIDoN Comme pour Ia plupart des substances déjà étudiées, c’est en milieu liquide que l’amidon exerce l’action la plus marquée sur la cellule de Stichococcus. Cette action se manifeste ici par un agrandissement extraordi- naire du volume de la cellule (20 w sur 7u}, avec déformation de son contour, qui devient irrégulier et à angles très arrondis (PI. 8, fig. 25). Le leucite prend une teinte vert bleuâtre; son contour cesse parfois d’être net (a, fig. 25), et dans ce cas le cytoplasma pré- sente quelques gouttelettes huileuses ; le plus souvent, le leucite s'étale en surface et s’échancre comme il a été dit à propos de la dextrine (b, fig. 25); le protoplasma semble alors grossièrement spumeux, Ces diverses modifications tiennent sans doute à ce que, dans la stérilisation par chauffage, une partie de l’amidon a été transformée en dextrine et en sucre. Sur amidon gélatiné, on reconnaît une déformation de la cellule qui rappelle ce qui vient d’être dit, mais le contenu cellu- laire n’éprouve aucun changement appréciable (PI. 8, fig. 26). IT. INULINE Dans une solution d’inuline à 3 °/,, les cellules de Stichococcus prennent l’aspect de boudins très réguliers, arrondis aux extré- mités; le protoplasma est parfaitement hyalin ; les leucites restent verts et se morcellent en deux ou trois éléments de forme arrondie (PI. 8, fig. 27). Certaines cellules semblent renfermer des grains de 264 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE chlorophylle ; en réalité ce sont des leucites en forme de lame aplatie, accolés à la membrane. III. Gomme Une solution de gomme à 3 °/, détermine, chez le Stichococcus, une déformation particulière de la cellule. Les éléments deviennent irréguliers de forme, ondulés ou renflés, souvent incurvés en U et accolés deux à deux par leurs faces concaves ; leur taille est supé- rieure à la normale, surtout en largeur (10 à 48 w sur #4 à 7 u). Le _ leucite est net et très développé, souvent morcelé en deux, trois, quatre leucites plus petits et arrondis (PI. 8, fig. 28). V. MANNiITE En solution de mannite à 3 °/,, le Stichococcus ne s’est pas déve- loppé de façon appréciable. Sur mannite à 3 °/ gélatinée, on n'obtient que des individus à structure normale (PI. 7, fig. 21)et à contour arrondi. Etant données les remarques faites plus haut relativement aux milieux gélatinés, il est difficile d’affirmer que la mannite n’a pas d’action sur la structure du Stichococcus. VI. GLYCÉRINE. En dehors d’un rapetissement des cellules, qui n’ont que 7 à9 sur.3 à 4 x, on n’observe aucune modification saillante produite par l’action d’une solution de glycérine à 3 0/,. Le leucite reste net et peu ou pas morcelé ; il n'y a pas de dégénérescence cytoplas- mique (PI. 7, fig. 22). VII. PEPTONE L'action de la peptone en solution à 3 °/, dans l’eau pure ne se manifeste par aucune modification importante dans la structure du contenu cellulaire. On trouve ici, comme dans la forme normale de Stichococcus, un leucite plus ou moins spiralé accolé à la mem- brane, ou deux leucites arrondis provenant de la bipartition du premier. Le protoplasma est toutefois assez fortement vacuolisé, sans qu’il y ait cependant aucune dégénérescence granulo-huileuse. Mais la forme et la taille des individus sont considérablement modifiées, et l'aspect qu’ils présentent est des plus caractéristiques (PL. 8, fig. 34). Les cellules sont arrondies aux deux bouts, forte- VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNÉ ALGUE 265 ment turgescentes, rarement cylindriques, le plus souvent renflées en forme de poire, parfois presque sphériques. La taille des éléments est considérable ; leur longueur peut aller jusqu’à 20 y, leur largeur jusqu’à 8 w. Ce sont les plus volumineux que nous aient présentés nos cultures. Dans la même solution de peptone à 3 °/s, mais additionnée de gélatine, on n’observe pas les variations considérables que nous venons de signaler; la culture, très homogène, montre des cellules courtes, cylindriques ou ovales, où l’action de la peptone, quoique sensible, est peu marquée (PI. 8, fig. 35). Les solutions de sels minéraux se montrent, comme nous l’avons vu, peu propres au développement du Stichococeus. Nous n’enre- gistrons ici que les résultats fournis par les solutions d’azotate d’ammonium et de sulfate de cuivre. VIII, AZOTATE D’AMMONIUM Dans une solution d’azotate d’ammonium à 0,05 °/, dans Peau pure, les cellules de Stichococcus sont volumineuses (10 à 18 sur 5 à 10 v), souvent renflées en forme de poire (PI. 8, fig. 29). Le leucite est morcelé en masses régulières, et forme des lames ou des rubans étalés contre la membrane cellulaire. Il n’y a aucune dégénérescence cellulaire, ni gouttes d'huile, ni granules réfrin- gents. IX. SULFATE DE CUIVRE Ainsi que nous l'avons dit précédemment, le sulfate de cuivre à dose infinitésimale semble être un aliment pour le Stichococcus. Dans les solutions les plus étendues que nous ayons employées — 0,0000005 °/,, le Stichococcus se développe parfaitement; les individus sont volumineux (10 à 18 x sur 5 à 9x), le leucite est généralement morcelé en 2-3-5 petits leucites ovales ou arrondis (PI. 8, fig. 30). Dans les solutions les plus concentrées où le Stichococcus se soit développé (0,0005 °/.), les individus sont beaucoup moins gros et plus cylindriques (8 à 12 y sur 4 à 5 y) ; le morcellement du leucite est poussé plus loin encore (cinq à huit fragments en général); et les fragments sont tous très régulièrement circulaires (PI. 8, fig. 31). Il y a là une disposition caractéristique qu'aucun autre milieu de culture ne nous a fournie aussi marquée. 266 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les solutions de substances organiques sont en général des milieux très favorables au développement du Stichococcus. Citons des exemples des modifications observées dans quelques-uns de ces. milieux. X. ACIDE CITRIQUE Les cellules de Stichococcus sont comme gonflées et très forte- ment turgescentes (PI. 8, fig. 32); elles possèdent un leucite unique ou morcelé en deux ou quatre leucites plus petits et arrondis ; la nuance en est vert tendre et la chlorophylle n’occupe.qu’une faible partie de la cellule ; le reste du protoplasma est absolument trans- parent. XI. CHLORHYDRATE DE QUININE Il se fait dans les solutions de chlorhydrate de quinine un mor- cellement très accentué du leucite ; la fig. 33, où les cellules sont vues en perspective, montre des individus ayant jusqu’à huit ou dix petits leucites plus ou moins arrondis ; ils remplissent ici pres- que complètement la cellule et portent sur leurs bords de petits granules réfringents et opaques. Les individus restent le plus souvent agglomérés en petits amas. < we CULTURES A L'OBSCURITÉ Nous avons vu que les cultures de Stichococeus à l'obscurité pré- sentent quelques différences avec les cultures faites à la lumière (moindre volume et teinte plus pâle des colonies). A l’examen microscopique, on reconnaît en effet que, bien que les cellules renferment un leucite différencié, cet élément est réduit en volume et apparaît d’un vert plus jaunâtre que dans les mêmes cultures à la lumière. Nous prendrons quelques exemples : Navet. (PI. 8, fig. 37.) — Le Stichococcus cultivé sur Navet à la lumière est, comme nous le savons, assez voisin du Stichococeus normal au point de vue de la couleur et de la netteté de contour du leucite. . À l’obscurité, le leucite est d’un vert plus jaunâtre, son contour est net, mais déchiqueté, Pas plus qu’à la lumière, il n’y a dégéné- _rescence huileuse; mais on observe d’assez nombreux et assez gros granules réfringents. VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 967 Potiron (fig. 36). — Les modifications considérables que nous avons signalées dans le Stichococcus cultivé sur tranches de Potiron à la lumière ne se produisent pas toutes si la culture est faite à l’obs- curité. Quoique un peu réduit en volume, le leucite reste net de contour ; il a une nuance jaune pâle. On ne trouve pas dans la cellule ces grosses gouttelettes d'huile si caractéristiques des cul- tures sur Potiron à la lumière, mais seulement de gros granules réfringents sur les trabécules d’un protoplasma très vacuolisé. En un mot, ici encore se montre le lien que nous avons déjà signalé entre l’aspect du leucite et le mode de dégénérescence de la cellule ; quand le leucite est net, il n’y a pas de dégénérescence huileuse. En résumé, l'absence complète de radiations lumineuses n’em- pêche pas la chlorophylle de se développer dans les cellules de Stichococcus. C’est un résultat analogue à celui qu'ont obtenu divers auteurs avec quelques Algues inférieures. Maïs, pour le Sticho- coccus, il y a, dans ces conditions, une atténuation non douteuse de la couleur verte, qui devient plus jaunâtre; en outre le leucite est plus petit et déchiqueté sur les bords. ira Enfin, dans les milieux glucosés, la dégénérescence huileuse du protoplasma et la forme floue du leucite qui en est corrélative — phénomènes qui sont des plus nets dans les cultures à la lumière -—- ne se produisent pas dans les cultures à l’obscurité. ACTION DE BACTÉRIES COMMENSALES A plusieurs reprises nous avons observé l’action de Bactéries commensales sur le Stichococcus en culture, Lorsque le milieu nutritif n’agit que peu sur la structure du leucite, l’action de Bactéries commensales peut passer inaperçue. Mais dans les milieux glucosés il n’en est pas de même. Chaque fois que, dans une culture en glucose par exemple, on fait se déve- lopper simultanément le Stichococcus et une Bactérie, on n’observe plus dans la cellule de l’Algue les modifications si frappantes qui caractérisent l’action du glucose. La Bactérie consomme en effet très rapidement le sucre de la solution, et le Stichocorcus se déve- loppe alors dans un milieu non sucré, où il prend un faciès voisin du faciès normal. La fig. 38 (PI. 8), où ont été représentés des indi- 268 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE vidus développés dans une solution de lévulose envahie par des Bactéries, montrera, par comparaison avec la fig. 42 (P1. 7), l'action des microorganismes dans ces conditions. Ceci prouve bien — et c’est là un point sur lequel nous avons déjà insisté — qu’il est de toute nécessité, dans des recherches analogues à celles que nous avons poursuivies, d’ OpÉreE SE dans des conditions d’asepsie rigoureuse. (À suivre). ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION par M. Noël BERNARD (Fin). $ VE — INTRODUCTION EN EUROPE ET CULTURE DE LA POMME DE TERRE La Pomme de terre, comme la plupart des Orchidées horticoles, n’est pas-originaire de notre continent. Importée d'Amérique vers la fin du XVIe siècle, elle se répandit peu à peu, d’abord en Angleterre, puis dans l’Europe centrale et enfin en France, où, _ grâce aux efforts admirables de Parmentier, sa culture prit dès la fin du XVIII: siècle, l’importance qu’elle a gardée. Dans ce cas, comme dans celui des Orchidées, la manière dont l'introduction a été faite, les moyens par lesquels la culture a été répandue, ceux qu’on a employés pour perfectionner l'espèce, fournissent plus d’un sujet de réflexions. Je ne ferai que quelques remarques sur les faits de cet ordre qui m'ont particulièrement frappé. Dans le cas des Orchidées, le fait que les endophÿtes, transportés par les bulbes et les rhizomes ne l’est pas par les graines, m'a servi à comprendre comment, l'introduction: de ces plantes ayant été faite par rhizomes ou bulbes, leur propagation par graines est devenue possible après qu’elles et leurs endophytes ont été bien acclimatés. 4 Dans le cas de la Pomme de terre, les tubercules transportent comme j'ai dit l’endophyte, les graines ne le transportent pas ; l’infection de la plante en ce cas reste encore limitée aux racines et n'atteint pas les fruits ; des graines de Pomme de terre extérieu- rement lavées au sublimé, germent sur les milieux stériles sans les contaminer. C’est une expérience que j'ai souvent faite. Or l'introduction de la Pomme de terre a été faite en Europe par des tubercules ; c’est à partir de tubercules qu’elle a été culti- vée tout d’abord, et il semble qu'on ait songé assez tardivement à la méthode des semis, à une époque où la plante était largement 210 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cultivée et assez estimée pour qu'on recherchât par semis à obtenir des variétés nouvelles. On a donc dû, au début de la culture, intro- duire et acclimater en même temps que la plante même son éndo- phyte normal (1). L'histoire des premières tentatives de germination est moins bien connue dans ce cas que dans celui des Orchidées. Il existe cependant à ce sujet un document précis dont l'ancienneté fait l'intérêt. Charles de l’Escluse, qui, le premier sans doute, à la fin du XViesiècle, cultiva la Pomme de terre en Allemagne et contribua à la répandre par les envois qu’il fit de tubercules et de graines, rapporte dans son Rariorum plantarum Historia (2) que « l’on ne doit compter pour la conservation de l'espèce que sur les tubercu- les. » Les graines qu'il avait envoyées à ses amis germaient parfai- tement, mais les plantes obtenues donnaient des fleurs et ne produisaient pas de tubercules. E. Roze (3), qui cite ce passage de l'ouvrage de de l’Escluse, en constate fort justement l’intérêt. Les choses se passent aujourd’hui différemment : les agriculteurs qui font de la Pomme de terre l’objet d’une culture spéciale, pratiquent les semis, mais généralement les plantes qu'ils obtiennent donnent dès la pre- mière année des tubercules et ne fleurissent pas. Un grand nombre des variétés, qu'aujourd'hui on cultive, ont ainsi des semis pour origine ; elles sont autant que d'autres contaminées de Fusarium comme le prouve à elle seule l’histoire de leurs maladies. Ainsi les horticulteurs d'Orchidées obtiennent aujourd’hui par semis des hybrides tout autant infestés que les plantes parentes bien que les graines ne le soient pas. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est 1) De même que, pour la culture des Orchidées, les horticulteurs après de nombreux essais sont arrivés à choisir des sols favorables au développement des des trois Règnes, dit Parmentier (loc. cit, p. 74) sont bons pour la reproduction des Pommes de terre ; il s’agit de les distribuer convenablement, en mettant dans les trous creusés par la bèche ou dans les sillons tracés par la charrue des fumiers placés immédiatement sur le tubercule. » C’est, comme je l'ai dit, une méthode essentiellement favorable à la rer du mycélium du tubercule semence, aux racines et aux tubercules nouveaux (2) Publié à Anvers en (3) Histoire de la Pomme de terre (Paris, 1898), page 91. On trouvera dans ce livre nn bien documenté sur ce sujet la traduction intégrale de tous les passages des ouvrages de de V’'Escluse relatifs à la Pomme de terre ; j'y ai emprunté la courte citation qui précède, ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 271 qu'à partir du moment où les endophytes ont été acclimatés aussi bien que les plantes mêmes qu'on obtient des semis le résultat qu'on en attend et que la tubérisation paraît héréditaire. L'introduction par tubercules, qui, en définitive, a réussi, n’a pas élé non plus sans diflicultés. Un des premiers mémoires de Parmentier est consacré à la dégénération des Pommes de terre (L). « Malgré les avantages réunis de la saison, du sol et de tous les soins que demande sa culture, dit-il, la Pomme de terre dégénère, et cette dégénération, plus marquée dans certains Cantons, a été portée à un tel degré que, dans quelques endroits du Duché des Deux-Ponts et du Palatinat, la plante, au lieu de produire des tubercules charnus et farineux, n’a plus donné que des racines chevelues et fibreuses, quoiqu’elle fût pourvue comme à l’ordinaire de feuilles, de fleurs et de fruits ou baies. » Parmentier montre ensuite qu’il n’y a lieu d'attribuer ni à la gelée, ni au défaut de maturité des tubereules, ni à la multiplication par œilleton « cette espèce de calamité pour les pays qui l’éprouvent », il y voit un résultat « de l’affaiblissement du germe des racines » (2). L'étude des Ophrydées m'a fourni deux exemples d’une semn- blable dégénération par la culture, qui est bien plutôt, comme l’observe Fabre, un retour de ces végétaux aberrants à un déve- loppement normal. Les Ophrydées venant de tubercules peuvent s'affranchir de l'infection ; si elles étaient aussi largement cultivées que la Pomimne de terre, il n'est guère douteux qu’il y aurait plus de deux cas de dégénération à y citer. Quoi qu’il en soit, le fait que les Pommes de terre puissent vivre, fleurir et fructifier sans tubériser leurs bourgeons, force bien à rechercher, pour la tubérisation, une cause accessible à l'expérience. Une observation récente vient, dans ce cas particulier même, donner une nouvelle raison de croire que cette cause est l’infection. Il s’agit, en somme, d’un cas de dégénération par l'action pro- longée des antiseptiques. M. Lindet, qui l'a observé en poursui- vant un but tout autre que le mien, a eu l’obligeance de me le (1) Mémoire lu à la Société royale d'Agriculture, le 30 mars 1786. (2) Il ne saurait au reste être ici question de la Maladie de la Pomme dé terre due au Hg series infestans qui n’est apparue en ao 2 que 1845. 272 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE faire connaître avant même de donner, en le publiant (1), une confirmation de l’idée que je venais d'émettre (2). Dans le but de combattre la gale, maladie bactérienne des tubercules, M. Lindet, continuant des expériences d’Aimé Girard, traite par le bichlorure de mercure les tubercules qui doivent être plantés. Pour d’autres lots, il emploie le bichlorure à l’arrosage du sol où se fait la culture. Par ce traitement, la végétation ne parait pas gènée, les rendements sont bons aux premières récoltes. Le traitement est poursuivi pour les tubercules récoltés et continué pendant quatre générations ; des tubercules provenant de pieds mercurés sont, chaque fois, cultivés comparativement sans subir de traitement nouveau. A la seconde génération, les rendements diminuent de 33 et de 22 p. 100, suivant que les Pommes de terre ont été, au moment de la plantation, mercurées ou non. A la troisième génération, les rendements diminuent de 60 et 67 p. 100 ; à la quatrième, de 68 et 57 p. 100 : « Le bichlorure de mercure, dit M. Lindet, a donc diminué d’une façon indiscutable les qualités reproductives des pommes de terre de semence ». Je vois là une expérience inverse de celles que j'ai faites en assurant une contamination régulière et étendue du sol. Le traite- ment au sublimé des tubercules, autant qu’on peut le prolonger sans nuire aux bourgeons, n’entraîne pas la disparition complète des Fusarium; j'ai moi-même traité les tubercules au sublimé pour en avoir ces Champignons à peu près purement. Il n’en est pas moins certain qu’on peut détruire, en partie au moins, les germes que chaque tubercule entraîne et rendre par là plus irrégulière la contamination du sol et celle des tubercules nouveaux. Ceux-ci, même non mercurés, donnent un rendement moindre, qui diminue encore s’ils ont subi un nouveau traitement. À mon sens on a fait ici une sorte de stérilisation fractionnée, de tubercule en tubercule, pour aboutir en définitive à n'avoir qu’une infection faible et irré- gulière du sol et par suite un rendement insignifiant. C’est au moins une explication logique que je puis donner d'expériences que je n'ai pas suivies de près moi-même ; M. Lindet l’a acceptée. Prillieux et Chauveau proposent une autre explication : « On admet, dit Prillieux, qu’il y à dans le sol des bactéries (1) Bull. des séances de la Soc. nat. d'Agriculture de France (mars 1901). (2) Comptes-Rendus (A1 février 1901). . ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 273 utiles. Elles peuvent avoir été détruites dans les expériences de M. Lindet ». « On pourrait admettre, ajoute Chauveau, que le bichlorure de mercure ait une influence destructive sur les bac- téries utiles de la terre et que, de cette façon, il puisse influer sur la récolte. » Il ne me paraît pas que cette manière de voir puisse expliquer que les tubercules venant de parents mercurés, mais non mercurés eux-mêmes donnent de moindres rendements. Je ne sais de quelles bactéries Prillieux et Chauveau veulent parler, mais je ne crois pas qu’il y ait encore d’argument d’aucune sorte permettant de croire que des bactéries interviennent pour rendre plus fréquent ou plus précoce un mode d'évolution déterminé des bourgeons ; c’est, si je comprends bien, ce qu'il faudrait entendre - ici par leur utilité. La dégénération liée ici à l’action prolongée d' un antiseptique peut, comme j'ai dit, apparaître sans cela, fréquemment elle se produit quand on cultive longtemps une même variété en un même lieu. D’après Aimé Girard, qui a consacré à cette question une longue et patiente étude expérimentale (1), ce fait est certain mais il n’est pas fatal. Si l’on a soin de garder chaque année pour la plantation les tuberçules des pieds qui ont fourni les rendements les plus élevés, la dégénérescence ne se produit pas. Les tubercules venant de pieds à grand rendement, de quelque grosseur qu'ils soient, donnent l’année suivante des pieds à rendements sensible- ment égaux ; les tubercules des pieds à rendements faibles, qu'ils soient gros ou petits, donnent par la suite des rendements infé- rieurs : c’est par eux que la dégénérescence des plantes se produit, la sélection peut l'empêcher. Aimé Girard tire de ses expériences la conclusion que le rende- ment tient à des qualités héréditaires; il me paraît qu'on doit l’admettre en effet, et il est assez évident qu'un pied ne pourra ètre très productif que s’il est vigoureux et si son appareil aérien bien constitué peut former en assimilant assez de sucre pour que les tubercules qui se forment puissent grossir normalement. Il faut remarquer seulement que, dans l'hypothèse où je me place, une plante à grand rendement doit être non seulement vigoureuse, mais encore bien infestée ; les tubercules qui se forment dans la partie 1) A. Girard. — Recherches sur la culture de la Pomme de terre industrielle et fourragère (Paris, 1900). Rev. gén. de Botanique. — XIV. : 18 214 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE du sol où cette plante croit doivent être à leur tour plus largement contaminés que les tubercules de plantes coureuses et peu fertiles, pauvrement infestées. Si la formation des tubercules est, comme je le pense, un symptôme de l'infection, il n’est pas douteux qu’on peut, par sélection, maintenir et propager, en même temps qué des races bien constituées de la plante, la maladie infectieuse qui nous permet de l’utiliser. RÉSUMÉ GENERAL Je donne ici, avant de conclure, un résumé des arguments de Biologie comparée qui m'ont guidé dans l’ensemble des recherches que je viens d’exposer. J'ai désigné par le terme de tubérisation un mode de dévelop- pement spécial caractérisé par la lenteur de la difiérenciation mor- _phologique et histologique des points végétatifs ou des bourgeons, et par la mise en réserve concomitante des aliments non utilisés pour la différenciation. Les plantes que j'ai étudiées peuvent être classées, par leurs modes de tubérisation, en trois catégories. 1. — Il y à tubérisalion précoce et permanente dans le cas du Neottia Nidus-avis. Les plantules sont tubérisées dès le plus jeune âge, la différenciation du bourgeon terminal est très lente en tout temps, ce bourgeon produit un enchaînement de tubercules. L'ac- cumulation d’amidon est constante au cours de la vie. LL — Il y a tubérisation précoce et périvdique dans le cas des Ophrydées. Les jeunes plantules tubérisées ressemblent à celles du Néotlia ; mais dans la suite on peut distinguer dans le développe- ment dé bourgeons des périodes de tubérisation, alternant avec des périodes de différenciation normale. Les tubercules se forment pendant les périodes de tubérisation ; les feuilles et les fleurs se différencient pendant les périodes de différenciation. UL — 1 y a tubérisation turdive et périodique dans le cas de la Ficaire et de la Pomme de terre. Les plantules se différencient d'abord normalement : plus ou moins tardivement la tubérisation des bourgeons commence; il se forme des tubercules. A partir de ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 275 cette première période de tubérisation les choses se passent comme chez les Ophrydées. Les plantes que je cite ici sont, au moins à certains moments de leur vie, infestées par des champignons endophytes. L’infection se fait au cours de la vie à des époques précises bien définies dans chaque cas, différentes dans des cas divers. Le phénomène de l'infection qui, se montre ainsi lié d’une façon étroite aux phéno- mènes généraux. de l’évolution de la plante est un caractère biologique bien défini qui peut être utilisé pour une classification. Or la classification faite d’après les modes d'infection aboutit à ‘grouper les cas que j’étudie de la même manière que la classifi- cation faite d'après les modes de tubérisation. LIL y a infection précoce et permanente dans le cas du Neottia Nidus-avis. L’infection est réalisée dès le début de la germination ; au cours de la vie la plante est constamment infestée. IL. 11 y a infection précoce et périodique dans le cas des Ophrydées. L'infection est réalisée une première fois au début de la germi- nation Comme chez le Néottia; mais dans la suite les bourgeons s’isolent périodiquement avec des tubercules indemnes et sont pour un moment à l’abri de toute infection. Il y a lieu de distinguer des périodes d'infection alternant avec des périodes de non infection. Les périodes de tuübérisation coïncident avec les périodes d'infection ; les périodes de différenciation coïncident avec les périodes de non infection. IL. 1! y a infection tardive et périodique dans le cas de la Fitaire et de la Poinme de terre. L'infection ne se réalise qu’un certain temps après la germination. La vie commence par une période de non infection pendant laquelle il y a différenciation normale des plantules. A partir de la première infection les choses se passent comme chez les Ophrydées,. _Je me suis attaché à établir le parallélisme qui existe entre ces deux classifications ; j'ai cherché de plus à montrer que cette coïncidence n’est pas accidentelle, et que, à des variations du mode d'infection dans chaque cas correspondent des variations parallèles du mode de tubérisation. J'espère être arrivé par l'étude de plantes très diverses à des résultats susceptibles de générali- sation. 276 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE CONCLUSIONS Les plantes très diverses que j'ai comparées dans ce travail sont du nombre de celles dont les racines sont normalement infestées par des champignons filamenteux. Dans les cas dont je ne suis occupé ces champignons sont spécifiquement peu éloignés les uns des autres, ils appartiennent aux genres Nectria, Hypomyces ou à des genres voisins. _ Un mode singulier de développement des bourgeons se présente chez toutes ces plantes : au lieu de croître en donnant des rameaux feuillés suivant le mode le plus général d'évolution des bourgeons chez les végétaux, ces bourgeons forment des tubercules où les aliments actuellement inutilisés s'accumulent. Par des arguments très divers tirés de la Biologie comparée ou de l’expérimentation, j'ai été amené à concevoir la tubérisation des bourgeons comme une conséquence et un symptôme de l’in- fection des racines. L'action des champignons infestant les racines doit être comprise en ce cas comme. une action à distance qui peut s’expliquer par la diffusion de produits solubles dans le corps de la plante. Parmi les conclusions auxquelles j'ai été incidemment amené au cours de Ces recherches, je retiendrai ici celle qui résulte de l'étude de la germination des Orchidées : Les graines rudimentaires de ces plantes ne se développent que lorsqu'un champignon les a atteintes et a pénétré certaines de leurs cellules. Leur germination ne peut pas se produire sans l’action de ce microorganisme. Ce travail a été fait au Laboratoire de Botanique de l’École Normale Supérieure, dirigé par M. J. Costantin, et aussi au Labo- ratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé par M. Gaston Bonnier. J'adresse mes plus sincères remerciements à mes maîtres, qui m'ont souvent encouragé dans ces recherches. ——_—__—_—nn \ ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION: 271 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I. Fig. 1-2. — Orchis maculata. 1. — Pied récolté le 31 mars, n'ayant pas développé de racines. B, bourgeon principal ; b, bourgeon de second ordre développé en rameau. Gr. 2. 2. — Coupe d'ensemble d’une partie de la même plante passant par les axes des bourgeons B et b. Gr. 4. Fig. 3-6. — Plantules d'Orchis montana . 3. — Plantule récoltée en mai. t, tubercule de première année ; r, rhi- zome portant des écailles et des poils; {2, tubercule de seconde année. Gr. 2 — Coupe d'ensemble de la même plantule passant par le bourgeon terminal. La zone infestée dans le tubercule de première année ({1) et dans le rhizome (r) est indiquée en pointillé. Gr. 2 5. — Plantule dérivant d'un petit tubercule (t) détaché d’une plante adulte. Récoltée en mai. f, fragment de la tige de la plante adulte sur laquelle le tubercule s’est formé ; r, rhizome portant des poils et des écailles. {” tubercule produit par le bourgeon terminal. Gr. 2. — Coupe d'ensemble de la même plantule passant par le bourgeon. terminal. e, une écaille du rhizome. La zone infestée du rhizome est indi- quée en pointillé. Gr. 2. Fig. 78. — Plantule de Ficaria ranunculoides (Germination). 7. — Aspect d'ensemble de la plantule récoltée en mai. r, racines infestées ; a, axe hypocotylé ; b, bourgeon terminal produisant un tuber- cule { ; c, cotylédon. Gr. 2. 8. — Une partie de la même plantule montrant l'insertion du tuber- cule sur le bourgeon terminal et la base engaînante du pétiole cotylédon- naire. Gr. 12. 278 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE PLANCHE Il. Fig. 9-15. — Neottia Nidus-avis (Germination). 9, — Graine, coupe longitudinale. Le trait { indique la place et la forme générale du tégument, m, région où le tégument s'attache au placenta (côté du hile et du micropyle) ; s, pôle suspenseur de l'embryon; v, pôle végétatif. Gr. 93. 10. — Graine au début de la a coupe longitudinale, même signification des lettres que pour la fig. . 98 41. — Coupe longitudinale d’une plantule, au cours de la première année du développement. Au-dessous de l’épiderme indemne se trouve, dans la région moyenne, la zone infestée où l'on voit des cellules à peloton de filaments distincts (p) et des cellules à peloton dégénéré (v) irrégulière- ment réparties. Au centre, cellules allongées formant un cylindre central entouré de parenchyme amylacé. r,r, points végétatifs des premières racines. Gr. 65 (1). 42. — Aspect extérieur d’une plantule plus avancée. B, bourgeon terminal; T, premier tubercule ; Te axe embryonnaire ; {, tégument de ” la graine. Gr. 8. 3. — Plantule la plus avancée de celles que j'ai trouvées en mai, mêmes indications. Gr. 8. 14. — La même vue de face, r, r, ”, racines du premier tubercule. Gr. 13. Fig. 15-16. — Neottia Nidus-avis (Bourgeonnement des racines). 45. — Coupe longitudinale de l'extrémité d’une racine R donnant un tubereule T, à, zone infestée ; a, parenchyme amylacé ; €, cylindre central. Gr::25. — Aspect extérieur d’une autre racine bourgeonnante (R) détachée d’un Fhiiome. Le tubercule terminal T déchire la coiffe de la racine, une première écaille est différenciée. Gr. 5. PLANCHE. III. Fig. 17-20. Neottia Nidus-avis. — (Multiplication par développement de bourgeons). 17. — Un pied entier en voie de développement, B, bourgeon princi- pal ; b, bourgeon de second ordre se développant en rhizome. La plupart des racines ont été enlevées. Gr. ‘/,. (1) Le diamètre des hyphes a été, dans cette figure, un peu exagéré. ÉTUDES SUR LA TUBÉRISATION 279 18. — Une plante entière récoltée en avril, dont le bourgeon principal . Bet un bourgeon de second ordre b sont sur le point de se développer en hampes florifères. Les racines ont été enlevées. Gr. 2. 9. — Coupe transversale d’un groupe de bourgeons se développant à la partie moyenne d’un rhizome de plante adulte : b, bourgeon de second ordre ; b’1, b’2, bourgeon de troisième ordre ; 1, zone infestée du rhizome, s'étendant à la base du groupe de bourgeons ; a, parenchyme amylacé ; v, zone vasculaire. Gr. 2. ns | I # 14 di 14 20. — Groupede )j jeune h t d’un bourgeon de second ordre (b) d'un rhizome : a, point d’ attache de l'ensem- ble sur le rhizome ; b'4, b'2, bourgeon de troisième ordre; b”1, b’2, bourgeons de quatrième ordre ; b’”1. be. bourgeons de cinquième ordre ; à, limite supérieure de la zone infestée exceptionnellement étendue à la base des bourgeons b et b'1 dont les hampes florales étaient différenciées mais des- séchées. Les racines ont été enlevées ainsi que les écailles, dont on voit les lignes d’insertion. Récolté en avril. Gr. 1 Fig. 21-22. — Pieds à hampe souterraine. 21. — Développement sur un vieux rhizome d’un bourgeon de second ordre b, prêt à donner une hampe enterrée ; à, limite supérieure de la zone infestée ; rr, racines ; ft, racines formant des tubercules terminaux. Récollé en avril. Gr. 2. 22, — Hampe souterraine contournée portant des fruits dont plusieurs contenaient des graines en germination, R, rhizome desséché. Récolté en septembre. Gr. ‘/,. : REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 18983 à 1900 (Suite) Expérimentalement, la disparition des alcaloïdes dans les plantes n’est jamais accompagnée d’une augmentation concomitante des subs- tances albuminoïdes; tandis qu’en provoquant une diminution des matières protéiques, la proportion d’alcaloïde augmente notablement. caloïdes sont donc des déchets de l’activité cellulaire, et leur production Le être considérée comme un phénomène très général chez les plan La plante pr capable de détruire son alcaloïde. Dans certains cas, la destruction peut probablement se manifester très tôt et avec assez d'intensité pour que la plante paraisse ne pas former d’alcaloïde nfin toutes les localisations montrent que ces corps servent à la protection de la plante. Les conclusions précédentes ne sont pas acceptées par tous les phy- siologistes. Ainsi ALBO (1) dire l'opinion de Boussingault qui avait dit que « dans les germes de la Pomme de terre, la solanine paraît remplacer ob » considére cette solanine comme un aliment pour la plante et rappelle que Dehérain én fait la forme de rs sé A albuminoïdes. constaté que pendant la première période de la vie de la he. alcaotde disparaît peu à peu, aussi bien à la lumière qu'à l'obscurité ou que dans une atmosphère dépourvue ne be comme Ti constituait une réserve nutritive. Il a rem é en outre que plus tard, ce corps reparaît au cours du Rent . de la jeune plante à la lumière. Il admet donc que la solanine est u véritable produit de réserve et que sa présence dans les tissus di Solanées est étroitement liée au processus d’assimilation Mais Clautriau fait remarquer que ces conclusions d'Albo sont basées sur des données PR demandant à être er par la voie qualitative ordinaire ; il y aurait toujours de la solan au début du développement ; haie elle se trouverait dans des aies (4) Albo : Sulla funzione fisiologica della Solanina (Estratto da A. Borzr, Contrib. Biol. végét. vol. IL, fas. III, 1899). REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 281 s’enrichissant en eau qui diluerait beaucoup la solution d’alcaloïde, ce qui rendrait infructueux l’essai microchimique; dans la suite, l’activité de la plante augmentant, ee déchets. la solanine notamment, appa- raîtraient en grande quantit om preuve du rôle à réserve nutritive joué par la solanine, Albo cite des recherches de MEYER (1) qui a déterminé la guantité de cette: sé contenue dans . jets de Pomme de terre à différents moments ; mais ces recherches ne sont pas PU LENS PE effet à Pobecmité la RER d’alcaloïde diminue bien avec évelop- pement des jets mais on ne sait ce que devient la ie absolue trouvée à ere et c’est précisément ce qui importait; or l’auteur a négligé de nous renseigner sur ce point. Mais Clautriau a montré, dans ses recherches sur le Caféier et le Thé, que la théobromine ne diminue pas quand on met la plante dans l'impossibilité d’assimiler ou d'élaborer des matériaux azotés. Matières albuminoïdes et dérivés. — ©. He 3e Feat sur les recherches qu'il a exécutées autrefois avec Bokorny sur l'existence chez les plantes d’une matière protéique en solution, dires te de matières protéiques ordinaires. Les réactions de ce corps ne sont pas celles du protoplasma vivant ni mort és pe d’ailleurs es celles des albu- minoïdes solubles connus. Dans un grand nombre d'organes végétaux on peut, en effet, à l’aide de és étendues de caféine ou d’anti- pyrinc provoquer l’apparition de globules transparents incolores que l’auteur nomme protéosomes. Si l’on soustrait de l’eau brusquement à ces corps, ils se coagulent. Ils ne se forment pas quand la plante croît dans un milieu non azoté. Cette albumine que l’auteur considère comme une substance de réserve réduit les solutions alcalines très étendues de . nitrate d'argent en noircissant : elle retient très énergiquement l’eau, absorbe l’ammoniaque et devient insoluble, enfin elle est influencée par les solutions de caféine, d’antipyrine, par l’acide acétique étendu, les vapeurs d’éther et l'alcool à 10 ou 20 DAHIKUHARA (3), travaillant d’ Lee bé idées de Loew, trouve que l’albumine active forme la majeure partie des matières protéiques de réserve. Au fur et à mesure que les protéosomes diminuent, l’aspa- ragine augmente, Or, Loew pense précisément que l’asparagine peut provenir directement des sucres et de l’ammoniaque ou bien de la dés- intégration des matières albuminoïdes. Cette albumine active, produit de synthèse duquel dérive l’albumine passive moins instable, se ren- (1) Meyer : Ueber den Gehalt der Kartoffeln an Solanin undueber dre Bildung, während der Keimung (Archiv. f. experim. Pathol. und Pharmakol. XXXVI 369; 1895. (2) 0. Lœw. Col. of Agr. Tokio Bull, vol. I, n. 1, p.23; n. 2 bn 7; 94 (3) Dahikuhara. Mème recueii, vol. Il, n. 2, p. 79. 282 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE contré souvent dans les fleurs. Les protéosomes existent en plus rande abondance à l'ombre qu'à la lumière ; les jeunes feuilles en contiennent plus que les vieilles et il y en a autant dans les parties blanches des feuilles panachées que dans les parties vertes PRIANISCHNIKOW (1) soulève aussi, au sujet des nor es albumi- noïdes, cette question de l’origine de l'asparagine. Il se demande si réellement comme le croient Pfeffer et Borodine, lasparagine se si ceux-ci viennent à manquer, l’asparagine s’accumule comme on le constate chez les plantes ayant germé à l'obscurité. Boussingault, au contraire, croyait que l’asparagine représente chez … ins étiolées un produit d’oxydation des matières albuminoïdes _ comme l’est l’urée chez les animaux; mais sous l'influence la erviel les phénomènes de synthèse reprenant le dessus, l’asparagine est utilisée ou disparaît. r, Oskar Müller, en 1886, a essayé de vérifier expérimentalement Hnoibése de Boussingault. En plaçant des rameaux non détachés d'une plante à l'obscurité ou dans une atmosphère aépouilée d'acide Mere il a vu que l’asparagine s’accumulait, alors que partout, les hydrates de crème LE PE TEE Lu RErEe es organes qui assimilaient. e M Par co ,grà ce à 4 eru pouvoir conclure en faveur EN l'hypothèse de Pieffer. 11 plaçait deux tiges vertes de Pois, l’une dans l’eau distillée, l’autre dans de l’eau distillée addïtionnée de sucre et maintenait le tout à l’obscurité dans des atmosphères dépouil- lées de gaz carbonique. Or, dans l'eau distillée, il ne s’est pas formé d’amidon, mais il y aeu de l’asparagine ; dans l’eau additionnée de sucre, il n’y a pas eu apparition de ce dernier corps; à l’aide des hydrates de carbone par conséquent, l’asparagine a été régénérée sous forme albu-' minoïde, Mais Prianischnikow fait remarquer que selon Nadson, la croissance des plantes cesse dans des solutions de sucre; il pourrait donc tout simplement ne pas s’être formé d’asparagine. Il a alors placé les deux tiges dans l’eau distillée à l'obscurité et a fait l’analyse de l’une d’elles quand la destruction de la matière albuminoïde a commencé; il analysé l’autre plus tard pour voir si l'asparagine formée a bien été régénérée sous forme albuminoïde. Les résultats ont été négatifs. Donc, selon l'auteur, la solution de sucre suspend la formation d’asparagine comme elle suspend la croissance. Œœw (2) se basant sur les expériences de KINHOSITA (3) qui mon- trent que les plantes ayant reçu de l’azote ammoniacal augmentent beaucoup plus leur teneur en asparagine que lorsqu'on leur donne de (1) Prianischnikow. Land. Vers. t. 49, p, 459, 1896. (2) Læw. Centralbl. f. Agrik. Chem. 1896, p. 401 (3) Kinhosita, Même recueil, p. 497, REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 283 l’azote nitrique, en conclut: qu’il y a là une source nouvelle de Rite d’asparagine, synthétique, celle-là, et qu’on doit ajouter à celle résulte de la décomposition des albuntinotdés De plus, l’auteur trs les conclusions d’Oskar Müller et montre que l’asparagine peut réelle- ment se transformer en matières protéiques à l'abri de la lumière quand il y a apport de fortes quantités d’hydrates de carbone, tels que du glucose ou bien encore de glycérine et même d'alcool méthylique (+). En s selon Læœw, l’asparagine s’accumule quand les matières Edo sont très Un . désassimilées ou bien quand le végétal absorbe des sels ammoniacaux. A l’obscurité ou bien encore à la lumière, mais alors sans acide pt EE les plantes vertes perdent leur réserve d’hydrates de carbone par la respiration; leurs matières protéiques peu oxydables sont peptonisées ; il y a formation d’acides midés, avides d'oxygène et pouvant par la respiralion abandonner de l’ammoniaque libre; comme ces acides amidés donnant aussi de lPaldé- hyde formique l'asparagine apparaît comme pr récédemm ent; donc lation, elles s'unissent à l’asparagine et da - ali des matières D E (2) a étudié la répa artiti ion de la glutamine chez des Cracitéfés, des PRE ar des Chénopodiacées, des Conifères. Les résultats de ces travaux joints à ceux que l’auteur a obtenus autrefois montrent que la glutamine existe dans les familles les plus éloignées du Em végétal. 11 y en a dans les germes d’un certain nombre de plantes qui ne contiennent pas d’asparagine. 11 y a donc des plantes he re ee la forme de voyage des matières azotées est la glutamine au lieu de l’asparagine. Rappelons que la glutamine qui a pour formule C‘H* AzO* AzH! est l’homologue de l’asparagine, de même que l'acide glutamique C°H° AzO: ou encore CH° à men saphe est l’homo- logue de l'acide aspartique Selon SHoRrEY (3) le principal composé amidé de la Canne à sucre est le gh-cocolle et non l’asparagine. Ce glycocolle paraît exister norma- lement pendant tout le cours du développement de la Can e. Peut-être existe-t-il aussi chez les Graminées ce qui expliquerait ue. de l’acide hippurique dans l’urine des herbivores. OsBoRNE (4) a extrait de l’Avoine d’une part, de la noix de Para de lPautre, des globulines cristallisées différentes surtout en ce qui concerne les proportions d’azote et de soufre et la solubilité. Les globulines cristallisées du chenevis, du Ricin, des graines de Potiron et de celles (4) Voir aussi Kinhosita : Coll. Ag. jee Bull. vol. Li, n. 4, p. 196, (2) Schulze. Land. Vers. XLIX gris 447, 1897. (3) Shorey. Journ. Amér. Chem . XIX, no IE; p. 1184, 1897. (4) Osborne. Connec, Exp. Stat. pie À sé p. 138, 1 284 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE du Lin sont presque ent aussi bien en ce qui concerne leur composition élémentaire qu’en ce qui concerne la solubilité dans la glycérine et dans les solutions de sel marin et de sulfate de magnésie. Le même auteur a trouvé dans les grains de Blé : une _.— qui appartient à la classe des vitellines végétales ; une albumine coagulable à 52° mais qui diffère de l’albumine animale en ce qu’elle est En quand on sature la solution avec du chlorure de sodium du sulfate de magnésie ; une protéose qui s'obtient après avoir ce . globuline par la dialyse et l’albumine par la coagulation en saturant la ie de chlorure de sodium ou en ajoutant une solution du même sel à 20 p. 100 acidulée avec de l’acide acétique; de la gliadine, soluble dans l'alcool faible ei que Dumas et Cahours avaient désignée du nom de gélatine végétale ; de la gluténine, insoluble dans l’eau, les solutions salines ét l'alcool étendu et qui n’est pas autre chose que Ta fibrine végétale de Liebig, Dumas et Cahours, la caséine de gluten de Ritthausen, la fibrine de gluten de Martin. Le gluten du Blé consiste précisément en gliadine et gluténine. La gliadine forme une matière visqueuse avec l’eau et agglutine les grains de farine, mais c’est la gluténine qui donne la consistance au gluten. Les sels solubles sont nécessaires à la formation du gluten parce que l’eau distillée dissout rapidement un des éléments la gliadine, mais ces sels minéraux sont en quantité suffisante dans l’albumen farineux du Blé, TecLer (1) expose, en se basant sur les travaux ce des méthodes de séparation quantitative des albuminoïdes du PALLADINE (2) a repris les travaux de Weil, Vines, 5 Dsbome sur les albumines végétales Il à isolé la vitelline du Lupin; or les pro- priétés de ce corps montrent qu'il est intermédiaire à la globuline et aux albumoses ; ‘c’est en somme une albumose douée de quelques pro- priétés de la globulin Le même auteur a extrail en outre, grâce au chlorure de sodium, des graines de Lupinus luteus, Vicia Faba et Sinapis nigra un composé calcique de la vitelline qui ne serait autre que la myrosine végétale de Weyl Enfin il pense que le nombre des matières albuminoïdes est moins grand sue ne le prétend à cause des confusions qui ont été faites (3). A. Bacu (3) a essayé d'expliquer le mécanisme chimique de la lormation des matières azotées quaternaires chez les végétaux au sujet des azotates. Il semble certain, pense l’auteur, que la mise en liberté de l'acide azotique ou même de l’acide azoteux de azotates, précède la réduction de ceux-ci dans les plantes. En e l'extrême dilution des solutions salines, qui favorise la ton mes sels, la présence de (1) Teler, Arkansas Stat Bull. XLIE, 81. (2) Palladine. Zeit. f. Biologie XIII, p. 191, 1894. (3) Signal en passant les recherches de FLEURENT sur les matières albumi- noïdes végétales (voir C, R. Acad.), 4 décemb. 1893, 16 décemb. 1894, 22 juillet 4895 REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 285 grandes quantités d’acide carbonique qui, en vertu de la loi des masses, peut jusqu’à un certain point développer l’acide azotique des azotates, la décomposition des azotates sous l’influence des radiations solaires avec mise en liberté d’oxygène et formation d’azotites facilement composables par les acides organiques (L. LaurEenT. Bulletin de l'Académie royale des Sciences de Belgique, 3° série, t. X) 33m}, tous ces faits tendent bien à montrer que c’est sur les acides Ubeus que porte la réduction. Or, la réduction la plus énergique a lieu dans les feuilles comme Berthelot et André l’ont démontré et il est naturel de supposer, comme l'a fait Armand Gautier, que le rôle du phénomène appartient à l’aldéhyde res qui est un des Ten de l’assimila- tion chlorophyllienne. L'au a donc été ainsi amené à étudier l’action de l’aldéhyde Manual sur l’acide azotique. Or l'acide sulfureux réagissant sur l'acide azotique engendre de l’hydroxylamine Az O° H devient acide azoteux O = Az — OH, puis acide hypoazoteux ; O — AzH, ee par nouvelle soustraction d'oxygène il resterait le groupement qui fixerait les éléments de l’eau pour donner de l’hydroxy- lamine Az H:? H. Mais, ray les feuilles, lhydroxylamine produite par réduction plate à un corps comme l’aldéhyde se em se trouvant en présence de cette aldhéhyde qui se produit sans cesse, s’y combinerait nécessairement pour donner de la formaldoxime CH? = la réaction connue. Mais les oximes manifestent une grande tendance à se transformer en amides et la formaldoxime pourrait bien s convertir en formiamide CHO Az H:. La tormaldoxime et la formiamide seraient donc les premiers termes quaternaires de la réduction des azotates dans les plantes. Or, par une série de recherches, l’auteur a pu, en faisant réagir l’acide azotique et l’adéhyde formique, mettre en évidence la production de formaldoxime, mais il n’a pu, e façon absolument nette, obtenir la transformation ultérieure de ce corps en formiamide. Nous reviendrons du reste, au sujet de l’absorption et de l’assimi- lation, sur la grande question de la genèse des matières albuminoïdes aux dépens des nitrates. Diastases sb Les actions diastasiques ont pris, dans ces derniers temps, un rôle de plus en plus prépondérant dans l'explication des (1) Consulter : PRES : Traité de Microbiologie, t. IE. Paris: Masson, 1899. and Gautier : Chimie biologique normale et pathologique. ge Masson, 1897. Les toxines microbiennes et animules. Paris, 1896. Arthus: Précis de Chimie physiologique. Paris : Masson, 1901. Efiront : Les énzymes et leurs applications. Paris : Carré et ud, 1899. au Green : Die Enzyme. Berlin : Parey, 1901. Cet ouvrage contient e très nombreux et très intéressants renseignements sur les diastases dans le règne végétal 286 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE phénomènes de la vie, Mais les A Fo complètes de cette question ressortent plutôt de la Chimie biologique. Nous retiendrons ici tout ce qui à irait à l'existence des re chez les végétaux et, chemin faisant, nous indiquerons brièvement, pour l'intelligence de ce qui suit ce chapitre, les remarquables résultats auxquels on est arrivé en ce qui concerne le rôle de ces substances organiques si singulières. Une découverte importante faite dans ces derniers temps consiste dans la réversibilité des phénomènes diastasiques. Les diastases ne font pas seulement comme on le croyait autrefois un travail de des- solution dans l’eau sont les mêmes que celles qui provoquent la combi- naison de l'acide et de l'alcool de cet éther, lorsqu'on les met séparé- ment dans le liquide. La décomposition de léther ne dépasse pas avec hydratation et peut être rapproché de rs du sucre ou ool d'eau pendant la soudure des molécules. Or, selon Hizc (1), la diastase qui transforme le ss en ji peut refaire du maltose aux dépens du glucose lorsqu'on au e la concentration de la solution sucrée. n phénomène de pes pee ri analogue vient d’être mis en lumière par Hanriot pour la lipase (voir la prochaine Revue de Physiologie). On doit à Bucuxer (2) une découverte non moins importante; il s’agit de la fameuse diasiase alcoolique qui fit jadis l’objet d’une discus- sion mémorable entre Pasteur et Claude Bernard. Pasteur croyait que la production de l'alcool aux dépens du glucose était une propriété spéciale et exclusive de la cellule vivante de Levure. Or, le savant chimiste allemand vient de proaver que la conception de Claude Bernard, qui était aussi celle de Traube et de Berthelot, est parfaitement fondée. C’est qu’en effet la zrmase des globules de Levure n’exude pas natu- rellement comme la sucrase; il faut, pour la mettre en liberté, broyer les cellules et alors on a, en dehors de celles-ci, un liquide qui peut produire la fermentation alcoolique. Dans la nature, par conséquent, cette lermentalion est bien un phénomène intra-cellulaire. En étudiant le latex de l'arbre à laque, G . BERTRAND (3) a pu mettre (1) A. Craft Hill. pr of the Chem. Soc, 1898, } (2) Bucbner. B. d. deut. Chem. Gesell. 1897, pp. Li, “er 2668. (3) Bertrand : Sur le rs de l'arbre à laque. CR. CXVAIT, 1215. Sur 1e laccase el Le pouvoir oxydant de cette diastase. CR.CXX. Sur la re $ Je Lersaenee de lu laccuse dans les végé- taux. CR. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 287 en évidence, dans cette émulsion, l'existence d’un ferment oxydant qu'il désigne sous le nom de lazcase. C’est ce ferment qui fait prendre au latex sa teinte brune dès qu’il est abandonné à l'air et qui le fait se recouvrir d'une pellicule résistante, d’un noir intense, insoluble dans les dissolvants usuels. L'alcool empêche la transformation du latex et fournit, d’une part, un précipité chimiquement identique aux gommes t qui contient la laccase; d’autre part un liquide rubéfiant et très laque proprement dite Le laccol s’oxyde aussi bien en l’absence qu'en présence de la laccase, mais dans le premier cas il ne donne qu’une substance résinoïde, longtemps visqueuse et soluble dans l'alcool et non le dérivé noir insoluble qui caractérise la laque. Bien que le laccol et la laccase soient intimement mélangés dans le latex, la laque n’y prend pas naissance, car l’oxydation du laccol doit précéder l’action diasta- sique de la laccase. D’autre part, le laccol, naturellement oxydable, absorbe l'oxy Et Se plus vite et en plus grande quantité en présence du ferme L'auteur a pu en outre démontrer que, sous l’influence de la laccase, des corps artificiels, comme l’hydroquinone, le pyrogallol ou naturels comme le laccol, l'acide gallique et le tannin absorbent de lex xYgè ne de l’air et dégagent de l'acide carbonique. Or, cette laccase est très répan- due chez les végétaux. On la met en évidence par l’action qu’elle exerce sur l’hydroquinone, sur le laccol, et surtout sur le pyrogallol en solu- üon concentrée. On peut encore utiliser cette réaction extrèmement sensible qui consiste dans la coloration bleue prise par la résine de gayac en s’oxydant sous tee ec de l’air et de la laccase. n peut souveut reconpaîlre qu organe végétal renferme de la laccase en le coupant et en re la section fraîche avec de la tein- ture de gayac; la section se colore presque aussitôt en bleu et le pro- cédé réussit parfaitement avec les tubercules de Dahlia et la Pomme de terre : le rhizome du Balisier, les racines de la Betterave et du Navet, la tige de l’Asperge, les pétales de Gardénia, les pommes, les poires, les coings. L'auteur a pu même isoler la laccase dans un grand nombre de plantes; ce sont les organes en voie de développement rapide qui sont les seuls riches en ferment, La laccase n’a pas d’action sur la tyrosine. Or, c’est cette dernière substance qui, dans les tubercules de Dahlia ou de Pomme de terre, dans le Æussula nigricans, s’oxyde au contact de l'air en produisant ume coloration rouge, puis noire. BERTRAND (1) a montré que ce phé- nomène a lieu, grâce à un ferment spécial, différent de la laccase, la (1) Bertrand : Sur une nonvelle Ma ou ferment soluble oxydunt, d'ori- gine végétule. CR. I ni à _… la presence de se de la laccase et de la aps ans Le suc de quelques Ébtuon-d CR. CXXII NL. 463. 288 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tyrosinase. La laccase n'étant donc pas le seul ferment soluble oxy- ant qu’on rencontre chez les végétaux, doit être regardée comme le type d’une série de substances analogues que l’auteur désigne sous le nom d’oxydases, universellement accepté aujourd’hui. En partant d’un même suc issu de certains Champignons ue eyanoxantha, R. deliea), le même auteur a pu obtenir, d’u un liquide très riche en laccase, mais sans action sur la és de l’autre une Aa manifestant à peine les réactions de ce ferment soluble, s possédant de la tyrosinase. On peut donc admetire Mindiviatalité de la laccase et celle de la tyrosinase ainsi que la pré- sence simultanée de ces deux ferments dans le même suc végétal. (A suivre). Eb. GRIFFON. 425 — bille. imp, Le Bigot frères. Le Gérant: 1h, Clerquin. Revue générale de Botanique. Tome 14. Planche 9. Or. 62 Matr. et Moll. del. Phot, Bertin et Ci. STICHOCOCCLS MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique parait le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à LR pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 ir. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l'Etranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Paris. On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez M. Jules PEELMAN, ? rue Antoine Dubois, Paris. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes dont un ed mire a aura été narest au Director æ Je gb: re de Botanique. D £ é ur lu couverture. auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de Botanique ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Librairie PAUL DUPONT, 4, rue du Bouloi — PARIS COURS BOTANIQUE ATOMIE ; PHYSIOLOGIE ; CLASSIFICATION ; ième mt COLES, INDUST “re MÉDICALES ; ; : MORPHOLOGIE EXPÉRIMENTA GÉOGRAPHIE NIQUE ; LoRIdLLOE ; HISTORIQUE par MM GASTON BONNIER LECLERC DU SABLON MEMBRE DE L Ponge avr Sciences) PROFESSEUR DE BOTANIQUE R EUR DE BOTANIQU A L'UNIVERSITÉ DE TOULOUSE A SORBONNE DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES A L'USAGE des Élèves des Universités, des Écoles de en et de Fr 14 gas Écoles d’Agricul Deux volumes comprenant environ ie pages in-8° et renfermant plus de 3, 000 ne la sr dessinées d après nature. L'ouvrag fe Le premier Justine (584 pages s-4 553 figu frs et le deuxième fascicule première mir ont Par Prix par souscriplion à PA complet {payable datent « “25 francs. EE rix de chaque fascicule vendu 1Ssolément : 6 francs. age, une fois Le prix de l'ouvrage terminé sera supérieur au prix de SOUSCriplion A partir de la Lot du Racer er le prix de souscription augm Le Cou Phae suivant un ss nouveau, La desttption et l’anatomie des organes sont : "à * extérieurs ordinairement décrits, les particularités anatomiques les plus intéres- santes et les applications relatives à l'Agriculture, à l’Indu mr et à la Médecine Dans l'étude de e Pres ie expérimentale, le auteurs se ont appliqués à me np LL que le aits . semblent AM prement _sequIs à al science ; la des- nn 06 plus, il est fait une large part à V'Étude je maladies des plantes, à la Géo- es api nique. à la Paléontologie végétale à une partie toute nouvelle de la science, la Morpho ologie expérimentale, e tire l'influence du milieu sur la D'une Par générale le lecteur trouvera des ce Cou de Finite la description des exposés s d'après des exemples concrets, avant les es généralités qui es en es déduites : si pourra se rendre compte ainsi par lui-même de cm ns L: moderne. reg het toutes dessinées spécialement pour cet ouvrage, la plupart ë À ; rmett à la ge du texte et per: | celui qui n'aurait iqu ettre au courant de cg les questions, même les plus complexes, de soulève V'Ét tude des végéta ï ‘. ne - tie, — lmp. LE BIGOT irères. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, . PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Juillet 1902 PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, RUE DU BOULOI, 4 1902 LIVRAISON DU 15 JUILLET 1902 1 — OBSERVATIONS SUR LA DISTRIBUTION _ DES POILS A LA SURFACE DE LA TIGE CHEZ QUELQUES ESPÈCES HERBACÉES (avec figures dans le texte), par M. A. Daguillon PAS UE DU DS SI ET ET M Ne EUX SN, D rt à H. — RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES (avec figures dans le texte), par M. L. Géneau de Lamarlière (fin) IH, — VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE VERTE SOUS L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF (avec planches), par MM. LE. Matruchot et M. Molliard ro alle Me LOS UT US RU Te ET Sue, Le IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par M. E. Griffon {suite) le PT ARS DO a er ee PAUL 9 AE INT AN DEN CRC UUVE Cette livraison renferme en outre neuf gravures dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, vair à la troisième page de la couverture... Pages 300 72: — —.$ OBSERVATIONS SUR LA DISTRIBUTION DES POILS À LA SURFACE DE LA TIGE CHEZ QUELQUES ESPÈCES HERBACÉES EL L par Aug. DAGUILLON Le revêtement pileux que portent les tiges de nombreuses plantes herbacées n’est pas toujours uniformément distribué à la surface de ces organes. Ayant examiné avec quelque attention le mode de distribution de ce revêtement chez un certain nombre d’espèces printanières très communes de notre flore, j'ai été amené à faire quelques observations que bien d’autres, sans doute, ont dû faire avant moi, mais dont je n’ai cependant trouvé aucune mention dans les traités généraux que j'ai pu consulter ; tout au plus; les ouvrages descriptifs y font-ils, à propos de quelques espèces, des allusions dépourvues de précision. Comme ces obser- vations ne m'ont pas paru absolument dénuées d'intérêt, j'ai pensé qu’il ne serait pas mauvais de leur donner quelque publicité, ne serait-ce que pour provoquer de la part d’autres chercheurs des observations du même ordre. Examinons avec quelques détails deux espèces, qui nous sérvi- ront de types, auxquels nous pourrons en tt quelques autres. * Veronica hederaefolia L. Pour plus de clarté, donnons d’abord un aperçu d'ensemble sur l'architecture générale du corps de la plante dans cette espèce, qui, on le sait, est annuelle (Voir fig. 45 et 46). Les cotylédons (C, C'), épigés et brièvement pétiolés, ont un limbe à contour entier et ovale, assez différent d’aspect de celui des feuilles proprement dites, qui est trilobé avec lobe médian plus Rev. gén. de Botanique. — XIV. 19 290 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE grand que les lobes latéraux. Au-dessus de ces cotylédons, après un premier entrenœud, ordinairement assez court, la tige principale (T,) porte une première paire de feuilles opposées (F,), dont le plan d'insertion est perpendiculaire à celui de cotylédons. Puis vient une série de feuilles alternes, dont chacune protège à son aisselle un pédoncule porteur d’une fleur : la tige principale se termine ainsi en une sorte de grappe simple. A l’aisselle de chacun des cotylédons se développe une tige secondaire (T, , robuste et dont le calibre égale bientôt celui de la tige principale. Comme la tige principale, cette tige secondaire Shoes À Fig. 45 et 46. — Veronica tn {Schéma de la ramification : À, en pers- pective ; B, en projection horizontale]. porte, après un premier entrenœud, une première paire de feuilles opposées (F,), dont le plan d'insertion est aussi perpendiculaire à c:lui des cotylédons. Cette première paire est encore suivie d’une série de feuilles alternes, avec pédoncules axillaires terminés chacun par une flsur. On voit généralement paraître, entre le cotylédon et la tige secondaire née à son aisselle, un ramuscule dont le développement retarde très sensiblement sur celui de la tige secondaire. On pourrait penser que les deux premières feuilles opposées (F, ou F,) que porte la tige, soit principale, soit secondaire, sup- portent chacuve un rameau axillaire. En général, une seule est dans ce cas, et quand toutes deux se comportent ainsi, l’un des DISTRIBUTION DES POILS À LA SURFACE DE LA TIGE 291 deux rameaux axillaires se développe plus rapidement et plus complètement que l’autre. D'ailleurs ces rameaux (T’,, T,) sont généralement dépourvus de feuilles opposées et portent, dès leur base, des feuilles alternes, abritant des pédoncules floraux. Telléæest l’architecture générale d’un individu de petite taille. Dans les individus plus vigoureux la ramification peut être plus abondante, notamment par suite du développement complet des deux ramuscules voisins des cotylédons et dont il a été question plus haut. Ceci posé, examinons la distribution des poils à la surface des tiges de divers ordres. L’'axe hypocotylé est à peu près dépourvu de poils ; mais il n’en est pas de même des parties situées au-dessus des cotylédons. A première vue, tout le système caulinaire se montre couvert d’un revêtement pileux assez lâche et qui peut paraître uniforme ; mais il suffit de l’examiner d’un peu plus près pour s'assurer que, sur chaque entrenœud, les poils sont plus abondants et plus serrés au voisinage d’une ou de deux génératrices, suivant le niveau étudié, de telle sorte qu’il se constitue une ou deux bandes plus chargées de poils, que nous pourrons appeler, pour faciliter le langage, des bandelettes pilifères : on les distingue aisément en imprimant à la tige, tenue entre les doigts, un mouvement de rotation autour de son axe, de manière à faire jouer la lumière à sa surface, ou en ‘observant cette dernière très obliquement, le rayon visuel étant presque parallèle à l’axe de la tige. Sur la tige principale, le premier entrenœud, immédiatement superposé aux cotylédons, porte deux bandelettes diamétralement opposées, qui regardent les tiges secondaires, nées à l'aisselle des cotylédons. L'entrenœud suivant, qui surmonte la paire de feuilles opposées, ne porte généralement plus qu’une seule bandelette, située sur la face qui regarde la tige secondaire née à l’aisselle d’une de ces deux feuilles. Quand, par exception, les deux feuilles supportent deux tiges secondaires plus ou moins équivalentes, la surface de la tige principale offre encore à ce niveau deux bandelettes diamétralement opposées. Qu'il y en ait une ou deux, il résulte de la décussation des feuilles opposées par rapport aux cotylédons, que les bande- lettes du second entrenœud sont toujours situées dans un plan 292 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE diamétral perpendiculaire à celui qui contient les bandelettes du premier. : Sur les entrenœuds suivants, dont chacun surmonte une feuille isolée, mère d’un pédoncule floral, on ne remarque plus, d’une manière constante, qu’une seule bandelette, qui regarde le pédon- cule. Nettement distincte au voisinage immédiat de la feuille avec laquelle elle est en relation, cette bandelette s’eflace peu à peu ; les poils qui la composent s’écartent progressivement les uns des autres et semblent s’étaler à Ja surface de la tige. A une hauteur déterminée, l’état du revêtement pileux de cette dernière est, si on peut ainsi parler, la résultante de toutes les bandelettes formées plus bas et, comme ces bandelettes tendent à se confondre latérale- ment les unes avec les autres, ce revêtement peut, au premier abord, paraître tout-à-fait uniforme. Voyons maintenant ce qu'on observe sur les tiges secondaires. Chacune des deux tiges robustes nées à l’aisselle des cotylédons porte sur son premier entrenœud au moins une bandelette, opposée à celle que présente, en regard, le premier entrenœud de la tige principale. Parfois on observe une autre bandelette, moins riche, sur la face opposée ; mais il est bon de remarquer que sa présence coïncide avec celle du ramuscule dont j'ai signalé plus haut la formation fréquente au-dessus du pétiole cotylédonaire. Sur le second entrenœud de la tige secondaire, on ne remarque générale- ment qu’une bandelette, qui regarde la tige tertiaire née à l’aisselle d’une des deux feuilles de la première paire. Quant aux entrenœuds suivants, ils n’ont jamais qu’une bandelette, prenant exactement naissance à l’aisselle de la feuille immédiatement inférieure, lieu d’origine d’un pédoncule floral.— Même disposition à la surface des tiges secondaires qui partent du second nœud de la tige principale. Enfin les pédoncules floraux, — qu'ils soient portés par la tige principale ou par une tige secondaire —, ne présentent jamais qu’une seule bandelette pilifère : elle suit, à la surface du pédon- cule, la génératrice qui regarde sa tige mère, et elle est ainsi direc- tement opposée à la bandelette pilifère de celle-ci. En résumé, dans cette espèce, chaque fois qu'à l’aisselle d’une feuille (qu’il s'agisse d’un cotylédon ou d’une feuille proprement dite) se développe un rameau, lentrenœud de la tige mère immédiate- ment superposé à la feuille axillante porte, exactement au-dessus de DISTRIBUTION DES POILS À LA SURFACE DE LA TIGE 293 celle-ci, une bandelette pilifère, à laquelle en est directement opposée une autre, portée par la surface du rameau axillaire. Notons, en passant, ce fait que, de deux feuilles opposées (aux niveaux où se rencontre cette disposition phyllotaxique) il n’y en a généralement qu’une seule à l’aisselle de laquelle un rameau se développe normalement. Il semble que la disposition alterne, qui s'observe dans toute Ja partie supérieure de la tige, de quelque ordre qu’elle soit, se dessine déjà dans la ramification, même au niveau où les feuilles sont encore opposées. Dans leur description de cette espèce, Grenier et Godron signa- lent bien des « tiges couchées, rameuses, pubescentes » ; mais ils ne disent rien de l’inégalité de distribution des poils. Plusieurs autres espèces du même genre présentent des parti- cularités analogues à celles que nous venons de signaler. Chez Veronica Chamaedrys L., espèce vivace, la partie inférieure des tiges aériennes porte des euillos opposées et, au niveau de chaque paire de feuilles, aux aisselles de ces deux organes, se forment des bourgeons dont le développement est à peu près égal : l’entrenœud immédiatement superposé à une telle paire de feuilles porte deux bandelettes pilifères opposées, dont chacune correspond exactement à l’aisselle d’une de ces feuilles ; ces bandelettes sont constituées par des poils longs, recourbés et comme frisés à leurs extrémités. D'un nœud au suivant, les feuilles sont décussées ; d’un entrenœud à l’autre le plan qui contient les deux bandelettes pilifères tourne autour de l’axe de la tige d’un angle de 90°. — Vers l’extrémité de la tige, les feuilles sont toujours opposées ; seulement à l’aisselle de chaque feuille se développe, non plus un rameau végétatif, mais bien l’axe d’une grappe de fleurs, nées aux aisselles de feuilles alternes : l'axe de la grappe, ainsi que les pédicelles floraux, sont chargés de poils; mais il semble dificile d’y recon- naître des bandelettes distinctes. — On voit que, dans cette espèce encore, la distribution des poils, au moins dans la partie végétative de la tige, paraît suivre une loi qui dépend de celle de la ramification. Grenier et Godron disent bien que cette espèce a une « tige munie de deux lignes de poils opposées » et des « pédicelles étalés, dressés, pubescents, ainsi que l’axe floral », mais sans insister sur 294 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE les rapports qui existent entre la situation des lignes de poils et celle des feuilles ainsi que de leurs rameaux axillaires. Chez Veronica arvensis L., espèce annuelle, la partie inférieure et stérile de la tige porte des feuilles opposées-décussées. et dans chaque paire les deux aisselles sont occupées par des rameaux ; dans la partie supérieure de la tige, la disposition des feuilles devient alterne et dans chaque aisselle se développe un pédicelle floral. A la surface d’un entrenœud de la partie stérile, on observe deux bandelettes pilifères opposées, dont chacune correspond à l’une des feuilles et à l’un des rameaux du nœud inférieur ; à la surface de la partie fertile, la distribution des poils devient diffuse. Grenier et Godron signalent des « poils articulés, disposés sur deux rangs dans le bas de la tige » : observation exacte; mais il y a lieu, semble- t-il, de la compléter par l’énoncé de la relation qui existe, ici encore, entre le nombre et la situation de ces rangs de poils, d’une part, et la ramification de la partie végétative des tiges, de l’autre. . Stellaria media Vill. Grenier et Godron, dans leur description de cette espèce si vulgaire, signalent des « tiges nombreuses, étalées, diffuses, redres- « sées, glabres et parcourues dans leur longueur par une ligne de poils étalés ». Le Maout et Decaisne (Flore des Jardins et des Champs) donnent plus de précision à l'énoncé du caractère qui nous inté- | resse quand ils disent la « fige marquée d’une ligne de poils qui alter- « nent d’un entrenœud à l'autre ». Étudions de plus près ce caractère (fig. 47 à 49). On sait que chez le Mouron des Oiseaux les feuilles (F) sont opposées-décussées. Mais si on observe le mode de ramification de la tige (A et B :T,), on remarque, au moins dans sa partie inférieure, que des deux bourgeons axillairés qui devraient se développer au niveau de chaque nœud, bien souvent un seul fournit une branche (T,), ou tout au moins l’un d’eux a un développement beaucoup plus _ précoce que l’autre. D'ailleurs, la branche, comme la tige principale, porte des feuilles opposées-décussées et la première paire de feuilles de la branche est dans un plan perpendiculaire à celui de Ja paire de feuilles portée par le nœud générateur de cette branche. Si on note les positions des bourgeons et des branches à la surface de la tige, DISTRIBUTION DES POILS À LA SURFACE DE LA TIGE 295 on coustate que, d'un nœud au suivant, le plan diamétral de la tige qui contient le point d’insertion du bourgeon ou de la branche tourne autour de l’axe de la tige d’un angle de 900, de telle sorte que les points d'insertion consécutifs sont répartis à la surface de la tige le long d’une hélice fictive qui laisse de côté une moitié des feuilles. Il résulte de là que, tandis que la disposition phyllotaxique est opposée, la ramification est spiralée. C’est un fait qui s’observe, d’ailleurs, comme on le sait, chez bon nombre de plantes à feuilles opposées, chez les Galium entre autres, et que les frères Bravais signalent déjà, après Poiteau : « M. Poiteau à remarqué (Ann. Ta APPTTEERERRS Fig. 47 à 49. — Siellaria media. — A e schéma de la ramification (A, en perspective ; , en projection see) ; C, schéma de l’inflorescence, en perspective. _ T d’'Hortic., t. XV, p. 139), que plusieurs Caryophyllées ont leurs semmes développés en spirale, et par conséquent la moitié des feuilles est privée de bourgeons. Nous avons vérifié ce fait dans les Lychnis calcedonica, dioica, Alsine media, Sagina procumbens, Galiun saccharatum (non Caryoph) » (1).— D'ailleurs, le sens dans lequel s’enroule l’hélice n’a rien de déterminé : il est dextrorsum daps certains individus, sinistrorsum dans d’autres. Iken est de cette hélice comme de celle qui, dans le cas de feuilles alternes, com- = = TA LA = (1) L. et A. Bravais : Essai sur la disposition générale des feuilles curvisériées (Ann. Sc. nat,, 1839, XI). 296 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE prend les points d'insertion successifs de ces organes. Ch. Bonnet (1) et, après lui, les frères Bravais (2) avaient déjà reconnu que cette hélice peut monter indifféremment dextrorsum ou sinistrorsum. Le sens de l’enroulement de l’hélice qui nous occupe ici peut être le même à la surface de la tige principale et de ses ramifications ; mais il peut arriver aussi qu’il diffère de l’une à l’autre. Ces diffé- rences entre les tiges de divers ordres d’un même individu permet- taient de supposer (ce que j'ai vérifié expérimentalement) que le caractère dextrorse ou sinistrorse de l’hélice n’a rien d’héréditaire : j'ai recueilli des graines d’un certain nombre de pieds de Sfellaria media où toutes les hélices étaient dextrorses, et, les ayant fait germer, j'ai obtenu indifféremment des individus à hélice dextrorse ou à hélice sinistrorse ; même variabilité chez les individus obtenus avec des graines fournies par des pieds à hélice sinistrorse. On sait de quelle nature est l’inflorescence de Stellaria media (fig. 49, C). Après avoir produit un certain nombre de ; feuilles végé- tatives, la tige, principale ou secondaire, (T,) forme un dernier entrenœud, beaucoup plus grêle, que termine une fleur (F1) et qui prend, par conséquent, la valeur d’un pédicelle (P) ; celui-ci est rejeté latéralement par le développement de deux rameaux (T,) nés en face l'un de l’autre, aux aisselies des deux dernières feuilles végétatives (F). Puis chacun de ces deux rameaux se comporte comme la tige mère et produit toute une série de feuilles végétatives avant de se terminer en pédicelle floral. C’est une inflorescence en cyme bipare. Or, quelle est la distribution des poils à la surface des tiges d'ordres divers (tige principale, tiges secondaires, ... pédicelles floraux) dont nous venons d’indiquer la disposition générale ? Considérons (fig. 45 et 46, À et B) un entrenœud moyen, dans la partie végétative de la tige principale (T,). Sa surface est en grande partie glabre et lisse. Le long d’une seule génératrice nous remar- querons une ligne extrêmement nette de poils, qui s’étend d’une (1) Ch. Bonnet : Recherches sur l’usage'des feuilles dans les plantes et sur quelques pas sujets su à à l’histoire de la végétation, Gættingue et Leyde 1754 (3 mémoire : De l’arrangement des feuilles sur Les tiges et sur les branches et de bi qu'on prstEr se dans quelques autres parties des plantes; p. 478). (2) L. et A. Bravais: Essai sur la disposition des feuilles curvisériées (Ann. Sc. nat, 1837, VII), DISTRIBUTION DES POILS À LA SURFACE DE LA TIGE 297 extrémité à l’autre de l’entrenœud. Si nous cherchons à fixer la situation de cette génératrice, nous verrons qu’elle est exactement superposée à l’une des feuilles (F) du nœud immédiatement infé- rieur et précisément à celle qui protège, à son aisselle, soit un bourgeon nettement différencié, soit un rameau déjà bien développé (T,). Dans ce dernier cas, le premier entrenœud du rameau portera une ligne de poils faisant exactement vis-à-vis à celle de la tige principale qui lui a donné naissance. Sur l’entrenœud suivant, même distribution des poils, et en même temps que le plan de ramification de la tige, on voit, d’un entrenœud à l’autre, tourner de 9° la génératrice pilifère. Lorsqu'on arrive à l'extrémité fertile de la tige (fig. 49, C), on voit la ligne de poils se continuer sans déplacement à la surface du pédicelle floral (P). Quant aux deux rameaux végétatifs opposés (T,) qui prennent naissance au niveau où se difiérencie le pédicelle, chacun d’eux porte, à la surface de son entrenœud inférieur, une ligne pilifère directement opposée à l’autre rameau: les deux lignes pilifères se font exactement vis-à-vis. Avec ce point de départ, la distribution des poils à la surface de ces deux rameaux suit d’ailleurs exactement la même loi que pour la tige principale. Ajoutons qu’il en est de même pour les rameaux nés plus bas sur la tige princi- pale, le long de l’hélice qui a été définie ci-dessus. En résumé, on voit que dans cette espèce, aussi bien que chez Veronica hederaefolia, étudiée plus haut, un entrenœud de la tige végé- tative immédiatement superposé à un rameau axillaire porte, exactement au-dessus de ce rameau, une ligne pilifère, à laquelle en est directement opposée une autre, portée par le premier entrenœud du rameau axillaire. La portion terminale et fertile de la tige, placée au-dessus de deux rameaux opposés, se comporte d’une manière spéciale, que peut expliquer, avec la nature de cette dernière ramification, le rejet latéral du pédicelle floral. Ici encore il semble donc exister une relation entre la distribu- tion des poils à la surface de la tige et son mode de ramification. Plusieurs espèces de Caryophyllées m'ont paru présenter des caractères analogues à ceux que je viens de signaler chez Stellaria media. Je citerai Cerastium glomeratum Thuill. (= C. viscosum L.), L2 298 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE qui ofire une distribution des poils à la surface de ses tiges de divers ordres tout à fait analogue à celle de St. media. Chez Ar enaria trinervia L.,1les entrenœuds de la partie végétative de la tige portent deux bandélettes pilifères opposées, dont chacune est exactément superposée à l’une des feuilles du nœud immédiate- ment inférieur. D'un entrenœud au suivant, en même temps que le plan d'insertion des feuilles, on voit tourner de 90° le plan diamé- tral de la tige qui contient ces deux bandelettes. Or ici, comme chez Stellaria media, alors que la disposition phyllotaxique est opposée, la ramification est spiralée. Il semble donc que nous ne retrouvions plus là correspondance observée jusqu'ici entre la situation des bandelettes pilifères et celle des rameaux. Il faut ajouter que, des deux bandelettes pilifères que porte un entrenœud, la plus large est celle qui est superposée à la feuille non axillante, ce qui accuse encore une certaine relation entre la distribution des poils et la ramification, relation inverse, il est vrai, de celle que j'ai signalée précédemment et présentant moins de netteté. Remarquons, d’ailleurs, que le dernier entrenœud de la tige végétative se difié- rencie encore en un pédicelle floral, rejeté sur le côté par le déve- loppement de deux rameaux opposés à l’aisselle des deux dernières feuilles. Chez Scleranthus annuus L., de la famille des. Illécébrées, les feuilles sont opposées et connées à leur base. À chaque nœud un des deux bourgeons se développe mieux que l’autre, et les bour- geons principaux successifs occupent à la surface de la tige une hélice dextrorse ou sinistrorse. Or chaque entrenœud porte deux bandelettes pilifères opposées et sensiblement inégales : l’une, la plus large, correspondant à une partie un peu aplatie de la surface de la lige, est exactement superposée au rameau qui prend naissance au nœud inférieur ; l’autre, plus étroite, occupe la génératrice opposée, super posée à la feuille non axillante. Sur le rameau axil- laire, la première bandelette principale fait vis-à-vis à celle de la tige mère. — L'inflorescence est en cyme : certaines branches laté- rales diflérencient leur dernier entrenœud en un pédicelle floral extrémement raccourci qui supporte une fleur presque sessile et rejetée latéralement ; aux aisselles des deux dernières feuilles végélatives naissent deux rameaux opposés, dont l’un se développe DISTRIBUTION DES POILS A LA SURFACE DE LA TIGE 299 plus rapidement que l’autre et se termine, comme la branche mère, en pédicelle floral, etc. On voit qu'ici la distribution des poils à la surface de la tige offre quelque analogie avec ce que nous avons observé chez Arenaria trinervia ; avec cette différence toutefois que l’inégalité de dévelop- pement des deux bandelettes pilifères est en faveur de celle qui correspond à une feuille axillante, ce qui est plus conforme au cas général. De ces observations un peu clairsemées il serait évidemment téméraire de vouloir tirer une conclusion générale autre que celle-ci : Chez un certain nombre d'espèces herbacées il existe une relation entre la distribution des poils à la surface de la tige et la ramification de celle-ci, les poils étant ordinairement localisés ou plus abondamment développés au-dessus des bourgeons aæillaires. Il resterait à généraliser ces observations, s'il y a lieu, et à fournir une explication de la loi qu’elles semblent mettre en évi- dence. RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (Fin) COMPOSÉS PECTIQUES Je placerai ici, en première ligne, comme réactif colorant des composés pectiques, le rouge de ruthénium (oxychlorure ammo- niacal de ruthénium). Des coupes de bois de Pin ordinaire, traitées par une solution aqueuse au 5000e de ce réactif, montrent, après quelque temps, les colorations suivantes. D’une façon générale, la trame intercellulaire se colore mal ou ne se colore pas du tout et reste d’un blanc brillant et réfringent. Cependant dans le bois d'automne, certaines portions se colorent en rouge vif ; ce sont surtout de petits espaces lenticulaires qui se trouveñt aux angles des trachéides. Les bords des rayons médullaires, vus en coupe transversale, présentent aussi des lignes d’un rouge vif. Mais même après une heure de contact avec le réactif, les choses en restent là. Les trachéides du bois de printemps et d’été se colorent en beau rose net. Les trachéides du bois d'automne ne se colorent pas d’une façon sensible : elles gardent leur couleur naturelle qui est brun-jaunâtre. En prolongeant le contact du ruthenium avec les coupes pendant un ou deux jours, on arrive à colorer partiellement» surtout au niveau des ponctuations aréolées, la lame intercellulaire des trachéides de printemps. Les trachéides d'automne absorbent aussi le colorant, mais d’une façon beaucoup plus irrégulière ; les lames intercellulaires ne se colorent pas, mais les parois épaissies dans les cloisons tangentielles se colorent plus que celles des cloisons radiales. Û RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 301 Si, d’autre part, on fait bouillir les coupes pendant un certain temps dans de l’eau légèrement acidulée avec de l’acide chlorhy- drique, et qu’on prélève de temps en temps un échantillon pour le traiter par le rouge de ruthénium, on observe les modifications suivantes. à: Après une dizaine de minutes d’ébullition, on constate que les lames intercellulaires qui, avant ce traitement, restaient incolores, absorbent très bien le rouge de ruthénium et se colorent d’une façon intense. La chose s'explique facilement si l’on admet que la lame intercellulaire est formée primitivement de pectate de calcium qui absorbe plus lentement le rouge de ruthénium que l'acide pec- tique lui-même. Le pectate est décomposé par l'acide chlorhydrique, avec formation de chlorure de calcium soluble, et isolement de l’acide pectique qui est insoluble. Cet acide se colore rapidement et d’une façon intense par le rouge de ruthénium. Les petites plages observées primitivement aux angles des trachéides d’automne et le long des rayons médullaires, comme se colorant directement en rouge, sont sans doute des portions où l’acide pectique existait seul et non en combinaison avec la chaux. En même temps on constate que cette courte ébullition dispose les parois épaisses des fibres d’automne à se colorer aussi sous l'influence du ruthénium. La teinte obtenue est toutefois beaucoup plus faible que celle des lames intercellulaires et paraît être due à une sorte de combinaison de rose et de jaune brun clair, à moins toutefois qu’on ne prolonge longtemps l’action du colorant (un ou deux jours) auquel cas on obtient même sur le bois d'automne une belle coloration rouge. Il est probable qu’il y avait primitivement ici aussi du pectate de calcium. Mais celui-ci, mêlé à une forte proportion de cellulose et d’autres corps, ne donne en quelque sorte qu’une solution étendue d’acide pectique, et par la suite une coloration moins intense avec le ruthénium. Les trachéides de printemps et d’été, dans les mêmes coupes, ont une paroi beaucoup moins épaisse, mais qui se colore rapi- dement par le ruthénium, comme on l’a vu, sans préparation préalable. Après une courte ébullition de dix minutes dans l'acide chlorhydrique étendu, les lames intercellulaires (pectate de calcium) deviennent colorables immédiatement; mais le reste 302 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de la paroi se colore moins bien en rouge. Or si l’on admet que la substance pectique de ces membranes était primitivement la pec- tose, les choses se comprennent bien. La pectose, qui absorbait bien le ruthénium, s’est trouvée transformée en pectine soluble (Frémy) par son ébullition avec l’acide étendu : la dissolution de la pectine a commencé et la coloration se manifeste dès lors moins bien. Si maintenant l’on applique les mêmes méthodes au bois de Conifères des tourbières, on arrive aux résultats suivants. Les coupes traitées directement par le rouge de ruthénium montrent une trame intercellulaire qui se colore bien et rapidement. Elle semble donc avoir subi, sous ce rapport, une modification qui la fait différer du bois naturel. Cette trame n’est plus du pectate de calcium, qui se colore difficilement et lentement, mais up autre composé pectique, probablement de l’acide pectique. Il est vrai- semblable qu'au cours de leur séjour dans la tourbière, les lames auront subi une action particulière, peut-être celle d’un acide qui leur a enlevé leur chaux. Les cellules réfringentes se colorent en rose pâle. La substance amorphe qui remplit les cavités des cellules conserve au début sa couleur brun foncé primitive : ce n’est qu’à la longue qu'on obtient une teinte gris rosé pâle, qui laisse soupçonner des traces de composés pectiques. Mais il semble que ceux-ci, comme la cellu- lose, sojent disparus en grande partie, sinon totalement, de cette paroi altérée et amorphe. - Dans d’autres échantillons où les lames moyenne et interne des trachéides n’ont pas encore subi la transformation en matière amorphe, et où elles ont encore à peu près conservé leur forme primilive, on constate à l’aide du ruthénium, la présence d’une plus grande proportion de composés pectiques. La coloration rose pâle est beaucoup plus nette. En traitant le bois de tourbières successivement par l'acide chlorhydrique étendu et bouillant, puis par le ruthénium, on obtient une coloration générale brun-rougeâtre, au milieu de laquelle on soupconne une lame ïintercellulaire plus foncée. Les cellules réfringentes se colorent en beau rose net. Quelques trachéides d'automne qui paraissent avoir échappé à la cause générale de RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 303 destruction, présentent les mêmes réactions que les trachéides récentes, elles contiennent des composés pectiques. On sait d'autre part, d’après les recherches de Frémy, que les solutions faibles d’alcali transforment à froid la pectose et la pectine en acides qui, se combinant aux bases, donnent des sels pectiques. Je me suis demandé quelle serait l'influence d’un tel traitement sur le bois de pin. J'ai trouvé que le bois frais auquel on applique ce procédé, montre, après coloration par le ruthénium, les teintes suivantes: les lames intercellulaires se colorent nette- ment et rapidement partout. Toute l'épaisseur des trachéides de printemps se colore également en rouge net. Dans les trachéides d'automne, la paroi qui est très épaisse et jaunâtre primitivement, prend une teinte rose-jaunâtre qui n’est d’ailleurs pas uniforme : tandis que les régions internes de la paroi cellulaire sont nette- ment roses, On passe, par une série de dégradations de teintes, à des colorations rose-jaunâtres, puis jaunes, vers la lame inter- cellulaire. On peut admettre que l'acide pectique du pectate de calcium est allié alors à la potasse qui a été employée et que ce pectate de potassium prend plus facilement le ruthénium que le pectate de calcium. Cependant si on fait agir pendant un assez long temps la solution faible de potasse sur les coupes, pendant 3 heures par exemple, ou obtient beaucoup moins facilement et même souvent on n'obtient pas du tout de coloration avec le ruthénium, Ceci est surtout sensible dans les trachéides d'automne. Il y a eu proba- blement une dissolution partielle des composés pectiques obtenus. Les coupes de bois de Pin de tourbières traitées aussi par la solution faible de potasse et le ruthénium montrent encore un réseau intercellulaire coloré en rouge net, tandis que la masse interne est gris rose sale. Mais en prolongeant l’action de la potasse on n'obtient plus de coloration avec le ruthénium. On peut conclure de tout ceci que les lames intercellulaires ont conservé une notable proportion de composés pectiques (sans doute acide pectique) et que le reste des parois en conserve au moins des traces. 304 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE LiGNINE On est loin de s’accorder sur la valeur du composé que l’on désigne par ce nom. J’admettrai sous le nom de lignine la substance ou la série de substances qui se colorent en jaune par le sulfate d’aniline et en rouge par la phloroglucine et l’acide chlorhydrique. Phloroglucine et acide chlorhydrique. — On sait que si l’on traite par uue solution aqueuse de phloroglucine, puis par l'acide chlorhydrique certains tissus, dits lignifiés, en particulier ceux qui forment la région du bois secondaire des tiges, on obtient sur les membranes une coloration rouge intense. Des coupes fraîches de bois de Pin silvestre prises comme terme de comparaison, m'ont montré cette réaction caractéristique dans toute leur épaisseur : le bois de printemps est d’un beau rose vif, le bois d'automne d’un cramoisi foncé. La lame intercellulaire absorbe le colorant d’une façon encore plus énergique que le reste de la membrane, et tranche sur le fond déjà rouge par une teinte plus foncée encore. Les Fons médullaires présentent les mêmes particularités. Dans le bois de tourbière, le réseau intercellulaire se colore en rouge intense et montre d’une façon évidente la réaction de la lignine. Les cellules réfringentes sont colorées en rose beaucoup plus pâle, très net encore pourtant. Quant à la membrane amorpbhe, sa couleur, sous l’action du réactif, devient d’un brun un peu plus foncé, mais elle n’est nullement rouge, ni même rose. Sulfate d'aniline. — Le sulfate d’aniline donne aux parois ligni- fiées une belle coloration jaune d’or; le bois frais de Pin, en parti- culier, présente cette coloration. Avec ce réactif, la lame inter- cellulaire ne tranche pas sur le reste de la préparation, mais elle est colorée en jaune uniforme. Dans le bois de tourbières, le sulfate d’aniline colore en jaune (intense surtout dans le bois d'automne) les lames intercellulaires. Les cellules réfringentes se colorent en jaune de chrome clair ; quant à la masse amorphe elle prend une teinte brun-jaune sale, où l’on peut hésiter à reconnaître la réaction si caractéristique que produit ordinairement le sulfate d’aniline. e second réactif agit donc'dans le même sens que la phloro- glucine acide, et presque identiquement : son emploi conduit aux mêmes conclusions. LA RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 305 Les deux réactifs employés montrent donc d’une façon indé- niable que la substance intercellulaire est restée imprégnée de lignine, malgré son long séjour dans la tourbière. Les cellules réfringentes réagissent moins bien en présence des colorants de la lignine. Quant à la masse amorphe qui correspond à la majeure partie de la membrane fortement modifiée, elle ne présente pas nettement les réac- tions colorées de la lignine. Cependant il se peut comme on le verra plus loin que la lignine s’y rencon- tre encore. Les matériaux em- ployés pour larecher- chede la lignine (bois frais et bois de tour- bières), n’avaient su- biavant l’application des réactifs colorants l’action d'aucune au- tre substance. Mais si on traite les coupes par un oxydant éner- gique, par exemple par l’hypochlorite, Fig. 50. — Réseau de substance intercellulaire isolé après le traitement par le chlore et les ou le chlore obtenu alcalis. En a, cellule réfringente. par l’action de l'acide chlorhydrique sur le chlorate de potassium, on arrive à attaquer et à faire disparaître la lignine. Des coupes, aussi bien de bois frais que de bois de tourbières, traitées par ces oxydants, n’ont plus montré, après 24 heures, de traces de cette substance avec aucun des deux réactifs employés précédemment. Mais si on traite par l’ammoniaque les coupes préalablement mises pendant 24 heures en présence du chlore, l’action de l’alcali devient tout à fait remarquable. On constate en effet que les Coupes transversales de bois récent, plongées pendant une minule environ dans l’amnioniaque, mon- Rev. gén. de Botanique. — XIV. 29 . 306 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE trent un faible gonflement des parois des trachéides, qui s’accentue si on laisse agir le réactif plus longtemps. Dans ces coupes, la lame intercellulaire apparaît aussi beaucoup mieux, car elle se gonfle et a une tendance à se dissoudre. Sur la coupe transversale du bois de tourbières, on voit que les trachéides sont vidées instantanément par l’ammoniaque qui dissout la matière amorphe, ne laissant que la trame intercellulaire (fig. 50). Celle-ci même commence à être attaquée et se gonfle d’une façon notable. Il en est de même des parois des cellules réfringentes. Les cellules des rayons mé- dullaires deviennent alors d’une visibilité parfaite, avec leurs grands pores séparés par des épaissis- sements remarquables. Les ponctuations aréolées qu’on voit alors en coupe transversale, ont un aspect tout spécial que montre la figure 51. Sur la coupe longitudinale on ne voit plus que ig. 51.-- transversale de bois de Pin mon- mes internes de Le pointillé in- dique les con- temps que le reste. le réseau intercellulaire dessinant le squelette des trachéides, marqué de grands cercles, représen- tant les ponctuations aréolées et correspondant au contour externe de celles-ci, le petit cercle du milieu étant disparu avec les lames internes des membranes. Ces cercles présentent un double contour et ne sont pas dépourvus d’une certaine analogie d’aspect avec les ostioles des cellules aquifères des Sphaignes. On peut suivre au microscope l’action de l’am- moniaque sur les parois : il suffit pour cela de disposer une coupe traitée par le chlore entre le porte-objet et le couvre-objet, et de faire arriver une goutte d’alcali par le côté de la lamelle. Le bord de la prépa- ration s'attaque immédiatement et on voit se dissoudre rapidement le contenu granuleux des cellules. La solution est jaune-brun. À froid, la potasse, la soude, le carbonate de sodium, ont la même action que l’ammoniaque. A chaud, l’hyposulfite de sodium dissout, au moins partiellement, la substance amorphe. Gette réaction nous permet jusqu’à un certain point de définir la nature chimique de la majeure partie de la substance amorphe. RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 307 Frémy (1) a démontré que la substance qu'il nommait la vasculose et qui se rencontre en proportions notables dans toutes les membranes végétales lignifiées, soumise à l’action des oxydants (acide nitrique, acide chromique, permanganate de potasse, chlore, hypochlorites, brome), se transforme en une série d’acides résineux dont quelques-uns ont été étudiés par lui. Ces acides résineux sont solubles dans les alcalis. C’est bien la réaction que l’on rencontre . On à vu que l’ammoniaque gonflait avec une tendance à la Fee les parois du bois récent qui avait été soumis à l’action du chlore. Dans ces parois, il y a de la cellulose et des composés pectiques unis à la vasculose de Frémy. Les premières s'opposent à la dissolution complète. Mais dans le bois de tourbières, la cellulose est en grande partie disparue, de même que les composés pectiques. La vasculose qui a mieux résisté aux causes destructrices, a persisté en formant la majeure partie de ce que j'ai appelé la substance amorphe, et c’est elle qui s’est transformée sous l’action du chlore en acides rési- neux solubles dans l’ammoniaque. CALLOSE J'avais essayé primitivement d'appliquer aux matériaux mis à l’étude les réactifs colorants de la callose, afin de compléter le cercle des recherchés qu’il m'était possible de faire. Voici les résultats auxquels je suis arrivé. Bleu d’aniline. — En traitant des coupes de Pin frais par ce colorant, on n’obtient aucune fixation du réactif. Au contraire, les coupes pratiquées dans le bois de tourbières et plongées dans le bleu d’aniline acide se colorent rapidement et d’une façon intense. L'examen microscopique montre que c’est la substance amorphe seule qui s’est ainsi colorée; la trame inter- cellulaire et les cellules réfringentes sont devenues seulement un peu jaunâtres : elles tranchent par leur réfringence sur le fond bleu opaque. Les rayons médullaires qui prennent généralement la même coloration que le reste du bois sont teintés ici de brun- jaunâtre. (1) Frémy : Encyclopédie chimique, t. IX, ? sect. Chimie des végétaux, p. 8 (HI avait été précédé en cela par Berthollet, cf. Ibid., p. 16). 308 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Divers bleus, le bleu Lumière, le bleu de diphénylamine, ete., qui, en bain acide, colorent bien le cal de la Vigne, agissent ici comme le bleu d’auiline. L’acide rosolique, la corolline curbonatée ne m'ont pas donné de résultats contraires aux précédents, mais la coloration est moins nette, moins intense et souvent exposée à ses dégradations de teintes qui peuvent jeter quelque doute sur la valeur du réactif dans le cas présent. Dans les matériaux traités par la solution chlorée de Hofmeister, la callose disparait en général. J'avais donc, par l'emploi de ce procédé un contrôle, et j'allais pouvoir vérifier si c'était bien la callose qui se colorait ainsi. Mais après avoir traité les matériaux par l’acide chlorhydrique et le chlorate de potassium j'ai obtenu des résultats difiérents des précédents. Ainsi dans le bois de tourbières non seulement la substance amorphe se colore par les divers bleus, mais la trame intercellu- aire agit aussi de même, alors qu’elle restait incolore ou se colo- rait en jaune avant le traitement au chlore. L’acide rosolique agit aussi dans le même sens; il colore tout en rouge intense, même la trame intercellulaire. La coralline carbonatée colore en rouge aussi toute la coupe, mais elle présente cet inconvénient que le carbonate de soude employé dissout assez rapidement la substance amorphe. Or, comme la callose disparait par le traitement oxydant au chlore, on ne peut attribuer à cette substance les réactions cons- tatées dans cette dernière série d'essais. Mais on peut admettre que l’action oxydante du chlore a amené la vasculose de la matière amorphe et aussi celle qui imprègne les lames intercellulaires à cet état d'acides résineux constaté par Frémy, et que ces nouveaux composés, dout on n'a pas encore étudié les affinités pour les matières colorantes ont une partie des réactions de la callose en présence de certains colorants. SELS MINÉRAUX On sait que le bois des arbres contient toujours comme subs- lances Incruslantes, une assez grande quantilé de sels minéraux. RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 309 phosphates, chlorures, carbonates, sulfates et silicates, qu’on retrouve dans les cendres. J'ai cherché à me rendre compte du sort de quelques-uns de ces sels dans le processus de la formation du bois de tourbières. En cela, j'ai procédé par deux séries de méthodes générales, au moins quand les deux séries de méthodes étaient applicables à la fois, comme pour les phosphates et les nitrates : il y a en effet les méthodes microchimiques, et les méthodes chimiques proprement dites. Comme il est important, au point de vue microchimique, d'obtenir dans la membrane incrustée des colorations et non pas seulement des précipités, toujours difficiles, sinon impossibles, à observer, je me suis adressé aux meilleurs réactifs connus en chimie ordinaire, qui pussent me donner des colorations. Une analyse chimique des cendres eut suffi à me donner pour tel ou tel sroupe de sels, des renseignements sur sa présence ou son absence, ou sur ses proportions, mais en cas de présence, la réaction micro- chimique n’est pas suffisante pour indiquer la localisation du sel, si celle-ci a lieu, dans certaines portions des tissus. Il faut y joindre l'observation au microscope. Phosphates. — On sait que le molybdate d'ammonium en solu- tion dans l’acide azotique donne avec les phosphates des phospho- molybdates qui forment un précipité jaune, surtout à chauil. A défaut de précipité, il m'a semblé que si j’obtenais une coloration jaune dans la membrane, au moyen de ce réactif, je serais en droit de conclure à la présence des phosphates. Mais, comme il est reconnu que l'acide azotique, qui sert iei de solvant au molybdate, peut donner à lui seul des colorations jau- nâtres avec le bois, il devient nécessaire de faire deux séries de préparations parallèles, les unes où l'acide azotique seul est employé, les autres où l’on se sert de la solution de molybdate. Ce n’est qu’à la condition de comparer les résultats obtenus qu’on peut arriver à une conclusion soutenable. Afin de m'assurer encore mieux de la valeur de la réaction, j'ai traité de cette façon non seulement des coupes de bois de Conifères frais, parallèlement aux coupes de bois de Conifères de tourbières, mais encore des coupes de différentes sortes de bois, appartenant L 0 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à des arbres de familles différentes et assez éloignées les unes des autres dans la classification. Le Noyer (Juglans regia) avec ses 12°/, (poids des cendres) d’acide phosphorique m’a paru éminemment propre à la vérification de la valeur du réactif. Les coupes traitées par l’acide azotique pur se colorent immédiatement en jaune brun bien visible à l’œil nu. Au microscope la teinte paraît un peu moins foncée, quoi- qu’elle soit étendue à toute la région ligneuse. Les fibres du liber et de l’écorce se colorent aussi en jaune pâle et quelquefois ne se colorent pas du tout. Certaines sclérites (fig. 52) particulièrement développées dans l'écorce, sous forme de cellules pierreuses, se colorent en brun .oncé. Tout le reste des tissus reste inco- TR de) ore (parenchymes, etc.), sauf le liège qui d’ailleurs à l’état naturel est coloré en brun foncé. En chauffant avec précaution la pré- paration au-dessus d’une flamme, jusqu’à ce qu'on obtienne un commencement d’ébullition, on produit une décoloration ; tous les tissus qui étaient auparavant plus ou moins bruns deviennent jaune pâle, et ceux qui n'étaient que: jaunes se Fig. 32. Sclérites courtes décolorent Fomplétement Telle est l’ac- de l’écorce du Noyer se tion de l’acide azotique pur. SEE À FA E=\ = ==} == = SEE = EE, = ee, IE AD, =] =] | Æ \ == = CZ FE = LE 7 ST À —d colorant en jaune-brun Tout autre est celle de la solution par le réactif au molyb- $ ; date d’ammoniaque. azotique de molybdate. D’abord avec ce dernier réactif on n’obtient à froid aucune coloration, ou seulement çà et là des traces très incertaines, et insuffisantes pour permettre de tirer une conclusion, Mais si l’on chauffe jusqu’à obtenir un commencement d’ébullition, la coupe prend une belle teinte jaune clair, bien différente de celle obtenue avec l’acide azotique à froid ou à chaud. Elle est claire en eflet et ne vire nullement au brun. Au microscope on constate que toute la région du bois est uniformément colorée en beau jaune d’or, sauf peut-être une bande très étroite qui borde la cavité des cellules du parenchyme ligneux qui resterait incolore ou qui se colorerait beaucoup moins bien que le reste. Dans le liber et l’écurce seule RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 311 se colorent en jaune les fibreset les sclérites pierreuses. Dans les fibres libériennes (fig. 53), dont les parois sont épaissies presque jusqu’au centre, on distingue nettement trois couches : celle formée par la substance intercellulaire qui est colorée en jaune intense; une seconde zone adjacente à la première du côté interne et qui forme environ le quart de l’épaisseur de la paroi se colore encore en jaune bien marqué ; enfin le reste de la paroi jusqu’au centre de la fibre reste incolore ou se colore seulement un peu. Dans les fibres péricycliques et corticales on retrouve la dispo- sition précédente, mais encore plus accentuée, parce que la bande intermédiaire est plus large (un tiers ou la moitié de l'épaisseur totale de la paroi) et plus foncée. Enfin les cellules pierreuses sont d’un jaune foncé, un peu brunâtre même. On voit par là que le molybdate d'ammonium n'agit pas de la même manière sur le bois de Noyer que l’acide azotique pur, et qu'il donne des teintes différentes de celles obte- nues avec le premier réactif. Ces tein- tes sont caractéristiques des précipi- tés de phosphomolybdates. Leur répar- \ Fe à DE e Fig. 53. — Fibres du Noyer, tition et leur intensité permettraient vues en coupe transversale même de juger de la localisation et de et montrant les zonesdiver- ; : sement colorées par le ré- l’abondance de ces sels dans les difié- actif au molybdate d’am- rentstissus et même dans l'épaisseur de moniaque la membrane de certains d’entre eux. D’autre part, si on traite les coupes fraîches de Noyer, par l’eau de Javel concentrée, pendant un temps assez court (10 à 45 minutes) on constate après un lavage minutieux à l’eau que celles-ci ne donnent plus ou presque plus de coloration avec le molybdate d’ammonium pas plus d’ailleurs qu'avec l'acide azotique pur. L'hypochlorite dissout donc rapidement les phosphates de la mem- brane, et l’on voit immédiatement que pour rechercher ceux-ci, il faut se garder de nettoyer les coupes par les dissolvants ordinaires. Un traitement des coupes fraîches pendant 20 heures par l’acide chlorhydrique étendu, additionné de chlorate de potasse ne donne pas un résultat aussi radical que l’hypochlorite en un quart d'heure, Si2 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE et, même après ce traitement, on obtient encore une teinte jaune, plus faible, il est vrai, avec le molybdate. Des essais faits sur les bois de Chêne, de Noisetier, de Hêtre, parmi les Apétales, de Tilleul et de Vigne, parmi les Dialypétales, m'ont donné, avec l’acide azotique et la solution de molybdate, des résultats comparables à ceux obtenus avec le bois de Noyer, sauf des variations dans l'intensité des colorations, qui peuvent être qualifiées de spécifiques (1). Arrivons maintenant à l'application de ce procédé aux matériaux dont l'étude nous occupe plus spécialement en ce moment. Le bois de Pin frais soumis aux mêmes réactions que le bois de Noyer étudié plus haut, donne lieu aux remarques suivantes. L’acide azotique pur le colore en jaune intense. Au microscope, on voit que la lame intercellulaire est colorée en jaune foncé tran- chant sur le reste des parois qui est d’un jaune plus clair, bien qu’encore très net. La préparation chauffée convenablement a une tendance à se décolorer comme pour le bois de Noyer, mais cette tendance est moins accentuée. Avec le molybdate à froid, la coupe du Pin frais ne se colore pas, ou ne se colore qu’à peine. Seul, le bois d'automne prend une -légère teinte jaunâtre. Mais à chaud la préparation se colore en beau jaune, et le bois d'automne prend une coloration plus foncée que le bois de printemps. La lame intercellulaire se détache à peine sur le fond uniformément jaune. On peut donc conclure que les phosphates sont à peu près uniformément répandus dans toute l'épaisseur des parois du bois secondaire du Pin; toutefois les couches formées en automne en seraient plus richement dotées que celles qui se sont développées de printemps. Je soupconne aussi qu'il y a une étroite bande interne bordant immédiatement la cavité des trachéides qui reste incolore, mais son existence ne m'a paru ni certaine, ni constante. Les coupes du bois de Conifères de tourbières traitées directe- ment par l'acide azotique pur, laissent voir la lame intercellulaire colorée d’abord en jaune clair, puis en rouge brun ou acajou foncé. (1) On sait que le nitrate d'argent, agissant sur les phosphates solubles, donne du phosphate d'argent, de couleur jaune-pâle. J'ai essayé de traiter les coupes de bois de Noyer et de diverses essences par cette méthode, mais je n'ai pu obtenir jusqu’à maintenant aucun résultat qui mérite d'attirer l'attention. RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 313 Il en est de même de toute l'épaisseur de la paroi des cellules réfringentes. La portion de la membrane en décomposition, qui est amorphe, est devenue presque complètement opaque, et elle se colore en brun foncé. La chaleur ne modifie pas d’une façon sensible ces teintes obtenues à froid. A.froid la solution molybdique colore les coupes à peu près de la même façon que l’acide azotique. Toutefois les teintes obtenues sont un peu moins intenses et là lame intercellulaire, sur bien des points, n’est que jaune ou jaunâtre. A chaud la coupe brunit com- plètement ; la substance intercellulaire devient rouge brun acajou, et le reste est opaque. On ne peut voir dans ces réactions comparées que l’action de l’acide azotique. Peut-être y a-t-il des traces de phosphates qui persistent dans la lame intercellulaire, ce qui est vraisemblable, étant donné que cette portion de la membrane n'a pas subi de décomposition. On sait déjà par ce que l’on a vu précédemment, que la lignine aussi y a persisté au moins en grande partie. Quant à la membrane attaquée, on ne peut y reconnaître de traces de phosphates, L'analyse chimique qualitative des cendres du bois vient con- firmer et éclairer en partie les résultats obtenus au microscope. Les cendres de bois de pin frais donnent avec le molybdate d’ammo- nium une belle coloration très nette, indiquant d’une façon indu- bitable la présence de sels phosphorés. Les cendres du bois de tourbière plus abondantes relativement, ne donnent avec le même réactif qu'une coloration peu sensible, mais. cependant encore visible. I] persiste donc des phosphates en petite quantité; proba- blement dans la membrane intercellulaire ainsi que l'examen microscopique le laisse soupçonner, sans certitude absolue cepen- dant. Ces résultats concordent avec toutes les bonnes analyses de tourbes qui ont été faites; car on y a trouvé toujours des traces d’acide phosphorique. Nitrates.—Ces sels n'existent pas en général dans là membrane, mais comme un essai des cendres du bois de tourbières donne une légère teinte bleue avec le sulfate de diphénylamine, une teinte rose avec la brucine et l’acide sulfurique, enfin quelquefois une teinte jaune avec le réactif sulfo-phénique (Lajoux et Grandval), je me 314 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE suis demandé si les traces de nitrates ainsi décelées étaient dans la membrane même ou provenaient des restes du contenu cellulaire- Comme ces trois réactifs sont à base d’acide sulfurique, il était nécessaire d'étudier parallèlement l’action de cet acide et des divers réactifs sur le bois. J’ai fait des essais sur le bois dé Noyer, sur le bois de Pin frais, et sur le bois de Conifères de tourbières. Je suis toujours arrivé à un résultat négatif en ce qui concerne les nitrates dans les membranes. Les traces constatées dans l’analyse qualitative macrochimique ne proviennent donc pas de la membrane, et je ne puis rien indiquer de certain sur leur origine. CONCLUSIONS De cette étude sur le bois de Conifères de tourbières il résulte diverses conclusions intéressantes. 1° A l’époque quaternaire, il existait sur le sol de la Champagne des Conifères pouvant atteindre une grande taille à en juger par les débris qui sont restés enfouis dans la tourbe. Ceci ne fait que confirmer des découvertes faites par d’autres chercheurs, en parti- culier par M. Fliche. 20 Le bois de ces Conifères présente encore une structure : microscopique reconnaissable, bien que profondément modifiée au triple point de vue morphologique, physique et chimique. 3 Au point de vue morphologique on reconnaît un réseau de lames intercellulaires modifiées seulement par des compressions subies par les troncs; des cellules qui paraissent n'avoir subi aucune modification (cellules réfringentes) et d’autres où la lame interne d’épaississement a disparu ou a été transformée en une masse amorphe annulaire ou continue. 4° Au point de vue physique, la réfringence particulière aux parois des cellules normales ne paraît pas avoir été modifiée pour le réseau intercellulaire, et pour certaines cellules que j'ai appelées pour cela cellules réfringentes. Quant à la lame d’épaississement elle a perdu une grande partie de sa réfringence et est devenue à peu près opaque. RECHERCHES SUR LE BOIS DE CONIFÈRES DES TOURBIÈRES 919 5° Au point de vue chimique les modifications sont encore plus . profondes. A. Le réseau intercellulaire présente encore les réactions des composés pectiques, mais il est vraisemblable que l’acide pectique y existe seul, et non en combinaison avec la chaux comme cela paraît être le cas chez les végétaux à l’état normal. Il pourrait y avoir là une action de l’acide humique, mais cela n’est pas prouvé encore. À l’acide pectique se joint la lignine, puis peut-être aussi des phosphates. B. Les cellules réfringentes paraissent être des éléments qui n’ont pas été atlaqués par les agents de destruction. Leurs parois contiennent encore de la cellulose, des composés pectiques, de la lignine et des phosphates. C. La substance amorphe présente parfois des traces de cellulose et de composés pectiques. La majeure partie est formée de la subs- tance définie par Frémy sous le nom de vasculose (elle ne présente que d’une façon moins précise les réactions de la lignine). Elle se transforme par l’action du chlore en acides résineux solubles dans les alcalis. Ces acides résineux ont plusieurs des réactions colorées de la callose, mais la présence de cette dernière substance ne peut être admise dans l’état présent de nos connaissances. VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE VERTE SOUS L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF par MM. L. MATRUCHOT et M. MOLLIARD (fin) (Planches 7, 8 et 9). IL. — EXAMEN DU STICHOCOCCUS APRÈS FIXATION ET COLORATION Eu examinant l’Algue à l’état vivant, c’est surtout le leucite dont nous avons pu observer avec netteté les variations; mais nous avons cependant pu remarquer, outre les grosses sphères oléagi- neuses apparaissant surtout chez les individus inis en présence du glucose, des granulations eytoplasmiques très réfringentes de taille variable; quant au noyau, il n’est jamais possible de le distinguer sur le frais; il était donc nécessaire, pour étudier plus complète- ment le contenu cellulaire de l'Algue dans les diverses conditions de nutrition où nous l’avons placée, de fixer les cellules et de les colorer de façons appropriées. Pour fixer les échantillons dont on a de grandes masses, on opère en versant le liquide fixateur directement sur l’Algue et on procède aux lavages par décantations successives ; lorsqu'on ne dispose que d’une faible quantité de Stichocuceus, on procède à la fixation après avoir fait adhérer l’Algue à une lamelle à l’aide d’un peu d’eau albuminée qu’on laisse s'évaporer presque complètement sans cependant atteindre la complète dessiccation ; les cellules fixées subissent toujours une contraction très considérable qui peut réduire leur diamètre de près de moitié. Dans tous les cas les colo- rations s'effectuent sur lamelles. Nous examinerons en premier lieu les individus de Stichococcus développés dans de l’eau ordinaire, sans addition d’aucun aliment. Après fixation par l’alcool à 80, coloration au violet de gentiane VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 317 en solution aqueuse et inclusion dans le baume, on observe que l’Algue est légèrement colorée .dans sa membrane, dans son leucite, et que de plus le noyau apparaît très net et fortement coloré dans la région médiane de la cellule (PI. 9, Fig. 60) ; nous n’avons jamais pu mettre en évidence, par cette méthode de fixation et de colora- tion, non plus que par d’autres, une structure différenciée de ce noyau qui, dans les conditions de végétation que nous envisageons pour l'instant, nous est toujours apparu comme homogène. Il'est entièrement comparable à celui que G. Senn {1) figure pour le Scenedesmus acutus. On observe assez fréquemment la division de ce noyau, laquelle s'effectue dans le sens longitudinal de la cellule; mais nous n’avons pu y reconnaître de phénomène caryokinétique; la figure 57 a (PI. 9), correspondant à une Algue qui s’est multipliée dans de l’empois d'amidon liquide, montre le stade ultime de cette division aboutis- sant à la formation de deux noyaux placés l’un contre l’autre. On n’observe très généralement, ni autour ni à l’intérieur des vacuoles du cytoplasma, aucune granulation colorable, ce qui corres- pond à l’absence de granulations réfringentes visibles sur le vivant- Cet aspect des cellules est aussi celui que présente le Stichococcus qui se développe de manière normale, au contact de l’air, sur un substratum pauvre en matières nutritives. _Si nous passons à l’examen du Stichococcus développé dans une solution très diluée de glucose (0,03 °/.) nous observons, après fixation par le liquide de Flemming et coloration par le bleu de méthylène (PI. 9, fig. 61), l’existence des sphères oléagineuses que nous avous reconnues sur le vivant et qui apparaissent colorées en brun, ayant réduit l'acide osmique ; le plus souvent le noyau est bien apparent, coloré fortement en bleu, et présente le même aspect homogène que dans les conditions précédentes ; on ne recon- naît généralement, pas plus que dans le premier cas, de granules colorables, alors même qu'on varie la méthode de coloration et qu'on emploie comme fixateur l’alcool à 80°, l’alcool absolu ou le sublimé acétique. Dans une solution de glucose beaucoup plus concentrée, à 3°’ par exemple, on trouve encore beaucoup d'individus (PI, 9, fig. 45, (4) G. Senn : Ueber einige coloniebitdende einzellige Algen. (Inaug. Dissert. Bale, 1899). e 318 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE a, b, c) dans lesquels le noyau apparaît très net, sans qu'on reconnaisse encore de granules colorables dans la cellule ; maïs ici le noyau n’est plus complètement homogène ; sensiblement plus volumineux que dans les cas précédents il se laisse décomposer en 2 ou 3 masses fixant fortement les matières colorantes et séparées par des espaces achromatiques, le tout limité par une membrane ette : disons de suite que le noyau du Stichococcus est, dans ces conditions, tout à fait comparable comme aspect, à ce que Wager a considéré comme le nucléole des levures, et que Guilliermond (1), revenant à l’opinion des auteurs antérieurs à Wager, assimile au noyau véritable, en s à ser précisément sur sa structure difié- renciée. Nous retrouvons cette structure du noyau dans les individus qui se sont développés sur des tranches de Potiron (PI. 9, fig. 50) et ne l'avons jamais observée que dans le cas où l’Algue est en pré- sence de glucoses. Dangeard (2) a décrit pour le noyau du St. bacillaris var. fungi- cola de Lagerheim une structure très différenciée ; il a observé une membrane et un nucléole; il est probable que cette différenciation est en rapport avec les conditions de végétation spéciale correspon- dant à cette variété, qui se développe sur le chapeau des Polypores. Un dernier exemple où nous retrouvons, et cette fois sans exception, un noyau très net, sans que l’on constate dans la cellule l'existence de granules colorables, est celui de l’Algue qui s’est développée dans lPempois d’amidon liquide (fig. 57). Notons que dans tous les cas que nous venons de signaler et où nous n’avons pas rencontré de grains protoplasmiques fixant les matières colo- rantes, nous Sommes (abstraction faite de l’Algue se développant dans les conditions normales) en présence de Stichococeus subis- sant une dégénérescence huileuse très marquée du protoplasma. Examinons maintenant l’ensemble des individus qui se sont développés dans des solutions de glucose à 3‘°/., sans considérer spécialement les individus qui présentent un noyau bien net; si on a fixé à l’alcoo! à 80° et coloré au violet de gentiane, on constate () Guilliermond : pe sur la structure de quelques Champignons infé- rieurs (C. . Sc., Janv. (2) P. 5 pe Sur le groupe des bactéries vertes (Le Bota- niste, Sér. IV, 1894, p. 1). VARIATIONS DE STRUCTURE D’'UNE ALGUE 319 qu'un grand nombre d'individus présentent autour des vacuoles cytoplasmiques ou à leur intérieur un nombre plus ou moins considérable de granules très réfringents se colorant énergiquement par le violet de gentiane en rouge violacé (PI. 9, fig. 47) ; le noyau est visible (47 b) ou non (47 a). Si on s'adresse à d’autres matières colorantes, telles que l’hématoxyline, la fuchsine ou le bleu de méthylène, les granules apparaissent avec la même teinte que précédemment, cette dernière étant indépendante de la nature du colorant; on est donc en pré- sence de granules comparables à ceux qu’on désigne sous le nom de « grains rouges » et dont on a reconnu l'existence chez beaucoup d'êtres inférieurs : c’est dorénavant sous ce nom que nous dési- gnerons ces productions. C'est en fixant à l'alcool à 80° qu’on les observe le mieux ici; - les fixateurs contenant de l’acide acétique (liquide de Flemming, sublimé acétique...) les font disparaître s’ils agissent un peu longtemps; il est d’ailleurs facile d'observer directement qu'ils sont dissous par cet acide, qui les rend tout d’abord réfringents et leur donne au début une teinte rosée semblable à celles qu’ils acquiè- rent par les colorants. Si nous fixons maintenant par le liquide de Flemming des Algues développées dans les mêmes conditions (glucose à 3 °/,), si nous prolongeons l’action du fixateur et que nous colorions à la fuchsine, l’aspect des cellules change complètement (PL. 9, fig. 46); on ne trouve plus de grains rouges volumineux et à contour net dans les vacuoles du protoplasma ; par contre on observe souvent, autour des vacuoles, des sortes de traînées granuleuses qui, au point de vue de la coloration, se comportent comme les grains rouges précé- dents, c’est-à-dire qui prennent toujours, quel que soit le colorant, une teinte rouge violacée, à part ce caractère qui rapproche ces nouvelles granulations des grains rouges précédemment observés, ils se distinguent nettement de ceux-ci par leurs dimensions beau- coup plus restreintes, l’irrégularité de leur forme ainsi que par leur position : ils sont en effet toujours à la périphérie des vacuoles. Leur origine nous apparaît également comme très différente de celle des véritables grains rouges, si on considère ces derniers comme formés dans le cytoplasma ; il est aisé en effet, à l’examen des figures 39, de se rendre compte de leur mode de formation ; 320 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE dans la figure 39 a on observe un noyau bien défini ; en 39b, on voit qu’autour d’une vacuole se trouvent deux légères traînées, colo- rables par la fuchsine de la même manière que le noyau et qui apparaissent comme reliées à ce dernier; en 39 e, le phénomène est plus accentué: du noyau partent trois filaments fortement colorés, présentant des parties plus renflées et dont la longueur atteint le diamètre de la vacuole; enfin dans l'individu 39 4, le même phénomène a lieu de chaque côté du noyau; celui-ci n'est plus alors représenté que par une sorte de réseau très lâche entou- rant chacune des deux vacuoles et une trainée chromatique qui occupe l'emplacement du noyau et relie les deux réseaux placés à la périphérie des vacuoles. Nous sommes donc en présence d’une transformation de l'appareil nucléaire. Les figures 46 montrent un certain nombre de stades de cette transformation, et toutes ces figures, quelle que soit leur variété dans le détail, nous représentent un noyau subissant une sorte de chromatolyse aboutissant à la formation d’une substance présentant les mêmes propriétés que les grains rouges vis-à-vis des colorants mais n’ayant pas la même forme définie : elle peut être en effet granu- leuse, mais sans que les différents grains soient indépendants (PI. 9, fig. 46 a) ou bien elle apparaît souvent comme une matière homo- gène qui se serait irrégulièrement étalée à Ja surface des vacuoles (fig. 46 b,c). Au moment où le noyau commence à subir cette trans- formation, il ne se colore plus en bleu par le bleu de méthylène, comme en 40 a (PI. 8), mais prend plus ou moins la teinte caracté- ristique des grains rouges, qui devient celle de la substance - provenant de ce noyau (fig. 40 c). Nous sommes donc amenés à distinguer deux sortes de pro- ductions dans les substances qui se colorent en rouge quel que soit le colorant employé : 1° des granules cytoplasmiques bien définis, que nous appellerons des graîrs rouges cytoplasmiques ; ils correspon- dent aux gros granules réfringents que nous avons observés sur le vivant; 2° des granules moins bien définis morphologiquement, mais dont l’origine nucléaire n’est pas douteuse; les premiers sont dissous par l’acide acétique, alors que les seconds résistent à son action, de sorte qu'on peut observer isolément les uns ou les autres en choisissant convenablement les liquides fixateurs. | Ce que nous venons d'observer pour des individus développés VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 321 dans des solutions de glucose se retrouve pour la plupart des milieux ; examinons quelques exemples qui nous donneront une idée de la généralité de ces productions. L’Algue poussant sur des tranches de Potiron et observée sur une assez vieille culture, au bout de 6 mois par exemple, nous présente deux sortes d'individus ; les plus nombreux (PI. 9, fig. 51 a), ceux qui sont incolores, ont un noyau bien net ne présentant pas de dégénérescence semblable à celle que nous venons de signaler pour certains individus des cultures en glucose ; mais pour quelques cellules on retrouve le même phénomène (fig. 51 b, c, d) de transformation nucléaire, c’est-à-dire une sorte de chromatolyse s’efflectuant autour des vacuoles (b) et aboutissant à la formation de masses irrégulières à granulations de plus en plus grossières (4). Dans les solutions de maltose à 3 °/, on observe des phénomènes tout à fait semblables ; après fixation par le liquide de Flemming les figures de chromatolyse apparaissent très nettement (PI. 9, fig. 52); souvent la dégénérescence nucléaire s’effectue de telle facon que les traînées chromatiques dessinent une sorte d’S, l’une se trouvant à droite d’une vacuole, l’autre à gauche de la seconde vacuole (52 a); moins fréquemment c’est du même côté de la cellule que se disposent les granulations nucléaires autour des deux vacuoles (fig. 52 b). Dans la figure 53 on a représenté deux cellules de Stichococcus provenant de la même culture que précédemment et dans lesquelles, après fixation à l’alcool et coloration au violet de gentiane, on remarque les vrais grains rouges. La figure 54 (PI. 9) correspond au Stichococcus développé dans une solution de gomme et fixé au liquide de Flemming ; la cellule 54 a laisse voir le noyau médian d’où partent deux sortes de cor- dons chromatiques aboutissant chacun à une vacuole; de même en 54 b, mais ici le noyau n'est plus apparent. Les mêmes phénomènes de désorganisation nucléaire s’observent dans les solutions de dextrine (fig. 56) et de glycérine (fig. 58); la cellulle 58 a montre d’une manière particulièrement nette les deux masses colorées par le carmin acétique, qui se trouvent à la périphérie du noyau, reliées chacune par un filament au noyau encore bien distinct. On a dans la figure 62 (PI. 9) un exemple de l'aspect présenté par les cultures en milieux gélatinés (solution de saccharose): le noyau est homogène (fig. 62 a} ou se trouve remplacé par une série de fines Rev. gén. de Botanique. — XIV, 21 322 : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE granulations disposées contre les deux vacuoles (fig. 62 b et c). Ces phénomènes ont donc une grande généralité dans la plupart des cultures en milieux liquides ou gélatinés. Dans quelles conditions de développement de l’Algue remar- que-t-on une production particulièrement considérable de grains rouges cytoplasmiques ? Nous avons observé la production des grains rouges dans pres- que tous lés milieux utilisés pour la culture du Stichococeus ; ils ne font guère défaut que dans les cultures superficielles sur milieux peu nutritifs, à l’intérieur de l’eau ordinaire, et se rencontrent avec beaucoup moins de fréquence dans les solutions de glucose à 0,03 °/, et dans l’empois d’amidon que dans les autres liquides dont la concentration ordinaire est de 3 °/, ; or l’empois d’amidon se comporte évidemment d’une manière analogue à une solution très étendue des substances solubles que renferme l’amidon ou qui proviennent de la transformation partielle de cet amidon lors de la stérilisation du milieu de culture. Les grains rouges nous appa- raissent donc comme étant plus ee dans des solutions assez concentrées. La nature chimique de la substance ajoutée à l’eau intervient- elle ? Le fait que les grains rouges sont plus nombreux dans les solutions qui n’apparaissent pas comme étant nutritives, celles de saccharose par exemple, que dans celles de glucose de même con- centration qui favorisent très nettement le développement, amènent à regarder ces productions comme étant liées à de mauvaises con- ditions de multiplication de l’Algue. D'autre part les cellules développées en profondeur dans de l’eau ordinaire gélatinée présentent de nombreux grains rouges, alors que celles qui se sont multipliées dans l’eau sans gélatine n’en présentent qu'accidentellement ; enfin les cultures âgées sont beaucoup plus riches en ces productions que les cultures récentes ; c'est ainsi qu’une culture de 15 jours sur tranche de Potiron ne présente que très peu d’individus ayant des grains rouges ; ceux-ci deviennent beaucoup plus abondants dans une culture de 5 mois. Tous ces faits nous montrent les grains rouges comme résultant de conditions désavantageuses de développement. | Ajoutons que la désorganisation nucléaire qui aboutit à une production analogue à celle des grains rouges parait suivre les VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE :323 mêmes lois ; elle se produit ou fait défaut dans les mêmes cas que les grains rouges; on est en présence de deux phénomènes qui semblent avoir la même cause. En résumé, si nous faisons abstraction des gros globules huileux apparaissant dans les cas où le leucite est dégénéré, nous obser- vons dans la cellule du Stichococcus plusieurs sortes de granulations: 1°) De très petits granules disposés autour des vacuoles, visibles seulement sur le vivant et qu’on ne reconnaît plus sur les objets fixés; tels sont les granules que nous avons signalés pour les cellules qui se sont développées dans le glucose à 0,03 °/, (fig. 3, PI. 7) ou dans l’empois d’amidon (fig. 25, PL. 8) et qui ne sont peut-être pas autre chose que de fines gouttelettes huileuses prêtes à se fusionner, lorsqu'elles ont acquis une taille suffisante, aux grosses sphères d’huile qu’elles environnent. 2°) Des granules visibles également sur le vivant, beaucoup plus gros que les précédents, solubles dans l'acide acétique, se colorant en rouge par diflérents réactifs; ce sont ceux que nous avons assimilés aux «grains rouges » des auteurs. 3°) Des granulations, invisibles sur le vivant au même titre que le noyau, résistant à l’action de l’acide acétique, mais se comportant comme les grains rouges vis-à-vis des matières colorantes, appa- raissant nettement en relation morphologique avec le noyau dont ils semblent être une dégénérescence ; nous les appellerons granu- lations nucléaires ; grains rouges et granulations nucléaires se forment dans des conditions de développement désavantageuses pour l’Algue. Les grains rouges ont été décrits chez plusieurs Algues vertes, en particulier dans les Stigeoclonium et d’autres Chaetophorées ; ce sont ces gouttelettes que Klercker a observées dans le Sfichococcus subtilis et le St. bacillaris et qu’il appelle des « sphérules », sans rien préjuger de leur nature, mais montrant que, contrairement à ce que pourrait faire penser leur aspect réfringent, elles ne sont pas constituées par de l’huïle, comme on le dit généralement : la dispo- sition qu'il leur assigne dans les vacuoles, la taille qu’il indique pour elles montrent bien que ces sphérules sont identiques à ce que nous appelons grains rouges ; Gay et Wildemann semblaient rapporter leur production à l'insuffisance d'aération, Klereker 324 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE montre qu’ils se produisent également dans des cultures très aérées ; ce dernier auteur a observé que ces grains étaient surtout abondants lorsque les cultures étaient vieilles et que la division cellulaire était peu active, ou bien lorsqu'on privait les Algues de fer ou de magnésium, qu’ils étaient au contraire peu nombreux ou faisaient complètement défaut quand la multiplication était très intense; c’est ce que nous avons observé de notre côté ; il en conclut qu'il faut voir dans ces productions des matières de réserve ; mais remarquons qu’en s’appuyant sur les mèmes faits on pourrait aussi bien, et peut-être plus aisément, conclure que ce sont des produits de dégénérescence cellulaire. Un grand nombre d’auteurs ont décrit chez les Cyanophycées et les Bactériacées des granulations qui ont fait l’objet de nom- _breuses discussions, et sur la nature desquelles la clarté complète n’est pas encore faite, mais qui présentent les mêmes réactions vis- à-vis des matières colorantes que les grains que nous venons d’étu- dier chez les Stichococcus. Il n’entre pas dans notre sujet de rappeler toutes les opinions qui ont été émises à leur égard et qu’on trouvera résumées dans un travail récent de Zacharias (1). Disons seulement que les uns, tels que Ernst (2), Zukal (3), Mitrophanow (4) regardent ces granula- tions comme constituant un noyau très simple; que d’autres tels que Nadson (5) pensent qu’elles sont formées par une matière de réserve ; sans se prononcer sur leur nature, Kunstler et Busquet (6) ne leur reconnaissent pas non plus la valeur de chromatine ; enfin une troisième opinion est celle de Bütschli (7) et de Zacharias (1) Zacharias : Ueber die Cyanophyceen (Abhandi. aus dem Geb. der Natur- wiss. Hamburg, XV{, 1900). (2) Ernst : Ueber Kern- und Sporenbildung bei Bacterien (Zeitsehr. f. Hygiene. V. 1888). A & Zukal : Ueber den Zellinhult des Schizophyten (Ber. d. d. bot. Gesellsch., (4) Mitrophanow : Ueber Zellgranulationen (Biol. Centralbl. 1X, 1889). — Étude rt l'organisation des Bactéries (Journal internat d’Anatomie et de Physiol., X, x — # Nadson : Ueber den Bau des Cyanophyceen-Protoplastes. Saint-Péters- bourg, 1895. HS Künstler et Busquet : Recherches sur les grains rouges (C. R. CXXV, 1897, p. 967 (7) Bütschii : : Ueber den Baw der Bacterien und verwandter Organismen. Leipzig, 1890. VARIATIONS DE STRUCTURE D’UNE ALGUE 325 qui distinguent deux sortes de granulations : les unes, de nature chromatique, représenteraient le noyau de ces êtres inférieurs, les autres auraient une origine plasmatique et seraient formées par une substance de réserve ; les premiers de ces grains ont été désignés sous Je nom de « grains rouges » par Bütschli et de « substance cen- trale » par Zacharias; les seconds sont les «grains de cyanophycine » de Borzi et d’Hieronymus, les « grains de réserve » de Nadson, les « grains » de Zacharias. Cette distinetion est celle à laquelle nous sommes arrivés pour le Stichococcus d’après des caractères d'ordre morphologique. Seule la composition chimique des grains rouges pourra tran- cher la question de savoir s’il faut les considérer comme formés par une substance de réserve ou si ce ne soni pas au contraire des corps de dégénérescence protoplasmique; quant aux granulations nucléaires elles nous’ apparaissent avec plus de vraisemblance provenir d’un mode spécial de désorganisation du noyau; or elles offrent, au maximum de cette désorganisation, une analogie très grande ou même complète avec les grains rouges cytoplasmiques, ce qui nous amène par uneautre voie à regarder ces derniers comme ayant eux aussi la valeur de produits de dégénérescence. Les grains rouges ont été signalés dans bien d’autres organismes, dans le mycélium des Mucorinées, chez les Levures, ainsi que chez plusieurs Protozoaires (Ciliés, Flagellés, Sporozoaires) et même dans divers tissus de Métazoaires. L'étude, chez les Levures, des granula- tions apparaissant rouges sous l’action des divers réactifs colorants a amené les divers auteurs à des idées très différentes sur la structure cellulaire de ces végétaux et certains résultats méritent d'être rapprochés de ceux que nous avons obtenus pour le Stichococcus. Parmi les auteurs qui ont précédé Wager, les uns admettent chez les levures un noyau bien défini, voisin d’une vacuole centrale ; les autres arrivent à la conclusion que la substance chromatique est répartie d’une manière diffuse dans la cellule. A la suite d’une étude très consciencieuse, Wager (1) arrive à considérer le noyau de ces organismes comme formé de deux parties très distinctes, des granules chromatiques disposés à la périphérie de la vacuole centrale, et une masse Compacte (le noyau des auteurs pré- (1) Wager. The nucleus of the Yeast-Plant (Ann. of Bot. XII, 1898). 326 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cédents) qu'il assimile à un nucléole. Les figures de Wager ne sont pas sans rappeler ce que nous avons observé chez les individus de Stichococcus présentant une sorte de chromatolyse autour des vacuoles avoisinant le noyau, et on est en droit de se demander si ce qui n’est pour le Stichococcus qu’un phénomène anormal, provoqué par un mode de culture artificiel, ne serait pas la règle pour d’autres êtres tels que les levures. Gallhertond {1} a étudié la structure cellulaire de certain } inférieurs et en particulier des Saccharomyces ; il revient pour ces organismes à l’opinion ancienne, assimilant les granules chromatiques de Wäger aux grains rouges de Bütschli, mais ne les regardant pas comme faisant partie du noyau ; le véri- table noyau est pour lui ce que Wager considère comme n'étant qu'un nucléole; Guilliermond appuie en particulier cette manière de voir sur le fait que ce corps n’est pas homogène comme cela serait s’il était un nucléole, mais présente un nucléoplasma limité par une membrane et à l’intérieur duquel se trouvent plusieurs granulations chromatiques ; cette structure est exactement celle que nous avons reconnue pour le Stichococeus dans certains cas particuliers (cultures en milieux riches en glucose, fig. 45 a, b, €, et fig. 50, PI. 9). Nous sommes amenés par nos observations, en les comparant avec celles qui ont trait aux levures, à reconnaître chez celles-ci, avec Guilliermond et un grand nombre d'auteurs antérieurs à Wager, l'existence d’un véritable noyau, voisin de la vacuole centrale. En résumé, les observations précédentes relatives au noyau et aux granules du Stichococcus bacillaris nous montrent, comme l’étude du leucite, que la nature du milieu nutritif intervient pour modifier dans une certaine mesure la structure cellulaire ; cette conclusion est d’ailleurs indépendante des discussions auxquelles peuvent donner naissance la véritable nature des granules inclus, ainsi que la valeur des procédés de fixation et de coloration, car ceux-ci ont été les mêmes pour les échantillons que nous nous proposions de comparer. (1) Guilliermond : Recherches sur la structure de quelques Champignons inférieurs (C. R. Ac. Se., 2 janv, 194). VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 327 CONCLUSIONS De nos recherches sur le Stichococcus bacillaris Näg., il se dégage un certain nombre de conclusions dont les principales sont les suivantes : Nous avons renouvelé la culture pure de cette Algue, déjà opérée par Beyerinck, et nous avons en particulier obtenu son développe- ment en profondeur dans des milieux gélatinés. Quoiqu'il n’exige pas de grandes quantités d'oxygène pour se développer, le Sfichococcus ne se comporte jamais comme un être anaérobie. Les diverses substances organiques agissent sur cette Algue pour modifier soit l’intensité de son développement soit sa couleur. On peut classer de la manière suivante les corps dont nous avons étudié l’action sur l'intensité du développement de l’Algue : 1° Les glucoses se montrent comme étant de beaucoup les aliments les plus favorables ; 29 Puis viennent la dextrine et la gomme, la glycérine et la mannite, qui se montrent encore comme ayant nettement la valeur d’aliments ; 3° Les saccharoses (saccharose, lactose, maltose), la peptone, l’inuline et l’amidon agissent très peu. La couleur verte naturelle du Stichococcus est plus ou moins modifiée lorsque l’Algue se développe en présence des diverses substances organiques, et on peut à cet égard distinguer quatre catégories de teintes : 1° Les saccharoses laissent au Stichococcus sa teinte naturelle (teinte 5 de l’échelle des teintes, fig. 44, PI. 8), La glycérine et la mannite lui donnent une teinte plus foncée. 2° En présence de la dextrine, de l’inuline, de l’amidon, le Sti- chococeus acquiert une couleur verte tirant davantage sur le bleu (teinte n° 3). 3° La peptone lui donne une teinte olive très caractéristique (teinte n° 4). 4 Les glucoses atténuent beaucoup la couleur normale et rendent l’Algue plus ou moins jaune {teintes n° 1 et 2). 328 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les quelques substances minérales dont nous avons étudié l’action nous ont montré : (a) que les sels d'ammonium constituent des aliments, tandis que les azotates ne sont pas assimilés ; (b) que des substances qui sont toxiques à une dose peu élevée, telles que le sulfate de cuivre, le chlorhydrate de quinine, sont alimentaires à des doses infinitésimales. À chacune des substances en présence desquelles se déve- loppe l'Algue correspondent une forme et des dimensions de la cellule, une forme et une couleur du leucite, caractéristiques de chacune d’elles. Rappelons par exemple la forme déchiquetée du leucite (dextrine) ou sa forme spiralée (peptone). L'action la plus nette que subit le chloroleucite est celle qui provient de l’action des glucoses ; sous l’action d'un glucose, ce leucite devient très flou ou disparaît complètement, en même temps que le protoplasma subit une dégénérescence granulo-huileuse. Les cultures faites en solutions glucosées nous ont accidentel- lement fourni une démonstration frappante de la nécessité d’opérer, dans des recherches de cette nature, sur des cultures faites à l'abri de bactéries; si en effet une culture se contamine par des bac- téries, celles-ci utilisent très rapidement le glucose, et l’Algue, ne tardant pas à se développer dans de l’eau non sucrée, ne présente aucun des caractères nets des individus mis en présence de glucose. Les différences très accentuées qui existent entre les individus développés dans les conditions normales de végétation et ceux qui sont en présence de diverses substances alimentaires permettent d’expliquer le dimorphisme remarquable que présentent les difté- rents individus d’une même colonie qui s’est constituée en pro- fondeur dans un milieu gélatiné. Le degré de concentration d’une substance alimentaire, telle que le glucose, agit sur les dimensions de la cellule, dont le dia- mètre transversal diminue d’autant plus que la concentration est plus considérable. A l'obscurité, le Stichococrus se développe avec une intensité presque aussi grande qu’à la lumière ; l’Algue n’y subit qu’un très léger étiolement. VARIATIONS DE STRUCTURE D'UNE ALGUE 329 . Nous avons pu distinguer dans la cellule du Stichococcus : 4° Un noyau unique, apparaissant homogène dans les conditions normales, mais avec une structure différenciée lorsque l’Algue se développe en présence de glucose. 2° Des granulations de trois sortes : (a) De petites granulations, visibles sur le vivant, qui paraissent être constituées par une substance oléagineuse. (b) Des granules plus gros, visibles sur le vivant, solubles dans l’acide acétique, prenant sous l’action des divers réactifs colorants toujours la même teinte rouge violacée; ils sont analogues aux grains rouges signalés chez beaucoup d’êtres unicellulaires. (c) Des granulations, invisibles sur le vivant, insolubles dans l'acide acétique, colorables de la même façon que les précédents, et apparaissant comme ayant une origine nucléaire. Les conditions de formation de ces deux dernières catégories de granulations peuvent faire penser qu'on est en présence de pro- duits de dégénérescence cellulaire. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE 7. (A moins d'indication contraire le grossissement des figures est de 970) Fig. 1 a. — Culture du Stichocoecus bacillaris sur Navet (1/1). Fig. 1 d. — Culture sur Potiron ([/1. Fig. 2. — Stichococeus provenant. d'une culture superficielle sur gélatine pure ; l’Algue a les mêmes caractères que sur l'écorce d’arbre qui formait son substratum naturel. ig. 3. — Stichococcus en culture dans une solution de glucose pur à 0,03 °/. Fig. 4. — Idem à 0,3 °;.. Fig. 5. — Idem à 3°}. Fig. 6. — Idem à 6 ‘. Fig. 7. — Culture en solution de glucose du commerce à 8 °; a, individus à leucite flou et à gouttelettes huileuses. Fig. 3. — Culture en solution de glucose du commerce à 12 °/, ; a, comme dans la fig. 7. 330 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Fig. 9. — Culture en profondeur dans une solution à 3 :» 1/1 » » 0.15 348 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Ces chiffres montrent que, chez les trois plantes, le phénomène a une allure très analogue bien que les valeurs numériques soient différentes. L’assimilation diminue avec la pression, passe par un minimum, puis augmente, Lorsqu'on pousse la raréfaction de l'air assez loin, elle diminue de nouveau quand la pression relative du gaz carbonique devient très faible. On se rend mieux compte du phénomène, en se reportant aux courbes (fig. 56). Elles présentent deux points singuliers : un minimum et un maximum. Dans le tableau précédent, on a indiqué enitaliques le % à : AE À # nd x Assimilalion rapporlee à la pression normale EF sas eee + met S “+ + Pressions en À lmesphères À + ga. Le FLE DNES >} LUE os SI Cu 5 | ne Fig. 56. — Courbes de l’action d'une raréfaction des gaz sur l'assimilation. chiffre le plus voisin du minimum, et en caractère gras le chifire le plus voisin du maximum ; la position de ces points est très variable suivant la plante. | La complexité du résultat obtenu fait penser immédiatement qu'on est ici en présence de la résultante dé deux ou de plusieurs phénomènes qui doivent varier suivant des lois très différentes. On conçoit, en tffet, qu’en raréfiant un mélange d’air et de gaz carbo- nique, on modifie plusieurs {acteurs à la fois : la pression totale ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 349 du mélange et la pression particulière de chacun des gaz qui le composent. Voici une série de tableaux donnant tous les résultats fournis directement par l’expérience : I. Evonymus JaPonicus 4° Expériences à 1/2 atmosphère. TES crée pag TEMPÉRA- hu. A (1900) CO INIT. /0 MM TUE DURÉE Acot* 40 2 mars 10,12 7,96 do b.2 068-0704 1,01 13 mars 7,05 5,34 91/2 2h.m.5 08 0,86 1,08 1,1 22 mars 10,2 7,13 de9àt3e 1h.1/2 0,735 0,74 4, 1,01 31 mars 9,7 ZAdt deba1% ,3,h:,:, 0,76 0,83.1,05 1,17 12 déc. 16,05 1h.5 0,75 13 déc. 16,09 Jo 4 h.20 0,72 14 juin 9,64 35 min. 0,74 0,81 0,96 1,06 Moyenne générale : 0,75. 2% Expériences à 3/4 d’atmosphère. 2 avril 9,2 4,52 159 Ah.m.1/4 1,06 1,03 0,96 0,93 26 déc. 3,36 1h 0,9 27 déc. 7,25 4,51 41°,5 2:h.20 1,04 J’ai recommencé cette dernière expérience, en prenant comme témoin la feuille qui avait été dans l'air raréfié, et réciproquement, — 0,96. Moyenne générale : 1 B 4 . La PE j'ai trouvé : re Une dépression de ‘/, d’atmosphère ne modifie pas l'assimilation chez l’Evonymus japonicus, 3 Expériences à 1/3 d’atmosphère. DATES CO? INITIAL DURÉE TEMPÉRATURE LA B_ Ra Rs (1900) Aco? A0 2 Avril 9,34 2 h. 20 07 Oise 22 "11 2 Mai 10,06 3/4 d’h. 0,64 0,62 1,02 1,01 12 4 h. 2 9o 0,56 0,64 0,93 1,02’ 13 Déc, : Moyenne générale : 0,64. 390 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE B B Ra Re Aco? Ao DATES CO? INITIAL DURÉE TEMPÉRATURE (190) Valeur moyenne entre ‘/, et ‘/, 27 Nov. 7,65 35 min. 15° 0,74 40 Expériences à 1/4 d’atmosphère. 24 Nov. 10,44 50 min. 0,89 0,87 0,99 0,97 26 Nov. 10,34 Ne 120 0,81 0,82 0,9 0,91 Expérience inv. 40,03 1h 0,805 0,86 0,87 0,93 Moyenne générale : 0,84. Détermination du minimum. — Valeur moyenne entre ‘/, et ‘/, correspondant au minimum. DATES CO? intriaL DURÉE Es 6 Décembre 1900 8,173 4 h. 50 0,489 Expér. inverse 7,29 4 h. 25 0,31 Moyenne, 0,4 1 Décembre 1900 10,39 1 h. 20 0,39 Une expérience faite à une pression intermédiaire entre ‘/, atmosphère et la valeur moyenne entre ‘/, et ‘/, a donné : ami 0,45. 1/5 d’atmosphère. 18 Décembre 1900 6,46 1 h. 20 1,45 10,82 2b moins ÿ 1,38 Expér. inverse 3b moins 5 4,22 20 Décembre 1900 17,42 2h moins 7 1,33 29 Décembre 1900 9,87 1 b. 1,2. Lorsqu'on descend à une pression notablement inférieure à celle qui correspond au minimum, la concordance des chiffres n’est plus aussi précise qu'aux pressions plus élevées. On en comprend facilement la raison, si l’on considère la courbe ; dans la région considérée, elle s'élève très brusquement, et les plus faibles difié- rences de pression modifient l’assimilation d’une manière très notable. Au voisinage du maximum, et dans la partie descendante terminale de la courbe, ce caractère s’accentue encore; on est obligé de se borner à suivre le sens du phénomène, ce qu’on obtient d’ailleurs avec une grande netteté. ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 9351 1/8 d’atmosphère : 14 mars 1901 000: N° = 1,01 B A : 1/7 d’atmosphère : 2? mars 1901 454,04. Ris 0,94 A Le maximum correspond sensiblement à ‘/, d'atmosphère. Valeur moyenne entre ‘/, et ‘/,: 6 Mars 1901 7 — 1,06 B 1/9 d’atmosphère : 9 mars 1901 L.. 0,18 R: — 0,91 Il était nécessaire de donner ainsi pour une plante le détail des résultats numériques, afin qu’on puisse se rendre compte du degré de précision avec lequel ils sont déterminés. En considérant les valeurs des quotients résullats aux pressions les plus faibles, on constate qu'ils restent toujours voisins de l’unité. Une diminution de pression ne modifie en rien la nature de l'assimilation chloro- phyllienne. Remarquons en outre que la teneur initiale en gaz carbonique ù , i re B < peut varier entre Certaines limites sans que le rapport "tm soit modifié ; on reviendra d’ailleurs sur ce point dans le chapitre où l’on étudiera l’action de la pression relative du gaz carbonique, et de la pression totale modifiées chacune isolément. Les dates des expériences montrent que chez l'Evonymus japo- nicus l’action de la pression sur l’assimilation ne subit aucune variation saisonnière. Il en est de même dans une certaine mesure . pour le Ruscus aculeatus, et pour le Ligustrum japonicum. Je vais indiquer plus rapidement les résultats obtenus avec le Ruscus aculeatus, et le Ligustrum japonicum en insistant seulement sur les expériences qui présentent un intérêt particulier. Il. Ruscus ACULEATUS, 1° Expériences à 1/2 atmosphère : La B B Ra Ri Ao Aco? 9 août 1900 0,63 0,67 10,,.:::09 9 janvier 1901 0,76 0,67 0,94 1,06 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE oo CE Œ : 2 Expériences à 1/3 d’atmosphère. 10 janvier 1901. 0,73 30 janvier 1901. 0,83 3 Expériences à 1/5 d’atmosphère. 8 Janvier 1901. 2,23. Ra = 0,99 30 Janvier 1901. 22. Rs = 0,95 4° Expérience à 1/6 d’atmosphère : 11 Janvier : À — 1,1. 46 Janvier B 1.08. à À A0 1,08. Aux pressions très basses, la proportion de gaz carbonique a une influence plus grande qu'aux pressions plus élevées ; si ro proportion est considérable, l'assimilation diminue moins vite. Ainsi, à ‘/, d’atmosphère : 3 janvier 1904 : CO’ initial 18,8. À — 1,23 so RB — 0,95 — — 12 Acos Lie 1 février 1901: CO initial 40,44. À 0,53 sf R8 = 1,06 ACO: 0,53 1/9 d’atmosphère : 44 Janvier 1901. _ — 0,67 1/10 d’atmosphère : 43 Février 1904. — 0,15 À ‘/,, d'almosphère l'assimilation tend vers 0. On verra plus loin que la proportion moyenne de gaz carbonique optima pour l'assimilation est d'environ 10 '/,. Les courbes sont construites en supposant toujours cette condi- tion réalisée, ainsi pour ‘/, d’atmosphère, c’est ve 0,53 qu’il faut prendre. Le minimum est voisin de 0,67 et correspond à environ ‘/, atmosphère ; le maximum est voisin de 2,24 et correspond à environ ‘/, d’atmosphère. + ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 353 IL. LIGUSTRUM JAPONICUM. Presque toutes les expériences portant sur le Ligustrum japo- nicum ont été faites à Fontainebleau, pendant l’été 1900. Les quo- tieuts résultants ont toujours été voisins de l'unité. Afin de ne pas trop allonger cet exposé, je me bornerai à donner les valeurs du , Sans entrer dans le détail des expériences. _B O :0,76 0,81 0,85 0,67 A: C0°:.0,82 0,74. 0,75 0,64 - 0,79 . Moyenne générale : 0,75 0 552 0085-1200 CO" : 0,97 *°0,92 Moyenne générale : 0,94 DL OT CD" : D,61:5:0,87 Moyenne générale ; 0,84 0040) 0:27 0,51 CO* : 0,52 0,41 0,49 Moyenne générale : 0,47 O :0,47 0,49 0,48 CO* : 0,47 0,49 0,48 0,42 I convient de s’arrêter sur les expériences faites à ‘/, d’atmos- phère ; la concordance des quotients résultants montre bien que . pression n’a pas d'influence sur la nature de l'assimilation. rapport m": 1/2 atmosphère : 3/4 d'atmosphère : 2/3 d’atmosphère : 1/3 d’atmosphère : 1/4 d’atmosphère : Expériences à 1/5 d'atmosphère. ps DURÉE me pr au _ Li a ” 21 Août 30’ 5,45 0,75 0,69 0,92 1.01 22 Août 40’ 4,61 . 0,75 0,71 0,9% 1 23 Août 40’ 5,83 0,84 0,75 0,92 1,02 15 Oct. 30’ 4,65 0,71 Détermination du minimum.—Valeur moyenne entre ‘/, et ‘/. O0: 0,59 0,54 0,37 À : | ale, 0,45. CO’: 0.34 0,36 0,43 moyenne générale 5 Rev. gén. de Botanique. — XIV. 93 394 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 4/8 d’atmosphère : O : 0,39. — température 30° (le quotient résul- CO*: 0,55. tant du témoin s’écartait nota- blement de l’unité). 1/9 d’atmosphère : 0,24. IV. Expérience unique sur le LIGUSTRUM VULGARE. 1/2 atmosphère. À == 0,78; _— = 0,8. R; — 0,95 Re — 0,93 Les expériences exposées dans ce chapitre et dans le suivant ont été faites avec des feuilles de l’année. On verra plus loin que chez l'Evonymus japonicus, en particulier, les résultats sont très diflé- rents si l’on emploie des feuilles de l’année précédente. Pour vérifier si les gaz contenus dans les méats de la feuille, ou dissous dans les liquides cellulaires modifient le résultat en se dégageant dans l'air raréfié, j'ai refait quelques-unes des expé- riences précédentes en employant un volume gazeux plus considé- rable. Le dispositif expérimental est le même en principe, seulement l’éprouvette extérieure, et le tube intérieur sont de beaucoup plus grandes dimensions. Dans la première série d’expé- riences, le volume gazeux employé variait de 5e à 10° dans les expériences complémentaires, j avais un volume de 28c° environ. De nouvelles déterminations étaient inutiles pour la première partie de la courbe puisqu'on a vu qu’au voisinage d’une demi- atmosphère, le volume des gaz dégagés est absolument négligeable. J'ai employé de jeunes feuilles d’'Evonymus japonicus. Voici les résultats obtenus : B PRESSION : op pe) A 1 1 valeur moyenne entre rs et — 1,08 1 —- 22 5 5 1 valeur moy. entre à et 3 (posit. du minim.) 0,44 Les résultats moyens obtenus avec le petit appareil pour les mêmes valeurs de la pression sont : ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 355 B PRESSION 4. “i 1 valeur moyenne entre FT et FT 1,06 1 du 1, 5 35 valeur moyenne entre 1 : 0,4 La concordance est bonne. Il résulte de ces expériences que l’action des gaz dégagés est tout à fait insignifiante, car s’ils intervenaient d’une manière sensible, l'erreur relative serait beaucoup plus grande avec un faible volume et les résultats ne concorderaient pas. On voit donc que les diverses considérations développées au Chapitre IT, sont exactes, et l'emploi des petits tubes parfaitement légitime. Dars les expériences avec de faibles volumes gazeux, la pression effective ne correspondait pas rigoureusement à celle qui était lue au manomètre. Les différences étant au plus de quatre ou cinq centimètres de mercure, j avais considéré qu'elles étaient négligeables. Dans l’appareil plus volumineux qui m'a servi pour les dernières expériences, j'ai pu établir l'égalité entre le niveau intérieur et le niveau extérieur du mercure ; la concor- dance des résultats montre que la légère différence constatée dans les premières expériences n introduit pas d’erreur sensible. (A suivre), REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUSCINÉES DEPUIS LE ° JANVIER 1895 3usQu'AU 1° JANVIER 1900 Suite) AUTRICHE 1° Bohéme., — Une somme considérable de travaux a été publiée sur la bryologie de cette région. Je n’analyserai ici que les principaux et je mettrai en Post ligne deux ouvrages importants. Le premier est de M. WEipMaNx et a pour titre : Prodromus der Bühmischer Laubmoose (Prague, 1805. 349 pp. et 38 pl.) mais je n’ai pu le consulter. Le second est de M. VELENOVSKY (1), proitesseur à l’université tchèque Charles- Ferdinand de Prague. Dans cet ouvrage, après une préface de portée énérale, l’auteur passe à des considérations morphologiques et biolo- giques sur les Mousses, et sur leur importance dans la nature, enfin, il étudie les principales divisions biogéogtanht tue de la Bohème, Le corps même de l'ouvrage ou portion systématique contient les diagnoses dès espèces et leurs localités. A la fin se trouvent un aperçu bibliographi- que et quelques autres renseignements. Ce sera un document utile aux byologues tchèques, car il est le résultat de longues excursions à travers la Bohème, faites à toutes les époques de l’année et l’auteur a beaucoup étudié par lui-même. M. Velenovsky n’est pas un multiplicateur d’espè- ces, mais plutôt un condensateur, ce qui ne l'a pas empêché de créer quelques types nouveaux dont voici les principaux : Didymodon rubel- lus, var. confertus v. n., D. spadiceus, var. siluricus,-v. n., Trichos- tormum crispulum, var. majus et var. sudeticum, var. n. Barbula ax, var.gracilenta,v.n , Schistidium confertum, var.siluricum, v.n. Orthotrichum cupu ulatiimi m. var. Ccalcareum. v. n., Bryum elegans, var. fragilis, v. n., Poytrichum formosum, var. la cescens, v. n., Thuidium delicatulum var. parvulum, v. n., Homalothecium sericeum, var. par- vulum, v. n., Eurhynchium Fm var. orbiculare, v.n., Plagio- thecium silvaticum, var. orthocarpum, v.n. Mentionnons encore deux notes du mème auteur en langue tchèque(2). (1) J. Velenovsky : Die Bohmischen Laubmoose (Mitheil. der Bôhmischen Kaiser SN . Joseis Akademie für Wissensschaît, Litteratur und Kunst in Prag., 1397, à V SES : Bryologicke prisperky z. Cech zarock 1857-1898, (Rozpravy Ceske nuitée Cisare Frantiska Josefa provedy 1898, 19 pp.) et (Ibid. 189%, 61 pp.) REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUCINÉES Ji -M. PopPerA (1) a fait deux petites études sur la bryologie de la Bohème : dans la première qui a trait à la portion occidentale de ce ; n pays, sont mentionnées des types nouveaux tomum -micros- tomum w. var. brachycapum Hüb., Dicranella varia. Hedw. var bohemica Podp., Isothecium nujurum Brid. var. densum Pod., et Hypnum protensum Brid, D a seconde note, l’auteur a réuni les observations qu'il a faites dans différentes parties de la Bohême. Il fait précéder l’'énumération systématique des espèces d’une courte description des environs de Krumau, d'autant plus intéressante qu'il est reconnu que cette région, placée sur le calcaire silurien, héberge une flore bryologique particu- Cynodon tiagt virens en: fruits, enfin Anomodon rostratus, qui n’était connu que dans les Alpes | Ci aussi qulques variétés nouvelles créées. par l’auteu ndreæa petrophila, var. minutula, Dicranodontium longirostre, var. pseudocampylopus, Didymodon rigidulus, var. major, Tortula muralis, ar. albida. ScHoTT (2) a étudié la région du Béhmerwald; les plus remar- uables découvertes citées dans ce travail:sont : Mnium hymeno- phyrlloïdes, près Neuern, et Sphagnum Mülleri Schmp. M. von Cypers (3) a dirigé ses recherches sur la région du Riesen- gebirge. Son travail énumère 181 Mousses; à citer comme nouveau le S. acutifolium Ehrh. var. rubelliforme M. Bauer (4) a donné aussi un certain nombre de notes dont j de. ne ferai que citer les titres, n’ayant pu les consulter. (1) Podpera : Prispevki ku Bryologii cech Vychodnich, (Vestnik kral Ceske spolecnosti Nank 1893, 18 pp.). — seb Beitrâge aus Sudbôhmen (Litz. der konigl. Bühm. Gesellschaft der Wissensch., 1899.). (2) A. Schott : Beiträge zur Flora des Lacs en II, Laub und Leber- moose (Deutsche bot. Monatschrift, 1897, (3) V. von Cypers : Beiträge zur rene 0h ora des Riesengebirges und seiner Vorlagen {Verhandl. der Kk. zool.-bot. Gesellschaft in. Wien, 1897, p. 183-194 (4) E. Bauer : Beitrage zur Moosflora West-Bühmens und Erz-Gebirges (OEster. bot. Zeitschrift, 4895, n° 10, p. 374-397). — Bauer et Schifiner : Ueber die Moosflora des Milleschauer (Sitzungber. des deutsch. naturwiss.-medicinish Ver. « Lotos », 1896. p. 223). — E. Bauer : Bryologische-floristiche Beilräge aus Bühmen (Deritaètre bot. Monatschrift, 1897, p. 40-45).— Bryologischer Vorbericht aus dem Erzgebirge (Deutsche bot Matenritt: 1897, p. 315-316). — Bryolo- . Notiz _— Central-Bühmen ri bot. dm 55 ms P- 50-51). — N gris ik: 1 95 . Notiz zur MoorRvre des cc (Deutsch bot. Monatschrift, 1898, p. 183-185). — Ein bryologischer eiusd den Geor- gsberg'bei Raudnitz (Deutsche bot. Monatschrift, 1899, p. 1-40). — np juniperinum Willd. var. nov. Resinkii (Allg. bot. Zeitschrift, pe p. 358 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE M. C. WaARNSTORF (1) a décrit une nouv elle espèce de Hypnum provenant du Riesengebirge, le H. Bohemium M. ScHiFFNER (2) s’est beaucoup occupé dé la Bryologie de la Bohême. Voici le résumé de ses intéressantes notes, Dans un travail sur le Nord de la Bohème et les Montagnes des Géants, il cite surtout les Mousses récoltées par lui et quelques-uns de ses amis, ainsi que les espèces recueillies dans cette contrée par les anciens bütanistes: Opiz, Tempski, J. Kalbik. + eut variétés nouvelles sont créées : agnum con- tortum Schulz. var. natans, Dicranella eat var. circinata Barbula rt var. propagulifera. ont nouveaux pour la Bohême : Dicranum Sendtneri Limpr., Orthotrichum pallens Bruch., var. saxicolum Burch., Fontinalis antipr- retica L. var. gigantea Sull., Pseudoleskea atrovirens, var. brachy- clados, Isothecium myurum, var. vermiculare Mol. et var. scabridum imp., Brachythecium glareosom, var. rugulosum Limp., Brach. sale- brosum, var. densum Br. eur., Hypnum eugyrium Schimp. s une note sur la Bohème centrale, M. ScarFrFNErR (3) énumère 209 espèces ou variétés dont 22 sont nouvelles pour la région. Plus tard (4) l’auteur complète ses observations sur les Mousses intéressantes du Centre et du Nord de la Bohémè par une liste de 106 espèces et quelques variétés inédites qu’il décrit : Pottia intermedia, var. mn u metrium piriforme var. cucullatum, HaeNe thecium campestre var. brevisetum, Amblystegium irriguum var. Beauerianum. nfin l’auteur (5) ayant visité, en 1806, le Sud de la Bohême et en particulier les environs de Hohenfurth, nous communique le résultat de ses LP après avoir exactement décrit la nature oro-hydrogra- phique du Les espèces nouvelles pour la Bohême sont : Dicranella humilis arnst., Plagiothecium cavifolium Schliep., P. Ps ne Warnst. Quelques variétés nouvelles sont aussi décrites : Junger (1) G Wa É Miscellin aus der APR SN Moosfiora (Allg. bot. Zeitschrift 10 Systematik... Beihefte p. 28-43. (2) finer : LR Beiträge zur Bryologie Nord-bühmens und der Riesen- gebirges a des deutsch. naturwiss.-medecin. Ver. für Bôhmen « Lotos », 1896, 268-293). (3) Schiffner : Bryologische En aus est Bohmen Il. Lauiero0ee, (OEsterr. Bot. Zeitschrift, 1896, p. 438-443 et 1897, p. 20 ). (4) V. Schifiner : Interessante sers neue cé der Rübmésohens Flute, (OEsterr, Bot. Zeitschrift, 1898, p .) (5) 3.-V. Schifiner : Resultäte der bryologischer D'UCNIOPANNE des südlichs- ten Theiles von Bühmen (Gegend um Hohenfurth) { « Lotos », 1895, n° 5.) REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUCINÉES 359 maannia quinquedenta var. éme oh Dicranum longifolium var. bulbiferum, Didymodon rigidulus . propaguliferum, Orthotrichum rupestre var. altovadiense, 0. sh var. Bauerianum, Eucalypta contorta Var. adpressa, Webera elongata var. pseudolongicolla, W. intermedia var. gemmiclada, Bryum pallescens var. synoicum Iso- thecium Eu: var. longicuspis, Plagiothecium silvaticum var. Jfontanu à encore du même auteur (1) la description d’une espèce nou- velle : le Tortula Velenovskyi. M. MATOUSCHEK (2) a donné aussi dans quelques notes ses décou- vertes les plus intéressantes en Bohême. Sont nouveaux pour la région ypnum virescens Boul., H. Molluscum forma elongata, Fimbriaria pilosa Tayl. Eurhynchiam strigosum var. imbricatum Br xxOtC Enix M. RôLzz (3) nous donne une énumération de ses récoltes faites en Bohême et en Autriche, en diverses localités. Les variétés nouvelles que l’auteur décrit sont : Plindia acuta var. stenocarpa, Grimmi Hartmanni var. crispa, Philonotis fontana var. atrata, Eurhynchium striatulum var. myurum, Sphagnum Russowi var. pusiltum, avec formes virescens, fusco-virescens et versicolor Istrie. — M. Kerx (4) décrit un nouveau Grimmia, le G.Limprichtii, trouvé en 1896, sur les rochers calcaires des monts Dolomitiques terrains calcaires de l’Istrie, presque toutes méditerranéennes, recueillies par le même auteur (5) Tyrol. — M. Jack (6) a donné une étude intéressante des Hépatiques du Tyrol, dont il énumère 104 espèces ou variétés. Ajoutons une note de M. TRAUTMANN : Beiträge zur os gare von Tyrol (Œsterr. bot. Zeitschrift, XLVI, p. 139-140) Vorarlberg. — Quelques localités de cette région sont citées dans le précédent travail. Mais M. LorTLESRERGER (7) avait publié auparavant Pour cette province une liste raisonnée de 110 espèces. (DV OO Tortula mener, ire neue Art der Fa Tortula, aus Bühmen (Nova acta Acad. rol. nat. cur., LVIIT, p. 477-488). (2). Er. ; Matonschek A eh Beiträge aus Béhmen {Lotos, 1895, p. 36-91). OEsterr. "à go AUS 1897, p. 86-92). (Deutsche Bot. Monats- schrift, 1897, p. 202-206). (Lotos, 1897, n° 4). — Zwei neue Moose des Bühmischen Flora (Œsterr. Bot. MUR Ft 1897, p. 211-243. (3) J. Rôl : Beiträge zur ct und Torfmoose-Flora von Œsterreich (Verhandl., der KK. Zool.-Bot. Gesellsch. in Wien, 1897.) (4) F 1 1 Grimmia pe ve sp. n. (Rev. Bryologique. 1897, p. 56). (5 ern : “ee he à La flore bryologique de la Péninsule de lIstrie (Rev. Eee 1896, p. 34). (6) J.-B. Jack : Lebermoose Tirols (Verhandi. der KK. z0ol.-Bot. Gesellsch in Wien, 1898). (7) K. Loitlesberger : Vorarlbergische Lebermoose (Verhandl. sur KK. Zool, Bot. Gesellsch. in Wi ien, 1896,p. 239-250). 360 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Galicie. — M. GEHEeB (1) cité mms Mousses intéressantes, - recueillies en 1884 par J. Krupa, en Galicie. Sont nouvelles pour cette da Physcomitrium acuminatum, Funaria microstoma, À nomo- üm concinnatum, Brachythecium mildeanum, Plagiothecium Pro Hypnum nemorosum. Transylvanie. — Un ne travail sur la bryologie d’une partie de ce pays peu connu est dû . LorTrLEsBERGER (2). Les localités explorées montrent des forêts de Hètres jusqu'à 1400 m., contenant peu de Muscinées. Les forêts de Conifères qui viennent au-dessus n'ont que peu d’espèces arboricoles et sont pauvres en espèces des forêts humides. Tandis que dans d’autres parties de la Transylvanie. Lophocolea bidentata, Bazzania trilobata, Jungermannia incisa, J. ae r C uteu sphærocarpa, Nardia scalaris, Mérstlens Paniétt: croissent sur 1e pentes méridionales, mais seulement au-dessus de la limite supérieure des forêts. Soïxante-quinze espèces rapportées par l’auteur doivent être considérées comme nouvelles pour les Alpes de la Transylvanie. SUISSE Une note der: concernant certaines localités de la fines a été publiée par M. Rüzz (3). Elle fait suite au travail du même auteu publié en 1882, dans le Flora (Beiträge zur | que rar lands und der Schweiz) C'est un complément aux recherches de Schim- per. Pfeffer.. Holler, Philibert. etc. De nombreuses Mousses alpines d’une grande rareté ont été recueillies. Citons seulement : Gymnosto- mum calcareum.à Thusis. Ceratodon Græfli Schliep., Anomobryum sericeum à Zermait. (Cette plante n'avait été trouvée en Suisse que par M. Amann), Bryum archangelicum Br. eur. (nouveau pour la Suisse), B. Culmanni Limp. retrouvé à la Gemmi où Culmann l'avait découvert, et aussi dans le Flühalpe, près de Zermatt, Orthotrichum nudum Dicks. var. ns Veut. à la Gemmi. puis Brachrthe- cium reflexum Br. et Schmp. v A én hn à Limpr. et Eurhynchium diversifolium Br. eur., nouveau An la Suisse. Le Polytrichum Ohi- png Ren. et Card. déjà découvert par l’auteur en diverses localités de l'Europe, a été rencontré dans le Goschener Thal. L'auteur s'étend aussi beaucoup sur les Sphaignes dont il décrit (1) A. Me à Bryologische Fragmente IV. (Ag. Bot. Zeitschrift für System. Beihefte, 1899, -28). (2)R: CPE Pa Verzeichniss der gelegentlich einer Reize ini Jahre 1897 in den Rumanischen Karpathen ane Kryptogam "2 T. Hepalicæ (Ver- handl. des KK. naturhist. Hof. Museum in Wien, 1898, Hft. 2-3. 3) J. Rôll : Beitrage zur Pr und A Pacoifieré der Schweiz. (HedWigia, 1897, p. 320-330). REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUCINÉES 361 plusieurs variétés nouvelles : Sph. Schimperi var. gracile et. var. capitatum, S. platyphyllum Sul. var. obesum, etc SULMANN (1) a publié deux notes dans leurtolieh il cite un assez pet nombre de localités nonvelles pour la Suisse. Sont nouveaux pour cette région: Leptotrichum vaginans, Ulota intermedia, Plagio- thecium curvifolium, Amblystegium hy grophilu Région du Jura. — Plusieurs notes sont à citer pour cette région. M. AmANx (2) a publié une étude sur la distribution géographique des espèces les plus intéressantes du Jura (région inférieure, 400 à 700 m. région montagneuse, 700 à 1.300 m. et tourbières). M. Bareey (3) s’est occupé de la question du Bryum Haistii Schimp. Cette espèce paraît être très rare, et avair été observée jusqu'ici seule- ment à Chaux. près Sainte-Croix. M. Meylan a, sur la demande de M. Barbey. fait des recherches en cette localité, et y a trouvé un : Bryum qui correspond à la description de Schimper, mais qui est stérile. de sorte que la solntion du problème n’est pas encore trouvée. M. MeyLan (4) donne d’abord une liste d’une centaine d'espèces du Jura avec des localités nouvelles, puis une seconde liste avec plusieurs espèces nouvelles pour la chaîne du Jura: Desmatodon systilius, Barbula obtusifolia, Ulota Drummondii, Funaria microstoma, Webera elongata, Bryum inclinatum, B. RH rs Mnium bcopodioides, Hypnum reptile, Dicranum strict ; M. GuiINnET (5) a Dublié une petite liste d’une vingtaine d'espèces pour les environs de Genève Zurich. — M. Curuaw (6) a complété le catalogue que M. Keller avait dressé pour la localité de Winterthür et qui contenait 150 espèces. Ce supplément y ajoute 90 espèces nouvelles Dans un deuxième sup- plément, le même auteur ajoute une quarantaine d’espèces non a. demment citées M. Petit (3) décrit un Grimmia longidens. sp. n. récolté par M. Culmann, aux environs de Zurich, et qui appartient au groupe des Schistidium. (1) P. Culmann : L. ocalités nouvelles pour Hé: bryologique Suisse. (Bull. de Rae pe 1898, p. 425, et 1899, p. 13: ee J. : Etude de la flore ne 7e Haut-Jura moyen. (Bull. de la Frot S aisée 1886, 53 p o W. Barbey : Bryum Haisti Séhiib. (Ball. de l'Herb. Boissier, 1897, p. 833- h ) C. Meylan : Nouvètles stations bryologiques ha la pre hr Jura et note sur la dispersion de certaines espèces alnines et subalpines. (Bull. de Herb. Boissier, 1898, p. 841-845). — Contribution à fes nana du Jura (Ibid., 1893, p. (5) A. Guinet : Récoltes bryologiques aux environs de Genève (Revue bryolo- giqu'e,.1 « 94. (6) P pet Supplément au Cataloque des Mousses ‘u Winterthiür (Suisse). Revue Bryologique, 1895, p. 88). — Deuxième supplément... (Ibid. Kg p.36). (7) H. Philibert : Doris longidens, Sp. n. (Revue EX 71898, p. 362 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Saint-Gall et Appensell. — M. Cucmanx,(r) a publié aussi une liste une liste de 35 espèces rares pour ces deux cantons, et une espèce nouvelle, le Grimmia gymnostoma, voisin du G. tergestina, trouvée par lui dans le canton d’Appenzell. Schwyz. — Une note de M. PHILiBERT (2) annonce la récolte du Bryum helveticum au Rigi. Berne. — M. Herzoc (3) a donné une liste de 75 espèces de Mousses nie dans la portion élevée et presque entièrement calcaire de ce canton. Valais. — M. PuirimerT (4) donne la description d'une espèce nouvelle, recueillie au Grand S‘-Bernard, à 2470 m., le Webera rubella. M. Récrmin et Camus (5) ont donné des listés très complètes des Muscinées ré dans le Valais (300 espèces), lors de la session extraordinaire de la Société botanique de France, en Suisse, en 1894. Ce n’est ranthas qu'une liste sèche de plantes. Grisons. — D'une excursion dans la Haute-Engadine, M. Amanx (6) a rapporté une cinquantaine d’espèces parmi lesquelles : Orthotrichum fastigiatum var. microstomum et Dicranum latifolium étaient inédits. Je citerai aussi un travail de M. von GuGELBERG, dont je ne connais que le titre : Beitrag. zur Kenntniss der Lebermoosflora des Cantons Graubünden (Jahrb. des Naturforsch. Gesellschaft Graubündens, XXX VIII, p. 17 Tessin. — De ce canton, M. P. Cort (3) nous donne une liste de 75 08 SA recueillies en 1893-1894, revues par M. Amann. En 1895, MM. KwpserG et RôLL (8) ont passé un mois environ dans le Tessin et le Canton d’Uri et M. Rôll a poussé jusqu’en Italie, dans la province de Come. Des recherches de ces deux botanistes, il est résulté bien des découvertes. Je ne citerai que les espèces ou les formes inédites : Fissidens adiantoides, ssp. subtaxifolius Kindb., Trichos- (1) P. Culmann : Nachtrag zur M Le der Kanton Saint-Gallen und Appenzell (Jahrber. der St-Gall. naturw. Ges. 1894-1895). — Grimmia gymnos- (oma n. sp. (Rev. bryol. 1886, p. 188). (2) H, Philibert : Le Bryum ha LS récolté au Rigi. (Rev. bryol. 1898, p. 82). (3) Th. Herzog : Einige bryologische Notizen aus dem Waadtlander und reg (Bull. de l’Herb. Boissier, 1899, p. 489-492. (ñ Philibert : Webera rubella (Rev. bryol., 4896, p. 85. (5) o chin et F. Camus : Rapport sur Les Muscinées récoltées giga La session extraordinaire en Valais. (Bull. de la Soc. bot. de France, 18%, CCXVIL.) (6) J. Amann : Une excursion bryologique dans : este PTS (Bull. res Boissier, 1896, p. 697). (7) P me Notes bryologiques sur le Tessin. (Revue bryologiq., 1895, p 25). (8) C. Kindberg etJ. Roll : Excursions bryologiques faites en Suisse et en lialie, l’an 1895 (Bull. del la Soc. bot. Italiana, 18%). REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUCINÉES 363 tmum tophaceum var. lætum Kindb., Barbula helvetica Kindb., Bryum speirophyllum Kindb. (B. capillare var. flaccidum Schmp?), Euryn- chium ticinense Kindb. (£. Teesdalei var. ticinense Kindb ). Le canton du Tessin a maintenant une flore bryologique qui s'élève à environ 45o espèces. Uri. — M. Rôll (1) y a découvert aux environs de Gœschenen Hypnum subplumiferum Kindb., sp. n. et Rhacomitrium patens ssp. subsimplex Kindb., n. ssp. (1) C. Kindberg et J. Rôll. (Ibid). (A suivre). L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1900 (Suite) Enfin dernières questions concernant les diastases, les plantes con- tiennent-elles un ferment pepsique ? Gorup-Besanez l'avait affirmé, mais d’autres l’avaient nié. NEUMEISTER (1) a repris la question et a observé que les graines pepsine qui, comme chez les animaux ne peptonise les albuminoïdes qu’en milieu acide (Courge, Pavot, Betterave, Maïs et pear -être Blé). pro sé graines de Lupin, de Vesce, d’Avoine, n’en contiennent on germées, elles renferment de la peptone qui est alors maiére ‘âe sers, Enfin le Pois et le Seigle non germés ne présentent ni peptone, ni ferment pepsique ; l’auteur en conclut qu'ici, les propriétés du protoplasma doivent suffire à la peptonisation. Par contre, on sait que les feuilles vertes sont riches en amylase, mais la quantité de cette substance varie beaucoup suivant l'heure de l'extraction. Cette variation est-elle due à la lumière? En opérant sur la diastase du malt, GRFEN (2) a trouvé que la lumière solaire ou élec- trique jouit d’un pouvoir destructeur très marqué. Ce sont surtout les rayons violets qui agissent dans ce cas. Précisément les matières colo- rantes de l'enveloppe du grain d’orge agissent comme écran pacte L'action nuisible de la lumière se continue quand la cause a n est donc, là encore, en présence d’un de ces phénomènes d cul si communs en physiologie. Dans la feuille vivante, la diastase est protégée certainement par les albuminoïdes, probablement aussi par la chloro- phylle. Matières colorantes. — Les matières colorantes qui entrent dans la constitution des chloroleucites ont fait l’objet d’un certain nombre de recherches physico-chimiques. ) Zeitsch. f. Biol. XXX. 446. 1894. de Ann. of. Botaux 8 (1894) n° 31, p. 370. Philosop. Trans. Série B. CLXXXVIII, 167. 1897. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 365 On sait que ARMAND GAUTIER était arrivé, à la suite d’un grand nombre d’analyses, à l’idée qu'il y a au moins trois groupes de matières vertes, l’un pour les Dicotylédones, l’autre pour les Monocotylédones et le troisième pour les Cryptogames. Avant jui, Angstrôm, en 1854, par ses recherches spectroscopiques, et Horsimar, en 1855, au point de vue chimique, avaient été conduits à admettre que la chlorophylle des Algues est différente de celle des Phanérogames ; Hérapath, en 1869, émettait même l'opinion que chaque plante doit posséder une chlorophylile spéciale. ÉraR2 (1) est allé plus loin dans cette voie : c’est ainsi que de la Luzerne il a pu isoler quais chlorophylles isinetes, dont deux ont été caractérisées par lui au double point de vu PA RPSNR SRE E et chimique, la D ci Le æ et la médicagophylle 6, qui ont pour formules C?$H#5 AzO* et C#2H6%AzO!. Récemment il = obtenu dune Fougère commune, Aspidium filix- nn trois espèces € ylles . dont les fapen les s respectives sont C?05 H347 032 Az, C210 H320 O1, Az et C21 H346 Os A L'auteur #8 sur des poids considérables de feuilles sèches, dix indéfiniment le nombre des chlorophylles et avoir un jour, matières A pires à l’origine de la vie, une plus haute idée-d’ensemble, ctométrie lui a servi à confirmer les résultats de l’analyse. En ss les espèces PFMREX chlorophyliliennes donnent des bandes d'absorption dont les axes ont des positions différentes et que l'on peut déterminer avec ie : la condition d’opérér avec une solu- tion d'épaisseur donnée et de concentration définie, le dissolvant étant toujours le même. Etard a établi les moyens de fixer M Mae la position des bandes en employant des solutions de plus en plus étendues ; ; les bandes se rétrécissent puis disparaissent ; la tu des pas simple; elle se résout en trois bandes étroites avec des solutions à de sorte que le nombre des bandes d’absorpiion est en réalité de au ES de sept. En ce qui concerne les recherches analytiques, l’auteur pense que le ue de carbone ne dissout que des chlorophylies se rapprochant par leur composition des corps gras et pauvres en oxygène et en azote; les filaments tordus ou aiguilles vertes, longtemps connus sous le nom de chlorophyllane, seraient constitués par un substratum d'espèces chimiques variées teint par des millièmes de chlorophylle. Quant à l'alcool il enlève à son tour des chlorophylles plus oxygénées et plus 50 50,000? (x) Étard : Les Chlorophytlles. (Ann. de Chimie et de Phys, 7" série, t. XII 1898, p. 1.). — Chlorophylles el chlorophylies des Fougères. Een dé l'insti- tut Paie t. XII, 1899, p. 456.) et C.R. CXIX, 289; CXX, 328, CXXIV, 1357, 366 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE azotées dont tout un groupe a des propriétés qui dépendent de l'espèce botanique et même des variétés, des lieux d’origine et des stades de croissance. Etard fait observer en ouire et avec juste raison que cette question des chlorophylles n’est pas simple. Par la spectrométrie, dit-il, elle est d'ordre physique; par la composition centésimale et les propriétés solu- tives, elle est chimique; par la vie elle est biologique; et il ti pas possible, en ces matières, de ne s'occuper que d’une seule chose. Mais, si des résultats positifs ont été obtenus aux ad premiers points de vue, il n’en est plus de même au troisièm Ici nous sommes à peu près en pleine RybatRèLe. Selon Étard, « il s'agit pour la plante de faire les synthèses pres- a son mode de sélection des radiations. Les bandes, sortes de tourbil- lons opto-chimiques, mettent en contact l'énergie avec la matière. Par les bandes et aussi par les propriétés découlant de leur structure chimique, les chlorophylles construisent des molécules spéciales, les abandonnent par une sorte de desquamation, les versent dans le milieu insolubles dans l’eau et à des matériaux éminemment solubles, les sucres, une seule chlorophylle ne saurait suffire à ces travaux. Certai- nes énioN piles solubles dans le pentane, seraient par leur dédou- blement dans les cellules, les instruments de la production chimique des essences et des huiles. D'autres, insolubles dans les carbures, déjà miscibles à l’eau et très riches en oxygène, tendraient en se dédoublant, à produire les hydrates de carbone, les tannins et les extraits. a pluralité des chlorophylles aurait donc ainsi sa signification physiologique. Mais cette pluralité a-t-elle une influence sur la décom- position de lacide carbonique”? Y at-il sous ce rapport des matières ertes inactives ; et celles qui agissent communiquent-elles toutes au PÉRPEER des chloroleucites la même énergie? A l'heure actuelle, omme nous le verrons plus loin au sujet des échanges gazeux, on ne 26 répondre catégoriquement à cette question si importante. GUILLEMARE (1) a isolé l'acide phyllocyanique de Frémy en traitant les Épinards par la lessive de soude; il sature ensuite par l’acide carbo- nique la solution obtenue puis décompose age l’acide chlorhydrique ; le précipité est pu lavé, redissous dans les carbonates alc sine plusieurs fois de sui Tswerr (2) se pose la question de savoir si la chlorophylle et la xanthophylle pra ts sont associées directement molécule à molécule aux agrégats protoplasmiques du chloroleucite ou si elles sont à l’état (1) Guillemare. C. R. CXXVL 426 (2) Tswett : Sur da constitution de la matière colorante des feuilles. La chloroglobine. C. R. CXXIX. 607. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 367 de solution dans une matière huileuse ou cireuse ou encore si elles font partie intégrante de certaines molécules rm) protoplasmiques, ‘auteur attaque les cellules vertes par une solution alcaline de résorcine ; les chloroleucites se gonflent, oise se décolorent, se olvent ainsi que le protoplasma et il reste de petits globules de matière verte qui confluent en goutteleltes sphériques d'apparence oléagineuse. La matière colorante ainsi isolée est la chloroglobine; elle est soluble en présence de la résorcine, mais un lavage énergique à l’eau la fait coaguler. On peut alors étudier microchimiquement cette substance. Elle arait être un complexe où se rencontrent la chlorophylle et la carotine faiblement unies à un radical de nature protéique, comme par exemple l’hématine l’est à la matière albuminoïde de l’hémoglobine. « La chlo- roglobine participe de la constitution physique des matières albumi- noïdes. Comme elles, susceptible d’imbibition par les solutions aqueu- ses ; comme elles, jouissant d’un pouvoir de condensation qui, sans. doute, s'exerce aussi sur les gaz, la chloroglobine réalise ladduction la plus rapide des matériaux premiers de la synthèse organique et leur contact le plus intime avec les groupes d’atomes récepteurs et transfor- mateurs de l'énergie lumineuse. » SorBYy (1) qui s’est beaucoup occupé de chromatologie végétale pure la chlorophylle bleue, la chlorophylle jaune, la chlorophylle ange, la xanthophyile, la xanthophyllc jaune, la lichnoxanthine. Tou tes ces substances sont solubles dans le sulfure de carbone. A côté d’elles, solubles dans l’eau, sont les chrysophylles et les érythrophylles qui peuvent être absentes dans beaucoup de cas. Moziscx (2) a montré que les pigments supplémentaires des Algues connus sous le nom de phycoérythrine et de phycocyanine peuvent être isolés et considérés comme des matières albuminoïdes cristallisables. La carotine découverte dans les feuilles par Arnaud, en 1885, a fait in rante accompagne toujours la chlorophylie et qu’elle est d'autant plus abondante qu’il y a plus de matière verte. C’est un carbure très facile- ment oxydable et dont la formule est C°5H38. Elle se dissout sans la chlorophylle dans le pétrole léger au-dessous de 100 degrés ; elle reste inaltérée dans les feuilles séchées dans le vide ; elle se dissout rapide- ment dans le sulfure de carbone avec une couleur très intense rouge sang. _ On ignore encore si la xanthophylle, l’étioline qui est peut-être iden- tique à cette dernière, font partie du même groupe chimique que la (1) Sorby. Proc. Roy. Soc. 21; £és. 15; 443 (2) Molisch. Bot. Zeit. 1894, p. 181. — Id. 1895, P: 151. 368 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE carotine. Les principes jaunes des feuilles sont, selon Mozisca (1) susceptibles de cristalliser dans des solutions alcooliques de soude, La carotine des feuilles, pas plus que la chlorophylle d’ailleurs, ne peut se former à l’obscurité. Toutefois on connaît depuis longtemps un e l'obscurité si l'on met à sa disposition un hydrate de carbone, le glu- cosc par exemple. Enfin Rapais (3) a observé un fait analogue en opérant sur le Chlorella set 8. (1) Molisch. Ber. d. dent. Éd Gesell, 1896, p. 18. (2) Bouilhac. C, R. 31 ma 8. (3) Radaïs (A suivre). Evo. GRIFFON. 425 — Lille imp. Le Bigot frères, Le Gérant: Th. Clerquin. MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT vue générale de Botani ue paraît le 15 de Sa La Re mois et chaque er est composée de di. à 48 pages avec planches et figures dans Le prix ue (établie d'avance) est de : 20 Îr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Paris. On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez A7. Jules PEELMAN, 2, rue Antoine Dubois Paris. Adresser tout ce LE ons à la Sorbonne qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIEI, ne, 15, rue de l’Estr d AELA Paris ns les revues spéc lé a dé au Directeur de la Revue es des ouvrages, mémoires Les - droit sruitetiens à vingt-cinq exemplaires en tirage uteurs des travaux insérés dans la Revue pare de Loue ont a par D Me à D dede ne D di à be. LISTE DES AUTEURS des principaux Mémoires ou Articles parus dans la revue générale de Botanique . AuserT, docteur ès sciences BATTANDIER, ent à vÉvole de médecine d’Alger. pet maître de Di Seti ne à la Facu té des Sciences de Cae Boktsisur, docteur ès sciences à lUni- versité de Copenhague ere ar ns tembre de l’'Acadé- e des Scien: re se - dé l'Académie des sciences. Boupier, président de la Société de Mycologie. Bourroux, doyen de la Faculté des Sciences de Besançon. BRIQUET, prof. à l'Université de Genèv BRUNOTTE, é du cours à lle de e pharmacie d Nancy. rt. mg Dm ge à l'École des Hautes-Etudes CosTANTIN, osé au Muséum . Courin, docteur ès sciences nine e es maître de Conférences. à la r | DANIEL, docteur ès : Crau À Dassonvizce, docteur ès sciences. DEvaux, br à l’Univer- sité de Bordea DRAKE DEL CASTILLO (E.), cr de la Société __— de Fra ee directeur-adjoint du Labora toire de Biologie végétale de Fon- ets eau, ERIKSSON (Jakob}, professeur à l’Acadé- . mie royale d'Agriculture de Suède. FiNET, préparateur au F&ABAULT, . Montpellie ue Fatpene ès sciences, Focreu, docteur ès up u Muséum Castéedrse à Y'Uni- cy- um. à l’Université de GÉNEAU DE LAMARLIÈRE, Le à l'École de médecine de ms. - Giarp, membre de nn des Sciences, GoupserG, docteur ès sciences de l’Uni- versité de Te vie hilde) sc a à GréLor, pr ofesseur à # Eee supérieure de nt professe d'Agriculture de free membre rh trintnle des es. ur à La ele supérieure ions, docteur ès sciences, ECKEL, prof. à l'Université de Marseille, Henry, prof. à l'École forestière de Nancy. Hervier (L'Abbé Joseph} Hacker, garde général des forêts. HocareuTiNer, docteur ès sciences de l'Université de Genève Houarn, gerer à 1 . HouzserT, docteur ès Hue (l'abbé), rhrnl ü Pol. r à la Faculté ent professeur à l'Université de Lau- Jacos As H.), chargé d S'POntreat de Monde over pere rg à (er Par as à l'Univer- sité de covie. JonkMan, Ve Université d’Utrecht. pm LE ent DA int à la Faculté es rseille. Kozper ape na man docteur ès cr ces, de l’Université de CU Kovraar y gare de la vitieuitoté de pee ‘{de), prof, à l’Université æ. | ES Ité : des Sciences de T roulouse aeutté LÉGER, docteur ès scienc LESAGE, maitre . “Conférences à l’'Uni- LOTHELIER, serre science Lux», de l’Université de Se MACMILIAN grrr se à l'Uni- versité de Minne MaAGnix, prof. à me 6 de Besançon. Maruier, docteur ès sciences MaAsCLEr, conservateur Rs collections botaniques ss fa Sor a ercd es de | Contérence à l'Éco A oruate Supérie MER, “x de la a ist de l'Est. or À on à l'École de méde- “has sis de Conférences à la orbonne MORKOWINE, doétéur ès sciences, Mar- bour£. PALLADINE, prof. àl Université de Saint- Pétershourg. hs chargé de cours à la Faculté nçon. PAULSEN (Ove), doc cteur ès sciences de. . l'Université de Copenhague, nn: docteur ès sciences de l’Uni- rsité de Zurich. PouLses, docteur ès ei de l’Uni- sité de Copen M membre Fa iles des Sciences. À Fe prof. à hier Se Toulouse. | RaBor (Charles), explorate Ray, maître de ie " l'Univer- sité de Lyon. Russezz (William), docteur ès sciences. - Saporta (de), corresp. de l’Ins titut. : SEIGNETTE, pe ep Pa Tiontuuséo, docteur ès science Taou Né ces professeur à ÉR de médec e Besançon. e TRABUT, io à l'École de médec. d'A Res (J. -), Tea de ie u VAN ane membre de l’Académie des Science ViaLa, prof. V l'Institut agronom ique. Vies (Hugo de), professeur à l'Univer- sité d'Amste: A e- WarMiG, prof. à l'Uuiv. de Cogas hague EILLER, membre de l’Académie des Sciences. Line. = NÉE mir fréres. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Septembre 1902 PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, RUE DU BOULOI, 4 1902 LIVRAISON DU 15 SEPTEMBRE 1902 I. — L'ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX PRES- SIONS INFÉRIEURES A LA PRESSION ATMOSPHÉ- RIQUE (avec figures dans le texte), par M. Jean AE D ; II. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par M. E. Griffon /suite) dr 6 TAN er ia: e srl. er" +: © Cette livraison renferme deux gravures dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième paye de la couverture. Pages L’ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX PRESSIONS INFÉRIEURES A LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE par M. Jean FRIEDEL Fin) CHAPITRE IV INFLUENCE DE LA PRESSION RELATIVE DU GAZ CARBONIQUE ET DE LA PRESSION TOTALE DIMINUÉES CHACUNE ISOLÉMENT L'orsqu’on raréfie un mélange gazeux on change à la fois la pres- sion totale du mélange et la pression de chacun des gaz. Les chifires du chapitre précédent représentent la résultante de cette action complexe. Il convient, maintenant, de chercher à en séparer les divers éléments. L'influence de la teneur en gaz carbonique a été étudiée par M. Godlewski, et par M. Kreusler. Les résultats obtenus par ces deux expérimentateurs sont très concordants : lorsqu'on augmente la teneuren gaz carbonique ,d’une atmosphère artificielle, l’assi- milation augmente jusqu’à ce qu’on ait atteint une proportion optima. ; Si l’on force la dose, l'assimilation diminue ; en général la dimi- nution est beaucoup moins rapide que l’ascension observée précé- demment. Ces auteurs ont trouvé que pour la plupart des plantes, l'oôptimum est voisin d’une proportion moyenne de 10 °/, de CO”, mais sa valeur exacte change dans une assez large mesure avec les conditions extérieures, et en particulier avec l’éclairement. J’ai fait un nombre assez considérable d'expériences sur l'Evony- mus japonicus, le Ruscus aculeatus. Si l’on porte en ordonnées l'in- tensité de l'assimilation mesurée par la quantité de gaz carbonique absorbé, en abscisse la teneur initiale en gaz carbonique on obtient Rev. gén. de Botanique. — XIV. DTA 370 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE une courbe à allure très irrégulière. Si au contraire, comme l’a fait M. Godlewski (1}, on rapporte les résultats obtenus à la moyenne, entre la teneur initiale et la teneur finale, en gaz carbonique, la courbe devient régulière (fig. 57). En effet, la proportion de gaz carbonique varie à chaque instant pendant la durée de l’ex pé- rience, en lui attribuant sa valeur moyenne on commet une erreur moins considérable, que si on la suppose égale à sa valeur initiale. L'erreur devient très petite si l’assimilation n’est pas très consi- dérable, si elle varie par exemple de 1 à 3 pour cent, ce qui est . Paleurs @e L'Assimilation Volume du Gaz carbonique pour cent SAS rs v 47 ES wn 1 À À 5 4 1 À 1 je Fig. 57.— Courbe de l’action de la teneur en gaz carbonique sur l'assimilation. très suffisant pour faire des déterminations précises. La régularité de la courbe montre qu'il est légitime de procéder ainsi. L'étude de l'influence du gaz carbonique n’intervenant ici que pour permettre d'isoler l’action de la pression totale, je me bornerai à indiquer les résultats numériques sans entrer dans le détail des expériences, en rappelant que les feuilles d'Evonymus employées ont toujours été des feuilles de l’année, (1) Godlewski : Loc. cit. Arbeit d. Bot. Inst. in Würzburg, 1873. Bd, 1, p. 343, ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 371 Evonymus japonicus. VALEURS RELATIVES PROPORTION INITIALE PROPORTION MOYENNE DE CO? DE CO* L'ASSIMILATION 19,44 18,73 1,59 17,53 15,05 2,86 14,9 43,5 2,8 optimum 16,09 12,76 3,04 13,15 10,55 2,179 11,62 9,42 12,52 12 9,12 2,34 7,45 6,46 4,97 5,44 4,16 4,2 3,14 3,11 4,01 3,36 2,6 0,9 1,68 1,43 0,23 J'ai trouvé pour l’Evonymus japonicus une portion moyenne optima de gaz carbonique voisine de 12,76. Ce chiffre est un peu plus fort que ceux que M. Godlewski a obtenus en opérant sur d’autres végétaux (de 8 à 10 °/). Cette différence tient en partie à ce que l’optimum n’est pas le même pour toutes plantes (pour le Ruscus aculeatus, j'ai trouvé 10 °/,), en partie à ce que l’éclairement et les autres conditions extérieures ont une certaine influence. Ruscus aculeatus PROPORTION MOYENNE DE CO, ASSIMILATION 23 2,02 13,89 2,41 Optimum. — 10,04 2:55. 6,97 2,11 6,82 4,35 (?) 6,52 4,72 3,4 0,73 Pour étudier isolément l’action de la pression totale, il faut la faire varier en maintenant constante la pression relative du gaz carbonique’ Par exemple, une feuille est placée dans de l'air con- tenant » pour 100 de gaz carbonique, à une pression d’une demi- atmosphère ; une autre feuille identique est maintenue à la pres- 372 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE n sion atmosphérique dans une masse d’air contenant 5 pour 100 de gaz carbonique. Dans le premier tube, la pression totale est le double dece qu’elle est dans le second; dans les deux, la pression relative initiale de gaz carbonique est la même: on réalise ainsi une modification de la pression totale sans changer la pression relative du gaz carbonique. Il est vrai que l'assimilation n’étant pas la même dans les deux cas, comme on le verra plus loin, l'égalité des pressions du gaz carbonique ne subsiste pas intégralement, mais les différences sont négligeables vis-à-vis de la différence de pression totale. Plusieurs expériences faites sur l’Evonymus, le Ruscus et le Ligustrum, ont montré qu’une diminution de la pression totale seule favorise toujours l'assimilation, pourvu que la valeur de n soit inférieure à l’optimum ou qu'elle en soit assez voisine. Dans les mêmes conditions, une diminution de pression du gaz carbonique diminue l'assimilation. x Appelons « le rapport de l’assimilation à L atmosphère avec n pour 100 de gaz carbonique, et de l’assimilation à une atmosphère avec la même proportion de gaz carbonique. n ‘4 gaz carbonique, et de l’assimilation avec n pour 100 de gaz car- bonique, la pression étant, dans les deux cas, d’une atmosphère. Appelons 8 le rapport de l’assimilation avec — pour 100 de Appelons y le rapport de l'assimilation à À atmosphère avec 2 n pour cent de gaz carbonique, et de l’assimilation à une atmos- i ñn phère avec a pour 100 de gaz carbonique. Si l’action de la pression totale et celle de la teneur en gaz carbonique n’influent pas l’une sur l’autre, on peut dire : Supposons que la diminution de la pression totale augmente l'assimilation dans le rapport : 5€ Es Supposons que la diminution de la pression propre du gaz carbonique diminue l’assimilation dans le rapport : ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 373 2 1 a . 5 =? Alors, il est évident que si l’on fait agir les deux causes à la fois, le rapport de l’assimilation effectuée à l’assimilation normale sera obtenu, en prenant d’abord X d Les A, LE + de l’assimilation normale, puis + de la même assimilation, $ x d'où : a: + du By C'est ce que montrent les chiffres suivants, obtenus dans des expériences faites sur l’Evonymus : CO? Moyen Y 8 78 CALCULÉ 14 Novembre 1900 5,29 1,37 0,45 0,72 2,27 2 Janvier 1901 8,27 4,9 0,43 0,82 4,40 16 Novembre 1900 14,45 4,11 0,69 0,76 6,6 » (exp. inverse) 15,17 1,18 0,69 0,81 7,31 20 Décembre 1900 4408 ‘ ::°4,53 0,45 (?) 0,69 5,92 * Or la détermination directe de « donne en moyenne « — 0.75. La moyenne de 8 y (obtenu par le calcul) est 0,76. On voit que les deux nombres sont sensiblement égaux, ce qui vérifie l'égalité précédente. HART Ruscus aculeatus A une lumière vive, pour une teneur moyenne en gaz carbonique variant de 10 0}, à 6 °/o, On a : y = 1,3 Or pour n voisin de 10 on a : ; B = 0,54. By — 0,67. ce qui cadre avec la détermination directe « = 0,67. Pour une lumière faible, les rapports 6 et y n'ont pas les 374 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE mêmes valeurs qu’à une lumière inteuse, mais leur produit est toujours sensiblement égal à «. Lumière faible : 15 janvier : TENEUR INITIALE EN CO? n = 10,3. 1/2 atmosph. on n'i D, ir %— 5,15. { atmosph. S Lumière faible : 24 janvier : TENEUR INITIALE EN CO? n — 11,66. 4 atmosph. on n n — 5,83. 1 atmosph. 5 B = 0,45. 8 y calculé = 0,63. La détermination directe donne en moyenne a = 0,67, donc sensiblement « = 8 }. Ligustrum japonicum. Quelques expériences faites en octobre 1900 ont donné comme valeur du rapport 8, correspondant à une diminution de moitié de la pression relative du gaz carbonique, des chiffres voisins de 0,4 (la meilleure expérience a donné 0,43). Le 10 Juin 1901, j'ai fait une expérience unique pour déter- miner le rapport y correspondant à une diminution de la pression totale seule. (CALCULÉ) +468: Soit 8 — 0,43 By = 0,72 Or, pour le Ligustrum, la détermination directe donne en moyenne & = 0,75. La loi semble générale, les divergences constatées s'expliquent, sans doute, par des différences dans les conditions de l’expérience. Toutes les expériences indiquées jusqu'ici pour séparer l’action de la pression totale de l’action de la pression relative du gaz carboni- que ont été faites à 1/2 atmosphère. Pour voir si la loi s'applique aux autres pressions, j'ai fait une expérience sur le Ruscus à 1/4 d’atmosphère. 18 Février 1901. à n à 1/4 d'atmosphère n — 15,88 — à { atmosphère ——= 3,97 y = 2,54 ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 375 Une expérience du 16 janvier donne pour la valeur du rapport 8 correspondant à une réduction au quart de la teneur en gaz car- bonique. : (CALCULÉ) Je n’ai pas fait pour le Ruscus de détermination directe d’« à ‘/, d’atmosphère, mais le point tombe assez exactement sur la courbe, ce qui donne, dans une certaine mesure, une vérification par interpollation. Ce résultat permettant d'étendre à d’autres pressions la loi établie pour une demi-atmosphère, on peut déduire par le calcul mn Ps ; nn 1 i Pressions en Ahnoshhérks ! F ie A ME, ee PRE EP A 2 x J 4 4 3 ia F1 ag D Fig. 58. — Courbe de l’action de la pression totale seule sur l’assimilation. l'influence de la pression totale seule aux diverses pressions en prenant comme données les chiffres représentant le phénomène total tel qu'il résulte d'une simple raréfaction, et ceux qui mesurent l'action de la pression relative du gaz carbonique seule. On aurait ainsi la courbe de l’action de la pression totale seule (fig. 58). Voici quelques chiffres approximatifs calculés pour l’Evonymus japonicus, en supposant la teneur moyenne en gaz carbonique correspondant à l'optimum. #16 -” © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE PRESSIONS T n — 12,76. 4 | . 1,23 "1 1,5 fr 1,85 A 2,54, etc. Ainsi, lorsque la teneur moyenne en gaz carbonique ne s’éloigne pas trop de l’optimum, une diminution de la pression totale seule favorise toujours l'assimilation. J'ai refait l'expérience, en prenant deux paires de feuilles dans des conditions aussi comparables que possible, et en les exposant en même temps à la lumière: une paire en faisant varier la pression totale seule, l’autre en faisant varier la pression du gaz carbonique. Les résultats ont présenté une concordance suffisante, comme le montrent les chifires suivants : 30 Novembre 1901, durée 3 h. 1/2. La température a varié de 70 à 10°. Variation de la pression du gaz carbonique seul GAZ INITIAL ASSIMILATION n C0*.:.43,72 — CO° : 8,84 8 = 0,54 : 5 C0*: 8,86: — CO* : 4,45 Variation de la pression totale seule GAZ INITIAL ASSIMILATION CO" : 13,72 È n — CO*: 4,52 y = 1,44 CO: : 6,86 1 5 — CO: : 6,33 | By = 0,72 2 Décembre 19014, durée 5 h. 1/2. gaz initial : n 14 2 7 ASSIMILATION 2 nm + C0*:10,53 Pression du gaz carbonique seul : - jus CO’: 5,12 8B—0,49 ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 377 Pression totale seule : — C0: 6,86 ;—1,41 : n 2 13 —CO': 4,86 By = 0,69. La valeur moyenne est de 0,705. La valeur moyenne de « étant de 0,75, la concordance est bonne. CHAPITRE V INFLUENCE DES VARIATIONS RELATIVES DU VOLUME ET DE PRESSION Lorsqu'on raréfie de l’air enrichi de gaz carbonique, on fait encore varier d'autres facteurs que ceux qui ont été considérés précédemment. Le volume devient double lorsque la pression dimi- nue de moitié. Je me suis demandé si cette variation de volume n'avait pas quelque influence sur l'assimilation. J'ai employé le dispositif dont je me suis servi habituellement pour les expériences dans l’air raréfié, seulement, dans le tube témoin maintenu à la pression normale, j’ai mis une masse de gaz double de celle qui a été portée à la pression d’une demi-atmosphère, Les résultats fournis par l’analyse ont été ensuite ramenés à une même masse de gaz pour être comparables. Des expériences faites sur le Ruscus et l’Evonymus ont toujours donné une assimilation plus faible que lorsque j'opérais avec des masses égales et des volumes inégaux. L'expérience inverse, faite en laissant la pression normale et en changeant la masse de gaz, a montré que l'assimilation était plus considérable dans le volume le plus grand. Si le volume est double de celui du témoin, en prenant le rapport correspondant, et en faisant le produit des résultats des deux expé- riences inverses, on retrouve sensiblement le chiffre correspondant à une simple raréfaction comme les chiffres suivants le montrent : 378 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE RuUSCUS ACULEATUS 24 Février 1901. — Durée 1 h. 35. — Température 50. GAZ INITIAL ASSIMILATION Az 68,56 O 17,83 A : 1 atmosphère V — C0° : 2,25 CO? 13,65 B— à .s — CO* : 2,45 Ramenons à la même masse de gaz, en divisant par 2, l’assimi- lation correspondant à B. B LS 1,93 B — = 0,55 A 2,25 ss 22 Février 1901. CO" initial: 6,4 _ a À: M Ces rapports sont notablement plus faibles que lorsque les masses gazeuses sont les mêmes, et que la pression et le volume j B varient en même temps. On trouve alors: 2 og 0,67. \ En faisant l’expériencc inverse : pressions égales et volumes différents, j'ai trouvé pour : ASSIMILATION A’— 1atm. V — CO* : 5,42 TN AU RS CO: 8,46 8,46 (en ramenant au même volume Der 4,23) di ge 1,28 — Or.4,28, X 0,.55 = 0.7. La concordance est bonne. EVONYMUS JAPONICUS Des expériences faites sur l’Evonymus japonicus ont donné des résultat semblables : Voici d’abord plusieurs chiffres obtenus à pression constante, et volume variable : B Pression normale : A to] << < À ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 379 DATES CO*? INITIAUXx RAPPORTS _ r 14 Novembre 1901 43,87 4,41 19 » » - 40,64 1,27 5 Décembre » 15,62 F4» dia Ainsi, l’assimilation est toujours plus considérable dans un plus grand volume d’air. Le 23 décembre 1901, les deux expérieuces inverses l’une de l’autre ont été faites en même temps dans des conditions de compa- rabilité aussi exactes que possible. Durée 5 h. 50. La température s’est élevée de 1 à 5e. Les feuilles d’Evonymus employées étaient très jeunes et pré- sentaient une teinte vert clair. A. — 1 atmosphère V V pression variable, volume constant, B. + » C. — 1 atmosphère V à Diner : V pression constante, volume variable. GAZ iNTTIAL xtsuntibario Az 70,57 B + 0O: 7,76 4 O 17,71 co: A 77 0 CO* 11,72 a A + O:5,83 _ —CO* : 6,19 ur à 43 A = 0,61 (En ramenant au même volume: ) Ao + 0: 3,88 eo — C0* : 3,57 Aco? : ASSIMILATION C. — CO: : 2,78 D. — C0* : 4,46 (En ramenant au même volume) 2,78 X 2 — 5,56 C »: D —=/24 up “07 La concordance est manifeste. En rapprochant ce fait de la relation identique obtenue en séparant l’action de la pression totale 380. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE seule de celle du gaz carbonique seul, on arrive à la conclusion suivante : Le résultat est le même si l’on modifie ensemble ou séparément les différents facteurs qui varient lorsqu'on raréfie le gaz dans lequel une . feuille assimile. CHAPITRE VI INFLUENCE DE L’AGE DES FEUILLES EXPÉRIENCES FAITES SUR L'EVONYMUS JAPONICUS ET LE COTONEASTER PYRACANTHA Les résultats exposés dans les chapitres précédents ont tous été obtenus avec des feuilles de l’année. Des feuilles d’Evonymus de l'an passé se comportent d’une manière très différente. 10 Décembre 1901 — A.— 1 1 he 2,01 B. — S A 11 Décembre 1901, — Durée 2 h. 5, soleil très intense, tempé- rature 4°. A.— 1 B ne 2 A.— Az 67,6 : 2 0, 19,01 + O : 1,76 R—0.94 GAZ INITIAL CO*,13,38 — CO" :1,85 : Az 67,5 0 17,25 CO* 15,24 B. — Az 67,53 0, 20,85 + O0 : 3,6 ru C0*,11,61 — CO" : 3.43 ER £' B be 2,04 Kw = 1,88 Remarquons que ces feuilles ont donné une assimilation notable ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 381 avec des quotients résultants normaux, ce qui montre qu’elles sont en bon état. De jeunes feuilles d’un vert clair, mises en expérience dans la même saison ont donné, au contraire, des résultats qui concor- dent parfaitement avec ceux qui ont été exposés au Chapitre II, comme le montre l'expérience suivante : 16 Décembre 1901. — CO* initial 14,73 À. — 1 B 141 — —=0,88 De A Cette différence entre les feuilles jeunes et les feuilles vieilles tient à une inégale sensibilité vis-à vis de l'influence du gaz carbonique. J’ai fait, à ce sujet, plusieurs expériences, en employant simultanément une paire de feuilles jeunes et une paire de feuilles vieilles : 4. 7h Pression normale, p 2 2 47 Décembre 1901. — CO* initial 45 ; vieilles feuilles . = 0,89 ; É B : jeunes feuilles = 0,75 20 Décembre 1901.—CO* initial 13,8 ; vieilles feuilles x = À jeunes feuilles À = 0,72 Donc, l'influence du gaz carbonique est très atténuée chez les feuilles de l’année précédente. Il est très difficile de préciser le moment où a eu lieu cette transformation progressive. D'une manière générale, les feuilles de l’année présentent toujours une assimilation nettement maxima au voisinage de 10 °/, de gaz carbonique. Il en est ainsi pour de très jeunes feuilles d’un vert tendre, et pour les feuilles de l’année qui ont déjà atteint leur couleur foncée définitive. Les feuilles de l’année, quelles qu’elles soient, présentent avec une grande constance les phénomènes exposés dans les chapitres IH et IV. Chez les feuilles de l'an passé, une diminution de la pression totale continue à favoriser l’assimi- 382 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE lation, mais l’influence du gaz carbonique s’atténue à tel point qu’elle ne se manifeste plus dans les conditions où j'ai opéré. .Ce résultat est, peut-être, encore plus frappant chez le Cotoneas- ter Pyracantha, arbuste couvert de baies rouges qui lui ont valu son nom vulgaire de Buisson ardent. Chez ce végétal, les jeunes feuilles ont une couleur vert clair qui disparaît bientôt pour faire place à un vert noirâtre très foncé. Ce changement de coloration semble être très précoce, en tout cas, il est manifeste chez des feuilles de l’année. L'action de la pression sur l’assimilation suit chez les jeunes feuilles une loi à peu près identique à celle qui a été établie pour le Ligustrum, l'Evonymus,, le Ruscus. Au changement de coloration correspoud, à peu près, un changement profond dans le phénomène. L'influence de la pression relative du gaz carbonique s’atténue, comme chez les feuilles de Fusain de l’an passé. Il ne semble pour- tant pas qu'il y ait une concordance rigoureuse, entre la date des deux modifications. Les feuilles vert clair les plus âgées marquent déjà une atténuation manifeste de l’action du gaz carbonique, le changement semble progressif. Voici par exemple, le résultat de l’une des expériences faites avec des feuilles d’un vert clair : 15 Juin 1901. — A. — 1 Durée 1 h., température 19e fard CO initial 44,51, BRU LE 2 B B on = 06! —— À co? ” : À gs Des feuilles vert foncé présentent au contraire une augmen- ; : nn, 1 tation manifeste de l'assimilation à — atmosphère, comme 2 les chiffres suivants permettent de s’en rendre compte : À. 4 24 Octobre 1900 : CO* initial 10,93 1,46 B Le: " (expérience inversée) 1,48 2 31 Juillet 1901 : 16,46 1,61 Les feuilles vert clair les plus âgées suivent déjà la mêm+ Ici comme le montre l’expérience suivante : ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 383 7 Août 1901 : CO* initial 11,76 A— 1! : 1 pis B B : Ao Le Aco? FR L'action de la pression totale sur l’assimilation reste constante chez le Cotoneaster Pyracantha, quel que soit l’âge des feuilles. Avec des feuilles d’un vert foncé j'ai refait plusieurs fois l’expé- ‘rience exposée au Chapitre IV, pour le Ruscus, l’'Evonymus et le Ligustrum (séparation de l’action de la pression totale et de celle du gaz carbonique). En employant les mêmes notations que dans ce chapitre, on a les résultats suivants : y = 1,47 8 — 0,95 … pBy—=1,4 La valeur de « déterminée directement étant de 1,46, la concor- dance est bonne, Ce résultat m’a amené à penser que l'influence du gaz carbonique sur l'assimilation était très faible chez les feuilles foncées de Cotoneaster Pyracantha. Le tableau suivant montre qu’il en est bien ainsi : CO* iNiITIAL ASSIMILATION 13,55 1,006 9,08 1,043 6,76 j 3,4 1,008 Pour les jeunes feuilles au contraire, l’influence du gaz carbo- nique est très sensible. Voici une expérience dans laquelle la teneur en gaz carbonique dépassait de beaucoup l’optimum. A. — 1 2 Août 1901. — Jeunes feuilles, vert clair " 1 durée 1 h. 10. a GAZ INITIAL Az. 66,38 A. — Az. 66,49 . 9 O 17,14 019,29 +: 0:215 R — 0,96 CO* 16,47 CO* 14,21 — CO*: 2,26 B. — Az. 66,61 02214+ O0:5 Co‘ 11,2% = co": 5,23 À — 095 «AS REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE B B | a 9 Rte — 9 2 Ao din A CO* cs Dans des conditions analogues, une expérience sur l’action de la pression du gaz carbonique seul, a donné : CO? 1NiTIAL CO? 1NYTIAL ASSIMILATION n 15,49 — CO0*° : 5,03 — 8,56 4,79 — CO’ : 7,82 B = 1,55: L'expérience précédente donne directement : œ — 2,32 On peut calculer y à l’aide de la relation : : œ PraRMO Te y = 1,49 Ce nombre est exactement le même que celui qui a été déter- miné directement pour les feuilles plus âgées, il est assez intéres- sant de l’avoir retrouvé dans cette expérience faite dans des conditions si particulières, avec une proportion moyenne de des carbonique très supérieure à la proportion optima. Les résultats qui précèdent mettent en évidence chez deux plantes à feuilles persistantes un changement profond dans l’action de la pression sur l’assimilation, en corrélation avec l’âge des feuilles. L'action de la pression totale seule reste la même, l’action de la pression relative du gaz carbonique s’atténue au point de devenir insensible dans les conditions où les expériences ont été faites. CHAPITRE VII ACTION DE LA PRESSION RELATIVE DE L'OXYGÈNE M. Kreusler a montré que la proportion de gaz carbonique n'avait pas d'influence sensible sur la respiration. J’ai cherché à voir si la teneur en oxygène avait quelque action sur l’assimilation. J'ai comparé l'assimilation accomplie par des feuilles identiques ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 385 dans de l’air contenant la même proportion de gaz carbonique et des proportions différentes d'oxygène. Les expériences ont porté sur le Ruscus aculeatus, et l'Evonymus japonicus. Ruscus aculeatus : 13 mai 1901, durée 1 h. 25, température 2 50. GAZ INITIAUX ASSIMILATION . 1. — Az 75,51 1 — +0 : 2,32 hi O 18,98 — CO* : 2,32 C0” 9,51 2. — Az 38,27 2. — +0 : 2,36 NE O 56,08 — C0: : 2,37 ee CO* 5,64 17 Mai 1901, durée 1 h. 30, température 18°. CO* initial : 7,2. ASSIMILATION O initial : 4. 488 4. — — CO* : 3,05 2. — 48,7 2. — — CO: : 2,93 La teneur en oxygène n’a pas d'influence sensible sur l’assimi- lation. Avec l’Evonymus japonicus, j'ai fait de nombreuses expériences sur des feuilles d’âges très différents. Voici les résultats de quel- ques-unes d’entre elles : | Evonymus japonicus 20 Mai 1901. — Durée 2 h., température 25e GAZ INITIAUX ASSIMILATION 1.— 0:17,4 1. — — CO: 3,32 CO" : 9,03 2.— O:49,7 2. — — CO* : 3,27 CO” : 9,16 31 Décembre 1901 (feuille de l’année, teinte vert foncé) GAZ INITIAUX ASSIMILATION 1. — 0:18,2 1. — + 0O:10,67 CO* : 11,58 — C0*: 10,41 2, —. 0:40 | CO*;.11,62 À pire C0! 10,69 2 Janvier 1902 Fe feuilles, teinte vert clair) Rev. gén. de Botanique. — XIV. 386 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE GAZ INITIAUX ASSIMILATION 14. — 0: 18,56 4. — — CO*: 4,34 CO* : 12,25 2.— 0:43,49 2, — — CO* : 3,84 CO* : 11,63 : Dans les conditions où j'ai opéré, en faisant varier la teneur en oxygène, du simple au double, et presque au triple, on ne modifie pas sensiblement l'assimilation. On peut done admettre que la proportion d'oxygène n'a aucune influence direute sur lassi- milation. Geci ne veut pas dire qu’en aucune circonstance l’oxy- gène n’agisse indirectement sur le phénomène en question; ainsi, des feuilles placées dans du gaz carbonique pur n’assimilent pas, mais, quand la feuille a de l'oxygène en quantité suffisante pour respirer, elle peut assimiler. CHAPITRE VII ACTION DE LA PRESSION SUR L'ASSIMILATION CHEZ UNE PLANTE ENTIÈRE, LEPIDIUM SATIVUM., ET CHEZ DES FEUILLES GADUQUES, ROBINIA PSEUDO-ACACTA. Tous les résultats indiqués jusqu’à présent ont été fournis par des expériences faites sur des feuilles détachées de la tige, provenant de végétaux toujours verts. Il convenait d'étudier aussi l’action de la pression sur les échanges gazeux d’une plante entière : le Lepidium sativum présente de grands avantages. On fait germer des graines de Lepidium sativum ; on choisit un certain nombre de jeunes plantes aussi semblables que possible par la longueur de la tige et la surface des feuilles. Si l’on opère sur des lots de 4 ou 5 plantes chaque, on peut éliminer sensiblement les divergences individuelles. Les plantes sont introduites dans les tubes et mises en expérience de la manière qui a été indiquée pour ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 387 les feuilles. De nombreuses expériences ont donné des résultats très concordants ; j'ai employé plusieurs fois des lots de 14 ou 15 plantes ; il y a eu une bonne concordance. Quelques expériences ont montré que la teneur optima en gaz carbonique était voisine de 10 °/. CO? MOYEN ASSIMILATION 13,33 3,07 10,72 4,67 6,12 3,2 Lorsqu'on commence à raréfier l’air, on obtient une diminution de l'intensité de l'assimilation sans modification de la nature du phénomène. À 1/4 d’atmosphère, l'assimilation devient si faible qu’elle est généralement masquée par la respiration. A 1/5, on constate une augmentation très sensible, seulement la loi des quotients n’est plus observée. Il y a, à peu près autant d'oxygène dégagé qu’à la pression normale, avec une quantité plus considérable de gaz carbonique absorbé. Chez les jeunes plantes de Lepidium, la respiration est très intense, le plus souvent du même ordre de grandeur que l’assimi- lation ; on peut ainsi séparer facilement les deux phénomènes. Voici le tableau des résultats obtenus : y A N PRESSIONS de HE 0 pd él ve a 0 ouiie 1/2 atmosphère 0,68 ape: Da PÉPARRT LEAT 0,55 CO’: 0:75 1/4 » (résultante sensiblement nulle) 0,54 0:1 1/5 F CO* : 3 en moyenne Ainsi, la loi générale de l’action de la pression est sensiblement la mème que chez les feuilles séparées : lorsque la pression dimi- nue, l'assimilation diminue jusqu’à un certain minimum, puis elle augmente. Seulement le phénomène est plus complexe ; à ‘/, d’at- mosphère on constate une modification profonde de la nature du 388 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE phénomène. Cette différence tient, peut-être, à l'importance relati- vement très grande de la respiration, et aux phénomènes de disso- lution du gaz carbonique qui peuvent se produire dans les liquides de la tige. Une série d'expériences faites sur des feuilles de Robinia pseudo- Acacia ont montré que ce végétal à feuilles caduques suit sensible- nent la loi indiquée pour l’Evonymus japonicus, le Ruseus aculeatus, le Ligustrum japonicum. Voiei les résultats obtenus : RT ENTRE L'ASSIMILATION A LA PRESSIONS ÉVALUÉES EN FRACTIONS PRESSION CONSIDÉRÉE ET A LA PRESSION D’ATMOSPHÈRE 1/2 0,70 1/3 0,41 1/5 0,60 1/8 0,26 Lorsque la pression diminue, l'assimilation diminue, elle passe par un minimum, puis elle augmente, et décroît en tendant vers 0. C’est bien la loi générale, précédemment indiquée. J'ai vérifié en outre que pour les feuilles de Robinia, la teneur moyenne optima en gaz carbonique est voisine de 10 p. 100. CONCLUSIONS Cet ensemble de recherches permet de tirer quelques conclu- sions qui ont été indiquées dans le courant de l’exposé et que je vais résumer brièvement : 4. Une diminution de pression ne modifie pas, en général, la nature de l'assimilation. | 2. Une diminution de pression a, au contraire, une action manifeste sur l'intensité du phénomène. Chez l’Evonymus japonicus, le Ruscus aculeatus, le Ligustrum japonicum , lorsqu'on raréfie l'air, l’assimilation diminue, passe par un minimum, augmente, atteint un maximum et finit par ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE AUX BASSES PRESSIONS 389 BTE fi 1 diminuer en devenant nulle au voisinage de 10 d’atmosphère. 3. Ce phénomène qui suit une loi si complexe est la résul- lante de deux actions distinctes et opposées, l’action de la pres- sion totale et l’action de la pression relative du gaz carbonique : Une diminution de la pression du gaz carbonique seul affaiblit l'assimilation, pourvu que le gaz, sur lequel on opère au début, n'ait pas plus de 10 °/, de gaz carbonique. Une diminution de la pression totale augmente l’assimilation. Les deux actions sont indépendantes l’une de l’autre. 4. La pression relative de l'oxygène n’a aucune influence sur l’assimilation. 5. Chez des arbustes à feuilles persistantes : l’£vonymus Japonicus, et le Cotoneaster Pyracantha, l'influence de la pression totale seule reste constante, celle du gaz carbonique s’atténue avec l’âge. 6. Une augmentation de volume favorise l'assimilation si la pression reste la même. Si l’on fait varier successivement le volume et la pression, ou si on les modifie simultanément, le résultat est identique. Les deux actions sont indépendantes l’une de l'autre. 7. L’assimilation aux pressions inférieures à la normale chez une plante entière, le Lepidium sativum, et chez les feuilles d’un arbre à feuilles caduques, le Robinia pseudo-Acacia, suit sensiblement la même loi que chez les jeunes feuilles de Ruscus aculeatus, d’Evonymus japonicus, de Ligustrum japonicum. Quelques réflexions sur les conclusions précédentes. Après avoi ] lusi decet ble de recherches, on peut se demander si elles ne conduisent pas à quelque conception plus générale qui éclairerait peut-être, en quelque mesure, certains côtés du mécanisme intime de l’assimilation. L'influence de la pression relative du gaz carbonique, déjà mise en évidence par divers travaux classiques se comprend d'elle-même, L'assimilation augmente en même temps que la richesse de l’atmos- phère en gaz carbonique, mais ce gaz devient toxique lorsque la dose est trop forte ; aussi, une fois l’optimum atteint, l’assimilation tend à diminuer. On concoit facilement que les jeunes feuilles soient 390 ._ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE plus sensibles à l’action favorisante, puis nocive du gaz carbonique, ce qui permet de s'expliquer les résultats obtenus avec des feuilles persistantes d’âges différents. L'augmentation de l'assimilation par une diminution de la pres- sion totale, la pression du gaz carbonique restant la même, est un fait facile à constater, difficile à interpréter. La diminution de pression n’exerce peut-être qu’indirectement son action favorisante, car elle s’accompagne d'une augmentation de volume, et il est possible que, dans un volume plus considé- rable, le renouvellement de l'air, au contact de la feuille, se fasse mieux. Les expériences sur les variations de volumes montrent que l'assimilation est plus intense dans une masse d’air plus consi- dérable, que ce soit à cause de l’augmentation de masse ou de l’augmentation de volume. Ceci conduit à penser que dans l’atmos- phère naturelle, où il y a des quantités considérables de gaz carbonique à une très faible pression, les conditions sont, peut- être, moins éloignées qu’on ne pourrait le croire de celles que l'on a réalisées dans un petit tube contenant de J'air très riche en gaz carbonique. La forme singulière de la courbe représentant l’action d'une raréfaction pure et simple du gaz est expliquée facilement par l’analyse du phénomène. L'influence du gaz carbonique l'emporte d’abord sur celle de la pression totale qui semble très faible au début, la courbe résul- tante descend. Mais l’action de la pression totale augmente à mesure que la pression diminue ; elle devient prépondérante à un certain moment, Ja courbe se relève donc. Pourtant, si on continue à raréfier l'air, la pression relative du gaz carbonique finit par devenir trop faible pour que l'assimilation soit possible dans de l'air confiné, l'assimilation diminue et tend rapidement vers zéro. Ce travail a été fait au Laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Paris, et au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigés par M. Gaston Bonnier, auquel j'adresse ici l'expression de ma vive et respectueuse gratitude. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 18983 à 1900 (Suite) La substance colorante rouge ou anthocyanine qui est si abondante dans les variétés pourpres des plantes a été, elle aussi, l’objet de quel- ques recherches. Cette substance que l’on appelle encore érythrophrlle (ne pas confondre avec l’érythrophylle de Bourgarel, laquelle n’est autre que la carotine d’Arnaud) se trouve dans le suc cellulaire; elle est bleue quand ce dernier est alcalin, violet quand il est neutre, rouge quand il est acide. C'est elle que l’on rencontre dans un grand nombre de fleurs bleues, violettes ou rouges ; maïs dans ce cas le nom d’anthocyanine seul est employé. Comme on le voit, la coloration des plantes supérieures à feuilles rouges est différente de celle des Algues. Chez les Floridées, par exem- ple, ce sont les chromoleucites qui renferment dans leur substance protoplasmique incolore un principe supplémentaire rose vif, soluble dans l’eau, insoluble dans l'alcool et l’éther, la phycoérythrine, qui masque plus ou moins complètement la chlorophylle, donnant ainsi à la plante sa couleur propre. Ce principe colorant aurait, selon Engel- mann, un rôle assimilateur. . L’anthocyanine a été étudiée au point de vue physico-chimique par Berzélius, Macaire Princeps, Schübler et Funk, Marquart, Hope, Frémy et Cloez, Martens, Kraus, puis par Pick qui comme Hope admit l’exis- tence dans le suc cellulaire des variétés pourpres d’un chromogène du groupe des tannins. Pick montra en outre que l’anthocyanine absorbe dans la lumière ren tous les rayons jaunes et une partie des verts, depuis la raie D jusqu’à la raie b (3 — 0,52). Engelmann, avec sa méthode À SN a a trouvé soit une bande d’absorption dans le jaune et le vert limitée par les longueurs d’onde ; — 0,59 et x — 0,50 HE Cissus) soit trois bandes dont la première très foncée entre = 0,600 et 1 = 0,575, la seconde moins foncée entre } = 0,588 et à = 0,533 et la troisième très faible entre } = 0,520 et } = 0,495 (Trades- cantia zebrina, T. discolor, Erythrotes Beddomei) Il y a une dizaine d'années, Kny chercha à résoudre expérimentale- 392 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ment la question du rôle de l’anthocyanine; cet auteur fut amené à C admettait aussi cette influence favorable mais ü l’altribuait à l’absorp- tion des rayons qui s’opposent à cette migration de Pamidon, L'opinion de Kny a été reprise récemment par SraHL 41) qui a pu étudier à Java de nombreux types de plantes à feuilles bariolées. Kny établit en outre intense. GREEN (2) pense lui aussi que l’anthocyanine favorise la migra- tion de l’amylase mais il attribue le phénomène au rôle protecteur de la matière colorante vis-à-vis de l’amylase Enfin OverTon (3) vient d’établir expérimentalement qu'on peut faire rougir les feuilles en leur faisant absorber un excès de glucose; cet excès se combinerait au tannin du suc cellulaire pour engendrer un glucoside qui ne serait autre que la substance rouge. Il pense alors que l'excès d’hydrates de carbone produits pendrant une insolation intense et prolongée, ne pouvant émigrer par suite du sp nocturne au printemps ou en automne et accidentellement e , donne nais- sance à l’anthocyanine en se combinant avec les aps. Nous verrons dans un autre chapitre (ÉCHANGES GAZEUX) ce qui à trait à l’assimilation des feuilles rouges. Travaux divers. — CHAULIAGUET, HÉBERT, et Hem (4) ont étudié les principes actifs contenus chez les Aroïdées. Ils ont pu isoler un gluco- side présentant tous les caractères d’une saponine, un alcaloïde liquide qui communique aux Aroïdées leur âcreté et qui est très voisin de la conicine de la Ciguë, un alcaloïde volatil, mais ils n’ont pu mettre en évidence l'existence de l'acide cyanhydrique, pas plus à Pétat libre qu’à l’état de combinais À. Hégrrr (5) a étudié la composition chimique des sèves de diffé- rents végétaux : Vitis vinifera, Musa paradisiaca, ete, Il a trouvé des de matières colorantes, pas d’acides gras susceptibles de donner des savons, mais par contre renferme du glucose que celle du Musa para- disiaca ne possède pas. À quoi cela tient-il ? Aux conditions climatéri- ques, au mode de culture ou aux plantes elles-mêmes. L'expérience seule pourra nous fixer sur ce point. (1) Stahl. Ueber die bunte Laubblätter, (Ann. du Jardin bot. de Buitenzorg. Vol. XIE, 2 p., 2 tabl., 137-216). (2) Green. Es trmg Transactions. Série B. Vol. CLXXXVIIL 1897. (3) Overton. Jahrbücher f, wiss. Bot: Band XXXIIL Heft 2. p. 171, 1899. (4) C. R. CXXIV. 1368. (6) Bull. Soc. Chim. 3"° Série ; t. 13, 927 et t. 17, 88. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 393 Signalons en passant une étude sur la composition chimique du Mais et de ses produits par WiLeY (1). GuIGNARD (2) a continué ses recherches microchimiques sur la localisation des principes actifs chez les végétaux. Autrefois il s'était occupé des Crucifères et familles voisines, Viennent maintenant les Papayacées. Chez le Carica Papaya on peut obtenir, en broyant les tissus une essence sulfo-azotée comparable à celle des Crucifères, essence qui, ici encore, ne préexiste pas dans les tissus intacts es deux principes actifs, glucoside et ferment, sont moins bien représentés dans la tige que dans la racine ; la tige est même très pau- vre en glucoside ; par contre la feuille est même très riche en ferment. a papaïne, sorte de trypsine végétale, n’a rien de commun avec les principes précédents. En effet, les organes les plus pauvres en ferment actif sur le myronate de potassium sont très abondamment pourvus de latex ; de plus ni le latex, ni la papaïne ne décomposent le glucoside. Le ferment qui intervient dans la production de l'essence n’existe donc pas dans les laticifères ; il est situé dans certaines cellules parenchyma- teuses des organes, Dans l'embryon on trouve aussi une petite quantité de ferment accompagnée de glucoside, Mais ce dernier composé existe toujours dans l’albumen qui, par contre, est privé de ferment. Cette localisation que l’on retrouve chez les Capparidées, est évidemment en rapport avec ER su APRPETE que l'embryon exerce sur l’albumen pendant la germinatio D en outre les recherches Fo GuÉRiN sur la localisation de l’anagyrine et de la cytisine, de Lurz sur les principes actifs du Sene- con, sur les principes actifs PR l'acide cyanhydrique dans les Pomacées, de HENRY sur le tanin dans les bois, etc. (Voir la Revue d’Anatomie). On se rappelle que selon Guignard, l'amygdaline et son ferment hydrolytique sont localisés dans des cellules différentes si bien que dans les conditions normales l’acide cy id produit de dédou- blement du one n Lagr jamais à l’état li Pourtant ce corps, que À. Gautier considère comme le noyau initial de la PR RE nv se rencontre à l’état libre dans la sève de quelques espèces tropicales, notamment sep le a ane edule, une Bixinée étudiée sous ce rapport par TREUB (3). Ce corps se rencontre dans le liber, le péricycle et dans des LS isolées appartenant à d’autres tissus ou à d’autres régions. Dans lécorce et la moelle ces (1) Bull. pr de Agr. Washington. (2) CR (3) us dar à niretioi, le transport et le rôle de l'acide cyanhydri- que dans le Pangium edule (Ann. du Jardin Bot, de Buitenzorg. Leyde, 1895). & .. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cellules renferment une matière albuminoïde réfringente qui persiste même après la disparition de l’acide cyanhydrique; elles sont nom- breuses dans les feuilles en voie de développement ou en état de vie active. Le liber joue un rôle conducteur d’acide cyanhydrique ; si l’on fait sur la plante des incisions annulaires, l . persiste bien au-dessus mais on ne le rencontre plus au-dessous des plaies. D'autre part, les feuilles de Pangium, res à l'obscurité perdent en quinze jours leur réserve d'acide cyanhydrique ; mais cet acide réapparaît à la lumière. Enfin l'influence des radiations solaires n'est pas indispensable à la formation d'acide cyanhydrique ; néanmoins, pour que ce corps raisse dans les feuilles il faut des hydrates de carbone et des par Rae minérales azotées, probablement des nitrates qu'’amène la sève ascen- dante. Treub admet que, dans le Pangium edule, l'acide cyanhydrique est le premier produit reconnaissable, de l’assimilation de l’azote, cet acide résulterait d’une synthèse consécutive à l'assimilation du carbone au moyen de sucres réducteurs produits par cette fonction et de sels inor- ganiques, probablement de nitrates amenés par la sève ascendante. AIMÉ Girarp et Linper (1) ont étudié la composition des raisins des principaux cépages de France. A la fin de leur travail les auteurs font observer que ces recherches soulèvent des questions plus intéres- santes au point de vue physiologique qu’au point de vue technique : telle est la question des rapports entre le tannin et la matière résineuse qui l’accompagne dans les râfles et dans les peaux ; telle est la question de l'influence exercée par ces deux produits sur les matières azotées solubles, dont la pulpe est le principal gisement ; telle est la question du goût du cépage dont la localisation est dans les peaux; telle est enfin la question des acides volatils appartenant très probablement à la série grasse dont les pépins fournissent en certains cas jusqu'a Signalons en outre les travaux analytiques de Aimé GirARD. U LLAND sur la composition chimique des diffé- rentes graines aliméntaires (voir Compte rendus de l’Académie des Sciences). Pour terminer, une mention à la deuxième édition du Traité d’ana- lyse des matières agricoles de GRANDEAU ; cette édition, considérable - ment augmentée, rendra de grands services aux personnes qui s’occu- pent de Chimie végétale. se 2 œ | à + (s ee] 2 (1) 2 volumes, Paris ; Berger-Levrault. 1895. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 395 IV. L'ALIMENT. Nous passerons en revue dans ce chapitre tout ce qui se rapporte à la nature de l'aliment, à son origine, à sa digestion, à son absorp- tion, à sa circulation et à son utilisation. Niue laisserons de côté toutefois ce qui a trait au carbone aérien dont ” fxution sera étudiée dans un chapitre spécial sur les Échanges gazeu Rôle du carbone et de l'azote organiques ps la végétation. — À part les plantes saprophytes et la grande majorité des parasites, à part certaines bactéries ou algues, on admettait que les végétaux devaient puiser leur azote dans le sol sous la forme nitrique ou ammo- niacale, et leur carbone dans l’acide carbonique libre ou dissous Toutefois cette opinion qui date des recherches de Liebig et de Boussingault a paru à quelques-uns un peu trop absolue. Corenwinder, Sachs, puis Petermann, DEHÉRAIN (1), BRÉAL (2), ont été amenés à enser que, dans une certaine mesure, la matière organique peut concourir à l'alimentation des plantes sans être obligéé pour cela de se minéraliser entièrement. Aux résultats de grande culture. ce par Dehérain, Bréal a retiendrons le suivant : Deux jeunes Lupins blancs qui avaient germé dans l’eau furent enracinés dans du gravier; on introduisit dans la tige de l’un d'eux la pointe d’un petit tube contenant de l’humate de potasse ; ce Lupin absorba environ 7 centimètres cubes de la dissolu- tion; il se développa beaucoup plus que le témoin et le gain de matière sèche constaté atteignit 60 pour 100. LAURENT (3) a observé que des cultures de Maïs faites en milieux liquides stériiisA prospèrent dans une atmosphère dépourvue d’acide carbonique; au contraire des pieds témoins de la même plante végétant dans les mêmes ee ns mais sans glucose n’accusent aucune augmentation de poi A l’obscurité et en élines de glucose, il y a encore accroissement du poids sec, mais le phénomène est moins marqué qu’à la ère. L Maïs peut utiliser non seulement les sucres réducteurs mais encore le saccharose, la dextrine, l’amidon, tous ces corps étant hydrolysés plus où moins rapidement par les racines. D'autre part des pieds de Mercuriale, de Haricot, de Seneçon, de Capucine, de Grand Soleil, développés dans l’eau distillée jusqu’à complet épuisement de la graine, sont désamidonnés par la culture à l'obscurité. (1) P. P. Dehérain : Traité de Chimie agricole. Paris: Masson; 1902 , p.99. (2) Bréal: Alimentation des végétaux par l'humus et les matières oPgani- ques. (Ann. Agron. t. XX. p. 353. 1894). (Ë 3) Julés Laurent. C R. CXX VII. 586. 396 | REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE, Les plantes sont ensuite exposées au soleil dans une atmosphère dépouillée de gaz carbonique, leurs racines plongeant dans une solution de glucose. Après cinq ou six heures, si la température atteint 20 à 25 degrés, les feuilles sont riches en amidon, alors que des pieds témoins res dans un liquide dépourvu de glucose n’en contiennent pas mes résultats ont été obtenus en arrosant des plantes (Lierré “a. Souci des champs, Mauve à feuilles rondes) enracinées dans un sol avec une solution de glucose et en les exposant à la lumière _dans une atmosphère dépourvue d’acide carbonique. Mazé (1) a repris l'expérience en opérant sur des Vesces de Nar- bonne ayant germé à l’obscurité à l'abri des microbes. Les plantules ont été placées dans des solutions nutritives minérales stérilisées aux. plantes ainsi alimentées présentaient des racines normales ; mais les tiges étaient de longueur démesurée et portaient des feuilles minuscules et d’aspect partheminé; les nitrates se rencontraient jusqu’au voisinage du dernier entrenœud, mais n’existaient plus au-delà. Dumoxr (2) a essayé d'apporter quelque lumière sur la question de l'absorption directe des humates alcalins par les plantes. Cette question avait été abordée autrefois par Grandeau et Petermann, qui avaient obtenu des résultats contradictoires. Pour éviter les difficultés et les lenteurs des dialyses faites dans les conditions ordinaires, l’auteur a diminué la pression de l'air à l'intérieur du dialyseur, se rapprochant ainsi des conditions dans lesquelles le passage des liquides d’une cellule à l’autre se fait dans les tissus vivants. Les matières minérales qu contenues dans le liquide primitif. La dialyse semble donc faire une sélection entre les diverses matières azotées des humates. Les humates alcalins qui avaient servi aux expériences provenaient du traitement d'une terre humitère par une dissolution de carbonate de potassium à deux grammes par litre. À. GAUTIER (3) ne conteste pas l’assimilation des matières humi- ques par les végétaux ; mais il croit que le rôle fondamental de ces substances est de favoriser le développement des organismes inférieurs fixateurs d'azote. On comprendrait ainsi les résultats obtenus par Dehérain sur les exigences comparées du Trèfle et du Ray-Grass : à richesse égale de principes fertilisants, la matière noire du fumier a {1) Mazé : L’Assimilation di hydrates de car Du el l’élaboralion de l'azote organique ie les végétaux supérieurs (C. R. CXXVIH - 185) (2) Dumont : Sur la dialyse is es iris TASTT C. R. CXXIV. 10017. (3) A. pre CR:CXXIY: REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE\ET DE CHIMIE 397 donné toujours, dans une série de cultures, de meilleurs résultats que les engrais chimiques pour la culture du Trèfle. - Lurz (1), par une série de recherches expérimentales Reese a montré que, placées dans des conditions d’asepsie aussi rigoureuses que possible et de telle sorte que les agents extérieurs ne pussent exercer aucune action soit fermentescible, soit fixatrice d’azote libre, les Phanérogames peuvent emprunter l'azote qui leur est nécessaire à des composés EEE appartenant à la classe des amines, employés sous forme de sels. L’ dtnitélio de ces substances peut avoir lieu sans que leur azote ait subi au préalable une transformation en azote nitrique où ammo- niacal ; mais elle est subordonnée à cette condition que les amines proviennent de la substition à l'hydrogène Je radicaux dont la gran- deur moléculaire ne soit pas trop élevée : ainsi par exemple les méthy- lamines sont capables de fournir are l'azote aux plantes tandis que la leucine, la tyrosine, la benzylamine et la pyridine en sont incapables, Les amines phénoliques en pr diphénylamine, aniline) agissent comme des toxiques puiss Quant aux sels ne composés a NE ’alcaloïdes, ils ne cons- tituent pas une source d’azote s’ils sont employés seuls. Bien plus, les plantes placées dans un milieu nutritif contenant de l’azote sous forme d’une combinaison aminée ou alcaloïdique inassimilable perdent une quantité notable de leur azote initial; cet azote se dégagerait à l'état gazeux. Ce curieux phénomène est le résultat d’un processus de désas- similation corrélatif d’un état de dénutrition azotée. Avec les Algues, on retrouve les mêmes rer que précédem ment mais on obtient une certaine végétati ans la be évibhine quoique plus difficilement toutefois que An TS autres milieux. Les Oscillaires s’accommodent de produits plus complexes que la benzyla- mine, Ces résultats tendraient à prouver que les engrais organiques, comme le fumier, agissent sur les récoltes non seulement par les sels ammoniacaux et les nitrates qu'ils Es mais aussi par les amines qui se forment auparavant. Avec les Champignons, l’auteur a constaté que le poids de récolte obtenu était d'autant plus élevé que la grandeur moléculaire du radical substitué à l’hydrogène l'était moins. Il a constaté en outre que, de peser amines provenant de la substitution du même radical à 1, 2 u 3 H (par exemple les trois méthylamines) employées en quantité telle que le poids d’azote introduit dans les liquides nutritifs soit égal pourtoutes les amines, les autres éléments restant également constants, c’est l’amine provenant de la substitution d’un seul radical qui donne le plus fort rendement. Celle à deux radicaux substitués vient ensuite (1) Lutz : Recherches sur la nutrilion des végétaux à l’aide de substances azotées de nature organique. Thèse de Doctorat. Paris, 1899. 398 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE et celle à trois radicaux donne la quantité de Champignons la plus faible. Quant à la substitution d’un quatrième radical, on sait qu’elle a pour effet de transformer le corps en Ammonium SE q et par suite de le rendre impropre à la nutrition azotée des plan Enfin de deux amines possédant la même orange brute mais pro- venant de la substitution à l'hydrogène, l’un d'un seul radical, l’autre de plusieurs radicaux de grandeur moléculaire moindre (propylamine et triméthylamine), c’est l’amine provenant de la substitution d'un seul radical qui donne le plus fort rendement. La pyridine, les sels d’ammoniums composés et les alcaloïdes, employés seuls comme source d’azote ne peuvent servir à la nutrition des Champignons ; mais il n’en est plus ainsi si on les ajoute à un milieu nutritif contenant de l’azote directement assimilable. Ce dernier joue le rôle d'agent d’entrainement et fait absorber aux Champignons des doses considérables de ces produits qui, isolés, sont inactifs. On peut remarquer en outre que, comme pour les amines, les alcaloïdes sont absorbés d’autant plus énergiquement, quand ils le sont, que leur grandeur moléculaire est moindre. Nitrates et sels ammoniacaux. — Quoi qu'il en soit de résultats pré- cédents, il n’est pas possible à l’heure actuelle, d'apprécier l’importance de ce mode de nutrition carbonée et azotée pour une plante donnée dans un milieu donné. L’acide carbonique demeure vraisemblablement encore la source principale de carbone pour ces végétaux, tandis que les sels ammoniacaux et surtout les nitrates en sont toujours la source essentielle d’azot Les sels ammoniaeaux peuvent, en effet, comme l'ont montré autre- fois Shlesiug et Müntz, servir directement à l’alimentation de la plante, sans nitrification préalable. Mazé (1) a confirmé récemment les résultats de Müntz après s'être mis, dans ses recherches, à l’abri de toute cause d’erreur. C’est ainsi qu’il s’est assuré, à la fin des expériences, que les milieux stérilisés au début et additionnés de sels ammoniacaux ne contenaient pas de ferment nitrique. La stérilité aurait pu, en effet, ne pas se maintenir pendant toute la durée de la végétation des plantes et les nitrates formés auraient pu être absorbés au fur et à mesure. L'auteur a observé en outre que si le rendement en poids sec est à peu près proportionnel aux quantités d’azote absorbé sous forme de nitrates, il n’en est plus de même lorsque les plantes sont alimentées avec des sels ammoniacaux, Le sulfate d’ammoniaque employé à la dose de 0,5 p. 1000, donne un poids sec, dans le même temps, bien plus élevé que lorsqu'il est employé à la dose de 1 P. 1000, À cette concen- (1) Mazé : Recherches sur l'influence de l'azote nitrique et de l'azote ammo- niacal sur le développement du Maïs (Annales de l'Institut Pasteur). REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 399 tration, ce sel exerce, sur le Maïs, par exemple, une action nocive, qui se manifeste aussi bien dans l’aspect des racines, à ramification courte; rigide, Dies horizontalement, que dans l'aspect général de la plante. itrates employés à cette dose de I p. 1000 ne produisent, au celte céréale au même titre que les nitrates, mais qu'ils ne sont supportés qu’à faible dose, fait qui avait déjà été observé bien des fois dans la pratique agricole. Voyons maintenant comment sont assimilés les sels ammoniacaux et les nitrates. L'’ammoniaque est assimilée en nature, elle n’est jamais oxydée et transformée en azote nitrique : c’est l'opinion de Molisch, de Frank, de Schulize, de Kreusler. Éd et André avaient conclu à l'oxydation de lammoniaque dans certaines espèces végétales, comme les Ama- rantes, à cause des réserves considérables qu'elles accumulent dans leurs tissus. Ces conclusions ont été appuyées par Heckelet Lundstræm. Or Pagnoul a montré que les nitrates sont réduits dans les feuilles quand celles-ci sont exposées à la lumière, alors qu’ils s'accumulent quand elles sont à l'obscurité. Pour cet auteur « la lumière paraît avoir à remplir dans la décomposition des nitrates et dans la formation des principes azotés et des corps organiques un rôle analogue à celui qu’elle joue dans la ils de l'acide carbonique pour la formation des corps _ drocarboné Toutefois selon RE (1) qui exposa des feuilles dans des atmos- as pre rive puis les plaça pendant quelques heures à l’obscu- rité ou à la lumière, l'assimilation de l’ammoniaque s’effectue cepen- dant à l’abri des radiations lumineuses. L'auteur a montré en outre que l’ammoniaque retrouvée après un séjour de huit heures à l'obscurité ne provient pas des matières protéiques décomposées dans les feuilles. KiNHOsiTA (2). expérimentant sur des plantules d'orge et de maïs, est arrivé à des conclusions semblables à celles de Müntz. Pour lui, Pammo- niaque (qu’il donnait par arrosage sous forme de chlorure d’ammonium) est bien assimilée à l'obscurité et transformée en asparagine alors que les nitrates absorbés atteignent une organisation plus avancée. lon HANSTEEN (3) la Lentille d’eau est capable de proliférer à l’obs- curité, par conséquent de jormer des matières azotées, lorsqu'on la cultive sur des solutions contenant des amides, des sels ammoniacaux, de Purée et des sucres. - (1) Müntz : Recherches sur l'intervention de l’ammoniaque dans la nutri- tion végétale. Annales de la science agronomique nm et étrangère, 1896. (2) Kinhosita : Centralb. f. agrick. Chem. 1896, p. 36 (3) Hansteen : Ber. d. deut. Bot. Gesell, XIV, 1896, p. D. a. 400 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE SAPOSCHNIKOW (1) a expérimenté lui aussi sur les nitrates. Il déta- chait des feuilles de Vigne et de Ronce et les plongeait par Le pétiole dans du liquide de Knop. Un lot était placé à la lumière, un autre à l'obscurité ; d’autre part, au début des recherches, la moitié de chaque feuille était soumise à l’analyse. À la fin, les feuilles mises en expériences étaient aussi analysées, ce qui permettait de déterminer les quantités fournissent un gain notable de matières azotées et d’hydrates de carbone ; l’asparagine peut, dans une certaine mesure, remplacer les nitrates. Par la privation de nitrates, la formation des matières azotées hydrates de carbone forment des matières azotées à l’obscurité en présence des nitrates. {1) Saposchnikow : BR À und Kohlenhydrate der grûnen Blätter als Assimilations Produkte. Tomks. 1899. (A suivre). Eb. GRIFFON. 425 — Lille imp Le Bigot frères Le Gérant: Th. Clerquin MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT énérale de Botanique paraît le 15 de chaque ui à auch mm est composée de 32 à 48 pages avec pu es et pi dans le e prix annuel trarable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Add les demandes ner mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Pari On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez A. Jules PEELMAN, 2, rue Antoine Dubois Paris Adresser lout ce qui concerne la rédaction à Roc Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l’Estra apade, Paris. L sera rendu compte dans les revues spéciales dk ouvrages, mémoires ou notes dont un Lg cnrs aura été a ressé au Directeur de la Rev ue gene “a. re A: et is plus Les auteurs des travaux ‘insérés dans la Revue générale de Botanique ont droit gratuitement à vingt cinq exemplaires en tirage à part, to dt mg ht LISTE DES AUTEURS des principaux Mémoires ou Articles parus dans la ARevue générale de Botanique | Augserr, docteur ès science Briquer, prof. à l’Université de Genève. BATTANDIER, pe à TÉvole de | Brunorre, chargé du cours à l’École médecine d’Alger. de pharmacie BERNARD, con de Conlérences à la | Cuauveaun, directeur-adjotnt à l'École Faculté des Sciences de Caen. des Hautes-Etudes ; BoerGEsEN, docteur ès sciences de l’Uni- CosTANTIN, professeur au Muséum, ersité de Copenha; Courix, docteur ès sciences. . mem membre de l'Acadé- | DaçuizLon, maître de Conférences à la | or mére es de l’Académie des | DanreL, docteur ès sciences. sciences. ; sciences. Bounier, président de la Société de | Devaux, né or a à l’Univer- Bourroux, doyen de la Faculté des Dnaxe ver. CasrntL0 (E.), a ha Sciences de Besançon. iété botanique de Durour, directeur-adjoint du Labora- toire de Le olegie végétale de Fon- taineblea res à Gao) professeur à l’Acadé- mie Agriculture de Suède. FINET, ait au Muséum. FLAHAULT, gr à l’Université de Montpellie FLor, "58 n sciences, Focxeu, docteur ès sciences, FRANCHET, répéliteur au Muséum, _ maître da Conférences à l’'Uni- rsité de Nancy. “high DE ve ARLIÈRE, professeur à l'Ecole de médecine de Reims Giarb, membre de l’Académie des Sciences GoLD8ErG, ‘octeur “er sciences de l’Uni- versité de Varso GoLpFcus (Mie Mate). tnt à l'institut botanique dè Léo: dar sgh bte a à l'Ecole a macie de Pa ON, phantes ur à l'École supérieure d’Agric iculture de R GuiGnarp, ann pe pr des . Science ordis, docteur ès sc Heckez, prof. à l'Université del Marseille, Henry, prof. à l'École forestière de Nancy. Hervier (L'Abbé Joseph}. Hicker, garde général des forêts Hocureuriner, doc el Me sciences de l'Université de Genè Houarp, PR à ia Solos HouLserr, docteur ès sciences, Hue (l'abbé), ra de l'Institut, Hy (l'abbé), ne. à la Faculté catholique à Ang Jaccarp, | itédel sanne, Jacos ve Corvemoy (H.), chargé de cours à l'Université de Marseille. Letters Men is pure à l'Univer- Jonkman, de PUnIvoedté d’'Utr JUMELLE, professeur-adj rm à la RE des Scie de Marsei + pe tone ja ès scien— ces, de l'Université de Copenhague. Kovraa inspecteur de la viticulture de ; a re (de), prof. à l’Université de LecLerc ou SaBLoN, doyen de la Facul __ des Sciencés de Toulouse. a 0 LÉGER, docteur ès sciences nr maître de _Contérences à l'Uni- Lara, PRE #G sciences, ; de l'Université de Copenhague. MaLIAN (Conway)s1 rip à l'Uni- é de Minne us prof. à PR de | MarMiEr, docteur ès sciences MASCLErF, Ré d ateur pe cüttectioaie rbonn botaniques de la So Manucnor, maître de Gontérenes à l'Écoie Normale Supérieu Mer, dctste de la péim PPT de l'Est. MESNARD, tomate à l'École de méde- cine de MoLLIARD, Een de Conférences à la Sorbonne, ee Ml docteur ès sciences, Mar- urg red A Si à l’Université de Saint- Péters mi PARMENTIE à la F' 1té des Sottces de sas PauLsen (0'e), docteur re sciences de l'Université de Copenhagu PosTERNAK, docteur ès séchées de PUni- versi Zurich. Pousea, docteur ès sciences de TUni- sité d de Copenhague ra membre de l'Académie des Sciences. PRUNET, prof. à l'Université de Toulouse. RaBor (Charles), explorat Ray, maitre de c onférences : à l’Univer- sité de Lyo RussELL (William), docteur ès sciences. Saporra (de), Ras de l’Institut, _ SEIGNETTE, docteu n Téonorrsco, dote ès scien Lave ME per à PÉSS de médecine de Besan TRABUT, sn à l'École . médee. d” Alger. | “PR CR } pres de l'Observatoire " “uns sodiee de l’Académie | des Sciences. ViaLa, pra à l’Institut agronomique. VRIES ( ego. Qu hr à l’Univer- site Fil Se à pr de Copenhague. EILLER, membre de l’Académie des Sciences. Lille. — Imp. LE BIGOT frères. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, : PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Octobre 1902 1 1059 PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, RUE DU BOULOI, 4 1902 LIVRAISON DU 15 OCTOBRE 1902 . L — MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES (avec planches), par MM. EL. Matruchot et AR OMR. mu nd, c'e Be die Miaue te 1 II. — ESSAI SUR LA LOCALISATION DE LA DAPHNINE CHEZ LE DAPHNE LAUREOLA, par M. W. HoBol. 5 Us R Ne e ds II. — REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE publiés dans le cours des années 1897-1900, par KR. Zeiller. . . D IV. — REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUSCI- NÉES depuis le 1° janvier 1895 jusqu’au 1° janvier 1900, par M. L. Géneau de Lamarlière (suite). . . . V. — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1893 à 1900, par M. EF, Griflon suite). ne 0 ‘ PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON PLANCHES 12, 13, 14. — Action du gel. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième paye de la couverture. Pages 436 MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES par MM. L. MATRUCHOT et M. MOLLIARD (PLANCHES 12, 13 et 14) L'action du froid sur les végétaux et plus particulièrement le gel de leurs tissus sont des questions qui ont de tout temps préoc- cupé les Botanistes, Mais jusqu’à nos jours, l’action de la gelée sur la structure du protoplasma et du noyau des végétaux n’a été que peu étudiée ; et d'autre part il y a eu, sur le mécanisme de la mort par le froid, diverses théories émises, dont aucune n’a entrainé l’adhésion unanime des Biologistes. Les recherches que nous avons entreprises complètent dans une certaine mesure ce qu’on sait des phénomènes morphologiques du gel des cellules ; en outre elles apportent à l’une des théories actuellement en présence relatives à la mort par le froid, des argu- ments cytologiques qui lui manquaient jusqu'alors. On sait depuis longtemps que, par un froid d'une intensité et d’une durée suffisantes, il se forme à l’intérieur des plantes gelées des cristaux de glace. Mais où et comment prennent naissance ces glaçons? Aux dépens de quelle eau se forment-ils ? Quelles sont les modificatidns morphologiques que subissent alors les tissus ? Autant de problèmes qui n’ont été résolus que successivement et en partie seulement. ‘Les anciens Botanistes (Duhamel, Senebier et autres) pensaient que, lors du gel, des glaçons se forment à l’intérieur même des cellules, et, par le phénomène bien connu de l’augmentation de volume de l’eau qui se congèle, provoquent une déchirure de la membrane cellulaire. À Des observations nombreuses -ont montré qu'il n’en est rien, Rev. gén. de Botanique. — XIV. 26 402 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Sachs (1) fit remarquer que puisque, conformément à l'observation courante, certaines plantes congelées peuvent, lorsque le dégel s'effectue lentement, reprendre leur état initial sans être endom- magées, c’est que la membrane cellulaire n’a pas été rompue au moment du gel. De même Schacht (2) observa que «quand on presse entre les mains un morceau de pomme de terre gelée, le liquide qui s’en écoule en abondance ne contient pas de grains de fécule, ce qui prouve avec certitude, sinon qu’il n’y a pas de fentes aux parois des cellules, du moins qu’il n’y a pas de fentes assez grandes pour que les grains de fécule lés puissent traverser ». Les recherches successives de Caspary (3), de Nägeli (4), de Prillieux (5) ont montré que la glace se forme d’ordinaire non dans les cellules, mais entre les cellules. Prillieux, recherchant où et comment prend naissance la glace qui se produit ainsi dans les tissus, dégage nettement cette idée que les glaçons se forment dans les méats ou lacunes intercellulaires, en écartant, sans les déchirer, les cellules avoisinantes. Il en conclut que l’eau qui en se congelant forme les aiguilles de glace est sortie des cellules sous forme liquide et antérieurement à la congélation. Le même auteur remarque aussi que parfois la production de la glace se fait avec une telle intensité, les cristaux s’accroissent d’une façon si extraordinaire, qu’ils finissent alors par déchirer les tissus qui les entourent et font saillie au dehors à travers des lambeaux de l'écorce. Dans ces conditions il peut y avoir déchirure de certaines cellules ; mais ce n’est pas le cas général. Les travaux plus récents ont confirmé ces premières recherches, et il est admis aujourd’hui que dans la presqu’unanimité des cas la formation de glaçons est extérieure à la cellule. Molisch a vérifié (1) Sachs : Kristallbildungen bei dem Gefrieren (Berichte über die Verhand- lungen der kônigl. sächsischen PRE der Wissenschaft zu Leipzig, 1860), et Handbuch der Experimentalphysio (2} D’après Prillieux (Bulletin de la dits botanique de France, 1869, p. 92). (3) gs : Auffallende Eisbildung auf Pflanzen (Botan. Zeitung, 1854, p. 665, et 1855, p ‘ SCA HAE Ueber ee Wirkung des Frostes (Bot. Mittheilungen a. d. Sitz. d. k. Bay. Akad. d. Wiss. zu München, I. 1861). (5) Prillieux : Ryet de la gelée sur les plantes. nn des glaçons dans les tissus des plantes (Bull. Soc. bot. t, 16, 1869, p. 141). Sur la formation de ques à l’intérieur des plantes (Ann. des Sc. natur. Bot. 5° série, t. XII, 1869, p. 125). ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 403 ce fait ; il a pu préciser cependant quelques cas, rares il est vrai, où des cristaux de glace prennent naissance à l’intérieur des cellules. Ce dernier auteur, dans une étude remarquable sur le gel des végétaux (1), a eu, le premier, recours à un dispositif expérimental lui permettant d'observer directement au microscope les diverses phases du gel et du dégel des cellules. En opérant sur des cellules libres (amibes, filaments d’algues et de champignons, épidermes et poils de végétaux supérieurs) il a pu établir d’une façon précise dans quelles conditions d’abaissement de température et de durée de froid se forment les cristaux de glace, quelle est leur position, dans les divers cas, par rapport à la membrane et au protoplasma, et enfin quel est l’aspect présenté par certaines cellules tuées par le gel. Se basant sur ses propres obser- vations et sur les résultats précédemment obtenus par Güppert et Müller-Thurgau, il a pu concevoir une théorie fort judicieuse de la mort par gel, théorie sur laquelle nous reviendrons plus loin. Mais aucun des auteurs dont nous venons de parler ne s’est attaché à faire une étude cytologique approfondie de la question. Molisch lui-même n’a fait que noter la désagrégation des éléments cellulaires dans quelques cas particulièrement favorables à l’obser- vation, et, en dehors d’une vacuolisation plus ou moins complète du protoplasma, il n'indique aucun caractère morphologique précis du phénomène. En reprenant l'étude du gel des cellules végétales, nous avons constaté, comme les auteurs qui nous ont précédé, la formation de cristaux de glace intercellulaires et observé divers phénomènes déjà décrits. Mais dans notre exposé, nous avons laissé de côté les phénomènes d'ordre physiologique et d'ordre anatomique, qui ont été surtout étudiés par les précédents observateurs, pour nous en tenir uniquement à l'étude cytologique. Nous avons cherché à préciser les réactions et modifications morphologiques que présente le contenu cellulaire sous l’action d’un froid suffisant pour amener la congélation des tissus. Notre attention s’est portée à la fois sur le protoplasma et sur le noyau, mais surtout sur celui-ci, car les modifications de structure peuvent (1) H. Molisch : Untersuchungen über das Erfrieren der Pflanzen. lena, 1897. 404 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE y être plus facilement mises en évidence par les fixateurs et les colorants. Nous avons obtenu la congélation des tissus étudiés en les plaçant à sec dans une enceinte refroidie à l’aide d'un mélange réfrigérant. Sauf indication contraire, les objets mis en expérience ont été fixés aussitôt sortis de la glacière par le liquide de Flemming et colorés à la safranine., Nos recherches ont porté principalement sur les feuilles de Narcisse, puis nous avons généralisé les résultats obtenus, en étudiant des organes très variés de Phanérogames et quelques Cryptogames. NARCISSE (Warcissus Tazetta L.). Nos observations ont porté de préférence sur certaines cellules du parenchyme lacuneux de la feuille de Narcisse. Sur une coupe transversale faite à un ou deux centimètres au moins de l'extrémité du limbe d'une jeune feuille, on distingue, entre les faisceaux libéro-ligneux, des zones de larges cellules en voie de résorption. C'est au pourtour de cette région plus ou moins dissociée, dans la zone intermédiaire entre le faisceau et la lacune, que se trouvent les cellules sur lesquelles nous avons particulièrement porté notre attention. Elles sont des plus faciles à repérer, et elles nous ont montré de très nettes réactions morphologiques à l’action de la gelée. Les cellules considérées sont relativement peu riches en proto- plasma ; une vacuole unique et très développée n’y laisse subsister qu'une ulricule de cytoplasma pariétal avec quelques bandes trans- versales. Le noyau occupe parfois une position pariétale ; il est alors plus ou moins aplati (PL. 13, fig. 17); parfois il est inclus dans l'un des larges trabécules protoplasmiques transversaux ; il est alors d'ordinaire sphérique. Mais dans tous les cas — le fait est à noter — il n'est, d’un côté au moins, séparé du liquide de la vacuole que par une mince couche de cytoplasma. Les noyaux ont, à l’état normal (PI. 12, fig. 4 ; pl. 43, fig. 17) un réseau chromatique à mailles très étroites et à filaments très fins, aux nœuds duquel sont des grains chromatiques plus colorés. Le réseau est réparti de façon à peu près uniforme dans toute la. masse du noyau. ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 405 Celui-ci renferme en outre un gros nucléole n, qui se montre entouré d’une mince aréole claire, et quelques nucléoles de petite taille qui se différencient peu des grains chromatiques nodaux. L'action de la gelée sur les cellules considérées produit, à des degrés variables, des effets analogues, que nous allons décrire, avant de présenter aucune interprétation et avant de tenter l'explication mécanique des phénomènes. 1. — La déformation la moins accentués se manifeste par la présence d’un réseau à mailles plus larges et à filaments plus épais ; la chromatine forme aux nœuds de ce réseau des amas plus abondants (P1. 12, fig. 2, 3) (1). On distingue à l’intérieur du noyau un ou plusieurs espaces clairs, absolumeut achromatiques et transparents ; ces espaces clairs se présentent comme des vésicules qui seraient nées par différenciation dans la masse du noyau et qui, par leur développement, refouleraient soit entre elles soit à la périphérie, le réseau chromatique. Dans d’autres noyaux, où le réseau, plus condensé encore, ne comprend qu’un nombre de mailles assez faible, on observe en outre une orientation très nette dans les filaments nucléaires. Nous avons constaté que cette orientation est liée essentiellement à la position qu’occupe le noyau dans la cellule et aux rapports de voisinage qu’il présente avec la grande vacuole cytoplasmique qui occupe la majeure partie de la cellule. Si le noyau, — et c’est un cas assez fréquent — est logé dans l’intérieur d’une bande protoplasmique médiane (PI. 12, fig. 4, 6, 7, 9), il arrive généralement qu'il n’est recouvert, en deux de ses points diamétralement opposés, que par une mince couche de Cytoplasma. Le gel détermine alors en lui une orientation bipolaire très nette, les deux pôles correspondant aux points de contact avec la vacuole. On voit en effet, dans ce cas, les filaments du réseau chromatique disposés parallèlement à la ligne des pôles ; réduits en nombre mais accrus en épaisseur, ces filaments se présentent alors comme des cordons légèrement fusiformes (PI. 12, fig. 6 a) traversant le noyau de part en part, et se reliant à la périphérie avec un réseau superficiel ayant même structure (Fig. 6 b). Si le noyau — et c'est un cas qui se présente fréquemment aussi (1) La figure 3 est celle qu'on voit en haut et à droite sur la planche 12. 406 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE — est rejeté sur le côté de la cellule et logé dans une mince couche pariétale de protoplasma comprise entre la vacuole et la membrane cellulaire, le gel y détermine encore une orientation des éléments chromatiques; mais cette fois la structure est en quelque sorte unipolaire. Il y a bien encore un axe d'orientation allant du centre du noyau à la grande vacuole cellulaire ; mais la chroma- tine semble fuir la zone de contact avec la vacuole et se rassembler au pôle opposé (PI. 12, en haut et à droite, fig. 3). 2. — À un degré plus marqué de déformation, non seulement les filaments chromatiques sont réduits en nombre, condensés et orientés, mais ils sont rejetés à la périphérie du noyau et se dis- posent suivant des lignes méridiennes ; de plus ces filaments sont reliés entre eux par de rares et courtes anastomoses s'orientant elles-mêmes, plus ou moins, dans la direction polaire. En même temps que le réseau devient superficiel, il s'effectue une condensation de la chromatine vers les régions équatoriales (PI. 12, fig. 7, 9); cette concentration se fait à la fois par l’appa- rition d'un renflement fusiforme dans la partie médiane de chacun des filaments méridiens et par une fusion latérale, deux à deux, ou trois à trois, de ces parties renflées. Il se produit ainsi un nombre assez restreint (huit à douze par exemple) de nodosités équatoriales d'où partent de gros trabécules transversaux les reliant entre elles, et de fines. fibrilles méridiennes qui vont s’amincissant en se rapprochant des pôles ; fortement chromatiques à leur base, ces fibrilles le sont de moins en moins vers leurs extrémités. Divers cas, étudiés en particulier, feront bien comprendre les déformations dont le noyau est le siège : Noyau à structure bipolaire. — Le noyau gelé représenté dans la fig. 5 offre le cas intermédiaire le plus typique entre la structure du noyau à peine déformé, qui a été décrite dans les pages précédentes, et la structure plus profondément modifiée dont il vient d’être fait mention. Le réseau chromatique, quoique à texture beaucoup plus lâche que dans le noyau peu déformé, est encore bien nettement un réseau ; mais il est ici presqu’entièrement superficiel, et son orientation par rapport à la grande vacuole protoplasmique n’est pas douteuse. Il s’est même fait une légère condensation de la chromatine dans la région équatoriale, condensation que la présence du nucléole n vient encore accentuer, Il est à remarquer qu'ici ni l’un ni l’autre des deux pôles n’est complètement ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 407 achromatique : ce caractère ne se retrouvera plus dans aucun des cas qui seront examinés dans la suite. es fig. 94, 9b, 9c de la planche 12 se rapportent à un même noyau examiné en faisant varier la mise au point du microscope. L'orientation bipolaire, avec symétrie par rapport à un plan équatorial, est évidente. Dans la fig. 94, le noyau est vu en coupe optique; on y reconnaît l'existence d’une vaste lacune centrale, traversée par un seul trabécule qui va d’un pôle à l’autre et qui porte vers sa partie médiane le nucléole n. Tout le reste de la chromatine a été rejeté à la périphérie. Le noyau 9 représente le même noyau vu en perspective par sa face supérieure. La chromatine y est encore distribuée en un réseau distinct, breuses et ici encore légèrement chromatiques. Enfin, les deux régions polaires sont entièrement achromatiques. La fig. 9c, qui représente la face inférieure du même noyau, donne lieu à des observations analogues. En un mot, nous avous donc là un noyau à chromatine périphérique, avec tendance à la condensation de cette chromatine dans la région équatoriale, g. 1 représente un noyau gelé où l'orientation bipolaire de Ja chromatine est beaucoup plus marquée encore. On y distingue à la face supérieure cinq à six nodosités équatoriales dont le plan est très sensiblement perpendiculaire à la ligne qui joint les deux surfaces de contact du noyau et du suc cellulaire. Ces nodosités s’effilent dans la direction des deux pôles et se terminent par des trabécules de plus en plus minces et de moins en moins achromatiques. Enfin, lesfilaments méridiens sont reliés, dans la région équatoriale, par de grosses anastomoses trans- versales compactes, et çà et là, dans la région circumpolaire, par de fins trabécules achromatiques plus ou moins obliques mais orientés dans la direction des pôles. 3. — Un degré de plus dans la condensation de la chro- matine nous est offert par la fig. 8. Elle nous montre un noyau ellipsoïidal vu par une de ses extrémités. La chromatine y est presque entièrement rejetée à la périphérie ; seuls subsistent trois ou quatre filaments profonds allant directement d’un pôle à l'autre (l’un d’entre eux porte le nucléole, non représenté sur la figure). Les nodosités chromatiques superfi- cielles sont ici très nettement disposées sur une ligne équa- toriale presque continue ; les filaments méridiens qui en partent perdent presqu’aussitôt leur caractère chromatique et deviennent 408 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE invisibles : disparaissent de même les fins trabécules longitu- dinaux qui dans les noyaux précédemment étudiés réunissaient de place en place ces filaments méridiens ; enfin, par contre, les anastomoses transverses qui, dans la région équatoriale, relient les nodosités voisines sont ici très puissantes et forment avec elle un anneau chromatique presque continu. On s’achemine visiblement vers la structure que nous décrirons plus loin, où toute la chromatine se dispose en un anneau équatorial compact et continu, disposition qui semble être le terme extrême des déformations nucléaires que le gel peut produire dans ces cellules. Noyau à structure unipolaire, — Certains noyaux, en particulier ceux qui sont rejetés entre la paroi cellulaire et la grande vacuole cytoplas- mique, sont le siège de phénomènes analogues ; mais ici un seul pôle devient achromatique, et, dans la règle, ce pôle achromatique se forme dans la partie du noyau qui avoisine immédiatement la vacuole. Nous n'avons observé qu’une seule exception à cette dernière règle ; elle a été représentée dans la fig. 12; là encore la chromatine s’est bien orientée normalement à la surface de contact du noyau et de la vacuole, mais pour des raisons que nous n'avons pu préciser sur la préparation, mais qu’on peut cepen- dant concevoir, la chromatine s’est tee au voisinage même de la vacuole au lieu de refluer au point oppo Laissant de côté ce cas en apparence ces et qui trouvera dans la suite une explication, on observe toujours, dans les noyaux à structure unipolaire, la formation d’une calotte claire près de la vacuole proto- plasmique, et d’une calotte chromatique près de la membrane cellulaire. C vacuole protoplasmique. Le réseau chromatique de ce noyau est à mailles légèrement plus larges que dans le noyau normal, mais il n’y a pas d'autre différence appréciable : aux nœuds du réseau sont des gra- nules fortement Rte 6 le nucléole est très visible et présente ses caractères habitu Une SL AO plus marquée de la chromatine s'observe sur le noyau de la fig. 11. Il y a une accumulation évidente de matière chroma- tique sur toute une moitié du noyau, formant une sorte de calotte hémisphérique opposée à la vacuole cytoplasm mique. On peut enfin avoir une démarcation très nette entre une mince calotte fixant énergiquement les colorants nucléaires et tout le reste de la masse du noyau demeurant à peu près incolore. Le noyau de la fig. 13, (PE ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 409 dont nous avons signalé l'orientation exceptionnelle, montre bien à un pôle cette calotte chromatique opaque, que prolonge un fin réseau superficiel équatorial, lequel va s’atténuant de plus en plus jusqu’à laisser absolument incolore une calotte occupant l’autre pôle. Une représen- sentation schématique de cette disposition a été figurée en 12b. 4. — Nous arrivons enfin au degré ultime de déformation qu'il nous a été donné d'observer dans les noyaux du parenchyme de Narcisse. A ce degré, la condensation de la chromatine conduit à la for- mation d’un anneau équatorial compact, continu et de largeur uniforme ; la partie chromatique du noyau se trouve alors réduite à cet anneau mince, dont le contour très précis ne présente plus que de légères denticulations d’où partent les fibrilles méridiennes devenues entièrement achromatiques. Nous avons observé d’assez nombreux exemplaires de cette curieuse modification du noyau ; nous allons décrire ici quelques- unes des figures les plus caractéristiques (PI. 12, fig. 4, 10, 15, 16). Dans la fig. 4, est représenté un noyau aplati parallèlement à la surface de deux grandes vacuoles voisines, et où la condensation de la matière chromatique dans la zone équatoriale est à peu près complète. A la vérité, l'anneau est large et peu compact, mais les fibrilles méridiennes qui en partent sont courtes et presqu’entière- ment achromatiques. Un anneau chromatique plus nettement défini, mais placé au dessous de l'équateur par suite de la position excentrique du noyau dans la cellule, tel est le cas représenté dans la fig. 40. Ici, par suite d’une disposition singulière assez rare, l'anneau chroma- tique fait saillie à la surface du noyau. Les fibrilles méridiennes n'existent plus. Mais le cas le plus curieux — que nous avons d’ailleurs observé à plusieurs reprises — est celui que présentent les fig. 15 et 16. La chromatine du noyau est rassemblée en un anneau équatorial superficiel continu, de largeur constante, denticulé sur ses bords ; cet anneau fait, sans aucune discontinuité, tout le tour du noyau ; par coloration à la safranine, il apparaît comme uniformément teinté de rose, avec çà et là des granulations plus foncées ; enfin, des denticulations qui le bordent partent des fibrilles méridiennes presqu’entièrement achromatiques, mais que leur réfringence plus 410 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE grande permet de suivre sur une certaine longueur à la surface du noyau. Nucléole. — Dans les noyaux profondément modifiés que nous avons décrits en dernier lieu, il n’y a plus de trace du nucléole. C’est qu’en effet, parallèlement aux transformations que subit le réseau chromatique, il se fait, sous l’action du gel, une transfor- mation du nucléole qui, par un processus dont nous avons pu observer les principaux stades, conduit à sa disparition complète. Dans le noyau normal (PI. 12, fig. 1, pl. 13, fig. 17) le nucléole est sphérique et logé dans une grande maille du réseau chroma- tique. Dans les noyaux gelés, il présente des phénomènes d’étire- ment, et il se dispose, comme les fibrilles chromatiques, parallè- lement à la ligne des pôles. Si le noyau est peu déformé (PI. 12, fig. 2, 3, 7, 9), le nucléole est à peine modifié ; il s'allonge seulement un peu dans la direction des pôles. Il est nettement ovale, comme étiré le long d’une fibrille, dans les noyaux où le réseau chromatique est bipolaire (fig. 6, 13, 14). Enfin, lorsque le réseau se condense en un anneau équa- torial plus ou moins régulier, le nucléole subit le sort d’une quelconque des nodosités du réseau et prend part au même titre qu'elles à la constitution de cet anneau (fig. 4, 10, 15, 16). Dans le cas où la couronne équatoriale présente sa différenciation la plus complète (fig. 15, 16), le nucléole n’est plus reconnaissable au milieu de la masse chromatique uniforme qu’il a contribué à former. En résumé, le nucléole subit des déformations qui sont en relation étroite avec celles du réseau, et il finit par disparaître en s’incorporant complètement dans la masse chromatique commune. Parfois, surtout dans les noyaux pauvres en chromatine, le nucléole s’allonge et s’aplatit en un véritable ruban; et, comme il est rejeté, en même temps que tout l'appareil chromatique, à la périphérie du noyau, il affecte alors une forme incurvée très remarquable (fig. 13, 14). Le nucléole de la fig. 13 occupe environ un tiers du pourtour du noyau; il est très visiblement orienté dans une direction perpendiculaire à la surface voisine de la vacuole cytoplasmique. Le nucléole représenté dans la fig. 14 est plus allongé encore, puisqu'il occupe presque toute la longueur d'une ligne méridienne à la surface du noyau ; il affecte ici Ja ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 411 forme d'un ruban de largeur remarquablement constante sur lequel s’insèrent latéralement quelques fibrilles du réseau chroma- tique. Malgré une ressemblance apparente, il ne faudrait pas homologuer le demi anneau chromatique ainsi constitué avec l’anneau chromatique complet que nous avons décrit dans certains noyaux trés déformés par le gel. Ni l’origine ni la disposition ne sont les mêmes dans ces deux formations. L’anneau complet tire son origine presqu’exclusivement du réseau chromatique ; le demi anneau est constitué uniquement par le nucléole. L’anneau complet est orienté perpendiculairement à la ligne des pôles, équatorial en un mot; le demi-anneau est une ligne méridienne perpendiculaire à la surface voisine de la vacuole cytoplasmique, ainsi qu'on le voit nettement sur la fig. 14. Cytoplasma. — Les cellules du parenchyme de Narcisse qui se sont montrées particulièrement favorables à l’étude du noyau soumis au gel sont assez pauvres en cytoplasma. Le plus souvent celui-ci est réduit à une mince zone entourant le noyau et se reliant à une couche pariétale qui tapisse la membrane. Ce cytoplasma, qui est granuleux ou légèrement fibrillaire dans les cellules non gelées, prend sous laction du gel une structure écumeuse. Dans la fig. 43 (pl. 14), où le noyau est devenu informe et où la chromatine nucléaire a diffusé partiellement dans Île cytoplasma, cette structure écumeuse est particulièrement évidente. n la retrouve dans la généralité des cas, à un degré plus ou moins marqué, mais il n’en a été tenu compte avec quelque rigueur que dans un petit nombre de figures (Fig. 4, 5). Cette structure du cytoplasma gelé a déjà été observée par divers auteurs, Kühne, Hofmeister (1), Klemm (2), Molisch (3). Une vacuolisation complète semble être ici, comme dans beaucoup d’autres cas de dégénérescence de la cellule, l'état que prend le cytoplasma au moment de sa désagrégation et de sa mort. Mais il est un fait de première importance, qu’il convient de mettre dès maintenant en évidence. C’est la relation étroite (1) Hofmeister : Die Zelle, p. 53. (2. Klemm : Desorganisationserscheinungen der Zelle. (Prinhsh. Jabrb. XV, 1898, p. 641). (3) Molisch : loc. cit. . 412 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE qui existe entre la polarité déterminée dans le noyau par le gel et la proximité d’une ou de deux grandes vacuoles cyto- plasmiques. Nous avons déjà signalé divers cas où cette relation est particulièrement nette. Il faut ajouter qu’elle est la règle, et que partout où nous avons pu observer un noyau polarisé et pu fixer dans la même cellule la position exacte de la vacuole ou des vacuoles cytoplasmiques, le lien que nous venons de signaler s’est montré avec évidence : qu’il y ait un pôle unique ou qu’il y en ait deux, le pôle constitue toujours la région du noyau la plus proche de la vacuole cytoplasmique. A l'examen des diverses figures où cette polarité a été représentée (toutes les fig. de la PL 1, à l’exception de la fig. 1), et où les flèches indiquent la direction polaire, la relation que nous indiquons semblera évidente. xx On peut se demander si les déformations observées sur les cellules du parenchyme de Narcisse sont d'ordre général. Pour le savoir, nous avons expérimenté sur des matériaux très divers : cellules appartenant à la moelle ou à l'écorce de l’axe hypocotylé du Haricot, à la racine de Jacinthe, à la tige de Lupin, à la feuille de Clivia, au pédoncule floral de Clivia et de Tulipe, au nucelle de Leucoium, aux poils staminaux de Tradescantia, à des filaments de Spirogyra. Nous avons, comme on va le voir, retrouvé fréquemment, quoique à des degrés différents, des modifications analogues à celles que fournit la feuille de Narcisse. On peut donc considérer les phénomènes que nous avons décrits comme représentant le pro- cessus le plus habituel de la réaction de la cellule contre le gel. Nous allons passer en revue successivement les principales modifications observées. AXE HYPOCOTYLÉ DU HARICOT (Phaseolus vulgaris L.). Des germinations de Haricot développées à la lumière ont été mises à geler pendant quinze heures dans un mélange réfrigérant où la température à varié de — 4° à — 7. Les cellules qui ont présenté les modifications dont il va être parlé sont des cellules ACTION DU GEL SUR LES CELLULES ee * À. de la partie interne de l'écorce ou de la moelle de l’axe hypocotylé. Nous avons retrouvé dans les noyaux de ces cellules des phéno- mènes de condensation et d'orientation de la chromatine tout à fait analogues à ceux que nous avons décrits pour le Narcisse. Dans la fig. 22 (PI. 13) est représenté un noyau aplati logé contre la membrane cellulaire et séparé de la grande vacuole cyto- plasmique par une mince lame de protoplasma. Un réseau chro- matique à mailles peu nombreuses et superficielles, des fibrilles chromatiques orientées normalement à la surface libre de la vacuole, un nucléole allongé dans la direction bipolaire, tels sont les caractères que le gel a fait apparaître dans ce noyau. Ces carac- tères sont remarquablement identiques à ceux que nous avons décrits dans les noyaux aplatis des cellules de Narcisse. Il nous a été donné d'observer, à diverses reprises, dans les cellules de la moelle du même organe (axe hypocotylé du Haricot) des aspects très particuliers du noyau, aspects qui, tout en rentrant dans le cadre général des faits observés, présentent un intérêt particulier sur lequel nous aurons à revenir dans la suite. Là le noyau se présente comme boursoufflé, offrant des sortes de hernies qui font saillie au dehors et sont séparées l’une de l’autre par des sillons profonds. Tantôt (PI. 13, fig. 25) le noyau présente deux hernies volumineuses, laissant entre elles une gorge circulaire où la chromatine est rassemblée. Tantôt (fig. 26) il existe trois hernies l’une occupant tout un hémisphère, les deux autres se partageant l’autre hémisphère ; la chromatine occupe alors toute la région équatoriale, où elle constitue une large plaque e, et forme en outre un mince filet méridien m séparant les deux protubérances de moindre volume. À l’examen de ces figures, il est évident que la polarité du noyau est, comme précédemment, en relation avec la disposition du cytoplasma, qui recouvre d'une mince couche le noyau à l’un de ses pôles. Remarquons toutefois qu'ici la chromatine n’est pas rejetée à la périphérie; elle est seulement localisée dans un plan équatorial et forme une lame circulaire continue, relativement épaisse, renfermant le nucléole visible par transparence. Le stade ultime de la condensation de la chromatine, conden- sation aboutissant à la formation d’une zone équatoriale périphé- rique, peut s’observer ici encore, et le fait qu’une disposition aussi 414 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE singulière se retrouve dans des organes aussi difiérents qu'une feuille de Narcisse et un axe hypocotylé de Haricot montre bien qu'on est en présence d'un phénomène d'ordre très général. Nous avons représenté dans les fig. 23 et 24 (PI. 13) les noyaux, vus en perspective, de cellules corticales internes; ils sont visiblement orientés dans la direction perpendiculaire à la surface libre du cytoplasma. Au stade représenté par la fig. 23 a, on observe une disposition qui a été schématisée dans la fig. 23 b, et où la matière chroma- tique est entièrement condensée dans le plan équatorial. La plus grande part est périphérique et constitue un anneau d'épaisseur assez irrégulière, sur les dentelures duquel viennent s'insérer des fibrilles achromatiques méridiennes. Le reste de la chromatine est rassemblé sur un diamètre équatorial formant un gros trabé- cule médian qui porte la nucléole légèrement excentrique. Dans le noyau représenté sur la fig. 23, la chromatine, presqu’en- tièrement périphérique, forme un anneau équatorial sinueux où l’on ne distingue que par leuramorce les trabécules méridiens achro- matiques @. Vers la partie centrale du noyau est un gros nucléole fortement coloré, maintenu en place par quelques filaments chro- matiques transversaux. Dans ces deux cas — et c'est d’ailleurs là un fait général dans le parenchyme de Haricot — le nucléole garde:son individualité. Comme le montre surtout la fig. 22, il occupe manifestement l’un des angles du réseau chromatique modifié ; même lorsque le réseau est déformé et en partie détruit (fig. 23 à 26), le nucléole reste inclus dans un des trabécules subsistants et garde un contour défini. Nous ne l'avons jamais vu prendre part, comme c’est le cas normal dans le Narcisse, à la formation de la couronne chroma- tique équatoriale. A cette dernière différence près, les noyaux du parenchyme de Haricot présentent donc les mêmes réactions vis à-vis du gel que les cellules de Narcisse, et dans les deux cas la défor- mation maxima se manifeste par une condensation de la chromatine sous forme d’un anneau périphérique, avec struc- ture bipolaire très nette pour le noyau. En dehors d’une vacuolisation très générale et qui rappelle celle que nous avons signalée dans le Narcisse, le cytoplasma ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 415 des cellules de Haricot ne présente rien de particulier sous l’action du gel. À l’état normal, non gelé, il renferme toujours au moins une grande vacuole dont la position détermine l'orientation des éléments dans le noyau gelé. TIGE DE LUPIN (Lupinus albus L.). Une coupe faite dans la tige du Lupin, entre les cotylédons et la première des deux ou trois feuilles que présentent les jeunes germinations, montre dans la région moyenne de l’écorce des cellules dont le contenu est assez analogue à celui des cellules étudiées dans le Narcisse et le Haricot: cyto- plasma à large vacuole, souvent réduit à quelques bandes pariétales ou transversales dont l’une englobe le noyau, L'action de la gelée y détermine des apparences semblables à celles qui ont été décrites plus haut. Nous n’en avons figuré qu’une seule, où le noyau présente cette particularité d’avoir une couronne chromatique équatoriale incomplète (PI. 13, fig. 37); c’est, en somme, un cas intermé- diaire entre le noyau à structure bipolaire (anneau équatorial incomplet) et le noyau à structure unipolaire (calotte jure dont il a été parlé à propos du Narcisse. Le nucléole reste intact à l’intérieur du noyau et ne prend aucune part à la constitution de la couronne. RACINE DE JACINTHE (Hyacinthus orientalis L.),. Avec la racine de Jacinthe nous avons pu retrouver, dans des cellules de parenchyme, des déformations de même ordre que les précédentes. Le noyau gelé que nous avons représenté dans la fig. 44 (PI. 14), offre une particularité remarquable, sur laquelle nous aurons à revenir dans la suite. Ce noyau a toute sa chromatine superficielle et rejetée en grande partie à l’un des pôles, sous forme de bandes plus ou moins longitudinales. Il est manifeste, en outre, que ce noyau a éclaté par rupture d’une grande vésicule interne; dans le protoplasma, au voisinage du point de rupture de la membrane nucléaire, on trouve une masse 416 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE importante et se colorant fortement ; sa taille considérable donne à penser qu’elle peut être formée par le nucléole augmenté d’une partie de la matière chromatique du noyau. FEUILLE ET PÉDONCULE FLORAL DE CLIVIA Des résultats de même ordre que les précédents ont été obtenus isolé avec la feuille et le pédoncule floral de Clivia miniata. - L'aspect très caractéristique du noyau que représente la fig. 38 (P1.134), où la couronne chromatique équatoriale est presque aussi nette que dans le Narcisse, suffit à montrer qu’ici encore la réaction vis-à-vis du gel est la même que précédemment. De plus, la dispo- sition annulaire de la chromatine est manifestement en rapport avec la position de deux larges vacuoles cytoplasmiques qui sont en contact presque direct avec le noyau. Comme dans quelques-uns des cas précédents, le nucléole reste distinct de la masse chromatique disposée en couronne. PÉDONCULE FLORAL DE TULIPE (Tulipa Gesneriana L.). Plus caractéristiques encore, et en tous cas plus semblables aux déformations typiques étudiées en détail dans le Narcisse, sont les figures que le gel détermine dans les cellules parenchymateuses du pédoncule floral de Tulipe. La fig. 21 (PI. 13) est on ne peut plus significative à cet égard. Une cellule entière a été figurée. Le noyau, porté par une bande médiane de protoplasma, a pris par le gel une structure bipolaire des mieux définies ; les deux vacuoles cytoplasmiques sont en face des deux pôles ; la chromatine est rassemblée en masses équatoriales irrégulières, d’où partent des filets méridiens devenant rapidement incolores : en un mot, on a là une disposition rigoureusement identique à certains aspects fournis par les noyaux de Narcisse. Voulant généraliser les notions fournies par les organes précé- demment étudiés, nous nous sommes adressés à des tissus dont la structure difière de celle des parenchymes plus ou moins lacuneux, Nous avons examiné à ce point de vue les tissus compacts qui constituent le nucelle de Leucoium et la paroi de l'ovaire de Tulipe. ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 417 NUCELLE DE LEUCOIUM VERNUM L. Les cellules du nucelle de Leucoium ont un noyau volumineux sur lequel l’action du gel s’est manifestée par une vacuolisation en tout comparable à ce que nous avons vu précédemment. Les trois cas principaux de déformation se retrouvent ici. On peut avoir une vacuolisation générale sans orientation particulière des éléments (PI. 13, fig. 18) ; dans un noyau ainsi modifié, la chro- matine refoulée par le développement des vésicules forme un réseau à mailles larges et peu nombreuses. La fig. 19 (noyau vu par sa face supérieure) montre un cas de vacuolisation analogue, mais avec orientation assez nette : le noyau, logé dans une masse protoplasmique à peine plus large que lui, et se trouvant au voisinage du suc cellulaire, a pris une structure bipolaire ; la chromatine s’est condensée dans la région équato- riale ; elle y forme une plaque très fortement chromatique pl, de chaque côté de laquelle se distribue un réseau à mailles larges et irrégulières, Enfin (fig. 20, coupe optique), nous avons observé le cas d’une calotte chromatique polaire, produite par refoulement de la chro- matine sur la face opposée au pôle. Ici le pôle est manifestement la surface du contact avec la grande vacuole cytoplasmique V. Le noyau ne comporte qu’une seule grande vésicule claire », qui le remplit presque tout entier. ‘ Le cytoplasma présente aussi de place en place la vacuolisation générale due au gel; mais le plus souvent les vacuoles sont très petites. Une partie du cytoplasma de la cellule représentée dans la fig. 19 est largement vacuolisée (V). Dans la cellule de la fig. 20 on ne distingue guère qu’une grande vacuole. Bien que nous n’ayons pas observé dans l'ovaire du Leucoium les stades ultimes de déformation, où la chromatine se rassemble en couronne équatoriale, les faits principaux que nous venons d’énu- mérer suffisent pour montrer que ces cellules réagissent vis-à-vis du gel d’une façon conforme à ce que nous ont appris les tissus d’autres végétaux. Rev. gén, de Botanique. — XIV. 27 418 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE OVAIRE DE TULIPE (Tulipa Gesneriana L.) Dans les cellules de la paroi de l’ovaire de la Tulipe, le noyau normal est une masse sphérique ou ovoïde à contenu chromatique granuleux (PI. 43, fig. 27), sans réseau distinct ; près de la surface on observe un gros nucléole, avec parfois un ou deux nucléoles plus petits. Ce noyau est généralement inclus dans un protoplasma abondant remplissant presque toute la cellule; il n’y a pas ici de large vacuole cytoplasmique comme dans les cellules étudiées en premier lieu. Les effets du gel sur ces cellules, quoique au premier abord assez différents de ce que nous avons vu jusqu'ici, sont cependant de même nature. Le plus souvent, il y a vacuolisation du cytoplasma, qui devient tout à fait spumeux (PI. 13, fig. 32, 33). Le noyau devient aussi très vacuolaire (fig. 28 à 32, 34 à 36) ; maïs la formation de vésicules ne conduit pas à une structure régulière avec orientation des éléments nucléaires, comme c'était le cas précédemment. Le plus souvent le noyau gelé se présente comme une masse chromatique compacte prenant uniformément la matière colorante, sauf à l’endroit de vésicules intranucléaires qui ont un contour nette- ment délimité (Fig. 28, 32 et 34 de la PI. 13). Mais parfois la vacuolisation est plus délicate et le noyau prend une structure écumeuse ; c’est un cas qui a été représenté dans la fig. 31 : on voit alors un réseau chromatique à mailles régulières avec légers épais- sissements aux nœuds. Les vésicules nucléaires dues au gel sont de forme irrégulière et leur nombre peut être très variable. Tantôt on n’a qu’une seule grande vésicule centrale (fig. 36) ou pariétale (fig. 35), tantôt il y a à la fois de grandes et de petites vésicules (fig. 28, 34); tantôt enfin les vésicules sont petites et nombreuses (fig. 31). De tous ces cas, les plus significatifs sont les suivants: Les fig. 29 et 30 représentent un même noyau; vu en coupe optique (fig. 29), il montre trois vésicules, dout deux sont ouvertes à l'extérieur ; vu en perspective (fig. 30), il montre une quatrième vacuole, périphérique, s’ouvrant largement au dehors. ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 419 C'est une disposition analogue que présente le noyau de la fig. 34. Mais deux vacuoles principales opposées ayant éclaté au dehors, on à une sorte de couroune chromatique épaisse avec deux calottes incolores dont une seule est visible sur la figure. Le noyau acquiert dans ce cas particulier une symétrie bipolaire qui rappelle les cas analogues précédemment décrits; et, bien que nous n’ayons pu, par suite de la position oblique du noyau, mettre en évidence ses rela- tions avec des vacuoles cytoplasmiques voisines, nous sommes Con- vaincus que les cellules d’ovaire de Tulipe ne font pas exception à la règle, et qu’il y a ici encore un lien étroit entre l'orientation des éléments nucléaires et la proximité de la surface libre des vacuoles. Ce qui justifie cette manière de voir, ce sont quelques noyaux particulièrement favorables que nous avons réussi à retrouver dans le même tissu et qui appartiennent à des cellules peu riches en pro- toplasma (PI. 13, fig. 35, 36). Là il existe une vacuole nucléaire unique ; dans la fig. 35 (coupe optique), elle est nettement en con- tact avec la vacuole cytoplasmique et semble près d’éclater, et le reste du noyau est constitué par une masse chromatique formant calotte unipolaire; dans la fig. 36 (vue perspective) la chromatine est répartie en un réseau à mailles et à nœuds épais, mais dont la disposition unipolaire ne fait aucun doute. En somme, malgré quelques différences tenant à l’abondance du protoplasma dans les cellules considérées, le parenchyme de la paroi de l’ovaire de la Tulipe présente les mêmes réactions vis-à-vis du gel que toutes les autres cellules étudiées. La vacuolisation du noyau est la règle, et la disposition des vésicules ainsi formées, par suite aussi celle des éléments nucléaires, est en relation directe avec la répartition du suc cellulaire dans la cellule. (A suivre). ESSAI SUR LA LOCALISATION DE LA DAPHNINE CHEZ LE DAPHNE LAUREOLA par M. W. RUSSELL (1). Le Daphne Laureola, vulgairement appelé Lauréole, Laurier- Épurge, etc., est un sous arbrisseau à feuilles persistantes qui vit commie l’on sait dans les bois calcaires de l’Europe centrale et de l’Europe méridionale (2). C’est une plante vénéneuse (3) utilisée en thérapeutique pour ses propriétés vésicantes qui en font un succé- dané des extraits de cantharides (4). La partie employée est l'écorce de la tige (5) qui se trouve dans le commerce sous forme de lanières minces et flexibles (6). Cette écorce renferme de la Daphnine, une huile volatile, une résine acre, une matière colorante jaune, de l’acide malique et des substances protéiques (7). Certains auteurs pensent que ce sont les matières oléagineuses et résineuses qui donnent aux Dapane leurs propriétés vésicantes ; d’autres au contraire, et parmi eux Dujardin-Beaumetz (8), admet- tent que la substance active est la Daphnine. ; (1) Ce travail a été fait au Laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences e Paris. (2) Le Daphne Laureola est peu abondant dans la région parisienne ; ilse ren: contre entre autres localités, aux Andelys, à Écouen, à … esherbes, dans la forêt de Carmelles près de Prêles et dans les environs de an (ferme des Jalots), (3) Cornevin : Des plantes vénéneuses et des Pa ME qu’elles déter- minent, p. 163, Paris, 1887. (4) D'après F. Fluckiger et D. Hanbury : Histoire des Drogues végétales, en France, on se sert du Garou /Daphne Gnidium) et du Bois-Joli /Daphne Mezereum). Le Garou pren à la flore méditerranéenne. Le Bois-Joli vit dans les bois des montagne (5) Sous le nom déc on doit comprendre ici tous les tissus extérieurs au bois et renfermant par conséquent le liber, (6) Dujardin-Beaumetz et Egasse : Les plantes médicinales indigènes et exo- tiques. Paris, 1883. (7) Heraud : Dictionnaire des plantes médicinales. Paris, 1896. (8) Formulaire magistral de Dujardin- Beaumetz, A. Gilbert et P. Yvon. Paris, 4897, LOCALISATION DE LA DAPHNINE 421 Cette question étant du domaine de la thérapeuthique, je n'ai pas cherché à la résoudre ; j'ai voulu seulement faire connaître dans quels tissus se localise la Daphnine ; accessoirement j'ai étudié la répartition des substances oléagineuses. La Daphnine est un glucoside découvert en 1808 par Vautitée lin (1) chez le Daphne alpina ; Gmelin et Baer (2) l’ont extrait plus tard de l’écorce du Daphne Mezereum et lui ont donné la formule C"H°*0" +2 H°0 ; Zwenger (3), en 1860, ena fait connaître les prin- cipales propriétés en même temps qu'il a indiqué le procédé d'ex- traction suivant : on broie dans un mortier de l'écorce fraîche cueillié au moment de la floraison puis on soumet à une longue digestion dans l’alcool au bain-marie ; l’extrait alcoolique est après évaporation mélangé avec de l’eau bouillante qui entraîne toute la Daphnine ; on ajoute de l’acétate de plomb pour éliminer les acides organiques, on filtre et l’on sature avec du sous-acétate de plomb qui s’unit à la Daphnine et forme un précipité. Le précipité, recueilli, est lavé à l’eau distillée et décomposé par l'hydrogène sulfuré qui ramène la Daphnine à l’état de solution aqueuse. La liqueur filtrée et évaporée en consistance sirupeuse laisse déposer au bout de quelques jours des cristaux prismatiques isolés ou bien groupés en sphéroïdes. La Daphnine a une saveur amère, puis astringente ; elle est soluble dans l’alcoo! chaud, peu soluble dans l’eau froide, mais un peu plus dans l’eau chaude. Les alcalis caustiques la colorent en jaune d’or qui passe au rouge brun par exposition à l'air. Sous l'influence de l’acide sulfurique ou de l’acide chlorhydrique elle se dédouble en glucose et Daphnétine (4). L’acide Es la dissout à chaud. Pour décéler la présence de la Daphnine dans les cellules, il fallait trouver un réactif colorant approprié ; après de nombreux essais sur des cristaux obtenus chimiquement j'ai reconnu que le réactif qui donne les résultats les plus satisfaisants est l'iodure de potassium iodé (5). Ce réactif, mis en présence des cristaux de (1) Vauquelin : Ann. de Chimie, LXXXIV, p. 174. (2) as. Fe Baer : . uber die Seidelbastreinde, Tubingen, 1822. 5) Zw : Ann. der Chem. und Pharm. CXV, p. 1, 1860. (4) Diétiohatre de grue Dictionnaire de Déchambre ; Beillstein : Hand- buck der organischen Chemie. III, p. 580, 1897 (5) Dragendorf : Manuel de Toxicologie. 422 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Daphnine les dissout partiellement et la dissolution prend une teinte rose qui passe successivement à l’orange, au rouge carmin et enfin au rouge brun. Si l’an effectue la réaction sur des tranches de tissus vivants on obtient, dans les cellules recélant de la Daphnine, une coloration orange ou rouge carmin qui tranche nettement sur la teinte bru- nâtre des matières protéiques ; si l’on a soin de ne plonger que quelques secondes les coupes dans le liquide colorant la réaction s'effectue avant que la coloration des autres substances du contenu cellulaire ait commencé à se manifester. La coloration obtenue appartient bien à la Daphnine, car si l'on plonge préalablement les coupes dans un dissolvant tel que l'alcool tartrique (Méthode d’Errera) (1), le réactif iodé employé ensuite ne donne plus de coloration rouge. En aucun cas, les matières oléagineuses n’offrent la réaction colorante de la Daphnine, elles restent d’ailleurs dans les cellules après l’emploi du dissolvant, et on peut facilement révéler leur présence à l’aide de la teinture d'Orcanette. J'ai obtenu également la localisation de la Daphnine à l’aide du perchlorure de fer, du sulfate de fer, de l’acétate de plomb, de la potasse caustique, de l’acide sulfurique et de l’acide phospho- molybdique. Le perchlorure de fer produit une coloration bleuâtre lorsqu'on le met en présence d’une solution concentrée de Daphnine (2); il n'agit que très faiblement sur les cristaux. Dans les tissus on observe une teinte ardoisée qui sous l'influence de la chaleur passe rapidement au mauve puis au brun. Le sulfate de fer ne dissout pas la Daphnine en cristaux, mais forme un précipité très remarquable dans les cellules où ce gluco- side est localisé. En présence du réactif on voit apparaître un grand nombre de sphérules à reflets rougeâtres qui bientôt vont se fusionner en sphères plus volumineuses ; ces sphères s’unissent les unes aux autres et finalement on ne trouve plus dans les cellules qu'un amas de couleur rouge brun. L’acétate et le sous-acétate de plomb donnent une teinte jaune (1) L. Errera : Sur la distinction microchimique des alcaloïdes et des matières protéiques. Mémoires de ki Soc, Belge de Microscopie, 1889. (2) Beilstein : loc. cit, LOCALISATION DE LA DAPHNINE 423 pâle qui passe quelquefois au brun clair ; la coloration ne persiste que très peu de temps. La potasse caustique communique une coloration jaune d’or très caractéristique. L’acide sulfurique fournit une coloration jaune soufre. L'acide phospho-molybdique donne un précipité gris brunâtre. J'ai entrepris de déceler microchimiquement la présence de la Daphaine dans les feuilles, les tiges, les racines et les fleurs. Mes recherches ont été effectuées sur des échantillons recueillis au mois de janvier, un peu avant la floraison. Feuille. — Les réactifs montrent que la Daphnine est localisée dans l’épiderme et dans la méristèle ; l'écorce n’en contient pas. L’épiderme du Daphne Laureola est formé de grandes cellules parallélipipédiques revêtues d’une épaisse cuticule. Un certain nombre de ces cellules, surtout sur la face supérieure de la feuille s’enfoncent profondément dans l'écorce et paraissent divisées en . deux moitiés par une cloison tangentielle ; c’est alors dans la moitié externe que s'observe la glucoside (1). Lorsqu'on examine l’épiderme de face on peut constater que presque toutes les cellules renferment de la Daphnine. La méristèle est étalée en forme d’arc; la région inférieure ou péricyclique de son peridesme ne contient pas de Daphnine, mais on en trouve dans sa région supérieure ou médullaire. Le liber possède de la Daphnine dans les cellules paren- chymateuses qui accompagnent les tubes criblés (2). Le bois n’en recèle que dans les étroits rayons qui séparent les séries des vaisseaux. Les coupes faites dans les bourgeons font voir que à l’état d’ébauches les feuilles renferment déjà de la Daphnine ; elle ne se rencontre d’abord que dans la région moyenne des mame- lons foliaires, plus tard elle envahit l’épiderme où elle se montre en très grande abondance (vivecoloration rouge carmin au moindre contact avec le réactif iodé), un peu avant l’'épanouissement le glu- coside se Jocalise dans l’épiderme et la méristèle — il en reste pen- dant un temps assez long dans l’écorce de Ia portion basilaire. (1) I résulte d'ailleurs des recherches de Radlkofer (Monogr. der gattung Ser- jania 1875) de A. de Bary. (Vergleich anat. 1877) et de M. Van Tieghem (Annales des Sc. Nat. 1893) que cette moitié externe représente la cavité cellulaire propre- ment dite ; l’autre moitié n’est pas autre Chose que la face interne de la mem- brane considérablement pres puis gélifère dans sa partie moyenne. (2) Van Tieghem : loc. 424 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Tige. — L’épiderme de la tige contient de la Daphnine comme celui de la feuille ; après l’apparition du liège, d’origine épidermi- que comme on sait, la localisation s’eflectue dans l'unique assise du phelloderme. Ce phelloderme n’est d’ailleurs pas autre chose que la portion de l’épiderme située en dedans de l’assise génératrice (1). L'écorce est dépourvue de Daphnine, mais la stèle en renferme abondamment dans le liber, les rayons ligneux et la zone périmé- dullaire (différenciée en liber interne} Le liber primaire se compose de tubes criblés étroits, de larges cellules de parenchyme et de fibres non lignifiées — c'est dans ces cellules de parenchyme et dans les fibres que l’on trouve la Diaph- nine. Dans le Jiber secondaire la localisation s'effectue en outre dans les rayons en éventail qui partagent ce tissu (2). En coupe longitudinale on remarque que les cellules à Daphnine sont géné. ralement associées en files. Les rayons ligneux 1-sériés, sont moins riches en Daphnine que les rayons libériens. Dans le liber périmédullaire la Daphnine se localise comme dans le liber externe. Les cellules les plus jeunes du cône végétatif ne contiennent que peu de Daphnine, elles en acquièrent de plus en plus à mesure que de nouvelles formations les éloignent des cellules initiales ; quand les tissus commencent à se différencier, le glucoside s’accu- mule vers l’épiderme et vers les libers, mais il n’abandonne défini- tivement le parenchyme médullaire qu’au voisinage de l'insertion des feuilles les plus externes du bourgeon. Racine. — La racine très riche en amidon, ne m’a paru renfermer chez les plantes étudiées, qu'une faible quantité de Daphnine; j'en ai décelé la présence à la périphérie de l'écorce et dans le liber des jeunes racines, mais dans les racines âgées, je n’ai pu avec précision en reconnaître l'existence. Fleur. — Toutes les pièces florales (calice, androcée et gynécée) contiennent de la Daphnine ; le glucoside est réparti comme dans les feuilles avec prédominance cependant dans l’épiderme externe. (1) Voici du reste comment s'effectuent les premiers cloisonnements : les cellules épidermiques se divisent en deux par une cloison tangentielle ; sé Bt externe se dédouble à son tour et c’est la médiane qui devient génératrice (21 Van Tieghem : Sur les Thyméléacées et les Pénéucées. Ann. Sc. si 1893. LOCALISATION DE LA DAPHNINE 425 Les téguments de l’ovule en renferment et on en observe même dans le nucelle au voisinage de la chalaze. On peut aisément obtenir la cristallisation de la Daphnine au sein même des cellules où elle est localisée : il suffit pour cela de faire séjourner les feuilles ou les tiges dans de l'alcool tartrique pendant environ 24 heures et de les soumettre ensuite À l’ évapora- tion. 11 faut avoir soin de ne pas prolonger trop longtemps le séjour dans l'alcool tartrique sinon la Daphnine est extravasée des cellules qui la recèlentet va cristalliser dans des tissus qui n’en renferment jamais à l’état adulte comme l’écorce et les vaisseaux du bois (1) ; on ‘peut même parfois dans ce cas observer des cristaux dans les cham- bres sous stomatiques et sur l’épiderme au voisinage des ostioles. La cristallisation de la Daphnine s’effectue également lors- qu'après avoir plongé quelques minutes les organes dans de l’eau ‘bouillante on les porte ensuite dans de l’eau froide. Les cristaux sont groupés en masses plus ou moins arrondies et affectent la disposition rayonnée que l’on observe dans les sphéro- cristaux d’Inuline. Les prismes de Daphnine s’orientent quelquefois autour d’un noyau de matière résineuse qui se forme le long des parois cellu- laires. Lorsqu'on examine de face un lambeau d’épiderme, on peut constater qu'un même sphéro-cristal peut occuper plusieurs cellules contiguës. La présence de sphéro-cristaux chez les Daphne a déjà été signalée par M. Van Tieghem ; dans son étude sur les Thymiléa- cées et les Pénéacées (2) on lit en effet : « Quand la feuille a séjourné dans l'alcool pendant un certain temps, il se forme des Sphéro-cristaux dans certaines cellules isolées ou groupées ; ces sphéro-cristaux se rencontrent dans l'écorce et l’épiderme de la tige, tout aussi bien que dans la feuille. » Le savant botaniste.n’insiste pas davantage sur ce sujet ; il ne semble d’ailleurs pas considérer ces cristaux comme caractléristi- ques puisqu'il dit plus loin que les Daphne de la section Laureola (3) ne possèdent pas de cristaux (4). (1) Dans les bourgeons l’accumulation des cristaux est telle que les tissus en sont pee hypertrophiés. (2) V ieghem : loc. cit. “ V” . née ont été divisés en cinq sections par Meisner (Prodromus, (4) Les D. pendula et involucrata renferment dans pe libers et la moelle ds cristaux d’oxalate de calcium isolés ou groupés en 426 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les matières oléagineuses se rencontrent dans tous les tissus, mais i] m’a semblé que l’oléorésine est plus spécialement localisée dans les cellules à Daphnine. En effet, lorsqu'on porte les coupes dans une étuve à 130° de façon à faire volatiliser les huiles essentielles et qu’on les plonge ensuite dans l’acétate de cuivre,la coloration vert éméraude carac- téristique des oléorésines (1) ne s’observe que dans l’épiderme et la stèle La racine que nous avons vu ne contient qu’une faible quantité de Daphnine, ne possède également que peu de matières oléagi- neuses ; on en observe seulement quelques traces dans l'écorce et un peu plus dans le parenchyme scléreu x du jeune bois. En résumé, la Daphnine dans les organes adultes est localisée dans l’épiderme, les libers et les rayons ligneux des tiges et des feuilles ; elle se montre en faible quantité dans les racines. La Daphnine est toujours accompagnée de matières oléagineuses. (1) Jadin : Du siège des principes médicamenteux dans les végétaux, p. 62, 63, 1894. REVUE DES TRAVAUX PALÉONTOLOGIE VÉGETALE PUBLIÉS DANS LE COURS DES ANNÉES 1897-1900 par M. R. ZHILLER J’ai résumé ici même, il y a environ quatre ans, les résultats des principaux travaux publiés de 1893 à 1896 dans le Aoraîine de la paléon- tologie végétale ; peut-être eût-il convenu, à raison du nombre consi- dérable des travaux de botanique fossile qui paraissent chaque année, de ne pas laisser écouler un aussi long délai avant de présenter aux lecteurs de la Revue Générale de Botanique un nouveau compte-rendu du même genre. Il m'a semblé cependant, puisque le siècle allait s’ache- ver, qui avait vu naître et se développer la paléontologie végétale, qu’il était naturel d’en attendre la fin pour y fixer le terme de létape à par- courir et d'en comprendre la dernière année dans la présente Revue. Il ne saurait être question ici, quelque intéressant que püt être un Coup d'œil rétrospectif d'ensemble, de résumer, même en s’en tenant aux plus saillants, les faits nouveaux qu'a révélés l’étude, commencée il y a quatre-vingts ans, des végétaux fossiles ; peut-être cependant n’est-il pas inutile de rappeler qu’elle a enrichi la botanique de notions im- portantes au point de vue anatomique aussi bien que EU Qui jettent un jour précieux sur le passé du monde végétal, et qui complétant les données fournies par les plantes actuellement Most. nous ont appris à mieux interpréter le sens et la valeur de certains Caractères au sujet desquels nous ne possédions, avec ces dernières, que des renseignements incomplets. Je mentionnerai seulement, dans cet ordre d'idées, nos connaissances, de date relativement récente, d’une part sur la per chez un bon nombre de Cryptogames vasculaires des époques anciennes, d’un bois secondaire centrifuge constitué comme celui de nos Gymnospermes actuelles, et d'autre part sur l’hétérosporie de groupes aujourd'hui a Spere isosporés, tels que les Équitésinées. Et si nous sommes loin encore d’être aussi documentés que nous. pourrions le souhaiter sur les ins des prin- ci Er groupes du règne végétal et sur leurs relations génétiques uelles, du moins les combinaisons de caractères observées chez 428 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE certains types paléozoïques à affinités complexes semblent-elles de nature à nous fournir à cet égard de suggestifs enseignements. Aussi bien divers paléobotanistes ont-ils jugé que le moment était venu, où l’on pouvait tenter de résumer les connaissances accumulées par trois quarts de siècle d’étude et d’en présenter l’ensemble sous une forme plus concise et plus élémentaire qu’on ne l'avait fait jusqu'ici, afin de les rendre plus aisément accessibles et d’en faciliter la diffusion. C’est à cette préoccupation que sont dus quelques ouvrages généraux, que je dois mentionner au début de ce compte-rendu, pour la suite duquel je conserverai d’ailleurs, à peu de chose près, le plan que j'avais adopté dans la précédente Revue. I. — OUVRAGES GÉNÉRAUX Dans son excellent ZLehrbuch der Pflanzenpalaeontologie (1), M. Poroné s’est adressé à la fois aux botanistes et aux géologues, donnant, pour les premiers, tous les renseignements morphologiques et anatomiques nécessaires, et pour les seconds toutes les indications utiles à la reconnaissance des niveaux au moyen des empreintes. S’atta- chant plus particulièrement toutefois à ce dernier point de vue et tenant compte de ce que l'étude des fossiles végétaux trouve ses principales applications géologiques dans la détermination de l’âge des formations aléozoïques et surtout des faisceaux de couches houillères, il n’a traité avec quelque détail que les groupes végétaux qui se montrent repré- sentés aux époques anciennes de l’histoire du globe et dont les restes servent de base essentielle à ces RS h aps Cryptogames vascu- laires et Gymnospermes, lesquels sont, du reste, les plus intéressants aussi pour les botanistes, les autres ne n “hs guère, à l’état fossile, que des formes peu différentes de celles que nous observons à l'état vivant. rès avoir rappelé la succession des terrains qui composent l'écorce terrestre, M. Potonié consacre un intéressant chapitre à la discussion des principaux types d'empreintes problématiques qui se s les ns et sur la natu nismes véritables, des moulages de pistes d'animaux ou de simples empreintes mécaniques. Les Thallophytes et les Muscinées sont men- tionnées brièvement, puis viennent les Fougères, traitées avec tous les éveloppements que comporte leur importance paléobotanique, et à la suite desquelles l’auteur a réuni sous le nom, heureusement choisi, de Cycadofilicinées (Creadofilices) les types éteints à caractères com- plexes, aflines à la fois, semble-t-il, aux Fougères et aux Cycadinées, ". H. Potonié : Lehrbuch der Pflanzenpulaeontologie mit “br not auf die Beürfnisse des Geologen. Berlin, F. Dümmier. 1897-99. In-8 vu-vin, 402 p., 3 pl.,355 fig. REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 429 et dont la place systématique ne saurait être encore précisée, faute de données suflisantes sur leurs appareils reproducteurs, tels que le genre houiller Nœggerathia, les Médullosées, les Lyginodendrées, les Proto- pityées. Il convient de mentionner, parmi les autres classes, 18 consti- tant, avec ses feuilles à partition SE ri et ses côtes n’alternant pas aux articulations, la forme ancestrale d’où seraient sorties d’une part les Sphénophyllées, et d’autre part les Calamariées. Après avoir dit quelques mots très brefs des Angiospermes, Monocotylédones et Dicotylédones, l’auteur discute les conditions dans lesquelles ont dû se u e qui permettent de distinguer les dépôts allochtones, formés de matériaux transportés et flottés, des dépôts autochtones, formés sur place, par exemple à la manière des tourbes. Le dernier chapitre est consacré à l'exposé des principes qui servent de base à la détermination des étages géologiques d’après la constitution de la flore qu’ils renferment et à l'indication substantielle de la composition de la flore pour chacun de ces étages et pour leurs principales subdivisions, avec l’énonciation des genres et, s’il y lieu, des espèces les plus caractéristiques. onié se montre, dans toute la partie botanique de l'ouvrage, particulièrement soucieux de la question de phylogénie et donne pour chaque groupe un intéressant schéma des filiations par lesquelles il présume qu’il a dû descendre de groupes antérieurs à organisation plus simple. C’est ainsi, par exemple, qu’il regarde les Fougères et les Muscinées comme devant provenir d’un groupe conjectural intermédiaire is e 1 bon nombre de Fougères paléozoïques, surtout des plus anciennes ; la dichotomie régulière primitive aurait fait place à une dichotomie à branches inégales eonaAS un sympode, à laquelle a succédé la disposition pinnée norm e la souche ancestrale des Fougères seraient. sorties dm ra les Fougères, les Cycadofilicinées, ance- tres des Cycadinées, le tronc commun d'où sont issues les Cordaïtées, les Ginkgoacées et peut-être les Taxacées, et enfin les Lépidophytes souche à la fois des Lycopodinées, des Isoétées et des Conifères, ces dernières représentées à l’origine par des formes aflines aux Arauca- riées, d’où seraient dérivées latéralement les Taxodinées, les Cupres- sinées et les Abiétinées. OTONIÉ est revenu, d’ailleurs, à plusieurs reprises, dans divers articles ou notes (1), sur ces questions d'évolution, particulièrement ) Voir es D LA os nr À 4 ed E Pflanzen . Lichte ha gts gris Thatsarhen. 1898. In-8°, 44 fig. ; et Die morpholo e Fe Sa des cd Pr Blattes und dèr B Blatiarten toi Wochenschrift, 430 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE en ce qui touche la différenciation progressive des membres de la plante : les Algues à thalle non différencié, sans distinction entre les qui port es organes reproducteurs et celles qui servent à l'assimiliation (trophosporosome), représenteraient le type primitif, uel auraient succédé des nies à axe ; embres laté servant à l'assimilation, mais portant encore les organes reproducteurs (trophosporophylle), comme chez la plupart des Fougères ; après quoi les fonctions d’assimilation et les fonctions de reproduction se sont loca- pes sur des membres différents (trophophylle et sporophylle), dont la les qe elles-mêmes se sont graduellement individualisées, après avoir «rt part originairement à la constitution de la tige ou tout au moins de sa région périphérique par leurs bases indéfiniment persis- tantes (péricaulome), comme chez beaucoup de Fougères, chez les Lépidodendrées et les Sigillariées. Enfin les organes appendiculaires des Stigmariées donnent l’idée d'une transformation des membres latéraux dans un autre sens, pouvant être considérés comme établissant un passage entre les feuilles et les racines, et l’axe qui les porte comme de nature à la fois caulinaire et radiculaire. J'ajoute que M. Poronté, à l'exemple de MM. C. von Ettingshausen et Krasan, interprète les déformations accidentelles que présentent dans certaines conditions les plantes actuelles, comme constituant la manifestation d’une tendance régressive et représentant un retour vers des formes ataviques (1) : c'est ainsi qu’il compare les variations observées par M. Molliard sur les frondes du Pteris its attaquées par un Phytoptus, à ce que l’on constate chez diverses Pécoptéridées paléozoïques, les Callipteris notamment, où des pennes homologues voisines se montrent inégalement développées et divisées, comme par suite de dichotomies à branches inégales ; de même les touffes adven- tives, observées par Giesenhagen, qui se développent sur le limbe du influence d’un Champignon du genre T'aph- rina, lui paraissent com arables, avec leurs petites frondes découpées en segments étroits irrégulièrement divisés, à la fois aux Aphlebia ou pennes hétéromorphes de diverses Fougères houillères et à certains Sphenopteridium ou Rhodea du Culm. A.-C. SEWARD a commencé la publication, sous le : titre de Fossil Plants (2), d’un ouvrage destiné à la fois aux géologues et aux RL mais qui vise peut-être plus spécialement ces derniers, et t'de nature à faciliter grandement aux étudiants l'accès de la er anique, par son excellente ordonnance, par les détails très complets qu’il renferme pour chaque groupe sur les caractères morpho- (1) H. Potonié : Palaeophytologische Notizen. V. ri Erscheinungen mit gr en a Momenten (Naturwiss. Wochenschrift, XIII, p. 409-413, 1898). A; CO : Fossil Plants, for students of botany A ‘geology- Vol. I. Cambridge, a cr Press. 1898. In-8°, xviu-452 p., 1 pl., 111 fig. © REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 431 logiques et anatomiques des types vivants, enfin par sa précision et sa clarté, qui le feront apprécier de tous les lecteurs. La première partie, réservée aux Généralités, comprend un bref exposé des rapports de la paléobotanique avec la géologie et des services qu’elle peut rendre à celle-ci, suivi de l'indication des divers modes de conservation sous lesquels se présentent les végétaux fossiles, des difficultés qui résultent garde. Quelques mots sont en outre consacrés à la nomenclature et aux particularités qu'offre son application à la paléobotanique. Dans la deuxième partie, qui est la partie systématique, l’auteur traite d’abord des Thallophytes, divisées en Péridiniales, Coccosphères et Rhabdosphères, Schizophytes comprenant les Schizophycées ou Cyanophycées et les Schizomycètes ou Bactériacées, Algues, Myxomy- cètes, Champignons et Charophytes ; ces divers groupes sont étudiés avec un remarquable esprit critique, en distinguant soigneusement ce qui peut être considéré comme définitivement acquis et ce qui reste encore douteux. Puis viennent les Bryophytes et les Ptéridophytes, ces dernières devant comprendre successivement les Équisétinées, les Sphénophyllées, les Lycopodinées et les Filicinées ; mais, de ces quatre gr que souhaiter de voir la suite de l’ouvrage tarder le moins possible à paraître. J'ai, à mon tour, cherché, en publiant un volume d’Éléments de Paléo- botanique, à résumer succinctement pour les lecteurs français les résultats les plus essentiels actuellement acquis touchant les végétaux fossiles. Après deux courts chapitres, consacrés à l’examen des divers modes de conservation des débris végétaux, et aux principes qui ont servi de base à leur classification ainsi qu'à leur nomenclature, j'ai passé en revue les différents embranchements et classes, depuis Les Thallo- phydes jusqu'aux Angiospermes, en insistant principalement sur les types éteints, sur ceux surtout dont l’étude, à raison de leur éloignement des types vivants, semble particulièrement de nature à étendre le champ andent être précisés ou éclaircis. C’est sous le bénéfice de semblables réserves que j'ai provisoirement rangé les Cycadofilicinées à côté des Fougères, à raison des affinités qu’elles semblent avoir avec elles tout en se rapprochant à différents égards des Cycadinées, me bornant, pour certains autres types,tels que les Cingularia et les Cheirostrobus, d’une part, les Poroxylées, les Cycadoxylées, les Dolérophyllées, d’autre part, à les laisser en dehors des cadres accoutumés, les premiers entre les (4) R. Zeiller : Éléments de Paléobotanique. Paris, Carré et Naud; 1900. In-8e, 421, p. 210 fig. 432 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE J: 4 Équisétinées et les Ly , les dernières entre les Cordaïtées etles Cycadinées, les renseignements que nous possédons à leur égard étant encore trop incomplets pour n puisse tenter de les rattacher telle ou telle classe de PE ent dans lequel leur place semble. e nt marquée. Pour les Angiospermes, dont les représentants fossiles ne diffèrent pas sensiblement des formes vivantes et peuvent être presque tous rattachés à des familles, très souvent même à des genres actuels, je me suis borné à un exposé rapide des principaux faits constatés, en résumant, pour chaque famille, ce que l’on sait de son existence dans le passé, de la date de son apparition, des formes qui peuvent lui être rapportées J’ai passé en revue, en int les flores des époques géologiques successives, en indiquant leur composition, les modifications qu'elles présentent d’un étage à l’autre, et dans quelques cas d’une région à l’autre du globe, depuis la période silurienne jusqu’à la période quater- aire, donnant en même temps sur les conditions climatériques corres- pondantes les renseignements qu’on peut déduire de la constitution même de ces s | Enfin, je me suis efforcé, dans un chapitre final, de dégager les conclusions auxquelles l'examen des faits observés est susceptible de conduire touchant la question des liens génétiques qui peuvent exister entre les divers types végélaux qui se sont succédé à la surface du globe. Il m’a paru ressortir de cet examen, abstraction faite de toute idée préconçue, que, si l’on observait, en remontant dans le passé, des chainons plus nombreux, diminuant les intervalles qui existent aujour- d’hui entre certains groupes, les séries n’en demeuraient pas moins discontinues et que dans ue lupart des cas nous ne pouvions que présumer, &’après leur convergence apparente, la parenté des groupes même les plus voisins, sans pouvoir remonter à la souche commune ni préciser la filiation. C’est ainsi notamment que les Cycadofilicinées, les mt les Poroxylées, semblent venir s’intercaler entre les Fougères et les Cycadinées, sans qu’on puisse pourtant, étant donné la coexistence des termes extrèmes et des termes intermédiaires dans les mêmes formations, affirmer que ces termes intermédiaires constituent réellement les étapes successives d’une évolution graduelle. J’ai montré en outre, en ce qui regarde les Angiospermes, comment les documents paléontologiques demeurent absolument muets sur la question de leur origine, et comment aussi les observations relatives aux formes spéci- fiques des genres les mieux connus peuvent, dans la plupart des cas, suivant le point de vue auquel on se place, s’interpréter en faveur de la constance de ces types spécifiques ou bien en faveur de leur modifi- cation graduelle, les variations constatées dans le passé demeurant en général comprises dans les mêmes limites que lés variations actuelles, et celles-ci pouvant, d’autre part, être regardées si l’on veut, comme des récurrences de formes ataviques. REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 433 Il m'a . D | pr en écartant les conceptions puremént te trop ROELPS à jure appel, KL Le était J 2 imp hlaA A en vations qui militent en faveur de l’idée d’une évolution progressive, mais que cette évolution avait dû se faire, en général, par voie de modifica- tions, non pas absolument graduelles et insensibles, mais assez rapides pour que nous ne puissions les prendre sur le fait. Je ne puis m’abstenir d'ajouter que les remarquables observations de M. Hugo de Vries sur les Œnothera me paraissent A nature à suggérer la même idée et à venir à l’appui de cette conclusi Enfin, M. D.-H. POPLE a réuni, sous le titre de Studies in fossil botany (x), une série de leçons faites par lui dans ces dernières années, et consacrées spécialement à l'étude des types éteints que les botanistes ont le plus d'intérêt à connaître, à raison des différences qu’ils présen- tent par rapport aux types vivants et des compléments qu'ils apportent à nos connaissances. C’est ainsi qu'il traite successivement dans ce volume, en s’attachant surtout au point de vue anatomique, les Équi- sétinées, les Sphénophyllées, les Lycopodinées, les Fougères, aux- quelles il rattache les Botryoptéridées, ainsi que je l’ai fait moi-même, les Cycadofilicinées (Lyginodendrées, Cycadoxylées, Protopityées, quelques-uns des types étudiés semblent établir entre certaines des classes actuelles, les Sphénophyllées, par exemple, dans lesquelles il comprend le genre Cheirostrobus, offrant des affinités avec les Équisé- tinées d’une part et avec les Lécopodinées d'autre part; par contre, les c’est à elles que paraissent bien positivement se rattacher les Gymno- sSpermes, à en juger par les combinaisons de caractères que l’on constate chez les Cycadofilicinées et qui ne permettent guère de douter que les Cycadinées soient descendues des Fougères. D’un autre côté, les analo- gies que les Cordaïtées présentent d’une part avec les Cycadinées, d'autre part avec les Conifères, et peut-être à certains égards avec les Ginkgoacées, semblent plaider en faveur d’une origine commune pour les différentes classes de Gymnospermes. M. Scott insiste néanmoins, en terminant cette remarquable série d’études, sur la complexité extrême de ce problème des origines et sur le soin que nous devons avoir, tout en cherchant à tracer un plan schématique de l'édifice, de ne pas nous abuser sur la valeur de nos reconstitutions. (1) D.-H, Scott : re in fossil botany. Londres, Adam et Charles Black ; 1900. In-8, xm-531 p., 151 fig. Rev. gén. de Botanique, — XIV, 28 434 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Je mentionnerai encore, comme ayant un caractère général et ne ouvant trouver place dans les chapitres qui vont suivre, l'exposé substantiel qu’a fait M. Poronié, dans les Natürliche Pflanzenfamilien ’Engler, de ce que nous savons sur les représentants fossiles des Fougères, des Équisétinées, . des Lycopodinées (Psilotacées, Lycopo- diacées, Sélaginellacées, Lépidophytinées), ainsi que sur les Sphéno- phyllées et sur les Bennettitées. Tous les genres fossiles de Fougères, notamment, aussi bien ceux établis sur des tiges, des rhizômes ou des pétioles, que ceux établis sur des frondes stériles ou correspondant à des types de fructification, y sont soigneusement passés en revue, réunis ainsi en un répertoire complet, qui sera très utilement consulté. L'auteur s’est trouvé dans ce travail en présence d’une difficulté parti- culière, provenant des doubles emplois assez nombreux qu'il a relevés et dont les Lois de la nomenclature lui commandaient de faire justice (1): il semblait pénible cependant d'abandonner des noms génériques aussi familiers aux paléobotanistes et aux géologues que ceux, par exemple, de Neuropteris, d’'Odontopteris, de Callipteris, par respect pour une application antérieure à des types vivants pour lesquels ces noms sont MES longtemps tombés en désuétude, avec raison le plus souvent, comme étant eux-mêmes primés par d’autres plus anciens. Aussi M. Potonié s’est-il fait scrupule de débaptiser ces genres fossiles, et pour proposé de faire précéder le nom du genre fossile de la lettre p, abré- viation du préfixe Palæo, et d'écrire p— Neuropteris, p— Odontopteris, p— Callipteris, étant entendu d’ailleurs que cet artifice devient superflu dans les travaux de paléobotanique pure, où l’on sait d'avance, sans qu'il y ait besoin de le spécifier, qu'il s'agit uniquement des genres fossiles ainsi nommés et non de leurs homonymes possibles de la flore actuelle. Un dernier travail me reste à citer dans le présent chapitre, à savoir l'étude qu'a taite M. J. Fezix (2) des conditions de fossilisation des tissus Végélaux. Le plus souvent la minéralisation n’offre pas de rela- tions, au point de vue de la disposition de l'édifice cristallin, avec la structure végétale : on constate, sur des coupes minces, l'existence de plages diversement orientées, dont les limites sont indépendantes de la division du tissu en cellules ; mais M. Felix a reconnu qu’il n’en est pas toujours ainsi : quelquefois, notamment dans certains bois opalisés du Tertiaire de Hongrie, chaque élément, cellule ou trachéide, possède sa minéralisation propre, ayant, tantôt ses parois transformées en (1) H. Potonié : Pr A à Notizen. IX. Zur Nomenclatur des Fossi- lien (Naturwiss. Wochenschrift., XV, p. 313-314 ; 1900). (2) J. Felix : Le Mes über d sr ustand pfl 192 ; 1897). Versteinerungsprocess und Erhal- anzlicher Membranen (Zeitschr. deutsch. geol. Ges., XLIX, p. 182- REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 435 . cristallin et sa cavité centrale avis d’ 13pe amorphe, tantôt s parois amorphes et le centre cristallisé. s le premier cas, on te te en général que les axes dasticité “optique sont orientés comme dans les membranes cellulaires des bois vivants, c’est-à-dire avec le grand axe de l’ellipse parallèle aux parois des trachéides, ainsi que cela a lieu du reste constamment dans les « sections de bois bitumi- neux » des lignites. Très rarement on observe, chez les bois opalisés, l'orientation inverse, le grand axe normal aux parois ; cependant Felix en a rencontré des exemples. Au contraire, cette orientation n moins chez les échantillons, extraordinairement rares d’ailleurs, de ces bois qui montrent une orientation des éléments cristallins en apport avec la direction des parois cellulaires. L'auteur constate que les bois silicifiés du Tertiaire sont tantôt des bois opalisés, tantôt des bois silicifiés proprement dits, formés de silice anhydre cristalline, tandis qe ’on ne connaît pas de bois opalisés pré- tertiaires, d’où il présume qu’une partie des bois silicifiés antérieurs au Tertiaire n’ont dû arriver à leur état actuel que par une modification moléculaire graduelle de la silice, qui, de l’état primitif d’opale, est parvenue à l’état de quartz en perdant son eau et devenant en mêm temps cristalline. Enfin, la plupart des bois silicifiés se trouvant dans des roches perméables, grès ou tufs volcaniques, il est porté à penser que la silicification doit être attribuée à la circulation dans ces roches d'eaux chargées de silice, probablement à l'état de dissolution très laires elles-mêmes silicifiées; il faut, pour en trouver, remonter au Moins jusqu’au Pliocène, ce qui semble attester came lenteur de la silicification, (A suivre). REVUE DES TRAVAUX PUBLIÉS SUR LES MUSCINÉES DEPUIS LE 4° JANVIER 1895 JUSQU'AU 1° JANVIER 1900 (Suite) ITALIE M. Massazonco (1) s’est livré plus particulièrement à l'étude des espèces italiennes du genre ei ll en décrit 26 espèces et: variétés et donne une table dichotomique Lombardie. — M. Rôzz (2) explorant ke Monte Caprino, y a décou- vert le Weisia falcata Kindb. n. sp. voisin du W. calcarea C. Muell. M. C. Wannsrorr (3) fait quelques ere critiques à propos des Webera calcarea et Philonotis crassicostata des environs du lac de: ôme. Une nouvelle espèce découverte par M. Artar sien . lac de Côme, est décrite par M. THÉRIoT (4) HAE pditéne- 1h M. RoDEGER (5) donne une liste des Hépatiques des environs de Bergame. Ce sont ses récoltes et celles du D’ Lorenzo Rota qui sont: au musée de la ville, La liste comprend 145 espèces : Alicularia- Ro- tœæana de Not., Jungermannia Laurentiana de Not, et J. tersa y sont: . largement décrits. Une Hépatique nouvelle des environs du Lac Majeur, trouvée. par: M. Levier : Riccia ligula, est décrite par M. SrePxani (6): Ajoutons pour cette province une note de M. FARNETI (7) dont je n’ai pu avoir connaissance : Bryologia insubrica : Prima contribusione ; Muschi della provincia de Brescia (Atii dell Istituto bot. dell Univ. de Pavia, 1897, p. 129). (1) C. Massalongo : Le Lg italiana del genere Jungermannia (Atti della Soc. os na di Sc. nat., 1895). N. C. Kindberg < a : Excursions bryologiques en Suisse et en Italie. au della Soc. bot. Ital., 1895). (3) C. Warnstori : Micellen aus den europaischen Moosflora (Alig. bot. Zeits- chrift für mea atik... Beihefte, p. 28- 43). (4) J. Thériot : Preudoleshen Artariæi sp. n. (Rev. bryol., 1898, p. 11-13). (5) Rodegher : Elenco delle Epatiche della provincia di Bergamo (Nuov. 423 (6) * Stephani : Species Hepaticarum (Bull. de l'Herb. Boissier, 1898, p. 309 et 399 (7) he Massalongo : Novita della flora briologica del Veronese (Bull. della Soc. bot. ital., 1896, p. 209-211). REVUE DÉS TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 437 Vénétie. — M. MassALoNGo publie une liste de vingt-deux espèces qu’il estime nouvelles ou inédites pour les environs de Vérone. Comme raretés on peut citer : Buxbaumia indusiata et Fissidens pusillus. Parme. — A citer seulement un travail de M. C. AverraA, dont je ne connais pas la teneur : Flora crittogamica della provinzia di Parma, I. Epatiche, Muschi (Malpighia, XI, p. 181-197). Toscane. — M. MassaronGo (1) indique la découverte faite par M. Levier, aux environs de Florence du Cephalozia imtegerrima Lindb. Hépatique du Nord de l’Europe (Russie et Norwège). M. Levier (2), dans une note intéressante, indique qu'il a retrouvé l’avait découvert autrefois. Il en donne une description détaillée et un aperçu de la distribution RS phique. M. SrePHANI (3) a publié plusieurs Hépatiques nouvelles pour les environs de Florence : Riccia Radiana Jack et Levier, À. commutata ack., R. macrocarpa Jack et Levier. Marches.— M. Grizi (4) a publié t un Catalogue aniet des Musci- nées connucs jusqu’à ce jour dans la région picénienne, 124 Mousses et 10 Hépatiques sont citées. es plantes ont été observées en partie par l’auteur, en partie par - d’autres botanistes qui l’ont précédé. Environs de Rome.— Deux notes ont paru sur cette province (l’une de M. U. Brizi (5) et l’autre de M. BÉGuinor — Cette province était à peu près inexplorée au point de vue bryologique et la flore des Mousses n’avait jamais fait le sujet ; Hood pect de la région. C’est un territoire planté de vignes et d’oliviers avec aussi des céréales et quelques bois. Les terrains calcaires y sont sur- tout abondants. L’altitude ne dépasse pas 686. m, L'auteur cite pour cette région 105 Mousses et 2 Sphaignes. (1) Massalongo : Sulla scoperta in Italia della Cephalozia integerrima S.-0. Lindb. (Bull. della Soc. bot. ital., 1898, p. 250). . @)E, Levier : a Méehanlte Sieces ritrovata à Firenze (Bull. della Soc. bot. ital. 1899,p. 128-130). 4 Stephan Species Hepaticarum (Bull. de l’Herb, Boissier, 1898, p. 309 et 379 æ, C. be : Muscineæ in regione picena lectæ (Bull. della Soc. bot. ital. 1896, () U. Sr Studi sulla flora briolagica del Lazio (Malpighia, 1898, p. 349- (6) A. mr : hors contribuzione alla briologia romana (Bull. della ce. bot. ital. 1897, M. ME : Céntribusions alla briologia pugliese e Sarda (Nuovo. giorn. bot. ital. 1897, p. 317-352 ) 438 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Calabre. — Cette région essentiellement montagneuse (entre 1,000 et 2,248 m.) présente une grande variété de terrains, appartenant à tous les âges. Sa flore bryologique doit être riche, mais elle est peu connue. M. Micmecerri (1) a récolté aux environs de Catanzaro 53 espèces ou variétés dont 13 sont nouvelles pour la province. M Casaui (2) cite aussi 33 espèces recueillies aux environs de Reggio. Sicile. — M. le Prof. Lanza a découvert aux environs de Palerme, le Plagiochasma Rousseliana en fruits, Hépatique africaine décrite autrefois par Montagne. C’est M. MassALoNGo (3) qui fait part de cette bonne découverte. M. SrgpxaAni (4) a décrit deux Hépatiques nouvelles de.Sicile trou- vées par M. Levier : Riccia atromarginata et R. insularis. Sardaigne. — M. Massari (5) a publié une liste de 123 Mousses Lars par M. Martelli dans cette île. Une espèce est inédite : Ortho- ichum Arcangelinum, décrite et figurée dans une planche. PorTUGAL Une note de M. Warnsrtorr (6) sur la bryologie de ce Royaume est à citer : Elle donne les résultats des recherches du D’ Matz aux environs de Cintra, Coimbre et Bussaco. Les récoltes comprennent 6 Hépatiques et 36 Mousses. Une espèce nouvelle: Dicranella Lusitanica est décrite. Elle est voisine du D. heteromalla, ANI (7) décrit deux espèces nouvelles d’Hépatiques du Portal : Riccia Lusitanita et Riccia minutissima ESPAGNE omme on connaît très peu la bryogéographie de ce pays,toute note concernant ce sujet a une certaine importance. C’est surtout (1) L. eng à : Flora vs A Qu Prima contribuzione. Muscinee (Bull. della Soc, bot. . 1895, p. 1Ê (2) C. Coma ga : js fs crititogamica del Reggiano (Bull, della Soc. (3) C. Massalongo : Sopra ee Marchantiacea da aggiungersi alla flora europe&. (Bull. della Soc. bot. , 1895, p. 154-1 (4) J. Stephani : Species D (Bull, de l'Herb. Boissier, 1898, p. 309 () M. Massari : D RTS alla bryologia pugliese e Sarda (Nuovo. giorn. bot. ital., 1897, p (6) G. Wa Aa Sud édhe Ergebniss des wissenschaftliche Reise der Oberstabsartzes D: Matz in Magdeburg durch die iberische Halbinsel in der Zeit von Anfangs Marz bis mitte Mai 4899 (ŒÆsterr. bot. Zeitschrift, 1899, p. 326-400) (7) F. Stephani : Species Hepaticarwm. (Bull. de l’Herb. Boissier, 1898, p. 309 t 499). À REVUE DES TRAVAUX SUR LES MUSCINÉES 439 Dr Levier, au professeur Schimper et au professeur de Solms-Laubach e io étudiées par M. Rôze (1). Parmi ces Mousses, il faut citer l’'Orthotri- chum Baldaccii Vent et Dott, découvert récemment dans le Monténégro. Est inédit Brachythecium Dieckii, voisin du B. nanopes C. M. et Kindb., du Canad #4 et qui ne serait peut-être pas à séparer du B. popatétère Br. e M. Von Re €) a surtout exploré les hauts sommets de la Sierra Nevada et en a rapporté plusieurs espèces intéressantes, SERBIE M. Marouscuek (3) a examiné les récoltes faites dans ce pays en 1890-1891 par G. Illie, aux environs de Leskawatz et du Lac Vlasina. Les espèces les plus intéressantes sont : Orthotrichum rupestre, Bryum cupillare var. flaccidum, Actrihum undulatum var. minor, Thuidium dubiosum (en fruits), TA. Philiberti. Brachythecium velutinum var. condensatum (en fruits) (1) J. Rôll: Beitrag zur Moosflora von Spanien (Hedwigia, 1897, p. 37-42). (2) Fr. von Hôhnel : Beitrag zur Kenntniss der Laubmoosflora der Hochge- birgstheiles der Sierra-Nevada in Spanien (Sitz. der K. Akad. der Wiss. in Wien, 895. CIV, p. 297-336). 3 F, Matouschek : Beitrag zur Mooskeunniss von Süd-Serbien (Varhandi. der briol. zool. bot. Geselsch. in Wien, 1899). (À suivre). L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1900 (Suite) LAURENT, MARCHAL et CARPIAUX (1) ont essayé de préciser le rôle de la ent sur l'assimilation des nitrates et de l’ammoniaque par les plantes supérieures. Pour cela ils se servaient de tiges de Pommes de terre coupées, vertes ou étiolées, et de feuilles détachées dont le pétiole était plongé dans des solutions nutritives. On déterminait sur un échantillon l’azote total et Pazote ammoniacal avant l'expérience; puis un premier lot était placé dans une solution à 2 p. 1000 de sulfate d’ammonium, un deuxième dans une solution à 2 p. 1000 de nitrate de potassium : l’un et l’autre solutions renfermaient en outre du sulfate de potassium, de magnésium et de calcium à 0,5 p. 1000 et 4 p. 100 de saccharose ; un troisième lot était placé dans l’eau. Les plantes ainsi préparées étaient placées à la lumière ou à l'obscurité pendant quelques jours. A la fin de l'expérience on dosait de nouveau l'azote total et l'azote ammoniacal, et ar différence, l'azote organique Voici maintenant quels tartoi ces résultats A l’obscurité, il n’y a plus de Melo ao d’azote ammoniacal ou nitrique en azote organique; toutefois une petite quantité d’azote nitrique se transforme d’abord en azote ammoniacal dans les tissus de la plante. À la lumière, des tiges d’Asperges à peu près privées de chlorophylle assimilent l’azote nitrique et mieux encore l’azote ammoniacal. Les feuilles vertes assimilent l’azote nitrique mieux que l’azote ammoniacal tandis que c’est le contraire qui a lieu pour les feuilles blanches. À l'obscurité les feuilles blanches d’Acer Negundo n’assimilent pas l’azote ammoniacal et les feuilles vertes n’utilisent pas les nitrates pour élaborer des matières organiques azotées. (x) Laurent, Marchal et Carpiaux : Recherches expérimentales sur l’assimi- lation de l'azote ammoniacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures (Bull. de l’Aca. roy de Belgique, 3° série, t. XXXIL 1 . p. 81 (2) Godiewsky : Zur Kenntniss der Eiweissbildung aus Nitraten in der Pflansen (Anreig. d. Akad, d. Wiss. in Krakau 1897-Mars) REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 441 Il n’y a pas d'assimilation de l’azote nitrique par les feuilles vertes de la Betterave et de l’Acer Negundo sous les solutions de bichromate de potasse et de sulfate de quinine, Cette assimilation est très active sous la solution de sulfate de cuivre et sous l’eau. Ce sont donc les rayons ultra-violets qui interviennent dans cette assimilation. Avec les feuilles panachées de cette espèce d'Érable, il n y a qu’une assimilation minime de l’azote ammoniacal et peut-être celle-ci est-elle nulle sous les solutions de bichromate de potassium et de sulfate de quinine : sous l’eau, elle est considérable. L’assimilation de l’'ammo- niaque est donc stimulée par les rayons ultra-violets. En définitive, pour les auteurs précédents, l’assimilation des nitrates n’a pas lieu chez les plantes supérieures à l’obscurité ; elle exige pour s’accomplir l'intervention des rayons ultra-violets, Pour les sels ammoniacaux, l'influence des mêmes rayons est sûrement prédominante et l'intervention de la chlorophylle n’est pas necessaire. L’assimilation de l'acide nitrique donne lieu à une production intéri- maire d’ammoniaque. Ainsi donc la radiation solaire ne donne pas seulement. aux plantes supérieures l'énergie nécessaire à la synthèse des matières hydrocar- bonées (1) ; elle est aussi indispensable à la production par ces végétaux, des albuminoïdes de la matière vivante FODLEWSKY, Opérant sur des plantules de Blé, a observé qu’elles emmagasinent les nitrates dans leurs tissus, quelles que soient les conditions d’éclairement. Mais la transformation en matières protéiques ne peut se produire qu’à la lumière ; elle peut même s’effectuer dans une atmosphère privée d’acide HE RE où, par conséquent, la fonction chlorophyllienne est suppri L'élaboration des substances ARR et l'assimilation du carbone sont donc deux phénomènes tout à fait indépendants. C’est contraire à l’opinion de Saposchnikow, mais c’est conforme à celle de Laurent, puisque l’assimilation des nitrates et de l'ammoniaque exige uniquement l'intervention des rayons ultra-violets, hrs de côté ceux qui sont efficaces dans la fonction chlorophyllienn On voit donc que les avis sont partagés sur les RE dans ss VE s'effectue l'assimilation de l'azote minéral. Müntz, Franck, osita, Hansteen admettent qu’elle peut se faire à l'obscurité, mais (1) Saposchnikow : (loc. cit.) admettait que le premier produit de la photosynthèse est représenté par des matières azotées et que les hydrates de carbone qui serv rvent encore à la mesure de l'intensité de l'assimilation produits immédiats de l'assimilation et que les matières azotées résultent d’une synthèse qui suit de très près ce phénomène 442 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE qu’elle est stimulée par les radiations solaires (1). Pagnoul, Laurent, Godlewsky, pensent qu’elle se produit exclusivement à la lumière, sous l'influence des rayons ultra-violets. Intervention de l'azote libre dans la végétation. — Aux sources pré- cédentes d’azote que nous venons de passer en revue, il faut ajouter encore l'azote libre. Boussingault a le premier remarqué,en suivant les pérégrinations de l'azote des engrais pendant toute une série d’assolements, que la somme de l’azote total des récoltes est supérieure à l'azote confié à la terre et que d’autre part, le stock en réserve, loin de diminuer, CEE) Evo dans des proportions considérables. SC ing, dans ses recherches sur la circulation de lammoniaque dans ner et dans les eaux, a admis que les nitrates entraînés par les eaux de drainage dans les fleuves et dans la mer, sont absorbés par les Algues. Les débris de ces plantes accumulés au fond des mers se décomposent lentement et dégagent de l’ammoniaque qu’absorbent ensuite les végétaux. n sait comment (Georges Ville, puis Hellriegel et Willfarth mon- trèrent que les Légumineuses sont capables d’assimiler l’azote libre de l'atmosphère, comment Berthelot, dès 1885, fut amené à admettre que des microorganismes du sol sont aussi des agents fixateurs d’azote libre. Schlæsing fils et Laurent, en 1892, ont trouvé que certaines Algues, comme des Nostocs, communes à la surface de la terre végétale peuvent aussi fixer l’azote gazeux. Mais Kossowircx (2) a pu montrer que les Algues seules ne fixent pas l'azote, il faut qu’elles vivent en symbiose avec des Bactéries. Ses recherches ont porté sur des Stichococcus Cystococcus qui, dans des cultures pures ont été inactifs vis-à-vis de l’azote libre. Il en a été de même pour le Micrococcus vaginatus. Mais lorsqu'il y a mélange avec les diverses Bactéries du sol il y a gain d’azote sans qu'il soit possible d'attribuer à un organisme particulier l’action fixatrice. Pour l’auteur, les Algues seraient en relation avec la fixation de l’azote mais à la lumière seulement et d’une façon indirecte, c’est-à-dire qu’elles fourniraient des hydrates de carbone aux Bactéries fixatrices. En effet dans des cultures impures, et en présence de sucre, la fixation est plus considérable qu’en l'absence de cet aliment. Cette opinion concorde avec l'observation de Berthelot d’après laquelle un sol ne peut fixer (1) Mazé dans ses recherches a obtenu des résultats qui lui permettent de se ranger à l’opinion des auteurs précédents. Voir son excellent petit ouvrage sur l’Évolution du carbone et de l'azote dans le monde vivant (Paris. Carré et Naud. Encyclopédie Scientia-1899), auquel nous avons fait de nombreux emprunts. (2) Kossowitch : Untersuchungen ueber die Frage ob die Algen freien Stickstoff fixieren. Bot, Zeit. 97. 1894. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 443 l'azote que jusqu’à une certaine limite qui dépend de sa richesse en matériaux hydrocarbonés. Elle concorde également avec les résultats obtenus par Wino- GRADSKY (1) sur l’assimilation de l’azote libre de l’atmosphère par les microbes, et, par Mazé (2), sur les Bactéries des nodosités des Légu- mineuses WE est parti, dans ses travaux, de l’idée originale que voici : s’il y a dans le sol des microorganismes capables d’assimiler SRG en se décomposant, dégagent de la chaleur, c’est-à-dire des substances endothermiques, comme les sucres par exemple. n ensemençant de la terre dans un de ces milieux, l’auteur a pu isoler un microbe très répandu qu’il a nommé Clostridium Pasteurianum et qui est anaérobie. Ce microbe, placé dans un liquide qui renferme de l'oxygène ne peut pas se développer ; mais si, à côté de lui, une espèce aérobie absorbe ce gaz, il se multiplie alors PARA RT La présence d’une trace d’azote combiné favorise la mise en trai permettant l’absorption rapide de l'oxygène par les espèces de à 4 Des cultures pures de Clostridium dans lesquelles barbote un courant d’azote fixent des quantités élevées de ce gaz surtout si l’on y ajoute des doses considérables de glucose, Les résultats les plus favorables montrent qu’il faut 1000 parties de glucose pour fixer une partie et demie d’azote. Cette disproportion des termes s’explique par ce fait que la désagrégation de la molécule de sucre est incomplète; il y a en effet des résidus de fermentation parmi lesquels l’acide buty- rique qui renferme encore une assez grande part de l'énergie du glucose. Il semble bien toutefois, qu'il y ait dans le sol des Bactéries autres traversée en partie par un courant d’ oxygène lent résultant de la rh de l’acide carbonique par la chlorophylle des Algues, le Clostridium puisse prospérer ; la fixation de l’azote constatée dans de telles conditions est bien due à des microbes aérobies, capables de se développer dans un milieu renfermant une certaine quantité d’azote initial et de l’eprichir en azote combiné si on leur fournit du sucre. s de Kossowitch et de Winogradsky donnent de la Bactéries des nodosités reçoivent de la Légumineuse les substances (1) Winogradsky : Assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par les microbes a Soc. biol. de St-Pétersbourg III ; ne 4 ; 1895). (2) Mazé : Les microbes des nodosités des re Thèse de Doc- torat, Parts, 1898. Lkhk REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE hydrocarbonées dont elles sont avides et lui restituent en retour une substance azotée élaborée aux dépens de l’azote gazeux. Deux méthodes, écrit Mazé, s’offraient aux expérimentateurs pour résoudre cette question. La première consiste à placer la Bactérie dans des milieux privés d’azote combiné, mais pourvus de tous les autres éléments nécessaires à la vie, sans oublier les hydrates de carbone dont nous avons proclamé plus haut l'influence bienfaisante ; si, au bout de quelque temps, on trouve des quantités mesurables d’azote combiné dans les milieux de culture, on en conclura que la Bactérie est capable de s’alimenter aux dépens de l’azote gazeux. La seconde méthode consiste dans la culture du microbe en un milieu renfermant de l’azote combiné ; pour savoir s’il y a gain d'azote, il suffit de déterminer la quantité fournie au début et la quantité retrouvée à la fin de l'expérience. Or ces deux méthodes n’ont pas donné de résultats positifs. Cela tient sans doute à ce que l'on a négligé, dans les milieux artificiels une ou plusieurs des conditions qui sont réalisées dans la plante. La Bactérie des Légumineuses trouve des matières hydrocarbonées dans les nodosités ; elle y trouve aussi des matières azotées qu’elle consomme DUBAI car si elle avait été capable de proliférer dans un milieu dépourvu d'azote combiné, Winogradsky, qui, comme nous Vavons vu plus haut, a étudié les microbes du sol dans fers rapports avec la fixation de l’azote, l’aurait rencontrée dans ses cultures. Cela n'étant pas, il devenait probable que, par ses exigences, la Bactérie se rapproche de celles qui se développaient en présence des Algues dans les expériences de Kossowitch. Enfin, dans les racines, les microbes des Légumineuses sont abon- damment pourvus d'oxygène ; ce gaz leur vient de la sève et de l’atmos- phère du sol. Voilà Hoie un certain nombre de conditions importantes qu’il aurait - fallu réaliser pour mettre en évidence le pouvoir fixateur d’azote libre de ces microbes. Reste maintenant à trouver la nature des composés qu’on peut offrir à ces derniers. On ne peut savoir au juste quels sont ceux qu’ils consomment dans la plante ; mais il est très légitime d’ad- mettre que, comme matière hydrocarbonée, on pourra se contenter de saccharose et comme matière azotée de légumine. L'expérience a été faite dans ces conditions par Mazé qui a vu les résultats confirmer ses prévisions. La symbiose des Légumineuses et des Bactéries se réduit en somme à un échange d'éléments nutritifs. La plante fournit les hydrates de carbone que le microbe utilise pour ses propres besoins; celui-ci lui restitue, en retour, une matière azotée directement assimilable, Le microbe se montre capable de faire entrer Pazote gazeux dans une combinaison organique, en milieu artificiel, à la condition de lui fournir ce D ee je CARE pos net ce travail: une matière azotée, u REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 445 Dans les conditions les plus favorables, les cultures, qui renfer- maient par litre o &r. 0005 d’azote organique provenant d’une décoction de graines de Haricots, ont fixé 1 d’azote libre pour 100 de sucre con- sommé, et même un peu plus. Or dans une Betterave à sucre l’analyse accuse une quantité de sucre de réserve 100 fois plus grande que la quantité d’azote total accumulée dans la plante aux dépens des engrais azotés du sol. Cela signifie que la Betterave pourrait élaborer ses principes azotés aux dépens de l'azote libre, si une cause quelconque utilisait dans ce but l'énergie emmagasinée sous forme de sucre pour une partie d’azote gazeux transformée en matière protéique. rip la na chlorophyllienne est si active dans une Betterave à sucre, On peut admettre ainsi que les Légumineuses sont capables délabbrée assez ah drates de carbone solubles pour subvenir aux nt une pour 100 parties de sucre. De ces considérations, dit Mazé, on peut conclure que l’activité des microbes des Légumineuses, au point de vue de la fixation de l’azote gazeux, s’est montrée aussi grande dans les AE OLA que sur les plantes. es cultures, la richesse en azote initial ne peut pas tomber est plutôt nuisible; les gains sont déjà moins élevés à partir de 1,5 d'azote initial pour 2500 de solution nutritivé. Le saccharose ne peut tomber au-dessous de 2 p. 100 ni s'élever au-dessous de 5 à 6 p.100. Lorsqu'il ne se produit pas d'azote, le bouillon de culture demeure limpide, les microbes formant simplement une membrane assez consis- tante sur le fond des vases. Quand il y a fixation d’azote, il se produit matière dans les nodosités si ce n’est tout à fait au début de leur for- mation ; à ce moment elle apparaît sous la forme de traînées filamen- teuses qui sillonnent les cellules parenchymateuses envahies par le microbe. Celui-ci y reste englobé pendant un certain temps ; il possède alors une forme bacillaire parfaite, tandis que plus tard il est renflé et ramifié. À ce moment il y a dans les jeunes nodosités des faisceaux vasculaires qui permettraient l'entraînement de la matière mucilagi- neuse destinée à être ulilisée par la plante. Les bactéries radicicoles sont essentieliement aérobies. Celles qui végètent dans le sol sont attirées par des hydrates de carbone qui laisseraient exsuder les racines dans leur région de croissance. Pour admettre l'existence de cette action chimiotactique, l’auteur fait obser- vér que d’une part des graines germant dans un milieu stérilisé rendent ce milieu réducteur vis-à-vis des sels de cuivre; que d’autre part, en culture artificielle, les microbes des nodosités sont attirés par les hydrates de carbone 446 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Or, dans les sols riches, les Légumineuses absorbent des nitrates ; ceux-ci se répartissent dans les tissus verts pour y former avec les hydrates de carbone résultant de la photosynthèse, des composés qua- ternaires ; ces hydrates de carbone ainsi utilisés ne pourraient plus venir dans les racines pour y attirer les Bactéries. Dans les sols pauvr aire, suite du aut des nitrates ; ils pourraient alors émigrer vers les racines et y exercer leur action chimiotactique vis-à-vis des microbes. L'auteur croit pouvoir expliquer, grâce à ces hypothèses, ce fait singu- lier, bien connu des agronomes et des botanistes et qui consiste en ce que les nodosités des Légumineuses sont plus grosses et plus nom- breuses dans les sols pauvres que dans les sols riches En résumé, la fixation de l’azote libre dans le sol ou ‘dans les plantes est pour ainsi dire exclusivement le résultat des actions microbiennes ; pour faciliter l’accomplissement de ce travail, les microorganismes se rendent parfois étroitement solidaires des végétaux supérieurs ; mais qu'ils se multiplient en liberté dans le sol, qu'ils recherchent le voisi- nage des algues vertes ou qu’ils se développent dans les tissus des racines, partout ils détruisent pour construire ; ils brülent complè- tement les matières terniaires et utilisent l'énergie dégagée pour faire la synthèse des matières quaternaires. De là on peut déduire que les epperee, fixatrices d’azote gazeux qui se développent à l’état de liberté dans le sol agiront seulement dans les terres riches en carbone organique et il UE que leur rôle doive être d'y maintenir un certain équillibre entre leur teneur en carbone et leur teneur en azote organique Or, sur le sol des forêts, les purs mortes qui s'accumulent au pied des arbres forment une couche épaisse d’humus dans laquelle le car- bone se trouve à un taux très élevé eo rapport à l’azote. Or, M. He (1), en abandonnant ces feuilles mortes à l'air pendant plusieurs mois, trouvé qu'elles s’enrichissaient en azote dans des proportions assez notables. Cette fixation d’azote serait due selon lui à des actions micro- epuis les travaux de Rayleigh et Ramsay, on sait que l’azote libre de l'atmosphère est accompagné d’environ 1 p. ‘}, d’argon. Or, d’après les recherches de ScaLœsinG fils (2), ce dernier corps ne joue aucun rôle dans la végétation. (1) Henry : L’azote et la végétation forestière (Comptes-rendues de la Société des Sciences de Nancy, 1897. Annales de la Science agronomique française et étrangère, 1897). (2) Schlæsing fils. CR. CXXV. 749. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 447 __ La découverte du rôle des microbes dans la fixation de l’azote devait naturellement porter les agronomes à se demander si l’on ne pourrait pas favoriser le développementdes Légumineuses et aussi accroître les gains d’azote dans les sols. LAWESs avait déjà dit : « Le jour viendra- t-il où les graines seront ensemencées accompagnées des organismes qui leur sont nécessaires et qui font défaut dans nos terres ? » Dès 1887, SALFELD (1) songea à introduire dans les champs de la terre ayant porté l'espèce de Légumineuse qu'il s’agit de cultiver. Il pensait provoquer ainsi une abondante formation de nodosités, et en effet les essais culturaux réussirent DAeUEnt: Mais ce mode d'’ino- culation a l'inconvénient d’être coûteux; car il exige le transport de tonnes de terre par hectare. Aussi NoBBE et HILTNER (2) ont-ils simplifié ce procédé par l’emploi de cultures pures de Bactéries des Légumineuses. Ces auteurs admettent qu'ilexiste dans le sol des formes neutrés de Bactéries capables de se fixer sur la plupart des Légumi- neuses et des formes adaptées à des espèces déterminées ; de plus, une forme neutre, par suite de son passage sur une espèce donnée de Légu- mineuse, serait si profondément adaptée qu’elle deviendrait incapable de vivre sur d’autre espèces. Si donc on veut favoriser la fixation de l'azote atmosphérique par une espèce de Légumineuse, il faut offrir à cette dernière la race déjà spécialisée qui lui convient. C’est pourquoi Nobbeet Hiliner font des cultures pures de toutes les races, cultures ui sont livrées au commerce sous le nom de nitragine. Les essais culturaux qui ont déjà été entrepris de toutes parts pour se fixer sur valeur de la nitragine ont donné, en général, des résultats peu encou- rageanis. DEHÉRAIN (3), avec la nitragine destinée au Lupin, a tenté l'inoculation, mais sans succès. MaAzÉ (4) admet que les races des microbes des nodosités sont moins nombreuses que ne le prétendent les a fe cab allemands ; il distingue seulement deux grands groupes iali tés, c’est que ce milieu n’est pas favorable à leur prolifération. Le transport de microbes d’une culture pure dans ce sol est accompagné d’une période de trouble dans les fonctions de nutrition ; les uns périssent, les autres sont affaiblis. Si, au contraire, dans le sol inoculé, la race convenable est D représentée, le transport de nouveaux gu est En 1897, Caron, d’ Ellenbach (Hesse), a isolé une espèce élitone fixant de l'acte dans le sol. Cette espèce nommée Bacillus (1) Salfeld : Biederm. Central. XVIII. 2 (2) Nobbe et Hiltner : Land. Vers. Stat. Avr. 186. (3) Dehérain : Ann. Agron. 1898, p. 174. (4) Mazé : Ann. de l’Institut Pasteur, 1899, p. 134. 448 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Ellenbachensis, ne serait autre selon, SroKkLasA (1) que le Bacillus Megatherium. Des cultures pures de ce microbe furent préparées à Elberfeld et livrées au commerce sous le nom d'alinite. Caron et Stoklasa pensent que les microbes incorporés au sol enrichissent ce dernier en matière azotée. Certains essais culturaux ont paru couronnés de [GRANDEAU (2), SrokLasa (3), MALPEAUX, % Ga (5).] Mois beaucoup d’autres expérimentateurs ont obtenu des résultats négatifs. Stoklasa a montré EE eh le Pare de l'alinite ne fixe l’azote qu’en présence d’une q ble de matières hydrocar- bonées et en Far de pentosanes. Celles-ci fournissent en brûlant, au microbe, l'énergie dont il a besoin et servent à l'édification des nou- velles molécules. E! faut donc placer le microbe dans un milieu favorable klasa a pu obtenir un excé- dent de récoltes de 34 à 4o */.. Mais, dans les sols cultivés, ainsi que le font remarquer MM. Dehérain et Mazé, le microbe est toujours assez répandu. n résumé, il résulterait de ce qui précède, qu’ä convient plutôt de s’attacher par des fumures, des amendements, des irrigations ou des drainages, des labours, à créer des milieux favorables au développe- ment des bonnes espèces microbiennes, afin qu’elles puissent prospérer et contribuer dans la plus large mesure possible à la fixation de l’azote atmosphérique. (1) Stoklasa : Ann. agron. XXIV 1898 174. (2) cf Journal d'agriculture pratique, 27 novembre 1898. (3) Stoklasa : loc. cit (4) Made Ann. spi XXIV, 1898, p. 482, (5) Gain : Revue générale de sql XI, 1898, p. 18. (A suivre). Ep. GRIFFON. 425 — Lille imp. Le Bigot frères. Le Gérant: Th. Clerquin Tome 14. Planche 12. Drss L re HE Revue générale de Botanique. CXe AN A el KE Ÿs È L: Phot Bertin et Cie ACTION DU GEL Matr. et Moll. dei. Revue générale de Botanique. Tome 14. Planche 13. Matr. et Moll. del. Phot. Bertin et Cie, ACTION DU GEL Revue générale de Botanique. Tome 14. Planche 14. RC 3, x Matr et Moll. del. Phot. Bertin ei Ci. ACTION DU GEL MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT ue générale de Bota ue parait le 15 de chaque mois at chaos livraison est composée . 2 à 48 pages avec planches et figures dans le t e prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et Algérie 22 ir. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes one mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Pari On peut se procurer tous les ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez AZ. Jules PEELMAN, 2, rue Antoine Dubois Paris. dresser sé ce qui sr usés. la rédaction à si pros BONNIER, LA la à la Sorbonne, 15, ru Les auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de ue ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à par tan tag rh hante protege on otnet LISTE DES AUTEURS des principaux Mémoires ou Articles parus dans la evue générale de Botanique user, docteur ès science BATTANDIER, Fe à résoie de édecine NARD, mait PR Conférences à la ie réa de Caen ESEN, docteur . Ness de Fr Uni- versité de Copen de FŸ drit 3g _—_ de l’Acadé- sua membre de l’Académie des Sciences, : | Bounier, président de la Mycologie. | BouTroux, doyen de la Faculté des Sciences de Besançon. Société de Briquer, prof. à l’Université de Genève. BRuNOTTE, chargé du cours à l'École e pharmacie de Nancy. CHAUVEAUD, directeur- a à l'École des Hautes-Études COSTANTIN, srotcssdé au Muséum, Courix, docteur ès sciences. DaGviLLon, maître de (onférences à la Sorbonne. DaniEL, docteur ès scien Dassonvizce, docteur ès née Devaux, professeur-adjoint à éd sité de Bordeaux. DRAKE DEL CasriLLo (E.), président de la Société botanique de France Durour, directeur-adjoint du Labora toire de _—. e végétale de Fon- taineblea EniKsson Sao professeur : l’'Acadé- mie e d'Agriculture de Suède. Fixer, + rite au Mu * FLABAULT, | ein r à l'Université de Montpe sie Du ès sciences, u, docteur ès scie “ro répétiteur au pr — maître de Conférences à l'Uni- rsité de Nan sie re DE LAMARLIÈRE, ren à l'École de midodiée de Rei GiaRp, 8 ii de beam des Scienc GoLpsEe _ “oe teur hu Asia de l'Uni- versité de Vars ar (Mite ide) assistant à l'Institut A ab de Léopol. GRéLoT, professeur à L cote supérieure de pharmacie de GRIFFON, professeur à U feoie supérieure d'Anieuitnte: de GuiGnarp, membre pie A des Sciences. GuiLLiERrMoxD, docteur ès sciences, HecxeL, prof. à l'Université de Marseille. Hexny, prof. à l'École forestière de Nancy. Henvien (L'Abbé Joseph). Hickez, garde Fire des forêts, Ge cet fe Ps sciences de ersité de Gen ARD Pis + ia Sorbonne. PR docteur ès Aus (l'abbé), lauréat de l'Institut. * Hy (l'abbé), professeur à Ja Faculté catholiq un d’ ue Jaccaro, p sanne, Jaco 8 DE CoRvEMOY (H.), chargé d à l'Université de (1) Ne scies Pres ide) ie, professeur à l’Univer- nn de lÜniseseite d’Utrecht UMELLE, agen ae. any Legs sue _ jo Le la ne KoLnenuP-KoseNVINGE 8 scien- ces, de l’Université ds Copenh Korea, in Lo de la viticulture de Laconnen (de), prof. à l'Université de LecLerc pu Sa8Low, doyen de la F _ des Scien — de Fra ouse, pc | POULSEN, LéGer, docteur ès sciences re maître de Conférences à l’Uni- ersité de Renn "rene mire ès Pr Lun», de l’Université de Copenhague, MacuiLiAN (Conway), professeur à l'Uni- ersité. äe Minnesota. MaGnin, prof. à l'Univers. de Besançon, Marmier, docteur ès sciences. MascLer, conservateur Re collections botaniques de la Sorbonne. MATRUCHOT, rs e de | contérences à male Supérie Mer, Aer rhys de la be des b: Pan professeur à l'École de méde- cine de Rouen, Mozzrarp, maître de Conférences à la Sorbonne, mir eds a docteur ès sciences, Mar- drain + à l'Université de Saint- Péte urg. Pa st, chargé de cours à la Faculté ences nçon Pau 5 Ov e}, docteur ès sciences de ere sité Le Copenhague POSTERNAK, docteur ès sciences de l’'Uni- versi rich. docteur ès Fa de l'Uni- ve ersité rest membre fn l'Académie des Scien Pr PR due l pds Toulouse. Rasor (Charles), explora AY, re a mi né à l'Univer- sité d RussELL 4 docteur ès sciences. Saporra (de), corresp. de l’Institut. ÉonorREsco, docteur ès sciences LE met JE se 2 à l'École de e Besanço | Pris. 5 pe de PR ‘Alger, VALLOT (J. }: épi de l’Observatoire du Mon Van “Tan ee de l'Académie ences. Fa pe à l’Institut agronomique Vries (Hugo de) 1 ee net à E Univer- sité d'Am WaRMING, var à 2 a de Copen ZeirLer, membre de l’Académie des Sciences. _—_—rmrrnaate mens ; Lille. — Imp. LE BIGOT frères. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME QUATORZIÈME Livraison du 15 Novembre 1902 \ NT 107 PARIS PAUL DUPONT, ÉDITEUR &, RUE DU BOULOI, 4 1902 LIVRAISON DU 15 NOVEMBRE 1902 1. — INFLUENCE DES BLESSURES SUR LA FORMATION DES MATIÈRES PROTÉIQUES NON DIGESTIBLES DANS LES PLANTES, par M. J. Kovchoff . . . IL. — MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES (avec planches), par MM. E. Matruchot et M. Molliard (suite) MN OU ANR REY JS AP Set DR OU OR SN AU ML. IL. — SUR LA DÉCOMPOSITION DES MATIÈRES PROTÉI- QUES DANS LES PLANTES, par M H, Kara- pétoff et M. Sabachnikoff POS DR. CR TRESE Te IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE . VÉGÉTALE publiés dans le cours des années 1897-1900, par KR. Zeiller /suite) PT AND NE. SO JR DER De ST AN da SR UN JE Vi Pour le mode de publication et les conditions d’abonnement, voir à la troisième paye de la couverture. 449 463 L'INFLUENCE DES BLESSURES SUR LA FORMATION DES MATIÈRES PROTÉIQUES NON DIGESTIBLES DANS LES PLANTES par M. J. KOVCHOFF. Déjà, plusieurs savants ont étudié la question de l’influence des blessures chez les plantes sous le rapport anatomique et physiolo- gique. M. Tangl (1) a démontré que des incisions faites avec un couteau sur l’épiderme des écailles des bulbes d’Allium Cepa produisent dans les cellules intactes, situées le plus près des incisions, un mouvement du protoplasme et des noyaux vers les parois voisines d’une incision, tandis que dans les conditions normales le noyau occupe une position centrale par rapport à la paroi extérieure de la cellule. Ceci a été confirmé par M. A. Nestler (2) qui trouva qu’un phénomène pareil s’observe chez des plantes de nature différente, comme les monocotylédons, les dicotylédons et les algues, et qu’il se produit d’une manière analogue dans les divers organes. Il fit des blessures non seulement au moyen d’un couteau, mais aussi en brûlant à l’aide d’une lentille biconvexe et en piquant avec une mince baguette en verre. Dans tous les cas, le protoplasme et ensuite les noyaux dans les cellules intactes, voisines de l’endroit blessé, se déplacent dans quelques heures vers les parois des cellu- les qui se trouvent près de la surface blessée et après quelque temps reprennent leur position première, à l'exception de la rangée de cellules la plus voisine de la blessure. Dans l’opinion de M. Nestler, ce phénomène que M. Tang! désigne sous le non de « traumatrope » ne peut-être expliqué mécaniquement, mais probablement pré- (1) TaxG : Sitzungsberichte d, Wiener Acad. XC, Band., 1389. (2) A. NEsTLER : Sitzungsber. d. Wiener. Acad., CVII, Band. 1898, Rev, gén. de Botanique, — XIV. 29 450 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sente un mouvement impossible à définir plus précisément jusqu’à présent, provenant de l'excitation, et qui se trouve en rapport avec les protoplastes vivants, MM. Bühm (1), Stich (2) et Richards (3) ont prouvé que sous l'influence des blessures l'intensité respiratoire augmente chez les plantes, ainsi que l'émission de chaleur. Cette augmentation d’in- tensité respiratoire se produit surtout dans les organes à tissus massifs, les bulbes, les racines, etc. M. Kosinski (4) a trouvé que l’Aspergillus niger présentait une augmentation d'intensité respira- toire sous l'influence d'une forte excitation, par an bi quand on le découpait en morceaux. M. Hettlinger (5) et ensuite M. Zaleski (6) ont constaté un accroissement rapide et considérable des matières protéiques sous l'influence des blessures. Dans les expériences de M. Hettlinger, la quantité de matières protéiques dans l’Allium Cepa augmenta durant 5 jours depuis 0,07 °/,, dans les parties non coupées jusqu’à 0,14°/6, depuis 0,07,50/, jusqu’à 0,16 °/,, dans une autre expérience, et depuis 0,085 °/, jusqu’à 0,13 °/, dans une troisième expérience. Les résultats obtenus par M. Hettlinger dans ses expériences avec l’Allium Cepa ont été confirmés par M. Zaleski qui de plus trouva une augmentation des matières protéiques dans des conditions semblables pour les racines de Beta vulgaris, de Daucus Carota, de Petroselinum sativum, d'Apium graveolens, dans les tubercules de Solanum tuberosum et de Dahlia variabilis, M. Zaleski dit qu’une pareille augmentation des matières protéiques se produit, quoique très lentement, dans les bulbes, même durant leur repos hivernal, et se manifeste un peu plus fortement pendant la germination, ainsi qu’il a démontré dans son travail en 1898 (7). Ainsi, d'après ses recherches faites au mois de septembre, 33 p. 100 de toute la quantité d'azote dans les bulbes d’Allium Cepa se répartissait sur les matières protéiques ; 32,1 p. 400 au mois de janvier ; 42,4 p. 400 au mois de février et 53,1 p. 100 au mois de mars. (4) Bôühm : Botan. ni 1887. p. 686. (2) Stich : Flora, 1899, (3) Richards : Annales . Botany. Vol. 10, (#) Kosinski : Jahrbüchetfür wissensch. Botan. Band XXXVII, Heft 1. (5) Hettlinger : Revue générale de Botanique, T. XIIE, 1901. (6) Zaleski : Berichte der deutsch. bot. Gésellsch. 1901. Hélft 5, p 331. (7) Zaleski : Ber, deutsch, bot. Gesellschaft , XVI, 1898. INFLUENCE DES BLESSURES 451 D’après les recherches des savants mentionnés ci-dessus, on est tenté de supposer que les blessures, agissant tellement sur Je noyau et le protoplasme, sur l'intensité respiratoire et sur la for- mation des matières protéiques en général, réagiraient considéra- blement sur l’augmentation de la quantité des matières protéiques non digestibles qui entrent dans la composition des parties vivantes de la cellule, c’est-à-dire le noyau et le protoplasme. Cela est d'autant plus, probable, que, comme l’a démontré M. le professeur Palladine (1}, la quantité des combinaisons protéiques non diges- tibles se trouve en rapport direct avec la quantité d'énergie respi- ratoire, c’est-à-dire avec la fonction de la plante qui est particuliè- rement affectée par les blessures. - Dans le but d'étudier l'influence des blessures sur la formation des matières protéiques non digestibles dans la plante, j'ai fait, sur Ja proposition et sous la direction de M. le professeur Palladine, les expériences suivantes. Afin de séparer les combinaisons protéiques non digestibles du reste de la masse des matières protéiques, on traita le corps expé- rimenté avec du suc gastrique artificiel. Les Nucléoprotéides d’une cellule vivante présentent, d’après Kossel et Lilienfeld, le tableau suivant de l'ensemble de leurs produits de formation et de leur décomposition : Nucléoprotéide na ra Matières protéiques Nucléine (Histone) Matières protéiques Acide nucléique La composition des matières protéiques non digestibles propre- ment dites qui proviennent aussi du traitement des nucléoprotéides par le suc gastrique n’est pas établie d’une manière précise puisque des produits de décomposition — les nucléines — ont une composi- tion quantitative variable, Mais un traitement sous des conditions égales donnera, dans tous les cas, sinon leur valeur absolue, au (1) Palladine : Revue générale de botanique, t. VIII (186), p. 225. 452 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE moins la valeur relative dans les corps étudiés et permettra de déterminer les variations de quantité pendant l’expérience. Parallèlement avec la détermination de l'azote des matières pro- téiques non digestibles, j'ai aussi déterminé, dans le but de compa- raison, l’azote de toutes les matières protéiques. MÉTHODES DE RECHERCHES Pour les expériences, j'ai pris un ou plusieurs bulbes ; chaque bulbe a été divisé en 2 parties approximativement égales (excepté dans l’expérience n° 5), dont l’une a été séchée aussitôt, tandis que l’autre a été coupée en morceaux de 2 à 3 centimètres de longueur et laissée à l'obscurité dans l’air humide (dans les expériences n°* 6 et 7 dans l'hydrogène) ; ensuite, à la fin de l'expérience, cette portion a été séchée pour en faire l'analyse. De cette façon, des parties égales de toutes les bulbes pris entraient dans chaque portion. Le séchage se faisait dans un bain d’air à la température de 65-75 degrés. Après avoir été séchée pendant quelque jours, la matière a été broyée dans un mortier et ensuite, le même jour, on en prit des portions pour la détermination de l'azote (ordinaire- ment 2 portions pour chaque détermination). La quantité totale d'azote, l’azote des matières protéiques totales et des matières pro- téiques non digestibles ont été déterminés, en °/o, par rapport à la matière sèche ; ensuite, l’azote des matières protéiques totales et des matières protéiques non digestibles a été calculé en °/, de la quantité totale d'azote. La différence pouvant provenir du séchage des portions à une température plus basse que 100 degrés, ainsi que la perte de poids dans la matière sèche durant l’expérience auraient pu affecter le rapport en °/,, de l'azote à la matière sèche, mais n'avaient pas d'influence sur la relation de l'azote des matières protéiques non digestibles à la quantité totale d’azote. Chaque détermination a été faite deux ou trois fois. Les matières protéi- ques totales et non digestibles ont été dosées par les procédés de M. Stutzer et l'azote d’après la méthode de M. Kjeldahl. INFLUENCE DES BLESSURES EXPÉRIENCE N° 1 453 Huit bulbes d'Allium Cepa. Durée de l'expérience : depuis le 12 jusqu'au 17 septembre (5 jours). uantité d’Azote Eno , POIDS NEQRE Fe dé no de l'azole total de matière Ene7,f OT | te | 'Azote prise en de n d’Azote | pro- | Prot- ramines | SreRRUCs | Sos : non Ë prise téique |digest. Quantité 1.7997. |0.0268197 | 1.490 1 488 totale d'azote / 1,5270 |0.0226754 | 1.485 Azote des mat.( 0.9615 _|0.0037500 | 0.390 0.397 26.7 1 { prot. totales 0.9570 | 0.0038700 | 0.404 | Azote des mat, à prot. non di- ru, GOSE DE 0.089 5.98 À 2.1620 | 0.0018271 | 0.085 gestibles Quantité ( 1.4757 0.024942 | 1.690 1.687 totale d'azote} 2.220% |0.0373769 | 1.683 ; ÿ D 0.0049800 | 0.785 À 0.785 | 46.5 prot. totales }: 0.6340 : scres } Azote des mat. # 4.9993 | 0.0061529 | 0.308 prot. non di- = i 0.29% 17.43 gestibles . 2.1453 | 0.0060016 | 0.280 Dans cette expérience, la quantité d’azote des matières protéi- ques totales a augmenté de des matières protéiques non digestibles de 46,5 26,7 17,43 5,98 = 1.7 fois et la quantité d’azote = 2,9 fois. 454% REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE EXPÉRIENCE N° 2 Un bulbe d'Allium Cepa. Durée de l'expérience le 4 jusqu'au 7 novembre (3 jours). : depuis POIDS Quantité d'azote En no de l'azote total de matière Lie Tee; Moyenne “ zote Azote prise en de la d’azote ro- prot. > at. 4 non grammes has ar prise téique digest. Quantité 1.0283 0.0140% | 1.365 1.351 totale d’azote { 1.0333 | O0.01380 | 1.336 | Azotedesmat.( 1.0238 | 0.003%2 | 0.33%) O3 | 21 J / prot. totales | 1.2195 | 0.00387 | 0.317 | Azole des mat, : prot:nôn df: 2.0755 0.00084 | 0.040 0038 2 81 | 1 8418 0.00066 | 0.036 gestibles 4 1.0400 0.014590 | 1,529 | ; ee se lt 1.0255 | 0.018 |1,545( 1-52 Azote des mat. ES 2940 | 0.00687 | 0.531 Il je totales 0370 | 0.005 |0.535 0.533 | 35.0 pe des mat. LT 0.001 0.086 ë prot. non di- : ; 0.086 5.65 gestibles 0.00162 | 0.086 35.0 1 — digestibles de re — 2,01 fois. La quantité d'azote des matières protéiques totales a augmenté de : 1,45 fois et la quantité d'azote des matières protéiques non INFLUENCE DES BLESSURES. . 455 : EXPÉRIENCE N° 3 24 bulbes d'Allium ascalonicum. Durée de l'expérience : depuis le 26 jusqu’au 30 novembre (4 jours). POIDS Quantité d’Azote En°/, de l'azote tutal RER TS A de matière En ve peyenne Azote | Azote prise en En de na d’Azote pro- prot. ; rammes | mat. non ee " prise téique | digest. _ Quantité | 0.9167 | 0.0187%5 | 2.05) , 036 totale d'azote | 1.0713 0.02172 -) 2.027 } e Li des mat.\ 1.0662 0 00618 | 0.580 } 0.570 28.0 I prot. totales | 1.0475 0.00585 1, 22) | Azote des mat.\ 1.7962 | 0.00090 | 0.050 $ ,. prot.non di 4 706 0.00084 À 0 049 0.050 2.46 gestibles | : 1.0760 0.02382 | 2 214 é dc | totale d'azote { 0-9572 0.021564 | 2.253 5" Azote desmat.( 1-0250 | 0.00834 | 0.814 à nn L protrtotales.à 0.8968: |: 0.007864 0.8764. 0-84k:" #78 Azote des mat. 5 “) 1.8050 000144 | 0.080 : 3 45 prot- non di) 1.81870 | 0.004132 | 0.073 À 2-07 gestibles La quantité d’azote des matières protéiques totales a augmenté de 37, 0 — — 1,35 fois et la quantité d’azote des matières protéiques non RTS Pa 3,45 ‘ digestibles de 216 — 1,40 fois. 456 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE EXPÉRIENCE N° 4 10 bulbes d’Allium sativum. Durée de l'expérience : depuis le 14 jusqu’au 18 décembre (4 jours). Quantité d’azote En °/, de l'azote total DES TE, de matière En‘ iii Azote | Azote prise en de la | q'azote | pro- | Pr0t- rammes | Mat. : vob grammes | & prise téique |digest. Quantité 1.1348 | 0.02928 2.580 ! à 580 totale d'azote ( — _ 7 Azote des mat.|i 1.3510 0.017558 | 1.303 1.290 50.0 I prot. totales ( 4.2032 0.014536 | 1 277 Azote des mat.( .) 2.3000 | 0.00093 | 0.040 | prot. non di 0.038 1472 | gestibles 1 2.3483 | 0.00084 | 0.036 | / | Quantité #4 4219 0.02934 | 2 615 | 2 615 | totale d’azote de = _ zote des mat.{ 1,3235 0.01887 | 1.426 II 4 prot. lotales ; 1.2490 | 0.041731 | 1.386 7 LE Azote des mat.{ y) 2.4615 0 0012 | 0.056 _ prot. non di- ” 0.036 21.41 |: pebtitifhi 2.5100 0.001438 | 0.055 La quantité d'azote des matières protéiques totales a augmenté de 93,8 $ . 500 — 1,08 fois et la quantité d’azote des matières protéiques non D. 21,41 d —— — i igestibles de 1,72 1,46 fois. INFLUENCE DES BLESSURES EXPÉRIENCE N° 5 457 14 bulbes d'Allium Cepa. Chaque bulbe a été divisé en 6 parties, dont on « formé 6 portions. La première portion a été séchée aussitôt et analysée ; les autres portions ont été laissées à l'obscurité dans l'air humide et l'on en prenait une chaque jour pour l'analyser (23-28 décembre). IDS Quantité d’azote En °/, de l'azote total de matière 17 Te ne azote | Azote at. no grammes PRE prise téique | digest. | Quantité ( 0. 0.016082 | 1.614) | es | Gé d’azote ( 0.8202 0.013216 | 1.611 : Azote des mat.( 1.0038 0,005504 | 0.548 ' prot. totales } 10703 | 0.005760 | 0.538 j. 0% | 3-6 Azote des mat. F 2.0535 0.000960 | 0.047 ; prot. non di) 19295 0.000928 | 0.048 0.048 2.98 gestibles Quantité 1.0382 | 0.016608 | 1.600 1.596 totale d'azote } 0.9174 0.014592 | 1.592 ? Azote des mat.( 0.9842 | 0.005632 | 0.562 ) prot. totales 1.010. ,|,0.00686, | 0,685.5, 09 | 97.5 Azote des mat. | ) 1.8800 0.000992 | 0.053 prot. non di) 4 9730 | 0.000992 | 0.050 0.052 3.32 gestibles | Quantité 1.0333 | 0.017376 | 1.682) | totale d'azote ? 1.0200 | 0.017408 | 1.706 : Azote des mat.( 1.0082 | 0.064640 | 0.641) | 34 prot. totales ? 0.9870 | 0.064960 | 0.658 ) Azote des 7 1.991 .00118% | 0.059 ” prot. non d ee +. Me #4 0.059 8.49 gestibles l | 458 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE IDS Quantité d’azote En Li n de l'azote total de matière) T En ” Le isa cote | Azote prise en de à d'azote pro- pr so) rammes | Mat. 4 oeinl Di rise téique NE: : Quantité 14230 | 0.021088 | 1.878) | Le totale d’azote ? 0.9253 0.017184 | 1.857 à zote desmat.( 41.1170 0.010560 | 0.945 ) 0 94 18 9 IV { prot. totales ? 1 1180 | 0.009856 | 0.882 \ à - Azote des mat. LL 20837 | 0.003212 | 0.178 prot- non di © pes | 0.003616 | 0.173 € 2:176 7 gestibles | Quantit 1.475 | 0.048692 | 1.827) 4, De totale d'azote ? 0.9820 | 0 017920 | 1.825 à Azote des mat.| 0.9995 | 0.023536 | 0.95% 0.939 53 1 V 4 prot. totales { 1.0668 | 0.010272 | O 963 x E ; Azote des mat. 2.1162 0.005098 | 0.249 / prot. non di- 18375 0.004320 | 0.235 ( 0.242 13.25 gestibles À | | Quantité ( 1.1872 | 0.023168 | 1.943 } : d totale d'azote ! 0.9032 0.017664 | 1.956 \ ? Azote des mat. ( 0.012224 | 1.129 ) 1 122 57.5 VI { prot. totales ? 1.1192 | 0 012480 | 1.151 °° S [rot non di) 22910 | 0.006600 [0.3 16.36 nds ) 47775 | 0.005609 | 0.315 ; s gestibles La quantité d'azote des matières protéiques totales a augmenté de 97,5 336 — 1,71 fois et la quantité d'azote des matières reg. s: non digestibles de ——— 2 2. EXT = 5,49 fois. INFLUENCE DES BLESSURES | 459 Les résultats de l'expérience sont présentés sur Ja courbe qui suit : | 57,5 LT a 489" " Lé SE 4 37,5 sr GS 3 + réa Pf 16,36 Fr L/4 Dr” 13,25 719.53 ne 3,32 n P28 3,49 1 2 A. 4 Bjours Fig. 59 — Quantités d'azote contenues dans 6 lots de fragments de bulbes d'Allium Cepa, obtenus en coupant chaque bulbe en 6, et constituant ainsi 6 lots analysés respectivement de suite, et au bout de 1, 2, 3, 4, 5 jours. pr, azote des matières protéiques totales. nu, azote des matières protéiques non digestibles. 460 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Dans les expériences n° 6 et 7 chaque bulbe a été divisé en 2 parties. La première portion a été analysée aussitôt, tandis que la deuxième portion a été placée dans une atmosphère d'hydrogène. EXPÉRIENCE N° 6 8 bulbes d’Allium Cepa. Durée de l'expérience : depuis le 25 jusqu'au 30 janvier (5 jours). POIDS Quantité d’azote En °/, de l’azote total (À de matière à Hpi set l'Azote et dits SA dans | pro ee grammes pa téique | aigest. Quantité 1.3092 | 0.020608 | 1.574 } totale ; 1.3387 0.021024 | 1.570 s 1.570 d’azote | 11209 0.017792 | 1.567 | 0632 | 0.006592 | 0.620 | | mare pr 42143 0.007360 | 0.608 0,610 38.9 | 1.2995 0.007808 | 0.601 \ Azote des: 2.1258 0.001180 | 0.089 | matières prot.{ 2.2913 | 0.002272 | 0.099 ( 0.093 5.92 non digest, / 2.3225 | 0.002112 | 0.094 \ Quantité 12245 | 0.020224 | 1.652 totale 1.0410 0.017152 | 1.648 4,647 d'azote 1,.1205 0.018400 | 1.642 1.3225 0.007168 | 0.542 Il autre put 1.2190 | 0.006336 | 0.520 0.538 32.6 1.2822 0.007104 | 0.553 Azote des 2.3963 | 0.001536 | 0.064 __ sé ! 2.0462 | 0.001248 | 0.061 0.062 3.76 | 24757 | 0.001342 | 0.060 L: INFLUENCE DES BLESSURES 461 EXPÉRIENCE N° 7 6 bulbes d’Allium Cepa. Durée de l'expérience : depuis | le 14 jusqu'au 18 février (4 jours). POIDS Quantité d’azote En °/, de l'azote total |] a on, de matière! Eos]. Moyenne FT tà prise en SR nu d'azote | pro- pe grammes | 8 prise téique! digest. Quantité 1.3395 0.023128 totale 4:9727 0.022016 d’azote 1.2240 0.020960 1 1 1 1.2803 0.008704 | 0.680 I matières ri 1.0788 | 0.007488 | 0.694 1.0693 0.007072 | 0 2.4745 0.001120 | 0 2.3185 0.001472 | 1 2.3165 0.001280 | 0 LA Pr, non digest. 1.2528 | 0.022144 1.3145 0.009472 | 0.721 1.1620 0.008192 | 0.705 1.1912 0.008320 | 0.698 2.2610 0.001504 | 0.067 re et 2.0570 | 0.001184 | 0.058 0.060 3.39 non digest. 2.3800 | 0.001344 | O 056 0.708 40.0 1.76 1.1830 0 020928 | 1.769 1.769 1.768 Il mate nt | Quantité me | 1.0010 | 0.017698 D’après les résultats des expériences n°s 6 et 7, on peut conclure qu’en l’absence d'oxygène, il ne se produit pas de matières pro- téiques non digestibles pas plus que des matières protéiques totales, ce qui est conforme aux recherches de Zaleski (1). La décompo- Sition des matières protéiques dans l’expérience n° 6 a eu lieu probablement vers la fin de l’expérience. (1) Zaleski : Berichte der deutsch. bot. Gesellsch. 1901. Heft 5. 462 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE CONCLUSIONS 1° La quantité des matières protéiqués non digestibles dans les bulbes, après la blessure, augmente très considérablement. 2 La quantité des matières protéiques totales augmente consi- dérablement, conformément aux résultats des expériences de M. Hettlinger et de M. Zaleski. 3° La quantité des matières protéiques non digestibles aug- mente comparativement plus que la quantité des matières pro- téiques totales. 4 La formation des ati protéiques se fait lentement pen- dant les premiers jours, après la blessure, gi ensuite rapidement (expérience n° 5). ÿ° En l’absence d'oxygène, la quantité des matières protéiques non digestibles n’augmente pas, pas plus que la quantité des matières protéiques totales, conformément aux résultats des expé- riences de M. Zaleski. (Saint-Pétersbourg. Laboratoire de physiologie végétale de l'Université). MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES par MM. L. MATRUCHOT et M. MOLLIARD (Suite). (PLancres 12, 13 et 14) POILS STAMINAUX DE Tradescantia virginica. Les poils staminaux de Tradescantia se prètent particulièrement bien à l’observation directe de l’actjon des agents extérieurs sur le cytoplasma, sur le noyau au repos et même sur le noyau en voie de division caryokinétique. On sait déjà, depuis les recherches de Kühne (1), de Hof- meïster (2), de Klemm (3), et surtout de Molisch (4), que l’action peu prolongée d’une température même notablement inférieure à 0° ne suffit pas pour tuer la cellule. Un séjour de cinq minutes à — 14° (Kühne), de dix minutes à — 8° (Hofmeister), de trente minutes à — 5° (Molisch}, si Le poil est immergé dans l’eau, — un froid plus considérable encore, six heures à une température variant de — 5° à — 9o (Molisch), si Le poil est refroidi à l'air — sont insuffisants pour tuer la cellule. Cette action d’un froid intense peut même déterminer (Kühne) des modifications profondes dans la structure du protoplasma, celui-ci peut se résoudre en gouttelettes sphériques, sans que la vie soit éteinte dans la cellule. Ramenés ensuite à la température ordinaire, ces poils présentent à nouveau les courants caractéristiques du protoplasma vivant. C’est seulement par l’action rapide d’une température suffisam- ment basse qu'on détermine dans la cellule des modifications définitives, avec mort du protoplasma. Dans l’eau à —6°5, dans l'air (1) Kübhne : Untersuchungen über das Protoplasma und die Contractilität. Leipzig, 1864. (2) Hofmeister : Loc. cil. 3) KI cit. (4) Molisch : Loc —n 464 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à —15o, la cellule gèle, et son contenu peut même se prendre par- tiellement en glace (Molisch). Nous avons reconnu que, par l’action du gel, il se fait en général une contraction du protoplasma de ces cellules ; la turgescence disparaît, la longueur et le diamètre transversal des cellules dimi- nuent comme si la cellule avait été plasmolysée (fig. 59a et 590) ; les grandes vacuoles cytoplasmiques se vident et le protoplasma est transformé en un coagulum très vacuolisé. Le noyau au repos prend aussi par le gel une structure vacuolaire très nette; tantôt les vacuoles sont petites et nombreuses (fig. 58), et le noyau rappelle dans ce cas le noyau gelé de l'ovaire de Tulipe ; tantôt les vacuoles nucléaires sont volumineuses et de force irrégulière (fig. 56 b); mais nous n’avons pas observé d'orientation des éléments nucléaires, fait qui est sans doute en relation avec le grand nombre de vacuoles que renferme le cytoplasma à l'état frais. Il était particulièrement intéressant de rechercher l’action du gel sur les noyaux en voie de division. On sait (1) qu'il est facile de suivre sur le vivant les phénomènes de caryokinèse en s’adres- sant à des poils de Tradescantia qu'on maintient imimnergés dans une solution de saccharose à 3 °/, ; ils y restent en vie active pendant assez longtemps. Nous avons pris des noyaux à des stades moyens de la 60 kinèse, et nous les avons fait geler rapidement à —12e. La fig. 59 a représente la cellule terminale d’un poil où lés deux noyaux-filles sont sur le point de se reconstituer (stade intermé- diaire entre les stades 7 et 8 des figures de Strasbürger, loc. cit.) ; la membrane cellulaire nouvelle est déjà partiellement visible. Par le gel, on obtient les aspects qui ont été représentés dans la fig. 59 b et qui ont été saisis au moment précis du dégel. Les deux noyaux-filles ont condensé leur chromatine et pris tous deux un contour net: les chromosomes ne sont plus visibles. Mais il s’est marqué une différence entre les deux noyaux-filles. Le noyau proximal est resté arrondi avec seulement quelques petites vacuoles claires à l’intérieur. Le noyau distal a été le siège de la formation d’une grosse vésicule unique, qui s’est déversée au dehors dans la vacuole cytoplasmique ; ce noyau a pris par suite une forme re croissant. (4) Strasbürger ; Das botanische Practicum, p. 605. ACTION. -DU. GEL, .SUR, LES : CELLULES 465: En continuant, après le dégel, à observer les deux.noyaux-filles, nous avons vu s’accentuer ces différences : tandis que le noyau: proximal. reste sensiblement, le même, le noyau. distal reprend un contour plus arrondi, comme s’il achevait l'expulsion déjà com- mencée de sa grosse vésicule ; en outre, nous avons vu se refaire, à l'intérieur de celui-ci (fig. 59 c) une. différenciation entre chromo- somes. et suc nucléaire qui est très frappante. Bien qu’on ne puisse guère, sans fixation et coloration, compter d’une façon précise le nombre de chromosomes de ces noyaux, on peut cependant, en comparant les fig. 59 a (noyau frais) et 59 c (noyau gelé examiné dix-huit heures après le dégel), constater que le nombre de chromo- somes est sensiblement le même dans les deux cas. Enfin la mem- brane cellulaire séparant les deux noyaux-filles devient, dans la cellule dégelée, plus épaisse et plus granuleuse. Pour expliquer ces deux phénomènes, nous pe voyons guère qu'une hypothèse à présenter : à savoir que, malgré le gel, le pro- toplasma et le noyau sont restés vivants pendant up certain temps et dans une certaine mesure; alors la différenciation des chromo- somes dans un noyau gelé d’abord homogène, et l'épaississement de la membrane nouvellement formée entre les noyaux, s'expliquent tout naturellement, puisque ce sont des phénomènes qu’on observe normalement dans la vie. Le fait qu’un séjour de trente minutes à —13° avec congélation de l’eau ambiante ait pu laisser vivant le contenu de la cellule n’est pas en opposition avec ce que l’on sait. Déjà les expériences de Kühne nous ont appris qu'après un gel amenant une déformation. profonde du protoplasma, celui-ci peut reprendre son aspect pri- mitif et présenter à nouveau les courants caractéristiques de la vie, De plus, dans l'expérience que nous avons réalisée, le contenu de de.la cellule ne s’est pas plasmolysé, comme il arrive généralement quand une cellule est morte : on voit sur la fig. 59 b que le cyto- plasma est resté adhérent à la paroi. Ou voit aussi, en comparant les fig. 59 b et 59 c; que dans celte expérience le protoplasma n’a pas acquis la rigidité du protoplasma gelé, n’est pas devenu un coagulum solide, comme cela a lieu, ainsi que l’a montré Molisch. opérant. en particulier sur des Amibes, lorsque ce protoplasma est tué par le gel. Il semble donc que le cas par nous réalisé sur des cellules de Rev, gén. de Botanique. — XIV. 30 466 REVUE GÉNÉRALE DÉ BOTANIQUE Tradescantia estun cas de congélation de l’eau ambiante, à un degré insuffisant pour amener la mort par gel de la cellule, mais à un degré suffisant pour déterminer en elle la vacuolisation du noyau qu’on observe à un dégré plus accentué dans la mort par gel. I y a lieu aussi de signaler ce fait que les deux noyaux-filles né réagissent pas également vis-à-vis du gel. Nous avons vérifié le fait à plusieurs reprises : le noyau distal est le plus souvent moins abondamment vacuolisé, ses chromosomes restent plus visibles ou réapparaissent plus promptement que dans le noyau proximal. Ces différences s’accordent d’ailleurs avec une inégalité dans la vitesse de reconstitution des noyaux-filles à la fin de la caryokinèse nor- male : l'examen sur le vivant montre parfaitement que le noyau distal est en retard sur le noyau proximal ; la réaction vis-à-vis du gel confirme cette donnée. Cette inégalité dans la réaction des deux noyaux-filles est encore visible dans les fig. 59a et 59c (pl. 14); le noyau distal seul y garde ses chromosomes individualisés. Si l’on s’adresse à un stade de caryokinèse moins.avancé que le précédent, par exemple celui qui à été représenté dans la figure ÿ7a, on n’observe, par la congélation, qu’une désorientation des chromosomes, qui cependant restent distincts (fig. 57b); après le dégel, ces chromosomes se gi ph ge mais ne se désagrègent pas (fig. 57c). Enfin on retrouvera, en comparant les fig. 36a, 56b et 56c, des résultats de même nature. Le stade de caryokinèse représenté en 564 correspond à peu près à la phase du tonnelet (stade 6 de Strasburger). Dans les deux noyaux-filles en voie de reconstitution, le gel produit des effets bien différents : tandis que le noyau proxi- mal se condense en une masse arrondie, compacte, avec quelques vésicules claires, le noyau distal ne se reconstitue qu'en partie. La moitié voisine de l’extrémité a pris un contour arrondi et renferme une grosse vésicule sphérique ; mais l’autre moitié garde un contour déchiqueté où l’on reconnaît sans peine quelques-uns des chromo-: somes non fondus dans la masse commune. La fig. 56b a été dessinée au moment même du dégel. Entre les deux noyaux-filles, pas plus sur la cellule gelée que sur la cellule vivante (fig. 56a), il n 3 rot de membrane cellulaire. La fig. 56c représente l'extrémité du même poil dix heures ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 167 après le dégel. Les noyaux filles ont gardé sensiblement le même aspect ; mais entre eux, dans la partie transparente du cytoplasma, il s’est fait un dépôt de gros granules constituant une sorte de cloison séparatrice ; ce dépôt occupe exactement l'emplacement de la membrane cellulaire qui dans la caryokinèse normale se forme entre les deux cellules filles. Faut-il voir dans le phénomène curieux que nous venons de décrire un reste d’activité d'une cellule qui n'aurait pas été entièrement tuée par le gel? C’est, parmi les diverses hypothèses que l’on peut faire, celle qui nous semble la plus vraisemblable. SPIROGYRES Les Spirogyres ont déjà donné lieu à d’intéressantes expériences instituées daps le but d'étudier l’action du froid sur la cellule, Mais au point de vue des modifications que le gel apporte dans la struc- ture cytologique, on sait peu de chose. Les expériences de Molisch, que nous avons d’ailleurs reprises et dont nous avons vérifié l’exactitude, ont montré que la congé- lation de l’eau ambiante amène une rapide exosmose de l’eau de la cellule, et produit non seulement une suppression totale de la turgescence mais une contraction, une sorte de ratatinement de la cellule. Celle-ci diminue de longueur et surtout de largeur : le diamètre d'un filament peut pendant le gel diminuer du 1/3 et même de moitié. A cet état, toute trace d'organisation interne a disparu ; on n’aperçoit plus qu’une bande verte médiane où le leucite spiralé est devenu tout à fait méconnaissable. Molisch a figuré (1) l'aspect d'un tel filament : on distingue, dans la masse contractée, une striation longitudinale que nous avons observée _ aussi. Mais elle n’est pas spéciale aux Spirogyres; on peut l'obtenir, dans les mêmes conditions, avec des Zygnemu. Par le dégel, de l’eau rentre à l’intérieur du filament ; celui-ci reprend un diamètre voisin du diamètre normal, mais ne recouvre aucune turgescence : la cellule est morte. Dans la masse centrale qui occupe alors l’axe du filament, nous avons reconnu une vacuolisation du protoplasma (fig. 66, que Molisch n’a pas observée dans ses expériences. Il y a uu certain nombre de grosses yacuoles V et un graud nombre de petites vacuoles que (4) Molisch: Untersuchungen über das Erfrieren der Pflanzen. Iéna, 1297. 468 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l'opacité de la masse augmentée par la présence de chlorophylle diffuse, rend difficile à apercevoir. Les masses plus foncées telles que p (PI. 14, fig. 66) sont des pyrénoïdes plus ou moins dissociés. L'action de la gelée sur le noyau et sur la faible masse de proto- plasma qui, chez les Spirogyres, entoure ce noyau, ne peut, à raison des phénomènes qui viennent d’être décrits, être observés sur Île vivant. Mais, en opérant sur une espèce de Spirogyre de grande taille (Spirogyra majuscula), fixant au liquide de Flemming et colo- rant au violet d’Ehrlich, on observe ce qui suit. Tout d’abord, les fins trabécules protoplasmiques qui vont du protoplasmä central au protoplasma pariétal sont pour la plupart rompus (PI. 14, fig. 60 à 65). Dans la masse isolée, on distingue un noyau gardant la même structure qu’à l’état frais, c’est-à-dire présentant un gros nucléole entouré d’une masse nucléaire peu chromatique. Mais le volume du noyau a diminué. Consécutivement à cette diminution de volume, il s’est formé, dans le cytoplasma voisin, des vacuoles : tantôt elles sont indépendantes du noyau (fig. 61), tantôt elles sont en contact avec lui (fig. 62 et 63), tantôt enfin il'se fait une grande vacuole qui isole presque entièrement (fig. 65) ou même __ (fig. 64) le noyau du cytoplasma. Jamais le noyau lui-même ne s’est montré vacuolisé. es —_ cs — mouvements protoplasmiques sont en général ts de température. Dans les Spirogyres: les cvérants de protophsnra sont particulièrement visibles, chez les espèces de grande taille, le long des fins trabécules qui réunis- sent deux tours de spire consécutifs du leucite spiralé, En opérant avec une Spirogyre à filaments très larges, nous avons pu recon- naître que les mouvements protoplasmiques subsistent encore à une température bien inférieure à 0°. En plaçant les filaments simplement entre une lame et une lamelle et én ies portant, sans autre protection, dans une glacière à 40°, nous avons constaté qu'au bout de quinze minutes de séjour, les courants protoplasmi- ques étaient encore très vifs. Or, bien que nous n’ayons pu savoir à quel degré de froid était descendue la température à l’intérieur dès filaments, il est certain que cette température était de plusieurs degrés inférieure à 0°. Molisch (/0e. cit.) opérant sur des poils de Tradescantia, a constaté que les courants protoplasmiques cassaïent cette plante à — 2. On voit que les Spirogyres sont encore-moins sensibles à l’action du froid, ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 469 INTERPRÉTATION DES FAITS PRÉCÉDENTS Nous nous sommes contentés jusqu'ici de décrire les effets obtenus par l’action du gel sur des cellules végétales d’origine et de structure variées. On a pu constater une uniformité remarquable dans les processus morphologiques ainsi déterminés’; il semble donc qu'on soit en face de phénomènes d'ordre général. Il convient maintenant d'interpréter les faits observés de façon à essayer de saisir le mécanisme par lequel le gel modifie les cellules. On sait depuis les observations de Caspary, Prillieux, Nägeli, etc., que le plus souvent, au moment du gel, l’eau s'échappe des cellules sous forme liquide, par osmose, et vient cristalliser au dehors, soit à l’extérieur des tissus, soit dans les méats et les lacunes. On observe d’autre part, après le dégel, une disparition complète de la turgescence; les tissus sont mous et flasques, les feuilles gelées sont comme fanées. Molisch effectuant des mesures directes sur certaines cellules, avant, pendant et après le gel, a montré qu'il se fait une diminution considérable de volume, ana- logue à celle que produirait une forte plasmolyse. On est tout naturellement conduit à supposer que l’eau expulsée provient du suc cellulaire, qui filtrerait rapidement à travers le protoplasma pariétal et la membrane au moment de la congélation. Mais n’y a-t-il d'appelée au dehors que l’eau des vacuoles ? et l’eau qui entre dans la composition du cytoplasma et du noyau n'est-elle pas, elle aussi, attirée plus ou moins au dehors? Tout porte à croire qu’il en est ainsi, et que, non seulement la cellule est appauvrie en suc cellulaire, mais que le protoplasma abandonne une part de l’eau qu’il renferme en propre. Pour essayer de démontrer expérimentalement que par le gel, le protoplasma abandonne une partie de son eau, on a cherché d’abord à voir ce qui se passe quand on fait agir le froid sur des matières organiques plus ou moins comparables à la matière vivante. L'un des premiers, Prillieux (1) a réalisé des expériences à ce sujet. Une d’entre elles, très simple et particulièrement frappante, consiste à faire congeler dans un mélange réfrigérant de l’albumine (1) Prillieux : Loc. ct. * 470 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cuite (œuf dur dépouillé de sa coquille). Non seulement la surface du blanc d'œuf se recouvre d’une couche d’aiguilles de glace prove- nant de l’eau exsudée, mais dans l'épaisseur même de l’albumine il se forme de nombreuses lames de glace qui séparent le blanc en feuillets. 11 s’est donc fait, par le gel de cette matière organique primitivement homogène, un départ entre une partie de l’eau de constitution et l’albumine cuite ; l’eau primitivement incorporée à la substance organique a, par l’action du froid, échappé aux forces moléculaires qui la tenaient fixée et est venue se prendre en glace hors de la portée de l’attraction capillaire. Ambronn (i) reconnut, en 1891, qu’en congelant lamelles de gélatine ou de gélose riches en eau, il se produit dans la masse une différenciation rappelant grossièrement un parenchyme végé- tal. Des cristaux de glace prennent naissance dans l'épaisseur de ces lamelles; il s’y fait donc un départ entre la matière organique moins aqueuse formant réseau et de l’eau qui se prend en cristaux plus ou moins volumineux. Molisch (2) a réalisé de nombreuses expériences en faisant geler les substances organiques les plus diverses. Le protoplasma vivant pouvant être assimilé au point de vue physique à une masse com- posée de solutions, d'émulsions et de substances colloïdes, cet auteur a d’abord opéré sur des substances organiques non vivantes soit à l'état de solutions, soit à l’état d’émulsions, et en particulier sur des colloïdes. Les résultats très concordants qu’il a obtenus avec de la gélatine à 2 °/,, de la colle d’amidon, de la gomme adra- gante, etc., peuvent se résumer en disant qu’il se fait dans ces substances un rêseau de masse gélatineuse ou gommeuse entre les mailles duquel s’interposent des cristaux de glace de plus en plus volumineux. Dans tous les cas, et c’est là le fait important au point de vue qui nous occupe, Molisch, par l'examen microscopique direct, a reconnu dans ces substances, au moment du gel, une différen- ciation en eau et colloïde. Le rassemblement de l’eau, avec congé- lation immédiate, se fait en de nombreux points, avec une rapidité variable ; les cristaux de glace grossissent aux dépens de la masse colloïdale qu'ils appauvrissent en eau et qu’ils refoulent peu à peu (1) Ambronn : Einige Beobachtungen über das Gefrieren der Colloide (Berichte ) über die Verhandlungen der K. sachs. Ges. d. Wissensch, zu RE que 1891 (2) Molisch : Untersuch. über das Erfrieren den Pflanze ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 471 jusqu’à en faire une sorte de tissu à mailles plus ou moins grandes suivant la concentration de la solution. - Des résultats analogues sont fournis par les substances d'origine animale et par les tissus animaux eux-mêmes. Romanes (1) observa que, dans les Méduses congelées (Aurelia aurita) le corps mou gélatineux est traversé par de fines et claires aiguilles de glace. Les expériences de Molisch sur les Amibes ont Conduit cet auteur à admettre qu’il se passe quelque chose d’analogue dans la matière vivante, Généralisant ces notions, il admet que dans les tissus des végétaux supérieurs, il se fait un amoindrissement considérable dela teneur en eau du protoplasma, et il en tire comme conséquence une théorie de la mort par gel sur laquelle nous Fatisnone plus loin, Mais il convient de remarquer que si la sortie de l’eau du suc cellulaire, au moment du gel, est bien démontrée, puisqu'on a pu suivre le phénomène dans le champ du microscope pour diverses cellules, il n’en est pas de même de la sortie de l’eau qui entre dans la composition du protoplasma et du noyau. La démonstration de la réalité de ce phénomène est encore à donner. Il nous paraît que l’interprétation des faits observés par nous et précédemment décrits constitue précisément cette démonstration, Dans les cellules riches en suc cellulaire sur lesquelles nous : avons expérimenté, la vacuole est au moment du gel le siège d’une exosmose rapide de l’eau qu’elle renferme. L'appel d’eau que pro- voque cette exosmose retentit sur le protoplasma et le noyau ; il se fait, consécutivement ou simultanément, une sortie de l’eau de ces deux éléments vers la vacuole. C’est cette exosmose qui, dans le cas du noyau, est pour ainsi dire saisie sur le vif et fixée dans quelques- uns de ses stades sur nos dessins. Examinons successivement ce qui se passe dans le noyau et dans le protoplasma. A. — PHÉNOMÈNES QUI SE PASSENT DANS LE NOYAU. L'une des conséquences immédiates de cette perte d’eau est la diminution de volume du noyau. Les moyennes obtenues en mesu- rant le diamètre de nombreux noyaux sont très probantes ; le noyau diminue de volume par le gel. (1) Cité par Verworn : PAysiologie générale, trad. Hédon, p. 322. 472 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE En outre, si l’on examine tous les cas offerts par les noyaux que nous avons représentés, on constate que tout se passe comme si le noyau était, au moment du gel, le siège d’un double phénomène : 4 Une vacuolisation, aboutissant à la formation d’une ou plusieurs lacunes ou vésicules aqueuses à l’intérieur du noyau. C’est à cette formation de lacunes que serait due la naissance d’un réseau à mailles larges et à filaments épais. 20 Un déversement du contenu de ces vésicules dans la grande vacuole cytoplasmique, déversement qui s’eflectuerait soit par éclatement du noyau dans cette vacuole, soit par simple diffusion du liquide à travers la mince lame de protoplasma qui sépare ces deux éléments. A la direction de l’eau ainsi expulsée correspond l'orientation polaire de la partie chromatique du noyau. Etudions successivement ces deux phénomènes. 1° Vacuolisation du noyau. — Nous concevons que sous l’action du gel il se fait une séparation de plus en plus complète entre le nucléoplasma et l’eau que renferme le noyau. Le nucléoplasma, devenant moins aqueux, par suite moins liquide et plus chroma- tique, prendrait la forme d’un réseau à mailles larges et à filaments épais. L'eau, se séparant du reste du noyau, s’assemblerait dans des lacunes, formerait des vésicules de plus en plus volumineuses qui, _refoulant devant elles le réseau en le comprimant, finiraient par déterminer les principales structures observées. Qu'il se forme un grand nombre de ces vésicules, on aura, suivant la nature des cellules étudiées, deux types principaux de structure, Ou bien, la cellule étant riche en cytoplasma, et n'ayant pas de grosse vacuole cytoplasmique, il ne se fait pas de diffu- sion rapide de l’eau des vésicules nucléaires vers un ou plusieurs pôles. C’est le cas de la plupart des noyaux étudiés dans la Tulipe (PL. 13, fig. 28, 31, 32) et de quelques-uns de ceux du Leucoium (P1.43, fig. 18). Ou bien, si la cellule possède une grande vacuole cytoplas- mique V, il y aura diffusion plus accentuée vers un ou plusieurs pôles, et par suite orientation du réseau nucléaire. C’est le cas de divers noyaux du Narcisse (PI. 12, fig. 2, 5, 6), du Leucoium (PI. 15, fig. 19) du Haricot (fig. 22). Qu'il s'établisse dans le noyau de nombreuses vésicules, dont deux plus volumineuses (dont la position est d’ailleurs en rapport ACTION DU GEL SUR LES CELEULES 473 avec la proximité du suc cellulaire) on aura l'aspect représenté dans la fig. 2 (PI. 12) Certains noyaux n’offrent qu’un petit nombre de vésicules, mais volumineuses, ‘provenant vraisemblablement de la fusion de nom- breuses petites lacunes ou vésicules préexistantes. Le développe- ment de ces vésicules a refoulé le réseau chromatique d’une façon variable suivant les cas. On en aura de nombreux exemples en consultant les planches 12 et 13. On y peut distinguer trois types différents : a. — Trois vésicules principales sont développées (Haricot, fig. 26). La matière chromatique se trouve alors rejetée suivant une large plaque équatoriale et une mince bande méridienne m. b. — Deux grosses vésicules seulement ont pris naissance. Dans ce cas le noyau prend toujours une structure bipolaire, et la matière chromatique, refoulée par le développement des vésicules, se ras- semble sous forme de plaque équatoriale continue ou non. Dans certains cas limites la partie centrale de cette plaque s’atténue en épaisseur et devient par suite moins chromatique, La chromatine se trouve alors refoulée dans le seul espace laissé libre entre les vésicules et la membrane nucléaire (Haricot, PI. 13, fig. 25). Tantôt (Haricot, fig. 25) les vésicules sont comme renflées, comme près d’éclater pour se déverser dans le suc cellulaire. Tantôt le noyau reste parfaitement sphérique, comme si, au fur et à mesure que l’eau se rassemble dans des lacunes de plus en plus grandes, elle diffusait au dehors sans qu’il y ait turgescence ou gonflement du noyau. Ce dernier cas est de beaucoup le plus fréquent (Narcisse, fig. 4; Haricot, fig. 23, 24 : Tulipe, fig. 34). c. — Une unique grosse vésicule s’observe dans le noyau. Si cette vésicule unique tire son origine de la fusion de deux grosses vésicules préexistantes, on a pour ainsi dire le cas limite du précé- . dent, et la structure bipolaire du noyau se trouve conservée ; mais alors la plaque chromatique équatoriale ne subsiste que sous forme d’un anneau périphérique (Narcisse, fig. 9, 10, 15, 16 ; Clivia, fig. 21). Si au contraire la vacuole prend naissance excentriquement, elle refoule par son développement toute la chromatine sur l’une des faces du noyau, et l’on a la structure unipolaire typique qui a été représentée dans les fig. 11 (Narcisse), 20 (Leucoium), 35 et 36 (Tulipe). 474 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE La formation de lacunes ou de vésicules-aqueuses dans la masse du noyau, tantôt nombreuses et petites, tantôt volumineuses et réduites à un petit nombre (trois, deux ou même une seule) suffit done pour rendre compte de tous les cas si variés de répartition de la chromatine que nous avons observés. Mais n'est-ce là qu’une hypothèse permettant d'interpréter les faits, ou bien sommes-nous en présence d’un phénomène réel ? Il nous paraît que le processus de la sortie de l’eau du noyau, pro- cessus dont nous avons pu fixer quelques stades, et que nous allons développer maintenant, ne laisse aucun doute sur la réalité du phénomène. 20 Sortie de l’eau du noyau. — Le passage de l’eau du noyau dans la vacuole cytoplasmique peut en eflet s'effectuer de deux façons. Il peut y avoir simple osmose à travers la lame protoplas- mique qui sépare les deux masses liquides. On s’explique de la sorte comment certains noyaux, tout en diminuant considérable- ment de volume, gardent leur forme régulière et conservent leur membrane intacte (Narcisse, PI. 12, fig. 45, 46 ; Haricot, PI. 13, fig. 23, 24; Lupin, PI. 13, fig. 37) (1). Mais la sortie de l’eau du noyau peut se faire par un processus différent. Il peut y avoir un véritable boursoufflement du noyau ; dans le cas de certaines cellules du Haricot (PI. 13, fig. 25 et 26), le boursoufflement n’est pas douteux ; il est dû à ce qu’en même temps que le noyau diminue de volume, les vésicules font hernie à sa surface. Il peut même se faire une rupture de la membrane hücléitré, une sorte d’éclatement du noyau par suite de la turgescence plus grande de Ja vésicule, et alors l’eau que renferme le noyau se déverse d’un seul coup dans la vacuole cytoplasmique. C’est ce phénomène particulièrement net qui semble avoir été saisi sur le vif et fixé dans les noyaux que représentent les fig. 29 et 30 de Ja PI, 13 (Tulipe), 44 de la PI. 14 (Jacinthe). Une fois effectuée cette sortie brusque de l’eau, le noyau revient sur lui-même et mins une forme plus régulière. (1) Dans le noyau de Narcisse (poupe optique, PI. 12, fig. 9 a) on observe aux deux pôles une incurvation de Ja mbrane vers riabèriur. Cette ae s'explique par ce fait qu’en ces prints la membrane distendue par les icules nucléaires est mince, et soit par la plasmolyse due au gel, soit us l’action du a quide fixateur de Flemming, elle se rétracte plus fortement que le reste du cont ACTION DU GEL SUR LES CELLULES De 2 Le fait que dans certains cas on assiste pour ainsi dire à un véri- table éclatement du noyau par rupture de la membrane sous l’action de la pression interne, confirme bien, nous semble-t-il, l’explication que nous avons proposée. B. — PHÉNOMÈNES QUI SE PASSENT DANS LE CYTOPLASMA, Sous l’action du gel, le cytoplasma est, comme nous l'avons vu, le siège d’une vacuolisation générale, à la suite de laquelle il offre une structure écumeuse qui a été représentée dans quelques figures seulement (fig. 4, 5, 19,33, 43). Il est difficile de se rendre compte de la nature de cette vacuolisation. Il n’y a pas ici congélation sur place de l’eau que renferme le eytoplasma, comme dans les expé- riences de Molisch sur le protoplasma nu des Amibes : la structure écumeuse observée ici n’a donc pas même origine que l’état spon- gieux du corps d’un Amibe tué par congélation. D'ailleurs le faciès du protoplasma dans les deux cas est bien différent. Dans le cas d’un Amibe congelé puis dégelé, on a une masse spongieuse à mailles irrégulières ; dans le cytoplasma des tissus gelés, au conträire, la vacuolisation est le plus souvent fine et régulière. Cette différence est si nette qu’elle suffirait même, à défaut d’autres preuves, pour démontrer que le protoplasma n’est au moment du gel le siège d'aucune formation de cristaux de glace intracellulaires. Bien qu’on ne puisse préciser la nature de la vacuolisation dont le cytoplasma est le siège, on peut toutefois, après ce que nous avons vu à propos du noyau, admettre qu'il se fait là encore une séparation eutre du protoplasma devenant moins aqueux et de l’eau qui s’en échappe. Cette eau se rassemble en petites goutte- lettes sphériques qui restent incluses dans une masse générale de nature albuminoïde, et qui peut-être cèdent par osmose leur eau au milieu ambiant. Si maintenant nous résumons les notions qui nous semblent acquises par l’étude des faits précédents, nous pourrons conclure de la façon suivante : Par l’a ction du gel il se fait une congélation d’eau à l’extérieur des cellules, dans les lacunes ou méats intercellulaires. Cette con- gélation détermine un appel de l’eau de la cellule vers le dehors. L'appel se fait sentir tout d’abord sur le suc cellulaire ; puis son ES REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE action retentit tout d'abord sur le eytoplasma et lé noyau, qui se vacuolisent et perdent peu à peu une part de l’eau qu'ils renferment. La vacuolisation du cytoplasma est morphologiquement ‘peu différenciée, et les phénomènes qui s’y passent sont difliciles à suivre; il est probable que les vésicules aqueuses qui s Y forment laissent péu à peu difluser leur eau au dehors. Pour le noyau, grâce à la présence de la matière chromatique dont on peut déceler la répartition à l’aide des réactifs colorants, on peut suivre les étapes du phénomène avec plus de précision. On constate que par Le gel il se fait à l'intérieur du noyau une séparation entre le nucléoplasma et l'eau, Le nucléoplasma, devenant moins liquide et plus chromatique, prend la forme d’un complexe (réseau ou ensemble d’alvéoles) à mailles larges ou à trabécules épais. L'eau se séparant du reste du noyau, se rassemble dans des lacunes ou vésicules de plus, en plus volumineuses qui refoulent peu à peu le nucléoplasma à la périphérie. L'appel d’eau dû à la congélation provoquant une exosmiose rapide du contenu des vésicules nucléaires, on conçoit que les troubles mécaniques ainsi apportés dans la texture du noyau déterminent une orientation des éléments nucléaires vers le point ou les points de diffusion maxima. Il en résulte une véritable polarité du noyau congelé et géné- ralement une structure uni — ou bipolaire, les pôles étant les points où l'exosmose de l’eau se fait avec le plus de facilité. Enfin, consé- quemment, les pôles correspondent toujours aux points de la surface du noyau où celui-ci n’est séparé du suc cellulaire que par une mince couche protoplasmique, où par conséquent la vitesse de diffusion est maxima. HYPOTHÈSE PERMETTANT D’EXPLIQUER L'APPEL D'EAU PRODUIT PAR LA CONGÉLATION Comment expliquer que le gel détermine dans une cellule une exosmose de l’eau ? L'hypothèse qui nous parait la plus vraisem- blable est la suivante : On sait que Nägeli, dans sa théorie micellaire, admet que la membrane cellulaire renferme dans:toute.sa masse de l’eau intér- posée entre les micelles; il existerait, par suite, à la surface externe ACTION DU GEL SUR LES CELLULES ‘ : AT des membranes cellulaires, dans les régions qui délimitent les méats ou les lacunes aérifères, une mince couche liquide. Il est raison- nable d'admettre qu’à l’état normal cette couche liquide renferme les mêmes.substances, dissoutes quela cellule, à uneconcentration telle qu’il y ait équilibre osmotique. L'abaissement de température détermine en premier lieu la congélation partielle de cette couche liquide. Il s’y forme aux dépens d’une certaine quantité d’éau pure, des cristaux de glace ; de ce fait, le liquide restant acquiért aussitôt une concentration plus forte et par suite l’ équilibre osmotique est rompu. On est alors en présence du phénomène bien connu dela plasmolyse. Ici, comme lorsqu'une cellule turgescente est plongée dans un liquide de con- centration sufisante, il se fait une éxosmose de l’eau contenue dans la cellule. Mais, par l’action continue du froid, cette eau se congèle au fur et à mesure de sa sortie, et par suite l'équilibre osmotique se trouve incessamment rompu. Une masse d'eau de plus en plus considérable sort donc de Ja cellule par l'action du gel. : Si cette hypothèse est exacte, la présence ou l’absence de méats doit jouer un rôle important dans la résistance au gel: on sait préci- sément que les plantes dépourvues de méats (Conifères, Mousses) gèlent difficilement. | + COMPARAISON AVEC LES PHÉNOMÈNES DE PLASMOLYSE ET DE FANAISON Nous en sommes arrivés à ce point que les principaux faits d'ordre cytolôgique observés lors du gel peuvent s'expliquer par une simple exosmose del' eau, exosmose qui se ferait, dans le noyau surtout, par un processus morphologique bien défini. Si cette façon d'interpréter les faits est bien conforme à la réalité, on doit pouvoir arriver à reproduire les mêmes phénomènes morphologiques en privant d’eau les cellules similaires de la même re par d’autres procédés. C'est en effet ce que nous avons vérifié en provoquant la déshydratation des cellules du Paronch yrié de Narcisse par trois procédés différents, à savoir : 478 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE a, — Par plasmolyse , b. — Par fanaison lente ; c. — Par fanaison rapide. Examinons successivement les résultats obtenus avec ces trois méthodes différentes. À. — PLASMOLYSE Depuis les remarquables travaux de de Vries, on sait par quel mécanisme se produit l'exosmose de l’eau d’une cellule quand on plonge cette cellule dans une solution suffisamment concentrée d’une substance telle que la glycérine, le sucre, le salpêtre, etc. Il y a alors plasmolyse : il se produit une diminution de volume de la cellule et une contraction du protoplasma provoquées par une sortie de l’eau du suc cellulaire. Avec une solution suffisamment concentrée et en opérant pendant un temps suflisamment long, on peut priver ainsi les cellules végétales d’une grande partie de leur eau et amener la mort de la cellule. Nous avons plasmolysé les cellules du parenchyme de Narcisse en plongeant une coupe un peu épaisse de cet organe dans une solution de glycérine à 10 ©), additionnée d'un peu d'éosine. L’éosine ne modifie en rien les phénomènes de plasmolyse, mais en se fixant partiellement sur Île pop, et de ROJUs. olle permet de suivre plus facilement les divers stade Notre attention s’est portée de préférence sur les mêmes cellules que celles qui nous avaient fourni les résultats les plus nets à propos du gel, et aussi sur les petites cellules du parenchyme vasculaire qui sont voisines des précédentes. Nous avons pu de la sorte observer les phénomènes suivants : Dès que la plasmolyse commence à faire sentir son action, on voit le noyau de ces cellules se vacuoliser. Une ou plusieurs vési- cules claires se forment ainsi dans l’intérieur du noyau. Elles peuvent se fusionner deux à deux et augmenter de volume. Celles qui occupent une situation excentrique se rapprochent peu à peu de la surface et bientôt chacune d'elles vient faire hernie au dehors (PI. 14, fig. 53, 54, 55). Lorsque la hernie est trop prononcée, fa vésicule recouverte d’une très mince couche de cytoplasma éclate au dehors et déverse son contenu dans la grande vacuole cellulaire. La fig. 54 montre sur un noyau pariétal deux stades successifs du ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 479 phénomène. En 54 a, deux vésicules sont visibles : l’une d'elles fait hernie au dehors. En 54 b, cette vésicule en hernie a crevé en déver- sant au dehors une partie de son contenu. Si le noyau est, comme dans la fig. 53, porté par une lame mé- diane de protoplasma, il se trouve en contact, par deux régions opposées, avec la grande vacuole cytoplasmique. Aussi se forme-t-il en lui deux groupes de vésicules : trois de ces vésicules ont été représentées faisant hernie à l’extérieur. Enfin la fig. 55 représente un noyau plasmolysé où une vésicule sur le point d’éclater fait hernie dans le suc cellulaire, Tous ces aspects ont été observés sur le vivant. Ils font com- prendre le mécanisme de la déshydratation du noyau par ce procédé. On voit que par suite d’un appel d’eau consécutif de la plasmolyse, le noyau cède une partie de son eau sous forme de vésicules qui se différencient à son intérieur, grandissent, se fusionnent, sé rappro- Chent de la surface et finalement éclatent au dehors. Le mécanisme de ce phénomène est remarquablement analogue à celui par lequel les mêmes cellules réagissent contre le gel. Or, puisque dans le cas de la plasmolyse on est manifestement en présence d’une exosmose de l’eau, on a évidemment affaire lors du gel au même phénomène. Dans ses intéressantes recherches sur la plasmolyse, de Vries (1) a observé, dans les cellules de l'épiderme de Tradeseantia discolor, des phénomènes qui, bien que portant sur des éléments différents, sont tout à fait identiques à ceux-ci. En plasmolysant avec une solution de sucre à 10 °/., il a constaté qu'au bout de cinq jours le contenu cellulaire contracté autour de la vacuole, est réduit au tonoplaste et à de minces bandes de protoplasma recouvrant celui-ci ; le reste du protoplasma et le noyau sont morts. À ce stade, il se fait dans la masse contractée des hernies, des ampoules saillantes à l'extérieur, qui offrent les plus grandes analo- gies ayec les hernies du noyau plasmolysé dans nos propres expé- riences. Bien qu’il s’agisse dans le premier cas d’une masse proto- plasmique, dans le second cas d’un noyau, on observe des eflets de même nature, parce que la cause physique qui les produit est la même. . {1} H. de Vries : Plasmolytische Studien. Jabrb, für wiss. Bot. t. XVI, p. 466. 480 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Certaines des figures nucléaires ou cytoplasmiques obtenues par nous ne sont pas non plus sans rappeler les aspecis figurés par Schwarz (1) dans son important travail sur le protoplasma. En particulier, dans les expériences de Schwarz, l’action de l'eau déter- mine, dans le noyau et les leucites, des gonflements à la suite: desquels se produisent des hernies à la surface de ces éléments. Ces hernies, qui finissent par éclater au dehors, sont des vési- cules aqueuses de même formation que celles que nous avons obtenues dans nos expériences. Elles sont, comme celles-ci, dues à des phénomènes d'osmose, et, dans le noyau par exemple, se pro- duisent aux points de moindre résistance de la surface ; la seule différence est que, dans les expériences de Schwarz, le noyau se gonfle, et que, dans les nôtres, il diminue de volume, B, — FANAISON. Il était intéressant de rechercher si la fanaison naturelle des feuilles coupées, qui se produit par dessiccation à l'air libre et cor- respond à une perte d’eau considérable, ne déterminerait pas, dans les cellules végétales, des phénomènes cytologiques de même ordre que ceux qui viennent d’être décrits. À notre connaissance, la fanaison des cellules végétales n’a pas été étudiée au point de vue cytologique. On admet que daus ce cas la mort des cellules provient d’un abaissement de la teneur en eau du protoplasma à un degré incompatible avec sa vie ; mais on s’est borné, ici comme pour le cas du gel, à constater la désagrégation: du contenu cellulaire, sans rechercher si, dans des cas spéciaux, on ne se trouverait pas en face de Jecrei : are définis. Or il se trouve qu’il en est parfaitement ainsi : pour les cellules du parenchyme de Narcisse en particulier, la fanaison conduit à des modificalions nucléaires et cytoplasmiques de tous points com- parables aux effets du gel et de la plasmolyse. (1) Fr. Schwarz: Die morphologische und chemische Zusammenseizuny des Protoplasmas (Cohn’s Beitrâge zur Biologie der Pflanzen, t. V, p. 1). ACTION DU. GEL SUR: LES CELLULES 481 ‘Nous avons provoqué la fanaison des feuilles de Narcisse par debx ne bien difiérents : “a. — Fänaisôn lénte. — Nous avons d’abord abandonné à la des- siccation naturelle quelques feuilles coupées. Au bout de 48 heures; l'organe étant complètement fané, 11 a été fixé au liquide de Flem- ming ; puis des coupes transversales minces ont été faites et colo- rées comme précédemment. b. — Fanaison rapide. — Nous avons voulu aus$i provoquer une fanaison rapide des cellules de Narcisse. A cet eflet, nous avons soumis des feuilles coupées à une prompte dessiccation, dans un appareil où le vide était fait jusqu’à obtenir une pression de quel- ques centimètres de mercure seulement, et où l’eau était constam- ment absorbée par de l’acide sulfurique. Au bout de deux heures, la fanaison était complète. ‘Dans l'un et l’autre cas nous avons retrouvé les mêmes aspects des cellules et des noyaux. Que l’exosmose de l’eau se fasse vite ou lentement, elle détermine dans les cellules des phénomènes analo- gues que nous allons décrire succinctement. _ Les coupes montrent, soit dans le parenchyme lacuneux, soit dans le parenchyme vasculaire, des cellules mortes par dessiecation, entièrement plasmolysées, où le cytoplasma est abondamment vacuolisé (PI. 43, fig. 42 ; PI. 14, fig. 45, 46, 47 pv), et où les figures nucléaires chromatiques sont tout-à-fait analogues à celles que nous avons décrites plus haut. On y voit, en effet, des noyaux toujours plus ou moins vacuo- lisés, et la disposition du réseau ou du complexe alvéolaire qui sépare les vésicules nucléaires rappelle à s’y méprendre les figures les plus caractéristiques des noyaux gelés. On retrouvera par exemple, dans la fig. 40, un noyau du parenchyme lacuneux où les vésicules sont nombreuses et petites et où le réseau intercalé pré- sente une légère orientation bipolaire. Les noyaux des petites cellules du parenchyme vasculaire ont montré fréquemment la même réaction. Dans la fig. 39 (PI. 13), on a une véritable orientation bipolaire, avec plaque chromatique équatoriale épaisse. Les noyaux des fig. 41 (PI. 13), 51 et 52 (PI. 14) ont un anneau équatorial plus ou moins discontinu ; dans les fig. 41 (PI. 43) et 52 (PI. 14) en particulier, cette disposition de la chro- Rev, gén. de Botanique. — XIV. 31 482 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE matine est en relation évidente avee là position du noyau entre deux vacuoles cytoplasmiques. On peut trouver enfin, ici comme dans les noyaux gelés, un anneau chromatique équatorial continu. Tantôt cet anneau 8$t resté la seule partie colorable du noyau (PI. 14, fig. 50), tantôt il en part, vers les deux pôles, des fibrillcs méridiennes devenant très vite achromatiques (PI. 44, fig. 48). Le plus souvent, l'anneau chromatique équatorial est mince, mais parfois aussi il forme un relief circulaire tout autour du noyau, comme le cas s'est déjà présenté pour certaines cellules gelées (PI. 12, fig. 10). _ Enfin, nous signalerons pour terminer, le cas de la fig. 42, relatif à une cellule du parenchyme lacuneux, où lemoyau sphérique, situé dans une bande transversale de protoplasma, a pris une structure bipolaire (avec anneau chromatique superficiel) mani- festement en rapport avec la faible épaisseur du cytoplasma qui recouvre les deux pôles. Ces exemples, qu’il serait facile de multiplier, montrent un parallélisme frappant entre les déformations cellulaires dues à la fanaison et les déformations dues au gel, parallélisme qui ne peut s'expliquer que si l'on admet l'identité des causes dans les deux cas. Ces raisons viennent s'ajouter à celles que nous ont fournies les phénomènes de plasmolyse pour justifier notre manière de voir. Il en résulte que les phénomènes de gel sont bien corrélatifs d’une exosmose d’eau des cellules, non seulement de l’eau du sue cellu- laire, mais de l’eau qui entre dans la masse même du protoplasma et du noyau, et qne cette exosmose d’eau peut s’eflectuer par un processus morphologique défini. Nous sommes les premiers à avoir apporté une démonstration directe d'ordre cytologique de cette nn ” voir. (A suivre). SUR LA DÉCOMPOSITION DES MATIÈRES PROTÉIQUES DANS LES PLANTES par Miles H. KARAPÉTOFF et M. SABACHNIKOFF La question de la décomposition des matières protéiques dans les plantes fut mentionnée pour la première fois par Boussin- gault (1), qui considérait l’asparagine comme le produit d’une telle décomposition. Plus tard, M. Pfeffer (2) constata la présence d’asparagine par . la méthode microchimique dans les plantes légumineuses, culti- vées dans l'obscurité. Mais les recherches les plus détaillées appartiennent à M. Boro- dine (3). La méthode bien pratique, qu’il appliqua le premier dans la science, lui permit de trouver de l’asparagine dans la plupart des plantes privées de lumière et d'aliments. Cette méthode fut appliquée largement par M. Schulze (4), qui réussit à démontrer la idees quantitative des matières protéiques. Toute une série d’autres rLhS RER moins importantes établit incontestablement le même fait. M. le professeur Palladine nous proposa de répéter les expé- riences de M Schulze et d'étudier les effets de la privation des ‘aliments sur la transformation. des protéines non digestibles ou aucléines. - . Cette question est on: plus intéressante, qu’il y a dans les travaux de M. Palladine des indications montrant que de la quan- tité des matières protéiques non-digestibles nes l'énergie respi- ratoire des pen (1) Boussingault : Agronomie, chimie agricole et physiologie. IV, 1868 p.265. (2} : CRE 6 vs . Botanik, VIII, 1872. (&i esdpnique fr [A payante. Chem, IX, 1885. Schulze, 484 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Nous opérions de la façon suivante : après avoir coupé les germes de quinze jours du froment et de l'orge, nous les partagions en deux parties, dont l’une était privée de lumière et d'aliments, l’autre tuée instantanément par le séchage, Ensuite, nous déter- minions dans ces plantes la quantité totale d’azote, d’azote pro- téique et d'azote nucléique, d’après la méthode de Kjeldahl. Les protéines étaient dosées à l’aide de l’hydrate d'oxyde de cuivre et les nucléines avec le jus gastrique, d’après la méthode de Stutzer. A ces expériences furent encore ajoutées des recherches relatives à la question de l'influence du sucre sur la transformation des nucléines. Les expériences étaient exécutées pendant les mois de janvier, février et mars. Pour déterminer la quantite totale d'azote, nous prenions environ 1 gramme de la matière sèche; pour déterminer l’azote protéique 1,5 gr., et pour l’azote nucléique, 2 gr. ñ EXPÉRIENCE N° 1 Les plantules de Blé germées, vertes de quinze jours, conte- naient les quantités d’azote suivantes en 0/0 de la matière sèche. APRÈS LA CULTURE. . DE 6 JOURS SUR LA SOLUTION LE 6 Jours * Ai ET 114 ! DU SOL ; . LE SUCKE A { 0/0 DANS L’OBSCURITÉ : ; DANS L'OBSCURITÉ î APRÈ CULT PLANTES ENLEVÉES ———. Lens L’azote total 5,58 FE ADD EPA et 5.34 5.63 5.74 L'axote protéique SU ° CRC 3.66 | 20% L’'azote nucléique 0.32 0.41 : 0.34 0.43 0.42 DÉCOMPOSITION DES MATIÈRES PRÔTÉIQUES 485 ‘Ainsi dans 400‘parties d'azote total contiennent : L'azote protéique 67.5 31.3 67 6 35.5 L'azote nucléique 5.89 7.874 EE 7.30 6.26 7.57 "212 6.26 ‘7.83 6.62 EXPÉRIENCE N° 2 Les plantules d'Orge germées, vertes, de quinze jours, contien- nent les quantités d'azote suivantes en 0/0 de la matière sèche. PLANTES ENLEVÉES APRÈS LA CULTURE APRÈS LA CULTURE DE 5 JOURS DE 9 JOURS DU SOL , y , s. DANS L OBSCURITÉ DANS L OBSCURITÉ L'azote total 6.51 7.72 7.11 L'azote nucléique FSU ; 0.3 à - .. … 0.54 0.23 . 48 0.64 0.%5 0,28 Ainsi dans 100 parties total contiennent : L'azote nucléique 7.93 3.23 7.38 18 Me: 3.51 6.91 : 3 9% EXEMPLES DES DONNÉES ANALYTIQUES : 1: — Le froment dès qu'il a été enlevé du sol. a) Asr-011 de la matière sèche contient 0s-056159520 d'azote total ou 5,55 °/, ; é 486 ._ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE b) 18-5004 de la. matière sèche contient Os-05503396 d'azote protéique ou 3.66 °/, ; c) 28r-0066 de la matière sèche contiennent 0s"-007203584 d' azote nucléique ou 0.36 °/ ; d) 2sr.0445 de la matière sèche contiennent Osr- 00690738 ue nucléique ou 0.37 °/.. 2. — Le froment après la privation des aliments de six jours. a) Aer. 0136 de la matière sèche contient Os" 03819388 d’azote total ou 5,73 °/, ; b) 48r.5021 de la matière sèche contient 0s'-009785263 d'azote protéique ou 2,16 °/, ; c) 28r.0145 de la matière sèche contiennent Os" 0097853263 de l’azote nucléique ou 0,48 °/, ; d) 28r-0045 de la matière sèche contiennent 08"-008625344 d’azote nucléique ou 0.43 0/, ; 3. — Le froment après la culture de cinq jours sur la solution du sucre à 4 °/o. a) 1£r-0902 la matière sèche contient 0062284896 d’azote total ou 5.71 0/, ; b) 18-775 de la matière sèche contient O0:-00745108 d’azote nucléique ou 0,42 °/. Ainsi ces expériences indiquent qu’en l’absence d’aliments les matières protéiques non digestibles se décomposent difficilement et que pendant les premiers jours leur quantité augmente, quoique la quantité totale des matières protéiques diminue considérable- ment; ce n’est qu'après un jeûne prolongé (neuf jours pour les plantules d'Orge) que la quantité des matières protéiques non diges- tibles diminue. Saint-Pétersbourg. Laboratoire de botanique de l’Ecole supérieure féminine. REVUE DES TRAVAUX PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE PUBLIÉS DANS LE COURS DES ANNÉES 1897-1900 par M. R. ZEILLER (Suite). II. — ORGANISMES PROBLÉMATIQUES ET VÉGÉTAUX INFÉRIEURS A. — Organismes problématiques et Algues. Quelques observations nouvelles ont été faites sur divers types d'empreintes problématiques : c’est ainsi, tout d’abord, que M. Sraus a constaté, dans des bacs servant, pour la préparation mécanique du kaolin, au dépôt des boues les plus. fines, la formation d'empreintes (1) simulant, les unes des sortes de frondes pinnatifides, analogues à des thalles de Marchantia ou à des frondes de Cycadopteris, les autres compas à des rameaux de Lépidodendrons M. Tu. Fucus a, de son côté, obtenu expérimentalement (2), soit par sonfflage sur une pâte argileuse semi-fluide, soit par écoulement de matières visqueuses, des empreintes, en creux ou en relief, offrant les caractères de divers types, classés jadis parmi les Algues, tels que Münsteria, Spirophyton, Nemertilites, Nereites, Phyllochorda, eic., $ans cependant qu’il soit possible d'affirmer que ces types ne repré- señtent jamais que des empreintes mécaniques .:Les.observations de M. Une (3) SE pu avec celles de M. Fuchs pour certains Spirophytes du Dévonien moyen d'Amérique, qui parais- sent formés d'une boue fluide ayant coulé sur elle-même, et dans laquelle on retrouve de petits débris de coquilles; l’auteur est porté à y voir des déjections d'animaux marins, qu’il présume pouvoir être des Holothuries. (14) M. Staub : Ueber die durch rinnendes oder sickerndes Wasser erzeugten a Abdrücke (Foldt. Kôzlôny, XXVII, p. 300-305, 1 fig.; p. 341- 2 ; 1898). (2) T. Fuchs : Vorläufige Mittheilung über einige Versuche, verschiedene, in das Gebiet der Hieroglyphen gehürige problematische Fossilien auf mecha- nischen Wege herzustellen (Sitzungsber. k. Akad. Wiss. Wien, CV. Abth I, } (3) J.-A. Udden : Fucoids or Coprolites (Journ. of Geology, VI, p. 193- 198, pl. 7,8: 1898). 488 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE M. SquinaBoz-avait anrioneé. il ya quelques années.que les Helmin- thoida représentaient le moulage de sillons creusés dans la vase par des Mollusques y cherchant leur nourriture : l'animal promenant son organe buccal de droite à gauche et de gauche à droite et progressant en mêmé ternps -peu à peu, ‘produiséit ainéi jun ‘sion plusieurs fois replié en une série SE parallèles à peu près équidistants. Il a reconnu récemment. (5) -Sur: des échantillons, parti£ ulièrement bien, conservés, provenant des environs de Gênes, que le cordon en relief qui constitue l'Helminthoida labyrinthica, au Jieu d’être continu et uniforme, se compose en réalité d’une série de petites crêtes transversales séparées par des sillons, et offre ainsi, dans ses derniers détails, les caractères constatés sur les moulages des sillons creusés dans la vase par l’organe buccal des Patelles ou des Limaces; l'interprétation de ce type est ainsi nn mise bors de doute. Au contraire, on.n'observerien de semblable sur les cordons, à sinuosités plus irrégulières, des Hel- “iniéhopéis, qui.représentent certainement des côrdons excrémentitiels de consistance terreuse. Le genre problématique Oldhamia, du Silurien inférieur (Cambrien) et moyen, a fait l’objet d’une étude détaillée de la part de M. Sozr.As (2), qui, après comparaison avec des empreintes provenant de traces de vers, conclut, d'après les différences qu’il relève, que les Oldhamia, tout au moins l’Old. radiata, correspondent à des organismes véritables, et réprésen.ent peut-être les empreintes en creux laissées par une Algue du groupe des Siphonées verticillées Il se pourrait qu'il fallat également SÉpponer à ce groupe d’Algues une nouvelle espèce du même genre amia, observée par M. Waz- GOTT (3) dans le Cambrien supérieur ou l'Ordovicien inféricur des Etats- Unis, Old. occidens, qui présente un axe portant des bouquets de fila- ments verlicillés, à aspeet rappelant les Astérophyllites Dans le groupe complexe des Chondritées, M. Srabs (4) a étudié un échantillon de Chondrites Gæpperti, du Culm de Silésie, qui, d’après la disposition rayonnante de ses branches et leur ramification irrégu- lière, paraît bien devoir être considéré comme représentant des traces . de vers, analogues à quelques-unes de celles sur lesquelles M. Nathorst a appelé l'attention. Par contre M. ScauBert (5) rapporte aux Algues, (4) S. Squinabol : Sulla vera natura della Helminthoida (Atti Soc. .veneto- trentina di sc. nat., 1899, 41 p., 3 fig.). (2) W.-J. Sollas : Fossils in the Oxford University Museum. Ichnium Wattsii, a-worm-track from the slates of Bray Head; with Observations of the Genus Oldhamia (Quart Journ. Geol. Soc., LVI, p. 273.286, pl. XVII-XIX ; 1900 (3) C.-D. Walcott : Discovery of the genus Oldhamia in America (Préc: U.S. Nat, Mus.. XVII, p. 313-3145, 1 fig.; 48 (4) M. Staub : Ueber die « Chondrites » benannten « fossilen » mn (Foldt. Kôzlôny, XXIX, p. 110-121, 4 fig.; 4899). (5) R.-J. Schubert : Ch ondrites Moldavæ Schub., ein Algeñrest aus. dem bühmischen Obersilur (Neues Jahrb. f. Min., 1900, I, p. 129-132, 2 fig.). : REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 489 sous le nom de Chondrites Moldavæ, un échantillon du Silurien supé- rieur de Bohême, à thalle assez irrégulièrement ramifié, mais repré- senté par une lamelle charbonneuse, qui en atteste l’origine végétale. énigmatiques Dæmonhelix ou « tire-bouchons du diable » des couches miocènes des bad lands Au Nebraska (1), qui se présentent, dans leur forme la plus pirfaite, comme un corps cylindrique enroulé en hélice autour d’un axe vertical et mesurant plusieurs pieds de hauteur. On y avait vu tantôt des Algues d’aflinités incertaines, et tantôt le moulage de terriers hélicoïdaux creusés par quelque Rongeur, Mais l’auteur a observé sur certains échantillons une structure cellulaire qui ne laisse plus de doutes sur fs ori de végétale, sans permettre toute- fois d'en déterminer la nature. Il à constaté en outre que leur forme varie d’un niveau à tr et semi se perfectionner graduellement de bas en haut. C’est ainsi qu’on passe de simples cordons cylindriques à des plaques aplaties de contour variable, puis à des boules surbaissées, et ensuite à des corps hélicoïdaux à enroulement irrégulier, pour arriver, au niveau supérieur, à la forme typique à spire régulière. La surface de ces corps est relevée de côtes et de filaments saillants enchevêtrés en réseau, rappelant parfois l'ornementation des Bilobites, et qui, sur des coupes transversales, se montrent formés à la périphérie d’un tissu cellulaire, d'aspect analogue au tissu subéreux, circonscrivant Hinckl végétaux supérieurs plutôt qu'à des Algues; peut-être la découverte d'échantillons mieux conservés permettra-t-elle de résoudre le problème. Des corps analogues ont été signalés dans l’Oligocène de Bavière, par M. von Ammonx (2), mais ils n’ont fourni aucun élément nouveau , me complément à leur étude des Coccosphères et des Rhabdo- rimes (3), regardées par eux comme constituant un ae Ré culiér d’Algues unicellulaires, les Coccosphéracées, M BLACKMAN ont examiné les restes fossiles, Gvébolithes et habdolithes, qu’on a assimilés à ces organismes et ont conclu que la plupart e eux n'avaient aucun rapport avec les formes vivantes, que cependant un certain nombre d'échantillons du Crétacé et du Tertiaire apparte- naient réellement à ce groupe, et se répartissaient dans l’un et l’autre de ces deux genres. (4) E.-H. Barbour : Nature, structure and pisaan of Dæmonhelix (Bull. Geol. Soc. America, VIH, p. 305-314, pl. 31-39 ; 1897). (2) L. v.Ammon : Ueber sn Ver Loupe vun:« Steinschrauben » (Dæmonhelix) in der oligocanen Molasse Oberbayerus (Geogn. Jahreshefte, XI, p. 55-69, 1 pl.): 1900). (3) G: Murray and V.-H. Blackman : On the nature of Coceospheres and Rhab- dospheres (Phil. Trans. Roy, Soc., CXC, ser. B, p. 427-441, pl. 45, 46 ; 1898). 490. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE . . R. ETHERIDGE jun. rapporte (1) aux Nostocacées ou tout. au moins en rapproche des filaments à ramification dichotome qu'il: a, observés dans RARE de Polypiers du Dévonien de la Nouvelle-. Galles du Sud, et qui se sont montrés formés de cellules juxtaposées en chapelet, SEE lesquelles Re à intervalles irréguliers:des cellules plus RTE PRES s AE IER regardées comme des hétéro-: cystes; il a é pour ce type un genre nouveau, sous le nom de Palæopede, A iris du même gisement se sont également montrés perforés par des tubes tortueux, que l’auteur regarde comme des Champignons comparables aux Saprolégniées et classe dans le genre casa créé par lui il y a peu d'années. Le regretté M. BLrIcHER (2) a rangé dans les Nostocacées des touffes d’Algues filamenteuses observées par lui dans certains calcaires lacustres du Miocène du Portugal, et que MM. Bornet et Guignard ont reconnues comme très analogues aux Rivularia Les Siphonées ont fait l’objet de plusieurs ttes en tête desquels L æœlosp dium, Cyclocrinus et Mastopora, du Silurien de la Baltique, antérieure- ment classés dans le règne animal et dont l'attribution a été souvent discutée. Ce sont des corps globuleux ou ellipsoïdaux, à surface divisée en petits compartiments hexagonaux tantôt recouverts d’une sorte de calotte diversement ornementée, tout au moins dans le genre Cyclo- crinus, tantôt creusés en une cavité conique ou hémisphérique au fond de laquelle s'ouvre un canal radial aboutissant à une cavité ne qui communique avec so om ar une ouverture tubutaire de moindre diamètre. M. tolley voit dans cette cavité centrale Pexé d’une Siphonée verticillée, à rameaux contigus encroûtés de calcaires; auxquels correspondent les canaux rayonnants qui aboutissent à la périphérie et s’y élargissent en une cupule plus ou moins hémisphé-: rique; il signale cependant quelques particularités qui ne se concilient pas sans difficulté avec cette attribution, notamment l'absence appa- rente de sommet végétatif, et l’ornementation des calottes qui corres- pondraient à l'extrémité libre des rameaux, et qui présentent des pores ou des lignes régulièrement disposées, ornementation sans analogue 1)R. Etheridge jun. : On two additional perforating bodies, believed to be thallophytic Cryptogams from the lower palueozoic rocks of N. S. Wales (Rec. Austral, Mus., I, p. 124-127, pl. XXHII; 1900). (2) Bleicher : Contribullie à l'étude lithologique, microscopique et ue, des roches sédimentaires, secondaires et nee du Portugal (Comm. da direct das trabalh. geol., IE, p. 251-289, pl. I-VIT ). (3) E. Stolley : Untersuchungen über Clara Cyclocrinus, Masto- pora und nan" son Genera de Silur (Archiv f, Anthrop. u. Geol. Schileswig Holstein, 1, p. 177-182, 105 fi . — Neue Siphoneen aus baltischem Silur (bid., ILE, p. 40-65; 4 fig., nt » 1898); -- Die siluricches Algenfacies und ihre Verbreitung im os NN. Silurgebiet SRE ARR. - Schriften d. naturw. Ver. f. XI, p. 109-131- 1897). Fi REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 491 dans’:les formes vivantes. Néanmoins l’ensemble des affinités l'amène à rapprocher ces trois genres des Bornetellées, et il en ajoute un qua- trième, sous le nom d'Apidium, pour des corps plus petits, pyriformes, à cavité centrale très développée, entourée seulement d’une couche calcaire peu épaisse de cellules prismatiques à peine plus larges que hautes. Il a fait connaître plusieurs espèces nouvelles de ces divers genres, et il a donné en outre de nouveaux détails sur la part qu'ont prise les Siphonées verticillées à la constitution des calcaires ordovi- ciens de la région de la Baltique. Il esi revenu en même temps sur l’un des autres genres précédemment rapportés par lui aux Bornetellées, le genre Pulæoporella, que l'étude de nouveaux échantillons tendrait à rapprocher plutôt, d’après son mode de ramifications des Cymopolia. phérique des cellules ne lui paraît pas conciliable. Il persiste à voir dans ces fossiles, du moins dans les genres Cœlosphæridium et Crclo- crinus, en réunissant à .ce dernier le genre Mastopora, des animaux, de lPembranchement des Rayonnés, constituant un groupe spécial, parallèle à celui des Cystidés et dérivé sans doute de la même souche. a reconnu dans les calcaires du Cerro Escamela deux formes spécifiques de Siphonées verticillées, dont l’une, Triploporella Fraasi, déjà obser- vée dans le Cénomanien du Liban, fournit sur le genre auquel elle appar- tient des renseignements nouveaux, rappelant les Dasycladées par son port et les Acétabulariées par ses spores, de manière à constituer en quelque sorte un intermédiaire entre ces deux groupes. L'auteur est L'autre espèce décrite dans ce travail appartient à la section Herou- valina du genre Neomeris. M. MEscpinELL1 a passé en revue les espèces du genre Acicularia (3), et exprimé des doutes sur les affinités de ce genre avec les Acétabula- riées ; mais il y a lieu de rappeler que la question avait été tranchée {1} Kiesow : Bemerkungen su den Gattungen Cyclocrinus, Coelosphaeridium und Apidium (Schrift. naturf. Ges. Danzig, X, p. 77-95, 5 fig. 1899). :{2) G. Steinmann : Ueber fossile Dasycladaceen vom Cerro Escamela Mexico (HAE. Zeitung, 1899, p. 137-154, 21 fig.). 43}-L. Meschinelli : Monographia del genere Acicularia d'Archiac (Atti R. Istit. veneto di se., lett, ed arti, IX, p. 777-788, 1 pl; 1898). 400 =: 5 1: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE par un travail un peu antérieur du Comté de Solms-Eaubach; qui, en montranf qu'il fallait rapporter à ce genre une espèce vivante rangée à tort dans le genre Acetabularia (1), a définitivement fixé sa place parmi les Acétabulariées. . STEINMANN a fait connaître, sous le nom de Boueina (2), un nou- veau type générique de la famille des Codiacées, rencontré dans le Néocomien supérieur du sud-est de la Serbie, et qui, avec une structure interne pour ainsi dire identique à celle des Æalimeda, de Y'Halimeda opuntia en particulier, diffère de ce genre par l’absence de ramification de son thalle, offrant la forme de grèles baguettes cylindriques. Enfin M. LoRenz von LiBurNAU (3) a fait connaître, du Flysch préalpin des environs de Salzburg, une nouvelle espèce du genre Hali- meda, à thalle aplati, divisé en articles réniformes, rappelant le Hal. macroloba actuel, Les Corallinacées fossiles ont fait l’objet, de la part de M. HeYDricH, d’un travail de révision (4) dans lequel l’auteur élève au rang de genres les sous-genres proposés il y a quelques années par M. Rothpletz, mais en écartant l'identification avec les types actuels, à raison de l’impossi- bilité où l’on est, pour les fossiles, d’observer les cystocarpes et les anthéridies. Il admet ainsi trois genres : Archæolithothamnion Rotbhpl., à tétrasporanges réunis par zones les uns à se des autres, voisin du genre vivant Sporolithon; Sorithamnium nov. gen., à conceptacles à rs ouvertures, voisin des en et ÆEleutherospora actuels ; et Lithothamniseum Rothpl:,: à conceptacles à une seule ouver- ture; voisin du genre Lithophyllum. M. Capeper a décrit en outre (5) plusieurs formes spécifiques nou- velles de Lithothamnium provenant de différents niveaux du Tertiaire d'Italie, principalement de l'Helvétien des environs de Turin, et M: TRA- BUCCO à également signalé deux nouvelles espèces du Miocène de Tos- caue (6), qu'il classe dans le genre Eulithothamnion, et qui, par consé- _ devraient prendre place dans le genre Sorithamnium de M. Hey- Des nombreuses notes consacrées aux D ruée fossiles, je ne (1} H. Graf zu | PR ee of the Acelabularieæ (Trans. Linn. Soc. London, 2° ser., V, p. p. 4-39, pl. I-I V:: 5). (2) G. Stan aut : Ueber bo: eine pa Alge aus der raie der Codiaceen (Ber. naturf. Gez, zu cr es Br., XI, p. 62-72, 13 fig.; 3) J. Lorenz v. Liburna : Eine fossile Halimeda aus dem pen von Muntigl bei rade pere k. Akad. Wiss. Wien, CVI, Abth. I, p. 174- 177, pl. 2, 3; 1807). (4) F. sn : Eine systematische Skizze fossiler Melobesiae (Ber. deutsch. bot. Ges., XVILE, p. 79-83; 1900). (5) G. Capeder : raie dés &llo Studio dei Lithothamston terziari (Mal- pigbia, XIV, p. 172182, pl. VI ; 4900). . Trabucco : Fossili, iraN te ed elà dei er del Casentino (Tos- ana) (Boll. Soc. Geol, Ital., XIX, p. 699-721, pl. XI ; d REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE : VÉGÉTALE 493 mentionnerai ici que celles qui m’ont paru offrir, à un point de vue ou à un autre, un intérêt particulier. De ce nombre est la découverte, par M. RoraPrerz (1), dans une éponge fossile du Berriasien de l'Ober- land Bernois, c’est-à-dire de l'extrême sommet du Jurassique, de nom- breux RE. d’une Diatomée, que l’auteur rapporte au genre Pixi- dicula. M. CAYEUX a, en outre, dans sa belle étude micrographique des roches sédiinentaies du bassin de Paris (2), signalé l'existence de Diatomées marines, d'une part à différents niveaux du Crétacé, depuis les gaizes albiennes de Réthel jusque dans le Campanien de la Tou- raine, d'autre part daus divers tuffeaux éocènes du Nord de la France. Parmi les autres travaux, qui se rapportent tous à des dépôts tertiaires ou quaternaires, je citerai seulement les recherches de M. TEMPÈRE sur les phosphates de chaux suessoniens de la Tunisie (3), dans lesquels la conservation des Diatomées laisse quelque peu à désirer et ne permet guère que des déterminations génériques; les études de M. Clerici (4) sur les nombreux et riches gisements diatomifères des environs de Rome, appartenant au Quaternaire, dont il prépare une carte spéciale ; le travail de M. Gutwinski sur les Diatomées fossiles de Petrovo-Seljo en Bosnie (5), parmi lesquelles il a relevé une forme nouvelle du Synedra sceptrum; l'étude de M. Heipen-Rosrock (6) sur les dépôts de Diatomées du lac de Convent, ancien golfe de la Baltique à l’époque de la mer à ZLitorina, aujourd’hui isolé, au fond duquel on trouve des formes d’eau salée, d'eau saumâtre et d’eau douce, parmi lesquelles, sur 331 espèces ou variétés, l’auteur a reconnu 11 espèces nouvelles ; de nombreuses notes de M. Enwarps (7) sur divers gisements de Diatomées tertiaires ou quaternaires des Etats-Unis; enfin le travail de MM. Cap et Dun (8) sur les couches à Diatomées de la Nouvelle-Galles du Sud, dont une partie, celles de Warrumbugle, appartiennent à l’Eocène ancien, sinon même au Crétacé supérieur, (1) A. Rothpletz : Ueber einen neuen jurassischen Hornschiwamm und die darin ag COR re ga (Zeitsch. deutsch. Geol. Ges., LI, p. 154-161 ; 1900) ; achtrag (Ibi 390 ; 1900). (2; L. Sera Ch à He ] ins sédi taires (Mém. Soc. Géol. du Nord, IV, Mém. IH, 591 | p., da rte (3) Tempère : Sur les Diatomées contenues dans les phosphales de chaux suessoniens du su ud de la Tunisie (C.-R. Acad. Sc., CXXIV, p. 381-382 ; 1897). (4) E. Clerici : Boll. Soc. Geol. Ital., XV, p. 477-479; XVI, p. pi Roi p. 336- (5) R. Gutwinski: Prilog k poznavañÿu fosiinih Dialomacea w Bosni. Nas- taga WU Te kod Petrova Sela (Glasn. Zem, Muz. u Bosni i Hercegovini, X, p. 115- La }. (6) Heiden-Rostock : Dialomeen der Conventer Sees bei Doberan von der Lito- rina- bis cr Jetztzeit (Mitth. Mecklenb, Geol. Landesanst., X, 10 p., 1 pl.; 1899). Paie A. ns Edwards : Amer. monthly microsc. Journ., XVAIL, p. 124-125, AR, 3-05, p. 291- He Ps darts gs Dun : Diatomaceous earsh el he New South Wales (Rec, Geol. Surv. N. … V, p. 128-148, pl. XII-XV 494 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE B. — Bactériacées, et Constitution des combustibles fossiles, Les recherches sur les Bactériacées fossiles, et, plus a sur les micro-organismes des combustibles minéraux, se lient d’une facon si intime aux recherches sur la constitution de ces combustibles qu'il est impossible de les envisager indépendamment les unes des autres, et il devient nécessaire de les grouper sous un titre spécial, à raison du développement qu’elles ont pris dans ces quatre dernières années, tout en ne le domaine à peu près exclusif de MM. B. Renault et C.-E. Bertrand, dont les travaux antérieurs sur ce sujet avaient été ma» dans le précédent compte-rendu. M. B. Rexauzr leur a consacré une trentaine de notes ou mémoires dont je ne mentionne ci-dessous (1) que les principaux, et il a récem- ment réuni dans un important travail d'ensemble (2), accompagne d’excellentes planches phototypiques, l'exposé des résultats auxquels il est parvenu depuis qu’il a commencé ces investigations si délicates et si complexes, qu'il a fait porter successivement sur tous les types de com- tibles fossiles, depuis la houille jusqu’à la tourbe. Outre les Bacté- riacées qu'il avait déjà signalées dans la houille sous les noms de Micrococcus Carbo et Bacillus Carbo, il a observé dans certains bois houillifiés de Ets Pine et de Commentry des chainettes, les unes simples, formées de courts articles, les autres allongées en filaments souvent bifurqués, auxquelles il a appliqué respectivement les noms de Bacillus colletus et de Streptothryx anthracis, cette dernière forme rappelant beaucoup une forme actuelle, rencontrée par lui dans les bois de certaines en C'ipdotne ra pr etape le Martri. L'étude de nouveau t que confirmer la constance de composition de ces combustibles, qui se montrent tou- jours formés d’Algues, appartenant le plus souvent aux genres Reins- (1) B. Renault : Howuille et Bactériacées (Bull. Soc. hist. nat. Autun, IX, p. 475- 500, pl. XHI; 1897); Bogheads et Bactériacées (Ibid. X, p. 433-469, pl. L-IV ; 1897) ; Sur les organismes des Cannels (Bull. Mus. hist. nat., 1898, ge 105-141, 6 fig. ; 6 fig.); Note sur les lourbes (ibid, 1899, p. 50-57, 6 fig.); Considéra- tions nouvelles sur les tourbes et les houilles (Bull. Soc. hist. nat. Autun, XII, p. 303-331, 12 fig.; 1900}; Remarques sur les tourbes et Les houilles (Bull. Mus. hist. nat., 1900, p. 202-203); Du rôle de quelques Bactériacées fossiles au point de vue géologique (Congrès géol. intern. - France 1900, p. 646-663, 13 fig., pl. VI-IX). — B. Renault et A. Roche ;: Étude snr La constitution des lignites et des organismes qu'ils renferment (Bull. Soc. hist. nat. Autun, XI, p. 201-239, pl. XI-XIII; 1898); Du mode de propagation des Bactériacées dans les combus- tibles fousties et du rôle qu’elles ont joué dans leur formation ({bid., XI, > part. p. 133-147; 1898). (2; B. Renault : Sur quelques microorganismes des combustibles fossiles. Saint-Étienne, in-8°, 460 p., 66 fig., 31 pl. in-fol. (Bull. Soc. ind, min., XHI, P. 865 1169, pl. X-XXV; XIV, p.5-159, pl. I-V: 1900). REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 495 chia ou Pila, noyées dans une matière fondamentale amorphe, que M. Renault désigne sous le nom de phytozymose et qu'il regarde comme devant provenir de l’action microbienne sur les organismes végétaux tenus en suspension dans les eaux où s’est fait le dépôt de ces com- bustibles : il a reconnu en effet sur les Algues des bogheads et à leur intérieur la présence de nombreux Microcoques, Micr. petrolei, occu- pant la place de la membrane moyenne des cellules, ou disséminés dans la masse désorganisée des thalles, et qui ont pu amener la cellu- lose, par élimination d'oxygène et d’hydrogène, sous forme notamment de formène et d’acide carbonique, à la composition chimique du boghead., fermant en général peu d’Algues, partois pas du tout, mais contenant une proportion plus ou moins forte de spores ou de grains de pollen, avec quelques autres restes végétaux organisés, tels que fragments de bois ou de cuticules, ou sporanges de Fougères; certains cannels, d’Espagne et d'Amérique, ont offert à M. Renault de nouvelles formes spécifiques d’Algues, des genres Pila et Cladiscothallus. Beaucoup de ces restes organiques, les macrospores notamment, se montrent envahis par un Champignon microscopique filamenteux, présentant le port d’un s ’a nommé taux, ou dans leur épaisseur, de nombreux Microcoques qui les ont parfois profondément altérés Dans les lignites pliocènes de Durfort, M. Renault a reconnu que les bois de es étaient attaqués par des Microcoques très abon- dants, un peu plus petits que ceux de la houïlle, et qu’il désigne comme Mesébes lignitum. I a retrouvé ces mêmes Microcoques dans les lignites éocènes de l'Hérault qu’il a étudiés en collaboration avec groupe des Hyphomycètes, à conidies bien conservées ; ils ont reconnu parmi ceux-ci des espèces des genres vivants Helminthosporium et Macrosporium, ainsi qu’un nouveau type générique, Morosporium, à conidies sessiles, globuleuses ou cylindriques, formées de cellules polyé- Champignons de ces mêmes genres ont été également reconnus dans “les schistes bitumineux oligocènes du Bois d’Asson et de Ménat, accom- pagnés de frustules de Diatomées, et à Ménat de squelettes siliceux d’Amiboïdes. Les schistes bitumineux liasiques d’Anina ont de même offert à M. Renault des conidies de Morosporium, des mycéliums de : Muc édinées, ainsi que de nombreux thalles d’une Algue très voisine ‘pour le moins des Pila. 496 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE : Enfin M. Renault a reconnu dans les tourbes une accumulation de débris organiques altérés, presque sans interposition de matière fonda- mentale: on observe cependant autour de ces débris, ainsi qu’à l’inté- rieur des cellules, des flocons mucilagineux provenant manifestement de l’action microbienne. Les éléments ligneux sc montrent attaqués, tantôt par des Champignons saprophytes, tantôt, et principalement dans les parties profondes, à l'abri du contact de l’air, par des Bacté- ries variées, des Bacilles mobiles, Bacillus agilis et B, rigidus, des Streptocoques, Streptococcus diffluens, un Cladothryx ou Streptothryx, Str. Martyi, et de très nombreux Microcoques, Micrococcus paludis, qui paraissent être les principaux agents de la décomposition des tissus et de la transformation en tourbe. (A suivre). 425 — Lille, imp. Le Bigot frères. Le Gérant: Th. Clerquin MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT ue générale de Botanic + paraît le. 15 a chaque à 48 La Re mois et cHURE Deer est composée de xLe: et figures dans 1 pages avec ni e prix annuel Lavable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue _… Bouloi, à Paris. On peut se procurer tous is ouvrages analysés dans les Revues spéciales ou ceux annoncés sur la couverture de la Revue, chez MZ. Jules PLELMAN, 2, rue Antoine Dubois Paris. exe die e au spéciales Fr ous vrages, mémoires ressé au Directeur de la Revue agite à de ar sna fn De plus en qu. pans er sera annoncé immédiatement a couverlur auteurs des travaux insérés déns la Revue générale de : Botanique ont droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en cs à par LISTE DES AUTEURS des principaux Mémoires ou Articles parus dans la Æevue générale de Botanique AugerT, docteur ès sciences. BATTANDIER, Ÿs ren jat à l’Érole de médecin ue BERNARD, m . PRE à la Faculté des née de BOERGESEN, ol _ sciences à l’Uni- versité de Copenhague pps (Gaston), par de lAcadé- è des Sciences D membre de l'Académie des sciences Boupier, président de Ia Société de Mycologie. ie doyen de la Faculté des Sciences de Besançon, BRiQuET, prof. à sa de Genève, BRUNOTTE, é du Code à l'École de s Dlarmiicio de Nan CHAUVEAUD, diecteuradjont à l'École des Hautes-Etudes CosTANTIN violer au Muséum, Couprin, dcéienh ès sciences. DaGuiLLon, maître de Conférences à la DaNiEL, docteur ès sciences. DassonviLce, docteur ès scien DEvaux, gi à l’Univer- sité de Bordeaux DRAKE DEL Casio (E.), président de la Société ne de France Durour, directeur-adjoint du Labora toi to * végétale de Fon- ri 1: A ERIKSSON koh, Lstredr xd à l’Acadé- e d'Agriculture de Suède FiNET, Er au . um, FLAHAULT, rise r à l’Université de Montpe ellie FLor, docteur es sciences, docteur ès sciences, Gain, maître de PR F YUni- ve ancy. EAU MARLIÈRE, A tr à l'Ecole de médecine de s. Gousurne, he ee sciences de l’'Uni- é de “pe ns us (M'e ide assistant à l'institu t AR ce de Léopol. GréLor, professeur à ne supérieure de pharmacie de GRiFrox, professeu d'Agriculture de R Net membre de l’Académie des ien: r à écris supérieure Rennes. GuizciERMonp, docteur ès scienc: HecxeL, prof. à - RE de Merseille. " de Nanc Henry, prof. à l'École forest Henvier (L’Abbé Joseph). HickeL, garde général des forêts, HocHREUTINER, ie ee sciences de l'Université de Genèv Hovanp, préparateur à ss Sorbonne, Houzserr, docteur ès scie Hue (1 *abbé), lauréat de l'Institut. Hy x etes = «ru ng à la Facuité holiq ers. scans re rés dé ai: Jacos A H.), cha de " re l'Université és Pi 4 ns ANCZEWSK1 (de), professeur à l'U - sité de Cracovie. a ’ “er 288 de l'Université d'Utrecht. UMELLE, professeur-adjoint à la des Sciences de Ma : rseille. _—. | |LarEt . prof. à l'Université de “ LecLErc DU SABLON, eyes Las ral de Tou de tien de en de la Faculté | LéGer, docteur ès scien pince ag Va de Contre ences à l’Uni- Lama, docteur sa sciences. , de l’Université de Copenhagu GLS Ceorar hi Age à l'Ua- é äe Minn < tes M à nié de Besançon. Marmier, docteur ès sciences, MASCLEF, et vateur collections botaniques de a Sorbon srnscnor, maître de dde à l'Écoie Normale Supérieure. Mer, a, dre ecteur de la Station forestière ea, PERS à l'École de méde- e de I ne maitre de Conférences à la Sorbon Mouowve, “docteur ès sciences, Mar- bour: PALLADINE, | ds à l'Université de Saint- Pétersbourg. PARMENTIER, chargé de cours à la Faculté Sci nçon PauLcsex (Ove), docteur ès sciences de l'Université de Copenhague POoSTERNAK, ee ès sciences D: PUni- versité de Zur ire) Rares re sciences de l'Uni- rsilé d e Copenhague re. membre de l'Académie des Sciences, PRuNET, prof. à l’Université de Toulouse. Ragor (Charles), explorateur. i Rap «x à de conférences à l'Univer- é de Lyon eh (William), docteur ès sciences. Saporra (de), corresp. de l'Institut. Seicenerrte, docteur ès sciences, Téovoresco, docteur ès sciences. Taou PR, professeur à l'École de médecine de Besançon TRABUT, per à l'École de inêdec, d'A er. VALLOT Le ë directeur de l'Observatoire du Mont-Blanc. . “roue membre de l’Académie her per rar Yinstitut agronomi que VRiEs (Hugo eye, “ga à l'Univèr. sité d'Âm WARMING, art à er ve rare l’Académie d ZEILLER DpoDe de |! Sciences. 6 ANOYIPI I ‘onvauos SU9 O[ SUUG "SHEG ‘LOINOŒ NP on anod üS : "II ZT) SOUVAI OZ 9Pp SUUOS VU] quuÂoauo u9 $O6TH anod quo U9IY datopnoaA op o141d Jo uo ‘22099 UI 9P FOAUS,I suvp pav)oa op mi ed ou Ue LA ERALE N REVUE GÉ , LE ofiuer ex ?1 net wl un cg “ENOdNG Ac LV ‘IN € ju uos oo \nouoa : > re : = 4 em E 2 2 . FA « Pr Le A s ei a É à + seen D En N 5 - à 3 & = un fa = Le Q “ = ä : + (æ) A (0 e + S ol FA ee rs al mr 5 F d i E à | à < se 1 D Se. . D + 10 ne * Los cé = 4 (4 « mA Es S nn - B à Œ D « se = s à : = = a + Fan =] m En De di 5 2 ) : î *GO6HE °P SUMIOA np 9241nJJ19AN09 VU] QUO JU OJQUUNU 97) — ‘SIAV 4 LIVRAISON DU 15 DÉCEMBRE 1902 L — INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLU- “* TIONS SUR L'ÉNERGIE RESPIRATOIRE ET SUR LA TRANSFORMATION DES SUBSTANCES DANS LES PLANTES, par M. W. Palladine et Mie A. IL — DIGITALES MONSTRUEUSES (avec figures dans le texte} Dar M. Hi. Fockeü. .: ...-.:..... 517 JL. — MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES (avec planches), par MM. L. Matruchot et D Molllard Os nr mn. + +. 0, 522 IV. — REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE publiés dans le cours des années 1897-1909, par . Zeiller jsuitè}. . : 5. . . . .. . + 539 NE — REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES parus de 1899 à 1900 (suite), par Con... ne - 5... . . . . 544 Mie livraison renferme quatre gravures dans le texte.. : MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT * CE Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque ee et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : O ir. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'Étranger. _ Aucune livraison n’est vendue séparément. .. . Adresser les dntsides d'abonnements, mandats, etc. à M. Paul . DUPONT, 4, rue du Bouloi, à _— _ Adresser tout ce qui concerne à M. Gaston BONNIER, la rédac. ur à la Sun 15, rue de FEstrapade. Par. sera Ar comp te dans les revues s er . ouvrages, mémoires La Revue F et rs des travaux insérés dans Fe pe. re de nee fé pa ce Fa) + % ÿ L'INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS SUR L'ÉNERGIE RESPIRATOIRE ET SUR LA TRANSFORMATION DES SUBSTANCES DANS LES PLANTES par M. W. PALLADINE et Mie A. KOMLEFF La question de l'influence de la concentration des solutions sur les plantes a été étudiée d’une manière très insuffisante, Pour ce qui concerne spécialement l'influence de la concentration sur l'énergie respiratoire, il existe seulement les travaux de M. Iwa- nowski (1), de M. Puriewitsch (2) et de Kosinski (3). M. Iwanowski 0 PA MRERs, a trouvé que le rapport a durant la multiplication de la levure sur une mince couche d’une solution de saccharose, varie fortement selon le degré de concentration de la solution. De fortes solutions retardent ce développement de levûre. Les recherches étendues de CO, 0, , de l’Aspergillus, varie selon le degré de concentration des substances nutritives absorbées. Enfin, le mémoire de M. Kosinski, publié pendant l'exécution du présent travail, a montré que des variations subites dans le degré de concentration de la solution avaient de l'influence sur la quantité d’acide carbonique dégagé par l’Aspergillus. Avec une concentration plus faible, Kosinski a constaté une augmentation rapide d'énergie respiratoire. Avec une plus forte concentration, l'effet contraire se remarque. M. Eschenhagen (4) a observé l'influence de la concentration sur (1) Iwanowsky : Recherches sur la fermentation alcoolique. Saint-Péters- bourg, Ce p. 45. (2) Puriewitsch : he Unt hungen über Pfl thung. Pring- sheim’s Hbvbächer, XXXV, 1900, p. 573. (3) Kosinsky : Propre Jahrbücher für wissen. Botanik. XXXVII, p. 137. . 14} Eschenhagen : Eïinfiuss von Lüsungen verschiedener Concentration auf das Wachsthun von Schimmelpitzen, 1 1889. Rev. gén. de Botanique. — XIV. 32 à 0 498 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE le changement de croissance de l Aspergillus. M. Wortnann (4) a étudié la croissance des cellules sur des solutions de saccharose. Enfin, les recherches de M. Kiebs (2) ont démontré la possibilité de la formation de nouvelles membranes autour de protoplasmes séparés de leur membrane première. M. Dassonville (3) et d’autres investigateurs avant lui ont démontré l'influence de la concentration des sels nutritifs. La recherche actuelle a été exécutée sur des feuilles étiolées de Vicia Faba. Les feuilles enlevées ont été placées sur des solutions de saccharose stérilisées de différentes concentrations et ex posées constamment à la lumière solaire, diffuse. Dans un cas seulement — Expérience n° 9 — la culture sur saccharose a été faite dans l'obscurité. La quantité d’acide carbonique dégagé pendant la respiration a été déterminé à l’aide des tubes de Pettenkofter. L'appareil fut installé d’après la description de Piefter. Pour l’expé- rience, les feuilles ont été enlevées de la solution de saccharose et placées dans un tube en forme d’U que traversait un courant d'air privé d’acide carbonique. Donc, pendant l'expérience, toutes les feuilles reçoivent un excès d’air. Si l’on avait laissé les feuilles sur les solutions de saccharose pendant expérience, la respiration intermoléculaire aurait pu facilement avoir lieu (4). Dans quelques expériences, on a déterminé dans la substance sèche des feuilles, la quantité de matières protéiques non diges- es dans le suc gastrique (5). Les matières protéiques ont été déterminées par la méthode de Stutzer : quant à l'azote, on le détermina par le procédé de Kjeldah]. L'influence de la concentration des solutions sur l'énergie respiratoire, ainsi que sur d’autres phénomènes physiologiques, peut être étudiée à deux points de vue différents. Premièrement, on peut étudier, dans une série d’ rasée phnièles, Ÿ infuence du séjour plus ou moins prolongé su ns us dar pént étudier l’action de variations entration. Dans le présent Mémoire, (4) Wortmann : Bot. Zeitung, 1889, p (2) Klebs : Bedingungen der rhin (3} Dassonville : Revue générale de Botanique, 1898, X . 45. (4) W. rer Berichte botan. Gesellschaft, 1902, (5) La étérmination de la quantité des matières : ee été faite jé Mademoiselle Komleff, 4 enter di INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 499 c'est à ces deux points d# vue qu'a été étudiée l'influence de la concentration des solutions de saccharose sur des feuilles étiolées. [. INFLUENCE DES DIFFÉRENTES CONCENTRATIONS DE SACCHAROSE SUR LES CULTURES. Expérience N° 1 Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été soigneusement mêlées et partagees en trois portions. a) 3r-549 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 10 0/o, à la lumière. b) 3sr 96% de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 20 °/5, à la lumière. c) 35-678 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 30 °/o, à la lumière. S QUANTITÉ D'ACIDE CARBONIQUE DÉGAGÉE (en milligr ) 2 © — 3 8 Saccharose à 10 °/, | Saccharose à 20 °/, | Saccharose à 30 °/o 3 5 COR SE RS PO CR CR. ES D 8 &sle 3 8 2 8 © à co ES 8 = ÈS 82 = 22 È 2: T = A|0E L= | 2= À 28 Ex Fa fa Fr De œ © = © © S © De] 55102 Zo |%wS35&| 2% So |w=©|10» 52 |&=9© a < es LS |SSIRSslss [AS ISA | sé SAlRs |s Éd à el © Pa D D + l'O © n œ |D2 OT) © nœ |Ÿ © a © 85 3 ÉD |STalTsa A 0 HP LE 4 STaelT os = © -lo—| *S l2:0l208 59 gE°/2%8 re 2E°|2T8 FE) , À 2 S bals: SOS Lt S à | Sarre = -MA 2e — © — es |» ol 2 2 2 si = = S à © le a w | = sos|e 5 |A [ES SSS)Se | 28 SSS)S | 58 [ESS - 5 osElou 15 lésslos 125 los£lSE 1 111/2) 8,0 | 150,2 3,6 | 60,5 3,0 54,3 19° & » » 164,8 6,8 |114,4 5,4 97,8 18 Saccharose à 20 °/o 8 2 111,2 | 157,7 | 44,6 | 8,4 |106,6 | 29,5 | 10,4 nus] 36,5 | 18 A la fin de l’expérience les feuilles ont été lavées et séchées à la température 1050. | Le poids de la substance sèche était : a) 18-2532 ou 35,3 °/.. b) 18r.4190 ou 35,7 °/.. c) 18'-4164 ou 38,4 °/.. On à déterminé la quantité de l’azote de matières protéiques non digestibles contenue dans la substance sèche. 500 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Saccharose à 10 °/o 1) 0:":4160 de substance sèche contiennent 0s'-00719385 d'azote, OI LS 2) 0er.3622 de substance sèche contiennent 08'-00630872 d'azote, ou 1,740 °/.. 3) 0sr-4750 de substance sèche contiennent 0s"-00807752 d'azote, ou 4,700 °/, ; en moyenne 1,72 °/.. Le rapport de la quantité d’acide carbonique, dégagé en une heure, à la quantité d’azote non digestible est : CO (26. N LÉ Saccharose à 20 °/ 1) 0c-4653 de substance sèche contiennent 0s'-00542432 d'azote, ou 1,16 °/.. | CE in ue 0,25. Saccharose à 30-20 °/. 4) 0s-4230 de substance sèche contiennent 0s"00094333 d'azote, ou 0,22 °/,. | 2) 0&-4430 de substance sèche contiennent Os 00117920 d'azote, ou 0,26 °/.. 3) Or 5504 de substance sèche contiennent 0s".00159192 d'azote, ou 0,28 °/, ; en moyenne 0,25 °/.. Expérience No 2 Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été partagées en quatre portions. a) 4x'-735 de feuilles ont été séchées. b) 6+" 080 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 1 °/,, à la lumière. c) 5s'-468 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 5 °/,, à la lumière, d) 5: 655 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 10 °/,, à la lumière. INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 501 É QUANTITÉ D'ACIDE CARBONIQUE DÉGAGÉE (en mgr.) per 2 © se N ’ ie 8 Saccharose à 1 °/, | Saccharose à 5 °/, | Saccharose à 10 °/, S ADR letariist MÉRHES FN ETES ee a | 2 mn sr ea Selle |£ 8 o |S = ju © 2 ns 4 2 à 2 © B51X513 | A er #2. 2 |£ nol?%5le 5 21£2 © ELA ER o 5 2! +9 Fr £L 2n Fi 5 225 mn Es 225 > Q 5alo Sn | Ssis Le 25! S& Te Lol 2 Où 2£1S5100 1s841 .8| SO lss4| 8) 0,0 |g84lT8ls + D rs = © re A » © Ce ne » o sl sc|ia © à ST |£SËE SE | ST SE S | ET LA DS l'E = 3 E MD £S|s% = CREER = w E=| =® œ © | œ _ pos = æ Le) ou she 5 | DAS le 215 le 5 À S | ie no |S a fa . 5.1 172 | 9,2 | 100,9! 53,3 | 45,2 | 185,2] 77,4 | 44,0 | 427,7) 44,6 | 19 Le poids de la substance sèche était : a) O0:r:894 ou 18,8 0/0. b) 1:°-1496 ou 18,9 0/0. c) 18-344 ou 24,5 0/0. d) 42:573 ou 27,8 0/0. Dans la substance sèche a été déterminée la quantité de l’azote non digestible. Première portion : 1) 0x'-4360 de substance sèche contiennent 0£":00160704 d'azote, ou 0,36 0/0. 2) Os 4340 de substance sèche contiennent 00016070 d'azote, ou 0,37 °/, ; en moyenne, 0,37 °/,. Saccharose à 1 °/o 1) 0zr-3090 de substance sèche contiennent 0s"-00142848 d'azote, ou 0,46 0/0. 9) Ozr 3670 de substance sèche contiennent Os 001785 d’azote, ou 0,48 °/o. 3} 0sr-4736 de substance sèche contiennent 0e" 00220224 d’azote, ou 0,46 °/, ; en moyenne, 0,46 0/0. | | co — = 4,6. N 1 Saccharose à 5 °/o . 1) 0sr-4564 de substance sèche contiennent 0s"-00389136 d'azote, ou 0,85 °/o. né 502 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 9) Os 4296 de substance sèche contiennent 0cr-0035376 d'azote, ou 0,82 9/0. 3) 0r-5582 de substance sèche contiennent Osr-00389136 d'azote, ou 0,84 °/, ; en moyenne, 0,84 0/0. 60, = = 0.2. Saccharose à 10 °/o 4) Osr-5122 de substance sèche contiennent Osr-00288909 d'azote, . ou 0,56 °/.. 2) Oe.5260 de substance sèche contiennent 0r.002448 d'azote, ou 0,56 °/.. 3) Oer 3348 de substance sèche contiennent 0s'-00300696 d'azote, ou 0,56 °/, ; en moyenne, 0,56 °/.. COS. ve 0,83. Expérience N° 3 Les feuilles étiolées de Vicia Faba, très petites, ont été partagées en deux portions : a) 3er-971 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 5 °/,, à la lumière. b) 4er-037 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 10 °/o, à la lumière. : QUANTITÉ D’ACIDE CARBONIQUE (en mgr.) st mm H à E Saccharose à 10 +/ Saccharose à 5 °/, a 25 FR: : = _ SN ne let SsEl ao | © Es © 2 Es E 43 55 = == g5 = = r: > GUSPSET Se SMS a Dauml.ss | à si a 2 a 05 FA a. où n = paslsol Se lois, | es 1 221211 222 S D FLE @ as ot T = à + 2 "ss 2 8 © 32 ee = A 5 © 3,2 pe D = £ 2 on 44 FE 4 mA ee ES 0 = ST PSE ns EE E : & © © 2 = &æ &. S 2 ] De 3 < ar © 8 mn © 8 n 4 16,0 ‘100,7 212 131,1 47 8 3 2 | 1275 8 | 106,6 16-47 8 2 11,6 186,0 56,0 10,6 138,9 45,2 17-19 INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 503 Le poids de la substance sèche était : a) 18-034 ou 26,0 °/.. b} 1er.218 ou 30,1 °/.. Saccharose à 5 °/ 1) 05-462 de substance sèche contiennent Os'-0011904 d'azote, ou 0,25 °/.. 2) 0er.572 de substance sèche contiennent Os'-00136896 d'azote, ou 0,24 /, ; en moyenne, 0,25 0/6. CO, N A Ne À Saccharose à 10 °}, 1) 0:'-4008 de substance sèche contiennent 0s'.0017856 d'azote, ou 0,44 °/.. ; 2) 0e':4464 de substance sèche contiennent 0:":00189964 d'azote, ou 0,42 °/, ; en moyenne, 0,43 0/0. NN. == 1,0. Expérience N° 4. Les feuilles de Vicia Faba, petites, ont été partagées en deux portions : a) 33-346 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 9 °/o. b) 3e 788 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 40 °/.. à QUANTITÉ D’ACIDE CARBONIQUE [= CR © 5 Saccharose à 5 ?/, Saccharose à 10 °/, 3 - CU RS — . Sn lusS 4 & £ e … © 2 Ë S 5 = CRE = = = “ LS | à co 5) 21), “@ 2 ERP = RS n NA lt. |" Sr Sd ie. . Sa es | OZ, 4 © a À % se & £, 2 a mu © qi à. © © s 2 © 5 2 Z Z og = D » oo Æ rs] rt D 5 84 us à 5 TS é Ë = © a w $ c w x 3 5 2 & 8 & 8 2 21/2 13,2 À La re 15,2 . 160,5 17-19 6 3 12,4 123,5 15,2 133, 504 +: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Expérience N°5. Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été partagées en trois portions : . a) 3sr-689 de feuilles ont été séchées. b) 4er.349 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 5 °/,, à la lumière. c) &er.535 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 20 °/,, à la lumière. QUANTITÉ D'ACIDE CARBONIQUE © © Em © "©" EC na |E Saccharose à5%/ Saccharose à 20 °/, - QD ASE 1 i Ke RS 2 PRE ORPI 7 à | E 505] 27 e E © Er) = Æ © go < S | — 2 FA Z Ex "4 PA = [A sue: = sgalon | fs À 88808. Lée LS! ot LE S 2 œ © = «A a — F 5 3 8 | & 3 2 es, = © Es | 7 3 22,0 112,0 42,3 20,8 103,0 32,4 19 | 508 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Le poids de la substance sèche était : a) 12-733 ou 26,4 0/0. b) 2er 137 ou 31,7 9/0. Expérience N° 9. Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été partagées en deux portions : a) 72.287 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 5 °/o, dans l'obscurité. b) 7.449 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 20 °/o, dans l'obscurité. QUANTITÉ D’ACIDE CARBONIQUE E ———— | oi 2 a Saccharose à 5 °/, Saccharose à 20 °/, ma 2e Te Rs De D mn n BRÉ| $È = 2 £ 3 Es 2 E 2®8| 23 S =. Ÿ 3" = = © Se ps RETeE TE Ê Das à 3 £ D 25 : 8 = un “= © D T ai © s ee | + , En o1Te " o£E T & © AE T 2 en Lena 2 Nes TS = 32 © 5 = = = SE DS S © œ = E4 a = © Œ + be [e2) À 5 si ST LÈe ès ST EÉ e S En ” A a & © à. = CS s 2 ee œ — he en | s Sohses |8 É (= à A F © = | È 1/2 14,4 79,0 31,9 1: 60,1 14,2 17-18 | Le poids de la substance sèche était : a) 18-8278 où 21,5 °/.. b) 2er.5998 ou 34,8 °/. Expérience N° 10. Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été partagées en deux portions : 4) 68"-259 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 5 °/,, à la lumière. b) 6er 373 de feuilles ont été placées sur la solution de saccharose à 20 ‘!,, à la lumière. INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 509 QUANTITÉ ess CARBONIQUE 2 ie É a a Saçcharo:e à 5 ?/, Saccharose à 20 ?/, fa Sa e = ————— ——— À ——— = RER ES pe . on CET £ © 2 3 È © Ex s83| 25% Se =D | ='"S = CRT z' s ‘| —s PA Pot © a 2 y à T2 = af eee egs re | Bo | ESS es | à S+Slse h OS | o8a | T8 “Oillress:l 8 E D fa + £ © E— 8e 2 © Son pi ss] RE È Z£S HS à a ST ÈS #5 = D = = 5 De = D à Fu A 3 o Ts 5 = "+ ee 4 2 . © — É 9::121/2 45,6 99,6 35,4 11,16 72,8 19,6 117-148 ? , ? ? Le poids de la substance sèche était : a) 18-7586 ou 28,1 °/.. lb) 2er-3586 ou 37,0 °/.. Les expériences détaillées ici montrent que, dans la culture de plantes sur des solutions _ RE EEE on ur l’action la plus favorable sur l’énergie resp ti Avec une augmentation ou une Huiiitios de concentration, on constate un abaissement d'énergie respiratoire. En désignant par 100 la quantité d’acide carbonique dégagée par les feuilles dans une heure sur une solution de saccharose d’une concentration de 5 ©}, on trouve qu'avec des solutions d’une autre concentration, la quantité d'acide carbonique dégagée pendant le même temps est est indiquée dans le tableau suivant : moyenne Durée Numéros | ju séjour | Saccharose | Saccharose | Saccharose | Saccharose + den n à 0 rer 0 à Li) expériences sr hgrie re he See É To 07 ce db 3 1 _ d 2 5 mp: 100, 70 3 1 je 100,0 130,1 3 8 100,0 82,8 a 8 100,0 95,1 n 2 100,0 101: i 6 100,0 108,3 8 7 100,0 910 5 1 100,0 70,8 ÿ 45 100,0 61,3 = 3 100,0 70,2 8. 8 100,0 81,2 9 100.0 76,0 FA 9 100,0 73,0 510 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Donc, parini les quatre degrés de concentration qu’on avait pris, la solution de saccharose de 5 °/, était la plus favorable à la respi- ration des feuilles étiolées des Fèves. Pour d’autres plantes, on pourra naturellement avoir un autre degré de concentration. Même pour les feuilles étiolées des Fèves dans la quatrième expérience, on à trouvé que la solution avec une concentration de 10 °/, était plus favorable. Pour cette expérience, on avait pris de très-petites feuilles. On obtient une différence encore plus saillante en prenant pour base de comparaison, non pas le poids de feuilles fraîches au commencement de l’expérience, mais la substance sèche à la fin de l’expérience, ce que montre le tableau suivant : Numéros Durée du séjour | Saccharose | Saccharose | Saccharose | Saccharose : les solutions| à 1 °/ à 5°/ a 10° à 20 °/ expériences (en jours) . ° /e . 2 Ë 76 | 1000 2 100,0 3 tien Foi 64000 dé 8 7 100,0 765 5 15 100,0 è 44,3 6 8 100,0 46,7 9 9 100,0 54,6 10 9 100,0 ‘1:50,5 La diminution dans l’énergie respiratoire, lorsqu’on opère avec de fortes solutions, ne dépend aucunement de la quantité de sucre assimilé, puisque cette quantité augmente avec le degré de concen- tration de la solution ; cela se voit dans le tableau suivant qui donne en °/, la quantité de matière sèche pour des solutions de saccharose de différents degrés de concentration. S Numéros du séjour Feuilles | Saccha- | Saccha- | Saccha- | Saccha- des cexpé-| suries |cueillies et! rose rose rose rose riences | Solutions | séchées | à 1 °/0 à 307, | à 100 Jo | à En) A n .(en jours) 18,8 18,9 27,8. 19,2 30,1 31,7 + SENS … Q0 Or 1e © © QE 20,4 B co ON Sum Souci _ 5 0,37 0,46 0,84 0,56 5) 15 0,33 0,59 0,38 7 3 0,38 0,48 3 8 0,25 0,43 6 8 1,01 0,42 1 8 4,72 1,16 0,25 En prenant comme 100 la quantité d’azote non digestible sur Ja solution de saccharose d’une concentration de à °/,, On obtiendra, dans le cas de solutions d’un autre degré de concentration, les chiffres suivants pour la quantité d’azote non digestible : Numéros ps ia Feuilles Saccha- Saccha- Saccha- Saccha- des .expé-| Sur les |coupées et| rose rose rose rose É solutions A EL ; ' 20 riences | (en jours) | Séchées | à 1° à 5°/, | à 10°/, | à 20e} 9 5 44,0 54,7 100,0 66,0 5 45 55,9 » 64,0 7 3 78.9 » 3 8 » 172,0 6 8 » 41,5 Done, les solutions d’une concentration moyenne sont celles qui favorisent le plus la formation des matières protéiques non diges- tibles. Que l’on diminue ou que l’on augmente le degré de concentra- tion de la solution de saccharose, on retarde cette formation. Pour les feuilles étiolées, la concentration à 5 °/, a été, de toutes les solu- tions prises, celle qui a donné les meilleurs résultats. Seulement dans le cas de petites feuilles (Expérience ne 3), une solution de 512 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 10 o/, agissait le mieux. Le degré de concentration convenable varie d’après les plantes el naturellement dépend de la concentra- tion et des propriétés du suc cellulaire. Le rappport de la quantité d'acide carbonique dégagé à celle de l'azote des matières protéiques non digestibles, pour des solutions de différents degrés de concentration, est comme suit : Durée Numéros du séjorit Saccharose | Saccharose | Saccharose | Saccharose sur Îles à à à solutions ”. 5 expériences| {en Ours) sfr à HER 507, 104/; 20 / { 3 1,1 1,1 2 5 1,16 0,92 0,83 5 15 0,7 0,5 4) 8 22 1,0 6 8 0,45 0,5 1 8 0,26 0,25 Donc (à l'exception de l’expérience n° 3), on voit que la quantité de gaz carbonique dégagée dépend de la quantité des matières protéiques non digestibles. Par exemple, dans l'expérience n° 7. en opérant avec une solution de saccharose d’une concentration de 4 °/0, 10# de matière sèche dégagent 42e 7 de gaz carbonique ; avec une solution de 5 °/, de concentration, il s’en dégage 53%., c’est-à-dire beaucoup plus; en prenant comme base de comparaison la quantité des matières protéiques non digestibles, on obtient dans les deux cas le rapport 1,1. L’inspection des chiffres dans une direction verticale nous montre de grandes variations pour les différentes expériences. Puisque les feuilles étaient d’Âge différents, on peut faire deux hypothèses : ou le suc gastrique agit différem- ment sur les nucléo-protéides, selon l’âge, ou bien l'énergie respi- ratoire du protoplasme varie avec l’âge. IT: INFLUENCE DES VARIATIONS SUBITES DE LA CONCENTRATION : DE SACCHAROSE Expérience N° 11. 12.682 de feuilles étiolées de Vicia Faba ont dégagé les quantités suivantes d'acide carbonique : INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 543 a © LE 1 a a © © n 8 © AS © D | © | Eu 5e CE © 5 8.0 w Ÿ 5... © 5 Es |$4s8 | 885 | sTS lentes) s 8e) a © CRE 5 à 2 © © à |F3L 02) 268% pr) 2.2 AS2S a KA AD ons) 4 do e o — © © T © 4 TT o À De El & 8 2 5 3 a 8 85 3 | 25 5 © © LE DT = re 2 En 14 0/0 9 jours 1 13,2 99,3 48 30 0/0 | 1 heure l 13,8 98,3 |— 30/0 18 30 0/0 24 heures 1 11,4 83,3 — 10 0/0 48 10/0 | 1 heure 1 14,8 105,2 |+925,30/0| 18 Expérience N° 12. Asr.554 de feuilles étiolées de Vicia Faba ont dégagé les quantités suivantes d’acide carbonique. a © CE a & SE less. leës ll. 8 ses ol 33 Ë ss | vies | TSÉ | oue |[ESSSE| sel € — & o 2SE 8 e ë L= E à HE00 © f “= © ri ES 5 ON TR-E- à Ÿ D © 2e a © © 04 © € a à 8 555 | EX fée LV re BE © E n © K € © 4 20 Ep a aTSE A ne : 2" © s © © 3 es Me _ 7 - < 8 _ 5 0/0 3 jours 2 4/2 13,6 97,9 17 5 0/0: 2 jours 2 12,4 111,6 9 20 0/0 2 heures 2 11,0 99,0 — 11,20/0 19 20 0/0 2 jours 2 8,8 79,2 18 20 0/0 4 jours 2 10,8 97,2 21 5 0/0 1 heure 2 16,4 451 2 + 55,5 0/0 21 5 0/0 4 jours g 12,0 108,0 21 l’eau |1/2 heure 1 8,4 151,2 + 40,0 0/0 21 l’eau |1/2 jour 2 15,6 140,% 21 Expérience N° 13. 5z-499 de feuilles étiolées de Vicia Faba ont été cultivées sur la solution de saccharose à 20 °/, pendant # jours, sur saccharose à 25 o/, pendant 6 jours, sur saccharose à 30 °/, pendant 2 jours, sur saccharose à 35 °/, pendant 4 jours à l’obscurité, et enfin sur la même concentration pendant 8 jours à la lumière diffuse. Toutes Rev. gén. de Botanique. — XIV. 33 14 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE les feuilles étaient jaunes (1). Ces feuilles jaunes ont dégagé les quantités suivantes d’acide carbonique : a © = a à a 5 2 SE | ES ss | 2. 585.13 £ É = Ë 20 e2 o 2 0 5 CEE + ne æ s- 2 Pnba | à © © SE EI FTES TEE E 8 8 s59a8 | ss | Sex | ÊLws | £°Se & S,5 [ASS | ASS | £ a 532%: à 2 © © SENS 208k# © a © = © S M = & © D go "a © _ sn © ous | »S 2° LS Ë 15 0/0 3 jours 2 10,2 122,7 19 25 0/0 — 1 6, 79,4 |— 35,2 0/0 20 50 0/0 4 — L-: 5,8 69,7 |— 12,2 0/0 19 L’eau 1 — 2 12,8 454,0 |—+120,90/0 20 Expérience N° 15 Les feuilles étiolées de Vicia Faba ont été divisées en trois por- tions. Chaque portion a dégagé les quantités suivantes d'acide carbonique : (1) W. Palladine : Ein/luss d. Concentration der Lüsungen auf die Chloro- philbildung in eliolirten Blüttern. (Berichte d. deutschen botan. Gesellschaft.) 1902. INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SOLUTIONS 515 Première | Deuxième | Troisième portion portion portion Quantité de feuilles fraîches ...... ......... 7,530 7,200 7,878 Concentration de saccharose...... étre re 15 0/0 15 0/0 15 0/0 DRSS QU-MOPRE re LE .| 6 jours | 6 jours | 6 jours Durée de l'expérience. ..... ............... 2 heures] 2 heures| 2 heures Quantité absolue de l’acide carbonique dégagé 11,0 11,0 12,6 Quantité dégagée par 100 gr. de feuillesen1h.| 77,0 70,8 79,9 Concentration de saccharose................ 45 0/0 5 0/0 25 0/0 DPI SOU, . 5:51: sers sus c ere FE IOU 1 jour 4 jour Durée de l'expérience. ..:....... ...... _. 2 heures] 2 heures! 2 heures Quantité absolue de l’acide carbonique dégagé.| 13,2 20,6 11,2 Quantité dégagée par 100 gr. de feuilles en 1 h.| 87,6 143,0 71,0 Concentration de saccharose, ............ .. 15 0/0 5 0/0 25 0/0 HUEO6 ŒU OUI... és: D 140 0 2 jours 2 jours | 2 jours . pas nb ds RE D ie ee 2 heures! 2 heures] 2 heures b 2,0 14,8 10,8 Quantité dégagée par 100gr. de feuilles en n1. 79,5 | 102,7 68,5 Quantité de la substance sèche .........,... 33,0 0/0! 29,2 0/0! 36,1 0/0 CO, par 10 gr. de la substance sèche... ... .| ‘24,1 35,2 18,9 Les expériences décrites dans cette partie montrent jusqu’à quel point des variations subites dans le degré de concentration des solutions de saccharose agissent fortement sur l'énergie respi- ratoire des feuilles étiolées. En transportant ces feuilles dans une solution de concentration plus faible, on augmente rapidement leur énergie respiratoire. En les transportant duns une solution d'une concentration plus forte, on diminue leur énergie respiratoire. La courbe ci-jointe (Fig. 60) donne une représentation visible des variations de l'énergie respiratoire quand on change le degré de concentration du saccharose. Les feuilles étiolées de Fèves sont particulièrement adaptées aux expériences sur l'influence de concentration des solutions, puisqu'elles sont à mème de supporter non-seulement une très forte concentration, mais aussi des variations subites de concentra- tion. Ainsi, par exemple, on peut les retirer d’une solution de saccharose à 50 °/, et les transporter immédiatement dans de l’eau 516 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE pure. Il est vrai que dans l'eau, beaucoup des feuilles commencent à dépérir le second jour, mais une partie d’entre elles continuent à ns, ns, eat 15 °/0 25 °/ /, Fig. 60. — Variations de l'énergie avec le degré de concentration du saccharose., vivre encore pendant très longtemps. Si l’on change souvent les solutions, les feuilles étiolées séparées de la sé restent parfai- tement saines pendant deux mois. Saint-Pélersbourg. — Laboratoire de physiologie végétale de l'Université. DIGITALES MONSTRUEUSES par M. H. FOCKEU La Digitalis purpurea L. présente fréquemment, à l'extrémité de ses grappes florales, une fleur ou un groupe de fleurs monstrueuses qui donnent à l’ensemble de l’inflo- rescence un aspect bizarre. Dans un même jardin de Lille, J'ai recueilli, en très grande abon- dance sur cette plante trois types de monstruosités que reproduisent les photographies ci-jointes. I La fleur terminale de la grappe a, dans le premier type, l'aspect d'uve campanule. Elle présente un double périanthe régulier, consti- tué d’abord par 10 folioles vertes corresponñdant à un calice. — Cette première enveloppe protège une pièce corolliforme, campanulée, à 10 lobes, dont 6 beaucoup plus dé- veloppés que les 4 autres. L’exté- rieur de la corolle est coloré en rose tendre, l’intérieur est d’un rouge vif avec taches ocellées. Elle est échancrée sur un côté, suivant la ligne médiane de symétrie des 6 grands lobes (fig. 61). L'androcée est représenté par 8 étamines, 4 grandes et 4 petites. La partie centrale est occupée Fig. 61. 518 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE par un ovaire normal, à 2 2 loges, avec un style et deux stigmates. 11 semble que cette monstruosité résulte de la croissance simul- tanée, sur un même réceptacle, de deux fleurs qui ont contracté Fig. 62, entre elles des adhérences. Les pièces externes du calice ont échappé à la dé- formation et se retrouvent au nombre de 10. Les composants des deux corolles sont égale- ment au complet. Les corolles, étalées, sont soudées suivant un de leurs bords. Les androcées ont con- servé leurs 2 X 4étamines avec leur didynamie res- pective. Enfin, une seule des deux fleurs à pu dévelop- per son gynécée. IL L'inflorescence du se- cond type, plus compacte. plus fournie que la pre- mière, se termine par une sorte de fleur largement étalée (fig. 62). A la périphérie, 15 fo- lioles vertes, d’inégale va- leur, sur un seul verticille, Puis une pièce corollifor- me gamopétale, en collerette, portant 12 lobes sur ses bords. Cette collerette est finement plissée à sa base, Elle est colorée en rose très pâle à l'extérieur. L'intérieur est d’un rouge plus foncé avec taches ocellées à la base. DIGITALES MONSTRUEUSES 519 Quand on la détache, on enlève en même temps 3 [lamelles pétaloïdes, d’un rose pâle vers l'intérieur, d’un rouge vif avec taches ocellées vers l’extérieur et 12 étamines adhérentes à la colle- rette par la base de leurs filets. Toutes ces étamines sont fertiles, 6 d’entre elles plus longues que les autres. Au centre, un gynécée volumi- neux, pyriforme, présentant à sa surface 6 saillies et 6 dépressions correspondant à 6 loges ovariennes, dont deux plus développées renfer- ment des ovules, les autres étant absolument stériles. Les styles res- tent soudés par leurs bords et cha- cun d'eux se terminent par 2 stig- mates. Le groupement floral qui constitue cette monstruosité paraît résulter de la croissance simulta- née de trois fleurs sur le même réceptacle. Les calices ont conservé leur in- dépendance. Les corolles sont dis- sociées en 2 parties : une partie externe composée de 4 lobes, une partie interne représentée par le 5e lobe. La gamopétalie s’est produite entre les trois fleurs suivant les lobes externes déjà soudés dans chacune d’elle : il en est résulté une collerette à 3 X 4 — 12 lobes. Le pétale le plus interne de chacune Fig. 63. des 3 fleurs est resté indépendant, d’où 3 lamelles pétaloïdes avec leur orientation spéciale. On retrouve dans l’androcée les composants des 3 fleurs, avec leur didynamie respective. Le gynécée est aussi composé de 3 x 2 loges : il résulte de la soudure des gynécées des trois fleurs dont une seule est fertile. 520 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE II Le troisième type est une grappe terminée par une sorte de grande fleur ayant l’aspect d’une rose trémière (fig. 64). Ici encore le périanthe est double, formé par 20 folioles vertes en plusieurs verticilles irréguliers dont les plus internes passent aux pétales. La partie la plus interne du périanthe est représentée par une pièce corolliforme, gamopétale, rosée, très légèrement ocellée et présentant 18 lobes très irréguliers. Le périanthe porte sur ses flancs, un peu rejetée en dehors, une corolle complète, très allongée, sans verticille mâle ni femelle. L’androcée comporte 14 étamines d’inégale valeur, toutes adhérentes au périanthe par la base de leurs filets. Le double périanthe, avec son androcée adhérent, se détache très facilement du réceptacle et on trouve alors, à la surface de ce dernier, une seconde enveloppe résultant de la soudure et de l'accroissement * simultané de sépales, pétales et élamines en nombre considérable. Les pièces vertes sont épaisses et coriaces à leur base. Les pièces pétaloïdes sont tordues sur elles-mêmes. Les étamines, à filets courts d’inégales longueurs, ont leurs anthères atrophiées. Cette seconde enveloppe se caractérise par l’irrégularité de ses parties composantes et la soudure beaucoup plus complète de ses verticilles. Au centre enfin, une sorte de bourgeon verdâtre, constitué par des fleurs tout-à-fait déformées, dans lesquelles on ne peut plus spécialiser les verticilles. Cette monstruosité est beaucoup plus complexe que les deux précédentes. Il est bien difficile d'apprécier le nombre des fleurs qui ont contribué à la former. Elle paraît correspondre à un tasse- ment de la grappe et à un développement exagéré du bourgeon floral. En tous cas, deux groupes de fleurs interviennent dans sa constitution. Un premier groupe de fleurs qui se sont développées en même temps sur le réceptacle commun, ont réuni les pièces de DIGITALES MONSTRUEUSES 921 leurs calices et dont les pétales se sont soudés par leurs bords en gamopétalie. Le nombre des sépales, pétales et étamines ne con- corde pas avec la formule florale ordinaire et nous ne sommes pas renseigné sur le nombre des composants. Les fleurs de ce premier groupe sont unisexuées : il n'existe aucune trace de gynécée. Le second groupement interne paraît formé d’un nombre plus considérable de fleurs qui n’ont pu prendre un aussi grand déve- loppement et dont toutes les pièces sont atrophiées. Pa En résumé, les trois monstruosités que nous avons reproduites correspondent à 3 types communs. La première résulte de la sou- dure de 2 fleurs, la seconde provient de la soudure de 3 fleurs, et la troisième représente la réunion de n fleurs. On peut remarquer que les verticilles externes échappent plus facilement à la déformation ou à l'atrophie et que, d’une façon _générale, c’est le gynécée qui est le plus sacrifié. MODIFICATIONS PRODUITES PAR LE GEL DANS LA STRUCTURE DES CELLULES VÉGÉTALES par MM. L. MATRUCHOT et M. MOLLIARD (Fin). (Puances 12, 13 et 14) THÉORIE DE LA MORT PAR GEL On a successivement émis diverses théories pour expliquer la mort des cellules végétales par l’action du froid. Pour les Botanistes de la première moitié du 19 siècle, la mort, ainsi que nous l’avons déjà dit, serait due à la déchirure des mem- branes par suite de la formation de glace à l'intérieur des cellules. Mais Caspary, Sachs, Nägeli, Prillieux, Goeppert ont montré que Ja proëuction des cristaux de glace se fait d'ordinaire entre les cellules, et que, sauf les cas exceptionnels de cristaux volumineux soulevant et déchirant les tissus pour saillir au dehors, les mem- branes du tissu congelé ne sont ni fissurées ni même blessées. Divers observateurs ont pensé que la mort serait due à l’action de la basse température en soi, qu'il se produisit ou non des cris- taux de glace dans l'épaisseur ou à la surface des tissus. A l'appui de cette manière de voir vient se placer le cas présenté par certains végétaux — en particulier d'assez nombreuses plantes tropicales — qui meurent par l’action d’un froid relativement peu intense, à une température supérieure à (. Il en est de même pour certaines plantes indigènes, qu’un froid de quelques degrés au-dessous de 0e : suffit à tuer, sans qu'il se produise aucun glaçon à l’intérieur des tissus. On est autorisé à penser, avec Müller-Thurgau et Molisch, que la mort dans ces conditions, sans gel des tissus, est due, non à une action directe et rapide du froid, mais à une action indirecte et lente, se traduisant par un trouble dans l’assimilation et aboutissant à la mort lorsque les basses températures durent relativement ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 523 longtemps. C'est une mort lente par le froid, ce n’est pas une mort rapide par gel. Dans la mort par gel, ce n’est pas la basse température en soi, maïs la formation de glaçons qui amène la mort de la cellule. Par quel mécanisme ? C’est là un point qui a donné lieu encore à diverses ‘hypothèses. . Sachs et divers autres Botanistes pensent que la mort est la conséquence non du gel ni du maintien d'une basse température, mais du dégel. Dès lors la façon dont s’opère le dégel prend une grande importance pour la vie des cellules. C’est une croyance très répandue en effet que si certains tissus, d'ailleurs modérément gelés, viennent à dégeler lentement, les cellules peuvent recouvrer leur état initial sans avoir autrement à souffrir du gel. Par un dégel rapide, au contraire, les tissus seraient tués sûrement. Müller-Thurgau, Molisch combattent cette manière de voir, qui avait été adoptée par Sachs. Molisch dit avoir constaté dans ses expériences que certaines plantes, telles que les Nitophyl- lum, les Ageratum, meurent par le gel et non par le dégel. Il admet, d'après les expériences de Müller-Thurgau et les siennes, que, dans la règle, le dégel n’intervient pas dans la mort de la cellule, Goeppert est plus affirmatif encore : il nie entièrement l'influence du dégel sur les plantes. La plus récente théorie de la mort par le froid, théorie qui est à nos yeux la plus vraisemblable et en tous cas la plus féconde, est celle qui est née des expériences de Müller-Thurgau et a été déve- loppée par Molisch. Mülier-Thurgau a observé que la teneur en eau des plantes gelées baisse dans des proportions considérables et que cette teneur est d’ailleurs fonction de la température de gel. Le tissu d’une pomme gelée à —405 perd 64 0/, d’eau, et cette eau se transforme en glace ; à —8e elle perd 72 0/,;: à —15°2, 790,,. Pour un tubercule de pomme de terre la proportion est de 77 °/, à —5°. En conséquence, la mort par gel serait due à l’appauvrissement en eau du protoplasma. s recherches confirment direct tcette manière de voir, en lui apportant comme point d’appui des faits d'ordre cytologique. Nous allons essayer d’en tirer quelques conséquences. Mais avant d'aborder ce sujet, voyons quelles hypothèses on 524 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE peut faire relativement à l’état sous lequel l’eau entre dans la constitution du protoplasma. Nous avons été conduits, pour interpréter les résultats de nos expériences, à imaginer que l’eau se trouve, dans la cellule végétale, sous trois états qui diffèrent par la facilité plus ou moins grande avec laquelle l’eau entre en jeu dans la réaction de la cellule contre le gel : 10 L'eau du suc cellulaire, qui se trouve pour ainsi dire isolée de la matière vivante, et qui ne communique avec elle que par osmose à travers le tonoplaste ; 2 L'eau interposée entre les maiiles du cytoplasma, libre dans les interstices: cette eau est en contact intime avec la masse fonda- mentale du cytoplasma, mais on conçoit qu’elle soit douée d’une assez grande mobilité et qu’elle entre en jeu facilement au moment du gel; 30 Enfin, l’eau qui prend part à la composition chimique du protoplasma, qui entre dans la constitution même de la matière vivante. Cette eau, fixée sur les molécules du protoplasma, ne peut en être soustraite que par la désagrégation de ces molécules, c’est-à-dire par la décomposition du protoplasma : c’est en dernier lieu seulement que cette eau de constitution entrerait en jeu dans la réaction contre le gel. En résumé, nous avons été amenés à distinguer une eau en quel- que sorte extérieure au protoplasma, c'est l’eau du suc cellulaire ; une eau jouant un rôle purement physique dans la structure du protoplasma, c’est de l’eau d’interposition : enfin une eau entrant chimiquement dans la composition du protoplasma, c’est de l’eau de constitution. La manière de voir à laquelle nous avons été conduits n’est pas en opposition avec les théories présentées par divers auteurs rela- tivement à la constitution physique de la matière vivante, Elle est, nous semble-t-il, en parfait accord avec la théorie micellaire émise par Naegeli en 1877 sur la structure de la membrane cellulaire et de là matière organisée en général. Voici en effet ce qu’on lit, à la suite de l’exposé de cette théorie fait par Dastre, au cours de l’ex- cellente étade qu'il vient de consacrer à l’osmose (4). (4) Dastre : Osmose, Tonométrie, Cryoscopie lin Physique biologique, Paris 4901), ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 525 « I résulte de ces explications que l’eau peut se trouver dans la membrane osmotique organisée, comme dans toute matière orga- nisée en général, à trois états qui diffèrent par le degré de mobilité ou de liberté de ses molécules. Une partie de l'eau de constitution est fixée sur les groupes atomiques : elle y est immobilisée par les forces chimiques, et il faudrait décomposer la matière pour la libérer. Une seconde portion est attachée à l'agrégat micellaire, et forme autour de lui une sorte d’atmosphère enfermant naturelle- ment, avec les molécules de ce groupement, leur masse aqueuse propre. Cette atmosphère micellaire est composé de couches concen- triques, dont la plus voisine de la surface du micelle y adhère le plus fortement par l’action des forces de cohésion.- tandis que les couches plus éloignées sont de plus en plus lâchement retenues et de plus en plus mobiles; c’est l'eau d'adhésion. Enfin, entre ces micelles entourées de leur atmosphère aqueuse, dans leurs inters- tices, l’eau de capillarité, celle-ci libre et mobile. » En y joignant l'eau du suc cellulaire, dont il n'est pas question ici, parce que son existence n’est pas générale, même chez les cellules végétales, on voit que c’esten somme sous quatre états différents que l’eau peut être supposée entrer dans la constitution de la cellule végétale. Dans la suite de cet exposé, nous désignerons sous le nom d’eau de constitution l'ensemble de l'eau de constitution et de l’eau d'adhésion dont il vient d'être parlé: il n'y a pas, nous semble-t-il, à les distinguer l’une de l’autre au point de vue ou nous nous plaçons. Sous le nom d’eau de capillarité, nous désigne- rons, comme il vient d’être dit, l'eau interposée entre les mailles protoplasmiques et qui en imbibe la matière. Enfin, nous aurons à faire intervenir l’eau du suc cellulaire. Ceci dit, voyons comment nous pouvons interpréter les faits que nous avons précédemment décrits. Si, par suite de conditions extérieures quelconques, l'eau de la cellule est appelée au dehors, c’est d’abord l’eau des hydroleucites qui est expulsée (1), puis une fois les vacuoles à sec, c’est au proto: plasma même que l’eau est soustraite, d’abord son eau de capilla- rité, puis son eau de constitution. À ces trois stades de sortie de (1) Ou du moins, l’eau de capillarité qui s'échappe directement du protoplasma se trouve remplacée au fur et à mesure par de l’eau prise au suc cellulaire ; l’effet apparents et la diminution de volume du suc cellulaire. 526 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l'eau correspondent trois états du protoplasma : 1° protoplasma fluide, lorsque sa teneur en eau n’a pas baissé, qu'il y ait ou non du suc cellulaire dans la cellule ; c’est le cas de la plupart des cellules végétales à l’état de vie active ; 2° protoplasma rigide, lorsque l’eau de capillarité a été soustraite : c’est le cas de certaines cellules vg étales à l’état de vie ralentie (graines, spores) ; 3° protoplasma désorganisé et tué par la sortie de son eau de constitution ; c’est le cas des celllules tuées par dessiccation. Ces trois degrés dans la privation d’eau peuvent être déterminés chez les cellules végétales par la simple dessiccation naturelle (fanaison poussée à des degrés divers). Nos recherches nous ont conduits à admettre qu’il en est de même dans le phénomène du gel. Elles nous ont montré que, dans ce cas, non seulement l’eau dés hydroleucites est appelée au dehors, mais aussi, consécutive- ment, l’eau qui entre dans la masse du protoplasma. Dans notre manière de voir, c’est l’eau de capillarité qui serait d’abord ainsi expulsée. Par un gel plus intense, l’eau de constitution elle-même serait extraite du protoplasma et celui-ci serait tué. L’appauvris- sement en eau serait ainsi fonction du degré du froid et non de sa durée. Le gel d’une cellule correspondrait donc à une perte d'eau plus ou moins considérable ; et si la teneur en eau du protoplasma se trouvait, de ce fait, abaissée à un degré incompatible avec sa vie, la cellule serait tuée. De nombreux faits d'observation ou d'expérience concordent avec cette manière de voir, et de plus cette théorie permet d’expli- quer divers cas restés jusqu'alors assez obscurs. a. — Rigidité du protoplasma par le froid. — On sait que l’abais- sement de la température détermine un ralentissement dans les phénomènes vitaux et en particulier dans les mouvements proto- plasmiques. Les expériences de Kühne, de Molisch et autres, sur les poils staminaux de Tradescantia, sur les feuilles d’£lodea, sur les Amibes, etc., ont fait voir que les courants protoplasmiques, très atténués au voisinage de °, finissent par cesser entièrement à une température qui est parfois notablement inférieure à 0°. Le protoplasma prend alors une rigidité de plus en plus grande. Le même phénomène s'observe chez les animaux : « Le protoplasma, dit Verworn (1), pour un certain degré d’abaissement de la tempé- (4) Verworn : Physiologie générale. Trad. Hédon, 1900, p. 438. ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 527 rature, devient raide de froid. Toutetois il suffit d’un échauffement au-dessus de ce point, pour dissiper cette rigidité par le froid et faire reparaître les phénomènes vitaux ». Il nous paraît que cette rigidité s'explique, comme la rigidité du protoplasma dans les graines, par un appauvrissement en eau portant non seulement sur le suc cellulaire, mais sur l’eau de capillarité du protoplasma. b. — Retour à la vie. — On sait que certains tissus, pourvu qu'ils ue soit pas-trop fortement gelés, ne meurent point par le gel et reprennent vie après le dégel. Les expériences de Pictet, effectuées sur des animaux, sont très frappantes. Des poissons, pris dans un bloc de glace à —1%, restent en vie après réchauffement graduel, bien que les témoins puissent être réduits en poudre comme la glace elle-même (1). Mais si le refroidissement est poussé jusqu'à —20°, la mort s’en suit. Chez les végétaux, il à été fait de nombreuses observations de même ordre. « C’est, dit encore Verworn (Loc. cit. p.321), une obser- vation qui a été faite bien des fois, que des animaux poikilothermes et des plantes peuvent être gelés sans perdre par là leur aptitude à revenir à la vie ». Une température plus basse détermine au contraire sûrement la mort: «si par contre, ajoute Verworn, la température descend encore plus bas, nous arrivons à un degré où la vie est anéantie et ne peut être rappelée par le réchauffement ». Ces faits trouvent une explication facile dans la manière de voir que nous présentons plus haut. Les expériences de Müller- Thurgau, que nous avons déjà rapportées précédemment, ont montré que la teneur en eau d'un tissu gelé varie considérablement selon la température qui a déterminé le gel. À —4°5, une pomme gelée perd 64 °/, de son eau, à —15°, 79 0/, : on est amené tout natu- rellement à concevoir que cette perte d’eau épuise d’abord le suc cellulaire, puis retentit sur la matière vivante elle-même, et nos expériences montrent qu’il en est bien réellement ainsi. Pour un gel de faible intensité, il y a perte d’eau relativement faible : on conçoit qu’une partie seulement de l’eau de capillarité soit soustraite au protoplasma. Mais, que le gel se fasse à une température plus basse, il y aura perte d'eau plus abondante, #) Pictet : Rapporté par Verworn (loc. cit.). 528 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE épuisement de toute l’eau de capillarité, désagrégation du proto- plasma par appel de son eau de constitution et conséquemment mort de la cellule. Une plante ou un tissu faiblement gelé ne perd que son suc cellulaire et une partie de son eau de capillarité : il peut revenir à la vie si, par un réchauffement gradué et un dégel ménagé, de l'eau rentrant dans la cellule vient s’adjoindre comme nouvelle eau de capillarité à du protoplasma non profondément disloqué. Les expériences de Molisch sur les matières organiques non vivantes sont conformes à cette manière de voir. En opérant sur des mélanges d’eau et de substances colloïdes, il a reconnu qu’au dégel, dans certains cas, l’eau et la substance colloïde sont susceptibles de se mélanger à nouveau, et alors la substance reprend son aspect initial. 1l en est ainsi pour la gomme adragante, la gomme arabique, la gelée de Glæocapsa, l'albumine d’œuf fraîche. De même, la géla- tine quoique coagulée en réseau se redissout complètement au bout de plusieurs jours. On conçoit que des phénomènes analogues se produisent dans du protoplasma faiblement gelé. Ainsi s’expliqueraient les faits de retour à la vie après gel que tout le monde s’accorde à considérer comme établis. Peut-être aussi pourrait-on trouver là l'explication de l'influence qu'aurait, d’après Sachs et divers autres observateurs, un dégel ménagé sur le retour à la vie. On comprend en effet que la réinté- gration de l’eau de capillarité dans le protoplasma ne puisse s’effec- tuer avec succès que si le phénomène se fait lentement, de façon que la trame cytoplasmique se gonfle peu à peu en gardant sa texture, comme une gelée qui se gonfle sous l’action de l’eau. Enfin notre manière de voir trouve, semble-t-il, une justification dans le parallèle qu’on peut établir entre les phénomènes de gel et les phénomènes de dessiccation. La dessiccation ménagée d’une plante ou d’un animal n ‘empêche pas le retour à la vie. Une dessic- cation plus profonde amène la mort. C’est, comme on le sait, chez les êtres reviviscents (animaux ou végétaux) que ce phénomène est Surtout frappant. Il trouverait son explication dans une théorie DE points parallèle à celle que nous venons d'exposer pour e ge ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 529 c. — Résistance inégale des végétaux au gel. — La résistance au gel des divers végétaux varie selon l'espèce considérée, selon l'organe envisagé, enfin selon le degré d’aquosité des tissus soumis à la congélation. On peut, dans une certaine mesure, se rendre compte de ces différences eu faisant appel aux notions que nous avons exposées plus haut. Le premier effet du gel sur un tissu est, comme nous l’avons dit, la prise en glace de la mince couche d’eau qui recouvre extérieure- ment la membrane. On sait d’ailleurs que par suite des attractions capillaires il faut une température un peu inférieure à 0° pour amener la congélation de cette eau, même en la supposant pure de substances dissoutes. Mais on doit admettre qu’elle est, comme l’eau de capillarité du protoplasma (dont elle n’est pour ainsi dire que la partie périphérique), une solution de diverses substances. Pour cette raison le point de congélation est encore abaissé, et, de fait, il faut, pour déterminer la congélation de certaines cellules ou de cer- tains tissus végétaux, une température très notablement infé- rieure à 0°. C’est en particulier le cas pour les cellules et tissus pauvres en eau. Îl est établi (1)que les graines sèches résistent beaucoup mieux au froid que les mêmes graines préalablement imbibées d’eau et commençant à germer. La chose se conçoit parfaitement si l’on admet — comme nous l’avons fait plus haut — que la mince couche d’eau qui recouvre extérieurement la membrane a la même compo- sition que l’eau de capillarité du protoplasma. Dans une cellule desséchée, comme le sont celles des graines, privée entièrement de son suc cellulaire et partiellement de son eau de ca pillarité (puisque le protoplasma est assez déshydraté pour cesser d’être fluide), l’eau de capillarité qui subsiste est forcément plus riche en subtances dissoutes que dans le cas des graines imbibées et gonflées par l’eau. L’eau qui imprègne extérieurement la membrane est par suite dans le même cas, et sa concentration considérable nous explique la difficulté de sa congélation, et par suite la grande résistance qu'offrent à la gelée les graines bien sèches. La même résistance au gel, mais plus marquée encore, s’observe chez les spores de Cryptogames (spores de Fougères, de Mousses, de (1) Ph. Van Tieghem et G. Bonnier : Recherches sur la vie ralentie et sur la vie latente (Bull. Soc. Bot. 1880, p. 83). Rev. gén, de Botanique. — XIV. 530 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Champignons), chez les Bactéries, les Levures (1), le thalle de certains Lichens, etc., d’une façon générale chez les êtres qui résistent le mieux à la dessiccation. Certains microorganismes, d’après R. Pictet (2) résistent à un froid de —200°; des spores de Champignons sont dans ce cas. Ces faits singuliers s'expliquent par la faible teneur en eau des organismes mis en expérience. De ième qu’un sirop très concentré ne laisse se congeler aucune partie de son eau, même s’il est porté à une basse température, de même l’eau en très faible quantité que renferme une spore de Champignon peut être suffisamment chargée de principes dissous pour résister à la congélation, même à de très basses températures. Invérsement, et le fait s'explique par les mêmes considérations, un tissu très aqueux gèle avec une grande facilité, si d’autres fac- teurs n’interviennent pas pour le protéger. d — Plantes sans méats. — Enfin les mêmes idées théoriques fournissent une explication satisfaisante pour le cas des plantes sans méats (Gymnospermes, Mousses), qui sont connues pour être particulièrement résistantes à la gelée. Puisque nous admettons que le point de départ du gel d’un tissu est la congélation partielle de l’eau qui imprègne extérieurement les membranes, dans les végétaux où les tissus sont compacts et où les cellules sont exacte- ment contiguës, sans lacunes ou méats interposés, la seule surface exposée au gel est la surface externe de la plante, celle que recouvre l’'épiderme. : Or, les cellules épidermiques de ces végétaux sont particulière- ment bien protégées contre le gel. D'une part, en eflet, leur membrane externe est épaisse et cutinisée, double condition pour que l’osmose de l’eau (corrélative du gel) se fasse avec difficulté. D'autre part, ces cellules peuvent contenir de la chlorophylle (Mousses) ; étant le siège d’une élaboration de matériaux nutritifs, elles ont un contenu cellulaire plus riche en substances dissoutes que ne l’est le contenu des cellules épidermiques non chlorophyl- (1) D'après Zopf (Die eat ea 1890, p 119) le Saccharomyces Hansenii peut supporter un froid de ndant plusieurs heures sans perdre son activité vitale. Les spores cs d’Hormodendron cladosporioides sont dans (2) Raoul Pictet : Das son und die niederen Temperaturen (in Revue scientif. LII, 4893), cité par Verwor ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 531 liennes. Par-suite, le point de congélation de l’eau qui imprègne leur membrane se trouve considérablement abaissé, et la résistance au gel fortement augmentée. De toutes les considérations qui précèdent, on peut déduire que la théorie de la mort par le gel, d’après laquelle la mort serait due à un abaissement trop considérable de la teneur en eau de la matière vivante, est une théorie satisfaisante. Etablie tout d’abotd sur des expériences de Müller-Thurgau et de Molisch, elle s’appuiera désormais sur des faits cytologiques que nous avons été les premiers à signaler, D'ailleurs, — ce qui est la marque de toute bonne théorie — elle nous a permis d'expliquer d'assez nombreux faits restés jusqu'alors assez obscurs. Lx CONCLUSIONS GÉNÉRALES Le gel des cellules ou tissus végétaux détermine toujours un appel d’eau à l'extérieur de la cellule. Cet appel d’eau est produit, chez les plantes aquatiques, par la congélation de l’eau ambiante, chez les plantes aériennes, par la congélation de la mince couche d’eau qui recouvre la surface exté- rieure des membranes cellulaires. Consécutivement à cet appel, il se fait une exosmose générale et rapide de l’eau de la cellule, non seulement de l’eau du suc cellulaire renfermée dans les hydroleucites, comme cela a lieu d'ordinaire par la plasmolyse, mais aussi de l’eau qui entre dans la masse du cytoplasma et du noyau. Le mécanisme de cette sortie de l’eau est le même pour le cyto- plasma et le noyau: il se fait, dans les deux cas, une vacuolisation de la matière vivante. Cette vacuolisation est due à une séparation plus complète s’effectuant, dans la masse plasmique, entre l'eau (qui se rassemble en lacunes, gouttelettes ou vésicules plus ou moins volumineuses) et le plasma devenu moins aqueux (cytoplasma ou nucléoplssma) qui prend la forme d’un complexe alvéolaire (cytoplasma) ou d’un réseau à mailles larges et à filaments épais (noyau), Une fois effectuée la différenciation en eau et plasma, le 532 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE passage de l’eau dans la grande vacuole cytoplasmique se fait soil par simple osmose (cas général pour le noyau et probablement pour le cytoplasma), soit par éclatement des vésicules et déver- sement de leur contenu au dehors (cas de certains noyaux). De la vacuole cytoplasmique, l’eau passe ensuite hors de la cellule par diffusion à travers le protoplasma pariétal et la membrane cellulaire. L’exosmose de l’eau du cytoplasma ne détermine aucune modi- fication morphologique facile à observer. La sortie rapide de l’eau du noyau détermine au contraire, non seulement une diminution de volume de celui-ci, mais des modifi- cations profondes dans sa texture, modifications que les procédés de fixation et de coloration des figures nucléaires permettent d'étudier plus facilement. Les courants d’eau provoqués dans l’intérieur du noyau par un appel d'eau venant du dehors et se faisant sentir dans une, deux ou plusieurs directions différentes, déterminent dans la trame nucléoplasmique une orientation uni-, bi-, ou multipolaire. Les pôles sont les points de facile sortie de l’eau vers le dehors. Is sont toujours plus aqueux et par suite moins chromatiques que le reste du noyau. La position des pôles est toujours en rapport avec le voisinage d’une grande vacuole cytoplasmique : plus la bande de protoplasma qui sépare le noyau du suc cellulaire est mince, plus la sortie de l'eau par osmose est rendue facile, plus le pôle est différencié. Si cette bande protoplasmique est suffisamment mince et si la membrane nucléaire n’oftre que peu de résistance, et aussi sans doute si l'exosmose de l’eau est rapide, il peut y avoir déchirure de la paroi et déversement direct de l’eau du noyau dans la vacuole. On peut déterminer les mêmes modifications de structure du protoplasma et du noyau en privant d’eau, par divers moyens, des cellules similaires, La plasmolyse, \a fanaison lente (fanaison naturelle) la fanaison rapide (fanaison provoquée) produisent — en particulier dans les cellules du parenchyme de la feuille de Narcisse — les mêmes modifications cytoplasmiques et nucléaires que le gel. En re étant donnée cette analogie, étant donné : aussi ACTION DU GEL SUR LES CÉLEULES 533 que, dans certains cas particulièrement favorables, l'observation permet de reconnaître qu'au phénomène du gel correspond une exosmose de l’eau des cellules, on doit en conclure que ce phéno- mène est général et que toujours le gel est corrélatif d’un appau- vrissement en eau du cytoplasma et du. noyau, avec exosmose de cette eau hors de la cellule. La théorie de la mort par gel développée surtout par Molisch trouve une confirmation directe, d'ordre cytologique, dans les résultats de nos expériences : la mort par gel est en réalité une mort par dessiccation. Si l’on admet avec Nägeli (théorie micellaire) que l’eau existe dans la cellule sous trois états (eau du suc cellulaire, eau de capil- larité, eau de constitution), différant surtout par le degré de mobi- lité ou de liberté de ses molécules, et par suite entrant en jeu de façon inégale dans la réaction contre le gel, on peut, en outre, expliquer divers faits restés jusqu'alors assez obscurs : rigidité du protoplasma par le froid, reviviscence de certains tissus gelés, résistance inégale des végétaux au gel, etc. En un mot, les phénomènes cytologiques dus au gel offrent un remarquable parallélisme avec les phénomènes produits par la dessiccation. 534 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE EXPLICATION DES PLANCHES 12, 13 et 14. Lettres communes à la plupart des figures : N, noyau; n, nucléole ; V, vacuole cytoplasmique ; v, vacuole nucléaire ; 4, anneau chromatique équatorial ; c, calotte chromatique polaire.— Les flèches (—) indiquent les pôles du noyau orienté. PLANCHE 12 Narcissus Tazetta L. — Cellules du parenchyme des feuilles. — Sauf pour la fig. 4, toutes les cellules représentées sont des cellules gelées. ig. 4, — Noyau normal de forme sphérique (vue perspective) ; n, nu- cléole. — (Gross. — 1000). Fig. 2. — Cellule à noyau aplati (coupe optique), après l’action du gel. Fig. 3 (en haut de la PI. 12, à droite). — Noyau gelé en forme de gout- tière, avec vacuole interne faisant hernie du côté de la vacuole cytoplas- mique V; structure unipolaire sans formation de calotte chromatique véritable. — (1000). Fig. 4. — Portion de cellule gelée; noyau à structure bipolaire, avec anneau chromatique épais ; pv, cytoplasma largement vacuolisé. — (780). Fig. 5. — Cellule gelée à cytoplasma très vacuolisé pv, et à noyau pariétal présentant une orientation bipolaire, avec une légère accumulation de la matière chromatique dans une zone équatoriale. — (1000). Fig. 6. — Cellule gelée à noyau aplati non pariétal; 64, coupe optique; 6b, vue lei le nucléole n est allongé parallèlement à la ligne des Fig. 7. — Cellule gelée où le noyau sphérique est logé dans une lame transversale de protoplasma. Le noyau a une structure bipolaire, la chro- matine est presqu’entièrement périphérique et rassemblée en 8-10 masses irrégulières formant un anneau équatorial incomplet a. — (900). ig. 8. — Gros noyau ellipsoïdal vu par une de ses extrémités. Le gel y a rassemblé la chromatine en un anneau équatorial presque continu 4; Î, trabécules chromatiques traversant le noyau de part en part. — (900). Fig. 9. — Noyau gelé à structure nettement bipolaire; 94, coupe optique montrant la chromatine périphérique et le nucléole subpériphé- rique ; 96, le même vu par sa face supérieure; 9e, le même vu par sa face inférieure. — (900). Fig 10. — Cellule à noyau sphérique pariétal; la chromatine est ras- semblée en une couronne faisant saillie à la surface du noyau. — (780). Fig. 11. — Cellule gelée à vacuole cytoplasmique unique ; le noyau pariétal N a pris une structure unipolaire. — (580). Fig. 12. — Portion de cellule gelée où la structure unipolaire du noyau ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 535 est évidente ; ici, par exception, la chromatine s’est accumulée près du pôle ; 12 b, schéma de la strueture précédente ; c, calotte chromatique. — (780). Fig. 13. — Cellule à noyau pariétal où la structure bipolaire due au gel est manifeste; », nucléole allongé parallèlement à la ligne des pôles ; 13b, schéma où la flèche nr la direction dans laquelle était vu le noyau dessiné en 13 a. — (900 Fig. 14. — Noyau gelé vu en poéientien.:: ; le réseau chromatique est très réduit ; le nucléole n est très allongé parallèlement à la ligne des pôles. — (900). Fig. 15. — Noyau sphérique ais présentant le maximum de déforma- tion : la chromatine est rassemblée en un anneau équatorial régulier 4, d'où partent de minces fibrilles méridiennes devenant bientôt achroma- tiques ; le nucléole a disparu. — (780). 16. — Noyau semblable au précédent ; l’anneau chromatique équa- torial est continu et régulier, les fibrilles méridiennes f cessent aps chromatiques avant d’ atteindre les régions polaires. — (1000). PLANCHE 13 Fig. 17 — Parenchyme de la feuille de Narcisse. Noyau pariétal ovoïde, non gelé; n, gros nucléole. — (1000). Fig. 18 à 20. — Leucoium vernum (cellules du nucelle). Fig. 18. — Coupe optique d’un noyau inclus profondément dans le cytoplasma ; noyau et cytoplasma sont vacuolisés dans toute leur masse. (1000). Fig. 19. — Coupe optique d'une cellule gelée. N, noyau à structure bipolaire où la chromatine est rassemblée en une plaque équatoriale pl, très fortement colorée, — (1000). Fig. 20. — Coupe optique d’un noyau à structure unipolaire offrant une grande vacuole et une calotte chromatique compacte. — (1000). Fig. 21.— Cellule gelée d’un pédoncule de Tulipe (Tutipa Gesneriana L..). Le noyau vu en perspective présente une couronne chromatique équato- riale discontinue €, d'où partent de minces fibrilles méridiennes bientôt achromatiques. — (1000). Fig. 22 à 26. — Parenchyme de l’axe hypocotylé du Haricot (Phaseolus vulgaris L.). Fig. 22. — Portion de cellule gelée montrant un noyau pariétal aplati avec orientation bipolaire du réseau chromatique ; n, nucléole allongé dans la direction des pôles. — (1000), ig. 23. — Noyau gelé, vu en perspective, à structure bipolaire ; 23 a, anneau chromatique équatorial ; n, nucléole central porté par un trabécule chromatique diamétral ; 23 b, schéma de la structure précédente, — (900). 536 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ig. 24. — Cellule gelée montrant un re à structure bipolaire avec anneau équatorial et nucléole central. — (900 . 25. — Noyau gelé porté par une lame Re de protoplasma. Le _. présente deux vacuoles renflées faisant saillie dans le suc cellu- laire et un anneau chromatique équatorial avec nucléole central. — (900). Fig. 26. Noyau analogue au précédent, mais avec une grande vacuole v et deux petites ; é, anneau chromatique sub-équatorial ; mn, lame méri- dienne chromatique séparant les deux petites vacuoles. — (900 Fig. 27 à 36. — Cellules de la paroi de l'ovaire de Tulipe ulipa Gesneriana L.). Fig. 27. — Noyau normal non gelé ; », nucléole principal. — (13 Fig. 28. — Noyau gelé, présentant une nr vacuole AR a de nombreuses petites vacuoles pariétales. — (13 Fig. 29. — Noyau gelé, vacuolisé, vu par sa is supérieure ; deux des vacuoles ont déversé leur contenu au dehors. — (1350). . 30. — Le même vu en coupe optique ; la vacuole Drincipale v dé- bouche en dehors. — (1350 Fig. 31. — Noyau gelé trés finement vacuolisé (coupe optique). — (1350). i _ Ha gelé à larges vacuoles v; pv, cytoplasma fortement vacuolisé. (1350 ig. 33. — cl à cytoplasma très vacuolisé pv, mais avec noyau resté homogène. — (1350 Fig. 34. — nee ayant pris par le gel une structure bipolaire; «a épaisse couronne chromatique équatoriale, elle-même vacuolisée ; pp, ligne des pôles (vue perspective). — (1350). Fig. 35. — Noyau pariétal où le gel a déterminé la formation d'une grande vacuole r, avec rejet de la masse chromatique sous forme de calotte € au pôle opposé. — (1350). ig. 36. — Noyau analogue au ré, mais à calotte rebhéiaiiiue discontinue (vue perspective). — ig. — Portion de se du Mtéichyne de la tige de Lupin (Lupinus albus L). La matière chromatique du noyau gelé s’est rassemblée en un demi-anneau «a ; n, nucléole subpariétal. — (1000). g- 38. — Cellule de la feuille de Clivia miniata. Le gel a déterminé ve < noyau une structure bipolaire; c, couronne chromatique équato- riale ; n, nucléole non superficiel. — (1000). Fig. 39 à 42. — Cellules du parenchyme de Narcisse (Narcissus Tazetta L.) fanées à l’air libre. + 39. — Noyau d’une cellule du parenchyme vasculaire d’une feuille his lentement à l'air libre : il montre une vacuolisation générale avec orientation bipolaire; le réseau chromatique est épais. — (1120). ACTION DU GEL SUR LES CELLULES 537 Fig. 40. — ARR semblable au précédent, mais avec orientation moins nette. — (1120 Fig. 41. ONoGU desséché du parenchyme vasculaire, à structure bipo- . laire; la chromatine est rassemblée en nodules équatoriaux superfciels. (1120). Fig. 42. — Portion de cellule desséchée du parenchyme non vasculaire, montrant un cytoplasma fortement vacuolisé pv et un noyau sphérique N à structure bipolaire très nette ; a, couronne chromatique équatoriale subcontinue. — (1120) PLANCHE 14. Fig. 43. — Parenchyme de feuille de Narcisse. Portion de cellule gelée montrant le cytoplasma très vacuolisé pv, et le noyau diffus ; chr, masse chromatique nucléaire diffuse; f, filets trabéculaires chromatiques. — (1000) Fig. 44. — Cellule gelée du parenchyme de Jacinthe (Hyacinthus orien- talis L.) montrant un noyau éclaté avec de la chromatine périphérique rassemblée à un pôle, et une masse chromatique expulsée b. — (1000). Fig. 45 à 55. — Parenchyme de Narcisse. Fig. 45— Cellule desséchée rapidement ; cytoplasma vacuolisé. — (750). Fig. 46. — Cellule fanée à l'air libre; cytoplasma vacuolisé. — (1120). Fig. 47. — Cellule desséchée rapidement; pv, cytoplasma vacuolisé, — (420). Fig. n — Noyau ne stp deRpephée rapidement ; il montre une couronne chromatique équatoria avec trabécules ] méridiens. sr. (4120), Fig. 49. — Noyau d’une cellule desséchée rapidement ; l'anneau chro- matique équatorial a est régulier et fait saillie au dehors. — (1200). Fig. 50. — Cellule desséchée rapidement; le noyau, porté par une lame médiane de cytoplasma, a pris une orientation bipolaire, avec anneau chromatique équatorial a. — (1200). Fig. 51. — Cellule fanée à l’air libre; le noyau porté par une lame médiane de cytoplasma a une structure bipolaire avec anneau chromatique incomplet. — (1200). Fig. 92. — Petite cellule du oo vasculaire, fanée à l'air libre ; le noyau a une structure bipolaire. — (1200 Fig. 53. — Portion de cellule Ai” par de la glycérine à 10 */, éosinée ; le noyau médian présente trois vésicules aqueuses latérales. — 750) Fig. #4. — Cellule plasmolysée à noyau pariétal; 54 4, noyau présen- tant deux vésicules aquüeuses dont une saillante à l'extérieur ; 5#b, le même une heure plus tard; la vésicule en saillie a crevé au dehors. — (750) Fig. 55. — Cellule plasmolysée à noyau pariétal ; le noyau présente une grosse vésicule aqueuse sur le point d’éclater au dehors. — (750). 538 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Fig. 56 à 59. — Poil staminal de Tradescantia virginica. Fig. 56. — 56 a, cellule terminale en voie de division; 56 b, la mème, gelée, observée aussitôt après le dégel : les noyaux-filles ont réagi inéga- lement contre le gel; 56 c, la même, dix-huit heures après le dégel: une cloison granuleuse s’est formée entre les deux noyaux-filles. — (480). Fig. 57. — 514, deux cellules terminales en voie de division; 57 b, les mêmes, gelées, examinées aussitôt après le dégel; 57 c, la cellule non terminale, examinée quinze minutes après le dégel. — (480). Fi TT Fe de poil gelé; le cytoplasma et les noyaux sont vacuolisés. — (480 Fig. 59. — 59 a, part terminale en voie de division, avant le gel; 59 b, la même après un séjour de 30 minutes à —12°; 59c, la même dix-huit heures après le dégel. — (480). Fig. 60 à 66. — Cellules et noyaux de Spirogyra majuscula . Fig. 60. — Noyau normal de Spirogyra, avec la petite masse de proto- plasma qui l'entoure et les longs trabécules qui la relient au protoplasma pariétal du filament. — ( Fig. 61, 62, 63, 64. — Noyäux gelés pendant 15 minutes à —12°; nucléole ; V, vésicule aqueuse cytoplasmique. — (300) Fig. 65. — Noyau gelé pendant 15 minutes à —12°;n, nucléole ; V, vési- cule aqueuse cytoplasmique. — (4 ig. 66. — Cellule de Spirogyra Léléé: le protoplasma s’est contracté et vacuolisé; la chlorophylle est diffuse, le noyau n est pas visible; les pyrénotdes ont été figurés de couleur sombre. — (480). REVUE DES TRAVAUX PALÉONTOLOGIE VÉGETALE PUBLIÉS DANS LE COURS DES ANNÉES 1897-1900 par M. R. ZEILLER (Suite). M. GÉNEAU DE LA MARLIÈRE (1) a constaté de même, sur des bois de Conifères des tourbières de la vallée du Petit Morin, une altération profonde d’origine microbienne, qui ne laisse subsister que les mem- branes moyennes des trachéides et paraît avoir modifié leur composition en ” rapprochant ge elle de la callose. a À > Fe ‘, A; (62 4 1 AR CD UUSCSE , LR Z A | "4 st 0 | la présence dans les débris végétaux h à des Hyphomycètes ainsi que de Bactériacées diverses, très analogues les uns et les autres à leurs homologues des tourbes, enfin la similitude parfaite de constitution que l'on constate entre les tourbes et certaines bouillies végétales silicifiées, comme celle des magmas quartzeux de Grand’Croix, conduisent M. RENAULT à admettre l'existence, aux époques anciennes, de marécages semblables aux marécages tourbeux actuels : les débris végétaux y étaient attaqués d’abord, près de la surface, par des micro-organismes aérobies, puis par des Bactéries anaréobies; ils pouvaient être ensuite transportés, par leffet d’'inondations, dans des bouillifiés y révèle d’ailleurs l'existence de petites vacuoles qui semblent devoir correspondre à des bulles gazeuses dégagées, par la fermentation, dans la masse ramollie et pâteuse; des pétioles lignitisés de Palmiers oligocènes ont donné lieu aux mêmes constatations, et il est vraisem- blable que le grisou de la houille se trouve précisément renfermé dans bactérien a eu pour résultat une élimination d'hydrogène et d'oxygène, et leur composition dépend de l'importance plus ou moins grande de cette élimination, laquelle a dû varier suivant les conditions de milieu, suivant la nature des Bactéries qui l’ont déterminée. L'hydrogène et l'oxygène ont dû se dégager, comme dans diverses fermentations (14) L. Géneau de Lamarlière : Sur le bois de Conifères des tourbières (C. R. Acad. sc., CXXXI, p. 511-512 ; 1900). . 540 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE actuelles, sous forme de produits gazeux, tels que formène, acide carbo- nique, eau et peut-être hydrogène : c'est ainsi que M. Renault indique la transformation de la cellulose (C5 H19 O5)r en boghead, correspondant à la formule C2 H3 , ou en houille, correspondant à la formule C? H6 O, comme pouvant être représentée par les formules respectives : 4 (CS H10 O5}? — 2 C2 H5 + 3 CHi + 5 CO? + 2 H, et.(C5 H10 O5)i. — C2 H6 O +. 3 CHi + 8 GO2.+ 3 EH? O. e ferai observer toutefois que ces formules n’indiquent que la possi- bilité d’une telle transformation, et qu’on pourrait en concevoir d’autres analogues, telles, par exemple, que : (C5 H10 O5)10 — 8 C2? H3 + 19 CHi + 25 CO* , et (C5 Hio O5) — C° H6 O + 16 CH + 17 CO* ; n préjugeant par avance la nature des composés gazeux qu’on suppose devoir se dégager, et en déterminant les coefficients de manière à ce qu'ils satisfassent à l’équation. C’est également à des rep er qu’il compare à celles qui se produisent dans la fabrication de l'alcool, que M. LEMIÈRE, s'inspirant évidemment des idées de M. Renault, rapporte la formation de la houille (1) : il présume que dans une première phase, et sans doute sous l'action de ferments solubles, les débris végétaux se sont transformés a carburts et ont donné ainsi au combustible fossile sa constitution défi- nitive ; leur action s’est arrêtée plus ou moins tôt, suivant que le milieu est devenu plus ou moins rapidement antiseptique ; M. Lemière n’a fourni toutefois aucune observation à l'appui de ses hypothèses. . G. Ec. BERTRAND a continué les études qu'il avait commencées, n partie en collaboration avec M. Renault, sur les bogheads, et il les a étendues à divers autres combustibles analogues ou schistes bitumi- neux (2), qu'il a soumis à l'analyse la plus approfondie et la plus détaillée. Les divers charbons ou schistes examinés par lui présentent ce caractère commun, d’être constitués par une matière fondamentale -(1) L. Lemière : Transformation de végétaux en combustibles fossiles (Congrès géol. intern., France 1900, p. 160 ; p. 502-520). (2) Voir Re GTR te E. Bertrand : Premières notions sur Les charbons de terre (Bull. Soc ind. » XL, p. 551-559 ; 1898); Conférence sur les charbons de is charbons huis et ss reed de purins (Bull. Soc. Belge de géol., de : , et d’hydrol., XI, Mém., p. 284-310 ; 1898) ; Les charbons humiques el les c se Er de purins (Trav. et Mém. Univ. de Lille, VL, Mém. n° 21; 248 p., {1 pl.; 1898) ; Description d’un échantillon de Kerosene Shale de Megalong Valley. oh Kalomba (Nouvelle-Galles du Sud) (Ann. Soc. Géol. du Nord, X 5-36.; 900); Charbons gélosiques et charbons humiqu pi Li eu ques Cengne géol. his. Trace REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 541 amorphe, que l’auteur regarde comme une gelée humique, abandonnée par des eaux brunes et ultérieurement pénétrée par des injections bitu- mineuses de nature variée, qui ont enrichi la masse en éléments hydro- carburés. Il les groupe sous le nom général de charbons humiques, la présence de matières minérales disséminées dans cette trame humique pouvant d’ailleurs, lorsqu'elles sont en quantité assez considérable, les faire passer à de véritables schistes. 11 y distingue trois types, les charbons RAR) les charbons humiques proprement dits, et les charbons de pur Dans les FRA gélosiques ou charbons d’Algues, qui ne sont autres que les bogheads, la gélose des thalles Anse rt la matière dominante : tels sont les RAR ads de lAutunois, du Var, de l'Ecosse, le Kerosene Shale d’Australie. Ce dernier pis REA des variétés dans lesquelles la proportion d’Algues diminue de telle sorte que la gelée fondamentale, imprégnée de bitume, devient la matière dominante, et il y a ainsi passage vers les schistes, ou vers les cannels, n à huile de Broxburn en Ecosse, le schiste bitumineux oligocène du Bois d’Asson, le schiste crétacé de Céara au Brésil, Les Algues, les spores, les grains de pollen, n’y jouent qu’un rôle absolument subor- donné, la matière dominante étant la gelée humique imprégnée de X. es charbons de purins, tels que les schistes bilumineux de l'Allier, la gelée est chargée en outre de produits stercoraires, et a acquis une plus grande capacité de rétention pour le bitume; on reconnaît dans ces schistes des débris animaux, écailles et ossements de poissons ou de sauriens, AREAS, et coquilles d’Ostracodes, La présence de ces dernières dans le c on humique de Céara atteste forte proportion de matières animales; c’est un acheminement vers les charbons de purins. Parmi les organismes rencontrés dans ces différents charbons, M. Bertrand a reconnu quelques types génériques nouveaux, à savoir s Reinschia ; ce sont d’une part: Æpipolaia Boweri des schistes de Broxburn, qui diffère des Reinschia par la forme de ces cellules et par la petitesse ou même l'absence de la cavité centrale des thalles ; d'autre part Botryococcites Largæ, des schistes du Bois d’Asson, à thalles pleins, à cellules groupées en îlots séparés par une interposition de gelée. Les schistes de l’Allier ont montré des masses gélatineuses discoïdes conte- ant de nombreuses cellules sphériques, et affectant l’apparence de zooglées bactériennes; l’auteur les désigne sous le nom de Zoogleites elaverensis, sans pouvoir préciser s’il s’agit là d’une Bactériacée ou d’une Cyanophycée; enfin, il signale dans les mêmes schistes, sous le nom de 542 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Tenuicutites ras PR Lu organismes sphéroïdaux rappelant par leur aspect les Chytridiac uant aux corps bactérioïdes que renferment ces charbons, M. Ber- trand formule quelques réserves sur leur interprétation, sans cependant en contester positivement la nature comme l’a fait M. Bommer (1), qui va jusqu’à se demander si des grains d'émeri provenant de la prépara- tion des’ coupes minces n'auraient pas été parfois pris à tort pour des Microcoques. De pareilles erreurs ne sont assurément pas à craindre de la part d’observateurs aussi attentifs et aussi sûrs que M. Renault et M. Bertrand, et d’ailleurs il n’y a pas à se méprendre sur l'identité d'aspect des préparations faites dans le charbon, et de celles faites sur les échantillons silicifiés, dans lesquelles on ne saurait, à raison de leur dureté uniforme, redouter la pénétration et l’accumulation de grains d'émeri à l'intérieur des cellules. Mais tout en affirmant la nature bacté- rienne de certains Bacilles et Microcoques fossiles, sur l’identification desquels il ne conserve aucun doute, M. Bertrand se demande si les corps micrococcoïdes ou bacilloïdes qu’il observe dans ces charbons, soit à la surface ou à l’intérieur des organismes qu’ils renferment, soit disséminés dans la gelée fondamentale, ne pourraient pas représenter de simples inclusions inorganiques tout aussi bien que des organismes sont de nature à faire dise à des actions on. dont il serait pour regarder ces corps bactérioïdes comme des restes de cellules bac- tériennes fossilisées ; » mais il juge plus prudent, avant de se prononcer définitivement sur leur attribution, d’attendre des études et des preuves plus démonstratives. Je mentionnerai encore l'étude détaillée qu’a faite le même savant d’un charbon papyracé de formation récente, provenant du Nord de la France (2), et qu’il a reconnu comme formé essentiellement de débris flottés de Sphaignes et de Mousse (1) Ch. Bommer : Sur quelques causes d'erreurs en APE végétale (Bull. Soc. belge de géol., de paléont. et d'hydrol., XIV, p. 41-47, 5 } ) . Bertrand : Description d’un échantillon de charbon ne où Papierkoble trouvé à Prisches en 1859 (Ann. Soc. Géol. du Nord, XX VIII, p.. 171- ; ). REVUE DES TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE 543 h h e M. GRESLEY (2) Enfin, je dois citer, pour êt sur les débris végétaux à structure TRE UE qu'il a observés dans le charbon, & parmi lesquels, à côté de pinnules de Fougères, de macrospores. de graines ou de fragments d’inflorescences, encore reconnaissables et déterminables génériquement, il a signalé une série de types qui lui ont paru nouveaux, mais qu'il n’a pas essayé d'interpréter. En fait, une partie des figures publiées par lui permettent indéchiffrables, et, si tant est qu’elles répondent vraiment à des débris organisés, elles ne peuvent absolument rien ajouter à nos connais- sances sur la flore houillère. (4) W-S. Gresley : Side-light upon coal formation (Amer. Geologist, XXII, p. 69 79, pl. I1; 1899); Possible new coal plants in coal (Ibid., XXIV, p. 199-204, pi. VII-X ; 1899 ; XXVI, p. 49-55, pl. II-V ; 1900; XXVIE, p. 1-10, pl. I-VII ; 1901); Coal-Plants ; Incontrovertible evidence of growth in situ (Geol. Magaz., XXXV É p. 538-542, 3 fig. ; 1900) (A suivre). DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE VÉGÉTALES PARUS DE 1898 à 1900 (Suite) Plantes carnivores. — La question de la nutrition azotée des végé- taux nous amène tout naturellement à l’étude physiologique des plantes carnivores. Ces plantes sont toutes des Phanérogames dicotylédones et appar- tiennent à cinq familles végétales : les Droséracées, les Sarracéniacées, les Népenthacées, les Céphalotacées et les Lentibulariacées. Chacune de ces familles ne comprend qu’un petit DES de genres mais elle a une aire de dispersion très vaste, surtout les Droséracées. Les plantes carnivores habitent en général les endroits humides ou marécageux, sauf le Drosophyllum qui végète dans des régions arides et sèches. Elles sont de dimensions assez restreintes sauf les Nepenthes dont certaines espèces épiphytes ont des tiges pouvant atteindre une Re considérable. toujours une feuille transformée qui constitue le dispositif or à attirer les insectes. Quant à la fonction même de digestion, elle a été signalée pour la première fois par I. Ellis en 1765. Darwin y est revenu avec force détails et considérations biologiques dans son célèbre Insectivorous plants en 1875. L'action protéolytique des feuilles de Drosera, des urnes des Nepen- thes fut généralement admise à la suite des recherches de Darwin, de Hooker, de Morren, de Gorup-Besanez, de Pfeffer, de Vines. Mais en 1890, Raphaël Dubois, constatant la présence de Bactéries dans le liquide de l’urne des Nepenthes, se crut autorisé à admettre que les phénomènes de désagrégation ou de fausse digestion observés, sont dus sans aucun doute à l’activité des microorganismes venus du dehors et non à une sécrétion de la plante. Tischutkin se rangea à cette seen L (1), revenant alors sur ses recherches anciennes, montra que he normale digère bien en l'absence de microorganismes, qu’elle absorbe les produits de la digestion, qu’une solution de peptone ajoutée est absorbée rapidement. (1) Gœbel : Pflanzenbiologische Schilderungen. t. II, S. 186, 1893. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 545 Vines (1) précipita du liquide des urnes une substance douée d’une très faible activité. Les essais de digestion étaient faits en présence d’acide chlorhydrique et aussi en présence d’antiseptiques, ce qui permet d’exclure toute idée d'intervention bactérienne, L'auteur obtint aussi des extraits glycériques des urnes, qui étaient très actifs surtout quand l'organe était jeune. Mais il ne peut déceler de véritable peptone dans les produits de la digestion et conclut que la fibrine est trans- formée probablement en albumose. CLAUTRIAU (2) vient de faire voir, tout récemment, qu'il existe bien une Zymase peptonifiante agissant en milieu acide, sorte de pepsine végétale que l’on peut mettre en évidence par les produits de.son action sur les matières albuminoïdes. Chez les Nepenthes, comme chez les Drosera, ane excitation est nécessaire pour provoquer la sécrétion abondante, non seulement de l’acide sans lequel la peptonification ne pourrait avoir lieu, mais encore du ferment lui-même. La sécrétion est toujours accompagnée d’une ass “ee de mucilage. Elle s’arrête quand l’urne est séparée de la plan Déber Ébsricnnenne. après la digestion, le liquide prend une teinte ambrée qui doit être due à une matière colorante À probable- ment de substances tanniques Hp dans les ee les essais de digestion à l’étuve ne D. aucun doute r la présence d’une zymase peptonifiante dans le liquide des urnes Pie on ne peut mettre son action en évidence dans les urnes saines du Nepenthes melumphora observé dans son habitat naturel. La dispa- rition de l’albumine se fait si rapidement chez cette plante qui vit à une température à laquelle son liquide d’urne n’a aucune action in vitro, qu’il semble logique d'admettre que la peptonification complète des matières protéiques n’est pas indispensable à leur absorption. Un fait analogue se rencontrerait en physiologie animale en ce qui concerne la muqueuse stomacale qui est capable, admet-on, d’absorber les albu- minoïdes des aliments bien avant leur transformation complète en peptones. La rapidité de l'absorption des albuminoïdes plus ou moins trans formés explique pourquoi l’on ne constate généralement pas de déve- oppement microbien dans le liquide. Mais si l’urne est trop remplie d'insectes, une putréfaction se manifeste qui est très bien supportée par la plante, celle-ci étant capable d’utiliser l’azote de l’ammoniaque et des acides amidés. L'analyse montre que l'azote des albuminoïdes disparaît presque totalement du liquide des urnes. La digestion doit donc constituer un (1) Vines : rhe proteolytic enzyme of Nepenthes (Annales of Botany, XI, :p 1898; p. 547 _@ Clautriau : . dns dans tes urnes de Nepenthes (Mémoires couronnés et Autres mémoires publiés par l’Académie royale de Belgique, 1900). Rev. gén. de Botanique. — XIV. 35 JG REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE appoint d’aliment azoté pour la plante, ce qui, selon l’auteur, serait d'autant plus utile que le VNepenthes vit très souvent en épiphyte et doit avoir à sa disposition moins d’aliment azoté que les plantes terrestres. Substances minérales. Travaux divers. — L'acide phosphorique qui ést à la disposition des plantes dans le sol est à l’état insoluble; m les racines sécrètent des acides qui le solubilisent progressivement et cela de telle sorte que les liquides du sol s’enrichissent en cet élément ‘au fur et à mesure qu’ils s’appauvrissent; ce fait explique, selon TH. ScHLæœsinc (1) fils, la constance du titre des dissolutions, lequel est, comme on le sait, très faible. Bien que les plantes aient le des se nourrir aux x dépens de Vacide phosphorique insoluble, il n'en reste pas moins que les diverses plantes ne se comportent pas de la même façon vis-à-vis de telle ou telle forme de cet acide. Aïnsi PRIANICHNIKOFF (2) a trouvé que, dans des cultures sur sable, le Millet et les autres Graminées ou bien n’assi- oxydes de fer et d'aluminium. Mais avec les Légumineuses il n’en est plus de même; des Pois ayant reçu des phosphorites se développent presque autant que ceux à qui on a donné de l'acide phosphorique. Il faut ajouter toutefois, ce qui est conforme aux données de la pra- tique agricole, que la nature du sol influe beaucoup sur le degré d’assi- milabilité des éléments minéraux. L'expérience suivante le prouve. Du Seigle qui, comme il a été dit plus haut, atilise mal acide phospho- rique des phosphorites, est semé dans quatre vases contenant quatre sols différents et dans chacun de ces vases on introduit des phospho- rites comme engrais. Or, quand le sol est formé par de la terre noire de Russie, l'effet des phosphorites est nul, alors qu'il est très grand si le sol est constitué par des cendres (podzol) dés environs de Moscou. elques années auparavant, BALENTINE (3) avait observé que le Blé, l’Orge, le Maïs, le Pois et le Navet cultivés dans du sable avec du nitrate de soude et du chlorure de potassium utilisent assez bien le pee insoluble tandis que les Haricots et les Pommes de terre ispadentee (Chanvre, Moutarde blanche, Sper Tu, ScaLœsiG (5) fils s’est préoccupé de savoir re ancils était l’im- (4) Th. Schlæsing fils : C. R. CXXVII, 327 et CXXVII, 256. (2) Prianichnikoff : Les plantes cultivées assimilent-elles l'acide phospho- rique des phosp horites? Moscou, 1 3) Biedermann's Centralblatt, p. 803, 1897 (3) C. R. CXXVEI, 236, 327, 820; CXXVIH, 4006. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 547 portance alimentaire de l'acide phosphorique dissous dans les liquides du sol. Il a commencé par chercher des procédés pratiques pour l'étude des dissolutions phosphoriques. Il a pu alors constater que dans une même terre, le titre de l’acide phosphorique est presque constant et indépendant de la proportion d’eau constituant l'humidité. Selon lui, la quantité de cet acide dissoute dans un sol résulte d’un équilibre entre des actions chimiques très complexes tendant les unes, à insolu- biliser, les autres à faire passer en dissolution cet acide, de sorte que, si par quelque cause, la proportion de l'acide phosphorique dissous iminue, une nouvelle quantité d’acide entre en dissolution pour réta- blir le titre primitif et inversement. Comme, d’autre part, la quantité P en résulte que l'acide phosphorique peut se renouveler dans les disso- lutions au fur et à mesure que la végétation l'y consomme et alors, malgré sa proportion toujours faible, il ne peut plus être considéré comme négligeable pour l'alimentation de nos végétaux. L'auteur, cèdent le plus à l’eau ordinaire ; d’où il suit que le degré d’assimilabilité des phosphates minéraux est ans bien indiqué par le procédé nouveau de Schlæsing que par l’ancien procédé qui consistait à attaquer ces phosphates par des acides faibles, l'acide acétique par exemple. t maintenant comment se fait la migration du phosphate de chaux dans les plantes ? VAUDIN (1) a trouvé que les sucres, en présence des malates alcalins, dissolvent ce sel, Or on sait que le phosphate s’accu- mule dans la tige, puis dans l'épi et le grain. Mais en Juin il y a dans le grain de l’acide malique, en Juillet de l'acide malique et de l'acide succinique, en Août, nn peu d'acide succinique et plus d’acide malique. D'autre part, pendant la germination, l’amidon se transforme en sucre et l’acide succinique disparaît pour faire place à l'acide malique ; on y à rme, se change en amid l'acide succinique apparait, probablement par réduction de l'acide malique dont la proportion devient alors nulle ; quant au phosphate, il s’insolubilise en même temps que l’amidon. Dans les Légumineuses ce seraient les citrates qui joueraient le même rôle que les malates, J. SrokLasA (2) s’est posé la question de savoir si larsenic peut remplacer le phosphore dans la nutrition minérale des plantes. L’acide arsénieux et l'acide phosphoreux sont très toxiques ; ainsi des doses très faibles d’acide arsénieux telles que -—— suffisent (4) Vaudin : Sur la migration du phosphate de chaux duns les plantes (Annales de l'Institut Pasteur, p. 636, 1895). (2) Stoklasa : Land Versichs: St 1894, 45, p. 161 et Annales agronomiques. XXI, p. 471 ; 1897). 048 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE pour tuer les plantes (1). Mais il n’en est plus de même pour les acides arsénique et phosphorique. En mettant, dans une solution nutritive ogr-o142 du premier et ogr-023 du second par litre, il n’y a pas d’action toxique ; seulement, à cette dose l’acide phosphorique augmente le ren- dement tandis _ l’acide arsénique n’agit pas. L’arsenic ne remplace pas le phosphore dans la Éeinéton de la nucléine qui, alle, sang nt 10 p. 100 de ce dernier corps. D'autre part la lécithine, qui joue un si grand rôle dans la formation de la chloro- phylle, n’est pas influencée dans sa production par l’arsenic. Toutefois des essais ont montré que sans phosphore, les feuilles restent jaunes sur une tige relativement courte; sans phosphore mais avec arsenic, la plante prend un développement plus grand et les feuilles sont d’un bleu vert, ce qui paraît dû à un mélange de l’acide arsénique avec les h senic, il se forme beaucoup de furfuroïdes (produits analogues à la gomme de paille et qui, par déshydratation, donnent du furfurol). Ces furfuroïdes sont des pentosanes qui par hydrolyse donnent les pento- ses. L’arsenic qui pousse ainsi à la formation des furfuroïdes augmente par le fait même le développement des organes assimilateurs. Enfin, quand l’acide arsénique est accompagné d’acide phospho- rique il n’augmente pas la production végétale. BouizuAc (2), dans ses études sur les Algues d’eau douce, a trouvé que le Stichococus bacillaris donne les rendements les plus élevés en la solution nutritive contient 1 pour 1.000 d’acide arsénique. Le même auteur a trouvé qu’une dissolution rentermant ogr-001 par litre d'acide phosphorique à l'état de phosphate de potasse ne donnait que osr.,40 en moyenne de Schizothrix lardaceu pesé à l'état sec tandis qu’on obtient 1£r-80 SRE si l’on ajoute à la solution ogr.5 par litre d’arséniate de potas Quant aux Phanér vus: elles périssent toujours quand on les élève en solutions arsénicales. Ce résultat est, comme on le voit, un peu en contradiction avec celui qui a été obtenu par Stoklasa. Dans un ordre d’idées analogue au précédent, DEemoussy (3) a cherché à savoir si les bromures et les iodures peuvent se substituer aux chlorures. Des plants de Colza, enracinés dans une dissolution de bromure de potassium ont pris en 27 jours 18gr.16 de brome, ce qui constitue une absorption un peu plus faible que pour le chlore, mais (4) 1 est bon de rappeler ici que des plantes élevées par Nobbe dans des solu- tions nutritives en présence de traces très faibles “arts ont été PO ment influencées, Lyttkens (Tidskr. Landsmaän, 45, p. 472, 1844) a des superphosphates obtenus à l’aide d’acide des unie pr Rires arsenifères constituent un poison très dangereux pour se plantes élevées en terre. (2) Bouilhac : Annales agronomiques, XX[IV, p. (3) Demoussy : Annales agronomiques, XXV, pp. à 561. REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 949 l’iodure de potassium, au contraire, s’est montré très nocif, surtout en solution concentrée. BENECKE (1) a étudié, en expérimentant sur le Penicillium glaucum et l’Aspergillus niger, la valeur alimentaire de certains éléments minéraux, Ainsi il a vu que le calcium est bien indispensable, le potas- sium l'est aussi mais à un degré moindre, Le rubidium et le cæsium sont utiles, mais ils ne remplacent pas le potassium. Quant au glucinium et au magnésium ils sont toxiques pour les racines des plantes ; mais le calcium contrebalance les mauvais effets du magnésium, ainsi que l’a montré Læœw. L'auteur ne dit pas s’il en est de même vis-à-vis du Hevricx (2) s’est occupé de l'influence de la potasse et de la chaux sur le développement du Lupin. Cette plante peut pousser dans un sol pauvre en acide phosphorique maïs elle a besoin debeaucoup de potasse. La vigueur du Lupin ne tient pas, comme on l’a cru, à sa pauvreté en chaux. Ainsi les Lupins les plus riches en chaux sont ceux qui ont poussé sur un sol plâtré, puis viennent ceux qui ont poussé dans de la terre ordinaire. Si lon ajoute de la chaux au milieu, le rendement baisse mais cela ne veut nullement dire que le Lupin obtenu soit très riche en cet élément. Contrairement aux conclusions de Schulze-Lupitz, on n’a pas observé que les mauvais PA am de la chaux pussent être annihilés par emploi d'engrais de potasse L’auteur a montré en outre que le Hbestiité de chaux provoque une augmentation de la teneur en acide phosphorique dans les plantes ; l'addition de carbonate de magnésie rend aussi les Lupins plus riches en magnésie. , SCHLŒsING fils (3) a fait pour la pofasse un travail analogue à celui qne nous avons analysé plus haut en ce qui concerne l’acide phospho- rique. Le stock de potasse insoluble du sol est énorme comme celui de phosphate ; les plantes lutilisent de même grâce aux sécrétions de leurs racines, mais elles prennent aussi la potasse que les liquides du sol arrachent progressivement et dont le titre demeure constant comme pour l'acide phosphorique, Bokorny (4) a étudié, à l’aide d’Algues vertes, le rôle # calcium et u magnésium sur le développement des organites de la c Quand les deux éléments font défaut dans la solntion eus les Algues ne peuvent continuer à vivre, le noyau et les chloroleucites sont très atteints ou désorganisés. Si la solution manque seulement de calcium, l’appareil chlorophyllien SAT une réduction manifeste. Sans (1) Benecke : Beuchte Deut. bot. Ges. N° 12, p. 105 (2) Heinrich : Zweiter Ber. Landw. Vers. Stat. Rostock, pr. 272-278, 1894. (3) Schlæsing fils : C R, CXXX, p #22. (4) Bokorny : Bot. Centralb. LXII, p. 1. 550 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE magnésium, l’action est moins nette; néanmoins les noyaux ra en même temps que les pyrénoïdes des chloroleucites. La réduction de l'appareil chlorophyllien en l’absence de calcium ah en admettant avec Lœw que ce dernier consiste en une combinaison de calcium-nucléine. Toutefois, il est juste de dire que le manque de potassium produit un _. analogue mais cela tiendrait, selon NoBge, ErDMANNx et ans laquelle se trouvéraient les plantes d’assimiler le nt Sans calcium la plante peut décomposer le gaz carbonique mais alors les chloroleucites ne peuvent se déve- lopper d’où il suit que cet élément agit quand même, bien que d’une façon indirecte, sur la fonction assimilatrice. HASELHOFF (1) a essayé de déterminer le rôle alimentaire de la strontiane dans la végétation. Ses expériences ont porté sur lOrge et le Haricot cultivés en terre, sur la Féverole et le Maïs élevés dans des solutions nourricières. La strontiane était donnée sous forme de carbo- nate et de nitrate. Selon l’auteur, la sitrontiane ne nuit pas au déve- loppement des plantes; elle est réellement absorbée et paraît remplacer la chaux; mais ce dernier effet ne se produit que si la chaux et les autres aliments du sol sont en quantité insuffisante. Quel est le mécanisme suivant lequel se fait l’utilisation des sels dont nous venons de parler ? Depuis les célèbres Recherches chimiques sur la végétation de De Saussure, on sait que les sels minéraux et non pas l’eau seulement pénètrent dans les plantes, que l’eau « y est sutée en beaucoup plus grande raison que les sels dissous », qu’enfin un corps serait absorbé en proportion d’autant plus forte que sa solution est moins visqueuse. Beaucoup plus tard, le sillon creusé par l’illustre physiolo- giste de Genève fut repris par Graham dans ses belles recherches sur la diffusion. En 1865, Dehérain montra qu’une substance ne s’accumule dans un tissu que si elle y devient insoluble et les faits qu’il a observés Sont absolument conformes aux lois établies par le savant physicien anglais. Mais alors comment peuvent s’accumuler dans les plantes des sels solubles comme par exemple les nitrates ? A la suite des recherches de Naegeli, Sachs, De Vries, Pfeffer, Klebs, lanse, Famintzine, on fut amené à penser que, dans certains cas, des sels solubles peuvent pénétrer à l’intérieur du suc cellulaire d’où il leur est impossible ensuite de diffuser au dehors, soit par suite de propriétés spéciales du protoplasma vivant, soit à cause de la présence, dans le suc cellulaire, de substances avec lesquelles ils contractent des com- binaisons colloïdes. Demoussy (2) a repris cette question en s’occupant de l'absorption des azotates et des chlorures. (1) Haselhoff : Landwirth Jahrb. XXII; p. 851. 1893. as er Absorption par Les plantes de quelques sels solubles. Thèse de Doctorat. Paris, 1899. e REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 551 L'’abondance des nitrales dans les végétaux à certaines époques de leur existence s’explique par la rapidité avec laquelle les sels sont saisis même dans les solutions très étendues. Les nitrates ainsi absorbés sont retenus par la plante et soustraits à l’action des dissolvants extérieurs ; mais cette propriété est liée à la vie de la plante, lorsque celle-ci est tuée, elle laisse immédiatement diffuser au dehors les nitrates qu'elle renferme, Lorsque le métal avec lequel l'acide azotique est uni n'est pas toxique, sa nature n’a pas d'influence sur l'absorption ; à la condition . d'être présenté isolé, le nitrate de sodium est aussi bien absorbé que celui de potassium, les nitrates de calcium et de magnésium sont pris. aussi aisément que ceux de potassium et de sodium. Au contraire les nitrates de lithium, de strontium et de baryum ne sont absorbés qu’en très faible quantité et font rapidement sentir leurs effets nuisibles. Les chlorures sont absorbés aussi énergiquement que les nitrates et ils sont retenus de même par les propriétés du protoplasma vivant. om s jeunes végétaux; mais quand les différents sels sont mélangés, un choix se fait au sujet duquel on sait encore bien peu de choses. Ainsi, dans un mélange de chlorure et de nitrate, les plantes prennent plus d’azote nitrique que de chlore; entre le potassium et le calcium le choix se porte sur le premier métal; enfin, chose remarquable, en présence du potassium, le sodium peut être complètement laissé de côté, tandis que le calcinm n’empèêche pas l’absorptiôn du sodium Ces phénomènes d'absorption élective ont été étudiés récemment par PFEFFER (1), mais il s'agissait, cette fois, de matières organiques mises à la disposition de Champignons tels que l'Aspergillus. niger et le Penicillium glaucum. En employant un mélange de glucose et de gly- cérine, l’auteur a constaté que les deux corps sont bien utilisés mais que le glucose est pris de préférence; si ce glucose est offert en petite quantité il est absorbé entièrement avant que la glycérine soit attaquée. L’acide lactique se comporte comme la glycérine. L’acide acétique est pris en plus forte proportion que le glucose. Si l’on remplace le dextrose par des peptones on obtient des résultats analogues. Enfin, les diffé- rentes moisissures n’attaquent pas de la même façon l'acide tartrique droit et l’acide tartrique gauche d’un mélange et les préférences parais- beaucoup de celle qui a été traitée récemment par Maq sujet de l’enrichissement des racines de Betterave en saccharose. Les sucres réducteurs, en effet, se forment dans les feuilles et de là émigrent (4) Pfefïer : Ueber Electionorganischen Nährstoffe (Jahrb. f wiss, Bot. XXX VIII, + 1}: : ÿ (2) Maquenne : Annales agronomiques ; t. XXII, p. 5 et C.R. 1895. 552 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE vers les racines et s'y transforment en saccharose. Or la pression osmo- tique, dans les feuilles, est égale à celle qui règne dans les racines. Comme l'équilibre n’existe entre deux cellules voisines qu’autant qu’elles renferment le même nombre de molécules dissoutes, que d’autre part le poids moléculaire du saccharose est double de celui du glucose, il en résulte que le liquide de la racine doit présenter un poids de matière dissoute double de celui qu'on trouve dans les feuilles et c’est en effet ce que l’on observe. Pendant la période de croissance, quand la cellule verte fonctionne activement, la pression osmotique tend à s'élever constamment dans les feuilles; il se produit vers la racine un afflux continuel des sucres réducteurs qui, au cours de leur migration se transforment en saccha- rose; la pression osmotique baisse alors ce qui produit un appel nou- veau des sucres réducteurs et ainsi de suite. Quelles sont les substances que laissent exosmoser les racines ? On sait que les anciens physiologistes, De Candolle, notamment, admettaient une exosmose régulière de principes minéraux par la voie radiculaire. Mais les recherches de Walter, DxHÉRAIN (1) DemoussY (2) n’ont jamais prouvé qu’un sel quelconque, absorbé par les racines, puisse en sortir par diffusion. Cazreck (3), qui a étudié cette importante question, a cependant trouvé que les sels de potassium et notamment le phosphate acide sont expulsés abondamment par les Graminées, les Légumineuses, le Picea excelsa, le Rumex acetosa, etc. La magnésie se rencontre assez roues mais Ja chaux est très rare de même que l'acide sulfurique. Les racines laissent aussi exosmoser des principes organiques tels que le formiate de calcium (Lepidium satirum), l’'oxalate acide de potassium (Hyacinthus orientalis). L’acide carbonique est aussi un produit d’exosmose mais il est à l’état dissous. C'est ce corps qui corrode les plaques de marbre, de phosphate de calcium, les sels acides n’intervenant que d’une façon tout à fait secondair Enfin PaUte n’a er trouvé de diastases parmi les produits de l’exosmose radiculaire. Quand on a déterminé la nature des éléments minéraux, la quantité de ces éléments que l’on Aoit incorporer à un sol donné, pour une St A re il faut encore se demander comment ces engrais seront distri Nu des longtemps on a admis qu'il fallait répandre les engrais chimiques à la volée et d’une façon uniforme. Or Petermann avait déjà observé que, pour les Betteraves, il valait mieux enfouir le mélange à (1) Dehérain : pps agricole, p. 181 4 Demoussy : Loc, 3) Czapeck : Zur side der Vurzelauscheidungen (Jahrb 1, wiss. Bot. 1896). REVUE DES TRAVAUX DE PHYSIOLOGIE ET DE CHIMIE 553 une certaine profondeur pour qu’il soit à la disposition des racines; depuis des années déjà, dans le Nivernais, le Bourbonnais et le Berry, les cultivateurs placent le fumier sous les Pommes de terre. BER- THAULT (1) et DEHÉRAIN (2) ont montré que ce procédé est avantageux pour la Betterave et la Pomme de terre. ScacæsinG (3), PRUNET (4) ont semé l’engrais en lignes d'une certaine profondeur et cet engrais aggloméré au voisinage des racines au lieu d’être uniformément réparti a toujours donné un excédent de rendement, Ces auteurs ont en somme confirmé sur ce point les vues de Gas- parin. Le célébre agronome, il y a déjà plus de cinquante ans de cela, faisait remarquer avec beaucoup de justesse que les racines des végé- taux ne peuvent occuper qu'une partie du sol cultivé et engraissé, en sorte qu’une quantité notable de principes fertilisants pour une récolte donnée est inutilisée et peut même être perdue pour toujours si l’engrais n’est pas retenu par le sol. Une moindre quantité d’engrais, occupant seulement le cube qu’embrasseraient les racines et se trouvant à proximité de ces dernières, n’exposerait pas à une aussi grande perte, c'est ce qui a lieu, par exemple, dans la plantation par poquets utilisée par les jardiniers. Chaque plante, chaque touffe, s'y trouve entourée de très près par la quantité d’engrais qui lui est nécessaire. En ce qui concerne l’alimentation des êtres, une question fort impor- tante se pose. Est-il possible de faire développer un animal ou une plante dans un milieu absolument stérile, c’est-à dire totalement dépourvu de germes ? Cette question a été beaucoup discutée notam- ment en physiologie animale ; mais il semble bien que dans ce domaine, on puisse répondre par l’aflirmative (D' Charrin, etc.). Pour ce qui est des plantes nons devons citer une expérience très intéressante de Kocus (5) sur des’espèces diverses telles que le Cresson, le Haricot, le Blé, etc. Des graines de ces espèces, préalablement stéri- lisées, ont été ensemencées dans des milieux privés de germes et elles ont pu vivre ainsi pendant quatorze mois s sans présenter aucun phéno- après ce laps de temps, c’est ce qui n’a pas été vérifié. Tout expérience plus ancienne, de Dixon, montre que des “sé doivent végéter et être en état de stérilité complète. Cet auteur a cueilli une prune presque mûre et l’a lavée au sublimé; il Va spirassts ensuite dans une éprouvette renversée sur le mercure. Or, a t de trois mois de séjour à une température assez élevée, le fruit pri resté com- plètement stérile. (1) Berthault : Annales agronomiques, XXVI, p 419. (2) Dehérain : agricole. p. (3 Schlæsing : C. CXV, pp. 658. 768 1892 (4) Prunet : C.R en p 653et Revue générale de Botanique, YII, p 260. (3) Kochs: Gibt es ein Zelleben ohne Micro-organismus ? (Biol. Centralbl. 1894). . * 554 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Depuis les recherches de Sachs, Hartig, Bœhm, von Hæœbnel, Stras- burger, Vesque, etc , on a fait bien peu de travaux sur la circulation des liquides absorbés qui constituent la sève brute et sur celle de ces Fret UE transformés dans les organes assimilateurs en sève élabor x Chabacie (1), on peut trouver dans le liber très différencié des Angiospermes trois systèmes de tissus : 1° un qui sert au transport des produits et qui est constitué par les tubes criblés et les cellules cambi- formes ; 2° un système d'absorption formé par les cellules compagnes et qui sert d’intermédiaire aux tubes criblés et aux tissus de réserve: 3° le parenchyme des rayons médullaires, dans lequel s’accumulent les produits. Le liber entier sert de voie de conduction pour toutes les substances, mais les hydrates de carbone et l'huile ne passent que par les tubes criblés et les cellules cambiformes. CHAUVEAUD (2) a essayé de répondre aux rs faites par Blass au sujet du rôle que jouent les tubes criblés dans la conduction des matières albuminoïdes. Les recherches qu'il a ue sur le déve- loppement de ces éléments lui permettent d’affirmer que les caractères. anatomiques concordent parfaitement pour confirmer lpportèns du transport par les tubes criblés. {1) = cape Ueber die Leitungswege der organischen Baustoffe in Pflanzen- kürper (Sitz, Akad: Wien. CVI, p. 117). Zur ai à des Leptomes der ie (Bar. d. deut. Bot. Gesell. XV, 24). (2) Chauveaud : Sur Le rôle des tubes criblés is générale de Botanique, t. IX, p 425. 1897.) (À suivre). à Eb. GRIFFON. TABLE DES ARTICLES ORIGINAUX e : Pages Etudes sur la tubérisation (avec seize figures dans le texte et trois planches, PI. 1 à 3), par M. NoeL BERNARD. Introduction . . 5 I. Infection et cistion chez Tree Ophtydées et la -Picaire: °°! Cu des AL: 08 IT. Histoire du Neottia Nube 610 III. Germination des Orchidées PU. | 40 IV. Étude de la pomme deterre . . . . . 139,269 Résumé général... :. /AeulopE eee UE Action de la lumière sur des plantes préalablement étiolées (avec dix figures dans le texte et trois planches, PI. 4 à 6), par M:H:Rioôme . “osnynafl .& Musg éatx 26, 72, 120 Une série de feuilles d'Orme à ramification latérale. Nature de cette anomalie, par M. P. VUILLEMIN . . . . . . 49 Une monstruosité du Citrus Aurantium (avec trois figures dans 16 texte}, par M. Footage 0 0 97 Sur le tubercule du Tamus communis (avec neuf _—. dans le texte), par M. LECLERC Du SABLON. . . 145 Étude sur la photosynthèse et sur l’absorption par la feuille verte des rayons de différentes longueurs d’onde (avec deux planches, PI. 10 et 11), par M. AnDRÉ RicaTer . 154,211 Variations de structure d’une algue verte sous l’influence du milieu nutritif(avec trois planches, PI. 7 à 9), par MM. L. MarrucHoT et M. MoLLIARD. . . i , 193 I. Caractères microscopiques des cultures . . . 118 II. Étude microscopique. 4° Examen du Stichococcus à l’état vivant . 254 2 Examen du Stichococcus après fixation et COMANOUN. . cociantenmo . … : O8 nr n ., :- 596 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Recherches sur le bois de Conifères des tourbières (avec onze figures dans le texte), par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE . I. Étude morphologique . 10 Bois de conifères récentes 20 Bois de conifères des tourbières. Il. Étude microchimique 4 Cellulose. : 20 Composés pectiques . 3° Lignine . 4 Callose . 5o Sels minéraux. Conclusions Observations sur la distribution des poils à la surface de la tige chez quelques espèces herbacées (avec cinq igures dans le texte), par M. A. DAGuUILLON . L’assimilation chlorophyllienne aux pressions inférieures à la pression atmosphérique (avec cinq figures dans le texte), par M. JEAN FRIEDEL Lui . Principe de la méthode. Dispositif expéri- mental. . La respiration des feuilles déve l'air. raréfié est négligeable pour l'étude de l'assimilation. . Assimilation dans l'air raréfié . . Influence de la pression relative A gaz sr nique et de la pression totale diminuées chacune isolément . . Influence des variations “tive dé ide et de pression. . Influence de l’âge des feuilles . Action de la pression relative à dokya sn . Action de Ja pression sur l'assimilation chez une plante entière et chez des feuilles caduques . Conclusions. 289 TABLE DES ARTICLES ORIGINAUX 557 ; Pages Modifications produites par le gei dans la structure des cel- lules végétales (avec trois planches, PI. 12 à 14), par MM. L. Marrucaor et M. Mozcziarp . . . . . 401, 463, 522 Essai sur la localisation de la Daphnine chez le Daphne Lau- POUR PE DR 4 4 0 «| + 49 Influence des blessures sur la formation desmatière protéiques non digestibles dans les plantes, par M. J. Kovenorr. . 449 Sur la décomposition des matières protéiques dans les plantes, par Miles H, KARAPÉTOFF et M. SABACHNIKOFF . . 483 Influence de la concentration des solutions sur l'énergie respiratoire et sur la transformation des substances dans les plantes, par M. W. Paccanine et Mlle A. KomLerr, 497 Digitales monstrueuses (avec trois figures dans le texte), par M.H. Focxgu..…. "sms" ENS Saphir. rt Na TABLE DES REVUES DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS Pages Revue des travaux publiés sur les Muscinées depuis le 4er Janvier 4895 jusqu'au 4 Janvier 1900, par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (Suite). I. Ouvrages de descriptive et de HR bota- nique (suite). 1° Europe. ne Oo . à 41 D + … . . . 43 g) Belgique. . A 2. h) Allemagne du Not nn : 09 188 it) Allemagne de Se. . . - . 1% AE. ,. 0 Es se à : + . UN) FRS. os ds ee et 0 m) Portugal et Espagne nu ee + n) Serbie . . 00 Revue des travaux de physiologie et de chimie végétales, parus de 1893 à 1900, par M. E. GRiFFoN (Suite). III, Les principes chimiques contenus dans les végétaux. 40 Matières minérales . . A 2° Matières organiques de la ie grasse . 92,138 3° Hydrates de carbone. . . . . . . 141,189 & Acides organiques . 0 5° Matières organiques de la sêrie que 156 TABLE DES REVUES 559 Pages 6° Alcaloïdes. . ., 164,70 7° Matières albums et dit. Bite 4 HT OA 8° Diastases . . ER ie + « 009,900, 00 9o Matières stand dt Tics . . 864,391 10e Travaux divers 78 ee NN 0 . à. 0 IV. L’aliment. 1° Rôle du carbone et de l'azote organique dans la végétation . . és 0 Se %0 Nitrates et sels ammoniacaux. . . . 398,440 3° Intervention del’'azotelibredansla végétation. 442 4° Plantes carnivores . « .…. DS 5 Substances minérales. Tres hrs : ETS Revue des travaux de paléontologie végétale publiés dans le cours des années 1897-1900, par M. R. ZEILLER. . . . 427 s Ouvrages généraux . . 428 . Organismes oroblémstiis nt iex infé- rieurs. A. Organismes problématiques et Algues. . 487 B. Bactériacées et constitution des combus- tie: fodéiles) — tion . : .: . "498 599 TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS LE TOME QUATORZIÈME PLancue 4. Ophrydées. Ficaire. PLancues 2 et 3. Neottia Nidus-avis. PLANcuE 4. Solanum tuberosum. — 5. Ervum Lens. __ 6. Ricinus communis ; Perilla nankinensis. Puancues 7 à 9. Stichococcus. — 10 et 41. Quantité de lumière passant à travers les milieux colorés. — Courbes de distribution de l’éner- gie (d’après Langley), de l'absorption de la lumière dans la chlorophylle des feuilles et derrière les milieux colorés. — 12 à 14. Action du gel. TABLE DES ARTICLES ET DES REVUES PAR NOMS D'AUTEURS - $ < Pages BERNARD (Noel). Etudes sur la tubérisation. 5,58, 101,170, 219, 269 DaGuiLon (A.). Observations sur la distribution des poils à la surface de la tige chez TOR” ee. herbacées . . : Pre nn 289 Focreu (H.). Une monstruosité du Citrus Aurantium. . . 97 Le Fe Digitales monsirueuses.…..: ..:.:.#:. . . « + #17 FRIEDEL (Jean). L’assimilation chlorophyllienne aux pres- sions inférieures à la pression atmosphé- FAQ 2 6 à. 001000 GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (L.). Recherches sur le bois de Coni- fères des tourbières . . 241,300 — — Revue des travaux publiés sur les Muscinées depuis le 1° Janvier 1895 jusqu’au 1° Janvier 1900 (suite). 41,89, 184 [300, 356, 436 Grirron (E.). Revue des travaux de physiologie et de chimie végétales parus de 1893 à 1900 (suite). 45,92, 138 (189, 235, 280, 333, 364, 391, 440, 544 Karapérorr (Mi: H.) et SaBacanIKOrFr (Mlle M.). Sur la décom- position des matières rc ete dans les plantes... . . . 483 Komuerr (Mi: A.). (Voyez Palladine.) Koveuorr (J). L'influence des blessures sur la formation des matières protéiques dans les plantes. . . 449 | LecLerc pu SaBLon. Sur le tubercule du Tamus Communis . 145 Rev. gén. de Botanique, — XIV. 36 562 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Pages Marrucaor (L.) et MozcianD (M.). Variations de structure d’une algue verte sous l'influence : du, milieu nutritif. . : . .…_ . 493, 254, 316 — Modifications produites par le gel. dans la struc- , ture des cellules végétales . . . . 401, 463, 522 MozLiarD (Voyez Matruchot). . Paucanne (Wjet Komuerr (Mie A.). L'influence de la çon- centration des solutions sur l'énergie respi- ratoire et sur la transformation des subs- tances dans les plantes + - - + + : 497 Ricurer (André). Étude sur la photosynthèse et sur l’absorp- tion par la feuille verte des rayons de différentes longueurs d'onde. . . 451,211 Ricôme (H.). Action de la lumière Sur des _. préalable- ment étiolées . . . . l . 26, 72,120 RusseLz (W.). Essai sur la localisation de la Daphnine chez le Daphaè Eadréole "5" son Un, 420 VuILLEMIN (P.). Une série de feuilles d’Orme à ramifications latérales. Nature de cette anomalie. . . 49 Zen (R.) Revue des travaux de paléontologie végétale parus dans le cours des années 1897-1900. 427, 487, 539 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DONT LES TRAVAUX ONT ÉTÉ ANALYSÉS DANS LES REVUES DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS Explications des abréviations : (m) Revue des travaux pra sur les Muscinées ; (p) Revue des travaux de paléontologie végéta (ph) Revue des travaux de physiologie et de chimie . A Pages HiDg (DA) 2 CE NO) Sn Amann (J.)(m). . . . . %61 Ammon (L. v.) (p). . 489 André et Berthelot Ci Re Arnell (H. W.) (m) 41,42, 43 Arnell (H. W.) et Jensen ME , (mn) . ver 41 Arthus n. Mu uv à 0 B Bach (A:) ph). 4) 4i555p3%e Barbey (W:ÿ (m) . .. :: 36h Barbour (E.-H. } ge . 489 Barth (ph) ts Bauer (E.) (aiÿ LAVE 35 Bauer et Schiffner (mn). 357 Béguinot (A.) (m). 437 Benecke (ph) . . 549 Berg et Gerber ( ré. 235 Berthault (ph) . 553 Berthelot (ph) . FIFA Berthelot et André (p h) | Bertrand run nn fr auf einer Frühlingsfahrt durch Korsika. . Zuric > 724 (Harvey Monroc) : À Botanical Surcey of San-Jacinto Montain. _—. dr . -W.) : Abweichende Blüten heimischer Orchideen mit einem rachis die der Abietineen (Bibliotheca botanica, Heft 55). Stultgard, TReLease (W.) : The Yucceae (Missouri botanical Garden, Saint-Louis, pes su” (Ch.) Dictionnaire de physiologie. Tome VI, fase. 1. Paris, A (V.) : Ueber ge Schicksal der elterlichen und AS nn Iena, Fischer, Zacnarias (E.) : Ueber . « RÉ nouer » Bestandtheile des Zelkerns Fe Berlin, 1902. GAGNEPaIN (M F.): Le Zingibéracées du Continent africain dans l'herbier FRA du Muse. ge Hansen (E.-Chr.) : Re sur la physiologie Le as Hat sise dé des fer oh atoliques (Extr. des Travaux du Labo Carisberg ), di Copenhague MASTER .): Coniferae (Extra. from the « Index florae sinensis) Journ. mr . Sat vol. XXVI). cx (G.): The relation of the water rontent of the soil to certain : Pair principaliy mél hgt. Lincoln, Nebraska, 1902. 6 Lin A ip Flora of the Galapagos Islands (American Acad. of Arts 902). Recherches ologiques et taxonomiques, sur Les Basidiom cètes. nr Paris). Cons altes 1902. kung (E ee The rise of the tran: tio : (Botanical Gaze ù LS a. JLER : a revision pfthe € Genus Nénisohte. es | Wonsoru + The evolution ” pan é sons 9 plants bd. ». Bruce Fix : Contributions to «a deg et 0 the lichens of Mimnesota Rr Botanical Studies, Mimneapolis, Ma us po {K.) : Corallinae verae of Port Renfr ey (Ibi Covax Mac Muieran : Observations on PRET A (bi d.). Enrsson (J,}. Sur L” SR pe et la pr Regase de la Rouille des Cérèales par la semence (Ann ciences natur., 1902). GAUCHER : PATETE anatomiques sur SPA PR de (Ibid.). Ducawe : Recherches sur l’embryogénie des Araliacées \Ibid.). tirs Tryptophane in Proteolysis (Annals of Botany, vol. XVI, 1902). : On the Prothalli of Ophioglossum pendulum and Helminthostachys Zaylanies (Ibid). Massée and Sazmox : Researches ou Coprophilons Fungi (Ibid.). Forp (Miss S.-0.) : The Anatomy of Ceratopteris thalictroides (Ibid.).. Gacer : The Developpment of the Pollinium and Sperm-cells in Asclepias Cornuti Dec YapP SFwo Matayan « Myrmecophilous » Ferns, Polypodium carnosum and P. sinuosum (Ibi d.). :. Wan» : On the “rade” dd Host and pores in the Bromes and their Brown Rust, Puce ispersa ÆErikss. (Ibi Hire : où à in ns Flowers of cer É Species of Primula {(Ibid..). CopeLanD : The Mechanism of Stomata (Ibid.) À rade lyiern Mdr v ue. Notes (Ibid.) rTrangement and Structure qri de Vascular Strands in Angiopteris erecta, und some other Marattiaceæ ({bid.). MPBELL : Studies on the orne 48 res ne ; SOS The Sensory Zone of Roots ch HaRvE : Contribution. “A mé Er “Selaginel Li tions PT a Dobe on the Anatomy QE ue : Tlie Structure ‘and Developpment of the young Plants in OEdo- A 0 Ra ; Esperiments on the Brown Rust of Bromes (Puccinia dispersa) : The Sadd AE the Obper Nile; its Botang compared with fat Obstructio n Bengal und American Water Le S (Ibid, bid.}.. + : On pr Anatomy ofi Danæa and other Rires (Ibid.). _. Wmss : The Vascular Branches of Stigmarian Rootlets (Ibid..). = CLAUTRIAU : Nature” en signification des alcaloïdes végétaux neeneik. Heniatietanique à Rs ER ruxelles, t. V, 1902). ” - ochimi s senc des _ et à #0 grycosides le la famille #0 Le on Pre he < ne Massa RT (J.) : Recherches sur les organismes inférieurs Ibid. Fi EN +; a Sur la my ge comme unitè dans les mesures MO RES _— : Sur une bactérie de grandes 7 : Dar m Colossus (Ibid.). Vax RYSSELBERGUE : : Influence de la tempèra sur la Let du r eau et les nbtiEnce “iagoutes s (Ibid.). : Ces : De La prétendue existence de solanine dans les graines de Tabac Oventox CE B.) : Parthenogenesis in Thalictrum purpurascens. Chicago ; | CLemenrs F.-E.) : À system of Nomenclatur foo Phytogcography. Lis, . Mass: The Relationships of some A merican and Old Worli Birches CS à va Le du Harvard University, New Series XVIIL, 1902). xIMOW (N.-A.) : Ueber in, gr 2 ren Pilze | tps Bactert te 8 and 880) auf die __. der niede- MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botani mois et chaque ue est composée de 5 à et figures dans le t araît le 15 de chaque à 48 8 pages avec planches Le prix annuel en d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l’Etranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, rare etc., à M. Paul DUPONT, 4, rue du Bouloi, à Paris. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l’Estrapade, Paris. a rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires L se ou no dont un exemplaire aura élé adressé au Directeur de la Revue générale de Botanique. De plus l'ouvrage envoyé sera annoncé immédiatement ur la couverture Les auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de op ont droit Re er à vingt-cinq exemplaires en tirage à par PRINCIPAUX COLLABORATEURS DE LA Æevue générale de Botanique AuBErT, docteur ès sciences. BATTANDIER, pe à l'Erole de médecine d’Alg RNARD, ue à e re à la Fais lté des Sciences de BOERGESEN, docteur ès sciences pa l'Uni- versité hague. Bonnier (Gaston), membre de l’'Acadé- mie Sciences. Borner, membre de l'Académie des sciences. Boupier, président de la Société de Mycologie. gt er a Ne PO RS à la Faculté des ; Pare prof. à l'Université de Genève. BRUNOTTE , ro po cours à l’École | p,, te me ... re: à l'École ; es Hautes-Études. | FLAHAULT, CosTaNTIN, professeur au Muséum. Courix, docteur ès sciences. DaevizLon, maître de Conférences à la Sorbonne. Dantez, maître de Co: Fe Pesgd à la Faculté ‘he sciences de DassonviLce, docteur ès sc | DEvaux, Li rirrina es art l’Univer- sité de Bordea DRAKE DEL “TE « EI ob “pute de la Société botanique Durour, ui qu Lébess- toire de _—. végétale de Fon- EnuxssoN (Jakob }, professeur à l’Acadé- royale si gen aps de Suède. Lu pierres au fesseur à Pre AS de Fuor, docteur ès sciences. u, docteur ès sciences. Fran er répétiteur au Re Frieve (Jean), docteur ès scienc Gain, maître de a à res ni- versité de Nan GÉNEAU DE “ts te ÈRE, or à l'École de médecine de Rei Giarr, membre de Le a des Scie nces GoLpsErG, docteur +: eine sg de l'Uni- versité é de Var Gorprzus (Mie au) us à l'Institut ses de _ GRÉLOT, pneus à sl . ieure de pharm acie de Nan | GRirron, nee ar brie supérieure d'Agriculture de Grigno GuiGNar», As de l'A ue des nces. GuciermonD, docteur ès scien Hecxe, prof. à l’Université de Morcolle. Bear, prof. à l'Écol e forestière de Nancy. s. Hocureu doc dre * sciences de l'Université de Genè Houan», préparateur 3 E Rte ILBERT, ARCRE DS ‘re Vhblieséor à- À Université de Lau- ne. DE CORDEMO sshargé d di l'Université ASE Na rseille. Eee CRE Le hs ob à l'Univer- a JonkMax, de l'Université d’Utrecht. JUMELLE, _* des Sciences Kisoracr Kooeurge de an ès scien- ces, de l'Uniyersité de Copenhague. à Ro | nn de la viticulture de | “to prof. à l'Université de “haeg tue À à la Faculté AÉPnTES (Conway), pus à l'Uni- é de Minneso Mere prof. à en de Besançon. MARMIER, sa ès sciences, MASCLEr, conservaleur a collections botaniques re la Es bon rte po maîtr Conférences à l'Écoie No nos Supérieu Mer, rer de la Staise hote de l'Est Mesanp, professeur à l'École de méde- cine de Rouen. nee pes de Conférences à la orbon Monrowivs, “doctear ès sciences, Mar- bourg Pétersbou PARMENTIER, Pi roi esseur- * al à la Faculté des ADS de Besançon, PauLsen (0ve), docteur . ns de l'Université de Copenh Mot. Re ès ee ee l'Uni- rsilé de Zuari PouLsEy, “docteur ès | sciences de l'Uni- vers D prof. à l Université de Saint- urg: Pate, membre dé l'Académie des Science ET we à l'Université de Toulouse. RaBor pions explorateur Ray, maitre de ARRETE à l'Univer- sité de Lyon RICHTER era cave à l'Université de Saint-Pétersbourg. st hrs ve + Conférences à la Sorbo RussELL (William), docteur ès sciences. fa (de), corresp. de l'Institut. Téonorrsco, docteur ès scien THOUVENIN, professeur a l'École de médecine de Besançon. Trasur, prof. à l'École de médec. d'A Alger | VaLLorT (J.), directeur de béervotél du Mont-Blanc. Van TiecHeM, membre de l’Académie .des Sciences. are à l'institut pe à l'Univer- . de Naney. 4. | NS prof. à _. de cniagos. ’Académie des Zener, D ae ne Sciences.