7. REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME : PARIS LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT 1, ROUE DANTE, 1 1905 REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE FT REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME PARIS LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT 1, AU DANTE, ‘1 1905 Mo.Bot Garden 1906 — dr REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR ee M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME Fe Entered at the New-York Post Office as Second Class matter. x ” . RS ne E GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT | + RUE Épe. + LIVRAISON DU 15 JANVIER 1905 Pages ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES (avec planches et figures dans le texte), par M. E. Gallaud. 5 PLANCHES CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON Planches 1 à 4. — Mycorhizes endotrophes. Cette livraison renferme en outre quatre figures dans le texte. ES one ot rod me tetes mt -fn nt) MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue gone de UT paraît le 15 de cons _ mois et chaque | ne pee de DA os et figures dans le t Le prix annuel asebie d'avdhee) est de. 20 ir. pour Paris, les Départements et VA série, 22 fr. 50 pour l'Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, mandats, cte., à M. PAdmi- pistrateur dc la LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, 4, ruc Dante, à Paris, Adresser tout ce qui € concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des “ré é mémoires | tee noles dont un rs et eh été adressé a au. Direct sur. la couverture. eurs des travaux insérés dans la Revue générale Bi is droit Pare 2e à vingt-cinq — en —— à par 1 ÉTUDES MYCORHIZES ENDOTROPHES par I. GALLAUD (Planches I à IV). HISTORIQUE ET INTRODUCTION Les racines de la plupart des plantes sont habitées par des champignons filamenteux, d’une façon constante pour quelques- unes d’entr’elles, pour le plus grand nombre d'une façon irrégu- lière, sinon accidentelle. L'existence de ces champignons a été signalée peu avant le milieu du siècle dernier, et depuis, un grand nombre de chercheurs se sont attachés à leur étude, s’appliquant à les bien faire connaître et à préciser le rôle qu'ils jouent dans la racine. C’est l’ensemble de ces travaux queje vais d’abord exposer afin de donner une idée de l’état actuel de la question, des résultats acquis et des problèmes qu’elle a soulevés. L'histoire des recherches sur les racines à AREA com- prend 3 périodes principales depuis ses origines jusqu’à nos jours : Dans la 1re, qui s’étend de 1840 à 1885, les auteurs constatent la présence fréquente de mycélium dans l’intérieur des racines ou à leur surface, mais sauf de rares exceptions n’en font pas une étude spéciale et s'inquiètent peu du rôle de ces champignons. Au début de la 2 période (1885-1894), Frank émet l'hypothèse que les champignons en question vivent en symbiose avec les racines. Sous l'influence de cette idée nouvelle, grosse de consé- quences, de nombreux chercheurs se mettent à l'œuvre pour la vérifier et étendre nos connaissances en ces matières. Dans la 3° période, qui débute au moment des derniers travaux 6 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de Frank, et va de 1894 à nos jours, ces études se continuent et se précisent par des recherches cytologiques sur le champignon et les cellules de son hôte en même temps que de nombreuses théories se - font jour pour expliquer les rapports réciproques des deux plantes vivant en commun. $ 4er. PREMIÈRE PÉRIODE (1840-1885). — Dès 1840, on a Sale des modifications dans les racines infestées sans d’ailleurs les rattacher à la présence d’un organisme étranger. Hartig (40) ‘, dès ce moment, découvre le manchon qui entoure les extrémités des fines radicelles des Conifères et le réseau formé entre les cellules superficielles. Ryland fait des constatations analogues dans le Monotropa Hypopitys. En 1843, Gottsche et Schleiden, d’après Leitgeb (81), signalent dans les cellules des Muscinées l'existence de tubes qu'ils prennent pour des vaisseaux accessoires. En 186, Reissek (46), le premier, se rend compte de la nature mycélienne des filaments qu’il rencontre dans beaucoup de cellules. Il en tente même la culture et retire des Fusisporium de racines d’Orchidées. Après lui, Schleiden (49) dans le NWeottia, Irmisch (53), Pril- lieux (56), Fabre (55,56) dans des Orchidées variées, aperçoivent des pelotons de filaments enroulés sans reconnaître leur origine etc'est Schacht (54) qui, en 1854, établit leur vraie nature. En 1869, Milde (69) dans les Botrychium et Russow (72) en 1872 dans les Ophioglossum et les Botrychium signalent la présence de cham- pignons internes que Reinke (73) retrouve en 1873 dans les rhi- zomes des Corallorhiza et des Epipogoon. La même année, Drude (73) étudie le Champignon interne du Veottia et le manchon exté- rieur du Monotropa Hypopitys. Ce travail reporte l'attention sur les mycorhizes des arbres : en 1876, Boudier (76) et en 1885 Rees (85) croient voir des relations entre les Elaphomyces et ces racines. Mais c'est surtout l'important travail de Kamiensky (81) en 1881 sur le Monotropa et les arbres forestiers, qui donne une grande impul- sion aux recherches sur les mycorhizes. L'auteur démontre en effet la présence constante du manchon mycélien sur les racines de la plante attaquée et émet pour la première fois, d’une façon nette, l’hypothèse de l'existence d'une 1. Les chiffres entre parenthèses qui suivent un nom d’ ao représen ntent les deux derniers chiftres de rares de la publication de son mémoire et Re : à l'index bibliographique. ‘2 TE . Pen ee pe dc à > ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 7 symbiose entre le champignon et son hôte pour le plus grand avantage des deux plantes. Pendant ce temps, l’étude des champignons internes n’est pas négligée: en 1879 Kny et Bôtiger (79) signalent l'infection des Marchantiacées ; en 1884, Mollberg (84) publie une sorte de mono- graphie des endophytes des Orchidées pendant que Treub (84, 86, 88, 90), la même année et les années suivantes, Bruchmaon (85) en 1885, Solms-Laubach (84) et Gœbel (87) consacrent de nombreux mémoires à l’étude des Lycopodiacées et signalent les champignons qui habitent ces dernières plantes et surtout leurs prothalles. $ 2. — DeuxIÈME PÉRIODE (1885-1894). L'hypothèse d’une sym- biose entre le champignon et son hôte av:.' déjà été émise, à l’époque où nous arrivons, par Pfefter (77), Kariensky (81), Treub (84) et Gœbel (87), mais c’est Frank qui, dans deux mémoires parus en 1885, la précise, en signale l’importance et enfin institue des expériences pour en démontrer la réalité. A partir de ce moment, l’étude des mycorhizes est poursuivie très activement par Frank lui-même et ses élèves. Dans une série de mémoires publiés de 1885 à 1894 le célèbre professeur de Berlin montre l’abondance des mycorhizes dans les plantes les plus diverses: racines de Conifères et d’Amentacées où ke champignon est externe(mycorhizes ectotrophes), racines d'Orchidées, d’Ericacées, d’'Empétrées où il est _ interne (mycorhizes endotrophes). 11 étudie aussi les tubercules radi- Caux des Légumineuses et.des Aunes. Il fait remarquer la cons- tance de l'infection dans toutes ces plantes et émet l'hypothèse d’une symbiose étroite entre elles et leur champignon. Dans le cas des mycorhizes ectotrophes, le manchon mycélien se substituerait aux poils rhizoïdes dont il remplirait les fonctions. Les champignons absorberaient ainsi pour les céder à la plante les sels minéraux et les aliments organiques azotés renfermés dans l’humus, où Frank a montré que les mycorhizes ectotrophes prennent leur plus haut développement. En retour, la plante céderait aux champignons les . Matériaux hydrocarbonés qu’elle fabrique. Pour justifier cette hypo- . thèse, Frank fait l'expérience suivante : 15 hêtres semés dans l’humus se développent normalement tandis que des semis compa- _rables faits sur de l’humus stérilisé à la vapeur d’eau ou sur du 8 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sable quartzeux donnent des plantes qui meurent ou restent fort rabougries. En même temps, Frank, par de nombreuses analyses, montre que les mycorhizes sont toujours exemptes d’azotates, prouvant ainsi que les racines à champignons n’absorbent pas l’azote sous la forme nitrique comme la plupart des plantes mais sous la forme de composés organiques. Pour les mycorhizes endotrophes, en particulier pour celles des Orchidées, Frank a d’abord admis un pareil mode de nutrition par l'intermédiaire des champignons qui puiseraient l’azote directement dans les matières organiques de l’humus pour le céder ensuite à la plante. Mais ayant remarqué combien sont rares les communica- tions de ces endophytes avec l'extérieur, il en vient à penser que la plante-hôte se procure des aliments azotés en digérant le champi- gnon lui-même qui en contient beaucoup à son intérieur. Cette théorie sur le mode de nutrition des plantes à mycorhizes, en particulier des arbres des forêts, et la nouvelle interprétation qui en résulte de l’utilisation de l’humus par les plantes ont un grand retentissement et suscitent de nombreuses recherches dans toutes les directions. Je ne parlerai pas des nombreux travaux relatifs aux tubercules des Légumineuses, des Aunes, et des plantes infestées d'une façon analogue, travaux qui ont enrichi nos connaïis- sances sur le mode de _—_——. de ve PR à dans les tissus végétaux. L’endophyte est tici d’une nature très spéciale (bactérie ou hyphomycète très-inférieur) et ne rentre pas dans le cadre de cette étude. Mais en dehors de ces recherches, les travaux sur les mycorhizes proprement dites sont nombreux. On étudie de près la constitution de l’humus et la distribution des cham- pignons qui l’habitent. P. E. Muller (86, 89) en 1886 et en 1889 consacre plusieurs mémoires à ere question. Parmi les plantes infestées, les À tes attirent surtout l’attention. Johow (85, 89), Thomas (93), Giddis (94, 95) signalent dans bon nombre d’entre elles la présence de mycorhizes et s'efforcent de mettre en relief le rôle des endophytes dans ces plantes dépourvues de chlorophylle. Wabrlich (86) en 1886 fait une étude systématique des Orchidées et montre que toutes sont infestées. Il établit d’une façon définitive la constitution mycélienne des corps jaunâtres aper- çus depuis longtemps dans ces plantes et désignés sous le nom de — ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 9 « corps de dégénérescence »; il cultive, à partir des racines, des champignons filamenteux à spores Fusarium et périthèces de Nec- tria, qu'il croit être l’endophyte. Peu après Schlicht (89) signale la grande extension des mycorhizes endotrophes et en représente quelques-unes. Les plantes inférieures ne sont pas négligées et Kubhn (89) étudie les Marattiacées et leur mycorhizes, Grevillius (95) les Botrychium, pendant que Gæbel (91) complète nos connais- sances sur les Hépatiques infestées. $ 3. — TROISIÈME PÉRIODE (1895-1904). — Dans cette troisième période l'étude des mycorhizes se poursuit encore plus activement. Les expériences et les théories de Frank presque universellement admises pendant la période précédente sont étudiées de plus près et discutées. Un grand nombre d’auteurs présentent à leur tour, sur le rôle des mycorhizes, de nouvelles hypothèses fondées sur une connaissance plus étendue de ces organes et sur des études d’ana- tomie et de biologie comparées plus exactes. En même temps on aborde l'examen cytologique précis des cellules infestées pour mieux comprendre le mécanisme des échanges entre la plante et le champignon. -Les mycorhizes ectotrophes entrent pour une bonne part dans ces travaux. Sarauw (93,04) publie en 1893 et en 1904, principale- ment sur les arbres forestiers, d'importantes études dans lesquelles il montre que les champignons ne sont pas aussi indispensables que le prétend Frank pour le bon développement des arbres ; beaucoup de racines s’en affranchissent par une croissance sufi- samment rapide; la formation des mycorhizes n’est fréquente que dans le sol des forêts couvert de feuilles et n’est due qu’à l’abon- dance des champignons aptes à les produire ; elle ne résulte nullement de la nécessité de la symbiose. De l’ensemble de ses observations et expériences, Sarauw conclut que l'arbre supporte le champignon parce que ce dernier ne lui nuit point, mais il lui semble peu probable que la plante en retire quelque avantage. Von Tubeut (96,03) s'occupe aussi des arbres forestiers chez lesquels il signale la présence de mycorhizes endotrophes, formes presque aussi fréquentes que les mycorhizes ectotrophes. Dans ces dernières, il constate que, contrairement à l’opinion de ni. les Fe radicaux n'ont pas disparu totalement et sont - 10 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE encore fonctionnels ; de plus, toutes les racines ne sont pas trans- formées en mycorhizes. Aussi croit-il que les plantes mycotrophes absorbent elles-mêmes et directement les sels minéraux, tandis que le champignon intervient seulement pour transformer les éléments azotés du sol en nitrates que la racine peut ensuite absorber elle- même. A. Müller (02,03) contredit également par ses expériences l'opinion de Frank sur l'influence de l’humus dans la formation des mycorhizes ectotrophes en montrant que les mycorhizes du Pinus sylvestris prennent leur plus grand développement dans les sols pauvres en humus. _ Mais dans ces dernières années, c’est surtout à propos des mycorhizes endotrophes qu’on s’est livré aux travaux les plus étendus et qu’on a cherché à résoudre le problènie de la symbiose des plantes et des champignons de leurs racines. En particulier les Orchidées, à cause de la constance de leur infection et de leurs nombreuses singularités qu’on s'est eflorcé de rattacher” à la présence des endophytes, ont attiré beaucoup l’attention des bota- nistes. En 1898 paraît un travail de Chodat et Lendner (98) sur le Listera cordata et un autre de Dangeard et Armand (98) sur les à Ophrys. En 1900, Magnus (00) publie une étude très complète sur l’endophyte du Neottia Nidus-avis. Il distingue nettement parmi les cellules infestées celles où le champignon est digéré et meurt (Verdaüüngszellen) et où se forment les «corps de dégénérescence » qui sont le résultat de cette digestion, et les cellules où se forment 2 des pelotons serrés, restant vivants (Pilzwirthzellen). C’est dans ces dernières que le champignon puise sa nourriture (principale- ment les hydrates de carbone), tandis qu’au contraire dans les Verdaüüngszellen la plante s’enrichit du produit de la digestion du champignon. L'auteur accompagne ces considérations d’une étude cytologique très soignée où il met en évidence l’action exercée par l'introduction du champignon étranger sur les cellules de la plante, sur leur contenu et en particulier sur leur noyau. L'année suivante (1901), Noël Bernard (01) reprend l’étude du MNeottia ainsi que celle des Orchidées, de la Ficaire et de la Pomme de terre. Il retire des racines de ces plantes de nombreux Fusarium qu'il croit être la forme libre de l’endophyte. La comparaison attentive des différents stades du développement annuel des Ophrydées avec ceux de la marche de l'infection dans leurs racines l’amène à penser qu'il" ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES . a un rapport étroit entre l'infection et la tubérisation de ces plantes. Il appuie cette hypothèse de l'étude de faits comparables dans le Veottia, les Ophrydées et la Ficaire et donne le résultat d'expériences faites sur la Pomme de terre qu’il explique de la même façon. De plus il montre que la présence de champignons est nécessaire à la germination des graines d’Orchidées et explique ainsi les phénomènes de tubérisation dont leurs plantules sont le siège. Peu après Noël Bernard'(03, 04) parvient à isoler le véritable endophyte des plantules d’Orchidées et provoque à volonté, en tube stérile, la germination si difficile de certaines de ces plantes ‘. En dehors des Orchidées, les mycorhizes ont été aussi l’objet de recherches nombreuses. En 1897 Janse (97) publie une longue étude morphologique sur les endophytes des plantes de la forêt vierge de Tjibodas (Java}. Il pense que les champignons vivent dans les racines en utilisant les hydrates de carbone qu’elles contiennent et qu'ils fixent directement l'azote de l'air pour en faire des composés organiques azotés qu'ils abandonnent en partie à la plante. Vers la même époque Mac Dougall (98, 99) et Penzig (01) apportent de nouvelles contributions à l’étude des Angiospermes saprophytes estées et le premier de ces auteurs tire de ses études de nom- breuses preuves de l’intervention des champignons dans la nutrition des plantes. En 1900, Stahl (00) publie un travail très étendu de biologie comparée sur les plantes autotrophes et mycotrophes qui l'amène à donner une nouvelle interprétation du rôle des champignons symbiotiques. Il commence par établir par de nombreux exemples pris dans tout le règne végétal que les plantes munies d'appareil d'absorption et de transpiration très développés, c’est-à-dire par- courues par un fort courant d’eau, produisent de l’amidon dans leur tissu assimilateur, tandis que celles qui absorbent et rejettent peu d’eau forment de préférence des sucres dans ces mêmes tissus. Les premières, grâce à ce courant d’eau abondant, peuvent absorber en quantité suffisante les sels minéraux nécessaires à leur nutrition 1. Le présent mémoire a déjà été publié sous forme de thèse de doctorat, dès le mois de juin 1904. Il est donc antérieur au travail de N. Bernard (Recherches expérimentales sur les Orchidées) paru dans cette Revue à la fin de 190%. C’est ce qui explique que je ne signale pas ce dernier travail qui pourrait sembler antérieur au mien et que j'ai tenu compte uniquement des faits publiés par l'auteur dans. les deux notes préliminaires — dans l’Index bibliographique. 42 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE (plantes autotrophes); elles sont dépourvues de mycorhizes. Les secondes au contraire sont toujours infestées (plantes mycotrophes) et ce n’est que par l'intermédiaire de leurs champignons dont le pouvoir osmotique est considérable qu’elles peuvent puiser dans le sol les éléments minéraux qui leur sont indispensables. Pour : les plantes dont les moyens d'absorption et de transpiration sont réduits, la symbiose est surtout nécessaire quand elles vivent dans l’humus des forêts. Les champignons menant une vie indépendante y sont en effet très abondantis ; la lutte pour l’absorption des sels minéraux y est très vivé et serait fatale aux plantes mal armées ss, dans ce senssielles n’avaient des champignons dans leurs racines. Stahl justifie cette interprétation des phénomènes de la vie dans Vhumus en montrant expérimentalement que des pieds de Linum usitatissimum et de Lepidium sativum, plantés dans lhumus des. forêts, y poussent difficilement tandis que des semis comparables faits sur le même humus, stérilisé et débarrassé ainsi des cham- pignons, y prennent un grand développement. En 1902, Shibata (02) publie une étude cytologique très soignée des mycorhizes ‘du Podocarpus, du Psilotum, de l’Alnus et du Myrica. montre que dans ces plantes Îles champignons ende phytes, de nature inconnue d’ailleurs mais sûrement difiérents, sont soumis de la part des cellules-hôtes à une digestion plus ou moins complète. Partageant les idées de Frank et de Magnus à ce sujet, il pense que c’est ainsi que la plante tire profit du champi- gnon en même temps qu’elle utilise les substances minérales que ce dernier puise dans le milieu extérieur comme l'a reconnu Stah]. Comme confirmation des données fournies par la cytologie, il retire des racines de Podocarpus un extrait à propriétés diastasiques, digérant la fibrine en milieu acide. Pour Shibata cette diastase serait produite par les cellules-hôtes et serait l’agent de la digestion intracellulaire des endophytes. Petri (03) reprend les études de Shibata sur divers Podocarpus ‘ et s'applique à élucider le rôle des organes que Janse a trouvés en grand abondance dans les endophytes et qu’il a nommés des sporangioles. C’est dans les sporangioles que s'accumuleraient les substances azotées absorbées par l’endophyte dans le milieu extérieur, et la cellule-hôte digérant ces substances en ferait 524 ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 13 - profit Comme Shibata, Petri retire en effet des racines de Podo- . carpus un extrait glycérique qui liquéfie l’albumine. à Pendant que ces recherches délicates se poursuivent sur les plantes supérieures l'étude des mycorhizes des Cryptogames n’est pas négligée. En 1898, Bruchmann (98) dans un mémoire étendu donne l’ensemble de ses recherches sur les prothalles et les plan- tules des Lycopodes de nos pays, Lang (99) étudie le prothalle du Lycopodium clavatum et ses endophytes. On revient aussi à l’examen des Hépatiques infestées.:Janse (97), en avait déjà signalé et étu- dié une en 1897; Nemec (99,04) en 1899 décrit l’infection du Caly- -pogeia trichomanis et complète son travail en 1904. Golenkine (02) étend aux Marchantiacées le bénéfice de l'infection qu’on croyait limité aux Jungermanniacées d’après les idées de Stahl. La même année, Beauverie étudie le Fegatella conica, et en retire un cham- pignon qu’il croit être l’endophyte. Enfin récemment Garjeanne (03) et Peklo (04) font connaître le résultat de leurs recherches sur les Hépatiques infestées et concluent que les non qu'elles hébergent sont de simples parasites. __ Comme nous pouvons le voir par le rapide exposé ne. + précède, l'étude des mycorhizes depuis Frank s’est précisée et . dans cette troisième période. D’un côté certains auteurs ont orienté leurs travaux uniquement vers les mycorhizes ecto- trophes. Sans abandonner entièrement les théories de Frank, ils ont une tendance à ne plus leur accorder une aussi grande impor- tance. D'un autre côté, les mycorhizes endotrophes ont été l’objet de travaux importants. Elles ont donné lieu soit à des recherches de biologie comparée comme l'ont fait Stahl et N. Bernard, soit à des monographies où l'étude cytologique a été poussée très loin comme dans les travaux de Magnus, Shibata et Petri. Ces derniers auteurs abandonnant les méthodes un peu « priori de Frank ont cherché à surprendre l’action du champignon au point précis où elle s’exerce réellement, c'est-à-dire dans la cellule infestée elle-même. Les résul- tats fort intéressants obtenus par ces derniers ne concernent qu'un “—.. petit nombre de plantes (Neottia et Podocarpus) où justement les endophytes sont fort complexes et dans un état de digestion plus ou moins avancé. J’ai pensé qu'il y auraït intérêt à étudier et à ne connaître des types plus simples que les précédents. 14 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE $ 4. — PLAN DE CE TRAVAIL. — Dans ce but j'ai entrepris l’étude morphologique et cytologique d’un grand nombre de mycorhizes endotrophes prises parmi les plantes de nos pays . Ce travail n’a jamais encore été fait d’un façon systématique. Schlicht a étudié un grand nombre de plantes, mais il n’a donné le résultat détaillé de ses recherches que pour quelques unes d’entre elles, se conten- tant pour le plus grand nombre, de signaler simplement la présence ou l'absence de l'infection. Stahl a agi de même. Seul Janse a publié une étude morphologique d'ensemble sur les mycorhizes des plantes tropicales de la forêt vierge. Il y avait grand intérêt à faire de même pour les plantes de nos pays. J’ai pu constater, qu’en dehors des types bien connus des Orchidées et des Podocarpus, il existait un grand nombre d’autres formes d’endophytes plus sim- ples, se rangeant en séries bien distinctes les unes des autres, de complication croissante et permettant de s'expliquer facilement la structure complexe des mycorhizes des Orchidées. La description des exemples les plus saillants de chacune de ces séries constituera le premier chapitre de ce travail. Dans un second chapitre, je ferai l'étude détaillée des différents organes des champignons et de leurs fonctions. Le troisième chapitre sera consacré à l'étude des actions récf- proques du champignon et de la racine l’un sur l’autre. Dans un quatrième chapitre j'exposerai les tentatives que j'ai faites pour déterminer la nature de l’endophyte, l’isoler et le cul- tiver. Enfin, dans un dernier chapitre, j’exposerai, en même temps qu’une étude critique des différentes théories proposées jusqu’à ce jour pour expliquer le rôle des endophytes, quelques remarques auxquelles conduisent les résultats précédents. $S 5. — Tecanique. — La recherche des endophytes dans les racines est assez pénible et difficile. Rarement l’aspect extérieur des racines permet de décider si elles sont infestées. Il faut avoir recours à des coupes minces transversales et longitudinales. Ce sont ces dernières qui sont les plus instructives. Pour faire M + 4. Je laisse en dehors de ces recherches les mycorhizes à nodosités des de e mineuses, des Aunes et des Eléagnées dont l’endophyte est très spécial. De même, il ne sera pas question des mycorhizes des ee Ps me paraissent se rapprochér surtout des mycorhizes ectotrophes. \4 Hg: ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 15 de la distribution des endophytes dans les racines, les coupes faites à la main ou au microtome étaient mises de 12 à 24 heures dans une solution de bleu coton (BI. CBBBB) à saturation dans l'acide lactique. Par lavage à l’eau et à l’alcool la plus grande partie du colorant est éliminée et il ne reste teinté en bleu que le champignon, les noyaux et les membranes lignifiées ou cuti- nisées des cellules. Les coupes sont alors passées dans des alcools de plus en plus concentrés et montées au baume. Elles conser- vent leurs colorations pendant deux ans sans grande altération. Pour augmenter la fixité des couleurs, après: le lavage à l’eau, il est bon de faire séjourner les coupes quelques minutes dans une solution de tannin à 5 °/0. Pour l'étude cytologique des racines et du “inpietin. les échantillons examinés ont été fixés à l'alcool à 90°, à la liqueur de Flemming ou au picroformol (formol à 40°, 30 emc. ; eau saturée d’acide picrique 26 cmc. ; acide acétique glacial 5 cme.). Les coupes en série ont été colorées soit à l’hémalun de Mayer, soit à l’héma- toxyline au fer (méthode de Heidenhain), soit à la diamant-fuschine ; ces colorants nucléaires étaient combinés avec l’éosine ou le vert- lumière. Enfin, dans certains cas, j'ai tiré grand parti des colora- ions obtenues avec le bleu polychrome de Unna après différencia- tion à la glycerin-æthermischung, suivant la méthode indiquée récemment par Guillermond (04). Ce travail m'a été inspiré par l'enseignement de mon premier maître, M. J.Costantin, professeur de culture au Muséum d'histoire naturelle. Commencé au Laboratoire de Botanique du Muséum d'histoire naturelle, dirigé par M. Van Tieghem, il a été continué au Laboratoire de Botanique de l’Ecole normale supérieure dirigé par M. L. Matruchot et au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau dirigé par M. G. Bonnier. J’adresse mes plus vifs remerciements à tous mes maîtres pour les encouragements et les conseils qu’ils n’ont cessé de me prodiguer. 16 : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE CHAPITRE I ÉTUDE DE QUELQUES TYPES DE MYCORHIZES $ 1. — Série de l’Arum maculatum. ARUM MACULATUM. — Le rhizome souterrain de l’Arum maculatum porte de nombreuses racines disposées en couronne autour du bourgeon végétatif qui le termine. Ces racines, jamais ramifiées, _ dépourvues presque entièrement de poils radicaux, atteignent par 8 fois une longueur de 25 cm. et ont une épaisseur régulièrement décroissante depuis leur base (diamètre maximum de 3 mm.) jusqu’à leur extrémité. Elles sont parfaitement lisses sauf au voisi- nage du point d’attache où leur surface présente des plissements circulaires dont Rimbach (97) a étudié l’origine et la fonction. Sur les tubercules bien développés elles apparaissent de très bonne : heure (dès septembre) au pourtour du bourgeon qui donnera la pousse aérienne du printemps suivant. Elles s’allongent très rapi- dement (1 cm. en 24 heures d’après Rimbach) et au début de l'hiver ' certaines atteignent une longueur de 15 cm. Stationnaire pendant “ la mauvaise saison, leur croissance reprend dès le premier prin- temps et se termine au moment de la floraison de la plante, c’est- à-dire en mai-juin, En juillet, la fécondation opérée, les feuilles se flétrissent et les racines meurent, tandis que les fruits müûrissent. Les racines, qui constituent la seule partie de la plante abritant des champignons, ne subsistent donc pas une année entière ; l'infection doit se reproduire périodiquement et ne dure qu'une partie de l’année. | : Au point de vue anatomique, les racines ont une structure 4 simple (PL. LE, fig. 1 et 2). L’écorce ! dans une racine de 2 << 1. Je décrirai, ici et dans les exemples suivants, uniquement la struétüre d l'écorce de la racine, l'infection par les endophytes ne dépassant en aucun cas l’'endoderme, 74 mn. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 17 d'épaisseur est formée de 12 à 14 assises de cellules, non compris l’endoderme. Les 3 ou 4 assises extérieures sont formées de cellules étroites, allongées dans le sens longitudinal, à section polygonale, ne laissant entre elles aucun méat. Rarement une des cellules de l’assise superficielle s’allonge en poil radical. Les assises les plus externes sont formées de cellules bien vivantes, ayant protoplasme et noyau ; elles ne présentent pas de différenciation très accentuée dans leur membrane et protègent la racine surtout parce qu’elles sont fortement liées les unes aux autres. Les assises sous-jacentes sont formées jusqu’à l’endoderme de cellules plus larges, circulaires en section transversale et allongées dans le sens longitudinal ; elles laissent entre elles de larges méats triangulaires Ou quadrangu- laires ; leur largeur croît assez rapidement jusque vers la 6° ou 7e assise pour décroître ensuite jusqu’au voisinage de l’endoderme. Les racines de l’Arum maculatum, fréquemment infestées, né le sont pas d’une façon constante. Il m'est arrivé de rencontrer sur un même pied des racines à champignons à côté d'autres qui en étaient totalement dépourvues. De même, à côté de pieds ayant des mycorhizes, j’en ai trouvé d’autres où l'exploration minutieuse de nombreuses racines ne m’a pas montré traces d’endophytes. . L’Arum maculatum n'est donc pas une plante constamment et nécessairement infestée. Toutefois elle l’est fréquemment, surtout pour les pieds poussant dans les bois. Dans une racine bien développée le mycélium peut se rencontrer depuis l’extrémité distale (le point végétatif excepté), jusqu'aux 2/3 de sa longueur environ; au-delà, dans la région à surface plissée, je n'ai jamais vu d’endophyte. Par contre, on peut trouver des points infestés tout le long des petites racines qui n'ont pas atteint leur taille définitive. Extérieurement, rien ne signale à l'œil ces régions particu- lières ; en ces endroits le diamètre de la racine et son aspect exté- rieur ne changent pas; il faut faire une coupe pour établir, d’une façon absolument certaine, la réalité de l’infection. Toutefois, avec un peu d’habitude, on arrive à distinguer les racines infestées avec assez de sûreté pour ne se tromper que rarement. Les racines où les champignons abondent sont plus opaques, plus rigides, plus dures au toucher ; fréquemment aux points infestés, par suite de la répartition inégale de l’endophyte, elles sont courbées, tordues,, Rev. gén. de Botanique. — XVII, , 2, - : : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE diversement contournées ; pendant la fixation à la liqueur de Flemming les places infestées noircissent plus vite et prennent une teinte plus foncée que les régions voisines; enfin la turgescence est plus grande et les racines se rompent plus facilement aux endroits où les champignons sont plus nombreux. Ces caractères donnés ici pour l’Arum maculatum sont généraux et s’appliquent à toutes les plantes qui présentent un type d’infec- tion analogue. Assurément ils sont un peu vagues et n’ont rien d’absolu ; ils peuvent néanmoins rendre des services dans une inspection rapide des racines et en l'absence de caractères plus précis : permettre de faire un premier choix parmi les racines à étudier. J'ajoute dès maintenant que ce sont les seules différences exté- rieures en rapport avec l’infection que j'aie pu mettre en évidence dans l’Arum ; toutes les autres particularités observées étaient de l’ordre des diffé individ qu'on rencontre aussi bien entre plantes toutes infestées qu’entre plantes dépourvues de champi- gnons. De nombreuses sections transversales et longitudinales m’ont permis de me rendre exactement compte de la distribution de l’endophyte : le filament mycélien présente rarement une portion externe étendue en communication avec la partie interne ; parfois un court tronçon est appliqué sur la surface de la racine mais très rapidement il perce la paroi d’une cellule et pénètre à son intérieur (PI. I, fig. 1). Dans un seul cas j'ai pu voir un filament ramifié à l'extérieur de la racine et donnant 4 branches qui pénétraient en des points différents, naturellement très rapprochés. Il est probable que cette disposition est assez fréquente : d'ordinaire en effet les points d'infection sont groupés et l'observation précédente permet de penser que les mycéliums internes qui partent de chacun d’eux proviennent du développement d’un filament externe unique. La paroi externe de la première assise de cellules de la racine, légèrement cutinisée, oppose quelque résistance à la pénétration du mycélium car à cet endroit il se renfle beaucoup en s’appliquant 1. Janse (97) reconnait de l'extérieur les régions infestées dans les racines de Caféier en traitant ces dernières par la potasse, mais ce réactif n’est applicable qu'au Caféier. Fr ni $ ÉTUDES SUR LES. MYCORHIZES ENDOTROPHES 19 étroitement contre elle. Le diamètre du mycélium externe, qui est ordinairement voisin de 10 , peut alors atteindre 30 à 35 u. Le filament qui a ainsi pénétré dans la première cellule, la traversé directement et arrive sur la paroi opposée qu’il perce aussi en s’étranglant. Là, il se ramifie plusieurs fois et chacune des branches traversant cette deuxième cellule, gagne plusieurs cellules de la troisième assise en s'étranglant encore au passage de la membrane. Les rameaux se sont ainsi multipliés et étalés en surface sans perdre leur diamètre primitif (10 u). Dès la 3° assise ils pénètrent dans les méats et à partir de ce moment le mycélium, jusque-là,intracellulaire dans la région de la racine dépourvue de méats, devient intercellulaire. Les filaments (un ou plusieurs par méat) s'étendent beaucoup dans le sens longitudinal et peuvent acquérir une longueur relativement très grande (jusqu’à 2 mm.) tandis que leur diamètre moyen diminue (5 w). On peut donc évaluer à 4 mm. la -plus grande dimension d’une plage infestée due à la pénétration d’un seul filament : quand, ce qui arrive parfois, les points de pénétration du mycélium sont à des distances inférieures à 4 mm. les plages infestées empiètent les unes sur les autres. J'ai trouvé des racines infestées ainsi d’une façon uniforme sur une longueur de plusieurs centimètres, mais ces Cas sont assez rares et d'ordinaire les régions infestées sont isolées. Le champignon, utilisant les méats dirigés radialement, ou parfois même traversant une cellule, gagne les méats longitudinaux plus internes et ainsi l’infection s’avance jusqu’au niveau de la 7° ou 8° assise de cellules ; rarement elle va au-delà. Dans les méats le filament mycélien a un aspect très variable suivant les points où on l’examine. C’est un cylindre dont la largeur varie entre 9 et 5, mais un cylindre tout à fait irrégulier, bossué, élargi, étranglé et aplati par endroits ; la forme du méat a eu évidemment une grande influence sur celle du mycélium qui l’habite. Rarement le filament est libre dans le méat. Il est presque toujours étroitement appliqué contre la membrane des cellules limitantes, le plus souvent dans l’une des encognures du méat (PL. I, fig. 5). Il est probable qu’il tire de la membrane une partie de sa subsistance. | Ce qui semble le prouver c’est que très fréquemment il envoie L 20 RÉVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE latéralement des expansions aplaties qui s’insinuent entre deux cellules étroitement accolées. Les sections transversales et longitu- dinales faites en ces points montrent que le champignon digère les composés pectiques formant la lamelle moyenne des cellules et se substitue à eux. Ces erpansions lamellaires sont formées de membranes d’une ténuité extrême et on ne peut les apercevoir qu’en les colorant. Elle prennent toujours alors une teinte fort pâle, et par endroits il est difficile d'indiquer leur limite ; au contraire les mem- branes d'épaisseur normale prennent une teinte beaucoup plus accentuée. En section transversale ces lamelles s’aperçoivent le plus souvent comme un trait très-fin, sans épaisseur appréciable surtout sur les bords. Il est très probable que dans la plupart d’entre elles le contenu plasmique n'existe plus et que leurs deux faces se soudent l’une à l’autre sur tout ou partie de leur surface. Vues de face elles ont après coloration une teinte uniforme sans granulations d'aucune sorte (PI. I, fig. 3, 4 et 5). Ces sortes d’expansions membraneuses sont parfois très abon- dantes, serrées les unes à côté des autres comme si en certains points la couche de composés pectiques unissant les cellules pré- sentait une constitution plus favorable à leur développement. Leurs dimensions sont très variables : généralement elles ont 4 à 5 x de large mais parfois elles atteignent 15 ou 20 x. Quand elles rencon- trent un nouveau méat elles donnent à nouveau une hyphe circu- laire (PL. E, fig. 3 et 4). Souvent aussi deux lames se forment à la même hauteur sur deux filaments logés dans deux méats voisins et s'étendent l’une vers l’autre en s’insinuant dans la lamelle moyenne des cellules interposées entre les méats en question. Elles finissent par se toucher et se fusionnent si intimement que le plus souvent la ligne de contact n’est plus visible. De place en place le filament intercellulaire se termine par un resflement, de forme le plus souvent arrondie, mais parfois assez irrégulière ; ces irrégularités semblent dues à la forme du méat. Ces renflements sont identiques aux organes appelés vésicules par la plupart des auteurs qui se sont occupés d’endophytes. Leurs dimensions varient entre 70 et 80 x en longueur, 50 et 60 u en largeur. Ces vésicules sont le plus souventterminales, mais il peut arriver que la vésicule, une fois formée, bourgeonne en un point et donne un filament qui continue son chemin dans le méat. Ce der- # ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 21 nier cas est d’ailleurs assez rare dans l’Arum maculatum. Les vési- cules, parfois isolées du reste du filament par une cloison, ont une membrane épaissie le plussouvent etsont remplies de granulations protoplasmiques abondantes. J'aurai plus tard à revenir sur leur signification : je me contenterai de signaler ici le fait qu’elles sont très rares dans les racines jeunes, cueillies en automne, et qu’elles deviennent plus abondantes à la fin de l’évolution des racines, au moment où celles-ci vont se flétrir et disparaître. Le filament dans le méat présente deux sortes de ramifications : de place en place, il se fait une branche latérale qui s’accole à la première et s’allonge parallèlement à elle ; si la largeur du méat le permet, les ramifications sont beaucoup plus nombreuses (Fig. 1). Elles ont le même aspect que la branche mère d’où elles sont issues et, comme elle, donnent parfois des expansions lamellaires qui s’insinuent entre les cellules bordant le méat. Mais les rameaux les plus Es et les plus nombreux sont ceux qui pénè- trent à l’intérieur des cellules. Une bran- che se détache du filament intercellulaire à angle droit, traverse immédiatement la paroi cellulaire en contact avec elle et arrivée à l’intérieur de la cellule, donne à son tour 3 ou 4 branches nouvelles (PL. I, fig. 2). Ces ramifications intracel- lulaires ont une largeur moyenne de 5u. Fig-1.—A7wm maculatum, Certaines, sans se ramifier davantage re matiien Apte é ? ans un méat. — M, cavité gagnent une seconde cellule, rarement du méat. une troisième, mais toutes, que ce soit dans la première cellule où le filament est redevenu interne, ou dans les suivantes, toutes ont le même sort : elles ne tardent pas à se résoudre par de fréquentes dichotomies régulières en filaments de plus en plus fins. Il se forme ainsi un ensemble extraordi- nairement touffu et enchevêtré de filaments dont l’aspect général est celui d’une masse floconneuse. Ce n’est que sur des coupes minces et avec de très-forts ee que l’on peut se rendre 22 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE compte de leur structure et isoler les filaments extrêmes dont la largeur est inférieure à 4/2 . Ces ramifications si ténues pénètrent intimement le protoplasme cellulaire dont on voit les granu- lations dans les intervalles que les branches laissent entre elles. A cause de leur forme générale rappelant en petit celle d’un arbre très chevelu j'appellerai arbuscules ces formations singulières très importantes sur lesquelles j'aurai à revenir plus longuement. A part les filaments terminés dans les méats par une vésicule ou ceux qui sont encore en voie de croissance et n’ont pas atteint tout leur développement, tous les autres viennent ainsi finir à l’intérieur d’une cellule par un arbuscule plus ou moins fourni. La formation d’un arbuscule marque le terme de l'extension de chaque filament,qui ne pourra plus s’accroître en longueur. Seule la forma- tion de nouvelles branches latérales sur la portion de filament logé dans le méat permettra au champignon de continuer à croître et à étendre l'infection plus loin. En fait, on trouve des arbuscules dès la 4° assise cellulaire à partir de la surface. Nous pouvons maintenant résumer en quelques mots l'allure générale de l’endophyte de l’Arum maculatum : venu de l'extérieur il est d’abord intracellulaire et traverse en se ramifiant mais sans s’y enrouler 3 ou 4 assises de cellules dépourvues de méats : dès qu'il atteint la zone à méats il y donne des filaments intercellulaires allongés dans le sens longitudinal et pourvus d’expansions lamel- laires. Certains de ces filaments se terminent par une vésicule inter- cellulaire, mais la plupart, ainsi que toutes leurs ramifications, viennent finir à l’intérieur d’une cellule de la plante en y donnant un ou plusieurs arbuscules. ARUM ARIsARUM. — La biologie de l'Arum Arisarum a beaucoup de points communs avec celle de l’Arum maculatum. De même l’endophyte qui habite ses racines ressemble beaucoup à celui que je viens de décrire. Aussi je me contenterai d’en faire une descrip- tion sommaire en insistant seulement sur les propriétés qui lui sont particulières. : Les exemplaires d'Arum Arisarum que j'ai étudiés proviennent d’une région relativement chaude à climat analogue à celui des côtes marocaines. [ls ont été récoltés sur les rivages qui avoisinent Carthagène dans le sud de l'Espagne. Ils poussent sur des collines ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 23 peu élevées au bord de la mer dans un sol découvert, rocailleux, très sec, où il n’y a pas trace d’humus. Le tubercule, à l’état de repos pendant la plus grande partie de l'année, donne ses premières racines vers le milieu de septembre. La végétation se continue sans temps d’arrêt pendant tout l'hiver. Les fleurs apparaissent en février-mars pour se flétrir en avril. C’est à ce moment que les racines disparaissent. Sur les côtes françaises de la Méditerranée qui sont beaucoup moins sèches une 2° végétation se produit à la fin de l'été ; la plante fleurit une % fois en octobre-novembre. Les racines de l’Arum Arisarum atteignent au plus une largeur de 1 mm. et une longueur de 15 cm. ; elles ne sont jamais rami- fiées mais toujours plus ou moins courbées et comme déformées et présentent sur presque toute leur longueur les caractères extérieurs déjà signalés permettant de reconnaître l'infection ; de fait les nom- breuses racines que j’ai examinées renfermaient toutes des endo- phytes en abondance. L’écorce de la racine composée de 12 à 13 rangées de cellules débute par une assise externe dont quelques cellules se prolongent en poils absorbants ; les membranes de ces cellules sont légère- ment épaissies et cutinisées et intimement soudées à celles de l’assise suivante, également épaissies ; ces deux assises sans méats entre elles forment l’enveloppe protectrice de la racine. I leur fait suite des cellules à parois très minces, à section d’abord polygonale, puis plus ou moins arrondie ; leur largeur croît jusqu’au milieu de l’écorce pour décroître de nouveau en se rapprochant de l’endo- derme. Les méats entre ces cellules, d’abord très petits, augmentent aussi pour diminuer ensuite de la même façon Toutes les racines que j'ai examinées poussant à l’état sauvage se sont montrées pourvues d’endophytes, en général très abondants, présents dans toutes les racines et sur toute la longueur de la racine. On pourrait donc en conclure que la plante est toujours nécessairement infestée. [1 n’en est pas ainsi comme le prouvent les expériences rapportées au chapitre IV. La distribution de l’endophyte dans la racine et ses particula- rités morphologiques sont à peu près les mêmes que pour l'Arum maculatum : d’une façon générale le champignon y est plus abon- dant et l'infection pénètre beaucoup plus avant; on trouve des filaments jusque dans les méats qui avoisinent l’endoderme., Cette 24 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE dernière assise est d’ailleurs, comme c’est le cas pour toutes les mycorhizes, toujours respectée. . Les filaments des méats donnent peu d’expansions membra- neuses entre les cellules ; en revanche les vésicules sont beaucoup plus abondantes. Déjà fréquentes sur des coupes de racines récoltées en novembre elles sont beaucoup plus nombreuses dans celles examinées en avril peu avant leur disparition. Ces vésicules, le plus souvent terminales, sont toutes logées dans des méats qu’elles ont élargis au moment de leur formation. Elles sont en général ovales, mesurant de 40 à 50 x de large sur 50 à 60 & de long. Beaucoup sont vides et leurs parois sont affaissées. Enfin, comme dans l’Arum maculatum, les filaments des méats envoient dans les cellules des rameaux qui se terminent par des arbuscules très touflus. Sur une coupe longitudinale on remarque que ces arbuscules sont logés dans des cellules courtes tandis que les cellules allongées n’en contiennent pas. Il est peu probable que le champignon fasse une sorte de choix entre cellules longues et courtes qui ne présentent d’ailleurs d'autre différence apparente que celle de leur longueur. Une hypothèse plus admissible est que le champignon, se développant dans les portions de la racine n’ayant pas encore atteint leur taille définitive, entrave le développement des cellules où il forme des arbuseules. Comme d’autre part le mycélium à partir du point de pénétration s'étale dansla racine pour y former des plages d’infection limitées et n’embrassant jamais tout le pour- tour de la racine, le côté infesté subit une élongation moindre qui provoque une courbure. Cette particularité explique l’aspect con- tourné des racines qui n’est certainement pas dû uniquement aux irrégularités du sol,mais pour une bonne part, à la présence du cham- pignon. En fait c’est sur le côté concave des courbures que les cel- lules courtes, renfermant des arbuscules, sont les plus nombreuses, Un autre fait digne de remarque est la précocité de l'infection des racines de l’Arum Arisarum et la rapidité du développement du mycélium. Cela, joint à la généralité de l’infection. fait croire avec assez de vraisemblance que l’endophyte doit être fort abondant dans les stations naturelles de l’Arum Arisarum. Le fait est d’au- tant plus remarquable que’ ces stations sont totalement dépourvues d’humus, et que l’on considère généralement l’humus comme le mi- lieu le plus favorable aux endophytes vivant librement dans le sol. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 25 En résumé, l’endophyte de l’Arum Arisarum ressemble beau- coup à celui de l’Arum maculatum et les principales différences signalées (absence presque complète d’expansions lamellaires, abondance des vésicules) ne sont que des différences quantitatives. Ruscus ACULEATUS. — Le Ruscus aculeatus vit de préférence dans les bois touffus et ombreux où s’accumule l’humus. Il abonde sous les hautes futaies de Fontainebleau où ont été recueillis la plupart des exemplaires examinés. La partie souterraine forme une griffe analogue à celle de l’Asperge, mais beaucoup plus dissociée. Sur le rhizome s’insèrent de grosses racines ayant 5 à 6 mm. de dia- mètre où s'accumulent les réserves de la plante. Elles ne sont jamais infestées. Elles portent quelques radicelles beaucoup plus étroites (1 mm.), parfois fort longues (40 cm.) qui sont plus ou moins rameuses et dont le mode de ramification est assez singulier: . Fréquemment une radicelle cesse de s’accroître en longueur et produit très près de son extrémité une radicelle tout aussi grosse que celle qui lui a donné naissance. En certaines régions, ces ramifications sont assez rapprochées les unes des autres et l’on a ainsi une série de segments qui ont l’aspect d’une ramification en sympode et rappellent, quoique moins nombreux et plus allongés, les sortes de tubercules successsifs décrits par Janse (97) pour les Podocarpus, les Celtis et d’autres plantes. Ces radicelles sont fréquemment infestées mais je n’ai jamais pu établir de relation immédiate entre la présence de l’endophyte et cette ramification singulière. J'ai trouvé des radicelles ramifées ainsi sans champignons !. J'ajoute enfin qu'ici comme pour les plantes déjà étudiées ces radicelles présentent des courbures dont la concavité correspond aux points les plus abondamment pourvus d’endophytes. Extérieurement les grosses racines aussi bien que les radicelles sont tantôt couvertes de poils radicaux longs et serrés, tantôt glabres ; les poils tombent par plaques irrégulières, sans qu’on puisse attribuer cette chute à l'infection ; les régions de la surface 1. Je dois dire aussi, bien que Janse paraisse rattacher la formation des racines singulières du Podocarpus à l’infection, que j'ai eu l’occasion d'étudier des racines de Podocarpus provenant du Muséum qui étaient abondamment pourvues de tubercules mais totalement privées d'endophytes (voy. chapitre in), 26 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE des radicelles correspondant aux parties munies d’endophytes sont tantôt nues, tantôt abondamment poilues ; d’ailleurs il en est de même pour les grosses racines qui ne sont jamais infestées. Au point de vue anatomique je ne décrirai que les radicelles, qui sont seules infestées. Leur écorce est formée de 15 à 20 rangées de cellules. La première, l’assise pilifère, quand elle n’a pas été exfoliée, se montre formée de cellules courtes, prolongées toutes en poils radicaux relativement longs. La seconde assise, l’assise subé- reuse, présente une structure fréquente chez les Liliacées et bon nombre de Dico- tylédones (Fig. 2 et PI. I, fig. 7 et 8). Elle est formée de cellules longues et courtes alternant assez régulièrement ; les cellu- les longues ont leur membrane fortifiée de cadres d’épaississement analogues à ceux de l’endoderme. On les met facile- ment en évidence en traitant les coupes longitudinales par la potasse. Ces cellules longues sont généralement vides, dépour- vues de noyau et de protoplasme. Les cellules courtes, au contraire, ont tou- jours un protoplasme abondant et un noyau bien développé, de taille beaucoup : plus grande que celle des noyaux des Fig. 2. — Ruscus aculeatus. Cellules corticales voisines. La membrane Coupe longit. L’assise pili- Ge ces cellules est plus mince que celle ee est en parte exbollées de autres cellules de l'écorce subéreuse ; assise subéreuse présente 4 des cellules longues à épais. toutefois, du côté externe, en-dessous de sissements subérisés et des ]a membrane proprement dite, se trouve cellules de passage pour- FEES M vues d’épaississements en Un Pourrelet épais, étalé en forme de calotte et d’un gros noyau, Calotte sur la surface interne de la mem- brane ; ce bourrelet se colore fortement par la plupart des colorants (bleu coton, brun Bismark, fuchsine). Ces cellules spéciales sur lesquelles nous aurons à revenir ont reçu de Janse (97) le nom de cellules de passage. | A l’assise subéreuse font suite, jusqu’à l’endoderme, les cellules du parenchyme cortical, toutes à parois minces et allongées dans le sens longitudinal. Les 3 ou 4 premières assises sont formées de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 27 cellules petites, étroitement serrées, sans méats entre elles; les suivantes, à section transversale circulaire, sont de taille plus grande et laissent entre elles des méats triangulaires relativement étroits. L’infection absente dans les grosses racines de Ruscus, n’est pas constante dans les petites racines. On rencontre des radicelles qui sont totalement dépourvues d’endophytes, et dans celles où ils existent, les plages infestées formées autour d’un point de péné- tration restent le plus souvent isolées et ne confluent pas avec les voisines ; les points de pénétration sont en effet peu nombreux et assez éloignés les uns des autres en général. Le fait est d'autant plus remarquable que le champignon a tout le temps de pénétrer dans les radicelles. Celles-ci poussent en effet très lentement et vivent plusieurs années sans modifier leur structure. D'un autre côté on constate que l'infection n’est pas très précoce, car il n’y a jamais d’endophytes dans les racines très jeunes, même dans celles qui ont déjà atteint une longueur de 2 à 3 cm. On peut donc en conclure que le champignon ne prend jamais un grand développe- ment dans l’humus et qu’il y est relativement rare. Le filament qui pénétrera dans la plante rampe fréquemment à la surface de la racine entre les poils radicaux quandils existent. Il est cutinisé et sa paroi prend fortement les colorants des membra- nes azotées. Il pénètre dans une cellule de l’assise pilifère à la base d’un poil et prend une direction longitudinale, traversant ainsi parfois un grand nombre de cellules de cette première assise, jusqu’à ce qu’il arrive en face d’une cellule de passage (PL. E, fig. 9). Dans ce parcours quelquefois il se ramifie en deux filaments simples, souvent aussi il donne par cloisonnement et multiplication de ses filaments une sorte de pseudoparenchyme de teinte brune qui remplit la cellule. En tout cas, il en part toujours un filament qui vient s’allonger au dessus d’une cellule de passage. Le filament traverse aussitôt la membrane de cette cellule et la calotte épaissie sous-jacente, en s’étranglant fortement (PI. I, fig. 7 et 9). Arrivé dans la cellule de passage il s’y enroule sur lui-même plusieurs fois et passe dans une cellule plus profonde où il s’enroule encore. Fré- quemment, tout le long de son parcours dans la cellule de passage, le filament présente une sorte de gaine hyaline ne prenant pas les matières colorantes, qui se distingue aiusi du reste du protoplasme 28 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE coloré dans lequel tout est plongé. Il semble que le filament ait repoussé devant lui, sans la rompre, la membrane ectoplasmique périphérique. Le manchon hyalin qui enveloppe le filament corres- pondrait simplement à l’espace annulaire vide séparant la mem- brane de l’hyphe du protoplasme cellulaire légèrement contracté par lefixateur. Nous retrouverons cette particularité dans un assez grand nombre de plantes (Voy. PI. IT, fig. 32). Dans les cellules situées sous l'assise subéreuse, quelquefois même dans la cellule de passage, le filament se ramifie et les hyphes qui en résultent pénètrent dans des assises de plus en plus pro- fondes, en même temps qu’elles s’étalent en largeur. Dans ces cellules, où le mycélium est interne, sa membranefortement cutini- sée est épaissie et sa largeur est assez grande (7 à 8 w.). Il diminue d'épaisseur et sa membrane s’amincit à mesure qu’il pénètre plus avant. Arrivé dans la zone à méats, il s’y engage et s’allonge beau- coup dans le sens longitudinal. Dans les méats, les filaments, qui ont 6 à 7 x de large, ressem- blent beaucoup à ceux déjà décrits pour l’Arum: ils ont des expansions lamellaires pénétrant et digérant la couche moyenne des cellules; certains se terminent par des vésicules, d’ailleurs très rares. Par ses ramifications allongées dans les méats radiaux le filament pénètre profondément dans l’intérieur de l’écorce et gagne parfois la 12° assise de cellules comptées à partir de la surface. Enfin chaque filament se termine dans l’intérieur des cellules bordant les méats mais ici les terminaisons sont de deux sortes ; on observe encore, bien qu’assez rarement, des arbuscules bien nets et bien développés, mais le plus souvent on remarque dans les cellules où les hyphes viennent se terminer des organes tout difié- rents. Les filaments courts, de 4 à 5 u de large, allant directe- ment du filament intercellulaire dans une cellule, donnent quelques ramifications simples comme dans le cas des arbuscules et abou- tissent à une masse plus ou moins globuleuse. Parfois cette masse . à une apparence floconneuse, sans contours bien définis. (PL I, fig.8 et 10). On n'y distingue plus les fines ramifications des arbuscules mais uniquement, dans les préparations colorées, des granulations foncées très petites sur le fond uniformément teinté en clair. . D’autres fois ces masses sont plus arrêtées de contour, ont un aspect grumeleux et prennent fortement les colorants. Chaque filament ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 29 ramifié se termine par une de ces masses et l’aspect général est celui d’une petite grappe dont les grains parfois bien distincts con- fluent souvent entre eux. Ces fermations singulières répondent “assez bien aux organes que Janse (97) a appelé des sporangioles et Petri (03) des prosporoïdes. Je leur conserverai dans la suite le nom _de sporangioles, sans vouloir, non plus que Janse, y attacher l’idée qu’ils pourraient être des organes reproducteurs de l’endophyte. On sait que Janse en a trouvé dansle plus grand nombre des plantes à mycorhizes qu'il a étudiées à Java. Bien qu’absents dans les deux espèces d’Arum étudiées plus haut ils sont aussi très-fréquents dans . les plantes de nos pays. J'aurai à y revenir longuement. Si nous résumons maintenant ce que nous savons du ÆRuscus aculeatus nous voyons que l’endophyte qui l'habite présente le même mode de distribution générale que celui de l’Arum : Le mycélium, entracellulaire dans les premières assises sans méats de la racine, devient intercellulaire dans les méats, pour se terminer dans l’intérieur des cellules plus profondes en donnant des arbuscules et des sporangioles. Les différences Les plus impor- tantes qu’il présente sont constituées par son mode de pénétration au travers des cellules de passage, sa faculté d’euroulement en spirale dans les premières cellules qu'il traverse, la rareté des vésicules et des arbuscules et enfin la formation de nombreux sporangioles. En réalité ces dernières différences sont d'ordre secondaire et il y a lieu de rapprocher des Arum les Ruscus au point de vue de leurs endophytes. Comme je le montrerai plus loin en faisant l'étude détaillée des différents organes du champignon, les sporan- gioles dérivent des arbuscules ; d'autre part le mode de pénétration différent dans l’Arum et le Ruscus tient évidemment à la structure anatomique différente des deux plantes. Rien n'empêche donc de les considérer dès maintenant comme faisant partie d’une mêine série de plantes à mycorhizes caractérisées par un type d’endophyte, bien défini au point de vue ess re et que j'appellerai pour simplifier le type Arum. 30 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ÉTUDE RAPIDE DE QUELQUES PLANTES INFESTÉES SE RATTACHANT AU TYPE ARUM J’ai décrit le type d’infection des 4rum et du Ruscus avec détails car c’est celui qui est de beaucoup le plus fréquent parmi les plantes de nos pays. Je l’ai retrouvé dans un très grand nombre d’entre elles appartenant aux familles les plus DE he des prisé permes et même des Cryptogames vasculaires. A. — MoNocoTyYLÉDONES. — Parmi les Monocotylédones de nos pays, qui nous ont fourni les deux exemples bien typiques déjà décrits, c’est surtout dans les Liliacées que le type Arum est fréquent. Toutefois il est à remarquer dès maintenant qu’on rencontre dans cette famille d’autres types bien différents tels que ceux du Paris et du Colchicum que j'étudierai plus loin, Parmi les Liliacées j'ai examiné plus particulièrement certains Ails (Allium sativum, A. Cepa, A. sphærocephalum, 4. ursinum). Ces plantes sont particulièrement favorables pour l'étude histolo- gique du mycélium. Les filaments y sont toujours très-gros, assez bien isolés les uns des autres pour ne se superposer que rarement. D'autre part leur croissance très rapide permet d’observer l’endo- phyte avec son complet développement avant que la cutinisation de la membrane ne soit trop avancée. Une des grandes difficultés de l’étude cytologique des endophytes provient en eflet de ce fait que les colorants du noyau se fixent fortement sur les membranes cutinisées et masquent ainsi le contenu des hyphes généralement coloré d’une façon moins intense. L’Ail cultivé (Allium sativum) et l'Oignon (4. Cepa), sont fré- quemment infestés et souvent de très bonne heure, ce qui semble indiquer que leurs endophytes sont abondants même dans les terres cultivées. Le mycélium dans les racines a la forme et le mode de distribution de celui du Ruscus. Dans les racines âgées, les vési- cules aboudent ainsi que les sporangioles ; en revanche, on ne trouve d'arbuscules pas que pt Feu CHIEN d’ tennion récaniés 1° 4 /linum " h t. Untrès grand nombre d'exémplaires, récoltés en Auvergne sur des roches de basalte dont les anfractuosités retenaient un peu de terre, se ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES » | sont montrés tous très abondamment infestés. La structure de la racine est la suivante, fréquente chez les Liliacées (PI. II, fig. 27 et 28) : assise pilifère mince, sans prolongements en poils absorbants : assise subéreuse à cellules de passage nombreuses, puis 8 à 40 couches de cellules à parois très minces, à section transversale arrondie, allongées dans le sens longitudinal. Ces cellules laissent entre elles des méals de grande dimension, surtout dans la zone moyenne de l’écorce. Le filament accolé étroitement à la surface de la racine par sa membrane brune et fortement cutinisée, pénètre dans les cellules de l’assise pilifère et: y forme souvent un pseudo- parenchyme très cloisonné de couleur brune (PL. 1, fig. 11) ; un rameau isolé, détaché du pseudo-parenchyme, s'engage dans une cellule de passage, y fait un ou deux tours de spire et pénètre bientôt dans les méats. De très bonne heure des branches latérales deviennent intracellulaires et se résolvent en arbuscules ou sporangioles. On en trouve parfois dès la 4re assise du parenchyme cortical au-dessous de l’assise subéreuse. Dans les méats, très grands relativement, le champignon s’accole étroitement aux parois des cellules-hôtes et envoie des expansions membraneuses dans la lamelle moyenne. On rencontre aussi,. mais rarement, quelques vésicules terminales logées dans les méats. Mais la particularité la plus intéressante est qu’on trouve ici côte à côte des cellules renfermant les unes des sporangioles, les autres des arbuscules. Bien plus, il n’est pas rare de rencontrer ensemble, dans la même cellule de la plante, les deux organes rattachés tous deux à un rameau du filament intercellulaire (PI. IV, fig. 45, 46, 47). Dans certains arbuscules les sporangioles se sont formés au milieu même des touffes filamenteuses ramifiées. Dans les préparations colorées à la diamant-fuschine et au vert-lumière il est très facile de distinguer les deux organes; les arbuscules en effet se colorent en vert tandis que les sporangioles fixent fortement la fuschine. Cependant ce sont les sporangioles qui dominent ;ilsontici des dimensions et des aspects très variés : ils sont souvent très petits (1 x 1/2 de diamètre) et ont alors des contours très nets ; d’autres. fois ils atteignent 40 ou 50 y. Mais alors ils résultent de la fusion de plusieurs d’entre eux ; dans ce cas leurs contours sont beaucoup moins bien définis ; de plus, tandis que les sporangioles à contours. * 32 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE bien limités se colorent en rouge foncé par l’hématoxyline ou la diamant-fuschine, les sporangioles nuageux prennent le vert comme le font les arbuscules. L'Ailium ursinum a deux sortes de racines : les unes, au nom- bre de 6 à 7, naissent au printemps sur le petit bulbe axial de la plante et sortent au travers de la gaine renflée, seul reste de la dernière feuille de l’année précédente. Les racines, assez grosses dansleur premier tiers (3 mm. d'épaisseur), vont ensuite s'effilant jusqu’à leur extrémité. Elles ne se ramifient pas, sauf cependant en automne dans leur région distale qui émet quelques fines radicelles de 1er et de 2° ordre. Ces grosses racines, qui vivent de un à deux ans, sont des organes de réserve, et en outre, comme l’a montré Rimbach (97), servent, grâce à une contraction de leurs tissus, à faire pénétrer le bulbe issu de germination à une profondeur convenable, puis à l’y maintenir lorsque sa croissance par segments annuels superposés tend à le rapprocher de la surface du sol. A côté de ces grosses racines sortent en automne de fines radicelles (1/2 min. d’épaisseur) qui s’étalent en tous sens en se ramifiant alors que les précédentes se rapprochent généralement de la verti- cale. À aucun moment elles ne se rentlent en organes de réserve et semblent plutôt spécialisées dans un rôle d'absorption. Les deux sortes de racines, tuut au moins quand elles ont atteint leur taille délinitive, sont dépourvues de poils radicaux. Toutefois sur les premières racines qui se forment au moment de la germi- nation de la graine les poils absorbants sont très abondants. Il n’y aucune difiérence à faire au point de vue de l'infection entre les grosses racines de réserve ainsi que leurs fines ramifica- tions et les racines à rôle purement uutritif. Les unes et Les autres sont également iniestées. L’anatomie générale et la distribution de l'endophyte dans les tissus est la mème que dans Allium sphaæro- cephalum. J'ai constaté également la présence des arbuscules et des sporangioles dans les cellules voisines d’une mème coupe ou dans la même cellule, et aussi les différences de colorations signalées plus haut entre arbuscules et sporangioles d’une part, eutre sporangioles nets et sporangioles floconneux d’autre part. ll est intéressant de retrouver ces particularités morphologiques et cytologiques dans deux types d’Allium aussi distincts par leur forme et leur biologie. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 33 Ajoutons que l’Allium ursinum se montre constamment infesté. Les grosses racines, ainsi que les fines racines nutritives, hébergent des endophytes, sinon dans toute leur longueur, au moins dans une certaine partie: jamais il ne m’est arrivé de trouver une racine entière sans champignons. Ce fait s'explique par le mode de vie de la plante-hôte qui est vivace et pousse en colonies dans des sols Compacts, de nature argileuse qui sont toujours les mêmes et ont pu s’infester largement des endophytes vivant à l’état libre. A en juger par le nombre de points d’infection, souvent très rapprochés sur une même racine, la forme libre de l’endophyte doit être très- . abondante dans les stations d’A/lium ursinum En dehors des 4llium j'ai étudié encore un très grand nombre d’autres Liliacées sur lesquelles je n’insisterai pas autrement car elles reproduisent le type d'infection et de distribution d’endophyte déjà décrit. Il n’est guère d'individus du sous-groupe des Lilioïdées qui ne m'’ait montré des endophytes semblables aux précédents ; ils sont très fréquents dans Endymion nutans, Scilla bifolia, Sc. automnalis, Ornithogallum umbellatum, O. pyrenaicum, Phalan- gium ramosum, Muscari comosum, M. racemosum, M. lingulatum . Dans les Ornithogallum et les Phalangium l'infection est particu- lièrement abondante. Dans Endymion nutans et Muscari r'acemosum, surtout dans les individus qui poussent dans les sols un peu marécageux, il n’est pas rare de rencontrer deux formes de cham- pignons dans la même racine. L'un est nettement l’endophyte ordinaire des Liliacées ; l’autre appartient certainement à un cham- pignon différent ; le mycélium de ce dernier pénètre peu profondé- ment, occupe 3 ou 4 rangées de cellules et se ramifie abondamment à leur intérieur, mais d’une façon irrégulière qui ne rappelle en rien celle des arbuscules des vrais endophytes. Les hyphes très lines (3 x d'épaisseur au maximum) présentent parfois, surtout dans les puils radicaux où elles se logent volontiers (ce qui n'arrive pas pour les autres endophytes), de légers renflements intercalaires atteignent 6 & de largeur et disposés en files plus ou moins régulières. Je n’ai jamais vu d'organes reproducteurs. Cette forme paraît se développer de préférence dans les sols humides car je lai retrouvée également dans les Hydrocotyle et les Sanicula vivant au bord de l’eau et dont je parlerai plus loin. Je citerai encore parmi les Liliacées à endophyte du type Arum : 2. Rev. gén. de Botanique. — XVII, 3, 34. REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE le Ruscus racemosus et l’'Asparagus officinalis très voisins du Ruscus aculeatus précédemment décrit, le Maianthemum bifolium, divers Polygonatum, le Convallaria majalis, des Yucca, des Aloe et des Agave. La plupart des autres Monocotylédones infestées que j'ai étu- diées se rapportent au type Arum, à l'exception des Orchidées et du Tamus communis, sur lesquels je reviendrai. B.— DicoryzéDones. — Parmi les endophytes des Dicotylédones c’est aussi le type Arum qui domine. Seulement il faut tenir compte ici de la difiérence de structure des racines. Tandis que la plupart des Monocotylédones infestées ont des racines simples, peu ou pas ramifiées et rarement très-fines, les Dicotylédones au contraire les ont très-chevelues, à ramifications ténues. De bonne heure la struc- ture se complique de formations secondaires; les membranes se modifient, se durcissent et constituent pour le champignon un obstacle infranchissable. De plus, l’écorce, dont les tissus sont seuls habités par le champignon, s’exfolie très tôt : il est très rare de rencontrer des endophytes dans les racines principales, surtout dans celles qui ont déjà plus d’une année d’existence. En revanche ils abondent dans les radicelles de formation récente qui ont gardé la structure primaire dans l'écorce. C’est donc toujours de ces racines qu’il s'agira dans les exemples suivants. Parmi les Dicotylédones dont je vais parler la plupart ont déjà été signalées comme infestées par Schlicht (97) ou Stahl (00), mais bien peu ont été étudiées. Leurs endophytes présentent cependant tout en se rattachant au tÿpe Arum des'caractères particuliers qu'il y a intérêt à connaître. Les plantes de la famille des Labiées sont fréquemment infestées. Parmi elles j'ai étudié surtout Stachys Betonica, Teucrium Scorodonia, deux espèces abondantes dans les sous-bois et dans les sols pourvus d’humus, et le Glechoma hederacea, remarquable par son ubiquité. Les fines radicelles du Stachys Bétonica, seules infestées, ont une assise pilifère à cellules brunes, vides et affaissées, montrant encore les traces de quelques poils radicaux. L’assise subéreuse est nette- ment caractérisée par la présence de cellules longues et courtes alternant avec une régularité presque parfaite. Les cellules courtes, très-étroites relativement, ont un contenu protoplasmique abondant et présentent sous la face externe une calotte épaissie prenant fortement les colorants, en particulier le bleu coton. Au-delà le parenchyme cortical jusqu’à l’endoderme est formé de 8 à 40 assises ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 35 de cellules à parois minces laissant entre elles de nombreux méats. Les cellules de l’assise subéreuse présentent ici une particularité déjà signalée par Janse (97) pour le Lecanorchis javanica et par Penzig (01) pour l’Epirrhizanthes cylindrica, mais que je n’ai reucon- trée jusqu’à présent que dans le Stachys Betonica pour les plantes de nos pays. On trouve à leur intérieur, partant le plus souvent de la face externe, quelquefois de la face interne des cellules, des épaississements en forme de boudins allongés laissant en leur . Centre une fine cavité (fig. 3). Ces boudins, isolés le plus souvent, parfois groupés en bouquets, sont rarement ramifiés. Quelquefois ils vont d’une paroi à l’autre comme des sortes de piliers destinés à soutenir la cellule. A leur base la substance qui les forme s'étale en lame à la surface de la cellule qu’elle épaissit. Ces for- mations fréquentes dans les cellules longues de l’as- Fig. 3. — Stachys Belonica. Coupe longituai- sise subéreuse, sont beau- nale : assise pilifère mince, sans prolonge- ments en poils absorbants; assise subéreuse coup plus rares dans 1e avec piliers à différents stades cellules courtes. Le mycélium rampant à la surface des racines est brun et fortement cutinisé. Il pénètre par une cellule de passage en s’enroulant et à travers une ou deux cellules de parenchyme gagne les méats. Son épaisseur est relativement faible (4 & au maximum) et diminue rapidement. Les rameaux latéraux pénètrent dans les cellules de la plante de très bonne heure, parfois dans les cellules de la première assise de parenchyme ; ils sont très fins et donnent naissance à des sporangioles très petits en grapillons plus ou moins serrés; dans quelques cellules on reconnaît au milieu des sporangioles des arbuscules altérés, En somme on retrouve ici les principaux caractères du type Arum avec cette particularité que le mycélium est beaucoup plus étroit. Il en est de même pour le Teucrium Scorodonia. Dans le Glechoma hederacea l’endophyte qui reproduit les caractères précédents a au contraire des dimensions ordinaires. La finesse du mycélium s’accentue encore dans le Vincetoricum officinale. Comme les précédents il possède une assise subéreuse à 36 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cellules longues et courtes, ces dernières à épaississements en calotte alternant régulièrement avec les premières. L'endophyte est géné- ralement abondant à la surface des racines où il présente un mycé- lium brun, fréquemment cloisonné, anastomosé en réseau à mailles très grandes. Ses dimensions transversales sont déjà très-réduites (2 u 1/2). Il pénètre en s'enroulant par les cellules de passage et atteint rapidement les méats. Son diamètre moyen y est de 4 w 1/2, lé maximum ne dépassant pas 2 w 1/2. Il est parmi les plus fins que j'ai rencontrés; malgré cela il se renfle parfois en grosses vésicules (40 X 80 w) mais alors les parois en sont excessivement minces. Ces filaments portent de nombreux rameaux latéraux formant dans les cellules des sporangioles très fins. Avec le Pulmonaria officinalis nous retrouvons un endophyte de dimensions comparables à celui du ARuscus dont il reproduit la plupart des particularités. On ne le rencontre que dans les radi- celles les plus fines (1/3 ou 4/2 mm.) où il est très abondant et très allongé dans les méats.Il y forme des expansions lamellaires et des vésicules terminales. Dans l’intérieur des cellules il donne de nom- breux sporangioles de grande taille. Dans le Bellis perennis ce sont aussi les plus fines radicelles qui sont seules infestées. En section transversale on remarque une assise pilifère dont quelques cellules sont prolongées en poils, une assise subéreuse sans cellules de passage bien nettes ; ces deux assises sont étroitement unies. Par contre, les assises suivantes au nombre de 7 à 8 jusqu’à l’endoderme laissent entre elles de larges méats. Le filament mycélien s’allonge dans les méats où on peut compter parfois 5 ou 6 filaments côte à côte, portant quelques vésicules terminales. Leurs branches latérales redeviennent de suite intracellulaires et forment des arbuscules très toufius formés d’hyphes très ramifiées et très fines. Aussi, sauf quelques excep- tions, l'endophyte pénètre très peu dans l’intérieur du parenchyme cortical. Remarquons que le Bellis, de même que les Arum, ne renferme pas de Sporangioles nets, à contours bien définis, mais uniquement des arbuscules et des sporangioles floconneux. Ilen est de même de l'Orobus tuberosus. Cette espèce printa- nière, outre les tubercules radicaux si connus dans les Légumi- neuses, possède des mycorhizes d’une façon constante. Ici les fines racines, qui seules renferment l’endophyte, n’ont pas de cellules de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 37 passage différenciées dans l’assise subéreuse. Le mycélium assez gros pénètre au travers des 2 ou 3 assises de cellules les plus externes en s’étranglant au passage des membranes et gagne rapi- dement les méats, quelquefois aussitôt après avoir quitté la deuxième assise cellulaire. Il s’y allonge beaucoup, formant souvent des vésicules arrondies. Des ramifications latérales, issues des fila- ments des méats, pénètrent à l’intérieur des cellules limitrophes et s'y résolvent en arbuscules très touflus. Je n’ai pas vu de sporan- gioles nettement formés mais parfois j’ai rencontré des arbuscules assez Compacts, à rameaux peu distincts et confluents comme dans les sporangioles floconneux. Parmi les Rosacées j'ai étudié le Fragaria vesca qu’on cultive en grand dans les environs de Paris. Il s’agit donc ici, comme dans le cas de l’Ail et de l’Oignon, d’une plante de culture intensive venant dans des terrains sans humus mais fortement fumés. Les racines les plus fines, les seules infestées, le sont assez rarement. Sous l’assise pilifère dont quelques cellules sont prolongées en poils se trouve une assise subéreuse sans cellules de passage. Le parenchyme sous-jacent comprend un nombre variable d’assises de cellules de petite taille. L’endophyte pénètre en s’enroulant dans les cellules des premières assises, envoie ses rameaux dans un nombre de cellules de plus en plus grand à mesure qu'il avance, puis gagne les méats et enfin se résout à l’intérieur des cellules en Sporangioles peu compacts. Les Renonculacées forment au point de vue des mycorhizes un groupe qu’il importe d'étudier de près car il renferme comme les Lilacées des représentants appartenant à plusieurs types d’infec- tion, ainsi que les termes de passage entre les deux. Ainsi les Ranunculus se rangent dans la série de l’Arum mais ont aussi des caractères nouveaux que nous retrouverons dans la série du Paris quadrifolia. : Schlicht (88) a déjà décrit l'endophyte du Ranunculus acris. D’après le dessin qu’il en donne on peut voir que cet endophyte se rapproche du type 4rum avec filaments dans les méats et terminai- sons dans les cellules. Les cellules infestées par les dernières ramifications du mycélium sont parmi les plus profondes de l'écorce et situées contre l'endoderme. Dans ces cellules Schlicht signale seulement des pelotons mycéliens enroulés; toutefois, 38 © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l’aspect de son dessin semble indiquer que ces cellules renferment des arbuscules. C’est d’ailleurs ce que j'ai constaté directement sur divers Ranunculus : Ran. Flammula, Ran. Chærophyllos Ran. auri- comus. Le Ranunculus Flammula qui pousse dans les endroits maréca- geux, sur le bord des mares, parfois même dans l’eau lorsqu'elle est peu profonde, a des racines très fréquemment infestées. Les plus grosses racines, fixées sur une souche commune très courte, renferment de l’amidon, sont rarement infestées et d’une façon peu abondante. Elles portent de fines radicelles ayant 1/3 ou 1/2 mm. d'épaisseur qui au contraire sont presque toujours largement pourvues d’endophytes. Une coupe transversale de ces radicelles montre qu’elles ont une assise pilifère dont aucune des cellules épaissies et cutinisées extérieurement ne se prolonge en poil absorbant. Au-dessous l’assise subéreuse est formée de cellules à section transversale polygonale, fortement unies entre elles par des plissements analogues à ceux de l’endoderme et allongées dans le sens longitudinal. Quelques-unes cependant sont beaucoup plus courtes que leurs voisines et peuvent être considérées comme des cellules de passage bien qu’elles n’aient pas d’épais- sissement interne en forme de calotte. Les assises suivantes au nombre de 6 à 8 jusqu’à l’endoderme constituent le parenchyme cortical proprement dit. La première de ces assises est formée de cellules arrondies régulièrement et rattachées étroitement à l’assise subéreuse. Les suivantes constituent un tissu lacuneux à cellules peu adhérentes entre elles, laissant place pour de nom- breux méats ou même des lacunes relativement larges comme on en rencontre fréquemment dans les plantes semi-aquatiques. La membrane de ces cellules reste toujours très mince. Enfin les deux assises qui précèdent l’endoderme sont continues et formées de cellules très adhérentes entre elles mais peu allongées dans le sens longitudinal. A la surface des racines ram pont des filaments à membrane épaisse et brune, à cloisons transversales fréquentes. Ils pénètrent à l’intérieur d’une cellule de l’assise pilifère en conservant leur teinte brune et y forment souvent un pseudo - parenchyme qui occupe une partie de la cellule. Un filament détaché de la masse s’allonge parfois dans 2 ou 3 cellules de la même assise, puis gagne ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES | une cellule de la couche subéreuse, généralement une des cellules de passage. Dans cette nouvelle cellule il s’enroule une ou deux fois et atteint la 3° assise où il s’enroule également et se ramifie. Les filaments arrivent alors dans les régions du tissu lacuneux. Là ils deviennent extracellulaires, forment’ quelques expansions lamellaires et surtout portent de nombreuses vésicules de forme variée. Parfois ils traversent une cellule de cette région sans s’y arrêter et gagnent rapidement le voisinage de l’avant-dernière assise le long de laquelle ils s’allongent. Dans cette région les fila- ments sont en général dépourvus de cloisons transversales ; toute- fois certains d’entre eux, ceux qui ont les parois les plus minces et qui sont vides, en possèdent mais elles manquent dans ceux qui ont un contenu protoplasmique abondant et de nombreux noyaux. En tout cas, les uns et les autres possèdent des ramifications laté- rales qui pénètrent à l’intérieur des deux dernières assises du parenchyme cortical. Dans certaines cellules, surtout dans celles de l’avant-dernière assise, ces branches latérales se ramifient à plusieurs reprises, s'enchevêtrent plus ou moins et donnent sou- vent des vésicules internes, puis pénètrent de là dans une cellule voisine sans se modifier autrement. Dans d’autres cellules, surtout dans celles de la dernière assise, l'hyphe qui est devenue interne change d’aspect ; son diamètre augmente brusquement, en même temps que sa membrane devieñt très-fine ; son contenu protoplasmique, très peu abondant, est vacuolaire. Ces hyphes parcourent la cellule en se ramifiant abondamment, mais sans aucune règle ; elles s’élargissent en lames en certains endroits, en d’autres s’étranglent ; enfin, elles se soudent les unes aux autres sans que la membrane de sépa- ration disparaisse, de sorte que parfois elles offrent l'aspect d’un pseudo-parenchyme cloisonné. Le tout est fortement enchevèêtré au milieu du protoplasme de la cellule-hôte, et il est difficile de voir très nettement la structure de cet écheveau compliqué. Cepen- dant, des coupes fines au travers de pelotons moins compacts que les autres m’ont permis de m’assurer que, finalement, les hyphes se résolvent en branches très fines analogues à celles des arbuscules. En résumé, le Ranunculus Flammula appartient au type 4rum, avec cette différence que les arbuscules n’ont pas la structure simple déjà vue et qu'ils sont localisés dans les deux assises qui ‘ie REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE précèdent l’endoderme. Dans aucune cellule je n’ai vu de forma- tions analogues aux sporangioles, mais très souvent des arbuscules altérés. Les caractères de l’endophyte du Ranuneulus Chærophyllos sont _engrosles mêmes que ceux du Ranunculus Flammula (PL. IE, fig. 15): même mode de pénétration, même parcours d’abord intracellulaire, puis intercellulaire avec des vésicules, même localisation d’une part des cellules à pelotons lâches et à vésicules internes, et d’autre part des cellules à pelotons serrés avec anastomose des hyphes et résolution en arbuscules complexes. Dans le Ranunculus auricomus les choses se passent de même, sauf que l’endophyte pénètre moins profondément dans l'écorce :- et donne des arbuscules avant d’avoir atteint les deux dernières assises corticales. C. CRYPTOGAMES VASCULAIRES. — Cette étude de quelques espèces infestées prises parmi les familles les plus variées des Angiospermes montre combien le type d’endophyte de F’Arum est largement répandu. Je n’en ai pas trouvé d'exemples parmi les Gymnos- permes mais parmi les Cryptogames on le rencontre souvent dans les Filicinées. La plupart des auteurs qui ont étudié ces plantes au point de vue des mycorhizes, Janse (97), Grevillius (95), Russow (72), Kuhn (89), ont signalé la présence de filaments dans les méats et de spo- rangioles internes. Les dessins qu'ils donnent ne laissent aucun doute à cet égard et la distribution des endophytes ainsi que toutes leurs particularités morphologiques les rapprochent de ceux que j'ai décrits jusqu’à présent. Je m'en suis assuré d’ailleurs en étudiant les mycorhizes d’An- giopteris Durvilleana provenant du Muséum d'histoire naturelle. Les racines relativement grosses (2 mm.) renferment un endophyte, toujours présent, parfois très-abondant (PI. I, fig. 43). 11 pénètre au travers des cellules des premières assises, mais de très bonne heure il se loge dans les méats qu’il suit souvent sur une très grande longueur. Par les méats de direction radiale il gagne les couches profondes et là prend un grand développement. Dans le . même méat les filaments se pressent parfois en grand nombre (jusqu’à 8) de dimensions très-variables (de 2àS8u). Quelquelois quand il est seul le filament s’élargit brusquement en forme de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 4 cylindre relativement très gros (25 x de diamètre). Parfois aussi il donne une vésicule arrondie. Latéralement ces filaments intercel- lulaires envoient des ramifications qui pénètrent dans les cellules voisines et s’y résolvent dé suite en arbuscules très touffus. $ 2. — SÉRIE DU PARIS QUADRIFOLIA Bien que les formes d’endophytes qu: j’ai rattachées au type Arum Soient de beaucoup les plus répandues et habitent une série de plantes qui se rangent dans un très grand , ombre de familles d’Angiospermes et de Cryptogames vasculaires, elles ne sont pas les seules et les exemples suivants vont nous en montrer de nou- velles, plus complexes sinon plus communes, mais tout aussi net- tement caractérisées par leurs propriétés morphologiques et leur distribution dans les racines. PARIS QUADRIFOLIA. — Schlicht (88) a déjà décrit avec beaucoup de soin et d’exactitude l'endophyte du Paris quadrifolia. Si je reprends cette étude c’est pour compléter et préciser certains points laissés dans l'ombre par cet auteur et surtout parce que les myco- rhizes du Paris me semblent représenter un type très bien défini de toute une nouvelle série d’endophytes différents de ceux que nous avons vus jusqu à présent. Les échantillons étudiés ont été récoltés à des moments différents de l’année dans les bois des environs de Paris et dans les Alpes du Dauphiné. Les racines du Paris quadrifolia ne se développent bien que dans les bois et les taillis où la terre est compacte et argi- leuse. Rarement elles s’allongent dans la couche d’humus superfi- cielle. Ces exigences spéciales de la plante expliquent la rareté relative de ses stations. Les racines, abondantes sur les nœuds du rhizome souterrain, plus rares dans les entre-nœuds, vivent plusieurs années et ne se détruisent qu’aux endroits les plus éloignés du point végélatif du rhizome. Longues parfois de 20 cm., larges de 0,5 à 0,7 mm., elles ne se ramifient que rarementet toujours en donnant des, radicelles aussi grosses que la racine mère. Elles présentent aux Points infestés les renflements irréguliers, les courbures, l’opacité 42 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE et la turgescence spéciales que j'ai déjà signalés pour les racines d’Arum et de Liliacées | J’ai trouvé les racines de Paris constamment infestées, mais non pas uniformément. Les jeunes racines sont souvent dépourvues d’endophytes et sur une racine adulte on peut trouver certaines places sans champignons, ainsi que l’a signalé Schlicht ; mais les racines un peu âgées sont toujours infestées sur toute leur lon- gueur jusqu’au voisinage immédiat du point végétatif. Au point de vue anatomique, la structure est la même d’un bout à l’autre de la racine. L’écorce comprend de.6 à 8 assises de cel- lules, non compris l’endoderme (PI. IL, fig. 16 et 17). C'est d’abord l’assise pilifère formée de cellules cutinisées, très rarement pro- longées en poils, le plus souvent affaissées et peu adhérentes entre elles Elles sont aussi faiblement rattachées à l’assise subé- reuse sous-jacente et laissent place au-dessous -d’elles pour des méats parfois très allongés. L’assise subéreuse est formée de cellules longues et courtes ; ces dernières, légèrement épaissies sur leur face externe, sont des cellules de passage. Au-dessous viennent deux assises de grosses cellules presque isodiamétriques, à membrane très-fine. Ces deux assises sont peu adhérentes l’une à l’autre ; il en résulte la formation de longs méats quadrangulaires et parfois de véritables lacunes dans l'intervalle. Au delà on rencontre 2 à 4 rangées de cellules à membrane cellulosique épaissie, fortement unies entre elles et à l’assisé précédente, formant une gaine de collenchyme qui entoure l’endoderme à épaississements subérifiés. L’infection est toujours limitée aux quatre premières assises. Le mycélium rampant à la surface est légèrement brun et cutinisé. Ou bien il pénètre directement à travers une cellule de la 1r° assise dans une cellule de passage située au-dessous, ou bien profitant des interstices entre 2 cellules pilifères il gagne les méats situés entre les 2 premières assises, s’y allonge parfois beaucoup jusqu’à ce qu’il repcontre une cellule de passage. Dans les deux cas il traverse cette deruière sans s’y enrouler et au travers des membranes se loge dans une des grosses cellules de la 3° assise. Là, le mycélium forme un peloton serré d’hyphes restant toujours néanmoins distinctes et d’un diamètre variant de 6 à 8 y. De la masse partent 2 ou 3 fila- ments, chacun d’eux allant former dans les cellules ‘adjacentes de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES © la même assise de nouveaux pelotons d’hyphes, d’où s’échappent d’autres filaments isolés qui étendent l'infection de proche en proche dans cette troisième assise. Dans la troisième assise on ne rencontre donc que des pelotons d’hyphes assez grosses. Souvent le peloton est très lâche et alors de place en place le filament se renfle en vésicules de forme variée, terminales ou intercalaires (PI. IL, fig. 32). Les filaments et les vésicules dont la paroi propre est très- mince sont recouverts d’une gaine hyaline, d'épaisseur variable allant de 1 y 1/2à 6 u, ne prenant pas les colorants. Cette gaine s’interrompt chaque fois que le filament traverse une membrane et s'étale à la surface même de la membrane traversée (PI, [II fig. 32). Il s’agit donc soit d’un produit spécial sécrété par la cellule-hôte à la surface du champignon et de sa propre membrane, soit d’une apparence résultant de la fixation, ainsi que cela a déjà été expliqué pour le Ruscus aculeatus. La 4 assise de cellules de la racine présente une localisation de l’endophyte tout aussi nette que la précédente. De cette der- nière partent en effet des filaments qui traversent normalement la membrane de séparation et donnent aussitôt une masse indistincte d’aspect granuleux, prenant fortement les colorants. Généralement il est fort difficile de se rendre compte de la structure de ces corps singuliers à cause de l’intensité de la coloration et de l’enchevêtre- ment des organes qui les forment. J’ai pu toutefois m’assurer sur certains de ces corps plus dissociés qu'ils étaient formés d’un enchevêtrement de filaments qui se ramifient un très grand nombre de fois en diminuant rapidement d'épaisseur. Il s’agit encore ici d'organes analogues aux arbuscules et aux sporangioles mais de Structure plus complexe et en voie d’altération. Le filament qui pénètre dans la cellule ne donne pas de suite un arbuscule ou un Sporangiole comme c’est le cas des endophytes du type Arum. Il se ramifie plusieurs fois et enchevêtre ses branches comme s’il devait former un peloton sans que le diamètre des hyphes diminue sensi- blement. C’est seulement sur ces branches secondaires que se forment les ramifications fines et pressées de l'arbuscule ou des sporangioles. Le tout, intriqué dans le protoplasma de la cellule, constitue une masse compacte et embrouillée de filaments gros et ténus où il est impossible de rapporter chaque arbuscule simple 44 REVUE GÉNÉRALE, DE BOTANIQUE ou sporangiole à la branche qui lui a donné naissance. A cet organe complexe que nous rencontrerons fréquemment dans la suite je donnerai le nom d’arbuscule composé. Sa principale caractéristique -est qu'il n’est pas terminal sur l’hyphe qui lui a donné naissance. Celle-ci peut done continuer à croître et aller infester de nouvelles cellules. Nous pouvons maintenant résumer les caractères principaux de l’endophyte du Paris quadrifolia, caractères que nous rétrou- verons dans toute une série de mycorhizes que j’appellerai la série de type Paris. Ces caractères sont : l'absence de mycélium et de vésicules intercellulaires, la vie constamment intracellulaire de l’endo- phyte, la localisation très nette de ses différents organes dans des assises bien détermintes, la présence d’arbuscules composés et la croissance indéfinie des hyphes donnant ces arbuseules. CoLcHicuM AUTOMNALE. — Le Paris quadrifolin s’écarte beaucoup du type ordinaire des Liliacées infestées vues précédemment. Le Colchicum automnale est encore plus singulier. C’est la seule plante d’ailleurs où j'ai vu un endophyte prendre cette allure spéciale et -présenter de semblables particularités. De son côté Janse (97) a rencontré seulement dans le Disporum, autre Liliacée, un endo- phyte semblable. Cette analogie n’est pas sans intérêt si on remarque que le Colchicum et le Disporum sont placés très loin l’un de l’autre dans la classification des Liliacées ‘. Elle montre bien que les affinités des plantes hôtes entre elles n’ont qu’une influence très faible sur les ressemblances des endophytes entre eux. Les racines du Colchicum, formées en grand nombre à la base du bulbe souterrain, sont minces (1/2 mm.), rarement ramifiées, dépourvues de poils radicaux et de même épaisseur et structure dans toute leur longueur. Elles diffèrent donc par l’aspect extérieur de celles du Disporum qui sont charnues, fréquemment ramifiées, d’une épaisseur minima de 1 mm. 1/2: En revanche la structure est la même (PI. IL, fig. 20 et 21, : l'assise pilifère est constituée par des cellules allongées dans le sens longitudinal, non prolongées en poils, cutinisées sur leur face externe : au-dessous, l’assise subéreuse fortement unie à la 1. Certains auteurs font même des Colchiques et ie plantes voisines une US distincte des Liliacées, la famille des Colchicacée ir du dures ds 5 à luc dés cn D St à de LÉ du PARENT PUMA TS FRS ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 45 précédente comprend une rangée de cellules à parois très-minces, souvent complètement affaissées sur elles-mêmes, alternant avec les précédentes. En section transversale, ces cellules à l'état normal et non affaissées, sont hexagonales ; elles sont très allongées suivant l’axe de la racine. La 3e assise présente de même des cellules allongées longitudinalement, à section transversale plus ou moins hexagonale alternant aussi avec les précédentes auxquelles elles sont étroitement unies. Parfois, et uniquement dans les Cas où il n’y a pas d'infection, elles ont aux angles les épaississements caracté- ristiques des cellules de collenchyine. La 4° et la 5° assises sont fort remarquables : elles sont formées de cellules très grandes à parois minces, hexagonales en section transversale et allongées dans le sens radial ; les cellules de ces 2 rangées alternent entre elles, celles de la rangée extérieure étant les plus grandes. Au-delà jusqu’à l'endoderme, on compte 3 à 4 assises de cellules, de nouveau allongées dans le sens de l’axe de la racine et arrondies en section transversale ; elles laissent entre elles des méats et parfois d'assez grandes lacunes comme il arrive dans le paren- chyme des racines aquatiques. Seules les 4e et 5° couches de cellules allongées radialement sont infestées ; l’endophyte ne pénètre jamais au-delà. Le filament mycélien libre rampe à la surface des racines puis bi t s’incurve et une hyphe de fort diamètre traverse directement les 3 premières assises en s’étranglant ; elle perfore ensuite une des grosses cellules de l’assise 4 et gagne une des cellules plus petites de la 5° assise. Là, le filament se ramifie et forme un peloton serré ; il en part des hyphes qui traversent normalement les parois et vont infester toutes les cellules de cette 5 assise de proche en proche, si bien que celle-ci se trouve souvent entièrement remplie de Champignons. Dans chaque cellule se forme, intriqué dans les hyphes du peloton, ce que j'ai appelé un arbuscule composé. Mais la particularité la plus intéressante de cette plante, qui en fait un cas à part et qui ne se retrouve que dans le Disporum, c’est que, de cette cinquième asssise, de nombreux filaments reviennent en arrière pour iufester les grosses cellules de la quatrième. Géné- ralement, deux hyphes issues de deux cellules différentes de l’as- sise à pénètrent dans une même cellule de l’assise 4. L'hyphe, de fort diamètre, qui a traversé la paroi, s'avance vers le centre de la 46 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE grosse cellule. Celle-ci renferme un te paiétal avec ban- delettes allant d’une paroi à l’autre. Le filament repousse devant lui ce protoplasme sans rompre la gaine ectoplasmique, car il est constamment entouré de granulations protoplasmiques dans lesquelles est inclus le noyau de la cellule; de la sorte, ce dernier est toujours appliqué contre le filament. De très bonne heure, à l'extrémité de l’hyphe, la membrane paraît se dédoubler, formant ainsi une petite vésicule claire. Celle-ci grandit peu à peu, devient sphérique ou réniforme et atteint parfois de grandes dimensions (80 à 100 »). Hyaline et bien gonflée au début, cette vésicule devient souvent opaque. Sa membrane parait se dédoubler et former plu- sieurs sacs concentriques. Finalement, elle s’affaisse et se plisse comme un ballon dégonflé. On ne rencontre jamais autre chose dans les grandes cellules de l’assise 4 que ces vésicules à tous les stades de développement et les filaments qui leur ont donné nais- sance. On trouvera les principaux stades de cette évolution dans la PI. Il, fig. 20, 21, 22 et 23. Une autre particularité de cet endophyte signalée par Janse dans le Disporum, c'est qu'au moment de traverser une membrane il produit de petites ramifications courtes et grosses en forme de doigts de gant disposés en verticilles et retroussés en arrière. Il s’en produit notamment aux points où le filament venu du dehors traverse la paroi qui sépare la 4° de la 5° assise et aussi quand un filament de l’assise 5 va pénétrer dans une cellule de l’assise 4 pour y former les vésicules de nature spéciale dont j'ai parlé plus haut (PI. IL, fig. 20, 21 et 23). Au point de vue de la répartition générale de cet endophyte dans la plante j'ai toujours constaté sa présence dans quelques-unes des racines d’un même pied de Colchique. Mais il peut arriver qu’un assez grand nombre d’entre elles soient indemnes d'infec- tion ; d’ailleurs celles qui sont atteintes ne le sont pas dans toute leur longueur. Ce fait, et aussi la rareté des points d'infection, mon- trent que la forme libre de l’endophyte, quoique assez fréquente, ne prend pas un grand développement à la profondeur à laquelle poussent les racines du Colchicum. 11 est d'ailleurs très facile ici de constater l'infection sans qu’il soit nécessaire de faire des coupes. Après un séjour un peu prolongé dans l’alcool à 70° les cellules de la 5° assise bourrées de mycélium deviennent opaques et forment ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 47 une gaine sombre qui s’aperçoit nettement au travers de la racine. : L'endophyte du Colchicum automnale malgré ses particularités doit cependant être rapproché de celui du Paris à cause de sa vie entièrement intracellulaire, de la présence des arbuscules composés et de la localisation des différents organes du champignon dans des assises cellulaires bien définies. Il n’est pas sans intérêt non plus de faire remarquer que les deux plantes qui ont des endophytes très voisins présentent la même particularité anatomique d’avoir sous le système protecteur extérieur, des assises de cellules infes- tées, à parois minces, isodiamétriques, et non orientées dans le sens de la longueur comme dans la plupart des racines. PARNASSIA PALUSTRIS. — On retrouve aussi dans le Parnassia palustris une structure analogue et un endophyte très voisin de celui de Paris. Les racines principales sont rarement infestées mais les fines ramifications de 1/2 mm. de diamètre le sont toujours et très abondamment. / La structure de l'écorce des fines racines est la suivante: 1° Assise pilifère à cellules allongées longitudinalement, cutinisées sur leur'face externe, non prolongées en poils ; 2 assise subéreuse à cellules longues et courtes, ces dernières véritables cellules de passage, légèrement épaissies sur leurs deux faces tangentielles ; 3 assise de cellules allongées longitudinalement ; 4° et 5° deux assises de cellules courtes, de grande taille, à peu près isodiamétri- ques et à parois minces ; 6° endoderme dont les cellules sont allongées et étroites, fortement épaissies. Toutes ces cellules de l'écorce sont étroitement unies sans aucun méat entre elles (PI. IL, fig. 24). Le filament, assez gros (6-7 u) passe directement en s’étranglant au travers de l’assise pilifère et d’une cellule de passage jusque dans la 3° assise. Là il se ramifie et s'étend beaucoup dans le sens longitudinal ; souvent 5ou 6 filamentsayant conservé leur épaisseur courent parallèlement à l’intérieur des cellules allongées de cette assise. Très fréquemment, ils forment des vésicules arrondies situées tantôt à l'extrémité des filaments, tantôt intercalées dans leur longueur (P1. L, fig. 12). Ces vésicules, comme celles du Paris, auxquelles elles ressemblent beaucoup, résultent de simples renfle- 48 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ments du mycélium. Il m'est arrivé de rencontrer des vésicules logées à la fois dans deux cellules contiguës et étranglées simple- ment en leur milieu au passage de la membrane (fig. 4). Il est bien - évident que dans ce cas, le filament, après avoir traversé la mem- brane, s’est gonflé ensuite en vésicule à cet endroit. Ces vésicules sont parfois très grosses (50 X 70 u), et alors elles distendent la cellule qui les contient en comprimant toutes les cellules corticales voisines ; certaines s'étendent ainsi de l’assise subéreuse à l’endo- derme. La plupart sont entourées d’une gaine hyaline très épaisse (4 à 5 uv), ressemblant beaucoup à celle des vésicules du Paris. en la 3° assise, des ramifications latérales gagnent les cellules courtes des 4e et 5° assises. Là, elles don-- nent soit simplement des pelotons de gros filaments, soit des arbuscules composés. Quelques cellules, où les masses enchevé- trées sont moins denses, montrent nelte- ment des arbuscules isolés et des sporan- gioles détachés et justifient ainsi l’assimila- tion que j'ai faite à propos du Paris des arbuscules composés et des arbuscules simples. Donc, encore 1ci, on peut reconnaître les caractères de l’endophyte du Paris : mycé- lium uniquewent intracellulaire, localisa- tion étroite des filaments allongés et des vésicules d’une part, des arpusçules compo- passage. de la mem- sés d'autre part. brane. (A suivre). 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères. : Le Gérant, Th. CLenquix. Revue générale de Botanique. Imp. Le Bigot. ui endotrovhes. Revue générale de Botanique. Tome 17, Planche 2, (fa) ee ( v TA is ! Ve 5 pe NE MS) à {Pr 7 # CS =] Es 5 f CR ET Dr ND : : % re 27 Æ Ta 1 ETS S BST AE = Ph * FE j de É : D." ‘ : :5 52 NN PA a 1” # A Ac CDR 5 ES Ce AU: CAE QT LU ar eu 5 ï £ :\: MS Pr: La ge PE EE F. sit + ÿ LP LSRCA 4 PS tie N 1 Mn se ee : VE au ht (pi ce Hi di HF Must after Vi Ur dr Te de PP $ de: net LS LmO L>0O Ë À o<( V° Li # Li c 62 VER Po S A4 7 \Ÿ ÿ) Q pur 4 Ô à À À 7 À D ere a & É ) (a 25 Is. Gallaud del. Imp. Le Bigot. Bertin sc. à | Mycorhizes endotrophes. Revue générale de Botanique. Tome 17, Planche 3 a K\ME MANN NN FE SA SSATE 1 LS mes AUArS f| ke ARR AE A A À: RSR Û s = (il Ve est D EE bee EX LE7 E2 8, 18. Gallaud det. Imp Le Bigot. J. Poinsot sc. Mycorhizes endotrophes. There is no plate 4. Plate 2 was printed twice, and not included in the scan. RÉCENTES PUBLICATIONS BOTANIQUES Dixon : A Transpiration Model. Dublin, 1903. — The Cohesion Theory of the Ascent of Sap. Dublin, 1903. Timiriazerr : The Cosmical FURENOR of the Green Plant (Proceedings of the Royal Society, 1903). Persicp : Zur Entwicklungsgeschichte der Gattuug Riella (Flora od. Allg. bot. Zeit., 1903 ARAUW : Sur les Mycorrhises des arbres forestiers et sur le sens de la symbiose des racines. Toulouse, 1903. WiLce : À {gologische Notisen, IX-XIV. Christiana, 1903. Wizze et HozmBor : Dryas octopetala bei Lan ngesund. Christiania, 19083. E. Gopzewskr : Zur Hans der ceiveissbildung in den Pflansen. Cra- e, 1903. 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L'OUVRAGE PARAITRA EN SIX FASCICULES Les trois tra fascicules [1.152 pages el 2.085 figures 3 sont a aque fascicule vendu age ed e fra L'ouvrage, une fois achevé, ne sera plus oies … fascicules. VIENT DE PARAITRE : Fascicule III (2" partie) Prix : 3 fr. Ce demi-fascicule comprend la fin des familles de la Série 7 : Ombellifères, Araliacées, etc. ; les See les de la Série 8 : Phytolacées, Portulacées, Nyctaginées. ran s, Chénopodées, ÉATIREe iées, annabinées, ge etc.; de la , U s, Imacées, Plata- rinées, M dôes: Pop “ont nébacées, Olacacées, __ phorées, De. de la Série 11 : Sapotées, Ebénacées, Styra céès, Fa inées, Piral _—— Plombagi- nl [yrsinées, Primulacées, Globulariées, etc.; TE Série 12 : Asclépiadées, Gent Verbascées, S lanées, Eire pe af a Ac F Com e la Série 15 : Oléacées, Scrofularinées, Hignoniacées, V pus, A . Utricula du comm t de la serie rss : tubiacées, Caprifoliacées, qe Cr autel PSE KA Valérianées, Pris cha de soon à Foneage compet : 28 francs. ne 4 LA A + mé Dante, Paris, Lie. — imp. LE BUT ue | io REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME Livraison du 15 Février 1905 Entered at they New-York Post Office as Second Class mater. LA PARIS | LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGN 1, RUE Dante, +. 1905 LIVRAISON DU 15 FÉVRIER 1905 I. — DE L'INFLUENCE DES ENDOPHYTES SUR LA TUBÉRISATION DES SOLANUM, par M. Henri en CR ES CU AM NO D at II. — QUELQUES CAS DE POLYEMBRYONIE CHEZ PLU- SIEURS ESPÈCES DE PALMIERS (avec figures dans le texte), par M. C.-L. Gatin . . .. .. I, — ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES … (avec planches et figures dans le texte), par M. I. Gallaud (suife}): 5 es die da de IV. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le texte), par M. C. Houard . . ......... . Gette livraison renferme en outre qüatorze figures dans le texte. Poe . mode de publication e et es gonditions d'aborinement voir à du troisième Lx dd de ” couverture. x Pages 49 DE L'INFLUENCE DES ENDOPHYTES SUR LA TUBÉRISATION DES SOLANUM par M. Henri JUMELLE # Les recherches récentes de M. Noël Bernard (1) tendent à nous faire envisager sous un jour tout nouveau et inattendu le mode de formation de certains tubercules. La tubérisation, chez le Solanum tuberosum, par exemple, serait la conséquence d’une infection des racines par un champignon endophyte. Quel est, du reste, ce Champignon ? On ne saurait le dire actuel- lement. M. N. Éoidarà pensait, tout d’abord, que c'était un Fusarium, le F. Solani. Plus récemment, il a reconnu, ainsi que M. Gallaud, que le véritable endophyte doit être une > espèce tout autre, encore indéterminée. En tous cas, ce serait un mycélium qui, par sa présence dans les racines, provoquerait une modification de nutrition qui abouti- rait à la production de renflements, avec accumulation de substan- ces de réserve, aux extrémités des rhizomes. M. Bernard fait remarquer, à Ce propos, qu'’ainsi s’expliquerait ce fait connu que, jadis surtout, les semis de pommes de terre don- “naïient des pieds dépourvus de tubercules. « Ce n’est qu’à partir du moment où les endophytes ont été acclimatés, aussi bien que les plantes elles-mêmes, qu’on a obtenu des semis le résultat qu’on en attendait, et que la tubérisation a paru héréditaire. » Pour bien établir cette théorie, en l’appuyant sur l’expérimen- lation, M. Noël Bernard a cultivé des pommes de terre dont il a fait deux lots : dans l' up, les tubercules étaient plantés tels quels ; dans l'autre, ils étaient infestés, au moment de l’ensemencement, avec Un mycelium paraissant celui de l’endophyte. à , Noël Bernard : Etudes sur la tubérisation (Revue Générale de Botanique. L Rev. gén. de Botanique. — XVII. 50 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Des quatre expériences tentées il semble ressortir que l'infection artificielle a eu pour résultats : 1° une tubérisation plus précoce et plus régulière ; 2% comme conséquence de cette première modifica- tion, un allongement moindre des stolons qui doivent se tubériser ; 3° la formation d’un plus grand nombre dé tubercules, peu de stolons restant stériles. D'ailleurs, les différences ont toujours été plus accentuées au commencement de l'expérience qu'à la fin. Et l'explication en est simple, d’après M. Bernard, car «il n’est pas douteux que, si l’on laisse de telles expériences se poursuivre plus longtemps, les plantes du second lot (non infestées artificiellement) finiront pèr se contaminer plus régulièrement. Ï]l est clair aussi que, dans ces conditions, très voisines de celles de la culture ordinaire, elles finiront par donner des tubercules ». Nul ne peut contester que ce sont là des résultats qui, s'ils doi- vent être admis, présentent un réel intérêt, au point de vue prati- que comme au point de vue scientifique. Mais c’est précisément cet intérêt même. qui nous a engagé à renouveler les expériences de M. Bernard, en prenant, comme sujet de nos observations, une espèce de Solanum autre que le Solanum tuberosum. On sait que, depuis plusieurs années, M. Heckel a attiré l’atten- tion du monde agricole sur le Solanum Commersoni, espèce qui est sauvage dans l’Uruguay et sur différents autres ibm de la côte orientale de l'Amérique du Sud. L'adaptation naturelle de cette pomme de terre aux terrains très humides — puisque c’est ainsi qu’elle pousse spontanément en Amérique — pourrait permettre en France l’utilisation de certains sols marécageux impropres à d’autres plantations, au cas, du moins, où l'espèce réussirait, en s’améliorant, sous notre climat. Malheureusement, jusqu'alors, ce n’a été que dans des conditions très particulières, telles que celles réalisées dans les propriétés de M. Labergerie, dans la Vieune, que le Solanum C Qmmerson a us de forts tubereules, réellement comestibles (4). {4} Ces tubereules sont tellement semblables à ceux du Solanum tuberosum, à tous égards, que M. Heckel se demande aujourd’hui si le Solanum Commersont ne serait pas, en réalité, la forme ancestrale et l’espèce-type du Solanum Lube- rosum de nos cultures, qui est, on le sait, tout à fait inconnu à l’état sauvage. TUBÉRISATION DES SOLANUM 51 Ailleurs le rendement peut être assez grand, comme on le verra plus loin, mais les tubercules sont généralement petits, puis placés aux extrémités de très longs stolons, et enfin de formation très tardive. Or, il est à noter que ces défauts sont justement ceux que, d’après M. Noël Bernard, présentait autrefois le Solanum tuberosum, aux débuts de son acclimatation en Europe. Ce ne fut que lorsque l’in- fection par les champignons endophytes fut devenue générale dans les sols, et très forte dans les tubercules, que la tubérisation devint, en même temps, plus précoce — les stolons se tubérisant après s'être à peine allongés — et aussi plus régulière et plus abondante. On entrevoit, dès lors, l’idée qui peut surgir à l’esprit : Est-ce que, en infestant artificiellement le Solanum Commersoni, au moment où les tubercules sont plantés, on ne parviendra pas à apporter immédiatement, et d'un seul coup, dans son mode de tubéri- sation, les modifications qui n’ont été apportées que très lentement, et par le temps, chez le Solanum Tuberosum. Tel a été le but dans lequel nous avons entrepris de cultiver . Ce Solanum Commersoni, parallèlement, au reste, à des cultures analogues de deux variétés de Solanum tuberosum, la « Marjolin hâtive ».et la « Géante de Lyon ». à Notre premier soin a dû être, naturellement, de nous procurer le mycélium d'infection. Sans nous arrêter à la question de savoir si c’est le Fusarium ou une autre espèce, nous avons suivi exactement la méthode indiquée par M. Noël Bernard, et qui aurait, comme nous l’avons vu, réussi à ce physiologiste. Des tubercules de Solanum tuberosum (Géante de Are) ont été Coupés en tranches longitudinales superficielles, que nous avons traitées pendant quelques minutes dans une solution de sublimé à 1 °/,, puis lavées plusieurs fois dans l’eau stérile. Ces tranches ont été déposées, avec un peu d’eau, dans des boîtes de Pétri stérilisées, la face extérieure placée en dessus. Après quelques jours, un mycelium est apparu, qui s’est couvert de spores de Fusarium. Nous avons ensemencé avec des parcelles de ce mycelium des tranches de pomme de terre, en tubes ordinaires ; et ce sont ces secondes cultures qui nous ont servi de mycelium d'infection. 52 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Le bourgeon terminal de chaque tubereule infesté artificielle- ment à été enveloppé par un fragment de ce mycelium. Toutes ces cultures ont été faites dans un terrain silico-calcaire, contenant environ 43 °/, de calcaire, 23°/, de sable et 27.5 °/ de sable fin et argile. Nous avons ajouté des scories de déphosphoration (900 kilos à l’hectare), du sulfate de potasse (180 kilos) et, au cours du dévelop- pement, du nitrate de soude (180 kilos). ILest bien certain que des pommes de terre avaient déjà été cultivées dans ce terrain. Mais notre but n’était pas de répèter exactement les expériences de M. Noël Bernard, mais plutôt de voir si, en terre ordinaire et quelconque, l'infection artificielle a une influence sur la tubérisation du Solanum tuberosum, puis surtout, nous jne saurions trop le redire, de constater les changements apportés par cette infection dans cette autre espèce encore mal acclimatée chez nous, le Solanum Commersoni. Nous décrirons, en premier lieu, les expériences faites sur le Solanum tuberosum. LE Solanum tuberosum (Marjolin). Les tubercules ont été plantés le 15 avril 1904, alors que leur germination était déjà bien commencée. Ils ont été placés à des intervalles de 55 centimètres. Dans 2 lots de 5 tubercules chacun, la pousse terminale, A laissée, a été recouverte d’un mauchon de mycelium. 2 autres lots de 5 tubercules ont été plantés sans être infestés. Un lot de chaque série (série non infestée et série infestée) a été conservé jusqu’à la fanaison des pieds. ais, dans les 2 autres lots, des nié ont été arrachés à diverses époques, au cours du développement. Les résultats des premiers arrachages ont été les suivants : Les premières pousses étant apparues sur le sol le 23 avril, nous avons déterré 2 pieds, le 27 mai, au moment où commençait la floraison. L'un, non infesté (1), portait 24 tubercules, pesant 70 grammes. Le poids de sa tige feuillée fraîche était de 55 grammes. 1} En employant ces termes infesté et non infesté, nous sous-entendons tou- jours : artificiellement. TUBÉRISATION DES SOLANUM 53 L'autre, infesté, portait 50 tubercules, pesant 65 grammes. Le poids de sa tige feuillée était de 105 grammes. Un nouvel arrachage a lieu le 10 juin, dans les mêmes condi- , tions. Le pied non injesté porte 19 tubercules, du poids total de 140 grammes. Le poids de la tige feuillée est de 100 grammes. Le pied infesté porte 55 tubereules, pesant 250 grammes. Le poids de la tige feuillée est de 150 grammes. Le 11 juillet, la végétation étant terminée, et tous Re pieds étant fanés, nous arrachons les 2 lots (l’un infesté et l’autre non) dans lesquels aucun pied n’a été pris, lors des arrachages précédents. Le lot des 5 tuberculos non infestés a fourni 136 tubercules, - pesant 0 k. 882. SE Le lot des 5 tubercules infestés a fourni 225 tubercules, pesant 2 k. 580 ds Nous devons toutefois nous empresser d’ajouter que les poids des tubercules-semences étaient, dans les deux lots, assez différents, car ils étaient respectivement de 160 grammes et de 230 grammes. Et si nous tenons compte de ces poids, nous trouvons que : Sans infection, 1 gramme de tubercule-semence a donné 5 gr. 50 de tubercules ; Avec jt 1 gramme de tubercule-semence a donné 11 gr. 20 de tubercules. La différence réelle devient ainsi beaucoup moindre que la différence apparente. Néanmoins cette différence reste assez sensible pour qu’il soit permis d’en tenir compte : et on remarquera qu'elle est de même sens que celle que présentaient déjà les pieds arra- Chés le 10 juin. Sur les 2 pieds arrachés le 27 mai, les poids étaient à peu près les mêmes, mais les tubercules étaient plus nombreux à la base de la plante infestée. Avec cette « Marjolin », qui est la variété sur laquelle a s'OR péri: menté M. Bernard, nos résultats sont donc assez semblabes à ceux obtenus par cet auteur, et que nous avons rappelés plus haut. Les pieds infestés ont donné un nombre et un poids de tuber- cules plus grands que les autres. 54 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Solanum tuberosum (Géante de Lyon). Les tubercules ont été également plantés le 15 avril, sur une ligne, à 60 centimètres d'intervalle. Nous avons mis en terre : 2 lots de 5 tubercules non infestés, l’un de ces lots pesant 690 grammes, et l’autre 800 grammes ; 2 lots de 5 tubercules infestés, l’un pesant 610 grammes, l’autre 730 gr. 6 tubercules non infestés. 6 tubercules infestés. Ces derniers tubercules sont ceux qui doivent fournir les pieds que, comme dans l’expérience précédente, nous avons arrachés à divers moments du développement. Le premier arrachage a eu lieu le 27 mai, en même temps que le premier arrachage des « Marjolin ». Un pied infesté et un pied non infesté ne présentaient aucune différence. L'un et l’autre portaient quelques tubercules gros comme un pois. : Le 3 juin, second arrachage, au moment où les nr dem apparaissent. Un pied non infesté, dont la tige feuillée pèse, fraîche, 0 k. 515, a 10 petits tubercules, pesant 25 grammes. Un pied infesté, dont la tige feuillée pèse 0 k. 670, a 7 gros tubercules, pesant 65 grammes. Le 10 juin, quand les fleurs s'ouvrent, un pied non infesté, dont la tige feuillée pèse 0 k. 645, a 6 tubercules, pesant 60 grammes. Un pied infesté, dont la tige feuillée pèse 0 k. 660, a 7 tubercules, pesant 145 grammes. Le 24 juin, un premier pied non infesté, dont la tige feuillée pèse 0 k. 590, a 9 tubercules, pesant 270 grammes ; un second pied dont la tige feuillée pèse 0 k. 680, a 7 tubercules, pesant 320 gr. Un pied in/esté, dont la tige feuillée pèse 1 k. 270, a 7tubercules, pesant 440 grammes ; un second pied, dont la tige pèse 0 k. 930, a 14 tubercules, pesant 510 grammes. Le 4er juillet, un pied non infesté, dont la tige pèse 1 k. 610, a 10 tubercules, pesant 500 grammes. : TUBÉRISATION DES SOLANUM 5 Un pied infesté, dont la tige pèse 1 k. 900, a 8 tubercules, pesant 800 grammes ; et un autre, également infesté, dont la tige pèse 2 k. 500, a 5 tubercules, pesant 325 grammes. Il est incontestable que, dans tous ces cas, observés au cours du développement, nous trouvons un avantage assez marqué en faveur des pieds infestés. Mais cet avantage a disparu complètement au moment de la récolte finale, que nous avons faite à la fin d'octobre. Le lot de tubercules non infestés, pesant 690 grammes, a donné 120 tubercules, pesant 6 k. 400. Soit 9 gr. 23 pour 1 gramme de tubercule-semence. Le lot de tubercules non infestés, pesant 800 grammes, a donné . 134 tubercules, correspondant à un poids de 9 k.660. Soit 12 gr. 07 pour 1 gramme de tubercule-semence. Le lot de tubercules infestés, pesant 610 grammes, a donné 87 tubercules, pesant 7 k. 400. Soit 12 gr. 10 pour 1 gr. de tubercule- semence, Le lot de tubercules infestés, pesant 730 grammes, a donné 84 tubercules, pesant 7 k. 400. Soit 12 gr. 10 pour 1 gr. de tubercule- semence. Il n’y a vraiment, dans cette récolte finale, aucune différence nette de rendement entre les pieds infestés artificiellement et ceux qui ne l’ont pas été. Rappelons que le mycelium employé pour l'infection était, comme pour la « Marjolin», du mycelium obtenu sur cette « Géante de Lyon. » Solanum Commersoni. La distance conservée entre les pieds a été, ici, plus grande que pour les plants de Solanum tuberosum, en raison du grand allon- 8ement ordinaire des stolons. Et il importait, pour nos observations et nos comparaisons, que les pieds restassent distincts. Nous avons planté : 1 lot de 4 tubercules non infestés, pesant 155 grammes. 1 lot de 5 tubercules non infestés, pesant 270 grammes ; 1 lot de 4 tubercules infestés, pesant 185 grammes ; 1 lot de 5 tubercules infestés, pesant 290 grammes ; 56 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 10 tubercules non infestés ; 10 tubercules infestés. Le 20 mai, les inflorescences apparaissent. Un pied non infesté, dont la tige aérienne, fraîche, pèse 40 grammes, a 2 stolons de 10 à 15 centimètres. Un pied infesté, dont la tige aérienne pèse 60 gr. a 7 stolons de même longueur. Le 3 juin, tous les touffes ont des fleurs. Un pied non infesté, et dont la tige aérienne pèse 190 grammes, a à longs stolons. Un pied infesté, et dont la tige aérienne pèse 210 grammes, en a une vingtaine. Ni sur l’un ni sur l’autre, toutefois, il n’y a indication d’un début de tubérisation. !1 en est de même le 10 juin, où nous arrachons 2 pieds vigou- reux dont l’un a été infesté et l’autre non, et 2 plus faibles, qui sont respectivement dans les mêmes conditions. À Le pied vigoureux non infesté, dont la tige feuillée pèse 480 gr., a 4 stolons. Le pied vigoureux infesté, dont la tige feuillée pèse 455 grammes, en a 8. Le pied faible non infesté, dont la tige feuillée pèse 175 grammes, a À long stolon. Le pied faible infesté, dont la tige feuillée pèse 161 grammes, en 0. | Le 24 juin, il n’y a pas davantage de tubercule. Ce jour-là : Un pied non infesté, dont la tige feuillée pèse O0 k. 825, a 5 sto- lons de 20 à 25 centimètres ; un second, dont la tige feuillée pèse 0 k. 770, en a 6, de 25 à 45 centimètres. Un pied infesté, dont la tige feuillée pèse 0 k. 950, a 20 stolons, de 30 à 50 centimètres ; un second, dont la tige feuillée pèse 4 k. 040, en a 8, de 20 à 45 centimètres. Il y aurait bien, on le voit, jusqu'alors, une petite différence entre les pieds non infestés et ceux qui le sont. Ces derniers parais- sent avoir tout de suite un plus grand nombre de stolons. Nous commencions donc à espérer que la tubérisation serait, en même temps, chez ceux-ci, plus rapide. Nous avons été vite déçu, car le 1er juillet : TUBÉRISATION DES SOLANUM a à: Un pied non infesté, dont la tige feuillée pèse 1 k. 710, a 1 stolon de 10 centimètres ; un second dont la tige pèse 0 k. 760, en a 4, parmi lesquels l’un offre un commencement de tubérisation termi- nale. Par contre, nous ne pouvons constater cette tubérisation : ni sur un pied infesté, dont la tige feuillée pèse O0 k. 725, et qui a 10 stolons de 30 centimètres environ, ni sur un second égale- ment infesté, dont la tige pèse 1 k. 230, et qui a 6 stolons, longs de 10 à 45 centimètres. Ceci étant, il nous est permis de supposer que c’est par pur hasard que, le 11 juillet, l’arrachage nous donne les résultats suivants : Un pied non infesté, dont la tige feuillée pèse 1 k. 720, a 3 petits tubercules, pesant ensemble 7 grammes ; un second, dont la tige feuillée pèse 1 k. 150, a 1 tubercule du poids de 6 grammes. Un pied infesté, dont la tige pèse 1 k. 210, porte 13 tubercules, pesant 170 gr. ; un second, dont la tige pèse 1 k. 910, a 11 tuber- cules, pesant 30 grammes. Assurément ces résultats seraient à retenir si ceux obtenus le Ier juillet ne laissaient supposer des caprices trop grands de végé- tation pour qu’il ne fût pas imprudent de se livrer à une interpré- tation qui serait trop hâtive. En somme, certains pieds infestés se sont tubérisés plus vite que certains pieds non infestés, mais l'inverse est également vrai. Et ce ne sont pas les résultats finaux qui font disparaître notre incertitude et nous permettent de tirer une conclusion ferme, car le 25 octobre, lorsque nous avons arraché tous les lots pesés : Les 4 tubercules non infestés, du poids de 155 grammes, ont donné 356 tubercules, pesant 10 k. 750. Soit 69 gr. 3 pour { gramme de tubercule-semence. Les 5 tubercules non infestés, du poids de 270 grammes, ont donné 485 tubercules, pesant 10 k. Soit 37 gr. pour { gr. de tuber- cule-semence. Les 4 tubercules infestés, du poids de 185 grammes, ont donné 313 tubercules, pesant 8 kilos. Soit 43 gr. 2 pour 1 gr. de tubercule- semence. Les 5 tubercules infestés, du poids de 290 grammes, ont donné 231 tubercules, pesant 5 k. 285. Soit18 gr. 2 pour 1 gr. de tubercule- semence. 58 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Tous ces rendements sont très élevés, et — sans doute par suite des engrais minéraux fournis — sont supérieurs, croyons-nous, à ceux qui avaient été obtenus jusqu'alors à Marseille. Mais ce n’est pas là le fait qui nous intéresse en ce moment. Nous devons ici surtout remarquer qu’ils ont été aussi forts dans les pieds sans infection artificielle que lorsque les bourgeons des tubercules-semences ont été recouverts de mycelium. Les résultats n’ont donc pas été, dans l’ensemble, aussi nets, ni aussi démonstratifs que nous l’espérions. L'infection artificielle a bien paru, au début, dans le Solanum Commersoni, influer sur le nombre des stolons, mais cette influence ne s’est pas maintenue, et ne s’est sensiblement exercée ni sur l’époque de la tubérisation, ni sur le nombre et le poids des tuber- cules. Une objection, d’ailleurs, est permise, et nous sommes le pre- mier à la soulever. L’infection a été pratiquée sur les tubercules-semences du Solarum Commersoni, avec du mycelium provenant du Solanum tuberosum. Elle eût dû être faite avec du mycelium provenant de tubercules de Sol. Commersoni. Telle était bien notre intention. PAU terres pour des raisons d'installation de laboratoire, ces expériences furent com- mencées assez tard, l’année dernière ; et, dans le laps de temps dont nous avons disposé avant le moment de la plantation des tuber- cules-semences, nous avons bien pu provoquer le développement d’un mycelium sur les tubercules de Solanum tuberosum, nous n’avons pas réussi avec les tubercules de Solanum Commersoni mis dans les boîtes de Petri. Il semblerait — et la constatation est peut-être intéressante — que nos tubercules de Solanum Commersoni étaient beaucoup moins infestés, même par le Fusarium, que ceux de Solanum tuberosum. Notre intention est donc de recommencer nos essais dès que nous pourrons obtenir, isolés, les véritables endophytes des Solanum. Mais, en attendant, nous communiquous ces premiers réauitaiss TUBÉRISATION DES SOLANUM 59 qui prouvent peut-être, tout au moins. qu’il semble bien qu’on trouve, au commencement de la végétation des Solanum, et surtout du Solanum tuberosum, une influence de l'infection, telle que l’a signalée M. Bernard, cette influence néanmoins, dans nos expé- riences, n'étant pas assez grande, ni assez nette, pour entraîner, sans recherches ultérieures, une conviction absolue. Il faut bien reconnaître que nous n'avons modifié que d‘une façon très douteuse, et beaucoup moins que pouvait Je faire espérer le raisonnement exposé dans les premières pages de cet article, le mode de végétation actuel du Solanum Commersoni. Il est vrai que cet insuccès peut être expliqué par les nouvelles observations qu'a publiées M. Gallaud, pendant que nos essais étaient en cours d'exécution. D’après M. Gallaud, on n'obtient pas le véritable endophyte, mais seulement des formes accessoires, en employant la méthode qu'a indiquée autrefois M. Bernard. Nos résultats seraient alors la confirmation que, en effet, les formes peu satisfaisantes que nous nous sommes procurées par cette méthode ne sont pas celles qui agissent réellement sur la tubérisation. Et néanmoins les quelques modifications que nous avons signa- lées sembleraient indiquer, en même temps, que ces formes, telles que le Fusarium, peuvent avoir, elles aussi, sur la tubérisation une légère influence, s’exerçant dans le même sens que celle du véri- table endophyte. En réalité, le problème est encore très obscur ; et c'est pour- quoi nous n’avons pas cru inutile de faire connaître nos essais, qui peuvent apporter, à l’occasion, leur petite part contributive dans cette question de la tubérisation, pour l’éclaircissement de laquelle on ne saurait trop, en ce moment, multiplier les expériences. QUELQUES CAS DE POLYEMBRYONIE CHEZ PLUSIEURS ESPÈCES DE PALMIERS par M. C. L. GATIN. Ayant eu récemment l’occasion de faire germer des graines d’un grand nombre de genres et d'espèces de palmiers, j'ai remarqué que quelques-unes de ces graines, appartenant aux espèces Phœnix canariensis Hort. et Pinanga patula B1., possédaient deux embryons qui avaient parfaitement germé et qui présentaient quelques parti- cularités qui m'ont paru mériter une description. 10 PHOENIX . CANARIENSIS. i Les caractères morphologiques de la germination de ce palmier sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’en parler ici. Je rappellerai seulement qu’il germe suivant le mode que Martius (1). a désigné sous le nom de «germinatio remotiva » et que son cotylédon ne possède pas de ligule. Une graine, provenant d’un lot qui m'avait été obligeamment envoyé par M. Poirault, directeur de la ville Thuret, a donné deux plantules. Cette anomalie n’a été remarquée, par suite de diverses circontances, que 32 jours après le semis (2). À ce moment Ja graine a été déplantée et les plantules fixées pour l'étude anato- mique. : La graine était de forme normale et présentait, à l’intérieur, la conformation habituelle de ses congénères Elle était donc unilo- culée et provenait du développement d’un seul carpelle. Elle était en partie digérée par un colylédon de forme normale, auquel se rattachaient, par deux pétioles distincts, deux germina- tions de taille inégale (fig. 1). (1) Martius : Historia nat. palmarum (Munich, 1823-1850). (2) Dans une serre maintenue à une température de 25 à 27° C. POLYEMBRYONIE DES PALMIERS 61 La plus grande des deux présentait les “dimensions d’une germination normale de même âge, dont elle ne se distinguait par aucun caractère anatomique. La plus petite, au contraire, était restée très grêle et très courte, bien qu’elle se trouvât à un stade de développement équi- valent. Au point de vue anatomique, elle offrait une lignification beau- coup moins avancée. Il suffit, pour s’en rendre compte, de comparer les fig. 2 et 3, qui repré- sentent des coupes pra- tiquées à la périphérie du cylindre central de régions homologues des racines de ces deux ger- minations. L’endoder- me de la racine, chez la petite germination (fig. 3) ne se distingue par aucun épaississement alors qu'il est très net chez la grande. Les fais- ceaux du bois sont de même incomparable- ment moins développés dans la racine de la petite plantule (Fx. fig. 3) que dans celle de la grande (Fx. fig. 2). Ces différences dans la lignification, particu- lièrement manifestes Ps: EF — ni _ tiers rennes Hort, avec aturelle). racines; 6. c, gaines cotyiadomneires: F!,F!, première feuille; G, grain dans les racines, se retrouvaient, à un degré moindre dans les autres parties de ces deux plantules. La structure du cotylédon m’a paru encore plus intéressante. Les pétioles cotylédonnaires possédaient, comme cela est 62 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE normal (1), des faisceaux libéro-ligneux dont le nombre va crois- Fig 3. — Coupe dans la partie Fig. 2. — Coupe dans la partie moyenne de tite germination de Phœnix la racine de la grande germination de canariensis (grossissement — l'hœnix canariensis (grossissement — 200). — End : endoderme ; 200). — End : endoderme; Per : péricy- Per : péricycele ; Fx : faisceau cle; Fx: faisceau ligneux. ligneux. Fig. 4 et 5. — Coupe schématique transversale du double cotylédon de la germi- nation de Phœnix canariensis. À gauche, coupe pratiquée près de l'insertion des pétioles ; à droite, un peu plus haut. — Ep : épiderme ; Fx: région des faisceaux. (1) G. Firtsch : Anatomisch-physiologische Untersuchungen über die Keim- plane der Daltelpalme (Sitzungsber. der Kais. AK. d. Wiss.zù Wien, Abt. I, Bd. XCHI. 1886.) Gehrke. — Beitrage zür Kentniss der Anatomie von Pameul- kemlingen (Inaug. Diss-Berlin, 1887). POLYEMBRYONIE DES PALMIERS 63 sant à mesure que l’on se rapproche du suçoir. Ils s'étaient étroi- tement accolées pour traverser le tégument de la graine et semblaient se perdre dans un cotylédon unique. Celui-ci bien que possédant une forme normale, était formé en réalité de deux parties étroitement accolées et de taille très iné- gale. La plus petite allait en s’amincis- sant comme le mon- trent les schémas des figures 4 et 5 et cor- respondait à la plus petite des germina- tions. Chacun de ces cotylédons avait une Structure normale, c'est-à-dire qu'il se Fig. 6. — Coupe de l’ensemble des deux cotylédons de COmposait d’une la graine de Phœænix.canariensis montrant leur con- masse de cellules tact (grossissement = 300).— Ep! épiderme du petit cotylédon; Ep? : épiderme du grand cotylédon ; Fx : un faisceau du petit cotylédon. grandes et irréguliè- res, présentant un cercle de faisceaux à sa périphérie et recouverte d'un épiderme. Les épidermes des deux cotylédons étaient très étroitement accolés dans la partie où ils se trouvaient en contact (fig. 6) et les mem- branes externes des cellules de ces épidermes fortement épaissies. 20 PINANGA PATULA,. Ce palmier, à l'inverse du Phœnix canariensis, germe suivant le mode « admotiva », c’est-à-dire que la jeune plantule sè développe tout contre la graine. Elle est réunie au cotylédon par un court pétiole et possède une ligule. Deux graines d’aspect normal, provenant d’un envoi que je dois à l’amabilité de M. H.F. Macmillan, curateur des jardins botaniques de Peradeniya (Ceylan), possédaient deux embryons. Ces graines étaient normalement constituées. La première avait 64 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE été déplantée 108 jours après son semis ({). Les deux plantules étaient de taille un peu inégale (fig. 7), et semblaient émerger d’une gaine cotylédonnaire unique. Elles possédaient d’ailleurs un seul cotylédon et ne présentaient pas entre elles de différences anatomiques notables, comme cela avait lieu pour les deux plantules de Phœænix canariensis étudiées plus haut. Le pétiole cotylédonnaire unique, très Fig.7.— Graine de Pinanga patula BI, avec deux embryons germant (gran- deur naturelle) F! : première feuille; L: ligule ; G : graine; R : racine. À Fig. 8et 9. — Graine de Pinanga pa- tula, vue par deux de ses faces A et B avec deux embryons germant (gran- deur naturelle). F!,première feuille ; F? : deuxième feuille; L : ligule ; G: graine; R : Racines Fig 10 et 11. — Coupes schématiques dans le pétiole cotylédonnaire de Pinanga patula : A, pétiole cotylédonnaire ; libéro-ligneux. B, base du cotylédon ; Fx : faisceaux (1) Dans une serre maintenue à une température de 25 à 27°. POLYEMBRYONIE DES PALMIERS 65 court, possédait deux cercles de faisceaux libéro-ligneux (fig. 10). Eu pratiquant une série de coupes allant du pétiole vers le cotylé- dop, j'ai pu constater que les deux cercles de faisceaux s’ouvraient l’un vers l’autre de façon à n’en plus former qu’un seul dans le cotylédon unique, qui possédait la structure normale. La seconde graine, déplantée 145 jours après son semis possédait deux plantules beaucoup plus développées (fig. 8 et 9) et de taille un peu inégales. Ces deux plantules ne présentaient, avec celles provenant de la première graine, d'autre différence que leur état plus avancé de développement. Forbes (1) avait déjà signalé, chez le Cocos nucifera L., des cas de polyembryonie dus à la fertilité des trois carpelles ou même à l’augmentation du nombre des loges du fruit, qui, d’après ses observations, peut atteindre jusqu’à 14. Les cas que je viens de décrire m'ont paru d'autant plus inté- ressants à signaler qu’ils s’écartent, par leur origine, des cas décrits par Forbes et qu'ils constituent, je crois, les premiers exemples de polyembryonie véritable dont on ait donné une description chez les palmiers. (4) H. O. Forbes ; Notes on the Cocas nucifera (Journal of Botanny, vol. VII, 1879, P. 193-194.) Rev. gén. de Botanique. — XVII. 5 ÉTUDES MYCORHIZES ENDOTROPHES par I. GALLAUD (Suite). (Planches I à IV). ANEMONE NEMOROSA.— Un assez grand nombre de Renonculacées se rangent dans la série dont le type est représenté par le Paris quadrilolia. Nous avons déjà trouvé un certain nombre de Ranun- culus où l’endophyte,en majeure partie extra-cellulaire, se rappro- chait de celui de l’Arum, avec toutefois une certaine tendance à la localisation des arbuscules dans les deux dernières assises de l'écorce précédant l’endoderme. Dans d’autres Renonculacées, cette localisation est beaucoup plus précise et le mycélium est unique- ment intracellulaire. Elles appartiennent donc à la série du Paris. C’est en particulier le cas des Anémones et des Ficaires. Le rhizome souterrain de l’Anemone nemorosa porte de nom- breuses racines ayant au plus 1/2 mm. de diamètre, rarement ramifiées. La structure anatomique de leur écorce, uniforme d’un bout à l’autre de la racine, comprend : une assise pilifère dont les cellules quelquefois un peu saillantes en forme de papille sont fortement cutinisées sur leur face externe et teintées d’un brun acajou qui donne à la racine sa couleur caractéristique. Au-dessous, l’assise subéreuse, sans cellules de passage différenciées, est formée de cellules uniformément allongées dans le sens longitudinal. Le parenchyme cortical qui lui fait suite comprend 4 assises à parois minces : les 2 premières sont formées de cellules allongées longi- tudinalement ; les 2 suivantes beaucoup moins allongées, surtout celles en contact avec l’endoderme, ont en revanche une section transversale beaucoup plus large. L’endoderme, épaissi sur. ses ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 67 faces radiales, est formé de cellules aplaties, très allongées suivant l'axe de la racine. L’écorce ne renferme pas de méats (PI. IH, fig. 31). L’endophyte, accolé étroitement à la surface de la racine, tra- verse directement l’assise pilifère en s’étranglant au passage des membranes. Dans la 2 assise il forme une ou deux anses et atteint rapidement les 2 assises suivantes où les filaments s’allongent beau- Coup dans la direction de la plus grande longueur des cellules et portent ainsi l'infection loin du point de pénétration. Un grand nombre de ces filaments se terminent par des vésicules, très grosses parfois, et faisant hernie dans les cellules voisines. Ils gagnent la 5°.assise où ils forment des “pelotons compacts, très enchevêtrés, formés uniquement d’hyphes de même grosseur. Enfin les hyphes pénètrent dans la dernière assise formée de cel- lules courtes et y donnent des arbuscules composés très serrés, remplissant de leurs fines branches emmélées toute la cellule. Parfois encore on rencontre dans cette dernière assise une vésicule qui alors remplit toute la cellule en s'appliquant sur ses parois. Cet endophyte très voisin des précédents par son développe- ment toujours intra-cellulaire et la localisation dans une même assise des arbuscules complexes est toujours présent et en grande abondance dans les racines d’Anémone, quelle que soit leur origine. Il faut en conclure qu’il est très fréquent dans le sol des sous-bois où ces plantes sont toujours localisées. D'autre part sa croissance est très rapide car il m'est arrivé de trouver des racines, récoltées en novembre et par conséquent très jeunes, complètement envahies par le champignon. FICARIA RANUNCULOIDES. — L'endophyte de la Ficaire (Ficaria ranunculoides) a été vu par N. Bernard (01). Stahl (00) au contraire n’a jamais constaté sa présence. En réalité les racines de Ficaire sont fréquemment infestées, mais pas d’une façon constante. Il m'est arrivé de faire de nombreuses coupes dans les différentes racines d’un même pied sans rencontrer d'endophytes. Les racines atteignent rarement l'épaisseur de 1 mm. ; elles se ramifient peu et ont une surface lisse dépourvue de poils radicaux. Au point de vue anatomique on distingue (PI. ILE, fig. 33) : une assise Pilifère cutinisée à l'extérieur, une assise subéreuse à parois minces sans cellules de passage différenciées ; au-dessous, dans les” 68 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE plus petites racines (1/3 ou 4/2 mm.}, se trouve un parenchyme cortical fait de cellules arrondies en section transversale, peu cohé- rentes vers le milieu et laissant entre elles de nombreux méats, mais beaucoup plus serrées et adhérentes sur les bords, c'est-à-dire sous l’assise subéreuse et contre l’endoderme. Dans les racines plus grosses on trouve sous l’assise subéreuse deux rangées de cellules assez étroitement unies, à parois un peu épaissies ; il en est de même pour les 3 assises précédant l’endoderme ; dans l’intervalle s'étendent de grandes lacunes limitées par des trabécules assez fins, formés de cel ées qui relient les assises périphériques aux assises centrales formant gaine autour du cylindre central. Il est à remarquer qüe l’assise qui précède l’endoderme est seule formée de cellules courtes presque isodiamétriques alors que toutes les autres cellules de l'écorce sont fortement allongées dans le sens de l'axe de la racine. Le mycélium, qui vit à l’extérieur étroitement appliqué sur la surface de la racine, s’élargit en un point en une sorte d’'épate- ment et à cet endroit perce la membrane externe qu’il traverse en s'étranglant. Il traverse de même l’assise subéreuse et se répand dans les cellules des 3° et 4e assises en se ramifiant et en formant une ou deux anses, Dans ce trajet le filament, très gros relativement (il peut atteindre 12 y d'épaisseur), donne parfois des vésicules. Il continue ensuite son chemin vers le centre de,la racine en traver- sant successivement les différentes cellules des trabécules sans jamais pénétrer dans les méats ou les lacunes corticales. Arrivé dans les cellules de la 3 assise qui précède l’endoderme, il s'y loge en formant plusieurs anses et souvent des vésicules; de là, de nombreuses ramifications, qui ont un peu diminué d'épaisseur, se rendent dans l’assise suivante et remplissent les cellules de pelo- tons mycéliens enchevêtrés formés d’hyphes d’épaisseur constante. De proche en proche l'infection gagne toutes les cellules de cette assise. Il en part des filaments qui viennent occuper la dernière assise et y donnent des arbuscules compacts remplissant toutes les cellules. 11 y a donc autour de l’endoderme un double manchon formé par une première rangée de cellules bourrées de pelotons d’hyphes et par une seconde bourrée d’arbuscules. Remarquons que la Ficaire n’est pas constamment infestée. Il m'est arrivé de rencontrer des stations où aucun pied n’avait de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 69 mycélium interne et, dans une même station, des pieds dépourvus d’endophytes à côté d’autres qui en contenaient. Cela prouve que l'endophyte de la Ficaire, sous sa forme libre, n’habite pas toujours les stations de cette plante et que, lorsqu'il y existe, il n’a dans la terre qu’un faible développement qui ne peut le mettre en contact avec toutes les plantes d’une même station. En revanche il est cer- tain que son développement intraradiculaire est très rapide car dans les racines infestées il est toujours très abondant, même dans celles qui ont poussé récemment. Par ses caractères d’ensemble, cet endophyte est très voisin de celui de l’'Anémone. Il est à remarquer que le caractère de vie tou- “jours intracellulaire, qui, dans le cas de l’Anémone, pouvait uni- quement résulter de l’absence de méats dans cette plante, est bien propre au champignon lui-même, Car il reste intracellulaire même dans la Ficaire, où méats et lacunes abondent et où, par contre, l'épaisseur des membranes ofire une certaine résistance à la péné- tration des hyphes dans l’intérieur des cellules. Érupe RAPIDE DE QUELQUES PLANTES INFESTÉES SE RATTACHANT AU TYPE PARIS A. — ANGIOSPERMES. — Les endophytes du type Paris, quoique d’une façon générale beaucoup moins fréquents que ceux du type Arum parmi les plantes de nos pays (1), se rencontrent dans un grand nombre de familles des Angiospermes, des Gymnospermes et des Cryptogames vasculaires. Nous venons d’en étudier quelques exemples avec détails. Dans ce qui suivra, je passerai rapidement en revue quelques plantes à mycorhizes qui se rattachent à ce type Paris en ne signalant pour elles que les particularités les plus intéressantes. Les Violariées qu'on place dans la classification non loin des Droséracées auxquelles appartient le Parnassia déjà étudié ont (1) Le Paris et le Colchique déjà examinés sont les seules plantes à mycor- hizes du type Arum que j'ai relevées parmi les Monocotylédones que j'ai eu l'occasion d'étudier. 11 n’est pas douteux qu'il y en ait d’autres, Jânse a décrit les A de quelques rer ra En qui semblent se ranger dans le type Paris. En tous cas, il est certain que les endophytes du type Paris sont beaucoup moins fréquents pra dutype Arum dans les Monocotylédones. æ3s 70 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE quelques traits communs avec lui. En particulier, les Viola, qui sont assez souvent infestés, ont un endophyte uniquement intra- cellulaire el montrent une certaine tendance à la localisation des arbuscules et des sporangioles dans des cellules déterminées. Dans Viola sylvestris, où le système radiculaire est très ramifié, les fines radicelles hébergent souvent un champignon. Les racines qui ne dépassent pas 1/3 de mm. en largeur ont conservé leur écorce à structure primaire comprenant : une assise superficielle à cellules allongées longitudinalement, avec quelques rares poils absorbants ; une 2° assise sans cellules de passage et 3 couches constituant le parenchyme qui précède l’endoderme. Ces 3 couches sont formées de cellules à parois assez épaisses, étroitement unies entre elles. Le mycélium dans sa partie libre est de couleur brune, fréquem- ment cloisonné, à menbrane épaissie: il pénètre au travers des deux premières assises et se répand dans les deux suivantes où il conserve ses parois épaisses et quelques cloisons mais perd sa coloration. I] est ondulé, peu abondant d’ailleurs et étroitement accolé - aux parois des cellules comme s’il y trou- vait une substance servant à sa nourri- ture. Il donne assez souvent des vésicu- les de forme singulière ; ce sont des sor- tes de boudins très irréguliers, présen- tent des culs-de-sac latéraux et fortement Fig. 5. — Viola sylvestris. contournés dans les cellules qui les brin den ne logent (fig. 6). Finalement le mycélium se termine par des arbuscules et des Sporangioles assez simples et peu enchevétrés rappelant ceux du Ruscus ; mais ces organes au lieu de se former dans des cellules quelconques sont toujours logés dans les deux assises qui précèdent l’endoderme. De plus alors que les cellules non infestées sont allon- gées dans le sens longitudinal les cellules qui renferment des arbuscules et des sporangioles sont courtes et presque isodiamé- triques comme les cellules correspondantes du Paris. Dans Viola canina, V. hirta, Y. odorata, on retrouve la même structure générale ‘et la même disposition de l’endophyte. Il est ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 71 à remarquer que dans Viola odorata où les cristaux en oursins sont très abondants, même dans les petites radicelles, le mycélium pénètre dans les cellules qui les contiennent, ce qui est en contra- diction avec les affirmations de la plupart des auteurs (fig. 6). Non loin des Violariées se placent les Polygala dont l’endophyte est très voisin. Parmi les Ombellifères, l’Hydrocotyle vulgaris présente une particularité intéressante. Les fines radi- celles qui se forment aux nœuds du rhizome souterrain renferment fréquem- ment deux champignons que leurs carac- tères morphologiques font reconnaître nettement comme deux formes très dis- tinctes l’une de l’autre. L'un d’eux a tous les caractères des endophytes du type Paris. L'autre se remarque de suite à cause de sa faculté de fixer énergiquement le bleu coton tandis que le premier reste toujours coloré en bleu pâle. Il est en outre beaucoup plus fin; les dimensions transversales du filament sont au maxi- mum de 2x. Il présente de place en place des renflements locaux atteignant 5 & de diamètre; souvent aussi ces sortes de petites vésicules sont fixées à l'extrémité Fig. 6. — Viola odorata. Filaments mycéliens dans de rameaux très-courts. Cet endophyte UM Ne be loge quelques-uns de ses filaments dans d’oxalate de calcium. les méats, mais il est le plus souvent à l’intérieur des cellules ; là, sans jamais s ’enrouler, il se ramifie en branches rectilignes qui n’afiectent jamais la forme d’arbuscules. Les deux mycéliums vivent côte à côte, parfois dans la même cellule, mais jamais je n’ai pu voir entre les deux des relations anatomiques montrant qu’il s’agit d’une même espèce. D'ailleurs sur les portions du mycélium extérieur aux racines on retrouve pour les- deux champignons les même différences. Le champi- gnon à mycélium fin se ramifie au dehors comme à l’intérieur 72 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de la plante et y donne les renflements qui le caractérisent (1). Le Sanicula europæa, autre Ombellifère, qui habite toujours les sous-bois humides, est infestée dans ses longues racines très fines. Elle renferme aussi les deux formes de mycélium décrites pour l’Hydrocotyle. B. — GyMNosPERMES. — La plupart des Gymnospermes présen- tent une assez grande homogénéité au point de vue de la forme et du mode de distribution de leurs endophytes. D'autre part ces endophytes ont quelques caracières un peu spéciaux mais ils ne me semblent pas cependant assez distincts pour mériter de former une série à part, comme l’a proposé Von Tubeuf (96) pour les Coni- fères. Or rencontre des endophytes surtout dans les Conifères. Quelques-uns ont déjà été étudiés avec beaucoup de soin ; je passerai donc rapidement sur ces cas bien connus. En particulier les Podocarpus ont été l’objet de nombreuses recherches de la part de Nobbe et Hiltener (99), Janse (97), Shibata (02), Petri (03). On a déjà signalé la structure spéciale de leurs racines à cellules corti- cales pourvues d’épaississements annelés, le mode singulier de leur ramification donnant par suite d’un arrêt de croissance de petits mamelons latéraux. Le mycélium, toujours intracellulaire, se pelotonne beaucoup dans les cellules, parfois il donne des vésicules et finalement, au milieu de pelotons plus serrés et situés plus profondément que les autres, il forme de nombreux sporangioles assez simples. L’endophyte de l'Araucaria excelsa déjà signalé par Janse, présente les mêmes particularités. Cette concordance est d'autant plus remarquable que les deux genres font partie de deux groupes très distincts des Conifères ; les Araucaria sont rangés dans les Pinoï- dées, les Podocorpus ont de nombreuses affinités avec les Taxoïdées. |Eichler dans Engjler et Prantl (89).] J'ai étudié de très près le Sequoia gigantea qu’on rencontre assez (1) Je rappelle que j'ai trouvé dans Endymion nutans et Muscari racemosum deux champignons, l’un endophyte du type Arum, l'autre rappelant de très près le second endophyte de l’Hydrocotyle. Dans les poils rhizoïdes des Mousses et des Hépatiques on rencontre aussi parfois, en dehors des endephytes ordinaires de ces plantes, un mycélium que son aspect ferait identifier avec le précédent. Mais l'absence d'organes de multiplication ne me permet pas d’être très-affirmatif, ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 13 fréquemment dans les bois et. les jardins des environs de Paris où il a été introduit. Il diffère quelque peu au point de vue de l’ana- tomie de ses racines et de la structure de ses endophytes des Conifères précédentes. Toutefois il s’agit encore ici du même type de mycorhize. Les grosses racines du Sequoia assez fortement enfoncées dans le sol se relèvent vers leurs extrémités libres et étalent la multitude de leurs radicelles presque à la surface du sol, au contact de la couche d’humus formée par l’entassement des aiguilles et des brin- dilles tombées de l’arbre. Un léger grattage superficiel met à nu un enchevêtrement de racines qui présentent l’aspect suivant : sur de minces ramifications brunies et très cassantes, qu’on reconnaît de suite pour de vieilles racines qui ont exfolié leur écorce, naissent deux sortes de radicelles: les unes d’assez fort diamètre (5 à 6 mm.) sont charnues, lisses, presque rectilignes, d’un blanc éclatant et non ramifiées ; elles atteignent jusqu’à 30 cm. de longueur sans dimi- nuer d'épaisseur et se terminent brusquement en pointe mousse. Ce sont évidemment des organes de réserve et elles sont dépour- vues d’endophytes. Les autres, plus minces (1/2 à 1 mm.), sont brunes, très irrégulières de forme, bosselées et déformées. Elles ont de nombreuses ramifications endogènes : le plus souvent chaque petit rameau est arrêté de très bonne heure dans sa croissance (à 1 cm. environ) et donne naissance près de sa pointe à une ramifi- cation de même nature qui en produira d’autres à son tour. Il s’agit évidemment ici d'organes analogues aux « mamelons » du Podo- Carpus mais l'arrêt de croissance se produisant moins rapidement ils peuvent prendre un plus grand développement. C’est surtout à eux que peut s'appliquer en toute rigueur le terme de «ramifica- tion sympodique » que Janse (97) donne aux racines à mamelons successifs du Podocarpus. L'ensemble a nettement l'aspect des racines coralloïdes bien connues pour différentes plantes à mycor-- hizes, Au point de vue anatomique ces racines de 2 catégorie qui Sont seules infestées, mais non pas toutes, ont dans l'écorce de 15 à 18 rangées de cellules (PL. IE, fig. 25). Les 3 premières sont formées de cellules étroites, allongées longitudinalement, sans méats entre elles. I] n’y a aucun poil absorbant. Les assises suivantes qui consti- tuent le parenchyme cortical jusqu’à l’'endoderme comprennent des 74 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cellules allongées longitudinalement, rondes en section transver- sale, laissant entre elles des méats. Leurs parois sont minces mais sur les faces en contact elles portent des bandes d’épaississement allongées dans le sens de la longueur de la racine, formant descadres … de soutien qu’on retrouve plus développés sur les faces radiales des cellules de lendoderme. Dans les racines très jeunes et très minces ces cadres ne se rencontrent que sur les cellules endodermiques et sur celles des 2 ou 3 assises les plus voisines tandis que dans les racines âgées ils s'étendent à partir de l’endoderme sur toutes les cellules corticales, à l'exception cependant de celles des 3 assises les plus externes. L’endophyte est toujours intracel- lulaire. Sous sa forme libre il vit à la surface de la racine étroitement appli- qué contre elle. Le filament pénètre au travers de la membrane externe en s’étranglant, traverse rapidement la re cellule et s'engage dans les sui- vantes où il s’enroule plusieurs fois. Dans cette région, il est généralement de grande taille (jusqu’à 12 « de diamè- tre) et présente quelques cloisons transversales courbes à convexité tournée du côté du point de crois- Fig. 7. — Sequoia gigantea. sance (fig. 7). Fréquemment on ob- Deux cellules envahies par des filaments à cloisons transver- S€TVE autour de la membrane du sales. champignon une gaine claire ayant À & à 1 p 1/2 d'épaisseur, semblable à celle que j’ai déjà signalée pour d’autres endophytes. La zone infes- "tée s'élargit à mesure que le filament pénètre plus avant dans l'écorce par suite des ramifications nombreuses qu’il forme ; en même temps son diamètre diminue. Il continue d’ailleurs à former des pelotons et des vésicules dans les cellules, mais quand il a atteint une certaine profondeur les anses du peloton deviennent plus rares ; le filament, encore assez gros (6 à 7 ), fait un ou deux tours dans la cellule et donne latéralement un grand nombre de fins rameaux (1 x) qui s’enchevêtrent et constituent un arbuscule, ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 75 mais d’un type un peu spécial : il n’est pas terminal comme d’ha- bitude car le filament qui l’a fourni continue sa route et va en donner de nouveaux dans la cellule voisine (PI. IV, fig. 42); les plus fins rameaux n’ont pas moins de 4 w d'épaisseur ; enfin s'ils rappellent en gros la structure des arbuscules composés du Paris ils ne se forment pas dans des cellules nettement localisées. Il est à remarquer qu’en général les cellules à arbuscules sont plus cour- tes que les cellules voisines qui renferment uniquement des pelo- tons de grosses hyphes. La plupart des radicelles que j'ai examinées étaient infestées, quelques-unes très abondamment et dans toutes les saisons. Sur certaines les points de pénétration étaient assez nombreux et très rapprochés les uns des autres. Ces faits indiquent que l’endophyte Sous sa forme libre est largement développé dans la terre où s’éten- dent les racines les plus ténues du Sequoia. En dehors des Conifères étudiées ci-dessus un grand nombre d’autres, surtout parmi les Cupressinées et les Taxinées, ont des mycorhizes endotrophes. Von Tubeuf (96) én donne une liste assez longue. Je n’ai pas vu par moi-même la distribution et les particu- larités morphologiques des endophytes de toutes ces plantes. Je ne puis donc dire s’ils se rattachent aux formes que je viens de décrire. En tout cas, ces dernières, par leurs arbuscules composés dans le Sequoia, leur vie toujours intracellulaire, se rattachent nettement aux endophytes du type Paris. Toutefois, l'absence de localisation précise des arbuscules et des sporangioles, la présence de sporan- gioles simples dans le Podocarpus et l’Araucaria dénotent une cer- laine parenté avec les endophytes du type Arum. C. CRYPTOGAMES vVAsCULAIRES. — Parmi les Filicinées de nos pays, l'Ophioglossum vulgatum est constamment infesté. On le ren- Contre aux environs de Paris dans quelques stations étroitement localisées où le sol compact et argileux paraît lui convenir parti- culièrement. Il présente des racines assez nombreuses, lisses, d'aspect jaunâtre, sans ramifications, ni poils absorbants. Le dia- mètre de ces racines, à peu près constant d’un bout à l’autre, est d'environ 4 mm. L’écorce comprend en moyenne 15 rangées de cellules (PI. HI, fig. 34 et 35). Dans les 3 premières, les cellules étroitement 76 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE unies les unes aux autres, sont affaissées irrégulièrement. Les suivantes, arrondies en section transversale, allongées longitudi- nalement, laissent entre elles de nombreux méats triangulaires. Seules les 5 ou six premières assises sont infestées. Les suivantes, à cellules bourrées d’amidon, sont dépourvues d’endophytes. Le filament venu de l'extérieur traverse rapidement les cellules des 3 premières assises et se développe davantage dans les 3 suivantes. Il s’y ramifie fréquemment et donne de nombreuses hyphes qui sont appliquées contre la membrane de la cellule, comme si elles se développaient entre elle et le protoplasme. C’est sans doute cette disposition qui à fait croire à Russow (72) et à Kuhn (89), qui ont étudié lOphioglosse, qu'une partie du mycélium était intercel- lulaire. Rarement un filament va directement d’une face à l’autre de la cellule et dans ce cas il semble qu’il refoule simplement devant Jui sans la rompre la gaine d’ectoplasme qui enveloppe le contenu cellulaire. On constate en effet qu’il y a toujours autour de ces filaments une zone claire, sorte de manchon vide, entre le filament et le protoplasme qu’ils traversent. Quelques cellules renferment uniquement des filaments en même temps que des grains d’amidon assez rares; mais la plupart des cellules infestées des assises 4, 5 et 6 contiennent de grosses sporangioles arrondies atteignant 30 & de diamètre, d’aspect flo- conneux, placées à l'extrémité de filaments mycéliens assez ténus (PL IV, fig. 45). Ces sporangioles sont souvent en grand nombre dans la même cellule qu’ils remplissent complètement. Il n’y à jamais de grains d’amidon dans les cellules à sporangioles. Nous avons vu déjà que certaines Filicinées appartenaient à la série de type Arum. L'Ophioglosse s’y rattache en partie par l'absence de pelotons mycéliens, la forme simple de ses sporan- gioles et leur distribution irrégulière dans de nombreuses assises mais le mycélium toujours intracellulaire malgré la présence de me fait dre cette Filicinée parmi les plantes de la série du Paris. ore icicomme pour les Liliacés et les Renoncula- cées un exemple d’une famille naturelle de plantes où les endophytes sont assez distincts pour être rangés dans des séries différentes. Li ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 77 $ 3. — SÉRIE DES HÉPATIQUES. HépATIQUES. — Un grand nombre d’Hépatiques recferment dans leurs tissus des champignons filamenteux qui ont fait considérer ces plantes comme ayant des mycorhizes. Bien que ce dernier nom ne S’applique pas exactement à des plantes dépourvues de racines je le conserverai dans les descriptions suivantes car il est consacré par l’usage. Les champignons qui vivent dans les Hépatiques présentent des caractères assez spéciaux dans leur structure, leur distribu- tion et leur mode de vie, pour mériter de former encore un groupe à part. J'ai surtout étudié une Jungermaniacée à thalle, le Pellia epi- phylla et une Marchantiacée, le Fegatella conica. J'ai aussi constaté l'infection dans certaines Hépatiques où elle n’avait pu être mise en évidence par Golenkin, en particulier pour Marchantia poly- Mmorpha et une Lunularia. : Dans une même station de Pellia epiphylla tous les thalles ne Sont pas infestés et ceux qui le sont, le sont inégalement, sans qu’il Soit possible, d’ailleurs, d'établir entre eux d’autres différences qu’on puisse nettement attribuer à l’infection. Le champignon, lorsqu'il est bien développé, occupe toutes les cellules du thalle, Jà où elles s'accumulent pour former la nervure, et s'étend d’un épiderme à l’autre. En revanche, on ne le rencontre jamais dans les parties minces du thalle, là où ce dernier n’est formé que de 1, 2 ou 3 couches de cellules pourvues de chlorophylle. Il est aussi absent ou très rare dans la portion du thalle où vient . S’engainer le pied du pédicelle du sporogone et ce pédicelle lui- même n’en renferme jamais. Par contre, toutes les cellules de la région infestée, sauf celles des deux épidermes inférieur et supé- rieur, sont souvent occupées. Le champiguon (PI. III, fig. 36) est toujours fnteéarétaire, les cellules ne laissant jamais de méats entre elles. Les filaments, Parfois cloisonnés et atteignant 4 à 5 » de large, forment dans Chaque cellule un peloton assez lâche ; ils passent d’une cellule à l’autre en s’étranglant. Les plus gros filaments portent de nom- breuses ramifications. Ces portions d’hyphes sont vides et les 18 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE parois en sont très minces, affaissées, aplaties et contournées en tous sens. Elles se terminent par de petits glomérules prenant fortement les couleurs d’aniline ; ce sont des sporangioles. Parfois isolés, parfois groupés en masses assez volumineuses, ceux-ci sont intriqués dans les replis des hyphes et le tout forme une masse assez indistincte dont la constitution ne peut se voir nette- ment que sur des coupes fines ou dans les cellules où l’endophyte n’a pas encore pris un grand développement. Parfois au lieu de donner des sporangiolesles hy phes se renflent en grosses vésicules, à parois épaisses et à contenu dense dans les parties jeunes du thalle, mais à parois minces et vides dans les parties plus âgées où commence la décomposition. L’infection du thalle se produit nettement par les rhizoïdes. Go- lenkin (02) pense que dans les Preissia le filament quittant le thalle s’allonge dans un rhizoïde et sort au dehors ; de même Garjeanne (03) a vu dans certains cas les filaments quitter les cellules basales des poils rhizoïdes de Calypogeia trichomanis et s’étendre dans le poil lui-même en direction centrifuge. Je n’ai jamais vu rien de semblable dans les Hépatiques que j'ai examinées. Dans Pellia epiphylla on constate qu’un filament mycélien rencontrant un poil rhizoïde s'attache à sa surface extérieure, s’y renfle et s’y étale comme s’il éprouvait une certaine résistance au passage. Si le champignon passait de l’intérieur à l'extérieur c’est sur la surface interne du poil qu’on verrait le renflement. De plus en suivant le filament mycélien dans son parcours on constate qu'il se ramifie dès son arrivée dans les cellules du thalle et s’y étale, ce qui ne pourrait s'expliquer dans l’hypothèse d’un champignon poussant en direction centrifuge. Enfin on constate souvent que le filament qui a traversé la paroi d’un poil n’a pas encore atteint le thalle et présente sa pointe dans cette direction. Il peut arriver qu’un filament ayant déjà pénétré dans un poil rhizoïde revienne en arrière et sorte du poil infesté, mais je n'ai vu le fait se produire que dans un poil mort dont la membrane déjà altérée n'offre aucune résistance au champignon ; dans ce Cas d’ailleurs il n’y a aucun épaississement du filament au point de sortie. Les filaments logés dans les poils de Pellia sont souvent uniques; ils sont alors assez gros (5 x) et conservent la même épaisseur sur ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 179 toute leur longueur. Mais ils peuvent se ramifier et dans ce cas les filaments parallèles ont chacun une épaisseur moindre ; quelques- uns même sont très fins (1 &). Entre ces filaments allongés parallèle- ment dans le même poil il se fait souvent des anastomoses transver- sales. Enfin certains filaments donnent de place en place des ren- flements à contenu très dense, sortes de vésicules peu étendues. qu'on peut assimiler aux chlamydospores qui se forment chez cer- taines Mucédinées poussant en culture étouftée. Ajoutons enfin qu’on rencontre quelquefois dans certains poils rhizoïdes à côté des filaments mycéliens précédents d’autres végé- aux tels que des Algues bleues et des Diatomées. Il s’agit évidem- ment de poils morts dans lesquels ces êtres ont pénétré par une ouverture accidentelle. L'endophyte de Fegatella conica, signalé depuis longtemps déjà, reproduit les principales particularités de celui du Pellia. La région infestée forme immédiatement sous les chambres aérifères et parallèlement à la nervure médiane deux plages souvent confluentes en une seule. L’endophyte occupe l'intérieur des cel- lules qui d'ailleurs ne laissent entre elles aucun méat. Il y présente des filaments, enroulés en pelotons, allant d’une cellule à l’autre en utilisant les pores, où l'épaisseur moindre de la membrane rend leur passage plus facile. Ces filaments donnent naissance à des hyphes ramifiées, à parois minces, terminées par des sporangioles ; souvent ils portent des vésicules à leur extrémité. L'infection se fait par les poils rhizoïdes de la même façon que dans les Pellia. Les filaments infestants sont surtout fréquents dans les poils sans prolongements internes ; ils s’y ramifient souvent, y donnent des renflements en chlamydospores et aussi forment Parfois par cloisonnement répété une sorte de pseudo-parenchyme qui occupe toute la lumière du poil. Quand le filament mycélien à atteint la base du poil il traverse rapidement sans se pelotonzer 3 Où 4 rangées de cellules et envahit la région où il va se développer abondamment. Il est à remarquer que dans Fegatella comme dans Pellia jamais l'endophyte ne pénètre dans des régions où se trou- vent des cellules à chlorophylle, c’est-à-dire sur les bords amincis du thalle ou dans les poils ramifiés qui tapissent les cryptes aéri- ères. Dans Fegatella conica l'endophyte pénètre quelquefois par une 80 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE autre voie que par les poils rhizoïdes. I] n’est pas rare de voir un filament gagner les régions infestées en traversant directement l’épiderme inférieur aux points où il n’y a pas de rhizoïdes. Parfois même il s’insinue dans une des cellules des lamelles imbriquées de la face inférieure du thalle et y donne une vésicule qui occupe toute la cavité. PROTHALLES DE LyCcopopes . — Les prothalles des Lycopodes vivent dans des conditions assez comparablés à celles des thalles d’Hépatiques, et sont infestés comme eux. Je n’ai pu les étudier moi-même n'ayant pu me procurer les matériaux nécessaires mais les nombreuses figures publiées par Treub (84, 86, 88) Bruchmann (98), Lang (99) montrent nettement que l’endophyte qui habite ces . organes à les mêmes caractères morphologiques et le même mode de vie que celui des Hépatiques. C’est aussi l’opinion de Golenkin (02), qui a été frappé de la ressemblance de l’endophyte des Lyco- podes avec celui qu’il a étudié dans les Marchantiacées. On peut donc considérer cet endophyte comme appartenant, au point de vue morphologique, au même type d’endophyte que celui des Hépatiques que nous pouvons caractériser ainsi: endo- phyte uniquement intracellulaire, donnant des pelotons d'hyphes à ramifications terminées par des sporangioles ou des vésicules ; pénétra- tion du champignon se faisant presque toujours par des poils rhizoïdes; localisation dans des plantes étalées à la surface du sol (thalles d’Hépa- tiques, prothalles de Lycopodes ou tiges couchées de Junger- maniées). ; $ 4. — SÉRIE DES ORCHIDÉES, Il me reste maintenant à décrire une autre catégorie d’endo- phytes à caractères bien différents et paraïssant très distincts de tous ceux qui ont été vus jusqu'ici. Ce sont ceux des Orchidées. Ils sont de beaucoup les mieux connus au point de vue anatomique ; aussi je n’insisterai que fort peu sur leur description. Toutefois je tiens à faire remarquer que cette forme d’endophytes, qui consti- tuera une nouvelle série à côté des précédentes, n’est pas unique- ment limitée à la famille des Orchidées et qu’on la rencontre fort peu modifiée dans d’autres groupes. Ce sont ces cas peu connus que j'exposerai d’abord. ; TaMus communis. — Parmi les Monocotylédones, le Tamus com- ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 81 munis, Dioscorée de nos pays, doit être rapproché des Orchidées. Les racines d'aspect charnu, comme dans les plantes de cette dernière famille, renferment assez fréquemment un endophyte qu’on reconnaît tout de suite comme bien différent des précédents. Le filament (PI. IL, fig. 26), dès le moment de sa pénétratlen dans les cellules des premières assises, s’enroule en un peloton régulier rappelant assez exactement ceux qui se forment dans les Orchidées relativement peu infestées qui n’ont pas de tubercules, comme les Epipactis, les Listera et les Cephalanthera. Comme dans ces plantes il part du peloton un filament qui traverse normalement les parois des cellules voisines et va y former des pelotons semblables. Parfois il se forme une vésicule. De proche en proche l’infection gagne en largeur et en profondeur. Finalement dans les cellules profondes de l'écorce le filament envahissant, au lieu de donner un peloton, se résout en un grand nombre de ramifications très courtes qui s’ag- glomèrent en paquet. Dans son parcours le mycélium a gardé une épaisseur constante, ce n’est que lors de la MESSE _ qu'il réduit son diamètre 1 t vêtrés constituant le peloton, subit parfois une altération profonde et ressemble alors beaucoup aux « corps de dégénérescence » signa- lés dans un grand nombre d’Orchidées et étudiés avec beaucoup de soin par Magnus (00), dans ce qu'il appelle les « Verdauungszellen ». De même, les cellules renfermant des pelotons non dégénérés se rapprochent beaucoup des « Pilzwirthzellen » de cet auteur. Aussi, c'est à côté de celui des Orchidées qu’il convient de ranger l'endophyte du Tamus, bien qu’il rappelle encore ceux qui ont été étudiés jusqu'ici, par la présence de vésicules et de ramifica- tions terminales assez semblables aux arbuscules. La masse di enche PsiLOTUM TRIQUETRUM. — Bien que cette Lycopodiacée ne soit pas une plante de nos pays je rapporterai ici quelques observations faites sur des exemplaires provenant du Muséum et qui me paraissent devoir faire rapporter cette plante au type Orchidée. Solms Laubach (84) a déjà montré que les bourgeons adventifs SOuterrains de cette plante sont infestés de très-bonne heure. L'aspect et la distribution de l'endoplyte dans ces bourgeons ainsi que le mode particulier de leur évolution sont tout à fait compa- rables à ceux des jeunes plantules d’Orchidées issues de qu décrites par N. Bernard. Rev. gén. de Botanique. — XVII, 82 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L’analogie avec les endophytes d’Orchidées résulte aussi clai- rement de l'étude des plantes adultes, qui a déjà été faite par Janse (97) et par Shibata (02). Le rhizome souterrain, qui joue ici le rôle des racines absentes, s’infeste abondamment. Les cellules, de grande taille, sont en effet occupées pour la plupart par up filament assez gros (5 à 6 x) qui se replie un grand nombre de fois sur lui- même et forme un peloton souvent irès serré. Les plus internes de ces cellules, qui ne sont pas infestées, sont bourrées de grains d’amidon qui subsistent aussi parfois, mais peu abondants, au milieu des hyphes enroulées. Parmi les cellules infestées il en est de plu- sieurs sortes comme l’a déjà fait remarquer Shibata : les unes renfer- mentun peloton serré d’hyphes enroulées et rappellenten tous points les « Pilzwirthzellen » des Orchidées ; d’autres présentent, au milieu de grosses hyphes faisant le tour de la cellule, une masse indistincte qui n’est autre chose qu’un des « corps de dégénérescence » qui caractérisent les « Verdauungszellen » de ces mêmes Orchidées ; je n'ai pu observer aucune régularité dans la distribution de ces deux sortes de cellules. Enfin, il y a une troisième catégorie de cellules où les hyphes assez rares se renflent en corps arrondis de grande taille (25 à 35 y de diamètre) que Janse a déjà étudiés et qu'il rapporte avec doute aux vésicules. Ces formations, absentes dans les Orchidées et que Shibata considère comme semblables aux renflements locaux des hyphes des Mucédinées placées dans des conditions spéciales de culture, ressemblent beaucoup aux vésicules du Paris et permettent ainsi de rattacher aux types présedenae étudiés celui des Orchidées si différent à première vue. OrcHiDÉEs. — Les Orchidées sont de toutes les plantes à mycor- hises endotrophes celles qui ont été le mieux étudiées jusqu’à présent, sans doute à cause de la facilité avec laquelle on met en évidence leurs endophytes et surtout parce qu'ils sont toujours présents et en grande quantité dans les racines. Les travaux de Wabrlich (86),W. Magnus (00), N. Bernard (02), pour ne citer que les principaux, ont fait connaître toutes les particularités de structure de ces endophytes singuliers. Aussi je n’insisterai pas sur les TEA ER Jdennqnes cas m'a ‘loupé à mon tour l'étude de nom- Veottia, Limodorum, Epipactis, Listera, Orchis Morio, 20 mascula, 0. laxiflora, LOCAL hir-. cinum, etc. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 83 On retrouve dans toutes ces plantes, avec des différences rela- tives aux dimensions de l’endophyte ou à la structure des racines, les principales particularités signalées par Magnus dans son beau travail sur le Neottia. Je me contenterai de résumer en quelques mots les caractères qui mettent à part ces endophytes. Ce sont : la rareté des points de pénétration ; la vie toujours intracellulaire du champignon malgré la présence de méats ; l'existence de deux sortes de pelotons, les uns avec des hyphes à structure nette, souvent cloisonnées surtout à la périphérie des racines et qui ne subissent pas de trans/or- mation (Pilzwithzellen) ; les autres renfermant une masse indistincte, le corps de dégénérescence (Verdauungszellen). L'ensemble de ces Caractères permet de faire de cet endophyte un type bien spécialisé. J'ai déjà montré que le Tamus et le Psilotum s’en rapprochent Par quelques-uns de leurs caractères. J’exposerai plus loin les raisons qui me font penser que cette série d’endophytes n’est pas entièrement isolée au milieu des autres par ses caractères d’appa- rence bien tranchée et qu’elle se rattache aux formes plus simples décrites précédemment. CONCLUSIONS. Nous venons de voir que les mycorhizes étudiées se groupent en 4 séries d’après des caractères que j'ai relevés sur un grand nombre d'exemples afin d’en bien montrer la généralité. Je rappellerai brièvement ces caractères : 1° SÉRIE DE L'ARUM MACULATUM: mycélium d’abord intracellu- laire dans les assises de protection de la racine, puis intercellulaire et logé dans les méats : arbuscules ou sporangioles généralement simples, terminaux, et sans localisation bien précise. . 2 SÉRIE DU Paris QuADrIFOLIA : mycélium toujours intracellu- laire ; arbuscules ou sporangioles généralement composés, non terminaux et logés dans des assises déterminées de la racine. 3° SÉRIE DES HépariQuEs : mycélium toujours intracellulairé à arbuscules et à sporangioles sans localisation précise; habite des organes étalés à la surface du sol, qui ne sont pas des racines. 4° SÉRIE DES ORCHIDÉES : mycélium toujours intracellulaire, pre- nant la forme de pelotons serrés qui tantôt restent inaltérés (Pilz- 84 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE wirthzellen), tantôt subissent une digestion plus ou moins complète (Verdauungszellen). Cette classification est une classification des mycorhizes, c’est-à- dire des organes complexes formés par la réunion d’une racine et d'un champignon. Elle repose sur des caractères relatifs à la fois aux endophytes et aux plantes qui les abritent. On peut donc se demander si elle a pour les endophytes considérés en eux-mêmes une Valeur taxonomique réelle. Y a-t-il autant de sortes de champi- gnons que de séries de mycorhizes ou bien n’en existe-t-il qu’une seule qui prend des caractères morphologiques variés par adapta- tion aux conditions différentes que leur offre la vie dans les raci- nes ? Ou bien encore les champignons les plus divers ne peuvent- ils pas devenir des endophytes et acquérir des caractères de convergence par adaptation à des conditions communes réalisées dans les racines ? Entre ces différentes hypothèses il serait téméraire de se pro- noncer d’une façon catégorique en l’absence des organes de repro- duction qu’on ne connaît pas encore dans les endophytes (1). Toutefois nous pouvons dès maintenant prévoir que ce ne sont pas les affinités naturelles des plantes d’une même série qui entrai- nent pour leurs endophytes l’unité de structure puisque chaque série, surtout les deux premières, renferme des plantes très diverses appartenant aux groupes les plus différents de la classifi- cation. De ce chef il semble bien résulter que l'influence de la nature des plantes sur le champignon n’est pas dominante et que la communauté des caractères invoquée pour la réunion des endo- phytes en série n’est pas un effet d'adaptation. Dans chaque série les endophytes sont de même nature. Sont-ils différents d’une série à l’autre ? Les nombreux cas de passage que j'ai signalés indiquent une certaine parenté entre tous. Il est donc probable que les endophytes forment dans leur ensemble un groupe assez homogène dont les divisions secondaires correspon- dent aux séries distinguées dans ce chapitre. (1) I faut en exçepter l’endophyte des Orchidées que N. Bernard (03, 04), a isolé récemment et qui paraît être commun à toutes ces plantes. C’est le seul de penser que chaque série de mycorhizes, de même que celle des Orchidées, ne ranfhnr ] » petit mn dé d'espèces très + ET ndophy tes, sinon une seule. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES ne. Ces conclusions, quelque peu théoriques, ont besoin d’une con- firmation plus précise. Nous la trouverons dans le chapitre If où l'étude détaillée des endophytes nous montrera qu'ils ont bien réel- lement des caractères communs dont quelques-uns, sinon tous, sont indépendants de toute adaptation. Dans le chapitre IE, l'examen des actions réciproques du champignon et de la racine montrera également que les caractères diflérentiels des séries n'ont pas de relation immédiate avec le genre de vie des endo- phytes, et ainsi sera établie la légitimité de cette conclusion que nous pouvons énoncer dès maintenant : Les champignons endotrophes appartiennent à un même groupe dont les subdivisions correspondent aux différentes séries de mycorhizes. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VEGÉTALE PARUS DE 1895 à 1899 La Revue de Tératologie publiée en 1898 dans ce Périodique relatait les principaux travaux parus pendant les années 1892, 1893 et 1894. La nouvelle Revue que nous commençons aujourd’hui sera consa- crée aux Pres parus de hs ere à 1899. ne ces Fam sont si ne breux qué les p détails. Ceux qui se rapportent aux Cryptogames ( champignons, alto Enfin, la Revue se terminera par les recherches si intéressantes et si curieuses concernant la culture des monstruosités, la variation et les courbes de variation, I. — GÉNÉRALITÉS. La publication de l’ouvrâge bien connu de M. Masters ( Vegetable Teratologr) et l'arrangement méthodique des deux volumes récemment parus de la Tératologie de M. Penzig (Planzen-Teratologie) ont inspiré quelques remarques à M. DE CanDoLce (1). Cet auteur distingue d’abord d’exemple analogue chez les plantes à l’état normal : ce sont les mon- struosités ataxinomiques, parmi lesquelles la dde. la torsion forcée des axes végétatifs, la chloranthie, la prolification du réceptacle floral en à axes foules ou ones, etc. Ges monstruosités s se différencient des espèces végétales uelles et l’Auteur pense qu’elles n’ont dû jouer aucun rôle dans Les passée. es monstruosités taxinomiques, opposées aux précédentes, sont celles qui correspondent à des déviations analogues aux différences spécifiques ; elles se prêtent seules à des Fr avec . carac- (1) C. de Candolle : Remarques sur la teraiblogée végétale (Arch. Sci. Phys., Genève, (4) t. 3, 1897, p. 197-208). ‘ REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 87 tères spécifiques. Citons : la concrescence des cg de feuilles, habi- tuellement opposées ou verticillées, qui s'obse à l’état normal chez les Dipsacus ; la transformation des feuilles ou ee folioles en ascidies, etc. — Les monstruosités taxinomiques sont de deux sortes : progres- sives, quand elles résultent de la formation d’un tissu ne prenant pas naissance à l’état normal ou de l’excès d’accroissement d’un tissu habi- tuellement moins développé ; régressives, quand elles proviennent de l’avortement pee ou de l'arrêt de développement de tissus existant à l’état Vous tes tionétyuosités taxinomiques ne sont pas également com- munes et les plus répandues sont la pélorie régressive et la chorise d'organes floraux; enfin, il est intéressant de constater qu’il n’a pas encore été signelé- de monstruosités se rapportant à certains détails de Structure très importants pour la classification, comme par exemple la formation accidentelle de disque entourant l'ovaire des fleurs qui en sont normalement dépourvues. ‘Auteur conclut en disant que « si les variations tératologiques des organes floraux ont joué un rôle dans l’évolution passée, celles qui ont as aux formes compliquées actuelles sont aujourd’hui les plus ares, tandis que les monstruosités actuellement les plus communes indiquent, chez les plantes phanéroganes du moins, une tendance à la simplicité primitive des formes. Par conséquent, si les monstruosités fréquentes et surtout plus variées qu’elles ne le sont aujourd’hui, elles auraient été impuissantes à produire, par le seul effet de la sélection naturelle, l'évolution qui est censée avoir abouti aux plus compliquées des stractures florales de notre temps ». Dans la première partie de son très joli volume consacré à l’Orga- nographie des plantes et dans quelques autres Mémoires, M. GŒ8eL (1) a fait remarquer qu'il n’était pas possible de définir avec exactitude une malformation puisqu'on peut trouver tous les intermédiaires entre la malformation et la variation ; avec Darwin, il considère donc la mal- re + gr comme toute modification de structure pouvant être nuisible même utile. — M. Gæbel divise les malformations en deux groupes: . telles qui sont dues à des causes internes (ou héréditaires) que nous ignorons, comme par exemple le dédoublement des fleurs, les cas de Pélorie et de fasciation, et celles qui ont une cause externe. Pour l’Auteur, la cause de toutes ces modifications résiderait dans la nutrition Les idées générales sur la régénération des points végétatifs détruits, Sur la formation de nouveaux organes et sur les phénomènes cicatrisation sont sers exposées dans le quatrième chapitre de l'Orga- nographie de M. Gæbe (1) K. . Organographie der Pflanzen, etc. (Iéna, 1898, Erster Theil, ne 52-475). — Teratology in modern Botany (Sci. Progress, London n, (2) 1, 1897, p . 84-100). 88 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE On sait depuis longtemps que l’activité des cellules végétales peut être stimulée par les blessures : l'intensité de la respiration augmente . et les mouvements du protoplasma sont grandement accélérés. CHARD lantes, a recherché si ces modifications ne conrespoñdaient:] pas à une élévation de température. Une aiguille e dans le fond de la lésion lui a permis de constater une différence maximum de o'4 pour les tubercules de pommes de terre blessés expérimentale- ment ; cette différence maximum était atteinte 24 heures après la bles- sure. D’après l’Auteur l'élévation de température qui suit le traumatisme peut être considérée comme une véritable réaction fiévreuse. II. — TÉRATOLOGIE DES CHAMPIGNONS. es mémoires parus pendant la période qui nous occupe: sont assez ru. ils font mention surtout de faits isolés concernant les Agaricinées. hampignons polycéphales. — La production de chapeaux secon- daires au sommet d’un stipe, qui a été privé de son chapeau primitif par un accident, est un fait bien connu des mycologues. M. Boubier (2), signale un stipe de 3,5 centimètres de diamètre et de 7 centimètres de longueur, ayant appartenu à un exemplaire de grande taille de Gano- derma lucidum, et qui a développé au-dessus de la blessure un chapeau normal de cinq centimètres de RU sn que deux petits tubercu- se ébauches d’autres chapeaux. L’Auteur compare cette formation de apeaux secondaires à celle des Rene ou des bourgeons qui se re Met au sommet d’une sp _—. on 8 détruit FETES M. dier remarque, en outre est, en général, d'autant plus fréquente que les tissus des espèces sur on les remarque sont plus coriaces ou ligneux, comme les Polypor. Sur la même espèce de ren ee M. Van Bembeke, avait déjà décrit en 1885 une monstruosité intéressante qui consiste dans la superposition de deux individus, l'individu supérieur étant réduit à un pédicule portant latéralement un chapeau atrophié. On peut rapprocher de ces deux cas l’exemplaire de Lentinus rap- porté du Congo par M. DE SEYNESs (3) et dont le pédicelle brisé portait cinq chapeaux bien développés. (1) H. M. Richards : The sue of Heat by Wounded Plants (Ann. Bot., Oxford, t. 11, 1897, p. ee (2) E. Boudier : Notes su n cas de formation de Chapeaux secondaires sur un pédicule de Ganoder er rt Bul. soc, myco., t. 15, 1899, p. 310-311). Di de Seynes: Monstruosilé d’un Lentinus (Paris, Bul. soc. myco , t. 13, 1897, REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 89 Parfois, le nombre des chapeaux surnuméraires peut être considé- MM. Mac supérieure convexe un grand nombre de petits chapeaux d'Aydnum dont l’hyménium ne possédait que très peu de pointes. M. VoaziNo (2), dans ses Recherches sur la formation de quelques monstruosités parmi les Agaricinées, signale d’autres exemples de bour- d présenté par Clytocybe odora, Lactarius deliciosus et Agaricus cam- pestris. Concrescences et bifurcations. — Les concrescences sont fréquentes chez les Champignons. M. VociNo, dans le mémoire cité plus haut, énumère différents cas de soudure entre deux ou plusieurs individus de la même espèce, deux ou plusieurs individus d’espèces différentes, mais © er au même genre. De son côté, M. RozLanp (3) a signalé et figuré un échantillon de Phallus impudicus de trente centimètres de hauteur dont le pied se bifurquait par deux courtes branches; au sommet de chacune des bran- ches se trouvaient deux plateaux en forme de 8, indiquant une certaine tendance à la formation de quatre branches. Modifications présentées par le mycélium et l'appareil sporifère. — L'extraordinaire plasticité des Champignons leur permet des variations de forme dans des limites très étendues sans perdre complètement leurs caractères spécifiques. M. AGLOQUE (4) a décrit un exemplaire d'Aga- ricus fascicuiaris dont le pied, normal à la base, se continuait par une colonne épaisse munie de rainures; cette colonne était surmontée par un bouquet de larges lames hyméniales plissées et ridées. Un autre Agaric déformé, l'A. velutipes, possédait un pied divisé en sept parties assez grêles, chacune d'elles étant terminée par un chapeau atrophié en forme de peigne M. ARcANGEL1 (5) a rencontré et figuré une curieuse monstruosité d’un exemplaire de Lentinus tigrinus dont le mycélium formait une plaque épaisse, irrégulière, d'aspect coralloïde. La région externe de ce (1) P. Magnus et F. Ludwig : Berlin, Verh. bot. Ver., t. 39, 1896, p. 19-2 (2) P.Voglino: Ricerche intorno alla formazione di de mostruosilà degli Agaricini niet Atti Acc. sci., t. 30, 1897, p. 97-108, 1 pl.) (3) L. Rolland : Note sur un cas de réa du Phallus impudicus et la Comestibilité de cette espèce (Paris, Bul. soc. myco., t. 15, 1899, p. 79-841, pl. V). (4) A. Acloque : Plasticité des onoaé (Nature, Paris, t. 27, 1899, P- 347, 2 fig.). (5) G. Arcangeli : Sopra una mostruosità del Lentinus tigrinus (Nuovo Giorn. bot. ital., Firenze, (2) t. 2, 1895, p. 57-62, pl. 1). * « 90 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE mycélium rhizomorphique est formée d’un tissa compact qui rappelle celui des sclérotes, tandis que la région interne est plus lâche et contient des cristaux d’oxalate de calcium plus ou moins agglomérés. De place n place, le mycélium portait plusieurs renflements allongés et dressés, assez semblables à l'extérieur aux massues sporifères des Clavaires, mais à structure interne bien différente. M. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (1) signale une anomalie de sur leur face primitivement supérieure et devenue inférieure par suite de l’inversion du substratum Modifications dans les inclusions. — D'ordinaires, les cristaux con- tenus dans les Cha ampignons sont is et cristalisés en octaèdres. M PLowkiGur (2), a recueilli, à l’'autonme, dans une lande près de King's Lym, un pied de CD ierhe RE dont les lames présen- taient une coloration noirâtre due à la présence d’une multitude de petites concrétions arrondies ss de eue enfermées dans les tissus. L’Auteur atiribue ce fait exceptionnel à ce que le dépôt d'oxalate s’est opéré en présence de matières colloïdales et il en compare l’origine à celle des calculs vésicaux. tres modifications. — Parfois les modifications d'ordre tératologi- que permettent de reconnaître la parenté plus ou moins grande qui existe entre les différents genres. M. GoprriN (3) a rencontré, aux environs de Nancy, de nombreux individus anormaux d’Hydnum dont la surface porte un hyménium nu elles résultent donc de la ue e à l’état normal dans le Sistotrema Con Ce fait tératologique __——. ainsi la parenté bien connue du genre H) trema; il Ar aussi de conclure que le second genre est plus évolué que le prem n phénomène du même ordre est souvent présenté par le Champi- gnon de couche dont la fate hyméniale devient alors semblable à celle (4) L. Géneau de Lamarlière : Sur quelques cas FR observés aux environs de Reims (Reims, Bul. soc. sci, nat., L. 5, 1896, p. 66). (2). SR Sur le dépôt d'oxalate de chaux dans Les Lames d'un Agaric ar Bul. myco., t. 14, 1345 (3) J. Godfrin: KE une anomalie ne de l’'Hydnum repandum (Revue myco., M à t. 17, 1895, p. 182-t + , : . « REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 91 des Polypores et des Bolets. C’est ce que M. ParouiLLarD (1) décrit dans une courte note. Le superbe dessin qui accompagne le texte mon- tre comment les lames du Psalliota, minces comme à l'ordinaire, mais beaucoup plus étroites, émettent latéralement des lamellules qui s’anas- tomosent et délimitent des alvéoles allongés, distribués en séries radia- les ; l’'hyménium est peu modifié : il possède des basides et des spores et er ont été créés autrefois pour des Pleurotus et des Copri- us dans lesquels les lames portaient des appendices, semblables à ceux décrits dans son mémoire. M. Jacosascn sé cite un Bolet (le Boletus cantharelloides) possé- dant bien un hyménium formé de tubes, mais sa taille et sa couleur étaient tout à fait is du Fo mr: cibarius ; l'Auteur avait à première vue pris l’exemplaire en question pour une Chanterelle dans laquelle les lames se seraient soudées en un réseau à mailles arrondies. Une auire modification analogue à été fournie à Jacobasch par plu- sieurs pieds d’Agaricus deliciosus ayant l'aspect de Bolets : les lames e ces Agarics étaient soudées les unes aux autres, fort peu saillantes, simplement ridées et garnies d'un fin pointillé qui ot les orifices des tubes sporifères Signalons encore l'échantillon anormal de Polypore écailleux recueilli (3). _€t figuré par M. BRUNNTHALER Tératologie expérimentale. — La régénération des gros Champi- £gnons se fait d’une façon très variable. M. MassART (4), expérimentant avec l'Hypholoma fasciculare à tous les états de développement, n’a color, etc.) ont toujours réagi de même : la surface normale se régénère aux dépens des filaments mis à nu qui se ramilient abondamment et donnent de nouvelles hyphes dirigées perpendiculairement à la surface de section. Lorsque la blessure est “ur à un chapeau en voie de crois- Sance, la réaction s’accomplit très : Parmi les Gastromycètes, le rois vulgare présente souvent de larges fentes béantes limitées par des tissus qui restent stériles ; il En est d&æ même pour les galeries creusées par des larves d’Insectes. Le 1) N. Patouillard : Note sur une déformation x tps du Champignon de Seite (Paris, Bul. soc. myco., t. 14, p. 46-47, pl. VI). . Jacobasch : Myknlogische she aus der Flora von lena mate Mitt. bot. Ver ). (3) J. Brunnthaler : — eine monsirüse Wuchs[orm von A + squa- Mosus Huds. (Wien, Verb. zool. bot. Ges., t. 46, 1896, p. 435 437, (4) JS. Massart : La cicatrisation chez les vegélaux ras. ds Acad. roy., t. 57, 1898, 68 p , 57 fig.). 92 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Gers vesiculosa montre également, sur les lèvres des plaies faites à e Ps RE Enfin, d'après le même Auteur, les sclérotes de Poty- porus umbellatus et de Ganoderma lucidum se cicatrisent à la suite d’un traumatisme, es expériences fort intéressantes de tératologie expérimentale ont été effectuées par Miss Townsenp (1) sur les filaments sporangifères ‘un Phycomyces: en sectionnant ces filaments, on retarde leur crois- sance sans l'arrêter tout à fait car elle reprend une heure après environ. HI. — TÉRATOLOGIE DES ALGUES ET DES LICHENS. Les processus de cicatrisation et de régénération qui font suite à la destruction du point végétatif sont confondus chez les Thallophytes contrairement à ce qui arrive pour les plantes supérieures. ues filamenteuses. — M. Massarr (2) n'a pas observé de véri- table cicatrisation chez les Algues non ramifiées. Chez les Algues à rameaux filamenteux libres (Cladophora, Ectocarpus lésée meurt et la cellule sous-jacente émet un rameau régénérateur latéral. our M. DE WiLpEMAN (3) cette règle n’est pas générale. L'étude qu’il a faite du Cephaleuros Trentepohlia-aurea var. polycarpa lui a tré une polifération directe dans l’axe du filament à travers la comme si cette cellule n'existait pas. L'Auteur a été ainsi conduit à formuler la loi suivante : la cellule lésée meurt, les cellules voisines peuvent proliférer en donnant naissance, soit à des cellules qui rempla- cent complètement les portions mortes, soit à des ramifications laté- rales qui arrétent la croissance directe du filament. Le phénomène de prolification axiale avait été constaté antérieure- ment par M. Giarp (4) sur Les filaments du Griffithsia setacea. Pour les Algues à filaments juxtaposés en lames continues, M. Mas- , dans le travail cité plus haut, étudie et figure la réparation du thalle de Phycopeltis Treubi : les rameaux restés intacts continuent à croître, les filaments lésés arrêtent leur croissance et seules les cellules distales accusent tout au plus un léger bombemeni de leur cloison (4) A. Townsend : The re of SE ea under the Tnfluence of Inju- ries ee à mes Oxford, L 11, 532). (2 : La ci dde chez les Palm (Bruxelles, Mém. Acad. Me à. ns 68 p., 57 fig.). (3) E. de Wildeman : Sur la réparation chez quelques Algues (Bruxelles, . Mém. Acad. roy., t. 58, 1899, 19 p.). (4) A. Giard : Ÿ a-t-il antagonisme entre la greffe et la régénération ? (Paris, C.-R. soc. biol., (10), t. 3, 1896, p. 180-184). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 93 terminale, L'Auteur formule alors la loi suivante : Le filament dont la cellule terminale est morte cesse de s’allonger ; les filaments voisins s’accroissent et se ramifient davantage. Le rameau lésé ne réagit plus, mais l'excitation se transmet aux rameaux les plus proches. Sur la même espèce, M. de Wildeman constate que la cellule sous- jacente aux cellules lésées peut directement proliférer; il n’est donc pas possible d’admettre comme générale la seconde loi proposée par M. Mas- sart. La règle donnée plus haut par M. de Wildeman convient encore ici et les deux lois de M. Massart peuvent être remplacées par celle-ci, plus générale : Toutes les cellules des algues Jilamenteuses sont capa- bles, après blessure et mort d’une de leurs voisines, de donner naissance à des cellules et de régénérer, par suite, les portions détruites du thalle. Algues à thalle massif. — M. Massart a étudié la cicatrisation dans un grand Res de Floridées et de Phéophycées qu'il répartit en deux groupes. Le premier comprend ne Floridées à thalle peu complexe (Delesseria, Porsiph onia, Ceramium), qui cicatrisent leurs plaies sans y produire de points végétatifs ; de second est composé d’Algues dont le thalle est formé de plusieurs assises cellulaires (Plocamium, Msn Pie Laminaria) : leur cicatrisation est accompagnée d'ordinaire de l’appa- rition de nouvelles initiales. M. Massart conclut : Les llates profondes mises à nu se multiplient ; les cellules-filles prennent tous les caractères de cellules superficielles normales -Signalons enfin, pour terminer la Revue des Algues, le mémoire de M. Küsrer (1), puis le travail de M. Branp (2) sur la régénération du Lemanea fluviatilis ; dans ce dernier cas, la régénération est possible parce que certaines cellules conservent leur vitalité quand l’Algue se dessèche. Tératologie des Lichens. — Sur quelques Lichens homéomères de Java, M. Massarr (3) a vu des filaments atteints par le traumatisme régénérer sur la plaie une ee pseudoparenchymateuse analogue à celle qui limite le reste du e. Chez les Lichens etre la plante doit non seulement régénérer une couche corticale, mais encore regarnir de cellules vertes la surface mise à nu si la lésion entame la couche médullaire. (1) E. Küster : Ueber Vernarbungs- und A ou bei verger (Flora, Marburg, t. 86, 1899, p. 143-160, 6 fig. (2) F. Brand : der und Regeneration von Lemanea fluviatilis (Berlin, pr D. bot. Ges., t. 14, 1896, p. 185-194) (3) J. Massart : FA autristion chez les Végétaux (Bruxelles, Mém. Acad. TOY., L. 57, 1898, 68 p., 57 94 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE IV. — TÉRATOLOGIE DES MUSCINÉES. La Tératologie D En Cor des Pan 2 a donné lieu à un très petit nombre de mémoire t des réactions cicatri- cielles peu accentuées ; pee même, ainsi que ré constaté M. Mas- SART (1), les cellules ne réagissent nullement lorsqu’elles sont mises à nu par traumatisme (par exemple, chez les Marchantiacées : Marchan- tia polymorpha et Fegatella conica). Les feuilles et les tiges de la plu- pat des Jun ngermanniacées et des Anthocérotacées montrent simple- ment, dans les cellules voisines de la blessure, des parois un peu arme (Plagiochila opposita, Metzgeriopsis pusilla, Zoopsis arg'en- tata, Des ci pésiènces faites au moyen d’un fragment de feuille de Funaria hygrometrica. cultivé sur silice gélatineuse en atmosphère humide, ont décelé au bout de six jours des surfaces arrondies parmi les cellules voisines de la section. De plus, certaines cellules, plus ou moins proches de la plaie, sont capables de s’allonger en filaments protonémiques et sur ceux-ci des tiges feuillées se développent. La formation du proto- néma est indépendante du processus cicatriciel puisque les filaments procèdent aussi bien des cellules éloignées de la plaie que de celles qui Pavoisinent. Les Sphaignes présentent des faits analogues et M. Gœ8EL (2) a montré qu’un petit morceau de tige fournit parfois de jeunes individus. Cet Auteur a observé en outre que des échantillons de Metzgeria furcata, très affaiblis par une nutrition défectueuse, pouvaient donner naissance à des filaments cellulaires puis à des lames cellulaires qui aboutissent à la formation d’un thalle ; la plante adulte retourne ainsi à la forme infanti M. De Foresr-HeaLD (3) a étudié la régénération dans un grand nombre de Mousses : celle-ci peut produire soit un protonéma, soit des rhizoïdes et ces derniers montrent même, quand on les fait se déve- lopper à la lumière, des passages au protonéma. On est ainsi amené à considérer le protonéma, les rhizoïdes et la tige feuillée des Mousses comme trois manifesiatiqus morphologiques d’un seul et même organe (4) J. Massart : La cicatrisation chez Les Les Bruxelles, Mém. Acad. roy, t. 57, ne P., 57 fig.) (2) K. : Ueber die Amdais des Lions auf die ee der kakteen here . erer Pflanzen Flora, Marburg, t. 80, 1895, p. 96-116, 5 fig.). — Archegoniatenstudien, VIII, Rückschlagsbildungen und De bei Metz- geria (Id, t. 85, 1898, p. 69-74,5 fi (3) F. de Forest-Heald : 4 Study of Regeneration as exhibited by nes (Bot. Gaz..., Chicago, Ill, Univ. Chic., t. 26, 1898, p. 169-210, 2 pl.) REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 95 apté à sg conditions de vie différentes, mais fondamentalement ee C’est à des conclusions analogues que M. CorRens (1) arrive : dans un grand nombre de Mousses, il a vu certaines cellules de la tige feuillée et de la feuille, appelées nématogones, donner naissance à des filaments protonémiques ou à des rhizoïdes. Ces nématogones sont inéés de façon différente dans les diverses espèces : au sommet des feuilles chez l'Hypnum stramineum, à la face supérieure du limbe et entre les lames chlorophylliennes chez .le Polytrichum formosum, sur la nervure diane chez le Mnium undulatum. Dans beaucoup de cas il suffit de couper une tige pour voir se produire des filaments protonémiques au voisinage de la section.- Les tiges et les feuilles des Mousses peuvent donc donner naissance soit à un hier ses secondaire, soit à des rhizoïdes qui en sont les équivalents. Enfin, Miss Townsenp (2) signale un exemplaire anormal de Preis- sia commutata (Marchantiacée) dont le prothalle était hermaphrodite au lieu d’être unisexué. V. — TÉRATOLOGIE DES CRYPTOGAMES VASCULAIRES. Filicinées.. — Les phénomènes de partition des Fougères ont soulevé autrefois de nombreuses discussions. Après avoir conclu, en 1 Caractère purement accidentel, externe et passager de la cause qui s’abat..….. sur des individus d’espèces différentes Fr au simple hasard des contiguités », M. GuéBnaRp (3) aflirme de nouveau ses idées en 1895 par des faits tirés de la tératologie ane espèce de Lippia (Verbénacée), dont les feuilles sont dévorées au printemps par une chenille et qui deviennent nettement bipartites. L'Avteur attribue de même les partitions de la feuille des Fougères à l’action traumatique des Parasites animaux ou végétaux ou à d’autres agents similaires exté- rieurs A cette hypothèse, M. Orivier (4) oppose le fait de la répétition annuelle de la monstruosité, depuis plus de vingt années, sur des Scolopendres vivant dans un puits. Pour M. Giccor (5), l’action trauma- (1) CG. Correns : Ueber die - der Laubmoose ns Blatt- und Sprosstecklinge (Berlin, Ber. D. bot. Ges., t. 16, 4898, p. 22-27, 1 fig.). Townsend : 4n Mer gametophore É Ps commutata (Bot. Gaz., Chicago, IIL, Univ. Chic., t. 28, 1899, p. 360-362, 1 fig.). + È uébhard : Sur Les partitions anomales des Pong (Paris, C.-R. Aca 120, 1895, p. 517-518, 1131-1133). à E. ds : Sur les frondes anormales des Fougères (Paris, C.-R. Acad. sci, t. 120, 1895, p. 693- (5) X. Gillot . Anomalie de La Fougère commune : Pteris aquilina L. var. crislata (Paris, Bul. Soc. bot., t. 45, 1898, p. 465-461). 96 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ti tinadmisible.llaeneffet tréd dé t t de Saône- et- -Loire une station de Pteris aquilina anormal : la fougère est de belle venuc, un peu moins élevée cependant que les pieds sains ; ses frondes sont régulières, mais chacun des segments, divisé une ou plusieurs fois, possède un limbe élargi et ondulé en forme de crêtes élégantes (d’où le nom de cristata proposé pour désigner cette variété tératologique). Or, liée sans doute à une modification des cellules apicales et dont la cause première échappe. M. Gillot termine son intéressant article en pensant qu'il ne serait pas impossible que cette Fougère anormale se repro- duisit également de spores, à l'instar des monstruosités héréditaires qui ont été maintes fois signalées chez les Phanérogames et dont nous par- lerons plus loi Dans un premier travail sur des Fougères indigènes, M. GEiSEN- HEYNER (1) signale de nombreux exemples de partition des frondes et a figure une fronde de Polypodium vulgare munie de dents nombreuses, larges et ondulées. Quelques travaux descriptif: t des Fougères anormales sont encore à signaler rapidement, vu leur faible importance, M. BoucLu (2) SES une Scolopendre dont la fronde est munie de sores sur les deux faces; M. GaBezzi ps signale quelques Fougères récoltées dans les .. s Maritimes et rappelle les travaux de Guébhard ainsi que les théories ERA. de Delpino, () L. Spor ri pie 4 an einheimischen Farnen (Ber- lin, Ber. D. bot. Ges., t. 16, 1898, General-Vers., p. 64-72, pl. XII). — Eine eigen- artige Shots von Polypodium vulgare Pa (Id, t. 14, 1896, General-Vers, p. 72-75, 1 fig.) (2) Boullu : Lyon, Ann. soc. bot., t. 20, 1895, (3) L. Gabelli : Sulla causa degli on Er (Malpighia, Genova, t. 10, 1896, p. 67-71). (A suivre). C. Houarp. 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères. Le Gérant, Th. Crenquin. : MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l'Etranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. sser les demandes d'abonnements, mandats, Ctce., à M. FAdmi- rente de la BRIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT , 4, rue Dante, à Paris Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes dont un te es aie été adressé au nn de la _Kievue générale de Botanique. De plu sur lu couverture. "2 F7 Les auteurs des travaux insérés dans la Revte générale de are ont droit Étiiniteins à vingt-cinq exemplaires en tirage à par RÉCENTES PUBLICATIONS BOTANIQUES 0. Ames: À contribution to our knowledge of the Orchid flora of Southern Florida. Chicago, 1904. Spiranthes neglecta, S. Grayi. Boston, 1904. re Notes on Botrychium tenebrosum. — New carieties of Isoetes. on, Leavr : Reversionary stages in Drosera intermedia. Boston, 1903. vs L'influence du climat méditerranéen sur La a Jorme et la structure des Feet d'après les travaux récents. Grenoble, 1903. ss ” arbres dans les dunes anis Bruxelles, 1 — Noticesur les dns Mholbgiquet ne 4908. ER : Le Sud Oranais. Etudes fioristiques et phy Logéographt- Hocareurtix: — . Genève, 1904. À. BurGeRsreIN : : Die Transpiration der Efansen de. Lynn Nes ScaneiDER : Handbuch der der Laubhc st: erun Overrox : Uber Parthenogenesis bei Thalictrum purpurascens. Berlin, 1904. YenDo : À Study of the Genicula of Corallinæ. Tokyo, 1904. WATTERSON : The effect of chemical irritation on the respiration of Fungi New-York, 1 ENGLER : Uber die Vegetationscerhältnisse der Somalilandes. Berlin, 1904. Polymorphe Pflansentypen der nürdlich gemässigten Zone. Berlin, 1904 BOODLE : ‘The Structure of the Leaves of the Bracken {Pteris pe re in relation to Environment (Linnean Society's Journal, XXXW\ On the Occurrence of Secondary Xylem in Psilotum (Anb. of hs 1904). H.-M. Wano : Trees. Handbook of Forest-Botany. Vol. I. Buds and Twigs. Cambridge, 1904. B.-E. LivinGsron : Further notes on the ler cts of polymorphism in en Algac. Chicago, ? gre The effect of the osmotic pressure of the medium upon the préeit and reproduction of organisms. Chicago, 1903. BuscaLiont : Sulla cauliflorià (Malpighia, Vol. XVI). Foussar : Ethérisation et chloroformisation des plantes. Paris, 4904. Rosensere : Uber die reduktionsteilung in Drosera. Stockholm SaLmox : On Erysiphe Graminis DC. and its adaptive parasitism within nus Bromus. Berlin the ge 1904. On spécialisation of parasitism the Erysiphaceae (The nee Phytologist, 1904). Darpismire : Observations on Mamillaria elongata (Ann. of Botany, ge LinssauE : Orientierende Versuche über das Zustandekommen der Lic lage ot Blätier. Wien, 1904, J.-W. : Die mutatio nstheorie. Leip pzig, 1908. Dance : as culture du Tabac a la Niels. Bordeaux, nr des fleurs (Rec. des trav. bot. Néerl., N°1 ie ere Ueber. gigentümlich gistattte Maserbildungen an Zweige? von Fague syloatica (Ibid). Enr : Ueber den Einfluss des Lichtes auf die Pistehion des Carotins 1 “ auf die Zersetzung der Ensyÿme (Ibid. 2 MATTHAEI : n vegetable assimilation and respi- ration. — W. On the efrect (4 temperature on carbon-diotide assimilation. London n, 1904. _ phaceae. Lagenostoma Lomazxi, with à Statement oi the Evidence u se to Laine nodèndron. London. 1904. A Po L : we “accian. ee Berlin, 1906. TecEsnn : se v” 44 1nS ns Les parfums de koëff; tan. der dihseilionh LE Chloro- L ernzel ige Do casa cd Hefe ay ol version. PRES TOR nl Mode AR re ER CNP ES ETES ne 1 10 Mi l. + a? SALMOx : Cultural experiments with « Biologie Forms » of the ré ss eae. London, 1 F.-W. Ourver and DH. Scorr : On the Structure of the Palæozoic . 4 ps which it REVUE GÉNÉRALE DE OTANIOQOU DIRIGÉE PAR M: Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME Livraison du 15 Mars 1905 : Fe N° 195". : Entered at the New-York Post Office ee . : as Second Class matter. LIVRAISON DU 15 MARS 1905 Pages I. — REMARQUES SUR LA COMPARAISON ENTRE LES ANGIOSPERMES ET LES GYMNOSPERMES (avec figures dans le texte), par M. Gaston Bonnier. 97 I. — SUR UNE LIANE DE HOUBLON (HUMULUS LUPU- LUS L.) HERMAPHRODITE (avec une planche), par M: Camille Brunotte . , .::, 5. - : . . : - 109 II. — FLEURS ANORMALES D’AGAVE AMERICANA L. (avec figures dans le texte), par M. EL. Ducambp. 116 IV. — ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES (avec planches et figures dans le texte), par M. E. Galland (tuile); SU) 4514: moe 123 V. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le texte), par M. C. Houard . . . - .. . . - - 137 PLANCHE CONTENUE DANS CETTE LIVRAISON Planche 5, — Humulus Lupulus [2 Cette livraison renferme en outre vingt-cinq figures dans le texte. Pour le mode de «tation et _ conditions ous d'abonnement | | | un À ri REMARQUES SUR LA COMPARAISON ENTRE LES ANGIOSPERMES ET LES GYMNOSPERMES par M. Gaston BONNIER La double fécondation, récemment découverte chez les Angios- permes, semble, au premier abord, constituer un caractère très spécial pour ce groupe de végétaux, et par suite l'éloigner plus complètement du groupe des Gymnospermes. M. Guérin, dans un travail très bien fait sur la fécondation des Phanérogames (1), dit qu’au point de vue des phénomènes de la fécondation, les Angiosper- mes et les Gymnospermes sont séparés par un fossé infranchissable. Il est, en tout cas, nécessaire de reprendre à ce point de vue les comparaisons établies entre les deux sous-embranchements des Phanérogames. C’est ce que je vais exposer brièvement en ces quelques pages. La question la plus importante qui s’impose dans la comparaison à établir est celle-ci: à quoi correspond chez les Gymnospefmes l’albumen des Angiospermes ? Hofmeister (2) le comparait à l’endosperme des Gymnospermes, la seule différence étant qu'il se forme chez les Angiospermes après la fécondation. Sachs (3) dit que l’albumen des Angiospermes paraît correspondre à la partie du prothalle femelle des Sélaginelles qui se développe après la fécondation. Ces homologies ne peuvent plus être proposées aujourd’hui, puisque l'albumen est un embryon. M. Guignard (4) s’est demandé si les proembryons provenant de (4) Paul Guérin : a Connaissances actuelles sur la fécondation chez les Phanérogames ; Paris, (2) Hofmeister : PENSE Untersuchungen, etc. (1854). (3) Sachs: Traité de Botanique, trad. franç., p. 551 (1874). (4) Guignard : Les découvertes récentes sur la fécondation dans les végélaux Angiospermes (Volume jubilaire de la Société æ nee 1899). o Rev. gén. de Botanique. — XVIL. Less 98 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l'œuf des Gnetum ne pourraient pas être assimilés à l’albumen des Angiospermes, mais il n’admet pas que ces formations ni les embryons résorbés des Gymnospermes puissent lui ètre comparés. 4 Comparaison du sac embryonnaire chez une Angiosperme et chez un Cycas. — Pour préciser et simplifier les comparaisons à établir, supposons que nous considérions : d’une part un ovule mûr d’une Angiosperme dans lequel les deux noyaux médians du sac embryon- HS $ a 4 HA re a nes RE CS (1 LE LOU Tee mo esinree K 3 QUES CUS D mn AD ue Fig. 1 — Schéma de la fécon Fig. 2 — Schéma chez une Angiosperme : 1, oosphè- chez un Gycas : 1°, 2’, re ; 3, 4, les deux synergides ; puscules ; no,’, no’, n ?, 5, les deux énergides médianes; dation de la fécondation 0S hé 4 2? 2 Us 5° COT- , 9 ? oyaux d'œufs aro1 er arois du sac embryonnaire ; {p’, podes:; se, p: du naire ; #ucC, nucCelle; nique. tubes polliniques. tp, tube polli- naire ne s’accolent pas (fig. 1) et où le noyau de l’œuf accessoire (origine de l’albumen) s’est formé avec le concours d’un de ces noyaux médians sans qu'il y ait fusion ultérieure avec l’autre noyau médian ; d'autre part examinons un ovule mûr de Cycas ayant cinq corpuscules (fig. 2), ce qui se présente assez fréquemment. Rappelons, en premier lieu, les homologies qui s'imposent entre les divers éléments du sac embryonnaire chez ces deux ovules. Les cinq corpuscules du Cycas (7, 2’, 3’, 4, 5’, fig. 2) corres- pondent à cinq archégones réduits chacun à une grande cellule COMPARAISON DES ANGIOSPERMES ET DES GYMNOSPERMES 99 formant l’oosphère, à deux cellules en constituant la rosette, avec une énergide (qui correspond à la cellule du canal) ne s’isolant pas de l’oosphère par une cloison (1). L'oosphère de l’Angiosperme (4, fig. 1) correspond à un arché- gone réduit à une seule cellule, comme cela se présente d’ailleurs parfois chez les Gymnospermes (Welivitschia). Les deux synergides (3 et 4, fig. 1) doivent être aussi considérées comme correspondant à des archégones réduits chacun à une seule cellule et qui ne sont ordinairement pas fécondés (2). Le noyau supérieur de la partie médiane du sac embryonnaire (2, fig. 1) (et le protoplasma qui en dépend) correspond encore à un archégone, beaucoup moins difié- rencié que les précédents, mais qui sera fécondé pour donner l'œuf accessoire origine de l’albumen. Enfin, comme l’un des deux anthé- rozoïdes du grain de pollen peut se fusionner soit avec l’un soit avec l'autre des deux noyaux médians, le second noyau médian (5, fig. 1) (et le protoplasma qui en dépend) doit être au même titre considéré comme une énergide correspondant à un archégone très peu diffé- rencié (3). On a donc dans cette Angiosperme cinq archégones (1, 2, 3, 4, 5, fig. 1): l’oosphère, les deux synergides, et les deux énergides qui occupent toute la partie médiane du sac embryonnaire. Quant aux trois antipodes (4), leur ensemble (t, fig. 1) corres- pond à la partie végétative de l’endosperme du Cycas (t', fig. 2), c’est-à-dire à tout le tissu compris dans le sac embryonnaire du Cycas moins les corpuscules, comparables par conséquent à la partie végétative du prothalle femelle des Cryptogames vasculaires. En certains cas assez nombreux (3), ces antipodes peuvent se diviser 1) Ikeno : Vorlaüfige Mittheilung über die Spermatozoiden bei C3 (Bot. Centralblatt, Tome 69, on appelons que les synergides peuvent être fécondées et donner des œufs qui se développeront en embryons : Mimosées, Naïadées (Guignard). 3) On trouve d at des archégones ou corpuscules aussi peu différen- Ciés et réduits à un noyau entouré de protoplasma chez certaines Gymnos- permes, les alu mé exemple (Lotsy). (4) Je Ie de côté î é les cas Etuis où l’une des antipodes peut être fécondée ; en ce cas les antipodes elles-mêmes seraient comparables à des arché- gones et on pourrait considérer tout l’'endosperme comme employé à former huit corpuscules. ' (5) On peut citer à cet égard les Graminées où l’on trouve jusqu’à 36 anti- bodes (Kærnicke), le Gentiana campestris, re les antipodes nombreuses forment ne Couche qui tapisse la majeure Ke rs PA br ri E Parganium simplex où on trouve plus de 150 noyau podes. Voir aussi à ce sujet le récent Mémoire de M. Konrad Lôtscher 1905). t.9 9%:1 100 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE avant ou après la fécondation pour donner un tissu plus ou moins développé qui correspond au tissu de l’endosperme produit avant la fécondation ou aux cellules formées par division, ultérieurement à la fécondation, dans l’endosperme du Cycas (1). 2% Comparaison de la fécondation et du développement des embryons chez une Angiosperme et chez le Cycas. — Examinons maïntenant ce qui se passe dans le sac embryonnaire de ces deux plantes après la fécondation. Bien que le nombre des éléments n’ait aucune importance, je supposerai pour simplifier la comparaison que l’ovule de Cycas considéré ait seulement deux corpuscules sur cinq qui soient fécondés (fig. 4). Ce cas peut très bien se présenter parce qu’il ny a souvent qu'un certain nombre des corpuscules qui reçoivent les tubes polliniques. Ceci admis, que se passe- Lil dans l’'Angiosperme ? L'œuf formé da®s l’oosphère par sa fusion avec un anthérozoïde du tube polli- nique se développe directement en donnant un suspenseur et un embryon proprement dit {s,, e,, fig. 3). Le noyau de l'œuf accessoire, formé par l’un des noyaux médians et l’autre anthérozoïde du tube pollinique (le second noyau étant résorbé), se divise par bipartitions successives en formant des noyaux, d’abord non séparés entre eux par des cloisons, qui tapissent la surface interne de la majeure partie de la paroi du sac embryonnaire, devenue celle de l'œuf accessoire, puis les éner- gides, ainsi produites côte à côte, en donnent de nouvelles vers l’intérieur dans le sens radial, se séparant entre elles par des cloi- sons, et forment ainsi plusieurs assises de cellules successives qui vont en se différenciant de la partie périphérique vers l’intérieur. Ainsi se constitue peu à peu l’albumen (pe,, fig. 3) comme une sorte de poche remplie d’un tissu très nettement différencié dans la partie externe et parfois non cloisonné dans la partie médiane où les noyaux restent longtemps en voie de division. Enfin dans la (4) L'étude de la réduction chromatique est venue confirmer cette compa- raison. En effet les noyaux des antipodes et des cellules qui en dérivent ont, Sam on sait, un nombre de chromosomes égal environ à la moitié de celui noyaux végétatifs, de ceux des cellules du nucelle par exemple ; d’après où erton (1893), Dixon (1894), Blachmann (1898) et Juel (1900), il en est de même pour les cellules de l’endosperme, COMPARAISON DES ANGIOSPERMES ET DES GYMNOSPERMES 101 suite du développement on sait que cet embryon accessoire ou albumen est digéré par l'embryon principal qui seul produit une nouvelle plante, : #a%: 1] \ OL + : gt Ca UE Fes AT A ot. PTE ne ÉD? A LE DES CD TNT GE LS ane Re CR A CES Ce PQ EE CEE CHE ST SA rase CS « LS 2e An En @. TS eu l, tissu de l’endosperme; nuc’, nucelle. pro- f à Considérons maintenant les phénomènes analogues qui se duisent chez le Cycas. E i in des corpuscules fécondé : fig. 4); le noyau de l'œuf se divise par des bipartitions suc ca api ne AE s 4 102 = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE en formant des noyaux, d’abord non séparés par des cloisons, qui tapissent la surface interne de la paroi du corpuscule devenue œuf, puis les énergides, ainsi produites côte à côte, en donnent de nou- velles vers l’intérieur, se séparent entre elles par des cloisons et forment ainsi plusieurs assises de cellules successives qui vont en se différenciant de la partie périphérique vers l'intérieur. Ainsi se constitue peu à peu (en pe’, fig. 4) le proembryon du Cycas, comme une sorte de poche renfermant un tissu très nettement différencié dans sa partie externe et parfois non cloisonné dans sa partie interne, surtout vers le haut où les noyaux restent longtemps en voie de division. La partie centrale de la poche demeure remplie par un liquide. On reconnaît, presque mot pour mot, dans cette description de la formation du proembryon de cette Gymnosperme, la descrip- tion de la formation de l’albumen ou embryon accessoire des Angiospermes : même origine, mêmes divisions nucléaires, même mode de différenciation des assises cellulaires. Enfin si l’autre cor- puscule fécondé du Cycas l’a été avant celui-ci, il peut arriver que l'embryon pe, que nous venons de considérer n’ait pas le temps de se développer plus avant ; alors ce proembryon sera digéré par l’em- bryon principal (se, fig. 4) qui seul produit une nouvelle plante. I semble dès lors tout naturel, de comparer l’albumen des Angiospermes au proembryon du Cycas. Quant à l’autre corpuscule fécondé du Cycas, si c’est celui qui doit prédominer, son proembryon produira vers l'extrémité Oppo- sée au Canal du corpuscule, un suspenseur s’ et un embryon €, proprement dit avec radicule, axe hypocotylé, deux cotylédons et gemmule, le tout formé au détriment d'une partie de l'endosperme, de l’autre embryon et des corpuscules non fécondés ; comme étaient digérés, chez l’Angiosperme, les antipodes, l'embryon accessoire ou albumen, les deux synergides et l’un des noyaux médians. 3° Comparaison du sac embryonnaire chez une Angiosperme et chez le Pin. — Toujours pour simplifier les comparaisons à établir, considérons d’une part le cas tout-à-fait particulier d’une Angios- perme, l’Erythronium americanum (1) et un Pin ayant cinq corpus- cules, comme cela peut se présenter. (1) Ce cas a été étudié en détail par M. Jeffrey : Polyembryony in Erythro- nium americanum (Ann. of. Botany t. IX, 1895). COMPARAISON DES ANGIOSPERMES ET DES GYMNOSPERMES 103 Les homologies qui s’imposent entre les divers éléments du sac embryonnaire de ces deux plantes sont tout-à-fait analogues à celles que nous avons rappelées dans la comparaison précédente. Les cinq corpuscules du Pin correspondent à cinq archégones et sont composés chacun d’une grande cellule constituant l’oosphère, d'une cellule du canal qui en est séparée par une cloison et d’une rosette formée par quatre étages comprenant chacun quatre cellules, le tout entourant la cellule du canal. L’oosphère, les deux synergides et les deux noyaux médians du sac embryonnaire de l’Erythronium peuvent être comparés, ainsi que dans le cas précédent, aux cinq corpuscules du Pin, réduits dans l’Angiosperme à trois cellules et à deux énergides. On peut aussi considérer les antipodes comme comparables à la partie végétative de l’endosperme ou à la partie végétative du prothalle femelle des Cryptogames vasculaires. 4° Comparaison de la fécondation et du développement des embryons chez uñe Angiosperme et chez le Pin. — Examinons maintenant ce qui se passe dans le sac embryonnaire de ces deux plantes après la fécondation. Bien que le nombre des éléments n’ait aucune importance, je Supposerai encore en ce cas, pour simplifier la comparaison, que l'ovule du Pin considéré ait seulement deux corpuscules sur cinq qui soient fécondés, cas qui peut se présenter. Ceci admis, que se passe-t-il dans l'Erythronium ? L'œuf formé par l’oosphère après sa fusion avec un anthérozoïde du tube polli- - nique se divise en plusieurs cellules dont l’ensemble constitue un rudiment de proembryon. Chacune de ces cellules donne directe- ment un embryon avec son suspenseur, ainsi que l’a montré M. Jefrey; ce nombre d’embryons fournis par le même œuf peut être de trois à cinq. Pour préciser, supposons qu’il y en ait quatre (E,, e,,e,,e,, fig. 5). Le noyau de l'œuf accessoire est formé par la conjugaison d’un des noyaux médians avec l’autre anthérozoïde du tube pollinique. Le second noyau médian est résorbé et l’albumen ou embryon accessoire (pe,, fig. 5) se développe comme il a été indiqué dans le Cas précédent. Des quatre embryons formés par l'œuf principal de l'Erythronium, un seul E, subsistera après avoir digéré les trois 104 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE autres (e,, e,,e,), l'embryon accessoire ou albumen pe,, les syner- gides et les antipodes f{; ce seul embryon E, donnera une plan- tule qui se développera en nouvelle plante. ee ec 0e EE LA] Fig. 5. — Schéma du développe- OR 7 ne, : CL dti 4 C4 ment des embryons chez . RER proembryon commun pro- venant de l'œuf principal; Fig. 6.—Schéma du développement des embryons De:, albumen ou embryon chez le Pinus : E,’, e,, e, e,, embryons issus accessoire réduit à l’état de d’un œuf, avec le reste pe, de leur proem- proembryon issu de l'œuf bryon commun; pe’, proembryon issu d'un accessoire : {, antipodes; autre œuf: f, tissu de l'endosperme ; #6’, nucelle. nucelle. COMPARAISON DES ANGIOSPERMES ET DES GYMNOSPERMES 105 Considérons maintenant les phénomènes analogues qui se pro- duisent chez le Pin (fig.,6). Dans un des corpuscules fécondés, le noyau de l’œuf se dirige vers la paroi de l’œuf opposée au canal du corpuscule, et là se divise en deux puis en quatre noyaux qui s’ap- pliquent sur les parois de l’oosphère devenue œuf; il se forme ainsi quatre énergides seulement, appliquées contre la paroi, au lieu d’un grand nombre comme dans le Cycas. Mais chacune de ces énergides fonctionne comme une cellule du jeune proembryon de Cycas ou comme une cellule de jeune albumen. En efiet, ces quatre énergides se divisent et en produisent d’autres vers le haut, puis se séparent par des cloisons. Il se forme ainsi quatre étages de cellules successivement différenciées, et il subsiste vers la partie de l'œuf qui est près de la rosette un ou plusieurs noyaux dans le proto- plasma restant. Ainsi se forme le proembryon (pe,’, fig. 5), qui est comme une poche remplie d’un tissu formé de seize cellules difié- renciées à la base et d’un tissu non différencié vers le haut. Le développement de ce proembryon, bien que ne produisant qu’un moindre nombre de cellules, est encore tout-à-fait comparable à celle d’un embryon accessoire ou albumen d’Angiosperme. Admettons maintenant que dans le corpuscule considéré le développement ne soit pas poussé plus loin et que l’autre corpus- Cule que nous avons supposé fécondé l'ait été auparavant. Ce der- nier après avoir produit un proembryon comme le précédent (pe, fig. 6) formera à l'extrémité de ce proembryon opposé à la rosette, Quatre suspenseurs et quatre embryons proprement dits (£,, € e', e,, fig. 6), situés à côté les uns des autres, comme les quatre embryons produits par le proembryon nes issu de l'œuf prin- Cipal de l’Erythronium. Des quatre embryons ainsi FAFrnSe un seul (E,') subsistera après avoir digéré les trois autres {e,’, e,, e,'), le proembryon de l’autre corpuscule (ou les quatre embryons formés par ce proembryon), les autres corpuscules et une partie de l’endosperme £,'; ce seul embryon £E’, donnera une plantule qui se développera en plante nouvelle. On voit ainsi que, dans cette comparaison, on peut encore ratio- nellement homologuer le M du Pin à l'embryon acces- Soire ou albumen de l'A g tles embryons issus _ 106 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE d'un même œuf du Pin aux embryons issus d’un même œuf de l'Erythronium. \ Je rappellerai seulement que, du côté du gamète mâle, une homologie parfaite s’établit entre les Angiospermes et les Gymnos- permes. Toutes les transitions peuvent s’observer entre un grain de pollen d’Angiosperme à deux noyaux inégaux et un grain de pollen de Pin à quatre cellules. De plus, les Scilla, les Ornithoga- lum (4), le Lilium auratum (2) forment leurs anthérozoïdes par le le même processus que les Gymnospermes, et établissent ainsi le passage entre les deux groupes. Conclusions. — Si au lieu des deux comparaisons particulières que je viens de faire, on compare au point de vue qui nous occupe l’ensemble des Angiospermes à l’ensemble des Gymnospermes, on ne trouvera guère de différences qu’au point de vue du nome des organes considérés ; ce qui n’a, on le comprend, En somme, on peut établir d’une manière bénérdié l’ensemble des comparaisons de la manière suivante. 1. — Le sac embryonnaire des Angiospermes correspond au sac embryonnaire des Gymnospermes ; tous deux sauf de rares excep- tions ont pour origine, comme on sait, une cellule profonde prove- nant du cloisonnement d’une cellule primitive sous-épidermique du nucelle, et chez tous les deux la réduction chromatique Se produit au moment de la formation de la cellule-mère définitive du sac embryonnaire. 2. — Les huit énergides ou cellules formées avant la fécondation par bipartitions successives dans le sac embryonnaire des AngioS- permes correspondent au tissu (endosperme et corpuscules) qui se produit avant la fécondation dansle sac embryonnaire des Gymnospermes. L’oosphère, les deux synergides et les deux noyaux médians (devant être fécondés ou non) des Angiospermes sont comparables (4) pr Neue Untersuchungen über den Bahichaingv db bei den Phanerogame na, 1904). (2) ne Contribution of the life history of Litium philadelphicum. (Botanical Gazette, t. XXIII, 1897). COMPARAISON DES ANGIOSPERMES ET DES GYMNOSPERMES 107 aux corpuscules (devant être fécondés ou non) des Gymnospermes. Les antipodes des Angiospérmes ou le tissu qu’elles produisent avant la fécondation chez d'assez nombreuses espèces sont compa- rables au tissu de l’endosperme produit avant la fécondation (à moins de comparer aussi, dans beaucoup de cas, les trois antipodes à trois corpuscules en général non fécondables). 3. — Dans les Angiospermes, les deux anthérozoïdes qui fécon- dent en général l’ oosphère et l’une des énergides médianes provien- nent presque toujours du même tube pollinique, parfois de tubes différents lorsque plusieurs tubes polliniques atteignent le même sac embryonnaire. Dans les Gymnospermes, il arrive aussi parfois (Genévrier, etc.), que deux corpuscules voisins soient fécondés par deux anthérozoïdés provenant d’un même tube pollinique. k. — L'’embryon principal des Angiospermes issu de l'œuf formé par l’oosphère (très rarement les embryons issus de ce même œuf) est, on le sait, comparable à l'embryon ou aux embryons produits par l’œuf des Gymnospermes et plus particulièrement à l'embryon issu directement de l'œuf sans proembryon comme cela s’observe chez un certain nombre de Gymnospermes (Ginkgo, etc.). . ÿ. — L'albumen ou embryon accessoire issu de l’œuf accessoire des Angiospermes est comparable à l'embryon d’une Gymnosperme qui se serait arrêté au stade de proembryon. L'origine et le mode de formation des éléments sont tout-à-fait semblables dans les deux cas. 6. — Le tissu que forment parfois les antipodes des Angios- Peérmes en se multipliant après la fécondation, est comparable à la suite du développement de l’endosperme par cloisonnements nou- veaux qui se produit chez la plupart des rpm après la fécondation. 7. — Chez les Angiospermes, l'embryon principal digère l’autre embryon (albumen) ainsi que les antipodes ou le tissu qui en pro- vient, les synergides et l’un des noyaux médians. Que l'œuf prin- Cipal donne un seul embryon ou plusieurs (ce qui est tout-à-fait exceptionnel), un seul embryon se développe pour donner une plante nouvelle. Chez les Gymnospermes, il y a de même un embryon prédomi- 108 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE nant qui digère tous les autres, l’endosperme et les corpuscules non fécondés. Ce seul embryon se développe pour donner une plante nouvelle. Quelle est done, en somme, à ce point de vue, la différence prineipale entre les Gymnospermes et les Angiospermes ? C'est que tous les œufs formés dans le même sac embryonnaire sont sem- blables chez les premières, tandis qu’ils sont différenciés chez les secondes où il se produit en général deux œufs seulement dans un même sac embryonnaire, l’un sans proembryon se développant directement en suspenseur et embryon proprement dit, l’autre res- tant à l’état de proembryon. SUR UNE LIANE DE HOUBLON (HUMULUS LUPULUS L. HERMAPHRODITÉ par M. Camille BRUNOTTE (Planche V). Ainsi qu’on le sait, le genre Humulus est représenté dans notre Flore de France, par une seule espèce : Humulus Lupulus L., qui croît dans toute l’Europe à l’état sauvage et que l’on peut rencontrer fréquemmeut en certaines régions, dans les haies et les buissons. C’est une plante grimpante et volubile, dioïque. Les lianes mâles portent des fleurs disposées en grappes opposées, rameuses, axillaires et terminales. Chaque fleur à un périgone à cinq divisions oblongues, avec cinq étamines cachées dans l’enveloppe florale. Celle-ci, avant la maturité, paraît être constituée par une petite masse sphérique verdâtre, sans aspérités. A la maturité, les fleurs deviennent plus blanches, s'épanouissent vers la fin de juillet, même en août, et Trépandent alors une assez grande quantité de grains de pollen très fins. La liane qui porte les fleurs femelles ressemble beaucoup par Son port à la liane mâle; les feuilles y sont peut-être un peu plus grandes, plus rugueuses, et plus abondantes. Les sarments des sujets mâles sont plus faibles que ceux des sujets femelles. Quant aux fleurs femelles, elles sont réunies en chatons pédonculés, opposés, devenant des cônes ou étrobiles de deux à trois centimètres de long. Chaque fleur isolée se compose d’une petite écaille à la base de laquelle est placé l'ovaire surmonté de deux styles. C'est la liane femelle qui seule est intéressante au point de vue commercial ; elle est cultivée parfois sur des espaces considérables. Le commerce de Houblon est devenu, en effet, un des plus impor- lants, et la plante originelle Houblon a subi, par suite de cultures Spéciales, des modifications profondes, ayant pour but, soit l’aug- Mmentalion du poids des fleurs femelles, soit l'augmentation de la teneur en lupuline, etc., etc. 110 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Le seul produit recherché dans cette culture du houblon étant la fleur femelle au moment où elle contient le plus de lupuline, on s’est attaché, dans le choix des races à planter, à prendre les types qui remplissent le mieux ces conditions, et on a cherché surtout à empêcher la fécondation de la fleur, fécondation qui per- mettrait à la plante en suivant son rôle normal, de faire ses graines au détriment des bractées et de la lupuline. C'est pour ces diverses raisons que, dans les pays où on plante le houblon, il est impossible de trouver une liane de houblon mâle à une distance très éloignée des plantations : les planteurs s’em- pressant de détruire tous les pieds à fleurs mâles, avant la floraison, dès leur apparition dans les haies ou buissons du voisinage. Parmi les centres de plantativns de l'Est, on peut citer de num- breuses contrées en Alsace et en Lorraine. Vic sur-Seille, Marsal et les environs, sont peut-être à ce point de vue les centres les plus importants de la Lorraine annexée : on y cultive aujourd’hui plus de cent soixante hectares de houblon {dont cent hectares sur le territoire de Vic), ce qui représente environ quatre cent quatre- vingt mille perches autour de chacune desquelles s’enroulent d'ha- bitude deux, quelquefois trois lianes femelles de houblon. C'est au milieu de cette immense culture de houblon qu’il mä été donné d’obsérver le cas singulier qui fait l’objet de cette note: Dans une houblonnière plantée par M. Louis Mangenot, au lieu dit les Alovins, à Vic, une liane dans le nombre, s'est montrée diffé- rente des voisines ; elle fut mise en observation par le propriétaire qui y avait reconnu un fait anormal qui me fut signalé, au Com mencement de juillet 1904. Voici, dans les grandes lignes, les renseignements qui m'ont été très obligeamment donnés. La houblonnière où se trouvait la liane intéressante, a été constituée il y a déux ans seulement ; les pieds qui y ont été plantés provenaient des propriétés voisines, pris par conséquent dans le pays même. Cette observation a son impor- tance ; on conçoit de suite qu’il ne s’agit pas ici d’une race introduite nouvellement, mais bien d’un type acclimaté depuis longtemps dans la région et où, jusqu'alors, aucun fait anormal n’a été signalé. Au pied d’une des tiges en fer servant de tuteurs à la plantation, deux « brins » avaient été laissés lors de la taille printanière. Ces LIANE DE HOUBLON HERMAPHRODITE 111 deux brins, devenus grands s’enlaçaient autour du support. L'un d'eux était normalement constitué et portait ses fleurs femelles, le second seul était anormal et avait des fleurs à la fois mâles et femelles. Au moment où il me fut possible de voir la plante, au commen- cement d'août, cette liane hermaphrodite était haute de plus de cinq mètres, elle était très robuste. Elle avait été privée de ses entre nœuds axillaires inférieurs, comme cela se fait d'habitude jusqu’à une hauteur de un mètre cinquante à peu près. À partir de ce niveau, toutes ses feuilles opposées avaient à leur aisselle des rameaux très développés, ainsi qu’on peut s’en rendre compte en examinant la planche qui accompagne ce travail (PI. V). Ces rameaux axillaires portaient tantôt des fleurs à étamines, d’autres n'avaient que des fleurs femelles, d'autres enfin avaient à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Quelques grappes de fleurs de cette liane anormale présentaient même ce fait curieux : sur un même pédoncule floral, on trouvait les deux fleurs staminées et pistillées. A la base du pédoncule, dans ces inflorescences, les rameaux sont mâles, alors qu’à l'extrémité le pédoncule floral est nettement terminé par un cône femelle. L’examen des fleurs dési- gnées par les numéros 18-19-20-21-22-23 et 24, sur la planche, ne laisse aucun doute à ce sujet. Il y a lieu d'ajouter de suite que les fleurs portées par cette liane hermaphrodite étaient toutes ou presque toutes normalement Construites : les fleurs mâles avaient leurs cinq étamines contenant de nombreux grains de pollen et les fleurs femelles avaient leurs Ovules normaux, surmontés de deux styles. Vers la fin d'octobre, quelques fleurs femelles restées en obser- vation sur cette liane anormale ont été examinées attentivement et, sur environ trente cônes femelles disséqués à la loupe, j'ai trouvé seulement cinq graines bien développées. Cette petite quantité de graines trouvées paraîtrait indiquer que l’auto-fécondation, dans le cas particulier qui nous occupe, est rare; mais, la présence de ces graines arrivées à maturité est suffisante pour prouver que les étamines étaient fertiles, qu’il y aeu fécondation et que le fruit s’est développé normalement. Cette constatation, je le crois, est très intéressante, op en jugera d’ailleurs plus loin. 412 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Tels sont les faits observés pendant cet été 1904, grâce à l’aimable obligeance de M. Mangenot propriétaire de la houblonnière où se trouvait la liane qui a été mise entièrement à ma disposition, Le pied sur lequel cette anomalie a été constatée est d’ailleurs mis en observation, il sera de nouveau surveillé pendant les années prochaines ; il sera curieux de suivre son évolution. Reste, pour l'instant, à discuter scientifiquement l'observation précédente. En lui même le fait en question n'est pas absolument nouveau et les experts en lupuliculture déclarent avoir vu quelque- fois déjà, mais cependant assez rarement, quelques rameaux portant des fleurs ressemblant à des fleurs mâles et portées par des lianes à fleurs femelles. Chaque fois que le fait a été observé, on n’a constaté que la présence de petils rameaux ainsi constitués, peu nombreux et courts. Avant de chercher à élucider la question, au point de vue pure- ment scientifique, j'ai cru bon, et je m'en félicite, de m'adresser à M. Stambach, secrétaire de la Société Alsacienne des Planteurs de Houblon, dont la haute compétence pratique est mise souvent, et à juste titre, à contribution dans le monde des lupuliculteurs. M. Stambach a bien voulu me donner des renseignements sur la question qui m'intéressait ; il me donnait en outre, des références bibliographiques et des résultats d'observations fort intéressantes. Parmi les nombreuses variétés de houblon cultivées (elles sont au moins au nombre de vingt-deux) il n’en est qu’une seule qui, quelquelois, présente cette curieuse anomalie d’avoir des fleurs à étamines ; cette variété d’origine anglaise est désignée sous le nom de « Early prolific ». Dans une note publiée en 1900, Franz Chodounsky (1) dit tex- tuellement ceci, à propos des lianes de houblon : «les fleurs mâles » et les fleurs femelles sont séparées, cependant il y a quelques » exceptions sous ce rapport, par un caprice de la nature, les fleurs » mâles et femelles sont réunies sur une seule et même liane ». Comme suite à cetle note, la publication « der Hopien » donne un dessin représentant un très court rameau d’Humulus, sur lequel une grappe rameuse mâle est opposée à une grappe femelle. Les (1} Der Hopfen ein beitrag zur Wertzchätzung der Qualität von Franz Cho- dounsky. Prag. 4900. LIANE DE HOUBLON HERMAPHRODITE 113 fleurs ayant servi à faire cette reproduction venaient de M. Schnei- der de Tréboc. Dans une autre note, un journal paru à Nuremberg (1) à la date du 13 août 1904, c’est-à-dire quelques jours à peine, après nos premières observations sur la question, reprend cette étude des houblons de M. Schneider de Tréboc. Je résumerai rapidement cette note écrite par M. Fairschied, botaniste américain. D'après l’auteur, qui rappelle les constatations faites par M. le directeur Ambrose de l’École d'agriculture de Saaz, et M. le secré- taire Roschauer, de la Société des houblons de Polep, « il n’a pas » été possible de distinguer en hiver, sur des échantillons secs, si » dans les étamines des fleurs mâles de ces plantes anormales, il » se formait un pollen absolument mûr, et il est étonnant que, » parmi ceux qui ont eu des exemplaires frais sous la main, aucun » n'ait songé à examiner la fleur à ce point de vue ». Ainsi qu’on le voit par ce rapide exposé, au mois d’août dernier encore, la question de savoir si oui. ou non, les étamines étaient fertiles, se posait. Et, non seulement on croyait que les étamines n'étaient pas fertiles, mais on avait mème des tendances à croire, ainsi que le distingué professeur Stambach me l'écrit lui même, que « les boutons des deux fleurs mâles et femelles ne présentent » point de différences, il semble que la fleur mâle n’est qu’un » avorton de la fleur femelle. » Cette conclusion judicieuse était prise très raisonnablement ; Car les échantillons de fleurs anormales trouvées par M, Stambach, dont il m'a envoyé d’ailleurs un exemplaire, et qui ont été examinées fraîches par divers botanistes émérites (2), n'étaient point fertiles, et n'avaient pas de grains de pollen. Dans ce cas de « non existence » des gamètes mâles sur la liane anormale, on est en droit de considérer la plante comme étant resiée entièrement femelle, mais ayant modifié légèrement ses feuilles florales. Le cas qui nous occupe actuellement est différent. Sans aucun doute, les fleurs mâles ont du pollen mûr, les fleurs femelles sont (1) Dune Brauer und Hopfen Zeitung, n° 189. Nürnberg. Samstag, 13 August 1404. (2) M. . comie Soims de Laubach professeur à Honda de Strasbourg ; M. le _. Remy à l’École polytechnique de Berl Rev. gén. de Botanique. — XVII, 114 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE normalement constituées, quelques-unes ont été fécondées, ont donné des graines arrivées à maturité, et une liane entière, avec de nombreuses fleurs à été ainsi observée. Quelles conclusions peut-on tirer de cette observation ? Je crois pour ma part qu’il serait téméraire de chercher, sur une observation de cette nature, à conclure. Nous connaissions jusqu'alors une plante dioique qui porte ses fleurs mâles sur un pied. ses fleurs femelles sur un autre. Nous voyons aujourd’hui que cette même plante a sur la même liane (et le fait d'observation est bien évident) ses fleurs mâles complètes et fertiles aussi bien que ses fleurs femelles qui à matu- rité donnent des graines. Nous ne pouvons que dire ceci : la plante que Linné a décrite autrefois sous le nom « Humulus », cultivée aujourd’hui et sélectionnée en vue d’obteñir un produit commercial, se modifie. Alors que les lianes primitives étaient unisexuées, quelques-unes des lianes de certaines races obtenues par culture, portent les deux gamètes ; le fait est rare cependant. Est-ce là un retour à un type primitif ancien, le houblon étant au début her- maphrodite ? Ou bien, est-ce une modification nouvelle qui rapprocherait sur un même appareil végétatif, les organes sexuels portés primitive- ment sur des pieds séparés ? Nul ne peut se prononcer à ce sujet. Mais la constatation de ce fait n’en est pas moins importante, elle vient dans tous les cas, à l'appui des théories de transformations possibles des êtres vivants, par suite de l’adaptation et de la sélec- tion. On est toujours particulièrement heureux, quand on s'occupe de biologie, de pouvoir assister à des transformations de ce genre. Quand de nombreux faits analogues auront été observés sur diverses plantes, peut-être arrivera t-on à tirer des conclusions dont l'intérêt n'échappe à aucun de ceux qui s'occupent de sciences naturelles. LIANE DE HOUBLON HERMAPHRODITE 115 u EXPLICATION DE LA PLANCHE 5. Humulus Lupulus Cette planche est la reproduction phototy pique d’une partie de la liane fraîche prise à la partie supérieure de l'appareil végétatif. Réduction à 1/3 à peu près. Quelques feuilles ont été enlevées aux deux nœuds supérieurs, afin de bien mettre en évidence les diverses inflorescences. Les inflorescences désignées par les. n° 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 sont nettement et uniquement formées par des fleurs mâles. Les cônes désignés par les n° 11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17, constituent des fleurs femelles normales. Les numéros suivants 18, 19, 20, 21, 22, 23 et 24 montrent les inflo- rescences dont les pédoncules portent à la fois des fleurs mâles à la base et des fleurs femelles avec bractées à l'extrémité. FLEURS ANORMALES D'AGAVE AMERICANA L. par M. L. DUCAMP Un pied d’Agave americana L. du jardin botanique municipal de Lille, a donné l'an dernier deux fleurs anormales qui méritent une description. Mais auparavant je raconterai son histoire; elle ajoutera quelques faits à la question de la floraison et de la multiplication de cette espèce, question qui a passionné les botanistes durant la période comprise entre 1855 et 1862. Cet exemplaire était déjà très fort en 1877 ; c’est le seul rensei- gnement que j'ai pu obtenir sur son âge. Il continuait à bien végé- ter, quand en 1900, le point de végétation s’est gâté, En septembre 1901, deux hampes florales s’élevèrent latéralement à mi-hauteur du tronc et dans une position nettement axillaire ; elles mesuraient la première 275, la seconde 2»50 ; lesfleurss’ouvraient. Une violente secousse don- née à la caisse de cette plante fit tomber ces deux hampes : ceci se passait fin septembre. En août 1902, sept ham- ; pes florales nouvelles pous- sèrent encore latéralement. Voici leurs tailles respectives : deux de 1"50, deux de 120, une de 0w70. Il y eut un très grand nombre de fleurs, mais aucune d'elles n’a fructifié. Ces hampes ne sont pas complètement séchées; elles tiennent encore au tronc, mort actuellement. . Sept rejetons ont poussé à partir du commencement de juin 1903 et les feuilles de la base du tronc s’aplatissaient et se dessé- chaient ; deux d'entre eux portaient chacun une fleur monstrueusé (fig. À et 2). La floraison de cet exemplaire d’Agave semble bien résulter Fig. 1. — Stolon avec fleur du type binaire : {, bouton floral. FLEURS ANORMALES D'AGAVE AMERICANA L. 117 d'un épuisement de la plante comme le disait Martins (1). Le même pied peut fleurir plusieurs fois ; bon nombre de botanistes l'avaient déjà observé, entre autres Kænig-Warthausen (2), dont le cas est analogue à celui-ci. Des stolons peuvent même fleurir lors Fig. 2. — Pousse avec fleur spiralée : /, fleur : b, bractée, qu'ils sont encore sur la plante-mère et quand celle-ci est encore en végétation. Le fait le plus curieux dans l’histoire de cette plante est l’exis- tence de ces deux stolons terminés par une seule fleur. J'ai con- 1) Martins : Des circonstances qui peuvent délerminer la floraison de l'Agayve tn (Bul. Soc, bot. Fr. VIIL Paris, 1861). V la floraison simultanée de 1.500 Agave americana dans les plaines de Mutant près Alger. : (BL Soc. bot. Fé, IX. Paris, 1862). (2) Kœnig-Warthausen : Eine achtfach blühende ApatR americana. (Württem- bergische ne D er me Jahreshefte, Stuttgart, 118 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sulté la littérature tératologique, aucun exemple ne rappelle ce qui suit : À. — L'un des stolons est très court et porte une fleur du type binaire (fig. 1). Les pièces périanthaires ressemblent à celles des fleurs ordinaires ; les étamines n’ont rien d’anormal. Le diagramme floral (fig. 3) indique le nombre et le rapport des pièces. On trouve deux sépales à disposition imbriqué, deux pétales valvaires alter- nant avec les précédents. Il y a quatre étamines correspondant à chaque pièce périanthaire, et deux loges à l'ovaire. La formule est la suivante : F=2S+2P+2E, +28, +20. Les deux stigmates étaient inégaux ; le plus long égalait le style (fig. 4). Cette fleur n’était pas encore bien épanouie quand j'ai détache le stolon pour l’étudier. Dans une loge de l'ovaire j'ai trouvé des ovules avec un nucelle peu développé, non enveloppé complètement par les deux téguments : ce nu- celle comptait trois files cellu- laires; la seconde loge présen- Fig. 3.— Fleur d'Agave americana L. : Fig. 4. — Fleur d’Agave americana L- diagramme floral. . du type binaire dont le périanthe a été enlevé tait seulement des petits mamelons dans la région placentaire sans indication de téguments. La fleur avait un pédoncule très court non dégagé des petites feuilles qui terminaient le stolon ; celui-ci avait une position hori- _ zontale ; l'ovaire était fortement coudé. A quelle cause attribuer cette particularité ? Les fleurs des inflorescences normales d’Agave americana ont upe position verticale ; aussi les pédoncules floraux composant les petites cymes du candélabre sont tous courhbés. C’est FLEURS ANORMALES D'AGAVE AMERICANA L." 119 là un fait constant. Est-il dû au géotropisme négatif ou à l’héliotro- pisme positif? Jusqu'ici aucune expérience n’a été faite et aucune affirmation n’est permise ; cependant par l’allure des inflorescences . normales on est tenté de conclure en faveur du géotropisme négatif. Ea raison de ce fait, dans cet exemple, le pédoncule étant trop court, la région ovarienne et la région d’insertion des pièces périan- thaires ont participé à la coudure. Le sépale le plus externe avait VII Fig. 5. — Les différentes pièces de la fleur spiralée d’Agave americana L. Son insertion hélicoïdale ; celle-ci commençait au-dessus de la bractée, c’est-à-dire à la base de l'ovaire et se terminait au niveau du sépale opposé, par conséquent au-dessus de l'ovaire. Le type binaire a déjà été rencontré chez les Amaryllidées (1), mais il n'avait pas été observé, à ma connaissance, chez l’Agave dmericana L. B. — La seconde fleur terminait un stolon présentant plusieurs rosettes de feuilles vers son extrémité (fig. 2). Elle est intéressante (1} Dr Clos : La Téralologie végétale et ses principes (Mém. Acad. Sciences, Belles-Lettres et insariptions de Toulouse, 1891.) 120 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE non seulement par la forme et l'insertion des pièces, mais encore par la constitution de l’ovaire. La pièce b (fig. 5) est une bractée, car une bonne partie de son insertion se fait sous la bosselure marquant la limite inférieure de l'ovaire. Comme une feuille, elle présente des dents épineuses sur le bord situé vers la partie concave de la fleur; par l’autre bord elle ressemble à une des bractées que portent les hampes florales normales, La pièce I est moins large que la précédente ; elle a des dents vers le centre de courbure de la fleur et l’autre partie est pétaloïde. Les pièces IT et III ont l'aspect des pétales des fleurs normales. La pièce V est vert glauque du côté gauche, celui-ci présente des dents épineuses ; le côté droit est pétaloïde ; sa partie supé- rieure est devenue jaune simulant une loge pollinique ; mais une coupe à ce niveau n Le pas que l’on ait affaire à une demi- anthère. La pièce IV est une demi-étamine ; son filet est assez large ; ses bords sont légèrement enroulés et le connectif se termine par une petite masse arrondie Stipitée. Les étamines VI et VII sont nor- males ; cependant cette dernière a SON filet élargi à la base du côté postérieur, la partie antérieure est arrondie. L’étamine VIII est insérée très bas sur l’axe floral ; son filet en gouttière porte deux dents sur l’un de ses bords. ‘es = i Section Le l'ovaire L'étamine IX est sessile, à sommet e la fleur spiralée d’Agave . ns americana L. arrondi et stipité. Les pièces X, XI et XII sont Coa- lescentes à la base ; la première est soudée derrière la seconde ; celle-ci est adhérente à la troisième par son bord antérieur. Elles sont libres vers leur sommet, X porte à son extrémité une anthère : c'est une étamine. XI est terminé par un stigmate assez long. XII forme un stigmate mesurant le tiers du précédent. De cet examen il résulte que nous avons affaire au cas de FLEURS ANORMALES D'AGAVE AMERICANA L. 121 phyllomorphie de Morren (1) ou de phyllodie de Masters (2). Les pièces b et [ forment un retour des pièces florales aux feuilles ; Vet VIII rappéllent encore les feuilles par leurs bords épineux. Il y a en outre des termes de passage des pétales aux étamines (IV et V). Étudions maintenant l’insertion des pièces florales. Les graphi- ques de la fig. 7 montrent que le périanthe composé de cinq pee est distribué sur une hélice presque verticale allant de droite à gauche et dont le pas mesure un demi-centimètre. Les cinq étamines forment une autre hélice plus interne située dans le fond de la coupe formée par le périanthe:; mais celle-ci va de gauche à droite. Ces deux courbes se rapprochent du centre; la seconde aboutit au stig- mate postérieur. Il pe faut pas voir autre chose dans la coalescence des pièces X et XI. Cette fleur est donc un exemple de « spi- ralisme » (terme de no-. menclature tératologique de Morren resté dans la science). C’est là un fait très curieux pour une mo- nocotylédone. Par des coupes succes- ‘ à sives faites dans l’ovaire depuis l'insertion de la pièce V jusqu’au Sommet, j'ai pu observer deux loges fertiles se terminant chacune Par un pertuis situé à la base des deux stigmates vers le centre de la fleur, Ces deux loges contenaient chacune deux rangées d’ovules anatropes bitégumentés avec sac embryonnaire développé ; ils s’inséraient dans l’angle interne des loges (fig. 6). On remarquait dans ces sections ovariennes trois autres cavités dont les parois + Fig. 7. — Graphique se sem à : fleur spiralée d’Agave americana L. Gr. = 2/1. (1) Morren : Clusia (1852-1874). « (2) Masters : Vegetal Teratology. 122 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE étaient tapissées par des cellules sécrétrices ; dans les deux grandes cavités, celles-ci avaient terminé leur fonctionnement, tandis que dans la troisième elles produisaient une matière jaunâtre sucrée. Cet ovaire possédait donc trois glandes septales. Elles débouchaient | par un petit orifice un peu au dessus de la base des deux stigmates et dorsalement ; la position de ces ouvertures a été indiquée par un point noir dans le diagramme floral (fig. 7). Les coupes compri- ses entre les insertions inférieures des pièces I et V montraient dans la région centrale trois groupes de faisceaux libéro-ligneux; deux comprenaient de nombreux faisceaux qui entouraient com- plètement les loges ovariennes au niveau de la pièce V; le troisième comptait seulement cinq faisceaux : ces derniers se continuaient plus haut dans la partie comprise entre la glande septale linéaire antérieure et la glande septale droite. En réalité, cet ensemble de faisceaux constituait la trace du troisième carpelle. C’est le manque de place qui a empêché celui-ci de se développer complètement. À : En résumé, deux faits ont contribué à modifier d’une façon si étrange cette fleur d’Agave, la courbure et la compression. Le premier semblerait être un fait de géotropisme négatif, comme il à été dit dans le cas précédent. Dans cet exemple, la courbure ne s’est pas manifestée sous la fleur ; cette dernière y a participé totalement. Le phénomène de compression a été produit par les feuilles de la base ; celles-ci présentaient des gaînes larges qui, s’entrecroisant, ont serré fortement le pédoncule et surtout la fleur pendant son développement. L'action combinée de ces deux facteurs a amené le spiralisme des pièces. Ceci viend rait infirmer l'opinion des auteurs prétendant que les actions mécaniques ne peuvent jamais produire le spira- lisme des organes. ÉTUDES MYCORHIZES ENDOTROPHES par I. GALLAUD (Suite) (Planches I à IV). CHAPITRE II ÉTUDE DES DIFFÉRENTS ORGANES DE L'ENDOPHYTE $ 1. — LE FILAMENT MYCÉLIEN Le filament mycélien est la partie la plus volumineuse de l’endo- phyte, sinon celle qui joue le principal rôle. Il se présente avec des Caractères variables d’une plante à l’autre, mais à y regarder de près ces différences ne sont pas fondamentales et sont plutôt quan- titatives que qualitatives. En particulier, les dimensions transversales moyennes, cons- tantes dans une même espèce de plante infestée, varient beaucoup d’une plante à l’autre. Les plus grandes largeurs que j'ai cons- tatées atteignent 12 y. dans la Ficaire et le Sequoia et parfois, mais exCeptionnellement 25 » dans Angiopteris Durvilleana et certains Allium. D'une façon générale les filaments sont plus gros dans les Monocotylédones que dans les Dicotylédones. C’est parmi ces dernières que j'ai constaté les filaments les plus fins (2 x, 5 au Maximum) dans le Vincetoricum offcinale. À partir du point de pénétration, la largeur des filaments va en décroissant à mesure que le nombre de leurs ramifications augmente et qu’ils pénètrent plus avant dans l’intérieur de l'écorce. C’est ce qui se produit notamment pour tous les endophytes des Er de 124 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l’Arum, du Paris, et des Hépatiques. Au contraire, dans les endo- phytes du type Orchidée, la dimension des filaments, si elle varie suivant la nature des cellules (Pilzwirthzellen ou Verdauungszellen), ne décroît pas progressivement ; elle est la même dans les dernières cellules infestées que dans les premières. Cette particularité tient au mode de développement du champiguon des Orchidées. Celui- ci, en effet, se ramifie rarement, car un même peloton est formé d’un seul ou d’un petit nombre de filaments qui se répandent ensuite dans les cellules voisines. Ce n’est que dans quelques cellules (Verdauungszellen) que le filament principal enroulé donne des ramifications toujours portées par de courts rameaux latéraux. Les extrémités libres et croissantes du mycélium ne se résolvent jamais en fines ranifications et n’arrôtent jamais ainsi leur marche en avant. Cela explique queles Orchidées, malgré le nombre souvent très-restreint des points de pénétration, puissent être toujours lar- sement infestées, alors que les Plantes des autres types, qui sont infestées beaucoup plus souvent à partir de l’extérieur, renferment une quantité bien moindre de mycélium. Ajoutons que la crois- - Sauce lente et la pérénnité des racines d'Orchidées favorise beaucoup ce mode de développement, impossible dans les autres racines qui disparaissent vite et où, par contre, l’endophyte se développe très rapidement. L'aspect de la membrane se modifie également suivant les régions de la plante. Dans la portion libre du champignon, la membrane est toujours de couleur brune et d'une épaisseur relative généralement très grande. Elle est fortement imprégnée de cutine et prend vivement tous les colorants des substances azotées, au point de devenir très opaque, ce qui rend difficile l’étyde de son contenu. Elle conserve sa couleur brune et sa grande épaisseur dans les premières assises des plantes envahies (assise pilifère, assise subéreuse) mais très rapidement elle devient hyaline et reprend une épaisseur normale. Elle reste d'ailleurs imprégnée de cutine pendant longtemps encore, car les colorants des matières azotées, en particulier ceux des noyaux, se fixent énergiquement sur elle, de moins en moins d’ailleurs à mesure que le filamént s'enfonce plus profondément dans la racine. Sur les parties les plus jeunes, la cutine ne s’est pas encore formée et c’est Jà seulement que l'étude cytologique précise du contenu du Champignon est possible, car ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 425 les colorations des noyaux et du protoplasme n°y sont pas masquées par celles de la membrane. C'est sur ces filaments jeunes qu’il convient de faire l’étude de la constitution chimique de la membrane, car elle n’a pas encore subi de transformations secondaires. Pour faire cette étude, j'ai utilisé quelques-unes des réactions de coloration indiquées par Mangin (88, 91, 92, 95, 96, 99). Tous les endophytes sur lesquels j'ai opéré, ceux de l’Arum maculatum, de ditférents Ails, du Ruscus aculeatus, de la Ficaire, du Viola sylvestris, du Fegatella conica, du Limodorum abortivum, m'ont donné nettement avec le rouge de ruthénium, la réaction des composés pectiques. Par contre, aucun d’eux ne renferme de cellulose, ainsi que je m'en suis assuré par l’action de l'acide phosphorique iodé après traitement par l'hypochlorite de sodium ou par la potasse, en solution alcoolique concentrée. Les membranes des champignons plus ou moins gonflées par ces derniers réactifs se colorent en jaune brun tandis que les parois des cellules hôtes prennent une teinte bleue violacée. Cependant il faut faire exception pour la partie centrale des corps de dégéné- rescence du Limodorum qui se colorent en bleu pâle, indice de la présence de la cellulose. Outre les composés pectiques la membrane renferme aussi de la callose ou des corps voisins. C’est à cette propriété que les mycé- liums doivent de prendre énergiquement le bleu coton, ce qui permet de déceler facilement leur présence dans les tissus. Il est à remarquer cependant que cette propriété de fixer le bleu coton ne persiste pas après le traitement à l'hypochlorite de sodium et que les coupes traitées par la potasse se colorent moins vivement que les coupes fraîches. En somme la membrane des endophytes se montre formée de callose et de composés pectiques sans cellulose. On sait que Mangin a montré que la cellulose existe dans les Saprolégniées et les Péronosporées, que la callose manque dans les Mucorinées, les Ustilaginées, les Urédinées et quelques Basidiomycètes; au con- traire la callose est associée aux composés pectiques dans les Ascomycètes et beaucoup de Basidiomycètes. C’est donc parmi ces deux derniers groupes qu’il convient de rechercher les Er libres qui donnent des endophytes. Fe pme, jar Les cloisons transversales existent dans beaucoup d'andcphitons u ‘+ 126 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE mais elles y sont assez rares et surtout n’y sont pas pas distribuées d’une façon régulière. Elles ne peuvent donc guère servir à déter- miner la nature taxonomique de l’endophyte ainsi que l’a déjà fait remarquer Shibata (02) à propos de celui du Psilotum. Ce caractère très important pour les champignons filamenteux en général el très constant, devient éminemment variable dans les endophytes et dépend dans une étroite mesure de leur genre de vie. On constate en effet que les portions libres des filaments, appliquées à la surface des racines, sont fréquemment cloisonnées et d’une façon régu- lière. Cela semble indiquer que la forme libre appartient à une espèce normalement cloisonnée. Parfois cette propriété s’exagère en quelque sorte et il en résulte généralement à l’intérieur de l’assise superficielle des racines la formation d’un pseudo-paren- chyme analogue à celui que j'ai représenté pour l’Allium sphæro: cephalum (PI. 1, fig. 41), et signalé pour un grand nombre d’autres plantes. Mais, à mesure que le champignon pénètre plus avant dans la racine, il semble perdre la propriété de former des cloisons trans- versales. Elles deviennent en effet très rares dans les portions profondes du mycélium, même dans le cas où elles étaient assez fréquentes au voisinage de la surface, comme dans le Psilotum et la plupart des Orchidées. A la vérité, on rencontre, même dans la profondeur des tissus, des cloisons parfois nombreuses, mais elles n’ont pas une origine normale. Elles se forment toujours au voisinage des filaments dont le contenu protoplasmique a disparu et isolent ainsi du reste du filament sain et vivant la portion vide et morte. Ces cloisons sont analogues aux fausses cloisons des Mucorinées dont la forma- tion suit les déplacements du protoplasma dans le tube mycélien et isole ce protoplasma de la région abandonnée. C’est à des dépla- cements de ce genre qu'il faut rapporter l’origine des cloisons courbes à convexité tournée vers le point végétatif que j'ai signalées dans le Sequoia (fig. 7). J'ai cherché à étudier l’endophyte en dehors de la racine, dans sa portion libre, Cette étude présente une grande importance. Pour les mycorhizes endotrophes, en effet, les rapports du champignon avec l'extérieur ne peuvent se faire que par les filaments qui viennent du dehors et sont répandus dans l’humus. Malheureuse- ment, il est impossible à cause de la finesse des filaments de ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 127 s'assurer de leur continuité avec ceux qu’on rencontre au voisinage des racines. Malgré les plus grandes précautions, ils se rompent bientôt et on ne peut jamais avoir que de faibles fragments libres dont on soit sûr de l’identité avec le mycélium interne. Cependant, il m'est arrivé d'isoler sans les rompre des longueurs de mycélium assez grandes. La grosseur du filament, ses nombreuses ramifi- cations, son allure générale aux points rompus, font penser qu'il s'étend encore beaucoup plus loin et on peut affirmer que le déve- loppement du champignon dans l’humus est supérieur ou au moins égal à celui qu’il prend dans l’intérieur des racines. L'étude des portions de filaments libres attachés à la surface des racines et restant en continuité avec ceux de l’intérieur est difficile. _ Les colorants du protoplasma et des noyaux se fixent énergiquement sur les membranes, toutes fortement cutinisées et épaissies. Cepen- dant des portions d’hyphes moins différenciées, rencontrées assez Souvent, m'ont permis de constater avec certitude l'absence de protoplasma et de noyaux en bon état. Ces régions du mycélium sont donc mortes et il faut en conclure que si quelques relations d'échanges subsistent entre la partie extraradiculaire du champi- non et sa partie interne, elles sont rares et difficiles. C’est là un point important sur lequel j'aurai à revenir. ya peu à dire sur les modes de ramification des différents endophytes. J’ai déjà signalé que les endophytes du type Orchidée se ramifient peu et donnent seulement des ramifications latérales dans les Verdauungszellen. Par contre, dans les autres mycorhizes les branches principales de croissance se ramifient souvent mais Sans obéir à une loi régulière qui pourrait donner des indications Sur la nature du champignon. Il semble que ce soient les conditions spéciales de la vie du mycélium qui déterminent la formation de nouvelles branches plutôt que des causes tenant à sa nature propre. Le fait est très net dans le cas des endophytes parcourant les méats. Si le méat reste très étroit et sans communications latérales avec les voisins, comme il arrive souvent pour ceux qui sont parallèles à l’axe des racines, le filament reste simple, s’allonge beaucoup, el Ya porter l'infection très loin du point de pénétration. Si un nouveau méat vient aboutir dans le premier, par exemple un méat orienté radialement, le filament y détache aussitôt une branche latérale qui va étendre l’infection en profondeur ; de même si un 128 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE méat s’élargit brusquement, le filament simple jusqu'alors, y loge de nouvelles branches, parfois en grand nombre. La figure de la page 21 représente un de ces cas où les branches latérales se multiplient dans un espace élargi. Dans le cas d’un mycélium intracellulaire,on observe généralement que chaque filament se ramifie dès son entrée dans une celiule, comme si la quantité nouvelle de nour- riture qu’il y trouve favorisait cette multiplication des branches. Cette dernière est portée au maximum quand il y a formation d’un arbuscule. Une production tout à fait particulière des filaments des mycor- hizes du type Arum, et qui me parait bien spéciale aux cham- pignons endophytes, est la formation des expansions lamellaires latérales que j'ai déjà décrites pour l'Arum maculatum. On retrouve ces ex pansions avec les mêmes particularités plus ou moins accen- tuées sur tous les endophytes de cette même série. Je ne les ai jamais remarquées que sur le mycélium extracellu- laire des mycorhizes, et n’ai jamais pu en voir sur les mycélium des vrais parasites, même sur ceux qui se développent dans des condi- tions identiques, c’est-à-dire dans les méats des plantes attaquées. Les soudures de membranes fréquentes entre ces expansions lamellaires ne doivent pas nous étonner ; elles sont analogues à celles qui se produisent dans beaucoup de champignons entre tubes germinatifs voisins. Elles rappellent aussi, par plus d'un point, les anastomoses singulières qu’on observe dans les mem- branes des champignons eclotrophes lorsqu'ils s'insinuent entre les cellules de l’assise pililère pour former cette sorte de réseau si caractéristique que Drude (73) et Kamiensky (81) ont signalé dans le Monotropa et que Sarauw (04) a a ppelé le réseau d’Hartig. Ces soudures montrent que, au point où elles se produisent, le cham- pignon est encore jeune, et que sa membrane, encore très plastique eten voie d’allongement, n’a pas subi les transformations qui l’immobilisent dans sa forme et la rendent incapable d'accrois- sement. - L'étude cytologique du contenu ddl ne peut se faire COoMMO- dément que sur les extrémités des jeunes hyphes, où les mem- branes ne sont pas encore culinisées, Partout ailleurs la coloration intense des membraues sous l'influence des réactifs nucléaires masque plus ou moins celle des noyaux et du protoplasme. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 129 Dans les hyphes jeunes le protoplasme, sans vacuoles, remplit le tube mycélien. Sur les matériaux fixés au Flemming il prend nettement l’aspect réticulé. Dans les hyphes plus âgées il renferme des vacuoles et contient souvent des gouttelettes de substances . grasses très réfringentes sur les coupes fraîches et noircissant par l'effet des réactifs osmiques. Le noyau présente des caractères constants pour tous les endo- phytes que j'ai examinés appartenant aux difiérentes séries. Ses dimensions oscillent entre 2 et 3 w. A l'état jeune il est pourvu d’une fine membrane nucléaire (PI. IV, fig. 48). A l’intérieur de cette membrane on remarque un nucléoplasme homogène, renfermant quelquefois une vacuole d'apparence plus claire et un nucléole arrondi qui prend fortement les colorants basiques (fuschine, hématoxyline). Le reste du noyau est acidophile et se colore en vert pâle par le vert-lumière. Je n’ai jamais pu mettre nettement en évidence sur ces noyaux jeunes l’existence de filaments chromatiques. Quelquefois cependant on aperçoit contre la membrane nucléaire un granule fortement coloré qui est peut- être formé de chromatine (PI. HE, fig. 38). Le noyau ne reste pas longtemps au stade que je viens de décrire. À mesure qu’il avance en âge, il paraît subir des transformations. On constate d'abord que la membrane nucléaire n’est plus visible. Le nucléole apparaît seul nettement au milieu d’une aréola plus Claire. À un stade plus avancé on n’aperçoil plus qu'une masse fortement colorable par les réactifs nucléaires et qui est sans doute de la chromatine (PI. IL, fig. 6 et PL. IV, fig. 39). Primitivement acidophile, le noyau est donc devenu basophile. La forme et la dimension de ces masses chromatiques est assez irrégulière et rappelle les formes amiboïdes quelquefois décrites pour les noyaux des champignons filamenteux. Ces diverses transformations ne se produisent jamais que dans les filaments déjà âgés et ayant subi un commencement de cutinisation. Dans les stades jeunes on constate souvent que les noyaux sont associés par deux (PI. IV, fig. 48). Il s’agit sans doute de noyaux qui Viennent de se diviser. Toutefois je n’ai jamais vu de division assez neltes pour pouvoir dire suivant quel mode elles se font. Rev. gén. de Botanique. — XVII. 130 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE S 2. — Les VÉSICULES Les vésicules constituent un des organes les plus répandus . parmi les endophytes. Sur 68 plantes étudiées, Janse n’a constaté leur présence que dans 28 d’entre elles, mais il reconnaît qu’elles sont parfois assez rares pour avoir échappé à ses recherches. Je les ai rencontrées pour ma part dans toutes les mycorhizes que j'ai étudiées, excepté cependant dans celles des Orchidées. De même aucun observateur n’en signale dans ces dernières plantes, sou- vent étudiées cependant, sauf Mollberg (84) qui en a vu dans Epipactis et Platanthera. J'ai étudié avec beaucoup de soin de nom- breuses racines d’Epipactis latifolia sans en trouver non plus, mais je ferai remarquer qu’elles existent dansle Tamusetle Psilotum, dont les endophytes sont très voisins de ceux des Orchidées. On peut donc affirmer que les vésicules constituent un organe normal des endophytes et qu’il n’y a pas de mycorhizes qui en soient dépour- vues d’une façon constante, sauf peut-être dans les Orchidées. Les vésicules peuvent être extracellulaires ou intracellulaires. Il ne semble pas qu’il faille de ce chef établir de distinction entre elles, car elles ont les mêmes caractères. D'ailleurs il est assez fréquent de voir le même endophyte et parfois le même filament donner des vésicules des deux sortes. C’est ce qu’on constate dans les Ranunculus (R. Flammula, R. Chœrophyllos, R. auricomus). De même Janse a vu des vésicules des deux catégories dans le Turpinia et l'Echinocarpus. Les vésicules, surtout celles qui se développent dans les méats, sont presque toujours terminales (PI. I, fig. 12). Elles se forment de la façon suivante : un filament cesse de s’accroître en longueur et se gonfle en massue à son extrémité. Dans cette partie renflée s’accumule un protoplasme très dense et les noyaux s’y multiplient rapidement par division (PI. Ill, fig. 29 et 30). La massue terminale se renfle peu à peu en sphère si la largeur du méat le permet, sinon les parois de la vésicule s’accolent à celles du méat et le distendent progressivement. Il en résulte une vésicule de forme plus ou moinS allongée et arrondie aux extrémités. Le protoplasme qui la remplit, d’abord homogène, devient vacuolaire, puis apparaissent des matières de réserve formées surtout par de l’huile, qui noireit for- tement sur les coupes fixées au Flemming. En même temps, la ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 131 membrane s’épaissit et brunit. Très souvent aussi la vésicule isole son contenu du reste du filament par une cloison. La croissance du filament, qui a donné ainsi une vésicule, est arrêtée et il ne s’allongera plus que par ses branches latérales. Mais il peut arriver que la vésicule, avant l'épanouissement de sa membrane, bourgeonne en un point quelconque de sa surface et donne un filament qui continuera le premier. Souvent, à cause de : la forme du méat, ce filament naît au point diamétralement opposé à celui où aboutit le filament initial, et alors la vésicule parait être intercalaire et résulter du renflement du filament en un point de Son parcours. Souvent plusieurs vésicules se forment ainsi à la suite les unes des autres, mais chacune d’elles est bien terminale à l'origine et ne devient intercalaire que plus tard. Dans le cas des vésicules intracellulaires il est rare que ce soit le filament principal qui a pénétré dans la cellule qui donne une vésicule; elles se forment de préférence sur des rameaux latéraux qu’elles terminent. Généralement, elles sont de plus petite taille que les vésicules intercellulaires et touchent rarement les parois de la cellule qui les contient. Elles sont plongées dans le protoplasme et dans ce milieu à demi liquide elles supportent des pressions égales dans tous les sens qui leur font prendre une forme sphé- rique presque pärfaite. Toutefois, lorsque des vésicules très grosses sont logées dans de petites cellules, comme c’est le cas pour l’Ané- mone, la Ficaire ou la Parnassie (PI. L, fig. 12) ou lorsqu'il s'en pro- duit plusieurs dans la même cellule, la forme de la vésicule peut s’écarter beaucoup de celle d’une sphère. Parfois même la forme des vésicules est très compliquée sans qu'il soit possible d’invoquer aucune des raisons physiques précédentes pour l'expliquer. C'est ce qui se présente souvent dans le Viola sylvestris (Fig. 5). 1 peut aussi se faire que certaines vésicules soient nettement de formation intercalaire et résultent de renflements locaux du filament. Elles existent alors souvent en très grand nombre serrées les unes contre les autres et prennent les formes les plus variées. Elles présentent d’ailleurs dans leur formation les mêmes particu- larités que les vésicules intercellulaires : abondance des noyaux résultant de leur division rapide, protoplasme dense à l’origine Puis vacuolaire, enfin accumulation de réserves qui remplissent la vésicule pendant que ses parois s’épaississent et se cutinisent. 132 REVUE GENÉRALE DE BOTANIQUE On rencontre fréquemment dans les endophytes intracellu- laires, aussi bien que dans ceux qui sont intercellulaires, des ren- flements tantôt intercalaires, tantôt terminaux, qui sont entière- ment vides (PI. I, fig. 14). Leurs parois très minces sont affaissées et plus ou moins plissées comme celles d’un ballon dégonflé; le filament mycélien auquel ils se relient est également vide. I s’agit évidemment ici de vésicules n’ayant pas encore achevé leur évolu- tion et dont le contenu après s’y être accumulé quelque temps a été résorbé et utilisé par le champignon. : La répartition des vésicules dans les différentes parties de la racine est très variable ; elles se forment un peu partout dans le parenchyme cortical depuis les cellules infestées les plus superfi- cielles jusqu'aux plus profondes. Dans la même racine d’ailleurs il n’est pas rare de rencontrer des points où presque tout le paren- chyme infesté est occupé par des arbuscules ou des sporangioles tandis que dans un segment suivant ce sont les vésicules qui domi- nent, Tel est le cas de l'Arum Arisarum où parfois les vésicules s'accumulent en très grand nombre en un point d’une racine et sont presque absentes dans le voisinage. Il en est de même dans le Parnassia palustris (PI. I, fig. 12). Janse a signalé pour le Selaginella des cas de semblables accumulations de vésicules. Aussi la distinc- tion en régions qu’il établit pour les racines infestées, et dont une est justement fondée sur:la localisation précise des vésicules, me parait peu justifiée, IL n’y a guère que dans les endophytes du type Paris que les vésiculès semblent se grouper dans des assises bien déterminées et encore cette localisation n’a rien d’absolu et soufire de nombreuses exceptions. En dehors des sortes de vésicules précédentes qui présentent entre elles la plus grande analogie il existe certains organes que j'ai appelés aussi vésicules et qui semble cependant en difiérer notablement, ce sont les renflements du Psilotum et du Colchicum. Ceux du Psilotum ont déjà été étudiés par Janse (97), Bernatsky (99) et Shibata (02). Janse constate à leur intérieur la présence de corps albuminoïdes très réfringents et c’est sans doute pour cette raison qu’il hésite à les considérer comme des vésicules. Bernatsky y voit des sporanges arrêtés dans leur évolution. Shibata a suivi avec soin la formation de ces organes: ils naissent comme les autres vésicules par renflement terminal ou intercalaire d’une ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 133 hyphe où s’accumulent du protoplasme et des matériaux de réserve et où les multiplications de noyaux sont nombreuses. Plus tard les membranes s’épaississent et on constate à l’intérieur la présence de matières huileuses. Il s’agit donc bien de vésicules ordinaires. Elles sont parfois très abondantes, accumulées en grand nombre dans des cellules spéciales qu’elles remplissent presque complète- ment, mais on les rencontre aussi isolées dans les Pilzwirthzellen et même dans les Verdauungszellen. Cette abondance des vésicules dans un endophyte que toutes ses autres particularités rapprochent étroitement de celui des Orchi- dées est très remarquable. Elle montre que les mycorhizes d’Or- chidées malgré les nombreux caractères spéciaux aux champi- &nons qui les habitent ne sauraient être mises entièrement à part des autres. Les vésicules du Colchieum automnale (PI. IL, fig. 20, 21, 22 et 23), tout à fait semblables à celles que Janse a fait connaître pour le Disporum, s'éloignent davantage du type ordinaire des vésicules des autres endophytes. Leur localisation bien précise sur des filaments particuliers et dans une assise de cellules déterminées de la plante, leur mode spécial d'évolution semblent en faire un organe à part. Ces différences ne sont cependant pas capitales. La localisation des vési- Cules pour être moins précise que dans le Colchicum est réalisée dans beaucoup d’endophytes du type Paris. Le renflement apical d’un filament donnant une vésicule est aussi le cas le plus fréquent dans toutes les mycorhizes. Enfin les organes singuliers du Colchicum après s'être gonflés et remplis de matières nutritives se vident et S’affaissent comme le font beaucoup de vésicules typiques. Si donc ils présentent quelques particularités morphologiques qui les mettent un peu à part on peut néanmoins considérer que l’ensem- ble de leurs caractères doit les faire ranger à côté des vésicules typiques. Il est difficile de dire quelles sont les causes qui provoquent la formation des vésicules. D'une façon générale un endophyte ne forme des vésicules que lorsqu'il est déjà bien développé dans la plante et après qu'il a déjà envoyé des arbuscules ou formé des Sporangioles dans les cellules profondes. A mesure que la saison avance le nombre relatif des vésicules augmente et c’est lorsque le Champignon a atteint son maximum d'extension qu’elles sont le 134 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE plus abondantes. Le fait est très net pour les endophytes des Lilia- cées dont les racines meurent chaque année et pour les Arum qui sont dans le même cas : les vésicules sont toujours plus nombreu- ses dans les racines qui commencent à s’altérer que dans les jeunes racines où l'infection est récente. On a déjà beaucoup discuté sur la nature Re et le rôle physiologique des vésicules. Quelques auteurs ont cru y reconnaître des organes reproducteurs. Bruchmann pense que l'endophyte du Lycopodium annotinum est un Pythium et regarde les vésicules comme des oogones ; Gœbel pour le Lycopodium inun- datum croit que ce sont des chlamydospores (Dauerconidien) d’un Pythium ; Bernatsky, reconnaît dans les vésicules du Psilotum des sporanges arrêtés dans leur développement et les identifie avec les sporanges qu'il a .obtenus sur un Hypomyces retiré du Psilotum. Mais les raisons pour lesquelles tous ces auteurs pensent pouvoir rapprocher les endophytes d'espèces de champignons bien déter- minées sont très contestables et par suite aussi l’'homologation des vésicules avec leurs organes de reproduction. La plupart des auteurs qui se sont attachés plus spécialement à l'étude des vésicules les regardent plutôt comme des organes de réserve, des sortes de kystes où s’accumulent des matières nutri- : tives. Au moment de la destruction des racines ces kystes subsis- tent seuls dans la terre et par une germination ultérieure donnent un mycélium qui peut infester de nouvelles racines. Il est très probable que les vésicules fonctionnent de cette façon, au moins celles qui ont une membrane épaisse, et qu’elles peuvent ainsi contribuer à la propagation de l’endophyte après la mort des racines. Je dois dire cependant que je n’ai pas réussi à les faire germer. Les coupes faites dans des racines âgées de Sequoia et de Violettes et renfermant des vésicules à différents stades ont été conservées en cellules de Van Tieghem sur des milieux nutritifs variés. Bien qu’elles soient restées parfois un assez long temps sans être envahies par les moisissures et les bactéries provenant de la surface des racines coupées je n’ai jamais pu observer le moindre changement dans ces vésicules. Ces expériences ne prou- vent pas que les vésicules sont incapables de germer mais elles montrent que leur germination dans les conditions de l’expérience ne peut se produire qu’au bout d’un temps très long. L ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 135 Outre ce rôle hypothétique mais cependant très probable de conservation de l’endophyte après la destruction des racines, les vésicules en remplissent souvent un autre. C’est celui d’organe de réserve temporaire pour le champignon lui-même. Il s’agit ici de ces vésicules à parois minces qu’on trouve souvent affaissées et vides dans les racines. Ce sont des vésicules dont le contenu a été utilisé par le champignon pour son propre développement. Il est évident que l’accroissement du champignon n’est pas continu et uniforme et se fait par saccades. Par moments, la poussée des hyphes est arrêtée, soit pär suite de résistances plus grandes dans les membranes des cellules, soit pour toute autre cause. Les organes d'absorption du mycélium continuent cependant à fournir des ali- ments dont le superflu vient gonfler les extrémités des hyphes. Mais quand la marche en avant reprend le mycélium dépense plus qu’il n’absorbe et les réserves rentrent de nouveau en circulation. Si la vésicule a eu le temps de se former, d’épaissir ses membranes, de s’isoler par une cloison elle reste inaltérée, sinon son contenu est repris, sert à faire de nouvelles hyphes et la vésicule vidée et dégonflée, ainsi que le filament qui la supporte, sont isolés du reste du champignon par une cloison. On s’explique également que les kystes définitifs, constitués par les vésicules épaissies, soient plus nombreux à la fin de la saison, au moment où la racine va se détruire. L’endophyte a alors généra- lement atteint sa limite d'extension. Il est arrêté dans sa marche en avant par des membranes épaissies, souvent par l’endoderme. Comme il n’utilise plus les aliments qu'il absorbe pour former de nouvelles hyphes, que, d'autre part, il ne produit pas d'organes reproducteurs, il loge les substances nutritives en excès dans des vésicules. Tous les organes qui ne sont pas encore différenciés et Cutinisés, par exemple les extrémités des PEUPes: se renflent en vésicules, La formation des vésicules dépend donc simplement des condi- tions de nutrition et de croissance du mycélium. Ainsi on s'explique que tantôt elles existent et tantôt sont absentes dans les racines voisines d’une même plante ou dans la même racine en des points Peu éloignés. On s'explique aussi qu’elles puissent se former dans loutes les régions infestées depuis l’épiderme jusqu'aux dernières cellules envahies, 136 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE On peut d’ailleurs observer la formation d'organes analogues aux vésicules en dehors des mycorhizes. Un grand nombre de Mucédi- nées donnent en effet en culture des renflements analogues aux vésicules. Jamais ces renflements ne se produisent au début de la culture alors que le mycélium croît rapidement ; ils se forment seulement quand le champignon a envahi toute la surface du substratum et que son extension est ainsi arrêtée sans que le milieu nutritif soit épuisé. Si on vient à transporter des filaments présentant ces sortes de kystes sur un second milieu, le dévelop- pement reprend et les kystes se vident pour se former à nouveau quand la croissance sera de nouveau arrêtée. On ne peut donc regarder la formation des vésicules dans les endophytes comme un phénomène d’adaption immédiat dû unique- ment à l'influence même des racines. Elle n’est pas nécessairement liée à la vie intraradiculaire et tient à la nature même du champi- gnon. De ce fait le caractère de la présence constante des vésicules dans les endophytes prend une grande importânce : ce caractère joint à celui de l’uniformité de la constitution chimique des mem- branes et à la constance de la structure des noyaux, également indé- pendants de toute adaption, montre que tous les endophytes ont entre eux de grandes affinités naturelles. (A suivre). REVUE DES TRAVAUX DE TEÉRATOLOGIE VÉGÉTALE PARUS DE 1895 à 1899 (Suite. Ophioglossées. — M. Maxon (1) a figuré deux variations dans les feuilles de l’'Ophioglossum vulgatum : le premier cas décrit comporte une feuille fertile dont la moitié supérieure est stérile pendant que la Partie inférieure porte d'un côté cinq sporanges normaux et de l’autre six; le second cas consiste en une simple bifurcation de l'extrémité du lobe fertile. Équisétinées. — On sait que les Equisetum normaux possèdent des tiges à dimorphisme très net (tiges stériles vertes et munies de rameaux verts, tiges fertiles simples et de teinte livide). M. GÉNEAU DE LAMaAR- RE (2) a constaté un cas très intéressant d’inversion de dimorphisme chez un exemplaire d'Equisetum maximum dont la tige, rameuse et verte, en tout semblable aux tiges stériles normales, était terminée par un épi de sporanges long de 12 millimètres seulement (au lieu de 80); il y avait ainsi superposition de deux tiges, l’une ut inférieure, l’autre fertile, ne comprenant qu’un entre-nœud et un M. Unperwoop (3) signale une torsion en spirale de la tige d’un Equisetum (probablement Æ. hiemale); la Prèle déformée présente un aspect qui rappelle celui de Riella io leile . Tératologie A pee — Dans ses el sur les réactions Mais au-dessous d’eux les cellules restées vivantes se cloisonnent avec rapidité et fournissent des cellules dont les parois ne se subérisent pas (14) W.R. Maxon : Some variations in the Adder'stongue (Fern Bull., Bing- hamton, t. 7, 1899, p. 90). (2) L. Géneau de Lamarlière : Sur “pr cas tératologiques observés aux environs de Reims (Reims, Bul. soc. sci. : 99, 16 p., 3 fig.). (3) L. M. Underwood : 4n cer Equisetum (Bot. Gaz., Chicago, IL., Univ. Chic , t. 20, 1895, p. 326, 1 fig.). (4) J. Masters : La ere chez les Végétaux (Bruxelles, Mém. Acad, rOY., t. 57, 1898, 68 p, 57 g.) LA LE -Athyrium orme var. uncoglomeratu 138 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE (contrairement à ce qui a lieu chez les Phanérogames). L'Auteur a observé aussi un grand nombre de Lycopodinées, d’Equisétinées et de Filicinées anormales : à la suite d’un traumatisme, les cellules meurent avec brunissement des parois et mortification des tissus plus profonds ; aucun cloisonnement cellullaire ne s’observe. Pourtant, comme le fait remarquer l’Auteur, les Fougères, en particulier, sont capables de réagir lorsqu'elles subissent certains autres agents extérieurs (Champi- gnons, larves de Diptères, Acariens, etc.). Dans un très long travail sur les prothalles des Fougères, M. Hem (1), a consacré un chapitre entier (2, Regenerationserscheinun- gen, p. 342-349) aux phénomènes de régénération des prothalles fendus artificiellement au niveau du point végétatif, Dans le cas où la lésion est opérée au voisinage du point végétatif, des formations nouvelles apparaissent et prennent un aspect normal. C’est près du point végé- tatif que le pouvoir régénérateur est le plus intense ; les cellules éloignées donnent des prothalles adventifs. Les prothalles régénérés et les pro- thalles adventifs se comportent comme ceux qui sont issus de la spore. A peu près toutes les cellules du prothalle possèdent la propriété latente de produire une nouvelle plante. Si on sectionne un prothalle, les deux lèvres de la section mises en contact ne sont plus capables de _se souder ; les cellules sectionnées brunissent et meurent sans être remplacées par une formation nouvelle. Les expériences très intéressantes de M. BEuRENS (2) ont porté surtout sur les boutures du Selaginella inæqualifolia. Les boutures ne présentent aucun phénomène de régénération si elles sont pratiquées à l’aide de portions de rameaux ne comprenant pas de points végéta- dont les porte-racines sont déjà formés : les points végétatifs des racines, dans ce dernier cas, ne peuvent se transformer en points végétatifs de rameaux. Si, au contraire, les points végétatifs n’ont pas encore fonctionné au moment . se fait l'expérience, ils peuvent se transformer en rameaux feuillés plagiotropes. Les boutures obtenues avec des épis sporangifères très jeunes donnent des rameaux végétatifs plagiotropes à feuilles dissemblables. Enfin, l’Auteur n’a jamais obtenu la formation de bourgeons adventifs. M. SransrieLp (3) ayant recouvert d’une plaque de verre un Athr- rium Les na var, uncoglomeratum couché sur le sol pendant (1) C. Heïm : Untersuchungen über dornprathalite (Flora, Marburg, t. 82, 1896, p. 329-3 6 (2) J. Bebrèus : : Ueber Regeneration bei Selaginellen (Flora, Marburg, t. 84, 1897, w 159-166). (3) F. W. Stansfeld : On the po en of apospory by environment in m, an apparently barren fern (London, J. Linn. Soc. Bot., t. 34, 1899, 262-268, 4 fig.). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 139 dix-huit mois a vu se produire un prothalle sur la feule (anomalie connue sous le nom d’aposporie). Il a pu obtenir de même à l’extrémité de frondes coupées non mûres un tissu méristématique qui a fourni un prothalle : sur celui-ci des archégones et des anthéridies prirent nais- VI. — TÉRATOLOGIE DE LA RACINE. On connaissait déjà quelques Conifères présentant des renflements sur les racines. Ceux de l’Abies Pichta ont été étudiés avec détails par M. AncuLARIUS (1) dans sa thèse. - KozB (2) donne la description détaillée d’une très forte tumeur, irrégulièrement arrondie, de 20 centimètres environ de diamètre et située au collet de la racine principale d’un Cyprès. La surface de l’excroissance est sinueuse et garnie de nombreux enfoncements craté- riformes au voisinage desquels partent de petites racines latérales. L’Auteur étudie l’excroissance en la découpant en minces plaques, d'environ cinq millimètres d'épaisseur chacune, et en décrivant les sections les plus intéressantes. La tumeur se rapproche beaucoup par Sa structure anatomique des Maserkrôpfen. Dans la région la plus Médullaires enveloppés par des trachées rectilignes ou contournées, Parfois très raccourcies au niveau de la courbure, mais par contre fortement élargies. L' hypertrophie de la racine est accompagnée d’une Surproduction de résine. La tumeur du Cyprès n’est pas de nature parasitaire bien que l’on y rencontre, localisés par places, des mycéliums de Champignons de teinte claire, traversant les tissus dans toutes les directions, très abon- dants dans les rayons médullaires et dans l'écorce ; ces Champignons se sont introduits par les crevasses. Quelques autres faits peu détaillés concernant les anomalies radicu- laires ont été signalés par divers Auteurs. M. Cosrerus (3) a rencontré des racines bifurquées chez le Saccolabium Blumei ; M. PENZIG (4) a (1) R. Arcularius : Ein Fall von Wurzelkropf bei Abies Pichta ; zugleich als Beitrag zur Kenntniss der Maserbildung (Inaug. Dissert., Erlangen, 1897, 45 p., 10 fig.). (2) 0. von se Ueber eine abnorme Wurzelanschwellung bei Cupressus sempervirens (I issert., Erlangen, 1896, 53 p., (3) J. C. ii: Terato lo 0gy studied ; the tropics by J. C. Costerus and T1. Smith Jr (Rattoasorg, Ann. Jard. bot. t. 13, 4895, p. 97-120, pl. XII-XIII). (4) O. idérations nu sur les anomalies des Orchidées (Cherbourg, À Mém. soc. nes nat. t, 29, 1895, p. 79-104, 10 fig.). 140 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE signalé la faseiation des racines de Phalænopsis Schilieriana et d'Æri- des crispa, le développement de pousses feuillées à l'extrémité des racines de Catasetum tridentatum et de Neottia Nidus-avis, etc. ne structure anormale de racine a été décrite par M. PouLsEn (1), sur une espèce appartenant au genre Myristica. Tératologie expérimentale. — Quelques travaux intéressants sont à résumer, a croissance et la régénération des racines fendues ont été étudiées autrefois par Frank, Sachs et Prantl, mais les recherches de ces Auteurs ont eu surtout un but physiologique. M. LoPR1ORE (2), dans un impor- dan cotylédones, de Vicia Faba, Pisum, Phaseolus, Vitis, Quercus, Ricinus parmi les Dicotylédones ; enfin, il a pu établir best APRERUNTE avec les racines de Syngonium et de diverses Orchidée Voici les conclusions principales du travail de M. Li sois Les racines fendues ont une croissance terminale et leurs moitiés se régé- nèrent, La régénération dépend de l’état de développement de la racine: plus celle-ci est jeune, plus rapide et plus complet est le processus de la régénération des deux moitiés. Chez les racines à croissance rapide (Aroïdées, Vicia, Phaseolus, Pisum), la régénération se fait plus vite que chez les plantes à croissance lente (Pandanus La chaleur et l'humidité agissent également : les racines de Philo- dendron se régénèrent avec plus de facilité dans les serres des Aroïdées du jardin botanique de Berlin que dans la serre des Palmiers parce que la première est plus chauffée. La saison a de même une très grande influence : au printemps et en été la régénération des racines atteint son maximum d'activité ; par contre, elle est très lente ou nulle en automne et en hiver. La façon dont la section est pratiquée joue un grand rôle dans la régénération. Si la région terminale est fendue sur une très petite lon- gueur à partir du sommet, la régénération est rapide et les deux moitiés régénérées possèdent des caractères presque normaux. Au contraire, si la fente s’étend loin de la pointe, la régénération des deux moitiés S€ fait encore, mais elle est incomplète pour les tissus éloignés de la région terminale. Dans les deux cas, il apparaît un tissu de cicatrisa- tion et un méristème très actif fonctionne au voisinage de l'extrémité de la racine. Comme l’avait déjà signalé Prantl, tous les tissus (épider- mique, cortical, vasculaire) peuvent êlre régénérés. (1) V. A. Poulsen : Om den Sec hnos Rodbynging hos en Art of Slægten Lx (Kjôbeahavn, Nath. M , 1896, p. 188-197, pl. III-IV). (2) priore : Ueber die pr gespaltener Wurzeln (Halle, Nova Acta Leop., t. 66, 1896, p. 214-286, pl. XIII-XX). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 141 Les Monocotylédones et les Dicotylédones a a par M. Lopriore présentent des processus de régénération très différents : chez les pre- mières, la régénération du liber et du bois se fait en même temps que celle de l’endoderme ; chez les re modnir ri ne se recons- titue que quand le bois et le liber sont différ ans la plupart des racines régénérées le ÉStbEe des frisceaux de bois et de liber augmente et le nouveau liber se forme souvent par allongement tangentiel suivi de séparation d’une masse libérienne primitive. De même les faisceaux ligneux peuvent devenir fusiformes et se scinder au milieu pour donner de nouveaux faisceaux internes. Enfin, un fait très remarquable provoqué par la fente en long de la racines, congénitalement concrescentes, sont collatérales pour les racines intactes des Monocotylédones et sériales pour les racines fendues ; elles sont sériales dans tous les cas chez les Dicotylédones. Les phénomènes de remplacement des racines ont été aussi soumis à l'expérience. On sait que si l'extrémité d’une racine pivotante est détruite, une des radicelles devient rs grosse, change de direction et Pour cela il a supprimé la racine terminale d’un certain nombre de plantes appartenant aux genres Faba, Arachis, Lupinus, dic ific 1° le nombre des faisceaux primaires qu'elle contient est plus grand que dans une radicelle normale. La radicelle peut dès son apparition augmenter progressivement le nombre. Ce dernier cas très intéressant est présenté par l’Arachis hypogæa (2) où l’augmentation du nombre des faisceaux de la radicelle de remplacement se fait par le mécanisme Suivant : la partie moyenne d’un faisceau de liber ne se différencie pas en éléments libériens, mais donne naissance à des vaisseaux et à du (1) A. Boirivant : Sur Le remplacement : la racine principale par une radi- celle, chez les Dicotylédones (Paris, C.-R. Acad. sci., t. 125, 1897, p. 136-139). — Recherch hes sur ste organes de nés! chez les plantes (Ann. Sci. nat., Bot., Paris, (8) t. 6, 1898, p. 309-400, pl. XVII-XXI, 16 fig.). (2) La racine en dam de cette plante est bâtie sur le type quatre, les racines latérales normales sont binaires et la radicelle de remplacement acquiert trois Fes faisceaux ligneux qui altorment avec un nombre égal de faisceaux 142 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE parenchyme qui constituent par leur ensemble un faisceau ligneux perpendiculaire aux deux autres faisceaux du bois (fig. 1, 2), les deux moitiés du faisceau libérien, provenant de la bifurcation du faisceau primitif, consliluent alors deux amas de liber plus petits que le fais- ceau libérien non modifié. Un peu plus tard, les faisceaux s'écartent les uns des autres et l'équilibre -se rétablit progressivement dans le volume des faisceaux libériens ; 2° les faisceaux ligneux sont formés de vaisseaux plus nombreux et d’un calibre plus considérable ; 3° le cylindre central possède en général un diamètre supérieur ; 4* les formations secondaires sont plus abondantes et plus précoces. —end -2#l e.8 LOS: b DK 2 FA A YA e Fig. 1 (A). — Coupe transversale d’une radicelle normale d’Arachis hypogæt ; deux faisceaux ligneux b, b; 1, liber ; end, endoderme. Fig. 2 (B). — Radicelle de remplacement : un nouveau faisceau ligneux b° s’est formé dans l'intervalle des deux branches d’un faisceau libérien (d’ap. Boi- rivant). Si l’on supprime toutes les ramifications d'un pivot, au fur et à mesure qu’elles apparaissent, on constate qu’il s’allonge considérable- ion des nouveaux tissus et leur lignification s’effectuent très vite ; l'assise génératrice interne fonctionne avec activité. (1) A. Boirivant : Influence d’un COrps élranger introduit dans le méristème erminal de la racine (Paris, C.-R. Ass. franç. avance. sci., 1897, 2 partie; P. 510.548, 7 fig.) : 2 mil REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 143 est momentanément annulé : celle-ci suit le fil un certain temps, puis s'en détache et se dirige vers le sol. De plus, le trouble qui se manifeste dans la symétrie de la racine résulte de ce que le fil de verre n’est pas situé rigoureusement suivant l'axe du cylindre central : les cellules en .contact immédiat avec le fil subérisent et épaississent leurs membranes; les faisceaux ligneux les plus proches sont atrophiés ou fort réduits. Dans la région de sortie du fil, un grand nombre de cloisonnements se produisent dans l’endoderme et les cellules corticales les plus internes ; le cylindre central se referme alors et l’ensemble des faisceaux affecte la torme d’un fer à cheval VIL. - TÉRATOLOGIE DE LA TIGE. Les cas tératologiques observés sur la tige sont fort nombreux ; nous étudierons d’abord ceux qui se rapportent à des déformations observées ans la nature; les faits de tératologie expérimentale seront traités ensemble à la fin de ce chapitre. A. — DÉFORMATION GÉNÉRALE DE LA PLANTE, Nanisme. — Les individus à taille exiguë sont toujours très intéres- ÉN qu'une fleur, un Sonchus arvensis de un centimètre de hauteur possé- dant un capitule de sept ou huit millimètres de longueur, enfin des exemplaires nains d’Erythræa pulchella et de Campanula glomerata. Les plantes ligneuses présentent parfois de pareils cas de nanisme. M. GaseLLi (2) a observé dans un terrain sablonneux, très exposé au soleil, de jeunes plantules d’Ailanthus glandulosa, issues de graines tombées au pied des arbres ; quoique hautes de quelques décimètres seulement, ces plantules portaient de nombreuses fleurs. L’ voit dans cette floraison hâtive que le phénomène très général en vertu . duquel un individu placé dans de mauvaises conditions végétatives tend à se reproduire, L'anatomie des plantes naines a été abordée par M. GaucnerY (3). Cet Auteur compare les sujets nains aux plantes normales prises sous (1) L. Géneau de Lamarlière : Sur quelques cas DR ER obserrés aux environs de Reims (Reims, Bul. soc. sci. nat., t. 8, 1899, 16 (2) L. Gabelli : Considération sur la floraison des jeunes sin TR nées de graines des Ailanthus glandulosa Desf. (Feuille jeunes natural., Paris, t. 27, 1897, P- 160, 167-169). (3) P. Gauchery : Recherches sur le pes végétal (Ann. Sci. nat., Bot., Paris, (8) t. 9, 1899, p. 61-156, 32 fig., pl. I 144 _ REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE le même climat, dans le même sol, végétant les uns à côté des autres et dans leur ensemble la caractéristique du nanisme constitutionnel. Les recherches de M. Gauchery ont porté sur des échantillons pris dans la plupart des familles végétales; elles aboutissent aux conclu- sions suivantes. Les nains ne sont pas des miniatures de l’espèce, ils ont des Caractères spéciaux : réduction des parties souterraines et de l'appareil Mn tige non ramifiée à entre-nœuds courts et peu breux, inflorescence très à Ils présentent aussi des mbdicRtél internes nr : écorce et moelle de la tige bien développées, rme - - épiderme à cellules es jrs din des cellules corticales, endode bien marqué, réduction dans le nombre des faisceaux libéroligneux et des vaisseaux du bois; absence de parenchyme ligneux. La structure de la plante naïne adulte correspond à un stade plus jeune de la plante géante dont les tissus seraient comme sclérosés ; la sclérose des élé- ments fixe la structure primaire qui est définitive car l’assise généra- trice libéroligneuse fonctionne peu ou pas. Le développement des nains, au point de vue anatomique, est donc caractérisé par une évolution arrêtée plutôt que par une évolution rapide. (A suivre). C. Houarp. 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères. Le Gérant, Th. CLERQUIN. =" Revue génér ni 1 générale de Botanique. Tome 17. Planche $. Phototypie À. Bergeret et Cie, Nancy Liane de Humulus Lupulus bisexuée ( Réduite à 1/3) MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La vue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'avance). est de : 20 Îr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l'Etranger. Aucune livraison n’est vendue A Ad Adresser Iles demandes d'abonnements, mandats, ete., à M. l'Admi- nistraieur de ln BRIBRAIRIEF GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, f; ruc Dante, à Paris Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIEK, professeur à la Sorbonne, 15, rue de ne Paris. l'sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes dont un exemplaire aura été adressé au Directeur de Revue générale de ris De plus l'ouvrage envoyé sera annoncé immédiatement sur lu couve Les auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de Botanique ont droit Pb nent à vingt-cinq exemplaires en tirage à pa RÉCENTES PUBLICATIONS BOTANIQUES D* Ev. Fiscuer : Die Uredineen der Schweiz (Beiträge sur Kyptogamen- .flora der Schweiz, Band II, Heft 2). Bern, J. Wyss, 1904. (20 fr. C.-K. SCHNEIDER : Illustriertes Handbuch der LuPhOlE Br Zweite Lie- a 1904 ; Dritte Lieferung, 1905. lena. Fischer (4 mk.). . Marsgazz Wanp : Trees. A Hundbook of Pr Me for the Wood- und and the Laboratory. Volume 11. Leaves. Cambridge, 1 . Ricuer : Dictionnaire de Physiologie, tome VII, “fascicule 1. Paris, Au 4905. o Partsnnte : ___— de Botanique systématique ie langue russe). St-Péters- ne _ 4905. . J.-M. 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Amar : Sur le rôle de Fri de Calcium dans la nutrition des végétaux. ({bid.) BH. Kniep : se le point végétatif de la tige de l’Hippuris nr {Ibid.). Pa Van TiecueM : Structure de la tige des Calycanthacées (Ibid.). ur les genres Gaslondie et Psiloxyle, “considérés comme AS certains de lu famille des Myrtacées (Ibid G. Cuauveaun : Le liber précurseur dans le Sapin Pinsapo (Ibid. )- 3 Origine secondaire du double faisceau ture ches. “ea “ Sapins et ve Pins (Ibid.). ie CoL : Recherches sur la disposition des faisceaux dans la tige et Les 4 feuilles de auelques Dicotylédones (Ibid., Tome XX, 1904). - C. Houarp : Recherches anatomiques sur les Galles des tiyés. acroctei- dies (Ibid.). . LMAN : Zur Kenntnis der Pfans senlebens Schiwedischer ne wiesen. lena, Fischer, 1904. ner “im Et Merkeligt ugningsforholà hos Milla biftora Cao. À B. M. : The relationships of sexual organs in Plants aus si Gazette, 1904). — Fixck : A Lichen society of a Sandstone Rare que ): leaves of otea | “ibid. . | f F ton in Zamia Ann Le: ofthep of inso onu sub REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR . M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNS TOME DIX-SEPTIÈMK “ Livraison du 15 Avril 1905 v SR ET Entered at the New-York Post Office as Second Class matter. : PARIS LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT 4, RUE DANTE, À 1905 LIVRAISON DU 15 AVRIL 1905 Pages 1. — RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LE FRUIT DES GUCURBITACÉES, par M. Leclerc du Sablon. 1 I. — COMPOSITION COMPARÉE DES MOUTS DU VERDOT GREFFÉ ET FRANC DE PIED, par MM. L. Maniel-ct Ch. Eanrené,-:. ,., . : 165 HI. — SUR QUELQUES FLEURS ANORMALES D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VI VIPARA (avee figures dans le texte), par M. PRES 5 168 IV. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le tent) par 2. CC Hodard . . .: . : . : . .: 179 Cette livraison renferme quinze figures dans le texte. LOaaitede ne tete nt eme de mn ee ne eat et ea a A MODE DE PUBLICATION & & CONDITIONS D'ABONNEMENT | La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel ai d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les on et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abon nements, mandats, ete., à M. rad . nistrateur de la RIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT; 1, ruc Dante, à __ Hsëera rendu compte dans les revues spéciales k ouvrages, mémoires ou notes dont un on aura été adressé au Directeur de le Here ne 2 L'hlomi (-2 D sur la @ | la Revue générale de Botaniqueont ‘He droit __—_—— à vingt-cinq € exemplaires en tirage à pr RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES par M. LECLERC DU SABLON Je me suis proposé dans ce travail d'étudier les fruits des Cucur- bitacées au point de vue dés réserves hydrocarbonées qu’ils ren- ferment. Les méthodes d'analyses employées sont d’une façon générale celles que j'ai décrites dans un précédent travail (1). Dans le dosage des sucres, il m'a paru intéressant de distinguer les sucres réducteurs des sucres non réducteurs, les proportions relatives de chacun variant beaucoup suivant les races et aussi suivant l’âge des fruits. D'autre part, bien que j'aie dosé séparé- ment les matières amylacées solubles dans l’eau et celles qui sont insolubles, j'ai cru devoir réunir les résultats et indiquer seule- ment le total des matières amylacées ; la distinction entre les matières solubles et les matières insolubles ne donne pas en effet de résultats bien instructifs. De plus, pour transformer les matières amylacées en sucre, jai employé seulement de l'acide chlorhydrique à 5 °/, et non à 10 °/, comme pour les arbres où l’acide doit s'atta- Quer autant à la cellulose qu’à l'amidon proprement dit. La composition des fruits mûrs à été étudiée par divers auteurs et notamment par R: Ulbricht (2) qui a opéré sur 12 races de Courge: il a dosé, dans le fruit mûr, les matières protéiques, les matières grasses, les cendres et, par différence, l’ensemble des malières non azotées. De plus, dans le jus extrait de la partie charnue du péricarpe, il a déterminé la proportion de glucose et de saccharose. Les résultats sont très différents suivant les races de Courge ; la somme des matières sucrées est comprise entre 3 °/, et (1) Revue générale de Botanique, tome at p. 341, 1904. (2) R. Ulbricht : Untersuchungen pr Airaeorten, {Pie landyirthgchatt- lichen Versuchs-Stationen, tome 32, p. 231 ” Rev. gén. de Botanique. — XVIL _ . me 146 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 8 °/.. Cette proportion est très considérable car elle se rapporte à la quantité d’eau renfermée dans le fruit frais, et l'on sait que cette quantité d’eau est toujours très grande, ordinairement de 80 °/, à 90°/, du poids total. La proportion de sucre a été encore dosée dans les fruits de diverses races de Courges et de Melons par différents auteurs cités dans l’ouvrage de J. Kônig sur la composition chi- mique des aliments de l’homme. Mais dans tous les cas le sucre a été dosé seulement au moment de la maturité. On va voir au contraire que j'ai recherché les modifications qui se produisent dans la composition des fruits suivant l’état du déve- loppement. J'ai considéré, dans la plupart des cas, les fruits : 1° lorsqu'ils ont atteint à peu près la moitié de leurs dimensions définitives ; 20 lorsqu'ils ont cessé de s’accroitre, mais ne présen- tent pas encore les caractères de la maturité ; 3° au moment de la maturité ; 4° un temps plus ou moins long après la maturité. Dans tous les cas, je n’ai étudié que le péricarpe proprement dit, en rejetant les graines ainsi que leurs placentas qui dans cer- tains cas sont très volumineux. Je n’ai pas fait de distinction entre la partie comestible du péricarpe et la zone externe plus dure. Tous les fruits étudiés étaient récoltés dans un même champ d'expérience. Les fruits se rapportant à une race donnée et qui ont été étudiés à divers états de leur développement étaient donc aussi comparables que possible, J'ai ainsi opéré sur 13sortes de Cucurbitacées ; 5 races de Cucur- bita Pepo : la Courge olive, la Courge marron, la Courge sucrière du Brésil, la Courge patisson, la Courge à la moelle et la Courge poire rayée ; le Cucurbita melanosperma ou Courge du Siam; le Lagenaria vulgaris ou Gourde ; deux races de Citrullus vulgaris, la Pastèque à graine noire et la Pastèque à graine rouge ; deux races de Cucumis Melo, le Melon ananas à chair verte et le Melon ananas à chair jaune et enfin un Cucumis sativus, le Concombre blanc. Les noms que j’emploie sont ceux du catalogue de la maison Vilmorin. Les fruits murs de ces diverses Cucurbitacées diffèrent beau- Coup par leur composition. Les fruits de la Courge olive, comme de la plupart des races de Cucurbita Pepo, renierment surtout une réserve amylacée ; ce sont d’une façon générale des fruits qui peuvent se conserver pendant un lemps assez long et qui sont RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 147 mangés cuits. Dans la Courge poire rayée, le fruit mûr se dessèche et la réserve amylacée disparaît peu à peu. La Courge à la moelle et la Courge patisson sont des intermédiaires entre ces deux cas; les fruits mürs ont une tendance à durcir et à se dessécher, aussi les consomme-t-on avant leur maturité, ordinairement lorsqu'ils ont alteint environ la moitié ou les deux tiers de leurs dimensions définitives. Au point de vue auquel je me place maintenant, le fruit du Cucurbita melanosperma est comparable à celui de la Courge olive et le fruit du Lagenaria à celui de la Courge poire rayée. Enfin des fruits des Citrullus vulgaris, des Cucumis Melo et des Cucumis sativus renferment surtout une réserve sucrée. Nous allons maintenant voir les variations de composition que subissent les fruits de ces Cucurbitacés aux divers états de leur développement. Courge olive. — Cette race doit son nom à la couleur vert olive et à la forme allongée de son fruit dont les dimensions ne sont pas très considérables ; le poids moyen des fruits que j'ai étudiés était d'environ 2 kilog. Le tableau 1 indique les quantités de sucres réducteurs et non réducteurs, de matières amylacées et d’eau ren- fermées dans 100 parties de matière desséchée à 90°. La 4me colonne verticale donne la somme des matières amylacées et des sucres ; les chiffres de tous les tableaux suivants sont VUE rapportés à 100 parties de matière desséchée à 90°, Tableau 1 Sucre Matières Rd r réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau se. : À kr à 0 21.6 33.3 1360 septembre... 6.1 0.3 39.6 46.0 1600 2% septembre. ...... 1.3 0.8 45.5 47.6 453 13 janvier. ......... 12.6 7.0 14.3 33.9 664. CRU Pots 10.9 5.4. 8.7 25,0 752 2 2,4 ri | 7.4 11 8 1354 Hi" ie en +. 0,9 2.1 0.2 8.2 1404 Le fruit du 22 août était à moitié formé; celui du 4 septembre avait cessé de s’accroître ; celui du 24 septembre paraissait mûr ; enfin les fruits étudiés après cetle époque ont été cueillis mûrs à la fin septembre et conservés ensuite dans une salle du laboratoire ; lorsqu'ils ont été ouverts, ils avaient la même apparence extérieure qu'au moment de la récolte. L'épaisseur du péricarpe était seule- 148 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ment un peu moindre, autant qu’on en peut juger par la coimpa- raison de fruits différents. Les courbes de la figure 1 ne sont que la traduction graphique des nombres portés au tableau 1. Les abscisses de la courbe 3 qui représente les variations de l’eau sont à une échelle 20 fois plus faible que celles des courbes 1 et 2 qui représentent les variations de l’ensemble des sucres et des matières am ylacées. LA tof. 2/ ; s réséer. de do Eux À F dr 25 ï amylacées ! SUCPES < : 1 septembre 1décembre 1mars {juin Fig. 1. — Courbes représentant les variations des réserves dans la Courge olive. Pour la courbe de l’eau, les ordonnées sont à une échelle 20 fois moins grande que pour les autres. : Dans le fruit jeune, le pub est assez abondant et diminue jusqu’au moment de la maturité; Jes sucres non réducteurs sont toujours en très faibles proportions; les matières amylacées aug- mentent jusqu'au moment de la maturité: l'examen sommaire d’une coupe faite dans le péricarpe montre d’ailleurs que les cellules sont bourrées d'amidon. La proportion d’eau passe par un maxi- mum quand le fruit achève sa croissance et diminue brusquement au moment la maturité. Si l’on compare la formation d’une Courge à celle d’un tuber- cule amylacé, celui du Colchique par exemple, on constate de grandes ressemblances (1). La proportion des sucres Sete cons- (1) Leclerc du Sablon : Les réserves hydrocarbonées des bulles el des quber. cules (Revue générale de Botanique, tome X, 1 1898). RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 149 tamment et la proportion des matières amylacées croît constamment jusqu’à la maturité; la proportion d’eau varie également de la même façon que dans un tubercule en voie de formation. Le fruit mûr, avec sa quantité d’eau relativement très faible et la réserve abondante d’amidon mêlé à très peu de sucre, présente donc les Caractères d’un tubercule amylacé à l’état de vie ralentié. Comme le tubercule, le fruit mûr reste en effet pendant quelque temps sans éprouver de changements notables ; il est arrivé au terme de son évolution et n’est pas encore entré dans la période régression. On peut cependant signaler une différence entre les Courges et les tubercules amylacés ; dans le premier cas, on ne trouve, au début de la formation que des sucres réducteurs, les sucres non réducteurs manquent tout à fait ou sont peu abondants ; tandis que dans le second cas on trouve surtout des sucres non réducteurs. Il semble bien que l’amidon provient toujours de la condensation des molé- cules d’un sucre, mais ce n’est pas toujours du même sucre, . Voyons maintenant ce que devient le fruit lorsqu'on l’aban- donne à lui-même après l'avoir récolté à la maturité. La propor- tion de sucre augmente fortement et on constate un mélange de sucre réducteur et de sucre non réducteur, ce dernièr étant en quantité moindre ; en même temps, la proportion de matière amy- lacée diminue. Puis, l’amidon continuant à diminuer, le sucre diminue à son tour et, vers le mois de juin, sans que l’apparence extérieure du fruit se soit sensiblement modifiée, l’ensemble des réserves hydrocarbonées, qui était de 47°/, à la maturité, passe à 110/,, puis à 8 °/o. Il y a donc digestion des réserves. Les choses se passent comme dans un tubercule amylacé en germination ; il y à production d’une diastase qui transforme l’amidon en maltose et en glucose, puis le sucre produit est employé à la nutrition. Dans le tubercule, le sucre sert non seulement à entretenir la respira- tion des tissus où il se forme, mais encore et surtout, il est employé à la formation de nouveaux organes, tiges, feuilles et fleurs dont le développement et rapide. Dans un fruit, au contraire, il n’y a for- mation d’aucun nouvel organe. Les graines, qui sont seules desti- nées à se développer plus tard, changent peu de poids et de compo- sition, après la maturité du fruit. Dans tous les cas, les modifi- cations que l’on peut. observer dans la graine seront insuffisantes Pour expliquer les réactions importantes qui se passent dans le péricarpe. 150 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE On peut donc penser que la transformation de l’amidon en sucre est simplement une réaction préliminaire de la respiration. Tout le sucre formé est employé à entretenir la respiration du fruit ; il y a combustion complète, le carbone se combine à l'oxygène de l'air et donne de l'acide carbonique qui se dégage ; l’eau reste dans le fruit. Il ÿ aurait donc dans ce cas décomposition sans recons- truction corrélative; la respiration serait réduite à la plus grande simplicité : la combustion complète d’un hydrate de carbone. L'étude des variations de l’eau vient d’ailleurs confirmer cette manière de voir. Après la maturité, dès que l’amidon commence à diminuer, on constate que la proportion d’eau augmente et peut passer de 453 0/, à 1404 °/.. Dans les vieux tubercules où les matières de réserve sont en voie de digestion, on constate une augmentation d’eau comparable mais plus facile à expliquer. Les tubercules qui ont été étudiés étant plongés dans la terre humide, on peut admettre qu'une partie de l’eau du tubercule a été empruntée au milieu extérieur. Dans le cas de la Courge, au contraire, l’atmos- phère très sèche du laboratoire ne peut céder des quantités nota- bles d’eau ; il y a plutôt perte d’eau par le fait de la transpiration. La cause principale de l'augmentation de la proportion d’eau paraît être la décomposition des hydrates de carbone en carbone qui donne de l’acide carbonique et en eau qui reste des tissus. On peut se demander si l'augmentation de la proportion d’eau correspond à une augmentation de l’eau en quantité absolue ou n'est simplement qu'une augmentation relative due à la diminution de la matière sèche. Les mesures que j'ai effectuées sur la Courge marron et qui seront exposées un peu plus loin montrent que l'eau qui se trouve dans le fruit au moment de la maturité ne suffit pas pour expliquer l’augmentation de la proportion d’eau ; il ÿ a donc eu production d’eau dans le fruit. Pendant 9 mois, de septembre en juillet, la Courge a donc vécu sur ses réserves en n’empruntant au milieu extérieur d’autre ali- ment que l’oxygène. Ce n’est pas une vie très ralentie comme celle des graines qui sont presque complètement desséchées et ne subis- sent que des transformations très faibles ; c’est une vie active, dans un milieu très hydraté et donnant lieu à des réactions importantes. Il est remarquable que, dans ces conditions, la perte d'eau par la tranSpiration soit aussi faible; l'appareil protecteur est cependant RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 151 réduit à une simple cuticule, pas plus épaisse que celle de certaines feuilles. Il est également remarquable qu’un fruit qui est un excel- lent milieu de culture pour les Bactéries et les Champignons résiste pendant aussi longtemps à toute invasion extérieure sans qu'il soit nécessaire de prendre des précautions d'aucune sorte. On pouvait d’autant moins prévoir à priori cette résistance des Courges à la transpiration et à l’invasion des Bactéries que les échanges entre les tissus du péricarpe et l’atmosphère extérieure sont très faciles. M. H. Devaux (1) a constaté en effet que la com- position de l’atmosphère interne des Courges était constante, el voisine de celle de l’air, que la pression était la même à l’intérieur qu'à l'extérieur et que l’air insufflé au moyen d’un tube à l’intérieur . d’un fruit plongé dans l’eau ressort immédiatement sous forme de très nombreuses petites bulles, soit par des stomates, soit par des lenticelles. En somme, au point de vue de la composition et du dévolonps- ment, il y a la plus grande ressemblance entre un fruit de Courge et un tubercule à réserve amylacée, la période de repos du tuber- cule correspondant au moment de la maturité de la Courge. La digestion des réserves s'effectue de la même façon dans les deux Cas, si on se place simplement au point de vue chimique. Mais tandis que les réserves du tubercule servent d'aliment à une nouvelle plante qui se forme, on ne voit pas le rôle des réserves de la Courge. Le fruit se consume peu à peu en se digérant lui-même et sans utilité évidénte pour la propagation de l’espèce. Tout au plus Pourrait-on supposer que le péricarpe devenant de plus en plus bhydraté crée autour des graines un milieu favorable à la germina- tion. Dans certains cas, en effet, j'ai remarqué que les graines ger- maient à l’intérieur du péricarpe en apparence intact. Mais il est difficile de considérer cette fonction du péricarpe charnu comme essentielle. Courge marron. — La Courge marron est épétifid, de couleur orangée et un peu plus petite que la Courge olive. Les réserves du fruit mûr sont surtout amylacées. Les cellules du péricarpe sont bourrées d’amidon. En dosant à part les matières amylacées solu- bles dans l'eau et celles qui sont insolubles, on voit que les (4) Henri Devaux : Porosité du fruit des Cucurbilacées (Revue rit de Botanique, tome 3, p. 49. 1891). FL 74 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE premières sont aussi abondantes que les secondes, tandis que dans la Courge olive elles l’étaient beaucoup moins. Le tableau 2 fait connaître la composition pendant les différentes phases du déve- loppement. Tableau 2 Matières RS EE NS réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau Daodtie. 2::4518% IS iS 0 17.0 26.0 1860 9 août 8.4 0 28.8 37.2 4265 26 août... » is 2,2 0,7 Met 40.6 SOU LE Sas 0 6 15 43.7 45.6 457 2 MAIS nr: 2.4 4.5 10.1 47,0 776 6 mars. 0H Et 00 0.7 25 3:57 1740 Le fruit cueilli le 24 septembre était mdr ; celui du 26 août ne l'était pas tout à fait; ceux du 9 août étaient inégalement déve- loppés, le premier était à moitié formé, le second avait atteint les dimensions définitives ; ceux du 2 et 6 mars avaient été récoltés à la fia septembre et conservés dans le laboratoire. Pendant la période de formation, les choses se passent comme dans la Courge olive, les sucres diminuent et les matières amylacées augmentent; la proportion d’eau arrive à son maximum au moment de la maturité. Après la maturité, les réserves sont digérées, les matières amylacées sont transformées en sucres qui sont digérés à leur tour ; en même temps, la proportion d’eau augmente. La Courge étudiée le 2 mars ne présentait aucune. modification extérieure, l'épaisseur du péricarpe était seulement un peu plus mince que dans un fruit frais, Celle du 9 mars commençait à se ramollir, mais sans présenter aucune trace d’attaque par les moisis- sures ou les Bactéries. En l’ouvrant, j'ai constaté que les graines avaient commencé à germer, la tigelle avait plusieurs centimètres de longueur et la radicule était déjà ramifiée. On s’explique ainsi la digestion presque complète qu’avaient subie les matières de réserve du péricarpe. C'est là un cas où le péricarpe charnu du fruit semble servir à constituer un milieu favorable au développe- ment des graines. Courge sucrière du Brésil. — Cette Courge diffère des précédentes par sa forme allongée, sa surface irrégulièrement mamelonnée, la dureté plus grande des tissus de la partie externe du péricarpe et RECHERCHES SUR: LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 153 le goût sucré de la partie comestible. Comme l'indique le tableau 3, je n’ai étudié cette Courge que pendant la période de formation. Tableau 3 Matières EE ne pe) réducteurs 6e réubieurs amylacées Total Eau 22 aoûl........ 3.5 0.9 27.6 32.0 930 FETE: ESP EN 4.6 0.9 25.8 H.8 1199 TE D TS ie Se 8,2 *_s3 #7 À ol 830 La caractéristique de la Courge sucrière du Brésil est la présence de saccharose dans le fruit mûr; c’est la cause du nom qui lui a été donné. Il ne faut pas confondre ce sucre non réducteur qui est une matière de réserve avec le glucose qui se trouve toujours dans les fruits jeunes et qui est simplement un produit de transition déstiné à se transformer en d’autres réserves hydrocarbonées, Remarquons aussi que la proportion d’eau varie peu dans le cours du développement. Courge de Siam (Cucurbita melanosperma). — Cette Courge importée de l’Extrème Orient, est très peu cultivée en Europe, bien qu’on puisse l'utiliser pour la nourriture des animaux et mème de l’homme. La structure diffère un peu de celle des Courges que nous venons d'étudier. Sous l’épiderme muni d’une cuticule épaisse, se trouvent quelques assises de parenchyme mou, comme chez toutes les autres Cucurbitacées : mais sous cette sorte d’écorce, il y a une Couche de sclérenchyme à parois très dures formant autour de la partie charnue du péricarpe une enveloppe protectrice épaisse de 3 à 4 millimètres ; puis vient la couche charnue épaisse d'environ 2 centimètres ; toute la partie centrale est occupée par les graines entourées d’une matière molle et filamenteuse formée par les funi- Cules et les placentas. Le tableau 4 indique la composition du fruit à différentes époques. Tableau 4 res Matières Ronan NE réducteurs non réducteurs . amylacées Total Eau 22 août 1902... 9,5 0 17.2 26.7 1925 4 septembre 17.4 0 15.2 32.6 2021 18 octobre... .... 16.5 0.8 18.3 35.6 1585 2 mars 1903... 8:7 2,5 11.4 17.6 815 22: juillet 1.1 3.5 10.5 15.1 920 6 juin 1904 0,6 2.4 11.3 14.3 700 1454 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Le fruit récolté le 22 août était à moitié formé, celui du #4 sep- tembre avait cessé de s’accroître, celui du 48 octobre paraissait mûr, celui du 2 mars était conservé dans le laboratoire depuis 5 mois, celui du 19 juillet depuis, 9 mois et celui du 6 juin depuis 20 mois. Il est à noter que ce dernier fruit s’est conservé pendant un temps aussi long sans changer d'apparence et en gardant une quantité d’eau considérable. La couche de sclérenchyme qui se trouve un peu au-dessous de l’épiderme est sans doute la cause qui permet une conservation aussi prolongée du fruit. La réserve est en grande partie formée par du glucose ; l’amidon est peu abondant et se trouve surtout dans la couche sclérenchy- mateuse et immédiatement au-dessous. La transpiration est plus forte que dans les cas précédents, car la proportion d’eau varie peu dans les fruits conservés après la récolte. La digestion des réserves s’effectue surtout pendant le premier mois. La composition d'un fruit conservé depuis plusieurs mois et sa pauvreté en matières de réserve montrent qu'il n’y a pas d'intérêt à garder pendant longtemps les fruits destinés à l'alimentation. Le sucre non réduc- teur qui apparaît après la récolte est sans doute du maltose prove- nant de la digestion de l’amidon dont il est facile de constater la disparition en examinant une coupe. Les résultats du tableau 4, comme ceux des autres tableaux, sont relatifs à l'ensémble du péricarpe. Dans une portion du fruit étudié le 6 juin, j'ai séparé la partie sclérenchymateuse de la partie charnue; j'ai constaté ainsi que la partie charnue renfermait une proportion de sucre un peu plus grande, une proportion de matières amylacées beaucoup plus faible (6.6 °/, au lieu de 14.5 °/,) et une proportion d'eau beaucoup plus forte (1310 °/, au lieu de 361 0) que la partie sclérenchymateuse. L'abondance relative des matières am ylacées dans la partie dure ne tient pas à la présence de l’amidop;, car on constate au microscope qu’il n’y en a pas ; on ne peut guère se l’expliquer que par la transformation partielle, pendant le dosage, de la cellulose en glucose. Courge patisson. — Cette Courge, de petite dimension, durcit également au moment de la maturité, par suite de la formation d’une couche sclérenchymateuse. Si on conserve le fruit après la maturité, il ne se dessèche pas toujours ; souvent ilse ramollit et devient alors la proie des moisissures. On le consomme avant la RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 155 maturité. Le tableau 5 indique la composition du fruit à diverses époques. Tableau 5 : Lis eee if) L Matières réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau 23 juillet. … 10.6 0.8 28.2 39.6 1125 23 juillet... ... 14.0 0.3 91.4 39.4 4395 dhoût... FE | 1:34 26.7 34.9 1262 12 septembre . 1.4 8.7 22.0 42.1 950 11 novembre, . 4.0 5.7 10.9 20.6 1277 oo Mmarse ie 0.9 1.5 aa) 8.3 1165 - Les fruits cueillis le 23 juillet avaient atteint un peu plus de la moitié de leurs dimensions définitives, le second étant un peu plus gros que le premier ; le 9 août, le fruit était complètement formé ; le 12 septembre, il était mür. Les fruits étudiés le 11 novembre et le 9 mars étaient conservés dans le laboratoire depuis la fin de septembre. En juillet, la proportion de sucre est considérable, c’est le moment où les fruits sont tendres et recherchés pour leur goût sucré; puis le sucre diminue sans que les matières amylacées augmentent ; le sucre réducteur est employé à former de la cellulose, et une certaine quantité de saccharose qui se trouve dans le péri- Carpe mür. Le fruit durcit en mürissant et perd une partie de son eau. Après la maturité, la digestion des réserves s’effectue à peu près comme dans la Courge olive. Le fruit mûr de cette Courge est donc caractérisé par des réserves à la fois amylacées et sucrées et Par une couche de sclérenchyme assez développée. : Courge à la moelle. — Le fruit de cette Courge est consommé avant qu'il n’ait acquis tout son développement; à la maturité le Péricarpe s’amincit en même temps qu’il durcit par suite de la formation d’une couche de sclérenchyme, comme dans la Courge de Siam ; si on conserve le fruit après la maturité, il finit par se dessécher complètement. Le tableau 6 indique la composition du fruit à diverses époques. Tableau 6 Sucres Matières “réducteurs — non réducteurs amylacées Total Eau 9 août... 11.0 0 16.6 27.6 1750 26 août... à 0.5 0.5 39.7 40.7 896 % septembre. . 1.3 2.3 Re M2 156 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE. Le fruit récolté le 9 août était à moitié formé ; celui du 26 août était complètement formé, mais n’était pas mûr, celui du 26 sep- tembre renfermait des graines mûrés. Dans le fruit jeune, les choses se passent comme dans la Courge olive, il y a une quantité assez grande de glucose et de matières amylacées ; mais le glucose dispa- raît rapidement et sert à former une réserve amylacée qui passe par un maximum avant la maturité; on peut supposer que, pendant la maturité, une partie de l'amidon est employée à former la cellulose de la couche scléreuchymateuse, ce qui explique là diminution de l’amidon. On choisit pour consommer le fruit le moment où il y a beaucoup de sucre et où le sclérenchyme n’est pas encore formé. Gourde (Lagenaria vulgaris). - La Gourde peut être considérée comme le type des Cucurbitacées à fruit sec. On sait en effet que le péricarpe comprend, au dessous d’une mince couche superficielle de parenchyme mou, une épaisse couche de sclérenchyme très-dur. Le fruit mûr est formé de tissus vivants et renferme encore une assez grande quantité d’eau; mais, abandonné à lui-même, il se déssèche en durcissant encore et peut être utilisé comme bouteille. Le tableau 7 indique la composition d'une Gourde à diverses époques :. | - Tableau 7 Sucres Matières RE + réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau 26 avût.. :.. ::. 17.6 50 18.2 35.8 1970 2Maoût:.is.s: 2%D 0 17.0 39,5 1770 47 octobre... 4,3 0 11.0 18.5 892 20 décembre... 0 ) 6.3 6.3 356 Le fruit récolté le 26 août était à moitié formé, celui du 28 août avait cessé de s’accroître, mais était encore mou, celui du 17 octobre était mûr et celui du 20 décembre, conservé dans le laboratoire depuis 2 mois, commençait à se dessécher. On voit que le glucose joue le principal rôle dans la formation de ce fruit ; l’'amidon est peu abondant, les matières amylacées trouvées proviennent surtout de la cellulose attaquable par les acides et de la dextrine. Pendant la maturation. ie sucre disparaît peu à peu, employé à fournir les matériaux nécessaire à la sclérification du péricarpe et à la formation des graines. On sait que dans certaines régions, les Gourdes non encore durcies servent à la nourriture des RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 157 bestiaux qui en son très friands; la quantité considérable de sucre que s y trouve explique cet usage, La proportion d’eau diminue constamment à partir de la maturité. La petite quantité de sucre qui existe encore dans le fruit mûr et qui disparait ensuite est décomposée par la respiration ou transformée en cellulose. Le Courge poire rayée peut être rapprochée de la Gourde ; c'est un petit fruit qui se dessèche complètement après la maturité ; mais la quantité de sucre dans le fruit jeune est bien moindre que dans la Gourde ; il y a d’ailleurs une petite quantité de saccharose mêlé au glucose. Melon ananas. — Le fruit est petit et très parfumé ; j'en ai étudié deux races, l’une à chair verte et l’autre à chair jaune. Le tableau 8 donne la composition de ces Melons à diverses époques. Tableau 8 Sucrés Matières A — réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau MELON A CHAIR VERTE Abo: 5 CLÉ 2% .6 11.2 1536 4... 5.5 1.9 0 10.9 32.8 1585 12 septembre... 16.3 -8.0 11.0 35.3 885. ‘MELON A CÂAIR JAUNE Dre FHaoût, LR dus 0 11.1 24.0 1672 ar, 55 22.4 1.6 9.3 - 33.0 1529 12 septembre …, 16.7 3.2 76 91.6: 24401 La premièré ligne sé rapporte à des fruits à moitié formés, la seconde à des fruits formés maïs non encore mürs, la troisième à des fruits mûrs, On voit qu'ici les matières amylacées jouent un rôle insignifiant, aussi bien pendant le développement qu'à la Maturité, Au moment de la maturation, la quantité totale de sucre l'augmente pas, mais il y a formation de saccharose aux dépens du glucose, cé qui est de nature à accentuer la saveur sucrée. En étudiant un grand nombre de Melons, on trouverait des nombres très différents ; j'ai seulement donné ces deux exemples pour mon- lrér le fait essentiel, c’est-à-dire, l'abondance du glucose pendant tout le développement et la formation de saccharose seulement à la fin, Il faut remarquer que, si les Melons non encore mûrs ne Sont pas comestibles, cela ne tient pas à la trop faible quantité de sucre Mais à Ja présence de principes âpres qui disparaissent au’ 158 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE moment de la maturité, Les Melons mûrs se laissant rapidement envahir par les moisissures, je n’ai pas étudié ce que devenaient les réserves du péricarpe après la maturité. Pastèque (Citrullus vulgaris). — Le Citrullus vulgaris comprend plusieurs races qui different beaucoup l’une de l’autre; j'en ai étudié deux : 1° la Pastèque à graines noires et à chair rouge qui est la Pastèque proprement dite, celle dont on fait une si grande consommation dans les pays chauds: les fruits que j'ai analysés ont été récoltés à Toulouse, dont le climat n’est peut-être pas assez chaud pour une plante aussi méridionale, c’est ce qui explique la quantité faible de sucre que j'ai trouvée ; 2 la Pastèque à graines rouges et à chair verte dont le péricarpe est beaucoup plus dur, moins sucré et n’est utilisé qu’en confiserie. Le tableau 9 indique la composition du fruit de ces deux races à divers époques. z Tableau 9 Sucre Matières ps nr ct amylacées Total Eau FRUIT À GRAINES NOIRES 26 août... 20.6 . 13 13.6 35.5 1988 24 septembre ., 11,5 0.1 13.3 24.9 1168 18 Mihee 17.3 3.2 Ro €: 29.6 1852 21 novembre... 8.1 0,8 HS * 108 1513 FRUIT À GRAINES ROUGES Mraoût,.:.0.< 48.1 0.4 15.2 39.7 : 2044 Maoût... .:z. 9.7 0,7 13.8 24.2 2008 148 octobre... 7.8 0.1 43.3 21.8 1932 11 novembre... 9.0 0,7 11.9 21.6 2792 20 décembre. …, 2.5 0.3 7.4 9.9 2495 La première ligne se rapporte dans les deux cas à un fruit à moitié formé, la seconde à un fruit qui a cessé de s’accroître, la troisième à un fruit mûr et la quatrième à un fruit récolté depuis un mois environ et conservé dans le laboratoire. On voit que Ja Pastèque à graines noires renferme toujours une forte proportion de glucose ; à la maturité un peu de saccharose se forme; dans le fruit étudié le 21 novembre, la partie comestible du péricarpe était presque complètement liquéfiée et la plus grande partie du sucre avait disparu; c’est un nouvel exemple de digestion des réserves. La Pastèque à graines rouges renferme beaucoup moins de sucre que la précédente au moment de Ja maturité ; si on la conserve pendant plusieurs mois, ce qui est très fréquent, le sucre RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CUCURBITACÉES 159 disparaît presque complètement, comme on le voit, dans le fruit analysé le 20 décembre ; l'aspect ou la consistance du fruit ne sont pas sensiblement modifiés ; en même temps, la proportion d’eau, qui est toujours très Hédi del augmente encore. Il est remarquable de voir un fruit aussi dur renfermer autant d’eau. Une analyse complète du fruit expliquerait certainement cette particularité. Concombre (Cucumis sativus).. — J'ai étudié une seule race, le Concombre blanc hâtif dont le fruit, assez gros, est consommé un peu avant sa maturité. Le tableau 10 donne sa composition à diverses époques. Tableau 19 Sucres Matières a réducteurs non réducteurs amylacées Total Eau 9 dati lit : 3.7 0 10.6 14.3 2940 AT De EPP dr 11.6 0 12.6 24,2 2040 26 août.....,... 6.8 0 11.1 17.9 2960 12 septembre 4.2 0 9.2 13.4 2533 1 décembre... 201219 0.6 -8,9 41.5 2070 Le premier fruit récolté le 9 août était à peine à moitié formé ; le second, beaucoup plus gros, était à l’état où l’on fait ordinaire- ment la récolte; celui du 26 août était complètement développé ; celui du 12 septembre renfermait des graines mûres; celui du 1 décembre était conservé depuis deux mois dans le laboratoire et Commençait à se liquéfier. De tous les fruits de Cucurbitacées que j'ai étudiés, le fruit du Concombre est celui qui renferme ïe moins de substances dosables par les méthodes que j'ai employées. Pour avoir une idée suffisante de la composition de ce fruit il faudrait rechercher les substances autres que les sucres ou les matières amy- lacées. 11 est à remarquer que la matière de réserve et surtout le sucre passent par un maximum avant la maturité, au moment où se fait ordinairement la récolte. Après la maturité, le sucre diminue Encore et c’est alors seulement que le saccharose apparaît, en très petite quantité d’ailleurs. La proportion d’eau est toujours très- Considérable ; comme dans le cas de la Pastèque à graine rouge, les cellules ailfoiitent des substances à pouvoir osmotique très- considérable. Lorsque le fruit est jeune et ferme la proportion d’eau est encore plus grande qu'après la maturité lorsque les tissus semblent se liquéfier. ; 160 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Perte de poids des fruits conservés. — J'ai observé la perte de. poids que subissent les fruits de Cucurbitacées conservés dans l'atmosphère d’un laboratoire à une température comprise entre 139 et 20°. Chaque fruit était pesé tous les 3 ou 4 jours. Un fruit de Courge marron a été ainsi observé du 22 novembre 1902 ou 6 mars 1903. Durée,de l'expérience. :,:3.:..,.. ve. 104 jours. A 1.657 gr. sn ht LEE 5 TE #5 pe doi Prime ... 1.524 gr Perte totale de poids. .....::..:....4. 133 gr Perte moyenne de poids par jour............. 1 gr. 28 La perte de poids est très faible si l’on tient com pte des condi- tions très favorables à l’évaporation et à la transpiration. En com- parant les pesées successives faites tous les 3 ou 4 jours j'ai cons- ‘até que la perte de poids par jour a été à peu près constante pen- dant toute la durée de l’expérience. On a vu que la proportion d’eau augmentait considérablement. A la fin septernbre, un fruit comparable à celui qui a été mis en expérience renfermait 457 d’eau pour 100 de matière sèche ; le 6 mars, il y avait 1710 parties d’eau pour 100 parties de poids sec. | Pour nous rendre compte de cette augmentation de la propor- tion d’eau, Supposons, ce qui n'est pas certain, que la Courge mise en expérience avait le 24 septembre la même composition .-que celle qui a été étudiée à cette époque ; supposons de plus que, du 24 septembre au 22 novembre, la perte de poids par joura êté la même qu'après le 22 novembre. Dans ces hypothèses, un morceau de péricarpe pesant 100 gr. le 24 septembre renfermait 17 gr. de matière sèche et 83 gr. d’eau ; le 6 mars, ce même morceau n€ pesait plus que 88 gr. et renfermait environ 3 gr. de matière sèche et 83 gr. d’eau. La perte de poids aurait donc porté uniquement sur la matière sèche ; l’eau provenant de la disgestion des réserves aurait compensé l’eau perdue par la transpiration. Mais le cas que je viens d'examiner est un cas extrême ; en général la perte de poids porte en même temps sur l’eau et sur la matière sèche, bien que la proportion d’eau augmente. Quoi qu’il en soit, la déperdition d'eau par transpiration étant nécessaire, cet exemple a l'avantage de mettre en évidence la production d’eau par suite de la digestion des réserves, RECHERCHES SUR LE FRUÎT DÉS CUCURBITACÉES 161 Un fruit de Courge de Siam a été obervé du 22 novembre 1902 au 6 juin 1904. PANNE DPI Se or 561 jours. PORIS OPUAT IT ET si. Dimriaue: 8,363 gr. Poids final....., Re PE er Res. ct 1,925 gr Perte-totafe de poids ::;.,......,.::::::7"222 1.438 gr. Perte moyenne par jour ..... .......:...,... 2 gr. 96. Dans ce cas, la perte de poids pour un jour a varié beaucoup pendant le cours de l'expérience ; elle était d’environ 10 gr. pen- dant le premier mois, puis a diminué très vite, était d'environ 3 gr. en février 1903, de 4 gr. 5 en novembre et de 4 gr. 2 à la fin de l'expérience, A ce moment le péricarpe renfermait encore 700 par- ties d’eau pour 100 de matière sèche. Un fruit de Gourde placé dans les mêmes conditions s’est com- porté d’une facon toute différente : la perte de poids pour chaque jour a été beaucoup plus grande et ou bout de 2 mois la dessiccation était presqué complète. Influence de la fécondation croisée sur la composition du péricarpe. — Lorsqu'on étudie le résultat de la fécondation croisée, On ne se préoccupe ordinairement que des caractères de la nouvelle plante issue de cette fécondation. On sait cependant qu’un pollen étranger agissant sur le pistil d’une plante peut avoir une influence sur les Caractères du fruit de cette plante. Ainsi lorsqu'on féconde une Variété de Vigne à raisin blanc par du pollen porté par une variété à raisin noir, les grains développés à la suite de cette fécondation Sont plus ou moins colorés en noir au lieu d'être blancs. C’est aussi une opinion répandue parmi les jardiniers que les Melons cultivés dans le voisinage de Cuncombres ont quelquefois un goût qui rappelle le Concombre. Pour vérifier cette opinion, j'ai d’abord opéré sur les Concom- bres, Certaines fleurs femelles étaient entourées d’un sac de toile aVant leur épanouissement ; puis la fécondation était faite avec du Pollen pris sur une fleur mâle récemment ouverte. J'ai ainsi fécondé des pistils de Melon soit par du pollen de Melon soit par du pollen de Concombre ‘et des pistils de Concombre soit par du pollen de Concombre soit par du pollen de Melon. Lorsque la fécondation est Croisée, le fruit s’arrête souvent dans son développement et c'est Seulement dans des cas assez rares que j'ai obtenu un développe- Rev. gén. de Botanique. — XVII. 1. 162 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ment normal. En ne tenant compte que des fruits arrivés à matu- rité, j'ai obtenu le résultats suivants. Sucres Matières amylacées Total one à à PTT RES 24.3 11.0 35. Melon x Concombre. ........... +868 10.8 16.6 Concombre x Melon........ nie 1.3 8.4 9,7 Concombre x Concombre, ..... LE 9.5 10.6 Le Melon fécondé par du pollen de Concombre avait la même apparence extérieure que le Melon fécondé par du pollen de Melon, mais était beaucoup moins sucré ; l'analyse montre d’ailleurs que la quantité de sucre est bien moindre, 5,8 °/. au lieu de 24,3 °/e- Comme jamais dans aucun Melon, quel que soit l’état de son développement, je n’ai trouvé une quantité de sucre aussi faible, je ne puis attribuer cette pauvreté en sucre qu’a l'influence du pollen de Concombre. Ainsi se trouve confirmée l'opinion vulgaire relative à l'influence du voisinage des Concombres sur les Melons. Il est probable cependant que quand les choses se passent naturellement, une fleur femelle de Melon doit rarement être fécondée uniquemeut par du pollen de Concombre. Tout ou plus doit-il y avoir mélange des pollens ; et même dans ce cas, la non réussite fréquente des pollinisations croisées artificielles laisse supposer que le pollen étranger n’arrive pas toujours à féconder les ovules. Le pollen de Melon agissant sur un pistil de Concombre ne parait pas avoir modifié sensiblement la composition du péri- carpe. J'ai opéré de la même façon sur deux races de Courge: la Courge olive et la Courge à la moelle dont la composition a êté étudiée plus haut. Les résultats que j'ai obtenus sont les suivants : Sucres Matières amylacées Total 10.4 104 53. Most otst see . C. olive X C. à la moelle... 13.3 24,9 38.2 C. à la moelle X C. olive........ 3.6 21.8 25.4 C. à la moelle X C. à la moelle. 6.7 30.4 37.1 Cette seconde expérience donne lieu à peu près aux mêmes réflexions que la précédente. Le pollen de Courge à la moelle a diminué sensiblement la quantité de matières amylacées qui se trouve normalement dans le péricarpe de Courge olive. Le pollen de Courge olive a modifié également la composition du péricarpe de la Courge à la moelle, mais, contrairement à ce qu’on aurait pu RECHERCHES SUR LE FRUIT DES CÜCURBITACÉES 163 supposer, a diminué la proportion de matière amylacée au lieu de l’'augmenter. En somme, on peut conclure de ces diverses expériences que le pollen étranger peut influer sur le péricarpe d’un fruit: mais, dans : Tous les cas où cette action a été nette, elle a consisté en une dimi- nution des réserves. L'influence de la pollinisation croisée sur les fruits serait donc plutôt fâcheuse. Il y aurait d’ailleurs lieu de multiplier les expériences si on voulait arriver à des conclusions tout à fait générales. La marche irrégulière du développement des fruits obtenus par fécondation croisée montre bien que ce dévelop- pement n’est pas tout à fait normal et laisse supposer que les fruits ainsi obtenus peuvent avoir des compositions très différentes. CONCLUSIONS. Au point de vue de la composition de leurs réserves, les fruits de Cucurbitacées peuvent être rattachés à 3 types principaux : 1° les fruits à réserve amylacée, tels que la Courge olive. 2° les fruits à réserve sucrée, tels que le Melon. 3° les fruits secs, comme la Gourde. On peut d’ailleurs trouver des intermédiaires entre ces 3 types. Ainsi la Courge sucrière du Brésil et la Courge de Siam ont à la fois des réserves sucrées et des réserves amylacées; la Courge à la moelle, qui a une réserve amylacée, a une tendance à se dessécher après sa maturité. En étudiant les transformations des réserves avant et après la maturité, on trouve la plus grande analogie entre les fruits des Cucurbitacés d’une part et les bulbes ou les tubercules d'autre part. renons par exemple le cas des réserves amylacées : le fruit de la Courge d’olive et le bulbe de la Tulipe par exemple. Dans le jeune fruit, comme dans le jeune bulbe, on trouve d’abord beaucoup de sucre; puis, peu à peu, le sucre se transforme en matières amyla- Cées. Au moment de la maturité du fruit et de la vie ralentie du bulbe, le sucre passe par un minimum et les matières amylacées Par un maximum. Ensuite, la digestion de l’amidon s'effectue dans le fruit conservé après la maturité comme dans le bulbe qui germe, l’amidon est transformé en maltose, puis en glucose. Mais, tandis 164 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE que le produit de la digestion est utilisé dans le bulbe pour la formation d’une nouvelle plante, dans le fruit ce produit reste sans utilité apparente. La proportion d’eau varie de la même façon dans les deux cas, passe par un minimum au moment de la maturité du fruit et de là vie ralentie du bulbe, puis augmente ensuite rapidement. Dans les fruits conservés, l'augmentation de la proportion d’eau est due à la faible transpiration et à la décomposition des hydrates de car- bone en eau qui reste et en carbone qui se dégage à l’état d'acide carbonique. a Les fruits sucrés, comme le Melon, se rapprochent des bulbes sucrés, comme l'Ognon, parce que le glucose existe seul ou presque seul au commencement de la formation et que le saccharose atteint son maximum au moment de la maturité du fruit et de vie ralentie du bulbe; à ce moment la proportion d’eau passe encore par un minimum. Dans les fruits qui se dessèchent nettement après la maturité, comme la Gourde ou qui ont une tendance à se dessécher comme la Courge à la moelle, les réserves passent par le maximum avant la maturité et sont ensuite en partie employées à da formation du sclérenchyme, en partie décomposées par la respiration. COMPOSITION COMPAREE DES MOUTS DU VERDOT GREFFÉ ET FRANC DE PIED par MM. Lucien DANIEL et Charles LAURENT Nous avons eu déjà, l’an dernier, l’occasion de faire ressortir les différences que présentaient entre eux des Vins provenant de certaines Vignes greffées et les Vignes franches de pied (1). Pour- suivant nos recherches, nons avons pu, cette année, grâce à l’obli- geance de M, Marcel Ricard, propriétaire-viticulteur à Léognan (Gironde), étudier la composition comparée des moûts des raisins fournis par un cépage girondin, le Verdot, et provenant de pieds greflés et non greffés, venus dans des conditions aussi semblables que possible en dehors de la greffe. Voici les résultats fournis par l’analyse : É M D de © 2 © “A n ®& Pa < am mis (SE SE ES LE ES | $ ils es raisins d # ) + d 2 Cu É 82 â [Ep & 7) & < $ io Verdot franc : de pied. 1k6,025 loks,08 loke, 585 | 1053,2 144er92) 5.06 [130294] 414863 | 0er396 Verdot grefté sur Riparia Gloire. | 1,115 | 0,075 | 0,650 | 1052 | 142,37 | 4,32 | 110 6.10 | O0 264 Verdot greffé sur | Ripariatomenteux| 4,160 | 0,070 | 0,800 | 1045,5 | 120,15 | 3.75 1102.63 | 6.48 | 0.320 Verdot greffé sur | Rupestris du Lot. | 1,300 | 0,080 | 0,750 | 1063,7 | 169,82 | 3.87,5| 14864 | 6.45 | 0,099 Verdot greffé sur : Taylor Narbonne. | 1,140 | 0,080 | 0,615 | 1032,8 | 143,09 | 5.35 |122.22| 7.09 | 0.235 Verdot greffé sur Aramon-Rupestris | : Ganzin ne 1. | 1,300 | 0,080 | 0,725 | 1055,2 | 148,62 | 3.00 |130.94| 6.67 | 0.264 Verdot grefté sur Riparia- upestris 101 1. ,220 | 0,060 | 0,625 | 1060,5 | 461,98 | 4.30 |14472| 5.58 0.297 Verdot greffé sur Vialla. 1,130 | 0,070 | 0,610 | 2051,2 | 136,47 | 5.10 |114.57 | 9.67 | 0.264 ——. . {1} L. Daniel et Ch. Laurent : Sur les effets du greffage de la Vigne (C. R., 22 février 1904). 166 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L'examen de ce tableau fait voir immédiatement que, cette année, le Verdot a considérablement variée comme composition du moût suivant lequel il était greflé et que, par conséquent, la greffe a détruit l'équilibre de la composition normale de ce raisin. Considé- rons, par exemple, la richesse en sucre, on voit qu’elle a augmenté à la suite de la greffe sur 1014 et sur Rupestris du Lot, quand elle s’est simplement maintenue avec l’Aramon Rupestris Ganzin n° 1 et a diminué avec les autres sujets. Ces variations du sucre n’entraînent point des variations correspondantes dans les autres éléments du moût, ainsi qu’il est facile de s'en rendre compte, et à cet égard. nos analyses confirment les conclusions de notre précédente note. Elles font voir une fois de plus l'importance et la difficulté du choix rationnel du sujet au point de vue de la qualité du vin. Ces analyses montrent également que, d’une façon générale mais variable suivant les sujets, la greffe a réduit les proportions du tannin et de l'acidité. La diminution du tannin a déjà été constatée en Bourgogne, il y a quelque temps, par M. Curtel; elle expliquerait la conservation moindre des vins de certaines vignes greffées. Mais, dans le cas particulier du Verdot, la réduction Si considérable de l'acidité est plus curieuse encore. L’on sait, en effet, que ce cépage, comme son nom l'indique, est cultivé en Gironde surtout à cause de sa richesse élevée en acides. Or, cette année, la greffe lui a fait perdre son acidité caractéristique, c'est-à-dire CE qui fait sa principale valeur en vinification. Nous avons voulu voir en outre si les moûts étudiés se compor- teraient de la même manière par rapport aux moisissures qui se déve- loppent sur ces liquides, quand ils sont exposés à l'air. Ces moûts ont été placés dans des vases stérilisés et abandongés à la tempéra- ture du laboratoire, le 11 octobre dernier. Bien qu’il fussent ainsi dans des conditions sensiblement Se à rte spot to “é traités de la même manière, ils se sont p ie Les moûts des greffes sur Rupestris du Lot, 101! et “Vialla ont été attaqués au bout de 6 jours ; ceux des greffes sur Riparia Gloire, Riparia tomenteux et Taylor-Narbonne Yont été au bout de 11 jours ; enfin ceux de la greffe sur 4ramon-Rupestris Ganzin n° 4 et du frant de pied l'ont été au bout de 16 jours seulement. On peut donc dire que le déséquilibre produit par la greffe dans la composition chi- COMPOSITION COMPARÉE DES MOÛTS DU VERDOT 167 mique du raisin de Verdot a eu une influence sur la résistance des moûts aux moisissures. Ces résultats (s’ils ne correspondent pas à un cas particulier comme il sera facile de le voir par d’autres expériences) montrent que la greffe peut, dans certains cas, avoir sa part de responsabilité dans les maladies des vins, si fréquentes et si redoutables aujourd’hui. L’inégalité de résistance suivant Îles plantes servant de support fait voir que, sous ce rapport, il y aurait encore lieu de faire un choix rationnel des sujets, si c’est possible. SUR QUELQUES FLEURS ANORMALES D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA par M. MAIGE, On n’a signalé jusqu’à présent que peu de cas tératologiques sur les fleurs des diverses espèces du genre Agave. Quelques exemples de synanhie ou de prolifération, la production de bulbilles sur les inflorescences de nombreuses espèces sont à peu près les seuls faits importants actuellement connus (1). J'ai eu l’occasion d’observer . à Alger, un certain nombre d'espèces du genre Agave, et j'ai cons- taté sur plusieurs d’entre elles, la formation de fleurs anormales très abondantes. Ces fleurs apparaissent quelque temps après la floraison, soit sur la hampe florale, soit sur les rejets florifères qui poussent à la base du tronc. Elles offrent les anomalies les plus variées. Dans cette note je décrirai quelques-unes des fleurs les plus intéressantes que j'ai observées sur l’Agave mexicana et l’Agave vivipara. Je rappellerai brièvement la constitution normale des fleurs d’Agave : perianthe régulier campanulé à 6 divisions, trois externes (sépales), trois internes ( pétales), androcée de 6 étamines opposées aux pièces du périanthe et soudées avec elles à la base, ovaire infère formé de trois carpelles à placentation axile renfermant chacun deux rangées d’ovules, style unique, stigmate trilobé. AGAVE MEXICANA Fleur No 1, — Le perianthe est composé de 3 pièces que Je numéroterai en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Les pièces 1, 3, 5 n’offrent aucune particularité intéressante. (4) mom Vegetable Teratologie, 1869. zig : Pflanzen Teratologie, 1894. FLEURS D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA 169 La pièce n° 2 porte latéralement à sa partie supérieure une moitié d’anthère, et elle est en outre concrescente à sa base avec le filet d'une étamine. Ce filet. se bifurque vers la moitié de sa longueur, en deux filaments plus étroits adhérents légèrement à cette pièce et portant chacun à leur extrémité une demi anthère (fig. 1). La pièce n° 4 présente de même que la précédente, une étamine à filet concrescent avec elle et bifurqué. A l’intérieur du perianthe on trouve une étamine ordinaire opposée à la pièce n° 3. L'ovaire ne comprend qu’une seule loge renfermant deux ran- gées d’ovules normaux; il est constitué par un seul carpelle et le sde qui le prolonge reste ouvert et porte sur un de ses bords une rangée d'ovules. Fleur N°2. — Périanthe de cinq pièces. Andro- cée constitué par trois étamines dont deux sont normales ; chez la troisième une moitié de l’an thère est beaucoup plus longue que l’autre. L’o- vaire comprend trois carpelles s'individualisant à la partie supérieure en trois styles entièrement Fig. 1. — Pièce N° 2 distincts, dont l’un est concrescent sur une partie Pc NL de sa longueur avec le filet de l’une des étamines. Fleur N°3, — La fleur naît au centre d’un bulbille. Le périanthe Comprend cinq pièces : la pièce n° À a la forme normale, mais elle porte sur un de ses côtés un bourrelet renfermant deux sacs polli- niques ; l’un de ces sacs est normal, l’autre est atrophié et dépourvu de tout tissu mécanique (fig. 2). Tous deux renferment des grains de pollen. La pièce no 2 quoique ayant la forme d’un sépale se présente en Coupe transversale comme une étamine aplatie renfermant quatre SaCS polliniques. Un seul de ces sacs est normalement développé, les trois autres sont réduits à une cavité extrèmement étroite bordée vers l’extérieur seulement de tissu mécanique (fig. 3) ; tous renfer- ment des grains de pollen. La pièce n° 3 est normale. La pièce n° 4 a la forme d’une lame aplatie portant à sa partie Supérieure d’un côté une anthère, de l'autre, un prolongement foliacé soudé dans toute sa longueur à deux sacs polliniques, cette 170 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE pièce peut être considérée comme formée par la concrescence de deux étamines, l'une complète, l’autre réduite. La pièce n° 5 a la forme ordinaire d’un sépale, mais elle porte en son milieu sur une partie de son étendue un léger bourrelet:se présentant en coupe transversale comme un sac pollinique. C’est donc une pièce du périanthe légèrement transformée en étamine. À l'intérieur dupérianthe ainsi constitué on trouve quatre étamines normales opposées aux pièces 4, 2, 3, 5 et un style tordu prolon- gement d'un ovaire à trois loges. Fleur. No 4. — Le périantbe comprend quatre pièces de confor- mation tout-à-fait normale. Vis-à- vis de chacune d'elles se trouve une étamine, de sorte que la fleur se trouverait bâtie sur le type qua- tre, si l'ovaire ne présentait ses trois carpelles normaux renfer- - pièce N° 2 représentant une étamine avec Fig. 2. — Sac pollinique atrophié un seul sac pollinique bien développé ; dont la cavité est réduite à une les autres étant réduits ‘à des cavités on et le tissu mécanique absent aplaties ; le tissu mécanique est repré- eur n° 3). F mant chacun deux rangées d’ovules. Ces carpelles se continuent à l'intérieur de la fleur par un style ouvert où il est facile de distin- guer les prolongements de chacun d’entre eux ; tous sont bordés intérieurement de tissu conducteur, et l’un d’eux présente sur sa face convexe deux sacs polliniques peu développés dépourvus de tissu mécanique, mais renfermant cependant quelques grains de pollen. ; Fleur N° 5. — Périanthe de 3 pièces. Aux pièces 1, 2, 3, sont opposées trois étamines. La pièce n° 5 est soudée à deux autres pièces internes ; l’une d'elles se prolonge à sa partie supérieure par deux sacs polliniques, c'est une étamine réduite ; l’autre dont la forme est légèrement concave, présente sur sa face interne du tissu conducteur et dans une de ses parois laté- FLEURS D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA rales un sac pollinique rudimentaire ; 171 elle participe à la fois du styleet de l’étamine. Le sac pollinique est dépourvu de tout tissu mécanique et ne renferme que quelques grains de pollen. Au centre le style apparaît comme composé de deux lobes ouverts, un grand et un petit, ce dernier logé dans la concavité formée par le pre- mier. L’ovaire est des plus curieux. Une coupe faite à la base (fig. 5) montre qu'il est constitué par trois carpelles. Deux d'entre eux C,, C,, ont une constitution normale, leur placentation est axile et ils renferment chacun deux rangées d’ovu- les. Ces deux carpelles au lieu de se rejoindre par leurs bords au centre de l'ovaire, se touchent latéralement laissant entre eux un espace libre dans lequel se Fig. 4. — Coupe à travers le es celui de droite renferme deux sacs polliniques ; la partie ph en trait épais- si représente le tissu con- loge le troisième carpelle C, ; la paroi dorsale de ce carpelle se 2: Coupe transversale à:la 2 l'ovaire de la . n° carpelle F,, F., lames foliaires 5; C,, premier reconnaît aisément, ses parois latérales doivent être considérées 172 © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE : comme soudées à celles de C, et C, ; elles s’individualisent d’ailleurs ‘au sommet par deux fentes. Dans la coupe que nous décrivons, ce carpelle ne porte aucun ovule, mais sa face dorsale présente en son milieu une série de pièces aplaties, repliées les unes sur les autres comme les feuilles d’un bourgeon et dont les plus importantes sont les deux plus externes F et F,. La face Jatérale de ce même carpelle est également munie d’une sorte de languette foliacée L. Une coupe faite un peu plus haut dans l'ovaire (fig. 6) montre Fig. 6. — Coupe faite à la hauteur du tiers de l'ovaire de la fleur N° 5 5 Cas Ces Cs Carpelles ; F,, lame foliacée et anthère à 3 sacs polliniques ; F,, filet et anthère à 4 sacs polliniques ; L, languette foliacée stérile ; O,, O,, ovules insérés Sur Le C.. Ouvert et présente une placentation pariétale ; une seule rangée esi normalement. développée, l'autre est plus ou moins atrophiée. Dans la cavité commune provenant de la réunion de celles de C, et C,, on retrouve la languette L présentant à sa base une rangée d’ovules. La pièce F, est maintenant composée de deux parties, une partie foliacée et une anthère comprenant trois sacs FLEURS D’AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA 173 polliniques ; la pièce F, est aussi décomposée en deux autres dont l’une représente le filet et l’autre l’anthère d’une même étamine, Les autres pièces centrales ont disparu. Une série de coupes prati- quées dans l'ovaire permet de se rendre compte de la forme des pièces F et F,. La pièce F est une lame foliacée soudée sur presque toute sa longueur à la paroi du carpelle dont elle ne s’isole qu’au sommet ; elle présente latéralement une anthère concrescente avec elle-mème dans sa partie supérieure, mais s’en séparant dans la partie inférieure (en particulier au niveau de la coupe représentée : figure 6). Cette anthère possède quatre sacs polliniques dans sa région moyenne, mais elle n’en a plus que trois dans sa partie inférieure et deux seulement à peine développés dans la zone voi- sine du style. A ce niveau, la pièce F, se détache de la paroi carpel- laire pour venir former le petit style dont nous avons parlé plus haut. Ce petit style est inclus dans un autre plus allongé qui est constitué par le prolongement des carpelles C, et C.. Quant à la pièce F,, c'est une étamine soudée à la paroï du car- pelle par la base aplatie de son filet (fig. 5). Ce dernier porte à son extrémité une anthère très courte. La coupe représentée figure 6 a été faite un peu au-dessous de l'insertion du filet sur l’anthère. Fleur N° 6, — Le périanthe est composé de quatre pièces au milieu desquelles on aperçoit un groupe d’anthères. La pièce n° 1 est normale. La pièce n° 2 présente latéralement un sac pollinique. La pièce n° 3 possède deux sacs polliniques : un latéral et un médian, La pièce n° 4 présente deux sacs polliniques soudés à l’un de ses côtés. À l'intérieur du périanthe on rencontre de nombreuses éta- mines ; un premier verticille de ces étamines comprend trois par- ies distinctes. La première opposée à la pièce n° À du périanthe est formée de trois anthères normales supportées par des filets concres- cents sur la plus grande partie de leur longueur. La seconde oppo- sée à la pièce no 2 comprend une étamine simple, ordinaire ; enfin la troisième opposée aux pièces 3 et 4 du périanthe est formée par la concrescence de 4 étamines soudées les unes aux autres sur une Partie plus ou moins longue de leur filet (fig. 7). Dans toutes les étamines de cette fleur, le filet s'insère non pas au milieu de l'an- thère mais vers sa base, et fréquemment les deux moitiés de l’anthère se séparent au-dessous du point d'insertion, en formant 174 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE deux petits prolongements distincts. On arrive assez facilement dans une coupe transversale du filet commun à distinguer les faisceaux qui correspondent à chacune des étamines concrescentes. À l'intérieur de ce premier verticille d’étamines, on en observe un second constitué par des étamines de dimension extrèmement réduite; la première opposée à la pièce n° À du périanthe est for mée par une petite écaille, dans laquelle on ne peut distinguer ni filet ni anthère, et qui porte latéralement un sac pollinique atrophié. Une deuxième étamine opposée à la pièce n°2 présente un court filet aplati, portant une anthère à deux sacs polliniques, un de chaque côté ; l’un de ces sacs est normalement constitué, tandis que l’autre est atrophié ; le filet est inséré vers la base de l’anthère, A B [N Fig. 7 (1 — Pièce formée par la concrescence de quatre étamines (fleur n° 6). Fig. 8 — Pièce formée par la concrescence des filets de quatre étamines ; Se du la plus y nes de dimensions très réduites et ne possède que deux sacs polliniques (fleur n° 7). Fig. 9 (C). — Pièce formée Gt ü concrescënce de deux étamines (fleur n° 7). a et les deux moitiés de celles-ci s'écartent en formant deux petits prolongements. L'étamine opposée à la pièce n° 3 du périanthe a la forme d’une lame portant de chaque côté un sac pollinique normalement déve- loppé ; enfin celle qui est située vis-à-vis de la pièce n° 4 présente aussi deux sacs polliniques, mais du même côté. Au centre de ce deuxième verticille d'étamines, à la place qu'occuperait normalement le style, on trouve deux étamines sOu- dées ensemble par leurs filets et dont les anthères très courtes renferment quatre sacs polliniques normalement développés. Une coupe dans la partie figurant l'ovaire ne montre aucun carpelle et aucun caractère permettant de croire à l’existence de l'ovaire ; les nombreux faisceaux libéro-ligneux sont absorbés par les pièces du périanthe et par les étamines de sorte que lon est FLEURS D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA 175 conduit à considérer cette partie comme formée par la simple soudure des pièces décrites précédemment. Dans ces conditions l'organe situé à la place de l'ovaire aurait la valeur morphologique d’un simple pédoncule floral et la fleur serait une fleur exclusive- ment mâle, | Fleur N° 7, — Cette fleur présente des anomalies analogues à la ‘fleur précédente. 5 Le périanthe comprend quatre pièces soudées à leur base en une sorte d’entonnoir d’où l'on voit émerger une masse confuse d'étamines. Vis-à-vis la pièce n° { on trouve une étamine d'aspect normal mais dont l’anthère ne renferme qu’un seul sac pollinique ; l'emplacement d'un deuxième sac est marqué par la formation d'une petite plage de tissu mécanique, mais aucune cavité ne se différencie et naturellement aucun grain de pollen. A l'opposé de la pièce n° 2 du périanthe on trouve une étamine normale et une pièce formée par la concrescence de quatre étamines ; les filets de ces quatre étamines sont entièrement soudés, les anthères sont libres, l’une d’elles renferme seulement deux sacs polliniques, les autres sont normales. Vis-à-vis la pièce n° 3 on trouve de même une étamine normale et une pièce formée par la soudure de quatre étamines ; ces quatre étamines ont leurs filets concrescents en une seule masse sur laquelle s’insèrent les anthères à différents niveaux ; l’une de ces dernières est réduite à deux sacs polliniques (fig. 8). À l'opposé de la pièce n° 4 du périanthe on trouve de même deux étamines concrescentes par leur filet, et dont les anthères se sépa- rent à la partie inférieure (fig. 9). Au centre de la fleur, à la place occupée normalement par le style, se trouve une lame aplatie con- tournée et portant sur un de ses bords deux sacs polliniques ; à l’autre bord est soudé un filet qui porte à son extrémité une anthère à deux sacs polliniques. On ne trouve aucune trace d’ovaire dans la partie située au-dessous du plan d'insertion des étamines, qui doit être considérée comme formée simplement de la concrescence des différentes parties de la fleur que nous venons d’énumérer. Fleur N° 8. — Le périanthe est formé de quatre pièces ; l’une d’entre elles présente à son extrémité supérieure une dépression à laquelle correspond un sillon longitudinal, ce qui permet de penser qu'elle est formée de la soudure de deux autres. Au milieu du tube 176 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tormé par le périanthe on voit sortir de nombreuses anthères dont les filets sont plus ou moins concrescents. Vis-à-vis la pièce n° 1 du périanthe on trouve une étamine dont le filet est libre à sa base de toute adhérence et concrescent à sa partie supérieure avec la moitié inférieure de l’anthère. Toutes les autres étamines sont soudées sur une longueur d'un demi-centimètre environ par la base de leurs filets en un organe central qui occupe le milieu de la fleur. Cet organe se divise à son extrémité supérieure en plusieurs parties dont chacune est formée par la concrescence d’un nombre plus ou moins grand d’étamines. L'une d’elles opposée à la pièce n° 2 du périanthe est constituée par la soudure des filets de trois étamines dont les anthè- res restent libres ; ces anthères se bifurquent à leur base et c’est au point où se produit la séparation qu'a lieu l'insertion de l’anthère sur le filet commun par un pédicelle plus ou moinsépais. — Chacune de ces anthères présente en section transversale quatre bourrelets correspondants aux sacs polliniques, mais tous ne sont pas fertiles. Dans deux des étamines deux bourrelets restent stériles, formés d'un parenchyme ordinaire, où l’on ne distingue aucune cavité ; dans la troisième un seul de ces bourrelets reste stérile. Une seconde partie de l'organe central opposée à la pièce n° 5 se compose comme la précédente de trois étamines Sou- dées par leurs filets et présentant les mêmes anomalies. Une seule de ces étamines possède quatre sacs polliniques bien développés, les deux autres ont chacune deux sacs polliniques et deux bourre- lets stériles. Enfin vis-à-vis la pièce n° 4 du périanthe se trouvent deux autres parties formées chacune par la concrescence des filets de deux étamines avec les mêmes anomalies signalées plus haut aux points d'insertion des filets sur les anthères. Chacune de ces étamines possède quatre sacs polliniques normalement développés. Au centre enfin des quatre pièces que nous venons de décrire se trouve une dernière partie formée par la concrescence des filets de deux étamines présentant les mêmes anomalies que précédemment. Ce dernier organe occupe l’emplacement du style. Une coupe dans la partie de la fleur située au dessous né dénote aucun vestige de l'ovaire qui est absent comme dans les fleurs précédentes. Fleur N° 9. — Le périanthe comprend trois pièces externes de dimensions très difiérentes : une grande, une moyenne, une très FLEURS D'AGAVE MEXICANA ET D'AGAVE VIVIPARA 177 petite, et deux pièces internes. L'une de ces dernières, aplatie à sa base, et portant latéralement une demi-anthère à sa partie supé- rieure, est soudée au filet d’une étamine. La deuxième pièce interne présente la même constitution, mais avec une forme plus régulière. Au centre se trouve le style divisé en deux parties dans sa région supérieure ; l’ovaire n’est différencié qu’à sa partie supérieure, où il ne présente d’ailleurs que deux petites fentes à lumière très étroite et où ne se trouve aucun ovule. Fleur N° 10. — Périanthe de cinq pièces ; deux étamines nor- males ; deux étamines à trois sacs polliniques et à anthère bifurquée à sa partie inférieure ; deux étamines à filets concrescents. Le style a la forme d’une lame concave portant à son intérieur du tissu Conducteur et dans sa paroi un sac pollinique. . Fleur N° 11. — Périanthe de cinq pièces : trois externes et deux internes, dont l’une porte latéralement un sac pollinique; deux étamines normales à filets concrescents sur toute leur longueur; deux étamines à filets soudés à la base ; une étamine anormale pré- sentant de chaque côté un sac pollinique atrophié. L'ovaire est de conformation ordinaire. ” AGAVE VIVIPARA Fleur N° 1. — Le périanthe comprend six pièces, trois externes, trois internes ; l’une de ces dernières présente latéralement un bourrelet renfermant trois sacs polliniques. A l’intérieur du périan- the on trouve quatre étamines normales, et au centre un ovaire formé de deux carpelles bien développés. Fleur No 2, — Le périanthe comprend quatre pièces ; à l’inté- rieur on trouve deux étamines seulement. L'ovaire présente trois Carpelles normaux et se prolonge par un style portant sur une grande partie de sa longueur un bourrelet formé de trois sacs polliniques. Fleur No°3 (fig. 10). — Le périanthe est formé de quatre pièces Soudées à la base, distinctes au sommet; l’une d’entre elles, plus épaisse que les autres, présente à son intérieur une cavité renfer- * mant une rangée d’ovules; cette cavité s'ouvre légèrement à la Partie supérieure. Fleur No 4 (fig. 11). — Le périanthe comprend quatre petites pièces de dimensions très réduites dont l’une plus grande porte Rev. gén. de Botanique. = XVII. #2 178 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE latéralement deux sacs polliniques. A l’intérieur on trouve deux petites étamines mais aucune trace de style ni d’ovaire. Fleur No 5. — Le périanthe se compose de trois petites pièces ; | en son centre on aperçoit un carpelle ouvert, portant sur un de ses bords une rangée d'ovules. Fleur N° 6. — La fleur est constituée par un périanthe de deux petites pièces, à côté A B desquelles on trouve une étamine, Fig. 40 (A). — Fleur n° 3. Fleur N° 7. — La fleur n’est composée Fig, 11(B). — Fleurn°4. que d’une seule petite pièce représentant le périanthe et d’une étamine. Fleur N° 8. — Cette fleur comprend un périanthe formé d’une pièce unique et un carpelle renfermant deux rangées d’ovules. Les fleurs qui me resteraient à décrire, si on peut encore leur donner ce nom, sont réduites à de simples pièces isolées, qui pous- sent à côté ou au centre des bulbilles et qui ne méritent pas une description particulière. On trouve ainsi une quantité de pièces intermédiaires entre les feuilles et les étamines, et entre les feuilles et les carpelles. J'ai rencontré le plus fréquemment des pièces aplaties portant latéralement deux sacs polliniques, et d’autres ayant l’aspect de petites feuilles, mais présentant dans leur épais- . Seur une-ou deux cavités renfermant deux rangées d’ovules. En résumé, les principales modifications tératologiques que nous avons rencontrées dans cette étude sont les suivantes : 1° Augmentation ou réduction (pouvant aller jusqu’à la suppres- sion) du nombre des pièces du périanthe, de l'androcée et du pistil. 2 Cuncrescence : 1) des pièces du périanthe entre elles: 2) des élumines entre elles ; 3) des étamines avec le périanthe ; 4) des éta- mines avec le style. 3 Dissociation du style, du filet et de l’'anthère des étamines 4° Transformation partielle des pièces du périanthe en étamines, du style en étamine, remplacement des ovules par des sacs polliniques. 5° Avortement dans les anthères d'un nombre plus ow moins grand -de sacs polliniques, disparition du tissu mécanique. 6° Réduction plus où moins grande dans les dimensions de toutes les pièces de la fleur et déformation de toutes sortes de ces différentes pièces. CL} REVUE DES TRAVAUX À DE TÉRATOLOGIE VEÉGÉETALE PARUS DE 1895 à 1899 (Suite). Modifications de forme. — Parfois l'absence des branches peut donner aux arbres qui présentent cette anomalie un aspect bien spé- cial. C'est ce que M. MorgiLLon (1) décrit pour une forme très curieuse du Sapin argenté. Les exemplaires, rares, du reste, ont environ un mètre et demi de hauteur; ils ne présentent aucune branche et ne s’al- longent que très lentement par le sommet. Cette forme irramosa peut être considérée comme provenant de la variété virgata dont elle accen- tucrait la dégénérescence. Les formes du Picea excelsa sont très nombreuses en Suisse et M. Scurürer (2) en caractérise dix-huit en quelques lignes. Il distingue d'abord les formes produites par l'influence du climat, de la localité, des animaux, etc., avec caractères non héréditaires [Épicéa conique, cylindrique, géminé, à candélabre, à gerbe, à gazon, à stolons, nain, étalé, brouté par des chèvres; ce dernier cas signalé aussi par M. Borc (3)]; puis les formes non produites par les conditions exté- rieures, mais à caractères héréditaires, ne se trouvant qu isolées ou en petit nombre (Épicéa pleureur, flagellaire, nain, à colonne, vergé) ; enfin les variétés à caractères héréditaires, géo ographiquement locali- sées (Épicéa à cônes verts, rouges, alpestre, intermédiai M. Curisr (4) a mème décrit une dix-neuvième forme F F4 strigosa) à ramilles très nombreuses, divergentes de tous côtés, Enfin, M. BRENNER (5) a montré comment la forme nouvelle oligo- clada se distingue de la forme virgata par des bras de deuxième ordre Peu développés. M. Fizarsky (6) a rencontré en Hongrie une intéressante forme du (1) M. Moreillon : Les Sapins sans branches de Chaumont (Neuchâtel, Bul. . 2., 1896, 1 pl.). (2) C. Schrôter : Arch. Sci. Phys., Genève, 43 t. 4, 1897, p. 475-478. (3) V. Borg : Helsingfors, Medd. Soc. Fauna et F1. ee 1895, p. 35. (4) H. . RE Sci. Phys., Genève, à) r 4, 478. (5) M. Brenner : Picea excelsa f. oligoclada n. à ins Medd. Soc Fauna et F1. rt 1895, p. 7). (6) F.-Filarsky : si. naturw. Ges. Budapest, nov. 1899, in Bot. Centralbl., Cassel, t. 82, 14900, p. 2 180 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Picea excelsa, dont on ne connaît que six exemplaires en Suisse, et nommée « csodafa » ou « Wunderbaum » par le peuple magyar; c’est un très bel exemple de cladomanie : une des moitiés de l'arbre est normalement constituée tandis que l'autre s’est développée en une sorte de colonne dichotome (var. columnaris). Les branches aciculaires du Genévrier commun peuvent parfois se transformer en rameaux ‘écailleux, semblables à ceux que possèdent les espèces de la section du Juniperus Oxycedrus; c’est ce que décrit et figure M. Secazz (1). Le dimorphisme inverse est parfois présenté par le J. thurifera. B. — STRUCTURES ANORMALES. hichi. — D’après M. Fuaii (2) les productions appelées « chichi » au Japon constituent sur les tiges âgées de Ginkgo des excroissances cylindriques ou longuement coniques, à extrémité arrondie, qui crois- par une écorce écailleuse et l’absence de feuilles. Le plus souvent on les observe à l'extrémité de vieilles branches brisées, à l'aisselle de fortes branches adventives ou au niveau des greffes, en relation avec les formations de cal; on les rencontre parfois sur les racines. a section transversale d’un « chichi » âgé de plusieurs années montre un certain nombre d’anneaux ligneux annuels comme dans une tige ou une racine; les plus périphériques de ces anneaux sont relati- vement minces, tandis que ceux situés près du centre sont subitement très épais. Sur une coupe longitudinale, ces anneaux annuels forment des couches en forme d’U : l'épaisseur de chacune de ces couches augmente graduellement depuis l’extrémité des bras de VU jusqu’à la base où elle peut atteindre parfois deux centimètres. Un certain nom- bre de massifs parenchymateux allongés sont sous radialement dans la partie centrale de la section ; ils atteignent souvent l'écorce et sont plus spécialement abondants à r pointe du chichi. Les ae du bois _. des courses sinueuses et se présentent dans les sections s ales avec des ti variées; les rayons médullaires sont accrus en volume et l’ensemble de la région ligneuse en devient irrégulière. Mise à nu, la surface du bois du chichi se montre très onduleuse et garnie de protubérances coniques terminées par un petit bourgeon : ces protubérances représentent ainsi de petites pousses ayant plusieurs années, enfermées sous les tissus de l'écorce. (1) J. Secall : Dimorfiomo notable. Descripciôn de un caso teratolg ico. (2 K. Fuji: On the Nature and Origin of so-culled « Chichi né pr biloba, L. (Preliminary Agé (Tokyo, Bot. Mag., t. 9,1 pl. VIN). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 181 L'ensemble de tous ces caractères anatomiques permet à l’Auteur de rapprocher le chichi, malgré sa taille extraordinaire, du Maser- kropt des auteurs allemands, dont il n’est qu'un cas particulier en raison de sa forme cylindrique ; aussi M. Fuji propose-t-il de le nommer Masercylinder. ianes. — La structure anomale des Lianes a donné lieu à quelques travaux. M. Cnopar (1) a étudié une belle liane, recueillie aux îles Borromées, le Pachyrhizus montanus, appartenant à la tribu des Pha- séolées. Les jeunes rameaux montrent de bonne heure un anneau de bois axial dépourvu de grands vaisseaux et de parenchyme ligneux. Le bois ultérieur n’est pas aussi compact : de larges rayons médullaires le divisent en bandes radiales interrompues tangentiellement par des n ligneux possèdent de très grands vaisseaux ; le liber atteint une épais- seur considérable. Il se produit, en outre, dans le péricycle, des assises génératrices partielles qui se rejoignent peu à peu et fournissent de nouvelles couches de bois et de liber, c'est-à-dire un anneau libéro- ligneux surnuméraire. Un grand nombre de tiges de lianes présentent une anomalie très Curieuse qui consiste en ractionnement du bois secondaire. M. Scuexck (2) avait autrefois expliqué cette anomalie par la déligni- Jication des cellules suivant des lignes radiales, mais, devant les criti- ques précises de M. Gilg et de M. Warburg, il dut examiner de nouveau ses matériaux et adopter avec ces Auteurs l’idée d’un parenchÿme de dilatation. Ses recherches ultérieures le conduisirent en 1895 à étudi une liane de la Famille des Acanthacées, appartenant au genre Men- doncia (M. Velloziana). Dans la tige, les formations nouvelles de cam- bium entraînent un étirement tangentiel qui détermine des ruptures longitudinales dirigées suivant des rayons et l’anneau du bois se frac- tionne en quatre morceaux presque réguliers. De plus, la tension agis- sant comme une irritation sur les cellules périphériques médullaires, celles-ci se divisent et donnent naissance au parenchyme de dilatation qui pénètre dans les fentes du bois axial M'° Tcuourrorr (3) a repris la même étude sur des échantillons d’une autre espèce de Mendoncia; ses recherches ne modifient pas la théorie du phénomène telle qu’elle a été établie par M. Schenck er () R. Chodat : Sur la structure anomale de la liane Pachyrhizus montanus DC. (Genève, Bul. Boissier, t. 3, 1895, p. 139-140). (2) H. Schenck : Ueber die Zerklüftungsvorgänge in anomalen Lianensläm- men (Jabrb wiss. Bot., Leipzig, t. 27, 1895, p. 581-612, pl. XX-XXI). (3) O. Tehouproff : Étude sur les causes qui délerminent le fractionnement du bois axial chez Mendoncia Schomburgkiana Nees ei sur l'origine et le déve- Hem des tissus cicatrisants (Genève, Bul. Boissier, t:5, 1897; M 326-365, fig.). 182 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE elles la précisent en l’appuyant sur quelques dessins de cette anomalie compliquée. Les conclusions de l’Auteur sont les suivantes : le paren- chyme de dilatation ne se forme pas sur place, mais provient soit de la moelle, soit de la périphérie (fig. 3); les causes du fractionnement rési- dent n eule t dans la production des faisceaux médullaires, mais encore dans la poussée intense que le tissu vivant exerce de chaque côté de l'anneau ligneux; le tissu qui remplit les fentes de rupture peut être considéré comme un véritable Lunure du bois. — La Lunure êne qui se décèle, sur une sec- tion transversale, par la présence d’un anneau peu coloré entourant comme d’une auréole la partie centrale du cœur. De ses recher- ches sur la cause de cette modifi- Fig. 3. — Tissu de cicatrisation formé Cation du bois, M. Henry () a dans une rupture du bois interfasci- Conclu que la Lunure est Le plus culaire de la tige de Mendoncia . Souvent produite par des froids b, bois ; bm, bois mou ; m, moelle; _ excessifs qui tuent tout l’aubier, v, lacune (d'ap. Tchouproff). lequel ne peut plus se transformer en duramen. M. Mer, (2) après de longues études, est arrivé à des résultats un peu différents. Pour lui, la constitution du bois luné est intermédiaire entre celle de l’aubier et celle du bois parfait. Le bois n’est pas tué du coup et ce n’est qu’au bout d’un certain temps, pendant lequel la durami- nisation se produit, que le tissu commence à dépérir ; le dépérissement se fait avec lenteur, le tanin s’oxyde et engendre une teinte rousse qui fait désigner l’altération sous le nom de Lunure rousse ; cette coloration est le caractère le plus sûr permettant de décider si le bois luné est mort ort. En dehors des hivers historiques, les hivers simplement rigoureux peuvent produire des lunures limitées à quelques couches qui détermi- nent dans le bois des Chênes des anneaux pâles ; les caractères micros- copiques de ces anneaux sont les mêmes que ceux des lunures : présence d’amidon plus on moins abondant, faible teneur en tanin. es physiologique sont nombreuses : la transformation du bois en duramen un acte essentiellement vital; l’étroitesse des couches d’accrois- (1) E. Henry : Nancy, Bul. soc. sci., 1897, p. 70. (2) É. Mer : La Lunure du Chéne (Nancy, Bul. soc. sci., 1897, p. 176). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 183 sement contiguës extérieurement à l'anneau luné montre que ce tissu fournit au bois en formation une portion de sa nourriture ; enfin, ü e froid peut exercer sur les tissus à l’état d'hibernation une action telle que leur activité physiologique est ralentie. C. FASCIATION. * Fasciation ordinaire. — M. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (1) a observé un pied de Leucanthemum vulgare présentant une curieuse tige fasciée, longue de vingt centimètres, portant au-dessous du capitule un rameau simple, non fascié, long de vingt centimètres également, peu feuillé et terminé par un capitule normal. Un autre cas plus intéressant encore a été offert au même Auteur par une touffe de Fritillaria imperialis dont deux tiges, nettement fasciées et formées chacune par la concrescence de trois axes, portaient 21 et 14 fleurs. La teinte noirâtre que l’on rencontre normalement sous le verticille des fleurs descendait beaucoup plus loin sur les faces semi-cylindriques des tiges que sur les faces planes et ces dernières présentaient, par contre, des feuilles plus nombreuses disposées en bouquets. La fasciation observée pendant les années 1896 et 1897 disparut subitement l’année suivante pour reparaître en 1899. M. CARDONNA (2) a indiqué la fasciation de la même plante. M. MarinvaAuD (3) a vu un pied d’Euphorbia exigua fascié dont la taille atteignait 50 centimètres de hauteur. Les cas de fasciation signalés par les différents Auteurs sont telle- ment nombreux que nous nous contenterons d’énumérer ici rapide- ment les principaux mémoires. Fasciation de la tige de l’Asparagus officinalis : M. Ricurer (Münster, Jahresber. Prov. Ver. Wiss., 1896, P. 108), M. Lanpois (Id, 1897, p.137), M. Nicnors (Sci. Gossip, London, (2) t. 2, 1895, p. 136), M. Gimmines (Id, (2) t. 3, 1896, p. 82); tige de Lilium : M. Pruuc (Zs. Bot. Abth. natur. Ver., Posen, t. 4, p. 21); tige de Ranunculus bulbosus : M. Bôrrcmer (Kônigsberg, Schr. physik. Ges., t. 38, 1897, p. 72) ; tige de Primula: M. Warp (Sci. Gossip, London, (2) t. 2, 1895, p. 99, 1 fig.); tige de Sambucus nigra : M. Bzanc (Lyon, Ann. soc. bot., t. 23, 1898, C.-R., p. 5); tige de Rosa : M. Lucer (Rouen, Bal. soc. centr. horticult., 1897, 13 p., 2 fig.); tige de Salix : M. Leraco (Monde P1., t. 7, 1897, p. 107), M. ScmibT (Danzig, Sch. natf. Ges., (2) t. 9, 1896, p. 168); tiges de Saxifraga virgt- niensis et Solidago mucronata : M. BaïLey (New-York, N, L, Dail Torrey Bot. CL, t. 24, 1897, p. 453-454); tige de Pinus silvestris : M. Tuseur (Forstl. naturw, Zs., t. 6, 1897, p. 474, 1 pl.); tige de Cynara (1) L. Géneau de Lamarlière : Sur quelques cas tératologiques observés aux environs de Reims (Reims, Bul. soc. sci. nat., t. 8, 1 - (2) Cardonna : Lyon, Ann. soc. bot., t, 23, 1898, C. R., p. (3) E. Malinvaud : Paris, Bul. soe. bot., t. 45, 1898, p. 388. 184 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Cardunculus, Echium violaceum : M. GALLARDo (Buenos-Aires, Anales Museo Nac., t. 6. 1898, p. 37-45, 3 pl.); tige de Beta vulgaris : M Dre- DICKE (Weïmar, Mitt. bot. Ver., 1896, p. 8); tige de Cucurbita Pepo : TERUS (Buitenzorg. Ann, Jard. bot., t. 13, 1895, p. 97-120, pl. XII-XIHH); tige d’Acacia linifolia : M. Tomas (Weimar, Mitt. bot. Ver., 1899, p. 113). Fasciation en anneau, — A côté des nombreux cas de fasciation linéaire énumérés plus haut, on peut placer les intéressantes anomalies où l'extrémité de l'axe s’étale en une crête annulaire (Ringfasciation). t triques de faisceaux libéroligneux ; les faisceaux du cerele externe sont normalement orientés (bois situé vers le centre), tandis que ceux du cercle interne ont une disposition inverse. Fasciation et torsion en spirale. — La fasciation spiroïde de la tige de Valeriana officinalis a été observée. maïs assez rarement, comme le nfin, M. Dincrer (6) a décrit et figuré sur une tige de Bambou deux anomalies remarquables consistant en un arrêt de croissance dans la longueur des entrenœuds combiné à une torsion spirale de Ja tige. Soudures de tiges. — M. PereRsEN (7) signale une soudure partielle M} A. Nestler : Ueber Ringfasciation (Wien, Sitz. Acad., t. 103, 1895, 16p.,2pl). (2) E. Bonnet: Remarques sur quelques hybrides et sur quelques monstruo- Silés (J. bot., Paris, t. 11, 1897, p. 239-242, 243-252) (3) G. Mottareale : Su di un caso di fasciazione spirale nel Linum strictum (Riv. patol. veg., Portici, f. 8, 1899, p. 225-226, 1 fig.). (4) GC. von Keïssler : Ueber eine Ziweig-Fasciation bei Lonicera caucasica Pull. (Wien, Verh. z0ol. bot. Ges., t. 49, 1899, p. 244-245, 1 fig.). (5) Viviand-Morel : Sur un exemple de torsion de PHypericum tetrapterum (Lyon, Ann. soc. bot., t. 20 p. 18-19). (6) H. Dingler : Ueber abnorme AuSbildungen des Grasstammes (Berlin, Ber. D. bot. is É46, » P. 295-300 2 fig). — Die Vorgânge bei des QUE Braun'schen Zwangsdrenung (Flora, Marburg, t. 84, 1897, p. 249-342, pl. VI-IX). (7) 0. G, Petersen : £n Bog med fastvoxet hængende Gren (Kjèbenhavn, Bot. Tids., t, 24, 1898, p. 329-333, 1 fig.) 8- REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 185 entre deux troncs de Hêtre de tailles différentes et dont l’ensemble affecte la forme de la lettre H ; l’un des troncs est complètement séparé da sol et continue à vivre. L’anatomie de la région soudée serait intéressante. D. — TÉRATOLOGIE EXPÉRIMENTALE. Durant la période de cinq années qui fait l’objet de cette Revue, de très intéressants mémoires concernant les phénomènes de régénération, de cicatrisation et de remplacement des organes ont été publiés ; nous les analyserons avec quelques détails. Régénération et cicatrisation. — Des expérience de régénération, semblables à celles qu'il avait effectuées sur les racines, ont été tudinalement le som- met de tiges d’Helian- nal, l’Auteur a obtenu f te: RAS la production de bour- b 4 Donne LT TRIER geons latéraux abon- RRRLR /74 LT Free RO A JAUCIKXES ; puis de pousses PO ILLI T (NL e remplacement, à ur | longs entre-nœuds , sur lesquelles les feuil- un Ë SART (2) SNA voulant éterminer RE OICn JE les phénomènes d Fig. 4. œ Coupe transversale d'une félure d'une tige régénération. a mis si de Ricinus communis qui a été comprimée latérale- évid l — ment le 6 septembre 1893 et récoltée le 48 du même ence les réactions mois: ec, écorce ; {, liber; b, bois; m, moelle (d’ap. que présentent les tis- Massart). (1) G.Lopriore : Vorlüufige Mittheilungen über die Regeneration gespaltener Stammspitzen (Berlin, Ber: D. bot. Ges., t. 13, 1895, p. 410-414). (2) J. Massart : La cicatrisation chez les Végétaux (Bruxelles, Mém. Acad, roy., t, 57, 1898, 68 p., 57 fig.). 186 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sus quand on les détruit en partie ou quand on fait agir sur eux les atismes les plus divers (brûlures, contusions, compressions , piqûres, etc.). Le processus de la cicatrisation dans les organes herba- cés est à peu près partout le même : 1° Les cellules lésées succombent si la contusion a été assez forte ; les cellules plus internes, en contact avec elles, augmentent de taille et s’allongent vers la surface lésée; les méats intercellulaires disparaissent ; > En même temps, les parois de ces cellules s’amincissent graduellement ; 3° Dans les cellules qui s’allongent, lamidon disparaît, employé sans doute à la nutrition ; les chloroleucites évoluent de même ; * Lorsque les cellules ont atteint une certaine longueur, elles se segmentent alors par des cloisons perpendiculaires au grand axe de la cellule, c’est-à-dire parallèles à la surface lésée. Ce parallélisme des cloisons et de la surface de lésion, signalé depuis longtemps par Hofmeister, est surtout très net, comme le montre M. Massart, dans les blessures en forme de fente (fig. 4); % L’excitation traumatique se propage ensuite plus profondément dans les tissus ; lorsqu'elle est limitée à une seule assise cellulaire (Cordyline), le tissu qui prend naissance est formé de files bien régu- lières de cellules. Mais le plus souvent l'excitation se transmet de cellule à cellule jusqu’à une distance la moelle de Cucurbita ficifolia). - Le transfert de l'excitation depuis la surface: lésée jusqu'aux couches profondes se fait lentement : les cel- lules superficielles sont beaucoup des influencées et elles possèdent un Fig. 5. — Coupe transversale de la nombre plus considérable de cloisons portion périphérique de la moelle (fig. 5): les cloisons nouvelles des d'une jeune tige de Ricinus com- cellules les plus internes perdent même leur parallélisme et il semble ‘ que l'excitation se propage d’une d’en bas, à gauche, — f, extrémité façon diffuse au sein des tissus mo- interne de deux faisceaux (d'ap. difiés. Massart). En général, l'excitation se propage en ligne droite lorsque les cellules traversées sont de même nature; les cellules mortes, les fibres, les vaisseaux ligneux, c’est-à-dire tous les éléments déjà fortement diffé- renciés, ne sont pas influencés par elle, mais la dévient de sa direction première : la direction de cloisonnement subit une sorte de réfraction REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 187 et les nouvelles cloisons qui apparaissent ne sont plus parallèles à la surface lésée. Lorsque les tissus sont hétérogènes ou spongieux, la réaction devient complexe, les lacunes intercellulaires se comblent et la cavité des vaisseaux se remplit de thylles. Au sujet du sort des cellules cicatricielles, M. Massart étudie l’in- fluence des divers facteurs internes et externes sur l’état final du tissu cicatriciel et sur la -subérisation des cellules qui le constituent. L’age est le plus important des facteurs internes : la cicatrisation est tar- dive et insuffisante dans les cellules vieillies et ne permet plus, comme dans les éléments jeunes, la formation d’un nouvel épiderme aux dépens des cellules profondes. Parmi les causes externes, l'exposition à l'air est la seule qui exerce une action prépondérante sur le sort de la cicatrisation : les cellules superficielles soumises à la dessiccation se subérisent ; la transpiration se présente ainsi comme le principal agent phellagogue nfin, M. Massart n’admet pas la distinction proposée en 1895 par + FRANK (1) entre le liège et le cal ; il pense de plus que la nature de l'excitation est d’ordre chimique. D’autres observations relatives à la direction des cloisonnements ont été faites par M. Kny (2). Cet Auteur a voulu déterminer l'influence de la pression et de la traction sur la direction du cloisonnement cellu- gramme, de petites bandes, de trois à six millimètres d'épaisseur, : découpées dans des tubercules de pomme de terre ; il a ainsi observé la production d’un grand nombre de cloisons nouvelles dans les cellules étirées parallèlement à la surface de la lanière : les cloisons se présen- tent normalement à la surface libre de la lanière ; elles sont donc encore Perpendiculaires à la dore Fai l'excitation traumatique, comme dans les expériences de M. Mas € bornant aux cellules parie M. Tirrmanx (3), dans un intéressant travail, a recherché comment elles prenaient naissance et ans quelles conditions elles pouvaient se régénérer. L’Auteur arrête Se croissance en diamètre de rameaux très jeunes, c’est-à-dire ne pos- t pas encore de liège, en les entourant d’un manchon de plâtre (4) A. B. Frank : Die Krankheiten der Pflanzen (Breslau, t. 1, 2. Aufl., 1895, “% s = (2) L. Kny : Ueber den Einfluss von Zug und Druck auf run der Se dewände in sich theilenden Pflanzenzellen (Berlin, Ber. D. bot. Ges., t. 14, 1896, p. 378-391, 2 fig.). (3) H. Tittmann : Beobachtungen über Bildung und Regeneralion des Peri- derms, des Epiderms, des Wachsüberzuges und der Cuticula einiger Gewâchse (Jahrb. wiss. Bot., Leipzig, t. 30, 1897, p. 116-1 _ 188 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE d’après la méthode du professeur Pfeffer et il constate l'apparition de suber ; l'expérience effectuée dans des conditions identiques avec des rameaux âgés de deux à qnatre ans, et privés de leur liège, montre de même la formation d'une nouvelle assise subérophellodermique au- dessous des cellules mises à nu. Siles rameaux sont entourés d’uné atmosphère très riche en vapeur d’eau, le périderme s'établit au milieu des cellules du parenchyme qui se sont RU agrandies et ont constitué un cal. uoique ayant varié ses expériences, M. Tittmann n’a jamais pu observer la régénération de l’épiderme. Quelques plantes, commé l’Agave americana, V'Aloe régénèrent leur cuticule plus tacitément dans l'air sec que dans l’air humide. Un certain nombre d’ espèces vivant dans les marécages (Mentha aquatica, he tsert nd des. épaississent leur cuticule quand on les fait vivre dans l'air, mais les plantes aquati- ques submergées (Ceratophyllum “ponts usé canadensis), dépla- cées de leur milieu, ne peuvent épaissir leur cuticule et meurent dans l'air même saturé d'humidité M. MauLe (1) dans un intéressant travail anatomique a Hhipidé les anciennes recherches de M. de Vries sur le bois de blessure; ila is la « polarité des cellules: » comme base de ses recherches, à l'exemple de M. Vôchting dont il rappelle les mémoires antérieurs sur la (formation et la transplantation des organes végétaux (1884 et 1892): Remplacement. — Le phénomène de remplacement de la tige princi- pale par une branche latérale est bien connu et dû à de nombreuses causes qui toutes ont pour effet de détruire l'extrémité de l’organe. M. GRiFFON (2) a déterminé comment et dans quelle mesure les pousses de quelques arbres forestiers (Chêne, Hêtre, Charme, etc.), détruites par la gelée printanière du 12 mai 1897 (8° au-dessous de zéro), étaient remplacées par de nouveaux rameaux ; il a de plus com- paré anatomiquement ces derniers aux rameaux normaux du printemps et aux pousses supplémentaires (pousses d'août) qui se produisent tous les ans en été. — Les pousses de remplacement se sont montrées beaucoup plus rares chez le Hêtre que dans les autres essences, mais dans tous les cas elles ont pris un développement de moindre impor- tance que celui des pousses normales. Leurs tissus de soutien présen- tent un état d’infériorité marqué : le liège est composé d’un nombre plus faible d’assises, les cellules télé corticales manquent, les fibres du liber sepandaire ne se forment pas, les fibres péricycliques et ligneuses sont moins nombreuses et ont leurs parois moins épaissies ; enfin, le bois d'automne est peu représenté. (1) C. Maule : Der Faserverlauf im Wundholz. Eine anatomische Unter- qu + - (Bibl. bot., Stuttzart, 1895, 32 p., 2 bi: (2) E. Griffon : De l'influence de la gelée printanière de 1897 sur La pen tion de ge essences forestières (Rey. gén. bot ,; Paris, t. 9, 1897, p tig. 76-80, pl. XXII). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 189 Pour suivre de plus près les différentes phases du remplacement et tout p d te de l’âge exact des régions, M. BoiRiVANT (1) a eu recours à l’expérimentation. Ses expériences ont porté sur le Pinus silvestris, l'Abies balsamea, le Picea excelsa, le Phaseolus multiflorus, etc. A des individus de même espèce et de même âge, cultivés dans des conditions aussi identiques que possible, l'Auteur sectionne l'extrémité de la tige principale ; il obtient ainsi des rameaux de remplacement, — Comparé à un rameau latéral normal de même âge, le rameau de remplacement montre des feuilles plus grandes, plus épaisses et un changement de direction, car il est devenu vertical. Sa structure interne est aussi très différente : le fonctionnement actif des cellules du méristème terminal et de l’assise génératrice libéroligneuse lui assure un allongement rapide et un diamètre supérieur pour le cylindre central, tous ses éléments cellulaires sont plus grands, ses tissus de soutien plus abondants, les fibres péricycliques sont souvent fort nombreuses et le collenchyme est bien plus développé. — Comparé ‘ à une tige principale, le rameau de remplacement s’en rapproche beau- coup tant par sa structure que par son aspect extérieur ; il régénère dans une large mesure la portion détruite de cet organe. M. Weisse (2) a de même supprimé une partie des rameaux axil- laires et cherché quelles étaient les modifications phyllotaxiques pro- duites daps les autres rameaux ainsi « forcés ». Ses nombreuses expé- riences, effectuées dans une pépinière sur de jeunes arbres de trois ou quatre ans (Noisetier, Orme, Tilleul, etc.), lui ont montré le passage de la disposition distique des feuilles à la disposition spiralée plus ou moins divergente. Les résultats ont été particulièrements nets avec le Noisetier et représentés par une série de diagrammes et de coupes transversales dans une grande planche qui accompagne le travail. Le Frène et le Lilas ont fourni sur les rameaux forcés des verticilles de trois feuilles. n sait qu'un certain nombre de plantes (Sarothamnus scoparius, Asparagus ofjicinalis, etc.) présentent un système foliaire très réduit et par suite une tige de forme spéciale où des cannelures et des ailes contenant de la chlorophylle viennent contrebalancer le faible dévelop- pement du tissu assimilateur. M. BotmivAnr (3) a cherché à accentuer ce phénomène par la sup- pression des feuilles au fur et à mesure qu’elles apparaissaient sur des tiges de Fève, de Genèêt, etc. Il a constaté une coloration verte beau- coup plus foncée des tiges due à la production d'un nombre supérieur (1) A. Boirivant : Recherches sur les organes de remplacement chez les plantes (Ann. sci. nat., Bot., Paris, (8)t. 6, 1898, p. : 6 fig., pl. XVII-XXI). (2) A. Weisse : Ueber Veränderung der. Blatistellung an aufstrebenden Axilurzweigen (Berlin, Ber. D. bot. Ges., t. 17, 1899, p. 343-378, pl. XX VII). (3) A. Boirivant : Sur le tissu assimilateur des tiges privées de feuilles (Paris, C.-R. Acad. sci., t. 425, 1897, p. 368-370). 190 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de grains de chlorophylle dans les cellules assimilatrices qui, elles- mêmes, sont plus allongées dans le sens radial et souvent plus abon- dantes. L’assimilation chlorophyllienne et la transpiration deviennent, pour une même surface, beaucoup plus intenses que dans les organes nor- maux. Pour étudier l'influence qu'une partie de la pans. exerce sur la croissance des autres organes (corrélation de croissance . HERING (1) emploie une méthode toute différente de la méthode d’amputation. Avec un manchon de plâtre il conserve vivante et intacte la tige d’une plantule, mais il en arrête complètement la croissance : la racine ne se développe plus. ue plante croît de nouveau avec vigueur quand la tige est mise en libert Si on .. à la fois l’accroissement en longueur et en épaisseur d'une partie de la jeune tige, l'allongement de la région restée libre se ralentit ; si on empêche seulement l'accroissement en longueur, la tige : s’épaissit beaucoup. Des résultats de même ordre furent obtenus par l’Auteur avec une racine entourée d'un anneau de plâtre sur une bonne partie de sa lon- gueur. VIII. — TÉRATOLOGIE DE LA FEUILLE. = Concrescences et bifurcations. — M. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (2) à eu l’occasion d'observer chez le Pois et la Fève, dans les premières feuilles qui suivent les cotylédons, des concrescences plus ou moins complètes pouvant intéresser non seulement les pétioles, mais aussi le limbe des feuilles. Ces concrescences se produisaient entre deux feuilles situées côte à côte sur le même nœud : il y avait donc eu, au préalable, une multiplication d’organcs puisque les feuilles sont normalement isolées ans les espèces observées. L'étude anatomique des feuilles anormales est venue confirmer les autres latéraux et un peu plus petits. Dans le pétiole résultant de la concrescence des deux feuilles, il y a cinq gros faisceaux, le faisceau dian formé par la réunion des deux faisceaux latéraux voisins étant un peu plus petit que ses deux voisins qui correspondent aux faisceaux (1) F. Hering : Ueber Wachsthums ee in Folge mechanischer Hemmung der Wachsenns (Jahrb. wiss. bot., Leipzig, t. 29, 4896, p. 132-170, k fig.). (2) L. Géneau de een : Sur quelques cas anormaux observés res le Pois, la Féve et le « Peucedanum Oreoselinum » (Paris, C.-R. ass. franç. avanc sci., 1895, 2 partie, p. 508-808). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 191 médians des deux feuilles concrescentes. Anatomiquement ; la concres- cence s'étend donc à deux des faisceaux latéraux, les autres restant intacts. Quant à la cause des anomalies, M. Géneau pense qu’elle doit être rapportée à un excès de nourriture, car les graines avaient été mises à germer dans un terreau très riche et l’abondance des matières nutritives à pu entraîner la formation, au même niveau, de deux points végétatifs foliaires qui se sont séparés plus tard. D’autres concrescences de feuilles sont signalées par M. PAOLETTI (1) ce dernier exemple, la feuille anormale, plus large que d'ordinaire, présente vers le milieu de la face supérieure une partie bombée creusée d’un sillon longitudinal. De chaque côté du sillon sont deux nervures rapprochées au sommet du limbe ainsi qu’à la base où elles se conti- nuent avec le pétiole. Quelques coupes transversales pratiquées au travers du pétiole et dans la tige, au-dessous du point d'insertion de la feuille, permettent à l’Auteur de conclure que lanomalie est la consé- quence d’une soudure incomplète de deux feuilles résultant du dédou- blement de l’une des feuilles du verticille normal. M. A884D0 (3) a trouvé dans le jardin botanique.de Pise des feuilles de Buis dont la nervure médiane était bifurquée et dont le limbe était Partagé irrégulièrement. nviron dix cas anormaux ont été signalés par M. Massari (4) sur les feuilles de Cocculus laurifolius, Plusieurs exemples de concrescence Sont décrits par M. JacoBascu (5) sur Calla æthiopica, par M. Kezer (6) sur de jeunes pousses d'Evonymus japonica. Les feuilles bilobées de l’'Orme ont donné lieu en 1899 à de nombreu- ses observations. M. Marty (7) en a recueilli une série complète conte- nant tous les intermédiaires ; il compare cette anomalie à la forme (4) G. RER Note di teratologia vegetale (Padova, Bull. soc. ven.-trent., t. 6, 1896, p. 18-19). (2) A. Paul De quelques anomalies foliaires (Naturaliste, Paris, 1895, P. 53-55, 4 fig.). (3) M. Abbado : Divisione della nervatura e della . in alcune foglie di Buxus sempervirens (Firenze, Boll. Soc. bot. ital., 1895, p. 179-181 (4) M. Alcune foglie mostruose felGocculns RE (Firenze, Boll, Soc. bot. » 1895, p. 150-154). (5) E. si: Teratologische Mittheilungen !Weïmar, Mitt. bot. Ver., 1899, p. 3-3). G). J. A. Keller : Notes on Plant Monstrosities (Philadelphia, Pa., Proc. Acad. Nat. Sci., 1897, p. 284-287, pl. V). (7) P. Marty Feuilles d'ormeaux bilobées (Feuille jeunes natural., Paris, t. 29, 1899, p. 54-55, 7 fig.). — Téralologie végétale [Réponse à M. Gabelli) p. 125). 192 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE normalement bilobée des feuilles de Bæhmeria et en attribue la cause à es phénomènes d’atavisme, à un reliquat phylogénétique. Tel n'est pas l'avis de M. GaBeLri (1) qui y voit plutôt un cas de néoformation, ni celui de M. RaBaub (2); il faut bien se garder, dit ce dernier Auteur, de considérer comme forme ancestrale une malformation M quand il n'existe en faveur de cette manière de voir aucune indication, même hypothétique. M. BreuiL (3) décrit de son côté une on pr. dont toutes les feuilles sont bilobées et d’autres cas identiques se rap- portant principalement au Trèfle et au Lierre ; il insiste surtout sur ce fait que les PS He favorables à l'hypertrophie ne le sont pas toujours au dédoublement, comme l’admet M. Delpino dans sa théorie de la SL NEC . Kecsey (4) a signalé des feuilles d’Ulmus americana dont Île pétiole bifurqué suivant un angle de 50° environ porte deux portions de limbe et un Acer glabrum qui présente souvent des feuilles es dément digitées ou munies de trois folioles. M. DAGuILLON (5) a observé sur les feuilles du Lierre et du Bégonia toutes les transitions simplement, d’après l’Auteur, en une bifurcation du limbe car ni la disposition des feuilles sur la tige, ni celle des faisceaux libéroligneux du pétiole ne sont troublées. (1) L. Gabelli : Feuilles dédoublées (Feuille jeunes natural., Paris, t. 29, 1899, p. 134-137, 6 fig.). — A propos de feuilles d’ormeaux bilobées (Id, p. 90-91). — Sulla causa degli sdoppiamenti fogliaci (Malpighia, Genova, t. 10, 1897, p. 67-71). — Sopra un caso assai interessante di sinfisi fogliare (Id, p. 198-204). (2 E. Rabaud : Tératologie végétale (Feuille jeunes natural, Paris, t: ®, 1899, p. 142-143 (3) CO Brobit | A propos de feuilles d’ormeaux bilobées Fe jeunes tu a 91, 1 fig.). — Diverses observations sur id blemient des feuilles et quelques autres anomalies (Id, p. 137-142, 6 sé (4) F. D. Kelsey : Some field notes (Bot. Gaz., Chicago, IL, Univ. Chic., t. 20, 4895, p. 117-118). (5) A. Per De quelques anomalies foliaires (Naturaliste, Paris, 1895, p. 53-55, 4 (A suivre). C. HouaR2: 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères, Le Gérant, Th. CLreRQUIN: RÉCENTES PUBLICATIONS POTANQUES HERMANN R. von bye Beiträge zur Physiologischen Anatomie der dr gras Leipzig, Enge'mann, 1905. M. Nouvelles recherches sur le rôle de l’acide cyanhydrique dans “ plantes vertes. Leide, Brill, 1905. BRuCHMANx : Ueber = Prothe THE und die Keimpflanzse von Ophiog- lossum re m L. Leipzig, 1904. js N-Dyer : /n a Kewensis plantarum Le ro Supple- mentum ne Atbama-Leucocoryne. 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HI. — ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES (avec planches et figures dans le texte), par M. E. Gallaud (suite) es ee ER SR ET ECS DEN. re DIS AUS EU RS A de Cette livraison renferme quarante-neut figures dans le texte. © Pour le Hode de publication et les couditions d'abonnement _voir à la troisième pe de la couverture. 223 SUR LE DÉVELOPPEMENT SPOROGONE DES MOUSSES par M. LECLERC DU SABLON Le développement du sporogone des Mousses a été étudié surtout par Kienitz-Gerloff (1). On sait d’après les recherches de cet auteur que la cellule terminale d’un jeune sporogone donne naissance, par un cloisonnement parallèle à ses faces planes, à quatre séries de segments qui se divisent à leur tour par des cloisons tangentielles et radiales. La première cloison tangentielle marque la séparation des deux régions que l’on distingue dans le sporogone adulte : la région externe correspondant à l’écorce et à l’épiderme d’une tige de Phanérogame et la région interne correspondant au cylindre central; l’assise sporifère est située à la périphérie de la région interne et correspond par conséquent au péricycle. Plus tard, Vuillemin (2) a développé cette comparaison du sporogone des Mousses avec la tige des Phanérogames. Je me suis proposé, dans cette note, de compléter sur quelques points les observations de Kienitz-Gerloft; j'ai étudié en particulier la marche des cloisonnements à partir de la cellule terminale et la formation de la gaine de tissu parenchymateux qui entoure les spores dans la capsule adulte. Les espèces qui m'ont paru les plus favorables à ce genre de recherches sont le Funaria hygrometrica et le Bryum nutans. La description qui suit se rapporte au Funaria hygrometrica. Les coupes ont été faites au microtome après inclusion dans la parafine, et colorées par l’hématoxyline. (4) Kienitz-Gerloft : Untersuchungen über die Entwiekelungsgeschichte der Laubmooskapsel und die Embryo-Enviekelung einiger Polypodiaceen, (Bota nische Zeitung, 1878). ui. . (2) Paul Vuillemia : Sur les homologies des Mousses, Nancy. Rev. gén. de Botanique, — XVII. 194 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Pour voir clairement la marche des cloisonnements de la cellule terminale, il faut s'adresser à un sporogone très jeune, encore entouré par l’archégone ; plus tard en effet, on peut encore distin- guer la cellule terminale, mais les nouvelles membranes tangen- tielles sont très rapprochées du sommet ; le premier segment au contact de la cellule terminale en présente déjà deux ou trois, souvent même plus, et il est difficile de distinguer l’ordre dans lequel elles ont été formées. La première cloison tangentielle formée c, (fig. 1) sépare, on le sait, l'écorce du cylindre central. Exa- minons d’abord ce qui se passe dans l'écorce. Une seconde cloison €, Sépa- rera. vers l’intérieur, J’assise la plus interne e, de l’écorce, et vers: l'exté- rieur une assise a, qui bientôt se divi- sera par une nouvelle cloison tangen- tielle e,. Cette cloison c, séparerà, vers l'intérieur la deuxième assise t, de lécorce, et vers l'extérieur une assise a, qui se divisera bientôt par une nouvelle cloison tangentiellé c, et ainsi de suite. La formation de l’écorce est donc centrifuge; l’assise la plus interne, correspondant à l'endoderme, est la première diflérenciée et l’assise $ la plus externe, occupant-la place de ‘et 5° Sacs! Minnie 4 l’épiderme, est la dernière difiéren- l'écorce; ,, es, €, ee. assises ciée. Les cellules du cylindre-central arts É Mix sr pNprct commencent à se cloisonner un peu sporifère (Gr. = 300). plus loin du sommet, la première divi- sion tangentielle sépare vers l’exté- rieur l’assise sporifère sp, ce qui est conforme aux recherches de Kienitz-Gerlof. Bien que le cloisonnement du cylindre central soit moins régulier que celui. de l’écorce, on peut dire que, au moins au commencement, il est centripète, l’assise sporifère qui est Ja plus extérieure, étant la première différenciée. Du mode de formation centrifuge de écorce: il résulté que l'assise la plus xISriQure n’est pas entièrement comparable à l'épi- SUR LE DÉVELOPPEMENT DU SPOROGONE DES MOUSSES 495 derme des Phanérogames qui dès le commencement est distinct de l'écorce et ne se divise jamais par des cloisons tangentielles. L’as- sise la plus externe du sporogone n’est comparable à un épiderme que si on le considère à l’état adulte et indépendamment de son origine. Dans les deux cas, en effet, le rôle protecteur est le même, la membrane externe est recouverte d’une cuticule et, ce qui est plus important, certaines cellules forment des stomates qui font toujours défaut sur la tige feuillée des Mousses ; on sait d’ailleurs que, sur le sporogone, les stomates sont localisés à Ja partie infé- rieure de la capsule. L'étude du développement, qui permet de distinguer l’assise & $. 2 4 Ce) (a ) re etc See: a Ce? A2 y 124 exe SE) ù ù | 1] RES % PE 00 2@) LS Y . Fig. 2 (Gr. — 200). Fig. 3 (Gr. — 160). : Coupes transversales dans la région sporifère d’un jeune sporogone de Funaria : Sp, assise sporifère ; l’assise la plus interne e, de l'écorce simple dans la figure 2 est divisée en 3 assises dans la figure 3 correspondant à un état plus âgée ; dans la figure 3 des lacunes lac se sont formées entre les cellules de l’avant- dernière assise corticale e.. . externe du sporogone des Mousses d’avec l’épiderme des Phanéro- games, nous amène au contraire à rapprocher cette même assise de l’assise extérieure de la tige des Fougères. Il suffit pour s’en rendre compte de se rapporter au travail de Van Tieghem et Douliot (1). Dans les deux cas, en effet, l'assise externe, jouant le rôle d’épiderme et tardivement différencié, ce n'est donc pasun véritable épiderme. Examinons maintenant une section transversale (fig. 2) faite (4):Van Tieghem et. Douliot.. Recherches comparatives sur l'origine dés membres endogènes (Annales des Sciences naturelles, Botanique, 4" série, . tome 8, 1888) : 196 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE dans un jeune sporogone à une petite distance du sommet, dans la région ou se formeront les spores. Le cylindre central est limité à l'extérieur par l'assise sporifère sp dont les cellules, assez petites, Sont reconnaissables à leur protoplasma plus épais. Les cellules de l'écorce sont très régulièrement disposées par files radiales. Les cellules de l’assise la plus interne e, ont un protoplasma assez épais et alternent le plus souvent avec les cellules sporifères, c'est ce qu'on pourrait appeler l’endoderme du sporogone. Les cellules de la seconde assise e, ont subi un cloisonnement radial de moins que e,, et par conséquent sont en nombre moitié moindre; les cel: lules des assises plus extérieures sont de plus en plus nombreuses, mais toujours régulièrement disposées et, comme nous l’avons vu, d'autant plus jeunes qu’elles sont plus extérieures. Un peu plus tard (fig. 3), toutes les cellules de l’assise 2, se divi- “sent par une cloison tangentielle en deux assises dont la plus inté- rieure se divise bientôt en deux par une nouvelle cloison tangen- tielle. Ces deux cloisonnements apparaissent à des intervalles très rapprochés et j'ai rarement vu des préparations où un seul cloison- nement était effectué. L’endoderme se divise donc par un cloison- nement centripète en trois assises qui constituent une gaîne conti- nue autour de l'assise sporifère ; ce sont ces trois assises qui cons- titueront plus tard les parois de ce qu’on appelle quelquefois le sac Sporifère. En même temps, les cellules de l’assise e, s'allongent radialement, se séparent les unes des autres et donnent ainsi lieu à la zone lacunaire qui caractérise le sporogone adulte. Ces cellules e, Correspondent au péristome, dans les parties supérieures du Sporogone. L'endoderme du sporogone conserve donc, dans la région spori- fère, une certaine activité et se transforme en une sorte d’assise génératrice qui donne trois assises de tissu secondaire. L’endoderme du sporogone des Mousses est done comparable à ce point de Lo à l’eudoderme de la tige des Fougères. Dans ce dernier cas, l’acti- vité génératrice se traduit surtout par la formation des racines latérales ; mais il peut se faire aussi, comme l'ont montré Van Tieghem et Douliot pour les stolons du Nephrolepis, que l’endo- derme une fois différencié se divise en deux ou trois assises, comme dans le sporogone des Mousses. SUR LE DÉVELOPPEMENT DU SPOROGONE DES MOUSSES 197 Dans le Bryum nutans, les choses se passent comme dans le Funaria : le cloisonnement de l'écorce est régulièrement centrifuge et l’endoderme se divise en trois assises tout autour de l’assise sporifère. Ces quelques observations nous fournissent de nouvelles raisons de comparer le sporogone des Mousses à la tige dés Fougères. Dans les deux cas, l’assise la plus externe est tardivement différenciée et ne peut être assimilée, au point de vue de son origine, à un véri- table épiderme ; de plus, l’assise la plus interne ou endoderme conserve un certain pouvoir générateur qui, dans le sporogone de Mousses, se traduit par la formation de trois assises autour des cellules sporifères. CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES ET ANATOMIQUES DES DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS par M. C. HOUARD. Les galles engendrées par des Diptères sur les Genévriers sont parmi les plus intéressantes tant par leur aspect extérieur qui rappelle celui de pelits fruits ou de bourgeons que par les diffé- rents écrits qui les concernent. j Nombreux, en eflet, sont les mémoires publiés sur ce sujet: Linné, Meigen, Winnertz, Bremi, Frauenfeld, Thomas, Rübsaamen, pour ne citer que les auteurs les plus connus, ont contribué à décrire les formes variées de ces cécidies que relatent en outre les Cata- logues ou Synopsis de D. von Schlechtendal (1891-1895), Darboux et Houard (1901), Kieffer (1901). Et cependant, malgré l'abondance des documents et la multiplicité des recherches, les insectes qui produisent les cécidies des Genévriers ont été jusqu’à présent peu étudiés et imparfaitement décrits. Kiefter a désigné sous les noms d’Oligotrophus Panteli et d’0. Sabinæ deux diptères engendrant des galles sur le Juniperus communis et le J. Sabina ; la plupart des autres cécidies du Genévrier commun ont été rapportées d'une façon contestable à l’action de l’'Oligotrophus juniperinus L.. Aussi est-il à souhaiter qu’un zoologiste entreprenne une étude d’en- semble des différentes espèces de Cécidomyidés dont les larves habitent les galles des Genévriers. Au point de vue botanique l'étude de ces diptérocécidies est également peu avancée et, si l’on connaît bien les différentes espèces de Genévriers sur lesquelles on les trouve, par contre la structure anatomique des feuilles déformées et hypertrophiées n ’a pour ainsi dire pas encore été examinée: seuls, de courts rensei- gnements histologiques sont disséminés dans diverses publications DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 199- de C. Massalongo. Et pourtant ces cécidies mériltaient d’attirer l’attention par leurs formes si curieuses et leur habitat si varié, puisqu'on les rencontre sous les latitudes les plus diverses (de la Scandinavie au Sahara) et à des alitudes parfois très grandes (jusqu'à la limite supérieure de végétation des Genévriers). C’est ce qui m'a engagé, il y a quelques années, à réunir plu- sieurs types de ces cécidies pour en faire une étude anatomique attentive. J'exposerai ici de façon succincte le résultat de ces recherches, en rappelant mes résultats antérieurs publiés en 1899 et en regrettant surtout de ne pouvoir étendre mes conclusions aux types exotiques. Toutes les diptérocécidies des Genévriers sont terminales, c’est- à-dire formées par l’agglomération d’un certain nombre de verti- cilles foliaires à l'extrémité de jeunes rameaux dont les entre- nœuds sont restés très courts ; la petite larve de diptère qui éclôt au voisinage du point végétatif est le plus souvent enveloppée par les feuilles du verticille terminal, atrophiées et pressées les unes contre les autres, qui luiconstituent une sorte de chambre larvaire. Ce type d’acrocécidie se rencontre sur lès Juniperus les plus divers : en Europe, J. communis etsa variété alpina,J. intermedia, J. macro- Carpa, JT. phœnicea et sa variété prostrata, J. Sabina ; en Europe et en Afrique, J. Oxycedrus ; en Asie, J: excelsa et J. fœtidissima; en Amérique, J: californica. JUNIPERUS CALIFORNICA Carr. Thomas (1) a décrit sur le Genévrier de Californie deux sortes de galles terminales, l’une de 13 millimètres de longueur et sem- blable à un petit cône de Mélèze, l’autre de taille comparable, mais rétrécie à l'extrémité. Ces cécidies paraissent dues à des larves de Cécidomyides ; elles sont sans doute différentes des galles signalées par Osten-Sacken (2) sur le même substratum. (1) F. Thomas : Alpine Mückengallen (Wien, Verh. z.b. Ges.; t, 42, 1892, P. 375. us A (2) Osten-Sacken : Western Diptera: Descriptions o[ new genera and spectes of diptera from the region west of the Mississippi. and especially from Califor- nigæ (Washington, D.,C., U. S: Dept. Int. Bull, Geol: Surv., {. 3, 1877, p. 192), 200 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE JunNiIPERus coMMuNIs L. Les cécidies de ce Genévrier sont nombreuses et très différentes comme forme, Pour plusieurs d’entre elles, le nombre même des verticilles qui les composent est variable et les descriptions données par les auteurs sont parfois difficiles à rapporter à tel ou tel typede galle. _ 1. Galles constituées par un seul verticille de feuilles. En 1889, Rübsaamen (1) a décrit une petite cécidie constituée aux dépens du verticille terminal ; elle comprend seulement trois aiguilles élargies, mais très courtes (6 mill. environ de longueur), emprisonnant la larve (fig. 1-2). La galle est enveloppée par les feuilles du verticille suivant restées normar les et par quelques écailles (2). La mouche qui produit cette déformation semble pour Rübsaamen être celle de l'Oli- gotrophus juniperinus, auteur de la cécidié en forme de bourgeon que nous décrirons plus loin et qui altère plusieurs verticilles de feuilles. La galle de Rübsaamen ne peut être considérée comme un stade jeune de cette dernière cécidie; elle présente assez Fe. 10. Aspectde Ge cecsemblance avec l'étui interne de cécide formée aux dé- pens du verticille ter- feuilles qui enveloppe directement la larve minal (d’ap. Rübs.). dans la galle en bourgeon, mais le contact Fig. 2 (D). — Disgram- Ge jrair Ja colore cependant de façon intense me de la galle, | en vert foncé. -Rübsaamen a figuré cette petite cécidie en une belle lithographie (1) E. H. Rübsaamen : Veber Gallmücken und Gallen aus der Umgebung von Siegen (Berliner ent. Zs., t. 33, 1889, p. 63): Die Gallmücken des Kônigl. Museums für Naturkunde zu Bertin (1, t. 37, 1899, p.376); Die Gallmücken und Gallen des Siegerlandes (Bonn, Verh. nathist. Ver. 1. 47, 1890, p. 38, n° % pl. 1, 40 c); Ent. Nachr., Berlin, 1894, t. 20. p. 277. (2} Dans le but de préciser le nombre des feuilles normales qui composent les cécidies, nous avons imaginé d'en dessiner le diagramme. c’est-à-dire de projeter sur un plan, comme on le fait pour les fleurs, toutes les pièces foliaires déformées. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 201 dans son article sur les galles du Siegerland paru en 1890 (pl. IH, 10 c); un autre dessin a été donné par Kiefter (1) qui la rapporte à l'action d’un Oligotrophus sp. La cécidie peut facilement passer inaperçue en raison de sa taille ét malgré toute mon attention je n'ai encore pu la rencontrer dans le bassin de Paris. Lagerheim (2) rapporte avoir -trouvé en Suède une galle assez semblable, très abondante : les aiguilles mesurent 4 millimètres de longueur et enveloppent la larve ; elles présentent l’aspect des trois aiguilles internes des cécidies formées aux dépens de deux verticilles et elles sont entourées à la base par trois feuilles qui différent des aiguilles normales par une taille légèrement moindre. IL. Galles constituées par deux verticilles de feuilles. Il yen a de plusieurs formes selon que les aiguilles du verticille externe sont droites ou recourbées en dehors. A. — La première cécidie que nous étudierons déforme les deux verticilles supérieurs de la jeune pousse qui reste très courte. Les aiguilles internes n’atteignent guère que 5 ou 6 millimètres de longueur (au lieu de 12 à 16): elles sont blanchâtres à la surface et elles emprisonnent la petite larve orangée de l’Oligotrophus Panteli Kiefi (3). Celles du verticille externe conservent la teinte verte des aiguilles saines : très renflées à la base et effilées à l'extrémité elles restent accolées étroitement les unes aux autres en un fuseau aigu ; leur taille ne dépasse pas 11 ou 12 millimètres (fig. 3). Cette cécidie a été signalée par Bezzi (4), Cecconi (5) et Corti (6) (4) J. PE Monographie des Cécidomyides d'Europe et d'Algérie (Paris, Aan, soc. ent., t. 69, 1900, pl. XXXV, 6). (2) G. von Ar nee Beiträge zur Kenntniss der rosiers des Mesh ders [Juniperus communis L.] (Entomol. Tidskr., Stoc t. 20, 1899, p. 123). (3) J. Kieffer : Zoocécidies d'Enrope (Miscell. Ent. RL 6, nef Ar Éd vi mi: gril d'Europe et d’A “dé rh Air vd à ce jour (Metz, 900, pl XXXV, (2) t. 8, 1898, p. 23) ; Paris, 5 (dessin De Par Voir aussi, C. Kertész : a Pc ppm à t. 2, 4902, p. 75 (4) M. Bezzi: Er. contributo.. ele. (Rovereto, Atti Acc. sci. lett. ar., (3), 42). (5) G, hrs Sesta contribuzione… etc. (Malpighia, Genova, t. 16, 1902, , n° 45). (6) A. Corti : Primo contributo. etc. (Milano, Atti Soc, ital. sci. nat., t. 40. 1901, p. 47; n° 32). ae 202: REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE en'Ttalie, par Trotter (1) dans le Monténégro près de Cettigne et par! Lemée (2) aux environs d’Alençon ;-enfin, je l'ai moi-mêémetrouvéé très souvent dans le bassin de Paris et en Corse (Do: au'# aol Dans son petit article sur les Zoocécidies du Genévrier, Lager- 7 heim (4) en 1899 décrit une cécidie, paraissant en mai aux environs de Stockholm, qui rappelle beaucoup celle: de l’O0. Panteli : lés trois ai- guilles externes ont une base large, épaisse et se termi- nent par une pointe droite, effilée, dont la longueur dé- passe un peu le tiers de la feuille normale; Ja forme générale de. la cécidie: est celle d’une pyramide aiguë; non pédicellée, sans bractées à la base, entourée directe- Fig::3 (a). — Aspect de la cécidie de PO. /Ment.par un verticille ,d’ai: Panteli (d'ap. nat.). guilles normales. Fig. 4 (b). — Coupe longitudinale de la même galle (d’ap. nat.). Fe) Fig. 5 (c). — Diagramme de la cécidie. Anatomie : La section trans- ‘versale d’une feuille anormale appartenant au verticille intérne dé la cécidie montre une grande réduction dans toutes les diménsions du limbe. A la face supérieure, la forte concavité dans laquelié se loge la larve (1, fig. 5) est limitée par un épiderme formé de cellules irrégulières saillantes, à parois très sinueuses. L’épiderme et l'hypoderme de la. face opposée sont lignifiés et fortement épaissis ; le canal sécréteur conserve des dimensions normales. "C’est le faisceau de la nervure médiane qui est le plus réduit : il ne possède guère que dix à douze files de (1) À. Trotter : Galle della Penisolæ balcanica ed Asia Minore (Nuovo Giorn. bot: itak, he (2) . 10, 1903, p. n°53 (2) E: Lemée : Les Ennémis des Plantes (Alençon, Bul. soc. horticult., 1903, extr. p. 53, n° 303). ns. (3) C. Houard : Simple liste de Zoocécidies recueillies en Corse (Marcellia, Padova, t. 1, 1902, p. 93, n°14. en SR (4) G. von Lagerheim : Entom. Tidskr., Stockholm, t. 20, 1899, p. 122. “pe DIPTÉROCÉCIDIES DES : GENÉVRIERS 203 vaisseaux au lieu d’une vingtaine et sés ailes latérales de: tissu aréolé sont complètement atrophiées. En somme, la présence de la larve du Diptère provoque un arrêt dans le développement de la plupart des tissus et dans leur différenciation, comme cela a lieu pour la majorité des cécidies au voisinage immédiat du parasite elle provoque, de plus, une lignification intense des parois cellu- laires, lignification qui va s’accentuant au fur et à mesure que la galle vieillit et qui peut envahir tout le limbe. Les feuilles qui composent le second verticille de la gallé sont plus éloignées que les précédentes du parasite et elles peuvent réagir d’une façon intense à son action; aussi s’élargissent-elles beaucoup (2, fig. 5) et augmentent-elles leur épaisseur (2,5 mill. au lieu de 1,8). Cé maximum d’hypertrophie se manifestant à une certaine distance du cécidozoaire, joint au fait signalé plus haut de l'arrêt dans la différenciation au contact méme de là larve, se retrouve dans la plupart des cécidies, comme je l’ai montré dans mon travail de l'année dernière sur les Pleurocécidies cauli- naires (1). Des faits analogues ont du réste été signalés pour les parasites végétaux. L’aceroissement ‘en largeur du limbe est dû en grande partie à l’aplatissement du cylindre central et à l’abondance des cellules aréolées des ailes vasculaires (B,, fig. 16). Signalons en passant que les fibres péricycliques situées à la face inférieure du faisceau libéro-ligneux sont moins nombreuses que dans la feuille normale, leurs parois étant minces et sinueuses. Quand à l'accroissement en épaisseur des aiguilles externes de la galle il provient surtout du grand diamètre acquis par le canal sécréteur. Les dimensions anormales de celui-ci sont, en effet, en rapport avec l’active circulation de sève et la grande élaboration de matériaux nutritifs résultant de l’hyperplasie de l'appareil vascu- laire, du parenchyme lacuneux, du tissu palissadique et du tissu stomatique. Les cellules corticales situées à la face supérieure du limbe, au- dessous de la nervure médiane, sont spécialement sensibles , à (1) GC. Houard: Recherches sers _ les Galles de Tiges : Pleurocéci- dies. (Thèse, Paris, 1903, 279 p., 394 fig.) ; voir par exemple les cécidies du Bra- Chypodium silvaticum, p- 157, du “Line ar P. 1497, du Potentilla ere P. , 4 204 = REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l’action parasitaire : elles s’allongent en direction radiale tout en restant en contact les unes avec les autres par de larges surfaces et | elles se cloisonnent parfois transversalement. La sclérification ne se fait sentir que dans les feuilles anormales âgées ; elle débute par les cellules hypodermiques situées à l’extré- mité des ailes du limbe. B. — 1° Une seconde forme de cécidie comprend, comme la précédente, les deux verticilles terminaux de la pousse dont le développement est arrêté et les entre-nœuds épaissis; seulement les feuilles hypertrophiées du verticille externe sont assez courtes. (10 mill.) et surtout élargies vers le milieu et non à la base ; elles se terminent enfin Par une pointe peu aiguë, recourbée en dehors, ce qui donne à la cécidie l'aspect d’un calice évasé (C, fig. 17). | J'ai assez rarement rencontré cette galle dans la forêt de Fontai- nebleau et à Druyes (Yonne), au mois d’août (1) ; elle est signalée par Schlechtendal (2) dans le deuxième supplément de son célèbre Catalogue. La cécidie figurée par Massalongo (3) en 1893 doit être rapportée à la forme.que nous décrivons ici : les feuilles du verti- cille externe, bypertrophiées et lancéolées, enveloppent le verticille interne comme trois valves ; elles sont élargies partout et à pointe recourbée en dehors. Anätomie : Les modifications histologiques que présentent les aiguilles anormales du verticille externe indiquent surtout un arrêt dans la différenciation des tissus : le faisceau libéro-ligneux (C, fig. 18) n’est pas aussi développé que dans la feuille saine et les ‘fibres péricycliques sont à peine épaissies, difficiles à distinguer sur une section transversale. Le canal sécréteur est caractérisé par un diamètre beaucoup plus petit qu'à l’état normal (60 x au lieu de 100 x), son contour est irrégulier et la taille même des cellules sécré- trices ou des cellules de la gaine très variée. L'accroissement en largeur du limbe provient surtout de la (1) C. Houard : Sur quelques Zoocécidies nouvelles ou peu connues recueillies en France (Marcellia, Paduva, t. 1, 1902, p. 42, n° 21}. von Schlechtendal : Die Gallbildungen (Zoocecidien) der deutschen (2) D Gefässpflanzen. Zweiter Nachtrag (Zwickau, Jahresber. Ver. Natk., 1895, p. 3). (3) C. Massa) : Le Galle nella Flora italica [Entomocecidii] (Veronas Mem. Acc. agric., (3) t. 69, 1893, P. 102, n° 66, pl. XV, 5-6). : DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 205 grande extension latérale que prend le tissu aréolé dont les cellules, nombreuses et hypertrophiées, parfois allongées, ont des parois munies d’abondantes ponctuations. La sclérification d’une telle feuille anormale débute au milieu de la face supérieure et se propage ensuite dans la direction du fais- ceau vasculaire. Lagerheim (1) a signalé cette galle en calice comme étant très Commune aux environs de Stockholm. Il la figure exactement et la décrit ainsi: Une larve qui est sans doute celle de l'Hormomyia juniperina vit entre les trois petites aiguilles internes, fortement réunies entre elles, qui n’atteignent que 7 millimètres de long sur Lou 1,5 millimètre de large ; ces trois aiguilles sont entourées par ua verticille d’autres beaucoup plus longues et plus larges dont la pointe est courbée en dehors. A la base de la cécidie sont quelques petites bractées suivies enfin d’aiguilles normales. Cette cécidie scandinave présente ainsi des caractères plus accentués que celle qui déforme le Genévrier du Bassin parisien. De plus, elle se montre identique comme forme et comme dimen- sions à une cécidie assez abondante sur les Genévriers croissant à de hautes altitudes et que nous signalons plus loin. — Ce fait n’a rien qui nous surprenne, les substrata étant à peu près les mêmes, puisque les Genévriers des Alpes et ceux des ré gions septentrionales de l’Europe présentent des caractères morphologiques et anatomi- ques identiques (2). N'ayant pas eu à ma disposition d'échantillons utilises. je n'ai pu vérifier si l’histologie de la cécidie en calice du nord de l'Europe était la même que celle de la galle alpine. Aux environs de Mariehamn, Lagerheïm (/. c., p. 124-125) à également observé des exemplaires de cette galle en forme de calice déformés par un Ériophyide qui vit entre les aiguilles. et il désigne sous le nom de « Doppelcecidium » cette curieuse association, La Cécidie attaquée reste courte, ses aiguilles externes sont élargies à la base, renflées dans leur région médiane et appliquées les unes Contre les autres à leur sommet. L'altération anatomique qui en (1) G. von Lagerheim: Entom. Tidskr., Stogkholim, t. 20, 4899, p. 122, pl. V,5 (2) D’après les recherches de G. Bonnier, Vallot, Wettstein, Behrens, etc, 206 REVUE GÉNÉRALE DE ; BOTANIQUE résulte est considérable et se traduit par un arrêt dans la difiéren- ciation des tissus: les nombreuses fibres scléreuses. qui existent dans le mésophylle de la galle en calice n ‘apparaissent pas, l’hypo- derme est moins épais et le canal sécréteur déformé. 2 Sur la variété alpine du Juniperus communis L. (J. alpina Clus. ; J. nana Willd.) croissant dans les montagnes, on rencontre très souvent une cécidie en forme de calice, présentant le même aombre de verticilles déformés que la cécidie en calice de la plaine, décrite plus haut, mais de taille un peu supérieure (jusqu’à 12 mill. de longueur) et plus élégante (fig. 6-8); elle se rapproche fort par son aspect extérieur de celle décrite en Suède par Lagerheim. Colorée d'abord en vert, elle devient vite brunâtre. J'en ai recueilli de nombreux . pers échantillons au Brévent, vis-à-vis CG de la chaîne du Mont-Blane, le 16 août 1900, à 1800 mètres environ ae d’altitude ; puis en 4901 au col infé- rieur de Vergio (Corse) entre la forêt d’Aïtone et celle de Valdoniello (1). Fig. 6 (a). — Vue extérieure de Incidemment, dans sa description ‘a cécidie en calice (d'ap. at.). de galles d'Orient, Rübsaamen (2) ne di où poser quelques exemple Fig. 8 (c). — Dies res provenant du Tyrol et de 1 ouest de la Prusse : : Kiefler (3) figure la cécidie dans sa Monographie des Cécidomyides d'Europe et d'Algérie. Anatomie : C’est surtout en largeur que la feuille parasitée du verticille externe diffère de l’aiguillé normale : les parenchymes chlorophylliens et lacuneux multiplient activement leurs cellules (1) C. Houard : Marcellia, Padova, t. 1, 1902, p. 42, n° 27; p. 93, n° 45. (2) E.-H. Rübsaamen : Mittheilung über dievon Herrn J. Bornmüller im Oriente gesammelten, Zoocecidien (Zook. Jahrb., léna; 2. Abth.;t. 16, 1902, p. 270). (3) Kiefler : Paris, Ann. s0e..ent., t. 69,.1900, pl. XXXV, 4. DIPTÉROCÉCIDIES DES-GENÉVRIERS ‘207 hypertrophiées ; les cellules de l’épiderme supérieur augmententen nombre et écartent les files de stomates qui deviennent irrégulières. Le faisceau libéro-ligneux lui-même (en D,, fig. 20) est plus étalé que celui de la feuille saine et un tiers plus large environ (compa- rer les figures F, et D,) ; il possède deux grandes ailes latérales de tissu aréolé. Ce grand développement du parenchyme et de l'appa- reil vasculaire entraîne l’hypertrophie du canal sécréteur: qui acquiert un diamètre énorme par rapport au canal normal : 250 y au lieu de 120 ;-ce canal se montre de plus parfaitement cireulaire et muni d'une gaine bien nette. L'appareil de protection de la feuille anormale s’exagère aussi. Non seulement l’hypoderme et l’épiderme de la face inférieure possèdent des cellules à parois lignifiées très épaisses, mais encore les paroïs de l'hypoderme de la face opposée s’accroissent au point d’obstruer parfois presque entièrement la lumière des cellules. C’est au milieu de la face supérieure du limbe que la lignification des fibres hypodermiques débute dans les échantillons jeunes ; plus tard elle envahit les cellules de parenchyme situées au dessus du faisceau vasculaire, les transformant en fibres courtes à grosses parois, puis elle gagne les cellules endodermiques qui deviennent massives et relient les fibres de la région supérieure au volumi- neux amas de fibres péricycliques. La pointe recourbée des aiguilles externes de la cécidie est presque complètement envahie par les éléments scléreux et le parenchyme non lignifié ne subsiste plus que sous la forme d'une étroite bande au niveau du canal sécréteur. -Lest intéressant-de constater que ce sont surtout les caractères alpins qui se trouvent-exagérés dans les feuilles anormales du ver- ticille externe de la galle des montagnes. Rappelons, en effel, que ces-caractères alpins, présentés par les feuilles du Genévrier com- mun croissant aux haules altitudes et mis en lumière dès 1891 par M. Gaston Bonnier (1) sont les suivants: Grand développement de tous les tissus destinés à l'assimilation et à la secrétion, de même que tous ceux qui ont pour rôle de protéger. l'organe contre les Variations de: température; grandes dimensions du canal sécré- Le G. Bonnier: Les variations de la structure chez u une même espèce (Paris, CR. ass. franç. avance. sci, 1891, p.521-525). 208 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE teur dont le diamètre devient parfois deux fois supérieur à celuisdu canal de la feuille de la plaine; limbe d'épaisseur plus considérable et muni de parénchyme et de tissu palissadique bien développés ; enfin, tissus protecteurs fort abondants, fibres hypodermiques inieux développées et couche lignifiée de la cuticule épidermique plus accentuée. — L'anatomie de la feuille parasitée nous a permis de constater l'accentuation de tous ces caractères. II. Galles constituées par plusieurs verticilles de feuilles : et affectant la forme d’un gros bourgeon. Sur le même Genévrier alpin on trouve souvent une jolie galle en forme de gros bourgeon constituée aux dépens des feuilles, | déformées et très élargies, de trois et parfois de quatre ver- ticilles terminaux (fig. 9 à 11). Les aiguilles du verticille interne (1), restées très cour- tes (3 mill. environ), sont étroitement serrées et entou- rent la cavité larvaire. Dans le verticille suivant (2), les feuilles, vertes et longues de 7 à 12 millimètres, sont forte- ment conçaves vers l'inté- rieur. Celles du troisième ver- ticille (3) sont plus épaisses et plus larges, moins longues que les précédentes (6 à 10 Fig. 9 (a). — Aspect de la cécidie en bour- Mill. environ). Enfin, le qua- srËs sen déhonel n trième verticille est presque "etes de ot da nr Bormal en général (1g. 9) 08 Fig. 11 {c). — Diagramme de la galle. aiguilles se distinguant des | feuilles ordinaires par une différence de longueur de quelques millimètres ; parfois, elles s'é- largissent beaucoup à la base, restent courtes (4, fig. 10) et prennent part à la constitution de la cécidie. J'en ai trouvé de nombreux exemplaires, le 13 août 1898, à 1700 DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 209 mètres d'altitude sur un sommet voisin du Mont-Mézenc, dans la Haute-Loire (1) et.le 16 août 1900 au Mont-Brévent (Haute-Savoie). Les arbustes qui portaient chacun plusieurs centaines de ces jolies petites galles d’un vert foncé (fig. 12) avaient à peine deux déci- mètres de hauteur et des rameaux très étalés sur le sol, longs d’un mètre environ. M. Molliard a eu l’amabilité de me signaler la même cécidie à Salvan (Valais) à 800 mètres d'altitude. Sur la forme alpine du Génévrier, la galle en bourgeon est rap- portée par la plupart des auteurs à l’action de la larve de l’Oligo- trophus juniperinus. Elle fut ren- contrée dans le Tyrol par Pey- ritsch, dès 1885, et par Dalla- Torre à 1900 m.-d’altitude, com- me l'indique ce dernier (2). En Italie, elle a été décrite par Mas- salongo (3) qui en a donné un bon dessin, par Bezzi (4) jusqu’à l'altitude de 2500 mètres, puis par Cecconi (5) ; elle existe aussi en Écosse, d’ apres Cameron (6), Trail, etc. C'est évidemment la même Fig. 12. — Rameau de Juniperus com- Saidi munis var. alpina portant neuf céci- cécidie que la plupart des au- dies produites par l'Oligotrophus teurs ont signalée sur le Gené- juniperinus (d'ap. nat.). vrier commun, avec l’Oligotro- phus juniperinus comme cécidozoaire, Nous ne citerons ici que les principaux travaux relatifs à cette galle. (1) C. Houard: Étude anatomique de deux gulles de Genévrier (Trav. lab. 00]. Wimereux, t. 7, 1899, p. 298-304, fig. 1-4, pl. (2) K. von Dalla-Torre : Die Zoocecidien und Cecidozoen Tirols und Vorart- bergs (Innsbruck, Ber. naturw.-med, Ver., 1892, p. 135 ; 1893, p. 11; 1895, p. 14), (3) C. Massalongo: Verona, Mem. Acc. agric., (3) t. 69, 1893, p. 241, n° 190, A, 2. WM 'Boéit: Rovereto, Atli Acc. sci. lett; ar., G) t. 5, 1899, p. 22, n (5) G. Cecconi: Terza contribuzione. etc. (Malpighia, Genova, t. 4 Pal P. 230, n° 2); Contribuzioni alla cpcitiolanse italica (Modena, Staz. sper. agr. ital. » t 34, 1901, p. 735, n° 28 ( k 6) P, Cameron : Glasgow, Trans. Nat. Hist. Soc., (2) t. 1, 1883-1886, p. 26. Rev. gén. de Botanique. — XVII. _ 310 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE __ Rübsaainen en 1889 et 1890 (1) én° à donné la description sui: vatite : Par suite du raécourcissement des entré-nœuds terminaux, trois verticilles dé feuilles prénnent part à! saconstitutionz les feuilles du verticille interne qui entourent la larve n’atteignent que 5 à 9 millimètres dé longueur : celles du second verticiile sont plus Juniperus communis Juniperus comm. var. alpina 222022" 222020 mn, Fig. 13 à %. © Premier tableau d'ensemble : cécidies du Juniperus communis et de sa variété alpine. Les schémas situés au-dessous dés déssins, qui figurent le profil des cécidies ou des verticilles normaux, représentent la moitié droïte du faisceau libéro- lifneux (bois b, lrber /) de la nervure de la feuille saine ou Er site, Le droite dé tissu aréolé dr, puis plus bas la moitié droite du cana r és. Tous cès schémas ont été exécutés à la même échéllé et permettent pat di: pres cop d'œil la comparäison dés mbdifications anatomiques apportées par les parasités aux éléméntsd'assimilation ét de sécrétion des feuilles. Fig. 13-14 (A, A,). — Verticille normal d’un rameau de J. communis. Fig. 15-16 (B, B,). — Galle de l'Oligotrophüs pi sur Ja Lars plañte. Fig: 17-48 (É, é)) — Cécidie en’ calice sur 1e même s Fig. 19-20 (D, D À — Galle en calièé sur la’ variété sine, Fig. 21-22 (E, E,). — Galle en bourgeon sur la même variété. Fig. 23-24 (F, F,). — Verticille normal d’un rameau : vs variété alpine. longues, fortément élargiés à la base ét serrées les unes contre les ‘autres, enfin célles du trôféièmé verticillé sont moins hypertro- phiées que les précédentes. Le dessin que l’auteur donné de la galle (pt: LE fig. 10 &} est excellent. En 1892, dans son travail sur Îles (1) EH. Rütéäamen : Bérlior énit. Zs., t. 33,890, p. 63-64; ne 4 a b 3 Id, t- 37, >. are Fute XVI, 8, pl. VII, 41; Bonn, Vérh. näthist. Ver. ts 47, 1890, nr pH n:7 DIPTÉROGÉCIDIES. DES GENÉVRIERS 211 _diptères du Museum de Berlin, Rübsaamen à décrit l'adulte plus complètement que ne l’avaient faitses devanciers (1) et figuré l'aile et là pupe larvaire. Une autre forme de la même cécidie,, figurée par Rübsaamen (pl: I, fig. 10 b), est plus courte de moitié environ, massive, Juniperus Sabina Juniperus Oxycedrus mm bis TD RES LP LEE LE Fig. 25: à.36. — Second tableau d'ensemble : cécidies du Juniperus Oxycedrus et du J, Sabina. Les Fenin d'ensemble et les schémas sont disposés comme dans le Se At G; G.j> - . de YOkigotrophhe Sabinæ sur'le 4. Sabina, Fig. 27:28 D H,). — Rameau normal de la même plante. Fig. 29-30 (K, K,). — Galle d’un Oligotrophus sur le Genévrier dr Fig. 31-32 (L, L,). - Verticiile normal d'un tn J. Oxy Fig. 33-34 (M, Mi): — Galle courte sur la même plan Fig. 35-36. (N, N,). — Galle allongée sur le pins TR sessile, entourée à la base par une collerette de bractées d’aiguilles raccourcies peu déformées. Les deux mêmes formes ont été signa- lées et figurées par Massalongo (2) et retueillies également par Bezzi @). (1) Les principaux’ renseignemenits relatifs au parasite sont eontenus dans les Mémoire: suivants : Binné (1764 et 1788), de Geer (1782,, Meigen (1804), Latreille (1805),, Macquart (1834), Zetterstedt (180), Winnertz (1854), Bremi (1847), ete. dont on trouvera le détail dans le en Cecidomyidarum de J. E. von Bérgenstamm et P! Low (Wien, Verh. z. b. Ges., t. 26, 1876, p. 49-50) et, dans terorum, t: 2, 1902. “UC tr des ÿ Moon Acc.agric. Le 69, 1893, p.101, n°65, pl. AXE, 1. (3) M. bo : Roverelo, Atti Acc. sci. letl. ar., (3) t. 5, 1899. p. 22, n° 48: 212 RÉVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE La galle en bourgeon de l’Oligotrophus juniperinus semble très commune dans toute l’Europe. En Italie, elle fut signalée par Cec- coni (1897) et Corti (1901) ; Trotter et Cecconi ont distribué dans leur Cecidotheca italica (1900, n° 11) un échantillon provenant de Vallom- brosa. Trotter l’a rencontrée en Espagne (1902), Hieronymus (1890) et Rübsaamen (1901) en Allemagne, Szépligeti (1890, 1895) et Schen- kling (1896) en Hongrie, Dalla-Torre (1892-1895) dans le Tyrol, A. Müller (1876) et Fitch (1880) en Angleterre. Plus au nord, F. Lôw (1888) signale la même galle en Norwège, etc. Anatomie : N'ayant pas encore trouvé cette cécidie en forme de bourgeon dans les pays de plaines de la France, je rappellerai seu- . lement ici la structure des feuilles externes d’une galle de la forme alpine du Genévrier commun, recueillie à une grande altitude (1700 m. environ). C’est le cylindre central de l'aiguille qui subit l'hypertrophie la plus considérable car il devient quatre fois aussi large que celui de la feuille normale (1400 w au lieu de 360), l'en- semble du limbe hypertrophié n’atteignant que trois fois les dimen- sions ordinaires (3600 y contre 1200). Ce développement anormal . provient en partie de l'élargissement du faisceau libéro-ligneux (300 y au lieu de 120) dont le nombre de files de vaisseaux double sensiblement ; mais il résulte surtout de l’hypertrophie énorme que subissent les ailes vasculaires du tissu aérolé (E,, fig. 22). Dans la feuille saine, ces ailes comportent de dix à quinze cellules polyé- driques serrées les unes contre les autres. Ce nombre peut s'élever à plus de cent pour chacune des ailes anormales qui s’étalent à droite et à gauche du faisceau médian et atteignent souvent jusqu’à huit fois la longueur ordinaire ; les ailes de tissu aréolé contribuent ainsi pour la meilleure part à l'élargissement si accusé des feuilles du troisième verticille. Les ailes libériennes à gros noyaux sont aussi très développées. Dans le même rapport que l’appareil vasculaire, le tissu en palissade de la feuille anormale subit une augmentation dans le nombre de ses éléments ; il est aussi plus riche en grains de chloro: phylle, Le parenchyme lacuneux multiplie énormément ses cel- lules, les stomates se montrent beaucoup plus nombreux et rangés en une trentaine de files irrégulières, au lieu de quinze rangs environ qu’ils comprennent dans la feuille saine, DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 213 Le canal sécréteur (E,, fig. 22) suit le même développement : son diamètre atteint 200 y au lieu de 60 ; les cellules de sa gaine sont épaissies et allongées en direction tangentielle; enfin, ses cellules sécrétrices de tailles irrégulières sont plus nombreuses. Comme dans la cécidie précédemment décrite, nous retrouvons ici une accentuation très marquée des caractères alpins de la feuille; grand développement des tissus destinés à l’assimilation, épaisseur du limbe augmentée, tissus protecteurs beaucoup plus abondants et représentés par les fibres hypodermiques de la face inférieure. Remarques : 1° Je laisse de côté une forme spéciale de galle rencontrée aux environs de Stockholm par M. C. Forsberg et décrite en quelques lignes seulement dans le travail de Lagerheim (1899, p. 124) déjà cité plusieurs fois : cette cécidie est semblable comme forme à la galle ovoïde, brusquement rétrécie à la base, du Juniperus Sabina (voir plus loin). 2 Toutes les cécidies du Genévrier commun examinées précé- demment sont des galles terminales des rameaux, c’est-à-dire des acrocécidies. Fitch (1) avait signalé en 1883 une déformation laté- rale qu’il attribuait à un diptère ; mais d’après la description et le dessin qu’il en donne il est facile de se rendre compte que cette prétendue zoocécidie est la mycocécidie bien connue due à un Gymnosporangium. Jumeerus excecsa M. B. (et Fœrinissima Willd.). Sur ces Genévriers d'Asie Mineure plusieurs cécidies ont été signalées ; nous les décrirons rapidement. 4 Sur un échantillon d'herbier recueilli par Bornmüller aux environs d'Amasia, entre 400 et 1600 mètres d'altitude, Thomas (2) a aperçu une petite galle élancée, de 2 millimètres d'épaisseur sur 5 millimètres environ de longueur (fig. 37, A), assez semblable à celle que l’Oligotrophus Sabinæ engendre sur le J. Sabina. aient (2) signale et figure la galle sur un échantillon (1) E. A. Fitch: London, Trans. Ent. Soc., 1883, Proc. p. 6, 1 fig. . (2) F. Thomas : Wien. Verh. z. b. Ges., t. 42, 1892, p. 374. (3 E. H. Rübsaamen: Zool. Jahrb., na 2. Abth., t. 16, 1902, p. 268-270, n°” 40-44, pl. XII, 16-21. 214 REVUE GÉNÉRALE -DE BOTANIQUE récolté dans la même localité entre 600 et 900 mètres au-dessus de la mer. 2° Une autre galle d'aspect assez arrondi (fig. 37, B), épais 7 nililitaitses de longueur environ et 4 ou 5 millimètres de largeur, est figurée par Rübsaamen : les aiguilles déformées qui la compo- sent sont très élargies à la base, à dos rond et à pointe effilée. 3° Le même Auteur, dans le mémoire cité, décrit encore une autre cécidie qui a une longueur de 10 millimètres environ (fig. 37,0) et 3 ou 4 millimètres de large à la base. Elle se trouve sur des É à É D LE Fig. 37 à M. — Difiérentes formés de cécidies présentées par le J Juniperus excelsa (d’ap. Rübs.). échantillons de J. sdnelais de l’herbier Égienier qui Rite, été décrits autrefois sous le nom de J. macropodu. Thomas avait déjà signalé celte galle, récoltée dans le sud de la Perse par C. Hausknecht en 1868, .et la ressemblance qu’elle ofre avec;celle.de l'Oligotrophus Sabinæ. #° Enfin les échantillons de l’herbier Boissier montrent encore, d'après Rübsaamen, de petites cécidies ovoides (fig. 37, D) formées par de grosses écailles et brusquement atténuées à la base, de 10m points semblables à celles qu’un Oligotrophus indéterminé produit sur la Sabine. 5° À l'extrémité des rameaux de J. fœtidissima, récoltés en Phrygie à 4800 mètres au-dessus de la mer, Rübsaamen a encore décrit et figuré une galle ovoide (fig. 37, E), longue de 7 à 9. milli- mètres et épaisse de 4 à 5 millimètres, atteignant ses plus grandes dimensions transversales au milieu de sa hauteur. Les écailles très élargies sont d’un vert grisâtre, munies d’ une carène dorsale bien nette et terminées en pointe obtuse. DIPTÉROGÉCIDIES DES :GENÉVRIERS 245 JUNIPERUS ‘INTERMEDIA Schur. ({) Dalla-Torre a signalé, en 1895.(2) et.sans autres détails, des cécidies « Knickbeeren » dues à l’ Hornet Juniperina, recueillies dans le Tyrol. JUNIPERUS MACROCARPA Sibth. et Sm. Sur.le Mont-Rotondo près-de Sibillini, en-août-et à une altitude de 4,400 :mètres, Bezzi (3) a récolté -une,galle semblable à celle,de l’Oligotrophus juniperinus. JunipERuUSs OxYcEDRus L. La larve dun diptère, qui est sans doute l'O. juniperinus, transforme les jeunes rameaux du Génévrier Oxycèdre en de grosses cécidies coniques (fig. 42) ayant environ un centimètre de long sur trois quarts de centimètre de large à la base (fig. 43-44). Cha. que galle comperte -un verticille interne de feuilles courtes (1) for- tement colorées et lignifiées qui entourent la «chambre larvaire ; le verticille externe (2) comprend trois aiguilles jun peu raccourcies, très épaisses, élargies et soudées à la base. J'ai rencontré cette jolie cécidie en France, dans la vallée de la Fig. 42. — Rameau de Juniperus Cèze (Gard) en 1898 (4): Hierony- ‘rycedrus portant quatre gros- j " ; i ses gales courtes (d’ap. nat). mus (5) l’a signalée comme ayant 4} J. ÆEcb : Fois Eu Werlh der Blattanatumie zur Charakterisirung von Juniperus communis L..-J. nana Willd. und J. intermedia Schur (Ber. Schweiz. (2) C. von Dalla- Diane: Iansbruek, Ber. naturw.-med. Ver., 48%, p (3) M. ei a alcuni NES etc. (Milano, Rend. Ist. Haas F5 3, 1899, p. 11, n° (4) C. haie Trav. lab. zool. Wimereux, t. 7, 1899, p. 304-310, fig. 4-6. (5)-6. Hiéronymus : Beibräge zur Kenntniss der europtischen Zouceéidien und der nn derselben -{Breslau, Jahresber. Dee vaterl. Cultur, 4890, P. &5,n mi ol ‘216 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE été recueillie plus au sud aux environs de Malaga par M. Sander. Enfin, c’est sans doute une galle due au même diptère que j'ai recueillie au bord des Hauts-Plateaux algériens, à Saïda, en avril 1900 : les aiguilles du verticille externe de la cécidie étaient un peu effilées et atteignaient jusqu’à 12 millimètres de longueur. Le même Genévrier de Saïda m'a offert encore une forme plus allongée et plus aiguë (fig. 45), comprenant trois verticilles d’aiguilles anormales.(1). Les feuilles du verticille interne restent très courtes : 4 ou 5 millimètres seulement. Celles du second verti- Fig. 45 (a). — Aspect de la diptérocé- Fig. 43 (a). — Aspect de la diptérocécidie cidie longue du Juniperus Oxycedrus (d'a net du Juniperus Oxycedrus (d’ap: mat.). Fig. 44 (b). — Mléone de la cécidie. Fig. 46 (b). — Diagramme de la cécidie. _tille acquièrent les trois quarts de la longueur normale (22 mill. au lieu de 30); elles sont accolées étroitement, très aiguës et renflées seulement dans leur moitié inférieure qui est munie d'une forte carène dorsale. Enfin, les aiguilles les plus externes de la cécidie ne sont épaissies qu’à la base et conservent leur taille ordinaire. Cette cécidie présente beaucoup de ressemblance avec celle que l'O. Pañteli produit dans nos climats sur le Genévrier commun, mais elle possède des dimensions plus grandes. Trotter (2) rapporte (4) C. Sont: Loonsoi dités recueillies en Algérie (Paris, C.-R. ass. franc. ‘avanc. sci., p. 704, n n° 33; galle signalée par erreur sur J. communis (2) A. Trotter : Nuovo Giorn. bot. ital., Firenze, (2), t. 10, 1903, p. 28, n° ” 56. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS . 217 aussi avec doute à ce parasite une galle de taille assez forte qu'il a recueillie sur le J. Oxycedrus, en Asie-Mineure, er de Mudania, et sur le Mont-Olympe près de Brousse. Anatomie : Les caractères histologiques des aiguilles atrophiées du verticille interne qui entoure directement la larve sont les mêmes que pour les pièces correspondantes des galles vues plus haut. L'arrêt de développement et de différenciation qui résulte du con- tact du parasite se traduit encore par les dimensions extrèmement réduites du faisceau libéro-ligneux, de ses ailes aréolées qui peuvent même disparaître et par l’abondance des éléments lignifiés du Parenchyme; le diamètre du canal sécréteur ne varie pas. Les grandes dimensions en largeur et en épaisseur acquises par les feuilles du second verticille de la cécidie du sud de la France tiennent surtout à la multiplication et à l’hypertrophie des cellules du parenchyme : ces dernières deviennent, en efet, irrégulières et S'isolent par de grands méats. Les épidermes suivent le développe- ment des cellules assimilatrices en augmentant le nombre de leurs éléments qui deviennent courts et polygonaux ; la face supérieure présente d’abondants. stomates disposés en séries longitudinales icrégulières (dix ou douze files de chaque côté de la Hene médiane de l'aiguille au lieu de cinq ou six). L’ hypertrophie de la région assimilatrice du limbe entraîne une bien faible modification dans les dimensions du faisceau libéro- ligneux proprement dit, mais par contre le tissu aréolé se développe quelque peu (fig. 34, M,) et double environ le nombre de ses cellules Ponctuées ; de même le canal sécréteur anormal comparé au même Organe sain possède un diamètre deux fois plus grand (voir les figures 32 et 34). En somme, tous ces organes parasités accroissent leurs dimensions dans le rapport de deux à un au maximum tandis que l'épaisseur du limbe atteint le triple de ce qu’elle est d'ordinaire. L'appareil de soutien de l'aiguille anormale se développe assez Peu; les fibres hypodermiques augmentent leur diamètre et présen- tent une grande cavité, mais elles restent irrégulières et ne se lignifient pas en’ général. C’est seulement quand la cécidie est âgée et devenue brunâtre que l’on trouve d’abondantes fibres dans la région du parenchyme située au-dessus de la nervure médiane. 248 REVUE GÉNÉRALE :DE BOTANIQUE Pourles deux formes de galles que j'ai recueillies en Algérie, c’est-à-dire beaucoup plus au sud et dans une région encore plus chaude que la vallée de la Cèze, l’hypertrophie des feuilles du ver- ticille externe est due surtout aux cellules du parenchyme : celles- ci deviennent, en effet, très grosses, mais elles ne se différencient pas et ne contiennent que de rares grains de chlorophylle. Aussi, les stomates sont-ils à peu près absents à la face supérieure du limbe. Il en résulte encore que le faisceau libéro-ligneux ne. se modifie presque pas : ses vaisseaux n’augmentent point en nombre, mais seulement en diamètre,-et perdent leur alignement radial ; les ailes vasculaires se réduisent à ‘trois ou quatre grosses cellules aréolées (fig. 36, N,); le canal sécréteur diminue ses dimensions normales. En somme, les appareils d’assimilation et de sécrétion ont une tendance marquée à se réduiüre. Quant à l'appareil de soutien il se développe mal : l'hypoderme anormal comprend de grandes cellules à parois sinueuses ‘et mon lignifiées ; les fibres péricycliques, abondantes :daus les ‘feuilles saines, deviennent très irrégulières et leurs parois restent minces. En résumé, l’étude histologique des deux formes deigalles -pré- sentées par le Juniperus Oxycedrus (cécidie de la Cèze et cécidie de Saïda) nous montre les faits suivants : Dans le climat assez tempéré du midi dela France, le tissu chlorophyllien des aiguilles anonma- les, les stomates, les ailes:vasculaires.et le ,canal séeréteur.(c’est-à- dire tout l'appareil d’assimilation et de sécrétion) augmentent leurs dimensions ; par contre l’appareil de soutien diminue. Plus au-sud en Algérie, les galles:sont soumises à un climat sec et à une haute température : obligées.de se protéger.de façon-efficace, les feuilles ‘présentent des stomates rares, ‘un tissu parenchymateux peu-diffé- rencié et pauvre en chlorophylle, un faisceau qui ne.se développe pas et un canal sécréteur qui réduit son:diamètre malgré la grande hypertrophie de tous les tissus corticaux environnants ; enfin, l’appareil.de soutien inutile diminue de plus en plus..Ily a, somme toute, accentuation des caractères sahariens que -présentent déjà les feuilles normales du Genévrier Oxycèdre afin de résister à a dessiecation, DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 219 JUNIPERUS PHOENICEA L. En 1855, Frauenfeld (1) avait observé en Dalmatie sur le J. phœnicea une petite galle conique (zapfenrose) analogue à celle du Genévrier commun. | Thomas (2) a signalé en 1892, sur un échantillon de la même plante conservé dans l’herbier du professeur Hausknecht et recueilli près de Delna (Dalmatie) par P. Taubert, une petite galle fusiforme de 12 millimètres de longueur sur 5 millimètres d'épaisseur. Cette cécidie ne semblait pas complètement développée et était constituée par des feuilles transformées en larges écailles très fortement com- primées les unes contre les autres. Enfin, le même herbier contenait, toujours d’après Thomas, un échantillon de J. phœnicea var. prostata de la Sierra Nevada parsemé de minimes galles, pour la plupart écloses et entr'ouvertes. Ces cécidies ont de 4 à 6 millimètres de diamètre; elles sont isodiamé- triques ou un peu plus épaisses que longues et possèdent des feuilles brunes, larges, faiblement carénées. JuniPEeRuS SABINA L. Trois diptérocécidies déforment l'extrémité des pousses du Genévrier Sabine. { 4° Cécidie produite par une larve de Cécidomyide. — Cette jolie petite cécidie est ovoide et mesure de 3 à 5 millimètres de hauteur sur presque autant en largeur. Elle est brusquement rétrécie à la base (fig, 29, K) et comprend quatre grosses aiguilles hypertro- phiées, très élargies, obtuses au sommet, ainsi que d’autres aiguil- les plus internes et plus courtes qui délimitent la loge larvaire. La cécidie jeune est d’un jaune verdâtre; elle devient brune quand elle est abandonnée par la larve : les feuilles qui la composent S’écartent alors les unes des autres et tombent. Thomas (3) a recueilli cette cécidie pour la première fois en 1880 près de Zermatt et plus tard en 1888 dans diverses localités (4) G. artrues : Beitrag zur SR A (Wien, Verh. z. b. Ges., L:5, 4855, (2) F. Ass Wien, Verh. z. b. Ges., t. 42, 1892, p . 374 (3) F. Thomas : Wien, Verb. z. b. Ges., t. 42, 1892, p- 313, n° 13, fig. 6, pl VIE, 41,12. 220 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de Cogne (Piémont) à une altitude de 1.480 mètres et 2.212 mètres. Ce sont des échantillons provenant de cette dernière localité et mis gracieusement à ma disposition Pas le célèbre professeur d'Ohrdruf qui qi ont été étudiés, Anatomie : Les caractères histologiques présentés par une feuille externe de la cécidie sont très intéressants. La coupe transversale de la région médiane est fortement concave à la face supérieure, bombée au contraire sur l’autre face où elle présente en son milieu un sillon profond qui sépare presque complètement le limbe en deux moitiés symétriques. Le grand accroissement en largeur de ce limbe est dû à ce fait que le faisceau libéro-ligneux s'étale beaucoup et possède à droite et à gauche deux longues ailes vasculaires très aplaties (fig. 30, K,), environ trois fois aussi développées qu’à l'ordinaire (comparer les figures 28 et 30, H, et K,). Ces ailes comprennent une seule assise de grandes cellules aréolées enveloppées par les cellules endoder- miques qui se sont agrandies pour suivre l'accroissement en largeur du cylindre central. Le même phénomène d’hypertrophie se reproduit dans le parenchyme des deux régions latérales du limbe : les cellules de ce parenchyme subissent un allongement démesuré; les méats qui les séparent les unes des autres deviennent énormes pendant qu'’elles- mêmes s’étirent en forme de tibias ; elles arrivent parfois à consti- tuer de longues files reliant la région médiane du limbe à l’épiderme inférieur. Toutes ces cellules sont remplies de protoplasma finement granuleux. Quant à l’épiderme, qui doit suivre l’accroissement en volume du parenchyme lacuneux, il multiplie ses cellules avec activité, leur conserve des parois minces et écarte les cellules hypodermiques. Ces dernières constituent de place en place des amas irréguliers. La région médiane du limbe parasité ne suit pas l hypertrophie du reste de la feuille et peut même acquérir des dimensions plus faibles que dans le cas normal ; elle donne alors naissance au sillon profond visible sur la face externe. Le canal sécréteur seul rt “assez développé et atteint presque 100 y de diamètre ; il est parfois remplacé par trois canaux, un médiau assez petit et deux latéraux; de diamètre supérieur. DIPTÉROCÉCIDIES DES GENÉVRIERS 221 Enfin, au-dessus de la nervure médiane, les cellules du paren- chyme cortical s’allongent en direction radiale sous l'influence de l’action parasitaire, puis se cloisonnent transversalement et il n’est pas rare de rencontrer dans chacune d'elles jusqu’à trois cloisons parallèles à la surface de l’épiderme supérieur. C’est la réduction en épaisseur du faisceau libéro-ligneux qui permet aux cellules corticales supérieures el au canal sécréteur de subir une hyper- trophie très accusée malgré la diminution de l'épaisseur totale de la région médiane du limbe. 20 Cécidie produite par la larve de l'Oligotrophus Sabinæ. — Cette petite galle est d'un vert jaunâtre quand elle est fraîche et mesure environ 13 millimètres de longueur sur # ou 5 millimètres d'épais- seur. Elle est constituée par trois à cinq paires d’aiguilles forte- ment grossies dont l’ensemble affecte lä-forme d’une pyramide quadrangulaire (G, fig. 25). Les échantillons mis à ma disposition m'ont été gracieusement envoyés par M. Thomas qui les avait récoltés aux environs de Cogne, dans le Piémont, le 17 juillet 1888, à une altitude d’environ 2000 mètres. Cet Auteur a du reste donné en 1892 de très bonnes figures de la cécidie (1) dont le producteur a été décrit et nommé par Kieffer (2). Anatomie. — La région médiane d’une aiguille très hypertro- phiée se montre trois fois au moins aussi large que dans la feuille normale, mais elle conserve à peu près la même épaisseur. Son grand développement en largeur est dû surtout à la taille acquise par le cylindre central dont le faisceau libéro-ligneux s'étale : les vaisseaux du bois et les formations secondaires y sont abondantes ; le tissu aréolé des ailes vasculaires prend une extension colossale (G,, fig. 26), supérieure de beaucoup à celle qui a été signalée plus haut pour la cécidie en bourgeon de la forme alpine du Genévrier Commun. En effet, tandis que dans celte dernière cécidie la longueur du tissu aréolé de chaque aile égale environ trois fois le diamètre transversal de la nervure, dans la galle de la Sabine les dimensions de l’äile vasculaire atteignent facilement sept fois celles du faisceau libéro-ligneux. (1) F. Thomas: Wien, Verh. z. b. Ges., t. 42, 1892, p. 373, n° 14, A: 7 a Lee A1, + (2) J. Kieffer : Miscell. Ent, Narbonne, t. 6, 1898, p. 1 nat , (2) 1. 8, 1898, p. 23. — C. Kertész: rie + om 2, 1902, p. 75. 222 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE H est intéressant ici encore, dans les deux cécidies de la Sabine récoltées à de hautes-altitudes, d'interpréter la grande hypertrophie présentée par le tissu aréolé des feuilles parasitées comme étant le résultat de l’accentuation d’un caractère alpin. ; 3 Cécidie produite par une larve de Cécidomyide. — Kieffer la décrit ainsi : Galle ellipsoïdale à paroi très mince, haute de 3:à 4 millimètres et large de 1,5 à 2 millimètres, terminée par une minime pointe oblique, en dessous de laquelle se trouve le trou de sortie (Pantel). CONCLUSIONS. En résumé, l'étude des diptérocécidies des Genévriers est fort intéressante parce qu’elle nous a permis de’ constater les faits suivants concernant la forme des galles, la réaction des: tissus végétaux à l'action parasitaire et l’accentuation des caractères alpins ou sahariens : 1° Sous l'influence de la larve de diptère située au voisinage du point végétatif d'un jeune rameau, arrêt de croissance dans les entre-nœuds supérieurs et production d'un amas terminal serré de feuilles courtes, hypertrophiées ; l’action: cécidogène se faisant sentir avec la même intensilé dans toutes les directions, l’acrocécidie formée présente un axe de symétrie (diagramme) ; 2 Arrêt dans le développement et dans la différenciation, accom- pagné d'une abondante l'ignification, des tissus du verticille supérieur dont les feuilles sont en contact direct avec la larve ; 30 Phénomènes d'hypertrophie et d'hyperplasie atteignant leur maximum d'intensité dans les feuilles plus éloignées du parasite, appar- tenant au second ou au troisième verticille déjormé ; 4° Modification du diamètre des canaux sécréteurs des feuilles ; : 5° Accentuation des caractères alpins dans les galles des Genéoriers croissant à de hautes allitudes (J. nana et J. Sabina) : grand dévelop- pement de l'appareil d'assimilation, principalement du tissu aréolé, augmentation de l'épaisseur du limbe et renforcement des tissus de 6° Accentuation des caractères sahariens dans les galles du J. OxY- cedrus : faible différenciation d'u parenchyme, absence de stomates, faisceau vasculaire et tissu aréolé peu développés, appareil de soutien réduit. | rFasetit i - . Lakioratoire de Botanique de l'Université de Paris, le 10 janvier 1905: hanis à ÉTUDES MYCORHIZES ENDOTROPHES par I. GALLAUD (Suite). (Planches I à IV). $ 3. — LES ARBUSQULES Les organes que j'ai désignés sous le nom d’arbuseules existent dans la plupart des endophytes que j'ai examinés. Tantôt ils y ont un grand développement, et une durée assez longue; tantôt au con- traire ils n’ont qu'une existence très éphémère et se transforment rapidement-en sporangioles comme je le montrerai bientôt. Les Corps de dégénérescence des Orchidées ne sont même probable- ment que des transformations d’arbuscules. L'arbuscule est donc un organe universellement présent dans les endophytes et par suite bien caractéristique de ces champignons. H-est d'autant plus éton- Bant qu’il ait échappé à l'attention des auteurs qui ont étudié les mycorhizes endotrophes et qu'aucun d'eux ne les ait. signalés. Schlicht (88), Janse (97) et quelques autres déerivent-assez souvent deS cellules où les filaments sont très ramifiés et enchevètrés, mais ils n’y attachent aucune importance. À la vérité, ces organes singuliers bien que présents dans un très Srand nombré de plañtes et en très grande abondance ne sont néttement visibles que si on prend quelques précautions. Sur le frais, sans fixation et sans colorants, les arbuscules, par suite de enchevétrement des byphes jebar fines, se présentent comme une masse indistincte, g ntours peu nets. Très rapidement 224 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE à cause de la ténuité des filaments, le tout s’altère et présente l'aspect floconneux que nous retrouvons dans beaucoup de SAFRAN gioles. Il faut donc fixer les racines à étudier, et les fixer sur place au moment de la récolte. Encore tous les liquides: fixateurs ne €on- viennent-ils pas également. Ceux qui pénètrent lentement et plasmolysent le protoplasme avant de le coaguler sont à rejeter car la variation brusque de pression intérieure dans le protoplasma des cellules infestées fait crever les branches les plus fines de l’arbus- cule et se répandre dans la cellule le contenu des hyphes rompues. Le liquide de Flemming donne de bonnes fixations mais colore trop fortement en noir les granules de substances grasses contenues dans les arbuscules. Les fixateurs qui m'ont donné les meilleurs résultats sont le picroformol et l’alcoo] à 95° agissant sur de minces racines ou encore sur des coupes fines faites rapidement dans une racine fraîche. J'ai obtenu également de belles préparations en mettant directement dans l'acide lactique saturé de bleu coton des coupes faites sur des racines fraîches. En règle générale, il faut faire des coupes très fines sans quoi l'enchevêtrement des hyphes toujours très compliqué et leur ET Corte empêchent de voir nettement leur structure. Nous avons déjà vu par l'étude rapide de la distribution des champignons faite dans le premier chapitre que les arbuscules peuvent être de plusieurs sortes. Les plus simples se trouvent dans les mycorhizes du type Arum (PI. IV, fig. 41, 45, 46, 47). Dans ces champignons une branche latérale se détache des filaments jusque là intercellulaires et allongés dans les méats el pénètre aussitôt à l’intérieur de la cellule contiguë. Ce filament se divise parfois sans suivre aucune loi, parcourt la cellule, puis les différentes branches formées gagnent les cellules voisines. Il n’y à jamais plus de 2 à 3 cellules ainsi occupées successivement: Mais le plus souvent dès la première cellule envahie le filament péné- trant donne quelques branches secondaires irrégulières et celles-ci se résolvent bientôt brusquement par des dichotomies régulières el répétées à de très courts intervalles en un petit arbuscule touflu. Chaque branche se termine ainsi par une touffe buissonnante qui marque la fin de son développement. Tous les petits arbuscules sont donc terminaux. Hkpeut y en avoir plusieurs dans la mème ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 225 cellule si le filament pénétrant a donné plusieurs branches ou si plusieurs filaments ont pénétré dans la même cellule. Finale- ment toutes les hyphes provenant d’un même point de pénétration, sauf celles qui se sont renflées en vésicules terminales ou celles qui poursuivent encore leur croissance, se terminent ainsi dans l'intérieur de la plante hôte par un arbuscule. J'ai appelé arbus- cules simples ces arbuscules terminaux. On les rencontre sous leur forme la plus nette dans les Arum, où ils subsistent sans grande altération pendant toute la vie de la racine, et dans les endophytes de la même série. Ils se trouvent également dans l’endophyte du Tamus (PI. IL, fig. 26) que jai rangé dans le type Orchidée.. Une forme plus complexe d’arbuscules est celle qui se produit sur les endophytes du type Paris toujours intracellulaires. Là les arbuscules ne sont plus terminaux et ne marquent pas la fin du développement de l’hyphe qui les porte. Au contraire, l’hyphe prin- cipale qui parcourt une cellule en y formant des tortils serrés, donne de nombreuses petites branches latérales qui se résolvent en branches de plus en plus fines qui s’emmélent dans les boucles déjà formées ; l’hyphe principale, dont l’extrémité ne donne pas de touffes rameuses, gagne une nouvelle cellule où elle recommence à former des arbuscules nouveaux. Souvent aussi, au sortir d'une cellule à arbuscules, les hyphes donnent uniquement des pelotons enroulés ou même des vésicules. Très nombreux dans une même Cellule sont les arbuscules latéraux formés ainsi et l’enchevêtre- ment des touffes rameuses et des hyphes forme un tout où il est impossible ‘de rattacher chaque arbuscule à la branche dont il provient. Ajoutons, qu’à côté d'arbuscules sains, beaucoup sont en voie d’altération et se transforment en sporangioles. C'est cet ensemble complexe d’arbuscules, de sporangioles et d’hyphes, que j'ai désigné sous le nom d'arbuscules composés. L'un d’eux, relative- ment peu compliqué a été dessiné à une forte échelle, PI. IV, fig. 42. On rencontre des arbuscules composés dans tous les représentants du type Paris, où les endophytes sont uniquement intracellulaires. Parmi les endophytes du type Arum, on les trouve également chez Ceux qui font le passage au type Paris, c'est-à-dire dans les Ranun- culus. Ce sont évidemment ces arbuscules composés que Schlicht appelle « ein Gewirr von Pilzfäden », dans le Aanunculus acris. La distribution des arbuscules dans Jes racines présente un Rev. gén. de Botanique, — XVII. 15. 226 RÉVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE grand intérêt. Les arbuscules simples ne sont jamais localisés dans des assises déterminées. On en trouve partout où un filament mycé- lien termine sa croissance et comme toutes les branches à partir du point de pénétration ne prennent pas un égal développement, on rencontre des arbuscules à toutes les profondeurs dans le paren- chyme cortical. Dans le Ruscus, dans beaucoup d’Ails, il m'est arrivé d’en trouver sous l’assise subéreuse. Mais en fait, à cause même de leur mode de formation, c’est toujours dans les couches infestées le plus profondément qu’ils sont les plus abondants. Parmi les arbuscules composés, certains de ceux qui appar- tiennent au type Paris n’ont aucune répartition déterminée. Hs peuvent se rencontrer dans toutes les assises du parenchyme de l'écorce et dans la même assise alterner de façon irrégulière avec des pelotons d’hyphes sans arbuscules. Nous en avons vu des exem- ples dans le Sequoia, On en trouve également dans les Viola. Toutefois dans la plupart des représentants de la série du Paris, les arbuscules sont toujours placés dans la même assise de l'écorce qu'ils occupent à l'exclusion de presque tous les autres organes de l’endophyte. Ces assises privilégiées sont toujours les plus internes que puisse atteindre le champignon sans rencontrer d’obstacle phy- sique qui arrête son développement, c’est-à-dire une rangée de cellules qu’il ne puisse traverser. Cette assise-limite est très sou- vent l’endoderme dans les petites racines où généralement l'écorce entière est formée de parenchyme mou. C’est le cas pour tous les Ranunculus étudiés, la Ficaire, l’Anémone, le Parnassia. Dans le Paris, la Colchique, c’est la présence d’assises épaissies qui empêche l’endophyte de s’enfoncer trop avant et de venir former ses arbuscules composés contre l’endoderme. Au point de vue anatomique, il n'y a pas de différence essentielle entre les arbuscules simples et les arbuscules composés sauf celle qui résulte pour ces derniers de leur enchevêtrement les uns dans *_ les autres et avec les tortils filamenteux sur lesquels ils prennent naissance. Ils sont formés comme je l'ai dit par dichotomies régu- lières très fréquemment répétées à de courts intervalles. A chaque division le diamètre diminue ; aussi très rapidement il atteint des dimensions très faibles. D’une façon générale cependant dans les arbuscules composés la largeur des plus petites branches ne des- ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 221 cend pas au dessous de 1 x, tandis que dans les arbuscules simples les dichotomies plus serrées et plus nombreuses amènent le dia- mètre des derniers rameaux à n'être plus qu’un 1/2 v. Dans certains cas même, les plus forts grossissements ne permettent pas, avec les meilleurs objectifs à immersion, de suivre jusqu’au bout le détail des dernières ramifications qui se traduisent simplement à l'œil sous forme d’une masse colorée nuageuse. Les branches des arbuscules non altérés (et nous verrons qu'il y en à fort peu dans ce cas) ont en gros la structure cytologique des filaments très jeunes. Leur membrane est très mince, nulle- ment cutinisée ; aussi elle ne fixe pas les colorants des noyaux et On peut étudier assez facilement le contenu des hyphes, au moins dans les branches qui ne sont pas devenues trop étroites. En revanche la membrane fixe d’une facon particulièrement éner- gique le bleu coton, ce qui indique que la callose doit jouer un rôle prépondérant dans sa constitution chimique. Dans l’intérieur du tube mycélien le cytoplasme est abondant, très dense et rempli de granulations qui fixent le bleu coton de façon intense. De place en place se voient encore des noyaux et, dans les branches ayant encore 2 w d'épaisseur, on peut distinguer leur structure; on aperçoit sur les coupes fixées au Flemming et colorées à l’hématoxyline ferrique un nucléole net, une zone claire de nucléoplasme et parfois une membrane nucléaire. Dans les branches ayant moins de 1 w on voit aussi de nombreux granules colorés mais il est difficile d’y reconnaître la structure des noyaux et on ne saurait se prononcer sur leur nature. En tous Cas tous ne sont certainement pas des noyaux car dans certaines branches ils existent en très grande quantité les uns à côté des autres et dans ce cas prennent après fixation au Flemming une coloration brune accentuée, indice de l’abondance des matières huileuses. L'ensemble de l’arbuscule a ses rameaux intriqués dans le pro- toplasme de ja cellule-hôte. Le noyau cellulaire, lui-même est quelquefois englobé dans l’arbuscule, mais, je n’ai jamais vu un des filaments de celui-ci le pénétrer. Il est d’ailleurs très souvent Séparé de l’arbuscule. Quel peut être le rôle de ces organes si délicats ? Il saute aux Yeux que si des échanges se produisent entre le champignon et son 228 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE hôte c’est par les arbuscules qu'ils se font. Les filaments mycéliens sont presque partout cutinisés de très bonne heure et leur mem- brane épaissie doit laisser peu de passage aux éléments nutritifs dans un sens ou dans l’autre. Les hyphes à parois minces, non différenciées, sont rares, uniquement placées aux extrémités, aux points d’allongement du mycélium soit dans les méats, soit dans le pelotons les plus récemment formés. En tenant compte de tous ces points qui peuvent être le siège d'échanges on voit qu'ils sont en somme peu nombreux ou bien logés en des endroits comme les méats, où ils n’ont aucun contact direct avec le protoplasme cellulaire, Au contraire les arbuscules, qui sont toujours de formation récente, ont des parois très minces, jamais durcies. Leur volume global est bien supérieur à celui des filaments réunis et leur surface d'échanges, grâce à la multiplication énorme des branches, est incomparablement plus grande que celle des filaments. De plus les arbuscules sont toujours intracellulaires, immergés au milieu du protoplasme, en contact intime avec lui, avec les liquides qui l’imprègnent ou les matériaux de réserve qu’il renferme. Les nombreuses ramifications d’un arbuscule vont se mettre en rap- port étroit avec tous les points de la cellule et vivent pour ainsi dire de sa vie. Il n’est guère d'exemples d'êtres vivants associés où le contact soit plus intime et poussé à un degré aussi élevé. On ne saurait leur comparer à ce point de vue que les bactéries vivant à l’intérieur des cellules animales. Tout montre donc que les arbuscules sont des organes d'échanges. Mais on peut aller plus loin et se demander dans quel sens ils se font. Il me semble que ce ne peut être qu’au profit à champignon et qu’il faut considérer les arbuscules comme de véritables suçoirs . destinés à absorber des matériaux nutritifs dans la cellule-hôte. Ce qui justifie cette hypothèse, c’est en premier lieu la forme même des arbuscules. Si la plaute prenait au champignon des éléments nutritifs on ne s’expliquerait pas qu’il se prête à cet emprunt en multipliant ses rameaux et sa surface tandis que dans le cas contraire on comprend que le champignon modifie Sa structure pour s'adapter à un mode de vie qui lui est profitable. La répartition des arbuscules est aussi très instructive à ce ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 229 point de vue. Ils existent en effet surtout dans les cellules les plus profondes que le champignon puisse atteindre. A la vérité, dans le cas des mycorhizes du type Arum il peut s’en former dans toutes les cellules du parenchyme car elles renferment toutes des éléments nutritifs, mais ils sont surtout abondants dans les cellules pro- fondes, dans celles qui, étant plus rapprochées du cylindre central, reçoivent en plus grande abondance les éléments nutritifs élaborés dans les feuilles et dans la tige. Le fait est encore plus net dans les endophytes du type Paris. Les arbuscules se forment toujours dans les mêmes couches, dans celles qui précèdent immédiatement l’'endoderme, ou si le champignon ne peut les atteindre, dans celles qui en sont le plus rapprochées. C’est sans doute dans cette nécessité d’ordre physiologique qu’il faut voir la raison de la localisation étroite des arbuscules de cette catégorié de mycor- hizes. à Ces déterminants d'ordre anatomique et physiologique font aussi sentir leur influence sur le développement en étendue du champignon. Dans les mycorhizes du type 4rum à arbuscules simples nous avons vu que la produetion d'un arbuscule arrête 1a croissance du filament qui l’a formé. De la sorte le champignon ne peut s'étendre que lentement et n’atteint pas les cellules voisines du cylindre central qui sont les mieux nourries. Aussi le développe- ment du champignon est relativement fort restreint. Il occupe des parties de la racine limitées au voisinage immédiat du point de pénétration et dans ces places infestées un nombre très faible de cellules sont envahies. Ce n’est que dans le cas très rare où les points de pénétration sont très rapprochés que l’endophyte est abondant, Au contraire dans les mycorhizes à arbuscules composés, dont la production n’arrête pas l'extension du mycélium, celui-ci gâgne rapidement le voisigage de l’endoderme ; dès lors on voit le cham- pignon prendre un grand développement. Toutes les cellules sans exception sont infestées et il se forme tout autour de l’endoderme une gaine mycélienne continue, composée surtout d’arbuscules. Elle est particulièrement nette dans les Renoncules, l’'Anémone, la Ficaire étudiées au chapitre précédent. Or dans ces plantes, les points de pénétration sont rares et il faut bien attribuer la puis- sance de croissance des endophytes au grand pouvoir absorbant des arbuseules et à leur situation privilégiée au voisinage du cylindre 230 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE central. Les fig. 27 et 31 de la PI. III font nettement ressortir. ces différences de développement des deux types d’endophytes. Toutes ces raisons de morphologie, d'anatomie comparée et de physiologie viennent donc confirmer l'hypothèse que les arbuscules _sont de véritables suçoirs et que c’est par leur intermédiaire quelles champignons empruntent à la plante des matériaux nutritifs: On s’explique ainsi le grand développement que peuvent prendre les endophytes dans certaines racines et surtout la grande rapidité de ce développement. Nous avons vu en effet dans le chapitre [er que nombre de plantes ont leurs racines envahies dès qu’elles appa: raissent et que la marche de l'infection va de pair ayec l’aceroisse- ment des racines qui souvent est très rapide. Il faut toutefois remarquer que si Les arbuscules sont des suçoirs, ils sont d’une nature tout à fait particulière. À ma connaissance de semblables arbuscules-suçoirs n’ont jamais été signalés dans aucun groupe de champignons. Les organes connus qui s’en rapprochent le plus sont les crampons des Mucorinées qui, outre leur rôle de fixation, ont aussi un rôle d'absorption mais ils ne sont compa- rables aux arbuscules ni comme importance, ni comme. mode de formation. Beaucoup de champignons parasites ont de véritables suçoirs pénétrant dans l’intérieur des cellules mais on ne saurait les COM: parer à ceux des mycorhizes. Sappin-Trouffy (93) a montré leur abondance dans les Urédinées mais ce sont de simples digitations très courtes issues des filaments intercellulaires et perçant la paroi de la cellule attaquée sans envabir autrement le protoplasme. P. Magnus (97) dans d’Æcidium magellanicum en a vu de deux sortes : certains sont boudinés et courts, non ramifiés, d’autres sont ramifiés et forment des pelotons que Magnus compare aux pelotons des endophytes. Mais il ne semble pas qu’ils soient aussi compliqués que les véritables arbuscules. Les suçoirs des Péronos- porées étudiés avec beaucoup de soin par Mangin (95) sont tantôt réduits à de simples boutons, tantôt portent quelques branches ramifiées qui se répandent dans la cellule. Ils sont constamment enveloppés dans une gaine de cellulose pure qui se raccorde à la paroi des cellules envabies. Ces suçoirs bien que plongés dans la masse vivante de la cellule ne sont donc pas en contact intime avec elle comme les arbuscules et ne peuvent leur être comparés. ‘ ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 231 Les arbuscules-suçoirs sont donc des organes tout à fait à part et par suite très caractéristiques des endophytes puisqu'on les rencontre uniquement parmi les mycorhizes endotrophes. Ce sont eux qui jouent le principal rôle dans la vie du champignon et ils en constituent la partie fondamentale. . $ 4. — Les SPORANGIOLES. — TRANSFORMATION DES ARBUSCULES Les sporangioles dont j'ai déjà donné une rapide’ description à propos du Ruscus aculeatus, ont déjà été étudiées avec soin par Janse (97) et par Petri (03). Le premier de ces auteurs a montré leur grande généralité dans les mycorhizes qui habitent l’humus de la forêt vierge. Sur les 68 plantes qu’il a étudiées, il n’a signalé leur absence que dans 7 d’entre elles. Pour ma part, je les ai rencon- trés aussi dans presque toutes les mycorhizes de nos pays. Janse les considère comme des organes normaux résultant de bourgeonnements latéraux des filaments intracellulaires. D’après lui ils sont pourvus d’une membrane dont la rupture met en liberté des « sphérules » renfermant elles-mêmes de fins « granules » qui se répandent dans la cellule. Il n'indique pas leur rôle possible et les rapproche seulement des « corps jaunes » des Orchidées. Petri s’est attaché à l'étude des sporangioles du Podocarpus, auxquels ils donne le nom de prosporoïdes. Il les considère comme dépourvus de membrane et n’a pu reconnaitre la présence des sphérules signalées par Janse. Il pense qu’ils ont pour origine des substances protéiques qu’une liquéfaction partielle des membranes de l’hyphe met en liberté. Les sucs digestifs des cellules hôtes transforment ces masses protéiques et les débris de membranes qui y adhèrent encore en une masse granuleuse d'où les éléments azotés disparaissent par digestion et où il ne reste que de la cellulose. Il justifie cette interprétation des faits en retirant des racines iafes- tées un extrait glycérique qui digère les albuminoïdes. D'autre part, il obtient des organes. analogues aux prosporoïides et aussi aux «circirnules » de Guéguen (02) dans des cultures étouffées d’un Thielaviopsis qu’il a obtenu à partir de racines du même Podocarpus. Pendant que Petri poursuivait ces recherches sur le Podocarpus j'étudiais aussi de mon côté les sporangioles qu’on rencontre en grande abondance dans la plupart des mycorhizes de nos pays. Je 232 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE suis arrivé aux mêmes conclusions que lui relativement aux trans- formations qu'ils subissent du fait des cellules qui les renferment, mais je crois qu’ils ont une autre origine. Avant d’exposer cette question je ferai quelques remarques relatives à la morphologie et à l'anatomie comparée des sporangioles tels qu’on les observe dans les racines. Janse à déjà décrit leurs particularités de forme, de taille, de groupement en grappe dans les mycorhizes tropicales. Comme ces particularités se retrouvent à peu près les mêmes dans les Sporangioles des plantes dé nos pays, je n’y reviendrai pas. Je ferai remarquer seulement que les spora ngioles né sont pas toujours comparables entre eux. On rencontre en effet des sporangioles qui sans présenter jamais une membrane différenciée ont cependant un contour très net et bien défini. Ils sont très réfringents et ont un aspect mamelonné (PI. IV, fig. 45 et 46); ils restent bien isolés les uns des autres et, par là réunion des filaments plus où moins ramifiés qui les portent, ils forment une grappe très-nette ; ils prennent mal le bleu coton, mais dans les doublés colorations à la diamant- fuschine et au vert lumière, ils fixent fortement la fuschine. Par l’action de l’acide phosphorique iodé, ils prennent une légère teinte bleue, indice de la présence de cellulose. D’autres, au contraire, ont une apparence floconneuse, sont diffi- cilés à apercevoir et à délimiter d’une façon précise: ils sont peu réfringents et semblent formés de très fines granulations au milieu desquelles on aperçoit des corps figurés de plus grandes dimen- sions, L'ensemble prend assez bien le bleu coton, et dans les doubles colorations, fixe surtout le vert-lumière, tandis que les corps figurés prennent les colorants nucléiques ; ces sporangioles ne renferment pas de cellulose. On les trouve disposés rarèment par petites grappes, car souvent ils confluent entre eux et peuvent ainsi atteindre de grandes dimensions. Toutefois, les différentes parties de ces masses, d'aspect nuageux, restent toujours en rela- tion avec les filaments qui les portent (PI. IV, fig. 43). Ces derniers aussi bien pour les sporangioles nets que pour les sporangiolés floconneux sont toujours vides, plissés et aplatis dans leur partie intracellulaire. : Les deux catégories que je viens de décrire correspondent d’ail- leurs à des cas extrèmés et il existe entr’elles de nombreux inter- ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 233 médiaires qu’on rencontre non seulement dans la même mycorhize mais parfois dans la même cellule. Il n’est donc pas douteux qu’il s'agit des mêmes organes et qu’ils sont souvent en voie de trans- formation. Ce sont ces transformations que je vais étudier et je les prendrai à partir de leur origine. Je n'ai jamais pu voir la naissance d’un sporangiole se faire par bourgeonnement latéral d’une hyphe, comme le décrit Janse, ou par sortie du contenû mycélien soit par diffusion au travers de la membrane, soit par Suite de sa digestion, comme se le représente Petri. Il me semble au contraire que les sporangioles ne naissent pas directement en un point d'une hyphe, mais qu’ils proviennent toujours de la transformation d'un arbuscule digéré plus où moins complètement par le Contenu cellulaire qui l’environne. De nombreuses raisons rendent cette hypothèse très vraisem- blable. C’est d’abord le fait que les sporangioles sont toujours intracellulaires comme les arbuscules. Si une -hyphe pouvait donner un sporangiole en un point quelconque et dans un milieu quelconque (c’est ce que pense Petri, puisqu'il croit en avoir obtenu en culture artificielle) il s’en produirait certainement dans les méats où cependant on n’a jamais constaté leur présence. De plus, les sporangioles sont toujours placés dans les cellules de la même façon que les arbuscules. S'il s’agit de mycorhizes ayant des arbuscules simples qui, on le sait, sont toujours termi- faux, les sporangioles sont aussi fixés à l'extrémité d’hyphes ramifiées. S'il s’agit, au contraire, d’une mycorhize à arbuscules composés, les sporangioles qu’elle contient sont rattachées laté- ralement aux grosses hyphes qui parcourent la cellule. On pourrait donc distinguer les sporangioles en deux catégories, correspondant exactement aux deux catégories reconnues dans les arbuscules. La distribution des sporangioles est aussi très probante. Dans les mycorhizes du type 4rum, la répartition des arbuscules n'est pas nettement définie. Il en est de même des sporangioles dans les mycorhizes de la même série. Au contraire, dans les plantes du type Paris les sporangioles sont étroitement localisés dans les assises les plus profondément infestées à la place où seraient les arbuscules s'ils existaient. Il est à remarquer que les mycorhizes où les sporangioles exis- tent seuls sont très rares. Je n’ai trouvé uniquement des spo- 234 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE rangioles que dans Phalangium ramosum, Fragaria vesca, Pulmo- naria officinalis, Stachys Betonica, Vincetoricum officinalis, Parnassia palustris, Ophioglossum vulyatum. Pour quelques-unes, je n’ai fait qu’un très petit nombre de coupes et je ne saurais affirmer qu'on ne puisse, en choisissant des matériaux jeunes, trouver des arbus- cules à côté des sporangioles. En tous cas, dans toutes les autres mycorhizes que j'ai étudiées, on constate la présence d’arbuscules et de sporangioles dans les racines d’une même espèce, et en des endroits exactement corres- pondants. Souvent les deux organes existent simultanément dans la même coupe et on peut alors s'assurer facilement de cette corres- pondance étroite. Il arrive même que des cellules voisines, que rien ne différencie autrement, ont, les unes des sporangioles, les autres des arbuscules. Parfois eafin, c'estla même cellule qui renferme les deux organes côte à côte dépendant de deux filaments différents ou du même filament comme le représente la fig. 45 de la PI. IV. Enfin il arrive. même que dans l’intérieur d'un arbuscule une branche d’une dichotomie porte le chevelu ordinaire des rameaux inaltérés tandis que tout ce qui dépend de la deuxième branche est trans- formé en un petit sporangiole. Les arbuscules intacts et les spo- rangioles ainsi formés sont souvent mélangés et sur les coupes fraiches i] est impossible de distinguer les uns des autres. Mais par une double coloration à la diamant-fuschine et au vert-lumière on reconnaît facilement les sporangioles à leur couleur rouge foncé et les arbuscules à leur teinte vert pâle. Le nombre relatif des Sporangioles et des arbuscules dans une même racipe est très variable, et autant qu’on peut en juger dans un champignon où toutes les ramifications homologues ne sont pas toujours de même âge, ce ombre dépend de l’âge des filaments qui les portent. Dans un endophyte jeune, ce sont les arbuseules qui dominent; au contraire, ils sont irès-peu nombreux, et les sporan- gioles très abondants, s’il s'agit d’une même mycorhize récoltée lard daos la saison, à un moment où l'infection a été faite depuis longtemps et où le champignon à atteint tout son développement. Cette particularité explique qu’on puisse trouver des racines où il n'existe que des sporangioles. J'en ai signalé quelques cas plus haut. Il est à remarquer que toutes ces plantes sont à racines per- sistantes, que l’endophyte peut y séjourner longtemps et, par COn- e ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 235 séquent, y atteindre facilement le stade de son évolution où les arbuscules sont transformés en sporangioles. Toutes les raisons que je viens d’exposer concordent pour prouver que les sporangioles ne sont que des arbuscules trans- formés. L'étude même de ces transformations va confirmer cette hypothèse d’une façon plus parfaite encore. Un examen attentif des arbuscules nouvellement formés et des modifications qu'ils subissent à mesure qu'ils vieillissent m'a permis de m’assurer qu'ils sont peu à peu digérés par la cellule qui les contient, et que les . sporangioles ne sont que le résidu de cette digestion plus ou moins avancée. Cette notion de la digestion des champignons endophytes par les cellules de la plante n’est pas nouvelle, Les premiers auteurs qui ont étudié de très près les champignons endophytes ont été frappés de l’aspect de certaines de leurs parties et l’ont attribué à une destruction par digestion sans préciser davantage. Wahrlich (86) reconnait que les corps jaunes des Orchidées résultent de la dégénérescence de pelotons d'hyphes. Frank admet qu'il y a diges- tion partielle des endophytes par les cellules de la plante. Janse (97) pense aussi que les sporangioles, d’abord normaux, sont bien- tôt détruits par résorption de leurs membranes. Les travaux récents de Magnus, de Shibata et de Petriont mis hors de doute l’existence de ces phénomènes de digestion. Magnus (00) a pu distinguer dans les cellules infestées’ du Neottia les Pilzwirthzellen où les hyphes restent inaltérées et les Verdauungszellen où tout ou partie du peloton est transformé en « corps de dégénérescence ». Par l'étude Cytologique très précise des racines infestées du Podocarpus et du Psilotum, Shibata (02) a pu montrer que le moment des altérations les plus accentuées des champignons endophytes correspond à une période de trouble dans la cellule-hôte, indiqué par les modifica- tions de son protoplasma et surtout par la multiplication de ses noyaux ; aussitôt ces transformations produites et les champignons digérés, la cellule rentre de nouveau en repos. Shibata confirme ses observations cytologiques en extrayant des racines une enzyme protéolytique ; Petri (03) constate également des phénomènes de digestion dans les endophytes des Podocarpus et retire aussi de leurs mycorhizes une diastase digérant in vitro les substances albu- minoïdes. La ha et 236 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Ilest facile de reconnaître sur les arbuscules les efets de ce pouvoir de digestion qu'ont les cellules des mycorhizes et de suivre pas à pas les progrès de leur transformation en sporangioles, car on trouve tous les intermédiaires dans la même coupe, souvent dans des cellules contiguës. J'ai déjà décrit longuement l'aspect et la constitution d’un arbuscule vivant et encore fonctionnel. Il reste en général peu de temps à cet état et ce n’est que dans les racines jeunes, où l'infection est récente, qu’on lé rencontre en abondance. Le premier indice d’altération est une modification du protoplasma intérieur qui devient vacuolaire. En même temps, les granulations augmentent de nombre et la turgescence diminue, car le filament porteur de l’arbuscule commence à s’affaisser et à se vider. À un stade avancé, les rameaux de l’arbuscule ne sont plus distincts par suite de la transformation des membranes arbusculaires en une sorte de mucus qui englobe et maintient réunies toutes les granulations de l’arbuscule. Cette facilité de destruction des membranes ne doit pas nous étonner, si on se rappelle qu’elles sont constituées pour une bonne partie de callose. Mangin (95) a montré avec quelle facilité la callose qui réunit les conidies des Péronosporées se détruit. On sait également que des ouvertures se font facilement chaque année dans le cal des tubes criblés libériens. Le filament qui, à l’origine, portait l’arbuscule et dont la mem- brane renferme moins de callose n’est pas digéré et subsiste, mais vide et affaissé. Par coloration à la diamant-fuschine et au vert lumière, on constate que la masse englobée par le mucus prend uniformément le vert, tandis que subsistent à son intérieur des débris de noyaux plus ou moins attaqués qui se colorent fortement en rouge. À ce moment, l’arbuscule est devenu un sporangiole flo- conneux semblable à celui que j’ai décrit plus haut. (PI. IV, fig. #3). Ses contours sont vagues et imprécis et si les massesnuageuses sont suffisamment rapprochées elles confluent entr’elles. Maïs l’action digestive de la cellule continue à se faire sentir. Les granulations internes disparaissent et aussi les dernières traces de noyaux.Chaque masse nuageuse diminue de volume et se contracte de plus en plus par suite de la digestion des substances assimila- bles qu'elle renfermait à l’origine. 1 ne reste plus que les matières inassimilables pour la cellule-hôte, en particulier celles qui consti- ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 231 tuaient la membrane des arbuscules primitifs qui, après s'être gonflée et transformée en mucus, se durcit et se concrète. Le spo- rangiole, devenu homogène et très réfringent, prend des contours bien délimités ; acidophile au début où il fixait le vert-lumière, il est devenu basophile et se colore en rouge foncé par la diamant- fuschine. A ce stade de transformation l’arbuscule est devenu un sporan- giole à contours nets tel que je l'ai décrit plus haut, Ce n’est plus qu'une masse inerte, morte, rattachée au reste de l’endophyte par un filament vide, également mort et isolé d’ailleurs de la partie restée vivante par une cloison transversale de formation secon- daire. Le sporangiole ne subira plus désormais de transformation sauf peut-être une imprégnation de cellulose sécrétée par la cellule de la plante. Les phénomènes que je viens de décrire se rapportent à ce qui se passe dans un arbuscule simple. Dans les arbuscules composés, les transformations sont les mêmes, mais les apparences sont plus compliquées. Une partie plus ou moins considérable des hyphes auxquelles sont fixés les petits arbuscules est aussi attaquée. La membrane de ces hyphes subsiste, de même que le filament intra- Cellulaire des arbuscules simples, mais ces hyphes sont mortes et vides. Elles s’affaissent, se plissent et sont plus ou moins englobées dans la substance molle résultant de la diffluence des membranes arbusculaires, Le tout forme une masse indistinete que beaucoup d’observateurs signalent et représentent, et qu’ils désignent sous le nom de « masses granuleuses » et de « Klumpen ». Ces phénomènes de digestion des champignons dans les mycor- hizes sont très généraux ainsi qu’en témoigne la présence constante des sporangioles dans presque tous les endophytes. Ils ne doivent Pas nous étonner, car ils sont la réaction ordinaire de la cellule vivante contre l’envahissement d'un organisme étranger qui ne la tue pas. Dans les cellules encore peu différenciées des êtres infé- rieurs cette propriété de défense par digestion est très accentuée et générale. Elle a été mise en évidence surtout chez les animaux infé- rieurs. Chez les animaux supérieurs certaines cellules, les phago- Cytes, se sont spécialisées pour ce rôle. Peut-être est-il permis de Voir dans les phénomènes que je viens d'exposer des actions ana- logues, Comme dans les organismes inférieurs les cellules du 238 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE parenchyme des racines sont relativement peu différenciées (celles qui le sont davantage, comme les cellules sécrétrices, les cellules à chlorophylle, n’ont d’ailleurs pas d'endophytes). Il n’est donc pas étonnant de voir qu'elles peuvent tuer et digérer les organismes étrangers qui les envahissent, comme les cellules tuent et digèrent les bactéries qui pénètrent à leur intérieur. Si on cherche comment varie ce pouvoir digestif suivant la nature des plantes, on constate qu’elles présentent entre elles de grandes différences. Dans certaines, il est très faible et les arbuscules sont peu altérés. Il n’y a pas formation de sporangioles proprement dits soit par suite du faible pouvoir digestif des cellules-hôtes, soit à cause de la résistance plus grande des arbuscules. C’est le cas des Arum, de la Ficaire, de l’'Anémone, du Tamus. Dans ces plantes, les arbuscules sont peu modifiés dans leur forme ; ils n’en sont pas moins de bonne heure attaqués et arrêtés dans leur fonctionnement de suçoirs, car on en rencontre bien peu de nettement turgescents et qui aient un pédoncule bien gonflé. Dans la plupart des plantes, la transformation des arbuscules en Sporangioles est très rapide et l’on voit, côte à côte, des sporan- gioles bien formés et des arbuscules jeunes. Certaines racines même, comme on l’a vu, ne paraissent contenir que des sporan- gioles. Il est peu probable que les mycorhizes de ces plantes, que tous les caractères de Jeurs endophytes rangent à côté des mycor- hizes à arbuscules soient dépourvues de ces derniers organes. Seule la durée très courte de leur fonctionnement les fait échapper à l’observation et peut-être aussi limperfection de nos fixateurs. Ce sont sans doute des raisons analogues qu'il faut invoquer pour le groupe des Orchidées. L’analogie des « Kilumpen » ou «corps de dégénérescence » des mycorhizes de ces plantes avec les sporangioles, en particulier avec ceux qui proviennent des arbus- cules composés, me paraît manifeste. Janse (97) a déjà insisté sur celte ressemblance. De plus les processus de la transformation des corps jaunes si bien décrits par Magnus pour le Neottia rappellent de très près ceux que j'ai exposés plus haut pour les sporangioles plus simples de la plupart des autres plantes. Janse a d’ailleurs trouvé de semblables sporangioles en grappe dans une Orchidée, le Lecanorchis javanica. Ce n’est donc pas faire une hypothèse injus- tifiée que d'assimiler les « corps jaunes de dégénérescence » des ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 239 Orchidées aux sporangioles des autres endophytes et de leur attribuer une origine identique. Les transitions entre les endo- phytes typiques des Orchidées et les endophytes de la plupart des autres plantes ne manquent pas d’ailleurs. J'ai signalé à leur place les affinités des mycorhizes du Tamus et du Psilotum avec celles des Orchidées d’une part et celles des plantes communes d’autre part. Le Tamus que la distribution des hyphes et leur mode d’en- roulement en pelotons serrés rapproche des Orchidées a cependant des arbuscules simples. Le Psilotum qui a les Pilzwirthzellen et les Verdauungszellen des Orchidées renferme aussi des vésicules comme les mycorhizes ordinaires. CONCLUSIONS. De nombreuses conclusions fort importantes se dégagent des études précédentes sur le filament, les vésicules, les arbuscules et la transformation de ces derniers en sporangioles. L'examen attentif de ces organes particuliers aux mycorhizes éclaire d’un jour tout nouveau le rôle physiologique des endophytes. Je n’y insisterai pas autrement pour l'instant, me réservant de revenir sur Celte question dans un autre chapitre. Je retiendrai seulement le fait de la présence constante des vési- cules et des arbuscules dans les endophytes de toute nature et la géné- ralité du mode de transformation des arbuscules en sporangioles. Les arbuscules, dont le rôle est capital et qui se rencontrent seulement dans les endophytes, me paraissent tout à fait caractéristiques de ces Champignons. Du fait de leur grande ressemblance dans les plantes les plus variées comme structure et physiologie, il faut conclure que ces organes ne sauraient résulter d’adaptations à des conditions Communes de champignons très différents entre eux. L’uniformité de la constitution des membranes et des noyaux, la présence cons- lante des vésicules, caractères indépendants du mode de vie, témoignent aussi d’une parenté entre tous les endophytes. Il faut les considérer tous, depuis les plus simples, les endophytes inter- cellulaires, jusqu'aux plus complexes, ceux qui habitent les racines d'Orchidées, comme appartenant à un même groupe, dont les divi- sions secondaires ont été mises en évidence par la distribution en séries distinctes faites dans le premier chapitre. . (A suivre). MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de fotanique parait le 15 de cliäque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix âännüel (payäble d’avance) est de : 20 fr. pout Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'Etranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. dresser les demandes d'abonne ments, mandats, cte., à M. VAdmi- Ms de la tro GÉKÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, 1, ruc Dante, à Par Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, rhémolres ou notes dont un exemplaire aura été adressé. au Directeur de Le Revue générale de Bolanique. De plus l'ouvrag s ut sur lu couverture. Les auteurs des travaux insérés. dans la Jievne get de de Botanique ont droit sÉtétense à vingt-cinq exemplaires en tirage Hentai 06 Librairie Générale de l'Enseignement, 1, rue Dante, Paris. VIENT DE PARAITRE : COURS BOTANIQUE _Phanérogames CELLULE ET TISSUS; MORPHOLOGIE ; ANATOMIE ; CLASSIFICATION ; FAMILLES DE PHANÉROGAMES ; APPLICATIONS AGRICOLES, INDUSTRIELLES, MÉDICALES ; PALÉONTOLOGIE ; HISTORIQUE par MM LECLERC DU SABLON PROFESSEUR DE BOTANIQUE ‘UNIVERSITÉ DE TOULOUSE DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES A L'USAGE des Élèves des Universités, des Écoles de Médecine et de Pharmacie, et des Écoles d'Agriculture GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE Avec 2389 figures inédites par J. POINSOT et A. MILLOT Un volume de 1.332 pages in-8. — Prix (franco). 20 fr. On peut souscrire dès à présent à la Deuxième Partie du COURS DE BOTANIQUE (Cryptogames, Physiologie, Géographie botanique, etc.). L'ouvrage paraîtra en fascicules et formera un volume d'environ 1.500 pages in-S et renfermant plus de 2.000 figures, la plupart dessinées d’après nature. Pere Sonscripéon au COURS DE BOTANIQUE (2 Pare). 15 fr. Les souscriptions à l'ouvrage complet sont supprimées. On ne peut plus actuellement souscrire qu’à la Deuxième Partie du COURS DE BOTANIQUE, aux conditions ci-dessus IMP, LE BIGOT FRÈRES REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME Livraison du 15 Juin 1905 v N° 198 Entered at the New-York Post Office as Second Class matter. LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT 4, RUE PARTS 4 1905 LIVRAISON DU 15 JUIN 1905 , Pages I. — LES CEÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. Lw. (avec figures dans le texte), par . A. PARIS en. . re 241 Il, — RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES PRIN- CIPES ACTIFS DE LA GARANCE, par M. W. 254 II. — LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EÆEUPHORBIA INTISY (avec figures dans le texte), par MM. Marcel Dubard et René Viguier. . . . . : 260 IV. — SUR L’HÉTÉROSTYLIE DE LA PULMONAIRE OFFI- CINALE (avec figures dans le texte), par M. OMR GR. EEE - 273 V. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le texte), par M. C. Houard (uite).. . . . . . . .. 277 VI. — REVUE DES TRAVAUX D’ANATOMIE, parus de 1897 à 1902 (avec figures dans le texte), par M. H. Ricôme (suite). . . .. D 283 Cette livraison renferme vingt figures dans le texte. ns : . Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement 5 LM le roisibe paye Ie couverture LES. CECGDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLH H. Lw. par M. Aug. DAGUILLON On connaît les cécidies produites sur Achillea Millefolium L. par Rhopalomyia Millefolii H. Lw. J'ai eu, il y a quelques années, l'occasion d’en recueillir d’assez nombreux échantillons à Lachapelle-sous-Gerberoy (Oise). Consultant les notes publiées par les divers auteurs qui se sont occupés de l'espèce productrice de ces galles (1), j'avais remarqué que, s’ils donnent des descriptions satisfaisantes de leur forme extérieure et de leur constitution, autant que la révèlent l’œil nu ou la loupe, du moins ils ne fournissent guère d'indications histolo- giques à leur sujet. J'avais donc rassemblé les éléments d’une étude anatomique de ces cécidies, et les résultats de cette étude me paraissaient offrir quelque intérêt. Depuis lors, M. Houard, un des auteurs du précieux Catalogue Systématique des Zoocécidies de l'Europe et du Bassin méditerrunéen, a bien voulu me faire profiter de son érudition en ces matières : complétant ce que mes renseignements bibliographiques avaient d'insuffisant, il m’a signalé un travail de Küstenmacher (2) qui ren- ferme précisément quelques données anatomiques et insiste parti- Culièrement sur la distribution du tannin dans les tissus de la cécidie. Sur ce dernier point, je n’ai pas eu le moyen de contrôler les assertions de cet observateur, mes échantillons ayant séjourné trop longtemps dans l’alcoo! avant que j'aie pu les examiner ; sur {4} On en trouvera la bibliographie dans le Catalogus Dipterorum de Ker- {(D' C. Kertész, Catalogus Dipterorum hucusque descriptorum, Lipsiæ, Guilelmus Engelmann, 1902 (2) M. Küstenmacher : Beitrüge sur Kenntniss der Galibildungen, mit icksichtigung des Gerbstoffes (Jahrb. fûr wiss. Bot., tome 26, 1894). Rev. gén, de Botanique. — XVIL. . 242 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE l’organisation même de la cécidie, je ne vois pas de désaccord entre mes observations et celles de Küstenmacher ; cependant, comme celles-ci ne sont pas accompagnées de figures, j'ai pensé qu’il pou- vait y avoir encore quelque utilité à publier les miennes : tel est . l’objet de cette petite note. Les cécidies de Rhopalomyia Millefolii sont généralement situées à l’aisselle des feuilles, et cette situation permet tout de suite de penser qu’elles ont la valeur de bourgeons arrêtés dans leur déve- loppement et modifiés dans leur structure par l’action cécidogène. Dans les échantillons que j'ai recueillis, elles ne setrouvaient guère, sur les tiges florifères, qu’à l’aisselle des feuilles inférieures ; nor- malement isolées (une par aisselle), elles peuvent cependant S'y rencontrer au nombre de deux ou même davantage : souvent elles : étaient si nombreuses au voisinage des feuilles les plus basses qu’elles y formaient de véritables paquets de cinq à six cécidies, ou même parfois un plus grand nombre. J'en ai remarqué aussi quelques-unes insérées sur la tige sans rapport avec les feuilles que portait cette dernière ; mais cette situation exceptionnelle n’est pas de nature à leur faire refuser la valeur morphologique de bour- geons : ce seraient alors des bourgeons adventifs, dont l’action céci- dogène aurait provoqué la formation. C’est également ce que l’on peut admettre quand la cécidie, comme j'ai eu aussi l’occasion de l’observer, se forme à la face supérieure d’un lobe de feuille. Le cécidie a la forme d’un œuf, dont le gros bout s’insérerait au fond de l’aisselle (extrémité « proximale » de la galle). Quelquefois très exactement symétrique par rapport à son axe, elle est souvent aplatie assez sensiblement le long de sa face de contact avec la tige: de manière à prendre un plan de symétrie bilatérale. Longue; en moyenne, de 5 à 8 mm., sa grosseur varie entre celle d’un grain de riz ou de blé et celle d’un grain de café. Ordinairement verte quand elle est jeune et encore relativement tendre, elle prend ensuite une coloration acajou, en même temps que sa consistance devient plus ferme. Quand elle est jeune, le petit bout de l’œuf est à peu près fermé ; tout au plus voit-on paraître, au sommet de cette extrémité «-distale » de la cécidie, un mince pinceau de poils. Plus tard, on voit cette extrémité se découper en un certain nombre de lobes, souvent quatre, suivant autant de fentes qui divergent à partir du CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. 243 sommet; puis ces lobes se recourbent vers l'extérieur, se disposant en croix quand ils sont au nombre de quatre, et leur surface interne apparaît, couverte d’un abondant feutrage de poils ordinairement blanchâtres : ce sont quelques-uns de ces poils qui se faisaient déjà jour à l’extérieur, au sommet de la galle jeune. Küstenmacher (loc, cit.) compare assez ingénieuserhent la forme de la cécidie ainsi épanouie à celle du strobile de Biota orientalis Endi. Il suffit d'examiner, même à l’œil nu, quelques coupes longitu- dinales ou transversales d’une céci- die pour s'assurer (fig. 1) qu’elle est creusée intérieurement d’une cavité à peu près concentrique à sa sur- face externe, par conséquent ovoïde comme elle et plus large à son ex- trémité proximale qu’à son extré- mité distale. Quand la galle est jeune, cette cavité, qui est la cham- bre larvaire, ne communique pas avec l'extérieur ; plus tard, quand Fig. 1. — Coupe longitudinale sché- matique d’une cécidie de RAopa les lobes distaux se sont recourbés en dehors, elle s’ouvre par un étroit Pertuis, tout encombré de poils dont l’orientation permet la sortie lomyia Millefolii, grossie environ six fois. — Ep., épiderme; &, eol- lenchyme sous-épidermique; b, tissu lâche, à grands élémenis; h, partie lignifiée de ce tissu; € facile du cécidozoon, mais oppose zone vasculaire ; f, faisceau libéro- pa sérieux obstacle à la pénétration d’un hôte venu de l'extérieur. — couche Fr armee profon- Parfois on observe des cécidies, mt 2 parenchyme à longs élé- plus ou moins déformées, qui se sén., rés nourricier; CA., montrent creusées de deux ou mé- ei gallaire; p, poils me trois chambres larvaires, s’ouvrant comme il vient d’être dit ; d’ailleurs, leurs orifices sont assez rapprochés pour qu'il soit difli- Cile de distinguer au premier abord, parmi les lobes qui surmon- tent la galle mûre, ceux qui appartiennent à chaque chambre; ces orifices peuvent même se confondre en un seul. Cette sorte de céci- dies se rencontre surtout là où on observe communément plusieurs Cécidies à l’aisselle d’une même feuille, et on peut admettre avec assez de vraisemblance qu’elles proviennent d'une concrescence de Cécidies voisines. 244 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L’épiderme de la cécidie offre des caractères assez sensiblement différents de ceux de l’épiderme d’Achillea Mülllefolium, examiné soit sur la tige, soit sur la feuille. — Sur la tige, l’épiderme est formé de cellules à parois radiales presque planes, allongées parallèlement à l’axe de la tige, et par conséquent de forme sensi- blement quadrangulaire quand on les examine de face (fig. 2) ; elles peuvent avoir 154 x de longueur sur 32 de large. Cet épiderme porte. d’ailleurs, quand il est jeune, d’assez nombreux poils pluri- cellulaires, unisériés, avec cellule | terminale ordinairement très allon- gée ; plus tard, ces poils se flétris- Fig. 2. — Fragment de l’épiderme Fig. 3. — Fragment de l’épiderme supé- de la tige d’Achillea Millefo- rieur d’un lobe de feuille d’Achillea lium, grossi environ 340 fois. Millefolium, grossi environ 340 fois. sent, tombent en grande partie, et ne sont plus représentés, sur la tige âgée, que par les restes desséchés de leurs cellules basilaires. On y observe, de plus, quelques stomates. — L’épiderme de la feuille, examiné soit sur la face supérieure, soit sur la face infé- rieure d’un des segments du limbe (très profondément divisé, comme on le sait), se montre (fig. 3) formé de cellules à contours _ plus ou moins sinueux, et semé de nombreux stomates. Au niveau de la partie médiane du limbe, occupée par la nervure principale, les cellules épidermiques sont plus allongées, et leurs parois ten- dent à se rectifier, de manière à donner à ces cellules une forme CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. 245 qui se rapproche davantage de celle des cellules épidermiques de la tige ; en même temps les stomates disparaissent ; ces Paragtères particuliers s’observent aussi, dans les segments du limbe, au niveau de leur nervure médiane. Plus courtes, dans tous les cas, que celles de la tige, les cellules épidermiques de la feuille peuvent avoir, par exemple sur l'individu qui a fourni les mesures ci-dessus pour l’épiderme de la tige, 86 x de long sur 26 w de large. Comme la tige, la feuille jeune "#7 A porte des poils, de mé- : me nature, qui se flé- trissent sur l'organe adulte. — L'’épiderme de la cécidie (fig. 4) est formé de cellules assez régulièrement polygo- , nales, à peu près isodia- métriques ou légère- ment allongées dans le sens de l’axe de la céci- die, et pouvant avoir en ; moyenne, sur une céci- die voisine de la tige et de la feuille qui ont servi aux mensurations ANS Précédentes, une lar- Fig. 4. — Fragment de l’épiderme de la cécidie, seur de 73. Leur mem- grossi environ 340 fois. brane est fortement , épaissie sur les faces externe et latérales, comme on É ie sen assurer soit sur un lambeau d’épiderme vu de nr pes Coupe transversale de la cécidie (Voir fig. 5). Cet épiderme est, de loin en loin, percé de stomates. Par contre, il m'a paru, dans Îles échantillons que j'ai recueillis, entièrement lisse et déposEvu de poils, aussi bien à l'état jeune qu'à l’état complètement diférencié. — En résumé, l’épiderme de la cécidie se rapproche de celui de = tige par la forme polygonale, et non sinueuse, du contour de pie cellules ; mais il s’en distingue, aussi bien que de celui des parties Stomatifères du limbe, par la grande largeur de ses éléments et par l'épaississement notable de leurs membranes. 246 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Sous l’épiderme viennent (fig. 1 et 5, a) quelques assises, deux ou trois par exemple, dont chacune offre à peu près la même épaisseur que l’épiderme lui-même. Elles sont formées de cellules relativement petites, ordinairement un peu allongées dans le sens de l’axe de la cécidie, que nous appellerons désormais, pour abré- A2 © se . AI Le b MY LT LD) AS A 1 Fig. 5. — Portion de la paroi d’une cécidie, en coupe transversale, grossie environ 100 fois. — E£p., épiderme; $, stoi vale ; a, collenchyme sous-épidermique ; b, tissu lâche à grands éléments ; €, Zone vasculaire: f, faisceau libéro-ligneux ; C.s., canal sécréteur ; d, couche collenchymateuse profonde ; g, parenchyme à longs éléments ; £.n., tissu nourricier ; Ch., chambre gallaire ; p, poils. ser, le sens longitudinal ; leurs membranes sont légèrement épais- sies, mais non lignifiées, ni subérifiées, et elles constituent une sorte de collenchyme assez comparable à celui qu'on observe, dans la même situation, à l'intérieur de la tige aérienne, CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. 247 A quelque profondeur, l'aspect des cellules change sensiblément (b). Elles deviennent beaucoup plus volumineuses et prennent des formes plus ou moins irrégulières, bien que généralement un peu plus longues que larges, quelquefois même deux fois plus longues que larges (par exemple 216 x de long sur 108 x de diamètre trans- versal) ; leurs contours sont arrondis aux angles, de manière à laisser entre elles d’assez nombreux méats ; leurs membranes sont minces et cellulosiques. Ainsi se constitue, dans l'épaisseur de la paroi de la chambre gallaire, un tissu lâche à éléments grands et courts, que sépare d'avec le collenchyme externe une limite assez nette. Ce tissu peut comprendre, par exemple, quatre à cinq assises de cellules vers le milieu de la cécidie. Du côté de la base de celle-ci, il se termine vers la naissance du court pédoncule qui la rattache à la tige; du côté opposé, il va en s’amincissant progressivement et se termine à quelque distance du sommet. Dans son ensemble, il forme une sorte de manchon, ouvert à ses deux bouts. Il n’est pas rare de voir les cellules de ce manchon les plus voisines de la base de la cécidie lignifier leurs membranes, sans les épaissir beaucoup, de manière à former, à l’intérieur de la partie la plus épaisse de la cécidie, une sorte d'anneau (h) qui peut jouer un rôle aquifère, Plus près de l’axe se rencontre une zone dans laquelle une Coupe transversale permet de reconnaître, distribués plus ou moins irrégulièrement sur un ou plusieurs rangs, des faisceaux libéro- ligneux (f). Chacun de ces faisceaux ne comprend souvent qu'une seule rangée de vaisseaux de faible calibre, pour la plupart spiralés ou annelés ; parfois on observe plusieurs rangées de vaisseaux, séparés par des rayons parenchymateux. Le liber est bordé vers l'extérieur par un cordon plus ou moins développé (absent dans certains faisceaux particulièrement grêles et peu différenciés) de fibres à parois peu ou point lignifiées: ces fibres correspondent évidemment aux fibres péricycliques de la tige aérienne ou à celles qui, dans la feuille, soutiennent, sur leur face dorsale, les faisceaux libéro-ligneux des nervures ; mais leur diflérenciation est poussée beaucoup moins loin, En résumé, la structure normale du faisceau libéro-ligneux d’Achillea Millefolium subit, dans la cécidie, une volable dégradation. Au voisinage des faisceaux, le parenchyme (c) est formé d'élé- ments sensiblement plus étroits que ceux du manchon à grandes 248 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cellules qui a été décrit plus haut, mais beaucoup plus allongés et formant des files à trajet flexueux ainsi que celui des fais- ceaux qu’elles accompagnent ; c’est surtout sur les coupes longitu- dinales qu'on peut reconnaître l’aspect particulier qui résulte de cette flexuosité et distinguer le plus nettement les limites de cette zone vasculaire. Mais il faut remarquer qu'entre les faisceaux pénètre, au moins par places, le tissu lâche à grands éléments. :: Les coupes transversales permettent de reconnaître aussi, dans la zone vasculaire, la présence de nombreux canaux sécréteurs LIN { ai je: mue en Fig. 6. — Fragment d’une coupe longitudinale du fond de la chambre gallaire, gros- sie environ 100 fois. — cao., cavité de la chambré gallaire: {.n., tissu nourri- cier; scl., noyau sclérenchymateux formé par le tissu de soutien ; e, parenchyme à petites cellules. (fig. 5, c. s.). La distribution de ces canaux est assez irrégulière: parfois on rencontre un canal au dos d’un faisceau libéro-ligneux, en dehors du cordon de fibres collenchymateuses ; plus souvent les canaux sont intercalés entre les faisceaux, à la même profondeur que ces derniers. Une coupe longitudinale axile de la cécidie montre (fig. 1) que ses faisceaux libéro-ligneux se rattachent tous à un cordon unique, qui occupe l’axe de son court pédoncule et se rattache lui-même au Système libéro-ligneux de la tige. Suivant ce cordon à partir de la sortie de la tige, on voit qu’en atteignant la base de la cécidie il CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. 249 se divise en un petit nombre de branches de. premier ordre qui se distribuent dans la paroi de la cécidie, un peu comme, au niveau de la chalaze d’un ovule, se divise le faisceau libéro-ligneux du funicule, Le fond de l'espèce de corbeille vascalaire ainsi constituée est occupé par un parenchyme à petites cellules, à peu près isodia- métriques (fig, 1 et 6, e). Puis ces branches de premier ordre se divi- sent à leur tour, comme on peut le voir à l’aide d’une série de coupes transversales, soit dans le sens tangentiel, de manière à augmenter le nombre des faisceaux répartis sur une circonférence, soit dans le sens radial, de manière à donner, sur une Coupe transversale, plusieurs rangs concen- triques. Le parenchyme (e) est en contact avec un massif de cellules courtes, à peu près isodiamétriques (diamètre variant de 40 à 60 y dans les échantillons examinés), à COn- tours irrégulièrement arrondis, dont les membranes, très notablement épaissies et fortement lignifiées, se colorent avec ‘'inten- sité par le vert diode. Ce massif, qui peut Comprendre jusqu'à 7 à 8 plans de cellules Suivant l’axe de la cécidie, atteint presque, d’autre part, le fond de la chambre gallaire. Quand on observe les parties latérales du massif, on voit Ei cellules qui le constituent S'allonger peu à peu dans le sens transver- Sal, de telle sorte que le massif se continue, gue les ponctuations, de tout autour de la chambre gallaire, par de face et en coupe longues cellules scléreuses (fig. 7), pouvant aVoir par exemple {180 w de longueur sur 36 de diamètre trans- Yersal, étroitement appliquées les unes contre les autres en plusieurs assises concentriques (par exemple quatre ou cinq). qui forment, dans la partie profonde de la paroi de cette chambre, une Couche résistante de soutien et de protection (4). Cette couche se Continue, avec une épaisseur sensiblement constante, à peu près jusqu’au nivean du sommet de la chambre gallaire. À ce niveau, les cellules scléreuses font place, sans solution de continuité, à d’autres cellules à peu près de même forme, à membranes égale- 250 : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ment épaissies, mais non lignifiées et ne retenant pas le vert d'iode, qui constituent, en somme, une sorte de collenchyme à éléments longs. Une coupe transversale faite vers le sommet de la chambre gallaire (fig. 5) rencontre généralement une couche uniformément collenchymateuse (d”) ; la figure 8.montre, à un grossissement plus considérable, le détail de quelques-uns de ces éléments (cell.), avec leurs cloisons de séparation fortement épaissies et qui ne sont délaminées qu'au voisinage des méats (m). ; Entre la zone vasculaire, définie plus haut, et la couche de sou- cell. ‘\m Fig. 8. — Coupe transversale de quelques éléments de la couche collenchymateu profonde, grossie environ 530 fois. — cell., cavité cellulaire; m, méat. : tien se trouve intercalé un tissu (9) formé de longues cellules, ordonnées assez régulièrement en files longitudinales, parallèles aux assises de la couche de soutien, contre laquelle ce tissu est étroitement appliqué. Plus larges que les cellules de soutien, dont ils ont à peu près la forme générale, les éléments de ce tissu inter- médiaire gardent des membranes cellulosiques et relativement minces (fig. 9). Enfin on peut remarquer qu’il s’insinue entre les faisceaux de la zone vasculaire et vient s'y raccorder avec le tissu externe lâche, à grands éléments, auquel il passe insensiblement et dont il ne diffère essentiellement que par la forme allongée de ses cellules. À l'intérieur de la chambre gallaire, les cécidies même âgées renferment encore les restes d’un tissu à membranes minces et cellulosiques, qui en tapisse les parois et qui peut être considéré avec grande vraisemblance comme un tissu nourricier (1. n.). Au fond de la chambre gallaire, les cellules de ce tissu se présentent CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. : en une sorte de massif un peu irrégulier dont les éléments en contact avec la cavité peuvent faire dans celle-ci des saillies arron- dies et plus ou moins bombées, de telle sorte que la surface libre du massif soit comme mamelonnée. Le long des parties latérales de la cavité, les cellules du tissu nourricier s’allongent nettement et se disposent en quelques assises parallèles, ordinairement peu nombreuses (deux ou trois au maximum), formant une couche étroitement appliquée con- tre la face interne de la couche de soutien. Vers l'origine du canal de sortie de la chambre gallaire, cette couche prend souvent une épaisseur sensible- ment plus grande, de ma- nière à constituer une sorte de bourrelet annulaire que les coupes longitudinales mettent bien en évidence. À ce niveau, il n’est pas toujours facile d’en déter- miner la limite profonde, et le tissu nourricier se confond insensiblement avec le collenchyme à élé- Fig. 9. — Coupe longitudinale de quelques cel- ments longs qui, on l’a vu, lules du parenchyme à éléments longs, gros- prolonge la couche de sou- sie environ 530 fois. (On distingue les pone- tien proprement dite. Du tuations, de face et en coupé). côté du canal, les cellules les plus superficielles de ce tissu revé- tent un aspect remarquable. Toutes ou presque toutes se prolongent soit par de simples papilles à surface plus ou moins régulièrement arrondie, soit par de véritables poils (p). Quelques-uns de ces poils demeurent courts et unicellulaires; ce sont, par exemple, les pre- miers que l’on rencontre sur une coupe longitudinale. La plupart, au contraire, s’allongent considérablement et se eloisonnent trans- versalement : ce sont des poils pluricellulaires unisériés, avec cellule terminale ordinairement beaucoup plus longue que les autres, par conséquent des poils du type de ceux que portent normalement la 252 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tige et la feuille. A mesure que l’on s'élève vers. l'extrémité du canal, ces poils deviennent de plus en plus nombreux et plus longs ; à peu près perpendiculaires, en leur point d'insertion, à la surface qui les engendre, et par conséquent transvérsaux par rapport à la cécidie, ils s’incurvent ensuite et se redressent, de manière à for- mer, par leur étroit rapprochement, un faisceau qui occupe l’axe du canal et se manifeste au premier abord, sur une coupe transversale faite à ce niveau de la cécidie, avec les apparen- ces d’un tissu compact. Des coupes longitudinales, faites dans les lobes qui circonscrivent l’en- trée de la chambre gallaire (fig. 10 et 11), montrent que les extrémités très grèles des faisceaux libéro-ligneux viennent y mourir tout près du som- Fig. à — Coupe longitudinae Met. Une comparaison entre des cou- d’un lobe de la .cécidie.encore pes faites dans les lobes jeunes, alors close (gr. 54). — s, stomate; que la cécidie est encore close, et e: Lin libéro-ligneux : elles qu’on peut faire dans des lobes plus âgés, quand la cécidie est ouverte, permet de conclure que l’incurvation du lobe vers l'extérieur, dans la période de déhiscence de la cécidie, est due à une reprise tardive de la croissance des cellules du tissu pilifère et du parenchyme sous-jacent de la face interne du lobe : petites et courtes dans le lobe jeune, ces cellules s’accroissent et surtout s’allongent à mesure que s’accuse la déhiscence. On sait que les cellules de la moelle, dans la tige d’Achillea Mille- folium, ont leurs membranes marquées de petites ponctuations. La ponctuation des membranes est un caractère commun à la plupart des tissus de la cécidie de Rhopalomyia Millefoli : ces ponctuation; qu’on peut observer, avec un peu d’attention, dans le tissu lâche à grands éléments, sont particulièrement nettes dans les tissus où les membranes ont subi un épaississement plus ou moins considérable, comme le massif scléreux du fond de la chambre gallaire, la cou- Che de soutien qui lui fait suite (voir fig. 7), les assises collenchy- CÉCIDIES DE RHOPALOMYIA MILLEFOLII H. LW. 253 mateuses qui prolongent cette dernière, et même le tissu (g) à longs éléments qui enveloppe extérieurement la couche de soutien (Voir fig. 9). QS 3 Fig. 11. — Coupe longitudinale d’un lobe de la cécidie ouverte (gr. 54). f, faisceau libéro-ligneux ; p, poils. On a vu plus haut que la cécidie paraît bien avoir la valeur morphologique d’un bourgeon. L'étude anatomique qui vient d'être faite montre que la structure de ce bourgeon est profondément altérée : des éléments que la description précédente a mis en évidence il n’est pas aisé de dire lesquels représentent = P ne Caulinaire du bourgeon et lesquels reviennent aux unités foliaires. L'étude du développement de la cécidie jetterait peut-être quelque lumière sur cette question. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES PRINCIPES ACTIFS DE LA GARANCE par M. W. RUSSELL La Garance (Rubia tinctorum L.) est comme on sait une plante de la famille des Rubiacées, originaire de l'Orient et cultivée à cause de ses parties souterraines qui desséchées et pulvérisées fournissent une belle couleur rouge très usitée dans la teinture, mais cependant moins employée maintenant depuis la découverte des couleurs d’aniline. Cette matière tinctoriale est composée essentiellement d'ahzarine et de purpurine — l'alizarine du commerce renferme environ 30 (/0 de purpurine Avec ces corps on rencontre d’autres substances colorantes telles que la pseudopurpurine, V'hydrate. de purpurine et la ranthopurpurine qui donnent une coloration moins stable que la purpurine et surtout que l’alizarine (1). L’alizarine, la purpurine et ses analogues ne sont que partiel- lement libres dans les organes vivants : ils se trouvent engagés dans une combinaisor glucosique, l'acide ruberythrinique (C* H* 0''). Ce glucoside par l’action des acides ét des alcalis, ainsi que sous l’influence d’un ferment (érythrozyme) contenu dans la Garance se décompose en glucose, alizarine, purpurine, pseudopurpurine etc. L’acide ruberythrinique colore en jaune le suc cellulaire de tous les organes souterrains. En outre de ce principe, ia Garance renferme un glucoside inco- lore, la chlorogénine ou acide rubichlorique, qui par ébullition avec les acides minéraux étendus se dédouble en glucose et en un produit vert bleuâtre insoluble. La chlorogénine serait d'après Wiesner un corps voisin des tanins (2). 1) L’alizarine peut être obienue ne par oxyilation de f° riens on transforme l'alizarine en purpurine, en la chauffant vers 160° avec un mélan d’acide sulfurique concentré et de ren de manganèse (2 Dictionnaire de Wurtz: Articles Alizarine, Garance, Purpuri rine.— A. Masc Atlas des plantes de France, p. 126, Paris. — J. Wiesner : Die ut des Pflansenreiches, pp. 538-548. Leipzig, 1903. LES PRINCIPES ACTIFS DE LA GARANCE 255 Il m'a paru intéressant de rechercher comment se répartissent les acides ruberythrinique et rubichlorique et quel est leur rôle biologique probable. LOCALISATION DE L'ACIDE RUBERYTHRINIQUE. — L’acide rubery- thrinique s’observe facilement dans les coupes sans avoir recours à aucun réactif, cependant lorsqu'il est en faible quantité on peut le mettre en évidence en plaçant les préparations en présence de vapeurs ammoniacales, le contenu cellulaire prend alors une colo- ration rouge-pourpre. L’ammoniaque liquide, de même que. la potasse en solution aqueuse ou alcoolique ne peuvent être employés Car ils produisent une diffusion rapide du principe coloré qui ne tarde pas à imprégner les membranes cellulaires — ce qui ne manque pas de conduire à des interprétations erronées (1). L’acide ruberythrinique ne se montre que dans les parties de la plante soustraites à l’action de la lumière, c’est par conséquent dans les rhizomes et les racines qu’on doit le rechercher. Dans les organes en voie d'évolution, c’est toujours à une certaine . distance du sommet que se manifestent les premières traces du principe actif. Celui-ci fait son apparition dans les cellules de la périphérie de l'écorce et envahit tout le parenchyme cortical et même la plupart des cellules du péricycle. La moelle de la tige (2) ainsi que le parenchyme ligneux de la tige et de la racine n'en recèlent que beaucoup plus tard. Le liber tant qu’il est jeune ne - Contient pas d’acide ruberythrinique, mais à mesure qu'il avance en âge les éléments les premiers formés en emmagasinent peu à peu ; dans les organes âgés, alors que l'écorce a été complètement exfoliée c’est dans le liber secondaire et le phelloderme que s’accumule le principe coloré (3). Ces deux tissus et particulièrement le liber prennent un très grand développement, aussi la teneur en acide ruberythrinique va-t-elle sans cesse en augmentant avec l'âge. (1) C’est ainsi que dans un excellent recueil de M. Jadin (Du siège des principes cellulaire des jeunes racines, dans les racines âgées alors qu'elles sont encore vivantes, c’est la membrane qui peint l’acide ruberythrinique. 2) La racine est dépourvue de mo (3) L'assise génératrice sobers-pholodeemié est dans la a comme dans la racine d’origine péryciclique, aussi, dans les organes âgés, la démarcation entre le phelloderme et le liber secondaire est assez ditieile à FN 256 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les écailles que portent les tiges souterraines ont leur paren- chyme gorgé d’acide ruberythrinique ; elles en renferment déjà dans le bourgeon un peu avant leur épanouissement. Les bourgeons dormants sont riches en acide ruberythrinique, le principe ne fait défaut que dans le méristème terminal et les cordons procambiaux, Lorsque les tissus entrent en dégénérescence l’acide rubery- thrinique se dédouble spontanément soit par oxydation, soit par l’action de l’érythrozyme et le contenu cellulaire prend peu à peu la coloration rouge ; à la mort de la cellule le pigment persiste en se fixant sur la membrane, on le rencontre aussi, particulièrement dans le liège, sous forme de granulations amorphes. La décomposition de l’acide ruberythrinique s’observe de bonne heure dans les feuilles rudimentaires des tiges souterraines; elle se manifeste dans l'écorce des tiges et des racines un peu avant l’apparition de l’assise génératrice subéro-phellodermique. Dans _les organes âgés on constate la présence de pigment dans le paren- chyme ligneux, la moelle et parfois aussi dans les thylles qui obstruent les vaisseaux anciens. | Les tiges et les racines desséchées que l’on trouve dans le commerce ne renferment plus que les produits du dédoublement de l'acide ruberythrinique. Ce dédoublement doit probablement s'effectuer d’une manière partielle pendant tout le cours de la vie de la plante, car si l’on contracte par la glycérine le contenu cellu: laire de tissus bien vivants on remarque que la paroi interne des cellules offre presque toujours une coloration rouge. Particularité intéressante, les larges tubes criblés du liber jeune renferment Souvent au lieu d’acide ruberythrinique un principe rouge pour- pre (1); on peut provoquer expérimentalement le dédoublement rapide de l’acide ruberythrinique en faisant végéter une plante dans des conditions défavorables : des tronçons de jeune tige souterraine munis de quelques racines ont été placés dans un tube contenant un peu d'eau distillée et laissés à l'obscurité pendant quinze jours ; au bout de ce laps de temps les tiges qui au début de l’expérience étaient de couleur jaune avaient pris une coloration pourpre des plus nettes: en section on pouvait constater (1) Ce fait a déjà été signalé par J. Wiesner (loc. cit., p. 54) chez le Rubia egrin«. LES PRINCIPES ACTIFS DE LA GARANCE 257 que dans toutes les cellules parenchymateuses, à l'exception d'un petit nombre de cellules de l’endoderme, l'acide ruberythrinique était remplacé par l’alizarine et ses dérivés. Dans le liber l’appari- tion de l’acide ruberythrinique est dans ce cas difficile à observer, car à peine formé il se dédouble (1), cependant si l’on suit pas à pas les transformations qui s’opèrent on peut constater qu’il y a préala- blement formation de ce glucoside dans toutes les cellules libé- riennes. L'acide ruberythrinique n'étant élaboré que dans les parties souterraines de la Garance et par conséquent dans des organes qui normalement ne possèdent pas de chlorophylle, il m’a paru tout indiqué de chercher si la présence de la chlorophylle est un obstacle à la formation du glucoside. Dans ce but j'ai effectué les expériences suivantes : 1. Des tiges souterraines, après avoir été déterrées, ont été recouvertes de menus branchages, de brindilles, etc., destinées à intercepter partiellement l’accès de la lumière ; ces tiges n'ont pas tardé à émettre des ramifications offrant une légère teinte verte. Les coupes faites dans ces ramifications m’ont montré que la chlo- rophylle avait apparu dans la moelle, le liber et à la périphérie de l'écorce, particulièrement dans les angles ; l’acide ruberythrinique 0CCupait les cellules de l'écorce profonde et quelques cellules seu- lement de la périphérie. Dans l’hypoderme on notait la présence de chloroleucites très peu nombreux dans des cellules renfermant une faible quantité d’acide ruberythrinique ; dans les cellules où Ce principe était abondant la chlorophylle faisait totalement défaut. 2. Des tiges dirigées de telle façon qu'elles étaient obligées de lamper à la surface du sol ont formé de l’acide ruberythrinique dans la partie tournée vers le sol, alors que la chlorophylle se Montrait seule dans les régions éclairées. 3. Des tiges aériennes recouvertes d’une épaisse couche de terre n’ont présenté au bout d’un mois d’enfouissement aucune trace d’acide ruberythrinique. 4. Les tiges souterraines, retirées de l’intérieur du sol et expo- sées à la lumière, après avoir été quelque temps protégées par un (1) La facilité avec laquelle l'acide ruberythrinique se dédouble dans le liber Permet de supposer que le ferment a son siège principal dans les jeunes éléments libériens,. : Bcv. gén. de Botanique. — XVI. 258 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE clayonnage (1), forment un peu de chlorophylle lorsqu’elles sont très jeunes mais n’en possèdent pas quand elles sont âgées. Au bout de six semaines de végétation en plein air les jeunes tiges mises en expérience ne renfermaient qu’une infime quantité de chlorophylle dans leur écorce, notamment dans l’hypoderme et dans les angles au-dessous des faisceaux de collenchyme ; la moelle, par contre, était assez riche en chloroleucites. L’acide ruberythri- nique s’observait dans presque toutes les cellules de l'écorce, cependant il paraissait avoir éprouvé une légère transformation dans les cellules possédant des chloroleucites, car au lieu de se colorer en rouge par l’'ammoniaque il prenait un ton orangé. Dans un grand nombre de cellules de l'écorce et même dans quelques cellules libériennes le glucoside était mélangé à du pigment rouge. Dans les tiges âgées l’acide ruberythrinique avait disparu en grande partie pour faire place à des matières pigmentaires rouges. Il résulte de ces expériences que la chlorophylle et l'acide ruberythrinique semblent s’exclure réciproquement, peut-être est-il permis de conclure de là que l'acide ruberythrinique Sê forme aux dépens de certaines substances plastiques qui à à lumière engendreraient le pigment chlorophyllien ? Quoi qu’il en soit, l’acide ruberythrinique, par suite de son abon- dance dans les parenchymes vivants et à cause de la facilité avec laquelle il paraît se dédoubler ne peut être considéré comme un simple déchet de l'organisme, et doit être envisagé comme une substance utili- sable pendant le cours de la végétation. LOCALISATION DE LA CHLOROGÉNINE. — La chlorogénine se recon” naît facilement dans les coupes lorsqu'on chauffe celles-ci eD présence d’acide sulfurique étendu d’eau (2) ; les cellules à chloro- génine prennent une belle coloration vert-bleuâtre persistant fort longtemps. La chlorogénine se rencontre aussi bien dans les organes aériens que dans les organes souterrains ; son lieu d'élection est le liber, mais on en trouve en quantité variable selon l’âge dans tous (1) Cette opération préliminaire est indispensable, car les tiges déterrées, Soumi- ses trop tôt à une vive insolation, ne tardent pas à périr. (2) J'ai également employé avec succès l'acide sulfosélénique légèrement chauñé. LES PRINCIPES ACTIFS DE LA GARANCE 259 les autres tissus parenchymateux. Les tiges aériennes adultes n’en renferment que dans le liber et à la périphérie de la moelle ; les bourgeons en contiennent jusqu’au voisinage de leurs points végétatifs. Il est à noter que la teneur en chlorogénine s’affaiblit notablement dans le procambium et les cellules du méristème terminal ; dans ces régions la faible coloration verdâtre que prend le glucoside en contact avec l’acide sulfurique est rapidement mas- quée par une teinte violet-rougeâtre qui se manifeste encore dans les coupes après un séjour de 24 heures dans l’aicool tartrique (1). La chlorogénine s’accumule en quantité considérable dans l’albumen des graines; la plantule à la germination en possède davantage dans les cotylédons que dans l'axe. Dans les parties souterraines, la chlorogénine se trouve mêlée à l'acide ruberythrinique, bien qu’en général ce sont les tissus les plus pauvres en acide ruberythrinique qui offrent le maximum de chlorogénine. La chlorogénine fait défaut dans les cellules enva- hies par le pigment rouge issu de la transformation de l’acide ruberythrinique, elle disparaît peu à peu dés tissus en voie de dépérissement et à la mort de la plante il n’en reste plus trace dans les cellules. La chlorogéniné est sans nul doute un alimient de la Garance, aliment probablement de première nécessité, puisqu'il constitue la majeure partie des réserves de la graine. (1) Cette coloration qui se montre aussi à la longue dans l'albumen des graines et dans quelques cellules libériennes, paraît appartenir aux substances protéiques : certaines matières albuminoïdes (peptone, légumine, etc.), traitées à chaud par l'acide sulfurique hydraté, prennent une coloration violet-pourpre qui se rapproche assez de celle observée chez la Garance. LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L’EUPHORBIA INTISY par MM Marcel DUBARD et René VIGUIER C’est en 1899, dans un article intitulé «Le Caoutchouc sur la côte est de Madagascar (1)» que Prudhomme, directeur de l’agriculture dans cette colonie, appela l'attention des botanistes sur l’Intisy ou Caoutchouc Antandroy, que Drake del Castillo étudia morpholo: giquement l’année suivante et nomma Euphorbia Intisy (2). Cette plante n’existe que dans la partie la plus méridionale de Madagascar ; elle caractérise une région désertique de gr ande surface s'étendant de Tulear jusqu’à 60 kilomètres de Fort Dauphin, entre 20° de latitude sud et le cap St-Marie, d’une part.et, d ’autre part, entre 43° de longitude est et la côte du pays Mahafaly ; le sol de toute cette région, formé de roches métamorphiques est couvert d’une végétation très spéciale qui a reçu le nom de brousse à Intisy. « Cette brousse, dit Prudhomme, présente sur une gr ande étendue un aspect d’une uniformité remarquable ; elle est surtout caractérisée par la présence de végétaux presque entièrement dépourvus de feuilles, chez lesquels les fonctions respiratoire et chlrorophyllienne sont surtout exercées par les jeunes rameaux: Toutes ces plantes sont également remarquables par leurs moyens de défense contre la sécheresse ; elles possèdent au plus haut degré la faculté de profiter des moitie pluies et des plus petites traces d'humidité enemmagasinant de l’eau dans leurs branches,dans leurs feuilles ou même dans leurs racines, qui sont souvent garnies de gros renflements jouant le rôle de réservoirs ; d’autre part, l'évapo” ration y est réduite au minimum par l'existence d’un enduit cireux (1) Revue de Madagascar, décembre 1899. (2) Drake del Castillo: Note sur l’Intisy de Madagascar. (Bull. du Mus. d'Hist. nat., n° 5,1 LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EUPHORBIA INTISY 261 très mince qui recouvre les branches, les rameaux et les feuilles d’une enveloppe protectrice. » La brousse à Intisy est formée surtout d’une association de Cactées et d'Euphorbiacées fournissant des latex plus ou moins résineux. L'Euphorbia Intisy seule a été signalée jusqu’à présent comme productrice d’un caoutchouc utilisable. C’est un petit arbre de 6 à 7 mètres de haut, de port irrégulier, dont les rameaux verts portent à leur extrémité 2 ou 3 petites feuilles scarieuses, rudimentaires, tombant de très bonne heure et ne paraissant pas d’une grande utilité pour la plante. Le système radiculaire est très développé et donne naissance à un grand nombre de renflements de la taille moyenne d’un œuf de poule qui constituent pour la plante autant de réservoirs aquifères ; les indigènes connaissent depuis longtemps cette particularité et lorsqu'ils viennent à manquer d’eau, ils aspirent le liquide sucré que contiennent ces tubercules. pour se désaltérer. Jusqu’à présent les matériaux relatifs à l’Intisy étaient très rares en Europe et aucune étude n’avaitété tentée sur le dévelop- pement de ses tubercules radicaux ; M. Fron ne disposant que de documents incomplets n ’avait pu fournir que quelques renseigne- ments sur l’anatomie de la tige et des feuilles et quelques données assez vagues sur la structure des racines (1). Vers la fin de 1903 des échantillons vivants d'Euphorbia Intisy, ayant été adressés par le gouvernement général de Madagascar au Jardin Colonial, furent mis en végétation dans les serres de cet établissement ; les boutures donnèrent naissance au bout de quelques mois à des racines qui présentèrent bientôt tous les stades de différenciation et nous permirent de suivre le développement des tubercules : ce sont les premiers résultats de ces recherches que nous avons consignés dans une note à l’Académie des Sciences (2) et que nous nous proposons de compléter aujourd’hui. Le système radiculaire de l’Intisy est constitué par deux sortes de racines : 1° Les racines tuberculeuses ou aquifères présentant une série {1} Fron: Note sur l’Euphorbia Intisy (Journal de Botanique, XIV, juin 1900). AE _… et Viguier : Sur l’Anatomie des tubercules d'Euphorbia Intisy C. - S.; %5 Juillet 1904. 262 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE de renflements ovoides, disposés en chapelets et séparés par des vers stades de leur développement cé vieux tubercule, vide et réduit à paroi; 7, racines 1 12 grandeur naturelle. ut h: régions cylindriques plus ou moins longues d’un diamètre très infé- rieur à celui des tubercules adultes; la partie la plus jeune de ces racines porte des tubercules à divers stades de leur différenciation, de sorte qu’en remontant de l'extrémité vers la base d’une racine, on peut sui- vre pas à pas l’évolution des renfle- ments. > Les racines non tuberculisées auxquelles est dévolue la fonction habituelle d’absorption ; ces racines sont cylindriques, restent générale- ment gréles et se cassent avec la plus grande facilité. I. STRUCTURE PRIMAIRE DES RACINES. On peut se demander à priori, si la différenciation définitive des racines en racines à renflements et racines absorbantes ne correspond pas à une différence originelle dans la structure des jeunes radicelles, en un mot s’il n’y a pas un dimor- phisme absolu dans le système ra dical. Pour résoudre cette question, le procédé paraissant le plus sim: ple aurait consisté à comparer les i i ’une racine ntisy tiges: £, tubereule lé8i0nS terminales d br adulte; &”, 4”, ’*”, tubercules à di- portant des tubercules et d'un cine absorbante toutes deux en vole i suivre absorbantes. de Croissance, de façon à de part et d’autre la formation Et +1 . tnAocie mâôr leur différenciation ; mais, s’il est déjà assez difficile d'obtenir l’ex- LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EUPHORBIA INTISY 263 trémité d’une racine absorbante, à cause de la fragilité de ces organes, il nous a été absolument impossible de trouver sur nos échantillons la région terminale d'une racine ayant déjà différencié des tubercules. Nous avons alors examiné, faute de mieux, les très jeunes racines mesurant de À à 2m, qui apparaissaient sur les vieux tuber- cules et nous avons pu ainsi nous rendre compte de la structure primaire; dans un cas seulement nous avons trouvé à l'extrémité d’une radicelle un petit renflement qu’on pouvait considérer comme l’ébauche d’un tubercule futur ; mais ce cas paraît être tout à fait exceptionnel et d'une manière générale nous pensons que rien n'indique extérieurement dans la région de croissance si l’on a affaire à une portion devant fournir un tubercule ou devant au contraire conserver une forme cylindrique, Une coupe transversale pratiquée à l'extrémité d'une jeune radicelle (fig. 2), montre à l'intérieur d’une assise subé- reuse us nettement différen- ciée, une écorce e d’uneépais- En seur égale au moins au tiers Ft du diamètre total, constituée F - par des cellules isodiamétri- s ia ques, arrondies, dont la taille ht décroît progressivement de la 4p périphérie jusqu’au cylindre central: ces cellules laissent entre elles de petits méats et. Fig. 2. — Structure primaire de la racine. » : — as, assise subéreuse ; €, écorce pri- _ préssnieut Los pass aligne- maire ; p, péricycele ; bp, faisceau du bois ment radial fort imparfait, primaire, 4p, faisceau du liber primaire ; même dans la région interne m, métaxylème ; ta, tissu axial; gr. de l'écorce, l’endoderme est peu net. Le cylindre central, d’un diamètre égal tout au plus au tiers du diamètre total, présente 6 faisceaux libériens lp alternant avec 6 petits faisceaux ligneux bp formés chacun de 2 à 5 vaisseaux ; le centre de la racine est occupé par une trentaine de cellules non différenciées constituant ce que nous appellerons le tissu axial 1.4., pour ne rien préjuger sur l'existence d’une véritable moelle dans ‘a racine, 264 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE On peut, dès le stade primaire, constater des variations dans la différenciation des éléments du bois primaire, suivant les racines auxquelles on s’adresse et la région où sont pratiquées les coupes ; c’est ainsi que dans certaines préparations les six faisceaux ligneux sont déjà nettement formés, constitués chacun par une file d’au moins 4 vaisseaux à paroi lignifiée; dans d’autres préparations au contraire, les files ligneuses primaires sont formées d’éléments moins différenciés: on y rencontrera, par exemple, 2 vaisseaux seulement, les autres cellules de la file ayant conservé sensiblement leur forme initiale et leur paroi cellulosique à peine plus épaissie que celle des cellules voisines ; il arrive même fréquemment qu'un des faisceaux ligneux ne se différencie point, sa place étant tout au plus marquée par un certain alignement des cellules dans le sens radial. ; Cette différenciation plus ou moins marquée des éléments ligneux primaires n’est point fortuite ; elle est en relation avec la différenciation postérieure que doit acquérir le segment de racine considéré ; dans les racines absorbantes et dans les espaces qui séparent les renflements chez les racines tuberculisées, on observe en effet un développement beaucoup plus considérable des faisceaux ligneux primaires ; dans les régions renflées, ces éléments sont toujours moins différenciés et souvent il est impossible de retrouver trace de certains faisceaux, comme nous le verrons plus loin. L'examen de racines âgées, tuberculisées ou non, permet de se rendre compte de la corrélation qui existe entre le développe: ment des éléments vasculaires primaires et le sort ultérieur de la racine et fournit une interprétation indubitable des variations observées chez les jeunes radicelles ; dans le cas unique, où NOUS avons constaté la tubérisation de l'extrémité en croissance, nOUS avons d’ailleurs pu remarquer la faible différenciation des vais- seaux ligneux et l'avortement complet de l’un d’eux ; en revanche, le métaxylème était des plus précoces et se dessinait déjà avec netteté, autour du tissu axial. En résumé, il n’y a pas de différence essentielle au point de vue de la structure primaire entre les racines à tubercules et les racines absorbantes ; on peut même dire que les espaces qui séparent les LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EUPHORBIA INTISY 265 renflements chez les premières sont anatomiquement comparables aux secondes; seulement dans les racines à tubercules, il se produit une certaine variation dans la différenciation des méristèmes, suivant que l'extrémité en croissance correspond à un renflement ou à un segment séparant deux renflements ; cette variation ne se traduit guère à notre avis qu’en ce qui concerne les faisceaux ligneux ; elle aboutit à une différenciation moindre ou même nulle pour certains faisceaux dans les régions qui doivent se tuberculiser ; elle peut porter également sur d’autres tissus, mais d’une façon bien moins appréciable ; Ja lignification même des éléments ligneux est évidemment influencée par la plus ou moins grande abondance d'eau dans les tissus voisins et constitue comme une sorte de réactif de la différenciation générale des tissus. II. STRUCTURE D'UN TUBERCULE. Si l’on sectionne un tubercule adulte, on constate que la plus grande partie de sa masse est formée par un tissu mou, spongieux, gorgé d’eau. La paroi, qui entoure ce tissu, atteint au plus 1/10 du diamètre total ; elle est constituée par trois couches qu’on peut distinguer à l'œil nu : une couche externe brune, rugueuse, formée par le liège ; une couche moyenne blanchâtre, riche en laticifères, qui correspond à la fois au liber secondaire et au phelloderme (Passise suberophellodermique est d'origine péricyclique); une Zone interne brun clair qui représente la partie la plus jeune du bois secondaire, celle où les vaisseaux sont encore groupés en formation compacte. Toute la partie centrale du tubercule (fig. 3), c’est-à-dire le tissu Spongieux, est formée de grandes cellules à parois minces p4, cellulosiques, parsemées d’ilots il constitués chacun par quelques petits vaisseaux ligneux. Le trajet de ces vaisseaux est tout ce qu’il y à de plus irrégulier : une coupe perpendiculaire à l’axe du tubercule rencontre les uns transversalement, d’autres oblique- ment, d’autres dans le sens longitudinal, de sorte que les îlots semblent contracter entre eux un grand nombre d’anastomoses ; enfin les grandes cellules qui forment la masse du tissu sont rare- ment isodiamétriques, elles sont irradiées autour des îlots vascu- laires et semblent comme tendues entre les éléments ligneux ; toute + 266 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE la région centrale du tubercule paraît homogène à l'œil et offre la même structure. Le liège, qui recouvre le tubereule est formé d'éléments tabu- laires à ‘parois minces; le vieux liège se crevasse sous la poussée des éléments inter- nes etreste a dhérent un eertain temps sous forme de lam- beaux écailleux dont les bords se redres- sent vers l'extérieur en dessinant une sorte de coupe. Le phelloderme est constitué par des cellules qui se sont allongées tangentiel- lement pour suivre le développement du Fig. 3 — Aspeci général du tissu aquifère. — pg, paren- cylindre central et chyme général ; él, ilots vasculaires ; ge. 140. se subdivisent çà et $ là par des cloisons de direction radiale ; on y rencontre de très nombreux laticifères, si bien que la section d’un échantillon conservé dans l’alco0 montre un phelloderme entièrement blanc qui semble formé d’une masse (le caoutchouc coagulé, Les cellules phellodermiques ne contiennent ni mâcles, ni cristaux ; en revanche beaucoup renferment de l’amidon; celui- bi présente sous forme de petits grains plus ou moins sphé- riques ou ovoïdes dont le hile est punctiforme et dont les stries apparaissent peu nettement ; les grains doubles sont nombreux; on observe aussi quelques grains quadruples. HT. DÉVELOPPEMENT D'UN TUBERCULE. Reprenons notre racine au stade primaire et suivons le dévelop- pement d’une région appelée à fournir uu tubereule. Re Bientôt aux faisceaux ligneux primaires vient s'ajouter Un LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EUPHORBIA INTISY 267 abondant métaxylème, en même temps que les cellules du tissu axial grandissent considérablement. Si l'on examine à ce moment le contenu de ces cellules, on observe l'existence d'une énorme vacuole centrale entourée seulement d'une mince bande de proto- plasma tapissant la paroi; le noyau déjeté à la périphérie de la cellule ne fixe plus que faiblement les colorants; dès ce moment, les cellules ont perdu presque toute vitalité; il leur est devenu impossible de se multiplier ; elles continueront à grandir, en même temps que de nouvelles quantités d’eau s’aceumuleront dans leur vacuole centrale, cette croissance étant accompagnée d’un amincissement progressif de la paroi qui reste toujours cellulo- sique. De bonne heure, les formations secondaires entrent en jeu ; les assises génératrices subérophellodermique et libéro-ligneuse se constituent à peu près simultanément ; la première est profonde et apparaît dans le péricycle ; le hber secondaire et le phelloderme sont donc en contact direct et il devient rapidement assez difficile de saisir la limite précise des deux tissus. L’assise libéroligneuse différencie beaucoup plus de bois que de liber ; le bois secondaire forme bientôt dans son ensemble six gros faisceaux, alternant avec les faisceaux primaires et séparés les uns des autres par de larges rayons de parenchyme que nous appellerons rayons principaux ; ces rayons correspondent aux faisceaux ligneux primaires et marquent leur place lorsque certains de ceux-ci sont demneurés indifférenciés. Dans chaque faisceau, les vaisseaux sont alignés en tile radiale, séparées par des files parenchymateuses généralement simples, que nous nommerons rayons secondaires ; les files de vaisseaux présentent d’ailleurs en divers points des cellules non lignifiées. La tubérisation commence en général au moment où s’établis- sent les assises génératrices ; elle débute par le développement du tissu axial dont les cellules se distendent considérablement, comme nous l'avons expliqué plus haut ; le phénomène atteint rapidement l'anneau formé par le bois secondaire (fig. 4). Les cellules des rayons principaux grandissent les premières, en s’allongeant beaucoup dans le sens tangentiel; ces rayons prennent alors une sorte d’aspect scalariforme par suite de l'allongement parallèle de leurs 268 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cellules, d'autant plus accusé que celles-ci sont plus rapprochées du centre de la racine. Nous avons vu en étudiant la structure primaire, que d’une façon normale un des faisceaux ligneux restait indifférencié dans une région devant se tubéri- + 2 Îs ser; ce faisceau est esquissé ; au début cependant par un certain alignement des cellu- TE ao les et aussi par un léger épais- sissement des parois qui res- tent cellulosiques; pendant la tubérisation, les cellules RES Rp du faisceau peu diflérencié grandissent comme celles des rayons principaux, sont le bp siège des mêmes phénomè- nes et deviennent absolument méconnaissables ; c’est ce qui explique que M. Fron, ne dis- posant que de racines adul- tes, ait décrit une structure primaire à cinq faisceaux; mais, dans tous les cas, la Fig. 4. — Accroissement des rayons prinei- Subdivision du bois s6C0Rr Paux au commencement de la tubérisa- daire en six pointes séparées par de larges rayons de paren- rayon principal ; Rs, rayons secondaires ; chyme témoigne toujours de bp, faisceau du buis primaire; m, méta. la structure originelle. Rs à Ensuite, le phénomène de tubérisation atteint à leur tour les rayons secondaires et l’on assiste à une dislocation des gros faisceaux ligneux secondaires ; d’abord les files de vaisseaux s’écar- tent en conservant leur alignement radial; puis les cellules paren- chymateuses intercalées entre les groupes de vaisseaux dans chaque file étant elles-mêmes le siège d’une croissance considérable et irrégulière, ces files se brisent et se résolvent en petits groupes de vaisseaux, séparés par les énormes cellules du parenchyme envi- ronnant. TS 13 > La * SLA 3 Q œ daire ; (a, rissu axial ; gr..219 LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'EUPHORBIA INTISY 269 Il résulte de tous ces phénomènes un éparpillement des vaisseaux primaires, de ceux du métaxylème et du bois secondaire en îlots disséminés au milieu d’un tissu parenchymateux général gorgé d’eau, provenant soit du tissu axial, soit des rayons principaux ou secondaires, soit des cellules non lignifiées des files vasculaires, tissu dont toutes les cellules ont la même évolution cytologique et deviennent rapidement dans l'impossibilité de se cloisonner. L’en- semble présente à l’œil un aspect homogène, et, à ce stade, on ne peut plus guère se rendre compte de l’origine exacte d’un élément déterminé. Les vaisseaux sont tendus dans la masse comme de véritables cordages et forment en définitive un réseau dont les mailles sont occupées par les éléments aquifères,; c’est ce qui explique leur direction si variable et les apparentes anastomoses entre les paquets vasculaires. La dissémination des vaisseaux dans la masse du tissu aquifère est certainement une disposition très favorable à la plante, pour l'utilisation de ses réserves d’eau, lorsque le besoin s'en fait sentir ; il ya en somme constitution d’une sorte de système absorbant interne capable de remplacer le système radiculaire, pendant les périodes de sécheresse. Pendant toute la durée du développement d'un tubercule, l’assise génératrice libéroligneuse continue à fonctionner active- ment, mais les éléments lignifiés du bois sont toujours peu abon- dants ; ce n’est guère qu’au moment où la taille définitive est près d'être atteinte et où l’activité de l’assise génératrice diminue brusquement, que la lignification s'étend à la plupart des nouvelles cellules différenciées du côté interne, constituant cette sorte d’an- neaux ligneux, couche dure et brune que nous avons signalée, en décrivant la paroi. “Les cellules du liber secondaire conservent toujours leur difté- renciation normale, sans contribuer aucunement à la formation du parenchyme aquifère ; obligées de réagir contre la pression prove- nant du développement des tissus interues, certaines d'entre elles subissent une élongation dans le sens tangentiel, avec apparition de cloisons radiales ; ilen est ainsi également pour les cellules du phelloderme qui présentent souvent vers l'extérieur de la racine une légère et irrégulière lignification. : if 210 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Si l'on pratique une série de coupes transversales, depuis la région équatoriale jusqu’au pôle d’un tubercule, on constate qu’à mesure qu'on se rapproche de celui-ci, l'épaisseur de l'anneau ligneux compact, qui limite intérieurement la paroi, augmente ; au pôle même, c’est-à-dire à l'endroit où la racine reprend une forme cylindrique, la lignification s'étend non seulement à tout le bois secondaire, mais mêmé au tissu axial, jusqu’au centre de l'organe. f Il nous reste enfin à dire un mot du sort des tubercules âgés; après que ceux-ci ont abandonné à la plante une partie de leur réserve d’eau, lorsqu'ils commencent à se flétrir, leur paroi fen- dillée laisse la voie libre aux agents destructeurs et surtout aux bactéries ; le parenchyme aquifère est rapidement attaqué et disparaît peu à peu; seule Ja paroi subsiste, surtout dans les régions avoisinant les pôles, où la couche ligneuse est plus épaisse. De nouvelles racines prennent alors naissance sur ces vieux tuber- cules, quelques-unes d’entre elles fourniront de nouveaux renfle- ments ; elles partent surtout de la base du vieux tubercule et sont groupées d’une façon très irrégulière; elles sortent aussi bien à Fintérieur qu’à l'extérieur et il n’est pas rare de trouver des racines déjà tuberculisées dans la cavité même d’un renflement, dont le tissu aquifère a disparu. IV. STRUCTURE DÉFINITIVE DES RACINES ABSORBANTES La structure primaire, caractérisée comme nous l'avons expli- qué précédemment, est bientôt suivie de l'apparition d’un abondant métaxylème dans la région périphérique du tissu axial (fig. 5); les cellules centrales de ce tissu cessent à ce moment de s’accroître et leurs parois se lignifient ; toute la région centrale de la racine est donc lignifiée ; l’assise génératrice libéroligneuse différencie” une proportion de liber plus considérable que chez les racines tubérisées ; le bois secondaire forme toujours 6 grosses pointes séparées par de larges rayons parenchymateux ; mais chacun de ces faisceaux secondaires est beaucoup plus riche en vaisseaux qui forment des files continues ; les rayons secondaires se lignifient très rapidement et les rayons principaux eux-mêmes deviennent un peu plus tard sclérenchymateux ; les cellules de ces rayODS LE SYSTÈME RADICULAIRE DE L'£UPHORBIA INTISY 271 présentent un certain allongement dans le sens radial, au lieu que, chez les racines tubérisées, elles atteignaïent leur plus grande dimension dans le sens tangentiel. L'assise subérophellodermique est toujours péricyclique et se comporte de la mé- NN . LC SSSS les autres racines. + FRERE Aù ne i Sur les racines à WF. \7 LS “e 4, 4 N renflements, les es- 714 a bp . à HW} \ paces qui séparent out | av ! MN les tubercules sont ui No 'e bp comparables au AUTES ai point de vue des for- ; RS V1 mations secondaires ‘7 \KK 7 0 . Ÿ td aux racines absor- S de vel 4 de ÎTS PTS 2 d'etre bantes. DÉS 10 ess 2 4 SSS==2227 V. RéÉsuMé. Fig. 5. — Structure secondaire d’une racine absorbante. — li, liège; ph, phelloderme ; ip, liber primaire ; : À ls, liber secondair , bois secondaire ; bp, bois En Résumé è primaire ; Rp, rayon principal ; Rs, rayon secon- 1° Les racines qui daire; m, métaxylème ; £a, tissu axial ; gr. 55. doivent fournir les tubercules se distinguent de bonne heure des racines absorbantes par une différenciation primaire moins accentuée, mais sans qu'il y ait de dimorphisme originel. 2 Les tubercules résultent d’un développement très considé- rable du tissu axial et de la majeure partie du tissu ligneux, dont les éléments parenchymateux acquièrent des dimensions remar- quables et renferment d'énormes vacuoles. 3 La différenciation secondaire des racines absorbantes est normale. Lo Les espaces séparant les tubercules ont une structure défini- tive comparable à celle des racines absorbantes. SUR L'HÉTÉROSTYLIE DE LA PULMONAIRE OFFICINALE par M. Edmond GAIN Les longueurs du style et de l’étamine, la distance du stigmate à l’anthère, sont très variables, aussi bien chez les Pulmonaires brévistylées que chez les Pulmonaires brévistémonées. En employant la méthode statistique biométrique, portant sur un millier d'échan- tillons, on s’est proposé : 1: De déterminer l'amplitude habituelle de ces variations. 2 D’établie la forme des polygones de variations (Pearson) el des courbes qui expriment les fréquences relatives des diverses dimensions constatées. 3 D'enregistrer si le type Poral, de localités différentes, subit des modifications de races orientées dans un sens déterminé. On trouvera les résultats détaillés de cette étude, dans un mémoire spécial (Biométrika. Vol. III). Méthode employée pour établir le polygone de variation. — Dans une localité déterminée on récolte un grand nombre de tiges de Pulmonaires, prises sur des rhizomes éloignés de 2 ou 3 mètres de distance. Sur chaque tige on prélève une fleur complètement épanouie. On mesure très exactement la distance du stigmate à l’anthère, la taille du style et celle de l’étamine. On constate que certaines dimensions sont plus fréquentes et d’autres beaucoup moius. Les chiffres qui expriment la fréquence relative, pour chaque dimension enregistrée, permettent d'établir les polygones de variation. (Voyez fig. 4, 2, 3). Sur la ligne des abcisses on place des points équidistants qui expriment les dimensions en 1/2 milli- mètres. On élève, en chaque point, des perpendiculaires dont les hauteurs sont proportionnelles aux chitfires qui expriment Îles fréquences constatées. Voici les principales conclusions qu’on peut en tirer sur l’hété- rostylie de la Pulmonaire officinale : HÉTÉROSTYLIE DE LA PULMONAIRE OFFICINALE 2173 A. La distance moyenne du stigmate à l’anthère est aussi la dis- tance la plus fréquente. Chez les Pulmonaires brévistylées cette distance est plus faible d’un tiers de ce qu'elle est chez les brévi- stimonées. Pour quatre stations, des environs de Nancy, ces deux valeurs sont respectivement de 3 millimètres 02 et 4 millimètres 45. Elles sont donc entre elles comme 100 est à 147. Les distances extrêmes qui ont été constatées sont 0 et 8 millimètres 1/2 (fig. 1). MN 1 + - 6 2| |» 3 4 PT. LT T1 LE A 5 à | l/N1 À be NT E AA Fa | IL TANUR ar A N'INE mn: n : Let A+ Re D’ " À é 7 k 1 14 L 2h 5 3% & UK 5 LR Ai Fig. 1. — rare he officinalis L. — Distance du Mende à l’anthère (Maxé- ville 1903) : lantes brévistylées; D’, plantes brévistimonées. Polygones de variation tu avec 238 plantes de chaque sorte, et courbe tiques correspondantes. Ce sont des courbés binomiales normales, semblables, et d’égale hauteur. Ici, les distances les plus fréquentes sont de D 3°" 1/4 et D’ 4v» 1/4; chez certaines races la différence (D'-D) peut atteindre 2 millim. Dans les diverses stations, les quatre distances moyennes ont varié respectivement, suivant les races géographiques locales, de 2 millim. 74 à 3 millim. 84 pour les brévistylées, et de 3 millim. 66 à 4 millim. 80 pour les brévistémonées : l’hétérostylie est donc plus ou moins accusée chez les divers individus.et chez les diverses races. Sur 1000 individus on a même trouvé une plante brévistylée où la distance du stigmate à l’anthère était presque nulle. Mais ce Rev. gén. de Botanique. — XVII. — 274 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cas extrême ne correspond pas du tout à une troisième forme fixée de fleurs de Pulmonaires. Ce cas particulier présente la même rareté que celui où la distance atteindrait 8 millim. par exemple, lorsque la distance-type la plus fréquente est de 4 millimètres. La fréquence des diverses distances du stigmate à l’anthère chez les deux types de fleurs est exprimée, en effet, par deux courbes binomiales normales, semblables et d’égale hauteur (Fig. 1). RON SRE à Lenrs Nombre Les individus peur 7000 | | je k j L: | | 140 k: - F ,. \ bo. +++} — £ he #o À \ 1 k + EF. o : Ps Da mr Mitlimetrefe Th 5 6 7 8 9 10 A 19 15 14.2 16 (A, A’) et par l’étamin ‘ , Plantes brévistylées ; A’ M sté- m En ajoutant à la longueur du style une longueur de 2 millimètres On 4 la hauteur du pistil. On constate donc sur ces iq que les tailles les B. La longueur du calice et la longueur du style sont deux quantités qui varient ordinairement en sens inverse, chez les deux types brévistylés et brévistémonés. On a pu constater, dans des localités déterminées, des races de Pulmonaires brévistémonées, à style exserte par rapport au calice, et, ailleurs, des races à styles profondément inclus: s HÉTÉROSTYLIE DE LA PULMONAIRE OFFICINALE : 275 On à trouvé des plantes du type brévistylé dont le style était plus long que chez certaines plantes du type brévistémoné. Le pistil (style + ovaire), et l'étamine, varient de longueur d’une façon continue, de 5 à 15 millim., et les longueurs les plus fréquentes sont celles qui atteignent 7 millim. et 41 millim. 3/4 environ (Fig. 2). Le pistil du type brévistylé, et l’étamine du type brévistémoné d’une même station, sont assez rigoureusement d’une même taille Nombre des individus an LR à 4 % 4. -7 8 + pr + -13 4 Fig. 3. — Pulmonaria offcinalis — Distance du stigmate au bord du calice (Courbes schématiques binomiales) ; B, Pulmonaires brévistylées ; B’ Pulmo- A tn et 0 ir Re + mes 26 -Syles users x Seyles inclus dans le calice Messin, 100 p. 100 à Laxou). moyenne. Il en est tout à fait de même pour le pistil du type bré- vistémoné et l'étamine du type brévistylé. Les courbes de fréquence des longueurs du pistil et de l'éta- mine, des deux types de fleurs, sont deux courbes du type des hyper- binomiales, d’inégale hauteur. Nous avons signalé précédemment la variabilité considérable 276 : REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE des valeurs moyennes théoriques de la distance du stigmate à l’anthère. Le type de longueur moyenne de l'étamine et du pistil est au contraire d'une fixité remarquable dans les diverses stations et chez les diverses races constatées. Darwin avait émis l'hypothèse que certaines Pulmonaires pré- sentaient peut-être une hétérostylie mal fixée. Il résulte de cette étude biométrique, que l'hétérostylie de Pul- monaria officinalis, semble très peu variable en tant. que caractère fondamental de l'espèce. Cette hétérostylie se manifeste avec des modalités diverses suivant les localités, mais elle est bien fixée dans toutes les localités observées: Le libre croisement maintient sensiblement la constance des dimensions moyennes du style et de l'éta- mine, sans réaliser la constance de la distance Moyenne du stigmate-à l’'anthère. La méthode statistique et graphique employée ici est très sen- sible pour déterminer dans quel sens se produit une variation de faible intensité. Flle est applicable à l'étude de tous les problèmes de polymorphisme des végétaux, et pourrait rendre ten services aux recherches de morphologie expérimentale. REVUE DES. TRAVAUX DE TEÉRATOLOGIE VÉGETALE PARUS DE 1895 à 1899 (Suite). De nombreux exemples de bifurcation de nervures (Gleghornia cymmosa) où d’autres modifications des lim sont signalés par M. Cosrerus (1) dans son étude de Sr tropicale relative à la flore de Java. M. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (2) a décrit une anomalie du Medicago Lupulina consistant dans la duplication des folioles latérales : le rameau a ses principales feuilles quinées et non ternées ; quatre folioles partent du même point, la cinquième est située dans le prolongement du pétiole général et articulée sur un petit RER secondaire long d’environ un centimètre. Ascidies. — De nouveaux exemples de transformation de feuilles en ascidies ont été signalés par plusieurs Auteurs. M. GÉNEAU DE Lamar- LIÈRE (3) a décrit une ascidie de Saxifraga latifolia qui provient du développement exagéré d'une petite crête située à la base du limbe, au point d'insertion du pétiole. Une autre espèce, le S. crassifolia, peut donner des déformations semblables, comme 1 indique M. ARCANGELI(4) ; enfin, certaines feuilles anormales de Saxifrages sont souvent munies d’ascidies ou d’appendices en forme de cornet, d’après M. VAULLE- GARD (5). M. HocHREUTINER (6) attire l'attention sur vingt-deux feuilles anor- males de Trifolium repens parmi lesquelles dix-neuf ont leur foliole médiane transformée en ascidie. Les appendices foliacés situés à la (1} J. C. Costerus : Teratology studied in the tropics by J. C. Cuslerus and 1: Smith Jr (Buitenzorg, Ann. Jard. bot., t. 13, 1895, p. 97-120, pl. (2) L. Géneau de Lamarlièré : Sur quelques cas Mn ne observés a no de Reims (Reims, Bul. soc. sci. nat., t. 8, 1899, 16 p..3 fi (3) L. Géneau de Lamarlière : Sur Les anomalies présentées de Le Mercu- en | annua et le Saxifraga latifolia (Paris, C.-R. ass. franç. avance. sci., 1899, 1° partie, p. 252). (4) G. Arcangeli : Firenze, Boll. Soc. bot. ital., 1895, LES (5) A. Vaullegard : Caen, Bal. soc. linn., (5) t. 2, 1898, (6) G. Hochreutiner : Remarques sur quelques feuites omposée monstrueu- ses (Genève, Bul. Boissier, t. 5, 1897, p. 485-493, 4 fig.). 278 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE base des ascidies pourraient être interprétés comme des stipelles et assimilés à celles des Papilionacées imparipennées, mais l'Auteur ne le pense pas car ces organes sont placés au-dessus du pétiolule et non à la base de ce dernier; ils représentent les rudiments de la foliole avortée. L’anatomie des ascidies offre des particularités curieuses que M. Hochreutiner signale avec détails : tous les exemplaires examinés possèdent à la base un renflement moteur à structure normale muni d’un faisceau libéroligneux en demi-cercle ; au-dessus, dans le pétiolule qui porte la petite urne, des coupes en séries montrent que le faisceau se referme peu à peu et devient absolument concentrique ; puis, plus haut, là où débute l’ascidie, le faisceau se scinde en deux parties selon un plan qui serait parallèle au limbe de la foliole si cette dernière était normalement développée. Autrefois, Lindley et Moquin-Tandon. ont admis que les ascidies ‘étaient formées par la nervure médiane de la feuille. M. Hochreutiner pense qu'il faut accepter cette théorie : le pétiolule correspond bien au rachis de la foliole ; c’est ce rachis qui, à la base, prend une structure spéciale pour s’élargir plus haut en un entonnoir évasé. Cryptes et intumescences. — MM. Derman et Berraut (t) ont attiré l’attention sur des cryptes spéciales souvent observées dans les feuilles de la variété cordulatum du Piper angustifolium. Ces cryptes prennent toujours naissance à l'endroit où une nervure secondaire est en voie de développement ; elles sont revêtues d’un épiderme et munies de poils et de stomates. Parfois s'effectue en même temps une concrescence des nervures due à l'hypertrophie de la portion du limbe qui les sépare. M. SoRAUER (2) a désigné sous le nom d’intumescences, certaines formations pathologiques qui apparaissent souvent sur les rameaux et sur les feuilles d'espèces ligneuses. A la liste donnée dans son ouvrage sur les Maladies des Plantes (1886, t. 1, p. 222) des espèces végétales qui présentent de telles intumescences, l’Auteur ajoute les suivantes : et prennent l’aspect de longs tubes. Pour l'Auteur, ces formations sont dues à une température élevée accompagnée d’une trop grande absorp- (1) G. Dethan et R. Bertaut : Sur {a présence d'une anomalie dans la struc- ture d'une feuille de Piper angustifolium Ruiz et Pav. (Paris, Bul. soc. bot., t. &4, 1897, p.189-193, 2 fig.). (2) P. Sorauer : Ueber Intumescenzen (Berlin, Ber. D. bot. Ges., t. 17, 1899, p. 456-460, 1 fig.). | REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 279 tion d’eau, alors que la chlorovaporisation est peu intense par suite d’une lumière insuflisante. Éperôns. — M. THomas (1) signale les éperons que portent parfois les feuilles a Dianthus caryophyllus var. calcaratus : ceux-ci consistent en proéminences à la face inférieure qui atteignent jusqu'à 8 millimètres de longueur et présentent une ouverture basilaire de 4 millimètres environ; leur répartition et leur taille sont très variables. Anomalies de forme. — M. Marry (2) a recueilli dans le Cantal deux formes de feuilles de l’'Érable Plane: la première est plus simple que la feuille normale et possède un contour à cinq lobes non denticulés ; trois lobes seulement, non nis de denticulations. Ces deux types foliaires sont en tous SO ae aux empreintes fossiles des feuilles d’Acer-lætum-phœniceum et d’ Acer integrilobum récoltées dans le même département ; aussi M. Marty en conclut-il que les feuilles anor- males qu’il a trouvées représentent une régression graduelle a un type plus simple : l’évolution présumée aurait pu s’accomplir sur place. M. Licnier (3) signale de son côté des feuilles de Fagus laciniata- asplenifolia retournant au type silvatica. De même M. Lüwer (4) décrit un exemplaire de Tilia americana-asplenifolia qui présente des feuilles rappelant celles du Tilia grandifolia sur lequel il était greffé. M. LLoyn (5) montre que la structure des écailles des rameaux courts du Pinus pon- derosa, après la disparition des fleurs mâles, se rapproche du type Abies Par retour atavique. De simples modifications de forme sont signalées par divers Auteurs, mais ne présentent qu’un intérêt relatif. M. Keisscer (6) attire l’atten- tion sur l'apparition de feuilles de marronnier à nervation pennée ; ces feuilles sont réparties uniquement sur certaines branches. D’après M. Wicsox (8) décrit de très grandes digitée, etc...) dans les feuilles de Viola sagittata et V. Da RS, (1) F. Thomas : Ueber r:porRendragende Nelken (Berlin, Verb. bot. Ver., t. 37, 1895, p. 163-167). (2) P. Marty : L’ascendance de l'Érable plane (Feuille jeunes natural., Paris, t. 26, 1896, p. 188-189, 5 fig.). (3) O. Lignier : Caen, Bul. soc. linn., (5) t. 2, 1898, p. 47. (4) Lower : Tilia americana asplenifolia (Cassel, Abbh. Ver. Nat., 1896, p. 24-25) (5) F.E. sors Meeting New-York Acad. Sci., janv. 4898, in Science, (7) t. 2, 1898, p. 1 (6) Fes ee Keissler : Bot. Centralbl., Cassel, t. 78, 1899, p. 72. ur K. Small : Teratological Notes (New-York, N. Y., Bull. Torrey Bot. CL, 8) F, Wilson : Variations in Viola (Asa Gray Bull. t. 3, 4895, p. 13-14). 280 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Le Chelidonium à feuilles découpées a été tour à tour élevé au rase d'espèce (Ch. laciniatum Miller), ou rabaissé à l’étot de simple variété (var. laciniatum du Ch. majus). Dans une étude fortement documentée, M. Roze (1) expose le résultat de ses observations personnelles sur un Lamarck. M. Gizcor (2), qui a rencontré cette rare Papavéracée à l'état Spontané, ne peut considérer le Chelidonium laciniatum Miller, y com- pris la variété fumarifolium, comme une espèce botanique, même comme une Sous-espèce. D’après lui, il ne faut voir dans ces plantes que des variétés du Ch. majus L., reliées au type par la variété crenatum. Sur le Cochlearia armoracia, M. PREuscHOrr (3) signale des fenilles profondément laciniées. M. Lenzr (4) décrit des feuilles échancrées de Catalpa Syringæfolia, M. Masters (5), des feuilles d’Anemone Japonica chiffonnées et frisées comme celles de la Scolopendre, des feuilles de Taraxacum. officinale tordues, etc. Enfin, des généralités sur les malformations des feuilles ou des bourgeons sont contenues dans les mémoires de MM. Raymonpaup (6), BeIssNER (2), etc. Une curieuse anomalie dé la Vanille a été récueillie à la Réunion so M. Jacos ne Corpemoy (8) : la tige est terminée par un corps fusiformé, un peu aplati, long de 8 centimètres, large d'un centimètre seulement; coloré en vert et porté par un pelit pédoncule qui surmonte immédiate” ment le nœud auquel s’insère la dernière feuille. L'étude anatomique de cel organe permet à l’Auteur de le considérer comme une feuille dégé- nérée, demeurée rudimentaire, et dont le limbe s’est replié de manière à se souder par ses bords ;. le pédoncale dérive lui-même de la portion foliaire engainante qui s’est allongée et repliée. , : (1 E. Roze : Le Chelidonium laciniatum M4/L. {J. bot., Paris, t. 9, 18%, p. 296-300, 301-307, 338-143). (2) X. Gillot : Note sur le Chelidonïum majus L. et sa variété laciniatum (J. bot., Paris, t. 11, 1897, p. 349-353). (3) P. Preuschoff : Danzig, Schr. natf. Gés., (2) t. 9, 1896, p. 197-198. (4) Lenze : 4bnorme Ausbildung des Blattes und der Blüthen (Stuttgart, Jahreshefte Ver. Natk., t. 52, 1896, p. 83-84). (5) M- Masters : Torsion in Lhe leaf (Gard. Chron:, London, (3) t.%6, 189, P. 229). — Frilled Anemoné-leuves (Hd, p. 418). : (6) E. Raymondaud : Phyllomorphose et tératophyllie. Trois genres térato- logiques nouveaux : Ectrophyllie, symphyllie, polyphyllie (Limoges, Bul. soc. Gay-Lussac, 1898, 19 p., p k à (7) L. Beissner : Knospenvariation |Bonn, Mitt. D. dendrol. Ges., 1895, p. 43-49) — Beiträge zur Morphologie des Blaties (I4., 1896, p. 96-97 }. (8) H. Jacob de Cordemoy : Sur une anomalie de la Vanille (Rev. gén. bot. Paris, t. 11, 4899, p. #592987. fig. 54-59). ; REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 281 Modifications dans la couleur (Panachure et Chlorose).—La panachure est due le plus souvent à la présence de pigments diversements colorés qui s'ajoutent à la chlorophylle et modifient la teinte verte. MM. d'Huserr et Boussus (1) se sont occupés spécialement de la panachure blanche des feuilles provoquée par l’absence de chlorophylle. Dans ce cas, la pana- parties blanches, etc.) ; elle apparaît dès que la teinte chlorophyllienne des parties non altérées est suflisante pour permettre l’ob- servation. L'arrêt de coloration se fait dans chaque assise indé- pendamment du même phéno- mène dans les assises voisines. Une fois la localisation du pig- ment vert effectuée, les cellules palissadiques qui ontien- nent s’allongent perpendiculai- rement au plan de lle comme le montrent quelques Fig, 6. — Iléx aquifolium : coupe trans- coupes transversales effectuées versale du limbe panaché. A gauche de au travers des limbés panachés &, partie blaniéhé" outre #' et D, z0n6 d’Evonymus japonicus, à’ dera Helix et d'Ilex aquifolium (fig. 6). M. Bouver (2) a décrit un échantillon de Phormium tenax dont une moitié est panachée longitudinalement, tandis que l’autre moitié est restée verte ; entre les feuilles panachées, il existe des bourgeons pana- chés et entre les feuilles vertes des bourgeons verts. On ne peut, nor expliquer cette anomalie, admettre l'existence de faisceaux spéciaux modifiés par la culture, car dans un autre végétal, le Juncus zebrinus du Japon, la panachure se maintient à la culture. M. Préauperr (3) signale un échantillon de Ronce portant des feuilles blanches de distance en distance, toutes situées sur l’un des cinq fais- Ceaux libéroligneux de la tige. vert pâle : à droite de b, région blanche (d’ap. d'Hubert et Boussus). Dans le jardin botanique de Pise, M. ArcanGeut (4) a trouvé . Plant de Cucurbita moschata dont les feuilles sont colorées en jaune le long des nervures principales et latérales. (1} H. d'Hubert et M. Boussus: Fégétaux panachés (Arcachon, soc. sci. station z00!., 1896-1897, p. 153, 3 fig.). (2) G. Bouvet : Angers, Bul. soc. étud. sei., t. 26, 1896, p. 18. (3) Préaubert : Angers, Bul. soc. étud. sei., t. #, 1896, p. 18. oi (4) G. Arcangeli : Sopra alcuni casi di clorosi (Firenze, Boll. Soc. bot. ital., 1895, p. 16-18). 282 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Les causes de la chlorose chez les arbres nains ont fait le sujet d’une courte note de M. Nowacxti (1), de Zurich; cette affection n’est pas en relation avec le manque de fer dans le sob puisqu’on l’observe dans les terrains saturés d'oxyde de fer et que, d’autre part, les arbres à haute tige ne la présentent pas. Il faut plutôt attribuer cette maladie aux gelées du printemps : à cette époque, en effet, le cambium est en pleine activité dès que la température s'élève, mais à la suite des refroidisse- ments nocturnes les cellules nouvellement formées souffrent, le trans- port des matières albuminoïdes par les vaisseaux criblés se ralentit et la chlorophylle cesse de se développer. M. GuicLon (2), de même que M. Tarvuiiér (3), a effectué quelques recherches sur le traitement de la chlorose ares M von SCHWERIN (&) a crail la teinte des feuilles dans un d'A cer, d’Alnus, de Cornus ; M. THes- ra (5) cite un Sorbus aucuparia à feuilles blanches, M. Antaowy (6), une nouvelle variété de Spiræa à feuilles d’an blanc crème, M. ArNorr (7), des feuilles purpurines sur un Plantago major, M. Linpeuura (8), un Kitaibelia vitifolia à feuilles marbrées. . Nowacki : Arch. Sci. Phys., Genève, (7) t: 2, 1896, p. 634-635. (2) J. M. Guillon : Expériences de à Société ou d'Agriculture de l'Hérault sur le traitement de la chlorose (Rev. viticult., Paris, t. 3, 18%, p. 619-621). (3) H. Theulier : Du rôle de la ds dans Les plantes et remèdes à apporter à la chlorose (Paris, 1895, 47 p (4) F. von Schwerin : eat Ed zur Gattung Acer (Bonn, Mitt. D. den- drol. Ges., 1896, p. 77-81, 7 (5) A. Thesleff : aa . Soc. Fauna et F1. Fenn., 1895, p.86. (6) E. C. Anthony : 4{bino ne (Asa Gray Bull., t. 5, 1897, p. 88,. à S. Arnott : 4Abnormal Plantago major (Sci. Gossip, London, (2) t. 2, 18%. p. 27 se H. Lindemuth : Kitaibelia rage Willd., mit goldgelb marmorierlen Blättern (Gartenflora, Berlin, 1899, p. 431-434). (A suivre). : C. Houarp. REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE PARUS DE 1897 A 19092 (Suite). Homologies des tissus dans le sac embryonnaire des Phanérogames.— La découverte de la double fécondation fournit un caractère différentiel nouveau entre l’albumen des Angiospermes et l'endosperme des Gym- nospermes. Ces deux tissas sont considérés comme plus ou moins homologues et souvent désignés sous un nom unique. Nous plaçons ici quelques descriptions récentes de sacs embryonnaires, de nature à fournir quelques éclaircissements sur cette question. D'après CamPBeLL (1), le sac embryonnaire de Peperomia pellucida renferme 16 noyaux libres, dont l’un plus gros forme l’oosphère. Jouxson (2) retrouve les 16 noyaux, mais il n’y aurait qu’une synergide; 8 noyaux se fusionnent. L’embryon est indifférencié (une vingtaine de cellules) et entouré d’un albumen qui s’est développé sans formation de cellules libres. Campsezc confirme dans un second mémoire cette fusion de plusieurs noyaux (habituellement 8) chez divers Peperomia. Il y a 1 à 3 synergides. Les autres noyaux représentent les antipodes. Le sac embryonnaire de Lilaea subulata (Liliacée) renferme avant la fécondation de nombreux noyaux ; à la place des synergides existe un tissu cellulaire (CAmMPBELL, 3). OsrerwaLper (4) attribue aux antipodes d’Aconitum Napellus un rôle nutritif. WESTERMAIER (5) réclame la priorité pour cette opinion qu’il a émise dès 1890 ; chez les Monocotylédones qu'il a étudiées, la transmission des substances nutritives à l'œuf ne peut s’effectuer, le pourtour du sac embryonnaire étant cutinisé. Chez les Composées, selon (1) Campbell: Die Entwickelung des Embryosackes von Peperomia pellucida Kunth (Ber. deutsch. bot. Ges., t. 17, 1899). The Embryosac of Peperomia (Ann. of Bot., t. 15, 1901). (2) Johnson : On the endosperm and embryo of Peperomia pellucida (Bot. Gaz., t. 30, 1900). . (3) Campbell : The development of the flower and embryo in Lilaea subulata (Ann. of Bot., t. 12, 4898). (4) Osterwalder : Beiträge zur Embryologie von Aconitum Napellus (Flora, 1898). © (5) Westermaier : Historische Bemerkungen zur Lehre der Bedeutung der Antipodenzellen (Ber. deutsch. bot. Ges., t. 16, 1898). “ 284 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE M'° Goprcuss (1), le sac embryonnaire, étroit comme dans la plupart des Gamopétales, est entouré par l’assise épithéliale du tégument et l’ovule ; elles sont généralement en rapport avec un cordon de cellules conductrices dirigé vers l'extrémité du faisceau raphéal. Auerbach considérait les noyaux mâles comme cyanophiles et les noyaux femelles comme érythrophiles. Zacharias pense que la chroma- dans le noyau. Prépa (2) déclare que les antipodes des Narcisses sont cyanophiles comme l’oosphère. M!: Goldfluss trouve chez les Compo- sées les noyaux des antipodes et ceux de l’assise de recouvrement du sac embryonnaire moins RE ape que l’appareiïl sexuel, mais leur parure est peu caractéris * Baricka (3) étudie pe sac embryonnaire des Scrophulariacées, Gesnéracées, Pédalinacées, Plantaginacées, Dipsacées et observe que ce sac se prolonge en un long suçoir, qui est en connexion lorsqu'il est voisin de la chalaze, avec un tissu nutritif. Les cellules du suçoir sont dépourvues de membrane ou leur membrane est bientôt gélifiée. La calotte ne sert pas à la protection du sac, elle paraît sécréter une diastase digestive. Ixépa (4) constate chez Tricyrtis hirta que le noyau des 3 antipodes d’abord pauvre en chromatine manifeste bientôt un phénomène d’agré- galion des substances chromatiques en un grand nombre de masses très denses et très colorables. L'auteur rapproche ces faits dé ceux décrits par RosenserG (1. c.) chez Drosera et en conclut que ces anti- podes ont une extraordinaire activité nutritive. Elles sont le centre de l'absorption et de l'assimilation des matériaux nutritifs pour le sac embryonnaire. s jantupodes d’ Antennaria me se _— sit 7 et don- riche Rod re “dans le premier genre, il a usqu’à 150 cellules, constituant un prothalle rudimentaire qui sert à nourrir l'embryon. (1) M’ Goldfluss : Sur la structure et les fonctions “ l’assise épithéliale et des antipodes chez les Composées (Journ. de k, (2) Préda: Rech. sur Le sac ns de nn. Héccrs (Bull. Herb. Boissier, t. 5, 1897 (3) Balicka Éranotue : Contr. à l'étude du sac embryonnaire chez certaines Gamopétales (Flora, t. 36, 1899). (4) Ikéda : Le. (Bull. Coll, Agric. Tokio, 1902). (5) Juel : Bot. Ztg, t, 59, 1900. (6) Campbell Studies un the flower of Sparganium (Proc. California Ac. SC: : )). — Notes on the structure. of. the embryosac in Sparganium and Lyst: chilon (Bot. Gaz., t. 27, 1 REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE 285 Les recherches de Lorsy (1) sur le Gnetum attirent l'attention à ce ryonnaires, mais le plus souvent un seul arrive à son complet some Quand la pollinisation n’a pas lieu, le sac embryonnaire est bientôt comblé par l’endosperme. 1l en est tout autrement quand la fécondation s'opère. Le sac contient alors de nombreux noyaux libres, logés dans une mince couche protoplasmique superficielle entourant une large vacuole centrale. 11 se produit bientôt une constriction qui donne au sac l’aspect d’un biscuit ; la partie supérieure la plus volumineuse, conserve ses noyaux libres et pauvres en chromatine ; la partie inférieure cloisonne au co PaRr en STATE AE tissu ainsi ae est le pro- thalle femelle ou Ï ilp imet des rudiments d’archégones n’arrivant jamais à maturité. tiés pren c poliniques pénè- trent toujours dans la partie supérieure non cloisonnée du sac embryon- qui s’unissent aux noyaux mâles. Chaque tube pollinique rejette dans le sac deux noyaux générateurs, qui donnent naissance à deux œufs. Ceux-ci ne tardent pas à s'isoler avec une partie de protoplasme dans uné membrane de cellulose, constituant des zygotes. On observe en outre que quelques-uns dés noyaux du sac embryonnaire restés sans emploi s’entourent de cellulose et forment des cellules, dites par l’au- teur cellules prothaliennes tardives ; les autres noyaux libres dispa- raissent plus ou moins tar Les zygotes peuvent démeuté libres ou s’accoler soit à la paroi du Sac, soit au tube pollinique. Chacun d’eux pousse bientôt un long tube, dont l'extrémité est occupée par le noyau ; ce tube traverse la cavité du Sac embryonnaire et s’enfonce dans le tissu endospermique. L’endos- berme s’accroît alors considérablement en détruisant le nucelle. L’extré- mité du tube embryonnaire se transforme en un proembryon comme chez les Gymnospermes. Le développement de l'embryon a déjà été suivi par Bower (1882). Il y a polyembryonie, mais un seul embryon achève le cours de son AID AS nt. Ainsi dans le Gnetum Gnémon, un certain nombre des noyaux des- tinés à faire partie de l’endosperme (ils en font réellement partie dans le cas de non fécondation), demeurent libres. En rapprochant le cas de " . cette Gymnosperme des exemples que nous offrent diverses Angios- tissu cellulaire parfois très important), on obtient une série de termes intermédiaires entre lé “ee habituel ges: "ef dima onnaire des jai de plantes Oo Paraissent bic êtré les ea Ré des 8 noyaux des Angiospermes. (4) Lotsy : Contributions to the life-history of the genus Gnelum (Ann, J. bot. Buitenzorg, t. 16, 1899). 286 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L’albumen serait un tissu nouveau, résultant de l’utilisation du second noyau mâle, tissu dont la présence rend inutile l'existence d’un endos- perme bien développé. L'albumen, loin d’être l’homologue de l’endes- perme, semble l'avoir supplanté Parthénogénèse. — La parthénogénèse est le développement d’un embryon aux dépens d’un gamète sans fécondation préalable. On en connaissait quelques cas chez les organismes inférieurs (Klebs, Davis, Sauvageau). Depuis quelque temps, on en signale des exemples chez les Cryptogames vasculaires et chez les Phanérogames. NarHANSOBN (1) a constaté que les macrospores de Marsilia vestita donnent fréquemment, sans fécondation, des embryons parthénogéné- tiques et cependant il existe des microspores qui demeurent stériles. SHAW (2) avait observé la formation d'embryons sans fécondation chez Marsilia Drumondi, mais il les croyait adventifs. Nathansohn déclare qu'il a vu deux fois des embryons adventifs sur des prothalles à sphères mortes, mais qu'il existe aussi des oosphères parthénogé tivement rares à 10° sont plus nombreux à 18° et surtout à 35. Notons e KLeBs avait observé la perte de la sexualité des gamètes de diverses Fe (Protosiphon, Vaucheria), à la suite d’une élévation de températu C'est Je G), qui a signalé le premier cas de parthénogénèse chez les Phanérogames. Il avait remarqué que les pieds mâles d'Antennaria alpina sont extrèmement rares et qu'ils ne produisent pas de pollen. Le sac embryonnaire provient sans aucune division de sa cellule-mère et forme son contenu de façon normale, mais il ne se produit pas de de réduction chromatique. L’oosphère donne sans fécondation l'em- bryon ; les deux noyaux polaires sans se fusinnner et sans être fécon- dés, donnent naissance à l’albumen. Dans tout le cours de son évolution l'Antennaria alpina conserve le mème nombre de chromosomes. Juel à étudié une espète voisine, A. dioïca, et là tout se passe normalement’. Juel donne, dans son second mémoire, un résumé des diverses formes de reproduction des plantes supérieures : À. — 11 existe seulement le cycle typique de générations (la plupart des Muscinées, des Cryptogames vasculaires et des Phanérogames). (4) Nathansohn : Ueber Parthenogenesis . Marsilia und ihre Abhängigkeït von der Temperatur (Ber. deutsch. bot. t. Ges., t. 18, (2) Shaw : Parthenogenesis ‘in Marsilia free Gaz., 1897). (3) Juel : Parthenogenesis bei Antennaria alpina (Bot. Centraibl., t 74, Farplansang bei der Gattung Antennaria (K. Sveuska Vet. Ak. Handl, t Bot. Ztg, t. 59, 1900). REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE 287 B. — A ce cycle, s'ajoutent des moyens de propagation accessoires nidioé, chutes de bourgeons). Les organes de propagation se trouvent su a. — le gamétophyte (nombreuses Muscinées et Cryptogames vasculaires) ; b. — le sporophyte (division de l'œuf ou de l'embryon des Gymnospermes, d’Erythronium ; division de la plante adulte chez Cryptog. vasc, et Angiospermes). C. — Les deux générations existent, mais ne sont pas alternantes puisque les gamétophytes sont stériles et que les sporophytes donnent de nombreux sporophytes (divers cas de pseudoembryonnie : Funckia, Citrus, Caelebogyne, Allium odorum, etc.). D. — Une génération manque : a. — le gamétophyte existe seul (Barbula papillosa). b. — le sporophyte existe seul (l’/soetes à Longemer, Saxi- fraga stellaris, var. comosa, etc.). E. — Alternance de générations non typique, parce qu’une géné- ration donne l’autre d'une façon détournée. a. — + gamétophyte donne le ee d’une façon anor- ale (apogamie sur le prothalle ou dans le sac embryon- naire — parthénogénése de Marsilia et d'Antennaria alpina) ; b. — le sporophyte donne le gamétophyte d’une façon anor- male (aposporie dans le sporange des Mousses par forma- tion de protonéma ; apogamie par formation de prothalles sur les feuilles des Cryptogames vasculaires ; formation du sac embryonnaire sans division préalable en tétrades . d’Antennaria alpina et peut être aussi des Balanophora) D’après Murgecxk (1), toutes les espèces du sous-genre Eualchemilla se reproduisent parthénogénétiquement. Le pollen ne vient pas à déve- loppement normal : la division en tétrade ne se fait pas ou elle ne donne que des grains stériles. Dans l’ovule, les cellules initiales se divisent en une .cellule supérieure (calotte) et une interne plus grosse (cellule- mère du sac Plusieurs de ces dernières grossissent r; d’autres subissent la division en 4 cellules dont l’une, bibi ns l'inférieure, devient un sac embryonnaire. L'auteur n’a pas observé de réduction dans le nombre des chromo- Somes, Le sac embryonnaire réduit les tissus voisins à quelques assises. Il y a fusion des noyaux polaires pour donner l’albumen, mais pas de (1) Murbech : rés eve Embryobildung in der Gattung Alchemilla (Lunds Univ. Arsskr., 1901). 288 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE fécondation. Il n'existe pas de mycropyle, les bords du tégument étant concrescents. Dans A/chemilla (Aphanes) arvensis, la fécondation: se produit. Chez Thalictrum purpurascens, tout se passe en apparence normale- ment : mais OverToN (1) dit que la fécondation n’est nécessaire ni pour le développement de l'embryon, ni pour la formation de l’albumen. Les embryons parthénogénétiques se produisent quelles que soient les con- ditions extérieures. Le protoplasme est d'abord accumulé autour du noyau de l'oosphère. Puis l'oosphère se montre environnée d’une auréole semblable à une vacuole. Cette vacuole, d’après l’auteur, développement de l’oosphère en embryon. La parthénogénèse est fixée dans cette espèce. (1) Overton : Partenogenesis in Thalicirum purpurascens (Bot. Gaz., t. 3, 1902). (A suivre). H. Ricôme. 504 — Lille, imp. Le Bicor Frères. i : à Lé Gébärit Th. Cééndui. MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D’ABONNEMENT La Revue générale de Botanique parait le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d’avance) est de : 20 ir. peur Paris, les Départements et Algérie. 22 fr. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser les demandes d'abonnements, ain, ote., à nistrateur de la LIBRAIRIE cinase DE fe aies rue Dante, à Paris Adressé: tout ce qui concerne la rédaction à D. Gaston BONNIER, professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. Il sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires ou notes _— an —_. aura été sr au nb st _ " Revue Ada r. £énérale nIlsse lannownae sur la rie s auteurs des travaux insérés dans la Revue générale de a par droit dress à vingt-cinq . en tirage à part ; Librairie Générale de l'Enseignement, 1, rue Dante, Paris, VIENT DE PARAITRE : COURS SOTANIQIFE Phanérogames CELLULE ET TISSUS ; MORPHOLOGIE ; ANATOMIE ; CLASSIFICATION ; FAMILLES DE PHANÉROGAMES ; APPLICATIONS AGRICOLES, INDUSTRIELLES, MÉDICALES ; ; PALÉONTOLOGIE ; HISTORIQUE par MM. GASTON BONNIER LECLERC DU SABLON nces} À PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES à E USAGE des Élèves des __n des Écoles de __— et de Pharmäole, des Écoles d’Agricultu Avec 2389 figures inédites par J. POINSOT et A. MILLOT Un volume de 1.332 pages in-8. — Prix (franco). 20 fr: fr. On peut souscrire dès à présent à la Deuxième Partie du COURS DE ee (Cryptogames, Physiologie, Géographie botanique, etc L’ ouvrage nel en fascicules et formera un volume d’environ 1.500 pages in-8 et gén plus de 2.000 figures, la plupart dessinées d’ après nat rire Sonor | al COURS RS DE BOTANIQUE (2° Partie). 15 fr. — (Une lois l'ouvrage terminé, le prix sera augmenté) | Les souscriptions à l'ouvrage complet “ supprimées. On ne Peut plus actuellement souscrire 4 qu’à la Deuxième Partie du _ BOT. _ aux eonditions Pre MP. LE BIGOT FRÈRES REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE DIRIGÉE PAR M. Gaston BONNIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE TOME DIX-SEPTIÈME Livraison du 15 Juillet 1905 N° 199 Enlered at the New-York Post Office as Second Class matter. LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT T | 1, RUE DANTE, 1 1805 LIVRAISON DU 415 JUILLET 1905 1. — LES PLANTES DU PLATEAU DES NILGHIRRIS (INDE MÉRIDIONALE) COMPARÉES A CELLES DES -ENVIRONS DE PARIS (avec figures dans le texte), par M. Gaston Bonnier. ........... 289 Il. — CONTRIBUTION A LA BIOLOGIE DES ENTOMO- PHYTES, par M. Marcel Mirande. . . .... 304 II. — ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES (avec planches et figures dans le texte), par M. I. Gallaud (suite). .....,..... is don 313 IV. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le texte), par M. C. Houard (uite).. . . .. Rn Y. — REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, parus de 1897 à 1902 (avec figures dans le texte), par M. H. MICOME RE 332 Cette livraison renferme vingt figures dans le texte. Lee " | Pour + mode 2 “nitaiiies et les CONTES d” abonnement, pis. voir à la troisième page de la couverture. - : LES PLANTES DU PLATEAU DES NILGHIRRIS (INDE MÉRIDIONALE) COMPARÉES A CELLES DES ENVIRONS DE PARIS par M. Gaston BONNIER - Le plateau des Nilghirris constitue une région très spéciale de l'Inde Méridionale, située à plus de 2000 mètres d’altitude. La végé- lation y forme un contraste avec celle des régions basses, et rappelle celle des régions tempérées d'Europe. En 1818, lorsque Leschenault de Latour parcourut cette région, il fut frappé de l'aspect des végé- taux des Nilghirris et cita un assez grand nombre de plantes euro- péennes, ou tout au moins appartenant à des genres européens, ‘qi ÿ croissent spontanément. Voici comment Leschenault de Latour s'exprime au sujet de cette contrée : .. ( Le sommet des montagnes de Nellygerry offre un aspect varié el très pittoresque ; la surface est composée de plusieurs monti: cules, plus ou moins arrondis ou escarpés ; ils sont séparés par des vallons, au fond desquels coule presque toujours des ruisseaux d’une eau limpide et murmurante ; avec un peu d'industrie, on Pourrait établir de fort bonnes prairies dans plusieurs endroits de ces fraîches vallées... .. La botanique offre le plus grand intérêt sur les montagnes de Nellygerry par la différence qui existe entre les plantes de cette contrée et celles de la plaine ; on y trouve un très grand nombre de genres analogues à ceux d'Europe, tels sont : Vaccinium, Rhododendron, Fragaria, Rubus, Anemone, Balsaminu, Geranium, Mespilus, Plantago, Rosa, Salix, Berberis, etc. Cette simi- litude indique que les plantes utiles d'Europe s’acclimateraient parfaitement bien. J'ai rapporté de ces montagnes plus de deux Rev. gén. de Botanique. — XVII. 290 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE cents espèces de plantes, pour la plupart nouvelles, qui aujourd’hut sont dans les herbiers du Museum » (1). Voici d’ailleurs les noms des genres communs à la Flore du Plateau indien et à la Flore européenne : Clematis, Anemone, Thalictrum, Ranunculus, Berberis, Narturtium, Cardamine, Capsella, Lepidium, Capparis, Viola, Polygala, Silene, Cerastium, Stellaria, Arenaria, Spergula, Portulaca, Elatine, Hyperi- cum, Malva, Hibiscus, Linum, Geranium, Oralis, Impatiens, Ilex, Evonymus, Zizyphus, Rhamnus, Vitis, Ulex, Sarothamnus, Psoralea, Phaseolus, Rubus, Fragaria, Potentilla, Alchimilla, Rosa, Cotoneaster, Mespilus, Parnassia, Drosera, Myriophyllum, Circæa, Hydrocotyle, Sanicula, Buplecrum, Pimpinella, Heracleum, Viscum, Lonicera, Vibur- num, Rubia, Galium, Valeriana, Dipsacus, Inula, Erigeron, Gnapha- lium, Helichrysum, Xanthium, Bidens, Senecio, Cnicus, Picris, Lac- tuca, Sonchus, Wahlenbergia, Campanula, Lobelia, Vaccinium, Rhodo- dendron, Lysimachia, Anagallis, Jasminum, Olea, Ligustrum, Cicendia, Gentiana, Heliotropium, Cynoglossum, Convolvulus, Solanum, Physa- lis, Datura, Verbascum, Pedicularis, Utricularia, Vitex , Calamintha, Brunella, Scutellaria, Plantago, Chenopodium, Atriplex, Polygonum, Ramex, Elæagnus, Osyris, Thesium, Salir, Euphorbia, Buxus, Calli- triche, Ceratophyllum, Ulmus, Celtis, Ficus, Aristolochia, Liparis, Orchis, Aceras, Goodyera, Pancratium, Dioscorea, Alisma, ATum, Asparagus, Smilax, Lilium, Juncus, Cyperus, Fimbrystilis, Scirpus, Carez, Paspalum, Panicum, Oplismenus, Andropogon , Cynodon, Eragrostis, Lycopodium, Selaginella, Hymenophyllum, Adianthum, Pteris, Blechnum, Asplenium, Polystichum, Aspidium, Polypodium, Osmunda, Ophioglossum, Equisetum, Marsilia. Le nombre des espèces appartenant à ces genres, et qui S€ trouvent à la fois sur le Plateau des Nilghirris et dans la Flore d'Europe est naturellement moins grand ; ce sont les espèces suivantes : Nasturtium officinale, Cardamine hirsuta, Capsella Bursa-Pastoris, Lepidium sativum, Silene gallica, Cerastium vulgatum, Stellaria uligi- nosa, Spergula arvensis, Portulaca oleracea, Hypericum humifusum, (4 Relation abrégée d'un voyage aux Indes Orientales, par M. Lesc Leschenault de rpm naturaliste du Roi (Mémoires du Museum d’Histoire Naturelle, t. IX, 4 PLANTES DES NILGHIRRIS 291 Oxalis corniculata, Zizyphus Jujuba, Ulex europæus, Sarothamnus scoparius, Fragaria elatior, Potentilla supina, Alchimilla vulgaris, Circæa alpina, Buplevrum falcatum, Erigeron acre, Xanthium Stru- marium, Picris hieracioides, Sonchus arvensis, Sonchus oleraceus, Anagallis arvensis, Calamintha Clinopodium, Brunella vulgaris, Plan- tago major, Chenopodium ambrosioides, Polygonum minus, Polygonum aviculare, Buxus sempervirens, Callitriche vernalis, Ceratophyllum verticillatum, Oplismenus Crus-galli, Cynodon Dactylon, Lycopodium clavatum, Adianthum Capillus-Veneris, Pteris aquitina, Asplenium Trichomanes, Polystichum aculeatum, Osmunda regalis. On comprend, par ces listes de genres et surtout d’espèces communes aux deux régions, que l’ensemble des conditions de température ne doit pas différer beaucoup dans les deux contrées comparées ; mais nous allons voir que la distribution de la tempé- rature pendant la saison et les autres conditions climatériques sont cependant très dissemblables dans les deux régions. Le jardin d'Ootacamund est situé sur le plateau des Nilghirris sous la latitude Nord de 11° 30’ et à une altitude de 2.300 mètres, à proximité d’un observatoire météorologique. On y cultive des plantes ornementales dont les graines proviennent d'Europe ou même de France; plusieurs de ces espèces y sont acclimatées depuis de nombreuses années ; d’autres sont renouvelées, parfois même tous les ans. M. et Mme Lapicque, pendant leur récent voyage dans l'Inde, ont bien voulu recueillir pour mes recherches, en février 1904, un assez grand nombre d'échantillons de diverses plantes du jardin d’Ootacamund, grâce à l’obligeance de M. Proudlock, curateur du jardin, et les ont rapportées dans un liquide conservateur. Ces plantes était cultivées en plates-bandes arrosées et soignées de la même manière que les exemplaires de la méme espèce et de même origine cultivées aux environs de Paris. On peut presque dire qu'ainsi se trouvent toutes faites des expériences de cultures comparées dans les deux régions des Nilghirris et de Paris. D'autre part, M. et Me Lapicque m'ont rapporté aussi plusieurs plantes de la même espèce que des plantes françaises, et qui se trouvent naturellement sur le plateau, de telle sorte que des com- 292 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE paraisons pouvaient être faites aussi, pour des végétaux spontanés dans les deux contrées. Le principal intérêt de la comparaison à établir tient à ce que la moyenne des températures utiles à. la végétation est sensible- ment la même à Ootacamund (119,8) et à Paris (12°,2}. C'est seule- ment la répartition de la température qui diffère dans les deux Cas; A Ootacamund les moyennes mensuelles de. température ne pré- sentent pas entre elles un écart de plus de 3°, tandis qu’à Paris les moyennes mensuelles peuvent différer de 14°. Sur le plateau des Nilghirris, le ciel est très souvent découvert pendant l'hiver et le printemps, lorsque soufile la mousson du Nord-Est et au contraire presque toujours nuageux pendant l'été et l’automne, lorsque souffle la mousson du Sud-Ouest ; d’où l’uniformisation relative de la température. Pendant la journée, lorsque le temps est découvert, en hiver ou au printemps, la température est très élevée dans le jour et froide pendant la nuit, d’où une alternance diurne de température qui rappelle celle qui se produit aux hautes altitudes de nos montagnes. Les différences de forine ou de structure à observer ne doivent donc être causées que par une inégale répartition de la tempéra- ture moyenne, de l'humidité de l'air ou de la lumière ; l'humidité du sol n'intervient pas pour les plantes cultivées en plates-bandes, puisqu'elles sont arrosées dans les deux cas. _ Un caractère remarquable de presque tous les végétaux du plateau des Nilghirris, et qui tient à l’uniformité de la température moyenne, c’est que les plantes spontanées et les plantes culli- vées conservent leurs feuilles d’un bout à l’autre de l’année, comme celles qui croissent dans le sud de la région méditerranéenne. Les comparaisons ont porté sur les espèces suivantes : 1° Espèces cultivées acclimatées : Primula grandiflora, Trifolium minus, Delphinium elatum, Verbena chamædryÿfolia, Pelaryoniunt zonale, Pyrethrum indicum, Anthemis arabica, Digitalis purpurea, Cheiranthus Cheiri, Lychnis Coronaria, Viola odorata, Vinca major. Artemisia Abrotanum, Cistus incanus, Bellis perennis, Myrtus COM munis. 2 Espèces dont les graines sont renouvelées presque tous les äns : Viola tricolor, Reseda se en eu. to AE nyctaginiflora, Alyssum maritimum 293 PLANTES DES NILGHIRRIS W VA 7 NO » À dé = I£ ALES ?! LAS BJ < D A == SG 7. 4 V2 “de Ÿ | Fig. 4 et 2. — Rameaux comparables de Sarotham- nus Scoparius : P, des environs de Paris ; .N, du P : 4 plateau des Nilghirris. : Fig. 3 et 4. — Romeaux comparables de Taæus baccata : P, des Environs Hung on de:Paris; N, du plateau des Nilghierise 14, 01 0/0 294 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE 3° Espèces spontanées ou complètement naturalisées : Quercus Robur, Quercus Ilex, Hedera Helix, Olea vulgaris, Erica arborea, Lonicera Caprifolium, Ulex eurapæus, Taxus baccata, Thuia orientalis, Buxus sempervirens, Sarothamnus scoparius. 4° ÉTUDE DES ESPÈCES SPONTANÉES OU NATURALISÉES. J'ai commencé par étudier les espèces spontanées et naturalisées en les comparant aux mêmes espèces spontanées ou plantées aux environs de Paris, afin de me rendre compte tout d’abord des difié- rences de forme et de structure que présentent les végétaux semblables dans les deux contrées considérées. D'une manière générale, les plantes spontanées ou naturalisées du plateau des Nilghirris, présentent des tiges à rameaux plus robustes, à entrenœuds plus serrés ; les feuilles sont plus épaisses et à pétioles souvent raccourcis ; le port général de la plante, dont la taille est à peu près aussi grande qu'aux environs de Paris, offre, par suite, un aspect assez différent. C’est ce que montrent, par exemple, des rameaux comparables de Sarothamnus scoparius recueillis d’une part aux environs de Paris, d’autre part sur le plateau de l'Inde méridionale (fig. 4 et 2) ou du Tarus baccata (fig. 3 et 4). La structure révèle un singulier mélange de caractères qu’on pourrait appeler « alpins», et de caractères qu’on pourrait désigner sous le non de « méditerranéens ». Certains caractères communs à ces deux catégories, s’observent chez toutes les plantes des Nilghir- ris. Ce sont surtout les deux suivants : développement plus grand des tissus assimilateurs, épaisseur plus marquée de la cuticule de l’épiderme, des parois des cellules hypodermiques et, en général, de celles de tous les tissus protecteurs. Chez les feuilles de toutes les plantes, le tissu en palissade est, en effet, plus différencié et plus épais pour les échantillons des Nilghirris, les cellules palissadiques sont plus allongées, plus serrées, à grains de chlorophylle plus nombreux dans chaque cel- lule, et le nombre des assises en palissade est souvent plus grand. C’est ainsi que les feuilles de l’If (Taxus baccala), présentent trois assises de cellules en palissade (N, fig. 5), au lieu de une ou deux PLANTES DES NILGHIRRIS 295 re" : CA UT D gr ss iacon locale et accidentelle. Je n’insisterai pas davantage sur ces questions, me contentant de remarquer qu’il importe, si on veut établir une classification vraiment stable des endophytes, de bien distinguer entre ces Carac- tères d'adaptation purement locale et qui dépendent de la plante infestée et les caractères plus généraux, qui tiennent à la nature même du champignon. Au nombre de ces derniers caractères i je compterai la propriété pour le mycélium d’être inter ou intracellulaire. Janse ne paraît pas lui attacher une grande importance et n’établit de ce fait aucune dis- tinction entre les endophytes. I1 me semble au contraire qu’elle n’est pas négligeable et qu’elle ne résulte pas simplement de la présence ou de l'absence des méats et des lacunes dans les racines, mais tient à la nature physiologique du champignon. Elle permet de mettre à part de tous les autres endophytes ceux du type Arum. Il est donc nécessaire pour assurer la valeur de cette dubiionses de justifier l’opinion précédente. IL est clair que dans une racine sans lacunes et sans méats les endophytes ne peuvent être qu'’intracellulaires. C’est le cas des Hépatiques et de quelques mycorhizes du type Paris. Pour ceux-là, ce caractère n’a évidemment aucune valeur taxonomique et ce n'est que l’ensemble de leurs autres propriétés qui les fait ranger dans une catégorie déterminée. Pour les mycorhizes qui ont des méats, On pourrait croire que c’est la résistance plus ou moins grande des membranes cellulaires qui oblige les endophytes à y pénétrer ou à rester constamment dans les cellules. mn me semble qu’il n'en est pas ainsi, En premier lieu dans les endophytes de type Arum, les seuls d’ailleurs qui aient une vie extracellulaire, les filaments viennent toujours se terminer dans une cellule et les arbuscules terminaux ainsi formés se rencontrent dans toute l'épaisseur de lécorce infestée. Il faut en conclure que nulle part les membranes n'ofirent une bien grande résistance au passage des cha mpignons et, de fait, ceux-ci les traversent quelquefois alors même qu'ils ne doivent pas donner des arbuscules de suite. Si douc les endophytes du type Arum restent la plus grande partie de leur vie dans les méats, c’est à cause de leurs propriétés physiologiques propres et non à cause Der Propriétés des membranes des racines qu’ils habitent ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 319 De même la vie uniquement intracellulaire des endophytes du lype Paris et du type Orchidée, malgré la présence des méats dans la plupart des plantes de ces séries, est tout aussi caractéristique. Aucune résistance de la part des membranes ne s'oppose à ce que le champignon pénètre dans les méats où:il aurait un cheminement facile. Puisqu’il traverse sans peine la double paroi qui sépare deux cellules en contact, il traverserait encore plus facilement la simple paroi qui l'isole des méats voisins. S’il ne le fait dans aucun cas, C’est aussi que l’ensemble des propriétés physiologiques qui lui sont propres l’obligent à rester à l’intérieur des cellules. On peut donc être assuré, au point de vue de la classification des endophytes, de la valeur du caractère qui repose sur le fait de leur vie intra ou extracellulaire. Si la résistance des membranes de la plante provoque des modifications d'ordre secondaire comme celles qui tiennent au mode de pénétration ou à la limitation de l’extension en profondeur de l’endophyte, elle n’a pas d'influence Sur sa répartition à l’intérieur ou à l'extérieur des cellules. Il est donc légitime de fonder sur ce caractère une classification des endophytes. | La concordance avec celui-là des autres caractères différentiels invoqués tels que la présence d’arbuscules simples ou composés, la répartition diffuse ou localisée de ces arbuscules vient d’ailleurs Confirmer sa grande valeur spécifique. La propriété de former des pelotons serrés, réguliers, limitée aux endophytes du type Orchidée, est aussi à mes-yeux bien carac- téristique de ce groupe et l’isole de tous les autres. On la rencontre dans des plantes très variées comme les Orchidées, le Psilotum et le Tamus. C’est donc que la nature de la plante n'intervient en rien dans la présence de ce caractère. On peut alors le compter comme Un Caractère propre au champignon et de ce fait les endophytes ou type Orchidée se mettent aussi nettement à part parmi ceux qui sont loujours intracellulaires. Il ne reste donc plus que les séries du Paris et des Hépatiques, Pour lesquelles on ne puisse invoquer de caractère distinctif nette- ment spécial au champignon. Il n’est pas certain que les différences signalées entre ces deux groupes ne soient pas, elles aussi, spéci- fiques des endophytes correspondants. Mais, en l'absence de toute Preuve dans ce sens, on ne peut rien affirmer. | ne 320 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE $ 2. — MODIFICATIONS MACROSCOPIQUES DE LA RACINE ATTRIBUABLES AU CHAMPIGNON. Dans la plupart des mycorhizes endotrophes la présence du champignon ne se manifeste à l’extérieur par aucune apparence sensible et il faut faire une coupe pour s’assurer de la réalité de l'infection. Dans certains cas cependant les racines subissent des modifications locales visibles à l'œil qu'on peut rapporter à l'influence de l’endophyte. J'en ai déjà décrit quelques-unes à propos de l’Arum maculatum. On les rencontre chez beäucoup de Liliacées. Une autre forme de racines, spéciale aux mycorhizes, est la forme qu’on a appelée « coralloïde. » On la rencontre dans les racines constamment et largement infestées ; elle est caractérisée par une ramification abondante des racines en dichotomie plus ou moins régulière et produites à de courts intérvalles, Les branches de ces dichotomies toujours très courtes sont renflées et charnues, ce qui leur donne l'aspect trapu. Parmi les racines que j'ai exami- nées aucune d'elles ne présente très nettement tous ces :carac- ières à la fois. Ce sont celles des Orchidées qui s’en rapprochent le plus. Les racines sont nombreuses et charnues et souvent assez courtes dans le Neottia et le Limodorum. Mais les ramifications Y sont rares ou absentes. Mac Dougal (99), qui a fait connaître cette modification dans le cas très typique des Aplectrum et des Pleospora, la rattache à la présence des endophytes.C’est une simple présomp- tion car il est difficile d'en donner une. preuve indiscutable, tant ” qu’onne pourrapas faire d'expériences comparatives sur des racines de ces plantes avec ou sans endophytes. Janse (97) signale une particularité intéressante dans le mode de ramification de certaines racines infestées. Elle se présente dans ce qu’il a appelé les « racines à croissance intermittente » ou « racines sympodiales ». Ce sont des radicelles dont la croissance s'arrête de très-bonne heure et qui prennent ainsi l’aspect de mamelons laté- raux ainsi que l’a montré Van Tieghem (70). Il s’en produit parfois plusieurs à la suite les uns des autres. Janse en signale dans les Conifères à mycorhizes endotrophes, dans le Gorssnina: VAcer, Je ÉTUDES SUR LES MYCORHIZÉS ENDOTROPHES 321 Liquidambar, le Celtis. Je les ai retrouvés dans divers Podocarpus; l’Araucaria excelsa: J'ai montré égalément que ce caractère de racines sympodiales se retrouve, quoique moins accentué, dans le Ruscus et dans le Sequoia. 339 Faut-il y voir une action attribuable à l’endophyte, dont la pénétration arrêterait le développement de la racine? Cela semblé peu probable, Janse a vu quelques mamelons dépourvus d’infec- tion; Th: Waage (91) avait déjà signalé de semblables forma- tions dans un grand nombre de Sapindacées infestées, mais il a pu aussi en obtenir sur des Marronniërs cultivés sur des milieux variés, et dont les racines n’étaient pas infestées ou l’étaient très peu. Sarauw (04) a trouvé ces mêmes mamelons sur Ulmus montana, Acer Pseudoplatanus, Buxus sempervirens, Cratægus oxyacantha, Mespilus germanica, qui n’ont pas toujours des mycorhizes endotrophes. Pour ma part, j'ai pu vérifier que plusieurs des Podocarpus du Muséum cultivés en pots avaient donné dans l'intervalle compris entre la terre et le pot de nombreuses racines à mamelons et que tous ces mamelons étaient dépourvus d’endophytes. La Question a donc besoin d’une démonstration précise qui ne pourra se faire par la méthode comparative que le jour où l’on saura iñfester à volonté des Podocarpus et les élever sans champignons. On a beaucoup insisté sur l'absence fréquente des poils absor- bants à la surface des racines infestées. Frank, le premier, a signalé le fait pour les radicellés des arbres de nos forêts et a émis l’idée que leur rôle physiologique d'absorption était rempli par le manchon Mycélien qui se substitue à eux. Il a ensuite étendu la même théorie aux mycorhizes endotrophes. Depuis une sorte de réaction contre ces idées s’est produite. Les travaux de Von Tubœuf (96) montrent que, même dans les mycorhizes ectotrophes, les poils absorbants sont nombreux et fonctionnels. Mais c’est surtout pour les mycorhizes endotrophes qu’on a vu que l'hypothèse de F rank ne répondait pas aux faits. Janse constate que l'absence de poils absorbants n’a rien d’absolu et conclut qu’elle n’a pas de rapports avec l'infection. Magnus et N. Bernard sont d'avis que le manque de poils radicaux dans le Veottia ne saurait être compensé par le rôle absorbant des filaments pénétrants qui sont fort rares. Pour ma part, je n'ai jamais pu constater de relation entre. l'absence de poils radicaux et l'infection ; à la vérité, ils £ D de node … ui ss. 322 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE ou sont rares dans beaucoup de plantes infestées (Liliacées, Orchi- dées, Ophioglosse, Sequoia) mais dans une même plante ayant à la fois des mycorhizes et des racines ordinaires sans champignons, il est impossible d'établir entre les deux catégories une différence au point de vue des poils absorbants. Il semble donc qu'il faut rejeter l'hypothèse d’une relation de cause à effet entre l’absence de poils absorbants et la présence de l'infection. En somme les modifications que le champignon apporte dans la morphologie externe des racines sont en général ou nulles ou peu accentuées. Nous allons voir que pour la structure interne elles sont plus marquées, sans toutefois prendre un rôle prépondérant sur la structure des racines. $ 3. — MODIFICATIONS INTERNES APPORTÉES PAR LE CHAMPIGNON DANS LES CELLULES La présence dans une cellule vivante d’un organisme qui lui est normalement étranger n’est pas sans introduire quelques modifi- cations dans sa morphologie et sa physiologie. Nous avons déjà vu que la pénétration des arbuscules dans les cellules y provoquait la formation des zymases digestives qui tuaient ces suçoirs et les transformaient par digestion en sporangioles. En même temps, la cellule sécrétait des substances cellulosiques qui imprégnaient ces derniers. Cette activité physiologique est accompagnée de transfor- mations morphologiques assez importantes sinon très apparentes. C'est surtout sur le noyau cellulaire qu’elles se traduisent et elles ont été signalées depuis longtemps par tous les auteurs qui ont fait des études de cytologie sur les mycorhizes. Wahrlich (86), Schlicht (89), Janse (97) mais surtout W. Magnus (00) et Shibata (02) ont montré que le noyau subissait des modifications importantes du fait du champignon. Plus particulièrement, W. Magnus dans les Verdauungszellen du Neottia et Shibata sur le Podocarpus et le Psilotum ont constaté la coïncidence de ces altérations avec la période d’activité digestive de la cellule et ont vu que le noyau reprenait sa forme normale lorsqu'il ne restait plus dans la cellule qu’un produit inerte. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 323 On peut retrouver des modifications analogues (gonflement; formes amiboïdes, hyperchromatie,division directe des noyaux) dans les cellules où se trouvent les arbuscules et les sporangioles ; elles confirment l'hypothèse de la corrélation que j'ai établie entre les cellules à arbuscules des mycorhizes ordinaires et les Verdauungs- zellen des Orchidées. Tous ces phénomènes ont été très bien décrits par Magnus et Shibata. Je n’y reviendrai pas ici. Par contre les cellules où le champignon ne forme que des anses enroulées en spirale ou des vésicules ne me paraissent pas subir de changements importants. Les noyaux sont simplement de taille plus grande qu’à l'ordinaire et quand ils sont déformés, cé qui est assez fréquent, il semble bien que c’est à cause dé la com- pression des hyphes agissant simplement d’une façon mécanique. Il arrive même que le noyau rencontré par un filament est traversé de part en part comme le représentent les figures 48 et 19 de la PL. IT. - Je n'ai pas remarqué de modifications spéciales dans le proto- plasme des cellules envahies, qu'il s'agisse de cellules à arbuscules et à sporangioles ou bien de cellules où il n’y a que des pelotons d’hyphes. Comme l'a déjà fait observer W. Magnus, le protoplasme est toujours intimement pénétré par le champignon et en contact étroit avec lui. En particulier, il en est toujours ainsi pour les arbuscules qui sont plongés dans la masse à demi fluide du proto- plasme qui occupe tous les intervalles entre les branches. Dans quelques cas cependant, le contact n’est pas aussi intime, J'ai déjà montré que dans le Ruscus, le Paris, le Parnassia, le Sequoia, on apercevait souvent entre la membrane mycélienne et le protoplasme Cellulaire une gaine hyaline, ne prenant pas les colorants et attei- gnant parfois une grande épaisseur (PI. IL fig. 32). Cette gaine suit le filament surtoute sa longueur dans la cellule, se prolonge sur les rameaux ou les vésicules qu’il forme, mais s'arrêle au point où le mycélium traverse une paroi ; on la voit alors se conti- nuer sur la surface interne de la cellule-hôte. II semble bien dans ce cas que le filament n'ait pu rompre la couche mince et élastique de l’ectoplasme qui enveloppe tout le contenu de la cellule, et’ qu’il l'ait entraînée avec lui comme le fait le doigt qu'on appuie sur une lame de caoutchouc très extensible. Cette gaine hyaline ne se forme que dans les assises les plus externes de la racine, sur les portions d’hyphes les plus voisines du point dé 324 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE pénétration. Dans les assises plus profondes le champignon pénètre dans l’intérieur même du protoplasme et se mélange à lui comme je l’ai dit plus haut. Malgré ce contact intime, il est certain qu'ille modifie peu et n’agit pas sur lui, comme le prouve l’absence de transformations visibles dans le protoplasme infesté, et surtout le fait que la cellule reprend sa vie normale quand le champignon a été digéré. Si l'endophyte agit peu sur les éléments véritablement vivants de la cellule (protoplasme et noyaux), il a une action beaucoup plus marquée sur les substances nutritives inertes qu’elle contient en particulier sur l’amidon. Tous les auteurs ont signalé la dispa= rition de l’amidon dans les cellules infestées. Leurs descriptions précises et concordantes me dispenseront d'entrer dans les détails de ce phénomène bien connu. J’insisterai seulement sur deux points qu’on n’a pas mis suffisamment en relief, # C’est d’abord Le fait que l’amidon apparaît de nouveau dans lés cellules et souvent sous une nouvelle forme (W. Magnus), après la formation des sporangioles ou des corps de dégénérescence, c’est-à- dire au moment où la reconstitution des noyaux sous leur forme ordinaire prouve que la cellule a repris sa vie normale après avoir tué et digéré le champignon. Il en résulte que c'était bien l’action du champignon qui avait provoqué la disparition momentanée de l’amidon. En second lieu,on constate que la résorption de l'amidon précède souvent l’arrivée du champignon. On s'explique ainsi qu'on ne trouve que rarement des grains d’amidon dans les cellules infestées- Ce cas se présente cependant quelquefois (Orchidées, Ophioglosse, Psilotum). 11 semble donc que le champignon agit sur l’amidon à distance et on pourrait penser à une émission de diastase de sa part. Il est plus naturel, et aussi plus conforme aux faits, d'imaginer que ce sont les cellules infestées elles-mêmes, qui, privées de l’amidon que le champignon leur dérobe, en emprun- tent aux cellules voisines non encore envahies. Ainsi se forme autour de la région infestée toute une zone où l’amidon a disparu mais où existent par contre les sucres provenant de la digestion de ce dernier par les cellules de la plante elle-même. S'il est évident que le champignon absorbe l'amidon des racines on n'a aucune preuve palpable qu'il puisse de même leur ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 325 emprunter d’autres hydrates de carbone solubles tels que les sucres l'inuline, etc., qui y abondent. Il en est de même pour les matières albuminoïdes. Cependant la position des arbuscules, localisés souvent autour de l’endoderme, en tous cas toujours aussi près que possible du cylindre central, montre bien que les endophytes doivent puiser dans la sève les éléments qui leur sont utiles. La nécessité de cet emprunt ressort d’ailleurs du fait qu’ils ne peuvent rien ou presque rien puiser au dehors. En résumé nous avons pu voir par l'exposé de ce chapitre que l'influence de la plante sur le champignon, en dehors de la digestion des arbuscules par les cellules, se réduit à peu de chose. D’autre part le champignon agit également peu sur les racines. Il ne détruit pas les cellules où il pénètre car il ne s'attaque réellement ni aux noyaux ni au protoplasme et se contente d'absorber les Substances nutritives non vivantes qu’elles contiennent. (A suivre.) REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE PARUS DE 1895 à 1899 (Suite). IX. — TÉRATOLOGIE DE L'INFLORESCENCE. Modifications de forme. — M. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE (1) a observé un exemplaire de Peucedanum Oreoselinum à aspect singulier : la tige, complètement dépourvue de feuilles et composée d’un seul entre-nœud, portait une grande ombelle à vingt-cinq rayons primaires. L'involucre de cette ombelle était formé de feuilles, semblables aux feuilles nor- males, munies chacune d’un pétiole de dix centimètres et de trois folioles, mais dépourvues de gaines. Les rayons primaires étaient tous anormaux et de tailles très variables ; ils pouvaient se ranger en trois catégories : 1° les plus courts mesuraient dix centimètres de longueur et étaient terminés par une ombellule composée de rayons normaux c'est-à-dire portant une fleur, et de rayons anormaux terminés par une nouvelle ombellule ; les involucelles de ces ombellules comprenaient anomalie très accusée consistant en une transformation de rayons secondaires en véritables tiges, à plusieurs entre-nœuds, munies de » feuilles normales. Ces rayons-tiges étaient terminés généralement par ses rayons transformés en rameaux feuillés terminés par une 0 simple (ombelle au cinquième degré de ramification). L’Auteur ne pense pas que cette déformation puisse être rapportée à la présence du Puccinia Oreoselini, quoique ce parasite soit souvent développé sur la plante et y cause des renflements ou des torsions. (4) L. Géneau de Lamarlière : Sur quelques cas anormaux observés chez le Pois, la Fève et le « Peucedanum Oreoselinum » (Paris, C.-R. ass. franç. avanc- sci., 18%, 2° partie, p. 595-598). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 327 Parmi les plantes cultivées, le Chou est l’unede.celles qui présentent le plus de formes anormales. M. RussezL (1) nous fait connaître une singulière déformation qui consiste dans le développement d’une inflo- rescence à l’intérieur d’une pomme de Chou : l'inflorescence était réduite à un axe court et massif entouré par cinq grosses ramifications. Toutes les ramifications de l’axe principal portaient un grand nombre de fleurs _Séparées par de courts entre-nœuds. Les pédoncules de ces fleurs étaient fort longs et ne possédaient que très peu d’élément ligneux. Les fleurs elles-mêmes avaient des sépales soudés, scarieux, minces, à parenchymes et à nervures très réduits; leurs pétales étaient chiffonnés et petits, les étamines presque entièrement dépourvues de filet ; seul, le pistil offrait peu de différence avec celui d’une fleur saine et il renfer- mait des ovules bien constitués. Concrescences d'axes floraux.— Les cas de concrescence des tiges chez les Tulipes cultivées sont fréquents. M. Lurz (2) en a cependant observé un bien spécial où le phénomène s’étendait aux feuilles: celles-ci se trouvaient alors soudées entre-elles deux par deux ou même par trois. Dans la déformation étudiée par M. Lutz, trois tiges florifères émer- gent d’un groupe de cinq caïeux et forment par leur réunion une tige plate, striée en long, qui se termine par trois axes portant chacun une fleur. Entre le sol et le point où le premier axe se sépare des deux autres, il existe sur chaque face de la tige fasciée un groupe de trois feuilles soudées entre elles constituant une lame foliaire très étalée, tridentée ; la même concrescence se reproduit, au-dessus du point de séparation du premier axe, pour les feuilles correspondant aux deux autres axes. La concrescence des axes floraux chez le Plantain est commune et souvent accompagnée de phyllomanie dans les bractées ; il en résulte la formation d’une rosette de feuilles connue sous le nom de Rosenwegerich. arfois, comme l’a constaté M. BEYER (3), de la rosette se développent de petites tiges, un peu plus courtes que les feuilles, et couvertes de nombreuses bractées. Sur les hampes florales du Bellis perennis, M. Beyer a encore observé l'apparition d’un grand nombre de petits capit à l’aisselle des bractées ; la cause d’une telle anomalie doi à une nutrition excessive. — Le même Auteur a enfin signalé un phéno- mène identique sur un Lagenophora Billardieri qui présentait de petites (1) W. Russell : Note sur une inflorescence anormale (Paris, Bul. soc. bot., t. 42, 1895, p. 51-53). (2) L. Lutz : Sur une Tulipe monstrueuse (Paris, 279-280 (3) R. Bayer: Ueber ein neues spontanes Vorkommen des Rosenwegerichs (Berlin, Verh. bot. Ver., t. 39, 1897, p. 404-106). — Ueber das Auftreten secun- därer Küpfchen bei Bellis perennis (Id, p. 44-46). — Nachschrift (Id, p. 107): ; Bul. soc. bot., t. 43, 1896, p. 328 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE têtes longuement pédonculées à l’aisselle des bractées et une hampe florale fasciée, M. KeLer (1), rapporte un cas de concrescence de la RapPÉ florale chez le Galanthus nivalis. M. Connaz (2) signale la réunion de deux capitules de Leucanthe- mum montanum ; des deux côtés de la tige florale, un sillon profond montre bien qu’il s’agit d’une soudure. Le même Auteur décrit en outre deux fleurs de Narcissus radiiflorus réunies par leurs périgones ; les styles soudés se séparent dans leur partie supérieure. Fasciation et synanthie. — M. Viviann-Monec (3) a signalé une inflo- rescence fasciée d'un hybride de Saxifraga longifolia fécondé par du Brassica oleracea var. Botrytis consistant en une crête ondulée, d’en- viron vingt-deux centimètres de large, formée par l’axe principal de linflorescence anormalement développé et garni de rameaux courts, renflés, charnus, dépourvus de fleurs. M. Briquer (5), dans un intéressant article, donne la description d'une tige de Ranunculus bulbosus, fasciée en un large ruban et surmontée par une fleur anormale. Celle-ci possède un axe étiré dans le sens du plan de la fasciation et son grand diamètre atteint trois centimètres. En s'étirant, la fleur s’est divi- n trois massifs, l’un à nn, se ASE RTC AR $ a FE é FF central circulaire, les deux KE Je Ve . 8) autres latéraux et irès étalés CUS hs RSS fi Les sépales disposés NA EN E LILAS: He (fig. 7) p Fig. 7. — Diagra amme d’une fleur anormale de Ranunculus bulbosus (d'ap. Briquet). or latéraux et sont in- sér e façon irrégulière ; les étamines sont nombreuses et à filets raccourcis, les carpelles abon- dants disposés en spirale. . Briquet considère cette curieuse monstruosité comme due à la tripartition incomplète d’une fleur unique et non comme une soudure de {1} L. Keller : a Verh. zool. bot. Ges., t. 47, 1897, p. 206. (2) E. Cornaz : Arch. Sci. Phys., ris 5 ; 1898, P. ro (3) J.-V. er Morel : Lyon, Ann. soc. bot., t. 22, 1897, C.-R., : Sopra una —Arruegé see lo osservata sg lerE (Malpigbis, (Genova, : 13, 1899, p. 518-521, pl. XVIII). de fasciation compliquée d'une tripartition de la feur n . Riautioutus mdr 2 (Areh. Sci. Phys., Genève, (4) L 4, 4806, P. 284-287» ). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 329 fleurs rapprochées par suite de l’état anormal de la tige ; l'élargissement du diagramme de la fleur dans un plan transversal est la conséquence de la fasciation du pédoncule., D’autres raisons militent encore en faveur de cette opinion, comme la continuité de l’androcée dans les trois massifs monstrueux et l'absence de préfeuilles antérieures et posté- rieures pour les massifs latéraux. Une fleur monstrueuse de Vanda suavis, développée dans les serres du Parc de la Tête-d’Or, à Lyon, présentait : un périanthe composé de dix pièces disposées sur deux rangs et dont deux affectaient la forme de labelles ; deux étamines ; un stigmate surmonté d’un seul rostellum, L'ovaire, enserré à la base par deux petites bractées, montrait à l’ex- térieur cinq côtes sur chacune de ses faces et à l’intérieur deux loges munies chacune de trois placentas. Pour expliquer cette construction fort singulière, M. GérARD (1), passant en revue les hypothèses plau- sibles, rejette la métamorphose ascendante, le retour au type monoco- tylédone régulier, la multiplication des pièces par division (chorise). Il adopte la synanthie, ou soudure des fleurs avec fusion et même dispa- rition totale de certaines parties, en s'appuyant : 1° sur la présence de deux bractées à la base de la fleur monstrueuse ; 2° sur la division de l’ovaire en deux loges distinctes contenant l’une et l’autre trois pla- centas normalement constitués ; 3° sur l'étude des coupes transversales pratiquées au travers de l'ovaire (fig. 8). De telles coupes montrent, en effet, l’une des côtes médianes a parcou- rue par une dizaine de faisceaux repré- sentant l'appareil vasculaire de toutes les pièces qui devraient se rencontrer en ce point, ce qui milite en faveur d’une réunion ; la côte correspondante sur l’au- tre face b ne présente que trois faisceaux, ce qui permet de supposer qu'il y a ou É ù bien fusion complète des parties primiti- pig, 8. — Vanda suavis : coupe vement en contact ou bien atrophie des transy >rsale de l'ovaire d'une pièces de l’une ou l’autre fleur corres- fleur monstrueuse {d’après pondant à cette côte. Gérard). La Digitale pourprée présente parfois, au sommet de inflores- cence, une agglomération de fleurs irrégulières entourée d’une large collerette de lames florales diversement colorées : les pièces teintées de vert sont constituées par des sépales soudés ou disposés en spirale ; les étamines sont souvent concrescentes et parfois pétaloïdes ; enfin, les car- pelles, très modifiés, forment un oyaire multiloculaire ou une sorte de Coupe à bords couverts de styles rudimentaires. Cette curieuse et belle (1) R. Gérard : Note sur un cas de Tératologie observé chez le VNanda suavis Lind!. LS 330 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE anomalie peut être reproduite par semis dans la proportion de 50 pour cent ; elle est connue des horticulteurs sous le nom de Digitalis gloxini- folia (1). M. Garrarpo (2) a observé la même déformation aux environs de Buenos-Ayres depuis 1896 ; il la considère comme un cas de synanthie compliqué de prolification. Viviparisme.— La transformation des fleurs en bourgeons feuillés est un phénomène très fréquent sur Poa bulbosa ; il est un peu moins sur Poa alpina et Agrostis vulgaris. M. CuagerT (3) a rencontré de nombreux cas de viviparisme dans les plantes alpines ; parmi les plantes xéro- philes, il signale les cas nouveaux du Luzula spadicea, Elyna spicata, Agrostis rupestris ete., puis J'uncus triglinus, Alopecurus Gerardi, parmi les espèces des pâturales et des bois. L’explication classique du vivi- parisme par un afflux exagéré de sucs nourriciers ne peut convenir chez les espèces xérophiles et surtout dans les années de sécheresse. Aussi M. Chabert émet-il l'hypothèse d’une intervention étrangère telle que celle d'insectes venant déposer leurs œufs dans l’ovaire ou dans le fond de la fleur, ou venant y puiser leur nourriture. M. un (4) signale un cas de viviparisme sur le Cynosurus cristat M. Corineau G complète les listes des Auteurs précédents ; il est d'accord avec M. Chabert pour rapporter certains cas de viviparisme à la piqûre d’insectes ou à la présence de parasites cryptogamiques ; en général une nourriture abondante ou bien une forte sécheresse peuvent provoquer ces modifications. (1) Voir : Lyon, Ann. soc. bot., t. 23, 1898, C. R. ns les observations de MM. BLanc, VivianD-MorEz, À el celles de MM. Guëri et Connu : Paris, Bul. soc. bot., t. 44, 1897, p. 235; P. Jaccarp : Lausanne, en soc. sci. Sa. (4) t. 32, 1896, p. 30-32, pl. I (2) A. Gallardo : Algunos casos de Teratologia mnnes Fasciaciôn, prolife- raciôn y sinanlia (Buenos Ayres, Anales Museo Nac., t. 6, 1898, p. 37-45, pl. I-HI). — P. MaGnus, analysant ce travail (Bot. Centralbl., Caésbl, t. si 1898, p. 59), fait -remarquer qu’il a démontré en 1880 qu’il s’agit ici d’une formation présentant une augmentation du nombre des pièces des cycles, c’est-à-dire une formation métaschématique (3) A. Chabert : Le Viviparisme (Genève, Bul. Boissier, t. 4, 1896, p. 229-232). Voir a : Viviann-Monez (Id, p. 10-41) et Bovitt (Id. p. 44-45). (4) ji PRÉUE Niort, Bul. soc. bot., 1895, p. 69. (5) C. Copineau : Le Viviparisme pere les PRES el les CHENE (Feuille jeunes natural. Re t. 26, 1896, p. 225-227). REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE 331 M. Boyer (1) a observé sur le froment et PAT une anomalie remar- quable rappelant les cas de viviparisme dans l’inflorescence modifiée, les émeties et les glumellules sont extraordinairement allongées, les étamines stériles ; le pistil est développé en un tube vert atteignant jus- qu'à 4 centimètres de longueur et 2 millimè- descence : le pistil se fend dans toute sa longueur et prend l’aspect d’une petite feuille munie, vers son milieu, d’une ligule Ge. Eu de placenta très allongé porte ssé atrophié. Cet étalement du Lh. & HEURE par la ramification du sommet de l’axe floral. Fig. 9. (A). — Fleur anor- + “ae gro adventives à la bas Fig. 10 (B). — Pistil ouvert rsa ovule (d’ap. Boyer). (1) G. Boyer : Anomalie observée à pt sur quelques Graminées Ann. éc. agricult., Montpellier, t. 9, 186, 8 p., 9 (A suivre). C. HouaRb. REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE PARUS DE 1897 A 1902 (Suite). Apogamie et aposporie. — I s’agit de la formation d’embryons, en dehors de tout phénomène de fécondation, par des cellules autres que les gamètes (apogamie) ou les spores (aposporie). Voir aussi : polyem- bryonie, N TiEGHEM (1), a montré combien estinexacte la description donnée par Hofmeister de l'ovaire de Balanophora indica. L’organe femelle est une simple protubérance épidermique de l’axe de l’inflorescence, protu- bérance qui s’allonge en un appendice jouant le rôle de style massif. Une cellule sous-épidermique située à la base de la protubérance devient soit la cellule-mère du sac embryonnaire, soit le sac embryonnaire lui- même, Dans ce sac apparaissent comme d'habitude 8 noyaux dont deux se fusionnent pour donner le noyau secondaire. Le sac embryonnaire en s’accroissant se courbe en U. Le tube pollinique se dirige indifférem- ment vers l’une ou l’autre branche et l’œuf est formé tantôt par l'o0s- phère, tantôt par une antipode, de sorte qu'il y a suivant le cas acrogamie ou basigamie: L'auteur qualifie le’ phénomène du nom d'homæogamie. La fécondation existe dans la plante précédente. IL n’en est pas de même dans une espèce voisine Le Balanophora elongata, étudié par Treus (2). Bien que s’étonnant de l’erreur grossière commise par Hofmeis- ter, Treub confirme les descriptions de Van Tieghemen ce qui concerne le développement de l’appendice stylaire et du sac embryonnaire, ainsi que la forme en U de ce dernier. Là s’arrête d’ailleurs la similitude. Les cellules extérieures au sac épaississent et modifient leur. membrane de façon à lui former une enveloppe dure qui rend dès lors toute pollinisa- tion impossible. Les noyaux polaires ne se fusionnent pas. Tous les noyaux dégénèrent à l'exception du noyau polaire supérieur. La diffé- renciation des noyaux avant leur dégradation est suffisante pour per- (1) Van Tieghem : C. R. Ac. Sc., t. 125, 1897. x (2) Treub : L’organe femelle et l’apogamie de Balanophora elongata BI. (Ann, J. bot. Buitenzorg, t. 15, 1898). ; REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE 333 meltre de reconnaître que l’oosphère et les synergides se trouvent dans la deuxième branche de l’'U, celle qui s’est formée par croissance de la base du sac embryonnaire, alors que les antipodes sont logées dans la première branche. Le noyau polaire persistant, sans aucune féconda- tion ni union nucléaire, se divise en deux cellules ; l’inférieure demeure stérile, la supérieure produit l’albumen. C’est une cellule interne de cet albumen qui se transforme en un embryon de 5 à 10 cellules, tandis que le reste de sr se remplit d’une substance huileuse et que les noyaux se défiguren Il ne s’agit pas ici …. parthénogenèse, maïs d’une forme d'apoga- mie nouvelle, On connaissait chez les Angiospermes des embryons formés sans fécondation préalable par l’oosphère, des Gros sup- plémentaires tirant leur origine soit des synergides, soit des antipodes, soit d’une division de l'embryon, soit encore de cellules nucelle, oy s polaire: C’est, dit Treub, un phénomène de régression : la macrosporé se remet à produire un prothalle indépendamment de toute fécondation. ll serait intéressant de savoir si le nombre des chromosomes est constant. Ma Iheureusement Treub n’a pu les compter à cause de leur. nombre élev Lorsy (1) a fait ras recherches sur le Balanophora globosa. Sa des- cription est conforme point par point à celle de Treu Cnopar Er Cu. BERNARD (2) ont étudié une autre Bälanopborée, Helosis Guyanensis, mais n’ont pu suivre qu'une partie du développe- ment. Le noyau de sac embryonnaire se divise en deux: l'inférieur dégénère (souvent après un dédoublément préalable) ; le supérieur par deux bipartitions successives donne 4 noy aux dont le polaire supérieur qui paraît fournir l’albumen sans union, ni fécondation. L’embryon réduit à quelques cellules est inclus dans l’albumen. _ est 2542408 qu'il se développe sans fécondation et provienne de l’album n chromosomes) ; mais on ne sait comment se fait le passage de 1 à l’autre. Lang a seulement trouvé dans ces prothalles des cellules à deux noyaux. Divers. — Swincce (4) signale, dans le protoplasme pariétal de oo a Sen ntes et Floridées, la présence d’un nombre considé- (4) Lotsy : — globosa Jungh, eine wenigstens ortlich werwitterle Pflanse (Ann. J. bot. Buitenzorg. t. 16, 1899). (2} Chodat et Ch, Sur le sac embryonnaire d (Journ. de Bot., t. 14, 1900). (3) Lang : Prel. statement on the development of sporangia upon Fernpro- thalli (Ann. of Bot., t. 10, 1897). On apogamy, etc. (Phil. Trans., 1898), (4) Swingle : Two new organs of the plant cell (Bot. Gaz; t. 25, 1858). d'Helosis guyanensis 334 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE rable de petits corps cylindriques, bacilliformes, doués d’un mouvement; ondulatoire propre. Ces corps existent à tout âge et dans toutes les localités et ne paraissent pas être des parasites. Ce sont ch des organes nouveaux de la cellule, l’auteur les nomme vibrio LAGERHEIM (1) a retrouvé ces corps dans une enr (Dyctin chus) et dans l’Ascoidea rubescens. On dirait des cm se multi- pliant par casiers Ces bâtonnets (2 à 20 & sur 0,5 u) se colo- rent par la sine, le violet de méthyle, le ue de Gentiane, l'iode, etc. rs » 0,67 0,20 2e; pe » 0,74 0,22 — Lo » 0,61 0,38 re A3 » 0,64 0,40 _. on » 0,49 0,31 _ — » 0,56 0,35 me FFE moyenne 0,29 49 0,49 0,17 ze EE » 0,48 0,17 enr PE » 0,70 0,2% — _ » 0,60 0,2 Li — » 1,04 0,32 _ su » 1,10 0,34 Tee 1 » 1,21 0,38 _… _ » 1,19 0,37 . cxA » 0,58 0,18 — gi » 0,55 0,17 _. 21 » 0,49 0,14 re GE » 1,46 0,1 — _ » 1,43 54 — 7. » 0,92 0,26 mr xS moyenne 0,27 SIND SORA 25 -0,12 (1) - 0,04 0,91 0,37 » 0,00 0,00 1,19 0,67 » 0,00 0,00 1,23 0,69 » 0,13 0,04 1,23 0,69 » 0,10 0,03 0,89 0,49 » 0,20 0,06 0,38 0,20 » 0,20 0,06 0,57 0,30 » -0,34 -0,12 0,55 0,29 » 0,00 0,00 0,35 0,18 » -0,03 -0,02 » 0,14 0,03 moyenne + . et — Ces 0,43 ni Le DR. ne — montre que les feuilles éclairées ont dégagé plus de co que LES PLANTES OMBROPHILES ET Sn dt ct 397 La surface : food : Abies du verre poli CO? décomposé, en pour 100 CO? décomposé, en pour 100 éclairé, ; Calculé Calculé pour encent.carrés Pine 22e - de re Le feuilles, des ana à - pre feuilles 9 0,13 0,05 1,02 0,53 » -0,10 - 0,04 ; 0,34 0,18 Le = — 0,24 0,11 / _— 0,50 0,24 » me — 0,62 0,31 » ar. F7 0,80 0,39 » mer — 0,59 0,30 7 nee — 0,66 0,33 » Lu. — 0,25 0,13 D re — 0,50 0,26 Le _ — 0,29 0,45 moyenne 0,27 4 0,00 0,00 - 0,13 - 0,07 » — _— - 0,09 -0,05 » = 0,00 0,00 » ee 0,00 0,00 » = = -0,03 - 0,02 » _ 0,06 0,03 » za — 0,03 0,02 » mr es - 0,05 - 0,04 » = LS - 0,06 - 0,03 moyenne + 0,03 et — 0,03 is HORAIRE Tilia 100 0,57 ,48 _ _ » 0,88 0,49 ee ne » 0,42 0,24 er die x 0,70 0,39 —_ —. » 0,53 0,30 Fr an 0,86 0,68 re me ? 0,9% 0,74 . “av » 0,6% 0,54 — me » 0,88 0,68 de 1 6% F mà 0,33 > 0,20 2. ss » 0,73 0,45 mr as » 0,78 0,48 “4 ia » 0,09 0,06 ms » 0,85 0,51 = . » 0,40 0,24 TE . » 0,65 0,39 jé Ÿ 0,45 0,09 ae moyenne + 0,31 Rev, gén. de Botanique. — XVII. surface du verre poli REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Betula co? dtccit ae en À 100 Tilia Co? déécuipéné en pour 100 airé, culé pour Calculé pour en cent.carrés ds hé 4 1e rs des ‘analyses. ; où Ph de ta su 49 0,85 0,58 se a » 0,25 0,17 . 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La différence entre les quantités de CO” dégagées par les feuilles à la lumière et à l'obscurité penche tantôt d'un côté, tantôt de l’autre, A une lumière environ deux fois plus grande, ouverture 9 centimètres carrés, on a pu constater, toutes les fois, pour l’Abies et le Tilia, l'absorption de CO* par les feuilles éclairées. A l'ouverture de 25 centimètres carrés ces deux espèces nous montrent un accroissement sensible d'énergie de l'assimilation, tandis que les feuilles de Pinus sous cet éclairement ne font que respirer. Si l’on augmente encore l’éclairement en utilisant une ouverture de 49 centimètres carrés, le Pin assimile nettement ; le Bouleau fournit également quelques résultats du même genre mais certaines expériences sont beaucoup moins nettes, et il faut employer l’ouver- ture de 64 centimètres carrés pour que cette dernière essence ne laisse plus aucun doute. ll est compréhensible que dans les conditions des expériences, l’assimilation n'a jamais été assez considérable pour compenser la respiration. Enfin je ferai remarquer que dans une expérience j'ai constaté l'injection par l’eau des lacunes aériennes de la feuille de Betula. Pour savoir si la durée de l'expérience (8 à 16 h.) n'influe pas sur l'énergie d’assimilation, j'ai fait l'expérience suivante : J'ai tenu d’abord les feuilles pendant quinze heures dans les mêmes conditions sous lesquelles se faisaient les expériences avec l'éclai- rement artificiel ; puis les feuilles étaient placées dans d’autres éprouvettes avec la même quantité et la même composition de gaz qu'auparavant (10 centimètres cubes de volume; C0 — 5, 18 °/ et O — 19,63 °/) et exposées pendant une demi-heure à la lumière diffuse ordinaire. L’absorption de CO* pendant une heure par 1 gr. de feuilles a été pour Pinus de 8,46 °/,, pour Abies de 9,46 °/., pour Tilia de 12,22 °/, et pour Betula seulement de 1,60 °/. C'est pour- quoi j'ai limité pour les autres expériences sur Betula la durée à huit heures, pendant laquelle l'injection ne se manifeste pas encore. Les résultats que nous venons d'exposer nous donnent le droit de conclure, que les différentes plantes commencent la décomposi- 400 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE tion de CO’ à des intensités lumineuses différentes, et que les plantes ombrophiles n’ont besoin, pour assimiler, que d’une inten- sité de lumière beaucoup plus faible qué les plantes ombrophobes. Cette conclusion nous permet de parler de la sensibilité différente de l'appareil chlorophyllien chez différentes plantes. En mesurant la sensibilité de cet appareil par l'intensité minima de lumière, sous laquelle commence le travail photochimique, nous pouvons dire, par exemple, à propos des plantes examinées, que l’appareil chlorophyllien d'Abies et Tilia est à peu près cinq fois plus sensible que celui de Pinus et Betula. Ces résultats sont en contradiction directe avec l’ ofiio théo- rique, très répandue mais non vérifiée expérimentalement, que la courbe d’assimilation doit commencer avec le commencement de l’éclairement, c'est-à-dire que le 0 de la courbe de l'assimilation coïncide avec le 0 de I courbe d'intensité de lumière. C'est cette opinion qui a conduit M. Timiriazeff à tracer dans son Mémoire la partie de la courbe d’assimilation à partir du © d’éclairement, partie de courbe qui n’a pas été effectivement obtenue dans ses expériences. Cependant cette idée est peu vraisemblable, même au point de vue théorique. Comme la décomposition de CO* est une réaction endothermique, il est compréhensible que la décomposition de chacune des molécules demande une quantité déterminée d'énergie. Chaque chloroplaste, pour commencer son travail, doit absorber d’abord la quantité d'énergie lumineuse qui est nécessaire pour décomposer une molécule de CO? au moins. Ceci montre clairement que, thépriquement, il est toujours possible de se représenter une intensité de lumière qui soit plus grande que 0 et pourtant insuf- fisante pour le travail chimique du chloroplaste. Théoriquement, il est plus probable que Fénergie de lumière, absorbée par tout le corps du chloroplaste, ne sé concentre pas dans un point, mais se distribue au contraire plus ou moins égale- ment par tout le chloroplaste et alors le commencement du phéno- mène de décomposition demande une intensité d'énergie de lumière suffisante pour permettre le travail CRI dans toutes les parties du chloroplaste. Selon les moyens dont dispose le grain de chlorophylle pour absorber l'énergie, c’est-à-dire selon la quantité d'énergie qu’il peut LES PLANTES OMBROPHILES ET OMBROPHOBES 401 prendre sous la même intensité générale de lumière à chaque moment donné, le commencement de la courbe d’assimilation sera plus proche ou plus éloignée du 0 d'éclairement. Mes données expérimentales confirment ces conclusions théo- riques. En effet nous. avons vu que le commencement de la courbe de décomposition de CO? ne coïncide pas avec le commen- cement de l’éclairement et que la distance au 0 d'éclairement peut être très différente selon les qualités de la plante expérimentée, En outre le travail chimique de la feuille est caractérisé par Un Saut rapide de 0 jusqu’à une quantité assez grande, qui n’aug- mente plus ensuite que lentement. Par exemple nous voyons que Pinus ne décompose pas de CO: sous l’éclairement de 25 centimè- tres carrés ; l’agrandissement de l'ouverture de 24 centimètres Carrés donne tout de suite pour 4 gr. de feuilles et une heure de travail le chiffre de 0,27, tandis que l'augmentation ultérieure d’éclairement de 51 centimètres carrés ne donne que le chiffre 0,29. Ceci est encore plus visible pour 4bies et Tilia. L'un et l’autre n’assi- milent pas sous un éclairement de 4 centimètres carrés; l’agran- dissement de l'ouverture de 5 centimètres carrés nous donne tout de suite les chiffres de 0,27 et 0,39 et qu’ensuite l'augmentation de l'éclairement de 16 centimètres carrés ne donne que les chiffres 0,43 et 0,61. Les feuilles ayant été, dans mes expériences, éclairées d'un côté, on peut expliquer le phénomène dont nous venons de Parler de la manière suivante : quand l'intensité de la lumière atteint un degré suffisant pour commencer le travail photochimique, les Chloroplastes de la couche supérieure de la feuille, qui se trouvent dans les mêmes conditions d’éclairement, commencent en même temps la décomposition de CO”; c'est la cause du saut rapidé que nous avons remarqué au commencement du travail photochimique. Quand il y a ensuite une nouvelle augmentation de l'éclairement, l'accroissement du travail dépend alors de beaucoup de conditions el peut par conséquent continuer avec une vitesse différente. Avec l'augmentation d'intensité de la lumière, les chloroplastes de Ja couche supérieure peuvent travailler plus énergiquement et les Chloroplastes, se trouvant à l'intérieur et n'ayant pas a81 Aupära- vant à cause du manque de lumière, peuvent commencer leur action. 402 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE IT. EXPÉRIENCES À LA LUMIÈRE NATURELLE DIFFUSE FAIBLE. Pour déterminer l'intensité lumineuse à laquelle commence l'assimilation, il faut que l'expérience dure assez longtemps (de 8 à 16 heures) et vers la fin de l'expérience les feuilles peuvent se trouver dans des conditions anormales. En outre l'étude de la respiration et celle de l'assimilation doivent porter sur des feuilles différentes. C’est pourquoi j'ai résolu de vérifier les résultats géné- raux relatifs à la sensibilité des chloroplastes des diverses espèces par une série d'expériences faites dans d’autres conditions. Il fallait choisir un degré d’intensité de lumière qui permit de constater l’assimilation dans un intervalle de temps assez court. Cette intensité devait en même temps être assez faible pour permettre de remarquer l'influence de la sensibilité de l'appareil chlorophyllien. Comme l'énergie de respiration des plantes, fonctionnant à la température de 19° à 20° pendant une heure, représente une gran- deur facilement déterminable pour les lots de feuilles prises dans mes expériences, j'ai essayé de déterminer l'intensité de lumière suffisante pour que l’assimilation compensât la respiration. Les recherches comparatives pour déterminer cette intensité avaient encore un autre intérêt. Les observations oecologiques que nous trouvons dans la bibliographie forestière nous montrent que les espèces ombrophobes, comme Pinus et Betula, ont un feuillage moins dense que les espèces ombrophiles telles qu’Abies et Tilia. On peut par conséquent penser que les feuilles des espèces ombro- philes peuvent fonctionner sous un éclairage plus faible dans l'intérieur du feuillage. On sait que la feuille, privée de la possibilité d’assimiler C0”, meurt; c’est pourquoi il m’a paru intéressant de déterminer l'inten- sité minima de lumière sous laquelle la feuille peut encore exister, c'est-à-dire l'intensité sous laquelle l'assimilation ne fait que compenser la respiration. Les recherches comparatives peuvent montrer s’il y a différence sous ce rapport entre les plantes ombro- philes et les plantes ombrophobes. Les changements dans les conditions des expériences étaient LES PLANTES OMBROPHILES ET OMBROPHOBES 403 les suivants. Les éprouvettes avec les feuilles se plaçaient dans une longue boîte (1 m. de longueur) ouverte vers le sud. L'éclaire- ment était réglé au moyen d'un écran de manière à ce que la lumière, tombant dans l'ouverture de la boîte se reflétât aupara- vant d’un ciel pur. Pour conserver la même température j'ai posé à l’intérieur de la boîte de bois une autre petite boîte, en zinc à doubles parois, entre lesquelles circulait de l’eau. Il manquait deux parois à cette boîte : l’une du côté de l'ouverture de la boîte de bois, et l’autre du côté opposé. Les éprouvettes avec les feuilles se Plaçaient sur le fond de la boîte de bois à différentes distances de l'ouverture et se couvraient avec la boîte de zinc. Près des éprou- velies se trouvait un thermomètre. Je prenais pour chaque expérience des feuilles des quatre espèces étudiées, les pesais et les exposais simultanément pendant une heure à la même distance de l'ouverture de la grande boîte. Puis les feuilles étaient transportées dans d’autres éprouvettes recouvertes de papier noir et restaient pendant une heure à la même place dans la boîte, et alors elles respiraient sans assimiler. Je prenais pour l’assimilation comme pour la respiration le même volume (10 c.c.) de mélange gazeux de la même composition. L'analyse des gaz dans ces conditions me permettait de détermi- ner complètement l'assimilation et la respiration les mêmes feuilles. Pour régler l’éclairement je changeais la hauteur de l'ouverture de la grande boîte, mais sa largeur restait toujours la même, 31 centimètres. Parmi la série des expériences préliminaires faites pour déter- miner l'intensité de lumière sous laquelle l’assimilation égala à peu près la respiration je citerai une expérience intéressante Parce qu’elle à été faite avec un éclairement assez faible. J'ai déter- miné par les analyses de gaz, le changement de la quantité de CO* seulement. La hauteur de l’ouverture de la boîte de bois était de 19 centimètres et {a hauteur des éprouvettes, 10 centimètres. On voit clairement par cette expérience que les plantes ombro- philes assimilent plus énergiquement sous un faible éclairement que les plantes ombrophobes. Ce tableau nous montre qe de toutes les espèces, pour Betula seulement, à la hauteur de l’ouver- ture de 19 centimètres et à la distance de 7 décimètres QE APANTRES, l'assimilation est égale à la respiration; c’est pourquoi j'ai essayé 404 © REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE mes :, Respiration Assimilation | £ = a. 2 ». ë- se £ = : # £ 2 té è o | A Ro le Smble dE SES lesslsslgsslé# des 5 5 © 2 = | 3e & LE és | S° |s48 |s8< 49 S.£ © + RSR 2m |S4, 40 CORNE ri] ss » © 5 Cp [7 PLANTES 28% SEULE EL la aie lobe ei 0h$e [SE f|Beless es lesshsse vs 2 =. 2 3 o : AT 8 Pinas "20 co = | 260 | 7 | 22% | 0,28 | 4,08. | 0,19 |" 0,74 | 1,82 Abies: ...: x 125 | :» » | 0,10 | 0,80 | 0,40 | 3,20 | 4,00 Betula Où = 1966 | 240 | » »..| 0.54 |-2,43 |-0,03 | +0,14 | 2,29 TT ETS 4140 | » ». |. 4,25 | 4,80 | 0,37.| 2,64 |: 4,44 de répéter ces expériences avec une hauteur d'ouverture moins grande. Les résultats de ces expériences sont donnés dans le tableau dé la page suivante. La häuteur de l'ouverture de la grande boîte a été réduite à 12 centimètres. La durée de l’expérience était de deux heures ; une pour l'assimilation et une pour la respiration des mêmes feuilles. Le calcul de CO: a été fait comme auparavant en pour 100 de 10 c.c. de mélange gazeux pour 1 gr. de feuilles ét une OURS de travail. Pour rendre ré" antpa ati possible, les expériences à la même ‘distance de l’ouverture se faisaient aux mêmes heures de la journée - et les feuilles se plaçaient dans les éprouvettes à peu près à la même hauteur du fond du cristallisoir. Des essais faits sur des bandes de papier photographique, placées dans des éprouvettes plates à diverses distances de l’ouver- ture de la boîte, ont montré que dans la partie de devant de la boîte jusqu’à 4 décimètres à peu près, les rayons de lumière se distri- buent inégalement à des hauteurs différentes dans la boîte ; l’inten- sité augmente dans la direction de haut en bas. Maïs vers l’intérieur dé la boîte, cette différence diminue rapidement, et à la distance de l’ouverture et à la hauteur où se trouvaient les feuilles pendant les expériences, je n’ai pas remarqué de différence de coloration du papier dans le sens vertical. Si nous prenons la moyenne de trois expériences faites à chaque degré d’éclairement, nous aurons les chiffres suivants de dégage- ment et d'absorption de CO* en pour 100 (de 10 e.c. de mélange gazeux} _— un gramme de feuilles et une heure de travail. H — Rayons du soleil inclinés. É. Composition P ï PINUS ABIES BETULA TILIA u œ œ — Fe —. ge) mme as) à [ss | 38 ages | sg |ssoles | 59 82e se | 38 [589 + M [is] s [ass ) 3e |Séelass) 3e |eécluss| 3e | 82e RES nee |oèe ÿ : a À 5 num | 6 | Sous | TS | *6 | Su | ESS | 8 | Scz | =ss] Se Es 8 A AIO RE [false DÉSSIAS lies ESS ME" | où | ESS" | 45 | ss “ en ofs | en ‘/ a. ” 88 |S5S |" PR LETTRE. 25 |g=s 8 | 53e 5,18 | 19,63 15 21t/, | 280 3,58 | 51,20 135 1,77 | 52,44 || 248 4,58 | 73,68 || 250 5,18 | 82,88 s6 » .» 15 |20°/, 1 300 | 1,64 | 24,84 | 418 | 1,04 | 34,24 || 2 2,98 | 50,72 || 230 | 3,20 | 55,64 57 7,45. | 49,12 | 15 | 25 225 | 4,01 | 71,28 || 178 | 2, ,00 88 » » 20 |95!/, 220 | 5,62 | 76,65 || 470 |! 4,10 | 72,33 59 | 4,36 | 19,80 | 20 |321/,1 200, | 3,88 | 58,20 || 190 | 1,90 | 27,29 60 » » M ra 200 3,76 | 56,40 || 120 2,66 | 66,48 él » » 20 |34!/, 1 220 | 4,00 | 54,54 || 120 | 2,32 | 57,99 62 » » 20 |27/,) 200 | 3,75 | 56,25 || 120 | 2,10 | 60,00 IT. —- Rayons du soleil perpendiculaires. 63 | 5,18 | 10,63 | 15 | 25 36 | 5,18 | 58,40 || 140 | 4,75 | 50,00 | 20 | 4,82 | 91,80 | 2410 4,07 | 77,52 6 » » 15 26/1 230 | 3,35 | 88,24 | 132 | 118 | 35,76 || 200 3,83 | 76,60 || 195 | 1,48 | 30,40 65 » » 15 |2%5"/,.f 230 | 3,97 | 69,04 | 130 | 1,00 30,76 || 230 | 4,70 | 81,72 || 210 | 4,57 | 87,04 66 » » 15 12%5'/,1 260 | 418 | 6,28 || 45 1,18 | 41,04 || 195 | 3,04 | 61,72 || 170 | 0,33 7,76 67 » » 15 a 260 | 2,72 | 44,84 || 150 | 418 | 41,04 || 270 | 5418 | 76,72 || 220 0,64 | 11,64 ôs » » 15 | a7 360 | 4,42 | 49,20 || 130 | 1,05 | 32,40 || 280 | 4,50 | 65,56 || 235 2,64 | 44,92 SA4OHdOUHANO LA SHIIHAOUANO SHLNV Id S4T coy 406 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Distance | PINUS ABIES BETULA FIL de da ia Respira- | Assimi- Respira- | Assimi- Respira- Assimi- | Respira- Assimi- décim. tion lation tion lation tion lation tion lation 5 1,23 1,84 1,92 | 3,78 | 9,52 2,43 1,98 | 3,79 6 1,06 1,27 0,83 3,36 | 2,4 1,82 1,93 | 3,56 7 0,99 | 0,59 4,02 3,04 2,29 0,76 | 2,07 | 2,32 mt « en es ; Sn mn. Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne 1,09 1,02 |. 2,41 1,99 Ces chiffres, comme nous le voyons, confirment les données des expériences faites avec l’éclairement artificiel : l'assimilation est plus considérable chez Abies que chez Pinus, chez Tilia que chez Betula. Comme la température pendant toutes ces expériences ne variait que dans les limites de un degré, entre 49° 1/2 et 20° 1/2, et que la composition du mélange gazeux restait la même, on peut prendre pour la respiration sans faire une grande faute, la moyenne géné- rale de toutes les expériences. Les chiffres pour Pinus et Abies dans ce cas sont presque identi- ques, tandis que l'énergie d’assimilation à la distance de 5 déci- mètres est deux fois moindre pour la première espèce que pour la seconde; à une distance un peu supérieure à 6 décimètres, l'assimilation égale la respiration pour Pinus, tandis que, pour Abies, elle est environ le triple, même à la distance de 7 déci- mètres. À cette distance, l'assimilation d’Abies est d’environ cinq fois celle de Pinus. , Le même fait peut être constaté pour Betula et Tilia : pour la première espèce, l'assimilation égale la respiration à la distance de 5 décimètres seulement, tandis que pour la séconde l’assimila- tion surpasse la respiration même à la distance de 7 décimètres ; et à cette dernière distance l'assimilation du Tilleul est le triple de celle du Bouleau. Le calcul, dans le cas examiné, a été fait pour une que de poids de la feuille vivante. Or, les feuilles correspondant à même poids, de Betula et de Tilia, ont des surfaces peu RH il en est de même de celles d’Abies et de Pinus comparées entre LES PLANTES OMBROPHILES ET OMBROPHOBES 407 elles. Les différences observées dans l’intensité de l'assimilation ne peuvent donc pas être expliquées par la différence de la surface _ des feuilles, correspondant à la même unité de poids. : La cause, par conséquent, ne peut être que la différence dans la sensibilité de l’appareil chlorophyllien. Pour chaque couple de plantes elle se manifeste le plus clairement sous la plus faible intensité de lumière (à la distance de 7 décimètres); puis cette différence s’aflaiblit peu à peu. Au point de vue oecologique il est intéressant de constater que les expériences ci-dessus nous donnent la possibilité de disposer, en quelque sorte, les plantes étudiées en rangée selon leur besoin d’éclairement. En prenant l'intensité de lumière sous laquelle l'assimilation égale la respiration comme le minimum nécessaire pour l'existence de la feuille, nous voyons que la plus exigeante sous ce rapport c'est le Bouleau, puis le Pin, le Tilleul, et enfin le Sapin. | IL. EXPÉRIENCES À LA LUMIÈRE DIFFUSE FORTE ET AU SOLEIL DIRECT. Les expériences décrites plus haut ayant mis en évidence la différence dans l'énergie assimilatrice pour les espèces ombrophiles et les espèces ombrophobes sous une même intensité de lumière faible, il m’a paru intéressant de faire une recherche comparative sous un éclairement plus intense. Dans ce but, j'ai fait en premier lieu quelques expériences avec de la lumière difluse ordinaire tombant d’un côté, en exposant les éprouvettes avec les feuilles tout à fait à l'ouverture de la boîte de bois décrite. Cette fois Ja respiration n'était pas mesurée et, dans chaque expérience, les feuilles exposées simultanément ne se rapportaient qu’à deux espèces. Sous tous les autres rapports les conditions étaient les mêmes que pour la seconde série d'expériences décrites plus haut. Chaque expérience durait une heure, et, pour que la comparaison fût possible, les expériences se faisaient aux mêmes heures de la journée sous un ciel pur. Le tableau qui suit renferme les résultats des expériences ; la quantité de CO: absorbée est calculée comme auparavant pour 1 gr. de feuilles. Dans le mélange gazeux employé pour les expériences * 408 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE sur Pinus et Abies, CO? — 4,36 o/, et 0? 19,80 PLANCHE II FiG. 15. — Ranunculus Chærophyllos. 15. — Filaments et vésicule intercellulaires dans les premières assises du parenchyme cortical, intracellulaires dans les deux assises précédant l’endoderme ; ac arbuscules. FiG. 16-18. — Paris quadrifolia. 16. — Coupe longitudinale. 17. — Coupe transversale. 18. — Noyau cellulaire traversé par un filament mycélien. Fire. 19. — Arum maculatum. 19. — Noyau cellulaire traversé par un filamen mycélien. FiG. 20-23. — Colchicum automnale — Coupe longitudinale : n, noyau de cellule; r, filament avec prolongements latéraux en doigt de gant; ?, vésicules jeunes à différents stades. 21. — Coupe transversale avec point de pénétration. Les lettres ont la même signification que dans la 22. — Cellule fortement grossie renléraiant une vésicule au début de sa formation. . — Deux cellules renfermant un filament, avec prolongements en doigt de gant, r, et une vésicule âgée à parois affaissées. FiG. 24. — Parrassia palustris 24. — Coupe transversale; v, vésicule très grosse occupant presque toute l'épaisseur du parenchyme cortical. ÉTUDES SUR LES MYCORHIZES ENDOTROPHES 499 Fic. 25. — Sequoia gigantea Fr transversale. Filaments intracellulaires donnant des arbus- cules composés Fic. 26. — Tamus communis 26. Coupe longitudinale. Filaments intracellulaires en pelotons ; ar, arbuscules simples ; d, corps de dégénérescence. PLANCHE HI. Fig. 27-29. — Allium sphærocephalum ‘27. — Coupe longitudinale. 28. — Coupe longitudinale. Cellule de passage et point de pénétration. 29. — Vésicule jeune. Fic. 30-31. — Anemone nemorosa 30. —Vésicule renfermant des vacuoles. 31. — Coupe longitudinale. Fic. 32. — Paris quadrifolia. 32. — Vésicules et filaments pourvus d’une gaine. Fic. 33. — Ficaria ranunculoïdes. 33. — Coupe transversale ; l, lacune. Fic. 34-35. — Ophioglossum vulgatum. 34. — Coupe Elongitudinale. Filaments intracellulaires portant des Sporangioles floconneux 35. — Coupe tétayarsle. Idem. Fic. 36. — Pellia epiphylla. 36. — Coupe transversale du thalle ; ep. s, épiderme supérieur ; ep. A épiderme inférieur ; r, rhizoïde Fic. 31. 37. — Voile d’Orchidée infesté artificiellement ; ©, voile ; p, paren- chyme cortical ; c, cellule de passage. Fic. 38. — Arum maculatum. 38. — Deux noyaux ayant une lache chromatique latérale. 500 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE PLANCHE IV. FiG. 39-41. — Arum RONHLENE. 39. — Filament mycélien ayant des noyaux normaux, n, _ la ar jeune et des noyaux altérés, n’, dans la partie plus à 40. — a, noyau de cellule nérhnle-: ; b, noyau dtivrmé dans une cellule infestée. 41. — Arbuscule jeune, simple. Fic. 42. — Sequoia gigantea. 42 — Arbuscule jeune, rs - Fie. 43: — . vulgatum . 43. — rares floconneux. FAR © Fic: 44. — Ornithogalum umbellatum . 44. — Arbuscule se transformant en une grappe de sporangioles. : Fig. 4B-4T. — Allium sphærocephalum 45. — Arbuscule et sporangioles dépendant d'un même filament et contenus dans la même cellule. . — Arbuscule dont une partie est transformée en sporangioles. 47. — Deux arbuscules dans deux cellules aigus celui de droite commence à s’altérer. Fi. 48. — Allium ursinum. 48. — Très jeune filament avec noyaux inaltérés. Hi > LOS Me ie Le Gérant, Th. CLenquin. 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères. Revue générale de Botanique. Tome 17. Planche 12. Bertin sc. Millot del. Imp. Le Bigot Frères. Menthe poivrée. 1, Rameau normal; 2, rameau basilique. Tome 17. Planche 13. RQ CS Bertin sc. Imp. Le Bigot Frères. poivrée Menthe Menthæ ; 3 et 4, bourgeon terminal Eriophyes Menthæ et * » té. 6, feuille d’un rameau basiliqr . , Revue générale de Botanique. Sete br « Ar Se : Ce es 2 d pt ESS ÆS 5, feuille normale . 1 et 2, Eriophyes Millot del MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. Le prix annuel (payable d'aristel est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 ir. 50 pour l’Étranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Li % * ; Adresser les demandes d'abonnements, mandats, etc., à M. l'Admi- ae nistratour de la BIDRAIME GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, | ; 4, rue Dante, à Paris, . Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BON ER professeur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. 8 Il sera rendu compte dans les revues spéciales des onorages. mémoires ou notes De un exemplaire a aura été Snsohé au Directeur de la Revue a 2 pe SFR 2 D SE à # : : e sur la sdb: : en rage à à part : droit. gratuitement à à vinatcinq exen Librairie C. REINWALD SCHLEICHER Frères, Éditeurs PARIS — 15, rue des Saints-Pères, 15 — PARIS EN WVEN'L'E : W. PFEFFER Professeur à l'Université de Leipzig. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE sd Échanges de Substance el d Énergie dans la Plante Traduit de l'allemand d’après la seconde édition pr JEAN FRIEDEL, Docteur és-Sciences, EN VENTE : TOMEI ECHANGES DE SUBSTANCE Le tome I est complet en deux fascicules : 1er fascicule. — Un volume gr. in-8 avec 40 figures dans le texte : 8 fr. 2° fascicule. — Un volume gr. in-8& avec 30 figures dans le texte : 8 fr. L'ouvrage sera complet en 2 volumes, divisés en 3 fascicules, au prix de 8 francs chaque fascicule.— Pour les souscripteurs à l’ouvrage entier, payable d’avance, le prix sera de 38 fr. - Une fois l’ ouvrage achevé, son prix sera porté à 48 francs A. MASCLEF Lauréat de l'Académie des Sciences Conservateur des Collections A de la Sorbonne LES PLANTES à tros ‘nsod ve] aud souepmb oun doquosouid vioy anoipæl do svo 9 ste Ve THERE ond ‘ QUOMDUPIOSUT 1 0D 2JDAQUPO OLMIDUAQUT CI op I1n93849SçUu pi En “ re | OT ‘A ZX) Souva] & op otwuwuos v[jueÂoaus wo OOBST ano quotuouuoqe uos 1918an 0084 U9IQ AJO[NOA op 9jad 359 UO ‘2222927 UI 9P IOAU9,] SUUP pavjou op 4oanoïde sed on anog 1 RUE DANTE, 1905 N° MEMBRE DE L'INSTITUT, as Second Class matter. 4, M. Gaston BONNIER TOME DIX-SEPTIÈME PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE Livraison du 15 Décembre 1905 2O<+ Entered at the New-York Post Office REVUE GÉNÉRALE BOTANIQUE PARIS LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT CO6GTHT 9P SUNIOA np 94NJIHANOD VI OUIOJUOIX OJHUNU 97» — 'SIAVY LIVRAISON DU 15 DÉCEMBRE 1905 Pages [. — SUR LA PRODUCTION DES TUBERCULES AÉRIENS DE LA POMME DE TERRE (avec figure dans le texte), par M. L. Blaringhem . . ....... 5or IH. — REMARQUES ANATOMIQUES SUR ZLINARIA X STRIATO-VUGARIS (avec figures dans texte,) par PUR RL ice; 508 HT. — RECHERCHES SUR LA NAISSANCE DES FEUILLES ET SUR L'ORIGINE FOLIAIRE DE LA TIGE (avec planches et figure: dans le texte), par M. Léon RE Re a 519 IV, — REVUE DES TRAVAUX D'ANATOMIE, parus de 1897 à 1902 (avec figures dans le texte), . M. H. KRicôéme Quie} , "re ee 08 E . . - 536 V. — REVUE DES TRAVAUX DE TÉRATOLOGIE VÉGÉ- TALE, parus de 1895 à 1899 (avec figures dans le texte), par M. C. Houard (suite). . . . . . . . . VE TABLES DU VOLUME DE 1908. 8, | 555 Cette livraison renferme en outre quarante et une figures dans le texte. Pour le mode de publication et les conditions d'abonnement, voir à la troisième page de la couverture. SU LA PRODUCTION DES TUBERCULES AÉRIENS DE LA POMME DE TERRE par M. L. BLARINGHEM Tout récemment on signalait une ressemblance entre la variété connue de pomme de terre « Géante bleue » et le Solanum Commer- soni violet, obtenu en 1901 par M. Labergerie, horticulteur à Verrières (Vienne) (1). L'absence de caractères morphologiques précis pour la diagnose de ces variétés de multiplication ne per- met pas d'établir une distinction sérieuse entre ces formes, dont les différences ne sont le plus souvent que des tendances soumises à l’action directe du milieu. En particulier, le fait que « le Solanum violet forme de nombreux tubercules aériens, il n’a pas été signalé de semblables formations dans la Géante bleue (2) », ne peut servir d’argument dans la discussion (3). Je me propose dans cette note de mettre en évidence quelques-unes des causes qui, dans les conditions normales de grande culture, déterminent la production de tubercules sur les tiges aériennes de la pomme de terre et d’expli- quer ainsi la rareté d’un phénomène considéré par la plupart des auteurs (4) comme une anomalie végétale. La présence de tubercules sur les tiges aériennes de la « Géante (1) J. Labergerie : Le Solanum Commersoni et ses variations. Pari 5 (2) J. Labergerie: Le Solanum Commersoni (Bulletin de la Société ‘Nationale d'Agriculture de France, t. LXV. 1905, p. 605). (3) Autant que j'ai pu en juger par l’examen d’une seule plante, le Solanum Commersoni violet de M. Labergerie diffère de la « Géante bleue », SU la culture en terrain très humide, par la couleur violet-gris de ses tubercu l'abondance des lenticelles et aussi la maturité plus précoce. Le goût du dctsaus violet m’a paru sensiblement supérieur à celui de la « Géante bleue ». (4) M. T. Masters: Vegetable Teratology. Londres, 1869, p. 420, fig. 201, et O. Penzig. Pflanzenteratologie, Bd. II. Gênes, 1894, p. 172. Rev. gén. de Botanique. — XVII. 32. 502 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE bleue », m'avait été signalée comme assez commune par quelques agriculteurs de la vallée fertile et humide de la Lawe(Pas-de-Calais). J'ai eu l’occasion d’en examiner avec soin deux champs soumis à des conditions de culture très différentes. Dans l’un, mal entretenu et peu fumé, les plantes étaient en pleine maturité à la fin du mois de septembre. La proportion des pieds présentant l’anomalie n'alteignait pas 10 °/. et les tubercules aériens très petits se trou- . vaient seulement à la base des tiges. Les plantes de l’autre champ, au contraire, étaient à la même époque en pleine végétation. Une culture soignée, un sol bien fumé, et aussi l'opération du sulfatage avaient produit des tiges très longues, dépassant souvent 1 m. 50, épaisses et charnues dont les ramifications latérales étaient encore couvertes de feuilles bien vertes. A cette époque éloignée de la maturité, j'ai pu récolter un grand nombre de tubercules aériens dont les plus développés dépassent un poids de 100 grammes. La bonne nutrition et surtout la maturité tardive semblent donc favo- riser la production de tubercules sur les tiges aériennes de la « Géante bleue ». Elle est assez irrégulière. Certains pieds dont les tiges sont dressées n’en portent pas de traces: d’autres, au contraire, à tiges longues et couchées, montrent la tubérisation com plète ou partielle de la plupart de leurs bourgeons. Ils donnent des tubercules rami- fiés aux formes multiples, des rameaux à demi tubérisés portant à la base un renflement amylacé, prolongé en une tige normale avec de nombreuses feuilles, ou bien encore des rameaux épaissis, arqués ou sinueux, présentant des caractères intermédiaires entre la tige et le tubercule. Ces cas de transition se trouvent souvent réunis sur la même branche. La plupart des tubercules aériens formés à une certaine distance du sol, montrent à leur surface de petits bourgeons saillants couverts de feuilles vertes, et rappellent les. productions figurées par Duchartre dans ses Éléments de Botanique (fig. 125 et 126 de la 3 édit., Paris, 1885). Les tubercules aériens sont moins nombreux sur les plantes qui ont fleuri, maïs cette règle est loin d’être abéolue. On sait que les variétés de pomme de terre à grands rendements donnent peu de fleurs et que celles-ci ne forment que très rarement des fruits. La fleur, après son épanouissement, se détache du pédoncule qui la porte et tombe. Sur de nombreux pieds observés, je n'ai trouvé TUBERCULES AÉRIENS DE LA POMME DE TERRE 503 qu'un fruit de petite taille dur et verdâtre encore au moment de la récolte. Il n’est pas rare par contre de voir, sur ces grappes florales dépourvues de fruits et gonflées de sève, des feuilles ou des brac- tées plus ou moins développées. Dans un cas, j'ai même récolté sur une inflorescence . une véritable petite Far F4 plante de pomme de terre complète avec une tige feuillée, des racines et un tuber- cule souterrain (fig. 1). Voici, à mon avis, les circonstances qui ontproduit cette ano- malie très curieuse. Un tubercule aérien s’est formé, sans doute après la chute des fleurs. sur l’inflo- rescence au point de Séparation des pé- doncules floraux. Il a donné naissance immédiatement à une tige verte de 5 centimètres de lon- gueur, portant une touffe de feuilles mor- tes et en grande par- te décomposées au Fig. !. — Plante de pomme de terre dont le tubereule semence s'est développé sur une inflorescence latérale de « Géante bleue » momentdela récolte, puis à deux bour- geons tubérisés portant aussi quelques feuilles vertes très réduites et enfin à un stolon de 1 centimètre 8 qui s’est enfoncé dans le sol. Ce stolon a produit à son extrémité un tubercule souterrain, arrondi, de 2 centimètre 8 de diamètre et, au point où il perce le sol, un petit tubercule pyriforme de la grosseur d’une lentille por- tant à la base quelques racines adventives. 504 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE L'examen du pied de « Géante bleue » qui présentait cette ano- malie m'a permis de déterminer les conditions très particulières qui ont contribué à sa formation. La grappe florale était portée latéralement par une tige épaisse, de 1 mètre 20 de longueur, dont de nombreux bourgeons étaient tubérisés à partir d’une fracture faite à 30 contimètres du sol ; les autres parties aériennes intactes de la plante ne portaient aucun tubercule. La tige devait s’être brisée par accident à une date déjà ancienne, puisque les lèvres de la. rupture étaient en grande partie déjà décomposées. J'ai de sérieuses raisons de croire que la séparation accidentelle de la tige est la cause principale de la production de l’anomalie. En eflet, j'ai constaté souvent dans la « Géante bleue » et sur d’autres variétés tardives de pommes de terre, que les rameaux qui portaient des tubercules aériens étaient détachés plus ou moins complètement de la tige principale qui leur donnait naissance. La présence dans les cultures d’une plante volubile vivace, le Convol- vulus arvensis, qui s’enroule sur les tiges et les rameaux de la pomme de terre et termine sa croissance en août, après la floraison, était la cause la plus commune de la mutilation. A une époque où les tiges de la « Géante bleue » continuaient à s’allonger par suite de sa maturité tardive et des pluies fréquentes de l’année (1), le liseron déjà mort formait des attaches solides, fixant à une distance invariable du sol les rameaux qui lui servaient de support. La croissance continue de la tige principale amenait la rupture COm- plète ou partielle, à l’aisselle des feuilles, de rameaux latéraux en pleine vigueur et bourrées de réserves. Couverts en partie par l'abondance des tiges feuillées que donne la variété en question, ils se trouvaient dans les conditions très particulières d'humidité et de lumière diffuse, qui ont permis à Vôchting (2) d'obtenir expérimen- talement des tubercules sur les boutures aériennes d’Oralis crassi- caulis. J'ai pu vérifier cette hypothèse sur quelques variétés tardives de pomme de terre. La cueillette faite à la fin de septembre et en (1) G. E. Forsberg, de Stockolm, a signalé (Bot. Centrabb. 1886, Bd. XXVI, P- 121) la fréquence de tubercules sur les tiges aériennes de la pomme de terre dans les années humides, _ (2) H. Vôchting : Zur Physiologie der Knollengewächse (Jahrb. für. wissensch. Botanik, Bd. XXXIV, 1900, p. 1-148). TUBERCULES AÉRIENS DE LA POMME DE TERRE 505 octobre de rameaux de « Géante bleue » en pleine vigueur et bourrés de réserves, dépourvus de toute production qui pût indiquer un début de tubérisation, m’a fourni deux lots que j'ai soumis aux traitements qui suivent : le premier séché en plein air sous un hangar ne m'a naturellemant donné aucune production anormale ; le second conservé dans une boîte de botanique, c’est-à-dire dans une atmosphère obscure et humide, m'a fourni en moins de trois semaines des tubercules arrondis, colorés en rouge vif dépassant la grosseur d’une noisette. Des résultats analogues ont été obtenus avec la pomme de terre « Zoulou » tardive et à peau blanche. Enfo, sur un pied de Solanum Commersoni violet, que M. Cons- tantin, professeur de culture au Muséum, m'avait remis pour la culture en terrain très humide, j'ai obtenu un semblable tubercule sur un rameau très tardif après sa section partielle au point d’atta- che de la tige principale. C’est le seul tubercule aérien que j'ai pu observer sur cette plante cultivée d’ailleurs avec des soins parti- culiers. Ces faits s'expliquent parfaitement si l’on tient compte des travaux de Laurent, de Vôchting et Noël Bernard sur la tubérisa- tion de la pomme de terre. Vôüchting (1) cultive des plantes des variétés Marjolin, Belle de Fontenay, Royale... en supprimant la production de tubercules souterrains. La tige aérienne se développe et de l’aisselle des feuilles partent des stolons qui pénètrent dans le sol et se tubérisent bientôt à leur pointe. C’est le cas signalé plus haut de la formation du tubercule sphérique développé dans le sol à la pointe du stolon envoyé par la plantule aérienne. Vôchting à montré qu'il n’était pas nécessaire que ces stolons s’enfoncent dans le sol pour obtenir des tubereules. En les enveloppant dès leur sortie de la tige avec des feuilles d’étain, il a réussi à provoquer la production de tuber- cules simples ou ramifiés portant des feuilles ou même des stolons secondaires. L'atmosphère humide et l'obscurité suffisent d’après lui à déterminer la tubérisation de bourgeons qui reçoivent une nourriture abondante. E. Laurent avait déjà signalé l'importance de la nutrition pour (4) Vôch'ing : Loc. cit. 506 . REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE la production d'amidon dans les tiges vertes de pomme de terre et l'obtention accidentelle de tubercules aériens dans ces conditions (1). Il fait développer ses boutures à l'obscurité et sur des solutions de saccharose et il obtient ainsi à l’aisselle des feuilles des tubercules gorgés d'amidon de 1 cm, de long et de 0,5 cm. de diamètre. Tout récemment N. Bernard (2) a montré que la qualité sucrée de la nourriture n’est pas un facteur indispensable pour la réussite de l’expérience. La culture de boutures de tiges aériennes d’une variété précoce, boutures dont on avait coupé le bourgeon terminal, fournit des tubercules lorsqu'on les place sur des solutions de chlorure de potassium comme sur des solutions de glucose à une concentration déterminée. Les boutures étaient placées à la lumière diffuse sous une grande cloche et dans une serre dont la tem péra- ture restait comprise entre 15 et 20 degrés. De ces expériences et d’autres faits observés soit sur la pomme de terre soit sur des graines d’Orchidées mises à germer, N. Bernard conclut que la formation des tubercules est caractéristique d’un certain degré de concentration de la sève. Les faits que j’ai signalés me paraissent fournir d’une part des vérifications expérimentales des opinions données ci-dessus et d’autre part l’ explication de nombreux cas tératologiques observés dans la culture et signalés depuis longtemps. Une variété tardive et très vigoureuse de pomme de terre trouve à l’ automne, dans un sol humide, les conditions d’obscurité relative, de transpiration limitée qui déterminent une dessication lente et progressive des tiges et des rameaux aériens. On passe nécessairement par la période de concentration de sève qui produit la tubérisation. Il suffit que les circonstances climatériques favorables soient mainte- nues un temps suffisant pour que les réserves accumulées dans les organes, tigeset feuilles, soient déposées sous forme d’amidon dans (4) Emile Laurent : Starkebildund aus Glycerin (Botanische Zeitung. Bd. XLIV, 1886, p. 151) et Recheréhes expérimentales sar la formation de l’amidon aux dépens de solutions organiques (Bulletin Société Royale de Botanique de Belgique, t. XXVI, 1887, p. 243-270). (2) N. Bernard: Conditions physiques de En chez les Végétaux (Comptes Rendus Académie des Sciences, t. CXXXV, 1902, pages 706-703) et Mécanismes physiques d'actions parasitaires (ulein Société Linnéenne de ns 5° série, t. VI, 1902, pages 127- 145). TURERCULES AÉRIENS DE LA POMME DE TERRE 507 les rameaux encore jeunes qui deviennent alors charnus ou dans les bourgeons qui se développent tardivement à l’aisselle des feuilles en tubercules aériens. Quoi qu'il en soit, on ne peut regarder ces productions comme particulières à une variété de pomme de terre. Tout au plus, peut- on signaler la tendance plus ou moins grande à la formation de tubercules aériens dans les conditions normales de grande culture comme un caractère en corrélation avec une grande vigueur de végétation et une maturité tardive. REMARQUES ANATOMIQUES SUR LINARIA * = 407 VI. Tératologie de la racine . , 139 VII. Tératologie de la tige : 1. Déformation générale de la plante . 143, 179 : Structures anormales . 10 . Fasciation 183 k Tératologie expérimentale 139 ADO nn. -, : 282 B Balicka Ivanowska _ 284 Moroni (ft). . > «2 I Beauverie (1). . 543 Beck (G. vou) (D. . -. . 437 Behrens (f) . 138 Beissner (t) . 2 Bernard et Chodat ue. + ce NS Bertaut et Dethan — side À : 327 437 445 Beyer (?) . iermann (4). Mn Boirivant (ft). 64, 48, 189 Bois (f) 550 Boldt () . 437 Bolle (f) . 436 Bonnet (D. -: 1x4 Bonnet et Ravaz (an) 378 Bordage ({) . . 554 179 Hoeg (De +: (a) Revue des travaux d'anatomie ; de tératologie végétale. Pages Bornet (1). 435 Bôttcher (1) . 437 Boudier (t) 88 Boulet (a). 334 Boullu (!). 96 Boussus et Hubert qu a) Q 281 Bouvet (?). 281 Boyer (!). . 331 brand D, 93 Brenner (t) 179 Breuil (D. . . 19 A (J.) ms 542 , 328 piéanibäler Se 91 Buchenau ()- 545 Buck (a) 447 Buscalioni (a) 378 Bütschli (a) . 335 C Campbell (a). . 282, 284 Camus (E. G.) () . + +50 Candolle (C. de) M: 86 Cardonna (t) 183 Carrington (f) 426 Chabert (f) ‘ . 330 Chester qu) (a). : 536 Chifflot Oo Chodat ({ fé * 181 Chodat et Sn @ s ÉV +5 CUS Cheisl (0: > : 4: ETS Copeland (a). + : : 540 564 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE Pages Copineau (6) . Fe Cornaz (+). 328, 545 Correns (t) s CO, 2. 10, D _ (a) 446 t). 191, 192 Dethan et Bertaut. CE 278 Devaux kl1, 537 Diedicke ( . se 552 Dingler (t) 184 Dumm (a). . . . 446 F Fantozzi (ft) . ss - 439 Filarsky (7: 179 Finet (f) . . 544 Fischer (Hugo) ) ë 335 Forest-Heald = 1e e 9% Frank (6). hat Fujii (t) . : 180, 553 G Gabelli (4) . . . 96,149, 192 Gallardo (t) . Nrier d 330 Gardiner (a). 380 Gardiner et Hill &), 380 Gauchery (?). ° 143 Geisenheyner (t). 96 Géneau de Lamarlière @) 90, 137, 143, 183, 190, 277, 326, 545 329 |: ; CES Gillot et Parmentier " O Godirin (t) Goebel (+). vobari (a). … à: Goldfluss (M'") (a) . . bn , Griffon ({). . Grignan (t) . . ®, 854 5, 280 550 F 6190 87, % Pag Haberlandt (a) . . . 540, 512 Hanausek (a). . . . 44% RE . , ; 239 DRE (Ut. Si à : . 00 HO GS, TR ee CU AD Henry A Hering (t). Te en Hildebrand © ruse 5 Hill et Gardiner (a). . . . 380 Hirsch (a). . Se Hochreutiner @. 5 ll; I ôlke (a). 445 Hubert Fe a) et “Éousstis CE 281 Hunger 44 Ikoda (a) . ... J Jacobasch (t). . 91, 191, 546, 547 Jacob de Cordemoy t). 280 Johnson (a) . . SN + m0 Jost (6). 0 0 duel (@}) 0 5. K Keissler (C. où SE 184, 279 Keller (£ 328 Kelsey (£). . . 192 Kay (6) ; on Kéhne (f). . 5 4 te El Kolb (0. von) @ ss VITRE Kraemer (a), -: : . 395 95 Krasser.(t} "2: "0 Kiuch:(a). "0. ROUE es 0 L Lagerheim ue CD . |. 09 Langle (a) + Lassimonne (® . . 435 | Leclerc du Sablon QE ‘it 336 Éenze (D... + 1: 280 bighicr (D. : -. . 2000 | Lindemuth (4) . . . 282, 457 TABLE ALPHABÉTIQUE Pages Led) (D... 27 RD ON . + 443 Losriore (D). = a... 100 100 DOURE (Ah. 7 : : 5 |: 090 Lower (t). . RU 4: Ludwig et Magnus &@. 8 Lutz (t) ; 397, 138, 549 M Macchiati (a). 1 Magnus et LdWig ® . + 00 Malinvaud (5-77 + . . 18 Mangin (a) . ee Marty (4) . 191, 279 . (© 438, 139, 440, 546 Massari 191 Massart #4 91, 92, 93, 9%, 137, 185 Masters (4) . . - 280 Mätteucéi (4) . “20077 007 Mafile (D), -. … . : 1 10 Maxon (6.76 688 ETUI Mer (t) 5 CPAS Meyer (A ) (a) + + VIT Miel). . . MGR, + - 2 +. 0 "000 Miyake (a) . . . . 378 Molliard (t) . . . 54, | 852, 553 Montemartini (t) 590 D con (D. . . Hola. . . . . 10% Murbech tee. : . . . 297 Mur)... ce 4 406, 581 N Nathansohn (a). . . -: . 286 D... es es. 168 Nicoira — …: - : : - Homaski D... [e) Diner: 434 Olivier (?). La 7 Osterwalder . a Overton (a) . + - : . 288 DES NOMS D'AUTEURS P Pages Paoletti (f) 191, 440 Parmentier a Gillot L@: 550 Patouillard (4) 91 Penzig (t) 139, 328 Peter (a) 336 Petersen (6) . 184 Plowright (t) 90 Pons (t) 547 Poulsen (t) 140 Preaubert (£). . . 281 EU... …: . 284, 435, 439 Preuschoff (4) . 280 Puriewitsch (a). 335 KR Rabaud (t) . . 192 Ravaz et Bonnet (a) 378 Raymondaud (?) Reinhardt (a) . 442 Richards (H. M.) @. 88 Robinson (1) . 436 Rolland (?) 89 Rosenberg (a) LA Ross (ft) . . 947 Rothert (a) . 335 Roze (1) : 280 Russell (t). 327 s Salter (a). 377 Schenck (f) . 181 Schilbersky (6) . 547 Schrôter (t) . . 179 Schwabach (a) . 444 Schwerin (F. von) O 282 Secall (©) . 180 Seemen (0. vo) @. 552 Seynes (J. de) (t) . 88 SIW(G):. , 286 Shibata (a) 542 Shimek (t) ’ 552 Small (£) 279 Soane (0) . “ME 549 Sokolowa tie r + y : 5f6 Pa Sommier (t) . 440, 545 Sorauer (t) 278 Sostaric ({) 552 Souché (?) 330 Spanjer (a) . “ + -[0 5i°:8008 NNBURID UE … -: … .(sn:40 Strasburger (a) . 379 Swingle (a) . . 333 35 FONOUDEON CE) … … {1 1 5481 . Thesleff ({) . 282 Theuiller (#) . 282 Thomas (F.) (6) . 279 Timberlake (a) . ses Fischer (4 7 380, 442 D. 437 Tittwann @). ÉTERNEL IE Townsend (4). . . . 92, :95 sudchel @) . : … th Treub (a). . .reteso Tschirch (a) . 33%, 444, 445 Tubœuf (a) . : 537 U Underwood. . .- : "47 REVUE GÉNÉRALE DE BOTANIQUE - Pages à À 332 217 Van Tieghem (a) Vaullegard (t) Vidal ({ net cs Viviand- Morel (1) 184, 328, 434 35, 438, 440, 546, 547 Véchting É: 545 Voglino =. 0 Vries (H. dej). ". . Vuillemin (+). 547 W Weberbauer (f) . 532 Weinrowsky (a). 543 Weisse (n}5 356.00. 154 (9 isc00 U 189, 439 Westermaier do 283, 447 ieler (a) ta :891 Wildeman (Œ. de) @. LE #5 200 Wilkelmann ({). . . (7 VHson (7: : 219 Winckler (a). Us > 1877 Wittmack (). . . . 436, 437 Wulff (a). 450 — Lille, imp. Le Bicor Frères. . Le Gérant, Th. CLErQuIX, MODE DE PUBLICATION & CONDITIONS D'ABONNEMENT La Revue générale de Botanique paraît le 15 de chaque mois et chaque livraison est composée de 32 à 48 pages avec planches et figures dans le texte. 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Librairie Générale de l’Enseignement, 1, rue Dante, Paris, VIENT DE PARAÎTRE : COURS BOTANIQUE Phanérogames CELLULE ET TISSUS; MORPHOLOGIE ; ANATOMIE ; CLASSIFICATION; FAMILLES DE PHANÉROGAMES ; APPLICATIONS AGRICOLES, INDUSTRIELLES, MÉDICALES ; PALÉONTOLOGIE ; HISTORIQUE par MM. GASTON BONNIER LECLERC DU SABLON PROFESSEUR DE BOTANIQUE DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES A L'USAGE des Élèves des nas. des Écoles de Médecine et de Pharmacie, s Écoles d’Agriculture Avec 2389 figures inédites par J. POINSOT et A. MILLOT Un volume de 1.332 pages in-8. — Prix (fränco). 20 fr. On peut souscrire dès à présent à la Deuxième Partie du _ COURS DE BOTANIQUE (Cryptogames, Physiologie, Géographie botanique, etc.). L'ouvrage paraîtra en fascicules et formera un volume d’environ 1.500 pages in-8 et renfermant plus de 2.000 figures, la plupart dessinées d’après nature. Enix de Souscription au COURS DE BOTANIQUE (2° Partie). 15 fr. (Une fois l'ouvrage ns le prix sera augmenté) On ne peut plus actuellement souscrire qu’à la Deuxième Partie . Le COURS DE BOTANIQUE, aux conditions ci-dessus. IMP. LE BIGOT FRÈRES MODE DE PUBLICATION & 8 CONDITIONS D'ABONNEMENT a vue générale de e hotes paraît le 15 de chaque mois et re est composée de 32 à 48 pages avec psc et figures dans le texte. Le prix annuel noue d'avance) est de : 20 fr. pour Paris, les Départements et l'Algérie. 22 fr. 50 pour l'Etranger. Aucune livraison n’est vendue séparément. Adresser Ics demandes d'abonnements, mandats, Cte., à M. lAdmi- la nistrateur de IBRAIRIE GÉNÉÈRARE DE L'ENSEIGNEMENT #, rue Dante, à Paris dresser tout ce qui concerne la rédaction à M. Gaston BONNIEK, Dur à la Sorbonne, 15, rue de l'Estrapade, Paris. sera rendu compte dans les revues spéciales des ouvrages, mémoires où notes Fa ur Pa gr re été dr essé au Dù Rp de la Hovue = pr } ue } Les auteurs des travaux insérés dans la Revue droit gratuitement à vingt-cinq exemplaires en drage à part. _PRIN CIPAUX COLLABORATEUR S Revue. générate de initie Ch professeur au Muséum, à hole de | Cowrin, chef de travaux à la Sorbonne. ! es verts professeur-adjoint à la Sor- gun, docteur ès science seur ofesseur à la Faculté des É | Dassowvir Dé ‘ès sciences. o Devaux, present adjoint à l'Univer- | sité de Bor . é, | Drake per le Le Æ _—— directeur-ad t du ae ce és Ka Biologie es Fo .. FRIEDEL (Jean), docteur ès sciences. bre» > Ron à l'Université : ey : “host AU DE LAMARLIÈRE, pen) à l'École de médecine de Gran, membre de l'Académie des * Sciences GoLDBERG, docteur à : is de l'Uni- versité de Vars gen te SLR Mali), assistant à botanique de Léopold. Gnéurr, prfeseur à Pool supérieure R e pha e de Nan no praesseur à : be La cit d'Agriculture de G Guisnarp, are pe er des Science LIERMOND, docteur ès scien Her vien (l'abbé Joseph). HickeL, garde général des forêts. HocHREUTINER, docteur ès sciences de l'Université de Genève Houarp, phéparalenr. à la Sorbonne, HouzserT, docteur ès Hue (l'a abbé), Jlauréet de l'institut. Hy ft raue de cc à la Fac que d'Algers . Pau, PRoÉ rh Foi Ra ER T Ÿ de VS 4 . è _ Jacom Et (H}, chargé Hess + | | à l’Université de Marseille Se rpg ee or à lUsirers Jonkuan, de YUniversité d'Utrecht. JumeLse, p ch ne des Sciences . up à P-Kosen de l'Univeraité ! de Co, 1, inspecteur de la viticuiture de tue prof. à 1 l'Université re Macxix, prof. à FAR de Besançon. Maicr, professeur à l'École supérieure des Sciences d'Alger ManuiEr, docteur ès scienc MascLer, conservateur des étonné F3 botaniques de la Sorbon MATRUCROT, prof.-adjoint à re rbonne. 1. directeur de la Station forestière e l'Est. no. RD, pre. à l'École de méde- cine de MokLiaRb, pes de Conférences à la Sorbonne. Monkowine, docteur ès sciences, Mar- bourg. PALLADINE, À à l'Université de Saint-_ Pétersbourg. ne prolemenr adjoint CE ne Faculté des Seienc es de Besançon. es + PAULSEN (! ès sciences de un. roms lé e que. À test à Zurich. , : fe PouLsEN, docteur ès sciences de l'Uni- , versité de Copenhague. s PRILLIEUX, membre de l'Académie des B0T (Charl es), explorateur ARTE r (André), gen | LE 3 “docteur à cn | Té