ANNALES DE FLORE ET DE POMONE. CAR Se : A À PARIS.—IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT, | RARE BOOKS #< { ANNALES :: DE FLORE ET DE POMONE, JOURNAL DES JARDINS ET DES CHAMPS; La Par MM. Canuzer, Auc. Ceis, Franç. Ces, JacQues, Jacquin aiNé, Jacquin eue, Neumann, Pépin, Prévost ET ROUSSELON. 2e SÉRIE. — 4° ANNÉE: Paris. JACQUIN AINÉ, MARCHAND GRAINIER, AU BON JARDINIER , QUAI DE LA MÉGISSERIE, 14. 1816. MissOur!: FOTs NICAL GARDEN LiIBRARY ANNALES DE FLORE ET DE POMONE. PLANTES POTAGÈRES. Observations sur la reproduction des pommes de terre. Dans un moment où la maladie des pommes de terre préoccupe les esprits, il n’est peut-être pas sans intérêt de rendre compte d'une expérience que le hasard, ce père de tant de découvertes, m'a mis à même de faire. Je conserve dans des boîtes en bois les diverses variétés de pommes de terre qui composent ma col- lection. Vers la mi-avril 1845, époque où je voulus m'occuper de la plantation, je fis l'examen des pommes de terre que je possédais, et je remarquai que plusieurs de celles de la variété connue sous le nom de pomme de terre à œil ou germe violet avaient produit des petits tubercules dont la grosseur variait entre celle d’une aveline et celle d’une petite noix. Ces tubercules, nés dans les boites par suite d'un commencement de végétation, étaient au nombre de vingt et attachés à l'extrémité de pousses radicales d’une longueur de 10 à 15 centimètres. Curieux de connaitre quel résultat pourrait me OcroBre 1845. 1 2 donner la plantation de ces jeunes tubercules, je les détachai de leur mère et je les fis planter dans mon jardin de Charonne afin de pouvoir suivre l’opéra- tion par moi-même. Cette plantation s’est effectuée vers la fin de mai, et jusque-là les jeunes tubercules étaient restés enfermés dans des sacs. Ils ont parfai- . tement poussé etont produit des pommes de terre de diverses grosseurs et dont les plus volumineuses pe- saient 1 kil. 5. Il està remarquer que les tiges et fanes ne se sont pas développées en aussi grande abondance qu’on ‘le voit ordinairement, et que leur petit nombre même était remarquable dans les touffes qui ont donné les tubercules les plus petits. Je dois dire aussi que les produits ont été en général peu abondants. Les tubercules mères, desquels ceux-ci avaient été détachés ont été plantés à l’ordinaire dans mes cul- tures d’Ollainville et ont donné des résultats qui ne se sont pas ressenti de la séparation qui avait eu lieu de leurs jeunes rejetons. JacQuiN aîné. JARDIN FRUITIER. Pomme p'aPt ÉroILéE (Voyez la planche). Il y a environ quinze ans qu’en allant au Molinos, près Paris, visiter la floraison des dahlia que culti- vait alors M. Découflé père, je traversai un grand verger de pommiers-tiges déjà assez vieux, et qui précédait le jardin consacré aux dahlia. Les fruits de l’un d’eux frappèrent mon attention et je les is remarquer au digne horticulteur qui n'accom- pagnait. Ayant appris de lui que ce verger devait être détruit, je le priai de vouloir bien, en saison convenable , me couper des greffes sur cet arbre qui m'intéressait, et il eut effectivement la complaisance de me rendre ce service. Au printemps suivant je greffai les scions ainsi obtenus sur des sauvageons, seuls sujets que je pos- sédasse alors à Vitry où se trouvaient mes cultures à cette époque. Les ayant ensuite transportées de ce dernier endroit sur ma propriété de Charonne, il y eut, comme cela arrive toujours en pareil cas, quel- ques erreurs commises, et la perte du numéro du pommier dont il s’agit s'est trouvée du nombre, C’est seulement cette année que cet arbre, formé . en espalier contre le mur du fond de mon jardin touchant aux fortifications, montra quelques fruits que j'ai reconnus pour appartenir à la variété nom- mée api etoile. Elle est décrite dans le Manuel complet du jar- dinier de Noisette, sous le nom de double api, pomme étoilée, bellefille; sa description s'applique assez bien à notre figure, excepté cependant qu'il l'indique comme fruit petit, tandis que notre pomme me paraît grosse pour un api. Duhamel Dumonceau Va également décrite dans son excellent Traité sur Les arbres fruitiers, maïs sans en donner la figure, sous les noms de pomme étoilée ou de pomme d'é- toile. I dit que sa peau est comme celle de l'api et qu’elle se conserve jusqu’en juin. Quoi qu’il en soit, le fruit qui nous occupe est de grosseur moyenne ; ilest sensiblement divisé en cinq côtes, d'où son nom; sa peau est unie, brillante , 4 verdâtre avant la maturité, jaunâtre ensuite et teinte, sur les places frappées par le soleil , d’un rouge plus eu moins intense. Sa chair, sans être fine , est ferme, cassante , un peu acide. Je ne présente pas cette ponrme comme nouvelle, ni comme excellente, mais parce qu’elle est recom- mandable par la durée de sa conservation et qu’elle peut être fort utile pour former une assiette de des- sert dans une saison où les fruits sont rares. Une autre raison m'a engagé en outre à rappeler cette pomme, c’est qu’elle m'a paru n'être plus ou du moins très-rarement cultivée dans les jardins et les pépinières. Je regretterais qu'elle se perdit; c'est pourquoi je me propose d'en faire greffer en fente sur paradis, pour pouvoir en livrer aux ama- teurs dès l'automne 1846. Jacquix ainé. Poire SOLDAT LABOUREUR (Voyez la planche). Fruit turbiné, à peau jaune ponctuée et couverte en partie de macules plus ou moins grandes couleur fauve ou marron. OEil moyen comprimé dans un aplatissement un peu concave. La chair est d'un blane jaunâtre , demi-fine , assez fondante, à eau abondante, sucrée et légèrement musquée. Cette poire, qu’on peut classer parmi les bons fruits à couteau, est mûre dans les premiers jours de décembre. 5 . PoiRE FONDANTE DE NOEL, BONNE APRÈS NOEL (Voyez la figure). Fruit bien fait, à œil comprimé, à divisions con- vergentes, placé dans une cavité peu profonde ; la peau est fine, jaune, un peu pointiliée de roux dans la partie restée à l'ombre, lavée de brun-rouge pur- purin du côté frappé par le soleil. Chair blanche, fine, fondante, laissant échapper une eau abondante et sucrée, très-bonne. | Ainsi que l'indique son nom, cette poire, qui mé- rite de trouver place dans toutes les collections d’a- mateurs, est en pleine maturité dans les premiers jours de décembre. | sr à Poire NaPOLÉON D'HIVER (Voyez la figure). Fruit large à son sommet, dont le diamètre égale la hauteur, de forme peu régulière. OEil peu en- foncé à larges divisions émoussées ; peau fine, ver- dâtre passant au jaune en mürissant, conservant néanmoins des taches verdâtres du côté du pédon- cule, et semé quelquefois d’un sablé rougeâtre du côté de l'œil. Chair blanche, légèrement granuleuse, : très-fondante, à eau de sucrée , relevée, ex- cellente. Müre vers le 15 décembre. Ces trois poires ont été dessinées exactement de la grosseur qu’elles avaient cette année, mais ordinai- rement leur volume est d’un tiers au moins plus considérable. Bien que leur maturité soit indiquée pour la pre- mière quinzaine de décembre, elles peuvent ; dans 6 les années favorables à la conservation des fruits , se garder plus longtemps. Elles ont été toutes trois obtenues de semis par M. le major Esperin, aujourd’hui propriétaire à Ma- lines, l’un des pomologistes les plus zélés de notre époque, et dont j'ai déjà eu l’occasion de parler au sujet de la prune reine claude de Bavay, figurée dans ce Journa}, année 1843-1844, page 83. Elles m'ont été communiquées par M. L. E. Berckmans, propriétaire à Heystopberg, près Ma- . lines, et qui, dans ce moment; réside à Saïnt-Ger- main-en-Laye, pour surveiller l'éducation de ses en- fants. Pomologiste. fort instruit et pouvant se livrer à des dépenses que sa fortune lui permet de suppor- ter, il s'occupe avec ardeur de la recherche de nou- veaux fruits et les communique à ceux qu'ils peuvent intéresser avec autant np és de po- litesse. B.- Camuzer. Nouvelle note sur les ‘poiriers en pyramide. À Monsieur le Rédacteur des Annales de Flore et de Pomone. « Monsieur, » Le numéro de septembre de votre intéressant journal contient, sur la matière d'élever les poiriers en pyramide dans les pépinières, un excellent ar- ticle de M. Rousselon, dont je partage entièrement les idées quant à ce mode d'éducation ; maïs jé n’ac- cepte pas le blâme qu'il jette en général, sans dis- tinction aucune, sur tous les pépiniéristes. 7 » Angers est peut-être la ville du royaume où l'on s'occupe le plus sérieusement de la culture des ar- bres fruitiers de tous genres. Sous ce rapport elle a fait des progrès vraiment étonnants, uniques peut- être depuis un quart de siècle, progrès dus en partie à quelques hommes de mérite qui y ont consacré tout leur temps et n’ont reculé devant aucun sacri- fice; puis aux sociétés savantes qu’elle renferme dans son sein, et aux diverses écoles d'arbres fruitiers qu'elle possède ; enfin à la nature du sol et à son cli-- mat si tempéré qu’il permet à un nombre considé- rable de végétaux, qui gélent dans des contrées plus méridionales , de passer dans le nôtre les hivers en pleine terre et sans aucun abri, tels. que les camel- lia , les thés, etc., etc. » Les poiriers en pyramide formant Ja base princi- pale des cultures d'Angers, ont particulièrement fixé l'attention des pépiniéristes. Voici la manière dont ces arbres sont formés : » Dans un bon terrain défoncé de 60 à 5 centi- mètres environ, sont plantés les coïgnassiers (es- pèce dite d'Angers) (1) à 60 centimètres de distance dans la longueur des rangs, et de 75 à 80 centi- mètres entre ceux-ci. La même année de plantation, c'est-à-dire au mois d'août, ces coignassiers sont écussonnés à œil dormant, et les jeunes écussons sont pincés , lorsque vers le mois de juin suivant ils ont (1) «On emploie aussi comme sujet, en assez grande quantité, le poirier sauvageon pour les terrains où ne vient pas le coignassier, où pour faire des sujets à mettre en plein champ, pes els ne doivent pas être soumis à la taille. » 8 atteint la hauteur de 30 centimètres environ. Le mouvement de la séve étant ainsi arrêté dans sa marche , il y a alors un moment d'arrêt dans la vé- gétation ; mais bientôt après cette séve se fait jour en développant les yeux de la partie inférieure , lesquels sans cette opération seraient restés latents. De là naissent à la base de la tige principale quatre, cinq, six et quelquefois un plus grand nombre de branches la- térales, qui formeront la charpente première de la pyramide. Ces branches ont encore l’avantage im- mense d'attirer la séve dans cette portion du sujet et d'empêcher la partie supérieure de se l’approprier aux dépens de l'inférieure, ce qui arrive dans la plu- part des circonstances lorsqu'on ne pratique pas ce pincement. L’œil au-dessus duquel on a opéré ré- prend facilement la direction verticale, et comme la partie inférieure s’est considérablement fortifiée, il n’est pas besoin de tuteur pour soutenir ces Jeunes arbres.-Les sujets étant assez espacés, On n'a pas à | craindre non plus que les branches inférieures soient étouffées et ne puissent se développer. » Si quelqu'une des branches latérales s emporte avec vigueur et menace d'égaler ou de dépasser la tige principale, -on la pince aussitôt et la séve, ar- rêtée dans cette partie, se reporte avec avantage dans les'autres. » Avant la deuxième pousse , vers février ou mars, les pyramides sont tout à fait taillées, les branches latérales sont rapprochées à deux ou trois yeux de la principale , et s’il s'en trouve de gourmandes, plus fortes que celles-ci, on les supprime entièrement en conservant seulement la couronne pour permettre aux yeux qu'elle renferme de s’y-développer. 9 » La tige principale elle-même est rabattue de 75 centimètres à 1 mètre au-dessus de l'écusson. Pendant cette deuxième année; la partie qui se trouve entre ce point de rapprochement et l’œil au- dessus duquel on a pincé la première fois se garnit aussi de branches latérales, tandis que les premières prennent un nouveau développement. On a alors en deux années de greffes un poirier garni de branches et de rameaux depuis la base jusqu’à environ un mètre de hauteur ; et ces branches sont d'autant plus fortes qu’elles approchent davantage de la base, de manière à former une véritable pyramide et non une quenouille n'ayant de branches qu’à la partie supé- rieure. % : » C’est ainsi que sont traités ces arbres dans la plupart des pépinières d'Angers; et c’est à cela, je crois, que ces grandes cultures doivent leur célé- brité , et ce qui fait rechercher leurs produits avectant d’empressement. Tous ces poiriers, à très-peu d’ex- ceptions près, sont vendus au bout de deux ans d’é- cusson. On ne réserve en pépinière, pour la ‘troi- sième année, que ceux qui sont destinés à faire des hautes tiges. » Baprisre DEsPoRTEs, Membre de la Société industrielle d'Angers. En remerciant sincèrement M. B. Desportes de la communication dont il a bien voulu honorer nos Annales, je repousse de toutes mes forces le reproche qu'il m'adresse, d’avoir, sans distinction , déversé le blâme sur tous les pépiniéristes français. Telle n'a pas été mon intention, çar je suis loin de méeon- 1O naître le mérite de la plupart d’entre eux, et Je regrette que mes paroles aient pu prêter à cette inter- prétation. Mon but était uniquement de faire com- rendre aux acheteurs que le bas prix auxquels ils veulent les arbres est un obstacle à leur perfection- nement. Ceci est exactement vrai pour les pépinié- ristes les plus rapprochés de Paris, où la valeur des terres et de la main d'œuvre étant à un taux élevé les empêche de donner à leurs produits qu'ils doivent livrer à très-bon marché toutes les qualités que les connaisseurs y recherchent. Quant aux pépiniéristes d'Angers, il y a longtemps que leur bonne réputation m'est connue, et j'ai eu plus d’une fois l’occasion de rendre justice à leurs productions. Mais la concurrence est telle que là comme ailleurs elle fait sentir.sa fâcheuse influence. Ainsi ce n’est nulle part le talent et le savoir faire qui manquent, mais c'est la valeur vénale des‘pro- duits qui oblige à leur donner moins de temps et de soins. Certes, il n'y a rien à ajouter à la méthode que décrit M. Desportes pour la formation des poiriers en pyramide; et nul doute que des arbres sur les- quels ces diverses opérations auraient été pratiquées avec soin, méritassent le suffrage de tous les connais- seurs. J'ai eu l'occasion d’en voir plusieurs centaines venant d'Angers; parmi eux il s’en trouvait de par- faits, mais on en voyait aussi où la flèche était domi- née par une ou deux branches latérales qui avaient échappé au pincement, et d’autres chez lesquels la flèche, encore munie de son œil ternunal, annonçait qu'elle n'avait pas été taillée la seconde fois, ce qui TI produit l'inconvénient de laisser trop de distance entre les rangs des branches latérales. D'où je con- clus qu’à quelque pépiniéristequ’un acheteurs’adresse, fût-ce à Angers, il sera encore nécessaire, pour obte- nir des pyramides sans défaut, de le prier de les choi- sir une à une, et juste de les lui payer le double du prix ordinaire; car à chacun son com Ainsi donc, mon précédent article n'avait pas d'autre but que de conseiller aux amateurs d'acheter, n'importe où, des arbres de choix et de les payer en conséquence, ou bien si par une économie mal enten- due, ils voulaient les avoir à trop bas prix, de ne. pas se plaindre de leurs défauts, et d'y remédier par les moyens que j'ai empruntés à M. Prévost. Cette note n'aura pas non plus d'autre conclusion , et j'espère que M. Desportes pensera que je n'ai pas trop tort. RoussELON. PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE. Nouvel arbre d'ornement. D'un semis du cytise des Alpes ou faux ébénier (crtisus laburnum L.) fait en 1835 ou en 1836, par M. Bertin, horticulteur très-distingué , à Versailles, est sorti un individu qui , depuis six ans, dit M. Ber- tin, fleurit constamment deux fois chaque année; d’abord au printemps, en même temps que ses con- génères, puis en septembre et en octobre. Aujourd'hui (13 octobre 1845), je l'ai vu couvert 1.2 de grappes de gousses nouvellement formées, de fleurs épanouies et de boutons naïssants qui promet- tent une continuation de floraison jusques dans les premiers jours de novembre. La plupart des grappes développées ont de 8 à 16 centimètres de long, quelques-unes même mesurent de 20 à 22 centimètres. La floraison du printemps prochain sera aussi très- _ abondante, car les boutons qui doivent la produire paraissent nombreux. | Cet arbre se distingue de son type : 1° par une végétation notablement moins luxuriante, résultat nécessaire de ses deux floraisons annuelles, ce qui porte à croire qu'il n'acquerra pas d’aussi grandes dimensions; 2° par ses rameaux beaucoup plus courts; 3° par ses feuilles (folioles) plus grandes, - plus épaisses, obtuses, d’un vert moins glauque, plus glabres ; 4 par son abondante floraison d'automne. M. Bertin, convaincu par six années d'observa- tions, que cette nouvelle variété du cytise des Alpes est constante, se propose de la multiplier pour la livrer au commerce sous le nom de cytise d'automne. Le nombre des arbres et des arbrisseaux qui fleu- rissent en été et en automne est encore trop peu considérable pour que celui-ci ne soit pas apprécié et recherché surtout par les propriétaires qui ont le tort de ne penser à séjourner dans leurs propriétés rurales que lorsque les innombrables fleurs qui, en avril et en mai, ornent les bosquets, ont — ment disparu. Prévosr. 13 Multiplication en pleine terre du Paulownia imperialis. I} est certain aujourd'hui que le Paulownia im- perialis que ce journal a fait connaître par une notice de notre collègue M. Neumann, publié dans le n° de mars 1843, p. 173, peut très-facilement être multiplié par boutures de tronçons de racines en pleine terre. Il suffit pour cela de préparer par un bon labour une planche dans un jardin, et d'y planter du 1° au 15 mai des tronçons de racines, longs de 5 à 6 centi- mètres, à environ 15 centimètres de distance les uns des autres. Ces espèces de boutures doivent être plan- tées perpendiculairement et de façon que l’extré- mité supérieure effleure le sol. Ce procédé réussit parfaitement, et déjà les pépiniéristes de Vitry mul- tiplient en grand, par son moyen, cet arbre qui deviendra bientôt très-répandu dans les parcs et les jardins. RousseLon. Emploi de la greffe pour hâter la floraison des plantes. La société d’horticulture del Auvergne , fondée en décembre 1843, et qui asu depuis cette époque accom- plir sa mission avec un zèle RE des plus grands élo- ges sait donner à ses publi Îles un intérêt toujours croissant, grâce aux talents des membres qui la composent. Je me reproche de ne pas lui avoir plus tôt rendu cet hommage qui, pour être retardé, w’en est que plus incontestablement justifié. 14 J'emprunte à l'une des livraisons de son bulletin la note suivante qui m'a paru fort intéressante. Elle est intitulée : Avantage de lu greffe pour faire fleu- rir certaines plantes, par M. Carzier, vérificateur des poids et mesures, à Clermont. « Vous le savez, messieurs, dit l’auteur de cette note, on appelle greffer l'opération par laquelle on rapporte uu végétal sur un autre, de manière à for- mer une plante dont les branches, les fleurs, les fruits , sont d’une ou plusieurs espèces tout à fait différentes de ceux que fournit le sujet ; mais, il faut bien le reconnaître, toutes les plantes ne se prêtent pas à ce genre d'opération , tandis que d’autres , par ce moyen, se multiplient à l'mfini, tels que lés rosiers et presque tous les arbres fruitiers. » Si la greffe améliore le fruit, elle a l’inconvé- nient de nuire au développement des végétaux, qui, lorsqu'ils ont subi cette opération , ne deviennent pas aussi grands , aussi vigoureux , et ne vivent pas aussi longtemps; mais elle a le grand avantage de faire fructifier plus promptement certaines espèces. » C’est ce dernier avantage qui nous a suggéré l'expérience que nous allons rapporter. » L'abutilon Bedfordianum est une plante très- vigoureuse fleurissant très-difficilement, franche de pied... Le sujet que je vous présente est greffé sur un pied de son congénère, l’abutilon striatum ; cette greffe ne date que du printemps dernier. Chaque extrémité de ses branches est garnie de boutons où de fleurs qui se succèdent depuis le commencement de mai dernier ; tandis que les autres sujets que je possède ou que je connais, qui sont francs de pieds, 15 . plus anciens et plus développés que celui-ci, n'ont pas encore fleuri ou ont donné peu de fleurs. » Îl a été greffé à la pontoise. L'opération pour cette greffe consiste à couper horizontalement la tête du sujet sur lequel on veut placer la greffe ; on lui fait une entaille triangulaire, de manière à lui enle- ver les deux tiers de l’aire de Ja coupe du sujet ; cette entaille se continue en descendant dans l’étendue de quatre centimètres en diminuant graduellement de profondeur et de largeur; on taille la greffe de ‘ manière à ce qu’elle remplisse bien l’entaille ; on la place , on l’assujettit par une ligature qu'on enve- loppe avec de la cire à greffer ; l'opération terminée, on la couvre d’une cloche et on la traite comme une bouture. Quinze jours ou trois semaines suflisent pour la reprise de la greffe, surtout si on peut la pla- cer sur une couche tiède. » Cette plante, quoique venant du Brésil, est d'une conservation facile; elle mérite les soins des ainateurs; la fleur prend la forme d’une cloche d’un jaune d’or, veinée et striée de pourpre; elle est plus grande que celle de son congénère le striatum ; elle fait plus d'effet. » En rédigeant cet article, je n'ai eu d'autre intention que celle de conseiller aux amateurs de faire d’autres essais en ce genre. » On ne peut qu'applaudir à cette expérience, et se joindre à l’auteur pour engager les amateurs à mul- tiplier ces sortes d'essais qui peuvent amener des résultats inattendus et intéressants. Car non-seule- ment la grefle, par l'espèce d’altération qu’elle pro- duit sur le végétal, accélère l’époque de sa floraison, - 16 mais encore, dans beaucoup d'arbres ou arbustes, d'ornement, elle donne, par des répétitions succes- sives, plus de volume à leurs fleurs et quelquefois plus d'éclat. C’est donc une nouvelle voie ouverte à la patience des horticulteurs que de rechercher par ce moyen la précocité et le perfectionnement des fleurs, comme on le fait avec tant d'avantages pour nos nombreu- ses variétés de fruits. La grefle en fente ordinaire d’une exécution plus simple que la greffe en fente à la pontoise, est très-convenable pour ces sortes : d'expériences , et comme il serait intéressant de ne pas borner de telles recherches aux arbrisseaux d'or- nement, mais les étendre à la nombreuse et belle série des plantes vivaces, la greffe herbacée pourra être d'un usage fréquent et utile. ” RoussELON. Sur le genre Physostegie. PHYSOSTEGIA, Benruan. Labiat. 504. Envr- LICHER, gen. plant. n° 3641. Famille des Labiées; tribu 9. Stachidées; sous-tribu 1. Mélittées. Caractères génériques. Calice tubulé, ou un peu enfle, campanulé , à dix nervures, à cinq dents ou tronqué, subtrès-entier; corolle à tube longuement saillant, à gorge enflée ; limbe bilabié, la lèvre supérieure subérigée, presque concave , en- tière ou émarginée ; l’'mférieure ouverte, trifide, les lobes arrondis , le médian plus grand, émarginé; qua- tre étamines sous la lèvre supérieure, les deux infé- 197 / rieures un peu plos longnes; filaments sans dents; tl , les loges parallèles pan pèse, style à sommet presque également bifide, les lobes subulés, stigmate terminal, achènes sèches, lisses, etc. — Herbes vivaces de l'Amérique boréale , glabres ou très-peu pubescentes; feuilles sessiles, lancéolées, pointues, à dents aiguës; grappes terminales simples ou subpaniculées , rameuses; co- rolles élégantes, purpurines. Ce genre a été distrait des Dracocéphales (Drace, cephalum), et renferme six à sept espèces. 1. PHysSosTÉGrE DE VIRGINIE. P. Virginiana. BEx- ræam. Dox. syst. Swer., hort. brit. Dracocephalum Virginianum, Lax. Pers. syn pl. Plante vivace émettant plusieurs tiges simples du bas, rameuses, paniculées au sommet, obtusément té- tragones, lisses, glabres, très-peu renflées aux articu- lations, hautes de 6 à 9 décimètres, feuilles opposées, décussées, éloignées, linéaires, sessiles, amincies à la base et au sommet, entières à la base, à denticules aiguës , écartées, creuses en gouttière en dessus, un peu convolutées, trés-glabres; épis terminant les tiges et les rameaux; calice presque cylindrique, à cinq dents courtes, long de 9 à 10 millimètres, ayant à la base une petite bractée un peu plus longue que le pédicelle ; corolle tubulée , d’un rose plus ou moins foncé, longue de près de trois centimètres , opposée, décussée. Introduite en 1683. Ocrosre 1845. 2 18 2. PHYSOSTÉGIE sPÉCIEUSE. P. speciosum. SWETT. br. fl. gard. t. 93. Dracocephalum speciosum : B. Cette plante a beaucoup de rapport à la précédente, dont elle diffère par des tiges un peu moins hautes, presque toujours simples, à mérithales plus rappro- chés , les feuilles plus larges et plus courtes, à dente- lures plus profondes, les calices plus courts, non cy- lindriques, un peu renflés à la base, resserréssous le limbe, à cinq dents courtes, aiguës, les bractées, moi- tié moins longues que les calices; corolles d’un rose plus ou moins foncé, un peu plus grosses et plus lon- gues, Floraison de juillet en septembre. Introduite en 1820. 3. PHysOsTÉGiE DENTIcULÉE. P. denticulatum. B.R. Dracocephalum denticulatum. Air. Kew.Bot. Magaz. Vivace ; beaucoup de rapports aux deux précéden- tes ; feuilles obovales-lancéolées, denticulées au som- met ; fleurs en épis unilatéraux. Originaire de la Ca- roline. Introduite en 1787. 4. Puysosricis Panacnée. P. variegatum. Bor. Rec. Swerr. hort. brit. Dracocephalum denticula- tum. Vexr. hort. Cels. pag. 44, tab. 44. Plante vivace, à tiges droites, sillonnées entre les angles, un peu purpurines, glabres, rameuses, de 4 décimètres; feuilles opposées, les inférieures pétio- lées, les supérieures sessiles, ovales, oblongues, poin- 19 tues , dentées à leur sommet, d'un vert foncé en des- sus, pâles en dessous ; fleurs d’un rouge violet rayé de blanc, droites, sessiles, verticillées par quatre, formant des épis droits, courts, tétragones, terminaux. Fleurit en août. Originaire de la Caroline. Introduite en 1812. 5. Puysosrécre 1mBmIQUÉE. P. imbricata, Do. syst. SwerT. Horr. Brir. et Horr. Paris. 1845. Draco- cephalum Loisianum. Honru. Racines très-traçantes; tiges obtusément tétra- gones, droites, érigées , simples à la base, rameuses paniculées au sommet, lisses, très-glabres, creuses, hautes de 1 à 2 mêtres et plus; feuilles opposées, décussées, sessiles, ovales-linéaires, très-aiguës, acu- minées au sommet, dentées sur presque toute la marge ; les dents rapprochées, très-aiguës, glabres, lisses et luisantes sur les deux surfaces; fleurs en épis, très-nombreuses, opposées, décussées; calice presque sessile, court, turbiné, à cinq dents courtes, pointues; bractées moitié moins longues que les calices; co- rolles purpurines, pâles, petites, longues de 12 à 15 millimètres; la lèvre inférieure plus pâle, ponctuée de pourpre; fleurit en septembre et octobre. Introduite en 1834. 6. Paysosrécre eenrice. P. pulchella. Nosis. Annal. de FI. et Pom. (Voyez la planche.) Plante vivace à racines non traçantes; tiges carrées, à angles saillants, ce qui les rend canaliculées dans les interstices ; les angles souvent rougeûtres, simples, 20 jusqu'au sommet où elles deviennent rameuses, pa- niculées, très-glabres, lisses, hautes de 0,90 à 1 mèt. ; feuilles très-éloignées, surtout au sommet, opposées, décussées , sessiles, presque amplexicaules, ovales- lancéolées , légèrement denticulées au sommet, épaisses, fermes, glabres et lisses ; épis terminaux, les boutons imbriqués sur quatre rangs; calice cylin- dracé, un peu courbe, à cinq dents longues, très- aiguës, acérées, courtement pubescent ; corolle longue d'environ 3 centimètres , enflée, d’un rose blanchâtre en dessus, plus foncé sur la lèvre infé- rieure, en dedans, qui est ponctuée de pourpre; la division médiane de la lèvre inférieure entière. Fleu- rit en octobre. Cette plante est très-distincte de toutes les autres, desquelles elle se distingue, au premier aspect, parses tiges canaliculées ; ses feuilles presque amplexicaules, larges, épaisses et fermes, la forme du calice, de la fleur et sa couleur, etc. Toutes sont de plein air; un terrain léger et frais leur convient , et encore mieux la terre de bruyère, où elles acquièrent une belle végétation; on les muluplie facilement par la séparation de leurs pieds. La cinquième est même gênante par ses dra- geons qui s'étendent quelquefois à plus d’un mètre; J'en ai aussi semé plusieurs fois, et elle reproduit identiquement son espèce , quoique Walspers l'ait réuni à la première, ainsi que les 2°, 3° et 4°. Toutes peuvent servir à l’ornement des plates-bandes , en ayant soin de placer la 5° sur le rang du milieu ou dans les centres des massifs, vu la hauteur qu’elle peut atteindre. Jacques. ORANGERIE ou SERRE TEMPÉRÉE. Caonizème De Dicxson. Chorizema Dicksoni. Paxr. mac. (Voyez la planche, et pour les caractères génériques, page 281 de ce journal, année 1833-1834). Petit arbrisseau à tiges sarmenteuses, brunâtres, à branches et rameaux grêles érigés, verts, un peu velus dans leur jeunesse, ensuite glabres. Feuilles alternes subsessiles, ovales lancéolées pointues, longues de 2 centim. et demi à 3, d’un beau vert frais en des- sus, plus pâle en dessous. Fleurs en grappes termi- nales, lâches ; pédoncules courts, munis à leur base d'une bractée linéaire; calice à divisions aiguës, ac- compagné de deux ou trois bractées linéaires aussi longues que le calice et velues comme lui. Étendard grand , érigé, arrondi, échancré au sommet, d’un beau rouge vif cocciné, marqué à sa base d’une ma- cule obronde jaune serin ; ailes d’un pourpre foncé , carène du même rouge que l’étendard. Cette plante , originaire de la Nouvelle-Hollande, est en France depuis quelques années. Si on l'aban- donne à elle-même, sa végétation languit, et bientôt son aspect devient désagréable. Voici le traitement qu'il convient de lui faire appliquer si l’on veut qu'elle produise tout son effet et devienne un charmant buisson que parent fort élégamment ses grandes et brillantes fleurs. On la cultive en pots de moyenne grandeur, plus profonds que larges et remplis par un mélange de deux ters de terre de bruyère fibreuse et un tiers de terre franche. Le fond du pot doit être garni de gros gravier [27 ou de tessons pour laisser à l’eau des arrosements ur écoulement facile, afin que les racines ne soient pas dans une situation trop humide, ce qu'elles redoutent beaucoup. On la tient en serre tempérée pendant la mauvaise saison, et on a soin de maintenir la plante dans des proportions régulières, en pinçant successi- vement les rameaux qui s’'emportent, et dont le dé- veloppement rendrait la plante irrégulière et dégar- nie par place. On la multiplie de boutures que l’on coupe sur un individu vigoureux et ayant bien fleuri , et on les fait reprendre sous verre en terre de bruyère et sur cou- che tiède. Lorsqu'elles se sont enracinées, on les em- pote une à une dans de très-petits pots, dans le mé- lange que j'ai indiqué plus haut. Selon que l'on veut que la plante prenne un développement plus ou moins grand, on arrête la tige à la hauteur que l’on désire, eu en cassant l'extrémité. Cette opération fait percer des rameaux tout autour de la tige et dans toutes les directions; on les arrête également au point convenable en en pinçcant le sommet, et on obtient ainsi un buisson bien fait et qui se couvre de fleurs. Ce procédé peut faire obtenir d’élégants arbustes nains à tête arrondie et qui, sans s'élever à plus de 15 ou 20 centimètres, donnent beaucoup de fleurs et font un eflet très- gracieux depuis le mois de mai jus- qu'en septembre que peut se prolonger la floraison. RoussELON. 23 Pronay ÉLÉGANT. Pronaya elegans. Hucez Lis. Pittosporées, Juss. ( Voyez caractères génériques , page 350, 1842-1843.) Cet arbuste, originaire de la Nouvelle-Hollande, a la tige grimpante, lisse et de couleur de cannelle pâle. Ses feuilles alternes sont subsessiles, lancéolées, allongées, d’un beau vert lisse en dessus, plus pâle en dessous , leur limbe partagé longitudinalement par une nervure médiane saillante inférieurement, et largement denté. Ses fleurs sont réunies en masse agrégée, au sommet des rameaux. Le calice a cinq divisions linéaires aiguës, et d'une longueur égale à celle des pétales. La corolle a cinq pétales ovales, aigus, dont le limbe est teint d’nn joli rose violacé. Un style et cinq étamines à anthères arrondies. Le genre pronaya a été dédié au baron Pronay, que la Hongrie compte au nombre des amateurs les plus zélés de l’horticulture. C’est une plante fort élégante qui se maintient dans des proportions restreintes. Elle appartient à la serre tempérée. On la cultive en pots que l’on choiï- sit plutôt petits que grands et que l’on remplit d’un mélange de terre &e bruyère, de terre franche des jardins et de terreau de feuilles. Le fond du pot doit être garni d’un lit de gravier pour faire écouler l’eau des arrosements , parce que l’humidité permanente est nuisible aux racines. Ce pronay produit un joli effet lorsqu'on le palisse sur un treillage où ses rameaux se développent en liberté et donnent leurs jolies fleurs. On le multiplie de boutures faites sous verre, en terre de bruyère sablonneuse et sur couche tiède. 24 On le trouve dans les principaux établissements horticoles de Paris, et notamment chez MM. Ryfko- gel, rue de Vaugirard, 125, et Jacquin ainé, route de Bagnolet, 20, à Charonne. RoussELon. BIBLIOGRAPHIE. Manuel pratique de la Culture maraïchère (1), Par Courrois-GÉRARD. (2 édition. J'ai rendu compte dans les numéros de janvier et février derniers de la 1" édition de cet ouvrage auquel j'ai, selon ma conscience, accordé le tribut d’éloges qu'il n'a paru mériter et que l’accueil du public qui en a nécessité la réimpression a confirmés, en même temps que j'ai critiqué quelques détails de peu d’im- portance et qui he pouvaient en rien diminuer le mérite du livre. J'ai sous les yeux aujourd’hui la 2° édition. L’au- teur en a retranché plusieurs plantes qui ne figurent pas dans l'assolement des cultures maraîchères pari- siennes et qui, cependant, me paraissaient bonnes à conserver, puisque leur culture est en usage dans les potagers des maisons bourgevises. De ce nombre sont les chevillettes, le chevis, le chou-marin , le fenouil, (4) Un vol. in-12 avec planches. Prix : 3 fr. 50 €. Paris, chez Yauteur, marchand grainier, quai de la Mégisserie, 14. 25 la lsilles le pissenlit, le scolyme d'Espagne, la té- tragone étalée. En revanche, il y a fait de nombreuses et impor- tantes additions. Je placerai au premier rang le pré- cis des assolements maraîchers suivis dans les marais de Paris dont il a enrichi son chapitre IV. Cette 1n- dication, outre l’enseignement qui en résulte pour les jardiniers qui voudraient la suivre, démontre d'une manière incontestable l’activité qui règne dans ces marais, et quelle masse de produits utiles sait en tirer l'intelligence de leurs cultivateurs. L'auteur en cite plusieurs exemples qu'il a choisis dans chacune des quatre régions de la capitale correspondantes aux quatre points cardinaux. Pour en donner une idée à nos lecteurs, je vais copier l’un d’eux pris dans la région de l’ouest, et établi sur un marais où l’on cultive simultanément des primeurs et de la pleine terre. « Couches. — 1° Vers le 15 décembre, on sème des carottes courtes, hâtives sous panneaux, et l’on plante des laitues petites noires. La récolte des ca- rottes étant terminée dans les premiers jours d'avril, on retourne la couche, et l’on plante des melons à cloches. — En août, on plante deux rangs de choux- fleurs, ou bien un seul rang, et un rang de sca- roles de chaque côté. — Puis en septembre, on sème du cerfeuil, des épinards ou des mâches. Du 20 au 25 juillet, on plante un rang de choux de Vaugirard dans chaque sentier des couches ; » 2e Dans la seconde quinzaine de mars, on plante des melons (sur lesquels on rapporte les panneaux qui étaient sur les carottes), et trois choux-fleurs 26 par panneau, qu’on plante sur le milieu de la cou- che. — Vers la fin de juin, la récolte des melons étant terminée, on plante de la chicorée ou de la sca- role; puis après la récolte des chicorées (fin de sep- tembre), on sème des mâches ; » 3° Dans les premiers jours de janvier, on plante de la laitue petite noire, et vers le 15 janvier six choux-fleurs sous chaque panneau. — Dans la pre- mière quinzaine de mars, après la récolte des laitues petite noire , on plante de la laitue gotte; en mai, après la récolte des choux-fleurs, on retourne la cou- che, et on plante des melons à cloches. — En juin ou juillet, l’on plante des choux-fleurs; en septembre, on sème des mâches ou des épinards ; » 4° Fin de mars, on plante des melons, sur les- quels on rapporte les panneaux qui étaient sur les choux-fleurs. — Vers le 15 juin on plante un rang de choux-fleurs, et après la récolte des melons, dans la seconde quinzaine de juin, on plante des chico- rées ou des scaroles, et, dans les premiers jours d'oc- tobre, après la récolte des chicorées, on sème des mâches. » 5° En décembre on plante de l’oseille ; en fé- vrier on retourne la couche, et l’on plante de la chi- corée; vers la fin d'avril, après la récolte des chico- rées, on retourne la couche, et l’on plante des melons à cloches; en juin ou juillet, on plante un rang de choux-fleurs ; et en septembre, aprés la récolte des melons, on sème des épinards ou des mâches. » 6° Dans la seconde quinzaine de février, on plante une romaine et quatre chicorées sous chaque cloche, et une romaine entre chaque cloche: — Vers la fin d'avril, après la récolte des chicorées, on re- #} tourne la couche, et l'on plante des melons à cloches, puis des choux-fleurs et des épinards, ou des mâches. » 7° Dans les premiers jours de mars, on plante quatre laitues petite noire, et une romaine sous chaque cloche , (pour cela lon prend des cloches qui ont servi à élever les plants de laitues et de romaines). Vers la fin d'avril, après la récolte des romaines, on retourne la couche, et Yon plante des melons à cloches, puis des choux-fleurs et des épinards, ou des mâches. » Cottières (sud). — En février on plante de la romaine verte, et l’on sème du poireau (qu'on laisse en place), avec un peu de carottes ; en août on plante de la chicorée ou de la scarole. » Cottières (est). — En mars on plante de la romaine verte, et on sème des radis ; en mai après la récolte des romaines, on sème du cerfeuil, ét dans les premiers jours de juillet on sème des radis noirs. » Planche n° 1. — En octobre on repique de l'ognon blanc (semé en août), parmi lequel on sème des mâches; vers le 15 juin, après la récolte des oi- gnons , on plante de la romaine blonde , et dans les premiers jours de juillet, on contre-plante de la sca- role, puis un rang de choux de Vaugirard (semés en juin) de chaque côté de la planche ; en septembre on sème des mâches dans la scarole. » Planche n° 2.— En février on sème des carottes demi-longues, et l’on repique de la romaine; puis vers le 20 avril,on contre-plante trois rangs de choux- fleurs. Dans le courant d'août, après la récolte des 28 choux-fleurs, on plante de la chicorée; et vers le 15 septembre, on sème des mâches dans la chicorée. » Planche n° 3. — En février ou mars, on re- pique du poireau (semé sur couche en janvier); à la fin de juin ou dans le commencement de juillet on plante de la chicorée ; dans la seconde quinzaine de juillet on contre-plante trois rangs de choux-fleurs,et en octobre on sème des épinards. » Planche n° 4. — En février, on plante de la romaine verte, qu'on couvre de cloches dans la se- conde quinzaine d'avril; après la récolte des romaines on plante des chicorées, et dans la seconde quin- zaine de mai on contre-plante de la chicorée ; puis dans la première quinzaine de juin on contre-plante trois rangs de choux-fleurs. Dans la seconde quin- zaine de juillet, après la récolte des dernières chi- corées, on donne un labour entre les choux-fleurs, et l'on plante un rang de choux-fleurs dans chaque intervalle ; après la récolte des choux-fleurs , dans le courant de septembre , on sème des mâches. » Planche n° 6. — En décembre on plante des choux d’York (semés en août), et en mars on contre- plante trois rangs de choux-fleurs ; après la récolte des choux-fleurs (fin de juin, commencement de juillet), on sème des radis noirs. » Cette citation donne, je le répète, une idée du tra- vail incessant de nos maraîchers, et en suivant dans l'ouvrage les autres exemples qu'il en donne, on a le tableau de l’assolement complet qui peut être établi dans un jardin potager, avec les modifications qu'y 29 doivent introduire le goût et la volonté des proprié- taires. Le chapitre 9 qui a pour objet la culture des plantes potagères, a été refait en entier, et ces dernières y sont rangées dans un ordre méthodique, que n'offrait pas la première édition, et qui facilite l'intelligence du travail qu’elles exigent. On reconnait que l'auteur n’a rien négligé pour améliorer son œuvre, et l’on peut lui prédire un succès croissant. Roussecon. Sur le Cours théorique et pratique de la Taille des arbres fruitiers, Par D’ALBrer. C'est une chose fort curieuse que d'étudier avec soin les œuvres de nos auteurs économiques qui ont le plus de réputation. Ainsi, müû par cette pensée qu'il n’y a point de mauvais livres, et qu’on peut toujours recueillir quelque chose de bon dans les plus médiocres , je lis, autant que cela m'est possible , tout ce qui s'écrit sur la grande et la petite culture. C'est ainsi qu’en parcourant la 5° édition du Cours théorique et pratique de la Taille des arbres frui- tiers, par D’Albret (qui s’appelait Dalbret à la 1° édi- uon ), je me suis trouvé en présence du chapitre 3 qui a pour titre : Des tailles anciennes et hétéro- clites. Le $ 1 surtout m'intéressait, parce qu'il porte pour désignation : Résumé de la taille à la Quin- tinie, à la Montmorency et à la Montreuil. 30 Je connais la taille à la Quintinie ou à la française ; je n’ai jamais entendu parler de celle à la Montmo- rency, et j'ai vu de près celle à la Montreuil. Or, j'é- tais curieux de connaître le jugement que portait de cette dernière cet auteur, qui paraît faire loi auprès d’un certain nombre de cultivateurs. Eh bien! voici la copie textuelle de ce paragraphe : « Parmi les différents modes de tailles que le cé- lébre professeur André Thouin a réunis dans l’école d'agriculture du Jardin du Roi , sous ce chapitre Je mentionnerai tous ceux qui m'ont paru pouvoir être de quelque avantage aux cultivateurs et utiles à leurs méditations. Quant aux tailles qui sont connues sous la dénomination de taille à /a Quintinie ,à la Mont- morency, à la Montreuil , cette dernière, qui n'est qu’une amélioration des deux précédentes, a été préconisée par une foule d'auteurs, qui n’ont pas craint d'avancer que la méthode de Montreuil était préférable à toutes celles connues. Cependant , il faut convenir que les cultivateurs de ce pays n’ont rien gagné pendant plus d’un siècle. Les éloges qu’en ont faits l'abbé Roger Schabol, Le Berriais, De Combe (1), Batret, etc., ont pu être mérités lors de l'apparition de ces divers écrivains ; maïs l'école nouvelle les a dépassés pour longtemps. Cependant, depuis quel- ques années , on remarque un petit nombre dejeunes gens qui ont amélioré le système de leurs pères. Es- pérons que les connaissances de physiologie végétale qu'ils acquièrent chaque jour, en lisant quelques ou- vrages modernes dont quelques-uns ont reconnu le (4) L'auteur a voulu dire De Combles. RP cad As VPN de Sd OR ES EL LÉ tie. 777 ie EE ttitf né nn 35 mérite, leur donneront la facilité de rétablir la ré- putation d'un pays qui servit de régulateur à une foule de cultivateurs et d'auteurs distingués du der- nier siècle. » On conçoit qu'après une pareille lecture je devais être singulièrement édifié sur la méthode de Mon- treuil ; heureusement j'avais pu m'en former une idée complète sur les lieux, et apprécier un système qui , pendant si longtemps , a tenu le premier rang et est encore aujourd'hui le plus usité à Montreuil , où les procédés de M. D’Albret ont fait peu de pro- sélytes, et où néanmoins une masse de pêches est produite chaque année pour les besoins de la capitale, qui paie en beaux deniers comptants l’industrie des Montreuillois. M. le comte Lelieur critique aussi amèrement, dans sa Pomone française, la culture du pêcher à la Montreuil , mais au moins il en signale les défauts. Seulement le reproche que je lui ferai, c'est de n’avoir parlé que des vices de la méthode, sans avoir indiqué ses avantages lorsqu'elle est suivie avec soin. La eri- tique, on le sait, est plus facile que l’art, et tel qui n’a rien trouvé à louer dans cette forme, ne la con- nait pas assez pour l'apprécier. Toutefois , il a cité MM. Lepère et Malot corame ayant introduit la taille en espalier carré, qui peut être offerte en modèle aux cultivateurs, plus avides de perfectionnement qu'on ne le dit. Mais, pour en revenir à M. D’Albret ou Dalbret, je lui rappellerai que les communes de Montreuil, Bagnolet et Charonne, sont le berceau de la culture du pêcher. C’est là qu’est née l’idée de supprimer le canal direct de la séve , et d'ouvrir à son cours deux 32 routes parallèles qui,en multipliant les canaux qu'elle a à parcourir, Ont calmé sa fougue et assuré des pro- ductions plus régulières. Toutes les formes adoptées depuis sont des modifications plus ou moins heureuses de leur procédé, et on doit leur savoir gré d’avoir, les premiers, su donner à cet arbre une forme agréable à la vue et favorable à la production des fruits. Au reste, le nombre des excellents cultivateurs dans ces communes est bien plus considérable que ne le croit M. D’Albret, et tout en adoptant ce qui peut leur être avantageux dans les connaissances acquises sur la manière de diriger le pêcher, et tout en multipliant chez eux la forme carrée qui leur appartient aussi, je leur conseillerai de conserver constamment sur leur territoire quelques beaux exemples de l’ancienne taille à la Montreuil. Ils serviront à prouver qu’elle est moins défectueuse qu’on le prétend, et seront un hommage à l'intelligence de leurs ancêtres, dont le mérite est assurément, à mon avis, bien supérieur à celui de certains personnages auxquels il a failu écou- ter, pendant plus de 20 ans, des lecons constamment répétées avant d’être en état de les reproduire avec leur simplicité et leur pureté primitives. Ces modèles serviront encore, non à rétablir la réputation de Montreuil, qui n’a jamais décliné , mais à la maintenir sur ce point, en même temps qu'elle grandit chaque jour par les travaux de quelques-uns de ses enfants, qui sont fiers de lui en rapporter tout l'honneur. RoussELON. et ap re ana ERRALES DE FLORE ET DE POMONE. PLANTES POTAGÈRES. Instruction sur la culture du Chou marin, Crambe muritima. La CRAMBÉ MARITIME, chou marin, Crambe ma- ruima, Lin., de la tétradynamie siliculeuse de Lin. et de la famille des crucifères de Jussieu, a pour ca- ractères génériques un calice de quatre PGI ovales oblongues, caduques ; quatre pétales, ovales, obtus, Ouverts au sommet; six étamines, dont quatre plus grandes , ayant leurs filaments fourchus au sommet, une des branches portant l'anthère, et ayant en outre une glande de chaque côté de leur base; un ovaire supérieur, oblong, dépourvu de style et à stigmate un peu épais; une silicule globuleuse, Le caduque, uniloculaire, renfermant une seule semence arrondie, quelquefois deux. La crambé maritime est vivace; elle croît spontané- ment sur les côtes de la mer, dans l'Europe méridio- nale. Elle a les feuilles très-grandes , ovales, sinuées, frangées, crépues et épaisses. Cette plante, d’abord cultivée en Angleterre , l’est encore peu en France, où cependant elle commence à l'être davantage, et où il serait à désirer qu’elle se répandit, à cause des ressources qu’elle peut présenter pour les Di nos NovemBre 1845. 34 culinaires à une époque de l'année où les légumes frais sont rares. Les jeunes feuilles et les tiges nouvelles qui se dé- veloppent chaque année sur les racines vivaces et que l'on fait blanchir en les privant d'air et de lumière constituent son produit. On multiplie la crambé par le semis de ses graines ou de boutures. La terre qui lui convient le mieux est une terre saine, profonde, convenablement amendée et fumée et assez légère pour ne pas retenir l'eau. Le semis se fait de diverses facons, sur couche tiède, sous châssis ou sous cloches, en petits pots, ou dans le terreau de la couche, ou en pleine terre en pépinière ou en place. Semis sur couche tiède. On sème en février sur le terreau d’une couche tiède les graines de crambé, en assez grande quantité par rapport au nombre de plants qu'on veut avoir, parce que toutes les graines ne lèvent pas. Ce semis se fait en rayons. La couche est recouverte d’un chässis et défendue contre le froid par des paillassons et de la grande litière. Lorsqueles plants ont poussé deux feuilles au-dessus des cotylédons, on les repique par deux dans de petits pots que l’on tient sous châssis jusqu’en avril, pour être mis en place dans les premiers jours de mai. La conservation de ce plant n’exige pas d’autres soins que des bassinages de temps à autre, pour en- tretenir de la fraicheur, en prenant attention de ne pas provoquer une trop grande humidité, qui lui est tout à fait nuisible, D'autres sèment trois ou quatre graines dans de petits godets qu’ils enterrent dans le terreau de la couche tiède sous châssis, et qu’ils rempotent par deux RE no mm nn an os 35 dans d’autres pots lorsque le plant a pris deux feuilles . Le premier procédé est le plus simple, le moins em- barrassant, et réussit très-bien. Au reste, le semis sur couche tiède n’a pas d’autre avantage que d'avancer le plant qui se trouve en état d’être repiqué en place au moment où l’on fait le semis en pleine terre. Sernis en pleine terre. Il peut se faire de deux manières, en pépinière ou en place. La première de ces deux pratiques est celle qu'il faut préférer. En pépinière. De mars en mai, suivant les loca- lités plus ou moins méridionales, on trace des ri- goles espacées entre elles de 33 centim., et on y sème les graines plutôt en quantité surabondante que moindre, à cause de la stérilité de beaucoup d’entre elles; on recouvre le semis de 25 millim. de terreau ; on arrose chaque fois qu'il en est besoin jusqu’à la levée du plant, et on continue de prendre le même soin à l'égard de celui-ci. Si le plant a levé trop épais, on l'éclaircit de façon à ce qu’il n’en reste sur chaque rang qu'un pied tous les 16 centim. Le plant éclairei peut être repiqué ailleurs. Durant l’été, on sarcle et on bine au besoin. Lorsque les gelées sont immi- nentes, c'est-à-dire de la fin d'octobre au 15 de no- vembre, on dépouille le plant de toutes ses feuilles, qui sont alors mortes ou languissantes, et l’on charge les rigoles de 5 centim. de bon terreau. Si durant l'hiver les gelées devenaient intenses, on ferait bien de jeter sur les planches une couverture de grande litière ou de feuilles sèches. En mars suivant, on découvre et on relève le plant pour le replanter en place. Pour cela on a préparé une ou plusieurs plan- ches selon le besoin. Le sol doit en être profondé- ment labouré et amendé, de facon à le rendre plus 36 léger, ce qu’on obtient en y mélangeant un terreau peu consommé. Sur les planches ainsi disposées on plante les crambés à 50 centim. l’une de l’aatre, sur des rangs espacés entre eux de 66 centim. Une fois la plantation faite, on la terreaute: ensuite elle n'a plus besoin jusqu'à l'automne que de quelques arro- sements et binages. À cette époque on épluche tous les pieds, en enle- vant les feuilles gâtées ou mortes, et on charge les planches d'environ 10 centim. de terreau. Dans le cas de gelées intenses, on couvre comme je l'ai dit pour le plant de première année. Au printemps sui- vant, tout ou partie des pieds est bon à faire blanchir: Cette opération consiste tout simplement à priver le plant de lumière et d'air par le moyen le plus ap- proprié dont on pourra disposer. Aïnsi, les uns se contentent de butter chaque pied soit avec la terre même de la planche, dont ils forment une butte en taupinière qui le dépasse de 5 centim. environ; d’autres les couvrent de terreau ou de sable de ri- vière. Îl en est qui renversent sur chaque plant un pot en terre dont ils bouchent le trou du fond.et dont ils entourent les bords, appuyés sur le sol, d’un petit bourrelet de terre; et ce moyen fort simple n’est pas à dédaigner, parce que les jeunes pousses s y maintiennent plus propres. C’est ordinairement vers la mi-février qu'on s'occupe de faire blanchir ainsi les jeunes pousses de chou marin. On commence par découvrir, ensuite on butte ou couvre chaque plant par l'un des moyens que je viens d'indiquer, puis on plante auprès de chaque pied un piquet pour en re- connaître la place, et assez haut pour dépasser la couche de litière ou de feuilles sèches dont on couvre AR, re RE MT LRU ee Pr TER D ANNEE VU) CE TIPE 37 toute la planche. M. Habire père, jardinier en chef de M. le comte Molé, dans une excellente notice sur la culture du chou marin qu’il a publiée dans le bulletin du Cercle général d’horticulture , indique pour faire blanchir « des boites en bois blanc de forme pyramidale , ayant de 30 à 40 centim. de dia- mètre à la base, de 18 à 20 à l'extrémité supérieure, et pourvues d’un couvercle mobile, afin de laisser commodément voir lorsque les choux seront bons à cueillir, sans déranger la couche jusqu'au sol. La hau- teur totale de ces boîtes ne doit pas dépasser 25 à 30 centim. » Cette méthode , qui est celle des Anglais, est in- contestablement la préférable , mais la plus coûteuse. En place. Si au lieu de semer en pépinière, on voulait semer immédiatement en place, il faudrait préparer, de la même manièreque pour le repiquage du plant venu en pépinière, les planches sur lesquelles on voudrait faire son semis. Sur des rangs espacés de même de 66 centim., on dispose, à 50 centim. les uns des autres, des petits augets circulaires de 10 centim. en diamètre, dans chacun desquels on dépose de cinq à six graines. On terreaute chaque fossette après le semis et on arrose. Lorsque le plant est poussé, on ne laisse dans cha- cune que le plus fort, et si quelques lacunes existent dans la planche on les remplit en repiquant les pieds les plus vigoureux qu’on a levés des fossettes où il en est poussé plusieurs. Quelques personnes trouvent plus avantageux de laisser deux ou trois pieds grou- pés dans chaque fossette, mais alors il faut que ces groupes soient espacés de 66 centim. dans les rangs , et prendre le soin de semer davs chaque auget de dix 38 à douze graines. Ce plant est soigné ensuite comme je l'ai dit pour le semis en pépinière, excepté le repi- quage qui n’a pas lieu, et c'est également à la troi- sième pousse , deux ans après le semis, qu'on com- mence à faire blanchir. Multiplication par boutures de racines. Lors- qu’on possède des choux marins faits, on peut facile- ment les multiplier par boutures de racines en pleine terre, en pépinière ou en place, en remplaçant les graines par des tronçons de racines. Celles-ci, qui sont longues, épaisses et charnues, reprennent très- bien en les coupant par morceaux de 8 à 10 centim., que l'on plante verticalement dans du terreau con- sommé, le gros bout en haut et affleurant le sol. Pour obtenir les racines, on les coupe avec le fer de la bêche enfoncé verticalement à 25 ou 30 centim. du pied, parce que ces racines tracent entre deux terres; on les divise, et on a ainsi des boutures de la grosseur d’une plume à écrire jusqu’à celle d’un doigt. Si on a fait des boutures en février, il faut les planter dans des pots remplis de bon terreau , de facon que le petit bout soit à 2 centim. du fond et le gros bout au niveau de Ja terre. On enterre les pots dans le terreau d’une couche tiède et sous châssis, où elles ne tardent pas à émettre un bourgeon et de nou- velles racines. Elles sont bonnes à mettre en place d'avril en mai, et elles produisent la même année des plantes vigoureuses qui sont en état d’être blan- chies au printemps suivant. Si on fait les boutures en avril, époque de la ré- colte naturelle des crambés, on peut les planter en plein air sur une planche dont la terre a été bien ameublie, et que l'on terreaute après leur plantation: RES ir 39 Cette méthode, toutefois, retarde la production des plantes, qui ne sont généralement en état d'être blan- chies qu’au second printemps. Par la culture telle que je viens de Findiquer, le chou marin donne ses produits dans sa saison natu- relle, c'est-à-dire en mars et avril; mais il est facile de hâter sa production par une culture artificielle dont je vais décrire les principaux moyens. Culture artificielle. On peut obtenir des crambés dès le mois de janvier, en buttant et couvrant les plants comme je l'ai dit précédemment, ensuite on couvre toute la planche de 50 à 6o centim. de fu- mier long, et on l'entoure d’un réchaud en fumier neuf. On place dans la longueur de la planche une forte gaule, soutenue de distance en distance par des piquets à fourche, et on étend sur cette gaule des paillassons qui garantissent de la neige et de la pluie. La chaleur fait développer en trois ou quatre se- maines les jeunes pousses, qui sont bonnes à récolter. Quand on a l'intention de forcer les crambés sur place au moyen de chàssis, on plante les pieds plus rapprochés que dans la culture ordinaire. On les dis pose en échiquier sur trois rangs, sur une planche de 1 mètre 33 centim. Lorsque l'on veut chauffer, on creuse autour de la planche une tranchée de 33 cent. de profondeur sur 66 de Jargeur, on butte les pieds autour du collet, on pose les coffres par-dessus, et on remplit les tranchées avec du fumier neuf qu'on élève à la hauteur des coffres. On a soin, si les châssis sont vitrés, de maintenir constamment dessus assez de paillassons ou de grande litière pour produire une obscurité complète sous le coffre. On conçoit qu’au lieu de châssis vitrés on peut très-bien couvrir les 40 coffres avec des planches, pourvu que celles-ci soient suflisamment jointes pour que ni l'air ni la lumière ne s'infiltrent au travers de leurs fentes. Voici comment M. Mabire, dans la note sur le chou marin que j'ai citée plus haut, explique la ma- nière dont il opère le blanchiment par le moyen des boîtes qu'il emploie : « Vers la fin de décembre, dit-il, ou dans les pre- miers jours de janvier, par un temps sec et serein (car l'humidité serait très-préjudiciable à la récolte), je retire toute la litière; je visite et nettoie de nouveau chaque pied , que je couvre d’une boîte telle que je viens de la décrire, dont je garnis bien le fond de 3 ou 4 centim. de terreau bien meuble (je préfère le terreau de feuilles), et de manière à le boucher bien hermétiquement et à former une petite butte autour de la base de chaque chou. Je pose ensuite le cou- vercle,, et je remplis tous les intervalles des boîtes de feuilles ou de fumier court , en ayant soin que ce der- nier ne soit ni humide ni trop consommé. Cette gar- niture est légèrement foulée, et doit dépasser le cou- vercle de 25 à 30 centim. » J'établis ensuite un réchaud de bon fumier neuf sur une épaisseur de 30 à 35 centim. à peu près jus- qu’à la hauteur des boîtes, et je le termine en dos d'âne. Je couvre le tout de litière ou de paillassons pendant les grands froids. » Quelques jours après la confection de la couche, je la sonde pour en connaître la chaleur, qui ne doit pas dépasser 10 degrés (Réaumur). Dans le cas con- traire, il faudrait remanier le réchaud et le dimi- nuer par un mélange de vieux fumier. Si la chaleur était au-dessous de ce taux , il faudrait ajouter à la 41 couche un peu de fumier neuf pour y atteindre, Une plus grande somme de calorique tuerait les choux marins, en les faisant végéter trop fortement en temps contraire. » Environ trois semaines ou un mois après, les choux marins doivent être bons à cueillir. Quelques jours avant ce moment, il faut examiner . chaque boîte , afin de ne pas permettre aux plantes de trop s'allonger et de montrer leurs fleurs. » Une planche de 60 pieds de choux marins suf- fira pour une récolte par semaine, en ne chauffant que la moitié de la planche environ. » Telles sont les pratiques au moyen desquelles on obtient des crambés en hiver et au printemps. Les jardiniers anglais ont imaginé un procédé pour en obtenir aussi en été. Ce procédé consiste tout sim- plement à suspendre Ja végétation des crambés sans trop leur nuire, jusqu’au moment où, en leur don- nant les soins incessants d’une culture suivie, on les amène à produire leurs bourgeons. Voici comment on agit. Au printemps on remplit des paniers larges de 50 centim. et profonds de 33 c., d’une terre compo- sée par tiers de vieux terreau de couche , de sable et de la terre du potager. On enterre ces paniers dans le sol , et on y plante trois pieds de crambés élevés en pépinière. On les laisse ainsi toute l’année en leur donnant des soins analogues à ceux que j'ai pres- crits pour ces plantes repiquées. A la fin de février suivant, on lève tous les paniers et on les range sous un hangar exposé au nord. La terre des paniers se dessèche, et on n’y entretient, par delégers bassinages, que tout juste l'humidité nécessaire pour que les 42 plantes ne périssent pas. Dans cet état, en effet, elles restent languissantes , et n’émettent que des pousses rares, faibles et étiolées. Au mois de mai, et successivement jusqu'en août, on choisit le nombre de paniers nécessaires , on ôte la terre du dessus jusqu’au collet des plantes qu'on met à nu, on coupe toutes les tiges étiolées, et on recouvre immédiatement de 5 centim. de bon ter- reau ; on fait, dans une planche bien ameublie par un bon labour, des trous aux distarces indiquées pour la plantation en place, et après avoir ôté le panier sans rompre la motte, on en dépose une dans chaque trou. On nivelle le terrain que l’on terreaute légèrement, et on arrose copieusement. On continue à donner de fréquents bassinages jusqu'au moment où la végétation recommence : alors on couvre pour faire blanchir les jeunes pousses que l’on récolte suc- cessivement. Si l’on veut sacrifier les crambés , on coupe les bourgeons jusqu’à épuisement complet , sinon on laisse quelques pousses , on découvre et on les laisse végéter jusqu’à l'approche des gelées. Récolte des crambés. Lorsque les crambés ont formé de jeunes pousses , toutes de 12 à 15 centim., on en fait la récolte pour les livrer à la consomma- uon. Pour cela on les coupe à quelques millimètres au-dessus de leur collet. J'emprunte encore à la note de M. Mabire sa mé- thode de récolter les choux marins, parce qu’elle renferme des observations utiles. « On a prétendu, dit-il, qu'il fallait toujours cOu- per les choux marins à la base du pied ou de la pousse ; Je ne puis recommander ce procédé que pour les choux de première ou de deuxième année, parce 43 qu’en raison des coupes réitérées ils formeraient des têtes sujettes à la gerçure , et que l'humidité détrui- rait en en causant la carie. De plus, et toujours par ce procédé, les pousses étant inégales , on ne pour- rait les couvrir également de terreau ; celles du bas seraient trop chargées , et celles du haut, plus ou moins découvertes, pousseraient violettes , ce qui est un inconvénient. Pour éviter ce désagrément, je coupe mes choux à quelques millimètres au-dessous de la tête , de sorte qu'après la récolte tous mes pieds ont une égale hauteur, ce qui me permet de dresser mon terrain convenablement et commodé- ment. Je les couvre de feuilles ou de ass et je les laisse ainsi passer l'hiver. » En avril ou en mars , les choux recommencent à végéter ; j'enlève toute la couverture, je déblaye chaque individu. Tous poussent de la tête et du pied divers jets, parmi lesquels je choisis les plus vigou- reux, au nombre de 6 ou 8, selon la force des indi- vidus, et je détruis le reste , afin que ceux que je laisse puissent croître sans se gêner les uns les autres. » Je surveille de temps de temps chaque pied pour en supprimer encore les pousses inutiles, je bine et j'arrose au besoin , selon l’état de l’atmo- sphère, » On conçoit que, pour qu’une planche de crambés dure aussi longtemps que possible , il ne faut pas épuiser complétement les plantes en exigeant d’elles des produits outre mesure. C’est pourquoi ; lorsque la récolte est terminée, on découvre les plantes, si la saison le permet, ou , si on récolte en hiver, il faut laisser sur elles, jusque après les froids, une litière 44 suffisante pour les garantir des gelées. On l'enlève alors, on donne un binage à toute la planche, et bien- tôt les crambés développent de nouvelles pousses qui suivent le cours normal de la végétation. Uneplanche de choux marins peut rester en rapport pendant au moins six ans. Elle dure davantage , selon qu'on lépuise moins à chaque récolte, et qu’on entretient mieux sa fertilité par un terreau plus substantiel. M. Mabire dit que les crambés qu'il cultive n’ont pas moins de neuf ans, et sont en pleine végé- tation. On vient de voir que les moyens de cultiver le chou marin sont susceptibles de beaucoup de modi- fications, et que l'intelligence du cultivateur doit approprier aux localités et à ses besoins les procédés indiqués. La crambé a un ennemi redoutable dans l'a/tise bleue, peut-être plus connue sous le nom de fiquet. Cette espèce de coléoptère attaque les plants nais- sants, dévore ou perfore leurs lobes séminaux, et en détruit un très-grand nombre ; elle n'épargne pas davantage les jeunes plantes, de façon que, pendant trois ou quatre mois , les crambés sont la proie des altises, si on ne trouve pas un moyen de les en dé- barrasser. Celui qui réussit le mieux est de tamiser des cendres sur les feuilles pendant qu’elles sont en- core imprégnées de rosée ou humides de l'eau des arrosements. Les choux marins sont beaucoup plus cultivés en Angleterre que chez nous , où les maraîchers sem- blent les dédaigner, sans peut-être avoir essayé d’en faire adopter l'usage en en présentant sur les mar- chés. Aussi n'est-ce que dans les potagers des mai- 45 sons opulentes que l’on en voit cultiver. Cependant ce sont des plantes qui produisent à une époque où les légumes frais sont rares, et dont on peut presque à volonté avancer les produits , et en faire la récolte au cœur de l’hiver. J'ai dit que l'on mangeait les jeunes pousses que le chou marin produisait tous les ans ; 1l est à remar- quer que celles qui résultent d’une culture artifi- cielle, c’est-à-dire que l’on cueille avant l'époque naturelle de leur production , sont d’un goût plus fin et plus agréable et sont moins imprégnées d'a- mertume. Cependant les bourgeons et jeunes feuilles qu’on coupe en mars et avril perdent assez facile- ment leur saveur amère si on les fait blanchir à Veau bouillante avant de les faire cuire, ce qui n’exige que quelques minutes. Il est essentiel de les consommer très-près du moment où ils sont coupés, et de ne pas leur laisser prendre un trop grand dé- veloppement. On mange les crambés cuites dans l'eau comme les choux-fleurs, et assaisonnées comme eux, soit avec une sauce blanche ; soit , selon la mode anglaise, simplement sautées au beurre. Leur saveur, en par- ticipant de celles de l’asperge et du brocoli, a ce- pendant son goût particulier qui plait assez généra- lement. Roussezo. 46 Note sur l'emploi des racines de la chicoree sauvage améliorée. Nous devons à la persévérance et aux expériences réitérées de M. Jacquin aîné une amélioration très- sensible de la chicorée sauvage. Il est arrivé à en faire une salade d’un mérite au moins égal à la sca- role, de même que M. Vilmorin a réussi , par des semis successifs , à faire de la carotte sauvage une racine charnue et succulente. M. Jacquin aîné, après avoir donné, en 1844, à la Société royale d'Horticulture, un rapport très- instructif sur les essais qu'il a faits pour convertir les feuilles minces et longues de la chicorée sauvage en feuilles plus courtes, mais plus larges, plus char- nues et rapprochées les unes des autres, comme dans la scarole, avait donné à cette variété obtenue par la culture le nom de chicorée sauvage améliorée. On conçoit parfaitement que ces essais ont été longs et répétés pendant plusieurs années; ils ont donné diverses variétés, dont quelques-unes quoi- qu'à feuilles plus larges et plus courtes que celles du type, ou à feuilles maculées ou tachetées de brun pourpre, ne pommaient pas encore. Enfin ce dernier résultat a été obtenu, et les feuilles de cette chicorée, mangées en salade ou cuites, n’ont pas l'amertume de celles de leur type, et se rapprochent par le goût de celui de la scarole. Pendant l'hiver dernier, j'ai employé des racines de la chicorée sauvage améliorée pour faire une sa- lade d'hiver analogne à celle qu'on obtient, sous le nom de barbe de capucin , des racines de la chicorée 47 sauvage. J'avais des bordures de cette plante que je fis arracher en novembre et mettre à la cave dans du sable fin et d’autres dans des caisses , le tout en rayons assez près les uns des autres. Les jeunes feuilles n’ont pas tardé à pousser, mais, au lieu de prendre en se développant une teinte d'un jaune pâle, comme on le voit chez les pousses étiolées de toutes les plantes, elles ont conservé des teintes pourpres ou rouges d’une nuance plus ou moins foncée et ré- pandues çà et là sur leurs diverses parties. Cepen- dant il en est quelques-unes qui sont entièrement jaunes, mais en très-petit nombre. Lorsque ces feuilles sont coupées ét réunies, elles ont un aspect des plus agréables et qui leur donne une certaine ressemblance à la romaine sanguine ou panachée. Mangées en salade , elles n’ont en aucune façon amertume si prononcée de la barbe de ca- pucin ; leur goût se rapproche de celui de la scarole, mais elles sont infiniment plus tendres que cette dernière. Je conseille donc de cultiver cette plante en grand, parce qu'elle donnera des résultats satisfaisants. Chacun peut aussi faire disposer dans une cave un emplacement pour y planter de ces racines horizon- talement ou verticalement, soit dans des caisses ou des baquets remplis de sable fin et frais, et même de terreau pur, et se procurer ainsi une salade saine et agréable, sans dépense et sans soins. Péprx. 48 PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE. Sur l'époque la plus favorable à la reprise des boutures d'arbres, faites en pleine terre , à l'air libre. Dans tous les ouvrages où l'on a traité de la pro- pagation des arbres et arbustes par le procédé des boutures, on voit que le printemps est désigné comme l'époque la plus favorable au succès de cette opéra- tion. Cependant l'expérience qui est résultée pour moi de nombreux essais et observations faits depuis quelques années m'a démontré que cette saison était loin de produire l'effet qu’on lui attribuait, et que les boutures de la plupart des arbres et arbustes de pleine terre réussissaient infiniment mieux lorsqu'on les faisait en automne. J’ai remarqué, en eflet, que les bourrelets ou glandes corticales étaient, dans le plus grand nombre , formés avant l’hiver autour de l'aire de la coupe, c’est-à-dire entre le bois et l'écorce, et que les radicelles , et enfin les racines , ne tardaient pas à se développer avec une assez grande facilité. Au contraire , les boutures faites au printemps sont sou- vent altérées par la sécheresse et les hàles qui règnent assez ordinairement dans cette saison ; l'écorce des rameaux se ride et se dessèche, et quelquefois même les bourgeons naissants périssent en peu de temps au contact d'un air vif et desséchant. Presque toujours alors, sous l'influence de circonstances atmosphé- riques semblables qui absorbent toute l'humidité, les 49 rameaux qui n'ont point encore pu développer d'or- ganes propres à les alimenter, se dessèchent compléte- ment, eton perd ainsi plusdes trois quarts des boutures. J'ai été conduit à penser que, dans cette opération, l'automne devrait être préféré au printemps par l'examen des greffes ou rameaux que l'on coupe en hiver dans les pépinières, et que l’on enterre aux deux tiers pour les conserver le plus longtemps possible, afin de s'en servir au printemps, et même an commencement de l'été, alors que les feuilles sont développées, pour enter les arbres fruitiers, forestiers ou d'agrément. On sait que, dans les pépinières où les greffes se font par milliers , il n’est pas rare de voir cette opération retardée par les plantations et les autres travaux du printemps. Les grefles, au lieu de souffrir de ce retard, n’en réussissent que mieux, pourvu cependant que les rameaux à greffer aient été conservés frais, sans altération, et n’aient pas encore poussé de feuilles, ce qui d’ailleurs arrive rarement lorsqu'on a eu la précaution de les enterrer conve- uablement, jusqu’à la moitié de leur longueur, à une exposition septentrionale, et en les abritant du soleil et du grand air. J'ai vu souvent qu'après avoir em- ployé ce dont on avait besoin pour les grefles, le sur- plus des rameaux restés dans cet état s'enracinait pres- que toujours versla fin de l’année et sans aucun soin. Je peux citer pour exemple des ponumiers, poiriers, frênes, ormes, pruniers, cerisiers, coignassiers , Bé- fhers, etc., enracinés de cette manière, où qui avaient formé des bourrelets très - développés et couverts de glandes prêtes à émettre des racines. Déjà, pour quel ques espèces d’arbres et arbustes, notamment les r0- siers-du Bengale, des quatre saisons etautres , la mul: NoveuBre 1845. 4 50 tiplication s'opère en grand dans les pépinières au moyen de boutures qui se font en août et sep- tembre. On donne ordinairement à ces boutures une longueur de 16 à 24 centim., on en coupe la base horizontalement avec une serpette, et on les plante dans des rigoles faites à la houe ou à la pioche, en les enterrant jusqu'aux deux tiers de leur longueur, et ne laissant sortir que les deux ou trois derniers yeux supérieurs, On comble les rigoles avec la terre quien est sortie, et on la foule avec le pied le long des boutures, pour qu'il ne reste pas de cavités par les- quelles l'air pourrait venir les dessécher. Je n'ai pas besoin de dire qu'après cette plantation, elles ne reçoivent pas d'autres soins que quelques binages. Cependant, ainsi traitées, elles ont souvent émis des racines avant l'hiver, et, à l’automnesuivant, lesscions qui se sont développés ont communément une hau- teur de 50 à 60 centim., et se vendent alors par bottes pour être mis en pots ou en pépinière. Il m'est arrivé maintes fois de mettre à l'automne en terre, pour en faire des boutures au printemps, des branches de plusieurs espèces de peupliers d'Amérique, et autres arbres, et de les trouver, au moment de m'en servir, déjà garnies à leur base de racines très-développées, tandis que des branches coupées en février ou mars se desséchaient pour la plupart et ne reprenaient qu’en petit nombre. Ainsi, en bouturant en août et septembre les ginkgo, houx, buis, if, cèdre, genévrier, cyprès chauve, coignassier, chèvrefeuille, platane , chalef, les sureaux d’Amé- rique , etc., On est presque assuré de réussir complé- tement. J'ai fait à plusieurs reprises des boutures de groseillier épineux au printemps, et bien que cet a Of arbuste soit d'une reprise facile, la réussite ne:se réalisait que pour un très-petit nombre. Les boutures de ce même groseillier faites à l'automne sont pres- que toujours enracinées aux mois de novembre et de décembre, et ce n’est que très-rarement qu’elles succombent. Il est bon de faire remarquer que les boutures d'arbres en pleine terre doivent, pour réussir, être enterrées assez profondément. Les rameaux de 3o ou 40 cent. doivent être enfoncés en terre de moitié.et plus. S'il s'agit de bouturer des plançons d’un à trois mètres, 1l faut faire , avec un avant-pieu , le trou pro- fond de 50 à 6ocentim. pour les premiers, et d'un mètre à un mètre et demi pour les autres. Il en ré- sulte.que si la partie supérieure du plançon vient à se dessécher, la partie enterrée conserve sa fraîcheur, et produit au niveau du sol, et souvent même un peu au-dessous, des bourgeons qui forment une autre tige. Les avantages qu'offre l'automne pour le meilleur succès des boutures, ne sont encore connus que par un petit nombre d’horticulteurs et d'agriculteurs , tant était enracinée la pensée que le printemps était la seule saison convenable pour cette opération. Il y à vingt-cinq ans, on ne bouturait qu'à cette époque les végétaux exotiques conservés dans les serres, mais l'est parfaitement admis maintenant que beaucoup d'entre eux , et particulièrement ceux à bois dur, bou- turés en octobre et novembre, s'enracinent bien plus promptement que lorsqu'ils le sont en mars et avril. J'ai vu souvent des bouturés d'arbres exotiques à bois dur faites à cette dernière époque ne produire des racines qu'après un an et plus, tandis que des bou- tures semblables traitées de la même manière à l'au- 52 tomne avaient rempli le pot de leurs pousses radi- cales au printemps suivant. Jusqu'à ce jour, on ne s'est pas assez occupé d'ap- pliquer le bouturage à l'air libre à la multiplication des arbres. Ce procédé n'est guère employé qu'à l'égard de ceux qui ne produisent pas de graines, et qu'on ne peut multiplier que par le moyen de la greffe, tels que la plupart des peupliers et des saules, sur lesquels ce dernier procédé a été essayé. C'est pourquoi l’on peut dire qu'à ce sujet il y a une masse d'essais à faire, dont les résultats, quels qu’ils soient, offriraient un grand intérêt , et parmi lesquels il s’en trouverait certainement qui seraient d’une grande utilité aux agriculteurs et aux pépiniéristes. Pépix. il les boutures en pleine terre de racines du PauLOWNIA IMPERIALIS. Quoique notre collègue M. Rousselon ait donné sur ce sujet une note dans le numéro d'octobre der- nier, page 15, je crois devoir ajouter quelques dé- tails dont la connaissance me paraît utile. Sans doute on a publié aujourd’hui tout ce que l'on peut dire sur la culture et la multiplication du Paulovnia imperialis, cependant il est bon d’insis- ter sur le moyen de propager en grand cet arbre. Ce procédé que j'ai pratiqué consiste à faire en pleine terre des boutures de ses racines, qui , après sa plan- tation, n'exigent aucun autre soin que ceux qu’on donne dans les pépinières aux aylanthes , bonduc, maclura, etc., et autres arbres qui n’ont pas de sujets a à à recevoir leurs greffes. ‘année dernière , je coupai des racines de Pau- 4 53 lownia par petits troncons de 2 à 3 centim. de lon- gueur, comme on le pratique ordinairement, et je les plantaïi en mai assez près les uns des autres dans des pots de 16 à 20 centim. remplis de bonne terre riche en humus. Ces pots furent enterrés sur le bord d'une couche à melon. Dix ou douze jours après, ces racines, ayant toutes poussé des bourgeons, furent séparées pour être plantées les unes dans des plates- bandes en pépinières, les autres en pots. Le 25 juin, je trouvai quelques racines qui avaient été oubliées dans ce premier travail ; ne voulant pas les perdre, je les coupai par petites rondelles d’une épaisseur de 2 à 4 millim. Je les semai sur la terre dont les pots étaient remplis, comme cela se pratique pour les semis de graines, je les recouvris légèrement deterre, et je plaçaiï les pots à côté’ les uns des autres sur la même couche à melons, en les couvrant d’une eloche. Huit jours après, la surface des pots était couverte de petits bourgeons aussi serrés que s'ils provenaient d’un semis de graines. En quinze jours ils atteignirent une hauteur de 6 à 8 centim., et furent alors tous repiqués en pleime terre. La plupart d’entre eux s'é- levaient au mois d'octobre suivant de 50 c. à 1 m. Cette année , possesseur d’un assez grand nombre de racines, je résolus d'en faire des boutures et de leur donner moins de soins encore pour reconnaître jusqu’à quel point ce moyen facile de reproduction pouvait être simplifié. Ces racines furent coupées fin d'avril en tronçons longs de 6 à 5 centim. et plantés en ligne ; en mai, sur une plate-bande de terre de jardin dressée à cet effet, et espacés entre eux de 12 centim. Chacun de ces tronçons avait été en- foncé en terre avec le pouce et l'index, de façon que 54 la coupe supérieure restât au niveau du sol , ou à peine au-dessous. Ce procédé a réussi à tel point qu'il na manqué que cinq boutures sur cent. Je pense, d’après ce fait, que tous les pépiniéristes peuvent aujourd’hui multiplier le Paulownia dans leurs champs aussi facilement que tous les arbres qu'ils multiplient par le même moyen. C’est déjà ce que plusieurs ont fait, d’après les avis et les rensei- gnements que je leur osé l'hiver dernier, et lon peut voir cette année, dans les pépinières de Vitry, le Paulownia multiplié en grand par ce procédé. Je crois devoir ajouter encore que, l’année dernière, ona vu surgir des bourgeons à l'endroit où des Pau- lownia ont été arrachés, et qui provenaient de ra- cines qui , s'étant étendues au delà de Ja circonférence du trou fait pour enlever les arbres, étaient restées dans le sol , et avaient poussé des bourgeons dans le mois de juin. Je pensai d’abord qu'ils pouvaient pro- venir de morceaux de racines cassées, rejetées dans le trou avec la terre du remblai, mais la vérification que je fis faire me démontra qu’ils étaient issus des _ racines restées dans le sol. Pépin. ÉRABLE À GRANDES FEUILLES, ACer macrophyllum, Pursn., fl., Amer. sept.— Hook., fl., bor. Am. Cette belle espèce, qui s'élève à 30 mèt, et plus; et dont le tronc prend de 2 à 5 mèt. de circonférence, est originaire de la côte nord-ouest de l'Amérique septentrionale où elle est très-commune. Elle croit, suivant Douglas, qui l’a introduite en Europe vers 1812, dans des terrains frais et fertiles, et son déve- loppement est rapide. Ses rameaux sont étalés, ses feuilles grandes, pres- M: 55 que coriaces, les jeunes fortement pubescentes, les adultes glabres; elles sont cordiformes , à cinq lobes profonds, oblongs ou subcunéiformes, incisés et sinués ; les fleurs, trèês-odorantes , sont disposées en thyrse racémiforme, pendant, pédonculé et com- posé de corymbes simples ou presque dichotomés ; les sépales sont glabres, ovales, plus courts que les pétales qui sont obovales; l'ovaire est hérissé, les samarres pubescentes ou che les ailes subdiver- gentes. Cet arbre, dont le bois peu dur offre de riches veines, mérite de trouver place dans tous les parcs et jardins où il peut produire une décoration à la fois agréable et grandiose. Mais son rôle ne doit pas se borner la. Les forestiers lemploieront sans doute comme une essence précieuse à introduire dans les bois, et ceux qui sont chargés de la plantation des routes ne manqueront pas de lutiliser sous ce rapport. Malheureusement, il est encore rare en France. Cependant M. Armand Gontier, pépiniériste à Fon- tenay-aux-Roses, qui en a reçu quelques jeunes sujets du Jardin des Plantes, est déjà parvenu à le multiplier, et en possède plusieurs beaux individus élevés à tige. Les amateurs peuvent donc, dès à pré- sent , se procurer cet arbre intéressant. Jacques. Multiplication des Roses trémières par la greffe en fente. La multiplication des végétaux a atteint aujour- d’huï une grande perfection , et, parmi les procédés nouveaux, on peut dire que la greffe en placage er- 56 fente et herbacée a , depuis quinze ans , joué un grand rôle dans la reproduction des plantes. M. Bacot, horticulteur distingué, a réuni, dans son établissement de La Villette, près Paris, une belle et riche collection de Roses trémières d'un grand mérite et d’une grande variété de coloris. Pour con- server les couleurs et la forme de ses nombreuses variétés, qui se seraient infailliblement perdues s1l avait compté uniquement sur Je semis pour leur re- production , M. Bacot les greffe en fente sur le collet des roses trémières simples qu'il supprime dans ses semis, et même sur des tronçons de racines de gui- mauve. Il fixe la greffe par une ligature , et dépose ses sujets greffés sur une couche tiède, soit en pot ou en pleine terre, sous un châssis ou sous cloche , en les ombrant pendant les premiers jours de l'opérauon. Lorsque les greffes sont reprises, on leur donne de l'air graduellement, et ensuite on les plante en pleine terre. Dans cette opération on ne doit pas hésiter a'enterrer un peu la greffe. Ce moyen est ingénieusement imaginé pour con- server les variétés précieuses de roses trémières qui ne vivent pas au delà de trois ou quatre ans, et qui souvent même périssent pendant l'hiver qui suit la première floraison , laquelle, comme on le sait, est toujours la plus belle. Pépin. ORANGERIE ‘ou SERRE TEMPÉRÉE. LGASA, Dox. Polyadelphie polyandrie, Lin. Loa- sées, Juss. Caractères génériques. Calice monophylle à cinq segments, avec un tube adhérent à l'ovaire. Cinq pétales, cucullés, égaux, insérés au sommet du tube. 57 Cinq écailles insérées comme les pétales et alterves avec eux, garnies de trois filaments stériles et de deux appendices subulées, caduques. Etamines indéfinies insérées au sommet du tube calicinal, dis- posées en cinq faisceaux logés sous les pétales ; an- thères bilobées ovales. Ovaire turbiné , adhérant au calice, à sommet convexe, veln, surmonté d’un style fusiforme. Capsule couronnée par les lobes du calice, à trois valves au sommet , uniloculaire. Placentas linéaires . alternant avec les valves. Semences ru- gueuses. Loase pE Penrcann. Loasa Pentlandica, Don. (Voyez la planche. ) Nous avons déjà, dans ces hotte donné Ja figure de deux de ces plantes, savoir, le /oasa. tricolor, page 378 de la 1° année 1832-1833 , et le loasa lateritia, page 371 de la 9° année 1840-1841. L’es- pêce qui nous occupe , originaire du Pérou, mérite la préférence sur la dernière citée par la grandeur de ses fleurs , dont le coloris est toutefois à peu près le même. Ses feuilles sont aussi plus élégantes. C’est une plante herbacée et probablement vivace. Ses feuilles sont grandes , et composées de lobes nom- breux et aigus; elles sont ciliées de poils roides dont la piqüre est cuisante, et couvertes sur les deux faces de poils semblables, mais plus courts. Les fleurs sont d’un beau rouge cocciné, et, comme les feuilles, héris- sées de poils piquants. Le calice également velu a ses divisions calicinales laciniées et réfléchies. Elle a , sur les deux espèces indiquées plus haut, l'avantage d’être moins rampante. Le pédoncule est long, cylindrique, révoluté, ct naît solitairement dans laisselle des feuilles. 58 La culture indiquée pour le loasa lateritia lui convient parfaitement, et sa multiplication s'opère très-bien par le moyen des boutures et le semis de ses graines, | Elle fleurit de juin en août, et peut être plantée à bonne exposition en plein air et en terre légère, où sa floraison seffectue convenablement. Toute- fois, il faut la lever à l'automne pour la rentrer en serre tempérée, si on veut la conserver pendant Yhiver. Du reste, soit qu'on la cultive en place dans la bâche d’une serre , ou en pleine terre, il faut lui donner, pour la soutenir, un treillage sur lequel elle s'attache et grimpe, et produit un fort joli effet. RoussELON. TRITOMA , Air. Hexandrie monogynie, Lin. Liliacées , Juss. Caractères génériques. Périanthe monophylle tu- bulé, à six dents ; six étamines saillantes, alternati- vement courtes et longues , insérées au réceptacle ; un ovaire portant un style filiforme ; capsule redres- sée, ovale, obtusément triangulaire, à trois loges polÿspermes. Graines anguleuses. Trirowa Moyen, Tritoma media, Ken. (Voyez la planche. ) Plante originaire du Cap, à racines traçantes; d'où s'élève un faisceau de feuilles étroites, lisses, d'un vert un peu glaucescent, inégales en longueur, et dont les plus développées atteignent 50 centin.; de leur centre s'élève une hampe fistuleuse, d'un vert glauque , cylindrique, portant sur sa longueur quelques courtes bractées alternes, petites, ovales ; 59 pointues, blanchâtres. À la fin de Fhiver, cette hampe se termine par une grappe florale serrée, dont les fleurs s'épanouissent successivement de bas en haut. La grappe est d’abord formée par des boutons serrés, comme imbriqués cireulairement les uns sur les autres, dressés. À mesure que la floraison s'effectue, chaque bouton s'incline, et la fleur s'ouvre tout à fait pendante. Le bouton est à peu près arrondi , sa base est de couleur orangé vif et son sommet est vert glauque. A mesure que le bouton se développe sa couleur passe au jaune orangé, et enfin la fleur épa- nouie est jaune légèrement verdâtre, et bordée de vert sur les divisions du périanthe. Cette plante, à laquelle il faut un mélange de terre franche et de terre de bruyère , se cultive le plus communément en pots, qu’on rentre en serre tempérée, ou simplement sous châssis froid , pen- dant la mauvaise-saison. On peut toutefois la cultiver en pleine terre, à une exposition chaude, en ayant soin pendant l'hiver de la garantir par une épaisse couverture de feuilles. De cette manière , sa floraison est plus ou moins retar- dée, selon la précocité du printemps. Bien qu’elle redoute l'humidité excessive, 1l est nécessaire tou- tefois de ne pas la laisser manquer d'eau pendant la végétation. On la multiplie par ses rejetons. F Jacquin aîné. FranÇOIsE À LARGES FEUILLES, Éranciscea latifolia. Pour. (Voyez la planche.) M. Brongniart a classé cette plante dans la classe 24°, les Personnées , tribu des Salpiglossées. 60 Déjà , dans ces Annales, a été figurée et décrite læ Franciscea mutabilis (voir page 285 de la 10° an- née.): L'espèce dont je donne aujourd’hui la figure n'en aiffère que par un développement plus consi- dérable ; sa taille est plus élevée , ses feuilles beau- coup plus larges, de forme ovale , allongée, pointue, d’un vert tendre , et les fleurs également plus grandes et plus abondantes, car elles sont groupées par trois ou quatre, tandis que dans l’espèce que je viens de citer elles sont solitaires. Aussi lui a-t-on donné le nouveau nom d'uniflora, qui la distingue mieux , puisque toutes les espèces connues de Franciscea ont leurs fleurs changeantes. Comme dans la mutabilis , elles sont, en s’ouvrant, d’une belle teinte violet fon- cé, qui se dégrade jusqu’au bleu clair, et enfin au blanc pur, dernier terme de leur existence. Elles ont comme elles le précieux avantage d’exhaler un par- fum particulier et fort agréable , où lodeur du jas- min et de F oranger semblent confondues. Elle est aussi, je le pense , originaire du Brésil , et se cultive en pot dans une terre composée par moi- tié de terre franche et de terre de bruyère. Elle a besoin d’arrosements assez M ur et de la serre tempérée pour passer l'hiver. On la multiplie de boutures. Les Franciscea sont des arbustes fort intéressants, d'uneculture facile, et qui se recommandent aux ama- teurs autant par Ja beauté et les couleurs changeantes de leurs fleurs que par le parfum agréable qui s’en exhale. JacquiN aîné. 61 SERRE CHAUDE. GROBYA ., Linoter. Gynandrie, Lan. Orchidées, Juss. Tribu des Vandées. Caractères génériques. Périanthe aplani , bilabié; sépales latéraux attachés à la base en forme de C, placés en dessous du labellum et plus courts que le supérieur qui est dressé. Pétales larges, beaucoup plus grands que les sépales, dressés, réunis. Label- lum libre, lobé, nu, articulé avec la base de la co- lonne, RE plus petit que les pétales. Colonne dressée , semi-cylindrique, arquée, grosse à la base ; anthères penchées ; ; Stigmate cintré. Deux masses pol- léniques lobées par derrière, glandules ovales atta- chées par deux courtes caudicules. Plantes herbac s du Brésil, à pseudo-bulbes, à feuilles graminées et à grappes pendantes, RE Ce genre a beaucoup de rapports avec les Gymbi- dium , mais il s’en distingue par les sépales latéraux unis à la base, per la largeur de ses pétales, par son labellum qui n’a pas de lignes parallèles dressées, par ses masses polléniques unies aux glandules, et pe par ses deux caudicules distinctes. Il a été dédié à l'honorable lord Grey de Groby, amateur Zélé d orchidées... Gaosr: DAmnensr, Grobya Amherstiæ. Bor. REG., t. 1667 (Voyez la planche). Plante épiphyle très-vigoureuse en bâche; pseudo- bulbes conservant plusieurs cicatrices des anciennes leuilles, ovoïdes, allongées, d’an vert foncé, ru- gueuses, quelquefois obliques , munies de tuniques blanchâtres persistantes, surmontées de six à huit feuilles. Celles-ci sont longues de 50 centim. environ sur 2 de large, tout à fait ensiformes, d’un vert fonce 62 en dessus , à trois nervures saillantes en dessous, très-acuminées. Douze à dix-huit fleurs réunies en grappes pen- dantes naissant à la base des pseudo-bulbes. Leur forme, extrêmement bizarre, rappelle grossièrement celle d’un insecte aiïlé. Chacune d’elles se compose de trois sépales , dont un supérieur d'un jaune ver- dâtre, rayé longitudinalement de pourpre, deux in- férieurs, jaunes à la base, verdâtres au sommet et striés pareillement , à bords latéraux de la base rou- lés en dedans, en forme de tube s’aplatissant en suite vers le milieu, et se recourbant enfin au som- met, qui est aigu. Deux pétales supérieurs, très- larges, se recouvrant en partie, réunis, en forme de coupe, transparents, pointillés, sur un fond blanc d'argent, de macules pourpres, disposées symétri- quement, de telle sorte que de loin elles imitent un damier. Elles sont de formes diverses, quoique géné- ralement presque rondes , avec le centre plus clair, et elles sont beaucoup plus rapprochées sur le côté extérieur de chaque pétale,etnotammentàl'extrémité. Le labellam, très-court , est replié sur la colonne dont il n’égale guère que la moitié ; il est jaune en dehors avec un demi-cercle rouge vif à la base, plus large au sommet, où il forme trois lobes dont le su- périeur est muni d'une appendice où prolongement qui se termine à angle droit et qui est soudé en des- sous , plus épais que l’autre partie du labellum, cou- vert de papilles et visqueux. A la jonction de ce pro- longement existe une fente horizontale, d’où sort le liquide visqueux qui arrose cette partie garnie de pa- pilles du labellum. Colonne recourbée d'un beau blanc, surmontée d'une pointe, marquée seulement en dedans d’un pointillé gris argenté. 63 Cette plante a été dédiée à la comtesse Amherst, à Montréal, où elle fut introduite en 1829. Ce n'est que dix ans après que nous l'avons reçue directement du Brésil, par les soins de M. Pinel, qui l’a recueil- he dans les environs de Rio-Janeiro, dont elle est originaire. Sa végétation, très-luxuriante en pleine bâche, développe, à diverses époques, un grand nombre de grappes de fleurs qui naissent à la base des pseudo- bulbes, La plus belle floraison est celle qui s'effectue de juin en août, selon la température plus ou moins élevée qui règne alors. Chaque grappe florale dure une dizaine de jours; mais il s’en forme successive- ment tous les vingt ou vingt-cinq jours. Nous engageons les amateurs qui voudront la cul- tiver, et qui ne pourront pas la tenir en pleine bâche, de lui donner les plus grands vases possibles, qu'ils rempliront de terre de bruyère tourbeuse divisée. Il faut la tenir dans une serre humide et lui donner de fréquents arrosements dans l'été. On la multiplie par la division de ses pseudo-bulbes qu'elle produit abon- damment. Cette plante mérite réellement l'attention des ama- teurs par la bizarrerie de ses fleurs , et la singularité avec laquelle sont distribués les points et macules de ses pétales. F. Cexs. Sur un ver intestinul observe dans les larves du hanneton. Un fait curieux, et qui intéresse autant les ento- mologistes que hi horticulteurs, a été signalé au C ph: général d’'Horticulture, dans la séance du 4 de ce mois. M. Varangot, jardinier pépiniériste à Melun , 64 a remarqué, sur les larves du hanneton, un phéno- mène qui jusqu'à présent n'avait pas été observé. Il a envoyé deux vers blancs dans un petit pot, lesquels avaient rendu par la bouche chacun un ver long , filiforme et blanc. Il affirme que c'est bien par cet organe que sortent ces espèces de ténia, car il a renfermé dans un pot, avec du terreau, une douzaine dé larves qui toutes en ont rendu un de cette manière. Ce fait insolite a surpris tous les membres présents à la séance, et chacun d'eux a pu voir les uns et Îles aütres vivants encore. Les mêmes vers portés à la Société royale d'Agriculture, ont causé un semblable étonnement, et M. Guérin de Menneville, entomo- logiste, n’en avait äncune connaissance. Il a déroulé et mesuré un de ces vers, qu'il a trouvé long de 57 cent. M. Varangot déclare que ce fait n'est pas extraor- dinaire , et que ses observations particulières lui ont fait reconnaître que sur 100 vers, 10 ou 15 ont un ver intestinal. Ce que l’on reconnaît très-facilement, car on les distingue à travers leur peau. Si cette circonstance est vraie, 1} n’ÿ a pas le moin- dre doute qu’elle sera bientôt appréciée par les natu- ralistes, et nous saurons à quoi nous en tenir. Ces vers intestinaux seraient-ils le résultat d'une faculté vivipare jusqu'alors inconnue, et une nouvelle cause de destruction de récoltes , s'ils vivaient en terre, et s y développaient? ou bien est-ce un secours que la nature nous envoie pour diminuer la trop grande propagation des hannetons contre lesquels notre in- dustrie est encore très-impuissante ? Quoi qu'il en soit, M. Varangot a rendu un véri- table service en signalant ce phénomène qui ne peut manquer d'attirer la sérieuse attention des savants. RousseLos. ENNMELES DE FLORE ET DE POMONE. HORTICULTURE. PLANTES POTAGÈRES. Sur LA POMME DE TERRE. La pomme de terre, cette ressource si précieuse pour l'alimentation des hommes et des animaux, a reçu un nouvel intérêt de la maladie dont elle a été frappée cette année. C’est pourquoi je crois bien faire de mettre sous les yeux de nos lecteurs la notice sui- vante dont j'ai donné communication à la Soci té royale d'agriculture. Jacquin aîné. Notice sur divers essais de culture de la Pomme de terre; par M. Jacquin aîné. Messieurs, Le premier ordre d'expériences dont je vais vous entretenir concernant les Pommes de gs =. pour but d'apprécier l'influence de d de culture: j'ai cru ne devoir agir que sur une seule et même va- riété , afin que les nuances de végétation , de préco- cité, de fertilité, etc. , qui peuvent distinguer les va- riétés entre elles, n’apportassent pas de différences dans les résultats que je cherchais, différences qui Décemupne 1812. 3 66 auraient pu laisser à douter si elles provenaient des qualités particulières à la variété ou de la méthode de culture : c'était aussi, selon moi, le seul moyen de me rendre un compte exact de l'influence de la culture sur le volume des tubercules, tandis qu'en expérimentant plusieurs sortes à la fois il était impos- sible qu'il ne s'en trouvât pas quelques-unes dont les produits varient constamment de grosseur. J'ai donc fait choix de la Pomme de terre jaune nommée schaw, et j'ai soumis à cinquante -neuf essais des tubercules de cette sorte que j'ai achetés à Ollain: ville, où j'ai voulu faire mon expérimentation. J'ar fait planter sous mes yeux, soit à la houe, soit en tranchées, et à des distances différentes, des tuber- eules entiers , depuis le poids de 155 grammes jusqu'à celui de 15; puis des moitiés de ces mêmes tubercu- les, ensuite des yeux seuls accompagnés d’une por- tion de pulpe et d’autres simplement détachés avec la pointe d’un couteau, comme quand on veut éplu- cher les Pommes de terre pour les faire cuire , et enfin des germes longs de 3 à 15 centimètres. Chaque essai occupait une superficie égale à 10 mè- tres carrés , ou la dixième partie de l'are, sur un ter- rain argilo-siliceux, dont le défoncement avait eu lieu par un labour à la bêche., Chaque division por- tait un numéro inscrit sur un registre consacré à cette expérience et où j'inscrivais avec soin tous les ren- seignements de plantation et de culture particuliers à chacune. La récolte a été faite en ma présence et strictement mesurée, puis les produits de chaque lot exactement notés à son numéro. Cette opération à été faite le 23 octobre 1843. TABLEAU des résultats obtenus de la culture des Pommes de terre appartenant à la variété dite Schaw , essayée de 59 ma- uières différentes . par Jacquin aïné, à Ollainville, près Arpa- jon (Seine-et-Oise). PREMIÈRE SÉRIE. Plantation à 4 mètre d'intervalle en tous sens. A. Plantation à la houe, la terre préalablement préparée à : Le 2 ra q # & - 5 ETAT $ 2 Be 8 | = sous lequel ÉS| 53 8 EH E ds a2|2S OBSERVATIONS. s | 8 inbervules | a Le £ n £ & 2 | 23 employ s| © Z |25 gram. litres. LT SE F2 ner... 55 0,52 100 tubercules pesaient 3 et 400 211 moyens et pe- 2 | 1,55 | 1 coupé en deux. . . 0,85 À peu prè blabl 8 | 1,55 | 1 moitié seule. . . 0,58 Idem. & | 0,68 | f énber.:...... 0,50 Autant de gros que dans l'essai précédent. 5 | 0,65 | 1 coupé en deux. .. 0,5% Idem. 6 | 0,65 | 1 moitié seule. . .. 0 51 Idem. 7 | 088 | 1 eSUer... ::... 0,51 Idem. 8 | 0,35 | 1 coupé en deux... 0,52 Idem 9 | 0,15 | 1 moitié seule, . .. 6,66 Idem 40-1018 16nler.. -...: 0,30 Tubercules moins gros. 11 | 0,15 | ® entiers 0,50 Tubercules aussi beaux que Je numéro 9. AS OI ED ONG 5. -: 0,32 Idem. 13 | 0,65 | 1 entier... ..... 0,62 Biné et bulté: tubercules gros Lens Le numéro 1, mame- NT ONE TR: 0,72 Biné seulement: beaucoup gt tent de terre et + M ni dessus; ceux de gros et seau 45! 085 À om: 0: 0,1 Biné , butté , fanes coupées à 33 centimètres r sf tubercules pre x et bien faits 18 | 0,65 | Idem 0,50 Biné seulement ; fanes coupées à » jeentimètres du sol: tnber- _. nc verts etpetits, x dessous ; 68 L] B. Piantation en tranchées. Norzx. La tranchée faite à la bêche de 30 à 3 la terre de la fouille déposée entre les rangs; A ARÈ TES sont d’abord re- ouverts d’une couche de terre de 5 centimètres 3 centimètres de profondeur. d’ ds est remplie au fur et à mesure de la végétation. ur ; ensuite la tran- + il Plantation à NL E : oer..... ... 26 | 1,55 | 1 coupé en deux .. 27 | 1,55 | 1 moitié seule. . . . 28 | 0,65 À 1 entier. . . .... 29 | 0,65 | 4 conpé en deux. . 80 | 0,65 | 1 moitié seuïe. . st | 0,98 E L'entier. : . : . ... 32 À 0,35 | 1 coupé en deux... _— 0,71 la houe à 66 centimètres de DEUXIÈME SÉRIE. distance en tous sens. Tubercules beanx. mais un plus one nombre de, À ps que a première sé Idem. Tdem. idem. Tobercules aussi beaux et fanes aussi vertes que le numéro 98. Idem. : fanes dessé- 5 | 54 2 155 sl lé = LE = # Se en PT sous lequel 23|5%|£8s j æ | 5 go! 22 | 3 OBSERVATIONS. S | To c=| 287 | £e | y » tahercules ont été Ez 2) Lo | à & 2 LE employés ” 5 Z Ê S gram. litres. a PP PUB CE EE OO. |... 8 | 0,62 | 6,20 | Tubercules gros comme le num. 1, plus réguliers et mieux faits. 18 | 1.58 | { coupé en deux. . . | — | 060 | 5 » | Les moitiés à 8 centim. l’une de | l'autre ; plas réguliers et mieux |? faits. 49 À..0,6#.|. 1 entier. . . . - . .. — |} 0,29 | 2,90 | Idem. 20 | 0,65 | 1 coupé en deux. . . | — | 0,40 | # » | Idem. 21 } 0,35 | l'entier.. :.. — | 0,30 | 3 » | Idem. 23 | 0,85 | 1 coupé en deux, . . | — | 0,20 | 2 » | Idem. 28 | 0,15 } 1 entier. .. . . . . . | — | 0,30 | 5 » | H y a eu une partie toutes , « beaucoup plus y ed ont fleuri plus tard ; une touffe Il a pr ? deca age une autre tr dd tubercule ba > rme d 2% | 0,18 | 1 coupé en deux. . | — | 0,18 | 0,80 Lo qu plus petits et mame- onn s | 53 n 2 + [25 ÉTAT États = LE | = LE 4 « | 25 sous lequel £21233|2s OBSERVATIONS. ® | So les ES | es | S. S | ,» | tubercules ont été |Z2| Se | £S 3 | 52 employés. <| © LA £ S hec- gram. litres. tot. 33 | 0,35 | 1 moitié seule. . . . | 25 ,60 | Tubercules moyens; fanes en partie desséchées. S% | 0,15 | 1 entier... . .. . . | — | 0,60 | 6 » | Toutes les fanes desséchées , ex- cepté sur trois touffes. 35 | 0,15 | 1 coupé en deux. . 0,86 | 5,60 ne ed toutes les fanes dessé- Fe chées. 36 | 0,15 | 1 moitié seule. . — | 0,57 | 5,70 | Presque toutes les fanes dessé- Chées ; _ À og tige se rami- fiant re 37 | 0,65 NE à en dessous , . | — | 0,68 | 6,80 | Les sommités des tiges dessé- chées, une seule exceptée. 88 | 0,65 bag ane ess en dessu ; Méthode Atéen nome 5, 0: 0,67 | 6,70 | Tiges desséchées. 39 | 0,65 | 1 ape placé — ontalement. — | 0,69 | 6,90 TROISIÈME SÉRIE. Plantation au fond d’une tranchée de 30 à 33 cent. de profondeur. Nora. La tranchée est faite à a kg et de la largeur de son fer;le plant d’abord couvert de 5 centim. de te 40 Ne OUR 1 moitié seule. . .. 1 entier. . . 1 moitié seule. . .. ÉMIS és 5 N. 1 moitié seule. .. , à 1 moitié seule. . ., Tubercules généralement plus pe- Fe mais d’on Ms mad plus égal ; fanes desséchée Tubercules d’une grosseur plus régulière que le Farid 40 ; fanes presque toutes sèches. Tuberecules Le des Be plus grand nombre qu'au numéro 41; fanes presque toutes pre hées. Même grosseur que le numéro 48 ; fanes idem ; ares près d'un puits comblé Même grosseur ; fanes presque toutes vertes ; plantés plus près du puits. Idem. Plantés sur l'emplacement du ar mr tiges presque Tubereules moyens , beaux ; tiges | vers et ses à peu près par QUATRIÈME SÉRIE. Plantation à la houe. mer £ | 28 & is CE d ‘ ë Le 1 à 22 2 £ 2$ 8 | 38 ni | lv OBSERVATIONS. . _ ue [22 : © | “S “* tubercules ont été |Z 2 CR RE A employés. = LA S E hec- gram litres, tôl. 48 | 0,50 | 1 entier.. ..... 25 0,68 | 6.80 Biué et butté. 49 | 0,50 | Idem. . . ..,.. | — 0,62 | 6,20 Biné seulement ; tiges hautes, vertes ; tubereutes ne sortant pas de terre comme ceux du puméro & 80 + 0,60 | Idem. . . . . . -. — 0,52 | 5,20 Biné , butté, et fanes coupées. St 1.080 Idem. , . .... — 0,68 | 6,80 Biné senlement ; fanes coupées Hansen ref ab ri Fa dé oume z du 14. 52 | 0,25 | 1 moitié seule , la 0,72 | 7,20 On a employé la moitié ét du coupe en dessus. | sale adhérant au rhizom. | | CINQUIÈME SÉRIE. Plantation à la houe d’yeux et germes. 53 | 1,55 | 1 œil seul coupé avec un morceau de pu sé de2 c. RS. 0. 0,52 | 5,20 Tabercules beaux , une seule tige se ramifiant. 5+ | » » | 1 œil seullevé à la pire ue con- Lea ec une sh “petite "a tion Chai 35 0,32 | 3,20 Tous ont poussé. 55 | » » | * yeux idem. . .. | 10 0,20 | 2 » Idem. i Tubercuies moins uniformes que 86 | » » | 3 yeux idem. . . . | 15 ceux produits paru re pomme * de terre entière ; ils sorten LA AE nee ra tr 7 3,20 terre. quoique bultés , et ver- dissent. Tiges presque toutes l vertes. : | 58 | » » e | c. de longueur ' pris sur le flanc Quatre touffes senlement ont des tubercules ; poses ce lot était ges au- un seul. ...,, dessus d’ couche de chien- 5 |» 020 | © » dent, qui a empê la égéta- à deux ger- ’ Fe tion tiges restées vertes nes eue 10 ont fourni des bulbilles hors de ercules sort de terre , quoique buttés. 71 On peut résumer ainsi les conséquences qui résule tent du tableau qui précède : 1° La grosseur des tubercules a peu d'influence sur les produits. 2° Les tubercules coupés produisent autant que les tubercules entiers. 3° Les très-petits tubercules donnent encore une assez bonne récolte et peuvent être employés avec confiance, en cas de besoin ; mais ceux de moyenne grosseur me paraissent préférables. 4° Les yeux enlevés à la pointe du couteau peu- vent être utilisés dans un temps de disette ou même de rareté; dans une terre convenable et bien prépa- rée, ils donnent un produit assez intéressant. 5° Les germes de diverses longueurs, depuis 3 cen- timètres jusqu'à 15, peuvent être plantés dans les mêmes circonstances de disette ou rareté, et fournir encore une récolte assez bonne. Le succès est d’au- tant plus assuré que le sol est mieux préparé et le printemps hurnide. Lorsque les Pommes de terre sont rares , On peut, au fur et à mesure qu’on les vend, en détacher les germes et les conserver à la cave, sur une couche de sable et sur une épaisseur d'environ 2 centimètres, en ayant soin de les remuer souvent. On peut encore les mettre en jauge sous châssis froid, où il suflit de les garantir de la gelée; on les plante en place lorsque l’état atmosphérique du printemps le permet. 6° La plantation espacée de 66 centimètres en tous sens produit généralement plus que celle faite à 1 mè- 72 tre de distance. Les itubercules doivent être plantés plus profondément et d’abord peu couverts; ce qui rend le buttage successif plus facile. 7° Les tubercules les moins enterrés donnent une récolte plus abondante, mais en Pommes de terre moins bien faites. 8° Les tubercules plantés en tranchées profondes de 30 à 33 centimètres donnent les Pommes de terre les mieux faites , les plus uniformes en grosseur , mais en moindre quantité. 9° Quand on plante les tubercules coupés en deux, il n’y a point de choix à faire entre les deux moitiés; celle à laquelle était attachée la racine produit autant .que l’autre. 10° Les Pommes de terre non buttées donnent peut-être une récolte un peu plus abondante; mais les tubercules sont moins bien faits, verdissent sur la partie hors de terre et contractent un goût amer. Tels sont les points princi paux que le premier or- dre d'expériences dont je viens de vousrendrecompte m'a paru éclaircir et confirmer. Je vous ferai remar- quer , encore une fois, qu’ils sont d'autant plus con- cluants qu'ils résultent d’essais faits avec la même va- riété. Je ne pouvais ainsi avoir aucune donnée sur les pisse üfs des différent tes; c'est pour- quoi j'ai dû Drdcédee à un second ordre d' expériences dont je vais avoir l'honneur de vous exposer lecompte rendu. Ce second ordre d'expériences n'a pu avoir heu 73 qu’en 1845. J'ai fait planter, dans le même terrain, les unes près des autres, toutefois en espaçant les touffes de 66 centimètres en tous sens, toutes les va- riétés de ma collection. Les numéros qui précèdent les noms sont ceux sous lesquels je les ai reçus de l’obligeance de M. Vilmorin père; ils sont, je crois, les mêmes que ceux de la collection de la Société royale; cependant, comme je possède ces variétés depuis une vingtaine d'années, je n’oserais pas aflir- mer qu'il ne s’est pas glissé quelque erreur dans la concordance des numéros et des noms : il a été planté quatre touffes de chacune. J'ai formé trois sections des produits que m'ont donnés les diverses variétés, parce que je les ai clas- sées par ordre de précocité. PREMIÈRE SECTION. Les plus hâtives, mûres et récoltées le 14 août 1845. Pommes de terre. Litres. 1. Marjolin, jaune aplatieoblongue. . . . . D ATEN 4 3. Cornichon, jaune longue . . . ........... 1.12 6.: Ananaÿ; jade ti ss Li GUN EE 9. Nec plus ultra, jaune longue. . . ......... 10. La Viratte, forme du cornichon. . . . .. See 13. La Sainville, jaune longue. . . .. .. . .. . . .. » 3/4 14. La naine hâtive, jaune ronde . . . .. . .... és @ 17. Paro, jaune oblongue. . . . .. . .. HR re 18.: Pomme de -pin., idem: : 16040, 600 4 19. Rognon de Driden, jaune longue dub. FANS 23. De six semaines, des États-Unis, jaune — «TP 2: Chinois : : . Luis mu, 4 58138 29. Naine hâtive, grosse, jaune obronde. . . . . . . sat 172 30. 32 33. 38. » 74 Pommes de térre Litres. Naïine hâtive petite, jaune ronde. . . . . . . . . . D'Islande, de M. Vilmorin, jaune obronde . . . .. 1 1/2 Jacquinot de Presle, jaune longue. . . . . . . . . ee Truffe de Périgord, jaune oblongue. . . . . . . .. 4 Grosse jaune hâtive, Rabœuf, jaune ronde . . . .. 2 Fine hâtive, jaune blanchâtre ronde. . . . . . . .. 1 Wleard blanche, jaune ronde. . . . . . . . . . .. 2 DORE SUV MR Sr cum dite à 1.1/2 Grosse jaune, jaune claire obronde . . . . . . . .. 4 Ronde jaune, jaune obronde. . .. . . . . . . . . . 2 1/2 De Segonzac, jaune blanchâtre obronde . . . . . . . 5 Bleue des forêts, jaune rosée obronde. . . . . . . . 1 1/2 OEil violet ou germe violet, jaune grisâtre ronde. 5 De Chandernagor, longue noire petite. . . . . . . . » 1/2 Cornichon suisse, idem. longue . . . . .. . . .. » 1/2 Kidney d’Albany, longue jaune blanchâtre unie. . 1 1/2 81. La Vierge de Sommelier, grosse jaune oblongue. . . 3 84. Blanche à fleurs violettes, obronde jaune. . . . . . 5 85. Douglas, obronde jaune blanchâtre. . . . . . . . . 4 26: Lalerre, jaune longue. . . . . . . . Phliusasu 4 88. Mayencçaise, oblongue rosée. . . . . . . . . . . . . ( 94. Plant noir, obronde rouge violacée . . . . . . . .. 1 1/2 96. Bernard, 6bronde rosée. …, . - : - |... sucer D 99. Hätive de Pontarlier, idem, plus lisse. . . . . . . . 1 122 100. Prodigieuse de Pontarlier, ronde jaune grisâtre . . . 1 1/2 102. Sageret. longue lisse, pointue rosée. . . . . . . . . 2 105. Cornichon rouge, idem, rougeâtre. . . . . . . . .. 2 106. Rouge longue, idem, idem... .., . , . . .. .. +. 2 107. Rouge pâle, oblongue rosée marbrée de jaune . . . 3 PS IE TOR Ines 3 110. Nouvelle des Vosges, comme 88. , ........ #3 112.; Patreque) TONER DD. nn 5 » 1/2 113. Pontarlier, vraie, rose longue. . .. ... .. ... 1 116. Zélengue petite, jaune rose oblongue . . , . .... » 1/2 119. Bonne boulotte, Ressemble au n, 107, . .., ... k 172 ne pen re 0 FRS EFENEE | jt Pommes de terre. Gilbert, rouge violacèe, ronde lisse Grise ou truffe d'août, jaune obronde Jacob, ronde rosée et obronde. . . La claire, rose obronde . . . . . . « « + « . + . La mercière, longue blanche marbrée de violet. Violette Geoffroy, longue jaune rose . . Violette hâtive de Bourbon-Lancy, lisse oblongue bicolore , violet clair et gris Violette ronde jaune F'ARUN ANS SL Vs A AT Pa à Violette de Godefroy, de rouge grisâtre. . . . Peau violette, obronde panachée Vitelotte rouge, rosée longue petite Vitelotte rose, longue rose Havane rouge, jaune oblongue. . . . . . . . . . . . De Dombasle, jaune oblongue RS D ES LP ou de re UN | DEUXIÈME SECTION. : Müres et récoltées le 9 septembre 1845. Bough-Black, jaune longue cylindrique . . . . . .. Ananas d'Écosse, 146. .. «4... 4 Présumée Saint-Jean, longue jaune plate Haricot, jaune longue lisse petite Cornichon de Hollande, jaune longue presque plate . Picry, longue jaune blanchâtre . . . . . . . . . .. Vitelotte dé Picry, jaune longue . . . . . . . . . : L'Ecossaise noire, jaune longue Forterson, jaune ronde . ..........….. +0... Jaune pâle, lisse obronde. , .... : . - : 4... Minime Warren, jaune obronde Sé di ee SUR Finepeau, jaune ovoide semi-plate . . . . . - - - ‘ Champion hâtive, jaune longue. . . . . . . . + - + Ermière-Champion, jaune ronde Noble bœuf, jaune oblongue - ee Co NT UE TENUE 76 Pommes de terre. … Litres. %3. Jaune d'août, jaune obronde HAN ERGCS AVS 5 46. Schaw, jaune ronde blanchâtre . . . . . . . . . . 5 49. Les Fresnes (feuilles de bonheur), comme 46. . . . 4 50. Fruit à pain, jaune oblongue. . . . . . . . . .- . 512 0%. Have faune 0BBUe. 5 510... . da 9 53. Briquet des Ardennes, comme n. 16. .. ...... 53 bis. Descroisilles, jaune rosée, oblongue. . . . . - . : 13 55. Knight, jaune clair, ovoïde unie . . . . . . . . . . . 3 57. Mercer ou Mercière, blanche longue . . . . . . . . 3 62. Premier Champion corse, jaune oblongue. . . . . . 10 76. Sageret, oblongue, rose violacée unie . . . . . . . . » 1/4 78. Cybèle, oblongue rosée jaunâtre. . . . . . . . . . . 4 29. LOR ONG, I0Ngué Pose, 5 5," nr ee. 2 172 91. Bon Rognon, jaune rosée oblongue. . . . . . . . .. 4 421. Rouge d'Irlande, idem. , . .: : . . ... . . . . .. 8 122. Grande américaine, jaune blanchâtre obronde. . . . 1 1/2 ANT. NADINE, ODROS EDR LE +. : : . Là 138. Violâtre, jaune rose obronde . . . . . . . . . . . . 5 142. Ledoux, violacée obronde rouge . . . . . . . . . . » 1/4 148. Cylindrique de Briare, ronde jaune rosée . . . . . . 4 449. Féconde, jaune obronde. . . . . . . . . : . . . .. 4 TROISIÈME SECTION. Tardives, müres et arrachées le 10 octobre 1845. 20. Rognon précoce des champs, grise rosée, plate ne : din MIX canette 1/2 D M O FOUMe «à, . 0 dns ns cé rin pourri. 31: Mère Cume, jaune obronde. : : :. . . . « . . . 5 37. Mousson blanche, jaune obronde, . . . . . scans 5H 39. Lumper irlandaise, oblongue jaune blanchätre . . 6 56. De Hollande, obronde jaune rougeâtre . . . . . . . 2 58. Grosse lisse jaune oblongue . . . . . . . . . . . . . 9 Le | SI Pommes de terre. 60, Noble jaune oblongue . . . . . . . . . . . . . . . . 61. Première saison, obronde jaune claire. . . . . . . . 64. Tardive, jaune ronde, bosselée. . . . . . . . . . . . 67. Hâtive de Meuson, rosée oblongue . . . . + . . . . 70. Chandernagor, noir obronde ; ressemble à une 71. Noire grossière, idem . - : . . : . ... : . : 72. Noire des montagnes suisses, idem, moins Mnésés ’ 73. Chandernagor, longue noire, forme d’un petit cor- michon Rs EU get ie Rare 75. Cornichon violet longue jaune, carminée , . . . . . 77. Thouin (semis Sageret), iaune longue. . . . . . .. 82. Sommellier vraie, oblongue jaune rosée . . . . . . . 83. De Roban, MO Es 93. Dangienne, oblongue jaune blanchätre . , . . . .. 95. Tardive de Wellington, obronde rosée. . . : . . . . 96. Américaine hâtive, oblongue jeune, Jun 97: . Rose joune, longue... #4 fr in unes. O1.. Caleinger, longue rosée... , .. . 103. Cornichon français, longue jaune blanchâtre . . . 04. Cornichon rosé, rose longue lisse . . ........ St -s1h# ED: 104 bis. Cornichon rosé, jaune oblongue lisse 114. Mousson rose, jaune rose bosselée . . . . . . . .. 115. Häâtive de Straffort, grisâtre oblongue. . . . . . .. 117. Petite Mille-z-yeux, longue rougeâtre, . . . . , .. 118. Rognon précoce, OM; 5 sic 425. Duchesse, oblongue jaune marbre de rose. . . . . 19 : Chair rose, obronde, . nu. .::.sis. 129. Ronde rouge de Saverne, ronde grisâtre . . . . . . 130. Précieuse rouge, grisâtre marbrée longue . . . . . 133. Violette tardive, violet marbré de gris longue . . . 135. Violette de Lanilis, obronde rouge grisâtre. . . . . 143. Lie de vin pâle, oblongue gris violacé . . . . . . . 150, Jaune blanchâtre, longue . . . . .... . . -. .» 78 Il résulte du tableau ci-dessus que la variété la plus productive de toutes serait le n° 53 bis, Pomme de terre Descroisilles, qui appartient à la seconde sec- tion. Dans la première section, celle qui a produit devantage est le n° 30, Pomme de terre naine hätive petite, et enfin, dans la troisième section, le n° 60, Pomme de terre jaune noble. Quant à la précocité, je l’ai indiquée sommaire- ment en fixant la récolte de chaque section; il ne se- rait cependant pas impossible qu’il y ait eu quelques variétés mûres avant les autres, quoique arrachées le même jour. J'ai autant que possible précisé pour chacune la couleur et la forme des tubercules ; mais les rensei- gnements que j'ai notés à l'égard de leur volume ne sont pas assez complets. Pour ce qui est de l'appréciation de leurs qualités respectives, il est assez difficile de la déterminer, parce qu'on ne peut pas aisément déguster en même temps plus de cent variétés, ni se reconnaître sûre- ment au milieu des nuances de goût et de saveur dont les unes font oublier les autres. Je me propose, tou- tefois, d'expérimenter successivement chacune de celles qui sont plus particulièrement recherchées pour la table, et de déterminer son mérite, sans négliger non plus celles qui, par l’abondancede leurs produits, sont précieuses pour la nourriture des bestiaux. Je ne puis, relativement au semis, vous dire rien de neuf: tout le monde connaît ses bons résultats et son utilité, tant pour créer des variétés nouvelles que pour essayer de régénérer des sortes anciennes épui- sées par une trop longue succession de reproduction mr. | par leurs tubercules, et que le hasard peut faire re- trouver en semant. Je me contenterai d'exprimer le désir de voir récolter, chaque année, des graines à l'aide desquelles on pourrait assurer la récolte, lors- que les tubercules, atteints, comme en 1845, d’une maladie qui les détruit, ne pourraient pas servir à la reproduction; elles peuvent aussi être employées à porter l'espèce au loin avec économie. Jacquin aine. JARDIN FRUITIER. Note sur la poire Perir-oixc, Merlet; Perir-oixc cris, don Claude Saint-Étienne. Cette excellente poire n’est pas nouvelle puis- qu’elle était déjà, 1l y a plus de 160 ans, une vieille connaissance pour les pomologistes ; de nos jours, quelques amateurs seulement la cultivent, la plupart sans en savoir le nom; ils en font tous avec raison le plus grand cas. L'ignorance du nom d’un bon fruit est une chose fâcheuse, puisqu'on ne peut se le procurer identi- quement qu'à l’aide du nom; mais un peu de patience, les faiseurs de noms ne manquent pas, et si cette va- riété passe par leurs mains, elle en sortira probable- ment comme espèce nouvelle avec un ou plusieurs noms nouveaux. Après tout, il faut bien reconnaitre qu'il est plus facile de donner un nom que de se livrer, dans de vieux bouquins, à des recherches peu attrayantes, et qu'enfin les charlatans qui excitent à cultiver un très- bon fruit ancien tout à fait négligé et presque perdu, 80 en le vendant sous un nom nouveau, ne sont pas beaucoup plus coupables que ces producteurs et mul- tiplicateurs infatigables qui nous gorgent, moyennant finances, de tant de variétés nouvelles de fruits dont la moitié ne mérite pas les honneurs de la culture. La poire Petit-oing n’est pas perdue, mais aucun des amateurs qui la cultivent ici n’en sait le nom. Feu M. de KR. l’appelait, seulement pour la désigner et faute d'en savoir le nom vrai, crassane de plein vent, crassane du pays de Caux, faisant ainsi allu- sion à ses bonnes qualités et à la facilité avec laquelle elle vient en plein vent dans les terres les plus com- pactes et dans les endroits les moins abrités. J'aurais eu sans doute moi-même beaucoup de peine à retrouver son nom primitif, si M. de T... ne m'eût fait l'éloge des fruits d’un ancien poirier qu'il possède près de Pont-Audemer, et que son vieux jardinier appelle petit-oin. Des grefles de cet arbre m'ayant été envoyées, j'ai pu en reconnaitre l'identité avec celui dit crassane de plein vent, ainsi qu'avec ceux que plusieurs personnes possèdent ici sans nom, et j'ai acquis la certitude que c’est la poire Petit-oin des auteurs cités plus haut. C'est un arbre fertile, produisant beaucoup, à haute tige et en plein air. Ses rameaux sont lisses et sans stries, leur épiderme est brun verdâtre, maculé de lenticelles grises, ordinairement petites, assez nombreuses. Les yeux sont rapprochés (mérithalles courts); saillants, courts, ovales coniques, pointus, renflés, marbrés gris et noir. Feuilles petites, ovales, aiguës, fermes, ordinaire- 81 ment un peu arquées au sommet, à pointe courte et très-courbée en dessous, à bords ordinairement ondés, assez finement et peu profondément serretés. Fruit petit, court, turbiné, aplati vers J'œil. Sa hau- teur est de 5 à 6 centimètres, son diamètre est à peu près égal. Sa peau est épaisse, ferme, vert pâle, poin- üllée et souvent marbrée gris surtout autour de l'œil. Le pédoncule est mince, long de 2 à 5 centimètres; l'œil est placé dans une cavité évasée, très-peu pro- fonde, tapissée d’une grande tache gris fauve ; sépales étalés. Chair fine, très-fondante, eau très-abondante, sucrée, parfumée, très-agréable. Cet excellent fruit, auquel on ne peut reprocher que son petit volume et l’absence d’un coloris bril- lant, mürit de la mi-octobre à lami-décembre, c’est- à-dire que le plus grand nombre mürit et se mange en novembre. M. Couverchel lui donne comme synonyme le nom trop prétentieux, ainsi qu'il le dit, de Merveille d'hiver. PrÉvOsT. PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE. Le genre VNemophila vient encore de s’augmenter d'une nouvelle espèce originaire du Mexique. Elle porte le nom de Vemophila aurita Lio. Comme toutes ses congénères connues en France, elle est Décempre 1845. 6 82 annuelle et ne s'élève guère qu'à 15 ou 20 centi- mètres, ses tiges anguleuses et garnies de poils rudes sont droites, maïs ont besoin d’être soutenues par un tuteur, autrement elles rampent sur le sol. Ses feuilles lyrées sont longues d'environ 3 à 4 centimè- tres ; ses fleurs sont axillaires , portées sur un pédon- cule filiforme, et remarquables par leur couleur pour- pre qui les distingue de toutes les autres. Elle n’est difficile ni sur la nature du sol ni sur l'exposition. On peut la semer en place au printemps comme la giroflée de Mahon, mais elle est plus belle semée d'automne. Elle fleurit tout l'été. RoussELON. SAUGE AZURÉE , S'alvia floribunda, BronGniarr. (Voyez pour les caractères génériques page 120 de ce journal, année 1833-1834.) Cette plante qu'on croit être originaire du sud de l'Amérique septentrionale aurait été introduite en France par Ja Suisse, d’où M. Martine, horticulteur, rue des Bourguignons, dit l'avoir recue. Elle a beau- coup de ressemblance avec le Salvia azurea, espèce plus ancienne et que plusieurs horticulteurs soutien- nent être la même. Au reste, l'un et l’autre nom lui conviennent parfaitement. Le premier, à cause du grand nombre de fleurs dont elle se couvre, le second, en rappelant le beau bleu d’azur qui est leur couleur. Elle s'élève d’un à deux mètres. Ses feuilles sont lancéolées, linéaires, denticulées sur les bords de leur moitié supérieure. Fleurs en pannicules terminales 33 droites ; elles sont grandes et teintes d’un joh bleu d'azur. Les boutures de cette plante reprennent très-diffi- cilement, ce qui étonne touS’les horticulteurs habï- tués à trouver les espèces de ce genre si dociles à ce moyen de multiplication. Il a donc fallu chercher un autre procédé de propagation. Nous l'avons greflée sur de jeunes sujets du Sa/via tubiflora, et les résul- tats ont été des plus satisfaisants. Elle l’a été égale- ment sur tubercules du Salvia patens, mais sa végé- tation est loin alors d’être aussi vigoureuse. La plante ainsi traitée est empotée dans de la terre de bruyère avec addition de bon terreau et de terre franche à peu près par tiers. On l’arrose souvent et elle fleurit pen dant une partie de l'été. Il est bon de faire remarquer aux amateurs que beaucoup de plantes ayant été livrées ainsi greffées, quelques greffes ont péri pendant l'hiver, et que les tiges qui ont repoussé au printemps appartiennent au sujet seul qui a survécu. Il en résulte que les jardi- niers ayant bouturé ces nouveaux jets livrent avec confiance pour leSalvia floribunda des boutures d'une autre sauge, et cela fort innocemment, car ne s’ima- ginant pas qu’on ait été obligé d'employer la grefle pour la multiplier, ils ont pu ne pas s’en apercevoir. C'est peut-être à cette difficulté de multiplication qu'il faut attribuer la disparition de la Salvia azurea qui aura été importée de nouveau sous le nom de floribunda. Malgré qu'on prétende qu’elle peut passer en pleine terre avec une bonne couverture de litière pendant la mauvaise saison, nous la tenons en serre tempérée 84 pendant l'hiver, et il est toujours prudent d'en con- server ainsi pour parer aux accidents. C'est, au reste, une fort belle plante et bien digne de fixer l'attention des amateurs. Jacquin aîné. Acacie DENTÉE, Acacia dentifera, Bentu. (Voyez la plancheet pour les caractères génériques, page 1°, année 1837-1838.) Arbrisseau pouvant s'élever de 2 à 3 mètres, à ra- meaux glabres, cylindriques ou presque anguleux, striés, d’un vert pomme. Stipules d'abord soyeuses, ensuite épaisses, persistantes et dentiformes d’où le nom spécifique de cette Acacie. Feuilles ou phyllodes linéaires allongées, plus ou moins falciformes, poin- tues et terminées par un mucrone droit. Elles sont ciliées quand elles se développent et glabres quand elles sont adultes. Leur longueur est de 6 à 10 cen- timètres, et leur largeur de 5 mill. La page supérieure est d’un vert plus foncé que inférieure où apparaît la nervure médiane. Les fleurs sont disposées en capi- tules solitaires, globuleuses, d’un beau jaune, d'un diamètre d'environ 10 mill., et portées sur des pé- doncules axillaires de 15 mill. à peu près delongueur. Quelquefois mais rarement deux pédoncules sont in- sérés au même point, mais alors le plus ordinaire- ment la phyllode est avortée. Le calice a cinq lacinies subulées, et la corollé est quinquefide. Cet arbrisseau, trouvé par le collecteur anglais Drummond, sur la côte Sud-Ouest de la Nouvelle- 85 Hollande, est introduit en Europe depuis 1840, et encore fort rare en France. Il ressemble au premier aspect au Mimosa Saligna, La BrcLarDiÈRE ; mais il en diffère par la forme particulière du calice de ses fleurs. Au reste, le genre acacia est encore peu clai- rement décrit, malgré les effortsde WaLpers , parce qu'il s'augmente incessamment de toutes les nou- veautés introduites et dont le nombre est tel que la quantité des espèces qui existent aujourd'hui, est au moins triple de celles décrites par Decandolle en 1825. On le cultive comme toutes les espèces de la Nou- velle-Hollande; c'est-à-dire qu'il lui faut la serre tempérée et qu'on peut le multiplier de graines, de boutures et marcottes. On le trouve chez nos col- lègues MM. Cels et Jacquin aîné. RoussELoN. BaRNaDÉsIE ROSE, Barnadesia rosea , Linoc. ; Cina- rocéphales ou flosculeuses, Juss.; Composées, An. Bronentarr. — Voyez la planche. Arbuste à tiges dressées, flexueuses, d’un vert brun noirâtre, à feuilles alternes, obovales, atténuées à la base en forme de phyllode ;-elles sont fermes et d’un vert frais, et garnies à leur base d’une ou deux épines aiguës , brunes, longues de 10 mill. environ. Les fleurs sont disposées en capitule solitaire com- posé d’un involucre allongé formé de squames ou écailles nombreuses, imbriquées, d’un vert brun à la base, d’un pourpreroséen haut, et de 13 fleuronsétalés en rayons longs de 11 à 12 mill. Chacun est bilabié; la lèvre extérieure est très-développée, à sommet 86 échancré ou tripartite, d’un beau pourpre rosé en dessus , plus pâle en dessous, dont le sommet et les bords sont garnis de longs poils blancs et soyeux ; la lèvre supérieure se termine en un processus filiforme de même couleur qui atteint en ondulant la longueur de la lèvre extérieure. Au milieu du disque s'élèvent les étamines, une au-dessus de la base de chaque fleu- ron. Leurs filets libres forment un faisceau symétrique de 9 mill. de hauteur au sommet duquel les anthères soudées entourent le style qui en occupe le centre. Les filets sont d’abord rose carné à leur insertion, e5- suite alternativement violet foncé et vert jaunâtre. Cette charmante plante qui a fleuri, pour la pre- mière fois en France (au moins, je le crois), dans l'é- tablissement horticole de M. Jacquin aîné, à Cha- ronne, où je l'ai dessinée , est originaire de l’Amérique méridionale. Elle ne paraît pas devoir prendre de grandes dimensions, mais ne peut manquer de deve- nir une élégante décoration de la serre tempérée à Jaquelle elle appartient. On la cultive en pots rem- plis de terre de bruyère et on garnit le fond de gro: gravier ou de tessons de pots. On la multiplie de bou- tures et marcottes,. RoussELON. STACHYTARPHETA, Vanc. Didynamie-angio- spermie, Lux. Gattiliers, Juss. Verbénacées , Av. BRoNGNrART. Caractères génériques. Fleurs disposées sur des épis en axe succulent, charnu, épais, naissant dans Vaisselle de leurs écailles imbriquées. Calice tubulé à quatre dents; corolle monopétale à einq lobes iné- 87 gaux. Quatre étamines dont deux ordinairement sté- riles. Un ovaire surmonté d’un style simple; deux graines nues, accolées l’une à l’autre et enveloppées par le calice. STACHYTARPHETA CHANG&ANT , S'éachytarpheta muta- . bilis, Vaur. Verbena mutabilis, Jaco. (Voyez la figure.) A rbrisseau originaire du Chili. Tige frutescente s'élevant à 1 mètre, velue, les jeunes rameaux d’un vert foncé. Feuilles alternativement opposées , ovales, pointues, dentées, rugueuses, d’un beau vert en des- sus, plus pâles en dessous, un peu ciliées, à pétiole du même vert que la tige, canaliculé, velu. Au sommet des tiges et rameaux, épi floral, charnu, épais, à bractées lancéolées pointues, velues, envelop- pant le calice et le tube de la fleur. Boutons pour- prés, tube de la fleur rose, corolle à limbe d’un beau rouge vermillonné passant graduellement au rose. Gorge du tube blanchâtre à l’intérieur; étamines à fi- lets blancs et anthères jaunâtres. Style blanc à stig- mate brun. Toute la fleur est finement velue. Il faut à cet arbrisseau qu’on cultive en pot, une terre franche légère, à laquelle il est bon d’ajouter un tiers de terreau de feuilles consommé, On le multiplie de graines qu'on sème au printemps sur couche chaude et sous châssis et que l’on repique en pot. On peut le multiplier aussi de boutures et de mar- cottes. Il veut la serre chaude ou au moins une bonne serre tempérée, et des arrosements au besoin. JacQuiN aîné. 38 Carrcey p'AcranD, Cattleya Aclandiæ, Laxv. (Voyez la planche.) Plante épiphyte à feuilles oblongues et à fleurs so- litaires ou géminées. Sépales et pétales lancéolés, égaux , recourbés, teints de vert jaunâtré marbré de pourpre et de larges macules d’un brun violacé foncé. Labelle presque plane , échancré au sommet et for- mant deux lobes dilatés, à bords émarginés et plissés, teinte d’un rose plus pâle vers la base. Pseudo-bulbes se développant sur des racines cylin- driques, charnues, contournées. Originaire du Brésil, d’où elle paraît avoir été en- voyée par lord Acland, elle a été dédiée par Lindley à lady Acland. Connue en Angleterre, depuis 1859, elle est encore fort rare dans les serres françaises et Je ne l'ai vue que dans celles de nos collègues MM. Cels frères et Morel, Elle est remarquable par le volume de sesfleurs qui contraste avec le peu de développement dela planteentière. Elle n’a pas besoin d’une si haute température que la plupart des autres orchidées et tient sous ce rapport le juste-milieu entre les plantes les plus tropicales et celles qui supportent la tempé- rature la plus basse, Elle végète parfaitement bien sur un morceau de bois en grume dans l'écorce puquel les racines s'1m- plantent sans autre protection qu'un peu de mousse humide. Pendant l'hiver, sa végétation étant suspen- due , elle n’a besoin d'aucun arrosement. On la mul- 89 tiplie par la séparation de ses pseudo-bulbes auxquel- les on laisse adhérente une portion de ses racines. RoussELON. DE LA VIGNE FORCÉE SOUS BACHES. J'ai indiqué, page 54 de ce journal , année 1544- 1345, le procédé employé pour hâter la maturité du raisin par l'application, contre les murs d’espalier sur lesquels la vigue est dressée , de châssis mobiles qui servent à concentrer une plus grande somme de chaleur. ; Je vais maintenant décrire les moyens usités pour forcer la vigne sous bâches ou sous châssis fixes. Les ceps destinés à être chauffés doivent être préa- lablement soumis à une culture préparatoire qui exige trois ou quatre ans. On fait choix, pour établir Ja plantation, d’un terrain exposé au sud et abrité autant que possible , naturellement ou artificiellement, des vents froids. Sur des lignes distancées de 3 mètres 33, on plante des crossettes, en laissant entre elles 1 ou 2 mètres d'intervalle sur la ligne, selon qu’on a l'intention de former un ou deux cordons. La dis- tance de 5 mètres 33 cent. à laisser entre les lignes est nécessaire pour que la première ne porte pas sur la seconde une ombre défavorable, ce qui arriverait si on Jes rapprochait trop. Elle est indispensable dans le cas où l’on voudrait établir deux cordons, ce qui est plus économique, mais elle peut être réduite à 3 mètres, quand on ne veut qu’un cordon. 90 Cette plantation se fait à l'ordinaire dans une tran- chée ouverte parallèlement à l'exposition méridio- nale, en y couchant les crossettes dans le sens de sa longueur, et en faisant ressortir leur extrémité supé- rieure au-dessus du sol où on les taille à deux yeux. Ces crossettes doivent être bien choisies et être lon- gues de 66 cent. La terre de la tranchée doit être défoncée et fumée, et lorsque la plantation est faite, on la recouvre de 15 cent. environ dela même terre, de facou que le niveau de la fosse, qui a dû être ou- verte à 25 cent. de profondeur, soit de 10 cent. a peu près plus bas que le sol environnant. Cette méthode doit être observée, parce qu’en laissant au-dessus des crossettes une épaisseur moins considérable de terre, on permet aux influences atmosphériques d'exercer sur leur reprise une action plus profitable. Deux ans après la plantation, on trace sur la ligne une rigole de 15 à 20 cent. de profondeur , et on y couche le sarment poussé de l'année, en supprimant le bois inutile. On dispose les couchages de façon à ce que les distances indiquées plus haut selon le but qu'on se propose, soient conservées entre leurs ex- trémités supérieures qu'on fait ressortir de terre et que lon taille sur deux yeux. Après cette opération on comble la fosse et on nivelle le terrain. Derrière chaque cep on plante un échalas haut de 90 cent. quand on n’établit qu'un cordon, ou de 1 mètre 40, quand on a l'intention d’en former deux. Dans le premier cas, on fixe horizontalement sur ces échalas une latte à 45 cent. du sol, pour soutenir l'unique cordon qu’on forme à cette hauteur. Dans 91 le second cas on établit deux rangs de ces mêmes lattes , le premier à 50 cent. du sol, le second à 1 mètre. Ces intervalles sont nécessaires au dévelop- pement des branches coursonnes et de leurs pousses. On remplace parfaitement ces lattes par de forts fils de fer qu’on fixe sur les échalas. Dans tous les cas, les échalas ne doivent pas être éloignés du fond des coffres de plus de 5 cent. Quand on veut n'établir qu'uu seul cordon, On a eu soin de planter et coucher les ceps de manière à ce que les tiges que l'on dresse soient à 2 mètres de distance sur la ligne qui doit être éloignée de 3 mètres de la ligne suivante; on a établi sur chaque cep, à la distance de 45 cent. du sol, deux bras Opposés destinés à prendre une longueur de 1 mètre, et on les à garnis régulièrement de coursons espacés entre eux d'a peu près 16 cent. Lorsque ces cepssonten état d’être chauffés, on les taille et on laboure la plate- bande , ce qui se fait ordinairement en décembre, ensuite, on pose les coffres de façon que, comme je viens de le dire, le fond du côté du nord soit tout près du rang de vignes. Ces coffres ont ordinairement 1 mètre 33; le fond en planches du côté du nord, est haut lun mètre , le côté du midi est réduit à 33 cent. Pour couvrir chaque coffre, il faut deux pan- neaux vitrés de 1 mètre 5o cent. de longueur à cause de l'inclinaison. On peut, toutelois, employer pour cet usage des châssis de 1 mètre 33 en tous sens, di- mMmension qu'on leur donne le plus généralement , mais alors, il faut que le coffre n'ait qu'une largeur d'un mètre 5, largeur toutefois suffisante puisque la vigne n’occupant qu'environ 15 cent., 1l reste €RCOTE 92 90 cent. pour le passage des tuyaux de chaleur , et la place nécessaire à un homme pour donner à la vigne les soins dont ellea besoin. L’intervalle de 3 mètres qui sépare le côté nord du coffre de la première ligne, du pareil de la seconde ligne est ainsi rempli : 1° 50 c. de tranchée pour agosser un réchaud de fumier au fond nord du premier coffre; 2° égal espace pour la tranchée qui recoit le réchaud appliqué au bord de devant du second coffre, 3° la largeur de celui-ct, 1 mètre 05 ; {4° un sentier entre les deux lignes pour les besoins du service d’une largeur d'a peu près 90 cent. Après cette opération on ouvre de chaque côté el en dehors des coffres une tranchée large de 50 cent. et profonde de 23, et on la remplit de fumier neuf qu’on élève en forme de réchaud jusqu’à la hauteur de leurs côtés. Ces réchauds sont remaniés plusieurs fois avant Ja floraison de la vigne, pour économiser le combustible destiné à produire à l’intérieur la cha- leur suflisante. Mais à compter de ce moment on cesse de les remanier parce que l’exhalaison qui s'échappe du fumier est nuisible aux fleurs, et peut même faire contracter aux fruits un goût désagréable, analogue à celui dit de terroir, dont il simprègne dans de cer- taines localités. En tous cas, si on les remanie, il faut avoir le plusgrand soin que les coffres soient hermé- tiquement fermés pendant l'opération, afin que les vapeurs ammoniacales du fumier ne puissent péné- trer à l’intérieur. Lorsqu'on veut établir la vigne sur deux cordons, ce qui est plus économique , on plante et on couche les ceps de façon à ce que les tiges soient espacées 93 d'un mètre entre elles, et que ces lignes soient distan- cées de 3 mètres 33 cent. Les coffres ont alors une largeur de 1 mètre 33 cent., avec le fond du nord haut d’un mètre 5o cent., celui du midi de 5o cent. seulement. Ces coffres sont couverts de châssis larges de 1 mètre 33 cent., et longs de 1 mètre 55 cent. On creuse également sur le devant et le derrière de cha- que coffre une tranchée large de 50 cent., pour y établir les réchauds , et il reste entre les deux lignes un sentier d'un mètre. Ici on fait naître sur chaque cep deux cordons alternes, l’un à 50 cent. du sol, le second à 1 mètre. Ces deux cordons doivent atteindre aussi une longueur d’un mètre. Ou bien on forme le premier cordon avec les ceps impairs et le second avec les ceps pairs. On les garnit aussi comme les premiers de branches coursonnes , régulièrement es- pacées. Tant que les froids ne se font pas sentir, les ré- chauds dont j'ai parlé suffisent à mettre la vigne eu végétation. Mais aussitôt que le temps se met à la gelée, on augmente la chaleur à l'intérieur des bâches, par la circulation de l'eau chaude dans des tuyaux en cuivre, qui passent près du bord du coffre qui re- garde le midi. Ces tuyaux recoivent l'eau chaude d'une chaudière construite hors des bâches. On peut chauffer par des poêles ordinaires dont la chaleur est amenée dans la bâche par des tuyaux longeant égale- ment le côté le plus bas des coffres, mais ce moyen a tous les inconvénients de l’ancien chauffage , et est d'ailleurs plus coûteux. Tandis qu’un thermosiphon peu dispendieux peut suffire à chauffer une longueur de bâches d'environ 25 mètres, et fournir une tem- Pé 94 érature plus constamment égale, avec moins de P P pre: surveillance. Les soins à donner aux vignes ainsi chauflées sont absolument les mêmes que ceux qu'exige une treille en plein air. C'est toujours le pincement, l'ébourgeon- nement, l'évrillement et l'épamprement qu'il s'agit d'opérer, seulement il est bien de ne pas trop les charger en fruits, ce qui offre le double avantage de prolonger leur durée et de leur faire produire des grappes plus belles, Elles n’ont besoin que de peu d'air jusqu’au moment où le temps se met au beau. Il est rare qu'il soit nécessaire de leur donner des bassi- nages , car il règne plutôt sous la bâche une humidité surabondante. Les principales choses dont il faut tenir compte dans cette culture artificielle, c'est de modérer la chaleur pendant la première quinzaine du commen- cement de l'opération, et de ne l’élever que graduel- lement. Si l'on portait de suite la chaleur à nn trop haut degré, il en résulterait que les pousses de Ja vigne seraient étiolées , que les grappes avorteraient et qu'on n'obtiendrait que du bois et des feuilles. Aussitôt que la végétation a pris son cours, que les boutons se sont gonflés et vont s'ouvrir, on règle la température pour qu'elle se maintienne constante entre 10 et 12 degrés centigrades , jusqu'au moment où le raisin a tourné. À partir de Ja, il faut élever gra- duellement la chaleur et la maintenir entre 16 et 20 degrés. C’est le moment de la floraison qui exige le plus de surveillance ; un brusque abaïssement detempérature 99 peut faire couler la fleur, de même qu'un coup de chaleur, comme disent les jardiniers, peut la faire avorter. Îl faut, au printemps, prendre garde à l'in- fluence des rayons solaires, qui peuvent en un in- stant élever la température sous les châssis d’une façon fâcheuse. Il est donc prudent , quand le temps est au beau, de soulever un peu les panneaux pour empêcher cette accumulatation de chaleur, ce qui vaut infiniment mieux que d'ombrer, car un point important encore, est de laisser arriver la lumière avec toute Ja liberté possible ; c'est pourquoi il faut avoir le plus grand soin à faire retirer aussi ma- Un que possible les paillassons dont on couvre les châssis pendant la nuit, Cependant si l’action solaire se faisait sentir vivement , il faudraitcouvriravec une toile afin d'éviter les brûlures. Pendant le mauvais temps on veille à ce qu'il n’y ait pas trop d'humidité dans la bâche, et on la chasse en profitant de tous les moments de beau temps pour y introduire de l'air, et en faisant essuyer, toutes lesfoisqu’on le peut, les châssis en dedans où viennent se condenser les vapeurs aqueuses qui se forment pendant la nuit et retombent en goutielettes; et lorsque la saison est chaude et sèche , s’il paraît nécessaire de rafraïchir les ceps, il faut les seringuer le soir avec une pompe à pomme finement percée et qui laisse tom- ber l’eau sur le feuillage comme une pluie douce. Si les grappes sont trop serrées on en éclaircit les grains pour faciliter la maturité, et on a soin de les découvrir lorsque les feuilles les masquent, mais en déplaçant celles-ci plutôt qu’en les arrachant. Il faut 96 aussi scrupuleusement retrancher les feuilles et les grains pourris. En commencant à chauffer en décembre, on récolte en mai, et après la récolte on enlève les panneaux ; la vigne mürit son bois, et on peut recommencer à chauffer en décembre suivant. Si l’on veut récolter plus tôt, il est nécessaire de commencer avant le mois de décembre, mais la réussite est d'autant plus diffi- cile que le temps se maintient plus sombre durant l'hiver, car ce n’est pas la chaleur qu'il est difficile d'obtenir , mais bien la lumière. RousseLox. BRRELES DE FLORE ET DE POMONE. AGRICULTURE. Emploi des tiges de dahlia pour fourrages. Chez nous le dablia, cet enfant du Mexique , est venu embellir nos parcs et jardins par les mille va- riétés auxquelles a donné naissance sa nature va- riable. Il paraît qu’en Bohême des essais ayant été faits pour employer ses tiges à la nourriture du bé- tail, le succès a été complet. C’est principalement l'espèce bovine qui s'en accommode le mieux , et on a remarqué que les vaches laitières qui s'en nour- rissent fournissent en abondance un lait très-bon. Dès l'introduction en Europe de cette plante, dont on ne pouvait guère prévoir la brillante destinée , on avait annoncé les qualités nutritives de ses tuber- cules , que l'expérience a complétement démenties, il paraît qu'il n’en est pas de même à l’égard de ses üges. Pour le cultiver en grand dans le but d’en obtenir un fourrage vert, on plante au printemps dans une terre labourée les tubercules qu’on a conservés pen- dant lhiver, et à peu d'intervalle les uns des autres, et on fauche quand les pousses sont assez hautes et Janvier 1846. 7 98 avant qu’elles se mettent en fleurs. Cette coupe fait refouler la séve vers les tubercules , et de nouvelles pousses ne tardent pas à s’élancer du collet; ce qui procure l'avantage d’une seconde récolte. Si l’on veut semer, on laisse des dahlia accomplir leur floraison, et on garde pour porte-graines les plus élevés de ceux dont les fleurs sont simples. On sème en place en mai, et on obtient une récolte abondante de fourrage vert à la fin de l’été. Les tubercules sont arrachés et conservés en cave ou en terre, selon que l’un des deux moyens convient mieux. RoussELzON. Culture de la garance. RUBIA, Lin. Tétrandrie monogynie, Lin. Rubia- cées, J'uss. Caractères génériques. Corolle campanulée, qua- drifide, quelquefois à cinq divisions et cinq étamines ; deux baies arrondies, glabres. GARANCE DES TEINTURIERS , Rubia tinctorum, La. Plante indigène dont la racine, jaune à l’intérieur et rouge extérieurement , est cHbloyéé en teinture é pour fournir la couleur de ce nom. Ses tiges sont nombreuses, grimpantes, aiguillon- nées ; les feuilles sont lancéolées , en verticilles de quatre à six , garnies de dents grandes et crochues. Elle fleurit en juin ; ses fleurs sont petites, jaunâtres, axillaires. Voici quelle est la méthode de culture suivie dans le midi de la France telle que MM. Jacques 99 Sagnier et comp., de Nîmes, ont bien voulu nous là communiquer. «Les graines, qui sont le moyen de reproduction, se sèment dans le courant d'avril. Lorsqu'on le peut, on prépare le terrain avant l'hiver par un profond labour. Ensuite, à l'époque qui vient d’être indi- quée, on ouvre des tranchées de 50 à 60 centim. de profondeur et sur 50 de largeur, et l’on rejette dans les intervalles de ces tranchées la terre qui en sort. On ameublit soigneusement le fond de la tranchée Sur une profondeur de 5 à 6 centim., et on y sème les graines sur deux rangs. Au fur et à mesure que les plantes produites par ces graines se développent, on les charge, sans cependant les couvrir, d’une por- tion de la terre prise sur les ados, et on continue ainsi successivement jusqu’au moment de la récolte, époque où le terrain se trouve nivelé. Il est bien en- tendu que, toutes les fois que cela est nécessaire , il faut biner et sarcler la plantation. » Ordinairement, on récolte les garances dix-huit mois après le semis, c'est-à-dire que les graines se- mées en avril, d’une année , donnent leurs produits au mois d'octobre ou de novembre de l’année sui- vante, Quelques personnes attendent deux ans pour que les racines , objet de la culture, acquièrent un volume plus considérable. Au reste , l’époque de la récolte peut dépendre de la nature du sol et du climat. » Cette culture diffère principalement par le semis en tranchées des aut tiques, qui, du reste, varient elles-mêmes dèb lé diverses contrées où la garance est cultivée. Généralement on divise le terrain par 100 planches plus ou moins larges avec des intervalles, dont la terre est employée aux chargements. En mars ou avril on sème à la volée, ou mieux en rayons, que l’on ouvre à la binette , et dans lesquels on ré- pand la graine aussi également qu'on le peut. Lors- que le semis du premier rayon est achevé , on le re- couvre avec la terre du second, et ainsi de suite. Lorsque les graines ont levé, on donne un sarclage pour extraire toutes les mauvaises herbes qui peuvent avoir surgi, et on charge légèrement de terre le pied des plantes pour les raffermir, Les sarclages sont ré- pétés autant de fois qu'il est nécessaire pour que la plantation soit constamment entretenue bien nette de mauvaises herbes. En novembre, on charge les garances de 6 à 8 centim. de terre prise dans les in- tervalles des planches. On continue l’année suivante à sarcler selon le besoin, et lorsque les garances sont en fleurs, on coupe les tiges pour fourrages, à moins qu'on ne veuille récolter les graines. En août ou septembre de la deuxième année après celle du semis, on récolte les racines. Pour cela on fouille le sol à une profondeur suffisante , qui est de 60 à 75 centim. Les racines sont étendues sous un hangar, où on les remue à la fourche pour les dé- barrasser de la terre, et on les laisse se sécher lentement dans un lieu secet aéré, si mieux on aime les porter dans une étuve. On peut planter aussi la garance; à cet effet on sème très-dru , et on emploie le plant lorsqu'il a un an; ou bien on choisit, à l'époque de l'arrachage , les racines les plus grêles. Le terrain est disposé comme pour le semis; on trace des rayons plus pro- PSS II RE M VS OU OU ne ee ME ee cote AUTO 8 NUE ER 10! fonds, et on y couche le plant ou les racines que l’on recouvre de terre. On sarcle et bine au besoin, et l'on recharge en novembre. La récolte a lieu à la se conde année de plantation. Le semis est, du reste, préférable à cette seconde méthode, et emploie 60 à 70 kilog de graines par hectare. Le produit de la garance varie beaucoup selon les années. Dans un terrain bien amendé et fumé, et lorsque Jes circonstances atmosphériques sont favo- rables, on peut obtenir sur un hectare jusqu’à 5,000 kilog. de racines sèches. Mais si l'hiver est long , le printemps pluvieux et l'été sans chaleur, la récolte peut être réduite de moitié et même des trois quarts. Pour convertir les racines en poudre , état sous le- quel on les livre au commerce , on éprouve un dé- chet de 20 pour 100 , et on peut estimer les frais de cette opération à 5 fr. les 50 kilog. RoussELOx. HORTICULTURE. JARDIN. FRUITIER. Moyen de connaître promptement la qualité des fruits des arbres obtenus de semis. Les pépiniéristes, qui sèment dans l'intention de se procurer des sujets propres à recevoir la greffe des bonnes variétés de fruits connus, laissent échapper locuasion d'obtenir de nouveaux fruits d’un mérite peut-être supérieur à ceux qu'on possède, faute de 102 pouvoir attendre la mise à fruits de leurs plantes, qui exige en moyenne de dix à douze ans, lorsqu'on laisse la nature agir d’elle-même. Pour parer à cet inconvénient, qui existe princi- palement pour la série des fruits à pépins, un culti- vateur anglais a imaginé un moyen fort simple de con- naître la nature du fruit d’un sujet de deux ou trois ans de semis, ce qui est tout au plus l'époque à la- quelle le jeune plant est en état de recevoir la greffe. … Voici le procédé qu'il emploie. On coupe des mor- ceaux de racines de pommier ou de poirier , selon que le plant que l’on veut expérimenter appartient à l’une ou l’autre de ces deux espèces. Ces tronçons doivent avoir au moins 15 centimètres de longueur, et la grosseur du doigt. L'essentiel au reste est que le diamètre de Ja racine soit plus grand que celui de la greffe qu’elle doit recevoir. Il est bien qu’elle soit garnie d’un peu de chevelu. Sur des plants d’un à deux ans on prit une ra- mille, c'est-à-dire un jeune rameau garni de feuilles, d'une longueur d'environ 20 centimètres et on la grefle sur le morceau de racines, par le procédé de la greffe Cels de Thouin. Pour cela on taille sa base en langue d'oiseau, surmontée d’un cran saillant ; on coupe le sommet de la racine d’une manière correspondante, c’est-à-dire qu’on encoche son aire de façon à recevoir le cran de la greffe et qu’on lève sur son côté une portion d'écorce et de tissu fibreux , de la grandeur de la languette con- servée à la greffe et qui doit la recouvrir. Cela fait on ajuste, on entoure d’une ligature en fi- lasse et on plante la racine de manière à ce que la tn abc d cb ant nn nu Ed ES Mi dEMÉS 103 grefle soit enterrée au-dessus de son dernier œil ; ce qui la maintient dans un état de fraîcheur favorable à la reprise. Cette opération se fait au printemps et quelquefois on obtient du fruit à l'automne de Ja même année. L'auteur anglais auquel j emprunte ce procédé s'explique ainsi : « J'ai semé, dans le mois de mars, sur couche, des pépins de pommes , et au printemps suivant quarante de ces jeunes plantes, qui étaient de la grosseur d’une bonne greffe, furent enlevées. On les greffa en languette et on les re- planta ; toutes réussirent, et quatre d’entre elles portèrent la même année du fruit qui mürit très- bien. Ainsi dans l’espace de dix-huit mois, j'obtins du fruit mûr du pépin d’une pomme. » Ce procédé qui n’est au reste que l'application de la faculté qu'a la greffe de hâter de plusieurs années la fructification des arbres pour lesquels on l'emploie, mérite d’être expérimenté, afin d'apprécier avec certitude les avantages qu’il peut offrir. RoussELoN. Extrait dune note sur le moyen de conserver le raisin sur les ceps dans toute sa fraîcheur jus- qu'au mois de décembre. En 1835, à la fin de septembre, dit M. Moreau, jardinier maraîcher à Paris, il me restait environ 12 mètres de mur contre lequel la vigne était encore bien garnie de raisin : j'ai trouvé le moyen de le conserver en parfait état, en appuyant huit châssis contre le mur, et en leur donnant une pente d'environ 60 centimètres à partir du mur, de ma- 104 niére à former ainsi une espèce de bâche vitrée. Par ce moyen mon raisin se trouvait soustrait à toutes les intempéries auxquelles nous sommes exposés pendant cette saison ; de plus, il était à l'abri du ravage des moineaux et des guêpes. Lorsqu'il sur- venait des brouillards ou des gelées, je couvrais mes châssis avec des paillassons que je retirais aussitôt que le: temps était beau. J'avais soin de visiter en outre ma treille tous les quatre à cinq jours, afin de voir si les grappes ne pourrissaient pas; si, parfois, j'en trouvais d’attaquées, j'avais la précaution de les ôter et, s'il survenait, dans cette saison, quelques jours durant lesquels le soleil était très-chaud, je recouvrais mes châssis de paillassons, de manière à garantir mes treilles, car la chaleur concentrée, au- rait pu s'élever assez pour brûler le grain de la grappe la plus rapprochée du verre. Je retirais les paillassons quand la grande chaleur était passée, par ce moyen, j'obtenais un raisin parfaitement beau et bien frais. Je ferai observer qu'avant de mettre les châssis devant les ceps, il importe de les dégarnir d'au moins la moitié de leurs feuilles ; c'est après cette opération de l’effeuillage que le raisin prend cette belle couleur jaune qui le fait recher- cher. Encouragé par ce premier succès, je me promis de continuer plus tard les mêmes travaux, tout en cherchant à les améliorer. J'avais planté, l'année précédente, le long des murs de mon établissement, une treille de vigne chasselas de Fontainebleau, de la contenance de 150 mètres de longueur de mur. Cette jeune vigne était en plein rapport en 1843 ; en 1843, 105 : voyant ma treille abondamment chargée de raisin, je résolus de le conserver le plus longtemps possible. Cette fois je plaçai mes châssis d’une autre manière, je les mis sur des ràbles plates supportées par des pieux à 60 centimètres de terre, de façon à établir un Courant d'air qui passait sous les châssis et contri- buait ainsi à la perfection de mon raisin. Je procédai de la manière suivante : j'achetai un quart de bois à brüler, tous rondins de même grosseur (environ 18 centimètres de circonférence), je les taïllai en pointe par un bout, et les enfon- çai à 1 mètre 33 centimètres les uns des autres et à 60 centimètres du mur. Lorsque tous mes pieux furent plantés, je posai mes râbles plates et je les fixai sur chaque pieu par un fort clou d'épingle, de manière à consolider assez toute cette espèce d'écha- faudage pour supporter les châssis. Quand ceci fut terminé , mes châssis furent posés sur les râbles, en les renversant contre le mur, et en les fixant à l’aide d'un grand clou à crochet planté dans le mur, qui maintenait les châssis appliqués contre le haut, de manière à ce que le vent ne pût les renverser. Ge taavail fut exécuté à la mi-septembre : par ce moyen j'ai conservé mon raisin jusqu'à la fin de décembre, époque à laquelle on ne voyait plus, sur nos mar- chés, que des raisins apportés du midi de la France. Pépin. 106 Culture hâtée du Pécher. I ne nous suffit plus aujourd’hui de jouir des pro- ductions que nous accorde la nature aux époques qu’elle a fixées elle-même dans l’enchaînement de ses œuvres admirables. Les riches veulent avoir sur leur table ce que personne autre qu'eux ne peut pos- séder en même temps, et l’art horticole s'empresse de répondre à leur désir. J'ai dit, page 54 de ce journal , année 1844-1845, comment on obtenait par une culture artificielle des fruits précoces de la vigne. Les mêmes moyens peu- vent être employés à l'égard du pêcher et produisent des pêches mûres avant le temps où les espaliers à l'air libre les donnent. Généralement on force peu les pêchers, on se con- tente de les hâter. Il suffit pour cela de les garantir du froid et surtout des intempéries printanières qui sont ce qu'il y a de plus désastreux pour ce genre d'arbres. Quand on n’a pas planté dans la prévision d'appliquer aux pêchers cette culture hâtive, on choisit parmi les expositions dont on dispose, la plus méridionale, et à celle-ci les variétés les plus précoces. Mais lorsqu'on plante avec l’intention d'obtenir des fruits de primeur, on doit choisir l'exposition du midi et les variétés qui mûrissent les premières, no- tamment les petite et grosse mignonnes hâtives. On taille en décembre les pêchers qu'on veut hâter, et immédiatement après on fixe contre l’espalier la serre mobile dont j'ai parlé à l'indication ci-dessus, en traitant de la vigne. On l'entoure d’un réchaud de 107 fumier neuf qu'on remanie souvent, et on a soin de couvrir les châssis pendant la nuit, soit avec des pail- Jassons, soit avec de la litière, mais toujours de facon à intercepter tout accès au froid. On combat égale- ment ce dernier par l'emploi d'un ou deux poêles en terre cuite dont on dirige Les tuyaux le plus près-pos- sible du bas des châssis, et dont le foyer a son ouver- ture à l'extérieur pour éviter la fumée. Il faut visiter journellement l’espalier pour voir l’état des arbres ; aussitôt que les boutons à fleurs se gonflent, on a soin de découvrir chaque jour les châssis afin de faire jouir les pêchers de la plus grande somme de lumière possible. C'est un point qu’il est important de ne pas négliger, ainsi que de les recouvrir soi- gneusement à l'approche de la nuit. Ho On prend toutes les précauti trop d'humidité ne règne pas sous la serre, et pour cela on profite chaque jour du moment où la tempé- rature est Ja moins basse pour donner de Fair, en soulevant les châssis que l’on referme aussitôt s'il fait froid, ou que l'on maintient entrouverts, plus ou moins de temps selon que l'atmosphère présente une température douce, et on entretient à l'intérieur la chaleur à 12 ou 15 degrés centigrades. On a soin aussi de suspendre le long des murs de l’espalier des fioles à demi remplies d’eau miellée pour y attirer les fourmis qui, sans cela, ne manqueraïent pas de dé- truire beaucoup de fleurs. Il n’y a aucune différence à apporter dans les pro- cédés de la taille et dans toutesles opérations acces- soires qui en assurent les résultats. On peut dire ce- pendant que les divers pincements et ébourgeonne- :11 medoir PURE Le ti 108 ments doivent être faits avec plus d’exactitude encore et d’à-propos que sur les arbres en plein air. Il est essentiel que la séve soit constamment dirigée vers les parties qui ont besoin de vigueur, et n’afflue ja- mais en trop grande masse sur un point. Le palissage doit donc être surveillé sans cesse et opéré avec toutes les modifications qui peuvent influer sur le but qu'on veut atteindre. Ainsi on palissera les premiers les bourgeons qui se développent sur les parties les plus élevées; c'est par là aussi qu'on commence l'ébour- geonnement et le pincement, car c’est dans la partre inférieure de l’arbre qu'il importe d'entretenir une vigoureuse végétation. On veille à assurer le rempla- cement normal des branches à fruits, en favorisant par toutes les ressources de l'art la formation des bourgeons et rameaux qui doivent succéder aux bran- ches quiaurontfructifié. Enfin on porte la plus grande attention à ce que toutes les nouvelles productions vertes soient attachées sans confusion pour laisser à la circulation de l'air toute la facilité désirable. Bien que tous les pêchers, quelle quesoit la forme qu'on ait adoptée, peuvent subir cette culture, je pense que ceux qui sont disposés en espalier carré à la Lepère, doivent réussir le mieux parce que cette forme donne plus d'aisance pour le palissage des branches à fruits et des rameaux et bourgeons qui constituent l'arête des membres de la charpente, et favorise par cette raison l’évaporation de l'humidité surabondante. C'est pendant la floraison surtout qui a lieu à la fin de l'hiver que la plus grande surveillance doit être exercée, pour que l'air soit renouvelé souvent, 109 sans cependant que son introduction sous les châssis puisse y être nuisible, et pour procurer aux arbres la plus grande somme de lumière, sans abaissement trop prononcé de la température. Il ne faut pas se bâter de supprimer des fleurs, parce que les accidents imprévus en détruisent toujours un certain nombre; mais lorsque les fruits sont noués, c'est alors qu'il faut les éclaircir pour les répartir également, et en nom- bre proportionné à la vigueur des arbres. Il faut tou- tefois dans ce premier éclaircissement laisser plus de fruits que moins, car il arrive encore que lorsque les pêches forment leur noyau, beaucoup se fanent et tombent. Aussi faut-il attendre cette époque pour achever la suppression des fruits surabondants. Dès que la floraison est passée, on doit arroser les arbres avec de l’eau qu’on fait tomber en pluie douce au moyen d’une pompe à main dont la pomme est percée de trous fins. Cette eau doit être à la tempé- rature de la serre volante, et ces bassinages sont re- nouvelés chaque fois qu'il en est besoin. Si les pucerons, on autres insectes , attaquaient les pêchers, il faudrait s'empresser de les détruire en brûlant du tabac sous les châssis fermés. À mesure que la saison avance, on donne plus d'air sous les châssis, et on arrive à les tenir ouverts toute la journée , en ayant soin de les fermer chaque soir, pour éviter les accidents imprévus qui peuvent survenir dans la nuit. Enfin, même après le 15 mai, époque où, sous notre climat, les gelées sont fort rares, il est utile de tenir tout disposé pour fermer les châssis et les couvrir de paillassons, ce qu’il faut s'empresser de faire sil survient un orage qui peut 110 en un instant détruire par la grêle la récolte à demi müre. Les pêches nacquerraient qu'un volume et une maturité incomplètes si elles étaient sans contact di- rect avec l'air atmosphérique. C’est donc lorsque le iômient de leur récolte approche qu'il faut plus par- ticulièrément faire ce que je viens de dire. Lors- qu’elles ont atteint leur volume, il faut les découvrir en effeüillant ou au moins en détournant les feuilles qui les couvrent, afin d'obtenir la coloration qui en fait un si beau fruit. Lorsque cette culture est convenablement soignée, on peut obtenir , vers le 15 mai, les premiers fruits de la petite mignonne, tandis que , à l'air libre, elle n’en donne au plus tôt et dans les années les plus favorables que vers le 15 juillet. La grosse mi- gnonne donne ensuite les siens dans les premiers jours de juin , ce qui est aussi une avance importante de deux mois. Après que les arbres ainsi hâtés ent été récoltés, on enlève les châssis , on continue à bassiner leur feuillage à la pompe à main, et on répand autour de leur pied un ou deux arrosoirs d’eau selon l’état de la sécheresse. Ce soin a pour but de raviver la végétation et d'aider à la formation des yeux et boutons qui naissent ordinairement en août. Le second ébourgeonnement et la taille, d'été sont exé- cutés selon qu’il en est besoin, absolament comme si ces arbres n'avaient pas fructifié. De cette manière on peut recommencer en décembre suivant à les sou- mettre à la même culture, sans qu'ils en éprouvent aucune altération , surtout si on ne leur a laissé que 111 la quantité de fruits qu'ils pouvaient facilement nourrir. Pour diminuer d'autant le surcroït de dépenses que nécessite ce procédé, on garnit de fraisiers én pot tout le devant de la serre volante; et ces plantes hâtées par la chaleur dont elles y jouissent, donnent aussi une récolte précoce qui n’est pas sans intérêt. On trouve dans l'établissement de Mademoiselle Lefèvre, rue du Faubourg-du-Temple, 94, des chässis en fer laminé, assez bien combinés pour former ces serres portatives dont le toit, les bas côtés et lessocles sont en forte tôle, et s’ajustent facilement les uns sur les autres au moyen de boulons et cla: vettes. Toutefois je crois qu'il est préférable d'em- ployer le bois pour fermer les côtés et le devant de ces serres, car si la tôle s'échauffe rapidement elle se refroidit aussi vite. RoussELON. PLANTES D'ORNEMENT Des terres propres à la culture des plantes exotiques. Dans le dernier siècle oncomposait, pour la culture des plantes exotiques, des terres dans lesquelles il entrait une grande quantité d'ingrédients, et malgré tant de peines on ne parvenait à élever que les plus robustes ; quant aux espèces délicates, elles n'offraient à l'œil qu’un aspect languissant , et disparaissaient.des collections au bout de quelques années. Aujourd'hui 112 toutes ces compositions sont rejetées , et On est par- venu, par des mélanges fort simples, à cultiver avec facilité les végétaux de toutes les parties du globe. Depuis que l’on a fait usage de la terre de bruyère, la culture des plantes étrangères a fait des progrès marquants, et on peut dire que c'est de ce moment que le goût de l'horticulture s'est prononcé en France. La terre de bruyère se forme ordinairementsur des rochers ou sur des coteaux sablonneux, où existent des gisements de grès et où croissent en abondance des bruyères entremélées de mousse, de fougères, etc. Ce sont les détritus de ces plantes quila constituent en formant avec le temps une couche de terreau végétal, auquel se mêle le sablon qui se détache par les efflores- cences de la roche. La terre de bruyère se reconnait à sa couleur brune, que rend un peu grisâätre le mé- lange du sable blanc très-fin. Celle qui se forme ainsi est la meilleure. On en trouve encore dans les lieux humides et marécageux , mais elle est toujours grasse et tourbeuse , et ne peut convenir aux-mêmes usages que la précédente : cependant on l’améliore sensiblement en y ajoutant un quart de terre sa- bleuse que l’on rencontre sur les coteaux et les berges incultes où végètent le serpolet et la piloselle. Il faut la prendre dansles places où le sable paraît être le plus fin et le plus fertile, et n’enlever que la superficie avec le gazon ou l'herbe qui s’y trouve. On mélange le tout ensemble et on le laisse se consommer avant de s’en servir. À défaut de terre de bruyère on peut aussi em- ployer la terre sablonneuse qui existe dans les bois. nd 115 On choisit de préférence Ja plus noire, qu'on ren- contre ordinairement dans des trous ou dans des fosses creusées par le hasard, et dans lesquels s’est formé un terreau de feuilles décomposées. Enfin on forme une excellente terre pour Jes plantes délicates en recueillant à la fin de septembre les herbes qui croissent le long des chemins, des berges incultes, des murs ou des haies, à l’entrée des villages, sur la lisière des bois, etc. On les en- lève par un temps sec, en ayant soin de secouer la terre qui adhère à leurs racines afin de ne recueillir que les herbes seules. On les accumule en quantité convenable dans une fosse profonde de 50 à 60 cent. large d’un mètre 33, et longue selon le besoin. On a soin de retourner souvent la surface pour les empêcher de pousser. Au bout de deux ans on pourra s’en servir, en y ajoutant un quart de sable fin, toujours pris à la surface du sol. Le sablon de rivière, pris aux endroits où il pousse de l'herbe, est également bon. On en prend sur une épaisseur de 5 à 10 centimètres avec l'herbe qui y a poussé et que l’on laisse pourrir en tas. Un tel compost conservé aïnsi pendant trois ou quatre ans et souvent remanié donne des résultats peut-être meilleurs que ceux de la terre de bruyère elle-même , et est loin de coûter aussi cher. Le terreau des vieilles couches est aussi fort bon à employer après qu'il a subi une décomposition presque complète. On le mélange ou avec de la terre de bruyère, ou avec de la terre ordinaire. Après qu’on a défait les couches, il est bon de le mettre en tas sous un hangar et de le retourner souvent ; ensuite on Île mélange dans la proportion qu'on juge convenable. Janvier 1846. 8 114 Pour faire un compost qui puisse suppléer avec avantage la terre de bruyère, il est bon de connaître la composition de celle-ci, afin de baser sur elle les proportions de chaque nature de substances terreuse ou siliceuse qu'on devra employer. L'analyse a démontré que les limites des divers matériaux qui forment la terre de mi naturelle, étaient les suivantes : Meilléure. Moins bonne. Sable siliceux. . . Humus végétal, .... . 47 55 36 20 Ci ou en 7 10 9:» Carbonate de chaux. . . . . .. 6 » 4 25 100 » 100 » Ainsi, selon que lon aura besoin d’une terre légère plus ou moins substantielle , on se rapprochera davantage d ti diquées pour la meilleure terre de bruyère: On peut remarquer que ces ana- lyses ne montrent aucune substance animale , ce qui doit engager à ne faire entrer le terreau de couches dans ces sortes de compost, que lorsqu'il a perdu par l'évaporation la totalité des gaz azotés , qui nuisent à plusieurs sortes de plantes et notamment aux bruyères du Cap, et à un grand nombre d'oignons à fleurs. On voit par les analyses ci-dessus que le carbonate de chaux fait partie des substances composant la terre de bruyère. La chaux vive qui devient carbo- natée par son seul contact avec l’air atmosphérique, peut donc être employée avec avantage pour accélé- rer la fermentation des substances végétales , et hâter ainsi le moment où elles constituent un terreau 115 suffisamment consommé. Ainsi les feuilles des allées qu'on ramasse à l’automne, au moment de l’effeuil- laison, les mauvaises-herbes des sarclages, les éplu- chures de légumes, les chaumes, les pailles et géné- ralement tous les détritus végétaux verts Ou secs, peuvent former un terreau végétal excellent. Il suffit de les mettre en tas, par lits successifs qu'on sau- poudre de chaux vive, et sur lesquels on répand quelques arrosoirs d’eau. On le remanie souvent , et on en obtient un terreau très-favorable à la végé- tation , que l’on débarrasse, en le passant à la claie, des fibres végétales non encore décomposées et que l'on jette sur un autre tas en préparation. On sait au reste que la chaux est un des principes constituants de toute terre fertile, et qu’elle contient une grande quantité d'éléments d’assimilation pour les végétaux, puisqu'on a pu extraire des cendres mélangées de diverses céréales, de pommes de terre et de trèfle rouge ,33 pour 100 en chaux. Il va sans dire qu’il faut mêler à ce terreau , ainsi obtenu, un quart de sablon fin, comme je l'ai in- diqué précédemment. Enfin pour les plantes d’orangerie un peu rustiques on forme une terre légère qui leur convient très-bien avec moitié de terre franche , et un quart de terre de bruyère, et le dernier quart en. vieux terreau de couche. Ces proportions peuvent varier selon que les plantes ont les racines plus ou moins fortes, et la tige plus ou moins arborée. En général les plantes à racines fibreuses très-menues, se plaisent mieux dans la terre de bruyère pure qui facilite leur dévelop- pement, parce qu’elle ne leur offre aucune résistance. 116 Un mélange par parties égales de sable et de terreau de feuilles, peut, jusqu’à un certain point, suppléer la terre de bruyère, et composer par moitié avec la terre franche, la terre légère qu'on destine aux plantes délicates qui redoutent l'influence des émanations animales que laisse échapper le terreau de couches, à moins qu’il ne soit très - vieux et par conséquent sans effet. Quand ou peut se procurer facilement de la terre de bruyère, on a le moyen de former, par son mé- lange sous diverses proportions, avec la terre franche , des terres de tous les degrés de légèreté , et qui conservent longtemps leur fertilité. Toutefois comme ce que l’on désigne par terre franche, peut ne pas être de même nature dans toutes les localités, il est bon de faire connaître les éléments qui com- posent celle que j'ai voulu désigner et qui consti- tuent Ja terre franche de Clamart, aux environs de la capitale, laquelle passe avec raison pour jour d’une fertilité fort remarquable, et qui lui a valu le nom de terre normale. En voici l'analyse d’après M. Payen. 5. + à … 88 » . . . . . 9 #4 Chaux carbonatée. . ..: .. ...... T6 Détritus:Hfmemhi JDD, Dune. » 5 Humus soluble à ps froide. hide ie 100 » Toutes les terres franches dont les éléments consti- tutifs approcheront le plus de ceux ci-dessus, rem- pliront parfaitement le rêle que j'attribue à la terre 117 normale. Sa couleur est le gris jaunâtre , elle est très- douce au toucher et se pulvérise facilement entre les doigts. On trouve ordinairement la terre franche dans les prés et les bas-fonds, et lorsqu'elle offrira les élé- ments que l'analyse ci-dessus présente, elle sera tout à fait propre à l'emploi que je viens d'indiquer. Mais comme 1l peut arriver qu’elle ne soit pas naturelle- ment formée , ainsi que je viens de le dire, on y ajoute artificiellement les principes qui lui manquent, soit du sable si elle est on forte, soit de l'argile si elle. est trop légère. Rotaate ; Sur la greffe forcée des Rosiers. Depuis quelques années nos cultivateurs de rosiers: ont trouvé un procédé de multiplier avec une rapidité étonnante les nouveaux gains que l’on obtient dans le genre si beau et si nombreux du rosier. Une vive con- troverse s’est établie sur la valeur de ce procédé, et sur la rusticité des produits qui en résultent. Les oppo- sants ont prétendu que les rosiers ainsi obtenus mou. raient à peine livrés aux acheteurs, ou n'avaient dans. tous les cas qu'une existence éphémère. Cependant j'ai vu des rosiers obtenus de greffe forcée de deux à quatre ans cultivés en pots, et dont la vigueur et le développement ne laissent rien à désirer. Je crois done utile, maintenant que ce procédé est consacré par l'expérience, de le consigner dans ces annales. C'est presque uniquement le rosier bifère ou des. quatre saisons que l’on emploie pour sujet. Sa dispo- 118 sition naturelle à végéter en tout temps, même en hiver, pourvu qu'il soit à l’abri du froid, est cause de cette préférence ; cependant on peut pour cet ob- jet se servir avec succès des variétés hybrides et de perpétuelles. Mais les thés, les bengales , les noisettes paraissent 1mpropres à cet usage. On empote au printemps les sujets dont on a fait choix, et on enterre les pots pour les soigner conve- nablement pendant l’été-et l'automne. Au reste, on peut à l'automne relever les sujets de la pleine terre lorsqu'ils sont bien enracinés, et les empoter seule- ment alors. On les rentre en serre dès que le froid est menaçant. L'époque la plus convenable pour opérer la grefle forcée est la seconde quinzaine de janvier. Plus tôt, il en fondrait beaucoup à cause de la privation de la lumière qui a, comme on le sait, une influence con- sidérable sur le bien-être des plantes en général. - On a soin en greffant les sujets de leur laisser , en haut et à l'opposé de la greffe, autant que possible , un œil où bourgeon d’appel , dans le but d'en favo- riser la reprise. Le développement de cet œil ou bour- geon est surveillé de façon à l'empêcher de devenir trop dominant; pour cela on le pince s'il y a lieu , et on le supprime lorsque la reprise de la greffe est com- plétement assurée. Lorsque les sujets sont greflés, on place les pots dans une serre tempérée , et on les enterrée dans la bâche qui doit être remplie de terre légère. La température qu'il convient d'y entretenir est de 15 à 20° centi- grades ; c'est à peu près celle du printemps à Yairli- bre. Quoique quelques cultivateurs prennent h peine 119 de couvrir d’une cloche les sujets greffés, ce soin peut être omis sans inconvénient, Les greffes soumises à cette température se déve- loppent rapidement, et un mois après on peut pren- dre, sur les scions qu’elles ont produits, des rameaux pour servir à de nouvelles multiplications, Mais on a soin de n’en couper qu’une fois sur chaque greffe et de lui conserver une certaine longueur munie de feuilles et d'yeux en nombre suffisant pour y entrete- nir une végétation active et lui permettre de se ra- mifier. Les seconds rameaux qu’elle forme doivent être respectés pour ne pas l’affaiblir d’une manière nuisible, On peut avec avantage pratiquer la greffe forcée depuis le 15 janvier jusqu’en avril, et l’on con- coit que pendant ce laps de temps on peut faire au moins quatre séries de multiplication avec la certi- tude de produire des individus bien constitués; car autrement il serait possible d'en obtenir davantage. Ainsi les greffes faites vers le 15 de janvier fournis- sent de nouvelles greffes vers le 15 février , celles-ci dans la première quinzaine de mars, et ces dernières dans les premiers jours d'avril. Ce procédé , fort simple et fort ingénieux , offre le moyen de faire jouir promptement les amateurs des nouveautés obtenues sans qu’il y ait en quoi que cesoit altération des sujets livrés ; et c’est encore un moyen très-prompt de connaître le mérite d’une rose, si on se l'est procurée sans l'avoir vue. RousseLox. ORANGERIE ou SERRE TEMPÉRÉE. MANDEVILLA, Lano. Pentandrie monogynie, Li. Apocynées Juss. Caractères génériques. Calice à cinq divisions étroites ; corolle infundibuliforme à limbe à cinq lo- bes presque égaux ; intérieur du tube velu ; cinq éta- mines attachées au fond de Ja corolle à filets courts aplatis et velus; anthères sagittées réunies et ap- phiquées sur le style et son stigmate qu’elles recou- vrent; un style surmonté d’un stigmate conique ; ovaire biloculaire; glandes nectarifères à la base in- terne de Ja corolle. ManDeviLze opORANTE, Mandevilla suaveolens Ein (Voyez la planche). Plante grimpante à écorce fibreuse, de couleur cannelle; feuilles opposées , oblongues , cordiformes à la base, glabres en dessus, où le vert est plus intense qu’en dessous, et où quelques nervures sont légèrement velues. Grappes florales dans l'aisselle des rameaux , longuement pédonculées, pendantes, multiflores; fleurs grandes, blanches, légèrement jaunâtres sur la partie médiane de chaque lobe près de la gorge. Elles exhalent une odeur aromatique douce et agréable. Cet arbrisseau , l'unique de son genre, est origi- naire du Brésil , et appartient à la serre tempérée. 11 y forme des cordons élégants sur lesquels ressortent parfaicement ses grappes blanches au milieu de leur 121 feuillage foncé. Toutes les parties laissent échapper un suc lactescent. Les fleurs se flétrissent aussitôt qu’elles sont coupées, et les feuilles prennent uné teinte noire. JAcQuIN aîné. SERRE CHAUDE. CoLOMNÉE À FEUILLES ÉPAISSEs, Columnea crassi- folia, Av. Broneniarr ( Voyez la planche, et pour les caractères génériques, page 89 de ce journal, an- née 1841-1842). Tige dressée, roide, cylindrique, coriace, ru- gueuse , un peu ramifiée ; feuilles opposées, presque égales, à pétiole long de 10 à 15 millimètres, coria- ces, linéaires , lancéolées, rétrécies à la base, aiguës au sommet ; la page supérieure d’un vert foncé lisse, l'inférieure d’un vert pâle, sur lequel apparaissent les nervures légèrement pourprées, surtout à la base; la médiane épaisse. Les fleurs sont solitaires , naissant dans l’aisselle des feuilles à pédoncule court; calice à divisions égales lancéolées , subulées, pubescentes ; la corolle est tu- buleuse , allongée , presque ronde, renflée au milieu, velue extérieurement, à gorge grande, oblique; son limbe bilabié a la lèvre supérieure à peine concave, un peu arrondie , échancrée ; l'inférieure trilobée ; le lobe du milieu , plus long que les latéraux qui sont obliques, triangulaires , obtus, est obtusément lan- céolé; quatre étamines didynames, à anthères con- nexes ,exsertes, filaments géminés ; une glande placée en arrière sur le disque ; ovaire velu à une loge; style grêle plus long que les anthères ; stigmate entier, 122 sillonné au milieu. Ces fleurs sont teintes d'une belle couleur rouge pourpre et longues de 9 à 10 cen- timètres. Cette plante, originaire de Carracas, dans l’Amé- rique méridionale, exige la serre chaude, non une température élevée, mais un peu humide. Il lui faut la terre de bruyère pure où une composition de terre légère équivalente. On la multiplie de boutures faites avec les jeunes rameaux sur couche chaude et étouffées. Ses feuilles mêmes peuvent servir à sa mul- tiplication. C'est une belle plante que les amateurs doivent posséder dans leur serre chaude, et qu’ils peuvent se procurer dans les principaux établissements horticoles de Paris. RoussELON. WHITFIELDIA , Hook. Didynamie angiosper- mie, Lin. Acanthacées , Juss. Caractères génériques. Calice grand, coloré , subinfundibuliforme , à cinq segments inégaux ; ceux-ci lancéolés , pointus , dressés, concaves et rayés; deux bractées à la base ; corolle infundibuli- forme campanulée, plus longue que deux fois le calice, à tube strié, à limbe bilabié étalé, la lèvre supérieure plus petite et bifide, l'inférieure plus grande et trifide , les divisions ovales aiguës. Quatre étamines didynames presque incluses , avec le rudi- ment d'une cinquième avortée, à filaments glabres et anthères oblongues , linéaires biloculaires, locules opposés s’ouvrant longitudinalement. Ovaire com- 123 primé ovale glabre biloculaire , locules biovulés , ovules ascendants. Disque hypogyne grand, charnu cupuliforme; style filiforme dépassant à peine les étamines ; stigmate petit en tête. Fruit... Genre dédié à Thomas Whitfeld , esq. botaniste voyageur. WiTFJELDIE VERMILLONNÉE , /f'hitfieldia lateri- tia, Hook, (Voyez la planche.) Petit arbrisseau à rameaux flexueux , cylindriques, étalés, à feuilles opposées, entières , ovoïdes un peu épaisses, oudulées persistantes. Pétioles courts à peine canaliculés. Fleurs en grappes terminales à pédicelles opposés munis de bractées à la base. Deux autres amples larges et pointues sont appliquées sur la base du calice. Celui-ci est de couleur vermillon, divisé en cinq segments profonds, concaves, aigus, nervés. La corolle de même couleur à laquelle se mêle un peu de jaune vif, a son limbe bilabié, Ja lèvre supérieure divisée en deux lobes ovales aigus, l'inférieure en trois étalés. Les étamines et le style sont inclus. Cetarbrisseau appartient à la serre chaude ; il forme un joli buisson que la vive couleur de ses fleurs, qui tranche sur le beau vert de son feuillage, rend d’un effet fort séduisant. 11 lui faut un sol léger, mais substantiel. On peut modifier sa forme par le pin- cement, et même par la taïlle. Il a besoin d’arrose- ments abondants quand la température est élevée, et plus modérés pendant Thiver. On le multiplie durant la belle saison, par dés boutures formées 124 avec les sommités des rameaux, et faites en godets placés sous verre et sur couche chaude. Jacquin ainé. RONDÉLÉTIE À GRANDES FLEURS, Rondeletia gran- diflora , Horr. Anez. (Voyez la planche et pour les caractères génériques, page 92 de ce journal , année 1840-1841, 9° de la 1" série.) Ce joli arbrisseau est-il une espèce ou simplement une variété du Rondeletia speciosa ? J'ai reçu l’un et l’autre de l'étranger, et ne connaissant pas exac- tement le lieu d’origine de la plante que je fais figurer aujourd'hui, je ne puis pas décider complé- tement la question, et je vais me contenter de com- parer entre eux les deux arbrisseaux. Dans l’un et dans l’autre les feuilles sont sessiles, opposées, lancéolées, cependant plus obtuses dans le grandiflora que dans le speciosa, et d’une dimen- sion moins développée. Elles ont la même couleur verte plus intense dessus que dessous. Les fleurs sont également, chez tous deux, dis- posées en corymbe terminal ; mais celui du grandi- flora est plus sphérique; ses fleurs sont plus grandes, et les cinq divisions de leur limbe sont ovales arron- dies, tandis que dans le speciosa, elles sont ovales obtusément pointues. La couleur chez les unes comme chez les autres est un rouge écarlate vif et éclatant, toutefois une zone d’un jaune d’or entoure la gorge du tube dans la corolle du grandiflora. Elle n'existe pas dans celle de son congénère. La tige 125 du premier est verte, cylindrique et un peu velue ; elle est rougeâtre, cylindrique et glabre dans le speciosa ; du reste le port est semblable. Quant à la culture elle est la même ; il leur faut une terre substantielle, la serre chaude et des arro- sements au besoin. Leur multiplication s'opère par boutures, qui se font sur couche chaude sous verre. Jacquin aîné. | REVUE DES GENRES DE PLANTES CULTIVÉES EN FRANCE. ( Voir le numéro d’aôut 1836. ) PSORALÉE,, PsoraLea, Lix. (du grec Psoraleës, galeux , allusion au calice qui est couvert de petites glandes). Diadelphie Decandrie , Lin. ; légumineuses de Juss.; papilionacées, Dec. (1). Caractères génériques. Calice le plus souvent glanduleux, campanulé, bilabié, à cinq divisions, les inférieures plus longues ; étendard réfléchi sur le bord ; ailes et carènes libres ; étamines diadelphes, toutes fertiles ou alternativement fertiles et stériles; ovaire sessile, uni ovulé, style filiforme; stigmate capité; gousse renfermée dans le calice, membra- neuse , indéhiscente, monosperme. 1. PsORALÉE TRés-oDoranTE. Psoralea odoratis- sima, JacQ., arbrisseau de 2 mèt.; feuilles impari- (14) Extrait du Manuel général des Plantes, par M. Jacques. En cours de publication chez Dusaco, rue Jacob , 26. 26 pennées, ordinairement à 7 paires de folioles li- néaires lancéolées ; en mai-juillet, fleurs bleu pâle; pédicelle axillaire, uniflore plus court que la feuille ; les trois lobes supérieurs du calice aigus, un peu réfléchis , les deux inférieurs, obtus et étroits. Du Cap. Introduit en 1795. — Orangerie. 2: P.4 rEuILLESs PENNÉES. P. pinnata , Lin. Rute- ria pinnata, Mornca. Arbuste de 2 mèt. à rameaux pubérulents ; feuilles imparipennées, à 2-3 paires de folioles linéaires, légèrement pubescentes; en mai-juillet, fleurs bleues ; pédicelle axillaire uniflore; beaucoup plus court que la feuille. Du Cap. Introduit en 1690. — Orangerie, 3. P. rusercureuse. P. verrucosa, Wnzv. P. angustifolia, JacQ. Arbrisseau d’un mètre et plus, à rameaux tuberculeux; feuilles imparipennées , à 1-2 paires de folioles lancéolées, glabres et glauques ; en mai-août, fleurs bleues ; pedicelles uniflores, réunis 1-3 à l’aisselle des feuilles. Du Cap. Introduit en 1774. — Orangerie. 4. P. errirée. P. aphylle, Lin. Arbrisseau d’un mètre à 1 mèt. 60, à rameaux eflilés, dépourvus de feuilles au sommet ou ne présentant que des écailles; feuilles simples ou à trois folioles linéaires lancéo- lées ; en juin- juillet, fleurs bleues, carène et ailes blanches ; pédicelles courts, uniflores, solitaires, axillaires. Du Cap, 1590. — Orangerie. 5. P. À FEUILLES DE GEsse. P. lathyrifolia, Bacs. Vivace ; tiges herbacées de près d’un mètre, décom- bantes, diffuses; feuilles simples, ovales où ovales oblongues, ciliées; stipules amplexicaules, bifides ; en juin - août , fleurs bleues , presque sessiles, axil- 127 laires, solitaires ou géminées. Introduit en 1816, — Orangerie. 6. P. nÉcomganre. P. decumbens, Arr. P. mu- cronata | Tauns. P. ononoïdes |, Porn. Ononis decumbens , Swes. O. virgata , Burx. Vivace; tiges grêles de 30 centimètres environ à rameaux velus, retombants ; feuilles à trois folioles ponctuées de noir, ovales cunéaires ou obcordées et mucronées, plus longues que le pétiole; en avril-mai, fleurs bleu- clair, sessiles, axillaires, solitaires ou ternées. Du Cap. Introduit en 1774. — Orangerie. 7. P. uinrée. P. hirta , Lin. Ononis strigosa, Bu. Arbrisseau d’un mètre à rameaux velus, blan- châtres, comprimés; feuilles à trois folioles obovales à sommet réfléchi et mucroné, ponctuées et pubes- centes en dessous; en mai-août, fleurs bleu-clair, sessiles, axillaires, celles du sommet des rameaux formant des sortes d'épis. Du Cap. Introduit en 1713. — Orangerie. 8. P. épineuse. P. aculeata, Lin. Arbrisseau de 1 mèt. à r mèt. 5o cent.; feuilles à trois folioles cunéiformes, glabres, à sommet réfléchiet mucroné; stipules fermes, simulant des aiguillons; en juin- juillet, fleurs bleues, sessiles, axillaires, solitaires, rapprochées, formant des sortes d’épis. Du Cap. Introduit en 1774. — Orangerie. 9. P. x sracrées. P. bracteata, Ein. Ononis tri- Joliata, Lan. Trifolium fruticans, Lan. Arbrisseau de 1 mèt. à : mêt. 50 cent., feuilles à trois folioles, plus longues que le pétiole , cunéiformes, parsemées de points transparents, à sommet mucroné, réfléchi, stipules membraneuses, presque scarieuses; en juin- 120 juillet, fleurs violeites à carène blanche, disposées en capitules terminales entourées de bractées. Du Cap. Introduit en 1731. — Orangerie. 10. P. À rEuiLres DE Couprier. P. corylifolia, Lin. Trifolium unifolium , Forsk. Annuelle. Tiges de 60 cent. à feuilles simples, ovales cordées, légè- rement dentées; en juin-juillet, fleurs violettes, en capitules ovales, axillaires, longuement pédonculées. Des Indes orientales. Introduit en 1750. 11. P. acauze. P. acaulis , Srev. Vivace, sans tiges; feuilles toutes radicales, longuement pétiolées, à trois folioles ovales, obtuses, finement dentées, la terminale sessile ; en juillet-septembre, hampes très-longues portant à leur sommet un épi ovale oblong de fleurs pourpres. De l'Ibérie. 12. P. De LA Paresrine. P. Palestina, Gouan. Arbrisseau de 60 centimètres ; feuilles à trois folioles, les inférieures ovales, la supérieure lancéolée; pé- tioles pubescents , sillonnés; en avril-septembre, fleurs violettes , en épis capitulés, axillaires ; pédon- cules 3-4 fois plus longs que la feuille; calice pubes- cent, un peu vesiculeux. Introduit en 1771. 13. P. smommneuse. P. bituminosa , Lax. Doryc- rnium angustifolium, Mornca. Plante vivace de 1 mèt. 5o cent., exhalant une odeur de bitume ; feuilles à trois folioles ovales lancéolées; pétioles lisses, pubescents ; en avril-septembre, fleurs bleues pâles, en épis capitulés, axillaires, pédonculés, 2 ou 3 fois plus longs que la feuille ; ais ar De l'Europe méridionale, 1570. (La suite au prochain numero.) BRRALES DE FLORE ET DE POMONE. MEÉTEOROLOGIE. Résumé général des observations météorologiques et horticoles , 1845. failes à Villiers, pendant l’année ÉTAT DU CIEL ur ou è BAROMÈTRE, ; MOIS TURE. Ë tm À ee x de ñ z CINE LISE Ne 8 151 SloslsiIsiIz| = — 5 El 2 Pannée. | = | & [= AE 21S | 3 |A £ El Ê GS |8l58e 2815) 5 | 8 | $ | £ > AS £a la |=# |2# © Janvier..| 2! 7] 3] »| 8] 8| 3 »| + 80] — 30! 771 742 |Ouest., Février. .| 9} 6! »! »| 6! 4| 3] »] »|[ + 9o! —150! 775 753 |N.-Est. Mars. . | 5| 51 1! »l13] 5] 21 »] »] +120 — 7°| 770 | 753 |N.-Ouest Avril. . ..| 8! 10! »} »! 5] 7| »| »] »| +290! — 10] 770 74 ISL. Mai. ...| 41 141 2] »! 4| 4! »] 31 »| + 810] +100] 773 158 |S.-Ouest. Juin. . ..| 5] 15! »| »} 4] 5] »] »] »] + 310] +100! 773 758 |Ouest, Juillet.. .| 3} 10] 2| »| 5/10! »| 1} »| + 300| +100! 770 7 uest. oùt. . | 3! 9! »| »| 8/10] »} 1[ »} + 230| + 70] 772 | 758 |S.-Ouest pt. . [11] 10! »| »| 2] 7] »] »] »| +260! + 40! 770 756 |N.-Est. Octobre..| 6| 5 »|10| 6] »l »] »} + 220! — 10! 776 | 752 |S.-Oue Novemb. | 4| 11 »| 3| 8] 1] »| »| +150 — 30! 771 | 751 |S.-Ouest: mb..| 2] 11| »} »] 7110! 1] »} »| +110! — 30] 773 | 742 |Ouest. carats »s]sal1o 5] »| + 310] —150| 776 | 742 or | L'année qui vient de se terminer s’est à peu près comportée comme la précédente , seulement le com- mencement a été un peu plus rude, et la fin plus douce. Nous avons eu quinze jours clairs de moins, mais trente jours nuageux de plus, et —. Févraiee 1846. 130 quatre journées de pluie en plus; le maximum de la chaleur a été à peu près le même, puisqu'il n'y a eu qu'un degré en plus de différence; les vents n'ont été que rarement au nord, et le maximum du baromètre a été le même, maïs le minimum de 8 millimètres de moins. Les froids, qui se sont continués jusqu’au 22 mars, ont considérablement retardé les travaux d'agricul- ture et d'horticulture et ont causé quelques dégâts; beaucoup des premiers pois ont été gelés; dans cer- taines localités les abricotiers ont perdu une partie de Jeurs boutons et même de leurs branches. Dans quelques pays, les greffes d’un an de pêchers, abri- cotiers, et quelques cerisiers ont été gelées; beaucoup deosiers thés, noïsettes et bengaes ont eu le même sort. L'été a été froid et pluvieux, la vigne s’est trouvée en retard, ainsi que la maturité des fruits rouges ; les blés, trop forts en herbe, ont versé dans plusieurs localités ; mais le temps a été favorable à beaucoup de légumes, et surtout aux carottes, choux, etc. Les fourrages étaient abondants, mais la récolte s'est faite difficilement, et il y en a eu beau- coup d'avariés. Les pluies ont donné de l'inquié- tude pour les moissons, dont en effet le commence- ment a été difficile, mais la fin assez belle ; les fro- ments ne sont pas en général très-beaux, il y a du déficit, et pourtant la récolte est encore meilleure qu'on n'aurait pu l'espérer. La récolte des pommes de terre aurait dû être très-abondante, mais elle a été en partie décimée, ayant été assez violemment atta- quées d'une maladie, surtout dans les terrains rete- nant fortement l'humidité, mais qui pourtant et fort 131 heureusement a fait encore plus de peur que de mal. Les premières vendanges ont été faites par un temps nuisible et tésttantage( x; tandis que les dernières en ont eu un assez hedé ; en général elles ont été très- tardives, et quoiqu'il n’y ait point eu de gelées hà- tives , le vin est de très-médiocre qualité. Aucun tra- vail n’a encore été interrompu et les plantations ont pu se faire en décembre; aussi les pépiniéristes ont écoulé beaucoup de marchandises. Les derniers mois ont été avantageux aux plantes de châssis, , Orangeries et serres tempérées, en ce sens qu'on a pu donner de l’air à peu près tous les jours, sans presque se servir de couvertures. Jacques. AGRICULTURE. AssoLEMENT Dezerments. Thouin a défini les assolements l'art de faire alterner les cultures sur le même sol pour en tirer constamment le plus grand produit aux moindres frais possibles. Un agronome allemand dit qu'il faut entendre , par assolement, une rotation de cultures dans laquelle deux récoltes de céréales se suivent le moins possible immédiatement, mais où une récolte qui salit et durcit le sol est suivie d’une autre qui le nettoie et l’ameublit. Ces deux définitions expliquent d’une manière fort claire ce que c'est qu’un assolement, et tout ce qué je pourrais ajouter serait d’une surabondance 132 . Malgré les efforts des agronomes expérimentés, tels que les Pictet, Yvart, Bosc, Morel de Vindé, de Morogues, sir Hamphry Davy, etc., etc., pour in- troduire des rotations de culture qui fassent succéder diverses plantes les unes aux autres, sans laisser d’in- tervalles entre les années de récoltes, la croyance de la nécessité du repos de la terre a prévalu dans beau- coup de contrées. Ense fondant sur le principe incon- testablement admis que le sol refuse de donner plu- sieurs années de suite des récoltes de même nature, on a cru mieux faire de laisser la terre une année en jachère après deux récoltes de céréales que d'es- sayer de lui faire produire une récolte d’un autre genre ; système désastreux qui appauvrit à la fois le cultivateur et le sol. J'emprunte à M. Dezeimeris un mode d’assole- ment, sujet d’un mémoire qu’il vient de lire à l’Aca- démie des sciences, et qui me paraît obvier d’une fa- çon sans réplique à cette funeste méthode des ja- chères, et je crois être utile en donnant à cet impor- tant article, que tous les journaux devraient répéter, notre part de publicité. D'un assolement continu à doubles et triples ré- coltes, à substituer à tous les assolements à _jachère , par M. Dezermenis. « Ce n'est point un mémoire scientifique que Je viens communiquer à l'Académie, c'est une instruc- tion purement pratique. Je crois avoir trouvé un moyen aussi simple que sûr de doubler les produits agricoles dans tous les pays à jachères ; je viens l’ex- poser dans toute sa simplicité, Ce travail aura la sé- #33 cheresse d'une formule, je désirerais qu'il en eût aussi la précision. Ce n’est qu’à raison de l’impor- tance de la matière que je me permettrai de récla- mer l'attention sans laquelle on ne peut suivre des faits de détail. Dans les départements bien cultivés dn nord de la France, les terres donnent une récolte chaque année en céréales, plantes commerciales, ra- cines sarclées ; dans les départements du centre et du midi, la terre donne une année en blé, et l’année suivante rien; ou du blé une année, de l’avoine l’année suivante , et rien la troisième. Dans le Nord, le sol bien exploité, donne un intérêt raisonnable des capitaux considérables qui représentent sa valeur ou qui servent à son exploitation; ailleurs, le sol, mal cultivé, ne sert qu’un médiocre revenu pour le faible capital qu'il représente, et pour les misérables ca- pitaux qui l’exploitent. » Pour tirer de cette déplorable situation les pays arriérés, On leur a proposé d'adopter les assolements des pays prospères, de substituer l’agriculture fla- mande à leur vieille routine, tradition de la prati- que romaine gâtée par l'ignorance du moyen âge; et comme uue telle substitution ne saurait se faire de toutes pièces sans l'intervention de capitaux d’exploi- tation considérables, on s’est mis à la recherche de la pierre philosophale des temps modernes, à la re- cherche du créditagricole ou créditde la pauvreté. On cherche des expédients capables de déterminer les fi- nanciers à livrer leur argent à des cultivateurs qui ne peuvent ni servir des intérêts à jour fixe, ni rem- bourser un capital aux mêmes conditions auxquelles ils le livrent au commerce, qui comprend parfaite- 134 ment la valeur du mot échéance, paye les intérêts à jour convenu, et peut calculer d'avance à quelle époque, dans des circonstances nouvelles, il sera en mesure de se libérer. On est là, et quant au but et quant aux moyens, dans une voie mauvaise et sans issue. Il n’est pas possible, il ne sera jamais possible, quoi qu'on fasse, que l’agriculture emprunte aux mêmes conditions que le commerce; et il est bien plus impossible encore de substituer de prime abord et de toutes pièces l'agriculture flamande à l’agricul- culture qui fonde sur le repos du sol, sur la jachère, le rétablissement de la fécondité épuisée par une ou deux récoltes de céréales. Nous avons démontré dans un précédent travail, et l'expérience d’une foule de désastres agricoles avait démontré avant nous, que la suppression de la jachère au moyen de la culture des racines sarclées, entreprise sur une grande échelle (Sur un quart ou un cinquième des terres), était un système ruineux, un système impraticable pour quatre-vingt-dix-neuf cultivateurs sur cent. Peut-on songer à supprimer la jachère en substituant au repos du sol la culture des plantes commerciales ? » Ce procédé a été mille fois proposé ; mais il n’a pu l'être que par des personnes absolument étran- gères à la pratique, par des agronomes passant leur temps à chercher dans les livres des formules d’asso- lements, pour en comparer aritimétiquement les produits et prôner ceux qu'on appelle de riches as- solements, Mais on n’opère pas précisément sur le sol comme sur le papier ; il est moins aisé de réaliser de brillants systèmes avec la charrue qu'avec la plume, et des chiffres ne sont pas des récoltes. 135 _» Non, la culture des plantes commerciales ne peut pas avantageusement, ne peut pas, sans des in- convénients très-graves, être substituée à la jachère. Une foule d'agriculteurs, séduits par les promesses d'une fausse science, l'ont bien appris à leurs dé- pens. » Dans tous les pays où la jachère occupe le tiers ou la moitié des terres, on n’a pas le quart des fu- miers qui seraient nécessaires pour obtenir, même avec son secours, des récoltes passables de céréales. Venirdisputer au blé ce peu d’engrais pour en donner une partie à de nouvelles cultures épuisantes, c'est ruiner le sol et ruiner le cultivateur pour se donner le plaisir de substituer à grands frais deux tien misérables à une récolte médiocre. » Il faut pointant sortir du régime de la jchateh car la France n’est plus un de ces pays qui, possédant dix fois plus de terre que n'en peuvent exploiter leurs populations, en cultivent un coin chaque année, pour laisser le coin qui fut culiivé l’an dernier regagner dans un long repos la fécondité qu'à mise à profit.la récolte qui vient d'y être recueillie. » La valeur capitale du sol cultivable en France est trop élevée pour qu'on ne soit pas dans la néces- sité d'en retirer un revenu tous les ans. » Une récolte tous les ans, cela se peut-il? Tout le monde le dit : nous croyons lavoir démontré nous-même, et nous voulons établir aujourd'hui que cela n’est ni bien difficile ni bien coûteux ,.en suivant une autre voie que celles dans lesquelles’on s’est tenu constamment engagé jusqu'à ce jour. » En tout pays mal cultivé, c'est par les fourra- 136 ges, et par les fourrages seuls qu'on peut toujours sortir avantageusement du régime de la jachère. Mais par quels fourrages? Ceux qui sont connus et usités jusqu'ici y doivent servir, mais n’y peuvent suflire. Avec l’aide de ceux que nous avons déjà proposés dans les précédents mémoires, et sur lesquels nous allons fournir de nouveaux renseignements, on peut avoir non-seulement des récoltes tous les ans, mais plusieurs récoltes chaque année ; et au lieu d'un re- pos de quinze mois en deux années donné à la terre, comme on le fait dans l'assolement biennal blé-ja- chère ; au lieu d’un repos de plus d’un an et demi sur trois, comme dans l’assolement blé-avoine-jachère ; au lieu d’un repos de treize à quatorze mois en qua- tre ans, comme on le voit dans la culture alterne de l’assolement quatriennal, racines, céréales de prin- temps, trèfle, blé, au lieu de tous ces intervalles per- dus, la terre sera à peu près incessamment occupée. » Précisons la place et la part qu'il faut conserver aux fourrages usités, nous partirons de ce point, connu de tout le monde, pour prouver la nécessité et marquer l'emploi de ceux que nous avons à faire connaître; nous pourrons de là apprécier leur im- portance dans l'ensemble d’un système agricole nou- veau. Nous supposerons, dans ce qui vasuivre, qu'on a à opérer dans un pays où l’assolement usité est biennal : blé-jachère. » Nous avons déjà répété avec tout le monde qu'il faut y introduire le trèfle, et qu’il faut y accorder à cette plante précieuse autant de place qu’elle en peut occuper sans inconvénient pour elle-même. Ne pou- vant revenir sur le même sol plus souvent que tous 137 les quatre ou cinq ans, elle doit être restreinte au quart, ou mieux au cinquième et au sixième de l’é- tendue des terres labourables; et, au début d’un sys- tème d'amélioration, elle ne saurait même occuper un pareil espace; car il s’en faut bien qu’on possède, dans cette proportion , des terres en état de la pro- duire. Nous avons donc, dans la culture du trèfle, l'emploi d’un sixième des terres tout au plus, ou du tiers de la jachère (1). » Nous supposerons qu'un second tiers puisse être occupé par des racines et par du seigle, de la vesce, de la jarrosse, du maïs; en un mot, par tous les fourrages usités jusqu’à ce jour dans les contrées où lon en cultive le plus. Avec les conditions de fécon- dité du sol et de propreté déjà acquises , que suppo- sent ces cultures, pour être des cultures avantageuses, exemptes d'inconvénients, admettre-qu’elles puissent occuper un second tiers de la jachère, c’est, pour la majorité des cas, supposer au delà du possible. Que ferons-nous du dernier tiers de la jachère, et n’y a-t-il rien de plus à demander au tiers précédent ? Ici com- mence, quoiqu'il ne se restreigne point à ces limites, le domaine des fourrages hâtifs; plantes vraiment merveilleuses, en ce que leur culture ameublit et nettoie admirablement le sol, que les autres lais- sent se tasser et se salir, en ce qu’elles coûtent peu, (1) La luzerne et le sainfoin , occupant le sol tous les six ans, ou plus, et ne pouvant revenir sur la même terre avant huit ou dix ans, ne peuvent entrer dans l’assolement. Il faut en avoir quel- ques pièces séparées , un dixième ou un douzième des terres la- bourables. 138 produisent beaucoup, s’intercalent sans peine dans tous les systèmes d’ ue , y laissent subsister sans difficulté tout ce qu’on désire en conserver ; sim- plifiant les procédés culturaux, et rendant les tra- vaux aratoires faciles en toute saison, et quelles que soient les conditions défavorables du temps. Qu'on prenne des plantes fourragères dont le développe- ment soit très-rapide ; qu’on les fasse se succéder in- cessamment à elles-mêmes ou succéder sans inter- valles à d’autres cultures, pendant tout le temps que le sol serait resté nu, et l’on verra se réaliser comme d'eux-mêmes tous les résultats qui viennent d'être énoncés. Entrons dans quelques détails simples, pratiques, à la portée de tout le monde; et, pour indiquer ce qu’a à faire l’agriculteur améliorateur de- puis la saison dans laquelle nous allons entrer, par- lons de la supposition déjà faite il y a un instant, qu'il a déjà mis à profit tous les bons préceptes connus, et'que les deux tiers de ce qui constituait autrefois chez lui la jachère sont en ce moment, au mois de fé- vrier, occupés ou vont l'être par du trèfle et par tous les fourrages usités. Nous prenons ce point de départ, afin de bien déterminer le point où les principes connus ont porté l’art agricole à l'usage des pays ar riérés , et ce que nous pensons y avoir ajouté de neuf; mais, plus loin, nous laisserons de côté cette supposi- tion, et nous indiquerons ce que doit faire l'agricul- teur chez lequel nulle amélioration n’a encore été réalisée et qui est encore asservi à la routine vul- gaire. Pour plus de précision, prenons une petite métairie de douze hectares de terres labourables, comme il y en a tant dans la moitié méridionale de 139 la France. Dans la supposition d'améliorations déjà faites d’après les principes connus, six hectares sont occupés par du blé d’hiver; deux hectares sont en trèfle; deux hectares sont ou vont être en fourrages divers, seigle, vesce, jarrosse; dans cette sole vien- dront aussi se placer des pommes de terre ou des betteraves sur le quart, le tiers ou la moitié d’un hectare. Restent donc deux hectares disponibles. Qu’y faut-il faire ? » Les métairies du genre de celle que nous avons en vue ont un hectare et demi ou deux hectares de prés naturels, bons ou mauvais, qui servent à nourrir, tant bien que mal, un attelage de bœufs , seuls ani- maux qu'on y entretienne. » Si dès l’année dernière notre cultivateur avait déjà deux hectares de trèfle et deux hectares de four- rages , il aura pu nourrir convenablement cet hiver, outre son attelage, deux ou trois animaux de plus, et vers la fin de février il devra avoir à sa disposition de vingt-cinq à trente charretées de fumier. » Au 1° mars, ou plus tôt si la saison s'y prête, qu'il porte quatre ou cinq charretées de fumier sur un quart d'hectare des terres destinées à rester en jachère, qu’il laboure ce quart d’hectare et qu'iky sème, pour être consommé en vert, un mélange de seigle de printemps, d'orge céleste, de pois quaran- tains et de moutarde blanche. Huitou dix jours après, qu'il répète la même opération sur un second quart d'hectare, puis sur un troisième, après un mêmeinter- valle de temps, et ainsi ivement, jusqu’à ce qu'il ait fumé et ensemencé la totalité des deux hectares qui avaient été destinés à rester en jachère. Lorsqu'on 140 n’a plus de gelées à craindre, au mélange indiqué ci-dessus on substitue un mélange de sarrasin , de mais quarantaip, d'alpiste et de pois quarantains, et, dans les terres légères, de spergule géante. » Dès que le premier des fourrages ainsi semés sera bon à faucher, ce qui arrivera avant la fin de mai, 1l faut l'enlever, porter de nouveau du fumier sur le même champ, le labourer sans perdre un seul jour, et y semer de nouveau le mélange de sarrasin , maïs quarantain, alpiste et pois quarantains. Pour la se- conde fois , et de huitaine en huitaine, chaque quart d'hectare sera fumé et ensemencé aussitôt qu’on aura fauché le fourrage. » À cette époque de l’année, moins de deux mois (juiv et juillet) sufliront pour le développement de ce second semis de fourrages hâtifs, et les mêmes terres en pourront recevoir, sans fumure, un troisième semis, de la fin de juillet au milieu du mois d'août. Ce dernier fourrage sera récolté à temps pour livrer le sol, dans un parfait état d’ameublissement et de propreté , aux semailles de blé d'hiver, en octobre. » Voilà trois récoltes obtenues sur des terres qui étaient destinées à rester en jachères; mais ce n'est pas tout. » Les terres actuellement occupées par de la vesce, de la jarrosse, sont destinées, après avoir donné ces fourrages, à rester nues et à recevoir plusieurs la- bours jusqu'aux semailles d’hiver. Ces cultures ne se font pas sans motif; elles ont pour objet de nettoyer et d'ameublir le sol. À cela près, c’est de la peine sans profit. Or on peut se procurer beaucoup de profit sans plus de peine, tout en assurant d’une manière 141 encore plus parfaite le nettoiement et lameublisse-. ment du sol. Pour cela, à mesure qu'on fauche la vesce, la jarrossé, il faut fumer la terre qu'on vient de dépouiller et lensemencer immédiatement en fourrages hâtifs. Sur la portion de la sole de jachère qui était déjà soustraite à l’inactivité, ce seront de doubles récoltes qu'on se procurera de cette sorte. Enfin, après la moisson, une partie des pièces qui viendront de porter du blé, au lieu d’être abandonnées sans culture jusqu'au printemps suivant, pourront, avec de grands avantages pour la production et pour le sol, recevoir une fumure et une semaille de four- rages hâtifs. Ce sera, sur quelques-unes, le mélange déjà indiqué : sarrasin , maïs quarantain, alpiste, pois quarantains; sur d’autres ce seront des raves ou na- vets, production précieuse comme nourriture fraîche d'hiver pour le bétail; et, à l’occasion de ce genre de nourriture, nous dirons l'avantage infini qu’il y a de placer sur un demi-hectare, prélevé sur ceux qui devraient recevoir du blé en automne, une planta- tion de choux cavaliers, lesquels offriront tout le long de l’hiver une des ressources les plus précieuses qu'on puisse dire. » Âu printemps, ce demi-hectare, débarrassé des choux, devra recevoir une céréale de mars, ou du sarrasin destiné à porter grains, et en même ‘temps de la graine de carottes blanches à cellet vert, qu'on y sèmera comme on sèmerait de la graine de trèfle. Après la moisson de cette céréale ou de ce sarrasin, on donnera aux carottes un vigoureux coup de herse. Quelques semaines plus tard on les hersera de nou veau; ce seront là les seuls frais qu’exigera la culture 142 de ces racines, si coûteuses quand on les cultive iso- lément, à cause de la difficulté des nombreux sar- clages qu'elles réclamen:. On les laissera en terre durant l'hiver, et on ne les récoltera qu'à mesure qu'elles seront consommées. » Voilà donc non-seulement la jachère suppri- mée, muis les intervalles des récoltes usitées mis à profit ; le tout pour l'entretien d’une grande quantité de bétail, la production d'abondants fumiers et la fécondation rapide du sol. Mais reprenons un des points de notre sujet. ». Nous avons supposé, au début desindications que nous venons de donner, que nous opérions sur un domaine déjà en grande voie d'amélioration, puisque nous y supposions le trèfle et les fourrages annuels établis sur les deux tiers de la jachère. Supposons maintenant qu'il n’y existât encore rien de pareil; l'établissement de l’assolement continu demanderait deux ou trois années de plus, mais ne présenterait, du reste, aucune difliculté sérieuse, et la manière d'y procéder serait toujours lamême. Reprenons l’in- dication de la série des travaux à exécuter à l'époque de l’année où nous nous trouvons : une métairie de douze hectares exploitée en pleine routine a six hec- tares en blé et six hectares en jachère. » Dans la sole de blé ilexiste presque toujours une pièce de choix , d’un demi-hectare, d’un hectare, ou plus peut-être, dont le sol est bon, et à laquelle on donne habituellement plus de soin et plus de fumier qu'aux autres, parce qu’elle paye mieux Jes avances qu'on lui fait. Au mois de mars, il faudra y semer sur! le blé de la graine de trèfle, qu’on recou- 143 vrira au râteau, ou mieux à la herse roulante. » Si l’on avait une pièce de terre légère, à la fois substantielle et très-meuble, en pourrait encore, avec espoir de succès, y semer de la même manière, sur le blé, de la graine de carottes. » Ce serait un bon calcul de faire un sacrifice pour ces deux pièces de choix, et de leur donner quelque engrais pulvérulent. Nous savons combien peu de cultivateurs de la classe de ceux dont nous nous occu- pons sont en position d'acheter des engrais; mais c’est ici le premier fondement de tout un système d’amé- loration, et désormais nous ne leur proposerons plus des sacrifices que nous savons n'être pas à leur portée. La métairie complétement arriérée dont nous nous occupons maintenant n'a, au mois de mars, qu’une douzaine de charretées de fumier, au lieu de vingt-cinq ou trente dont pouvait disposer celle dont il s'agissait tout à l'heure. ». 11 faut faire choix, dans la sole de jachère, des deux hectares les meilleurs. C’est sur ces deux hec- tares que devront être employés les fumiers actuelle- ment existants et tous ceux qui se feront dans le cours de l’année ; ce sont ces deux hectares aussi qui seront destinés à recevoir de la graine de trèfle, dans le blé des semailles prochaines. » Mais ici encore il y a manière de procéder. » Dans cette sole de jachère, et sur les deux hec- tares en question, il y a nécessairement quelques pièces de choix, d’une qualité supérieure à toutes les autres. Nous en tiendrons en réserve le meilleur morceau, pour y planter, en juin ou juillet, deschoux cavaliers, et nous trouverons bien un demi-hectare, 144 ou peut-être plus, en état de porter du fourrage pas- sable sans fumure. C’est de la vesce, de la bisaille ou de la jarrosse qu’il faut y mettre. Cela fait, et tou- jours sur les deux hectares en question, tous les fu- miers qui sont faits et qui se feront devront être employés à faire venir des fourrages hâtifs, à la suite les uns des autres, et aussi à la suite des vesces, de la bisaille et de la jarrosse, qui viennent d’être in- diquées. » Les quatre hectares de jachère dont nous ne pou- vons cette année tirer parti, faute de fumier, seront, bien entendu, traités d’une manière convenable, c'est-à-dire labourés, roulés et hersés en temps op- portun, et pour le moins trois fois dans l’année. Après la moisson faite, on jugera s'ilse trouve, dans la partie de la sole du blé qui n’est point déjà occupée par le trèfle et par les carottes, quelque pièce qui soit en état de recevoir sans fumure une semaille de graine de raves. Dans le cas contraire, il foudra ré- server pour l'année suivante l’usage de ces cultures. » Nous aurons ainsi atteint l’époque des semailles d'automne. C’est de cette époque que nous conseil- lons aux cultivateurs de faire choix pour leurs se- mailles de trèfle, au moins dans la moitié méridio- dionale de la France. Nous exposerons ailleurs les avantages décisifs qu’il y a à semer ce fourrage avec le blé d'hiver, et en même temps que lui, vers le commencement du mois d'octobre. »_ Nous n'avons pas besoin de dire qu'il faudra re- commencer la même série de travaux au printemps de l’année prochaine, ni d'indiquer en détail com- ment on devra procéder. Tout se résume en ce seul 145 précepte : employer tous les fumiers à faire venir des fourrages hâtifs ; à quoi il faut ajouter que le cultiva- teur qui n'en a que vingt charretées fait mieux de les appliquer à un seul hectare de terre, pour en tirer deux ou trois fourrages successifs, que de les distri- buer sur deux hectares pour avoir un fourrage de chacun d'eux. » Celui qui suivra exactement les indications que nous venons de fournir, et qui pratiquera d’ailleurs avec tout le soin convenable ses opérations culturales, sera surpris, malgré nos promesses, des quantités de fourrages qu'il parviendra à se procurer, du nombre d'animaux qu'il sera en mesure de nourrir à l’étable, quoique avec des terres médiocres, des masses de fumier qu'il en retirera, et de la rapidité du nettoie- ment, de l’ameublissement et de la fécondation de son sol. Nulle difficulté dans ce système de culture; il se résume par ce peu de mots : jachère supprimée et remplacée par de doubles et triples récoltes , terres en totalité et constamment occupées , sans nulle in- terruption; moitié des terres en céréales, et néan- moins totalité des terres en fourrages ; fourrages en seconde récolte, fourrages hâtifs réitérés; plus d’une tête de gros bétail entretenue par hectare, en terres médiocres ; substitution facile et peu coûteuse de cet assolement à un assolement quelconque usité en pays mal cultivé ; accroissement considérable des produits et des bénéfices. » Il serait difficile de trouver quelque objection sé- rieuse contre un pareil système d'assolement qui n'exige aucune mise de fonds nouvelle, et ne dépend que d’un peu plus d'activité et d’un soin fort simple. Février 1846. 10 146 En effet, ce soin consiste dans une amélioration parcellaire et successive, en commençant toujours par les portions de terre les meilleures et sur Jes- quelles on agit avec tous les engrais dont on dispose. pérons qu'un conseil si salutaire ne sera pas perdu. RoussELOoN. HORTICULTURE. Note sur la fécondation naturelle et artificielle des végétaux. Depuis quelques années les horticulteurs ont fait, sur les plantes, de fréquentes applications de la fé- condation artificielle afin d'obtenir par son secours _des variétés plus méritantes que celles qui existent déjà. Ces croisements multipliés ont donné des ré- sultats tels, qu'il est devenu diflicile de conserver la pureté des types, et que la science botanique peut à peine débrouiller le chaos qui naît des mutations de caractères que subissent les plantes. Par exemple, il y a trente ans on connaissait plus de quatre-vingts espèces de pelargonium, tandis qu'aujourd'hui on n’en trouverait pas trente en exami- nant soigneusement toutes les collections. Le type des dahlia était perdu; on l’a retrouvé en 1840 dans des graines venues du Mexique. Le keau genre x santhemum,dont les variété était dans le même cas, lorsqu’ il y a peu de temps des semences venues de la Chine ont reproduit l'es- pèce primitive. Il en est de même des pensées et de bien. d’autres espèces dont il serait fort difficile au- jourd’hui de retrouver le type original, et nulle part, 147 peut-être, on ne rencontrerait la grande pensée vi- vace (viola grandiflora ). Les fuchsia, les calcéolaï- res, les alstræœmères, les iris, les pivoines ligneuses et herbacées , les giroflées quarantaines, et tant d’autres genres ont fourni des variétés nombreuses dont les unes font oublier les autres, et dont on ne peut dire où s’arrêteront les combinaisons. Il paraît, au surplus, que ces métamorphoses se sont produites depuis longtemps, car Bernard de Jussieu, qui avait été consulté plusieurs fois par Sherard sur l'exécution du Pinax que Dillenius était chargé de faire à Oxford, disait, en 1777; à Villars, professeur de botanique à Grenoble, qui l’'interro- geait sur les obstacles qui pouvaient retarder un ou- vrage aussi utile: « Ce sont les fleuristes et les cata- logues des jardins ; les plantes, métamorphosées par l’art et par la culture, ont tellement changé de forme qu’on ne peut plus aujourd’hui distinguer les variétés des espèces. La maiu des hommes, par la culture, comme par la civilisation, défigure souvent les pro- ductions de la nature ; nous avons oublié notre propre berceau, et l'origine du blé, notre principal aliment, nous est également inconnue. » Ainsi, il y a soixante-huit ans que Bernard de Jussieu faisait remarquer combien la culture opérait de métamorphoses chez les plantes, et à cette époque on ignorait encore les moyens artificiels et si prompts que nous employons aujourd’hui. Pérux. 148 Revue rétrospective de la floraison en pleine terre pendant les mois de novembre et décembre 1845, et janvier 1846. L'automne de 1845 et le commencement de l'hi- ver 1846 ont été remarquables par la douceur inso- lite de la température. Les végétaux exotiques laissés en pleine terre ont fourni une végétation presque continuelle, et un grand nombre de plantes printa- nières ont donné une floraison qui a devancé de deux mois au moins l'époque accoutumée. Les mois de décembre et de janvier ont été humides, il est tombé un peu de neige, et le thermomètre est descendu à quatre degrés centigrades sous zéro. Malgré cet abais- sement de température, les Pelargonium zonale, capitatum et autres variétés ont résisté, de même que les Cobæa, qui encore au 1° février se mon- traient d’un vert remarquable et épanouissaient leurs fleurs. Les Pittospermum sinense et undulatum , Melianthus major, Cineraria petasites, Lavatera arborea et olbia, étaïent à la même époque aussi verts qu’au mois d'octobre. J'ai vu aussi des lauriers roses, des myrtes, des Clianthus et autres plantes qui, abandonnées à l'air libre, étaient en Pistes végé- tation. Parmi les arbustes et plantes vivaces de pleine terre, un grand nombre a commencé sa floraison dès les premiers jours denovembre, et elle s'est prolongée en décembre et janvier; ce dernier mois a vu fleurir aussi beaucoup d’autres espèces. Les giroflées jaunes des jardins, le chevrefeuille dit semper (Zonicera Etrusca), plusieurs rosiers , le réséda, etc., ont été 149 continuellement en fleurs, et chose assez rare, C'est que toutes ces plantes exhalaient leur parfum comme si leur inflorescence avait eu lieu à son époque normale. Depuis le 20 janvier on a vu des bourgeons se dé- velopper vigoureusement sur les lilas, les Chamæ- cerasus, plusieurs syringas, les sureaux, les pi- voines en arbre , les rosiers de toute espèce, etc., les plantes vivaces offraient la même précocité; les pi- voines herbacées, les pavots de Tournefort et à brac- tées avaient des pousses de 1 2 à 15 cent. de long. Un fait qui me paraît aussi fort curieux , c’est un abricotier tige planté de l’année dernière et dont les jeunes rameaux Ont 1 mètre de longueur, ainsi que- des pêchers encore feuillés et poussant des jets ter- minaux comme en septembre. Enfin on remarquait à la fin de janvier une végétation pareille à celle qui a ordinairement lieu à la fin de mars et même au 15 d'avril, ce qui établit deux mois de précocité. Il est vrai que le thermomètre a marqué presque chaque. jour, le matin, 5 et 6 degrés sur zéro, et s'élevait sou- vent à 10 ou 14 dans la journée : aussi les pêchers, les amandhiers, quelques abricotiers et les ormes sont en fleurs, et plusieurs variétés de poiriers ont leurs. boutons à fruits très-développés. Voici l'indication des arbres et plantes qui ont con- tinué ou commencé à fleurir depuis le mois de no- vembre. Pendant ce mois et le suivant, plusieurs va- riétés de fraisiers n'ont pas cessé d’être en fleurs; les Lonicera cœrulea, Calycanthus præcox et sa va- riété grandiflorus , le Cydonia J'aponica ,. quelques iris Germanica et stylosa, Y Acanthus. mollis, les 150 Phlox procumbens et verna, le Papaver Orientale, la Potentilla Nepalensis, le Geum montanum, le Tussilago fragrans, ont fleuri pour la seconde fois. Les Pelarsonium, cobæa, réséda, giroflier, chou Pé-tsaïe (Brassica sinensis) et beaucoup d’au- tres plantes n'ont pas cessé de fleurir pendant le même temps. Cette floraison s’est continuée pour la plupart de ces plantes durant le mois de janvier, et depuis le 18 de ce mois d'autres végétaux ont encore ac- compli cet acte important. Les {ris Germanica, le Cydonia Japonica, les Helleborus hyemalis, le Galanthus nivalis, les Turritis, le Gentiaua acaulis sont de ce nombre; puis les amandiers commun et d'Orient, les pêchers et abricotiers en espalier, ainsi que les lilas dont le thyrse se montre au sommet des bourgeons développés. Les graines tombées d’elles-mêmes à l'automne germent de toutes parts, ce qui annonce que Ja terre est déjà échauffée et qu’il faudra semer de bonne heure si ce temps continue. En somme, c’est une saison extraordinaire et qui n'a pas eu lieu depuis 1822, année très-précoce et abondante. Espérons que des gelées tardives ne vien- dront pas détruire les espérances que fait naître cette végétation prématurée, car nous avons encore à re- douter mars et avril. Pépin. JARDIN FRUITIER. Poire BELLE ANGEvins ( Voyez la planche). J'ai déjà eu l’occasion, en parlant de la poire Bert-Birn , figurée page 65 de ces Annales, unnée 151 1844-1845, de décrire le fruit sujet de cette note, comme objet de comparaison. Cette description, je l'avais empruntée à notre collègue M. Prévost, et ex- traite du Bulletin de la Société centrale d’Horticul- ture de Rouen, dans lequel cet habile pépiniériste a consigné une excellente revue pomologique. Aujour- d’hui que je donne la figure de la belle Angevine je vais encore transcrire l'article complet qui la con- cerne , et qui appartient aux mêmes auteur et ou- vrage. « Ducuesse ne Berry (son nom chez quelques pépi- niéristes de la banlieue de Paris).— BELLE ANGEVINE (son nom dans le département de Maine-et-Loire). — Ducassse DE Berry D'Hiver (C., horticulteur au Ha- vre ). — Poire D’ANGora ( nom sous lequel M. v. horticulteur à Paris, a recu ce fruit du Havre en 1836).—Bozivar(nom sous lequel M.Tougard a reçu du Havre cette variété). » Si cette poire manquait de noms, ce ne serait pas, comme on le voit, de la faute des habitants du Havre. » L'exemple est contagieux, et un cultivateur de Rouen la menaçait aussi d’un nom de sa façon; mais la publication de mes recherches à ce sujet l’a em- pêché de commettre cette faute. » Arbre vigoureux venant bien sur franc et sur coignassier. » Rameaux gros, présentant sous chaque gemme trois stries très-prononcées ; ils sont droits et d'un violet pourpre foncé lorsque l'arbre est adulte ou greffé sur coignassier; mais lorsqu'il est sur franc, très-jeune et très-vigoureux, ils sont plus verdâtres 152 vu moins colorés, et la plupart sont contournés et arqués comme ceux de la Cueillette et du Beurré d'Amanlis; ils sont aussi maculés, surtout à leur base, de points gris, plus nombreux et plus grands. » Ses gemmes sont assez rapprochés et régulière- ment espacés , saillants, coniques, brun noir. » Les feuilles sont épaisses, fermes, lisses et d’un beau vert en dessus, ovales-lancéolées, aiguës (celles qui naissent autour des boutons à fleurs et sur les rameaux extrêmement courts sont plus allongées, plus longuement aiguës et ont le pétiole plus long), la denture de leurs bords est petite, très-fine , très- aiguë; elle est souvent nulle ou peu apparente sur les bourgeons de la seconde séve. » Boutons à fleurs gros, brun noir. » Fruit très-gros, de forme très-variable, puis- qu’il est quelquefois court et large comme une poire de catillac, mais affectant pourtant plus générale- ment Ja forme allongée, renflée au milieu et bosse- lée vers l’œil. » Sa peau est d’un vert grisâtre d'un côté, tanais que de l’autre elle prend une jolie teinte rouge clair ou carmin, lors toutefois qu'elle est sous l'influence immédiate des rayons solaires. Elle est en outre marbrée de gris ou maculée de points de même cou- leur, plus nombreux et plus rapprochés vers l'œil que vers le pédoncule , où ils sont plus larges ét plus espacés. » Le pédoncule est généralement gros et fort, droit ou courbé, suivant la position qu'avait le fruit sur l'arbre; sa longueur est aussi assez variable. L'œil est placé dans une cavité très-profonde, lors- 153 que le fruit est allongé et bosselé vers cette partie; mais 1l est moins enfoncé sur les fruits plus courts. » Chair grosse , presque sèche ou sans sucs, assez douce , mais sans saveur appréciable. » Lorsque le fruit est très-gros, ses pépins sont avortés , et 1l se gâte souvent dès la fin de janvier ; mais lorsqu'il est petit ou moyen, il peut être con- servé longtemps (j'en ai conservé en 1838 jusqu’au 19 de juin), mais alors sa chair se tache en jaune pâle et devient encore plus sèche et plus insipide. » C’est donc une poire à cuire qu'il faut consom- mer de pue en mars. Prise avant que sa chair ne commence à se détériorer elle est bonne cuite. Mais alors même qu’elle serait la moins bonne des poires de cette catégorie, elle mériterait encore la culture à cause de son volume énorme, de sa forme habi- tuelle et de son coloris. » Je dois dire encore, pour les personnes qui ne savent pas, ou ne veulent pas planter ou cultiver les arbres fruitiers de manière à en obtenir des produits satisfaisants, que le poirier Duchesse de Berri ne produira que des fruits moyens et peu remarquables, silest planté en terre maigre ou trop sèche et mal soigné, et qu’il ne donnera de ces fruits, magnifiques de dimensions et de coloris qu'il produit si facile- ment dans les riches terrains de quelques jardins du Havre, qu’autant que des sues nutritifs lui seront aBondlathnsent fournis par le sol dans lequel on l'aura planté. . » Dans les terrains généralement peu els de Rouen et des environs, il vaudrait peut-être mieux 154 cultiver cet arbre contre un mur bien exposé qu’en plein air.» Malgré la synonymie assez nombreuse indiquée par M. Prévost, on peut y ajouter encore. Ainsi M. Dalbret , dans la 5° édition de son Cours pratique de la taille des arbres fruitiers, accole au nom de Belle Angevine, ceux de mansuète, solitaire, royale d'Angleterre, très-grosse de Bruxelles. M. Île comte Lelieur lui donne aussi pour synonyme le nom de Comtesse de Tervueren. J'ai cru devoir, dans toute cette nomenclature qui fait une véritable ; 314 éorique et aris de taille des arbres fruitiers, par Dalbret. IV, 29 Crambe maritima. Sa culture. IV. 33. Cresson de fontaine rire du). Crin végétal. E, 351. RE ES de Jérusalern a grandes eu Cucurbita RNA V'arietas. Au arifcille et forcée, I, 8, 282, 313.—-IL, 58! Me in: gers (Note sur la). Culture des; sardins phone du midi de la France, par Maffre (Rapport sur css HI, ri à Cummingia trimaculata. Ev, ie miniata. IX, 276. Curcuma ae génér. [, 103. — Roscoe Ibid. Cyanella Se EV, Cytise d'automne. IY. RpReE mass LP did, — Wil- 236. Dahlia Mie beauté. 1, 99,— cosm inlermedia. WI, 47. — Not sa variation. If, 16.—du- € Orléans. II, 156.— Baron de Rochefort. IV, 370. —Ti ” Rp cage pour four- _rages. 97 Daphne bill 288. un de Description du eX Dasylirion que, re eu 53. Dattier (Note sur le). + Daubentonia re ps 191, 222. — LU, 22. Dauphinelle ri Mein I, 339. gr ee = : vû 1, 207. — Barlowi. pésmaniis” (Description du genre). 1 Deulzia (Obaeration sur. le genre ). HE, 232. rl cnrs u1, 281. Dillwinia clavata. IX, 189. — u din du Roi(Nouvel ee _ nn TA jé gibepinns reflex », Elichrysum superbum.W1, 120. — macranthum. I, 121. rare dre ae du genre). EH, nüeris grandiflora. I, 343. pe mm cinnabarinum. NH, 92.— macrochilum. IN, 339. Frames Musschianum. Y, 288. Épine à grandes fleurs cramoi- sies. 111, 239. baise blanc de neige. HE, Érable grandes feuilles. I, 324. Erica bucciniformis IX, 42. , Var. superba. Erythropleum (Description du genre). I Para sans horticole de M. Rousseau. I, 2 E'thulia anpatifolie: 1, 249. pe gr ES grandiflo orum. Sapoiorties micranthum. WI, Euphorbia Jacquiniæflora. Note sur sa culture. H, 31. Pare ou florale de la Societé 383 Ash d’horticulture en 1843. 98. — Cercle général Méinht) Pie 1. — de Gand et de Paris 195 15° de ta Société r vale d’hor- ticulture, I, 289. ciété de Tr Ce ss à‘ 4 « Meulan. 11, 352.—Exposi- n du CU ee d’hor- are: 1Y, 420. 5: Fécondation naturelle. et artifi- 8 vembr é. décéri- de 845 et janvier 1846. IV, 148. Fraise Twasminston’s Seedling. 10 Franciscea latifolia. AV, 59. hr dr fleurs rouges. IV. Me one 371. Part 1; 10e Cainebité 6 Description genre). Gal leandra. Car. gén. 1, 239. — u du aueri. Garance. Sa culture. IV, 98. Gazon ns. eu “JU. G nemorosum. Il, 348. Gesneria discolo or. IH, 342. — rouge violet Gleditschia Bujoti. TE, 349. Globba nutans. IV, 335. 0 floraison des plan Grees “hrofinste aus! HI, Ms + de rm OUR à HA ” Grevillea cuneala. À gs DR GE Ibid. — Herbegiana. Ibid. — SNA ES I, 191. — cn ipin coccinea. emani. Ibid. — Gro robya a Amherstiæ. AN. 61. 11 cassis à feuilles pal- 5. — groseillier ce- rise. ce 153, 307. Guano. IIT, Habrothamnus gr IH, 116. — fasciculatus. M, 211. Halesia diptera. ir, 1360. Hanneton (Ver intestinal du). IV, 63. Haricots (sur un répiquage de). I, aricot d'Espagne ere I, 131. — mandrille, TU. Hectia stenopetala. ir, st. g Fi 349. — + 350! — ruscifo- ia. Ibid. Hematozylum Campechianum. IV. 218. ne a nds sous ne 2. PE e. Cot ni- Par UV. Paquet. gz #. Hibiscus pe À À 50; Mori. I DOS violacea. I, 249. Hœm multiflorus. HI, re Houx à larges feuilles. 14, 9%: IS qe: . gén. I, 281. — car- ere ten salicifolia. I, 79. If vellevette. hs ou Ilex latifolia. TPE Se dEse 205. Inga (Description du genre). II, instrum ments agricoles et horti- coles. 1, 373.— HI, 222. conime m Isopogon Drummundi. LA ! 384 ciselé Ibid. — Cunnin- Ibi Jacaranda tomentosa. XI, 27. Jacinthe Grootvorst. IL. |. Laurens Koster. 1, 235, Jasione Perennis. IN. 75. Jas mg pr Description du genre Ketmie de Caméron. I, 50, — Lagonichium ( Description du genre). I, Laitue nr à feuilles d’arti- chaut. 1 a pensé , la violet tte, lauri- cule gi Ragonot- Godefroy. Te La Reine des Francais et l’horti- culture. IV, 161. La nn | son histoire, sa cul- seleur Des- Leclerc Thouin nécrologique. IL, Lemonia. Ca hi, 104. PA a ete : a rule. I, 84. Lilas de Perse à feuilles pennées Lilas. Obeérvations sur deux va- riétés nouvelles, 1V.253. me À lanc cifolium, var. POUE clou Ee 157. — | Sur le) cultivé en plein air. D “01. LR: cr IV, 30 Lonicera Brownii. : 314. — Ledebourii. 111, 241.— pal- lida, 1V, 189. Lophospermun Andersoni. Luruia Pinceana. IL, 117. Lumiere, Ses pr incipaux effets sur si À végétation. IV, 220 241. Lupin (Note eu les espèces et variétés de). HE, 269. Luxemburgia ciiosa. IT, ad Lychnis grandiflor at Ma LUE Deeription FE à 321.—grandiflora,1, 365. PAR “TR LEE IE, Mamillaria elephantidens. 1, Mandevilla suaveolens.1IV, Fos Manettia pags Il, splendens. IV, 2? anuel pratique de la culture maraïchére , a MM. Mo et Daverne, e :0 Gérard (Notice Pl ogralle que sur le). I, 121, 148. — LV, 24. Marianthus cæruleus. II, 246. Martynia fragrans. 1, 364. Mau sms barclayanas Var. purpur Mao tés 1,105. edinilla erythrophylla. LL, 211: ie pe Re M mr 11,344. Melon de Char 1, 4, Melon. eg tions sur la greie les res com moyens d'obtenir des tee d'hiver. 1, 291. — du Caboul 182.” 341. — 11, 239. Miltonia candida. IV, Mirbelia dilatata. W, reliculata. XX, 3 ms Description du genre. 3 299 Miidhié Maclainianus.11,178. narda amplexica aulis.ll, 51. ee uilesde vélar. Ï 310. ouron carneé. HI, 39. — EU RS Tbid. Multiplication des végétaux. IV; urs d'espaliers re des sur la couleur des). A an — Note sur cet article. Napoli imperalis U, 29: 25 385 Navet turneps d'Alsace. I , 228, RES me Guillemini. WU, Nono ophylla aurita.1v, 81. Neottia speciosa. I, 279. Nicotiana commutata. X, _ RU rpg cordifolia. ent sur l'impossibilité de natu- e 18421, OEillets (Floraison des; ). , 398. Oncidium NÉ rt L 67: ciliatu 1 Orchidées | to sur la culture des). 1}, 111. E, 309. Ornithogatum } dnnétu: #; ontbut alpestris. KI, 208. Oxilobium ruscifol im Y, 217. Oxyanthus ananas HI, 303. Ozyris Japon S] me pr so8tr mn} EV s Papaver amænum. 11, 49. ve (Description # genre). Abe serpillifolià +48 ploi des feuilles du). WX, 248 Passifora Kermesinar Var. Le- michezi Paulownia imperiatis. 1, 178. .—1V,13-52. Pavetta Pndiea sr. 251.— Aus- tralis. 1 — 1, 328, — Sa culture er wv. 106. SePreMBre 1846. POUR Martial de Cham flour, IL, 319. Phas Aus Mexicanum. : 211 Perneltia Cuminguii. J, 77. — ilosa. Ibid. Petunia anaigorét 149. Phacelia fimbriata Mt, 230. Phajus bicolor. W, 56. A gp À (Observations sur Phillyrea ‘atifotia ‘grefé sur troëne, Il, 177. hlox MAT RÉ rte het Pots detre. rit 1223 Ph RE car, gen. I, 52. bra.1 physclobiun gracile. 1,270. carinatum Phyostegia (aidé du genr Pied Ædostéé des jardins. I, 207. Pimelea Se ES JL, 55. Pinus Smithi EL PA Pen- id. Pitca irnia, ge gén. I g Ibid, — PA 3 cea. 306. suis brisé double semi- RÉ rm 40 — moyenne. 1, 505. omphe de Ma- lines, 1, 20. Plantes panachées sur Jeur in- consta IE, 22. Pleroma isolé IL, 344. Plumeria rubra. IV, 294. Podalyria lupinioides. 1, 359. Podocarpus longif: Podolepis chrysantha. IV, 188, Pœonia media. 1, . ta semisphæricoplena. 1, ue Sageret N° 1. I, 9.— N°2. e ph vts HI, 46. — de Saint Lérin et de curé. II, érich de Wurtem- Heatchol de Gore, I, 867. _— 25 386 Poire Bert Birn, 1H, 68.— sp ndants de Noel. IV, 5.— Napoléon d'hiver. IV, 5.— Soldat-Labou 150. d’Hery. IV, Fe Chaptal. IV. 180. Poiriers en pyramide (Nou- ). 1V, 6 > ro LA @; æ © es © [el un ( Propagation . de st)jéeèros et petits A er- cules, en te Paquet. I, 65. — Pom terre ue (vég Fe de clite ou #50 étation anoma 97. des Cordilléres ( Nogrellcs observations sur e francaise, par le comte P'Eetiur de me :, LOrphyrocOUne lanceolata. 11, Potentilla , ne x RER, I. 236. — 1 1, 236. Potiron DA CS 0. II, 170. Pratique de l’art de chauffer par leth hermosiphon, III, 63. Pratique raisonnée de la taille u pécher en espalier carré. IV, 285. Primevères de la. Chine à fleurs doubles Er des). IT, 243, Primula Boveana. M1, 139. Pronaya, car. gén. 1, 350, — PROPRES à ,» Jo, — ele- 23. a à Provopis (Description du genre). Prune de Monsieur jaune. 1}, ms gs GJeuda de Bavay. FE, 82. = DS. pars Pen à de RTS shington. 1, Ga LC cal Description du crise , 158. ms etf ides (Des) IL, Quercus confertifolia. 1, 78.— lanuginos 143. — Mo- reyana. Ibid. + -Nepaulensi Ibid. — HI, 210. — Sur la multiplication de ce dernier par la greffe. I, 202, Raisin Creme le de la durée de la faculté germinative dans des Ur L,32 Sa EN eg Fa sur le cep jus- 05. jrs ap parer k 217. Rempotages (Sur les). IL, 271. Ares dendrum chamæcistus. rides nigrum. Var. palmatum. — Sanguineum fe ae 348. Jar proudo-aracin (Exem- mpoiso nt par les Le du ). 1. (27. — Uthe- rhartii. M, 83, y grandiflora. IN, ue. | Eugénie Baudin. I, 210. —Julie Paillet. 304.— Oille: parfait pompon de Bourgogne à à fleurs blanches. 328. — unique de Provence. Ibid. — Oh]. Jbid.— triom- phe de Jaussens. Zbid. — Charles-Louis. Zbid.— Billard. Jbid.— général Ké- ber. Zbid.—Marie de Champ- louis. 1 anisette de Chante-merle. 328.—Madame Plantier. Zbid.— Madeline ou Emmeline.329.—Adam.{bid. e de Paris. Zbid. — comte de Rambutean. bid.— Devoniensis, Zbid, — Eugene Drsgaohes. Tbid.— Julie Man- —e « sa bid. — Moiré. Ibid. — Nisida, Ibid. ere Mal- 387 ton. 330. — Madame Bréon. Cornu. Zbid.— = Mistris Elliot. Ibid. — Mistr 00 bid. — Paulin pates: pt Ibid. ne “Hélèn ne ; {bi illi am Jess. . ame la princesse Adélaïde. ire trémières. Multiplication LE an la greffe en fente. I Rosier (Greffe forcée du ). IV, vermillonné. ILE, 276, ar ra coccinea. VI, 251. Salvia fragrans. 1, re RS delabrum. 1, 24. de: nigra. Var. flore ?P 4. Sapin de Smith. 1, 75. — noble. Sarcanthus. Car. gén. 1, 312.— rene pue Ibi auge de Graha m, II. 109. Selle Japonica.1, 341. Scolimus Hispanicus. 11. 225 Scolyte des ormes (Sur le). 1Y, Scutellaria it Mu 11, 92. Sida striata. 53. nea md + gum er veulefoia. à occinea. I, 345. — Sir (Description du gen- re). 1 Socité Be d’horticulture. 17e exposition. IIE, 289 Solanum sisymbriifolium. 1, 31 atrosanguineum. 1, otice biblio- graphique. IV, 320. Pat #4 rubra. 1, 52. os neuf roses île nn, 32. Pc dan ét 1 Stachytarpheta DER IV. Statice Dickinsoni. I, 179. — 17; ‘ Strelitzia (Nouveau moyen de Styp Sulfate de fer. Son em tre la chlorose des végétaux. IV, 340. umac fustet remarquable. 11, 335. Sureau commun à fleurs dou- bles, 1, 74. — nouveau. III, 25 Syringa Persica.Nar. pinnata. Tabac hétérogène. 1, 248. ue en U appliquée au pêcher. 1, 6, radiale sempervirens. IV, Taæus vellevette. X, 77 T'hea viridis. IV, 335. Thermopsis lanceolata. } ’ T hermosiphon (Application "dn) ulture forcée. IV, 336. Thbaudia seligera. [TR 1. : 388 variegata. AI, 50.— verli- ata.lbid. T'hunbergia coccinea.x. 182.— Chrysops. 1V,.2: Thuya rien tale var. flageili- formis: 1,175. Thysanotus proliferus. IT, 184. Tillandsia tes : Mb splenden nor Tomate ( AT sur la cul- turenaturelle et forcée de la), _HH, 257. Topinambour. nil ne Par éclatante. 1. 52. urbe pour "5 la terre 4 bruyère. IL. 65. Se 1 la culture des plantes e de bruyére (Sur le), À ni, 368. — de la culture des Ra onot - one r le Trichosauthes anguina-1 Il ni, LIRE Tricopilia. Car "ui à tortilis. Ibid. Prifolium tridentatum. Y, 249. l'rillium erectum. AV, 3 itoma media. XV, 58. 'ropæolum azureum. 1, 94. T' ubulus alatus. 1, 247, T' Talipes (parc de) Spore en perspective. IL, 25 Tiges Le Virginie, sa propa- gati 1, 339. Urginia ts pe: © n des plantes pradant pr intemps de 1843 ( Note sur la). 1, 321. — ( Influence du gaz hydrogène sur la ).IH, 105. Fr Gp a perse: I, 95.—I, Vi gne (operations sur un rap- port de M. Poiteau. sur la vi- gne a Dre M 1.145. un pied de vigne de Fran- ES 1, 304.—( Culture hà- tée et forcée de la}. LI, 54. ds bâches. IV, 89. — d’Alexander, IV ET Vinettier glaucescent. I, 1 Whitfieldia lateritia. MT, 2752. Witsenia. Car, gén 1,01 corymbosa Xanthosia rotundifotin. 11,181. Zieria levigata. os — raies DE FAIN ET THUNOT, acine , 28, près s de l’Odéon. 4 1. POMME D'APIS ETOILE. LA SOLDAT LABOUREUR . 2. POIRE ; POIRE FONDANTE DE NOEL. 2 POIRE NAPOLÉON D'HIVER. PHISOSTEGIE. gentille . Physostegia pulehella . CHORIZÈME de Déckson. Chorizema Duksonne. LOASE de Pentlard Loasa /entéemdica \ L Vs 1 TRITOME rroyen Tritoma redea FRANÇOISE & drges fleurs Franciscea. lt/ôla. GROBYE d'Amkerst . Gr obya Amherskae LD E Fr 16 | (/à dentee IA dentifèra. ACACIE 10 BARNADÉSIE ose. Barnadesia /o.rea 4 STACHYTARPHETA angeart. Stachyt arphet a mutabils. CATTLEY d'Acland . Cattleva Æclandiæ MANDEVILLE ocrank . Mandevi la saaveetens . COLUMNÉE & ,féuilles gpaises. Columnea earryola WHITFIELDIE lermulonce Whuitfieldia lateritia RONDELETIE a grandes fleurs. Rondeletia grandflora . 4 ! ANGEVINE BELLE + à POIRE Vs nier po, RER eo ang 7 AZALÉE ROSE éegante. ‘Azalea rosea elbgans Ternate CLITORIE 4e Chloria Zérnatea SIPHOCAMPYLE coccine Siphocampylus cocaneus ee D + À CHAPTAL. POIRE x : BEZI D'HÉRY POIRE FUCHSIE festa Fuchsia Farta MILTONIE à d« belle blanche Miltonia candieta. GLOXINIE de Carlton Gloxinia Cartont AURICULE Lregeoure ow ombre . , : > À P ” ss. 3 7 Fe. 4 < ne mr AURICULE Angluse où poudre . T6. AMARYLLIS 4 Montagne Amarvllis Montant CLITORIE érdante. Chtoria fédgens MANETTIE ecdatante . Manett ia splerutens. CUMMINGIE a trois macules Cummingia Zénaculalta Le THUNBERGIE #; gorge dorée Thunberoïa e£rysops 7 a PANCRAIS odorarit Pancrat UM carbeœun FRAISE Zoasrunston JASMIN ondule Jasminum vndudatum COTONEASTER à pettes féutlles . Cotoneaster racrophyla. ELA BALISIER gracieux Canna specora CHAMPIGNON rose Agarieu S rosaceus 37 38. CAMELLIA PVuehesse Decaxes GESNERIE & Cerold Gesneria Ceroldiana 57 FRANGIPANIER & /Æurs rouges Plumeria ruéra TRILLION Pourpre . Trdhium rectum CYANELLE odrarnt Cyanella odoratissuna: 75. \ en. En ot RS bis. a “ji énhh l se MN Puis ja 4 , x « THE oert Thea vds. G Ï :OB B E E penchee G lo b b A Audans DAHEIA Zaron de ochefort grandes faurs. ut EC € * NUTTALII grandi/flora Nuttalia CAPRIER zcumine Capp aris acuminata. S PIRANTHE Pteturee piranthes price S