FLORE MÉDICALE FLORE © DÉCRITE PAR MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET PEINTE PAR E. Ps ET PAR M. J. TURPIN NOUVELLE PUBLICATION g TOME QUATRIÈME. PARIS IMPRIMERIE DE C. À F. PANCKOUCKE CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR Rue Des Poirevins, N° 14 M DCCC XXX. Mo. Bot. Garden 160GS L FUMETERRE. CLXXIIT. FUMETERRE. Grec. «eo ce sv. »xañvoc; Dioscorides. FUMARIA OFFICINARUM et pioscontpis; Bauhin, Tliva£ , lib. rv, sect. 3- Tournefort, clas. 11, le Latin: ..... ." e : + { FUMARIA OFFIGENAUIS ; ue monospermis , racemosis , caule dif- fuso é, clas. 17, diadelphie hexandrie. Jussieu, clas. 15, er 2, rer Zialiensoi. sis. FUMMOSTERNO ; FUMARIA Espagnol, ....... FUMARIA ; PALOMILLA. Français... ...... FUMETERRE! Anglais. . .... +. + FUMITORY. Allemand... ..... ERDRAUCH; TAUBENKROPF. Hollandais. ...... AARDROOK ; DUIVEN - KERVEL. Dioscoripes a mentionné, sous le nom de x47v0ç, une espèce de fumeterre qui est probablement la fumaria officinalis, Lin., plante herbacée qui croît partout dans les jardins, les champs et les lieux cultivés. Ses racines sont blanches, fibreuses, allongées, perpendiculaires ; elles produisent des tiges grêles, tendres, étalées, lisses , succulentes, très-rameuses, longues de huit à dix pouces. Les feuilles sont glabres, alternes, pétiolées, deux fois ailées, * Cette dénomination est évidemment traduite du mot grec xarva, par lequel Diva a sit cette plantés et EG SE >", malgré cette explication, un voile que je trouve be En effet, Pline suppose, et l’on a presque généralement répété, sur la parole de ce savant compilateur , que la fumeterre était appelée ainsi, parce que son suc, mis dans l’œil, produit le larmoiement à l'instar de la fumée. Or, chacun voit aisément que le suc d’une foule de plantes, introduit dans les yeux, déterminerait plus rapidement et plus énergiquement encore que celui de fume- terre une vive douleur et l’excrétion des larmes. Théis dit qu'il est plus naturel d’attribuer l’origine de ce nom au détestable goût de fumée ou de suie qui carac- térise la fumeterre. J'avoue que, ne sentant point comme M. Théis, je ne puis admettre son opinion 46° Livraison. FUMETERRE. d'un vert glauque ou cendré; leurs ——— planes, un peu élar- gies, à deux ou trois lobes obtus. Les fleurs sont d’un blanc rougeître, ce de pourpre à leur sommet, disposées en épis lâches, une bractée membraneuse et blan- châtre sous chaque fleur. Leur calice est fort petit, à deux folioles caduques, opposées; la corolle oblongue, irrégulière, à quatre pétales :inégaux, d’une ap- parence papillonacée, l’un deux prolongé en éperon, six étamines en deux faisceaux. Un ovaire supérieur , un peu comprimé, surmonté d'un style et d'un stigmate en forme de tête. | Le fruit est une petite silique globuleuse, à une seule loge mo- nosperme. On distingue encore 1°. la fumeterre à épi, remarquable par son feuillage très-menu, approchant de celui du fenouil; ses fleurs dis- posées en épis courts, serrés; elle croît dans les ion: méri- dionaux; 2°. la pe alisée , dont la racine est composée d'un tubercule creux ou solide, sphérique, la tige simple ou bifur- quée, les folioles assez larges, oblongues. Quelques auteurs moder- nes en ont fait un genre nouveau, sous le nom de corydalis, à cause de ses fruits fine par une sorte de silique à une seule loge, à deux valves, renfermant plusieurs semences noires, arrondies en forme de rein : on la trouve dans les bois de l'Erôpe. Lorsqu'on l’écrase, cette plante exhale une odeur habite La saveur amère, désciphieitas qu'elle présente dans l’état frais, aug- mente par la dessiccation, mais n’est pas assez prononcée pour em- pêcher les vaches et les moutons de la brouter. Nos connaissances sur sa composition chimique se bornent à savoir qu’elle fournit un extrait muqueux et un extrait résineux , le premier a plus amer que le second. Si les éloges prodigués à un végétal suffisaient pour fo imprimer de grandes propriétés médicales, la fumeterre serait, sans contredit, un des plus puissans moyens de la thérapeutique. Les anciens et les modernes ont préconisé à l’envi ses prétendues vertus dépurative, balsamique, tonique, savonneuse , anti-acide , laxative » corroborante, emménagogue, etc. Galien, Ori, Aëtius, Paul d'Égine, Séra- FUMETERRE. pion, Avicenne, Mésué, Pemployaient avec confiance dans lés obs- tructions, la cachexie et les maladies chroniques du foie. Caméra- rius, Hoffmann , Rivière, Boerhaave, lui attribuent de grands succès contre les affections lentes des viscères, la mélancolie, l’hÿpocondrie : et les scrophules. Plusieurs praticiens attéstent en avoir faït un usage avantageux contre la goutte, le scorbut et les maladiés vermineuses. Le docteur Gilibert la regarde comme un excellent antiscorbutique. Cependant les maladies chroniques de la peau sont les affections con- tre lesquelles la fumeterre paraît avoir acquis plus de réputation. Plusieurs observateurs en ont retiré des avantages manifestes dans le traitement des dartres. L’illustre professeur Pinel rapporte même l'histoire d’une affection de ce genre, très-rébelle, qui fut guérie au bout de six mois de persévérance dans l’usage du suc de cetté planté. Au rapport de M. Chaumeton, Leidenfrost, Thomson, Bodard ran- gent la fumeterre parmi les meilleurs moyens curatifs dé la lèpre en général, et pärticulièrement du radesyge que M. Démangeon désigne sous le titre de lèpre du Nord. Appliquée à l'extérieur en onctions, où lui accordé la propriété de guérir la gale: Pauli pré- tend.même avoir fait disparaître cette affection en administeant la douce-amère, soit en infusion dans le lait, soit en décoction dans la bière. À la vérité les malades avaient usé auparavant de divers au- tres moyens antipsoriques qui ont eu au moins part à ces guérisons : mais telle est la manière de raisonner qui à long-tèmps régné en matière médicale, que dans l’administration simultanée de plusieurs substances diverses pour la même maladie, on a souvent attribué les effets produits à celle de ces substances qui ÿ avait eu le moins de part. Sans doute les propriétés physiques de la fumeterre, quoi- que peu énergiques , la rapprochent des amers, avec lesquels Cullen lui trouve beaucoupde rapports, et semblent indiquer qu'elle agit sur l’économie animale, en augmentant l’action des organes, à la manière de ces médicamens. Toutefois ses effets immédiats sont loin d’avoir été appréciés avec assez d’exactitude, pour ne laisser aucune incertitude dans l'esprit, sur son action secondaire, et, par consé- quent, pour ne pas laisser beaucoup de vague et d’obscurité dans les idées, sur son influence dans les maladies. La fumeterre est quelquefois administrée en infusion ou en dé- FUMETERRE. coction dans l’eau, le lait ou la bière, comme boisson. Le plus sou- vent on en prescrit le suc à la dose de trente-deux ou quatre-vingt- seize grammes (une à trois onces) en vingt-quatre heures. L’essence de fumeterre qu’on préparait jadis dans les pharmacies, se donne de cinquante à quatre-vingt gouttes. On en compose une eau dis- tillée, une conserve, un extrait. « On fait avec le suc de fumeterre, dit M. Pinel, un sirop que les enfans prennent sans difficulté. » Elle entre aussi dans le sirop de chicorée composée; enfin elle va se con- fondre et se perdre dans un amas monstrueux de drogues, je veux dire dans l’électuaire de Psilium, l’électuaire de séné, les pilules angéliques , la confection Hamech , et là je défie l'esprit le plus sub- til, de déterminer le rôle qu’elle peut jouer dans la guérison des maladies. Dambourney , au rapport de M. Chaumeton, regarde la fumeterre comme une des plantes indigènes les plus précieuses pour donner aux étoffes de laine une couleur jaune, pure et solide. La fumeterre bulbeuse, fwmaria bulbosa , 1, nommée dans les pharmacies aristolochia fabacea, à cause de la forme de sa racine analogue à celle de Varistoloche, a été préconisée, en vertu de cette similitude, comme emménagogue, anthelminthique et antiseptique. Sa racine qui fournit de l’amidon, sert d’aliment aux Kalmoucks et autres peuplades de la Russie. Ses feuilles et ses tiges sont quelque- fois employées en remplacement de la fumeterre offcinale. RtEC (sean-christophe), De fumarid, Diss. med. inaug. præs. Rud. Jac. Camerarius ; in-4°. Tubingæ, januar, 171 roussy (soseph-rouis), De Sonbrié vulgari, Diss. in-4°. Argentorati, 1749. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1, Fleur entiere. 2. Pistil et étamines. 3. Fruit entier, grossi. 4. Le mème coupé horizontalement. 5. Graine isolée. l | GALANGA, Lambert I 07/7 ‘ CLXXIV. GALANGA. AT = DEF 4 Ch Es ET qanayyat, yartyua ; Paul ne Aeëtius. GALANGA ; Bauhin, TivaË, lib, r, s Eatinats mister: frame MARANTA GALANGA ; CUlmO Fret r Linhé . clas. 1, monandrie mono- e. Jussieu , clas. 4, ord. 2, balisiers. Hiahén =; GALANGA Espagnol RS x S + GALANGA Francais. #5: GALANGA. sn os à oi id GALANGAT,. eVCIFONFRS LG mie PR GALANGE Les racines connues depuis long-temps sous le nom de galanga, ont occasioné de grandes difficultés aux botanistes qui ont cherché à déterminer les plantes qui les produisent. On distingue le grand et le petit galanga , que quelques-uns ont rapportés à la même plante, que d’autres plus récemment ont cru appartenir à deux plantes dif- férentes; mais ces deux sortes de racine sont si rapprochées, que. cette dernière opinion exige de nouvelles observations. Quoi qu'il en soit, il paraît assez bien prouvé aujourd’hui que le véritable galanga est la plante que Rumphius a décrite et figurée sous ce nom (Hort. amb. tom. 5, pag. 143, tab. 63), qui est la maranta galanga de pins qui croît aux lieux humides dans les Indes orientales. | Ses racines sont née. noueuses , inégales, géniculées, d’un brun rougeâtre en dehors, plus pâles en dedans, d’une odeur aro- matique, de la grosseur d’un pouce et demi ou deux pouces, ra- meuses, entourées de bandes circulaires, recourbées comme par articulations, garnies en dessous de longues fibres, enfoncées per- pendisulsinemceh dans la terre. Il s’en élève des tiges droites, très-simples, hautes d'environ six pieds, garnies à leur moitié supérieure de feuilles étroites, dé de 46° Livraison. GALANGA. lancéolées, aiguës, longues d’un pied et demi sur trois ou quatre pouces de large. Ses fleurs sont blanchâtres, pédonculées, disposées en une grappe terminale, étroite, paniculée. Leur calice est petit, d’une seule pièce, à trois divisions; la co- rolle monopétale, tubulée, à trois découpures extérieures, réflé- chies; une quatrième plus grande, plus intérieure, concave, spatu- lée; un filament linéaire, pétaliforme, soutenant une anthère; un style filiforme; le stygmate en forme de tête. : Le fruit est une petite capsule en forme de baie, rouge dans sa maturité, renfermant plusieurs semences dures, en cœur. La racine du petit galanga , assez semblable à celle du grand, est beaucoup plus petite, à peine de la grosseur du petit doigt; elle est douée d’une odeur aromatique plus pénétrante; sa saveur est beau- coup plus piquante. É se, La racine de galanga est noueuse, tortue, recourbée, inégale, dure, solide, de la grosseur d’un pouce et au delà, d'un brun rou- geätre à l'extérieur et pâle intérieurement. Elle exhale une odeur piquante, aromatique, plus forte dans l’état frais qu'après la dessic- cation. Sa saveur chaude, aromatique, est âcre et persistante. Toute- fois ces propriétés physiques sont beaucoup plus développées dans la variété qui porte le nom de petit galanga, que dans celle qui est désignée sous celui de grand galanga. Cette dernière variété offre en revanche des dimensions beaucoup plus considérables : mais toutes deux se trouvent confondues dans le galanga du commerce, d’où l’on retire un extrait muqueux aromatique, un extrait résineux-âcre plus abondant que le premier, et une petite quantité d'huile volatile. Cette plante n’était point inconnue aux Grecs, ainsi que l’obser- vent Spielmann et Murray. Toutefois son introduction dans la ma- tière médicale ne paraît pas remonter au delà des médecins arabes. « Les Indiens, en général, et notamment les Malabares, dit M. Chau- meton, accordent une estime particulière aux racines du galanga , qu'ils emploient comme aliment, comme assaisonnement et comme remède. Ils les réduisent en farine, et en préparent avec le suc de coco, des pains et des gâteaux qu'ils mangent avec délices, et dont ils prétendent avoir constaté les vertus merveilleuses dans les cas-de GALAN GA. dyspepsie, d'hystérie, de colique, et dans les affections des voies urinaires, » L’impression stimulante que cette racine détermine sur l'organe du goût , fixe naturellement son rang parmi les toniques, à côté du poivre, du gingembre et de la cannelle, dont elle se rappro- che plus ou moins par sa manière d'agir. Ainsi elle a pu être utile- ment employée soit intérieurement, soit à l'extérieur pour stimuler le système nerveux, provoquer l’action musculaire, exciter les fonc- uüons digestives, et pour augmenter les sécrétions, mais dans les cas seulement où les affections pathologiques contre lesquelles on en a fait usage tiennent à un état d’atonie, ou à la diminution des pro- priétés vitales. Ainsi quelques faits semblent annoncer qu’on s’en est servi avec succès dans l’atrophie des membres et dans la paralysie de la langue, pour combattre les flatuosités, dissiper les embarras muqueux des premières voies, et remédier à la dyspepsie. On sent aussi que dans quelques cas le retour des menstrues, une abondante sécrétion d'urine, et l'augmentation de la transpiration ont pu être le résultat de son administration ; mais seulement lorsque les appa- reils sur lesquels cette substance a été dirigée, étaient dans un état d’atonie et de relâchement, et le système général des forces au des- sous de l’état normal. Cependant cette racine qui doit être exclue du traitement des maladies, lorsqu'il y a de la soif et de la chaleur, de la sécheresse à la peau, et de la fréquence ou de la dureté dans le pouls , est-elle plus propre à opérer la médication excitante qu’une foule de toniques soit exotiques , soit indigènes, que nous possédons ? c’est ce que je ne pense pas. Cette racine a été administrée en substance de cinq à quinze dé- cigrammes (dix à trente grains), et en infusion aqueuse ou vineuse jusqu’à quatre grammes (un gros). « Lorsqu'elle fut expédiée pour la première fois en Europe, dit M. Chaumeton, elle obtint de tou- tes parts, mais spécialement en France, cet accueil fanatique, ré- servé à toutes les drogues qui joignent, au prestige de la nouveauté, le mérite de venir de loin. On soutint que la racine de galanga était le plus précieux des aromates, le plus puissant des toniques ; on en distilla des huiles, on en fit des essences, des teintures; on en sur- chargea des préparations antiques, et on l’introduisit dans les nou- velles. Aussi la voit-on figurer dans les species imperatoris de la phar- GALANGA. macopée de Wittemberg , dans l’électuaire bénédict laxatif de Nico- las de Salerne, dans l'esprit carminatif de Sylvius, dans l'essence carminative de Wedel, dans l’élixir de vitriol de Mynsicht, etc. » EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au quart de sa grandeur naturelle.) si , 2 . Fleur enti 3. Le même coupé horizontalement. 2. Fruit de grseur aaturellts 4. Graine isolée, go, Lambert seul ; CEXX V. GALBANUM. Grec, ce sr HAN GALBANUM ; Bauhin, IivaË, lib. xrr, sect. 6, OREOSELINUM AFRICANUM GALBANIFERUM ; Tournefort, clas. 17 , ombel- res Latin... BUBON GALBANUM ; foliolis rhombeis, dentatis, glabris, striatis, um- ; Linné, clas. 5, pentandrie digynie. at clas. 12, j ord. x ombell ifères.. ” HE Ni. =, GAL Espagnol: #45: GALBANO à ‘ Français .: 6e GALBANUM RS ARBRE; SET... GALBANUM É Allemand... ..... GALBANPFLANZE Hollandais. . ..... GALBANUM Le galbanum est un suc visqueux, condensé en larmes, que l’on croit produit par le bubon galbanum, Lin., plante originaire de l’Éthiopie et non de Syrie : il est alors douteux que ce soit le galba- num des anciens, que Dioscorides dit être fourni par une férule de Syrie, mais dont il ne donne aucune description. Le bubon galbanum , de la famille des ombellifères, se distingue par un involucre à plusieurs folioles étroites, et par ses semences ovales, striées. r Ses tiges sont ligneuses, glabres, rameuses, hautes de quatre à cinq pieds, garnies de feuilles alternes, deux et trois fois ailées, d’un vert tendre, un peu glauque; les Giles en coin, élargies en éven- tail, assez grandes, fortement incisées à leur partie supérieure. Les fleurs sont disposées en une large ombelle convexe, termi- nale, composée d’un grand nombre de rayons, accompagnée d'un ee 5 de dix à douze folioles étroites, renversées, membraneuses à leurs bords. La corolle est composée de cinq pétales d’un jaune verdâtre. Le fruit est formé de deux semences glabres, allongées, un peu convexes, striées par trois petites côtes longitudinales. (P. 3, A6: Livraison, GALBANUM. : Toutes les parties de cette plante sont remplies d’un suc visqueux, lactescent, qui, au rapport de Geoffroy, découle en petite quantité, par lincision et quelquefois spontanément, des nœuds des tiges âgées de trois ou quatre ans. Mais, pour l'obtenir, on coupe ordinai- rement ces tiges à deux ou trois travers de doigt de la racine; le suc coule alors goutte à goutte; il s’épaissit, se durcit et forme des larmes solides ou des masses agglomérées que l’on recueille pour les livrer au commerce, sous le titre de galbanum. La gomme-ré- sine qui porte ce nom, quoique en grande partie obtenue du bubon galbanum , est également fournie par plusieurs autres ombellifères. Elle se présente en grains irréguliers ou en pains dans lesquels elle est souvent mêlée à des matières étrangères; le galbanum enfin est une substance de la consistance de la cire, demi-transparente, te- nace, de couleur fauve ou jaunâtre à l'extérieur, grisâtre avec des taches blanches intérieurement. Son odeur est forte et désagréable, et sa saveur chaude et amère. 11 blanchit l’eau dans laquelle on le triture, et ne s’y dissout que très-imparfaitement ; le vin, l’alcoo!, le vinaigre, l'huile ne le dissolvent également qu’en partie. Il ren- ferme une petite quantité d'huile volatile, de la résine, de la gomme du ligneux, et se rapproche beaucoup de la gomme ammoniaque et de l'opopanax par toutes ses qualités physiques et chimiques. Cette gomme-résine a joui de beaucoup de réputation comme an- uspasmodique, tonique, carminative, emménagogue, expectorante, maturative, etc. L’hypocondrie, l’hystérie , l’asthme sont les affec- tions nerveuses contre lesquelles elle a été le plus préconisée. On a recommandé son usage soit à l’intérieur, soit en topique , sur lPépi- gastre pour combattre les faiblesses d'estomac, les flatuosités et les coliques qui en dépendent. On prétend l’avoir employée avec suc- cès dans les spasmes de la poitrine, les toux invétérées, et contre lirrégularité et la suppression des menstrues. On y a également re-. cours pour échauffer et stimuler les organes , dans les engorgemens atoniques et la cachexie. On en a composé une foule de topiques di- vers, décorés des titres de résolutifs, maturatifs, attractifs, ete., et dont on a prôné les effets merveilleux dans les tumeurs et les en- gorgemens locaux, soit pour en opérer la résolution, soit pour en faciliter la suppuration. Si l’on remonte à l’action immmédiate de cette 4 GALBANUM. substance sur l’économie animale, il est facile de reconnaître qu’à raison de ses qualités stimulanies, le galbanum ne peut produire les bons effets qu’on lui attribue dans les troubles de la digestion et de la menstruation , dans les névroses, les affections pulmonaires et dans les apostèmes, que lorsque ces affections sont exemptes d'irritation fébrile et d’inflammation. On se gardera bien , par conséquent , d’em- ployer cette gomme-résine dans ces toux opiniâtres qui tiennent à une pleurésie chronique, à la présence des tubercules dans le pou- mon, ou à la suppuration de cet organe. Il en est de même des tu- meurs inflammatoires qui réclament les applications émollientes les plus douces, tandis que le galbanum ne peut convenir qu’à des tu- meurs indolentes et atoniques, dont la nature impuissante ne peut amener la résolution ou la suppuration, si on ne l’excite par des to- niques. Du reste, le galbanum, que Peyrilhe regarde comme d’un effet très-incertain, et auquel Cullen et M. Alibert accordent une très- faible activité, ne doit qu’à son antique renommée, ainsi que l’observe M. Chaumeton, l'avantage de figurer encore parmi les substances médicinales. Cette gomme-résine peut être administrée à la dose de vingt-cinq centigrammes et jusqu’à quinze décigrammes (cinq à trente grains), suspendue dans un jaune d'œuf ou dans le mucilage de gomme-ara- bique. On l’emploie plus souvent à l’extérieur en liniment, en on- guent, en emplâtre , en fumigations. « Digérée dans l'huile de térében- thine, elle lui communique une couleur bleuâtre, et constitue le gal- banetum de Paracelse, qu’on a vanté avec la plus fastueuse et la plus ridicule exagération. » Le galbanum entre dans une foule de mélanges pharmaceutiques qui, mal ition bizarre et monstrueuse, n'ont pas entièrement perdu leur vogue, et conservent même di partisans , à la vérité, plus ardens qu’éclairés. Je citerai seulement la thériaque , le mithridate, l'orviétan, le diascordium de Frascator, l’onguent des apôtres ou dodécapharmaque d’Avicenne, le baume utérin de Charas, les emplâtres diaphorétiques de Mynsicht, diachy- lon gommé, d’althéa de Nicolas Myrepsus , divin de Jacques Lemort, manus Dei, magnétique d’Ange Sala, opodeldoch, diabotanum de Blondel. » É Ye: SE — Pres # y “He pv root ie “5504 es sinon cg ua os à Fè ras finie eaiiie hip ee “gt: étil A: + F S sh a 4 (La plan £ LE ue ENEFHISCSESTAREEUE NAME srl) tif) do" LS: * F- 4 ts contenir thort5fs anf , sésgardte 2 OS D'HENS 1. Fleur autre prose __— 3. Dial a f bete de grosseur naturelle. ae #6 ra à he .26m$t 006 “mob rotpbenos est | st sr6bren eo PU Li PT É:Fcemaott ip ao xn0%.265 045" “nier 4n062" d639° “hoqofansh sstronsdt 266 :2010816 4e à # je Le ee .. + = ; tr} EE yes st gs: te, # Dire AT 355 PIS 42 : He A re à M pot AA Shi ME: RTS ras PR res re pad roi eninsiflond anoisoféde: sl ose dr 24 ju +i eh: up ENT opénsriecth vtr Po ait teen mia : snoB Lesphaois 16 est ss » + has asgonsue "ton mt TOUTES HG ps SD er sisg" es PT AC: M fo asflu DS SU # D ee : ssh ssl ; Ar 0 Vo anti à Ê -H0 18 * Met né entités $ tan ai sie Fe mais t'es oltir g23 F _— NS. APE ee VRP # “Heno auenos #3 onehé eifqat 9 guaiest re ss e. / GLXX VI. CALECA. GALEGA VULGARIS; Bauhin , Hivæ£ , lib. 1v, sect. 6. Tournefort, clas, 10, papillonacées. Letinsts te en SE GALEGA OFFICINALIS ; leguminibus strictis ; erectis , foliolis lanceolatis, striatis, nudis; Linné, clas. 17, diadelphie décandrie. Jussieu, clas. 14, ord, 11, lécumineuses : HORREEEN IT GALEGA ; RUTA CAPRARIA; LAVANESE Espagnol. ….. GALEGA ; RUTA CABRUNA ; RUDA DE CABRA Franpais:;;. 24: GALEGA; LAVANÈSE ; RUE DE CHÈVRE ANR ist ee GALEGA ; GOAT'S- AVENANT M'A GALEGA ; GEISSRAUT Hollandais. :..... GALEGA; GEITENRRUID. « # LE galéga, une des plus belles décorations de la nature cham pêtre, forme dans les prés, sur le bord des ruisseaux, des touffes de verdure hautes de trois pieds, d’un aspect fort agréable, relevées par de beaux épis de fleurs bleuâtres, purpurines, quelquefois blanches. Placée dans la famille des légumineuses par ces fleurs papillonacées, elle se distingue des autres genres de cette famille , Surtout des astragales , par son calice campanulé, à cinq dents aiguës, presque égales; par. ses gousses droites, alongées , un peu comprimées , souvent bosselées par la saillie des semences, munies sur chaque valve de stries trans- verses ou obliques. p. 2 RE on Ses racines sont grêles, blanchâtres et rameuses : elles produisent des tiges droites, fistuleuses ; striées et rameuses. #; Les feuilles sont ailées avec une impaire, composées de quinze à dix-sept folioles, glabres, oblongues, obtuses, souvent échancrées et mucronées à leur sommet, longues d’un pouce et plus , accompa- gnées à la base du pétiole de stipules en fer de flèche. Ses fleurs sont disposées en longs épis axillaires, pédonculées; la plupart pendantes et médiocrement pédicellées , munies de bractées LA g setacées. . s : hpe ès nr : +1 À Ses gousses sont redressées, grêles, linéaires, aiguës, à peine lon- w x 46: Livraison, » 4 F ” : Li j be * GALÉGA. gues de deux pouces , contenant trois ou quatre semences oblongues, un peu réniformes. Le galéga croît particulièrement en Espagne, en Italie, dans les Pyrénées : on le trouve aussi en France, mais plus rarement. Je lai recueilli en abondance proche la ville de Laon, le long du chemin qui conduit de cette ville à Soissons. - Cette plante légumineuse est insipide, à peine odorante dans l’état frais, et entièrement inodore lorsqu'elle est sèche. L'action qu’elle exerce sur nos organes, si elle n’est pas absolument nulle, est au moins complètement inappréciable, de sorte qu’on peut regarder comme il- lusoires les vertus sudorifiques ,anti-vénéneuses , alexitères, etce., dont elle a été fastueusement décorée. Cependant on a prétendu qu’elle avait la faculté de neutraliser le venin introduit dans l’économie ani- male par la morsure des animaux venineux. On lui a attribué la même action sur le virus pestilentiel , et sur les miasmes des fièvres nerveuses ou du typhus. Cette opinion paraît être fondée sur de pré- tendus avantages qu’on aurait obtenus de l'emploi de cette substance dans la peste qui ravagea la Lombardie en 1576; avantages qui ne sont démontrés par aucun fait précis et par aucune observation exacte. Par suite de cette opinion erronée, on a cru que le galéga devait exercer une influence particulière sur le virus variolique, sur le principe inconnu de la plupart des exanthèmes , et son usage a été recommandé contre les pétéchies, la variole, la rougeole, les erup- tions miliaires , et autres affections exanthématiques. La faculté d’ex- pulser les vers intestinaux, qui lui est accordée par C. Hoffmann, est tout aussi douteuse que les succès qu’on lui a attribués contre la chorée et l'épilepsie. A l'égard de la guérison d'une hydropisie que M. Molien prétend avoir obtenue par l'administration de cette plante, «quelles conséquences peut-on tirer d’une observation aussi insigni- fiante, dit M. Guersent ; Sinon que cette hydropisie était du nombre de celles qui guérissent sans l'emploi d'aucun médicament? et beaucoup de maladies sont dans le même cas. Les autres observations qu'on à alléguées en faveur des propriétés du galéga sont à peu près aussi con- cluantes. Nous pensons donc que cette plante n'offre jusqu’à présent aucune propriété bien constatée qui mérite de fixer l'attention du + ARR CALÉEG A. médecin, et qu'on peut, sans inconvénient, la rayer des ouvrages de matière mélesle et de thérapeutique. » Le suc de cette léguminéuse a été administré de trente-deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces). En substance, elle se donne à la dose de trente-deux à cent trente grammes (une à quatre onces) en infusion dans le vin ou en décoction dans l’eau. On en pré- parait jadis une eau distillée inerte, et qui n’est plus en usage. Elle fait partie de divers bouillons et de plusieurs apozèmes alexitères en- tièrement décrédités. En Italie, on mange quelquefois les feuilles de galéga en salade. Cette plante, soit crue, soit cuite, a été préconisée comme un excel- lent aliment prophylactique pendant les épidémies pestilentielles. Dans certaines contrées elle sert de fourrage aux bestiaux. M. Decan- dolle rapporte que plusieurs espèces de galéga sont employées en Amérique , à la manière de la coque du Levant, pour assoupir les poissons et les pêcher plus facilement. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) r. Fleur entière. 6. Fruit légumineux, de grandeur natu- 2. Pavillon détaché d’une fleur, relle. 3. Aile détachée d’une fleur 7. Graine de grosseur naturelle. Carène détachée d’une fleur. 8. La même, grossie, vue du côté de l’om- Calice , pistil et étamines. ilic. Qt + “UE 2 7 > VA x (EX \ {}i 27 A Se \ LP 1 \ #77 ä Ti urpinP GARAN CE. D at CLXX VIL. GARANCE. Grece ss sv - epuSpod'ævoy ; speudod'ævoy ; Tsudprov. RUBLA TINCTORÜM 5 rss Iiva£, lib. xx, sect. x. Tournefort, Latin. denis ti) 08.1, campaniform RUBIA TINCTORUM; bu c annuis, caule aculeato ; Linné, clas. 4, te- trandrie re Jussieu , clas. 11, ord. 2, rubiacées liens ssl ROBBIA ; RUBIA Espagnol. ...,... RUBIA. Frahgais.i.z .".: GARANCE ; GARENCE, Anglais. . ,...... manner. AlemaRd, si 2e, FÆRBERRÆTHE ; KRAPP ; GRAPP. Hollandais, . ..... KRAP; MEEKRA?. MaLcré les aspérités dont cette plante est hérissée, malgré son ap- parence sauvage et sans éclat, elle n’a pas moins fixé l'attention des anciens botanistes par la couleur rougeâtre de ses racines, employées depuis long-temps pour la teinture de laines en rouge. La garance était déjà cultivée du temps de Dioscoride : il la nomme epu0pod ayoy : elle appartient à la famille des rubiacées , se rapproche des asperula et des galium , s'en distingue par sa corolle en cloche évasée, à qua- tre ou cinq divisions; quatre ou cinq étamines. Le fruit est composé de deux baies glabres, arrondies et accolées, non couronnées par le calice. Dans les asperula, la corolle est en entonnoir, les fruits secs; dans les galium , les fruits sont capsulaires, non pulpeux. La garance croît le long des haies, parmi les buissons, particuliè- rement dans le midi de la France, en Suisse, en Italie, dans le Le- vant : je lai trouvée à Laon sur les vieux murs, et très- fréquem- ment sur le rocher du mont Atlas. Ses racines sont longues , rameuses, articulées, rougeâtres et ram- pantes; ses tiges noueuses , tétragones , faibles, diffuses , longues de deux ou trois pieds, hérissées sur leurs angles de petites pointes crochues. Les feuilles sont grandes, sessiles, lancéolées, d’un vert luisant 47° Livraison, Le GARANCE. emménagogues , etc. , dont elle a été décorée beaucoup trop libéra- lement, sont encore à constater. Cette racimea été administrée en substance de deux à quatre grammes (demi à un gros), et de huit à trente-deux grammes en dé- coction; elle fait partie des cinq racines apéritives majeures ; mais n'ayant justifié, ainsi que le remarque Peyrilhe, ni les promesses exagérées des uns, ni les espérances trompeuses des autres, elle n’est presque plus employée en médecine. Cultivée en grand dans plusieurs provinces de France, et dans presque toutes les parties de l’Europe, la garance est d’une grande importance pour l’agriculture , le commerce et les arts. L’herbe fau- chée en septembre fournit un excellent fourrage aux bestiaux , sans que la couleur rouge qu’elle imprime au lait des vaches, altère en rien la nature salutaire de ce liquide. Les tiges et les feuilles sont employées avec avantage pour polir et pour fourbir les métaux; elles donnent surtout beaucoup de brillant aux vases d’étain. La racine, objet d’une culture très-lucrative et d’un commerce très-étendu, est une des substances les plus utiles à la teinture. Elle imprime aux lai- nes, à la soie et au coton une couleur rouge, qui est à la vérité peu éclatante, mais qui a l'avantage de résister à l’action de l'air, de la lumière et du lavage. On s’en sert aussi pour donner plus d'éclat et de solidité à plusieurs autres couleurs que l’on fixe sur différentes étoffes. WURFBAIN (rrédéric-sigismond ), De rubià tinctorié , Diss.in-4°. Basileæ, 7é BOEHMER (Jean-senjamin), De radicis rubiæ tinctorum effectibus in corpore animali, Diss. inaug. resp, C. A. Gebhard; in-4°. Lipsiæ, 1751. — Prolusio anatomica, qué callum ossium e rubiæ tinctorum radicis pastu infectorum describit ; in-4°. fig. Lipsiæ, 1752. DEnTLerr (rierre), De ossium calli generatione et naturd Per fracta in animalibus rubiæ ra- dice pastis ossa demonstratä » Diss. in-4°. Gottinge , 1753. Mémoire sur la garance et sur sa culture , avec la descrip- ” et des moulins pour la pulvériser; in-4°. fig. Paris, 1797: — Nouv. édition ; in-r2, fig. Paris , 5, sous ce titre : Traité de la garauce , etc. COSNIER (LOuis-vean-saptiste), An rachitidi rubia tinctorum? affirm. Quæst. med. inaug. resp. M. J. C. Robert; in-4°. Paris. » 17958. mixer (rhilippe), The method of cultivating madder, at it is practised in Zeeland, with their manner of drying, stamping and manufacturing it; c’est-à-dire, Méthode de cultiver la garance telle qu’elle est pratiquée par les Zélandais , avec le manière dont ils sèchent et préparent cette racine pour l'usage tinctorial ; in-4°. fig. Londres, 1758. — Traduit en alle- mand ; in-4°. fig. Nuremberg, 1776. Stone vise KE GARANCE. cawazs (sean-Paul), Dissertacion sobre la rubia; c’est-à-dire, Dissertation sur la garance; in-4°. Madrid , 1763. STEINMEYER ( George-rrédéric ), De rubid sapin Diss. in-4°, Argentorati, 1763. — In- sérée dans le Delectus dissertationum de Witwer. LESBROS DE LA VERSANE (LOU ns Traité de la ee ou recherches sur tout ce qui a rapport à cette plante ; in-8°. Paris, OETINGER ( rerdinan stophe ), De viribus radicis rubiæ tinctorum antirachiticis, à virtute ossa animalium vivorum tingendi non pendentibus, Diss. in-4°. Tubingæ , rée dans le Sylloge opusculorum de Baldinger , tom. v. REVELLI (sean-marie-pie ), Zstruzione sulla cultura e DS della DE c’est-à-dire , Instruction sur la culture : he préparation de la garan Reuss (chrétien-rrédéric), b nsé- e; in-8°, Turin Anbau und Commerce “4 Krapps éder Fe “Perbereth in Teutschland, als eines fa nuetzlichen Landesprodukts ; c’est-à-dire, De la culture et du commerce de la ee en Allemagne , considérés comme un produit Rp très-utile ; in-8°. Leipzic, KANTER (vean de), F4 meekrapteler en ssh of volledige gent éd van het planten , ve en, reeden en bereidender me sat scription complète de la plantation , e la culture et de la préparation de la garance; in-8, fig. Dordrecht, 1802 posé par un Zélaudais , cet opuscule est sans contredit le meilleur traité que nous pos- < arance. On trouve dans les collections périodiques sociétés savantes une foule de détails intéressans sur les propriétés très-variées et très-utiles de cette plante : la plupart ont été recueillis avec beaucoup d rnement , par J.-A. Murray, dans son excellent ouvrage intitulé : 4ppa- ratus So nr tom. 1, 1793, pag 523, ad, 535. t-à EXPLICATION DE LA PLANCHE { La plante est de grandeur naturelle.) r. Racine, 4. Pisuil, 2. Fleur entière, 5. Fruit ou baie didyme de grosseur natu- 3. Corolle ouverte, sr Inqualle on distin- relle,. L aard insertion des cinq étamines, 6. Graine isolée, Observ. J'ai cru devoir figurer ce fruit double on didyme , son état naturel, celui de simple sous lequel on le rencontre presque toujours n’étant dû qu’à l'avortement de l'une des baies. 170. LambertI? seulp GAROU, LA CLXXVIIL GAROU. Grec. ...:...,.. Suusrasua, Dioscorides t. THYMELÆA FOLIS LINI ; er TluvaË , lib. x1x , sect, x, Tournefort, clas. 20 Pi mono Latin ar Ad DAPHNE GNID Med RERREE à foliis lineari-lanceolatis, acu- minatis ; 5% clas. 8, octandrie monogynie. Jussieu, clas. 6, ord, 2, thymélée HOnit 29 DRE TIMELEA; BIONDELEA. Espagnol. ; .…. .. TORVISCO ; TIMELEA Français. + +. + GAROU; SAIN-BOIS. ARGUS ES, VER FLAXLEAVED DAPHNE; THYMELEA ; SPURGE-FLAX. and. , :,..... SELDELBAST Hollandais. . ..,,. ravmerra. ARBRISSEAU d’un port très-agréable, qui croît aux lieux arides et montueux des provinces méridionales de l'Europe, dans le Levant et sur les côtes de Barbarie, connu sous les noms vulgaires de garou ou sain-bors (daphne gnidium , Lin.), il a été souvent confondu avec le bois-gentil (daphne mezereum , Tin.), cultivé dans plusieurs jar- dins sous le nom impropre de garou, mais qui en est très-différent ? comme on le verra à l’article mézéréon, quoique employé aux mêmes usages : le yxsazix de Dioscoride convient assez bien au garou , mais non la figure que Matthiole, son commentateur, y a jointe, qui paraît plutôt être celle du daphne thymelæa, Lin. Le caractère générique du garou est d’avoir un calice (ou une co- rolle) en tube coloré, divisé en quatre lobes à son limbe; huit éta- mines non saillantes ; les filamens très-courts, un style court, un seul stigmate, Le fruit consiste en une baie , à une seule loge monosperme. : Après avoir lu et composé les deux articles de Dioscorides , xauehara et Buus- ha, je pense, comme M. Poiret, que la seconde cu ges dénominations convient mieux que la première au dnhhe gridium de L Le savant Kurt Sprengel est d’une opinion différente : il rapporte le yaue- aux au daphne gnidium , et le évyshaix au daphne cneorum. 47° Livraison, GAROU. Ses tiges sont droites, hautes de deux ou trois pieds, divisées dès leur base en rameaux souples, élancés, d’un brun cendré, garnies de feuilles éparses, sessiles, nombreuses, linéaires, lancéolées, très- rapprochées , glabres, mucronées à leur sommet. Les fleurs sont petites, odorantes, blanches ou un peu rougeâtres, pédonculées , et disposées en une panicule médiocre, terminale; les pédoncules et les calices couverts d’un duvet cotonneux; les baies peu charnues, de couleur rouge. PS > Les feuilles du garou, dans l’état frais, mais surtout son écorce el ses semences, soit fraîches, soit sèches, présentent à un haut degré les qualités corrosives et virulentes qu’on retrouve dans la plupart des végétaux de la famille des thymélées. L’écorce inodore et même insipide, au premier abord, fait éprouver, quand on la mâche long- temps, une sensation âcre et brûlante qui s'étend jusqu’au pharynx, et ne se dissipe que lentement. Les semences jouissent de propriétés analogues quoique moins prononcées. Cette qualité âcre et vénéneuse tell tré dans un principe âcre, soluble dans l’eau, et dans une résine verdâtre, que le professeur Vauquelin a reconnus dans l’écorce de la plupart des daphnoïdes. Appliquée sur la peau, l'écorce du garou y produit une vive irri- tation, de la douleur, de la rougeur, du gonflement , le soulèvement A parait à de l’épiderme, et une abondante exhalation de sérosité. Les obser- vations de Wédel, de J.-M. Hoffmann et de l'illustre Linné attes* tent que, introduite dans l'estomac, elle détermine la cardialgie, une ardeur brûlante, qui s'étend du pharynx au cardia, des tranchées, la superpurgation, la chute des forces, et quelquefois même la mort. D'aussi graves accidens auraient dû peut-être exclure cette substance de la liste des médicamens internes. Cependant, à l'exemple des poi- sons les plus redoutables, l'art a pu en obtenir des avantages dans le traitement de certaines maladies rebelles. Son usage intérieur n’était point inconnu aux anciens. Russel, Andrée, Schwediawer, Wright, ont administré cette écorce corrosive soit seule, soit associée à dif- férentes substances, qui ont influé sans doute sur ses résultats dans certaines maladies de la peau, telles que les dartres rebelles, dans le scrophule, mais surtout dans les douleurs ostéocopes, les exostoses vénériennes et autres accidens de la syphilis invétérée, Toutefois ces GAROU. succès ne me paraissent pas établis sur des observations assez pré- cises ni assez nombreuses pour justifier pleinement les éloges donnés à une substance aussi corrosive ; plante qu'un médecin prudent ne doit employer qu’avec la plus grande circonspection, et qui, d’après la judicieuse remarque de Tragus, sans cesse entre les mains des char- latans, conduit bien des malades au tombeau. De nos jours, le bois-gentil est uniquement consacré à l’établisse- ment des exutoires. Cet usage est depuis long-temps connu en Au- nis, province occidentale de la France, où de temps immémorial les paysans s’en servent sous le nom de bois d'oreille : ils l'introduisent dans le lobe de l'oreille des enfans, pour produire une exsudation séreuse qu'ils regardent comme préservative et curative des maux de l'enfance, et particulièrement des accidens de la dentition. L’ou- vrage publié en 1767, par Leroy, ayant fixé l’attention des méde- cins sur les propriétés rubéfiante et vésicante de cette écorce, son emploi a été étendu à un grand nombre de maladies. Dans sa nou- veauté, il n'y a pas d’espérances que l’on n’ait conçues, ni d’éloges que l’on n’ait prodignés à ce moyen. On a même porté l’enthousiasme jusqu'à lui attribuer tous les avantages réunis du cautère et du vé- sicatoire. Toutefois il agit avec beaucoup plus de lenteur que ce dernier, et n'est point, par conséquent, aussi convenable lorsqu'il s'agit de déterminer une irritation vive et instantanée. En outre, son usage, long-temps continué, produit souvent beaucoup de dou- leur, quelquefois une inflammation érysipélateuse, et assez souvent l'exsudation d’une si grande quantité de sérosité, qu’elle épuise les sujets faibles et délicats, et incommode la plupart des malades; in- convéniens qui doivent lui faire préférer la potasse, au moins chez les sujets maigres et très-irritables, toutes les fois qu’on veut obtenir un exutoire de longue durée. Au demeurant, si le garou n’est pas préférable dans beaucoup de cas aux cantharides ni à la potasse, il peut être employé dans plusieurs circonstances avec plus ou moins de succès, ainsi que l’attestent diverses observations. Appliqué au- tour de la tête, on rapporte qu’il a fait disparaître la surdité, des douleurs de dents, une céphalée arthritique, l’ophthalmie chronique , l'épiphora. Promené autour de l'articulation iléo-fémorale, on lui a dû la guérison d’une coxalgie. Fixé sur différentes parties de la peau, GAROU. on paraît s'en être servi avec avantage dans le traitement de la teigne, des dartres et des rhumatismes ehroniques. Enfin il paraît avoir été employé avec non moins de succès dans la répercussion de la goutte, du rhumatisme, des dartres , de la gale, de la variole, ete., pour rappeler au dehors un principe morbifique ou une irritation spéciale fixée sur un organe essentiel au maintien de la vie. Les semences du garou, désignées dans les pharmacies sous le nom de coccum Cnidü semina, KnSe10s xæproe , granum Cridium, ne sont pas moins vénéneuses que l'écorce. Linné rapporte que douze de ces semences ont suffi pour donner la mort à une fille. Et, selon laremarque de Bergius, elles ouvrent chaque jour les portes du tombeau aux crédules victimes des médicastres et des guérisseuses. Quoique funestes à la plupart des animaux, les oiseaux s’en nour- rissent sans inconvénient : les perdrix, en particulier, les aiment beau- coup, et leur chair n’en acquiert aucune qualité nuisible. L'écorce et les semences du bois-gentil ont été administrées en substance de deux à douze décigrammes, et en décoction à la dose de trente-deux grammes (une once) dans un kilogramme et demi d’eau réduite aux deux tiers. Pour s’en servir comme exutoire, On applique sur la peau (l’épiderme ligneux en dehors) un morceau de cette écorce, de la longueur de deux ou trois centimètres sur deux centimètres de large, après l'avoir préalablement ramollie, lorsqu'elle est sèche, par la macération dans l’eau ou le vinaigre. On la main- tient en situation avec un léger appareil, et l’on renouvelle l’appli- cation toutes les deux heures, ou une seule fois le jour, ou tous les deux jours seulement, selon l'abondance de la sérosité exhalée, et selon le degré d'irritation qu’on veut obtenir. Dans le midi de l’Europe, l'écorce du garou est employée à la temture. On s'en sert particulièrement pour donner à la laine une couleur jaune, qu’on change ensuite en vert par l'addition de l'isatis. Les semences sont en usage pour faire des appâts destinés à tuer les loups et les renards. RTS PPS TEE rot Reeen he GAROU. : LEROY (sacques- Agathe-ange) , Essai sur l’usage et les effets de l'écorce du garou, ou Traité des exutoires, in-12. Paris, 1768. — 1bid. 1774.— Traduit en allemand , par Juncker, in-8°. Strasbourg, 1 Le | Murray reproche avec raison au docteur Leroy de s'être abandonné à des explications frivoles , et au traducteur allemand d’avoir plus d’une fois altéré le sens du texte original. ROSS (3.-A.), De cortice thymeleæ , Diss. in-4°, Lugduni Batavorum , 1778. HASCHKE Serge en-nenri), Super se Gnidii usu epispastico pauca quædam , Diss. sa præs. Petr. Imman. Hartmann, in-4°, Fi rancofurti ad Viadrum , 27 septembre 1 JUSTE (aime) De thymelæä mezereo , ejusque viribus usuque medico , Dis. in-4°. Marburgi, 98. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière. 4. Le même dont on a io circulairement 2. Pistil et calice ouvert pour faire voir l’in- une partie de la chair pour faire voir sertion des huit étamines. le noyau. 3. Fruit de grosseur naturelle. EAYAC . CLXXIX. GAYAC. GUAJACUM MAGNA MATRICE; Bauhin, TivxË , lib. xx, sect. 6. Latin... .. ncux OFFICINALE ; EE bijugis, obtusis ; grasses clas. ro, dé: candrie monogynie. Jussieu , clas. 13, ord. 21, rufacée 077. rer it PC GUAJACO; LEGNO GUAJACANO ; LEGNO SANTO. Espagnol. . ..... + GUAYACO; PALO SANTO, Français... ...... GAYAC;GAÏAC; BOIS SAINT. M GUAIACUM, Allemand, ..... . «+ POCKENHOLZ; FRANZESONHOLZ; GUAYAKHOLZ. Hollandais. . .:... rornour. La découverte du gayac est presque aussi ancienne que celle de l'Amérique. Il est très-commun à Saint-Domingue et à la Jamaïque. Au rapport de l’Ecluse, un naturel de Saint-Domingue, qui exerçait la mé- decine dans cette île, révéla à un Espagnol, attaqué du mal vénérien, les propriétés du bois de Gayac, dont la réputation passa rapidement du nouveau dans l’ancien continent. L’Ecluse en a donné une assez bonne figure, avec la description traduite de Monardès, et d’après lui les frères Bauhin : mais la connaissance exacte de ses fleurs est due au P. Plumier, qui en a formé un genre particulier, dont le principal caractère consiste dans un calice à cinq divisions inégales et cadu- ques, cinq pétales, dix étamines, un ovaire supérieur un peu pédi- cellé; une capsule à deux ou cinq angles comprimés sur les côtés, autant de loges; une semence dure, osseuse dans chaque loge. Le gayac est un assez grand arbre, dont le bois est dur, pesant, résineux , d’un brun jaunâtre; les rameaux presque articulés, garnis de feuilles opposées, ailées, sans impaire, composées de quatre ou six folioles sessiles, glabres, ovales, entières, un peu arrondies , lon- gues d'environ un pouce et demi, à nervures fines, peu saillantes. Les fleurs sont bleues, solitaires sur des pédoncules simples , réunis en ombelles à l'extrémité des rameaux, et dans l’aisselle des feuilles supérieures. 47e Livraison, 3, GAYAC. Les calices sont un peu velus, ainsi que les pédoncules; la corolle plus grande, ouverte en rose; les filamens des étamines élargis vers leur base; les capsules charnues, presque en cœur, à deux angles, comme tronqués au sommet, d’un jaune rougeâtre, surmontés d’une petite pointe courbe. (P.) Le bois, l'écorce et la résine de gayac sont également employés en médecine. Le premier est dur, pesant , jaune-pâle à l'extérieur et gris-brun ou verdâtre intérieurement. Lorsqu'on le frotte ou qu'on le brûle, il exhale une odeur légèrement balsamique. Sa saveur est un peu amère et aromatique, ainsi que celle de l'écorce, laquelle est compacte, tenace, grise à l'extérieur, et intérieurement parsemée de taches de diverses couleurs. Le suc gommo-résineux qui découle de cet arbre soit spontanément, soit par des incisions pratiquées sur son écorce, a été improprement désigné sous les noms de gomme et de resine de gayac. C'est une substance résiniforme friable, demi- transparente, d’un brun jaunâtre ou verdâtre; projetée sur les char- bons ardens, elle répand une odeur suave; lorsqu'on la mâche, elle pique légèrement la langue , et offre une légère amertume. Entière- ment dissoluble dans l'alcool, et en partie seulement dans l’eau, cette matière diffère des résines en ce que, traitée par l'acide ni- trique, elle donne de l'acide oxalique, et non du tannin. Comme on ne l’a trouvée encore que dans le genre gayac, le nom de gayacine lui a été imposé par les chimistes. Toutes ces parties du gayac sont douées de la propriété de sti- muler les tissus organiques. Elles paraissent exercer plus particuliè- rement leur action sur le système dermoide, et augmentent d’une manière sensible l’activité des vaisseaux exhalans, cutanés. Toute- fois, ainsi que M. Biett l’a très-bien remarqué, le gayac dirige, dans certains cas, ses effets sur d'autres organes, et détermine ainsi la salivation, l'augmentation de l'appétit, la purgation, la sécrétion de l'urine, mais surtout la sueur; ce qui justifie jusqu’à un certain. point les vertus échauffante, stomachique, apéritive, diurétique et sudorifique qu'on lui a accordées. Il ne faut cependant point perdre de vue que toutes ces vertus ne sont que relatives à un certain état des propriétés vitales des organes, et que si la transpiration, par exemple, était suspendue par suite d’un état fébrile on d’une vio- GAYAC. lente irritation, le gayac cesscrait d’être sudorifique, puisqu'il aug- menterait, au lieu de diminuer l’état d’excitation, dont la cessation seule peut, dans ce cas, procurer la sueur. L'introduction de ce végétal exotique dans la matière médicale se rattache à l’époque de la découverte du nouveau monde, et ne date, par conséquent , que de l'invasion prétendue de la maladie vé- nérienne en Europe. L'origine de la grande réputation dont il a joui comme antisyphilitique a été rapportée à la guérison d’un chef espa- gnol, qui tourmenté long-temps par la vérole, qu’il avait contractée à Saint-Domingue, en fut complètement délivré, dans cette île, au moyen de la décoction du gayac, dont un Indien, qui était à son service, lui enseigna l'usage. Sur son exemple, les avides et sangui- naires compagnons de cet homme, infectés comme lui du mal véné- rien, eurent recours au gayac, et, en ayant obtenu le même succès, ils proclamèrent en Europe les vertus de ce précieux végétal, sur la propriété antisyphilitique duquel une multitude d'observations et de traités publiés depuis 1517 jusqu’à ce jour par des médecins espa- gnols, français, italiens, anglais, allemands, ne semblent laisser au- cun doute. Cependant cet enthousiasme aveugle en faveur du gayac a peu à peu disparu, et l’on se borne aujourd’hui à considérer ce vé- gétal comme un moyen accessoire qui peut bien favoriser la guéri- son de la syphilis, maïs qui, dans nos climats au moins, ne peut point seul la guérir complètement. Il est bien remarquable en effet que presque jamais ce prétendu antisyphilitique n’a été administré seul. M. Biett a très-bien vu qu’on le trouve toujours associé à d’au- tres substances, ou précédé d’un traitement mercuriel , dans toutes les observations qui ont été publiées à ce sujet. Or, il n’est point étonnant que chez des malades gorgés de mercure, le gayac ait pro- duit constamment les mêmes effets qu’on obtient chaque jour de la salsepareïlle et autres sudorifiques, après un traitement mercuriel poussé trop loin; effets qui seraient aussi sûrement obtenus par l'usage d’une décoction de réglisse, dans une foule de cas où la ma- ladie vénérienne, exaspérée par des moyens violens, cède à un simple régime convenable. Cette maladie n’est pas la seule contre laquelle on ait employé le gayac. Le bois de cet arbre, et surtout sa résine, ont été préco- GAYAC. nisés dans le traitement de la goutte atonique et des nombreux acci- dens qui laccompagnent. On en a fait usage dans les rhumatismes chroniques, les douleurs sciatiques, les anciens catarrhes, la leu- corrhée rebelle, les diarrhées atoniques, la leucophlegmatie. On y a eu recours contre les dartres et autres affections cutanées rebelles, contre les engorgemens des glandes lymphatiques, la carie et les gonflemens osseux; et des observateurs dignes de foi attestent que dans beaucoup de cas l'administration de ce végétal a été suivie de succès. Ces succès quelquefois réels, et souvent douteux , ont donné naissance à divers remèdes secrets, et à cette foule de merveilleux arcanes dont le gayac est la base, et qui, pompeusement décorés du vain titre d’anti-goutteux, d’anti-rhumatisans, ont été accueillis par de riches oisifs et par le peuple crédule avec cette aveugle con- fiance que rien n’égale, si ce n’est l'audace avec laquelle ces pré- tendus spécifiques sont vantés et préconisés par la cupidité et l'im- posture. Le bois et l'écorce du gayac sont administrés en macération et en infusion aqueuse ou vineuse à la dose de trente-deux ou soixante- quatre grammes (une ou deux onces) pour cinq hectogrammes (une livre) de liquide. La résine peut être administrée de dix à trente cen- tigrammes (deux à six grains ), soit sous forme pilulaire, soit en dissolution dans l'alcool. L'huile essentielle que fournit le gayac est appliquée quelquefois avec succès sur les dents cariées pour calmer l’odontalgie, et l'extrait qu'on en retire a été employé comme ster- nutatoire. Le gayac constitue un des quatre bois sudorifiques ; il est la base de la décoction anti-goutteuse de Vienne, de la teinture de gayac volatile et du baume de gayac de la pharmacopée de Londres, de l'élixir de gayac de la pharmacopée d'Edimbourg ; il entre enfin dans la composition de divers robs et sirops sudorifiques. La dureté et le beau poli du bois de gayac le rendent propre à toutes sortes d'ouvrages d'art, et, sous ce rapport, il est recher- ché par les ébénistes, les tourneurs, les menuisiers et les charpen- uers. GAYAC. scamaus (Léonard) , ire de morbo gallico et curd ejus noviter repertä cum ligno indico ; in-8°. Augustæ Vindelicorum, 1518. Il paraît que ce are bavarois est le premier écrivain qui ait mentionné et préconisé le gayac HUTTEN (vlrie ps De guaiaci medicinà et morbo gallico libellus ; in-4°. Moguntie , ns Ibi .in-8°. 1524; 1531. — In-4°. Bononiæ , 1521. — Traduit en français par J Chéradame ; in-4°. Lyon. — Traduit en allemand; in- La fig. 1519. — Traduit en aniiais par Thomas Paynell, in-8°. sassrs ; 1596 25%p} Enthousiaste du gayac, eomme Gonsalve Ferrando, ss qu’il lui devait également la gué- rison d’une syphilis invétérée , il chanta pareillement les louanges de ce bois , dont l’usage est effectivement suivi du plus heureux succès dans certains cas où le mercure a été admi- nistré sans discernement. BETHENCOURT (3acques de), Nova peœnitentialis quadragesima , nec non Purgatorium in mor- icum , seu venereum ; unà cum dialogo aquæ argenti et ligni guaiaci colluctantium super dicti morbi curationis prelasurd opus fractiferum; ; in-8°. Parisiis, 1527. itre métaphorique it pour très-ingénieux au seizième siècle , et l’on a vu de nos jours renouveler de pareilles gentillesses, qui n’obtiennent plus, à la vérhé; les mêmes ap- pos Le ca RÉ as ag par pe paye , qui exige une diète longue et rigoureuse ; Quoi qu’il en soit, Pouvrage de Bethencourt mérite une mention particulière : ce médecin normand passe pour le premier qui ait écrit en France sur la syphilis , et lui ait imposé le nom de maladie vénérienne, DELGADO ( rrançois), Del modo di adoperare il legno santo, ovvero del modo che si guarisca il mal francese ed ogni mal incurabile ; c'est-à-dire, De la manière d'employer le sain - bois, ou des moyens de guérir la vérole et les autres maladies incurables; in-4°. Venise, 1529 Cet opuscule, écrit en italien par un prêtre espagnol , qui, pendant vingt-trois années , fut tourmenté par la syphilis, est demon remarquable sous plusieurs rapports, Souillé de contes absurdes et d’assertions meson pe 3 res apr pes un privi ège du Clé ment vrr en forme de bulle. L’ignora sont peints de main de re par le savant Astruc : Non cepone me a quo sn ea … pus Lt ts causà librum suum + mn . A 1 # ‘4 Fo . #6 wirialis par ati esse ré ape Soi: ed cujus pra modes um de indiistri reticet , qui nè à fraudes venditatoris remediorum , hs re diribitoris arcanorum apertè redolet, qui sibi semitam non jour alteri monstrant roux, (wicolas), De curé morbi gallici per rares shenintinis libellus ; im-4°. Venetiis, 1535. .in-4°. Basileæ , 1536. La dédicace au ésrdiaf Lange est du r9 décembre 1517, etles bibliographes assurent que la première édition de l’opuscule date de la même année; ce qui assignerait à Poll la prio- ‘rité sur tous ceux qui ont mentionné réconisé le gayac : 27 quibusdam, desperationis causé, nihil medicinarum applicatum Juerat, quorum posteà omnium per guayacanum lignum euratio quasi pro miraculo ab omnibus habita fuit : hæc enim, uno quasi et eodem tempore, tria fere hominum millia ad bonam valetudinem reduxit, qui post convalescentiam sibipsis renati videbantur. rerri (alphonse), De ligni sancti multiplici medicinä et vini exhibitione libri quatuor ; in-4°. 39.— 1d. m-8°. Basileæ, x — Id. in-12. Parisiis, 15393; 1542.—1d, in-12. Ris 1547.— Traduit en français par Nicolas Michel; in-8°. Poitiers, 1540, 1546, 50.— Traduit en allemand par Gautier Herman Ryff, qui oublia de nommer l'auteur ; rs Ras à 1541. gayac est présenté comme une sorte de panacée propre à guérir les maladies les plus disemblables et notammant la svphilis, dont il est proclamé le spécifique. Ferri avoue néan- GAYAC. moins que dans certains cas rares le mal est tellement opiniâtre , qu'on est forcé de recourir ercure. Cette production ne manque pas d'intérêt ; aussi fut-elle généralement accueillie. eco (antoine) , en latin Gallus, De ligno sancto non permiscendo ; in-8°. Parisiis, 1540. L'auteur donne des détails étendus et assez exacts sur le mercure et diverses préparations complétée, cimentée par le gayac, et ee le gayac seul, qui possède le précieux avantage d'extirper jusqu'aux dernières racines al. rucas où ruscn (remacle), Morbi rh dre quem ali gallicum, alii neapolitanum appel- lant, curandi per ligni indici, quod guayacum vulgà dicitur decoctum , spi nie needs in qud plurima ex veterum medicorum sententià ad novi morbi curationem ma gis absolutam, medica theoremata excutiuntur ; in-4°. Paris 4x. BLONDO ie e), De origine morbi gallici deque ligni indici ancipiti proprietate ; in-4°. Venetiis, a L'auteur d’atténner le éloges + | +: ts d'après son expérience , que ce bois est un simpl e in, dont il faut se défier. RETTORI (Livorio), Disputatio apologetica de indole ac die guayaci et salsæ-parille , adyersüs Hieronymum Minettum ; in-4°, Bononiæ, 1 Le gayac est-il plus âcre et plus chaud que la wlparele® telle est l'opinion de Rettori , combattue par Jérôme Minetti, dans un maigre opuscule intitulé : Quæstio non minüs pul- cra quam utilis, de salsæ-parillæ et ligni sancti viribus. riccoLomMiEnt (sestilio), Epistola ad Corradum horse in cs probat lignum Corradi esse imam speciem ligni sancti; in-4°. ï guiste hollandais Conrad Arnold avait expédié à dus une grande quantité de gayac ; mais on refusa de payer, sous prétexte que le bois reçu de Hollande n’était pas du i gayac. Le pape Clément vrr nes les médecins et les droguistes de décider sè question. Les avis ne furent unanimes. Piccolomini et Cintio Clemente plaidèrent la cause d’Ar- nold : Demetrio Canevari prouva au contraire, dans son Commentarius de ligno ss que le négociant batave avait trompé la confiance de ses correspondans, sunGKER (sean), Comperdiosa methodus therapeutica , quà d morborum ferè incurabilium medi- ca ationes prie per solam diætam et ligni guaiaci diversimodè præparati administratio- Erfordiæ , 1624. FRIDERICI camano ud), De guaiaco, Diss. inaug. resp. Georg. Keyser, in-4°. Zenæ , 1662. saorT (r#hi A ), De medicatà guaiaci virtute, Diss. inaug. in-4°. Lugduni Batavorum, 28 jull. 1719. GAUNER (chrétien-codfro, De specifio oi americano (guaiaco), Diss. in-4°. Tenæ, 1778. — Insérée dans le tome 1v du Sr. e Baldinger. ACKERMANN (aranerréléri} De tinture guayacinæ wirtute antarthriticä; Diss. inaug. resp. Eckhof; in-4°. Kiloniæ, 1782. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Calice vu en dessous. 5. Fruit coupé dans sa longueur. 2. Pistil et étamines. - 6. Un autre coupé en travers. 3. “au 7. Graine isolée. 4. Fruit mûr. GENEVRIER 2 CLXXX. GENEVRIER. x Grec... 4.4 +. æpreudoc ; æpxeudic JUNIPERUS VULGARIS ; 6 Pad : FIuÉ lib xxx, sect, %. Tournefort, clas. 19, arbres amentacés. # Latin... ....... 4 sunrperus communis; foliis ternis, GT , mucronatis, baccä oribus : Linné , clas. 22, diœcie monadelphie. Jussieu, clas. 15, 5, conifères. FR ST 15 ° . GINÉPRO. Espagnol, . +, ..1:. ENEBRO. Français. ........ GENEVRIER. ARGUS ts JUNIPER-TREF. Allemand... .:... WACHOLDER Hollandais. ... ... . GENEVERB00M. SUÉADNS... : 4. 3 . EN; ENBUSKE ; ENEBÆRSTRÆD. Ur aspect sauvage, des rameaux diffus, irréguliers, en buisson touffu, des feuilles dures, étroites, en forme d’épines, rendent le genevrier facile à distinguer entre tous les autres arbrisseaux de l’Europe, outre qu'il habite de préférence les terrains “ et À reux, les collines, le revers des montagnes. Ses fleurs sont ds quelquefois monoïques ; les A AE mêles disposées en petits chatons, ovoïdes, munies d’écailles pédicellées, en verticille, élargies au sommet en forme de bouclier; sous chaque écaille trois ou quatre anthères sessiles, à une seule loge : les fleurs femelles en chatons globuleux ; les écailles épaisses, aiguës, disposées sur quatre rangs; un ovaire sous chacune d'elles, surmonté d’un petit stigmate. Ces écailles croissent, deviennent charnues, se sou- dent ensemble, et forment une baie arrondie, renfermant trois noyaux osseux à une seule loge. Ses tiges sont tortueuses, difformes; ses rameaux nombreux, irré- guliers ; l'écorce raboteuse, d’un brun rougeâtre; le bois dur, un peu rougeâtre, d’une odeur agréable quand il est sec; les jeunes pousses des rameaux menues, pendantes, un peu triangulaires. 47e Livraison, %. GENEVRIER. Les feuilles sont sessiles, ordinairement réunies trois par trois, étroites, dures, très-aiguës, piquantes , concaves en dessus, souvent un peu glauques à leur base : elles durent toute l’année. Les fleurs, tant mâles que femelles, sont réunies en chatons courts, solitaires, axillaires, presque sessiles; les femelles pro- duisent des petites baies sphériques de deux ou trois lignes de dia- mètre, d'abord vertes, puis noirâtres en mürissant. Dans les pays chauds, les tiges s'élèvent souvent en arbre de quinze à vingt pieds de haut. : = Presque toutes les parties de cet arbre indigène, le bois, les feuilles, la résine, et surtout les baies, exhalent, principalement quand on les brûle, une odeur résineuse plus ou moins suave. Elles offrent une saveur balsamique, légèrement amère, qui est accom= pagnée, dans les semences, d’un goût douceâtre et aromatique. Les fruits, ainsi que la partie ligneuse du genevrier, fournissent une huile volatile, jaune, très-pénétrante; un extrait aqueux et un extrait r'é- sineux. Le sue qui découle, dans les pays chauds, des incisions pro. fondes que lon pratique au tronc de cet arbre, connu dans le com- merce sous le nom de sandaraque , est une résine sèche , inflammable, d'un jaune pâle ou citrin, assez analogue au mastic', et dissoluble dans l'alcool, quoiqu’elle ne le soit qu’imparfaitement dans l'huile. Le bois, réputé diurétique et sudorifique, ne peut avoir cette faculté qu'en vertu de l’action tonique qu'il exerce sur les organes vivans, et ne peut en produire par conséquent les effets que dans . pps LES les cas d’atonie et de relâchement. Il a été vanté contre les catarrhes | de la vessie et des poumons, contre l'aménorrhée et les obstructions du foie. On la employé en décoction dans le traitement de la gale, dela goutte et des rhumatismes. Monro s’est bien trouvé de sa coction en bains dans plusieurs cas de variole maligne. Les frictions faites avec une flanelle imprégnée de la vapeur aromatique de ce vé- gétal résineux paraissent avoir été favorables à divers sujets atteints de goutte atonique , de rhumatismes anciens, de douleurs ischia- tiques. Le bois de genevrier à été surtout préconisé contre la ma- ladie vénérienne ; quelques auteurs lui attribuent même contre cette affection une vertu égale à celle du gayac, tandis que d’autres réser- vent exclusivement cette propriété antisyphilitique aux baies. Enfin GENEVRIER. la décoction du genevrier a été employée localement comme déter- sive dans Île traitement de l’ozène et des ulcères atoniques. La résine de ce conifère, désignée sous les noms de sandaraque , vernis, gomme de genevrier, a toutes les qualités des résines, et agit sur l’économie animale à la manière des excitans. Elle a été parti- culièrement recommandée en application sur les plaies pour arrêter ‘écoulement du sang, et sur les ulcères pour les déterger. Intérieu- rement elle a été administrée dans les catarrhes pulmonaires an- ciens, les diarrhées chroniques et les hémorrhagies passives. Mais les succès qu'on lui attribue contre ces différentes affections sont loin d’être constans. On a beaucoup plus rarement recours aux sommités et aux feuilles du genevrier quég ses autres produits. Etmuller leur attribue la pro- priété de purger; toutefois cet effet a besoin d’être confirmé par l'expérience, aussi bien que les succès des cendres de ce végétal contre l’hydropisie. Toutes les propriétés médicales de cet arbre résineux se trouvent en quelque sorte concentrées dans les baies, auxquelles, par cette raison, on a le plus souvent recours pour l'usage médical. Leur ac- tion tonique sur l'estomac et les intestins n’est pas douteuse; elles augmentent l'appétit et facilitent la digestion. L’impression qu’elles déterminent sur l’appareil digestif s’étend facilement à d’autres or- ganes; elles excitent aussi la sécrétion de l'urine, et activent la transpiration cutanée : une foule d'observations attestent que ces baies et les nombreux médicamens qu’on én prépare ont été admi- nistrés avec avantage dans l’atonie des premières voies, les catarrhes chroniques du poumon, de l'appareil digestif, du vagin et du canal de lurètre; contre la goutte atonique, l'hypocondrie, le scorbut , la leucophlegmatie, l’hydropisie et les affections vermineuses. Divers observateurs ont cru même apercevoir que la décoction de ces fruits était singulièrement utile contre la gravelle et les calculs de la vessie. Maïs si cet effet a eu lieu dans quelques cas, par exemple chez certains vieillards cacochymes dont les voies urinaires sont obs truces et fatiguées par un amas considérable de mucosités tenaces, l'action tonique des baies du genevrier ne pourrait être que nuisible dans beaucoup de ces affections calculeuses. Geoffroy et Cullen ont GENEVRIER. très-bien vu qu'administrés comme diurétiques chez des sujets où forts ou très-irritables, ces fruits déterminent souvent de la douleur aux reins et des urines sanguinolentes. On en a fait usage ave. beaucoup plus de succès contre les fièvres intermittentes, soit en . poudre, soit en décoction , et leur vapeur introduite dans le pou: mon par la respiration, ou appliquée sur la peau par des bains où par des frictions, n’est pas moins avantageuse que celle du bois où de la résine. Il résulte de tous ces faits que les différentes parties du genevrier, et surtout les baies, peuvent être employées avec succès dans tous les cas où les médications toniques sont nécessaires. Le bois râpé ou en copeaux se donne en décoction à la dose de trente - deux grammes (une once) dans cinq hectogrammes (unt livre) d’eau. L’extrait, soit gommeux, soit résineux, est administré depuis deux jusqu’à huit grammes ( demi à deux gros). L'huile essen- tielle se prescrit de cinq à vingt gouttes dans une tasse de thé, un julep ou tout autre liquide propre à être avalé. On l’introduit sou- vent dans des gargarismes contre le gonflement scorbutique des gencives, et dans des injections du canal de l'urètre, contre la blennorrhagie chronique. La dose ordinaire de la résine, prise inté- ricurement, est d’un à quatre grammes. Les baies peuvent être in- gérées en substance au nombre de six à douze. En infusion aqueuse ou vineuse, on les administre à la dose de trente-deux grammes (une once) pour un demi-kilogramme (une livre) de liquide. On en fait un rob de genièvre d’un usage aussi utile que commode, et souvent employé, en guise de miel, à ja composition des électuaires et au- tres médicamens toniques. Ces baies entrent dans la composition des élixirs de vie de Fioraventi, antipestilentiel de Sennert, et asthma- tique de Zwelfer; dans l’opiat de Salomon, l’antidote orviétan de Charas, l'huile composée de Scorpion de Mathiole. Le rob lui-même fait partie de la thériaque réformée de Charas, de l’orviétan de F. Hoffmann. L'huile essentielle se retrouve dans le baume vulné- raire de Metz de Schræder; et la résine dans plusieurs emplâtres: Le genevrier n’est pas moins précieux par ses usages économiques que par ses propriétés médicales. Son bois observe M. Jourdan, sert aux ébénistes à ouvrages. Îl four » Presque incorruptible, faire une foule de jolis mit aux habitans des campagnes des échalas qui HE 2 GENE VRIER. durent long-temps. Son charbon est excellent. On prépare des cordes avec son écorce. En Lorraine et dans les Trois-Évéchés, on fait bouillir ses branches dans de l’eau avec laquelle on lave ensuite l’in- térieur des tonneaux destinés à recevoir le produit des vendanges. Enfin on brûle le bois de genevrier pour parfumer les appartemens et pour purifier l’air. Mais les vapeurs aromatiques qu’il répand dans l'atmosphère, loin de détruire les émanations malfaisantes suspen- dues dans Pair, ne font que les masquer, et inspirent ainsi une fausse sécurité. « Dissoute dans l'esprit de vin, la résine sandaraque donne un vernis blanc et brillant d’un très-grand usage dans les arts. Elle est également employée sous forme pulvérulente dans les bu- reaux pour donner plus de consistance au papier, et pour empêcher l'encre de s’étendre sur les points où il a été graté. En Allemagne et autres contrées d'Europe, les baies sont employées comme assai- sonnement. Pilées et macérées dans l’eau, elles donnent par la fer- mentation une liqueur vineuse très-agréable et très-salutaire, qui, sous le nom de genevrette, sert de boisson au peuple des campagnes dans plusieurs provinces de France. Cette liqueur vineuse, qu’on peut singulièrement améliorer en y ajoutant, pendant la fermenta- tion, un peu de sucre ou de miel, fournit par la distillation un alcool plus ou moins âcre dont on fait un grand commerce dans le Nord. Infusées dans l'alcool, ces mêmes baies forment un excellent ratafia. Les confiseurs en préparent diverses liqueurs et des dragées de très- bon goût. » BAPST es en oder Wachholder-Garten; etc. in-4°. Eisleben, 1601. — Jd. 16 dt a dit le es Haller , et après lui M. Dupetit Thouars, une énorme et misérable collection de toutes les propriétés réelles et supposées du genevrier. SCHARF arte apueuBoroyia; seu Juniperi descriptio curiosa, etc. in-8°, fig. Lipsiæ, 2.— Id, 1 | Rédicé sur le sl de l'Académie des curieux de la nature, cet opuscule est peu exact pour la partie descriptive, et renferme une énumération fastidieuse de formules surannées. BANG (axel-olaus), De junipero , Diss. inaug. rep: Heldwader ; in-4°. Hafniæ, 17 CAMERARIUS ne De cervarid nigré et junipero , Diss. inaug. hlsb. Ca Alb. merarius ; in-4°, ubingæ y -1712- : W{LHELM Sen RES , De junipero , Diss. in-4°. Argentorati, 1715. KLEIN (sean-conrad), De junipero, Diss. in-4°. Altdorfii, 1719. LUNDMANN (rierre), De junipero, Diss. in-4°. Harderovici, 1727. GENEVRIER. sruce (andré-vaniel), Observationes practicæ de radicis fruticis juniperi decocto; in8°,. er 17 ur tous: a traduit, en 1642, du latin en allemand , un opuscule de Martin Ê ne sur le genevrier, et Pierre Kalm a écrit, en 1770 , une dissertation suédoise sur les priétés et les usages du même arbrisseau, a EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle, } 1. Chaton ou cône de fleur mâle. 2. Fruit entier. 3. Le même coupé horizontalement pour faire voir les trois osselets, 4. L'un des osselets isolé * 161. mo Luis Je . | ZLanbert 7° sep GENTIAXE , un. CLXXXL GENTIANE. Grébshs res à 24 50 JAI GENTIANA MAJOR LUTEA; Bauhin, NuvaË, lib. v, sect. 5; Tournefort, clas. 1 , campaniformes. Latin... .........{ cewrrana LUTEA ; corollis ns , rotatis, verticillatis, ca- ner spathaceis ; Linné, clas. 5, pentandrie digynie. Jussieu , clas. 8, ord. 13, gen rase Lialiens is resta GENZIANA ; GENZIANA MAGGIORE. Espagnol.” 5 7... GENCIANA Frantais: 6, 4 E N TIANE JAUNE; GRANDE GENTIANE. ASUS de GENTIAN ; YELLOW GENTIAN. Allemand... ENZIAN; GELBER ENZIAN. Hollandais. . :.... GENTIAA Suédois sé. 2 5 BAGG-SOETA La grande gentiane, ou gentiane jaune, est la première ainsi que la plus belle espèce d’un genre qui en contient un très-grand nom- bre. Elle porte le nom d’un roi d’Illyrie, auquel on attribue la dé- couverte deses propriétés. Dioscorides et les anciens en parlent comme d’une plante connue depuis long-temps : elle se plaît dans les pâtu- rages des montagnes sous-alpines; c’est là que, respectée des trou- peaux, qui cignent son amertune, elle étale avec luxe ses belles fleurs jaunes, réunies en touffe dans les pisselss des feuilles supé- rieures. Son calice est divisé en cinq Lies: : sa corolle monopétale, en roue, à cinq divisions et plus; cing, quelquefois quatre étamines insérées sur le tube de la corolle; l'ovaire surmonté de deux stig- mates presque sessiles; une capsule à une loge, à deux valves. Ses racines sont longues, épaisses, jaunâtres en dedans, d’une saveur amère : elles produisent des tiges simples, hautes de trois ou quatre pieds, cylindriques, garnies de feuilles larges, ovales, très-lisses , opposées, amplexicaules ; les inférieures rétrécies en pétiole à leur base. Les fleurs sont nombreuses, soutenues par des PéRopeies sim- 48° Livraison. GENTIANE. ples; fasciculées et presque verticillées dans les aisselles des feuilles supérieures. Leur calice est membraneux, transparent, déjeté d’un seul côté, et fendu longitudinalement , à cinq dents courtes, subulées , inégales. La corolle est jaune, en roue, à cinq, quelquefois huit segmens . allongés, aigus. Quelques autres espèces se rapprochent de celle-ci, telles que la, gentiane pourprée, la gentiane ponctuée, et plusieurs autres com munes dans les Alpes. . Desséchée, et telle qu’elle se présente dans .le commerce, la ra- cine de gentiane est en longs morceaux de la grosseur d’un pouce et au delà. Dure, cylindrique, extérieurement sillonnée par des ri: des annulaires , elle offre une couleur brune foncée à sa surface, et jaunâtre intérieurement. L’odeur qu’elle exhale, quoique à peine sensible, a quelque chose de vireux. Sa saveur d’une amertume franche, très-prononcée, est entièrement dégagée des qualités aro- matiques et astringentes qui accompagnent le principe amer dans la plupart des végétaux. On en retire un extrait muqueux et un extrait résineux ; le second plus abondant et plus amer que le pre- mer. Elle renferme en outre une matière sucrée qui la rend suscep- | tible de donner de l'alcool par la distillation. La chimie n’a point encore déterminé la nature de ses autres principes constituans. Les troupeaux, au rapport de Haller, ne broutent point les feuilles de cette plante, ce qui tient probablement à son extrême amer: Re tume. Quelques auteurs ont attribué des qualités vénéneuses à Sa racine. Mais les accidens nerveux, et autres symptômes d'empoison: nement dont elle a été accusée en Angleterre, sont dus à la racine du ranunculus thora, avec laquelle la racine de gentiane a été con fondue , qui se trouve encore quelquefois mêlée avec elle, et dont il est facile de la distinguer à cause du volume plus grand de cette dernière. La racine de gentiane, en vertu de son amertume, exerce, Suf l'appareil digestif, une action tonique lente, peu intense, mais du- rable, et qui devient manifeste par l’augmentation de Vappétit et l'activité de la digestion. A l'exemple de la plupart des amers, lors- qu'on la donne à trop haute dose, elle produit du malaise, de la pe GENTIANE. santeur à l’épigastre, et même le vomissement et la purgation. D'a+ près les témoignages unanimes des observateurs et des praticiens les plus éclairés, cette racine a été administrée avec succès contre l'in- appétence, les flatuosités et les embarras muqueux qui tiennent à l’atonie de l’estomac et des intestins. Elle a fait cesser dans certains cas l’état de torpeur du canal intestinal qui suit les fièvres intermit- tentes de longue durée, et qui accompagne si souvent la goutte erratique, l’hypocondrie, la chlorose et les cachexies. Elle a fait disparaître des diarrhées et des vomissemens qui résultaient d’une sorte de débilité ou de la lésion de la contractilité organique sensi- ble de l'appareil digestif. Whytt rapporte l’histoire d’un homme qui, par l'usage de cette racine prise chaque jour à la dose d’un gros, fut guéri d’une douleur d’estomac dont il était atteint depuis quinze ans. Dans beaucoup de cas elle paraît avoir été employée avec avan- tage contre les vers lombrics, et contre les hydropisies essentielles accompagnées de pâleur et de flaccidité générale. Chaque jour on l’administre avec plus où moins de succès contre le scrophule, sur- tout chez les enfans, et beaucoup de praticiens ne se louent pas moins de ses succès dans le rachitis et la coxalgie que contre cette affection du système lymphatique. On a recommandé la racine de gentiane dans le traitement des obstructions des viscères abdomi- naux qui surviennent à la suite des fièvres intermittentes; mais il est difficile de déterminer jusqu’à quel point cette plante mérite les éloges qui lui ont été accordés sous ce rapport, jusqu’à ce que l’on ait fixé avec quelque précision la nature et le caractère des affec- tions très-variées qu'on désigne sous le nom vague et insignifiant d'obstructions. Enfin plusieurs observations attestent que cette ra- cine amère a prévenu, dans quelques cas, des accès de goutte, qu'elle a calmé les douleurs produites par la présence des calculs urinaires, et qu'elle a arrêté des fièvres intermittentes de différens types. On ne donnera cependant qu’une faible confiance aux pré- tendus succès de la gentiane contre la goutte, si l’on réfléchit que les dix malades chez lesquels illustre Cullen a suivi les effets de la fameuse poudre du duc de Portland dont cette racine est la base, ont presque tous été atteints d’hydrothorax, de palpitations, d’as- cite et autres accidens graves, et qu'ils sont tous morts peu d'années GENTIANE. après leur prétendue guérison. A l'égard de la réputation de la gen- tiane contre les fèvres intermittentes, réputation justement méritée sous certains rapports, et que l'introduction du quinquina dans à M matière médicale n’a point détruite, une foule de faits semblent prouver que cette racine a manifestement fait cesser des fièvres d'ac: “ès qui avaient résisté à d’autres moyens. Moi-même je pourrais ci: ter, en faveur de sa propriété fébrifuge, plusieurs centaines de gué: risons de fièvres intermittentes de tous types, si, depuis que j'ai cessé de croire aveuglément à la toute-puissance des drogues, Je \ n'avais vu les mêmes guérisons, que j'avais attribuées autrefois à h gentiane, s'opérer spontanément sans le secours des médicamens. Toutefois je ne veux point nier qu'on ne puisse, dans certains cas; retirer beaucoup d'avantages de l'emploi d’un amer aussi prononcé. Desbois de Rochefort me paraît avoir signalé d'une manière très- judicieuse celles de ces fièvres dans lesquelles la gentiane peut être réellement utile. Elle ne convient point, par exemple, dans celles qui ont le plus léger caractère inflammatoire; elle ne serait pas moins nuisible dans celles qui sont accompagnées d’une vive irrita- tion gastrique. La lenteur de son action la rendrait très-certaine- ment insuffisante dans les fièvres intermittentes , ataxiques et adÿna- miques : mais elle peut produire les plus heureux effets dans celles qui sont marquées par la pâleur, la flaccidité ou un état leucophleg- matique. L'usage long-temps continué de la gentiane, comme celui de tous les amers, par une influence particulière que Cullen attribue à un principe vireux, finit par détruire la faculté digestive, et paë amener la dyspepsie; & sorte que, dans les maladies de long cours, il faut de temps en temps en suspendre l'usage, ou lassocier à diffé- rentes substances, soit alcooliques, soit aromatiques. Les rirgiend se servent quelquefois de la racine de gentiane, en guise d’éponge préparée pour introduire dans des orifices fistu- leux, et dilater certaines ouvertures. Ils appliquent aussi comme détersive sur les ulcères et sur les cautères. En substance, cette racine amère peut être administrée sous forme pilulaire ou pulvérulente, de douze décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros }, et en infusion vineuse ou décoc- tion aqueuse, de quatre à huit grammes (un à deux gros ). Son ex- GENTIANE. trait, d’un usage beaucoup plus fréquent et beaucoup, plus com- mode, se donne soit en pilules, soit en dissolution dans le vin ou tout autre liquide, de deux à quatre grammes (demi à un gros). La dose de la teinture alcoolique que les pharmaciens préparent sous le nom d’essence de gentiane, est de quarante à quatre-vingts gouttes dans un liquide approprié. Cette racine entre dans la com- position de la plupart des vins amers : elle est la base d'une foule de médicamens solides et liquides. Les principaux sont l'élixir sto- machique de Whytt, la thériaque d’Andromaque et diatessaron, le Mithridate, l'orviétan, le diascordium, l’opiat de Salomon, la pou- dre.vermifuge de Charas, les fameuses poudres anti-arthritiques du duc de Portland, ou d’autres médicastres titrés et sans titre. En Suisse, après avoir fait macérer pendant un certain temps dans l’eau la racine de gentiane, on la soumet à la distillation, et l'on en retire un alcool d’un très-grand usage dans diverses contrées des. Alpes. weuer {sean-andré), De gentianä, Diss. inaug. pres. Joan. Hadr. Slevogt ; in-4°.1enæ, 1720, HARTMANxX (rierre-emmanuel), Historia gentianæ naturalis et medica ; in-4°. Francofurti ad Viadrum , 1574. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) Feuille radicale. 4. Fruit. Y, 2. Fleur entière. 5. Le même coupé horizontalement. 3. Pisüil accompagné de son calice. 6. Graine. 102. NT à | 1299929990 ES 2ÿ LÀ AU] sé R # D LE es Zurpin.P. Lambert I° woutp GERANIONX. PE CLXXXII. GÉRANION. Grec. ........, ynpavor. ERANIUM ROBERTIANUM PRIMUM, Bauhin, IlivaË, lib. vrix, sect, 5. Tournefort ; clas, 6, rosacées. Latin........... ; pedi lis bifloris, calycibus pilosis, decem- angulatis ; Linné, clas. 16, monadelphie décandrie. Jussieu, dl. 13, ord. 13, geraines. Palais 5. C5 GERANIO ; N vo Espagnol. . . ..... GERANIA; PICO DE GRULLA, Français. ...,.., GÉRANION ; HERBE A ROBERT. ARE EN ES HERB ROBERT; FETID CRANE'S-BILL. ; ; RUPRECHTSKRAUT, ROODE OJEVAARSBEK ; ROBBRECHTS-KRULD. LE caractère de ce genre est facile à reconnaître. 1l consiste par- ticulièrement dans le fruit à cinq capsules rapprochées et prolon- gées en un long bec que l’on a comparé à un bec de grue !; mais la corolle varie dans la forme et la disposition de ses pétales; les éta- mines dans le nombre de leurs filamens (de cinq à dix), dont plu- sieurs sont quelquefois stériles. Des novateurs se sont empressés de saisir ces anomalies pour l’établissement de deux autres genres, Sous les noms d’erodium et de pelargonium , lacérant ainsi sans scrupule un des genres les plus naturels. Les racines de la plante dont il est ici question sont grèles, ra- meuses, d’un blanc jaunâtre. Elles produisent des tiges hautes d’environ un pied, noueuses, ve- lues, rameuses et rougeâtres. Les feuilles sont opposées, pétiolées, ailées ou pinnatifides, par- semées de poils blanchâtres, à grosses dentelures obtuses; des sti- pules courtes, aiguës, élargies à leur base. Les fleurs sont axillaires, portées deux à deux sur des pédoncules bifides , plus longs que les pétioles. * Telle est l'étymologie du nom générique, geranium , de yeaves, grue. 48° Livraison. 3: GÉRANION. Leur calice est pileux, rougeûtre, ventru, marqué de dix striés, à cinq folioles terminées chacune par un filet. La corolle d'un rouge incarnat, quelquefois blanchâtre, à cinq pétales ouverts, entiers, plus longs que le calice, renfermant dix étamines alternativement plus courtes, toutes fertiles ; cinq stigmates. Le fruit est composé de cinq capsules glabres, marquées de rides transversales ou réticulées, surmontées de filets capillaires. Cette plante est commune sur les vieux murs, le long des haies, aux lieux secs, etc. | Le geraine robertin répand, dans l’état frais, une odeur désa- gréable, hircinienne selon Linné, bitumineuse d’après Macquart, 7 comparée par Murray à celle de l'urine des personnes qui ont mangè des asperges. Sa saveur est un peu amère et légèrement austère : mais la nature astringente de cette plante se manifeste surtout par le précipité noir que le sulfate de fer détermine dans sa décoction. C'est sans doute à ses qualités physiques, plutôt qu’à l'observa- tion sévère de son influence sur l’économie animale, que l'herbe à Robert a dû les propriétés vulnéraires et résolutives dont elle a Ci décorée, ainsi que la faculté d’arrêter les écoulemens séreux qu'on lui attribue encore dans quelques ouvrages de matière médicale. C'est sur le même fondement qu'elle a été préconisée contre les hé: morrhagies de différens appareils, et surtout contre l’hématurie. L’excitation légère qu'elle est susceptible de déterminer sur les reins, à raison de son principe astringent, a fait croire qu’elle pe vait favoriser l’expulsion des graviers ou concrétions d’acide une qui se forment dans ces organes, et on l’a employée comme durée que et lithontriptique dans la néphrite calculeuse. Elle a été éga lement administrée contre l’ictère et la phthisie scrophuleuse. Enfin, au rapport d’Haller, on en a fait usage dans les fièvres intermittentes: Mais les succès qu’on lui suppose contre ces différentes affections; #0 ne reposent que sur des opinions vagues ou sur des assertions dé- nuées de preuves. Cette plante, réduite en poudre, a été directement introduite dans les fosses nasales, pour arrêter l’épistaxis. On l'a appliquée sur les plaies et sur les ulcères pour les déterger. Sous forme de cata” plasmes, elle à été préconisée dans le traitement des gerçures €t des ECS GÉRANION. engorgemens des mamelles, et même contre le cancer. Les Alle- mands ont cru long-temps à la toute-puissance de ses applications locales dans l’érysipèle, qui guérit, comme on sait, beaucoup plus sûrement sans aucune espèce de topique. Enfin elle a été recom- mandée contre l'œdème. Mais toutes ces vertus, et beaucoup d’au- tres, tout aussi illusoires ou au moins tout aussi peu constatées, ne reposent sur aucune expérience clinique; de sorte que les pro- priétés médicales de cette plante auraient besoin d’être soumises à de nouvelles recherches. Les bergers suédois l’emploient au traitement de l’hématurie des bestiaux, avec le même succès sans doute qu’elle l’a été en France ‘contre les chutes violentes. Au rapport de Linné, son suc chasse les punaises. S'il est vrai que les bestiaux , ainsi que Gilibert l’assure des vaches et des moutons, broutent avec plaisir le géranion qui _croît souvent en abondance dans nos prairies, il pourrait être avec avantage réservé à l’économie rurale. BURMANX (Nicolas-Laurent), De genariis re botanicum inaugurale ; in-4°. fig. Lugduni Batavorum, 1759. HINDERER es ‘ geranio robertiano, Diss. inaug. in-4°. Gissæ, 4. Pour ne idée de la judiciaire du docteur allemand et du mérite de son opuseule, de touche dont il se sert pour apprécier les vertus de cette plante, tandis que les meilleures analyses répandent à peine quelques lumières sur la thérapeutique. L'HÉRITIER (charles-Louis), Geraniologia, seu erodii, pelargonii, geranii monsoniæ , et grieli historia iconibus illustrata ; in-fol. Parisiis, 1783. L'illustre Antoine Joseph “Cavenillés a publié en 1790, à Madrid, un travail important sur les plantes monadelphes, composé de dix excellentes dissertations : la quatrième est consacrée aux géranions, EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle’) . Calice, étamines et pistil. 2. Pétale. 3, Colonne sg ré autour de laquelle étaient les cinq. petites capsules que l'on voit détachée 4. L'une des il. 5. Tube des étamines , ouvert. Lamber CFE Soeur. æL£. CLXXXIIT. GERMANDRÉE. Crée st hs Xapaid'p CHAMÆDRYS MAJOR REPENS ; Pauhis, Tivaf , lib. vr, sect. 1. Tourne- fort, clas. 4, labiée. Latin. ..... TEUCRIUM CHAMÆDRYS ; jolis ot ami-amaiter incisis, chattes pe- tiolatis, floribus ternis, clas. 14, didynamie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ati. 6, es, PODIREE SE, RE à CAMÉDRIO ; QUERCIOLA ; GALAÎANDRINA. Espagnol, . 4:53. CAMEDRIO ; ENCINILLA. Français... .... ++ GERMANDRÉE; PETIT CHÊNE, ñ mt Ve siens GERMANDER. : Allemand. I SSESX GAMANDER ; GERMANDERLEIN ; BATHENGEL, PAS een Dre MANDERKRUID ; BATHE On donne communément le nom de petit chéne, d'après les lobes variables des feuilles, à une jolie petite plante qui croît sur les co- teaux secs, parmi les pelouses, dans les bois montagneux. Elle fait partie du genre très-étendu des germandrées ( teucrium, Lin.), qui se caractérise par un calice tubulé, rarement campanulé, à cinq lobes; une corolle labiée, dont le tube est très-court; la lèvre supé- rieure peu sensible, partagée en deux dents, d’entre lesquelles sor- _tent les étamines; l’inférieure grande, étalée, à trois lobes, celui du milieu grand; un style; quatre semences FAX non niealécs, si- tuées au fond du calice. Ses racines sont grêles, puniires; un peu rampantes, garnies de fibres courtes, déliées; il s’en élève des tiges nombreuses, grêles , redressées, me Jongues de six à neuf pouces, peu rameuses, excepté vers leur base. Les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, un peu dures, lisses, d’un vert gai en dessus, plus pâles et un peu velues en dessous, préltdémient crénelées, quelquefois un ne lobées à leur contour, longues de six à huit bites. Les fleurs sont purpurines, quelquefois blanches, réunies deux 3 48° Livraison. ‘ GERMANDREÉE. ou trois ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures, soute: nues par des pédoncules courts. Leur calice est légèrement velu, souvent teint de pourpre, à cinq dents presque égales : la corolle une fois plus longue que le calice un peu pileuse à l'extérieur. Cette espèce offre quelques variétés remarquables, tant dans là longueur des tiges que dans les feuilles quelquefois très-étroites, d’autres fois fort larges, à lobes profonds. (P.) « Les qualités physiques de la germandrée, observe judicieuse- ment M. Chaumeton, ne semblent point assez prononcées pour jus- tifier la grande renommée dont cette plante à joui dès les temps les _ plus reculés jusqu’à nos jours. En effet elle exhale une odeur très: faiblement aromatique, et n’a qu’une saveur médiocrement amère.» L'eau et l'alcool s'emparent également de ses principes actifs. Son extrait aqueux est beaucoup plus amer que son extrait résineux: mais ni l’un ni l’autre ne prouvent guère l'énergie de cette plante, puisque une foule de végétaux à peu près inertes en fournissent de semblables par les mêmes procédés. Toutefois la germandrée à été regardée comme tonique, diuréti- que, sudorifique, atténuante , incisive, etc. Elle a été préconisée contre les engorgemens de la rate, l’ictère, les obstructions des menstrues, les fièvres rebelles, lhydropisie commençante, l'asthme et autres maladies chroniques des poumons. On lui a prodigué de fastueux éloges pour l’expulsion des vers et pour la guérison des scrophules, du scorbut, de l’'hypocondrie, et de la goutte surtout | Vésale rapporte que le goutteux Charles-Quint, à son passage à Gènes, fit usage, pendant soixante jours, de la décoction vineust de cette plante, sans obtenir une guérison que les médecins de celte ville lui avaient vainement promise. Solenander et Sennert ont éga- lement vanté le chamædris contre la maladie arthritique; mais elle ne se Joue pas moins des drogues de Ja pharmacie que des promes- ses des charlatans. La germandrée, d’ailleurs , peut-elle exercer sur la goutte une influence plus marquée qu’une foule de substances amères beaucoup plus énergiques, avec lesquelles elle est constam- ment associée dans cette foule de spécifiques antigoutteux, vantés avec une risible assurance comme des merveilles ? Et lorsqu'on fait D RE is ste 4 GERMANDRÉE. usage de sa raison pour apprécier les effets si souvent obscurs des médicamens, n’est-on pas obligé de convenir avec le savant et judi- cieux Cullen que si les amers ont paru quelquefois utiles à certains goutteux , en prévenant ou en éloignant leurs accès, ils n’ont pres- que jamais opéré une guérison complète de cette maladie, et ont le plus souvent déterminé des affections et des accidens beaucoup plus graves et plus funestes que la goutte elle-même ? À l'égard des fièvres intermittentes auxquelles, suivant Prosper Alpin , les Égyptiens opposent avec confiance la germandrée, et con- tre lesquelles Séguier, Rivière et Chomel proclament les bons effets de cette plante, nul doute qu'on ne doive lui préférer la gentiane ou autre amer plus puissant, lorsque les médicamens de ce genre sont nécessaires, et qu'il ne soit inutile d'y avoir recours dans les cas heureusement très-nombreux où ces maladies guérissent sans mé- dicamens ? La même réflexion s'applique à l'usage que les femmes anglaises, au rapport de Roi, font de cette plante pour rétablir la menstruation, aux éloges que Sennert lui donne contre lhypocon- drie, et à son emploi dans le traitement des scrofules. Que signifie d’ailleurs le titre de thériaque d'Angleterre que cette plante porte, dit-on, aux environs de Cambridge, si ce n’est que le peuple de ces contrées n'est ni moins crédule, ni moins facile à tromper que celui de Paris et de Londres ? En un mot, la germandrée peut être employée comme toute autre plante un peu amère et légèrement aromatique, lorsqu'il s’agit d’une légère médication tonique. Mais elle ne peut être raisonnablement placée au dessus d’une foule de végétaux indigènes de même nature, au moins Jusqu'à ce que des expériences cliniques exactes aient constaté d’une manière positive les effets très-douteux qu’on lui attribue. Cette plante est administrée de quatre à huit grammes en infu- sion dans l’eau ou dans le vin. Son extrait se donne à la dose de quatre grammes (un gros). Elle fait partie d’une foule de prépara- tions pharmaceutiques plus où moins monstrueuses, qu’un médecin instruit ne peut plus se permettre d'employer. Tels sont, entre au- tres, la-thériaque d’Andromaque, les sirops de germandrée de Bau- deron, hydragogue et apéritif cachectique de Charas, l'huile de scorpion composée de Matthiole, la poudre antiarthritique du comte GERMANDRÉE. de la Mirandole, celle non moins prônée du duc de Portland, l’on- guent martiatum , le mondificatif d’ache. « La germandrée maritime (zeucrium marum , L.) frappe en quelque sorte, avec énergie, tous les sens. Douée d’une saveur âcre, chaude et amère, elle exhale, surtout quand on la froisse, une odeur aromatique camphrée, qui pourtant n’est point désagréable, mais tellement pénétrante, que bientôt elle excite l’éternuement. Les chats ont pour cette germandrée la même passion que pour la ca- taire. Ils se précipitent et se vautrent sur elle avec un égal plaisir, ou plutôt avec une égale fureur; ils la lèchent et la mordent avec délices; ils la baignent de leur urine, et même parfois de leur sperme , ainsi que l'ont remarqué Cortusi et Geoffroy, qui con- seillent de la renfermer dans des cages de fer, si on veut la conser- ver intacte dans les jardins. Il suffit d’avoir les doigts imprégnés de cette germandrée pour attirer les chats, et déterminer chez ces animaux très-lubriques des postures, des gambades et des contor- sions lascives. » «On a droit d'être surpris, ajoute M. Chaumeton, qu’une plante aussi active ne soit pas plus fréquemment employée, tandis que les tablettes des pharmacies sont surchargées, et les ordonnances des médecins souillées d’une foule de drogues inertes. Ce n’est pas que le marum ait manqué d’apologistes. Wedel en fait une panacée, el le célèbre Linné en proclame les nombreuses et éminentes vertus. Le docteur Bodard fait des propriétés médicales de cette labiée une peinture séduisante, » Wenez, (Georges-wolfang), De maro, Diss. inaug. resp. Joan. Hermann ; in-4°. lenæ , 1703. MOFFMANX (rrédéric), De maro, Diss. in-4°. Halæ Magdeburgicæ , 1719. MNXNÉ (charles), De maro, Diss. inaug. resp. Joan. Adolph. Dahlgren ; in-4°. Upsaliæ , 3 ñ RSS 1774. Insérée dans le huitième volume des Amænitates academicæ de l'illustre pre- sident. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) Fleur entière , grossie. 3. Pistil. 2. Corolle vue de face, CLXXXIV. GINSENG*. ARALIA CANALENSIS. Tournefort, clas. 6, sect. 8, gen. 3. Latin,.….:::.... | PANAX QUINQUEFOLIUM ; foliis ternis quinatis. Linné, polygamie diæ- cie. Jussieu , famille des aralies. | Français... .,.... G@rnsenc ‘. Chinois 08e .. JIN-CHEN ?. Japonais... ...... NINDSiN; psrNpsom ©. : + Tatare-Mandchou., . . onkaopa ‘. è IFOQUOS. + ETAT GARENT-OGUEN Ÿ. La haute réputation du ginseng en à fait long-temps une plante rare et précieuse. Elle n’a été connue en Europe qu’au commence- ment du dix-septième siècle; elle y fut apportée par des Hollandais qui revenaient du Japon. Les Japonais la tiraient de la Chine. On prétend qu’elle croît dans les grandes forêts de la Tartarie, Nous savons aujourd'hui qu’elle est commune dans la Virginie, le Ca- nada, la Pensylvanie : on la cultive dans quelques jardins de l’Eu- * Avis de l'éditeur. M. Chaumeton étant tombé malade, M. Vaidy, collabora- teur du Dictionnaire des sciences médicales, a bien voulu se charger des syno- nymies de la Flore. : ‘ Cette plante porte le même nom dans tous les idiomes de l'Europe , seu- lement avec quelques variantes dans l'orthographe. On aurait dû lui conserver son nom chinois. ? Suivant M. Abel Remusat, docteur en médecine, et professeur de langue chinoise au collége de France, jin-chen vent dire /e ternaire de l’homme , ce qui ait trois avec l’homme et le ciel ; de jin, homme , et de chen , mot tombé en dé- suétude , et qui signifie ternaire. Une pareille dénomination tient évidemment à des idées superstitieuses fort anciennes: 3 M. Remusat regarde ces mots japonais comme de simples altérations du jin- chen des Chinois. # Signifie La reine des plantes. - % 5 Ce mot composé veut dire cuisse de l’homme, suivant le père Lafitau ( Voyez la bibliographie ci-après), des radicaux orenta, cuisses et jambes, ét oguen, deux choses séparées. 48: Livraison, 4. CR 2 GINSENG. rope, particulièrement au jardin du Roi. Placée dans la famille des aralies, très-voisine des ombellifères, elle offre pour caractère essen- tiel, des fleurs polygames, un calice fort petit, à cinq dents persis- tantes, cinq pétales égaux, cinq étamines, deux styles, une baie ombiliquée, à deux loges monospermes. Sa racine est charnue, en forme de fuseau, de la grosseur du doigt, longue de deux ou trois pouces, roussâtre en dehors, jaunà- tre en dedans, garnie à son extrémité de quelques fibres menues. Au collet de cette racine est un tissu noueux, tortueux, où sont im- primés les vestiges d'anciennes tiges détruites. Elle pousse tous les ans une tige droite, simple, glabre, haute d’un pied, munie à son sommet de trois feuilles pétiolées, presque verticillées. Chaque pétiole supporte cinq folioles pédicellées, vertes, inégales, ovales-lancéolées, dentées à leur contour. Du point de division des trois pétioles, part un pédoncule com- mun, terminé par une petite ombelle simple, de fleurs de couleur RS dont un grand nombre avorte. Le fruit consiste en une baie arrondie, un peu comprimée latéra- lement, de couleur rouge quand elle est mûre. P.) Les savantes remarques auxquelles M. Vaidy s’est livré sur l’éty- mologie du mot ginseng, donnent une juste idée de la haute opinion que les Asiatiques se sont formée des vertus de cette plante. Sa ra- cine, qui est seule usitée en médecine, est recueillie par les Tarta- res et les Chinoïs avec beaucoup de soin et d'appareil au commen- cement du printemps et à la fin de l'automne. Geoffroy rapporte, d’après le père Jartoux, que, pour la livrer au commerce, on com- mence par la ratisser avec un couteau de boïs de bambou, en pre- nant garde de ne point déchirer son écorce. On la lave ensuite dans une décoction de graine de millet ou de riz, et on la fait sécher exat- tement à la fumée de cette même graine qui a été bouillie dans l'eau Quand elle est bien sèche, on en retranche les radicules, et, lorsque le vent du nord souffle, on l'enferme dans des vases de cuivre bien fermés. Toutefois, M. Vaidy a décrit, d’ après John Burow, un pro- cédé qui diffère de celui-ci, mais qui paraît être véritablement em- ployé par les Chinois, puisque l’auteur anglais le tenait de la bouche même d’un mandarin. Selon ce procédé, on recueille les racines de GINSENG. ginseng après la floraison, on les lave, avec l'attention de ne point en altérer la peau; on les plonge ensuite pendant trois ou quatre minutes dans l’eau bouillante, et on les essuie soigneusement avec un linge fin. Alors on les fait sécher dans une poêle sur un feu doux; quand elles commencent à devenir élastiques, on les place parallè- lement sur un linge humide avec lequel on les enveloppe en les liant fortement. Ces paquets sont placés eux-mêmes sur un feu doux pour les priver de toute humidité; et finalement on les met dans des boîtes doublées en plomb, lesquelles sont renfermées dans des boîtes plus grandes, avec de la chaux vive, pour écarter les insectes. Cette ra- cine, ainsi desséchée, est de la Fee d'environ deux pouces, de _ la grosseur du petit doigt, d’un jaune pâle à l'extérieur, d’une sub- sance demi-transparente, compacte et comme cornée intérieurement. Sa saveur, quoique sucrée et analogue à celle de la racine de réglisse, est un peu amère , et légèrement aromatique. Elle est inodore. Ses prin- cipes constituans n’ont point encore été analysés par les chimistes. - Les Indiens, et les Chinois en particulier, considèrent cette racine comme un analeptique précieux , comme un tonique puissant, et comme un excellent aphrodisiaque, Ils lui attribuent la propriété de donner de l’embonpoint à ceux qui en font usage, de rétablir, comme par en- chantement, les forces épuisées par la fatigue, les plaisirs de amour ou des méditations profondes. Ils lui accordent la faculté de préser- ver des maladies pestilentielles, et de prévenir les accidens des ma- ladies éruptives. Les Chinois y ont recours dans toutes leurs affec- tions , et les gens riches, parmi eux , ne prennent pas un médicament dont le ginseng ne fasse partie. Sans autre fondement que les pré- jugés populaires, répandus en Orient sur la toute-puissance de cette racine, les médecins européens, tout aussi crédules, sous ce rap- port, que le peuple chinois, en ont préconisé les vertus contre la dyspepsie, la syncope, les vertiges, la paralysie, l'engourdissement les convulsions et autres maladies. Toutefois, quelques auteurs l'ont signalée, avec plus de raison, comme susceptible d'activer la circula- tion, de provoquer la sueur, de produire de la chaleur, d’exciter trop vivement l’action des organes, et la proscrivent dans tous les cas où il y a des signes de phlogose ou un état d'irritation manifeste. C’est ce qui fait encore qu'elle a été regardée comme peu convenable aux GINSENG. individus pléthoriques , aux sujets robustes et très-irritables. On n’en finirait pas si, malgré ces inconvéniens , on voulait rapporter tous les effets miraculeux et véritablement incroyables qu’on attribue à cette merveilleuse racine, fastueusement décorée, dans le style figuré des Asiatiques, des titres d'esprit pur de la terre , de recette d’immorta- Lté, ete. Mais toutes ces prétendues propriétés médicales du ginseng, auxquelles illustre Cullen n’ajoute aucune croyance , ne paraissent fondées , au jugement du judicieux Peyrilhe, que sur l’exagération su- perstitieuse des Chinois, et sur la cupidité des négocians hollandais, très-flattés d’une erreur qui leur permet de vendre une seule de ces racines jusqu'à cent cinquante florins. De sorte qu’on serait en quel que sorte fondé à considérer le ginseng comme une drogue superflue, sil n’était plus prudent, d’après les vœux de M. Vaidy, de détermi- ner avant tout, par des expériences cliniques, ses effets sur l’écono- mie animale. Cette racine pulvérisée est administrée, en substance, de quatre à huit grammes (un à deux gros), et en firm aqueuse ou vineuse , à dose double et triple de cette dernière. On l’introduit dans des con- serves, des biscuits et des gâteaux, dont la vertu aphrodisiaque n'est pas mieux démontrée que celle de la racine ras pres 2 rapport de Cullen , un homme en a fait nées sans que ses Slt viriles en aient Éprouvé la plus légère ja flabote Les feuilles du ginseng, desséchées, sont employées en guise de thé, pour faire une infusion que des personnes trouvent très-agréable. BREYNIUS Gs rhilipp.), Dissertatio botanico- medica de Se ginsem seu nisi, el chrysanthemo bidente zeylanico acmella dicto ; in-40. Lugdun ni batavorum, 1700. LAFITAU (le père soseph-rrançois) ; Mémoire présenté à M. le duc d’Orléans, régent du royaume e France, concernant la précieuse plante du ginseng de Tartarie, découverte en Canadi; in-8°, Paris, 1718. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au quart ” sa grandeur naturelle.) 1. Racine 6. Fleur mâle 2. Fleur hope brisnie, sise 7. Ombelle dé fruits mûrs. gnée de l’une des écailles de lin 8. Fruit coupé pour faire voir les deux grai- lucre. nes qu’il contien 3. Calice et styles. 9. Graine isolée. $ e même. coupé dans sa longueur pour 10. La méme coupée verticalement pour fair® faire voir le point d’attache des ovules. connaître la situation de l'embryon: 5. Étamine, 1. Embryon isolé. Lambert jeulr . GLOBTLAIRE a-ZZ. CLXXX V. GLOBULAIR E. TRYMELÆA ; foliis acutis, capitulo succisis; Bauhin, Tivaf, lib, xx, sect. 1. GLOBULARIA FRUTICOSA ; myrti folio tridentato, Tournefort, clas. 12, d: Latif rés sect. 5 , gen. GLOBULARIA ALYPUM ; caule fruticoso, foliis lanceolatis, tridentatis in- tegrisque. Linné , tétrandrie monogynie, Jussieu, clas. 8, nn des lysimachies. Italien... ...;: :: eronutanta Espagnol. ...:,,. + CUJARDA; CORONILLA DE FRAYLE, Français... ...... GrOBULAIRE TuRS Hémañdi Ses DREYZAEHNIGE dima AGIR nie à THREE-TOOTH-LEAVED-GLOBULARIA. Hollandais. .,..... TRIETANDIG KOGELKRUID Drs feuilles dures, d’un vert gai, assez semblables à celles du petit myrte; des rameaux nombreux surmontés d’une petite tête de fleurs bleues, approchant de celles des scabieuses, font reconnaître cet élé- gant arbuste qui croît aux lieux pierreux de nos départemens méri- dionaux , et que j'ai retrouvé sur les côtes de Barbarie. Les globulaires sont caractérisées par des fleurs réunies en une tête entourée d’un calice ou involucre à plusieurs folioles. Le calice partiel est tubulé, persistant, à cinq découpures; la corolle monopé- tale , à cinq divisions inégales, placées sous l’ovaire; quatre étamines attsthées.À à la base de la corolle , alternant avec ses divisions; l’ovaire supérieur ; un style, un stigmate, une semence nue, renfermée dans le calice; le réceptacle garni de paillettes. Ses racines sont dures, épaisses, noirâtres; elles produisent une tige droite, haute de dut pieds, brune ou rougeâtre, chargée d’un grand nombre de rameaux glabres, menus, anguleux. Les feuilles sont petites, alternes, ovales presque spatulées, fer- mes entières, un peu glauques, mucronées à leur sommet, quelque- fois dents. 49° Livraison. 1, GLOBULAIR E. Les fleurs sont bleuâtres , et forment, à l’extrémité des rameaux, de petites têtes globuleuses, sessiles, solitaires. Le calice commun est hémisphérique, composé de folioles ovales, imbriquées, ciliées à leurs bords; les calices partiels couverts de poils blancs. | Il ne faut pas confondre cette espèce avec la globulaire vulgaire, plus commune en France, que j'ai recueillie aux environs de Sois- sons, qui est herbacée, à feuilles lancéolées, entières ; les radicales étalées sur la terre, pétiolées, ovales, spatulées : les fleurs termi- nales, en tête. (F9 L’extrême amertume de cet arbrisseau lui suppose nécessairement des propriétés médicales très-actives; mais on n’a point encore ap- pliqué l'analyse chimique à l'examen de ses principes constituans. Son usage médical paraît avoir été inconnu aux anciens. La plu- part des auteurs modernes de matière médicale n’en parlent pas. Toutefois, les titres d’herbe terrible, Aerba terribilis, frutex terrilr- lis; que lui donnent Lobel, J. Bauhin, et qu’elle porta long-temps aux environs de Montpellier, prouvent qu’elle a été considérée comme un purgatif très-violent. Cette erreur, qui a régné pendant le moyen âge, et qui n'est pas encore entièrement détruite, tient, ainsi que l’a très-bien démontré M. Mérat, à ce qu’on a confondu cette globulaire avec l'alypum de Dioscorides, qui est en effet un purgatif très-énergique, et dont on lui a ainsi, d’une manière consé- quente , maïs très-faussement , attribué toutes les qualités dangereuses. Cependant Clusius, Garidel ét le docteur Ramel avaient annoncé que les habitans Qui Portugal, et les paysans du Languedoc et de la Provence, faisaient usage de cette plante, comme purgative, sans aucun danger : ils avaient vu que des charlatans, et même quelques médecins instruits l’administraient à des malades, sans qu'il en ré- sultât d’autres effets qu'une purgation ordinaire, Mais ces faits peu connus, quoique très-propres à rassurer sur les prétendues qualités dangereuses de la globulaire, n'avaient point encore rectifié l'opinion répandue sur cette plante, lorsque M. Loiseleur Deslongchamps, dont les recherches sur les propriétés médicales des plantes indi- gènes sont dignes de servir dé modèle à tous ceux qui sont jaloux des progrès réels de la matière médicale, est venu fixer les idées sur dan, : GLOBULAIRE. les véritables propriétés de cette plante. Cet observateur judicieux a administré les feuilles de globulaire à des sujets de sexes et d'âges divers, et dans des maladies très-différentes les unes des autres. Il a reconnu qu’à la dose de trois à six gros, en décoction dans une, deux ou trois tasses d'eau, édulcorée avec une once de sucre ou de miel, elles produisaient ordinairement cinq à six selles, et jamais plus de huit à dix. Ce purgatif a toujours opéré avec douceur, sans aucune espèce de superpurgation , sans produire ni chaleur, ni nau- sées, ni malaise. Sur vingt-quatre malades qui en ont fail usage, deux seuls ont éprouvé de légères coliques. En comparant, chez les mêmes individus, les effets du séné à ceux de la globulaire, M. Des- longchamps a constaté que tous les avantages sont en faveur de cette dernière; que sa décoction est même exempte de la saveur dégoû- tante de celle du séné, et que les évacuations qu’elle occasione sont en général plus égales que celles produites par ce dernier purgatif. De sorte que, grâces aux expériences de cet habile praticien , la ma- tière médicale s’est enrichie d’un purgatif indigène, qui, loin d’être un drastique féroce ou dangereux, doit être assimilé, suivant la remarque de M. Mérat , aux cathartiques les plus doux. Si l’on en croit le docteur Ramel, la globulaire serait en outre très-efficace contre l’hydropisie et contre les fièvres intermittente. Mais les propriétés fébrifuge et hydragogue de cette plante sont loin d'avoir été constatées avec autant d’exactitude que ses qualités pur- gatives : si elle les possède réellement, ce que des expériences clini- ques bien faites peuvent seules déterminer, il est permis de croire, avec M. Mérat , que son action contre les fièvres d’accès réside dans son principe amer, et qu’elle n’agit utilement contre les hydropisies essentielles, que par ses effets purgatifs. M. Deslongchamps a administré les feuilles sèches de cette plante de huit à seize grammes (deux à quatre gros) en décoction aqueuse, et de vingt-six à cinquante-deux décigrammes (deux à quatre scru- pules) en extrait; mais il faut, dans le premier cas, que l’ébullition soit continuée environ dix minutes, afin que l’eau puisse s'emparer de toutes leurs parties actives. En général, soit qu’on les administre seules, soit qu’on les associe à d’autres purgalifs, la dose de ces feuilles doit être double de celle du séné, GLOBULAIR E. RAMEL , agé sur lalypum, a autrement dit globularia, par Ramel le fils (Journal de méde- cine , tome 62, année 1784, page LOISELEUR DESLONGCHAMPS , Recherches & oseprätions sur sr: PA purgatives de plusieurs plantes indigènes (Bibliothèque médicale, tome 48 , an 1815). EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière, grossie, accompagnée de 2. Fruit contenu dans une moitié de ca- son écaille. lice. 186. CLXXX VI. GRATERON. Grec. .........: yanoy, Dioscorides APARINE VULGARIS; Hahiss Tuvaë , 334. APARINE VULGARIS ; semine minori. Tournefort, clas, 1 , sect. 9, Latin... "2... GALIUM APARINE, foliis lanceolatis acuminatis TR DUR fructu psc Linné, tétrandrie monogynie. Jussieu , clas. 11, : famille des rubiacées Hop, Ed. * + APARINE; SPERONELLA. Espagnol ET, ASPERGUIS ; AMOR DEL HORTELANO. Portugais, . ...... AMOR DO HORTELANO. rançais, ... GRATERON, F APR. TE: « GOOSE-GRASS. Allemand... ...... KLETTERNDES LABKRAUT, Hollandais. ....... KLEEK BAROIRS EE neue à * SNERRE ; SNERREGR ÆSS. DAEAOIS SRE le SNARJEGRASS; SNARPEGRASS. Polonais... ...... SPONA; OSTRZYKA MASRE. ue: ea À SMOLNAJA TRAWA Hongrois... ...... RAGADALY; RAGADO-FÜ. CeTTE plante importune ne nous avertit que trop de sa présence, lorsque, dans nos promenades champêtres, elle s'accroche à nos vêtemens par les petits aiguillons recourbés dont toutes ses parties sont hérissées. Comme elle est commune partout , dans les champs, les haies, les lieux incultes des jardins , et qu’elle s'attache à tous les corps qui la touchent, elle a été remarquée aisément de nos plus an- ciens botanistes. Dioscorides la cite sous le nom d’aparine. Elle appar- tient au genré galium , par son caractère essentiel qui consiste dans un calice à peine sensible , à quatre dents ; une corolle en roue , à qua: tre lobes , quatre étamines; un ovaire inférieur, à deux lobes; le style bifide; deux stigmates globuleux ; deux capsules globuleuses , acco- lées, non couronnées par le calice. Ses racines sont grêles, un peu quadrangulaires, garnies de quel- ques fibres courtes, menues : elles produisent des tiges faibles , noueuses , tendres, tétragones, longues de deux ou trois pieds, peu 49° Livraison, 2, GRATERON. rameuses , hérissées sur leurs angles, ainsi que le bé des nervures des fouilles d’aspérités crochues. Les feuilles sont étroites, linéaires, un peu rétrécies à leur base, pubescentes en dessus, glabres en dessous, mucronées au sommet, réunies huit à dix à chaque verticille. Les fleurs sont peu nombreuses, portées sur des pédoncules axil- laires , ramifiés. La corolle est blanche ; les fruits globuleux, forte- ment hérissés de longs poils crochus. Dans ce genre très-nombreux en espèces, il en existe beaucoup également accrochantes, mais qui se distinguent du grateron par d’autres caractères. (P .) La racine de cette plante renferme une matière colorante qui rou- git l’eau par la macération. Ses tiges et ses feuilles contiennent un suc aqueux assez abondant. Dans l’état frais, elles offrent une sa- veur d’abord légèrement amère, mais qui, bientôt après , devient äcre et prend à la gorge. M. Decandolle observe que les graines torréfiées ont un goût analogue à celui du café. La racine du grateron, à l'exemple de celles de Ja garance et de la croisette, imprime, au rapport de Steinmeyer, une couleur rouge aux os des animaux qui s’en nourrissent ; et cet effet, qui lui est com- mun avec plusieurs espèces de la famille des rubiacées, a paru suffisant à divers auteurs, pour lui accorder, sans autres preuves, une action particulière sur. le système osseux. C’est sans doute d’après une semblable supposition que Glisson, Robert et plusieurs autres, ont préconisé les vertus de cette racine contre le rachitis. Le galium aparine a été décoré en outre de propriétés diurétiques , sudorifiques apéritives, incisives, etc. ; et sur ces propriétés qui sont au MOINS à constater, si elles ne sont pas entièrement imaginaires, Mayerne à vanté cette plante contre hydropisie; J. Rai, dans les engorgemens de la rate; Pauli, contre les douleurs de poitrine et des hypocondres; le docteur Edwars, dans le traitement du scorbut; Gaspari, contre les scrofules, Le suc du grateron, administré chaque jour en boisson à la dose d’une chopine, et appliqué en même temps à l'extérieur ; 4 été présenté dans la Bibliothèque médicale (février 1815 ), comme un remède efficace contre le cancer. D'autres, enfin, ont préconisé ses prétendus succès dans les dartres, la pleurésie et autres maladies, GRATERON. soit aiguës, soit chroniques. Mais il est facile de voir que toutes ces propriétés du grateron, ou sont purement supposées, ou reposent sur des faits tronqués, inexacts ou mal observés. On peut donc regarder, avec M. Guersent, comme purement hypothétique, tout ce qu’on a écrit Jusqu'à ce jour sur les vertus médicales de cette plante, et se fé- liciter, avec l’illustre Cullen, de ce qu’elle a été retranchée de la plu- part des pharmacopées sédepies: Le galium aparine a été employé en décoction aqueuse. On a ad- ministré son suc dépuré ou non. Son eau distillée, préconisée contre les scrofules , est absolument inerte. Les cataplasmes et l’onguent pré- tendu antiscrofuleux qu’on forme en l’associant à l’axonge, n’ont pas beaucoup plus de vertu. La racine de cette rubiacée engraisse, dit-on, la volaille. La cou- leur rouge qu’elle renferme peut être fixée sur les étoffes par divers mordans, et la rend ainsi recommandable dans l’art de la teinture: Ses semences sont quelquefois en usage pour faire des têtes aux ai- guilles dont les femmes se servent dans la fabrication de la dentelle. GAsPARI (sérome), Vuove ed erudit vazioni mediche ; Venise, 1731. L'auteur, médecin à Feltre, rapporte, suivant Cullen , qu’il avait (ainsi que plusieurs de ses confrères) employé le grateron avec succès contre des tumeurs et des ulcères scrofuleux ; mais les essais du célèbre professeur d'Édimbourg n’ont point confirmé les assertions du mé- decin italie EDWARDS , À trealise on the goose-grass, or cliners, and its fcaog à in the cure of the most rte scurvy ; c'est-à-dire : Traité sur le grateron et sur son efficacité dans le traitement du scorbut le plus invétéré ; in-8°. Londres, EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1 | PRES + d J1 ( I € naturelle, ) r. Fleur entière grossie. Pistil. + © ù Fruit didyme de grosseur naturelle. Racine ET) N É |. DE, : ir *.,.V TA Lambert I! seul. GRATIOLE . CLXXX VIL. GRATIOLE. GRATIOLA CENTAUROÏDES ; Bauhin, Tivaf , 2 , 79- Latin. ....".....) GRATIOLA OFFICINALIS ; foliis lanceolatis serratis , floribus peduncu- ‘\ datis. Linné, diandrie monogynie. Jussieu , clas. 8, ord. 7, famille des scrophulaires. Pi Se docs GRAZIOLA , GRAZIADEI Espagnols: sis six GRACIOLA Portugais... GRACIOLA. Français..." :. GRATIOLE OFFICINALE; HERBE À PAUVRE HOMME. Ahÿlais ET HEAR HEDGE -HYSSOPS Alimanil.sx are WILDAURIN; GOTTESGNADENKRAUT, Hollandais. , 7 ns GENADEKRUID ; GODS GENADE DOnvts | 5 A UTE GUDES NAADES Sdédois.s. sets ustre NADEORT; JORDGALLA. PODAN 5 : 0h 2: KONJTRUD. Russe. ee + + + » + + LICHARODOTSCHNAJA TRAWA. Hongrois. . :... «+ CSIKORGO-FÙ INCONNUE aux anciens, ou du moins méconnaissable dans leurs ouvrages, cette plante a reçu, dans des temps plus modernes, le nom de grâce de Dieu, de gratiole, puis le nom vulgaire d'herbe a pauvre homme, à raison des puissantes vertus qu'on lui attribuait. Elle croît aux lieux aquatiques, sur le bord des étangs , en France, en Allemagne, etc. Rangée parmi les personées, elle présente, pour caractère essentiel, un calice à cinq folioles oblongues ; accompagné de deux bractées ; une corolle tubulée, à deux lèvres peu distinctes, la supérieure échancrée, l’inférieure à trois lobes égaux; quatre éta- mines didynames, dont deux stériles; un style; uri stigmate à deux lames, une capsule ovale, divisée en deux loges par une cloison simple ; les semences petites et nombreuses. Ses racines sont blanches, rampantes, horizontales, garnies de fibres qui s’enfoncent perpendiculairement dans la terre. Ses tiges sont droites, cylindriques, glabres, ordinairement très- Mr - hautes d'environ un pied et plus, garnies de feuilles sessi- 3. 49° Livraison, GRATIOLE. les, opposées, glabres, ovales-lancéolées, plus où moins dentées, marquées de trois nervures longitudinales. Les fleurs naissent solitaires dans l’aisselle des feuilles, pédoncu- lées , d’un blanc jaunâtre , quelquefois un peu purpurines à leur limbe, longues de six ou huit lignes ; le tube un peu courbé, la lèvre infé- rieure barbue intérieurement, les pédoncules presque aussi longs que les fleurs. (P.) Quoique inodore, la gratiole est douée d’une saveur amère, un peu nauséeuse ; elle imprime aussi une légère astriction sur la langue; mais la dessiccation lui enlève une partie de ses qualités physiques et de ses propriétes médicales. Suivant Margraf , l'extrait aqueux qu'on en retire est beaucoup plus amer, mais surtout beaucoup plus abon- dant que l'extrait résineux qu’elle fournit. D’après l'analyse de cette plante, par M. Vauquelin, les propriétés actives dont elle jouit, pa- raissent résider dans une substance très-amère qui se rapproche des résines par sa solubilité dans l'alcool, mais qui en diffère cependant en ce qu’elle est saluble, quoique moins facilement, dans une grande quantité d’eau chaude. Les qualités émétique et purgative de la gratiole ont été connues des anciens, et, de nos jours, les habitans des campagnes en font quel- quefois usage pour se purger. Au rapport de Haller, les troupeaux rejettent celle qu'ils trouvent dâus les prairies; les chevaux en man- vent quelquefois de desséchée, mêlée au foin, et l’on a remarqué qu’elle les amaigrit et qu’elle les purge. Toutes les parties de cette plante, son suc, son extrait et la ma: tière amère particulière qu'elle renferme, exercent une action très- énergique sur l’économie animale, Elle produit le vomissement, des selles abondantes, des coliques, la superpurgation. Ses eflets excl- tans s'étendent, dans certains ças, à l'appareil urinaire, au système dermoïde, aux glandes salivaires, à l'utérus, et, parfois, elle pro- duit ainsi la diurèse, des sueurs , la salivation.et l'orgasme génital. Cette action de la gratiole, sur divers appareils de la vie organique; justifie jusqu’à un certain point les vertus émétique, drastique , antel- minthique, emménagogue, qu'on lui a accordées ; mais doit-0n, id Heurnius , Ettmuller, Hartmann, Joel, etc., admettre son efficacité dans lanasarque , l'ascite et autres hydropisies ? A l'exemple de plu- GRATIOLE. sieurs auteurs , peut-on croire aveuglément à sa toute-puissance con- tre les fièvres intermittentes, la goutte, le rhumatisme, et les ob- structions des viscères? Les éloges que Cramer, Boulduc et autres praticiens ont prodigués à la racine de cette plante, administrée comme vomitive , en guise d'ipécacuanha dans la dysenterie, ne sont- _ils pas dangereux, en autorisant des hommes peu réfléchis à employer une substance aussi active dans une maladie qui repousse en général, tous les irritans? Les succès que Kostrzewski attribue à l'usage inté- rieur dé cette même racine contre les ulcères vénériens du nez, de la gorge, du front, contre les chancres du pénis, le phymosis, les engorgemens du testicule , suite de la blennorrhagie répercutée, con- tre la leucorrhée, etc., peuvent-ils être admis par un esprit sain comme des faits incontestables? La guérison de la gale, obtenue, sui- vant le docteur Delavigne, par l’administration intérieure de la dé- coction de gratiole, doit-elle être, avec plus de raison, attribuée à cette plante, quand on voit, suivant la remarque de M. Vaidy, l’on- guent citrin d’une part, et les lotions avec la dissolution de sublimé corrosif de l’autre, faire partie du traitement? enfin , les applications extérieures de cette plante, préconisées contre la goutte et les rhu- matismes, ne doivent-elles pas être sévèrement restreintes aux cas où ces affections se présentent à l’état chronique? et comme le remar- que encore judicieusement M. Vaidy, si Césalpin Matthiole et plu- sieurs autres de nos prédécesseurs ont eu la faiblesse de croire que la gratiole guérissait promptement les plaies et les ulcères sur les- quels on lapplique, les progrès de la chirurgie permettent-ils d’a- dopter aujourd’hui, d’une manière générale, une semblable opinion ? À raison de son action très-énergique sur l'appareil digestif, la gratiole est, sans contredit, un médicament très-propre à opérer la médication purgative avec excitation générale. Sous ce rapport, elle a pu être quelquefois administrée avec succès dans les hydropisies es- sentielles du tissu cellulaire et du péritoine, exemptes d’inflamma- tions et accompagnées de pâleur, de flaccidité, et d’un relâchement général des solides; elle a pu être avantageusement employée dans beaucoup de cas pour expulser les vers des intestins, ainsi que l'at- testent Sala, Tabernamontanus et Boulduc; comme drastique, son usage a pu être encore utile dans le traitement de certaines affections GRATIOLE. chroniques rebelles, accompagnées ou produites par linertie et la torpeur du canal intestinal, telles que l'hypocondrie, la goutte ato- nique, l’aliénation mentale; et c’est ainsi qu'il faut expliquer la gué- rison des trois maniaques dont parle Murray d’après Kostrzewski. Enfin des individus robustes et d’une sensibilité obtuse, comme le sont la plupart des paysans et des hommes livrés à des travaux péni- bles, ont pu, dans certains cas, se purger avec la gratiole sans m- convénient ; mais l’activité extrême de cette plante doit la faire reje- ter dans toutes les maladies accompagnées d’inflammation locale, de chaleur, de soif ou d’irritation générale; elle doit être en outre sévè- rement proscrite comme dangereuse chez les personnes faibles et délicates, les enfans , les femmes grosses, les vieillards, de même que chez les sujets pléthoriques ou très-irritables. Outre la superpurgation et autres accidens qui suivent, dans beaucoup de cas, l’administra- tion de cette plante, les observations curieuses publiées par M. Bouvier en 1815 ont appris que la décoction de gratiole, prise en lavement, a donné lieu, chez plusieurs femmes, à une vive irritation de l appareil sexuel, et à tous les symptômes de la nymphomanie la plus furieuse. La racine pulvérisée peut être administrée comme vomitive, jus- qu’à un scrupule. La plante elle-même se donne comme purgative; en substance , d’un à deux scrupules, ou en décoction dans l’eau, le lait et le petit-lait, ou bien en infusion dans le vin, à la dose de qua tre à huit grammes (un à deux gros) sur un litre de liquide. Elle . paraît être la base de l’eau d'Husson. BUERGKEL (1.-3.), De gratiolà ; in-4°, Argentorati, 1738. xKosrrzewsxt (sean), Dissertatio de gratiolà, cum figuré ; in-4°. Viennæ, 1775. 20vex, De gratiolà ejusque usu, præsertim en in-4°, Erlange , 1782 (5.), De virtute et vi medicä gratiolæ officinalis ; ; in-4°. JyDRERtS, 1796. DEBAVIGNE Se se Dissertatio de gratiolà offcinali ejusque usu in morbis cutaneis ; Erlangæ , EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Calice et pistil. 4. Le même coupé horizontalement; dans 2. Corolle ouverte dans laquelle on voit Re on aperçoit deux loges deux étamines fertiles, et deux autres mes. placées plus bas, stériles. 5. FE aine grossie. 3, Fruit entier. 7 r + pe wméert J recul Zropun 2. es GRENA\DIER . ae ê RE 3 CLXXXVIIL. GRENADIER. Grec,s.r . takes @uas lscodridés: MALUS PUNICA SYLVESTRIS; MALUS PUNICA SATIVA, oh Tiva£ , 438. Latin. .........) PUNIC svrvasrais; Tourn , class. 20, sect. 8, gen. 3, PUNICA GRANATUM; foliis rider à caule arboreo ; Linné, icosan- drie monogynie. Jussieu, clas. 14, ord. 7, famille des myrtes. TO. Fi PS ME GRANA spagnol, . ...:-. GRANADO Poftugôls. "08% ROMEIRA Français... ,...... GRENADIER ais... .". .... POMD-GRANATE TREE A Fr PRRPATE EE GEMEINE GRANATE Hollandais: 5... GRANAATBOOM Denis à een GRANATTRÆE, Suede tes. #13 AN GRANATRAD. Polonais. ,....... DRZEWO GRANATOWE. FU CNE GRANATNIK, GRANATOSCHNOE DEREWO. ATGDE, 5 EU EE RUMMAN Hébreu «ni ire à 3 RIMMON Les fleurs du grenadier ont trop d'éclat, ses fruits trop de frai- cheur pour avoir été long-temps méconnus : cet arbrisseau est men- tionné par Théophraste sous le nom de roa; les Phéniciens le nom- maient sida ; Pline l'appelle malus punica; les anciens agronomes, granata. Sa fleur est représentée sur plusieurs médailles phéniciennes et carthaginoises ; les habits sacérdotaux du grand-prêtre, chez les juifs , étaient ornés, à leurs bords, de grenades. La mythologie grecque lui attribuait une origine merveilleuse. Agdeste, sorte de monstre, né de Jupiter et du rocher Agdus, s'étant coupé les attributs de son sexe, le grenadier naquit du sang qui én coula. Il a été surnommé punica, où de la couleur écarlate de ses fleurs, ou du territoire de l'ancienne Carthage, d’où l’on soupçonne qu’il a été transporté en Europe. Le caractère essentiel de ce genre consiste dans un calice coriace, coloré, à cinq ou six divisions, autant de Ér insérés sur le ca- 4 49° Livraison. GRENADIER. lice; des étamines nombreuses ; un stigmate en tête; une baie sphé- rique couronnée par les divisions du calice, partagée en huit ou dix loges par des cloisons membraneuses, renfermant un grand nombre de semences anguleuses, entourées d’une substance aqueuse et charnue, : Cet arbrisseau, lorsqu'il est cultivé, taillé, chargé de fleurs, se présente sous un aspect très-agréable : dans son état sauvage, il forme un buisson touffu, épineux : ses rameaux sont glabres, angu- Jeux , couverts d’une écorce rougeâtre. Les feuilles sont très-lisses, opposées, lancéolées, très-entières, vertes à leurs deux faces, portées sur des pétioles très-courts, un peu rougeûtres. Les fleurs sont presque sessiles, solitaires, quelquefois réunies trois ou quatre vers le sommet des rameaux, d’un rouge vif; les ca- lices épais et charnus; les pétales ondulés, comme chiffonnés. Les fruits sont de la grosseur d’une forte pomme, arrondis, revé- tus d’une écorce coriace, d’un brun rougeätre, remplis de semences pulpeuses, d’un rouge très-vif. Les individus que lon cultive pour l'agrément des jardins, pro- duisent de très-belles fleurs doubles ou semi-doubles, par la multi- plication des pétales; mais ils ne donnent jamais de fruits. (P.) Les fleurs du grenadier, remarquables par leur belle couleur pour- pre, sont désignées, en pharmacologie , sous le nom de balaustes, balaustia. Elles sont à peu près inodores, d’une saveur légèrement styptique. La couleur rouge qu’elles communiquent à l'eau par l'ébul- lition, noircit par le sulfate de fer. Le fruit, connu sous le nom de grenade, malum punicum , est recouvert d’une écorce épaisse, dure coriace, d’un jaune grisâtre ou rougeàtre, d’une saveur chaude et beaucoup plus astringente que celle d'aucune autre partie du ge” dier. Cette écorce, qui a reçu la dénomination de malicorium , soit à cause de son analogie avec le cuir, soit à raison de son usage très ancien dans la tannerie, renferme une petite quantité de mucilage: de l'huile volatile et du tannin. La pulpe rouge et succulente, ql entoure les semences des grenades, exhale une odeur légèrement VF neuse, et offre une saveur fraiche, acidule, légèrement styptique € fort agréable. Elle contient, avec un acide végétal et un peu de ma GRENADIER.' tière tannine, une grande quantité de mucilage. Quant aux graines dures et coriaces, et à la racine ligneuse, elles ne participent que fai- blement aux propriétés essentiellement astringentes des autres parties du grenadier, propriété astringente qui est surtout développée dans l'écorce du fruit. La pulpe des grenades est nutritive, rafraïchissante, diurétique. Dissoute dans l'eau avec une certaine quantité de sucre ou de miel, elle forme, à l'exemple de la plupart de nos fruits rouges, une bois- son acidule et très-légèrement styptique , d’un goût agréable et très- propre à calmer la soif dans la plupart des maladies bilieuses et pu- trides, surtout dans les pays chauds. On s’en sert avec avantage dans les typhus et dans les fièvres gastriques, adynamiques et ataxiques, dans les inflammations des voies urinaires, les hémorrhagies , et con- tre les sueurs colliquatives. Hippocrate l’employait dans la cardialgie, et Van Swiéten dans les dysenteries et les diarrhées où elle est en effet très-convenable. Les balaustes et l'écorce de grenade desséchées sont employées soit à l'intérieur, soit en topique, pour opérer les médications toniques avec astriction. On en a particulièrement recommandé l'usage dans le traitement des anciens catarrhes, des écoulemens muqueux, des diarrhées chroniques , des blennorrhagies rebelles. Leur décoction a été employée contre les hémorrhagies passives et pour remédier au re- lâächement de la luette et au gonflement atonique des amygdales ; cette même décoction a été également préconisée contre le relâche- ment des organes génitaux, le prolapsus du vagin, la chute du rec- tum. La nature chimique de ces substances porte à croire, en effet, qu’elles peuvent être quelquefois utiles dans ces différentes affections , et dans toutes celles où les astringens sont indiqués. Toutefois il faut se rappeler que leur qualité styptique est fort au dessous de celle de la noix de galle. Quoique les semences du grenadier jouissent de cette qualité à un bien plus faible degré encore , réduites en poudre, et ingérées ou appliquées à l'extérieur, elles ont été vantées contre les flueurs blan- ches et contre les ulcères atoniques. A l'égard de la racine , la répu- tation dont elle a joui comme anthelminthique parmi les anciens, pourrait bien n'être pas sans fondement, si les succès marqués , que : GRENADIER. M. W. Pollock (Gaz. de santé, n. 34, 1816) paraît avoir obtenus de l'emploi d’une forte décoction de cette racine pour l'expulsion du té- nia chez un enfant, sont confirmés par de nouvelles observations. La dose des différentes parties du grenadier doit être modifiée selon les circonstances dans lesquelles on les emploie. On peut faire une boisson acidule et légèrement styptique par la décoction d'une gre- nade entière dans cinq hectogrammes d’eau que l’on édulcore, s'il est nécessaire , avec du sucre ou du miel. On en fait un sirop très-agréa- ble que l’on mêle avec de l’eau pour en faire une boisson acidule. On en fait un vin aromatique et astringent , qui porte le nom de vin de palladius. La grenade bien mûre est un fruit sucré et acidule, d’une saveur fraîche, très-agréable en été. Mais, à l'exemple de tous les fruits aqueux et acidules, son usage, long-temps continué, trouble la di- gestion, et détruit les forces de l'estomac, surtout chez les sujets fai bles et délicats. En l’associant au sucre et à divers aromates, les cui siniérs , les confiseurs et les limonadiers en préparent des mets, des confitures, des sorbets, des glaces et des boissons d’excellent goût. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plant bare pré réduite à 1 itié d grand naturelle.) 1. Rameau de fleur. 3. Fruit coupé longitudinalement. 2. Calice coupé verticalement. 4. Graine isolée de grosseur naturelle. Lambert I seul . GROSEILLER . CLXXXIX. GROSEILLER. GROsSULARIA ; multiplici acino, sive non spinosa hortensis rubra. GRos- s SULARIA HORTENSIS ; fructu margaritis. simili; Bauhin, TivaË , lib. 12, Lalih, hist sect. 1, Tournefort. RIBES RUBRUM; inerme floribus paniusculis, racemis pendulis. Linné, Peñtandrie monogynie. Jussieu , class. 14, ord. 3, famille des cactes. Italien... ....... uva pr’rratr. Espagnol. ....... AGRACEJO ENCARNADO. Porlupais. 27; GROSELHEIRA VERMELE range EXT. GROSEILLER COMMUN ; RIBETTE VIEUX ARGUS STE ENT. RED CURRANTS ; CURRANT TREE. M dre JOANNISREERE Hollandais. . ..... AALBEZIEBOOM ; AALBESSENBOOM Peter AL LAE RIBS ; JOHANNISB LP Le PR TO RODA VINBAR ; REPS Polonnisi. 0: + à PORZECZRI. MONS, ETS ISIS TRS SMORODINA KRASNAJA. Le groseiller, long-temps sauvage et ignoré sur les roches alpines, n'a été admis que depuis quelques siècles au nombre des arbres fruitiers de nos jardins. Quoique le nom de rbes soit employé par d'anciens botanistes, il est très-probable qu’il ne désignait pas alors notre groseiller , mais quelque autre arbrisseau à fruits acides. Dans l'ordre des familles naturelles, le groseiller en forme une particu- lière, intermédiaire entre les cactiers et les saxifrages. Il se distingue par un calice ventru , adhérent, à cinq divisions ; cinq pétales, au- tant d’étamines , attachés au calice; un style, deux stigmates , une baie globuleuse, surmontée d’un ombilic, renfermant plusieurs semences attachées à deux placentas ; embryon muni d’un périsperme charnu. Le groseiller à fruits rouges est un arbrisseau très-rameux, dé- pourvu d’épines, dont l'écorce est brune ou cendrée; les feuilles pé- tiolées, échancrées à leur base, à trois ou cinq lobes dentés , diver- gens, vertes, glabres dans les individus cultivés, pubescentes dans les sauvages. Les fleurs sont disposées en grappes simples, nn soli- 50° Livraison. GROSEILLER. taires ou fasciculées; la corolle presque plane ; d’un vert blanchâtre, les pédicelles courts, accompagnés de bractées fort petites, ovales; plus courtes que les pédicelles. Les fruits consistent en petites baies globuleuses, très-succu- lentes, d’un beau rouge transparent, quelquefois blanches ou d'un blan jaunâtre, selon les variétés. Le cassis, groseiller noir, distingué par la couleur, la saveur de ses fruits, l’est encore par ses feuilles assez grandes , anguleuses, à trois ou cinq lobes dentés, parsemées à leur face inférieure de points Jaunes , glanduleux. Le groseiller à maquereaux est une autre espèce, armée d’aiguil- ions très-piquans ; ses feuilles sont arrondies, incisées ou lobées, un peu velues; les fleurs presque solitaires , médiocrement pédonculées; les fruits verdâtres, glabres dans leur maturité. Tous ces arbrisseaux croissent en France, ce dernier parmi les haies. F.] Parmi les variétés que la culture a introduites dans les fruits du groseiller, les plus remarquables sont celles des groseilles blanches et des groseilles rouges. Les unes et les autres sont inodores:; leur saveur, qui offre quelque chose de vineux et de sucré, est surtout caractérisée par une acidité piquante très-agréable, et un peu analo- gue à celle du citron. L'illustre Guyton de Morveau y a reconnu, par l'analyse chimique, 1° du sucre; 2° un acide qui résulte du mélange des acides malique et citrique; 3° une matière colorante violette, qui doit la couleur rouge, qu’elle présente dans la groseille _ rouge, à son union avec l'acide de ce fruit : de sorte que, sion en- lève l'acide par le moyen des réactifs, cette matière colorante cesse d'être rouge , et repasse au violet ; 4° une grande quantité de gelée iès-soluble dans l’eau, mais beaucoup plus à chaud qu’à froid , sus ceptible de se précipiter, par le repos et le refroidissement, en ge masse gélatineuse tremblante, pourvu, toutefois, qu’elle n’ait pas él trop long-temps tenue en ébullition, car alors elle ne peut plus se figer complètement ; ainsi que cela arrive dans les confitures de F seilles, lorsque lébullition du suc de ces fruits a été trop prolongée: L'action particulière de la matière colorante des groseilles sur us organes n’a pas encore été étudiée; mais la gelée, le sucre et l'acide qu’elles renferment ,‘leur donnent manifestement des propriétés ni- GROSEILLER. tritives, tempérantes , rafraichissantes , diurétiques et laxatives. Leur suc étendu d’eau, et édulcoré avec une certaine quantité de sucre ou de miel, forme une boisson extrêmement agréable, ettrès-propre à apaiser la soif, soit dans l’état sain, soït dans le cours des mala- dies. On s’en sert avec un grand avantage, surtout dans là plupart des pyrexies essentielles, telles que les fièvres inflammatoires, bi- lieuses, putrides, nerveuses , dans la perte et dans le typhus. L'usage de cette boisson acidule n’est pas moins utile dans les exanthèmes ai- gus, comme la rougeole, la variole, l'érysipèle, etc.; il convient également dans les dartres, la gale, le prurigo, et autres maladies chroniques de la peau, accompagnées d'irritation générale. Son em- ploi est extrêmement salutaire dans l'embarras gastrique, à la suite des empoisonnemens par des substances âcres et narcotiques, dans certaines diarrhées, dans la dysenterie, dans la blennorrhagie et au- tres inflammations de l'abdomen ou de l'appareil urinaire. Très-cer- tainement cette boisson est beaucoup plus convenable dans la né- phrite et les affections calculeuses que la plupart des médicamens prônés avec emphase comme des diurétiques par excellence, où van- tés comme lithontriptiques. Toutefois les propriétés alimentaires de ces baies acidules sont bien plus remarquables que leurs qualités médicamenteuses. Comme aliment diététique , leur usage est extrêmement salutaire dans le scor- but, dans les maladies cutanées rebelles, dans plusieurs autres affec- tions organiques , vaguement désignées sous le titre d’obstructions et de cachexies. Ces fruits conviennent surtout aux jeunes gens, aux sujets secs et ardens, à ceux qui se livrent à de violens exercices du corps, surtout dans les pays chauds et secs. Les tempéramens san- guins et bilieux sont ceux auxquels ils sont le plus avantageux. Ce- pendant , lorsqu'on en fait un très-long usage, ou qu’on en prend en trop grande quantité, ils troublent la digestion, altèrent plus ou moins profondément les fonctions de l'estomac, et cet effet se ma- nifeste particulièrement chez les personnes faibles et délicates. Sous ce rapport, elles sont peu convenables aux vieillards, aux femmes chlorotiques, aux sujets qui digèrent mal , à ceux qui mènent une vie sédentaire , et qui exercent fortement leur intelligence. Elles sont, par Ja même raison, un aliment moins avantageux aux tempéramens GROSEILLER. lymphatiques et nerveux, et dans les temps froids et humides , que dans les circonstances opposées. On mange quelquefois les groseilles en grappes. Leur suc, con- venablement épaissi par l'ébullition, forme ces gelées acidules et su- crées dorit tout le monde connaît l'excellent goût , ainsi que les qua- lités nourrissantes, et dont l’usage, aussi agréable que salutaire, est si favorable aux convalescens. Les confiseurs et les limonadiers en préparent diverses confitures solides ou liquides, des limonades, des sorbets, des glaces de très-bon goût. A l’aide de la fermentation, les groseilles fournissent du vin et du vinaigre de fort bonne qualité, et par la distillation on en retire de Palcool. Le rob et le sirop de groseilles, décrits dans la pharmacopée de Wurtemberg, la gélatine de groseilles de la pharmacopée de Londres, médicamens d’un usage très-avantageux, sont les principales compo- sitions pharmaceutiques auxquelles ces fruits sont employés. Les groseilles à maquereaux , fruits du groseiller épineux , ribes glossularia, L:, sont blanches , jaunes ou pourpres, beaucoup plus grosses que celles dont nous venons de parler, beaucoup plus dou- ces, et à peu près exemptes d’acidité. Elles sont nourrissantes Se laxatives, mais elles sont privées des autres qualités qui tiennent à la propriété acide des groseilles rouges. ; Le cassis , fruit du groseiller noir, rèbes nigrum , L. , à l’acide près qui s’y trouve en beaucoup plus petite quantité, contient les mêmes principes que les groseilles rouges; mais il renferme de plus une huile volatile, aromatique et amère, qui se retrouve dans l'écorce et autres parties de cet arbrisseau, et qui donne à ce fruit l'arome particulier qui le caractérise. C’est à l’action excitante que cette huile aromatique exerce sur nos organes, que le cassis doit les pro- priétés stomachiques qui ont été justement attribuées au rob et au- tres liqueurs qu’on en prépare. : EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est un peu plus petite qne nature.) 1. Grappe de fleur. à. Éinine % 2. Fleur entière grossie. Fruit coupé horizontalement. 190 à 7 enpent P. Lambert J° sentp ; GUEF: Ed til Grec. ....., .... 1£08, Dioscorides, lib. 3, cap. 87. VISCUM BACCIS re Baubin, Te | lib. 17, sect. 4. Tournefort, class. 20, séet. 7, gen. Latin, .......22 VISCUM ALBUM ; foli Tosntats obtusis, caule dichotomo, spicis axil- aribus. Linné, diæcie tétrandrie, Jussieu , class, r , ord. 3, ja- mille des chévrefeuilles. Italien. sx ne VISCHIO. Espagnol. :.,..,: LIGA ; MUERDAGO, OPLURRIST EEE 2 VISCO, Froniçaisi se GUI; GUI DE CHÈNE. ARR se. 6 he vin à MISSELTOE. Atemand, : Sent MISTEL, EICHENMISTEL. Hollandais. ...... MARENTAKKEN Danpis:. 0 soi FUGLELIJM ; MESTERTIENE. DO ere 1e MISTER, Polonais. Ah 1 ess JEMIEL ; JEM(OLA. M... dep isa OMÉLA Hongrois... .. :." LEr. Le gui, objet d’un culte superstitieux chez les anciens Gaulois, était tous les ans recueilli sur le chêne par les prêtres druides, re- vêtus d’une robe blanche, armés d’une serpe d’or. Cette cérémonie religieuse était accompagnée du sacrifice de deux taureaux blancs, et d’un repas fait sous le chêne : on y chantait des hymnes en l’hon- neur de la Divinité. Au premier jour de l'an, le gui était distribue au peuple comme une chose sainte. Ce respect, cette sorte de culte, rendus à une production assez singulière de la nature, avaient peut- être pour fondement l'ignorance des peuples sur la propagation de cette plante parasite. Aujourd'hui, plus éclairés sur la génération des êtres, nous n’admirons pas moins celle du gui, qui nous offre plusieurs phénomènes remarquables, très-bien observés par Duha- mel , développés avec tant de clarté par M. Desfontaines, dans son Histoire des arbres et arbrisseaux , vol. 1, pag. 339, et dont j'em- prunte ici les expressions : 50: Livraison, GUL « Le gui est un arbrisseau parasite, dont la germination est très- différente de celle des autres plantes. On peut faire germer des graines de gui sur des pierres, des bois morts, et même sur la terre; mais il ne prend jamais d’accroissement que sur les arbres. Lorsque la graine de gui germe, elle pousse communément deux ou trois radicules terminées par un corps rond. Ces radicules s’allongent insensible- ‘ment, et dès qu’elles ont atteint l'écorce, les corps ronds s'ouvrent, leur orifice présente la forme d’un petit entonnoir, dont la surface intérieure est tapissée d’une substance grenue et visqueuse. Du ce tre et des bords de cet orifice, sortent de petites racines qui sinsi- nuent entre les lames de lécorce , et parviennent jusqu'au bois sans V pénétrer. » Les tiges du gui sont ligneuses , hautes d’un à deux pieds , divisées en rameaux très-nombreux, étalés en tous sens. Les feuilles sont opposées, lancéolées, dures, épaisses , obtuses, très-entières. Les fleurs sont sessiles, axillaires, disposées deux ou trois ensen- ble , monoïques ou dioïques, chacune d'elles munie d’un calice très petit; le limbe à peine sensible ; la corolle, sous l'apparence d'un ca lice, est composée de quatre pétales courts , réunis par leur base; quatre anthères sessiles, situées vers le milieu des pétales : dans les fleurs femelles, un ovaire inférieur couronné par Îles bords du Ca- lice ; un style à peine sensible; un stigmate. : Le fruit consiste en une baie globuleuse , monosperme, blanchätre, remplie d'un suc visqueux. Le gui croît sur les troncs et les rameaux des arbres fruitiers, dés pomimiers , des ormes, des tilleuls ; et sur tous les arbres qui ne son! ni laiteux , ni résineux. P. Cette plante inodore et d’une saveur visqueuse, un peu auster dans l’état frais, présente, quand elle est sèche, une odeur désagre® ble, et, lorsqu'on la mâche, elle offre un goût amer légèrement âcre. On y trouve une grande quantité de matière glutineuse, Ge analogue au caoutchouc; insoluble, à froid, dans l'eau et dans l'a ; cool, un extrait résineux, un extrait muqueux et un principe asurin gent. L'extrait résineux est beaucoup plus abondant que l'extrait aqueux : l'un et l'autre sont amers, et en beaucoup moins grande GUI. quantité dans la partie ligneuse que dans l'écorce, ce qui fait que la plus grande partie des propriétés actives du gui est renfermée dans cette dernière. On a cru long-temps que les propriétés médicales de cette plante parasite étaient relatives à celles du végétal sur lequel elle se nour- rit, et C’est probablement sur cette opinion qu’est fondée la préfé- rence qu'on a donnée, et qu'on donne encore dans plusieurs traités de matière médicale, au gui de chêne sur tous les autres. Toutefois , l'analyse chimique n’a manifesté aucune différence entre le gui de chêne et celui du pommier, du poirier ou du tilleul. Les expériences de Cartheuser, de Kolderer et de Colbatch, ont prouvé d’ailleurs que, quel que fût l'arbre sur lequel le gui avait pris naissance, il présentait constamment les mêmes propriétés. Cette planteexerce une action légèrement tonique sur nos organes. L’excitation qu’elle détermine sur le canal intestinal provoque même quelquefois des évacuations alvines; ces effets excitans qui lui ont valu les vertus antispasmodique et résolutive dont elle a été décorée, ne permettent pas de la regarder comme inerte. Il ne serait cependant pas plus rationnel d'admettre, comme des actes de foi, les propriétés merveilleuses qui lui ont été accordées par une foule d'auteurs an- ciens et modernes. Pline, Théophraste, Matthiole, Paracelse, ont vanté son efficacité contre l’épilepsie. Dalechamp, Boyle, Koelderer , Colbatch, Cartheuser, Loseke, Van Swiéten, Dehaen, etc., assurent en avoir obtenu de grands avantages contre cette redoutable maladie et autres affections convulsives. Outre les succès que Colbatch en a obtenus dans le traitement de lépilepsie, cet auteur prétend s’en être servi avec avantage pour combattre la chorée. Koelderer atteste s'être bien trouvé de l'emploi de l’infusion vineuse et aqueuse du gui dans l’asthme convulsif et dans un cas de hoquet. Bradley se lone des bons effets de ce végétal dans l’hystérie, la paralysie et autres affections nerveuses, Divers auteurs ont vanté ses succès contre les flux de ventre, la ménorrhagie, les écoulemens hémorrhoïdaires ; et quelques autres même dans les vertiges , l’apoplexie, la dysenterie, la goutte et autres maladies variées. A l'extérieur, on a recommandé les cataplasmes faits avec le gui ou ses semences pour calmer les douleurs de goutte et résoudre certaines tumeurs. Toutefois les faits GUI. allégués en faveur de l'efficacité de cette plante contre ces différen- tes maladies, sont loin d’être concluans. Presque toujours, en effet, les auteurs ont négligé de déterminer , avec la précision convena- ble , le caractère spécial des maladies dans lesquelles ils en: ont fait usage, et les circonstances particulières dans lesquelles se trouvaient les malades. D’autres fois l'administration du gui a été accompagnée ou suivie de médicamens plus ou moins actifs , de sorte qu’il est im- possible d’assigner à chacun de ces moyens la part qu'il a eue à la guérison. En outre plusieurs médecins recommandables, tels que Tissot, Cullen, Desbois de Rochefort, Peyrilhe, n’ont point obtenu de l'emploi du gui les résultats avantageux que d’autres prétendent en avoir retirés. De sorte que, malgré les assertions exagérées de plu- sieurs auteurs en faveur de ce végétal, il faut convenir que nous som- mes très-peu éclairés sur ses effets secondaires, et que ses propriétés médicales ont besoin d'être soumises à de nouvelles expériences cli- niques. Ceux qui tenteront cette entreprise, ne doivent pas perdre de vue, suivant la remarque judicieuse de M. Guersent, que la ma- nière dont on administre le gui comme tous les autres médicamens, doit influer sur ses effets immédiats, et que les résultats, produits par ladministration de l'écorce, doivent être très-différens de ceux obtenus par l'emploi de sa partie ligneuse. Pour avoir, dans cette plante, un médicament identique, et dont les effets soient comparables entre eux, il faut, suivant Colbatch, cueillir le gui entier à la fin de l'automne, le dessécher exactement avec beaucoup de soin, le pulvériser et le renfermer dans un vast de verre bansitiensasét bouché, que l’on place dans un lieu très- sec. Cette poudre peut être thchodrés en substance de quatre à douze grammes (un à trois gros) par jour, en infusion vineuse où en décoction aqueuse de trente-deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces), et en extrait, de quatre à huit grammes (un à deux gros) : elle entre dans la composition de la poudre épilepti- que de Guttete, Les baies du gui servent d’aliment à plusieurs oiseaux. On dit que les daims et les de s’en nourrissent: Les oiseleurs en préparent la glu destinée à la chasse des oiseaux. Le plus ordinairement, 0 emploie à cet usage le gui entier. Pour cela on met une certaine GUL. quantité de cette plante, pendant huit à dix jours, dans un lieu hu- mide; quand elle est pourrie , on la pile jusqu’à la réduire en bouillie, on la place ensuite dans une terrine avec de l’eau fraîche, et on l’a- gite fortement jusqu'à ce que la glu s attache à la spatule. On lave alors cette substance dans un autre vase avec de nouvelle eau, et on la conserve dans des pots pour l'usage. Bater (1.-1.), Monographia de wisco ; in-4°. Aldorfii, cozsaren (1.), Dissertation concerning misleto, a most he specifick remedy for the cure of mea distempers : c'est-à-dire, Dissertation sur le gui, spécifique merveilleux pour la n des maladies convulsives ; troisième édition , in-8°. Londres, 172 ROELDERER D ER ius), De wisco dissertatio inauguralis, in-4°. drpeboreté. 1747. »ucAWALD (8.-5.), Analysis wisci ejusque in morbis usus; in-4°. Havniæ, 1753. rrUENDEL (chr.-rr.), De spasmis visco albo persanatis ; in-4°. lenæ, 1783. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle. ) . Bout de rameau portant trois fleurs mà- quadriphylle, au centre duquel o les, sessiles distingue un stigmate ab t ie 2. Autre rameau 1 portant trois fleurs fe- assis sur le sommet de l'ovaire. melles , sessiles. 4. Graine mise à nu, et dont une moitié 3. Fleur femelle détachée, composée d'un du péricarpe est renversée. ovaire inférieur, couronné d’un calice 191: CXCE GUIMAUVE. Créé SSSA es. d\Sase, 1firxos, Dioscorides ALTHÆA DIOSCORIDIS ET PLINI , oi: TiveË , Hib. 11, sect. 5. ALTHÆA DIOSCORIDIS ET PLINI, folio magis angulato ;. Tournefort, Le , sect. 6, gen. 2. ALTHÆA OFFICINALIS ; fO/iis simplicibus tomentosis; Linné, monadel- phie po sir: Je Jussieu ,clas. 13, ord. 14, famille des malvacées. LOL. si 0 MALVAVISCO ; BISMAL Fe) APCE SLR Le . MALVAVISCO Portugais. ....... MAL.VAISCO Français. GUIM AND sers MARSH-HALLOW. Allemand... 15.4 BIS Hollandais. ...... EMST Dire seau TBISK USSE. à. . «+ + « + + PODSWONOK RORDTOES. nu te FEJÉR MALVA (guimauve blanche) La guimauve est une très-belle plante, de la famille des malva- cées : elle a conservé en latin le nom qu’elle porte dans Dioscorides. Théophraste lui donne celui d’hibiscus. La douceur de son duvet blanchâtre et soyeux , l'élévation de ses tiges, ses paquets de fleurs légèrement purpurines , lui donnent un port agréable. Du bord des ruisseaux et des lieux humides qu’elle habite, elle est passée dans nos jardins, mais plutôt comme plante médicale que comme fleur d'ornement : très-rapprochée de la mauve par son caractère généri- que, elle s’en distingue par son calice extérieur, à six ou neuf divi- sions profondes , au lieu de trois. Ses racines sont longues, cylindriques, blanches , pivotantes, con- tenant un mucilage douceâtre et gluant. Ses tiges, légèrement cotonneuses, sont droites, hautes de trois ou quatre pieds, garnies de quelques rameaux ste Les feuilles sont alternes , pétiolées, molles , d’un vert banchâtre, ovales, élargies, un peu en cœur, dentées à és contour , à trois ou 3 50° Livraison. GUIMAUVE cinq lobes anguleux , chargées d’un duvet cotonneux , presque soyeux. Les fleurs sont presque sessiles, réunies en petits paquets dans les aisselles des feuilles supérieures, accompagnées de stipules subulées et caduques. Leur calice est double; l’intérieur à cinq divisions, l’extérieur à six ou neuf découpures profondes : cinq pétales en cœur réunies par leur base; les anthères nombreuses, placées à l’extrémité d’un tube cylindrique, un ovaire surmonté d’un style à stigmates nombreux, sétacés. Le fruit consiste en plusieurs capsules monospermes, sans rebord membraneux, réunies en plateau autour de la base du style. (P.) La racine de guimauve est de la grosseur du doigt, grisâtre en dehors, blanche intérieurement. Son odeur est nulle, sa saveur est fade, muqueuse et rouceâtre. Elle contient un peu d'extrait résineux et plus de la moitié de son poids d’un mucilage doux et visqueux, qui se trouve également dans les autres parties de la plante, mais én berne moins grande quantité, puisque les feuilles et les fleurs n'en renferment que le tiers ou le quart de leur poids. Ce mucilage qu’on obtient très-facilement par la décoction dans l’eau, où il est entièrement soluble, se précipite par le refroidissement en une ma- tière tremblante et demi-transparente. À raison de la plus où moins grande quantité de mucilage qu’elles contiennent, les différentes par- ties de la guimauve jouissent toutes des mêmes propriétés émolliente, adoucissante, invisquante , lubréfiante, relâächante, rafraîchissante, etc.; mais on se sert plus ordinairement, et presque exclusivement, de la racine, comme étant la partie de cette plante où le mucilage est le plus abondant. Cette racine , soit fraîche, soit sèche, administrée sous forme molle où liquide, à une douce tstapééhtare exérce une action émolhente et relâchante sur l’économie animale: elle calme l'irritation des 0 ganes, diminue la tension , la chaleur, la douleur dés parties enflam- mées, et ramène les propriltés vitales à leur état ordinaire, dans tous les cas où elles sont portées à un trop haut développement. Di- rectement ingérée en infusion, én décoction, ou sous toute autre forme liquide, elle convient d’une manière sléciate dans toutes les phlegmasies aiguës , pendant leur première période, dans les hémor- GUIMAU VE. rhagies actives, dans ies empoisonnemens produits par des substances _ âcres et corrosives, et dans les irritations dues à la présence des corps étrangers. Ainsi chaque jour on l’administre avec avantage en boisson, au commencement des angines et des catarrhes pulmo- naires, dans la pleurésie et la péripneumonie, dans la gastrite, la diarrhée, la dysenterie, la néphrite, la péritonite, la blennorrhagie aiguë et autres inflammations de l’abdomen et de l'appareil urinaire. Son usage n’est pas moins utile pour calmer la strangurie qui ré- sulte de l’action des cantharides ou de la présence d’un calcul. A l'extérieur la guimauve est employée dans une foule de cas avec le plus grand succès. On se sert de sa décoction pour fomenter les yeux dans lophthalmie aiguë; on lintroduit dans la bouche sous forme de gargarisme pour apaiser les douleurs des gencives, et cal- mer l’irritation de la bouche dans la salivation mercurielle, les aphthes et l’esquinancie. Sous forme de pastilles où de pâte, on la maintient long-temps en contact avec l’arrière-bouche et l’orifice de la glotte, pour agir sympathiquement sur la trachée et les bronches dans les catarrhes pulmonaires. En lavement, elle est d’une très-grande uti- lité dans la dysenterie, la diarrhée, la péritonite et l'inflammation de la vessie. Les fomentations faites avec la décoction de guimauve, et les cataplasmes qu’on en prépare en ÿ mêlant des fécules amilacées , sont appliqués chaque jour avec avantage sur les tumeurs inflamma- toires pour les résoudre; sur les plaies et les ulcères dont les sur- faces sont douloureuses , sèches et arides, pour y ramener la suppu- ration; sur les chancres douloureux, pour s'opposer à leurs pro- grès ; enfin on s’en sert avéc avantage contre les brûlures, contre les dartres et autres affections locales, accompagnées de chaleur, de tension et de douleur. Dépouillée de son épiderme, et comprimée entre les mâchoires , cette racine paraît beaucoup plus propre à soulager la douleur des gencives qui accompagne la dentition que les corps durs qu'on a coutume de mettre pour cet objet entre les mains des enfans. En un mot, de toutes les substances que la matière médicale nous fournit, la racine de guimauve est une des plus propres à opérer les médica- tions émollientes ou atoniques, soit générales, soit locales, et, sous __ce rapport, elle peut remplacer avec avantage presque toutes les sub- GUIMAUVE. stances mucilagineuses. Il ne faut point cependant perdre de vue que pour qu'elle puisse pleinement opérer ses effets émolliens et relächans, il est absolument nécessaire qu’elle soit administrée sous forme molle ou liquide, et que, dans ce dernier cas, elle soit à une douce température de vingt à trente centigrades. L'espèce d’excitation qu’une température plus basse imprimerait aux organes, nuirait à son action émolliente, s’il ne la neutralisait pas entièrement. Il faut re- marquer en outre que l’usage exclusif trop long-temps continué de cette plante, trouble les fonctions de l’estomac, et que lorsque son mucilage est en trop grande quantité dans les boissons qu'on en pré- pare, elles restent long-temps dans l’estomac, déterminent de la pe- santeur à l’épigastre, de l'anxiété et du malaise, ce qui oblige ordi- nairement de les aromatiser. En infusion ou en décoction, cette racine se donne de huit à serze grammes (deux à quatre gros) dans cinq hectogrammes (une livre) d’eau, que l’on édulcore ordinairement avec une certaine quantité de miel ou de sucre. Cette décoction, mêlée au sucre, et convena- blement épaissie, forme le sirop de guimauve dont l’usage est si com- mode et si avantageux dans les maladies aiguës. Le mucilage de cette racine sert à faire des pastilles, des lochs, des juleps; elle entre dans la composition de la pâte de guimauve, dont les effets lubré- fians et adoucissans égalent l'excellent goût. Elle fait également par- tie du sirop d’althéa de Fernel, de l'onguent d’althéa, des emplà- tres diachylon simple et composé, mais elle n’est qu’un des moindres ingrédiens de ces médicamens compliqués. La racine de guimauve est très-nutritive , surtout pour les estomäcs robustes. Son mucilage est employé dans les pharmacies pour rendre les gommes résines solubles, et à beaucoup d’autres usages. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) Calice double. Île ett taminifère ouvert. Pistil. Fruit multicapsulaire” dont on_.a enlevé quelques-unes des capsules. Capsule isolée Graine. Racine, On œ N nm [ep À Lambert S° sel dE NC dl Et ge pen es Le S da dira À he Là CXCIT. GUTTE. , ÉÈ CAMBOGtA Gu1Ta; Linné, polyandrie monogynie. Jussieu, clas, 13, pe PRESSE EE { ord. 9 , famille des pre Ttalen: LS RES GOMMA GOTTA ; GOTAGAMB Espagnol, ....... GOMA GOTA; GOTA GAMBA. Portugais sims ENTUES GUTTEIRA. Frangmis.. 55, GOMME-GUTTE. ANPOUI F0, GUM GUITÆ TREE Allemand.::::3 58 2 GUMMIGUTTBAUM Hollandais. . :.... GITTEGOM -B00M D LP RME NET GUMMIGUTTÆTR Æ SUÉAOIS TENTE EE 4 EE GUMMIGUTTATRAD Malabar, .…. coppam PuLL:I ; Rheed. MAR ne Shen OTAPULLI CRINOIS San EU HOAM-LO ; Loureiro ON soupçonne que la gutte ou gomme-gutte est produite par un arbre des Indes stiéntilér, que Linné a nommé cambogia gutta, mais que Gærtner a réuni comme espèce au” genre garcinia (man- goustan). Les différences qui existent dans la forme du stigmate et dans le nombre des étamines, sont en effet trop légères pour caracté- riser deux genres bien distincts. Cet arbre est fort élevé : il est pourvu de grosses racines très-ra- mifiées , dont les rameaux s’étalent au loin dans la terre et au dessus. Le tronc a dix ou douze pieds de circonférence; le bois est blanc ; l'écorce noirâtre en dehors, rouge en dessous, d’un blanc jaunâtre à l'intérieur. Les feuilles sont pétiolées, opposées, un peu épaisses, glabres, ovales, entières, luisantes, d’un vert brun, rétrécies à leurs deux extrémités. Les fleurs sont peu nombreuses, imodores, d’un blanc jaunâtre, portées sur des pédoncules simples, très-courts, situées à l’extrémité des rameaux. Leur calice est divisé en quatre découpures profondes, concaves 5ot Livraison, â. GUTTE. caduques : la corolle composée de quatre pétales concaves, arrondis, onguiculés; les étamines courtes et nombreuses; un ovaire supé- rieur, surmonté de quatre stigmates sessiles, persistans. Le fruit consiste en une baie globuleuse, de la grosseur d'une orange, marquée de huit côtes saillantes, divisée en huit loges, con- tenant chacune une semence brune, allongée, couverte d’une double tunique. : Le suc gommo-résineux qui découle par incision des feuilles, des branches, du tronc de cet arbre et de plusieurs autres végétaux de la famille des guttifères, est connu sous le nom de gomme-gutte, gummi gutta, gummi gotta, gommi gamandræ , gummi de goa , gummi de Jemu, gummi peruanum , gummi laxativum , gutta gamu , cambo- dium , cambogium , ete. Telle qu’elle se présente dans le commerce, sous forme de cylindres où de magdaléons épais, cette substance est solide, pesante, opaque, friable, d’une cassure luisante, d’une cou- leur jaune foncée à l'extérieur, tirant sur le rouge intérieurement, devenant jaune clair lorsqu'on l'humecte ou qu’on la pulvérise. Elle est inodore et insipide ; mais si on la conserve quelque temps dans la bouche, elle est légèrement âcre. Quand on la mâche, elle s'atta- che aux dents et imprime sa couleur jaune à la salive. Elle ne se dis- sout qu'en partie dan$ l’eau ou dans l'alcool, auxquels elle donne une teinte Jaune; mais une solution de potasse la dissout complè- tement; cette dissolution, qui n’est point troublée par l’eau comme celle de la gomme-gutte par l'alcool, est décomposée par les acides, lesquels en précipitent une matière d’un très-beau jaune soluble dans un excès d'acide. La gomme-gutte n’éprouve presque aucun change- ment dans les huiles grasses ; elle se dissout en partie dans les huiles essentielles, et particulièrement dans l'huile de térébenthine qu elle colore d’un beau rouge orangé. Cette gomme résine, introduite dans la matière médicale, P# Clusius, en 1603, a eu, comme toutes les substances médicamen- teuses, des apologistes et des détracteurs. Les uns l'ont présentée comme un purgatif puissant, d’un usage commode, d’une adrien ration. facile et d’une utilité constante dans tous les cas où il faut agir avec énergie sur le canal intestinal. D’autres l’accusent de pl? duire des vomissemens , des flatnosités, des tranchées, la superpur” GUTTE. galion, et la regardent comme un drastique violent et dangereux, qu'on doit Feléquer dans la médecine vétérinaire. L’illustre Daubanton avait observé qu’à la dose de trois gros elle faisait périr les brebis. Les chiens auxquels M. Orfila a administré cette substance, à assez forte dose, n’ont éprouvé que de simples vomissemens, lorsqu'il leur a été permis de se soustraire à l’action prolongée de la gomme- suite en la rejetant; mais lorsque, après li ingestion de cette gomme résine, on leur a lié l’œsophage, ils ont éprouvé des évacuations al- vines houle, l’inflammation de la membrane muqueuse de l'esto- mac et de l'intestin, et une mort prompte, qui paraît dépendre de l'irritation sympathique du système nerveux, résultat de l’action vio- lente de la gomme-gutte sur l'appareil Hhgpstif. Appliquée sur des surfaces ulcérées, cette même substance n’a occasioné chez les chiens, ni vomissement, ni purgation, ni inflammation de l'intestin ; mais la mort n’en a pas moins eu lieu dans l’espace de vingt-quatre heu- res, par un phénomène que M. Orfila compare aux effets d’une brû- lure qui ne produit point d’escarre. Chez l’homme comme chez les animaux, la goutte exerce donc une action spéciale et très-manifeste sur le système digestif. A haute dose, elle provoque le vomissement et pourrait déterminer l’inflammation ; à dose plus faible, elle excite l’action du canal intestinal et produit des selles plus ou moins abondantes : mais lorsqu'on l’adminisire avec précaution, et surtout avec l'intention d’en fractionner les doses, elle n’occasione point les coliques ni les superpurgations qu'on lui a reprochées. Sous ce rap- port, elle est justement considérée comme un drastique utile dans les cas où l’on veut opérer une puissante dérivation sur le tube in- testinal, comme dans l’hydropisie essentielle, les dartres rebelles, etc. Hechstetter, Lister, Werloff, Spindler, Wichmann, etc., se louent de ses succès dans l’ascite, l’anasarque, l'asthme des enfans, le hoquet spasmodique, dans les lésions de la respiration qui tiennent à l’en- gouement muqueux des bronches, mais surtout contre les lombrics et le ténia. D’autres auteurs ont vanté l’efficacité de la gomme-gutte contre l’ictère, les fièvres intermittentes et la cachexie. I] paraît même qu'on s’en est servi quelquefois comme topique pour le pansement des ulcères atoniques et de mauvais caractère; mais les effets délétè- res que cette substance a produits, doivent rendre très-circonspect GUTTE. sur son emploi. En général, l'administration de ce drastique exige beaucoup de prudence et de circonspection , à cause des accidens graves auxquels il peut donner lieu. Ses effets consécutifs dans la plupart des maladies où il a été le plus vanté, n’ont point été assez exactement constatés pour inspirer la confiance; mais l’action éner- gique que la gomme-putte exerce sur le canal intestinal , doit la faire considérer comme un moyen très-utile dans les hydropisies avec ato- nie, et surtout contre les vers. On peut l'ingérer directement en substance, de dix à soixante- quinze centigrammes (deux à quinze grains); on en a même quel- quefois porté la dose à vingt grains, mais il faut alors l’administrer par fractions, pour prévenir les vomissemens. La gomme-gutte est la base de plusieurs prétendus spécifiques contre les vers, et entre autres de ceux d’Herrenschwaud et de la veuve Nuffer, contre le ténia. Elle entre dans là composition des pilules hydropiques de Bon- tius, d'Hautesierk et de Lemort ; elle fait partie de l’électuaire an- tihydropique de Charas, des extraits catholique de Sennert, chola- gogue de Rolfinck, de l'essence catholique purgative de Rhotenius. Enfin on la retrouve dans l’élixir enthelminthique de Spielmann, et autres productions de la polypharmacie galénique. Nr La médecine vétérinaire fait un grand usage de cette gomme résine. La peinture l’emploie à la composition de plusieurs couleurs et de dif- férens vernis ; le beau rouge orange qu’elle forme par sa dissolution dans l’huile essentielle de térébenthine, est surtout recherché par les peintres. LOTTICHEUS, De gummi guttæ seu laxativo medico ; Francofurti, 1626. JAEGER (christ.) et caurr ,De cambogiæ guttæ sacro; in-4°. Tubingæ, 1777- EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 1. Fruit coupé en travers. ; Se : r faire 3. Le méme coupé circulairement pour fa 2. Graine entière, i voir l’'amande. H CXCHI. HERNIAIRE. ? POLYGONUM MINUS, SEU MILLAGRANA MAJOR; Bauhin , Mira£, lib, -, Latin... ** *{ nenniaRra ; alsines folio ; Tournefort, clas. 15 , sect. 2 , gen. 6 HERNIARIA GLABRA ; glomerulis multifloris ; Linné , monoécie triandrie. Jussieu , clas. 7, ord. 1, famille des amaranthes. NIA £ LRU RR MILGRANOS Portugais...:.... HERNIARIA VOILE ee HERNIAIRE A Mar RUPTURE WORT Re SRÉRUC BRUCHKRAUT Hollandais. ...... DUIZENDGREIN _ LL AA Sets BRIDURT MOMbis RE. 3e: BRACKORT Polonais... ....., spoRvz rRzkci. Penire plante entièrement étalée sur la terre, dans les lieux incul- tes et sablonneux, où elle forme des touffes vertes ou jaunûtres , char- gées, à l’époque de la fructification , d’un si grand nombre de grains ou de capsules, que plusieurs botanistes lui ont donné le nom de millegrana. Elle est caractérisée par des fleurs très-petites, privées de corolle, composées d’un calice à quatre ou cinq divisions profon- des, colorées en dedans ; quatre ou cinq étamines ; autant d’écailles presque filiformes alternes avec les filamens; un ovaire supérieur , deux styles, une capsule indéhiscente , monosperme , renfermée dans le calice. Les racines sont grêles, blanchätres, peu ramifiées, les tiges lon- gues de trois à six pouces, très-rameuses. Les feuilles sont petites, glabres à leurs deux faces , ovales-oblon- gues, entières , opposées dans leur jeunesse, puis alternes par la chute de celles qui se trouvaient du côté de chaque rameau fleuri : de petites stipules blanches, scarieuses , situées aux articulations. Les fleurs sont sessiles, petites, verdâtres , ramassées par pelotons 51° Livraison, 4 HERNIAIRE. axillaires qui s’allongent ensuite en forme d’épis. Les calices sont gla- bres, verdâtres en dehors ; les anthères jaunes; les semences lui- santes. ee L’Aerniaire velue diffère peu de la précédente; elle est hérissée de poils sur toutes ses parties. Quant à l’herniaria lenticulata de Linné, on sait aujourd’hui que c’est la même plante que le cressa creñca. La herniaire glabre est absolument inodore et à peine douée d’une légère odeur herbacée. Quoiqu’elle ait joui autrefois de beaucoup de réputation , elle n’est plus employée en médecine. Toutefois , l’amer- tume légère de son infusion et la coloration en brun qu'y détermine le sulfate de fer, semblent y indiquer la présence d’un principe actif, et justifient, jusqu’à un certain point, les propriétés astringente et diurétique dont elle a été décorée. On peut croire, en effet, qu'en vertu de cette qualité faiblement astringente, la herniaire est suscep- tible d’exciter l’action de l'appareil sécréteur de l’urine, et d'aug- menter ainsi la quantité de ce liquide. Mais est-ce une raison pour lui accorder , à l’exemple de plusieurs auteurs, la vertu de dissoudre les calculs des reins et de la vessie, et de croire à son efficacité con- tre l’anasarque et la leucophlegmatie? On n’est pas mieux fondé, ce me semble, à admettre ses prétendus succès contre l’affaiblissement de la vue. Quant à sa vertu diurétique, nous possédons un si grand nombre de substances qui jouissent de cette propriété à un beaucoup plus haut degré, que personne ne doit être tenté de recourir à la herniaire pour cet objet. Les anciens avaient attribué à cette plante beaucoup d’autres pro priétés non moins illusoires que celles que nous venons dénoncer: Dans le dix-septième siècle , elle a particulièrement joui d’une grande réputation pour le traitement des hernies'. Fallope et Matthiole l'ont particulièrement préconisée sous ce rapport. On croyait que $0® suc exprimé , ou l’herbe de la plante elle-même administrée en pou dre par la bouche, en même temps qu'on l’appliquait en cataplasme sur la tumeur , était un moyen par excellence pour opérer la réduc- “s* at ‘aat- * Le nom herniaire repose évidemment sur les fausses vertus qu'on lui & # tribuées contre ces affections, LL HERNIAIRE. tion et la cure radicale de la hernie. Mais, ainsi que le remarque Murray, personne aujourd’hui n’atteindra, d’un semblable moyen, la réduction de la hernie la plus simple. Ainsi, lors même que les. qualités physiques de cette plante et son action sur les propriétés vi- tales des organes, seraient beaucoup plus puissantes qu'elles ne sont réellement, comme les éminentes propriétés qui lui sont attribuées, soit contre les affections calculeuses, soit contre certaines maladies des yeux, mais surtout pour la guérison des hernies, ne sont confir- mées par aucune observation exacte, il faut regarder comme de vains jeux de l'imagination des auteurs, toutes les assertions exagérées ? Es 7 A . Q 0 qu’on a débitées à ce sujet, et conclure avec Spielmann, Bergius, _ Murray et Peyrilhe, que cette plante, à peu près inerte, pourrait être éliminée de la matière médicale sans inconvénient. Son herbe se donne en macération ou en décoction à la dose d’une poignée, dans un demi-litre d’eau ou de vin. On peut aussi administrer en substance, sous forme pilulaire ou pulvérulente. ? Son suc est administré à la dose de soixante-quatre à cent vingt-huit 4 D grammes (deux à quatre onces) par jour. CRUNLMANN (c.), Herniaria remedium contra caliginem, Diss. lenæ, 1706. EXPLICATION DE LA PLANCHE. r. Racine, . Le même gross 2. Fleur entière, grossie. 5. Le même a de son calice. 3. Fruit de grosseur naturelle. 6. Graine isolée. 194 ver Z Ur} pur ? + CXCIV. Grec. ., .... :.. + Dnyos, Dioscorides. FAGUS ; Bauhin , Tivaf, lib. 7, sect. 4. Tournefort , clas. 19, sect. 2, gen. Latin: ss FAGUS SYLVATIGA ; foliis ovatis obsolete serratis ; Linné, monoëcie po- ndrie. Jussieu, las. 15; ord. 4, famille des amentacées. Italien... 528825 FAGGI Espagnot., SET HAYA Portugais 48 "4 FA Français, ns ss HÊTRE; FAU ; FOYARD; FOUTEAU nglals. 5... BEECH-TREE Ales TEE. BUCHBAUM ‘ Hobandaïs.… 1... BUIKEBOOM OS a uce BOG SUÉAOIS. 87e 213 2 var BOK Polonais: séise BUK Rs nr BUK Le hêtre est un des plus beaux arbres de nos forêts, dans les cli- mats tempérés de l’Europe : il se plaît particulièrement sur les co- teaux, au pied des montagnes. 1l s'élève avec majesté à la hauteur de quatre-vingts pieds , récrée par la beauté de son feuillage élégant et léger, procure, par l’étendue d’une cime large et touffue, une fraîcheur agréable. Considéré sous le rapport de son caractère géné- rique, il offre des fleurs monoïques; les fleurs mâles sont disposées en chatons pendans, serrés, globuleux; le calice divisé en quatre, ou six découpures ; point de corolle, huit étamines. Les fleurs femel- les sont renfermées deux à deux dans un involucre à quatre lobes, parsemé d’épines molles; un style surmonté de trois stigmates dans un calice à six divisions, un ovaire à trois loges; deux ovules dans chaque loge ; deux des loges avortent; d’où résulte pour fruit une noix lisse, triangulaire, à une loge, revêtue d’une peau coriace, contenant une ou deux semences anguleuses. Le tronc du hêtre est droit, très-rameux; son écorce fort unie; 51° Livraison, HÈTRE. menuisiers et les ébénistes l'emploient pour les boiseries, et pour toutes sortes d’ameublemens. Les layetiers, les sabotiers , les boisse- liers, les tourneurs, le transforment en une foule d’ustensiles, de vases et d'ouvrages d'arts , tels que des boîtes, des sabots, des pêles, des mesures de capacité, des colliers pour les chevaux de trait, des cer- cles pour les tamis , des douves pour les tonneaux, etc. Les fourbis- seurs, les armuriers et les luthiers s’en servent pour la fabrication des armes et de divers instrumens de musique. Ce bois précieux est sujet à être percé par les vers, inconvénient que l’on prévient en l’expo- sant à la fumée, jusqu’à ce qu’il roussisse à sa surface. EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 1. Rameau portant en 4 un chaton de fleurs mûr, pour faire voir qu'à celle mâles, et en Z des fleurs femelles. époque il est triloculaire. 2. Rameau muni de deux fruits mûrs, dont 5. Fruit entier. l'involucre de .. est ouvert. 6. Graine sur laquelle on voit le cordon 3. Fleur mâle ombilic 4. Coupe Rorisonta, d’un fruit avant d’être 190. AC HORS €) \ ap'e LR CXCV. HIÈBLE . sta Grec. «su ve. yaumaæsaxrn, Dioscorides. ; ; Bauhin, TTivaf, lib, r2, sect. 1. à | SAMBUCUS HUMILIOR FRUTESCENS ; foliis eleganter variegatis ; des LOTIR Sets clas. 20, sect, en. I. SAMBUCUS EBULUS ; CY7iS rripartis, 3 om foliaceis, caule herbaceo ; Linné, pentandrie trigynie. Jussieu , clas. 11, ord, 3, famille des chèvrefeuilles. TRE. re ° . EBBIO. pagnok oise 1e YEZGO Portügais,.;., . EBULO. Francais... LE Anglai Rue DWARF ELDER Allemand, .,..... ATTICH. Hollandais «+ HADDIG; LAAGA VLIER. DOROE, ae . SOMMERHYLD; ATTIS. Suéddisii. ii AE SOMMARHYLL. Polonais. . + CAHEBD, See «6 don SOWN Hongrois... ...... rorvr-s0pza. L’rièeLr diffère peu du sureau; mais ce n’est qu'une plante herba- cée, tandis que le sureau est un grand arbrisseau : le caractère gé- nérique est le même dans les deux plantes. Il consiste en un calice à cinq divisions courtes; une corolle en roue, à cinq lobes; cinq éta- mines alternes avec les divisions de la corolle; trois stigmates sessi- les, obtus ; le fruit est une baie inférieure, à une loge, contenant trois semences ridées, attachées à l’axe du fruit. Ses racines sont allongées, rameuses, étalées, de la grosseur du doigt, d’un blanc sale. Ses tiges sont droites, herbacées, fortement cannelées, hautes de deux ou trois pieds, vertes, médiocrement rameuses, garnies de feuilles opposées, pétiolées, ailées, composées de sept à neuf folioles glabres, étroites, lancéolées, aiguës , d’un vert foncé, finement. den- tées en scie à \esre bords. 52° Livraison, + __ HIËBLE. Les fleurs sont blanches, disposées en cime ou en une sorte d’ombelle _ ample et touffue, accompagnée de petites bractées filiformes. Les ‘© LS fruits sont des petites baies noires, glabres, pulpeuses. Cet arbrisseau , dont on emploie en médecine la racine, l'écorce, les feuilles, les fleurs, les baies et les semences, exhale une odeur vireuse très-fétide. Une saveur amère, âcre, désagréable , caractérise toutes ses parties, excepté les fruits dont le goût est amer et acidule. L'écorce verte est toutefois la partie la plus amère et la plus âcre de lhièble; elle renferme une matière extractive qui jouit de la même qualité. Les fleurs contiennent une huile essentielle d’une odeur fra- grante. Le suc que les baies recèlent en abondance, est d’une belle couleur pourpre, etcolore.en violet la salive.et les corps blancs sur lesquels on l’applique. Les semences, enfin, fournissent par la sim- ple expression, une certaine quantité d’huile fixe. A raison de la nature des divers principes constituans qui dominent dans les différentes parties de l’hièble, on pourrait croire que chacune d'elles possède des propriétés médicales particulières. Cependant elles exercent toutes des effets analogues sur les organes vivans. Toutes produisent sur l’économie animale une excitation plus 0 moins remarquable, qui se manifeste, dans l’appareil digestif, pee le vomissement et la purgation ; sur Les voies urinaires, par la sécrétion d’une grande quantité d'urine; sur le système exhalant, par l'aug- mentation de la transpiration. Aussi les auteurs de matière médicale s'accordent-ils à décorer ce végétal des propriétés vomitives , purga- tives, sudorifiques et diurétiques. Toutefois, la racine amère et Vi- -rêuse a été spécialement vantée comme hydragogue , et préconisée -contre l’hydropisie. A la dose de: deux drachmes en décoction dans l’eau ; elle excite en effet la sécrétion: de l'urine et:d’abondantes éva- cuations alvines , effets qui sont très-propres, comme on sait, à fa- voriser da résorption de la sérosité épanchée dans le péritoine el dans le tissu cellulaire. La propriété drastique est cependant beau- coup plus: développée dans le livret ou l'écorce verte de l’hièble, que dans aucune autre partie de ce végétal. Et de-plus ; cette écoree dépouillée de son épiderme , excite la sécrétion de l'urine, et même les vommssemens ; triple manière d'agir ,-quifait qu'elle a été recon mandée dans plusieurs maladies chroniqués rébelles, telles que les HIÈBLE. dartres, l'épilepsie, etc., et qu’elle a été plusieurs fois employée avec succès contre l’hydropisie essentielle avec atonie, ainsi que l’attes- tent Brocklesby et l’'illustre Sydenham. Les feuilles jouissent à peu près des mêmes propriétés que l’écorce; mais on les a spécialement recommandées comme résolutives, en applications locales et sous forme de cataplasmes , à la suite des entorses et des contusions , ét contre les tumeurs et les engorgemens œdémateux. Les fleurs de l'hièble, comme celles du sureau, exercent plus particulièrement leur action sur le système exhalant cutané. Elles agissent en outre sur le système nerveux d’une manière qui n’a pas encore été conve- nablement étudiée , quoique ce dernier effet ait été assimilé à une ac- tion anodine et légèrement narcotique. Comme diaphorétique, leur infusion chaude est très en usage au commencement des affections catarrhales légères, dans la première période des exanthèmes aigus, dans les rhumatismes, la goutte, et dans beaucoup de maladies chro- niques, telles que la gale, les dartres, et autres affections où l’on a en vue d'augmenter l’action de la peau, ou de rappeler la transpira- tion. Mais on ne peut que condamner l'usage de cette infusion exci- tante en fomentations, dans l’ophthalmie aiguë et dans l'érysipèle , dont elle ne peut qu’entraver la marche, et augmenter les accidens. Les baies, dont plusieurs auteurs ont vanté l'efficacité contre l’hy- dropisie et contre les obstructions des viscères, sont douées des mé- mes propriétés laxative, diurétique et sudorifique que les autres par- ties de l’hièble. Au rapport de Haller et de Scopoli, le rob qu'on en prépare est d’un usage familier, et en quelque sorte populaire en Suisse et dans la Carniole, comme purgatif. Parmi nous, il est fré- quemment employé comme diaphorétique dans les maladies où les fonctions de Ja peau languissantes ont besoin d'être excitées, comme dans la syphilis et les affections cutanées chroniques. Quarin s’en servait souvent en boisson, dans les rhumatismes aigus, et en gargarisme, dans l’angine. Pour que ce rob produise l'effet diapho- rétique, il faut l’administrer à doses fractionnées, et étendu dans une grande quantité d’eau chaude; car, administré d’une manière rapprochée et plus concentrée, il porte toute son action sur le canal intestinal , et produit la purgation , action qui exclut nécessairement l'effet sudorifique. A l'égard des semences désignées dans les phar- HIÈBLE. macies , sous le nom de grana actes, elles purgent avec d'autant plus d'efficacité, qu'elles sont plus récentes. Elles augmentent ainsi la sécrétion des urines. Haller a même observé que, lorsqu'il les admi- nistrait dans cette vue, elles produisaient quelquefois le vomisse- ment. En résumé, quoique les faits sur lesquels repose la réputation de l'hièble, ne soient ni assez nombreux, ni assez positifs pour‘ad- mettre, comme une vérité démontrée, sa toute-puissance contre l’hy- dropisie, les obstructions, les flueurs blanches, les dartres, la gale, “épilepsie, etc., ses effets immédiats ne laissent aucun doute sur les avantages qu'on pourrait en retirer dans plusieurs de ces affections, dans les cas où l’on viendrait à manquer des purgatifs, des diuréti- ques et des sudorifiques, beaucoup plus puissans , que nous fournit la matière médicale. : L’écorce et la racine d’hièble se donnent en infusion vineuse, ou en décoction aqueuse, de huit à trente-deux grammes (deux à huit gros). Le suc qu’on en exprime se prescrit à la dose de quatre à huit grammes (un à deux gros). Le rob qu’on prépare avec ses baies est administré depuis seize jusqu’à soixante-quatre grammes (demi à deux onces). La dose de ses semences contuses est de seize à trente- deux grammes (demi à une once) en infusion. Ses fleurs se prescri- vent en imfusion théiforme de quatre à huit grammes (un à deux gros). L'eau distillée, le miel, le vinaigre, le rob et l’onguent d'hiè- ble, sont les principales préparations pharmaceutiques où Fon fait entrer ce: végétal. Les baies sont en usage dans la teinture pour colorer différens tissus en violet. Au rapport de Murray, les feuilles vertes, répandues dans les greniers, mettent les souris en fuite. On prétend aussi qu'el- les font périr les charançons qui dévorent si souvent les graines cé- réales dans les magasins. , EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Ea plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Cahce et pistil, faire voir l’axe et les trois graines qu! 2. Fleur entière, grossie, l'entourent. 3. Fruit entier de grosseur naturelle, 5. Graine isolée, grossie, surface scrobicu- 4. Le même coupé horizontalement , pour leuse. F M ! #0 es ” 6 : ô - Lambert J° veulp , HOUBLON. CC ie ii, de, ES + CXCVI. HOUBLON. LUPULUS MAS; LUPULUS FEMINA; Bauhin , Tl:y+Z, b.8, sect. r. LuPuLus, Tournefort, clas. r5, sect. 6, gen. 6. ee RER ; Linné, d 2 Jussieu, clas, 15, ord, 3, { famille des orties. CA LuPPoLO (plus souvent au pluriel, Lurrorr). Obs ss Et HOBLON. Portugais... LUPULO PTRÉRR à nas HOUBLON again; LA 5e Allemand, . ...... HOPFEN Hollandais. ...... HOPPE is 50 HP Srobté buddois. sé us st. RE HUMLE Pobondis, {5 CHMIEL TRS un De. CHMEL Hongrois... . KOMLO Le houblon, sous la forme d’une plante grimpante, se glisse au milieu des haies, s’y distingue par ses fleurs femelles réunies en un cône écailleux , composé de grandes folioles membraneuses, colorées, concaves à leur base (chacune d’elles contient un ovaire supérieur, surmonté de deux styles, auxquels succède une semence arilliée, rous- sâtre et comprimée ; tandis que les fleurs mâles, placées sur des in- dividus séparés, sont disposées en petites grappes paniculées , of- frant un calice à cinq folioles concaves, obtuses; point de corolle; cinq étamines courtes ; les anthères oblongues. Ses tiges sont dures, grêles, légèrement anguleuses , sarmenteuses , parsemées de petites aspérités. ” Les feuilles sont opposées, les supérieures souvent alternes , pétio- lées , en forme de cœur, dentées en scie, à trois ou cinq lobes , quel- quefois simples, rudes au toucher; de petites stipules bifides. Les fleurs mâles sont petites, blanchâtres, pédicellées, disposées cn grappes axiliaires , terminales, paniculées, plus longues que les ‘ 4. 51° Livraison. HOUBLON. per. À la fin d'août et au commencement de septembre, on fait la récolte des cônes ou fruits, on les fait sécher avec soin au soleil ou dans des fours, et quand ils sont bien secs, on les met dans des sacs pour les livrer au commerce. Les sarmens du houblon , ramollis par la macération dans l'eau, fournissent aux cultivateurs des liens utiles à une foule d’usages agronomiques. Ces mêmes sarmens , que les anciens paraissent avoir employés à la fabrication de tissus grossiers, renferment, comme plusieurs autres plantes de la famille des urticées, des fils qui, con- venablement préparés, pourraient être employés utilement, comme le chanvre et le lin, à la fabrication des cordes et des divers tissus. EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur femelle, de grandeur naturelle 3. Er de fleurs mâles [grandeur natu- é écaille calici composé une c renfermant à sa base un ovaire sur- 4. se < grosseur naturelle. monté de deux styles velus 5. Fleur mâle grossie, , 2. Écaille calicinale à l'époque ve la matu- 6. Étamine détachée et grossie , afin de vai rité du fruit. voir que les loges de l'anthère s'où- vrent de bas en haut. o Haller a eu raison de dire que les écailles nn gs fleurs. La réunion des fleurs els dans le houblon , forme une espèce de cône composé d’une vingtain déni ans les desquelles , à Posception des trois ou prises premières qui sont stériles mat deux écailles calicinales moins grandes que la bractée, roulées à leur base , et contenant spl un ovaire surmonté de deux styles velus. a CXCVIL ne RÉ nn Grec... .. 22... MpiVOs æypiay. ILEX ACULEATA BACCIFERA ; M TuivaË , hb. 11, sect. 4. Tournefort, Lol PT 7 clas. 20, sect. ILEX AQUIFOLIUM ; ol ovatis acutis spinosis ; Linné, tétrandrie té tragynie ; Jussieu , clas. 14, ord. 13, famille des nerpruns. TORRES cer AGRIFOGLIO. Espagnol. ....... ACÉBO; AGRIFOLI0: Portugars.. #5. AZEVINHO ; AGRIFOLIO. Français... ss + TOUR Aplaisir RU H HOLLY. Allemand. ….:; STECHPALME. Hollandais STEEKPAI. Danois. . è STIKPALME Suddlis ss te JERNEK Polonais. ses 2 OSTOKRZEN Des feuilles épaisses, d’un beau vert, armées d’épines à leurs bords, contrastant agréablement avec des fruits d’une belle couleur écarlate, tel le houx se présente à nos regards au milieu des forêts de l'Europe, mentionné par Théophraste, sous le nom d’aypra. Il se distingue de plus par un calice très-court, à quatre dents; une corolle en roue, à quatre divisions profondes ; quatre étamines atta : chées à Ka base 4 la corolle; un ovaire supérieur; points de style; quatre stigmates obtus. Le ait est une baie sphérique , renfermant quatre osselets. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de deux ou trois pieds, sous la forme d’un petit arbrisseau très-rameux ; quelquefois elles parvien- nent à vingt et vingt-cinq pieds dans les terrains. favorables ; leur écorce est unie et cendrée, leur bois dur, pesant et blanchâtre, noi- râtre dans le centre, à mesure que le tronc grossit; les rameaux très- lisses, souples, d’un beau vert. cn. feuilles sont persistantes , alternes, pétiolées, coriaces, luisan- 52° Livraison, ra HOUX. tes, ovales, ondulées et garnies à leurs bords de longues et fortes épines , que souvent la vieillesse fait disparaitre. Les fleurs sont petites, blanches, un peu rougeâtres en dehors, nombreuses, axillaires, médiocrement pédonculées, ordinairement hermaphrodites, quelques-unes mâles par l’avortement du pistil. Il leur succède des baies sphériques, d’un rouge vif, à l’époque de leur maturité, renfermant quatre semences osseuses et cannelées. On donne encore le nom de petit-houx ou houx-frelon à une plante qui n’a que des rapports éloignés avec la précédente, apparte- nant à un autre genre de la famille des asperges, à fleurs dioïques. Sa tige est ligneuse, ses feuilles dures, nerveuses, ovales, aiguës, soutenant, dans le milieu de leur face supérieure, une petite fleur légèrement pédonculée, dépourvue de calice. La corolle est à six divisions étalées, six étamines; les filamens réunis en tube, portant les anthères dans les fleurs mâles, nus dans les femelles. Celles-ci ont un ovaire supérieur, un style, un stigmate. Le fruit consiste en une baie rouge, globuleuse, à trois loges, renfermant chacune deux semences. Cet arbrisseau croît dans les forêts de l’Europe. (P.) Cet arbrisseau n’est presque plus d’usage en médecine. Toutefois sa racine, son écorce intérieure ou liber, ses feuilles et ses baies ont été libéralement décorées de plusieurs vertus, et préconisées contre diverses maladies. Son odeur, quoique faible, se rapproche de celle de la térébenthine; sa saveur est amère et visqueuse. Cette viscosité tient à la présence d’une matière glutineuse qui abonde surtout dans le liber, et qui est généralement connue sous le nom de glu: sub- Stance molle, tenace, visqueuse , filante, péu soluble dans la salive, et agglutinant les lèvres entre elles lorsqu'on la mâche, s’épaississant parle froid, se liquéfiant par la chaleur, dissoluble dans l'alcool et dans les huiles fixes et volatiles, mais très-peu dans l’eau pure; sub- stance, enfin, dont les principés constituans n’ont point été convena- blement analysés par les chimistes. ee Les baies paraissent être les parties du houx les plus actives. EX l'exemple des fruits de l’'iex vomitoria, et de plusieurs autres plantes de la famille des aquifoliacées, éllés sont douées d’une assez grande âcreté, en vertu de laquelle elles exercent, sur l'appareil digestif; une excitation qui donne lieu au vomissement et à la purgation. HOUX. Dodonée, qui avait reconnu que dix à douze de ces baies suffisent pour provoquer d’abondantes évacuations alvines, les regardait comme spécialement propres à purger les matières pituitéuses. La racine et l'écorce intérieure de la tige ont été décorées de pro- priétés émollientes et résolutives , qu'aucune expérience positive n’a constatées. C’est néanmoins d’après une semblable suppôsition que quelques auteurs en ont vanté la décoction aqueuse contre les toux opiniâtres, et que d’autres l’ont recommandée comme résolätive, en fomentation sur les membres luxés ou contus. J. Ray rapporte que des coliques, qui avaient opiniâtrément vé- sisté à beaucoup d’autres moyens, cédèrent à la décoction des pi- quans des feuilles de houx, et, d’après ce simple fait, on a préco- nisé leur vertu contre les tranchées; mais on voit que rien n’est plus vague ni moins certain que l’action de ces feuilles contre une semblable affection. Quant à la glu, les anciens paraissent lui avoir accordé une ac- tion rubéfiante sur la peau. La plupart des livres de matière médi- cale font mention de ses propriétés émollientes, maturatives et réso- lutives, et en recommandent l'application sur les tumeurs ; pour en obtenir la résolution ou les faire suppurer. D'un autre côté, Dodonée attribue à cette substance la propriété d’agglutiner entre elles les parois des intestins, et de donner la mort lorsqu'on l'ingèré, en obli- térant ainsi le canal intestinal, et s’opposant à l'évacuation des ma- tières fécales. Mais toutes ces assertions tout aussi doutéuses les unes que les autres, sont également dénuées de preuves diréctes, et ne méritent , pär conséquent, aucune confiancé, jusqu’à ce qu'elles aient été confirmées par de nouvelles observations. En somme, les éloges qu’on a prodigués aux différentes parties du houx, contre la pleurésie, la toux ancienne, les coliques , la dysurie, la variole, etc. , ne reposent que sur des faits vagues et mal observés, et laissent beaucoup d'incertitude sur les véritables propriétés médicales de ce végétal. Aussi le houx , dans l’état actuel des choses, est-il beaucoup plus utile à l’agriculture et aux arts mécaniques, qu’à la médecie. Il sert à faire des baies vives très-fortes et d’une très-longue durée; des pa- lissades toujours vertes, non moins agréables que solides, et très- HOUX. propres à la clôture des champs. On fait avec ses branches droites et flexibles des houssines et des manches de fouet. La dureté et l'extrême solidité du bois de houx, le beau poli dont il est suscepti- ble, le rendent précieux pour les tourneurs, les tablettiers , les coute- liers, etc. Avec la seconde écorce, on prépare la glu que l'on em- ploie pour prendre les oiseaux à la pipée. Pour obtenir cette sub- stance , on récolte cette écorce au mois de juillet, on la fait bouillir dans l’eau pendant sept à huit heures, on la réunit alors en masse, et on la laisse pourrir dans un lieu humide pendant quinze ou vingt jours. Quand elle est transformée en une espèce de putrilage, on la pile dans un mortier ; jusqu’à la réduire en une espèce de pâte ou de mucilage. On la lave ensuite à l’eau fraîche pour en séparer toutes les matières étrangères ; on la place dans des vaisseaux de terre où on la laisse reposer pendant quatre ou cinq jours pour rendre son écume , et, au bout de ce temps, on la renferme dans des pots pour lusage. La dose des feuilles et des racines de houx est de huit à trénte- deux grammes ( deux à huit gros ) en décoction dans un kilogramme ( deux livres) d’eau : mais on y a rarement recours. La racine douceâtre et amère du petit-houx , ruscus aculeatus , Linné, est d’un usage beaucoup plus fréquent. Elle fait partie des cinq racines apéritives; elle est réputée diurétique, apéritive, em ménagogue; on l’a préconisée contre l’ascite, la blennorrhagie, Vic- tère, etc. Rivière l’a particulièrement vantée contre l’hydropisie. Et, quoique toutes ses prétendues vertus soient très-douteuses ; elle fait partie d’une foule de médicamens composés, bien plus utiles aux polypharmaques qui les prescrivent, qu'aux malades qui les em- ploient. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est un peu plûs pétité que nature.) 1. Fleur entière de grandeur naturelle. 4. L'un des osselets isolé. 2. Calice et pistil. 5. Le même coupé verticalement , daus le- 3. Fruit dont on a enlevé une partie de la quel on voit la position de l'embryon- chair afin de faire voir les quatre os- Q 54 Fur pin P. Lembert. J° seudp. HYSSOPE, a. l L. CXCVIIL. HYSOPE. Ghécifrir ét ns ... urowmoc, Dioscorides. HYSSOPUS OFFICINARUM CÆRULEA , SEU SPICATA ; HYSSOPUS RUBRO FLORE ; LAfN.::..5 5 RSS Bauhin, TivaË , lib. 6, sect. 4. Tournefort, clas. 4 , sect. 3 , gen. 15. HYSSOPUS OFFICINALIS; His secundis, foliis Fat Linné, didy- namie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ord. 6, famille des labiées. PCI TT, PRE EE 1S0PO. . Espagnol. . ...... nisoro. Portugais, Ste, HISSOPO. Francais, "à fx HYSOPE. PCT NE 2 HYSSOP Allemand. . ..:... 1S0P Hollandais, . ..... HYSOP Danois... 1S0P SUÉDOIS, PE, so Polonais... :.. ..: 1S0PEK: IL est très-probable que l’hysope des auteurs grecs et latins n’est point la nôtre, encore moins celle dont il est question dans les livres saints, et qui était employée dans les purifications ordonnées par la loi de Moïse. Il faut donc se garder d'appliquer à notre hysope les propriétés que les anciens attribuaient à la leur. Celle que nous con- naissons parfume les coteaux de nos départemens du midi par son odeur aromatique; elle les embellit par ses fleurs bleues, roses ou blanches. Son caractère essentiel consiste en un calice tubulé, à cinq dents égales; une corolle à deux lèvres; la supérieure petite, échan- crée , l’inférieure à trois lobes, celui du milieu plus grand, crénelé, en cœur renversé : quatre étamines didynames , saillantes hors de la corolle ; un ovaire supérieur à quatre lobes; un style; le stigmate bifide ; quatre osselets ou semences ex placées au fond d’un calice sans poils à son orifice. Ses racines sont dures, ligneuses, un peu ramifiées, de la grosseur du doigt. Elles produisent plusieurs tiges presque simples, qu” hautes 52° Livraison. HYSOPE. d'un ou deux pieds , garnies de feuilles vertes, opposées , linéaires- | lancéolées, aiguës, à peine pileuses, légèrement ponctuées. Les fleurs sont presque sessiles, la plupart tournées du même côté, réunies par paquets dans les aisselles des feuilles supérieures, formant, par leur ensemble, des épis droits, terminaux et feuillés. P, Cette plante exhale une odeur fragrante très-agréable, et offre une saveur chaude, aromatique , un peu amère. Lorsqu'on la mäche, dans l’état frais, elle détermine, sur la langue et dans l’arrière-bou- che, un sentiment de chaleur analogue à celui que produit le cam- phre, mais plus faible. T/analyse chimique y a constaté la présence d'une huile volatile jaumâtre très-aromatique et très-âcre, d'un extrait spiritueux, âcre et amer, et d’un extrait aqueux, amer, acerbe, et un peu salin. Lewis, Neumann, Cartheuser, varient seule- ment sur les quantités respectives de.ces principes constituans. Au rapport de Baumé, vingt livres de cette plante en fleurs ont produit six gros d'huile essentielle. A l'exemple de la plupart des labiées, l’hysope paraît contenir en outre une certaine quantité de campbhre. Si l’on examine attentivement les effets immédiats de cette plante sur l’économie animale, on ne tarde pas à reconnaître qu’elle agit à la manière des substances aromatiques et balsamiques. Elle excite manifestement, mais d’une manière légère et instantanée, les diver- ses fonctions de la vie organique, et quelquefois même celles de la vie de relation. Sous ce rapport, on peut , avec raison , lui accorder les propriétés toniques , stomachiques , diurétiques, sudorifiques, me cl torantes et résolutives, qu’on lui attribue. Ingérée en infusion thét- forme , elle augmente l’action de l'estomac et de l'intestin, et, pour cet effet, on l’emploie fréquemment chez les vieillards et les person” nes faibles, contre l’inappétence par atonie , contre les flatuosités des hypocondriaques, et dans la goutte atonique, etc. Au rapport de Bo senstein, cette infusion a déterminé, chez un enfant, l'expulsion d'une grande quantité de vers lombrics. Comme augmentant la trans- piration cutanée, elle est d’un usage fort utile dans les catarrhes pulmonaires chroniques, dans l’asthme muqueux ou pituiteux; dans la blennorrhagie et la leucorrhée anciennes. On s’en sert aussi ds avantage au commencement des exanthèmes aigus, chez les sujets HYSOPE. faibles, lorsque l’éruption languit, dans diverses maladies chroniques de la peau et dans les rhumatismes d’ancienne date. L’hysope, admi- nistrée en infusion, augmente en outre la sécrétion de l'urine, et, dans cette vue, on a pu s’en servir quelquefois avec avantage contre certaines affections calculeuses, où l’on emploie les amers et les aro- matiques. Mais on sent qu’elle ne peut être utile, comme diurétique, que dans les cas où les reins et la vessie sont exempts d’inflammation et. d'irritation. Comme résolutif, on en fait usage, en gargarisme, dans l’angine muqueuse; en fomentation, contre les ecchymoses et contre l’ophthalmie chronique. Rioland, Pauli et Rosenstein recom- mandent même de l'appliquer, en cataplasmes entre deux linges, sur les paupières, après l’action des sangsues, dans l’inflammation oculaire; mais nous avons une foule de moyens beaucoup mieux ap- propriés à cette affection. L’hysope est administrée en infusion, à la dose d’une poignée pour un kilogramme ( deux livres) de liquide. On en prépare une eau dis- tillée aromatique , qui jouit de la plupart des propriétés de la plante elle-même, et un sirop aromatique très-agréable, qui peut être em- ployé intérieurement aux mêmes usages. L'huile volatile fragrante et âcre qu'on en retire, se donne par gouttes dans différens médica- mens stimulans. En Perse, l’hysope jouit de la réputation de donner de l'éclat au tent; dans cette vue, elle est employée comme cosmétique par les femmes de ces contrées. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle. ) 1. Fleur entière grossie. 4. Graines mûres. 2. La même vue de trois-quarts. 5. Une graine grossie. 3. Pistil. Cm arss Li +... œusaaË, Dioscorides png Bauhin, Tire , lib. 12, sect. 6, Tournefort, clas. 19, sect. 4; EG Tee ee gen. 3 TAXUS BACCATA ; foliis approximatis ; Linné, dioécie monadelphie. Jus- sieu, clas. 15, ord. 5, famille des conifères. Italien. °- . TA850 AAOE LE Pe TEJO. POFIHDAEN .e oeie e TEIXO Francais... 1F ARR Las Allemand. . ... .. ++ EIDENBAUM. Hollandais. . . .... TAxISBOOM, IBENBOOM. ONOIS TES EDR TÆXTRÆE, BARLIND. Suddois i . 5:55 0 3018 ID , BARRLINC. Peu d'arbres ont été, plus que celui-ci, calomniés par les anciens naturalistes , qui le regardaient comme vénéneux dans toutes ses par- ties. Pline l’a beaucoup plus maltraité que Théophraste, qui s'était borné à dire que les feuilles de Vif donnaient la mort aux troupeaux. Cet arbre n’a pas moins été, pendant long-temps, l’ornement des jardins, où il prenait toutes sortes de formes sous le ciseau du ton- deur. Il en est presque entièrement exclus aujourd’hui; on le laisse croître en liberté sur les montagnes de la Suisse, de l'Italie et de nos départemens du midi, qu’il ombrage par ses rameaux nombreux, mais qu'il semble attrister par sa verdure sombre et perpétuelle. Ses fleurs sont monoïques, quelquefois dioïques, composées de plusieurs écailles concaves, imbriquées, orbiculaires, qui tiennent lieu de calice. Point de corolle; huit ou dix étamines; les filamens réunis en cylindre ; les anthères à une seule loge, s’ouvrant en des- sous , disposées circulairement en forme de bouclier : dans les fleurs femelles , un ovaire percé au sommet d’un trou qui constitue le stig- mate; point de style. Le fruit est un drupe sphérique, pu, ac 52° Livraison, ; IF. formé par un renflement, creusé au sommet en forme d’ombilie, dans lequel est placé un noyau monosperme. Cet arbre s'élève à la hauteur d’environ trente pieds, revêtu d’une écorce raboteuse, s’exfoliant comme celle du platane, soutenant une cime ample, très-rameuse; ses rameaux sont souples et nombreux. Les feuilles sont persistantes, d’un vert sombre, très-rapprochées linéaires , aiguës, rangées comme les dents d’un peigne sur deux cô- tés opposés. Les fleurs sont petites, peu apparentes , presque sessiles, axillaires: les fleurs mâles nombreuses ; les femelles plus rares, ayant l'aspect d'un petit bourgeon verdâtre. Elles produisent de petits drupes ova- les, d’un rouge vif; leur péricarpe est mou , et enveloppe le noyau en grande partie, de manière à présenter l'aspect d’un gland en- touré de sa cupule. (FE Cet arbre résineux exhale’ une légère odeur de térébenthine. Ses feuilles, toujours vertes, sont douées d’une saveur amère, un peu âcre, et ses baies rouges ont une pulpe douceâtre et fétide. Comme la plupart des plantes de l’intéressante famille des conifères, l'if con- tent une certaine quantité de résine : du reste, l'analyse chimique n a point encore déterminé la nature de ses principes constituans. De temps immémorial, cet arbre a été regardé comme très-véné- neux. Les Grecs prétendaient même que l'ombre de if d'Arcadie donnait la mort aux hommes qui avaient l’imprudence d'y boire, dy manger ou d'y dormir. Si l’on en croit Matthiole, celui qui croit pus environs de Narbonne aurait la même influence pernicieuse, lorsqu 9 se repose sous son feuillage. Ces faits, s’ils ne sont pas entièrement fabuleux, sont évidemment exagérés. Cependant Galien, Pline, Dioscorides, s'accordent à attribuer à ce végétal des qualités délétè- res, et, selon Matthiole, les poisons, désignés par les anciens SOUS le nom de faxica et par suite {oxica, d'où nous avons fait notre mot toxicologie, avec lesquels on empoisonnait autrefois les flèches, pourraient bien provenir de cet arbre résineux. Ray assure que les jardiniers, employés à tondre un if très-touffu du jardin de Pise, ne purent rester plus de demi-heure à faire ce travail sans être atteints de violentes douleurs de tête. Le jésuite Schott affirme, en outre que ses rameaux, plongés. dans l’eau dormante, étourdissent et 45 IF. soupissent le poisson, de manière qu'il se laisse prendre à la surface du liquide, avec facilité. Les feuilles de Vif, que les animaux ruminans mangent sans au- cun danger, passent pour donner la mort aux chevaux. Leur simple odeur, suivant Matthiole, suffirait même pour tuer les rats. Val- mont de Bomare rapporte qu'en 1953, plusieurs chevaux périrent au milieu des convulsions, quatre heures après en avoir mangé, dans un parc de Bois-le-Duc; et qu’un âne mourut subitement au Jardin du Roi, à Paris, après avoir brouté les feuilles d’un if, auquel on l'avait attaché. Ces faits, sans doute, ne permettent pas de douter des effets délétères des feuilles de l'if sur certains animaux : par ana- logie, on peut croire qu’elles sont également dangereuses pour l'homme ; mais nous ne possédons à ce sujet aucune observation di- recte. Les baies de cet arbre, suivant Dioscorides, auraient la singulière “propriété de noircir les oiseaux qui s’en nourrissent, et de détermi- ner d’abondantes évacuations alvines et le flux de sang chez les hom- mes qui ont l’imprudence d’en avaler. Au rapport du commentateur de cet ancien botaniste, ces accidens et diverses inflammations des viscères abdominaux, ont été observés chez des bergers qui avaient mangé de ces fruits sur les montagnes. Mais on peut opposer à ces faits des observations qui prouvent que ces baies sont impunément ingérées par l’homme et par d’autres animaux, sans qu’il en résulte aucun accident. Théophraste assure positivement qu’elles ne sont point nuisibles. Au rapport de Lobel ; elles servent de nourriture aux cochons dans plusieurs contrées de l'Angleterre , où, chaque jour, les enfans en mangent de grandes quantités, sans en éprouver aucun mal. Bomare n’a jamais vu survenir le moindre accident aux enfans qui mangent souvent de ces baies sous les ifs du Jardin du Roi, à Paris. Et le botaniste anglais, Gérard, en a mangé lui-même avec plusieurs autres personnes, sans aucun inconvénient. Il paraît donc que, dans nos contrées, les fruits de l’if sont dépourvus des qualités délétères, dont sont manifestement doués les feuilles et les rameaux. Mais par suite de l'influence prodigieuse que le climat exerce sur les propriétés des végétaux, il est possible que sous d’autres latitu- des ils participent aux qualités dangereuses de ces dernières. Toute- IF. fois les opinions contradictoires des auteurs , sur les propriétés de l'if, laissent beaucoup de doute sur sa véritable manière d’agir, laquelle demanderait à être soumise à une série d'expériences cliniques. La pharmacie ne fait presque point usage de ce végétal. Il est, en quelque sorte, réservé parmi nous à l’ornement des parterres, des jardins, des parcs et des avenues. Il est peu d'arbres, qui soient plus dociles aux caprices des jardiniers, et qui puissent revêtir au- tant de formes variées, par le moyen de la tonte. Il sert aux agricul- teurs, à faire des baies et des palissades toujours vertes et très-soli- des. Son bois par sa dureté excessive, et par l'espèce d’incorruptibi- lité qui le fait résister avec avantage à toutes les causes de destruc- tion , le rend précieux dans beaucoup de circonstances. Les anciens en tient leurs arcs les plus estimés. Parmi nous les menui- siers, les tourneurs et les tablettiers l’emploient à divers ouvrages. Les charrons en font des dents pour les roues des moulins, des es- sieux de charrette, et autres objets destinés à présenter une grande résistance. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est de grandeur naturelle.) . Fleur mâle, LL 0 d’un calice de 6-8 4. Péricarpe un peu écailles , et d’une colonne portant à 5. Graine coupée tue son nie 8-10 anthères. 6. Amande. 2. Fleur femelle , composée d’un calice écail- 7. La même coupée longitudinalement por leux, du centre duquel s'elève un er voir la situation de l'embryon ovaire e perforé a au sommet. ns le péris 3. Fruit coupé longitudinalement , dans le- 8. Érne isolé. quel on voit le péricarpe IMPERATOIRE , _— CC. IMPÉRATOIRE. 1mpeRATORIA ; Bauhin, Tlsva£. IMPERATORIA ALPINA MAx1Ma ; Tournefort, clas. 7, sect. 4, gen. ÉGURE STE Tres art k PUR LÉ du IMPERATORIA OSTRUTHIUM ; foliis ternatis, foliolis trilobis. Linné, pen- tandrie digynie. J ussieu , clas. 12, ord. 2, f amille des ombellifèr es. ‘Hälien SE . IMPERATORIA. Espagnol... ...: IMPERATORIA. POPIURALS. 5 us ee à IMPERATORIA Français fe Tea e IMPÉRATOIRE Relier Mes MASTER-WURT Allemand. ....... MEISTERWURZ Hollandais. ...... MEISTERWORTEL © & à © S ” . , Es #3 + L’rmpéraroire ne diffère de l’angélique que par l’absence de la collerette à la base de l'ombelle générale : elle offre d'ailleurs le même port; son caractère essentiel est le même. Il consiste en un calice très-court, entier, peu apparent ; cinq pétales presque égaux ; courbés, échancrés en cœur à leur sommet; cinq étamines de la lon- gueur de la corolle, deux styles très-ouverts; deux semences bordées d’une aile membraneuse, munies sur le dos de trois petites côtes. Sa racine est grosse, noueuse, presque tubéreuse, garnie de fibres longues et rampantes : elle produit une tige creuse, épaisse, glabre, cylindrique, longue d’un à deux pieds. ; Les feuilles sont pétiolées, composées de trois folioles élargies é trilobées et dentées; les pétioles membraneux à leur partie infé- rieure. Fe Les fleurs sont disposées en. une grande ombelle privée de colle- rette, soutenant des ombellules qui ont pour collerette quelques fo- lioles très-étroites, à peine de la longueur des rayons ; la corolle est petite et blanchâtre,. Cette plante croît aux lieux ombragés, dans les pâturages des . 52: Livraison, — IMPÉRATOIRE. montagnes en France, et dans les contrées tempérées de l'Europe. 0 La racine d’impératoire est noueuse, comme annelée, d’un brun grisâtre à l’extérieur, blanche intérieurement. Dans l’état frais, elle exhale une odeur forte aromatique ; sa saveur est âcre , amère, désa- gréable, et, quand on la mâche, elle pique la langue et détermine une sensation de chaleur jusque dans l’arrière-bouche. Lorsqu'oi l’incise , il en découle un fluide lactescent d’un blanc jaunâtre amer, et d’une âcreté presque aussi forte que celle du suc des tythymales. Un peu d'huile volatile très-odorante, un extrait spiritueux amer el très-âcre , évalué à un cinquième par Neumann, et un extrait aqueux, amer et nauséeux, qui va au delà de la moitié selon Lewis, tels sont les principes que l’analyse chimique a démontrés dans cette racine. Des propriétés physiques aussi prononcées assignent à l'impéra- toire un rang distingué parmi les plantes stimulantes; et si elle n’est pas d’un usage plus fréquent dans les pharmacies, cela tient moins à son peu d'énergie qu'à la grande quantité de substances analogues que nous possédons. Cette racine, en effet, excite vivement la plu- part des systèmes de l’économie animale. Lorsqu'on la mâche, elle agit sur les glandes buccales et parotides, et provoque la sécrétion de la salive. introduite dans l'estomac, elle excite Paction de ce vis- cère, active la digestion, et irrite même l'intestin au point de provo- quer la sécrétion et l’excrétion d’une grande quantité de gaz. Son 11 fluence sur les propriétés vitales des reins, se fait sentir par l'émis- sion d’une plus grande quantité d’urine. Dans certains cas ; SOn action se porte spécialement sur les exhalans cutanés, et il en résulte une augmentation de transpiration. Elle augmente ainsi Yaction de la membrane muqueuse des bronches, active la sécrétion muqueuse dont elle est le siège, et favorise l’expectoration. Quelquefois elle agit sur l'utérus, et provoque l'écoulement menstruel. Enfin, PP ä quée à l'extérieur sur des surfaces dénudées ou ulcérées , elle avive les plaies blafardes , et déterge les ulcères atoniques. De ces effets découlent les vertus sialagogue, stomachique , diurétique ; diapho- rétique, expectorante, emménagogue, détersive, etc.; qu'on a © cordées à la racine d’impératoire. Toutefois, comme cette racine aromatique n’agit, comme tous les toniques, qu’en augmentant J'ac- IMPÉRATOIRE. tion des organes, il en résulte que ses propriétés ne sont que rela- tives à l’état d’atonie et de relâchement, dans lequel on suppose ces derniers; ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, quand on examine les effets consécutifs que les auteurs lui attribuent dans les maladies. Ainsi, les éloges qui lui ont été prodigués par Hoffmann et plu- sieurs autres médecins, contre les flatuosités , les coliques venteuses, l'inappétence, et dans les affections obscures qu'on rapporte vague- ment aux obstructions viscérales ; les avantages que Chomel lui at- tribue dans la rétention d'urine et la néphrite; son efficacité, selon certains auteurs, contre l'asthme et l’hystérie; la réputation dont elle a joui comme expectorante dans certains embarras du poumon attribués à la pituite, ne peuvent point être admis d’une manière absolue, et doivent s'entendre uniquement des cas où ces maladies, exemptes d'inflammation et d'irritation manifestes, exigent les médi- cations toniques. L'on sait aujourd’hui parfaitement que si la gêne de la respiration, la rétention d'urine ou la suppression des règles, par exemple, étaient dues à un état de phlogose ou à une pléthore, soit générale, soit locale, la racine d’impératoire ne ferait qu'aug- menter le mal. Les effets immédiats de cette racine paraissent donc spécialement applicables aux maladies atoniques. Forestus rapporte que, mâchée, elle a fait cesser l’hystérie; Cullen la considère comme un masticatoire très-utile dans l’odontalgie et dans les fluctions den- taires. En poudre, elle a été administrée avec succès, par Decker, contre la paralysie de la langue. Lange lui attribue la même effica- cité qu’au quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes re- belles , et particulièrement dans celui des fièvres quartes. L'on peut croire, en effet, qu'elle a pu être quelquefois utile contre ces af- fections. Mais il faut à peu près reléguer au rang des fables tout ce qu'on a débité sur les propriétés alexitères et alexipharmaques de cette plante, et sur sa vertu contre les venins. S. Pauli composait , avec cette racine et l’axonge, un onguent dont il se servait pour le traitement de la gale. On en saupoudre quelquefois les ulcères sor- dides et atoniques pour activer leur cicatrisation. Cette racine est administrée intérieurement en substance de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros), et en in- fusion, à dose double. Elle entre dans la composition de l’orviétan | IMPÉRATOIRE. de Charas, de la thériaque et du vinaigre thériacal. Il ne faut pas oublier que la racine d’impératoire a beaucoup plus d'énergie lors- qu'elle végète sur les montagnes, que lorsqu’elle croît dans les plai- nes, ou qu'elle est cultivée dans l’étroite enceinte de nos jardins. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) . Fleur entière grossie. 3. Racine 2. Fruit gro 4. Feuille radicale au trait. Observ. Les fleurs les plus extérieures de chaque ombellule se teignent de rose, et ont deux styles longs et droits ; celles du centre (étant le dernier terme de la végétation) restent blanches et dépourvues de styles. (T.) CCI. IPÉCACUANHA. Latin.:.,22,,2, { "S*cnorRia Emerica ; Linné , pentandrie monogynie. Jussieu, clas, 11, ord. 2, famille des rubiacées. Français... .,.... 1PECACUANHA. Alimandiss ss ESS BRECEWURZEL. POrTURBIS. à IPECACUAWNHA !, Le nom d’ipécacuanha a été appliqué aux racines de plusieurs plantes , toutes douées de propriétés plus ou moins émétiques, telle- ment qu’il est très-difficile de déterminer l’espèce à laquelle ce nom devrait êtré rapporté exclusivement. Les auteurs , qui ont traité de cette racine, sont peu d’accord entre eux. Les uns ont attribué l’ipé- cacuanha blanc à une violette; d’autres ont cru que le brun ap- partenait au psychotria emetica : des auteurs plus modernes pen- sent qu'il est fourni par le callicocca , seu cephœlis emetica , tandis que celui du psychotria emetica est gris. Le caractère de ce genre consiste dans un calice persistant, à cinq petites dents; une corolle longuement tubulée, à cinq lobes courts, cinq étamines insérées sur le tube; un style, un stigmate bifide; une baie couronnée par le calice, à deux loges, à deux semences. Il paraît que l’on avait confondu le callicocca , seu cephælis eme- lica, avec le psychotria emetica , d’après les observations de MM. Humboldt et Bonpland ( PZ. æquin. 2, tab. 126), qui donnent de la dernière plante la description suivante : Ses racines sont grises , plutôt que brunes, à peine rameuses; leur écorce épaisse. Elles produisent une tige ligneuse, haute de deux pieds, divisée en rameaux simples, droits, recouverts de petits poils bruns très-serrés. * Cette dénomination, que les Portugais ont empruntée aux indigènes du Bré- sil, a été adoptée chez presque toutes les nations de l’Europe. 53% Livraison, IPÉCACUANHA. l'administre à dose un peu forte, elle agit à la manière des poisons âcres, en enflammant l'appareil digestif et les poumons, et en don- nant la mort au bout de vingt-quatre ou trente heures. Comme vomitif, on emploie l’ipécacuanha avec avantage, et l’on pourra , sans doute, administrer l’émétine avec le même succès, dans toutes les maladies, aiguës et chroniques, où la médication vomitive est nécessaire, soit pour faire disparaître un embarras gastrique qui est la cause du mal, ou qui le complique, soit pour opérer la dia- phorèse ou tout autre phénomène consécutif du vomissement. C’est ainsi qu'on l’administre chaque jour dans les fièvres bilieuses , mu- queuses et intermittentes accompagnées de surcharge gastrique. On y a recours avec le même succès dans les phlegmasies muqueuses, séreuses, cutanées et parenchymateuses, soit pour faire disparaître l'embarras des premières voies qui les complique si souvent, soit pour rappeler la transpiration. C’est probablement au succès qu'on en a obtenu, sous ce dernier rapport, dans la diarrhée et la dysen- terie, que l’ipécacuanha est redevable de la réputation usurpée dont il a joui contre ces affections. On sait, en effet, que peu de temps après son introduction en Europe, par Pison, en 1649, cette racine fut signalée comme un puissant antidysentérique, et préconisée par une foule d'auteurs, comme le spécifique de cette phlegmasie. Mais si la racine du Brésil est propre à combattre la complication gastrique qui accompagne si souvent cette maladie, elle ne peut point en général être utile contre une affection semblable qui ré- clame l’emploi des moyens les plus adoucissans. L’ipécacuanha , à dose vomitive, peut être employé avec avantage dans toutes les ma- ladies qui tiennent à l'affection primitive de l'estomac et que Stoll à si bien signalées sous le nom de maladies bilieuses. A petites doses souvent répétées, et de manière à produire de simples nausées où des vomituritions, cette racine a été recommandée et produit cha- que jour de bons effets, dans les engouemens du poumon et autres affections des voies aériennes, telles que le catarrhe pulmonaire chro- nique , l’angine trachéale, le croup , l'asthme, la coqueluche; mais si l'action de l’émétine est propre à éclairer sur les effets qu'on cé tribue à l'ipécacuanha dans ces circonstances , elle n’est pas moins propre à inspirer une sage réserve sur l'emploi d’une substance ausS! IPÉCACUANHA. irritante dans les phlegmasies des poumons et de l'intestin. Divers médecins anglais ont attribué une vertu fébrifuge à la racine du Brésil; toitefois, si, administrée immédiatement avant l'accès, elle semble avoir guéri sans retour des fièvres intermittentes qui avaient résisté à d’autres moyens de défense, il faut attribuer ce succès aux effets perturbateurs du vomissement, et non point à une propriété fébrifuge de l’ipécacuanha. Il en est de même des qualités diuréti- ques et diaphorétiques qu’on lui a accordées : l'augmentation de la transpiration et de l'urine qui a lieu quelquefois à la suite de l’ad- ministration de cette substance, est un effet de l'excitation générale qu’elle produit, et non point le résultat d’une action spéciale sur les reins ou les exhalans cutanés. Quant à la vertu anthelmintique que l’ipécacuanha à haute dose manifeste dans certains cas, ainsi que le prouvent les succès avec lesquels M. Coste s’en est servi pour expul- ser le ténia, elle tient probablement à l’action purgative de cette substance, et ne serait ainsi qu’un effet secondaire qui appartient à presque tous les purgatifs extracto-résineux. Je dois passer sous silence beaucoup d’autres vertus purement il- lusoires, faussement attribuées à l’ipécacuanha. On ne peut admet- tre, par éxemple, comme une vérité démontrée les avantages pres- que miraculeux qu’on lui a accordés contre les hémorrhagies utérines ; toutefois je dois rappeler que plusieurs auteurs dignes de foi, tels que Bergius et Dalberg, lui donnent les plus grands éloges dans le traitement de ces affections. Ce dernier l’administrait à la dose d’un tiers de grain toutes les deux heures, et Bergius assure avoir guéri par le même moyen plusieurs femmes atteintes d’une redoutable mé- norrhagie. La racine du psychotria emetica peut être administrée en subs- tance, en infusion, en décoction , et en teinture alcoélique, En pou- dre, on la donne comme vomitive, de cinq à treize décigrammes (dix grains à un scrupule), en suspension dans un verre d’eau su= crée. Lorsqu'on veut provoquer la purgation, on en porte la dose à deux grammes (demi-gros) et au delà. Pour exciter de simples nau- sées, on l’administre à la dose de deux à cinq centigrammes ( demi à un ns répétée toutes les deux heures. L’émétine , comme vomi- ve, doit être administrée d’un à deux décigrammes (un à quatre IPÉCACUANHA. grains ) en solution dans un ou deux verres d’eau. On peut incorpo- rer cette substance tout comme la racine d’ ipécacuanha pulvérisée, avec la gomme et le sucre, et en faire des pastilles qui sont d’un usage aussi agréable que commode. Chaque pastille doit contenir une quantité du médicament bien déterminée, par exemple, un huitième ou un quart de grain d’émétine , ou un grain d’ipécacuanha. ‘La teinture alcoolique de cette racine se donne depuis quatre jusqu’à trente-deux grammes (un gros à une once). On en prépare un sirop, qui est très en vogue , et d’une administration facile pour les enfans, auxquels on le donne ‘depuis seize jusqu'à trente-deux grammes (demie à une once) et plus. Cette racine est un des principaux ma- tériaux de la fameuse poudre de Dover, réputée anodine, sudorifi- que, etc. En évaporant jusqu’à siccité un mélange-de teinture al- coolique d’ipécacuanha et de sucre, M. Coldefy obtient un sucre d'i- pécacuanha qui renferme toute la partie gommo-résineuse de cette racine dont il recèle toutes les propriétés, et qui, sous ce rapport, peut être d’un emploi très-avantageux. EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1. Racine vêtue de son écorce. enlevé circulairement une partie de L 2. La même dépouillée. chair, afin de mettre à découvert les 3. Calice et pistil. deux noyaux 4. Corolle ouverte. 6. Noyau isolé 5. Fruit de grosseur naturelle, dont on à biens Re di | à IRIS sv Uarars … æ. CT. CCIT. IRIS DES MARAIS. ACORUS ADULTERINUS ; Bauhin, IivaË , lib. x , sect. 6. 1RIS PALUSTRIS LurEA; Tournefort , clas. 9, sect. 2 > gen. à: see srees. IRIS PSEUDACORUS ; corollis imberbibus, petalis int tigmate mi ae. He ensiformibus; Linné, triandrie monogynie. Jussieu , . 8, famille des iris. Italien... .....:. xRIDE GrALLA; ACORO BASTARDO. E CPR es ACORO BASTARDO ; LIRIO ESPADANAT.. Pompes. 27: TIRIO AMARELHO DOS CHARCOS. Français... ...... IRIS DES MARAIS; GLAYEUL DES MARAIS. ARGUS ere +4 YELLOW IRIS. LÀ T: Men Ds WASSERSCHWERTEL,, * Hollandais. . ....: GEEL LIS RS * MOT Go SWÆRDLILIE Suédois... . e SVARDSLILJA Polontis:.25, SEAT MIECZYK Z'OLTY Hier LS KASATNIS. : Morgrois .<. SARGA VIZI LILIOM. Ce groupe brillant de belles fleurs, auquel on a donné le nom d'iris où d'arc-en-ciel, si variées dans leurs formes et leurs riches couleurs, si nombreuses en espèces, en renferme plusieurs que la médecine sait employer avec avantage, et que nous allons faire con- naître. Toutes se distinguent par une corolle ( ou calice) à six divi- sions profondes, dont trois extérieures très-grandes, étalées; trois intérieures droites et petites : point de calice ; trois étamines libres; un style; trois stigmates très-grands , en forme de pitié recou- vrant les étamines : une capsule oblongue, à trois loges, à trois val- ves; les semences nombreuses, presque rondes, assez grosses. L'iris des marais, où glayeul, paraît avec éclat sur le bord des étangs , où ses fleurs, d’un beau jaune , la font aisément distinguer. se Ses racines offrent une souche charnue, tubéreuse, hori 2,7 garnie de grosses fibres cylindriques, d'où s ‘élève une Hge ble: 53° Livraison. # IRIS DES MARAIS. presque cylindrique, un peu en zig-zag vers son sommet, glabre, haute de deux ou trois pieds. Ses feuilles sont vertes, planes , ensiformes, striées , aiguës , par- faitement glabres, souvent plus longues que les tiges , aiguës à leur sommet. Les fleurs, au nombre de trois ou quatre et plus, sont situées vers le sommet des tiges, portées sur des pédoncules alternes. La corolle est longue d'environ deux pouces; ses trois plus grandes divisions ovalés-spatulées , très-entières, point barbues; les trois intérieures courtes, fort petites. Les stigmates sont jaunes, obtus, un peu échan- crés ou dentés, plus grands que les divisions intérieures ; le tube de la corolle court. (FE) La racine de cette plante est tubéreuse, annelée, d’une couleur comme ferrugineuse, Son parenchyme est charnu, fragile, d’un gris parsemé de rouge. L’odeur de marais qu’elle exhale dans l’état frais, se dissipe par la dessiccation , et alors elle est inodore, fade et styp- tique : son astringence est même accompagnée d’une certaine âcreté. De même que les racines de la plupart des autres iridées, elle con- tent une matière extractive brune, une huile grasse, âcre et amère, et une huile volatile qui se concrette en lames brillantes. Mais elle en diffère par une plus grande proportion du principe extractif as- trmgent, auquel sa décoction doit probablement la propriété de se colorer en noir par le sulfate de fer. Cette racine, douée de propriétés beaucoup plus actives dans l'état frais que lorsqu'elle est sèche, exerce sur l’économie animale une impression tonique avec une légère astriction. Toutefois ses effets varient selon les organes sur lesquels on la dirige spécialement. Ainsi son suc, introduit dans les narines, irrité vivement la mem- brane pituitaire, produit un sentiment d’ardeur dans les fosses na- sales , le pharynx, ainsi que dans la bouche , et détermine un écoule- ment abondant de mucosités par le nez. Cet effet, au rapport d’Ams- trong, a quelquefois dissipé des céphalalgies opiniâtres et des dou- leurs de dents qui avaient résisté à tous les autres moyens. Dans la même vue, divers auteurs ont recommandé la racine elle-même comme masticatoire, contre l’odontalgie et les fluxions aux gencives. L'action purgative de cette racine, lorsqu'elle est récente , est surtout . IRIS DES MARAIS. très-remarquable. Lorsqu'on l'ingère , elle provoque d'abondantes évacuations alvines. Ce qui fait que le suc qu'on en retire a été pré- conisé comme hydragogue, et administré avec avantage par Ramsay, dans un cas très-remarquable d’hydropisie, et par Piater, contre Vascite et l’anasarque, Etmuller à vu, dans certains cas, l’expulsion de plusieurs ascarides lombricoïdes être la suite de l'administration de la racine d’iris des marais. Au rapport de Murray, Blair, méde- cin anglais , attribuait au suc qu’elle foùrnit de bons effets contre les scrofules des enfans. Rien ne s'oppose, en effet, à ce que cette ra- cine tonique, styptique et purgative, ne puisse, ainsi que les antres . substances de même nature, être utile dans le traitement de ces ma- ladies; mais il n’est guère permis d’admettre son efficacité dans la diarrhée et la dysenterie, contre lesquelles on lui a prodigué de vains éloges, quand on réfléchit que ces phlegmasies repoussent tous les excitans lorsqu'elles sont aiguës, et que lorsqu'elles sont chroni- ques, les astringens sont loin d’y produire les bons effets qu’on leur attribue faussement. En somme, on ne possède, comme on voit, sur les effets consécutifs de cette racine, que quelques faits épars, qui ne suffisent point pour fixer définitivement les idées sur son influence thérapeutique, ni pour lui faire accorder comme tonique, astrin- gente où purgative, aucune préférence sur une foule de substances où ces propriétés sont beaucoup plus développées. En substance , on donne la racine d’iris des marais sous forme pul- vérulente, de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros); et en décoction, de trente-deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces) pour un kilogramme (deux livres) d’eau. La dose de son suc exprimé, est depuis seize jusqu’à soixante-quatre grammes (demi-once à deux onces ). Bouillie dans l’eau avec de la limaille de fer, cette racine produit une assez bonne encre, dont les montagnards d'Écosse se servent or- dinairement, dit-on, pour écrire. On l’emploie aussi, dans le même pays, pour la teinture des draps en noir. IRIS DES MARAIS. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Pistil et étamines. : 4. La même coupée horizontalement. 2. Fruits, dont un ouvert. 5. Id. coupée verticalement 4, ombilic 2, 3. Graine 4, ombilic 8, micropyle. micropyle C, chalaze. 209. IRIS, Cermanique : = alt. CCIII. IRIS GERMANIQUE. IRIS VULGARIS GERMANICA, SivVe SyLvesrRis, Bauhin, Tyva£, lib. 1, sect. 6. Tournefort, clas. 9, sect. 2, gen. Latin,..2%..2...{ 1m1s exmanrca :; corollis barbatis, caule foliis rs multifloro, flori- bus inferioribus D Linné, triandrie monogynie. Jussieu , clas. 3, ord. 8 , famille des iris Ps... +... GIGLIO CELESTE AZZURRO. Espagnol: ©... .:. LIRIO DE ALEMANA Portugais... ....... LIRIO DOS MONTES Français IRIS GERMANIQUE ; FLAMBE AGE, 4 4 «ne + BLUE FLOWER DE LUC Allemand... ..... DEUTSCHE IRIS Hollandais. : DUITSCHE IRIS DANS ns t er BLA Suédois Fire BLALILIA En faisant naître cette belle espèce d’iris aux lieux incultes, sur les vieux murs, et jusque sur les toits de chaume, il semble que la nature ait cherché à masquer, par une de ses plus brillantes productions, les signes extérieurs de Pindigence, qu’elle ait voulu couvrir de fleurs l'habitation du pauvre, et nous offrir un de ces tableaux touchans que l’art s'efforce en vain d’imiter dans nos bosquets. En quittant son lieu natal pour passer dans les jardins de l’opulence, elle n’est plus qu’une belle fleur. Ses racines, en forme de souche, sont obliques, noueuses, Épais- ses, Charnues , garnies de fibres ; ses tiges , presque simples, droites, ghbii ét ithiqtits hautes d’un pied et demi à deux pieds, nues dans TS partie supérieure. Les feuilles sont planes, glabres, ensiformes snétileñtés ; un peu épaisses, plus courtes que les tiges, vaginales à leur base. Les fleurs sont alternes, pédonculées, trnals, peu nombreu- ses, d'un pourpre violet ou bleuâtre ; les supérieures presque sessi- les! les spathes membraneuses à leurs boss: roussâtres ou teintes de 53: Livraison, 3. IRIS GERMANIQUE. violet : le tube de la corolle est un peu plus long que l'ovaire; les trois grandes divisions du limbe ovales, arrondies, munies vers leur onglet d’une raie de poils blancs ou jaunâtres ; les trois divisions intérieures , presque aussi grandes que les extérieures; les stigmates d'un violet mêlé de blanc, dentés, très-aigus. Cette plante fournit, par la culture, un grand nombre de belles variétés. ; La racine de l'iris germanique, ridée, genouillée, charnue, de couleur fauve, exhale, lorsqu'elle est fraîche , une odeur forte et dé- sagréable qui se change, par la dessiccation , en une agréable odeur de violette. La saveur âcre, amère , nauséeuse, est légèrement stypti- que. Ses principes constituans paraissent être les mêmes que ceux de la racine du faux acorus. Toutefois, des qualités physiques plus prononcées semblent y annoncer des propriétés médicales plus éner- giques, bien que de la même nature. Les différentes vertus errhines, sialagogues, purgatives, cordia- les, etc., etc., qu’on a attribuées à cette racine, découlent immé- diatement de l’action excitante qu’elle exerce sur les divers appareils de la vie organique. Dirigée dans les fosses nasales , sous forme pul- vérulente , elle excite l’éternuement et la sécrétion du mucus nasal. Mâchée, elle provoque l'écoulement de la salive par tous ses canaux, et c’est pour cette raison qu’on la fait entrer si fréquemment dans la composition des poudres sternutatoires et dentifrices. Toutefois elle est spécialement réputée par ses effets purgatifs. Les observations de Plater, Rivière, Ruffus, Lister, Werlhoff, attestent que son suc à été parfois employé avec succès dans l'ascite, l’anasarque et autres hydropisies, soit primitives, soit résultat des fièvres intermittentes. Ses succès, dans ces différens cas, tiennent essentiellement à son ac- tion purgative, ce qui explique, du reste, la réputation dont elle a joui comme hydragogue. Mais il est à regretter que les drastiques et autres substances toniques et astringentes auxquelles elle a été pres- que toujours associée par les auteurs que je viens de citer, ne per- mettent pas de déterminer la part que cette racine a réellement eue aux guérisons qu'on lui attribue si libéralement. Cette vicieuse et fu- neste coutume d'associer ainsi une foule de substances plus ou moins actives ; qui fait le triomphe de la routine et la gloire des charla- IRIS GERMANIQUE. tans , est, sans contredit, le plus grand obstacle qui se soit opposé jusqu’à nos jours à la détermination précise des véritables propriétés des médicamens; et l’on ne peut point se flatter de parvenir à des idées exactes sur leur action , tant que cette pharmacomanie , digne des temps d’ignorance et de barbarie où elle a pris naissance, ne sera par entièrement déracinée. Murray observe judicieusement , d’a- près Quarin, que la racine de l'iris germanique agit parfois avec tant de violence, qu'il en résulte une chaleur brûlante dans le pharynx et l’œsophage, de vives douleurs dans l’estomac et les intes- üns, et même, dans certains cas, une inflammation mortelle de ces organes; ce qui doit rendre prudent et circonspect sur son emploi. Comme purgatif, on pourrait employer son suc exprimé de soixante- quatre à quatre-vingt-seize grammes ( deux à trois onces ). En subs- tance, elle est d’un usage beaucoup plus fréquent; et, sous forme slpéeiiente: elle fait partie d'u une foule de médicamens dentifrices, sternutatoires et autres. La racine de cet iris, comme celle de l'iris de Florence, est fré- quemment employée par les parfumeurs pour aromatiser des pou- dres , des pommades , destinées à la toilette des femmes, et autres cos- méliques. Le suc, exprimé des corolles de cette plante, mêlé avec l'alun, donne une couleur verte dont on se sert pour écrire en vert. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Racine, TurpineL. sie _— ur pin Duboir seul CCI V. IRIS DE FLORENCE. IRIS ALBA FLORENTINA ; Bauhin, Tsva£, lib. 1, sect. 6. Tournefort, cl. 9, sect. 2, gen. 3 Le... . 77 "A mis FLORENTINA ; corollis barbatis, caule foliis altiore subbifloro, flo- ribus sessilibus. Linné, triandrie monogynie, Jussieu, clas. 3, ord. 8, Palin! PTE Le | IRIDE DI FIRENZE. Espagnol, ...,... LIRIO DE FLORENCIA, Fais RE | IRIS DE FLORENCA Franpas ss Ris IRIS DE FLORENCE. Anglais, ...... "+ FLORENTINE IRIS. | ONAIRTE FLORENTINISCHE IRIS. Hollandais, ...... FLORENTYNSE IRIS. Suédois: 08: FIOLROT. Drs feuilles d’un vert glauque, des fleurs légèrement odorantes et d'un blanc de lait, l'odeur agréable , approchant de celle des violettes * qui émane des racines de cet iris, le distinguent de l'espèce précé- dente. Ses racines sont épaisses, noueuses, blanchâtres, très-odorantes : elles produisent une tige droite, glabre, cylindrique, haute d’un ou deux pieds, garnie dans sa longueur de quatre à cinq feuilles droites, ensiformes, très-glabres , d’un vert glauque, plus courtes que la tige. Les fleurs sont au nombre d’une ou de deux, placées à l'extrémité des tiges, grandes, droites d’une blancheur uniforme , répandant une odeur douce, légère, très-agréable. Les divisions extérieures de la corolle sont grandes , ovales, obtuses, marquées vers leur onglet d’une raie velue; les divisions intérieures un peu plus courtes, plus étroites, presque spatulées ; le tube de la corolle à peine de la lon- gueur de l’ovaire. _ Cette plante croît en lalie , surtout dans les environs de Florence, ct dans les contrées méridionales de l'Europe. (PB La saveur amère, âcre et persistante, que présente la racine de 4. 53° Livraison, . IRIS DE FLORENCE. cette espèce d'iris dans l’état frais, disparaît en grande partie par la dessiccation, et alors elle exhale une odeur très-suave, analogue à celle de la violette. Pour qu’elle jouisse de toutes les qualités qui lui sont propres, cette racine odorante ne doit être cueillie qu’à l’âge de trois ans. Après qu’elle a été dépouillée de la pellicule brunâtre qui la recouvre, et desséchée au soleil avec beaucoup de soin, elle est en morceaux cylindriformes, aplatis, tuberculeux, d’un blanc . rosé. Si l’on a soin de l’enfermer dans des vases bien bouchés et à l'abri de l'humidité, elle peut conserver toutes ses propriétés pen- dant des années. entières. M. Vogel, à qui la science doit une analyse exacte de cette ra- cine, en a extrait une petite quantité de gomme et de fibre végé- tale, une matière extractive jaunâtre , une grande quantité de fécule amilacée qui forme colle avec l’eau bouillante, une huile grasse, li- quide, âcre, très-amère, et une huile volatile qui se concrette en paillettes blanches, et à laquelle la racine de cet iris doit l'odeur suave de violette qui la caractérise. Ces deux derniers principes pa- raissent être la source de ses propriétés actives. Plus puissante toute- fois que les racines de l'iris germanica et de l'iris pseudoachorus, elle exerce sur nos organes, comme ces dernières, une action d’au- tant plus énergique qu'elle est plus récente.’ Les nausées, et les abondantes évacuations alvines qu’elle déter- mine lorsqu'on l’ingère, lui assignent un rang distingué parmi les purgatifs toniques. Comme telle elle a été recommandée contre les coliques des enfans nouveau-nés, auxquels on l’administrait jadis à la dose de quelques grains. On l’a également vantée contre les embar- ras muqueux des premières voies, et contre les flatuosités intestina- les. Hoffmann lui attribuait en outre une propriété hypnotique, qui résulte probablement de son action excitante sur le système ner- veux : action à laquelle il faut également rapporter les vertus cépha- lique, nervine , cordiale, etc., dont elle a été décorée. Comme topique, on a préconisé son usage dans différentes mala- dies de la bouche, telles que l’odontalgie, les fluxions sur les joues, le gonflement fongueux des gencives, et pour prévenir l’encroûte- ment des dents. Dans ces différens cas, on peut la mâcher entière , la fure entrer dans des gargarismes, ou en faire usage en poudre. IRIS DE FLORENCE. Sous cette dermière forme, on l’applique avec avantage, comme dé- tersive, sur les ulcères atoniques et baveux, pour y activer le travail de la cicatrisation. On en remplit des sachets qui ont été vantés pour favoriser la résolution des engorgemens atoniques, œdémateux , et des tumeurs indolentes. Son odeur suave, et son action tonique, la rendent doublement utile pour le pansement des cautères, et pour entretenir la suppuration des exutoires dont elle masque en outre la mauvaise odeur. La racine d’iris de Florence se donne intérieurement en substance de quinze à trente centigrammes (trois à six grains) aux petits en- fans , et de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros ) aux adultes. La dose de son suc, comme purgatif, est de trente- deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces). On en prépare de petites boules du volume d’un pois, pour entretenir la suppura- tion des cautères. Cette racine entre dans la composition de la pou- dre diaireos de Prevot, de la confection Rebecca , et de la thériaque d’Andromaque. Elle fait partie des trochisques béchiques de Cha- ras, de la poudre céphalique odorante, de l’élixir pectoral de #'e- del, de l’eau asthmatique, et d’une multitude infinie de poudres dentifrices et sternutatoires. L’onguent de Charas, le mondificatif d’ache, l’'emplâtre diachylon, le diabotanum de Penicherius, et au- tres farragos semblables, sont autant de monstruosités pharmaceuti- ques où cette racine figure. Les parfumeurs en font un continuel usage pour aromatiser des” poudres, des pommades, des huiles, des eaux distillées et autres cosmétiques. La grande quantité de fécule amilacée qu’elle contient, ainsi que les racines de la plupart des iridées, ne pourrait-elle pas la faire utiliser comme aliment ? EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.} 205 IRIS .Z4Z CCGV. IRIS FÉTIDE. GLADIOLUS FOETIDUS, Bauhin, TivaË , lib. 1 , sect, ue À IRIS FOETIDISSIMA, Su xyR1S; Tournelort, Clas. nina Latin... .ns ce ce € rés FOETIDISSIMA ; corollis imberbibus, petalis 2 patentissi- mis, caule RASE re foliis ensiformibus. Linné , triandrie mo- nogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 8, famille des i iris. Hohenisuis ssh. à IRIDE FETIDA. Espagnol. . ...... LIRIO FETIDO Portugals. STE IRIS FETIDA Franchise) IRIS FÉTIDE ; GLAYEUL PUANT Anglais. tan 5 STINKING 1 Allemand. . .... >. STINKENDE IRIS Uxe odeur désagréable qu’exhalent les feuilles de cét iris, lors- qu'on les froisse entre les doigts, annonce sa présence, et forme l’un de ses caractères, bien mieux déterminé encore par son feuil- lage d’un vert foncé, par la couleur de ses fleurs qui la distinguent de l'iris des marais, avec lequel elle a beaucoup de rapports. Ses racines sont médiocrement tubereuses , chargées de fibres lon- gues et nombreuses. Il s’en élève une tige médiocre, un peu angu- leuse à un de ses côtés. Ses feuilles sont alternes, un peu plus longues que la tige, étroites , vaginales à leur partie inférieure. Les fleurs, placées au sommet des tiges, sont assez Setites d’un bleu triste, tirant sur le pourpre; les plus courtes divisions de la co- rolle sont un peu plus grandes que les stigmates , barbues en dedans. Elle croît dans les bois, les lieux frais et ombragés en France, en Angleterre, en dla gb etc. La racine est la sculé partie de cette plante qui soit employée en médecine ; elle est genouillée comme celles de la plupart des autres iris ; elle Her une odeur désagréable et fétide, à ———. elle doit 54° Livraison, IRIS FÉTIDE.. le nom spécifique qui lui a été imposé. Sa saveur est d’une âcreté remarquable. Les chimistes ne se sont pas occupés de son analyse; on suppose seulement, par analogie, qu’elle renferme à peu près les mêmes matériaux immédiats que la racine d’iris de Florence. f’oyez cette plante. Des qualités physiques, aussi fortement prononcées que celles qui caractérisent l'iris fétide, supposent nécessairement, dans cette ra- cine, des propriétés médicales d’une certaine énergie : mais on en fait si rarement usage, que ce qui en est enseigné par les auteurs de matière médicale, touchant sa manière d'agir, est plutôt fondé sur son analogie avec les autres ou sur de simples présomptions, que sur des faits précis et bien observés. On lui attribue toutefois des propriétés hydragogues, diurétiques, narcotiques, antispasmodiques, apériti- ves, elc.; et, sous ces différens rapports, on en a recommandé lu- sage contre différentes maladies. L’hydropisie, l’hystérie et les scro- fules sont les affections contre lesquelles on l’a spécialement em- ployée. Bourgeois en administrait souvent la décoction en bain chaud , dans l’atrophie des membres. Mais ses effets purgatifs sont ce qu’il y a de mieux avéré dans l’histoire médicale de cette racine. Cette action purgative très-énergique de l'iris fétide, a pu justi- fier, dans certaines circonstances, les éloges qu’on lui a donnés dans le traitement des hydropisies atoniques, où réussissent également quelquefois les autres purgatifs drastiques. Sous le même rapport, on a pu en obtenir quelquefois des succès dans le traitement des af- fections scrofuleuses, contre lesquelles on sait que les purgatifs sont utiles en général, soit comme stimulans, soit comme puissans déri- vatifs, L’impression manifeste que cette racine odorante exerce sur le système nerveux par sa fétidité, a pu, à l'exemple de la plupart des substances fétides, la faire employer avec avantage contre l’hystérie. L'on conçoit aussi que l’action sédative a pu, dans certains cas, ré- sulter de son influence sur les fonctions des nerfs. Il est plus difficile d'admettre son efficacité contre l’atrophie, Observons d’ailleurs que les succès attribués à cette iridée, contre les diverses affections que nous venons d'indiquer, ne reposent sur aucune expérience directe , de sorte que, malgré les considérations qui portent à croire aux Ver- tus médicales de sa racine , on ne peut raisonnablement lui accorder IRIS FÉTIDE. qu'une faible confiance , jusqu’à ce que ses propriétés aient été cons- tatées par des observations cliniques, bien faites. Le suc de cette racine se trouve prescrit, dans les pharmacolo- gies, de deux à quatre grammes (demi à un gros); on manque de données positives sur la latitude qu’on peut donner à cette dose. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Pistil. ; 2. Fruit capsulaire , tel qu'il s'ouvre dans la maturité. 3. Graine de grosseur naturelle. (Ces trois détails sont réduits dans les mêmes proportions que la planche.) 4. Graine grossie, coupée verticalement pour faire voir que l'embryon est basilaire, in- clus dans un gros périsperme , au sommet duquel on distingue un chalaza. CCVI. IVRATE. GRAMEN LOLIACEUM ; angustiore folio et spicé, Bauhin, [ivæ£ , lib. tr, f n. 8. rt, elas. 25, sect. 3, ge ARR | ie LOLIUM PERENNE; spicid multic, spiculis compressis multifloris. né, pi digynie. Jussieu , clas, 2, ord. 4, fami ille des gra- NE) dtaliensin sr 1254 LOGLIO VIVACE. Espägnolss. . .. . BALLICO. aise ce Sens JOYO VIVAC Prahcaifsf suis 253 IVRALE VIVAGE ; FAUX FROMENT. PRE D RAY GRASS. RE WINTERLOLCH ; SUESSERDOLCH. * Hollandais. . ..... ENGELSCH RYEGRAS. monster. RAIGRÆS. PROS à RENREPE usse. .,,,. .. ..:PSCRANEZ. L'ivraie*, ou le ray-grass, . NE en Angleterre, comme un des meilleurs fourrages , est une très-commune dans les champs, aux lieux incultes, le long: des chemins êt sur les pelouses ; elle est facile à reconnaître par ses tiges roides , très-simples, terminées par des épis allongés, très-étroits : elle présente, pour caractère géné- rique , des épillets composés d’une seule. valve calicinale subulée, persistante, opposée au rachis, dont la concavité forme comme une seconde valve, et reçoit plusieurs fleurs sessiles , imbriquées , renfer- mées dans la ins calicinale, quelquefois plus longues; la corolle bivalve ; trois étamines ; deux styles; une semence nue, allongée. Ses racines sont dures, vivaces, un peu MAPS touffues et fibreuses. Elles produisent plusieurs tiges hautes d’un à deux pieds, la plupart couchées à leur base, glabres, très-lisses, dures, rarement ramifiées. C'était autrefois une croyance vulgaire, que l'ivraie vivace, améliorée par là culture, se change en froment, et que ce dernier Ééore négligé, se détériore, et se mie en ivrale vivace. 54° Livraison, : 2e IVRAIE. Les feuilles radicales sont planes, très-étroites, lisses à leurs deux faces; celles des tiges un peu plus larges, rudes en dessus, plus courtes que les tiges. Les fleurs sont disposées en un long épi droit, comprimé, sim- ple, fort étroit, composé d’épillets alternes, sessiles, placés sur deux rangs opposés, appliqués contre un axe (le rachis ) un peu flexueux, creusé en canal à ses côtés Chaque épillet contient environ six à douze fleurs comprimées, imbriquées, très-serrées, dépourvues de barbes ou quelquefois terminées par une arète courte. Gette plante offre plusieurs variétés remarquables, qui l'ont fait confondre quelquefois avec le lolium temulentum, et lui attribuer les qualités délétères de cette dernière, qui s’en distingue par ses tiges rudes au toucher ; ainsi que la face interne de ses feuilles, par ses épillets très-ordinairement munis de longues arètes droites, par ses semences acides , au point de rougir les couleurs bleues végé- tales. Parmi les variétés du /olium perenne, on en trouve dont les fleurs sont vivipares; dans d’autres , l’épi se ramifie à sa partie inférieure, et présente l'aspect d’une panicule, ou bien les épillets élargis, rap- prochés, forment un épi court , ovale, obtus. Le /o/ium tenue, beau- coup plus grêle, et qui souvent ne renferme que trois fleurs dans sa valve calicinale, est considéré par les uns ; comme üne espèce dis- tincte, par d’autres comme une simple variété. Le grand nombre des fleurs ; légèrement aristées , caractérise le /olium multiflorum. ; PR (P.) L'ivraie vivace, trèsimportante pour l’économie rurale, i’inté- resse que médiocrement le médecin. Cette plante engraisse prompte- ment les chevaux et lés bœufs qui s’en nourrissent ; il est probable que sa graine ne conviendrait pas moins aux oiseaux de basse-cour , et même que l’homme pourrait la manger sans inconvénient. Mais il n’en est pas de même de l'ivraie annuélle, ol temulen- tum. Celle-ci présente un des faits les plus remarquables qu’on puisse citer comme exception à la loi de l’analogie des propriétés médicales dans les plantes de la même famille. Les semences de toutes les gra- . minées auxquelles cette plante appartient , sont en effet constamment nutritives : partout l’homme y puise ses plus utiles comme ses plus IVRAIE. précieux alimens, tandis que celles de l’ivraie, loin d’être propres à réparer ses pertes et à le nourrir, agissent sur lui à la manière des poisons”’. Je ne sache pas que les chimistes modernes aient employé aucun moyen d’analyse à la recherche des principes composans des se- mences de cette plante, mais l'expérience à constaté ses effets perni- cieux sur l’économie animale. Aristote, Théophraste, Pline, Dioscorides, ont connu les propriétés délétères de l’ivraie ; les naturalistes, les historiens , les poètes de l’an- tiquité, nous parlent des accidens auxquels elle donne lieu. Les an- ciens croyaient même que son usage rendait aveugle. Lolo victitare était, chez les Romains , une expression familière, synonyme de de- venir aveugle. Virgile lui donne le nom de sinistre, #nfelix lolium. Les modernes ont confirmé les effets dangereux des semences de cette graminée, et c’est surtout à Seeger que l’on doit les données les plus positives sur leur action médicale. Un chien, auquel cet auteur avait fait avaler trois onces de bouillie faite avec la farine d’ivraie et l’eau, éprouva , au bout de cinq heures, un tremblement général; il cessa de marcher, la respiration devint difficile. Au bout de neuf heures, ” il tomba dans l’assoupissement, et devint insensible, mais il fut réta- blile lendemain. Chez d’autres animaux soumis à la même expérience, il y eut des vomissemens , des convulsions, et une abondante excré- tion d’urine et de sueur. Le même auteur rapporte que cinq person- nes, ayant mangé ensemble cinq livres de pain d'avoine mêlée d'i- vraie, furent toutes atteintes, au bout de deux heures, d’une cépha- lalgie frontale, de vertiges, de tintement dans les oreilles. L’estomac était douliestes: la langue tremblante, la déglutition et la pronon- ciation siphRéfetnt difficiles. Il y eut quelques vomissemens aqueux avec beaucoup d'efforts, de fréquentes envies d’uriner, une grande lassitude , des sueurs froides, et surtout un violent tremble- ment de tout le corps. Divers auteurs assurent que l’ivraie a produit quelquefois la paralysie, un délire furieux , et même la mort. On lui attribue en outre des fièvres épidémiques de mauvais caractère. Ces derniers faits sont sans doute exagérés. M. Decandolle remarque, en 1 Cette plante a été ainsi nommée, parce qu’elle détermine des vertiges, des tremblemens, et une sorte d'ivresse chez les personnes qui en font nsage. IVRAIE. effet, que l’ivraie, mêlée au pain , ou introduite dans la bière, donne rarement lieu à ces accidens; il prétend même que, dans des temps de disette, plusieurs individus en ont mangé sans inconvéniens. Mais ces faits négatifs ne détruisent pas les observations positives faites en Allemagne, par Seeger ; de sorte qu'il paraît incontestable que Pivraie agit sur l’économie animale, à la manière des poisons narco- tiques-ifritans, en excitant l'appareil gastrique d’abord , et ensuite le Système nerveux et les autres, d’où résultent les effets narcotiques et enivrans qu'on lui reconnaît. On pourrait facilement remédier à ces accidens par le moyen d’un vomitif, à la suite duquel on administrerait des boissons délayantes et acidules, ou quelques toniques diffusibles, selon la nature des symptômes qui auraient été produits. Du reste on ne s’est livré à au- cune recherche clinique sur les effets consécutifs de ceite substance dans les maladies. On s’est borné à en faire, dans certains cas, des applications locales, généralement regardées comme détersives et résolutives; on a également prétendu que ces applications d’ivraie étaient propres à s'opposer à la gangrène : mais aucune expérience directe ne vient à l’appui dé cette assertion. La dose à laquelle on pourrait administrer l’ivraie, n’est pas mieux déterminée que l'influence qu’on peut en espérer dans le trai- tement des maladies; mais, à raison de ses propriétés dangereuses, si l'on voulait y avoir recours, il faudrait commencer par une très- petite dose; celle de quelques grains, par exemple , qu’on aurait soin d'augmenter peu à peu, à mesure qu’on en suivrait les effets avec attention. Si ce que rapporte Bourgeois, de l'usage de la pâte d’ivraie pour engraisser les chapons et les poulardes, est vrai, cette substance n'exercerait point, sur les oiseaux, la même action qu'elle exerce sur l’homme et sur les chiens, et on pourrait l’employer avec avan- tage à la nourriture de la volaille, et autres usages économiques. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est de grandeur naturelle.) 1. Epillet composé d'une glume uni-rabiée 3. Pistil, ayant à sa base deux petits corps - allongés. t de sept fle ; 2. Fleur entière détachée d’un épillet. CONVOLVULUS JALAPPA ; fObiis d; ifformibus, cordatis, angulatis, oblon- Min Lies gis olatisque, caule volubili, pedunculis unifloris. Linné, pen- inde monogynie, Jussieu , clas. 8 ,ord. 10, famille des liserons. MN R., :.:2. s « . + + + IMBRENTINO; LADAN Spagnol. . .....,. ESTEPA DE CRETA Portugais. . . .. :.. ESTEVA DE C Français... . ..,.. LADANIER ; CISTE DE CRÈTE. Lu PP GUM CISTUS Allemand, ....:.. CRETISCHE CISTEN. Le ladanum est une substance visqueuse fournie par une plante qui appartient à un des genres d'Europe le plus nombreux en espè- ces, aux cistes de Linné, que plusieurs auteurs modernes ont divisé en deux genres, en rétablissant celui des Aelianthemum de Tourne- fort. D’après cette réforme, notre plante, qui appartient aux vrais cistes, offre pour caractère générique : un calice à cinq dixisians presque égales ; cinq pétales très-ouverts; un grand nombre d far mines insérées sur le réceptacle; un ovaire supérieur chargé d’un seul style ; une capsule à cinq ou à dix loges, autant de valves, mu- nies d’une cloison vers le milieu de leur face interne; des semences uombreuses, fort petites , attachées à la base de l’angle intérieur des loges. L'espèce dont il est ici question est un petit arbrisseau de l'ile de Candie , qui s’élève à la hauteur de deux ou trois pieds. Sa racine est dure, blanche en dedans , rougeûtre en dehors, gar- nie de longues fibres capillaires. Elle produit plusieurs tiges d’un brun cendré, divisées en rameaux velus dans leur jeunesse, puis d’un rouge-brun. Les feuilles sont opposées, à peine pétiolées , ovales, ondulées sur * 55° Livraison, LADANIER. leurs bords, ridées en dessus, veinées et chagrinées en dessous, d’un vert foncé, hérissées de poils courts, longues d’un pouce. Les fleurs sont situées à l'extrémité des rameaux , supportées par des pédoncules très-courts.” Leur calice se divise en cinq folioles ovales, un peu soyeuses ; la corolle est large d'environ un pouce; les pétales arrondis, un peu crépus, de couleur purpurine, jaune à leur onglet. Le fruit est une capsule dure, brune, pubescente , environnée par le calice, ovale, obtuse, presque longue d’un demi-pouce, à cinq loges, contenant des semences anguleuses et roussâtres. [e Les rameaux et les feuilles de cet arbrisseau exhalent une matière visqueuse , qui, recueillie par les habitans de la Crête, de Candie, et autres contrées orientales, est livrée au commerce sous les noms de ladanum et de labdanum. Cette substance visqueuse s'attache, dit-on , à la barbe et au poil des chèvres qui vont brouter le lada- nier sur les montagnes, et il paraît qu’on l’obtenait autrefois en l’en- levant ainsi des poils de ces animaux; mais aujourd’hui on emploie en général le procédé suivant pour lobtenir. Dans des jours calmes, et pendant les plus fortes chaleurs de l'été, on se munit d’un instru- ment particulier qui ressemble à un rateau, dont les dents sont rem- placées par des lanières de cuir épais. On passe cet instrument à plusieurs reprises et en différens sens sur les ladaniers , afin que la matière qu’ils exhalent, quand il fait chaud , s'attache à ces lanières, dont on la sépare ensuite en les râclant avec un couteau. Dans le commerce cette matière présente deux variétés principales. Ou elle est en masses molles, gluantes, d’une consistance emplastique, d’un roux noirâtre, enveloppée dans des peaux ou dans des vessies, et constitue le /abdanum en masses ou en pains ; ou bien elle est en morceaux roulés et entortillés, secs, durs, cassans, d’une couleur noire , et alors elle porte le nom de /abdanum in tortis. Dans tous les cas , cette gomme résine exhale une odeur suave. Sa saveur, quoi- que faible, est balsamique et un peu amère. Elle est dure et friable sous la dent, souvent même elle est mêlée à une plus ou moins grande quantité de sable noir érès-fin qui en augmente le poids, et nuit singulièrement à sa qualité. La chaleur la ramollit et la liquéfie. Elle est en outre susceptible de s’enflammer , et brûle en répandant LA LADANIER. | une fumée épaisse, d’une odeur aromatique très-agréable. Entière- ment soluble dans l'alcool , elle est insoluble dans l'eau, à laquelle elle communique toutefois son arôme, et dans les huiles qu’elle co- lore en rouge-brun. Lewis en a retiré un peu d'huile volatile, et Car- theuser trois huitièmes de résine et un huitième d’extrait gommeux. Les qualités physiques du labdanum le rapprochent, comme on voit, des autres gommes résines, avec lesquelles il a également beaucoup d’analogie par ses propriétés médicales. Il jouit en effet d'une propriété tonique, mais à un si faible degré, qu'il peut être suppléé avec avantage par la plupart des résines indigènes. Toute- fois on lui a très-libéralement accordé diverses propriétés médicales , en vertus desquelles on l’a employé dans le traitement d’un grand nombre de maladies. A l’intérieur, on l’a administré comme stoma- chique dans les dyspepsies ; comme pectoral , dans les catarrhes pul- mopaires, chroniques, et autres affections de la poitrine, IF à’ été préconisé contre la diarrhée, et surtout contre la dysenterie, dans un temps où le véritable caractère de ces affections était peu connu. On à également vanté ses succès dans les maladies de lutérus, la leucorrhée et les écoulemens atoniques. Maïs cette gomme résine ne peut être réellement utile dans ces différentes maladies, que lors- qu’elles sont exemptes d’inflammation et de douleur; et dans les cas même où il peut être avantageux de l’administrer, aucune observa- lon positive n’a constaté l'efficacité qu’on lui attribue. À l'extérieur, on en fait beaucoup plus fréquemment usage que comme médica- ment interne. On l’emploie au pansement des ulcères atoniques et sordides , on l’applique en onctions ou en linimens pour faire cesser des douleurs locales et résoudre des engorgemens. On attribue une efBcacité toute particulière à l'application du labdanum sur la tête contre l’apoplexie séreuse , aux tempes contre le mal de dents, sur le thorax contre les douleurs de poitrine , et à l'épigastre dans les dou- leurs d'estomac. On à cru que des boules de cette substance, portées dans la main ou suspendues au cou, étaient un excellent prophylacti- que contre la peste, et un moyen sûr de se préserver de la contagion pendant les épidémies. On a attribué à l’épaisse fumée qu’elle exhale en brûlant, la propriété de purifier l'air ; mais toutes ces assertions lé reposent malheureusement que sur des erreurs ou sur des faits LADA NIER. inexacts et mal observés. L’excitation légère que le labdanum déter- mine sur les parties de la peau où on l’applique sous forme d’emplà- tre , est beaucoup trop faible sans doute pour opérer le déplacement de la douleur contre laquelle on voudrait l’employer. Ses fumigations peuvent tout au plus servir à masquer les émanations infectes qui sont répandues dans l’atmosphère, sans affaiblir en rien la nature de celles qui sont malfaisantes, et sans prévenir par conséquent leur funeste influence sur l’économie animale. En un mot, le labdanum est peu digne de la réputation médicale dont il a joui, et pourrait être expulsé de la matière médicale sans inconvénient, ainsi que l’a déjà remarqué le sage et savant Cullen. Intérieurement , on administre le ladanum comme tonique à la dose de quatre grammes (un gros); et à l'extérieur, on l’emploie sous les différentes formes d’emplâtre, d’onguent, de liniment. Cette subs- tance résineuse fait partie intégrante du baume apoplectique, des emplâtres céphalique et stomachique de Charas, des trochisques et des pastilles du même auteur, du fameux emplâtre du prieur de Ca- brières contre les hernies, et autres monstrueux produits de la po- lypharmacie galénique, éternel aliment de l’aveugle crédulité des peuples, et du charlatanisme de leurs avides et ignares guérisseurs. Les parfumeurs font entrer le labdanum dans plusieurs prépara- tions cosmétiques. Dans les sérails de l'Orient, les femmes l’asso- cient à certaines compositions narcotiques dont elles font usage pour se procurer une sorte de délire extatique, qui les dédommage, jus- qu'à un certain point, des dures privations qui leur sont imposées. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Calice et pisul. 4. Le même, coupé horizontalement. 2. Etamine, 5. Graine grossie. 3. Fruit dépouillé de son calice persistant. LAITUE . CCXIIT. LAITUE. a L2 Grec. ....., .... Bpidaf, Dioscorides. LACTUCA ! sATIVA ; Bauhin, HivaË, Bb: 4, sect. 6. Tournefort, clas. 13, du sect. 1. : 2 111 HER ** * { vacruoa sarrva; foliis rotundatis, caulinis cordatis, caule corymboso. Linné, syngénésie, polygamie égale. Jussieu ,‘clas. ro, ord. tr, fa- mille des chicoracées. see TRES LATTUGA Espagnol, ......, LECHUGA Portugais. ,....., ITUGA 44. RSR RS LAITUE Anglais”. LATTUCE Ulemand., . : Hollandais +. LATUW, anois, TRE LAKTUK. Suédois... . se. LAKTUR. Polonais à. à LOCZYGA. HART ES pe LAKTUK. Nous devons la laitue cultivée aux heureux essais de l'agricul- lure : c'est en quelque sorte une plante créée par l'industrie humaine, dont l'origine, ainsi que la patrie, nous sont également inconnues. I nest pas possible de la rapporter à notre laitue sauvage ; _ 3 rait plutôt soupçonner qu’elle a été fournie par la laitue à feuilles de chêne, avec laquelle on lui connaît beaucoup de rapports, et Qui croît naturellement en Allemagne, et dans plusieurs autres Con: trées du nord de l'Europe. Elle occupe, dans la famille des chico- racées, un rang distingué, et offre, pour caractère essentiel, et fleurs semiflosculeuses dont le calice est presque cylindrique, peu Ventru, composé d’écailles imbriquées, membraneuses à leurs bords ; le réceptacle glabre, ponctué ; les semences couronnées par une al- srette capillaire, pédicellée. do Quoique la laitue cultivée soit difficile à bien caractériser , à rai- * De lac, Zactis, à cause du suc laiteux que contient cette … 56° Livraison, LAITUE. son de ses nombreuses variétés, on pourra cependant la distinguer , du moins des espèces sauvages , par ses feuilles alternes , amplexicau- les, les inférieures plus grandes, arrondies, et ondulées à leurs bords, rétrécies à leur base; les supérieures plus petites, en forme de cœur , toutes glabres et sans épines. Ses tiges sont droites, glabres, cylindriques : elles se ramifient vers leur sommet en un corymbe.chargé d’un grand nombre de petites fleurs jaunes, droites , très-médiocrement pédicellées. Les semences sont petites, ovales-allongées, marquées de sept stries longitudinales, non dentelées à leur bord supérieur, couron- nées par une aigrette simple, très-blanche. Nous n’entrerons point dans le détail des variétés infinies que l’on obtient tous les jours de cette plante par la culture. On les divise en trois races bien prononcées et très-constantes, savoir : les laitues pommées , les laitues romaines et les laitues frisées. Chacune de ces races se divise en des sous-variétés très-nombreuses ; on en compte au delà de cent cinquante. (7 La laitue est à peu près inodore , sa saveur est aqueuse et un peu amère ; dans Ja jeunesse, elle renferme beaucoup d’eau et de muci- lage. Parsons la maturité, presque toutes ses parties contiennent un suc lactiforme, amer, âcre, et de nature résineuse. On trouve dans ses semences du mucilage et de l’huile douce. Nous ne possé- dons aucune analyse chimique exacte de cette plante : toutefois son amertume paraît essentiellement résider dans son suc laiieux ; il en est de même de quelques-unes de ses propriétés médicales, qui sont, aussi bien que ses qualités physiques beaucoup plus prononcées dans plusieurs espèces de la même fainille, et notamment dans les lactuca sylvestris et virosa. Outre les vertus rafraïchissante, tempérante, relächante, et légè- rement laxative, qui caractérisent cette chicoracée, et qui la font employer avec plus ou moins d'avantage dans les maladies d'irrita- tion, on lui attribue une propriété narcotique. Cette vertu n'existe cependant pas dans la jeune plante, elle disparaît par l'étiolement ; elle paraît se développer avec le principe amer et n'être qu'un vestige de celle qui se trouve dans la laitue vireuse. La décoction de la lai- tue cultivée peut fournir -une boisson utile contre la constipation, “ LAITUE. dans les embarras gastrique et intestinal, et contre les douleurs d’entrailles accompagnées de chaleur et d'irritation. Lanzoni, S. Pauli, et l'érudit Geoffroy, assurent qu’elle est très-propre à faire disparaître l'anxiété, les éructations , et les flatuosités qui tourmen- tent les hypocondriaques. L’hypocondrie, en effet, étant due , beau- coup plus souvent qu’on ne le pense, à un état d'irritation de la membrane interne de l'estomac et de l'intestin, on conçoit que la chicorée est très-propre dans certains cas à faire cesser cet état, et, par conséquent , qu’elle est souvent beaucoup plus utile contre cette névrose, que les stimulans qu’on lui oppose, chaque jour, sans discernement. Toutefois l’hypocondrie reconnaît beaucoup d’autres | causes, et alors elle réclame, on le sent fort bien, des moyens très-différens , et souvent d’une nature entièrement opposée à celle de la laitue. Elle a été recommandée’en oûtre dans les phlegmasies des voïes urinaires , dans les afféctions calculeuses, contre le satyria sis, la nymphomanie , et autres lésions des organes reproducteurs : on a même cru qu’elle était susceptible de produire la stérilité et Pimpuis- sance, Mais rien n’est plus fabuleux que cette prétendue vertu anti- aphrodisiaque de la laitue. La propriété narcotique , qui lui est accor- dée par Galien, Celse et Dioscorides , ne me paraît pas mieux dé- montrée. D'après S. Pauli, cette plante soit en décoction, soit en cata- Plasme, peut être appliquée avec avantage sur la tête, dans le délire et la frénésie. On pourrait également s’en servir contre le phlegmon , le furoncle, la brälure , ét dans toutes les circonstances où les topi- ques émolliens sont indiqués. C’est en ce sens seulement qu'il faut entendre la propriété résolutive qu’on lui a accordée. Intérieurement, on peut administrer en décoction dans l’eau, et on édulcore conve- nablement cette boisson avec du sirop, du sucre ou du miel. Le plus Souvent on l’associe à d’autres plantes oléracées dans des apozèmes et des bouillons laxatifs rafraîchissans. En certains cas, on a recours à son suc exprimé et dépuré, dont la dose est de soixante-quatre à cent vingt-huit grammes ( deux à quatre onces). Ses semences, Qui constituent une des quatre semences froides mineures, servent à faire des émulsions tempérantes qu’on administre seules, ou comme base de divers médicamens anodins. L'eau distillée de laitue, LAITUE. qui est encore prescrite par quelques médecins, esclaves de la rou- tine, n’a pas plus d'activité que l’eau pure. Cette plante, enfin, entre dans la composition du sirop de chicorée composé, de l’élec- tuaire requies Nicolai, de longuent populeum. Ses semences font partie du sirop de jujubes, et du sirop de tortues de Charas. Admise, de temps immémorial, dans les jardins, la laitue a donné lieu par la culture à un grand nombre de variétés, qui toutes jouis- sent des mêmes qualités, et sont également employées aux usages culinaires. Elle est bien plus recommandable en effet par ses qualités alimentaires, que par ses propriétés médicales. Les jardiniers savent la rendre plus tendre, plus douce et plus succulente. Avant que sa tige s'élève, ils réunissent pour cela et lient les feuilles extérieures autour de la plante, qui, privée ainsi du contact de la lumière, s’étiole, blanchit, et s’'abreuve de sucs aqueux. Les Romains en fai- saient un grand usage : ils la servaient d'abord à la fin du repas du soir, comme on le fait encore généralement parmi nous; mais en- suite ils pervertirent cet ordre , ainsi que l'indique Martial : Claudere quæ cœnas lactuca solebat avorum, Dic mihi cur nostras inchoat illa dapes ? On la mange crue en salade, ou cuite, soit seule, soit associée aux viandes rôties. Elle est peu nourrissante par elle-même , mais elle est très-utile pour corriger les effets stimulans de cette multitude de mets épicés, dont sont surchargées les tables de nos modernes Api- cius. Elle est un aliment très-convenable aux jeunes gens, aux sujets bilieux , ardens, secs et irritables, surtout dans les climats brûlans, et dans les temps chauds. Elle convient peu aux jeunes enfans, aux vieillards , aux hommes sédentaires, et qui digèrent mal ; car alors, à moins qu’elle ne soit prise en très-petite quantité, die produit des borborygmes, du malaise, une sorte d’engourdissement; et c’est probablement cette circonstance qui lui a fait donner le titre de nourriture des morts. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) . Calice commun, ou grossi Ë 3. Fruit mûr, couronné de son aigrette. 2. Fleuron hévssage odite dé LAURIER . Zambert Je seul . PAP AT A CCXIV. LAURIER. CPE rires d'aQDrr. LAURUS VULGARIS; Bauhin, TivaË, lib. 12 ; sect. 1. Tournefort, cl. 0, é sect. 1, gen. 6. LORS ES Es #3 F é b ; * "€ rauruS Norris; foliis lanceolatis venosis perennantibus , floribus, quadrifidis, dioicis. Linné , ennéandrie, monogynie. Jussieu, cl. 4, ord. 6, famille des lauriers. RES ALLORO ; LAURO. Espagnol. ....... LAUREL Portugais CCS TEE LOREIRO. Français, Re LAURIER ; LAURIER FRANC. RUES Se pu LAUREL TRE Allemand,, ...... LORBEERBAUM. Hollandais, . .,.... LAURIER mess Dates een LAURBÆRTRÆ Soi... TE LAGERR ÆBSTR ÆD Polonais, : 2. BOBEK DRZEWO, Rs LAWROWOE DEREWO Bohémien. BOBKOWY STRO Hongrois... ,.... BOROSTYAN-FA. Le laurier, par la beauté de son port, par sa verdure perpétuelle; et ses émanations balsamiques, a paru digne aux anciens Grecs d’être Consacré au dieu de la poésie et des arts : on l'avait également des- liné à ceindre le front des vainqueurs. Au rapport de Pline, on le plantait autour du palais des Césars et des pontifes ; il avait aussi la réputation de garantir de la foudre les têtes couronnées de ses ra-_ , - Meaux , et l’empereur Tibère, dans les temps d'orage, y cherchait un abri contre les effets du tonnerre. Au reste, le laurier tient à un * genre de plantes aromatiques, dont la plupart sont très-précieuses * par les produits intéressans qu’elles fournissent à la médecine et aux arts. Ce beau genre se caractérise par un calice à quatre, cinq ou 54 divisions ; point de corolle; six à douze étamines, disposées sur ” deux rangs; les extérieures fertiles; les intérieures alternativement stériles et fertiles, ces dernières munies de deux glandes à leur base, 56e Livraison, LAURIER. un style, un stygmate. Le fruit est un drupe supérieur, ovale, ren- fermant une noix monosperme. S Le laurier, d’une très-belle forme, s'élève à la hauteur de quinze à vingt pieds et plus; ses rameaux sont souples, droits, verdâtres, serrés contre le tronc. Les feuilles, toujours vertes, sont dures, coriaces, alternes, pétio- lées , glabres à leurs deux faces lancéolées , un peu ondulées sur leurs bords , longues de trois à cinq pouces. Les fleurs sont très-ordinairement dioïques, petites, d’un blanc jaunâtre, disposées, dans les aisselles des feuilles, en petites ombel- les médiocrement pédonculées, munies à leur base de petites brac- tées ovales , caduques. : Le calice est glabre, à quatre où cinq découpures ovales; huit à douze étamines. Le fruit est un drupe ovale, d’un bleu noirâtre, nu à sa base par la chute du calice. Cet arbre, connu depuis très-long-temps, croît dans la Grèce, le Levant, la Barbarie, l'Espagne et l’ltalie : il paraît s'être naturalisé dans les départemens méridionaux de la France. Les autres espèces de laurier sont toutes exotiques : on distingue parmi elles le cannellier (laurus cinnamomum , L.), Vavocatier (laurus persea , X..), dont les fruits se servent, en Amérique, sur les meilleures tables; le benjoin (laurus benzoe, L.), ce n’est pas celui qui fournit le véritable benjoin ; le laurier sassafras; le camphrier (laurus camphora, T..), etc. Presque toutes les parties de cet arbre exhalent une odeur fra- grante et balsamique très-suave. Les feuilles et les fruits ont une sa- veur chaude, aromatique, et un peu amère; elles fournissent une huile volatile très-odorante et âcre, et une huile grasse qui se con- crette par le moindre refroidissement. Les anciens , qui se servaient de l'écorce de la racine, des feuilles et des baies du laurier , attribuaient à cet arbre les propriétés les plus merveilleuses. Ses feuilles et ses fruits seuls, employés parmi nous , occupent un rang distingué parmi les toniques. L’excitation prompte et vive qu'ils déterminent sur l'appareil digestif, lorsqu'on les ingère, peut quelquefois provoquer le vomissement ; ce qui leur a fait accor- der le titre de vomitif par les anciens. Mais, à petite dose , ils se LAURIER. bornent ordinairement à augmenter l'appétit, à activer la digestion, et à faire cesser les flattuosités et les éructations qui tiennent à un état d'atonie de l'estomac; et c’est sous ce rapport qu’ils ont été dé- corés des propriétés stomachiques et carminatives. Leur action tou- tefois ne se borne pas à l'appareil digestif; elle peut s’exercer sur dif- férens systèmes de l’économie animale, et donner lieu à divers phé- nomènes consécutifs, qui varient selon les organes qui en reçoivent particulièrement l'influence. Administrées en infusion à une haute température, les feuilles de laurier peuvent agir sur le système ner- veux, et produire les effets nervins et antispasmodiques dont plusieurs auteurs assurent s'être bien trouvés dans l’hystérie, l'hypocondrie, la paralysie, et autres affections nerveuses. Elles peuvent exciter l’or- gane cutané , l'appareil urinaire, la membrane interne des poumons, et augmenter ainsi la transpiration, activer la sécrétion de Purine, solliciter l’exhalation et la sécrétion muqueuse des bronches, et favo- riser l’expectoration. Elles peuvent enfin, en excitant l’utérus, pro- voquer l’écoulement menstruel. Mais ces effets emménagogues, ex- pectorans, diurétiques, sudorifiques et antispasmodiques , ne peu- vent avoir lieu que dans les cas où nos organes sont dans un état de relâchement et d’atonie, ou, en d’autres termes, lorsque le dérange- ment de leurs fonctions tient à un défaut d'action. Car si le désordre de la menstruation, la suppression des urines, etc. , étaient dus, soit à l'inflammation des reins et de l'utérus, soit à la pléthore, à un état fébrile, où à une excitation générale trop vive, on sent que les feuilles de laurier cesseraient de produire les effets que nous venons d'indiquer, et qu'elles ne feraient qu’augmenter le trouble. On voit, d'après cela, que le laurier ne peut être réellement utile que dans les maladies qui réclament l’usage des toniques, et c’est ainsi que di- vers auteurs assurent én avoir fait usage avec succès dans le ca- tarrhe pulmonaire chronique, dans l’asthme humide des vieillards, dans les rhumatismes anciens et rebelles, contre l’inappétence, dans la chlorose et l’aménorrhée avec atomie. Les baies jouissent absolument des mêmes propriétés que les feuil- les ; elles contiennent seulement une plus grande quantité d’huile vo- latile, circonstance qui les fait considérer par quelques auteurs comme beaucoup plus stimulantes que ces dernières. On les à particulière- LAURIER. ment recommandées contre la suppression des règles. Mais Spiel- mann leur accorde la funeste prérogative de provoquer l'avortement, et les signale comme devant être expulsées de la matière médicale, à cause des graves accidens auxquels elles peuvent donner lieu. A l'extérieur , les baies et les feuilles de laurier, ainsi que les di- vers produits qu’on en retire, ont été recommandés comme détersifs, en lotion et en injection, contre le relâchement des organes génitaux dans les deux sexes; en applications locales contre les tumeurs indo- lentes, les ecchymoses sans douleur, et les ulcères atoniques. La poudre qu’on en prépare est quelquefois employée contre les pous. Leur décoction sert, dans certains cas, à administrer des bains to- niques. à: En substance, les feuilles se donnent pulvérisées à la dose de qua- tre grammes (un gros), et en infusion à celle de huit à seize gram- mes dans un kilogramme d’eau. L'huile volatile se prescrit d’une à cmq gouttes dans des potions appropriées. L'huile grasse est em- ployée en onctions et en linimens. Les feuilles font partie de l’on- guent martiatum et de Vemplâtre de bétoine. Les baies sont cin- ployées à la composition de l’épithème céphalique, de Pélectuaire de laurier, et de l’'emplâtre de cumin. L'huile grasse et l'huile vola- tile entrent dans la composition des emplâtres de Paracelse, styptique de Charas, de grenouilles, et manus Det; dans plusieurs onguens contre les pous et contre la gale, et autres semblables farragos. Très-rarement employé en médecine, le laurier est généralement réservé parmi nous aux usages culinaires. On s'en sert surtout comme condiment dans la préparation des sauces et d’une foule de mets qu’il aromatise, et dont il relève le goût. Nos superstitieux an- cêtres , qui lui attribuaient la vertu de préserver de la foudre, et de garantir les blés de la nielle, se servaient de ses branches comme d’instrumens de divination. Les rameaux de cet arbre vénéré étaient employés par les anciens aux cérémonies religieuses. Il était consacré à Apollon, en mémoire de l’amour de ce dieu pour Daphné. La cou- ronne de laurier est devenue un des attributs d’Esculape, fils d’A- pollon et dieu de la médecine. Symbole de la victoire, elle était la ré- compense des vainqueurs aux jeux olympiques de la Grèce. Dans le moyen âge , elle a servi dans nos universités à couronner les poètes, LAURIER. les artistes et les savans distingués par de grands succès. Celle qui ceignit long-temps, dans nos écoles de médecine, la tête des jeunes docteurs , devait être faite avec les rameaux de cet arbre garnis de leurs fruits, baccæ laurei, ainsi que l’indiquent les titres de bache- lier, baccalauréat, qu’on est étonné de voir revivre parmi nous au dix-neuvième siècle. Mais le laurier ne fut pas seulement destiné à consacrer les découvertes des sciences, les progrès des arts, et à ré- compenser le talent et le génie; d’avides usurpateurs, de sanguinai- res conquérans, osèrent en ceindre leur front criminel; et les nations, tremblantes et avilies sous le joug odieux du despotisme, prostituè- rent à des mains souillées de rapines, et dégoûtantes de sang hu- main, un prix qui n’était dû qu’au dévouement pour la patrie, et au noble et paisible triomphe des sciences utiles et des arts consolateurs. EXPLICATION DE LA PLANCHE. - Fleur mâle entière, . ossi 4. Fruit de grosseur naturelle 2. us u centr de Fée est 5. Le même, dont on a re une par- encore fermée jé les opereules. tie de la chair afin de faire voir 3. Étamine de la circonférence, dont les le noyau. opercules sont ouvertes. Observ. L'individu que j ’ai représenté ne portait que des fleurs mâles; chacune d'elles était composée d'un calice divisé en quatre parties (rarement cinq), de douze cts, dont les quatre plus intérieures portaient à leur base deux corps glanduleux et jaunûtres. ‘l'outes les an- thères biloculaires étaient munies chacune de deux opercules, s’ouvrant de bas en prés et em- portant avec elle la masse pollinique ILest à remarquer que la plupart | des lauriers que j'ai observés en Amérique, avaient des anthères à quatre opercules, tandis que celles du laurier noble n’en a que deux. (T) 7 œrn nt RS AURIER-CERISE. CCXV. : LAURIER-CERISE. CERASUS FOLIO LAURINO, Bauhin, I4vaË, lib. 1, séct. 6, fratro-cese; Tournefort, clas. 21, sect. 8, gen. 7 Mon PRUNUS LAURO-CERASUS; #loribus racemosis; foliis sempervirentibus , | dorso biglandulosis. Linné, icosandrie , monogynie. Jussieu, el. 14, rd. 10, famille des rosacées. Habms:ssse, LAURO REGIO ; LAURO DE TRABESONDA: Espagnol. ....... LAUREI, REAL : POPUPOISS. EL, 1 LOIROCEREJO Français Fe e RMS. LAURIER-CERISE j 7 HERRY-LAURET, Allemand, ....... KIRSCHLORBEERBAUM. Hollandais... . ... LAURIERKERS. Le laurier-cerise n'appartient nullement au genre laurier, ainsi 4€ Son nom paraïîtrait l'indiquer, si ce n’est peut-être par la forme, l'épaisseur et Ja persistance de ses feuilles. C’est un véritable PRE genre que Linné n’a point distingué du prunier, et qui se caractérise Par un calice inférieur, à cinq divisions profondes; cinq pétales in- sérés sur le calice, ainsi que les étamines nombreuses ; un style; un stigmate. L'ovaire se convertit en un drupe ou fruit à noyau, pourvu d'une enveloppe pulpeuse, contenant un noyau lisse, arrondi dans F2 , . . , { i “les cerisiers, oblong dans les pruniers, oxbiculaire et comprimé dans les abricotiers, trois genres assez distincts par leur feuillage et la Saveur de leurs fruits , très-difficiles d’ailleurs à caractériser , et que, Par cette raison, Linné a réunis dans le genre premier. Le laurier-cerise ou laurier-amande est un arbre qui ne s'élève au plus qu’à la hauteur de quinze ou dix-huit pieds, divisé en rameaux nombreux, de couleur cendrée. e. . Ses feuilles sont alternes, médiocrement pétiolées, dures, coriaces luisantes , ovales-lancéolées, longues de trois à quatre pouces, se 56: Li De 56° Livraison. LAURIER-CERISE. conservant vertes toute l’année, munies à leurs bords de quelques petites dents, et de deux glandes à leur base. Ses fleurs sont d’un aspect agréable, de couleur blanche, odo- rantes, disposées en grappes plus longues que les feuilles; chaque fleur pédicellée; le calice urcéolé; le style plus long que la corolle; les fruits un peu sphériques, d’une grosseur médiocre, se teignant en noir à mesure qu’ils approchent de la maturité. Cet arbre croît aux environs de Trébisonde, proche la mer Noire. En 1576, l’Ecluse en reçut un individu qui lui fut envoyé par Da- vid Ungnad, ambassadeur de l'empire d'Allemagne près la Porte ot- tomane. C’est un des premiers qui aient été cultivés en Europe. Le laurier-cerise est presque inodore. Ses feuilles, extrêmement amères, sont légèrement styptiques. Au centre d’une pulpe douce, succulente et alimentaire, ses baies, qui offrent la forme, la cou- leur et la grosseur des cerises, renferment un noyau d’une amertume analogue à celle des feuilles, et de la nature de celle des amandes amères, ou du cyanogène (acide prussique ). Toutes les propriétés médicales du laurier-cerise paraissent dues à ce principe, dont la pré- sence a été constatée par plusieurs chimistes distingués, dans ses feuilles et dans ses amandes. Ces parties fournissent en outre une huile volatile, amère et très-âcre, et communiquent toutes leurs vertus à l’eau et à l'alcool, soit par la distillation soit par la simple infusion. Les différens produits de cet arbre vénéneux sont également délé- tères : toutefois, lorsqu'on les administre en très-petite quantité, ils se bornent à exciter l’action de l’estomac, à augmenter l'appétit, et à faciliter la digestion. Pour peu qu’on en augmente la dose, ils agis- sent tantôt comme vomitifs, et tantôt comme un violent purgatif. Selon divers observateurs, ils sollicitent, dans certains cas, l’action des reins , augmentent l’activité des organes , et produisent ainsi des effets diurétiques, apéritifs, ete. Mais , pour peu qu'on en donne une certaine dose, ils constituent un des poisons les plus dangereux du règne végétal; ils donnent la mort avec une rapidité étonnante, et semblent atteindre le principe vital jusque dans sa source. Les pro- priétés délétères des feuilles et des noyaux du laurier-cerise ont été LAURIER-CERISE. constatées par une foule d’observateurs, en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne. Madden, Mortimer, Langrish, Vater, Nicholls, Rattray, Fontana, Rosier, Duhamel, Fodéré, Orfila, etc., ont déterminé à l’envi les CH ic de ce poison sodusrablé, soit en observant les effets auxquels il a donné lieu chez des “arase qui en avaient été accidentellement empoisonnés, soit par des expériences directes tentées sur des chevaux , des chiens, des cabiais, des lapins, des oiseaux, des anguilles et autres animaux , auxquels l’eau distillée de laurier-cerise avait été administrée de différentes manières. Qu'on ait fait avaler directement cette substance; qu’elle ait été injectée dans l'intestin , appliquée sur des surfaces dénudées, introduite dans le tissu cellulaire, ou dans la cavité de la plèvre : les animaux sou- mis à ces diverses expériences ont succombé avec plus ou moins de rapidité, selon que la quantité de la substance employée était plus ou moins considérable relativement au volume et à la force de l'individu ; dans beaucoup de cas même, la mort a été instantanée, et a eu lieu dans l’espace d’une ou deux minutes. La démarche chan- celante, la gène de la respiration, l'abolition des mouvemens mus- culaires, quelquefois des mouvemens convulsifs , ou un état tétani- que et l’insensibilité absolue, sont les spuipiomet. qui ont ordinaire- ment précédé la mort, à la suite de laquelle on n’a trouvé ni inflam- mation de l'estomac, ni aucune autre altération organique ; si ce n'est l'injection des vaisseaux sanguins du cerveau et des poumons. Quant aux hommes qui ont été accidentellement empoisonnés par différens produits de cet arbre, ils ont éprouvé, en général, une vive douleur à l’épigastre, fixité des yeux, le resserrement tétanique des mâchoires; mais le plus souvent la mort a eu lieu immédiate- ment après l’ingestion du poison, et avant que ces symptômes aient eu le temps de se développer. Méad pense que le lait pourrait être utile contre cet empoisonnement ; d’autres croient que lammoniaque y Serait également avantageuse : mais on doit beaucoup plus comp- ler sur la prompte administration des vomitifs et des laxatifs dé- layans, que sur ces prétendus antidotes, sur lesquels l'expérience n'a pas encore prononcé. Il n’y à pas de doute qu’une action aussi violente et aussi énergi- que que celle du laurier-cerise, ne puisse produire d’utiles et puis- LAURIER-CERISE. sans effets dans certaines maladies. Au rapport de Linné, les feuilles ont été employées contre la phthisie pulmonaire. Bayllies, qui les croit très-utiles dans cette affection, en employait l’infusion saturée, à la dose de soixante gouttes, une ou plusieurs fois par jour dans la mélancolie, Pasthme et les rhumatismes. 11 en faisait à la fois usage intérieurement , et à l'extérieur contre les engorgemens squirreux. Mais Vogel avoue que ce traitement a été totalement infructueux contre ‘un squirre de la mamelle, qui a conduit peu à peu la malade au tombeau. Quelques auteurs ont attribué à l’eau distillée du lau- rier-cerise des succès contre la syphilis, les engorgemens du foie , et les fièvres intermittentes; mais aucune série d'observations précises ne vient à l'appui de ces assertions. Les sectateurs de la nouvelle doctrine du contro-stimulus, doctrine qui surpasse en extravagance celle de l'incitation, d’où elle dérive, placent cette substance au ris des contre-stimulans , c’est-à-dire, parmi les médicamens propres à combattre Ebees cha; et d’après cette manière de voir, plusieurs médecins de lécole de Pavie, où cette doctrine a pris naissance, lemploient avec assurance dans les maladies inflammatoires, telles que l’angine, la péripneumonie, et autres phlegmasies les plus ai- guës. Une semblable conduite est tellement opposée aux sages pré ceptes de la médecine d'observation, que je m’abstiens de toute ré- flexion sur Padministration d’une substance aussi vénéneuse dans de semblables maladies. Toutefois, on ne saurait trop inviter les prati- ciens zélés pour les progrès de leur art, à fixer leur attention, et à diriger leurs recherches cliniques sur une substance qui semble pro- mettre de puissans secours à la thérapeutique, mais dont l’adminis- tration exige la plus grande prudence. Les feuilles du laurier-cerise se donnent en poudre à la simple dose de quelques grains. Infusées dans l’eau ou dans l'alcool à la dose d’un demi-kilogramme (une livre) pour un kilogramme (deux livres) d’eau, elles forment une liqueur très-active, dont on peut donner depuis trente jusqu’à cent vingt gouttes par jour , en plusieurs prises. Leur eau distillée ne peut être administrée qu’à la dose de deux ou trois gouttes, à cause de son action vireuse; mais on peut en augmenter graduellement la quantité, en suivant avec attention les effets des premières doses : il en est de même de l'huile volatile. LAURIER-CERISE. Les oiseaux mangent avec avidité la pulpe des baies de cet arbre, qui pourrait aussi servir d’aliment à l’homme, car tous les principes vénéneux de ces fruits sont concentrés dans le noyau. Ce dernier , qui est un poison des plus redoutables, est employé quelquefois par les ivrognes pour donner de la force au vin et aux liqueurs alcooli- ques dont ils font leurs délices. Les confiseurs s’en servent également, ainsi que des feuilles, pour faire des ratafias, et pour aromatiser cer- taines liqueurs de table. Les cuisiniers font journellement usage des feuilles vertes pour relever le goût de certains mets doux, fades où : sucrés, tels que les crêmes, les beignets, les pâtés, les gâteaux , les | biscuits et autres préparations culinaires où dominent le lait, la fé- | 138" _cule et les œufs. Quelques personnes aussi s’en servent pour donner plus de saveur au thé, au café, au chocolat et autres boissons alimen- laires d’un usage journalier. En petite quantité, le laurier-cerise constitue un condiment très-utile pour faciliter la digestion des substances fades : mais où ne doit pas perdre de vue qu'il en faut une très-petite quantité pour déterminer la sédation des propriétés vitales, et pour détruire la vie jusque dans sa source. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) eur entière de grandeur naturelle. s du genre prunus, contient deux + ice , étamines, et pistil coupé longi- SEA attachés dans la partie supé- ur faire voir que rieure de la cavité po - l'ovaire, comme dans toutes les espè- Observ. Les fleurs de cette plante offrent, si je puis m’exprimer ainsi, deux odeurs distinc- tes ; la première est celle du noyau, qui approche de celle de quelques genres de la même fa- mille ; la seconde nauséabonde, ayant beaucoup de rapport avec celle du séné en infusion , est presque insupportable. 3. Coupe horizontale d'un fruit. 4. Noyau. LAVANDE. Lambert J° seule à ‘CCXVE. # ï L 2 LAVANDE’ : PSEUDONARDUS ; Pline. : £ LAVANDULA ANcusTrroLutA>; Bauhin, fivaË , lib. 6, sect. 3. Tournefort, Ah: -<. 3 clas. 4, sect. 3, gen. 11 si LAVANDULA Sp1ca ; foliis lanceolatis integerrimis , spicis nudis. Linné, didynamie gymnospermie, Jussieu , clas. 8, ord. 6, famille des la- bices ; : Italien... ... +++. LAVENDOLA ; SP1GO. é Espagnol, ....... ESPLIEGO. éPortugais.. ALFAZERNA ; LAVANDA. Français. .... .... LAVANDE. : Minis ris, COMMON LAVENDER. dre LAVENDEL Hollandais. ... .... ravenner TE LAVENDEI Suédaré. «Sn LAVENDEL, Polonais... ! . .. LAWANDA SE. ie she LAWENDA Les rochers de la Provence et des autres contrées méridionales de l'Europe, nourrissent , au milieu de leur aridité, cet élégant arbuste, qui parfume, par son aromate, ces lieux stériles , les anime par ses beaux épis d’un bleu tendre. Son caractère essentiel consiste dans un calice grêle, ovale-cylindrique, le bord supérieur entier, l'inté- rieur à trois lobes courts; une corolle à deux lèvres; la supérieure plane, large, redressée , échancrée au sommet ; l’inférieure à trois lobes ; le tube allongé ; quatre étamines didynames, renfermées dans le tube de la corolle; quatre semences nuës, au fond du calice, om-. biliquées à leur base. T4 3 Ce petit arbuste, pourvu d'une souche ligneuse, se divise en ra. meaux grêles, droits, nombreux, longs d’environ deux pieds , pres- que nus à leur partie supérieure. * De en, parce que les anciens se servaient du parfum de cette plante lors- qu'ils prenaient des bains. LS 6: Livraison, À. Se Fm = LAVANDE. Les feuilles sont opposées , élargies, lancéolées , rétrécies vers leur base, entières, blanchâtres, un peu roulées à leurs bords. Les fleurs sont bleues, quelquefois blanches, disposées par verti- cilles irréguliers, interrompus, formant un épi terminal, allongé, simple ou un peu rameux, muni de bractées linéaires, presque séta- cées : les calices sont blanchâtres, fortement striés, point cotonneux. La plante que je viens de décrire est le véritable spic, ou par corruption aspic des Provençaux, duquel ils retirent l'huile volatile du même nom. La lavande, cultivée dans nos jardins, présentée comme une variété de la précédente dans l'Encyclopédie méthodique, a été considérée comme une espèce différente par M. Decandolle. Il la nomme lavandula vera (Flore franç., Sup. pag. 398). Elle se distin- gue de la précédente par ses feuilles linéaires, plus étroites, un peu verdâtres; par ses épis toujours simples, par deux bractées opposées, ovales à leur base, glabres, mucronées, plus courtes que les calices, placées au dessous de chaque verticille; enfin par les calices pubes- cens, finement striés. Elle croît également dans nos départemens méridionaux. P. La plante entière, mais surtout ses fleurs et ses feuilles, exhalent une odeur forte, fragrante et très-suave. Leur saveur est aromati- que, chaude et amère. Par l’analyse chimique, Cartheuser en a re- tiré un vingt-deuxième d'huile volatile très-odorante, environ un cin- quième d'extrait aqueux amer, et un quart d'extrait spiritueux, d’une saveur très-balsamique. D’après les recherches de M. Prous, on peut raisonnablement penser que cette plante contient du cam- phre comme la plupart des labiées. De même que les autres substances aromatiques, la lavande exerce sur: l’économie animale une excitation prompte et plus ou moins vive, qui a rendu son eau distillée célèbre parmi les bonnes fem- mes, contre la syncope, l’'asphyxie, et au début de l’apoplexie. Mâchée , elle excite la salivation ; introduite dans les fosses na- sales , elle provoque l’éternuement; en contact avec l'appareil di- gestif, elle augmente l'appétit , excite l’action de l'estomac, et peut être employée avec avantage dans les indigestions, et contre les fla- tuosités intestinales qui tiennent à un état de torpeur de l'estomac et de l'intestin. Dans certains cas, elle sollicite l’action de la peau, 5 LAVANDE. des reins, de l'utérus, et favorise ainsi la sécrétion de la sueur, de l'urine, et l'écoulement des menstrues. Enfin, appliquée extérieure- ment, elle agit comme résolutive. Toutefois, elle passe pour stimu- ler plus spécialement l'utérus, le système nerveux en général, et le cerveau en particulier, et de là les vertus céphalique, nervine et uté- rine dont elle a été décorée. Telle est la source en outre des éloges qui lui ont été prodigués contre les vertiges, l’apoplexie, le balbu- tiement, l’aphonie, la léthargie, le tremblement, la paralysie, l’a- maurose, les spasmes, l’épilepsie, etc. Elle n’a pas été moins préco- nisée contre l’hystérie, l’'aménorrhée et les accouchemens difficiles. Mais à quoi bon répéter sans cesse , avec la foule des auteurs de ma-. tière médicale, l’interminable liste des propriétés vraies ou fausses attribuées sans dicernement à cette plante, comme à la plupart des végétaux? N’est-il pas à la fois plus rationnel, plus profitable aux hommes, et plus utile aux progrès de l’art, de réduire ces préten- dues vertus à leur juste valeur, en assignant les limites dans lesquel- les elles doivent être renfermées. Si l’on étudie l’action de la lavande dans cet esprit, on reconnaîtra facilement que les propriétés médi- cales qui lui sont attribuées ne sont que relatives; qu’elle ne peut être avantageuse dans les maladies contre lesquelles elle a été le plus préconisée, que dans les cas où elles sont dues à un état d’ato- - nie primitive, ce qui est en général fort rare, et qu’elle serait beau- coup plus nuisible qu’utile dans toutes les affections qui sont accom- pagnées de pléthore, de fièvre, de chaleur et d'irritation. C’est ce qu'ont reconnu les praticiens les plus célèbres, et, entre autres, Do- donée, qui s’exprime ainsi au sujet des préparations de cette plante. « Ces remèdes chauds portent à la iêle, augmentent considérable- ment le mal, et mettent le malade dans un danger évident... Nous avons cru devoir donner cet avis, parce que beaucoup de médecins ignorans et téméraires , d’apothicaires audacieux, et de femmes sans expérience, font prendre ces sortes de compositions, non-seulement aux apoplectiques, mais à ceux qui sont atteints d'épilepsie avec fièvre. » Il est donc fort rare que la lavande soit réellement utile dans les maladies nerveuses ; mais en poudre, on peut en faire usage chez les personnes pâles et languissantes, dont la digestion languit par défaut d’action de l'estomac. En infusion, elle peut être employée LAVANDE. avec avantage dans les catarrhes chroniques, dans les rhumatismes anciens ; en teinture alcoolique, on peut l’administrer soit intérieu- rement, soit à l’extérieur dans la paralysie de la langue et des mem- bres; mais , en général, on doit s’en abstenir, comme de tous les sti- mulans, dans les cas où ces maladies sont accompagnées de chaleur, de sécheresse , et autres signes d’une vive réaction vitale. Les fleurs et les feuilles de lavande pulvérisées peuvent être ad- ministrées en substance, de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros ); et en infusion, de trente-deux à soixante- quatre grammes (une à deux onces) pour un kilogramme { deux li- vres) d’eau. L'eau distillée aqueuse, et la teinture alcoolique qu’on en prépare , se donnent depuis trente-deux grammes (une once ) jus- qu'à cent vingt-huit grammes (quatre onces). La dose de la conserve de lavande est ordinairement de seize grammes (demi-once), et celle de l’huile volatile de deux à six gouttes. On fait avec la plante sèche des sachets qu’on applique empiriquement sur la tête contre l'apoplexie, et plus rationnellement sur les parties contuses, et sur les tumeurs atoniques pour en favoriser la résolution; la teinture al- coolique est souvent employée en gargarisme contre le bégaiement et la paralysie de la langue. L'huile volatile, ainsi que la teinture, sont également en usage dans des linimens excitans. La poudre cé- phalique de Charas, celle du même auteur pour les embaumemens, la poudre sternutatoire de la pharmacopée de Londres, la décoction céphalique, les gouttes céphaliques anglaises, le sirop antiépilepti- que, et le sirop de Stæchas, sont autant de compositions pharma ceutiques surannées, dont la lavande fait partie. L'eau distillée, que les parfumeurs en préparent, est d’un grand usage dans la toilette. Lorsqu'on n’en met qu’une très-petite quan- tité dans l’eau , qu’elle aromatise agréablement , elle constitue un cos- métique en général fort innocent, et on pourrait en recommander l'usage, si l’eau pure, le cosmétique par excellence, ne lui était pré- férable pour entretenir la fraicheur du teint, la souplesse de la peau, et l'éclat des couleurs. L'huile essentielle de lavande passe pour met- tre les insectes en fuite, pour chasser les pous de la tête, ceux du pubis, ainsi que les mittes et les teignes qui dévorent nos étoffes ; nos livres, etc. Cette huile est employée dans les arts, sous le nom LAVANDE. d'huile d'aspic, pour la composition de plusieurs vernis. Elle est fa- briquée en grand dans les départemens méridionaux de la France; mais elle est souvent sophistiquée dans le commerce, soit avec de l'esprit de vin, soit avec de l'huile de térébenthine. On y reconnaît la présence de l'alcool en y mélant de l’eau, parce qu’alors l'alcool se dissout dans l’eau, et l’huile volatile seule surnage, Si, en brülant cette huile dans une sie de métal, il se forme une fumée épaisse, à noire, et d’une odeur désagréable , c’est une preuve de la présence de k. l'huile de térébenthine. | EXPLICATION DE LA PLANCHE. | (La plante est de grandeur naturelle.) 2. Fleur ni grossie, des graines seulement s’est dévelop- | 2, Calice et pée, et que les trois autres lobes à 3. Corolle dette pour faire voir les qua- de l'ovaire sont restés avortés à sa & tre étamines. base. | _5. Calice ouvert, dans lequel on voit qu’une 6. Poil en étoile rameuse, grossi. Observ. Dans toutes les espèces de lavande, l’une des cinq ol du calice est d’une gran- deur remarquable, et sert d’opercule avant l'épanouissement de la Les poils qui recouvrent presque toutes les parties de la lavande pe fasciculés où en étoile = (T) 217. Lrrpin P° ; Zomôeré Fe rage k LICHEN 47 Zrérrte. 棣. CEX VIT. LICHEN D'ISLANDE. LICHEN ISLANDICUS ; foliaceus adscendens laciniatus ; marginibus eleva- A tis ciliatis. ne cryptogamie, algues. Jussieu, clas.:1 , ord. 2 , fa- mille des a diaten En + « + LICHENE DE Lite À nb: 2h58 LICHÈN DE ISLANDA, Léna PA TORRES MUSCO DA ISLANDA, MPORRRE.. 5 6 LICHEN D'ISL dns 5 ei ICELAND-LICHEN ; LIVERWORT Allemand... :. ISLAENDISCHES Hollandais. ...... SLANDSCH MOS. DONGT PRHETS ISLANDS MOOS en. ISLANDSMOSSA Parrour où la végétation commence à s'établir, les lichens sont ordinairement les premières plantes qui s’y montrent; elles-sont aussi les dernières qui y restent, lorsque, par d’autres circonstances ; cette végétation s’altère et disparaît : on en a rencontré jusque sur le som- met glacé du Mont-Blanc. Si nous ne considérons les lichens que comparativement aux autres plantes, nous n'y trouverons que des végétaux imparfaits, dignes à peine de fixer nos regards : nous ne verrons , dans les uns, que des-croûtes lépreuses ou tuberculées ; dans d’autres , que des expansions membraneuses , foliacées, déchiquetées, ou lobées; d'autresis se présentent sous la forme de longs filamens ca- Pillaires et pendans, ou sous celle de petits arbustes ramifiés, den- droïdes, sans fleurs ni feuilles apparentes : leur fructification est en- core a cac on a cru la reconnaître dans les tubercules, les scutelles, ainsi que dans une poussière farineuse répandue sur les différentes parties de la plante : mais si nous considérons ces ve taux, dans leur ensemble; si nous les observons dans les lieux -où la nature les a placés, couvrant les rochers, tapissant les vieux murs, appliqués contre l'écorce des arbres, ou suspendus à leurs branches, étalés sur ds terre, se glissant entre les mousses et le ane qu’elle ° Livraison. LICHEN D’'ISLANDE. agréable variété ces plantes, peut-être trop dédaignées, nous offri- ront dans leurs formes, leurs couleurs, dans leur manière de végé- ter et de se multiplier, les unes étalant sur l’épiderme des jeunes ar- bres une membrane lisse, très-blanche , parsemée de lignes noires, : imitant, dans leurs diverses directions, les caractères de quelque langue étrangère, ou une sorte de carte géographique ; d’autres pré- sentent des points saillans, noirs, luisans, sur un fond verdâtre et cendré; ailleurs elles forment sur les rochers des plaques de diver- ses couleurs, des croûtes parsemées de tubercules ou de petits go- dets, en forme d’entonnoirs simples ou prolifères , chargés sur leurs bords de tubercules fongueux, sessiles ou pédicellés, de couleur brune , noirâtre, ou d’un beau rouge écarlate. Linné avait réuni les lichens en un seul genre, mais le grand nom- bre des espèces, et la variété de leurs formes, ont déterminé à les regarder comme une famille particulière, et à les distribuer en gen- res. Le lichen d'Islande, qui est aujourd'hui le physica islandica , très-abondant dans l'Islande et dans les régions septentrionales de l'Europe , croît par touffes sur la terre, dans les prairies montueuses, aux lieux stériles, arides et pierreux. Ses expansions sont foliacées , longues de deux ou trois pouces, fermes, coriaces, divisées en ramifications linéaires, laciniées ; ou presque pinnatifides, souvent bifurquées, bordées de cils presque épineux ; ces lanières tendent à se courber en gouttière, surtout vers le bas; elles sont d’un brun verdâtre ou olivâtre, plus pâles à leur partie inférieure, souvent tachetées de rouge à leur base; elles pro- duisent des cupules assez rares, presque terminales, planes ou un peu concaves, sessiles, orbiculaires, d’un rouge-brun, ou de la cou- leur des feuilles. (P.) Le lichen d'Islande est inodore; sa saveur est extrêmement amère, et tellement tenace, qu’elle ne peut lui être complètement enlevée, même par plusieurs ébullitions successives. L'eau s'empare toutefois de la plus grande partie de son amertume, soit par infusion , soit par décoction. Dans le premier cas, la liqueur est limpide , et rougit par le sulfate de fer; dans le second, on obtient un liquide épais et vis- queux, qui se concrette par le refroidissement , et forme une sorte de gelée rougeâtre , peu collante , amère, et très-soluble dans la bou- SAPIN Te LP * LICHEN D'ISLANDE. che. D’après les recherches de Tromsdorff et d'Ebeling, cette plante renferme près de la moitié de son poids de mucilage, une petite quantité de résine, et un principe légèrement astringent. M. Berze- liusy a constaté en outre la présence d’une matière de nature animale, coagulable et analogue à la gélatine, C’est à ce mucilage et à cette substance gélatineuse que le lichen doit les propriétés nutritives dont il jouit essentiellement. IL exerce en outre, par sa qualité amère, une action tonique , lente, qui, de l'appareil digestif, se transmet à toute l'économie, et peut, à la lon- gue, modifier avantageusement les organes. Ainsi 1l augmente l’ac- tion de l'estomac, excite l'appétit, facilite la digestion, active les fonctions nutritives , remédie à l’amaigrissement , et soutient les for- ces dans la plupart des maladies de langueur et d’épuisement. Hiarne, Bartholin, Borrichius, Olafsen, lui attribuent en outre une vertu purgative; mais cette propriété, justement contestée au lichen par plusieurs observateurs , n'existe point dans la plante sèche, puisque les peuples des régions polaires qui s’en nourrissent , el les malades auxquels on l’administre parmi nous, n’en éprouvent aucun effet laxatif. À l'exemple de quelques auteurs, on pourrait donc tout au plus admettre cette propriété dans le lichen récent, s'il n’était plus prudent de suspendre son jugement sur ce point, jusqu’à ce que de nouvelles observations aient levé tous les doutes. Les maladies de la poitrine en général , et la phthisie pulmonaire en particulier, sont les affections contre lesquelles le lichen d'Islande a été particulière- * ment recommandé. Herz, Linné, Scopoli, Tromsdorff, Hiarne, Ber- gius, Crichton, Stoll, et plus récemment M. Regnault , ont constaté ses bons effets dans cette redoutable maladie. Il paraît toutefois que c'est contre les phthisies muqueuses et ulcéreuses que le lichen a été employé avec succès; car, dans la phthisie tuberculeuse, son ineff- cacité est tout aussi marquée que celle des pectoraux et des béchi- ques les plus vantés. S'il ne guérit pas cette terrible lésion des pou- mons, il faut convenir toutefois, avec Murray , que souvent il adou- cit la toux, apaise la fièvre hectique, améliore l’expectoration, rend la respiration plus facile, diminue les sueurs et autres évacuations colliquatives prolonge l'existence des malades, et rend leurs souf- frances plus supportables. Scopoli recommande en outre le lichen LICHEN D'ISLANDE. dans le rachitis; Cramer l’associait avec avantage au mercure, dans la phthisie vénérienne ; Hiarne s’est bien trouvé de son usage contre l’hémoptysie et le scorbut, et Tromsdorff dans cette dernière affec- tion et dans la goutte. Schonheyder l’a administré avec succès contre la toux rebelle qui survient chez les enfans à la suite de la rougeole; Quarin en à fait usage dans la suppuration des reins; quelques au- teurs lont administré contre le cancer de l'utérus. Le lichen a été vanté en outre contre la diarrhée et la dysenterie chroniques; mais Crichton , qui a déterminé avec beaucoup plus d’exactitude qu’on ne l’avait fait avant lui les circonstances dans lesquelles il convient de l’'administrer, a très-bien vu qu'il serait nuisible lorsque ces affec- tions intestinales sont accompagnées de douleurs d’entrailles, de cha- leur, de fréquence ou de dureté dans le pouls , et autres signes d’exci- tation. Du reste, on conçoit parfaitement que cette plante tonique et analeptique a pu avoir, dans certains cas, contre les différentes ma- ladies dans lesquelles elle a été administrée, comme dans la plupart des cachexies accompagnées de marasme, et de la chute des forces, le même avantage que contre certaines phthisies; celui de diminuer l'intensité dévorante de la fièvre hectique, et de retarder les progrès de la consomption. Mais il faut, pour que cet effet ait lieu, que le malade ne soit en proie à aucune inflammation locale, ni à une exci- tation générale trop prononcée. On peut administrer ce lichen en Diridre; soit en suspension dans un liquide quelconque, soit sous forme de pilules ou d’électuaire. On l'emploie beaucoup plus souvent et avec plus d'avantage en décoc- tion dans l’eau, le lait ou un bouillon gras, à la dose de seize ou trente-deux grammes (demie où une once) pour un kilogramme (deux livres) de liquide; et pour diminuer son amertume, on l’édul- core ordinairement avec une certaine quantité de sirop de sucre ou de miel. On a fréquemment recours à la gelée de lichen, convenable- ment édulcorée et aromatisée. Ce végétal , réduit en poudre, et cuit avec le lait, forme une bouillie médicamenteuse, aussi utile et plus agréable à certains malades que la gelée. On le fait entrer dans la composition du chocolat; M. Regnault se loue beaucoup des avanta- ges qu’il en a obtenus sous cette forme. À l'exemple de ce médecin, on peut faire préparer, avec la poudre de lichen, des crêmes , des Des Al Fe % LICHEN D'ISLANDE. ne" … conserves, des pastilles, des biscuits, et autres médicamens alimen- taires, qu’on peut varier à l'infini, suivant l'expression de M. Alibert, pour éviter aux malades l'ennui de l’'uniformité. Les avantages économiques du lichen d’Islande ne le cèdent point à ses propriétés médicales. Les habitans de l'Islande en font la base de leur nourriture. Chaque année ils se réunissent en troupes pour aller cueillir cet utile végétal sur les rochers, où il croît en abon- dance. Ils lemportent dans des sacs, et, après l'avoir lavé, séché au four, et grossièrement pulvérisé, ils le conservent dans des barils. . Cette substance alimentaire, à volume doublé, nourrit autant que le blé. Pour l'usage, on la réduit en poudre, on la fait bouillir avec io , Le ra l'eau, le lait ou le petit-lait, et on en prépare des bouillies très-nu- tritives. Mèêlée à une certaine quantité de farine, cette poudre est susceptible de faire du pain, qui, malgré son amertume, constitue un bon aliment. Dans la Caïniole , le lichen est employé pour engrais- ser les cochons ; à une certaine époque de l’année, on le fait brouter aux bœufs et aux chevaux épuisés , pour les refaire. à La médecine, l’économie domestique et les arts, emploient plu- sieurs autres espèces de lichen à divers usages. Ainsi la pulmonaire de chêne, Z. pulmonarius, a été préconisée parmi nous contre la phthisie et les hémorragies. Les habitans de l'Islande remplacent sou- vent le Z. islandicus par les Z. nivalis et proboscidus. Les Russes septentrionaux emploient à leur nourriture, et à celle de leurs rênes, les L. esculentus et rangiferinus. Enfin diverses espèces indigènes du même genre sont en usage dans la parfumerie et dans la teinture. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grand naturelle.) » à ñ D 7% ur pin L: Lambert seule. LIERRE . D ÉT Dh! CCX VII. LIERRE. OR nus Ts: , 5 Niboes , Dioscorides , x/ros, Théophraste. HEDERA ARBOREA; H. POETICA; Bauhin, TiraË, lib. 8, sect. 3. Tourne- ECTS Rs ma re BE HELIX, foliis ovatis lobatisque. Linné, pentandrie monogynie. Jussieu , clas. 11, ord. 3, famille des chèvrefeuilles. Taken)... :: ++ EDERA, ELLERA, Espagnol... .. YEDRA Portugais, ....... EIRA. Pop: 2: LIERRE; LIÈERRE GRIMPANT. Anglais... COMMON 1Vx, Allemand, . .,.... EPHEU ; EPPICE, Hollandais “+... KLIMOP; KLYF. noirs. PTT ee VEDBENDE Res MURGROEN. Polonais BLUSZCZ. MS ue Rhie BLJUSTSCH., Hongrois... + + + FAI-BOROSTYAN. LE lierre est un arbrisseau très-commun en Europe; il se plait dans les lieux sauvages , ombragés et frais, dans les bois et les haies ; il couvre d’une verdure perpétuelle les masures, les rochers et les vieux Murs ; il embrasse de ses rameaux flexibles le tronc des arbres, qu'il épuise , en insinuant dans les gerçures de leur écorce une mul litude de petites racines; il a joui de tout temps d’une grande célé- brité , surtout dans les fêtes bruyantes de l’ancienne Grèce. On le distingue » Comme genre, par un calice à cinq dents caduques ; par “ne corolle à cinq pétales, contenant cinq étamines alternes avec ‘* Pétales ; un ovaire à demi inférieur; un style. Son fruit est une baie globuleuse, à cinq loges monospermes, couronnée un peu an dessous de son sommet par la base du calice. Ses tiges sont rameuses, sarmenteuses , rampantes, plus rs Srimpantes : elles s'élèvent quelquefois à une grande hauteur. d cé ai vu, dit M. Desfontaines, dont le tronc était de la Es un 57° Livraison. LIERRE. homme : les rameaux sont tortueux et Bexibles le bois mou, poreux et léger. Lorsque le here est encore jeune, et qu'il rampe sur la terre, ses feuilles sont entières, lancéolées; quand il devient adulte, et qu'il grimpe sur les arbres, elles sont en cœur , se découpent en plusieurs lobes, souvent en trois, enfin elles deviennent ovales sur les ra- meaux supérieurs détachés de leur appui : toutes sont coriaces, épaisses, luisantes , très-glabres, entières, d’un beau vert. Les fleurs sont petites, d’une couleur pâle, herbacée, réunies en corymbes sphériques au sommet des rameaux. Elles produisent des baies noirâtres, globuleuses, peu succulentes, de la grosseur d’un pois. Il en existe une variété à fruits jaunes. (P:} Les feuilles du lierre sont amères, nauséeuses , légèrement austè- res. Les fruits, dans l’état frais, présentent une saveur acidule qui devient amère et un peu âcre après la dessiccation. La résine qui dé- coule du tronc de l'arbre, soit spontanément, soit par incision, se présente dans le commerce en petites masses irrégulières, compac- tes , friables , d’une couleur brune parsemée de veines rouges brillan- tes; elle est inodore dans l’état ordinaire, mais répand, lorsqu'on la brûle, une odeur fragrante très-suave. Cette résine ne se dissout point dans la salive quand on la mâche; elle est insoluble dans les huiles fixes et volatiles, et soluble, en partie seulement, dans l'al- cool. Il en résulte que cette substance n’est pas une résine pure, mais on ne s’est pas encore convenablement occupé de son analyse chi- mique. Il en est de même de celle des feuilles et des baies du lierre, dans lesquelles on n’a reconnu jusqu’à ce jour qu’une très-petite quantité d'huile volatile peu odorante , un extrait résineux très-abon- dant, et un extrait muqueux qui l’est moins. Le bois de lierre, en général mou et spongieux, n’a d'autre usage médical que celui de servir à faire de petites boules, dont les chi- rurgiens font usage pour entretenir la suppuration des cautères et des exutoires. Les feuilles ne sont employées de nos jours qu’à l’exté- rieur , et même on ne s’en sert plus que pour le pansement des cau- tères. Toutefois leur décoction vineuse a été vantée par divers au- teurs comme un détersif puissant, et quelquefois appliquée, dans cette vue, sur les ulcères atoniques et fongueux. On à également at- e a ua > LIERRE. ; _iribué à leur décoction aqueuse beaucoup d'efficacité contrée la tei- gne, contre la gale, et la singulière propriété de noircir les cheveux : mais ces faits ne sont pas suffisamment constatés. Quoique ces feuil- les desséchées aient été administrées intérieurement en poudre, dans latrophie des enfans, à la dose d’un scrupule et plus, leurs effets immédiats sont encore à déterminer , et leur usage entièrement tombé en désuétude. Il en est de même des baies dont l’action n’est pas mieux connue que celle des feuilles. Toutefois ces fruits semblent jouir de propriétés vénéneuses : les anciens les avaient placés au rang des vomitifs et des purgatifs. Boyle les administrait à haute dose pour provoquer la sueur. Hoffmann et Simon Pauli les regardent comme dangereuses, et peut-être fourniront-elles quelque jour à la thérapeutique un moyen puissant, si l’on parvient à déterminer leurs propriétés médicales par des observations cliniques bien faites. _ Quant à la résine, improprement désignée dans le commerce sous le titre de gomme de lierre, sa saveur aromatique âcre porte à croire qu’elle est la partie la plus active de ce végétal. Stahl l'em- ployait comme emménagogue dans les suppressions menstruelles, et en recommandait l'usage dans plusieurs autres maladies atoniques. On s'en sert quelquefois comme topique dans le traitement de la tei- gne; on lui attribue aussi la propriété douteuse de faire disparaître les pous, et de faire tomber les cheveux. On l’introduit enfin quel- quefois dans les cavités des dents cariées; mais ses succès dans ces différentes circonstances. n’ont point été suffisamment constatés. Les feuilles et les baies du lierre, desséchées, peuvent être admi- nistrées en poudre à la dose de treize décigrammes (un scrupule ), et en infusion à celle de deux à quatre grammes (demi à un gros ) * dans cinq hectogrammes (une livre) d’eau. La résine ne s'emploie qu'à l'extérieur; elle constitue un des principaux ingrédiens de l’on- guent d'althéa. Les anciens avaient consacré le lierre à Bacchus, peut-être que cet arbre croît en abondance dans les montagnes de la Thrace, où ce dieu était particulièrement honoré. Les Bacchantes en couron- naïent leurs têtes, en chargaient leurs thyrses, et en décoraient Pompeusement les temples dans les fêtes solennelles de la Grèce. Par suite de cet usage antique et sacré, le lierre est encore suspendu de parce LIERRE. nos jours à l’entrée des cabarets et des tavernes, seuls et indignes temples où le culte du dieu de la Thrace se soit conservé parmi nous. Quoique cet arbre agreste préfère l'ombre, et recherche la solitude, il s’accoutume dans nos jardins et dans nos parcs, où on l’emploie à divers ornemens. Il suit avec docilité toutes les directions qu'on lui donne. Il grimpe le long des murailles, et recouvre leur triste nu- dité d’un magnifique tapis de verdure. On en fait des portiques, des obélisques, et des palissades d’un très-bel effet. On peut également le tondre en buisson, en faire des haies toujours vertes et très-so- lides. Son bois sert aux tourneurs à faire des vases, qui, au rapport de Pline, avaient la réputation de laisser filtrer l’eau à travers leurs pores, et de retenir le vin quand on y versait les deux liqueurs réu- aies. Enfin la résine de lierre est employée dans les ärts à la compo- sition de certains vernis. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière. de la pulpe, afin de mettre à décou- 2. Calice et pistil. vert les cinq osselets 2 3. Fruit entier, de grandeur naturelle, 5. L'un des osselets isolé. Le mème, dont on a enlevé une partie = Lanhert Je seule. LIEBRE TERRESTRE. a. LE. Ms ve FE Ps SUN? 1e 0 TER UN POUR PTS taie ARS et y . VE RE CCXIX. LIERRE-TERRESTRE, dr ee + an re 6 orides HEDERA TE R1S VULGARIS; Bauhin, TsvaË , lib. 8, sect. 3, CALAMINTHA HUMILIOR, FOLIO ROTUNDIORE. Tournefort, cl, 4, sect. 3 , Rs. + . . 0 gen. 4. GLECOMA BEDERACEA ; foliis reniformibus crenatis. Linné, didynamie, ie à Jussieu, clas. 8, ord. 6, famille des labiees, Italien... .....'.. xrvera TERRESTR $ & + . . . . x ol © 7m > | Le LA L:1 3 5 4 1 [al Allemand. . ....,. rRDEPHEU; cuNDELRrEEN, Hollandais... . ... AARDVEIL, Mains ie JORD-VEDBENDE. ns. à + « à JORDREPVOR. aus 11 HORS BLUSZCZ POZIEMY. a KROTOWIK, * Drs tiges rampantes, une sorte de ressemblance entre les feuilles de cette plante et celles du lierre, ont probablement donné lieu à son nom vulgaire. Elle est commune le long des baies, dans les lieux couverts. Son caractère essentiel consiste dans un calice cylindrique, strié, à cinq découpures inégales ; une corolle une fois plus longue que le calice, à deux lèvres; la supérieure bifide et redressée , l’infé- rieure à trois lobes; celui du milieu échancré et plus grand; quatre étamines didynames ; les anthères rapprochées deux à deux en forme Croix ; un style; quatre semences ovales au fond du calice. Ses racines sont grêles et fibreuses; ses tiges menues , presque sim- ples, quadrangulaires étalées sur la terre, redressées à leur partie re au moment de la fleuraison, légèrement velues, longues d'un pied. Ses feuilles sont pétiolées, opposées, vertes, un peu velues, en 3. 57< Livraison, LIERRE TERRESTRE. forme de rein, presque rondes, crénelées à leur contour ; les pétioles des feuilles fees. très-longs et velus. Les fleurs sont réunies au nombre de trois ou quatre dans l’ais- selle des feuilles, sur un pédoncule commun très-court, pourvues chacune d'un pédicelle sétacé et pubescent, avec quelques petites bractées très-fines, subulées. Le calice est court, velu, à cinq dents très-aiguës ; la corolle pur- purine ou rougeâtre, quelquefois blanche, légèrement ciliée sur le dos, deux fois plus longue que le calice; le tube fort étroit, allongé. Le lierre terrestre exhale une légère odeur aromatique , qui est beaucoup plus sensible lorsqu'on le froisse entre les doigts. Sa sa- veur est balsamique, amère, un peu âcre; mais il ne conserve ces qualités, après la dessiccation, que lorsqu'il a été ‘desséché avec beaucoup de soin. Il contient une petite quantité d’huile volatile odo- ‘rante, dont l'eau se charge par la distillation, un extrait résineux balsamique, faiblement amer, un extrait muqueux d’un goût d’a- bord douceâtre et amer, ensuite âcre et piquant, et en beaucoup plus grande quantité que le premier. Circonstance qui porte à croire que l’eau est plus propre que lalcool à s'emparer des principes ac- tifs de cette plante. Peu de végétaux indigènes ont eu autant de vogue, et jouissent encore d’une aussi grande réputation que le lierre terrestre. Les ou- vrages de matière médicale ne tarissent pas en éloges les plus pom- peux sur ses merveilleuses vertus , et le décorent fastueusement des propriétés les plus contradictoires. On ne s’est pas borné à le prô- ner comme tonique, stomachique, diurétique, apéritif, détersif, vulnéraire., expectorant, etc, etc.;; des auteurs même très-recom- mandables, l'ont signalé comme un remède souverain-contre la toux, la phthisie, l'asthme, et le catarrhe pulmonaire; d’autres ont préco- nisé ses succès dans la céphalalgie, la dyspepsie, lhypocondrie , les coliques et les affections calculeuses. Le public, toujours prompt à admettre, comme des vérités démontrées, les assertions les plus mensongères, quand elles ont surtout pour objet la toute-puissance des drogues, a renchéri sur les éloges prodigués au lierre terrestre par des auteurs crédules ou intéressés ; et dans l'esprit des commères * . + 4 LIERRE TERRESTRE. et de cette foule innombrable de gens oisifs, dont toute la science médicale consiste à croire aveuglément à l’héroïque vertu des spé- cifiques, cet humble végétal est devenu comme une sorte de panacée propre à remédier à toutes les infirmités, à guérir toutes les mala- dies, et à l’aide duquel on peut en quelque sorte défier la mort : de sorte que c’est par pure complaisance que l’on consent à être malade avec un aussi puissant moyen de guérison. Heureusement cette . plante est très-peu active : sans cette circonstance, elle serait une arme meurtrière entre les mains profanes et inhabiles qui Padminis- trent de toutes parts à tort et à travers dans une foule de maladies où elle est au moins inutile. : Quoique le lierre terrestre, à raison dé ses propriétés physiques et chimiques, appartienne à la classe des toniques, l'excitation ‘qu'il exerce sur l'estomac, et par suite sur différens organes de l’écono- mie animale, est si légère, surtout à la faible dose à laquelle on l’ad- ministre ordinairement , qu'il ne mérite eh aücune manière la haute Opinion qu'on a eue de sa puissance. Simon Paul, Willis, Morton, Ettmuller, Rivière, Sauvages, et plusieurs autres médecins recom- mandables , ont annoncé, il est vrai, ses bons effets contre la phthi- sie pulmonaire, l’empyème ét certaines toux, dont le caractère est loin d’avoir été déterminé. Le même Pauli, Senner, Platter, etc., ne balancent même pas à lui attribuer là merveilleusé propriété de gué- rir les affections calculeuses des reins et de la vessie; mais quelle con- fiance méritent de pareilles assertions, pour quiconque a acquis des connaissances exactes sur la nature de ces maladies ; ‘et sur la faible action tonique du lierre terrestre? Quelle que soit: du juste vénération que l’on professe pour les noms célèbres, peut-on admettre avec Lautt l'efficacité de cette labiée contre les fièvres intermittentes , lors- qu’on voit chaque jour ces pyrexies guérir spontanément sans aucun remède , si l’on n’entrave pas les efforts salutaires de la nature par des ilications intempestives? Doit-on croire, sur le simple rapport de Rai, que le suc de cette plante, introduit dans les fosses nasales, a guéri, comme par enchantement , une céphalalgie invétérée ; et autres effets non moins miraculeux qu'aucune observation positive n’appuie et que la saine raison réprouve? L'illustre et savant Cullen a bien plus sainement apprécié les propriétés médicales du lierre terrestre. LIERRE TERRESTRE. « Ce que les auteurs de matière médicale disent de cette plante, écrit ce grand médecin, ne me paraît pas mieux fondé que les opi- nions vulgaires. Il me semble absolument dénué de probabilité qu'elle ait la vertu de guérir les ulcères des poumons, et différentes espèces de phthisie. L'autorité de S. Pauli ou des autres auteurs n’a . aucune valeur à mes yeux, vu la nature de ces maladies, et la diffi- _culté de les guérir en général. Son usage contre les calculs de la vessie n'est pas appuyé de meilleures autorités , ni plus probable, et je ne craindrais pas de commettre d’excès en l’employant à grande dose. » | On peut administrer cette plante en substance, sous forme pulvé- rulente; en pilules, sous forme molle, ou en suspension dans un li- quide quelconque, depuis deux jusqu’à quatre grammes (demi à un gros ) et au delà. Son suc clarifié a été donné de soïxante-quatre à cent vingt-huit grammes ( deux à quatre onces ). Le plus souvent on lemploie en infusion théiforme à dose indéterminée. L'eau distillée qu’on en prépare encore dans quelques pharmacies, n’a presque au- cune vertu. Sa conserve n’est pas plus active : on en compose un sirop qui a été ridiculement préconisé contre la phthisie et les cal- culs, et qui n’a pas plus de vertus que le sirop simple. Le lierre terrestre paraît avoir été en usage chez les Anglais pour la clarification de la bière. Quelques médecins avaient cru que, fer- menté avec l'orge, il pouvait donner à cette liqueur une qualité supérieure , mais l’expérience n’a point justifié cette opinion. Certains auteurs assurent que les feuilles de cette plante peuvent servir de nourriture aux vers à soie, quand on manque de feuilles de mürier. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) Calice. 2. Corolle ouverte. 5 3. Pistil, Zambert F Jeulp Tur pin Æ À è ; be 3 ; cn der the Mie e sde .. Ayoy, Théophraste et Dioscorides. INUM ARVENSE ; Bauhin, IlsvaË, lib. 6, sect. 3. LINUM SATIVUM, LATIFOLIUM , AFRICANUM; fructu majori, Tournefort, Fatinss. ic ie clas. 8, sect. 1, gen. LINUM USITATISSEMUM; calycibus capsulisque mucronatis, petalis cre- natis, foliis lanceolatis alternis, caule solitario. Linné, pentandrie pentagynie. Jussieu, clas. 13, ord. 22, famille des caryophyllées. Hola... ..,..,. 11760. Espagnol, . ....,. ro. FPOPRgRIS SR LINO. Français... 45, ; LIN ; LIN COMMUN. Anglais. ........ rinsexn. Allemand, ..,.... LEINSAAMEN, Hollandais... ... .. uvaszaanr inde ue RR Polonais NES es à ve. € Ce genre, qui renferme plus de quarante espèces, dont une partie, originaire de l’Europe, offre, pour caractère essentiel, un calice persistant, à cinq folioles ; cinq pétales onguiculés, cinq étamines un peu soudées à leur base; cinq écailles en forme de filamens stériles , alternes avec les étamines ; cinq styles. Le fruit est une capsule glo- buleuse, à cinq valves rapprochées, et dont les bords rentrans for- ment autant de loges qui paraissent être doubles ; une semence dans chaque loge, insérée à l'angle central des loges. Le lin commun a une racine grêle, presque simple, garnie de quelques fibres latérales : elle produit une tige droite, menue, gla- bre, cylindrique, rameuse vers son sommet, haute d’environ un pied et demi. Les feuilles sont sessiles, éparses, glabres , d’un vert un peu glau- que, linéaires-lancéolées, aiguës, longues d’un pouce. Les fleurs sont assez grandes, d’un bleu elair, les unes axillaires, d'autres terminales ; les pédoncules filiformes et uniflores ; les folioles du calice ovales, mucronées, blanchâtres et scarieuses à leurs bords ; 57€ Livraison. 4. LIN. les pétales un peu crénelés au sommet, blancs à leur onglet; les capsules globuleuses et mucronées; les semences ovales, luisantes, comprimées , d’un jaune pâle. La médecine ne fait usage que des semences de cette plante. Elles sont inodores , leur saveur est fade, et devient mucilagineuse quand on les mâche. On en retire une huile douce, très-onctueuse, et un mucilage doux , très-abondant, dont l’eau s'empare par infusion, et même par simple macération. M. Vauquelin pense que le mucilage est composé d’une matière gommeuse, unie à une substance de na- ture animale, à de l’acide acétique libre, et à plusieurs sels, parmi lesquels figurent l’acétate et le muriate de potasse, auxquels ce célè- bre chimiste attribue la propriété diurétique de la graine de lin. La nature de l'huile et le mucilage dont ces semences sont compo- sées , les rendent éminemment adoucissantes, relâchantes, émollien- tes, lubrifiantes, antiphlogistiques, et très-propres à diminuer l’état d’excitation des propriétés vitales organiques. On les emploie aussi avec le plus grand succès pour opérer toute espèce de médication atonique , soit générale, soit locale. Quoique l’usage de leur infusion aqueuse soit spécialement accrédité pour diminuer l'irritation des organes urinaires, on l'emploie avec le même avantage dans la pre- mière et la seconde période de presque toutes les maladies aiguës, telles que l’angine gastrite, la dysenterie, les catarrhes pulmonaire, vésical, urétral et vaginal. Son administration a surtout prévalu con- tre la néphrite et les affections calculeuses accompagnées d’ischurie ; mais son usage n’est pas moins utile dans les hémorragies actives, et dans une foule de maladies aiguës ou chroniques, accompagnées de douleur , de chaleur et d’irritation. On s’en est particulièrement bien trouvé dans la constipation, la goutte, les hernies étranglées, dans l’enrouement, le ptyalisme, les aphtes, et dans la première période des exanthèmes aigus. En général, l’infusion de ces semences con- vient comme boisson dans tous les cas où il faut ramener les pro- priétés vitales à leur état normal, et faire cesser leur surexcitation. Toutefois 1l faut avoir soin qu’elle ne soit ni trop visqueuse, ni trop consistante, afin qu’elle ne fatigue pas l'estomac : pour la même rai- son, il est utile de l’édulcorer et de l’aromatiser convenablement. Cette infusion, plus ou moins concentrée, peut être administrée LIN. | avec beaucoup d’avantage , en lavement dans les coliques, et les in- flammations de l'intestin et de la vessie; en collyre contre loph-. talmie, en gargarisme dans l’esquinancie, contre les aphtes et le ptyalisme ; en looch enfin, dans les phlegmasies du larynx et de la trachée. Les semences du lin, écrasées et cuites dans l’eau ou le lait, forment des cataplasmes émolliens qu’on applique chaque jour avec le plus grand succès, comme adoucissans, maturatifs et résolutifs , sur les plaies et les ulcères compliqués de douleur et d’inflammation, sur les tumeurs et les engorgemens inflammatoires, tels que les bu- bons, les phlegmons, les panaris, les furoncles, etc. L'huile douce et onctueuse qu’on obtient de ces semences par expression, jouit des mêmes propriétés médicales que ces semences elles-mêmes : Sydenham, Baglivi, Gesner, Tournefort, Hagendorn, en ont particulièrement fait usage dans les différentes inflammations thorachiques , et surtout contre la pleurésie. D'autres auteurs, parmi lesquels on distingue le docteur Michel, ont constaté les bons effets de cette huile, prise intérieurement dans l’hémoptysie. Dodonée, Dehaen, Van Swiéten, vantent son efficacité contre l’iléus et la coli- que métallique. Dans un cas très-remarquable, le savant Murray s'en est servi avec le plus grand succès pour expulser une grande quantité de vers du canal intestinal; Heberden préférait même l'huile de lin à toute autre pour chasser les ascarides vermiculaires qui s’ac- cumulent parfois dans le rectum des enfans. Les semences du lin se prescrivent entières en infusion à la dose de seize grammes (demi-once) dans cinq hectogrammes (seize onces d’eau). L'huile se donne depuis trente-deux jusqu’à cent vingt-huit grammes (une à quatre onces) par jour. Mais ordinairement on fait prendre cette quantité par cuillerées d’heure en heure, et on a soin de l’aromatiser pour la rendre plus agréable à avaler. 11 faut avoir soin de ne l’employer que douce et récente ; et, lorsqu'elle est rance, il faut faire disparaître sa rancidité, en l’agitant fortement, et à plu- sieurs reprises, dans de l’eau tiède. Ces semences font partie du sirop de marrube de Mésué, de l’onguent d’althéa, du mondificatif de résine de Joubert, du diachylon, de l'emplâtre de mucilage; et l'huile qu’on en retire est la base de plusieurs linimens. Dès l'antiquité la plus reculée, le lin est célèbre par ses usages LIN. multipliés dans les arts et l'économie domestique. I est surtout pré- cieux par les fibres que l’on retire de son écorce, et qui, transfor- mées et torturées de mille manières par l’industrie de l’homme, ser- vent, sous mille formes variées , à nos besoins et à nos plaisirs. En filasse, sous forme de fil, il est d’une nécessité indispensable dans tous les arts et dans tous les usages de la vie. On en fait une foule de tissus divers qui sont la base de nos vêtmens, ou servent à la parure. Après s'être en quelque sorte épuisé pour subvenir à tous les besoins des hommes réunis en société, le lin va servir en- core à la fabrication du papier. Il devient ainsi, en dernier résultat, le dépositaire de nos sentimens, de nos affections et de nos idées; et, à l’aide de l'imprimerie, il éternise les productions du génie, les élans sublimes de la pensée, et assure à jamais les progrès des lu- mières et de la raison. Dans certaines contrées de l'Asie, le peuple se nourrit souvent des semences du lin, qu’il fait cuire après les avoir écrasées , et mêlées avec le miel. Dans des temps de famine, on s’en est même servi en Hollande comme aliment; mais elles constituent une nourriture fade, visqueuse, très-difficile à digérer, et peu con- venable, surtout aux personnes faibles. Leur huile pourrait être em- ployée à divers usages culinaires; on s’en sert plus particulièrement pour l’éclairage; elle entre dans la composition de l'encre dont les typographes font usage pour imprimer. Dans les arts mécaniques, elle est en usage pour lubrifier les ressorts, et pour adoucir les frot- temens des rouages des machines. Les peintres en composent plu- sieurs vernis. Enfin, la pâte solide qui reste sous le pressoir après l'extraction de l'huile, sert à engraisser la volaille et les bestiaux. Le linum catharticum , L., à la dose de treize décigrammes (un scrupule) en poudre, jouit de la propriété purgative, et à plus haute dose, il paraît exercer une action vomitive : maïs il est très-peu usité parmi nous. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Racine, 2. Étamines et pistil. 3. Pétale. 4. Fruit entier. 5, Le mème, coupé horizontalement. 6. Graine. 7. La même, grossie, dont on a enlevé une partie du tégument pour faire voir l'embryon. CCXXI. LIS BLANC. . :.: XPIYOY € AerpI0Y. [LILIUM ALBUM; flore erecto, vulgare. Bauhin, Tiva£, lib. 2, sect. 5. : Tournefort, clas. 9, sect. 4, gen. 3. D... LILIUM CANDIDUM; foliis sparsis ; corolli panulatis, intus glabris. Linné, hexandrie monogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 4, famille des . . GIGLIO BIANCO, Espagnol, ...... LIRIO. Portugais. ...... LEIR10. Français... .,. LIS BLANC Ps... ..... WHITE COMMON LILY. Allemand... ,.... WEISSE LILIEN. Hollandais. . ..... ELIE PA LILIE. LL TRES LILIE. Polonais LILIA. Cuer de la brillante famille à laquelle il a donné son nom (les li- liacées ), le lis est un des plus beaux ornemens du règne végétal. En 'eSpirant l’odeur suave dont il parfume l'air, nous nous croyons transportés dans ces riches contrées de l'Orient, qu'il a quittées Pour venir habiter parmi nous : on croit cependant qu'il se trouve également dans l’Europe. Haller l’a découvert dans la Suisse, Decan- dolle sur le Jura, dans les lieux sauvages, éloignés de toute habi- tation. Sous le rapport de ses caractères génériques , le lis se distingue Pat une corolle ample, campanulée, à six pétales ou six divisions profondes, distinctes, creusées chacune par un sillon longitudinal plus marqué vers la base, à bords dentelés; point de calice; six éta- mines; les anthères oblongues et versatiles; un ovaire supérieur ; oblong, à six cannelures; un style cylindrique; le stigmate épais, à trois lobes. Le fruit est une capsule trigone, à six sillons, oblongue, obtuse, à trois loges, à trois valves polyspermes. 38+ Livraison, LIS BLANC. Sa racine est ovale, bulbeuse, jaunâtre, écailleuse en dehors, gar- nie en dessous de grosses fibres fasciculées, qui constituent la vérita- ble racine. Sa tige est simple, droite, cylindrique, longue de deux ou trois pieds, garnie presque dans toute sa longueur de feuilles éparses, sessiles, nombreuses, oblongues, très-lisses, ondulées, et un peu aiguës. Les fleurs sont remarquables par leur grandeur, leur éclatante blancheur, par leur odeur exquise : elles sont pédonculées, dispo- sées en une grappe lâche et terminale, d’abord droites sur leur pé- doncule, puis inclinées à mesure qu’elles se développent. (P.) Le lis blanc a joui autrefois de beaucoup de réputation en méde- cine; mais depuis que l’on commence à observer aveë attention l’ac- tion des médicamens, son usage est entièrement tombé en désuétude. Excepté la fleur, qui exhale, dans l'état frais, une odeur suave, fragrante , étourdissante, toutes les parties de cette plante sont ino- dores, et offrent une saveur fade, douceâtre, un peu amère, extrê- mement visqueuse. Toutes contiennent une grande quantité de mu- cilage, qui forme, suivant Spielmann, environ le quart du poids des bulbes de cette liliacée. Ces bulbes renferment en outre de la fécule et de légères traces du principe amer qui se retrouve dans les racines de la plupart des plantes de la même famille. Les fleurs recèlent en particulier un arome suave et fragrant, qui disparaît par la dessicca- tion, et dont l’eau, l'huile et l'alcool, s'emparent par la simple in- fusion. Les bulbes du lis, comme les plus abondantes en mucilage, sont éminemment émollientes et adoucissantes. On ne s’en sert cependant point à l’intérieur , mais extérieurement on en fait très-souvent usage pour calmer la douleur, pour favoriser la résolution et la suppura- tion dans les inflammations locales de la peau et du tissu cellulaire, dans les tumeurs inflammatoires, les engorgemens douloureux, et dans les plaies et les ulcères compliqués de vive douleur ou d’inflam- mation. Ces bulbes n’agissent cependant pas autrement , et n'ont pas plus de vertu que les autres substances mucilagineuses , qu'on peut par conséquent leur substituer avec avantage dans tous les cas où on les emploie. RER CU) A SEM rs A > 0 Le, LIS BLANC. A raison du principe aromatique, et en quelquesorte vireux qu'elles exhalent dans l’état frais, les fleurs du lis, quoique également mu- cilagineuses, paraissent agir sur le système nerveux avec énergie, de manière que par leurs simples émanations elles sont susceptibles de produire la syncope, et même la mort, ainsi que plusieurs auteurs, et Murray en particulier, en rapportent des exemples. Toutefois elles perdent cette propriété excitante par la coction, et sont employées alors à l'extérieur comme les bulbes, soit en décoction, soit en ca- taplasmes , pour produire des médications atoniques locales, dans les affections inflammatoires ou douloureuses. On les administre aussi en lavement dans certains cas, et en collyres dans diverses maladies de l'œil. Leur infusion dans l’huile a été préconisée contre les douleurs et les engorgemens rebelles, et contre le squirre de Pu- térus en particulier. L’eau distilléé qu'on en retire a eu également des prôneurs contre la toux, l'asthme et autres affections pulmonai- res; cependant rien n’est moins constaté ni plus douteux que les effets qu’on attribue à ces différentes préparations. À l'égard des anthères qui paraissent être le siège principal de l’'arome du lis, elles ont été décorées de propriétés anodines, anti- Spasmodiques et emménagogues. Certains auteurs les ont même pré- conisées d’une manière spéciale pour favoriser l'expulsion du fœtus dans les accouchemens difficiles, et pour provoquer la menstrua- tion dans l’aménorrhée. Mais rien ne justifie les éloges qu'on leur a donnés à cet égard. À l'extérieur, les bulbes et les fleurs du lis s’emploient à dose in- déterminée, soit en cataplasmes, soit en décoction dans l’eau ou le lait. Les anthères ont été administrées soit en substance, soit en in- fusion, depuis treize décigrammes (un scrupule) jusqu’à deux gram- mes (demi-gros). L'huile de lis, qu’on obtient par la macération des fleurs récentes dans l’huile douce, d'amandes ou de lin, etc., n’a pas plus de vertu que l'huile pure; elle fait partie de l’emplâtre de mucilage , et de celui de grenouilles avec le mercure. Par l'élégance de son port, la beauté de sa fleur, et la blancheur éclatante de sa corolle, le lis est un des plus beaux ornemens de nos jardins. Mais il est dangereux de le conserver, surtout pendant la nuit, dans des appartemens dont l’air est difficilement renouvelé, à LIS BLANC cause des accidens re ses émanations odorantes peuvent don- ner lieu. L'eau distillée qu'on en prépare, jouit, comme cosmétique, d'une réputation que rien ne justifie. Les parfumeurs l’emploient souvent pour parfumer des pommades, des essences, des huiles, et autres préparations destinées à la toilette des courtisanes et des fem- mes qui les imitent. EXPLICATION DE LA PLANCHE. “1 1 4, + LP. PM "+ (La f tiers de sa grandeur naturelle.) . Pistil et étamine . 2. Partie inférieure à la hampe, chargée de feuilles. CCXXIL LOBÉLIE. RAPUNTIUM AMERICANUM; flore dilute cœrvleo. Tournefort, clas. 5, sect. 2, gen. 2. Danses. one: sxPsrcirica ; caule erecto, foliis ovato-lanceolatis subserra- tis, re sinubus reflexis. Tinné, syngénésie monogamie. Jus- sieu, clas. 9, ord. 4, ee des campanulacées. a Panne TICA. L....... roserra sœumnrrica. + +... LOBELIA SIPHILITICA. hé LOBÉLIE SYPHILITIQUE; CARDINALE BLEUE. …..… . BLUE CARDINAL’S FLOWER. Pr se BLAUE KARDINALSBLUME. dais, . .. ... rorkiGx Loerra. +. + ++ KOPPER-LOBELIE. Las lobélies forment un genre très-nombreux en espèces, dont ieurs sont pourvues de fleurs d’un grand éclat, telles que le lo- lia cardinalis, que ses belles corolles, d’un rouge écarlate très- if, ont introduit dans nos jardins ; d’autres ont été admises parmi plantes médicales, telles que celle dont il est ici question. Elle nous à été apportée de l'Amérique septentrionale. On la cultive de- s long-temps en Europe. Le genre lobelia, consacré par Linné au botaniste Lobel, pré- te, pour caractère essentiel, un calice à cinq découpures un peu gales; une corolle irrégulière, monopétale; le tube fendu longi- binalement en dessus; le limbe à deux lèvres, à cinq lobes, deux Supérieurs, trois inférieurs plus grands ; cinq étamines ; les anthères réunies en cylindre; un ovaire inférieur; un style; le stigmate sou- XenL hispide et bilobé. Le fruit est une capsule ovale, à deux ou trois 5 s'ouvrant au sommet, contenant des semences nombreuses, + menues. ommée ainsi par Linné, pour honorer la mémoire de rer Lobel, né * No à Lille en 1538, mort à Londres en 1616, médecin de Jacques D8: Livraison, | LOBÉLIE. Le lobela syphiltica, qu’on nomme vulgairement la cardinale bleue , s'élève à la hauteur de deux ou trois pieds sur une tige droite, herbacée, à “peine rameuse, un peu anguleuse, légèrement pileuse. Les feuilles sont alternes, sessiles, un peu rudes, de couleur verte, ovales, lancéolées, longues d’un à deux pouces, inégalement dentées. Les fleurs sont médiocrement pédonculées, axillaires , solitaires. Leur calice est hispide, anguleux; ses découpures lancéolées, aiguës, les sinus réfléchis ; la corolle assez grande , d’un beau bleu, un peu hérissée sur ses angles extérieurs, munie de deux bosses à la base de la lèvre inférieure. Sa capsule est à deux loges polyspermes. (P.) Cette plante doit être d’une bien faible ressource pour la matière médicale , selon M. Alibert, puisque ceux mêmes qui ont la confiance la plus aveugle dans les vertus des végétaux, s’accordent aujour- d’hui à la rejeter. Cependant une odeur vireuse, une saveur âcre, nauséeuse, persistante, analogue à celle du tabac, sont autant de qualités physiques qui semblent annoncer qu’elle recèle des proprié- tés médicales très-énergiques. Dans l’état frais, presque toutes ses parties sont lactescentes, et le suc.qu’elles renferment, pris à dose légère , agit, au rapport de M. Decandolle, comme diaphorétique ; à dose plus forte, comme diurétique et purgatif; et à dose encore plus grande , comme vomitif. La racine de lobélie, qu’on emploie également dans l'état frais et dans l’état sec, jouit des mêmes propriétés sudorifiques , diurétiques, purgatives et vomitives, que le suc lactiforme qu’elle contient. Ces divers effets, qui tiennent à l'excitation qu’elle exerce sur les diffé- rens appareils organiques de l’économie animale, sont probablement la cause des brillans succès qu’on lui attribue contre la maladie véné- rienne , et la source des éloges pompeux qui lui ont été prodigués comme antisyphilitique. Sous ce rapport, elle est cependant très-peu usitée parmi nous. Mais il paraît que les sauvages du Canada l’em- ploient depuis très-long-temps au traitement de cette affection. John- son, Calm, Bartram, rapportent que les Américains, qui long-temps ont fait un secret de l'administration de cette racine, ont la plus haute opinion de ses vertus antivénériennes. À les en croire, il n'existe LOBÉLIE. pas de plus puissant spécifique contre la vérole; ses effets y seraient aussi certains que ceux du mercure, et il serait sans exemple qu’on en ait fait usage contre cette affection, sans avoir obtenu une gué- rison complette. Des effets aussi merveilleux seraient sans doute très- propres à inspirer une confiance illimitée dans la vertu antisyphiliti- que de la lobélie, s’ils n’étaient évidemment exagérés. Mais la crédu- lité vraiment risible, avec laquelle , sur de simples assertions ou faus- ses ou hasardées , on accorde chaque jour sous nos yeux , même dans les classes éclairées de la société, les vertus les plus héroïques à des plantes inertes, ne doit-elle pas nous mettre en garde contre les exa- gérations et l’aveugle enthousiasme d'hommes aussi peu éclairés que les Canadiens? Peut-on, d’ailleurs, admettre sans examen lopinion de quelques médecins d'Europe, qui s’en seront laissé imposer par des récits controuvés ou exagérés sur les propriétés de cette plante dont ils n’auront pu étudier les effets par eux-mêmes? Desbois de Roche- fort, d’ailleurs, a vu administrer cette racine dans la syphilis, sans le moindre succès. De sorte que nous sommes obligés de rester dans le doute sur sa prétendue vertu antivénérienne, jusqu’à ce qu’elle ait été constatée par une série d'observations cliniques bien faites. En at- tendant il faut se borner à la considérer comme une substance stimu- lante susceptible de produire différens genres d’excitation, selon la dose à laquelle on l’administre. La racine de lobélie se donne en décoction à la dose de seize grammes (demi-once) dans un demi ou un kilogramme (une ou deux livres) d’eau; et, en extrait, de cinq à dix décigrammes (cinq à vingt grains), soit en pilules, soit sous toute autre forme. Dans tous les cas, la vive excitation que détermine cette plante sur l'ap- pareil digestif, et le peu d’usage qu’on en a fait parmi nous , exigent qu’on suive attentivement ses effets, afin d'en suspendre l'emploi, lorsque la purgation ou les vomissemens surviennent. EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La pl td leur naturelle.) 1. Pistil et étamines. 4. Coupe horizontale du même. isti 5. Graines d ur naturelle. k È is g 3. Fruit entouré du calice. 6. Graine grossie. LYCOPODE. æ.lt. TERRES PES PT CPU 7. CCXXIV. LYCOPODE. |: CRIER EEE Épuoyr et mana yrov, Dioscorides. « MUSCUS TERRESTRIS CLAVATUS; Bauhin, Tivæ£, lib. ro, sect. 3. MUSCUS SQUAMOSUS ; feAUi0r, A incurvis. RAP clas. 17, rs a 5. sect. 1, gen. ï. LYCOPODIUM CLAVATUM; foliis sparsis filamentosis, spicis teretibus pedunculatis geminis. Linné, cryptogamie, mousses. Jussieu, cl. 1 , ord. 4, famille des mousses. n PR: 5. - . LICOPODIO Espagnol. ....... LICOPODIO POrHgais. . , ..... LICOPODIO. Francais. . +++. LYCOPODE EN MASSUE; PIED DE LOUP. a ... ... COMMON CLUB-MOSS Demand. . =... BAERLAPP. Hollandais. ... ..,. crknonsr worrskraauw. LT TROIE JORDMOS ; ULVEFOED. Suédois... ,...... MArTEGRæS ss 3 Le port de ce lycopode est tellement remarquable, qu'il suffrait Presque seul pour le faire reconnaître. Des tiges dures, rameuses, en longues traînasses rampantes, sont couvertes dans toute leur lon- gueur, de petites feuilles nombreuses, éparses, imbriquées, d’un vert un peu jaunâtre, courtes, très-étroites, aiguës, terminées chacune par un poil très-fin. De l'extrémité de chaque rameau s’élève un pédoncule droit, pres- que nu, long d’environ trois pouces, couvert de petites écailles dis- tantes, linéaires-subulées, ordinairement terminé par deux épis droits, cylindriques , un peu comprimés, quelquefois trois, plus ra- rement un seul, d’un blanc jaunâtre, longs d’un à deux pouces, cou- verts de petites écailles imbriquées, dentées, et comme frangées à leurs bords, terminées par un poil. Ces billes renferment, dans leurs aisselles, de petites capsules sessiles, jaunâtres, presque en forme de rein, s’ouvrant en deux ou trois valves avec élasticité. Il s’en échappe une poussière jaunâtre, 58° Livraison, cas LYCOPODE. très-abondante , qui s'enflamme avec facilité, et que l’on nomme vul- gairement soufre végétal. Cette plante croît en Europe, dans les bois, les lieux montagneux, pierreux et couverts. Les lycopodes, rangés d’abord parmi les mousses , forment aujour- d'hui une famille particulière, sous le nom de lycopodiacées. Leur fructification est encore obscure. On a cru la reconnaître dans les capsules pulvérulentes, que les uns ont regardées comme l'organe mâle, d’autres comme autant de semences qu’ils avaient vu germer et produire des individus de la même espèce : dans certaines espèces de lycopode, on distingue d’autres capsules particulières, qui, au lieu de poussière, renferment deux ou trois corpuscules sphériques , qu’on a présumés devoir être l’organe femelle. M. Desvaux pense que. ce sont des sortes de gemmes, qu’il appelle propagules ; qu’il n'existe point, dans ces plantes, d'organes sexuels, et que les capsules à poussière renferment également des gemmes d’une plus petite di-_ mension. Cette question délicate ne pouvant être traitée dans cet ou- vrage, je renvoie le lecteur à ce que j'en ai dit à l'article cxcopoDr, Encycl. Supp., vol. in, pag. 539. CE) Le lycopode est surtout remarquable par Îles différens usages auxquels on emploie la poussière qui se trouve dans ses coques ou capsules. Cette poudre jaunâtre, inodore et sans saveur, est extrême- ment fine, douce, et comme onctueuse au toucher. Elle est immisci- ble à l’eau, et insoluble dans ce liquide; mais l'alcool en dissout en- viron la huitième partie de son poids. Mise en contact avec un corps en ignition , elle s’enflamme, et brûle avec déflagration. M. Pelle- tier en a retiré, comme Bergius, une matière analogue à la cire; de plus, il y a constaté la présence du sucre, d’une manière extractive, et de plusieurs sels qui se trouvent dans la plupart des végétaux. Cette analyse semblerait confirmer l’opinion de ceux qui regardent la poudre de lycopode comme le pollen de cette plante : manière de voir qui acquiert un nouveau degré de probabilité, ainsi que le re- marque M. Decandolle, par l'usage où l’on est dans quelques pro- vinces, et notamment aux environs de Narbonne, de recueillir le pollen des {ypha, pour s'en servir en guise de lycopode. Celui du sapin , au rapport de Murray, est employé aux mêmes usages. à, FU # FEAT A dit PS SCIE 000 FAST VIE MAN y LYCOPODE. La poudre de lycopode est essentiellement desséchante; elle jouit, - comme topique , d’une réputation méritée pour la guérison de la phlogose , et des ulcérations superficielles de la peau, connues sous le nom d’éntertrigo , qui surviennent fréquemment aux jointures chez .… les jeunes enfans et les personnes très-grasses. Les nourrices connais- …. sent parfaitement cette propriété du lycopode, et chaque jour elles en font avec avantage des aspersions sur les parties de la peau de leurs nourrissons qui s’irritent et s’enflamment par leur frottement réciproque. On pourrait l’employer de la même manière, et avec le . même succès contre la phlogose très-douloureuse, et quelquefois avec ulcération qui survient souvent au périnée, et à la partie interne des fesses, chez les sujets qui font de longues routes, soit à pied , soit à cheval. Helwic, au rapport de Murray, a même étendu l'usage de cette poudre au traitement local des ulcères serpigineux. Son admi- . mistration intérieure est loin d’avoir une utilité aussi marquée. Il est vrai qu'on lui attribue des succès contre plusieurs maladies des enfans. Maïs tout ce que Wedel, Gessner, Garmann, et autres, rap. _portent de son efficacité contre la rétention d'urine, la néphrite, les calculs, l’épilepsie , et les coliques dans le premier âge, n’est appuyé d'aucun fait exact et positif, et ne permet point de croire à de sem- LI La 3 “ . 25 4 0) à blables vertus dans une poudre qui, à en juger par ses propriétés physiques, paraît entièrement inerte. La plante entière a été rarement en usage. Toutefois elle paraît « . LA pl exercer une action très-marquée sur l’estomac, puisque sa décoction _ aqueuse produit le vomissement. On a cru qu’elle était propre à ac- : ñ célérer les accouchemens difficiles; on prétend aussi que sa décoc- tion, employée en même temps à l’intérieur et à l'extérieur, est un excellent remède contre la plique; qu’en fomentation elle a fait ces- ser des douleurs et des spasmes dont on n'indique ni la nature ni le caractère : mais on sent facilement que de semblables assertions ne _ méritent aucune confiance. Jusqu'à ce que des observations bien faites aient mieux fait connaître l’action de cette plante, on doit donc placer au rang des fables tout ce qui a été débité sur ses pro- priétés médicales, et se borner , d’après les faits observés, à considé- rer la poudre qu’elle fournit comme siccative, et à admettre son utilité comme topique pour la guérison de l'intertrigo, et des ulcéra- LYCOPODE. tions superficielles qui surviennent par le frottement aux plis de la peau. À l'extérieur, on emploie cette poudre en aspersion avec une houppe, en quantité suffisante : intérieurement, on pourrait l’admi- nistrer de six décigrammes (douze grains) à huit grammes (deux gros). On s’en sert avec avantage dans les pharmacies, comme de tout autre poudre inerte, pour envelopper les pilules. On prétend que le lycopode, introduit dans le vin qui file, ou suspendu dans le tonneau qui le contient, fait disparaître ce genre d’altération. À l’exemple des Persans, les Russes en font un grand usage pour les feux d'artifice; il est fréquemment employé sur nos grands théâtres, pour imiter les éclairs par sa déflagration , et pour composer des tor- ches qui répandent une lumière éclatante. M. Decandolle rapporte, d’après Westring, que les étoffes de laine qu'on fait bouillir avec ce lycopode, acquièrent la propriété de se colorer en bleu lorsqu'on les fait passer ensuite dans un bain de bois de Brésil. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Épi interrompu pour faire voir l'axe. de laquelle on voit une capsule réni- euille. 2. Feuille orme. 3. Une écaille grossie, détachée, à la base 4. Séminules. Turpur Lambert J°sreulp, 6 LUPIN. æ ll CCXXIIT. LUPIN. Grec... ........ Sepuoc, Théophraste. LUPINUS SATIVUS; flore albo. Bauhin, TlivaË, lib. 9, sect. 4. Tourne- 2. clas. 10, sect. 2 Latin... ........{ soprnus ! arBus éclpéihss alternis inappendiculatis : labio superiore bipartito, REA integro. Linné , diadelphie, décandrie. Jussieu clas. 14, se 1 , famille . légumineuses. NON... ; Espagnol. . ...... ALTRAMUZ LIL OP RREERRE LU A. . : LUPIN ss WHITE L Allemand. ....... FEIGBOHNEN ; WOLFSBOHNEN. Hollandais... ... VXGEBOONEN. su. ULV-BOENNE. . . SLONECZIK STRONCZYSTY. Les anciens, tels que Pline et Théophraste, ont parlé très au long du lupin blanc, sous le rapport de sa culture et de ses usages. Considéré dans son état sauvage, il forme avec ses congénères, par ses grandes et belles fleurs, un des plus agréables ornemens de la na- ture agreste : tel le lupin jaune, si commun sur les côtes de Barbarie, où ses fleurs, d’une odeur suave, parfument l'air à de grandes distan- ces, et couvrent de leurs épis dorés d'immenses plaines d’un sol sa- blonneux. Le caractère essentiel du lupin consiste dans un calice à deux lèvres; une corolle papilionacée; la carêne de la longueur des ailes, presque entièrement bifide; l’'étendard en cœur, arrondi; dix élamines diadelphes; tous les filamens réunis à leur base; un style; une gousse coriace, allongée, assez grande, uniloculaire, renfermant plusieurs semences presque orbiculaires. Les racines du lupin blanc sont dures, un peu grêles, médiocre- e lupus. Quoique cette étymologie soit incontestable, il est difficile d’en _ indiquer l’origine, et de la justifier. 58° Livraison. LUPIN. ment rameuses et fibreuses : elles produisent une tige droite, cylin- drique, pleine de moelle, un peu velue, médiocrement ramifiée. Les feuilles sont herbacées, alternes, pétiolées , digitées, compo- sées de cinq à sept folioles molles, glabres, entières, d’un vert foncé en dessous , couvertes en dessus et à leurs bords de longs poils soyeux et couchés ; deux stipules linéaires, presque sétacées à la base des pétioles. Les fleurs sont blanches, alternes, pédicellées, disposées en une grappe droite, terminale; leur calice est velu, sa lèvre supérieure entière, l’inférieure à trois lobes; les gousses un peu épaisses, jaunä- tres, larges, velues, aplaties, mucronées, longues de deux ou trois pouces; elles renferment cinq à six semences blanchâtres, compri- mées, orbiculaires. On soupçonne cette plante originaire du Levant : elle est aujour- d’hui généralement cultivée , surtout dans nos départemens méridio- naux. (Po) Ses semences, désignées sous le nom de lupins, sont d’une cou- leur blanche à l'extérieur, jaunâtres intérieurement, inodores, d’une saveur désagréable, amère et comme nauséeuse. A l'exemple des pois, des fèves, et autres fruits de plusieurs végétaux papilionacés, elles contiennent une grande quantité de fécule unie à une matière extractive , et à un mucilage amer. Les lupins cèdent leur mucilage et leur amertume à l’eau par ébullition ; ils sont redevables de leurs propriétés nutritives à la fécule, et leur matière extractive est la source de leurs vertus médicamenteuses. Leur action sur l'appareil digestif se manifeste quelquefois par le développement d’une grande quantité de gaz intestinaux, d'autres fois par la purgation. Cependant ces effets n’ont lieu que chez les personnes faibles, dont l’estomac et les intestins sont doués d’une grande sensibilité. Les sujets forts, vigoureux, et ceux qui digèrent avec énergie, n’en éprouvent aucune influence sensible. Quelques auteurs leur ont attribué des qualités vénéneuses, qui sont complè- tement démenties par l'usage alimentaire qu’en faisaient les anciens, et qu’on en fait encore parmi nous dans certaines contrées On trouve en outre dans divers traités de matière médicale, qu'administrés en poudre ou en décoction, et même introduits dans l’économie animale LUPIN. par la voie de l'absorption cutanée, ils expulsent les vers intesti- naux : ce résultat aurait besoin d’être confirmé par l'expérience, car il ne nous paraît pas plus certain que leurs effets purgatifs. Toute- fois si ces semences possèdent réellement des propriétés cathartiques et anthelmentiques, il restera à déterminer quelle est celle de leurs parties intégrantes qui recèle ces propriétés, et auquel de leurs ma- tériaux immédiats elles appartiennent spécialement. Je passe sous si- lence plusieurs autres vertus ou controuvées, ou complètement illu- soires , attribuées sans fondement aux lupins, dont on ne fait plus usage de nos jours qu’à l'extérieur. Sous ce rapport ils sont en effet bien plus utiles qu'administrés intérieurement. À raison de la grande quantité de fécule qu'ils con- tiennent, réduits en farine, et cuits à l’eau, ils servent à faire des cataplasmes qui joignent à la qualité émolliente celle d'activer légè- rement l’action des parties sur lesquelles on les applique. Ces cata- plasmes sont en grande réputation comme résolutifs , maturatifs, etc. ; et les chirurgiens les appliquent journellement avec succès sur Îles tumeurs inflammatoires parvenues à la deuxième et troisième pé- riode , sur les indurations lymphatiques, et autres engorgemens dont la douleur est modérée. La décoction de ces semences, appliquée sur la peau, soit en lotions, soit en fomentations, a été vantée par quel- ques auteurs contre les dartres, la gale et autres affections cutanées chroniques, mais en des termes trop vagues ou trop absolus pour qu’on puisse y ajouter foi. L'usage des lupins est aujourd’hui entièrement tombé en désué- tude, excepté comme topique. Leur farine constitue une des quatre farines résolutives, qu’on emploie sous forme de cataplasmes. Du temps de Galien, les Romains servaient chaque jour les lu- pins sur leurs tables, et en faisaient un grand usage alimentaire. Comme ils se dépouillent de leur amertume par l'ébullition dans l’eau , ou peut en préparer des mets fort agréables. Ils constituent même, pour les personnes robustes , un aliment aussi salutaire que les lentilles et les haricots. En Italie, en Espagne, et dans le midi de la France, on cultive le lupin en grand, et le peuple se nourrit avec avantage de ses semences, qui servent également de nourriture à la volaille et aux bestiaux. La plante entière verte, constitue, dit-on, LUPIN.. un excellent engrais pour les terres. Pline la signale surtout comme très-propre à engraisser les vignobles. Bourgeois rapporte que les Savoyards la cultivent spécialement pour fertiliser leurs champs. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) x. Fleur entière. 2. Pistil et étamines 3. Fruit dont on a enlevé une portion de l’une des valves , afin de faire voir la situation des graines Observ. Les fruits de a famille des légumineuses, assez généralement obliques , présentant un côté convexe, et un autre presque concave, offrent deux sortes d’attaches pour leurs graines, dans la plus grande sure: exemple (pisum sativum), le placenta se trouve placé le long de la suture concave, tandis que dans l’autre, exemple (les lupins), il est situé du côté convexe; mais il est bon de faire entra en es e temps que la position relative des étamines est la même partout, c’est-à-dire qu’elle est PP au point d'attache des graines dans le fruit. (T) 22 5 Lambert AÆ Jeulp ; TarpinP. ki MARRONIER. — “3 CCXX V. MARRONNIER. CASTANEA ; folio multifido. Bauhin; Mivæ£ , hb. 11, sect. ns Bobi :5 chasse HIPPOCASTANUM VULGARE. Tournefort, clas. 21, sect. æscuLUs HIPPOCASTANUM ;_ /£oribus LAN Linné, rt mo- nogynie. Jussieu, élas. 13, ord. 6, famille des érables, LT RP CO CASTAGNO D Æ spagnol. .. . . ,5: GASTANO DE IND1 POFUN RS... +. CASTANHEIRO DA INDIA Français... 1.1. ARRONNIER D'INDE. , HORSECHESNUT AHemand., ...... ROSSRASTANIENBAU Hollandais... .., PAARDENKARSTENGEBOOM D HESTEKASTAGN D. HÆSTKASTAGNIER Polonais. ......., KONSKI KASZTAN Mes one. c KONSKOL KASTAN Nous ne possédons en Europe aucun arbre qui puisse être com- paré au marronnier ; surtout lorsque, au retour du printemps, il se montre paré de ses loue nombreuses, parsemées de taches roses sur un fond blanc, s’élevant en superbes panaches du sein d’un feuillage ample. et touffu. Originaire, à ce que l'on soupçonne, des climats tempérés de l'Asie, le marronnier est aujourd'hui naturalisé dans une grande partie.de l’Europe. Matthiole est le premier qui en fait men- tion dans ses Commentaires sur Discorides, mais il ne lui était connu que d'après un rameau chargé de fruits qui lui avait été envoyé de Constantinople par.un médecin nommé Quaccelbanus F lander. Il ne fut.cultivé en Europe que vers l’an 1591 , ayant été envoyé à Clusius, qui l’introduisit dans les jardins de Vienne en Autriche : un nommé Bachelier l’apporta de Constañtinople : à Paris. Le premier pied parut au jardin de Soubise,.en 1615 ; le second, au Jardin du Roi, en 1656; le troisième, au jardin du Luxembourg. On avait d’abord réuni le genre pavia , à celui-ci; on l'en a depuis séparé : et, d’après cette réforme, le caractère essentiel du marron- 59° Livraison, ne MARRONNIER. nier consiste dans un calice campaniforme , à cinq dents; cinq pétales inégaux ; sept étamines inclinées , mégales ; un style; une capsule co- riace, hérissée de pointes, à trois valves, à trois loges, renfermant chacune deux semences marquées d’une large cicatrice, et couvertes d'une peau coriace : souvent les semences et les loges du fruit avortent. Cet arbre, d’une très-belle forme, et d’un superbe feuillage, s'é- lève à la hétisue au moins de soixante pieds, sur un tronc épais, d'un bois tendre, blanc et filandreux, soutenant une grande et belle cime, composée da feuilles pétiolées, palmées, à cinq ou sept folio- les ptites , lancéolées , aiguës, dentées en scie. Les fleurs sont daposies en belles pyramides qui s'élèvent vertica- lement à l'extrémité de chaque rameau, chargées d’un duvet court et roussâtre. Le calice est petit, très-ouvert, à cinq dents ee les pétales finement ciliés, munis d’onglets de la longueur du calice; le limbe arrondi, un peu ondulé, les étamines ascendantes, au moins de la longueur de la corolle; les anthères à deux loges d’un jaune orange; l'ovaire supérieur et velu. (E.} Cet arbre, dont l’écorce et le fruit sont employés en médecine , a été introduit dans la matière médicale, vers lé milieu du dix-hui- tième siècle. Son écorce, inodore comme ses fruits, se rapproche de celle du quinquina par sa couleur d’un gris foncé ou brunâtre, et par sa saveur astringente et amère. Les fruits analogues aux châtai- gnes par leur aspect, par leur couleur et par leur forme, quoique plus orbiculaires et plus volumineux, joignent à une amertume extrême , une âpreté repoussante, et une grande stypticité. Ils con- tiennent une grande quantité de fécule amilacée, unie à un principe amer, à du tanin, et à de la potassé en assez grande quantité pour les rendre propres à servir de savon. L’écorce fournit un extrait aqueux et un extrait ue ce dernier est le plus abondant. Depuis 1733, époque à Miquel Zatichelli, pharmacien de Venise, publia un ouvrage consacré à célébrer les vertus de l’écorce du mar- ronnier contre différentes maladies. et particulièrement contre les fièvres intermittentes, la prétendue propriété fébrifuge de cette écorce n'a cessé d'être préconisée dans une foule de journaux et de MARRONNIER. recueils périodiques de médecine. A en croire les éloges fastueux qui lui ont été prodigués par certains auteurs modernes, elle aurait en effet , contre les fièvres intermittentes de tous types, quels que soient leur caractère et leur gravité, une efficacité égale à celle du quin- quina. Toutefois, des observateurs moins enthousiastes et plus sé- vères dans leurs jugemens , ont reconnu que l'écorce du marronnier est loin de réussir constamment dans ces maladies , et qu’à l'exemple des fébrifuges les plus vantés, si l’on a pu, avec gilets vraisem- blance , lui attribuer la guérison de la fièvre dans certains cas, le plus souvent elle a été manifestement sans aucun succès. Moi-même , à mon début dans la pratique de la médecine, j'ai souvent employé cette écorce à la manière du quinquina , daube les hôpitaux mili- taires , où l’on sait que les fièvres intermittentes se présentent sans cesse sous toutes les formes; et, malgré l'attention que j'avais d'y | préparer les malades , d'après js sages conseils de la thérapeutique, par la diète ou les évacuans, selon la disposition particulière des su- jets, je n’en ai que bien rarement obtenu des effets salutaires. Les bons observateurs savent , d’ailleurs, que la plupart de ces fièvres guérissent d’elles-mêmes au bout d’un certain nombre d'accès ; or, il serait bien peu rationnel d’attribuer à la toute-puissance du marron- nier une _… qui est uniquement due aux efforts salutaires de la nature et à la marche spontanée de la maladie. Cette écorce n’a pas été seulement préconisée contre les fièvres intermittentes : au récit de Murray, elle a été administrée par quelques praticiens , avec "succès, contre une fièvre lente, dans un cas de fièvre cardiaque avec déjections alvines ; ét contre la péripnéumonie et la pleurésie. Mais que peut-on éotielire dé ces faits isolés? Il est plus facile de croire à ses avantages contre certains écoulemens atoniques du canal de l’u- rètre, et dans certaines épilepsies, où l’on sait que les toniques sont employés avec succès. N’y aurail-il pas cependant un danger réel à faire un précepte général de son emploi dans ces affections ? Les propriétés médicales des fruits du marronnier d'Inde n’ont pas été plus exactement déterminées que celles de son écorce. Toute- fois ils sont employés de temps immémorial par les hippiatres, dans certaines affections pulmonaires des chevaux ; circonstance qui a fait douner au marronnier le nom d héppocshiamoii On sait aussi que , AS MARRONNIER. réduits en poudre et introduits dans les fosses nasales, les marrons d'Inde excitent l’éternuement et provoquent la sécrétion d’une grande quantité de mucus nasal ; ce qui a fait croire qu’on pourrait en tirer parti pour la guérison de l’hémicranie, de certaines céphalalgies et autres affections cérébrales. Mais ne sait-on pas que toutes les pou- dres excitantes produisent les mêmes effets lorsqu'elles sont mises en contact à la membrane muqueuse du nez. Parmentier rapporte que cette poudre a guéri l’épilepsie; on lui a également attribué une vertu fébrifuge. Néanmoins les faits sur lesquels reposent de sem- blables assertions , sont en trop petit nombre, et ont été trop vague- ment et trop inexactement observés, pour ne pas faire désirer que ces fruits ; ainsi que l'écorce de l'arbre qui les produit , soient soumis à de nouvelles expériences cliniques. ‘écorce du marronnier d'Inde, retirée des jeunes branches de l'arbre, et convenablement desséchée, se donne en substance depuis huit grammes (deux gros ) jusqu’à trente-deux grammes (une once) et plus, en vingt-quatre heures. La meilleure manière de l’employer est en poudre très-fine, soit en suspension dans un liquide quel- conque , soit associée avec le miel sous forme de bols, de pilules ou d'électuaire. On peut aussi l'administrer en décoction aqueuse, en macération vineuse, et même en extrait ; mais on a rarement recours à ces dernières préparations. Le marronnier offre un accroissement très-rapide, et fructifie dans presque tous les terrains. Par la majesté de son port, l’épais- seur et la beauté de son feuillage, et par l'élégance de ses tyrses, au temps de la floraison , il est un des arbres les plus propres à om- brager les places et les avenues, à orner les jardins publics et les Parcs. Son bois mou et spongieux est rarement. employé dans les arts, et n’est que d’une médiocre qualité pour brûler. Toutefois les pauvres gens recueillent avec soin, pour cet usage , jusqu'aux feuilles fanées et aux enveloppes épineuses de ses fruits. Ses feuilles dessé- chées plaisent aux cerfs. Les abeilles puisent en abondance, dans ses fleurs, des matériaux pour la fabrication de la cire et du miel. Quoi- que d'une âpreté extrêmement repoussante, les brebis, les chèvres , et même les vaches, mangent ses fruit; mais on assure que ces animaux Mmaigrissent : quelques auteurs prétendent aussi que les D Le L: MARRONNIER. marrons d'Inde empêchent de pondre les gallinacées, à qui on les donne pour aliment. Murray pense qu'au moyen de la greffe, d’un sol convenable et d’une exposition choisie, on pourrait modifier lès qualités physiques des marrons d’Inde, au point d'en faire un ali- ment utile et agréable pour l’homme et les animaux. Réduits en pâte, on les a employés à la préparation d’une espèce de bougie a laquelle on a renoncé, à cause de sa lueur triste et sombre. La grande quantité de potasse qu’ils renferment les fait employer, dans certaines fabriques, comme décrassans, et l’on pourrait s’en servir en guise de savon pour le blanchissage du linge. On en retire de lhuile à brûler. Ils fournissent en outre une grande quantité d’ami- don qui pourrait servir à la nourriture de l’homme, et dont on fait de la poudre à poudrer et divers cosmétiques. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La fleur est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 1. Calice, pistil et étamines. 2. Capsule ouverte, dans laquelle on voit la disposition des graines. Lambert J° reulp. al L . _ plaine marécageuse, au bord du lac Fucin. CCXX VI. MARRUBE. Grec D. æbasioy, Dioscorides, : {MARRUBIUM ALBUM VULGARE; Bauhin, [iva£ , lib. 6, sect. 5, Tourne- he fort, clas. 4 , sect, 3, gen. 2. Latin... ...... MARRUBIUM! VULGARE; dentibus calycinis setaceis uncinatis, Linné, didynamie gymnospermie. Jussieu , clas. 8, ord. 6, famille des la- biées Rs is Luis MARROBIO BIANCO. Espagnol, . ..,.,, marnusro ncanco. ES... À | + MARROYO BRANCO. Français... . . ,., MARRUBE COMMUX. Anglais... ... +++ COMMON HOREHOUND. Allemand... ... + GEMEINER ANDORN. Hollandais, ...... éemeene marrovr. RU HVIDRUBIKE ,. .. ANDORN . Polonais, . ..:... . SZANTA BIALA, Russe. ++ + #4 +, + MARRUB ILI SCHANDRA, … Quorqu'ir soit très-probable que la plante mentionnée par les an- ciens , surtout par Dioscorides, sous le nom de rpacicy, appartienne au marrube, il serait indiscret d’assurer qu’elle puisse être rapportée à l'espèce dont il est ici question : à la vérité elle est, surtout en Eu- rope, extrêmement commune ; on la rencontre partout le long des chemins, dans les lieux incultes, parmi les décombres : elle frappe Podorat par ses émanations vives, pénétrantes, mais point désa- gréables. + Placée déns:là fire des labiées , elle se caractérise par un calice : “cylindrique, à dix stries, à cinq ou dix dents; une corolle à deux lèvres ; la supérieure linéaire, presque droite et bifide ; l’inférieure réfléchie, plus large, à trois lobes ; celui du milieu plus grand , échan- hi Gfçant Liane, de Marta-Urbs, nom d’une ville d'Italie, située dans une 2, 59e Livraison. MARRUBE. cré ; quatre étamines didynames; un style; le stigmate bifide; qua- tre semences nues, oblongues, situées au fond du calice. Ses tiges sont droites, dures, rameuses, quadrangulaires, cou- vertes d'un duvet blanc souvent très-abondant:; les feuilles épaisses , opposées, pétiolées, ovales, très-ridées , inégalement crénelées, d’un vert cendré, lomenteuses à leurs deux faces, longues d’un pouce et plus. Les fleurs sont petites, verticillées, d’un blanc jaunâtre , réunies en grand nombre à chaque verticille, accompagnées de bractées sé- tacées et velues. Les calices sont très-velus, à dix dents crochues, cinq un peu plus courtes. (P.) Le marrube exhale une odeur fragrante, comme vineuse, agréa- ble d’abord et ensuite fatigante. Sa saveur est amère, un peu âcre. Il fournit un extrait muqueux et un extrait résineux, le premier amer et plus abondant que le second, lequel conserve Podeur forte et pé- nétrante de la plante. Son analyse chimique n’a point encore été faite avec le soin convenable. On sait toutefois que son infusion aqueuse brunit par le sulfate de fer; preuve que cette plante renferme un principe astringent dont l’eau s'empare, ainsi que de son principe amer. Cette même infusion, mélée au sang veineux, le rend, au rapport de Freind, plus rouge et plus fluide. Les qualités physiques du marrube annoncent des propriétés 1o- niques, qui se manifestent par l'excitation que cette plante exerce sur l'économie animale. Ainsi il augmente l’action de l'estomac, excite la sécrétion des urines, active la transpiration, facilite l’expec- toration des crachats, provoque l'écoulement menstruel, détermine la résolution des tumeurs et des congestions froides et indolentes, et paraît même exciter dans certains cas le système nerveux. De là, les vertus stomachique, diurétique, diaphorétique, béchique, em- ménagogue , apéritive et antispasmodique , dont cette plante est dé- corée dans les traités de matière médicale ,-et qu’elle développe en effet, selon qu'elle porte plus particulièrement son action sur tel ou tel appareil organique. Cependant, comme le marrube agit en exci- tant les propriétés vitales, il ne peut produire ces différens effets qu'autant que nos organes sont dans un état d’atonie ou de relâche- ment, et qu'ils ont besoin d’être stimulés. Si les lésions des fonctions UT ni MARRUBE. contre lesquelles on l’emploie, étaient dues à un excès d’action orga- nique, à la pléthore, ou à une inflammation, loin de produire les effets indiqués, il ne pourrait qu'augmenter le trouble, suspendre les sécrétions, et augmenter le mal. Les anciens faisaient un grand usage de cette plante, surtout dans les maladies de la poitrine, qu'ils attribuaient à une humeur froide ou à la pituite. On peut en obtenir de grands avantages, en effet, dans presque toutes les maladies atoniques où il n’y a ni dou- leur, ni fièvre, telles que les catarrhes chroniques des poumons, de l'urètre et du vagin, les toux rebelles qui suivent souvent la coque- luche et la rougeole chez les enfans, les scrofules, l’hydropisie atoni- que primitive, le scorbut, la leucorrhée, la dyspepsie idiopathique des vieillards cacochymes, les affections vermineuses , et même les fièvres intermittentes muqueuses. Divers auteurs paraissent lavoir employée avec succès dans l’hypocondrie, hystérie et autres affec- tions spasmodiques accompagnées de débilité. Mais le marrube a été spécialement vanté contre la toux, l'asthme, la phthisie pulmonaire, - et contre les engorgemens du foie. On sent néanmoins qu'il ne peut être réellement utile dans ces dernières affections, que dans les cas où elles sont le résultat de l'engouement muqueux des poumons ou de l'organe hépatique. Aussi voyons-nous que Losecke, Lange et Haller, l'ont administré dans l'asthme humide, dans les engorgemens pâteux ou aqueux des poumons, et dans une phthisie qui n'était probablement qu'un catarrhe pulmonaire chronique. Les engorge- mens du foie et l’ictère, dans lesquels Zacutus Lusitanus, Forestus, Chomel, et plusieurs autres, en ont fait usage avec succès, étaient probablement aussi de nature indolente; et cela est évident pour le ptyalisme mercuriel que l'illustre Linné fit disparaître par l’usage de cette plante, puisqu'il existait depuis un an. Du reste, il ne faut point perdre de vue que le marrube ne pourrait qu'être nuisible , Suivant la remarque d’Hoffmann, dans tous les cas où les organes malades sont atteints d’ulcération, d’inflammation, ou d’une exces- sive sensibilité. En revanche, cette plante excitante, trop négligée de nos jours, ainsi que le remarquent judicieusement Peyrilhe et M. Alibert, peut être administrée dans toutes les circonstances où les médications toniques sont nécessaires, avec plus d'avantages que MARRUBE. beaucoup d’autres végétaux, bien moins énergiques, quoique plus vantés. On la donne en poudre de quatre à huit grammes (un à deux gros), soit en suspension dans un liquide quelconque, soit sous forme pilulaire. La dose de son suc, exprimé et clarifié, est de. trente-deux à cent vingt-huit grammes (une à quatre onces ) par jour. On la prescrit le plus souvent en infusion aqueuse ou vineuse à la dose d’une demi ou d’une poignée pour cinq hectogrammes ou un kilogramme de liquide. Son extrait peut être administré avec avantage à la dose de quatre grammes (un gros). On en prépare une conserve qu'on pourrait donner à la quantité de trente-deux ou soixante grammes, mais elle a beaucoup moins d’activité que les autres formes médicamenteuses du marrube. Cette plante est la base du sirop de marrube de Mésué. Elle fait partie des pilules d’agarie de Charas, de la thériaque d’Andromaque , de l’hiera diacolocynthi- dos, de la poudre de Nicolas d'Alexandrie, etc. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière. 4. Calice ouvert, afin de faire voir les 2. Corolle ouverte. quatre graines qu’il contient, 3. Pistil. | | a ?. à $ 4 + ÿŸ # { ÿ s | À EnER L : "TC mo) ZLurnem Line Lembert # 07/2 MATRICAIRE. à a LL CCXX VIL. MATRICAIRE. ns Er star PRE PESTE . maphenov, Dioscorides MATRICARIA VULGARIS, seu SATIVA; Bauhin, Tivaf ; lib. 4, sect. 1, : Tournefort, cc 14, sect, 3, " MM ee. : 2. MATRICARIA PARTHENIUM FJobt compositis planis, foliolis ovatis in- cisis, sas ramosis. Linné, syngénésie, ct mie superflue. Jussieu, elas. 10, ord. 3, famille des corymbifères : MATRICARIA Espagnol. . ...... marricarra Portugais, . ...... MATRICARIA. Français... .'. .. + MATRICA AGEAIS, . .. . +. + + COMMON FEVERFEW . . ,. . MUTTERKRAUT. Hollandais. . ..... maarter; MorDERkRUID, Danois... ....... MODERURT. DR. EL MATRAM. Polonais... . MARUNA ZIELE. à. MATOSCHNAJA TRAWA. Des fleurs radiées, à disque jaune entouré d’une couronne de demi-fleurons blancs, une odeur vive, pénétrante, assez agréable, ont valu à la matricaire l'honneur d’être cultivée dans les jardins d'agrément, où ses fleurs, en se doublant, ont produit plusieurs belles variétés. On la rencontre dans son état sauvage aux lieux in- cultes et pierreux de l'Europe : c’est particulièrement dans ces der- niers individus qu’il faut observer son caractère générique. Il con- siste dans un calice commun , hémisphérique , composé d’écailles imbriquées, foliacées , aiguës ; les fleurs radiées, les fleurons herma- phrodites; les demi-fleurons oblongs, femelles et fertiles; cinq éta- mines syngénèses; deux stigmates; le réceptacle nu et conique; les semences oblongues, dépourvues d’aigrettes. Ses racines sont un peu épaisses, très-rameuses, touffues et fi- breuses : elles produisent des tiges droites, lisses, fermes, canne- lées , peu rameuses , hautes d'environ deux pieds. 59° Livraison. ë, MATRICAIRE. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, un peu velues, d’un vert blanchâtre ou cendré, assez larges , ailées; les pinnules pinnatifides ; leurs divisions incisées, un peu obtuses. Les fleurs sont pédonculées, disposées en corymbe à l'extrémité des rameaux et des tiges, de grandeur médiocre; le calice légèrement pubescent; les écailles scarieuses, un peu déchirées au sommet ; les semences sillonnées, non aigretiées, mais couronnées par un rebord membraneux , caractère qui a fait ranger cette plante parmi les pyrè- thres , genre établi par des auteurs modernes. : L'odeur vive et puante qu'exhale la matricaire, est analogue à celle de la camomille et de la tanaisie, quoique plus prononcée, et disparaît en partie par la dessiccation. Sa saveur est fortement amère , chaude et nauséeuse. Elle renferme une petite quantité de résine unie à un mucilage amer, et une huile volatile bleuâtre. Cette dernière s'obtient par la distillation , et les autres principes par la dissolution dans l’eau et dans alcool. L'énergie des qualités physiques des plantes est généralement, dit-on, l'indice de propriétés médicales très-actives ; la matricaire confirme cette assertion. Cette plante exerce, en effet, une puissante action tonique sur l’économie animale, et de l'excitation vive qu’elle imprime au système nerveux et aux organes de la vie organique, ré- sultent les effets antispasmodiques, stomachiques, diurétiques, em- ménagogues , résolutifs , etc., qu’on lui attribue, et qu’elle opère en effet selon qu’elle dirige son influence sur tel ou tel appareil organi- que , lorsque toutefois nos organes sont dans un état d’atonie. Cette plante est devenue célèbre, surtout par l’action spéciale qu’on lui a supposée sur l'utérus, et par les brillantes vertus qu’on lui a libéra- lement accordées de provoquer l'écoulement des règles et celui des lochies, de favoriser l'expulsion du placenta, d’activer les accouche- mens difficiles, et de guérir l’hystérie en faisant cesser l’état spasmo- dique de l'utérus qui en est la cause. « Mais, malgré les suffrages unanimes qu’on lui accorde, dit M. Alibert, on serait en peine de citer des observations qui constatent , d’une manière précise, son ef- ficacité. » Nul doute, cependant , que cette plante stimulante , comme la plupart des corymbifères, soit susceptible d'augmenter l’action de l'utérus , et de produire, par conséquent, les effets qu’on lui attribue, MATRICAIRE. . dans quelques cas rares où le défaut de sensibilité de cet organe est la cause des accidens qu'il éprouve; mais dans les cas beaucoup plus communs , où les différentes affections utérines sont le résultat d’un “excès ion , d'un état pléthorique , soit général , soit local, ou d’un état inflammatoire, on sent que la matricaire n'aurait aucun des effets indiqués , et qu’elle exposerait en outre aux plus grands dan- sers les malades auxquels on aurait l’imprudence de l’administrer, ainsi qu'on a trop souvent occasion de l’observer chez un grand nom- bre de victimes , auxquelles les charlatans et les médicastres des deux sexes prodiguent de toutes parts, avec audace, les remèdes les plus ncendiaires. Tous les éloges, aveuglément prodigués à la matricaire contre les affections de l'utérus, doivent donc s'entendre uniquement _ de quelques cas rares où os. la torpeur , ou un défaut d'action cet organe , sont la cause du ogement de ses fonctions, comme cela a particulièrement lieu chez certaines femmes d’un tempérament lymphatique, d’une extrême inertie physique et morale, chez les fil- s chlorotiques , au teint pâle, aux chairs flasques et décolorées. On “employé la matricaire dans plusieurs autres maladies. Raï et Lange Le sont servis avec succès sl expulser le tænia. Miller en admi- istrait avec avantage le suc à la dose de deux onces, deux heures avant l'accès, contre les fièvres intermittentes. Chomel pposte que, appliquée en cataplasme sur la tête , elle a fait disparaître des cépha- lalgies et l’hémicranie, et que des goutteux ont dû à son application sur es parties affectées, un grand allègement à leurs douleurs. Gette pue peut être cependant + à de si graves inconvé- niens, qu’on ne saurait y avoir recours qu'avec la plus g grande cir- à conspection. Mais on conçoit que, comme tonique, elle peut être un _ bon moyen contre les vers et contre certaines fièvres intermittentes. Je passe sous silence les autres prétendues vertus de cette plante, en- tièrement illusoires, celle, par exemple, d'augmenter la quantité de ht parce qu’elles ne reposent sur aucun fait positif. La matricaire peut être administrée en poudre de treize à vingt- cinq décigrammes (un à deux scrupules), ou en infusion à la dose de quatre à huit grammes (un à deux gros) dans un demi ou un ki- … Joeramme d’eau ou de vin. Son suc exprimé se donne à soixante | grammes (deux onces) et plus, en vingt-quatre heures. Elle entre . MATRICAIRE. dans la composition du sirop d’armoise , du sirop apéritif et cachec- tique de Charas, de l'emplâtre de grenouilles de Jean de Vigo, etc. Sim. Pauli recommande aux personnes qui sont exposées à la pi- qûre des abeilles, de se munir d’un bouquet de matricaire pour chas- ser ces insectes que l’odeur de cette plante met en fuite. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est de grandeur naturelle.) Fleuron hermaphrodite du centre, Fleuron femelle de la circonférence. Involucre et placenta, dont on a détaché une partie des graines. . Graine isolée, grossie, F SD m 4 à FA & ae _ EE \ | Ÿ 7 | | \ 4 MX Pankoucke Linxt MAUVE, : Lambert FeSe a.lZ. CCXX VIII. MAUVE. .. .« CE Théophras ALVA ! SYLVESTRIS ; mr sinuato, Bauhin, TivaË, lib. 8, sect, 5. MALVA VULGARIS; flore majore, folio sinuato. Tournefort , œ r, sect. 6, 5. MALVA SYLVESTRIS; caule erecto herbaceo, foliis septemlobatis acutis, pedunculis oo. pilosis. Linné , monadelphie polyandrie. Jus- sieu, clas. 13, ord. 14, famille des malvacées. os. ++ ++ + MALVA MINO Italien Espagnol. .. ..... marva DE nosa RxboNDa. P : E; basis cs, MALNA ORDINARIA. Français. .., ..... mauve” Anglais. ........ nwarr mazrow. Allemand. + + PAPPELN. .. + RUNDBLADIGE MALUWE, Danois... .....,, rire karosr OS.» © « + + « «+ KATOST, Polo en os ce SLAZ ZIELE. PR. OSWIRKI, LA mauve, dont les anciens faisaient un si grand usage comme plante alimentaire, n’est plus aujourd’hui qu'une plante agreste, extrêmement commune en Europe, dans les lieux incultes, le long des chemins, au milieu des décombres. Le genre auquel elle appar- tient est très-nombreux en espèces. Son caractère essentiel consiste dans un calice double; l'extérieur à deux ou trois folioles distinctes; l'intérieur plus grand, à cinq divisions ; cinq pétales ouverts, rétrécis et adhérens à leur base, tronqués ou en cœur au sommet; des étamines nombreuses ; des filamens réunis en cylindre, adhérens aux onglets des pétales, formant une colonne qui entoure un style court à plusieurs divisions filiformes. Le fruit consiste en huit capsules ou plus , dispo- sées circulairement, ordinairement monospermes, ne s’ouvrant pas. Ses racines sont épaisses, simples, blanchâtres , profondément en- foncées en terre, garnies de peu de fibres ; elles produisent plusieurs " De pañaccw ou ne jamollis. 5ge Livraison 4 ” MAUVE. tiges droites, hautes de deux pieds, velues, divisées en rameaux lâches , étalés. Les feuilles sont alternes, longuement pétiolées, vertes, molles, un peu velues, larges de trois pouces, arrondies, échancrées à leur base, divisées à leur contour en cinq ou sept lobes obtus; les stipu- les ovales, ciliées. Les fleurs sont grandes, pédonculées, rougeâtres ou purpurines, réunies plusieurs ensemble dans l’aisselle des feuilles : les folioles du calice extérieur ovales-lancéolées, presque aussi longues que le ca- lice interne; les pétales échancrés à leur sommet. Le fruit est orbicu- laire, composé d’environ douze capsules comprimées, monospermes. On rencontre très-fréquemment , dans les mêmes lieux , la mauve à feuilles rondes (rotundifolia maba, Vin.), facile à distinguer de la précédente par ses tiges couchées sur la terre; les. feuilles plus petites, arrondies , leurs lobes peu sensibles ; les fleurs sont fort petites , d’un blanc un peu rougeâtre ; leur calice extérieur, divisé en trois folioles très-étroites ; les capsules légèrement velues et roussâtres. ré La mauve est inodore; sa saveur fade et herbacée devient muci- lagineuse quand on la mâche. Elle renferme une grande quantité de mucilage visqueux, doux et nutritif, qui semble réparti en abon- dance dans touie la plante; la racine sèche a fourni à Spielmann le quart de son poids de ce principe; mais les feuilles et les fleurs en paraissent plus copieusement pourvues que les autres parties. En honneur parmi les anciens comme plante culinaire, la mauve est entièrement réservée de nos jours aux usages pharmaceutiques. Ses propriétés médicales ne sont pas douteuses; elle est du petit nombre des végétaux sur l’action desquels il n’y a point d’équivo- que, À l'exemple de la guimauve, des semences du lin, et autres substances mucilagineuses , elle diminue la douleur, la chaleur, la tension, calme l’irritation des parties sur lesquelles on l’applique, et jouit manifestement des propriétés émollientes, adoucissantes, ra- fraîchissantes, lubréfiantes et relâchantes, que tous les observateurs s’accordent à lui attribuer. Hippocrate avait déjà reconnu à la racine de cette plante la faculté d’apaiser la douleur, et Galien accordait à ses feuilles une vertu laxative. En général, on y a recours pour opé- rer la médication atonique, dans tous les cas où il faut diminuer ou MAUVE. faire cesser un état d'excitation très-forte, soit générale, soit locale. Cette plante est même d’autant plus précieuse , qu’à raison de son abondance en tous lieux , on peut, par son moyen, remplir à très-peu de frais, chez les pauvres qui sont les seuls malades privilégiés des vrais médecins, les mêmes indications pour lesquelles les riches veu- lent, à grands frais, mettre les quatre parties du monde à contribu- tion. L’infusion de la mauve, édulcorée avec le sucre ou le miel, constitue une boisson extrêmement utile dans presque toutes les ma- ladies aiguës. On s’en sert avec succès dans les aphtes, langine, la gastrite, dans les divers empoisonnemens par des substances âcres Ou corrosives, dans la diarrhée, la dysenterie, et dans la première et la deuxième période du catarrhe pulmonaire. Pour le traitement de Phémathémèse, de l’hémoptysie, et de la phthisie pulmonaire, l'infusion de mauve est aussi avantageuse, et souvent préférable à cette foule de préparations chèrement payées, et vainement préco- nisées contre ces maladies. On l’emploie chaque jour avec succès dans les exanthèmes aigus, tels que la variole, la rougeole, la scarlatine , l'érysipèle simple, etc. On pourrait l’administrer avee le même suc- cès dans la péripneumonie, la pleurésie, l'hépatite, et autres inflam- mations parenchymateuses. Enfin, tous les praticiens ont reconnu depuis long-temps l’utilité de cette boisson dans la néphrite, soit cal- culeuse, soit inflammatoire, dans la première et la seconde période du catarrhe de la vessie, de la blennorrhagie, et en général dans toutes les affections de l'appareil urinaire. Il ne faut cependant pas perdre de vue que l'usage abusif, trop long-temps continué, ou tr 7 abondant de cétte infusion comme de tout autre substance muci- lagineuse, finit par affaiblir l'estomac, par altérer les fonctions gestives , et qu’il est par conséquent nécessaire, dans les maladies ou on en fait long-temps usage, de l’édulcorer et de l’aromatiser ME: nablement , afin de prévenir ses effets trop débilitans. On en prépare du reste une foule de médicamens locaux d’un usage journalier: Ainsi on l’administre en lavement pour combatre la constipation chez les sujets secs, ardens et trèsirritables, pour calmer les coli- i É idaires ques, pour apaiser les douleurs du rectum chez les hémorroïdaires , et le ténesme des dysentériques. On en compose des gargarismes de adoucissans, extrémement avantageux pour combattre les aphtes MAUVE. la bouche, l’angine gutturale, et la salivation mercurielle. On lap- plique en collyre sur les yeux atteints d’inflammation, d’épiphora, d’ulcérations, et à la suite des opérations de la cataracte, etc. On l’injecte tiède dans le conduit auditif pour calmer les vives douleurs dont l’oreille est souvent le siège. Enfin la décoction de cette plante salutaire est appliquée chaque jour avec avantage, soit en fomenta- tion , soit en cataplasme, sur les tumeurs inflammatoires, telles que le phlegmon, le furoncle, le bubon, le panaris, et même sur les plaies et les ulcères, compliqués de douleur ou d’inflammation, pour calmer la douleur, dissiper l’engorgement, favoriser la résolution, et faciliter la formation de la cicatrice. Il ne faut cependant pas croire que la mauve ait une vertu spécifique contre ces différentes maladies; elle n’agit à leur égard que comme toutes les substances mucilagineuses. Mais il suffit qu’elle soit une des plus communes, et qu’on la trouve en quelque sorte partout sous la main, pour qu’on y ait recours de préférence, dans les cas nombreux et répétés sans cesse, qui réclament la médication atonique. Les feuilles et les fleurs de cette malvacée , exclusivement en usage parmi nous, se donnent à la dose de trente-deux grammes (une once ) en infusion, ou en légère décoction dans un kilogramme ( deux livres) d’eau. Elle constitue une des quatre espèces émollientes des pharmacologistes. Ses feuilles entrent dans la composition du sirop de guimauve de Charas. Ses semences font partie des sirops d'hys- sope et de jujubes de Mésué, des trochisques de Gordon, et du looch de santé de Charas. La mauve était plus estimée des anciens par ses qualités nutritives que par ses propriétés médicales. Les Égyptiens, les Grecs, les Ro- mains, en faisaient un grand usage comme aliment. Les feuilles de mauve, préparées de différentes manières, sont encore, dit-on, servies sur les tables des Chinois dans quelques con- trées; on mange encore parmi nous, au printemps, les jeunes pousses de cette plante, soit en salade, soit en marinade. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) r. Corolle et tube des étamines , euvert, 3. Fruit composé de dix capsules. 2. Calice et pistil. 4. Capsule isolée, S ts ne 4 by MELILOT . Lambert J°, veulp CCXXIX. MELILOT. nn: :. 25.2 noroc, Dioscorides ste s OFFICINARUM GERMANIÆ; Bauhin, ruvaë , lib. 8, sect. 6. : Tournefort, clas. ro, sect. 4, gen Latin... ..,.....{ rrrvoLrum MELILOTUS OFFICINALIS; PRCTAT DR racemosis nudis dis- permis rugosis acutis, caule erecto, Linné, diadelphie décandrie. Jussieu, clas. 14, ord. 11, famille di papilionacées. a: , Espagnol, ....... MELILOTO Portugais, . ...... MELILOTO è Français... ....,. meztror. L'ÉCREE TEA MELILOT TREFOIL. Allemand... ..... uonroxter LÉ. .,. AMUR. l ÉMIS 7 AMUR ; MELOTENGRÆS. KOMONICA SWOYSKA ; LIPKA. RS . BURKAN. 1 PASSES LE + KOMONJK. Hongrois. .: SARKEREP. Linwé avait placé les melilots dans le même genre que les trèlles; plusieurs naturalistes modernes les en ont séparés. En eflet, quoi- que très-rapprochés par les caractères de leur fuctéentibn; ils en diffèrent par leur port, par leur inflorescence. Dans l’un et l’autre genre, les fleurs sont papilionacées; leur calice tubulé, persistant, à cinq dents; la carène est d’une seule pièce, plus courte que les ailes et l’étendard; dix étamines diadelphes ; une gousse fort petite, à une ou deux semences, recouverte par le calice; dans les melilots, cette gousse est saillante hors du calice; de plus, les fleurs sont disposées en grappes allongées et axillaires; les feuilles sont composées de troïs folioles, dont les deux inférieures sont insérées à quelque dis- tance de la foliole terminale; les stipules n’adhèrent au pétiole que par une partie de leur base, et persistent souvent sur la tige après la Go* Li MELILOT. chute des feuilles. La forme des gousses est très-variable, et renferme d’une à trois semences. Dans l'espèce dont il est ici question , les racines sont grèles , pres- que simples, droites, allongées , peu rameuses, garnies de fibres la- térales : il s’en élève une tige droite, ferme, rameuse, haute de deux pieds et plus, glabre, un peu anguleuse. Les feuilles sont alternes, pétiolées, composées de trois folioles glabres, ovales-oblongues, un peu étroites, dentées à leur partie supérieure; les stipules entières lancéolées. Les fleurs sont petites, de couleur jaune, quelquefois blanches, pendantes sur leur pédoncule, disposées en une grappe lâche, très- simple , allongée, axillaire : il leur succède des gousses pendantes, glabres, noïrâtres, un peu ridées, presque une fois aussi longues que le calice, renfermant une ou deux semences jaunâtres , un peu arrondies. Cette plante croît en Europe, dans les prés et le long des haies : elle acquiert, en séchant, une odeur assez agréable. (Pr) L'odeur fragrante qu’exhale le melilot, est suave et analogue à celle du miel, selon les uns, désagréable selon d’autres, et beaucoup plus forte après la dessiccation que dans l’état frais. Sa saveur her- bacée et mucilagineuse, devient amère, un peu âcre et légèrement styptique quand on la mâche. L'analyse chimique n’a point encore fait connaître la nature des matériaux immédiats dont il se compose. On sait toutefois, d'après Bergius, que son arôme et son principe amer sont solubles dans l'eau, et que ce liquide s'empare par con- séquent de toutes les qualités actives du melilot, soit par la distil- lation, soit par la simple infusion. Quoique les propriétés médicales de cette légumineuse ne soient pas mieux connues que sa composition chimique, elle n’en a pas moins été décorée , selon l’usage, d’une foule de vertus contradic- toires, Les auteurs de matière médicale, toujours prodigues d’épi- thètes , et rarement heureux dans la détermination précise des effets médicamenteux des végétaux, l'ont particulièrement décorée des ti- tres d’émolliente, résolutive, anodine, carminative , etc. On a vanté sou efficacité contre les coliques et la dysenterie, contre la dysurie et la néphrite. De graves auteurs ont préconisé les préten- #: MELILOT. dus succès de son infusion aqueuse contre les douleurs de lutérus, qui précèdent et qui suivent l'accouchement , contre l’inflammation de cet organe, du péritoine et des viscères abdominaux. D’autres prétendent avoir administré cette infusion avec succès dans le rhu- matisme , la leucorrhée, et autres affections qui n’ont pas le moin- dre rapport entre elles. Ce simple aperçu suffit pour montrer que le melilot, comme beaucoup d’autres plantes, a été administré aveuglé- ment par des praticiens plus crédules qu’attentifs, et par des obser- vateurs inexacts , qui, au lieu d'étudier avec soin sa manière d'agir, lui ont gratuitement supposé des succès qui ne sont dus qu'aux ef- forts salutaires de la nature. Quelle confiance, d’ailleurs, peuvent inspirer les éloges prodigués aux vertus émollientes et anodines de cette papilionacée , lorsque les effets irritans de ses semences ont été constatés par Haller, dans un cas d’angine , où leur décoction avait été mal à propos associée à celle des semences de lin ? C’est donc avec raison que l’usage intérieur de cette plante done teuse est tombé en désuétude. Toutefois, on l’emploie assez souvent à l'extérieur. Etmuller et S. Pauli la recommandent en fomentation sur le ventre, et en lavement contre les douleurs et l'inflammation de l'utérus et des viscères de l'abdomen. On en prépare des elystères réputés émolliens, anodins, carminatifs, et souvent administrés contre les coliques. Comme émollientes et discussives , les applica- tions locales de sa décoction ont été recommandées contre les dou- leurs piourétiques et contre les engorgemens et les tumeurs inflam- matoires. Mais, à l'exemple du nds Murray ; on doit douter de toutes ces vertus du melilot, jusqu’à ce que, soumis à de nouvelles épreuves , ses véritables propriétés médicales aient été constatées par des expériences cliniques bien faites. Intérieurement, on pourrait administrer cette plante en infusion à la dose de trente-deux grammes (une once) pour un kilogramme (deux livres ) d'eau. À l'extérieur, on emploie cette même infusion , en fomentations , en lavemens, en bains, en collyre, en gargarisme; enfin le melilot est appliqué sous forme d ’emplâtre et de cataplasme. L'eau distillée qu’on en prépare encore dans certaines pharmacies, est bien plus utile aux parfumeurs pour la composition de leurs odeurs, qu'aux médecins pour la guérison des malades. Ses fleurs MELILOT. constituent une des quatre fleurs dites carminatives. La plante elle- même entre dans la composition du fameux emplâtre de melilot, dont les vertus tant vantées ne reposent que sur de vaines assertions qui n'en ont pas plus de valeur, quoique consacrées par Galien, Mésué, et une foule de pharmacologues. Le nom de trifolium caballinum , trèfle de cheval, qui a été im- posé à cette plante, et que lui conservent les Italiens, indique que le melilot plaît singulièrement aux chevaux. Sous ce rapport, on pourrait en étendre la culture avec avantage, et imiter les anciens, qui le cultivaient comme plante fourragère. Il est employé par les parfumeurs pour aromatiser divers cosmétiques. Valmont de Bo- mare assure qu'il suffit d'en introduire une petite quantité dans le corps d’un lapin domestique nouvellement tué et vidé, pour que la chair de cet animal contracte le goût des meilleurs lapins de garenne. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) r. Fleur entière grossie. 3. Pétales détachés d’une fleur. 2. Calice, étamines et pistil. 4. Pistil. dr 200. 1 urpin 2. . ; ; Lambert J° soul i “MELISSE. a, £. £ CCXXX. MÉLISSE. LS PO DE re +. meéMTro@unror et gsxilraævæe, Dioscorides. MELISSA HORTENSIS; Bauhin, [livaæË, lib. 6, sect. 5. Tournefort, cl. 4, Pr sect. 3, gen. 3. LI ROSE PO . si 1 si .js “435 { MELISSA OFFICINALIS; floribus exalis inferioribus subsessilibus. Linné, didynamie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ord, 6, famille des la- bié Lees, Then... 2 1. 72. MELISSA ; CEDRONELLA. Espagnol. . ...... MELISA ; CIDRONELA. Portugais. . « :.. ELISSA. Français... ...... MÉLISE; CITRONELLE. Fe RIT COMMON BALM. Allemand... ..... MELISSE ; CITRONEN-MELISSE. Hollandais. ...... MELISSE ; CITROENKRUID. Dandisii}i, Ve HIERT Mo nrnece 185, Polonais: 5:56. MELISA. ME ss... La mélisse a reçu des Latins le même nom que les abeilles por- tent dans la langue grecque, probablement à cause de l'avidité de ces insectes pour cette plante. L'odeur aromatique, approchant de celle du citron, que répandent ses feuilles , lui a fait aussi don- ner le nom vulgaire de citronelle. On la cultive dans presque tous les jardins : elle est assez commune en Europe, surtout dans les provinces méridionales, aux lieux incultes, le long des haies, sur le bord des bois; on la trouve aussi aux environs de Paris, à Saint- Cloud, Auteuil, aux prés Saint-Gervais, etc. Le genre auquel elle appartient, se caractérise par un calice évasé à son sommet, dé- pourvu de poils à son orifice, à deux lèvres; la supérieure plane, tri- dentée; inférieure à deux lobes; une corolle cylindrique, à deux lèvres ; la supérieure voûtée, échancrée; l’inférieure à trois lobes, celui du milieu plus grand, entier, échancré en cœur à son som- met ; quatre étamines didynames; un style; le stigmate bifide; qua- tre semences nues, ovales, situées au fond du calice. | . - 60e Livraison, MÉLISSE. Ses racines sont grêles, cylindriques, dures, un peu rameuses, presque obliques et fibreuses. Ses tiges sont dures, tétragones , pres- que glabres, très-rameuses, hautes d'environ deux pieds, garnies de feuilles opposées, pétiolées, d’un vert foncé un peu luisant, ova- les, souvent échancrées en cœur, surtout les inférieures , régulière- ment dentées à leurs bords, couvertes de poils courts, au moins longues d’un pouce et demi, presque aussi larges. Les fleurs sont petites, presque à demi verticillées , pédicellées à l'extrémité d’un pédoncule commun, toutes tournées du même côté, munies de quelques petites bractées. Leur calice est strié, quadrangulaire, élargi au sommet; la corolle blanche, jaunâtre, ou d’un rouge pâle; son orifice un peu renflé : la lèvre supérieure arrondie, bifide , un peu voûtée; l’inférieure à trois lobes, celui du milieu presque orbiculaire, point échancré. L'odeur aromatique très-suave, que cette plante exhale, a beau- coup d’analogie avec celle du citron : elle est beaucoup plus pro- noncée immédiatement avant la floraison qu’à toute autre époque, et diminue considérablement par la dessiccation. Sa saveur est aro- malique, chaude, et un peu amère. Son arôme paraît intimément uni à l'huile volatile d’une odeur citrine qu’elle fournit par la dis- tillation ; elle contient en outre un principe amer qui est en partie soluble dans l'eau , en partie dans l'alcool , et qui paraît être de na- ture gommo-résineuse. Il est probable qu’elle renferme aussi une certaine quantité de camphre, ainsi que la plupart des labiées, dans lesquelles M. Proust a constaté la présence de cette matière. La mélisse exerce sur le système nerveux, et sur différens appa- reils de la vie organique, une excitation plus ou moins vive qui est la source des propriétés toniques, céphaliques , cordiales, stomachi- ques , échauffantes , etc. , dont elle est revêtue. Les Arabes furent les premiers à la signaler comme propre à fortifier les nerfs, à exci- ter la gaîté, à activer l’action cérébrale, et à relever les forces abat- tues. De plus elle exerce une impression tonique sur l'estomac, aug- mente l'appétit, et facilite la. digestion; elle imprime consécutive- ment un certain degré d'activité à la circulation, aux sécrétions et à la nutrition, ce qui lui a mérité les titres d’échauffante, diuréti- MÉLISSE. que, diaphorétique , emménagogue, etc., selon que l'utérus, la peau, les reins, etc., éprouvent plus particulièrement son influence. On emploie chaque jour avec plus ou moins de succès, contre les ver- tiges, la syncope, la paralysie, l’asphyxie , lapoplexie commençante légère; on la recommande contre la mélancolie et autres affections nerveuses. Hoffmann l’administrait en poudre dans l’hypocondrie ; Rivière, en infusion vineuse dans la manie; et Forestus en faisait usage contre les palpitations du cœur, et autres affections spasmo- diques. On y a très-souvent recours pour calmer les accidens de l’hys- térie. Son infusion théiforme est d’un usage très-utile contre l’inap- pétence, et pour remédier aux indigestions. On l'emploie dans cer- tains cas, avec avantage, comme diaphorétique dans les rhumatis- mes anciens, la goutte vague, et dans les catarrhes chroniques. Dans certains cas d'aménorrhée, elle a paru singulièrement influer sur le retour de l'écoulement menstruel. 11 ne faut cependant pas per- dre de vue que la mélisse n’a pu avoir de succès contre ces différen- tes affections , que dans les cas d’atonie et de relâchement , et qu'elle ne pourrait qu'y être nuisible, si elles étaient dues à un excès d’ac- tion des organes, ou à un état d'irritation. S. Pauli rapporte que des femmes mangeaient des gâteaux préparés avec les sommités de mélisse, le sucre et les œufs, pour rappeler l'écoulement des lochies supprimées; mais un pareil moyen pourrait tout au plus avoir du succès dans les cas rares où la suppression de cet écoulement tient à une extrême inertie de l'utérus, et a un état de débilité. Avec bien plus de raison, Peyrilhe faisait, de l’imfusion de la mélisse, la boisson ordinaire des malades dans le traitement de la syphilis par l'ammo- niaque, et il s’en trouvait bien. En un mot, cette plante aromatique peut être employée avec avantage dans tous les cas où la médication tonique, avec excitation générale, est nécessaire; ce qui est assez dire qu’elle ne convient point dans les maladies où il y a de vives douleurs, beaucoup de chaleur et de soif, et autres signes d’une vive irritation. On administre quelquefois la méhisse en poudre à la dose de qua- tre grammes (un gros), soit en suspension dans un liquide quelcon- que , soit sous forme pilulaire. On a plus souvent recours à son infu- sion théiforme, à cause de son agréable odeur. On la donne aussi MÉLISSE. en macération vineuse. On en prépare une conserve dont la dose est de huit grammes ( deux gros) et plus. Son extrait aqueux, et son extrait alcoolique , se donnent à la dose de treize décigrammes (un scrupule). On prescrit son huile volatile d’une à quatre gouttes sur du sucre ou dans une potion appropriée ; son eau distillée aqueuse, de trente-deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces), et son eau alcoolique ou spiritueuse, de huit à trente-deux grammes (deux à huit gros). On prépare dans les pharmacies un sirop de mé- lisse, d’une saveur aromatique très-agréable. Cette plante est la base de l’eau de mélisse antihystérique, et un des ingrédiens de l’eau de mélisse composée, plus connue sous le nom d’eau des carmes, et à laquelle la cupidité d’une part, la crédulité de l’autre, attribuent les vertus les plus mensongères. Les feuilles de cette plante sont quelquefois employées dans le commerce à la sophistication du thé. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière, grossie, ovaire 4-lobé, posé sur un corps glan- La même, vue de face. duleux, et surmonté d’un style bi- 3. Tube ouvert d’une corolle, afin de faire voir l’insertion des quatre étamines. 5. Graine müre. 4. Calice ouvert, dans lequel on voit un 6. L’une d'elles grossie. _ 241. 7% ur pin 2. MELON. CCXXXI. MELON. MErO vuLGaR1S; Bauhin, TivaË, lib. 3, sect. 4. Tournefort, clas. r, Latine 7. 4 poche De cucumrs meLo; foliis angulis rotundatis, pomis torulosis, Linné, clas. 1, ord. 2, famille des cucurbitacées. PONE Tialiabsss sel. PO Esp LE. Sa MELON POP... MELAO Français... ..:.; MELON un RE DUT ELON Allemand........ MELONE Hollandais. . . .. «+ MELOEN FIRST ie MELON DO ni : <- MELON Polhaiti 2. MELON Ma ar érestue SES MELON ol... 1. DEN3A MOI ess «+ e KAUN. Arabe... ;.....:. KAUUN; DUMMEIRI. Japonais...:..... TENKWA (Trunberg). É TERRA caw-qua /Loureira). J'ar exposé à l’article concombre, le caractère générique du genre cucumis. Le melon lui appartient comme espèce. Cette plante, si intéressante par la saveur délicieuse de ses fruits, par le parfum agréable qu’ils exhalent, est originaire de l'Asie, et cultivée depuis très-long-temps, comme plante potagère, dans tous les jardins de l'Europe. Ses tiges sont épaisses, sarmenteuses , couchées sur la terre, rudes au toucher, garnies de feuilles alternes, pétiolées, arrondies , angu- leuses, à angles très-obtus, verdâtres, denticulées, parsemées de poils roides, très-courts. Les fleurs sont jaunes, très-médiocrement pédonculées, assez pe- , les unes mäles , les autres femelles. tites , axillaires , peu nombreuses sse, gla- Les fruits sont presque ovales, pubescens dans leur jeun + 3. 60° Livraison, MELON. bres à leur maturité, marqués d'environ dix côtes longitudinales, couverts d’une écorce épaisse, assez ferme, marquée ordinairement de rides blanchâtres, saillantes, disposées en forme de réseau : la chair est tendre, succulente, jaune ou rougeâtre, d’une saveur très- agréable. On en cultive un grand nombre de variétés, distinétiées par leur grosseur , leur forme ovale, arrondie ou dure par la saillie lisse ou tuberculée de leurs côtes, par la couleur, mais plus particulière- ment par la saveur de leur chair. La variété la plus recherchée est celle qui porte le nom de cantalou ou de melon sucrin. (B.) La médecine fait usage de la pulpe et des semences des melons. Quelles que soient les nombreuses variétés qu’ils présentent sous le rapport de la couleur, du volume et du parfum, ils se distinguent des fruits de toutes les autres cucurbitacées, par une odeur aro- matique très-suave, et par une saveur fraîche, sucrée, comme vi- neuse, légèrement acidulée, et extrêmement agréable. Leur pulpe douce, succulente et aqueuse, dans laquelle réside essentiellement l’arôme qui les caractérise, est composée d’une grande quantité de mucilage, et de quelques vestiges d’un principe résineux qui se re- trouve en plus ou moins grande quantité dans les fruits des autres cucurbitacées, et surtout dans la coloquinte, qui lui doit sa pro- priété drastique. 1] serait intéressant de rechercher si la qualité laxative des melons ne réside pas dans ce principe résineux. Quoi qu'il en soit, les fruits possèdent à un plus haut degré les propriétés nutritives, tempéran- tes, rafraïchissantes, adoucissantes, et ils en sont redevables à la grande quantité d’eau et de mucilage qu’ils renferment. Leur suc, par conséquent , pourrait être administré avec avantage dans les mala- dies aiguës avec excès de forces, et dans toutes les circonstances où il s’agit de faire disparaître ou de diminuer une vive excitation, soit générale, soit locale. Mais on y a rarement recours , et l’on se borne pour l'ordinaire à l'usage du fruit crû comme aliment diététique. Sanc- torius avait déjà observé que le melon diminue singulièrement la transpiration, mais il diminue aussi toutes les autres sécrétions, ainsi que la chaleur animale, On ne peut donc lui accorder la propriété diurétique qui lui est attribuée par divers auteurs, que dans le seul MELON. cas où les fonctions des reins sont troublées ou suspendues par un état de phlogose ou d’irritation que les qualités réfrigérantes du me- lon font cesser. Ce fruit aqueux et mucilagineux est particulièrement recommandable, en effet, contre la néphrite, lischurie, et la pre- mière période de la blennorrhagie. On pourrait l’employer avec le même succès comme nourrissant et réfrigérant, dans la diathèse scorbutique, dartreuse, cancéreuse, dans les altérations calculeuses des reins et de la vessie, et autres affections dans lesquelles l’écono- mie animale est en proie aux ardeurs dévorantes de la fièvre hec- tique. C’est ainsi que Borelli a vu l’usage de cet excellent fruit gué- rir la phthisie pulmonaire. Et, quoique un pareil résultat ne puisse s’obtenir que bien rarement, ce fruit doux et parfumé est bien plus propre à alléger les symptômes de cette terrible maladie, et à pro- longer l'existence du malade, que cette foule de remèdes incendiai- res, qui ne font que tourmenter les malheureux phthisiques, et pré- cipiter leur fin déplorable. Au rapport de Lange, un morceau ‘de melon , introduit à plusieurs reprises dans l’anus, en guise de suppo- sitoire , a quelquefois arrêté un écoulement hémorroïdaire trop abon- dant. La pulpe de ce fruit est appliquée à froid avec avantage sur les contusions et les brûlures récentes. À chaud, on l’applique avec le même avantage en cataplasme sur les tumeurs et les engorgemens inflammatoires, soit pour en faciliter la résolution, soit pour en hâ- ter la suppuration. ; À raison du mucilage et de l’huile douce dont les semences du melon sont composées, elles jouissent des mêmes propriétés émol- lientes , adoucissantes, lubréfiantes, relâchantes que la pulpe. On en prépare des émulsions qui sont d’un grand usage et d’une utilité réelle dans le traitement des fièvres ardentes , des phlegmasies aiguës de la poitrine, de l'abdomen, et des organes urinaires, et dans tous les cas où il existe une vive irritation , soit générale , soit locale. On en fait spécialement usage dans le délire, dans la néphrite, soit cal- culeuse, soit inflammatoire, dans l’ischurie, dans la première pé- riode de la blennorrhagie , et autres lésions des voies urinaires. Ces semences font partie des quatre semences froides majeures, - des species diatragacanthæ de la pharmacopée de Wurtemberg , “À pouillées de leur enveloppe corticale, et convenablement triturées , MELON. on les emploie à la dose de soixante-quatre grammes (deux onces ) pour donner la consistance d’émulsion à cent vingt-huit grammes (quatre onces), ou cent quatre-vingt-dix grammes (six onces) d’eau. Quels que soient les avantages pharmaceutiques de la pulpe et des semences de melons, ces fruits semblent être exclusivement réservés aux usages culinaires , et, par leur parfum, comme par leur excellent goût , ils font en général les délices de nos tables. On les mange crûs, soit en entrée , soit au dessert. Ils sont un fort bon aliment, surtout en été, et dans les pays chauds et secs, pour les tempéramens bi- lieux, pour les personnes robustes, et pour celles qui digèrent bien. Toutefois, pour peu qu’on en prenne une trop grande quantité, ils troublent l’action de l'estomac , produisent des coliques , la diarrhée , et des indigestions : de sorte qu’il est bon d’être sobre à leur égard, et très-utile de leur associer le sel, le sucre et la cannelle, condi- ment qui est bien mieux approprié à leur saveur sucrée, que le poi- vre que quelques personnes y mêlent, et que l’opium, avec lequel les Orientaux le mangent quelquefois. De toutes les manières, le melon convient peu aux sujets faibles et délicats, aux convales- cens, aux vieillards, aux mélancoliques, à ceux qui digèrent mal, qui mènent une vie sédentaire, et qui exercent plus leur tête que leurs membres. Les ménagères conservent les jeunes melons dans le vinaigre pour s’en servir à la manière des cornichons. Un peu avant leur pleine maturité, les cuisiniers, après les avoir dépouillés de leur écorce, en préparent d’excellentes compotes en les unissant au sucre, au vinaigre, et aux girofles. Les confiseurs les associent au sucre et aux aromates , et en composent des bonbons d’excellent goût. EXPLICATIONS. PLANCHE 23. (La plante est de grandeur naturelle.) t. Fleur femelle. 4. Pistil d’une fleur femelle, composé d’un 2. Fleur mâle. ovaire inférieur , d'un style court, 3. Trois étamines réunies par leurs anthè- surmonté de trois gros stigmates bi- res sinueuses; les filamens libres, au lobés , entouré à sa base is centre desquels on voit un style avorté. étamines stériles. PLANCHE 231 bis. (La plant éduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Coupe horizontale du même. 3. La même, coupée ns sa longueur, afin >. Graine de grosseur naturelle. de faire voir l'am ,. Embryon dont on a FT un des lobes.