NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE Cette nouvelle série des Archives du Muséum, qui a commencé en 1865, se compose, chaque année, de : 1° Un RECUEIL DE MÉMOIRES inédits; 2 Un BULLETIN, contenant des Descriptions d’espèces nou- velles ou imparfaitement connues, des Rapports sur l’ac- NE des collections du nes des pu de la yageurs de C d’autres pièces ‘anälogues. Ces deux parties ne peuvent se diviser ni faire l’objet d’abonne- ments séparés, Chaque publication annuelle se compose de 40 à 50 feuilles d’im- pression sur format in-4° grand raisin, et de 22 à 30 planches dans ce même format, les unes noires, les autres coloriées, selon la nature du sujet. La publication se fait en quatre fascicules par an, devant former ensemble un très-gros volume in-4°, accompagné de nombreuses planches. Prix de l’abonnement annuel. . . .. . . . . .. 50 fr. Prix des quatre fascicules de lainéé. pris après leur entière publication, sans abonnement. . 55 fr. On ne reçoit d'abonnements que pour un an. Les abonnements, payables d'avance, doivent être exclusivement adressés à la librairie Théodore MorGAND, rue Bonaparte, 5, à Paris. PARIS. — J. CLAYE, IMPRIMEUR, 7, RUE SAINT-BENOIT,— [490] NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS PUBLIÉES PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT MON ASS TOME SIXIÈME 35 -—— ÉDITÉ PAR L. GUÉRIN ET Ci DÉPOT ET VENTE A LA LIBRAIRIE THÉODORE MORGAND, 5, RUE BONAPARTE, A PARIS 4870 NOMS MM. LES PROFESSEURS-ADMIN ISTRATEURS DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. CARVARUL,.,..:,,... Professeur de Chimie appliquée aux corps organiques. — 1830. BRONGNIART .......... : Id. de Botanique. — 1833. ‘BRCQUEREL ........... Id. de Physique appliquée. — 1838. Mie Enwarps...... Id. de Zoologie (Mamm. et Oiseaux); chargé de la Direction de la Ménagerie. — 1841. DGA: in Id. de Culture. — 1850. FM vec utes ces Id. de Chimie appliquée aux corps inorganiques. — 4850. DE QUATREFAGES. . .... Id. d’Anthropologie. — 1855. DUMÉNIL.. exe Id. de Zoologie (Rept. et Poiss.). — 1857. 5 it AO ever Id. de Physique végétale. — 1857. NON... Id. de Minéralogie. — 1857. LL SRE Id. de Géologie. — 1861. BLANCHARD... Id. de Zoologie (Insectes et Crustacés). — 1862. Game. Id. d'Anatomie comparée. — 1868. BerxaRD (Claude)... Id. de Physiologie générale. — 1868. DESNArSS. 5... Id. de Zoologie { Moll. Annél. et Zooph.). — 1869. LARTET 4, 40 Id. de Paléontologie. — 1869. MÉMOIRE SUR LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO -CAPILLAIRES PAR M. BECQUEREL MEMBRE DE L'INSTITUT DE LA FORMATION DES OXYDES, DE SILICATES, ALUMINATES CRISTALLISÉS ET HYDRATÉS , ET SUR LES EFFETS DE DIFFUSION ENTRE DES LIQUIDES QUI NE SE MÉLANGENT PAS. Dans mes recherches sur les phénomènes électro-capillaires, dont j'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l’Académie à diverses reprises, depuis le mois de juin 1867, j'ai prouvé que la couche liquide infini- ment mince, adhérant aux parois des espaces capillaires qui séparent deux liquides différents, se comporte comme un corps solide conduc- teur à l'égard des deux électricités devenues libres, pendant la réac- tion chimique des deux liquides l’un sur l’autre, dans ces mêmes espaces; il en résulte alors un couple électro-chimique, donnant lieu à un courant que j'ai nommé électro-capillaire pour rappeler son 6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. origine, et dont l'énergie est suffisante pour réduire de leurs disso- lutions les métaux à l’état métallique, et produire, avec le concours d’autres causes, un grand nombre de combinaisons et de décomposi- tions dont j'ai eu l'honneur d’entretenir l’Académie à diverses reprises : la réduction métallique surtout ne saurait être expliquée sans l’inter- vention de l'électricité. Il n’y a donc de différence entre les couples voltaiques ordinaires et les couples dont il est question ici qu'en ce que, dans ces derniers, le corps solide, conducteur de l'électricité , est remplacé par la couche liquide infiniment mince qui adhère aux parois des cavités capillaires, et dont la constitution moléculaire n'est pas la même que celle du liquide adjacent qui n’est pas soumis à l'action attractive de ces parois. Ce mémoire renferme la suite des recherches que j'ai faites en vue de nouvelles applications du principe électro-capillaire ; applica- tions dont il est difficile d’apercevoir le terme, attendu qu'elles s’é- tendent aux trois règnes de la nature. Ces applications et les déduc- tions qu'on en tire mettent sur la voie, comme je l'ai déjà dit, du mode d'intervention des forces physico-chimiques dans les phéno- mènes de la vie, puisque les corps organisés sont composés de mem- branes , de tissus séparant des liquides différents, et donnant lieu à des actions électro-capillaires qui concourent, avec d’autres forces physiques, à produire des réactions chimiques. Le couple électro-capillaire est tellement constitué, que la face de la membrane ou du tissu qui est en contact avec le liquide, jouant le rôle d'acide par rapport à l’autre, est le pôle négatif, et l’autre le pôle positif. Cet état de choses subsiste dans les corps organisés tant que les tissus n’éprouvent aucun changement; mais aussitôt qu'il s'opère un relâchement dans leurs parties, les espaces capillaires deviennent plus grands, les effets électro-capillaires et autres résul- tant de l’action des forces physiques dominent alors seuls, et la PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES,. Z désorganisation finit par devenir complète : tel est le point de vue sous lequel on doit envisager le mode d'intervention des forces élec- tro-capillaires dans les phénomènes de la vie. Pour expliquer les effets produits, il faut prendre, en outre, en considération : 4° le pouvoir hygroscopique de la cloison capillaire pour chaque liquide ; 2° le pouvoir diffusif de chacun d'eux; 8° leur affinité réciproque ; h° l’état électrique de chaque liquide ; 5° la faculté que possèdent leurs parties constituantes de traverser plus ou moins facilement la cloison, suivant sa perméabilité et d’où résultent les effets du dialyse. Dans ce mémoire, j’expose d’abord le procédé à l’aide duquel on obtient les oxydes, les silicates, les aluminates hydratés, cristallisés. L'appareil se compose d’un vase contenant une dissolution métallique dans laquelle plonge le bout d’un tube ou le col d’un flacon à large ouverture, fermé avec une bande de papier-parchemin, préparé avec le papier à analyse dit de Berzélius; ce flacon renferme une disso- lution alcaline de l’oxyde et est renversé par son col dans l’autre dissolution. Les deux liquides, dans leur contact, par l'intermédiaire du papier-parchemin, produisent un courant électro-capillaire éner- gique, vu la force électro-motrice très-grande des deux liquides, dont l’action, concurremment avec les causes précédemment indi- quées, produit les composés que l’on vient d'indiquer. Le but que je me suis proposé n’est pas précisément de chercher à multiplier la formation des composés, mais bien de faire connaître les principes sur lesquels repose leur mode de production, et les conséquences qui en découlent pour les sciences physico-chimiques. En opérant avec une dissolution d’aluminate de potasse et une autre de chlorure de chrome, l’une et l’autre concentrées, on obtient sur la face positive, sur celle qui est en contact avec*la dissolution alcaline, de petits dépôts tuberculeux ou des lames cristallines d’a- luminate hydratée, et sur la face négative des lames vertes transpa- 8 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. rentes, ayant un aspect cristallin de sesquioxyde hydraté de chrome. Le dépôt d'alumine , vu au microscope avec un système de prismes de Nichol, paraît composé de cristaux prismatiques terminés par des pyramides douées de la double réfraction. Ces cristaux, chauffés au rouge naissant, perdent leur eau de combinaison et cessent d’être bi-réfringents. L'analyse a donné les résultats suivants : A 36,190 MR di Due ee 63,809 99,999 Ce composé a pour formule : AL? O3, 3H0,. Ce produit est donc de l’alumine cristallisée à trois équivalents d’eau; il est analogue au minéral appelé gibsite. En traitant ce produit à la température de l’ébullition avec les acides sulfurique et chlorhydrique, l’alumine est déshydratée, mais non dissoute, tandis qu’une dissolution de potasse bouillante la dis- sout. Cette substance, quoique ayant de la dureté, ne raye pas le verre. La substance déposée sur la face négative est du sesqui- oxyde hydraté de chrome, doué d’un aspect cristallin, et dans un état moléculaire différent de celui que l’on obtient en versant une dissolution d’aluminate de potasse dans une dissolution de chlorure de chrome. En remplaçant le chlorure de chrome par l'acide chlorhydrique étendu de son volume d’eau, il se forme assez promptement sur la face positive des lames transparentes ayant un aspect cristallin. Un décigramme convenablement desséché, porté à la température rouge, a perdu 35,5 pour 100 d'eau; ce qui indique que ce produit est de l'alumine à trois équivalents d’eau. En substituant le nitrate de cuivre au chlôrure de chrome, on a obtenu en peu de temps des résultats analogues ; puis du sous-nitrate de cuivre , des cristaux d'oxyde hydraté bleu de cuivre contenant fréquemment des cristaux PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 9 de silicate de ce métal. Ces produits se forment particulièrement lorsque les deux dissolutions sont concentrées, et sans excès de potasse d'un côté et d'acide de l’autre; car si la potasse n’est pas saturée d’alumine, lorsque l'acide chlorhydrique traverse la cloison par suite des diverses actions mises en jeu, il sature l’alcali, et il ne se dépose pas d’alumine; si l’autre dissolution, au contraire, con- tient un excès d'acide , des effets analogues sont produits. Dans ces expériences, on s’est borné à composer le diaphragme de deux bandes de papier-parchemin ; mais si l’on veut produire des effets plus lents, il faut augmenter le nombre des diaphragmes ; leur porosité exerçant une influence sur les effets produits et variant souvent, non-seulement d’une bande à une autre, mais encore dans la même bande, on arrive à une plus grande uniformité en compo- sant la cloison de cinq à six bandes de papier-parchemin et même plus. On explique comme il suit la production de ces composés : au contact des deux dissolutions dans les interstices de la cloison, il se produit, comme on l’a dit précédemment, un courant électro-capil- laire dont l’action est telle, que les deux faces de la cloison repré- sentent les deux pôles d’un couple; les deux dissolutions sont décom- posées électro-chimiquement : dans la dissolution alcaline, l’alumine, qui joue le rôle d'acide, se dépose en cristaux sur la face positive en contact avec cette dissolution, tandis que l’oxyde de chrome ou l’oxyde qui joue le rôle de base se dépose sur la face négative. Le chlore se rend sur la face positive dans la dissolution alcaline et se combine avec la potasse. On voit par là qu'il y a une différence bien tranchée entre l’action qui a lieu entre deux dissolutions qui agissent lentement l’une sur l’autre, et celle qui s'opère par l'intermédiaire d’une cloison. Dans le premier mode, les produits formés sont dus à une double décomposition. Dans le second, il n’en est pas ainsi : il se forme deux produits qui sont, en général, cristallisés et séparés vI. 2 40 NOCVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. par la cloison, le premier sur l’une des faces de la cloison séparatrice, l'autre sur la seconde face. Les effets sont analogues à ceux que l’on obtient avec les mêmes appareils quand on opère, d’un côté avec une dissolution métallique, de l’autre avec une dissolution de monosul- fure de sodium ; au lieü d’avoir un sulfure de cuivre, s'il y avait une double décomposition, on obtient sur la face négative le métal réduit en dentrites, dont la production, nous le répélons, ne peut être expliquée que par l'intervention d’un courant électro-capillaire , puis de l’oxyde, quand le courant électrique est devenu très-faible par suite de l’épuisement des dissolutions. Avec les dissolutions d’aluminate et de sels métalliques il n’y a pas de réduction métallique, attendu que la force électro-motrice est moindre que celle que donnent dans leur contact les dissolutions de monosulfures alcalins avec les dissolutions métalliques. Nous revien- drons, dans le prochain mémoire , sur les forces électro-motrices des liquides employés et sur leurs rapports. Les phénomènes de dialyse interviennent probablement ici, sur- tout quand les chlorures, les nitrates alcalins sont produits par suite de la décomposition des sels métalliques ; il y a alors passage de ces sels au travers de la cloison; mais dans les premiers moments il serait difficile de l'admettre, attendu que les deux dissolutions, en se rencontrant dans la cloison, donneraient lieu à un précipité non cristallisé. En opérant avec des dissolutions de zincate et de plom- - bate de potasse, et de nitrate de cuivre, on a des effets semblables, c'est-à-dire qu'on obtient des oxydes cristallisés ; il en est de même avec une dissolution de chlorure d’antimoine et une autre d’alumi- nate de potasse. En substituant le silicate de potasse à l’aluminate de la même base, il se forme des produits analogues ; il se dépose peu à peu sur la face positive, sur celle qui est en contact avec la dissolution alca- line, de la silice hydratée en lames très-transparentes, rayant le PHÉNOMÈNES ELECTRO-CAPILLAIRES. at verre, solubles dans la potasse et ne possédant pas la double réfrac- tion; ce dépôt acquiert immédiatement ces deux propriétés physiques sans éprouver de dessiccation, comme la silice en gelée exposée long- temps à l’air. Cette couché transparente, qui a peu d'épaisseur, est adhérente à la cloison; la silice déposée au-dessus devient peu à peu opaque, et, au delà d’une certaine épaisseur, la silice n’a plus de cohérence, elle a la consistance de gelée; cette couche mince de silicate transparente prend peu à peu un aspect opalin et redevient transparente en la plongeant dans l’eau. Cette silice a de l’analogie avec l’hydrophane décrit par Ébelmen. Quand on opère avec le nitrate de cuivre, il se dépose sur la face négative une croûte de couleur bleue dont on a déjà parlé plus haut, qui, bien que très- dure, ne raye pas le verre; broyée et lavée à grande eau, on recueille des fragments cristallisés qui, vus au microscope, paraissent composés d’aiguilles bleuâtres, allongées, ayant des som- mets rhomboédriques, forme qui s'accorde assez avec celle de la dioptase, dont la composition est celle-ci : Gilgosss. hand 4 . diet 60 01 le 38,93 Oxyde de cuivre, . . . . . . , . 49,51 re vs 14,97 99,74 Ces aiguilles, desséchées dans le vide, donnent de l’eau ; chauf- fées au rouge dans un tube de verre fermé par un bout et traitées par les acides, elles laissent un résidu gélatineux de silice. Ces divers caractères tendent donc à prouver également que le produit obtenu est semblable au silicate hydraté de cuivre de la nature appelé dioptase. Ce produit se forme quelquefois dans les pores de la cloison du papier quand la silice s’y introduit; mais, dans les cas ordinaires, on n'a que des cristaux bleus d'oxyde hydraté de cuivre. En substituant une dissolution de potasse à celle d’un sel alcalin, 42 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. on a obtenu également sur la face négative un oxyde hydraté cris- tallisé de cuivre. | Les effets dont on vient de parler varient, comme il est facile de le concevoir, suivant la constitution de la cloison, c’est-à-dire selon qu’elle est plus ou moins encroûtée de dépôts, car il arrive un - instant où l’encroûtement est tellement épais, que tous les effets cessent; mais avant d'arriver à ce terme, on a l’avantage d'observer les effets dus à des forces dont l’action va sans cesse en diminuant. Lorsqu'on met en contact une dissolution de chlorure de cobalt avec une autre de potasse, sans cloison intermédiaire, il se forme un oxyde bleu de cobalt sous forme de précipité non cristallin; mais lorsque l'expérience se fait en interposant le papier-parchemin, le précipité sur la surface négative est encore bleu, mais il est cristallin, et les cristaux, dont la forme est indéterminable, sont doués de la double réfraction. Cet effet est du même ordre que les précédents. En opérant avec une dissolution saturée de silicate de potasse à 2 degrés aréométriques, la silice ne se précipite plus en plaques transparentes, mais en gelée. En substituant le plombate de potasse au silicate de potasse et conservant Île nitrate de cuivre, on obtient sur la face positive du protoxyde de plomb hydraté, cristallisé, mélangé avec une quantité de carbonate, et sur l’autre face de l’oxyde hydraté cristallisé et amorphe. La partie cristallisée est bleue, et la partie mamelonnée verte; l’une et l’autre se dissolvent dans les acides faibles sans laisser de résidu, il se dégage seulement quelques bulles d'acide carbonique. En répétant les mêmes expériences dans une étuve chauffée de 50 à 80 degrés, les effets produits présentent quelques différences avec ceux obtenus à la température ordinaire ; les composés formés sont plus réguliers, les petits tubercules cristallins d’alumine recou- vrent parfois toute la face positive de la cloison, les tubercules sont tellement serrés les uns contre les autres, que le papier-parchemin, PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 13 qui finit par S'altérer, ne fonctionne plus. D’autres fois, quand la température est plus élevée, on n’aperçoit plus de tubercules, la bande supérieure de la cloison devient d’un blanc de neige, effet dû à la présence d’un nombre considérable de cristaux d’alumine hydratée. | | Lorsque l’on soumet à l’action d’une pile de 5 éléments à sulfate de cuivre les appareils précédemment décrits, en plaçant la lame négative dans la dissolution d’aluminate de potasse et la lame posi- tive dans une autre de chlorure de chrome, il ne se forme aucun dépôt dans la dissolution alcaline ni sur la lame, ainsi que sur la cloison, tandis qu'il se produit un dépôt considérable d'oxyde hydraté de chrome non-seulement sur la lame positive, mais encore sur la face de la cloison contiguë. En opérant inversement, il n’y a aucun dépôt dans la dissolution de chlorure, mais il y a un dépôt d’alumine dans celle de l’aluminate. Tels sont les effets produits dans l’espace de quarante-huit heures avec la pile. Les divers produits dont je viens d'indiquer la formation con- tiennent quelquefois une petite quantité de potasse provenant de la dissolution au milieu de laquelle ils ont été formés. Je mentionnerai un cas d’endosmose assez remarquable, qui a eu : lieu au contact du silicate ou de l’aluminate de potasse et du sul- fure de carbone, avec ou sans l'intermédiaire du papier -parchemin, attendu que les deux liquides ne se mélangent pas. M. Graham a reconnu qu'une couche plus ou moins épaisse d’al- bumine pouvait remplacer le papier-parchemin dans le phénomène de la dialyse, sans que l’albumine fût altérée; ce phénomène est purement physique. J’ai cherché quels étaient les effets produits quand la substance qui sert de diaphragme réagit sur l’un des liquides avec lequel elle est en contact et lorsque les deux liquides ne se mélangent pas. Jai pris, à cet effet, pour diaphragme le sulfure de carbone, et pour le second liquide l'aluminate de potasse marquant 10 degrés à 4 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. l’'aréomètre. On à mis du sulfure dans un flacon, dit col droit, fermé avec une double enveloppe de papier-parchemin ; le sulfure de car- bone ainsi renfermé ne pouvait s’évaporer; puis on a plongé le col renversé dans la dissolution alcaline; le niveau était le même dans les deux liquides. La dissolution alcaline a traversé peu à peu la cloison en papier, puis le sulfure de carbone, sur lequel elle a réagi; il s'est formé alors du sulfocarbonate, qui est venu surnager à la surface du sulfure de carbone, attendu, d’une part, que les deux liquides ne se mélangent pas, de l’autre, que le sulfure de carbone a une densité plus grande que celle de la dissolution formée; la couleur de celle-ci devient plus foncée à mesure que la quantité de -Sulfocarbonate augmente. L'alumine, n'étant plus retenue par la potasse, qui entre dans une nouvelle combinaison, se précipite sur la cloison et sur les parois du vase. L'alumine obtenue ainsi est l’hy- drate cristallisé à 3 équivalents d’eau. En supprimant le papier-parchemin, les deux liquides sont encore superposés ; le sulfure de carbone occupe la partie inférieure à cause de sa densité plus forte que celle de la dissolution alcaline; celle-ci réagit sur le sulfure de carbone, d’où résulte du sulfocarbonate , qui se diffuse peu à peu dans la dissolution ; il y a également précipitation d'alumine comme dans les expériences précédentes. On voit, en résumé, que si la chimie recherche les effets résul- tant des affinités qui se manifestent au contact des liquides, en pre- nant en considération les diverses causes qui influent sur leur action, elle doit avoir égard également à l'influence qu'exercent les tissus ou espaces capillaires de nature quelconque quand ils séparent deux liquides différents. Quelques personnes ont pensé que je voulais faire dépendre les phénomènes d'attraction moléculaire de l'électricité, mais je n'ai jamais partagé les vues théoriques des partisans de l'origine élec- trique de l’affinité; je les ai, au contraire combattues, et, j'ose le dire, PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 45 avec succès, comme on va le voir dans le précis historique que je vais présenter des opinions émises à ce sujet. Dans mon Trailé de l'électricité et du magnétisme , en sept volumes, se trouve le passage suivant, t. |‘, pages 162 et suivantes : « La discussion des diverses théories de la pile et de ses proprié- tés chimiques conduisit de nouveau les physiciens à rechercher si les affinités ne pourraient pas être attribuées à l’action des forces électriques. « Quelle est la cause qui attire les molécules et les tient unies aux autres dans les combinaisons? C’est là une de ces grandes ques- tions dont on cherche depuis longtemps la solution sans avoir eu encore le bonheur de la trouver. Cette cause est-elle électrique ou non? Toutes les découvertes modernes tendent à lui donner une ori- gine électrique. Voyons les tentatives qui ont été faites pour établir ce rapprochement. « Je passe sous silence les opinions émises à ce sujet par Franklin, Priestley, l'abbé Noblet, Ritter, etc. « OErsted, en 1799 et en 1800 (Recherches sur l'identité des forces chimiques et électriques, traduit de l'allemand par Marcel de Serres, 1813), a déduit, comme conséquence de sa théorie, que les affinités, la chaleur, la lumière et le magnétisme étaient dus à des actions électriques. Ce sont ces mêmes idées qui le conduisirent plus tard à découvrir l’action d’un courant électrique sur une aiguille aimantée librement suspendue. « La science en était arrivée à ce point que l’on ne savait quelle théorie adopter pour expliquer les actions chimiques, ainsi que les phénomènes de chaleur et de lumière qui les accompagnent. Davy entreprit de résoudre cette question. « Il commença par chercher (Phil. Transact., vol. XCI page 397), au moyen d'instruments très-délicats , l’état électrique d’une solution acide et d’une solution alcaline simple, isolées, après leur contact 16 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. avec les métaux; mais les résultats ne furent pas satisfaisants. Il ne s'était pas mis, il faut le dire, dans les conditions voulues pour rendre sensible le dégagement d'électricité dans les actions chimiques. Il n’en fut pas de même quand il expérimenta avec des substances acides et alcalines qui peuvent exister sous la forme solide et sèche, attendu que ces acides secs, n'étant pas conducteurs de l'électricité, ne sauraient dégager de l'électricité dans le contact. L'effet qu’il obtint provenait du frottement de ces acides sur le cuivre quand il les posait et les retirait. « Les acides oxalique , succinique, benzoïque , etc. , parfaitement secs, soit en poudre, soit en cristaux, dans leur contact avec le cuivre, prirent l'électricité négative, et le métal l'électricité positive. L'acide phosphorique à l’état solide, qui avait été fortement chauffé et conservé avec soin hors du contact de l'air, rendit positif un plateau de zinc isolé. « Lorsqu'il mit des disques métalliques en contact avec la chaux sèche, la strontiane ou la magnésie, le métal devint négatif. La potasse ne donna dans aucun cas un résultat satisfaisant ; il en attri- bua la cause à la forte attraction pour l’eau. La soude se comporta dans un seul cas seulement comme les autres bases. A. l’aide de ces exépriences , il en tira les conséquences suivantes : « Les substances « qui se combinent chimiquement, toutes celles dont l'énergie élec- «_trique est bien connue, présentent des états opposés. Ainsi le cuivre « et le zinc, l'or et le mercure, le soufre et les métaux , et les sub- « Stances acides et alcalines, donnent des exemples conformes à ce « principe. En supposant donc une liberté parfaite dans le mouve- « ment de leurs particules, elles doivent s’attirer l’une l’autre en « vertu de leurs pouvoirs électriques ; et si ces pouvoirs sont exaltés, « pour leur donner une force attractive supérieure au pouvoir de « l'agrégation, il se formera une combinaison qui sera plus ou moins « forte suivant que les énergies seront plus ou moins parfaitement PHÉNOMÈNES ÉLECTRO - -CAPILLAIRES. 47 « balancées; alors il se produira de la chaleur et de la lumière par « la réunion des deux électricités. » Cette théorie repose sur des faits inexacts (Traité de l'électricité et du magnétisme, t. V, 2° partie, page 5). | Davy s’est appuyé sur les effets électriques de contact obtenus avec les acides oxalique, succinique, etc., bien secs, et le cuivre, qui en réalité ne sont que des effets électriques de frottement. Berzélius, sans discuter la valeur des bases de la théorie de alé chercha à expliquer pourquoi les atomes des corps restaient unis les uns aux autres dans les combinaisons. Il a admis, à cet effet, que les atomes des corps possèdent une certaine polarité électrique et une différence d'intensité dans l’action de chaque pôle. D’après cela, les corps seraient, selon lui, électro-positifs ou électro-négatifs, ou tan- tôt l’un, tantôt l’autre. Après quoi il a été conduit à assimiler les atomes à la tourma- line, sous le rapport de la polarité électrique, dont le degré de pola- rité dépend beaucoup de la température qui accroît son intensité et dont les modifications lui font subir différents changements ; qu’une combinaison ne peut s'effectuer qu’autant que les particules pola- risées d’un des deux corps ou des deux corps se meuvent avec assez de facilité pour qu’elles tournent leurs pôles opposés, ce qui exige que J’un des corps, au moins, soit à l’état liquide, condition qui est indispensable pour qu’une combinaison puisse s'effectuer. Berzélius (Traité de chimie, A'° édition), en parlant de la force de cohésion, se borne à dire qu’il est probable que les atomes des corps conservent, après leur combinaison, un certain degré de polarité et cherchent à se joindre par leurs pôles opposés. Berzélius ne se dissimule pas les difficultés que l’on rencontre, en s'appuyant sur la théorie électro-chimique pour expliquer l'inéga- lité de cohésion dans les différents corps, ou dans le même COrps , suivant diverses circonstances, ainsi que la dureté, la ductilité, la VE: 3 18 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ténacité et même l'état gazeux. Il avoue qu’il ne voit pas comment on pourrait expliquer tous ces effets, en s’appuyant sur l'électricité considérée comme force première et universelle. _ Cette théorie, comme celle de Davy, n’explique pas pourquoi les atomes restent accolés les uns aux autres dans les combinaisons ; c'est cette difficulté qu’Ampère a essayé de résoudre dans une lettre qu'il a adressée à M. Vanbeck (Journal de physique, 1821). Il admet que les atomes des Corps possèdent chacun une électricité propre qu'ils ne peuvent perdre sans cesser d'exister, et en vertu de laquelle ils restent unis dans la combinaison; mais, comme des corpuscules électrisés ne pourraient rester sans exercer d'action sur les COrPS . environnants, Ampère suppose que leur électricité réagit sur celle de l’espace, attire celle de nom contraire et repousse l’autre de manière à transformer les atomes en véritables bouteilles de Leyde. Une combinaison a-t-elle lieu entre un corps électro-positif et un corps électro-négatif, les atomes se débarrassent de leurs atmosphères et restent unis les uns aux autres, en vertu de l'attraction de leurs électricités contraires, propres à leur nature. Le contact est-il suivi d'une décomposition chimique, les atmosphères se recombinent encore ; mais, comme les atomes ne peuvent s’en passer, ils réagissent sur l'électricité de l'atmosphère, attirent celle de nom contraire et repoussent l’autre de manière à produire des phénomènes électriques inverses de ceux qui ont lieu dans les combinaisons. Cette théorie, quoique très-ingénieuse, présente des difficultés qui n’ont pas encore été toutes résolues. Elle ne montre pas, par exemple, comment deux corps qui sont électro-positifs par rapport à un troisième peuvent se combiner ensemble. 11 faudrait alors admettre qu'il n’existe qu'un seul fluide, ou que les atomes possèdent de l'électricité naturelle, outre leur électricité propre. Berzélius , malgré les objections que l’on a faites à sa théorie électro-chimique et à celle du contact, n’a aban- donné ni l’une ni l’autre. Voici en quels termes il s'exprime sur la PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 19 polarité électrique, dans la dernière édition de son Traité de chimie, t. 1, page 72 : « La polarité, dit-il, consiste en ce que les dynamides séparées s'accumulent dans un corps à deux points opposés que nous appelons pôles. » Ces quatre agents dynamiques sont la chaleur, la lumière, l'électricité et le magnétisme. « Ces deux points peuvent être des points plus ou moins grands, suivant la forme du corps et la disposition que la polarisation y a prise, etc., etc. » Je m’arrête dans la citation, car il est bien difficile d'admettre a priori que les quatre dynamiques, appelées jadis les quatre agents impondérables , la chaleur, la lumière, l'électricité et le magnétisme, se condensent en deux points différents dans chaque atome ; alors que tous les faits observés jusqu'ici tendent à montrer que ces quatre agents dérivent d'un principe éthéré qui éprouve différents modes d’oscillation. Peut- être aurait-il été plus rationnel d'admettre que ce principe éthéré est plus condensé à des degrés différents, en deux points, dans chaque atome que dans tous les autres points. Cette théorie n’explique pas, je le répète, pourquoi les atomes restent unis dans la combinaison. Toute la question est là. Depuis cinquante ans je m'occupe, sans interruption, des sciences physico-chimiques ; je me suis attaché à rechercher les causes méca- niques, chimiques, physiques et physiologiques qui troublent l’équi- libre des forces électriques dans les corps, et à provoquer, au moyen de ces forces, des actions chimiques plus ou moïns lentes qui peuvent servir à l'étude de la géologie et de la physiologie. Dans ces recherches, je n'ai jamais dit une seule fois que l’affinité eût une origine élec- trique; bien au contraire, j'ai toujours pensé qu'elle dérivait de l’at- traction générale, la chaleur et l'électricité n'étant que des effets de son action, lesquels effets pouvaient devenir causes. Telle a toujours été la route que j'ai suivie. Dans mes recherches sur les phénomènes électro-capillaires, je n'en ai pas dévié non plus en étudiant le dégagement de l'électricité 20 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. dans les espaces capillaires qui séparent deux liquides différents. J'ai prouvé que la couche liquide infiniment mince qui adhère aux parois de ces espaces se comporte comme un corps solide conducteur à l'égard des deux électricités devenues libres dans la réaction chimique des deux liquides qui. sont introduits par l’action capillaire; d’où résulte un couple donnant lieu à un courant que j'ai appelé éléctro- capillaire pour rappeler son origine, agissant comme force chimique, et dont l'énergie est suffisante pour réduire à l’état métallique les métaux de leurs dissolutions, et produire en même temps un grand nombre d'actions chimiques qui n'existent pas. Il n’y a donc de diffé- rence entre les couples voltaïques ordinaires et les couples dont il est question ici, qu'en ce que, dans ces derniers, le corps conduc- teur solide est remplacé par un corps conducteur liquide infiniment mince, adhérant à la surface des corps en vertu de l’affinité capillaire, et qui se trouve dans un état moléculaire différent du liquide contigu. Tels sont les principes qui me dirigent dans l'étude des phénomènes électro-capillaires qui me conduit journellement à la découverte de faits nouveaux. I] DE LA FORCE ÉLECTRO-MOTRICE DES LIQUIDES EMPLOYÉS DANS LES COUPLES ÉLECTRO-CAPILLAIRES, ET DE SES RAPPORTS AVEC LES ACTIONS ÉLECTRO- CAPILLAIRES. A. Considérations générales sur la transformation des forces dont l'électricité fait partie, dans les espaces capillaires. Depuis cinquante ans, le but constant de mes travaux a toujours été de provoquer les affinités entre deux corps à l’état solide, liquide ou gazeux, à l’aide des effets électriques produits par des moyens mé- caniques, physiques et chimiques; j'ai dû naturellement être toujours PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES, 21 partisan de la transformation des forces qui régissent la matière. Mes recherches actuelles sur les actions électro-capillaires en sont une nouvelle preuve. J'ai montré effectivement que ces actions sont dues au concours simultané des affinités, de l'attraction moléculaire et de l'électricité dégagée dans les espaces capillaires, au contact de deux liquides. De la réaction entre ces deux liquides résulte un dégage- ment d'électricité qui se transforme en courant électrique au moyen de la couche liquide infiniment mince qui adhère aux parois de ces espaces, laquelle se comporte comme un corps solide conducteur. De là découle ce principe fondamental que deux liquides conducteurs d'électricité, séparés par un espace capillaire ou une membrane qu'ils mouillent, constituent un couple voltaïque formant un circuit fermé et donnant lieu à une décomposition électro-chimique, quand la force électro-motrice de ces liquides a une intensité suffisante pour que le courant électro-capillaire qui en résulte ait une force suffisante pour vaincre l’affinité des composants. L'endosmose et la dialyse interviennent quand on opère avec du papier parcheminé ou des membranes organiques; mais moins avec des tubes félés; car à peine si l’on aperçoit un changement de niveau dans la hauteur des liquides contenus dans ces tubes ou dans les éprouvettes où ils plongent, à moins d’effiler l'extrémité supérieure du tube ; aussi, est-ce avec ces derniers que les actions électro-capil- laires sont moins complexes puisqu’elles ne dépendent que des affi- nités qui produisent l'électricité et de l'attraction exercée par les liquides sur les surfaces des espaces capillaires. La différence tient sans doute à ce que la surface de contact est beaucoup moins grande dans les tubes fêlés que dans les membranés. La dialyse intervient surtout en opérant avec des dissolutions alcalines de silex et d’alu- mine, ou d’autres dissolutions contenant des colloïdes qui ne peuvent traverser les cloisons capillaires; mais alors, sous l'influence de l'électricité, il y a cristallisation ou tendance à la cristallisation des 22 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. bases tenues en dissolution, lesquelles sont séparées par l’action des forces électro-capillaires. Voici un exemple où l’action électro-capillaire est vaincue par la force d'endosmose. On introduit dans le tube intérieur de l'appareil, fermé avec du papier parcheminé, une dissolution d'aluminate de po- tasse marquant 16° à l’aréomètre, et dans l’éprouvette, où plonge le tube, de l'acide chlorhydrique étendu de trois fois son volume d’eau ; l'appareil a été exposé pendant vingt-quatre heures à une tempéra- ture de 8° au-dessous de zéro, on a obtenu l’aluminé en gelée dans le tube qui contenait l’aluminate; l’endosmose ayant transporté l'eau acidulée dans la dissolution d’aluminate contenue dans le tube, l'acide a saturé la potasse, et l’alumine s’est déposée à l’état gélatineux, comme dans les cas ordinaires : le courant électro-capillaire allait de l’aluminate à l’eau acidulée, comme dans les appareils électro-capil- laires servant à la réduction des métaux. II était donc dirigé dans un sens opposé au courant d'endosmose, qui a vaincu alors l’action du premier. En opérant à la température ordinaire et ajoutant moins d’eau à l'acide, on a obtenu de l’alumine hypratée cristallisée en fuseau, dont voici la composition : Sn, A. 63,190 3,203 AT es de Cr vie en 6,809 1,008 Ce composé est de l’alumine hydratée à trois équivalents d’eau AË 38H0, et qui n’est autre que le minéral appelé gibsite. Un couple électro-capillaire est composé d’un tube félé ou d’un tube non fêlé fermé par un bout avec du papier parcheminé et conte- nant l’une des deux dissolution, et d’une éprouvette où se trouve l'autre dissolution, dans laquelle il plonge. Si on introduit dans chaque liquide une lame de platine fixée à un fil de même métal, en réunissant les deux bouts libres de ces fils, on a alors un couple à PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 23 courant constant, quand l’une des deux dissolutions est oxydable et l’autre réductible; il suffit, pour s’en convaincre, d'introduire dans le circuit un galvanomètre dont l'aiguille, quand elle est déviée, con- serve sa position d'équilibre; cette constance dans le courant tient à ce que les lames de platine ainsi que les parois des espaces capillaires sont dépolarisées. On donne plus d'extension à ces couples en les disposant comme il suit: Si dans un bocal contenant une dissolution de monosulfure de sodium et une lame de platine fixée à un fil de même métal, on plonge une demi-douzaine de tubes fêlés remplis d'acide nitrique et dans chacun desquels se trouve une lame de platine pourvue d’un fil de même métal, et si on réunit tous les fils que l’on met en communica- tion avec l’autre, afin d’avoir plus de surface, on a un couple à cou- rant constant qui peut fonctionner, pendant très-longtemps, sans perdre sensiblement de sa force, attendu que les liquides se mêlent d'autant moins facilement que les fissures sont plus étroites, lesquelles, en général, n’ont que quelques millièmes de millimètre de largeur. Ce couple, même lorsque le circuit est ouvert, fonctionne en vertu des courants électro-capillaires; quand il est fermé, il se com- porte comme un couple ordinaire, mais alors les deux courants sont dirigés en sens inverses. B. De la force électro-motrice des liquides dans les espaces capillaires. J'ai dit précédemment que les actions électro-capillaires sont d'autant plus fortes que la force électro-motrice des liquides en con- tact dans les espaces capillaires est plus grande; il s’agit pour le prouver, de déterminer la force électro-motrice d’un certain nombre de dissolutions que j'ai employées jusqu'ici dans mes expériences et de les comparer aux effets électro-chimiques produits; en général, il 9] NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. est d'usage, quand on découvre une action, de chercher les moyens de mesurer la force qui la produit; c’est là le but que je me suis pro- posé dans ce travail. Deux éléments sont à prendre en considération dans l'étude des phénomènes électro-capillaires : 1° la conductibilité électrique des liquides employés, sans laquelle il n’y a pas d’effets électro-capillaires ni d'actions électro-chimiques. Il faut donc commencer par exclure les liquides qui ne jouissent pas de la propriété conductrice; 2° l'in- tensité de la force électro-motrice. | On entend par force électro-motrice la force en vertu de laquelle deux corps conducteurs de l'électricité en contact, dont l’un est solide et l’autre liquide, ou bien tous les deux liquides, se constituent dans deux états électriques différents, soit parce qu'ils réagissent chimi- quement l’un sur l’autre, soit parce qu'ils ne possèdent pas la même température, soit encore parce qu’on exerce un frottement l’un contre l’autre. Lorsque les deux corps ne sont pas conducteurs de l’électri- cité, le frottement seul provoqne le dégagement de l'électricité. On voit par là que le dégagement d'électricité, au contact de deux corps, est le résultat d’un mouvement moléculaire dû à une ac- tion chimique, physique ou mécanique; mais il ne sera question ici que de la force électro-motrice, produite au contact de deux liquides conducteurs réagissant chimiquement l’un sur l’autre dans les espaces capillaires. L'action électro-motrice est continue et constante quand le cir- cuit est fermé, tant que l’action chimique ne change pas; le courant électrique ne varie pas alors si les électrodes ne se polarisent pas. On verra dans les tableaux rapportés plus loin que l'intensité de la force électro-motrice est en raison du degré d’affinité des deux liquides l’un sur l’autre, et de la facilité avec laquelle ils sont décomposés, et ils fournissent aux électrodes et, par conséquent, aux parois des Corps solides, non conducteurs, dans les espaces capillaires, les éléments PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES.* 25 qui servent à les dépolariser, afin d’avoir des courants électriques continus et de même intensité. Quand on prépare un appareil électro-capillaire, il faut au préa- lable s'assurer si la fêlure a une largeur suffisante pour que les li- quides puissent y pénétrer par la capillarité; on plonge, à cet effet, dans chaque liquide une lame de platine, en communication au moyen d'un fil de même métal avec un galvanomètre très-sensible : quand on n’observe pas de courant, on change le tube fêlé jusqu'à ce qu'on en trouve un qui donne un courant, puis on détermine son intensité et, par suite, la force électro-motrice comme il suit, au moyen de la boussole des sinus. La formule de Ohm, qui donne l'intensité du courant en fonction de la force électro-motrice, a pour expression : E FE R+7r I I représente l'intensité du courant ; E, la force électro-motrice ; R, la résistance du couple; r, la résistance additionnelle. Pour un autre circuit on aura : d'où l’on tire mer. T' E'(R+r) Or quand r ou r’ sont très-grands on peut supprimer les deux facteurs R'+r, (R+r), on à alors 26 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, | En prenant & pour unité, on en déduit I—E; l'intensité du courant, dans ce cas, donne la force électro-motrice, abstraction faite de la polarisation qui n’a pas lieu quand l’un des liquides s’oxyde et autre se désoxyde, ce qui est le cas où-j'opère ordinairement, comme on le verra dans les tableaux qui contiennent les résultats obtenus. On trouvera dans les tableaux suivants les forces électro-motrices produites au contact de la potasse, de l’ammoniaque et de plusieurs autres liquides réductifs, en ayant l'attention d'opérer avec de grandes lames de platine ayant au moins deux décimètres carrés de surface, afin d’affaiblir considérablement les effets de la polarisation, surtout quand le courant à peu d'intensité; les liquides oxydants ont été mis successivement dans le même tube capillaire, et les liquides oxy- dables dans l’éprouvette; on a représenté par 100 la force électro- motrice de la pile à acide nitrique composée d’une lame de zinc amalgamé, d'eau acidulée à © par l'acide sulfurique et d’une lame de platine, dite pile de Grove. Les résultats consignés dans les tableaux suivants doivent être pris en considération quand on désire composer des couples électro-capillaires dans le but d’obtenir des métaux ré- duits de leurs dissolutions ou bien des combinaisons insolubles cris- tallisées, attendu que la force électro-motrice des deux liquides en contact est l’élément principal dont dépend l'énergie des actions chimiques. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. Tableau 1. È SINUS ; 58 | DISSOLUTION DISSOLUTION 4 de 2 È E dans DENSITÉ. dans l'angle qui représente e Ed M la LT] 4 El LE TUBE FÊLÉ. L'ÉPROUVETTE. me Le roRCEÉLECTRO-Mormice.| & © E è 2 8 Potasse. 45° aréom.| Acide nitrique. . . . . S. 43-6' — 78 54,2 id. id. | Acide chlorhydrique. . . | S. 3-00 — 52,0 | 36,1 id. id. Acide sulfurique. . . . . | S. 1-36 — 33 23,3 id. id. Chlorure d’or. . + + . . + | S. 3-54 — 68 47,6 id. id. Nitrate d'argent . . . . . | S. 2-48 — 40,0 | 27,8 id. id. Nitrate de cuivre. . . . . | S. 4-18 = 23 16,0 id. id. Nitrate de cobalt. . . . . | S, 0-36 — 10 7,0 id. id. Chlorure de platine. . . . | S. 2-48 — 49 36,8 . Ammoniaque. Ordinaire.| Acide nitrique. . . . . . S; 3-42: —.65 45,1 id. id. Acide chlorhydrique. . . | S. 3-06 — 54 37,5 id. id. Acide sulfurique. . . . S. 1-36 = 33 23,3 id. id. Chlorure d’or. . . « . . . S. 4-12 = 74 50,1 id. id. | Nitrate d'argent . . . . . | S. 2-18 — 40 27,8 id. id. Nitrate de cuivre. . . « . | S. 1-18 — 28 21,0 id. id. Nitrate de cobalt. . . . S. 4-06 — 19 13,2 id. id. Chlorure de platine... . .] S. 2-48 = 49 34,0 Monosulfure de sodium. |412° aréom.| Acide nitrique. . . . . | S: 6-50 — 419 82,6 id. id. Acide chlorhydrique. . . | S. 6-06 — 104 72,2 id. id. Acide sulfurique. . . . . | S. 4-54 = 85 50,2 id. id. Chlorure d’or. . . . . . + S. 3-54 — 68 47,6 id. id. Nitrate d'argent . . . . . S. 2-18 — 40 27,8 id. id. Nitrate de cuivre. . . . . S. 4-48" — 84 58,3 id. id. Nitrate de cobalt. . . . . S. 4-00 = 70 88,7 id. id. Chlorure de platine. . . . | S. 2-48 — 49 36,8 id. id. Ammoniaque.. . .« . +. | S. 2-12 — 38 26,4 Persulfure de potassium. id. Acide nitrique. . . . . . | S. 6-06 — 106 73,66 id. id. Acide chlorhydrique . . . | S. 5-12" — 9 63,2 id. id. Acide sulfurique. . . . . S. 4-00 — 70 48,6 id. id. Chlorure d'or. 5 : . -:2 S, 5-36 — 97 67,3 id. id. Nitrate d'argent . . . . . | S. 3-42" — 64 44,4 id. id. Nitrate de cuivre. . . . S. 3-56 — 68 47,2 id. id. Nitrate de cobalt. . . . . S. 3-12 — 56 38,8 id. id. Ammoniaque. . . . . . . | S. 4-30" — 26 18,0 28 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Tableau ?. ŒE SINUS 8 8 S DISSOLUTION DISSOLUTION É ; £ = dans DENSITÉ, dans l'angle qui représente = . $ la à 5 Ë LE TUBB FÊLÉ. L'ÉPROUVETTE. CET ë ORCE ÉLECTRO-MOTRICE.| g © El Sulfo-carbonate de |12.aréom.| Acide nitrique. . . . . . S. 06-6 — 108 75,0 potasse. id. Acide chlorhydrique. . . | S, 5-12 — 98 68,0 id. id. Acide sulfurique. . . . . | S. 4-00 — 70 48,6 id, id. Chlorure d’or. . . . . . . | S. 5-48 — 104 70,1 id, id. Nitrate d’argent . . . . . | S. 3-42 — 64 44,4 id. id. Nitrate de cuivre. . . . . S. 4-19 — 73 50,7 id. id. Nitrate de cobalt. . . . . S. 3-30 — 64 42,3 id. id. Ammoniaque. - cs... | S154 = 3 23,3 Persulfate de fer. id. Monosulfure de sodium, ‘79,0 Acide nitrique. id. | Monosulfure de sodium. . | S. 6-50’ — 4149 | 82,6 "PRE id. Sulfo-carbonate.. . . . . S. 6-12’ = 108 75,0 id. id. Persulfure . . . . . , S. 6-06 — 106 73,66 id. id. Pod ru et D'AUE - S. 4-36 — 73 54,2 id, id. Ammoniaque. . . . . . . S. 3-49 — 65 45,2 id. id. Acidetartrique. . . . . . id. id. Acide oxalique. . . . . . id. id. Acide chlorhydrique . . . | S. 4-48’ =— 31 21,6 Pur et concentré. id. Pur et concentré. id. id. Acide sulfurique. . . . . | S. 41-48" — 14 13,2 id. id. Ciortre d'or "3. 2 | S. 4-00 = 47 11,9 id. id. N'trate d'argent . . . .. S. 4-36 — 28 12,5 id. id. Nitrate de cuivre | S. 2-00 = 35 24,3 id. id, | Nitrate de cobalt. . . . . | S. 2-52’ — 48 33,2 id. id. Chlorure de platine. . . . | S. 4-00 — 17 11,8 id. id. Aluminate de potasse. . . | S. 3-02’ — 56 38,9 id. id. Silicate de potasse . . . . | S. 4-00 — 70 59,8 id. id. Acide chromique. . . : . | S. 0-22 — 2,0 Acide chromique. |Concentré.| Monosulfure de sodium. , | S. 6-42 — 116 80,5 id. id. ulfo-carbonate, . . . . . S, 5-54 — 102 70,8 id, id. PORT do S, 5-36 — 114 79,2 PHÉNOMEÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. Tableau 3. rÉ. SINUS 8 ES DISSOLUTION DISSOLUTION ni = E m dans DENSITE. dans l'angle qui représente - . $ la ë à ë LB TUBE FÊLÉ. L'ÉPROUVETTE, 5e FORCEÉLECTRO-MOTRICE.| à © Ê 2 Acide chromique. |Concentrée| Potasse. . . . . . . . .. S. 448" — 75 52,0 id, id. Ammoniaque. . . . . . . S. 3-00 = 32 22,2 id. id. Acide nitrique. . ... . . S. 0-02’ = 3 2,0 id. id. Acide tartrique #4 id. id. Acide oxalique. . . . id. id. Acide chlorhydrique. . . id, id. Acide sulfurique S. 2-30 — 41 30,5 id. id. Chlorure d’or. . , . . . . id. id. Nitrate d'argent . . . .. id. id, Nitrate de cuivre, . . . . id. id. Nitrate de cobalt. . . . . id, id. Nitrate de zinc. ; . . . . Acide tartrique. id. Acide nitrique. . . . . . id. _id. Acide chlorhydrique. . . id, id. Acide sulfurique. . . . . id. id. Acide chromique. . . . , | S. 1-18 — 23 | 46,0 id, id. | Chlorure d’or. . . . . . . | S. 4-00 = 47 11,8 id. id. Nitrate de cuivre. . . . . | S. 0-04’ — 17 1,2 id. id. Monosulfure de sodium. . | S. 2-24 — 42 27,1 id. id. Sulfocarbonate de potasse. | S. 2-00 — 35 24,3 id. id. Persulfure de potassium... | S. 4-54 — 33 22,9 Acide oxalique. id. Acide nitrique. . . . . . id. id. Acide chlorhydrique. . . id. id. Acide sulfurique. . . . . id. id. Chiorure-d'er, 5 + à S. 2-30 — 44 30,5 id. id. Nitrate d’argent. . . . . id. id, Nitrate de cuivre. . . . . | S. 0-54 = 45 10,4 id. id. Nitrate de cobalt. . . . . : td. id. Monosulfure de sodium. S. 2-42 — 47 32,6 id. id. Sulfocarbonate. . . . . . S. 2-00 — 35 24,3 id. id. | Persulfure de potassium. | S. 2-00 — 37 24,3 id: id. Acide chromique. . . . . | S. 2-06 — 37 25,7 30 NOUVELLES ARGHIVES DU MUSÉUM. Tableau 4. | ns À 8 SINUS 4 ES DISSOLUTION ; DISSOLUTION SE = dans DENSITÉ. dans ] l'angle qui représente Ë à ” .. 15 LE TUBE FÊLÉ. L'ÉPROUVETTE£. É “ CE 2 + FORCE ÉLECTRO-MOTRICE. | 8 ? El & = Eau acidulée par l’acide|Concentrée| Acide nitrique. . . . . . |°S. 2-30° = 43 30,0 sulfurique à 1/10. id. Acide eétiyätiirus. A We id. | Acide chromique. . . . . S. 2-30 — 44 30,5 id. id. Chlorure d'or. . . . . .. S.. 2-24 — 42 29,1 id. id. Nitrate d'argent. . . .. S. 1-36 — 33 23,3 id. id. Nitrate de cuivre. . . . . S, 0-24 — 70 4,9 id. id. Nitrate de cobalt, id. id. Sulfate de cuivre. . . . . S. 0-04 — 7 5,0 id. id, Chlorure de platine, , . . | S. 0-30 — 8 5,6 id. id, Monosulfure de sodium. . | S. 4-54 — 85 50,2 id. id. Sulfo-carbonate. . . . . . | S, 4-00’ — 70 48,6 id. id. Persulfure . .:. , . . . , | S. 4-00 = 70 48,6 id. id. PO dns x ve S. 1-36 — 33 23,3 id. id. Ammoniaque. . , . . . . | S. 4-36 = 33 23,3 Eau chlorée Saturée. | Protosulfure de fer. . . : | S. 3-00 — 52 36,1 id. id. Monosulfure de sodium. . | S. 7-30 — 130 90,2 id. id. Sulfo-carbon. de potasse. | S. 5-54 — 103 74,5 id. id. Persulfure de potasse. . , | S. 5-54 — 103 74,5 id. id. Solution de potasse. . . . | S. 4-30' — 78 54,2 id. ‘id. Solution d’ammoniaque. . | S: 3-30 — 61 42,4 | id. id. Eau acidulée à 4/40. . . | S. 2-18' = 40 27,7 id. id, Dissolution de platine, , . | S; 4-24 — 2% 16,6 | | Eau oxygénée. id, | Monosulfure de sodium. . | S: 5-18 —92 | 63,9 | id. id, Sulfocarbonate. : ,,. . . | S. 42477 53,4 | id. id. | Persalfure . . . . . .. | SET 53,4 | de id : FPOMM EE ua |, “| S12-36 — 45 | 3,2 | id id. Ammoniaque. . . . . .. S. 2-12 = 38 26,4 | | Couple à sulfate de | cuivre; eau acidulée à 1/40; zinc amalgamé. id. 1 CR S, 4-42 = 89 57,0 Eau acidulée et rem- à placée par l’eau.. . . M De es ces dipl. . 57,0 S, 4-42 — 82 PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 31 Suite du tableau 4. DISSOLUTION dans DENSITÉ. LE TUBE FÊLÉ. Couple à acide nitri- que; eau acidulée à 1/40 et zinc amalgamé. Mélange à parties éga- les d’acide sulfurique et d'acide nitrique. © E] BE . SINUS d à S DISSOLUTION be. 7 de £ TS à x à 8 #8 à dans l'angle qui représente ë 8 © ke EE 8 SÉ L'ÉPROU VETTE, E = é pr 8 — É Ê£ e / RE QE se. s sie | S. 848" — 14% | 100,0 Monosulfure de sodium. . | S. 7-30’ — 130 90,0 Sulfo-carbonate de soude, | S. 6-00" = 104 | 72,2 Persulfure de potassium... | S. 6-24 = 411 77,1 Tableau >. LIQUIDE OXYDANT. Mélange à parties égales d'acide nitrique et d’acide "+4 Acide nitrique. . . . . . sa Acide chromique.. . . . . . . . Chloe d'or. 2.0 FATe RETE Nitrate d'argent. . . . . . . Fr Nitrate de cobalt. . . . . . : Nitrate de cuivre . . , Se Persulfate de fer. . . . . . . . . En orypénee. 7 1". . Couple à acide nitrique et zinc amalgamé. . . . Couple à sulfate if 0 cuivre et zinc amalgamé :; ;; 4 nie site PET IN FORCE ÉLECTRO-MOTRICE. mm mt er DENSITÉ. MONOSULFURE |SULFO-CARBONATE| PERSULFURE . de de de SODIUM, POTASSE, POTASSIUM, Concentré. 90,0 72,2 77 id. 82,6 75,0 73,66 id. 80,5 70,8 79,20 id. 47,6 70,1 67,3 id. 48,7 42,3 38,8 id 58,3 50,7 47,2 id 60,9 ‘53,4 53,4 id 100,0 » » id 57,0 » » "32 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM.: Les résultats consignés dans les tableaux précédents mettent en évidence le fait important que j'avais annoncé, à savoir que les forces électro-motrices produites entre deux liquides différents conducteurs de l'électricité, en contact dans les espaces capillaires, sont d'autant plus grandes que l’un des deux liquides est plus oxydant, et l’autre plus réductible. Il en résulte alors que les parois humides de ces espaces sont constamment dépolarisées, de même que les lames d’or ou de platine qu'on y plonge et avec lesquelles on forme un circuit fermé. Ainsi le mélange à parties égales d’acide nitrique et d'acide sulfurique a la plus grande force électro-motrice (tableau 5, p. 31), avec le monosulfure de sodium; vient ensuite l’eau chlorée avec le monosul- fure de sodium (tableau 4, p. 30). On trouvera dans le tableau 5 les forces électro-motrices les plus grandes. Je rappelle qu'on a représenté par 100 la force électro-mo- trice du couple à acide nitrique de Grove. On conçoit aisément les conséquences qu'on peut en tirer pour l'explication des élaborations diverses qui ont lieu dans les corps organisés; dans ces corps, toutes les fois qu'une membrane ou un tissu quelconque sépare deux liquides dont l’un est oxydant, l’autre réductif, il en résulte un courant électro-capillaire, agissant comme force chimique, et dont l’action est d’oxyder l’un d'eux et de désoxy- der l’autre; le sang artériel et le sang veineux se trouvent dans ce cas, comme on le verra dans le chapitre suivant. Les résultats consignés dans les tableaux montrent bien que les liquides qui s’oxydent le plus facilement sont ceux qui donnent les forces électro-motrices les plus considérables, en même temps qu'ils donnent lieu à des courants constants, soit que l’on emploie pour établir le courant des lames de platine ou des espaces capillaires accessibles à ces liquides ; j'ajouterai que le couple électro-capillaire formé par un mélange à volume égal d'acide sulfurique et d'acide nitri- queet une dissolution de monosulfure de sodium possède une force élec- PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 33 tro-Capillaire qui ne diffère en moins que de 1/10 de celle du couple à acide nitrique, tandis qu'elle est plus forte que celle du couple à sul- fate de cuivre dans le rapport de 90 : 57 ou de 100 : 63,3. J'ai été conduit à comparer les forces électro-motrices contenues dans les tableaux précédents avec celles que M. Ed. Becquerel a obte- nues dans ses recherches sur le dégagement de l'électricité dans les piles de Volta. Le tableau suivant présente cette comparaison : FORCE ÉLECTRO-MOTRICE FORCE ÉLECTRO-MOTRICE COUPLE. trouvée par trouvée par . M. EDMOND BECQUEREL, M. BECQUEREL. Zinc amalgamé; eau acidulée par l'acide sulfurique à 4/10; LA acide azo- Nue 2300 00 SEBHENT : .3 100 100 En opérant avec une dis- solution saturée ayant déjà servi et n'étant Zinc amalgamé; eau acidulée par l'acide pas neutre. sulfurique; cuivre; eau saturée de sul- fate de cuivre. . . .,....... ,. |Variant de 57,83 à 58,50 57,0 Eau acidulée: sulfate de cuivre. : . . . . 5,50 5,50 Eau acidulée; chlorure de platine. . . . . 7,75 5,6 Eau acidulée; acide azotique. . . . . ., De 42 à 21 . 13,2 Eau acidulée; acide chromique. . . . .. 27,80 30,5 Eau acidulée; eau chlorée . . . . . . .. 37,25 27,7 Dissolution de potasse; acide azotique ; or et lames de platine. . . . . . er 55,5 54,2 Persulfure de potassium ; acide azotique . 72,50 73,66 3h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Dans les expériences électro-capillaires , surtout quand il s’agit de déterminer la force électro-motrice de deux liquides, il faut, autant que possible, opérer avec des dissolutions dont les éléments, provenant d'une décomposition électro-chimique, entrent dans une nouvelle combinaison, afin de dépolariser les parois des espaces capillaires servant d’électrodes, et d’avoir des actions continues, de même inten- sité, jusqu’à ce que la décomposition soit complète. Dans le cas où il _ y a polarisation des deux lames de platine ou de l’une d'elles, em- ployées pour déterminer la force électro-motrice, il faut opérer alors rapidement avee des lames les plus larges possible, afin d’en atténuer l'effet, comme je l’ai déjà dit. La grande puissance électro-motrice du monosulfure de sodium, dans son contact avec le chlorure d’or et le nitrate d'argent, indique assez la réduction métallique rapide qui a lieu; mais lorsqu'on opère avec la potasse et le nitrate de cuivre, la force électro-motrice n'étant plus que de 28,8 au lieu de 62,6, à cause de la polarisation des parois de l’espace capillaire, il en résulte que le nitrate de cuivre est décom- posé en sous-nitrate seulement, lequel se dépose sous forme d’arbori- sation sur les parois intérieures du tube fêlé contiguës à la dissolution de nitrate. Le tableau précédent indique sensiblement la même détermination pour les couples à acide nitrique et à sulfate de cuivre, les couples à eau acidulée, acide chromique et lames de platine, à eau chlorée et à eau acidulée. Ces’ différences tiennent probablement au degré de saturation des dissolutions et à leur pureté ; les nombres donnés par M. Ed. Becquerel sont peut-être plus exacts, ayant multiplié les expé- riences et varié les conditions ; tandis que mon but a été seulement de comparer les forces électro-motrices des liquides en vue d'évaluer approximativement les rapports entre les forces électro-motrices et les actions électro-capillaires produites. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 39 C. Des piles formées avec les couples électro-capillair es. La grande force électro-motrice de l'électricité dégagée dans les fissures, à en juger par l'énergie des actions chimiques produites et la difficulté extrême qu'éprouvent les liquides qui s'y trouvent à se mélanger, m'a engagé à réunir plusieurs couples électro-capillaires au moyen de lames et fils de platine recueillant les électricités dégagées dans les fissures des tubes fêlés pour former une pile; ces fissures avaient environ © millièmes de millimètre de largeur, 5 centimètres de longueur et 2 millimètres d'épaisseur, présentant chacune d'elles, par conséquent, un volume de 5 millimètres carrés. On a comparé cette pile formée de deux éléments avec une autre composée également de deux couples et présentant une surface de contact relativement très-considérable, fonctionnant avec le zinc amalgamé, l'acide nitrique et l’eau acidulée avec l'acide sulfurique et un diaphragme en porce- laine dégourdie. Chaque couple électro-capillaire était formé de quatre tubes fêlés, semblables au précédent, et présentant par conséquent pour chaque couple un volume égal à 2 millimètres cubes et de fils de platine. Le diaphragme poreux de chaque couple à acide nitrique présentait une surface de 540 centimètres carrés, les deux surfaces de zinc avaient une surface de 614 centimètres carrés, les deux couples électro-ca- pillaires fonctionnant avec le monosulfure de sodium et l'acide nitrique ordinaire et deux fils de platine ont donné, en deux heures, en décom- posant l’eau acidulée par l’acide sulfurique, 0°,42° de gaz hydrogène, tandis qu'en opérant avec les deux couples à acide nitrique, zinc amalgamé et eau acidulée, on a obtenu dans le même temps 4°,4°, c’est-à-dire trois fois un peu plus de gaz, bien que les surfaces du contact fussent dans le rapport de 1 : 27,000 : ce résultat tient à ce que, en prenant pour électrode des fils de platine, la grande dispro- 36 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM,. portion entre les surfaces décomposantes disparaît, devant la forte tension de l'électricité, à l'extrémité des fils de platine. En prenant pour électrodes deux lames de platine ayant chacune une surface de 30°, et opérant avec les deux couples à acide nitri- que, à zinc amalgamé et eau acidulée par l'acide sulfurique, au —., il s'est dégagé en une heure L°,2° de gaz hydrogène, tandis qu'avec les deux couples à tubes félés, on a eu dans le même temps 0°,37, c'est-à-dire des quantités de gaz dans le rapport de 4 à 11,30 ; or, comme les surfaces de contact étaient dans le rapport de 1 : 27,000, on voit par là que les liquides qui se trouvent dans les espaces ca- pillaires ne suivent pas la loi observée. En général, comme l’a remarqué M. Edmond Becquerel, les liqui- des qui se trouvent dans les tubes capillaires paraissent avoir une conductibilité un peu plus grande que ne le comporte la loi; il sem- blerait donc que, dans les couples électro-capillaires, les liquides adhérant aux surfaces possèdent une conductibilité propre qui n’a pu encore être déterminée et qui est démontrée toutefois par l'existence des couples électro-capillaires aujourd'hui bien constatée. Dans une autre série d'expériences on a remplacé les fils et les lames de platine des couples électro-capillaires par des conducteurs en charbon ayant de grandes dimensions. Pour obtenir plus d'électricité, on a introduit dans chaque tube fêlé contenant de l’acide nitrique un cylindre de charbon plein que l’on a placé dans un Cylindre creux, en contact avec une dissolution de monosulfure de sodium ; au moyen de cette substitution, les quantités de gaz obtenues, comparées à celles données par la pile d'acide nitri- que et zinc amalgamé, ont été dans le rapport de 4 à 5 au lieu de 4 : 11,3 sans l'emploi des charbons. La pile électro-capillaire à charbon, dont le circuit ne restait fermé qu’à des intervalles éloignés, a conservé sa puissance pendant plusieurs mois, sans altération. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 37 Deux couples électro-capillaires, fonctionnant avec des fils de pla- tine seulement, suffisent pour décomposer de l’eau acidulée, par l'acide sulfurique d’une manière continue. Les piles formées avec les couples électro-capillaires dont la constitution est très-simple et en raison de la constance de leur action prolongée, ont un avantage sur les autres piles, quand on ne recherche pas la quantité, mais bien la tension, seule condition à laquelle on ait égard dans les décompositions opérées au moyen des effets électro- capillaires :; aussi peut-on l’employer avec avantage pour augmenter l'énergie de ces actions, en employant un ou deux couples électro-capil- laires accessoires. Je vais en citer un exemple : on a pris un appareil composé d'un tube fêlé rempli de nitrate de cuivre et plongeant dans une dissolution de monosulfure alcalin ou de sulfocarbonate; peu de temps après, on a commencé à apercevoir sur les parois de la fissure, du côté de la dissolution métallique, des dendrites de cuivre métalli- que; on a introduit un fil de cuivre en communication avec le pôle positif d’un couple électro-capillaire dans la dissolution de nitrate de cuivre, et un fil de platine en communication avec le pôle négatif dans la dissolution de monosulfure. Dans ce cas, il est évident que la face de la fissure tournée du côté de l’électrode positive est devenue le pôle négatif; mais comme elle possédait déjà cette propriété en vertu de l’action électro-capillaire, il en est résulté une accélération bien marquée dans les effets électro-chimiques produits ainsi que dans leur uniformité. 58 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. III EXPÉRIENCES RELATIVES AU PRINCIPE FONDAMENTAL DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES ET A DIVERS EFFETS PRODUITS A. Expériences relatives au principe fondamental. Voici quelques expériences qui sont de nature à montrer que le couple électro-capillaire est bien constitué, comme on l’a dit précé- demment, c’est-à-dire qu'il est formé de deux liquides différents sé- parés par une membrane ou une cloison quelconque, à parois capillaires, destinées à montrer que la face de la cloison ou de la membrane en contact avec la dissolution acide est le pôle négatif, et l'autre le pôle positif du couple. On a formé un couple avec une disso- lution de nitrate de cuivre, et un autre d’aluminate de potasse; le premier a été mis dans un tube fermé avec du papier parcheminé, sur lequel on à appliqué une lame de platine percée d'ouvertures non capillaires; ce tube a été plongé dans la dissolution de nitrate de cuivre. On a appliqué également sur le revers du papier une autre lame de platine, percée comme la précédente; l'appareil a été exposé pen- dant quarante-huit heures à une température de 70 à 80°; il s’est dé- posé sur la lame de platine, en contact avec la face positive des cristaux d'alumine à trois équivalents d’eau, ayant au moins 1 millimètre de côté et dont quelques-uns paraissent avoir la forme de dodécaëdres à faces triangulaires ; cette substance est la gypsite, minéral qui n’a pas encore été trouvé cristallisé; sur l’autre face il s’est formé un agrégat de cristaux ayant pour composition : Osyde de cime, 74,3% Meido @0tique, »: Len via. 20,55 els ses ce ne É-r 8,00 PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 39 Cette composition donne la formule du sous-azotate de cuivre à deux équivalents d’eau; cette expérience met bien en évidence la constitution du couple électro-capillaire, telle qu'elle a été décrite, puisque les effets produits sur les faces de la cloison l'ont été dans ce cas-ci, sur les lames de platine plus conductrices que ces faces. L'expérience suivante tend encore à confirmer la théorie que j'ai donnée de la constitution des couples électro-capillaires. On a introduit dans le tube intérieur de l'appareil deux dissolu- tions, l’une d’aluminate de potasse marquant 10° à l’aréomètre, et dans l’'éprouvette, une dissolution de silicate marquant 16*; cet appareil a été exposé pendant quarante-huit heures dans une étuve chauffée à 70°, on a trouvé que la surface intérieure de la cloison en contact avec la dissolution d’aluminate de potasse était recouverte de tubercules formés de petits cristaux d’alumine hydratée, à 3 équivalents d’eau. Ce couple électro-capillaire avait donc assez de puissance pour décomposer la dissolution d’aluminate ; l'alumine, qui joue le rôle d'acide, se serait déposée naturellement sur la face positive, en contact avec la dissolution, tandis que la potasse aurait traversé la cloison pour se rendre sur l’autre face, ou s’est répandue dans la dissolution de silicate de potasse, dont elle aurait augmenté la densité. IT arrive quelquefois que l'appareil ne donne aucun résultat. Voici comment on peut le concevoir : II y a dégagement d'électricité très-faible, à la vérité, au contact des deux dissolutions dans les pores de la cloison, lequel ne peut avoir lieu qu'autant qu'il y a réaction chimique entre elles, et, par conséquent, production de silicate d'alumine. Or les pores de la cloison s’obstruant peu à peu par la présence d'une matière - blanche pulvérulente jusqu'au point d’anéantir, après un certain temps, les effets électro-capillaires, ainsi que le dégagement de l'élec- tricité, qui est la conséquence de la réaction, la décomposition électro-chimique doit donc cesser. | Les résultats précédents m'ont amené naturellement à recher- A0 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. cher quels effets étaient produits en substituant successivement à la dissolution d'aluminate de potasse une dissolution de plomb, d'étain dans la potasse, et à la même densité que celle de la dissolu- tion d’aluminate. Voici les effets obtenus avec la dissolution de plomb et de potasse : on a obtenu sur la face positive, celle qui est en con- tact avec cette dissolution, de petits tubercules qui, broyés et vus au microscope, ont paru composés de très-petits cristaux doués de Ja double réfraction. L'essai a montré qu'ils appartenaient au protoxyde hydraté de plomb. La dissolution de zinc a donné un oxyde hydraté qui n’est pas cristallisé. Quant à la dissolution d’étain dans la potasse , elle a donné, sur la face positive, de très-petits cristaux d'oxyde hydraté d’étain. Voyons jusqu’à quel point l'électricité n’interviendrait pas dans la production de l’alumine hydratée cristallisée. Le moyen de s’en assurer est de chercher les effets électriques produits au contact de deux liquides séparés par une cloison ca- pillaire. Cet examen montre que la dissolution de silicate de potasse est positive par rapport à l’aluminate de la même base, mais à un très- faible degré, à la vérité, puisqu'il faut un galvanomètre d’une grande sensibilité pour l’accuser; or, comme le dissolvant est le même dans les deux liquides, il faut donc que le contact de la silice et de l’alumine dans la cloison capillaire, d’où résulte un silicate d’alumine qui reste adhérent, soit la cause du dégagement de l'électricité. Jusqu'ici l’alu- mine cristallisée à trois équivalents d’eau n’a pu être obtenue qu'avec une dissolution alcaline de cette substance , dans laquelle l’alumine . joue le rôle d'acide, car, en opérant avec le sulfate de même base et une dissolution alcaline, on obtient au pôle négatif l’alumine à l’état gélatineux comme dans les précipitations ordinaires, ou à l’état d’alu- mine en plaques transparentes non cristallisées. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. UE Le résultat suivant montre encore la fécondité des principes électro-capillaires, pour opérer, soit des combinaisons, soit des dé- compositions. Avec une dissolution formée d’un mélange à parties égales d’une dissolution saturée de chlorhydrate d’ammoniaque et une autre égale- ment saturée de phosphate de la même base, introduite dans l'éprou- vette et mettant dans le tube une dissolution de nitrate de chaux saturée, il s’est produit une exosmose de la dissolution du nitrate dans l’autre ; puis ils’est déposé sur la surface extérieure de la cloison, dans la dissolution ammoniacale, des cristaux de chloro-phosphate de chaux. | L'expérience avait duré quatre jours. Ces cristaux sont doués de la double réfraction. Dans mon dernier mémoire sur les actions électro-capillaires, j'ai dit que la dissolution d’or mise dans un tube fêlé qu'on plongeait dans une dissolution de monosulfure de sodium était réduite, et que l'or se déposait en cristallisant dans la fissure et sur la paroi adjacente ; mais quand la fissure s’est élargie suffisamment pour que la dissolu- tion d’or traverse la fissure, et qu’on opère avec de l'acide oxalique, comme liquide réductif, la réduction de l'or par ce dernier, au lieu de s’opérer immédiatement au contact des deux liquides, s'effectue sur la surface intérieure du tube qui contient l'acide, de manière à la dorer complétement, ce qui ne peut avoir lieu que par une action électro-capillaire. On peut concevoir cette action comme il suit : Quand une molécule de chlorure d’or et une autre d’acide oxalique sont en contact, d’une part entre elles, ét de l'autre avec une paroi humide, il y a production d’un courant électro-capillaire ; la partie de la paroi qui touche la molécule de chlorure d’or est le pôle négatif du couple, et l'or s’y dépose, tandis que la partie de l’autre paroi se recouvre du produit de la décomposition de l'oxyde oxalique qui se dissout aussitôt ; l’action étant continue, la paroi finit par se dorer. VI. 5 . h2 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Dès l'instant que, dans les couples électro-capillaires dont le mo- nosulfure alcalin et le nitrate de cuivre font partie, le dernier est décomposé avec réduction à l’état métallique du cuivre, on devait bien penser qu’en remplaçant le nitrate par l'acide nitrique, ce dernier serait décomposé; c’est ce qui arrive, comme l'expérience le montre : il y a dans ce eas dégagement des gaz nitreux dans l'acide nitrique et oxydation du monosulfure. B. Des tentatives faites pour chercher la chaleur dégagée dans les actions électro-capillarres. Il restait à étudier une question fondamentale qui se rattache à la théorie électro-chimique et par suite à la théorie électro-capillaire, puis à la transformation des forces, question relative aux effets de chaleur produits dans les actions chimiques et les actions électro- capillaires. L'expérience suivante va fournir une nouvelle preuve à l'appui du principe que j'ai adopté depuis longtemps et que j'ai rappelé au commencement de ce mémoire, à savoir que la production de chaleur dans les actions chimiques est toujours accompagnée d’un dégagement d'électricité, la production de chaleur étant due proba- blement à la recomposition des deux électricités, ou à une transfor- mation de force par l’intermédiaire des liquides ambiants qui offrent plus où moins de résistance à cette recomposition. Voici comment j'ai opéré pour savoir s’il y avait dégagement ou non de chaleur dans les actions électro-capillaires : Ayant montré précédemment que, lorsqu'on aus sur cha- cune des deux faces de la cloison capillaire en papier parcheminé une lame de platine percée de petites ouvertures non capillaires, les deux lames deviennent les deux surfaces polaires du couple électro- capillaire (les lames de platine ayant été remplacées par des lames PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 45 d'or qui ne sont pas attaquées par la potasse, pareils effets ont été produits) : j'ai cherché quelle pouvait être la chaleur dégagée dans les actions électro-capillaires dont il est question. Pour y parvenir, j'ai mis en communication la face supérieure de la bande de papier recouverte d’une lame d'or avec un des éléments d'un couple thermo- métrique composé d’un fil de fer et d’un fil d’or soudé sur la lame d'un fil de même métal, de manière que le fil ne touche pas la dis- solution d’alumine. L'appareil est un thermomètre électrique, doué d'une assez grande sensibilité pour qu'une différence de température entre les deux soudures, de 5 de degré fasse dévier l'aiguille aimantée du gal- vanomètre d’un degré. Avant d'opérer, les deux soudures sont maintenues dans l'air à une température constante, puis on descend le tube 7 dans la disso- lution de nitrate de cuivre jusqu’à ce que le bout du tube touche la cloison : l'action électro-capillaire commence aussitôt après l'imbi- bition de la cloison, l’aiguille aimantée du galvanomètre conserve sa position d'équilibre, preuve qu'il n’y a pas eu de la chaleur dégagée au contact des deux dissolutions, car la soudure se serait échauffée et il y aurait alors une différence de température entre les soudures b et b' par suite de laquelle l'aiguille aimantée aurait été déviée. Or, comme elle. est restée fixe, il faut en conclure que le dégagement de cha- leur a été insensible à l'appareil qui pouvait accuser une différence de - de degré de température entre les deux soudures. On peut m'objecter que la réaction chimique étant faible, le dégagement de chaleur l’est également, cela est vrai; mais il est des cas où l'action est assez marquée pour que les effets de réduction apparaissent aus- sitôt; je citerai notamment le nitrate d'argent, le nitrate de cobalt et le monosulfure de sodium, donnant lieu à une réduction immédiate d'argent. Or il a été démontré que dans toute action chimique il y a pro- hh NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, duction de chaleur et d'électricité, deux effets concomitants, ayant des rapports tellement intimes que l’une ou l’autre peut servir à mesurer l'énergie des affinités; en outre, comme la chaleur peut se transformer en électricité et réciproquement celle-ci en chaleur, l'une et l’autre étant aptes à faire naître les affinités, il pourrait se faire qu’il n’y eût pas de chaleur dégagée et que toute l'électricité dégagée dans la fêlure se transformât en force chimique, ce qui ex- pliquerait comment il se fait que les actions électro-capillaires pro- duisent des effets qui exigent un plus ou moins grand développement de forces chimiques ou physiques, quand on le compare aux moyens que les appareils électro-capillaires paraissent mettre en mouvement pour arriver aux mêmes fins. re L'expérience suivante, par son importance, semble justifier cette conjecture : on prend un tube que l'on ferme par un bout avec un tampon de papier bien serré et traversé par un fil de platine dont les bouts sortent du tube. On: remplit en partie ce dernier d’une disso- lution de monosulfure de sodium assez concentrée et on le plonge dans une éprouvette contenant une dissolution concentrée de nitrate de cuivre. On conçoit que le fil de platine remplace ici la fêlure du tube formant le couple électro-capillaire; aussitôt que le contact est établi entre les liquides, la partie du fil de platine immergée dans la dissolution de nitrate se recouvre de cuivre comme la face de la fis- sure en Contact avec la même dissolution dans le tube félé. 11 circule donc continuellement un courant électrique entre les deux liquides et les portions immergées du fil de platine. Les deux bouts libres de ce fil ont été mis ensuite en communication avec un galvanomètre d’une grande sensibilité, dans l'espoir d’avoir un courant dérivé; or il n’en à pas été ainsi : l'aiguille aimantée n’a éprouvé aucune dé- viation; ne peut-on pas conclure, comme on à fait précédemment pour l’absence de la chaleur, que toute l'électricité a été transformée en force chimique ? PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES: h5 L'expérience que je viens de rapporter met en évidence la puis- sance d’un couple formé de deux liquides séparés par un diaphragme capillaire et traversé par un fil de platine ou d'un métal non OXY- dable, puisque toute l'électricité a été transformée en force chimique ; mais il n’en est plus de même quand les deux bouts du fil plongent chacun dans l’un des deux liquides ; dans ce cas, on a un courant, et, par suite, une perte de force vive ; aussi les électro-chimiques ne sont- ils pas aussi marqués par suite de la résistance qu'éprouve l'électricité dans les changements de conducteur. Ces effets tiennent à ce que le courant électrique est forcé de traverser non-seulement la cloison, mais encore une partie des deux liquides pour passer d’un bout du fil à l’autre, tandis que, dans la première disposition, les deux électricités entrent dans le fil métallique aussitôt qu'ils sont séparés. La fissure dans les tubes fêlés remplace le fil de platine. Voilà la cause de la grande énergie des couples électro-capillaires. C. Des amalgames. Les amalgames d’or, d'argent, de plomb, etc., s’obtiennent faci- lement cristallisés dans les appareils électro-capillaires à tubes fêlés, avec des mélanges d’une dissolution de bichlorure d’or ou de nitrate de mercure et des dissolutions métalliques. Ces mélanges sont intro- duits dans les tubes fêlés qu'on plonge dans une dissolution de mono- sulfure de sodium ou de sulfocarbonate de potasse marquant à l’aréo- mètre environ 10° au moins, mais on peut opérer avec des dissolu- tions au-dessous de ce degré. Il est très-difficile, pour ne pas dire plus, de déterminer à priori les proportions des dissolutions qui composent le mélange devant donner un amalgame en proportions définies, attendu qu'on ne con- naît pas encore les rapports existant entre les diverses forces agis- santes et les proportions des sels pour y parvenir. A6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 4 Je rappellerai à ce sujet les résultats des expériences déjà an- ciennes que j'ai faites pour déterminer l'influence des masses dans les décompositions électro-chimiques, des mélanges de dissolutions métalliques (Traité d’électro-chimie, 2° édit., p. 235). Quand on soumet à l’action d’un courant de force constante pro- venant d'une pile composée d’un petit nombre de couples à sulfate de cuivre une dissolution d’une proportion atomique de nitrate d’ar- gent dans 400 parties d’eau distillée, et qu’on ajoute successivement 2, h, 8, 16, 32, 64 proportions de nitrate de cuivre, ce dernier ne commence à être décomposé que lorsqu'il y a dans la dissolution un peu plus de 60 proportions atomiques de nitrate de cuivre pour une de nitrate d'argent. En continuant à augmenter la proportion de ni- trate de cuivre, on finit par arriver à obtenir des mes propor- tionnelles égales de cuivre et d'argent. Ce courant a donc dû se partager en deux parties parfaitement égales, car les équivalents des corps étant associés à des quantités égales d'électricité, d’après la loi de Faraday, ne peuvent être séparés que par des courants égaux en intensité. On tire de là la conséquence que la force qui unit l'oxygène et l'acide nitrique à un équivalent d'argent dans le nitrate de ce métal est la même que celle qui unit l'oxygène et l'acide nitrique à un équi- valent de cuivre, quand il y a dans la dissolution 67 équivalents de ni- trate de cuivre pour une d'argent. Ce partage égal de l'électricité varie probablement avec l'intensité du courant et le degré de concentration de la dissolution; aucune expérience n’a encore été faite à ce sujet. On voit par là la difficulté que l’on doit éprouver à indiquer les proportions des parties constituantes pour avoir un alliage ou un amalgame dans des proportions déterminées. Voyons quels sont les effets obtenus dans les appareils électro- capillaires disposés pour la formation des amalgames. En opérant avec le nitrate de mercure seul dans un tube félé _ PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. A7 plongeant dans une dissolution de monosulfure de sodium, le mer- cure est réduit et se dépose d’abord dans la fissure ; en remplaçant le nitrate par du proto-chlorure et de l’eau salée au maximum de satura- tion, le protochlore se réduit peu à peu en masse avec un mélange à parties égales de bichlorure de mercure et d’une dissolution de ni- trate de cuivre ayant une force électro-motrice égalant à 57,6. 11 se produit d'abord dans la fissure un dépôt blanc, puis des dépôts qui prennent un aspect de plus en plus cuivreux. On a ainsi des amal- games formés de diverses proportions d'argent et de cuivre. En opérant avec une dissolution à parties égales de nitrate d'argent et de nitrate de mercure, ayant une force électro-motrice égale à 62,3, on a un amalgame blanc; avec le chlorure d’or et le bichlorure de mercure, ayant une force électro-motrice égale à 83,6, les amalgames d'or formés prennent un aspect de plus en plus terne. L'amalgame d'argent étant blanc, il est difficile d’apercevoir les teintes provenant de diverses, quand on varie les proportions des sels. D. Les actions électro-capillaires produites en substituant lu dissolution du sulfo-carbonate de potasse à celle du monosulfure de sodium. On a vu, dans les tableaux des forces électro-motrices, que la dissolution du sulfo-carbonate de potasse se comportait à l'égard des liquides les plus oxydants comme la dissolution du monosulfure à l'égard de l'acide nitrique et des dissolutions métalliques : on devait en conclure de même que, avec des tubes félés, des lames de verre appliquées avec pression sur une bande de papier à filtrer imbibée de l’une de ces dissolutions, on devait obtenir les mêmes résultats qu'en employant le monosulfure de sodium, quand on les plonge dans une dissolution du sulfo-carbonate de potasse. J'ajouterai cependant 18 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. que les réductions métalliques paraissent s'effectuer plus facilement avec l'appareil à lames de verre qu'en employant les tubes fêlés; on obtient assez promptement, non-seulement la réduction des métaux qui présentent moins de difficulté, mais encore celle de la plupart des autres métaux tels que le cobalt, le nickel, le plomb, l’étain, le platine, que l’on n’avait pu produire encore. Je ne chercherai pas à expliquer pour quel motif la dissolution du sulfo-carbonate de potasse paraît avoir un avantage sur celle de monosulfure de sodium dans cette circonstance, attendu que les raisons manquent pour en indiquer la cause. L'interposition d’une bande de papier entre deux lames de verre pressées l’une contre l’autre présente sans aucun doute un grand avantage, car, d’une part, les espaces capillaires sont extrêmement serrés, de l’autre, le papier s’imbibant très-difficilement de chacun des deux liquides, il en résulté des actions électro-capillaires d’une grande lenteur et qui sont produites par conséquent dans des circon- stances favorables; mais aussi le sulfo-carbonate finit par saturer le métal réduit; aussitôt que l’on s’en aperçoit, il faut arrêter l’opéra- tion, séparer les lames, enlever le papier sur lequel est fixé le métal, le laver à grande eau, puis avec de l’eau acidulée, après quoi on le passe entre deux feuilles de papier non collé, pour enlever autant que possible le sulfo-carbonate restant, et ensuite on place la bande de papier recouverte de métal en dentrites entre deux lames de verre dont on mastique les bords, afin d’assurer la conservation du métal, surtout s’il est oxydable. Le sulfo-carbonate de potasse séparé du nitrate aisée par une bande de papier parcheminé produit des effets remarquables que ne m'a pas représenté le monosulfure : sur la face négative de la cloison on a de l'argent métallique et sur la face positive des cristaux de per- sulfure d'argent. Avec le nitrate de plomb et le sulfo-carbonate de plomb, le plomb PHÉNOMÈNES EÉLECGTRO-CAPILLAIRES. 9 est réduit facilement sur la surface négative, et l’on aperçoit rare- ment du sulfure de plomb sur l’autre face, cela tient probablement à la grandeur des pores de la cloison qui permet dans certaines cir- constances de très-légères infiltrations produisant un sulfure ou sulfo- carbonate de plomb. IV. DES COURANTS ÉLECTRO-CAPILLAIRES DANS LES CORPS ORGANISÉS VIVANTS ET DE LEUR INTERVENTION COMME FORCE CHIMIQUE DANS LES FONCTIONS ORGANIQUES. Depuis longtemps on se préoccupe du rôle que peut jouer l'élec- tricité dans les phénomènes de la vie, principalement dans les fonc- tions nutritives des organes. L'expérience remarquable de Galvani et de son neveu Aldini, à l’aide de laquelle ils ont montré que, dans une grenouille convenablement préparée, l'animal se contracte en mettant en contact le muscle de la jambe avec le nerf lombaire ; la propriété que possèdent les muscles et les nerfs d’être des électro-moteurs, celle des poissons électriques de lancer à volonté des décharges; le dégagement de l'électricité dans les actions chimiques quelle que soit leur origine, tous ces phénomènes dus à un agent, véritable protée, qui se transforme tantôt en chaleur, tantôt en lumière, en forces chi- mique et physiologique, devait faire concevoir qu'il intervient dans les élaborations si nombreuses qui entretiennent la vie dans les corps organisés. Aussitôt que j'eus trouvé les propriétés que possèdent les courants électro-capillaires de produire des actions chimiques ainsi que des effets de transport, j’avançai que ces courants existent égale- ment dans les animaux et les végétaux composés de tissus, de mem- branes séparant des liquides n'ayant pas la même composition, con- dition indispensable pour leur production. Le nombre de ces couples est pour ainsi dire infini, car le tissu le plus élémentaire suffit pour produire un courant s’il se trouve placé entre deux liquides différents. VI. 7 50 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les détails dans lesquels je vais entrer ne laisseront, je crois, aucun doute à cet égard dans les esprits. A. — Exposé de nos connaissances sur le mouvement circulatoire du sang. Avant d'exposer le mode d'intervention des actions électro-capil- laires dans la transformation du sang artériel en sang veineux, il est nécessaire d'exposer rapidement l’état de nos connaissances sur ce phénomène fondamental de la vie animale. Voici les principales données que nous possédons à cet égard : 1° Le sang artériel est rouge vermeil, et le sang veineux brun; 2 L'un et l’autre contiennent de l'oxygène, de l'azote et du gaz carbonique qui s'y trouvent en partie à l'état de dissolution et en partie à l’état de combinaison instable, mais il y a plus d'oxygène dans le sang artériel que dans le sang veineux, et plus de gaz d’acide car- bonique dans celui-ci que dans l’autre ; 3 La plupart des physiologistes admettent que l'oxygène du sang se trouve dans des globules qui sont chargés de le transporter dans les différents tissus, ou bien qu'il est fixé sur leur surface, ou dans leur intérieur par affinité capillaire, ce qui ne l'empêche pas de réagir sur les matières combustibles du sang ou des tissus pendant sa cir- culation. La force qui retient l'oxygène sur ou dans les globules est assez faible, puisque ce gaz se dégage lorsqu'on élève dans le vide la température du sang jusqu’à 40°. Je reviendrai sur cette question avec plus de détails dans un autre mémoire. Ce gaz provient de l'air, tandis que le gaz acide carbonique est un dernier produit des transformations nutritives. Ce gaz est éliminé avec la vapeur d’eau et l'azote libre dans l'acte de la respiration. L'azote paraît être simplement dissous dans le sang. Voici les quan- tités relatives des trois gaz trouvées dans le sang. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 5t ACIDE CARBON !, L! ! OXYGÈNE. AZOTE. DISSOUS. COMBINÉ. cc. DUR APTE. + + 7e Ve à 374,6 13 203 16 Seng:voineux sister dues 65 415,5 34,06 135 45 On voit par ces résultats que le sang artériel est beaucoup plus oxygéné que le sang veineux, dans la proportion de 203 à 135. Les physiologistes pensent que la coloration différente du sang artériel et celle du sang veineux dépendent des proportions relatives des quantités de gaz qu’ils renferment. Quant aux autres principes constituants du sang, nous les rappellerons en peu de mots : le sang veineux contient moins de fibrine que le sang artériel; suivant J. Muller, sa proportion serait de 34 à 29. Le sang artériel renferme un peu plus de globules que le sang veineux. L'albumine, qui est un des principes essentiels du sérum, se trouve à peu près en même proportion dans les deux sangs, cepen- dant on admet un peu moins d’albumine dans le sang artériel que dans le sang veineux. L'eau est en général en plus grande quantité dans le sang veineux que dans l’autre. Le sang artériel est plus riche en sels inorganiques que le sang veineux. Les matières extractives sont notablement plus abondantes dans le sang veineux que dans le sang artériel. Mais ce qu'il importe au physicien de connaître pour concevoir le mode d'intervention des actions électro-capillaires dans la trans- formation du sang artériel en sang veineux, c’est le mode de circu- lation des deux sangs et leur mélange réciproque. 52 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les artères portent le sang depuis le cœur jusqu'aux points les plus périphériques de l'organisme au moyen des capillaires; ils ne remplissent pas seulement les fonctions de vaisseaux conducteurs ; mais, en vertu de leurs propriétés physiques et organiques, d'après l'opinion des physiologistes, ils transforment l’afflux intermittent du sang qu'ils recouvrent en un mouvement qui est continu lorsqu'ils cèdent ce liquide aux vaisseaux capillaires ; ils règlent en outre leur calibre au moyen de la contraction de leurs parois pour porter à chaque organe une quantité de sang variant suivant ses besoins. Les caractères de la plupart des phénomènes relatifs à la circu- lation artérielle montrent que ces phénomènes sont sous la dépen- dance de la force du cœur. On conçoit comme il suit le cours du sang dans le système ca- Pillaire. Le sang artériel traverse, pour passer dans les veines, des vais- seaux très-ténus, appelés capillaires, et par l'intermédiaire desquels il entre en contact avec les tissus organiques, en concourant ainsi à leur nutrition et à leur accroissement, tout en se chargeant lui-même d’autres substances que ces tissus lui abandonnent; le sang éprouve donc alors de profondes modifications; après avoir traversé le système capillaire, il devient alors du sang veineux. Le système capillaire, se trouvant entre les dernières ramifica- tions des artères et les premières radicules des veines, se fond dans ces deux ordres de vaisseaux, de sorte qu’il est fort diflicile de déterminer le point précis où les vaisseaux ne sont plus seulement des organes de transport du sang, mais permettent à travers leurs parois un mélange entre le sang et les tissus. Le passage du sang des artères dans les veines élant bien constaté, on a fait différentes hypothèses sur la nature des voies de communica- tion qui relient entre eux les deux systèmes de vaisseaux. La plupart des physiologistes pensent que le sang s’infiltre dans les mailles des PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. bâ tissus, après avoir cessé d’être contenu par des parois nombreuses. On a démontré, à l’aide du microscope et de diverses expériences, la continuité vasculaire eæistant entre les artères et les veines. C’est là ce qu'il importe de faire remarquer pour concevoir le mode d'intervention des actions électro-capillaires dans l’hématose. Les anastomoses plus ou moins larges entre les systèmes artériels et veineux jouent un grand rôle dans la question qui nous occupe. Les communications entre les artères et les veines sont plus ou moins directes; dans certains cas elles peuvent s'établir par des ca- pillaires d’un fort volume, d’autres fois on n'aperçoit que des arté- roides visibles à la vue simple, se recourbant en anse et se continuant en vésicule. Les anastomoses plus ou moins larges dans la circulation capillaire produisent de nombreuses variations dans le mouvement, Entrons maintenant dans quelques détails sur le mode de cireu- lation du sang artériel et du sang veineux ainsi que sur les phéno- mènes qui l’accompagnent. Le système capillaire, se trouvant entre les dernières ramifica- tions des artères et les premières radicules des veines, se fond dans ces deux ordres de vaisseaux, de sorte qu’il est fort difficile de déter- miner le point précis où les vaisseaux cessent de contenir du sang artériel et ne contiennent que du sang veineux. Le sang artériel, après avoir subi dans les capillaires généraux et dans les capillaires pulmonaires les changements qui résultent de l'hématose, revient de nouveau au cœur au moyen du système veineux chargé de cette fonction. Avant de montrer comment peuvent intervenir les actions électro- capillaires dans cette transformation et dans les phénomènes de la nutrition, il faut faire connaître les effets électriques produits lors du contact direct du sang artériel et du sang veineux, bien qu'ils ne communiquent ensemble que par l'intermédiaire des capillaires, ainsi que celui du sang avec les sérosités en dehors des capillaires. 54 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. M. Scoutetten a cherché les effets électriques produits au contact du sang artériel et du sang veineux, soit sur l'animal vivant, soit sur le sang qui en est extrait. Il a trouvé, comme on devait s’y attendre, que le premier qui est plus oxygéné que le second, est positif par rapport à l’autre. M. Scoutetten a mesuré aussi la force électro-motrice en vertu de laquelle le dégagement d'électricité a lieu; mais la méthode dont il a fait usage ne pouvait le conduire à une valeur exacte. Il s’est servi avec raison pour recueillir les deux électricités dégagées d'électrodes en zinc amalgamé, plongeant chacune dans un vase poreux, conte- nant une dissolution neutre et saturée de sulfate de zinc et mise en rapport d’une part avec l’un des deux sangs, de Fautre avec un galvanomètre; les deux sangs étaient séparés par un diaphragme poreux. [1 a pris pour l'intensité du courant, et par conséquent, pour mesure de la force électro-motrice la tangente de la déviation; or il ne peut en être ainsi qu'autant que les déviations ne dépassent pas 30%, si ce n’est lorsqu'on fait usage d’une boussole des tangentes, instrument qui n’a pas toutefois assez de sensibilité pour des re- cherches de ce genre. L'emploi des lames de zinc plongeant dans des dissolutions de sulfate de zinc neutre et saturées, pour électrodes, n’est pas sans quel- que inconvénient, car les deux sangs n'étant pas identiques, il en résulte dans leur contact avec la dissolution métallique deux courants dirigés en sens contraire, et par suite une différence qui diminue l'intensité du courant principal, mais cette différence cependant ne doit pas être négligée, bien que les deux espèces de sang diffèrent peu dans leur composition. Le seul moyen d'éviter cette erreur est d'employer, comme on le fait quelquefois, de grandes lames de platine, quand on dispose d’une quantité de sang sufffisante pour les y plonger entièrement ; l'étendue de ces lames permet de négliger la polarisation, qui est alors très-faible. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 55 M. Scoutetten a fait usage en outre d’un courant constant possé- dant un pouvoir électro-moteur très-faible et dont on connaissait le rapport avec un type connu, tel que le couple à sulfate de cuivre. Ce couple était formé d'une lame d’étain plongeant dans une dissolution de proto-chlorure de ce métal et de sel marin et d’une lame de plomb plongeant dans une dissolution de proto-chlorure de plomb étendue d’eau. Il a commencé par déterminer la force électro-motrice de ce couple qu'il a trouvée égale à 4,50, celle du couple à sulfate de cuivre et à zinc amalgamé étant 58, et le rapport de celle-ci au couple à acide nitrique étant 100; il a introduit dans le circuit le couple à sang veineux et sang artériel en l’opposant au premier afin d’avoir la différence entre les deux courants. Trois expériences lui ont donné en moyenne pour la tangente de la déviation de l'aiguille avec le couple de sang artériel et de sang veineux . . . . . . . . . . . . . 2.1839 EX poUR: 'tanpente HORALTYE 3 SU ES 1.5251 En désignant par æ la force électro-motrice du premiér couple, qui est égale à 2,1839, et celle du second par y, on a : y = & + 1,525! d’où l’on tire : LT —Yy—= 4,5251 d’où æ 2,839 y 37000 — 9 Si l’on multiplie 0,58 par 4,50 pour rapporter la force électro- motrice à celle du couple à sulfate de cuivre étant 58,20, on a 2,61 au lieu de 1,82 trouvé par M. Scoutetten pour forces électro-motrices des deux sangs, celle du couple à acide nitrique étant 100 ; mais ce nombre ne représente pas la force électro-motrice : en effet, M. Scoutetten a obtenu avec le galvanomètre à 10,000 tours des déviations de 67°, 65°, 64°, 59°, 55°, 56°, dont il a pris les tangentes pour représenter les intensités des courants; mais les tangentes ne représentant, comme on l'a dit précédemment, les intensités des courants que pour des dévia- tions qui . ne dépassent pas 30°, au delà, la loi ne s'applique plus, à 56 : NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. moins d'employer la boussole dite des tangentes, qui ne peut pas servir à mesurer de très-faibles courants. Il faut alors avoir recours à une autre méthode que je vais décrire, Voici d'abord la table de compa- raison dont on donnera ci-après la description. GALVANUMÈTRE GALVANOMÈTRE side GALVANOMÈTRE GOURGEON GOURGEON GOURGEON GALVANOMÈTRE NME Lant MS à -GL-donà RATER à fl 1005 à 6,000 tours. d à 6,000 tours. à 24,000 tours, à 6,000 tours. 1 0,0018 34 0,0637 66 0,2273 13 0,2309 2 0,0037 35 0,0639 67 0,2421 3 0,0955 36 00,681 4 0,0699 | 68 0,2568 14 0,2493 &" 0007 LL, 37 0,0703 69 0,2746 15 0,2649 5 0,0092 38 0,0725 10 0,2864 16 0,2864 6 0,0140 39 0,0749 71 0,3057 17 0,3057 7 0,0129 40 0,0762 72 0,3249 18 0,3249 8 0,0147 41 0,0775 73 0,3542 | 49 0,3453 9 0,0165 42 0,0787 4,5 0,0787 20 0,3640 10 0,0184 4 0,0174 || 43 0,0799 74 0,3776 2 0,3839 11 0,0202 44 0,0814 75 0,4040 22 0,4040 12 0,022 45 0,0820 76 0,4463 23 04275 13 0,0239 46 0,0843 24 0,4510 14 0,0257 47 0,0858 77 0,:887 25 0,4785 15 0,0276 48 0,0874 5 0,0874 26 0,4984 16 0,0294 49 0,092% 18 0,5310 27 0,526 17 -0,0343 50 0,0975 79 0,5734 28 0,5454 18. 0,0331 51 0,1025 29 0,5686 19 0,0349 2 0,0349 | 52 0,1076 6 0,1051 || 80 0,6157 30 0,5022 20 0,0368 53 0,1126 31 0,6157 21 0,0386 54 0,1176 32 0,6541 22 0,0405 | 55 0,1228 7 0,1228 33 0,6925 23 0,0423 56 0,1278 81 0,0741 34 0,7309 24 0,0442 57 0,1328 35 0,7693 25 0,060 58 0,1379 82 0,7924 36 _0,8077 26 0,0478 59 0,1423 8 0,1405 37 0,8461 27 0,0497 60 0,1480 83 0,8807 | 38 0,8845 28 8,0515 3 0,0524 | 61 0,1531 9 0,1583 39 0,9229 29 6,0534 62 0,1583 10 0,1764 || 84 0,9690 40 0,9613 30 0,0532 63 0,1764 11 0,194% &1 0,9997 34 0,0571 64 0,1943 | 42 0,2125 42 1,0381 32 0.0593 65 0,2125 12 0,2125 85 1,0573 42,5 1,0573 33 0,0615 PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 57 On a commencé par former deux tables d'intensité avec un galvanomètre à 24,000 tours et un autre à 6,000 tours faisant partie d'un même circuit dans lequel se trouvaient un couple à courant constant d’une très-faible intensité et trois bobines de résistance formées d’un fil de cuivre de ? de millimètre de diamètre recouvert de soie et de 7 à 8,000 mètres de longueur. On a fait varier l'intensité du couple, de telle sorte que la déviation de l'aiguille aimantée dans le galvanomètre le moins sensible ne dépassa pas 30°, tandis que dans l’autre galvanomètre les déviateurs allaient jusqu’à 35°, 40°, 50°, etc. Or, comme jusqu'à 30° les intensités du courant sont proportionnelles aux tangentes de déviation et que, lorsque la résistance du courant est considérable, les intensités du courant peuvent être prises pour les forces électro-motrices, il en résulte que les déviations du galvano- mètre le moins sensible donnent des points de repère pour calculer les intensités du courant correspondantes à des déviations de l’autre galvanomètre , lesquelles intensités représentent les forces électro- motrices. On a fait les mêmes opérations avec le galvanomètre le moins sensible, et un autre qui l’est moins encore, de sorte que l’on à formé des tables qui servent à comparer ensemble les courants les plus forts et les plus faibles. Quand il s’agit de comparer les forces électro-motrices, obtenues avec le grand galvanomètre à la force électro-motrice du couple à acide nitrique, on opère comme il suit : on fait passer dans le système un courant thermo-électrique dont l’une des soudures est à zéro et l'autre à 100°; supposons que la déviation dans le grand soit de 62° correspondant à une force égale à 0,158; que le courant qu'on veut lui comparer produise une déviation égale à 72° correspondant à une force égale à 0,325; or, comme le couple thermo-électrique a une force électro-motrice égale à 0,28 quand celle du couple à acide nitrique est égale à 100 ; il s'ensuit qu'on aura pour la force électro- motrice cherchée, comparée à celle du couple nitrique qui est 100 8 “LL 58 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, 395 0,28 ne 0,577. Au moyen de cette méthode rien n’est plus simple que de rap- porter une force électro-motrice quelconque à la force électro-motrice d’un couplée à acide nitrique. Aidé de M. le docteur Moreau, connu de l’Académie par d’inté- ressantes recherches physiologiques, j'ai trouvé que la force électro- motrice du sang artériel et du sang veineux dans leur contact était égal à 0,57, celle d’un couple à acide nitrique étant 100, tandis que M. Scoutetten avait obtenu 1,82 par une méthode qui laisse à désirer, On a extrait du sang de l'artère fémorale d’un chien et de la veine adjacente, le premier a été mis dans un vase de verre, le second dans un diaphragme poreux, et dans chacun des deux sangs un vase poreux contenant une dissolution neutre et saturée de sulfate de zinc avec une lame de zinc amalgamé ; au moyen de cette disposition les deux sangs étaient en contact par l'intermédiaire d’un vase poreux. Plusieurs expériences m'ont donné, au galvanomètre à 24,000 tours, une déviation de 72 degrés et une intensité égale à 0,325; le courant étant thermo-électrique a donné une déviation égale à 62 correspondant à une force électro-motrice égale à 0,158; on en déduit pour la force électro-motrice du sang artériel et du sang veineux une valeur de 0,577, la force électro-motrice du couple à acide ni- trique étant 100. 1 a été impossible de déterminer avec une certaine exactitude la force électro-motrice du sang artériel et du sang veineux sur le vivant, atténdu, d'une part, que les tissus qui séparent les deux sangs pré- ‘sentent une résistance très-variable ; de l’autre, parce que les aiguilles de platine dont on fait usage se polarisent tellement vite que l’on ne peut avoir une déviation constante, même dans un instant très-court, elle doit avoir une valeur égale si elle n’est pas supérieure à celle donnée au contact des deux sangs. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 59 Je crois done avoir démontré l'existence d'une multitude ue courants électro-capillaires dans les capillaires parcourus par le sang artériel et le sang veineux et le mode d'action de ces courants pour opérer l'hématose et par suite la nutrition des tissus, les parois inté- rieures des capillaires étant les pôles négatifs des couples, et les parois extérieures, les pôles positifs. Il s'ensuit que l'oxygène du sang artériel qui est retenu par affinité capillaire à la surface ou dans l'intérieur des globules du sang, ainsi que les matières électro-né- gatives se portent sur la paroi extérieure qui est le pôle positif du couple, tandis que les globules qui sont électro-positifs se portent sur la paroi: intérieure ; l'oxygène réagit sur le carbone et les matières combustibles des tissus. Le courant dirigé du pôle positif au pôle né- gatif, agissant comme force mécanique, transporte les liquides qui n'ont pas servi à la nutrition au travers de la paroi, dans les capillai- res avec le gaz acide carbonique résultant de la combustion du car- bone. Je reviendrai dans un autre mémoire avec de plus grands déve- loppements sur cette théorie de la nutrition en m'appuyant sur des expériences qui ne laisseront rien à désirer. La constitution des animaux, ainsi que celle des végétaux, est éminemment favorable à la production des courants électro-capillaires, aussi ces derniers doivent-ils jouer un rôle important dans les fonctions organiques. M. le docteur Donné, dans un mémoire présenté à l'Académie le 27 janvier 1864, exposa les résultats qu'il avait obtenus en cherchant l’état électrique de deux liquides différents séparés par des mem- branes, dans l’homme et les animaux, à l’aide de deux lames de pla- tine et du galvanomètre. Son but était de montrer quels sont les caractères acide et alcalin relatifs à chacun des deux liquides, de telle sorte que le liquide le plus acide était positif par rapport à celui qui l'était moins, de même que le liquide le plus alcalin était négatif par 60 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. rapport à celui qui l’est moins. Voici quelques-uns de ces résultats : 1° L'enveloppe extérieure du corps, la peau, sécrète sur toute sa surface une humeur acide ; cependant la sueur, au lieu d’être acide, comme on le dit dans les traités de physiologie, sous les aisselles, est, au contraire, alcaline en ces points. 2° Le tube digestif, depuis la bouche jusqu’à l'anus, sécrète un acide alcalin, si ce n’est dans l'estomac, où le suc gastrique est forte- ment acide. 3° Les membranes séreuses et les membranes synoviales sécrètent toutes une liqueur alcaline dans l’état normal. Cette sécrétion devient quelquefois acide dans certaines maladies. h° La membrane acide externe et la membrane alcaline interne du corps humain représentent les deux pôles dont les effets électriques sont appréciables au galvanomètre avec deux lames de platine. Ces effets ne sont pas des courants électro-capillaires, ce sont des courants produits dans un circuit fermé dont font partie deux liquides différents, réagissant l’un sur l’autre, par l'intermédiaire des membranes, et deux lames de platine. Indépendamment de ces deux grandes surfaces offrant des états chimiques opposés, il existe, ajoute-t-il, dans l’économie d’autres organes que l’on peut appeler, les uns acides, les autres alcalins, et qui donnent lieu aux mêmes effets : en établissant une relation mé- tallique avec des lames de platine entre l'estomac par exemple et le foie de tous les animaux, on a des courants électriques énergiques. En ce qui concerne les êtres vivants, je me suis occupé particu- lièrement dans le mémoire de l'intervention des courants électro- capillaires dans la transformation du sang artériel en sang veineux, question fondamentale pour la physiologie, puisqu'elle se rattache à celle de la nutrition des tissus. Le sang artériel traverse, pour passer dans les veines, des vaisseaux appelés capillaires, par l'intermédiaire desquels il entre en contact PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 61 avec les tissus organiques et concourt ainsi à leur nutrition et à leur accroissement, tout en se chargeant lui-même d’autres substances que ces tissus lui abandonnent; le sang éprouve donc alors de profondes modifications. Après avoir traversé le système capillaire, il devient sang veineux. Les physiologistes ne sont pas d'accord sur le mode d'absorption de l'oxygène par des tissus; les uns pensent que ce gaz est absorbé par une substance inconnue qui entre des tissus voisins dans les vaisseaux sanguins en formant du gaz acide carbonique, lequel est emporté par la circulation du sang. D’autres physiologistes croient, et c'est le plus grand nombre, que l’oxygène sort du sang artériel par les parois des artères et les capillaires pour réagir sur les tissus en produisant du gaz acide car- bonique qui entre dans les capillaires avec d’autres produits. On peut expliquer dans l’une et l’autre hypothèse comment peuvent intervenir les actions électro-capillaires dans l'hématose et dans les phénomènes de nutrition. L'expérience suivante servira à faire concevoir comment la trans- formation du sang artériel en sang veineux peut avoir une origine électro-capillaire. 7 | On commence par remplir d’eau ordinaire un tube capillaire de À à 2 décimètres de longueur, recourbé et évasé à ses deux extrémités, afin de pouvoir y introduire des liquides, puis on enlève celle qui se trouve dans les parties évasées, pour y mettre d’un côté une dissolution d’or ou d’un autre sel métallique facilement décomposable, de l'autre une dissolution de monosulfure de sodium ou d’acide oxalique; le mélange de chacun de ces liquides avec l’eau adjacente s'effectue très-lentement, la sorte que le contact du chlorure et du monosulfure est très-retardé. Vient-on à plonger dans chaque dissolution une lame de platine parfaitement polarisée l’une et l’autre en communication avec le galvanomètre de 30,000 tours pour avoir la force électro- 62 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. motrice des deux liquides quand le contact des deux dissolutions n’est pas encore établi, ou à une force électro-motrice considérable, même quand la colonne capillaire a 4 ou 5 décimètres de longueur. J'ai tâché d'expliquer, comme il suit, la transformation du sang artériel en sang veineux, ainsi que que les phénomènes de nutrition qui s’y rapportent, en faisant intervenir l’action des courants électro- capillaires agissant comme forces chimiques et forces physiques et en m'appuyant sur les faits observés jusqu'ici et que j'ai rapportés précé- demment sans chercher à discuter les hypothèses mises en avant par les physiologistes pour les interpréter. L'expérience démontre qu'au contact du sang artériel et du sang veineux il y a production d'électricité, il en est de même au contact eu sang et des sérosités, dont ils sont séparés par le tissu qui constitue les capillaires. à La face des capillaires en contact avec le sang artériel est le pôle négatif et celle opposée contiguë aux sérosités, le pôle PR d'un couple. Ce fait est prouvé par l'expérience. De là résultent une foule de couples électro-capillaires produisant des actions électro-chimiques; mais les courants agissent en outre comme force mécanique pour transporter les liquides du pôle positif au pôle négatif, c'est-à-dire du liquide qui se comporte comme alcali à l'égard de celui qui agit comme acide, puisque le courant électrique va de l’un à l’autre; ce fait a été découvert par Porret. Comment l'oxygène qui se trouve dans le sang artériel peut-il traverser la paroi des capillaires comme beaucoup de physiologistes le pensent? L’oxygène est retenu à la surface ou dans l’intérieur des globules du sang par laffinité capillaire; du moins c’est l'opinion : générale; les courants électriques, suivant leur intensité, pouvant vaincre toutes les affinités, même l’affinité capillaire, il en résulte que l'oxygène, par l'effet du courant électro-capillaire agissant comme force chimique, est déposé sur la paroi positive, en dehors des ca- PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 63 pillaires, et les globules qui sont électro-positifs sur la paroi négative dans l’intérieur; l'oxygène peut réagir alors sur les matières combus- tibles des liquides ambiants, avec production de gaz acide carbonique qui rentre dans les capillaires par l’action du courant agissant comme forces chimiques et comme forces organiques et qui peuvent servir à la nutrition des tissus en vertu de la dialyse : tels sont les effets résul- tant de l’action des courants électro-capillaires agissant comme forces chimiques et comme forces mécaniques et qui peuvent servir à expli- quer l’hématose. D’après ce qui précède on conçoit que, lorsque la vie cesse dans un organe ou que cet organe se trouve dans un état morbide, les tissus se relâchent, les pores deviennent plus grands, l’action des forces électro-capillaires cesse peu à peu et finit par dis- paraître ; la décomposition détruit alors tous les tissus. La méthode que j'ai employée pour obtenir la force électro-mo- trice du sang artériel et du sang veineux est aussi exacte qu’elle peut l'être dans les expériences de ce genre. à À DES COURANTS ÉLECTRO-CAPILLAIRES DANS LES VÉGÉTAUX. À. Considérations générales sur les moyens employés pour déterminer ces courants. Nous allons retrouver dans les tissus végétaux des courants électro-capillaires analogues à ceux que l’on observe dans les ani- maux. attendu qu'ils sont composés, comme les derniers, de vaisseaux, de tissus cellulaires et de parties élémentaires appelées utricules, contenant des liquides différents séparés par des cloisons à pores ca- pillaires, qui constituent autant de couples électro-capillaires qu'il y a d'organes élémentaires, de même que dans les animaux. Il est bien difficile, pour ne pas dire plus, d'isoler ces couples 6. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. élémentaires pour en étudier les effets électro-chimiques; mais on peut en déterminer avec une certaine exactitude la résultante en em- ployant les moyens dont je me suis servi pour observer le dégagement d'électricité dans les corps organisés. Ces moyens consistent à intro- duire des aiguilles de platine plus ou moins fines dans les deux parties intérieures plus ou moins rapprochées d’un fait ou d’une tige, et à les mettre en relation soit avec un conducteur, pour avoir l'électricité libre, soit avec un galvanomètre, pour obtenir un courant qui mette en évidence l’état électrique de chacun des deux liquides qui n'ont pas la même composition. Je rappellerai d'abord les résultats que j'ai obtenus dans mes an- ciennes expériences, lesquelles exigent de très-grandes précautions, si l’on veut se mettre à l'abri des causes d’erreur qui sont d'autant marquées que le galvanomètre à plus de sensibilité; ces causes d'erreur se tiennent principalement à la polarisation des aiguilles produisant un courant en sens inverse; cette polarisation peut être attribuée : 1° Aux dépôts de produits gazeux et autres, formés sur les aiguilles de platine quand elles ont servi à transmettre des courants, même les plus faibles, au travers de liquides conducteurs ; 2° À leur séjour dans l'air, pendant quelques instants seulement, qui suffit pour qu'elles se recouvrent d’air ou de quelques-uns des corps étrangers qui s’y trouvent ; | 9° Au mouvement de l’une des deux aiguilles dans le liquide qui produit un frottement donnant lieu à un courant électrique appréciable à un galvanomètre très-sensible ; h° Au contact des aiguilles avec le doigt, ou des corps pouvant laisser, par le frottement, des particules étrangères sur leur surface. On détruit cette polarisation en traitant les aiguilles avec l’acide nitrique bouillant, avant dans l'eau distillée et le faisant rougir ; avant de commencer l'expérience, on s'assure par une expérience préalable que la polarisation est entièrement détruite, en les plongeant à cet PHÉNOMÈNES ELEGTRO-CAPILLAIRES. 69 effet dans l’eau et les mettant en rapport avec un galvanomètre très- sensible. Ces opérations sont d’une nécessité indispensable si l'on veut obtenir des résultats sur l'exactitude desquels on puisse compter. Quand le courant initial a une certaine intensité, la polarité pro- duit immédiatement un courant dirigé en sens inverse, courant qui peut induire en erreur les expérimentateurs qui ne sont pas habitués aux recherches de ce genre. Lorsqu'il est possible d'extraire deux liquides différents d’un vé- gétal, on en met un dans un vase poreux, et l’autre dans un vase de verre ou de porcelaine en plongeant dans chacun d'eux une grande lame de platine parfaitement dépolarisée, afin d’affaiblir le plus pos- sible la polarisation résultant du passage du courant, et l'on détermine ensuite la force électro-motrice avec le galvanomètre de 30,000, comme il a été dit précédemment en introduisant le circuit une grande résistance. Je rappellerai d’abord les résultats que j'ai obtenus anciennement sur les effets électriques produits dans les végétaux et les tubercules, en faisant entrer dans un circuit métallique deux parties contiguës de ces deux corps séparés par des tissus, mais en les accompagnant toutefois de nouveaux développements qui sont indispensables pour mettre en évidence l'intervention des courants électro-capillaires dans les fonctions organiques. La tige d'une plante ligneuse dicotylédonée est formée de deux parties distinctes séparées par une substance liquide que des physio- logistes considèrent comme le principal élément de l'organisation végétale. La partie extérieure est l'écorce, la partie intérieure le bois proprement dit. L'écorce se compose, indépendamment du parenchyme, de l'épiderme, de l'enveloppe tubéreuse, de vaisseaux lactifères et de fibres corticales. s Le bois est formé de rayons médullaires, de faisceaux ligneux et d'un tissu cellulaire appelé moelle. L’écorce renferme donc, comme 9 VI. 66 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. le système ligneux, une partie cellulaire et une partie fibreuse, seule- ment ces parties sont placées inversement : le parenchyme, qui est analogue à la moelle, occupe le pourtour de l'écorce, tandis que la moelle se trouve au centre du système ligneux. Cette inversion corres- pond à des effets électriques inverses, comme on va le voir. Chaque tige ou branche étant composée d’une série non inter- rompue de couches concentriques hétérogènes, leur contact successif doit donner lieu à des effets électriques résultant de l’'hétérogénéité des liquides humectant chacune d'elles, effets qui sont rendus sen- sibles au moyen des aiguilles de platine, du condensateur et du gal- vanomètre. Je commencerai par les rapports électriques entre la terre et les végétaux. Le liquide dont la terre est humectée pénètre dans les racines par leurs extrémités spongiales, en vertu d'effets d'endosmose, de capilla- rité où autres actions, passe dans les cellules situées au-dessus, et arrive jusqu’à la tige, où le mouvement ascensionnel continue; ce liquide dissout une portion des substances qui se trouvent sur son passage, acquiert ainsi successivement plus de densité, constitue alors ce qu’on appelle la séve, qui est définitivement élaborée dans les feuilles, organes de la respiration. Le gaz acide carbonique, absorbé par les feuilles, est décomposé pendant le jour; sous l'influence solaire, le carbone est assimilé et l'oxygène exhalé; la couleur des feuilles et celle de la jeune écorce indiquent effectivement que des changements considérables se sont opérés dans la séve. La séve nouvellement élaborée redescend-elle à travers l'écorce en déposant sur son passage les matières destinées à la formation des tissus? Je l'ignore. Les expériences de M. Biot tendent à admettre ce mouvement circulatoire de la séve. Ce préambule était indispensable pour comprendre ce que j'ai à dire touchant les effets électriques produits au contact de deux liquides séparés par des tissus capillaires. PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CGAPILLAIRES. 67 Supposons qu'on ait mis à découvert, avec un instrument tran- chant, une coupe transversale d'une tige de jeune peuplier en pleine végétation, de manière à mettre en évidence les parties concentriques principales dont elle se compose. Si l’on introduit simultanément les extrémités de deux aiguilles en platine non polarisées et en commu- nication avec un multiplicateur à très-long fil, l'une dans la moelle, et l’autre dans l’une des enveloppes du ligneux, l'aiguille aimantée est déviée plus ou moins, suivant la sensibilité, de l'appareil, l'état séveux . du végétal et la nature de l’enveloppe où la seconde aiguille à été placée. Le sens de la déviation, qui est invariable, indique que la moelle a fourni au courant l'électricité positive, et la couche ligneuse l'électricité négâtive. T1 y a donc un courant électro-capillaire de l'intérieur à l'exté- rieur de la coupe transversale, courant qui est en sens inverse de celui qui est donné par les aiguilles, et dont l'intensité diminue assez rapidement à cause de la polarisation des aiguilles. En retirant la première et la rapprochant de l’autre , on obtient encore un courant dirigé dans le même sens, mais dont l'intensité est moindre, quoique les aiguilles soient plus rapprochées. On prouve par là que l’état positif des liquides du ligneux va en diminuant depuis la moelle jusqu’à l'écorce. Si l’on place maintenant cette même aiguille dans le cambium et l’autre dans le parenchyme ou l'écorce, on trouve alors que le courant change de sens en même temps qu'il acquiert plus d'intensité. Si l’on enlève un morceau d'écorce dont l'épiderme se détache facilement, et qu’on applique une lame de platine sur l'épiderme et l’autre au-dessous, l'une et l’autre en rapport avec un multiplicateur, les effets acquièrent une très-grande intensité, comme on en a Îa preuve en expérimentant avec l'écorce d’une jeune branche d'aune en pleine séve. On voit par là que l'écorce forme une série de couples électro-capillaires, dont la surface extérieure est le pôle négatif, la 68 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ‘ surface intérieure le pôle positif ; disposition inverse de celle que pré- sente la partie ligneuse. Dans toutes ces expériences il faut intervertir l'emploi des ai- guilles, c’est-à-dire mettre l’une à la place de l’autre, et réciproque- ment ; seu] moyen d'avoir la certitude que les résultats sont exacts quand la direction des courants ne change pas. En résumé, on voit que depuis la moelle jusqu’au cambium les couches ligneuses sont de moins en moins positives relativement à la moelle ; tandis que depuis le cambium jusqu’à l’épiderme les couches corticales sont de plus en plus positives. Cette inversion dans les effets électriques s'accorde donc avec la position du tissu cellulaire dans ‘ l'écorce et dans le bois : dans l'écorce il est à l'extérieur, dans le bois à l’intérieur; l’état électrique de la moelle est donc essentielle- ment positif. | Dans les plantes herbacées et les plantes grasses, telles que les cactus, les euphorbes, ete., etc., composées presque uniquement de parenchyme, il devient extrêmement difficile d’observer l'inversion dans les effets électriques précédemment décrits et qui sont si nets dans les tiges des plantes pourvues d’un système cortical. On voit par ces effets les conséquences que l’on peut tirer de cet état de choses pour montrer l'existence des courants électro-capillaires. On a cherché ensuite quels sont les effets produits dans l’évolution de la séve :; on a expérimenté à cet effet dans la section longitudinale d’une tige d’un jeune peuplier pourvu de feuilles. Les deux aiguilles ont été intro- duites, l'une au-dessus de l’autre, dans la partie verte du parenchyne de l’écorce, à une distance de plusieurs décimêtres: il s’est produit aussitôt un courant électrique dont la direction indiquait que l’aiguille placée au-dessous de l’autre avait pris l’électricité négative et l'autre Pélectricité positive. On voit par là que la séve parénchymeuse, en deux points situés à plusieurs décimètres de distance, n’a pas la même | composition; la partie supérieure est plus oxygénée que la partie infé- PHÉNOMÈNES ELECTRO-CAPILLAIRES. 69 rieure. J'expose les faits, sans chercher à les expliquer. On a obtenu un courant semblable en établissant une communication métallique entre le cambium et les feuilles : l'une des aiguilles a été placée entre l'écorce et le ligneux, l’autre dans une masse de feuilles superposées, faisant toujours partie du végétal, afin d’avoir un plus grand nombre de points de contact avec la seconde aiguille. La terre étant en communication directe et permanente avec les végétaux, par l'intermédiaire des spongioles des racines, doit partici- per à leur état électrique résultant des élaborations diverses qui ont lieu dans les tissus. Voici comment on met ce fait en évidence avec les aiguilles, et mieux encore, quand cela est possible, avec des lames de platine, afin d’avoir un plus grand nombre de points de contact avec la terre et les tissus explorés, et d’atténuer les effets de la polarisation. Je me borne ici à constater les effets, sans chercher à les mesurer. Si l’on introduit l’une des aiguilles dans le parenchyme d’une tige ou d’une branche de végétal quelconque, et l’autre dans le sol, à une distance plus ou moins grande des racines, plusieurs mètres, par exemple, pourvu qu'il soit légèrement humide, il se manifeste un courant dont l’action sur l'aiguille aimantée indique toujours que la terre possède un excès d'électricité positive, le parenchyme un excès d'électricité contraire. Quant à l'intensité du courant, elle dépend de l'humidité du sol, des substances dissoutes dans l’eau aspirée par les racines, et de l’état séveux du végétal. Il est bien difficile de détermi- ner la force électro-motrice qui produit le courant, à cause de la pola- rité des aiguilles; cependant on peut y parvenir jusqu'à un certain point, comme on verra plus loin, surtout en employant-des lames. On obtient peu ou point d'effet, comme on devait s’y attendre, lorsqu'une des aiguilles est dans le ligneux, près de la moelle, qui est la partie positive des tissus, et l’autre dans la terre, qui est également positive relativement aux racines et aux diverses parties des végétaux. 70 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Au lieu d'introduire l’une des aiguilles dans le parenchyme, on peut la placer dans un certain nombre de feuilles superposées, tenant - encore aux branches; dans ce cas, le même effet est produit. Cela tient à ce que la séve qui se trouve dans le parenchyme des feuilles a sensiblement la même composition que celle qui se trouve dans la partie parenchymeuse de lécorce. Les végétaux, quels qu'ils soient, même ceux qui ont une tige purement herbacée, comme la balsamine, le dahlia, etc., donnent les mêmes effets. On peut dès lors poser en principe que dans l'acte de la végétation, lorsque la germination est accomplie, la séve, qui com- munique avec le sol par l'intermédiaire des racines, lui transmet con- tinuellement un excès d'électricité positive , tandis qu’elle prend un excès d'électricité contraire. Les effets électriques dont on vient de parler permettent de concevoir, comme dans les animaux, les effets chimiques qui ont lieu en vertu des actions électro-capillaires sur chacune des faces des tissus qui séparent deux liquides n’ayant pas exactement la même compo- sition. | On à vu précédemment que dans la tige d'un végétal monocoty- lédoné le tissu cellulaire qui forme la moelle centrale est positif par rapport aux couches concentriques qui l'entourent, et que les couches le sont d'autant moins que l’on approche davantage de l'écorce, d’où il suit que la face de la moelle en contact avec la première couche ligneuse est le pôle négatif, et la face opposée à cette dernière est le pôle positif; il y a donc un courant électro-capillaire allant de la pre- miére couche ligneuse à la moelle, un autre de la seconde couche à la première, jusqu’au cambium; à partir de l’écorce, les courants suivent une direction contraire, comme on l’a vu précédemment, jus- qu'à l’épiderme. J'ai opéré sur des couches distinctes à la vue, mais les effets doivent être les mêmes sur celles qui ne le sont pas. La formation des PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 71 couches ligneuses n'étant pas interrompue, les courants électro-ca- pillaires ne le sont pas non plus, ainsi que les actions chimiques qui en sont la conséquence. L'existence de ces courants est liée intimement à celle des nouveaux composés qui se forment sans cesse dans les organes des végétaux. Il n’est pas possible, à la vérité, de saisir les courants auxquels les tissus qui sont en voie de formation donnent naissance ; Mais On conçoit néanmoins, d'après ce qui précède, qu'ils existent et qu'ils concourent puissamment aux élaborations diverses qui ont lieu dans les organes des végétaux. Je me borne aujourd'hui à en démontrer l'existence; mes recherches ultérieures auront pour but de faire connaître les conséquences que l’on peut en tirer. Les tubercules et les racines donnent les mêmes effets électriques que les tiges et les branches des arbres. Je prendrai d’abord la pomme de terre, qui se compose d’un tissu cellulaire, dans les interstices du- quel se trouve la fécule, le tout pénétré d’un liquide qui rend ce tuber- cule plus ou moins aqueux. On démontre, au moyen des effets élec- triques observés avec deux fils de platine introduits dans deux parties différentes, que ce liquide n’a pas la même composition Page l'épi- derme jusqu’au centre. Dans l'impossibilité où l’on est d'isoler les diverses parties orga- niques dont se compose ce tubercule, afin d'observer leur état élec- trique relatif, on est dans la nécessité d'opérer comme on le fait à l'égard des branches des arbres. | Supposons qu'on ait fait une section dans une pomme de terre, afin de se procurer une tranche plane, si l’on introduit l’une des aiguilles dépolarisées sous l'épiderme et l’autre au centre de la tranche, il se manifeste aussitôt un courant, dont la direction indique que l’ai- guille placée sous l’épiderme a pris un excès d'électricité positive, et l'autre, celle qui est au centre, l'électricité négative. En retirant la première et la rapprochant de l’autre, elle reste toujours positive à l'égard de celle-ci ; il en est encore de même en opérant inversement, 72 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. c'est-à-dire en rapprochant l’aiguille de celle qui se trouve sous l’épi- derme : voilà une différence bien marquée avec les effets électriques que présente une tranche transversale d’une branche d'arbre. Je ré- pète qu'il faut toujours intervertir les aiguilles dans chaque expérience, si l’on veut avoir une valeur assez rapprochée de la force électro- motrice, où du moins la résultante des forces électro-motrices des diverses parties des feuilles de pomme de terre et de la pomme de terre elle-même : on broie ces premières, on en exprime le jus, on en fait autant du tubercule, en y ajoutant un peu d’eau, et l'on opère comme on a fait à l'égard des deux espèces ; on trouve alors que le jus des feuilles est éminemment positif relativement à l'autre, et que la force électro-motrice est égale à 1,271, celle du couple à acide ni- trique étant 100. ; | D’autres tubercules se comportent de même; ces effets montrent que la pomme de terre et la plupart des autres tubercules sé compor- tent comme le système cortical de cette dernière, c’est-à-dire que la partie sous l’épiderme est positive relativement à toutes les autres. La pomme de terre commençant à verdir, quand elle est exposée à la lumière, les effets électriques augmentent en même temps d’in- tensité. Le navet se comporte comme le ligneux d’une tige d'arbre, c’est- à-dire que la partie centrale est positive. Il ÿ a un moyen très-simple de mettre en évidence la différence existant entre la nature des liquides de la partie extrême des tubercules et celle des parties inté- rieures. 11 faut pour cela enlever, dans un navet de deux centimètres de diamètre, un centimètre de la partie centrale, en extraire le jus dont on remplit un vase poreux que l’on plonge dans un autre vase conte- nant le jus de la partie extérieure. On introduit ensuite dans chacun de ces liquides un diaphragme poreux contenant une dissolution neutre et saturée de sulfate de zinc avec une lame de zinc amalgamée, puis mettant l’une et l'autre lame en communication avec un galvanomètre, _ PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-CAPILLAIRES. 73 on obtient alors les effets précédemment décrits, mais le courant est constant. Je rapporterai les résultats obtenus avec des carottes suffisamment grosses pour en extraire, dans le but de déterminer leurs forces électro-motrices, des jus n'ayant pas la même couleur. Un de ces tu- bercules avait sept centimètres de diamètre au collet, et présentait trois couches distinctes; la couche extérieure était rouge, la couche centrale blanche, et la couche intermédiaire jaune. On a exprimé les liquides qui humectaient ces couches et dont la couleur était celle qui leur était propre. On en a obtenu les résultats suivants : | De: Force électro-motrice celle du Liquide rouge. . ; . . . . RENE He Re: , Libétäé fre Déviation 56°, couple à acide nitrique étant q Jeune 5 1 ‘ 100. 0,42 En intervertissant les lames, les résultats ont été les mêmes. En opérant avec le jus rouge et le jus jaune, on a les résultats suivants : Liquide rouge. . . . . . . iqui up'e à acide nitrique étant Liquide blanc, . . . . . . coup.6 ide nitriq 100. 0,546. Force électro-motrice celle du Diviation 60c. Voici donc une force électro-motrice dans un végétal qui est1/200 de celle du couple à acide nitrique. La force électro-motrice du couple à liquide rouge et liquide blanc est plus forte que la précédente, comme il était facile de le prévoir, attendu que les deux liquides occu- paient les deux parties extrêmes du tubercule, dont les états électri- ques présentent plus de différence. On conçoit bien que ces forces électro-motrices doivent varier d’un tubercule là un autre, suivant le degré de maturité, l’état de dessiccation et la nature même des sub- stances enlevées par les racines. Des effets électriques observés dans les tissus des végétaux on tire les conséquences suivantes : E 19 7h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Dans les tiges des arbres, les courants électro-capillaires, depuis l'épiderme de l'écorce jusqu'aux ligneux, sont dirigés de l’intérieur à l'extérieur ; depuis l'écorce jusqu’à la moelle, ils cheminent eu sens contraire, c'est-à-dire de l'extérieur à l’intérieur. Le tissu en contact avec la moelle est le pôle positif, et la partie de celle-ci, qui est en regard, le pôle négatif des couples électro-capillaires, etc.; etc. Les” premières reçoivent les éléments électro-positifs qui réagissent sur les liquides ambiants ; il résulté de là une suite de décompositions et de recompositions qui constituent en quelque sorte la vie végétale. Quant aux liquides qui humectent le sol, comme ils sont positifs à l'égard des liquides introduits dans les racines, il en résulte que la surface extérieure des spongioles est le pôle négatif, et la surface inté- rieure le pôle positif d’un couple électro-capillaire. Par conséquent, les éléments déposés par l’action de ce courant sur la surface exté- rieure sont électro-positifs, et ceux qui sont à l’intérieur sont électro- négatifs. Le même courant, agissant comme force physique, produit un transport de matières allant du pôle positif au pôle négatif, au travers des tissus, c’est-à-dire de l’intérieur à l'extérieur. On voit par là combien sont complexes les effets dus aux courants électro-capillaires dans les corps organisés vivants, puisqu'ils agissent comme forces physiques et comme forces chimiques sur les liquides qui varient sans cesse de composition. On ne peut encore donner dans ce mémoire que les indications générales sur leur mode d'action dans les phénomènes de nutrition des animaux et des végétaux. Ces indica- tions sont autant de points de repère auxquels viendront se rattacher les résultats que l’on obtiendra dans les recherches que je poursuis avec persévérance, et que je ferai connaître dans un prochain mé- moire. RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA (LEACH) 27 DESCRIPTION DE PLUSIEURS ESPÈCES NOUVELLES DE CE GROUPE FAISANT PARTIE DE LA COLLECTION DU MUSÉUM Par M. ALPH. MILNE-EDWARDS AIDE-NATURALISTE, Les Callianasses font partie de la famille des Thalassiniens et peuvent même, à raison de leur organisation, en être considérées comme le type. Ce sont des crustacés rares dans les collections et généralement peu connus; en effet, leurs téguments sont d'une extrême mollesse, les pattes antérieures seules présentent une grande solidité ; aussi pour se mettre à l'abri des dangers continuels qui les menacent, les Callia- nasses s’enfouissent-elles sous le sable, au milieu duquelelles se creu- sent des galeries presque cylindriques, ayant l'apparence de cheminées ; elles n’en sortent que très-rarement, et d'ordinaire se tiennent à 76 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. l'extrémité, guettant leur proie qui consiste en annélides et en petits mollusques, dont elles s'emparent à l’aide de leur forte pince. On peut donc parcourir en tous sens des plages où les Callianasses sont très- abondantes, sans en voir un seul individu. Il est même rare que l’on en rencontre d'entières rejetées par les vagues, parce que leur corps, peu consistant, est rapidement déchiré par les chocs, et en outre très- recherché par les crustacés et par les poissons. Il est même à noter que souvent on trouve dans l’estomac de ces derniers des pinces non digérées de Callianasses. Sur nos côtes il existe une espèce appartenant à ce genre ; elle y est même tres-abondante sur certains points, mais pour la trouver il faut connaître exactement les points où elle habite, et pour s’en em- parer il faut creuser rapidement dans le sable à l’aide d’une béche. Ce sont ces circonstances qui expliquent la rareté apparente des Callia- nasses. Ainsi, en 1837, lorsque M. Milne-Edwards publia son Histoire naturelle des Crustacés, il ne décrivit que deux espèces appartenant à ce genre : la Callianassa subterranea de nos côtes et la C. uncinata du Chili. Déjà, en 1818, Say avait signalé sur les rivages de la Floride une autre espèce qu'il avait désignée sous le nom de €. Major, mais les caractères qu'il lui assignait et qui ne s'expliquaient à l’aide d'aucune figure étaient trop vagues pour permettre son identification certaine. Aujour- d'hui on sait que les côtes de l'Amérique du Nord nourrissent aussi plusieurs espèces du genre qui nous occupe : ainsi M. Dana a fait con- paître la Callianassa gigas et la C. californiensis: M. Stimpson a recueilli dans le détroit de Puget la C. longimana ; en 18614, j'ai donné la descrip- tion d’une autre espèce américaine, la C. chilensis. M . Stimpson à aussi découvert, au Japon, la €. pelalura. M. Strahl a donné la description d’une espèce des îles Philippines, la €. mucronala, et M. de Martens a fait connaître une autre Callianasse, provenant des mêmes régions, qu'il a appelée C, tridentata. Enfin, pour terminer cette énumération, je dois dire que White avait décrit, sous le nom de €. turnerana, une RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 77 très-grande espèce de Callianasse, originaire de l'Afrique occidentale. A ces espèces, dont le nombre est de onze, je dois en ajouter six autres, qui font partie des collections du Muséum d'histoire naturelle; trois sont américaines, ce sont : la C. Bocourti, brachyphthalma et longiventris. _ Une autre, C. brevicauda, provient de Zanzibar. La C. armata à été trouvée aux îles Viti; enfin la €. pachydactyla a été recueillie aux îles du cap Vert. Il est probable qu'à mesure qu'on étudiera avec soin la faune des différents rivages, on découvrira de nouveaux représentants de ce genre. La carapace des Callianasses est très-petite; elle occupe environ un quart ou un tiers de la longueur totale du corps; elle se prolonge en avant par une petite pointe rostrale, qui s'avance au-dessus des pé- doncules oculaires. Cette pointe est d'ordinaire rudimentaire, mais dans certaines espèces elle acquiert un développement assez considé- rable et constitue, comme chez la C. Bocourti, une véritable épine. Chez la C. turnerana, le rostre est même tridenté. Enfin, chez d'autres espèces, telles que la €. armata, indépendamment de l'épine médiane ou sus-ophthalmique, il en existe de chaque côté de la carapace une autre, sus-antennaire. Les pédoncules oculaires sont petits, lamelleux, et dépassent la cornée qui est placée à leur face supérieure. Les an- tennes internes sont terminées par deux filets; leur portion basilaire, de longueur médiocre chez la plupart des Callianasses, devient très- grande chez la C. Bocourti. Les antennes externes, dépourvues d'é- cailles à leur base, sont de longueur médiocre. Les pattes-mâchoires externes sont chez beaucoup d'espèces très-larges et operculiformes ; chez d’autres elles sont au contraire pédiformes. Les Callianasses sont surtout remarquables par la forme de leurs pattes antérieures qui présentent des caractères très-particuliers et très-différents de ce que l'on observe chez les autres crustacés. L'une d'elles est toujours beaucoup plus grosse que l'autre et se trouve indifféremment à droite ou à gauche. La main, ou propodite, 78 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. est presque quadrilatère, très-comprimée latéralement, de façon que ses bords supérieur ou inférieur sont minces et quelquelois tranchants; ils portent une série de petits trous, d’où sortent de petits bouquets de poils. Les doigts de la pince présentent des faisceaux de poils analogues. Généralement le doigt immobile est dépourvu de dents vers son extrémité. Le bord postérieur de la main, qui s'articule avec le carpe, ou carpopodite, forme avec le bord supérieur et avec le bord inférieur un angle droit. Il en résulte que la maïn ne peut pas se plier obliquement sur le carpe, comme elle le fait chez la plupart des autres crustacés, et qu'elle ne jouit que de mouvements en ginglyme, analogues à ceux d’un battant roulant sur une charnière. Le carpopo- dite affecte la même forme que l’article précédent, et quand le membre est étendu, il paraît se continuer avec le propodite. Très-comprimé latéralement, il présente sur ses bords supérieur et inférieur une série de bouquets de poils. Son bord postérieur est arrondi et ne s'articule avec le méropodite ou bras, que dans sa partie supérieure, par une très-petite portion de sa longueur. La paroi interne de cet article n’est pas complète; elle s’interrompt vers le quart postérieur, laissant un espace vide, qui est rempli, soit par une membrane, soit par une petite pièce complémentaire. Le méropodite est très-grèle; sa surface externe, légèrement bombée, porte souvent une crête ou des granulations; sa paroi interne est formée par une pièce complé- mentaire distincte qui est plate et constitue une sorte de couvercle. L'ischiopodite est extrêmement long et grêle, et, de même que le mé- ropodite, il est formé de deux pièces, l’une externe concave, l’autre interne tout à fait plate. La plus petite des pattes antérieures présente à peu près les mêmes particularités que l’autre, mais elle est d'ordi- _naire relativement plus étroite, et ses caractères distinctifs semblent s'effacer. Les pattes de la seconde paire sont grêles et terminées par une petite pince. Celles de la troisième paire sont terminées par un très- RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 79 petit doigt, mais leur pénultième article est très-large, ovalaire, et sert à ces animaux comme une pelle pour rejeter le sable, lorsqu'ils y creusent leurs galeries. Les pattes de la quatrième et de la cinquième paire sont grêles et n’offrent rien de particulier à noter. L'abdomen est très-grand et presque cylindrique; les anneaux qui le constituent sont dépourvus de prolongements latéraux ou lames épimériennes, de façon qu'ils n’encaissent pas la base des fausses pattes. Celles-ci sont très-élargies et naissent sur un court pédoncule. La na- geoire caudale varie beaucoup dans son développement : tantôt elle est très-large, et tous ses articles sont grands comme chez les €. sub- terranea, gigas, californiensis, uncinata, etc.; tantôt elle est formée par une lame médiane très-courte et par des lames latéro-internes en forme de lancettes; les pièces latéro-externes étant seules élargies en forme de palettes. Ce mode d'organisation se remarque chez les C. turnerana, armata, brevicaudata, et Surtout chez la €. Bocourti. En général, cette brièveté du septième segment abdominal coïncide avec un allongement des pattes-mâchoires externes qui deviennent pédiformes, de telle sorte qu’on serait tenté de séparer le genre Callianasse en deux sous- genres : le premier comprenant toutes les espèces dont Ia nageoire caudale est bien développée, et dont les pattes-màchoires sont oper- culiformes, le second renfermant celles dont la lame caudale est très- courte, et dont les pattes-mâchoires sont subpédiformes. Cependant il serait difficile d'établir exactement les limites de ces divisions, car ilest certaines espècés qui servent de passage de l’une de ces formes à l'autre. Aussi ai-je préféré dans ce mémoire indiquer simplement ces différences organiques, sans leur attribuer une très-grande impor- tance. 80 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CALLIEANASSA SUBTERRANEA. CANCER SUBTERRANEUS. Montagu. Transact. of the Linn. Soc., p. 89, pl. m1, fig. 4 et 2. CALLIANASSA SUBTERRANEA. Leach. Edinbur. encyclop., t. VIL, p. 400. — Leach. Transact. Linn. Soc., t. XI, p. 341. Leach. Malacost. brit., t. XXII. — Desmarest. Considéral. sur les Crust., p. 205, pl. xxxvi, fig. 2. — Latreille. Règne animal de Cuvier, t. IV, p. 87. — Guérin, Iconographie. Crust., pl. x1x, fig. 4. _ Costa, Fauna di Napoli, p. 7. : _ Milne-Edwards. Hist. nat. des Crust., t. IT, p. 309. — — Atlas du Règne animal de Cuvier, pl. xLvin, fig. 3. — Lucas. Animaux articulés de l'Algérie, Crust., p. 37. — Bell. British stalk-eyed Crustacea, p. 217. — Heller. Die Crustaceen des Südlichen Europa, p- 202, pl. vi, fig. 9 à 41. La carapace s’avance à peine au-dessus dés pédoncules oculaires. Ceux-ci sont courts et assez larges. Les pattes-mâchoires externes sont élargies et operculiformes. La main ou propodite de la plus grosse des pattes antérieures est entièrement lisse, très-comprimée, à bords su- périeur et inférieur minces; les doigts égalent presque en longueur la portion palmaire. Le pouce ou dactylopodite est à peine denté à son bord inférieur. Le troisième article ou carpopodite est un peu plus court que la portion palmaire de la main. Le bras ou méropodite porte en dessous, près de sa base, une dent en forme de crochet dirigé en avant. L'ischiopodite est long et grêle. La pièce médiane de la na- geoire caudale est terminée par un bord arrondi ; elle est aussi longue que les lames latérales (mesurées à l'exclusion de leur article basi- laire). Longueur totale du corps, 0",052 ; longueur de la carapace, 0",019 ; longueur de la plus grosse pince, 0,010 : longueur de la portion pal- maire de la main, 0",006; longueur du carpe, 0",005 ; longueur de la patte étendue, 0",026 ; longueur de la petite pince, 0»,092. RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA, st La couleur est d’un blanc teinté de bleu ou de rose, avec une tache d’un brun foncé sur la région occupée par le foie et l'intestin. Cette espèce vit sur les côtes d'Angleterre, de France, d'Italie, d'Algérie, et probablement sur tout le pourtour méditerranéen. CALLIANASSA GIGAS. — Dana. United States exploring expedition. Crust., T. I, p. 512, pl. xxxu, fig. 3. — Stimpson. Crustacea and Echinodermata of the Pacific shores of North America, p. 49. (Journal of ihe Boston Society of Natural history, 1. VE, pl. xx, fig. 3.) La carapace s’avance un peu au-dessus des yeux, sans constituer ce- pendant sur ce point une pointe rostrale. Les pattes-mâchoires externes sont operculiformes et plus élargies encore que chez la Callianassa sublerranea. La plus grosse main est très-comprimée, lisse, à doigts courts, égalant la moitié de la longueur de fa main; le carpopodite est plus grand que la portion palmaire de l’article précédent, à bord supérieur droit ; le méropodite porte à sa base une dent peu dévelop- pée. La lame caudale est plus grande que chez l'espèce de nos côtes ; elle est aussi beaucoup plus large en arrière. Ce caractère, joint à la longueur relative du carpopodite de la plus grosse pince, RURAL de distinguer aisément la Callianassa gigas de la C. sublerranea. Longueur totale du corps, 0”,080; longueur de la carapace, 0,020; longueur de la grosse main, 0",015; longueur de la portion palmaire, 0",009 ; longueur du carpopodite, 0",010 ; longueur du méropodite, 0",009; longueur de la pince étendue, 0",042 ; longueur de la plus pe- tite pince, 0",035. Cette espèce atteint quelquefois jusqu’à 0,"15 de longueur; elle a été trouvée par M. Dana, dans le détroit de Puget, et par M. Agassiz, dans le golfe de Géorgie. 82 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CALLIANASSA CALIFORNIENSIS, — Dana. Proced. acad. nat. sc. Philadelphia, 1854, t. VIX, p. 175. CALLIANASSA OCCIDENTALIS. Stimpson. Proced. acad. nat. science, t. 1, 8. CALLIANASSA CALIFORNIENSIS. Stimpson. Crustacea and Echinodermata of the Pacific shores of North America, p. 49, pl. xx, fig. 4. Cette espèce ressemble beaucoup à la €. gigas par la forme de sa carapace; mais elle est facile à distinguer par la forme de la plus grosse pince, dont la main est plus courte et profondément échancrée entre la base des doigts. Le carpopodite est très-robuste, plus large que la main, et son bord supérieur se contourne en dedans, de façon à cacher complétement sa face interne, lorsque l’on regarde l’article en dessus. Le méropodite est robuste et armé d’une forte dent basilaire. L’ischiopodite est finement denticulé en dessous. La nageoire caudale est disposée comme celle de la Callianassa gigas. | La couleur de cette ee est d’un rouge orangé clair ; les Si ST sont roses. Longueur totale du corps, 0”,060 ; longueur de la carapace, 0",046; longueur de la main, 0",016 ; longueur de la portion palmaire, 0,009 ; longueur du carpopodite, 0,014; longueur du méropodite, 0,042; longueur totale de la patte, 0",045 ; longueur de la petite pince, 0",098. Cette espèce atteint souvent une grandeur plus considérable; on en rencontre des individus qui ont jusqu’à 0",10 de longueur. Elle se trouve dans la baie de San-Francisco, dans le détroit de Puget, dans le golfe de Géorgie. RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. s3 CALLIANASSA LONGIMANA. — Stimpson. Proceed. Bost. Soc. nat. hist., t. VI, p. 86. — —— Crust. and Echinod. of the Pacific shores of North America, p. 50, pl. xxt, fig. 5. Cette espèce, très-voisine des deux précédentes, peut se distinguer à l’aide des caractères suivants : Elle est plus grêle et plus allongée. Les pattes-mâchoires externes sont moins larges. La plus grosse des pattes antérieures est moins robuste, moins poilue; la main est plus longue et de même largeur que le carpe. Le carpopodite est plus court que la portion palmaire de l’article précédent, tandis que chez la C. californiensis il est plus long. Les doigts de la petite pince sont d'égale longueur; chez l'espèce que je viens de nommer le doigt mo- bile est au contraire le plus grand des deux. La longueur de la main empêche de confondre la €. longimana avec la C. gigas. On rencontre des exemplaires de cette espèce qui ont jusqu à 0",120 de long. Longueur ordinaire de la main, 0",020 ; longueur de la portion palmaire, 0",012 ; longueur du carpopodite, 0",011 ; longueur du méropodite, 0" 042. La Callianassa longimana a été trouvée dans le détroit de Puget. CALLIANASSA ENCINATA. — Milne-Edwards. Histoire naturelle des Crustacés, t. H, p. 310, pl. xxv bis, fig. 1. (1837). — Alph. Milne-Edwards. Thalassiniens fossiles, pl. xvi, fig. 1. — Guérin-Menneville. Entomologie de Cuba. (Voyage de Ramond de la Sagra, p. 47.) La forme de la pince suffit pour caractériser cette espèce. La main est courte comme chez la Callianassa californiensis ; elle est un peu plus étroite que le troisième article; le doigt immobile ou index est très- 84 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. long, ce qui est dû à l'existence d’une échancrure extrêmement large ét profonde qui existe à la base. Le dactylopodite du pouce est très- aigu, fortement recourbé, à son extrémité, comme un crochet, et armé en dessous, près de son articulation, d’une dent très-grosse et bifide. Le carpopodite est grand, très-dilaté en arrière, à bord supérieur un peu retourné en dedans. Le méropodite porte en dessous une dent crochue extrêmement forte. L’ischiopodite est denticulé à son bord inférieur. Longueur totale du corps, 0",082; longueur de la carapace, 0",019; longueur de la main, 0",022 ; longueur de la portion palmaire mesurée à l'articulation du pouce, 0",013 ; mesurée à partir de l'échancrure, 0",008; longueur du carpopodite, 0",013 ; longueur totale de la pince, 0,080; longueur de la pétite pince, 0",040. En Cette espèce provient des côtes du Chili, d’où elle a été rapportée par M. Gay. CALLIANASSA CHILENSIS. — Alph. Milne-Edwards. Ann. des sc. nat., 4° série, t. XIV, p. 302, pl. xvr, fig. 2, 1860. La carapace de cette espèce se termine en avant par un large lobe frontal à bord arrondi, et obscurément trilobé en avant. Les pattes- mâchoires externes sont operculaires ; leur mérognathite est relative- ment aussi élargi que chez la Callianassa subterranea et que chez la €. gi- gas. La main de la plus grosse pince est courte et haute, à bord supérieur mince, mais non cristiforme, à bord inférieur cilié. Le pouce ou dactylo- podite est presque droit. Le carpopodite est notablement plus long que la portion palmaire de la main; il est large, dilaté en arrière et terminé en haut par un bord droit et non contourné en dedans, comme chez la C, californiensis. Le bras est garni sur son bord inférieur d’un prolon- RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 89 gement en forme de crochet pointu, et beaucoup moins développé que chez la €. uncinata et que chez la C. californiensis. L'ischiopodite est lisse. La nageoire terminale de l'abdomen est grande et la lame mé- diane égale les lames latérales. | Longueur totale du corps, 0",078 ; longueur de la carapace, 0",019; longueur de la main, 0",012; longueur de la portion palmaire, 0",007 ; longueur du carpopodite, 0",009; longueur du méropodite, 0",008; longueur totale de la patte, 0",035 ; longueur de la petite pince, 0",030. Cette espèce, comme son nom l'indique, provient du Chili. CALLIANASSA BRACHYOPHTHALMA. Voy. pl. 11, fig. 2 à 24. La carapace de cette espèce s’avance entre les pédoncules ocu- laires, en formant une pointe triangulaire beaucoup plus saillante que chez les Callianassa gigas et californiensis; la région gastrique est très-bombée en avant et fortement pincée en arrière. Les pédoncules oculaires sont courts et très-larges jusqu'à leur extrémité. Les yeux sont gros. Les articles basilaires des antennes internes sont petits ; ceux des antennes externes sont au contraire grêles et assez longs. Les pattes-mâchoires externes sont operculiformes. La plus grosse des pattes antérieures manque chez les deux individus de cette espèce que j'ai entre les mains ; le carpopodite de la pince la plus faible est no- tablement plus long que le propodite entier. La nageoire abdominale est très-développée; la pince médiane est aussi grande que les laté- rales, dont l’interne très-élargi est traversé longitudinalement par une carène. La lame externe est divisée en deux portions, dont l'une, située en dehors, est plus courte que l’autre. La forme du front, des pédoncules oculaires et de la nageoire abdominale caractérisent parfaitement cette espèce. 86 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Longueur totale du corps, 0",066 ; longueur de la carapace, 0",018. Cette espèce provient des îles Chiloé, d’où elle a été rapportée par M. Gay. CALLIANASSA MAJOR. — Say. Crustacea of the Uniled States. dur of the Acad. ss à Philadelphia), t. 1, p. 239. — Milne-Edwards. Hist. nat. des Crust., L, I, p. 31 Cette Callianasse a été décrite en 1818 par Say; mais les caractères qu'il lui assigne ne sont pas exposés avec toute la précision désirable et laissent dans l'esprit beaucoup d'incertitude sur sa détermination spécifique. Dans le Catalogue des crustacés du Musée britannique, M. White a inscrit comme appartenant à cette espèce des pinces trouvées sur les côtes de la Floride, pinces parfaitement caractérisées et remarquables par leur longueur. La main est lisse, beaucoup plus longue que large, aussi longue que le carpopodite ; le méropodite est armé à sa base d’une dent très-forte. D’après la description de Say, la carapace serait pourvue d’une petite pointe rostrale. Les pattes-mà- choires externes seraient très-élargies ; la lame caudale un peu plus petite que les latérales. Longueur de la main, 0",032; longueur de la portion palmaire, 0",024 ; largeur de la main, 0",013; longueur du carpopodite, 0",51; longueur du méropodite, 0",018. Cette espèce habite les côtes est de la Floride. CALLIANASSA PACHYDACTY%XELA. Voy. pl. u, fig. 1 à 44, Par la forme de la carapace, cette espèce ressemble beaucoup à la Callianassa subterranea, mais la forme des pattes-mâchoires externes et RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 87 des pattes antérieures est tout à fait différente. Les premiers de ces appendices sont moins operculaires que d'ordinaire et plus pédiformes ; effectivement, l’ischiognathite et le mérognathite sont plus étroits que chez l'espèce de nos côtes, et les articles terminaux acquièrent un développement considérable; le carpognathite est grêle, tandis qu'au _ contraire le prognathite s’élargit beaucoup et porte un dactylognathite styliforme. Les pattes antérieures du mâle sont très-inégales ; la gauche est de beaucoup la plus forte; la main ou propodite est relativement épaisse, entièrement lisse, terminée en haut par un bord arrondi en avant, comprimée en arrière ; son bord inférieur est très-finement den- ticulé et garni de poils disposés sur deux lignes, l’une suivant exacte- ment la denticulation, l’autre, parallèle à la première, située au-dessus et formée par environ sept ou huit petits bouquets de poils. D'autres faisceaux se voient sur la face externe du doigt immobile et un peu en arrière de sa base; enfin d’autres moins bien fournis existent sur le bord supérieur de la main. Le pouce ou dactylopodite est remar- quablement fort et renflé; il est très-épais dans sa portion supérieure, très-tranchant inférieurement, etterminé par une extrémité aiguë qui dépasse celle du doigt immobile ; ses deux bords sont garnis de bou- quets de poils. Le troisième article ou carpopodite est beaucoup plus court que celui de la Callianassa sublerranea. Chez cette espèce, il égale à peu près la portion palmaire de la main ; chez la C. pachydac- tyla il est plus petit de moitié. La pièce operculaire, qui ferme en dedans cet article, est intimement jointe aux parties voisines. Le mé- ropodite, plus large que chez l'espèce de nos côtes, ne porte pas en dessous, près de sa base, une grosse dent crénelée : dans ce point, son bord se dilate, devient tranchant et denticulé, La pince de droite est beaucoup plus grêle et les caractères distinctifs s'y effacent; cepen- dant, elle peut toujours se reconnaître à la brièveté du carpopodite. Les pattes ambulatoires ne présentent rien de particulier à noter. La nageoire qui termine l'abdomen est bien développée; la lame 88 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. médiane étant de la même longueur que les latérales; elle est plus arrondie à son extrémité postérieure que chez la Callianasse sou- terraine, de plus elle porte près de sa base un petit renflement qui fait suite à un sillon médian. La lame latéro-interne est tronquée en arrière au lieu d’être circonscrite par un bord ovalaire. Longueur totale du corps, 0",052; longueur de la carapace, 0",043; longueur du pouce de la grosse pince, 0",008; longueur de la main entière (les doigts fermés), 0",015; longueur de la portion palmaire, 0",010; longueur du carpopodite, 0",005; longueur du méropodite, 0",008; longueur totale de Ja patte étendue, 0,036 ; longueur de la petite pince, 0",025. Cette Callianasse provient des îles du Cap-Vert, d'où elle à été rap- portée par M. A. Bouvier. CALLIANASSA PETALURA. — Stimpson. Prodromus animalium evertebratorum.… (Proceed. Acad. nat. sc. of Phila- delphia 1860. Sp. n° 362.) M. Stimpson a décrit sous le nom de Callianassa petalura une espèce à laquelle il assigne les caractères suivants : Espèce de petite taille à antennes externes plus de deux fois aussi longues que le corps. Pattes de la première paire semblables chez les mâles et les femelles. Bras de la plus grosse pince court, robuste, garni en dessous d’une forte dent. Carpe plus long que large et beaucoup plus long que le bras; ses bords un peu dilatés et lisses. Main allongée, plus étroite que le carpe. Portion palmaire égalant celui-ci, à surface lisse, à bord inférieur denticulé et cilié ; lamelles caudales petites, lisses, glabres, arrondies, subégales; lame médiane plus large chez la femelle que : chez le mâle, légèrement sinueuse à son bord postérieur. Longueur du corps de Ia femelle, 0",048. Cette espèce provient de Simoda au Japon. RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA,. 89 CALLIANASSA TURNERANA. — White. Proceed, zoolog. Soc. of London 1864, p. 42, pl. vi. La carapace s’avance au-dessus des yeux, en formant un petit rostre tridenté. Le pouce de la grosse pince est obtus, courbé régu- lièrement et présente en dessus trois ou quatre tubercules disposés longitudinalement près de sa base et à côté desquels existent les traces d’une autre rangée de granules. Le bord tranchant est armé de quatre dents, les deux plus grosses basilaires s’unissant à un tubercule in- terne pour former un large lobe saillant. Le doigt immobile est excavé en dessus. La main est lisse en dehors, si ce n’est près de l'articulation du pouce, où elle porte quelques tubercules et des bouquets de poils. Le carpopodite, plus court que la portion palmaire de la main, est lisse; ses bords supérieur et inférieur sont tranchants; son bord pos- térieur finement denticulé. Le méropodite est armé à sa base d'une dent peu développée. La plaque médiane de la nageoire terminale est plus large que longue, trilobée en arrière, le lobe médian dépassant les autres. Deux sillons longitudinaux divisent cette lame en trois par- ties. Les lames latérales externes sont beaucoup plus longues que la précédente ; les lames internes sont petites et rigides. Longueur totale du corps, 0",180; longueur de la carapace, 0",035; longueur de la main, 0,035; longueur de la portion palmaire, 0",025; largeur de la main, 0",023; longueur du carpopodite, 0,013 ; lon- gueur du méropodite, 0,018. Cette espèce provient de la rivière Camaroon (Afrique occidentale), dont elle remonte le cours en nombre prodigieux à certaines époques de l’année. | | 90 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CALLIANASSA ARMAT A. Voy. pl. 1. Par sa taille et par beaucoup de particularités d'organisation, cette espèce doit se ranger à côté de la C. turnerana de White; la carapace se termine en avant par trois pointes, l’une rostrale et mé- diane dirigée un peu en haut, plus forte et plus avancée que les autres, atteignant à peu près à la moitié des pédoncules oculaires ; les deux autres, plus faibles et insérées au-dessus de l’article basilaire des an- tennes. Les pattes-mâchoires externes sont plus allongées et plus pédi- formes que celles de la C. turnerana et de la €. pachydactyla. La main de la plus grosse pince est tout à fait lisse sur ses deux faces, tandis que chez l'espèce décrite par White il existe en dehors, près de l'insertion du pouce, plusieurs tubercules bien marqués. Le bord supérieur est armé dans sa moitié antérieure de trois ou quatre fortes épines acérées et dirigées en avant; le bord inférieur en est dépourvu; il porte des poils disposés comme chez la €. pachydactyla. Le doigt immo- bile est très-tranchant et n’est pourvu que d’une grosse dent près de sa base. Le pouce ou dactylopodite est lisse en dessus. Le carpopodite est plus court que la portion palmaire de la main, son bord supérieur est inerme, son bord inférieur est hérissé d’une série d'environ huit dents très-aiguës. Le méropodite est dépourvu de dent basilaire, mais il porte trois fortes épines sur son bord supérieur et cinq environ sur son bord inférieur. L'ischiopodite est également épineux en dessous. La petite pince grêle et très-allongée ressemble beaucoup à la. grosse pince par la disposition et le nombre des épines. La nageoire terminale est remarquable par la petitesse de la lame médiane, dont le bord postérieur est arrondi et légèrement sinueux. Les lames internes, bien qu'au moins doubles de la précédente, sont beaucoup plus courtes que les externes ; elles sont étroites, traversées RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA, nm longitudinalement par une crête mousse et terminée par une extré- mité rétrécie. Les lames latéro-externes sont assez grandes et res- semblent beaucoup à celles de la €. turnerana; leur portion externe est très-courte et située sur un plan supérieur à l'interne, mais elle est complétement inerme en dessus. Chez la C. tridentata, décrite par M. Von Martens, le front est éga- lement tridenté, mais les pattes antérieures ne sont pas épineuses. Chez la €. mucronata de Strahl il en est de même, et de plus le front ne présente qu’une seule pointe rostrale. Il est bon de noter que chez ces deux espèces, de même que chez la €. turnerana, la lame médiane de la nageoïire est beaucoup plus petite que les lames latérales. L'es- pèce de l'Afrique occidentale, décrite par White, se distingue nette- ment de la nôtre par l'absence d’épines sur les pinces. La couleur des pinces de la Callianassa armata est chez les indi- vidus séchés ou conservés dans l’esprit-de-vin d’un rouge orangé très- brillant, mélangé de teintes jaunes plus claires. Les pattes ambulatoi- res sont jaunes et toutes les portions solidifiées des téguments repro- duisent à peu près les mêmes teintes. Longueur totale du corps, 0,125 ; longueur de la carapace, 0,035; longueur du pouce de la grosse pince, 0,015; longueur de la main entière, 0,028; longueur de la portion palmaire, 0,018; longueur du carpopodite, 0,011; longueur du méropodite, 0,045; longueur totale de la patte étendue, 0,062 ; longueur de la petite pince, 0,050. Cette espèce provient des îles Viti. CALLIANASSA BREVICAUDATA. Voy. pl. n, fig. 2, 2* et 2 Cette espèce se caractérise très-nettement par la forme du front et de l'abdomen. La carapace est terminée en avant par une petite 92 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. pointe rostrale aplatie, mais il n’existe pas d’épines au-dessus de l’ar- ticle basilaire des antennes externes, ce qui sépare nettement cette espèce de la C. armata. La carapace s’avance simplement en forme de lobe triangulaire entre les yeux et la base des antennes. Les pattes- mâchoires externes sont pédiformes. Les pattes antérieures manquent sur l’exemplaire qui sert de type à cette description. L’abdomen se termine par une nageoire très-analogue à celle des €. turnerana et ar- mala, mais la lame médiane est plus courte, plus large et terminée en arrière par un bord presque droit; en dessus elle est bombée et tra- versée par un sillon pilifère et transversal qui existe vers la moitié de sa longueur. Les lames latérales sont à peu près disposées comme celles de la Callianassa armata. | Longueur totale du corps, 0,040; longueur de la carapace, 0,040. Cette Callianasse provient des côtes de Zanzibar, où elle a été re- cueillie par M. L. Rousseau. CALLIANASSA LONGIVENTRIS. Cette espèce, à peine plus grande que la Callianassa subterranea, s'en éloigne beaucoup par ses principaux traits d'organisation, pour se rapprocher davantage de la Callianassa armata. Le carapace est re- lativement petite et terminée par une pointe rostrale grêle et aiguë, qui s’avance horizontalement, et atteint presque jusqu’à l'extrémité des pédoncules oculaires, dont la cornée est terminale. Deux autres très-petites pointes existent au-dessusde l’article basilaire des antennes externes. La main de la plus grosse pince est entièrement lisse, dépourvue de tubercules et d’épines, et limitée en haut et en bas par un bord cristiforme extrêmement tranchant, le long duquel il n’y a que des poils très-rares. Le pouce ou dactylopodite porte en dessus une crête RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 93 qui continue celle de la main; il est garni de trois séries de bouquets pileux dont deux internes et un externe. L'index en présente égale- ment. Le troisième article ou carpopodite n’est pas tout à fait aussi long que la portion palmaire de la main; ses bords, supérieur et inférieur, sont droits, très-aigus et inermes. Le méropodite ne porte pas de prolongement basilaire, mais il est hérissé en dessous d’une série de petites épines dirigées en avant ; des épines analogues arment aussi le bord inférieur de l’ischiopodite. Les pattes-mâchoires externes sont subpédiformes et ressemblent beaucoup à celles de la €. armata. L'abdomen est très-long ; le deuxième a anneau est surtout extrê- mement développé. La nageoire terminale est disposée à peu près comme chez la Callianasse armée, mais la lame médiane est plus élar- gie en arrière, où elle est obscurément trilobée. Si l’on considère la brièveté de la nageoire abdominale et la dis- position des pattes-mâchoires externes on voit que cette espèce doit se ranger à côté des Callianassa turnerana, armata, Bocourti et brevicaudata; mais elle se distingue nettement par la forme du septième article abdominal et de la grosse pince. L'absence d’épines ou de tubercules sur la main le séparent de la C. turnerana et de la C. armata. Chez la C. Bocourt les lames latéro-internes de la nageoire caudale et les an- tennes internes sont très-différentes ; enfin chez la €. brevicaudata le dernier article de l'abdomen est plus large à son extrémité posté- rieure. Longueur totale du corps, 0,047; longueur de la carapace, 0",041 ; longueur du pouce, 0",004 ; longueur de la main, 0",009; longueur de la portion palmaire, 0",005; longueur du carpe, 0",0045; longueur totale de la patte, 0",022; longueur de la petite pince, 0",018. Cette espèce habite les côtes de la Martinique. 9, NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CALLIANASSA MUCRONAT A. — Strabhl. Jonatsbericht der Berliner akademie 1864, t. XXVI, p. 1056. M. Strahl n’a eu de cette espèce que de très-jeunes individus, dont le plus grand, privé de pattes antérieures, n’avait environ que trois centimètres, l’autre deux centimètres, de telle sorte qu'il est pro- bable que les particularités fournies par les pinces peuvent se modi- fier par les progrès du développement. Chez cette Callianasse, le front est armé d’une petite pointe rostrale, ayant la moitié de la longueur des pédoncules oculaires; cette pointe est lisse en dessus et non com- primée latéralement, La main est inerme et garnie de poils; le bras est lisse, grêle et sans crochet sur son bord inférieur, qui est aigu. Les doigts des pinces sont pointus et de la longueur de la main. La pièce médiane de la nageoire terminale est beaucoup plus courte que les pièces latérales. Cette espèce provient des iles Philippines. CALLIANASSA TRIDENTAT A. — Von Martens. Uber einige neue Crustaceen. (Monatsbericht der Akademie zu Berlin 1868, p. 614.) La carapace est armée en avant de trois épines pointues, l’une médiane et deux latérales, de moitié plus petites. La main est lisse et aussi large que le carpe; ce dernier est un peu plus court que la portion palmaire de l’article précédent. La nageoire terminale est semi-circulaire, fortement poilue sur son bord externe, qui est plus plus élevé que l’interne. La lame latéro-interne est petite, en forme de lancette, et ne porte de poils qu’en dedans; elle recouvre la moitié RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 95 de l'autre et présente en dessus parallèlement à son bord postérieur, un appendice garni de poils ayant l'aspect d’une troisième nageoire plus petite appliquée sur les autres. La lame médiane est très-courte et garnie de poils en arrière, où son bord est simple et arrondi. Longueur totale, 0",052 ; longueur de la carapace, 0",024. Cette espèce provient de Java. CALLIANASSA BOCOURTI. Le seul individu de cette espèce que j'ai pu examiner était privé des pattes de la première paire, mais il est si nettement caractérisé par la disposition de la carapace, des antennes et de la nageoire abdomi- nale qu'il est très-facile à distinguer. Le front est formé par une pointe rostrale petite et très-aiguë, qui s’avance au-delà des cornées oculaires ; il n'existe pas de dents latérales comme chez la C. armala et la C. longiventris. Les pédoncules ophthalmiques sont très-aplatis, très-courts, et l'œil se trouve placé à leur base, tout près du bord de la carapace. Le troisième article des antennes internes est remarquable- ment long, beaucoup plus long que la tigelle mobile; ainsi sur l'exemplaire que j'ai entre les mains il mesure 0",011 , la tigelle mo- bile ayant 0",009, et le premier et le deuxième article n'ayant que 0",006. Les antennes externes ne présentent rien de remarquable à noter: elles sont plutôt grêles. Les pattes-mâchoires externes sont pé- diformes, mais un peu plus élargies et plus développées que celles de la C. armata; leur prognathite est grand, tandis que le dactylogna- thite est comparativement très-petit. L'abdomen est peu allongé et se termine par un article plus large que long, remarquablement court et profondément trilobé à son bord postérieur. Les lames latéro-internes sont extrémement petites, dures, assez épaisses, et ne portent que trois bouquets de poils. Les lames 96 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. latéro-externes sont peu développées, bien qu’elles dépassent beau- coup les précédentes. Leur portion interne est excavée en dedans, ar- rondie en dehors et frangée de poils; leur portion externe est petite, plus élevée que la précédente, à laquelle elle se rattache en dehors par une surface inclinée couverte de poils serrés. Lorsque l’on compare cette espèce à la Callianassa subterranea ou aux C. gigas et californiensis, on y trouve de telles différences, que l'on serait tenté de former pour elle une division générique spéciale, caractérisée par la longueur du pédoncule des antennes internes et par la forme de la nageoire terminale de l'abdomen; mais sous ce rap- port, on observe tous les passages d’une forme à l’autre, et ces passages nous sont fournis par la Callianassa turnerana et par la C. armata. Peut- être cependant, lorsque l’on connaîtra les pattes de la première paire, y trouvera-t-on des particularités qui, jointes à celles que je viens de signaler, autoriseront l'établissement d’un genre nouveau. Longueur totale du corps, 0",10 ; longueur de la carapace, 0",0425. Cette espèce a été recueillie par M. Bocourt sur les côtes de l'océan Pacifique, à la Union. Li Je joins à cette description des Callianasses vivantes celles de quelques espèces fossiles qui ont été découvertes depuis la publica- tion de ma monographie des Thalassiniens. L'une d’elles provient des environs de Paris ; elle a été recueillie par M. Bureau en 1867, au Trocadéro, dans une petite couche subordonnée au calcaire grossier, formée par des eaux saumâtres et très-riche en empreintes végé- tales, La seconde espèce a été rapportée du royaume de Siam par M. l'abbé Larnaudie; elle avait été trouvée à une grande distance de la mer, en creusant pour l'établissement d’un canal. La troisième a RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA. 97 été recueillie dans les sables miocènes de Saint-Paul. aux environs de Dax. CALLIANASSA MAXIMA. Voy. pl. 1, fig. 5, 5° et 5. Les seules pièces connues de cette espèce sont des pinces appar- tenant à la plus forte des pattes antérieures. Elles sont remarquables par leur taille énorme, qui dépasse de beaucoup celle des pinces des plus grands Callianasses connues; elles mesurent plus de 6 centimètres de longueur, bien qu'elles soient courtes relativement à leur hauteur qui est de 3 centimètres 1/2. La face externe est couverte de petites granulations arrondies et régulières, qui deviennent plus fines et s’effacent complétement vers le bord, et surtout vers l'angle inférieur. Elles disparaissent aussi dans la partie supérieure de la main; elles sont au contraire plus fortes près de la base des doigts; on remarque, même au point où l'index se dé- tache de la main, une série longitudinale d'environ sept gros tuber- cules. Le bord inférieur est fortement denticulé et surmonté sur chaque face d’une ligne parallèle de fines granulations. Le bord supé- rieur est mince et denticulé en arrière, lisse et arrondi en avant. La face interne est uniformément couverte de petites granulations qui deviennent plus fortes près de la base de l'index. Ce dernier est lisse sur ses deux faces et dépourvu de denticulations sur son bord préhensile. Le pouce porte des granulations près de sa base, en de- hors, en dessus et en dedans; il est lisse dans le reste de son étendue; son bord préhensile est armé de deux grosses dents basilaires très- rapprochées, séparées par un espace lisse d’une autre dent très-proé- minente placée vers son milieu. Cette dent est séparée par un autre espace lisse d’une série de très-petites denticulations régulières, qui VI 13 98 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. diminuent graduellement en s’approchant de l'extrémité. Celle-ci est pointue et fortement courbée. On retrouve sur ces pinces les orifices desquelles sortaient les bouquets de poils si caractéristiques des Callianasses ; il en existe trois séries sur le pouce : l’une inférieure située sur la face externe et pa- rallèle au bord préhensile, les deux autres placées de chaque côté du bord supérieur. On en remarque aussi trois sur l'index, l’une infé- rieure, les deux autres supéro-internes ; en outre, quelques faisceaux de poils devaient exister sur sa face interne. On remarque d’autres orifices de même nature le long des bords supérieur et inférieur de la main, ainsi que sur la face externe en arrière de la base du pouce. Ainsi que je l'ai dit plus haut, ces pinces de Callianasse ont été trouvées à Siam en creusant un Canal, à une assez grande distance de la mer; mais leur aspect démontre qu’elles ne datent pas d’une époque très-ancienne. Elles sont admirablement conservées, toutes les saillies. les moindres granulations sont aussi nettes que sur les Callianasses ac- tuelles. Leur couleur est d’un violet foncé sur lequel les granulations se détachent en blanc. Peut-être découvrira-t-on un jour que cette espèce vit encore sur les côtes de Siam, car il est probable que les alluvions dans lesquelles elle a été trouvée sont relativement peu an- ciennes et analogues à celles qui existent sur certains rivages des mers de Chine et de l’océan Indien, où on a rencontré à l’état fossile des espèces de crustacés qui aujourd’hui vivent encore dans les mêmes mers, tels que la Scylla serrata et l'Ixa canaliculala, à côté d’es- pèces inconnues aujourd'hui, telles que le Macrophthalmus Lalreiller. RÉVISION DU GENRE CALLIANASSA, 99 CALLIANASSA PARISIENSIS. Voy. pl. u, fig. 3. Je ne connais de cette espèce que des pattes antérieures prove- nant du Trocadéro et qui ont été écrasées entre deux lames d’une ar- gile grise et par places légèrement ferrugineuses. La main de cette espèce est trapue et forte, lisse en dehors et en dessus; le bord supé- rieur est très-légérement arqué, le bord inférieur presque droit. Le pouce ou doigt mobile est gros, courbé et un peu plus long que l'index ou doigt immobile ; il porte quelques dentelures près de sa base et se termine par une extrémité pointue. Le carpe, autant qu'on peut en juger par l'empreinte qu'il a laissée, est plus court que Ja portion palmaire de la main; on voit aussi le bras, mais sans en dis- tinguer les détails. La petite pince paraît beaucoup plus grêle, mais presque aussi longue que la grosse. Cette espèce ne devait pas être rare à l’époque du dépôt de ces couches argileuses, car sur une seule plaque d’un décimètre de côté. j'en ai trouvé des débris appartenant à quatre individus différents. Cette espèce est de beaucoup plus grande taille que la Callianassa aflinis qui à été trouvée dans les couches du calcaire grossier de Parnes; elle se distingue facilement de la €. prisca, découverte aux environs de Gisors, dans les mêmes couches, par M. E. Chevalier, à cause de la brièveté comparative de la portion palmaire de la main; les denticulations du pouce sont aussi beaucoup plus faibles. La €. macrodactyla, propre aux sables de Beauchamp, est remarquable par la longueur du doigt mobile, qui se termine par une extrémité obtuse. Enfin la C. Heberti, qui abonde dans les couches que je viens de citer. présente au-dessus de l'index une échancrure profonde que nous ne retrouvons pas chez la Callianasse du Trocadéro. 100 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Longueur de la main, 0",017; longueur de la portion palmaire, 0",010 ; hauteur de la main, 0",009. CALLIANASSA CRASSA. Voy. pl. 11, fig. 4, 42, &b et 4e, Les pinces de cette espèce se rencontrent assez fréquemment dans les sables calcaires des environs de Saint-Paul, près de Dax; elles se reconnaissent de celles de toutes les autres espèces du même genre à cause de leur épaisseur. La main estlisse, relativement très-convexe et surmontée par un bord arrondi en avant, mince en arrière. Le bord inférieur est cristiforme, tranchant et légèrement contourné en de- dans. Le doigt immobile est extrêmement gros, court et épais à sa base. Sur les exemplaires bien conservés on remarque une dent pointue qui naît à peu de distance de la main et se dirige en avant. Pour peu que l'échantillon soit usé, cette dent disparaît. La petite pince est peu allongée et présente à peu près la même forme que celle de l'adulte. Longueur de la main, 0",013; longueur de la portion palmaire, 0",009 ; hauteur de la portion palmaire, 0",008. 101 SA. REVISION DU GENRE CALLIANAS “VLYNOWINX “LLHNO900G “YVRVHANUAL “VLVINSQIEL SIHLNHAIONO"T “VLVRUY *VLVONVOLAAUG *SISNATIHS) *VINIYHLHdOAHOVUE *VIALOVAAHOVd l‘YNYRIONOT “VIN VAUX ALINS *SVOID) "VHNTIVLIA “AOTVN *VLYNION(] "SISNSINHOAl'IVT) "2 "9 "9 pe) 9 eçe1so1 equrod ayuod eun ‘IeUIOU SOLIeQUL SSUUSQUE sop 2[)IIE eWAISIOIT ‘equrod epnes eun ivd QguuiO] e13S0Y oçensoz ejui0d 8710} eun “SuOj-S91} SOUIOJUL SOUUOUE sep e[21HU OMeISIOI CREER TE TT EE D oh, ei Li bd srnrentetses: *QULIOUI SIG ‘OSSI UtUN | ss sn0sS0p Uo xnourdg sv1q | “SOULIQUL 0d189 J2 UIEN ‘snossop u9 19 SNSSOP U9 OQU9ILI VIEN -Id9,p euro} uo sojux ge] sojuiod xnop so'T sussop uo xnourdo ed1v9 J8 ue sortepn#uet seqor sed op ew10} e] JUCJ20pe se[eigqe] sojuiod xnop s97T “onbrurequdo-sus eyensoz equrod oan 1ed gn}1su00 juoxy *saireu -Uojue-sns soxne so] ‘onbru =eurqdo-sns eun,] ‘sojurod s101} op jueae uo oguie oovdeit) gqou Anongque p10q & Je ete oqoy un 1ed pnSUO00 JUOIH peresteest nette te +" MOMQUE PIOQ UOS y PIUTIP Juemodus ‘e1e]ISEQ Juep ep nAIMOdYP SI ss. ons “apddotoa9p \ -UO[-S91} UIUN }uorq outiseq “edivo np “uw eçenb | ..gpmoo ue | JU9P E HnOo se An981ET 1 ep inon$uoy eu ; sexdnedeuren { -ou ep no 31 **'o1qmJ-sQ1) JU9p Y SUOT-SQ SUIY -ed snyd ediv) ‘ole] odivo ej enb 9710179 snyd dnoonveq uren -Iseq uoriod Es SUEP 7049 Jlo1p aneugdns pioq v odie) F ae ep eu0 se XOPUIT 9P À ue up oun,p snssop-ne opuoyoid e1n49 “UIUU e] ep namod sui -u2499 eun ‘NY2019-S91) 89004 pee Te eumed y onb queuanoyer es mou puru8 surd edie9 DM ETS -gdns pioq v edie) -sap ne epuoyoid exnioueyo -9,p sed ‘yro1p onbsoid eonog SJINO9-S91} XNO4 | -soddojoA -gp uelq xno4 ‘xn0 So] 01) -u9 oju10d ue nod un queÿ -UVARS JUOIX 'SALNVAIA SASSVNVITIVO SIG SAUALIVAVI XAVdIONIUd SAQ AVATIAVE \ ns. ‘euino9 JueUum op OuvIpou AUET “egddor -2A9P uelq atep -N29 011008eu e] op OuvIpout OUT EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. . A. Callianassa armata (Nov. sp.}, des îles Viti, de grandeur naturelle. . 2. Portion antérieure de la carapace, grossie et vue en dessus . 3. Face sternale, de grandeur naturelle. . 4. Nageoire caudale, vue en dessus. . 5. Antenne interne, grossie. 6. Grosse patte de la 1r° paire, vue par sa face externe. . 7. Face interne de la même. . 8. Patte de la 2° paire, grossie. g. 9. Patte-mâchoire externe, grossie. g. 40. Portion terminale de Ja patte de la 3° paire, grossie. PLANCHE Il. . 4. Callianassa pachydactyla (Nov. sp.), provenant des îles du Cap-Vert, de grandeur naturelle : = Carapace, vue en dessus et un peu un . Patte-mâchoire externe. c, Antenne interne. ; . Patte de la 4'° paire du côté gauche, vue en dehors. . 4°. Nageoire caudale, vue en dessus. . 2. Carapace de la Callianassa brevicaudata (Nov. sp.), de Zanzibar, vue en dessus el grossie, . 2. Nageoire caudale, vue en dessus et grossie. . 2, Patte-mächoire externe, grossie. . 3. Callianassa parisiensis (Nov. sp.), du terrain éocène du Trocadéro, près Paris, de grandeur naturelle. . 4. Callianassa crassa (Nov. sp.), des faluns de Saint-Paul, près Dax. Pince vue par sa ace externe, de grandeur naturelle. . &s, La même grossie. &b. Une autre pince sur laquelle la dent basilaire du doigt mobile est conservée. . &°. La même, grossie. . 5. Callianassa maxima (Nov. sp.), du royaume de Siam. Pince vue en dehors, de gran- deur naturelle. 5+. Face interne de la même. * Portion articulaire postérieure de la même. MÉMOIRE LES FORMES CÉRÉBRALES PROPRES AUX CARNIVORES VIVANTS ET FOSSILES SUIVI DE REMARQUES SUR LA CLASSIFICATION DE CES ANIMAUX PAR M. PAUL GERVAIS Il a déjà été publié des remarques importantes au sujet du cer- veau des mammifères carnivores‘, et ces remarques ont conduit à reconnaître qu'il se distingue de celui de tous les autres animaux de la même classe par des caractères faciles à saisir. Cependant, si l'on peut dire avec Leuret que l’encéphale des carnivores représente « un type particulier ?, » il s’en faut de beaucoup qu'il ait toujours une 1. R. Owen, Anatomy of the Cheetah (Felis jubata), Trans. zool. Soc. London, 1. T, p- 129, pl. xx; 4833. — Leuret, Anat. du syst. nerv., t. I, p. 373-383, pl. 1v-vr; 1859. — G.-F. Cuvier et Laurillard, Leçons d'anat. comp. de G. Cuvier, 2° édit., t. III, p. 93; 1845. — Dareste, Circonvolutions du cerveau chez les Mammifères; Ann. sc. nal., &* série, t. III, p. 73, pl. u et 111; 4855. s 2. Loc. cil., p. 461. 101 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. apparence identique. En le comparant de famille à famille, sans sortir de l'ordre qui va particulièrement nous occuper dans ce troisième mémoire, et, pour une même famille, en passant d’un genre à un autre genre, ou, dans un même genre, d’une espèce à une autre espèce, on s'aperçoit bientôt que, sans perdre ses caractères généraux, l’encépale offre un certain nombre de particularités secondaires variables en importance suivant la valeur des groupes que l’on étudie, et susceptibles de fournir à leur tour des indications précieuses pour la classification. Le cerveau des carnivores est assez volumineux relativement à la taille de ces animaux, et sa masse varie avec celle de leur corps. Il à toujours les lobes olfactifs considérables et, dans certains cas, très-saillants en avant du bord antérieur des hémisphères. Ces lobes se rattachent d’ailleurs par une large bande à la grosse saillie mammiforme placée inférieurement de chaque côté de l’infundibulum, en avant des pédoncules cérébraux, et que Leuret appelle la circon- volution inférieure ou interne. Outre cette circonvolution, on remarque aussi à la partie infé- rieure des hémisphères cérébraux, un espace dont la forme est irré- gulièrement demi-circulaire et dont le bord convexe est limité par les tractus olfactifs ainsi que par la circonvolution qui vient d’être men- tionnée. D'ailleurs les hémisphères sont toujours marqués de plis dis- tincts séparant des circonvolutions faciles à observer. Ce caractère persiste même chez les plus petites espèces de la tribu des Mustéliens, malgré l’exiguité de leurs dimensions comparées à celles de certains animaux des autres ordres chez lesquels les circonvolutions font ce- pendant défaut ou sont à peine indiquées, comme le Lapin, l’Ornitho- rhynque, ainsi que beaucoup de marsupiaux ou de rongeurs. La Be- lette elle-même a des circonvolutions bien marquées. Du bord externe de la circonvolution inférieure, que nous appel- lerons sphéno-temporale, naît un pli profond qui représente la scis- FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 105 sure de Sylvius. Ce pli est logé dans une circonvolution en arceau occu- pant la partie latérale inférieure des hémisphères et qui présente deux branches, l’une antérieure à la scissure, l’autre postérieure. Ainsi que nous l'avons fait précédemment, nous donnerons à celte première cir- convolution de la face convexe des hémisphères le nom de circonvolu- tion sylvienne, et nous appellerons circonvolution de la faux une cir- convolution séparée de celle-là par un ou deux autres arceaux qui vont également d'avant en arrière en suivant la face convexe des hé- misphères et en se superposant à la circonvolution sylvienne. La suite de ce mémoire nous permettra d'aborder d’autres détails relatifs à la même partie de l’encéphale. La face plane des hémisphères, celle par laquelle l'hémisphère droit s'applique sur l'hémisphère gauche, au-dessus du corps calleux, et qui se souderait avec lui sans l’interposition de la faux, présente un sillon qui sert de limite interne à la circonvolution la plus rapprochée ou circonvolution supérieure de la face convexe des hémisphères, et borde lui-même en dessus une circonvolution ici distincte des précé- dentes, qui devient la véritable cireonvolution de l'ourlet, aussi nommée circonvolution du corps calleux. Vers le tiers ou le quart antérieur de chaque hémisphère, ce sillon quitte la face interne qui regarde la faux, pour remonter sur la face supérieure où convexe, et il pénètre dans la masse de la circonvolu- tion de la faux, aussi appelée circonvolution latéro-supérieure, pour séparer en avant la partie de cette dernière à laquelle Leuret donne le nom de circonvolution frontale. Le même sillon, qui est tantôt oblique, tantôt transversal, forme ce que cet auteur appelle le sillon crucial, lequel sillon manque rarement. Leuret distingue encore, entre la ligne externe de ects des tissent tles tractus olfactifs et la surface à laquelle ab circonvolutions ou arceaux de la partie latérale et connexe des hémi- sphères, un espace auquel il donne le nom de circonvolution sourci- VI. 14 106 NOUVELLES ABCUIVES DU MUSEUM. lière. Cette circonvolution est placée latéralement sur la partie anté- rieure et proéminente des hémisphères; elle recouvre en partie le tractus olfactif. Il peut exister aussi des sillons de séparation et par suite des cir- convolutions secondaires sur la face postérieure des hémisphères. face par laquelle ces derniers reposent sur le cervelet et tendent à recouvrir sa portion antérieure; mais ces circonvolutions ont une moindre importance que celles de la portion convexe. Nous avons déjà dit que ces dernières existaient chez tous les carnivores. Dans aucun de ces animaux il n’y en a moins de trois pour chaque côté; dans certains cas elles sont au nombre de quatre ; ailleurs elles semblent offrir une complication plus grande encore, ainsi que nous le verrons à propos des Mangoustes. Les détails de leur surface peuvent aussi présenter des degrés différents de dispo- sition. Il arrive, par exemple, que, dans le cas où il y a plus de trois étages de ces circonvolutions externes, l’une d’elles est moins déve- loppée que l’autre sur une partie de sa longueur et tend à se réduire de moitié; qu’elle se confond d’une manière plus ou moins complète avec la branche correspondante de la circonvolution voisine; qu'elle com- munique avec celle-ci par une sorte d’isthme plus ou moins élargi”; qu'elle se bifurque, ou bien encore qu’elle présente une tendance au dédoublement par l'apparition sur le milieu de sa longueur de sillons interrompus qui en commencent la division en deux. Bien qu’il nous soit le plus souvent impossible de reconnaitre la valeur physiologique de ces différentes dispositions des circonvolutions cérébrales, nous ne devons pas négliger de les étudier parce que, malgré quelques irrégularités accidentelles, elles sont caractéristiques des espèces ou des groupes d'espèces chez lesquels on les observe. 1. Ce qne l’on appelle une circonvolution de passage. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 107 On doit en outre supposer qu’elles sont en rapport avec les aptitudes intellectuelles propres aux animaux qui les présentent. Les tubercules quadrijumeaux des carnivores ne sont visibles que si l’on écarte artificiellement la partie postérieure des hémisphères de la face antérieure du cervelet sur laquelle cette partie se trouve appli- quée, tout en en étant cependant séparée par une voûte osseuse qui répond à la tente des autres mammifères ici ossifiée. Quant au cervelet, il est plus à découvert chez certains genres et moins au contraire chez d’autres, mais il ne l’est jamais compléte- ment. La proportion de son vermis et de ses masses latérales n'est pas non plus constante. Il peut arriver que le premier soit plus large que d'habitude, ce qui paraît coïncider avec un moindre prolongement de la partie postérieure des hémisphères au-dessus du cervelet, ou qu'il reste au contraire de grandeur ordinaire. L'hyénodon ', genre fossile qui tient à la fois des Félis et des Hyènes, est dans le pre- mier cas. Du cerveau des Canidés. Les carnivores appartenant à la même division que le chien, c’est-à-dire les Canidés, ont toujours quatre circonvolutions antéro- postérieures, placées en étages sur la face convexe des hémisphères cérébraux *. La première, qui fournit la scissure de Sylvius par la séparation de ses deux moitiés antérieure et postérieure, est celle que nous avons appelée circonvolution sylvienne ou première circonvolution ; c’est la 1. PLV RE E. 2. PI. vir, vu et 1x. 108 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. plus extérieure des quatre. Elle forme un arc en ogive plus ou moins penché en arrière etson étendue est assez considérable, quoique néces- sairement inférieure à celle des trois autres, puisque son sillon interne de séparation est bien distinct de ces dernières et qu'il a ses origines antérieure et postérieure bien accusées vers les points où cette cir- convolution se joint d’une manière plus ou moins complète, en avant avec la seconde et la troisième, et en arrière avec la seconde. La deuxième circonvolution ou l'intermédiaire inférieure suit le contour interne de la précédente et est également séparée de celle qui la surmonte, c’est-à-dire de la troisième, par un sillon nettement tracé. _ La troisième circonvolution ou l'intermédiaire interne présente un caractère particulier dans le dédoublement de sa partie postérieure, dédoublement qui est constant chez les carnivores de la division des Canidés. Leuret l'a déjà signalé dans le Renard (Vulpes vulgaris), pris par lui pour type cérébral de ce groupe, ainsi que dans le Loup (Canis lupus) et dans le Chien (Canis familiaris), trois espèces dont il figure le cer- veau dans son atlas ‘. M. Dareste l’a également représentée dans l’Isatis (Canis lagopus)*. J'en constate de mon côté l'existence chez le Canis campestris, Où C. jubatus, type du genre Chrysocyon d'Hamilton Smith ; chez le Canis simensis (genre Simenia, Gray) *; chez le Cuon primœvus ; chez les Chacals (genre Lupulus, Blainv.), ainsi que chez la prétendue Hyène peinte de Temminck (Canis pictus, Desm.), espèce tétradactyle qui a servi à l'établissement du genre Cynhyœæna, F. Cuv., ou Lycaon, Brooks. Le système dentaire de la Cynhyène ainsi que tous les autres caractères de cette espèce doivent en effet la faire rapporter à la fa- mille dont nous parlons en ce moment. Je me suis assuré qu'il existe aussi une scissure postérieure à la 4, Loc. cit., pl. tv. 2. Loc. cit., pl. nu, fig. 41. 3. Catal., 1869, p. 492. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 109 troisième circonvolution dans le Fennec (Fennecus cerdo), dans le Cor- sac (Vulpes corsac) et dans l’Otocyon ou YWegalotis Lalandui. I m'a été jusqu'ici impossible d'en vérifier la présence sur aucun Canidé fossile, mais les pièces qui existent dans plusieurs collections rendront cette constatation facile. Il serait particulièrement curieux de la faire sur les Amphicyons, dont les affinités avec les carnivores de cette famille ne me paraissent pas douteuses, malgré la perforation du condyle interne de leur humérus. La diversité de la taille des différentes espèces de ce genre et l’ancienneté de l’époque pendant laquelle elles ont vécu ajouteront à l'intérêt de cette vérification. L'examen du Pseudocyon, genre éteint, également propre au miocène européen, n'est pas moins désirable, et il en est de même pour Ffcti- cyon, canidé actuellement vivant dans l'Amérique méridionale, dont on retrouve des débris fossiles dans les cavernes de la même région. Dans les espèces de faible taille, comme le Mégalotis, le Corsac, le Fennec ou l'Isatis, les circonvolutions de la face convexe du cer- veau ou circonvolutions en étages ne sont point ondulées sur leur trajet et elles restent simples par absence de tout sillonnement par- tiel de leur surface. Dans les Renards, qui sont des animaux un peu plus forts, on voit déjà quelques courtes impressions linéaires sur la partie antérieure de la circonvolution qui longe la faux, et les sillons de séparation commencent à onduler un peu, mais leur aire frontale reste habituellement lisse. Au contraire, chez les espèces de forte taille, il n'en est plus ainsi, et, à partir des Chacals, on constate une certaine diversité sous - Ce rapport. Les Loups des différents sous-genres, le Cuon, la Cynhyène et les Chiens domestiques de toutes races ont les circonvolutions en étages sensiblement ondulées; leurs aires frontale et sus-orbitaire présentent des sillons partiels comme burinés à leur surface par de courts sillons, et il existe de semblables sillons partiels sur le trajet 110 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. des circonvolutions principales, ce qui complique d'autant le système de leurs plis cérébraux. Les fœtus de ces carnivores ont d’ailleurs le cerveau plus simple que les adultes, et, sous ce rapport, il y a chez les plus grands Cani- dés une gradation des âges qui répète à certains égards la série même des espèces de cette famille. Les fœtus des espèces plus grandes ne présentent que d’une manière transitoire et passagère la simplicité des circonvolutions, qui est, au contraire, permanente pour les petites espèces dont nous avons parlé en premier lieu. Ici encore la série des tailles propres à ces différentes espèces coïncide donc, dans cer- taines limites, avec l’ordre de leur classement, et, si l’on veut passer des moins parfaites à celles qui occupent un rang plus élevé, il faut partir des plus petites, qui sont aussi celles dont le cerveau est . le moins compliqué, pour arriver aux plus grandes, dont les circonvo- lutions offrent une complication plus réelle. Les Félidés nous fourni- ront des faits analogues, et l’on peut dire qu'il en est ainsi de la plupart des autres familles de mammifères, quel que soit l’ordre auquel elles appartiennent. Pour un même groupe d’animaux, la perfection de l'organisme croît habituellement avec la taille, et la supériorité des caractères cérébraux suit,dans certaines limites, cette gradation. Dans le choix des espèces de grands Canidés dont j'ai examiné les cerveaux en nature, ou fait mouler la cavité crânienne, j'ai eu en vue non-seulement la confirmation du type cérébral caractéristi- que de ces animaux, mais aussi leurs particularités différentielles. La recherche des origines du Chien domestique qui offre tant d'intérêt, mais est encore si peu avancée, m'a aussi préoccupé dans cette cir- constance. En traitant de ce précieux animal dans son Histoire naturelle, Buf- fon ‘ fait remarquer combien il est difficile de saisir «le caractère de LT. pass. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 111 la race primitive, de la race originaire, de la race mère de toutes les autres races », et, après avoir reconnu dans certains chiens redevenus sauvages une grande ressemblance avec le Chien de berger, il en con- clut que «le Chien de berger est la souche de l'arbre ». Mais d'où vient de son côté le Chien de berger? Voilà ce que le grand natura- liste ne recherche pas, et pour lui l'apparition de ce premier type de tous les Chiens domestiques répandus sur tous les points du globe reste aussi obscure que celle des animaux sauvages eux-mêmes ; c'est donc une espèce au même titre que toutes les autres. Linné, G. Cu- vier, F. Cuvier‘ et de Blainville ? sont aussi de l'avis que tous les Chiens domestiques ne constituent qu’une seule espèce, et c'est à cette espèce que le premier de ces grands naturalistes a donné le nom de Canis familiaris. Tous les auteurs ne sont pas restés dans cette prudente réserve, et, il faut bien le reconnaitre, si la discussion du grand problème de l’origine de nos animaux domestiques exige une comparaison plus approfondie de leurs races pures avec les types sauvages dont on peut les supposer issus, l'appréciation des rapports que leurs espèces mêmes ont entre elles et celle des affinités respectives des groupes naturels auxquels ces espèces appartiennent nous sont commandées par le crédit qu'ont trouvé auprès de beaucoup de naturalistes ac- tuels les idées transformistes que Buffon n'avait pas craint de lancer le premier dans la science. Guldenstaedt et après lui Pallas ont admis que le Chien des- cend du Chacal (Canis aureus, Linné), et cette manière de voir, particu- liè&rement combattue par F. Cuvier', a été successivement accueillie par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que par mon savant collègue M. de Quatrefages. Une autre opinion, dont Erxleben et Blumenbach paraissent avoir 4. Ann. du Muséum, t. XNWIE, p. 333: 1812. 2. Ostéographie, genre Canis. 112 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. eu les premiers l’idée, établit la multiplicité des origines spécifi- ques du Chien. Elle se fonde sur la diversité de ses races principales, ainsi que sur l'importance des caractères qui distinguent ces races les unes des autres. Dans cette manière de voir, les races domestiques, au lieu d’être dues à l’action de l’homme ou à celle des climats sur une espèce unique, soit anéantie, soit encore aujourd'hui existante, qui les aurait fournies en se modifiant elle-même dans des direc- tions très-diverses, auraient au contraire leur souche respective non plus exclusivement dans le Chacal, comme le pensaient Guldenstaedt et Pallas, non plus dans le Loup, comme d’autres l'ont dit, mais dans des espèces elles-mêmes multiples. Alors la fécondité des croise- ments obtenus aurait, dans certains cas, accompli la fusion des races domestiques, tandis que, restées isolées les unes des autres, ces races se seraient modifiées séparément, leurs individus domestiques subis- sant, comme tous les autres animaux que nous avons assujettis, l'action des nouvelles conditions d'existence au sein desquelles nousles plaçons. De là ces altérations héréditaires de leur taille, de leur pelage, de leur couleur ou de certains autres de leurs attributs, altérations que nous voyons se répéter d’une manière à peu près identique dans nos races et espèces domestiques des différents genres de mammifères. Dans cer- tains cas, ces altérations sont devenues si profondes qu’elles ont pris un caractère tératologique. C'est alors que certains organes disparaissent en partie, comme la queue et les oreilles, tandis que d’autres se mul- tiplient, comme les dents ou les doigts, ou bien encore se modifient dans leur forme, ce qui arrive pour le nez de certains chiens, dont les deux narines restent séparées, ou pour leurs oreilles qui s’allongent et deviennent tombantes, pour leur front qui se renfle en même temps que le crâne se raccourcit et que la mâchoire inférieure fait une saillie plus considérable par rapport à la supérieure. Cette manière de voir, à l’appui de laquelle j'ai apporté de mon côté quelques arguments, compte parmi ses défenseurs les plus auto- FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 113 risés M. Ehrenberg, qui l'a appuyé des observations faites par lui sur les Canidés sauvages et domestiques de la vallée du Nil, animaux qu'il a étudiés avec soin pendant son voyage dans cette région avec Hem- prich. Suivant M. Ehrenberg, il faut attribuer pour ascendant au Chien de la basse Égypte, l'espèce ou variété de Loup propre au même pays, qu'il appelle Canis lupaster, et le Chien de Nubie, qui a des formes plus élancées, provient du Canis sabbar. Voici comment, dans son mé- moire relatif au Canis niloticus, il formule la doctrine à laquelle il se rattache : « Probabilius est suam quamque terram Canis domestici stirpem feram propinquam habere, et paucas esse terras in quibus peregrinæ formeæ, sicut nunc in Europa, in infinitum multiplicatæ, miælæ el civicatæ sint*. » Je persiste à croire, comme je l’ai fait jusqu'à ce jour, que cette interprétation mérite d’être examinée sérieusement, et qu'elle conduit à des résultats dignes d'attention. Son utilité se confirme si l'on exa- mine d’autres groupes que celui des Chiens, par exemple les Bœufs, les Chèvres, les Moutons, les Porcs ou les Coqs. Si Buffon avait connu le Chien marron de l'Australie, dont Blu- menbach a fait une espèce à part sous le nom de Canis dingo, il n'aurait sans doute pas songé à faire descendre du Chien de berger toutes les races domestiques de ce genre, dont quelques-unes ressemblent plus encore que le Dingo au Chacal, et dont certaines autres ont tout autant d’analogie avec le Loup ou avec des espèces encore différentes de grands canidés; cependant on ne saurait admettre que le Dingo, même s'il doit être considéré comme espèce distincte, appartienne à la faune australienne, puisque cette faune ne possède aucun carni- vore véritable, et que par les genres de marsupiaux et de monotrèmes qui la composent en grande partie, elle s’écarte d'une manière si évi- dente de la faune des autres continents. En tenant compte des lois de 1. Symbolæ physicæ {Decas secunda). 114 NOUVELLES ARGUIVES DU MUSEUM. la géographie zoologique, il est également impossible de ne pas attri- buer à une migration géologiquement peu ancienne la présence en Australie des Mélanésiens et de leur seul animal domestique, le Dingo. Certains Chiens dont se servent les indigènes de l'Amérique sep- tentrionale ont beaucoup d’analogie avec le Loup des mêmes régions (Canis occidentalis, Dekay); ceux que possédaient les Américains du Sud avant la conquête paraissent avoir été encore différents, et l’on peut aussi opposer d’autres arguments à la théorie monogéniste que plu- sieurs auteurs modernes ont reprise en faisant du Cuon primævus de M. Hogdson, espèce particulière à l'Inde, l’unique souche sauvage des animaux domestiques du genre dont il s’agit. Il est vrai que la manière de voir de ces savants n’a pas prévalu, et d’ailleurs les Cuons diffè- rent des Chiens par leur formule dentaire, dont les molaires sont au nombre de © au lieu de *. Je trouve une grande ressemblance pour les proportions du corps, l'apparence du crâne et la disposition des dents entre le Canis simensis d'Abyssinie, qui est un animal à formes élancées, et les lévriers, et je ne serais pas éloigné de croire que cette espèce dût être également ajou- tée à la liste de celles qui ont contribué à fournir les chiens domes- tiques en lui attribuant la race de ces animaux qui s’en rapproche aussi par ses proportions élancées. Pour constater dans quelles limites l’étude comparée du cerveau des Chiens domestiques et des espèces sauvages de la même famille peut aider à la solution de ces questions, j'ai fait faire les moules intra-crâniens d’un certain nombre de ces animaux et, toutes les fois que je l’ai pu, j'ai étudié leur cerveau en nature. Le moule cérébral du Loup ! reproduit les principales particula- rités du cerveau lui-même pris dans cette espèce et dépouillé de ses membranes *. On y reconnaît très-bien l’étranglement de la partie 4. PI vi, Gg. 5 et 5°. 2. PI. vi, fig. 4 et 4, FORMES CERÉBRALES DES CARNIVORES. 115 sus-orbitaire, l'aire frontale entourant le sillon crucial, les sillons se- condaires de la circonvolution de la faux et la trace des quatre circon- volutions en étage avec l'indication du dédoublement de la troi- sième. Les mêmes traits généraux s'observent aussi sur le moule intra- crânien d’un métis de Chien et de Loup, moule dont je donne égale- ment la figure ‘. Les hémisphères sont cependant un peu plus larges dans leur partie médiane et auprès de leur bord postérieur. Un moule intra-crânien de Chien mâtin ? obtenu du crâne figuré par Fr. Cuvier dans son mémoire est aussi très-peu différent de celui du Loup. Mais je trouve plus d’allongement de l'ensemble des hémi- sphères, une étroitesse plus évidente de la région sus-orbitaire et en même temps plus de gracilité des lobes olfactifs dans le moule” tiré d'un crâne que m'a remis M. Philippeaux, comme étant celui d'un dogue de sexe mâle. Ce dogue l'emporte sous ces divers rapports sur le lévrier. Au contraire, ce lévrier “, qui est de provenance espagnole et de taille moyenne, me paraît se rapprocher sensiblement par son moule intra-crânien du Canis simensis‘, espèce que j'ai signalée plus haut comme pouvant avoir été la souche des Chiens de cette race. Les ondulations des plis cérébraux y sont moins marquées que dans Îles cerveaux du Loup et du mâtin. C’est aussi un caractère du dogue que d’avoir les circonvolutions faiblement ondulées. $ Le crâne d’un Chien, que j'ai retiré des dépôts remontant à l'âge de la pierre polie fouillés par moi dans la caverne du Pontil, près Saint- Pens (Hérault‘), m'a fourni un moule cérébral qui n'est pas sans ana- logie pour le volume, les proportions ou le détail des circonvolutions, 1, PI, vi, fig. 6. 5. PL ne 03 6. PI. 1v, fig. 4. 116 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. avec celui d’un Chacal d'Algérie‘, et un autre moule, à surface un peu plus compliquée ?, fait au moyen d’un crâne extrait des tourbières de France, qui nous est venu avec la collection de Drée, a de son côté une incontestable ressemblance avec la même préparation tirée du Chacal du Bengale”. La localité où a été recueilli ce crâne ne m'est pas connue. Ses caractères principaux et ceux de son moule encéphalique concor- dent avec ceux de deux crânes des tourbières de Robenhausen (épo- que de la pierre polie) qui appartiennent au musée de Saint-Germain. M. Rutimayer a parlé de ces Chiens des tourbières dans son ouvrage sur la Faune des Habitations lacustres *. Le Dingo d'Australie a le crâne assez peu différent de celui des Chiens des tourbières, dont il vient d’être question, mais de grandeur un peu supérieure. Son moule encéphalique® se rapproche assez de celui du Chien des habitations lacustres, mais les circonvolutions y sont moins accusées ; la largeur est un peu moindre; la région sus- orbitaire est plus étroite et sensiblement plus longue. Il n’y à pas non plus une similitude absolue entre ce moule et ceux des Chacals que nous donnons sur notre planche II; ils s’en rapprochent cependant plus que du Loup d'Europe et des Canidés de même taille. On trouverait d’ailleurs de nouvelles différences si l'on passait en revue les autres races domestiques et les espèces sauvages de la même famiMe des Canidés. Un fait remarquable est la diversité des modifications du crâne de ces animaux, particulièrement en ce qui con- cerne la région frontale. Les formes lancéolée, lyrée, triangulaire, etc., s'y remarquent comme dans les espèces sauvages, que l’on prenne parmi ces dernières celles qui sont plus semblables au Chacal et au PI. m, fig. 2. PI. 1v, fig. PI. 11, fig. N° 6228 du catalogue de ce Musée. Die Fauna der Pfalbauten der Schweiz, p. 116. : PROS ARS non pars > FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 117 Loup, ou celles qui se rapprochent davantage du Renard, comme les Vulpes cinereo-argenteus, Azaræ, etc. Mais il est d'autres particularités propres à certaines races domestiques; elles n’ont pas leur corres- pondante dans les animaux sauvages de cette famille : je veux parler de la saillie du front, du raccourcissement de la face et de la proémi- nence de la mâchoire inférieure. La dernière de ces particularités constitue une disposition comparable à celle des races niatos des genres Bœuf et Cochon. De Blainville a signalé et figuré sous le nom de Cans famihiaris sumatrensis ‘ un crâne envoyé par Duvaucel, en 1821, comme celui d’un Chien sauvage des montagnes de l’ile de Sumatra”, qui a déjà une analogie incontestable avec les bouledogues par sa largeur et par sa brièveté; c’est un animal de forte race. Son moule encéphalique * in- dique un cerveau plus large et plus court que celui des Loups ou des Mâtins, et dont la partie sus-orbitaire, ainsi que les lobes olfactifs, sont aussi plus ramassés sur eux-mêmes. Ces circonvolutions ont d’ailleurs l'apparence générale de celles du Chien mâtin et du Loup. Les principaux caractères encéphaliques de ce Chien sauvage de Sumatra se retrouvent dans les Chiens de la section des bouledogues, et l'on peut remarquer une véritable analogie entre le moule intra- crânien dont je viens de parler et celui du bouledogue à face courte représenté sur la même planche“. Chez ce dernier, la région sus- orbitaire est plus courte encore et plus arrondie; les lobes olfactifs sont aussi moins proéminents. Le Chien roquet* a les lobes olfactifs également très-raccourcis, mais les circonvolutions ont conservé leur caractère ordinaire; elles 1. Ostéographie, genre Canis, pl. vur. 2. M. Gray (Catal., p.184; 1869) dit qu’il est plutôt de Java. 3. PL 19, Go, 8. &, PI. 1v, fig. 2. 5. PI, v, fig. 4. 118 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. sont ondulées comme d'habitude, et leurs contours sont sensiblement flexueux, ce qui n’a pas lieu pour celles des Canidés sauvages de même taille. Chez le King's Charles l’altération du cerveau semble atteindre son maximum; la partie médiane de cet organe est renflée, et il est plus large en ayant qu’en arrière. Sa région sus-orbitaire est comme sessile, et les lobes olfactifs sont courts et rabattus en dessous. En outre, la surface convexe des hémisphères tend à devenir lisse, du moins dans sa partie moyenne, et l’on ne peut expliquer que par un commencement d'hydrocéphalie la persistance de la fontanelle pariéto- frontale, la forme bulleuse du crâne et l'absence de crête sagittale. Les parois du crâne s’amincissent, le tracé des sillons séparatifs ne s'y retrouve plus qu'imparfaitement, et, au lieu des replis ondulés propres aux animaux de ce groupe, on ne voit plus que des indications incom- plètes de leur tracé, sauf en avant et en arrière. C’est ce que repro- duisent les figures 2 et 2° de notre planche V. L'examen de la forme cérébrale de nos principales races de Chiens domestiques fournit, comme on le voit, des indications cu- rieuses qui peuvent faire juger non-seulement des altérations subies par ces animaux sous l'influence de la domestication, mais aussi de leurs affinités respectives avec certaines espèces sauvages du même groupe. Je ne doute pas qu’en poursuivant ces comparaisons entre nos prin- cipales races d'animaux domestiques, quel qu’en soit le genre, et leurs analogues restés libres, on n'arrive à des vues plus précises et plus exactes sur l’origine des premières. L'influence modificatrice sous laquelle nous tenons les ani- maux a certainement agi sur leurs caractères organiques et sur leurs aptitudes physiologiques, mais ses effets n’ont pas été assez considé- rables pour effacer les traits fondamentaux qui les rattachent à leurs points de départ, et, comme les caractères dépendant de la domestica- FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 119 tion se répètent souvent d'une manière presque identique, quel que soit l'organe sur lequel ils se montrent ou l'espèce que l’on observe, on doit reconnaître qu'ils n’ont pas complétement détruit les liens de filiation qui ont autrefois existé entre les animaux restés dans leurs conditions naturelles et ceux provenant de même souche que nous modifions dans le sens de nos besoins. 11 Du cerveau des Félidés et des Hyénidés. Leuret, qui a décrit les Canidés envisagés au point de vue de leur conformation cérébrale, comme constituant une catégorie à part de mammifères, la troisième de sa classification, a considéré que les espèces des genres Félis et Hyène en forment une quatrième, recon- naissable à des caractères également tirés du cerveau. Il leur attribue quatre circonvolutions principales ou externes, placées en étages sur la face convexe des hémisphères, comme cela se voit aussi chez les Chiens, mais avec cette différence que dans les carnivores qui vont nous occuper il existe trois circonvolutions supplémentaires servant de moyen d'union entre les circonvolutions auxquelles il vient d’être fait allusion ; il est vrai que ces circonvolutions accessoires sont plutôt des bandes d'union ou des plis de passage que des circonvolutions à part. Il y en a une qui relie la première des circonvolutions propre- ment dites avec la seconde, une autre entre la troisième et la quatrième et une dernière entre la quatrième qui longe la faux et l’interne ou cir- convolution avoisinant le corps calleux. De ces trois plis d'union le pre- mier est le plus fréquent. Je le trouve non-seulement dans tous les Félis et dans les Hyènes, mais encore dans quelques autres genres tels que le Protèle, le Cryptoprocte, etc. Leuret fait en outre remarquer 4120 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. que la circonvolution intermédiaire de ces animaux ne se dédouble pas en arrière, comme cela se voit chez tous les Canidés, mais il ajoute qu'ici, comme dans les Chiens et, pourrait-on dire aussi, dans la plu- part des autres groupes : « Le cerveau le plus petit est en même temps celui qui a le moins de dépressions et d’ondulations ‘. » Ces dépressions ou petits sillons de la surface des circonvolutions principales ainsi que les ondulations auxquelles il vient d'être fait allusion existent en effet chez le Tigre, le Lion, la Panthère, le Jaguar, le Cougouar et le Guépard ; elles sont, au contraire, moins indiquées ou tendent à disparaître dans le Lynx, le Caracal, le Chat botté ?, l'Ocelot *, le Viverrin *, le Planiceps ‘ et le Chat domestique. Les plis de passage autres que celui qui réunit la première et la deuxième cir- convolutions tendent aussi à disparaître ou manquent entièrement. Le cerveau du Tigre a ses plis plus ondulés que celui du Lion, et il est plus compliqué dans sa région frontale. Des Panthères et Léopards de provenances diverses, peut-être d'espèces différentes, m'ont présenté quelques particularités de détail dans la conformation de leur quatrième circonvolution ou circonvo- lution de la faux, qui tend dans certains cas à se dédoubler en arrière ou sur son milieu et tantôt à rester simple. C’est ce dernier cas que Leuret a représenté”; il est aussi celui des Panthères algériennes que nous possédons. Un cerveau de Panthère du Bengale et celui d’une Panthère 4. Loc. cit. 2. Gratiolet (Revue et Magasin de zoologie, % série, t. IV, p. 96, pl. vu) donne Ja figure du cerveau de l'Ocelot. 3. Felis caligata, Temm. 4. Felis viverrina, Bennett. 5. Felis planiceps, Vigors et Horsf. — Espèce propre à la presqu'île de Malacca ainsi qu’à Bornéo et à Sumatra dont j'ai fait le sous-genre Aülurina (Mammif., t. I, p. 87). J'en donne le moule cérébral, pl. vr, fig. 8 de ce mémoire, 6. Tiedemann, /cones cerebrum, pl. 11, fig. 4 et 5, — Leuret, Loc. cit., pl. v. 7, Loc, CH. PET FORMES CÉREÉBRALES DES CARNIVORES. 191 noire de Java montrent, au contraire, un commencement de dédouble- ment de la partie postérieure de la circonvolution dont il s'agit. Les Jaguars (Felis unça) paraissent aussi offrir quelques légères différences sous ce rapport. Il en est de même du Cougouar ou Puma (Felis concolor), chez lequel le dédoublement de la circonvolution dite de la faux paraît être plus fréquent et plus accentué. Le Guépard (Cynailurus jubatus) *, tout en conservant le caractère général des Félis, se fait remarquer par la longueur plus considérable de son sillon crucial et par l'étroitesse plus évidente de ses lobes olfactifs. Le cul-de-sac antérieur du pli de séparation de ses deuxième et troisième circonvolutions aboutit à une saillie plus forte que d’ha- bitude. Le moule de la cavité crânienne de cette espèce reproduit la plupart de ces particularités de manière à en donner une idée suffi- samment exacte, Malgré cette uniformité des caractères cérébraux des Félis, on trouve chez plusieurs de ces animaux des dispositions individuelles qui s’écartent à certains égards du type particulier propre à chaque espèce. Cest ce que l’on peut constater par l'examen comparatif d'un certain nombre de Chats domestiques. 11 sera facile de s’en faire une idée en consultant les dessins inédits que MM. Flourens et Philip- peaux ont fait faire des cerveaux de plusieurs individus de cette espèce pour la collection du Muséum *. Il serait utile d'étudier aussi, au point de vue de leurs circonvo- lutions cérébrales, certains Félis fossiles assez différents des espèces actuelles pour qu’on en ait fait des genres distincts; mais je n'ai encore que peu de renseignements à cet égard, et il m'est particuliè- 1. PI, v, fig. 8 {le moule intra-cränien) et pl. 1x, fig. 7 (le cerveau). Voir aussi : Owen, Loc. cit., et Gratiolet, Revue et Magasin de zoologie, ?° série, t. IV, p. 97, pl. vu. 2. Vélins de la Bibliothèque, 1860, n° 5. NE 16 129 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. rement impossible d'en fournir au sujet des Machairodus que le grand développement de leurs canines supérieures, la forme de leur menton et quelques autres particularités de leur crâne rendent si facile à carac- tériser en même temps qu'ils nous annoncent une plus grande férocité dans les mœurs de ces animaux. L'état dans lequel se trouvent les beaux crânes des Machairodus cultridens d'Auvergne et des Machairodus neogœus du Brésil! que possède notre collection ne se prête pas à une semblable recherche, mais j'ai pu avoir un moule naturel à peu près complet du Pseudælurus quadri- dentatus * de Sansan. Cet encéphale * est bien celui d'un Félis, et il a même quelque ressemblance avec celui du Guépard par l’élargisse- ment de sa partie antérieure. La quatrième circonvolution y est moins large et elle reste séparée sur une plus grande longueur; ses sillons de séparation sont curvilignes et sans plissements. Le sillon crucial est plus court, si même il existe, ce dont le moule ne porte pas la trace, et l'espace dans lequel il s'étend chez le Guépard est ici beaucoup moindre; en outre, la branche antérieure de la circonvolution syl- vienne est rudimentaire, et c’est la branche postérieure de cette cir- convolution qui fournit la bande de jonction avec la deuxième circon- volution. Les lobes olfactifs étaient d’ailleurs plus volumineux que dans le Guépard. Le cerveau du Pseudélure, espèce propre à la Faune miocène, est, en somme, inférieur par la disposition de ses plis cérébraux à celui des Félis de même taille que lui ou même de taille sensiblement moindre, tèls, par exemple, que l’Ocelot, le Lynx ou le Caracal. Il existe d’autre part une ressemblance incontestable entre le Pseudélure et le Cryptoprocte féroce, le seul des animaux jusqu'ici connus à Madagascar que l’on puisse attribuer à la division des 1. Felis smilodon, Blainv., Ostegr., genre Felis, pl. xx. 2. P. Gerv., Zool. et Paléont. franç., p. 232. 3. PI. vi, fig. 6. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES, 123 Félis. C'est ce dont on pourra juger par le moule intra-crânien de ce second genre ‘ comparé à celui du premier. Le Pseudélure et le Cryptoprocte tendent vers les Viverriens, et le moule cérébral de la Civette a certainement de l’analogie avec le leur. Le Cryptoprocte * a l'aire frontale assez étendue et le sillon crucial s'y voit nettement. La convexité de sa troisième circonvolution est très-prononcée et sa deuxième circonvolution communique avec la première par la partie postéro-supérieure de celle-ci, ce qui est un caractère des Félis. Il est à remarquer que le moule n'indique cette communication avec quelque netteté que pour le côté droit, tandis qu’elle paraît faible ou douteuse si l’on considère le côté opposé. Le cervelet est en grande partie à découvert et les lobes olfactifs sont proéminents comme ceux de la Civette. Les affinités remarquables que le Cryptoprocte présente avec les Félis ont été signalées par les premiers naturalistes qui ont eu l'oc- casion de l’examiner, mais ils l’ont classé parmi les Viverriens au lieu de le placer dans la famille des Félidés. C'est ce que Bennett, qui l’a décrit le premier *, de Blainville et nous-même ‘ avons fait sur l'examen d’un crâne encore jeune provenant de l’'exemplaire unique d’après lequel le Cryptoprocte a longtemps été connu. Toutefois MM. Alphonse Edwards et Grandidier, qui ont pu décrire le Crypto- procte adulte*, ont été conduits à rapprocher encore plus des Félis ce singulier carnivore la Faune madécasse, et ils en ont fait une tribu particulière dans la famille de ces animaux. | MM. Gray et Flower” vont plus loin. Ils regardent le Crypto- PI. vi, fig. 2. Trans. zool. Soc. Lond., t. I, p. 137, pl. x1v; 1833. Ostéographie, genre Viverra, p. 56, pl. x. Diet: univ. d’hist. nat., t. IX, p. 435. — Mist. nat. des Mamm., | IE, p. #1. Ann. sc. nat., 5° série, t. VIE, p. 314, pl. vu à X, 1867. . Catalogue, 1869, p. 40. . Proceed. zool. Soc. London, 1869, p. 22. NT © D > 124 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. procte comme devant former une petite famille distincte, et ils placent cette famille entre les Félidés et les Viverridés. Il est vrai que M. Gray fait aussi des Guépards une famille à part. Quant à M. Flower, il fait valoir que, si le Cryptoprocte offre dans la partie basilaire de son crâne les caractères communs aux Félidés et aux Viverridés, il a le canal alisphénoïdal distinct, que son trou carotidien est égale- ment séparé et que sa caisse auditive relève plutôt de la forme viver- rienne que de celle qui caractérise les Félis. La forme même du crâne n'est pas dépourvue d’analogie avec celle des Civettes, et, comme le fait remarquer M. Flower, l’os pénial allongé du Cryptoprocte l’éloigne aussi des Félis ; on peut même ajouter que l'apparence de cet os se rapproche plutôt de celle qui caractérise les Mustélidés et les Su- bursus que de celle propre aux Viverridés ou aux Félidés. Reste donc le système dentaire. Quoique les canines du Crypto- procte n'aient pas les sillons particuliers à celles des Félis et que la formule de leurs molaires soit un peu différente de la leur (+ au lieu de + ou +), c’est évidemment à ces animaux qu'il res- semble par la forme même de ces dents, ayant comme eux la tubercu- leuse supérieure petite et transversale et les carnassières supérieure et inférieure bi-ailées et tranchantes, sans talon tuberculeux à l’inférieure ni pointe à sa partie interne comme chez les Viverridés, animaux dont les tuberculeuses supérieures sont d’ailleurs au nombre de deux pour chaque côté et ont une autre forme. Les affinités du Cryptoprocte avec les Félis sont donc plus grandes qu’on n’aurait été conduit à le penser par l'inspection de sa dentition de lait, et si elles ne sont pas com- plétement évidentes dans tous ceux de ses autres caractères anato- miques que l’on connaît dès à présent, elles ne sont pas contredites par la forme cérébrale. C'est ce qui résulte des détails que nous avons donnés plus haut à cet égard. Toutefois, sous ce rapport aussi, on remarque certaines affinités du Cryptoprocte avec les Civettes ou différents ani- maux du même groupe qu’elles, ce qui méritait également d’être signalé. FORMES CÉREBRALES DES CARNIVORES. 125 Les analogies de conformation qui rapprochent extérieurement le cerveau des Hyènes de celui des Félis ont déjà été constatées par Leuret. Dans ces deux groupes d'animaux, la première circonvolution ou l’externe est également unie avec la seconde par son sommet, et, comme cela arrive aussi chez les Félis, la branche antérieure de la première circonvolution manque chez les Hyènes ou reste rudimen- taire. En outre, les Hyènes n'ont pas la troisième circonvolution bifurquée en arrière, ce qui les distingue des Canis avec lesquels Linné les associait génériquement et les relie au contraire aux Félidés. Les Hyènes ont un sillon crucial bien marqué et leur aire frontale a plus de ressemblance avec celle des Félis qu'avec celle des Chiens, qui se rétrécit et s’allonge dans sa partie orbitaire. Les principaux plis de sé- paration de leurs quatre grandes circonvolutions sont sensiblement ondulés et il existe quelques plis accessoires sur certains points de ces circonvolutions, particulièrement chez l'Hyène tachetée (/yæna crocuta); cette complication n’égale pourtant pas celle des grands Félis, tels que le Lion et surtout le Tigre. L'Hyæna spelæa ressemble beaucoup à l’Hyène rayée par l'appa- rence extérieure de son moule intra-crânien. Des deux sortes d'indivi- dus, actuels ou diluviens, ce sont les fossiles qui ont l’'encéphale le plus gros. Le Protèle (Proteles hyænoides) a des caractères dentaires fort difré- rents de ceux des Hyènes et des autres carnivores, et s’il a l'apparence . extérieure des Hyènes, il présente cinq doigts aux pieds de devant comme les Canis, tandis que les Hyènes n’en ont que quatre. Son hu- mérus est en outre percé d’un trou médian comme celui des Hyènes, et il manque de la perforation suscondylienne des Félis et du Crypto- procte. Cuvier l’appelait Genette hyénoïde ‘, mais Isidore Geoffroy Saint-Hilaire n’a pas tardé à en faire un genre à part, genre* qui à 4. Oss. foss., t. IV, p. 389 2, Mém. du Muséum, t. X, p. 370, pl. xx. 126 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. été classé tantôt auprès des Hyènes ‘, tantôt auprès des Chiens *?. Si j'ai recours à la forme du cerveau * pour sortir de cette in- certitude, je constate que le Protèle rentre à cet égard par ses carac- tères principaux dans la même série que les Félis et les Hyènes, mais en présentant plus de simplicité dans la disposition de ses bandes de séparation que ces dernières et en restant également au-dessous des espèces du groupe des Félis dont la taille approche de la sienne sans toutefois l’égaler, comme l’Ocelot, le Chat botté ou le Serval. Ses con- tours rappellent d’ailleurs davantage ceux des Hyènes. La circonvolution sylvienne ou circonvolution externe de la face convexe des hémisphères se joint supérieurement à la seconde et sa branche antérieure est étroite. Les deuxième, troisième et quatrième circonvolutions ne se joignent pas entre elles sur leur trajet et les deux dernières s’écartent en avant pour élargir l'aire frontale, qui est marquée d’un fort sillon crucial . ILeût été inté tde pouvoir égale t comparer d'une manière complète aux moules encéphaliques des Félis et des Hyènes les formes cérébrales de deux des plus singuliers genres éteints de mammifères carnassiers dont les terrains tertiaires ont fourni les débris : je veux parler des Hyénodons et des Ptérodons, dont la dentition rappelle celle des Félis, mais avec un nombre de molaires encore plus consi- dérable que chez les Cryptoproctes, et, chose plus curieuse encore, cela par la présence de trois dents de forme carnassière au lieu d’une à chaque mâchoire. On a fait de ces animaux tantôt des carnivores à 1. P. Gerv., Hist., des Mamm., t. I, P. 98. — Gray, Catal., 1869, p. 213. 2. Blainv., Ostéographie, genre Canis. 3. PI. vi, 6g. &. Depuis que cette figure a été lithographiée, M. Flower (Proceed. zool. Soc. London, 1869, p. 480) a fait connaître le cerveau du Protèle, d’après un exemplaire de cette espèce de carnassiers mort au Jardin zoologique de Londres, et il est arrivé au même résultat que moi relativement aux affinités du Protèle. Je reproduis (pl. vur, fig. 4) une des figures publiées par M. Flower. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 197 forme de Didelphes, tantôt des Didelphes tendant vers les Mono- delphes du même ordre. Cuvier * et Laurillard ? ont soutenu la pre- mière de ces opinions; de messe * et moi‘ avons au contraire apporté quelques arguments à l’appui de la seconde. Je n'ai aucun fait nouveau à ajouter à ceux que j'ai publiés autrefois au sujet de l’ostéologie de ces animaux, dont la dentition de lait reste toujours inconnue; mais j'ai pu observer une partie d'un moule cérébral naturel ® de l’Æyænodon leptorhynchus et y constater la présence de circonvolutions bien plus semblables à celles des carni- vores des deux groupes des Félis et des Hyènes qu'à celles du Thy- lacyne‘. C’est le moule de la moitié postérieure d’un hémisphère cérébral de ce carnivore extrait de la partie correspondante de la boîte crânienne sur une pièce recueillie dans la Limagne d'Auvergne par l’abbé Croizet. On y voit la moitié postérieure de la circonvolution de la faux ou quatrième circonvolution de la face convexe qui s’élargit en avant pour recevoir le sillon crucial, mais sans que ce sillon ait été con- servé, et la troisième circonvolution ou circonvolution intermédiaire interne bien nettement séparée de la précédente ainsi que de ce qui reste en arrière de la seconde circonvolution ou circonvolution inter- médiaire externe. Celle-ci paraît se fondre, comme chez les Félis et les Hyènes, avec la branche montante postérieure de la circonvolu- tion sylvienne dont la branche antérieure n'est pas visible. La scis- sure semble plus élargie que d'habitude et les plis offrent moins d’on- dulations que sur les cerveaux de même taille appartenant aux espèces 4. Le Pterodon dasyuroïdes est le Thylacyne des plâtriéres' de Cuvier (Discours sur les révol. du globe, 6° édit., p. 335; 1830). Diet. univ. d'Hist. nat., t. VI, p. 767. Ostéographie, genre Subursus. Zool. et Pal. franç., p. 232 et 236. PI. vi, fig. 5. Nouv. Arch. du Mus.,t. V, p. 244, pl. xiv, fig. 7. " * 25 128 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. actuelles ; mais le caractère fondamental des cerveaux du quatrième groupe de Leuret subsiste, et c’est près des Félis et des Hyènes que l'on doit placer le genre Hyénodon. | III Du cerveau des Civettes, des Mangoustes et des animaux qui s’en rapprochent le plus. Le cerveau de la Civette (Viverra civetta) * et celui du Zibeth (Viverra zibetha) nous montrent les quatre circonvolutions en étages des Félis et des Hyènes, et il peut même arriver que la première de ces circonvo- lutions se joigne à la seconde, comme cela a lieu dans le groupe pré- cédent ; aussi la branche antérieure de la circonvolution sylvienne fait-elle habituellement défaut. Les sillons de séparation montrent des ondulations assez marquées. La Civette a un court sillon crucial; le Zibeth en manque. La Genette de France (Genetta vulgaris) * n’a que trois circonvolutions, sans doute par fusion de la première et de la seconde dont l’ensemble forme une circonvolution unique bien plus épaisse et bien plus forte proportionnellement que la sylvienne des deux espèces précédentes. Le sillon crucial paraît faible ; une dépression linéaire se remarque sur le moule encéphalique, au milieu de l'aire frontale. Ce cerveau est moins élargi en avant que celui de la Civette. Le Cynogale de Bennett (Cynogale Bennett) *, espèce de Viverrien aquatique propre à l’île de Bornéo, qui est si remarquable par la forme tranchante de ses fausses molaires et de sa carnassière inférieure 1. PL. vu, Gg. 7 (le moule encéphalique), et pl, vus, fig. 5 (le cerveau). 2. PI. vu, fig. 5 /le moule intra-crânien). 3. PI. vu, fig. 8 (le moule intra-cranien). : FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 129 ainsi que par le caractère au contraire tuberculeux de sa carnassière supérieure et de ses arrière-molaires, a l’encéphale d'une forme assez particulière. Il n’a de chaque côté que trois circonvolutions principales : la première ou sylvienne, qui est grande, complète, à scissure longue et oblique en arrière, et deux autres placées au delà répondant à la troisième et à la quatrième des Civettes. Un caractère spécial réside dans le dédoublement que présente la seconde de ces circonvolutions, répondant à l'intermédiaire interne, au-dessus de la branche antérieure de la circonvolution sylvienne. Le cerveau du Cynogale est moins rectangulaire dans son ensemble que celui de la Civette, plus bombé au-dessus et dépourvu de sillon crucial. C’est une tendance vers les Paradoæures dont les sillons de sépa- ration sont d’ailleurs moins marqués, du moins sur le moule encé- phalique ‘, car le cerveau, dépouillé de ses membranes, les montre dans toute leur intégrité. Ici nous retrouvons les traces des quatre cir- convolutions en étages ; mais la première se confond avec la seconde, dont elle n’est séparée que par un pli vertical incomplet. L’aire frontale présente une dépression creusée dans sa partie élargie, et il n'y a plus de pli crucial, le sillon qui sépare la circonvolution de la faux de celle du COrPS calleux ne remontant pas jusque sur la face supérieure du cerveau. La face concave ou postérieure des hémisphères ne présente qu’un seul sillon, tandis qu'il y en a plusieurs chez les grandes espèces de Canis, de Félis, d’Ours, etc. Quelques courtes dé- pressions se remarquent cependant le long de la circonvolution de la faux. Ces détails sont tirés du Paradoæure bondar. Le Binturong (Arctictis penicillatus)*, que ses caractères extérieurs autant que ses habitudes distinguent très-nettement des Civettes, nous offre une forme cérébrale également particulière; quoique son moule 4. PI. vus, fig. 4 (le moule intra-crânien) et pl. 1x, fig. 2, 2, 9b et 2° (le cerveau dépouillé de ses membranes). 2. PI. vit, fig. 43 (le moule intra-crânien). 17 YI. 130 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. encéphalique ne montre que des plis peu profonds, il laisse entrevoir quatre circonvolutions en étages bien distinctes les unes des autres sur toute leur longueur, mais sans indice de sillon crucial. Sa forme générale est également assez différente et sa circonvolution de la faux est rétrécie dans sa partie supérieure. Il est à peu près quadrilatère, et, sous ce rapport, il n’est pas sans analogie avec celui des Civettes, malgré la différence des détails. Je ne crois pas qu’on puisse éloigner le Binturong du groupe qui nous occupe, et c’est auprès du Para- doxure que je propose de le placer. C’est aussi l’opinion soutenue par M. Gray”. L'Euplère de Goudot (Eupleres Goudotit) est bien un carnivore, comme de Blainville ? et moi * l’avons fait remarquer, et non un in- sectivore ainsi que l'avait supposé Doyère *, qui a le premier donné la description de ce genre. Les caractères extérieurs, le système den- taire et les parties connues de l’ostéologie ne laissaient point de doute à cet égard ; l'examen de l’encéphale vient à son tour confirmer cette manière de voir. Le moule intra-crânien* de l’Euplère rattache par sa forme géné- rale ce mammifère aux carnivores. On y distingue trois étages de circonvolutions extérieures, bien distinctes les unes des autres dans toute leur étendue, assez larges, surtout la première et la troisième, un peu ondulées sur leurs bords, et dont la premitre ou la sylvienne se dédouble en arrière par la présence d’un pli vertical descendant obliquement à peu près paral- ièlement à la scissure, ce qui doit faire admettre qu’elle répond à deux circonvolutions réunies. Cette disposition rappelle celle que 4. Catal. 1869, p. 57. 2. Ostéographie, genre Viverra, p. 98. 3. Hist. des Mamm., t. XI, 4. Ann. sc. nat., 4° série, t. IV, p p. 281, pl. vin ; 4835. ER 5 40 à FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 151 nous avons décrite plus haut chez le Paradoxure bondar, mais le cer- veau de l'Euplère est plus renflé à sa partie supérieure, ce qui est en rapport avec la forme arquée de sa tête, et il est proportionnellement un peu plus court. De même que le Paradoxure bondar, l'Euplère pa- raît manquer de sillon crucial. L'Euplère est un animal de Madagascar. Deux autres genres ap- partenant à la faune de ce pays méritent d'être également signalés, quoique moins différents des autres Viverridés par leurs principaux caractères : ce sont les Galidies et les Galictis d'Isidore Geoffroy, qui établissent une sorte de transition des Viverrins vers les Mangoustes, et, à quelques égards, vers les Mustélidés. d Le Galidia olivacea * possède, comme l'Euplère, trois circonvolu- tions superposées, et il a de même la partie postérieure de la pre- mière partagée en deux par un pli à peu près parallèle à sa scissure, mais son cerveau est moins renflé, et l’on voit dans la région frontale la trace d'un sillon crucial très-prononcé. Le moule intra-crânien du Galictis striata donne une forme un peu différente de celle des Galidies et qui laisse aisément deviner la pré- sence de trois circonvolutions en étages sur la surface externe des hémisphères avec un sillon crucial séparant complétement l'aire fron- tale d'avec la partie antérieure de la circonvolution de la faux. On n'y aperçoit pas la trace du sillon oblique qui, dans le genre pré- cédent, divise la partie postérieure de la circonvolution externe en deux, et il y a ici fusion complète de deux circonvolutions (la première et la seconde). Cette simplification de la surface des hémi- sphères dans les petites espèces de Viverridés dont il s'agit mérite d'être remarquée; elle indique une transition vers les Mustélidés de petite dimension ou tout au moins une simplification du cerveau de ces carnivores en rapport avec la dimension de leur taille. 4. PI, vu, fig. 3 (moule intra-crânien). 432 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, Mais le cerveau des Mangoustes asiatiques et africaines ne pré- sente pas toujours le même degré d’infériorité, attendu que la cir- convolution interne ou de la faux tend, chez certaines d’entre elles, à se dédoubler dans toute sa longueur par la présence d’une série de plis secondaires tracés sur le milieu de sa surface et que, dans le cas où il n’y a que trois circonvolutions apparentes, il existe, en arrière de la circonvolution intermédiaire, entre elle et la partie postéro- supérieure de la circonvolution sylvienne, un élargissement particu- lier qui pourrait être pris pour un reste de la deuxième circonvo- lution des grandes espèces de carnivores ‘; c’est ce qui a fait dire à Leuret, au sujet des plis cérébraux des Mangoustes : « Je ne saurais dire s’il faut en compter à l'extérieur trois plutôt que cinq, en raison de la netteté et de la longueur des circonvolutions qui les sé- parent. ‘ » Je constate cette disposition chez la Mangouste des marais (#er- pestes paludosus)® qui est une des plus fortes espèces de la tribu de Man- gustins. La Mangouste grise (Herpestes griseus) * justifie encore mieux la remarque du même auteur. Sa première circonvolution ou cir- convolution sylvienne est petite, mais parfaitement nette ; la seconde ou intermédiaire externe est élargie et renforcée en arrière par une surface assez considérable présentant un sillon supplémentaire ; la troisième ou intermédiaire interne est à peu près rectiligne et se distingue, au contraire, par un élargissement antérieur, de forme triangulaire, dans lequel est marqué un sillon étoilé ; enfin la qua- trième, ou circonvolution de la faux, est dédoublée dans ses deux tiers postérieurs par suite de la présence d’un long sillon continu sur le 1. Loco cit. 2. PI. vr, Gg. 40 (le moule cérébral) et pl. vu, fig. 4 (le cerveau dépouillé de ses mem- branes), 3. PI, vin, fig. 7 (le cerveau dépouillé de ses membranes). FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 133 milieu de sa longueur, ce qui pourrait faire regarder cette circonvo- lution comme étant double, et porte en apparence le nombre des plis cérébraux de la surface externe à cinq, tandis que certaines espèces de carnivores appartenant aux Mustélidés n’en ont que trois. Ce dernier nombre se retrouverait dans la Mangouste à bandes (Herpestes fasciatus) * si cette espèce n'avait l’aire latérale du lobe de l'hippocampe sillonnée par un pli oblique indiquant que chez elle la circonvolution de la scissure et la circonvolution intermédiaire externe ne sont qu'incomplétement réunies. Dans le cerveau du Suricate (Suricala tetradactyla) *, cette fusion est moins complète encore, et la circonvolution interne ou de la faux, celle que nous désignons par le numéro 4, est en partie dédoublée dans sa région postérieure. La petite Mangouste de Touranne, que j'ai décrite sous le nom de Mangusta exilis® et qui tient des Nems, a le cerveau‘ un peu plus long, mais sa circonvolution de la faux est également dédoublée en arrière et son aire latérale de l’hippocampe montre aussi une fusion incomplète des arcs postérieurs des première et deuxième circonvo- lutions. De sorte que, dans cette espèce comme dans le Suricate, la deuxième circonvolution tend, comme la quatrième, à se dédoubler, caractère qui se retrouve d'ailleurs dans plusieurs animaux de la même tribu. | Ainsi, sans présenter de différences bien grandes dans la taille, les divers genres de Mangustins s’écartent sensiblement les uns des autres par le nombre de leurs sillons longitudinaux ainsi que par les plis que ces sillons interceptent, et ils peuvent offrir, soit trois circonvolutions seulement par suite de la fusion de la première avec la seconde, soit PI. vin, fig. 6 (le cerveau). PI. var, fig. 5 et 5° (le cerveau). Voyage de la Bonite, Zoologie, p. 32, pl. 11, fig. 7-9. PI, vu, fig. 4 (le moule intra-cränien). Fer 154 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. quatre, et, dans ce cas, une apparence de cinq ou même de six de ces circonvolutions, suivant que la circonvolution de la faux se dédouble seule ou qu’il en est en même temps ainsi de la seconde. Tous les animaux du même groupe que nous avons observés présentent un sillon crucial très-marqué. Li EV; Du cerveau des Ours et de quelques genres qui s’en rapprochent. Le cerveau des Ours‘ est assez facile à distinguer de celui des autres carnivores par la forme générale de ses hémisphères. Les cir- convolutions y sont au nombre de trois seulement, avec tendance de la circonvolution supérieure au dédoublement et une plus grande complication des ondulations de cette circonvolution; l’aire frontale y est moins prolongée que chez les Canis, mais plus que chez les Félis et les Hyènes; elle est en même temps plus compliquée dans le détail de ses sillons secondaires. Le sillon crucial, qui est double pour chaque côté et a ses branches disposées angulairement, limite en arrière de l'aire frontale une surface losangique remontant de la face interne des hémisphères ; enfin la face postérieure ou cérébelleuse est excavée et son bord supérieur est anguleux. La scissure de Sylvius est profonde et monte très-haut dans la masse de l'hémisphère. La circonvolution qui l'entoure a ses deux branches bien marquées, mais avec un plus grand développement de la posté- rieure que de l’antérieure; elle s'élève dans la voûte formée par la circonvolution intermédiaire ou deuxième circonvolution, mais sans se confondre avec elle ni s’y joindre par un pli de passage, et la plus 4. Leuret, loc. cit., pl. vi (cerveau de l'Ursus arclos). — Gratiolet, loc. cit., pl. 1v et v (Ursus maritimus) et pl, vr (Ursus malayanus). FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 135 grande partie de la face convexe des hémisphères est formée par la circonvolution de la faux, qui est la troisième par ordre de superpo- sition, mais répond sans doute aux troisième et quatrième des autres genres réunies en une seule. Cette circonvolution tend d’ailleurs à se dédoubler, soit le long du bord cérébelleux, soit en arrière du losange crucial et au-dessus de l’arc supérieur de la deuxième circonvolution ; toutefois elle ne se réunit pas à cette dernière. Cette description s'applique à lOurs brun (Ursus arctos), à l'Ours noir (Ursus americanus), à l'Ours blanc (Ursus maritimus) et à lOurs malais (Ursus malayanus ou euryspilus) qni ne différent entre eux que par quelques particularités tout à fait secondaires. Le moule intra- crânien de l’Ursus spelœus indique aussi une conformation semblable, mais associée à un volume plus considérable du cerveau. L'Ours orné (Ursus ornatus) revient à la taille de l'Ours malais ; il a aussi les ca- ractères cérébraux des autres espèces de cette division. Parmi les animaux qui se rapprochent le plus des Ours, on peut citer les Hyénarctos, qui constituent un genre éteint propre aux époques tertiaires moyenne et supérieure. Ces carnivores, dont la taille était considérable, se distinguaient des Ours par une disposition plus simple de la couronne de leurs dents tuberculeuses dont la seconde supérieure était plus courte que chez les véritables Ours, quel que soit le genre de ces derniers ; ils avaient aussi la carnassière supé- rieure plus forte et à trois lobes externes bien distincts avec un talon interne très-marqué. Les pièces que je possède de l'Hyénarctos de Montpellier‘ ne m'ont pas permis de me faire une idée exacte de la forme cérébrale de ce genre de carnassiers; elles semblent cependant ‘indiquer cer- taines analogies de l'animal dont elles proviennent avec l'Ursus me- lanoleucus ?, récemment découvert par l'abbé David dans les mon- 1. Hyœnodon insignis, P. Gerv., Zool. el Pal. frane., p. 209, pl. vin, fig. 3-7. 2. Ursus melanoleucus, David, Nouv. Arch. du Mus., t. V, p. 13 du Bulletin. 136 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. tagnes du Thibet oriental, et dont M. Alphonse Edwards” a fait avec raison un genre à part qu’il a nommé Ailuropoda. L'Ours mélanoleuque, qui se rattache aux Ours par une grande partie de ses caractères, a le crâne de forme presque hyénoïde et ses dents sont plus compli- quées que celles des Ours. | La carnassière supérieure est en particulier pourvue d’un second tubercule interne, ce qui n'existe pas dans l’Hyénarctos, quoique celui-ci ait cette dent moins simple qu'elle ne l’est chez les Ours, etses fausses molaires, sauf la première, sont aussi plus fortes que dans ce genre, mais d’une autre forme. La force et l’écartement des arcades zygomati- ques de l'Ailuropode se retrouvent dans l’Hyénarctos. I] y a aussi beau- coup d’affinités par certaines particularités du système dentaire entre ce genre et le Panda (Ailurus fulgens), qui vit dans les mêmes régions que lui. L'Ailuropode tient donc, d’une part, aux Hyénarctos et aux Ours, d'autre part il se rattache au Panda, qu'il relie plus inti- mement aux Ursidés qu’on n'aurait pu le croire. Le moule intra-crânien de l’Ailuropode indique un cerveau plutôt comparable à celui des Ours qu’à celui d’aucun groupe de carnivores, et il est, en particulier, facile à distinguer de ceux des Félis et des Hyènes. Cependant ce n’est pas tout à fait le cerveau des Ours. La scissure de Sylvius y est plus oblique en arrière, mais elle est égale- ment grande ; la branche antérieure de la circonvolution qui l’entoure est aussi plus étroite. La partie antérieure des hémisphères se rétrécit beaucoup plus et elle est plus déprimée ; les lobes olfactifs sont à leur tour plus longs et ils sont plus grèles. II y a un pli de passage allant de la seconde circonvolution à la troisième, ce qui n’a pas lieu chez les Ours, et cette troisième circonvolution tend davantage à se dédoubler en deux. On trouve d’ailleurs une surface losangique bien dessinée en arrière de l'aire frontale. Les circonvolutions semblent, il 1. Comptes rendus hebd., t. LXX, p. 342; 1870. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. : 137 est vrai, plus épaisses que chez les Ours, mais je crois que ce carac- tère se retrouvera chez l’Hyénarctos. Enfin le cervelet est plus à dé- couvert que chez les différents genres d’Ours que j'ai pu observer. Yi Du cerveau des carnivores compris par de Blainville sous le nom de Subursus. Plusieurs genres, composés chacun d’un petit nombre d'espèces ou même d’une seule, qui ont avec les Ours certaines affinités, tout en présentant à d’autres égards des différences assez sensibles, ont été réunis par de Blainville en un groupe unique auquel il a donné le nom de Subursus . Ces animaux, qui ne constituent pas un groupe aussi naturel que ceux des Félis ou des Canis, et que divers auteurs séparent les uns des autres pour en former autant de petites familles .distinctes, sont presque tous plantigrades, et leur régime est omni- vore; ils sont, pour ainsi dire, satellites du groupe des Ursidés, et c’est ce que l'auteur de l’Ostéographie a voulu exprimer par le nom sous lequel il les a réunis. Il dit en parlant d’eux : « On voit comment cette division des car- nassiers, commençant par les Mydaus, qui ont la queue très-courte, doit se continuer par les Blaireaux comprenant les Arctonyx, par les Pandas ou Ailurus, les Ratons ou Procyon, les Coatis ou Wasua, et finir par les Kinkajous ou Caudivolvulus et les Arctictis, qui ont la queue très-longue et prenante. » Dans son fascicule relatif aux genres dont il vient d’être question, de Blainville décrit aussi, comme devant être réunis aux Subursus, six genres éteints qui, pour la plupart, ne sont pas moins différents 1. Ostéographie, Généralités sur les Carnassiers et fascicule relatif au genre Subursus. 2. Loc. cil.: Généralités, p. 62, VI. 18 138 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. les uns des autres que ceux actuellement vivants avec lesquels il leur suppose des affinités. Ces genres sont les suivants : 1° Pterodon, Blainv., établi sur l'animal fossile des plâtrières des environs de Paris, que Cuvier avait précédemment signalé comme étant un Thylacyne ‘ ; 2° Taxotherium, Blainv. Pour l'animal également extrait des plà- trières parisiennes, que Cuvier avait rapproché des Coatis’?; c’est maintenant l’Hyænodon parisiensis ; 3° Arctocyon, Blainv. Carnassier plus singulier encore, dont les dé- bris ont été trouvés dans les grès tertiaires les plus inférieurs des environs de La Fère (Aisne) ; h° Amphicyon, Lartet ; 9° Amphiarctos, Blainv., comprenant l'Hyænarctos sivalensis de Cau- tley et Falconer; | 6° Hyænodon, de Laizer et de Parieu. Nous avons déjà dit quelques mots des Ptérodons, qui nous pa- raissent être des animaux trop voisins des Hyénodons pour qu’on puisse les en éloigner, du moins dans l’état de nos connaissances à leur égard. Le genre Taxothérium fait lui-même double emploi avec celui des Hyénodons. Les Amphicyons en sont bien différents. Ils ont le système den- taire des Canidés et la présence d’une perforation au-dessus du con- dyle interne de leur humérus ne suffirait pas pour les faire séparer de ces carnivores. Quant aux Hyénarctos ou Amphiarctos, nous venons d'en rap- peler les affinités à propos de l’Ailuropode. Ce sont plutôt des Ours que des Subursus. Resterait donc l'Arctocyon, mais nous verrons plus loin que ce 1. Disc. sur les révolutions du globe, 6° édit., p. 335; 4830. 2. Oss. foss., t. III, p. 269. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES, 139 genre, malgré certains rapports de sa dentition avec celle des Ratons, ne paraît pas devoir être rapproché de ces derniers; c’est au groupe des Marsupiaux plutôt qu’à la sous-classe des mammifères monodel- phes qu’il semble appartenir. Les animaux de genres actuels, que de Blainville’a décrits comme étant des Subursus, ne doivent pas non plus rester tous dans ce groupe. Le Blaireau, l’Arctonyx et le Midaus me paraissent devoir être reportés parmi les Mustélidés et particulièrement associés aux Mouf- fettes, tandis que les Arctictis sont plutôt des Viverridés voisins des Paradoxures et des Pagumas que des animaux comparables aux Ours. Ces distinctions ne laissent plus, dans la division des Subursus, que le Panda, le Raton, le Coati et le Kinkajou, animaux plantigrades pourvus d’une longue queue, ayant les dents appropriées à un régime omnivore et qui manquent de cæœcum, caractères qui se retrouvent en partie chez les Blaireaux et chez quelques autres Mustélidés de la même tribu que ce dernier, mais avec un système différent de colora- tion. C’est en effet une particularité distinctive des Mélins que d’avoir les parties supérieures du corps plus claires que les inférieures, et cela n’a pas lieu chez les Subursus des genres que nous venons de signaler. La dentition des Mélins est en outre différente de celle des Subursus. Dans son mémoire sur la classification des carnivores ‘, M. Flower a reporté parmi les Subursus un animal dont les affinités m’avaient paru jusqu'à ce jour fort obscures : je veux parler du Bassaris. En interprétant quelques détails donnés par moi au sujet de plu- sieurs particularités anatomiques propres à ce genre *, tels que l’ab- sence de cœcum, la présence d’un os pénial allongé et la forme de la carnassière supérieure, M. Flower a été conduit à rapprocher le Bas- A. Loc. cût., p. 30 2. Voyage de la Bonite, Zoologie, t. I, p. 18. 140 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. saris des Subursus, tandis que je l'avais considéré comme intermé- diaire aux Viverridés et aux Mustélidés. Cette manière de voir me pa- raît préférable à celle que j'avais proposée, car, en associant le Bassaris aux Ratons et aux Coatis, elle tient compte non-seulement des caractères que je viens de rappeler, mais aussi du mode de colo- ration de cet animal dont la queue est annelée comme celle des Coatis et des Ratons. En outre, elle n’est pas contredite par la station géo- graphique du Bassaris, puisque cet animal est américain comme le sont aussi ces deux genres, tandis que tous les Viverridés sont des carnivores de l’ancien continent. Je n’ai pas eu l’occasion d'examiner le cerveau du Bassaris en na- ture, mais on trouvera, sur une des planches de ce mémoire ‘, la figure de son moule encéphalique, et il n’échappera à personne que la forme générale en est peu différente de celle du Coati, malgré le caractère moins apparent de ses circonvolutions. On peut même en- trevoir au moyen de ce moule une certaine ressemblance des circon- volutions cérébrales du Bassaris avec celles des Coatis, et, en particu- lier, une circonvolution sylvienne proportionnellement grande et bien isolée, ce qui est un caractère des Ursidés. 11 y a aussi une circonvo- lution intermédiaire forte et large et une circonvolution de la faux tendant à se dédoubler. De plus il existe un pli crucial. Ces caractères sont très-apparents sur le Coati? (genre Nasua, Storr), surtout quand on a dépouillé le cerveau de ses enveloppes ?, et l'on constate aisément chez cette espèce l'absence de l'intervalle losangique, remontant de la face interne des hémisphères, que nous avons signalé, comme caractérisant les Ours ainsi que l’Ailuropode. La circonvolution de la faux a sa branche antérieure plus étroite que la postérieure, et la circonvolution intermédiaire tend à se joindre 1. PL vu, fig. 6 (le moule intra-crânien). 2, PI. vu, fig. 41 (le moule intra-crânien). 3. PL 1x, fig. 10 (le cerveau dépouillé de ses enveloppes). FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. lat à cette circonvolution marginale supérieure par deux plis de passage, l'un antérieur, l’autre postérieur. Le Raton (genre Procyon, Storr ‘) diffère peu du Coati sous ces dif- férents rapports, mais son cerveau est plus régulièrement ovalaire. Le Kinkajou (genre Cercoleptes, Illiger)? a le cerveau plus court et plus élargi au-devant du sillon crucial; sa circonvolution de la faux est plus large encore, à courbure plus régulière, mais en même temps la surface de cette circonvolution tend plus évidemment à se dé- doubler, ce qui est attesté par la présence d’une série de dépressions très-apparentes placées sur sa ligne médiane. Le sillon crucial est oblique en avant; les contours généraux sont plus arrondis. Ce genre diffère cependant des précédents en ce qu'il n'offre aucun pli de pas- sage réunissant entre eux les trois étages des circonvolutions de la surface convexe. Quelques plis secondaires se remarquent sur la base postérieure de la circonvolution sylvienne dans sa jonction avec l'aire sphénoïdale de l’hippocampe. | Le moule encéphalique du Panda (genre Ailurus, F. Cuv.) * a de l’analogie avec celui des animaux qui nous occupent, mais il est, comme le cerveau du Kinkajou, plus différent de ceux des Ratons et des Coatis que ces derniers ne le sont entre eux. Je n’y vois pas non plus d’aire losangique distincte, mais il y a de même un sillon crucial bien prononcé ; la circonvolution de la faux y est tortueuse et dédoublée en arrière de ce sillon ; la circonvolution intermédiaire présente une courbure très-prononcée, et celle de la scissure, qui en est distincte dans tout son pourtour, a sa branche antérieure plus grêle que la postérieure; en outre, la scissure paraît large et profonde. La forme générale du moule encéphalique du Panda est toutefois moins 4. PI. vu, fig. 12 (le moule intra-crânien). — PI. vu, fig. 3 (le cerveau dépouillé de ses membranes). ; 2. PI. vu, fig. 40 (le moule intra-crânien) et pl. 1x, fig. 3 (le cerveau dépouillé de ses membranes). 3. PL. vin, fig. 8 (le moule intra-cränien). 112 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. semblable à celle de l’Ailuropode qu'on n'aurait pu le supposer, en tenant compte des affinités qui rapprochent ces deux genres. Le cer- veau du Panda est plus oblong et plus régulièrement ovalaire. Sa partie antérieure est moins rétrécie, et il a les lobes olfactifs plus gros et plus sessiles; ses circonvolutions sont aussi moins plis- sées, et le cervelet est un peu moins à découvert. Ces particularités l'éloignent pourtant moins de l’encéphale des autres Subursus que de celui du reste des carnivores, et, jointes à celles que le Panda pos- sède en propre!, principalement dans son système dentaire, elles justifient la séparation de ce genre en un petit groupe équivalant à ceux que nous avons dit être satellites des Ursidés et dont l’un repose sur le seul genre Kinkajou, tandis que l’on peut réunir dans l'autre les Coatis, les Ratons et les Bassaris. TE Du cerveau des Mustélides. Le Blaireau, le Télagon (genre Mydaus, F. Cuvier) et les autres genres de la tribu des Mélins, que de Blainville a réunis aux Subur- sus, n’ont, comme les Mouffettes, les Gloutons, les Martes, les Putois, les Zorilles et les Loutres dont le même auteur fait son groupe des Mustela *, qu'une seule paire d’arrière-molaires tuberculeuses à l’une 4. Le squelette de Panda que notre collection vient de recevoir du Thibet, par les soins de l'abbé David, présente 7 vertèbres cervicales, 14 dorsales et autant de paires de côtes, 5 lom- baires, 3 sacrées dont 2 sont en rapport avec les os iliaques, et 18 caudales. Son humérus est percé d’un trou au-dessus du condyle interne. Ses phalanges onguéales sont raccourcies, re- levées dans leur gaine et de même forme que celles des carnivores à ongles rétractiles. Leur ressemblance avec celles des Félis mérite d’être signalée. phalanges onguéales de l’Ailuropode présentent une disposition analogue. Cet animal a aussi une perforation au-dessus du condyle interne de l’humérus; ses membres sont très-ro- bustes, plusieurs autres caractères les rapprochent en même temps des Ours. 2. Ostéographie, genre Mustela. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 143 et à l’autre mâchoires ‘, et il ne paraît pas possible, en tenant compte de leurs autres caractères, de les éloigner de ces animaux, comme il le voulait; aussi les ai-je placés avec eux dans la famille des Musté- lidés ?. Cette famille réunit ainsi des espèces de taille assez différente les unes des autres. Les Blaireaux et les animaux qui s’en rapprochent le plus, comme le Taxidé, le Carcajou et l'Arctonyx, le Glouton, le Taira et plusieurs espèces de Loutres, sont des carnivores de taille moyenne, tandis que d’autres Mustélidés comptent parmi les plus petites espèces du même ordre ou sont même très-inférieures à toutes les autres. On devait donc s'attendre à trouver chez les Mustélidés des différentes tribus des particularités notables sous le rapport du cerveau; c’est en effet ce qui a lieu. Comme nous l’avons fait remarquer en commençant ce mémoire, la Belette (Mustela vulgaris) a des circonvolutions cérébrales, tout en étant un animal de petite dimension, mais son cerveau est plus simple sous ce rapport que celui d'aucun carnivore des genres précédents. On en trouvera la figure dans l'ouvrage de Vimont ’, et j'en ai fait re- présenter le moule intra-crânien *, sur lequel il est facile de recon- naître la présence de trois circonvolutions en étages, arquées et sans plis de passage, ainsi que l'existence d’un sillon crucial et une sépa- ration très-marquée entre les aires frontale et nasale. Une dépression se remarque à la surface de l'aire nasale. Le cerveau du Furet* et celui du Putois (Putorius fœtidus) présentent la même conformation ; cependant la scissure y est un peu plus longue et plus remontée en arrière. 1. La tuberculeuse inférieure manque dans un seul des genres de cette catégorie, le genre Lyncodon, P. Gerv., Hist. des Mammifères, t. H, p. 115. 2, Hist. nat. des Mammifères, t. W, p. 100. 3. Phrénologie comparée, Atlas, pl. Lxxiv, fig. 5-6. &. PI. vi, fig. 3 (le moule intra-crânien). 5. PI. vin, fig. 2 (le cerveau dépouillé de ses membranes). Anh NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Le Zorille du Cap (Zorilla striata) * n’a aussi que trois circonvolu- tions dont les surfaces ne sont pas non plus accidentées. _ Une petite dépression se voit cependant sur la première en avant du sillon crucial, qui est d’ailleurs très-marqué; mais le sillon de sé- paration, placé entre la deuxième circonvolution et la troisième ou supéro-marginale, ne se prolonge pas beaucoup sur la surface de l'hippocampe. C’est encore là un cerveau d’une forme très-simple, eu égard à l’ordre auquel appartient le Zorille. Dans la Marte et la Fouine (Martes vulgaris et foina) *, on retrouve la même disposition, mais la branche antérieure de la circonvolution sylvienne s’amincit ; une autre différence se remarque dans le sillon de l’aire frontale, qui est ici plus prononcée et forme un arc à conca- vité extérieure. L’aire frontale reste moins complétement lisse. Le Pécan (Martes canadensis) *, que l’on rapporte au même genre que les Martes et les Fouines, dépasse ces espèces en grandeur, et * une complication déjà évidente s’observe dans ses circonvolutions cérébrales. Si la première ou la sylvienne conserve une certaine graci- lité de sa branche antérieure, la seconde ou intermédiaire est plus contournée sur son trajet, et la troisième ou marginale, c’est-à-dire celle qui avoisine la faux, tend à se dédoubler dans sa moitié posté- rieure, en même temps qu'elle se dévie et s’écarte en avant pour re- cevoir le sillon crucial et donner plus de surface à l'aire frontale. Le sillon arqué, placé au centre de cette aire, paraît plus prononcé. Le cervelet est aussi plus recouvert, et la face postérieure des hémisphères plus excavée. Nous arrivons ainsi au Taïra (Galictis barbara), espèce encore plus grande de Mustélidé terrestre qui, avec une semblable complication de la partie antérieure des hémisphères, présente un dédoublement 1. PI. 1x, fig. 4 {le cerveau dépouillé de ses membranes), 2. PI. vus, fig. 3 (le cerveau dépouillé de ses membranes). -83. PI, vu, fig. 9 (le moule intra-crânien). FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 145 évident de la moitié postérieure des deuxième et troisième circonvo- lutions. Cependant le nombre des circonvolutions superposées reste encore fixé à trois. Le Glouton (Gulo luseus) est plus grand encore; mais il ne paraît pas continuer cette gradation. Ses hémisphères ‘ ont, il est vrai, leur face postérieure excavée et le bord postéro-supérieur anguleux ; ils recouvrent une grande partie du cervelet, s’élargissent latéralement en arrière et ont les replis de leur moitié antérieure contournés ; mais je n’y retrouve pas, du moins sur le moule intra-crânien, le dé- doublement des deux circonvolutions supérieures caractéristiques du Taira. Le Blaireau commun * a le cerveau d’une forme peu différente. Ses circonvolutions principales, encore au nombre de trois, sont sensible- ment flexueuses sur leur trajet, quoique dépourvues de plis de pas- sage. La branche antérieure de la première ou sylvienne est amincie; la seconde ne se dédouble ni en avant ni en arrière ; mais la troisième, la plus compliquée de toutes, s’élargit notablement pour recevoir le sillon crucial, et elle présente en arrière de ce sillon, dans son expan- sion latérale, une excavation linéaire supplémentaire. Le cerveau du Blaireau est en outre remarquable par l'étendue de ses parties fron- tale et sourcilière, ce qui augmente sensiblement le volume de sa moi- tié antérieure et fait paraître la scissure de Sylvius comme rejetée en arrière. 11 y a une faible indication de l'aire losangique dont nous avons parlé en décrivant le cerveau des Ours, et de nouveaux plissements semblent commencer à se former sur la région orbitaire. A en juger par son moule intra-crânien, le Ratel (Mellivora ca- pensis) a une forme cérébrale fort analogue à celle du Blaireau et du Glouton. 4. PI. vi, fig. 7 (le moule intra-crânien). 2, PL. 1x, fig. 6 (le cerveau dépouillé de ses membranes). VI. 116 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les Loutres ou plutôt la tribu des Loutrins, car ce groupe com- prend plusieurs genres assez distincts, relèvent pour leur cerveau de la même forme générale que les Blaireaux, mais ils ont cet organe plus rétréci en avant, tandis que les trois circonvolutions externes ou circonvolutions principales y présentent une complication plus évidente. Dans la Loutre de nos pays (Lutra vulgaris) *, la scissure de Sylvius est penchée en arrière et la branche antérieure de la circonvolution qui l'entoure reste faible ; la deuxième circonvolution est élargie dans son milieu, où l’on voit une forte dépression linéaire ainsi qu'un commencement très-marqué de dédoublement ; la troisième circonvo- lution est à son tour également élargie en avant et dédoublée auprès du sillon crucial ainsi que dans sa portion postérieure, au-dessus de la grande anse de la circonvolution intermédiaire. Les Loutres ont le cervelet à peu près recouvert ; leur sillon cru- cial a ses branches très-obliques en avant, et leur aire frontale se ré- trécit antérieurement, cette partie du cerveau étant moins étendue chez elles que chez les Blaireaux. Les particularités principales du cerveau de la Loutre d'Europe se retrouvent chez les autres animaux de la même tribu. J'ai parti- culièrement constaté leur présence dans la Loutre du Chili (Lutra chi- lensis) du genre Lataxie; dans la Loutre sans ongles (Lutra aonyx) du genre Aonyx; dans la Saricovienne du Brésil (Lutra brasiliensis) et dans l'Enhydre marine (Enhydris marina), au moyen des moules intra-crâniens de ces différents animaux. La Loutre du Chili a les circonvolutions plus épaisses et, par suite, un peu plus simples ; l’Aonyx et la Sari- covienne, relativement à leur volume, ont le cerveau plus arrondi, plus court dans sa surface; celui de l'Enhydre *? semble tendre encore davantage vers les Phoques. 1. Plix, fig. 8 {le cerveau dépouillé de ses membranes) 2. PI. vi, fig. 9 (le moule intra-crânien) . FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 117 VII. De Le forme cérébrale de l'Aretocyon et de quelques autres caractères propres au méme animal. Le plus ancien des genres de la période tertiaire, à régime car- nassier, que l’on ait rapporté à l'ordre des carnivores est celui des Arctocyons * dont nous avons déjà rappelé le nom à propos des Subur- sus. Il provient des grès glauconieux de La Fère (Aisne), qui rentrent dans les assises les plus inférieures de la série des terrains d’abord confondus sous le nom d’Éocènes et font partie de la division de cette série à laquelle j'ai donné le nom d'Orthrocène. De Blainville y voit une forme, probablement aquatique, ayant de l’analogie avec les Blaireaux par la brièveté et la solidité de ses membres, avec les Kinkajous par l'apparence de sa tête et par sa queue, ainsi que par l'apparence com- plétement tuberculeuse de ses arrière-molaires, enfin avec les Oto- cyons ou Mégalotis par sa formule dentaire. La multiplicité des affinités attribuées par de Blainville à l’Arcto- cyon montre bien quelle hésitation restait dans l'esprit du savant auteur de l'Ostéographie au sujet de la véritable place qu ‘il faut attri- buer au genre dont il nous reste à décrire la forme cérébrale. Il le rapporte en définitive à ses Subursus, et l'on doit reconnaitre en effet une certaine ressemblance dans la forme des dents de l’Arcto- cyon avec celles des Ratons et des Coatis. Les tuberculeuses supé- rieures, bien visibles sur le seul crâne que l'on possède, sont subcar- rées à leur couronne, à angles émoussés, et garnies de quatre tubercules bien apparents. Mais ici déjà se présente une première différence, ces dents étant au nombre de trois paires au lieu de deux, ce dont de 1. Arctocyon primævus, Blainv., Ostéographie, genre Subursus. p. 73, pl. xir. 118 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Blainville a évidemment voulu tenir compte lorsqu'il compare l’Arcto- cyon aux Otocyons. En avant de ces trois dents existait une carnassière ici brisée, et cette carnassière était elle-même précédée de trois paires de fausses molaires dont les deuxième et troisième à doubles racines; la pre- mière au contraire uniradiculée. Il y avait une paire de canines sem- blables à celles des carnivores ; quant au nombre des incisives supé- rieures, il ne peut être indiqué, la partie osseuse qui les supportait ayant complétement disparu. | On sait peu de chose au sujet des dents inférieures de l’Arectocyon, et de Blainville les donne même comme lui étant tout à faitinconnues. Cependant la planche qu'il a consacrée à ce genre éteint donne la figure d’une portion symphysaire de los de la mandibule sur laquelle on voit le reste d’une canine comparable par sa forme et par l’emplace - ment qu'elle occupe à celle des carnivores ; auprès de cette canine sont deux alvéoles indiquant la présence d'autant d’incisives placées de chaque côté entre elle et la symphyse mandibulaire. La planche pu- bliée par de Blainville exprime très-bien cette disposition, mais il a omis d'en parler dans son texte. En revoyant la pièce dont il s’agit, je crois difficile d'admettre que l’Arctocyon ait eu plus de deux paires d'incisives inférieures, du moins dans l’âge adulte. Il y a aussi quelques changements à faire à la description donnée par l’auteur cité du crâne de l'Arctocyon. Ce qui est surtout remar- quable dans cette pièce, c’est l’étroitesse de la partie moyenne répon- dant au milieu des arcades zygomatiques. Ces arcades sont fortes et écartées; la boîte cérébrale est petite, et, au lieu que sa crête sagittale soit relevée en une sorte de muraille allant rejoindre la saillie consi- dérable et en forme de soc que fait la crête occipitale, elle est surbais- sée et comme excavée. À mon avis, de Blainville restaure inexacte- ment le crâne de l’Arctocyon quand il lui attribue la crête sagittale surélevée par laquelle il rejoint, dans la figure publiée dans son ou- FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES, 119 vrage, la fin du chanfrein à la saillie tout à fait exceptionnelle de l'oc- ciput. J'ai enlevé cette crête surajoutée, qui avait été faite en plâtre et dont le dessin publié dans l’Ostéographie donne la représentation au trait, et j'ai ainsi rendu à la tête sa forme primitive et réelle. ‘Le front de l’Arctocyon est. élargi et il occupe un espace comme l’ancéolé ; les cornets olfactifs sont fort développés ; les os du nez se prolongeaient exceptionnellement en avant de l'aplomb des ca- nines. Il ne m'est pas possible de dire si le canal lacrymal s’ouvrait en dedans de l'orbite, comme chez les carnivores monodelphes, ou en dehors et en avant de la cavité orbitaire, comme chez les Marsupiaux ; mais je constate qu'il existait à la partie postérieure de la surface pa- latine une paire de foramina soutenant sans doute une membrane fibreuse et interrompant sur ce point la partie ossifiée des os palatins, ce qui est une disposition particulière aux Marsupiaux. Ce caractère, joint à la petitesse de la boîte crânienne, m'autorisait à penser, comme Laurillard ‘ avait déjà été conduit à le faire en constatant le peu de capacité du crâne, qu'il s’agit plutôt ici d'un animal didelphe que d’un monodelphe. Aussi ai-je été désireux de voir si le cerveau lui-même viendrait appuyer cette interprétation. Notre pièce se prêtait à un pareil examen, mais il fallait une main habile pour arriver au résultat proposé. M. Stahl s’en est parfaitement acquitté. Il a retiré de l'intérieur du crâne, sans l'endommager, la moitié gauche du moule naturel du cerveau que le dépôt gréseux y avait formé, et, comme il a été facile de modeler l'autre moitié du cerveau, nous avons ainsi obtenu la forme, aussi exacte que possible, de ce der- nier ?. Le crâne de l’Arctocyon a été ensuite réparé et moulé pour être envoyé avec le modèle restauré de son cerveau aux musées avec lesquels notre établissement est en relation d'échanges. 4. Dict. univ. d’hist. nat., t. IX, p. 400. 2. PI. vi, fig. &. 150 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Le moule cérébral de l’Arctocyon n’est comparable à célui d’au- cun carnivore. Le cervelet et probablement aussi les tubercules qua- drijumeaux y étaient complétement à découvert; les hémisphères cérébraux en étaient fort petits proportionnellement à la taille de l'animal et n'offraient que des circonvolutions tout à fait rudimen- taires indiquées par un sillon longitudinal placé sur leur moitié anté- rieure, tout le reste paraissant lisse ; enfin les lobes olfactifs étaient gros, cylindriques, aussi épais que la partie antérieure des hémi- sphères, et plus longs que chez aucun des animaux de l’ordre dont “nous traitons. Ce n’est qu'à celui des Marsupiaux que l’on peut comparer le moule cérébral de l’Arctocyon. Sa forme générale rappelle de préfé- rence celui des Sarigues, et s’il présente des indices de circonvolu- tions plus marquées que chez la plus grosse des espèces de ce dernier genre, la Sarigue de Virginie’, cela est en rapport avec cette autre particularité que la taille de FArctocyon était notablement supérieure à celle de toutes les Sarigues actuelles. En effet, l'Arctocyon appro- chait du Thylacyne par ses dimensions ; mais si, ce que je suis porté à admettre, il rentre comme ce dernier et comme la Sarigue dans Ja sous-classe des Marsupiaux, il n'appartient cependant à aucun des groupes de cette sous-classe qui existent aujourd'hui, et je propose d'en faire une famille à part sous le nom d’Arctocyonidés. Les Arctocyonidés étaient des Marsupiaux omnivores dont le ré- gime, en tenant compte des différences apportées par l'époque à laquelle ils ont vécu, peut être considéré comme ayant eu de l’analo- gie avec celui des Ratons, des Coatis, des Kinkajous et des Pandas. Mais, s’il avait quelques rapports avec ces animaux par le genre de son alimentation, il en était fort différent par la forme de son crâne, par sa formule dentaire, par la conformation de son cerveau et par d’autres 1. Nouv. Arch. du Mus.,t. V, p. 246, pl. xiv, fig. 43. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. 151 caractères au nombre desquels on peut citer la forme de plusieurs de ses OS. Les particularités connues de son ostéologie l'éloignaient en effet des Subursus ainsi que des autres monodelphes, l’Arctocyon ayant les os longs plus robustes que cela n’a lieu chez ces animaux et d'une forme plus comparable à ce que l’on voit chez les Phascolomes. C’est ce que l’on reconnaîtra en mettant en regard les figures données par de Blainville de son humérus, de son radius, de son cubitus et de son fémur avec les mêmes os pris chez le genre de Marsupiaux que nous venons de citer. Il n’eût pas été moins intéressant de pouvoir observer la forme cérébrale du Palæonictis', ce carnassier au moins égal au Sarcophile oursin par ses dimensions et à dents également robustes et en appa- rence peu différentes des siennes, qui a été découvert dans les li- gnites du Soissonnais avec le Coryphodon. De Blainville a décrit des fragments de la mâchoire inférieure du Paléonictis, et il rapporte cet animal à sa grande division des Viverra *. Malheureusement je n’ai pu recueillir jusqu'ici aucun détail nou- veau capable de décider des affinités de ce genre et ne puis rien ajou- ter autre chose à ce qui en a été dit, si ce n’est que la mâchoire in- férieure ne présentait pas dans sa région angulaire l'élargissement et la double saillie qui se voient au bord inférieur de cette partie chez les Marsupiaux. C'est là un caractère important qui ne permet pas, dans l'état actuel de nos connaissances sur le Paléonictis, de classer ce genre ailleurs que parmi les Monodelphes. 4. Viverra gigantea, Blainv., Ostéographie, genre Viverra, p. 76, pl. xur. 197 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. + FPI. Remarques générales sur le cerveau des carnivores et observations relatives à la classification de ces animaux . ‘Après avoir acquis une certaine expérience que le maniement de pièces nombreuses ne tarde pas à donner, on peut reconnaître assez aisément les formes primordiales propres au cerveau des diffé- rents groupes de mammifères carnivores et, dans bien des cas, ar- river à définir les dérivés secondaires de ces formes, comme on le fait aussi au moyen du système dentaire des mêmes animaux, de leur crâne où de quelques autres de leurs organes les plus importants. Chacune de ces formes cérébrales se laisse facilement rapporter à la famille, au genre, parfois même à l'espèce dont elle est caracté- ristique. Comme les mammifères des autres ordres, les carnivores sont en effet des animaux d’autant plus semblables entre eux par la conforma- tion de leur cerveau ou, au contraire, d'autant plus différents les uns des autres sous ce rapport, qu'ils présentent aussi plus d’analogie dans le reste de leur organisation ou qu'ils en ont moins. Si l’on ajoute à la notion exacte de ces similitudes et à celle de ces différences, toutes également tirées de l'organe qui sert de siége principal aux fonctions de relation, la connaissance des données comparatives que fournit l’ob- servation des mœurs propres aux mêmes animaux, on sera naturelle- ment conduit à chercher dans chaque disposition particulière du cer- eau un rapport avec la manière de vivre des espèces qui la présentent. Sans être encore en état de juger des conditions de ce rapport, on entrevoit dans l'observation comparative des formes cérébrales con- cordant avec des mœurs particulières les bases d’une phrénologie FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. : 153 réellement scientifique, et cette phrénologie, au lieu de rester hypo- thétique ou hasardée comme l'était celle de Gall et de son écèle, de- viendra plus exacte et plus rationnelle à mesure que l'anatomie aidée de la physiologie permettra de-la dégager des nuages qui l'obscur- cissent encore. Les naturalistes hâteront ses progrès en étendant ces études aux différents ordres de la classe des mammifères. Ainsi que nous l'avons dit en commençant ce mémoire, et comme l'ont d’ailleurs démontré les développements dans lesquels nous ve- nons d'entrer, le cerveau des carnivores a toujours ses hémisphères sillonnés par des plis longitudinaux interceptant des circonvolutions plus ou moins compliquées sur leur trajet. Le nombre minimum de ces circonvolutions principales est de trois, savoir : la circonvolution externe qui entoure la scissure de Sylvius, la circonvolution interne ou de la faux et une circonvolution intermédiaire alors unique. Cette disposition est très-évidente chez les petites espèces de Mustélidés. Dans les Canidés, quel qu’en soit le genre, il y a une circonvolu- tion de plus, ce qui conduit à distinguer une circonvolution intermé- diaire inférieure et une circonvolution intermédiaire supérieure ; en outre, chez ces animaux, la circonvolution intermédiaire supérieure se dédouble dans sa partie postérieure. Quant à la complication plus ou moins grande des hémisphères cérébraux, elle tient, dans ce grand groupe de carnivores comme dans les autres, à la flexuosité des circonvolutions elles-mêmes ou à leur simplicité ainsi qu'à la surface tantôt plus grande, tantôt moindre de l'aire dont la circonvolution interne entoure le sillon crucial. Cette complication croît avec la taille et se montre par conséquent d’une manière d'autant plus évidente que les espèces observées ont des dimensions plus grandes. _Les Félidés ont la circonvolution sylvienne incomplète, mais avec une tendance fréquente de la circonvolution interne au dé- doublement. Un autre caractère de ce groupe consiste. dans l’exis- tence d’un pli de passage reliant la circonvolution sylvienne, dont les 9 VI 20 154 J NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. : deux branches ont le plus souvent un développement inégal, à la cir- convolution intermédiaire. L'Hyène, le Protèle et, parmi les fossiles, l'Hyénodon rentrent dans cette catégorie. Le Cryptoprocte la relie à certains égards aux Viverriens. La présence de trois circonvolutions est fréquente chez les Viver- ridés, famille dont les deux principales tribus sont celles des Viver- riens et des Mangustiens. Plusieurs genres de Viverriens ont quatre circonvolutions très-distinctes. Fo Certaines Mangoustes semblent avoir cinq circonvolutions, mais cela par suite du dédoublement de deux des trois circonvolutions supé- rieures des Félidés. Quant aux Ursidés, on leur reconnaît aussi quelques dispositions propres et on leur rattache certains Subursus, plus particulièrement le Panda et l’Ailuropode. Cest des Mustélidés qu'il faut au con- traire rapprocher le Blaireau, mais en associant ces deux catégories d'animaux, c’est-à-dire les Ours ainsi que les vrais Subursus d’une part, et, d'autre part, les Mustélidés ainsi que les Loutres de divers genres, dans un même groupe naturel comparable à ceux qui com- prennent soit les Canidés, soit les Félidés et les Viverridés réunis. Lorsque je me suis occupé de la classification des carnivores dans un précédent ouvrage !, j'ai admis sept familles de ces animaux : les Ursidés, les Subursus, les Viverridés, les Félidés, les Hyénidés, les Ca- nidés et les Mustélidés, répondant, sauf quelques modifications de détail, aux-grands genres Ursus, Subursus, Viverra, Felis, Hyæna, Canis et Mustela, tels que les avait définis l’auteur de l’Ostéographie. MM. Flower et Gray se sont plus récemment occupés de la classi- lication des mêmes animaux. Le premier ? s’est en partie guidé sur la considération des perfo- 1. Hist. nat. des Mammifères, t. W, pA. | ans 2. On the value of the characters of the basis of the cranium in the classification of the order Carnivora (Proceed. z0ol. Soc. London, 1869, p. 4.) 4 FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. : 155 rations de la base du crâne. Cet ordre de caractères, déjà indiqué par Turner ‘ comme digne d’attention, l'a conduit à des rapprochements qui méritent d'être signalés et que justifient à la fois la considération du système dentaire et celle de plusieurs autres parties importantes de l'organisme auxquelles je puis ajouter aujourd'hui le cerveau lui-même. Pour M. Flower, un premier grand groupe de carnivores, celui auquel il donne le nom d'Éluroïdes (Æluroidea), comprend les Félidés dont se rapprochent les Cryptoproctidés, les Hyénidés, ayant pour sa- tellites les Protélidés et la nombreuse famille des Viverridés. Un second- groupe, de même importance, prend le nom de Cy- noïdés (Cynoidea) et répond” à nos Canidés. Le troisième, appelé Arctoïdes (Arctoidea), réunit les Ursidés, les Procyonidés, les Ailuridés et les Mustélidés. M. Gray *? s’écarte un peu de ces résultats et, dans certains cas, il établit des rapprochements ou des distinctions qui nous paraissent dis- cutables. Telleest en particulier l'élévation des Guépards, des Cynogales, des Blaireaux, des Rhynogales et de quelques autres genres au rang de familles. I1 distingue en outre deux sous-ordres de carnivores : les carnivores proprement dits et les omnivores. Aux premiers se ratta- chent deux catégories principales, savoir : 1° les Éluropodes (Æluro- poda) comprenant les Félidés, les Guépardidés, les Cryptoproctidés, les Viverridés, les Cynogalidés et les Mustélidés; 2° les Cynopodes (Cynopoda) ou les Mélinidés *, les Herpestidés, les Rhinogalidés, les Canidés, les Mégalotidés, les Hyénidés et les Protélidés. Aux omnivores répondent les six familles des Ursidés, Nasuidés, Procyonidés, Cercoleptidés, Bassaridés et Ailuridés. Je trouve de mon côté trois types principaux dans les cerveaux des carnivores : 1. Procced. zool. Soc. London, 1848, p. 63. 2. Catal. of Carnivorous, etc. 1869. 3. Comprenant les Blaireaux, les Ratels, les Mouffettes et les Zorilles. 156 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. 1° celui des Canidés (les Cynoïdes de divers auteurs), animaux que je crois supérieurs à ces deux autres types; > Celui des Félidés auxquels se rattachent d’une façon plus ou moins directe le Cryptoprocte, les Hyènes, le Protèle et les nombreux genres constituant la tribu des Viverriens et même celle des Mangus- tiens ; 3° Les Urso-Mustélidés ou les Ours, les Subursus, circonscrits comme il a été dit plus haut, les Mustéliens et Loutrins. Le second de ces trois types cérébraux répond donc assez exacte- ment à celui des Éluroïdes de M. Flower; mais, comme je l’ai déjà dit, je serais porté à placer les carnivores qui le com posent après les Canidés plutôt qu'avant ces animaux, et je terminerais, comme j'ai depuis longtemps proposé de le faire, la hiérarchie des carnivores par la grande division des Mustélidés en rapprochant toutefois les Ours de ces derniers et en commençant par eux la troisième série des carnivores. Ceux-ci finiraient par les Loutres, qui tendent évidem- ment vers les Phoques par plusieurs points importants de leur struc- ture, mais en étant pourtant supérièurs aux petites espèces de Musté- liens terrestres par la conformation dé leur encéphale. Quant à FArc- tocyon, je crois avoir démontré que ce n'est pas un monodelphe et qu'il doit par conséquent être retiré de l’orde des Mammifères dont il a été question dans ce mémoire. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE III FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES, Fig. 4. Caaca, du Bengale (Canis [Lupulus| aureus). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 2. CnacaL d'Algérie (Canis [Lupulus] barbarus, Shaw.) Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 3. SIMÉNIR (Canis [Simenia] simensis, Rupp.) Moule de la cavité cérébrale d’un exemplaire envoyé d’Abyssinie par M. Schimper, vu dessus. Loup d'Europe (Canis lupus). Fig. 4. Cerveau dépouillé de ses membranes; vu de profil. Fig. 4*, Le même; vu par sa face supérieure. Fig. 5. Moule de la cavité cérébrale; vu de profil. Fig. 5%. Le même; vu par sa face supérieure. Fig. 6. Métis de Cm et de Loup (sujet femelle). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. PLANCHE IV. FORMES CÉREBRALES DES CARNIVORES. Fig. 4. Dixco ou Chien marron de la Nouvelle-Hollande (Canis Dingo, Blumenbach). Moule de la cavité cérébrale de l’exemplaire décrit par F. Cuvier (Wém. du Mus. d’hist. nat.) ; vu en dessus. 4. Toutes les figures sont de grandeur naturelle, elles sont faites sur des moules cérébraux tirés de crânes appartenant aux galeries d'anatomie comparée du Muséum ou de cerveaux éga- lement déposés dans cette collection. Ces cerveaux proviennent pour la plupart d'animaux morts à la ménagerie. 158 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Fig. 2, CHEN BouLepoGur de forte race (Canis familiaris mastivus }. Moule de la cavité cérébrale ; vu en dessus, . 3. CHIEN LÉVRIER (Canis familiaris grajus). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig, 4. CHIEN DOMESTIQUE, de la grotte du Pontil (Ganis familiaris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. D'après un cràne retiré de la ès du Pontil, près Saint-Pons (Hérault). Age de la pierre polie. Fig. 5. CHIEN DOMESTIQUE, des tourbières (Canis familiaris). oule de la cavité cérébrale; vu en dessus. D’après un exemplaire provenant de la collection de M. de Drée, que possède au- jourd’hui le Muséum. Fig. 6. CHIEN poGuE (Canis familiaris molossus). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. D'après un exemplaire de sexe mâle, ui m'a été remis par M. le D° Philippeaux. Fig. 7. CHIEN MATIN (Canis familiaris laniarius). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. D’après l'exemplaire décrit par F. Cuvier. (Ann, Muséum, t. XVIII, pl. xvir, fig. 2.) Fig. 8. CHIEN SAUVAGE de Sumatra (Canis familiaris Sumatrensis). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré du crâne rapporté des montagnes de Sumatra par Duvaucel et figuré par de Blainville. (Ostéographie, genre Canis, pl. vu.) FENNEC (Fennecus Zaarensis). Fig. 5. Le cerveau : vu de profil. Fig. 5%, Vu en dessus Tiré d’un exemplaire du Sahara algérien, pe de PLANCHE V. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. Fig. 4. CHIEN ROQUET (Canis familiaris hybridus). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 2. CHiEN KinG’s CnaRLes (Canis familiaris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 2. Vu de profil. Fig. 3. Orocxon MEGALOTIS (Olocyon megalotis). oule de la cavité cérébrale; vu en dessus, Tiré de l’exemplaire rapporté de Cafrerie par Delalande et décrit par de Blainville. (Ostéographie, genre Canis, p. 57, pl. 3 Fig 4. Renarv de France (Vulpes vulgaris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. EXPLICATION DES PLANCHES. 159 Fig, 5. CYNHYÈNE PEINTE (Cynhyœæna picta). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré d’un cràne rapporté d’Abyssinie par M. Schimper. . 6. Cuon (Cuon primævus , Hodgson). Moule de la cavité cérébrale: vu en dessus, Tiré d’un cräne envoyé du Népaul, donné par M. Hodgson. . 7. Carysocyon (Canis [Chrysocyon| campestris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré du crâne. . 8. Guéparn, de Sumatra (Cynailurus jubatus). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Exemplaire envoyé de Sumatra par Duvaucel. (Voir pl. vu, fig. 7, le cerveau de celte espèce dépouillé de ses membranes.) PLANCHE VI. FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. Fig. 4. PROTÈLE HYÉNOIDE (Proteles hyœænoides). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré d’un exemplaire rapporté de l'Afrique australe par Delalande. Fig. 2. CRyPTOPROGTE FÉROCE (Cryptoprocta ferox). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. De l’exemplaire rapporté de Madagascar par M. Grandidier, et décrit par lui dans son mémoire rédigé en commun avec M. Alph. Edwards. Fig. 3. Becerre de France (Mustela vulgaris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 4. ARCTOCYON PRIMÆVUS , Blainv. Moule naturel de la cavité cérébrale; vu en dessus De l’exemplaire décrit par de Blainville (Ostéogr., genre Subursus), qui provient . des marnes orthrocènes de La Fère (Aisne). Fig. 5. Hyogxonon LEPTonuyNcuus, de Laizer et de Parieu. Partie du moule naturel de la cavité cérébrale d’un exemplaire des marnes lacustres miocènes de la Limagne (Puy-de-Dôme). Tiré d’un fragment de crâne acquis avec la collection Croizet; vu en dessus. Fig. 6. PSEUDOELURE HYÉNOIDE (Pseudælurus h yænoides, P. Gervais Moule naturel de la cavité cränienne d’un desisls de dateat (Gers); recueilli par M. E. Lartet ; vu en dessus. Fig. 7. GLouron BoRÉAL (Gulo borealis). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 8. AiLurin PLANICEPS (Felis [Ailurinus] re de Vig. et Hans oule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 9. ne (Enhydris marina). 1. P. Gerv., Zool. et Pal.-générales, 1" série, p. 45. 160 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré d’un exemplaire donné par M. de Nordmann. Fig. 10. MANGOUSTE DES MARAIS (Herpestes paludosus). Moule de la cavité cérébrale ; vu en dessus {Voir pl. 1x, fig. 4, le cerveau de cette espèce dépouillé de ses membranes.) Fig. 11. HYÈNE RAYÉE (Hyœæna crocutu). Moule de la cavité cérébrale ; vu en dessus. (Voir pl. 1x, fig. 11, le cerveau de cette espèce dépouillé de ses membranes.) PLANCHE VII. Fig. 4. PARADOXURE BONDAR (Paradoxurus bondar). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Exemplaire femelle mort à la ménagerie, {Voir pl. 1x, fig. 2, 2, 2b et 2, le cer- veau de cette espèce dépouillé de ses membranes Fig, 2. EuPLÈRE DE Goupor (Eupleres Goudotii, sai . Moule de la cavité cérébrale; vu en des De l’exemplaire rapporté de one par Goudot et décrit par Doyère. Fig. 3. GALIDIE OLIVATRE (Galidia olivacea, 1s. Geoffr.). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. De l’exemplaire rapporté par Goudot et décrit par Is. Geoffroy. Fig. 4. MANGOUSTE GRËLE (Mangusta exilis, P. Gerv.). Moule cérébral ; vu en dessus. De l’exemplaire rapporté de Touranne (Cochinchine) par Eydoux et Souleyet, et décrit par moi dans le Voyage de la Bonite, Zoologie, t. 1, p. 32, pl. 1m, fig. 7-9. Fig. 5. GENETTE DE FRANCE {Genella vulgaris). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 6. Bassaris RUSÉ (Bassaris astuta, Licht.). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 7. CivETTE D'AFRIQUE (Viverra civelta). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. (Voir pl. 1x, fig. 5, le cerveau de cette espèce dépouillé de ses membranes.) Fig. 8. CyNoGALE DE BENNETT (Cynogale Bennetltii, Gray). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Tiré de l’exemplaire de Bornéo, rapporté par Eydoux et Souleyet, et décrit par moi dans le Voyage de la Bonite, Zoologie, t. I, p. 25, pl. vi. Fig. 9, MARTE PECAN (Marta canadensis). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus, Fig. 40. Kinkasou (Cercoleptes caudivolvulus). oule de la cavité cérébrale; vu en dessus. (Voir pl. 1x, fig. 3, le cerveau de cette espèce dépoui.lé de ses membranes.) Fig, 41, CoaTi (Nasna). Moule de la cavité cérébrale ; vu en dessus. (Voir pl. 1x, Gg. 40, le cerveau du Coati dépouillé de ses membranes. ) 0 EXPLICATION DES PLANCHES. 161 Fig. 12. RATON LAVEUR (Procyon lotori. Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. (Voir pl. vi, fig. 4, le cerveau du Raton dépouillé de ses membranes. ) Fig. 13. Binruron (Arcticis binturong, Temm. Moule de la cavité cérébrale: vu en dessus. Tiré de l’exemplaire décrit par de Blain ville. (Ostéogr., genre Subursus, pl. 1v.) PLANCHE VIII CERVEAU ET FORMES CÉRÉBRALES DES CARNIVORES. Fig. 1. RATON LAvVEUR (Procyon lotor). Cerveau; vu en dessus, Fig. 2. PROTÈLE HYÉNOIDE (Proteles hyœnoides). Cerveau; vu en dessus. Copie de la figure récemment publiée par M. Flower. Fig. 3. Furer (Putorius fœtidus furo). Cerveau; vu en dessus. Fig. 32. Vu de profil. Fig. 4. Fouine (Wartes foina). Cerveau; vu en dessus. Fig. 5. SURICATE (Suricala teiradactyla). erveau; vu en dessus. Fig. 6. MANGOUSTE À BANDES {Herpesles fasciatus, Desm.). Cerveau; vu en dessus. ‘ Fig. 7. MANGOUSTE DE L'INDE (Herpestes griseus, Desm.). Cerveau; vu en dessus. Fig. 8. Papa (Ailurus fulgens). oule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 9. AiLuROPODE (Ailuropoda melanoleuca! ). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. Fig. 10. Ours oRNÉ (Ursus ornalus?). Moule de la cavité cérébrale; vu en dessus. PLANCHE IX. CERVEAU DES CARNIVORES. Fig. 1. MANGOUSTE DES MARAIS (Herpestes paludosus). Cerveau; vu en dessus. Tiré d’un exemplaire du cap de Bonne-Espérance. 1. Si l'emploi qui a déjà été fait du nom d’Aiïluropodes devait le faire retirer à ce genre, on pourrait le remplacer ici par celui de Pandarclos, rappelant que l’Ursus melanoleucus de l'abbé David tient à la fois des Ours et des Pandas. 2. Genre Tremarctos, P. Gerv. 1, 162 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. nn C1 Fig. 2. PARADOXURE BoNDAR {Paradoæurus Bondar Le cerveau; vu en dessus. Fig. 2. Vu en dessous, Fig. 2P. Partie postérieure des ne après la section des pédoncules cérébraux. Fig. 2°, Face postérieure et face interne des hémisphères après la section des pédoncules, du corps calleux et du noyau cérébral, Fig. 3. Kinkasou (Cercoleptes caudivolvulus). Cerveau ; vu en dessus. Fig. 4. ZonriLce pu Cap (Zorilla striata). Cerveau; vu en dessus. Fig. 5. CIVETTE D'AFRIQUE (Viverra civelta). Cerveau; vu en Fig. 6. BLAIREAU de France (Meles caxus). Cerveau; vu en dessus. Fig. 7. GuÉparD (Cynailurus jubatus). Cerveau; vu en dessus. Fig. 8. LouTRE DE FRANCE (Lutra vulgaris). Cerveau; vu en dessus. Fig. 9. Ours d'Europe (Ursus arctos). Cerveau; vu en dessus. Tiré d’un ours mâle né à la ménagerie, de femelle envoyée de Russie et d’un mâle né lui-même à la ménagerie. Fig. 10. Coari (Nasua). Cerveau; vu en dessus. Fig. 11. HYÈNE TACHETÉE | Hyœna crocuta). Cerveau; vu en dessus. RECHERCHES SUR LES REPTILES FOSSILES DE L’AFRIQUE AUSTRALE PAR P. FISCHER Les collections du Muséum ne renfermaient, il y a peu d'années, aucun représentant des Reptiles triasiques de l'Afrique australe ; mais elles se sont enrichies récemment de pièces très-intéressantes. Telles sont : une belle plaque portant l'empreinte du Hesosaurus tenuidens, étudié et décrit par M. Gervais; un crâne de Ptychognathus d'espèce nouvelle donné par la Société des missions; enfin une importante collection d’ossements recueillis près d’Aliwal-North par M. Alfred Brown et composée d'ossements de Dinosauriens associés à d'autres Reptiles. M. Lartet, professeur de paléontologie au Muséum, ma chargé d'examiner les pièces appartenant à son laboratoire. Dans cette publi- cation, on trouvera la description du crâne du Ptychognathus depressus et de divers débris de Reptiles Dinosauriens. 464 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CHAPITRE I. HISTORIQUE. La découverte d’un grand nombre de Reptiles fossiles dans l'Afrique australe est due à Andrew Geddes Bain, géologue employé à la construction des routes militaires de la colonie du Cap. M. Bain, dans une leitre adressée à sir Henry de la Beche et datée du fort Beaufort, 29 avril 1844, indiqua les principaux résultats de ses observations géologiques !; il donna le nom de Bidentals aux singuliers Reptiles dont il'avait vu plusieurs crânes en bon état et expédia à Londres une collection de fossiles qui fut examinée par R. Owen *. Encouragé par le succès de ses premières investigations, M. Bain les continua sans relâche et publia en 1852 un travail sur la géologie de l'Afrique du sud°?. Les nouveaux documents qu’il avait recueillis furent étudiés par MM. Sharpe, Salter, Egerton, Hooker et Owen‘, et l'on peut dire que les bases de la paléontologie du Cap ont été édifiées grâce au concours de ces savants. 1. On the discovery of the fossil remains of bidental and other Reptiles in South Africa, by Andrew Geddes Bain. — Transact. of the geolog. Soc. of London, % series, t. NI, p- 53-59; 4845. | 2. Report on the Reptilian fossils of South Africa. Part 1. — Description of certain fossil crania discovered by A. G. Bain, in Sandstone Rocks at the Soulh-eastern extremity of Africa, referable to different species of an extinct genus of Reptilia (Dicynodon) and indicative of a new tribe or suborder of Sauria. — Loc. cit., p. 59-84; 1845. 3. On the Geology of Southern Africa. — Loc. cit., p. 178-192. 4. Sharpe, loc. cit., p. 193-215, 225-226. — Salter, loc. cit., p. 213-295. — Egerton, loc. cit., p. 226-227. —Hooker, Loc. cit., p. 227. —Owen, Part II. Description of the skull of a large species of Dicynodon (D. ligriceps) transmitted from South Africa, by À. G. Bain, loc. cil., p. 233-240; 4855. — Part LIL. On parts of the skeleton of the trunk of the Dicy- nodon tigriceps, loc. cit., p. 241-247; 1855. REPTILES FOSSILES. 165 La plupart des Reptiles fossiles de l’Afrique ont été décrits par R. Owen. Dans son premier mémoire ‘, le célèbre anatomiste anglais fit remarquer que le caractère le plus saillant des Reptiles découverts par Bain consistait dans la présence de deux longues défenses aiguës, courbées, analogues à celles des Machairodus, des Chevrotains et des Morses. Il leur imposa en conséquence le nom générique de Dicyno- don. IL acquit tout d'abord la preuve que ces Dicynodon étaient des animaux ovipares, à respiration pulmonaire, à sang froid, des Reptiles en un mot, mais n'appartenant ni à l'ordre des Crocodiliens, ni à l’ordre des Chéloniens. En effet, les Crocodiles et les Tortues ont un orifice nasal antérieur, simple, placé sur la ligne médiane, vers l’extré- mrité du rostre. Jamais les narines ne sont séparées en cavités dis- tinctes par l'intermaxillaire ou les os du nez. Chez les Dicynodon, les orifices antérieurs des fosses nasales sont distincts, écariés, latéraux ; l'extrémité antérieure du rostre est con- stituée par un intermaxillaire unique, massif, s’unissant directemeni en arrière avec les os du-nez. Les narines soni placées de chaque côté en dehors des os du nez et en arrière de l’intermaxillaire. Cette structure anatomiqne rapproche évidemment les Dicynodon des Sauriens, quoique l’apparence de la tête, le bord de leurs mâchoires édentulé et recouvert probablement durant la vie d’un étui corné, fassent penser à leurs affinités avec les Tortues. Parmi les débris envoyés par Bain, Owen crut reconnaître plu- sieurs espèces : 4° Dicynodon lacerticeps, dont on possède un très-beau crâne com- plet. La tête est assez allongée, très-dilatée en arrière. Les canines sont très-longues et entières; 2 Dicynodon testudiceps. Crâne très-large et très-court; orbites pe- tites, narines très-grandes, région nasale et intermaxillaire très-cour - 1. Owen, Loc. cit., parts, pl. Wt-vi. 166 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. bée, ce qui donne à la partie antérieure de la tête une grande ressem- blance a vec la face d'une Tortue. La voûte palatine montre en avant une dépression médiane et deux dépressions latérales longitudinales; en arrière une saillie assez élevée, allongée, médiane, est constituée par le vomer; 3° Dicynodon strigiceps. Forme douteuse, dont on ne connaît qu’un rostre, encore plus court par rapport au D. testudiceps, que le rostre du D. testudiceps V'était par rapport au D. lacerticeps. Les orbites sont placées en avant et ouvertes directement au-dessus des narines. Les défenses manquent; si elles existaient, elles devaient se projeter en arriére et au-dessous du bord postérieur de l'orbite; L° Dicynodon..… indéterminé.. Fragment de maxillaire d’un Dicy- nodon jeune et de très-petite taille montrant une partie de la base de la défense; ; 5° Dicynodon Baini, espèce connue seulement par la base d’une défense de deux pouces anglais de diamètre, et dont la section trans- verse est elliptique. Cette forme régulièrement elliptique n’a pu être produite par compression. D'après ses remarques sur les Dicynodon, Owen les considère comme un type Lacertien, présentant des modifications empruntées aux Crocodiliens et aux Chéloniens et une disposition spéciale qu’il appelle le caractère dicynodonte. Les défenses sont formées par une dentine compacte, non vascu- laire, recouverte d’une lame très-mince d'émail. Un tiers environ de la dent est cachée par l’alvéole; la cavité de la pulpe est conique ; une ligne médiane la continue sur toute la longueur de la dent, et de cette ligne rayonnent les tubes de dentine. Ceux-ci ont une disposi- tion plus compacte et par ce caractère s'éloignent des tubes calcigères des dents de Crocodiles pour se rapprocher de ceux des canines de Mammifères, Il n'existe pas de germe dans le fond des alvéoles. REPTILES FOSSILES. 167 L’extrémité des dents n’est pas usée comme les défenses du Du- gong ou les incisives des Rongeurs. On peut en inférer qu'elles étaient employées par l'animal vivant soit à tuer sa proie, soit à se défendre contre ses ennemis. Dans son deuxième mémoire sur les Reptiles fossiles de l'Afrique australe ‘, Owen fit connaître un magnifique crâne de Dicynodon, aussi remarquable par ses grandes dimensions que par le développement des arcades zygomatiques et des fosses temporales. Ce crâne, provenant de la rivière Gonzia (Cafrerie), a reçu le nom caractéristique de Dicynodon tigriceps. Le troisième mémoire d'Owen est consacré à l'étude du squelette du Dicynodon *. | Une vertèbre dorsale rapportée au Dicynodon tigriceps a quelques affinités avec les vertèbres du Plesiosæurus par les proportions de l'arc neural et de l’'apophyse épineuse; elle est profondément bicon- cave comme la vertèbre des Zchthyosaurus; enfin l'existence d’une dou- ble articulation pour les côtes la rapproche de celles des Crocodiliens et des Dinosauriens. Le sacrum paraît être constitué par cinq vertèbres soudées entre elles, caractère éminemment Dinosaurien. Le bassin est remarquable par sa forme massive et la fusion de ses éléments. Les os des mem- bres ressemblent à ceux des Chéloniens ; ils sont plus élargis à leurs extrémités articulaires. En 1859, Owen fit connaître de nouveaux types dans la famille des Dicynodontes *. Le sous-genre Péychognathus comprend les espèces à crâne élevé dont le plan naso-prémaxillaire très-long forme un angle plus ou 1. Owen, Loc. cit., part IE, pl. XxIX-XXXII. 2. Owen, Loc. cit., part IT, pl. XXXWHI-KXXIV- 3. Owen, On some Reptilian fossils from Sout Soc., p. 49-62; 1859. h Africa. — Quarterly Journal of geol. 168 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. moins obtus avec le plan fronto-pariétal. Les narines sont petites, éloignées du rostre ; les défenses partent du bord inférieur du maxil- laire. Le pariétal est simple, percé d’un trou médian. La sclérotique renfermait des pièces osseuses. La symphyse mandibulaire est convexe, épaisse en avant, redres- sée obliquement en haut, particularité qui est déterminée par la tron- cature oblique de la mâchoire supérieure. La bouche s’ouvrait donc obliquement en haut comme chez certains poissons, ce qui donne aux Ptychognathus une physionomie bizarre. Au sous-genre Ptychognathus appartiennent les espèces suivantes : 1° Ptychognathus declivis, Owen; 2° Ptychognathus latirostris, Owen; > Ptychognathus verticalis, Owen. Dans le même travail, Owen figura le genre Oudenodon, signalé par Bain * en 1856, et différant des Dicynodon par l'absence de dé- fenses. Trois espèces furent décrites : 1° Oudenodon Bain: Owen, dont la forme du crâne est voisine de celle des Dicynodon; 2 Oudenodon prognathus Owen ; crâne ‘analogue à celui des Ptycho- gnathus par l'élongation de la face ; 3° Oudenodon Greyi Owen, voisin de l’Oudenodon prognathus. Son appareil hyoïde présente de grands rapports avec celui des Chélo- niens, quoique certains de ses caractères se retrouvent chez les Lacertiens. | On pourrait se demander avec Owen si les Oudenodon ne sont pas des crânes de Dicynodon ou de Ptychognathus privés de défenses et ayant appartenu à des femelles; mais les ressemblances entre ces divers crânes ne sont pas assez saisissantes pour qu’on puisse accepter cette supposition. 1. Bain, The Eastern Province Monthly Magazine, p. 10. — Graham's Town. September 1856. REPTILES FOSSILES. 169 Jusqu'à cette époque, on ne connaissait bien dans l'Afrique aus- trale que les Reptiles Dicynodontes ; cependant quelques débris annonçaient que des Reptiles de familles différentes avaient été leurs contemporains. Ainsi M. Bain ‘ avait signalé à Blinkwater, dans le district du fort Beaufort, un grand Reptile pourvu de soixante-deux dents can- nelées, et appelé « Blinkwater monster ». Le Gamkasaurus, Reptile immense découvert par M. Bain, n’est pas décrit*. Un autre Reptile voisin du monstre de Blinkwater, mais plus petit, est indiqué par Bain * en 1861. | Owen donna les noms de Wassospondylus, Pachyspondylus, Leptospon- dylus à des vertèbres recueillies par MM. Orpen dans le Drakenberg, à 250 milles de Stormberg “. Elles appartenaient à des Reptiles carni- vores présentant des caractères communs aux Lacertiens et aux Cro- codiliens. On trouva avec elles des restes de sacrum analogue à celui des Dinosauriens. Mais la découverte, dans le Rhenosterberg *, des nouveaux genres, Galesaurus et Cynochampsa, vint accroître l'intérêt qui s’attachait à la Paléontologie de l’Afrique australe. Le Galesaurus planiceps Owen est connu par un crâne qui montre une certaine analogie entre sa dentition et celle des Mammifères carnassiers. Il est déprimé, allongé; les intermaxillaires portent de chaque côté quatre dents égales ; même nombre à la mâchoire 4. Bain, The Eastern Province Monthly Magazine, vol. I, p. 9-11. — Newspaper letter. June 1861. — Geol. Trans, vol. VII, p. 56. — Tate, Quarterly Journ. of geol. Soc., p. 143; 1867. 2. Tate, Loc. cit., p. 143; 1867. 3. Bain, Letter in Newspaper : Fort Beaufort Advocale. June 1861. — Tate, Loc. cil., p. 143; 1867. Fi &. Owen, Catalogue of the fossil organic remains of Reptilia and Pisces in the Museum of the Royal College of Surgeons, 185k. — Owen, Lectures on Fossil Reptilia; 1858. 5. Owen, On some Reptilian fossils from South Africa. — Quarterly Journ. of geol. Soc.; 1859. VI. 22 170 NOUVELLES ARCGUIVES DU MUSEUM. inférieure. Les canines sont longues et fortes, beaucoup plus déve- loppées que les autres dents. On trouve ensuite sur chaque mâchoire douze dents coniques, subcomprimées, égales entre elles. Les na- rines sont terminales et réunies entre elles comme celle des Cro- codiles et des Tortues. Condyle occipital unique ; un trou au milieu du pariétal. Le Cynochampsa laniarius Owen n’est représenté que par deux bouts de rostre. Ce reptile avait un museau allongé, subcylindrique, semblable à celui du Gavial et des Téléosaures. Les incisives petites, égales entre elles, sont séparées des autres dents par de grandes ca- nines inférieures et supérieures. Le prince Alfred, à la suite de son voyage au Cap, rapporta à Owen de nouveaux matériaux sur les Dicynodontes *. Un crâne de Ptychognathus, différent de ses congénères, fut décrit sous le nom de Ptychognathus Alfredi; il se distingue du Ptychognathus latirostris par la brièveté de la région fronto-pariétale. Owen décrit un bassin * ayant appartenu à un Dicynodon de la taille du D. tigriceps. Le sacrum se compose de cinq vertèbres réunies. La dernière vertèbre lombaire porte des côtes. L’ischion, l’ilium et le pubis s'unissent en un seul os innominé. L’ischion et le pubis du côté droit se soudant à ceux du côté gauche constituent une symphyse con- tinue comme celle de quelques mammifères et fermant complétement le trou obturateur. Ce dernier caractère est jusqu’à présent unique dans la série des Reptiles. Résumant ses travaux dans son Palæontology *, Owen créa l’ordre des Anomodontes pour les Reptiles fossiles de l'Afrique australe et les répartit dans les trois familles suivantes : 1. Owen, On the Dicynodont Reptilia with a description of some fossil remains brought by Prince Alfred from Africa. — Philosoph. Trans., p. 455-467, pl. x1x-xxr: 1862. 2. Owen, Loc. cit., Philosoph. Trans., p. 462-466, pl. XXII-XXIV, 1862, 3. Owen, Palæontology, Éd. 2: 1861. REPTILES FOSSILES,. 171 1° DICYNODONTIA. . . . . Dicynodon, Plychognathus. 20 CRYPTODONTIA . : « . . Oudenodon. GENODONTIA. , 5.5 57: Galesaurus, Cynochampsa. _ Nous croyons que cet ordre des Anomodontes est peu naturel ; les Cynodontia sont très-éloignés des Dicynodontia et des Cryptodontia, à cause de leur dentition et de la position terminale des narines réu- nies entre elles. Les affinités des Cynochampsa semblent beaucoup plus évidentes avec les Crocodiliens. Il est donc probable que cette classi- fication sera ultérieurement remaniée. J'arrive maintenant aux travaux des autres Paléontologistes qui se sont occupés des Reptiles de l'Afrique australe. Huxley, en février 1859, quelques mois par conséquent avant la communication d’Owen sur les Ptychognathus et les Oudenodon, décri- vit le crâne d’une nouvelle espèce de Dicynodon provenant des en- virons de Colesberg et qu’il appela Dicynodon Murrayi *. Le crâne, en médiocre état de conservation, est remarquable par l'angle de 90° que le plan naso-prémaxillaire fait avec le plan fronto- pariétal. La fosse supra-temporale est plus étendue transversalement que d’avant en arrière, ce qui est dû à la brièveté du pariétal. Les défenses ne sortent que près du bord de la mâchoire supérieure; leurs alvéoles commencent au-dessous des narines et se dirigent jus- qu’au niveau du bord postérieur de la symphyse mandibulaire. Les ouvertures nasales sont placées à la même hauteur que les orbites. Longueur totale : 6 ou 7 pouces anglais (15 à 17 centimètres) ; la longueur de la mâchoire supérieure, depuis le bout du rostre jus- qu'aux narines, est égale à un tiers ou même à la moitié de la lon- gueur totale. L’os tympanique atteint la moitié de la longueur du crâne. Il existe des restes de segments osseux de la sclérotique et d’une cloison osseuse interorbitaire. 1. Huxley, On a new species of Dicynodon (D. Murrayi) from near Colesberg, South Africa, and on the structure of the skull in the Dicynodonts.— Quarterly Journ. of the geol. Soc., p. 649, pl. xxu, fig. 3-6; pl. xxur; 1859. 172 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la figure donnée par Huxley pour être certain que son Dicynodon Murrayi est un véritable Ptychognathus. Huxley pense que les Dicynodontes avaient une longue queue; il fait remarquer que leurs narines et quelques autres caractères ostéo- logiques établissent entre eux et les oiseaux de remarquables affinités. En même temps il donne la description d’un petit Reptile Laby- rinthodonte découvert par M. Stow dans les couches à Dicynodon, et qu'il appelle Wicropholis Stowi*. Les fragments du crâne de ce Micropholis, la forme des dents et de la mâchoire inférieure, les traces d’un appareil hyoïde bien développé justifient sa répartition parmi les Labyrinthodontes. Son nom est basé sur la présence de nombreuses petites pièces polygonales constituant des écussons tégumentaires de la face infé- rieure de la tête et qui rappellent les plaques des Archegosaurus, quoi- que leur aspect soit différent. | - Huxley lui trouve quelque ressemblance avec les Metlopias ou avec le Labyrinthodon Bucklandi du trias de Warwickshire qui doit devenir le type du nouveau genre Dasyceps Huxley; il signale en outre des rapports entre le Wicropholis d’une part, le Brachyops laticeps Owen de l’Inde centrale et le Bothriceps australis Owen d'Australie, d'autre part. Après la découverte d’un Labyrinthodonte, Huxley annonça un fait paléontologique encore plus remarquable. M. Alfred Brown, d’Aliwal North, envoya à Londres une série d’ossements démontrant l'existence dans le grès à Dicynodon de débris de grands Reptiles Dinosauriens?. Une première espèce, nommée par Huxley £uskelesaurus Browni, est représentée surtout par deux fémurs dont la longueur totale de- vait dépasser 30 pouces (75 centimètres). La coupe de la diaphyse 1. Huxley, On some Amphibian and Reptilian remains from South Africa and Australia. — Quarterly Journ. of the geol. Soc., p. 642, pl. xxt; 4859 2. Huxley, On some remains of large Dinosaurian Reptiles from the Stormberg Moun- lains, South Africa. — Quarterly Journ. of the geol. Soc. p. 1-6. November 1866. REPTILES FOSSILES, 173 montre une vaste cavité médullaire de 2 1/2 à 3 pouces de diamètre (7, 5 centimètres). La forme de ces fémurs les rapproche plus des Megalosaurus que des Zguanodon; cependant leurs proportions étaient plus massives. Le plus long fémur d’/guanodon mesurant 44 pouces (4,12) et le plus long fémur de Megalosaurus 33 pouces (83 centimè- tres), on voit que les Dinosauriens d'Afrique n'étaient guère inférieurs par la taille à leurs congénères d'Europe. Une deuxième espèce appelée Orosaurus n’est connue que par l'extrémité articulaire et inférieure d’un fémur dont la taille corres- pond à celle de l’Iguanodon. Il est regrettable que ni l’Euskelesaurus ni l’Orôsaurus n'aient été figurés par Huxley. Enfin Huxley vient de décrire récemment‘ deux Reptiles Lacer- tiens des couches à Dicynodon. Le Saurosternon Baini provient de Styl Krantz, Sniewe Berg. Il est long de 7 à 8 pouces ; malheureusement la tête manque. L'inter-cla- viculaire ou os en croix est semblable à celui des Monitors. Les mem- bres antérieurs et postérieurs sont pourvus de cinq doigts terminés par des griffes. Le Pristerodon Mac Kayi, découvert par M. Mac Kay près de l'em- bouchure de la rivière Buffalo, est représenté par un crâne et des portions de mandibules. La tête est triangulaire, dilatée, à cavités orbitaires, grandes, écartées, à fosses temporales très-développées. Les dents n'étaient pas placées dans des alvéoles distincts, mais bien dans une rainure os- seuse. Au fond de la rainure on voit des dents de remplacement qui poussent de bas en haut. On compte 8 ou 9 dents sur chaque man- dibule. La cavité du bulbe s’étend jusqu’à l'extrémité de la dent; le bord antérieur de celle-ci est lisse ; le bord postérieur est pourvu de denticulations fortes et allongées. 1. Huxley, On Saurosternon. Baini and Pristerodon Mac Kayi, two new fossil Lacerli- Lian Reptiles from South Africa — Geolog. Magaz., vol. V, n° 5, p. 201; 1868. 47h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. M. Gervais : avait décrit en 1865 un petit Saurien d’une taille un peu supérieure à celle du Lézard ocellé et provenant du pays des Griquas, au nord de la rivière Orange, où il avait été recueilli par A. Verreaux. Ce Reptile appelé Mesosaurus tenuidens a été étudié de nouveau et figuré récemment ?. La tête est étroite, allongée, longue de 66 millimètres ; la man- dibule analogue à celle des Crocodiliens et des Plésiosaures possède une longue symphyse. Les dents, très-fines, très-longues, pointues, sont au nombre de 40 environ de chaque côté ; mais ce nombre repré- sente celui des dents des deux mâchoires qui ont été comprimées. Le cou allongé se compose de sept vertèbres cervicales ; la sep- tième s'articule avec une petite côte cervicale. Les dorsales sont un peu plus longues que larges; leurs surfaces articulaires ne semblent pas excavées. Côtes remarquablement épaisses et fortes ; coracoïdien simple, non digité ; humérus semblable à celui des Plesiosaurus et des Simosaurus, mais percé d’un trou épicondylien ; radius et cubitus, pha- langes comme ceux des Reptiles terrestres et radicalement différents des mêmes os chez les Enaliosauriens. M. Gervais conclut, d’après la conformation de l'épaule, que son Reptile était aquatique ; il le rapproche des Lariosauriens (Lariosaurus, Macromiosaurus et Pachypleurus) décrits dans le Lias par Curioni *, Tels sont les différents Reptiles recueillis jusqu’à ce jour dans l'Afrique australe. L’immense étendue des couches qui les renferment, et où l’on distingue déjà deux horizons de Reptiles : les Stormberg Beds (£uskelesaurus, Orosaurus, Cynochampsa, Massospondylus, etc.) et les Beaufort Beds (Dicynodon, Ptychognathus, Oudenodon) sous-jacents, nous 1. Gervais, Comptes rendus de l’Institut ; 8 mai 1865. 2. Gervais, Du Mesosaurus tenuidens, reptile fossile de l'Afrique australe, — Zool. et Paléont. génér., re série, p. 223, pl. xLn1; 4867-1869. 3. Curioni, Giornale lombardo, t. XVI, P. 157; 1847. — Pictet, Traité de Paléontol. ; 2e éd., t. I, p. 817: 1853. : REPTILES FOSSILES, 175 fait supposer que cette faune si intéressante doit recevoir bientôt de nombreuses additions. | L'âge géologique des grès à Dicynodon ou de la série de Karoo dont ils font partie n’est pas encore tout à fait fixé. Les plantes dé- crites par Ralph Tate ‘ paraissent triasiques ; les mollusques fossiles sont des plus énigmatiques ; Sharpe les a rapportés aux genres lridina et Cyrena *. Les affinités des Reptiles avec ceux des Trias semblent assez évidentes à Huxley *. On a même indiqué dans le Trias de l'Inde des débris de Dicynodon *. Les Karoo Beds, intercalés entre le Carboniferous limestone et le terrain jurassique de l'Afrique, ont donc probablement appartenu à l'époque du Trias, si riche en Reptiles et dont les restes ont été dé- couverts depuis peu en Angleterre, en Allemagne, dans les monts Oural, dans l'Inde centrale et jusque dans l'Amérique du Nord. Aussi l'opinion de Wyley, qui place les Karoo Beds dans le Carboniférien, a-t-elle trouvé jusqu’à présent peu de défenseurs *. Voici d’ailleurs en regard les deux classifications géologiques de la série de Karoo. 4, Ralph Tate, On some secondary Fossils from South Africa. — Quart. Journ. of geol. Soc. p. 440, 141, pl. V et VI; août 1867. 2. Daniel Sharpe, Description of some remains of Mollusca from near Graaf Reinet. — Trans. of geol. Soc., t. VIE p. 225, pl. xxvinr; 1852. 3. Huxley, On the Classification of Dinosauria with observations on the Dinosauria of the Trias. — Quart. Journ. of geol. Society ; 1870. &. Hislop, Extracts from letters relating lo the discovery of Fossil teeth and bones of Reptiles in Central India. — Quart. Journ. of geol. Soc., p. 117; 1864. 5. Wyley, in Tate, loc. cit., p. 172; 1867. 476 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. CLASSIFICATION DE WYLEY Localités pper. .« . . — Drakenberg Range, Orange River, Free States and Na- tal, Stormberg Range, Al- Coal bert, etc. NE res — Stormberg Beds. dote. Middle. . . . — Beaufort Reinet, Colesberg, L Gradock, Fort Beaufort, etc. — Beaufort Beds. . Evhee Lower. . . . — Worcester, Somerset, etc.. — Koonap Beds. .} Series. CLASSIFICATION DE R. TATE, per Triassic Karoo shale . — Worcester, Victoria, etc. . — Upper Ecca Beds. | ©r New Trap Red Carboni= } Conglomerate . . . . : : : . . . . . . . — TrapBreccia . . | Sandstone. ferous shale. Lower OS Sd — Lower Ecca Beds. LISTE DES REPTILES FOSSILES DE L'AFRIQUE AUSTRALE. Pour compléter ces recherches préliminaires, j'ai dressé le sy- nopsis suivant des Reptiles de l'Afrique australe. DICYNODON Owen. 1° DicyNoDoN LACGERTICEPS Owen, Trans. geol, Soc. of London, vol. VII, D. 02, pl. ir, 1v. 2 DicyNopon TEsTuDiceps Owen, Trans. geol. Soc. of London, vol. VII p. 74, pl. v et 1, fig. 6. 3° DicyNopoN srriGicers Owen, Trans. geol. Soc. of London, vol. VII, p. 75, pl. vi, 4° Dicynopon Bain Owen, Trans. geol. Soc. of London, vol. VIL, p. 76. 5° DicyNonoN ..…. indet….. Owen, Trans. geol. Soc. of London, vol. VI, p. 76, pl. vi, fig. 4. 6° DicyNonon ricriceps Owen, Trans. geol. Soc. of London, vol. VIE p. 233-247 pl. XxIX-Xxx1V. — Philosoph. Trans.; 1862, p. 459, pl. xxni, fig. 1-2. — Philosoph. Trans.; 1862, p. 462-466, pl. xxru- XXIV. PTYCHOGNATHUS Owen. 7° dunes DECLIVIS Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1860, p. 49, pl. 1, fig. 3-5. — Philosoph. Trans.; 1862, pl. xxx, fig. 2. 8° ru LATIROSTRIS Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1860, p. 51. — Philos. Trans.; 1862, pl. xxi, fig. 4. 9° PTYCHOGNATHUS VERTICALIS Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1860, p. 54, pl. 1, fig, REPTILES FOSSILES, 177 10° PTYCHOGNATHUS ALFREDI Owen, Philosoph. Trans.; 1862, p. 456-459, pl. xIx-xx. 11° PTYcnoGNaATHUS Murrayi Huxley, Quarterly Journ. geol. Soc.; 4859, p. 649, pl. XxH, ‘ - 3-6 et pl. xxx (DIGYNODON). — Ann. and. Mag. of Nat. Hist., vol. mx, 3° sér.; 4859, p. 507. 42° PTYCHOGNATHUS DEPRESSUS Fischer, Nov. sp. OUDENODON Bain. 43° Oupenopon Bari Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1859, p. 55, pl. 1, fig. 4. — Pa- lœæontology, p. 261. 14° OUDENODON PROGNATHUS Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 4859, p. 55. 15° OunenoDon GRey1 Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1859, p. 56, pl. mm, fig. 5. GALESAURUS Owen. 16° GALESAURUS PLANICEPS Owen, Quarterly Journ. geol. soc.; 1859, p. 58, pl. tr. CYNOCHAMPSA Owen. 17° CYNOCHAMPSA LANIARIUS Owen, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1859, p. 51, pl. nt, fig. 1-4. MESOSAURUS Gervais. 18° MESOSAURUS TENUIDENS Gervais, Comptes rendus de l'Inst.; 8 mai 4865. — Zool. et paléont. gén., p. 223, pl. xLII. SAUROSTERNON Huxley. 19° SAUROSTERNON Baini Huxley, Geolog. Magaz., vol. V.; 1868, p. 201, pl. 1. PRISTERODON Huxley. 20° PristeronoN Mac Kay: Huxley, Geolog. Magaz., vol. V; 1868, p. 204, pl. xt. EUSKELESAURUS Huxley. 940 EuskeLesaurus Browni Huxley, Quart. Journ. geol. Soc.; 1866, p. 1-6. OROSAURUS Huxley. 220 OrosAURUS..... ind... Huxley. Quart. Journ. geol. Soc.; 1866, p. 1-6. MICROPHOLIS Huxley. 93° MicrorxoLis Srowi Huxley, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1859, p. 642, pl. xx1. ESPÈCES NON DÉCRITES OU MAL CONNUES. 240 Massosponpyzus ….… Owen, Catal. fossil Reptilia in the Museum of the Royal Coll. of surgeons, p. 97-106. — Lectures on fossil Reptilia. VI. 178 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 25° PACHYSPONDYLUS.... Owen, Cat. loc. cit. — Lectures, Loc. cit. 26° Lep .…. Owen, Cat. loc. cit. — Lectures, loc. cit. 27° GamKkASAURUS..... Bain, Tate, Quarterly Journ. geol. Soc.; 1867, p. 143. 28° BLINKWATER Monster... Bain, Geol. Trans., vol. VII, p. 225; Tate, loc. cil., p. 143. 29° Reptile plus petit que le BLINKWATER MONSTER..… Bain, Tate, loc. cit., p. 143. L'ensemble de cette faune de Reptiles est caractérisé par la pré- dominance des Reptiles Anomodontes (Dicynodon, Ptychognathus, Oude- nodon), qui doivent former un ordre particulier aussi important dans la classification que les ordres des Crocodiliens, Lacertiens, Chélo- niens, etc. Owen avait classé parmi les Anomodontes la famille des Reptiles qu'il appelle Cynodontia et qui comprend les Galesaurus et les Cyno- champsa. 11 me semble que ces derniers devront être rapprochés des Crocodiliens ‘, ainsi que le Mesosaurus, dont nous ne connaissons pas malheureusement la disposition des narines. L'ordre des Lacertiens est représenté par le Saurosternon et peut- être par le Pristerodon. On rapportera aux Dinosauriens les Euskelesau- rus et Orosaurus. Enfin les Labyrinthodontes ont pour représentant le Micropholis. L'absence complète d’Enaliosauriens donne à la Faune triasique de l'Afrique australe le caractère d’une Faune terrestre ou lacustre, caractère confirmé d’ailleurs par la Flore. Les grands Dinosauriens de cette époque font supposer qu'ils habitaient soit un continent, soit une île d’une grande étenuue. Enfin les caractères paléontologiques des Reptiles de l'Afrique australe établissent leurs affinités avec les Reptiles triasiques des autres régions du globe, résultat qui concorde avec les données géo- logiques. 1. M. Alfred Brown, dans une lettre adressée à M. Lartet, annonce la découverte de belles plaques dermiques qu’il rapporte à un Cynochampsa; ce fait serait en faveur des affinités des Cynochampsa avec les Teleosaurus, dont le squelette dermique est si développé. REPTILES FOSSILES. 179 CHAPITRE II. DESCRIPTION DU PTYCHOGNATHUS DEPRESSUS. La maison des Missions étrangères de Paris a donné au Muséum, par l'entremise de feu Hollard, un crâne de Reptile Dicynodonte, rapporté de l’Afrique australe, sans indication précise de localité, mais dont la gangue indique sans aucun doute la provenance. Ce crâne a été étudié par mon collègue A. Gaudry, qui m'a communiqué son travail presque complétement rédigé en apprenant que j'avais l'in- tention de publier des recherches sur les Reptiles fossiles d'Afrique. Qu'il me soit permis de le remercier ici de ses précieux conseils, d'autant plus qu'il a pris la peine de comparer notre fossile avec les nombreux crânes de Dicynodontes conservés dans les collections du British Museum et qui lui ont été communiqués par R. Owen. Le crâne du Muséum de Paris est de forme triangulaire, atténué en avant, élargi en arrière, aplati dans la région pariétale, déclive dans la région nasale. Le plan facial fait avec le plan pariétal un angle obtus de 135°, et le plan occipital fait avec le plan pariétal un angle aigu de 75°. Le museau paraît tronqué brusquement. Les os ne sont pas conservés partout; le plus souvent ils ont été usés ; sur quelques points ils ont disparu jusqu’à la gangue, qui est un grès dur, à grains très-fins, de couleur gris verdâtre. Face postérieure du crâne. — Elle est large, oblique d’arrière en avant et de haut en bas, subtrapézoïdale, à bord supérieur arqué. Par sa direction, cette face est subparallèle au plan de la face, caractère qui semble propre aux Dicynodontes. Les diverses pièces qui la com- 180 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. posent ferment presque complétement le crâne en arrière, ainsi que chez les Crocodiles et les Oiseaux. Le bord supérieur est formé en partie par le pariétal qui sur- monte un suroccipital large, aplati, dilaté, rayonnant au-dessus du trou occipital. Celui-ci est plus long que large, dilaté inférieurement, arrondi supérieurement. Le condyle, unique comme celui des Oiseaux et des vrais Reptiles, est traversé par deux filets de gangue qui indiquent son partage en trois parties : l’une médiane plus large, plus inférieure, dépendant du basilaire ou basi-occipital; les deux autres latérales, fournies par les exoccipitaux ou occipitaux latéraux. En avant du con- dyle, on trouve une large surface terminée latéralement par deux saillies qu'Owen appelle hypapophyses ou processus inférieurs du basi-occipital, mais qui semblent faire partie du sphénoïde. Sur la face externe de ces hypapophyses s'appuient de chaque côté des os qui se rendent transversalement aux côtés internes des apophyses articulaires des tympaniques. Ce sont les ptérygoïdiens qui sur notre fossile ont la même disposition que chez les Chélonées. Ces ptérygoïdiens, un peu modifiés chez les Oiseaux, ont été consi- dérés comme des os particuliers qu’on a appelés omoïdes. Latéralement la face postérieure du crâne est formée par les exoccipitaux ou occipitaux latéraux et les paroccipitaux ou occipi- taux externes placés en dessous des précédents. Ces divisions de l’oc- ” cipital sont rayonnées ; dans les intervalles des rayons existaient des dépressions ou peut-être même de véritables fosses. Sur notre fossile on voit un remplissage par la gangue situé entre le suroccipital et l’exoccipital. La séparation exacte des exoccipitaux et des paroccipi- taux n’est pas possible. Les bords externes de la face postérieure du crâne sont limités par les tympaniques. Ces os sont dilatés vers leur apophyse articu- laire inférieure, assez étroits au-dessus. L’usure des tympaniques REPTILES FOSSILES, 181 semble indiquer qu'ils étaient appliqués sur les mastoïdiens seuls visibles au niveau du suroccipital et du pariétal. La même disposition existe chez les Chélonées. Les trous sous-condyliens remplis par la gangue sont petits et placés en dehors des condyles. Entre le tympanique en dehors, le ptérygoïdien en avant, l'occi- pital latéral en dedans, l’occipital externe en arrière, existe une fosse ovoïde remplie par la gangue et correspondant à une fosse analogue de l’arrière-crâne des Tortues. Cette fosse est destinée au passage de plusieurs nerfs et représente les trous déchirés. Face supérieure du crâne. — Elle est formée par deux plans qui se coupent sous un angle obtus : le plan prémaxillo-nasal en avant et le plan fronto-pariétal en arrière. L’intermaxillaire est large, triangulaire ; il surmonte et dépasse antérieurement l'extrémité de la mandibule, ainsi que chez les Tor- tues; le tissu osseux n'existe plus sur notre pièce, mais son empreinte est bombée et indique l'existence d’une sorte de bosse médiane. Owen croit que l’'intermaxillaire est unique chez les Dicyno- dontes, mais l’on voit sur notre crâne et à l'angle postérieur de l’in- termaxillaire un commencement de sillon qui indique une suture médiane. Los serait donc double et la soudure ne se montrerait qu'à un âge très-avancé. En arrière de l’intermaxillaire existent les naseaux, mais nous ne pouvons les limiter. Les narines devaient être moins grandes que les cavités orbitaires. Elles sont peu distinctes, mais leur bord antérieur est indiqué par une dépression profonde et arquée. Elles sont bien latérales comme chez les Oiseaux et les Reptiles Énaliosauriens. Latéralement se montrent les maxillaires dans lesquels sont im- plantées les défenses. Celles-ci sont cylindriques, dirigées d’arrière en avant et un peu de haut en bas; leur courbure est peu prononcée. La portion de défense comprise dans l’alvéole était creuse en 182 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. arrière, où la cavité du bulbe est remplie par la gangue. L'ivoire a peu d'épaisseur. La paroi antérieure de l’alvéole a été détruite ainsi que l'extrémité compacte de la défense. D’après leur direction, les dé- fenses croisaient presque à angle droit la symphyse mandibulaire, et leur pointe la dépassait sensiblement en avant. La face fronto-pariétale, dilatée et aplatie, est constituée en avant par les frontaux que nous ne pouvons limiter. Au centre, on remarque l'empreinte d’un os pair, médian, allongé longitudinale- ment, atténué en avant. Cest le pariétal qui, en arrière, fournit des expansions latérales s’articulant avec le suroccipital, Le crâne ayant été usé, la crête qui sépare le plan fronto-pariétal du plan occipital est en partie détruite. Le trou pariétal devait être placé en arrière. Les cavités orbitaires sont grandes, arrondies, éloignées l’une de l’autre, rapprochées du plan fronto-pariétal. Les globes oculaires, par conséquent, se trouvaient placés à fleur de tête. Les fosses tem- porales situées en arrière des orbites sont plus étendues transver- salement que longitudinalement; elles sont néanmoins plus petites que chez les Dicynodon. On sait que les cavités orbitaires des Dicynodontes sont fermées. Il en est de même chez les Crocodiles, les Tortues et la plupart des Sauriens. Le temporal limite le crâne en dehors et en bas. Entre le maxillaire et l’arcade zygomatique en haut, le mastoi- dien et le tympanique en arrière et la mandibule en bas, existe une fosse profonde ayant la forme d’un triangle dont la base serait placée en arrière et le sommet en avant. Cette fosse caractéristique des Dicy- nodontes a sur notre pièce une très-faible hauteur. Face inférieure du crâne. — La mandibule, de forme triangulaire, est aiguë en avant. Elle ressemble beaucoup à celle des Tortues. En avant et au niveau de la symphyse, l'os se redresse et arrive à former un plan qui se continue avec le plan du bout du rostre de la mâchoire supérieure. REPTILES FOSSILES, 183 La table externe de la symphyse ayant été usée, on remarque au mi- lieu du tissu osseux le remplissage par une matière spathique de deux cavités dirigées d’arrière en avant et simulant deux alvéoles incisives de la mâchoire inférieure. Existe-t-il dans la mâchoire inférieure deux dents rudimentaires aussi peu; développées que les dents des Hyperodon parmi les Cétacés ? Nous n’osons l’affirmer, mais nous appe- lons sur ce sujet l'attention des paléontologistes. Il serait d’ailleurs facile de trancher la question en sectionnant des mandibules de Dicy- nodon ou de Ptychognathus. Les traces de suture entre les divers os de la mandibule font re- connaître une portion de l’angulaire visible vers la moitié du bord inférieur de la mâchoire et une portion de surangulaire placée en dehors et en arrière et qui se soude avec l’articulaire pour constituer - le condyle de la mâchoire. Le condyle est élargi, trilobé ; le lobe médian ou postérieur, plus long que celui des Tortues, est moins développé que chez les Varans et l’Iguane. La mandibule inférieure paraît peu élevée dans toute sa lon- gueur; chez la plupart des Reptiles Dicynodontes elle est haute et épaisse. Nous ne pouvons y reconnaître le grand trou qu'Owen à vu chez tous ses Dicynodontes et qui représente la perforation de la mandibule des Crocodiliens. DIMENSIONS. Longueur du crâne.....................:..:........ Om,114 Largeur en arrière.....s.............sssessss.e. Om,075 Largeur aux points d'émergence des canines......,..... 0%,046 Hauteur en arrière. s.ssssonessessemesnssrsensress 0,050 Plus grande titiééuf. vers le nilloé de la face supérieure. 0,065 Hauteur du museau........... sie ess dés de pe 0w,043 Hauteur du menton......................s..e.s 0m,030 Hauteur du trou occipital.....................:. .... 0,016 184 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Largeur du trou occipital................. rss D 0,042 Largeur de l’extrémité articulaire de l'os tympanique.... 0,046 Diaréire des CANNES, AUS MR die Ne Hi 0m,010 Plus grand espace compris entre les mandibules........ 0m,065 Plus grande longueur des mandibules.....,........... 0,080 Largeur de la symphyse mandibulaire............... . 0,022 Hauteur de la symphyse mandibulaire................. 0w,018 Rapports et différences. — Les caractères du crâne que nous venons de décrire ne laissent aucun doute sur son classement dans le genre Ptychognathus d'Owen. L’angle formé par le plan fronto-pariétal à sa rencontre avec le plan naso-prémaxillaire est, comme nous l'avons vu, de 155°. Le plan occipital est subparallèle au plan naso-prémaxil- laire ; les défenses émergent vers le bord antérieur du maxillaire; les orbites sont placées en arrière; la fosse temporale est petite ; enfin la mandibule se relève fortement en haut et en avant: toutes ces disposi- tions anatomiques sont propres aux Ptychognathus et les distinguent des Dicynodon. La distinction spécifique à établir entre notre crâne et les divers Ptychognathus est fondée sur les différences suivantes : 1° Ptychognathus declivis. — Le crâne décrit par Owen est d’un tiers plus grand que celui de notre espèce. Sa forme est très-élevée : l'espace compris entre le bout du rostre et la narine est considérable ; la symphyse de la mandibule est beaucoup plus haute. 2° Ptychognathus verticalis. — La tête de cette espèce a une forme particulière ; elle est subquadrangulaire, le plan naso-prémaxillaire et le plan fronto-pariétal se Coupant presque à angle droit. Le crâne de notre espèce, au contraire, est un peu aplati; le plan naso-prémaxillaire est très-oblique. Même grandeur de crâne. 5° Ptychognathus Murrayi. — L'angle formé par les plans naso-pré- maxillaire et fronto-pariétal est ici de 90°; le crâne a quelques rap- ports de forme avec celui du Ptychognathus declivis, mais il est plus Court d'avant en arrière, L'angle des deux plans de la face et du REPTILES FOSSILES. 185 crâne est plus aigu ; il diffère du crâne du Ptychognathus verticalis par son plan naso-prémaxillaire plus allongé. L° Ptychognathus latirostris. — Crâne plus grand d’un tiers que celui de notre espèce; beaucoup plus élargi en arrière, plus élevr au niveau de l'angle formé par les plans de la face et du crâne. Le plan naso-prémaxillaire est plus allongé ainsi que la distance com- prise entre le bout du rostre et l’orifiçce antérieur des fosses nasales. Enfin la fosse comprise entre la mandibule, le tympanique et l’arcade zygomatique est plus élevée. 5° Ptychognathus Alfredi. — La tête de cette espèce est beaucoup plus haute que celle de notre Ptychognathus. La distance du rostre à l’œil est considérable ; la face occipitale est relativement étroite; la fosse susmandibulaire est extrêmement haute; enfin le bord interne de la mandibule est arrondi en avant et non anguleux. Le crâne que nous possédons différant de ses congénères, nous proposons de l’appeler Ptychognathus depressus. Il a pour caractères spé- cifiques : un angle frontal très-obtus , une face assez courte, un inter- maxillaire renflé sur la ligne médiane et non plan, des narines étroites, une cavité orbitaire grande et arrondie, des fosses temporales étroites et transversales, un os tympanique assez court, une fosse sus-mandi- bulaire peu élevée, une mandibule anguleuse et étroite en avant. 186 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CHAPITRE ITI. DESCRIPTION DES OSSEMENTS DE DINOSAURIENS DES MONTAGNES DE STORMBERG. La collection d’ossements formée par M. Alfred Brown, d’Aliwal- North, Orange-River (Afrique australe), se compose : 1° D'une série d’ossements de grande taille que nous rapportons à des Reptiles Dinosauriens, et qui vont être décrits dans le cours de ce mémoire. Ces débris proviennent, d'après M. Brown, des montagnes de Stormberg, qui ont donné leur nom aux couches fossilifères de Stormberg, superposées aux couches à Reptiles de Beaufort. Les montagnes de Stormberg forment une série de terrasses à cimes aplaties et couvertes de sable; elles sont composées de couches alternantes de grès et de schistes. Quelques portions de ces couches sont endurcies et divisées par des dykes de trap, de telle sorte qu’elles devaient être horizontales au moment de cette pénétration. Les ossements de Reptiles Dinosauriens ont été obtenus dans une seule localité en pratiquant des excavations à travers 47 pieds 4/2 d’une roche compacte de pierre à bâtir (freestone). Nous avons déjà vu que les couches de Stormberg sont placées par M. Wyley dans le terrain houiller supérieur (Upper coal measures) ; par MM. Huxley et Tate dans la formation triasique supérieure (Vew red sandstone) ; M. Brown pense qu'elles appartiennent plutôt au terrain permien qu'au terrain houiller ou triasique. L'importance de ces distinctions est beaucoup moindre depuis REPTILES FOSSILES, 187 que la plupart des géologues, à l'exemple de M. Huxley, considèrent le permien et le trias comme formant une grande époque géologique, qui comprend tous les terrains désignés autrefois par Conybeare sous le nom de Poikilitie, et qui correspond au Vew red sandstone, tel que le limite M. d'Omalius ‘. La Faune des Reptiles de cette époque offre sur tous les points du globe de grandes analogies relatives, mais elle revêt dans l'Afrique australe un caractère étonnant de spécialisation. Les fossiles de Stormberg paraissent être du même âge que ceux de Drackensberg, quoique les deux gisements soient éloignés de 250 milles; 2° D’une série d'empreintes de plantes trouvées dans les couches à Reptiles Dinosauriens de Stormberg. Cette collection doit être exami- née par les botanistes; l'opinion sommaire de M. Brongniart est que les plantes de Stormberg semblent appartenir à la Flore Permienne ?, conclusion qui vient corroborer l'opinion déjà émise par M. A. Brown; 3° D'une série d’ossements de diverses provenances et recueillis -Soit dans les schistes du voisinage d’Aliwal, soit dans des conglo- mérats ferrugineux, soit dans les couches de Drackensberg, etc., qui feront l’objet d’un travail subséquent. M. Brown a généreusement offert ces belles collections au Mu- séum, et il annonce l'envoi prochain d’une nouvelle série d’ossements qui comprend des Dinosauriens, des Dicynodontes, des Cynochampsa et des Reptiles encore indéterminés. Vertèbres. — Nous possédons plusieurs vertébres caudales du Di- nosaurien du Cap; quelques-unes même sont encore unies par petits groupes. 4. Jules Marcou, les Derniers Travaux sur le Dyas et le Trias de Russie. (Bull. de la Soc. géol. de France, p. 923. — Séance du 7 juin 4869.) 2. M. Brongniart a eu l’obligeance de se eharger de l'examen de cette flore fossile, et l’on trouvera plus loin la note qu’il nous a remise # ce sujet. 188 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Les corps vertébraux sont épais, denses, très-gros, atténués légè- rement vers leur partie moyenne, élargis et formant un bourrelet rugueux près des surfaces articulaires. La longueur des corps vertébraux varie entre 13 et 10 centimè- tres 1/2, d'une surface articulaire à l’autre ; la hauteur, de l'os en V au trou vertébral, est de 13 centimètres ; enfin le diamètre transverse de la surface articulaire est de 13 centimètres environ. A la face inférieure de chaque corps vertébral, on voit une arête longitudinale bien prononcée ou sorte de carène; au-dessus de cette carène la vertèbre est latéralement comprimée. Les surfaces articulaires sont subarrondies ou irrégulièrement subpentagonales, un peu concaves de chaque côté; mais cette conca- vité est plus prononcée en avant qu’en arrière. Chaque vertèbre caudale porte à sa partie postérieure et inférieure un os en V ou hémapophyse. Deux de ces os sont en place. Ils sont robustes, épais, rugueux à leur base; leurs extrémités manquent ; l’un est long de 19, l’autre de 20 centimètres. Ils sont larges, à leur base, de 9 centimètres. Les os en V sont formés de deux lames qui s’unissent rapidement l'une à l'autre, en laissant entre elles un intervalle triangulaire et étroit. Ils sont allongés, comprimés latéralement ; leur bord antérieur est émoussé, le postérieur assez tranchant. La fente du V est courte, caractère opposé à celui des hémapophyses de Crocodiliens et qui rapproche plutôt notre Reptile des Lacertiens, de l’Iquanodon, du Sce- lidosaurus et des autres Dinosauriens. L'hémapophyse, d’après sa direction, était couchée sur la colonne vertébrale en faisant avec elle un angle aigu. Elle paraît être une dépendance de la vertèbre sur le bord postérieur de laquelle elle s’'ap- puie. Ses grandes dimensions font supposer que la queue des Dino- sauriens était aplatie latéralement et carénée. Dans ces conditions, il REPTILES FOSSILES. 189 est permis de supposer que les. Dinosauriens devaient être nageurs; néanmoins le faible diamètre de la fente du V indique peu de largeur de l'artère sacrée moyenne et par conséquent des muscles peu actifs. Peut-être encore cette énorme queue servait-elle de support comme celle des Kanguroos. Les apophyses transverses forment des lames horizontales placées sur les côtés du trou vertébral et portées sur un pédicule assez gros. Elles sont trop incomplètes pour qu'on puisse se rendre compte de leur longueur; elles semblent dirigées d'avant en arrière comme les apophyses transverses des premières vertèbres caudales de Croco- diles. Le trou vertébral de presque toutes nos vertèbres est petit ; son plus grand diamètre est transversal. Mais cette disposition est due à une compression de l’os pendant la fossilisation. Sur une seule vertè- bre, qui n’est pas déformée, le trou mesure 4 centimètres de diamètre transverse et 3,5 de hauteur. Le trou est entouré par la base des apo- physes épineuses et transverses qui constitue un anneau large, solide. Nous n'avons que la base de l’apophyse épineuse, et nous ne sa- vons pas si l’épine atteignait l'énorme développement qu’elle présente chez l’/guanodon et le Megalosaurus. Les apophyses articulaires anté- rieures de chaque vertèbre caudale recouvrent et cachent les apo- physes articulaires postérieures de la vertèbre précédente. Elles sont larges et fortes. Les vertèbres caudales du Dinosaurien du Cap sont d'un tiers plus longues que les vertèbres dorsales du Megalosaurus et de l’Zguano- don: elles annoncent un animal plus robuste, dont le tissu osseux était très-dense et épais autour du trou vertébral. Les proportions relatives de la longueur et de la hauteur du corps nous donnent leur caractère dinosaurien. Peu de Reptiles fossiles atteignent de pareilles dimensions, à l'ex- 190 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ception des Pelorosaurus et des Cetiosaurus *. Parmi les Mammiféres terrestres, les vertèbres du Megatherium sont d’un tiers et celles de l'Éléphant de moitié plus petites. Os du bassin. — La pièce la plus remarquable de la collection for- _mée par M. A. Brown est un os plat, de grande dimension et ayant fait partie du bassin. Il n’a aucune affinité avec l'os iliaque des Rep- tiles et spécialement avec celui des Megalosaurus bien connu depuis la découverte de Buckland, qui en avait soupçonné les véritables rapports anatomiques, et que Cuvier, par erreur, à rapporté au coracoïdien ?. Cet exemple démontre combien il est difficile d'arriver à la détermi- nation précise des os de Dinosauriens. Notre ossement par conséquent est un ischion ou un pubis. Sa longueur est de 59 centimètres et sa largeur de 20 centimètres au maximum, Il est peu épais, excepté vers son extrémité articulaire et vers le rebord de l'extrémité opposée; sa forme est celle d’un triangle très-allongé. Il a beaucoup de ressemblance avec le pubis des Varans, et, dans cette hypothèse, il appartiendrait à un pubis du côté droit, La face externe de l'os est très-peu convexe ; le bord antérieur est plus épais que le bord postérieur ; le bord inférieur est épaissi sur cette face. Le bord postérieur circonscrit en arrière et en haut le tou obturateur en décrivant une courbe assez rapide. La face interne de l'os est aplatie. L'extrémité articulaire a 17 centimètres dans son plus grand dia- mètre. Elle est allongée et présente : 4° une portion de surface arti- culaire peu profonde destinée à recevoir la tête du fémur ; 2° presque sur le même plan se montre une surface osseuse qui était recouverte par l'iliaque ; 3° en arrière de la cavité cotyloïde, et dans un plan 1. Owen, Fossil Reptilia of the Wealden formations. CROCODILIA, tab, x et x1; 4859. # Ossements fossiles, pl. COXLIX, fig. 17. — Owen, Fossil Reptilia of the Wealden for- MARONS. — MEGALOSAURUS, pl. vi; 4856. REPTILES FOSSILES,. 191 perpendiculaire, existe une surface qui pouvait être en contact avec l’ischion. Cet os diffère du pubis des Varans et des Scinques par l'absence de la perforation qu’on remarque chez celui-ci ; il est privé également de l’apophyse du bord antérieur du pubis si évidente chez le Varan et si grande chez les Tortues terrestres. Il n’a aucun rapport avec le pubis des Crocodiles où la courbure du trou obturateur n’est pas indiquée. D’ailleurs les Crocodiliens dif- fèrent des autres Reptiles par un caractère anatomique constant : le pubis n'entre pas dans la composition de la cavité cotyloïde. La forme de l'extrémité articulaire distingue notre os de l’omo- plate des autres Reptiles. L'axe de l'os subit une légère torsion qui tend à rendre anté- rieure la face interne de l'os, et postérieure sa face externe. Cette torsion n'existe pas dans les omoplates de Reptiles; d’ailleurs l’omo- plate et en particulier celle des Scelidosaurus est toujours obliquement tronquée en avant pour son articulation avec le coracoïdien. Les os de chaque côté se rejoignaient sur la ligne médiane et fermaient ainsi la ceinture osseuse du bassin. Quoique nous ayons une tendance à considérer cet os comme un pubis, il s’en faut de beaucoup que la démonstration soit évi- dente. ua On sait combien il est difficile d'arriver à reconnaître les os du bassin des Dinosauriens. Nous avons déjà dit que le prétendu coracoi- dien du Megalosaurus de Cuvier était pour Huxley un iliaque ; le même auteur avance que la clavicule des Wegalosaurus de Cuvier et d'Owen est probablement un ischion ou un pubis'. D’après une restauration de Dinosauriens ?, Huxley figure un pubis extrêmement long et grêle 1. Huxley, Contributions lo the analomy and laxonomy of the Dinosauria. Quarterly Journ. of the geol. Soc. Extr., p. 17; 1869. 2. Huxley, Supr. cit., p. 27. 192 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. assez analogue à celui des Oiseaux et un ischion pourvu d’une apo- physe qui fait saillie dans le trou obturateur. Cette restauration est basée sur la connaissance de pièces très- remarquables, mais dont l'interprétation ne nous paraît pas encore rigoureusement démontrée. En effet, Owen a décrit comme provenant d’un jeune /guanodon des os qui appartiennent en réalité à un autre Reptile Dinosaurien, l’'Hypsilophodon Foxi Huxley. Il est évident que les prétendus tibia et péroné figurés par Owen ‘ sont des os du bassin ; Huxley en a donné la preuve en représentant ces mêmes pièces en connexion avec l'ilium *; mais, ce fait établi, rien n’indique que l'os déterminé comme pubis par Huxley ne soit pas un ischion et réciproquement, quoiqu'on puisse le supposer d’après sa position relative. Ces documents sont donc insuffisants pour arriver à une bonne restitution du bassin. J'ajouterai même qu’en acceptant les déterminations anato- miques d'Huxley, son dessin schématique ne me semble pas moins fautif. Il a donné au pubis et à l'ischion une direction antéro-posté- rieure peu naturelle, qui trahit sa préoccupation excessive de cher- cher quand même des ressemblances entre le squelette des Oiseaux et celui des Dinosauriens. L'ischion des Crocodiles est infléchi sur son axe: celui des Varans et des autres Lacertiens est plus droit; l'os du bassin du Dinosaurien du Cap est également droit, sans courbure évidente. Nous manquons malheureusement de termes de comparaison pour élucider ce point d'anatomie des Dinosauriens. Aucun Reptile vivant ne présente un semblable développement de l'ischion ou du pubis, et chez les mammifères la portion corres- pondante du pelvis des grands édentés fossiles (Megatherium) seule une idée de l'ampleur du bassin des Dinosauriens. donne 1. Fossil Reptilia of the Wealden formations, pl. x, fig. 66-67, 2. Quarterly, Journ. of geo. Soc., vol. XXVI, pl. ur, (4850) REPTILES FOSSILES. 193 Os du pied. — M. Brown a recueilli deux pièces osseuses encore unies l’une à l’autre et qui se rapportent à la première et à la deuxième phalanges d’un doigt du pied, probablement du troisième. : La première phalange est bordée par une surface rugueuse, sail- lante, formant bourrelet autour des surfaces articulaires, présentant latéralement deux dépressions profondes pour l'insertion des liga- ments articulaires latéraux. La face antérieure et la face postérieure sont Cconcaves. La face articulaire supérieure constitue une cavité glénoïde dans laquelle se plaçait l'extrémité articulaire correspon- dante du métatarsien. La face articulaire inférieure forme une gorge pour recevoir la saillie médiane de la deuxième phalange et deux condyles latéraux saillants. La deuxième phalange est plus courte que la première ; sa sur- face articulaire supérieure est saillante au milieu et déprimée de cha- que côté; sa surface articulaire inférieure porte deux condyles sépa- rés par une gorge peu profonde et qui devaient être en rapport avec des dépressions de la troisième phalange. Les fosses des ligaments latéraux sont très-profondes. La surface articulaire inférieure de la deuxième phalange est très-étendue, ce qui donne à supposer que l’extension et la flexion étaient considérables. DIMENSIONS. Longueur de la 4r° phalange. . . .. . . . . .. 6 cent. ERPAUT Ce IN" DANS, + normebomie we © T — Épaisseur de la 4re phalange. . - . . . . . . . . . 6: — Longueur de la 2° phalange.. . . . . . . . . . . . 5 — Largeurde la 2° phalange. . . . . . . .. : 6: — Épaisséur :de la 2° phaladge::. 44007, 50 JEUX 5 — Ces phalanges ont la longueur des première et deuxième phalan- ges des Éléphants; leurs autres dimensions sont presque semblables ; en présence de ces faits, il faut admettre que le Dinosaurien du 9: VI. 29 194 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, Cap était pourvu d’un pied gros et massif comme celui des grands Proboscidiens. En comparant ces phalanges à celles des autres Dinosauriens, on trouve qu’elles ont beaucoup d’analogie avec celles des Scelidosaurus, quoique relativement plus courtes *. Les phalanges de l’/guanodon en diffèrent, parce que leur première phalange est très-longue comparée aux suivantes *, Peut-être les doigts étaient-ils très-disproportionnés ; un frag- ment de phalange que nous avons sous les yeux à une taille inférieure de moitié à celle de nos phalanges en connexion. Au contraire, un fragment de phalange onguéale paraît appar- tenir à un doigt plus gros et plus robuste. La surface articulaire- est concave ; la face supérieure est rugueuse; l'extrémité antérieure manque. L’os, à la coupe, est dense, pourvu d’un petit canal central. La courbure de la face antérieure de la phalangette indique que cette partie était assez courte, presque aussi épaisse que large, un peu plus étroite en avant qu'en arrière, mais arrondie en avant et non carénée, ce qui exclut l'hypothèse de l'existence d’une griffe compa- rable à l'ongle des Varans. En haut la face antérieure se prolonge et devait cacher en partie la ligne de l'articulation. Dimensions. Largeur Comparée aux phalangettes des autres Dinosauriens, notre pièce est trés-distincte de la phalange onguéale du Wegalosaurus *, qui est 1. Owen, Fossil Reptilia from the oolilic formations. — SCELIDOSAURUS, tab. x et x1: 1862. 2. Owen, Fossil Reptilia of the Wealden formations. — IGUANODON, tab, 1: 1857. 3. Owen, Fossil Reptilia of the Wealden formations. — MEGALOsAURUS, tab, X; 1856. — Les phalangettes du PoEkILOPLEURON ne diffèrent pas de celles du MeGarosaurts. (E. Deslong- champs, Mémoire sur le POEKILOPLEURON BuckLaNDi. Mémoires de la Soc. Linnéenne de Normandie, t. vi; 1837.) REPTILES FOSSILES, 195 comprimée latéralement et pourvue d’un profond sillon longitudinal, et dont la coupe donne une surface ovoïde, étroite, aussi large en avant qu’en arrière. La coupe de la phalangette du Dinosaurien du Cap décrit une surface trapézoïde. Les phalangettes de l’/guanodon sont beaucoup plus élargies laté- ralement; les ongles par conséquent ne devaient pas être aigus, mais aplatis et très-larges. Les phalangettes de Scelidosaurus sont courtes et aplaties ; elles se rapprochent de celles de l/quanodon. Le Dinosaurien du Cap, par ses extrémités, semble donc intermé- diaire entre les Megalosauriens et les Iquanodontes. Il possédait des ongles convexes, moins aigus, moins tranchants, moins longs que Al ] ceux du us, mais plus épais et moins aplatis que ceux de l'Iguanodon. Ces caractères ont une grande importance pour établir ses affinités zoologiques, et nous pensons que le grand Reptile de Storm- berg est plutôt rapproché des WMegalosaurus que des Iquanodon. Nous avons considéré les phalanges comme appartenant au mem- bre postérieur ; dans l’état actuel de la science, il est impossible de hasarder d’autre supposition, puisque le membre antérieur des Dino- sauriens est inconnu. Il semble étonnant que dans les nombreux dé- bris de Megalosaurus, d'Iquanodon, de Scelidosaurus, on n'ait pu décou- vrir un humérus, un radius ou une patte antérieure. Nos pièces sont insuffisantes pour déterminer le genre de station du Reptile auquel elles ont appartenu : Beckles a trouvé dans le Wéal- dien des traces de pas où l’on distingue trois orteils, et qui, par leur taille, se rapportent à l’Iguanodon dont la station devait être bipède, le Compsognathus longipes Wagner, de Solenhofen, avait probablement l'allure des Gerboises et des Kanguroos; ses membres postérieurs, sa queue sont énormes, et le fémur est plus court que le tibia. La struc- ture de l’astragale des Megalosaurus, Pækilopleuron et Lœlaps, par ses affinités avec celle du même os chez les oiseaux, fait également penser 196 NOUVELLES ARCHIVES DU. MUSEUM. à la station bipède et justifie la création d’un groupe spécial appelé Goniopoda par Cope ‘ en opposition avec les Orthopoda (Scelidosaurus) qui marchaient probablement comme nos Crocodiles, quoique plus haut sur pattes. Extrémité articulaire d’un os indéterminé. — Un fragment d'os que nous rapportons au grand Dinosaurien du Cap présente des caractères très-remarquables et s'éloignant de tout ce que nous connaissons. Au premier abord, cette pièce ressemble à l'extrémité inférieure de l’hu- mérus d’un Mammifère. On y trouve en effet une trochlée composée de deux tubérosités séparées par une gorge profonde et une apophyse qui a beaucoup d’analogie avec une épitrochlée; un fragment d'os est appliqué contre cette sorte d’épitrochlée et sa direction paraît diffé- rente. Largeur de l'os : 14 centimètres. . En comparant cette pièce aux diverses extrémités articulaires connues des Dinosauriens, il est facile de s'assurer qu'elle n’a de rap- ports ni avec les Scelidosaurus, Megalosaurus, Iguanodon, ni avec l’extré- mité inférieure de la jambe du Pækilopleuron ?. Peut-être trouverait-on quelque analogie avec la portion de l'os astragalo-calcanien des Va- rans, qui S'articule avec la deuxième rangée du tarse. Dans cette hypothèse, la trochlée correspondrait à l'astragale et l’apophyse pourrait être un reste du calcanéum en contact avec un fragment de métatarsien. Mais chez les Dinosauriens l'os astragalo-calcanien est semblable à celui des Pækilopleuron, qui ressemble à celui des Oiseaux”, et, par conséquent, paraît très-différent de la pièce du Cap. On pourrait enfin supposer que notre extrémité articulaire a appartenu au membre antérieur ; mais il n’existe. pour élucider cette Dr En 3. Huxley, Further evidence of the affinity between the Dinosaurian Reptile and Birds fig. 1V-v. (Quarterl. Journ. of geol. Soc. ; 1870.) REPTILES FOSSILES. 197 hypothèse, aucun terme de comparaison, puisque le membre antérieur des Dinosauriens est encore à découvrir. Il est donc important de figurer cette pièce, quoique son assimi- lation soit inconnue, et en attendant que d’autres fouilles permettent de l'obtenir plus complète. M. Huxley, qui a eu sous les yeux l'extrémité inférieure du pied et l’astragale du grand Dinosaurien de Stormberg", fait remarquer que ces os sont analogues à ceux du Scelidosaurus et du Crocodilus. Conclusion. — L'ensemble des fossiles que nous venons de décrire démontre suffisamment leurs caractères dinosauriens; l'aspect seul des vertèbres est suffisant pour justifier ce si di té Mais à quel genre et à quelle espèce rapporter ces débris ? Nous savons que M. Huxley a reçu de M. Brown lui-même, et provenant précisément du gisement de Stormberg, une série d'os de Dinosauriens : fémurs, tibia, péroné, astragale, métatarsien, etc.. pour lesquels il a proposé le nom d’£uskelesaurus Browni * Il est donc probable que les vertèbres, l'os du bassin, les os du pied, que nous avons décrits ici, viennent compléter l'histoire natu- relle de l’£uskelesaurus et doivent porter le même nom spécifique. Mais avant d'accepter cette détermination, il ne faut pas oublier qu’à côté de l’Euskelesaurus vivait un autre Reptile gigantesque, connu seulement par une extrémité de fémur et appelé Orosaurus. La rareté des débris de l’Orosaurus ne prouve pas que nos vertèbres de Stormberg ne puissent lui appartenir. Dans cette incertitude, il nous a paru plus sage de ne pas prendre un parti définitif et d'appeler simplement Dinosauriens du Cap les débris envoyés au Muséum par M. Brown. 4. On some remains of large Dinosaurian Reptiles from the Stormberg Mountains (Quart. Journ. of geol. Soc. Novemb. 1866.) 2. Huxley, Sup. cit. 198 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CHAPITRE IV. NOTE SUR LES EMPREINTES YVÉGÉTALES DE STORMBERG, PAR M. A4. BRONGNIART. Les plantes fossiles provenant de l'Afrique australe données au Muséum par M. Alfred Brown sont généralement dans un état de conservation trop imparfait pour qu’on puisse les déterminer avec certitude, et leurs rapports avec les fossiles végétaux de l'Europe laissent beaucoup de doutes; la plupart sont des Fougères dont la nervation est rarement appréciable, cependant la forme générale des frondes et les traces de nervures permettent d'en comparer quelques- unes à des espèces connues. \ Je crois pouvoir en distinguer sept formes : Un Odontopteris, à en juger par l'absence de nervure médiane, se rapprochant des Odontopteris Fischeri et Permiensis des terrains permiens de Russie ; Un Pecopteris (Callipteris Brong.) ressemblant au Pecopteris Gæp- perti des mêmes terrains; Un Tœniopteris qui se rapproche des espèces du Keuper. Mais ce genre dont les espèces à l’état stérile sont difficiles à fixer se trouve depuis les terrains houillers jusqu’à loolithe. Les autres espèces sont encore plus vagues et ne peuvent rien indiquer quant à l’époque de la formation. Un autre fossile évidem- ment étranger à la famille des Fougères offre des doutes quant à sa classification, quoique assez bien conservé. Il me paraît probable qu'il REPTILES FOSSILES, 199 appartient à des portions de diverses parties d’une feuille de Nogge- rathia; il est représenté par plusieurs échantillons. L'un d'eux com- prend l'extrémité de la fronde formée de foliolesconfluentes, flabellées ; d’autres se rapportent à la partie pinnée de cette fronde offrant des folioles assez distantes, allongées, cunéiformes, tronquées; les ner- vures sont très-fines, égales entre elles et parallèles ou légèrement divergentes. Ces empreintes rappellent les Noggerathia cuneifolia du terrain per- mien et quelques autres espèces; d’un autre côté elles ont de l’ana- - logie avec certains Pterophyllum du Keuper, elles ont surtout une grande affinité avec le Moggerathia Vogesiaca de Bronn (Beitr. zur triasichen fauna und flora, 1858, p. hh, tab. vi), ou Macropterigium Bronnit, Schimp. (Pterophyllum Bronnii, Schimp.), appartenant au Keuper inférieur de la Carinthie, dont elle diffère cependant bien évidemment comme espèce. Cette plante fossile paraît différer de toutes celles déjà décrites. La somme des affinités de ces diverses espèces paraît être avec les plantes du terrain permien de Russie, jointes cependant à quelques analogies avec certaines formes du Keuper. Des échantillons plus nom- breux, choisis parmi les mieux conservés et les plus étendus, seraient nécessaires pour rétablir la flore de cette formation, qui offrirait sans doute beaucoup d'intérêt. Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3 Fig. & Fig. 5. Fig. 6. A PRE 2 Fig. 8. Fig. 9 Fig. 10 Fig. 11 Fig. 42. Fig. 43 Fig, 14. . Deux vertèbres caudales d’un Reptile Dinosaurien de Stormber . Une vertèbre caudale du même, + Première et deuxième phalanges d’un doigt du même, EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE X. . Plychognathus depressus. Crâne, vu en dessus. a inter-maxillaire, b orifice antérieur des fosses nasales, € défenses, d cavité orbitaire, e pariétal, f fosse temporale. . Le même, vu latéralement. Mêmes lettres. g maxillaire, À arcade zygomatique, à mandibule, £ mastoïdien, / tympanique. . Le même, vu en dessous, m occCipital supérieur, # occipital latéral, o occipital externe, p condyle occipital, q trou occipital, r hypapophyses, s pterygoïdien, s trou condylien, £ trou déchiré, u condyle de la mâchoire. . . Le même, vu en arrière. Mômes lettres. Bout du rostre, vu en avant. v remplissage simulant des dents incisives. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. Extrémité articulaire d’un os indéterminé de Reptile Dinosaurien. à Fragment de phalange onguéale de Reptile Dinosaurien, vu par sa face antérieure. Section du même os. Les figures 6, 7, 8, sont réduites. PLANCHE XI. g, vues latéralement. a corps des vertèbres, b hémapophyses, c apophyse épineuse, d apophyse transverse, e apophyse articulaire. Pour montrer les apophyses articulaires. Mêmes lettres. + Vertèbre du même, vue par la face antérieure du corps. a face antérieure, f trou vertébral, d apophyse transverse. Une vertèbre du même, vue par la face inférieure du corps. vues par leur face supérieu re. Les mèmes, vues par leur face inferieure. Toutes ces figures sont réduites. ï MÉMOIRE SUR LA MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES PAR ARTHUR GRIS Docteur ès sciences et Aide-naturaliste au Muséum. AVANT-PROPOS. Ce mémoire est divisé en cinq chapitres : Le premier chapitre concerne les Réservoirs de substances nutritives dans les axes végétaux. Le deuxième contient le résumé historique des connaissances suc- cessivement acquises sur le sujet en question. Le troisième est consacré à l'exposé de la structure générale de la moelle dans les diverses régions de l'axe végétal. Le quatrième traite de l'anatomie comparée de ce tissu dans di- verses familles végétales et de ses applications à la Botanique phyto- graphique. Enfin le cinquième a rapport à la vitalité du système médullaire et aux mouvements des matières nutritives qu'il contient. La lecture de ce travail est facilitée par un atlas comprenant 96 figures dessinées à la chambre claire par l'auteur. | VI. 26 202 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. CHAPITRE PREMIER. DES RÉSERVOIRS DES SUBSTANCES NUTRITIVES. « Das stärkemehl der holzer ist durch alle theile des stammes, sowohl unter als uber der Erde ver- theilt. » Harris. 1839. Dans mes premières recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres ‘, j'ai étudié les mouvements périodiques que subissent les matières de réserve contenues dans le tronc des arbres qui donnent leurs feuilles avant leurs fleurs. J’ai constaté que des substances nu- tritives occupent les tissus amylifères pendant la plus grande partie de l’année ; que la genèse de ces matières se fait en été et leur ré- sorption au printemps; que l’amidon sécrété en été semble demeurer immuable pendant la maturation des fruits. Dans un second travail, j'ai constaté l'influence de la floraison printanière sur les matériaux nutritifs contenus dans les tissus des arbres dont la floraison s’effectue avant le développement complet des feuilles. Ces matériaux subissent un mouvement d'épuisement sen- sible qui s'effectue de haut en bas dans les axes et n'intéresse d’une manière absolue que les parties Supérieures des branches dans des limites que j'ai indiquées avec soin ?. 1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 26 février 1866. 2. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 29 octobre 1866. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 203 Enfin, dans un troisième travail, j'ai cherché à savoir quel est le degré de vitalité des réservoirs de substance nutritive. J'ai montré l'étonnante diversité avec laquelle se manifeste l'énergie vitale des cellules amylifères suivant que l’on étudie des arbres d’essences dif- férentes et pouvant appartenir à une même famille végétale. En ne considérant que les termes extrêmes de ma série d'observations, j'ai vu que, chez les uns, la matière de réserve se renouvelle dans les mêmes cellules pendant quatre années consécutives seulement; tandis que, chez les autres, ce renouvellement s'opère pendant quarante ans et peut-être plus. J'ai pu donner en outre une définition exacte et précise de ce qu’il faut entendre par les mots aubier et duramen; le premier étant cette région extérieure du bois qui a la propriété de sécréter de l’amidon dans le double système des rayons médullaires et du parenchyme ligneux, le second étant cette région centrale de la tige qui a perdu cette même propriété *. Dans le cours de ces études, mon attention se portait naturelle- ment sur l’organisation de ces inépuisables foyers de production des matières nutritives que l’on nomme Rayons médullaires, Parenchyme li- gneux, Parenchyme intra-vasculaire, Moelle. Le rôle du Parenchyme ligneux n'a été réellement apprécié que dans ces dernières années. Ses cellules constitutives s'étendent verti- calement dans l'intervalle des fibres ligneuses, se groupent autour des vaisseaux, entrent dans la constitution de l’étui médullaire, se distribuent dans toute l'épaisseur du bois, depuis la moelle jusqu’à l'écorce. Elles sont en relation les unes avec les autres par les ponc- tuations dont leurs parois sont pourvues ; elles communiquent par les mêmes moyens avec les rayons médullaires, avec la moelle, avec les vaisseaux. Pour avoir une idée de leur importance et de leur réparti- tion dans le corps ligneux, il suffira de jeter les yeux sur nos des- 4. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 12 mai 4866. 204 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. sins anatomiques du Poirier, du Chêne. (PI. xvr, fig. 4 et pl. xvir, fig. à et 6.) On sait depuis longtemps que, dans certaines espèces ligneuses, la cavité des gros vaisseaux lymphatiques est occupée ‘par un tissu parenchymateux dont le développement fut généralement considéré comme un produit anormal de la vieillesse des tissus et comme un obstacle à la circulation des liquides. Malpighi, Leuwenhæk, Sprengel, Kieser et Mirbel, Meyen, Schleiden, Unger l’ont mentionné dans leurs ouvrages. Quelques observations m’avaient conduit à considérer ce tissu autrement -que ne l'avaient fait les auteurs et à lui attribuer un rôle physiologique. En examinant le corps ligneux de la Vigne-vierge (Cissus quinque- folia), je vis que dans la plus grande partie de l'épaisseur du bois les vaisseaux pouvaient offrir dans leur intérieur un développement plus ou moins considérable de cellules. Le volume de celles-ci était très- variable ; elles étaient ordinairement globuleuses et pyriformes. Tan- tôt elles se montraient distantes et isolées dans un même tube vascu- laire, tantôt rapprochées et se touchant par plusieurs points de leur circonférence, tantôt enfin elles constituaient un véritable parenchyme intra-vasculaire. Au travers de leur délicate membrane on voyait de nombreux granules amylacés contenus dans la cavité cellulaire. Je Constatai que cette provision de matière de réserve pouvait se ren- contrer dans ces cellules à diverses époques de l’année, Ayant fait couper au milieu du mois d'avril un jeune pied d’Aca- cia âgé de huit ans, je mouillai la section transversale de la tige avec une dissolution iodée et je l’observai à la loupe. Dans la zone exté- rieure du bois les ouvertures de tous les vaisseaux apparaissaient comme des taches noires. La seconde zone présentait le même aspect : mais, dans les couches suivantes, les ouvertures vasculaires apparais- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 205 saient comme des taches jaunes au sein d’un tissu fortement colôré en noir. L'observation microscopique rendait aisément compte de ces aspects divers. Dans les deux zones extérieures du bois les ouvertures des gros vaisseaux étaient occupées par un véritable parenchyme continu dont les cellules ponctuées, laissant entre elles de très-petits méats inter- cellulaires, renfermaient de nombreux granules amylacés. (PI. x1x, Fig. 10.) Dans les couches plus profondes, ce même parenchyme intra-vasculaire existait, mais dépourvu d'amidon. Sur une section longitudinale du tronc, le tissu cellulaire en question occupait, sans discontinuité, la cavité intérieure des vais- seaux sur une grande longueur. En résumé, dans une partie seulement de l’aubier, c’est-à-dire dans sa région extérieure, le parenchyme intra-vasculaire renfermait de la matière amylacée. Il n’en renfermait plus, à fortiori, dans les couches centrales ou duramen. Au milieu du mois de mai, je pus constater sur un gros tronc d’Acacia de quarante-cinq ans l'absence complète de matière de ré- serve dans le parenchyme intra-vasculaire de l’aubier, et cependant l'amidon abondait dans les divers appareils féculifères des mêmes couches. Au mois d'août, sur une branche de six ans, il n’y avait pas d’amidon dans le parenchyme intra-vasculaire, et les tissus environ- nants en étaient gôrgés. Ces quelques observations, si incomplètes qu'elles fussent, indi- quaient cependant que la nature pouvait, dans certains cas, transfor- mer en des magasins de substances nutritives des organes destinés à remplir, en général, des fonctions très-différentes. Avant de poursuivre mes observations dans ce sens, je fis quelques recherches bibliographiques et je découvris que j'avais été devancé 206 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. dans cette voie par un observateur anonyme allemand qui, dans un excellent mémoire à peu près oublié, s’occupa spécialement du rem- plissage cellulaire des vaisseaux *. L'auteur indique la présence du parenchyme a he dans le Chêne, les Ormes (Ulmus fulva, U. suberosa, U. corylifolia), dans le Hêtre, le Micocoulier, les Müriers (Morus alba, M. nigra), le Sureau (Sambucus racemosa), les Frênes (Fraæinus excelsior, F. ornus), la Vigne, les Noyers (Juglans regia, J. nigra, J. cinerea), l'Acacia, le Châtai- gnier. Il trouve l’origine de ces tyloses dans l'expansion des cellules qui enveloppent les vaisseaux et qui pénétreraient au travers des ponc- tuations de leurs parois * ; il croit que ce développement se fait seu- lement en automne ; il déclare que le but final de ces formations est la production de l’amidon. « En automne et en hiver, dit-il, la matière nutritive s’amasse dans les cellules et, de cette façon, l’espace vide des vaisseaux se remplit de cellules amylifères pour satisfaire aux besoins futurs de la plante, » J'ai remarqué dans le Cissus que les cellules intra-vasculaires pou- vaient se multiplier par division. Ce fait avait été nié par l’auteur ano- nyme allemand, mais M. Trécul l’a constaté avant moi dans une autre plante, le Maclura aurantiaca * J'ai vu, dans ce même Cissus, que les cellules intra-vasculaires sont munies d’un Nucléus. L'auteur anonyme avait constaté la pré- sence de ce petit organe dans les mêmes éléments chez l’Acacia et le Noyer. Imbu des idées de Schleiden sur le rôle du Cytoblast, il s'étonne de ne voir apparaître ce Cytoblast qu'après les premières périodes du développement de la cellule. On ne savait pas encore que 1. Bolanische Zeitung, 1845. : Cette manière de voir a été reproduite par Schacht dans son livre de l’Arbre (der Baum, 3. Sur l'origine des bourgeons adventifs. (E — { xplication de la fie. 4 . L $ + re ) £. 6, pl XHI. Ann. sc. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 207 le Nucléus ne préside point au développement de la cellule, mais paraît être l’appareil d'élaboration des matières qu'elle peut ren- fermer. J'ai constaté la présence du Nucléus dans les rayons médullaires de diverses plantes. Les éléments de ces lames étendues dans les pro- fondeurs des axes végétaux sont, comme on sait, munis de parois épaisses et canaliculées, et cependant ils possèdent, comme les cel- lules délicates des feuilles et des tubercules, un Nucléus sphérique généralement très-petit et qu'un amas de granules amylacés dérobe souvent à l’œil de l’observateur armé des plus forts grossissements. | Des préparations de Berberis vulgaris (juillet), de /lex aquifolium (août), de Magnolia yulan (juin), de Laurus nobilis, de Viburnum tinus, de Quercus coccifera (mars), etc., etc., ne laissent aucun doute à cet égard. Le Nucléus se retrouve également dans les éléments allongés du parenchyme ligneux. Il se retrouve dans les cellules de la moelle qui sont actives, c'est-à-dire aptes à produire des granules amylacés, par exemple. Je l'ai observé ou figuré dans les Fusains (£vonymus Europeus, E. Japoni- cus), dans le Laurier-Cerise (pl. xx, fig. 7), dans le Platane (pl. xx, fig. 1), la Vigne, le Houx, le Poirier, le Carya (pl. xx, fig. 8), le Cle- thra (pl. x, fig. 2), le Quercus coccifera, (pl: xvin, fig. 2), le Laurus no- bilis, le Macleania cordata, le Viburnum tinus, etc., etc., etc. En résumé, le Nucléus paraît devoir se rencontrer dans tous les éléments constitutifs des tissus des arbres qui sont destinés à jouer le rôle de réservoirs des substances nutritives. Remarquons, en terminant cet avant-propos, que les recherches des anatomistes et des physiologistes modernes ont, en somme, bien modifié les idées qui ont longtemps régné sur le rôle des axes végé- 208 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. taux. Nous voyons aujourd’hui que les rayons médullaires, le paren- chyme ligneux, le parenchyme intra-vasculaire, les fibres ligneuses elles-mêmes, dans un certain nombre de cas, sont appelés directe- ment ou indirectement à jouer un rôle important dans les phéno- mènes de la nutrition, et nous allons montrer que la moelle, loin d'être inerte et passive, comme on l’a cru et comme on le croit encore généralement parmi nous, concourt, pour une large part, à la nutri- tion du végétal. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 209 CHAPITRE II. RÉSUMÉ HISTORIQUE. Il serait d’un médiocre intérêt de remonter bien haut dans l’histoire de la science au sujet de la structure de la moelle. Le premier auteur que nous nous contenterons de citer est Duhamel du Monceau‘. Voici les principaux résultats de ses observations : La moelle est un amas de tissu cellulaire : quand elle se des- sèche, elle forme des feuillets, des diaphragmes ou des anneaux. Il arrive quelquefois qu’elle reste dans son entier, et l’on voit alors le canal médullaire rempli d’une substance légère d’un tissu fort lâche. Les différents états de la moelle sont assez généralement les mêmes dans un même genre de plante *. Dans une jeune pousse d’arbre elle est succulente et verte. Après l’'endurcissement des couches ligneuses, elle devient blanchâtre, et, dans les branches de deux à trois ans, elle est dépourvue de séve et desséchée. Au point où une branche s'attache sur une autre, le canal médul- laire se ferme entièrement au même âge. I n'y a plus ni canal ni substance médullaire dans les gros arbres. 1. Physique des arbres, A"° partie, p. 34 et suiv. 2. Remarque curieuse dont nos propres recherches serviront à montrer la justesse. YL 27 210 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. On verra par l'exposé des recherches d’autres observateurs et de celles qui font l'objet de ce mémoire tout ce qu'il y a d’erroné ou d'incomplet dans les propositions de Duhamel. La dernière, qui fut soutenue un temps par Mirbel, fut combattue et renversée en Angleterre par Knight, et, en France, par Dupetit- Thouars. Ce dernier démontra que « l'âge ne fait rien sur le diamètre de la moelle, mais qu’il se conserve tel qu'il est formé dans les pre- mières semaines de son existence . » L'audacieux auteur d’une théorie sur l'accroissement des axes qui eut jadis de nombreux partisans et qui en compte encore quel- ques-uns, malgré l'excellence des preuves que l’on donna contre elle, à annoncé que la communication entre la moelle du tronc et celle des branches se fait par un parenchyme dense, solide, mais non fibreux ; il a constaté une semblable structure dans les diaphragmes qui, à chaque nœud, interrompent la moelle légère des sarments de la Vigne ou la moelle fistuleuse des chèvrefeuilles ?. Selon Mirbel * « un tissu cellulaire lâche, régulier, diaphane, placé au centre du trone, constitue la moelle. Dans beaucoup d'arbres elle s'ossifie pour ainsi dire par les dépôts concrets qui remplissent insensiblementses cellules. » Cet aperçu est aussi incomplet qu'inexact. Decandolle # ajouta bien peu de choses aux Connaissances acquises jusque-là sur la structure de la moelle. Il reproduisit et développa l'opinion de Duhamel sur la succulence de ce tissu dans les jeunes pousses et sur sa dessiccation plus ou moins rapide, selon ] es espèces, dès que la végétation est assez avancée. Il constata que ce même tissu peut devenir dur et Compact dans quelques arbres comme le Chêne, 4. Histoire d’un morceau de bois, 1815. 2. Loc. cil., p. 179 et 185. 3. Eléments de Physiologie végélale et de Bolanique, 4r° partie, p. 414. 4. Organographie végétale (1826), p. 163 et suiv. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 211 mais ne se rendit pas compte de cette particularité de structure. Les idées de Duhamel et de Decandolle trouvèrent un nouvel adhérent dans le professeur éloquent, aimé et toujours regretté, qui précéda Moquin-Tandon dans la chaire de l’École de Médecine. « Dans une jeune tige, dit Achille Richard, la moelle forme une masse conti- nue d’un tissu utriculaire charnti, imprégné de sucs dans toutes ses parties et ordinairement d’une couleur verte plus ou moins intense. Mais, à mesure que la branche ou la tige s'accroît et qu’elle développe les feuilles, les fleurs ou les autres appendices dont elle est le sup- port, les liquides accumulés dans la moelle sont absorbés ; les parti- cules de matière verte disparaissent, et, quand la végétation, com- mencée au printemps, s'arrête en été, le canal médullaire ne contient plus qu'un tissu cellulaire aride, incolore, vide et se déchirant avec la plus grande facilité. ‘ » C'est seulement en 1839 que la science acquiert de sérieuses don- nées sur la structure anatomique de la moelle. Nous les devons aux recherches de Théodore Hartig® dont la curiosité et l’ardeur infati- gables se sont exercées depuis trente années sur tant de sujets diffé- rents. Dans des Recherches comparatives sur le contenu des parties jeunes et aériennes chez les principales espèces ligneuses, l'illustre inventeur de l'Aleu- rone et des tubes cribreux, l’éminent historien des végétaux fores- tiers de l'Allemagne a eu l’occasion de constater divers modes d'or- ganisation du système médullaire. Il a reconnu que chez certaines espèces toutes les cellules de la moelle peuvent renfermer de l'amidon ; que chez d'autres espèces les cellules extérieures seules du cylindre médullaire sont épaissies et 1: Nouveaux éléments de Botanique, 6° édit., p. 443. 2. Vergleichende Untersuchungen über den Gehalt der wichtigsten Holzarten an Süften, Kôrnern und Kristallen während der Winterruhe in den jungen überirdischen Baumtheilen. (Jahresberichte …. Berlin, 1839.) 212 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. amylifères ; que chez d’autres encore il y a en outre dans la région centrale du même tissu des séries de cellules semblablement épaissies et amylifères *. C'est en 1840 que Hartig fit paraître son bel ouvrage sur les Vé- gétaux forestiers de l'Allemagne *. Dans ce livre, l’auteur a fréquemment mais succinctement si- gnalé la structure de la moelle dans un certain nombre d’essences ligneuses. Ces divers travaux n’arrivèrent pas jusqu’à nous. Ainsi Achille Richard, dans la septième édition de son ouvrage qu’il considérait comme un nouveau livre, tant il l'avait modifié, reproduit textuelle- ment le passage que nous avons cité plus haut. Cependant il ajoute cette observation : « Il arrive souvent que la partie de la moelle en contact avec la paroi interne de l’étui médullaire est d’un tissu plus serré, à parois plus épaisses et offrant souvent pendant un assez grand nombre d'années la teinte verte qui est un des caractères de toutes les parties qui conservent la faculté de se développer. » M. Guillard * ne mentionna pas les observations de Hartig dans le mémoire spécial qu’il consacra en 1847 à la moelle des plantes li- gneuses, et dont il présenta le résumé dans les termes suivants : « La moelle des arbres et arbustes (et probablement des plantes dicotylées en général ou au moins des vivaces) peut être observée en six états principaux : « 1° Moelle naissante : C’est un mucilage, gt atomes de cam- bium qui se coagulent; c’est l’origine du bourgeon, de tous les en- sembles qui en sortent et de tous les organes qui composent ces ensembles. . Jahresberichte.…. 1839. Vollständige Naturgeschichte d ” 9 q er fôrstlichen cullurpflunzen Rats Berlin, 3. Observations sur la moelle des plantes li neuses. (Ann. sc. … $ p. 295 et suiv.) d ( sc. nal., 8° sér., t. VIE, MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 213 « 2° Moelle expectante : C'est celle qui existe dans le bourgeon fermé et ordinairement couvert d’écailles, à un état qui parait presque stationnaire depuis l'été jusqu’au printemps. Quand la végétation re- prend son activité, le bourgeon venant alors en évolution, sa moelle se développe avec lui; elle grandit, se modifie, se divise, se décom- pose et passe partiellement aux quatre états suivants : «3° Moelle annulaire, d’un tissu granuleux qui se moule en étui au dedans du corps ligneux, porte et nourrit les bourgeons, envoie ses proces aux feuilles, se tient avec elles en communication perpé- tuelle au moyen de leurs cohortes et s'étend sans discontinuité dans toutes les ramifications du végétal. « 4° Moelle rayonnante, qui donne l'alignement aux rangées de vaisseaux et de tubes fibreux et les classe en compartiments cunéi- formes. La moelle rayonnante procède de la moelle annulaire ; elle concourt à la formation de toutes les zones ligneuses successives, en s'étendant excentriquement par une action persistante qui dure au- tant que la vie du végétal. « 9° Moelle morte ou arrière-faix, qui reste à la base de tous les bourgeons, de tous les rameaux, — même des feuilles, « 6° Moelle centrale, sèche, tissue de longueur, enfermée au cœur de chaque branche et enveloppée de toutes parts par la moelle annu- laire. » Nous ne discuterons pas, dans le cours de ce mémoire, les pro- positions émises par l’auteur que noùs venons de citer. On verra sans peine que plusieurs d’entre elles sont erronées. Nous nous bornerons à remarquer ici que l'existence et l’impor- tance de cette partie de la moelle qu'il appelle improprement moelle annulaire avaient été reconnues déjà par Hartig et Achille Richard ; que la présence des diaphragmes solides qu'il signale aux nœuds de diverses plantes avait été déjà signalée par Dupetit-Thouars ; enfin que l’auteur partage malheureusement les idées de Duhamel et de Decan- 21h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. dolle sur l’état spongieux et passif qu'il attribue en général à la ré- gion centrale du cylindre médullaire. On ne trouve aucune trace des connaissances dont la science s’é- tait peu à peu enrichie sur le sujet en question dans l'ouvrage popu- laire d’Adrien de Jussieu *. Il ne mentionne pas les découvertes de Hartig ; il ne tient aucun compte du mémoire spécial que nous venons de citer et ne s’arrète point sur l’importante remarque d'Achille Richard. « Au delà de la première année, dit-il, la moelle a pris ordinairement dans sa presque totalité une couleur uniforme, souvent blanchâtre, d’autres fois d’une autre teinte. Ses cellules... ne contiennent plus que de l'air et la vie y paraît définitivement suspendue. Cependant, dans cette première année et surtout au début, elles ont dû jouir d’une vitalité très- active et cette action a pu se prolonger assez longtemps; c’est ce que prouvent l’épaississement fréquent de leurs parois et leurs ponc- tuations. » En 1856, Schacht remarque que parfois, dans les parties âgées des plantes, les cellules médullaires végètent, s’épaississent, se ligni- fient * ; il reconnaît qu’elles meurent de bonne heure ou demeurent actives pendant un temps plus long*. - Schleiden “ reconnaît aussi que la moelle consiste itiéosasi en un parenchyme qui, avec l’âge, peut acquérir as parois épaisses et marquées de ponctuations. Hartig, dans son Wanuel des Forestiers *, déclare que la moelle des plantes ligneuses peut devenir un réservoir de substances nutritives dans lequel se manifestent des phénomènes alternatifs de résorption et de reproduction de ces substances. . Botanique, 5° édition, p. 54, 1852. Lehrbuch der Anatomie und Physiologie der Gewächse, t. 1, p. 54. . Der Baum, p. 94. Grundzüge der Wissenschaftlichen Botanik, p. 360. (1861.) Lehrbuch für Fôrster, t. 1, p. 281. (1861.) pe 1 = MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 215 Enfin M. Duchartre, dans le beau livre qu'il a tout récemment consacré à l'exposé aussi substantiel que limpide de l'état actuel de la science, s'exprime ainsi sur la structure de la moelle : « La moelle est presque toujours une masse homogène de parenchyme dont les cellules sont peu allongées, à parois minces et ponctuées, plus larges au centre qu’à la périphérie. Assez souvent ses cellules, bien que ne restant pas longtemps vivantes, épaississent notablement leurs parois. Elles con- tiennent fréquemment de la fécule qui Sy produit pendant leur jeunesse. «La moelle n’est vivante et active que pendant les premiers temps _du développement des tiges ou des pousses ; la seconde année, les cellules qui la constituent sont déjà mortes, au moins dans le centre de la masse, tandis que celles qui se trouvent vers la périphérie con- servent en général plus longtemps leur énergie vitale. » x Nous ferons remarquer, en terminant ce rapide exposé bibliogra- phique, que M. Jean Chalon, dans ses études sur l'anatomie comparée des tiges ligneuses dicotylédones ‘, a succinctement signalé la struc- ture de la moelle dans un certain nombre d’essences, et nous aurons occasion de mentionner ses observations dans le cours de ce travail. On pourrait relever dans un grand nombre de monographies ou de mémoires spéciaux sur divers points de la science des données plus ou moins intéressantes sur le sujet qui nous occupe. Il serait fasti- dieux de les signaler ici. D'ailleurs ces renseignements isolés n’ont ordinairement que peu de valeur, parce que, dans le cas dont il s’agit, il est presque impos- sible de décrire exactement et de juger sainement sans avoir fait un travail d'ensemble préparatoire. Quoi qu'il en soit, nous aurons occasion de citer quelques-uns de ces travaux et de rectifier les erreurs qu'ils contiennent. A. Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. VI, n° 2. (1867.) 216 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Nous venons de résumer les connaissances actuellement acquises sur la structure de la moelle. Lorsque je commençai mes études sur ce sujet, je n'avais pas encore cueilli la gerbe de faits et d'opinions contradictoires que je viens de présenter au lecteur. Ce que j'avais vu sur la nature en poursuivant d’autres études et ce que j'avais lu dans nos traités de Botanique français m’avaient prouvé que l'organisation générale de ce tissu était méconnue parmi nous. Ce mémoire, en confirmant et en vulgarisant certains faits dont On n'avait pas tenu compte, en en faisant connaître de nouveaux, met- tra nettement en évidence la variété de cette organisation ainsi que les rapports qu'elle peut avoir avec la partie taxonomique de la science. Les différents modes de structure propres au système médullaire sont d’ailleurs intimement liés avec le rôle physiologique qu’il doit jouer. ) Ce rôle a été diversement apprécié. Magnol pensait que la moelle était destinée à élaborer les sucs les plus parfaits pour la nutrition des fruits; il avait cru remarquer une relation entre le volume de la moelle et le nombre des fruits chez certaines essences. Césalpin et Linné admettaient que la moelle donne naissance au pistil; « ils avaient été entraînés à cette Opinion, dit Decandolle dans son Organographie végétale, par la ressemblance de la til et la moelle occupent dans la fleur et dans le bois Quelque idée analogue à celle de Magnol avait porté à croire que, pour avoir des fruits sans noyau arbres. | place que le pis- 1% * il suffit de détruire la moelle des Duhamel crut devoir réfuter cette assertion expérimentalement. Nous n'insisterons pas sur les hypothèses sans fondement, comme les précédentes, que Borelli, Hales et d’ autres auteurs ont émises sur le rôle de la moelle. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 917 Nous devons cependant mentionner ici l'opinion de Decandolle qui a certainement beaucoup influé sur celle des botanistes français : « La moelle, dit-il, n’a de vie, d'action, d'existence physiologique que dans les premiers moments des développements du bourgeon et, passé cette époque, elle devient flasque et inutile ; elle est donc un réser- voir de nourriture destiné à alimenter la jeune pousse jusqu'à ce que celle-ci, ayant développé ses feuilles, puisse se suffire à elle-même. Elle est, si j'ose m'exprimer ainsi, le cotylédon du bourgeon, pourvu que l’on entende cette expression sous le rapport de l'emploi physiolo- gique de l'organe et non par rapport à son rôle organographique..…. Après sa dessiccation ou son épuisement, si la moelle est encore de quelque utilité, ce qui est fort douteux, ce ne peut être, ainsi que Grew l'avait pensé, qu'en tant qu'elle deviendrait une espèce de réser- voir d'air atmosphérique. » Cette inertie prétendue de la moelle au point de vue physiologique a régné sans partage comme sans examen dans nos écoles. Les travaux de Hartig s'élèvent contre cette assertion, et les ob- servations qui vont suivre jetteront un nouveau jour sur l'importance et la durée de l’activité vitale dans ce tissu. 218 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CHAPITRE III. STRUCTURE GÉNÉRALE DE LA MOELLE DANS LES DIVERSES RÉGIONS DE L'’AXE VÉGÉTAL. « La vie ne se conçoit a sans l’organisation, C … l’action sans l’agen Isibore nn EE ie Pour avoir une connaissance suffisante de l'organisation du cylindre médullaire, il faut l’étudier : Dans les entre-nœuds, Dans les nœuds, À la base des bourgeons, AUX points où une pousse d’une année succède à une pousse d'une autre année. Nous allons donc exposer successivement la structure anatomique de ces diverses régions que nous appellerons plus brièvement et plus uniformément : . Moelle INTERNODALE. Moelle NoDALE. Moelle SUBGEMMAIRE. Moelle INTERRAMÉALE. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 319 MOELLE INTERNODALK. Principaux modes d'organisation de la moelle dans les entre-nœuds. La moelle du Poirier (pl. xvu, fig. 3) est uniformément constituée par des cellules à parois épaissies et canaliculées disposées en séries verticales et contenant des granules amylacés à certaines époques de l’année. Çà et là de courtes files d'éléments à parois très-ténues, COn- tenant chacun un aggrégat cristallin, apparaissent dans le tissu dense et résistant du cylindre médullaire. Dans le Pernettya mucronata (pl. xt, fig. 42) le tissu essentiel et fondamental de la moelle est formé de cellules à parois épaissies et canaliculées abondamment pourvues, au printemps, de matières de ré- serve. Dans l'épaisseur de ce tissu se trouvent des enclaves plus ou moins ‘étendues formées de cellules beaucoup plus grandes, à parois très-ténues, pleines de gaz à la même époque et contenant en outre une masse cristalline unique, complexe et hérissée de pointes. Sur la section transversale d'un jeune rameau, on observe done, au sein du tissu dense, des flots irréguliers formés de grandes cellules aérifères et cristalligènes et, sur la section longitudinale du même axe, des groupes ou des séries verticales plus ou moins allongées de ces mêmes éléments superposés. La moelle des Éedum (pl. xmr, fig. 14) présente un étui extérieur de petites cellules épaissies sécrétant des matières nutritives granu- leuses et des files ou des lames de semblables utricules étendues dans le sens vertical et reliées entre elles et avec l'étui. par des branches anastomotiques. Les intervalles de ce tissu essentiellement nourricier sont occupés par de grandes cellules à parois ténues contenant des gaz et une masse cristalline complexe. 11 résulte de là que sur une section transversale du cylindre médullaire on aperçoit une trame légère par- 220 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. courue par une sorte de réseau plus dense et de l'aspect le plus élégant. Dans un jeune rameau de Carissa arduina (pl. xv, fig. 5) j'ai trouvé une moelle formée en masse de cellules à parois peu épaissies, con- tenant, en même temps qu’un Nucléus, un nombre considérable de corpuscules composés chloro-amylacés. Cette trame générale est çà et là interrompue par des groupes irréguliers et plus ou moins impor- tants de cellules à parois épaissies, marquées de nombreuses couches d’accroissement et traversées par de fins canalicules. Elles peuvent émettre des ramifications plus ou moins allongées, insensiblement terminées en pointe, à contour un peu onduleux et parcourues en leur centre par une étroite fissure. Ces appendices s’étendent parfois sur une longueur égale à quinze ou vingt fois la hauteur des cellules constitutives de la trame générale de la moelle. Ils paraissent comme suspendus à des groupes de cellules scléreuses, sur une section ver- ticale de la branche, et figurent de gracieuses stalactites. À la base d’une longue pousse annuelle de Berberis vulgaris (pl. xv, fig. 9), on observe une moelle volumineuse formée en masse de cellules à parois minces, ponctuées, ne contenant point de granules amylacés. Extérieurement se trouve un étui de cellules à parois épaissies et ca- naliculées remplies en hiver de corpuscules amylacés. La moelle des Viornes (pl. x, fig. 9, 10, 41, 19) est essentielle- ment composée d’utricules à parois minces, ponctuées, dépourvues de matière nutritive granuleuse. Cette trame est enveloppée par un étui d'éléments à parois épaissies et canaliculées et traversée par de lon- gues séries de cellules étendues suivant le fil du bois, offrant la même structure et qui sont, comme celles de l’étui, destinées à la produc- tion des substances de réserve, Çà et là se montrent des cellules iso- lées ou groupées en petit nombre, contenant un aggrégat cristallin globuleux et épineux. On trouve ordinairement dans les Rosiers (pl. xvr, fig. 5 et 10) une MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 291 trame médullaire générale formée de grandes cellules à parois minces criblées de petites ponctuations, dépourvues de matières de réserve granuleuses, limitée par un étui d'éléments plus petits, à parois épais- sies et canaliculées. Au sein de cette trame on aperçoit sur la section transversale des éléments semblables à ceux de l'étui extérieur soit isolés, soit groupés par deux, par trois ou par plusieurs. Dès que le nombre de ces utricules dépasse trois, on les voit se disposer comme en chapelet sur un seul rang et former alors des arcs ou des séries flexueuses et quelquefois rameuses. Sur la section verticale on observe de longues séries de ces mêmes utricules parallèles au fil de la branche résultant de leur superposition en un seul rang. Certaines de ces sé- ries peuvent offrir deux rangs, trois rangs d’utricules et davantage. Entre ces séries ou ces lames s'étendent çà et là de petites branches anastomotiques. Une longue pousse annuelle du Sorbier des Oiseleurs (pl. xvu, fig. 2) présente un étui extérieur de cellules à parois épaissies et ca- naliculées et un large cylindre central formé d'une masse dominante de cellules à parois minces, ponctuées. Sur la section transversale , cette trame, dépourvue de matière nutritive granuleuse, est inter- rompue çà et là par des utricules analogues à celles de létui exté- rieur, riches comme elles, en grains d'amidon composés pendant la période du repos de la végétation, isolées ou groupées en petit nombre et formant des ilots ou des processus de l’étui extérieur. Sur la sec- tion longitudinale, la masse du cylindre central est traversée par des files longitudinales ou par de petits groupes irréguliers d'utricules amylifères. Des éléments ordinairement isolés renferment un agglo- mérat cristallin épineux. Dans le Tulipier (pl. xvr, fig. à et 6), la moelle offre un étui exté- rieur de cellules épaissies, canaliculées, capables de sécréter des sub- stances granuleuses, et une région centrale formée de cellules à parois minces, ponctuées et dépourvues de ces mêmes substances, qui offre 229 -NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. en son sein des bandes transversales d’un tissu aussi différent par sa structure que par son rôle physiologique. Tantôt il forme de simples processus de l’étui extérieur, tantôt il constitue des îlots, tantôt il s'étend en diaphragmes complets qui interrompent de distance en dis- tance la trame légère du cylindre central. Ces couches spéciales sont généralement atténuées à leurs extrémités, renflées en leur milieu, et renferment, en cette partie, un nombre plus ou moins considérable de cellules pachydermes. Celles-ci sont enveloppées d’utricules très-dif- férentes par la minceur relative de leur paroi ainsi que par les ma- tières nutritives granuleuses qu’on y rencontre à diverses époques de l’année. Ce sont ces mêmes éléments qui forment les attaches des pro- cessus où des diaphragmes. Dans la moelle du Juglans cinerea (pl. xvur, fig. 4), on trouve exté- rieurement un étui de cellules à parois épaissies, canaliculées, capables de sécréter des matières nutritives granuleuses. Sa région centrale est creusée dans toute sa largeur de lacunes transversales que séparent de distance en distance des diaphragmes épais d’un brun roux. Ces dia- phragmes sont formés de cellules tabulaires, disposées en séries ver- ticales parallèles, à parois brunâtres. Dans toute l'épaisseur de ce tissu inactif se rencontrent des éléments de forme différente, à parois plus minces, isolés ou groupés en petit nombre et contenant chacun un agglomérat cristallin hérissé de pointes. Sur une section longitudi- nale du rameau, on voit aisément que les cellules qui constituent les. bords supérieur et inférieur des diaphragmes semblent rom pues. Dans une pousse annuelle du Chèvrefeuilledes Jardins (pl. xn, fig. 4), observée en hiver, on distingue cinq régions dans le cylindre médul- laire. Extérieurement se trouve une couche de cellules épaissies et Canaliculées. Celle-ei est tapissée intérieurement par des cellules à pa- rois fines, assez grandes ; des amas d’un tissu utriculaire plus ténu et dont chaque élément renferme un aggrégat cristallin hérissé adhérent çà et là à la face interne de cette dernière zone; une vaste cavité cen- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 293 trale occupe enfin toute la longueur du mérithalle. C’est seulement dans les éléments”"extérieurs fortement épaissis de ce système com- pliqué qu'on peut distinguer un groupe de fines granulations ver- dâtres. ; | Lorsqu'on examine, à la fin de janvier, les tissus d'une longue et vigoureuse pousse annuelle de Sureau (Sambucus nigra) (pl. xn, fig. 4), on constate aisément que la matière de réserve granuleuse est confinée dans le corps ligneux. Les cellules médullaires les plus extérieures, munies de parois minces et poncituées, sont dépourvues de granules amylacés aussi bien que celles qui constituent le reste de la masse volumineuse de la moelle dans cette plante vulgaire. Types généraux de l'organisation de la moelle dans les entre-nœuds. Dans les divers modes d'organisation que je viens de décrire, la moelle ne comprend que trois sortes d'éléments : 1° Ceux qui, généralement munis de parois épaissies et canalicu- lées, produisent des matières de réserve granuleuses ; 2° Ceux qui, munis de parois minces et ponctuées, ne produisent pas de matières de réserve granuleuses, mais enserrent fréquemment des gaz; 3 Ceux qui, dans une enveloppe ténue spéciale, produisent des formations cristallines. Dans les pages qui vont suivre, j'appellerai les premiers cellules actives; j'appellerai les seconds cellules inertes: j'appellerai les troi- sièmes cellules cristalligènes. On peut répartir en trois groupes principaux les modes d'organi- sation dont nous venons de donner des exemples. Ou bien la moelle est essentiellement formée de cellules actives 29h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ou présente à la fois des cellules actives et des cellules cristalligènes : je l'appelle MOELLE HOMOGÈNE. Ou bien elle renferme des cellules actives et des cellules inertes je l'appelle MOELLE HÉTÉROGÈNE. Ou bien elle ne présente que des cellules inertes : je l'appelle MOELLE INERTE !. Formes dérivées de la structure médullaire dans les entre-nœuds. Les types généraux dont nous venons de signaler l'existence et la structure comprennent des formes dérivées analogues aux branches et aux rameaux d’un arbre. Ainsi la moelle HomoGène se divise en quatre branches. Elle est HOMOGÈNE proprement dite lorsqu'elle se compose unique- ment de cellules actives ou bien lorsqu'il s'ajoute à ce tissu fonda- mental un nombre relativement restreint de cellules cristalligènes ; c'est à ce groupe que se rattachent les espèces suivantes : Arbutus andrachne. A. unedo. Arctostaphylos uva-ursi (PI. xur, fig Cassandra calyculata (PI. x, fig. 6). Gaultheria procumbens (PI. xux, fig. 4). Menziezia ferruginea (PI. xin, fig. 3). M. globularis. Kalmia latifolia (PI. xun, fig. 43). Rhodora canadensis. ; Azalea pontica. À. amœæna. À glauca. A. viscosa. A. calendulacea. A. nudiflora. Rhododendron ferrugineum. R. Dahuricum. R. Azaleoides. Leiophyllum buxifolium. Bejaria caxamarcensis. Erica multiflora. E. Carnea. E. scoparia. Pyrus communis (PI, xvir, fig. 3). P. malifolius. P. Salvifolius. Cydonia vulgaris. Amelanchier spicata. — — . — 1. Ce cas est tout à fait exceptionnel. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, tS 12 ot Photinia serrulata. Eriobotrya Japonica. Quercus pedunculata (PI. xviu, fg. 6 et 40). Q. cerris. Q. suber. Q. tinctoria. Q. ilex. Q. coccifera. Fagus sylvatica (PI, xvur, fig. 7 et 8). Castanea vesca (PI. xvnr, fig. 12). Ostrya virginica (PI. x1x, fig. 8). Carpinus Betulus (PI. xx, fig. 9). Alnus glutinosa (PI. x1x, fig. 7 et 12). A. cordifolia. Betula alba (PI. x1x, fig, 3 et 6). B. papyracea. B. lenta. B. fruticans, Evonymus Europæus /P]. xv, fig. 7). E. nitidus, E. Japonicus, E. Nepalensis. Mahonia aquifolium. Phyllirea latifolia (PI. xrv, fig. 6 et 9). Olea Europæa re sa fig. 2). Hamamelis Virgini Fothergilla aloifolia vi xv, fig. 3). Parrotia Persica. Platanus occidentalis (PI. xv, fig. 6). Liquidembar imberbe. Ilex aquifolium (PI. xv, fig. 44). I. dipyrena. I. macrophylla (PI. xv, fig. 10). Prinos glaber (PI. xv, fig. 8 Buxus sempervirens, etc., di La moelle HomoGÈèNE peut être dite mnélée quand le système des cellules cristalligènes prend de l'importance et forme des enclaves irrégulières au milieu des cellules actives. C’est dans ce groupe que viennent se ranger : Pernettya mucronata (PI. xin, fig. 412). Pieris formosa (PI. xun, fig. 9). Elliottia racemosa. Lyonia ligustrina. Rhododendron ponticum (PI. xur, fg. 8). R. maximum. R. punctatum. R. ciliatum. R. indieum. R. Dalhousiæ. R. Caucasicum. R. arboreum. Phyllodoce taxifolia (PI. xux, fig. ‘5). Calluna vulgaris, etc. La moelle momocène peut être dite réticulée quand elle offre la structure que nous avons signalée dans le Ledum (pl. x, fig. 11) et “I, 29 296 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ; qu'on retrouve dans l’Andromeda polifolia et le Cladothamnus (pl. xrn, fig. 7). | La moelle HOMOGÈNE peut être dite pierreuse quand elle présente des groupes plus ou moins importants de cellules pachydermes comme dans le Carissa arduina (pl. xv, fig. 5) et le Medinilla speciosa (pl. xv, fig. 4,2, h). Les quatre variétés de la moelle HOMOGÈNE sont résumées dans le tableau synoptique suivant : FTOPTEMEONS AE... à 2, Poirier. M Pernettya. MOELLE HOMOGÈNE. . À 2°: ÿ HERCAIORE RES FRE re edum PRIOR LR Re ne Carissa. I faut remarquer que les trois premières variétés peuvent passer de l’une à l’autre par des formes intermédiaires et que les noms qu'elles portent indiquent les termes extrêmes de séries confluentes. La moelle HÉTÉROGÈNE présente, comme la moelle HOMOGÈNE, di- verses variétés que l'on peut répartir en deux groupes, suivant que leur tissu est continu ou discontinu. Dans le premier cas, la moelle peut être : HÉTÉROGÈNE proprement dite, ou mélée, ou diaphragmatique. Dans le second, elle peut être : | Diaphragmatique ou fistuleuse. La moelle est HÉTÉROGÈNE proprement dite lorsqu'elle présente un étui extérieur de cellules actives et une région centrale inerte. C’est à ce groupe qu'appartiennent les espèces suivantes : Lonicera fragrantissima (PI. xn, fig. 6). Abelia rupestris (PI, xx, fig. 2). Symphoricarpus vulgaris (PL. xnr, fig. 3 et 5). Ligustram vulgare (PI. xtv, fig. 1). L. salicifolium. L. japonicum. * MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 227 Ornus europæa (PI. xiv, 42 et 13). Syringa vulgaris (PI. x1v, fig. 5), Fontanesia phyllireoides. Chionanthus virginica. Berberis vulgaris. B. sinensis (PI. xv, fig. 9). B. nepalensis. B. macrophylla. Ulmus campestris (PI. xvri, fig. 7 et 8). Celtis occidentalis (PI. xvr, fig. 41 Rhamnus olæifolius. R. tinctorius. R. hybridus. Carya amara (PI. xvur, fig. 4), etc., etc. — La moelle est HmÉTÉROGÈNE mélée lorsque, dans sa région centrale inerte, se trouvent des enclaves plus ou moins importantes de cellules actives. Selon la disposition de ces groupes, on peut dire qu’elle est mélée PROPREMENT DITE comme dans les : Malus communis (PI. xvir, fig. 6). Mespylus germanica. Sorbus aucuparia (PI, xvir, fig. 2). Sorbus torminalis. S. aria (PI, xvur, fig. 8). Cratægus oxyacantha (PI, xvir. fig. 4). Amorpha glabra, etc. ou séRIÉE, comme dans les Viburnum tinus. V. lantana (pl. xn, fig. 9 à 12), ou RÉTICULÉE, comme dans les Rosiers (pl. xvir, fig. 5 et 10) et le Clethra (pl. xu, fig. 2). La moelle est HÉTÉROGÈNE diaphragmatique lorsque dans sa région centrale inerte apparaissent des bandes transversales d'un tissu spé- cial qui peut être formé de cellules actives, ou de cellules actives et de cellules scléreuses, ou de cellules scléreuses seulement (Wagnolia, pl. xvi, fig. 2, 4, 5. Liriodendron). Lorsque la moelle mérTéRoGÈNE est discontinue, nous avons dit qu’elle peut être diaphragmatique ou fistuleuse. C'est ce qui se passe dans les Noyers pour le premier cas, dans nos Chèvrefeuilles pour le second. En résumé, les différentes formes que peut offrir la moelle hété- rogène sont groupées dans le tableau synoptique suivant : 228 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. E proprement dile. . .. . . . . . .. PH, s5cBerberls. fc | proprement dite . . . . . . . . Malus. £ continue. . À mélée.. . {À sériée. . . . . . . «+ + + +. + Viburnum. & Hticuiie. + im RD s: diaphragmatique . . . . . . . . . . . . .. Liriodendron. = di S diaphragmalique . 7: 4 59 2e Juglans. 2 ps RAS. ne seit SIENS . Lonicera. D’après les considérations qui précèdent, on voit qu'il existe des intermédiaires variés entre les deux types extrêmes d'organisation que peut présenter la moelle : le type HOMOGÈNE et le type HÉTÉROGÈNE purs. On passe par des degrés insensibles de l’un à l’autre ; on passe même du second à des modes de structure dans lesquels la région exté- rieure active est très-peu développée, et on la voit même disparaître dans certains cas. Pour moi, le cylindre médullaire est bien réelle- ment unique; il n'y à pas une moelle centrale et une moelle annu- laire, comme on l'avait cru. Tantôt ce cylindre peut atteindre toute sa puissance végétative, et c’est alors que toutes ses cellules sont ac- tives et sécrétantes ; tantôt on voit s’éteindre plus ou moins en lui cette énergique vitalité et diminuer d'autant son importance physio- logique dans l’économie intérieure du végétal. La moelle homogène est le seul et véritable type du cylindre médullaire ; mais il est souvent altéré. MOELLE NODALE, Dans la région des nœuds la structure de la moelle varie suivant les essences et présente, dans certains cas, une modification pro- fonde. Chez un grand nombre d'espèces qui sont pourvues d’une moelle HÉTÉROGÈNE, On voit la région centrale et inerte de cette moelle se continuer au travers du nœud sans changement apparent; seulement MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 229 la partie extérieure et active de la moelle s’élargit généralement et plus ou moins en ces points. Parmi les plantes qui se trouvent dans cette première catégorie, nous citerons : Acer macrophyllum. A. opulus. Sambucus racemosa. S, nigra. Ligustrum vulgare. Chionanthus maritima. Syringa vulgaris. Fontanesia phyllireoides. Juglans regia. Salix pontedereana. Jasminum revolutum. Cercis canadensis. Amorpha glabra. Celtis occidentalis. Liriodendron tulipifera. Viburnum lantana. V. tinus. Corylus rostrata. Berberis vulgaris. B. nepalensis. B. sinensis, etc., etc. C'est, je crois, Dupetit-Thouars qui, le premier, a insisté sur ce fait qu’un parenchyme dense, solide, constitue les diaphragmes que l'on trouve à chaque nœud dans certaines plantes comme la Vigne et le Chèvrefeuille. Une seconde catégorie d'espèces également munies d’une moelle HÉTÉROGÈNE présente en effet, dans la région des nœuds, des disques plus ou moins épais d’un tissu solide, résistant, formé de cellules à parois épaissies et canaliculées et contenant, à diverses époques de l’année, une abondante provision de matières de réserve granuleuses. Parmi les plantes qui présentent une semblable structure, nous citerons : ; Ficus carica. Ulmus campestris. 230 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Vitis vinifera, Clematis flammula. Lonicera Xylosteum. L. fragrantissima. Abelia rupestris. Berberis macrophylla. Malus communis. Le tissu de ces diaphragmes nodaux est jaunâtre ou verditre, d’une certaine résistance, d’un aspect frais, et tranche sur le tissu lé- ger, spongieux, argentin ou roussâtre, qui se trouve au-dessus et au- dessous. Il est curieux de voir diverses sortes de lianes offrir des mérithalles longs de 15 à 20 centimètres dont la partie médullaire est occupée par un tissu fragile, inerte, ou même est résorbée, pendant qu'à chaque nœud se trouve une bande ou un cylindre résistant, véri- table albumen semblant destiné au développement des bourgeons nés à l’aisselle des feuilles. MOELLE INTERRAMÉALE ET MOELLE SURBGEMMAIRE. En étudiant les régions dont nous allons parler, il ne faut pas se fier à de fausses apparences produites par la présence des gaz, par la consistance des tissus, par leur coloration, pour conclure, comme l’a fait M. Guillard, à leur inertie ou à leur mort. Un examen superficiel, à l’aide d’une simple loupe, ne suffit pas pour en prendre une idée juste. : Lorsqu'on observe, au mois de janvier, sur des sections verticales, le passage de la moelle de la première à la deuxième pousse dans l'Érable champêtre, on voit que la moelle de la branche annuelle se termine inférieurement en un arc concave et que celle de la deuxième pousse se termine supérieurement en un are convexe. Letissu inter- médiaire constitue ainsi un tronçon de colonne limité par deux sur- faces concaves. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 231 Pendant que les cellules de la moelle centrale des axes supérieur et inférieur sont disposées en séries longitudinales parallèles (pl. xx, fig. 4), généralement hexagonales, comprimées, et à grand axe trans- versal, pendant que leurs parois sont minces et ponctuées et qu'on n’observe point dans leur cavité de matières nutritives granuleuses, on peut constater, au contraire, que le tissu de la moelle interra- méale est très-différent par la forme, la grandeur, l'agencement de ses éléments et aussi par leur contenu. Ses cellules constitutives sont petites (pl. xx, fig. 6), polygonales ou à contour arrondi, confusément groupées, offrant çà et là des indices de division binaire. Celles-ci ont des parois minces ponctuées et sont inertes, celles-là ont une enveloppe plus épaisse marquée de ponctuations et renferment des grains d’amidon simples ou composés. Elles forment des groupes irréguliers; les uns semblent isolés; les autres se relient entre eux et à la zone externe active qui part des mérithalles supérieur et inférieur pour envelopper d'une couche épaisse la région interraméale du cylindre médullaire et se pro- longer au-dessus d'elle en un arc concave, interrompu, peu mar- qué, et, au- dessous d'elle, en un arc plus épais parfaitement indiqué. Çà et là on observe quelques petits groupes de cellules cris- talligènes. Dans l’Acer opulus, la moelle interraméale, observée pendant le mois de mars, entre la deuxième et la troisième pousse, présentait également un tissu continu formé d'éléments confusément agencés (pl. xx, fig. 5). Ils offraient plus généralement des parois épaissies, canaliculées, limitant une grande cavité occupée par des granules amy- lacés variables en nombre et en volume, simples ou composés. On observait aussi dans ce tissu des enclaves nombreuses et plus ou moins importantes de cellules cristalligènes à parois très-ténues, dif- ficiles à distinguer, à cristaux simples et volumineux. Au milieu de février, la moelle, prise au passage de la sixième à la septième pousse, 232 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. était, en masse, formée de cellules amylifères et offrait seulement quelques enclaves de cellules cristalligènes. Dans le Laurier-Cerise, aux points où une pousse terminale verte succède à la pousse qui est dessous, on aperçoit à l'œil nu, sur une section longitudinale du rameau faite au commencement du mois de mars, une bande transversale un peu roussâtre de 2 millimètres environ d'épaisseur. Examinée sous le microscope, cette région est constituée par des cellules diversement agencées, souvent segmentées, laissant çà et la entre elles des intervalles plus ou moins considérables, à parois épaissies et canaliculées, munies d’un Nucléus et contenant un nombre assez considérable de grains d’amidon simples ou composés (pl. xx, fig. 7). À cet amidon se joint çà et là un peu de matière colorante jaune orangée qui teint souvent également les parois. Dans les premiers jours de février, le tissu observé dans la même région paraissait un peu moins consistant et offrait du reste les mêmes caractères quant à la structure et au contenu des cellules. De la seconde à la troisième pousse, la moelle étudiée à la même époque n'avait changé ni d’or- ganisation ni d'aspect. | Dans le Platane, la moelle comprise entre la première et la seconde pousse est constituée par un double tissu. Les cellules de l’un sont arron- dies, épaissies, canaliculées, amylifères. Les cellules de l’autre ont des parois très-ténues et sont cristalligènes (pl. xx, fig. 1). Les cellules épais- sies contenaient, au mois de mars, un Nucléus et des grains amylacés généralement simples ; les cellules ténues offraient fréquemment à la même époque des cristaux simples, volumineux, ou des aggrégats com- plexes et hérissés de pointes. La moelle comprise entre la deuxième et la troisième pousse, observée au milieu du mois de février, offrait le même mélange de cellules diversement actives et des phénomènes de coloration analogues à ceux que nous avons déjà signalés dans le Prunus lauro-cerasus. Les cellules de la moelle d’un entre-nœud de Carya amara, vues MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 233 sur une section longitudinale, sont disposées en séries verticales pa- rallèles et ressemblent fréquemment à des rectangles ou à des carrés dont les angles seraient émoussés. Elles sont inertes, abstraction faite de l'étui extérieur actif, et leurs minces parois sont marquéés de belles ponctuations elliptiques. Bien différent est le tissu de la moelle interraméale. Lorsqu'on l’examine au passage de la pousse de deux ans à celle de trois ans (pl. xx, fig. 8), on voit qu'il est presque ex- clusivement formé de cellules à contour arrondi, laissant entre elles des intervalles bien marqués, ayant des parois épaissies et canalicu- lées et renfermant dans leur cavité un Nucléus et des granulations amylacées. Çà et là se rencontrent quelques cellules cristalligènes à parois ténues contenant un volumineux aggrégat cristallin hérissé de pointes. La moelle interraméale du Cytise (Cytisus laburnum), étudiée au commencement du mois de mars aux points où une pousse terminale succède à la pousse qui est dessous, est jaunâtre. Sur une section ver- ticale, ses cellules sont arrondies ou oblongues et, dans ce dernier cas, allongées transversalement. Elles laissent entre elles des méats intercellulaires très-marqués et présentent une paroi un peu épais- sie et élégamment réticulée. Elles offrent très-fréquemment des in- dices de division binaire transversale et renferment de petits corpus- cules chloro-amylacés (pl. xx, fig. 12). Le tissu qu'elles forment paraît assez peu résistant et se montre çà et là interrompu par de longues fissures étendues en travers. On serait aisément porté à reconnaître en lui les caractères d’une partie végétale en voie de développement. La région que nous venons de décrire se continue inférieurement en un tissu beaucoup plus dense dont les éléments ont une forme et un contenu analogues, mais dont les parois sont très-fortement épaissies, consolidées et marquées de ponctuations aussi nettes que nombreuses (pl. xx, fig. 11). On y voit des groupes de cellules qui résultent ma- nifestement d’un phénomène de segmentation répété deux ou plu- \r 30 234 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. sieurs fois. Un tissu dense se trouve également au-dessus de la moelle interraméale, mais ses éléments n'offrent ni la même forme, ni la même disposition, ni les mêmes indices de segmentation (pl. xx, fig. 10). J'ai constaté des faits analogues à ceux que je viens de mention- ner dans la moelle qui s'étend entre la deuxième et la troisième pousse et aussi entre la troisième et la quatrième. Les exemples que nous venons de citer ont été pris parmi Les types appartenant à des groupes divers et éloignés les uns des autres au point de vue taxonomique. Il est donc permis de croire que nous n'avons pas décrit des faits exceptionnels et que la vitalité de la moelle interraméale est un caractère qui lui est réellement propre. L'observation nous à conduit aux mêmes conclusions pour ce qui regarde la moelle subgemmaire. Ce que nous avons dit de la moelle in- terraméale nous permettra d’être plus sobre de détails à ce sujet. Dans les Érables, la moelle subgemmaire est très-vivante. Limi- tée en haut par la moelle propre du bourgeon, elle est bordée en bas par un arc convexe de cellules épaissies qui se continue en la région extérieure et active du mérithalle inférieur. Au mois de février, le tissu de la prétendue moelle morte de l’Acer opulus était un mélange de cellules cristalligènes à parois ténues et de cellules à parois plus épaisses dont le contenu granuleux était accompagné d’un Nucléus. Le nombre des volumineux cristaux, dont chacun avait environ le volume de sa cellule enveloppante, était alors vraiment prodigieux. Dans le Platane, le tissu de la moelle subgemmaire était, au mi- lieu de février, d'un aspect sec et grisâtre et reposait sur une couche verdâtre et fraiche. Il se composait du mélange intime de deux sortes d'éléments. Les uns, à parois très-ténues, contenaient pour la plu- part un volumineux cristal simple ou un aggrégat cristallin hérissé de pointes ; les autres, à parois plus épaisses et canaliculées, offraient un Nucléus et un contenu granuleux abondant. On voyait aisément ce MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 235 même Nucléus dans les cellules fortement épaissies et canaliculées de la partie supérieure du mérithalle sous-jacent (pl. xx, fig. 3). C’est également un tissu continu, mais formé en masse de petites cellules à parois épaissies munies d'un Nucléus et à contenu granu- leux qui constitue au mois de décembre la moelle subgemmaire du Paxia macrostachya. Ça et là une cellule isolée renferme un cristal com- plexe et hérissé de pointes. Dans le Sambucus racemosa, la moelle propre d’un bourgeon latéral observée en hiver se continue insensiblement en une masse volu- mineuse reposant en bas sur un diaphragme d'éléments fortement épaissis et canaliculés. Cette masse était composée de grandes cellules -polygonales contenant généralement un Nucléus avec granulations protéiques et amylacées et pouvant offrir, à divers degrés, des indices de segmentation transversale. Schacht a reconnu l'existence du tissu dont nous venons de par- ler et l’a décrit comme une couche séveuse dans son livre de l'Arbre. Il l'a représenté dans quelques sections longitudinales de bourgeons observées à un très-faible grossissement sous la loupe. On voit, en résumé, que la moelle qu'on trouve à la base des bourgeons ou au bas de chaque rameau qui en prolonge un autre, loin d'être morte, comme l’a pensé M. Guillard, présente au contraire des signes évidents d’une active vitalité. Elle se présente sous la forme d’un tissu continu qui, dans son plus haut degré de complication, com- prend des cellules inertes à parois minces, ponctuées, des cellules actives à parois épaissies contenant des matières nutritives granu- leuses et des cellules cristalligènes. 236 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. CHAPITRE IV. ANATOMIE COMPARÉE DE LA MOELLE. SES APPLICATIONS A LA BOTANIQUE PHYTOGRAPHIQUE. « Jusqu'à présent les parties du végétal autres que « les organes reproducteurs n’ont été prises qu’en groupes naturels et sont restées étrangères à la € « classification générale. AD. rh CAPRIFOLIACÉES. Lorsqu'on examine en hiver la base d’une longue pousse annuelle du Camérisier des haies (Lonicera æylosteum), on distingue plusieurs régions dans le cylindre médullaire (pl. x, fig. 7} Extérieurement se trouve une couche de cellules épaissies cana- liculées, contenant chacune un amas de granules amylacés. Ces cel- lules passent insensiblement à la forme du parenchyme ligneux du côté des trachées; de l’autre côté elles se continuent en une zone de cellules polygonales plus grandes, semblablement épaissies et canali- culées, mais dont la paroi est brunie et dont la cavité est entièrement dépourvue de matières de réserve. Cette zone est elle-même brusque- ment tapissée en dedans par une couche inégale de cellules inertes et à parois très-fines qui limite une vaste cavité centrale étendue dans toute la longueur de l’entre-nœud. Les diverses régions que nous ve- nons d'analyser sous le microscope peuvent se distinguer dans leur MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 237 ensemble à l’aide d’une simple loupe. On trouve à chaque nœud un diaphragme formé de cellules très-épaissies, canaliculées et amylifères. Au sein de ce tissu énergiquement vivant se montrent çà et là quel- ques groupes de cellules à parois ténues et cristalligènes. Dans une pousse annuelle du Chèvrefeuille des jardins (Lonicera caprifolium) (pl. x, fig. 4), observée à la même époque, on distingue cinq régions dans le cylindre médullaire. En dedans de la zone exté- rieure des cellules épaisses, on trouve une couche de cellules plus minces, mais rigides et ponctuées; celle-ci est tapissée intérieu- rement par des cellules à parois fines assez grandes ; des amas d’un tissu utriculaire plus ténu et dont chaque élément renferme un aggré- gat cristallin hérissé adhèrent çà et là à la face interne de cette der- nière zone; une vaste cavité centrale occupe enfin toute la longueur du mérithalle. C’est seulement dans les éléments extérieurs fortement épaissis de ce système médullaire compliqué qu'on peut distinguer un groupe de fines granulations légèrement teintes en vert. Différente est l’organisation du cylindre médullaire dans une plante cultivée à l'École de botanique du Muséum sous le nom de Lonicera fragrantissima (pl. xu, fig. 6). Son tissu est HÉTÉROGÈNE, mais continu, et, dans sa région centrale inerte formée d'éléments polyédri- ques à parois minces et ponctuées, .se trouvent çà et là de petits groupes de cellules cristalligènes à parois ténues contenant chacune un volumineux aggrégat cristallin hérissé. Dans l’Abelia rupestris (pl. xn, fig. 2), la moelle est aussi HÉTÉROGÈNE et continue. Elle est en masse formée de cellules polyédriques régu- lièrement disposées en séries longitudinales, à parois minces munies de ponctuations linéaires et transversales. Cette région inerte est en- veloppée par un étui de cellules actives à parois épaissies et canali- culées, dont les plus intérieures ont leur grand diamètre transversal et dont les extérieures passent insensiblement au parenchyme ligneux par l'allongement de leur axe parallèlement au fil du bois. Ces cellules 238 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. contenaient, au mois de novembre, des corpuscules amylacés simples et volumineux. Des aggrégats cristallins hérissés de pointes s’obser- vaient en même temps dans des cellules à parois ténues, soit isolées, soit formant de courtes séries sur une section longitudinale du rameau. C’est encore une moelle continue et HÉTÉROGÈNE, Mais plus im- portante physiologiquement, que nous offre le Symphoricarpos vulgaris (pl. xu, fig. 3 et 5). La région externe formée de cellules épaissies (et amylifères au mois de janvier) était alors si large que le diamètre de la partie centrale inerte dépassait à peine le tiers du diamètre total du cylindre médullaire à la base d’une ramille latérale annuelle. Dans un rameau de deux ans observé à la même époque, la moelle présen- tait la même organisation fondamentale, mais des cellules profondes de l’étui extérieur paraissaient avoir perdu leur activité en même temps que leurs parois avaient pris une teinte brune semblable à celle qui colorait les minces parois des cellules centrales. Dans le Viburnum tinus (pl. x, fig. 41 et 12), la moelle est néré- ROGÈNE et continue. Elle est formée en masse de grandes cellules po- lyédriques à parois minces, mais rigides, marquées de ponctuations et inertes. Elle est traversée par de longues séries de cellules ordinai- rement étendues suivant le fil du bois, épaissies, canaliculées et con- tenant une petite quantité de matière de réserve au moment de l’ob- servation, c'est-à-dire au mois de novembre. Cà et là se montrent des utricules cristalligènes isolées ou groupées en petit nombre, contenant un aggrégat volumineux, globuleux et hérissé. La moelle du Viburnum lantana (pl. xnr, fig. 9 et 10) paraît trop ana- logue à celle que nous venons de décrire pour qu’il soit nécessaire de nous y arrêter. Lorsqu'on examine à la fin de janvier les tissus d’une longue et vigoureuse pousse annuelle de Sureau (Sambucus nigra) (pl. xn. fig. 4), ayant, par exemple, 2 centimètres de diamètre à sa base, on constate MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 239 aisément que la matière de réserve granuleuse est confinée dans le | corps ligneux. Les cônes vasculaires dont la base repose à la face interne de la zone ligneuse et dont le sommet s’avance dans le parenchyme médul- laire ne présentent point de matière amylacée dans les longues cellules minces et ponctuées qui accompagnent les vaisseaux. Les cellules médullaires les plus extérieures appliquées sur ces mêmes éléments et munies de parois minces également ponctuées sont aussi dépour- vues de granules amylacés pendant que ces granules remplissent les rayons médullaires, le parenchyme ligneux et des fibres ligneuses de la zone du bois. Dans l'intervalle des cônes constitutifs de l’étui mé- dullaire, cette zone est semblablement bordée de cellules inertes *. La moelle volumineuse des Sureaux semble donc entièrement formée d’un parenchyme continu et inerte dont la forme et la struc- ture sont d’ailleurs trop connues pour qu'il soit nécessaire de nous arrêter sur ce point. Elle est particulièrement remarquable parce qu'elle fait exception à un fait très-général chez les végétaux ligneux : elle manque de cet étui extérieur de cellules épaissies et amylifères qui est généralement propre aux moelles RÉTÉROGÈNES. En résumé : La moelle est HÉTÉROGÈNE continue dans le Symphoricarpos vulgaris, où la région extérieure active est fortement épaissie ; Elle est HÉTÉROGÈNE continue dans les Viornes, qui offrent en outre des séries de cellules actives dans sa région centrale inerte; Elle est HÉTÉROGÈNE continue dans l’Abelia rupestris et le Lonicera fragrantissima ; Elle est méréroGène dans les Lonicera æylosteum et L. Caprifolium, 4. M. Jean Chalon (Loc. cit.) dit de la moelle de cette plante « qu'elle se termine extérieure- ment par plusieurs rangées de cellules d’un faible diamètre, allongées selon l'axe du rameau et qui ne sont guère plus épaissies que les cellules de la moelle elle-même. » L'auteur ne remarque point le trait caractéristique d'organisation sur lequel nous avons insisté. 210 NOUVELLES ARCUIVES DU MUSEUM. mais sa partie centrale, formée d’un tissu tout spécial, se résorbe de très-bonne heure dans l’entre-nœud ; Elle est dépourvue de matière de réserve granuleuse dans le Su- reau, où elle peut être dite INERTE. Dans ce résumé, nous avons rangé les différentes espèces d’après le degré d'importance physiologique de leur système médullaire. On voit que le type général de structure qu’on y rencontre est le type HÉTÉROGÈNE. M. Baillon à présenté des considérations bien insuffisantes sur la moelle des Caprifoliacées. « Les cellules, dit-il, varient de forme de Ja circonférence au centre. Les plus extérieures sont cylindroïdes allongées et se superposent assez exactement en séries verticales. Plus intérieurement, elles se raccourcissent et deviennent polyédri- ques. IL y en a même de globuleuses au centre, très-liächement unies entre elles. Leurs parois sont ponctuées et, dans plusieurs espèces, elles renferment des cristaux en masses hérissées d’aiguilles étroites ou de petits cônes surbaissés. Quant aux changements que l’âge apporte à la constitution de ces tiges, ils sont, à part la multiplication des couches ligneuses, de deux ordres : premièrement, la destruction de la moelle au centre... + | Il est aisé de voir, d’après l'exposé que nous avons fait plus haut, que la description donnée par M. Baillon ne saurait s'appliquer ni aux Caprifoliacées en général, ni à un type quelconque de cette famille. Endlicher et M. Brongniart ont divisé ce groupe végétal en deux tribus. M. Spach, qui admet une famille des Viburnées et une famille des Caprifoliacées, divise la première en deux sections : celle des Vi- burninées et celle des Sambucinées. Nous serions conduits, d’après nos observations, à reconnaître, avec l’illustre et excellent conservateur des herbiers du Muséum, qu’il y a en réalité trois groupes distincts dans 1. Adansonia, t. 1, p. 378. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. A1 les Caprifoliacées : celui des Lonicérées, où la moelle est mÉrÉROGÈNE : celui des Viburninées, où elle est HÉTÉROGÈNE avec séries de cellules actives; celui des Sambucinées, où elle est inerte. M. Spach a d’ailleurs fait entrer la structure de la moelle dans la caractéristique du groupe des Viburnées : « Moelle, en général, ample dans les jeunes pousses, dit-il, longtemps persistante ‘. » Il'est un point sur lequel nous devons insister avant de passer à l'étude d’une autre famille. Nous avons vu que dans les Lonicera æylosteum et L. caprifolium la région centrale de la moelle est résorbée dans les entre-nœuds d’une longue pousse annuelle. Quel est le tissu qui disparaît ainsi? Dans les deux espèces que je viens de citer et dans le L. tatarica, j'ai pu constater sa présence au sommet du mérithalle supérieur des pousses annuelles. Il constitue au centre de la moelle une colonne de cellules très-petites, polyédriques, à parois d’une grande ténuité, non ponctuées, contenant chacune un aggrégat cristallin complexe, hérissé de pointes. Rien de plus élégant, de plus éphémère que ce tissu de résorption des Chèvrefeuilles dont on ne trouve plus tard que quel- ques débris adhérant çà et là à la région extérieure persistante du cylindre médullaire. Il est à remarquer que ces éléments, sauf leur grandeur et la ra- pidité avec laquelle s’effectue leur résorption, sont cependant ana- logues à ces cellules cristalligènes que je signalerai bientôt dans le groupe des Éricinées et qui tiennent une si grande place dans la moelle des Ledum, des Pernettya, de certains Rhododendron, etc. 4. Édouard Spach. Végétaux phanérogames, t. VITE, p. 303. 2h2 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ÉRICINÉES. De Candolle scinda malheureusement cette remarquable alliance en deux familles : celle des ÉRICACÉES et celle des VACCINIÉES. Il divisa la première en quatre tribus : ARBUTÉES, ANDROMÉDÉES, Ruoporées et Éricées. Nous allons successivement les passer en revue. ARBUTÉES. Cette tribu comprend les genres Arbutus, Arctostaphylos et Per- neltya. La moelle d’un jeune rameau d’Arbutus andrachne est volumineuse, ferme et verdâtre. Elle est formée de cellules variables de forme et inégales en grandeur ‘, à parois épaissies et canaliculées, offrant ce- pendant une vaste cavité, uniformément remplies, vers le commence- ment du mois de mars, de granules amylacés simples et arrondis. Certaines d’entre elles paraissent divisées en un petit nombre de com- partiments par des cloisons plus minces, et dans ces compartiments se trouvent des cristaux simples. Dans l’Arbutus unedo, la moelle présente une structure trop ana- logue à celle-ci par son grand développement, sa consistance et son organisation intime pour qu'il soit nécessaire de la décrire. Remar- quons seulement que les cellules cristallifères y paraissent très-rares. Le tissu médullaire de l’Arctostaphylos uva-ursi (pl. xmi, fig. A) est également HOMOGÈNE, et je n'ai pas trouvé dans mes préparations de cellules cristallifères. Au mois de mars, ses utricules étaient gorgées 1. Ces cellules sont disposées en groupes longitudinaux indiquant que leur multiplication s’est faite par la segmentation transversale de cellüles mères. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 243 de grains d’amidon volumineux généralement simples et quelquefois binaires. / Bien distinct est celui du Pernettya héros (pl. xx, fig. 12), qui n’a point une égale importance comme magasin de substances nutri- tives. Sa moelle est volumineuse, jaunâtre, moins ferme que dans les genres précédents ; elle n’est plus romocèxe. On y distingue aisé- ment deux sortes de cellules. Les unes sont ponctuées et se montrent abondamment pourvues au printemps de matières de réserve ; les autres, beaucoup plus grandes, à parois très-ténues, sont, à la même époque, tellement pleines de gaz que l'étude du tissu en devient diffi- cile, et chacune d’elles renferme, en outre, une masse cristalline unique, complexe, hérissée de pointes et qui n’occupe qu'une très- petite partie du volume de la cavité cellulaire. Nous croyons que les premières constituent le tissu essentiel et fondamental du cylindre mé- dullaire ; les secondes forment dans l'épaisseur de celui-ci des enclaves plus ou moins étendues. C'est de cette façon qu'on voit sur la section transversale d’un jeune rameau des flots irréguliers formés d’un nom- bre variable de grandes cellules aérifères et cristalligènes, et, sur la section longitudinale du même axe, des groupes ou des séries verti- cales plus ou moins allongées de ces mêmes éléments superposés. Au point de vue taxonomique, On pourrait conclure de cet examen des trois genres compris par Decandolle dans la tribu des ARBUTÉES que les genres Arbutus et Arctostaphylos, que Linné confondait, parais- sent très-intimement unis par la structure de leur moelle, tandis que le genre Pernettya, longtemps confondu avec les Arbousiers, parait réellement distinct par l'organisation intime du même tissu que nous caractérisons sous le nom de moelle HOMOGÈNE mélée. 2h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ANDROMÉDÉES. Decandolle place dans cette tribu les genres Clethra, Andromeda, Gaultheria, Cassandra, Ellioitia, Pieris, Lyonia, Oxydendron, Zenobia, Leu- cothoe, que nous avons soumis à nos observations. La structure de la moelle est très-variable dans ce groupe, et son tissu présente des particularités anatomiques intéressantes en même temps que des degrés très-divers d'activité vitale. Il est HOMOGÈNE dans le Cassandra calyculata (pl. xIn, fig. 6), où la moelle d’un rameau de deux ans m'a paru uniquement formée de cel- lules épaisses, canaliculées, très-riches en matières de réserve. Il est également d'une homogénéité parfaite dans le Gaultheria procumbens (pl. x, fig. ), où les cellules régulièrement disposées en séries lon- Situdinales parallèles, à parois épaissies et canaliculées, se montraient, au mois de mars, extrêmement riches en grains d’amidon simples ou composés dont je surpris alors la genèse autour ou à la surface du Nucléus. Mes préparations ne présentaient point de cellules cris- tallifères. Par l'intermédiaire du Pieris ovalifolia, on passe du type que nous venons d'examiner à celui qui nous est offert par le Pieris formosa (pl. x, fig. 9), l'Elliottia racemosa et le Lyonia ligustrina. Ces diverses espèces présentent une moelle HoMoGèNE à cellules épaissies, canalicu- lées, riches en matières de réserve, au sein de laquelle sont des en- claves plus ou moins importantes de grandes cellules à parois ténues, aérifères et cristalligènes (moelle nomocène mélée). Très-différente, très-élégante et très-compliquée est la moelle des Clethra (pl. x1x, fig. 2) (€. alnifolia). Dans un jeune rameau, sa trame générale est formée de grandes cellules à parois minces, bien que ponctuées et remplies de gaz. À l'extérieur est un étui étroit de pe- . MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 245 tites utricules actives qui se montrent carrées ou rectangulaires sur une section longitudinale et dont les parois sont épaisses et canalicu- lées. Des files d'éléments semblables ordinairement superposés sur un seul rang s'étendent verticalement dans l'épaisseur du cylindre central. Entre ces séries parallèles entre elles se voient d’autres utri- cules allongées transversalement et semblablement actives ; enfin un troisième élément actif se mêle à ceux-ci sous forme de très-petites cellules ordinairement triangulaires et assez analogues à de volumi- neux méats. Sans décrire plus longuement un tissu compliqué dont nos dessins donneront une idée plus claire que ne le feraient les explications les plus détaillées, nous nous contenterons de faire re- marquer que les éléments polymorphes et actifs que nous avons signa- lés plus haut présentaient au mois de décembre des formations chlo- rophylliennes qui manquaient absolument dans les grandes cellules aérifères à parois minces. Les formations cristallines n'avaient point, au contraire, de lieu déterminé et spécial de production. On les trou- vait indistinctement dans les diverses sortes d'éléments du tissu mé- dullaire sous la forme d’aggrégats arrondis plus ou moins distincte- ment hérissés ou marqués de lignes rayonnantes. Le Zenobia floribunda (pl. xmi, fig. 10) offre également un système médullaire dont l’organisation est extrêmement compliquée et qui me paraît assez rare dans le règne végétal. Il présente extérieurement un étui assez large de petites cellules à parois épaissies et canaliculées qui se montraient remplies de granules amylacés vers la fin de mars. La partie centrale de la moelle est occupée par un tissu irrégu- lier de cellules polygonales plus grandes, de forme, de grandeur et de disposition variables. Leurs parois sont assez minces, quoique ponc- tuées, et je les ai toujours trouvées inertes. Au sein de ce tissu analogue à celui qui constitue toute la masse centrale du cylindre médullaire dans son type BÉTÉROGÈNE pur, se 26 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. trouvent çà et là des éléments ou des groupes plus ou moins volumi- neux d'éléments remarquables par la grandeur, la ténuité extrême de leurs parois, et qui renferment un aggrégat cristallin arrondi et hérissé de pointes. Ce mode remarquable de structure se retrouve dans le genre Oxydendron (Oxydendron arboreum) et dans le Leucothoe aæillaris. Un semblable tissu est sec, fragile et d'un aspect jaunûtre. Il ne nous reste plus à mentionner dans ce groupe que l’Andro- meda polifohia. Sur une section transversale d’un jeune rameau, la moelle est formée d’une trame légère de grandes cellules à parois ténues, aérifères et cristalligènes, interrompue par un réseau d’élé- ments plus petits à parois épaissies, canaliculées, et qui contiennent des corpuscules chlorophyllins. Ce réseau ne se voit pas moins bien sur une section longitudinale. En résumé, dans le groupe des Andromédées nous trouvons di- verses variétés de la moelle nomoGène. Elle est : proprement dite (Gaul- theria, Cassandra), mélée (Pieris, Elliottia, Lyonia), réticulée (Clethra) ; nous trouvons aussi une forme particulière de la moelle HÉTÉROGÈNE mélée (Zenobia floribunda, Oxydendron arboreum, Leucothoe aæillaris). Il me semble qu'il y a là des traits anatomiques précieux et qu’on peut les joindre utilement aux notes organographiques pour caracté- riser les genres. Ainsi l'espèce que Linné appelait Andromeda calyculata s’écarte beaucoup de l’Andromeda polyfolia type par sa structure médullaire. Le genre Cassandra semble donc avoir sa raison d’être au point de vue qui nous occupe ici. Je n’oserais pas justifier par la différence de structure de la moelle la création du genre Pieris aux dépens de cer- taines espèces d’Andromeda, à cause des enseignements que nous four- niront bientôt les Rhododendron et les Axzalea. Par contre, la plante que l’on a longtemps nommée Andromeda floribunda a bien réellement droit de cité dans un autre genre par MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 2h7 l’organisation aussi compliquée que rare de son système médullaire. De plus le genre Oxydendron présente anatomiquement plus d'analo- gie avec les Zenobia qu'avec les Lyonia. Des groupes d'espèces répartis par Endlicher en sections sous le nom générique commun d’Andromeda nous semblent constituer, d'après ces observations anatomiques, des entités génériques distinctes. De- candolle, dans le Prodromus, M. Spach, dans son excellente Histoire des végétaux phanérogames, ont eu raison de les accepter. RHODORÉES. Les genres Kalmia, Rhodora, Menziezia, Phyllodoce, Azalea, Rhododen- dron, Ledum, Leiophyllum, Bejaria, Cladothamnus, sont compris par Decan- dolle dans cette tribu, et nous avons étudié la structure anatomique du cylindre médullaire dans chacun d'eux. Comme dans les groupes précédents, cette structure est variable, et la moelle des espèces qui sont contenues dans celui-ci présente des degrés très-divers d'activité vitale. Dans le Menziezia ferruginea (pl. xin, fig. 3), la moelle est parfaite- ment HOMOGÈNE. Vues sur une section longitudinale d’un jeune rameau, les cellules qui la constituent, de forme rectangulaire, à parois épais- ses et ponctuées, sont disposées en longues séries verticales parallèles au fil du bois. Sur une section transversale, la paroi qui limite la cavité de chacune d'elles est arrondie ou ovale. Une structure tout à fait semblable m'a été offerte par le Menziezia globularis. De jeunes rameaux de Kabmia latifolia (pl. xin, fig. 13), de Rhodora canadensis, pré- sentent également une moelle strictement HomoGène, et je l'ai trouvée gorgée de matières nutritives, au mois de novembre pour la première espèce, au mois de mars pour la seconde. J'ai étudié six espèces d’Azalées; on peut dire que leur type mé- 218 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. dullaire est l'homogénéité. Cependant, chez certaines espèces, s'ajoute ua élément nouveau, comme on va le voir. Les cellules actives sont disposées en séries longitudinales parallèles, carrées ou rectangulaires sur la section longitudinale, à parois épaissies et canaliculées, à grande cavité riche en granules d’amidon vers la fin du mois de mars. Dans les Azalea pontica et A. amæna, le tissu médullaire est strictement HOUOGÈNE. Dans l’A. glauca se présentent de rares cellules cristalligènes isolées ; dans les 4. viscosa, À. calendulacea, A. nudiflora, les cellules cristalli- gènes, un peu plus nombreuses, se disposent çà et là en courtes sé- ries longitudinales. Ces cristaux sont d’ailleurs des agglomérats arron- dis et hérissés. On trouve aussi dans le genre Rhododendron des espèces dont la moelle est strictement nomocène. Tels sont les Rhododendron ferrugi- neum, R. dahuricum, R. azaleoïdes. Dans les autres espèces que j'ai étu- diées (R. ponticum, pl. x, fig. 8, R. maximum, R. punctatum, R. cilia- tum, R. indicum, R. Dalhousiæ, R. Caucasicum, R. arboreum), si l’on peut dire que le cylindre médullaire est essentiellement formé de cellules à parois épaissies et gorgées de matières nutritives dans le courant du mois de mars, par exemple, il faut remarquer que l'élément cris- talligène y prend plus d'importance que dans le genre Azalea. Au sein d'un tissu énergiquement vivant se trouvent en effet des enclaves ver- ticales plus ou moins épaisses et allongées de cellules plus grandes que les autres, à parois très-ténues, aérifères, contenant chacune un aggrégat cristallin arrondi et hérissé de pointes. Ce tissu spécial se laisse souvent reconnaître à l’œil armé d’une simple loupe, parce qu'il forme de petites stries argentées sur un fond plus coloré 1, Plus élégante dans son aspect, mais moins importante physiolo 3i- quement, est la moelle des Ledum (pl. xnx, fig. 411) qui peut être consi- dérée comme un type de moelle nomoGÈnE réticulée, Elle présente un étui 4. J'ai appelé la moelle de ces espèces HOMOGÈNE #élée. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 219 de petites cellules épaissies et actives et des files ou des lames de sem- blables utricules étendues dans le sens vertical et reliées entre elles et avec l’étui par des branches anastomotiques. Les intervalles de ce tissu, spécialement consacré à la production des matières de réserve, sont occupés par de grandes cellules à parois minces, aériféres et cristalligènes. Il résulte de là que, sur une section transversale du cy- lindre médullaire, on aperçoit une trame légère parcourue par une sorte de réseau plus dense et de l'aspect le plus élégant. Le genre Cladothamnus (pl. x, fig. 7) a de même une moelle admirablement réticulée ; il n’en est plus ainsi dans les Leiophyllum et les Bejaria. Le tissu médullaire du Leiophyllum buxifolium est strictement HOMOGÈNE, et ses cellules, généralement allongées suivant le fil du bois, sont toutes fortement épaissies et canaliculées. Dans le Bejaria caæa- marcensis on trouve la même homogénéité. Il ne nous reste plus à mentionner que le Phyllodoce taxifolia, dont la moelle HOMOGÈNE pré- sente des enclaves de cellules plus grandes. à parois ténues, que nous avons eu si souvent déjà l’occasion de signaler dans le groupe des Ericinées. En résumé, dans la tribu des Raoporées nous trouvons le type de la moelle HOMOGÈNE (Menziezia, Kalmia, Rhodora, Leiophyllum, Bejaria) ; le type de la moelle HOMOGÈNE avec enclaves de cellules cristalligènes * (Rhododendron, Azalea, Phyllodoce) ; le type de la moelle réticulée (Ledum, Cladothamnus) . Il résulte aussi de cet examen que les Azalea et les Rhododendron pourraient être considérés comme deux sections d’un même type gé- ‘ nérique, et qu'on voit avec étonnement la structure anatomique du cylindre médullaire éloigner les Leiophyllum et les Bejaria des Ledum et des Cladothamnus. 4. Moelle HOMOGÈNE mélée. 250 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ÉRICÉES. J'ai seulement étudié dans le grand genre qui a donné son nom à cette tribu les Erica multiflora, E. carnea et E. Scoparia. Dans la pre- mière espèce, la moelle est uniformément constituée par des cellules à parois épaisses et canaliculées offrant cependant une grande cavité qui, au milieu du mois de mars, était remplie de granules d’amidon volumineux et généralement simples. Je constatai une semblable ho- mogénéité et une aussi grande provision de matière de réserve à la même époque dans l’£rica curnea. La moelle me parut pareillement HOMOGÈNE dans la troisième espèce, mais, au commencement du mois de novembre, ses cellules ne contenaient que peu ou pas d’amidon. Les cellules cristalligènes sont d’ailleurs si rares dans ces plantes qu’elles ont peu d'importance au point de vue taxonomique. Bien différente est l'organisation du tissu médullaire dans le Cal- luna vulgaris. Sa masse est constituée par une trame légère de cellules _cristalligènes à parois ténues et non ponctuées; extérieurement est un étui de petites cellules actives, et c’est à peine si çà et là se voient quelques longues files verticales de semblables éléments à parois épaisses et canaliculées *. VACCINIÉES. Le Vaccinium myrtillus, Y Oxycoccos macrocarpa, le Macleania cordata ont été étudiés par nous dans ce groupe des Éricinées à ovaire infère. La première de ces plantes m'a offert une moelle parfaitement 1. Cette plante est la seule espèce d'Éricinées qu’ail étudiée M. Jean Chalon (loc. cit., p- 49) ; la véritable structure de la moelle lui a échappé, car il se borne à dire qu’elle est à cellules minces, MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 251 HOMOGÈNE et riche en amidon au commencement du mois de mars. Il y avait une semblable homogénéité dans l'Oxycoccos et absence de cel- lules cristalligènes dans ces deux types. Toutes les cellules de la moelle du Macleania présentent d’épaisses parois marquées de ponctuations nombreuses, arrondies ou ovales, souvent volumineuses. Leur cavité est grande et contenait, au com- mencement de mars, un certain nombre de grains d’amidon binaires, ternaires où quaternaires; ceux-ci se présentaient fréquemment au voisinage ou à la surface même du Nucléus de chaque cellule. Quel- ques cellules cristalligènes apparaissent çà et là dans ce magnifique tissu soit isolées, soit rapprochées par deux ou trois, et leur cavité, limitée par une enveloppe très-ténue, contient un cristal volumineux et hérissé. OLÉINÉES. À la base d’une forte pousse annuelle de Phyllirea latifolia (pl. xiv, fig. 6 et 9), observée au milieu de février, la moelle tout entière est formée de cellules épaisses et canaliculées. Sur la section transversale de la branche leur paroi interne limite une grande cavité arrondie ou ovale; sur la section longitudinale, ces cellules, disposées en séries verticales parallèles, sont plus où moins rectangulaires ou carrées, à angles arrondis et généralement allongées en travers. On les voit fré- quemment divisées en deux ou trois compartiments par des cloisons plus minces, quoique ponctuées. Chacun de ces éléments renfermait, à l’époque de l’observation, un amas de petits corpuscules chloro- amylacés, et l’on observait le plus souvent dans la même cavité un certain nombre de petits cristaux simples de grandeur et d'aspect va- riables. Ce contenu cellulaire, par sa disposition et sa structure, sem- blait de nouvelle formation et n'avait sans doute encore parcouru que les premières phases de son développement. 252 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Dans l’Olivier (Olea Europæa) (pl. xiv, fig. 2), la moelle d’une longue pousse annuelle est volumineuse, uniformément composée de cellules polyédriques à parois épaissies et canaliculées limitant une vaste cavité. Sur une section longitudinale ces cellules, de grandeur très-inégale et de forme variable, sont, en certains points, confu- sément groupées et paraissent souvent divisées par des cloisons dirigées dans tous les sens. Par contre, dans une région inférieure un peu plus âgée, comme aussi dans les parties supérieures du rameau annuel, les utricules sont plus régulièrement disposées et rangées en séries longitudinales parallèles plus ou moins onduleuses. Quant au contenu de la trame médullaire, il n’était pas le même, au milieu du mois de février, dans les diverses régions que nous venons de mentionner. Dans les inférieures ou les plus âgées, il y avait une grande provision de matière de réserve sous la forme de beaux grains d’amidon simples ou plus rarement composés. | À la base de la branche annuelle beaucoup de cellules centrales offraient un amas de granules d’amidon qui semblaient en voie d’ac- croissement ; d’autres cellules périphériques présentaient dans leur vaste cavité un groupe, arrondi de granulations chloro-amylacées très-petites. Dans les parties supérieures du même rameau on ne trouvait dans les cellules ni grains d’amidon ni corpuscules chloro-amylacés. D'après ces faits on voit que les matières de réserve paraissaient se développer tardivement et de bas en haut. Dans les entre-nœuds d’une jeune pousse de Troëne (Ligustrum vulgare) (pl. xiv, fig. 4), observée vers le commencement de février, la moelle est en masse formée de cellules polyédriques, disposées en séries verticales parallèles, munies de parois minces et ponctuées, dé- pourvues de matière de réserve granuleuse et aérifères. Sur une section longitudinale intéressant les trachées, celles-ci sont doublées intérieu- rement d’une couche de parenchyme ligneux dont les éléments très- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 253 allongés et très-étroits sont remplis d’amidon. On trouve çà et là, sur la limite du cylindre central inerte, quelque cellule amylifère à parois épaissies et pouvant être considérée par sa forme comme appartenant au cylindre médullaire. Dans un rameau de trois ans (pl. xiIv, fig. 1 et 3) observé à la même époque, la moelle, très-volumineuse encore, est de même con- stituée en masse par un tissu assez irrégulier de cellules minces dé- pourvues de matière de réserve granuleuse. Leur grand axe est transversal et elles sont fréquemment cloisonnées. On peut trouver à la limite du cylindre médullaire une, deux ou trois couches d’élé- ments actifs à parois épaissies et canaliculées riches en matières de réserve. Une plante cultivée à l'École de botanique sous le nom de Li- gustrum salicifolium et à feuilles caduques m'a également offert une moelle HÉTÉROGÈNE dans un rameau de deux ans. Les cellules de la couche extérieure active, assez larges et d’ailleurs peu épaissies, con- tenaient, au mois de décembre, des grains d’amidon et des cristaux simples plus ou moins volumineux et plus ou moins nombreux. Sans le décrire avec plus de détails, je me bornerai à indiquer que le cylindre médullaire du Ligustrum japonicum, aux feuilles per- sistantes, est également HÉTÉROGÈNE. C'est encore un mode de structure analogue que l’on constate dans les Frênes (Fraæinus excelsior, F. nigra) (pl. x1v, fig. 7, 8, 10). Leur moelle est volumineuse ; elle est en masse formée d'éléments à parois minces et ponctuées, souvent pleins de gaz, et offre à sa circonférence un large cylindre de cellules actives, munies de parois épaissies et ca- naliculées, et dont la vaste cavité renferme à certaines époques de l’année de magnifiques grains d’amidon composés. Ce cylindre peut d’ailleurs se prolonger en des processus transversaux d'éléments amy- lifères ; on peut observer aussi au sein de la région centrale inerte des groupes plus ou moins importants des mêmes cellules actives. Quelque- 9251 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. fois même celles-ci semblent complétement isolées et, par l'épaisseur de leurs parois et la richesse de leur contenu, comme aussi par l’élé- gance de leurs canalicules, elles surprennent agréablement l'œil de l'observateur, qui ne voit autour d'elles qu'un tissu pour ainsi dire aride. HÉTÉROGÈNE dans le rameau annuel, la moelle des Frènes présente la même structure dans des branches plus âgées. Je dois à l’obli- geance de M. Pépin d’avoir pu examiner ce tissu dans un Frêne de quinze ans (pl. x1v, fig. 8) abattu au mois de janvier. Il avait conservé sa forme et ses propriétés. Les cellules actives du large cylindre extérieur contenaient de nombreux grains d’amidon pendant que le tissu central à parois minces était occupé par des gaz. À la base d’une petite pousse terminale d'Ornus Europæa (pl. x1v, fig. 11 et 13) observée au milieu du mois de février, j'ai trouvé .une moelle extrêmement volumineuse formée en masse de cellules polyé- driques à parois minces criblées de ponctuations, nettement groupées en séries longitudinales parallèles, ne contenant point de matière de réserve granuleuse, mais offrant fréquemment un cristal unique et simple, prismatique ou octaédrique, et parfois un groupe de très- petits bâtonnets cristallins. Des cellules à parois plus épaisses, disposées sur trois à quatre rangs et reposant sur une couche de parenchyme ligneux, étaient, à l’époque de l'observation, très-riches en granules d’amidon auxquels se joignaient assez fréquemment des formations cristallines. À pareille époque, l’organisation fondamentale du système mé- dullaire était la même dans des branches de deux ans et de six ans (pl. xiv, fig. 42). Les cellules actives offraient encore une abondante provision de matière amylacée, mais je ne retrouvai plus ces forma- tions cristallines qui attiraient si vivement l'attention sur les cellules à parois minces de la région centrale de la moelle; cependant cha- cun des éléments des rayons médullaires avait en lui, outre des gra- nules d'’amidon, un cristal unique, volumineux. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 255 La moelle du Lilas (Syringa vulgaris) (pl. x1v, fig. 5) est encore HÉTÉROGÈNE. Dans une pousse d’un an, un étui étroit et inégal d’élé- ments épaissis et canaliculés enveloppe un volumineux cylindre cen- tral formé de cellules polyédriques à parois minces et ponctuées. Celles-ci se montraient en masse remplies de gaz pendant le mois de février. Vers le haut de la pousse quelques-unes contenaient un nom- bre souvent considérable de cristaux simples, allongés, étroits et si- mulant de petits bâtonnets. Dans les cellules de l’étui extérieur se montrait à la même époque un amas de corpuscules chloro-amylacés, soit composés, soit réduits à leurs éléments isolés, qu'accompagnaient fréquemment des cristaux simples variant en grandeur et en nombre et paraissant appartenir, comme ceux que j'ai signalés tout à l'heure, au système prismatique. Un rameau de deux ans, étudié au mois de mars, offrait une or- ganisation générale très-analogue à celle qui vient d’être exposée. La moelle également nÉTÉROGÈNE du Fontanesia phyllireoides est peu développée. Les cellules de la région centrale inerte, inégales, volu- mineuses, irrégulières, ont leurs minces parois marquées de ponctua- tions arrondies, ovales ou allongées, et ces dernières prennent souvent un développement considérable. Des matières de réserve granuleuses s’observaient au mois de février dans les éléments périphériques plus petits, à parois plus épaisses et canaliculées des rameaux d’un an et de deux ans. Au sommet d’une petite pousse latérale de Chionanthus virginica la moelle très-développée est encore HÉTÉROGÈNE; Sa masse est formée de cellules polyédriques disposées sur la section longitudinale en séries parallèles, munies de parois minces, ponctuées, dépourvues de ma- tières de réserve granuleuse, offrant çà et là quelques groupes de petits bâtonnets cristallins très-ténus. Une couche extérieure peu développée de cellules à parois épaissies et canaliculées reposant sur une assise de parenchyme ligneux renfermait seule, à la fin de février, un nom- 256 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. bre considérable de granules chloro-amylacés. Je constatai une struc- ture médullaire très-analogue à la base du même axe et même dans une branche de trois ans. -Nous nous bornerons enffn à constater, sans plus de détails, que dans le Forsythia suspensa, la moelle n’est plus continue; que, dans des mérithalles longs de huit à dix centimètres, sa région centrale est résorbée de manière à rendre la branche fistuleuse et que l’étui exté- rieur actif contient, au mois de février, une abondante réserve de petits granules amylacés. | En résumé, la moelle est HOMOGÈNE proprement dite dans l'Olivier et le Phyllirea latifolia. | | Elle est HÉTÉROGÈNE dans les autres types : HÉTÉROGÈNE mélée dans le Frêne; HÉTÉROGÈNE proprement dite dans les Troènes, l’Ornus Europæa, le Lilas, le Fontanesia phyllireoïdes, le Chionanthus virginica. Elle est enfin HÉTÉROGÈNE fistuleuse dans le Forsythia suspensa. IL est à remarquer que dans cette famille les genres Ornus, Syringa et Chionanthus peuvent offrir de petites formations cristallines dans les cellules à parois minces de la région centrale du cylindre médullaire. Des considérations qui précèdent on peut déduire quelques con- séquences intéressantes : Ainsi il y a une différence anatomique entre la moelle des Frênes proprement dits qui sont dépourvus d’enveloppes florales et celle du Frêne à manne dont les fleurs sont munies d’un calice et d’une co- rolle. Il semble donc que ces deux types pourraient réellement con- stituer deux genres différents et que MM. Brongniart et Spach ont eu raison d'admettre le genre Ornus que rejettent Decandolle et Endli- cher. On remarquera que les Oliviers et les Phyllirea à fruit drupacé ont seuls une moelle homogène. On remarquera encore que le Forsythia (aux loges ovariennes pluri-ovulées) est très-différent des autres espèces (aux loges ova- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 297 riennes bi-ovulées) mentionnées dans ce groupe par sa moelle hété- rogène dont la région centrale est presque entièrement résorbée. ILICINÉES. La moelle du houx (ileæ aquifolium) est momoGÈène. Dans un ra- meau de dix ans (pl. xv, fig. 11), ses cellules sont disposées en groupes plus ou moins nettement indiqués comme résultant de la segmentation transversale de cellules mères. Leurs parois sont médiocrement épais- sies et canaliculées; leur cavité assez grande. Vers la fin d'avril toutes ces cellules contenaient un nombre variable de granules amylacés volumineux et simples. J'ai constaté qu'au commencement du mois de juin le tissu médullaire d’une branche de six ans avait perdu sa matière de réserve. J'ai trouvé une moelle également nomoGÈèxE dans les /lex dipyrena et Z. macrophylla; à la fin du mois de mars elle était dépourvue de matière de réserve dans une pousse d’un an appartenant à la pre- mière espèce. Dans un rameau de la seconde offrant deux zones ligneuses (pl. xv, fig. 10), et observée à la même époque, le tissu mé- dullaire était gorgé de grains d’amidon généralement volumineux et simples. La section transversale d’une branche de Prinos glaber âgée de cinq ans (pl. xv, fig. 8) nous offre une moelle assez peu développée, entièrement formée de cellules épaissies et canaliculées dont la paroi interne limite une cavité arrondie ou ovale; sur la section longitudi- nale ces cellules sont disposées en séries parallèles un peu flexueuses et l’on reconnaît aisément les indices des cellules mères qui leur ont donné naissance par division. Au mois de novembre elles contenaient toutes une abondante provision de granules amylacés. La trame cel- lulaire d’un rameau de trois ans présentait les mêmes caractères et VL ” 258 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. mes préparations ne m'ont point laissé voir de cellules cristalli- gènes. MM. Bentham et Hooker ont réuni les Prinos aux /lex, et, d’après ce que nous venons de dire, on voit que la structure du cylindre mé- dullaire dans ces deux groupes étant identique, leur fusion est aussi bien indiquée au point de vue anatomique qu’au point de vue orga- nographique. CÉLASTRINÉES. Le genre Evonymus a seul fait l’objet de mes observations dans ce groupe. Sur une branche annuelle d’Evonymus nitidus (pl. xv, fig. 7), cou- verte de fruits déhiscents et observée au mois de novembre, la moelle se montra tout entière formée de cellules actives. Sur une section longitudinale, elles étaient disposées en séries parallèles, généralement allongées suivant le fil du bois, offrant toutes des parois minces mu- nies de rares ponctuations et contenant un nombre considérable de grains d’amidon simples. Une couche épaisse de parenchyme ligneux s'étendait de la moelle aux trachées, et çà et là apparaissaient quel- ques cellules cristalligènes, à cristal complexe, arrondi et hérissé. Une moelle semblablement nomocèxe et offrant ce caractère assez rare d'enserrer des matières de réserve granuleuses dans des élé- ments à parois minces se rencontre également dans les Evonymus Ne- palensis, E. Europœus et E. Japonicus. Ces deux dernières espèces laissent aisément voir, au mois de mars, dans leurs cellules médullaires, un Nucléus assez volumineux qu’entourent ou que recouvrent de nom- breux corpuscules amylacés. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 259 BERBERIDÉES. A la base d’une longue pousse annuelle de Berberis vulgaris (pl. xv, fig. 9) on trouve une moelle volumineuse uérénocène. Elle est en masse formée de cellules inertes qui, au premier abord, paraissent confusément groupées, mais dont la disposition sériale est bientôt reconnue. Leurs sections sont des polygones souvent à côtés courbes; sur la coupe longitudinale du rameau elles sont généralement étirées dans le sens transversal; leurs parois sont minces et munies de ponc- tuations arrondies. Extérieurement se trouve un étui de cellules à pa- rois épaissies et canaliculées dont les plus internes sont allongées en travers comme les cellules inertes qui leur sont contiguës (il est ici question de l'examen d'une section longitudinale du rameau), dont les moyennes sont ordinairement carrées à angles arrondis, dont les plus extérieures qui reposent sur du parenchyme ligneux commencent fréquemment à s’allonger dans le sens du fil du bois. Ces cellules sont actives et je les ai vues, au 30 mars, abondamment pourvues d’amidon, soit sous la forme de très-petits corpuscules simples, soit sous celle de grains composés plus volumineux. J'ai étudié trois autres espèces de Berberis : B. sinensis, B. Vepa- lensis, B. macrophylla. Dans ces trois espèces encore la moelle est Hf- TÉROGÈNE. Étudiée au 30 mars, sa région centrale était également inerte et aérifère; son étui extérieur riche en matières de réserve amylacée dans la première et dans la troisième espèce, tandis que _cette région était pauvre en granules d'amidon et présentait ça et là, dans ses éléments épaissis, des cristaux simples ou complexes chez le Berberis Nepalensis. Bien différente est l’organisation du cylindre médullaire dans le Mahonia aquifolium. Dans un rameau d’un an étudié le 13 février, il me 260 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. parut uniformément constitué par des cellules à parois épaissies, canali- culées, dont la disposition sériale suivant le fil du bois, résultant de la segmentation des cellules mères, était parfaitement indiquée. Ge tissu ne présentait point de cellules cristalligènes et était dépourvu de ma- tières de réserve granuleuses. À la même date, la moelle d’un rameau âgé de deux ans offrait la même structure, mais ses éléments conte- naient une notable proportion de grains d’amidon simples et com- posés. Les caractères organographiques qui séparent les Wahonia des Berberis sont certainement de peu de valeur. Cependant, par ce fait seul qu'à ces caractères extérieurs correspondent des différences dans l'organisation intime d’une partie de l’axe végétal, je suis porté à croire que les espèces de Berberis ne sauraient être mêlées avec les espèces de Wahonia, qu'il y a là deux groupes naturels et qu'il est bon de ne pas les confondre sous un seul et même nom générique collectif. MAGNOLIACÉES. Le Magnolia Yulan et le M. Macrophylla aux feuilles caduques, le M. Grandiflora aux feuilles persistantes, le Tulipier (Liriodendron tuiipi- fera), ont fait dans cette famille l’objet de nos études. La moelle d’un rameau annuel, appartenant au Wagnolia Yulan, est très-volumineuse : elle présente extérieurement un étui formé de quelques rangs de cellules polyédriques à parois épaissies, canalicu- lées, reposant sur une couche de parenchyme ligneux et remplies, à diverses époques de l’année, de corpuscules amylacés anguleux. Le reste du cylindre médullaire est formé de cellules générale- ment beaucoup plus volumineuses, à parois minces, finement ponc- tuées et qui, sur la section verticale, sont des polygones irréguliers à MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 261 côtés souvent courbes. Leur forme, leur grandeur et leur direction sont d'ailleurs très-variables. Au centre de cette masse inerte se trou- vent çà et là quelques cellules isolées, allongées transversalement , offrant des zones nombreuses et fines d’épaississement traversées par des canalicules ou des îlots de semblables cellules réunies en petit nombre (pl. xvi, fig, 5). Dans chaque groupe, certains éléments.offrent encore une assez grande cavité et contiennent de très-petits corpus- cules amylacés, tandis que chez d’autres la cavité est très-réduite, On peut encore remarquer que ces groupes transversaux et peu impor- tants de cellules épaissies peuvent se prolonger plus ou moins en des processus d'éléments à parois minces, inertes et semblablement étirés en travers. Cà et là, de l’étui extérieur actif on voit sortir de courts proces- sus de cellules épaissies et vivantes. Dansles entre-nœuds d’une branche de Magnolia macrophylla âgée de deux ans, la région centrale de la moelle, extrémement volumineuse, offre également des bandes de tissu spéciales, allongées en travers, plus ou moins courtes, dont les éléments intérieurs ont des parois épaissies et canaliculées, mais dont la cavité est assez développée, et qui sont actives. Vers le sommet de la branche, dans le premier mérithalle au- dessous du bourgeon, j'ai trouvé, au mois de février, un tissu médul- laire formé de cellules offrant un Nucléus et un contenu granuleux verdâtre et coupé de distance en distance par des îlots transversaux et lenticulaires. Ils étaient presque exclusivement constitués par des cellules pachydermes à cavité très-réduite, et sans importance phy- siologique au point de vue de la sécrétion des matières nutritives (pl. xvr, fig 4). Plus bas, à où commençait à s’accentuer linertie de la région centrale du cylindre médullaire, pendant que l'étui extérieur, seul actif, renfermait dans ses cellules un Nucléus enveloppé d’un petit 262 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. amas verdâtre et granuleux, les îlots de la région inerte étaient en majeure partie formés de cellules pachydermes. À la base d’une branche de Magnolia grandiflora qui offrait plu- sieurs zones d’accroissement, j'ai trouvé la région centrale et inerte de la moelle interrompue de distance en distance par des dia- phragmes étendus dans toute sa largeur, et aboutissant de part et d'autre à la région externe et active du cylindre médullaire. Toutes les cellules constitutives de ces diaphragmes offraient des parois épaisses et canaliculées; mais dans leur grande cavité se trouvait un petit Nucléus sphérique parfaitement accusé et accompagné de cor- puscules amylacés (pl. xvr, fig. 2). Beaucoup plus haut sur la branche, à peu de distance du bour- geon, on retrouvait les mêmes diaphragmes complets. Leur partie centrale était constituée par des cellules fortement épaissies, mais offrant cependant en leur cavité un Nucléus accompagné de granules amylacés. D’autres cellules à parois plus minces, analogues à celles de l’étui extérieur actif, constituaient les attaches latérales et comme l'enveloppe des diaphragmes, et renfermaient un Nucléus et des granulations chloro-amylacées. Ces observations ont été faites au commencement du mois de mars. Dans le Tulipier (Liriodendron tulipifera), la région centrale etinerte de la moelle offre également de distance en distance des bandes trans- versales de tissu qui en différent autant par leur structure que par leur contenu. Tantôt ce sont de simples processus de l’étui extérieur actif; tantôt ce sont des îlots isolés au sein de lx trame légère du cylindre central; tantôt enfin ce sont des diaphragmes complets qui interrom- pent cette trame de distance en distance. Ces couches spéciales sont généralement atténuées à leurs extrémités, renflées en leur milieu, et renferment en cette partie un nombre plus ou moins considérable de cellules pachydermes. Celles-ci sont enveloppées de cellules très-dif- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 263 férentes par [a minceur relative de leur paroi , ainsi que par les ma- tres nutritives (grains amylacés ou chloro-amylacés) qu'on y ren- contre à diverses époques de l’année. Ce sont ces mêmes éléments qui forment les attaches des processus ou des diaphragmes (pl. xvi, fig. 3). L'existence de ces couches spéciales, qui se trouvent dans la région centrale continue et inerte de la moelle des Magnolia et des Tulipiers, a été signalée il y a plus de vingt ans par M. Guillard ‘. Il les considérait comme des expansions de la région externe de la moelle; mais cette assertion est trop absolue parce qu'elle laisse croire qu’elles sont uniquement formées de cellules semblables à celles de cette même région : ce qui n’est pas. M, Baillon, qui avait cru découvrir les particularités de struc- ture de la moelle des Magnoliacées, publia sur ce sujet une note spé- ciale dans les comptes rendus de l’Académie des Sciences, et revint sur le même sujet dans une monographie des Magnoliacées. Il a très-superficiellement étudié les tissus en question, car il les considère comme constitués par des cellules spéciales qu'il croit pouvoir ranger « dans la catégorie de celles qu'on a nommées en Allemagne Steinzellen », c’est-à-dire par des cellules pierreuses. Si l’assertion du véritable inventeur du caractère histologique de la moelle des Magnoliacées est, comme nous l'avons vu plus haut, trop absolue, celle-ci est à coup sûr inexacte. Chez les admirables végétaux dont il est ici question, les couches cellulaires spéciales qui ont fait l'objet de notre examen ne sont point toujours uni- quement formées de cellules amylifères ou de cellules pierreuses. Elles sont réellement et normalement constituées par deux sortes d'élé- ments : les uns sont analogues par leur structure et leur contenu aux cellules de la région extérieure active de la moelle, c'est-à-dire que 4. Loc. cut., p. 297. 264 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. leur paroi est médiocrement épaissie, qu’ils offrent une grande cavité intérieure, qu'ils vivent pour leur contenu et ont un rôle physiolo- gique à jouer. Les autres offrent au contraire une paroi très-épaissie , une cavité intérieure extrêmement réduite et un contenu physiologi- quement nul ou insignifiant. Celles-ci seulement sont donc des cel- lules pierreuses. Comme nous l'avons vu, ces deux sortes d'éléments peuvent être inégalement distribués. Tantôt on rencontre des couches formées en majeure partie de cellules scléreuses; tantôt elles sont presque exclu- sivement constituées par des cellules analogues à celles de la région externe et active de la moelle; souvent c’est dans leur partie centrale que se groupent des cellules scléreuses, et alors celles-ci se distin- guent immédiatement par leur aspect de l’ensemble des cellules qui les enveloppent et qui se relient aux éléments analogues de l’étui médullaire. CELTIDÉES. M. Brongniart place les genres Celtis, Planera et Ulmus dans le même groupe des Celtidées. | Dans un rameau annuel de Planera crenata (pl. xvi, fig. 40), la moelle constitue un tissu très-dense, uniformément constitué par des cellules épaisses et canaliculées. Sur une section longitudinale elles sont manifestement disposées en séries parallèles et exactement remplies au mois de décembre de grains d’amidon composés. Dans le rameau de deux ans se montrent la même structure et la même plé- nitude des tissus pendant la période de repos de la végétation. Des cellules plus grandes, plus épaisses, également remplies de grains d'amidon composés, constituent dans la branche de cinq ans (pl. xvi, fig. 9) un tissu moins dense et moins régulier. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 9265 La masse de la moelle chez l’'Orme champêtre, dans les branches d'un an, de deux ans ou de trois ans (pl. xw, fig. 7 et 8), est formée de cellules à parois minces, ponctuées et qui sont inertes. Un étui étroit d'éléments actifs à parois épaissies et canaliculées enveloppe le cylindre central et émet çà et là quelque rare processus dans son épaisseur. Au mois de décembre des grains d’amidon simples rem- plissaient les éléments actifs. C'est encore une moelle HÉTÉROGÈNE que nous offre le Celtis occi- dentalis. Sa région centrale très-développée est formée de cellules polyédriques étirées transversalement, inertes, munies de parois minces finement ponctuées. C’est surtout dans le voisinage de la zone externe active, ou dans cette région même que se trouvent des cris- taux simples ou des aggrégats cristallins hérissés de pointes (pl. xvi, fig. 11). On voit que l’organisation de la moelle dans ces trois genres est telle que le Planera et l'Ulmus offrent plus d’analogie entre eux qu'avec le genre Celhs. Il y a peut-être là un argument anatomique en faveur de l'opinion qui place les Ormes et les Planera dans une famille dis- tincte de celle des Celtis. HAMAMÉLIDÉES. J'ai étudié les trois espèces d’Hamamélidées que l’on cultive à l'école de Botanique du Muséum : Hamamelis Virginiania, Fothergilla alnifolia, Parrotia Persica. Elles ont toutes trois, pendant l’époque du repos de la végétation, une moelle momoGÈène, ferme et verdâtre, très-riche en corpuscules amylacés et contenant une plus ou moins grande quantité de matière verte. Si l’on étudie au commencement d'avril une branche de Fother- VI. 34 266 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. gilla alnifolia (pl. xv, fig. 3), offrant deux couches d’accroissement, on voit que les cellules médullaires, arrondies ou ovales sur la sec- tion transversale, sont généralement rectangulaires et allongées sui- vant le fil du bois sur la section longitudinale. Elles sont, dans ce cas, disposées en séries parallèles, et constituent des groupes bien dis- tincts, résultant de la partition horizontale de cellules mères. Leurs parois sont épaissies et canaliculées; les unes n’offrent que leur con- tenu chloro-amylacé; les autres présentent en même temps un cristal simple ; d’autres encore sont uniquement et presque entièrement oc- cupées par un semblable cristal. Ces cellules cristallifères, très-nombreuses, sont quelquefois superposées au nombre de douze à quinze sur une seule et même file longitudinale, et ne se distinguent en rien de celles qui sont consa- crées à la production des matières nutritives granuleuses. IL résulte de là que la trame médullaire est bien strictement nomocène, car tous ses éléments ont la même structure, sinon le même contenu. Dans l’Hamamelis Virginiana, des branches offrant de une à sept zones d’accroissement présentent une trame cellulaire analogue con- tenant au commencement d'avril et à la fin de novembre une masse de grains d’amidon généralement composés. Les cellules cristalli- fères, non différentes des autres, sont ici peu nombreuses et renfer- ment un cristal simple ou un aggrégat cristallin, avec ou sans matière granuleuse autour de lui. La moelle du Parrotia Persica est trop analogue à celle-ci par sa structure et par son contenu pour qu’il soit nécessaire de nous y arrêter. On pourrait donc conclure des observations dont nous venons de présenter les principaux résultats que la famille des Hamamélidées parait être caractérisée par l'homogénéité de son système médullaire. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 267 PLATANÉES. M. Brongniart à placé (avec doute) cette famille au voisinage de celle des Hamamélidées. Dans le Genera d'Endlicher ces deux groupes sont très-éloignés l’un de l’autre. Si l’on ne considérait que la strue- ture de la moelle, on serait porté à partager l'opinion de l'illustre professeur du Muséum, car la structure. de cette partie de l'axe végé- tal, dans le Platane, présente la plus grande analogie avec celle de la même région chez les Hamamélidées. Que l’on examine la section, transversale d'un rameau d’un an au commencement de l’hiver, on la trouve entièrement formée de cellules polyédriques laissant entre elles de très-petits méats inter- cellulaires, offrant des parois épaisses et canaliculées, contenant un nombre considérable de granules amylacés généralement simples et arrondis, parfois binaires. Sur une forte branche qui n'offrait cependant que deux zones d’accroissement, je constatai, à la même époque, une semblable ho- mogénéité dans le tissu et une même plénitude. Je vis sur une section longitudinale que les cellules disposées en séries verticales parallèles pouvaient être aisément décomposées en groupes secondaires termi- nés par des éléments plus ou moins régulièrement coniques et pa- raissant représenter le résultat de la division de cellules mères *. Dans une grosse branche de dix-huit ans observée au mois de mars , les cellules, dont la paroi était marquée de zones d’accroisse- ment très-nettes, renfermaient de nombreux granules amylacés (pl. xv, fig. 6). 4. La moelle du Liquidambar imberbe (Balsamifluées) est encore homogene, en ce sens que toutes ses cellules sont actives ; mais sa trame est tout à fait différente de celle que nous avons signalée dans les Platanées et les Hamamélidées. Dans une branche qui offrait jusqu'à sept zones concentriques d’accroissement cette trame était formée de petites cellules à contours arrondis et à parois minces. 268 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. MÉLASTOMACÉES. Je n'ai étudié qu’une seule espèce dans cette famille, c'est le Medinilla speciosa (pl. xv, fig. 4,2, h). Trois éléments très-différents de forme, de structure et de rôle physiologique entrent dans la constitution de son système médul- laire. ; La trame générale est formée de cellules polyédriques, allongées dans le sens vertical, disposées en séries longitudinales, à parois minces, ponctuées , contenant au mois de février, en même temps qu'un Nucléus, un nombre variable de corpuscules chloro-amylacés. Cette trame est çà et 1à interrompue par des séries verticales de cel- lules superposées en un seul rang, quadrilatères, à faces supérieure et inférieure généralement planes, à faces latérales convexes, à parois ténues, contenant chacune un aggrégat cristallin complexe occupant presque toute la cavité de la cellule où il à pris naissance et hérissé de pointes. On peut rencontrer plus de quarante de ces cellules cris- talligènes superposées. Le troisième élément constitutif de cette admirable moelle con- siste en utricules volumineuses à parois très-épaisses qui , sur la sec- tion longitudinale, sont allongés verticalement, et que je considère comme des cellules scléreuses. Elles forment, sur une section trans- versale du rameau, des groupes isolés plus ou moins importants dont la présence est facile à constater, même à l'œil nu. RHAMNÉES. Le genre Rhamnus a été seul étudié par moi dans ce groupe. Un rameau de Rhamnus hybridus présente une moelle volumi- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 269 4 neuse, ;formée en masse de cellules à parois minces, ponctuées et inertes, et limitée par un étui étroit de cellules plus petites, plus épaissies, canaliculées, contenant seules, au mois de novembre, un peu de matière amylacée finement granuleuse. A cette époque, on constatait assez fréquemment dans la région active l’existence de cris- taux simples et volumineux, tandis que, dans la région centrale inerte, étaient çà et là disséminés des aggrégats cristallins volumineux et hérissés de pointes. Lorsque ces cristaux étaient rapprochés en petits groupes, on pouvait s assurer, en les examinant avec quelque atten- tion, qu'ils étaient enchâssés dans des cellules spéciales à parois très- ténues. J'ai constaté une structure analogue dans les Rhamnus olæifolius et À. tinctorius. ROSÉES. J'ai étudié la structure de la moelle dans soixante plantes culti- vées sous des noms spécifiques différents à l’école de Botanique du Muséum. Bien que cette structure soit toujours essentiellement la même , on peut aisément distinguer trois principales formes dérivées d’orga- nisation, entre lesquelles se distribuent les diverses espèces par des transitions ménagées. La plus commune, et celle qui peut être consi- dérée comme le type de la structure du cylindre médullaire dans cet admirable groupe de végétaux, nous est offerte par le Æosa dumalis, par exemple. : La trame générale de la moelle, dans cette espèce, est formée de grandes cellules à parois minces, criblées de petites ponctuations ar- rondies et séparées par de petits méats intercellulaires. Sur la section transversale, ces cellules ont la forme de polygones dont les côtés sont le plus souvent courbes. 970 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Extérieurement est un étui étroit offrant deux à trois rangs d’élé- ments beaucoup plus petits, actifs, à parois épaissies et canaliculées. Au sein de la trame des cellules minces on voit, sur la section trans- versale, de semblables éléments actifs, soit isolés, soit groupés par deux, par trois ou par plusieurs. Dès que le nombre de ces éléments rapprochés dépasse trois, on les voit ordinairement se disposer comme en chapelet sur un seul rang, et former alors des arcs ou des séries flexueuses et quelquefois rameuses ‘. Sur la section verticale on ob- serve de longues séries parallèles au fil de la branche résultant de la superposition de cellules sur un seul rang. Certaines de ces séries, plus ou moins étendues, peuvent offrir deux rangs, puis trois rangs de cellules, puis davantage; entre ces séries, ou ces lames, s’éten- 4. M. Trécul a publié en 4865, dans les comptes rendus de l'Académie des sciences (t. LX, p. 1035 : Du tannin dans les Rosacées), une note contenant des considérations sur la structure de la moelle des Rosiers que nous croyons devoir reproduire ici : « Le trait le plus remarquable de la structure des Rosiers s’observe dans la moelle. Les cellules à tannin y sont plus étroites que les cellules environnantes, sont disposées en séries verticales reliées entre elles par des séries horizontales ou obliques de cellules semblables, de manière à former un élégant réseau dont les mailles sont courtes dans quelques espèces, plus longues dans quelques autres (Rosa semperflo- rens, Noisettiana, Turbinata, Alba, etc.). Ce qu’il y a de singulier, c’est que les cellules à tan- nin sont parfois presque les seules qui contiennent de l’amidon à une époque où les autres cellules n’enserrent que des gaz. » M. Trécul a observé des faits analogues dans les Rubus. « Les Rubus, dit-il, présentent deux types qui peuvent être utilisés pour la réunion ou la distinction d'espèces que certains botanistes réunissent, tandis que d’autres veulent les séparer, telles que les Rubus fruticosus, glandulosus et corylifolius… Dans le Rubus fruticosus… les cellules à tannin, étroites et courtes, forment de nombreuses séries longitudinales, qui sont unies entre elles par des cellules déprimées, très-allongées horizontalement, ce qui divise le parenchyme médul- laire en mailles de cellules bleuies avec intensité, tandis que les cellules intermédiaires, beaucoup plus larges, ne sont pleines que de gaz. Les Rubus glandulosus et laciniatus présentent la même disposition que le Rubus fruticosus ; mais les Rubus corylifolius, strigosus ont un aspect bien différent sur des coupes soit transversales, soit longitudinales. Dans la moelle sont de pareilles sé- ries longitudinales, le plus souvent isolées, de manière que sur des coupes transversales, au lieu d’avoir un réseau comme celui du Rubus fruticosus, on n’a que des cellules éparses ou par petits groupes de deux ou trois. C’est que les séries longitudinales de cellules à tannin ne sont plus que très-rarement unies entre elles par des cellules placées horizontalement. Dans quelques espèces (Rubus arcticus, rosæfolius), ces séries longitudinales, loin de former un réseau, sont réduites à un petit nombre d’utricules et, par là même, isolées les unes des autres, On a ainsi une sorte de dégradation qui se manifeste déjà par la longueur des mailles dans les Rosiers (R. cinnamo- mea, Sulphureæ, carolina, spinosissima), et qui est plus évidente encore dans les Spiræa. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 271 dent çà et là de petites branches anastomotiques. Les cellules minces sont généralement inertes; cependant on observe dans plusieurs d'entre elles un volumineux aggrégat cristallin arrondi et hérissé. C’est à ce type d'organisation qu’on peut rapporter la moelle des Rosa Noisethiana, R. Remensis, R. tomentosa, R. Jordani, R. terebinthacea, R. nemorosa,-R. Alpina (pl. xvn, fig. 5 et 7), À. comosa, etc. Au mois de décembre j'ai trouvé des granules amylacés dans toutes les cellules actives chez les R. Remensis, R. tomentosa, R. co- mosa. | _ La seconde forme dérivée d'organisation du cylindre médullaire nous est offerte par le Aosa myriantha. Les cellules inertes y sont ana- logues à celles du À. dumalis. Les cellules actives beaucoup plus nom- breuses forment un réseau à mailles étroites, mais souvent rompues sur la section horizontale : sur la section verticale elles sont dispo- sées en séries, en groupes, en lames, et l’on y voit fréquemment des branches transversales. Au mois de décembre les éléments actifs con- tenaient en abondance de beaux grains d’amidon composés. C’est entre les À. dumalis et R. myriantha que viennent se placer, au point de vue qui nous occupe ici, le Rosa centifolia, le R. urbica et le R. hybrida; les Rosa Manetti et R. microphylla sont au contraire plus voi- sins du À. myriantha. | La troisième forme dérivée et dégradée d'organisation qui est propre à la moelle des Rosiers se rencontre dans le fosa spinosissima. Sur une section transversale on voit en dehors une zone inégale de cellules actives qui se prolonge parfois vers le centre en de courts processus. En dedans de cette enceinte le tissu est formé en masse de grandes utricules arrondies ou subpolygonales marquées de fines ponctuations et inertes. Cà et là se trouvent des cellules actives géné- ralement isolées, rarement rapprochées par deux. Ces cellules, beau- coup plus petites que celles qui les environnent, ont des parois épaisses et canaliculées. Sur une section longitudinale la large moelle 272 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. centrale inerte présente quelques rares séries de cellules superpo- sées en un seul rang, épaissies et actives, et, Çà et là, se montre un aggrégat cristallin hérissé de pointes. POMACÉES. Nous avons soumis à notre examen les Pommiers, les Poiriers, les Cognassiers, les Néfliers, les Alisiers, les Alouchiers, les Sorbiers, les Amelanchiers, les Photinia, les Eryobotrya qui se rangent dans ce groupe végétal. Ces plantes se font remarquer par la richesse d’orga- nisation et l'importance physiologique de leur système médullaire. Dans les Pommiers (pl. xvn, fig. 6), (Malus communis Lamk, com- prenant les formes cultivées au Muséum sous les noms de Pommier acerbe, Pommier de Paradis, Doucin), la moelle d’un rameau annuel est très-volumineuse ; on y distingue aisément deux régions. Extérieure- ment est un large étui d'épaisseur inégale, formé de plusieurs rangs de cellules à parois épaissies, canaliculées et jouissant d'une grande activité vitale. Intérieurement est une trame de cellules à parois minces, quoique ponctuées, inertes, aérifères, traversée par des groupes irréguliers de cellules actives, analogues à celles de l'étui extérieur. Sur une section longitudinale, ces derniers éléments se montrent disposés en séries verticales et onduleuses plus ou moins longues, plus ou moins épaisses, souvent réunies par de courtes branches transversales. Is forment par l'épaisseur de leurs parois et la richésse de leur contenu, à certaines époques, un contraste frap- pant avec les utricules inertes et souvent pleines de gaz qui les en- vironnent. D’autres utricules ordinairement plus petites, à parois ténues, isolées ou groupées en petit nombre, renferment chacune un conglomérat cristallin arrondi et hérissé. J'ai observé la même structure dans des rameaux de deux ans et MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 273 de quatre ans; au commencement du mois de mars les utricules ac- tives étaient abondamment pourvues de matières de réserve amylacée. La moelle du Poirier (Pirus communis), (pl. xvu, fig. 3 et 4), diffé- rente au point de vue anatomique, est physiologiquement plus impor- tante. Dans des branches d’un an à huit ans, je l’ai trouvée uniformé-. ment constituée par des cellules carrées ou rectangulaires (sur la section longitudinale), épaissies et canaliculées, disposées en séries verticales parallèles; on voyait çà et là de courtes files d'éléments à parois ténues contenant chacun un cristal complexe arrondi et hé- rissé. Au commencement du mois de mars la moelle était gorgée de granules amylacées *. Dans les Pirus malifolia et salvifolia j'ai constaté cette même homogénéité et la plénitude des mêmes tissus à certaines époques de l’année. Une branche de Cydonia vulgaris, âgée de quatre ans, présente une moelle très-développée, formée de cellules volumineuses , de gran- deur et de forme variables, de disposition plus ou moins irrégulière, à parois épaissies et canaliculées. À la fin de novembre, toute cette moelle HOMOGÈNE était gorgée de corpuscules amylacés, dont beaucoup étaient alors composés. À la même époque, le rameau annuel était également très-riche en matières de réserve. Nous retrouvons dans le Néflier (Mespilus germanica) le type d'organisation médullaire que nous avons signalé dans le Walus acerba, seulement ici la partie inerte de la moelle est plus développée. Les cellules qui constituent cette partie sont, sur une section verticale du rameau , disposées en séries longitudinales parallèles. Les éléments actifs sont solitaires ou réunis en files plus ou moins allongées, ou forment des groupes irréguliers. Certains d’entre eux se font remar- 4. Hartig (Naturgeschichte.. p. 518) à reconnu que le canal médullaire du Poirier est rempli d’un tissu à cellules épaissies et amylifères. VI. 39 97h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. quer par leur volume et l'épaisseur de leurs parois. Les cellules cris- talligènes sont rares, petites, à parois ténues, et renferment un con- glomérat cristallin arrondi et hérissé. Au mois de novembre, les cellules actives étaient riches en matières de réserve et on y observait aisément de beaux grains d’amidon composés. La moelle du Sorbier des Oiseleurs paraît volumineuse dans une longue pousse annuelle. Elle présente un étui extérieur assez étroit de cellules actives et un large cylindre central formé d’une masse do- minante de cellules à paroïs minces et inertes. Sur la section trans- versale, cette trame est interrompue çà et là par des cellules actives plus petites, à parois épaissies, isolées ou groupées en petit nombre et formant des îlots ou des processus de l’étui extérieur. Sur la sec- tion longitudinale, la masse inerte du cylindre central se montre en effet traversée par des files longitudinales souvent onduleuses, ou par de petits groupes irréguliers d'éléments actifs. Des utricules cristal- ligènes souvent isolées renferment un agglomérat cristallin arrondi et hérissé. Au commencement du mois de mars, les cellules vivantes étaient très-riches en matières de réserve et contenaient des grains d'amidon composés. J'observai les mêmes faits dans le rameau de deux ans (pl. xvu, fig. 2), où certaines utricules actives du cylindre central, isolées ou : groupées en petit nombre, se faisaient remarquer par leur grand volume et l'épaisseur de leurs parois. Enfin la structure se montrait encore la même dans une branche de six ans; seulement les éléments actifs y paraissaient plus multi- pliés, et les cellules cristalligènes nombreuses :. L'organisation de la moelle dans l’Alisier me parut très-ana- logue. Les éléments actifs y sont remarquables par leur grandeur, 1. Hartig (Jahresberichte.… p. 616) a exactement, mais très-brièvement, signalé la struc- ture de la moelle dans le Sorbier des Oiseleurs. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 275 l'épaisseur de leurs parois et la richesse de leur contenu en grains d’amidon dans des rameaux de trois et quatre ans (février). Enfin, dans l’Alouchier (pl. xvu, fig. 8), une trame cellulaire semblable occupait la moelle d’un rameaü annuel et d’un rameau de deux ans; cependant les éléments actifs, épars au sein du cylindre central inerte, paraissaient moins nombreux qu'ils ne le sont dans les espèces précédentes. Au mois de mars. ils contenaient des grains d’amidon composés. On trouve dans la moelle du Cratægus oxyacantha (pl. xvu, fig. 4) des cellules à parois minces, ponctuées, inertes, mêlées aux utricules actives; mais, Contrairement à ce qui se passe dans les Sorbiers, c’est ici l'élément actif et sécrétant qui tend à l'emporter sur l'élément inerte. Des cristaux complexes, hérissés, se voient çà et là dans des cellules à parois ténues. Le Cotoneaster affinis, dans des rameaux de deux ans et d’un an, présente en la région centrale du cylindre médullaire une trame do- minante de cellules inertes marquées de belles ponctuations ; mais cette trame est traversée par quelques séries d’utricules actives qui, au mois de février, se montrent gorgées de beaux grains d’amidon composés. Plus homogène dans sa structure, et plus importante au point de vue physiologique, est la moelle de l’Amelanchier spicata, du Photinia serrulata, de l'Eriobotrya Japonica. Au mois de février toutes les cellules sont épaissies et amylifères dans une branche de six ans chez la première de ces trois plantes. Les éléments médullaires de la seconde _sont également tous actifs, allongés dans le sens de l’axe du rameau, à parois épaissies et canaliculées, gorgés vers la fin de février de granules amylacés volumineux simples et composés. Des cellules cris- talligènes, isolées ou groupées en petit nombre, dont les unes renfer- ment un volumineux cristal simple, et les autres un aggrégat arrondi et hérissé s’observent çà et là. Enfin la moelle nomocèxe de l'Æriobo- 276 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. trya Japonica était fortement amylifère et à granules composés vers la fin de l'hiver. En résumé les genres qui entrent dans le groupe des Pomacées se font remarquer par la richesse d'organisation de leur moelle qui est tantôt HOMOGÈNE (Pirus communis, Cydonia vulgaris, Amelanchier spi- cata, Photinia serrulata, Eriobotrya Japonica), tantôt HÉTÉROGÈNE, et pré- sentant dans sa partie centrale inerte une quantité plus ou moins considérable de cellules actives (Malus communis, Mespilus Germanica, Sorbus Aucuparia, S. torminalis, S. Aria, Cratægus oxyacantha * ). Dans ses intéressantes études sur l’Anatomie comparée des tiges ligneuses, M. Jean Chalon a brièvement et soigneusement caractérisé la structure de la moelle dans plusieurs Pomacées. Cependant l’au- teur ne paraît pas se rendre un compte suffisamment exact de l’orga- nisation des moelles hétérogènes propres à ce groupe végétal. La zone externe des cellules actives n’est pour lui que l’Enveloppe de la moelle : il mentionne partout des cellules lignifiées sans indiquer qu'à diverses époques, et à divers âges, elles contiennent des matières de réserve. Il ne signale nulle part l’existence de ces cellules cristalli- gènes à parois ténues, si différentes des cellules actives et des cellules inertes qui sont minces, mais ponctuées. Quoi qu'il en soit, on ne peut que féliciter l’auteur de ses utiles travaux. On sait que les Botanistes diffèrent beaucoup d'opinion sur la distribution générique de plusieurs espèces vulgaires appartenant à ce groupe de plantes, et qui jouent un grand rôle dans nos vergers et dans nos jardins. En tenant compte à la fois de l'organisation de la fleur et du fruit, ainsi que des caractères fournis par la structure intime de la moelle, ne pourrait-on pas arriver à confirmer l'existence de certains groupes génériques admis par Tournefort, rejetés depuis par d’autres 1. C'est la moelle HÉTÉROGÈNE mélée proprement dite. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 277 botanistes, et à fixer la place des espèces dans le genre auquel elles appartiennent réellement? | Il ne nous paraît pas nécessaire de s'appuyer sur la structure anatomique d’une partie de l'axe végétal, pour considérer le Néflier et le Cognassier comme des genres distincts du genre Poirier. Nous sommes en cela de l’opinion de Tournefort, de Decandolle, de M. Bron- gniart, de M. Spach, et nous ne saurions admettre la fusion proposée par MM. Bentham et Hooker. Mais l'essence générique des Alisiers , des Sorbiers, des Alouchiers, des Aubépines, sans cesse ballottés par les auteurs d’un genre à l’autre, de même que celle des Pommiers, paraît moins évidente. D'après les observations mentionnées plus haut, nous constatons que le Sorbier des Oiseleurs, lAlisier et l’Alouchier offrent une structure médullaire commune et différente de celle qui est propre aux Poiriers (Pirus communis, P. malifolia). Cette considération seule nous porterait volontiers à admettre le genre Sorbus. Le Sorbier des Oiseleurs devrait s'appeler Sorbus aucuparia L., et non Pirus aucu- paria DC. L’Alisier serait le Sorbus torminalis Crantz et non le Pirus torminalis DC., ou le Cratægus torminalis L. L'Alouchier serait le Sorbus aria Crantz, et non le Cratægus aria L., ou le Pyrus aria DC *. D'autre part l'Aubépine serait au même titre distincte des Sorbus et des Pirus, comme elle l’est déjà par la structure de son fruit. Le Mespilus parait avoir un système médullaire très-analogue à celui des Cratægus, et ce caractère anatomique s'accorde avec les similitudes organographiques qui existent entre les deux genres, et qui ont déterminé MM. Bentham et Hooker à les réunir en un seul. Le Pommier lui-même ne serait pas une espèce appartenant au genre Poirier. 1. La structure du cylindre médullaire dans le Cormier est la mème que celle des Sorbiers que nous venons de citer. Elle ne saurait donc servir à confirmer l’existence du genre Cormus établi par M. Spach pour le Sorbus domestica. 278 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. L'£riobotrya et le Photinia, qui ont l’un et l’autre une moelle ana- logue, pourraient, par contre, être réunis en un seul et même genre, fusion proposée au point de vue organographique par MM. Bentham et Hooker. Ces conclusions n'auront d’ailleurs un degré de certitude suffi- sant que lorsqu'elles seront le résultat d'observations portant sur un plus grand nombre d'espèces. Nous pensons en outre qu’elles devien- dront encore bien plus assurées si lon y joint l'étude du cylindre fibro-vasculaire. JUGLANDÉES. La moelle du Juglans cinerea (pl. xvin, fig. 4) est HÉTÉROGÈNE, discontinue et diaphragmatique. Elle présente extérieurement un étui de cellules actives, polyédriques, à parois épaissies et canaliculées; et sa région centrale, même dans les régions supérieures d’un rameau annuel , est creusée dans toute sa largeur de lacunes transversales que séparent, de distance en distance, des diaphragmes épais d’un brun roux. Ces diaphragmes sont formés de cellules tabulaires inertes, dis- posées en séries verticales parallèles, à parois peu épaissies, brunà- tres; dans toute l'épaisseur de ce tissu se rencontrent des éléments de forme différente, à parois plus minces, isolés ou groupés en petit nombre, et contenant chacun un agglomérat cristallin arrondi et hérissé. Sur une section longitudinale du rameau on voit aisément que les cellules qui constituent les bords supérieur et inférieur de chaque diaphragme semblent rompues. Les cloisons minces et blanchâtres qui séparent les lacunes du Juglans regia sont également formées d’un double FAIRE de cellules, les unes inertes , les autres cristalligènes. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 9279 De minces diaphragmes s’observent également dans la moelle des Pterocarya caucasica et P. fraxinifolia. Mais cette structure lacuneuse n’est pas propre à toutes les plantes de la famille des Juglandées. Ainsi, dans un rameau annuel de Carya amara, on trouve une moelle hétérogène volumineuse dont la région centrale continue et inerte est formée de cellules polyédriques, à parois minces, riche- ment ponctuées, aérifères, groupées de manière à indiquer la parti- tion successive de cellules mères. La même structure se rencontre dans une branche de quatre ans (pl. xvnr, fig. 1). En résumé, une moelle hétérogène continue ou discontinue et diaphragmatique est sd aux genres de Juglandées que nous avons examinés. QUERCINÉES. Nous comprenons seulement dans cette famille les genres Quer- cus , Castanea et Fagus. C’est dans le groupe des CORYLAGÉES que nous plaçons les Corylus, Ostrya et Carpinus. Ce partage de l'alliance des Quercinées de M. Brongniart en deux familles a été jadis indiqué par Hartig, et M. A. de Candolle l’a introduit dans le Prodrome. A la base d’une pousse terminale de Quereus pedunculata (pl. xvin, fig. 5), la moelle étoilée, ferme et blanchâtre, montre, sur une section transversale, des cellules de grandeur variable, au contour rotundo- polygonal, laissant entre elles de petits méats triangulaires, à parois un peu épaissies et canaliculées. Sur la section longitudinale elles sont généralement rectangulaires, à angles arrondis, et disposées en séries parallèles plus ou moins onduleuses, dans lesquelles on retrouve sans peine les traces de cellules mères ayant subi une partition trans- versale. Cà et là certaines utricules, isolées ou réunies en petits 280 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. groupes, et semblables aux autres, renferment un cristal simple et volumineux qui occupe presque toute leur cavité. Au moment de l'observation qui fut faite dans les premiers jours d'avril, la matière de réserve granuleuse qui abondaïit dans la masse des cellules se pré- sentait sous la forme de grains d’amidon composés, ou simples et anguleux. J'ai étudié la moelle dans de jeunes branches appartenant à d’au- tres espèces de Chênes : Quercus cerris, Q. suber, Q. coccifera, Q. tincto- ria, Q. ilex. Dans toutes elle est nomoGÈNe à cellules épaissies et cana- liculées. Dans le Q. cerris, ce tissu était gorgé de grains d’amidon au com- mencement du mois de décembre. Dans le Q. suber, la matière de réserve amylacée était moins abondante à la même époque. Dans les Q. tinctoria et Q. ilex, on en cherchait avec peine quelque trace, mais chaque cellule médullaire avait un Nucléus très-apparent. Dans le Q. coccifera (pl. xvur, fig. 2) observé au commencement du mois de mars, de petits corpuscules amylacés généralement simples étaient groupés autour ou à la surface du Nucléus de chaque cellule de la moelle. Une petite branche de Hêtre (pl. xvu, fig. 8), offrant trois zones d’accroissement, et soumise le 4 avril à l'observation, offrait une moelle ferme et verdâtre entièrement formée de cellules actives dont la disposition en séries verticales et en groupes secondaires terminés par des cellules plus ou moins régulièrement coniques était nette- ment indiquée. Elles renfermaient, dans une enveloppe assez épaisse et creusée de canalicules, un amas de corpuscules amylacés généra- lement simples et un peu de matière verte. D’autres utricules, offrant d’ailleurs le même aspect, étaient presque entiérement occupées par des cristaux volumineux et simples; ceux-ci étaient parfois accompa- gnés de quelques corpuscules chloro-amylacés. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 281 C'est encore une moelle ferme et verdâtre que l'on trouve à la base d’une pousse terminale et annuelle de Châtaignier observée à la même époque (pl. xvur, fig. 9). La disposition et la structure des élé- ments de cette trame médullaire sont très-analogues à celles que nous avons signalées dans le Chêne et dans le Hêtre. Ils renferment aussi des corpuscules amylacés simples ou composés, et un peu de chlorophylle, mais les cristaux y sont beaucoup plus nombreux . En résumé les espèces qui composent l’importante famille des Quercinées ont toutes une trame médullaire commune, dont le carac- tère est l'homogénéité, et dont le contenu doit jouer un grand rôle dans les phénomènes de la nutrition. CORYLACÉES. J'ai étudié six espèces de Coudriers (Corylus Avellana, C. maxima, C. Americana, C. colurna, C. rostrata, €. tubulosa); toutes présentent une moelle volumineuse HÉTÉROGÈNE. Extérieurément est un étui de petites cellules actives, à parois peu épaissies, même dans le rameau de six ans (C. maxima). La partie centrale et volumineuse du cylindre mé- dullaire est formée d'éléments plus développés, de forme et de gran- deur variables, souvent régulièrement sériés, étendus dans le sens transversal, à parois minces et ponctuées. Çà et là se trouvent quel- ques cellules cristalligènes, ordinairement très - petites, à parois ténues, à conglomérat cristallin arrondi et hérissé. L’étui extérieur, dans des branches d’un an à six ans, se montre très-riche en granules amylacés pendant la saison hivernale. La région centrale est au con- traire inerte et aérifère dans le même temps. Il faut remarquer ce- A. Ces observations ont été faites sur les individus cultivés à l'École de botanique du Muséum. NT 96 282 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. pendant qu’elle reçoit çà et 1à quelques courts processus transversaux de la gaine vivante qui l'enveloppe, et que çà et là peuvent appa- raître dans son épaisseur quelques cellules isolées ou quelques séries de cellules actives (pl. x1x, fig. 5). Dans l’Ostrya Virginica, la moelle assez volumineuse est formée d'utricules disposées en séries longitudinales parallèles, et dont le grand axe est généralement transversal ou perpendiculaire à l'axe du rameau. Leurs parois sont assez épaisses, canaliculées , et elles ren- ferment au commencement de l'hiver une grande provision de matière amylacée (pl. xix, fig. 8). | Le cylindre médullaire est également HOMOGÈNE dans le Charme, et dans ces deux espèces il n'offre d’ailleurs que de rares cellules cristallifères (pl. x1x, fig. 2, 4, 9) *. M. Alph. de Candolle à établi deux tribus dans la famille des Corylacées, l’une pour le Charme et l'Ostrya, l'autre pour les diverses espèces de Coudriers. Comme il y a une similitude parfaite d’organisa- tion dans les diverses espèces de Coudriers que j'ai examinées, comme leur moelle HÉTÉROGÈNE mélée, s'écarte notablement de la structure de cette même région dans le Charme et l'Ostrya, nous voyons dans ces différences d'organisation intime un argument en faveur de la divi- sion établie par le savant botaniste de Genève. 4. D'après Hartig (Volständige Naturgeschichte…. t. 1, p. 228), « le canal médullaire du genre Corylus est rempli d’un tissu uniforme, ponctué, exempt d’amidon. Mème, dans les pousses annuelles, ce canal ne contient pas de traces de cette matière qui abonde dans les cellules épaissies du cylindre médullaire, » Ce savant n’a donc pas signalé les processus transversaux de la gaîne extérieure active, ni les cellules amylifères qui apparaissent isolées ou groupées en séries au sein de la région centrale inerte. Il a constaté comme nous (p. 256) les différences anatomiques que présentent dans leur système médullaire les Carpinus et Ostrya d’une part, et les Corylus de l'autre. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES, 283 BÉTULINÉES. Les Aunes (Alnus glutinosa, A. cordifolia) ont une moelle volu- mineuse, formée de cellules disposées en séries longitudinales paral- lèles, ordinairement rectangulaires et à grand axe dirigé transversa- lement lorsqu'on les observe sur une section longitudinale du rameau, à parois épaissies et canaliculées. J'ai trouvé ce tissu uniformément riche en matière amylacée dans des rameaux d’un an à six ans pen- dant la saison hivernale (pl. xx, fig. 7 et 12). Les Bouleaux (Zetula alba, B. papyracea, B. lenta (pl. xx. fig. 1) B. fruticans) ont également la moelle nomoGÈèE et d’une trame assez analogue à celle des Aunes. Les parois des cellules s’épaississent peu à peu à mesure qu'elles avancent en âge dans le Bouleau blanc, et leur cavité est déjà fort réduite lorsque l'arbre a atteint quatorze ou quinze ans (pl. xx, fig. à et 6). Mais c’est surtout dans le Betula fruticans (pl. xx, fig. 11) que le tissu médullaire est remarquable par la rapidité avec laquelle se fait l'accroissement des parois cellulaires; il se manifeste avec une vive intensité dès la première année. J'ai trouvé de petits corpuscules verts groupés en cercle dans des rameaux de Betula lenta âgés de deux ans et observés au mois de dé- cembre. Jai encore pu constater la présence de la fécule dans la moelle d'un Bouleau de quatorze ans au commencement du prin- temps. Au sein des cellules médullaires actives des différentes espèces de Bouleau mentionnées plus haut se trouvent çà et là quelques courtes séries d'éléments à parois minces contenant chacun un conglomérat cristallin arrondi et hérissé. 284 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. En résumé, la famille des Bétulinées est caractérisée par l’homo- généité de son système médullaire *. MYRICÉES. Dans un rameau de deux ans du Myrica gale étudié au mois de novembre, la moelle se montre formée, sur une section verticale, de séries parallèles d'éléments carrés ou rectangulaires (et dans ce der- nier cas allongés suivant le fil du bois) dont les parois sont épaissies et canaliculées et dont la cavité renferme une abondante provision de matière amylacée. Au sein de cette masse dominante se trouve çà et là quelque cellule cristalligène contenant un volumineux agrégat cristallin arrondi et hérissé de pointes. 1. Hartig (Vollständige Naturgeschichte…, p. 366) a constaté que les cellules médullaires de l’Aune sont épaissies, ponctuées et riches en amidon. Il avait reconnu dès l’année 1839 (Jahresberichte.., p. 612) que la moelle du Bouleau blanc est amylifère. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 285 CHAPITRE VI. DE LA VITALITÉ DU SYSTÈME MÉDULLAIRE ET DU MOUVEMENT DES MATIÈRES NUTRITIVES QU'IL CONTIENT. « On appelle vie l'activité de la matière selon les lois de l’organisation. » ILLIGER. Du contenu des cellules médullaires. Des corpuscules amylacés simples ou composés, auxquels peut se joindre dans certains cas une petite quantité de matière verle, ne constituent pas à eux seuls tout le contenu possible des cellules mé- dullaires actives. On y peut trouver des cristaux, on y peut trouver aussi du tannin. Cette substance, qui paraît assimilable, comme le sucre et l’ami- don, a été particulièrement étudiée dans ces derniers temps par MM. Trécul et Hartig. M. Trécul a constaté qu’elle se trouve dans la moelle de beau- coup de légumineuses et de Rosacées et signalé son mode de distri- bution . Hartig * a étudié la forme, l’origine, les lieux de production du tannin , lequel existe chez toutes les espèces ligneuses qu ‘il a ob- 1. Trécul, Comptes rendus, t. LX, p. 228, 1035; t. LXVI, p. 462, 896. 2. Hartig, Bot. zeilung, 1865. 286 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. servées, qu'il a rencontré dans l'écorce, dans le bois (rayons médul- laires, fibres ligneuses) et dans la moelle. J'ai fait moi-même un certain nombre d'observations pour recon- naître la présence du tannin dans les cellules médullaires. Je me contentais de placer, pendant quelques heures, dans une dissolution de sulfate de fer des tronçons de jeunes rameaux fendus longitudina- lement par leur milieu, et j'observais ensuite, sous le microscope, les coupes minces pratiquées sur les surfaces de section. Voici ce que j'ai constaté dans ces conditions aux premiers jours du mois d'avril. | J'ai trouvé du tannin dans la moelle des espèces suivantes : Myrica gale. Betula papyracea. B. alba, Alnus cordata. Quercus pedunculata. Q. cerris. Q. coccinea. Corylus avellana. C. maxima. Ostrya Virginica. Carpinus betulus. Salix capræa. S. alba. Populus nigra. Ulmus campestris. Platanus occidentalis. Acer opulus. Pirus communis. Photinia serrulala. Eryobotrya Japonica. Cotoneaster affinis. Spiræa Lindleyana. Rosa Clukii. Rhododendron Dahuricum. Clethra alnifolia. Zenobia pulverulenta. Le tannin existe en plus ou moins grande abondance et se montre différemment distribué dans ces espèces. Ainsi dans les moelles homogènes, tantôt on le trouve dans presque toutes les cellules, tantôt un certain nombre d’entre elles ne présen- MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 287 tent point la coloration particulière que sa présence doit déterminer sous l’action du sel de fer. Les Belula papyracea, B. alba, Myrica gale, Quercus cerris, sont dans le premier cas. Dans le second, les cellules tannifères sont généralement disposées en séries longitudinales nom- breuses (Photinia serrulata, Q. pedunculata, Rhododendron Dahuricum, Alnus cordata), ou moins nombreuses (Pirus communis, Platanus occi- dentalis, Carpinus betulus, Quercus coccinea). J'ai constaté aussi la présence du tannin dans les cellules actives d’un certain nombre d'espèces appartenant à diverses variétés de la moelle HÉTÉROGÈNE (Corylus, Rosa, Cratægus, spiræa, Clethra, Acer, Ulmus ). En résumé, le tannin est une substance nutritive dont la répar- tition est très-générale dans les cellules actives de la moelle. Il accom- pagne ordinairement les granules amylacés. Cette présence concomi- tante et le fait de l’épaississement général de leurs parois les font aisément distinguer. Les cellules à parois minces et ponctuées que j'ai nommées inertes renferment fréquemment des gaz; elles sont parfois le siége de formations cristallines, mais elles ne renferment point de granules amylacés et, dans les espèces que j'ai soumises à l’action des sels de fer, je n’y ai pas trouvé de tannin. Les formations cristallines que lon trouve dans les différentes parties du cylindre médullaire sont ou simples ou agrégées. Ces dernières sont très-répandues. Parmi les nombreuses espèces ligneuses que j'ai étudiées, le Cissus seul m'a présenté des raphides. Les cristaux peuvent se développer dans les cellules actives et dans les cellules inertes, mais le plus souvent ils apparaissent dans des utricules spéciales remarquables par la ténuité extrème de leurs parois. Ordinairement ces utricules cristalligènes n’entrent que dans une faible proportion dans la trame médullaire générale; tantôt elles 288 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, en constituent une grande partie et dans ce cas se font remarquer par leur grandeur. Les plus beaux exemples que l'on puisse citer de ce magnifique développement des utricules cristalligènes se rencon- trent dans le Pernettya, le Ledum, Y Andromeda. Je n'ai jamais trouvé de granules amylacés ou de Tannin dans les utricules cristalligènes qui renferment assez souvent des gaz. De la vitalité de la moelle. On a vu, dans le chapitre qui traite de l'anatomie comparée de la moelle, dans diverses familles végétales, que la moelle d’une espèce donnée, prise dans des rameaux d’âges différents, renferme de la ma- tière de réserve granuleuse à diverses époques de l’année. On peut se demander combien de temps la moelle conserve la propriété de produire cette matière de réserve ou, en d’autres termes, quel est le degré de sa vitalité. Pour résoudre complétement cette question il eût été néces- saire d'étudier un grand nombre d'arbres d’essences diverses et assez avancés en âge. Malheureusement je n'avais point de telles ressources à ma disposition; j'ai dû me contenter de quelques rares occasions qui m'ont été offertes de satisfaire ma curiosité, soit dans les environs de Paris, soit à l'école de botanique du Muséum *. On trouvera dans le tableau suivant les noms d'un certain nombre d'espèces dans lesquelles la moelle est riche en amidon dans des axes offrant de cinq à vingt zones d’accroissement. Jai mis en regard l’époque ou les époques de l’observation. Il est d’ailleurs bien entendu que la production de la fécule se fait également dans ces mêmes espèces (comme aussi dans beaucoup d’autres mentionnées dans mon anatomie comparée) de la première à la cinquième année. A. Je me plais à offrir ici l’expression de ma reconnaissance à M. Brongniart, à M. Pépin et à M. Verlot, qui m'ont communiqué avec une extrême obligeance des échantillons très-utiles. 9 #4 © MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. MOELLE AMYLIFÈRE,. ESPÈCES. ÉPOQUES DE L'OBSERVATION. | Quercus robur. Septembre, août. Betula alba. Février, avril, septembre. Evonymus Japonicus. Avril. Fraxinus. Juillet, août, septembre. Ilex aquifolium. Avril. Virgilia lutea. Avril. Morus nigra. Avril, juin, septembre. Berberis vulgaris. Juin, août. Alnus cordifolia. Août, mars. Castanea vesca. Août. Morus alba. Mars. De 5 à 10 ans. Ulmus pedunculata. Mars. Ulmus campestris. Mars. Prinos glaber. Novembre. Ornus Europæa. Février. Hamamelis Virginiana. Novembre. Liquidambar imberbe. Novembre. Pirus communis. Mars. Malus communis. Mars. Sorbus aucuparia. Mars. Corylus maxima. Novenbre. Carpinus betulus. Mars. -| Planera crenata. Décembre. | Amygdalus communis. Février. Betula alba. Janvier, avril, septembre. : Quercus robur. vril. ; De 10 4 Her | Carpinus betulus. Janvier, mars. Fagus sylvatica. Mars. Platanus occidentalis. Mars. \ Gleditschia ferox. Mars. De 15 à 20 ans. Betula alba. Avril. Quercus robur. Avril. Fraxinus.' Janvier. Comme on l’a vu précédemment, et comme on vient de le voir dans ces tableaux, mes observations ont porté généralement sur des rameaux d’un an à dix ans; leur moelle est, à diverses époques de l’année, gorgée de matières de réserve granuleuse ; HOMOGÈNE ou HÉTÉ- vI. _ 290 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ROGÈNE, enveloppée d’un grand nombre de couches ligneuses, elle ne perd rien, dans certaines essences, de sa remarquable activité vitale. Dans le Charme et dans le Hêtre, ses cellules sont munies de parois épaissies et sécrètent de la fécule dans des axes âgés de douze à treize ans; dans le Chêne et dans le Bouleau sa trame est également épaisse et amylifère dans des troncs ayant quatorze et quinze ans de végéta- tion ; dans le Platane elle est ferme, fraîche et féculente au sein d’une grosse branche offrant dix-huit zones d’accroissement et onze centi- mètres de diamètre; elle offre les mêmes caractères et les mêmes propriétés dans un rameau de Gleditschia ferox de neuf centimètres de diamètre, et sur la section duquel on pouvait compter vingt couches concentriques pressées; elle est encore riche en fécule, d’après M. Payen, dans un Frêne de vingt-huit ans. l La singulière activité vitale du système médullaire ne se maintient pas aussi longtemps dans les espèces où le duramen se forme de bonne heure comme dans le Châtaignier et l’Acacia. Cependant il suffit de jeter les yeux sur le tableau que nous venons de présenter pour être définitivement éclairé sur la prétendue inertie de la moelle trop long- temps professée dans nos écoles et pour reconnaître l'importance de ce tissu comme réservoir de substance nutritive. Du mouvement des matières nutritives dans la moelle. Pour montrer que la matière de réserve amylacée que l’on trouve dans toute l'épaisseur du cylindre médullaire à diverses époques de l'année, ou seulement dans les cellules actives de la moelle (lors- qu ‘elle est hétérogène) présente des alternatives de résorption et de développement suivant les saisons, il me suffira de siques exemples choisis parmi les plantes les plus vulgaires. Le { avril 1866 les bractées du bourgeon à fleurs d’un Poirier étaient écartées pour livrer passage à des boutons et à quelques petites MOELLE DES: PLANTES LIGNEUSES, 91 feuilles cotonneuses et involutées. L'influence de ce développement était à peine sensible sur le rameau annuel terminé par le bourgeon florifère, car la moelle tout entière était uniformément remplie d’'a- midon. Le 17 avril, lors de l'épanouissement des fleurs, la résorption était très-accusée mais incomplète dans la moelle des rameaux de deux ans et de trois ans. Dans le courant du mois de mai, une nouvelle génération de ma- tière amylacée se manifestait dans les cellules médullaires munies d'un Nucléus chez des rameaux qui offraient deux ou trois zones d’accroissement. | Dans le Berberis vulgaris, au 11 avril, au moment où les bourgeons commençaient à s'épanouir, j'ai trouvé les éléments médullaires actifs très-riches en amidon dans une branche de quatre ans. Cette matière avait disparu dans les mêmes éléments d’un ra- meau de deux ans au 9 mai. Au 11 juin, alors que les fruits avaient atteint déjà un certain volume, l'amidon avait reparu dans les cellules médullaires actives des branches de six ans et de deux ans. Je constatai cette même plé- nitude dès tissus pendant les mois de juillet et de septembre. La floraison de l'Amandier commençait à se faire le 43 mars 1866. Sur les ramilles vertes annuelles il y avait des fleurs épanouies, des fleurs entr'ouvertes et des boutons. Dans la moelle de ces ramilles l’'amidon avait presque complétement disparu, tandis qu'il se rencon- trait encore en notable proportion et sous la forme de grains volumi- neux dans les rameaux de deux ans et surtout dans ceux de trois et de cinq ans. Le 13 avril, les fleurs étaient flétries depuis plusieurs jours. La résorption de la matière nutritive s'était étendue jusqu'aux rameaux de trois ans. Le 19 mai, les feuilles étant longues d'environ six centimètres, 292 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. et les fruits ayant trois centimètres de longueur sur deux de largeur, on constatait une nouvelle génération de granules amylacés dans les cellules actives des rameaux qui offraient deux et trois zones concen- triques d’accroissement. Les écailles des chatons mâles de l’Aune étaient écartés le 3 mars, et à leur aisselle les petites fleurs commençaient à s'épanouir. Les branches stigmatiques pourpres se montraient au-dessus des écailles serrées des chatons femelles. La moelle offrait de nombreux granules amylacés dans des rameaux offrant de une à cinq zones d’accroisse- ment. Le 20 avril, les bourgeons à feuilles étaient épanouis; les plus grandes avaient quatre centimètres de longueur et trois ‘de largeur ; les chatons mâles étaient tombés depuis longtemps et les stigmates des fleurs femelles paraissaient d’un brun noirâtre, À ce moment la résorption des granules amylacés s’étendait dans la moelle jusqu’au rameau de trois ans. La reproduction des matières nutritives était manifeste au 43 mai dans un rameau de deux ans. MOELLE DES PLANTES LIGNEUSES. 293 RESUMÉ GÉNÉRAL. À Trois sortes d'éléments entrent dans la constitution de la moelle des plantes ligneuses : des cellules actives, des cellules inertes et des cellules cristalligènes. PR, Les cellules actives sont généralement munies de parois épaisses et canaliculées, et produisent des matières de réserve granuleuses. Les cellules inertes ont généralement des parois minces et ponctuées, ne produisent pas de matière nutritive granuleuse et enserrent fré- quemment des gaz. Les cellules cristalligènes, sous une enveloppe spéciale ténue, renferment des formations cristallines. III, La moelle est généralement homogène ou hétérogène : elle est homo- gène quand elle est essentiellement formée de cellules actives, ou pré- sente à la fois des cellules actives et des cellules cristalligènes. Elle est hétérogène quand elle renferme des cellules actives et des cellules inertes. Il existe diverses variétés de la moelle homogène ou de la moelle hétérogène. I V. Par la constance de sa structure, la moelle peut servir à caracté- 294 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. riser des familles et des genres naturels, comme à décider de la va- leur de certains groupes discutés. *. Les cellules actives de la moelle renferment des matières nutri- tives à diverses époques de l’année, pendant un temps dont la durée varie avec les essences et qui peut être considérable. (Amidon, Tanin.) VE. Ces matières se résorbent et se reproduisent périodiquement pendant ce même temps. bé à à La moelle, loin d’être inerte et passive, comme on l'avait cru, concourt pour une large part à la nutrition du végétal. EXPLICATION DES FIGURES. (Elles ont toutes été dessinées à la chambre claire.) c. a. Cellules actives. c. î. Cellules inertes. c. c. Cellules cristalligènes. P. L. Parenchyme ligneux. PLANCHE XII. CAPRIFOLIACÉES. À. Sambucus nigra. Section longitudinale de la moelle inerte dans une pousse annuelle. e. m. Cellules appartenant aux cônes constitutifs de l’étui médullaire, ». Cellules médullaires les plus extérieures appliquées sur ces mêmes éléments et ne contenant pas de granules amylacés. (Janvier. 2. Abelia rupestris. Section longitudinale faite dans la région centrale et inerte de la moelle. (Novembre.) 3. Symphoricarpos vulgaris. Section transversale faite dans la moelle hétérogène d’une pousse annuelle pour montrer le tissu de l’étui extérieur actif à cellules épaissies et amylifères (Janvier), et les cellules minces et ponctuées de la région centrale inerte. &. Lonicera caprifolium. Section transversale faite au sommet du mérithalle supérieur d’une pousse annuelle. £. r. Tissu de résorption. Ô 5. Symphoricarpos vulgaris. Section longitudinale faite dans la moelle hétérogène d’une pousse annuelle pour montrer comment le tissu de l’étui extérieur actif passe au pa- renchyme ligneux qui est contigu aux trachées. 6. Lonicera fragrantissima. Section longitudinale faite dans la région centrale et inerte de la moelle hétérogène. On voit un petit groupe de trois cellules cristalligènes. 7. Lonicera æylosteum. Section faite au sommet du mérithalle supérieur d'une pousse annuelle. £. r, Tissu de résorption. 296 Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 8. Lonicera tatarica. Tissu de résorption. 9. Viburnum lantana. Section longitudinale faite dans la moelle hétérogène. On voit le dernier rang des cellules de l’étui extérieur actif c. 4. et des cellules semblables seriées c'. a’. au sein de la région centrale inerte. 10. Viburnum lantana. Section longitudinale pour montrer comment le tissu de l’étui extérieur actif passe au parenchyme ligneux p. L. qui est contigu aux trachées. En outre, on voit le passage brusque des cellules actives aux cellules extérieures de la région centrale. M1. Viburnum tinus. Section transversale de la région moyenne au mois de novembre. Il y a des grains d'amidon dans les cellules actives. 12. Viburnum tinus. Section longitudinale de la même partie et à la même époque. PLANCHE XIII ÉRICINÉES. 1. Arclostaphylos uva-ursi. Section transversale de la moelle homogène amylifère. (Mars.) 2. Clethra alnifolia. Section longitudinale dans la moelle hétérogène réticulée d’un jeune rameau. Chaque cellule active renferme un nucléus et des formations chlorophyl- liennes. (Décembre.) Menziezia ferruginea. Trame de la moelle homogène, vue sur la section transversale. Gaultheria procumbens. Trame de la moelle homogène vue sur une section longitu- dinale. Passage des cellules médullaires au parenchyme ligneux contigu aux trachées. + Phyllodoce taxifolia. Trame de la moelle homogène mêlée sur la section longitudi- nale. Cassandra calyculata. Section transversale de la moelle homogène d’un rameau de deux ans. Elle est remplie d’amidon. (Novembre.) 7. Cladothamus pyrolæflorus. Trame de la moelle homogène réticulée sur une section transversale, - Rhododendron ponticum. Section longitudinale dans la moelle homogène mêlée amyli- 4 fère. (Mars. 9. Pieris formosa. Trame de la moelle homogène mêlée vue sur une section transversale. # co ce 7. œ + 10. Zenobia floribunda. Section longitudinale dans la moelle hétérogène mêlée qui est composée de cellules actives, de cellules inertes et de cellules cristalligènes remar- quables par leur grandeur. | . 11. Ledum canadense. Section transversale faite dans la moelle homogène réticulée. . 42. Perneltya mucronata. Section transversale faite dans la moelle homogène mêlée. >= Q3 - Kalmia latifolia. Section longitudinale faite dans la moelle homogène amylifère. (Novembre.) EXPLICATION DES FIGURES. 297 PLANCHE XIV. OLÉINÉES, Fig. 4. Ligustrum vulgare. Section longitudinale faite dans la région centrale et inerte de la moelle d'une branche de trois ans. (Février.) Fig. 2. Olea Europæa. Section longitudinale faite dans la moelle homogène et amylifère d’une longue pousse annuelle. (Février.) Fig. 3. Ligustrum vulgare. Section longitudinale faite dans la moelle d’une branche de trois ans pour montrer l'élui extérieur amylifère passant d'une part au parenchyme ligneux et de l’autre à la région centrale inerte. {Février.) Fig. 4. Liguslrum vuülgare. Section longitudinale dans une pousse d’un an. (Février) Fig. 5. Syringa vulgaris. Section transversale à la base d’une pousse annuelle. Les cellules actives renferment des corpuscules chloro-amylacés et des cristaux simples. Les cel- lules inertes ne contenaient que des gaz dans le même temps. (Février.) Fig. 6. Phyllirea latifolia. Section longitudinale dans une forte pousse annuelle. De petits corpuscules chloro-amylacés et des cristaux simples s’observent dans les cellules ac- tives de {a moelle homogène. (Février) Fig 7. Fraxinus excelsior. Section longitudinale dans la moelle d’une branche de huit ans. On voit un petit groupe de cellules actives amylifères au sein du tissu central inerte, (Juin. Fig. 8. Fraæinus excelsior. Section transversale dans une branche de quinze ans. Les cellules actives renferment des grains d'amidon simples et composés. (Janvier.) pig, 9 Phyllirea latifolia. Section transversale dans la forte pousse annuelle qui a servi pour le tissu représenté dans la fig. 6. Fig. 10, Fraxinus excelsior. On voit dans cette figure un petit îlot de cellules actives amyli- fères au sein de la moelle inerte dans un rameau de cinq ans. (Juillet.) Fig. A1. Ornus Europæa. Section transversale dans la région centrale inerte d’un rameau d’un an, (Novembre. Fig. 12. Ornus Europæa. Section transversale dans la région centrale inerte d’une branche de six ans. (Février.) Fig, 43. Ornus Europæa. Section longitudinale à la base d’une petite pousse terminale dans la région centrale inerte. (Février.) PLANCHE XV. MÉLASTOMACÉES. HAMAMELIDÉES. PLATANÉES. BERBERIDÉES, ETC. Fig. 4. Medinilla speciosa. Section transversale dans la région centrale de la moelle homo- gène pour montrer les ilots épars de cellules scléreuses. Fig. 2 Medinilla speciosa. Une portion du même tissu représentée à un plus fort grossis- sement. à VE: 38 Fig. os ” à _ co = = (==) _ _—_ . 3 . 19 . Co ” NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Fothergilla alnifolia. Section longitudinale de la moelle homogène d’une jeune bran- che ‘offrant deux zones d’accroissement et observée au commencement d'avril. Le contenu des cellules est chloro-amvylacé: dans plusieurs se voit un volumineux cristal simple Medinilla speciosa. Section longitudinale pour montrer la forme des cellules sclé- reuses, les grains verts qui se trouvent dans les cellules actives et un certain nombre de cellules cristallifères disposées en file. Carissa Arduina. Section longitudinale dans la région centrale de la moelle homogène pour montrer les remarquables cellules scléreuses que l’on y trouve. Platanus occidentalis. Section transversale dans la moelle d’une grosse branche de dix-huit ans observée au mois de mars. Les cellules, dont la paroi est marquée de zones d’accroissement, renferment de nombreux granules amvylacés, Evonymus nilidus. Section longitudinale dans la moelle homogène d’une branche d’un an. Ses cellules, à parois minces, renferment de nombreux granules amylacés. (Novembre, Prinos glaber. Section longitudinale dans la moelle homogène d’une branche de trois ans. Berberis vulgaris. Section longitudinale faite dans la moelle hétérogène à la base d’une longue pousse annuelle. Les cellules actives renferment des corpuscules amylacés. (Mars.) . lex macrophylla. Section longitudinale dans la moelle homogène et amylifère d’une branche de deux ans. (Mars.) ; . Ilex aquifolium. Trame médullaire vue sur la section transversale d'une branche de dix ans. PLANCHE XVE MAGNULIACÉES. ULMACÉES. CELTIDÉES. Magnolia Yulan. Trame médullaire vue sur une section longitudinale pour montrer le passage des cellules actives de l’étui extérieur, d’une part au parenchyme ligneux et d'autre part aux cellules inertes de la région centrale. Magnolia grandiflora. Section longitudinale dans la moelle d’une branche offrant plu- sieurs zones d’accroissement. On voit au sein du issu inerte une partie d’un dia- phragme transversal ne présentant pas une seule cellule scléreuse et dont les cellules actives renferment un Nucléus sphérique accompagné de petits corpuscules amylacés. Mars.) Liriodendron tulipifera. Section longitudinale dans la trame médullaire d’une branche d’un an pour montrer un diaphragme formé en majeure partie de cellules actives qui enveloppent deux cellules scléreuses. Magnolia macrophylla. Section longitudinale dans la moelle d’une branche d’un an Pour montrer un ilot de la région centrale et inerte entièrement formé de cellules scléreuses. Fig. [er] CO _ sé a _— . — EL Æ ” e EXPLICATION DES FIGURES. 299 Magnolia Yulan. Cette figure est destinée à montrer un petit ilot de cellules à parois fortement épaissies dont certaines sont amylifères dans la moelle centrale inerte d’une branche d’un an. {Septembre.) Liriodendron tulipifera. Section longitudinale dans la trame médullaire d’une bran- che d’un an pour montrer un diaphragme entièrement composé de cellules actives, ne présentant point de cellules scléreuses. Ulmus campestris. Section transversale de la moelle dans une branche de trois ans, intéressant l'étui extérieur actif et amylifère. (Décembre.) Ulmus campestris. Section longitudinale de la moelle hétérogène dans la branche de trois ans, intéressant l’étui extérieur et un processus qui en part. Toutes. les cellules actives sont amylifères. (Décembre Planera crenala. Section longitudinale de la trame médullaire homogène dans une branche de cinq ans, Planera crenata. Section longitudinale de la moelle homogène dans une branche d'un an. Ses cellules contiennent des grains simples et composés d’amidon. { Décembre.) . Geltis occidentalis. Section longitudinale dans la moelle hétérogène d’une branche de trois ans. Elle intéresse l’étui extérieur actif et amylifère. (Novembre.) PLANCHE XVII ROSACÉES. Cralægus oxyacantha. Section transversale dans la moelle hétérogène mêlée d’un ra- meau d’un an. Les cellules actives renferment des granules amylacés. (Février.) Sorbus aucuparia. Section longitudinale dans la moelle hétérogène mêlée d’un rameau de deux ans. Les cellules actives renferment de l’amidon. (Mars.) Pirus communis. Section longitudinale dans la moelle homogène. Pirus communis. Section ERP dans le corps ligneux d’une branche de cinq ans pour mettre en évidence voirs de substance nutritive. Les éléments des rayons médullaires (r. ».) et ceux du parenchyme ligneux (p. .) renferment de nombreux grains d’amidon simples et composés. (Mars.) Rosa Alpina. Section transversale de la moelle hétérogène sub-réticulée. Malus communis. Section longitudinale dans la moelle hétérogène mêlée d’un rameau d’un an, Les cellules actives sont remplies de granules amylacés. Rosa Alpina. Portion plus grossie du tissu représenté dans la fig. 5. Sorbus aria. Section transversale dans la moelle hétérogène mêlée d’un rameau d’un an. Les cellules actives renferment de l’amidon. (Mars. Rosa Gallica. Section longitudinale de la moelle hétérogène mêlée. Les cellules actives renferment de l’amidon. (Décembre.) Fig. 10. Rosa Banksia. Section transversale de la moelle hétérogène réticulée. Les cellules ac- lives sont gorgées d’amidon. (Février.) Fig. 41. Rosa Banksia. Section longitudinale du tissu représenté dans la figure précédente. 300 Fig. Fig. Fig. ” Le æ al La ” =] A0. rs 11. 12 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. PLANCHE XVIII QUERCINÉES. JUGLANDÉES. Carya amara. Section longitudinale de la moelle hétérogène continue dans sa région centrale inerte. (Branche de quatre ans.) Quercus coccifera. Section longitudinale dans la moelle homogène d’une jeune bran- the. De petits corpuscules amylacés sont groupés autour du Nucléus cellulaire. (Mars.) Quercus pedunculata. Groupes de cellules du parenchyme ligneux vues sur une sec- tion longitudinale du corps ligneux dans une branche de six ans. Elles renferment des corpuscules amylacés. (Août.) Juglans cinerea. Tissu inerte des épais diaphragmes bruns de la moelle hétérogène discontinue. Quercus pedunculata. Section transversale dans la moelle homogène d’un rameau d’un an. Des grains d’amidon simples et composés remplissent les cellules. (Avril.) Quercus pedunculata. Section transversale dans le bois d’une branche de six ans pour montrer les éléments du parenchyme ligneux groupés au milieu du corps ligneux el remplis de grains d’amidon. (Août. Faqus sylvatica. Section transversale dans la moelle homogène d'une branche de douze ans. Ces cellules, dont les parois ont des zones d’accroissement très-marquées, renfer- ment de nombreux granules amylacés. (Janvier.) Faqus sylvatica. Section transversale dans la moelle homogène d’une branche de trois ans. Ses cellules sont amylifères. {Avril.) Castanea vesca. Section longitudinale dans la moelle homogène d’une branche d’un an. Les cellules sont amylifères ou cristallifères. Quercus pedunculata. Section longitudinale dans la moelle homogène d’un chêne de quatorze ans. La plupart des cellules sont amylifères. (Novembre.) Quercus pedunculata. Mème tissu que celui qui a été représenté dans la figure précé- dente vu à un moindre grossissement. Castanea vesca. Section dans la moelle homogène d’une branche de cinq ans. Toutes les cellules sont amylifères. (Août.) PLANCHE XIX. BÉTULINÉES. CORYLACÉES. Fig. 4. Betula lenta. Section verticale dans la moelle homogène d’un rameau de trois ans. Toutes les cellules étaient, au mois de décembre, remplies de matières de réserve, Fig. 2. Carpinus betulus. Section longitudinale dans la moelle homogène d’une branche de cinq ans. Les cellules actives sont gorgées d’amidon. (Novembre.) Fig. L» Fig. æ La mA »© à _— _— _ 1 — ” œ - ” CE [ep] EXPLICATION DES FIGURES. 301 Betula alba. Trame médullaire d'une branche de dix ans vue sur la section trans- versale. Carpinus betulus. Trame médullaire d’une jeune branche vue sur la section longitudi- nale pour montrer le parenchyme ligneux p. {. qui succède brusquement aux cel- lules médullaires les plus extérieures. Corylus tubulosa. Trame médullaire d’une branche de deux ans pour montrer l’étui extérieur actif s’'avançant en manière de processus dans la région centrale inerte de la moelle, Betula alba. Section transversale dans la moelle homogène d’une branche de douze ans. La cavité très-réduite des cellules renferme de fins granules amvylacés, Alnus glutinosa. Section transversale dans la trame de la moelle homogène d'une bran- che de quatre ans. Ostrya Virginica. Section longitudinale dans la moelle homogène d’un rameau de trois ans. Toutes les cellules sont amylifères. (Novembre.) Carpinus belulus. Section transversale dans la moelle homogène d'une branche de ouze ans. Toutes les cellules sont amylifères. (Janvier) . Robinia pseudo-acacia. Section longitudinale d’un gros vaisseau pris dans l’aubier 8 P d'une branche de huit ans, Il est rempli de parenchyme intra-vasculaire dont les cellules contenaient au mois d’avril des grains d'amidon simples et composés. . Betula fruticans. Section longitudinale dans la moelle homogène d'une branche de deux ans. (Décembre.) . Alnus cordifolia. Section longitudinale dans la trame médullaire homogène d’une branche âgée de six ans. - PLANCHE XX. MOELLE INTERRAMÉALE ET SUBGEMMAIRE. Platanus occidentalis. Section longitudinale dans la moelle comprise entre la pre- mière et la deuxième pousse. C’est un tissu formé de cellules CH et de cel- lules actives munies, au mois de mars, d’un Nucléus et de grains amylacé Platanus occidentalis. Section longitudinale dans la moelle internodale pose et amylifère d’un rameau de trois ans. (Février.) Plalanus occidentalis. Section de la moelle sabgemmaire. Elle se compose de cellules cristalligènes et de cellules actives offrant, au mois de février, un Nucléus et un con- tenu granuleux. Acer campestris. Section longitudinale dans la région centrale de la moelle hétéro- gène d’une branche d’un an, pour montrer la disposition et la forme des cellules inertes. ; Acer opulus. Section longitudinale dans la moelle comprise entre la deuxième et Ja troisième pousse. C’est un tissu formé de cellules actives et de cellules cristalligènes. (Mars.) Acer campestris. Section longitudinale dans la moeile comprise entre la première et 302 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. la deuxième pousse. C’est un tissu continu essentiellement formé de cellules actives contenant des granules amylacés et de cellules inertes. (Janvier.) Prunus lauro-cerasus. Section longitudinale dans la moelle comprise entre la pre- mière et la seconde pousse. C’est un tissu formé de cellules actives munies d’un Nu- cléus et contenant des corpuscules d’amidon., (Février.) Fig. 8. Carya amara. Tissu. de la moelle au passage de la pousse de deux ans à celle de trois ans. 1] se compose de cellules cristalligènes et de cellules actives contenant un Nu- cléus et des granulations amylacées. Fig. 9. Juglans cinerea. Tissu pris au passage de la pousse de deux ans à celle de trois ans et traité par une dissolution alcoolique d’iode, Fig. 10. Cytisus laburnum. Section longitudinale dans le tissu polyédrique et régulier placé immédiatement au-dessus de la moelle interraméale comprise entre la première et la deuxième pousse, (Mars.) Fig. 11, Cytisus laburnum. Section longitudinale dans le tissu médullaire dense et actif placé immédiatement au-dessous de la moelle comprise entre la première et la deuxième pousse. On y distingue aisément des cellules mères segmentées transversalement et offrant un contenu granuleux verdâtre. Fig. 12. Cylisus laburnum. Section longitudinale dans la moelle comprise entre la première et la deuxième pousse. C’est un tissu peu consistant formé de cellules actives à contour arrondi et à contenu granuleux verdâtre. BULLETIN NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM TOME VI DÉSTE ER TER, RAPPORT DE M. LE PROFESSEUR DESHAYES SUR UNE ENCRINE VIVANTE DONNÉE AU MUSÉUM PAR M. SCHRAMM INSPECTEUR DES DOUANES A LA GUADELOUPE Lu à l'assemblée des Professeurs-Administrateurs, le 31 mars 1870. L'une des découvertes qui occasionna le plus de surprise parmi les naturalistes du siècle dernier fut celle de l’Encrine vivante. Avant 4755, époque de la publication du mémoire de Guétard sur cet animal singulier, un grand nombre des ouvrages qui traitent des Pétrifica- tions ont figuré, sous divers noms, les différentes parties des Encrines uni- quement connues à l’état fossile. Le travail de Guétard, dans lequel on reconnaît le talent de l’observa- teur et du véritable naturaliste, fondé sur un exemplaire unique et d’un très-grand prix, provenant de la Martinique, eut pour résultat de constater irrévocablement l'identité des caractères zoologiques entre le type vivant et les espèces fossiles. Pendant plus d’un siècle, l'individu qui avait appartenu à Guétard fut le seul connu en Europe; après avoir passé successivement dans quelques h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. grandes collections, il tomba dans les mains de Lamarck, qui, enfin, le transmit au Muséum. D'Orbigny se procura un second exemplaire de la même espèce, mais plus grand et dans un état de conservation beaucoup plus satisfaisant ; il fait également partie des collections du Muséum. Enfin M. Michelin reçut de M. le docteur Duchassaing un individu qui, pendant longtemps, fut considéré comme le plus beau et le plus complet. Cet exemplaire, comme les deux précédents, envoyé à l’état sec, courait les ris- ques de dépérir rapidement lorsque, par une beureuse inspiration, M. L. Rous- seau proposa à M. Michelin de le plonger dans l'alcool. C'est ainsi préparé que, par suite de l’acquisition faite de la collection Michelin, ce troisième exemplaire vint à son tour se ranger dans les collections du Muséum. Le Muséum pouvait se montrer fier et satisfait d'être l’heureux posses- seur des trois types historiques, les seuls alors connus dans les collections de l'Europe. Mais bientôt cet élat de quiétude fut troublé : des pêcheurs de la Martinique et de la Guadeloupe, en mouillant des lignes à de grandes pro- fondeurs et dans certains parages, ramenèrent, accrochés à leurs hameçons, tantôt des fragments, tantôt des individus plus entiers de l'Encrine vivante. C'est ainsi que, dans l’espace d’une vingtaine d'années, onze exemplaires plus ou moins bien conservés ont été envoyés en Europe et en Amérique, c’est ainsi que plusieurs de ces animaux purent être réunis dans les collections de Londres, de Berlin et de Copenhague. L'étude de ces divers échantillons a permis de constater l'existence de deux types spécifiques provenant des mers des Antilles. Pendant que les Encrines vivantes se répandaient dans les principales collections de l'Europe et de l'Amérique, celles du Muséum de Paris restaient stationnaires ; je désirais vivement qu'elles participassent, même pour une faible part, à ce mouvement général. Je connaissais le point de départ de plusieurs individus venus en Europe, je savais aussi que mon savant ami et compatriote M. Schramm, inspecteur des douanes à la Guadeloupe, en avait possédé quelques autres; connaissant d’ailleurs son dévouement à la science, je n’ai pas hésité à le prier de saisir toutes les occasions de recueillir pour le Muséum les Encrines vivantes qu’il pourrait. obtenir des pêcheurs. M. Schramm fit mieux : possesseur lui-même d’un échantillon qu'il con- BULLETIN. 5 servait pour sa collection, il s'empressa de me l'envoyer pour être offert en son nom au Muséum. Je suis heureux de m’acquitter de l’agréable tâche que je remplis en ce moment en mettant sous les yeux de l’assemblée ce magnifique échantillon d'une admirable conservation et que nous devons à la générosité de M. Schramm ; il surpasse de beaucoup, comme vous le voyez, tout ce que nous possédions avant qu’il nous fût donné. M. Schramm n’en est pas au premier témoignage de son dévouement à la science. Une grande et belle collection de coquilles, faite et nommée par lui, contenant les espèces les plus rares et les plus précieuses, a été envoyée à l'Exposition universelle de 1867 et fait actuellement partie du Musée des co- lonies ; l’année dernière, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous l’exposer, il a fait parvenir au Muséum une série très-intéressante des Polypiers rares de la Guadeloupe, à laquelle il à joint une très-intéressante collection des fossiles quaternaires de la région volcanique de l’île; enfin il m'a promis de recher- cher ceux des mollusques de notre colonie qui manquent encore à nos collec- tions. J'ai voulu profiter d’une occasion aussi favorable pour mettre sous les yeux de l’assemblée tout ce que possède le Muséum en Encrines vivantes, et vous faire juge des incomparables richesses que vous envient les autres collections de l'Europe. L'échantillon de Guétard, celui de d’Orbigny et quelques débris acquis depuis peu d'années constituent l’espèce nommée : Encrinus Caput-Medusæ Lamarck. L'échantillon de la collection Michelin et ce splendide exemplaire de M. Schramm appartiennent à la seconde espèce : Encrinus Mulleri OErsted. Ces deux espèces font aujourd’hui partie du genre Pentacrinus de Miller. J'aurai l'honneur d’adresser à notre respectable Directeur la prière qu’une lettre de remerciment soit envoyée à M. Schramm. J'ajouterai même le vœu que vous approuverez, sans doute, qu'une copie du présent rapport 6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. soit mise sous les yeux du ministre, dans le but de ne pas laisser ignorer à l’administration supérieure les actes de générosité et de dévouement à la science, dont le Muséum reçoit un nouveau lustre, et puisse les honorer dans la mesure qu’elle jugera convenable et opportune. L'assemblée des professeurs-administrateurs vote des remerciments à à M. Schramm et décide que le diplôme de correspondant du Muséum d’his- toire naturelle lui sera adressé. NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE SEUNOPITHÈQUE PROVENANT DE LA COCHINCHINE PAR M. ALPH. MILNE-EDWARDS AIDE-NATURALISTE Le genre Semnopithèque, établi en 1821 par Fr. Cuvier, n’occupe qu'une partie très-restreinte de la surface du globe. Il appartient exclusive- ment à la région indienne soit insulaire, soit continentale, et cependant il comprend un nombre considérable d'espèces. L'une des plus remarquables, tant par sa taille que par la disposition singulière de ses couleurs, est sans contredit le Douc de Buffon ou Simia nemœus de Gmelin. Quelques naturalistes avaient pensé que ce Singe devait être séparé génériquement des semnopi- thèques à raison de l'absence de callosités ischiatiques * ; mais cette particu- larité n’existe pas et ne lui avait été attribuée que sur l'inspection d’une dé- pouille incomplète ou mal préparée donnée à Buffon par Poivre et faisant encore aujourd'hui partie des collections du Muséum. Le Douc habite les provinces septentrionales de la Cochinchine; Eydoux et Souleyet, lors de l’expédition de la Bonite, en rencontrèrent des troupes nombreuses près de Tourane. A. Illiger en a formé le genre Lasiopyga.— Geoffroy Saint-Hilaire l'a pris pour type de son genre Pygathrix. 8 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Un peu plus au sud, dans la même contrée, aux environs de Saïgon et dans les forêts qui bordent le Mékong vers son embouchure, ce Sem- nopithèque est représenté par une autre espèce dont le Muséum a recu les premiers exemplaires par les soins de l’un de ses correspondants les plus 1élés, M. R. Germain. Ce Singe, que j'ai désigné sous le nom de Semno- pithecus nigripes *, ressemble beaucoup au S, nemœæus ; il appartient évi- demment au même iype subgénérique, mais on l’en distingue au premier coup d'œil par le mode de coloration des pattes. En effet, chez le Douc, les poils qui garnissent les pattes postérieures depuis le bas des cuisses jusqu'à l'origine des doigts sont d’un roux ardent qui tranche avec la teinte grise des hanches et du dos et avec la teinte noire des doigts. Dans l’espèce que nous faisons connaître ici, ces pattes sont uniformément noires depuis Ja naissance de la queue jusqu'aux ongles. Les pattes antérieures sont d'un gris noirâtre tiqueté de blanc et répandu d’une manière uniforme, tandis que chez les Doucs adultes l’avant-bras devient blanchâtre. Ce sont là les particularités extérieures les plus remarquables du Semnopithecus nigripes ; on retrouve chez lui la même distribution générale des couleurs que chez l’espèce décrite par Buflon. La face est presque nue et surmontée d’un bandeau frontal de poils noirs dressés et dirigés un peu en avant. Au contraire, chez le Douc, ces poils, d’un noir moins intense, sont couchés et dirigés en arrière. Geof- froy Saint-Hilaire, attribuant peut-être une valeur exagérée à la direction des poils de la tête, se base sur ce caractère pour établir 4 sections dans le genre Semnopithèque ; or, si l’on adoptait cette manière de voir, on serait conduit à placer le Semnopithecus nigripes dans la 3° section de Geoffroy, tandis que le S. nemœus appartient à la première. Or cette classification serait évidem- ment en désaccord avec les affinités naturelles de ces animaux. Les favoris du Sem. nigripes sont beaucoup plus noirs et plus courts que ceux du Douc de Buffon. Mais on retrouve à la base du cou et au-devant de la poitrine le même collier noir bordé de roux. Le dos, les flancs et le ventre sont couverts de poils d’un gris clair brillant tirant légèrement sur le jaune et finement annelés de gris beaucoup plus foncé et souvent presque noir. L’écusson pré- caudal ressemble tout à fait à celui du Douc ; il est d’un blanc pur et se ré- trécit graduellement en arrière jusqu’à l’origine de la queue, qui est entière- ment blanche et très-allongée. 1. Voyez pl. 1. BULLETIN. 9 Ce mode de coloration paraît ne pas varier avec l’âge, car il se retrouve sur un très-jeune individu de cette espèce que le Muséum a également reçu de M. R. Germain. Les caractères ostéologiques de ces dore confirment aussi la distinc- tion spécifique que j’ai cru devoir établir entre le Douc aux jambes rouges et le Douc aux jambes noires. Les proportions des diverses parties du squelette sont très-diflérentes. La tête du Semnopithecus nigripes est relativement beaucoup plus petite. Les membres sont, au contraire, plus allongés. Ainsi, si l’on prend pour ces deux espèces, comme unité de mesure, la longueur totale de la colonne vertébrale comprise entre la tête et le sacrum, on obtient _les résultats suivants : PM RM Longueur de la colonne vertébrale, comprise entre la tête et le sacrum.,. . . . . . Re 100 100 Longueur totale de la tête. . . . . . . . . 28 31 ’ SD AD QUE CE HU PU Dee ; 59 56 ER Sen 7. + ‘ 55,5 48 Humérus . . HN PA NC E ER 49 47 NOR OT TO ed ee 4 58 53 J'ajouterai que la tête offre une forme plus ramassée * ; la boîte crà- nienne est plus déprimée et moins voûtée; la région cécité se prolonge moins en arrière, et la ligne courbe qui la limite supérieurement se relève davantage. La face est plus courte, le nez est notablement plus étroit et plus enfoncé. La description que je viens de donner a été faite d’après deux femelles adultes et un très-jeune individu mâle. Ainsi qu'il l’a été dit plus haut, deux de ces Singes ont été donnés au Muséum par M. R. Germain et le troisième a été envoyé au même établissement par M. Pierre, directeur du jardin bota- nique de Saïgon. 4. Voyez pl. 1. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Semnopithecus nigripes (A. M. Edwards), individu femelle et adulte rapporté de Saïgon par M. R. Germain, correspondant du Muséum. PLANCHE II. Fig. 4. Tête osseuse de Semnopilhecus nigripes, vue de côté, de grandeur naturelle. Fig. 2. La même, vue de face. Fig. 3. Face inférieure de la tête. Fig. 4 La même, vue en dessus. Fig. 5. Série des dents de la mâchoire supérieure, grossies. Fig. 6. Série des dents de la mâchoire inférieure, grossies. DESCRIPTION QUELQUES SAURIENS NOUVEAUX ORIGINAIRES DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE PAR M. BOCOURT Attaché au Muséum d'Histoire naturelle. ANOLIS A ÉCAILLES ABDOMINALES LISSES a. Plaques surorbitaires en contact sur le vertex. * Écailles du dos lisses, granuleuses, aussi petites que celles des flancs. ANOLIS BREVIROSTRIS! IN. sp.) Caractères. — Corps trapu. Tête forte, quadrangulaire, de même lon gueur que le tibia * ; museau court, couvert d’écailles lisses, polygonales, de dimensions assez grandes. Narines latérales, séparées l’une de l’autre par quatre rangs longitudinaux de squames quadrilatères, saillantes, mais non carénées. Demi-cercles surorbitaires en contact, sur le vertex, et formés de trois paires 1. La tête de cette espèce, ainsi que celle de la suivante, seront figurées à titre de compa- raison. (Exp. scient. Mexique, Zool., 3° partie, pl. xIv, fig. 6-7.) 2. La longueur du tibia est prise entre son articulation avec le fémur et le talon; celle de la tête du bout du museau à l'oreille. 4? NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. de plaques. Cavité préfrontale très-étroite. Sur chaque région susoculaire, des granulations entourent un disque, composé de sept à dix scutelles angu- leuses, unies et disposées sur deux rangs. Occipitale grande, circulaire, quel- quefois en contact avec les surorbitaires, mais, le plus souvent, séparée de ces dernières par une rangée de petites écailles. Cinq ou six paires de la- biales sur chacune des mâchoires. Arcade sous-orbitaire formée par une seule rangée d’écailles carénées. Infra-labiales bombées, lisses, assez grandes près de l'extrémité inférieure du museau. Hauteur du trou auriculaire n’égalant pas ordinairement la longueur de l’occipitale. Écailles du dessus et des côtés du corps, petites, lisses, granuleuses. Ventre protégé par des scutelles plus grandes et lisses, et celles des membres également lisses. Queue forte à la base, faiblement comprimée, portant en dessus une rangée médiane d’écailles plus volumineuses que les autres; celles de la région inférieure, d’abord lisses et subquadrilatères, mais, sur les deux derniers tiers de son étendue, imbriquées et fortement carénées. Fanon peu développé. Coloration. — Des vermiculations d’un gris bleuâtre se détachent sur un fond brun; entre l'oreille et l'épaule il y a, de chaque côté, une tache noire bien circonscrite par un liseré blanc ; chez le mâle, deux lignes claires passent, l’une au-dessus de cette tache, et l’autre au-dessous, et se perdent sur le commencement du tronc ; face supérieure de la tête brune, avec une étroite bande plus foncée, placée en travers sur les orbites ; deux autres, une de chaque côté, prenant naissance derrière les yeux, se réunissent sur l’occiput. Le dos et la queue sont coupés transversalement par des taches de même couleur ; le ventre et la poitrine sont blanchâtres ; la gorge, chez le mâle, est ondulée de brun pâle, et, chez les femelles, de brun noirâtre. Longueur tôldiés "ut 6720. 0m,083 Longueur de la tête, prise du bout dt museau au our. 0®,010 Largeur de la tête en arrière . , “sx «+ COS Longueur du tronc, entre le on et re SDS Le Longueur de la queu ë A 0 ce Lonteec VE RAl ss Se 0,095 Longueur du tibia. . . . . ets ges pes. 0,10 L'Anolis brevirostris, par plusieurs caractères et par son système de colo- ralion, est très-voisin de l’Anolis lucius, Dum. et Bib.; cependant il peut BÉLLETIN. 43 en être distingué facilement par des dissemblances importantes : le museau est plus court et il est recouvert d’écailles moins nombreuses, surtout celles placées entre les narines et la cavité préfrontale. Le Muséum possède trois exemplaires de cette espèce : un mâle et deux femelles ; le premier se reconnaît à une plaque occipitale un peu plus petite, à une coloration moins sombre et à des taches mieux marquées, Ils ont été recueillis à Haïti par M. Sallé et donnés au Muséum par M. Séraphin Braconnier. ANOLIS CYNOCEFPMHALUS, Nov. sp. Caractères. — Corps trapu et membres médiocres. Tête assez forte, plus longue que le tibia, couverte, en grande partie, de plaques lisses et polygo- nales. Narines latérales, séparées l’une de l’autre par sept rangs longitudinaux de petites squames carénées. Demi-cercles surorbitaires composés de sept paires de plaques allongées, dont une seule paire est en contact sur le vertex. Cavité préfrontale légèrement rhomboïdale. Chacun des disques suroculaires, composé de sept à neuf squames polygonales, lisses, d’inégales grandeurs. Occipitale ovale, une fois plus longue que le trou auriculaire n’est haut, et séparée des surorbitaires par deux rangées d’écailles. Scutelles mentonnières assez larges, suivies de granulations fort petites. Sept à huit paires de labiales sur chacune des mâchoires. Infra-labiales en dos d’âne. Arcade sous-orbi- taire formée par une seule rangée d’écailles carénées. Granulations du dessus et des côtés du corps, médiocres, égales, non imbriquées, circulaires, con- vexes et lisses. Abdominales plus grandes, lisses et très-bombées. Queue forte à la base, faiblement comprimée dans le reste de sa longueur, portant une légère dentelure à la partie supérieure et médiane ; écailles de la région inférieure, d’abord lisses près de l'anus, où il y en a quelques-unes plus grandes que les autres, mais très-nettement carénées sur les neuf dixièmes du reste de son étendue. Fanon développé. Coloration. — Un gris foncé règne sur les régions supérieures du corps, mais relevé par quelques taches brunes, mal circonscrites. Les régions infé- rieures sont d’un blanc jaunâtre, excepté la gorge qui est teintée de noir. * Ah NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Longuonr'tntale. 5958 CRE Rte Ge TRE . «0m,425 Longueur de la tête, prise du bout du museau au tympan. 0,013 Largeur de la tête en arrière. . . . + + + + + + : + + + 0®,0085 Longueur entre le tympan et l'anus. . . . . . . . . s'e N'y Longueur de la queue. . . . . . . + . . . . . Eve 008 Longueur du fémur. . .:. . . . « + + . «+ + + + + 0,040 Longueur du tibia . ... . . . . . Éd R'ÉUS : à0 0,011 Le Muséum possède un seul exemplaire mâle de cette espèce ; il à été recueilli à Cayenne par Leprieur. Dans son ensemble, et par quelques carac- tères tirés de l’écaillure, il offre de la ressemblance avec les Anolis lucius et brevirostris, mais il peut s’en distinguer facilement par les différences sui- vantes : 4° ouverture auriculaire petite, ‘relativement à la grandeur de la plaque occipitale ; 2° demi-cercles surorbitaires en contact sur le vertex par une seule paire de plaques et non par trois; 3° membres postérieurs plus courts comparés à la longueur de la tête. ANOLIS FUSCO-AURATUS, d'Orbigoy!. b. Plaques surorbitaires séparées sur le vertex. * Écailles du dos carénées, presque aussi petites que celles des flancs. Caractères. — Tête assez forte, couverte d’écailles subégales et carénées, à peine plus longue que le tibia. Museau large, arrondi. Demi-cercles sur- orbitaires séparés sur le vertex par deux rangées d’écailles. Cavité préfrontale rhomboïdale. Sur chaque région susoculaire, des granulations entourent un disque de dix à douze petites plaques polygonales et carénées. Occipitale ovale, un peu plus longue que le trou auriculaire n’est haut, entourée de pe- tites squames anguleuses à peine carénées, dont trois rangées la séparent des arcades surorbitaires. Neuf paires de labiales en haut et onze en bas ; au- dessus des supérieures, un seul rang d’écailles sous-orbitaires. Squames du A. Anolis fusco-auratus, d'Orbigny, Amér. mérid., 1835-4184 &. Rept., t, I, fig. 2. — Id., Dum. et Bib. Erpét. génér., t, IV, p. 410. — Gray, Cat. spec. Liz. Br. Mus., 1845, p. 205. — Anolis viridiæneus, Peters, Monatsber. Akad. Wissensch., Berlin, 1863, p. 447. BULLETIN. 15 dos et des flancs non imbriquées, comme granuleuses, les premières moins petites que les secondes Abdominales lisses, Pas de crête cervicale ni de crête dorsale. Queue grêle, assez longue, très-faiblement comprimée, offrant, en dessus, une faible arête écailleuse. Coloration. — Dessus du corps d’un brun doré ; sur la tête, une bande plus claire placée en travers des yeux. Parties inférieures blanchâtres, nuagées de brun. Longueur totale du spécimen type.. . . . , . . . . . , 0®,139 Longueur de la tête, prise du bout du museau au tympan. 0,014 LaProur de la 168 an ane 5750 TV, 0w,007 Longueur du tronc entre le tympanet l'anus. . . . . . . 0m,033 Longueur de la queue. . . Sidi dE, dia ie cuis: : 08,008 Bongo NM. es Gcruos on 0m,010 DDR UN ME ie on De es à etre à . 0,041 Tels sont les principaux caractères de l’Anolis fusco-auratus d'après l'exemplaire femelle rapporté par d'Orbigny de la province du Moxas, répu- blique de Bolivia. Un deuxième exemplaire du même sexe, beaucoup plus grand, et déterminé par Bibron, a été acquis, après la publication du qua- trième volume de l’Erpétologie générale, comme venant de l'Amérique méridio- nale, sans localité précise. Dernièrement le Musée de Berlin a bien voulu envoyer en communica- tion au Muséum plusieurs espèces précieuses, récemment décrites par M. le professeur Peters, dont l'une, Anolis viridæneus, 9, originaire de Quito, me semble, par ses caractères, être identique au type de d'Orbigny, dont il a précisément la taille. Dans le même envoi se trouvaient deux autres petits Anolis ‘ mâles, non nommés, paraissant également appartenir à l'espèce dite Fusco-auratus; ils proviennent de Puerto-Cabello et sont parfaitement semblables à un spécimen du Musée de Paris, rapporté du Brésil par M. Grandidier. Tous trois, com- parés à l'individu type, offrent quelques particularités dues uniquement, sui- vant nous, à la différence des sexes : 1° fanon mieux développé; 2° des écailles un peu plus grandes que les autres placées derrière l'anus, à la base 4. La tête de cet anolis ainsi que celle du grand exemplaire déterminé par Bibron seront figurées à titre de comparaison, Exp. scient. Mexique, pl. x1v, fig. 16, 46%. 16 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. de la queue; 3° museau un peu plus étroit ; h° demi-cercles surorbitaires, sé- parés sur le vertex par une seule rangée d’écailles et non par deux ; 5° colo- ration moins brune; une petite tache noire sur l’occiput et une autre un peu plus grande sur chacune des épaules ; membres postérieurs ornés de bandes transversales brunes se détachant sur des tons plus clairs. En dessous, la co- loration est blanchâtre, également nuagée de brun ou de roux léger. L'Anolis fusco-auratus se rapproche par quelques-uns de ses caractères de l’Anolis Schiedii, Wiegmann ; mais les particularités suivantes l’en distin- guent à première vue : la plaque occipitale est plus grande et les membres plus courts; la longueur du tibia chez l’Anolis fusco-auratus ne dépasse jamais celle de la tête, tandis que chez l’Anohs Schiedii la longueur de la tête est toujours dépassée par celle du tibia. | ANOLIS A ÉCAILLES ABDOMINALES CARÉNÉES. ANOLES WEHLLRAMSHE, Nov. sp. ! Caractères. — Tête à museau étroit, plus longue que le tibia, couverte d’écailles, en grande partie lisses. Narines termino-latérales, séparées l’une de l’autre par cinq ou six scutelles, faiblement carénées, et plus longues que larges. Cavité préfrontale oblongue, garnie de squames moins petites, lisses et à cinq pans. Demi-cercles surorbitaires séparés sur le vertex par une seule rangée de scutelles. Chacun des disques susoculaires lisses, composé de neuf ou dix plaques, sur trois rangées longitudinales, les plus grandes appartenant à la rangée interne, et toutes entourées de granulations. Plaque occipitale grande, aussi longue que l'ouverture horizontale de l’œil, entourée de scu- telles lisses, dont deux rangées la séparent des surorbitaires. Neuf labiales sur chacune des lèvres; au-dessus des supérieures un seul rang d’écailles sous-orbitaires. Une lamelle squameuse étroite et très-allongée, sur les bords sourciliers, se liant de chaque côté à l’arête anguleuse du museau. Ré- gion frénale, garnie de cinq ou six rangs de petites scutelles lisses. Infra- 1. La tête de cette espèce sera figurée, à titre de comparaison : Expéd. scient. Mexique. Zool., 3° partie, PI. xmi. BULLETIN. 17 labiales nombreuses et faiblement carénées. Hauteur du trou auriculaire éga- lant à peine la moitié de la longueur de la plaque occipitale. Abdominales imbriquées et carénées. Celles du dos plus petites, également carénées, mais plus grandes que les granulations des flancs. Queue subarrondie, à scutelles assez grandes en dessous. Chez le mâle, fanon bien développé, pas de plaques sexuelles derrière l'anus. Coloration. — Parties supérieures du corps d’un brun clair verdâtre; avec les membres un peu plus foncé; sur chacune des jambes une tache jaune arrondie. Région inférieure d’un blanc jaunâtre ; une large tache vio- lacée sur le fanon. Longuour'tolale.. sise. corses à M) D 0,455 Longueur de la tête, prie du bout du museau au tympan, 0,013 Largeur de la tête en arrière. . . . . . . . . . ". . . + 0,007 Longueur du tympan à l’anus. . . . . . RUE, AO À 0m,035 1/2 Longueur:de la queue. + . 5, 1, ne 6h iete te 0,036 Longueur du fémur. .: .... 4e... «uetmelliieis 0w,040 1/2 LOTO ON RS 4 de . « «ns à + 0m,041 1/2 L'Anolis Williamsii, quoique un peu desséché, se trouve dans un assez bon état de conservation, il ressemble, malgré son museau un peu plus allongé, aux Anolis læviventris Wiegmann et binotatus Peters; il a comme le premier les écailles sus-céphaliques en grande partie lisses, mais en difère par les particularités suivantes : 1° Plaque occipitale plus grande, 2° écailles ventrales mieux carénées, 3° pas de plaques sexuelles placées derrière l’anus. Quoique ce manque de plaques sexuelles le rapproche de l'A. binotatus, il est encore facile de l’en distinguer : 1° Plaques sus-céphaliques plus grandes et moins nombreuses, 2 disques sus-oculaires composés chacun de trois ran- gées longitudinales de scutelles lisses, et non de deux rangées carénées. Cet Anolis, représenté au Muséum par un seul spécimen mâle, a été recueilli à Bahia (Brésil) par M. Williams. EMYDACTYLUS BOUVIERI, Nov. sp. Caractères. — Doigts complétement libres, non réunis par une mem- brane, terminés par une portion grêle. Cinq ongles à toutes les paltes. VI, C 18 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Écailles du museau et celles du dos de dimensions égales ; plus petites sur le front, les tempes et l’occiput. Queue courte, déprimée, plus élargie au milieu qu'à la base. Description. — Dos et côtés du corps revêtus d’écailles aussi peu dila- tées les unes que les autres; plaque du menton de moyenne grandeur, aussi longue que large, triangulaire, ayant l'angle postérieur enclavé entre les deux squames suivantes; celles-ci plus petites, pentagonales, ont chacune leur côté externe en contact avec la première sous-labiale; plaque rostrale plus large que longue, subrectangulaire, divisée postérieurement à la partie médiane par un sillon longitudinal; narines petites, circulaires, percée l’une à droite, l'autre à gauche, entre la plaque rostrale et la première sus-labiale; ‘quatorze scutelles sur chacune des lèvres; lames sous-digitales peu nom- breuses et échancrées; pouces courts. Queue n'ayant pas la moitié de la longueur totale de l'animal, légèrement déprimée, rétrécie à la base, pointue à l'extrémité, protégée en dessus par des écailles circulaires plus grandes que les dorsales ; des scutelles transversales la garnissent en dessous, remplacées par endroit par des écailles circulaires mais plus grandes que celles qui recouvrent sa partie supérieure. Coloration. — En dessus, sur un fond fauve clair, se détachent sur le tronc cinq ou six larges bandes transversales brunes, reliées entre elles de chaque côté par une ligne longitudinale de même couleur, prenant naissance à l'extrémité du museau, passant sur les tempes, le cou et les flancs. Les lèvres ainsi que les régions inférieures du corps, d’un brun jaunâtre. Longueur OS Sn 0,058 Fi À UD ne At NE AR PS Cr 0,036 Qhemissiis crier 807 Se -SES HIpas“E. 0,022 DAS OS RES ie 4 n us 0",009, 0®,007 Le Muséum possède trois exemplaires de cette jolie espèce, appartenant à la subdivision des DacryLotÈèLes FissiPèpes, qu’il doit à M. A. Bouvier, qui les a recueillis à Saint-Vincent, une des îles du Cap-Vert. DIAGNOSES D’ESPÈCES NOUVELLES MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE LA PRINCIPAUTÉ DE MOUPIN, THIBET ORIENTAL ENVOYÉES AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS PAR M. L’ABBÉ ARMAND DAVID Missionnaire PAR G.-P. DESHAYES 4. HELIX RUPELLIHI. Des. H. testa globosa, depressiuscula, nitida, atro-castanea, spira breviuscula convexa, apice obtusa; anfractibus quinis, angustiusculis, sutura subcanalicu- lata separatis, undique, sub lente quinquoncialiter puncticulatis, striis obli- quis irregularibus notatis; ultimo anfractu ad peripheriam obtuse subangulato, subtus basi depressiusculo, angustissime perforato; apertura semilunari, paulo obliqua, intus vivide castanea ; labro angusto, reflexo, rubescente, lamina tenui perforationem umbilicalem obtegente. : Diamètre antéro-postérieur . . . . . + + + - 21 mill. Diamètre laléral, . . . + . . + + : + © « - : 18 — Épaisbede, FR. OR SN es 45 — 10 — Épaisseur du dernier tour : . . . . . + + . 20 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. %. HELIX ARBUSTICOLA. Desh. H. testa globosi, subsphærica, pallide castanea, strigis maculisque albes- centibus obscure marmorata; spira obtuse conoidea; anfractibus senis, angustis, primis planulatis, angulatis, alteris convexis, sutura angustiuscula junctis, oblique irregulariter striatis : striis ad suturam profundioribus. Ultimo anfractu convexo, spiram superante, basi depresso profunde et anguste umbi- licalo, ad aperturam paulo deflexo; apertura minima, alba, lunato-subcirculari, paulo obliqua; margine tenui, superne vix reflexo, basi et ad umbilicum magis dilatato. Diamètre antéro-postérieur . . . . . jee sc :288 mil. Done RS à 20 — D sd 20 — Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . . . AM — N. B. Elle a beaucoup d'analogie avec notre Helix arbustorum. 3. HELIX DAVIDEH. Desh. H. testa minima, depresso-turbinata, basi dilatata, pallide rubescente, spira brevi, obtusa; anfractibus quaternis, rapide crescentibus, convexius- culis, sutura simplici junctis, irregulariter tenue striatis, ultimo maximo, dilatato, compresso, ad aperturam lente deflexo, subtus angustissime perfo- ralo; apertura ampla, obliquissima, subcirculari; peristomate simplici, tenui, vix reflexo, in penultimo anfraclu vix interrupto, lamina reflexa perforationem umbilicalem obtegente. Diamètre antéro-postérieur. . . . . . . . +. + 40 mill. UE ic je re 8 — I ÉPOPEPRRRE PER sie UMTS. QU 6 — Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . 0 D A. HELIX PLICATILIS. Desh. H. testa minima, depressiuscula, turbinata, basi dilatata, tenui, pellu- cida, erubescenti; spira brevi, obtusissima; anfractibus quaternis, rapide BULLETIN. 1 crescentibus, convexis, sutura impressa junctis, plicis crassis, profundis, inæqualibus, irregularibus notatis; ultimo maximo, dilatato, compresso, lente deflexo, basi umbilico angusto, pervio; apertura magna, circulari, peristomate tenui, vix reflexo, vix soluto, basi lamina dilatata umbilicum partim obte- gente terminato. Diamètre antéro-postérieur . . . . . . . . . . - 8 mill. Date MOIS 5 5 5e rar r Ha ns de dé. de ts 6 — Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . . . & — 5. HELIX INOPINATA. Deh. H. testa orbiculato-depressa, subdiscoidea, tenui, pallide rufescenti, nitida, substriata ; spira brevissima, obtusa ; anfractibus senis, angustiusculis, primis planis, alteris convexiusculis, sutura simplici, depressa separatis ; ultimo magno, ad periphæriam superiorem obtuse angulato et zonula alba in angulo posita, subtus convexo, profunde umbilicato; apertura obliqua, non deflexa, ovato semilunari, peristomate albo, supra vix reflexo, basi circa um- bilicum dilatato. | Diamètre antéro-postérieur. . . . . . . . . . 25 mill. DONS MN... die nue 0.» 5 0 20 — PE se ue es « «à Leurs 6e 8 Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . . . 40° — G. HELIX THIBETICA. Des. H. testa depressa, discoidea, tenui, fragili, squalide griseo-fusca; spira planulata ad apicem vix proeminenti; anfractibus quinis, lente crescentibus, convexiusculis, sutura profunda separatis, primis lævigatis, alteris profunde et irregulariter plicatis, ultimo superne ad periphæriam angulo proeminenti crenulato circumdato, subtus plicato, basi late profundeque umbilicato ; aper- tura tenui, vix obliqua, albella, lunato-subcirculari, margine interrupto, reflexiusculo. br A NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Diamètre antéro-postérieur. . « . . .. . . . 49 mill. DA RER 2), ne à x 16 — D ea ne es d'amis 9 — Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . . . T — 7. HELIX ALPHONSE Desh. H. testa depressa, orbiculato-discoidea, tenui, fragili, cornea, fusca, albo- lutescente, oblique lineata et irregulariter punctata; spira depressa, vix con- vexa; anfractibus septenis, angustis, subæqualibus, superne minute plicatis, concentrice substriatis; ultimo superne angulato, subtus convexo, lævigato, basi late umbilicato ; umbilico perspectivo ad aperturam paulo deflexo ; aper- tura semilunaris, obliqua, leviter coarctata, labro tantisper sinuoso, reflexo ; labio columellari lato, incrassato dentiformi. Diamètre antéro-postérieur. . . . . . . . . . 9 mill DÉMARRER EE EIRE ER . 8 — as mac 6h54 Ua cHOOUE Épaisseur du dernier tour . . . . . « . . . . 3 — Espèce fort remarquable rappelant les formes discoïdes de l'Amérique méridionale. S. HELIX SUBECHINATA. Desh. H. testa orbiculari, depressa, subdiscoidea, cornea, epidermide nigres- cente subspinoso hirsuta; spira brevi, obtusa, conoidea; anfractibus senis, angustis, lente crescentibus, convexis, sutura profunda junctis; ultimo anfractu cylindraceo, basi late umbilicato, ad aperturam paulo incumbente ; apertura minima, obliqua, circulari, candida; peristomate tenui, paulo reflexo, vix superne soluto. Diamètre antéro-postérieur. . . . . . . . . . 7 mill. Diamètre latéral. . . . . VERT UN 6 — Hauteur . . . . BORIS à de RU EE Épaisseur du dernier tour . . . . . . . . . Pr BULLETIN. 28 9. HELIX BIANCONIEI. Des. H. testa minima, depressa, discoidea, corneo-fusca, tenui, pellucida; spira vix proeminenti, convexiuscula, obtusissima; anfractibus quinis, angustis, convexis, sutura lineari profunda junctis, regulariter tenue striatis; ultimo anfractu duplo latiore, convexo, subtus striis minoribus, late umbilicato : umbilico patenti, perspectivo; apertura minima, depressiuscula semilunari; labro tenui, acuto, fere recto, non reflexo, extremitatibus distan- tibus. Diamètre antéro-postérieur. . . . . + « + + + : 5 mill, Diamètre latéral . . . . . . Us nie & 1/4 PRO Là NTI ve SU tr DS à 2 — Épaisseur du dernier tour. . . . . . . . . . . 1 1/4 10. HELIX MOUPINIANA. Desh. H. testa subglobosa, depressiuscula, tenui, vitrea, pellucida, pallide flavo-virescente, lævigata, nitida; spira brevi, convexa, apice obtusissima ; anfractibus quaternis, angustis, convexis, Sutura angusta, paulo depressa junctis; ultimo magno, convexo, subtus integro, imperforato; apertura semi- lunari, obliqua, peristomate tenui, obtusiusculo, non reflexo, simplici, extre- mitatibus late disjunctis. Diamètre antéro-postérieur. . . . . + . . 8 mill. Diamètre latéral . . . . . . . . . . SRE < HÈSTIÉE 04 Hautalr. 1. 4 mit smile Area * 5 — Épaisseur du dernier tour. . . . « + . + + + + & — 41. BULIMUS DAVIDEI Desh. B. testa elongata, turrita, subfusiformi, castanea, lineis albulis cretaceis angustis decorata; spira elongata, convexiuscula, apice obtusa; anfractibus 2h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. decimis, primis angustis, convexis, tribus ultimis rapide crescentibus, planulatis, longitudinaliter et irregulariter striatis, ultimo tertiam partem testæ æquante, antice paulo attenuato, convexo, basi anguste fissurato; apertura ovato-elongata, intus violaceo castanea, paulo obliqua ; labro tenui reflexo, lamina columellari lata fissuram columellarem obtegente. Diamètre du dernier tour a PUR EE PORAUES SM, Hauteur de la spire. . . . . . . . . . . . . . 29 — Hauteur du dernier tour. . . . . . . . . PL 2. BULIMUS BAUDONHI. Des. B. testa elongato-turrita, subfusiformi, apice acuta, albo-cretacea, cor- neo-rufescente, longitudinaliter strigata; spira longissima ; anfractibus novenis, lente crescentibus, convexis, irregulariter striato-plicatis, sutura profunda, simplici junctis; ultimo anfractu brevi, basi angustissime perforato ; apertura alba, ovata; peristomate incrassato, extus reflexo, fere continuo, lamina columellari lata, crassiuscula, fissuram umbilicalem obtegente. Diamètre du dernier tour . . Hauteur de la spire, Hauteur du dernier tour 3. BULIMUS MOUPINIENSIS. Desh. B. testa elongato-turrita, subfusiformi, paulo ventricosa, corneo-fusca, pellucida, obscure striata ; spira elongata, acuta; anfractibus octonis, convexis, ultimis rapide latioribus, convexis, sutura profunda lineari junctis, obscure albulo strigatis et maculatis; ultimo anfractu tertiam partem testæ paulo su- perante, convexo, basi angustissime fissurato; apertura ovata, posterius acuta ; peristomate tenui, angusto , reflexo, lamina columellari angusta fissuram columellarem obtegente. Diamètre du dernier tour Hauteur de la spire, . , Hauteur du dernier tour PER EN RATS 4 BULLETIN. 925 A4. BULIMUS MACROCERAMIFORMIS. Desh. B. testa elongata, turrita, conica, brevicula, ad basim paulo dilatata, tenui, fragili, fusco-grisea; spira elongato-conica, apice obtusa ; anfractibus octonis, angustis, lente crescentibus, convexiusculis, subimbricatis, oblique substriatis, sutura lineari simplici junctis; ultimo brevi, globuloso, basi anguste perforato; apertura minima ovato-subcirculari, obliqua, basi brevi; peristomate albo, simplici, acuto, aliquantisper intus incrassato, columella paulo expansa, perforationem umbilicalem obtegente. Diamotro du défier Ours 5-5, - Us vo 6 mill. Hauteur 0e MIE "Te PPT ETS 12 — Hauteur du defhiertoutfi ts: LR DER, 5 = 4. CLAUSILIA THIBETIANA,. Desh. C. testa magna, solidula, elongata, fusiformi; spira elongata, apice obtu- sissima, in medio ventricosiuscula, flavo-virescenti; anfractibus novenis, primis angustiusculis, paulo convexis, minutissime striatis, ultimis subito multo Jatioribus, planulatis; ultimo angustiore, coarctato, basi convexo, lateraliter vix gibboso, anguste rimato, striis ad aperturam paulo latioribus et cras- sioribus; apertura magna, ovata, alba, lunella profunda, plica palatali maxima et altera laterali multo minori separata; plica columellari magna, oblique ascendente, altera plica minori antice contorta partim obte- gente. Diamètre du dernier tour : 4 - 5... .. : 7 mill. Hauteur de la spire. … +... . 29 — Hauteur'du' dermier tour. 2 27. PSE à A1 — 2. CLAUSILIA SERRATA. Des. C. testa sinistrorsa gracili, elongata, subfusiformi, ad apicem attenuala, corneo-fusea ; spira elongata, apice obtusa; anfractibus duodenis fere planis, d VE 26 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. conjunctis, sutura lineari simplici junctis, tenue et obsolete striatis ; ultimo an- fractu brevi, paulo coarctato, penultimo angustiusculo, basi regulariter con- vexo, non gibboso, striis eminentioribus prædito; rimula angusta, fere occlusa; apertura minima, alba, peristomate continuo, crassiusculo, lunella profunda, plica proeminenti separata; plica profunda columellari obliquissime ascen- dente ; labio sinistro tri vel quadricrenulato; crenula prima majori in margine contorta et aperturam intrante. PANOUG ON OOPRIOT LOUE 0 TS 0 5 mill. 4/2 Hauteur dé: I ape ist... PRE 24 — Hauteur du defnipi OU rca ie ler qromenite T — 3. CLAUSILIA GIBBOSULA. Desh. C. testa elongato-fusiformi, in medio ventricosiuscula, flava; spira elon- gata, apice obtusa; anfractibus novenis, primis quinque angustis, regularibus, lente crescentibus, tenuissime et regulariter striatis, sutura profunda junctis, tribus anfractibus sequentibus multo latioribus; ultimo subdisjuncto, attenuato, coarctato, basi dorso gibbosulo, ad aperturam striis paulo eminentioribus ; apertura minima, ovata, alba; peristomate reflexo, continuo, ad dextram latiore, sinuoso, plicis duabus valde proeminentibus et divergentibus ; lunella parva. Diamétre-du dérnier tour: ain. 2 Ses &otmiit, Hauteur de là spire. ..:, ., . , .,. . … . … 14 — Hauteur du dorer t00r 5 5". 4, 4 D un 41. LIMNEA DAVIDII D«h. L. testa ovato-ventricosa, pellucida, succinea, nitida; spira brevi, conica, apice acuta; anfractibus quinis, angustis, lente crescentibus, con- vexis, lævigatis, sutura profunda subcanaliculata junctis; ultimo maximo, paulo cylindraceo, basi convexo, profunde umbilicato; apertura ovata, oblonga, posterius acuminata; lahro tenui, acuto, simplici, non reflexo; columella BULLETIN, 27 alba, lata, solida, cylindracea, simplici, basi dilatata umbilicum partim obte- gente. Diamètre du dernier tour. , PE PAT AE Reel PT «LL Haulour de la coquille, : - . 4. 7 . : 1/2 Hauteur du dernier tour, . . . 4. PLANORBIS THIBETANUS. Des. PI. testa minima, depressa, orbiculari, flava, tenui, pellucida, irregula- riter tenue striata, utroque latere æqualiter late umbilicata, subtus paulo pro- fundiore ; anfractibus quaternis, centralibus angustis, ultimo latiore, depresso, ad peripheriam convexo; apertura oblique ovata, transversa, tantisper dila- tata; marginibus acutis, simplicibus. Diamètre de la coquille Hauteur. . Diamètre transverse du dernier tour. . RECTIFICATION DES CARTES RELATIVES AU VOYAGE EN MONGOLIE PAR M. L'ABBÉ A. DAVID. Par suite d’une inadvertance du dessinateur, il s’est glissé deux fautes dans la reproduction des cartes du voyage en Mongolie. 4° Au tome IT, planche 4, la ligne qui indique l'orientation est erronée et doit disparaître : celle-ci se trouve marquée sur la ville de Suen-hoa-fou. 2 Au tome IV, planche 2, la dernière partie de la carte, à partir de la plaine de Mao- min-ngan, qui indique une région bien différente, doit en être séparée et renversée précisément en sens contraire, de manière que le haut montrera le Nord, comme à l'ordinaire, et le bas le Sud. C’est à la page 81 de la seconde partie du journal qu'il est fait mention du lac de Taé-haé. RAPPORT SUR LES DÉGATS OCCASIONNÉS DANS LE DÉPARTEMENT ZOOLOGIQUE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR LE BOMBARDEMENT DE CET ÉTABLISSEMENT SCIENTIFIQUE PAR LES PRUSSIENS PRÉSENTÉ A L'ASSEMBLÉE LE Â1 FÉVRIER 4871 PAR MM. MILNE-EDWARDS, BLANCHARD ET DESHAYES Jusqu'ici nos Rapports ont toujours eu pour objet l'expression de notre reconnaissance envers les amis des sciences qui avaient contribué à l’accrois- sement de nos moyens d'étude, ou la constatation de quelque autre service rendu à la zoologie. La note que nous déposons aujourd’hui dans nos ar- chives a un caractère différent. Elle est destinée à faire connaître une partie des ravages dus au bombardement du Muséum par l’armée prussienne. Un des principaux points de mire choisis par l'ennemi paraît avoir été le kiosque élevé qui surmonte l’'éminence connue sous le nom de Labyrinthe et qui est situé à quelques mètres de la galerie de Buffon, de nos grandes serres, de nos laboratoires de zoologie et de l'hôpital de la Pitié, ainsi que des ambu- lances établies dans l’intérieur du jardin, depuis le commencement du siége, pour nos soldats blessés. Aux yeux des Prussiens ce choix devait paraître bon, car nulle part ailleurs, dans les quartiers accessibles à leurs projectiles, ils ne pouvaient espérer trouver réunis dans un petit espace tant de trésors 30 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. scientifiques à détruire et tant d’êtres humains incapables de se défendre ou même de se soustraire au danger. Aussi les obus y ont-ils été envoyés sans relâche; quarante-sept de ces projectiles sont tombés sur l'hôpital de la Pitié, qui longe au sud-est le pied du monticule dont nous venons de parler, et cette partie du Muséum d'histoire naturelle a reçu plus de la moitié des obus qui, au nombre de quatre-vingt-cinq, sont venus frapper ce grand établisse- ment, dont l'unique rôle est de servir la science. Dès la première nuit du bombardement (le 8 janvier 1871), la galerie de zoologie a été atteinte. Des éclats d’obus sont entrés dans l’une des salles occupées par la collection ornithologique, et bientôt après un second projectile a frappé la salle des reptiles en brisant tout sur son passage. Si, dès le début du siége de Paris, notre regretté collègue, feu M. Duméril, n’avait eu soin d'enlever de sa galerie tous les bocaux contenant des objets conservés dans l’alcool et de les descendre dans des caves bien abritées, l'explosion de ce projectile aurait déterminé l'incendie de ce bâtiment et détruit ainsi la totalité de notre belle collection erpétologique; mais, grâce à cette sage précaution, le dégât fut minime. Le lendemain un autre obus éclata dans la même salle et y causa des ravages. considérables; quelques-uns de nos grands Sauriens et beaucoup de Chéloniens furent fortement endommagés; les objets brisés sont au nombre de plus de cent, et parmi eux se trouvait notre unique exemplaire du genre Thoricte. Le bâtiment occupé par les laboratoires et les magasins de zoologie eut encore plus à souffrir des effets du bombardement; quatre obus y sont entrés, effondrant les plafonds, renversant les cloisons, brisant les armoires, les boîtes, les tiroirs, détruisant les objets contenus dans ces meubles et ne laissant sur leur passage que des monceaux de ruines. Huit de nos cabinets de travail ont été ravagés de la sorte par l’artillerie prussienne; aucune des branches du service de la zoologie n’a été épargnée; un obus, après avoir traversé trois étages, a lancé des éclats jusque dans le laboratoire d’entomologie; mais ce sont les locaux dépendant de la chaire de malacologie et de la chaire de mammalogie qui ont le plus souffert. La belle collection de coquilles donnée récemment au Muséum par M. de Saint-Marceau a été très-endommagée ; une série précieuse de coquilles fossiles, formée par les soins de l’un de nous (M. Deshayes), a été en grande partie broyée, et la plupart des Cloisonnaires, groupe important dont l’arrangement venait d’être terminé, ont été réduits BULLETIN. al en fragments. Les dégâts ont été non moins grands dans les dépendances du laboratoire de mammalogie et d’ornithologie. Ainsi dans l’un de ces locaux situés au troisième étage, où le professeur avait placé en dépôt la majeure partie des collections appartenant à la Commission scientifique du Mexique et servant à la publication d’un ouvrage dont quelques fascicules ont déjà paru, tout a été brisé. Parmi les objets détruits de la sorte, se trouvaient plusieurs échantillons uniques d'espèces nouvelles, dont la description n'avait pas encore été faite et dont la connaissance sera perdue pour la zoologie jusqu’à ce que de nouveaux explorateurs aient pu, sous ce rapport au moins, réparer les dommages causés au domaine de la science par l'ennemi. L'explosion des obus auxquels ces désastres sont dus détermina un com- mencement d'incendie dans l’un des cabinets dont nous venons de parler; mais nous sommes parvenus à arrêter immédiatement les progrès du feu et à préserver ainsi la collection des Chéiroptères dont la plus grande partie avait été placée provisoirement dans une pièce adjacente pour faciliter les travaux d'un savant allemand, M. Peters, directeur du musée zoologique de Berlin, qui est venu il y à peu de mois passer quelque temps au Jardin des Plantes. Pour se former une idée d’une telle œuvre de destruction, il faut l'avoir eue sous les yeux. Au milieu des fragments de poutres, de meubles brisés et de décombres de toutes sortes, gisaient les débris informes d’une multitude d'objets de collection écrasés par la chute des corps circonvoisins, où pro- jetés au loin par les explosions. Dans l’état actuel des choses il nous serait impossible de déterminer avec précision l'étendue de nos pertes; nous nous appliquons à faire réparer ce qui est réparable, et, à mesure que nous pour- rons dresser l'inventaire des objets détruits, nous inscrirons sur nos registres chacune des pertes que la science vient de subir. Pour le moment, nous sommes obligés de nous borner aux indications sommaires que nous venons de fournir à l’Assemblée et que nous croyons utile de déposer dans nos archives. Des obus sont tombés en grand nombre dans la ménagerie, mais ils n’y ont produit aucun effet utile à l'ennemi. Deux de nos collègues ont déjà entretenu l’Assemblée des dégâts occa- sionnés par le bombardement, tant dans la galerie de Minéralogie et de Paléontologie que dans les serres. Enfin nous rappellerons également que des obus ont pénétré dans trois de nos maisons d'habitation et en ont endommagé deux autres. 32 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Nous ajouterons que les intérêts de la Zoologie ont eu aussi à souffrir de l’occupation des environs de Paris par l’armée allemande. En effet, l’inté- ressante collection de fossiles que notre savant bibliothécaire, M. Desnoyers, avait formée dans sa maison de campagne à Montmorency, et que ce géo- logue distingué voulait léguer au Muséum, a complétement disparu, non par l'effet du feu de l'ennemi, mais par suite du pillage méthodique dont les pro- priétés privées ont été l’objet de la part de l’armée prussienne. Dans ce Rapport toute réflexion serait superflue; nous devons enregis- trer les faits et nous en remettre à l’avenir pour le jugement que les amis de la science et de l’humanité ne manqueront pas de porter sur les actes accom- plis sous nos yeux dans le x1x° siècle dont la civilisation a été si vantée. NOTE SUR LES ESPÈCES NOUVELLES D’OISEAUX RECUEILLIS PAR M. L'ABBÉ ARMAND DAVID DANS LES MONTAGNES DU THIBET CHINOIS PAR M. J. VERREAUX 41. PICUS DESMURSEI Supra pulchre niger : occipite coccineo; vitta supercilari cervina; stria mystacali nigra; colli lateribus flavo-aurantiacis, rubro dilutis : remigibus rectricibusque externe albo-fasciatis. Sublus fulvus nigro stricte striatus. Rostro corneo ; pedibus plumbeis; iride rubro fuscescente. 2. PICOIDES FUNEBRIS. Omnino nigro fuliginosus; fronte albo variegato ; vertice flavo ochraceo; stria post-oculari nigra. Subtus albo sordidus : vitta dorsali alba; alis cau- daque nigris, albo-fasciatis. Rostro corneo, pedibus nigrescentibus; iride brunneo. e 3h NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 3. SITTA SINENSIS. Supra, cinereo cœrulescens ; stria oculari transversa, super humeros recumbente. Subtus rufo-flavida, gula genisque rufo-albescentibus. Rostro cinereo, apice nigro; pedibus plumbeis ; iride brunneo. A. SIPHIA HODGSONITI. Supra cœruleo-ardesiacea ; loris lateribusque capitis et colli nigrescen- tibus; tectricibus uropygialibus nigris; cauda basi alba, apice nigra; subtus flavo-aurantiaca, postice dilutior; rustro iridibusque nigris, pedibus fusce- brunneis. >». PNOEPYGA TROGLODYXTOIDES. Capite colloque griseis, albido fuscoque fasciatis, collo laterali, scapulo, uropygioque rufescentibus, albo triangularis stigmatis; alis et cauda nigro rufoque striatis; rectricibus extimis albo variegatis, subtus rufa, albo ma- culata. Rostro pedibusque brunneis. 6. TURDUS AURITUS. Supra brunneo-olivaceus; superciliis albido-rufis; genis nigro alboque variegalis, plumis singulis nigro lunulatis, guttere nigro albescente; pectore nigro maculis crebris obcordatis. Subtus albus ; alis fasctis duoba transversis rufis ; remigibus nigris, olivaceo marginatis. Rostro, iride pedibusque brunneis. %. MERULA GOULDII. Omnino rufo-castaneus; capite colloque umbrinis ; alis caudaque nigris; crisso concolore, albo lunulato. Rostro et pedibus flavis ; iride brunneo. BULLETIN. 39 GENUS CHOLORNIS. Paradoxornitheo simillimus : mandibula superiore minus sinuosa, magis apice truncala; digitus externus brevissimus; alæ lbreves; cauda elongata, graduata. S. CHOLORNIS PARADOXA. Brunneo olivacea; superciliis fusce nigrescentibus; oculis albo circum- cinctis; remigibus nigrescentibus, cinereo olivaceo éxterne fimbriatis, interne flavidis. Rostro flavo; iride albido; pedibus brunneis. 9. SUTHORA ALPHONSIANA. Capite, collo atque remigiis cinnamomeis, his fuscioribus; loris, colli thoracisque lateribus cinerascentibus ; relique corporis rufescenti; abdomine albescente. Rostro albido; pedibus brunneis. 10. SUTHORA GULARIS. Supra flavo-olivacea; superciliis albidis; gula, gutture et collo antico nigris; alis basi albis; caudaque rubro ochraceis. Rostro et pedibus castaneis. A1. ALCIPPE PŒCILOTIS. Supra brunneo-rufus; superciliis lorisque albidis; alis et cauda rufis, subtus albus. Rostro pedibusque brunneis; iridibus rubris. 36 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 12. PTERORHINUS MAXIMUS, Supra : rufa, plumis singulis nigro-terminatis, apice albo, alis nigris, primariis cinereo, secundariis rufo-marginatis, cauda basi cinereo olivascente, in medio nigra, apice albo late limbato. Subtus : rufo-cinnamomea; pectore nigro badiato. Rostro brunneo; mandibula flavescente ; pedibus flavidis. 135. PTERORHINUS LANCEOLATUS. Supra : intense rufus; superciliis albo brunneoque sparsis; stria mysta- cali super collum recumbente, nigrescente rufa. Subtus absolete brunneo albus; alis caudaque olivaceis. Rostro nigrescente; pedibus brunneis; iride flavido. ; LA. JANTHOCINCLA LUNULATA. Supra : olivacea, albo-flavescente lunulata, capite colloque fuscioribus ; remigiis nigris, primariis cinero pallide; secundariis albo flavidis ; apice albis; rectricibus ad basin cinereis in medio nigris, apice albo limbatis. Subtus : rufula; pectore albo maculata; lateribus nigro fasciatis; rostro pedibusque dilute brunneis. 15. TROCHALOPTERON FORMOSUM, J. Verreaux. Nouvelles Archives du Muséum, tome V, page 35. 16. TROCHALOPTERON ELLIOTIHITI. Cinereo olivascens ; plumis capitis, colli ac pectoris albo-argenteo apice partim ocellatis; remigiis nigris, in medio flavo-œneo maculatis, cœruleo BULLETIN. 97 pallide marginatis; rectricibus supra flavo-aureis, apice albis; abdomine, cruribusque rufis. Rostro nigro; pedibus brunneis; iride flavo. 17. TROCHALOPTERON BLYTHIHIE. Capite nigro; fronte cinerascente; vitta mystacali alba; collo postice rufo; scapulo dilutiore, olivaceo flammato; uropygio castaneo; alis olivaceo auratis, primaris albido limbatis, macula basali nigra, altera cinerea notatis ; cauda alis concolore. Subtus : rufescens. Rostro nigro; iride castaneo; pedi- bus brunneis. 15. ARUNDINAX DAVIDIANA. Supra : rufescens, supercilio rufo-albido; subtus : cinerascens, plumis apice rufis ; abdomine candido. Rostro et iride brunneis; pedibus pallidis. 19. ABRORNIS ACANTHIZOIDES. Supra olivacea, rufo diluto; superciliis albo-flavescentibus; gutture col- loque olivaceis. Subtus : flavida. Rostro brunneo ; pedibus albidis. 20. SIVA CINEREICEPS. Capite cum collo postico cinereo margaritaceis ; dorso rufo-violaceo; uro- pygio olivacente; rectricibus remigibusque fusce-brunneis, albide cinereo limbatis. Subtus argentata; lateribus cruribusque rufo-olivaceis. Rostro nigro : iride flavido; pedibus brunneis. 21. SIVA RUFICAPILLA. Capite colloque rufo-castaneis; dorso griseo, uropygioque rufo-olivaceis ; 38 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. rectricibus et remigibus brunneis, rufo-olivaceo fimbriatis; sublus, albo- cinerascens fusco flammulata. 22. SIVA STRIATICOLLIS. Supra : brunneo-ochracea; vitta super oculari concolore nigrescente. Subtus : cinereo-albida, brunneo-fusco ante collum flammulata; remigibus cinereo, nigro, olivaceoque marginatis. Rostro pedibusque brunneis ; iride albo. 23. MINLA JERDONI. Supra : brunneo-olivacea; capite nigro; stria alba per latera colli ducta ; remigiis nigris, flavo, olivaceoque marginatis; primariis albo vittatis ; rectri- cibus nigerrimis, rubro minialo fimbriatis. Subtus : flava; crisso rosaceo; lateribus olivaceo flammulatis. Rostro nigro; iride flavido ; pedibus plumbeis. 24. PROPARUS SWINHOITI. Supra : fuliginose olivaceus; capite nigro; vitta superciliari flava ; remi- giis nigris, primariis flavo-ochraceo, secundariis aurantiaco marginatis, apice albo maculatis; rectricibus concoloribus, aurantiaco limbatis. Subtus : au- rantio-flavus; gutture et collo antico nigris. Rostro plumbeo; iride nigro; pedibus albidis. 25%. YUHINA DIADEMATA, J. Verreaux. Nouvelles Archives du Muséum, tome V, pag. 35. 26. PARUS PEKINENSIS, Arm. David. Capite colloque nigerrimis; genis collo laterali ac postico albis ; tergo cinereo-olivaceo; alis caudaque nigris, cinereo marginatis; fascia alarum BULLETIN. 39 duplici albo punctulata. Subtus : flavo albidus. Rostro irideque nigris; pe- dibus plumbeis. 2%. MECISTURA VINACEA. Supra : fuliginosa-nigra; collo lateribus albis; fronte, genis, gutture , pectoreque vinaceis ; abdomine vinaceo-albescente ; rectricibus nigris, extimis apice albis. Rostro nigro; pedibus brunneo-rubescentibus. 28. MECISTURA FULIGINOSA. Fuliginosa : supra rufescens; superciliis, facie, gutture, colloque antico cinereis; torque lato pectorali albo; abdomine fuliginoso; crisso rosaceo albido; rostro pedibusque nigrescentibus; iride flavo. 29. CARPODACUS ED WARDSII. Supra : vinaceo rufescens, brunneo flammulato; capite rubro vinaceo, argenteo micante; remigibus tectricibusque nigrescentibus; bis-speculo alari rosaceo. Subtus concolor; rostro, iridibus pedibusque brunneis. 30. CARPODACUS TRIFASCIATUS. Supra : carmineus; facie argentato-roseo; uropygio dilutiore cineras- cente; alis nigris; fascia alarum duplici rosea, altera alba; tectricibus mino- ribus nigris, apice carmineis ; pectore, hypochondriisque rosaceis ; abdomine candido; cauda nigra. Rostro iridibus, pedibusque brunneis. 31. CARPODACUS VINACEUS. Supra vinaceus; subtus : dilutior; abdomine nigro striato; vitta per latera capitis ducta argenteo rosea; remigibus rectricibusque nigris, rubro- A0 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. vinaceo limbatis; alis fasciis 2 transversim albo rosaceis, tertia alba. Rostro pedibusque brunneis; iride rufo. GENUS PYRGILAUDA. Rostrum breve, basi depressum, apice conicum, mandibulis æqualibus, nares plumis basilibus opertæ. Tarsi, digiti et ungues breves. Alæ elongatæ. Cauda mediocris emarginata. 32. PYRGILAUDA DAVIDIANA. Supra isabellina; fascia guttureque nigris; genis albis; subtus alba; remigibus brunneis, externe albo-limbatis; cauda albo brunneoque variegata. Rostro pedibusque nigris; iride rubro. 2 TABLE DES MATIÈRES. MÉMOIRES. 1. Mémoire sur les phénomènes électro-capillaires, par M. Becquerel. . - . . . . 5 2. Révision du genre Callianassa et description de plusieurs espèces nouvelles de ce groupe faisant partie de la collection du Muséum, par M. Alph. Milne-Edwards. 75 3. Mémoire sur les formes cérébrales propres aux carnivores vivants et fossiles, suivi de remarques sur la classification de ces animaux, par M. Paul Gervais . , . . 102 4. Recherches sur les Reptiles fossiles de l'Afrique australe, par M. Fischer, . . . . 163 5. Mémoire sur la moelle des plantes ligneuses , par M. Arthur Gris. . . . . . . . 201 BULLETIN. 4. Rapport de M. le professeur Deshayes sur une Encrine vivante donnée au Muséum par M. Schramm, inspecteur des douanes à la Guadeloupe. . . . . . . . . . 3 2. Note sur une nouvelle espèce de Semnopithèques provenant de la Cochinchine, De NH Aloh. Milne-Edwards. . , . . . . “. . 46e te 7 3. Description de quelques Sauriens nouveaux originaires de l'Amérique méridionale, Ru ns à sn se sm 6 era Nine 11 4. Diagnose d'espèces nouvelles de Mollusques terrestres et fluviatiles de la princi- pauté de Mou-pin (Thibet oriental) envoyées au Muséum par M. l'abbé À. David, par M Donne, 0 … , D nie à à + eue UV ae fus tis 19 VI. À h2 TABLE DES MATIÈRES. N° 5. Rectification des cartes relatives au voyage en Mongolie par M. l'abbé A. David. . N° 6. Rapport sur les dégâts occasionnés dans le département zoologique du Muséum par le bombardement de cet établissement scientifique par les Prussiens, présenté à l'assemblée par MM. Milne-Edwards, Blanchard et Deshayes. + - . . . - - . N° 7. Note sur les nouvelles espèces d’Oiseaux recueillis par M. l'abbé A. David dans, les montagnes du Thibet chinois, par M. J. Verreaux. . . . + . + .- + - + - . . RE Er re - + - x . b AR EN SMS, CNET RE LS Dia: PRES SONT 7 RER Te "BIEULIR ESSEUELITE") stueq uouyes y du : ‘2s asseÿrT LT IX SOL SRE “unes np S2AIYDIY S2][8ANON pri L Memoires. Tome VI. P Nouvelles Archives du Muséum. s almon, Paris < Ce) Imp. A. MY92 5353 RES FRE JR es JU 9 J99 udata maxima. 3 3 3 evica Es 99923322 O * =] 2. CG: br de ! C. crassa. ll ydacty L h y Sa Ve y IR MT Jus 1. Callianassa pac Debray sc. %. Ye ETAT jrs ivores . ébrales des Carni cer Formes FRS ALGERI EN ETD L se D CHL CHACAL DU BENGALE 4 ME LOUP. F DE ] [LS MT L 6 Nouvelles Archives du Muséum. Delahaye hith. Emp.Becquet a Paris. 1 Formes cerebrales des Carnivores . 1. DINGO._2. BOULE-DOGUE._ 3. LEVRIER._4. CHIEN DE LA GROTTE DU PONTIL —5. CHIEN DES TOURBIÈRES._ 6. DOGUE. 7. MATIN. 8. CHIEN SAUVAGE DE SUMATRA. 9.FENNEC Nouvelles Archives du Museum. Mémoires . Tome 6. PL.. Delahaye lith, Ep Becquet a Paris. Formes cereébrales des Carnivores. 4. CHIEN ROQUET.- 2. CHIEN KING S CHARLES.- 3. OTOCYON._4. RENARD. 5. CYNHYÈNE . 6. CUON._ 7. CHRYSOCYON._ 8. GUÉPARD. Nouvelles Archives du Museum. Memoires . Tome 6. PI. 6. Delahaye hth. Ep. Becquet à Paris. Formes cérébrales des Carnivores . 1. PROTELE._ 2. GHYPEOPROCTÉ. 3. BELETTE 4 ARCTOCYON 5. HYENODON._6. PSEUDÉLURE Z. GLOUTON._ 8. AILURIN._9. ENHYDRE._10. MANGOUSTE DES MARAIS._{1. HYÈNE TACHETÉE. Nouvelles Archives du Muséum. Mémoires . Tome 6. PL. 7. Delahaye th. Imp. Becquet à Paris. Formes cerebrales des Carnivores. 1, PARAD OXURE. on EUPLÈRE or CHALEUR. 4 MANGOUSTE GRÈLE LS CENETIR. 6 HASSARIS. 7 CIVRE PE: 8. CYNOGALE._9 MARTE PÉCAN ._10. KINKAJOU..-11. COATI._12.RATON._13. BINTURONG. Nouvelles Archives du Muséum. Mémoires. Tome 6. PL.&. Delak aye Ath. Jmp. Becquet & Paris. : Cerveau et formes cérébrales des Carnivores . 1. RATON._ 2. FURET._ 3. FOUINE._ 4. PROTÈLE._ $. SURICATF._ 6. MANGOUSTE À BANDES. 7. MANGOUSTE GRISE.- 8. PANDA. _ 9. AILUROPODE._ 10. OURS ORNÉ. Nouvelles Archives du Museum. Mémoires.Tome 6./PL .9. Delahaye kth. Enp.Becquet à Paris. Cerveau des Carnivores. 1.MANGOUSTE DES MARAIS._2. PARADOXURE BONDAR._ 3. KINKAJOU.- 4. ZORILLE.-_ 8. CIVETTE._ 6. BLATREAU. 7 GUÉPARD _ 8. LOUTRE._ 9. OURS._ 10. COATI. 11. HYÈNE TACHETÉE. + Lt Ip Becque ln d à fa © en ee [æ 73 “AQ O «a Fr © fa ja si Nouvelles Archives du Museum. Mémoires. Tome 6. PL.11. | H. Formant Hth. [np Becquet, Paris . REPTILES FOSSILES DE L'AFRIQUE AUSTRALE . Fig. 9 _14. Deébris de Dinosauriens. É Fig. 15. Os du bassin de Dinosaurien. Nouvelles Archives du Museum. pl Mémoires. Tome VI. PL. XII {1 | DEL à A ” Fo ce Sen a RU es de EN IPN SA EE 9 ca. VS ASE FES 287 \pé 00 =.) Le LA an je - 2500 S SZ Ga C.&. AS Debray sc. À. Gris ad. cam. luc. del. Moelle des Ca prifolia cées. 1mp. À S'almon, Paris Nouvelles Archives du Museum. Mémoires. Tome VI PL. XII é ) pa f] d)._ A ENS rue CECE AK LA © 4 0 D es (XL A ASE TRE RESTE (Ce LS CNT  TX D VE HOG CY 1 RTE CICHOC OH re LR 7 Debray sc. À. Gris ad. cam. luc. del. Moelle des Ericinées. {mp. À. Salmon Paris, Mémoires. Tome VI. PL. XIV. Nouvelles Archives du Museum. se Ç # AIG Li LEL ET Des n AA 15" EE @) C1 C) re e LOG = Learr FRS Siébsils m" : ARE TEE [een mn Em LT L Votes ass ina nimes 20 CPE CT D 1} À. Gris ad cam. luc. del. Debray sc. Moelle des Oleinées. Imp À, Salmon, Paris. Mémoires. Tome VI PL. XV Nouvelles Archives du Museum. < À L AE ca CES SE d PF DT € —— L _— 7 3 DER 21m) E2 CHER TE) . 8 Y «,» Dr ED LD tDEr mm ÉD CD ES JED|er os = — 7 HET z “+ L ‘3 À. Gris ad cam. luc. del. Moelle des Medinilla, Carissa, Platanus etc. mp. À. S'abnon Paris, Debray sc. Nouvelles Archives du Museum. Mémoires. Tome VI. PL. XVI Ca. ci = SE 7 PES QC ci Ca. À. Gris ad cam.luc. del. Moelle des Maénoliacées, Ulmacées, Celtidées. {mp. A. Salmon, Paris Nouvelles Archives du Museum. OK LA NES Le x Po PERTE K2 sa À.Gris ad cam. luc. del. Rosacees. Imp, A Salmon.à Paris Mémoires. Tome VI. PL XVII Nouvelles Archives du Museum. : | Mémotres.Tome VI. PL. XVIII 6 SCD CAD Re 4 h" xd) CA : Li LJ er NÉE (} Debray sc, À. Gris ad.cam.luc. del. Quercnees . Juôlan dées. imp. À. Salmon, à Paris, PL. XIX. Tome VI. Mémoires. Nouvelles Archives du Museum. E Ch ASE NO TASRTT TON ee MY AU s 1e: ©, % 7) he NCIS “© YQ ee Q0 OPA UENC GOLEDICEON LOT ENT) JOUE MY] À à Ÿ N\ te D: ‘æ se) po © es | | 7 (È | KA \ fete) me, ae. TD ù À fUc eo Ô L 10 2e HT] # DROLE 3e Ta, GRR (1 XI ORAGIS HN en. mr CR enr aïe Ro EE" N) SJ o (e] | . \0° 50 Debray sc. À. Gris ad. cam. luc. del eeSs , S et des Corylac ‘ ICE Moelle des Betul Imp. A Salmon. Paris Mémoires. Tome VI. PL. XX. Nouvelles Archives du Museum. ÿ A, '0 Q a FN (He ! QU UE SX) « RAIN EX = er DY )9 Se or { : PAR, ” LE) LS D LU: Sn a” Le tot Q Debray sc. AÀ.Gris ad cam.luc. del. interrameale. Moelle “ Imp. 4. Sabnon.à Parér LY À Te LE Nelles “EEE ’ : N° Archives du Museum. cl L à lome VI. Bulletin PL.2 Il | ne t Don Louveau lith. [mp Becquet, Paris. Crâne du Semnopithecus nigripes. 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