Bonnasses NMibrarp of the Museum COMPARATIVE ZOÖLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. Founded bp prívate subscription, în 1861. MÉMOIRES COURONNÉS MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. MÉMOIRES COURONNÉS ET MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XXXIX. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. "1879 TABLE DES MÉMOIRES CONTEN JS DANS LE TOME XXXIX. CLASSE DES SCIENCES. 1. Aréographie ou étude comparative des observations faites sur l'aspect physique de la planète Mars depuis Fontana (1636) jusqu'à nos jours (1875); par M. F. Terby. CLASSE DES LETTRES. 2. Les pagi de la Belgique et leurs subdivisions pendant le moyen âge; par M. Charles Piot. CLASSE DES BEAUX-ARTS. 5. Histoire de l'influence italienne sur l'architecture dans les Pays-Bas; par A. Schoy. (Mémoire couronné). MÉMOIRES COURONNÉS MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. — MÉMOIRES COURONNÉS MEMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS PUBLIÉS PAR L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XXXIX. PREMIÈRE PARTIE. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. "1876 TABLE MÉMOIRES CONTENUS DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME XXXIX. CLASSE DES SCIENCES. 1. Aréographie ou étude comparative des observations faites sur l'aspeet physique de la planète Mars depuis Fontana (1656) jusqu'à nos jours (1873); par M. F. Terby. CLASSE DES LETTRES. 2. Les pagi de la Belgique et leurs subdivisions pendant le moyen áge; par M. Charles Piot. ARÉOGRAPHIE OU ÉTUDE COMPARATIVE OBSERVATIONS FAITES SUR L'ASPECT PHYSIQUE DE LA PLANÈTE MARS DEPUIS FONTANA (1656) JUSQU'A NOS JOURS (1873); PAR M. F. TERBY, DOCTEUR EN SCIENCES, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE ASTRONOMIQUE DE LONDRES, A LOUVAIN. TRAVAIL DÉDIÉ A. LA MEMOIRE DE M. AD. QUETELET, (Présenté à la classe des sciences de l'Académie le 6 juin 1874.) Tome XXXIX. I ARÉOGRAPHIE QU ÉTUDE COMPARATIVE DES OBSERVATIONS FAITES SUR L'ASPECT PHYSIQUE DE LA PLANÈTE MARS DEPUIS FONTANA (1656) JUSQU'A NOS JOURS (1875). ally he the iden ion of the dark spots, as well as a more careful delineation of their boundaries... s. » Rey. T. W. Wenn, Nature, vol. 1X, p $44; 4874 INTRODUCTION; CATALOGUE DES OBSERVATIONS FAITES SUR LA CONFIGURATION DE LA SURFACE DE MARS ET PLAN GÉNÉRAL DE CE MÉMOIRE. A l'occasion des observations de la planéte Mars que j'avais faites à Louvain depuis l'année 1864, le savant et regretté directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles, M. Ad. Quetelet, voulut bien attirer mon attention sur l'utilité et l'intérét que présenterait une étude générale de toutes les recherches entre- prises sur la configuration des taches de cette planéte. Depuis l'année 1874, tous mes efforts ont été dirigés vers la réalisation de cette idée, et j'ai tàché de réunir en grand nombre les documents nécessaires à une pareille étude. Je crois le moment venu d'appeler l'attention sur les résultats auxquels ce travail m'a conduit, et ceux-ci font l'objet du mémoire que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie royale de Belgique. SUR L'ASPECT PHYSIQUE J'aurais voulu pouvoir offrir cette étude à l'illustre savant doht nous déplo- rons la perte récente, et je considére comme un pieux devoir de le dédier à sa mémoire vénérée. - Si la série des observations de Mars que j'ai pu réunir est assez compléte, je le dois en grande partie à la bienveillance avec laquelle M. An. QueTELET et son fils, M. E. QueTELET, m'ont permis l'accès de la riche bibliothèque de l'Observatoire de Bruxelles. J'y ai puisé des documents. nombreux , difficiles à rencontrer ailleurs, et je suis heureux de pouvoir en témoigner ma recon- naissance à ces deux savants. Qu'il me soit permis aussi d'adresser mes plus vifs remerciments aux nombreux astronomes qui m'ont fourni leurs travaux sur Mars ou les plus précieux renseignements. Leurs noms doivent figurer en tête de ce mémoire : ce sont ceux d'autant de collaborateurs bienveillants qui m'ont secondé dans ce travail : MM. J. Browninc. MM. J. Nasuyrn. C. Burton. S. Perry, directeur de l'Observatoire E. Cnossurv. de Stonyhurst. W.Dz La Ror. C. Perers, directeur de l'Obs. de Kiel. C. FLAMMARION. J. Duups, J. Grepa. R. Procror. N. Green. A. RANYARD. W. Harkness, de l'Observatoire naval Le comte pe Rosse. de Washington. Juuus Scnmor, directeur de l'Obser- A. Hinscugr. vatoire d'Athénes. J. Jovwsow. A. Seccmi, directeur de l'Obs. romain. E. KNORBEL. Van pe Sande Baknuyzen, directeur de G. Kworr. l'Observatoire de Leyde. W. LASSELL. T. Wenn. C. LEHARDELAY. G. Williams. N. Lockyer. J. Wirsox. R. Ma, directeur de l'Observatoire R. Worr, directeur de l'Observatoire Radeliffe, à Oxford. de Zurich. Le D" Kaiser, ancien directeur de l'Observatoire de Leyde, a rédigé| sur la planète Mars un savant mémoire qui a paru dans le tome HI des Annales de cet élablissement. La grande analogie qui parait exister entre ce travail DE LA PLANÈTE MARS. 5 et le mien en nécessite ici la mention spéciale. J'ai été heureux de voir, en prenant connaissanee de eet éerit, que mon mémoire en serait l'utile com- plément. En effet, au point de vue de la configuration de la surface, M. Kaiser s’est borné à identifier avec les dessins modernes un nombre trés-restreint de dessins anciens, choisis parmi les quatre cent douze représentations de Mars qu'il a pu se procurer; son travail n'a nullement pour objet l'étude détaillée de l'aspeet des taches; il résulte de son propre aveu qu'il n'a pas cherché à pousser, sur ce sujet, ses investigations plus loin que ne l'exi- geait la détermination de la durée de rotation '. Au contraire, le mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie a pour but l'étude détaillée de celle configuration et l'identification des taches dans le plus grand nombre de cas possible, offerts par une série de mille nonante-deux dessins. Parmi ceux-ci on trouve la collection eompléte des observations de ScunorrER ?, et un grand nombre d'autres figures entièrement inédites; comme exemple, je citerai toutes celles que renferme le journal manuscrit de C. Huvcens ©. Je eiterai encore spécialement une nombreuse collection totale- ment inédite que je dois à l'obligeance de M. Junius Scumipr, directeur de l'Observatoire d'Athénes ; un. grand nombre de figures manuserites, dues à d'autres astronomes, sont mentionnées plus loin dans un tableau général. D'autre part, ce travail continue l'œuvre du professeur Kaiser en s'éten- dant aux oppositions qui ont suivi l'année 1864 #, et renferme les observa- tions les plus récentes. Ses conclusions seront consultées avec fruit pour l'étude plus complète de la planète Mars en 1875 et en 1877. C'est pour permettre Ia réalisation de ce but que je n'ai pas voulu retarder V Annalen der Sternwarte in Leiden ; dritter Band; 1872. UNTERSUCHUNGEN ÜBER DEN PLANE- TEN Mans, p. #1. 2 Voir, pour les observations de J.-I. Schroeter, les Mém. cour. et Mém. des sav. étrangers de l Acad. royale de Belgique, t. XXXVII; 1875, AnEOGRAPHISCHE FRAGMENTE, ETC, 1s, le mémoire du professeur Kaiser, déjà cité. 5 Voir, sur le journal manuserit de C. Huyg Voir auss ijdschrift voor de wis- en natuurkundige wetenschappen de l'institut roy. néer- landais, t. 1°, p. 7; 1848; F. Kaiser, Zets over de sterrekundige waarnemingen van C. Huygens... M. Van de Sande Bakhuyzen a eu l'obligeance de me communiquer une copie des dessins de Huygens et un extrait de ses journaux d'observations ; il m'a envoyé ensuite des photographies de ces mémes dessins. ` Le mémoire du D" Kaiser ne renferme pas d'observations postérieures à l'année 1867, dont l'opposition ne lui a fourni qu'un nombre fort restreint de documents. 6 SUR L'ASPECT PHYSIQUE plus longtemps la présentation de ee mémoire, et que j'en ai limité le sujet à la seule configuration des taches sombres. La nombreuse collection de des- sins qui lui sert de base pourrait sans doute étre employée utilement à l'étude de la durée de rotation de la planéte; mais cette question a déjà été traitée récemment d'une façon remarquable par M. Proctor, par le D" Kaiser, et par le D' Schmidt !. Ces travaux conduisent déjà à des résultats très-satisfaisants et très-peu divergents; je n'ai donc pas cru devoir m'oceuper ici de cette détermination. Peut-être sera-t-il possible, plus tard, de jeter un jour plus grand encore sur celle question, el son importance sera suffisante alors pour en faire l'objet d'un travail spécial. Il est indispensable de placer en. tête de cet ouvrage la liste de toutes les observations physiques de la planéte-Mars qui sont parvenues à ma connais- sance. Malgré leur grand nombre, je ne me dissimule pas que cette liste est encore incompléte, et je saurais gré aux astronomes qui voudraient bien m'aider à la compléter dans la suite. J'ai marqué d'un astérisque les obser- vations qu'il m'a été impossible, jusqu'ici, de me procurer. Comme le pro- fesseur Kaiser a publié dans son mémoire une liste analogue, j'ai tâché de réduire la mienne à des proportions aussi peu considérables que possible et d'en faire avant tout un complément utile de celle de ce savant. F. Fontana; 1636, 1638. — C'est à cet astronome que nous devons les premières observations de taches sur la planète Mars. Ses dessins originaux se trouvent dans son ouvrage intitulé : Novae eclestium. terrestriumque rerum observationes, Neapoli. On voit la première figure à la page 105, accompagnée de celle remarque textuelle : a Anno 1636. Item in medio ! Je ne cite iei que les déterminations les plus récentes et les plus remarquables par leur con- cordance. Voir, pour les recherches de M. Proctor : Monthly notices; t. XXVII, p. 509; 1866- / 4867. — Id., t- XXVIII, p. 57 ; 1867-1868. — Id., t. XXIX , p. 229; 1868-1869.— Td., t. XXXIII, p. 532. The rotation period of Mars. Cette dernière notice a paru à propos des recherches de M. Kaiser sur la méme question. — Voir, pour les travaux de M. Kaiser; le mémoire cité, et, pour ceux de M. J. Schmidt: Astronom. Nachrichten, n° 1965. DE LA PLANETE MARS. 7 » atrum habebat conum instar nigerrimae pilulae,» la seconde à la page 106 : « die 24 augusti 1638; Martis pilula, vel niger conus, intuebatur distincte » ad circuli, ipsum abientis, deliquium, proportionaliter deficere; quod for- » lasse Martis gyralionem circa proprium centrum significat 1. » Ces deux dessins de Fontana ont été reproduits, par Deco, dans l’Almagestum novum, Bononiae, 1651, t. 1%, p. 486. Ce dernier ouvrage nous apprend de plus que le 24 décembre 4644, à Naples, Banrorr observa deux taches dans la partie inférieure du disque de Mars. Les taches observées par Fon- tana sont trop peu caractéristiques pour que l'on puisse s'y arrêter, d'autant plus que l'instant des observations n'est pas donné d'une facon assez précise. D'après le méme passage de Riccioli, Zuccur observa la phase le 23 mai 1640, à Rome ?. Dans le deuxième dessin de Fontana que je viens de citer, la phase de Mars est trés-distinete. * HinzaanTER. — D’après le D" Kaiser, cet auteur a inséré dans son ouvrage intitulé : Detectio dioptrica corporum planetarum. verorum, 1645, un dessin de Mars que Huygens a reproduit dans un de ses journaux d'observations. D'après ce dessin, Mars aurait une forme très-irrégulière. A la page 67 de sa Selénographie, Hévélius rapporte que, dans le traité de Hirschgarter, on trouve comment Fontana a vu Mars, et il ajoute que c’est sous une forme irrégulière. Huygens, dans son Systema Saturnium (p. 558 de l'ouvrage intitulé : C. Hugenii opera varia; 1124), s'exprime ainsi : « Olim magis » monsirosas formas Martis publicavit (Fontana) veluti trilaterae cujusdam » rupis, ae rursus aliter cum nigra in medio orbe macula; quae nos cum » aliis multis fabulosa comperimus. » Le dessin, cité ici par M. Kaiser, pour- rail donc être de Fontana. Heverius; 1645. — Dans la Selenographia, Gedani, 1647, p. 42, le célèbre astronome de Dantzick donne un dessin de Mars, observé le 26 mars 1645, à sept heures du soir, et le 28 mars. Aucune tache n'est visible et la phase est évidemment exagérée. Peut-étre faut-il attribuer ce peu de rensei- 1 J'ai copié textuellement ces deux passages. Il est évident qu'il faut lire : videbatur au lieu de intuebatur ; ambientis au lieu de abientis. 2 Arago attribue encore à Zucchi l'observation de taches sombres sur Mars en 1640. Voir Astronomie populaire, t. IV, p. 197. 8 SUR L'ASPECT PHYSIQUE gnements sur Mars à l'incendie qui réduisit en cendres l'Observatoire d'Iévé- lius et ses manuscrits le 26 septembre 1679, et dans lequel périrent un grand nombre d'observations inédites !. Hovagss ; 1656, 1659, 1672, 1683, 1694. — Dans l'ouvrage intitulé : Christiani Hugenii Zulichemii opera varia, Lugduni Batavorum, 1724, on trouve un dessin de Mars, observé par Huygens en 1656. On lit à la page 540 ? : « In Marte quoque cingulum ejusmodi unicum anno 1656 » deprehendi, latum admodum, mediamque disci partem offuscans, quem- b admodum figura adjecta demonstrat. Insuper discum planetae hujus parte aliqua deficientem vidi aliquoties... » Le disque de la planéte étant sillonné par une large bande sombre qui ne laissait à découvert que deux calottes brillantes, situées l'une dans la partie supérieure, l'autre dans la partie inférieure, M. Kaiser fait observer que celles-ci pourraient étre un effet des taches CG de Mars observées déjà par Huygens en 1656. Le rév. M. Webb a émis une opinion identique 5. Le professeur Kaiser écrit que, dans le journal d'observations manuscrit de C. Huygens, conservé à la bibliothèque de l'Université de Leyde, on trouve douze dessins de Mars faits à la plume 4. J'ai pu étudier ceux-ci grâce à l'obligeance de M. Van de Sande Bakhuyzen, qui a bien voulu m'en envoyer une copie fidèle, accompagnée des extraits du journal d'observations qui s'y rapportent, et, plus tard, des photographies três-remarquables, M. Kaiser ne s'est oecupé que du dessin du 13 aoüt 1672, qui représente la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes; mais toutes les taches figurées par le célèbre astronome sont trés-reconnaissables. En résumé, voici comment se répartissent ees observations 5 : 28 novembre 1659, à 7 heures du soir (Mer de kat 28 novembre 1659, à 9*50" (Mer de Kaiser et Détroit n Herschel I). IF. Araco, Notices biographiques, t. UI, p. 512. — Voir aussi vos M”orer, Geschichte der Himmelskunde, t. V*, p. 297. ? Systema Suturnium. 5 T. -W. Wess, Celestial objects for common telescopes, p.153. London, 1875; en note. " ^ Mém. cité, p. 8. 5 En style grégorien. DE LA PLANÈTE MARS. 9 1* décembre 1659, à 6"50" (Mer de Kaiser et Mer de Maraldi). ler décembre 1659, à 8" (Mer de Kaiser). 6 août 1679, à 11" (pas de taches sombres; tache polaire méridionale) !. 5 aoùt 1672, à 10"50" (Mer de Kaiser et tache polaire méridionale). 7 avril 1685, à 950" (Mer de Maraldi). 9 avril 1685, à 950" (Mer de Maraldi). 7 mai 1685, à 10^ (Détroit d'Herehel H et Mer de Tycho). 15 mai 1685, à 11" (Mer de Kaiser au bord occidental). 17 mai 1685, à 1050" (Mer de Kaiser et Mer de Beer). 25 mai 1685, à 10"50" (Mer de Maraldi). 4 février 1694, Mer de Kaiser au bord occidental (trés-probable). -— Huygens a donc, le premier, représenté dans leurs véritables formes géné- rales les taches de Mars, et si M. Kaiser n'a point reconnu tous ces dessins, c’est qu'il semble s'être familiarisé surtout avec l'aspect que présente la sur- face de la planète à l'époque du solstice méridional. Cette conclusion résulte de plusieurs remarques que l'on rencontre dans son mémoire 3. Déjà en 1659, Huygens soupçonnait la durée de la rotation de Mars, car il dit dans son journal: « 4 dec. hora 8 vesp. videtur rursus idem situs » earum macularum qui 28 et 30 nov. Debet igitur Martis conversio fieri » spatio circiter diurno, sive 24 horarum nostrarum quemadmodum item » telluris. » Cependant, le 9 avril 1683, à 9"30", attribuant trop d'importance à une légère variation d'aspect, il doute de cette période, et nous lisons : « Mars » maculis aliter distinctus quam biduo ante, unde de conversione 24 hora- » rum quam Cassinus prodidit dubito. » * De Lalande, dans sa Bibliographie astronomique, Paris, 1805, men- tionne un ouvrage se rapportant à l'époque dont je m'occupe, et que je n'ai pu découvrir : 1666. — Romae; in-folio. Martis revolubilis observationes romanae a Salvatore Serra. 1 Huygens observa done la tache polaire à cette époque reculée; mais il ajoute cette remarque dans son journal: « Postea Cassino quoque hoc tempore observatam (macula reliquo disco » multo lucidior) ab ipso didici. » ? Jl faut attribuer à la méme cause les doutes émis par M. Kaiser au sujet des deux princi- paux dessins de Hook, pour 1666. Voir Mém. cité, p. 42. Tous XXXIX. 2 10 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Hook; 1666. — Les dessins de cet observateur se trouvent dans les Transactions philosophiques, pour 1665 et 1666, vol. Ir, p. 259. Ils ont été reproduits dans le Journal des Savants, pour 1666, nouvelle édition, 1729, p. 240. M. Kaiser ne croit pas que les deux dessins principaux, À et B, de Hook représentent la Mer de Kaiser, comme M. Proctor l'a avancé. Cependant l'as- pect est tout à fait celui que présente cette mer à l'époque du solstice septen- trional de Mars. Cassini; Campani; 1666. Voir Phil. Transac. for 1665 and 1666, p. 242, et Journal des Savants, pour 1666, p. 157; Paris ; 1729. j Il ne me semble pas impossible que la figure K de Cassini et la figure M de Campani renferment la Mer de Kaiser, et les figures L de Cassini et W de Campani le Détroit d'Herschel H et la Mer de Tycho. J'ai indiqué plus loin sur quoi l'on peut baser cette opinion. Il faut citer iei deux ouvrages qu'il m'a été impossible de me procurer : * Cassii. — Disceptatio apologetica de maculis Jovis et Martis, anno 1666 et 1667, et de conversione Veneris circa axem. 1667, Bononiae ; in-4°, (Voir Bibliographie astronomique de De Lalande.) * Cassini. — Martis circa proprium axem revolubilis observationes Bono- niae habitae. Bononiae, 1666. In-fol. (Voir Montucla, Histoire des mathé- matiques , V. IV, p. 17. Paris; an X.) Les dessins des Trans. Phil. que nous venons de citer sont de Cassini et de Campani, à l'exception d'un seul, exécuté par des astronomes italiens qui employaient des verres de Divini. J.-D. Cassini doit avoir encore figuré la planéte pendant les années suivantes; en effet, son fils, dans ses Éléments d'astronomie, Paris, 1740, page 459, annonce que « cette révolution de » Mars fut confirmée, en 1670, par les observations que J.-D. Cassini fit à » Paris des mêmes taches qu'il avait vues à Bologne, quatre années aupara- » vant. » Le méme auteur dit un peu plus loin : « On a vu des taches jus- » qu'à présent, en grand nombre et de différentes figures, telles qu'elles ont '» été dessinées dans les journaux des observations et dont il serait trop long » de donner ici le détail. » Je rappellerai aussi, à ce sujet, un passage assez obscur de l'Histoire des DE LA PLANÈTE MARS. 14 mathématiques de Montucla, tome IV, page 177, où il est dit, à propos de Cassini, que les taches de Mars avaient changé de forme en 1667. Les dessins de J.-D. Cassini, mentionnés plus haut, ont élé reproduits aussi dans l'Atlas. céleste de Doppelmayer, 1742, Norimbergae, grand in- folio. On y trouve ceux de Hook, de Maraldi et l'observation faite par Huy- gens en 1656. C'est encore le lieu de citer un ouvrage mentionné dans la Bibliographie astronomique de De Lalande et que je n'ai pu me procurer : * J.-F. mp Laurenrus. — Observationes Saturni et Martis; Pisauri, 1672, in-fol. Manarpi ; 1704, 4747, 4719. — Voir Mém. de l'Acad. des sciences de Paris, année 1706, p. T4. Observations de Mars faites en 1704, par Maraldi, accompagnées de trois dessins. Mém. de l'Acad. des sciences de Paris, année 1720, page 144 ; observations de 1717 et de 1719, accompagnées de quatre dessins pour 1719. Trois de ces figures ont été reproduites dans le Cours de physique céleste de J.-H. Hassenfratz ; Paris, 1810. Il parait évident que Maraldi a vu, en 1704, la Mer de Maraldi, la Mer de Kaiser et le Détroit d'Herschel I. Les dessins de 1719 sont moins con- cluants. Wu Herscnez; 4777, 4779, 4781, 1783. — Les observations de 1777 et de 1779 se trouvent dans les Transactions philosophiques pour 1781, vol. LXXI, part. 1, p. 127. Il y a six dessins pour 1777 et quatre pour 4779. Dans les Trans. phil. pour 1784, volume LXXIV, partie 1I, page 233, on trouve les observations de 1781 accompagnées de douze des- sins !, et celles de 1783, illustrées de dix figures des taches de Mars, et d'un plan général contenant les divers détails observés par l'illustre astronome sur la surface de la planète. Il faut remarquer que, dans ses deux mémoires sur Mars, le but de W. Herschel était spécialement la détermination de la durée de rotation et l'étude des phénoménes polaires ?. Les détails des taches ! Le premier de ces dessins est de l'année 1777. Herschel le reproduit ici. ? Le premier mémoire de W. Her shel (vol. LXXI des Trans. Pur.) est intitulé : Astronomical observations on the rotation of the planets, ete... Son second mémoire (vol. LXXIV des Trans. Pu.) a pour titre : On the remarkable appearances at the polar regions of the planet Mars, the inclination of its axis, etc... 12 SUR L'ASPECT PHYSIQUE sombres n'ont pas été de sa part l'objet d'une attention trés-grande; la plupart de ses dessins ressemblent plutôt à des esquisses incomplètes. On y retrouve néanmoins les Mers de Maraldi et de Kaiser, le Détroit d'Herschel H, l'Océan De La Rue et méme une trace des Détroits de Huggins et de Dawes, qui y présentent des particularités dignes de remarque. ScunoErEn; 1785, 1187, 1788, 1792, 1794, 1796, 1198, 1799, 1800, 1801, 1802, 1803. — Telle est la liste compléte des années pendant les- quelles le patient observateur de Lilienthal a dirigé son attention sur Mars. Ges études assidues ont fourni deux cent dix-sept dessins. Schroeter en inséra seulement deux de 1798 dans le Jahrbuch de Bode *. La collection entière était destinée à paraitre avec l'ouvrage considérable préparé par l'au- teur et intitulé: Areographische fragmente. Ce manuscrit, arraché à l'incendie de Lilienthal en avril 1813 ?, est resté complétement inédit aprés la mort de Schroeter et a été conservé par ses descendants. Aujourd'hui, grâce à la bienveillance de M. Schroeter, petit-fils de Pillustre astronome, qui m'a confié celte œuvre importante, je puis comprendre celle-ci dans mon étude générale et comparative. J'ai montré déjà 5 que les observations de 1798 fournissent la série des principaux aspects figurés sur la carte de M. Proctor; on trouvera, dans le mémoire actuel, le complément de ce premier travail. Von Hann; 1794.— Voir Astronom. Jahrbuch für 1797. Ce volume con- tient un dessin de Mars. La planéte offre un contour irrégulier et il ne faut pas attacher d'importance à cette observation. D'ailleurs le disque ne pré- sente qu'une lache informe. Lorsque j'ai vu ce dessin, je n'ai pas recherché son auteur. J'ai vu depuis que M. Kaiser l'attribue à von Hahn. Frrrsen ; 4802, 1803, 1807. — Voir Astron. Jahrbuch für 1806, p. 188. Fritsch a inséré dans ce Jahrbuch cinq dessins pour 1802 et 1803; ! Astron. Jannnucu pour 1802, p. 10%. Beobachtungen der Flecken, Atmosphäre , und des Durchmessers der Marskugel, par J.-H. Schroeter. 2 Voir F. Trnnv, Areographische fragmente, manuscrit et dessins originaux et inédits... Mé- moire cité. — Voir aussi, pour l'incendie de Lilienthal, l'Astron. Jahrbuch pour 1817, p. 9 ‘Schroeter annonce que, pendant le désastre du 21 avril 1815, il a pu sauver seulement le ma- nuscrit de ses observations sur la grande comète de 1811 et celui des Areographische fragmente. 3 Configuration des taches de la planète Mars à la fin du XVIII siècle, d'après les dessins inédits de J.-H. Schroeler. BULL. pp L'Acap. nov. pe BELGIQUE, 2° sér., t. XXXVI, n° 8. DE LA PLANETE MARS. 15 ces figures sont trés-difficiles à étudier, ear l'auteur ne donne pas l'heure des observations. Dans lAstron. Jahrbuch für 1810, page 218, on voit un dessin du 17 mars 1807, à neuf heures, par le méme astronome. I] contient deux bandes paralléles et la tache polaire septentrionale. I1 est à remarquer que celte figure n'est pas renversée, circonstance dont il faudrait tenir compte, si l'on voulait étudier les dessins de 1802 et de 1803. Hurn; 1805. — Voir Astron. Jahrbuch für 1808, p. 238. Le dessin de Huth ne présente pas de taches sombres. On y voit la tache polaire septen- trionale qui, dit l'auteur, se montrait, en 1805, comme la tache méridionale s'offrait à Schroeter en 1798. Araco; 1813, 1815. — Voir Mémoires scientifiques de F. Arago, V. Il; Mémoire sur Mars, p. 245. Ce travail est accompagné de neuf dessins dans lesquels on reconnait notamment les Mers de Maraldi et de Kaiser 1. Grorrnuizen ; 1813, 4844. — Astron. Jahrbuch für 1817, p. 185. Note de Gruithuizen accompagnée de trois dessins pour 1813 et 1814. Deux de ces figures renferment une bande qui traverse le disque. Kuvowsky ; 1821, 1822. — Ses observations se trouvent dans l'Astron. Jahrbuch für 1825, page 214, accompagnées de deux dessins. Kunowsky ne donne pas le temps d'une manière précise, mais les taches sont trés-carac- téristiques : on voit au bord occidental la Mer de Kaiser, et au bord méri- dional le Détroit d'Herschel IH avec la tache a de Beer et de Mädler. Cette opinion est conforme à celle qu'émettent ees deux astronomes au sujet des dessins de Kunowsky °. Hamme ; 1824. — Les observations de cet astronome se trouvent dans le Jahrbuch pour 1828, p. 173. Les dessins, au nombre de six, n'offrent aucune tache reconnaissable; l'auteur s'occupe des dimensions du disque dans le sens ! Les dessins des taches sombres par Arago ne se rapportent qu'aux années 1815 et 1815; le mémoire renferme en outre des observations sur les taches polaires en 1817, en 1845 et en 1847, et de nombreuses mesures des diamètres polaire et équatorial de Mars, exécutées par Arago et ses collaborateurs de l'Observatoire de Paris pendant ces années et en 1811, 1814 et 1857. 2 Fragments sur les corps célestes du système solaire, par Beer et Mädler, p. 154. Paris, 1840. SUR L'ASPECT PHYSIQUE équatorial et dans la direction des pôles, et des ménisques brillants que l'on constate parfois sur ses bords. Jons HrnscuEL ; 1830. — Nous trouvons un dessin de cet astronome dans ses Outlines of astronomy; il se rapporte au 46 août 1830 et, comme M. Kaiser le fait remarquer, il diffère beaucoup de ceux qui ont été obtenus vers la méme époque. par Beer et Mädler. H faut noter pourtant que ce dessin s'aecorde assez bien avee une observation faite en 1862 par M. Phillips, d'Oxford, et dont il sera question plus loin !. En tous cas, J. Herschel a figuré la Mer de Kaiser au bord occidental et le Détroit d'Herschel I vers le centre du disque. Beer et Miozer; 1828, 1830, 1832, 1834, 1835, 1837. — MápLER et GALLE; 1839. Mamm: 1841. — Les observations des années 1828, 1830, 1832, 1834, 1835, 1837 et 1839, ont paru dans les Fragments sur les corps célestes du système solaire, par Beer et Müdler, Paris, 1840 ; et dans les Beiträge zur physischen Kenntniss der himmlischen Kórper im Sonnensysteme, des mémes auteurs, Weimar, 1841 ?. On trouve, dans ces deux ouvrages, seize dessins pour 1830, quatre pour 1832, vingt pour 1837 5, dix pour 1859 ^, et la représentation des deux hémisphéres - de Mars d’après les observations des deux astronomes. Avant d'étre réunis dans ces volumes, ces travaux avaient fait l'objet d'importants mémoires insérés dans les ASTRONOMISCHE NACHRICHTEN : Astron. Nachrichten, von H.-C. Schumacher. Altona, 4831, n° 169 à 192, p. 447. Physische Beobachtungen des Mars bei seiner Opposition ! Voir Proceedings of the royal Society of London, february 12, 1865. « On the telescopic » appearanee of the planet Mars, » by John Phillips. C'est la figure 4 de cette note qui s'ac- corde avec le dessin de J. Herschel. Dans les Proceedings of the royal Society, january 26, 1865, M. Phillips constate lui-même cette ressemblance des deux dessins et d'une autre repré- sentation de Mars restée inédite et faite par lui le 90 novembre 1864. (Further observations on the planet Mars, by J. Phillips.) ? On sait que ces deux volumes sont deux éditions, l'une française, l'autre allemande, du même ouvrage. 5 Les observations de 1857 ont été faites à l'aide du grand réfracteur de l'Observatoire de Berlin; Encke y a parfois pris part. Fragm. sur les corps célestes, pp. 161 et 165. ^ Les dessins de cette opposition ont été faits par Mádler ; M. Galle a pris part au plus grand nombre des observations. Voir Fragments... , p. 168. DE LA PLANÈTE MARS. 15 im September 1850, von den Herren Beer und Mädler. Ce mémoire est accompagné de vingt-quatre dessins et d'une carte représentant l'ensemble des taches observées. Les autres mémoires relatifs à ces oppositions ne sont pas accompagnés de dessins; on les trouve dans les volumes suivants : Astron. Nachrichten, année 1834, t. XI, pp. 115-118. Opposition de 1832. Id., année 1855, t. XII, p. 270; opposition de 1835. Id., année 1838, t. XV, p. 219; opposition de 1837. Ce mémoire n'est accompagné que d'une planche représentant les deux hémisphéres de Mars, tels qu'on les trouve aussi dans les Fragments cités plus haut. Id., année 1839, t. XVI, pp. 355-362 ; opposition de 1839. Les observations faites par Mädler en 1841 ! sont insérées dans le tome XIX, page 19, des Asiron. Nachr. ; elles sont illustrées de quarante dessins. Pour compléter cette liste, j'indiquerai encore les deux notices que l'on rencontre dans le tome XVIII du méme recueil, pages 318 et 362, mais qui ne sont accompagnées d'aucune figure. Les observations si nombreuses de ces deux célébres astronomes leur ont permis de dessiner la série compléte des prineipales taches de Mars. Je crois devoir appeler ici l'attention sur plusieurs circonstances dont la premiére seule a été signalée par M. Kaiser (p. 15 de son mémoire) : Beer et Mädler ont reproduit textuellement, dans les Beiträge zur phy- sischen Kenntniss..... (p. 115), le tableau renfermant l'explication des des- sins des Astron. Nachricht. pour 1850. Les deux premières colonnes de ce tableau renferment, l'une les numéros d'ordre général des observations, l'autre les numéros des dessins. Les Astron. Nachr. contenant vingt-quatre dessins, on trouve, dans cette dernière colonne, vingt-quatre numéros, tandis qu'il n'en faudrait que seize, correspondant aux seize dessins qui ont été reproduits dans les Beiträge. Il s'ensuit que, dans cet ouvrage, les numéros du tableau ne correspondent pas aux numéros des dessins. Les au- ! En 4844, Mädler se servit du grand réfracteur de Dorpat. 16 SUR L'ASPECT PHYSIQUE teurs ont évité cet inconvénient dans l'édition francaise (Fragments sur les corps célestes); car ils n'y ont placé que seize numéros qui se rapportent exactement aux dessins correspondants, modifiant ainsi le tableau donné dans les Astron. Nachr. pour le mettre d'accord avec la planche des Frag- ments. Le texte relatif aux observations de 1837 présente, dans les Beitráge | j > : ; ; | aussi bien que dans les Fragments, plusieurs inexactitudes qu'il est néces- | f saire de signaler. A la page 465 des Fragments, les numéros des figures placés entre parenthèses ne s'accordent nullement, dans le tableau de la page 167, avec les dates des observations citées. Il est évident que ces | numéros placés entre parenthèses sont les numéros d'ordre des observations, | donnés aussi dans le tableau, au lieu d’être ceux des figures. | Une troisième particularité à noter est relative au tableau des observa- tions de 1837, donné dans les Beiträge et dans les Fragments. C'est que les longitudes du méridien central, occupant la dernière colonne, ne s'ac- | cordent pas, comme le font celles du tableau de 1830, avec les longitudes | des taches correspondantes dans les hémisphères de Beer et de Mädler. Pour mettre d'accord le texte de la page 165, dans lequel les auteurs assimilent | certaines taches, observées en 1857, aux mêmes taches observées en 1830, avec les longitudes aréographiques des taches en question dans les hémi- sphères des deux astronomes, il faut diminuer de 90° toutes les longitudes données dans le tableau de 1837, absolument comme si, pour compler ces longitudes, on avait pris pour origine, au lieu de la tache a, comme en 1830, la tache d, qui lui ressemble beaucoup et que M. Kaiser lui-méme, | dans sa carte générale, a prise pour point de départ. A cette condition, tout concorde, et les taches les plus caractéristiques de 1837 viennent coincider avec les taches tout à fait semblables de 1830 et des hémisphéres de Beer et de Mädler. Junius Scnminr; 1843, 1845, 1846, 1847, 1854, 1856, 1860, 1869, 1864, 1866, 1867, 1869, 1871, 1873. — Le savant directeur de l'Ob- servatoire d'Athénes nous fournit une des collections les plus nombreuses d'observations de Mars. D'après une lettre qu'il a bien voulu m'écrire, le nombre total de ses dessins inédits, exécutés depuis 1844 , s'élève à cent et DE LA PLANÈTE MARS. 17 sept T. I] m'en a communiqué soixante-huit dont l'étude présente un vif intérêt et fait regretter qu'ils ne soient pas livrés à la publicité. Ils ont de três-grandes dimensions. Les copies que M. J. Schmidt m'a adressées sont réduites à la moitié de la grandeur originale, et l'on peut en conclure que le diamétre des dessins de l'auteur mesure environ 8 centimétres. Leur répar- tition par années est donnée dans le tableau que l'on trouvera plus loin. M. Kaiser ? ne mentionne qu'une seule de ces représentations de Mars qui figure dans le : Handbuch der allgemeinen Himmelsbeschreibung von Standpunkte der Kosmischen Weltanschauung dargestellt von H. J. Klein. Braunschweig, 18741. Ce dessin est de 1862 5. Les observations de M. J. Schmidt ont été faites successivement à Ham- bourg. en 1843, avec un grossissement de 90 fois; à Bilk, prés de Dussel- dorf, en 1845; à Bonn, en 1846 et en 1847, avec un réfracteur de 5 pieds et un héliométre; à Olmütz, en 1854 et en 1856, avec un réfracteur de 5 pieds, et enfin à Athènes, de 1860 à 1873, avec le réfracteur de 6 pieds el un grossissement de 550 fois. On y trouve aussi, avee une grande évi- dence, dans la plupart des cas, les principales taches connues de la planète. * Mont, 1845. -— M. Kaiser mentionne des observations de Mars dues à l'ancien directeur de l'Observatoire de Cincinnati, et qu'il n'a pu se pro- curer. Je n'ai pas été plus heureux que le directeur de l'Observatoire de Leyde. J'ai trouvé des observations de Mitchell mentionnées par M. Webb 4, par M. Proctor ? et par M. Linsser 6. M. Kaiser suppose que les dessins de ' Ces dessins inédits ont servi de base au mémoire sur la durée de rotation de Mars, que le Ir J. Schmidt a publié récemment dans les Astron. Nachrichten, n° 1965. 3 Mém. cit., p. 20. 3 M. Kaiser rapporte ee dessin au 19 septembre 1862; mais, dans son Mémoire sur la durée de rotation de Mars, M. J. Schmidt remarque qu'il n'a pas de dessin pour cette date. La date véritable est : 26 septembre 1862. * Wern, Celestial objects for common telescopes , p. 154. 1875. 5 The Quarterly Journal of Science, april 1875, p. 178. The planet Mars in 1875 , by R. A. Proctor. — MM. Webb et Proctor citent des observations importantes de Mitchell sur les taches polaires. Cet astronome a étudié spécialement un point noir renfermé dans la tache neigeuse le 19 juillet 4845, et une petite tache. brillante qui était prés de la tache polaire le 25 août de la méme année. M. Proctor extrait ces observations de l'Astronomie populaire de Mitchell , p. 89. 5 Voir Heis, Wochenschrift für Astronomie....., 186%, p. 417. Observations de la planète Tom: XXXIX. 5 18 SUR L'ASPECT PHYSIQUE l'astronome américain ont paru dans le Sidereal Messenger. N'ayant pu me les procurer jusqu'ici, je n'ai pas eru devoir les rechercher plus longtemps, de crainte de trop retarder l'achévement de ce travail. Gnaxr; 4847, 1854. — Voir Monthly notices, t. XIV, p. 165. On y trouve deux dessins trés-peu importants, et l'auteur ne donne pas l'heure de l'observation. La figure d'octobre 1847 parait représenter le Détroit d'Herschel. Ces dessins accompagnent une note intitulée : On the influence of climate upon the telescopic appearance of a celestial body. Warren De La Rue; 1852, 1856. — Voir Monthly notices, t. XII, p. 173. La notice de M. W. De La Rue était accompagnée de deux dessins, Pun du 4 janvier 1852, à 14 heures, l'autre du 25 janvier 1852, à 42 heures. Ces dessins n'ont pas été imprimés. — M. W. De La Rue a eu l'obligeance de m'envoyer deux magnifiques planches représentant la planéte Mars le 20 avril 1856, à 9" 40» (t. m. de Greenwich) et à 44" Aën, La première figure renferme la Mer de Kaiser, et, dans la seconde, cette mer oceupe le bord occidental du disque, tandis que le Détroit d'Herschel 1H en occupe la partie supérieure apparente. M. Kaiser dit que ces deux dessins ont été reproduits dans l'ouvrage de M. Lock yer intitulé : Elementary lessons in astronomy, 1870, p. 104. Jacon; 1854, 1856. — Dans les Monthly notices, tome XV, page 219, on voit la mention de deux dessins du capitaine Jacob, fails à Madras, le 18 mars 1854, à 9" 30" (t. m. de Madras), et le 23 mars, à 6" 54", Ces dessins n'ont pas été imprimés dans les Monthly notices. M. Webb, qui en posséde un exemplaire, a eu l'extréme complaisance de m'en envoyer une copie exécutée avec le plus grand soin. Le dessin du 23 mars représente la Mer de Kaiser, et celui du 18 le Détroit d'Herschel IL, avec les principales baies qui garnissent son bord septentrional , et la Mer de Tycho. * Dans les Monthly notices, tome XVII, page 10, figure une note du capitaine Jacob sur l'opposition de 1856. Les dessins n'ont pas été insérés. Bronx; 1856. — Monthly notices, t. XVI, p. 204. Ce volume renferme Mars en 1862, par Carl Linsser. L'auteur cite un dessin de Mitchell pour le 50 août 1845, et dit que eet astronome à vu aussi la tache ae de Müdler (Détroit d'Herschel H). DE LA PLANÈTE MARS. 19 un dessin de M. F. Brodie, pour le 18 avril 1856, et représentant la Mer de Kaiser. Wem: 1856, 1862, 1871. — Monthly notices, t. XVI, p. 188. Le 15 avril 4856, M. Webb a vu la planète Mars sans taches sombres très- nettes, mais garnie de quatre taches blanches sur le bord , aspect qui rappelle celui que Cassini a représenté en 1666 1. Un dessin accompagne cette note. Le numéro d'octobre 1863 de l'Tutellectual Observer, page 182, contient une notice trés-intéressante sur Mars en 1862, par le Rév. T. Webb, et accompagnée de seize dessins coloriés. Ces observations, quoique représen- tées à une petite échelle, renferment plusieurs détails trés-importants et :apables d'éclairer certaines questions, que d'autres observations de 1862 jettent dans l'incertitude, comme on le verra par la suite de ce mémoire. Le méme astronome a aussi observé Mars pendant l'opposition de 1871 ; ila bien voulu me eommuniquer six dessins qu'il a exécutés pendant cette période et qui, je le crois, sont encore inédits. On y trouve la Mer de Kaiser, le Détroit d'Herschel H, la Mer de Tycho, la Mer de Maraldi et une apparence due à la Passe de Huggins. Ssccur; 1856, 1858, 1862, 1864. — Le directeur de l'Observatoire du Collége romain a commencé ses observations de Mars en 1856; on les trouve dans les ouvrages suivants: i Mémoires de l'Observatoire du Collége romain, observations de 1852 à 1856. Rome, 1856, p. 154. Ce volume renferme un dessin fait le 25 avril 1856, à 13! 57" de temps sidéral, et représentant la Mer de Kaiser dans la moitié orientale du disque. Astron. Nachr., année 1857. On y trouve un dessin qui aurait été exécuté le 2 avril 1856, à 13" 57", par le P. Secchi. Ce dessin offre le méme aspect que celui des Mémoires de l'Observatoire romain, et je crois qu'il est rap- porté par erreur au 2 avril au lieu du 25 avril; l'heure donnée est la méme d'ailleurs. Le P. Secchi a fait, avec l'aide du P. App. Err, une magnifique série de dessins de Mars en 1858. On peut les étudier dans les publications suivantes : 1 Phil. Trans. for 4663 and 1666, vol. 1, p. 242 et fig. K. 20 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Mem. dell Osservatorio del Collegio romano, nuova serie, 1859, n° 3, p. 17. Ce mémoire est accompagné d'une planche contenant dix-huit dessins et la représentation des deux hémisphères de la planète, d’après ces observa- tions. Le P. Secchi a figuré les principales taches pendant cette opposition, et il est à regretter seulement que la région comprise entre l'Océan De La Rue et le Détroit de Huggins ne soit pas nettement représentée. En outre, ces dessins sont trés-précieux pour l'étude de certaines taches de l'hémisphére septentrional, en partie visibles à cette époque. Les Astron. Nachr., année 1859, contiennent une courte note du P. Secchi sur ses observations de 1858 et, de plus, les dessins du 3 juin et du 14 juin chromolithographiés. Le dessin du 3 juin et celui du 15 juin ont encore été reproduits dans le Quadro fisico * du méme auteur, et dans son ouvrage sur le Soleil ?. Ils représentent, l'un (45 juin) la Mer de Kaiser, l'autre (3 juin) le Dé- troit d'Herschel II, l'Océan De La Rue, le Détroit de Dawes et la Mer de Tycho. Dans les Mem. dell Osserv. del Coll. Rom., nuova serie, 1860 -1863, volume Il, numéro 40, page 76, on voit les observations faites par le P. Secchi en 1862; elles sont accompagnées de huit figures, où il est aisé de retrouver la Mer de Kaiser, la Mer de Maraldi, le Détroit d'Herschel II, et méme l'Océan De La Rue et la Mer de Lockyer 5. Le directeur de l'Observatoire romain a eu la bienveillance de me com- muniquer neuf dessins inédits qu'il a dressés pendant l'opposition de 1864. Ils représentent la Mer de Kaiser, la Mer de Maraldi, le Détroit d'Her- schel II, la Mer de Lockyer entourée de son anneau brillant (observation du 10 décembre 1864) ^. Ils renferment, en outre, des particularités im- portantes sur lesquelles je reviendrai plus loin. ! Quadro fisico del sistema solare, disegnato secondo le piu recenti osservazioni special- mente quelle del Collegio romano, par le P. Secchi. Grande planche colorice. ? Seccur, Le Soleil, p. 547. Paris, 4870. 5 Le dessin qui représente la Mer de Lockyer a fait l'objet d'une note insé de l'Académie royale de Belgique, 2"* série, t. XXXV, n° 15 4875. F. Terby. Sur une configu- ration singulière des taches de la planète Mars, observée par le P. Secchi, le 18 octobre 1862. se dans le Bulletin * La Mer de Lockyer donne souvent l'idée d'un vaste cyclone qui tourmenterait latmo- | | | DE LA PLANÈTE MARS. 21 Liars; 4860. M. Liais a inséré dans son ouvrage : l'Espace céleste, page 464, un dessin de Mars, fait par lui le 23 juillet 1860. L'auteur ne donne pas l'heure de son observation et les taches sont trop peu caracté- ristiques pour qu'on puisse les reconnaitre. M. Lais ne dit pas non plus si son dessin est renversé, ce dont il est permis de douter, attendu que la tache polaire la plus complétement visible est celle qui est située au bas de la figure; et l'on sait qu'en 1860 le póle sud était tourné vers la terre. Si le dessin n'était pas renversé, on croirait y voir la Mer de Maraldi ou le Dé- troit d'Hersc à la page suivante de son ouvrage, l'observation du P. Secchi pour 1856, hel dans la moitié inférieure du disque !. M. Liais a reproduit, dont il a été question plus haut. Mais ici elle est rapportée, par erreur sans doute, au 25 août 1856 au lieu du 25 avril. W.-L. Banks; 1862, 1864. — N.-E. Green; 1862, 1864, 1873. — J'ai recu de M. Green une collection de dessins ehromolithographiés , se rap- portant aux oppositions de 1862, de 4864 et de 1873. Les planches de 1862 et de 1864 renferment, en outre, des dessins faits pendant ces deux années par M. W.-L. Banks ?. Ces deux observateurs ont représenté par six figures les différentes phases d'une rotation à ces diverses époques, et les dessins de M. Green pour 1873, de dimensions beaucoup plus grandes, renferment des détails intéressants que je signalerai plus loin. sphère de la planète. Elle présente aussi quelque ressemblance avec la figure d'un œil; aussi M. Kaiser la nomme-t-il : Augenähnliche Fleck (Mém. cit, p. 41). M. Linsser la compare à un eirque de la lune et la nomme : Ringgebirgs[ürmige Fleck. (Voir Heis, Wochenschrift...., loc. eit.) C'est la tache d de Beer et Mädler. Le P. Seechi dit, dans une note qui accompagne cette observation de 1864 : « On ne voit rien de particulier, exceplé une espèce d'œil, ou » nuage rond, ovale... H sont de M. Liais et de M. J. Schmidt, L'aspeet de la tache polaire méridionale dans les dessins de l'astronome d'Athénes ressemble beaucoup à celui de la tache polaire supérieure du dessin de M. Liais. Je n'émets done que sous toute réserve l'opinion que l'on vient de lire sur le redresse- ment de la figure de l'Espace céleste. 2 La figure 6 de M. Banks, pour 1864, me semble représenter positivement la Mer de Kaiser au bord occidental, comme l'auteur l'entend lui-même, à en juger par le rang qu'il attribue à cette observation dans la série de ses six dessins. Cependant le temps qui accompagne cette figure (17 décembre 1864, à 10^ 20") la rend incompatible avec les autres dessins de l'époque. Je suis porté à croire qu'il y a eu ici erreur de date. 23 SUR L'ASPECT PHYSIQUE * Grove; 1862. — Dans sa note sur Mars, insérée dans les Proceed. of the roy. Society, february, 1865, le professeur Phillips mentionne des des- sins de M. Grove pour 1862. Dans les Monthly notices, volume XXIII, page 75, on trouve une note de M. Grove sur Mars; mais ses dessins n'ont pas été reproduits et il m'a été impossible d'en prendre connaissance. Harkness; 1862. — M. Harkness, de l'Observatoire naval de Washington, m'a communiqué les photographies de deux dessins exécutés par lui dans cet établissement, en 1862, le 6 septembre, à 12 heures, et le 30 septembre, à 41 heures. Le premier représente les Mers de Maraldi et de Hook, et le second le Détroit d'Herschel I. On peut voir ces dessins dans les Annales de l'Observatoire naval : Astronomical and meteorological observations made at the United States naval Observatory, during the year 4862, p. 152. Was- hington, 1863. M. Harkness m'apprend que le premier des deux dessins (6 septembre) a élé fait avec un grossissement de 200 fois, et une ouverture de 4 pouces, el le second (30 septembre) avec un grossissement de 282 fois et une ouver- ture de 9 pouces, 6. Le temps donné est le temps moyen de Washington. Joynson; 1862, 1864, 1867, 1869, 1871, 1873. — Cet observateur a eu l'obligeance de m'envoyer six séries de dessins de Mars, se rapportant à toutes les oppositions depuis 1862, et exécutés à Waterloo, prés de Liver- pool. Elles comprennent en tout deux cent vingt-quatre figures. Sans ren- fermer beaucoup de détails, ces dessins sont très-précieux par leur grand nombre; ils permettent, en effet, trés-souvent, de relier entre elles des obser- vations isolées, ou séparées par un intervalle de temps considérable, et dues à d'autres observateurs. De plus, comme M. Kaiser le fait remarquer, ils sont trés-utiles pour l'interprétation des observations plus anciennes; ils montrent, en effet, la transition que l'on observe en passant de l'examen des dessins anciens à celui des figures exécutées avec les plus puissants instru- ments. Us établissent ainsi l'identité de taches que l'on n'aurait pas soup- connée au premier abord. M. Joynson s'est servi, en 1862, d'un réfracteur de 3 19 pouces seulement et, pour les autres oppositions, d'un réfracteur de 6 pouces. DE LA PLANÈTE MARS. 23 J'ai trouvé, dans les Monthly notices, des notes de M. Joynson concernant la planéte Mars; mais ces dessins n'y ont pas été insérés : Monthly notices, V. XXII, p. 89, 1862-1863. Opposition de 1862. Id., t. XXV, pp. 66 et 166, 1864-1865. Opposition de 1864. La der- niére note (p. 166) est accompagnée de deux petits dessins. M. Kaiser cite encore le tome XXVII, page 199, et le tome XXIX , page 56, des Monthly notices. g Kaiser ; 1862, 1864. Annalen der Stermoarte in Leiden, herausge- geben von D" F. Kaiser. Dritter Band. Haag , 1872. P. 4. Untersuchungen über den Planeten. Mars , bei dessen Oppositionen in den Jahren 1862 und 1864. Tel est le titre du savant mémoire du D" Kaiser. Ce travail comprend d'abord un catalogue des observations de la planéte, catalogue semblable à celui que le lecteur a sous les yeux ici, mais que j'ai tàché de compléter. On y trouve ensuite le détail des observations faites à Leyde en 1862 et en 1864, la comparaison de ces observations avee d'autres, une étude trés-im- portante de la durée de rotation, des recherches sur les taches polaires, ete... Sans vouloir analyser ici ce mémoire qu'il suffit de signaler à l'attention, disons qu'il renferme de magnifiques dessins de Mars exécutés à Leyde, en 1862, au nombre de neuf, et en 1864, au nombre de douze. Il contient aussi une excellente carte générale en projection de Mercator, et la représen- tation des hémisphères sud et nord en projection stéréographique. L'accord des dessins de Leyde avec ceux de M. Lockyer est presque irréprochable, circonstance sur laquelle l'auteur insiste longuement. Les Astron. Nachr., année 1863, page 280, et année 1864, page 49, renferment quelques détails abrégés sur les recherches de M. Kaiser. Knorr; 1862, 1864. — Cet astronome a bien voulu m'envoyer des des- sins qu'il a exécutés à son Observatoire de Wooderoft. J'ai lieu de croire qu'ils sont inédits. Ils sont au nombre de cinq pour 1862, et de deux pour 1864, et présentent d'assez nombreux délails sur lesquels j'insisterai plus loin. Lassezz ; 1862. — Le volume XXXII, des Mémoires de la Soc. roy. astr. de Londres contient les observations de M. Lassell ; elles y sont représentées par vingt-quatre dessins pour 1862. Le tome XXIII des Monthly notices, 24 SUR L'ASPECT PHYSIQUE 1862-1863, page 176, renferme la notice dans laquelle l'auteur a consigné les principales remarques que lui ont suggérées ses recherches. Lixsser ; 4862. — On lit une intéressante notice de ce savant dans le Wochenschrift für Astronomie, Meteorologie und Geographie , publié par M. Heis, année 1864, p. 117. L'ancien astronome de Poulkova trouve les taches qu'il a observées conformes à celles de Beer et de Mädler. I établit aussi plusieurs rapprochements entre ses observations et celles de Hook, de Maraldi, de Fritsch, d'Arago et de Mitchell. Il constate que la tache ae de Beer et de Mädler (Détroit d'Herschel) se retrouve dans ses dessins et dans ceux de Mitchell en 1845; il l'appelle, comme M. Kaiser, Schlangen förmige Fleck. V trouve aussi la tache fh de Beer et de Mädler, ou la Mer de Kaiser, dans ses dessins et dans ceux de Hook en 1666, de Maraldi en 1717 !, de Fritsch en 1802 ?, d'Arago en 1813. Il cite la bande p» des deux astro- nomes (Mer de Maraldi) et ajoute ce passage à son sujet : « der durch einen » sudlicheren Fleck gewóhnlich doppelt erscheint 5; » l'auteur donne comme exemple ses observations du 4 septembre, à quatorze heures, et du 12 octo- bre, à onze heures. M. Linsser eite aussi la tache d de Beer et de Mädler (Mer de Lockyer); elle rappelle, dit-il, les montagnes annulaires de la lune. On verra que la Mer de Lockyer est, de toutes les taches de Mars, celle qui a occasionné le plus de méprises aux astronomes. M. Linsser s'oceupe méme de la durée de rotation et, insistant sur les dif- férents degrés d'obscurité que présentent les taches sombres (voir p. 54 de ce Mémoire), il se demande s'il ne faudrait pas attribuer celles-ci aux con- tinents plutôt qu'aux mers. ! Je crois qu'il y a iei une faute d'impression; peut-être Linsser a-t-il voulu écrire : 1719, car je doute qu'il ait vu des dessins de Maraldi pour 1717. 2 On trouve, en effet, dans le dessin du 21 novembre 1802, de Fritsch, une tache qui rap- pelle tout à fait la Mer de Kaiser, en supposant que la figure ne soit pas renversée (voyez p. 15 de ve mémoire). Sans cette condition, je ne vois pas qu'il y ait moyen de reconnaitre cette tache aussi clairement que le dit M. Linsser. Peut-être le dessin du 26 novembre est-il dans le méme . eas. Quoi qu'il en soit, l'absence du temps précis de ces observations m'a empêché de les em- ployer utilement dans cette étude. 3 Ce passage m'a semblé important, car c'est une explication des nombreuses bandes doubles ou paralléles que l'on trouve dans les dessins de Schroeter et d'autres observateurs, et dont il sera question plus loin. DE LA PLANÈTE MARS. 25 Malheureusement les dessins de cet astronome n'ont pas été imprimés en méme temps que sa notice, et, d’après les renseignements que M. Wagner, vice-direeteur de l'Observatoire de Poulkova, a bien voulu me transmettre, on ne les a pas retrouvés parmi ses manuscrits. Lockyer; 1862. — Voir Mém. de la Soc. roy. astr. de Londres, vol. XXXII, 1862-1863, p. 179; On the planet Mars, by J.-N. Lockyer. Ce mémoire important est accompagné de seize superbes dessins qui représentent toute la surface visible pendant l'opposition de 1862, et s'accordent d'une facon remarquable avec les observations de Beer et de Müdler en 1830, et avec celles de M. Kaiser. Mais; 1862. — Le directeur de l'Observatoire Radcliffe a publié, à loc- asion de l'opposition de 1862, un mémoire intitulé : Measures of the planet Mars, made, at the opposition of 1862, with the heliometer of the Rad- eliffe observatory, Oxford, for the determination of the ellipticity of the disk. (Voir Mim. DE LA Soc. nov. ASTR. DE LONDRES, vol. XXXII, p. 97). 1 L'auteur trouve un aplatissement de eu: * M. Main annonce qu'il a fait aussi des dessins. Malheureusement ils n'ont pas été publiés. Le professeur Phillips a pu les consulter pour dresser sa 'arte générale. Nasuvri; 1862. — Cet astronome a publié une notice accompagnée d'un dessin colorié de Mars dans les Memoirs of the literary and philosophical Society of Manchester , session 1862-1865, p. 303. Ce dessin a été exécuté à l'aide d'un grand réflecteur de 20 pouces de diamètre. Il est du 25 sep- tembre 1862, à onze heures, et représente le détroit d'Herschel. Il ne s'ac- corde pas parfaitement avec les autres observations faites vers la méme époque, comme M. Lockyer le fait remarquer 1, Mais le désaccord ne me semble pas énorme. Le Détroit d'Herschel , figuré iei par M. Nasmyth , res- semble beaucoup à la méme région dessinée par M. Lassell ?. De plus, M. Nas- myth appelle l'attention sur une ile qu'il a parfaitement observée dans la bande verdàtre alors visible. Cette ile coïncide assez bien, comme situation , avec l'ile de Phillips de la carte de M. Proctor. ! Mém. cité, p. 182. ? Voir Observations de M. Lassell , loc. cit., fig. 2, 5 et 4. Tome XXXIX. 4 26 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Je dois ajouter iei une remarque capable d'écarter la plus grande partie du désaccord signalé par M. Lockyer. Ce dernier astronome mentionne deux observations de M. Nasmyth, l'une pour le 25 septembre, l'autre pour le 14 octobre, et il cite, à ce sujet, les Proceedings of the literary and philo- sophical Society of Manchester (vol. MI, p. 97), qui, effectivement , ren- ferment ces deux dates sans reproduire les dessins de l'auteur. D'après M. Lockyer, il n'est question que d'une seule figure qui se rapporterait alors à ces deux dates. Il faudrait convenir, avec celui-ci, qu'il n'existe aucune ressemblance entre cette figure, représentant le Détroit d'Herschel, et celle que M. Lockyer a exéeutée le 11 octobre, et qui renferme la Mer de Maraldi. Mais, dans les Memoirs of the lit. and phil. Society (loc. cit.), qui repro- duisent le dessin de M. Nasmyth, et dans une lettre que cet astronome a bien voulu m'écrire, il n'est nullement question d'une observation faite le 14 octobre. La planche de la notice contient cette indication : Sept” 25, 11 oc 1862. Nurait-on lu 44 octobre? M. Nasmyth a pu observer admirablement bien, avee son bel instrument, les diverses teintes de la surface. La tache polaire lui paraissait en relief. Duuups ; 1862, 1864. paraitre ses observations de 1862 dans les Proc. of the royal Society, february, 12,1865. Son mémoire était accompagné de plusieurs dessins; trois Le professeur John Phillips d'Oxford a fait d'entre eux ont été réservés pour l'impression : le premier représente la Mer de Kaiser dans la partie occidentale du disque, et le Détroit d'Herschel dans la partie orientale. Ce dessin, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire , offre une grande analogie avec celui de John Herschel pour le 46 août 1830. Les deux autres dessins de M. Phillips représentent la Mer de Maraldi; dans celui du 44 novembre, la Mer de Kaiser occupe le bord oriental. Les observations de 1864 ont paru également dans les Proc. of the roy. Society, january, 26, (865. Les dessins n'ont pas été imprimés; mais la noliee concernant cette opposition est accompagnée de la carte générale de Mars par le professeur Phillips. Celle-ci a été reproduite avec une perfection plus grande dans le Quarterly journal of science, qui contient avec plus de détails les observations de l'auteur. Ge savant a bien voulu me donner ce dernier renseignement en m'envoyant un exemplaire de cette intéressante carte et de ses différents travaux. DE LA PLANÈTE MARS. 27 Le comte pe Ros: 1.1862, 1869. — Le tome XXXII des Mémoires de la Soc. roy. astr. de Londres renferme six dessins de Mars, exécutés en 1862, à l'Observatoire de Birr Castle. Ils accompagnent ceux de M. Lockyer et de M. Lassell qui se trouvent dans le méme volume. Le comte de Rosse a fait photographier récemment les dessins des planétes exécutés à son Observatoire, et m'a envoyé plusieurs planches accompagnées d'une note imprimée intitulée : Notes to accompany photographs of drawings of the planets Mars, Jupiter, and Saturn, made at Parsonstown during the years 1856 to 1869. Ces photographies contiennent deux dessins de 1862 qui. n'ont. pas été imprimés dans les Mémoires de la Société royale astrono- mique , et cinq figures se rapportant à l'opposition de 1869. M. Kaiser insiste beaucoup, dans son mémoire, sur les différences que présentent les dessins de lord Rosse et de M. Lassell entre eux et avec ceux d'autres observateurs. Le fait qui m'a frappé le plus est que ces figures, exécutées à l'aide de très-grands télescopes, sont généralement moins riches en détails et moins nettes que l'on ne pourrait s'y attendre. Je m'abstiendrai de mettre en relief des désaccords qui semblent exister, et je chercherai à tirer profit des détails en quelque sorte spécifiques que l'on rencontre dans ces riehes collections. Je crois, en effet, que; si ces puissants instruments se sont montrés inférieurs à certains égards, ils ont permis de consigner des aractères importants que l'on ne trouve pas ailleurs : je citerai, comme exemple, l'apparence dentelée que présente le contour des taches sombres, et notamment de la Mer de Kaiser, dans les dessins de M. Lassell; on croit avoir sous les yeux les nombreuses sinuosités d'une côte, visibles seulement à la faveur de la grande puissance du télescope employé, mais se superposant encore et se confondant au point de rendre le dessin précis impossible !. Je citerai ensuite la segmentation fréquente des grandes taches sombres dans les dessins du comte de Rosse, caractère que l'on ne rencontre aussi générale- ment nulle part. G. Wues: 1862,1864, 1867.— Je suis redevable à cet astronome d'une collection de trente dessins inédits, à savoir : six pour l'opposition de 1862, ! M. Lassell lui-même insiste sur ce caractère, Voir Monthly notices, t. KAUL. p. 176. 28 SUR L'ASPECT PHYSIQUE et douze pour chacune des deux oppositions suivantes. M. Williams s'est servi d'un télescope équatorial de 4,25 pouces anglais d'ouverture, et dont les gros- sissements étaient de 354 , de 286, de 190 et de 125 fois. Les principales taches de Mars sont représentées avec leurs caractères les plus saillants. Il est fait men- tion des observations de M. Williams dans les Monthly notices, tome XXV, 1864-1865, à la fin dela note de M. Joynson, page 166. Dawes; 1847-1864 1. — Cet éminent observateur a étudié la planète Mars avec la plus grande persévérance et le plus grand succès. Malheureuse- ment un petit nombre seulement de ses dessins a été imprimé. On trouve des traces de ses observations déjà en 1847 ?; en 1852, il fit une série de dessins dont l'intérêt et l'importance doivent être extrêmes ? ; il observa aussi en 1856 ^ et en 1862 ?; les seuls dessins originaux de Dawes qui, à ma connaissance, aient été publiés, sont de 1864, et ont paru dans le volume XXV des Monthly notices ; à la page 225, se trouve une note trés-intéressante de Dawes sur l'opposition de 1864. Les dessins sont au nombre de huit seule- ment et sont remarquables par leurs nombreux détails. Quatre de ces figures ont été reproduites dans l'Asironomical register, n° 35, septembre 1865, avec un extrait de la note de M. Dawes. ! Dans ce mémoire, j'ai considéré comme type, ou point de comparaison, la carte de M. Proctor et, par conséquent, les dessins de M. Dawes qui lui ont servi de base. Les deseriptions que je donne d’après cette carte peuvent étre considérées comme données d'aprés M. Dawes. On ne s'étonnera done point, si, en apparence, je n'ai pas toujours diseuté explicitement les résultats de cet observateur distingué. ? Wen, Celestial objects na 1875; p. 154, en note : observation d'un point noir vers le milieu du disque, le 9 novembre 1847. ^ Lockyer, Mém. cité, p. 191. L'importance des dessins de M. Dawes en 1852 trouve sa raison d'étre dans l'intérét qu'il y aurait à pouvoir examiner sous quel aspect cet habile observateur a vu la région nommée Mer de Tycho et Mer de Delambre dans la carte de M. Proetor. On verra plus loin que les observations de 4871 et de 1875 s'éloignent de la carte sous ce rapport, et la position de la planète était analogue en 1852. M. Proctor a dressé six dessins dans lesquels les taches de sa carte sont figurées , telles qu'elles ont dû paraître en 4832; chacune de ces figures est accompagnée de la date et de l'heure d'observations faites à cette époque par M. Dawes. (Voir * Chart of Mars, by R.-A. Proctor.) # Voir Monthly notices, t. XXVII , p. 57; note de teur reproduit un dessin de Dawes pour le 24 avril 1856, à 10"50", M. Proctor sur la rotation de Mars; l'au- 5 Voir Lockyer, Mém. cité, p.191. Dawes cite lui-même ses observations de 1852 et de 1862 dans sa note sur Mars, insérée vol. XXV des Monthly notices, p. 2 DE LA PLANÈTE MARS. 29 Rappelons, avec M. Kaiser, que M. Proctor a reproduit des dessius de M. Dawes dans ses ouvrages intitulés : Other worlds than ours, et Half-hours with the telescope. Von Franzenau ; 1864. — Sitzungsberichte der kaiserl. Acad. der Wis- senschaften. Wien, 1865; LI Band; H Abtheilung; p. 509. Mars in Novem- ber 1864, von Felix von Franzenau. Cette notice est accompagnée de six dessins exécutés en novembre 1864, et présentant diverses particularités intéressantes que j'aurai l'occasion de citer plus loin. TarwAGE; 1864. — Dans les Monthly notices, volume XXV, page 193, on trouve une note de M. Talmage concernant surtout la saillie des taches polaires au delà du bord, et accompagnée de deux anciens dessins de W. Herschel, ` Tenpe- 4864, 1867, 1871, 1873. — Voir Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2 sér., t. XXXI, p. 176. Aspect des taches de Mars, observées à Louvain, de 1864 à 1867. — Id., t. XXXII, p. 57. Aspect de la planète Mars en 1871. — Id., t. XXXVI, n°11, Observations de Jupiter et de Mars faites à Louvain en 1873. Worr; 1864. — Le directeur de l'Observatoire de Zurich mentionne, dans ses Astron. Mittheilungen, tome XXII, page 52, un dessin de Mars qu'il a fait le 19 novembre 1864, à 1 0^30", et qu'il compare avec un dessin du P. Secchi, du 26 septembre 1862, à 9"45", pour en déduire la durée de la rotation. BnowxiG; 1867. — Huit dessins chromolithographiés de cet observa- teur ont paru dans lAntellectual observer, numéro de septembre 1867, p. 81. Ils sont accompagnés d'une intéressante notice. Les Monthly notices, tome XXVII, page 269, contiennent également une note de M. Browning sur celle opposition, mais sans dessins. M. Browning a encore observé Mars en 1869, comme nous l'apprend M. Proctor dans les Monthly notices, t. XXIX, p. 229. Pour compléter la liste des travaux de cet astronome sur Mars, il faut citer quatre vues stéréoscopiques de la planète que l'auteur m'a fait l'hon- neur de m'envoyer. Ces épreuves photographiques ont été prises d'aprés un globe sur lequel M. Browning avait dessiné les diverses taches de Mars, 50 SUR L'ASPECT PHYSIQUE telles qu'elles ont été observées par M. Dawes, et ensuite représentées par M. Proctor dans sa carte générale. Dunrov; 1874, 1873. — Cet observateur m'a communiqué sept dessins de Mars pour 1871, et huit pour 1873. Ils ont été exécutés à Loughlinstown (Irlande), à l'aide de réflecteurs argentés de 8 et de 12 pouces. Ces dessins sont très-soignés et représentent les principales taches de la planète : Mer de Maraldi, Mer de Kaiser, Détroit d'Herschel H, Mers de Tycho et de Delambre. CnosstEv et GLEDHILL; 1874. — Des dessins de Mars ont été réalisés en 1871, à l'observatoire de M. Edw. Crossley, à Halifax. Ces dessins, dressés d'aprés les observations de M. Gledhill, qui a eu l'obligeance de me les com- muniquer, sont au nombre de douze. Il sont fort intéressants et j'aurai l'oc- 'asion d'en signaler plus loin diverses particularités. LznanpgLAy ; 1871. — Dans le Bulletin de l'Association scientifique de France, numéro 217, 31 décembre 1871, page 219, M. Ch. Lehardelay a exposé les résultats de ses observations de Mars, faites en 1874, à Fontenay (Normandie), à l'aide d'un objectif de Steinheil de 169 millimétres d'ouver- ture utile, et de 2",27* de longüeur focale. L'auteur a bien voulu m'envoyer ensuite six dessins dont il est fait mention dans cette notice, et qui ne sont pas reproduits dans le Bulletin. Le 23 et le 24 mars, en se servant d'un grossissement de 547 fois, M. Lehardelay a dessiné le Détroit de Dawes avec une grande délicatesse. WiLson; 1871, 1873. — M. J.-M. Wilson, de l'Observatoire de Rugby, m'a communiqué onze dessins de Mars pour 1871, et quatre pour 1873. Ces observations présentent des détails intéressants, et sont surtout remar- quables en ce qu'elles rappellent des dessins exécutés par Mádler en 1839 et en 1844, et facilitent ainsi l'interprétation de ces derniers. Les dessins de l'Observatoire de Rugby ont été exécutés à l'aide d'un réfracteur de 8! pouces, construit par Alvan Clark, et dont s'est servi autrefois M. Dawes. Les gros- sissements étaient de 300 à 400 fois. FLAMMARION; 1873. — Les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, année 1873, renferment une note de M. Flammarion sur la pla- néte Mars pendant l'opposition de cette année. Cette notice est accompagnée DE LA PLANÈTE MARS. 51 d'un dessin représentant la Mer de Kaiser, le 29 juin 1873, à 10 heures, avec presque tous les détails signalés dans la carte de M. Proctor. KNoBez; 1873. — Monthly notices of the roy. astr. Soc. of London ; t. XXXIII, juin 1873. M. Knobel a inséré dans ce recueil une intéressante notice sur l'opposition de 1873, accompagnée de dix-sept dessins qui, pour l'abondanee des détails. rappellent ceux de M. Dawes. Afin de citer quelques exemples, je dirai qu'on y voit le Détroit de Dawes, la passe de Huggins et celle d'Oudemans. L'auteur m'a envoyé, avee cette. notice, douze dessins inédits, également de 1875, et qui complètent ses observations. Cet astro- nome appelle notamment l'attention sur une particularité que je me propose d'examiner avec soin dans ce mémoire : c'est l'existence d'une région beau- coup plus sombre qu'il a distinguée trés-nettement dans l'Océan de Dawes et la Mer de Kaiser. Pnocron. — Je poursuis ce catalogue d'observations de Mars en résumant en peu de mots ce que l'Aréographie doit à M. Proctor qui a tant travaillé, pendant ces dernières années, à perfectionner nos connaissances sur la con- stitution physique de cette planète. Je crains de passer ici sous silence, bien involontairement, un grand nombre de ses écrits; mais j'ai la confiance d’avoir réuni les plus importants, et ceux qui ont plus particulièrement rap- port à mon travail. Il faut citer, en première ligne, la carte générale de Mars, faite d'après les observations de M. Dawes : Chart of Mars, from 27 M" Dawes. Signalons ensuite les recherches de M. Proctor sur la durée de rotation drawings by de cette planète; elles ont paru successivement dans les Monthly notices, t. XXVII, p. 309; t. XXVIII, pp. 37 et 99; t. XXIX, p. 229. Basant cette détermination sur un dessin de Hook exécuté en 1666, M. Proctor trouve une durée de rotation de 24"3 7"»295, 73. Le professeur Kaiser étant arrivé à un résultat un peu différent (24*37"22*, 62) en se basant sur un dessin inédit de Huygens, exécuté en 1672, et en jetant des doutes sur liden- tité du dessin de Hook, M. Proctor revint sur ce sujet dans les Monthly notices, tome XXXIII, numéro 9, page 552, pour défendre son interpréta- tion du dessin de Hook, et pour concilier celui-ci avec la figure inédite de 32 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Huygens, qui représente également la Mer de Kaiser. M. Proctor signale deux erreurs qui se sont glissées dans les caleuls de M. Kaiser, à savoir deux années considérées à tort comme bissextiles, et une erreur commise dans la translation de l'observation de Hook de l'ancien au nouveau style. M. Proctor réduit ainsi le désaccord qui résultait des calculs de M. Kaiser, et conclut en admettant une durée de rotation comprise entre : 24^377"995, 74 et 94591295 121 Une notice trés-intéressante du méme astronome a paru dans le Quarterly journal of science, april 1875, p. 178. The planet Mars in 1875, by R. A. Proctor. L'auteur, à l'occasion de l'opposition prochaine de la planète, résumait les connaissances acquises sur sa constitution physique, et appelait l'attention sur certaines particularités qui pourraient faire utilement l'objet d'observations ultérieures. Cette notice renferme des aperçus trés-eurieux sur la formation des taches polaires et des ménisques brillants que l'on a souvent observés sur le bord de l'astre. M. Proctor analyse, à ce sujet, les opinions émises par M. W.-M. Williams dans l'ouvrage intitulé : The fuel of the Sun. Il a fait suivre cette note d'une série de vues théoriques de Mars, dessinées d'après sa carte générale, et représentant l'aspect, que la planète devait offrir en 1873, à des jours et à des heures déterminés. On a pu voir combien la 1 M. J. Schmidt a trouvé, pour durée de rotation, sans employer le dessin de Hook : 241370225, 60. Voir Astron. Nachr., n° 1965. — M. Proctor remarque qu'aucune tache de Mars, excepté la Mer de Kaiser, ne peut offrir l'aspeet des dessins de Hook et de Huygens employés ici. Quoique je sois porté à partager complétement son opinion au sujet de ces deux dessins, je dois signaler que des observations anciennes surtout ont fourni d'autres taches qui ressemblent d'une façon frappante à cette grande mer. J'ai déjà insisté ailleurs sur les sin- gularités que présentent sous ee rapport les dessins de Sehroeter. Dans le cours de ce mémoire, je reneontrerai eneore des exemples de ce fait, méme parmi les dessins modernes. Je suis per- suadé que ee point doit fixer sérieusement l'attention pour la détermination de la durée de rotation. De plus, je ferai remarquer, avec M. Webb, qu'on ne peut arriver à une période de rotation tout à fait certaine, qu'en employant des dessins exécutés dans ce but exclusif; il en existe sans doute encore trés-peu. Pour obtenir ce résultat, il faut, au lieu de s'occuper de dessiner tous les détails de la surface, comme on le fait généralement dans un autre but, s'attacher à fixer rigou- reusement la position de quelques points bien visibles. Voir Vature, vol. IX, p. 514. Note de M.Webb, à propos du mémoire de M. Kaiser. DE LA PLANÈTE MARS. 55 carte de M. Proctor se rapproche des configurations réelles; car plusieurs figures observées ont coincidé d'une facon remarquable avec ces dessins pré- parés d'avance. Enfin, M. S. Meunier a publié, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris (septembre 1873), une note sur la forme des mers mar- tiales comparée à celle des océans terrestres. D'après l'auteur, il résulte de la forme des bassins de nos océans que, si le niveau des eaux s'abaissait suffi- samment, la surface terrestre. présenterait des configurations analogues à celles de Mars. M. Meunier admet donc que, par suite de la vétusté plus grande de cette planète, et de l'absorption plus prolongée de ses eaux par la eroüte solide, le niveau de celles-ci s'est abaissé de facon à réaliser ces conditions. Tableau renfermant le dénombrement des dessins dont l'étude a été faite. NOMBRE NOMBRE | NOMBRE Années.| onsERVATEURS. de Années.| OBSERVATEURS. de Années.| OBSERVATEURS. de DESSINS, DESSINS, DESSINS, | | | | 1636 | F. Fontana. . 1 1719-| Maraldi. . . . | 4 1800 | | : Schroeter... . 75 1638 | F. Fontana. . 1 17772 | W. Werschel.. . | 6 1801 | | | 1645 | Hevelius. . . 1 1779 | W. Herschel. . | 4 1802 l Schroeter. . . 15 1050 | Huygens, . . 1 1781 W. Herschel. . 11 1805 i | 1659 | Huygens. . . 4 1785 | W. Herschel, . 10 1802 | | DE fetten 5 1666 | Campani. . . 2 1785 | Schroeter. . . | 5 1805 | 1666 | Cassini .. . . $5 1787 | Schroeter. *1 1 LIESCH e a 1 1606 | Autreastronome 1788 | Schroeter. . . 2 1807 | Fritsch. . . . 1 fallen, o 1 1792 | Schroeter. . . 18 HOA, e Se dins t | 10062 ^ Hook =. s 9 1794 | Schroeter. . . 5 1815 | Gruithuizen . . | 5 1672 | Huygens. . . 2 1794 | Von Hahn. . .| 1 1814 Ge? | | 1685 | Huygens. . . 6 1796 | Schroeter. . «| 1 18181 ATOBOA d v ei 2 1694 | Huygens. . . 1 1708 | | 1821 | Schroeter. . . 401 Kunowsky. . . 2 1704 | Maraldi . . . 3 1799 1822 | | | Tome XXXIX. 5 SUR L'ASPECT PHYSIQUE NOMBRE NOMBRE NOMBRE Années.| OBSERVATEURS. de Années.| OBSERVATEURS. de Années.| OBSERVATEURS. de DESSINS, DESSINS. DESSINS. | 1 1824 | Harding. . 6 1862 | Joynson 56 1866 | Williams . . 19 1850 | J. Herschel . 1 1862 | Kaiser . 9 1867 | 1850 | Beer et Mädler. 24 IER SIE eT 5 1867 | Browning. 8 1852 | Beer et Mädler’, 4 1862 | Lassell . 24 1867 | J. Schmidt 2 | 1857 | Beer et Mádler . 20 1862 | Lockyer. . . 16 1869 | Joynson. . . . 56 1859 | Mädler et Galle 10 1862 | Nasmyth . 1 1869 | Lord Rosse . . 5 1844 | Mädler . 40 1862 | Phillips. 5 1869 | J. Schmidt 2 | 1845 | J. Schmidt 18 1862 | Lord Rosse . 8 1871 | Burton. T 1845 ) 1862 | J. Schmidt. . 5 1871 Gledhill |J. Schmidt 22 ` 1846 ) 1802 | Secchi . 8 et Crossley . 12 1847 | Grant 1 1862 | Webb 16 1871 | Joynson. . 40 1847 | J. Schmidt $ 1862 | Williams . 6 1871 | Lehardelay . 6 1854 | Grant. . d 1864 | Banks 6 1871 | J. Schmidt o 1854 | Jacob. . 2 1864 | Dawes . 8 1871 | Terby 56 1854 | J. Schmidt . . 2 1864 | Green 6 1871 | Webb 6 1856 | Brodie . . 1 1864 | Joynson 56 1871 | Wilson . 11 1856 | Dawes . 1 1864 | Kaiser . 12 1875 | Burton. . 8 | | 1856 | De La Rue 2 1864 | Knout. 2 1875 | Flammarion , 1 | 1836 | J. Schmidt 2 1864 | J. Schmidt . . 2 1873 | Green . 6 1856 | Secchi . . 1 1864 | Secchi . . . 9 1875 | Joynson. . 40. | 1856 | Webb 1 1864 | Terby 16 1875 | Knobel . 29 1858 | Secchi . 18 1864 | Von Franzenau. 6 1875 | J. Schmidt 4 | 1860 | Liais. 1 1864 | Williams . 12 1875 | Terby 19 1860 | J. Schmidt 6 1866 l 1875 | Wilson. . . 4 | > Joynson. 56 1862 | Banks 6 | 1807 ) | | 1862 | Grec ) || 1800 | i | du S ir l Terby SECH 7 TOTAL DES DESSINS. . | 1,092 1862 | Harkness . . 9 wel —— ; | Il fallait surtout éviter un double écueil dans la rédaction de ce mémoire : d'une part, l'extension trop considérable qu'il aurait nécessairement prise s'il ` DE LA PLANETE MARS. 35 avait eu pour but d'exposer, dans tous ses détails, la discussion d'un aussi grand nombre de figures; d'autre part, un grave reproche auquel il serait sujet s'il renfermait, comme complément indispensable, une grande quantité de dessins déjà publiés ailleurs. Pour éviter ces inconvénients, cet écrit contiendra seulement les résultats auxquels j'ai été conduit par la longue étude de tous ces dessins, résultats qu'il sera aisé pour chacun de vérifier, grâce aux indications détaillées qui précédent et qui suivent et aux figures que j'ai cru indispensable de joindre à mon travail : j'ai eu soin de choisir presque toutes celles-ci dans les collections complétement inédites. En don- nant à ce travail la clarté nécessaire , ce procédé meltra les astronomes en possession d'un certain nombre de dessins qui leur étaient inconnus jusqu'ici, et qui sont spécialement dignes d'attention. Je n'ai pas cru devoir reproduire iei la carte de M. Proctor, qui est la représentation la plus exacte de la surface de Mars que nous connaissions, et à laquelle se rapportent toutes les considérations de ce mémoire : cette arte, en effet, se trouve sous les yeux de tous les astronomes qui s'occupent de Mars et auxquels ce travail est spécialement adressé, Cette dernière cir- constance me permet d'espérer que la lecture de ce mémoire pourra se faire sans difficulté, et qu'en évitant les deux écueils signalés plus haut, je ne serai point tombé dans un autre inconvénient bien grave : celui du défaut de clarté. Telles étaient les grandes difficultés que présentait la rédaction d'un travail de ce genre. e J'ai partagé la surface de la planéte en un certain nombre de régions que j'ai étudiées successivement dans tous les dessins où elles se sont présentées d'une facon assez certaine, et je ferai connaitre successivement les résultats qui se rapportent à chacune de ces régions. Je ne pouvais, dans cette étude, limiter rigoureusement ces portions de la surface; car la transition de l'une à l'autre m'eüt exposé à des redites qu'il fallait éviter. J'ai, dans ce but, limité l'étude d'une partie donnée du globe de Mars, suivant l'opportunité de rattacher certains détails à cette partie ou à une région voisine. Il est possible, pourtant, d'indiquer en général les limites aréographiques des diverses régions adoptées : 36 SUR L'ASPECT PHYSIQUE I. — La première comprend la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes, avec leurs principales dépendances; elle s'étend, dans la carte de M. Proctor, entre 30° et 120° de longitude aréographique, et a pour limite nord 45° de latitude boréale. II. — La seconde région contient les Détroits d'Herschel II, d'Arago et de Newton ; les iles de Phillips et de Jacob, et, en partie; le Détroit de Dawes. Elle comprend donc, en longitude, 30° environ de chaque côté du méridien aréographique choisi pour origine par M. Proctor, et qui passe par la Baie fourchue de Dawes. En latitude, elle s'étend depuis le pôle sud jusqu'à 30° de latitude N. IL — La troisième région se compose de l'Océan De La Rue, avec les Mers de Dawes et de Lockyer; elle atteint à l'E. ! la Passe de Bessel. Elle s'étend donc entre 240° et 330° de longitude, et je l'ai limitée au nord par 30° de latitude boréale. IV. — Dans la quatrième région, nous trouvons les Mers de Hook et de Maraldi, avec la Passe de Huggins, la Mer de Huygens et la Passe de Bessel; elle est comprise entre 120° et 240° de long. et s'arrête au N. à 30° de lat. V. — La cinquième région se compose des Mers de Tycho et de Delambre et de la partie septentrionale du Détroit de Dawes. J'en ai fait une étude spéciale parce qu'elle m'a semblé l'une des moins connues de Mars. VI. La sixième région contient les Mers de Beer, d'Airy et de Schroeter, la Passe d'Oudemans, et leurs relations avec les Passes de Bessel et de Huggins. Ces deux dernières régions complètent l'étude de la surface totale, ear elles s'étendent de 30° de latitude N. jusqu'au pôle septentrional. ! Les dénominations E. et O., que l'on rencontrera dans ce mémoire, sont relatives à l'obser- vateur terrestre qui a sous les yeux les taches dont il est question, de méme que, par bord oriental et bord occidental du disque, j'entendrai toujours le bord situé respectivement et réellement du côté de l'E. et du côté de l'O. pour un observateur placé à la surface de la terre, Si l'on voulait rapporter ces directions à un observateur martiel, ou les considérer aréocentri- quement, il faudrait les intervertir. Ce dernier système est, il est vrai, plus rationnel, quand il s'agit de décrire les détails de la surface; mais il est plus simple et plus aisé d'employer les termes : bord oriental, bord occidental, dans le sens spécifié plus haut, quand il s'agit de décrire un dessin donné. Jai préféré d'adopter un système uniforme et de rapporter toutes les indications à l'observateur terrestre. DE LA PLANÈTE MARS. 57 CHAPITRE I. RÉSULTATS D'UNE ÉTUDE COMPARATIVE DES DESSINS RENFERMANT LA MER DE KAISER ET L'OCÉAN DE DAWES. 8 1. — Aspect général et anciennes observations de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes. Cette première région répond à la dénomination : /four-glass-sea , que les astronomes anglais lui ont donnée à cause de la forme affectée générale- ment par la grande tache ou Mer qui la recouvre !. La Mer de Kaiser, se réunissant souvent en apparence, et du cóté du nord, à la Mer de Beer, il en résulte un ensemble qui présente la forme d'un sablier : la dilatation supérieure est figurée par l'Océan de Dawes, la dilatation inférieure par la Mer de Beer, et le point de communi ation par la Mer de Kaiser elle-même. Cette grande tache de Mars a été appelée par le P. Secchi : Scorpion, Canal Atlantique et Mer de Cook ?. Beer et Mädler et M. Kaiser l'ont dési- gnée par les lettres efh, dans leurs cartes générales; c'est aussi la tache de mes dessins en 1871 et en 1875. D'après la carte de M. Proctor, la partie septentrionale de la Mer de Kaiser se prolonge vers l'E. en un long canal étroit appelé : Passe de Nas- myth, et envoie vers PO. un bras de mer, la Mer de Main. L'Océan de Dawes communique directement à l'E. avec les Détroits d'Herschel II, 1 La dénomination hour-glass-sea provient done de la forme caractéristique de cette t: ; , ristique de cette tache; mais une coïncidence fortuite assez curieuse est à relever iei : c'est que la mer appelée Sablier est celle qui a servi trés-fréquemment, à cause de sa grande visibilité, à compler la durée de la rotation. C’est cette seconde circonstance seule que j'ai eue en vue, à tort, en expliquant le nom de cette mer dans mon mémoire sur les Areographische fragmente, p. 11. 2 Mémoires de l'Observatoire du Collége Romain, |. cit. 58 SUR L'ASPECT PHYSIQUE d'Arago et de Newton, et à DO. avec la Mer de Hook. Au sud, on voit partir de cet Océan deux prolongements qui sont les Mers de Zöllner et de Lam- bert. Plus au sud encore, et autour du póle, se trouve un anneau sombre qui a été nommé Mer de Phillips. La Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes ont été observés pour la première fois d'une facon évidente par Huygens, en 1659, le 28 novembre, à 7 heures du soir ! (fig. 4 de ce mémoire) ?. Il a encore dessiné cette tache le méme jour à 9" 30", et le 1* décembre à 6" 30" et à 8 heures. Dans ces anciennes figures, on ne trouve que la forme générale de la grande mer; mais elle est assez caractérisée pour qu'on puisse la reconnaitre avec assu- rance. Huygens est donc le premier astronome qui en ait saisi la configura- tion. L'Océan de Dawes présente souvent une concavité à son bord méri- dional : elle répond à la Terre de Lockyer de M. Proctor; elle est très-visible dans le dessin que j'ai reproduit ici. Nous trouvons ensuite la Mer de Kaiser en 1666, dans les deux principaux dessins, À et B, de Hook. C'est la forme caractéristique sous laquelle elle se présente vers l'époque du solstiee septentrional de Mars. Examinons un instant les dessins de J.-D. Cassini et de Campani, qui se rapportent aussi à l'année 1666, et que l'on n'a pas cherché à expliquer, à ma connaissance du moins. Abstraction faite d'autres considérations, il est évident d'abord que le dessin K de Cassini et le dessin M de Campani, qui représentent la méme face de Mars, renferment une tache dont la forme de sablier ne saurait être contestée. Évidemment la Mer de Kaiser a pu donner lieu à cette apparence. Dans ce cas, il faudrait pouvoir concilier ces dessins avec les deux figures de Hook, dont il est question plus haut, et il est bien facheux que nous ne possédions pas de données plus précises sur l'heure des observations de Cassini et de Campani. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'une incompatibilité entre les dessins des astronomes italiens et ceux de l'astronome anglais ne pourrait étre démontrée dans cet état de la ques- 1 D'après M. Kaiser, Huygens emploie le nouveau style (mém. cit., p. 8). 2 Obligé de citer un grand nombre de dessins que j'ai eru ne pouvoir reproduire ici, j'ai eu viter toute confusion, de faire imprimer toujours en italique l'indication des figures soin, pour que l'on trouvera à la fin de ce mémoire, DE LA PLANETE MARS. 59 tion. En effet, en considérant que Hook a employé Fancien siyle, on voit que ses deux dessins se rapportent au 13 mars 4666, à 19" 20" et à 19" 30", en nouveau style. Les dessins de Campani et de Cassini sont du 3 mars 1666, pendant la soirée f. En observant dix jours plus tard, à une heure plus avancée de la nuit, il n'était. pas impossible à Hook de voir, prés du bord oriental du disque, la tache que Cassini et Campani avaient aperçue au milieu de celui-ci le 3 mars. La suite de ce mémoire fournira d'autres arguments qui rendront plus probable l'opinion que je viens d'émettre. — * Huygens a eneore dessiné la tache qui nous oceupe, le 15 août 1679, à 40^ 30" du soir; comme ce dessin est encore peu connu et n'a été publié que par M. Kaiser ?, et ensuite par M. Proctor ?, je crois utile de le reproduire ici (fig. 2). C'est l'aspect de la Mer de Kaiser pendant l'été méridional de Mars. « Macula vero obscura hac fere forma versus inferiorem (revera supe- » riorem) disci partem cernebatur, » dit le célébre astronome. Le méme journal fournit encore deux dessins de cette tache pour 1683 et trés-probablement un pour 1694. La figure 9 de ce mémoire reproduit l'observation: faite par Huygens le 13 mai 1683, à 41 heures : la Mer de Kaiser se trouve au bord occidental. La figure 4 représente celle du 47 mai 1683, à 10" 30", dans laquelle la tache occupe à peu prés le méridien cen- tral, et offre une forme trés-caraetéristique pour l'époque. Enfin, dans la figure 5, du 4 février 169%, on croit voir la Mer de Kaiser s'approcher du bord occidental. On trouve, dans le mémoire de Maraldi sur l'opposition de 1704, bien plus que dans les trois dessins qui l'aecompagnent, la probabilité que cet astronome aurait aussi observé la Mer de Kaiser. « Cette. bande, dit-il, à environ 90° de son extrémité précédente dans la révolution de Mars, fai- » » sait un coude avec pointe tournée vers l'hémisphère septentrional ; cette : : yit ^ “ardinaire tan o / . » pointe, assez bien terminee contre l'ordinaire des taches de Mars, a servi ! N est évident que cette date est donnée en style grégorien. (Voir Transact. phil. et Journal des savants, |. eit.) 3 Mém. cité. 5 Monthly notices, t. XXXIII. 40 SUR L'ASPECT PHYSIQUE » à vérifier sa révolution. » C’est cette tache pointue, dirigée vers le nord, que l'auteur a représentée d'une facon bien peu apparente, il est vrai, dans sa figure 4, du 16 octobre 1704, à 11" 38". Cependant l'on s'étonne en voyant que Maraldi croit cette tache susceptible de changements, allégation qui s'accorde peu avec la constance remarquable, la forme si caractéristique, la netteté si grande de cette mer. Il faut noter pourtant que, quatre-vingt- quatorze ans plus tard, Schroeter observa fréquemment la Mer de Kaiser sans en reconnaitre la grande permanence t. En 1719, Maraldi ne donne pas d'indications de temps assez précises pour que l'on puisse comparer les quatre dessins de cette époque. On trouve pour- tant des traces possibles de la Mer de Kaiser dans le texte du mémoire : « Il » y avait une autre tache de figure triangulaire et assez grande...... Le » Bet le 6 août, elle était vers le milieu du disque, dont elle occupait la » plus grande partie; sa pointe était vers le póle nord et sa base vers le póle » sud.» Le dessin du 6 aoüt contient effectivement cette tache triangulaire ; mais elle est relativement bien pâle pour être la grande Mer de Mars. Une autre description se rapporte aux figures 1 et 2 de cette année, et rappelle aussi l'Océan de Dawes : Maraldi remarquait surtout « une bande » un peu large; quand elle était tout entière dans l'hémisphère visible, l'extré- » mité terminée par le bord oriental était entre le póle septentrional et son » équinoxial, et l'autre extrémité terminée par le bord occidental tombait » assez proche du póle méridional. Vers l'extrémité orientale de la bande, » il s'y en joignait une autre inclinée à la première, qui faisait à cette jonc- » tion un angle avec pointe assez sensible, l'autre extrémité de la bande » étant dirigée vers le póle méridional. » Cet angle avec pointe assez sen- sible, dirigée évidemment vers le nord, pourrait aussi étre la Mer de Kaiser; la bande inclinée, qui la précédait, serait la Mer de Maraldi, que l'on trouve avec celte position notamment dans certains dessins de 1862 ?. La Mer de Kaiser se reconnait encore, en 4777, dans le dessin 17 de W.. Herschel, où la forme de sablier est bien caractérisée et comparable à ! Voir mém. cit. sur les Areograph. fragm. ? Jen ai trouvé des exemples dans les dessins de M. Joynson. DE LA PLANETE MARS. H celle qu'a figurée Huygens en 1683 (17 mai; voir fig. 4 de ce mémoire). On la retrouve aussi dans les quatre dessins que le célébre astronome de Slough nous a laissés pour 1779, dans ses figures 3, 5, 6, 7, 8 et 44 de 1781 , et aussi dans le dessin 47 de 1183. M. Proctor! et M. Kaiser? trou- vent également que W. Herschel a esquissé la Mer de Kaiser dans cette der- niére figure ; mais il est remarquable que les croquis 18, 20, 21 et 22 de la méme année renferment une tache analogue à cette mer, et qui ne saurait être la méme que celle de la figure 17. Les deux premiers des quatre dessins que je viens de nommer doivent représenter la passe de Huggins; le 21°, un ensemble formé par la confusion des baies du Détroit d'Herschel avec le Détroit de Dawes, et peut-étre avec l'Océan De La Rue, au bord. occidental ; et.le 22° le méme ensemble au centre. La comparaison de l'aspect si accentué de ces taches se prolongeant vers le nord avec leur délinéation tout à fait semblable par Schroeter, est pleine d'intérél. Les premiers dessins de l'astronome de Lilienthal renferment des taches dont la forme est semblable à celle de l'Océan de Dawes et de la Mer de Kai- ser. Je citerai d'abord la figure 2 des Aréogr. Fragm., exécutée le 48 no- vembre 1785, à 6" 49" du soir. L'auteur voyait deux zones, l'une méri- dionale, l'autre septentrionale, paralléles à l'équateur de la planéte, et reliées entre elles par une troisième bande allant du sud au nord. Notre figure 6 représente Mars tel que l'a dessiné Schroeter le 40 dé- cembre 4787, à 7 heures du soir. L'auteur rapproche cet aspect de celui qu'offrait la planète le 48 novembre 1785, et croit avoir la même région sous les yeux (8 2 des Arcogr. Fragin.). On trouve encore, dans le manuscrit de Schroeter, des dessins qui semblent représenter le Sablier, ou la Mer de Kaiser, en 17992 et en 1794. Quant aux années 4798 et 1800, j'ai déjà montré suffisamment ailleurs qu'elles ont fourni à l'astronome de Lilienthal l'occasion de dessiner cette tache 3. Les dessins de 1802 et de 1803 ne sont pas concluants sous ce rapport. 1 Voir les figures théoriques de Mars qui accompagnent la carte de M. Proctor : fig. 43. 2 Mém. cité, p. 40. 3 Areogr. fragm., mém. cité. — Configurat. des taches de Mars à la fin du X VII" sièele, Le, Tome XXXIX. 6 42 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Il est suffisamment établi, je crois, que la bande avec crochet tourné vers le nord, vue par Arago en 1813, n'est autre que la Mer de Maraldi aboutis- sant à celle de Kaiser. Cette derniére mer est encore figurée, dans les dessins de cette année, par une tache en forme de croissant !. Quant aux observa- tions de Kunowsky, elles offrent l'Océan de Dawes au bord occidental. Ce paragraphe avait pour but la recherche de la grande mer de Mars dans les dessins les plus anciens, et parmi lesquels on s'est assez peu occupé de la retrouver. Je dois passer maintenant à son étude détaillée, car, dans les observations plus récentes , on la reconnait presque toujours avec beaucoup de facilité. § 2. — Étude de l'Océan de Dawes el de ses dépendances méridionales. A. Anciennes observations des Mers de Zóllner et de Lambert. La carte de M. Proctor contient, comme je l'ai déjà dit, deux mers partant de l'Océan de Dawes et se dirigeant vers le sud; ce sont les Mers de Zöllner et de Lambert. M. Proctor en a pointillé la limite méridionale, probable- ment parce que leur prolongement vers la Mer de Phillips, qui entoure le póle, lui a semblé douteux. Schroeter observa à plusieurs reprises, en 1798, une bande sombre par- tant de l'Océan de Dawes et se dirigeant jusque prés du póle sud ?; la Mer de Lambert se montre en 1800 5, mais avec plus de difficulté. L’astronome de Lilienthal a aussi dessiné parfois, au-dessus de l'Océan de Dawes, et au lieu des deux mers qui nous occupent ici, des bandes à peu prés paralléles, dans ! Kais s indications ne sont pas concluantes. Voir Mém. de lAcad. des st pour 1720, p. 144. Dans les dessins de W. Herschel pour 4779, la région la plus sombre de la Mer de Kaiser rap- pelle, par sa forme, le croissant d'Arago. Phil. Trans., l. cit. ? Voir Configuration des taches de la planète Mars à la fin du XVIIF siècle, fig. 5,:6, 7; ant en 1717; nces de Paris ER; mém. cité; p. 60. Maraldi signale aussi une tache en forme de crois mais s loc. cil. 5 [d., fig. 9. DE LA PLANÈTE MARS. 45 le sens équatorial, et qu'il est trés-difficile de concilier avec la carte de M. Proctor. J'appellerai, à ce sujet, l'attention sur la figure 7 de ce mémoire, qui offre cette particularité, en méme temps qu'une petite tache brillante que Schroeter a remarquée contre l'une de ces bandes fines. On trouve également une trace de la Mer de Zöllner dans un dessin du 16 juillet 1813, par Arago. Dans l'observation du 16 août 1830, par J. Herschel, on voit une bande sombre partir du centre du disque, oà elle communique vers la gauche avec l'Océan de Dawes, et s'étendre jusqu'au pôle, où elle est en rapport avec la Mer de Phillips. Les mémes remarques peuvent s'appliquer à la figure 4 du professeur Phillips pour 1862. On reconnait les Mers de Zóllner et de Lam- bert dans les dessins du 49 septembre 1830, par Beer et Mádler; elles s'ac- cordent trés-bien avec la earte de M. Proctor. La Mer de Phillips, qui s'y voit prés du pôle, ne présente pas la méme régularité que dans la carte ; elle s'étend parfois beaucoup vers le nord. En 1832, ces détails sont peu indiqués. B. — Les Mers de Zöllner et de Lambert observées dans les conditions Ies plus favorables. Aprés avoir constaté l'existence de ces prolongements de l'Océan de Dawes dans les dessins les plus anciens, fait intéressant au point de vue de la per- manence des configurations de la planéte, nous arrivons à l'année 1862, qui a permis de représenter Mars avec une grande perfection et à l'époque de son été méridional, c'est-à-dire au moment le plus favorable pour l'étude de la région qui nous occupe. En 1869, M. J. Schmidt dessina les Mers de Zóllner et de Lambert d'une facon fort nette (voir fig. 8 de ce mémoire). Ce dessin s'accorde d'une manière remarquable avec la figure 12 de M. Lockyer !. Il faut remarquer que M. Schmidt unit davantage la Mer de Zóllner avec la tache sombre qui entoure le póle sud ; celle-ci est beaucoup plus étendue que l'on ne peut s'y attendre en examinant la Mer de Phillips sur la carte de M. Proctor. Dans le dessin 4 de M. Kaiser (5 octobre 1862), la Mer de Zöllner s'étend jusqu'à ! Mém. cité. 44 SUR L'ASPECT PHYSIQUE la tache polaire. Le dessin 4 du même astronome (34 octobre) renferme la Mer de Lambert. Dans le dessin 8 (10 décembre), on trouve à sa place deux bandes parallèles, dont l'une est peut-être due à la présence du Détroit de Newton. Par son étendue, la Mer de Lambert rappelle ici l'aspect. que Schroeter lui attribuait en 1798 et en 1800. Les dessins de M. Lockyer contiennent évidemment les deux mers dont je m'oceupe ; mais il faut appeler l'attention sur le développement considérable donné iei à la Terre de Cassini, qui s'enfonce beaucoup plus profondément dans l'Océan de Dawes que sur la carte de M. Proctor. Les régions grises qui entourent la tache polaire sont peu tranchées et leur limite reste indécise ; dans les dessins 13 et 14, elles communiquent avec les Mers de Zóllner et de Lambert. Le dessin 15 montre de plus, comme la figure 8 de M. Kaiser, deux bandes sombres occupant la place de la Mer de Lambert, et dont la plus orientale doit étre le Détroit de Newton. M. Webb s'accorde avec M. Lockyer quant à l'étendue de la Terre de Cas- sini. Ses dessins montrent les Mers de Zóllner et de Lambert s'avancant trés- loin jusqu'à la tache polaire (fig. 2, 3, 4, 5 de M. Webb). Dans le dessin 3, la Mer de Zóllner se bifurque. J'ai reproduit, dans la figure 9 de ce mémoire, un dessin de M. Knott; il est du 3 novembre 1862, à 9 heures (t. m. de Greenwich), et concorde très- bien avec la carte de M. Proctor. On y voit la Mer de Zöllner accompagnée à droite de deux petites taches isolées, absentes dans la carte, et la Mer de Lam- bert qui s'étend jusqu'à la Mer de Phillips. Ce dessin confirme pleinément une figure de M. Webb, prise deux jours plus tard (voir fig. 4 de M. Webb). Le dessin 2 du P. Secchi (26 septembre 1862) offre un fait remarquable : les prolongements méridionaux de l'Océan de Dawes y sont ramiliés en de nombreux canaux. Une circonstance du méme genre apparait dans le dessin 6 de M. Dawes pour 1864 : la Mer de Zóllner s'y partage en plusieurs branches; dans le des- sin 8 de cet habile observateur, on voit communiquer les Mers de Lambert et de Phillips; il y a de plus un prolongement envoyé par la Mer de Phillips au-dessus du Continent de Lockyer. Comme transition entre les observations qui précèdent et celles dont il sera DE LA PLANÈTE MARS. 45 question ensuite, il faut placer ici les recherches que le P. Secchi a effectuées en 4858; elles offrent un grand intérêt. On n'y trouve aucune trace des Mers de Zóllner et de Lambert. Sans doute l'obliquité de ces régions en rendait l'observation plus difficile ; mais on doit rechercher une autre explication de leur invisibilité complète; car leur direc- tion du nord au sud ne devait point permettre à l'inelinaison de l'axe de les effacer totalement. Évidemment ces mers étaient dérobées à l'observation par des nuages, ou peul-étre méme partiellement couvertes de glaces et de neiges. Les dimensions de l'Océan de Dawes sont réduites ici dans le sens des méri- diens par un effet de perspective, mais il n'en est pas moins évident, si l'on compare les dessins du P. Secchi avec la carte de M. Proctor, qu'un. voile couvre toute la région située au-dessus de 30° de latitude à fort peu près. Les dessins de 1864, par MM. Kaiser, Dawes, Green, Banks, von Franzenau, Williams, ete... offrent un tout autre 'aractére : on peut y voir encore des traces évidentes des Mers de Zóllner et de Lambert; bien souvent de grandes étendues grises surmontent l'Océan de Dawes. Cependant la position de la Mer de Kaiser diffère peu de celle qu'elle occupe en 1858. Pour expliquer ces variations d'aspect, il faut considérer qu'en 1858 la planète s’avançait vers le moment de son été méridional; son pôle sud sortait de l'hiver qui y avait accumulé les nuages et les neiges; tandis qu'en 1864 ce même pôle venait de subir l’action de l'été qui avait dissipé tous ces voiles. Cest un exemple bien remarquable des changements que les saisons aménent dans l'aspeet de Mars. Cependant, en 1858, au milieu de ces contrées nuageuses , on voit, dans les figures 9, 10 et 44 du P. Secchi, une petite bande sombre qui a la méme direction que le bord supérieur de l'Océan de Dawes, et qui me semble trop loin du pôle pour correspondre à la Mer de Phillips. Il faut la rapprocher des bandes semblables que Schroeter a observées dans la méme région en 1798, et sur lesquelles j'ai appelé l'attention plus haut (voir fig. 7 de ce mémoire). J'ai signalé aussi le dessin 8 de M. Dawes pour 1864, comme présentant la méme particularité. Il y a lieu de croire à l'existence d'une bande sombre paralléle à la Mer de Phillips, et ne figurant pas sur la carte de M. Proctor. Il en sera question aussi à propos de l'étude que nous ferons de la Mer de Maraldi. SUR L'ASPECT PHYSIQUE C. — Les Mers de Zöllner et de Lambert et la limite méridionale de l'Océan de Dawes vues au bord supérieur apparent de Mars. En général, pendant l'été septentrional de la planéte, ou à une époque voisine, l'Océan de Dawes est terminé au sud par un bord concave; cette concavité est, occupée jusqu'au limbe du disque par une région blanche et brillante que l'on est tenté de prendre pour une tache polaire. Si l'on ne voyait pas de difficultés à admettre que, sur cette planète, les neiges attei- gnent le 30* degré de latitude environ, il n'y aurait, eu égard à l'aspect du moins, aucun inconvénient à lui donner ce nom. Cette apparence a été figurée notamment en 1854, en 1856, en 4858, en 1871 et en 1873. Les dessins de l'Océan de Dawes, dressés par M. J. Browning pendant l'opposition de 1867, qui offre des caractéres transitoires comme celles des années 1864 et 1858, montrent encore quelques traces des prolongements méridionaux. Il faut remarquer de plus que la région située au-dessus de cet Océan y est verdàtre. Cette planche est chromolithographiée. J'ai reproduit, dans la figure 10 de ce mémoire, un intéressant dessin de M. Burton pour 1871. La Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes y sont trés- évidents et, comme dans les autres figures de cet astronome, la région du disque située au-dessus de l'Océan est grisâtre au lieu d’être blanche; en d'autres termes , la limite supérieure de la tache n'est pas nettement indiquée. La figure 11 représente un dessin de 1873, par le méme observateur, et offrant la méme particularité. MM. Gledhill, Webb, Joynson et Wilson n'ont remarqué non plus aucune trace des Mers de Zöllner et de*Lambert en 1871. Il. est intéressant de noter que, d'aprés une figure de M. Burton pour le 6 avril, de M. Gledhill pour le 4 avril, et d'après mes observations des 25 et 26 mars, la blancheur polaire méridionale n'occupait qu'une trés-petite portion de la région bril- lante supérieure, tandis que, au mois de mai, d’après mes dessins, elle s'étendait dans la concavité supérieure tout entière de l'Océan de Dawes. Dans un dessin du 7 mai, M. Gledhill ne limite plus la tache polaire à une petite partie de la région qui surmonte l'Océan de Dawes, de sorte qu'il semble confirmer mes observations sous ce rapport. DE LA PLANETE MARS. A7 Le 20 avril 1856, à 940", M. De La Rue a donné au bord supérieur de l'Océan de Dawes la forme d'un angle rentrant occupé par la blancheur polaire. J'ai trouvé le méme aspect le 13 avril 1873. En 1873, M. Knobel n'observa non plus aucune trace sombre au-dessus du grand Océan. § 3. — Etude de la Mer de Kaiser et de ses dépendances. Les dépendances de la Mer de Kaiser sont : la Mer de Main, séparée de l'Océan de Dawes par la Péninsule de Hind, et la Passe de Nasmyth , séparée de la Mer de Beer par la Terre de Mádler. J'ai dit plus haut que la confusion apparente de la Mer de Kaiser avec la Mer de Beer réalisait la forme d'un Sablier (hour-glass). Il arrive souvent aussi que la Mer de Kaiser parait se terminer brusquement avant d'atteindre la Mer de Beer : le Sablier prend alors la forme d'un. coin, dont l'angle est dirigé vers le pôle nord. Cette circonstance explique l'épithéte de triangulaire Si souvent donnée à cette grande mer de Mars. C'est sous ces deux aspects (Sablier et Coin) que nous retrouvons la Mer de Kaiser dans les plus anciens dessins (voir 8 1 de ce chapitre). A. Anciennes observations de la Passe de Nasmyth. Les plus anciens dessins où nous voyons quelque trace de la Passe de Nasmyth datent de 1822; ce sont ceux de Kunowsky. On voit, dans la moitié inférieure du disque, deux taches ondulées; Cest la plus élevée des deux que j'ai en vue ici. Il y a une solution de continuité entre elle et la Mer de Kaiser; de plus, elle s'étend à l'est plus loin que dans la carte de M. Proctor, et se recourbe ensuite vers le sud. Évidemment, Kunowsky n'obtint qu'une image incompléte et imparfaite de cet objet difficile, qui se confondait sans doute avec les Mers de Beer, de Tycho et avec le Détroit de Dawes. Cette dernière circonstance explique son retour vers le sud, prés du bord oriental. 48 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Il faut passer ensuite aux observations de Beer et Mädler pour 1837, 1839 et 1841. Le dessin 2 de 1837 présente seul quelque analogie avec la Passe de Nasmyth dans la bande légère située immédiatement au-dessus de la tache sombre septentrionale. On voit à peu près le méme aspect dans la figure 4 de la méme année. Les figures 2, 3, 6, 7 et 9 de 1839 renferment également des taches dont la présence doit étre due en partie à la Passe de Nasmyth; mais leur aspect diffère un peu de la carte de M. Proctor. Pour rendre ceci plus clair, j'ai reproduit, dans la figure 42 de ce mémoire, le dessin 3 de Mädler pour 1839. On ne saurait méconnaitre la ressemblance de ces taches avec celles de Kunowsky, comme l'auteur le fait remarquer d'ailleurs !. En 1844, on trouve des apparences dues à la Passe de Nas- myth, notamment dans les dessins 6, 19, 25 et 26 de Mädler. Dans les hémisphéres de Beer et Mádler, la Mer de Kaiser se termine brusquement, et l'on y trouve la preuve que le détroit dont il est question ici se montrait d'une facon trés-douteuse à ces observateurs. Peut-être faut-il le rechercher dans une partie de la tache qui s'étend entre 30° et 90° de longi- tude, et sous la latitude de 30° N. D. — Aspect de la Passe de Nasmyth dans les dessins les plus récents et exécutés aux époques les plus favorables à som observation. En 1856, M. Brodie a donné à la Passe de Nasmyth la forme qu'elle affecte dans la carte de M. Proctor. Dans les beaux dessins du 20 avril de la méme année, par M. De la Rue, au contraire, ce détroit n'a pas la méme uniformité ; il présente une con- vexité vers le sud et plusieurs ondulations remarquables (dessin de 11" 45"), Près de la Mer de Kaiser, son bord méridional donne lieu à une baie pro- noncée (dessin de 9"40"). Ces délails rappellent les taches ondulées de Beer et Mädler ?. Dans les figures de M. De La Rue, la Passe de Nasmyth se confond d'ailleurs à droite avec la Mer de Beer, laissant incompléte la Terre de Mádler. ! Fragm. sur les corps célestes, p. 169. 2 Ibid. DE LA PLANETE MARS. 49 Dans les figures 5 et 6 du P. Secchi pour 1858, on trouve aussi une expansion trés-marquée du Détroit de Nasmyth vers le sud ; mais, dans les dessins suivants, l'aspect se rapproche davantage de celui de la carte géné- rale (fig. 8, 9, 10 et 11 de 1858). D'après ces observations du P. Secchi, la Passe de Nasmyth serait en communication avec les taches plus orientales, au lieu de se terminer brusquement comme dans la carte de l'astronome anglais. Le Détroit de Nasmyth ne figure pas distinctement dans les observations de MM. Gledhill et Burton pour 1871. Le premier de ces deux astronomes a représenté, à l'orient de la pointe terminale de la Mer de Kaiser, une petite tache qui doit appartenir à cette passe, et qui en est ici le seul vestige (voir fig. 48 de ce mémoire). M. Webb, dans un dessin du 29 mars 1874, à 11^, que je reproduis dans la figure 45, a représenté en partie la Passe de Nasmyth, mais elle se réunit à droite à la Mer de Beer. Signalons encore une observation que j'ai reçue de M. Wilson, faite le 4 mai 1871, à 9" 30" (fig. 14 de ce mémoire). La Mer de Kaiser y est terminée par une bifurcation dirigée vers l'est. Évidemment la branche supérieure est le Détroit de Nasmyth ; quant à la branche inférieure, elle peut correspondre à la Mer de Beer. Dans les dessins de MM. Joynson et Green pour 1873, apparaissent les expansions dirigées vers le sud et signalées plus haut dans ceux de M. De La Rue et du R. P. Secchi (voir fig. 15 de ce mémoire). Le 22 mai 1873, M. J. Schmidt a vu, au-dessous de la Mer de Kaiser, une lache ronde complétement isolée (voir fig. 16 de ce mémoire), et la figure 17 reproduit un dessin du méme astronome, dans lequel la Passe de Nasmyth est divisée en deux parties. MM. Knobel et Flammarion ont vu trés-distinetement, en 1873, la région qui nous occupe, et leurs observations concordent parfaitement avec la carte de M. Proctor. Comme exemple de la perspicacité de M. Dawes, il faut noter que, seul en 1864, il a dessiné d'une facon évidente le Détroit de Nasmyth. Tome XXXIX. 7 SUR L'ASPECT PHYSIQUE C. — Anciennes observations de la Mer de Main. C'est dans les observations de 1841, par Mádler, que l'on trouve pour la première fois une trace certaine de la Mer de Main 3. Il est remarquable que la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes y sont largement échancrés sur le bord occidental (fig. 7, 8 et 9 de 1841), précisément à l'endroit qu'oceupe la Péninsule de Hind. La Mer de Main apparait aussi dans le dessin du 20 avril 1856 , à 940", par M. De La Rue, et dans ceux du P. Secchi pour 1858 (fig. 8, 9, 40 et 1 du P. Secchi); on l'a souvent figurée pendant les oppositions plus récentes. D. — Particularités offertes par la Mer de Main. D'après le dessin de M. De La Rue (20 avril 1856), la Mer de Main se compose de deux lobes; cet habile observateur s'accorde en cela avec les dessins du P. Secchi pour 1858. En 1862, M. Lockyer attribue aussi à cette petite mer une forme assez compliquée (fig. 13 de M. Lockyer) ?. En 1864, M. Dawes l'a dessinée telle que M. Proctor l'a reproduite dans sa carte géné- rale. Elle apparait en 1873, dans les dessins de M. Knobel, mais sans com- muniquer toujours nettement avec la Mer de Kaiser. E. Remarque sur la termimaison septentrionale de la Mer de Kaiser dans quelques dessins. Lorsque la Mer de Kaiser apparait sous la forme d'un coin, on remarque souvent que son extrémité boréale dévie vers l'ouest au lieu de se diriger vers l'est; cette dernière direction est pourtant celle de la Passe de Nasmyth ! J'ai dit ici : une trace certaine de la Mer de Main, parce que l'on peut considérer, en effet, comme probable que Beer et Müdler avaient déjà observé cette Mer en 1850 (voir p. 107 de ce mémoire, note). 2 Jl est vrai que, pendant cette soirée, M. Lockyer enregistrait des modifications curieuses produites dans cette région par un nuage martiel. Mais la figure 15 doit correspondre à une éclaircie presque complète. Voir Lockvgn, mém. cité, p. 189. DE LA PLANÈTE MARS. Di dans laquelle se perd graduellement le grand océan. Gomme exemples de ce fait, je citerai les dessins de W. Herschel, ceux de Schroeter, ceux d'Arago, ceux de Müdler pour 1844. Cette circonstance, qui parait singuliére d'abord, trouve son explication dans la carte de M. Proctor elle-méme, et vient en con- firmer un détail. On y voit, en effet, que la partie effilée de la Mer de Kaiser se dirige d'abord vers l'ouest, avant de prendre définitivement la direction orientale qui la réunit à la Passe de Nasmyth. La visibilité s'arrétant prés de l'origine de cette passe, dans les instruments peu puissants et dans les obser- vations anciennes, la pointe septentrionale de la Mer de Kaiser s'y dirige simplement vers l'ouest. Dans un certain nombre de représentations de Mars, comme celles de Beer et Mádler en 1830, celles de M. J. Schmidt en 1845, celles d'Arago et d'autres qu'il est inutile de citer, la terminaison boréale de la Mer de Kaiser est arrondie ét a une certaine largeur, au lieu de s'effiler peu à peu suivant le caractère réel de cette mer. Cet aspect provient uniquement de la limite apparente que l'observateur assigne à la tache; il lui donnera, en effet, une terminaison d'autant plus large.qu'il la verra se prolonger moins loin vers le nord. § 4. — Solutions de continuité observées dans la Mer de Kaiser et dans l'Océan de Dawes. D’après la carte de M. Proctor, la grande mer dont je m'occupe ici est complétement indivise. Cependant un grand nombre de dessins font voir des lignes lumineuses qui la partagent souvent en plusieurs parties. Faut-il attri- buer celles-ci à des nuages passant au-dessus du grand océan, ou à des divisions, à des isthmes réellement existants, et parfois inapereus à cause de la difficulté des observations ? Le mémoire du P. Seechi pour 1858 renferme quelques exemples de faits semblables ; je citerai ses remarques des 11, 43 et 17 juin +. Il signale ' Mém. cit., p. 21; 1859. D 52 SUR L'ASPECT PHYSIQUE des trainées blanches trés-délicates sur les taches obscures. Des nuages peuvent expliquer les stries de cette nature, lorsque leur mutabilité est bien constatée. Il est donc utile d'examiner soigneusement la position de celles que nous avons spécialement en vue dans ce paragraphe, et de voir si leur étude ne conduit pas à la probabilité d'une certaine permanence. Les observations qui fournissent les renseignements les plus précieux sur ce sujet sont celles de M. von Franzenau pour 186%, de lord Rosse pour 1862, de Mädler pour 1844, de M. Gledhill, de M. Burton et de M. Wilson pour 1874. La figure 18 de ce mémoire reproduit un dessin de MM. Gledhill et Cross- ley, exécuté le 4 avril 1871, à 11 heures, La Mer de Kaiser y apparait complétement séparée de l'Océan de Dawes, et ces astronomes ont représenté exactement la méme solution de continuité les 6 et 8 avril, et le 7 mai. La division dont il s'agit ne serait donc pas accidentelle. Si nous examinons les dessins de M. von Franzenau pour 1864, nous rencontrons deux fois (20 novembre à 7" 30", et 22 novembre à 9") la méme division compléte entre la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes. Le 6 novembre 1862, lord Rosse sépare aussi la partie inférieure de la tache, mais la strie brillante n'est pas exactement la méme. Les deux océans apparaissent complétement séparés dans plusieurs dessins de Mädler, en 1844 (fig. 8, 25, 27, 28). Il est remarquable que la méme solution de continuité se retrouve, quoique faiblement indiquée, dans un dessin de 1871, par M. Burton, et que j'ai reproduit dans la figure 10 de ce mémoire. Il est du 6 avril, et coincide, par conséquent, avec l'une des observations de M. Gledhill que je viens de citer : une bordure grise, plus pâle, y entoure toute la tache, et celle-ci est séparée en deux parties trés-sombres, les seules que M. Gledhill ait dessinées. Sans attacher à la remarque suivante plus d'importance que n'en com- portent, à cause de leur ancienneté, les détails du dessin dont je vais parler, je signalerai que, dans une observation de 1659, par Huygens (fig. 49 de ce mémoire), la Mer de Kaiser, qui doit se trouver positivement au bord oriental, est représentée par une tache nettement séparée de la bande supé- rieure. DE LA PLANÈTE MARS. 55 Mais, sans invoquer cette derniére observation, il semble déjà remarquable que la division dont il s'agit ait laissé des traces dans des dessins embrassant une période assez longue pour réunir les années 1841, 1862, 1864 et 1871. On est porté à croire que cette solution de continuité a sa cause sur la sur- face méme de la planéte. Est-ce un isthme difficile à observer ? Est-ce une nuance moins sombre que présente cette partie de la tache 1p Le dessin 4 de M. von Franzenau établit une séparation entre l'Océan de Dawes et la Mer de Hook. Il est bien remarquable que lord Rosse, dans ses dessins 4 et 6 de 1862, laisse soupconner également la division de ces deux mers, Je citerai encore le dessin que j'ai effectué le 24 mai 1873, à 8" 40", où cette solution de continuité était bien visible. M. Burton, le 29 mai 1873, de 9" à 9^ 43", a confirmé mon observation par le dessin que j'ai reproduit, figure 90 de ce mémoire. M. J. Schmidt a figuré également le méme détail à la date du 23 mai 1873 (voir fig. 21). Enfin, la figure 22 de ce travail est due a M. Wilson et conduit à la méme conclusion pour 1871. Les dessins 3 et 5 de M. von Franzenau contiennent une séparation ayant la direction NE — SO., traversant la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes, et faisant communiquer, dans la fig. 5, le Continent de Dawes avec la Terre de Cassini. Elle a pour conséquence bien évidente, dans la figure 3, de séparer le Détroit d'Herschel H de la Mer de Kaiser. Chose remarquable, des traces de Séparation apparaissent aussi entre ces deux taches dans les dessins 1 et 6 de lord Rosse, en 1862; dans ceux de Mádler, en 1844 (5 et 6), et dans ceux de M. Wilson, en 1871. M. Kaiser, dans son dessin 3 de 1864, a séparé également ces deux régions. Il me semble que la constance de ces stries brillantes dans plusieurs des- Sins, exécutés à des époques éloignées, mérite une grande attention. Ce fait devrait être étudié très-soigneusement pendant les oppositions les plus favo- rables, et spécialement en 1877. * Voyez le paragraphe suivant. 54 SUR L'ASPECT PHYSIQUE 8 5. — Absence d'uniformité dans la teinte sombre de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes. Dans sa notice sur l'opposition de 1873 t, M. Knobel appelle l'attention sur l'absence d'uniformité que l'on remarque dans la teinte sombre des taches de Mars. Une étude attentive le conduit à admettre qu'il existe de grandes différences sous ce rapport, et qu'elles sont constantes. Les régions les plus noires qu'il ait observées sont les Mers de Kaiser et de Delambre; la moins sombre était la Passe d'Oudemans. Non-seulement les diverses taches différent entre elles sous ce rapport, mais la méme mer peut pré- senter, dans ses diverses parties, de notables différences. M. Knobel signale spécialement une région trés-sombre qu'il a remarquée dans la partie orien- tale de l'Océan de Dawes, à l'endroit oà celui-ci se confond avec la Mer de Kaiser. Cet astronome a attiré tout particuliérement mon attention sur la persistance de ce phénoméne, et m'a communiqué des dessins dans lesquels il en fixe la position avec beaucoup de soin. Tel est le diagramme reproduit dans la figure 25 de ce mémoire; la ligne pointillée y indique cette situation. M. Knobel propose d'attribuer les nuances plus foncées à des profondeurs plus grandes des mers martielles. J'ai cru utile de réunir et de comparer, dans ce paragraphe, toutes les observations analogues et qui sont relatives à la grande mer de Mars. Il faut citer d'abord des dessins de M. Burton, se rapportant au 23 et au 2% mai 1873, dans lesquels apparaît une région plus sombre exactement dans la méme situation que celle de M. Knobel (voir fig. 41 de ce mémoire). Dans une photographie de lord Rosse, pour le 5 janvier 1869, cette partie de l'Océan de Dawes est aussi plus foncée que le reste de la tache. Un autre dessin photographié du méme astronome, représentant Mars le 31 janvier 1869 ?, renferme des détails très-remarquables au point de vue 1 Monthly notices, 1. cit. 2 Le jour de cette observation est un peu incertain. Dans la note de M. Burton, citée plus loin, on lit: « 51 janvier (21?). » Dans l'énumération des observations on ne voit pas le 51 jan- vier, mais bien le 21. Sur la photographie on croit lire : 21. Comme la note de M. Burton men- WEE DE LA PLANÈTE MARS. 55 qui nous occupe : dans la brochure imprimée accompagnant les photogra- phies du comte de Rosse, on lit cette note de M. Ch. Burton, qui a effectué le dessin à Birr Castle : « The definition on jan. 31 (21"?), 1869, was » extremely fine, and the amount of minute detail visible was very great, » the most remarkable features being the excessively minute, nearly black » dots thiekly set on the southern (upper) expansion of the neck of the » “ hour-glass " marking, the revelation of which was evidently an effect » of aperture. » In ordinary weather or with moderate apertures these dots, unresolved, » appear as the mass of darker shade than the rest of the " hour-glass " » depicted on the 5" Jan., 1869. » M. Burton avait donc remarqué cette région plus sombre, et l'observation d'un grand nombre de petits points noirs, vus ce jour, au lieu indiqué, lui fait conclure que la partie plus sombre est due à la confusion trés-fréquente de ces points. On est en droit de se demander, aprés ces exemples, si cette tache noire ne fait par partie intégrante de l'Océan de Dawes, au lieu d'étre due à un phé- noméne accidentel, et c’est un point qui mérite toute l'attention des observa- teurs futurs. J'aurai l'occasion de citer encore d'autres exemples de cette diversité de nuances, dans d'autres régions de la planète, mais, jusqu'ici, je n'en connais point qui soit apparue avec une telle constance. Les bords de la grande tache sont parfois moins sombres que son intérieur : cette circonstance résulte encore du dessin de M. Burton que j'ai reproduit dans la figure 10 de ce travail. Dans plusieurs dessins du P. Secchi, pour 1858, on trouve aussi le bord de la tache moins sombre que le centre; la méme particularité se manifeste dans l'observation du 20 avril 1856, par M. De La Rue. M. Phillips l'a méme indiquée dans sa carte générale. Il semble que les diverses parties de cette mer ne soient pas uniformément tionne la tache Sablier, on peut en conclure avec certitude que la date véritable est le 51 janvier. Le 21 , en effet, à l'heure indiquée, on n'eüt pas apercu la Mer de Kaiser dans cette position. C'est la conclusion que je puis tirer des autres observations de 1869. D'autre part, il est impos- Sible d'admettre que M. Burton ait pris une autre tache pour cette mer. 56 SUR L'ASPECT PHYSIQUE sombres, et que, dans certains cas, les régions les plus claires soient figurées comme des solutions de continuité. Telle est peut-étre la division sur laquelle j'ai longuement insisté dans le paragraphe précédent, et qui est apparue | à M. Gledhill entre la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes; pour M. Burton, en effet, elle n'était que grisâtre. M. Lockyer et d'autres observateurs ont figuré des gradations de teintes très-prononcées dans d'autres taches sombres de la planète Mars. S 6. — Côtes de l'Océan de Dawes et de la Mer de Kaiser. J'ai déjà fait remarquer que les dessins de M. Lassell se caractérisent par de nombreuses baies qui garnissent les bords des taches sombres; ceux-ci sont déchiquetés de la méme maniére dans plusieurs dessins que M. Wilson m'a communiqués. On est naturellement porté à y reconnaitre les nombreuses sinuosités d'une côte, comme M. Lassell le dit explicitement t. La constata- tion certaine de l'existence et de la permanence d'un grand nombre de dente- lures de celte espèce serait un argument puissant en faveur de l'opinion si probable, que nous observons sur cette planéte la répartition des continents et des mers. Malheureusement ces détails sont tellement délieats que M. Las- sell lui-méme n'a pu fixer exactement leur position. Il est bien à désirer que les astronomes tentent de nouveaux efforts dans cette voie en 1877, au moyen des puissants instruments qui sont à leur disposition. 8 7. — Questions relatives à la Mer de Kaiser et à l'Océan de Dawes. Dans ce dernier paragraphe, j'ai résumé, sous forme de questions à résoudre, les principaux résultats de cette étude. C'est surtout à la solution de questions déterminées d'avance que les astronomes devront s'attacher à l'avenir pour perfectionner la carte de la planète. Il est à craindre, en effet, que, sans une ! Monthly notices, l. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 57 connaissance parfaite des faits acquis déjà, et sans un programme arrêté, les dessins futurs ne se bornent, dans la plupart des cas, à reproduire la série des détails déjà connus. 1^ Les Mers de Zóllner et de Lambert sont-elles en communication avec la Mer de Phillips? Se partagent-elles en plusieurs branches ? 2» N'existe-t-il pas, entre la Mer de Phillips et la limite méridionale de l'Océan de Dawes, une autre mer parallèle à celle de Phillips 3 3^ Quelle est l'étendue exacte de la Terre de Cassini ? An La Mer de Main est-elle simple ou composée de plusieurs lobes ? 5° Le Détroit de Nasmyth est-il ondulé et envoie-t-il des prolongements dans le continent de Dawes? Se termine-t-il brusquement à PE., ou est-il en communication avec la Mer de Tycho ? 6° Quelle est la configuration des côtes de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes ? 1° Existe-t-il des solutions de continuité dans cette grande tache, notam- ment : a) entre la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes; b) entre l'Océan de Dawes et le Détroit d'Herschel II; c) entre l'Océan de Dawes et la Mer de Hook ? 8° Quelles sont les régions plus sombres que l'on observe dans cette tache de Mars ? Ces régions sont-elles permanentes ? Tome XXXIX. 8 SUR L'ASPECT PHYSIQUE CHAPITRE 1I. RÉSULTATS D'UNE ÉTUDE COMPARATIVE DES DESSINS RENFERMANT LE DÉTROIT D'HERSCHEL Il. .— Aspect général et anciennes observations du Détroit d’ Herschel II. Trois larges canaux établissent une communication entre l'Océan de Dawes et l'Océan De La Rue, dans la carte de M. Proctor : ce sont, en allant du nord au sud : les Détroits d'Herschel IF, d'Arago et de Newton. Entre les deux premiers se trouve l'Ile de Phillips; entre les deux derniers, l'Ile de Jacob. Au sud, la Terre de Kunowsky sépare le Détroit de Newton de la Mer polaire de Phillips; au nord, le Détroit d'Herschel est garni de plusieurs baies, la Baie fourchue de Dawes ' et la Baie de Beer; il est en rapport avec une tache boréale, la Mer de Tycho, par un canal étroit, le Détroit de Dawes. Ce dernier a recu du P. Secchi les noms d'Isthme et de Canal de Franklin ?. Le Détroit d'Herschel est la tache ve de Beer et Mädler et de M. Kaiser; c'est la tache c de mes dessins de 1874 et de 1873. L'ensemble dont je viens d'esquisser à grands traits la configuration doit faire l'objet de ce chapitre. D'aprés beaucoup de traités d'astronomie, le disque de la planéte Mars est quelquefois sillonné de bandes analogues à celles de Jupiter : deux mers martielles donnent lieu à cette apparence : le Détroit d'Herschel H, dont je vais m'occuper, et la Mer de Maraldi, qui doit trouver sa place dans une autre partie de ce travail. Lorsque l'inclinaison du póle nord vers la terre est assez prononcée, on peut observer en méme temps que le Détroit d'Herschel II, qui occupe alors ! Comme tous les observateurs n'ont pas dédoublé cette baie, je l'appellerai souvent simple- ment: Baie de Dawes. 2 Mém. de ÜObserv. du Coll. Rom., 1. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 59 la partie supérieure apparente du disque, une tache sombre occupant la région inférieure, et qui est la Mer de Tycho de M. Proctor +. La présence de ces deux taches est caractéristique de la région qui nous occupe. A défaut de pouvoir rechercher si la figure de Huygens pour 1656, sans temps précis, représente la Mer de Maraldi ou le Détroit d'Herschel Il, nous trouvons que la première observation certaine de ce dernier détroit date du 28 novembre 1659, et est due à cet astronome. Elle représente la Mer de Kaiser au bord occidental (voir fig. 24 de ce mémoire). Huygens a encore dessiné la méme tache le 7 mai 1683, comme on le voit dans notre figure 25. Ce croquis renferme deux régions sombres, l'une en haut du disque : Mer de Tycho. L'aspect et la comparaison avec les dessins de la méme "est la st le Détroit d'Herschel 11; l'autre au bas année, qui représentent la Mer de Kaiser, ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet. Les dessins de Huygens et ceux de W. Herschel pour 4777 jettent un grand jour sur les observations que Cassini et Campani ont exécutées en 1666. J'ai déjà émis l'opinion que le dessin K de Cassini, et le dessin M de Campani pourraient représenter la Mer de Kaiser. Ici j'émettrai celle que les figures Z et P de Cassini, et N de Campani, pourraient contenir le Dé- troit d'Herschel H et la Mer de Tycho. Il n'est pas possible de nier l'analogie qui existe entre le dessin du 17 mai 1683, à 10^ 30^, fait par Huygens (voir fig. 4 de ce mémoire), les dessins K de Cassini, M de Campani, et celui que W. Herschel a exécuté le 47 avril 4777 à 7" 80». Pour Huygens et W. Herschel, on ne saurait élever de doutes : ils ont vu la Mer de Kaiser. De méme, on ne peut contester l'analogie offerte par le dessin du 7 mai 1683, à 10 heures, de Huygens (fig. 25 de ce mémoire), les figures L et P de Cassini, W de Campani, et le croquis fait par W. Herschel le 8 avril 1777, à 7 30", Or, on peut affirmer que ces derniéres observations de Huygens et de W. Herschel avaient pour objet le Détroit d'Herschel II; il Les observations de 1871 offrent les exemples de cet aspect caractéristique. DU SUR L'ASPECT PHYSIQUE est done possible que celles de Cassini et de Campani soient dans le méme cas. Examinons la conséquence que l'on peut. tirer d'un rapprochement entre ces deux groupes d'observations, pour autant que le permettent les données si imparfaites que nous possédons quant au temps des figures de Cassini et de Campani. Entre les deux dessins de Huygens, représentant l'un la Mer de Kaiser, l'autre le Détroit d'Herschel I, dessins exécutés tous deux en mai 1683, l'un à 40" 30", l'autre à 10 heures, il y a un intervalle de dix jours. Entre les deux dessins correspondants de W. Herschel, exécutés en 1777 et au mois d'avril, l'un à 7^ 50", l'autre à 7^ 30", il y a 9 jours d'inter- valle. La figure L de Cassini se rapporte au soir du 24 février 1666 , en nou- veau style, et la figure K à la soirée du 3 mars. Ces deux observations sont done séparées par un intervalle de 7 jours. Donc, à l'analogie d'aspect signalée plus haut, ces dessins de Cassini et, par conséquent, de Campani, joignent la circonstance de présenter entre eux une relation semblable à celle qui rattache entre elles les observations de Huygens et celles de W. Herschel. Si nous admettons que les figures £ de Cassini, N de Campani et P de Cassini représentent le Détroit d'Herschel , il s'ensuivra que le dessin 0, dû aux astronomes italiens qui se servaient d'un objectif de Divini, et dressé le méme jour et à la méme heure que le dessin P de Cassini, contient aussi le méme détroit. On pourrait tirer de ces données une conclusion assez inléressante : le dessin de ces autres astronomes italiens ressemble mieux à l'aspect de ces régions tel qu'on le dessine de nos jours : le Détroit d'Herschel, représenté par la tache occidentale, est méme relié à la Mer de Tycho, placée vers l'Orient, par une bande légère qui rappelle le Détroit de Dawes. Ces astro- nomes auraient done mieux vu que Cassini, bien qu'ils eussent tiré de leurs observations une conséquence inexacte : ils avaient, en effet, adopté pour période de rotation une durée de 13 heures, parce que, d’après Cassini, ils confondaient la première face de Mars, représentée en K, avec la seconde, DE LA PLANETE MARS. 64 représentée op Z; et, en effet, tandis que ces astronomes dessinaient leur figure O, assez semblable à celle de la première face, Cassini dessinait sa figure P, qui est la seconde face. Cassini, de son cóté, devrait sa découverte de la durée exacte de rotation plutôt à la constance de l'aspect. que lui offraient les mêmes taches qu’à l'exactitude de cet aspect. Cette dernière conséquence n'aurait rien d'éton- nant; car on peut constater que Huygens, en 1659, dessinait déjà les taches de Mars beaucoup plus exactement que Cassini en 1666. On peut dire aussi qu'à ce point de vue, les figures À et B de Hook l'emportent sur celles de l'astronome de Bologne. Outre les deux principaux dessins de Hook dont il a déjà été question, on trouve encore, dans les Transact. phil., sept autres petits croquis très- difficiles à étudier et dont je dirai seulement quelques mots; car ils ne pré- sentent pas d'importance. Le dessin G de Hook est du 1* avril 1666, en nouveau style, à 8" 30". Il est donc possible qu'il offre à peu prés le méme hémisphére que les dessins P de Cassini et N de Campani, qui sont respecti- vement des soirées du 30 et du 28 mars. L'aspeet est d'ailleurs analogue, et, d’après ce qui vient d'être exposé, on croit y voir effectivement le Détroit d'Herschel H et la Mer de Tycho. J'ajouterai que le 31 mars (N. S.), dans la soirée, Hook parle d'une tache triangulaire qui occupait la partie orientale du disque, et l'on sait que la Mer de Tycho présente souvent une forme triangulaire bien caractérisée; on peut s'en assurer en examinant la tache a de mes dessins de 1811 !. Bien que les résultats énoncés ci-dessus au sujet de ces anciens dessins soient nécessairement et jusqu'à un certain point hypothétiques, il m'a semblé utile de les signaler à l'attention, parce qu'ils provoqueront peut-être un nouvel examen de celle question et une explication complète des dessins de Campani el de Cassini. Le Détroit d'Herschel est probablement représenté en 1704, dans les observations de Maraldi , par la bande sombre qui suit la pointe tournée vers le nord. 1 Bull. de ÜlAcad. roy. de Belg., l. cit. 62 SUR L'ASPECT PHYSIQUE On vient de voir que le Détroit d'Herschel apparaît dans la figure 44 (8 avril 4777, à 7" 30") de W. Herschel pour 4777. Il en est de méme des figures 15 et 16 de la méme année. Je suis conduit ainsi à expliquer d'une maniére trés-satisfaisante un détail singulier offert par la figure 14. Les deux taches y sont séparées par une zone brillante : « À bright belt or partition » between them, » dit l'illustre astronome !. Cette zone figure aussi dans les dessins 45 et 16, et méme dans les dessins 18 et 19, dont je m'occuperai plus loin, et qui représentent la Mer de Maraldi. Dans le croquis 44, elle correspond à la surface continentale qui sépare effectivement le Détroit d'Herschel de la Mer de Tycho, le Détroit de Dawes échappant facilement à l'observation. Cette surface est brillante, et, chose remarquable, dans les observations modernes, on trouve quelquefois le Détroit d'Herschel garni au nord d'une bordure blanche et brillante ?. On peut en dire autant de la Mer de Maraldi et expliquer de la méme manière la zone brillante des figures 48 et 19. En 1783, le Détroit d'Herschel figure, au moins en partie, dans les des- sius 45, 16, 17 et 22. En examinant le dessin 21, on croit voir appa- raitre la Mer de Kaiser au bord occidental, et le Détroit d'Herschel, avec une trace de ses baies, dans le restant du disque. Cependant on reconnait que cette interprétation est inconciliable avec celle qui place la Mer de Kaiser dans le dessin 47 : or, M. Proctor, M. Kaiser et M. Julius Schmidt sont una- nimes dans cette dernière manière de voir. On est donc forcé de considérer la figure 21 comme représentant une région comprise entre l'Océan De La iue et la Mer de Maraldi. Dans la figure 22, nous trouvons, au milieu du disque, une tache trés-noire se dirigeant vers le nord, que l'on prendrait pour la Mer de Kaiser, et qui était au bord occidental dans la figure 94. Cette tache doit correspondre en partie à l'Océan De La Rue, en partie aux baies du Détroit d'Herschel et au Détroit de Dawes. Les dessins 15, 16 et 17 de 1783 montrent aussi un second détroit plus méridional que celui d'Herschel II, et qui doit étre celui d'Arago ou celui de 1 Phil. Trans. L cit. 2 Voir, comme exemple, la figure 8 de M. Dawes pour 1864. Monthly not. de la Soc. roy. astr. de Londres, l. cit. f | f i DE LA PLANÈTE MARS. 63 Newton. Entre les deux détroits, nous trouvons donc l'Ile de Phillips, peut- être confondue avec celle de Jacob. W. Herschel est le premier astronome qui ait figuré ces détails. Toutefois, hàtons-nous de dire qu'il n'y a pas ici d'ile proprement dite, le Détroit d'Herschel se terminant brusquement à une certaine distance de la Mer de Kaiser, et laissant une communication entre l'Ile de Phillips et le Continent de Dawes (fig. 16 de W. Herschel). Les Dé- troits d'Arago et d'Herschel constituent ici une sorte de fer à cheval qui n'établit pas de communication certaine avec l'Océan De La Rue. On trouve la méme particularité dans des dessins modernes. Schroeter a esquissé le Détroit d'Herschel d'une manière trés-nette, de méme que celui d'Arago ou celui de Newton. Le lecteur trouvera la démon- stration de ce fait dans une notice antérieure, avec les dessins de 1798, auxquels je fais allusion iei 1. L'une des nombreuses taches se terminant en pointe du côté du nord, que l'asironome de Lilienthal a figürées en 1800, suit la Mer de Kaiser dans le mouvement de rotation; elle est aussi accentuée que celle que W. Herschel a placée dans son dessin 22 de 1783, et doit s'expliquer de la méme maniére. omme je l'ai fait connaitre ailleurs ?, Schroeter a vu, en 1798, la tache que Beer et Mädler ont prise pour origine des longitudes aréographiques, et désignée par a; elle n'est autre que la Baie fourchue de Dawes. L'astro- nome de Lilienthal la voyait sous forme d'un globule noir, comme Beer et Mädler. Il l'a donc remarquée le premier, et on la trouve plusieurs fois dans les dessins des Arcogr. fragm. Parfois aussi le Détroit d'Herschel est inter- rompu entre les Baies de Dawes et de Beer, comme on le constate chez d'au- tres observateurs, qui établissent une communication entre l'He de Phillips et le Continent de Dawes. Je dois passer ensuite aux dessins de Kunowsky, qui renferment la tache a de Beer et Mädler, et représentent le Détroit d'Herschel IF avec les princi- paux caractères qu'il offre encore aujourd'hui à l'époque de l'été septen- trional. ! Configuration des taches de Mars à la fin du XVIII siècle, 1 cit. 2 Ibidem. 64 SUR L'ASPECT PHYSIQUE 8 2. — Étude des dessins du Détroit d Herschel II, et des régions voisines, exécutés dans les conditions les plus favorables. Dans les dessins de Beer et Mädler pour 1830 et pour 1832, le Détroit d'Herschel est trés-visible et se termine, à l'est, par une tache arrondie qui correspond à la Baie de Dawes !. Comme certains dessins de Schroeter, ceux de Beer et Mádler établissent une solution de continuité à l'orient de la Baie de Dawes. Les deux astronomes n'ont point figuré le Détroit d'Arago ni l'ile de Phillips. Cependant, dans le dessin 2 des Astron. Nachr., pour 4850, et dans les cartes générales des deux auteurs, l'Océan de Dawes est trilobé à droite : ces trois lobes pourraient être l'origine des Détroits d'Arago. de Newton et de la Mer de Lambert. La Baie de Beer, l'origine méridionale du Détroit de Dawes, et l'Océan De La Rue sont confondus dans une grande lache, qui figure, sur les hémisphères, entre les longitudes de 300° et de 360°, et dans les dessins 5, 6, 19, 20, 21 et 24 des Astron. Nachr. M. J. Schmidt a observé, en 1860, au-dessus du Détroit d'Herschel H, une région brillante imparfaitement circonserile au sud et qui coïncide avec Pile de Phillips. Parmi les dessins les plus importants qui aient été exécutés en 1862, figurent ceux de M. Lockyer et de M. Kaiser. Examinons-y les caractéres principaux de la région qui nous oceupe ?. Le Détroit d'Herschel est inter- rompu entre les Baies de Dawes et de Beer; ce détail est évident, en 1862, surtout dans les dessins de M. Lockyer. La Baie de Beer et la partie supé- rieure du Détroit de Dawes, seule visible à cause de la position de l'axe, sont accolées, mais trés-distinctes l'une de l'autre et de l'Océan De La Rue. Dans quelques dessins (1, 2, 3, 14, 15 de Lockyer, 4 et 8 de Kaiser) on soupconne la présence du Détroit d'Arago et de celui de Newton, mais ils sont incomplets; il en est de méme de l'Ile de Phillips. Abstraction faite de la 1 Voir, pour 1850, figures 4, 2, 5, 4, 5, 9, 21, 22, 25, 24 des Astron. Nachr., I. cit. — Ou bien : figures 1, 2, 5, 7, 14, 15, 16 des Fragments. — Pour 1852, figure 4 des Fragments. 2 Figures 4, 2, 5, 4, 14, 15, 16 de M. Lockyer, et figures 4 et 8 de M. Kaiser pour 1862. Mém. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 65 communication avec le Continent de Dawes, qui óte à cette région son carac- lére d'ile, on doit noter que, d'après MM. Lockyer et Kaiser, l'Ile de Phillips ne s'étendrait pas aussi loin vers l'est que sur la carte de M. Proctor; elle s'arréterait, en effet, immédiatement au sud de la Baie de Dawes, et le Détroit d'Arago aboutirait à la Baie de Beer (Lockyer, fig. 1, 2, 3, 14, 15). Les deux observateurs représentent le Détroit d'Herschel comme se recour- bant vers le sud (Lockyer, 15; Kaiser, 4, 8) contre l'Océan de Dawes, avec lequel sa communication parait quelquefois douteuse, et se prolongeant ensuite au sud de sa direction primitive, et parallèlement, sur une étendue restreinte. Cette disposition rappelle le fer à cheval de W. Herschel, et c'est la branche supérieure, comme je l'ai dit, qui représente ici une partie du Détroit d'Arago. M. Lockyer n'a point dédoublé la Baie de Dawes; mais M. Kaiser la repré- sente comme légèrement fourchue (Kaiser, 4). Les deux astronomes s'accordent pour placer. à l'ouest de la Baie de Dawes, une sorte de cap assez prononcé qui s'enfonce dans le Détroit d'Herschel (Kaiser, 4; Lockyer, 4, 2, 5, 45), et pour lequel je proposerai le nom de Terre de Proctor, en l'honneur des travaux du savant astronome anglais qui a dressé la carte de Mars et qui, en donnant aux accidents de cette surface planétaire les noms d'un grand nombre d'aréographes, a oublié d'y placer le sien. Dans sa figure 4, M. Lockyer a tracé, au-dessus du Détroit d'Herschel , une courte bande sombre qu'il désigne par la lettre æ, et sur laquelle il appelle l'attention 1. Elle figure aussi dans le dessin 2. Il est bien difficile |. Proctor. d'expliquer ce détail par la carte de En résumé, les observations de ces deux astronomes jettent des doutes sur l'exactitude de la carte, au moins à l'égard de la région qui nous occupe. On se demande, en les examinant, si l'Ile de Phillips, le Détroit d'Arago, l'Ile de Jacob et le Détroit de Newton ne doivent pas être, ou supprimés, ou, du moins, considérablement modifiés pour devenir plus conformes à la configu- ration réelle. ! Mém. cité, p. 189. Tome XXXIX. 9 66 SUR L'ASPECT PHYSIQUE C'est ici que se manifeste l'importance des dessins que M. Webb a exé- cutés en 18692 !, et qui viennent, au contraire, confirmer presque com- plétement la carte de M. Proctor. D'où provient cette différence? Question intéressante, qui montre combien cette planéte est encore digne d'un examen soutenu. Il faut citer spécialement la figure 5 de M. Webb, où l'on peut voir le Détroit d'Herschel, l'Ile de Phillips, le Détroit d'Arago, l'Ile de Jacob et le Détroit de Newton. La figure 7 contient également le Détroit d'Herschel,, et une apparence due à l'Ile de Phillips. Un dessin de M. G. Knott, reproduit dans la figure 9 de ce mémoire, montre à son tour le Détroit d'Arago et l'Ile de Phillips d'une facon extré- mement nette, mais il ne fait point voir comment ces régions se terminent à l'est. Dans la figure 26 de ce mémoire, due au méme astronome, on soup- conne une solution de continuité dans le Détroit d'Herschel , entre les deux baies qui y sont représentées. À gauche du disque, le Détroit d'Herschel fait de plus un retour vers l'est, rappelant le fer à cheval de W. Herschel et les figures de M. Kaiser et de M. Lockyer. Plusieurs dessins de M. Green et de M. Banks pour 1862 montrent aussi le Détroit d'Arago et l'Ile de Phillips; on peut méme, dans celui que j'ai reproduit par la figure 27, soupconner la présence de l'Ile de Jacob. M. Joynson a vu également deux iles distinctes vers l'endroit, que M. Proctor a désigné sous le nom d'Ile de Phillips; mais elles se suivent dans la rotation au lieu d'étre superposées. Dans la note imprimée qui accompagne ses lithographies, l’auteur s'exprime ainsi : « In the band of » walers there are two small islands, so near together as generally to appear » as one. » Je répète que ces deux iles, étant juxtaposées dans le sens d'un parallèle aréographique, au lieu de l'être dans le sens d'un méridien, ne peuvent correspondre aux Iles de Phillips et de Jacob. Mais leur ensemble coineide avee la premiére des deux, el il resterait à expliquer comment M. Joynson a dédoublé l'Ile de Phillips. Faut-il rapprocher ce fait de l'exis- tence de la bande sombre observée par M. Lockyer, et désignée par x 1 Intell. observer, l. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 67 dans sa figure 1? Cette bande tend, en effet, à établir une division dans celle ile. Le 25 septembre 1862, à 11^, M. Nasmyth a fait un dessin du Détroit d'Herschel et il a signalé, comme objet trés-remarquable, une ile située dans la partie occidentale de la bande figurée. « The island, » m'écrit cet astro- nome, « figured in the drawing, was a most remarkable and interesting » object. » Sans aucun doute, c'était l'Ile de Phillips. Les bords du Détroit d'Herschel sont ici extrêmement dentelés. Cette obser- vation ayant été faite avec un réflecteur de grande ouverture (20 pouces), je puis lui appliquer les mémes réflexions qu'aux dessins de M. Lassell, signalés déjà sous le méme rapport. Il est bien singulier, pourtant, que M. Lassell, dans un dessin exécuté le méme jour, à 10*33", et M. Lockyer, dans ses deux observations également du méme jour, à 10*44" et à 10*50", n'aient point figuré cette ile qui con- corde avec la carte de Mars. Ces observations presque simultanées présentent d'ailleurs encore d'autres différences. D'après la figure 5 de lord Rosse !, il existerait deux communications entre l'lle de Phillips et le Continent de Dawes, situées l'une à l'est, l'autre à l'ouest de la Baie de Dawes. On voit ici fort nettement le Détroit d'Arago et, peut-être méme, en haut du disque, une trace du Détroit de Newton. M. Lassell n'établit pas de solution de continuité dans le Détroit d'Her- schel. Il remarque de nombreuses dentelures sur les bords. Ule de Phillips lui échappe, mais il voit des traces trés-incomplétes du Détroit d'Arago. Le dessin 46 est particulièrement remarquable : le bord méridional du Détroit d'Herschel y présente plusieurs baies, qui pourraient étre considérées comme l'origine des Détroits d'Arago ou de Newton, invisibles dans leurs autres parties. Passons aux observations de 1864. Les dessins de M. Dawes ne reproduisent pas tout à fait exactement les contours de la carte de M. Proctor, spécialement en ce qui concerne les régions situées au sud du Détroit d'Herschel H. ! Mém. de la Soc. roy. astr. de Londres, L cit. 68 JR L'ASPECT PHYSIQUE M. Kaiser a encore établi une solution de continuité entre la Baie de Dawes et celle de Beer en 1864 (fig. 9 de M. Kaiser; 1864); il a indiqué faiblement l'Ile de Phillips (fig. 3, 9). Son dessin 3 représente incomplétement le Détroit d'Arago et reproduit les caractères de 1862; il y a une apparence de séparation entre le Détroit d'Herschel et l'Océan de Dawes. La Terre de Proctor est nettement indiquée. Le dessin 7 est trés-intéressant, à cause des solutions de continuité nombreuses, mais imparfaites, qu'il laisse soupconner dans le Détroit d'Herschel ; au moins celui-ci est-il interrompu par trois régions plus pâles, comparables à celles que M. Lockyer a figurées aussi dans son dessin 3 de 1862. Le P. Secchi, dans un dessin du 20 décembre 1864, à 8^, figure nette- ment une partie de lle de Phillips. Il en est de méme de MM. Joynson et Green. Ce dernier observateur, dans son dessin 6, montre indubitablement le Détroit d'Arago. En 1858, le savant directeur de l'Observatoire romain a figuré, avec une admirable netteté, une ile dont la position s'aecorde avec la carte de M. Proctor. Pour s'en convaincre, il suffira d'examiner les figures 5, 6, 7 et 8 de l'auteur 1. Une question intéressante se présente ici : le détroit qui borde cette ile au sud, dans les dessins du P. Secchi, est aussi la limite de la tache polaire méridionale. Est-il le Détroit d'Arago? En l'admettant, on serait obligé de conclure que les neiges s'étendaient en ce moment sur toute l'Ile de Jacob. Il est évident que l'obliquité sous laquelle apparaissaient ces régions en 1858, réduisait notablement leurs dimensions dans le sens des méridiens, et il est plus probable que l'ile du P. Seechi était due à la confusion des Iles de Jacob et de Phillips. Dans ce cas, on devrait consi- dérer la bande sombre limitant cette ile au sud comme correspondant au Détroit de Newton. Les neiges s'étendraient alors, dans cette direction, au moins jusqu'au 60* degré de latitude. Quoi qu'il en soit, les dessins du P. Secchi confirment d'une facon irréfu- table l'existence d'une ile semblable à celle que figure M. Proctor, et il est trés-important d'insister sur ce point , puisque les observations de M. Lockyer et de M. Kaiser le jetaient dans le doute. 1 Mém. de UObserv. rom., l. cit. (ETE MARS. 69 DE LA PLA En comparant ces dessins de 1858 avec ceux de 1864, notamment par M. Kaiser, on trouve que la partie supérieure du disque y différe beaucoup : en 1864, elle est occupée par de grandes étendues sombres ; en 1858, celles-ci se réduisent aux deux canaux très-nets limitant l'ile dont il vient d’être question. J'ai déjà signalé une différence du méme ordre entre l'aspect des régions qui surmontent l'Océan de Dawes pendant ces deux oppositions. L'explication de ce fait se trouve encore dans l'influence des saisons : il est done évidemment confirmé qu'ici la saison d'hiver a pour effet la prédomi- nance des surfaces brillantes, et la saison d'été, eelle des surfaces sombres. 8 3. — Le Détroit d Herschel H au bord supérieur apparent de la planète. Avant de traiter des observations qui présentent la condition énoncée en tête de ce paragraphe, je dois dire un mot des dessins exécutés par M. Brow- ning en 41867 ; ils offrent un aspect transitoire, comme ceux de 1864 et de 1858. Leurs analogies avec les observations qui vont suivre m'ont décidé à les placer ici. Les figures 4 et 8 de M. Browning pour 1867 ! contiennent encore la région nommée : lle de Phillips. La figure 8 se signale méme par une trace de l'Ile de Jacob. Circonstance remarquable, ces régions sont verdâtres dans ces dessins coloriés. Nous avons vu plus haut que la méme teinte régnait aussi, en 1867, au-dessus de l'Océan de Dawes, d'après M. Browning. Pendant la méme opposition, le 11 janvier, à 41"40" (t. m. de Green- wich), M. Williams a dessiné une solution de continuité marquée dans le détroit d'Herschel. Elle correspond probablement à celle que MM. Kaiser et Lockyer établissent entre les baies de Dawes et de Beer (voir fig. 28 de ce mémoire). En 4871, on trouve aussi quelques traces de ces solutions de continuité. Mes dessins 13 et 28 de cette année en fournissent des exemples ?. ! Intell. observer., l. cit. ? Bull. de V Acad. royale de Belgique, Y. eit. 70 SUR L'ASPECT PHYSIQUE La figure 29 de ce mémoire reproduit un dessin exécuté le 22 mars 1874, à 1035" (t m. de Greenwich), par M. Webb, et dans lequel la bande supérieure est aussi interrompue. M. Webb a joint la note suivante à cette observation qu'il m'a communiquée : a The spot seems triple, but the 24 and » 31 are fused together. » Dans le dessin 50 de ce mémoire, figure l'aspect de Mars observé par M. Burton, le 23 mars 1871, à 12^25" (t. m. de Dublin). Une ligne bril- lante longitudinale parcourt la bande supérieure; c'est probablement une trace de l'Ile de Phillips. Dans les dessins 11, 12 et 13 de M. Knobel , on voit aussi, au-dessus du Détroit d'Herschel, une bande incomplète plus méridionale. La figure 51 de ce travail reproduit un dessin trés-intéressant et inédit de ce dernier astronome; on y voit une ligne brillante traversant le Détroit d'Herschel II, à droite du Détroit de Dawes. M. Knobel m'écrit que cette séparation élait sans doute due à des nuages de Mars; jamais, en effet , il n'a observé celle strie brillante en d'autres occasions, et quoique les conditions fussent trés-favorables. § 4. — Étude des Baies de Dawes et de Beer et du Détroit de Dawes. A. — Aspect général des baies du Détroit d'Herschel, Le Détroit d'Herschel II est garni, sur son bord septentrional, d'une série de dentelures dont l'étude présente beaucoup d'intérêt : on remarque succes- sivement , de l'ouest à l'est : la Baie fourchue de Dawes (tache a de Beer et de Mädler), formée de deux petits golfes juxtaposés; puis celle de Beer, et enfin une baie qui se prolonge vers le nord, en forme de canal étroit : celui-ci à recu le nom de Détroit de Dawes. La carte de M. Proctor a été dressée spécialement d'aprés les dessins de M. Dawes, comme je l'ai déjà dit : aussi est-ce dans les observations de cet éminent astronome seul que nous trouvons cette série constituée absolument comme la représente M. Proctor. Souvent DE LA PLANÈTE MARS. 71 le Détroit de Dawes lui-même échappe à l'observation à cause de son peu de largeur, et on le trouve représenté seulement par un simple golfe, qui en est la partie supérieure ou méridionale. Il arrive souvent aussi que l'on distingue seulement deux baies, ou méme une seule, suivant que ees dentelures sont plus ou moins confondues. L'étude de tous les dessins de ces régions me porte à admettre l'existence d'un autre golfe, qui ne figure pas sur la carte, et qui serait situé entre la Mer de Kaiser et la Baie fourchue de Dawes. Si l'exis- tence de cette baie est confirmée, on pourrait la nommer Baie de Julius Schmidt, en l'honneur de l'asironome d'Athènes, qui a réuni une collection si nombreuse et malheureusement si peu connue de beaux dessins. B. — Anciennes observations. W. Herschel et Schroeter, l'un en 1783 et l'autre en 1800, font suivre la Mer de Kaiser d'une tache se prolongeant vers le nord et partant du détroit d'Herschel ; elle offre des dimensions si grandes qu'il est aisé de la confondre avec celle mer. On a vu qu'il faut l’attribuer à l'ensemble confus des baies dont nous nous occupons ici el peut-être de l'Océan De La Rue; en tous cas le Détroit de Dawes peut contribuer à la prolonger vers le nord. En 1798, Schroeter avait déjà, croyons-nous, remarqué quelque trace de ces dente- lures 1, L'astronome de Lilienthal représente, le premier, en 1798, la Baie de Dawes sous forme d'une balle suspendue à un fil ?. En 1822, Kunowsky lui attribue un aspeet à peu prés identique. En 1830, J. Herschel infléchit forte- ment, dans cette région, le bord septentrional du détroit. La méme année, Beer et Mädler reproduisent l'aspect déjà dessiné par Schroeter en 1798, et détachent la Baie de Dawes de celle de Beer. Cette dernière et la partie méri- dionale, seule visible, du Détroit de Dawes, avec l'Océan De La Rue lui- même, sont réunis, confondus dans une grande surface sombre, qui suit la lache'a, origine des longitudes, dans le mouvement de rotation. L'un des dessins du capitaine Jacob, pour 1834, est le premier de ma collection 5, où 1 Config. des taches de Mars à la fin du XVIII siècle, l. cit. ? Idem. 5 Je suppose que M. Dawes avait déjà observé nettement la Baie de Beer avant cette époque. 72 SUR L'ASPECT PHYSIQUE la Daie de Beer est nettement visible entre la. Baie de Dawes non dédoublée et l'origine du Détroit de Dawes. On verra par les lignes suivantes combien ont été rares les observations complétes du Détroit de Dawes. LG Bremarques sur les Wales de Beer et de Dawes et sur le Détroit de Dawes. Plusieurs dessins de Mádler pour 1844 renferment évidemment le Détroit de Dawes !. Cette tache y présente des proportions telles qu'elles excitent l'étonnement. Il est vrai qu'on ne la trouve ici qu'au bord oriental ; mais il n'en faut pas moins rapprocher ce fait de la grande visibilité de cette région dans les dessins de W. Herschel et de Schroeter. Il serait done imprudent de croire à un changement dans l'aspeet du Détroit de Dawes depuis l'époque des deux astronomes hanovriens. Les dessins de Mádler montrent que, de nos jours encore, les dimensions de ce canal peuvent sembler exagérées. J'ai déjà dit à quelle cause, selon moi, il faut attribuer un phénoméne aussi singulier. La méme explication pourrait être répétée ici. On peut rapprocher de ces dessins de Mädler, la figure 17 de ee mémoire, qui reproduit un dessin de M. J. Schmidt, exécuté le 16 mai 1873; le Détroit de Dawes doit y occuper le bord oriental, et les taches que l'on remarque en cet endroit ont des dimensions notables et des formes qui se concilient difficile- ment avec sa présence. On observe rarement le Détroit de Dawes en son entier; c'est ainsi que, depuis 1841, à ma connaissance, les observateurs suivants seuls en ont donné des dessins complets, ou peu s'en faut : Le P. Seechi, en 1858 (fig. 4, 2, 3, 4 de cet astronome, l. cit.); il l'appelle Zsthme ou canal de Franklin; M. Dawes en 1864 ?, M. Banks en 1864 (17 décembre, à 41"); lord Rosse en 1869 (photographie du 26 janvier; le Détroit de Dawes est la grande baie qui s'approche du bord occidental); M. Lehardelay en 1871 (voir ! Astr. Nachr., L cit., fig. 47, 18, 19 de Müdler pour 1844. Le Détroit de Dawes est au bord oriental. ? Je ne possède, de M. Dawes, que les dessins de 1864. Mais cet astronome annonee lui-méme qu'il a déjà observé le Détroit de Dawes en 1852; Monthly not., l. cit. Il est probable qu'il l'a observé encore en d'autres occasions. | | | DE LA PLANÈTE MARS. 73 fig. 32 de ce mémoire); M. Knobel en 1873 (voir fig. 7 de sa notice imprimée, l ciù., et la figure 51 de ce mémoire). En comparant les observations de ces astronomes, on trouvé que ce canal parait tantôt rectiligne, tantôt courbé, tantôt méme légèrement ondulé. On ne pourra pas étudier três-utilement cette région en 1877; car le Détroit de Dawes n'est bien visible que vers l'époque du solstice septentrional de la planète, Le plus souvent les dentelures signalées par M. Dawes et par M. Proctor ne sont pas apercues toutes en méme temps. On dédouble trés-rarement la Baie de Dawes. M. Dawes fait à son sujel des remarques trés-impor- tantes : en 1852, celte baie ne lui a jamais paru double; c’est le 22 septem- bre 18692 seulement, avec un objectif d'Alvan Clark de 8 1/4 pouces , qu'il la vit nettement. fourchue. En 1864, le dédoublement était opéré toutes les fois que les circonstances permettaient d'obtenir une image passablement bonne de cette région. M. Dawes remarque qu'il n'en est pas de méme dans les beaux dessins de M. Lockyer pour 1862. Voici d'ailleurs comment il carac- lérise cette curieuse dentelure du Détroit d'Herschel : « This curious forked » shape, giving the impression of two very wide mouths of a river, which » however I could never trace. » Le rév. Dawes s'est demandé pourquoi la baie qui porte son nom n'était pas dédoublée en 1852, et il fait la réponse suivante : « It may be, that the sea has receded from that part of the coast, » and left the tongue of land exposed 1. » Quoique cette explication soit fort plausible, on pourrait dire aussi que le dédoublement a été opéré , en 1863, à cause des conditions plus favorables dans lesquelles se trouvait la planète sous le rapport de la distance. On a vu plus haut que M. Kaiser a. dédoublé assez nettement la Baie de Dawes en 1862 2. La séparation est moins nette encore dans ses dessins de 1864. M. Lassell a dessiné, avec une grande clarté , les deux dentelures qui composent la Baie de Dawes, dans son dessin 16, du 27 octobre 1862. Il est souvent très-difficile de reconnaitre ces baies. Comme exemples de ! Monthly notices , 1. cit. * Le directeur de l'Observatoire de Leyde lui a appliqué la qualification de gabelfürmig. Mais il dit à tort qu'elle a offert le méme aspect à M. Lockyer (Mém. cité, p. 45.) Tome XXXIX. 10 74 SUR L'ASPECT PHYSIQUE ces interprétations, je choisirai quelques observations parmi toutes celles que j'ai étudiées, et je ferai connaitre les résullats des comparaisons dont elles ont été l'objet : j'ai nommé successivement, en allant du bord occidental au bord oriental, les baies renfermées dans les figures qui suivent; je crois qu'il sera trés-facile de vérifier ces détails, car j'ai choisi les dessins de telle façon qu'à chacune des dentelures successives correspondit un nom : 1864. Kaiser ; fig. 1, 9 novembre, à 955", t. m. de Leyde. — 1° Baie de Dawes non dédoublée; 2° Baie de Beer, confondue avec la partie supé- rieure du Détroit de Dawes ; 3° Océan De La Rue sous forme de tache mal limitée (voir chapitre HI de ce mémoire). 1864. Kaiser; fig. 2, 11 novembre, à 1050", t. m. de Leyde. — 4° Baie de Dawes non dédoublée ; 2° Baie de Beer; 3° Partie supérieure du Détroit de Dawes; 4° Océan De La Rue (voyez ?bid.). Cette explication du dessin 2 de 1864, fait par M. Kaiser, s'appliquerait littéralement aux figures 2 et 3 de M. Lockyer pour 1862. On trouve une seule différence : c'est une solution de continuité entre la Baie de Dawes et celle de Beer dans le dessin de M. Lockyer. 1862. Lassell; fig. 46, 27 octobre, à 7126", t. m. de Greenwich. — 4? Baie de Dawes dédoublée; 2° Baie de Beer; 3° Partie supérieure du Détroit de Dawes; 4° Océan De La Rue. 1858. Secchi; fig. 4, 3 juin, à 945", t. m. de Rome. — 1° Baie de Dawes non dédoublée; 2° Baie de Beer; 3° Détroit de Dawes en entier; Ae Océan De La Rue (prés du bord oriental). D Probabilité de l'existence d'une baie située sur le bord septentrional du Détroit d'Herschel IE, entre la Mer de Kaiser et la Raie fourchue de Dawes, Les dessins de 4858, par le P. Secchi, sont les plus importants au point .de vue de cette question. L'explication que je viens de donner du premier suffit pour les trois suivants, si l'on remarque seulement que, dans le quatrième, l'Océan De La Rue était devenu invisible au bord oriental. Mais, dans les dessins 5 et 6, où le Détroit de Dawes lui-même a disparu, on trouve une baie nettement figurée, située prés de l'Océan de Dawes, et DE LA PLANÈTE MARS. 75 qui, évidemment, ne se confond avec aucune de celles qui sont dans les: quatre premiéres observations. Sa position, relativement à l'ile de Phillips , et sa confrontation avec le dessin 4, rendent celle conclusion indubitable. Nous en trouvons encore une légère trace dans les figures 7 et 8, et, cir- constance importante, elle reparaît dans la figure 9. L'existence de cette baie, non figurée par M. Proctor, ne saurait donc être révoquée en doute à l'époque de ces observations. Mais d’autres astronomes ont-ils constaté sa pré- sence en d'autres temps? Le 26 septembre 1862, le P. Secchi lui-même figure encore une dente- lure prés de l'Océan de Dawes. Sa présence est d'autant plus frappante dans ce dessin qu'elle occupe la région e de Beer et de Mädler, toujours rentrante. On en voit une indication dans le dessin 4 de M. Phillips pour 1862. Le 34 janvier 1869, on trouve une dentelure analogue dans une photographie de lord Rosse. M. Gledhill place une baie trós-prés de la Mer de Kaiser le 24 mars 1871. Je viens de citer les principaux exemples en négligeant d'autres indices moins concluants. Il faut reconnaitre que les dessins du P, Secchi présentent une importance réelle A cet égard, et il me semble que la vérification de ce fait présenterait de l'intérét. Il n'y aurail rien d'étonnant à ce qu'il existât, dans cette région, une ondulation de la cóte visible seulement dans les con- ditions les plus favorables. C'est pour cette baie que j'ai déjà proposé plus haut le nom de J. Schmidt. $ 5. — Des taches isolées observées sur les continents de Mars. La région dont l'étude fait l'objet de ce chapitre, renfermant l'un des con- tinents les plus étendus de la planète, celui de Dawes, nommé aussi par le P. Secchi : Terre de Caboto, ou Cabozia *, c'est ici le lieu de faire quelques remarques sur l'aspect des grandes étendues solides de Mars. Ces surfaces rougeàtres sont loin de présenter un éclat uniforme. On y signale soit des ! Mém. cit. 76 SUR L'ASPECT PHYSIQUE ponctuations, soil de petites taches isolées, variables suivant les obser- vateurs. Tantôt ce sont des taches sombres, tantôt des taches brillantes. Les nuages que renferme l'atmosphére de la planéte peuvent jouer un grand róle dans ces apparitions ; mais la surface elle-méme doit y avoir sa part d'influence. Les continents de l'astre renferment probablement encore des mers peu étendues, des lacs, des détroits, des cours d'eau, que les instru- ments dont nous disposons sont généralement impuissants à manifester. Par- fois pourtant , à la faveur de circonstances trés-favorables , l'observateur peut saisir les traces les plus apparentes de ces objets. I ne peut les dessiner que par moments et trés-incomplétement, à cause de leur extrême difficulté. H serait intéressant dé noter soigneusement toutes les taches de ce genre qui ont été aperçues, afin de constater si elles sont permanentes, comme les grandes surfaces sombres. J'ai voulu tenter un premier pas dans celte voie, et j'ai cherehé, dans ee paragraphe, à faire quelques rapprochements fournis par la riche collection de dessins que j'ai sous les yeux. Le P. Secchi a signalé de nombreuses ponctuations sur les continents mar- tiels en 1858 1. En 1874, M. Lehardelay remarque également des taches grisàtres , trés-petiles et trés-faibles sur les deux continents situés de part et d'autre du Détroit de Dawes (continent de Dawes et continent de Mädler). Parmi les dessins qui renferment de petites taches isolées difficiles à con- cilier avec la carte de M. Proctor, je citerai notamment ceux de Mädler pour 1841, ceux de M. von Franzenau pour 1864, et ceux que m'a transmis M. Wilson pour 1871 et 1873. Les figures 4 et 2 de M. von Franzenau, par exemple, montrent plusieurs taches allongées à peu prés dans le sens d'un paralléle aréographique, et situées entre le Détroit d'Herschel et la surface sombre qui avoisine le pôle nord. Dans le dessin 2 spécialement, l'une d'entre elles est située de manière à couper presque perpendiculairement le Détroit de Dawes, s'il y était représenté. Or, il est bien remarquable que, dans le dessin 6 de Mädler pour 1841, on voit une lache qui affecte la méme forme et la méme disposition, et dont la direction croiserait également celle de ce détroit. 1 Mém. cité. .DE LA PLANETE MARS. 77 La méme région sombre se retrouve dans l'un des dessins que le capitaine Jacob exécuta à Madras en 1834; elle y est trés-faible, mais incontestable. Ces coïncidences sont-elles fortuites , ou accusent-elles la présence d'une mer encore peu connue? On voit que l'attention des observateurs se dirigera utilement dans cette voie. J'ai voulu seulement citer iei quelques exemples, et je suis persuadé que l'on pourrait signaler encore d'autres faits analogues. 8 6. Questions relatives à la région du Détroit d Herschel 11. 1° Le Détroit d'Herschel H présente-t-il des solutions de continuité? Con- firmer notamment l'existence de celle qui semble se trouver entre les Baies de Dawes et de Boer. 2° Ce détroit communique-t-il avec l'Océan de Dawes? 3^ Quelle est la configuration exacte de la région située immédiatement au sud de ce détroit? L'existence, la forme et l'étendue des Détroits d'Arago, de Newton, et des Iles de Phillips et de Jacob, ont besoin d’être confirmées. 4^ La configuration exacte des Baies de Dawes, de Beer et du Détroit de Dawes doit encore être étudiée, ainsi que leur direction, si variable dans les divers dessins. 5° Confirmer l'existence, à l'occident de la Baie de Dawes, d'une sorte de cap ou de presqu'ile s'avançant dans le Détroit d'Herschel, 6° Existe-t-il une baie encore inconnue entre la Mer de Kaiser et la Baie fourchue de Dawes? 7° Il faudrait encore examiner soigneusement les différences de nuances que montrent ces régions, et y rechercher les pénombres que M. Lockyer, M. Kaiser et d'autres y ont représentées. SUR L'ASPECT PHYSIQUE CHAPITRE Ill. RÉSULTATS D'UNE ÉTUDE COMPARATIVE DES DESSINS RENFERMANT L'OCÉAN DE LA RUE ET LES MERS DE DAWES ET DE LOCKYER. § 1°. — Aspect général et anciennes observations de l'Océan De La Rue. D'après M. Proctor, les Détroits d'Herschel I, d'Arago et de Newton viennent se réunir à l'est en une vaste mer qu'il a appelée Océan De La Rue. Celle-ci communique par des canaux étroits avec les deux petiles Mers de Dawes et de Lockyer !. Un peu plus à l'est encore, on trouve un canal s'étendant dans le sens d'un méridien, la Passe de Bessel, et se terminant, d'une part, prés de la Mer de Maraldi, de l'autre dans celle d'Airy. L'Océan De La Rue se présente sous des aspects assez divers suivant les époques : s'il est placé dans les positions les plus favorables, c'est-à-dire lorsque l'extrémité sud de l'axe de rotation s'incline vers la terre, on le voit dans toute son extension, et il affecte la forme d'une grande mer dont la partie septentrionale s'avance vers le bas du disque. C'est une immense baie aigué ou arrondie. L'Océan De La Rue, suivant le Détroit d'Herschel dans le mouvement de rotation, semble en être la continuation, ou un autre golfe que l'on confondrait quelquefois aisément avec ceux de Beer et de Dawes. Il contribue donc à augmenter le nombre des dentelures que l'on voit dans celle contrée, et peut méme être confondu avec la Mer de Kaiser. A l'époque du solstice septentrional, l'Océan De La Rue apparait comme une lache de peu d'importance, simple bande sombre prolongeant le Détroit d'Herschel H au bord supérieur du disque ?. C'est à peine si l'on peut distin- ! La Mer de Lockyer a été nommée Baltique par M. Lockyer. Mém. cité. Voir aussi, à son sujet, les pages 20, 21, 24 de mon mémoire actuel. 2 Voir les observations de 1871 et de 1873. La tache b de mes dessins correspond à l'Océan De La Rue. i I | i DE LA PLANÈTE MARS. 79 guer une baie légére représentant ce grand océan à ces époques; à plus forte raison, ne voit-on pas facilement les Mers de Dawes et de Lockyer. C'est ici le lieu de rappeler que M. Dawes observa, en 186%, et déjà en 4859 1, une tache blanche, arrondie, dans l'Océan De La Rue, et que M. Proctor a nommée : lle neigeuse de Dawes. J'ai déjà dit plus haut? que l'Océan De La Rue doit occuper le bord occi- dental de la figure 24 de W. Herschel pour 1783, et contribue à former la tache très-obscure située au centre du dessin 22 de cet observateur. Schroeter a dessiné plusieurs fois cet océan en 1798. J'ai reproduit, dans un travail antérieur ?, un dessin de l'astronome de Lilienthal qui le contient. Dans d'autres figures des Arcogr. fragm., ses contours sont moins simples et l'on observe des ramifications dirigées en divers sens. Sans attacher beaucoup d'importance à cette remarque, je dirai que ces prolongements peuvent être rapprochés de ceux que l'on constate dans la carte de M. Proctor : tels sont les Détroits d'Herschel, d'Arago ou de Newton, le Détroit de Dawes, la Mer de Serra, ete. Sehroeter est done le premier astronome qui ail figuré cette tache d'une facon caractéristique. Il est probable aussi que l'Océan De La Rue a sa part dans la grande mer triangulaire, dirigée vers le Nord, et suivant la Mer de Kaiser, dans les dessins exécutés à Lilienthal en 1800. L'Océan De La Rue forme la partie orientale de la grande tache que Beer et Mädler ont figurée, dans l'hémisphère méridional, entre 300° et 360° de longitude, et dans laquelle sont confondues en outre la Baie de Beer et la partie supérieure apparente du Détroit de Dawes. On le trouve dans leurs figures B, 6, 19, 20, 21 de 1830 +. Ces astronomes ont dessiné de plus une petite tache arrondie, qu'ils ont appelée d, communiquant avec l'Océan De La Rue dans leurs hémisphéres, et un second prolongement, qui est désigné par la lettre u, dans leur première carte publiée dans les Astron. nachr. d'après les observations de 1830 5. Ce sont les Mers de Lockyer et de Dawes, ! Monthly not., |. cit. * Voir p. 41 de ce mémoire. Voir Config. des taches de la planète Mars d'après Schroeter, L cit. * Astr. nachr., l. cit. Ou bien figures 4, 45, 14 des Fragments (1880). $ Astr. nachr., 1851, l. cit. 80 SUR L'ASPECT PHYSIQUE dont la première observation est due, conséquemment, à ces deux astro- nomes (voir fig. 20 de Beer et Mädler, pour 1830, dans les Astron. nachr.). La réunion de ces deux petites mers à l'Océan De La Rue est évidente dans celte dernière figure; mais, dans d'autres dessins, la Mer de Lockyer est complétement isolée et la Mer de Dawes est absente. Dans les hémisphères, ces petites mers sont réunies à l'Océan De La Rue, ce qui prouve que Beer et Mädler avaient considéré celle réunion comme résultant définitivement de leurs observations. 8 2. — L'Océan De La Rue et les Mers de Dawes et de Lockyer dans les dessins les plus récents. Comme je l'ai dit déjà, l'océan qui nous occupe forme la baie la plus orientale de toutes. celles que l'on remarque dans les dessins du P. Secchi pour 4858 1, L'astronome romain établit une distance considérable entre l'extrémité de ce golfe ei le Détroit de Dawes, circonstance qui se concilie d'ailleurs avec la carte de M. Proctor. La situation de l'Océan De La Rue dans ces figures ne permettait point de voir les Mers de Dawes et de Lockyer. Parmi les observations que M. J. Schmidt a bien voulu me communiquer, j'en trouve deux, faites en 1860, qui ont eu pour objet l'Océan De La Rue et les Mers de Dawes et de Lockyer. Mais la réunion de celles-ci à l'océan n'est pas nettement représentée. J'ai appelé ailleurs l'attention ? sur l'intéressant. dessin exécuté par le P. Secchi le 18 octobre 1862. On y voit l'Océan De La Rue dans la moitié occidentale du disque, mais il s'accorde peu avec les autres figures faites à la méme époque. Sans le moindre doute la tache isolée, entourée d'un anneau lumineux, est la Mer de Lockyer; la partie septentrionale de la bande sombre qui l'entoure est due à la Mer de Dawes. Il serait difficile d'expliquer com- plétement les détails de ce dessin, dus peut-étre à une disposition particu- ! Voir page 74 de ce mémoire. 2 Note sur une configuration singulière de la planète Mars, Butt. or L’Acan. nov. pp Dee. 9* sér., t. XXXV, janvier 1873. DE LA PLANETE MARS. 81 lière des nuages martiels à l'époque indiquée. Il faut, en tous cas, renoncer à considérer la présence de la tache sombre arrondie comme indice d'une bourrasque, attendu que cette tache est permanente. Dans les dessins de M. Lockyer pour 1862, l'Océan De La Rue apparait tantôt arrondi, tantôt terminé en pointe. La Mer de Lockyer, appelée par cet astronome la Baltique, et celle de Dawes ont aussi des formes assez varia- bles. La dernière, notamment, est trés-peu indiquée dans la figure 6, et wés-visible dans la figure 5. Ces deux mers communiquent avec l'Océan De La Rue. Le dessin 3 de lord Rosse ! contient l'océan qui fait l'objet de ce cha- pitre, et aussi les Mers de Dawes et de Lockyer; mais on trouve ici, comme dans les dessins de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes, Kë à Parsonstown, une segmentation remarquable des régions sombres. On voit, dans l'Océan De La Rue, deux lignes brillantes dont la permanence est dou- leuse. À droite de la Mer de Lockyer, figurée par le petit disque noir placé au centre, on voit des régions sombres interrompues, dont la coincidence avec la Passe de Bessel est incontestable. Dans ce dessin de lord Rosse, la Mer de Lockyer est entourée d’un anneau lumineux, limité lui-même par des régions sombres : celles-ci doivent correspondre à la Mer de Dawes et à la Passe de Bessel d'une part, et à l'Océan De La Rue de l'autre. On trouve done de grandes analogies entre cette observation et celle du P. Secchi citée plus haut. Beer et Mädler avaient déjà, en 1830, soupçonné une extension assez grande de la Mer de Dawes ; car, CS leurs hémisphéres, elle entoure presque complétement leur tache d (Mer de Lockyer). Elle se prolonge méme trés-loin vers le nord. sous forme de tache trés-faible, dans les cartes exécutées aprés l'opposition de 1837 Sa confusion avec la Passe de Bessel est done ici trés-probable. Le dessin du 14 septembre 1862, par lord Rosse, conduit aux mémes conclusions : la Mer de Lockyer est au bord occidental, et on la trouve environnée d'une région sombre, due à la Mer de Dawes, qui semble rejoindre à peu prés la Mer de Maraldi. ! Mém. de la Soc. roy. astr. de Londres, l cit. Tome XXXIX. 1i 82 SUR L'ASPECT PHYSIQUE Des aspects fort instructifs de la région qui nous occupe sont fournis par les figures 1, 13, 44 et 15 de M. Lassell, Sans pouvoir entrer à leur sujet | dans des détails circonstanciés, qui donneraient de trop vastes proportions à ce paragraphe, je crois devoir appeler sur eux tout spécialement l'attention. La Mer de Lockyer, tache d de Beer et Mädler, Baltique de M. Lockyer, a été appelée aussi zache en forme d'œil *, à cause de l'aspect que je viens de mettre en relief, Cette forme est très-accentuée dans les dessins que M. G. Wil- liams m'a transmis sur l'opposition de 1862. Le méme aspect se retrouve dans les dessins de M. Kaiser pour 1862 et pour 1864, et l'on y voit une tendance marquée à la communication de la Mer de Dawes, d'une part, et de l'Océan De La Rue, d'autre part , avec la Mer de Maraldi ?. Dans un travail précédent 5, j'ai appelé l'attention sur la ressemblance que | présente quelquefois l'Océan De La Rue avec la Mer de Kaiser. Les figures 55 et 54 de ce mémoire reproduisent les deux dessins de M. G. Knott qui en offrent des exemples. On y voit de plus les Mers de Lockyer et de Dawes sous forme de deux taches très-petites, et dont la dernière seule commu- nique avec l'Océan De La Rue, par un cánal trés-long et très-étroit, dans la figure 54. $ 3. — Relations de l'Océan De La Rue avec la Mer polaire de Phillips et avec la Mer de Maraldi. D’après M. Proctor, l'Océan De La Rue se continue du cóté du sud par deux mers dont l'une a recu le nom de Mer de Serra. Leur communication avec la Mer de Phillips, qui environne le póle, reste douteuse, car l'auteur de la carte a pointillé leur limite méridionale. Malheureusement les dessins dont je dispose laissent dans le doute la configuration exacte des régions les “plus méridionales de l'Océan De La Rue, et ses relations avec la Mer polaire ! Kaiser; Mém. cité, . 2 Id., fig. 5 et 6 de 1862; fig. 6, 7 et 8 de 1864. 5 Config. des taches de la planète Mars d’après Schroeter, 1. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 85 de Phillips. Dans les dessins de M. Lockyer pour 1862, ces régions sont grises et tendent à faire admettre l'existence de grandes étendues d'eau jus- qu'au póle lui-méme; cependant certaines parties de ces surfaces grises se distinguent par une nuance plus foncée, et l'on ne sait s'il faut leur attribuer de la fixité. Dans le dessin 6 de M. Kaiser pour 1862, on voit une bande sombre qui établit une communication trés-nette avec le póle. Les observations de M. Dawes, faites en 1864, ne permettent point de décider la question et, en résumé, on peut conclure que les régions méri- dionales de l'Océan De La Rue sont encore totalement inconnues. L'Océan De La Rue communique-t-il avec la Mer de Maraldi? D'aprés la carte de M. Proctor, la réponse est négative. Je puis invoquer à l'appui de cette opinion des dessins trés-parfaits; mais il en est aussi qui confondent les limites de ces deux océans. Si l'on examine la figure 6 de M. Kaiser pour 1862, et sa figure 6 pour 1864, on sera porté à admettre cette communi- ation, On dira que l'observation positive, bien constatée, d'une séparation brillante a plus de valeur ici que toutes les observations contraires; mais il faut songer aux segmentations que l'on est souvent forcé d'attribuer à des nuages passagers. Aprés cette étude d'un grand nombre de dessins, je suis porté à appeler l'attention des observateurs sur ce point, pour provoquer une étude attentive des relations qui existent entre la Mer de Maraldi et l'Océan De La Rue. La communication de la Mer de Dawes avec la Mer de Maraldi est aussi une question pendante. M. Proctor établit une séparation; mais la limite orientale de la petite mer est pointillée. Des dessins de M. Kaiser ' et d'au- tres observateurs font croire, au contraire, à cette communication. Peut-être s’effectue-t-elle en partie par l'intermédiaire de la Passe de Bessel, Au moins l'aspect de la Mer de Lockyer, entourée d'un anneau sombre, porte-t-il à admettre que la Mer de Dawes s'étend beaucoup plus à l'est que sur la carte de M. Proctor. ! Figures 5 et 6 de 1862; fig. 6 de 1864. Mém. cité. SUR L'ASPECT PHYSIQUE 8 4. — Questions relatives à l'Océan De La Rue. A l'époque de l'été méridional de Mars, comme en 1877, on pourra saisir l’occasion de déterminer d'une facon plus précise les contours de l'Océan De La Rue et des Mers de Dawes et de Lockyer. Ils laissent, en effet, beaucoup plus à désirer que ceux des autres taches dont nous nous sommes occupé jusqu'ici. Les questions suivantes se présentent d'ailleurs comme conclusions de ce chapitre : 4° L'Océan De La Rue se termine-t-il du côté du nord par une limite angulaire ou arrondie ? 2» Fixer la limite méridionale de l'Océan De La Rue et ses relations avec la Mer polaire de Phillips et avec la Mer de Maraldi. 3° Étudier les relations de l'Océan De La Rue avec les Détroits d'Arago, de Newton et d'Herschel IT. 4° Rechercher les solutions de continuité qui pourraient exister, suivant certains observateurs , dans l'Océan De La Rue. Dr Rechercher la tache neigeuse de Dawes. 6° Étudier les régions plus sombres qui s'offrent dans l'Océan De La Rue. 7° La communication des Mers de Dawes et de Lockyer avec l'Océan De La Rue est-elle incontestable ? 8» Quelle est la véritable forme des Mers de Dawes et de Lockyer ? 9° Existe-t-il une communication entre la Mer de Dawes et celle de Maraldi ? DE LA PLANÈTE MARS. 85 CHAPITRE IV. RÉSULTATS D'UNE ÉTUDE COMPARATIVE DES DESSINS RENFERMANT LES MERS DE HOOK ET DE MARALDI, ET RELATIONS DE CETTE DERNIÈRE MER AVEC LES PASSES DE HUGGINS ET DE BESSEL ET AVEC L'OCÉAN DE LA RUE. 8 Ir, — Aspect général et anciennes observations des Mers de Hook et de Maraldi. L'Océan de Dawes envoie vers l'occident un bras de mer qui porte le nom de Mer de Hook (oi de Beer et de Mädler; Astron. nachr. de 1831). La Mer de Maraldi (pn de Beer et de Mädler; Marco Polo du P. Secchi, mém. cité) S'étend au nord de celle-ci , €l parallèlement. Elle en est complétement isolée par la Terre de Burckhardt (m de Beer et de Mädler; Astr. nachr. de 1831). Non loin de l'Océan de Dawes , un canal étroit, nommé Passe de Huggins , part de la Mer de Maraldi et se dirige vers le nord-ouest. D'aprés les obser- vations de M. Dawes, il se bifurque à son extrémité septentrionale. Un second canal , la Passe de Bessel, part d'un point trés-voisin de l'extrémité occiden- tale de la Mer de Ma 'aldi, passe par une mer peu définie, celle de Huygens, et va aboutir, au nord, à la Mer d'Airy. Les deux taches dont je vais m'oceuper spécialement, les Mers de Hook et de Maraldi, sont deux bandes sombres qui apparaissent tantôt séparées , lantót confondues, et communiquent souvent à la planéte Mars un aspect analogue à celui de Jupiter. Dans les anciens dessins, la confusion de ces deux bandes est fréquente, comme dans ceux qui sont exécutés à l'aide d'in- Slruments peu puissants. La zone obscure qui en résulte oceupe l'hémisphére méridional de la planéte et, lorsque l'axe est suffisamment incliné, elle peut paraitre soit au bord supérieur du disque, soit vers son centre. Dans le premier cas, on trouve, sur la moitié inférieure de l'hémisphère visible, un amas de taches sombres, peu définies, dont il sera question plus loin, et qui 86 SUR L'ASPECT PHYSIQUE contribue à donner à cette phase une ressemblance souvent trés-grande avec celle de Mars, lorsqu'il tourne vers nous le Détroit d'Herschel Il et la Mer de Tycho. Il faut reporter à l'année 1659 la découverte incontestable de la Mer de Maraldi, par Chrétien Huygens *. La figure 19 de ce mémoire représente l'ob- servation qu'il a faite le 4% décembre 1659, à 630", On y voit la Mer de Kaiser au bord oriental, et la Mer de Maraldi sous forme de bande dans le restant du disque. J'ai encore reproduit, dans les figures 55, 56 et 57 de ce mémoire, les dessins de Huygens, exécutés les 7 et 9 avril, et le 23 mai 1683, qui contiennent la méme tache dans la partie supérieure du disque. Dans la région inférieure, on voit la nébulosité confuse à laquelle j'ai déjà fait allu- sion plus haut. Il est fort remarquable que, le 7 avril 4683, le célèbre astro- nome ait établi une solution de continuité dans la tache supérieure, due à l'ensemble des Mers de Hook et de Maraldi. Aurait-il entrevu la séparation des deux mers, ou le continent de Burckhardt P? Je me contenterai de signaler ce fait; car, dans beaucoup de dessins, cette séparation entre les deux mers présente un aspect tout à fait analogue. Vu la difficulté que cette observation devait offrir à cette époque , il n'est pas surprenant que Huygens n'ait plus revu la solution de continuité dans la figure du 9 avril, exécutée à la méme heure, et il n'y avait pas, dans cette différence d'aspect, de motif suffisant pour douter de l'identité des taches observées et de la durée de rotation, déjà entrevue par le célèbre astronome. Aussi Huygens disait-il à tort, le 9, dans son journal : « Mars maculis aliter distinctus quam biduo ante, unde » de conversione 24 horarum quam Cassinus prodidit dubito. » L'étude des taches de Mars que j'ai déjà passées en revue, et ce sont les plus importantes, conduit done à la conséquence intéressante et inconnue jusqu'iei que la découverte de leur forme générale et leur premiére délinéa- tion exacte datent de 1659 et sont dues à un astronome déjà célèbre à beau- . coup d'autres titres, CHRÉTIEN HUYGENS. Tous les dessins qui contiennent la Mer de Kaiser vers le bord oriental doivent naturellement aussi montrer celle de Maraldi dans le restant du ! Lorsque le dessin ne renferme qu'une seule bande sombre, due à la confusion des Mers de Hook et de Maraldi, j'ai adopté pour elle la dénomination simple de Mer de Maraldi. DE LA PLANÈTE MARS. 87 disque. C'est ainsi que Hook a observé la mer dont je m'oceupe , et l'a figurée dans ses dessins A et B de 1666. Cette tache a certainement été observée aussi en 1704, par l’astronome dont elle porte le nom; c'était la bande précédant la pointe dirigée vers le nord, dont le célèbre observateur fait la mention spéciale. Je suis porté également à voir la Mer de Maraldi dans la zone plus ou moins régulière qui occupe le haut des figures 18 et 19 de W. Herschel pour 1777. On est conduit à ce résultat par la comparaison avec le dessin du 17 avril, qui représente la Mer de Kaiser. On a vu plus haut comment on peut expliquer la ligne brillante qui traverse ces dessins entre les deux zones sombres !, Les figures 18, 19 et 20 du méme astronome pour 1783 renferment aussi la mer dont il est question ici, mais ils méritent une mention toute particulière. Dans les figures 48 et 20, la bande sombre envoie vers le nord un prolongement recourbé, terminé en pointe, qui correspond à la Passe de Huggins de M. Proctor. On se demande naturellement comment Herschel a Pu voir si distinetement une tache aujourd'hui si difficile. M. Kaiser a mani- festé le méme étonnement au sujet de deux laehes pointues situées des deux côtés de la Mer de Kaiser, à 180° l'une de l'autre, et dessinées d'une facon si marquée par W. Herschel, tandis que les dessins modernes en renferment À peine l'indication ?. M. Kaiser avait en vue le canal recourbé dont il est question iei et celui dont j'ai parlé plus haut à propos du Détroit de Dawes et du Détroit d'Herschel 5. La méme remarque peut s'appliquer intégralement aux observations de Schroeter. I «e dessin 48 de 1783 renferme une seconde bande à peu prés paralléle à a bande principale et qui mérite une certaine attention. Si l'on compare l cette figure avec la dernière des vues théoriques de Mars qui accompagnent la carte de M. Proctor, on trouve entre elles une analogie remarquable, et on voit que cette seconde bande correspond parfaitement à la Mer de Hook. Les zones parallèles, que l'on rencontre assez souvent dans les dessins, peuvent t Voir page 62 de ce Mémoire. ? Mém. cité, p. 44. Voir page 62 de ce Mémoire. 88 SUR L'ASPECT PHYSIQUE done s'expliquer parfois par la juxtaposition des Mers de Hook et de Maraldi , séparées par la terre de Burckhardt; mais on verra plus loin que d'autres dessins portent à admettre l'existence d'une bande plus méridionale encore, et dont l'identité avec la Mer de Phillips de M. Proctor reste douteuse. La Mer de Maraldi apparait aussi avec évidence dans les dessins de Schroeter. Les observations de 1798 surtout fournissent des données inté- ressantes. En les discutant soigneusement, on constate que le célébre astro- nome de Lilienthal apercevait, sur le bord septentrional de cette mer, deux dentelures qui, parfois, se prolongeaient chacune vers le nord sous forme de canal. Dans le dessin 20 de W. Herschel pour 1783, on trouve aussi, sur le bord de la bande sombre, au moins deux inégalités qui pourraient corres- pondre à celles que figure Schroeter. J'ai reproduit ailleurs ! plusieurs des- sins de Lilienthal que je rappelle iei, comme offrant des exemples de ces dentelures et de ces canaux dirigés vers le nord. Il me parait certain que l'on doit attribuer à la Passe de Huggins celui d'entre eux qui est le plus rap- proché de la Mer de Kaiser, et, dans ce cas, cette passe a offert à Schroeter des dimensions aussi grandes qu'à W. He 1, fait singulier qui s'est reproduit en 1800. Schroeter a figuré souvent deux bandes paralléles dans la région qui nous occupe. Cet aspect pourrait être attribué à la séparation des Mers de Hook et de Maraldi ?. Certains dessins de Lilienthal offrent méme une troisième bande, située plus prés du póle et beaucoup plus fine que la bande prin- cipale. Il n'est pas difficile de constater que F. Arago observa aussi la Mer de Maraldi en 1813, les 16 et 21 juillet, et, aprés cet apercu sur les anciens travaux, nous arrivons à ceux de Beer et de Mädler, qui, en 1830, ont fait faire un grand pas à l'étude de cette zone sombre. 1 Areograph. fragm., Mém. cit., fig. 4, 2, 5. — Configuration des taches de Mars d’après Schroeter, L cit., fig. 2 et 5. a 2 Configuration des taches de Mars, ete., 1. cit., fig. 2 et 5. DE LA PLANÈTE MARS. 89 8 2. — Les Mers de Hook et de Maraldi observées aux époques les plus récentes et les plus favorables. En 1830, Beer et Mädler ont établi une solution de continuité trós-nette dans la zone sombre qui correspond aux Mers de Hook et de Maraldi. La partie la plus orientale de cette zone, celle qui communique avee l'Océan de Dawes, est évidemment la Mer de Hook; la portion la plus occidentale est la Mer de Maraldi ; entre elles apparait la Terre de Purckhardt , dont la position est parfois un peu différente de celle qu'elle occupe dans la carte de M. Proc- tor 1. La Mer de Hook ne s'étendant pas jusqu'à l'extrémité occidentale de la Mer de Maraldi, comme sur la carte, il en résulte que la longueur de la Terre de Burckhardt n'est pas aussi considérable iei que d’après M. Proctor. Dans quelques dessins de Beer et de Mädler (13, 14, 45,46, 11), on trouve une bande paralléle à la Mer de Maraldi, située plus au sud, et distinete de la Mer de Hook. Elle me semble trop éloignée du póle pour étre la Mer de Phillips, Toutefois, avant de décider cette question, il faudrait mieux con- naitre cette dernière, assez peu étudiée jusqu'ici. Pour le moment, conten- lons-nous de la conséquence déjà importante fournie par ces observations , à Savoir l'existenee. d'une. bande plus méridionale que la Mer de Maraldi, et complétement distincte de celle de Hook. Les hemisphéres de Beer et de Müdler renferment de petiles taches isolées , placées au nord de la Mer de Maraldi, rappelant la Mer de Huygens, et peut- être méme un fragment de la Passe de Huggins (entre 450° et 240° de lon- gitude). Le 9 août 1845, à 13"3» (t. m. de Bilk; voir fig. 38 de ce mémoire), M. J. Schmidt a dessiné deux bandes paralléles tout à fait conformes à celles de Sehroeter, et, dans le haut du disque, la Mer de Phillips. Il est dou- teux que les Mers de Hook et de Maraldi juxtaposées suffisent. à expliquer parfaitement cet aspect, et c'est l'une des observations qui conduisent à ` Voir les dessins 10, 14,49, 15, 44,16, 17 des Astr. nachr., l. eit., ou les figures 8, 9, 40, 12 des Fragm. sur les corps célestes. Tome XXXIX. 12 90 SUR L'ASPECT PHYSIQUE admeltre l'existence d'une bande encore peu connue, située entre l'ensemble de ces deux mers et la Mer de Phillips. L'année 1862 a fourni un grand nombre de dessins des taches qui nous occupent, et confirmant le plus souvent l'aspect que leur ont attribué Beer et Mädler en 1830. Les observations de MM. Kaiser et Lockyer sont, ici encore, admirable- ment concordantes +. La Mer de Hook et celle de Maraldi y sont séparées par le continent de Burckhardt. Leur étendue relative est plus conforme aux dessins de Beer et de Mädler qu'à la carte de M. Proctor. La Mer de Maraldi présente en outre une solution de continuité vers son extrémité occidentale (fig. 9 de Lockyer, 2 de Kaiser). Celle-ci n'avait pas été aperçue par Beer et Mädler. Elle a pour conséquence d'isoler du restant de la tache: une petite bande sombre (pr de Beer et de Mádler; Asir. Nachr., 1831), dont l'extrémité seplentrionale produit l'effet d'une baie saillante au bord de la Mer de Maraldi. Telle est peut-être la dentelure que Schroeter a vue précédant la Passe de Huggins; du moins la figure 2 de M. Kaiser pour 1862 suggère-t-elle cette idée. Les deux observateurs ont aussi représenté trés-distinctement, au-dessus de la Mer de Maraldi, une bande sombre, qui répond difficilement à la Mer de Phillips de M. Proctor; car on croit, en méme temps, voir cette dernière plus prés du pôle. Dans les dessins de M. Webb pour 1862, nous trouvons aussi la Terre de Burckhardt, et la seconde solution de continuité située à l'extrémité occiden- tale de la zone sombre ?. Je proposerai de nommer Terre de Webb cet isthme ignoré avant 1862, et que les dessins si utiles de cet astronome ont con- tribué à faire connaitre, Cet observateur figure une bande parallèle à la Mer de Maraldi et tout à fait distincte de la Mer de Hook. Une zone supplémentaire semblable apparait encore dans les dessins du P. Secchi pour 1862 5; on y voit méme une troisiéme bande sombre sous ! Voir Mém. cités, figures 7, 8, 9, 10, 11, 49, 15 de M. Lockyer et figures 4, 9, 5,6 et 9 de M. Kaiser pour 1862, ? Figures 14, 13, 46 de M. Webb; l. cit. 5 Figures 6, 7, 8 du P. Secchi pour 1862; l. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 91 la Mer de Maraldi !.. L'astronome romain représente aussi des dentelures très- accentuées, qui sont au bord septentrional de cette dernière mer, et qui cor- respondent à celles qu'a remarquées Schrocter. Le continent de Burckhardt figure dans deux dessins de 1869 qui m'ont été communiqués par M. J. Schmidt, L'un, que jai reproduit dans la figure 59 de ce mémoire, contient en outre, au-dessus de la Mer de Maraldi, une bande sombre munie d'un prolongement vers la Mer polaire de Phillips. ll y a aussi, sous la Mer de Maraldi , une région sombre correspondant à celle que le P. Seechi a observée de son côté. Le dessin 3 du professeur Phillips pour 1862 est remarquable par une baie prononcée qui figure au bord septentrional de la Mer de Maraldi. D'aprés la longitude que l'auteur assigne au méridien central du dessin, cette baie doit correspondre au bord de la Terre de Webb, et être l'extrémité seplen- trionale de la petite bande juxtaposée à la Mer de Maraldi, du côté occi- dental. I est bien entendu que la baie dont je veux parler ici est celle qui apparait non loin du bord oriental de la figure. M. Lassell a représenté la Mer de Maraldi dans ses dessins 7, 8, 9, 10, 44, 12, 17, 18, 19, 20 et 21. Les deux Mers de Hook et de Maraldi sont con- fondues, sauf peut-étre dans la figure 48. La bande sombre est fréquem- ment munie de baies à son bord septentrional. Dans plusieurs. figures (9, 20, 21), la Mer de Maraldi se bifurque vers le bord occidental du disque. Je crois que cet aspeet est dû à sa communication réelle ou apparente avec l'Océan De La Rue, d'une part, et avec la Mer de Dawes, de l'autre. Telle est du moins l'explication que fournit la confrontation de ces observations avec celle que M. Kaiser a faite le 23 novembre 1869. Dans celle-ci, en effet, la Mer de Maraldi atteint l'Océan De La Rue, qui forme l'une des branches de la bifurcation, tandis qu'elle envoie, vers la Mer de Dawes, un prolonge- ment qui en forme la seconde branche. C'est de cette facon qu'il faut expli- quer aussi la bifurcation de la bande sombre dans la région occidentale du dessin 43 de M. Webb. La figure 40 de ce mémoire reproduit un dessin inédit de M. G. Knott, ! Jusqu'ici toutes les bandes paralléles à la Mer de Maraldi dont il a été question étaient plus méridionales que cette mer elle-même. 92 SUR L'ASPECT PHYSIQUE exécuté le 8 octobre 1862, à 41" (1. m. de Greenwich). Il est remarquable par les divers degrés d'obscurilé que présente la bande sombre. Les deux régions les plus obscures sont la Mer de Hook et la Mer de Maraldi; l'auteur prolonge la zone vers le bord occidental, en lui attribuant une nuance beau- coup plus pâle, Le continent de Burckhardt est lui-même légèrement ombré. Il y a aussi une bande fine, plus méridionale, tout à fait analogue à celles de Schroeter et qui, ici, est partagée en deux tronçons. M. Joyuson a figuré le continent de Burckhardt en 1862; il en est de méme de M. Green et de M. Williams. Les seules figures 2, 4 et 6 de M. Dawes pour 1864 ! renferment la région dont je m'occupe ici; il faut remarquer la direction du Détroit de Huggins, dans la figure 4. Dans la figure 2, la Passe de Bessel, la Mer de Huygens et la Passe de Huggins forment un amas assez confus, On voit une bande légére qui part de la Mer de Dawes et sé dirige vers la Passe de Bessel. Les dessins de M. von Franzenau pour la méme année renferment des détails intéressants, Dans la figure 4, par exemple, la Mer de Hook est totale- ment séparée de l'Océan de Dawes. Sous la Mer de Maraldi, on voit une bande fine et paralléle que l'on hésite à prendre pour le Détroit de Hug- gins, à cause de sa direction, et, pourtant, je viens de ciler un dessin où M. Dawes le représente d'une maniére assez analogue. La figure 6 contient aussi deux petites bandes fines sous les Mers de Hook et de Maraldi, Ces mêmes observations signalent une bande plus méridionale que la Mer de Hook, Le P, Secchi dessina cette région en 1858, dans ses figures 43, 14 et 15 : « Pare un nuovo continente, » dit le savant observateur, « eon in cima due e promineuze come corna più chiare 3. » Ces deux cornes qui surmontent le continent brillant, et s'avancent dans la bande sombre supérieure, sont, en effet, très-caractéristiques iei; il est probable que la plus orientale est due à la Péninsule de Hind; la plus occidentale est évidemment produite par le continent de Burckhardt qui, incomplétement observé ici, n'établit pas une 1 Monthly notices, 1. cit. 2 Mém. cité. DE LA PLANETE MARS. 95 division totale dans la bande sombre. On remarque aussi un prolongement obseur qui s'étend de la Mer de Maraldi vers le nord, et qui correspond à la Passe de Huggins. Malheureusement le P. Secchi ne l'a bien observé que sur le bord du disque, et c’est pour ee motif, peut-être, qu'il affecte des formes et des dimensions peu compatibles avec la carte de M. Proctor. Il occupe le bord gauche des dessins 43, 14 et 15. 8 3. — Les Mers de Hook et de Maraldi au bord supérieur apparent du disque de Mars. Lorsque la Mer de Maraldi est reportée au bord supérieur de la planète et y apparait sous forme d'une bande trés-simple, l'observation des Passes de Huggins et de Bessel et de la Mer de Huygens est facilitée; aussi est-ce dans ce paragraphe qu'il faudrait s'en occuper plus spécialement, si les dessins qui les contiennent n'étaient point si rares. Citons d'abord un dessin de M. J. Browning pour 4867 1. La zone sombre qui nous occupe apparait au bord supérieur apparent et elle est traversée par des stries brillantes trés-nombreuses, presque parallèles, sur lesquelles l'auteur appelle l'attention : elles sont, en effet, très-dignes de remarque. En 1837, Beer et Mádler avaient figuré la Mer de Maraldi et des taches peu distinetes, dans la partie moyenne du disque (fig. 4, 5, 6, 7, 9, 14, 15, 16, 47 pour 1837, dans les Fragments sur les corps célestes). Ces taches confuses sont dues notamment à la Mer de Huygens et à la Passe de Huggins imparfaitement indiquées. On peut en dire autant des dessins de 1844. M. Gledhill a observé là Mer de Maraldi en 1871 ; les figures qui la repré- sentent renferment, en outre, des taches peu nettes et isolées, dont l'expli- cation est assez difficile. Le Détroit de Iluggins apparait d'une manière très- accentuée au bord occidental, comme le montre le dessin 44 de ce mémoire, dans lequel j'ai reproduit l'observation faite par M. Gledhill le 6 avril 4874, à 1030, Cette passe rappelle ici par sa visibilité si grande, les observa- ! Intell. Observer. ; L cit., figure 2 de M. Browning. 94 SUR L'ASPECT PHYSIQUE tions de W. Herschel, de Schroeter et celles de Secchi (a 858). Le 6 mai de la méme année, M. Gledhill a eucore fait un eroquis tout à fait analogue. Chose singuliére, il contient de plus une zone sombre au-dessus de la Mer de Maraldi. La premiére des deux figures de M. Gledhill que je viens de men- tionner, celle que j'ai reproduite dans ce mémoire, offre aussi une petite tache brillante, située près du Détroit de Huggins et rappelant, mais dans une autre situation, lIle neigeuse de Dawes. M. Webb, en observant le 4 avril, à 8'40", a vu la méme tache blanche, ainsi que la Passe de Hug- gins ; seulement la tache lui a paru. un peu plus éloignée de ce détroit qu'à M. Gledhill. Ce méme soir, vers la méme heure, j'observais à Louvain et je dessinais ma figure 23 de 1871 !, dans laquelle on trouve également une bande partielle allant du sud au nord et qui doit étre due, au moins en partie, à la Passe de Huggins. Pendant la méme année, M. Burton a vu une région plus sombre dans la Mer de Hook, comme le montre la figure 42 de ce mémoire. En 1873, le 21 avril, de 42" à 12415" (t. m. de Dublin) le méme astro- nome a dessiné une tache plus noire à peu prés exactement au méme endroit. Dans les dessins si délaillés de M. Knobel pour 1873, on trouve la Terre de Burckhardt et la Passe de Huggins ?. Les observations de M. Green pour la méme année sont trés-importantes au point de vue de la région qui nous occupe. Les figures 43 et 44 de ce mémoire, dans lesquelles j'ai reproduit celles que cet astronome a exécutées le 28 mai, à 8" et à 11^, contiennent, immédiatement à l'occident de la Mer de Kaiser, un canal très-faible sur lequel M. Green a appelé mon attention, el qui n'existe pas dans la carte de Mars. On voit, en outre, des canaux peu accentués partant de la mer polaire inférieure et se dirigeant vers le haut du disque. Une grande part dans cet aspect revient à la Passe d'Oudemans qui, ici, ne forme pas un circuit complétement fermé, et dont je m'occaperai bientót. On peut conclure de ces dessins que les continents de Mars renfer- ment de nombreuses taches très-faibles, encore inconnues, et dont on aper- coit quelquefois de légères traces dans les conditions les plus favorables. ! Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1. cit. 2 Figures 2, 4, 45 et 16 de M. Knobel, L. cit. DE LA PLANÈTE MARS. 95 8 4. — Remarques sur les baies des Mers de Hook et de Maraldi, On voit souvent des dentelures sur le bord septentrional de la zone sombre qui fait l'objet de ce chapitre. Essayons d'en indiquer l'origine et de voir comment elles peuvent se rattacher à la carte de M. Proctor, dans laquelle on ne les a point fait figurer. La plus occidentale d'entre elles est due à l'ex- trémité septentrionale de la petite bande sombre qui est séparée du reste de la Mer de Maraldi par la Terre de Webb. La seconde n'est autre que l'orizine méridionale du Détroit de Huggins, qui est souvent difficile à voir lui-méme dans toute son étendue. Une troisiéme baie doit étre altribuée à la saillie que produit la Mer de Maraldi en dépassant un peu, au nord, la Terre de Burck- hardt. On peut méme trouver l'explication d'une quatrième baie dans la saillie que forme l'origine de la Mer de Hook, entre la Terre de Burckhardt et la Péninsule de Hind. Peut-être la Passe de Bessel, ou la communication appa- rente de la Mer de Maraldi avec la Mer de Dawes, sont-elles l'origine d'une baie plus occidentale encore que toutes celles dont il vient d’être ques- tion. Telles sont les diverses causes auxquelles il faut attribuer les détails de ce genre que l'on rencontre dans les dessins. Mais l'on se demande naturelle- ment comment l'étendue de ces golfes peut différer notablement suivant les observateurs, comment, par exemple, la dentelure qui correspond au Détroit de Huggins , si faible et si étroite pour M. Dawes, invisible pour tant d'au- tres observateurs, apparait avec des dimensions si notables à W. Herschel , à Schroeter, et l'on peut dire aussi au P. Secchi en 1858, à M. Gledhill en 1871? Cette région doit encore étre étudiée très-soigneusement. La forme elle-même et la direction du Détroit de Huggins laissent beaucoup à désirer, J'ai reproduit, dans la figure 45 de ce mémoire, un dessin inédit qu'a bien voulu me communiquer le savant. directeur de l'Observatoire romain. C'est une observation du 1% décembre 1864, à 7 heures. Avant de la soumettre à un calcul et à des comparaisons, on affirmera que la tache figurée. est la Mer de Kaiser. Cependant cette explication est inadmissible. La confronta- 96 SUR L'ASPECT PHYSIQUE tion de ce dessin avec d'autres nous montre qu'il contient la Mer de Maraldi. Quelle est done cette tache si semblable à la Mer de Kaiser? Pour l'expliquer il faut invoquer encore la Passe de Huggins ou peut-être celle de Bessel ! § 5. — Questions relatives aux Mers de Maraldi et de Hook el aux régions voisines. 1° Quelle est l'extension exacte de la Mer de Hook relativement à celle de Maraldi ? 2» Existe-t-il une bande sombre entre les Mers de Hook et de Maraldi et celle de Phillips ? 5° Confirmer l'existence de la Terre de Webb. 4° Examiner la situation des régions plus sombres qui existeraient dans les Mers de Hook et de Maraldi. Dr Fixer la configuration exacte du bord septentrional des Mers de Maraldi et de Hook, et des baies qu'il présente, ainsi que des Passes de Huggins et de Bessel. 6° Quelle est la configuration exacte de la Mer de Huygens ? 7° Rechercher la petite tache blanche que MM. Webb et Gledhill ont vue prés de la Passe de Huggins. 8» Mieux définir les taches faibles qui se trouvent dans le continent d'Her- | schel I, et surtout immédiatement à l'occident de la Mer de Kaiser. DE LA PLANÈTE MARS. 97 CHAPITRE V. ÉTUDE DES MERS DE TYCIIO ET DE DELAMBRE ET DE LEURS RELATIONS AVEC LA MER DE BEER ET AVEC LE DETROIT DE NASMYTH. i 8 1%. — Aspect général et anciennes observations. D'après la carte de M. Proctor, le Détroit de Dawes est en rapport avec une mer boréale de la planète, la Mer de Tycho. Celle-ci se prolonge sous forme de bande, et communique à TE. avec la Mer d'Airy et à l'O. avec celle de Beer. I] n'existerait pas de communication entre cet ensemble et la Passe de Nasmyth ; celle-ci court parallélement à la Mer de Beer, dont elle est Séparée par la Terre de Mädler. Au nord de la Mer de Tycho, M. Proctor figure un autre océan appelé : Mer de Delambre, qui en est complétement Séparé par la Terre de Rosse 1. Plus au nord encore, il place la Mer de Schroeter, séparée des mers précédentes nar la Terre de Campani et qui environne ]e pôle nord comme la Mer de Phillips entoure le póle sud. dat déjà dit plus haut que la tache ou l'ensemble de taches qui fait l'objet de ce chapitre occupe la partie inférieure du disque de Mars, lorsque le Détroit d'Herschel I en occupe la moitié supérieure. Quand l'observation est faite dans des conditions favorables, et à l'aide d'instruments suffisam- ment puissants , on apercoit le Détroit de Dawes qui, sous forme d'un mince canal, réunit les deux taches. A part cette dernière apparence assez déli- cate, c'est sous cet aspect que nous trouvons la Mer de Tycho dans les anciens dessins 3. a M ud . : ` K . En se reportant à ce que j'ai dit des anciennes observations du Détroit ! J'ai écrit ici : Terre de Rosse, bien que M. Proctor ait appelé cette langue de terre : Rosse Strait. Il en est de méme de la Terre de Campani , qu'il appelle Campani strait. Les dénomina- tions Terre de Rosse, Terre de Campani m'ont semblé plus en rapport avec celles que M. Proctor emploie dans d'autres occasions analogues : Burckhardt land, Müdler land, ete... Ila, en effet, réservé généralement le terme strait pour les langues de mer : Dawes strait, etc... * Comme les dessins confondent souvent en une seule région sombre l'ensemble de ces taches boréales, je les désignerai fréquemment par la simple expression : Mer de Tycho. Tome XXXIX. 13 98 SUR L'ASPECT PHYSIQUE d'Herschel I, on voit que trés-probablement Cassini, Campani, les autres astronomes italiens et Hook en 1666, certainement Huygens en 1683 !, ont figuré la région dont il est question ici. Toutefois la Mer de Tycho apparait sous forme d'une tache indivise et indécise, sans aucune ressemblance avec la carte de M. Proctor. Je puis en dire autant des observations de W. Her- schel et de Schroeter. Les dessins de Lilienthal, exécutés en 1792, renferment une tache qui, squs le rapport de la forme et de la situation, est tout à fait analogue à la Mer de Tycho de 1874 et de 1873. Il faut aller ensuite jusqu'à Kunowsky, qui observait en 1822, pour trouver une trace de celte mer, et encore est-elle trop prés du bord oriental. Cependant l'aspect. figuré par Kunowsky rappelle mieux la carte de M. Proctor que la grande majorité des dessins dont il va étre question : dans la moitié orientale de ces deux figures, on trouve deux bandes ondulées; la supérieure doit étre produite, du moins dans sa partie la plus occidentale, par le Détroit de Nasmyth qui, ici, ne rejoint pas la Mer de Kaiser. Ce détroit y est sans doute confondu avec la Mer de Beer et avec la Mer de Tycho. Celle-ci est à peine indiquée à cause de son grand voisinage du bord ; mais le retour de la bande ondulée vers le sud semble étre dà à la présence du Détroit de Dawes. La seconde bande ondulée peut étre attribuée à la Mer de Delambre. 8 2. — Aspect des Mers de Tycho et de Delambre d'après les observations faites aux époques les plus favorables. Dans ce chapitre, il est évidemment inutile de recourir à la plupart des observations faites pendant les époques voisines de l'été méridional; car, alors, la région qui nous occupe est amenée au bord septentrional et, généralement, on en trouve à peine une trace. C'est. pourquoi il faut passer ici sous silence les observations de Beer et de Mádler pour 1830 et 1832; il en est de méme des dessins de 4860 et de 1862. Je négligerai aussi les ! Voir figure 25 de ce mémoire. DE LA PLANÈTE MARS. 99 Observations de M. Dawes (1864), parce que les dessins de cet astronome Sont, en quelque sorte, reproduits dans la carte de M. Proetor; de plus, l'année 1864 ne nous montrait ces régions que d'une manière très-imparfaite. Cette étude doit porter sur les recherches exécutées lorsque l'extrémité nord de l'axe s'inclinait vers la terre, ou, en général, lorsque les taches étaient reportées de préférence: vers le haut du disque. Je choisirai done les Broupes suivants d'années : 1837, 1839, 1841 ; puis 1854, 1856, 41858 i et enfin 1867, 1869, 1871 et 1873. La plupart des observations de M. Dawes, sur lesquelles M. Proctor doit avoir basé les détails de sa carte, en ce qui concerne l'hémisphère boréal, C'est-à-dire celles des années 4 352, 1854 et 1856, n'ont pas été publiées, et ce fait est trés-regrettable, car les dessins de 1864 ne sauraient suffire à faire apprécier la manière dont le célèbre observateur voyait ces régions. ll faut Je regretter. d'autant. plus que nous allons nous trouver en présence d'une circonstance trés-singuliére et trés-étonnante : c'est un désaccord complet entre l'aspect de ces mers sur la earte de M. Proctor et leur aspect dans tous les dessins dont je dispose. Leur proximité relative du póle rend les Mers de Tycho et de Delambre sujettes à de grandes modifications d'aspect. Celles-ci trouvent leurs causes lantót dans les différentes conditions de perspective, tantôt dans l'inégale épaisseur de la couche d'aumosphére martielle, que les rayons lumineux doi- Vent traverser pour venir nous apporter les images de ces mers; enfin dans les saisons, qui, développant ou réduisant la couche de neige, de glace ou de nuages des régions polaires, modifient considérablement leur con- figuration apparente. Pour avoir la certitude que cette dernière cause a une grande influence ici , il suffit de comparer les taehes dues aux Mers de Tycho et de Delambre pendant les années 1867, 1869, 1871 et 1873. Dans tous ces dessins, on voit la Mer de Tycho surmontant la tache polaire boréale ; mais, en 1867, la partie de cette mer qui est visible au-dessus de La Mer de Tycho fut parfaitement visible en 1858; elle put à peine être observée en 1864. En comparant ces deux années ; On voit se manifester, dans l'hémisphère boréal, Saisons que nous avons si clairement const En un mot, en 1858, l'hémisphère boré l'influence des atée plus haut pour l'hémisphère austral (pp. 45 et 69). al porte les traces de l'été et, en 1864, celles de l'hiver. 100 SUR L'ASPECT PHYSIQUE la tache neigeuse est bien moins considérable qu'en 1871 et qu'en 1873. Les Mers de Tycho et de Delambre se dégagent donc peu à peu des neiges polaires sous l'influence. de l'été boréal. Il est donc incontestable que cet océan subit à un haut degré l’action des saisons, et disparait périodiquement et partiellement sous une couche de glace. Les observations de Beer et de Mädler ont fourni, en 1837, en 1839 et en 4844, des dessins de la région qui nous occupe; il est souvent difficile d'en rapporter les détails, soit à la carte de M. Proctor, soit aux figures plus récentes (1867 à 1873). Les dessins 10, 12, 43 et 20 de 1837 rappellent ceux de 1867. La Mer de Tycho ne fait que légèrement saillie au-dessus de la tache polaire et semble une ceinture sombre entourant le póle. Dans les croquis 4 et 2, on trouve la confusion du Détroit de Nasmyth avec les régions les plus occidentales des taches en question. Les esquisses 2 et 3 de 1839 rappellent les taches ondulées de Kunowsky, et les figures 8 et 9 attribuent à la Mer de Tycho une forme qui se rapproche déjà de celle que l'on a constatée en 48714 ; cette tache s'est avancée beaucoup vers le centre relativement à 1837, et une grande sur- face parait s'étre dégagée des neiges polaires. Ces deux derniers dessins ren- ferment en outre une bande allant de la Mer de Tycho vers la Mer de Kaiser, ou vers le bord gauche du disque; elle est due sans doute à la confusion du Détroit de Nasmyth et de la Mer de Beer; on la rencontre dans beaucoup d'autres dessins, comme nous le verrons plus loin. En 1844, les figures 5, 6, 17, 18, 19, 20, 22 et 23 de Mädler contien- nent la tache Tycho au bord oriental; elle présente parfois de l'analogie avec ce qu'elle fut en 1871 (5 et 6) ; mais les détails sont trés-difficiles à inter- préter, et l'observation en était trés-pénible sans doute, car ils offrent les plus grandes variations d'une figure à l'autre. Néanmoins on peut constater une tendance à la réunion de la Mer de Tycho aux régions plus occidentales, par des bandes dont l'identité avec le Détroit de Nasmyth et avec la Mer de Beer ne saurait être contestée (17 et 19). Si nous envisageons la carte générale que ces astronomes ont déduite de leurs observations jusqu'en 1837, nous trouvons, au lieu de la Mer de Tycho, une grande tache située de part et d'autre du méridien pris pour origine, et DE LA PLANETE MARS. 101 s'étlendant jusqu'à 60° environ de longitude est (aréocentrique) et 30° de longitude ouest (id.). Elle part du pôle nord et atteint presque l'équateur. Elle rappelle les dessins de 1871, et envoie vers la Mer de Kaiser une bande dont j'ai déjà fait mention, et qui ne peut trouver d'analogue que dans la Mer de Beer de M. Proctor, représentée iei incomplétement. Elle correspond, sur l'hémisphére de Beer et de Mädler, à 30° de latitude nord. L'un des deux beaux dessins du capitaine Jacob attribue à la tache Tycho une forme analogue à celle de 1871; c'est-à-dire qu'elle apparait comme une grande surface sombre continue. Deux bras de mer la mettent en rapport avec la partie occidentale du dessin : le plus élevé correspond à la Mer de Beer, et le plus bas, suivant nous, à la partie la plus occidentale de la Mer de Delambre qui, dans sa partie orientale , se confondrait avec la Mer de Tycho. C'est, en effet, le seul moyen, semble-t-il, de concilier les dessins de la Mer de Tycho avec son aspect sur la carte de M. Proctor. Dans aucune des figures qui sont en ma possession, on ne voit de trace de la Terre de Rosse, et la tache observée est continue, souvent de forme à peu prés triangulaire, aux angles arrondis !, un sommet tourné vers le pôle nord. Si l'on admet que cette apparence est due à la réunion des Mers de Tycho et de Delambre et que, dans leur partie occidentale, la séparation de ces deux mers se manifeste, correspondant alors à la Terre de Laplace, on explique à la fois la grande étendue sombre observée dans ces régions et les deux bandes qui se dirigent vers la Mer de Kaiser. Dans ce dessin du capitaine Jacob, on trouve de plus une tache légére qui prolonge la Mer de Tycho vers l'est, et qui a été bien observée aussi en 1873; c’est la continuation de cette mer vers celle d'Airy. Déjà en 1854, le capitaine Jacob dessine une sorte d'isthme wés-indéeis, séparant la tache Principale de ce prolongement. Cet isthme ne figure pas sur la carte de Mars, mais a été dessiné trés-netement par M. Knobel en 1875. Les observations du P. Secchi pour 1858 ont une grande importance au point de vue de ce chapitre : la Mer de Tycho y est figurée plusieurs fois (fig. 130259, 15 5); elle affecte une forme trés-analogue à celle que lui attri- La v T NO » A Ges ws E Voyez la tache désignée par a dans mes dessins de 1871 et de 1875, loc. cit. 102 SUR L'ASPECT PHYSIQUE buent les dessins de 1874 et de 4873. Il faut noter aussi qu'elle est pré- cédée , dans les dessins 4, 5 et 6, par une expansion du Détroit de Nasmyth vers le sud ; on retrouve celle-ci dans quelques dessins de 1873; il y a con- tinuité entre le Détroit de Nasmyth et la tache Tycho; on ne voit pas la Terre de Rosse. Les oppositions de 1867 et de 1869 ont fourni des dessins de M. J. Schmidt, de M. Browning, de M. Joynson, de lord Rosse, de M. Williams, qui don- nent à la Mer de Tycho une forme compatible avec celle qu'elle présente en 4814 et en 4873; seulement, à ces époques, la tache polaire l'entamait encore sur une grande étendue. J'ai moi-méme constaté ce fait en 1867. Comme types de l'aspect de cette tache en 1871, j'ai reproduit dans la figure 46 de ce mémoire un dessin de M. Gledhill, et, dans la figure 50, un dessin de M. Burton. Ils montrent la forme triangulaire ou de poire qu'affec- tait alors cette mer. J'ai constaté la méme apparence, ainsi que MM. Webb et Wilson ; MM. J. Schmidt et Joynson ont vu aussi une surface sombre, dont la forme caractéristique n'est pas aussi évidente. ll n'y a point de rapport entre cet aspect et la carte de M. Proctor, à moins d'admettre que les Mers de Tycho et de Delambre sont complétement confondues, et présentent une teinte plus foncée dans les limites d'une région affectant la forme figurée ici. Si l'on compare avec ces dessins la figure 32 de ce mémoire, qui repro- duit l'observation effectuée par M. Lehardelay, à la méme époque, on con- state avec étonnement que la forme de la tache Tycho de M. Proctor est ici plus fidélement reproduite. C'est le seul dessin qui présente cette particu- larité. M. Burton m'écrit que le 29 mars 1871 il a vu fort distinctement la méme tache, mais qu'elle se composait alors d'une surface intérieure sombre, très-bien définie, garnie d'un bord nébuleux. Cette description rappelle l'aspect que la Mer de Kaiser a offert au méme astronome, pendant l'obser- vation dont j'ai reproduit la figure dans le dessin 10 de ce mémoire. Déjà en 1871, comme le montre notre figure 50, M. Burton , à l'exemple du capitaine Jacob en 1854, prolonge la tache triangulaire vers la droite par une bande peu définie. ("est en 1875 surtout que cette particularité devient trés-manifeste. Je l'ai Í E I | DE LA PLANÈTE MARS. 105 observée nettement !, et j'ai voulu en donner une idée complète par les figures 47 et 51 de ce travail, qui reproduisent, la première un dessin inédit de M. Burton, la seconde un dessin inédit de M. Knobel. On voit que le pro- longement de la grande tache sombre manifeste une tendance à envelopper un espace circulaire, souvent trés-blanc, d’après ce dernier astronome. Les dessins publiés déjà par M. Knobel ? montrent ces circonstances avec beau- coup de clarté, et, dans les figures 5, 6, 7, 8 et 9 de sa notice, un isthme très-étroit sépare ce prolongement de la tache elle-même, comme dans le dessin du capitaine Jacob. M. Knobel a cherché avec beaucoup de soin, mais Sans succès, d'autres solutions de continuité dans cette tache, probablement pour retrouver la Terre de Rosse de M. Proctor. Dans notre figure 51, on voit aussi deux bandes déjà figurées par M. Jacob en 1854, et qui répondent, comme je l'ai dit déjà, la supérieure à la Mer de Beer et l'inférieure à la portion la plus occidentale de la Mer de Delambre. Ces détails apparaissent d'une facon remarquable dans les figures 12, 13 et 14 de la note imprimée de M. Knobel. Elles montrent aussi que le Détroit de Dawes aboutit à l'ouest. de l'isthme dont il vient d'étre question, et qui mérite de fixer encore l'attention des astronomes. J'ai reproduit, dans les figures 48 et 49 de ce mémoire, les deux dessins de M. Green pour 1873, qui renferment la Mer de Tycho. Le premier est intéressant, surtout en ce qu'il montre la Passe de Nasmyth munie d'une expansion vers le sud, tout à fait analogue à celle que le P. Secchi a dessinée en 1858, et précédant la tache Tycho. Il en a déjà été question plus haut, ainsi que des observations de M. Joynson qui sont semblables. Les figures de M. Green sont coloriées, et l'on voit fort bien qu'il a représenté une surface blanche à droite de la Mer de Tycho, comme M. Knobel 5. M. Wilson m'a communiqué des dessins dans lesquels cette mer présente la forme caractérisée plus haut, et qui confirment en général les détails que j'ai mentionnés. La figure 50 de ce travail est la reproduction d'un dessin exécuté à l'Observatoire de Rugby, le 8 mai 1873, à 10"45". On y voit la Mer de Tycho affectant une forme de croissant, qui lui est assez habituelle, ! Bull. de l'Acad. royale de Belgique, l. cit. ? Monthly notices, 1. cit. 5 Je ferai observer toutefois que, dans ces figures de M. Green et de M. Joynson, la Passe de Nasmyth occupe une position moins élevée que dans les représentations des autres astronomes. 104 SUR L'ASPECT PHYSIQUE par suite de la présence du prolongement oriental. Immédiatement au-dessus d'elle, se trouvent deux petites taches isolées ressemblant aux Mers de Dawes et de Lockyer, mais sans pouvoir leur correspondre, attendu qu'à cette époque celles-ci étaient beaucoup plus haut sur le disque. J'appelle latten- lion sur ces deux taches qui, jusqu'ici, me semblent inexplicables. Les Mers de Tycho et de Delambre étaient les moins connues de Mars avant les oppositions de 1871 et de 1873; aujourd'hui encore leur configu- ration véritable est loin d’être élucidée. C'est pourquoi j'ai cru devoir insister si longuement sur ces taches et les examiner dans tous leurs détails. 8 3. — Questions relatives aux Mers de Tycho et de Delambre de la carte de M. Proctor. 1* Quelle est la forme exacte des Mers de Tycho et de Delambre? Est-elle semblable à celle que leur attribue M. Proctor, ou à celle que leur attribuent les observations de 1874 et de 1873? En d'autres termes, la Terre de Rosse est-elle un isthme permanent, ou ce trait brillant était-il dú , lors des obser- vations de M. Dawes, à un nuage passager? 2° Quelles sont les relations de cette tache de Mars avec la Mer de Beer et avec le Détroit de Nasmyth? 3° Étudier la configuration exacte des deux bandes sombres qui relient la Mer de Tycho et celle de Delambre aux régions plus occidentales, et exa- miner si elles ne sont point en réalité les prolongements de ces deux mers, confondues seulement à l'orient? Ar Quelle est la forme exacte du faible prolongement qui va de la Mer de Tycho vers lorient, et quelles en sont les relations avec la Mer d'Aire? 5° Vérifier la présence d'une solution de continuité entre la Mer de Tycho et ce prolongement faible. 6° Vérifier l'existence des Mers de Lassell et de Leverrier, dont on ne voit de traces certaines que dans les dessins de M. Dawes. 7" Étudier la configuration de la Mer polaire de Schroeter. 8» Rechercher la blancheur que M. Knobel et M. Green notamment ont apercue immédiatement à droite de la Mer de Tycho. DE LA PLANETE MARS. 105 CHAPITRE VI. REMARQUES SUR LES MERS DE BEER ET D'AIRY ET SUR LA PASSE D'OUDEMANS. RELATIONS AVEC LES PASSES DE HUGGINS ET DE BESSEL ET AVEC LA MER DE HUYGENS., Pour compléter ce travail, il ne reste plus qu'à étudier les régions men- lionnées en téte de cette page. Ila déjà été question plus haut de la Passe de Huggins et, incidemment, de la Passe de Bessel et de la Mer de Huy- gens; comme ces dernières taches apparaissent souvent avec celles qui font l'objet de ce chapitre, je pourrai en compléter l'étude par la méme occasion. A une distance comprise entre 30° et 45° environ du pôle nord, court une zone sombre non interrompue qui entoure le globe de Mars, et est con- Située par la Mer de Tycho, la Mer d'Airy et la Mer de Beer. Cette dernière occupe à elle seule un hémisphère, et passe immédiatement au nord de la Mer de Kaiser et de la Passe de Nasmyth. La Mer d'Airy est située immédiatement à l'est de celle de Tycho, qui a fait l'objet du chapitre précédent. M. Proctor a figuré, un peu au sud de la Mer de Beer et à l'occident de celle de Kaiser, un canal recourbé, formant à peu prés une demi-circonférence et qui est la Passe d'Oudemans. Son extré- mité est serait fourchue. La Mer d'Air se-prolonge vers le sud par la Passe de Bessel, qui traverse la Mer de Huygens. Quant à la Passe de Huggins, on sait déjà qu'elle part de la Mer de Maraldi, prés de l'extrémité nord de la Terre de Burckhardt, et se dirige vers la Mer d'Aire, De toutes ces régions, la Mer de Beer est la plus visible. C'est à peine si l'on rencontre des traces de la Passe d'Oudemans et de celle de Bessel; quant à la Mer d'Airy, elle n'apparait pas généralement d'une facon caractéristique. 8 4. — Mer de Beer. En signalant plus haut les anciens dessins dans lesquels on trouve la Mer de Kaiser, j'ai indiqué déjà qu'ils renferment la Mer de Beer dans la partie Tome XXXIX. 14 106 SUR L'ASPECT PHYSIQUE inférieure du disque. On peut en dire autant de ceux qui contiennent la Mer de Maraldi. Je suppose naturellement ici que la position de l'axe n'améne pas ces régions trop prés du bord septentrional, Hook, le premier, en 1666, a dessiné nettement la dilatation inférieure du Sablier, que l'on sait être constituée par la Mer de Beer. Elle se prolonge jusqu'au bord occidental dans les deux principaux dessins de cet astronome. La Mer de Beer entrerait aussi, mais pour une bien faible part, dans les des- sins de Cassini et de Campani. représentant le Sablier, d'après l'opinion que jai émise plus haut. Je passe immédiatement aux observations de Mádler (1841). La Mer de Beer y est déjà mieux caractérisée. On la trouve, par exemple, dans les figures 7, 8 et 9. La figure 8 contient en outre deux petites taches isolées, situées entre les Mers de Beer et de Kaiser, et bien difficiles à expliquer : l'une d'elles, sous la pointe de la grande mer triangulaire, doit apparte- nir au prolongement de celle-ci vers le nord ; ce prolongement est, en effet, incomplétement représenté iei; car il devrait s'abaisser davantage vers le bord septentrional, La seconde est peut-être l'extrémité orientale de la Passe d'Oudemans. On s'étonne de ne pas trouver la Mer de Beer plus clairement indiquée dans les dessins du capitaine Jacob en 4854; la tache peu définie qui lui correspond est, de plus, discontinue. M. Brodie l'a figurée, en 1856, sous forme d'une zone trés-étroite, à une distance relativement grande de la Passe de Nasmyth. Elle surmonte une seconde bande peu étendue, assez difficile à expliquer; peut-être est-ce la Mer de Schroeter. 1,8, 9, 10 et 11 du P. Secchi pour 1858 renferment nette- ment la Mer de Bier et celle de Schroeter, trés-conformes à la carte de Les figures M. Proctor. On peut encore utilement appeler l'attention sur les contours parfois assez irréguliers que M. von Franzenau donne, en 1864, à la mer qui fait l'objet de ee paragraphe. Cependant, dans ses dessins, comme dans ceux de M. Dawes, elle est trop prés du bord septentrional pour étre étudiée utilement; il en. est. de même de tous les dessins de cette époque, M. Kaiser a représenté, en 4864, sous la Mer de Kaiser, une petite bande qui est évis DE LA PLANÈTE MARS. 107 demment une trace incompléte de la Mer de Beer (22 novembre et 28 dé- cembre), En 4871 et en 4873, les dessins de MM. Burton, Flammarion et Knobel notamment, ont confirmé la carte de M. Proctor pour ce qui concerne la mer dont je m'oceupe ici (voir fig. 10 et 42 de ce mémoire). On peut en dire autant de M. Green; cet observateur a figuré de plus la légère apparence d'un canal qui longe la Mer de Kaiser à l'ouest et se relie peut-étre à la Mer de Beer (fig. 45 et 44 de ce mémoire). La mer que nous étudions s'avance assez profondément vers le sud, immé- diatement à l'ouest de la Mer de Kaiser. Cette saillie est parfaitement connue, mais il est remarquable qu'elle semble caractérisée par une teinte plus sombre. En effet, MM. De La Rue et Burton (fig. 42 de ce mémoire, par exemple) ont nuancé quelquefois plus fortement cette partie, et un dessin de M. Gled- hill (4 avril 1871), que j'ai reproduit dans la figure 48 de ce mémoire, Montre la Mer de Beer représentée seulement par cette saillie plus sombre Sous forme de tache isolée. M. Gledhill a dessiné la méme petite tache le 6 avril 4871, à 10"30" (fig. 41 de ce mémoire), et le T mai, à 8" (voir notre figure 51). Dans cette dernière observation, on voit un are sombre entourant, à une certaine distance, la tache polaire boréale, et passant au- dessous de la petite tache isolée. I est singulier que, le 4 et le 6 avril, cet astronome n'ait point vu cet are, qui compléte évidemment la Mer de Beer, et il est difficile de dire pourquoi , le 7 mai , la saillie située à l'ouest de la Mer de Kaiser est isolée du reste de ia tache. En 1850, une tache isolée assez analogue a été figurée prés de l'extré- mité de la Mer de Kaiser, par Beer et Müdler, dans leur dessin 8 des Astron. Nachr. 3. Ces deux astronomes ont reproduit aussi cette petite tache dans leurs hémisphères, et la Mer de Beer y contribue à former la grande bande sombre située entre 30° et 75° de longitude et par 30» de latitude nord. : : Telle est l'une des explications possibles de la petite tache g, que Beer et Müdler ont figurée a l'ouest de la Mer de Kaiser (voyez carte des Astron. Nachr., année 1851). Je crois, en effet, devoir en soumettre une seconde à l'attention des astronomes : il ne me semble pas impossible d'attribuer cette tache à la Mer de Main. Il est évident, en effet, que Beer et Müdler n'ont repré- senté que la partie la plus méridionale de la Mer de Kaiser; sa faible longueur et sa terminaison SUR LA SPECT PHYSIQUE "H y aurait lieu de se demander si la Mer de Beer est aussi continue qué sur la carte de M. Proctor; car on y rencontre quelquefois des solutions de continuité (voir fig. 20 de ce mémoire). 8 2. — Mer d Airy; Passe de Bessel; Passe d Oudemans ; Mer de Huygens. Lorsque la Mer de Maraldi occupe la moitié supérieure apparente. du disque, on observe, sous cet océan, des taches généralement peu marquées dues aux régions que je viens de nommer. ; Wl est inutile d'insister sur les taches de ce genre qu'ont apercues Tuy- gens, W. Herschel, Schroet ler; car leur aspect confus et indistinet ne permet de tirer aucune gonali certaine. Schroeter pourtant. parait avoir repré- senté la Mer de Huygens. On voit des traces positives de cette dernière mer dans les dessins de Beer et de Mädler, pour 1837 notamment. Peut-étre méme y remarque-t-on l'in- dice trés-imparfait et très-incomplet, à peine reconnaissable, de la Passe de Huggins. Ces astronomes ont figuré les principales apparences de ce genre dans leurs hémisphères entre les longitudes de 450° et de 270°, La Mer de Huyg sens y apparait certainement dans le méridien qui a pour longitude 2409, et sous la latitude. de 15? nord en moyenne. M. Dawes, seul jusqu'ici, a vula Passe de Bessel telle que la représente la carte de M. Proctor; Avant cet observateur perspicace, on n'avait point défini la forme de la Passe d'Oudemans, Les années 4874 et 4873 elles- mêmes n'ont fourni que- très-peu d'observations de ces régions si difficiles. En 4871, M. Gledhill a figuré plusieurs taches entre la Mer de Maraldi ct celle de Beer.. La figure 52 de ce mémoire en offre un exemple; il suffira arrondie le prouvent suffisamment. En réalité, la petite tache g ne se trouve done pas située aussi prés de l'extrémité de Ia tache impair qu'on pourrait le croire d'abord. Sa latitude aréographique s'accorde parfaitement avec celle de la Mer de Main de M, Proctor, Il n° y aurait pas lieu de s'étonner d'ailleurs si Beer et Mädler av aient figuré un objet aussi délicat, vu peut- être par moments, un peu en dehors de sa position: réelle. DE LA PLANÈTE MARS. 109. de les signaler; car on ne saurait en donner une explication certaine et com- plète 1. J'ai dessiné, dans la figure 45, une observation de M. Webb pour 1871, wés-remarquable: par. une tache située à gauche de la Mer de Kaiser et dont la carte de M. Proctor ne renferme aucune trace. On serait tenté de croire qu'elle établit une communication, entré la: Mer de Beer et celle de Main. M. J. Schmidt a vu une tache semblable le 27 février 1854, mais elle ne s'étend pas jusqu'à la Mer de Kaiser. Le 41 mars 1874, M. Lehardelay a fait un dessin de Mars que j'ai repro- duit dans la figure 54 de ce mémoire. La Mer d'Airy devait être visible en ce moment, et la tache figurée en rappelle la forme; le 13 mars, à la méme heure, M. Lehardelay a vu cette tache se prolonger davantage vers le sud, appelant ainsi la Passe de Bessel. Notre figure 54 contient, dans le haut du disque, des stries trés-délicates semblables à des nuages légers que cet obser- Valeur y a vues avec difficulté. Dans le dessin 21 de ce mémoire, qui reproduit une observation de M. J. Sehmidt pour 18714, on trouve une partie de la Passe d'Oudemans vers le bord inférieur occidental. Les dessins de M. Knobel.(1873) sont des plus remarquables au point de vue qui nous occupe; en effet, on y trouve la Passe d'Oudemans dans sa forme circulaire; mais iei elle est en rapport avec la Mer de Beer, dont la nuance est plus prononcée toutefois (voir fig. 2, 4, 15, 16 de M. Knobel, l cit.). M. Knobel a vu aussi le Détroit de Huggins. Remarquons encore que pendant plusieurs observations de cet astronome. a Terre de Fontana, circonscrite par la Passe d'Oudemans, était trés-blanche M. Green a dessiné aussi en 1873 des traces évidentes de la Passe d'Ou- demans , mais sans en fermer le circuit du côté du sud. La carte de M. Proctor reproduisant les observations de Dawes, j'ai cru inutile de mentionner que cet astronome figure la Passe de Bessel et la Passe ' On} ; »eut toutefois, avec utilité, rapprocher cette observation de celle qui suit, et qui est due à M. Webb; aussi de celles de M. Green qui, on le sait déjà, a vu également une tache à l'occi- dent de la Mer de Kaiser. I est certain d'ailleurs que la Mer de Beer, la Passe d'Oudemans et celle de Huggins ont leur part dans l'aspeet figuré par M. Ghedhill. 110 SUR L'ASPECT PHYSIQUE, rc. d'Oudemans d'une façon évidente en 1864 (fig. 2 et 4 de 4864, /. cit), Mais dans la figure 4, cette dernière passe est en communication avec la Mer de Beer. Comme conclusion de ce dernier chapitre, je ne puis qu'appeler spéciale- ment l'attention des observateurs sur cette partie trés-peu connue de la sur- face de Mars, afin que leurs recherches futures viennent apporter de nou- velles lumiéres sur sa configuration. APPENDICE. 1. — Des bandes paralléles observées à la surface de Mars. Un très-grand nombre de dessins de Schroeter sont caractérisés par deux bandes parallèles rapprochées; cette apparence se retrouve nolamment dans d'autres dessins anciens. On peut citer ceux de Fritseh pour 1807; des bandes Parallèles ont aussi été observées par Harding en 1824; mais, nulle part, on ne trouve ce thal. A mesure que les dessins se perfectionnent jusqu'aux époques modernes, | aspect aussi fréquemment que dans les observations de Lilien- ees apparences deviennent plus rares. Vai déjà dit que les bandes observées sur Mars correspondent, soit au Détroit d'Herschel, soit à la Mer de Maraldi, et les bandes doubles à la Superposition des Détroits d'Herschel et d'Arago ou de Newton, ou des Mers de Maraldi et de Hook. Une bande encore peu connue existe méme proba- blement au sud de ces deux derniers océans, Mais ces moyens sont insuffi- Sants pour expliquer les dessins de ce genre, si nombreux, que nous a laissés Schroeter, En observant Mars dans des conditions moins favorables, ou avee des instruments peu puissants, on pourrait probablement trouver l'explica- lion de ces apparences dans la configuration même des taches connues, On 5e rapprocherait ainsi le plus possible des circonstances dans lesquelles les observateurs anciens, munis de moyens plus imparfaits, ont exécuté leurs l'avaux. APPENDICE. 2. — Régions blanches et brillantes observées sur le disque de Mars, en dehors des taches polaires. Outre les taches polaires de Mars et les ménisques brillants que l'on a souvent signalés sur ses bords, on a quelquefois remarqué, à l'intérieur de son disque, des taches, des bandes, des surfaces brillantes que l'on a géné- ralement attribuées à des nuages réfléchissant vivement la lumiére du soleil. W. Herschel parle d'une bande brillante qui traversait le disque de la pla- néle et qu'il figure dans ses dessins de 1777. Schroeter a observé souvent des taches et des bandes semblables, et il signale, en 1800, deux surfaces très-claires, arrondies, situées de part et d'autre des grandes taches triangu- laires terminées en pointe du côté du nord !. On trouve fréquemment de pareils faits dans les observations modernes, et je signalerai iei les princi- pales régions où ces apparitions se sont manifestées, afin que l'on puisse décider la question de leur permanence. C'est surtout au bord septentrional du Détroit d'Herschel et de la Mer de Maraldi que l'on a signalé des zones blanches. Je puis citer, comme exemple, les observations de M. Dawes en 1864, celles de M. Phillips en 1862; le dessin 13 de M. Webb pour 1862 ; ceux de MM. Green et Banks pour 1862 et 1864; certains dessins de M. Green pour 1873. M. Proctor a méme repré- senté celle particularité dans sa carte générale. J'ai cité, dans le cours de ce mémoire, d'autres exemples de taches bril- lantes : la tache neigeuse de Dawes, observée par M. Dawes dans l'Océan De La Rue; la petite tache, brillante observée par M. Webb le 4 avril, et par M. Gledhill, le 6 avril 1871, à l'orient de la Passe de Huggins; je puis citer encore une tache du méme genre vue par M. Burton immédiatement à l'est de la Mer de Kaiser, le 23 mai 1873, de 910" à 9*30" (t. m. de Dublin) et invisible le lendemain. Dans la figure 11 de ce mémoire, qui reproduit le dessin du 24 mai, j'ai indiqué par une ligne pointillée la situation que cette tache blanche occupait la veille. ! Voir Areograph. fragm., Mém. cité. APPENDICE. 113 M. Knobel a signalé une blancheur marquée régnant sur la Terre de Fontana, et à l'est de la Mer de Tycho en 1873, circonstances que confir- ment les dessins que M. Green a bien voulu me communiquer pour la méme époque (mai 1875). Le 30 mai, cette blancheur avait disparu de la Terre de Fontana, d'après M. Knobel. Le 23 mai 1873, à 9"30", ce der- hier astronome vit encore une petite tache blanche dans la Mer de Beer, immédiatement au-dessous de l'extrémité orientale de la Passe de Nasmyth. Une zone blanche longe aussi le bord occidental de la Mer de Kaiser dans deux dessins de M. Green pour le 28 mai 1875. happelons enfin les stries et les voiles blanes vus en diverses circon- Stances par le P. Secchi en 1858, et de nombreuses taches blanches observées par cet astronome en 1864, et figurées dans les dessins inédits qu'il m'a communiqués. Le 8 décembre 1864, à 7"30", par exemple, le P. Secchi annote les détails suivants : « Le fond de la partie centrale est ^ rouge, mais semé de taches blanches : elles paraissent des nuages blancs comme aux pôles. » Et le 9 décembre : « On voit sur la surface de la pla- néte des taches irrégulières, rouges, blanches et sombres ; c'est un mélange de nuages. On voit les raies spectroscopiques atmosphériques seulement au bord et non au centre! Avec le grossissement de 600 fois tout est poin- tillé, » Toutes les taches dont je viens de parler sont-elles des nuages? Pour décider cette question, des arguments puissants seraient leur variabilité ou leur disparition certaines, ou bien leur permanence. Il serait bien intéressant de vérifier si, dans l'avenir, des taches brillantes semblables apparaitraient aux mêmes points. Dans ce cas, l'on se demanderait avec raison si les som- mets élevés et neigeux de grands massifs de montagnes ne pourraient en rendre compte à la surface des continents de Mars. Il faut donc s'attacher à dresser une sorte de 'atalogue de ces détails remarquables, aprés avoir enre- gistré leur position avec le plus grand soin. J'ai exposé, au commencement de ce mémoire , les motifs pour lesquels Vo LC AER y " a " DH J avais limité cette étude à la configuration des taches sombres de la planète Mars ; tel en a été, en effet, l'objet principal et presque exclusif. Le sujet Élait d'ailleurs suffisamment vaste et distinct. D'autres questions, dont la com- Tour XXXIX. is 114 APPENDICE. plication de détails n'est pas aussi considérable, d'autres auxquelles l'obser- vation n'a point fourni encore des documents aussi nombreux, feront l'objet d'un travail séparé et analogue. Je fais allusion, par exemple, à l'étude des phénomènes polaires; l'on pourrait examiner aussi, dans tous leurs détails, les faits de coloration observés sur Mars, les recherches spectroscopiques entreprises sur la lumière de cet astre; reprendre avec avantage le caleul de la période de rotation déjà déterminée pourtant avec une précision remar- quable. Pour le moment, je crois avoir traité, dans cette Aréocrapme, le sujet qui présentait le plus d'utilité et d'à propos en prévision des prochaines oppo- sitions si favorables, et j'ai hâte de mettre ce mémoire à la disposition des astronomes, pour qu'il porte déjà des fruits en 1875. Il m'a semblé utile de réunir une premiére fois l'ensemble des données fournies par plus de deux siécles sur l'état délaillé de la surface de cet astre. Dirigée vers les points douteux, l'attention des observateurs ne manquera point d'élucider un grand nombre des questions énoncées dans ce travail, et la précision de la carte de Mars ne pourra qu'y gagner. Je serai heureux si ces prévisions se réalisent et si ce mémoire, en faisant atteindre ce résultat, contribue à préparer la solution de l'état physique de Mars. TABLE DES MATIÈRES. Introduction ; catalogue des observations faites sur la configuration de la surface de Mars et plan général de ce mémoire . . Cuar. 1. — Résultats d'une étude comparative des dessins renfermant la Mer de Kaiser et l'Océan de Dawes. $14. — Aspect général et anciennes observations de la Mer de Kaiser et del'Océan de Dawes. 33. Etude de l'Océan de Dawes et de ses dépendances méridionales : A. — Anciennes observations des Mers de Zöllner et de Lambert B. — Les Mers de Zöllner et de Lambert observées dans les conditions les dr favorables. , . . Lët C. — Les Mers de Zöllner et ái Lambert et 25 limite EE Ae l'Océan di Dawes vues au bord supérieur apparent de Mars . c — Étude de la Mer de Kaiser et de ses dépendances 4. — Anciennes observations de la Passe de Nasmyth B. — Aspect de la Passe de Nasmyth dans les dessins les plus récents et t exécutés aux époques les plus favorables à son observation. C. — Anciennes observations de la Mer de Main . D. — Particularités offertes par la Mer de Main E. — Remarque sur la terminaison septentrionale de ie Mer de Kriser datis quelques dessins. . . . . $4. — Solutions de continuité observées dans la Mer de Kaiser et dans l'Océan de Dawes. $5. — Absence d'uniformité dans la teinte sombre de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes. 56. — Côtes de l'Océan de Diva et di i Mer dé Ri EDU $7. — Questions relatives à la Mer de Kaiser et à l'Océan de Dawes . . . Cuar. IT. — Résultats d’une étude comparative des dessins renfermant le Détroit X Herschel II. $4. — Aspect général et anciennes observations du Détroit d'Herschel II . $2. — Étude des dessins du Détroit d'Herschel IL, et des régions voisines, exécutés de les conditions les DIOS utile E Sp RER $5. — Le Détroit d Herschel II au bord supérieur apparent de la planète EE 50 64 59 TABLE DES MATIÈRES $4. — Étude des Baies de Dawes et de Beer et du Dottor do Dawes OE uM a PRES 0) | A. — Aspect général des baies du Détroit Heger do OE tots aC T IU. | B.— Anciennes observations . . . ; n ik s : A m C. — Remarques sur les Baies de Dawes et E Beer et sur le Dé troit à ied 72 D. — Probabilité de l'existence d'une baie située sur le bord du Détroit d'Her- | schel IE, entre la Baie fourchue de Dawes et la Mer de Kaiser. . . . 74 | $3. — Des taches isolées observées sur les continents de Mars . . . . . s. . D | $ 6. — Questions relatives à la région du Détroit d'Herschel . . . . . . . . . . 77 | Cuar. HT. — Résultats d'une étude comparative des dessins renfermant l'Océan | Dé La Rue et les Mers de Dawes et de Lockyer. | $ 1. — Aspect général et anciennes observations de l'Océan De La RUES HALO | 2. — L'Océan De La Rue et les Mers de Dawes et de Lockyer dans les dessins e hie récents . © . Piai . Lord) A de deed OU) $ 5. — Relations de l'Océan De ge Rue avec dis Me rs Ne Phillips « et Se MË ere 82 $4. —.Questions relatives à.l'Océan:De Da Rue... 1. ue eese e B4 Cuar. IV.— Résultats d'une étude comparative des dessins renfermant les Mers de Hook et de Maraldi, et relations de cette dernière mer avec les Passes de Huggins et de Bessel et avec l'Océan De La Rue. $ 1. -— Aspect général et anciennes observations des Mers de Hook et de Maraldi . . . 85 $2. — Les Mers de Hook et de Maraldi observées aux époques les plus récentes et les plus | favorables, .... . QUE juri a REATUS Jr $ YEr ioy § 5. — Les Mers de Hook et de Maraldi au jon supérieur apparent du disque de Mars 00 | $4. — Remarques sur les baies des Mers de Hook et de Ma dieto Aer M uo oer 9b f § 5. — Questions relatives aux Mers de Hook et de Maraldi et aux régions voisines, . . 96 | Cuar. V. — Étude des Mers de Tycho et de Delambre et de leurs relations avec la Mer de Beer et avec le Détroit de Nusmyth. | § 1. — Aspect général et anciennes observ valions . . e NN E e ov Le f $ 2. — Aspect des Mers de Tycho et de Delambre d'après les obat eanioks faites aux épo- ques les plus favorables . . . . + . ETT VADE 98 $5. — Questions relatives aux Mers de Tycho et de De :ambre ie M..Proetors 22.3.0 .« 105 Cuar. VI. — Remarques sur les Mers de Beer et d'A iry et sur la Passe d'Oudemans. | Relations avec les Passes de Huggins et de Bessel et avec la Mer de Huygens. POI NIE A uS erue n qom Rus Wero Mee E es 105 $ 2. — Mer d'Airy; Passé de Bessel; Passe d'Oudemans; Mer de Huygens . . . . . . 108 AppENDICE : 1. — Des bandes parallèles observées à la surface de Mars. . . e . 441 9, — Régions blanches et brillantes observées sur le disque de Magic, en dors UES EE E Ee EXPLICATION DES PLANCHES. OBSERVATIONS DE LA PLANÈTE MARS. Fi. 4. Le 28 novembre 1659, à 7" du soir. Huyger — 2. Le 15 août 1672, à 10^ 50". Huygens. 7 ð. Le 15 mai 1685, à 11". Huygens. ^. Le 17 mai 1685, à 10^ 50". Huygens. = D Le 4 février 1694. Huygens (sans heure indiquée). E^ 6. Le 10 décembre 1787, à 7^ du soir. Schroeter (télescope de A pieds). — 7. Le 20 novembre 1798, à 8^ 2" du soir. Schroeter (télescope de 13 pieds) !. — 8. Le 26 septembre 1862, à 8" 56", t. m. d'Athènes. J. Schmidt (réfracteur de 6 pieds). — 9. Le 3 novembre 1862, à 9^, t. m. de Greenwich. G. Knott (réfracteur de 7 ` pouces, et de 410 pouces de longueur focale). — 40. Le 6 avril 1871, de 12^ 6" à 12^ 32", t. m. de Dublin. Ch. Burton (miroir argenté de 8 pouces d'ouverture et de 71 pouces de foyer; grossissement de 408 fois). — 11. Le 24 mai 1875, à 9", t. m. de Dublin. Ch. Burton (miroir argenté de 12 pouces d'ouverture et de 128 pouces de foyer). La petite circonférence pointillée indique la situation qu'oecupait une tache blanche le 25 mai, de 9" 10" à 9^ 50" (t. m. de Dublin). — 19, Le 44 mars 1859, de 9^ 9" à 9^ 52", t. m. de Berlin. Mädler (grand réfracteur de l'Observatoire de Berlin). - 45. Le 29 mars 4871, à 11^, t. m. de Greenwich. Rév. T. Webb (miroir argenté de 9 pouce l Ce dessin a été exécuté d'après l'original de Schroeter et la gravure de Tischbein; dans celle-ci, on voit deux ba ^s fines 4 EZE : eux bandes fines au-dessus de l'Océan de Dawes. Dans l'orig Pur bandes, et le doute, j'ai la al on ne voit que la plus méridionale de ffacée, Dans ois pas que l'on puisse attribuer l'absence de l'autre à un accident qui l'aurai * subsister le ' de mon mémoire qui concerne ce détail. Peut-être pourrait-on éc ce point par l'examen des cuivres gr gravés que possède encore M. Schroeter et qui portent des corrections faites par l'auteur, IXPLICATION DES PLANCHES. Fig. 44. Le 4 mai 1871, à 9^ 50". Wilson (réfracteur de 8 1 pouces, grossissements : 300 à 400 fois). 15. Le 25 mai 1875, à 41". Green ( réflecteur de 9 pouces d'ouverture; grossissements : 900 à 400 fois). | 16. Le 22 mai 1875, à 8" 41", t. m. d'Athènes. J. Schmidt. | — 47. Le 16 mai 1875, à 8^ 45", t. m. d'Athènes. J. Schmidt. | — 18. Le A avril 1871, à 11^. Edw. Crossley et J. Gledhill. 19. Le 1° décembre 1659, à 6^ 507. Huygens. | 20. Le 29 mai 1875, de 9" à 9^ 15", t. m. de Dublin. Ch. Burton. | 21. Le 25 mai 1875, à 7" 41^, t. m. d'Athènes. J. Schmidt. 22. Le 12 mai 1871, à 9^, Wilson. 25. Dessin inédit de M. Knobel. Situation de la région la plus sombre de l'Océan de Dawes et de la Mer de Kaiser. — 24. Le 28 novembre 1659, à 9^ 50". Huygens. 25. Le 7 mai 1685, à 10^. Huygens. 26. Le 25 septembre 1862, à 8^ 50", t, m. de Greenwich. G. Knott. 27. Le 25 septembre 1862, à 42^ 50", Green. | — 28. Le 11 janvier 1867, à 11^ 40", t. m. de Greenwich. Télescope de 4,25 pouces d'ou- verture et de 65 pouces de foyer. G. Williams. | 29. Le 22 mars 1871, à 10^ 55^, t. m. de Greenwich. Webb. 50. Le 25 mars 1871, de 42^ 25" à 12^ 50", t. m. de Dublin. Ch. Burton. 51. Le 20 juin 1875, à 9", t. m. de Greenwich. Knobel (miroir argenté de 8 £ pouces d'ouverture et de 64 pouces de foyer). La petite circonférence indique la situation d'une tache blanche. 52. Le 25 mars 1871, de 10^ à 11^, Ch. Lehardelay (objectif de Steinheil de 169 milli- mètres d'ouverture, et de 2 métres 27 centimètres de longueur focale). 93. Le 22 octobre 1862, à 8* 50", t. m. de Greenwich. G. Knott. - 5%. Le 27 novembre 1862, à 7^ 15", t. m. de Greenwich. G. Knott. — 55. Le 7 avril 1685, à 9" 50". Huygens (lunette de 56 pieds). - 56. Le 9 avril 1685, à 9^ 50". Huygens (lunette de 56 pieds). 57. Le 25 mai 1685, à 10^ 50". Huygens. — 58. Le 9 août 1845, à 15^ 5", t. m. de Bilk. J. Schmidt. 39. Le 1° octobre 1862, à 7" 28^, t, m. d'Athénes. J. Schmidt. — 40. Le 8 octobre 1862, à 41^, t. m. de Greenwich. G. Knott. - M, Le 6 avril 1871, à 40^ 50». Gledhill. 42. Le 7 avril 1871, de 11^ 59" à 42^ 48", t. m. de Dublin. Ch. Burton. 45. Le 28 mai 1875, à 8", Green. 44. Le 28 mai 1875, à 11^. Green. -— 45. Le 1° décembre 1864, à 7^, t. m. de Rome. Secchi. — Ap. Le 25 mars 4874, à 19^ 90", Gledhill. — 47. Le 9 mai 1875, de 9^ 24" à 10^ 40", t. m. de Dublin. Ch. Burton. 48. Le 16 mai 1875, à 9^ 45". Green. 49. Le 15 mai 1875, à 11^ 50", Green. 50. Le 8 mai 1875, à 10^ 45», Wilson. EXPLICATION DES PLANCHES. 119 Fi, 51. Le 7 mai 4871, à 8^. Gledhill. 32. Le 8 avril 1871, à 11^ 50", Gledhill. — 55. Le A avril 1871, à 41^ 45", t. m. de Greenwich. Webb. » 54. Le 14 mars 1871, de 40^ à 41^. Ch. Lehardelay. s les photographies que ible illustrations assez grossières mais infiniment précieuses du manuscrit conservé à la biblio- I5 rese inédite e Huygens que renferme ce mémoire ont été reproduits d'apn M. Van de Sande Bakhuyzen a eu l'obligeance de m'envoyer. On a táché de rendre aussi € et trait pour trait ce tement que pc thèque de l'Université de Leyde. ERRATA. Page 8, en note, lisez : von Mädler. — 57, ligne 10, au lieu de : la tache de mes de , lisez : la tache d de mes de Memoire s de l'Académie j DI Il Memoires de l'Académie 14 i | D ` | d | | 4 | ZS E | - Zi i / A 7 | , | | S | | N CL y Ji z Mémoire s de l'Académie PLIV ‘Académie Mémoires de 1 A pu LES PAGI DE LA BELGIQUE ET LEURS SUBDIVISIONS PENDANT LE MOYEN AGE; PAR M. CHarLes PIOT, ARCHIVISTE ADJOINT DU ROYAUME. a Ce serait en vain qu'on voudrait écrire l'histoire sans » avoir une conn acte de la géographie. » (Lanezur vu Frusnoy, Méthode pour étudier l'histoire.) (Mémoire couronné par l'Académie royale de Belgique, le 8 mai 4871.) Tome XXXIX. 1 ` ` f ` INTRODUCTION. Un fait important au point de vue des études géographiques du haut moyen âge a été établi dés le XVIIe siècle. C'est l'assimilation des circon- scriptions ecclésiastiques aux divisions géographiques admises dans l'ordre civil. Les péres Bucherius et Wiltheim, deux de nos compatriotes les plus Savants du XVII: siècle, l'avaient déjà signalé 1. Lamæus, Kremer, Crol- lius, l'auteur de la ho de Gottwieh et plus récemment Guérard 5 spi ^, Jacobs et Thudichum 6 développèrent ce système de NEE raison et le mirent parfois en pratique. Si cette similitude est en quelque sorte passée aujourd'hui à l'état d'axiome, hous devons cependant reproduire, dans le but d'en faire comprendre la portée, certains points signalés par les auteurs. Selon leur maniére de voir, les limites des cités romaines et parfois des grands pagi seraient conformes à celles des diocèses ecclésiastiques. Les grands pagi seraient divisés en pagi moyens et en petits pag ou en vicairies, puis en bénéfices. Aux grands pagi : Luciliburgum Romanum, liv. II, chap. I. ? Pagi Craichoviae descriptio, par Lamæus. 5 Essai sur le système des divisions territoriales de la Gaule, p. 77. A Topographie ecclésiastique de la France, dans l'ANNUAImE HISTORIQUE, 1853, p. 147. 5 Géographie historique de la France. * Die Gau- und RUN in Deutschland, p. 81; Ramen, Discours prononcé à la cour q’ appel de Liége en 1852, p. 6 1 INTRODUCTION. et souvent aux pagi moyens correspondraient les archidiaconés anciens, et aux vicairies les doyennés !. Tous ces principes sont relativement vrais, incontestables. Néanmoins il serait téméraire de les affirmer en toutes circonstances, et d'en tirer des con- clusions par trop rigoureuses. À notre avis, il est impossible d'admettre , comme l'ont fait plusieurs auteurs , que l'esprit conservateur de l'Église n'ait pas permis des changements dans les divisions territoriales. Si des nécessités politiques, si des convenances de nationalités l'ont entraînée à admettre, dés les premiers temps de son existence, les divisions géographiques de l'ordre civil, elles l'ont parfois forcée à suivre les changements subséquents. Le con- cile de Chalcédoine, tenu en 451, dit catégoriquement (canon 47): « Si vero » quaelibet civitas per auctoritatem imperialem renovata est, aut si renovetur » in posterum, civilibus et publicis ordinationibus etiam ecclesiarum paro- » chianarum sequatur ordinatio ?. » Nous admettons volontiers et jusqu'à un certain point que les limites des diocéses n'ont pas changé. A nos yeux, la géographie ecclésiastique est un des auxiliaires les plus puissants pour l'étude de la géographie civile du haut moyen áge. Elle est un véritable guide, dont il n'est pas permis de s'écarter, à moins de preuve positivement contraire. Mais nous ne pensons pas que partout les limites des diocéses correspondaient d'une maniére absolue aux démarcations des populations anciennes. Cette différence se manifeste surtout en Belgique, où les émigra- tions, les invasions étrangères et les déplacements des peuplades étaient très-fréquents. Nous citerons à ce sujet le pagus de Ryen qui, malgré sa dépendance du grand pagus de la Toxandrie, appartenait à l'évéché de Cambrai, tandis que le reste de cette division territoriale faisait partie du diocése de Liége. Celui-ci comprenait la plus grande partie du pays des Toxandres, le territoire occupé par les Tongrois, qui avaient remplacé les 1 Daten et Mooren, Die alte und neue Erzdiözese Köln, t. 1, p. 57. Ces auteurs ajoutent, en ce qui concerne le diocèse de Liége : « In der Lütticher Diócese, wo die Archidiokonate » kleiner, als die Kólnischen und die alten Gaue Verhältnissmässig grösser sind, kommen diese » mit jenen, und nicht mit den Dekanalbezirken uberein. » 2 Ce concile n'a pas été reconnu, il est vrai, par Rome quant à la partie disciplinaire, mais + il n'établit pas moins une pratique admise par l'Église. INTRODUCTION. m Éburons, une partie des Ardennes et les pays des Condruses, de la Famenne et de Lomme. Ce pagus de Lomme, soumis à l'évéché de Liége, comprenait une partie de la Nervie, et cependant le restant du territoire nervien passa au diocèse de Cambrai. Si les divisions territoriales de l'Église avaient suivi rigoureusement les limites de ces peuplades, celles-ci n'auraient pas été réparties entre des diocèses différents. Le pays des Ménapiens, par exemple, Térouane, de Tournai et d'Utrecht. La civitas de Cambrai, située dans la Belgica secunda, ne correspondait pas entiérement appartenait aux trois évéchés de A l'évéché de Cambrai, dont le territoire s'étendait sur une partie de la Toxandrie et par conséquent sur la civitas Tungrorum. Ces faits, nous ne l'ignorons pas, sont en opposition formelle avec la doc- trine enseignée par Van Schelstrate dans son ouvrage si remarquable intitulé Antiquitates Ecclesiæ 1. Les règles que le savant anversois y indique d’après les documents sont sans doute fort exactes, mais il y a des exceptions, il y a des faits contradictoires qui ne sont pas moins acquis et incontestables. Le nombre des doyennés a plusieurs fois varié dans l'évéché de Nantes du IX* au XVIII? siècle ?. A Tournai les archidiaconés et doyennés subirent éga- lement des changements, spécialement en 1572 5. Dans le diocèse de Cam- brai l'évéque créa, en 1277, un sixiéme archidiaconé, dit de Bruxelles , et le forma au moyen du doyenné de ce nom et de ceux de Pamel et d'Alost, qui furent soustraits à l’archidiaconé du Brabant +. Les archidiaconés du Hainaut et du Brabant sont, dans le diocèse de Liége, d'une création plus moderne que ceux du Condroz, de la Hesbaye, des Ardennes et de la Famenne. Termonde, compris primitivement dans le diocèse de Cambrai, fut incorporé plus tard dans l'évêché de Tournai. Il en est de méme de Herent, paroisse du diocèse de Liége , qui passa pendant le XVe siècle à celui de Malines. Ce sont ces changements divers qui rendent l'étude de la géogra- phie de la Belgique pendant le haut moyen âge si difficile et si peu attrayante. ! Tome II, p. 258. ? Cartulaire de l'abbaye de Redon. Prolég., p. cxvm. 5 Analectes ecclésiastiques, t. I, p. 505. * Duvivier, Le Hainaut ancien, p. 54. 1y INTRODUCTION. Les déplacements et les invasions continuelles des peuplades germaines y ont nécessité des changements successifs dans les circonscriptions territoriales ; les transformations des bénéfices en fiefs héréditaires, l'augmentation de la population n'ont pas moins contribué à compliquer la géographie admise par les ecclésiastiques , et ont souvent forcé les évêques à s'écarter des anciennes divisions territoriales. Un point nous semble bien acquis à la science , c'est l'identité des limites des archidiaconés anciens et de celles des pagi moyens, pourvu qu'ils en portent le nom. La raison en est facile à comprendre. Les archidiaconés sont en général de création plus moderne que les diocèses. S'ils sont établis pen- dant la période de l'hérédité des fiefs , leurs limites ne pouvaient plus corres- pondre à celles des pagi. Il y a méme lieu de croire, lorsque les archidia- conés ne portent pas le nom d'un pagus, qu'ils sont de création trés-récente. Leurs circonscriptions ne peuvent done correspondre à celles d'aucun pagus, ni grand, ni moyen. Ainsi l’archidiaconé de Bruxelles, qui n'était point appelé pagus, date seulement de 1277. L'archidiaconé nouveau de Flandre, dans le diocèse de Tournai, fut créé en 1572, et le pagus flandrensis n'a pas servi à ses limites. Ceux du Brabant et du Hainaut dans le diocèse de Liége n'ont rien de commun avec les pagi de ces noms; toutefois certains doyennés belges correspondaient aux petits pagi, ou vicairies. Cette identité se mani- feste souvent dans les diocèses de Tournai et de Cambrai, plus rarement dans celui de Liége, et là seulement où les anciens archidiaconés ont été conservés ; dans les archidiaconés liégeois du Brabant et du Hainaut, créés plus tard, il y a des différences notables. Il est done certain que sila géogra- phie ecclésiastique peut élucider les questions relatives à la géographie civile, il faut l'invoquer tant qu'il n'y a pas de preuves contraires. En géographie, comme en histoire, les règles générales ne doivent pas toujours être acceptées aveuglément. Jamais elles ne sont absolues; il faut constamment savoir distinguer et le faire à propos. Sous la domination des Romains , qui avaient admis en partie les divisions déjà existantes, le territoire des Gaules était partagé en provinces, civitates ou cités, embrassant généralement l'étendue entiére du pays habité par un INTRODUCTION. Y peuple et les peuplades qui en dépendaient. Chaque citée était partagée en pagi", dans lesquels étaient comprises bien souvent les ER Ee secon- daires, si elles avaient assez d'importance pour former des subdivisions sem- blables. D ain À cette époque le territoire de la Belgique, tel qu'il est aujourd hui, appartenait à trois provinces romaines, savoir Ei la ste Belgique (provincia Belgica prima), à la seconde Belgique (provincia. Belgica secunda) et à la seconde Germanie (provincia Germania secunda) Chacune de ces provinces renfermait les cités suivantes : Dans la première Belgique: métropole : Trèves (civitas Trey citées : Metz (civitas Mediomatricorum Mettis), Toul (civitas Tullo) et Verdun (civitas Verodunensium Jt Dans la seconde Belgique : métropole : Reims (civitas Remorum) ; citées : Soissons (civitas Suessionum), Chålons-sur-Marne (civitas CHERE Vermand ( civitas Veromanduorum ), Arras (civitas Atrabatum ) À Cambrai (civitas Cameracensium), Tournai (civitas Turnacensium), Senlis (civitas Silvanectum), Beauvais (civitas Bellovacorum), Amiens (civitas Ambiane sium), Boulogne (civitas Bononiensium). Dans la seconde Germanie : métropole : Cologne (civitas cité : Tongres (civitas Tungrorum)?. Les cités étaient divisées, nous venons de le dir irorum) ; Leucorum n- A gripinensium), e, en pagi, espèces de cantons ou de districts, au sujet desquels les monuments romains fournis- sent trés-peu de renseignements et un seul concernant la Belgique 5. Impos- divisions admi- nistratives sises dans notre pays et moins encore leurs c sible d'indiquer, sous la période romaine, les noms de ces irconscriptions. ! César fait, dans ses Commentaires, souvent mention des pagi gaulois. Il en est de méme de l'acite dans sa Description des mœurs des Germains. Voir, à ce sujet, LAFERRIÈRE , Histoire du droit francais , t. 1T, p. 22; Scugnngn , Die Gallier und ihre Verfassung , pp. 10 et 45. 2 Extrait de la Noticia provinciarum el civitatum Galliae , rédigée sous l'empereur Hono- rius (595 à 425). 7 Le pagus du Condroz est cité dans une inscription romaine ; trouvée en Angleterre. Voir plus loin la description de ce pagus. vi INTRODUCTION. Probablement celles-ci correspondaient aux pagi admis sous la domination des Francs; mais les conquérants de l'Empire ont tellement multiplié le chiffre des pagi, qu'il serait téméraire de eonsidérer, comme entiérement identi- ques, les circonscriptions territoriales des deux époques. Lorsque les Francs se furent rendus maitres des Gaules, ils continuérent plus ou moins l'administration romaine, dont ils finirent cependant par con- fondre tous les pouvoirs, comme les Romains l'avaient déjà commencé eux- mêmes. Les nouveaux hôtes de l'Empire respectèrent aussi plus ou moins les divisions territoriales en usage, pourvu qu'elles ne contrariassent point les exigences politiques de l'époque. En détruisant le pouvoir centralisateur des Romains, ils ne pouvaient plus conserver intégralement les divisions et subdivisions unitaires établies par les anciens conquérants du monde. A la suite des morcellements des pays conquis en royaumes différents, il ne leur était plus possible de rester en tous points fidéles aux grandes divisions territoriales, aboutissant à une parfaite centralisation de gouvernement et d'administration. La décentralisation du pouvoir souverain et la confusion des différentes branches d'administration devaient nécessairement amener un mouvement semblable dans la division territoriale f. On remarque déjà des différences notables entre les circonscriptions ecclésiastiques et celles des pagi en examinant l’acte de partage de 870. Sous la période franque le mot pagus a généralement la signification de cité ou d'une partie de cité. Celle-ci, qui du temps de César et de Tacite indiquait un peuple ou un État, comme on le dirait aujourd'hui, devint un simple pagus. Par conséquent ces territoires furent, sous les Frances, des cir- conseriptions administratives complétement indépendantes des divisions dynastiques. Elles avaient chacune leur juridiction spéciale, leur administra- tion financiére, civile et de police, leur organisation militaire, sans admettre ! Dès leur arrivée dans les Gaules, les populations germaines devaient naturellement établir une confusion entre les pagi et leurs subdivisions, tels que les Romains les comprenaient. Selon le texte de Tacite, leurs pagi correspondaient en quelque sorte aux centaines des Romains, comme l'a trés-bien fait ressortir M. de Sybel dans son livre si remarquable intitulé : Entste- hung des deutschen Künigthums , pp. 57 à 59. Les Germains connaissaient seulement les pag? et les vici. Toute autre subdivision leur était inconnue. INTRODUCTION. VII aucune distinction entre ces différentes branches. Les habitants libres du pagus se réunissaient trois fois, et plus tard deux fois par an dans des assem- blées générales 3. Les pagi avaient des subdivisions appelées également pagi; de sorte que les écrivains modernes furent obligés d'établir des degrés entre ces circon- scriptions afin d'indiquer leurs ressorts 3. Rarement il est fait mention dans les documents du pagellus, et en Belgique nous l'avons vu employé une seule fois dans un diplôme de Charlemagne à propos du pagus de Liége. Dans les écrits du moyen àge, le pagus füt-il moyen ou petit, s'il avait le méme nom de la grande division à laquelle il ressortissait , il en prit la dénomination, Sans aucune distinction. Souvent les écrivains du moyen âge employaient en Belgiqne le nom de finis ou de comté (comitatus) au lieu de pagus 5. Finis indiquant une cir- conscription, il est facile de comprendre la synonymie que les écrivains ont voulu établir entre les deux dénominations. Comme les pagi étaient soumis à la juridiction d'un comte réunissant en sa personne l'administration judi- ciaire , financière et méme militaire, il était trés-naturel d'indiquer le terri- loire soumis à leur pouvoir par le titre de comté. Celui-ci était divisé en cen- taines et en vicairies, petits cantons placés sous la juridiction de inférieurs , nommés vicarii et centenarit. Dans la loi des Allem bert. établit parfaitement cette distinction en 630 : « juges ands, Dago- Conventus secundum ! Voir à ce sujet : CLUVERIUS, Antiquitates German., p. 91; Weiske, Die Grondlugen der [ruheren Verfassung Deutschlands , p. 66; Warrz, Deutsche Ferfassungeschichte , 1.1, p. 445; Warrer, Deutsche Rechtsgeschichte, § 402; Eicuorn, Deutsche Slaats-und Rechtsgeschichte , 8$ 14, 74, 85; Guénano, Essai sur le système des divisions territoriales des Gaules, pp. 72 €t suiv.; Grimm, Deutsche Rechtsalterthumer, pp. 782 et suiv., etc.; Raren, Discours prononcés à la oun d'appel de Liége en 4851, pp. 7 et suiv., en 4852, pp. 6 et 7, en 1854, p. 17; DrLocug, Etudes sur la géographie de la Gaule, t. IV, 2 sér., p. 453 des Mim. DE L'ACAD. DES INSCRIP- TIONS ; Locxox , Études sur les pagi de la Gaule. ? Ces degrés ont été établis sans doute d’après les classes des comtes fortiores , mediocres et minores (BaLuze, t. I, p. 200). * Le mot comitatus avait aussi différentes significations : tantôt il signifie pagus , tantót juridiction > dignité du comte, territoire et juridiction d'une ville ; enfin, pendant la période féodale, il indique une seigneurie. Voir Decocue, Etudes sur la géographie de la Gaule, t. 1V, 2° ser, p. 455 des MÉM. PRÉSENTÉS PAR LES SAVANTS A L'ACADÉNIE DES INSCRIPTIONS. Tome XXXIX. 2 :il y avait des comites INTRODUCTION. » consuetudinem antiquam fiat in omni centena, coram comite aut suo misso » et coram centenario, Ipsum placitum fiat de sabbato in sabbatum aut » quali die comes aut centenarius voluerit; a septem inseptem noctes, quando » pax parva est in provincia !. » Dans le capitulaire de 810, le souverain établit leur juridiction : « Ut ante vicarium et centenarium de proprietate » aut libertate judicium non terminatur aut adquiratur, nisi semper in præ- » sentia comitum ?. » La centaine était une agréation de cent personnes ou chefs de famille qui, en temps de guerre, formaient une compagnie commandée par un officier particulier ou centurion. En temps de paix, ils formaient une agglomération, ou plutôt une association présidée par un comte ou son lieutenant ou par le centenier. Primitivement mobile et variable, la centaine forma plus tard une véritable division du pagus, lorsque les Francs adoptèrent la propriété territoriale. La vicairie était également une division du pagus ou du comté administrée par un officier dépendant du comte et qui exerçail sa juridiction sur plu- sieurs villages, vici en latin, vies en wallon, wijken en flamand. Parfois les vicairies ou peut-être les centaines prenaient en Belgique le titre de districtum, qui semble indiquer une simple circonscription judiciaire, par exemple les districts d'Aix-la-Chapelle et de Theux. Malgré les différences qui existaient entre ces divisions territoriales, nous en trouvons à peine une mention dans les documents relatifs à la Belgique. La vicairie y prit bientôt le titre de pagus, nous le verrons plus loin; la centaine y est à peine indiquée deux fois. En thése générale il n'est pas possible, sauf dans un ou deux cas à propos de Tournai et de Bavai, de fixer les limites des vicairies, et jamais nous ne sommes parvenu à déterminer une centaine. Si primitivement il y eut, chez les Francs, une hiérarchie dans les divi- sions territoriales, elle aura disparu trés-tót spécialement sous le régne des Carlovingiens. C'était à qui s'arrogerait la plus grande somme de pouvoir mili- taire et judiciaire, d'administration financière et de police. Chaque préposé à ! Taunicuum, Die Gau- und Markver[assung , p. 90; DeLocue, Le, p. 268. 2 Ercuonn, Deutsche Staats- und Rechtsgeschichte, t. 1, p. 429. INTRODUCTION. IX la direction d'un pagus, grand, moyen ou petit, ou méme d'une simple vicai- rie, âchait de se rendre complétement indépendant. Le pays soumis à son administration devint un pagus, sans autre qualification, conséquence nécessaire du capitulaire de 877. De petites subdivisions, des pagelli, des vicairies portèrent même le titre de pagus *. Les cités devaient ainsi néces- sairement disparaitre quant au civil. Elles devinrent de simples pagi, dont les Francs augmentèrent considérablement le nombre par suite de la confu- Sion qu'ils établirent dans la hiérarchie de la division territoriale, Ils en appliquérent la qualification, et spécialement en Belgique, à des vicairies, à des cités, à des bourgades, à des paroisses, à des fractions de cités, à des provinces, à des royaumes ?. Ainsi le pays des Ardennes devint un pagus ardennensis, la civitas Menapiorum fut nommée le pagus Menapiorum ; les environs d'Ysendyk furent qualifiés de pagus Gasterna, Oostbourg recut aussi le nom de pagus. Les environs de Diest obtinrent le méme honneur. Les vicairies de Bavai et de Tournai devinrent les pagi bavacensis et tor- nacensis. Ces confusions ont donné lieu à des difficultés si nombreuses, que l'on s'est demandé si le pagus constituait, chez les Francs, une circonscription bien déterminée. Rien n'est plus certain. J. Grimm l'avait déjà démontré d'une manière évidente ? et Thudichum a consacré à la démonstration de cette thése une partie de son second livre des pagi ^. Ce que ces écrivains en ont dit nous dispense d'entrer dans plus de détails à ce sujet. Nous ferons seulement observer que ces circonscriptions sont les conséquences nécessaires ! Voir à ce sujet : Warrz, Deutsche Verfassungsgeschichte , t. 1, p. 290. Par suite de ces Confusions nous nous sommes dispensé de suivre les anciennes circonscriptions des civitates en ce qui concerne la description des grands pagi. Ainsi les pagi du Hainaut et du Brabant n'avaient rien de commun , malgré leur dépendance de la civitas cameracensis. 2 Voir Srárın, Wirlembergische Geschichte; Lanvau, Die Territorien in Bezug auf ihre Bildung; Jacons, Géographie historique de la France; Tuupicuum, Die Gau- und Markver- fassung , pp. 40 et suivantes. 3 Grenzalterthümer, p. 411 dans les MÉMOIRES DE L’Acapémie De Bertin, 1845. * Gau-und Mark ver fassung. M. Wauters vient de publier dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XXVMI, p. 254, un article très-concis sur cette question. Un triens mérovingien, au lieu du nom de l'atelier monétaire, porte : ex pago Remis. INTRODUCTION. de la tendance à rendre les lois territoriales , tendance qui se manifeste par- ticulièrement dans l'édit de Pistes de 864. Par suite de la suppression des dénominations de la hiérarchie adminis- trative, il y eut nécessité d'indiquer dans les actes les différents pagi aux- quels ressortissait une localité. Le manque de précision des indications donna | lieu à mainte et mainte méprise. C'est ainsi que des auteurs n’ont pu com- prendre comment un pagus , sans qualification de degré, devenait la subdi- vision d'un autre, et comment une localité était désignée dans des actes différents comme appartenant à deux et méme à trois pagi. Comment une localité située dans un pagus bien déterminé était indiquée par le méme acte dans un pagus d'un nom différent. Ce qui les embarrassait surtout, ce fut le mot seu qui accompagne souvent les dénominations des subdivisions | des pagi. lls n'y voyaient pas une conjonction simple, mais une conjonction alternative. Si l'on ne s'arrête à ces différents points, il est impossible de saisir, par exemple, le sens d'un acte de l'an 815 indiquant le monastère du Mont Blandin à Gand, dans le pagus de Tournai !, tandis que la chronique de cette abbaye le place dans le pagus de Gand ?, et un autre acte de 988 dans le pagus cortracensis?. Tous ces documents disent vrai. Dans la charte de 815 les mots : pagus tornacencis indiquent le mont Blandin dans le pagus de Tournai, qui comprenait celui de Gand. Dans la chronique les mots : /n pago gandensi font comprendre que l'abbaye était située dans cette circonscription, dépendant des pagus de Tournai. Lorsque l'acte de 988 cite le monastère de Saint-Pierre dans le pagus de Courtrai, il dit encore vrai, puis- que le Mont Blandin, situé dans l'angle formé par la Lys et l'Escaut , dépen- dait du pagus de Courtrai, lequel pagus était une subdivision de celui de Tournai. Fauquemont et Epen sont indiqués, par un acte de 1075 , dans le comté d'Aix-la-Chapelle, et, par un acte de 1044, dans le pagus de Liége. 1 Vanne Purre, Chronique de Saint-Pierre, p. 69; Van Lokeren, Cartulaire de Saint-Pierre, t. I, p. 15. En reproduisant cet acte, Mi us (t1, p. 151) imprime : in pago gandensi. 2 Vanne Purrs, /. c., p. 455. 5 Van LOKEREN, l. c., p. 57. INTRODUCTION. XI Pourquoi? Parce qu'Aix-la-Chapelle ressortissait au pagus de Liége, qui lui- méme dépendait de celui de la Hesbaye. C'est absolument comme si l'on désignait aujourd'hui une localité par les noms de la province, de l'arron- dissement et du canton auxquels elle ressortit, en remplaçant ces qualifica- tions par les mots : division ou pagus. On s'explique ainsi la position géogra- phique qu'assigne un acte de 1037 au village de Boeseghem , département du Nord, canton de Hazebroeck !. Cette charte dit que Boeseghem est situé dans le Mempise, tandis qu'un acte de 982 l'indique dans le pagus tarua- nensis ?. Il en est du méme de Crombeke , Merkeghem et Strazeele, localités indiquées , dans les actes de 875 et 867, in pago taruanensi intra ou infra Mempiscum 5. Boeseghem , Crombeke , Merkeghem et Strazeele étaient en effet placés dans le Mempise, mais dans la partie de ce pagus soumise à l'évéché de Térouane. Celui-ci représentait en partie le grand pagus tarua- nensis depuis la disparition de la civitas Morinorum. Le cartulaire de Saint- Bertin renferme une charte, dont le passage suivant serait tout aussi peu intelligible sans cette explication : « Ego Rigobertus.... tradidi.... hoc est omnes » villas meas nuncupantes Sethtiaco , super fluvium Agniona , cum adjacen- » tiis suis Kelmias et Strato; et infra Mempisco, Leodringas mansiones , seu » Belrinio, super fluvio Quantia , sitas in pago Taruanense.... (4). » Ledin- ghem était, en effet, compris dans la partie du Mempise soumise au diocèse de Térouane. Dans cet évéché la partie du territoire sise à droite de PA n'a jamais été comprise dans le pagas taruanensis. Cependant plusieurs loca- lités situées dans cette partie ont été indiquées dans ce pagus. Il faut donc admettre, bon gré, mal gré, que le mot pagus pouvait, dans certains cas, désigner une civitas et par conséquent le diocèse, qui l'a remplacé 5. ! Van Loreren, l. c., p. 84. Cet auteur croit qu'il s'agit ici de Boesinghe , prés d'Ypres. Bus- Sighem. super fl. Mello indique positivement la commune francaise de Boeseghem, Située sur la Melle. ? Van Lokeren, Le p. D4. 3 Guérand, Cartulaire de Saint-Bertin , pp. 110, 147. 4 GuéranD, L. c., p. 49; Marsnanco, De Morinis, t. I, p. 570. Dans cet ouvrage l'auteur traduit Leodringas par Lederzeele. Voir aussi BnrQuivGNY et Du Turik, Diplomata, t. Y, p. 442. D Voir à ce sujet une note dans la Bibliothèque de l’école des chartes, 2° SONIA re 02, qui est L'auteur y reconnait aussi que le pagus indique parfois un diocése. INTRODUCTION. Nous insistons particuliérement sur cetle interprétation, qui explique maint et maint acte, dont le sens serait difficile à saisir. On a soutenu aussi que l'organisation du pagus est l'œuvre de Charle- magne. Nous n'avons trouvé nulle part, ni dans l'histoire, ni dans les docu- ments, un seul fait qui permelte d'admettre cette opinion. Nous voyons, au contraire, par les actes et chez les historiens que les pagi étaient trés-bien organisés longtemps avant le régne de Charlemagne. Ce qui appartient à ce prince, ce sont les assemblées des habitants des grands pagi convoquées trois fois par an. Voilà la seule disposition législative que l'histoire puisse lui attribuer posilivement en ce qui concerne l'organisation des pagi !. Disons un mot de la méthode que nous avons adoptée, et des ouvrages dont nous avons particulièrement tiré parti. Le terrain que nous explorons n'est pas vierge. Plusieurs écrivains indi- gènes et étrangers l'ont parcouru avant nous. Voici d’après l'ordre chronolo- gique les ouvrages qui ont été publiés ex professo sur cette matière : Jacon Meyen, Flandricarum rerum tomi X (Bruges, 1531, in-4°). L'au- teur y donne quelques apercus superficiels des pag? de la Flandre, de la Ménapie, des Morins, de Tournai, etc. Vngpius, Flandria vetus sive ethnica, dans le tome I* de ses œuvres complètes (Bruges, 1650, in-fol.) , s’est occupé spécialement du pagus de la Flandre. Ce travail renferme des données incomplétes , savantes sans doute, mais peu süres. Haprianos Varesius, Notitia Galliarum (Paris, 1675 , in-fol.) , a traité de plusieurs pagi situés en Belgique, sans toutefois s'occuper des délimitations de ces circonscriptions territoriales. Malgré le peu de renseignements que l'on trouve, sous ce rapport, dans la Notitia Galliarum, ce précieux recueil est toujours consulté avec fruit. C'est un modèle d'érudition et d'exactitude. On.-F, PAULLINUS, s'étant occupé dans sa Geographia curiosa seu de pagis , ! Voir à ce sujet : Weiske, Die Grundlagen der früheren Verfassung Deutschlands , p. 66; Warrz, Deutsche Verfassungsgeschichte, t. Il, p. 4455 Warren, Deutsche Rechtsgeschichte, Ar édit., p. 102; Tnupicnum, l. c., p. 90. INTRODUCTION. xim des pagi de l'Allemagne, a traité aussi de ceux de la Belgique et méme du nord de la France. Souvent il se borne à donner de simples nomenclatures des noms des pagi lorsque les éléments lui manquaient ou. lorsqu'il n'a pu mettre à profit le travail de Valesius. Parfois il indique simplement quelques localités du pagus, parfois il fait des observations qui ne sont pas dénuées d'une certaine critique. En ce qui concerne les pagi de la Belgique, il a con- sulté les diplómes et les chartes publiés par Miræus, Mabillon , et dans les Vies des Saints. Il confond souvent la géographie du haut moyen àge et celle des temps plus rapprochés. Ainsi, pour lui, le duché de Brabant et le pagus brabantensis sont le méme pays. L'œuvre de Paullinus fut publiée fort-sur-le-Mein en 1699, in-4°. De Marne, Histoire du comté de Namur, édition de Paquot. Le comté de Lomme a été uniquement l'objet de ses consciencieuses recherches critique historique forme la base de son travail. à Franc- ,. et:là L'œuvre de Juncker, Anleitung zu der Geographie der mitlern Zeiten (Jena 112, in-4°) renferme sans doute de précieux renseignements sur la géo- graphie ancienne de l'Allemagne : néanmoins la partie du moyen âge, calquée sur le livre de Paullinus, n'est pas si complète que celui-ci. En ce qui concerne la Belgique, nous n'en avons pas pu tirer un grand parti. Ainsi il répéte toutes les erreurs émises par Paullinus au sujet du pagus de Lomme. Bsssecius, en publiant le Chronicon gotwicense (in-fol., 1752), a inséré au livre IN une dissertation au sujet des pagi de la Germanie. Elle est faite sur le méme plan que celui de la Noticia Galliarum de Valesius. L'auteur a mis à contribution cet écrit et ceux de Paullinus et de Junker, ainsi que les ouvrages de diplomatique. Plusieurs de ses observations critiques sont par- faitement justifiées. CnorLis, dans ses Observationes geographicae, s’est beaucoup occupé des Ardennes et des subdivisions de ce pagus. Il y a mis de la critique, recherché les noms des localités qui faisaient partie des pagi, et établit des comparaisons entre la géographie civile et la géographie ecclésiastique. Le défaut de ren- seignements au sujet de la géographie du diocèse de Liége ne lui a pas permis de résoudre la plupart des questions. Ce travail est publié à la page 187 du XIV INTRODUCTION. tome V de l' Historia et commentationes academiae Theodoro-Palatinae, 1713, in-4°, WasrELAIN,, Description de la Gaule belgique, 2° édition, Bruxelles, 1788, in-8°, ouvrage renfermant un grand nombre d'observations bien établies au sujet des pagi. Il sert en quelque sorte de point de départ aux études de la géographie en Belgique, pendant le moyen âge. Sans avoir connu tous les éléments dont nous disposons aujourd'hui , il a parfois fait preuve d'une saga- cité remarquable. Drs Rocues , Mémoire sur la question : Quels ont été depuis le commen- cement du VIT siècle jusqu'au LK siècle exclusivement les limites des diffé- rentes contrées , cantons , pays, comtés et états renfermés dans l'étendue qui compose aujourd'hui les dix-sept provinces des Pays-Bas ër la principauté de Liége? dans les MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BRUXELLES ( Bruxelles, 1771, in-4°). C'est en grande partie la reproduction du travail de Wastelain, en ce qui concerne les pag. ImseRT, Responsio ad questionem : Componatur geographia pagorum illo- rum vetusta regionum , quae inter Scaldis et Mosae flumina sitae fuere, ete. 2 dans les ANNALES DE L'Université pe Louvain, 1817 à 1819 (Bruxelles, 1821, in-4°). L'auteur a mis en grande partie à contribution la chronique de Gottwich, Adrien de Valois, Wastelain et Des Roches. Quant à la méthode, il a suivi celle de son professeur F.-J. Dumbeck , qui avait publié, à Berlin, en 1817, un travail intitulé : Geographia pagorum aliquot cisrhenanorum , et traitant des pagi situés au delà du Rhin. Cet ouvrage de Dumbeck, concu sur le plan de ceux de Juncker et de Paullinus, ne nous a été d'aucune utilité. RarpsaeT, Précis topographique de l'ancienne Belgique , tome II, de ses œuvres complètes (Gand, 1838, in-8°). Dans ce travail Raepsaet a fait preuve d'une grande érudition et d'une certaine perspicacité; sa critique n'est pas toujours bien fondée. Comte pg Bvrawpr, Commentatio ad quaestionem qua postulatur de- scriptio historico-geographica comitatus Flandriae, quo tempore Margaretha Ludovici Maelani filia, Philippo audaci Burgundiae duci nupsit , in-4°; 1824 à 1825. Amené à examiner la géographie ancienne de la Flandre, de INTRODUCTION. xv Bylandt a parlé des pagi compris dans ce comté. Il a presque constamment suivi les opinions de Wastelain, de Des Roches et de Raepsaet, tout en déniant parfois leur plus ou moins de crédibilité. WanwkorwiG et ën unn, Histoire des Carolingiens (Bruxelles, 1869, in-8°). Au tome II, page 90, ces auteurs ont fait des pagi une description , dans laquelle ils se sont bornés à reproduire les opinions de leurs devanciers , sans en faire l'examen. Cn. Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien (Bruxelles, 1863, 2 volumes in-8°), travail plein de recherches, parfaitement raisonné et solide au point de vue de la critique historique. Ci. Pior, Le pagus de Ryen, dans les ANNALES DE LA Socréré d'ÉmuLA- TION DE Bruces; 1869 , in-8°. Nous avons basé nos recherches exclusive- ment sur les documents. A. De VLANINCK , Opkomst des lands van Dendermonde , dans les ANNALES DU CERCLE ARCHÉOLOGIQUE DE T'ERMONDE, Zus série , tome Ier, pages 56 et sui- vantes. M. De Vlaminck y a développé d'excellentes vues au sujet du pays de Waes et du pagus de Brabant. Il a eu constamment recours aux docu- ments, dont il a fait un usage très-judicieux. Tous ces ouvrages, sauf ceux de De Marne, de Raepsaet et les trois derniers, ont été faits à peu prés sur le méme plan. Au lieu de rechercher les localités qui formaient le pagus, la plupart de ces écrivains ont commencé d'abord par le composer d'une manière approximative et par conséquent cette cir- conscription, peu importe si les documents indiquent ou non les pag? dans lesquels elles sont situées. arbitraire, Ensuite ils ont recherché les localités comprises dans Nous avons procédé autrement. Aprés avoir recherché les noms des I pagi dont elles fai- saient partie sont indiqués dans les documents. En méme temps nous avons mis ces endroits en rapport avec la géographie ecclésiastique. De cette manière nous sommes parvenu à rétablir en quelque sor localités, nous en avons tracé des tableaux, lorsque les te, point par point, toutes les divisions et subdivisions des pagi. Lorsqu'une méme localité est citée dans deux ou trois pagi différents, nous avons indiqué ces variantes Tome XXXIX. 5 XVI INTRODUCTION. en note. Le plus grand soin a été pris en ee qui concerne la eitation des sources auxquelles nous avons eu recours et l'indication des millésimes des actes 1. Dans le but de ne pas abuser de la publication des documents iné- dits, nous avons fait connaitre les dépôts dans lesquels reposent ceux dont nous faisons usage. Nous avons eru inutile aussi de réimprimer les pouillés des diocéses. Celui de l'évéché de Liége a été inséré dans les Analectes ecclésiastiques, par MM. De Ridder, Kuyl ei Reusens, tomes Ter, II et III? ; celui du diocèse de Cambrai, dans Le Glay, Cameracum christianum , et en partie, mais d'une manière plus correcte, dans Duvivier, Le Hainaut ancien (p. 218). Le tome XII, pages 338 et suivantes, des Annales de Hainaut, par Jacques de Guyse , renferme une liste des paroisses du comté du Hainaut, distribuées par doyennés. Le pouillé de Tournai est imprimé dans les Annales de la Société d Émulation de Bruges (3° série, tome V); celui de Trèves, dans Beyer, Urkundenbuch, Introduction (tome II, page exLv), sans indication de la date. Crollius, dans ses Observationes , avait déjà fait connaitre la composition de quelques doyennés de ce diocèse : ceux d’Ivoix (p. 229), de Juvigny (p. 234), de Longuion (p. 240), d'Arlon (p. 243), de Remich (p. 269), et de Mersch (p. 264). Ces listes étant trés-incomplétes, nous avons consulté en outre les dénombrements faits, en 1766, par doyennés, de la population de la province de Luxembourg, qui dépendait du diocèse de Trèves 5. Quant à l'archevéché de Cologne, nous avons eu recours à la publication de Binterim et Mooren : Die alte und neue Erzdiózese Kóln : Mayence, 1825, in-8°. Afin de ne pas trop allonger notre travail, nous avons évité autant que ! Lorsque les millésimes des actes ou des écrits ne sont pas connus, nous les avons passés sous silence. 2 Une charte de 4159 (Prov, Cartulaire de Saint-Trond, p. 80) fait connaitre les localités des doyennés de Saint-Trond , de Léau et de Jodoigne. Une bulle d'Innocent H de la méme année (Mm xus, t. IV, p.170) indique celles des doyennés de Graide et de Rochefort. Un écrit d'un religieux de l'abbaye de Lobbes (Comptes rendus des séances de la Commission royale d'histoire , 9* sér., t. VII, p. 521) indique les paroisses des doyennés de Fleurus et de Thuin. Celui-ci fut appelé plus tard de Walcourt. 5 Nous donnons dans la table bibliographique des renseignements au sujet de cette collec- tion. INTRODUCTION. xvin possible les digressions à propos des noms nouveaux et anciens des localités, sinon il aurait fallu écrire des volumes et non un mémoire. Lorsqu'il n’y a pas divergence d'opinions au sujet des noms des lieux et lorsque nous sommes d'accord avec les auteurs, nous avons indiqué simplement les dénominations nouvelles à cóté des anciennes. Dans le cas contraire, nous avons consigné nos observations en note ou dans le texte lorsque la situation de la localité détermine les limites d’un pagus. En général, si les auteurs ont émis des avis différents à propos de la désignation d'un endroit, nous nous sommes borné à y renvoyer et à admettre l'opinion la mieux justifiée, sans repro- duire les arguments de l'écrivain dont nous adoptons la maniére de voir. Des répétitions semblables nous paraissent inutiles. Le texte a été réservé autant que possible et pour ainsi dire exclusivement aux observations criti- ques concernant les limites des pagi. En ce qui concerne les traductions des noms anciens des localités , nous àvons fait usage d'une œuvre trés-remarquable, celle de M. Grandgagnage, inti- tulée : Mémoire sur les anciens noms de lieux de la Belgique orientale, dans le tome XXVIe des MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE BELGIQUE (1854-1855). Nous àvons aussi mis à profit les observations consignées à ce sujet dans le travail de M. Duvivier: Le Hainaut ancien. Un membre de la Société paléontologique de Charleroi D II, p. 85) a voulu rectifier quelques-unes des traductions proposées par M. Duvivier, et expliquer les localités dont cet auteur n'avait pas retrouvé le nom moderne. Ce travail, exclusivement basé sur des ressem- blances de dénominations , n'a pas toujours tenu compte des divisions de la géographie du moyen âge. Nous avons consulté aussi Roderigue, De abba- libus Malmund. et Stab. Wittenberg, 1726 à 1728, et le travail de M. De Noue : Sur quelques noms anciens , dans le BULLETIN DE L'INSTITUT ARCHÉOLO- GIQUE DE Li£g (t. V, p. 291 et t. VI, p. 337). Quant au travail de Le Glay au sujet des Diplomata par Miræus, nous n'en avons pu tirer parti en ce qui concerne l'interprétation des noms des localités. L'auteur ne semble pas àvoir eu une idée bien nette de la géographie de la Belgique pendant le moyen âge. Les sources citées ci-dessus sont sans doute importantes; il en est xvin INTRODUCTION. d'autres qui, sans avoir traité exclusivement de la géographie de la Belgique pendant le haut moyen âge , n'en sont pas moins utiles. Telles sont : les Acta sanctorum , travail immense , dans lequel les faits et la saine critique jettent un grand jour sur la question de la géographie ancienne du pays ; les publi- cations de Chapeauville, de Miræus, de Mabillon, de Lacomblet , de Byer, de Wauters, de De Smet, du baron Kervyn de Lettenhove, de Vande Putte, de Van Lokeren, d'Ackersdyck, d'Acker Stratingh et de Vanden Bergh. Les trois derniers auteurs ont traité de la géographie ancienne des provinces septentrionales des Pays-Bas, et incidemment des provinces méridionales. PAGI DE LA BELGIQUE ET LEURS SUBDIVISIONS PENDANT LE MOYEN AGE. SECTION I. LE GRAND PAGUS DE LA MÉNAPIE. (Mempiscus , pagus Menapiorum.) Le principe de la coincidence absolue des limites des évéchés et de colles des populations anciennes engagea plusieurs savants à reculer les frontióres du pays des Morins jusqu'à Ypres et Nieuport. A l'appui de leur système ils invoquent les bornes du diocése de Térouane, qui, s'étendant jusqu'à ces cités, représenteraient les limites du pagus de la Morinie 1. Ici l'erreur est flagrante. ! WasrELAN,, l. c., t. Il, p. 567; Bucuenius, Belgium romanum , pp. 50, 609; MaunnaNcQ, De Morinis , t. Iv, p. 8; Statistique archéologique du département du Nord, t. XIII, p. 4; Rarpsaer, OEuvres complètes , t. IT, p. 142; Desxoyers, dans l Annuaire historique de France; 1863, p. 614. La carte des Gaules publiée par le gouvernement francais pousse les limites des Morins jusqu'à Bruges. M. Wauters, dans ses JVouvelles études sur la géographie ancienne de LES PAGI DE LA BELGIQUE La règle générale appliquée d'une manière si absolue fait exception dans ce cas, comme à propos du pagus de Ryen. Le territoire des Ménapiens était divisé entre trois évéchés ; par conséquent les limites du pagus de ce nom ne pouvaient suivre les démarcations des diocéses de Térouane , de Tournai et d'Utrecht, auxquels il était soumis. Nous avons la preuve la plus décisive de l'incorporation d'une partie du territoire Ménapien au diocése de Térouane dans le nom ancien de Cassel. Quoique située dans cet évêché, la ville de ee nom portait celui de Castellum Menapiorum *. La carte romaine, dite de Peutinger, l'indique formellement ainsi. On oppose, il est vrai, à ce document d'une authenticité incontestable l'autorité de Ptolomée, qui semble vouloir placer le Castellum Menapiorum prés de la Meuse ?. Afin de concilier le géographe grec et l'auteur de la carte romaine, des écrivains ont proposé d'introduire dans celle-ci un change- ment, et de substituer Morinorum à Menapiorum 5. En présence d'autres documents, ce changement est aussi impossible que d'admettre, comme cer- laine, l'assertion erronée de Ptolomée. La vie de Saint-Bertin , écrite au commencement du XI* siècle, qualifie Cassel de Castellum Menapiorum, locus famosus +, et lorsque Robert, comte de Flandre, fonda en 1085 un chapitre à Cassel, il a soin de dire que cette localité est située dans le pagus mem- piscus 3. Plus tard, en 1115, Jean, évêque de Térouane, dans le but de désigner la situation précise d'Oxelaer prés de Cassel, place cet endroit dans le pagus mempiscus 9. Boesinghe, Merville, Crombeke, Esquelbeke, Ledrin- ghem, Merckeghem, Poperinghe, Strazeele, Westvleteren, situés dans le la Belgique, a véfuté victorieusement cet étrange système, qui n'est basé sur aueun fait. Tout démontre précisément le contraire, comme cet écrivain l'a fait voir de la maniére la plus évidente. 1 Voir Scuaves, Les Pays-Bas et la Belgique avant et pendant la domination des Romains, Ze édit., t. I", p. 402. ? Ptolomée ne le dit pas explicitement; mais, par la position qu'il assigne à d'autres localités, il parait vouloir placer le Castellum prés de la Meuse. 5 Voir Varesius, Noticia Gall., p. 555. ^ Acta SS. Belgii , V. V, p. 654. Le récit des miracles opérés par Saint-Bertin répéte à peu prés les mémes termes , ibid., p. 64^. 5 Minæus, Dipl., t. I, p. 1157. 6 Guérard, Cartulaire de Saint- Bertin, p.251. ET LEURS SUBDIVISIONS. diocèse de Térouane, sont cependant indiqués par les documents dans le Mempise !. Les limites de l'évêché de Térouane ne pouvaient done étre celles du pagus Menapiorum , et à plus forte raison, l’ancien diocèse de Tournai ne représentait nullement au midi le pagus mempiscus. Le comte de Bylandt assigne d’autres limites à ce grand pagus. À son avis il comprenait les petits pagi du Mempisc, de Gand, de Thourout, de Courtrai, de Tournai et le Leticus 3. Quels motifs l'ont engagé à en exclure tous les pagi compris dans le pagus moyen de la Flandre et dont un grand nombre de localités sont néanmoins indiquées par les documents dans le pagus mempiscus? Il n'en allègue aucun et se contente d'invoquer les opi- nions de ses devanciers. Examinons à notre tour et au moyen des documents l'étendue du Mem- pisc que Charles le Chauve, dans un diplôme de 847, qualifie de territorium Menapiorum quod nunc Mempiscum appellant 5. Qu'il nous soit permis d'in- diquer au préalable la situation du pays des Ménapiens 4. Lors de son invasion dans le nord des Gaules, César trouva ce peuple sur les rives du Rhin aux bouches de ce fleuve 3. Refoulés par les Tenchthres et les Usipétes, ils rejoignirent leurs compatriotes, qui habitaient les iles zélandaises , la partie de la province actuelle de la Flandre orientale, sise ! Van Lokeren, Cartulaire de Saint-Pierre, p. 84; Gufnanp, l. c., pp. 49, 4 15, 117; MaL- BRANCQ, De Morinis, t. Y", p. 570; Pertz, Monumenta Germaniae, t. XVI, p. 449. Ce reproduisent les actes dans lesquels figurent ces localités, avec indie S Commentatio, p. 57. * Don Bouquer, Recueil des hist., t. IL, p. 48. * Les prétendues cartes de Flandre de 1274 et 1988 n'ont pu servir S QUV rages ation du pagus mempiscus. à nos recherches. Ces cartes, dont celle de 4274 est gravée dans Smallegange (Cronyk van Zeeland) et dans les Annales de la Société d’ Emulation de Bruges, 1" sér., t. I, sont le résultat d'études qu'un Savant du XVII* siècle a faites de la partie septentrionale du comté de FI andre. Des exemplaires 4 ives de l'Etat à G manuscrits de ces cartes sont conservés aux Archives de l'Etat à G and. Elles faisaient ancienne- ment partie des archives du monastère de Saint-Pierre. Quiconque a vu des cartes dress es s ci-dessus sont modernes. Voir encore la carte publiée par Ab Utrecht Dresselhuis dans les Nieuwe werken van het Ze schap, 4** deel, 4% stuk. 5 pendant le moyen àge sera convaincu que celles cit ewwsch Genoot- * Erunt Menapii propinqui Eburonum finibus. » (De bello Gall., liv. VI, chap. V.) « Usiptes ^ Germani, et item Tenchtheri, magna eum multitudine hominum , flumen Rhenum transie- > €t ite 'nehthe f ? runt, non longe a mari, quo Rhenus influit. » (Zbid., liv. IV, chap.I V) LES PAGI DE LA BELGIQUE sur la gauche de l'Escaut, la Flandre occidentale et une partie du départe- ment du Nord !. Enfin, aprés une seconde émigration forcée par la trans- plantation des Suéves et des Sicambres sous Tibére, ils abandonnérent les iles zélandaises, et se retirèrent au midi du Hont °. Aucun document, aucun écrivain ancien ne parle, il est vrai, de cette dernière émigration; mais elle est suffisamment établie par les faits. Dans les actes du moyen âge, les iles s zélandaises , au lieu d'étre indiquées dans le Mempisc, le sont constamment dans le pagus de l'Escaut. Au moyen de ces explications, il n'est pas nécessaire, comme l'ont fait Wastelain, Acker-Stratingh, Guérard et Creuly, de supposer l'existence de deux peuples et de deux pagi différents du méme nom, malgré le témoi- gnage si positif de César. Le conquérant romain cite un seul peuple ména- pien , capable de fournir 9,000 combattants 5. S'il y en avait eu un autre du méme nom, César l'eüt mentionné en énumérant les forces militaires des populations du nord des Gaules. Lorsqu'il parle des Ménapiens, il les cite comme un seul peuple, sans établir aucune distinction de territoire. En ce point il est parfaitement d'accord avec les auteurs anciens. Strabon SC 1 « In eadem caussa fuerunt Usipetes et Tenchtheri quos supra diximus; qui complures » annos Suevorum vim sustinuerunt. Ad extremum tamen agris expulsi, et multis loeis Ger- =s maniae triennium vagati, ad Rhenum pervenerunt; quas regiones Menapii incolebant, et ad » utramque ripam fluminis agros, aedificia vicosque habebant; sed tantae multitudinis adventu » perterriti, ex his aedificiis, quae trans flumen habuerunt, demigraverunt. ».(De bello Gall., liv. IV, chap. III.) ? Déjà Procope assure que les Francs occupaient les bouches du Rhin (liv. I**, chap. XII). Voir, nu sujet du transfert des Suéves près du Rhin, Sueron. in Augusto , chap. XXI. Casaubonus, Gruter et Oudendorp soutiennent, il est vrai, que dans le texte de Suétone il faut remplacer Suevos par Ubios ; mais cette substitution est impossible. Saint-Éloi parle des Suéves établis en Flandre (Acta SS. Belgii, t. I", p. 300) et les Normands les trouvèrent dans la Ménapie pen- dant leurs déprédations dans ce pays. (Penrz, Monum. Germ., t. I^, p. 0419.) 5 Les auteurs de l'/nventaire analytique et chronologique des archives de la chambre des comptes à Lille, t. Y", p. 6, confondent aussi une partie de la Ménapie avec la Toxandrie. Dans un de ses discours prononcés devant la cour d'appel de Liége, M. Raikem soutiént que les Toxandres refoulérent les Ménapiens vers les bords de l'Occan. (Discours de 4854, p. 6.) ^ Tos Mevariois deisi Guuezcgtz Zei e? Gei Zeep Mópivol ..... Med vw. ix60Gy Zei EXATEPA TOD ToTaLoÙ xatoxoðytes Ely xai Opupobs odg die, liv. IV; plus loin il dit, à propos du peu de soleil dont jouissent les Morins et les Ménapiens vers le milieu du jour et seulement pendant trois à quatre heures : 70; Mopidi; oupéaive xoi vol; Mevariois xai deet ova T f IV Epor. ; ` [ : ET LEURS SUBDIVISIONS. 5 Pline !, Dion Cassius ? et Orose 5 indiquent également les mémes limites, et ne citent qu'un seul peuple ménapien. Plus tard les chroniqueurs du moyen âge corroborent ces témoignages en assignant au Mempisc tout le territoire compris entre l'Escaut et la mer. A propos de l'invasion des Normands, en 882, Sigebert de Gembloux place la Ménapie entre les Morins et le Brabant, prés de l’Escaut 1. Les Acta sancto- rum en font de méme ë. Selon la vie de Saint- Winnoc , écrite au XIe siécle, la Pene, riviére située entre Cassel et Saint-Omer , coulait prés des frontiéres du Térouanais et de la Flandre ê. Les bords de la mer et le cours de l'Escaut n'ont pas subi depuis le moyen âge de grandes modifications. Ces démarcations naturelles sont à peu prés restées les mêmes, sauf en quelques points 7. Il s'agit done uniquement de reconnaitre les frontiéres des Morins vers le pays des Ménapiens. Cassel, nous l'avons déjà dit, faisait partie du pagus mempiscus. Il en était de méme d'Oxelaer, situé prés de cette ville, de Boeseghem prés d'Aire. d'Esquelbecq , entre Cassel et Bergues 8, d'Eecke, entre la première de ces villes et Baillæil ?, ' e A. Scaldi incolunt. extera. Toxandri pluribus nominibus; deinde Menapii, Morini. » (Liv, IV, chap. XVII.) ? Chap. X. Hl y répète ce que dit César, liv. IV, chap. XXXVIII. « Q. Titurius et L. Cotta legati, qui in Menapiorum fines legiones duxerant, omnibus eorum agris vastatis frumentis Succis, aedificiis incensis, quod Menapii omnes se in densissimas silvas abdiderant, ad Caesarem se receperunt. » E = "9 5 « Britania..... a meridie Gallias habet, eujus proximum litus transmeantibus civitas aperit, quae dieitur Rhutubi portus, unde haud proeul a Morinis in austro positos Menapios Batavosque prospectat. » (Orosius, Mist. rom., liv. E, chap. IL) * Chronicon Sigeberli dans Perrz, t. VI, p. 543. La prétention de quelques auteurs de vouloir étendre la Nervie sur la rive gauche de l'Eseaut et de faire passer Tournai pour une ville nervienne a été trop bien réfutée pour revenir sur ce sujet. (Voir Bucnemus, pp. 256 et Suiv, ; Warem. Disputatio hist. Hannones esse veros Nervios.) * Tome IV, p. 200. ê Acla SS. Saecul , t. Y", p. 504. 7 Les changements notables que l’Escaut a subis ont eu lieu au nord d'Anvers, par suite des inondations et de la dépression de la cóte de la mer du Nord à partir d'Ostende jusqu'en Hollande. 8 = = « Et ecclesiam in Mempisco sitam Hicelesbeke noncupatam. » (ManiLLoN, Ann. SS. Saecul IV, pars. I, p. 628.) H Helsoca in Mempisco, REcuxiL pes mist. DE FRANCE, t. IL, p. 695. Tome XXXIX. 6 LES PAGI DE LA BELGIQUE de Lederzeele, de Watten !, de Bergues, de Bourbourg et d'Uxem. Les trois derniéres localités étaient enclavées dans le pagus de la Flandre, qui faisait partie de celui du Mempisc ?. Par contre Ruminghem 5, entre Watten et Bourbourg, Wisques, Tatinghem ^ prés de Saint-Omer, Saint-Omer ? méme, Romblai prés d'Aire 9 étaient situés dans le pays de Térouane à gauche de DA. Ges rapprochements démontrent que ce cours d'eau séparait les deux pag? des Morins et des Ménapiens à partir de son embouchure jusqu'à Saint- Omer’. Près de cette ville la ligne de démarcation entre les deux pagi suivit à peu près le Neuf-Fossé vers Aire 8, puis la Lys dans la direction d'Armentiéres, où elle s'identifiait avec les confins du diocèse de Tournai, déterminées par les limites des pagi du Carebant, de la Pevéle et du Mélan- tois, comme nous le ferons voir plus loin. Aprés avoir passé prés de Pont- Vendin, Orchies et Brullon, elle cótoyait la Scarpe, passait par Saint- Amand-les- Eaux, situé intra fines Menapiorium ?, en se dirigeant vers ' « Antiquissimum oppidum fuisse Menaporum, quod nune Guatinus vocatur vel Guati- » num, nulli seeundum historicos ejusdem pagi confinia vel situm territorii novit... » (Chron. watinensis monast. Tuzsaunus Ann., t. III, p. 798.) ? Brucbroci in pago flandrensi, acte de 989 apud Vanve Purre, l. c., pp. 142, 121; in Ukeshem in pago flandrensi, ibid., p. 4095 in pago flandrensi juxta Berga , ibid., p. 191. 5 [n pago taruennensi in Rumingim , ibid., pp. 92, 108. ^ Tatinga in pago taroannense. (Guérand, Cartulaire de Saint- Bertin, p. 18.) 5 Villa Sitdiu in pago taruanense. (Ibid., p. 21.) 5 Ibid., p. 58. 7 PA est positivement indiqué comme limite du pagus de la Ménapie dans la Chronique de Watten (Thesaurus, t. MI, p. 820). Nous donnons le passage de la chronique concernant la Ménapie au $ A du chap. I7, sect. 4° de ce Mémoire. $ Fossa Bolona ou Boloniana, creusée en 1055 probablement sur l'emplacement d'un cours d'eau. Voir Ipenius, Chronicon Sancti-Berlini , chap. XXXIV, dans Manrène, Anecdota, II; DE ByLannr, Commentatio, p. 26; kum, Historia critica, t. II, p. 104. Si nous indiquons PA comme frontière du Mempise, cette délimitation est approximative pour le moyen âge. Le bassin de cette rivière formant anciennement un grand golfe, dont les eaux s’étendaient bien à l'est de Saint-Omer, constituait une limite naturelle entre les Morins et les Ménapiens, et, par conséquent, du pagus du Ménipise. M. De Laroiére a démontré l'existence de ce golfe par les gisements, dans le bassin de PA, de sables de mer, de coquillages et par les découvertes de débris de navires, d’ancres, ete. (Voir Étude sur le sinus Itius, p. 249 du t. V des ANNALES DU COMITÉ FLAMAND EN France; 1868-1869). Nous ne pouvons admettre que ce golfe füt le sinus Itius, comme M. de Laroiére le croit. Il faut le chercher près de Wittsand. 9 Acta SS., t. Ir: février, p. 870; Recueil des hist. de France, t. Ill, pp. 553-554. L'abbé ET LEURS SUBDIVISIONS. 7 l'embouchure de cette rivière dans l'Escaut. Celle-ci séparait le Mempisc du pagus d'Ostrevant jusqu'à Condé et ensuite du pagus brabantensis. Le pagus | des Ménapiens comprenait donc une partie du département du Nord, un fragment de la province de Hainaut, la province entière de la Flandre occidentale, toute la Flandre orientale située sur la rive gauche de l'Escaut, et toute la partie de la province de Zélande, sise à gauche du fleuve !. Cette étendue est parfaitement justifiée par le tableau ci-joint, dans lequel nous avons réuni toutes les localités qui, par les actes et les diplômes, sont indiquées dans le pagus mempiscus. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DES MÉNAPIENS. Bocseghem , Philippe dit : qui est en effet situé sur la Melle. ës, DÉNOM Ce i EM LINATIONS SITUATIONS Ee A EDS UN CMS A DATES. ÉVÉCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, actuelles, sees EE Aeltre 5 1 3 ; xs altre Halestra, in pago 974 Tournai Gand Flandre orientale, can- | Vande Putte, Ghronique de Saint- mempisco. ton de Nevele. Pierre , 407; Van Lokeren, Car- tulaire de Saint-Pierre, Y, 46. Ardoy i : A à doye, GK: Mardoia, in pago 847, 1107 » Roulers Fl. occidentale,canton | Mabillon, Annales, I, 699; Mi- mempisco. d'Ardoye. reus, IL, 1451. Deen nem Berneham, in pago | 847, 4407 » Ardenbourg . | Fl. occid. canton de | Mabillon, IT, 699; Miræus, II, 4451. mempisco, Bruges. Boeseg ghem, Bussingehem super 4037 Térouane . . | Merville Département du Nord, | Van Lokeren, I, 84(*). fl., Mella, in pago cant. de Hazebroeck. mempisco. Bogaorqo. « kans Mal. Bonart ou Bonarda, | 837, 4401, | Tournai Ardenbourg . | Fl. orientale, canton Mabillon, Ann., 11, 699; Miræus, Ya Bog , in pago 4449 d'Eecloo. II, 4151, 4155. mempisco, Caeneg ghom. |, Canengem . . 1019, 4030 » Gand Fl. occid., canton de | Serrure, Cartul. de Saint-Bavon, Meulebeke. 18; Martene, III, 522, m M. Van Lokeren croit qu'il s'agit iei de Boesinghe, dans la province de la Flandre occidentale , près d'Y| pres. Bussinghem super fluv, Mella indique « Locus ipse intra Menapiorum fines positus, Propontiis Nerviisque conterminus, > Sicut regni germanici et romani fines est imperii. Sie Belgicae Rhemensis portio, sic limes » dignoscitur esse Francorum. » (Ope ! Voir aussi WaurERS , l. €., p. 22. ra omnia, p. 728, in Vita S" Amandi, chap. XLIV.) LES PAGI DE LA BELGIQUE — DÉNOMINATIONS SEN E an int j e o ` DATES. LVECHES. DOYENNES. SOURCES. ACTUELLES ANCIENNES. actuelles. mr Cassel . . . | Cassel,in pago mem- 1085 Térouane . Cassel. . . | Département du Nord. | Miræus, II, 4137. Coolscamp . Colescampum. 847 Tournai Roulers Fl. occident., canton | Mabillon, Il, 699. d'Ardoye. \ Couckelaere Cokenelare. 847 » Oudenbourg . | Fl. occident., canton | Mabillon, II, 699 (^). de 'Thourout. Crombeke . Crumbeke, in pago 875 Térouane . Poperinghe. . | Fl. occident., canton | Guérard, Cartul. de Saint-Bertin, arwa , intra de Haringhe. AR Eecke ou Esche . Helsoia ou Helsoca. | 864,1066 » Bailleul, Dépt du Nord, canton | Serrure, 4. Voir aussi Wastelail Esches. Ze Steenvoorde. 886; Mirzeus, I, 67. Eeghem . Ekeningim, in pago 694 Tournai Roulers. Fl. occident., canton | Vande Putte, 84 (**). mempisco. d'Ardoye. Esquelbeque . . . | Hicclesbecke, in pago 855 Térouane . . | Bergues . . D du Nord, canton | Guérard, 95 (***). mempi: de Wormhout. Geugnies Guiginiis, in pago 1407 Tournai Tournai. Hainaut, canton de | Miræus, II, 1154. mempisco. Antoing. Harlebeke . . . | Herlebeka . . 4106 » Courtrai . . | Fl. occid., arrondi Pertz, XVI, 448 ment de Court Hem . Hamma, super fluvio 877 » Helchin . . | Dépt du Nord, canton | Guérard, 129. Marsbeke, in pago de Lannoy. mempisco. Lapscheure. Lapiseura, in pago A101 » Ardenbourg . | Fl. occident., canton | Miræus, II, 4151 (* mempisco. de Bruges. Lede sous Meulebeke. | Leda ou Ledda, in | 847,4407 » Oudenbourg . | Fl. occident, canton | Mabillon, Ann., IL, 699 ; Mir: pago mempisco. de Meulebeke. , M91. Ledringhem Leodringas, infra 123 Térouane . Bourbourg. . | Dépt du Nord, canton ard, 49; Malbraneq, De M?" mempisco. de Wormhout. rinis, I, 870. Mandel, rivière Mandra fl., in pago 694 E 22 ed onu . | Vande Putte, 80. mempesco. Marckeghem Marchegem, in pago 4107 Tournai . Roulers. . . | FL occident., canton | Miræus, IT, 4151. mempisco. d'Oost-Roosebeke. (*) Dans Gufnanp , Cartulaire de Saint-Bertin , p. 223 : in pago flandrensi. (**) Des auteurs traduisent Ekeghem , mais ce village était situé Saint-Vulmar, Recuriu pes nisromzs px France, t. II, p. 625. Eecke était du ri Miræus, I, 67. L'abbaye de Messine était encore en possession de ces biens au siècle dernier. te dans le Mempise dans le pagus de Brabant. Voir au sujet d'Helsoia, Wastelain, p. 386 et la Vie de , comme le constate l'acte de 1066, reproduit par (**) Selon Guérard (p. 581), Hiclesbecke serait située sur le Cange, dans le pagus de Térouane. Rien dans le document n'autorise cette explication. n y est dit positivement £n Mempisco et nous n'avons trouvé dans les environs du Cange aucune localité de ce nom. (**) Dans Serrure, p. 18 : pago flandrensi. Ai " ET LEURS SUBDIVISIONS. ; 9 SITUATIONS DATES. ÉVÊCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. actuelles. ACTUELLES. ANCIENNES. —— Marque (la), rivière. | Marsbeke, in pago 877 » Helchin . . | Dépt du Nord, canton | Guérard, 429. mempisco. de Lannoy. Melle, rivière Mella, fl, in pago 4037 Térouane . . |. . . . .. | Déptdu Nord, canton | Van Lokeren, 84. mempisco, de Hazebrouck. 1 Merville. . | Broila où Menrivilla 4077 » eos . + | Dépt du Nord, canton | Acta SS. Belgii, IN, 591; Cham- in pago mempiseo; de Merville. pollion, IIl, 449. agi sco. Merckeghem TEY Mekerias, in pago 861 » Dourbourg. . | Dépt du Nord, canton Guérard, 410, Malbraneq lit : Mar- i rwanense infra de Wormhout, 6 Malbraneq indique dans le Mempiscum. 1 Maceroiles et sur la carte N $ x arkerias où se trouve Merkeghem. leuport, Ysereportus, in fini- 859 » Nieuport . . | Flandre occidentale. . Guérard , 107. bus Menapum. Oost- et West Mie. Fleterna (fluv.), Fle- 875,4077 » Poperinghe. . | Fl. occident., canton rd, 417; Champollion, III, teren, terna (villa), in pago d'Elverdingi mempisco. Oxelaer . E? Osclarum, in pago 4115 n D du Nord, canton | Guérard, 931. SE Scla ` ag ` à Casse k ` mempisco. de Cassel. Poperinghe ? Panchem ou Pro- 1108 » » Fl. occident., arrond. | Pertz, XVI, 449. ang Dem prinshem. d'Ypres. 9 Di? No RochingahimouRok- | 811à870 |. . . . . .|. . . . . .|. . . s. . . . . | Vande Putte, 81; Van Lokeren, 44 (*) kingim super fluv. Dormia, in pago mempisco. m S y ‘ n ` i " Rolleghom . eg ADR TOES š 84T Tournai . . | Courtrai . Fl. occident., canton | Mabillon, Annales, IL, 699. à s de Courtrai. Roul i i i ers, i 1 » Roulers Fl. occident., canton | Dom Boucquet, Recueil des his- Roslar, in pago mem- 822, 4107 oulers, . ; dent., canton quet, Recueil d "d SE i de Roulers. toires de France, VI, 530; Mi- ræus, l, fév., 4451. St. ` ; T T 8 AMand-les - Ea " TR COME IN Enge: » Tournai . . | Département du Nord. | Acta SS. Belgii, L 455; Acta SS., aux, | Elno, inter Menapio- |. . y Ge el e EH 1, fév., 818, 870: Somer: ` SE d n Omergom . Sumerino, Sumerin- 951, 964 » Gand . . . | FI orient., canton de | Vande Putte, 92; Van Lokeren, gehem, in pago Somergem. 38 (*). mempiseo. Stra ji : ^ L'azcele TN DS ata PP EE 815 Térouane . . | Dailleul. . | Dépt du Nord, canton | Guérard, 417. Stradsele, in Tarwa SÉIS H nense intra Mem- de Hazebrouck. E i piscum. Qurnaj , Tornacus, urbs Me- |. . . . . | Tournai . . | Tournai. . . | Province de Hainaut. | Acta SS. Belgii, Vie de S-Amand, napiorum. février, 1, 818, 863; Philippe, abbé de Bonne-Espérance, 718. 1 C) Dans Vande Putte : in pago mempisco, dans Van Lokeren : in pago mempisco seu gandense, Nous avons fait au sujet de ce lieu des recherches infruc- Ue Une localité du nom de Rukeghem, sous Hoorebeke-Sainte-Marie et une autre du nom de Rokingem prés de l'Escaut dans les environs de wen, ne sont pas situées sur la Durme. Il y avait sous Somergem un lieu dit Durme, mais il n'y avait pas de Rukegem; ni Rokeghem dans les por ns: Selon Vaernewyk et De Bast, la Durme aurait pris sa source dans un ruisseau nommé la Caele, dont les eaux, passa nt par Nevele, Hansbeke, rode, Vinderhaut , Evergem Langebrugge et Roodenhuise , arrosaient Mendonck sous le nom de Zuidlede, et traversait sous le nom de Durme Ex. » Hvergem, Li | herde, Lokeren et le M pays de Waes. U*) Dans Van Loke ren, p. 84, in pago Wasensi. 10 LES PAGI DE LA BELGIQUE — — —Á E NATIONS deii SITUATIONS PEE d A Ee DATES. ÉVÉC DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES actuelles. WE Tronchiennes . Thuringehem, in pago 964 Tournai Gand Fl. orient., canton de | Vande Putte, 92; Van Lokeren, 99 mempisco. Gand. Vleteren. Voy. Oost- Vleteren. Wacken . Wackine, in pago 694 Roulers Fl. occident., on | Vande Putte, 80 (*). mempisco. d'Oost-Roosebeke. Watten . Guatinum , oppidum "Térouane Bourbourg. . | Dépt du Nord, canton | Eberard, Chron. Wasinensis MO- Menapiorum de Bourbourg. nast. MARTEN. Thesaurus, Y l, 798. West-Vleteren. Voy. Oost-Vleteren Wonderghem . Guntrengem, in pago 1019, 1030 | Tournai Roulers FI. orient., canton de | Serrure, 18. mempisco. Deynze. Wyngene Wenghinas, Guingi 847, 4407 Bruges . Fl. occident., canton | Mabillon, IL, 699; Miræus, y, Bt: Yser, rivière niis, in pago mem- pisco. Esere, fluv., in pago mempiseo, 1077 Térouane . de Ruyslede. Flandre occidentale. Champollion-Figeac, IL, 443. (*) A la page 119 du même ouvrage Wacken est indiqué dans le pagus de Courtrai, C'est une preuve de plus que ce pagus était compris dans celui de Mempisc. Ce tableau fait voir que tout le pays situé entre VA, la Scarpe, l’Escaut et la mer composait le pagus mempiscus. Nous y voyons figurer tour à tour Boeseghem , Merville, Saint-Amand-lez-Eaux et Watten dans le département du Nord, Waeken prés de Roulers, Tronchiennes prés de Gand, Couc- kelaere prés de Thourout, Lapscheure prés d'Ardenbourg, et peut-étre la Durme et Mispelair-sous-Zele au pays de Waes !. Un passage mal interprété du cartulaire de Saint-Bertin semble contra- rier notre maniére de voir. C'est celui concernant la baie de l'Yser, sur laquelle est bàtie la ville actuelle de Nieuport : « In finibus Menapum, in » Sinum qui vocatur Ysere portus ?. » ! Voir le tableau précédent, p. 9, verbo Rockingen. 2 Guinanp, l. c., p. 107. Ce passage est aussi reproduit dans la relation des miracles de Saint- Bertin. Voir Acta SS. Belgii, t. V, p. 656. ET LEURS SUBDIVISIONS. 14 Ce passage indique simplement la situation de la baie de l'Yser, cest- à-dire, Nieuport dans le Mempise, et nullement aux frontières de ce pays. Le mot finis a été employé bien souvent dans le sens de pays et circon- scription territoriale, comme le démontre Tudichum en citant plusieurs doeuments rédigés dans ce sens !. Il ne peut avoir d'autre signification, comme nous l'avons fait voir dans l'Introduction. Entre Nieuport et PA, il y avait un grand nombre de localités désignées positivement par les documents dans le Mempisc. À propos du pagus mempiscus surgit naturellement la question de savoir comment une partie de cette division torriloriale a passé à l'évéché de Té- rouane, tandis que tout le reste de cette, contrée appartenait au diocése de Tournai, sauf la partie septentrionale comprise dans celui d'Utrecht? En d’autres termes, pourquoi le pagus memplscus ne correspondait-il pas au diocése de Tournai? Rien ne serait plus facile à expliquer, s'il faut en eroire Raepsaet. En admettant avec cet auteur que le pagus taruanensis était Compris dans le pagus major du Mempisc, celte question serait vite et bien tranchée ?, A l'appui de sa manière de voir, il allégue la chronique de Saint- Bertin, qui place Werseria (lisez Merkerias, Merkerghem) et Strazella Super fluvium Niempa dans la Ménapie, malgré la position de ces lieux dans le pagus taruanensis. Nous avons déjà réfuté d'avance cette opinion en faisant voir plus haut que les mots pagus faruanensis désignent dans cette charte l'évêché de Térouane; sinon il est impossible d'expliquer les mots : « in pago Taruanense, intra Mempiscum » transcrits dans la charte à propos de la situation de Straseele. Jamais le pagus de Térouane n'a formé une division administrative d'une importance secondaire, comprise dans le Mempisc. Aucun document ne mentionne dans le pagus de Térouane une localité sise à droite de l'A. Si l'on admet, avec Raepsaet, l'existence dans le Mempisc d'un petit pagus du nom de Térouane, comprenant Mer- keghem, toute division entre la Ménapie et le Térouanais devient impos- sible, Le pagus de l'Yser doit disparaitre et faire place au pelit pagus de ! Tuunicuuw, l. c., p. 53. Voir aussi Ducange, verbo Finis. ? Raërsaer, l. c., t. I, p. 105. 12 LES PAGI DE LA BELGIQUE taruanensis. La partie du pagus flandrensis, dont Uxem et Dringham fai- saient partie, disparaitrait également de la carte en dépit des documents qui la elassent dans cette division territoriale. Il serait difficile, du reste, d'expliquer comment le petit pagus de Térouane n'aurait pas fait partie du grand pagus taruanensis. De petits pagi portant la dénomination du grand pagus auquel ils ressortissaient étaient très-communs, mais nous ne les avons jamais vus figurer dans une division territoriale d'un autre nom. L'erreur de Raepsaet provient sans doute de la parfaite identité qu'il voulait reconnaître entre les divisions géographiques de l'ordre civil et celles de la géographie ecclésiastique. Ce qui n’est pas toujours vrai dans notre pays. Le savant auteur du Précis topographique de l'ancienne Belgique soutient aussi que le pagus de la Flandre est entièrement indépendant de celui du Mempise !. Cette seconde erreur l'a obligé de créer un pagus mediocris de Térouane , par lequel il remplace le pagus de l'Yser et une fraction de celui de la Flandre. La question posée plus haut reste done sans réponse. Il s'agit d'expliquer comment une partie du Mempisc, qui, selon les règles générales, aurait dû appartenir en entier à l'évéché de Tournai, a passé aux diocéses de Térouane et d'Utrecht. Peut-être faut-il attribuer cette séparation à une circonstance particulière. La foi nouvelle étant introduite très-tard dans nos provinces, le paganisme y conservait encore toute son influence pendant le VIIe siècle. A cette époque les circonscriptions des civitates étaient oubliées depuis longtemps. L'évéché d'Utrecht fut organisé seulement vers l'an 700. Dans le Mempisc, pays entrecoupé de marécages et d'immenses foréts, les conversions au christianisme devaient surtout être lentes. Les biographes de Saint-Amand, de Saint-Ursmer, de Saint-Bavon, de Saint-Liévin et de Saint-Vulmar, le constatent de maniére à ne pas laisser de doute à ce sujet. A mesure que les populations recevaient les lumiéres de la foi chrétienne, furent-elles annexées 1 Loc. cit., p. 102. Sans se prononcer d'une maniére aussi positive que Raepsaet, Besselius sépare aussi le Mempise de la Flandre. (Voir Chronicon Gotw., p. 680.) ET LEURS SUBDIVISIONS. 15 au diocése voisin dont sortaient les missionnaires? Ou bien la juridiction ecclésiastique, au lieu d’être territoriale, n'a-t-elle pas été parfois personnelle dans la Ménapie comme dans l'Église d'Irlande? La Belgique offre maint exemple de l'existence d'une juridiction semblable !. Impossible d'administrer des preuves à ce sujet. Nous ignorons complé- tement la cause de cette répartition, comme on ignore la cause et la date précise de la disparition de l'évéché de Bavai et de l'incorporation de son territoire à celui d'autres diocèses. Un remaniement des limites des diocèses à dü avoir lieu dans le Nord à une époque dont la date est ignorée et par suite de motifs sur lesquels l'histoire se tait ?. Sans doute le Mempisc formait anciennement une civitas romaine. L'ex- wait suivant d'une inscription reproduite par Gruter le prouve : SALINATORES CIVITATIS MENAPIORUM 5. Cette inseription appartenant au régne de Vespasien, mort en 79, démontre que sous: cet empereur la civitas Menapiorum portait encore le nom du peuple qui l’habitait. Sous le règne d'Honorius, mort en 423, la civitas Menapiorum portait déjà la dénomination de civitas Turnacensium, ainsi que le constate la notice de l'empire. Tournai méme fut appelé la ville des Ménapiens : « Urbem Menapiorum, quae vulgo nomine Tournacus dicitur ^. » 1 Voir Examen historicum libre, Verhoven, t. I, p. 162. * Dans sa Géographie ancienne des Gaules (t. l*, p. 449), Walckenaer soutient que les évêques de Térouane étendirent, pendant le XII* siècle, leur juridiction au delà de PA. En » étudiant «dit-il» avee soin l'histoire de ce diocèse, nous voyons, de plus, qu'avant le XII: siècle ^ il n'est jamais fait mention d'aueun lieu situé à lorient de l'Aas ou du terouanensis ou » lerouanesis pagus du moyen âge. Vers le commencement du XIIe siècle, les évêques de » Térouane étendirent leur juridiction un peu plus vers l'Orient, dans ce qu'on appelait la » Ménapie ou menapiscus pagus, dont T'urnacum , Tournai, était Ja capitale. » Le fait sur lequel Walekenaer s'appuie n'est pas aet. Merkegem et Crombeek sont indiqués dans l'évéché de Térouane dés le IX* siècle (voir les actes qui concernent ces localités dans GUÉRARD, Cartulaire de Saint- Bertin, pp. 443-117), malgré la situation de ces endroits à droite de PA. Le changement dont parle Walekenaer ne peut done dater du XIE siècle ; il doit être certaine- ment antérieur; peut-être remonte-t-il à l'époque de la destruction de Bavai. 7 Grurenus, Inscriptiones, p. 1116, n° 4. ^ Acta SS., t. Y, février, p. 818. Henschenius dit qu'en marge du manuscrit de Philippe, Tome XXXIX. 5 14 LES PAGI DE LA BELGIQUE Une aussi grande étendue de territoire que celle du Mempise devait | étre divisée en plusieurs pagi. Néanmoins les auteurs modernes en ont voulu | faire un pagus isolé, sans aucune subdivision. D’autres écrivains ont pré- tendu établir une distinction entre la Ménapie et le Mempisc, malgré le diplôme de Charles le Chauve, daté de 847, qui dit en termes très-positifs : « Territorium Menapiorum quod nunc Mempiscum appellant. » Cette contrée était partagée en deux pag? moyens de la Flandre et de Tournai, soumis au diocèse de Tournai !. Nous disons en partie, afin de faire comprendre que la fraction du territoire ménapien située dans le dio- cése de Térouane en était exclue. Ces deux pagi moyens étaient subdivisés en plusieurs pagi mineurs. Dans le pagus de la Flandre étaient compris les petits pagi de l'Yser, de la Flandre, d'Ardenbourg et du Mempisc. Le pagus de Tournai embrassait les petits pagi de Tournai, de Courtrai, de Gand, de Waes, du Mélantois, de la Pevéle et du Carebant. abbé de Bonne-Espérance, se trouve Menapios esse Tornacenses (Diatriba de episcopis tra- jJectensibus, p. 17.) Voir aussi dans le t. Ir, Préambule, p. zxxxvi des Monuments pour servir à l'histoire de Hainaut, Namur et Luxembourg, une dissertation du P. Wiltheim intitulée : Disputatio historica qua clarissime et eruditissime ostenditur : Hannones esse veros Nervios, non Tornacenses. 1 On a prétendu, sans aucun fondement, que le diocèse de Tournai était primitivement sub- | divisé en trois archidiaconés. Un travail sur la géographie de cet évêché, que nous avons inséré | dans les Annales de la Société d Emulation de Bruges, t. V, 5° sér., p. 200, démontre que | jusqu'en 1287 il n'y avait que deux archidiaconés, l'un de Tournai, l'autre de Flandre. Selon le pass: land van Waes (t. IV, p. 192) les doyennés de Tournai, Helchin, Lille et celui, dit helinensis, faisaient partie de l'archidiaconé de Tournai, et les doyennés de Roulers, Audenarde , Gand et Ce passage, reproduit dans Bucherius, ige d'un registre cité dans les Annalen van den Oudheidkundigen Kring van het Waes appartiendraient à l'archidiaconé de Bruges s est parfaitement inconnu dans le diocèse mérite peu de confiance. Le doyenné dit helinens de Tournai. L'auteur a-t-il voulu désigner le doyenné de Helchin ou celui de Seclin (secli- nensis)? Celui-ci fut créé seulement en 1569. Dans ce cas, la division des doyennés précités en deux archidiaconés serait, postérieure à 1569, et ne pourrait nullement fournir des renseigne- ments en ce qui concerne l'organisation primitive des deux archidiaconés de Tournai et de la | Flandre. Nous ferons remarquer aussi que les doyennés de Bruges, Ardenbourg et Oudenbourg, dont l'existence est formellement constatée par le pouillé du diocèse de 1330, sont passés sous silence, et que ce pouillé mentionne trois archidiaconés, savoir : ceux de Tournai, de Gand et de Bruges. ET LEURS SUBDIVISIONS. 15 CHAPITRE Ter, LE PAGUS MOYEN DE LA FLANDRE. | (Pagus flandrensis.) L'écrit le plus ancien qui mentionne la Flandre est la vie de Saint-Éloi, rédigée vers 672 par Saint-Ouen : « Hoc ergo modo aurificem invitum » detonsum , constituerunt eustodem urbium seu municipiorum his vocabulis » vermandensi scilicet, quae est metropolis urbs, tornacensi , quae quon- » dum regalis exstitit civitas, noviomagensi quoque et flandrensi, gandensi » eliam et corturiacensi. » Par les mots municipium flandrensi on croit que l'hagiographe désigne | Bruges ! , l'endroit le plus considérable du pagus de la Flandre 3. Cette | bourgade était la propriété du père de Saint-Trond , qui la transmit à son fils. Une chapelle y fut fondée en 782 par Saint-Boniface 5, et Charles le Chauve dota la localité d’un atelier monétaire ; quant au municipium gan- dense , il désigne, à ne pas en douter, la ville actuelle de Gand. Dans sa nomenclature l'hagiographe a soin de placer cette bourgade hors Flandre, comme il sépare ce pays de ceux de Tournai et de Courtrai. Par son capitulaire de 853, Charles le Chauve distingue aussi la Flandre du Courtraisis ^. Ces deux pagi n'avaient en effet rien de commun; ils étaient | parfaitement séparés dans les deux grandes divisions du Mempisc. | Le partage de 830 ? et l'acte de 821, relatif aux conspirations des serfs, | ! Un texte plus récent et abrégé de celui de Saint-Ouen porte brugense pium flandrensi. Voir Vazesius, Noticia, p. 196. ? Vnupius, Mist. comit. Fland., p. 25; WasrELAIN, L. c., p. 578; WanwkoexiG, Hist. de | Flandre, 1. Ye, p. 127. | au lieu de munici- 5 Gesta abb. Sancti-Trudonis, p. 567; Penrz, dans le t. X des Monumenta, Germania ; Sanderus , Flandria illustrata, t. M, p. 92. ^ Pertz, t. I“, p. 496, legum. 5 Des auteurs assignent à cet acte tantôt l’année 850, tantôt 835, tantôt 858. Voir le texte dans Penrz, l. c., p. 556. 16 LES PAGI DE LA BELGIQUE nomment à la fois le Mempise et la Flandre, comme la chronique de Saint- Bertin l'avait déjà fait en 646 lorsqu'elle mentionne l'invasion des pirates in Flandrorum atque Menapiorum confinio !. De ce fait Vredius et Hensche- nius concluent que, vers le milieu du IX* siécle, la Flandre ne s'étendait guére au delà du territoire de Bruges, de l'Escaut, d'Ysendyk, d'Arden- bourg et de Damme. Wielant, Wastelain et Ghesquiére sont du méme avis ?. Sanderus, dans sa Flandria illustrata, dit, d'aprés Scaliger, que ne pouvant expliquer les contradictions des actes, il considère le Mempise et la Flandre comme syno- nymes. Gramaye, en parlant une premiére fois du pagus de la Flandre, croit qu'il était limité par l'Escaut et la Durme 5, puis il ajoute plus loin que ce pays était séparé de celui de Ryen par l'Escaut, du Brabant par la Durme, du pagus de Tournai par la Lys, du Mempise par des marais , de la Morinie par le pagus d'Ypres ^. Il y à dans cette délimitation à peu prés autant d'er- reurs que de mots. L'Escaut séparait indubitablement le Mempisc du pagus de Ryen, et non de la Flandre. La Durme, qui passe par le milieu du pagus de Waes, ne pouvait pas servir de limite entre le Brabant et la Flandre ?. Celle-ci n'était pas séparée par la Lys du pagus de Tournai , si ce n'est en quelques endroits. Des marais n'isolaient pas la Flandre du Mempise : le premier de ces pagi dépendant entièrement du second. Raepsaet soutient que le Mempisc et la Flandre constituaient des divisions distinctes et formaient chaeune un pagus major ou tout au moins un pagus mediocris 9. Cette assertion n’est pas exacte. Selon plusieurs documents, des paroisses comprises dans la Flandre étaient aussi situées, d'aprés d'autres actes, dans le Mempise, par exemple ! Martine, t. IIT, p. 572. 2 Acla SS., t. Ier, fév., p. 596; Acta SS. Belgii, t. III, p. 256; Chronicon gotwicense, p. ? De Suer, Chroniques de Flandre, t. fe, Introduction, p. xi; Recueil des hist. de France, p. 55 3 Gramaye, Gandavum , p. 1. * Ibid., Brugae, p. 1. Par le pagus d'Ypres l'auteur entend sans doute celui de l'Yser. 5 Nous ferons observer que Gramaye n'indique pas la situation précise de la Durme, qui passait aussi anciennement, paraît-il, dans les environs de Nevele, Hansbeke, etc. (Voir plus haut, p. 24 , note.) 6 Tome I, pp. 102-104 des OEuvres complètes. ET LEURS SUBDIVISIONS. 17 Lapscheure et Couckelaere !. En outre les arguments de Raepsaet sont établis en grande partie sur l'existence d'un pagus de Thourout , dont aucun docu- ment ne fait mention. Selon cet auteur, la ligne de démareation entre les pagi du Mempisc et de la Flandre aurait suivi les routes romaines tracées sur la carte de la Morinie publiée par Malbraneq. Ces routes partant de Boulogne passeraient par Guines, Vaganum, Cassel, Ypres > Bruges, Ardenbourg et Anvers ; c’est, dit-il, la véritable ligne de démarcation entre les deux pagi : 1^ Parce que la carte de Malbrancq offre à chaque angle de ces routes des châteaux forts qui avaient été élevés contre les barbares, et auraient servi de ligne militaire et de défense ; i 2° Parce qu'on trouve encore, prés de ces routes, des vestiges prove- nant d'établissements des Barbares ; ze 3* Parce que cette démarcation lèverait la confusion que présentent les chartes 3. Ces raisons ne nous semblent nullement concluantes. Toutes les grandes routes construites par les Romains dans le nord des Gaules avaient un but militaire. Par conséquent celles dont parle Raepsaet ne peuvent avoir été tracées dans le but unique de servir de limites ou de barrières aux pays des Ménapiens et des Flamands. Si l'on a trouvé, prés des établissements élevés par les Romains à côté de ces routes, des vestiges des Barbares, C'est parce que ceux-ci n'avaient d'autre mobile que celui de piller, voler et détruire ou de remplacer les Romains. Ces débris constatent la présence des émigrants prés de ces routes, comme ailleurs, mais n'indiquent pas des limites. Une civilisation nouvelle profite toujours des restes laissés par une civilisation ancienne. Le peuple qui succède à un autre peuple s'approprie les débris de celui-ci. En soutenant que cette ligne de démarcation léve les confusions établies par les chartes, Raepsaet s'est fait illusion. Son systéme fait surgir bien d'autres difficultés et de plus grandes encore. Lorsqu'il relégue le Mempise à l'intérieur du pays entre la route romaine t Mason , t. IH, p. 699; GUÉRARD, Cartulaire de Saint- Bertin , p. 225; Minaus, t. II, p. 415; Serrure, p. 18. 2 Ibid., p. 109. 18 LES PAGI DE LA BELGIQUE indiquée par Malbraneq et la Lys, les frontières de ce pays ne touchent plus à la mer, comme les auteurs anciens et du moyen âge l'enseignent. Première ` D kl EN difficulté. Couckelaere, Merkeghem, Crombeke, Lapscheure et Nieuport H o H » t: localités sises entre la mer et la route dont parle Raepsaet, auraient-elles pu > d I faire partie du pagus mempiscus, selon le système de cet auteur? Évidem- l 7 1 , à ment non. Cependant les documents dans lesquels elles sont citées leur assignent positivement cetemplacement. Seconde difficulté. Comment le Mem- pise aurait-il pu embrasser tout le pays situé entre la mer, les Morins et l'Escaut, si la Flandre n’y était comprise ? Troisième difficulté. La délimitation proposée par Raepsaet ne lève done aucune des contradictions qu'il signale ; celles-ci continuent à subsister dés que l'on veut établir une séparation entre les deux pagi. À notre avis, le pagus flandrensis était simplement une subdivision du Mempisc, comme nous allons le faire voir. Dans la vie de Saint-Vulmar, l'hagiographe dit qu'en se rendant dans la Flandre, ce missionnaire devait passer par le Mempisc : « Se ad praedicandum Flandriae contulit versus Menapum fines t.» Couckelaere est indiqué par un acte de 847 ? dans le pagus mempiscus et un autre acte de 1006 le cite dans la Flandre 5. Lapscheure fait partie, selon un acte de 1107, du Mem- d 3 pisc ^; selon un autre acte de 1009 à 1050, cette localité était dans la Flandre ?. Enfin la bulle, par laquelle le pape Pascal II confirme, en 1107, la possession des biens appartenant à l'abbaye de Saint- IER nomme dans le Mempise : Bogarde, Roulers, Lendelede , Ardoye, Geugnies, Mer- keghem, Lapscheure et Beernem; et dans la bulle par laquelle le pape d H H Calixte I confirme, en 1119, cette abbaye dans la possession des mêmes biens, les localités précitées sont indiquées dans la Flandre 5. I n'est pas 3 possible, nous semble-t-il, d'avoir une preuve plus évidente de la dépen- ! Recueil des hist. de France, t. MI, p. 626. Nam ton, t. II, p. 699. Gunanp, Cartulaire de PR p. 225. Minus, t. IH, p. 1151. Serrure, p. 18. en à D P Minas, t. IH, pp. 1151-1155. Dans la bulle de 1119 l'orthographe des noms de lieux a été souvent tronquée. ET LEURS SUBDIVISIONS. 19 dance dans laquelle se trouvait la Flandre vis-à-vis du Mempise. A cette époque, il est vrai , le nom de Ménapie commencait à disparaître, mais il était encore employé. Pour expliquer cette contradiction apparente il faut néces- sairement admettre qu'une méme localité ne peut appartenir à deux pagi différents, à moins que l'un ne soit subordonné à l'autre. Si , par exemple, un acte disait que la commune d'Anderlecht est située dans la province de Brabant, et si un autre acte la plaçait dans l'arrondissement de Bruxelles, on doit bien reconnaitre qu'elle appartient à la province de Brabant, dont l'arrondissement de Bruxelles est une subdivision. Les documents relatifs à Couckelaere et à Lapscheure prouvent donc à eux seuls que la Flandre était comprise dans le Mempisc. Par ces explications à la fois si simples et si claires, toutes les prétendues contradictions suscitées par les actes disparaissent complétement. Une seule demeure : celle qui résulte de l'acte de partage de 830 et du capitulaire de 824 relatif aux con- jurations des serfs établis sur les côtes de la mer du Nord. Dans l'acte de partage, un des lots comprend Bragmento (Brabant), Franderes, Mem- piscon, Medenenti ', etc. L'acte relatif aux serfs dit: « de conjurationibus » in Flandris et in Mempisco et caeteris maritimis locis ?, » De prime abord, les termes de ces documents semblent prouver que la Flandre et le Mempise formaient deux divisions distinetes. En présence des actes et des faits que nous avons signalés à propos de l'étendue du Mem- pisc , une interprétation de ce genre est inadmissible. Il faut nécessairement entendre les actes précités dans ce sens que la Flandre et le Mempise for- maient un tout. Sinon il serait impossible d'expliquer le silence que garde l'acte de partage au sujet des autres pagi compris dans le Mempise. Le pagus lornacensis, par exemple, faisait partie du second lot, et si le nom n'y figure pas, c'est précisément parce que le Mempise le comprenait , comme tous les autres pagi de son ressort. Le pagus de la Flandre était si peu indé- pendant du Mempise que, pour y arriver, il fallait passer les frontières de celui-ci 5, Oserait-on soutenir que le Mélantois était séparé du Mempise, parce ! Pertz, t. I", p. 559, legum. ? Ibid., p. 250. * Voir le passage de la vie de saint Vulmar cité plus haut. 20 LES PAGI DE LA BELGIQUE que ce méme acte de partage nomme premièrement la Flandre, puis le Mem- pisc et en troisième lieu le Mélantois ? Une pareille assertion serait inadmis- sible en présence des documents qui établissent si positivement les frontiéres de la Ménapie. Dans le partage de 870 nous voyons des anomalies sembla- bles, si toutefois on peut appeler ainsi la désignation de certaines localités et le silence que ce document garde à l'égard d'autres endroits. Par exemple , un lot indique Arlon compris dans le pagus de Woivre, tandis que le méme lot comprend aussi le pagus wavrensis mentionné plus has !. Pourrait-on soutenir que Liége, Maastricht, Aix-la-Chapelle et Theux ne faisaient pas partie de la Hesbaye parce que, placé aprés la nomenclature de ces endroits, le pagus est cité plus bas dans le méme lot? Selon ce système, Lierre ne ferait pas partie de la Toxandrie, parce que ce pagus est nommé plus loin que Ledi. Souvent les secrétaires chargés de la rédaction de ces actes nommaient les lieux les plus importants ou les divisions territoriales les plus remarquables d'une contrée, sans vouloir les en séparer ou les en distinguer. IL en est de méme du capitulaire relatif à la conjuration des serfs. Le rédac- teur de l'acte commence par désigner la Flandre et le Mempisc comme les parties les moins importantes des cótes maritimes. De la Flandre il passe graduellement au Mempise et du Mempise à toute la côte. Pourrait-on expli- quer d'une autre manière le mot et qui précède chaque substantif : in Flan- dris et Mempisco , et in caeteris maritimis locis? Si l'on n'admet pas que la Flandre faisait partie du Mempise, il ne faut pas admettre non plus que le Mempise faisait partie des côtes maritimes. Quant aux opinions de Vredius , Wastelain , Henschenius, Ghesquiére et Wielant, qui circonserivent le pagus de la Flandre aux territoires de Bruges, de l'Écluse, d'Ysendyk , d'Ardenbourg et de Damme, elles ne tiennent pas devant le tableau ci-joint indiquant les lieux situés dans le pagus de la Flandre et cités, à ce titre, dans les actes et diplômes. 1 Voir cet acte dans Pertz, l. c., p. 017. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE ET LEURS SUBDIVISIONS. LA FLANDRE. — — — —— —- DÉNOMINATIONS SITUATIONS | em m DATES, ÉVÊCHÉS. | DOYENNÉs. SOURCES. actuelles. ACTUELLES, ANCIENNES. dort — Adeghem Addinghem, Acto- | 774, 4049, | Tournai Ardenbourg . ntale, | Miræus, 1, 349; Cod. dip. Laur., / em, A0 à 983: Serrure. 48 laum, in pago flan- 1080 . 20; TIL, 283; Serrure, 48. | drensi. Acrseele DEET AE 368. ot » Roulers Fl. occident., cant, de | Duvivier, 319. e. Arcella, in Fland 868, 869 CON EUR Ardenboure ch in pag 049. 4030. » Ardenbourg . | Zélande, canton de | Serrure, Cartul. de Saint-Bavon, i Toi EE 1037 L'Ecluse, 18; Van Lokeren, I, 84; Miræus, i E 1, 348; Vande Putte, 83 CL Axel , Bautersando dq près endyk, | Bennon (les moers | de) p i | bourg, Bergues-St-Winoe. $ Bekeghem K Beveren D | | Boësinghe à | | Bu roeken (Ten) entre Corten o Memareq et Hand- teme, | e Bourbourg j 1 Br uges . Bugginsele sous St- ichel, Axia, ibid. Baltershande, in pago flandrensi. Merona ou Merena Bennonis, in pago flandrensi. Berga, in pago flan drensi. Bettingem, in pago flandrensi. Jeverna, in pago flandrensi. in Flan dria, Brouch, in pago flan drensi. Brugburgh, in pago flandrensi. Brugias, in pago flan- drensi, Buggesela, ibid. . 0 Dans Vande Put ©) Miræus place ce te : in pago Rodenburch. diplôme à l'année 957. 821, 4037 1019, 1030 939. 981 1019, 4030 1155 1065. 987 à 996 1037, 1065, 1106 1231 1037 Tous XXXIX. Utrecht Tournai. Térouane . Tournai Térouane . Tournai Térouane . Tournai Quatre-Métiers. Ardenbourg . Bergues Oudenbourg . Poperinghe Ypres Oudenbourg . Bourbourg. Bruges Zélande, eant, d'Axel, Zélande Zélande, L'Ecluse. santon de Département du Nord. Fl. occident., cant. de Ghistelles. FI. occident. Haringhe. cant, de Fl. occident,, canton d'Elverdinghe. FI. occident., cant. de Thourout. Département du Nord. Flandre occidentale . HL occident., eant. de Bruges, Sanderus, FI. ill., I, 996; Van Lokeren, I, 84. Serrure, 48; Miræus, 1, 350. Vande Putte, 90,99, 96; Kluit, Hist. crit., Il, 1re part., 90; Miræus, I, 40 (**). Vande Putte, 421. Serrure, 48; Miræus, L, 349 Cartul. de Saint-Martin, fol. 40, n? 419, aux Arch. du royaume. Gallia Christ., NX, 83. Dieriex, Appendice au Mémoire sur Gand, 16. Vande Putte, 412; Van Lokeren, I, 84; Gallia Christ., III, 83. n Cartul. de Saint-Martin, 4; Acta SS. Belgii, IV, 459. Van Lokeren, I. 84. LES PAGI DE LA BELGIQUE —Á DÉNOMINATIONS SITUATIONS Ee DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. E BE a Coten au métier de Bruges: Cambe (les scores de) sous Oostbourg. Couckelaere Dringham . Ellemare, submergé en 4377. Furnes (le métier de). Gerste, prés de Ber. gues-St-Winoc, Ghistelles Haringhe Houttave Jabbeke . Kayem Lamedine sous Ma riakerke. Lapscheure. Ledeghem . Leffinghe (*) Dans Mabillón , t. 1, p. 699 : (**) Dans Mirzus, t. Cota, in pago flan drensi. Cum Bescura ou Cam- ura, in pago flandrensi. Coclers ou Coclara, in pago flandrensi. Drincham, in Flan dria. Illumariscum, in pago flandrensi. Ministerium furnense, in Flandria. Gersta, in pago flan- drensi. Gestella, in Flandris. Haringa, in Flandris. Holtauva ou Holtawa, ou Holtanna, in pago flandrensi. Gechbeeca, in Flan dris, Clehiham, in pago flandrensi. Lamedinias, in flan drensi pago. Lappe flandr ura, in pago Ledegem, in pago flandrensi. Latfinga, m Flandris. IL, p. 115 1037 939 1006 1065 864 1065 981 988 899 1019 988 4019, 1030. 1451 988 in Mempisco. , un acte de 1107 porte : Tournai, Térouane Térouane . Tournai Térouane . "Tournai Toürnai Bruges . Ardenbourg . Oudenbourg . Bourbourg. Furnes. Bergues Oudenbourg . Bruges. Oudenbourg . Ardenbourg . Courtrai Oudenbourg . Lapiscura in pago Mempisco. FI. occident., caut. de Bruges. Zélande . Fl. occident. , cant. de Thourout. Dépt du Nord, canton de Bourbourg. Flandre occidentale Dépt du Nord, canton de Dunkerque. FI. occident., cant. de Ghistelles. Fl. occident., cant, de Rousbrugge. FI. occident., cant. de Bruges. FI. occident., cant. de Bruges. * HL occident., cant. de Nieuport. Fl. occident., cant. de Ghistelles. FI. occident., eant. de Bruges. FI. occident., cant. de Menin. FI. occident., cant. de Ghistelles. Van Lokeren, I, 84. Vande Putte, 81, 90, 96; Van Lo keren, I 25; Kluit, IT, Ier parts 20. wd, Cart. de Saint- Beil: AA Gallia Christ., VE, 83. Serrure, 4; Miræus, I, 27. Gallia Christ., II, 83. Vande Putte, 409, 491; Van bi keren, I, table, verbo : Gerstt- de Ampl. coll., Y, 248. m Lokeren, hs Beruf" Vande Putte, 4477 74 ; Miræus, I, 34€ H de Levasseur, Annales de l'église Noyon, 134. Vande Putte, 405; Van Lokere: , 46. Miræus, I, 647. Serrure, 18 (**). D Cartul, de Saint-Martin, 10 Y 0 P IN n" 419, aux Arch. du royaum Levasseur, 734. | | | | 25 | ch | E | DENOMINATIONS UATIONS | D ÉVÈCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. | ACTUELLES, ANCIENNES. rd | | | ——— | | Meeren sous Oost Merena, ibid. 1087 Tournai . . | Ardenbourg . | Zélande . . . . . | Van Lokeren, I, 84. | bourg. Lo d | | | Messines . ... . | Meshem, in Flandris. 963 Térouane . . | Ypres . . . | Fl. occidentale, canton | Van Lokeren, 1, 36; Vande Putte, | | d'Ypres. 100. . | | Ocren sous Alverin- | Oen, in Flandria. 1065 » Furnes. . . | Fl occidentale, canton | Gallia Christ., II, 83. | | ghem, de Furnes. | Oosthourg , Ostburgh, Osburg, | 937, 954, | Tournai . . | Ardenbourg . | Zélande . . . . . | Vande Putte, 84, 90, 448: Van Lo | Ostburg, Osthorc 1037, 1030 keren, I, 84; Kluit, Hl, 20 (). in pago flandrensi. | Ooteghem S . | Otingehem , in pago 103 » Audenarde. . | Fl. occident., cant, de | Van Lokeren, I. 84. flandrensi. Gourtrai. | TP A " r, 3.0 | | OSstald près de Water Ostold ou Ostolto, in | 973, 4019. ` Ardenbourg . | Fl. orientale, cant. de | Vande Putte, 106; Serrure, 18; Van let, pago flandrensi. 1030 Capryke. Lokeren, 84; Mi 1,348. | | | Foston x d | | Pool- Cappelle sous | Puola, ibid. 1037 Térouane . . | Ypres . . . | Fl. occidentale, canton | Van Lokeren, I, 84. | | ngemareq. x d'Ypres. | | Ostende . . | Testereph, in pago 9924037, | Tournai . . » Flandre occidentale, . | Vande Putte, 113; Van Lokeren, flandrensi, in Flan 1065 84; Gallia Christ., III, 83. dria. | Oude; A P d : " udenbourg Adebrue, Aldenburg, | 868, 869,988 » » Fl. occident., cant, de | Duvivier, Hainaut ancien, 819; | in Flandriis. à s Ghistelles. ir, Annales de l'église yon, 194. | Reninghels À K WE Reningens, in Flan 1005 Térouane . . | Poperinghe. . | Fl. occident., eant. de | Gallia Christ, VL, 83. | dria. Poperinghe. Roxe A n A ; | ike Hrochashem sive Hor. 145, 110 Tournai . . | Oudenbourg . LPL. occident., cant. de | Warnkœnig, Hist. de Flandre, 1, | valdolugo, Rochas Ghistelles. 399; Guérard, Cart. de Saint hem sive Thereal Bertin, 53, 59; Malbraneq, de | Ruyen sous doluco, Morinis., I, 580 (**). Mone a Destel Ruga, in pago flan 1149, 4030 » Gand . . . | Fl orientale, canton | Serrure; 49; Miræus, 1, 350. s drensi, — d'Exerghem. St-Michel lez: Bruges. Wemebrugghe An pago 1087 » Bruges. . . | Fl. occident., cant. de | Van Lokeren, 1, 84. | flandrensi, — 5 S. | Sestem. Voy, Vel | them. | Snellege; d DI snell; 1 Em i o d d x ; | e KC Snellingehimou Snet- | 933,984,983, | Tournai . . | Bruges. . 1 Fl. occident., cant. de | Vande Putte, 90, 92, 96, 98; n lingehim, in pago 1102. Bruges. reus, H, 939; Ampl. coll, 1. flandrensi, 606; Kluit, IL, 4re part., 20. | | C) Dans v D, | Dt ge CSN P 81: in pago rodanensi in laco nuncupante Qumbuscura in. Ostburch | ans Brequiny, t. T, p, 487. | | | | I d Velthem sous Sainte Croix lez-Bruges. Vladesloo Vlisseghem. Wyngene (*) Miræus lit à tort, t. 1, p. 345 : Sesthem vel Lathergo. wes d'Oost- Uckesham ou Veckes ham, in pago flan drensi, Felthem, ibid, Frordeslo, flandrensi in pago Frilingim, Fleskin ` gem, in Flandriis, Vulgangi Wemebrugghe. Voy. Saint-Michel. Winau, in pago flan drensi. 981, 1030 992 969, 988 1037 972, 1037 Térouane . Tournai. Bergues Bruges. Oudenbourg . Bruges. Ardenbourg . Bruges. Dépt du Nord, canton de Dunkerque. Vl. occident., eant. de bruges. VI. occident., cant, de Dixmude. F1. occident., cant, de Bruges. Zélande, cant, d'Oost bourg. FL occident, canton de Ruysselede. A0 Y 24 LES PAGI DE LA BELGIQUE —Á" = ———— e DÉNOMINATIONS SITUATIONS ——— — DATES. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. "Rull | | v Strallant, in Flandria. 1065 Gallia Christ., WI, 83. | | entre Oost- | Tubinisdye, in pago 1037 Tournai. . Ardenbourg . | Zélande '. Van Lokeren, 1, 84. Arden flandrensi. l; Vande Putte, 409; V 50, 84; Kluit, IL, 4 rt, 09. Ibid., 46 (*). Vande Putte, 413. Vande Putte, 403; Van Lokeren: l; 483; Levasseur, 734. Van Lokeren, 84. Vande Putte, 105; Van Lokeren: l 84. Suivant ce tableau le pagus de la Flandre s'étendait jusque dans le dépar- tement actuel du Nord. Nous y voyons figurer : Furnes, Haringhe, Uxem, Bergues-Saint-Winoc, Dringham, Bourbourg, Boesinghe, Reninghelst , Messines, etc., localités situées loin des territoires de Bruges, de l'Ecluse, d'Ysendyk, d'Ardenbourg et de Damme. Si le comte de Bylandt est plus sagace !, il a le tort de reculer les fron- tières du pagus de la Flandre beaucoup trop loin, en les étendant jusqu'à Calais. Aucun acte connu ne permet d'adopter cette opinion, ni de fixer les limites de ce pays au delà de l'A. Le tableau tracé ci-dessus indique toutes les localités de la Flandre entre ! Commentatio, p. 53. ET LEURS SUBDIVISIONS. 25 les frontières du Mempise et le pagus de Courtrai, dont elle était séparée par la Heule jusqu'à Harlebeke, par la Lys à Wacken, par la Vieille-Mandel jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans la Lys et par la Lys jusqu'à Gand. Ensuite elle semble avoir suivi les lignes de démarcation des doyennés de Gand et de Waes près de Saeftingen, où elle rejoignait le cours de l'Escaut. La partie de ce fleuve, nommée le Hont, formait vraisemblablement la limite septentrionale du pagus. Toutefois nous n'osons rien affirmer à ce sujel, par suite des changements continuels que cette partie du pays a subis par les inondations et les endiguements. Six faits semblent contraires à la délimitation dont nous venons de parler. Tantót nous invoquons les divisions géographiques du diocése de Tournai, tantót nous les rejetons. On nous demandera sans doute compte d'un pareil procédé. Dans l’Introduction nous avons déjà dit qu'à nos yeux les divisions lerritoriales adoptées par le clergé sont un point de départ pour les études de la géographie civile; qu'elles constituent un véritable guide, dont il n'est pas permis de s'écarter, sans d'excellentes raisons. lei rien ne s'oppose à adopter ces divisions, confirmées par tous les documents. Nulle part ne figure une localité des doyennés de Gand et de Waes, qui aurait fait partie. du pagus de la Flandre. La seconde objection consiste dans l'interprétation que l'on donne à une localité du nom de Baerla, citée dans un acte de 4096. MM. le chanoine Vande Putte et Van Lokeren pensent que Baerla est une dépendance de Tron- chiennes, commune située au centre du doyenné de Gand. L'acte précité de 1026 ne dit pas précisément que Baerla fût compris dans la Flandre. Voici comment le donateur s'exprime : « Ego Eremboldus... dono et contrado allodem » mei juris quitquid in villa Baerla dieta, et quitquid in Flandris, et quit- » quid citra mare, et quitquid inibi jure hereditario passideo eum ecelesia , » domibus, etc. !.» A la rigueur ces termes peuvent être interprétés de deux manières : Erembaud donne Baerla avec d'autres biens situés en Flandre, el ceux qu'il posséde en decà de la mer. Par conséquent Baerla serait dans la Flandre. Ou bien on peut entendre la phrase dans ce sens qu'il donne Baerla ! Van Logeren, l Ca Di 75i 26 LES PAGI DE LA BELGIQUE à l'abbaye, et en outre ce qui lui appartient en Flandre, plus ses possessions situées en decà de la mer. Cette derniére interprétation est, nous semble-t-il , la seule admissible, la seule aussi qui convienne au génie de la langue latine. Erembaud ayant fait trois dons : 4° de Baerla; 2° de ses biens en Flandre; 3° de ceux en dech de la mer, il n'en résulte nullement que Baerla fût compris dans la Flandre. Les lettres par lesquelles Henri Ie, roi de France, confirme, en 1037, les biens de l'abbaye de Saint-Pierre, désignent cet endroit dans le pagus wasensis, dont Tronchiennes ne faisait point partie ^. Il faut donc admettre que Baerla était situé au pays de Waes et non dans celui de la Flandre. La troisième objection est la position que M. Van Lokeren assigne à Bauter- sande ?, localité eitée, sous le nom de Boltersande, dans un acte de 1019, et située dans le pagus de la Flandre. Cet auteur pense que Boltersande pourrait étre une dépendance d'Everghem, dans le doyenné de Gand. Les termes si positifs de cet acte, qui place Boltersande dans le pagus d'Ardenbourg , une des subdivisions du pagus moyen de la Flandre, ne permettent. pas d'adopter cette opinion. Par conséquent Boltersande faisait partie du doyenné d'Ardenbourg ou de Rodenbourg 5. Il y a eu en effet une localité du nom de Bautersande prés d'Ysendyk et par conséquent dans le doyenné précité ^, Une quatriéme objection résulte d'un acte de 824, cité par Sanderus. Sui- vant cet auteur, Saeflingen , Axel et Tamise seraient compris dans le pagus de la Flandre?. Nous n'avons vu aucun doeument qui confirmel'assertion de San- derus concernant Saeftingen, et rien n'est moins prouvé. Sans doute Axel était situé en Flandre, comme le constate une charte de 1037 9, Quant à Tamise, nous ne pouvons admettre la position de ce village dans le pagus qui compre- nait Axel. Tous les actes connus le placent, au contraire, dans le pays de Waes. Personne n'a vu ni cité l'acte de 821 invoqué par Sanderus, et dont il t Van Logeren, l. € , p. 84. 2 Ibid., p. 240. 5 « In pago flandrensi, id est in Rodenbourg, similiter Baltersande et in Lappescure. » (Serrure, Cartulaire de Saint-Bavon, p. A8.) 1 # Van Lokenen, Hist. de l'abb. de Saint-Bavon, t. 1°, p. 240. 5 Flandria ill., t. 11, p. 226. 5 Van Lokeren , Cartulaire de Saint-Pierre, p. 84. ET LEURS SUBDIVISIONS. 27 n'indique pas méme la source. Persuadé, comme il l'était, de l'identité du Mempise et de la Flandre, n'aurait-il pas confondu les deux dénominations, si tant est que l'acte ait existé? Nous n'osons pas l'affirmer. Mais il sera permis de douter de l'exactitude du dire de Sanderus, tant que l'acte n'est pas connu. La cinquiéme objection résulte de la position assignée à Ottinghem, dési- gnée dans l'acte de confirmation des biens de l'abbaye du Mont-Blandin par Henri I, roi de France, et indiquée au pagus de Flandre. M. Van Lokeren pense que c'est une métairie à Zwynaerde, dans le pagus de Gand !. Il y a une distinction à faire au sujet des localités du nom d'Ottersum, Ottingehem, Otinghem, Othinghem, Ottemghem et Otterenghem.: Aux termes de l'acte de 1037, l'abbaye possédait deux localités différentes de ce nom : l'une était un mansum in dominicatu in Ottingehem , situé en Flandre; l'autre une villa in Ottingehem cum ecclesia, dans le pagus de Courtrai. La seconde de ces localités est Ooteghem, dans la Flandre orientale, canton d'Audenarde. Quant à la première, n'est-ce pas l'Ottinghe, dont fait mention la keure des Quatre- Métiers de l'année 1242? Sinon, il faut admettre qu'il y a erreur dans la désignation du pagus. L'acte porte Ottinghem. cum terra in Puola. Selon M. Van Lokeren , Puola se rapporterait à Pollaer, prés de Ninove, au milieu du pagus du Brabant; par conséquent ni Ottinghem ni Puola ne pourraient étre compris dans le pagus de la Flandre ?. Une sixiéme objection résulte de la transformation que l'on a faite de Hervergem en Everghem ?, commune située dans le pagus gandensis, prés de la ville de ce nom. Il ya probablement confusion. Suivant Gramaye, cette localité appartenait à l'abbaye de Saint-Trond à Bruges. Ne faudrait-il pas la chercher à Eerneghem, village qui était en effet situé dans le pagus de la Flandre? La lettre n a été prise sans doute pour un v, erreur trés-commune dans la lecture des écritures du moyen àge. Aprés avoir justifié les limites du pagus flandrensis, parlons de ses sub- divisions. * Van LOKEREN, Le. p. 479. ? Selon M. Vande Putte, Puolara indiquerait Bottelaer, qui était également dans le Brabant. 5 Van LOKEREN, Saint-Bavon, pp. 242, 245 ; De Poren et Broeckaert, Geschiedenis der gemeenten , V. U p. 55 Gramaye, Gandavum. L'un dit: in pago fland., l'autre: in pago gandensi. LES PAGI DE LA BELGIQUE § 4%. — LE PETIT PAGUS DE L'Yskn. (Pagus Iserissius.) De ce pagus nous avons trouvé une seule mention, celle que renferme un acte de 806 : n loco Flitrinio, in pago Iserissio *. Guérard assure que cette localité est représentée aujourd'hui par Fletère prés de Bailleul, département du Nord, et faisait par conséquent parlie du diocése de Térouane et du doyenné de Bailleul. C'est une erreur. Flirinio désigne Westvleteren, au diocése de Térouane, archidiaconé de la Flandre et doyenné d'Ypres. Aujour- d'hui cette commune est comprise dans la Flandre occidentale, canton de Haringhe. Le changement de position que nous proposons au sujet de cette localité est justifié par la situation des biens que l'abbaye de Saint-Bertin possédait à Westvleteren jusqu'au moment de sa suppression. Le bois, men- tionné dans l'acte de 806, y existait encore vers la fin du siècle dernier. Il en est fait mention et du village de Westvleteren dans une déclaration, dressée en 1787, des biens de l'abbaye ?. A défaut de renseignements suffisants concernant ce pagus, les auteurs se sont contentés de répéter ce qu'en a dit Wastelain. Selon cet écrivain, il comprenait les deux bords de l'Yser, cours d'eau qui, prenant sa source au nord de Saint-Omer, se jette dans la mer du Nord prés de Nieuport, appelé autrefois /serae Portus?. À ce peu de renseigne- ments, Des Roches ajoute qu'à l'année 860 la chronique d'Iperius parle de VIserae Portus ^. Dans son travail sur la Flandre, le comte de Bylandt répète la phrase de Wastelain, et soutient que ce pagus était borné à l'orient par celui de Thourout et le Mempise, au midi par le Mempisc et le pagus laeticus et à l'occident et au nord par le pagus de la Flandre 5. Cette délimitation est assez arbitraire en quelques points. Le pagus de Thourout n'a jamais existé. ! Guérand, Cartulaire de Saint- Bertin, p. 685 Mausnanco, De Morinis, LI, p. 603. ? Voir la déclaration des biens que l'abbaye possédait dans les Pays-Bas autrichiens en 1787. (Archives du royaume, chambre des comptes.) 3 WASTELAIN, L. c., p. 585. : ^ Mém. de l'Acad. de Bruxelles, A774 , p. 52. 5 Commentatio, p. 55. ET LEURS SUBDIVISIONS. 29 Quant au pagus laeticus, il n'a pas formé de division administrative ordinaire, mais simplement une province ou un pays habité par des laeti, ainsi que le Ensuite le comte de Bylandt fait observer que Wastelain et Des Roches commettent une erreur, en soutenant que le pagus de l'Yser était compris démontre Raepsaet, dont nous adoptons entiérement les vues en ce point ! dans le Mempise. Ces deux auteurs ont parfaitement raison. Et la preuve la Voici : Westvleteren, village situé sur la Fleterna, est indiqué par des actes de 875 et de 1077 ? dans le Mempise et par un acte de 806 dans le pagus de l'Yser 5, Esquelbecq, situé sur l'Yser même, est cité par un acte de 855 au pagus mempiscus *. Donc le pagus de l'Yser était compris dans celui du Mempise. La confusion que le comte de Bylandt établit en ce point provient du défaut de distinction entre le grand pagus du Mempise et le petit pagus du méme nom, en la reconnaissant ailleurs. Il n'y à done pas de doute: Westvleteren et l'Yser étaient compris dans le pagus iserissius. Ces données, les seules que nous ayons pu recueillir au sujet de ce pagus, nous obligent d'avoir exclusivement recours à la géographie ecclésiastique afin de pou- Voir établir les limites de cette circonscription territoriale. Elle comprenait probablement les doyennés d'Ypres, de Poperinghe, de Dixmude, de Furnes et de Bergues. Ces doyennés, sauf celui d'Ypres, étaient arrosés par l'Yser, circonstance qui permet de supposer qu'ils faisaient partie du ' Ragesagv , OEuvres compléles , t. ML, p. 99 et suiv. Le pagus laelicus ou pays des laten s'étendait dans le Mempise et dans le pagus de Térouane. Il avait une signification administra- tive toute spéciale, semblable à celle du pagus Flamingorum , en allemand Flümingaw. Celui-ci désignait le distriet habité par les Hollandais, les Zélandais et les Flamands qui allérent occuper les pays d'Albert de Brandenbourg et jouirent d'une juridiction particulière, (Voir Juncker , Anleithung zu der Geographie, p. 248.) La condition toute exc eptionnelle du pagus lacticus, et la juridiction spéciale dont jouis aient les laeti nous dispensent d'en parler dans un travail qui a pour but de rechercher les divisions administratives ordinaires. Le pagus laeticus ne rentre pas mieux dans la catégorie des pagi dont nous avons fait connaitre 1 a définition dans l'Introduction, que le pagus de la Fagne, le pagus ou pays des Ardennes. Par Campine, on désigne aujourd'hui une partie du territoire belge, qui n'a rien de commun avec nos divisions administratives, ? Gunanp, Sainl-Bertin , Dodd ë Idem, l.c., p. 68. * Idem, ibid., p. 95. Tour XXXIX. 7 30 LES PAGI DE LA BELGIQUE pagus de ce nom. Il aurait donc été borné au nord par le petit pagus de la Flandre, à l'est par le méme pagus et par les pagi de Courtrai, de Tournai et du Mélantois, au sud par le petit pagus de la Ménapie et à l’ouest par la mer du Nord. Le pagus de l'Yser ne semble pas avoir eu une longue existence, et parait avoir été absorbé assez tót par celui de la Flandre. Il était subdivisé en petits pagi, dont la désignation d'un seul nous est parvenue. C'est le pagus de Morla, sans doute une vicairie, dans laquelle est cité en 899 le village de Haringhe !, et dont les limites sont inconnues. 3 2. — LE PE AGUS EL "L E, 8.2 LE PETIT PAGUS DE LA FLANDRE (Pagus flandrensis.) Il se composait du territoire du pagus moyen de la Flandre, moins les pagi de l'Yser, de Rodenbourg et le petit pagus de la Ménapie. Compris entre les limites de ces circonscriplions territoriales, le petit pagus de la Flandre se composait des doyennés d'Oudenbourg , de Bruges et de Roulers. En ce qui concerne celui-ci, il y a une légére différence, signalée à propos de la délimitation du pagus moyen de la Flandre. Les paroisses situées prés des doyennés de Courtrai et de Gand n'en faisaient pas partie. Il est inutile, pensons-nous, de donner plus de développements au sujet de cetle division territoriale, dans laquelle nous ne voyons figurer aucune localité qui appartiendrait à un autre pagus. Nous ferons seulement observer que les dénominations de pagus flandrensis données au pagus moyen et au petit pagus de ce nom, sans aucune distinction, ont fait naitre des confusions, et empéché les auteurs de reconnaitre: les véritables limites de ce pays. Si de prime abord ils avaient bien établi les petits pagi compris dans le pagus moyen de la Flandre, ils se seraient aperçus qu'entre ces diffé- rentes circonscriptions territoriales, il y en avait une, dont les localités ont toujours et invariablement été indiquées dans ce pagus, et qu'elles devaient ! « In Flandris in pago Morla Villa Haringa. » (Ampliss. coll., t. I**, p. 248.) ET LEURS SUBDIVISIONS. 51 Par conséquent former un pagus du méme nom. Un passage des Acla sanctorum Belgii établit nettement cette distinction : « In Flandriis, ubi cum » Menapenses, Waseacenses et ipsos Flandrenses S. Ursmarus convertisset » ad Dominum !.» Ainsi, aprés avoir mentionné les Flandres, l'hagiographe indique en outre les Flamands proprement dits, c'est-à-dire ceux qui habitaient le petit pagus flandrensis , en les distinguant des habitants de la Ménapie à proprement parler et du pagus de Waes. Si l'hagiographe avait voulu dési- gner un seul pays, ou une seule population, ces dénominations étaient inutiles. Ce passage démontre donc qu'il y avait en Flandre deux pays dis- tincts du méme nom, et qui sont évidemment le pagus mediocris flandrensis , et le pagus minor du méme nom. Ainsi expliquées , toutes les contradictions disparaissent. $3. Lr PETIT PAGUS DE RODENBOURG op ARDENBOURG. (Pagus rodanensis.) Un acte d'aliónation dressé, le 1 septembre 839, par Eginhard , abbé de Saint-Pierre à Gand, fait mention du pagus rodanensis, dont Warnkenig a cherché le siége dans les environs de Rhodes entre Audenarde et Alost Br M. le chanoine Vande Putte a prouvé de la maniére la plus évidente que le Pagus vodanensis était, dans les environs de Rodenbourg, aujourd'hui Ardenbourg, province de Zélande 5, Ce pagus était une subdivision du pagus moyen de la Flandre, comme le constate un acte de 102 ci-joint nous indiquons les noms des lo mêmes des actes, au pagus d'Ardenbourg. 5 4, Dans le tableau alités situées, d’après les termes 1 Acla SS. Belgii, t. VI, p. 297. Histoire de Flandre , t. Ier, pp. 200 et 295. Annales de la Société d'Émulation de Bruges, A" sér., t. UI quilés de Flandre, t. II, p. 226, avait déjà dit q 9 5 ; p. 200; Dr Bast, Anti- ]ue Rodenbourg est aujourd'hui Ardenbourg. Sennong, Cartulaire de Suint-Bavon , p. A8. 52 TABLEAU DES LOCALITÉS SISES LES PAGI DE DANS LE LA BELGIQUE PAGUS D'ARDENBOURG (RODANENSIS). OMINATIONS DATES. SITUATIONS actuelles, SOURCES. D o Adegem . Ardenbourg Cambescore Oostbourg. sous Distele, dépendance de Saint-Georges. Vake, dépendance de Saint-Laurent. Oostburch . Rubendyk entre Oost- bourg et Arden bourg. Rodenburg. Voy. Ar denbour Wielinghem (détruit). (*) M. Vande Putte croit qu'il s'a werken van het Zeeuwsch Genootschap, (rs partie, (**) Dans Van Lokeren, p. 14, (***) M. Van Lokeren pense que Wielingim désigne Wyl Sainte-Marie. Addingahem ou Hat tingim super fluv. s,in pago ro- daninsi Rodenburch, in pago rodanensi. Beringhamma super fluv. Absintl in pago rodanensi. Cambeseur: rodanensi. „in pago Dudece,in pago ro danensi Facum vel Vatine su per fluviolum Absen- Lociwirdi, in pago rodanensi. Ostburch, in pago rodanensi. Tubindic, quod est in ter Ostburg et roda nensem villam, id est rodenburch. Wadriseaput, in pago rodane! prope fluvio Maris. Wielingim ou Wielin gahem, in pago ro- danensi. 811 à 870 707,1025 839 095, 144 839 1025 811 à 870 p. 70). in pago flundrensi, rem , Tournai Tournai Tournai Ardenbourg . dépendance de Boucle-Saint-Denis Nous croyons difficilement à une interprétation semblable, si, comme l'acte le dit, W Ardenbourg . Ardenbourg . Flandre orientale, can- ton d'Eccloo. Zélande, canton de l'Ecluse. Zélande, cant. d'Oost- bourg. cant. de FI. occident., Bruges. canton Zélande, cant. d'Oost- bourg. git ici de Lapscheure, Nous préférons l'explication d'Ab Utrecht Dresselhuis, qui y voit le Wieligen disparut par l'inondation de 1577 et a laissé son nom aux eaux dites Wielingen dans la province de Zélande. arrondissement d'Audenarde, canton de Hoore G vi ngahem était situé dans le pagus de Rodenbo 4 ] ; ren, 14 Vande Putte, 82; Van Lokeren, | Vande Putte, 83, 120; Van Lo I. ren, 7, 14; Serrure, 18, in pas flandrens [7 Vande Putte, 76; Van Lokerem Vande Putte, 81 (*). l; Vande Putte, 76; Van Lokeren, 11 Warnkeenig, I, 32 18, 80; Van Le Ab Vande Putte, 81; Van Lokerem Vande Putte, I, 80. en! Vande Putte, 81; Van Lokeren» ` 84 eren. Vande Putte, 120; Van Lët" 1, 74. ID j; Van Lokeren ; Warnkænig, 14. b Vande Putte, 78; W: d 320; Van L oker ren, I, NE. shore de Cambe. (Nieuw peke” ET LEURS SUBDIVISIONS. 93 La liste reproduite ci-dessus prouve que les limites de cette circonscription territoriale suivaient en grande partie celles du doyenné du méme nom, en s'étendant bien plus au nord. Du Swyn les limites du doyenné de Rodenbourg arrivaient jusqu'à l'Écluse. Elles cótoyaient le cours d’eau, dit Badensyliet, qui, passant entre Hoecke et Lapscheure , aboutit à Vlienderhage. Ensuite. elles passaient entre Sysseele et Maldegem, entre Assebrouck et Oedelem, Wynegem et Saint-Georges, Waetervliet et Bassevelde, Assenede et Bouchaute où elles rejoignaient le cours d'eau, dit Brackman, jusqu'à l’Escaut. Quant aux limites septentrionales de ce pagus, nous reconnaissons volontiers l'impossibilité de les déterminer d'une manière exacte. Les inon- dations et la dépression des cótes de la mer du Nord y ont introduit des changements continuels. Le pagus de Rodenbourg était subdivisé en petites circonscriptions, sur lesquelles nous n'avons pas pu recueillir des renseignements suffisants. Un acte de 984 mentionne la villa Isendic in pago gasterna super. fluvium Beverna 1. Ce petit district semble avoir recu son nom de Gaternisse prés d'Oostbourg. Un acte inédit de l'abbaye d'Eename du milieu du XII* siécle fail encore mention d'un pagus d'Oostbourg. C'étaient probablement. des subdivisions du petit pagus de Rodenbourg, des vicairies peut-être, ou de simples juridictions. 8 4. — LE PETIT PAGUS DE LA MÉNAPIE. Cette division. territoriale embrassait tout le pays entre IA, la Neuve- Fosse, le pagus de l'Yser, la mer du Nord et la Lys. Par conséquent elle correspondait à une partie des doyennés de Bourbourg, de Saint-Omer et d'Arques et aux doyennés complets de Merville, de Bergues et de Bailleul. Elles avaient donc suivi la frontière actuelle de la Belgique jusqu'à Watou, puis les limites occidentales de Winnezeele, Steenvoorde, Saint-Sylvestre- ! Sanpenus, Fland, ill., t. I, p. 207; Kruit, l. C., t. 1*7, 2° part., p. 153; As Urrecur Dres- "Eis, De provincie Zeeland, p. 81; VaupEN Beren, Handboek der Nederlandsche geogra- phie, p. 226. 54 LES PAGI DE LA BELGIQUE Cappelle, Caestre, Eecke, Berthen, Locre et Dranoutre, où elles rejoignaient les frontières belges. ar cette délimitation nous nous mettons en désaccord complet avec toutes les idées reçues jusqu'à ce jour au sujet de la position de ce petit pagus. Confondant le pagus major du Mempise avec le petit pagus du méme nom, des écrivains lont cherché partout où cette désignation est accolée à une paroisse, sans établir aucune distinction. Finalement, ils ont admis que le pagus comprenait les quartiers de Bourbourg, de Bergues, de Gand, de Cassel, d'Ypres, de Lille et de Tournai jusqu'à l’Escaut 1. Cette circonscription, par trop arbitraire, devait choquer le bon sens. Pourquoi exclure du Mempisc le pagus de Courtrai, une partie de celui de Gand, le pagus entier de Roden- bourg et celui de Waes? Des localités de chacun de ces pagi sont cependant désignées par les actes dans la Ménapie. En ne les comprenant pas dans le Mempise, il fallait admettre forcément l'existence d'un petit pagus du méme nom. Le comte de Bylandt fut le premier à reconnaitre cette nécessité, Selon cet, écrivain il faut distinguer le petit du grand pagus : « Pago mempisco » sensu angusliori, » dit-il, « ubi erant Poperinga, Truncinium, Viro- » viacum, Helsoca, Castellum, Ipra, Leodedriga, Comineum, Wastena » aliaque loca, quorum nomina in diplomati Caroli Calvi anno 847 » S. Amando dato inveniuntur 2. » Nous reprocherons à l’auteur de cette délimitation d'avoir confondu , comme ses prédécesseurs, une partie du grand pagus de la Ménapie avee le petit pagus de ce nom. Selon ce systéme de division, les localités situées dans le pagus de l'Yser et plusieurs de celles que les diplómes indiquent dans le grand pagus de la Ménapie, sont confon- dues et réunies à celles du petit pagus. A ce titre il faudrait y faire rentrer aussi les paroisses du pagi de Gand, de Rodenbourg, de Courtrai et de Waes. Enfin, selon cet auteur, le pagus de l'Yser s'étendait de Watiine à Nieuport. Dans cette hypothése le petit pagus du Mempise serait réduit à des propor- tions bien minimes, Quoi qu'en dise le comte de 3ylandt, tout le pays compris dans le petit pagus de la Flandre et dans le pagus de Gand, dont Tronchiennes faisait partie, ne pouvait se trouver dans le pelit pagus de la Ménapie. ! WasTELAIN, p. 585; Des Rocues, p. 50. ? Commentatio, p. 58. ET LEURS SUBDIVISIONS. 35 M. le baron Kervyn de Lettenhove fixe les limites du Mempisc de la maniére suivante : « Àu nord Tronchiennes et Somergem, au sud Wacken, » à lest le pagus de Gand 1. » Tronchiennes faisait partie du pagus de Gand 2, Somergem était compris dans les pagus de Waes 5, Wacken était située dans le pagus de Courtrai *. Parlant toutes ces paroisses et celles Siluées dans leur voisinage ne peuvent appartenir au Mempise pris dans le sens restreint. Ou bien l'historien des Flandres entendrait-il fixer de cette manière les limites du grand pagus du Mempise H Dans ce cas, il serait obligé de les étendre bien plus loin, comme nous l'avons fait voir au commencement de ce travail. Dans leur histoire des Carlovingiens, MM. Warnkenig et Gérard suivent les errements de leurs devanciers, tout en reconnaissant que la situation et les limites de ce pagus sont peu connues 7. Quant à nous, nous comprenons la position du petit pagus de la Ménapie d'une autre manière. Il faisait partie du pagus moyen de la Flandre : Flan- drenses et Menapes junguntur confines, est-il dit dans la vie de Ursmer. Bourbourg, compris dans le petit pagus de la Ménapie, a été parfois cité aussi dans le pagus de la Flandre 6. Ce point admis, il faut: forcément chercher le petit pagus de la Ménapie dans le pagus moyen de la Flandre, lequel était subdivisé en pagus rodanensis, en petit pagus de la Flandre et en pagus de TN zer. H ne reste dont plus disponible dans la Flandre d'autre territoire, auquel convientla dénomination du pagus mempiscus dans le sens restreint, que celui dont nous venons de donner la deseription. La plupart des localités situées dans celte circonscription sont invariablement désignées par les actes dans le pagus mempiscus, sans dénomination d'un autre Pagus. Telles sont Ledringhem, Watten, Merkeghem, Cassel, Bocsinghem, ! Histoire de Flandre, t. 1“, p. 459. ? Annales de la Société d' Emulation , 4° sér., t. IL, p. 207; Vane Purre, Lon? VAN Lokeren, p« 11. VAN Lokeren, p, 84. VANDE Purre, p. 419. Tome II, p. 197. Vanne Purre, REIPA "UT, p. 83. 755 3 D * 5 6 7 m K MN i A SE 3 AN Logeren, Cartulaire de Saint-Pierre, p. 84; Gatti , Christ., ca LES PAGI DE LA BELGIQUE Merville, etc. Jamais les noms de ces paroisses n'ont été accolés à celui d'un autre pagus minor. Il faut donc admettre la position du petit pagus de la Ménapie dans le territoire que nous lui indiquons. Toute autre situation est inadmissible. Dès qu'on veut le faire sortir de là, il n'y a plus moyen de le placer nulle part, et il faut se résigner à nier son existence. Et quel serait, en ce cas, le nom de cette division territoriale dont les localités sont indiquées par les documents dans le Mempise? Un passage trés-décisif de la Chronique de l'abbaye de Watten semble confirmer notre manière de voir : « Est ergo pagus inter » Legiam fluvium et flandrenses maritimos, menapia cognominatus !. » C’est précisément la position que nous assignons à la petite Ménapie. Elle était entièrement bornée au midi par la Lys, au nord et à l'est par le pays qu'habitaient les Flamands de la côte maritime, c'est-à-dire le pagus de l'Yser, circonscription éphémére qui fut assez tót englobée dans le pagus de la Flandre. ! Thes. anecd. Chr. Watinensis, t. HT, p. 820. Nous reproduisons ici en entier ce passage qui donne la description d'une partie du pagus mempiscus : x Est ergo pagus inter legiam fluvium et flandrenses maritimos Menapia cognominatus, » eujus incola generali vocabulo ab historiographis Menapi denominantur; gens antiqua et » aspera, quae a Romanis etiam, ut veterum historia meminit, domari non potuit. Haec non » reperitur alieno aliquo sanguine indueta; sed. quae illis sedes cadem est et origo. Hi fortis- » simis ae muratis oppidis inter se olim divisi, commune dominativum pagi propriis a prin- » cipio in Caletos et Batavos subdivisere vocabulis. Pagi autem ipsius longitudo ab oriente » extenditur, atque ab occidente Enula * videlieet fluvio finem exeipiente terminatur; a cujus » margine paulatim succrescente tumulo clementi proc itate mons gignitur, et plano deduetu » ad subsolanum egestus , a septentrione ac meridie residentibus cumbis in altitudinem cumu- » latur. Nemoribus consitus, pascuis uber, olerum diversi generis adeo ferax , ut si nolis pro- » eurate utilia, velis nolis, quasi desidiam laboratoris arguens, miro ineremento germinet > inutilia. Praeterea tam salubriter flatibus ventorum expositus, ut acris infecti seu nebu- » larum aquarum confluentium isdem alveus exhalat, in se crassitudinem coagulari non per- » mittat. Apparet quoque ex facili quanta populi frequentia suis diebus fuerit locus celeber, > ad quem publicae atque regales viae convenientes alhue praemonstrantur : quarum illa quae » a diffusa oriente usque ad nos dirigitur, alveo subterluente clauditur, altera vero Britanniam E prospeetans ab occidente in portum Oceani terminatur. In hoe ergo monte historiarum testi- = monio quondam Batavorum colonia, modo vere Guatinensis nostra sita est ecclesia , à viro * quodam religioso Odfrido nomine a radice fundata. » ** Les phrases suivantes démontrent que Wattene était assis sur l'Enula , nommée aujourd'hui l'A. ET LEURS SUBDIVISIONS. 57 8 5. — LE PRÉTENDU PAGUS DE Tourour. A différentes reprises nous avons nié l'existence de ce pagus, qui est d'invention moderne. Une dissertation insérée dans les Acta sanctorum au sujet du monastére de Thourout a donné lieu à cette étrange création 1. Dans un passage de cet écrit l'auteur dit : « hujus Flandrie contiguus fuit pagus seu comitatus » Torhaltensis... In hoc Torholtano pago est Rokashemium, vulgo Rocksem » seu Roxem. » Ces faits ne sont établis par aucun document. La présence d'un comte à Thourout ne prouve nullement l'existence d'un comté de Thou- rout, comme cet auteur le prétend à tort, et Roxem n'est indiqué par aucun document dans le pagus de ce nom. À ces suppositions Raepsaet en ajoute d'autres, qui ont fait admettre l'existence de ce pagus sans étre mentionné Par aucun acte ancien. « Une contradiction plus apparente, mais plus frappante s'offre, dit Raepsaet, dans Rocashem, aujourd'hui Roxem; le P. Henschenius et Des Roches, rencontrant ce lieu dans le Therealdo luco in pago flandrensi, placent le pagus thoroltanus in pago flandrensi; tandis qu'une charte de l'année 743 2, rapportée par MM. de Bréquigny et du Theil, le place dans le Mempisco (Des Roches, Mémoire couronné de 4770; Bréquigny, t. Er, P- 487); et c'est précisément cette contradiction apparente, qui ne contribuera pas peu à justifier la délimitation entre la Flandre et le Mempise 5. » Raepsaet fait iei une confusion dont nous ne pouvons pas expliquer l'ori- gine. Ni Bréquigny, ni Des Roches ne disent mot du pagus de Thourout. En publiant la charte de 743, le premier de ces auteurs enseigne précisément le contraire de ce que Raepsaet avance ` « in loco nuneupante Rochassem » Quant au Therealdo luco ou loco, qui a fait l'objet de tant de recherches, il n'a jamais existé. A » sive Therealdo luco in pago flandrensi 4 ! Tome e, février, p. 596. ? Aucune charte de 745 ne parle du Therealdo luco; il faut lire 745. Cette erreur typogra- phiquea donné lieu à de singuliéres méprises. i RagpsagT, OEuvres complètes, t. MI, p. 105. t Bréquieny, t. I, p. 487. d Tome XXXIX. 8 98 LES PAGI DE LA BELGIQUE Vérification faite de la charte originale, dont Warnkænig publie un fac-simile et une bonne copie imprimée, il y a : « in loco nuneupante Hrochashem » sive Hevaldolugo, in pago flandrensi. » Ainsi le Therealdo luco est tout bonnement Hevaldolugo, qui n'a rien de commun ni avec la forét de Thourout, ni avec le pagus de ce nom. Une mauvaise lecture a donné lieu à une fausse interprétation et a suggéré des suppositions impossibles. Le comte de Bylandt, se fiant au dire de Raepsaet, affirme l'existence de ce pagus. Enfin, ce qui est plus singulier encore, Warnkenig, qui en 1835 avait, sans le savoir, détruit l'existence du T'herealdo luco par la publication de la charte originale, ne s'en doute pas encore en 1862, et publie de nouveau toutes les erreurs avec les fautes typographiques de Raepsaet. Il finit par soutenir, malgré le texte dont il avait publié le fac-simile, que cet acte indique le pagus de Thourout dans le Mempisc !. Tout le raisonnement établi par Raepsaet concernant les limites entre le Mempise et la Flandre au moyen de cet acte s'évanouit done devant l'examen du document original, comme le pagus de Thourout lui-méme disparait également, en présence de cette charte. ; CHAPITRE II. LE PAGUS MOYEN DE TOURNAI. (Pagus lornacensis.) Grégoire de Tours fait la mention la plus ancienne connue de ce pagus. Au nord et à louest le territoire de cette circonscription administrative était borné par le pagus moyen de la Flandre, dont nous avons indiqué les limites à la page 24, au midi par la Scarpe, à l'est par l'Escaut. Cette circon- scription correspondait, par conséquent, à l'archidiaconé ancien de Tournai, 1 WannkoëniG et Génanp, Histoire des Carolingiens, t. II, p. 199. ET LEURS SUBDIVISIONS. 59 composé probablement des doyennés de Tournai, d'Helchin, de Lille, de Courtrai, d'Audenarde, de Gand et de Waes. Tournai, déjà mis au rang de ville sous la période romaine, a donné son nom à ce pagus ainsi qu'à la civitas entière. Le pagus tornacensis comprenait ceux de Gand et, par conséquent, de Waes, de Courtrai, le petit pagus de Tournai, ceux du Mélantois, du Carebant et de la Pevéle. Nous allons tàcher de justifier cette délimitation. Zn ce qui concerne le pagus gandensis, le fait est incontestable. Baerle, dépendance de Tronchiennes, Brakel, dépendance de Laethem- Saint- Martin, Brunna, Bucalhem sur la Lys, Driesch, Eeckhout, dépendance de Gand, le monastère de Saint-Pierre ou du Mont-Blandin en la même ville, Hanria, Heybergen, dépendance de Laethem-Sainte-Marie, Luingue, Mache- len-lez-Deynze et sa dépendance Rameringhem, Ter Locht sous Nazareth , Tronchiennes, et Welden, dépendance de Seevergem , sont des localités du pagus de Gand. Malgré leur position dans cette circonscription administrative, ces endroits sont indiqués tantôt dans le pagus de Gand, tantôt dans celui de Tournai, tantôt dans les deux à la fois +. II faut, par conséquent, admettre que le pagus de Gand était compris dans celui de Tournai. Quant au pagus de Courtrai, il en dépendait également. Avelghem et son hameau Beekeningen, Driesch sous Waeregem, Gotthem-lez-Deynze, etc., localités situées dans le pagus de Courtrai, sont néanmoins indiquées dans le pagus curtracensis seu gandensis sew tornacensis ?. Avelghem est cité lantót dans le pagus de Tournai, tantôt dans celui de Courtrai 3. Il n'y a done pas doute, les pagi de Gand et de Courtrai dépendaient de celui de Tournai. Nous n'avons pas, à dire vrai, des preuves aussi nombreuses à invoquer en ce qui concerne les pagi du Mélantois, du Carebant et de la Pevéle pour les faire relever de celui de Tournai. Cysoing et Gruson, dans la Pevèle, Sont seuls cités dans le pagus de Tournai; mais ces cireonscriptions admi- ! Vanne Pure, l. e pp. 75, 76, 77, 78, 80, 88, 155; Van Loreren, l. c., pp. 10, 11, 19, 14, 15. 2 As : Vanne Purre, l. c., p. 78; Van Logeren, p. 12. ? Serrure, l. €, P. 73 Vanpe Purre, p. 111; VAN LOKEREN, p. 84. A0 LES PAGI DE LA BELGIQUE nistratives avaient si peu d'étendue, qu'elles devaient ressortir à un pagus plus grand. Dépendaient-elles du pagus moyen de la Flandre? Évidemment non. Le territoire de celui-ci ne dépassait pas les limites septentrionales du doyenné de Courtrai. Comme le Mélantois, le Carebant et la Pevéle rele- vaient de l’archidiaconé de Tournai, ou pagus moyen du méme nom, nous pouvons admettre, avec raison, que ces pagi étaient des dépendances de celui de Tournai. Dans le tableau suivant nous renseignons toutes les localités du pagus de Tournai citées, comme telles, dans les actes et diplómes, peu importe si elles appartiennent soit au pagus moyen, soit au petit pagus du méme nom. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS DE TOURNAI. EM | DÉNOMINATIONS SITUATIONS ITRE Pele dE ÉVÉCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. actuelles. ACTUELLES. a Antoing. . . . . | Antunio, in pago tor- 925 Cambrai . 1 Saint-Brixhe. | Province de Hainaut, | Ampl. coll., 1,279 (^). nacensi. d Brel, Avelghem . . . . | Afflingehem, ib. . 671,988 | Tournai . . | Helehin . . | Fl occidentale, arron- | Serrure, 7; Vande Putte, On dissement de Cour- Saint-Pierre, 111; Van Lo jm il, trai. Cartulaire de Saint-Di€ 56; Miræus, IT, 943 Ch n, l Baerle, dépendance | Barloria,ib. . . . | 8144870 » Gand . . . | Fl. orient., canton de | Vande Putte, 75; Van Loker de Tronchiennes Gand. 44: (9, b e e à Y I Lengt Beekeningen, proba- | Bacceningahem, prope | 814 à 870 » Helchin . . | Fl. occident. arrond, | Vande Putte, 75; Van Lok"? blem. dépendance lde et fluv. de Courtrai. 10 (055; d'Avelghem. S i à i " eren"! ee N 964 » Audenarde. . | Fl. orientale, canton », 402; Van Lokere envir. de Worte d'Audenarde, 1 in comitatu c cinse seu torna x iF ed est probable qu'en indiquant cette localité dans le pag" (*) Antoing, situé sur la rive droite de l'Escaut, appartenait au pagus du Brabant. Il Et te ville était div” iscaut. S'il était établi que c igner la partie d'Antoing située sur | riv 1t devait appartenir en effet au pagus de Tournai. Tournai le rédacteur de la charte a voulu d par ce fleuve, tout le territoire sis dans les environs de cette ville et à gauche de l'E us : in pago tornacense. (^^) Dans Serrure : in pago curtracense, et dans Vande Putte, Van Lokeren et r., t. IHE, p. 207 et y dit : in pa (**7) M. Vande Putte a imprimé le méme acte dans les Annales de la Société d'Émulation de Bruges, t"* $ n pago gandense. M. Van Lokeren suit la première leçon , qui est la plus ancienne, "t s le Cartulaire, M. Van Lokeren indique le pagus tornacensis. I €! 14 go tornactP dans la Chronique de Saint- Pierre , p. 7 rei M. Vande Putte r méme dans le tome HI, p. 208, 1e sér., Annales de la Soc. d'Émul. de Bruges. M. le pagus curtracensis seu lornacensis. M. Vande Putte pense du? 7 e ionne la localité sans indication du pagus. (7*7) M. Van Lokeren n'indique pas de pagus, tandis que M. Vande Putte ei Iéónapie ou de Courtrai ne se sont étendus dans ces parages: gehim désigne Boesinghem, prés d'Aire. Ni le pagus de Tournai, ni ceux de l dit, du reste, que c'est une dépendance de Walehem, localité située actuellement sous Worteghem, | | | | | . | y | + r : | ET LEURS SUBDIVISIONS. 4A | mn * ———— DÉNOMINATIONS SITUATIONS O e rane T DATES. ÉVÈCHÉS. DOYENNÉS, SOURCES. | actuelles, | ACTUELLES, ANCIEN | Bouvines, in pago tor- 1107 Tournai ` . | Tournai” . Département du Nord, Mivæus, I, 4454, | | nacensi, cant. de Cysoing. | Brakel , dépendance | Brakela ou Brachela 841 » Gand . orient., canton de | Ann. de la Soc. d Emul., VL 210; € Laethem-Saint- rium, in pago gan Nazareth, Vande Putte, 75, 78; Van Loke- | Martin, déni ose TONNA- ren, L, 40, 42, 44 (*). | t D " in pago tor Bid Ch WEE tees. NE Wee. Ue xx jos . | Annales, 210; Vande Putte, 78; 1 181^ Soil gan Van Lokeren, I, 49 (**). | | | V "re s | Ceninga ou Leninga, 811à870 |. venenis etes sies sagre EEN | ib. y II, 240, 244 (***). | ] Cysoing . * + . | Cisonium, in pago 837 Tournai ATOUT BE du Nord, canton | Miræus, I, 644; Van Lokeren, I, 49; | tornacensi. y de Cysoing. Vande Putte, 77. D i ; A RIIOUSWopt sous | Domnavert super fl. 861 » Helchin . . | Fl. orientale, canton Ampl. coll., V, 481. | Avelghem Scalte, ib. d'Audenaic | | | Dottigni " vin : | | Ottignies , Dottiniaċas, ib. . . 871 » » Fl. occidentale, canton | Ibid., 499 | d de Courtr | Driesch | SC Sous Wacre- EN EE MAS ;ourtra Fl; occidentale, cant Ann. de la Soc. d'Émul., 4re sér. ghe; ae »eninga Thriusca, ib, 811à 870 » Courtrai, . . : Occidentale, canton . a Soc. d'Emul., sér., | ghem, $ de Harlebeke. II, 214; Vande Putte, 78; Van | Lokeren, I, 49 ipio: Week] j s de Gan dépendance Bkhula, ib . . . 814à 870 » Gand Fl. orient., canton de Ann, de la Soc, d'Émul., IL, 210; | aud, Gand, Vande Putte, 78; Van Lokeren, | I, 49 (*****). | Espier y: Spiere; dh, M, 1107 » Helchin. Fl. occidentale, canton | Mivæus, II, 4451. de Courtrai. | Esplechi \ ch 2 ` ` d n Y e " u Espelcin, 2D NOE RT 1123 » Tournai, . Prov. de Hainaut, can Le Glay, Nouv. Analectes, 1853, 22, ton de Tournai Fontai | ane, dépendance | p EG à H " d z | de M dé Dendanee | Fontancia ib. . | 4019, 4030 » Helehim. . . | Floccidentale, canton | Serrure. 47. | OUseron d d \ f b de Courtra | | Froidmont D Frigi 5 d n x n " ^ | | rigidusmons, ib... 1407 » Tournai, . . | Prov. de Hainaut, can Miræus, II, 4451. | ton de Tournai. | | Gand, | | ^ot + s | Monasterium Blandi 815 » Gand . . , | Flandre orientale . . | Vande Putte, 69; Van Lokeren, I, | nium, ib, 18; Miræus, I, 491 (******). | | II Da | ans a A ` " 3 J DA ? de Bruges 8 Vande Putte ; in gandensi pago; dans Van Lokeren, pp. 10 et 44 : in pago tornacensi seu gandensi, et dans les Annales de la Soc. d' Émulation | ^^ pp. 207 et 214 dp Fre ans Va SE x E Ra Dan D Putte : in pago gandense. Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacensi seu gandense. | ans le, H "5 ^ ^ ^ (thee "na 5 Annales de la Soc. d'Émul. de Bruges et dans Van Lokeren : in pago tornacensi; dans Vande Putte, p. 78: in pago cortracense. | ans set din Vi KEE x Pücense $i (tte d x: Annales et dans Van Lokeren : Geninga in pago cortracense seu tornacense ; dans Vande Putte, p. 78 : in pago cortracense seulement. “ns les es a ` B x s F H (thee s H Annales et dans Van Lokeren : 1n pago tornacensi seu gandensi ; dans Vande Putte : in pago gandensi. il US imprime ; in pago gandense. 42 LE PAGI DE LA BELGIQUE. mt} DÉNOMINATIONS TUATIONS E p ——— ee cu e DATES. EVECHES. DOYENNES. SOURCES. ACTUELLES ANCIENNES actuelles, E Gotthem-lez-Deynze. | Gothem ou Gothen 811 à 870 Tournai. Gand FI. oric canton de | Ann. de la Soc. d'Émul., gim, ib. Deyn IIl, 214; Vande Putte, | Lokeren, 12 (*). H I Gruson Gressione, ib.. 870 » Tournai. Dépt du Nord, canton | Miræus, HT, 289. de Lannoy. ] Hanria, ib. . 814 à 870 Ann., VE, 240; Vande I putte, TB Van Lokeren, I, 42 (**). Helchin . Heleinium ou Herci 874, 4407 Tournai. Helchin. Fl. occident., cant. de | Ampl. coll., 1, 492; Mirieus; Il, nium, ip. Courtrai. M. | Hertain . Horta 1123 Tournai. Prov. de Hainaut,cant. | LeGlay, Nouv, Analectes, 1853.1 ton de Tour ? : d j e JU | Heybergen , dépe* de | Hedber 841 à 870 » Gand Fl. orient., canton de | Ann. de la Soc. d'Émul., Hl, M | Lathem-S'-Martin. Nazareth. Vande Putte, 78; Van Lol okere LP E A Hollain . . . . . | Holinium ou Holi- | 707,974, » Tournai. Prov. de Hainaut can- | Vande Putte, 83, 406; Van Jl nium, ib 1037 ton d'Antoing. ren, I, 84. Houtaing, dépendance | Holten, ib.. D 1407 » Helehin. Prov. de Hainaut, can Miræus, HL, 4451. de Peeq. ton de Templeuve. Laethem - St- Martin. Voy. Braekel. Lauwe Loa et Lo, in pago | 814 à 870 » Fl. occident., canton |. Annales, UN, 244; Vi aude put D curtracense seu tor- de Menin. Van Lokeren, L 42 (****) nacense, ib. Lesdain . Lesdinium., silva, ib. 974, 1037 » Tournai. Prov. de Hainaut, can Vande Putte, 406; Van Lokere! ton d'Antoing. 84. ek 3 : 7 n "m Loceka, in comitatu 964 Audenarde. Fl. orientale, canton | Tande Putte, 402; Van Loker? Loke, dépendance de curtracense seu tor d'Audenarde. I. 40. Walehem sous Wor nacense. teghem 449. Loches,in territ, Legia. 1076 Champollion-Figeac, II, 4 2 r ` mu Luingue?. . Lainga, in pago tor 811 à 870 » Helchin. Fl. occident, canton | Ann., HI, 220; Va nod ES | nacense. de Cou Van Lokeren, I, 49 | *) Mêmes observations qu'à la note de la page précédente. Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense seu gandense ; dans Vande Putte : in pago gandense. (***) Mêmes observations. *** Dans les Annales et dans Van Loker in pago curtracense seu lornacense; dans Vande Putte : in pago curtracense seulement. de (*****) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense, et dans Vande Putte : in pago gandense; s'il s'agit de Luingue, il n'est pas possible lire in pago gandense. S. 45 DÉNOG MINATIONS SITUATIONS "e n H p Go R DATES. ÉVÉCHÉS, DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES ANCIENNES, actuelles. —€———á— 3 MI e ense + | Madria, in pago tor- 871 rate ; . . - | Ampl. coll., Y, 492. naçense, Machelen ie, M : WELLS: 8. V. Chelen-lez-Deynze. Machlinum ou Mag- 8114870 | Tournai . . | Courtrai . | Fl. orient., canton de | Ann., 209; Vande Putte, 76; Van linum, in pago tor- Deynze. Lokeren, 14 (*). nacense, Merha s ; Vo dépendance Merahaga, in comita 964 » Audenarde. Fl. orientale, canton | Vande Putte, 402; Van Lokeren, I, Tote, lu eurtracense seu d'Audenarde, 40. lornacense. Meer e E Liz Sous | Merhas, in pago tor- 707 » Tournai . Vande Putte, 83; Van Lokeren, I, 7. t nacensi, Mespeleir? sous 7 Se Deleir? sous Zele, Mespilarios, ib. . . 871 » Waes . . . | Fl. orient., canton de | Ampl. coll., I, 499. Termonde, Mooreghe $ b : 1 reghem, Moringehim, in co- 964 » Audenarde. . | Fl. orientale, canton | Vande Putte, 402; Van Lokeren, I, mitatu curtracense d'Audenarde. 40. seu tornacens Neuvi : ; 1 NS dans les en- Novavilla, apud cas 1037 » Tournai . . | Prov. de Hainaut, can- | Van Lokeren, I, 84. ìs de Tournai, trum Tornaeum, in ton de Tournai, pago tornacense. Neuvi SES ville-en-Ferrain. Novavilla, ib.. . . 871 » Courtrai IV du Nord, canton | Ampl. coll., I, 199. f de Tourcoing 1 Ooteg] E ghem Ostrehem ou Ostre- 964 » Audenarde. . | Fl. orientale, canton | Vande Putte, 102; Van Lokeren, 1, him, in comitatu d'Audenarde, 40. curtracense seutor- Oycke nacinse. s Hoica, in comitatu 964 » » Fl. orientale, canton | Ibid. curtracense seu tor- d'Audenarde, nacense Ramegni amegnies-Chi À x N à , T gnies-Chin , Ramelgeis, in pago 4037 » Helehin . . | Prov. de Hainaut, can- | Van Lokeren, I, 84 (**). tornacens ton de Templeuve. Ramen AMeringhem sous d d : CHE Sous | Rameria ou Rama- | 841 à 870 » Courtrai . . | FI. mon canton de | Annales, I11,210; Vande Putte, 77; ringahemia, ib. Dey Van Lokeren, I, 49 (** vi Mere D, dépendance Vie A x d d g i iiendance Rucga secus fluvium 995 » » Fl. occident., arrond. nde Putte, 414; Van Lokeren, I, Va cadum, in pago de Courtrai. 63. gandensi seu tor- Rumes nacense, + | Ruma, in pago tor- 1107 » Tournai Prov. de Hainaut, can- | Miræus, IT, 4451. nacensi, ton d'Antoing. Scarpe, rivi Pe, rivière r f ` 1 E P MAIO Elno fluvium, ib... 1087 » » Dép! du Nord, canton | Van Lokeren, I, 84. de Saint-Amand, Spier sous T SENSE ^ S " S " ede, Ruysse- Spiere, ib. . $ 1107 » Gand Fl. occident., canton | Miræus, II, 4451. de Ruysselede. ( Dans les C) M. v, Cap Annales et dans Van Lokeren : àn Lokeren pense qu'il s'agit de R ans les Annales et dans Van Lokeren : : in pago lornacense; dans Vande Putte : in pago curtracense seu gandense. amillies, A de de Nivelles, canton de Jodoigne, supposition inadmissible, in pago lornacense; dans Vande Putte : gandensi. LES PAGI DE LA BELGIQU — e d SITUATIONS DATES. ÉVÊCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles. ue | Templeuve . Templovium , ib. . 1413 Tournai Helchin. Prov. de Hainaut, can- | Cart. de Saint-Martin à Tournal ton de Templeuve. 40. Gand ; Terlocht sous Naza- | Tialoth, in pago tor- | 811 à870 » Fl. orient., canton de | Annales, MI, 210; Vande, putte, reth. nacense seu gan- Nazareth. 8; Van Lokeren, I, 42 () dense. ? Wer? . | Thietboldingim et z d MM K "ner . | Vande Putte, 1, 82; Van Lokeren Thiabodingahem su- DER per Schaldum, ib. Thun-Saint-Amand. | Tunnes, ib. . 871 Tournai . | Tournai. Dépt du Nord, canton | Ampl. coll., Y, 192. de Saint-Amand. Ti í de E Kë RAN e jte Tronchiennes . Truncinias, in pago | 811à 870 » » Fl. orient., canton de | Annales, II, 207; Vande Pul 3 tornacensi. Gand. 7185 Van Lokeren, I, 44 (7) wm é EPEN "T IR o ; ` 35 n, fol 4120 Velvain sous Wez. Fe Ee 1143 à 1445 » Tournai, . . | Prov. de Hainaut, can- | Cartul. de Saint-Martin, fol. 4 Walehem dépendance, de Worteghem. Voy aussi Bucingehim. Wattrelos Welden, dépendance de Seevergem. Willemeau . TI KI ) Dans les Dans les Dans les Vileria, in pago tor- nacensi , in pago ense seu tor ,in pago tor 156. Waterlos, ib. . Wilde super fluv. Wil dia, ib. Wernetlinigus, in pago lornacensi, Weis, ib. . Guillemel ou Guisli- mum, in pago tor- nacensi. Annales et dans Van Lokeren : Annales et dans Van Lokeren : Annales et dans Van Lokeren : **) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense; dans Vande Putte : in pago gandense. SDDBWIU. Jioc v 5E Le E See 964 "Tournai 1019,1030 | Tournai 84 » 873 ; . 1221 Tournai 909, 995, » 1407 Dansles Annales et dans Van Lokeren : in pago lornacense seu gandense ; in pago lornacense; dans Vande Audenarde. . | FI. Helchin D du Nord, canton de Roubaix. Gand . orient., canton de Nazareth. Tournai. . . | Prov.de Hainaut, can- ton d'Antoing. » Prov.de Hainaut, can- lans Vande Putte gandense Putte : ton d'Antoing. orientale, canton d'Audenarde, ton de Tournai. eulement, in pago gandense. in pago tornacense ; dans Vande Putte : in pago gandense. in pago curtracense seu Lornacen dans Vande Putte : in pago curtracense Annales, VIE, 240; Vande, Pull? T1; Van Lokeren, I, 42 ^ Annales, WE, 914; ECH, putte; 78, Van Lokeren, 1, 42 (^ ) A yen, 1 Vande Putte, 102; Van Lokeren ^^ A0. Ampl. coll., E, 492. d : pavot Serrure, Cartul. de Saint-B4 d, Ae Annales, VE, 967; Vande PUB 5; Van Lokeren, I, 41 Mirus, 1, 645. e de unt Cartul. manusc, des Ou Wi Vech Tournai, no 51, fol. T, aux ? du royaume. " solls ^ 1451; Ampl. C? pnis Miræus, If, Deng 219; Champollion, inédits, 1, 418. ET LEURS SUBDIVISIONS. 48 Le pagus moyen de Tournai était done borné au nord par celui de Rodenbourg, à l’ouest par les petits pagi de la Flandre et de l'Yzer et par celui de Térouane, au midi par le pagus de l'Ostrevant, et à l'est par l'Escaut. Les limites de chacun de ces pagi ayant été traitées spécialement plus haut, nous nous dispensons d'en parler ici d'une maniére plus étendue. Passons aux petits pagi dépendant du pagus moyen de Tournai, et dont nous avons donné la liste plus haut (p. 39). S 1%. — LE PETIT PAGUS DE Courtrai. (Pagus curtracensis, curtrisio, cortracensis.) Dans son capitulaire de 853 relatif aux missi dominici, Charles le Chauve parle du Qurtriciso ^ ou pays de Courtrai, qui reçut sa dénomination de la ville actuelle de ce nom. La notice de l'empire fait mention des equites cortu- riacenses, corps de cavalerie formé probablement par des soldats levés dans les environs de Courtrai, Quant à la ville elle-même, dont le territoire parait avoir été habité pendant la période romaine, elle est citée à titre de bourgade dans la Vie de saint Éloi. Sous Charles le Chauve, elle avait un atelier moné- taire, dont les deniers portent CurTRIACO civis (civitas). Ce qui fait supposer qu'à cette époque elle avait rang de ville. À dater du Dër siècle les chartes et diplômes font souvent mention du Pagus de Courtrai, subdivision de celui de Tournai, comme nous allons le faire voir 2, Ooteghem, Loke sous Walehem, dépendance de Worteghem, et Driesch sous Waereghem , etc., sont désignés dans des actes de 814 à 870 et de 965 in pago curtracinsi seu tournacensi. Ce qui signifie que le pagus de Courtrai était Compris dans celui de Tournai, Comme le constate la position des endroits mentionnés dans le tableau 1 IRT 4 A Pertz, Monumenta Germ., LI, legum , p. 496. Dans la Vie de saint Bertulphe, ce pagus recoit le titre de comté : « Quo tempore quidam Eilbodo eurtracensi territorio prosidebat..... Balduinus... comitatum curtra- ? censem ditioni suae subdere cogitabat. » Acta SS. Belg., t. V, p. 485. 5 VIE DI Tome XXXIX. 9 ? nobilis prosapiæ 46 LES PAGI DE LA BELGIQUE ci-joint, le pagus de Courtrai était situé entre l'Escaut et la Heule jusqu'à Harlebeke, la Lys jusqu'à Wacken, la Vieille-Mandel jusqu'à son embou- chure dans la Lys, et cette riviére jusqu'à Gand. A l'angle formé prés de Gand par les cours de la Lys et de l'Escaut se trouvait une petite subdivision appartenant au pagus de Courtrai. À cause du voisinage de Gand on la confondait souvent avec le pagus de ce nom. Ainsi Afsné sur la rive gauche de la Lys est néanmoins indiqué dans le pagus de Gand 1. Le pagus de Courtrai se nommait aussi pagus de la Lys, riviére qui arrosait son territoire. Dans un capitulaire de 877, Charles le Chauve le nomme Lisga ?. Dans trois actes relatifs à la situation du monastère du Mont Blandin à Gand, il est nommé Listrigaugensis. Le premier de ces documents, daté de 977 et scellé par Otton II, dit : Monasterium Blandinium situm in pago curtracinse vel listrigaugense super Scaldum?. Le second, scellé par Otton III, en 988, répète les mêmes termes; seulement les mots super Scaldum sont remplacés par inter decursus duorum fluminum Scaldis et Legie ^. Le troisième est un acte par lequel le pape Jean XVI ratifie, en 993, les possessions du monastère précité ?. Le mot curtracinse y est remplacé par gandensi. Cette circonstance et l'indication du village d'Afsné dans le pagus de Gand font voir que, prés de cette ville, il y avait une certaine confusion dans les dénominations des pagi. Dans la Vie de l'abbé Poppon, il est parlé aussi du Listrigaugensis, à propos du lieu de naissance de ce saint $. Dans le diplôme de Philippe Ier, roi de France, de 1076, ce territoire est nommé Territorium Legia, à propos de la situation de Huysse 7. Nous avons trouvé dans ce pagus les lieux suivants : ! Vanne Purre, pp. 76, 85; Van Logeren, p. 41. ? BaLuze, t. II, p. 268. PERLUIT, [; € t. 115 EPA DeO * Van Loreren, lec., p. 57. 5 pbid., p. 62. 5 Acla SS. ord. S. Bened. Saecul VI, t. I“, p. 572; Acta SS., t. IL, janvier, pp. 658, 639. i CuamPOLLION Ficeac, Documents hist., t. II, p. 445. ET LEURS SUBDIVISIONS. 47 () D * Van Lokeren ne cite ait représenté aujourd'hui par Boesinghem près d'Aire, » Près de Walehem » dépendance de Worte, (5 p ghem, ans les Annales et dans Van Lokeren an sde T Wb 13 Serrure : in pago curtracensi ; dans Vando Putte et dans Van Lokeren : in pago tornacense. pas de pagus, mais M. Vande Putte indique le comitatus curtracensi TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DE COURTRAI. ATIONS LO eso ANT ACH REN EE IN DATES. ÉVÈCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles, Ree Asper, Haspera, in pago eur. 967 Tournai. . . | Audenarde. . | Flandre orient., can- | Serrure, 7. See pag ton de Nazareth. Autryye , + + | Altaripa, in pago cur- 103 » Helchin. Fl. occident., canton | Van Lokeren, I, 84. SES E d'Avelghem. Avelghom Avlingehem ou Ain- | 967,988 » D Fl. occident, arrond. | Serrure, 7; Van Lokeren, I, 86; gehem, in pago cur- de Gourtrai, Vande Putte, 141 (). lracense, Auwegem Ab ost booa ET EN » Audenarde. Fl. orient., canton de | Serrure, 47. deen pag j Cruyshautem. Beckeningon prés de Bucingehim, in co- 964 » » Fl. orientale, canton | Vande Putte, 102; Van Lokeren, orteghem, mitatu curtracense d'Audenarde, » 38 (*). seu tornacense, Beveren -Jez - Aude- Beverna, in pago cur- 964 » » FI. orient., cant. d'Au- | Vande Putte, 93; Van Lokeren, 1, harde, iracéniso. denarde. 38. Beve 1 : " P Cveren-lez-Courtrai, Beverna, alia, ib. . 964 » » Fl. occident., canton | Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, ; 6 de Harlebeke. 38. Rossuy * ; Ssuyt , le 1031 » Helchin. Fl. occident., canton | Van Lokeren , I, 84. d'Avelghem. Cacneghe: ghem, Caningahem, ib.. . 967 » Gand FI. occident., cant. de qt Meulebeke. Coyghem « VELUM + | Culingahem ou Cu- | 841 à 870 » Helchin. Fl. occident., canton | Vande Putte, 79; Van Lokeren, I, lingim, ib. de Courtrai, 13. Cruysha Yshautem 3 Holthem, ib. . 1019, 1030 » Audenarde. FI. orient., arrond. de Serrure, 17. Gand. Desseloho ghem aldingehim ou | 964,1087 » Courtrai + | Fi. occident., canton | Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, asseltingehim, ib. de Harlebeke. 38, 84. Driesch & di Sous Wacre- Gegninga Thriusca, 811 à 870 » » Fl. occident., canton | Annales, 211; Vande Putte, 78; d in pago eurtracense de lebeke, Van Lokeren, I, 42 (***). seu tornaeinse. u lornacensis. Selon le second de ces auteurs, Bucin- Nous ne pouvons admettre cette interprétation. Bueingehim était, selon les termes in pago curtracinse seu tornacinse; dans Vande Putte : in pago curtracense seulement. 48 LES PAGI DE LA BELGIQUE emm Nd SITUATIONS AX "CIS oer d ÉVÊÈCHÉS. DOYENNÉ SOURCES. actuelles, ACTUELLES, ANCIENN actuelles, m | Elseghem , . . Elsoca ou Eli Tournai. Audenarde. . | Fl. orientale, canton | Serrure, 7, 47 (*). 5 in pago curt d'Audenarde, l, Flireghem sous Wa lehem, Gand. . Gotthem-lez-Deynze. Grootebeek, ruisseau Hutteghem sous Be- veren - lez - Aude - narde, Huyssotons Vus Lauwe . Loke, dépendance de Walehem sous Wor- | teghem, Merhaeg, dépendanec d'Oycke. Methela, forêt entre Desselghem et Beve ren, actment dérodée. (") Ce n'est pas la même localité que Helsocum , dans le Mempisc, que Wastelain traduit vie érémitique. Filersa, ib. Fliringehim, ib. . Monasterium Blan- diuum, in pago e vel li tracense seu torna- cense, Viva fluviolum, in pago curtracense. Gutdingahem, ib. Handelingehim, ib. Otingehem, in pago curtracensi. Nuhux, in territorio Legia. Loa et Lo, in pago curtracinse seu tor- nacinse. Loceka, in comitatu curtracinse seu tor- nacinse. Loches in territ. Legia. Merehaga, in pago curtracense seu tor- nacense. Methela, fores pago curtra Tournai. Tournai, Tournai, Audenarde. Gand Gand Courtrai et Au- denarde. Audenarde. . Courtrai . . Audenarde, . Audenarde. . Courtrai . . FI. orientale, canton d'Audenarde. Flandre orientale . , FI. orient., canton de Deynze. Flandre orientale . HL occident., cant. de Moorseele. Fl. orientale, canton d'Audenarde, orient., canton de Cruyshautem. Fl. occident., cant. de Menin. Fl. orientale, canton d'Audenarde. Fl. orientale, canton d'Audenarde, Fl. occident., canton de Harlebeke. par Esche ou Eeke (p Vande Putte, 79; Van Lokerem 13. Vande Putte, 93; Van Loker, l, Van Lokeren, I, 57. Annales, 911; Vande Putte, 18; Van Lokeren, 1, 42 CH Vande Putte, 93; Van Lokorn; b Serrure, T. yon, | Vande Putte, 93; Van Lokeren; ^ 38, 42 38, 42. Van Lokeren, I, 84. Champollion, HI, 443( 18; Annales, 911; Vande putte, H Van Lokeren, 1,42 (***)- D Vande Putte, 402. Champollion, II, 443. Vande Putte, 402. l, Vande Putte, 93; Van Lokeren, 98. squa l8 a . 586), où saint Vulmer pratiqu (**) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago curtracensi seu tornacensi ; dans Vande Putte : in pago curtracense seulement. (^*^) Des copies authentiques de ce diplôme portent Nuhus. " ` " ` ] e (*^**) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago curtracensi seu tornacensi; dans Vande Putte : in pago curtracensi seulement, M. Van Lok p. 476, pense à tort que Loa désigne Loo, qui faisait partie du pagus de l'Yser. ren ET LEURS SUBDIVISIONS. 49 IN ATIONS EE ANCIENNES. DOYENN SITUATIONS actuelles. SOURCES. Mooreghem Nokere, Voy. Rode. Ooteghem i Oycke Peteghem sous Wae- reghem, Rode Sous Nokere? Rugg € sous Avelghem, Synghem lieghom y ` D dans le Moringehim, in comi- latu curtracensi seu tornacensi. Ostrehem ou Ostre- i in comitatu »nsi seu tor- i , in comitatu se Pottingehim, secus fluvio, Vivia in pago curtracense. Rothe ou Rodha, ib. Ruggæ, ib. Sudac ara, ib. Sausele, ib. Selmetrodha, ib. Siggenhem ou Sig- gengahem , ib. Stenbec ib. Tatingehim, ib. Traslingehem , voy. Desselghem, Tippingehim, ib. M. Van Lokeren traduit Tatingehim par Teteg, Pagus de Courtrai. 904 4037 965 965 964 811 à 870 1031 811 à 870 96% 811 à 870 811 à 870, 967 96% zm 4037 964 Tournai Tournai. Tournai, Tournai, Audenarde. Audenarde. Courtrai Audenarde. Helchin, Audenarde. Audenarde. Fl. orientale, canton d'Audenarde, Fl. orientale, canton d'Audenarde. Fl. orientale, canton d'Audenarde. Fl. orientale, canton de Harlebeke, Fl. orientale, canton d'Audenarde, entale, canton Fl. orient., canton de Crus Fl. occident., canton d'Avelghem. Vande Putte, 402; Van Lokeren, I, 40. Van Lokeren, L, 84. CHE Putte, 402; Van Lokeren, I, Ibid. Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, Vinda Putte, 79; Van Lokeren, I, Van Lokeren, I, 84. Sr Putte, 79; Van Lokeren, I, 3. Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, Vande Putte, 79; Van Lokeren, I, Vande Putte, 82; Van Lokeren, I, 14; Serrure, 7. Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, 38, 42. Va de Putte, 93; Van Lokeren, I, 38, 42 (*). Van Lokeren, I, 119. Vande Putte, 93; Van Lokeren, I, 38. em dans le pagus de Térouane, ce qui est inadmissible. Tatingehim semble être situé, selon l'acte, | | | LES PAGI DE LA BELGIQUE DATES. SITUATIONS actuelles, SOURCES. | ACTUELLES, ANCIENNES, Vichte. Voy. Groote- beek et Winsberge. Foe ee ce med uetus Ai iri EUG Dr e) 814 à 870 Tournai. . Annales, 911; Vande Putte, T8; € se seu tor- Vive-Saint-Éloy. Voy. Grootebeek. Wacken . Wackinna, in pago curtracensi. Waereghem. Waringim, in pago curtracensi. | Walehem, in comi- latu ` curtr se seu torna Walehem, dépendance ) de Worteghem. | Watehem, in pago curtracense, Wielsbeeke . Willesbecca, ib. . Foret, forest fluviol. Fi Winsberge (bois de) sous Vichte. juxta Worteghem.Voy.Wa- lehem. (*) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago curtracensi seu tornacensi ; dans Vande Putte : nous l'avons dit, de celui du Mempise. 1010. 992 96% 4031 811 à 870 114 904 Roulers. , Courtrai Audenarde. . Courtrai Audenarde. . Fl. occident., canton d'Oostroosebeke, Fl. occident., canton de Harlebeke. FI. orientale, canton d'Audenarde, Fl. occident., canton d'Oostroosebeke, Fl. orientale. in pago curtracensi seulement, 5 (**) A la page 20 du méme ouvrage, Wacken est indiqué dans le Mempise; ces deux lecons démontrent que le pagus de Courtrai dépendait, comm Van Lokeren, L, 42 (*). Vande Putte, 119; Van Lokoren, b 84 (7). Vande Putte, 1, 144; Van Lokeoret , 60. Vande Putte, 402; Van Lokeren r 40. Van Lokeren, I, 84. Vande Putte, 79; Van Lokeren, l 13. ` ; ; int- Cartulaire manuscrit de S% Martin à Tournai. ren, Í Vande Putte, 93; Van Lokeren, ^ 28 98. Le pagus de Courtrai était placé entre le pagus minor de la Flandre, dont la Mandel et la Lys le séparaient, entre le pagus brabantensis prés de l’Escaut, et le pagus minor de Tournai. Ces limites étant parfaitement dessinées par ces trois rivières, il s'agit simplement de déterminer celles qui touchaient au pagus de Tournai. D'un côté nous avons Autryve, Bossuyt et Coyghem, dépendances du pagus de Courtrai; de l'autre côté, et au midi de ces villages, nous voyons figurer Helchin dans le pagus de Tournai. Les deux pagi se séparaient donc | | ET LEURS SUBDIVISIONS. 51 entre ces villages. Puis nous ne trouvons plus aucun guide jusqu'à Lauwe, compris dans le pagus de Courtrai. Il est donc probable qu'en remontant le ruisseau de Saint-Genois, les limites des deux pagi rejoignaient celles du doyenné de Courtrai, jusqu'à la Lys prés de Wervicq. Nous basons cette conjecture sur l'identité que présentent souvent les lignes de démarcation des doyennés avec celles des petits pagi, et par la situation de Lauwe dans le pagus de Courtrai. Cette localité touchait aux limites du doyenné de Courtrai, $ 2. — LE PETIT PAGUS OU LA VICAIRIE DE TOURNAI. (Pagus ou vicaria lornacensis.) Dépendant du grand pagus de Tournai, le petit territoire du méme nom, appelé aussi vicaria tornaico ! était borné au nord par le pagus de Courtrai , dont nous venons de parler (p. 45), à l'ouest par la Marcque, dénomination qui indique une démarcation, à l'est par l'Escaut et au sud par la Scarpe Jusque près de Saint-Amand. Dans les environs de cette ville les limites du petit pagus de Tournai ou plutôt de la vicairie de ce nom passaient au nord de la cité, où elles remontaient et suivaient ensuite le tracé des frontières belges jusqu'au nord de Camphin en Pevéle. C'était, comme on le voit, en partie le doyenné de Tournai, moins le territoire de la Pevéle. Les lignes de démarcation, dont nous avons traité dans les paragraphes précédents, font mieux comprendre la circonscription de la vicairie de Tournai. 8 3. — LE PETIT PAGUS DE GAND. (Pagus gandensis.) Baudimont, troisième abbé de Saint-Pierre à Gand et contemporain de Saint Amand, cite dans la Vie de ce missionnaire le pagus gandensis de la manière suivante : « Per idem autem tempus, eum loca vel dioeceses ob ani- Acte de 909 apud CuauportioN Ficeac, Documents inédits, t. Ier, p. 479. Willemeau y est aussi désigné comme dépendant de la vicairie de Tournai. 52 LES PAGI DE LA BELGIQUE » marum sollicitudinem vir Domini eireumiret Amandus, audivit pagum esse » quemdam preter fluenta Scaldi fluvii, cui vocabulum est Gandavum 1. » Saint Amand y arriva entre les années 630 et 631. Telle est la première mention de cette division territoriale. Quant à la localité qui lui a donné son nom, nous avons dit plus haut qu'elle est citée dans la Vie de saint Eloi rédigée vers 672. Se basant sur un acte de 964, qui indique Tronchiennes dans le pagus de la Ménapie, Wastelain prétend que celui de Gand ne comprenait pas tous les environs de cette ville. « Car, dit-il, tout le territoire situé à la droite de » PEscaut appartient à l'ancien Brabant, de même que le monastère de » Saint-Bavon, situé autrefois au confluent de la Lys ?. » « D'un autre » côté, ajoute-t-il, l'abbaye de Tronchiennes, à une lieue de Gand vers le » couchant, étoit , suivant d'anciens titres, dans le Mempisc. » Il en conclut que le pagus de Gand se développait au nord dans le pays de Waes, et tant soit peu vers le midi du chef-lieu de la province actuelle de la Flandre orientale. Enfin, selon cet auteur, le pagus gandensis était borné au nord par la Wasda ou la Zélande, par l'ancien Brabant et le pagus de Ryen à lorient, par le Mempise et l'ancienne Flandre au couchant, et par le Cour- traisis au midi 5. Des Roches répète à peu prés ce passage, mais en d'autres termes ^, Dans son Mémoire sur la Flandre, le comte de Bylandt reproduit l'affirma- tion de Des Roches sur ce pagus. Seulement il rejette l'opinion de cet auteur en ce qui concerne le pays de Waes, Bouchaute, Axel, Hulst et d'autres loca- lités énumérées, dit-il, dans son travail ?. Selon de Bylandt, ces endroits et la terre de Waes ne faisaient nullement partie du pagus de Gand. M. Van Lokeren, qui s'est également occupé, sinon ex professo, au moins d'une maniére suecincte, de ce pagus, le borne à l'oecident par le Mempisc et 1 Acta SS., t. V, février, p. 850. ? WasrELAIN, Descript. de la Gaule belgique , p. 576. 5 Ibid. * Dans les Mémoires de l’Académie, 1771, p. 55. Voir aussi De Smer , Chroniques de Flandre, Ir, Introduction, p. xxiv. 5 Commentatio, p. 59. ET LEURS SUBDIVISIONS. 55 la Flandre, au midi par le Courtraisis, à l'orient par l'ancien Brabant et le pagus de Ryen, et au septentrion par la Zélande t. Toutes ces opinions, sauf quelques changements, ne font que reproduire celle de Wastelain. Fidèle au système de subdivision du Mempise tel qu'il a été établi plus haut, nous ne pouvons pas adopter la maniére de voir de cet auteur. Le pagus de Gand s'étendait plus au nord et à l'est de Tronchiennes et de Mariakerke, comme le constate le tableau des localités situées dans cette division territoriale. Ce pagus n'était nullement borné par le Mempisc, pour un motif bien simple : il en formait une subdivision. Quant au petit pagus du Mempise, celui de Gand en était trop éloigné pour y toucher. D'aprés ce que nous avons déjà dit, celui-ci était borné au nord par le petit pagus rodanensis, subdivision du pagus moyen de la Flandre, à l'ouest par le petit pagus de la Flandre, au midi par celui de Courtrai, puis il suivait le cours de l'Escaut jusque prés de Saeftingen. Quant aux détails de cette délimi- lation, nous renvoyons, dans le but d'abréger, aux chapitres et paragraphes, dans lesquels nous avons traité de ces différents pagi. Nous nous bornerons à y ajouter quelques mots, afin de déterminer les limites du pagus de Courtrai, qui touchaient à celui de Gand. Elles y suivaient la ligne de démar- cation du doyenné de Gand, sauf prés de Caeneghem, qui, selon les docu- ments, était compris dans le pagus de Courtrai, et prés de Deynze, où elles cótoyaient la rive gauche de la Lys jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans l’Escaut. Elles passaient donc entre Seevergem et Eecke, Nazareth et Auwegem, Machelen. Olsene et Gotthem , Zeveren et Wontergem, Vynckt et Aerseele, Poucques et Caeneghem, Ruysselede et Schuyffers-Capelle, où elles rejoignaient de nouveau les limites de la Flandre. Le tableau suivant justifie cette délimitation. 1 j z ) i iè a . Abbaye de Suint-Bavon, p..5. A la page 245, Pauteur fixe d'une manière plus précise les limites entre la Ménapie et ce pagus en les faisant passer prés de Mariakerke, nommé aneien- nement Marka. Tome XXXIX. 10 LES PAGI DE LA BELGIQUE TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DE GAND. m (^**) Dans Vande Putte : (****) Dans les Annales et dans Van Lokeren : (^) Dans les Annales de la Société d' Emulation, 47e sér., t. II , P- 207 et dans Van Lokeren : in pago tornacense CT Dans Vande Putte: in gandensi pago; dans Van Lokeren, pp. 10 et 14 : in pago lornacense seu gandense, ainsi que dans les Annales, pp. ? in pago gandensi ; dans Van Lokeren et dans les Annales : in pago lornacense sive gandense. in pago gandense seu tornacense; dans Vande Putte : in pago gandensi. mat ; dans Vande Putte : in pago emt DENOMINATIONS SITUATIONS m. Gëss ÉVÉCHÉS. | DOYENNÉS. SOURCES ACTUELLES. ANCIENNES. Nt | — | | E n : : à i is mo | | Afsné, Afsnis, in pago gan- 841 à 870 Tournai Gand Flandre occidentale, | Vande Putte, 76, 83; Van Lokel f dinse, canton de Gand. ; JA. I Akkerghem, dépen- | Ekkerengem, in pago | 14049,1030 » » » Serrure, 48; Mir dance de Gand. gandensi. 80; Astene Astine, Astenneria, | 811 à 870, » Fl. orient., canton de | Annales, 943; Vande pute. Ahtene, Achtine, | 4019, 1080 Dey Van Lokeren, 43; Serrur zl: in pago gandense. de Saint- Davon , 48; Mir? 350. T0 Baerle, dépendance | Barloria, in pago gan- | 814 830 » Gand Fl. orient., canton de AE , 207; Vande putt, | de Tronchiennes. dense. zand. Van Lokeren’, 1,44 (- | Basele Basingasele,in pago | 811 à 870 » Waes Fl. orient., canton de | Vande Putte, 77. gandense. Tamise. 80; Bellem? . Bellingeberc 814 à 870 » » FI. orient., canton de | Annales, 213; Vande putte, Bellingabe Van Lokeren, I, 43. pago gandens " 80; ? Bercline ou Berechli- 811 à 870 Annales, 243; Vande putte, num, in pago gan Van Lokeren, I, 43. dense. Bergh, dépendance | Berega ou Berg: 8112870 | Tournai Gand Fl. orient., canton de | (bid, de Nevele. per fluv. I Nevele. pago gandense. Blandin (mont). Voy. Gand. pull Brakel, dépendance | Brakela ou Brachela- 8/4 Fl. orient., canton de | Annales, WI, 207; vante, Dy de Laethem-Saint- rium, in pago Nazareth 75,18; Van Lokeren, Martin. dense sive torna- AM"). di o. e 3 1, in pago tor- 8141 à 870 Annales, 940; Vande p 4 nacense seu gan- Van Lokeren, I, 12 (" dense. Ja puis 1h T Bucalhem ou Bucel- 811à 870 4 Annales, 209; Vande, err). him super fl. Legia, Van Lokeren, 1,4 in pago g de se seu tornac yore d t Buruclarum, in pago 811 à 870 4 g 3 Annales, 923 ; Van Lok! gandense. ET LEURS SUBDIVISIONS DÉNOMINATIONS EN gege A SITUATIONS Ledegem e akker e Vande Putte ) Dans les Annale: luysen, geburuga, in pago gandensi, ntre Oost- t Gand, Liedrengem, in pago gandensi. Dans les Annales et dans Van Lokeren ans les Annales et dans V. et Van Lokeren imprimen an Lokeren : MV s et dans Van Lokeren : ans les Annales et dans Van Lokeren : ans les Annales et dans Van Lokeren : Fl. orient., canton de jand, : in pago tornacense; dans Vande Putte : in pago gandense. in pago lornacense seu gandense; dans Vande Putte : in pago gandense. : in pago tornacense , Mirœus : in pago gandense. in pago tornacense seu gandense ; dans Vande Putte : in pago gandense. in pago tornacense seu gandense; dans Vande Putte : in pago gandense. in pago lornacense, et dans Vande Putte : in pago gandense. Voir plus haut, p. 42. E ÉVÉCHÉS, DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles, We D P + | Ceninga ou Gegninga, . | Annales, 910; Vande Putte, 17; in pago gandensi. Van Lokeren, I, 12 (*). Voy. Eninge. Eco " Mere e ie Quo dépendance Ekhulta , in pago tor Tournai Gand Fl. orient., canton de | Annales, 240; Vande Putte, 18; and, nacense seu gan Gand. Van Lokeren, 1,142 (**). dense. Eninge sous € HIM mge sous Gand, Enniga, Enigga, Enin- » » » Serrure, 42; Annales, 913; Vande gaccra, in pago Putte, 79, 80; Van Lokeren, I, 13. gandensi. H b + + | Firentsamma, in pago Vande Putte, 77. gandensi, Gand E K l. Monasterium Blandi Tournai Gand Flandre orientale . Vande Putte, 42 1 Lokeren, I, nium, ib. 45; Miræus, L, 431 rz, » + | Guddengem, Gende- leghem, Voy. Won delgem. Ha " n Site ; >. Mi 24 ien. près de Hemthorp, in pago Tournai Waes Fl. orient., canton de | Serrure, 18; Miræus, 1, 349. gandensi. Beveren, Hamme s, d e "Ime sous Gand, Wamma, in pago gan- » Gand 4 Fl. orient., canton de | Vande Putte, 79. densi. Gand. H : + | Hanria, in pago tor- Annales , 910; Vande. Putte, 78; a, ag Á Së 40 [ek nacense seu gan Van Lokeren, I, 42 (***), densi. H : 4 . | Annales, 213; Vande Putte, 80; odha, in pago Van Lokeren, IL, 13. gandensi, Heusq Saen-1ez.. (14 ^ x ^ d H 4 E "HT 3: iræus n-lez-Gand. . Husdine, in pago gan- Tournai Gand Fl. orient., canton de | Serrure, 48; Miræus, I, densi, Gand. Heyh erge; épe ý 4 d $ ; Ý D dépend, Medberga, in pago » » FI, orient., canton de | Annales, 910; Vande Putte, 18 16m-Saint- gandensi, azareth. Van Lokeren, I, 42 (*****), ? Lainga, in pago gan- Annales, 240; Vande Putte densi, ji Van Lokeren, I, 42 (******) Lange "Migerbrügoo entr w ; " Gand SÉ entre | Langeberega ou Lan- Tournai Gand Annales, 913; Vande Putte, 80; Van Lokeren, I Serrure, 18; Miræus, I, 350. LES PAGI DE LA BELGIQUE —Ó DÉNOMINATIONS SITUATIONS eh Li Xu SRI. DATES. DOYENNÉ SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles. EE Machelen-lez-Deynze. Mariakerke. Meerendré . Mendonck Rameringhe sous Ma- chelen. Rode sous Tron- chiennes. Ronsele , Slooten- driesch, au nord de | et prés de cette ville. Synghem, dépendance d'Oostakker sous Gand, Terlocht sous Naza- reth. Tronchiennes . en) (hm) qnm Rekkeling sous Bachte, Machlineum ou Ma- glinium, in pago gandensi. Marka ou Marea, in pago gandensi. Merendra, in gande pago Medmedung , in pago gandensi. rodha ou ,in pago Rame- Rameria ou ringhemia, in pago gandensi. Rochinghem ` super Dormia, in pago gandensi. Rothe ou Rodhem, in pago gandensi. Hrindsele, in gandensi. pago Sclautis, in pago gan- densi. Singengem, in pago gandense. Tioloth , in pago tor acense seu gan- inter duos aca et Diopa, in pago gandensi. Truncinias as, in pago gandensi. 811 à 870 86%, 1019, 4030 1019, 1030 694 811 à 870 811 à 870 811 à 870 811 à 870 811 à 870 69% 1019, 1030 811 à 870 811 à 870 Tournai Tournai Courtrai Gand Courtrai Gand Fl. orient , canton de Deynze. orient., canton de Gand. Fl. orient., canton de Somergem. FI, orient. de Loochri Fl. orient., eanton de Deynze. Fl. orient., canton de Gand. Fl. orient., canton de Somergem. Fl. orient., canton de Gand. Fl. orient., canton de Nazareth. FI. orient., canton de and. Ir) Dans les Annales et dans Van Lokeren , in pago tornacensis seu gandensis; dans Vande Putte : in pago gandensi. (**) Dans Vande Putte, p. 79 : Medmedung, super fluvium Dorma, Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacensis seu gandensis ; dans Vande Putte : in pago gandensi. Dans Vande Putte : in pago mempisco ; dans Van Lokeren : in pago mempisco sive gandense. Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense seu gandense; dans Vande Putte : in pago gandense. (^****) Dans Vande Putte : in pago gandensi ; dans Van Lokeren , sans indication du pagus. rm) Dans les Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense ; dans Vande Putte : in pago gandense. Annales, 901; Vande Putte, E Van Lokeren, I, 44 (?). Serrure, 4, 48; Miræus, l; 380. Ibid. Serrure, 2 (**). Annales, 913; Vande Putte, 80 Van Lokeren, I, 13. 1; Annales, 240; Vande Sc T 49 (***). Van Lokeren, I, "n Vande Putte, 81; Van Lokeren ` rel 43; Annales, 915 ; Van Lokeren, b1 d Vande Putte , 79, 80. Vande Putte, 77. Serrure, 2; Vande Putte, 79. Serrure, 18. 18; Annales, 210; Vande puti : Van Lokeren 1, 42 (*****): l, Vande Putte, 80; Van Lokeren: 13 (7). Annales, 207; Vande Du Van Lokeren, I, 44 (* "I ET LEURS SUBDIVISIONS. t SITUATIONS DATES. DOYENNÉS, SOURCES. ACTUELLES, actuelles. es Uythergen j Bergine, in pago gan 1019, 4030 | Tournai Waes Fl. orient., canton de | Miræus, I, 349; Serrure, 18. gme, 1n pago g 5 ` densi. Zele H y Veldaccra ou Feldac 811 à 870 Annales, 23; Vande Putte, 80; cra, in pago gan- Van Lokeren, I, 13. densi. H y Fenaccra, ib. . 811 à 870 lbid, H S Vestaraeeara, in pago | 811 à 870 . Annales, 913; Van Lokeren, I, 13. gandensi. Vinder] d bie 1 ; 1 nderhaute Vinderholt ou Win- | 1019,1030 | Tournai Gand FI. orient., canton de | Serrure, 48; Miræus, L, 380. derholt, in pago Gand. j gandensi. | VM | à Vilevia, in pago gan 814 à 870 Annales, 910; Vande Putte, 77; | densi. VE Van Lokeren, I, 49 (*). Vosselaoy, S EE UIS H 7 Selacre , Fursitio super Legi 811 à 870 Tournai Gand , . | Fl. orient., canton de Vande Putte, 79; Van Lokeren, I, | in pago gandensi. Nevele, o. | j Voveninga, ib. 811 à 870 Annales, 143; Vande Putte, 80; Van Lokeren, I, 13. Wacsmuns ; Munster . ismonasterium, ib. | 41019,4030 | Tournai Waes Fl. orient., canton de | Serrure, 48; Miræus, 1, 349. Hamme. | W Wilda, in pago gan 844 » Gand b., canton de | Annales, 267; Vande Putte, 75; Van | elden, dépendance densi. h. Lokeren, 1, 44; Miræus, I, 644. de S pendance de? | e Seeverghem, i Welda, ib. . 1019, 41030 Miræus, I, 350 (**) ; Serrure, 48. Wond elghej Y : s e ; o H senem , Guddengem ou Gun- | 1019, 1030 | Tournai Gand Fl. orientale, canton ure, 18; Miræus, 1, 350. | delghem, in pago d'Everghem. | gandensi. | Zele `. ; l Wetersele, in pago | 811 à 870 » Waes Fl. orient., arrond. de | Vande Putte; 77. gandensi. Termonde. Ü) Dans les e Dite + Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense ; dans Vande Putte : in pago gandensi. 8 les 4» s et da a ` " : Jandense. es Annales et dans Van Lokeren : in pago tornacense ; dans Vande Putte : in pago gandensi; dans Serrure et dans Miræus, p. 547 : in pago Le passage d'un acte de 1030 ! semble contrarier singuliérement notre Serrure, Cartulaire de Saint-Bavon, p. 48. maniére de voir au sujet du pagus de Gand. Selon les termes de ce document 58 LES PAGI DE LA BELGIQUE Synghem, situé hors du doyenné de Gand, ferait partie du pagus de ce nom, tandis que l'acte par lequel. Lothaire confirme les possessions de l'abbaye de Saint-Bavon, en 967, indique cette localité dans le pagus de Courtrai 1. Ces deux actes ne se contredisent nullement. Il. y avait Synghem, dépen- dance d'Oostacker sous Gand, dans le pagus gandensis 2, et Synghem dans l'arrondissement d'Audenarde, canton de Cruyshautem. Ce village faisait partie du pagus de Courtrai. Les actes relatifs à Machelen et à Rameringhe paraissent aussi de prime abord donner un démenti à notre opinion. Nous ferons observer à ce sujet qu'il y a contestation concernant le pagus dans lequel cette localité était située. M. Van Lokeren imprime Zu pago tornacensis seu gandensis , M. Vande Putte lit n pago gandensi 5. Loin de nous donner tort, la lecture de Van Lokeren prouverait en notre faveur, le pagus de Courtrai étant compris dans le pagus moyen de Tournai. Quoi qu'il en soit, cette paroisse , située prés des confins des pagi de Courtrai et de Gand, a pu donner lieu à une certaine confusion. Il est possible au surplus de la faire rentrer dans la seconde de ces divisions administratives, en faisant passer la ligne de démar- cation au midi de la commune. Contrairement à l'opinion du comte de Bylandt, nous avons compris le pagus de Waes dans celui de Gand. Nous tâcherons de justifier notre maniére de voir à ce sujet. De Bylandt prétend que le pagus de Waes ne pouvait faire partie de celui de Gand, parce que, dit-il, il y fut réuni seulement en 949 par l'empereur Otton ^. On le voit, le comte de Bylandt est constamment préoc- cupé du prétendu acte de 821, allégué par Sanderus, qui place Tamise dans la Flandre et dont nous avons parlé plus haut (p. 26). II veut à toute force faire passer le pagus de Waes dans celui de la Flandre. C'est une erreur. Les documents, si nombreux concernant Tamise, placent toujours cette localité ! Serrure, Cartulaire de Saint- Bavon , p. 7. ? Van Lokeren, Saint-Bavon > p. 244. " Van Lokeren, Saint-Pierre, l. e., p. 42; Vanne Purre, l. c., pp. 76, 77. Voir aussi à ce sujet Van LOKEREN, Cartulaire de Saint-Pierre, p. 484, verbo Wasi pagus. D? ET I SURS SUBDIVISIONS. 59 dans le pagus de Waes 1. A notre tour, nous demandons quel était le pouvoir d'Otton sur le pagus de Gand, qui ne lui appartenait pas, et à la possession duquel aueun de ses prédécesseurs n'a jamais pu élever des prétentions? Le pagus de Gand n'était pas terre de l'empire; par conséquent Otton n'avait rien à y réunir, pas méme le pagus de Waes. Il est probable que l'acte de réunion de 949 est une invention, comme celui de 824. Personne n'a jamais vu ni l'un ni l'autre de ces diplômes 3. Dans une lettre adressée, vers 1030, par Ottebald , abbé de Saint-Bavon, à Otgive, comtesse de Flandre > le prélat énumère les possessions de son Monastère, et indique les pagi dans lesquels elles sont situées. Ce précieux document, dont nous avons fait largement usage dans ce mémoire, mentionne au pagus de Gand Waesmunster , qui faisait partie de celui de Waes 5. Un autre acte, daté du 1* janvier 1025, renferme le passage suivant : « Postea ^ ipsa defuncta, filius ejus Ansboldus et filia sua Cilia, pro anima sua, ^ tribuerunt duo bunaria terre in comitatu Gandensi, in pago Wase 4. » Une charte de 811 à 830 parle de la Durme, riviére dont les eaux arro- sent le pagus de Waes, et l'indique dans le pagus mempiscus sive gan- densis 5, D'autres actes de 811 à 830, 1019 et 1030 citent Uytbergen, Haendorp, Zele et Basele, situés dans le pagus de Waes, au nombre des localités du pagus de Gand *. ! Voir plus bas le tableau des localités comprises dans le pagus de Waes. "` Naurait-on pas conclu à la prétendue réunion du pagus de Waes à celui de Flandre, en 949, par suite des faits relatés dans le passage suivant de Kluit : « Huic novo castello (Gan- » densi), non castellani, sed comites praefuerunt, quibus quatuor villae cum appendiciis suis » Asnethe, Bocholt, Axla, Hulsta cum tota Wasia subjectae fuerunt. » (um, Mist. critica, t. I, dre part., p. 25). Des auteurs tels que Warnkoenig et Gérard invoquent à l'appui de cette réunion le témoignage de Butkens (Trophées de Brabant, t. Ier, Preuves, p. 11). Ni Butkens, ni Duchesne, auquel le premier de ces auteurs aurait emprunté ce prétendu passage, ne parlent du pagus de Gand ni de sa réunion à celui de Waes. (Voir Mist. des Carolingiens , t. 11, p. 129). On peut aussi consulter à ce sujet DE VLAEMINCK , Opkomst des lands van Dendermonde, p. 124. 5 Serrure, l. €., p. 18; Mmæus, t. I", p. 547. * Van Lokenen, Cartulaire de Saint-Pierre, p. 74. 5 Ibid., p. 14. Voir plus haut, p. 49, en note, des observations au sujet de la situation ancienne de la Durme. » * Mu ss, t. I, p. 527; Serrure, Cartulaire de Saint-Bavon, p.18. 60 LES PAGI DE LA BELGIQUE Ces documents font voir de la maniére la plus positive que le pagus de Waes était une dépendance de celui de Gand; et la prétendue contradiction de ces actes confirme complétement notre manière de voir. Elle fait aussi comprendre comment le châtelain de Gand étendait son autorité sur le pays de Waes !. S8 4. — LE PETIT PAGUS DE Wars. (Pagus wasensis.) L'étendue de ce pagus correspondait probablement à celle du doyenné de Waes. Aucun document ne mentionne dans cette division administrative une localité située hors du doyenné précité, sauf deux : Landegem et Somer- gem, paroisses du doyenné de Gand indiquées, par un acte de 1037, dans le pagus de Waes. Nous avouons que l'explication de ces contradic- tions est difficile. Entre ces deux endroits et le doyenné de Waes figurent Heusden, Gand, Slooten, etc., qui, selon les témoignages des chartes, dans lesquelles ces lieux sont cités, étaient situés au pagus de Gand. D'un autre cóté, on voit figurer dans ce pagus Waesmunster, paroisse du doyenné de Waes, sise au milieu du pagus du méme nom. Cette confusion serait-elle le résultat de la dépendance dans laquelle se trouvait le pagus de Waes, vis-à-vis de celui de Gand ? Nous n'osons rien décider à ce sujet. Elle semble toutefois militer en faveur de notre opinion, en ce qui concerne la dépendance réciproque de ces deux pagi. Vers le nord le doyenné de Waes touchait à l'Escaut, vers l'est au pays de Ryen, dont l'Escaut le séparait, vers le midi au pagus brabantensis, où il suivait la rive gauche de l'Escaut jusqu'à Uytbergen. A l'ouest ces limites passaient entre Moerbeke et Wach- tebeke, Seveneeken et Lokeren, Calken et Overmeire. Au moyen des chartes nous avons dressé le tableau suivant des localités du pagus de Waes. ! WannkoëniG, Hist. de Flandre, t. IT, p. 152. ET LEURS SUBDIVISIONS. 61 TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DE WAES. DÉN x OMINATIONS SITUATIONS aed esca ÉVÊCH DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. ZE: ones" ES H Arcela, in pago Wasiæ, 4037 QOIS came n ipio mos acuarios Van Lokeren, 1584. Basele i ` SE rit aussi Bar 1031 Tournai, . . | Waes . . . | Flandre orient., can- | Ibid. ,in pago W ton de Tamise. Belcele EE lcele , Bogastella, in pago 1037 t » Fl. orient., canton de | Ibid, Wasim. Saint-Nicolas. Des ? due Stelbergho `. Texla ou Thexla, Tes- | 962, 4037 » » Fl. orient., canton de | Van Lokeren, I, 84; Vande Putte, sala, in pago Wasiæ. Termonde. 100, 162. H iepeg, i Wesin, [8088800 À. 4 à 6 lire neural eg C ee | Düyivlels 90d. Hamme r ; mme , Ham, in Wasia . . 868 à 869 Tournai, . .| Waes . . . | Fl. orient., canton de | Ibid. Termonde. Huls À d Hulst, in Wasia . . 1139 CHER RN EV Hen EE ap ox as. A EE Re Dag H Hudeslo, in pago 1031 Tournai . . | Waes . . . | Près de Kieldrecht. . | Van Lokeren, I, 84. Waterloo SE Wasiæ, Hulsterlo, in Wa 1139 ERR Te E E WE DE . | Miræus, I, 404. Landege gem , Landingehem, in pa- 1037 Tournai . . | Gand . . . | Fl, orient., canton de | Van Lokeren, I, 84. go Wasiæ Nevele. Lokero, n, " y ^ e ; Lokeren, in Wasia. . 1139 » Waes . . . | Flandre orientale . . | Miræus, I, 404. Punbek Vico us Saint- Punbeke, GE 1139. » » » Ibid. Salege °M Sous Saj ND S 3 o) Sous Saint. Salichem, ib.. . . 4139 » » Fl. orient., canton de | Ibid. Saint-Nicolas. Somerg, em à à 5 WW Sem. Someringehem , in 4037 » and . . . | Fl orient., canton de | Van Lokeren, 1, 84 (**). pago Wasiæ, Somergem. Tamise : Tempsica ou Temp- 870, 951 » Waes . . . | Flandre orientale . 15, 1, 941; Rec. des hist., VIII, seca, in pago Wasia. ; Van Lokeren, I, 20, 28 ; Vandè Thielrode Putte, 25, 89. Ee Tilroda, in Wasia. . 868 à 869 » » Fl. orient., canton de | Duvivier, 32. Tamise. No Fe ? Velseke, in Wasia, . 4139 VE) EE E el a ST UL OS (eer ben Da; Agit ici du pays de Waes et non du pagus de ce nom. ns Vande Putte, p. 92: in Mempisco. Tome XXXIX. 11 H 62 LES PAGI DE LA BELGIQUE Tamise figure dans ce tableau, malgré l'indication donnée par Sanderus, qui place cette localité dans le pagus de la Flandre. Les chartes et diplómes reproduits par Miræus !, par Bouquet ?, par Vande Putte 5 et par Van Lokeren ^, sont tous d'accord pour la placer dans le pagus de Waes, et réfutent complétement la maniére de voir de l'historien des Flandres. § 5. — LE PETIT PAGUS DU CAREBANT. (Pagus carebantensis.) Carebant, Carembault ou Carembaut est le nom d'un petit pagus cité la première fois dans un acte de 673 5. Au nord il touchait à la Deule, à l'ouest et au sud ses frontiéres étaient formées par celles du Mempisc, à l'est par les limites du pagus de la Pevéle, qui passaient entre les paroisses de Saint- André et de Lille, Sequedin et Loos, Haubourdin et Wattignies, Emmerin et Noyelles, Santes et Houplin, Gondecourt et Seclin, Phalempin et la Neu- ville, Wahagnies et Thumeries. Les limites telles que nous venons de les tracer sont formées au moyen du tableau ci-joint et de l'étendue du quartier de Carembant décrit par Buzelin 6, ! Tome Ier, p. 541. ? Tome VIII, p. 625. 5 Annal. abb. Sancti-Petri , pp. 25, 89. ^ Cartulaire de Saint-Pierre, pp. 20, 98. 5 Mmæus, t. I, p. 126. 5 Gallo-Flandria, p. 431. ET LEURS SUBDIVISIONS. 65 TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DU CAREBANT. — DÉNOMINATIONS SITUATIONS E Ze DATES. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES actuelles, [moss EE Ament i A s 1 1 culi , Annœulin, in Karem- 4920 Tournai . . | Lille. Département du Nord. | Inventaire des chartes de Lille, baut. I, 152. Bauvin Ko Bauvin, A... 1290 i » , Ibid. Camphi d T pun en Carem- | Camvin où Canphin, 964 à » Département du Nord, | Vande Putte, 25, 99; Van Lokeren, x in pago karabatinse. canton de Cysoing. Cartul. de Saint-Pierre, 1, 38. Carni HAS Carvin, in pago kara- 994 » » Département du Nord, | Vande Putte, 143; Van Lokeren, bantense. ` canton de Seclin. 63 (*). H Corulis, in pago kara- 983 ue Putte, 110; Van Lokeren, I, bantense, 99. Enneti cheres $ if PELLI eres . Anetyers, in Cara- 1190 Tournai . . | Lille. + + | Dépt du Nord, canton | Van Lokeren, I, 123 (**). banto. de Haubourdin. Mouchi cnin LL A H 3. n Maxtin ou Marcin, in 613 » » Département du Nord, | Miræus, I, 126. pago Caribant. canton de Cysoing. Phalempi alemp; d ) Je E Phalempin, in comi- 1039 ` D Dépt du Nord, canton | Miræus, I, 54. tatu Carenbam, de Pont-à-Mareq. Provi (E x 9 T, Provin, in pago ca- 1401 » » Département du Nord, | Piot, Cartul. de Saint-Trond, I, renbantensi. canton de Seclin. b Steflas ou Stefles, in 964 nominale ec ec esee ee recs |; Vande Putte, 25,99; Van Lokeren, pago karabanto. I, 53. Wavri LU lb g u Wavarant, ib... . 984 Tournai . . | Lille. Dépt du Nord, canton | Vande Putte, 410; Van Lokeren, de Haubourdin. T. B4 9. O ng aut ROUTE AEN LEEREN 2 Sch Se è Pas-de SE lire Carnin, Si la lecture que nous proposons est exacte, tout s'explique. En lisant Carvin, il faut chercher cette localité dans (*) En “ais, sur lequel le Carebant ne s’est pas étendu. n : (as c, "Fo, dans un acte de 1037, est indiq ) Ces , an pays de Weppes. (Van Loenen, l. c., p. 84.) auteurs indique Arnoul diquen NE t une ligne de points au lieu du nom de pagus. Il est à supposer qu'il faut lire Carebantinsi ou Karebantensi , pagus dans lequel > Comte de V; alenciennes, dont le fils Thierri fit la donation, avait de grandes propriétés. Ces limites différent essentiellement de celles indiquées par M. Desnoyers dans sa Topographie ecclésiastique de France. D'aprés cet auteur, les frontiéres orientales du Carebant auraient suivi la Haute-Deule. Cette supposition est 64 LES PAGI DE LA BELGIQUE formellement contredite par la position de plusieurs localités telles que Carnin et Camphin, citées dans le tableau ci-dessus, et qui, malgré leur situation sur la rive droite de la Haute-Deule, ne faisaient pas moins partie du Carebant. 3 § 6. — Le periT PAGUS pu MÉrANTOIS. (Pagus medenaltensis , medenentis, melnentis, meteletensis.) Comme le dit trés-bien l'auteur de la Description de la Gaule- Belgique , la Vie de saint Éloi est le monument le plus ancien qui cite ce pagus !. L'acte de partage de 855 le mentionne également, sans indiquer les pagi du Carebant et de la Pevéle. Pareil silence a fait supposer par Wastelain que le Mélantois formait primitivement une grande division comprenant les deux pag? précités et probablement aussi, continue-t-il, le Ferrain. Néanmoins il se hâte d'ajouter que le pays de Ferrain n'a jamais été cité, dans aucun document connu, à titre de pagus ?. Ce n'est pas précisément le silence du partage de 855 au sujet de ces deux pagi, qui peut engager à adopter la manière de voir de Wastelain. Les actes de cette espéce ne sont pas toujours rédigés d'une maniére assez claire, ni assez précise pour permettre d'en tirer des conclusions rigou- reuses. Sans vouloir condamner, admettre ou infirmer l'opinion de Wastelain, nous ferons observer que ces divisions élaient de trop minime importance pour ne pas supposer qu'elles aient été subordonnées les unes aux autres; mais jusqu'ici aucun fait connu n'est venu confirmer l'opinion de Wastelain. Selon M. Desnoyers 5, ce pagus, situé au midi de la ville de Lille, était com- pris entre la riviére la Marcque, à l'est, et celle de la Haute-Deule, à l'ouest. Nous avons déjà fait voir dans le § 5, consacré à la description du Carebant, que les limites de ce pagus dépassaient la Haute-Deule et que des localités de cette division territoriale étaient situées à droite de la rivière. Il faut donc admettre à l'occident les limites orientales que nous avons assignées au 1 WASTELAIN , p. 571. La Vie de saint Éloi porte ` « Invenit in territorio medenetensi , vico » Siclinio. » ? De Bast, Antiquités de Flandre, professe la méme opinion, t. I”, p. 254. 5 Topographie ecclés., dans l'AxNvAImz msr., 1862, p. 409. ET LEURS SUBDIVISIONS. Carebant. Quant à la Marcque, cette rivière servait incontestablement de fron- tière orientale au Mélantois, comme le démontre la dénomination donnée à ce cours d'eau. Au nord le pagus du Mélantois touchait au petit pagus de Tournai, dont nous avons tracé les limites à la page 38. Au sud il avait pour confins les frontières méridionales du Mempisc, à partir de la Mareque jusqu'aux limites occidentales de Thumeries. Nous donnons plus bas le tableau des localités que les documents citent dans ce pagus : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DU MÉLANTOIS. ACTUELLES, Fass, EE MINATIONS Ru E m ANCIENNES. DATES. DOYEN SITUATIONS actuelles, SOURCES. 9 Fourmestraux SOUS «esquin, Neuville (la) Péronnes Ronchin, Sainghi amghin él: Wee en Mélan Seclin À T emplemars Vac]; iar, dépendance € Lesquin, Caneghem, in pago metelentensi, Formestraus, ib. Nivilla, in pago me denetenisse. Perona, ib, Rumeinium, Ronci nium, in pago me- denetensi. Syugin, ib. Skelmis, Skelnis, Skel- num, 8 Sic clinium, in pago metelentinse. Templovio, in pago medenetensi. Wakaslare, in pago 'netensi. d ) Le comte de Bylandt avait d e Templovium puisse étre con 967 1193 837, 871, 1923 916 864 907, 1019, 1039 877 870 Tournai. Lille. à dit que Templovio cité dans l'acte de 877 désigne T comme dépendance de Ronchin , sinsi que le porte l'acte. Département du Nord, canton de Seclin, CN du Nord, canton de Pont-à-Mareq. Dépt du Nord, canton n Cysoing. ait du Nord, canton de Lille. Dépt du Nord, canton de Cysoing. Dépt du Nord, canton de Seclin, m du Nord, canton de Lille, ps du Nord, canton de Seclin, s. Il faut Miræus, 1, 41. Le Glay, Nouv. Ann., 1852, 12. Miræus, HE, 289. Le Glay, Nouv. Ann., 1852, 12. , Nouv. Ann., 1852, 42; Miræus, I, 438. Gall. Ghrist,, IX, 1080. Serrure, 3, 7, 16, 17; Miræus, I, 349, 362. Miræus, I, 438 (*). Miræus, III, 289. admettre cette. opinion, pour LES PAGI DE LA BELGIQUE S 7. — LE PETIT PAGUS DE LA PEVELE. (Pagus pabulensis, pabula.) Les pâturages situés entre la Scarpe, le Mélantois et le petit pagus de Tournai, dont nous avons indiqué les limites à la page 38 ont donné le nom de Pabula à ce canton. Une premiére mention en est faite dans une charte scellée en 673 par Thierri I* en faveur de l'abbaye de Saint-Vaast 1. Dans un diplôme de 871 Charles le Chauve donne à ce territoire le titre de comté ?. Ces limites, toutes naturelles, ont été reconnues, à l'unanimité, par les auteurs qui s'en sont occupés 5. Les documents connus jusqu'à ce jour ne mentionnent dans ce pagus que quatre localités : Elno (Saint-Amand-les-Eaux) 4, Berbrogium (Bouvry) 5, Mons in Pabula (Mons en Pevéle) 5, et S. Amandus in Pabula (Saint-Amand en Pevéle) 7. Toutes ces localités, comprises dans le département du Nord, faisaient partie du doyenné de Lille, sauf Saint-Amand-les-Eaux, qui dépen- dait du doyenné de Tournai. Les limites, telles que nous venons de les établir, sont en grande partie ealquées sur celles du pays de la Pevéle. Une sentence rendue entre les magistrats d'Orchies et les gens de loi de Bouvi- guies, le 5 avril 1570, assigne des limites précises à la Pevéle, « Lequel pays » de Pevéle, y est-il dit, consiste en quatre ponts, nommés les quatre ponts » de Pevéle, si comme le pont à Raisse, le pont de Saint-Amand, le pont à » Bouvines et le pont de Vendin, et aussi entre toutes les eaux fluentes en » partie de pont à autres, selon qu'en est notoire à tous. » Auquel pays de Pevéle enclos, comme dessus, se trouve et sont situées » plusieurs villes, terres et seigneuries, si comme entre autre capitale, ladite ! Minzus, t. 1°, p. 126. ? Recueil des hist. de France, t. VIIL, p. 654. 3 WasELAIN , p. 575; Desnoven, l. c., Ann. de 1862, p. 419. ^ Acte de 675, Minas, t. I“, p. 126. 5 Acte de 877, ibid., p. 158. ' 6 Acta de 673, ibid., p. 126. 7 Acta de 877, ibid., p. 138. ET LEURS SUBDIVISIONS. 67 » ville d'Orchies, nommée par excellence en comparaison Paris en Pevéle, » tels que Londas, Bouvignies, Coutiches, Marchiennes, Saint-Amand et vil- » lages en dépendans, qui en sont les plus beaux morceaux !. Un bois séparait ce pagus de celui de Tournai. Silva. Sancti- Amandi , dit le roi de France dans un acte de 1117, que adjucens in pago pabulensi contigua est 9 silve nostre, que sita est in pago tornacensi 3. ! Le canton de Pevéle, dans la 9* sér., t. VI, p. 518, des Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique. ? Teuuer, Layettes du trésor des chartes, t. I, p. 40. LES PAGI DE LA BELGIQUE SECTION IL. LE GRAND PAGUS DE LA TOXANDRIE. (Toxandriæ pagus.) A la suite de l'extermination des Éburons par César, diverses populations germaines s'emparérent du territoire des vaincus. Au nombre de celles-ci figurent les Toxandres, dont Pline parle le premier ^. « A Scalde, dit-il, » incolunt extera Toxandri pluribus nominibus. Deinde Menapii, Morini, » Oromansaci juncti pago qui Gessoriacus vocatur, Britanni, Ambiani, » Bellovaci. Introrsus Castologi, Atrebates, Nervii liberi, Vermandui, Sue- » siones liberi, Ulmanetes liberi, Tongri, Sunnuci, Frisiabones, Betasi, » Leuci liberi, Treviri liberi antea, et Lingones fœderati, Mediomatrici 3. » Ce passage donne lieu à diverses interprétations. Meltant en opposition extera avec le mot introrsus dont le naturaliste romain se sert plus loin, des auteurs se sont imaginés qu'il a voulu désigner les pays situés à l'intérieur et à l'exté- rieur de l'Escaut. Selon leur maniére de voir, ces mots établiraient une distinetion entre la rive droite et la rive gauche du fleuve. Cette thése ne semble pas soutenable lorsqu'on se rend bien compte du passage entier. Introrsus indique ici la position des Atrebates, des Nerviens, des Verman- dois, des Soissonnais, des Ulmanetes, des Tongrois, etc., non de l'autre côté de la riviére, mais plus avant dans le pays. 5i Pline avait voulu indiquer par introrsus l'autre rive en opposition à Scaldis extera 5, il faudrait admettre que 4 Ces populations étaient sans aucun doute germaines. Le biographe de saint Lambert fait observer que cet apôtre s'adressait à elles en langue germanique , qu'il parlait très-bien : lingua teulonica (CuAPEAVILLE , t. I~, p. 589). 2 Prine, liv. IV, chap. XVII. Anselme, dans la Vie de saint Lambert, parle aussi des différentes populations qui habitaient la Toxandrie; il n'en fait pas plus connaitre les noms que Pline "(CuaPEAVILLE , Gesta pontific. Leod., t. Y", p. 144). 5 Scaldis extera ne signifie pas l'Escaut à l'extérieur, mais l'Escaut à l'extrémité. ET LEURS IBDIVISIONS. 69 les Atrebates, les Vermandois, les Soissonnais habitaient du même côté de l’Escaut que les Tongrois, les Nerviens, les Bétasiens, les Ulmanètes, les Sunniciens, les Frisons, etc. Ce qui serait contraire à toutes les données les plus simples de la géographie ancienne. Les premiers habitaient à gauche de l’Escaut; les seconds s'étaient établis à droite du fleuve. C'est done vers l'extrémité de l'Escaut (Scaldis extera) que Pline place les Toxandres et non sur la rive gauche, comme on le suppose généralement et à tort par la fausse interprétation du mot zntrorsus *. Ensuite l'écrivain romain passe à une autre nomenclature de peuplades. Si, dans les deux pre- miéres phrases de son texte, il avait voulu indiquer les peuples suivant leur situation à droite ou à gauche de l'Escaut, quel motif aurait pu l'engager à mettre les Atrebates à cóté des Nerviens, les Vermandois à cóté des Tongrois, les Soissonnais à côté des Ulmanétes? Une erreur saurait être admise en ce qui Concerne l'une de ces populations, mais Pline ne peut s’être trompé sur le Compte des autres. Il semble méme avoir consulté les registres publics, et son exactitude est trop reconnue pour qu'on puisse l'aceuser d'erreur à ce sujet. Les interprétations si contraires à notre manière de voir, adoptées par Cluvier, Roulez et Schayes, ne sauraient par conséquent pas étre admises 2, Les Toxandres occupaient bien positivement, selon le texte de Pline, le pays Situé sur la rive droite de l'Eseaut, qui, pendant la domination des Romains, Se dirigeait du midi au nord et confluait avec la Meuse 3. La position assignée par Pline aux Toxandres est pleinement confirmée par les écrivains du moyen âge. Rainier chanoine de Liége et auteur d’une Vie ZER , 5 de saint Lambert rédigée pendant le XIe siècle, a pelle leur pays Provincia [2] I 3 Tessandrorum 4, et Nicolas, autre chanoine de Liége, également auteur d'une ? 3 SE ! Voir entre autres : CLovgnius , Commentarius de tribus Rheni alveis, chap. IL, et CLuve- 3 H , NUS, Germanie antiquitates, V. I, chap. XXXI, p. 455; Menso Auge, Noticia Germania inferioris, t. I", p. 121; Ponranus, Disceptationes chorographicae de Rheni divortiis, et VaNpEN EYNDE ; Chronicon Zelandiæ; Bucugmus , Belgium romanum, p. 184. ? Cuuvenws, LL e Roungz, Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 1850, 2* part., p. 545; Scuaves, a Belgique el les Pays-Bas avant et pendant la domination des Romains, LI. p. 407, 2° édit. * Cwsar de Ballo gallico , liv. VI, chap. 52. Voir à ce sujet la Dissertation sur le cours de SE g P l J l'Escaut par Tuvsius, Dissertatio hist. crit. de veteri belgii statu. (Dans la 4™ série, t. VII des Comptes rendus de la Commission royale d'histoire.) * CuaPEAVILLE, Gest, pontif. Leod., t. Y", p. 424. Tome XXXIX. 12 L 70 LES PAGI DE LA BELGIQUE hagiographie de ce saint, la nomme : « Regio, cui Taxandria nomen est, quae » a Trajectensi oppido versus septentrionem vix tribus miliaribus dispa- » ratur !, » Plus loin le méme auteur ajoute en parlant de Bilsen que cette localité est située prés de la Toxandrie ?. Dans la Vie de saint Lambert, Anselme donne encore un autre renseignement trés-précieux au sujet de la situation de ce pays et des populations diverses qui l'habitaient vers cette époque, comme du temps de Pline : « Regio illa , dit-il, (quae diversa ab in- » colis suis sortitur vocabula, et quæ cursu Mosæ dextero latere clausa, usque » in septentrionem Oceanum porrigitur) apostolatui martyris Christi Lam- » berti debet, quod errorem suum cognoscere, et quod christianae fidei gra- » liam obtinere promeruerit, et ideo Leodiensi parochiae sicut hodie cernitur, D subdita est ?. » D’après ces divers textes, la Toxandrie était bornée au nord par la Meuse, jusqu'à l'endroit où cette rivière se jette dans la mer du Nord, et à l'ouest par l'Escaut. Le passage extrait d'Anselme peut seul donner lieu à du doute, si l'on suit à la lettre ce que cet auteur dit de l'Ócéan et des bouches de la Meuse. I est évident qu'en parlant de la mer, l'auteur a voulu désigner le bras de la mer du Nord nommé Helium par les Romains. Les iles situées au delà de la Meuse, de l'Escaut et de la Stryne n'apparte- naient plus et ne pouvaient plus appartenir au diocése de Liége, tandis que, selon Anselme, le territoire des Toxandres ressortissait à cet évêché. C'est entre ces deux fleuves que nous devons chercher le pagus Toxan- driæ mentionné la première fois en 704 ^. Besselius place ce pagus entre ceux de Ryen, du Maasgau inférieur, de la Hesbaye et du Brabant 5. 1 CuAPEAVILLE, OUV. Cit., p. 588. Ensuite il ajoute : « Descendit evangelicae praedicationis » gratia, ad populos ipsi Taxandriæ finitimos : quo fluvius Mosa Rheni fluminis aquis infectus » et tumidus, jamque seipso major fontique suo per omnia dissimilis, non longe a mari An- » glico, Taxandros et cæteros ejusdem regionis accolas, a Frisonibus dividit. » (/bid., p. 590.) 2 Ibid., p. 592. — Voici la description de la Toxandrie, telle qu'elle est rapportée dans la Vie de saint Lambert : « Haec siquidem regio vastis et fere continuis paludibus obsita, et ob id, ne » finitimis quidem, aliquo commercii jure tune satis nota et pervia, multitudinem agrestis populi » in se continebat; cujus mores barbaros, ipsa etiam solitudo et superstitio efferaverat. » (CuaPEAVILLE , t. 1%, p. 589.) 5 CuAPEAVILLE , Gest. pontif. Leod., t. Y", pp. 444, 115, 591. "A Vanoen Bener, Handboek der middelnederlandsche geographie , p. 214. 5 Chronicon gotwicense, p. 795. ET LEURS SUBDIVISIONS. 7A D'après Wastelain cette partie du territoire des Ménapiens s'étendrait : * depuis le Démer au midi, jusqu'au Maesland au nord, et depuis les rivières » de la Donge et de la Grande-Néthe au couchant jusqu'au pays de la ^ Meuse ou Maesgau, vers l'orient. » Ensuite, l'auteur comprend dans ce pagus le comté des Mansuaires !. Des Roches en donne une meilleure orien- lation : « Au nord de l'Hesbanie, dit-il, on trouve la Taxandrie, bornée au » nord par les comtés de Teisterbant et de Maesgau; à l'orient par le Maes- » gau; à l'occident par le Brabant et le pays de Ryen et de Strien ?. » Plus loin il ajoute : « il faut remarquer qu'une grande partie du comté de Strien » était comprise dans la Taxandrie. » Besselius est plus explicite. A son avis les pag? de Ryen et de Stryen ne faisaient pas partie de la Toxandrie 5, et ni lui, ni Des Roches n'y comprennent le comté des Mansuaires. Telle est aussi la maniére de voir d'Imbert 4. Dewez exprime une autre opinion ` « Ce pays, dit-il, était borné par le » Démer et la Dyle au midi, à lorient et au nord par la Meuse, et selon Pline, » qui est le premier qui ait parlé de ces peuples, à l'occident par l’Escaut 5. » Puis il ajoute : « la Taxandrie ne parait pas avoir conservé des limites aussi » étendues que Pline les lui assigne. Dans les siècles suivants, elle était » bornée d'un côté par la mer du Nord, et elle comprenait les villes de Ger- » truydenberg, Sevenbergen, Steenbergen et Berg-op-Zoom. Mais au midi elle a été bornée par la ville de Lierre (qui regardait d'un cóté le pays des Taxandres et de l'autre celui de Ryen, dont Anvers était la 'apitale, de sorte que les deux Néthes, qui se réunissent à Lierre, faisaient la sépa- » ration des deux pays), et à l'orient par la Meuse 6, » Selon Acker Stratingh, le pagus de la Toxandrie était situé à l'est de l'Escaut et de la Suryne. L'ancienne Meuse le séparait vers le nord de la Vieille- Frise et des autres pays francs situés entre la Meuse actuelle, le Waal et le ! Tome I^, p. 214. Voir aussi une Dissertation sur la Toxandrie dans les Act. sanct. Belg., t I", pp. 990, 991. ? Des Rocuss, l. c. Cette opinion est partagée par M. Vanden Bergh, /. c. * Chronicon gotwicense, pp. 746, 793. * Geographia pagorum, p. 58. 5 Dict. géogr., p. 575. 5 Dict. géogr., ibid. 72 LES PAGI DE LA BELGIQUE Rhin. A l'est il toucherait au Maesgau, au sud à l'ancien Brabant et au Hainaut, dont il aurait été séparé par le Démer. M. Vanden Bergh le place au midi de la Meuse, du Waal et de la Vieille-Meuse, au nord de Munster- Bilsen ; à l'est il touchait, selon le méme auteur, au pays de Cuyk, et à l'ouest à la Donge t. Examinons ces diverses manières de voir : Les limites tracées par Wastelain ne sont pas conformes aux renseigne- ments historiques et topographiques connus sur ce point. Par une première erreur le savant jésuite confond le territoire des Ménapiens avec celui des Toxandres. Au nord d’une partie de la Meuse qui bornait la Toxandrie, habi- taient, entre ce fleuve et le Rhin, les Ménapiens, population celte établie aussi en Flandre et dans les iles zélandaises. D'un autre côté, Wastelain confond le cours actuel de la Meuse avec le cours ancien de cette rivière, tel qu'il fut avant l'inondation de 4421 3. Les Éburons touchaient ancienne- ment, vers le nord, au cours primitif de la Meuse”; de méme les Toxandres n'en dépassaient pas la rive gauche, ainsi que le constate le passage d'Anselme reproduit plus haut. La Donge et la Grande-Néthe ne formaient pas les limites du pagus de la Toxandrie vers l'occident. C'étaient l'Escaut. et la Stryne qui le bornaient de ce côté jusqu'à l'endroit où la Meuse se jetait, avant 1421, dans la mer du Nord ou dans le bras de mer appelé Helium par les Romains. Oudenhoven, Acker Stratingh et Menso Alting placent Berg-op-Zoom dans le pagus de l'Escaut en s'appuyant sur l'extrait d'un diplóme de l'empereur Otton de 967 publié par Gramay de la manière suivante ` « In pago Schaldis, dit-il, villam Berghis cum tribus insulis Srange, Waterange H H [»] jme Lekt Steeninge, cum ecclesia et theolonio in pago Strya, de patrimonio ipsius electae virginis, Mons cum appendiciis, Tremella, Sturnahem et omni piscatura ad Mosam et terris adjacentibus, ete. (sic) ^. » Ce diplôme, que ! Handboek der middelnederlandsche geographie, p. 214. ? Voir à ce sujet notre travail relatif à la Ménapie, dans les Annales de la Société d'Émula- tion de la Flandre, 5"* sér., t. IV, 1869. * 5 Cæsar de Bello gall., 1. c. ^ Antiquitates Bredanæ, p. 8. ET LEURS SUBDIVISIONS. 75 personne n'a jamais vu ni en copie, ni en original, et dont la source n'est pas indiquée, ni connue, place Berghis (Berg-op-Zoom) dans le pagus de l'Escaut, contrairement à notre manière de voir. Une pareille situation serait, Si elle était bien établie, à l'encontre de toutes les données concernant la géographie ancienne du Brabant septentrional. Tholen, Oud - Vosmeer, Nieuw-Vosmeer, Berg-op-Zoom, Wouw, Haarle, Halsteren, Steenbergen €t en général toutes les localités voisines situées à droite de la Stryne, étaient comprises dans l'évéché de Liége, et ne pouvaient, par conséquent, faire partie du pagus de l'Escaut. La Stryne se réunissait à la Meuse vis-à-vis du Village submergé de Stryenmonde, sur la rive droite du fleuve, à l'ouest de Westmaas. À partir de cet endroit elle se dirigeait, vers le sud, à l’est des communes de Klaaswaal et de Numansdorp. Ensuite elle suivait le cours du Volkerak jusqu'au nord de l'ile de Tholen, qu'elle divisait en deux parties. Enfin elle rejoignait l'Escaut prés du hameau de Nieuwstryen !. La Meuse ne suivait pas entiérement, avant l'inondation de 1424, le cours de ce fleuve tel qu'il est aujourd'hui. A l'est de Heusden , prés de Bokhoven, elle s'écartait du lit actuel du fleuve. Elle se dirigeait ensuite vers l'est, entre Herpt et Heusden d'une part à droite, et Hedikhuizen et Oud-Heusden d'autre part à gauche. Les traces de ce fleuve existent encore entre Heusden et Geer- truidenberg sous forme d'un ruisseau qui décharge ses eaux dans le Biesbosch 2. Quant au pagus des Mansuaires , Wastelain et Des Roches le placent dans la Toxandrie, tandis qu'Imbert prétend que cette division territoriale appar- tenait à la Hesbaye 5. Des Roches indique ces limites d'une manière plus exacte, mais il a le tort de vouloir distraire du pagus de la Toxandrie le pagus moyen de Ryen et une partie de celui de Stryen. Ces deux pagi formaient, avec le pagus moyen de la Toxandrie, le grand pagus du méme nom, comme Imbert le reconnait fort bien, en invoquant la maniére de voir de Jessilius , qui soutient le contraire 4, 1 Revue d'histoire et d'archéologie , t. 1°, pp. 297 et suiv., 568 et Annal. eccl., t. I", p. 58. ? Ibid., voir aussi sur le cours ancien de la Meuse, Tuvsius, Dissertatio de verteri Belgii Statu. (Dans le t. VIL, Are série des Comptes rendus de la Commission royale d'histoire.) 5 [npEnT, pp. 14, 58, 59, 115. * Chronicon golwicense, pp. 746 , 795. LES PAGI DE LA BELGIQUE 74 L'opinion de Dewez concernant la délimitation méridionale du pagus Toxandrie au moyen de la Néthe est contredite par les documents. Tout le pays situé au midi de Lierre jusqu'à la Dyle faisait partie du pagus de Ryen, compris dans celui de la Toxandrie; nous le ferons voir par la description de ce territoire. Il est également impossible d'admettre que la Meuse ait formé la limite orientale du pagus de la Toxandrie, puisqu'elle ne touchait pas de ce côté au pagus de la Meuse. Nous admettons trés-bien la thèse de M. Acker Stratingh, selon laquelle la Toxandrie atteignait vers l'ouest à l'Escaut et à la Stryne, vers le nord à la Vieille-Meuse, vers l'est au Maesgau et vers le midi au pagus du Brabant; mais rien ne prouve qu'elle s'étendait jusqu'au Hainaut. D'autre part, la maniére de voir de M. Vanden Bergh ne nous semble pas justifiée en tous points. Le pagus de la Toxandrie s'étendait au delà de la Donge. Ainsi Geertruidenberg , situé sur la rive gauche de cette riviére, faisait néanmoins partie du pagus de la Toxandrie. Le tableau suivant confirme notre critique, et constate, en outre, que la Toxandrie avait à peu prés les limites de l'archidiaconé du méme nom, moins une partie du doyenné de Cuyk et celui de Maeseyck compris dans le diocése de Liége; il comptait en plus le pagus moyen de Ryen, soumis à l'évéché de Cambrai. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DE LA TOXANDRIE. BEE ARCHI- SITUATIONS m cunt Ern Ms DATES. | ÉVÉCIÉS. , | DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. " ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles, ES Aalst . Haeslaos, in pago "M Liége. Campine. . | Woensel. . | Province du Brabant | Ampl. coll., E, col, 18 Texandri. septentrional, can- ton d'Eindhoven. F "a deg Alphen . Alfheim ou Alpheim, | 709, 726 » » Wilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., I, col. 16; in pago Texandri. tentrional, canton I, 42. de Ginneken. 1 irets ? Baschot . 710, 726 » » » Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., 1,47; Mir tentrional, canton 42, d'Oirschot. Bockel? . XIe siècle. » » Woensel. . | Prov. du Brab. sep- | Act. SS. Belgii, v, 6. tentrional, canton de Vechtel. ET LEURS SUBDIVISIONS. ts ) Dans Ackersdyck : Thesandrie, in pago Thessandrico. de Herenthals. ses DÉNOG e HINATIONS ARCHI- SITUATIONS e reae A Aude, DAGON DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES. EE actuelles, Du el, e d : y e d Budilio in Texandria, 719 Liége. Campine. . | Woensel, Prov. du Brab. sep- | Lacomblet, I, 4. lentrional, canton A d'Asten. : Busloth, in pago 126 Miræus, I, 12. Taxandrio. Die Sen , a 1 M 4 > Lé H i ilvare) à " : Diesna ou Diosna,in | 711, 726 | Liége. Campine. . Hilvarenbeek.| Prov, du Brab. sep- | Ampl. coll., 1, 20; Miræus, 1, go Toxandriæ ou tentrional, canton 12. n andro. d'Oirschot. Wiel d Empele, in pago | 815, 810, » » Cuyk. Prov. du Brab. sep: Dipl., Laurisham. 1, 427 ; Bon- andri 969, 1146 tentrior l1, canton dam, 14; Acker: "axan- k trabanto. de Bois-le-Duc. dria, 483 (*). tp . Erthepe in ' 1424 » » Woensel. Prov. du Brab. sep- | Miræus, I, 1473.. a tentrional, canton t de Vechtel, el, : Eresloch et Hineloch, | 712, 796 » » Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., I, col. 49; Miræus, ou Hinesloten, in tentrional, canton 1512; d t pago Texandrio. d'Eindhoven, "ntl, à ; i Endeholt, in Texan: » » Beeringen. . | Prov. d'Anvers, cant. | Acta SS. Belgii, V, 63. dria. de Westerloo. Gee; Tim S k denberg , Hereditas sanctae Ger. » » Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- Miræus, I, 654; dans le pagus : i trudis ou Bergom, tentrional. loxandrie; Vanden Berghe, k ERN MES UN Handb. der geogr., 89 : dans "pen ` sandrio. le pagus de la Stryne. Heopurdum et Hei- 710 » » » Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., T, col. 48. perdum, in pago tentrional, eanton De Texandrensi. "sc. Dien ` : e Herpina, in 814 » » Cuyk. Prov. du Brab. sep- | Bondam, 44. Texandria sive tentrional, canton Hulse tarbanto. de Grave. um, in pago 910 » » Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., I, col. 48. ndrensi. tentrional, canton lt d'Oirschot, ghem , 1em, in pago 976 Cambrai. | Anvers . Anvers . Prov. d'Anvers, cant, | Kluit, Il, Ire part., 47. Thesandrie. de Heyst-op-den- H Berg. Levetlaus, in pago 712 * Ampl. coll., 1, 90. Toxandriæ ` super H fluv, Dutmala. Matr 831 Miræus, I, 20, Te Merovo ; Marvilde, in pago 815 Liége. Campine. . | Woensel. Prov. du Brab. sep- | Bondam, 14. andria sive Tes- ks rional, canton tarbanto d'Eindhoven. Nen e Northrevuie, in pago 976 Cambrai. | Anvers . Anvers . Prov. d'Anvers, cant. | Kluit, IL, dre part., 47. LES PAGI DE LA BELGIQUE e DÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS ———M]——— : "D ` i ; DATES. |ÉVÉCHÉS. T DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. actuelles ACTUELLES ANCIENNES. 2 WE. Onzenoord . Hunsete, in pago Tes TT2,815 | Liége. Campine. . |Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Bondam, 5, 44. terbant si - tentric anton drio, Hu in de Waalwyk, pago Testerbant, 58; . Osne, in pago Texan 748 » Cuyk, Prov. du Brab. sep- | Ampl. coll., I, col. 49. driæ, tentrional, canton d'Oss. Pelt (Over et Neder-). | Palethe, in pago 815 Woensel. Prov. de Limbourg, | Bondam, 44. Taxandria sive Tes- canton d'Achel larbanto. Poppel . Pieplo, in pago Taxan- 726 Hilvarenbeck.| Prov. d'Anvers, cant. | Miræus , I, 49. dria. d'Arendonck. Rosmalen . Rosmalla, in 814 » Cuyk. Prov, du Brab. sep- | Bondam, 44. Texandria sive tentric canton larbanto. de Bois-le-Duc. Schilde . Scelleburd, in comi 831 Cambrai, | Anvers . Anvers . Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 20. tatus Tassandrio. d'Anvers Vorst. . Forest, in pago Taxan 897 Liége. Campine. . | Beeringen. . | Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 503. drio. de Westerloo. Aug ; s y GE Vught Suchte (Fuchte?), in | XIe siècle. » » Wilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Acta sanct. Belgii, V, 63,1 Taxandria. tentrional, canton racles de Saint- Trot de Bois-le-Duc. Waalre . Wadreloch et Wadra 726 » » Woensel. Prov. du Brab. sep- Miræus, 1, 42. doch, in pago lentrional, eanton Taxandro. | d'Eindhoven. Dans la nomenclature, dressóe en 815, des possessions appartenant à l'abbaye de Lorsch, il est fait mention d'un acte par lequel Alfger donne à ce monastère des biens ¿in pago Taxandrie sive Testarbanto et situés à Empele (Empel), Hunseto ( Onzenoord), Hatalle (Hedel), Ortinon (Orten), Rosmalla (Rosmalen), Herpine (Herpen), Angrisia (inconnu), Osterol (Oosterhout ), Marvilde ( Mereveld) , Palethe (Over et Neer-Pelt) +. La juxtaposition, dans cette nomenclature, des deux pagi du Testerbant et de la Toxandrie ont engagé certains auteurs, tels que Dousa ?, par exemple, à soutenir que ces pagi dépendaient l'un de l'autre, tandis que Mathæus 5, 1 Codex Loreshamensi. ? Balaviae Annales, p. 5 De Nobilitate, p. 208. 590. diplom., t. I“, p. 164. ET LEURS SUBDIVISIONS. 77 Pontanus ! et de Kleist ? démontrent avec une évidence absolue que ces deux pays étaient complétement indépendants. Bondam a méme soutenu que le pagus du Testerbant s'étendait sur la rive gauche de la Meuse 5. S'il a entendu parler du cours de la Meuse actuelle, il a dit vrai; mais s’il entend désigner la vieille Meuse, il s'est trompé. Il est évident que dans la liste des possessions de l'abbaye de Lorsch le rédacteur a voulu dire simplement que parmi les localités mentionnées dans celle nomenclature les unes appartiennent au pagus du Testerbant, les autres à la Toxandrie. Ainsi lorsque le méme auteur dresse l'état des dons faits par des Franes (franci homines), il indique dans le Testerbant seulement Empele, Hunsate, Martras, Hortina , Rosmella, Herpina, Angrise, Hamar- ritda et Hedilla; d'où il résulte qu'Osterolt, Marvilde et Palethe, cités dans la première liste, appartiennent à la Toxandrie. Ces localités sont, en effet, situées trop loin de la Meuse pour les confondre avec celles comprises dans le pagus du Testerbant. Une seule difficulté se présente au sujet de la situa- lion précise d'Empel. Dans le Codex diplomaticus Laureshamensis cette loca- lité est indiquée tantôt dans le pagus du Testerbant, tantôt dans celui de la Toxandrie ^, Quelle fut sa véritable situation? Nous croyons qu'il y a erreur dans la liste de 815, et qu'Empel était situé dans la Toxandrie. L'acte de 969 cité dans le Codex de Lorsch le dit positivement, et désigne Ansfried à litre de comte de ce pagus. Ackersdijck imprime un acte de 1146 dans lequel est indiquée la méme situation ë. Ansfried fut comte de la Toxandrie de 969 à 1006, tandis que dans le Testerbant figuraient, au méme titre et pendant les mêmes années, Walcherus et Unrohus 6, Tous ces faits contra- dictoires démontrent qu'Empel appartenait à la Toxandrie. ! Historia Gelriæ, p. 95. ? Historia comitatus Teisterbant. Voir aussi ACKERSDUK , Nasporingen omtrent Taxandria, dans les Nieuwe werken van de Maatschappij der Nederl. Letterk. te Leiden, t. V, 1858 à 4844, p. 140; Vannen Bencn, Middelnederl. geographie , p. 245. * Charterboek des hertogdoms Gelre, p. 44, note b. * Tome I^, pp. 127 et 164. L'acte de 969 reproduit à la page 127 dit: « In pago Dehsendron i sidatu Ansfridi comitis, in villa vocabulo Empele. » inspiJck, Le p. 185. è Vanpen Beren, L. c., p. 513. Tour XXXIX. 15 78 LES PAGI DE LA BELGIQUE Bern , situé aujourd'hui sur la rive gauche de la Meuse , faisait ancienne- ment partie aussi du Testerbant !. En 1134, l'évêque d'Utrecht intervient encore dans un acte relatif à l'abbaye établie dans cette localité ?. I] en est de méme d'Aalburg et de Herpt, qui sont constamment indiqués dans le Testerbant 5, malgré leur situation actuelle sur la rive gauche de la Meuse. H Le) Ces circonstances démontrent clairement que ce fleuve, dont le lit passait 3 primitivement entre les deux pagi du Testerbant et de la Toxandrie, a changé de cours dans ces parages, ou que le siége principal de ces localités o En © était situé jadis sur la rive droite de la Meuse. Résumons. Le grand pagus de la Toxandrie, comprenant les pagi moyens de Stryen, de Ryen et de la Toxandrie, était borné au nord par le cours ancien de la Meuse, à partir de l'endroit où elle reçoit les eaux de l’Escaut jusque prés de Heusden. Dans les environs de cette ville le cours du fleuve s'élait formé anciennement plus vers le midi, de maniére qu'Onzenoord, Orten, Rosmalen, Herpen, situés au midi de la Meuse actuelle, faisaient partie du Testerbant. Sinon il faut supposer avec Van Spaen que la Meuse divisait en deux parties les terres situées dans les villae prénommées et les p distribuait soit au pagus du Testerbant, soit à celui de la Toxandrie, selon qu'elles étaient situées au nord ou au sud du fleuve, Nous pouvons suivre les limites septentrionales du pagus de la Toxandrie g jusque près de Grave. Au delà de cette ville nous rencontrons le pagus de la Meuse. Celui-ci bornait à l'ouest le pagus Toxandrie ; de sorte que les limites oecidentales du pays de Cuyk et du doyenné de Maeseyck constituaient les véritables frontières orientales de la Toxandrie. Ces limites tracées par les marais, dits du Peel, formaient une démarcation naturelle entre les deux pagi. Plus au midi du Peel, les bornes du doyenné de Maeseyck étaient fixées par les limites occidentales des communes actuelles de Neder-Weert, Cau- lille et Lille-Saint-Hubert, Reppel, Ellicom, Wyshagen, Meeuwen, Neer- * Ampl. coll., t. V7, col. 17: e In pago Testeventi supra Mosam Birni. » ? Miræus, t. I”, p. 173. 5 Pior, Cartulaire de Saint-Trond, t. Ter, pp. 50, 76, 98. SrEPELINUs, l'auteur. des Miracles de Saint-Trond, place Alburg in pago masualensi (Act. sanct. Belgii, t. V, p. 55). Cette dési- ' gnation est erronée, comme nous le ferons voir à propos du pagus masuarinsis. ^ Van Spaen , Inleiding tot de hist. van Gelderland , t. MI, p. 126. ET LEURS SUBDIVISIONS. 79 Glabeek et Op-Glabeek , où elles rejoignaient celles du doyenné de Tongres , déterminées dans ces parages par une riviére passant à Zonhoven et Stockroye. Ces deux paroisses étaient situées à l'extrémité occidentale du doyenné pré- cité. Plus loin au sud elles suivaient les délimitations du pagus de Ryen, vers l'ouest l’Escaut jusqu'à Anvers, puis le cours ancien de ce fleuve et la Stryne, dont nous avons indiqué plus haut la direction , à propos de la situation de Berg-op-Zoom. Comme nous le disions tantôt, le grand pagus de la Toxandrie était sub- divisé en trois pagi moyens : ceux de Ryen, nommé aussi comté d'Anvers, de Stryen et de la Toxandrie. Nous allons traiter séparément chacune de ces subdivisions. CHAPITRE Ier, LE PAGUS MOYEN DE RYEN OU LE COMTÉ D'ANVERS. (Pagus riensis, Comilatus anlwerpiensis.) Quelques auteurs considèrent comme entièrement indépendant et ne rele- vant d'aucune autre division territoriale le pagus de Ryen , nommé aussi comté d'Anvers. Rien n'est moins vrai. Les villages de Norderwyck, Itegem et Schelle, quoique situés au milieu du pagus de Ryen, sont néanmoins indiqués par des actes de 873, 974 et 976 ! dans le grand pagus de la Toxandrie. C'est la preuve la plus évidente que celui de Ryen formait une subdivision territoriale de la Toxandrie. Il devait en être ainsi : les territoires de ces deux pagi faisaient partie de l'Éburonie et ensuite de la civitas Tungrorum. Notre manière de voir est en opposition formelle avec celle de la Revue 9 d'histoire et d'archéologie ?, où l'un des collaborateurs de ce recueil tâche ! Mmes, t. I", pp. 20, 50, 544; Knorr, Mist. crit., t. IL, 2 part., p. 47. Voir aussi Revue d'et. et d'arch., t. kr, p. 515. ? Loc. cit., p. 515. 80 LES PAGI DE LA BELGIQUE d'expliquer comment Norderwyck et Itegem ont été indiqués par les actes de 974 et 976 dans le pagus de la Toxandrie. Il suppose une erreur de la part des rédacteurs des diplômes, et dans une autre publication il émet l'avis qu'il faut entendre par les mots pagus Toxandrie le voisinage de la Toxandrie. Nous regrettons de ne pouvoir partager cette opinion. En présence des termes si positifs des trois diplômes précités, il est difficile d'admettre une erreur de rédaction, ou simplement l'indication du voisinage du pagus de la Toxandrie. Si par Pacte de 974 les villages de Norderwyck, Itegem et Bouchout sont indiqués, les deux premiers dans le pagus de la Toxandrie et le troisième dans celui de Ryen, c'est probablement parce que les chartes des donations de ces localités renfermaient cette indication. Dans les diplômes de restitution les parties intéressées faisaient transcrire les termes des actes primitifs, afin qu'il n'y eùt pas de doute au sujet de la situation précise et de l'identité des localités. Il n'y a done pas de contradiction entre les actes de 974 et 976, lorsque le rédacteur semble vouloir distinguer la Toxandrie du pays de Ryen. Après avoir lu ces chartes et celle de 873, il faut bien admettre que celui-ci faisait partie du pagus de la Toxandrie. Selon Wastelain et les auteurs qui ont adopté sa manière de voir, le pagus riensis était borné au couchant par l'Escaut, au midi et à lorient par la Grande-Nèthe, au nord par le pays de Stryen !. Cette opinion est peut-être basée sur un passage de la Vie de saint Gommaire dans lequel l'hagiographe divise Lierre en deux parties, dont l'une aurait appartenu à la Toxandrie et l'autre au pays de Ryen ?. Imbert, en admettant à peu prés les indications de Besselius et de Des Roches, limite ce pagus par ceux de Stryen et de la Toxandrie au nord, par ceux du Brabant et de la Hesbaye au midi, et par l'Escaut vers l'occident. La Grande-Néthe n'a pu servir de limite méridionale au pagus de Ryen, comme le soutiennent Wastelain et Dewez. Malines était divisé en deux sec- ' lions : l'une, située sur la rive gauche de la Dyle, était du Brabant; l'autre, sur la rive droite de cette rivière, appartenait au pagus de Ryen. Ces faits, ! Descripl. de la Gaule belgique, t. Ier, p. 216; Dewez, Dict. geogr. , p. 574. 2. Act. sanct. Belg., t. I, p. 291. ET LEURS SUBDIVISIONS. 81 révélés par un diplôme de Pepin de 753 et par un acte de 1008 ?, ont vivement contrarié certains auteurs. Ces actes démontrent clairement. qu'à partir de Rymenam la Dyle coulait au midi le long du pagus de Ryen. Afin d'éviter cette contradiction, ces auteurs ont voulu traduire Maslinas par Quaet-Mechelen. Il suffit de consulter le passage transcrit ici en note pour se convaincre qu'il s'agit bien de la ville de Malines, comprise entre la Dyle et la Néthe, comme l'acte l'indique 5. Celui-ci fait connaitre l'étendue de la forêt du Waverwalt entre les deux riviéres précitées. Cette forêt, comprenant les villages de Wavre-Notre-Dame , Wavre-Sainte-Catherine et Wavre-Saint- Nicolas (actuellement Putte), faisait partie du pagus de Ryen. Quaet-Meche- len, compris dans le pagus de la Meuse, ne pouvait étre incorporé dans celui de Ryen. Keerbergen est aussi indiqué, par un acte de 1079, dans le comté d'Anvers, malgré sa situation au midi du pagus et bien plus bas que Lierre et la Néthe. Cette commune touche méme à la Dyle. Selon les principes que nous avons indiqués dans l'Introduction , les archi- diaconés correspondaient souvent aux pagi moyens jusqu'à preuve contraire. Si, comme nous n'en doutons pas, ce principe est vrai en ce qui concerne le pagus de Ryen, il faut lui donner pour limites celles de l'ancien archidiaconé d'Anvers, composé d'un seul doyenné, dont nous donnons ici la description. À partir de l'embouchure du Ruppel, l'archidiaconé précité était borné au midi par celte rivière jusqu'à l'endroit où elle recoit les eaux de la Néthe. Là les limites de cette division ecclésiastique suivaient la Dyle dans la direction de Malines, puis elles passaient entre Wavre Notre-Dame, situé dans le pagus de Ryen, et de Bonheyden , appartenant à l'archidiaconé de Bruxelles et par conséquent au pagus de Brabant. Ensuite elles se dirigeaient dans les envi- rons de Rymenam, Keerbergen, Schriek et de Grootloo, compris égale- ment dans le pagus de Ryen, vers les confins du pagus de la Hesbaye. A ce ! Gramaye, Machliniæ, p. 4. « Terra in Bratuspantii medio, ubi Scalda Tyliam excipit, dietam Francis Maslinas. » ? Mm es, t. I", p. 53. « Silvae quae sunt inter illa duo flumina, quae ambo Nithe vocantur et tertium quod Thila nominatur, sitae, et quae pertinent ad illas villas Heiste et Heisten ac Badfride, nec non Maclines nominatas, quod tamen totum Waverwald appellatur, in comi- tatu Gozelonis comitis, qui Antwerp dieitur, situm. » 5 Plus tard, la ville entière passa à l'archidiaconé de Bruxelles. x 82 LES PAGI DE LA BELGIQUE point, elles glissaient entre les villages suivants du pagus de la Hesbaye : Tremeloo, Bael, Beggynendyck, Langdorp, Testelt et Everbode. Dans le pays de Ryen, les limites étaient formées au midi par celles des villages de Boisschot , Houtvenne, Hersselt et Varendonck. De là elles remontaient vers le nord dans la direction de Tessenderloo, Vorst, Eynthout, Meerhout, Moll, Rethy, Arendonck et Raevels, localités comprises dans le petit pagus de la Toxandrie. Les villages limitrophes de l'archidiaconé d'Anvers dans ces pa- rages étaient : Veerle, Westerloo , Gheel, Lichtaert, Casterlé, Thielen, Vieux- Turnhout et Turnhout. Celles de Merxplas, Wortel, Hoogstraeten , Sint-Job- in-t'Goor , Gravenwesel, Schooten , Wilmarsdonck , Oorderen, Beerendrecht et Santvliet formaient les limites septentrionales de l'archidiaconé d'Anvers. A l'ouest, elles suivaient le cours de l’Escaut jusqu'à l'embouchure du Ruppel. Pour démontrer l'identité des limites du pagus riensis et de celles de l'archi- diaconé d'Anvers, nous donnons ici la nomenclature des localités indiquées par les documents dans le pagus précité. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE RYEN. — DÉNOMINATIONS SITUATIONS DATES. ÉVÊCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES. actuelles, eee Antverpum, in pago 726 Cambrai . Anvers Province d'Anvers. Miræus, I, 41. renensium. Battel (?) sous Ma- | Badfride, in comitatu 1008 » » » Miræus, I, 53; Butkens, 1,22. lines. Blommeschot ou Blom mehof sous Oost- malle. Bouwel . Bouchout . Deurne . Antwerf, cote, in pago Jolo, infra comita- tum Ryen. Boucholt ou Buc- walde,in pago re- nensium. Durention ou Bu- rente, infra comi- tatum Rien. 994 à 1008 726, 914 994 Prov. d'Anvers, cant. de Sandhoven. de Herenthals. Province d'Anvers. . Falke, 324, 499. Voy. ibid., chronis registrum, 46, N Butkens, I, 48. Mireus, I, 12, 50. Butkens, 18; Miræus, I ci lit Burente. ? sarı- o 188. , 52, Celui- pago renensium. de Santhoven. wn [^ 3 "^J D ET LEURS S IONS 85 —— DÉNOMINATIONS SITUATIONS Tam — DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES. DIE Tse Diseghem Sous Buy- | Tissinghen , in Rien. 868, 969 Cambrai Anvers , Prov. d'Anvers, cant. | Duvivier, 319. Seghem, ; de Contich. Heist-op-den -Berg, Heiste, in comitatu 1008 » » Prov. d'Anvers, cant. | Butkens, 29; Miræus, I, 53. Antwerf. de Heyst. Hoboken, Honbeke ou Hoybeke, | 994 à 4008 » » Prov. d'Anvers, eant, | Butkens , 48; Miræus , I, 59, infra comitatu in de Wilryck. Rien Keerbergen, Kyrberge, in comi- 4079 » » Prov. de Brabant, can- | Miræus, II, 47. "tatu Ansguers. ton de Haecht. Malines " 1 1 4 T Valines , Maclines, in comitatu 1008 » Bruxelles . Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 53. Antwerf, de Wirsch, Oolen Oedlo ou Oldlobolo, | 99% à 1008 » Anvers . Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 59; Butkens, 48. infra ` comitatum de Herenthals. Rien, H H Prepusdare, super 796 Mireus, I, 41. fluvo Nutta, in pago renensium, Putte, y ; "e, Tou, Waver- Wald, CMM Schoote: À tte GEIER Scota, in Rien. 868, 869 Cambrai Anvers . Prov. d'Anvers, cant. | Duvivier, 312. de Wilryck. LM A ` : Sommingerotha ou 1003 » Miræus, I, 347; Serrure, 14. Buningerrotha, in Rien, ` j Vorsolaoy. 4 Selaer Furgalare, in pago 126 » $ Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 42. renensium. de Herenthals. Vron í mde , Frunethe ou Fri 4003 » » Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 347; Serrure, 45. methe, in Rien. de Wilryck. Wavr à j S am rl do) Waverwald , in comi- 1008 » » Prov. d'Anvers, cant. | Butkens, 22; Miræus, I, 53. Wavre Kier vis latu Antwerf, de Duffel. Dame, Wavre- où Putte, PUES Westerlo, infra comi 994 à 4008 v » Prov. d'Anvers, cant, | Butkens, 18; Miræus, I, 52. latum Rien, de Westerloo, West; Sumeerhoo] 1 k ; Cerbeek, Mirenbeke ou Meir- | 994 à 1008 » » » Ibid. beke, ib. Wilr Yek, Wilrika, in Rien . 1003 » » Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 347; Serrure, 45. de Wilryck. Wyn eg} GR " n " SEUL Winlindechim, — in 726 » » Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 14. 84 LES PAGI DE LA BELGIQUE Aucune des localités, citées dans ce tableau, ne dépassant les limites de l'archidiaconé d'Anvers, nous concluons de cette circonstance que celles-ci étaient identiques à la démarcation du pagus de Ryen. CHAPITRE II. LE PAGUS MOYEN DE STRYEN. Hilsonde , comtesse de Stryen et femme du comte Ansfride, fonda, en 9992, l'abbaye de Thorn, et la dota de l’église de Stryen, de Geertruidenberg, de Gilsen, de Baarle, du chàteau de Sprundelheim et d'une forêt située entre deux rivières nommées Mark. Selon lacte de fondation, ces biens, provenant d'une donation faite par le roi Zwentibold, étaient situés dans le pagus ou comté de Stryen, ancienne possession de Sainte-Gertrude !. Ce pagus, dépendance de celui de Toxandrie, comme le démontre un acte de 966 ?, était borné au nord par l'ancienne Meuse et le Hollandsdiep , au midi par le pagus de Ryen, dont nous indiquons les limites septentrionales dans la description de ce pays, à l'ouest par la Stryne et le cours ancien de l’Escaut, à l'est par la Donge 5. La délimitation précitée est justifiée par le tableau suivant : 1 Act. sanct. Belg., t. MI, p. 148. ? Minas, t. I, p. 654. Dans cette charte Geertruidenberg est indiqué dans la Toxandrie, tandis que dans un autre acte du X* siècle cette localité est renseignée dans le pagus de Stryen. 5 ACKER STRATINGH, Aloude staat, t. I, 2° part., pp. 162, 165; Vanpen Brnau, pp. 291, 222. ET LEURS SUBDIVISIONS. 85 TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE LA STRYNE. — DENOMINATIONS SET SITUATIONS —— — — ON ae 2 any PNNÉS S iE ROUTE DATES. | ÉVÈCH NN DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. a elles ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles. lm RM Amelenborg 2, V 'Emelenberga.. . . | Xe'sibcl.| . 4. cues e eh so . | Prov. du Brab. sep- | Vanden Berg; 222, tentrional, canton de Bre Baarlo-Due, . . . | Barle, in terra Birgen, 992 Liége. . | Campine. .|Hilvarenbeek.| Prov. d'Anvers, cant. | Miræus, I, 446. d'Hoogstraeten. et Baarle-N: » v * Prov. du Brab. sep- | Miræus, I, 446. tentrional, canton de Ginneken. Dongen B Dungha. . . . . | Xesiéole. » » » Prov. du Brab. sep- | Vanden Bergh, 222. tentrional. canton de Tilbourg. Drimmelen, |, , Tremella, in pago » » » Prov. du Brab. sep- | Vanden Bergh, 89 (*). Stria. tentrional, canton d'Oosterhouk. Hereditas-S.-Gertru- 966 » » » » Miræus, I, 146, 654 (**). A dis. Gertruidenberg y | | Monsjdnitema Siyon. xe MS ee IE im eee cs em or 20) Vanden Barg, 89, 921; ilzen Gillizela, in terra 992 » Campine. .|Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Vanden Bergh, 89. Stryen. tentrional, eanton de Ginneken. Spr d j Prundelheim sous | Sprundelheim, in 992 » » » Prov. du Brab. sep- | Miræus, I, 146. runde], terra Stryen. tentrional, canton d'Oudenbosch. | Stryen, in terra Stryen. 992 » » » Prov, du Brab. sep- | Ibid. " tentrional, canton Strijen 1 d'Oosterhout. | DE RETTEN A DOE A uror] m Pire et hs wh Ee, (CAE Strio. Zundert ze sià - utet TAM d. rab. s i "gh. 999. x Sundert. . . . . | Ae siècle. | Liége. . | Campine. . |Hilvarenbeek.| Prov. du Brab. sep- | Vanden Bergh, 222. tentrional, canton de Ginneken. Extrait de l'acte Selon l'acte de 9 ité par Gramaye. Voy. ce que nous en disons plus haut, p. 72, à propos de la situation de Berg-op-Zoom. , Geertruidenberg ainsi que la Stryne faisaient partie de la Toxandrie. Tome XXXIX. 44 LES PAGI DE LA BELGIQUE CHAPITRE HI. LE PAGUS MOYEN DE LA TOXANDRIE. La délimitation de cette division administrative est facile à établir. Elle renfermait tout le territoire appartenant au grand pagus du méme nom, moins les deux pagi moyens de Ryen et de Stryen, dont nous venons de donner la description (pp. 79, 84). Il est par conséquent inutile d'entrer dans des développements au sujet des limites de ce pays. CHAPITRE IV. LE PAGUS DIT MASUARINSIS. Un acte de 741 ! fait mention d'une division territoriale, nommée pagus masuarinsis que des auteurs écrivent à tort #ansuarensis. « Le comté des » mansuaires , mansuariorum et mansuarensis , dit Wastelain, est un enclave- » ment de la Toxandrie. Une charte de Robert, comte de Hasbanie, donnée » en 746 (lisez 141) pour l'abbaye de Saint-Trond, y place Schaffen et » Marholt ou Meerhout. Ces deux villages, au nord de Diest, désignent la » siluation de ce comté, où se trouve aussi, selon Butkens, l'abbaye d'Aver- » bode, ordre de Prémontré 2, » Nous doutons beaucoup que les termes de la charte de 144 permettent de soutenir en tous points la thése de Wastelain. Voiei comment le comte Robert s'exprime dans cet acte : « Hoc sunt Halen, Felepa et Mareolt. Ista loca » suprascripta sunt in pago hasbaniensi et masuarinse. » Il est évident, par ce ! Pior, Cartulaire de Saint-Trond, t. Y, p. 1. 2 WASTELAIN , p. 215. ET LEURS SUBDIVISIONS. 87 passage, que Haelen, Schaffen , Velpen et Meerhout faisaient partie ou de la Hesbaye ou du pagus masuarinsis. Reste à déterminer auxquels des deux appartenaient ces localités. Haelen et Velpen dépendaient indubitablement du pagus de la Hesbaye, comme le démontre la situation de ces endroits sur la rive gauche du Demer. Quoique sise sur la rive droite de cette riviére, la paroisse de Schaffen appartenait à l'archidiaconé de la Hesbaye et conséquem- ment au pagus de ce nom. Quant à Meerhout, village sis dans l'archidiaconé de la Toxandrie, il était compris dans le grand pagus de ce nom. Par consé- quent aucune de ces localités ne pouvait être située dans le pagus masua- rinsis, à moins de supposer, comme le fait Wastelain, que ce fût une subdivi- sion de la Toxandrie, ou de la Hesbaye, ainsi que le pensent Imbert, Bessilius et Des Roches. Laquelle de ces deux opinions faut-il adopter? Ou bien faut- il considérer le masuarinse comme une simple dénomination de territoire, qui ne forma pas de circonscription administrative? Les données que nous avons pu recueillir à ce sujet ne permettent pas d'adopter la première manière de voir. Jamais un document n'a donné le nom de pagus masuarinsis à une subdi- vision de la Hesbaye ou de la Toxandrie. On pourrait supposer une erreur dans la charte concernant le nom du pagus, et que la Toxandrie ait été confondue avec le Maesgau, pagus masuarinsis ou masualensis. Ce ne serait pas l'unique confusion à propos du pays de la Meuse. Dans la Relation des miracles de Saint-Trond, il est fait mention d'Aalburg dans le pagus masualensis !, tandis que celle paroisse est citée par les actes dans le pagus du Testerbant, dont elle fit en effet partie?. On peut donc admettre que l'acte précité de 741 et l'auteur des Miracles de Saint-Trond ont voulu dési- gner simplement les pays situés dans les environs de la Meuse, nommés encore de nos jours Maseland, sans attacher aux mots pagus masuarinsis une signification administrative, que nous lui dénions. Quoi qu'il en soit, le pagus masuarinse ne peut étre considéré comme une division administra- live et rien ne prouve qu'il l'ait été. 1 Act. sanct. Belgii, t. V, p. 55. ? Voir, entre autres, un acte de 1107 dans le Cartulaire de Saint-Trond , t. Y", p. 50. LES PAGI DE LA BELGIQUE SECTION III. LE GRAND PAGUS DU BRABANT. (Pagus brabantensis, bragbantensis, braibantensis, ete.) Différentes étymologies du nom de ce pagus ont été proposées. Des écri- vains la cherchent dans Bratuspantium, ville gauloise de la Picardie, dont Gésar fait mention dans ses Commentaires. D'autres la trouvent dans les noms d'un ruisseau nommé Brabant ou de la commune de Braekel, ou la déduisent de braak qui signifie inculte. Sans discuter la valeur de ces étymologies, nous nous bornerons à constater que le nom de ce pagus figure pour la premiére fois dans la Vie de saint Liévin, qui souffrit le martyre en 633, au village d'Esch. A propos de l'état sauvage des populations du Brabant le saint précité composa les vers si connus : Impia barbarico gens exagitata tumultu Hic Bracbanta fuerit, meque cruauta petit. Telle est la premiére mention connue du Brabant. Butkens fait de ce pagus la description suivante : « Le pais de Brabant, » Brachbant ou Bratusbant est, dit-il, partie de l'ancien royaume d'Austrasie » et Lorraine. Il avoit ci-devant une exstension assés ample, comprenant » tout ce qu'est entre les riviéres l'Escaut et la Thile vers le ponent et orient, » el les rivières la Rupelle et le Haisne vers le septentrion et midi, de sorte » que dans ses bornes estoient compris Lovain, Bruxelles, Nivelles, tout le » pais d'Alost jusques mémes dans les villes de Gand, Audenaerde et Tour- » nay, partie du pais de Tenremonde et tout ce que maintenant est du pais » de Haynaut par deçà le Haisne, laquelle partie est encore appellée le comté de Brabant, par corruption Burbant. L'Escaut le séparoit de la ET LEURS SUBDIVISIONS. 89 Flandre, la Thile de l'Hasbaing, la Rupelle du marquisat d'Anvers et pais » de Ryen, et le Haisne le divisoit de l'Haynaut !. » Le tracé de ces limites est admis par la plupart des auteurs , sauf en quel- ques points seulement?. Ainsi Wastelain et Ghesquiére les arrétent vers l'orient à la Senne, et s'imaginent, à tort, que le pays, situé sur la rive droite de cette rivière, se nommait pagus senonagus. Celte dénomination, citée dans différents actes, ne s'applique pas au pays de la Senne, mais à celui de Sens. Dewez limite le pagus brabantensis à la Dendre en faisant observer que l'ancien Brabant se prolongeait jusqu'à la Senne, à la Dyle et à la Velpe * Toutes ces conjectures ne sont appuyées d'aucune preuve. La Haine, il est vrai, servit en partie de frontière au Brabant vers le midi; mais celte limite ne suivait pas le cours entier de la rivière, comme le suppose Butkens. La dénomination de Marche ou Mare (frontiére) donnée à Marche-lez-Écaussines , où se trouve méme un ruisseau du nom de Brabant, le prouve suffisamment, et démontre que les frontiéres des pagi du Brabant et du Hainaut s'étendaient jusque-là ^. Le pagus du Brabant ne pouvait atteindre la Velpe. Bon nombre de communes situées à gauche de cette rivière faisaient partie du pagus hasbaniensis. ! Trophées de Brabant, t. 1%, p. 41. ? Voir dans le Minoeraër (année 1842 à 1845, p. 585), un article intitulé : Aerdrykskundige aenteekeningen over het oude Brabant. L'auteur y adopte la manière de voir de Butkens, puis il fait observer que selon Stepelinus, Wavre était dans le Brabant, et que selon la Chronique de Saint-Trond, Lovenjoel était également dans ee pagus, malgré la situation de ces localités à droite de la Dyle. Nous ferons observer que dans la Chronique de Saint-Trond il ne s'agit pas du pagus de Brabant, mais du duché de ce nom, et que l'église de Wavre est située sur la rive gauche de la Dyle. Dans son Histoire des environs de Bruxelles, M. Wauters détermine le pagus de Brabant comme suit : Au nord le Rupel, au sud le Hainaut ou vallée de la Haine, à l'est la Dyle, à l'ouest l'Eseaut. (Introduction, p. xxvi.) ? Hist. particulière des prov., t. le, p. 45. La généalogie des comtes de Flandre imprimée dans le Thesaurus anecd., t. II, p. 581, cite le Brachbantum usque fluvium Teneram. ll s'agit dans ce passage d'une partie du Brabant seulement. * LeCartulaire du chapitre de Soignies contient au sujet du ruisseau qui passe à Marche-lez- Écaussines ; Un acte très-remarquable de 1199, d’où il résulte que ce cours d'eau se nommait probablement la Marck. Par cet acte le chapitre renonce en faveur de l'église de Saint-Feullien , juxta. Carbonarias, à la dime qu'il possédait au territoire des Écaussines (Sealeinis) entre les deux ruisseaux de Loireta et de la Marcha j jusqu'aux territoires des villages voisins de Marche, Mignaut et Naast (fol. 8, v^). C'est probablement le ruisseau nommé la Marck qui fermait la frontiére entre le Brabant ct le Hainaut. Est-ce le ruisseau nommé aujourd'hui Brabant? 90 LES PAGI DE LA BELGIQUE Wastelain est bien plus prés de la vérité lorsqu'il dit, à propos du pagus de Brabant : « C'est à peu prés l'étendue de la juridiction qu'avaient les » archidiacres de Brabant et de Bruxelles dans l'église de Cambrai, avant » l'érection des nouveaux évéchés!. » Ce fut en effet, avant la création de l'arehidiaconé de Bruxelles, en 1277, l'ancien archidiaconé du Brabant, qui détermina, à peu d'exceptions prés, les limites du pagus brabantensis. Nous admettons donc la thèse de Wastelain, à condition de ne limiter ni le pagus du Brabant, ni l'ancien archidiaconé de ce nom à la rive gauche de la Senne. Plusieurs localités telles qu'Isque, Nivelles, Woluwe, Wavre et Watermael, situées à droite de cette rivière, faisaient partie, d’après les chartes, du pagus brabantensis , comme toutes les paroisses comprises entre la Senne et la ville de Louvain appartenaient à l'archidiaconé ancien de Bra- bant ?, Le tableau suivant de toutes les localités citées par les actes dans le pagus du Brabant démontre l'exactitude de notre maniére de voir : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DU BRABANT. — DÉNOMINATIONS i Sr ARCHI- SITUATION S pu DATES. | ÉVÉCUÉS. ANERE DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. USES o actuelles. Es e Afllighem sous He- | Hafflingem, in comi- 1086 Cambrai. | Bruxelles. .| Bruxelles. . | Province de Brabant, | Mirzus, (Eat kelghem. latu braebatensi, canton d'Assche. Alain. Alemium ou Allenium, | 863, 1407, » Brabant. . | St-Brixe. Province de Hainaut, | Ampl. coll, Y, 467; Miræus, in pago bragban- 1119 cant, de Tournai. 11, 4151, 1455 (*). tensi, Alost . Alosta, in pago brag 868-69 » Bruxelles, . | Alost. . Flandre orient., cant. | Duvivier, 314. battensi. d'Alost. Anderlecht. . Andrelech, in pago 1046 » » Bruxelles, . | Province de Brabant, | Miræus, I, 55. bracbantensi. cant, de Bruxelles. (*) Imbert traduit par Helligny. Devanvenx, Orig. des ducs de Brabant, V. Ier, p. 64, par Alain , d'après les Archives de Saint-Amand. 1 WASTELAIN ; p. 415. ? Le passage suivant de la Chronique de Sigebert de Gembloux indique Louvain dans le Brabant: « Henricus imperator Godefridum ducem cum exercitu in fines Bratuspantium mittit » ad obsidiendum castrum Lovanium. » (Apud Pznrz, t. VI, p. 555.) 91 d Anderluvia , aujourd'hui Anderlues, Miræus lit à tort à Bamingehem. ait partie du pagus du Hainaut et non de celui du Brabant. ns DÉNOMINATIONS Le ARCHI- SITUATIONS e 1 i DATES. G DOYENNÉS. SOURCES. À DIACONÉS. PA AIRE ACTUELLES. ANCIENNES. a actuelles. Tess " No P Anderluvio, in Bra- 613 + Anal. eccl., 11, 49 (*). banto. Anvaing , Anvinium, in pago | 920 1987 | Cambrai. | Brabant St-Brixe. Province de Hainaut, | Duvivier, 335. brabbantinse. cant. de Frasnes. sche., a (Asca ?), in pago 1015. » Bruxelles Bruxelles. . | Province de Brabant, | Duvivier, 369. bracatensi canton d'Assche. Atl A ? 4 4 : Ahat, in pago Brac HH Brabant. Chièvres. Province de Hainaut, | Le Glay, Glossaire, 31. bantensi. canton d'Ath. Audegho i s deghem . Odengem, in Brae 1089 » Bruxelles. . | Alost. Flandre orient., eant. | Miræus, 1, 75. bant, de Termonde. Are 5 n Ygem . | Aingem,in pago brag- | 14019,1030 » » > Flandre orient., cant. | Serrure, 18. bantensi. de Hecrzele. Baeyog, 3 evegem , Bavingehem, in pago 976 » » Flandre orient., cant, | Sevrure,12; Miræus, 1,3450). bragbantensi. d'Alost. Baulerg ` E ters , Bolarium, Ballariaqui | 877,897 | Liége. Hainaut. Fleurus. Province de ant, | Miræus, 1, 502, 503. ila véritab. ortho cant, de Nivelles. aphe, in comitatu brachbantensi. lé Baslum. Voy. Haslud. Beclerg GT: 1036 Cambrai, | Brabant. S'-Brixe. Province de Hainaut, | Van Lokeren, 82. bantie, canton de Leuze. Deerso Sel, sala, in pago Bra 847 » Bruxelles. . | Bruxelles, . | Province de Brabant, | Mabillon, I, 699. bantiie. canton d'Ixelles. Delo il Baliolis, in pago brag 868, 869 » Brabant. Chièvres. Pr. de Hainaut, cant. | Duvivier, 341. battensi. de Quevaucamps. M Berda vel Gackenbeka, Voy. Kakelbeke. Beygem $ ` 9.104 BE d ! E n NET NE Y" Badengem, in pago | 1049,1030 | Cambrai. | Bruxelles, . | Alost Prov. de Brab., eant. | Serrure, 48. bragbantensi. de Wolverthem, Bicvenne PURO. i m 3 in ovi i 4 Jevrene ,in comitatu 946 » Brabant. Grammont, | Province de Hainaut, | Miræus, 1, 140. Breibant. | cant. de Binche. | D LES PA 34 DE LA BELGIQUE SITUATIONS braebantensi deSt-J.-ten-Noode, ———— RAM MAL ARCHI- i Ze ÉvÉcH DOYENNÉS. SOURCES. ANCIENNES. actuelles. it | Borsbeke Bursbeka, in. 1010 Cambrai Bruxelles. . | Alost. Flandre orient., cant. | Van Lokeren, Cartulaire de bracbantensi. de Herzeele. Saint-Pierre, 72. Bottelaere Puotlara ou Botte 969, 988 ` » » Flandre orient., eant. | Van Lokeren, Cartulaire de laere, in pago Brac- d'Oosterzeele. Saint-Pierre, 43, 58. banto. Braine Brecna, lisez Briena 673 » Brabant. Halle Province de Brabant, | Ann. ecel., I, 49. ou Brana, in pago cant, de Nivelles. Brachanto. Braine-le-Cháteau. . Brania Castellum, in » » » » lebert, Ghron., 45. Brabantu. | Braine-le-Comte Brena Wilhota, in 1450 » Hainaut. Mons. Province de Hainaut, | Duvivier, 567. | pago bracbatensi. cant. de Soignies. Broqueroi, forêt . Bokeroi in Brabantia. Gislebert, Chron., 19. Bruccom, dépendance | Brucheim ou Bro- | 868-869 | Cambrai. | Bruxelles. . | Bruxelles. . | Province de Brabant, Duvivier, 342; Van Lokeren,? de Leeuw-St-Pierre, chem,in pago brag 1036 canton de Hal. battensi. Brugsken sous Wi Bruggecine, in pago | 1019, 1030 » » Alost. FI. orient., canton de | Serrure, 47. chelen, bragbantensi. Termonde. Brussegem Bursinghem, in pago 1036 » » Bruxelle: Prov. de Brab., cant. | Van Lokeren, Cartulaire de Brabantie, de Wolverthem. Saint-Pierre, 82. Bruxelles Bruocsella, in Bra 966 » Province de Brabant. | Miræus, 1, 654. bantinse. Burst Bursitia, in pago Bra- | 814 à 870 » » Alost. FI. orientale, canton | Van Lokeren, Cartulaire de gobattinse. de Herzeele. Saint-Pierre, * Busnirs, in pago Bra 1036 Van Lokeren, Cartulaire de bantie. Saint-Pierre, 82. Cambron Cambrione, in pago T Cambrai. ibant. Chièvres. Province de Hainaut, | Letrone, Dipl., 19. Bragobanto. cant. de Lens. Campenhout Campenholt, in pago » Bruxelles. . | Bruxelles. . | Province de Brabant, | Acta SS. Belgii, V, 66. brabantensi. cant. de Vilvorde Castre-lez-Halle Castris, in Brabant. » Brabant . Halle. Province de Brabant, | Gislebert, Chron., 15. cant. de Halle, Condé Condatum, territorio 4200 » » Chièvres Département du Nord, | Miræus, 1, 726; De Guise» Brabantie contermi VII A num in Brabantia, Crainhem Crainham, in pago 1003 » Bruxelles. . | Bruxelles. . | Prov. de Brab., cant. Serrure, 44. ET LEURS SUBDIVISIONS. 95 — DÉNOMINATIONS | ES s E ARCHI- SITUATIONS "iy. Panos GER DATES. | ÉVÊCHÉS. É DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELI. ANCIENNES. DJAGQNE actuelles. Lë Ürombys ` " ; K ; Prusse sous Mei-| Crumbrugga, in pago 966 Cambrai. | Bruxelles, . | Alost. . . | Flandre orient., can- | Van Lokeren, I, 42. oibeke, bragbatinse. ton d'Oosterzeele. Déftinge ; ) TRAE éflinge Davatinge, in, pago 1096 » Brabant. . » Fl. orient., eant. de | Van Lokeren, I, 74. bracbantensi. Nederbraekel. Denderwi S h à d Wlerwindeke Ventiea, in pago 988 » , Grammont. | Fl. orient., eant. de | Van Lokeren, I, 58. Brachanto. Ninove Dickele 3 ikate, Decla, in pago brac- 822 » Bruxelles, .{ Alost. . . | Fl. orient., c Mabillon, Act. Bened, saec., batinsi. Hoorebeke-Sai IV, part. E, 67. Marie, 9 ` . | Ducia, in pago brag- | 868,869 VEI re S aen DSTI IAS battensi. Écaussi " Ussines , Scancia, in pago Bra 751 Cambrai. | Hainaut. .| Mons . . | Province de Hainaut, | Dom Bouquet, Rec. des hist., gobanto. cant. de Soignic PE i h A Ecname ; 9 Mire ros 1 name , . | Eiham, in territorio 1064 " Bruxelles, . | Pamele. . | Fl. orientale, canton | Miræus, I, 152. br: ensi, d'Audenarde. Elfve, dé : ; ` je dépendance de Olfne ou Olfna près |811-70, 96% » » Alost. . . | Fl. orient., canton de | Vande Putte, 81, 92; Van Lo- Al'egem, de l'Escaut, in pago Hoorebeke-Sainte- keren, 13, 38 (*) brabantinse. Marie. Elst $ . | Elsuth ou Helset, in | 977,1086 » » Pamele. . » Van Lokeren, I, 48, 82, 86. pago brabantinse. Eppege Ppegem Ippinghohaim, in pago 966 » » Bruxelles. . | Prov. de Brab., can Miræus, 1, 654. brabantinse. ton de Vilvorde. Erondeg degom., Eroldingeheim, in | 808,869 » » Alost, . . | Fl. orientale, canton | Duvivier, 312. pago bragbatte d'Alost. Escorna: “Sorna n n Bur + | Uncorminia, in pago 864 » » Binche . . | Fl. orient., canton de | Miræus, I, 27. brachbatense. Hoorebeke-Sainte- Marie. Ettin "Hinnen. dé m E d N TRA de Seba dépendance Hetlinge, in pago 988 » » Alost. . . | FL orientale, canton | Van Lokeren, I, 58 (**). "heldewindeke. Bracbanto, d'Oosterzeele. Everbec, EL Herlegona, in pago 1107 » Brabant, . | Lessines, . | Province de Hainaut, | Miræus, Il, 1151; De Vaddere, bragbatensi. canton de Flobeeq. ,0 (7). e ) Ces auteurs pensent qu'il s'agit d'Olsene sur la Lys, ce qui est inadmi sible. En présence du texte, Olsene ne pouvait faire partie du pagus bra- SC Il faut lire Olfve au lieu d'Olfne. Ge Imbert traduit à tort par Eldringen et Van Lokeren par Ettelghem dans le pagus de la Flandre. d R La transformation de Herlegona en Everbecq est soutenue par De Vaddere ; elle nous parait difficile à admettre, Vers la fin du siècle dernier, l'abbaye recu propriétaire de Herlegona, ne possédait plus dans les Pays-Bas d'autres biens qu'à Tournai, Bleharies, Espierres, Pecq, Warcoing, Froid- e Hertain , Willemeau , Rumes, Rongies , Lamain , Allain, Maubrai, La Plaine, Anvain et Mons. Ne faut-il pas lire Herligova ou Herlingova ? Dans Cas, il s'agirai : op EES m y ` AS, il s'agirait de Herlinkhov e, déjà mentionné dans les Acta SS. Belgii, t. IV, p. 285. Tome XXXIX. 15 94 LES PAGI DE LA BELGIQUE ÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS dE ne men A CU) DANS H DOYENNÉS. SOURCES. Eu actuelles, ACTUELLES. ANCIENNES. M Feluy. Fellui, in Brabanto. 613 Cambrai. | Hainaut . Mons. Province de Hainaut, | Duvivier, 273 (*). canton de Seneffe. Gallaix ?. 868, 869 » Brabant . S'- Brice. Province de Hainaut, | Duvivier, 311. canton de Leuze. Gand. Ganda, in pago brac- 819 » Bruxelle: Alost. . .| Flandre orientale. Serrure, 2, bantinse. Gaurain . Caurinio, in pago 1057 » Brabant . Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss. top., 8. bracbatensi. canton de Leuze. Germes(les)sous Soi- | Germinum, in pago | 1107, 4119 Province de Hainaut, | Miræus, II, 4451, 4158. gnies. brabantensi. cant, de Soignies. Gevergem, dépend. | Geveringehem , in | 868,869 | Cambrai. | Bruxelles. . | Alost. Fl. orientale, canton de Moorsel. pago bragbattensi. d'Alost. Gontrode Roda, ib. 1107, 1419 » » » Fl. orientale, canton | Miræus, III, 415; Dovaddere, d'Oosterzeele. , 05. Goyck Gaugiaca, in comi- 1059 » Brabant . Hal Prov. de Brab., cant. | Miræus, I, 503. tatu brachbantinse. de Lennick-Saint- Quentin. Grammont . Geraldimons, in Bra- » » Grammont. | F1 orient., canton de | Acta SS. Belgii, IV, 285; banto. Grammont. Gysenzeele sisingasela, in pago 916 Cambrai. | Bruxelles. . | Alost. Fl. orientale, canton | Serrure, 12. bragbatinse. d'Oost e. Hal Hal, in Brabantia » Brabant . Hal Province de Brabant. | Gislebert, Chron., 45. Ham lez-Assche . Ham, in Brabanto. 1033 » jruxelles, . | Alost. F1. orientale, canton | Miræus, I, 57. d'Alost. r tous, | Hamme . Hummas, in pago | 811-870, » » Bruxelles. .| Province de Brabant, | Van Lokeren, I, 43; Mirceus» ^ bragbatinse. 1033 canton d'Assche. 57. n 7 ene Haren Haren » » » Prov. de Brab., cant. | Mabillon, Acta sanct Zu de Vilvorde. dict, saec., NI, p 1 Hautem-St-Liévin. Holtem, in pago brag- 916 » » Alost. canton de batinse. (*) Feluy fut annexé au doyenné de Mons entre les années 1150 et 1177. dans an (**) Lx Gray, Rev. des Op. dipl., p. 37 et Moutanr, Essai sur Brunengerutz , font passer à tort ce village pour celui de Houtem-Sainte-Marguerite le pagus de la Hesbaye; ces auteurs ont confondu le pagus de Brabant avec le duché de ce nom. ET LEURS SUBDIVISIONS. DÉNOMINATIONS SITUATIONS batensi, canton de Lens. M p — d EA ARCHI- d DATES. | ÉVÉCHÉS. : DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNE DIACON actuelles. We Junge . | Autregium, in Bra- 4944 Cambrai. | Brabant. ,| Chièvres. . | Province de Hainaut, | De Reiffenberg, Monum., I, bantia. cant, de Boussu. 132. lavines J Hauvines, in Brai- 4123 » » St-Brice. . | Province de Hainaut, | Duvivier, 529. banto, cant. de Tournai. H n . | Haynæ, in pago Bra- 4036 TS CA fos Van Lokeren, 1, 82. bantie. He E e dépendance | Heembeeke, in pago | 811-870 » Bruxelles. . | Pamele ou | Fl. orient, canton de | Van Lokeren, I, 12. Gert? ethem ou bracbatinse. Alost. Hoorebeke - Sainte - Jane. Marie ou Grammont. H 3 ` : Weer €melvecrdegem, Ermefredegho, in co- 963 » Brabant. .| Grammont. | Fl. orient., canton de | Duvivier, 342. mitatu Brabanti. Neder-Brakel. H z Kate 1 à " g vm ennuyères .| Hannuria, in comi- | 877,897 » » Hal Province de Hainaut, | Miræus, 1, 502, 503. tatu bracbantinse. cant. de Soignies. Herders LE EXP erdersem, . | Hardigisheim ou Ha- | 868, 869 » Bruxelles. Bruxelles, . | Fl. orientale, canton | Duvivier, 312. religisheim, in pago d'Alost. brabattinse. Herinnos * j į i vinnes . Herinias, in pago |4407,4119 » Brabant . St- Brice. Province de Hainaut, | Miræus, I, 4484, 4155. r atinse. canton de Celles. Herli ? NM linkhoyo Herlengova, in Bra- | 4407, 4419 » » Grammont. | Fl. orient aton de | Acta SS. Belgii, IV, 285 ; Mi- banto ou Herlegona, Ninove. reus, II, 1151. in pago brabatensi. Herzog x zele, Hersele, in pago Brac 972 » Bruxelles. . | Alost. . . | Fl. orient., canton de | Vande Putte, 406; Van Lo- banto. Herzeele keren, 45. Hille "Bom Hildeningahem, in | 811,870 » » » FI. orient., canton de | Van Lokeren, I, 41. pago bragobatinse. Sottegem. Holt $a sou Qn Holbeke Hotsubecce, in pago | 868,869 » Brabant . Grammont. | Fl. orient., canton de | Duvivier, 314. ghem. oubrechte- bragbattinse. Herzeele. Ideg 1 samin + | Indingehem ou Idin- | 964, 988 » » » FL. orient., canton de | Van Lokeren, I, 38, 58. ghem, in Bracbanto. Grammont. Isières ES * | Iser, in pago bracha- 4051 » » Lessines. Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss., 8. n pag e tensi. canton d'Ath. Laun Wem Overyssche. Isca, in pago brag- 832 » Bruxelles. . | Bruxelles. . | Province de Brabant, | Ampl. coll., L, 88. bantensi. canton d'Ixelles. Ittre N . | Irma ou Turna, in | 887,897 » Brabant . Bl ss Province de Brabant. Miræus, 1, 502, 503. | ] > i H comitatu brachban- cant. de Nivelles. tinse, Jurbi isi TA i y n d o Jorbisa, in pago brac- 4057 » » Chièvres. . | Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss., 8. 96 LES PAGI DE LA BELGIQUE Lembeeq lez-Hal . | Lemberge Lennick . Lens-sur-Dendre. | Lessines. Letterhautem ou Hau. tem-Saint-Liévin, Leupegem . . Leuze. | Lierde-Sainte-Marie. | Voy. Kakelbeke. Maeter . . Lembeca, in bracbatinsi. pago Lintberga ou Lem- berge, in pago Brac- banto. Liniacum ou Liniaca, in comitatu brach bantinsi. Lens en Brabant . Lietzinis, in comitatu 3reibant, Holthem, in pago bracbatinsi. Pingehem, in pago »ragbatinsi. à ou Luthosa, go Brabant. Lothus: in pa Materna, in brabantie. pago 100% 988, 1036 877, 897 1308 1026 802, 870 1036 Bruxelles. Brabant . Bruxelles. Bruxelles, . Bruxelles, . Alost Hal Chièvres. Lessines. Alost. Pamele . S'-Bri Alost. canton de Hal. FI, orientale, canton d'Oosterzeele. Prov. de Br: H de Lennick-Saint- Quentin. Province de Hainaut, canton de Lens. Province de Hainaut, cant. de ines. FI. orient., canton de Herzeele. Fl. orientale, canton d'Audenarde. Province de Hainaut, canton de Leuze. F1. orientale, canton d'Audenarde. Bruxelles, V, TT. De Guise, IX, 498. Van Lokeren, 1, 58, Miræus, 1, 502, 503. Ghartrier de l'abbaye Gli slenghien. Miræus, 1, 440. Van Lokeren, 1, 14. Miræus, Van Lokeren, 1, 82. (*) L'acte de 802 a été considéré comme suspect, Voy. Ecxmanr, De rob. franc. orient., t. IL, p. 28; cette opinion ne parait pas fondée, Voy. Zeit des Bergischen Geschichtvereins, t. I, pp. 15 et 16, année 1869. — DÉNOMINATIONS mend SITUATIONS | —— — Geif ZER ^ AMG 7p Ge a 2S | HER * DATES. |ÉVÉCHÉS. 5 DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. actuelle: | ACTUELLES ANCIENNES. actuelles. eg Kain . Cheym, in capite 113€ Cambrai. | Brabant . S'- Brice. Province de Hainaut, Duvivier, 549. bracbatensis archi cant. de Tournai. diaconati. Kakelbeke sous | Berda vel Cukenbeka, | 1034 » » Grammont. | Fl orient Van Lokeren, L, 79. | Lierde-Ste- Marie, in pago bracban- Nederl | tense. Ladueze . Lotice, in pago brag 868, 869 » » Chièvres. . | Province de E Duvivier, 311. battense, eant, de Ch Lebbecke Lietbeka, in pago 1003 » Bruxell Bruxelles. , | FI. orient., canton de | Serrure, 14. bracbantense. Termonde, Lede . Letha, in pago brach 964 » » Alost. Fl. orientale. canton | Van Lokeren, I, 38. bantense. d'Alost | Leeuw-Saint-Pierre. | Lewe, in Brabantia, | 794-818 » Brabant . Hal Province de Brabant, | Wauters, Hist. des envir. de 82. de schrift ET LEURS SUBDIVISIONS. ACTUELLES. MÀ NOMINATIONS ANCIEN DATES. ÉVÉCE ARCHI- DIACON S. DOYENNÉS. SITUATIONS actuelles, SOURCES. Maflles? . Mainvaul Makeghem, de Bouc Où de S, dépend. S'-Denis Yelderode. Malines , Massemen Westrem. Meire, Melden . Melle, Melles près d'Antoing. Melsen " Morehem prés d'Alost. Merchtem ? ou Me- Yehem 9 : Meslin l'Évèque . Mignault. Montis; lontignies-lez- Lens. Moor lseele , Ggeitlledis, in pago bragbattense. Maionisvualdo, in pago brachatensi, Machingahem, in pago brachantinse. Masline, in Brabanto. Masmine, in pago brachantensi. Meren, in pago brac batensi. Milna superior, i pago Bracbanto. Mella, in pago brae batense. Milla, in pago brag batensi. Meleunnaria où Mel- in pago Maringeheim ou Me ren, in pago brag battensi. Mereshem ou Mersk hem, in pago brac bantinse. Melin, in comitatu Breibant. Miniacum, in I banto. Mokersmorter, — in pago brabatensi. Montinium in Bra- bantia, Mortesela, in . pago bantensi. 868-869 M 630-681 1019, 4030 1003 988 1407, 4419 814, 870 868-869 1003 1003, 4019 et 1003 1040 1019, 1030 Cambrai. Cambrai. Brabant . Bruxelles. Brabant . Bruxelles. Brabant . Hainaut . Brabant . Bruxelles. Chièvres. Lessines. Pamele ou Alost. Bruxelles, Alost. Pamele . Alost, St-Brice. Bruxelles. . Alost. Bruxelles ou Alost. Lessines. Mons. Chièvre Alost. Province de Hainaut, cant. de Chièvres. Province de Hainaut, canton d'A, FI. orient., canton de Hoorebeke Province d'Anvers. . FI. orient., canton de Wetteren. Fl. orientale, canton d'Alost. FI. orientale, canton d'Audenar FI. orientale d'Oosterze canton ele. Province de Hainaut, canton de Celles. Fl. orientale, canton d'Oosterzeele. Fl. orientale, canton d'Alost. F1. orientale, canton d'Assche ou d'Alost. Province de Hainaut, canton d'Ath. Province de Hainaut, canton de Mons. Province de Hainaut, canton de Lens. Fl. orientale, canton d'Oosterzeele. Duvivier, 311. Le Glay, Gloss., 34. Van Lokeren, I, 6. Pertz, VI, 384. Serrure, 18. Serrure, 44. Van Lokeren, 1, 58. Van Lokeren, 1, 38. Miræus, I1, 1451, 1459. Van Lokeren, 1, 42. Duvivier, 344 ; Serrure, 14 Serrure, 14, 17. Miræus, 1, 140. Duvivier, 272. Van Lokeren, I, 86. Gislebert, Chron., 4. Serrure, 18. 98. LES PAGI DE LA BELGIQU DÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS E UEM T ÉVÊCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles. a Munck-Swalm ou Ne- | Suualma, in pago 4003 Cambrai. | Bruxelles. . | Pamele . Fl. orient., canton de | Serrure, 14. der-Swalm. bracbantense. Hoorebeke - Sainte - Marie. Munte Monte, in pago brac- 990 » » Alost. . . | Fl. orientale, canton | Von Lokeren, I, 59. bantensi. d'Oosterzeele. Muzikberg entre Au- | Moseka ou Ozeka, in | 4036, 4040 » » ^amele . Fl. orientale, canton | Van Lokeren, I, 82, 86. denarde et Maeter. pago brabantensi, d'Audenarde. 3 Neder-Eename Enam inferior, in 1036 » » Alost. . . | Fl. orientale, canton | Ibid. pago Brabantie. d'Audenarde. Neuf- Maison sous | Novas domus, in pago | 1005, 1119 » Brabant . St Brice. Province de Hainaut, | Miræus, I, 4451, 1455. Vaulx lez-Tournai. bragbantensi. Nieuwenhove . . . | Niwehova, in pago 1064 » » Hal. . . | Fl. orient. canton de | Miræus, I, 156. bracbatensi. Grammont. TERN t ; LV: Ninove . . . . | Neonisio, in pago | 809,847 » » Grammont. | Fl. orient., canton de | Acta sanct. Bened. SA Ih bracbatensi. 863 Ninove. part. L, 61; Ampl. Cor» ? Í 167; Mabillon, I, 132: Nivelles . Nivella in pago 1041 Liége. . | Hainaut. . | Fleurus. Province de Brabant. | Miræus, f, 661. bracbatensi. Ogy . | Ogio, in pago brac 4057 Cambrai. | Brabant . Lessines. . | Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss., batensi. cant. de Lessines. Op-Hasselt. Baslium ou Haslud, 963 » » Grammont. | Fl. orient., canton de | Duvivier, 342. in comitatu Bra- Nederbrackel. banti. Ottergem Ottringhem, in pago 1036 » Bruxelles. . | Alost. Fl. orientale, canton | Van Lokeren, I, 82. Brabantie, d'Alost. Papegem. dépendante | Papingehem, in pago 916 » D » » Serrure, 42, de Vlierzele. bragbatinse. Petegem, dépendance | Pitelinghem , in pago 1036 » » » Fl. orientale, canton | Van Lokeren, L, 82. de Melle. Brabantie, d'Oosterzeele. Petit-Crepin sous | Cella Sti-Trinitatis, 1090 » Brabant . Chièvres. . | Province de Hainaut, | Miræus, IL, 4139. Pommerœul. in pago braban- canton de Quevau tensi. camp. 2 I Pommeræul Pomerolium, in Bra 1214 » » » » De Reiffenberg, Monum.» ? bantia. 432. Ponchaux Putian, in comitatu 946 » » Chièvres. Province de Hainaut, | Miræus, 1, 440 (^). (*) Selon Miræus et la plupart des auteurs, Putian dé écessaires pour trancher cette difficulté. Dans les temps modernes , l'abbaye de Gembloux ne possédait plus son ancienne prop seu pago, Braibant. ignerait Peuthy. M. G e monastère on lit non Putian, mais Petiau , ce qui semblerait donner gain de cause à M. Grandgagnage. canton d'A, randgagnage y voit Ponchaux; nous avons en i d hé les éléments re . Dans le cartulair ET LEURS SUBDIVISIONS. 99 Deva RSS GE der, loc. cit., prétend que Sein était situé près de Mortagne. Nous n'avons pas retrouvé cette localité. — DÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS DAT ÉVÉCHÉS. AE DOYENNÉS. SOURCES. D NES. 8 »lles ACTUELLES, ANCIENNES. JACO actuelles, PEEL E: enesti 4 d a oh, n d T J n d vi ivi 8 Ruenestinnes, dépen- Guactinis, in pago | 868,869 | Cambrai. | Brabant. .| Hal . . . | Province de Brabant, | Duvivier, 314. nce de Saintes, bragbattensi. canton de Halle. Renai: i k í r * 1 )nüx , . | Rotna villa bra » Bruxelles. Pamele . Fl. orient., canton de | Balderie, Chron., liv. 1, 75. batense. Renaix. n dépendance Roselare, in pago 1036 » Brabant . Grammont. | Fl. orient., canton de | Van Lokeren, I, 82. -Antelinekx. brachbatensi. Herzeele. Roucour n S court Rogericurte, in co- 1053 » » S'-Brice. Province de Hainaut, | Duvivier, 390. mitatu brageran- canton de Perwez. tense. Roobors ; ; T ohorst . | Busuut, in pago bra- 4040 » Bruxelles. Pamele . Fl. orientale Van Lokeren, I, 86. bantensi. Hoorebeke Marie. Rooschek VE ; Sebelie , Rosbaeis, in comitatu 877 » » » Fl. orient., canton de | Miræus, 1, 502. brachbantinse. Hoorebeke - Sainte- Marie. Russigni Siguies , Rocenaka, in. pago 1001 » » » Fl. orientale, canton | Van Lokeren , I, 70. bracbantensi, d'Audenarde. B.A mand lez-Puers, | Baceroth, in pago 822 » » Bruxelle: Prov. d'Anvers, eant, | Mabillon, L, 66. D pag d bracbatinse. de Puers. Saint-By: US none prés de 1138 » Brabant . S'-Brice. Province de Hainaut, | Duvivier, 549. Saint ülntes dne Ze, d " jene SC à Sanetis,in pago brag- | 868, 869 » » Hal Province de Brabant, | Duvivier, 314. battensi. canton de Hal. Sant; Sauveur, S. Salvator, in Bra » » St-Brice. . | Province de Hainaut, | Acta SS. Belgii, IV, 285. bantum, canton de Frasne. Salardinge : OM Gei lingen . Soraldingies,inpago | 868,869 » » Grammont. | Fl. orient, canton de | Duvivier, 311. bragbattensi. Grammont. Schelle d belle Bella ou Belliavieum, | 4019, 1030 Bruxelles. Alost. Fl. orient., canton de | Serrure, 17; Miræus, I, 349. in pago bragban- Wetteren. tensi. Sche endelbeke ; i |a op d ` TEE Ibeke . Scemtlebecke, in pago | 868, 869 » Brabant . Grammont. | Fl. orient., canton de | Duvivièr, 311. bragbantensi, Grammont. Sehooy; Oris, TAS Pd EE e = : > naix 886 ou Escor- Securiacum, in pago 822 » Bruxelles. . | Pamele . Fl. orient., canton de | Mabillon, Acta sanct. Bened. n NU bracbantinsi. Hoorebeke-Sainte- saec., part. IL, p. 67. " Marie. egelse gelsen n Samia TAS iN 3 . Seingulsivilla, in pago | 808, 869 » » » » Duvivier, 3144. bragbattensi. Sein. s j près d - Sei H + D T * taga S de Mor- | Sein, ib. 1407, 4119 Dépt du Nord, cant. | Miræus, I, 4484, 4458 (°). de S'-Amand. 0) PAGI DE LA BELGIQUE — INATIONS | " cn ^ SE ARCHI- SITUATIONS : Gn: DATES. | ÉVÉCHÉS. n DOYENNÉ SOURCES. DIACONES. i elles ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles, —ÀÀ à Semmersaeke . Cimbersaea ou Cym 8114-70, Cambrai. | Bruxelles. Alost, . . | Fl. orientale, canton | Van Lokeren, I, 49, 82. bersake, in pago | 4036 d'Oosterzeele. bragbatinse. ? Singem . 1030 FIM " " Miræus, 1, 349. Sirault . | Securiaeum, in pago 822 Cambrai. | Brabant. . | Chièvres. Province de Hainaut, | Mabillon, Acta sanct. Benel: bracbantensi. 1107, 4119 canton de Lens. IV, part. L, 67; Mir us, 1, 4151, 4155. H pago 988 Kä i x Van Lokeren, E, 58 (*). | Smetlede Smet te Lede, in pago 4036 Cambrai. | Brabant . Grammont, | Fl. orientale, canton | Van Lokeren, I, 82. Brabantie. d'Alost. Tietrode, in pago 1010 » Ge KE x e Duvivier, 365. bracbatensi. Tongres-Notre-Dame | Tongræ . » Brabant . Chièvres. Province de Hainaut, | De Buck, Vita sancti Dodon et Saint-Martin. cant, de Chièvres. 52, 56. . Voy. Saint "Tourpes , Dorp, in pago Bravi 950 » » » Province de Hainaut, | Mirzeus, I, 141. bant, canton de Quevau- camps. | Tubize Tobacis, in comitatu 877 » » Hal Province de Brabant, | Miræus, 1, 502. brachbantinse. cant. de Nivelles. Vantegem, dépend. | Vantenghem, in pago 1036 Bruxelles, Alost. . FI. orient., canton de | Van Lokeren, I, 82. de Wetteren. Brabantie. Wetteren. Velsique. Felsiea, in comitatu 4053 » » » Fl. orient., canton de | Duvivier, 390. brageratensi. Sottegem. Ville-Pommerœul. Villa, in pago brag 354, 880 » Brabant . Chièvres. Province de Hainaut, | Miræus, 1, 648; II, 10. bantinse, canton de Quevau camps. * er : "n Villerot . Vilerot, in Brabantia, 1214 » » Province de Hainaut, " Villers-Saint-Amanc Vilvorde . Virginal Vilare, in pago brag- batensi. Filfurdo, in Brag bando. Verzenau, in pago 4105, 41419 868, 860 bragbattensi. Bruxelles. . Brabant . (^) Cet auteur pense qu'il s'agit de Seevergem , localité sise dans le pagus de Gand. jruxelles. . Hal cant. de Boussu. Province de Hainaut cant, de Chièvres Province de Brabant. Province de Brabant, canton d'Ittre, De Reiffenberg, Monum" 1, 132. Mivæus, IL, 4151, 1155. Lacomblet, I. Duvivier, 911. ET LEURS $ 101 Tome XXXIX. S DÉNOMIE s D NATIONS ARCHI- SITUATIONS eame ARE ees GEN 2 q "i DATES, |ÉVÉCHÉS. acongs, | POYENNÉS. SOURCES. DIACONES. ACTUELL ANCIENNES. DIACONI actuelles. —— v ` eckhem Flachem, in pago 1036 Cambrai. | Bruxelles. Alost. Fl. orientale, canton | Van Lokeren, I, 82, Brabantie. d'Alost. Vlierzele lerzelo, Flithersala, in pago 864 » » » » Serrure, 4. bracbantense. Wadeline, 3 Z ; a è d Sé idelincourt . Wandalini-eurtis in 988 » Brabant . S'-Brice. Province de Hainaut, | Duvivier, 357. pago Braebanto. canton de Quevau- camps. Wa à ^ Tagen, dépend. Vualzegem, in pago 1101 » Bruxelles. Alost. . . | HL orientale, canton | Revue d'hist. et d'archéol., IL d Balegem brabantense. d'Oosterzeele. 445 Wa ` n A í ambeke Wambace, in comi- 877 » Brabant . Hal Province de Brabant, | Miræus, 1, 802. tatu brachbantense. canton de Lennick- Saint-Martin. Warchi ja AL g d hin, . | Warcinium ou Varci- | 4407, 4419 » » St-Brice, . | Province de Hainaut, Miræus, IL, 1151, 4155. nium, in pago brag- canton de Tournai. bantensi. Waterma À Tract ` Guatremal, in pago 909 » Bruxelles. Bruxelles. . | Province de Brabant, | Cham y: TRA Docum. , IN pag T | brachbantisse. canton d'Ixelles. inédit, 1, Wavre : H ainaut . xembloux. . | Province de Brabant, cta. SS. Belgii, ù- s Hainaut Gembl P. le Brabant, | Acta SS. Belgii, V, 6%; Ma canton de Wavre. billon, Acta sanct. Benea ^ saec., VL, part. IL, 97. Wetter teren Wettra, in pago brac: 1144 Cambrai. | Bruxelles. Alost. . . | Fl. orient., canton de | Le Glay, Gloss., 34. batensi. Wetteren. Woluwe ou. We- St. Étienne, Tops in pago | 4046, 4048 » » Bruxelles. . | Province de Brabant, | Miræus, I, 55; Baldéric, cant. de Woluwe, Chron., 1, 459 Won ^ de Vd dépendance Warminia, in pago 864 » » Alost. . Fl. orient., canton de | Serrure, 4 (* ique bracbantense. Sottegem. Woubr echtegem 4 Amobriengeheim ou | 868,869 » Brabant . Grammont. | Fl. orient., canton de | Duvivier, 342. Woubriengeheim, in Herzeele. vi pago bragbattensi. e; = a Los CS dépendance Willenghem, in pago 1036 » Bruxelles. Pamele . F1. orient., Van Lokeren, 1, 82 Di Bouelo- s Saint- Brabantie. Hoorebeke is, ` Marie. Zegels Haam Seingulsi-villa, in | 868, 866 » ^ » » Duvivier, 342. pago bragbattensi. Zeite ek Sethleca ou Selleca, 974 » » Bruxelles. . | Province de Brabant, | Serrure, 9; Miræus, I, 350. in pago bragban- cant. d'Anderlecht. tinse. Zwyndrec r: n n eN Vo, dépend. | Sguindresch, in pago 847 » » Alost. . . | PL orient., canton de | Mabillon, Ann., II, 699. de m SR ou braebatensi. Woorebeke-Sainte- ame, Marie. OM. De Viaminck (Opkomst des lands van Dendermonde ) pense à tort qu'il s'agit de Munck-Swalm qui s'appelait Sualma. Voy. Munck-Swalm. 16 102 LES PAGI DE LA BELGIQUE L'archidiaconé primitif du Brabant était borné au nord par l'Escaut , le Rupel et la Dyle à partir de Gand jusqu'à Keerbergen; au midi par la Haine depuis Condé jusqu'à Saint-Ghislain, petite ville de l'arehidiaconé et du pagus du Hainaut. Ensuite les limites de ce territoire passaient entre Pomme- rœul, Ville-Pommerœul, Hautrage, Villerot, Sirault, Neufmaison , Casteau , Masnuy-Saint-Jean, Neufville, Soignies, appartenant à l'arehidiaconé du Bra- bant, et Baudour, Nimy, Thieusies, Naast, Famillereux , Seneffe et Feluy, situés dans celui du Hainaut. A l'ouest, les limites de l'archidiaconé du Brabant suivaient le cours de l'Escaut à partir de Condé jusqu'à Gand !. A l'est elles ! touchaient à la ligne de séparation du diocèse de Liége, c'est-à-dire aux limites orientales des paroisses de Boortmeerbeek ,Wespelaer, Thieldonck, Bueken, Herent , Beysem , Meerbeek , Berthem , Corbeek-Dyle, Neeryssche, Rhode- Sainte-Agathe , où elles cótoyaient les rives de la Lasne jusqu'à Plancenoit. A partir de cette commune elles suivaient de nouveau les limites orientales des paroisses d'Ophain, Ittre, Haut-Ittre, Bois-Seigneur-Isaac , Virginal et Hennuyéres; puis elles touchaient à l'archidiaconé du Hainaut, qui compre- nait de ce côté les paroisses de Petit-Rœux, Braine-le-Comte, Henripont et Feluy. Le tableau des localités comprises dans le pagus du Brabant men- tionne peu de paroisses situées au delà des limites de l’ancien archidiaconé du Brabant. Ainsi Sirault, appartenant à ce pagus, avait un hameau du nom de Cavin (Calviniaca) qui était soumis au pagus du Hainaut ?; Casteau, situé dans le Hainaut, appartenait à l'archidiaconé du Brabant 5. Depuis Nivelles, positivement désigné dans le pagus brabantensis, malgré sa situation dans le diocése de Liége, les limites de ce pagus suivaient à peu prés ! L’Escaut séparait si bien le pagus du Brabant de celui de la Ménapie que la partie de Tournai située sur la rive droite du fleuve appartenait au Brabant, tandis que le reste était situé dans le Mempise. Adrien de Valois commet une erreur en disant (p. 95) que Tournai fai- sait partie du Brabant. Le passage de Sigebert de Gembloux , sur lequel il s'appuie, dit simple- ment: « In pago brabantensi juxta Tornacum , » et Anselme écrit: « In pago brabantensi circa » Tornacum. » Il en était de même à Gand. On a cherché à expliquer comment le monastère de Saint-Pierre, situé sur la rive gauche de l'Escaut en cette ville, a été désigné dans le Brabant par un diplóme de Louis le Débonnaire de 819. S'il n'y a pas d'erreur, il faut admettre que le lit de l'Escaut a été déplacé à Gand. 2 Recueil des hist. de France, t. VIII, pp. 488, 659; Ampliss. coll. , t. I", p. 195. 5 Ibid. ET LEURS SUBDIVISIONS. 103 le cours de la Thines. De sorte que Mignault, Naast, Marche-lez-Écaussines, Feluy, Thieusies, Henripont, Arquennes et Braine-le-Comte, localités de l’archidiaconé du Hainaut, faisaient néanmoins partie du pagus du Brabant. Elles ont été réunies seulement au doyenné de Mons entre les années 1150 et 1477 !. Malgré sa situation dans le diocèse de Liége, Wavre était égale- ment compris dans le Brabant. Cette circonstance et la situation. de Nivelles dans la méme circonscription territoriale font supposer, à juste titre, qu'au lieu de suivre la Lasne, comme les limites du diocèse de Liége, celles du pagus brabantensis cótoyaient constamment la Dyle jusque dans les envi- rons de Genappe, d’où elles se dirigeaient sur Nivelles. CHAPITRE 1e, LES SUBDIVISIONS DU GRAND PAGUS DU BRABANT. Le grand pagus brabantensis était divisé, selon l'acte de partage de 810, en quatre comtés, c'est-à-dire en quatre pagi moyens. Ces comtés, dont les noms ne sont pas indiqués dans l'acte précité, ont donné lieu à des conjec- tures et à des suppositions trés-singuliéres. Aprés avoir rappelé la subdivision du Brabant en quatre comtés, le con- tinuateur d'Aimoin suppose que trois de ces comtés sont représentés par les pagi de Cambrai, du Hainaut et de Lomme. D'Outreman partage cette opi- nion , et, invoquant le bref du pape Pascal I] de 1107, il distingue dans le Brabant trois comtés : le Hainaut, le Cambrésis et l'Ostrevant au lieu du comté de Lomme. De Vaddere réfute ces deux opinions par les termes mémes de la bulle, dans laquelle le Cambrésis, le Hainaut et l'Ostrevant sont dis- tingués du Brabant. Il prouve encore cette différence au moyen de l'acte de partage de Louis le Débonnaire, par un diplôme d'Otton Ier et par une lettre ! Duvivign, p. 40. 104 . LES PAGI DE LA BELGIQUE de Libert, évêque de Cambrai 1. Selon Paquot, commentateur de De Vaddere, un des comtés désignés dans l'acte de partage de 870 se nomme spéciale- ment le comté de Brabant. Cette conjecture, si elle n'est appuyée d'aucune preuve, semble trés-fondée. Ordinairement un pagus avait une subdivision du méme nom. Quelles étaient l'étendue et les limites de ce pagus? Nul ne le sait, aucun document ne le constate. Des Roches et Dewez, confondant les comtés de l'époque bénéficiaire avec ceux de l'époque féodale et hérédi- laire, croient que ces quatre comtés sont : 1° Le comté d'Eename, limité, disent-ils, par la Haine, l'Escaut, le Rupel et la Dendre , sans justifier cette délimitation par aucun document; 2° Le comté de Bruxelles, dont le territoire s'étendrait jusqu'à la Senne; 3° Le comté de Louvain jusqu'à la Velpe; 4° Le Wallon-Brabant ou Roman Pays ?. Ce sont là de simples conjec- tures. Si des comtes ont possédé Eename et si, pendant la période héréditaire , il y a eu un comté de ce nom 5, il ne s'ensuit nullement qu'il ait existé pen- dant la période bénéficiaire, spécialement en 870 *. Aucun document n'en fait mention à cette époque. Rien ne prouve l'existence, en 870, d'un comté de Bruxelles 3. Celui de Louvain était parfaitement inconnu vers cette date, el si ce comté s'étendait jusqu'à la Velpe, il aurait dû faire partie du pagus dela Hesbaye, et non de celui du Brabant. Le Roman Pays ou Wallon- Brabant , situé en grande partie dans la Hesbaye, n'a jamais porté le titre de pagus ou de comté, ni pendant la période bénéficiaire, ni pendant celle de l'hérédité des fiefs. Toutes ces suppositions tombent donc devant la cri- lique. Quels furent enfin ces quatre comtés? Nous pensons que le pagus du Bra- bant était divisé en quatre pagi moyens, qui, n'ayant aucune dénomination ! De Vaopere, Orig. des ducs de Brabant, t. Ye, p. 54. ? Des Rocuss, Epit. hist. belg. , liv. IV, chap. I*; Dewez, Hist. part. de Belg., t. Y, p. 4b. 5 « Anno 1005. Relieto in manus Regineri castro (Eiham) et comitatu, apud Verdunum effectus est monachus. » (Pertz, t. VI, p. 599.) 4 Dewez, Dict. géographique, verbo Eenhame. 5 Pendant le X* siècle des comtes bénéficiers ont habité Bruxelles; mais leur résidence en cette localité ne prouve nullement l'existence du comté de Bruxelles pendant le IX° siècle. = ET LEURS SUBDIVISIONS. 105 particulière, s'appelaient aussi pagi du Brabant. Jusqu'ici aucun acte connu ne fait mention d'un pagus moyen situé dans cette grande division territo- riale et portant un nom spécial. Jamais le nom d'une localité du pagus brac- bantensis n'a été accolé à celui d'un autre comté. Un ou plusieurs de ces pagi moyens élaient soumis à des princes de la maison de Louvain. Henri III, dans deux chartes de 1086, s'intitule Brabantensis patriae comes et advo- catus !. Une autre partie du pagus du Brabant appartenait à Godefroid le Captif, dit d'Eename, qui transmit ses possessions à ses deux fils Godefroid el Herman. Lorsque celui-ci se retira du monde pour entrer en qualité de moine dans l'abbaye de Saint-Vannes, à Verdun , ses biens et fiefs passèrent à sa fille Mathilde , épouse de Regnier V, comte de Hainaut 3. Eename et une bonne partie du pagus du Brabant échurent ainsi aux comtes de Hainaut, Soit à titre allodial, soit à titre de fief. Mais Baudouin IV, comte de Flandre, s'empara du château d'Eename. Son successeur fut mis en possession du ter- ritoire situé sur la rive droite de l’Escaut jusqu'à jla Dendre, et l'incorpora ensuite au comté de Flandre 5. I semble done qu'un ou slots de ces pagi moyens étaient séparés des possessions des comtes de Louvain par la ligne de démarcation établie plus tard entre le comté de Hainaut et le duché de Brabant ^, Telle est la seule délimitation que nous ayons pu établir avee quelque pro- babilité au sujet des subdivisions du pagus moyen du Brabant. La maison de Louvain possédait sans doute le reste du pays situé à l'est et au nord; mais, ! Charte inédite du chapitre de Selain et charte publiée par Burkens, Trophées de Brab., t. 1°, preuves, p. 28. ? Pertz, t. VI, p. 599, è Flandria Generosa ; Manrène et Dunaxp, Thesaurus aneed., t. Vl, p. 581; Dr Smer, Corpus chron. Fland., t. Y, p. 40; Duvivier, l. c., p. 112. * « On ne saurait, dit M. Saditero; déterminer d'une manière positive, les quatre comtés de » Brabant; mais on peut conjecturer qu'ils répondaient, à peu de chose prés, à des divisions na- » turelles. Ainsi la vallée inférieure de la Senne forma le comté de Bruxelles, et le pays entre la » Dendre et l'Escaut, celui d'Eenham, qui fut réuni à la Flandre au XI" siècle. Quant à la vallée » supérieure de la Senne ct aux alentours d'Ath, ils semblent avoir ressorti, ceux-ci à un comté ? dit de Brabant, celle-là à un comté de Lothier. On peut, eroyons-nous, regarder comme iden- » tiques le comté de Bruxelles et ce qui fut depuis l'ammannie de cette ville » (Histoire des envi- rons de Bruxelles, t. Te, Introduction, p. xxxv. Voir dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1858, p. 706, un article de M. De Smet au sujet du Brachantensts ager). 106 LES PAGI DE LA BELGIQUE nous le répétons, ce sont des conjectures dénuées de preuves positives , sans lesquelles il est impossible de désigner, d'une manière précise, les limites des quatre comtés ou pagi moyens cités dans l'acte de partage de 870. Par suite des divisions et subdivisions des pag?, ces juridictions n'avaient pas toujours de nom spécial. Elles portaient souvent celui des comtes qui les gouvernaient et prirent parfois méme le nom du dernier possesseur !. Dans le pagus du Brabant se trouvait, selon un acte de 972 ?, la commune de Herzeele, entre Alost et Audenaerde, et sise dans le comté de Biesuth. Un autre acte de 1404 5 mentionne deux menses situées à Walsegem, dans le pagus du Brabant, au comté de Breit, Walsegem étant une dépendance de Baelegem , il s'ensuivrait que le comté de Biesuth ou Bizit serait situé dans les environs des deux communes précitées. Nous ne pouvons certifier si ce comté appartenait à l'époque féodale ou s'il formait une division du pagus du Brabant. La rédaction trés-singuliére de deux actes, l'un de 1026 ^, l'autre de 1056 5, a fait supposer que le pagus du Brabant renfermait aussi un comté du nom de Lomagau. Dans le premier de ces actes, Labia se rapporte au pagus de Lomme, comme il est facile de s'en convaincre par l'examen d'une charte de 1021 5, tandis que Wadelincourt avec Deftinge et la terre d'Al- buinsezit appartenaient au Brabant. Quant à Lede, cité dans le second acte, cette localité était située dans le pagus du Brabant et ne peut certainement pas étre comprise dans celui de Lomme. La dénomination de Lomagau se rap- porte done au pagus lommensis , dont nous traiterons plus loin. 1 Du Byar, Origines Boicae domus , liv. IX , chap. II, § 1%. ? Apud Van Loxeren, Cart. de Saint-Pierre, t. Ier, p. 45 : « Hersele super fluvium Arpia in pago braebatinse in comitatu Biesuth. » 5 Revue d'hist. et darch., t. IHI, p. 444. * Van Lokeren, l. c., p. 74: « Villa Labia dicta, sita in pago lomagaugense, seu brach- bantense quiequid visus est habere in villa Wandalincort in Davatinge et terra Albuinsezit. » 5 Ibid., p. 82: «In pago lomagaugensi villa dicta Labia eum capella una in Lede. » 6 Ibid., p. 74 : e In villa Labia in pago lomagaugense. » ET LEURS SUBDIVISIONS. 107 SECTION IV. LE GRAND PAGUS DE LA HESBAYE. (Hasbania, Haspingau, pagus hasbuniensis, ete.) Les limites de peu de pagi ont eu le privilége d'exciter autant l'imagination des érudits que celles de la Hesbaye. Tous s'accordent à dire d'une voix una- nime qu'au nord elles touchaient au pagi de la Toxandrie et de la Meuse, à l'ouest à celui du Brabant, au sud à celui de Lomme et à l'est à la Meuse. Quand il s'agit d'en déterminer les bornes d'une maniére exacte, ils se contre- disent singulièrement dans les détails. Les uns indiquent comme lignes de démarcation le Demer, la Dyle, la Meuse et la Méhagne, d'autres la Velpe, d’autres enfin, confondant ce pagus avec le duché de Brabant, rétrécissent singulièrement l'étendue de la Hesbaye. Tous ont plus ou moins erré, tous ont établi des confusions à peu prés inextricables. Dans le but de redresser ces erreurs, nous avons eu recours à la géogra- phie du diocèse de Liége et à ses divisions en archidiaconés. De cette manière nous avons pu nous convaincre que si ces données ne sont pas parfaitement d'accord en tous points avec la géographie civile, elles jettent au moins un grand jour sur la question de l'étendue du pagus de la Hesbaye. Au moyen de documents historiques et de chartes, nous sommes parvenu à dresser le tableau suivant, dans lequel figurent toutes les localités attribuées positive- ment àu pagus de la Hesbaye. PAGI DE LA BELGIQUE | | | (*) L'intitulé de cette charte porte Braives, oü l'abbayé avait des propriétés, TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DE LA HESBAYE, —" ARCHI- SITUATIONS H ÉvÉCHÉS. 1 DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. actuelle: ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles, m ? ME Ae Sh Ambron, in pago Has- 680. LATUS t E . | Miræus, I, 126. banio. T, G 27 onis, Asch en Campine ? Ais, in pago Has- 4133 » Hesbaye. Tongres. Prov. de Limbourg, | Doublet, Hist. de Saint-Denth baniie cant. de Machelen, 490. Asch en Refail. Aseur, in pago has 868-69 » Condroz. . | Ciney. Prov. de Namur, can- Duvivier, Hainaut anco 2 baniensi. lon d'Eghezé n 1 r AEA * 1» Gaint TOT Assent Asnoth , in pago has 837 » Brabant. Léau . . | Province de Brabant, | Piot, Cartul. de Saint- Tro baniensi. cant, de Diest. D, E ) à 1, 614 Atrives sous Avin en | Altaripa, in Hasbania, 1200 » Hainaut . Andenne. Prov. de Liége, cant. | Pertz, Monumenta, XVI, Hesbaye. d'Avennes. 1 e ayer, | Hawanas, in pago 854 » Brabant . Horemont . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., V, 433; Beyeh ? Hasbanio. de Hollogne- aux- 92, Pierres. Awans Dal Awanlia, in pago has 844 225 P * y «wj Mireus; I baniense. Bearu sous Awans. . | Bearu, in Haspania. 893 Liége. Brabant. . | Horemont Prov. de Liége, cant. | Beyer, 1, 166. de Hollogne- aux- Pierres, Bilsen S | Blisia, AN XIe siecle. » Hesbaye. Tongres. Prov. de Limbourg. | Ibid. Brovia, in pago hes 1070 » H St-Trond. Prov. de Liége, cant, | Gartulaire de V Waulsort G baniensi, in comi- de Waremme. Arch. du royaume, 33v » 3 tatu hoiensi. Braives Bronies, lisez Bro » » » Prov. de Liége, cant. | Mabillon, Act. SS. Ze agi vies, d'Avennes. a II, 400; À mai: 61; Melart, Hist. Y Corswarem Corworomo, in par- 1035 » » » Prov. de Limbourg, | Ampl. coll., IL, 58. tibus Hasbaniæ, cant. de St-Trond. Diest. Diest, in pago hasba 837 Mabant, . | Léau Province de Brabant. | Piot, 1, 5. sive dyos Si Donceel . Domus € in 188 » Hesbaye. S'-Trond. . | Prov. de Liége, cant. | Stumpf, II, 454. pago Has de Waremme, | Donck . . | Dungus, in pago has- T% » Brabant. Léau . + | Prov. de Limbourg, | Piot, I, 2 baniense. cant, de Herck ET LEURS SUBDIVISIONS. 109 je uem ARCHI- ] SITUATIONS DATES. |EVECHES. r DOYENNES. SOURCES. DIACONÉS. files ANCIENNES. elles. Embresi o ` S Ron Imbursio, in pago 844 Liége. . | Hainaut. Andennes. . | Prov. de Liége, cant. | Miræus, I, 387. i de Waremme. Fall. : ; l-et-Mheer , "abt, in pago Has- 923 » Hesbaye. .| Maastricht, | Prov. de Limbourg, | Gall. Christ., XIV, 60. bonico, canton de Sichem- Sussen Fran ancour sous à te N P " " , e Sous La- | Francons-curtis, in 1046 » Brabant, Jodoigne. Province de Brabant, | Ampl. coll., I, 413. y Hasba cant. de Jodoigne. Fum; l Formale, in Hesbania. 1046 » Hainaut. , | Andennes. . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., I, 443. de Huy. Gorssi Ssu ` SNE n SLT ; Tue u + | Grusmithis, in Has- 106% D Hesbaye. . | S'-Trond. . | Prov. de Limbourg, | Lacomblet, Urkund., I, 129. banio. cant, de St-Trond. Graes poH . | Groseas, in pago Has- 680. » Brabant. Léau. . . | Province de Brabant, | Miræus, I, 126. | banio. canton de Léau. | Grandax daxhe . Hasca, in pago Has- 805 » Hesbaye. St-Trond. : | Prov. de Liége, cant. Doublet, Hist. de Saint-Denis, | banio. de Waremme. 724 (*). | Gran o and-Rosière. y, Rosière. ère, Voy, : Grimines, ib.. . 868, 869 » Brabant. Lóau. Province de Brabant, | Duvivier, 344 (**). Grimde cant. de Tirlemont. | Grimides, ib. . 954 » » » » Ritz, Urkund., 45. Wind... ý drain ? e x " P H wd Gundrinium , in pago 855 » » Jodoigne. Province de Hainaut, Ampl. coll., Y, 438; Mireus, Hasbannio. cant, de Jodoigne. 1, 127. Hao] aclen , , n i Halen, in pago has- T4 » » Léau. . . | Prov. de Limbourg, | Piot, I, 2. baniense. cant. de Haelen. Hal mael y d ) + | Halmala, in pago Has- 680 » Hesbaye. . | S'-Trond. . | Prov. de Limbourg, | Mireus, I, 196. banio. cant. de St-Trond. Hay neffa à S Honavi, in pago Has- 911 » Brabant, Hozémont . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., IT, 39. anio, de Waremme. Hay anret PA OPT" Wanree, in pago ha- | 868, 869 » Condroz. . | Henret . Prov. de Namur, can- | Duvivier, 314. baniensi. ton d'Eghezée. Har) UE sous Boli q 15 Bolinnes, | Herlans (lisez Her- 1046 e y $ » Ampl. coll., V, 443. laus), in Hasbania. (Amr ` 4 Imprimá " 7 Kai GEES " » K 2 gin " * " e y achana F 1 16 porte /Tasca sur la Lachara, rivière inconnue, dont la situation ne permet pas d'expliquer la position de Hasca. Nous proposons de lire EON us E de Lachara, de sorte que Hasea représenterait Grandaxhe , situé sur la Jaar, en latin Jachara, ulu expliquer cet endroit pa Emines , localité qui ne pouvait être comprise dans la Hesbaye. XXXIX. 17 Tome 110 LES PAGI DE LA BELGIQUE bania. cant, de St-Trond, — JOMINATIONS b ARCHI- SITUATIONS ——M— DATES, |ÉVÉCHÉS. d DOYENNÉS. SOURCES. DIACON actuelle. ACTUELLES. actuelles. — Heelen . . . Hildina , in Hasbanio. 831 Liége. . | Brabant. . | Léau. . . | Province de Brabant, | Miræus, I, 49. canton de Léau. Hemptinnes Haimetines, in Has- 1046 » Condroz. Hanret . . | Prov.de Namur, can- | Ampl. coll., 1, 443. bania. ton d'Eghezée, Hermalle sous Argen Harimalla, in pago | 779,844 » Maastricht. | Prov.de Liége, c: Miræus, I, 337, 496. teau. Hasbania ou has. de Fexhe-lez-Slins. baniense. Hermé Hermez, in pago Has 946 » » » » Miræus, I, 440. bain, Hon Ts Hurio, in pago Has- 862 » Brabant. Hozemont . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., 11, 96. bannio. de Hollogne- aux Pierres. Huy Comitatus hoyensis, » Hesbaye. wie . | Province de Liége. . | Piot, 1, 10; Ampl. coll, Il, in pago ha i 49; Duvivier, 979. Jamine (Grand et | Galmina, in pago Has- 996 » » St-Trond. . | Prov. de Limbourg, | Lacomblet, 1, 63. Petit). pengewe. cant, de St-Trond. Jéhüy. v v +0 Predium Cy ad 1084 » Brabant. , | Hozemont . | Province de Liége. Bull. de la Comm. roy. d'hist» fluv. Ernaw, dans le re gór,, IX, 28. pagus de Hesbaye. Jemeppe-sur-Meuse. | Gemappe, in pago 956 » » » Prov. de Liége, cant. | Piot, I, 40. hesbaniense, de Hollogne- aux- Pierres, x Liniacum, in pago 832 » Hesbaye. . | Maastricht. | Prov. de Limbourg, | Ampl. coll, I, 88. Alsbanio, canton de Sichem- Sussen. Liemu . . Lerunt, in Hasbanio. 862 » Condroz. Hanret Prov. de Namur, can- | Gislebert, Chron., 286. ton d'Eghezée. gees Loce (Lere?), in pago 980 » Hesbaye. Tongres. Bouquet, IX, 394. Hasbanico, Longchamps Longus-Campus, in | 868,869 » Condroz. Hanret . Prov. de Namur, ean Duvivier, 914. pago hasbaniensi, ton d'Eghezée. : iai À E ; $9 . 1.989; Maastricht . . . . | Trajectum in comitatu| 880,898, » Hesbaye. Maastricht. | Prov. du Limbourg | Miræus, I, 250; Beyer, T, 2905 asbacensi ou in pa 919 néerlandais, Hontheim, 1, 264. go hasbaniensi et in comitatu Moselant. Marchovelette. . . | Marcha, in Hasbanio, 1046 » Condroz. Hanret . Prov. de Namur, can- | Ampl. coll., 1, 413. ton de Namur. Méhagne . . . agnia, in pago 868-69 » » Hainaut. . | Prov. de Namur, ean Duvivier, 344. hasbaniensi, ton d'Eghezée. Mid 2: Miele, in pago Has 1140 » Hesbaye. . | St-Trond. Prov. de Limbourg, | Chapeaville, II, 102. ET LEURS SUBDIVISIONS. 111 Sera; Sraing-le- Château. Biet tiers sous Donceel. T lavicrs-s vie S'sur-Mehagne, Thom» , Tillier Serangio, in Hasbanio. S Serang, in comitatu Hoyo, in pago has- baniense. Steri-Monticula, in comitatu Asbanio. | Tavers, in Hasbania. Thaviers, in pago Has- bani. Torona, in pago Has- P f banio et Ribuario. Theoli in pago hasbaniensi, 1046 4074 680 868-69 Liége. Hesbaye. Condroz. Campine, . Condroz, St-Trond. . Hanret . . Maeseyck . Hanret . . de Jehay Prov. de Liége , cant. de Waremme. Prov. de Namur, ean- ton d'Eghezée. Prov. du Limbourg néerlandais, eant. de Weert. Prov. de Namur, can- ton d'Eghezée. DÉNOM r T E ON ARCHI SITUATIONS VES Tra i RS NENN " Hi TER mer EC DATES. |ÉVÉCHÉS. =. | DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, DIACONES. actuelles. M Musinium, in pago 680 Liége. . | Hesbaye. S'-Trond. . | Prov. de Limbourg, | Miræus, I, 126. Muy Hasbanio. cant, de St-Trond. Muysen-Lez-St-Trond. IER UE 4440 » » » » Chapeaville, IL, 402. Üver-ot.N. 4 1 ; a i i Neer-Hespen Haspinga comitatus , 1040 » Brabant. Léau. . . | Prov. de Limbourg, | Miræus, I, 264. avirons de), in pago Haspin- cant, de Tongres. gow. Üver-ot.N T 3 OM " &r-et-Neor-Winden, Winethe, in pago 976 » » » Prov. de Liége, cant. | Kluit, II, 45. hasbaniense. de Landen. Pellaines i ; j llaines Pellonie, in Hasbania. | 1060-70 » » Jodoigne. . » Pertz, L c., VIII, 522. Riemps d "VI aM "Mat, Rimst, in Haspania. 4440 » Hesbaye. Maastricht. | Prov. de Limbourg, | Pertz, 7. c., XVI, 695. canton de Sichem- Sussen. Rosière in. y F Na D SÄI (Grand et | Roserias, in pago Has-| 868-69, » Jrabant. . | Jodoigne. . | Province de Brabant, | Duvivier ^ banio, sitam super 1035. cant, de Perwez. floviolum Neropie, D in comitatu hoyens " e SC Roteliers, in Has 1046 EIS ï d E, st Ah tegen bai Russ GC, + . | Riutum, in pago Has- 1048 Liége. . | Hesbaye. Tongres. Prov. de Limbourg, | Lacomblet, I, 92. pengowe. cant. de Tongres. Saint Ty " Trond Santus Trudo, et à 938 » » St-Trond. . | Prov. de Limbourg. | Piot, I, 7. [ archinium, in pago hasbaniensi. pago 911 » Brabant, . | Hozémont . | Prov. de Liége, eant. | Ampl. coll., IL, col. 39. Piot, 1, 40. Pertz, l. c., VIIL, 529. Ampl. coll., 1,413. Miræus, IV, 485. Miræus, I, 426. Duvivier, 344. 112 LES PAGI DE LA BELGIQUE —À DÉNOMINATIONS ; T ARCHI- SITUATIONS T Luet een 77 | DATES. |ÉVÉCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. RE | ne | Tirlemont Thineis, in Hasbania. 1119 Liége. Brabant. Louvain, Province de Brabant, | Duvivier, 520. | Tourinne-a-Chaussée, | Turninas, in pago 914 » Hesbaye. St-Trond. . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., M, 49. | haspanense. d'Avennes. | | Upigny . Hulpiniaeus, in pago | 868, 869 » Condroz. Hanret . Prov. de Na Duvivier, 311, haspaniensi. ton d'Eghezée. Velm. Velme, in pago Has- 982 H Heshaye, S'-Trond. . | Prov. de Limbourg, | Mabillon, Dipl., 515 ; in comi- pengowe. cant. de S'-Trond, latu Sigifridi. Velpen Xo. e Felepa, in pago has 741 » Brabant, Léau. Prov. de Limbourg, | Piot, I, 2. baniensi, cant. de Haelen. Verlaines in pago 811 » » Hozemont ` | Prov. de Liége, eant. | Ampl. coll, IL, 39. de Jehay-Bodignée. Villers-le-Bouillet. . s, in pago Has- 1046 » Hainaut. Andennes . » Miræus, HE, 303. bania. Villers l'Évéque ` Villarium, in pago 831 » » Tongres. Prov. de Liége, cant. | Chapeaville, I, 454. Asbannisa. de Hollogne- aux- Pierres. Villers-St-Siméon (?). | Villare- S.- Dyonisii , 980 » Hesbaye. » Prov. de Liége, cant. Bouquet, IX, 394. in pago Hasba- de Glons. niaco (?). Waleffes , Walevia, in Hasbania. 1243 » » St-Trond. . | Prov. de Liége, cant. | Pertz, l c., XVI, 667. de Jehay. Wamont. Wasmont, in pago 946 » Brabant, Louvain. Prov. de Liége, cant, Miræus, I, 440. Hasbain. de Landen. | Waremme . Waromia, in Has » Hesbaye. St-Trond. . | Prov. de Liége, cant. Pertz, l. c., XVI, 667. | bania. de Waremme, | | ; ede í | Wihogne Guigolonhian, in pago 966 » » Tongres. Prov. de Liége, cant. | Miræus, I, 654. hasbaniensi. de Fexhe ins | Winenthe. Voy. Over- | et-Neer-Winden. " z y DE: 4D. | Wintershoven . "eshove, in pago 916 » » » Prov. de Limbourg, | Miræus, I, 344; Kluit, H, ^9 habaniense. canton de Looz. En comparant ce tableau aux grandes divisions géographiques du diocése de Liége, il est clair que le pagus major de la Hesbaye avait à peu prés les ge, [ ) peu Į limites de l'archidiaconé de ce nom, sauf au nord et au midi. Il comprenait ET LEURS SUBDIVISIONS. 115 outre les territoires soumis aux doyennés de Saint-Trond, de Tongres, de Susteren et de Maastricht, tout l'archidiaconé du Brabant composé des conciles de Léau, de Louvain, de Jodoigne et de Hozémont. Ce pagus devait aussi embrasser le doyenné de Hanret situé dans l'archidiaeoné du Condroz, les parties des doyennés d'Andenne et de Saint-Remacle situées sur la rive gauche de la Meuse. Tout ce pays avait été détaché de l'arehidiaconé primitif de la Hesbaye, lorsque les évéques de Liége créèrent, avant la premiére moitié du XIIe siècle, les archidiaconés du Brabant et du Hainaut. Sans entrer dans plus de détails au sujet des limites précises de ce pagus, nous allons en examiner les subdivisions. Les délimitations de celles-ci déter- Mineront nettement la circonscription de la grande division territoriale à laquelle elles ressortissaient. Comme tous les grands pagi, celui de la Hesbaye était partagé en différents pagi minores, ou comtés, qualifications synonymes, qui ont donné lieu à de singuliéres méprises. Confondant les comtés de la période bénéficiaire avec ceux de l'époque féodale et héréditaire, les auteurs n'ont pu trouver l'expli- cation des quatre comtés de la Hesbaye adjugés à Charles le Chauve par le partage de 870 !. La question devient trés-simple lorsqu'on distingue ces deux périodes. Sous la premiére, le pagus ou le gau était aussi nommé comté, « parce que, comme le dit trés-bien Ernst, ces pagi étaient gouvernés par des » comtes, dont il y en avait méme quelquefois plus d'un dans le méme » canton ?, » Quels étaient vers 870 les pagi minores compris dans le grand pagus de la Hesbaye? Telle est la question réduite à sa plus grande simplicité. Wastelain range au nombre de ces comtés celui de Louvain, qui n'existait pas encore, et ceux de Moila, de Brugeron ou Brunengeruz et de Nastenaco 5. ! Minæus, t. Ier, p. 28; WasrELAIN, t. IT, p. 444; Dospnug, Charterboek, p. AAA, ete. : « In » Masbanio comitatus IV, Mosau superior de ista parte Mosae, Mosau subterior de ista parte, » Liugas quod de ista parte est Mosae et pertinet ad Veosatum. » (Penrz, Monumenta Germ., LI, leg., p. 917.) 2 Histoire de Limbourg, t. I“, p. 514. — Un acte de 909 dit en toutes lettres : « In pago vel » eomitatu Tornacense. » (CuamrotrioN Ficeac, Documents inéd., t. 1°, p. 478.) La dernière partie de la citation n'est pas exacte, S'il y a eu dans le méme pagus plusieurs comtes, c’est parce que les chefs ou administrateurs des subdivisions des pagi prenaient bien souvent, par usur- pation, le titre de comte, comme nous l'avons dit dans l'Introduction. 5 WASTELAIN, Descript. de la Gaule belgique, t. Y», p. 192. 114 LES PAGI DE LA BELGIQUE Des Roches rejette le comté de Brunengeruz, sous prétexte qu'il fut connu seulement pendant le XI* siécle, tandis qu'il est mentionné dans un diplóme scellé par le roi Otton en 995 '. H maintient les comtés de Moila et de Nastenaco, et y ajoute ceux de Haspinga et de Diest. L'auteur de la Chronique de Gottwich croit qu'à ces comtés il faut absolu- ment ajouter celui de Looz, sans s'enquérir s'il existait à cette époque ?; ce qui est loin d’être prouvé et méme contraire aux enseignements de l'histoire. Les comtes de Looz commencent à paraître seulement vers le XIe siècle. A ce titre il faudrait ajouter aux comtés déjà nommés ceux d'Avernas men- tionné de 927 à 964, de Huy en 956, de Duras en 1023, de Musal ou de Moha en 837. Au lieu de quatre comtés, il y en aurait onze, etsi l'on admet l'existence, en 870, des comtés de Louvain et de Looz, il faut nécessairement les admettre tous. Rien ne permet d'exclure les uns et de faire entrer en ligne de compte les autres, dans le but de former au juste le nombre voulu de quatre. Quant au comté de Nastenaco ou de Wastenaco, nommé le Gatinais, il n'était pas méme situé en Belgique 5. Le comté de Moila ou de Moilla, que des auteurs cherchent dans les environs de Heylissem, était également en dehors des frontières dela Belgique, comme l'ont fait remarquer Besselius et Crollius ^. Pour retrouver les quatre comtés du partage de 870, il suffit d'avoir recours à lacte lui-même qui les indique. Ce sont : 1° Mosau superior; 2» Mosau subterior ; 3° Liugas; Ar le pagus moyen de la Hesbaye. Voilà les quatre grandes divisions, les quatre comtés de la Hesbaye , ayant chacun leurs subdivisions ?. Deux actes, l'un de 889, l'autre de 927, donnent méme le titre de comté au Maesland ê. ! QuarzaviLLE, Gesta pontificum Leod. , t. ^, p. 211; Mmæus, t. II, p. 807. ? Chronicon Golwicense , p. 625. 5 GnaxpGAGNAGE, Mémoire sur les anciens noms el lieux , p. 112. ^ BessELIUS , Chron. Golw., p. 684; Crozuus, Observat. geogr. au t. IV des Mém. pg L’ACaD.; Tukopono-PALATINA , p. 100. Voir aussi Pertz, t. IT; Script., p.653 et Bivrenim, l. c., t. E, p. 259. 5 Le pagus moyen dela Hesbaye n'est pas nommément désigné dans le partage de 870; y était compris implicitement, comme faisant partie du grand pagus de la Hesbaye. Si le Maesgau supérieur et inférieur formait un seul comté, le quatrième comitatus pourrait peut- être se rapporter au comté de Husce. Mais cette hypothèse nous semble peu probable. Le comté de Husce faisait partie du Maesgau. 9 [n comitatu Maselant , Mnæus, p. 250; Burkens, t. 1%, Preuves, p. 45. ET LEURS SUBDIVISIONS. 115 Ce point étant admis, et nous le démontrerons plus loin, il suffira d'établir les limites extérieures de ces quatre pagi moyens, afin de déterminer celles de la Hesbaye. Au nord elles rejoignaient les limites septentrionales des paroisses suivantes de l'archidiaconé de la Hesbaye : Tremeloo , Begynendyck, Langdorp, Testelt, Everboden, Sichem, Diest, Schaffen, Linckhout, Schuelen, Spalbeek, Kermpt, Curange, Zonhoven, Niel et Asch. Puis elles suivaient la ligne de démarcation établie plus haut entre les pag? de la Toxandrie et du Maesgau jusqu'à Baarle. A l'ouest elles touchaient aux frontiéres orientales du pagus de Brabant, également indiquées plus haut. A l'est elles suivaient les frontières actuelles de la Belgique à partir de Francheville vers Néau, ou Eupen. Ensuite elles cótoyaient le cours de la Worm et de la Roer, dont elles sui- vaient les rives jusqu'à la Meuse prés de Ruremonde !. Vers le sud les limites de la Hesbaye arrivaient sur la rive droite de la Dyle, aux confins méridio- naux de Wavre, Dion-le-Mont, Gistoux, Chaumont, Sart-Risbart, Maléves, Orbais, Perwez 2, Asche-en-Refail, Liernu, Germain, Upigny, Leuze, Waret- la-Chaussée , Marchovelette, Frane-Waret, Ville-en-Waret, Wartet et Na- méche. Toutes les localités sises au midi de cette ligne étaient comprises dans le pagus de Lomme, sauf Wavre, comme nous l'avons fait voir plus haut en traitant de cette division administrative. La dénomination de Marche ou Marca donnée à Marche-les-Dames dans le pagus de Lomme, et à Marchovelette, dans la Hesbaye, démontre que les limites étaient placées aux endroits précités. Ces frontières sont justifiées en partie par la délimitation entre les diocèses de Liége et de Cologne et par la situation des localités suivantes désignées dans la Hesbaye, malgré leur dépendance de l'archidiaconé du Hainaut : Hemp- tinne, Harlue sous Bolinnes, Fumal, Marchovelette, Taviers-sur-Méhagne, et par celles des pagi moyens, compris dans le grand pagus de la Hesbaye. Nous faisons suivre les descriptions de ces subdivisions. ! Dans ces parages le pagus de la Hesbaye diffère essentiellement de l'arehidiaconé du même "ën Ces différences proviennent sans doute d'échanges de territoire qui ont été faits entre les diocèses de Liége et de Cologne, échanges sur lesquels Binterim et Mooren avouent ne pouvoir donner des explications. (Alte und neue Ertzdiüzese Köln., t. V", pp. 164, 258, 259 et suiv.) ? Tarter et WAUTERS (La Belgique ancienne et moderne, canton de Perwez , p. 22) font Observer que cette commune était surnommée Perwez-en- Hesbaye. LES PAGI DE LA BELGIQUE CHAPITRE I~. LE PAGUS MOYEN DE LA HESBAYE. Nous l'avons déjà dit, les grands pagi et des pagi moyens en embrassaient un plus petit du méme nom que le principal. Par exemple les pagi de la Toxandrie, du Hainaut, du Brabant, du Mempisc, etc., comprenaient de petits pagi appelés la Toxandrie, le Hainaut, le Brabant et le Mempisc. Il en était de méme du pagus de la Hesbaye, qui renfermait une autre circonscription plus petite, portant une dénomination identique. Le pagus moyen de la Hesbaye comprenait tout le grand pagus du méme nom, moins les trois comtés du Mosau superior, du Mosau subterior et de Liége. Les localités sises dans le pagus moyen de la Hesbaye sont toujours indi- quées dans le pagus hasbaniensis sans aucune restriction. Par suite de sa grande étendue, le pagus moyen de la Hesbaye devait étre divisé en pagi minores, ou vicairies, dont quelques-uns sont devenus des seigneuries ou fiefs héréditaires, mentionnés dans les documents soit à titre de pagi, soit à titre de comtés. Nous citerons comme tels : 1" Le pagus de Diest, comprenant Assent, dépendance de Caggevinne, et mentionné en 837 !. Ce pagus, probablement une petite circonscription administrative, comprenait le pays de Diest et le territoire soumis à la juridiction de cette localité ; 2° Le comté de Brunengeruz, donné en 995 par le roi Otton à l'église de Liége ?, et dont les limites ont été indiquées à l'année 1099 par Gilles d'Orval. Les noms topographiques cités dans ce comté par le chroniqueur liégeois ont donné lieu à des discussions sur la situation de quelques-unes de ces localités. On peut tenir pour certain que le comté de Brunengeruz com- prenait la partie de la Hesbaye qui s'étend d'une part entre la Dyle à partir * « Hasnoch super fluvio Merbace in pago hasbaniensi sive dyostensi. » (Acte de 847 dans le Cartulaire de Saint-Trond, t. I", p. 5.) ? Gesta pontificum Leod., t. I", p. 211; Minas, t. II, p. 807. ET LEURS SUBDIVISIONS. 117 de Louvain jusqu'à l'embouchure du Train, et d'autre part à la petite Gette el aux deux Heylissem , de manière à comprendre la ville de Tirlemont vers le nord et le village de Chaumont vers le sud +. A l'époque où Gilles d'Orval place la description de ce comté, celui-ci avait tous les caractères des sei- gneuries héréditaires ; 3» Le comté d'Avernas mentionné de 927 à 964 ?, et au sujet duquel nous n'avons pas pu recueillir des données suflisantes. Toutefois il parait avoir été borné vers le nord par le comté de Haspinga, au midi par celui de Huy et à l'ouest par celui de Brunengeruz. Si aucun document n’établit d'une manière positive une pareille délimitation, celle-ci ne semble pas moins résulter de la situation de ces comtés; An Le comté de Huy, donné par Ansfrid à l'église de Liége, et dont la possession fut confirmée en faveur de cet évêché par l'empereur Otton HI en 985 5, Il est impossible de déterminer d'une maniére précise toutes les limites de cette seigneurie. Nous pouvons constater qu'elle s'étendait sur les deux rives de la Meuse, dans la Hesbaye et dans le Condroz *, par les posi- tions des villages suivants : Seraing-le-Château ©, Tourinne-la-Chaussée 9, Grand - Rosiére 7, Jeneffe 5, Arche, Faulx, Ohey °, Mozet t°, Ocquier !!, le bois d'Arche sous Haltine 19. Ville ou Vyle prés de Modave ‘5, Leignon, 4 ! Essai sur le comté de Brunengeruz, par le P. Moulaert, dans les Comptes rendus des séances de la Commission royale d'hist., 2* sér., t. X, p. 165. 2 GnaNpoacNaan, Mémoire sur les anciens noms des lieux, p. 106. 5 Mm ss, t. I, p. 51. ^ Sruwrr, Die Reichskanzler, t. I, p. 45. 5 Cartul. de Saint-Trond , t. 1%, p. 10, acte de 956 : « Saran in comitatu Hoyo. » D Ampl. col., t. 1, p. 49, acte de 974 : « Predium Turinas in pago haspaniensi, in comitatu = Folchuini comitis, Hoio situm. » 7 Revue d'histoire et darch., t. IV, p. 99, acte de 105 sitam super fluviolum Neropic in comitatu Hoyensi, ete. » 8 Duvivien, Hainaut anc., p. 545, acte de 965 : « Dedit comes Hermannus ecclesiam Gengea- » niam... in comitatu Hoiensi. » ^9 Ritz, Urkunden, p. 22. 19 Acte de 922, ibid., p. 89. 11 Ibid., p. 46. 12 Acte de 954, ibid., p. 52. 15 Acte de 962, Ampl. coll., t. M, p. 26. Tome XXXIX. 18 : « Villam Roserias in pago Hasbanio x 118 LES PAGI DE LA BELGIQUE Braives !. Ritz cite encore le comté de Huy à propos de deux endroits, l'un remplacé par des points, l'autre désigné par Ma... ?. Toutes ces localités sont indiquées par les documents dans le comté de Huy. M. Wauters, en par- lant de ce comté, dit qu'il comprenait longtemps une partie trés-notable de la Hesbaye, à partir de Huy jusque vers Jodoigne et Waremme ?. A cette observation nous ajouterons que par suite de la position des localités citées ci-dessus , il s'étendait successivement jusqu'au comté d'Avernas; que ses limites suivaient à peu prés celles du comté de Namur à partir des environs de Dinant jusqu'à Perwez, ensuite la Gette, les frontières des comtés de Bru- nengeruz, de Haspinga et de Moha, et celles de la juridiction des échevins de Liége, indiquées par Jacques de Hemricourt ^. Cette délimitation démontre que si primitivement le comté de Huy était une subdivision du pagus de la Hesbaye, il a pris trés-tót tous les caractéres des seigneuries héréditaires, en s'agrandissant successivement aux dépens des pagi voisins. Si ce comté était resté simplement une subdivision de la Hesbaye ou des Ardennes, il n'aurait pas pu étendre son territoire dans ces deux circonscriptions administratives à la fois. Ce comté a été parfois confondu avec un autre du méme nom situé dans les environs de la Houille ? ; 5° Le comté de Haspinga. Aprés avoir été possédé par un comte du nom d'Arnoul, il passa à l'église de Liége, ensuite d'un don fait par l'empereur 3 D Or? Henri HI, en 1040 8. 1 Merart, Mist. de Huy, p. 7. 2 Ruiz, p. 46. 5 Revue d'histoire et d'archéol., t. IV, p. 100. Voir aussi Merart, Hist. de Huy, p. 7. * Li patron del Temporaliteit au t. I", p. 518, des Coutumes du pays de Liége par Raikem et Polain. 5 Le comté de Huy sur la Meuse, entre Liége et Namur, ne doit pas être confondu avec un autre comté du même nom situé sur la Houille, petite rivière qui se forme à Godinne, province de Namur, passe par Patignies, Sart-Custine, Vencimont et Bourseigne- Neuve, où elle reçoit la Hulle, entre en France, et se jette dans la Meuse près de Givet. Dans ce comté, que nous nommerons comté de la Houille, se trouvait Taton (dépendance de Vonéche). (Taton inter confines aquarum Wenbria et Cenelia, in comitatu Hoio. Acte de 956 apud. Rirz, Urkunden, p. 57). Ce comté était situé dans la Famenne. 6 Minus, t. I”, p. 264 : «Comitatus Arnoldi comitis nomine Haspinga, in pago Haspingow. » Voir aussi Roses, Dipl. Loss., 2° part., p. 16. ET LEURS SUBDIVISIONS. 119 En ce qui concerne la situation de ce comté, les opinions différent; des écrivains y ont vu le comté de Looz ; d'autres nient cette identité et placent le Haspinga dans les environs de Saint-Trond !. M. Daris croit que Haspinga était une forteresse servant de résidence à un comte et dont il n'indique pas la situation 3. L'identité des comtés de Haspinga et de Looz est simplement établie sur des liens de famille entre Baldéric de Looz, évéque de Liége, et le comte Arnoul. Nous admettons volontiers cette parenté. Anselme la reconnait et un acte de 10415 la constate formellement *. Rattachait-elle Arnoul en ligne directe aux comtes de Looz? Évidemment non. Le chapitre consacré par le chroniqueur liégeois à la mort de ce seigneur démontre que, loin d'être situé prés de Looz, le château dont il parait avoir fait don à l'église de Liége, était près des frontières du comté de Flandre 4, En présence d'un fait si positif, il n'est pas possible d'admettre Arnoul au nombre des comtes de Looz, et moins encore de le considérer comme donateur de leur château. Quel est cet Arnoul? La narration. d'Anselme, semblable à celle qui est transcrite dans la Vie de l'évéque Palderic, passe sous silence un fait que le biographe du prélat mentionne. Le moine de Saint-Jaeques nous apprend que la femme d'Arnoul se nommait Lutgarde è. Un seigneur du nom d'Arnoul , fils de Thierri, comte de Valenciennes, avait en effet épousé Lutgarde, qui le rendit pére de deux fils, Adalbert et Thierri, cités dans deux actes, l'un de 994 et l'autre de 995 6, Arnoul est qualifié de comte de Valenciennes dans des actes de 983 et 984, 994 et 995 1, et d'Outreman le comprend au ! Minus, Mot. ecel., 87; Dome, Hist. de Liége, t. V", p. 935 Louvrex, t. IV, p. 25; Rar- KEN, Discours de 1854, pp. 26 ct suiv. 5 t. IL, p. 447 ; ng VitLENFAGNE, Recherches, t. 1°, p. 82. * Bull. de l'institut archéologique de Liége, t. V, p. 275; Hist. de Looz , t. I, p. 590. MoraNus, Hist. de Loss., p. 855. 5 ^ CHAPEAVILLE, t. I. p. 255 : « Non enim ignoratis hujus castri causa inter me et Flandren- sem comitem, exeitata plerumque certamina... Idem eastrum a finibus suis , Vi et fraudulenter abstractum, ad suam et haeredis potestatem, armis postremo redigit. » C'est Anselme qui a donné lieu à cette étrange confusion entre le prétendu comte Arnoul de Looz et Arnoul, comte de Valenciennes, 5 Pertz, Monument., t. IV, p. 726. 9$ Vanne Purre, Annales abbatiae S. Petri, pp. 115, 114. 7 Ibid., p.410, 145 et 414; Van Loreren, Chartes et doc. de l’abbaye de S'-Pierre, n” 58, 75, 78. 5 120 LES PAGI DE LA BELGIQUE nombre des comtes de cette localité 4. Rappelons encore que Baudouin IV, comte de Flandre, s'empara de Valenciennes ?. Arnoul ne pouvait par conséquent pas appartenir à la ligne directe des Looz , ni avoir donné ce comté à l'évéque de Liége. Il faut done chercher le Haspinga ailleurs qu'à Looz. Était-il situé entre Saint-Trond et Liége, comme le prétend de Villenfagne 5, sans alléguer de preuves? Nous ne le pensons pas. Ce comté était probablement dans les environs d'Over-Hespen et de Neder-Hespen, localités nommées Hasbinia dans un document de 1133 et Hespine dans un autre de 1139 *, sans qu'il soit possible d'en indiquer les limites ; 6° Le comté de Mushal ou de Moha , mentionné la première fois dans un acte de 837, et dont le chef-lieu était Moha, prés de Huy. Il touchait pro- bablement vers le nord et l'est au comté de ce nom. Quant aux comtés de Louvain, de Looz, de Steppes ? et de Duras, ils sont de création plus moderne encore et appartiennent à la période féodale et héréditaire. Par conséquent les délimitations de tous ces territoires n'ont rien de commun avec les divisions géographiques des pagi. ! Histoire de Valenciennes, pp. 61, 62. Cet auteur le dit fils d'Isaac, comte de Cambrai, tandis qu' Ernst prétend qu'il fut fils de Godefroid de Florennes. (Compte rendu des séances de lu Com- mission royale d'histoire, 2° sér., t. X, p. 259.) 2 Dom Bouquer, Recueil des historiens de France, t. X, p. 196. 5 Tome Ir, p. 95 ^ Pior , Cartulaire de Saint-Trond , pp. 45 et 50. 5 Le comté de Steppes semble avoir remplacé, du moins en partie, le comté d'Avernas, s'il est permis d'en juger par les termes d'un acte de 1124 par lequel Alberon, évêque de Liége, confirme une donation in minori Avernas in comilatu de Stepe. (Cuapeavice , t. I, p. 100.) ET LEURS SUBDIVISIONS. 121 CHAPITRE Il. LE PAGUS MOYEN DE LA MEUSE SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE. ( Hosa superior et subterior.) Selon Wastelain, le pagus de la Meuse comprenant le Masau superior et le Masau subterior était connu dés le VII siècle. H s'étendrait, d’après le méme auteur, sur les deux bords de la Meuse à partir de Visé jusqu'à Bois-le-Duc ; au midi il toucherait à l'ancien pays de Liége, au nord au Bétauw, à lorient aux pays des Hauuaires et des Ripuaires , au couchant à la Toxandrie !. Quant à la division entre les deux pagi du Maesgau supérieur et du Maesgau infé- rieur, elle aurait été établie dans les environs de Ruremonde. Des Roches, Dewez et Ernst répètent à peu prés les mêmes paroles ?. Imbert ne partage pas celle manière de voir. Il soutient, en se fondant sur les Annales Bertiniani , que la Meuse formait les limites entre ces deux divisions territoriales 5. Acker Stratingh admet aussi à peu prés dans leur entier les opinions de Des Roches, Dewez et Ernst, en y ajoutant quelques détails de plus aux descriptions don- nées par ces auteurs. Ce pagus embrassait, dit-il, le pays ou la seigneurie de Cuyk, le pays de Kessel, une partie du Limbourg belge , excepté Maastricht et les environs de cette ville, une partie des quartiers supérieurs de Gueldre et de Ruremonde. Quant au Maesgau situé au delà de la Meuse, il compre- nait probablement, selon cet auteur, la province du Limbourg néerlandais, et touchait sans doute à la province des Ripuaires ^. M. Van den Bergh pense que le Maesgau faisait primitivement partie du duché des Ripuaires, qui, s'étendant entre le Rhin et la Meuse, semble avoir été séparé de ce pays dés le IXe siècle. « Il est trés-difficile, ajoute-t-il, d'indiquer au. juste les limites 1 WasrELAIN, t. I, p. 202. Voir aussi les Acta SS. Belgii , t. V, p. 556. ? Mémoires , p. 28; Dewez, Dict. géogr., verbo Masau ; Ernst, Hist. du Limbourg, t. l*, p. 515. 5 Mémoire, p. 75. ^ Acker Srraminen, Aloude staat en geschiedenis des Vaderlands , t. I1, 9* part., p. 108. 122 LES PAGI DE LA BELGIQUE » du Masau superior et du Masau supterior ; car les localités y situées sont » simplement indiquées dans le pagus du Masau, sans autre détail. Ces pagi » semblent avoir encore d'autres dénominations, telles que pagus luviensis , » leochiensis , luihgowi ou le pays de Liége , pagus hattuarius ou le Hetter- » gau, dans lequel étaient situés Gueldre et Goch, le pagus hasbaniensis » et peut-être le districtum Trectis , ou de Maastricht , cité dans l'acte de » division de 870 , et dont Ernst fait Tectis ou Theux !. Les pagi étant sou- » vent séparés par des riviéres, le Démer aura probablement constitué la » ligne de démarcation de ce côté. Dans le Maesgau inférieur, le marécage » du Peel formait sans doute la limite. Sur la rive droite de la Meuse la fron- » tière est totalement incertaine. Vers le midi Liége semble avoir formé la » limite, et vers le nord la Meuse prés de Grave le long du Peel; de sorte » que le pays de Cuyk appartenait au Maesgau. Toutefois il n'y a pas de » preuves suffisantes à ce sujet ?. » j Ces différentes délimitations sont vraies en quelques points et erronées en plusieurs autres. La plupart ne sont méme basées sur aucun fail historique bien établi. Le Maesgau ne pouvait. s'étendre sur les deux bords de la Meuse jusqu'à Bois-le-Duc, ni comprendre les villes de Gueldre et de Goch. A partir de Litum, la rive droite en aval de cette rivière appartenait au diocèse de Cologne, par conséquent elle ne pouvait être située dans la Hesbaye, dont le Maesgau dépendait. Au nord de la Worm, affluent du Roer, se présen- taient : en premier lieu le pagus, dit Mulgau , comprenant entre autres Her- clinze (Erkelins), Hostrich (Oestrich), Berge (Berg), Richelferod (Riekerath) et Wazzalar (Wassarlar) 5; en second lieu le pagus nommé Hettergau ^. ! D'autres écrivains avaient déjà fait cette correction, qui est parfaitement justifiée. Voir, à ce sujet, Burkens, Trophées de Brabant, t. Y, preuves, p. a 2 Handboek der middelnederlandsche Geographie , pp. 210 et 211. 5 LacowBLET, t. I", p. 65, acte de 926. Ces localités sont indiquées par la charte dans le comté d'Ermenfried , administrateur du Mulgau. Binterim et Mooren ont bien établi la position de ce pagus. ( Alte Ertzdiüzese Köln , t. Y, p. 250.) ^ Van Spaen nie la position du Hettergau dans ces parages et veut le placer entre le Rhin et la Meuse, en se fondant sur quelques considérations d'un ordre secondaire, tirées de. l'acte d'une donation faite à l'abbaye de Lorsch par le comte Ansfried , en 861. Voici le résumé des faits allégués par cet écrivain : 4° la position de Lorsch sur la Weschnitz : ET LEURS SUBDIVISIONS. 125 La position que nous assignons au pagus dit Mulgau ou Moila demande quelques explications. Si l'archidiaconé de la Hesbaye avait été calqué exactement sur le pagus de ce nom, le Mulgau y aurait été compris. Il n'en était pas ainsi. Une partie de cette division territoriale appartenait au doyenné de Suchtelen, diocèse de Cologne, qui comprenait plusieurs localités du pagus du Mulgau soumis à la Ripuarie !. Ce pagus ne pouvant ressortir à la fois à deux grandes divisions territoriales comme celles de la Hesbaye et de la Ripuarie, il faut admettre forcément que le pagus dela Hesbaye s'arrétait à la Worm, et que le Mulgau n'a jamais fait partie ni de ce pagus, ni de celui de la Meuse, ni méme de la Toxandrie ?. Aucun document ne mentionne dans le pagus de la Meuse une seule 2" la situation de ce monastère dans le diocèse de Mayence; 5" l'Oude Walt désigne probable- ment l'Oudenheimer -Marck ; 4° le village de Furth est probablement Geizenfurth ; 5° on ne disait pas bach. dans les Pays-Bas, mais beek; 6° les corvées du transport de vin, mentionnées dans l'aete de donation, ne peuvent avoir été en usage dans la Gueldre, où la culture de la vigne était inconnue. — La position de Lorsch et de sa dépendance au diocèse de Mayence ne prouvent rien. Mainte abbaye recevait des dons d'immeubles situés loin de leur siége. Les suppositions d'analogie des noms topographiques ne sont pas justifiées. S'il y a des localités du nom de Furth dans le pays entre le Rhin et le Mein,il y en a aussi du nom de Voert et de Vort entre le Rhin et la Meuse. La terminaison bach indique seulement que le rédacteur de l'aete avait adopté la forme haute allemande, en général plus ancienne chez les Saxons que celle de beck. Ainsi à Louvain se trouve une rivière nommée Bachlyn. Oosterbeek dans la province d'Utrecht est écrit Osterbae dans un acte de 854 (Boxpaw, p. 17.). Pendant le moyen âge la eulture de la vigne était connue bien plus au nord de la Gueldre; rien ne dit du reste que le corvéable était obligé de transporter le vin du eru de son voisinage. Mieux que tous ces arguments, le passage relatif à la Niers, dans l'acte de 861, prouve que le Mulgau était là isément le territoire au nord de la Worm. où nous lui assignons son siége. La Niers arrose pr On a reconnu aussi que loin de se rapporter à l'Oude Walt, Odiemeromarca désigne Uderner- mark, nommé aujourd'hui Udem, et situé précisément dans le pays que nous attribuons au Het rgau. (Voir BivrERIM et Moore, Die alle und neue Erzdiözese Köln, t. Y, pp. 251 et 252.) ! Crouuws, l. c., pp. 190, 491; Binrerm et Moore, l. c., pp. 259 et suiv. Ces auteurs citent dans trich , Berg, Rickeraht et Wassarlar, différentes autres localités, sen, Dalen et Heringen prés de Venlo. le Mulgau, outre Erkelins, Oe telles que Gladbach, Wanlo , Jü ? Une partie du territoire du Mulgau ayant été soumis au doyenné de Wassenberg, archi- diaconé de la Campine, on pourrait admettre que le Mulgau dépendait de la Toxandrie. Pareille supposition ne serait pas fondée et serait contraire à tous les renseignements fournis par l'histoire. 124 LES PAGI DE LA BELGIQUE localité située sur la rive droite de la Worm, affluent de la Roer, qui reçoit ses eaux à peu de distance de Ruremonde. Le Maesgau ne peut avoir étendu ses limites jusqu'à Liége, ville comprise dans le pagus moyen de la Hesbaye d'un cóté de la Meuse, et dans celui de Liége de l'autre. La Ripuarie, située dans l'aneien diocése de Cologne, n'avait rien de commun et ne pou- vait rien avoir de commun avec le Maesgau !. Nous l'avons établi dans la description du pagus de la Toxandrie, tout le pays de Cuyk et le territoire situé entre les marais du Peel et la rive gauche de la Meuse étaient compris dans le Maesgau. Aprés avoir cótoyé le Peel jusque dans les environs de Weert, les limites orientales de ce pagus s'iden- tifiaient avec celles du doyenné de Beeringen, dont nous avons donné le détail plus haut. Selon Imbert le Maesgau inférieur s'étendrait sur la rive gauche de la Meuse, et le Maesgau supérieur sur la rive droite. Cette assertion est con- tredite par les documents. A partir de Ruremonde et en amont du cours de la Meuse jusqu'à l'embouchure de la Gueule, le pagus s'étendait sur les deux rives de cette riviére sans aucune distinction ou qualification de supérieur et d'inférieur. Les termes du partage de 870 ne laissent pas de doute à ce sujet. En attribuant une partie du Maesgau à Charles le Chauve, lacte dit : « Masau superior de ista parte Mosae, Masau subterior quantum de ista parte » est Liugas quod de ista parte Mosae est, et pertinet ad Vesatum. » Louis recut de l'autre cóté du fleuve : « Masau subterior de ista parte, item Masau ! La supposition de la dépendance de ce pagus de celui de la Hesbaye est peut-être basée sur les termes d'un diplóme de 680, par lequel Thierri donne différents biens à l'abbaye de Saint- Vaast à Arras, et dont quelques-uns sont situés in pago Hasbanio et Ribuaria, savoir : Haim- becha (Haimbach en Allemagne), Halmala (Halmael prés de Saint-Trond en Hesbaye), Torona (Thorn? prés de Weert dans le Maesgau et par conséquent en Hesbaye), Altheim en Allemagne, Maridos inconnu, Ambron (Amren près de Bruggen, cercle de Kempen), Musinium (Muysen- lez-Saint-Trond) , Groseas (Grasen prés de Tirlemont en Hesbaye). Voir Minus, t. I°, p. 196. Comme on le voit par cette nomenclature, le diplóme mentionne des localités dans la Hesbaye et dans la Ripuarie. Aucune de celles-ci, ni d'autres qui sont citées dans la Ripuarie par des actes de 762, 856, 845, 847, 855, 859, 868, 880, 945, n'ont été attribuées à la Hesbaye, ni au Maesgau. (Voir Ampliss. coll., t. 1%, pp. 105, 115, ete. ; Bever, t. Ier, pp. 20, 72, 84, 95, 98, 110, 411, 192, 242.) L'argument que l'on voudrait tirer du diplóme de 680 dans le but de prouver la dépendance de deux pagi de la Ripuarie et du Maesgau, tombe par conséquent à faux. ET LEURS SUBDIVISIONS. 125 » quod de ista parte est, districtum Aquense, districtum Tectis..., ete. » Le pagus de Liége n'était pas une fraction du Maesgau, mais une subdi- vision de la Hesbaye. Ce qui a pu donner lieu à cette étrange idée, c'est la confusion faite à propos de la citation d'une localité nommée tantót Apine, tantôt Apines (Epen). Selon un acte de 1041 Apine était dans le pagus de Liége et le comté de Thibaut !. D’après un acte de 1056 Apines faisait partie d'un comté appartenant au due Frédéric, dans le pagus de la Meuse ?. Cette interprétation est erronée. Dans cette phrase les mots pagus du Maes- land ne s'appliquent pas à Apinis, mais aux pays soumis à Frédéric, qui avait des possessions dans le pagus du Maesland à titre de duc de Lothier; Sinon il faudrait admettre que Thibaut et Frédéric aient gouverné la méme localité dans le méme pagus et au méme titre. Thibaut est cité constamment en qualité de comte du Maesgau de 1041 à 1098, et le comte Frédéric à litre de due de Lothier de 1048 à 1065. Nous venons de le dire, sur la rive droite de la Meuse, le Maesgau ne s'arrêtait pas à Visé, comme le soutiennent Wastelain et Ernst. Il s'éten- dait jusqu’à l'embouchure de la Gueule, ainsi que nous allons tàcher de le démontrer. La Meuse servait dans ces parages de limite entre le doyenné de Maas- Dicht et celui de Susteren. Toutes les localités, citées dans le tableau suivant Sur la rive droite de la Meuse, sont sans aucune exception situées au nord dela Gueule. Celles sises sur la rive gauche de cette riviére ne dépassent pas, vers le midi, la ville de Maastricht. Le tableau ci-dessous le constate for- mellement. ! Lounen, Urkundenbuch , t. Y", p. 409: « Apine in pago Liugowe et in comitatu Dietbaldi » comitis. » ? Ibid., p. 195 : e Apinis in comitatu Frederici ducis in pago Maselant. » Tour XXXIX. 19 TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE LA MEUSE. LES PAGI DE LA BELGIQUE (**) Dans un acte de 898 : in pago hasbaninsi (Minzvs, I , 253). leur s'appelàt anciennement Angledura, Nous ferons remarquer que la prévôté de Meersen, à laquell —á | DÉNOMINAT : NATIONS AnOHI- SITUATIONS NOE Rc ME owa ae ADER s EYIBOH ER CEET DOYENNÉS. SOURCES. CONÉS. actuelle. ACTUELLES. ANCIENNES. SS mul Angleur? . Angledura, in comi- 968 Liége. . | Brabant. . | Hozémont. . | Province de Liége, | Miræus, I, 48 (*). tatu Masaugo. cant, de Liége. Blerick . Blariege, in pago » Campine. Cuyk. Prov. du Limbourg | Schannat, Traditiones ju Mosao. néerlandais, cant. denses, 312, n° 44. de Venloo. Buchten ? Biettine, in comitatu 948 » » Susteren, Prov. du Limbourg Miræus, 1, 440. Masau, néerlandais, cant. de Sittard. Clummen Cluma, in comitatu 968 » » » Prov, du Limbourg | Miræus, I, 48. Masaugo. néerlandais, cant. de Heerlen, ; Er e e o 443; En Epins ES Apinis, in pago Ma- 1056 » Hesbaye. . | Maastricht . | Prusse, arrondisse- |Lacomb.,1,409,123, 143; Mie selant. ment d'Aix-la-Cha- V1,440. Dans un acte Lt e. in pago Aquensi, et Ce, acte de 1041, in pago H cs, Gangelt . Gangluden. . . » Campine. Susteren. » Eginhard, De translation ya Marcellani et Petri: SS., I, 175, juin. Herten Hertra ; des cop. por- 968 » » » Prov. du Limbourg | Miræus, I, 48. tent Herta, d'autres néerlandais, cant. Hertra, in comitatu de Ruremonde. Masaugo. Leunen . . Lunni,inpago Mosao. | 1053-71 » Hesbaye. Maastricht . » Bondam, 127. Lith et Lithoyen . Lia, in comitatu Ma- 968 » Campine, Cuyk . Prov. du Brabant sep- | Miræus, I, 48. saugo. tentrional, canton d'Oss. Maastricht . Trajecta, in comitatu | 889,919 » Maastricht . | Prov. du Limbourg | Miræus, 1, 250, 255 (al Moselant. nécrlandais Maeseyck Manic ou Masuie, in 948 » Campine. Maeseyck. Prov. du Limbourg | Miræus, I, 440. comitatu Masau. belge. Meerssen . Marsna, in comitatu 968 » » Susteren. Prov. du Limbourg | Miræus, 1, 48. Mosaugo. néerlandais, cant. de Meerssen. 3. Odilienberg près de | Bergh,in pago Maso. 858 » » » Prov, du Limbourg | Miræus, 1, 500; Bondam, b Ruremonde. néerlandais, cant. de Ruremonde, (^) Miræus traduit Angledura par Angleur. M. Grandgagnage (Mémoire sur les anciens noms de lieux, p. 105) fait observer que rien ne P ssion de la seigneurie d'Angleur jusqu'au moment de sa suppression. Nous devons reconnaitre aussi que cette paroisse appartena se rapporte l'acte d prouve e en 968, est reste? | au Condroz. ET LEURS SUBDIVISIONS 127 KE DÉNOMINATIONS Seain e A ARGHI- SITUATIONS UT v | DATES A | ÉVEGRES: ~A |DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES. DIACONES, actuelles, ? Ostanbretanaj inpago; | Xllesi&cle| e 4:5 wd eme mme] oss s | Schannat, Trad. fuld., 919, Mosao. no 44. y SE 731 1200 icd EI AIR TE sess EN DT De tribe Dagi- in pago Mosao ad bertis , 198. 8 sius Mosæ flumi- Ustere ; ` à à, in pago Mo 744 Liége. . | Campine, . | Susteren. . | Prov. du Limbourg | Miræus, III, 286. éerlandais, cant. l. War Wrath? TT o à B: Walare, in pago |Xllesieele. » » » Prusse . . . . . | Schannat, Trad. fuld, 319, Mosao. no 44 (^). C) Paulli aullinus (Commentarius de pagis, p. 145) indique à tort Morlinga et Lazehi dans le pagus de la Meuse, qu'il confond avecc elui de la Moselle (Mosalgowe). Par la position des localités citées dans le tableau reproduit ci-dessus il est vraisemblable, el nous pourrions dire certain, que les limites méridio- nales du Maesgau suivaient, à droite de la Meuse, celles du doyenné de Susteren. Celles-ci longeaient la Gueule jusqu'à Schin, ensuite les confins méridionaux de Heerlen, la circonscription orientale de Schaasberg et d'Übach-Over-Worms , où elles rejoignaient la Worm. À l'ouest elles suivaient probablement les confins du doyenné de Tongres formés de ce cóté par les limites orientales d'Asch et Niel, Genck , Munster- bilsen, Bilsen , Walt- Wilder, Martenslinde, Petit et Grand-Spauwen , Her- deren, Berg, Mall, Sluse, Freeren, Heure-le-Tiexhe, Paifve, Juprelle, Villers-Saint-Siméon , Liers et Vivegnis. Nous donnons cette délimitation d’une manière dubitative , en faisant observer que, dans le tableau reproduit ci-dessus, aucune localité n'est citée au midi de Maastricht. Le pagus de la Meuse , comme nous l'avons dit plus haut, était une subdi- vision de celui de la Hesbaye. Cette dépendance semble clairement établie par les termes mêmes du partage de 870, lorsque le rédacteur de lacte dit que le Haspingau comprenait quatre comtés, parmi lesquels figurent le pagus de la Meuse. Un diplóme de Swentibold de 898 est plus explicite encore et dit en toutes lettres : a abbatia sancti Servatii trajectensis monasterii in pago » hasbaniensi juxta Mosam et in comitatu Maseland !. » ! Mmæus, t. I, p. 252. 128 LES PAGI DE LA BELGIQUE Si nous avons pu établir les limites du pagus de la Meuse en général, nous n'avons pas été aussi heureux en ce qui concerne celles du Maesgau supérieur et du Maesgau inférieur, n'importe la rive de la Meuse sur laquelle ces pagi étaient situés !. Peut-étre y serions-nous parvenu au moyen des subdivisions du pagus, au sujet desquelles nous n'avons pas pu recueillir des données suffisantes. Le nom d'une seule de ces subdivisions nous est parvenu, celui du comté de Husce ou Huste. § Iv. — Le comté DE Husre. Une première mention de ce pagus est faite dans un acte de 947, par lequel le roi Otton donne à l'église de Liége l'abbaye d'Eiche (Alden-Eyck) sur la rivière Votra ou Uotra, dans le pagus de Husce, au comté de Ro- dolphe 3. Cette rivière n'est pas la Meuse, comme des auteurs l'ont soutenu , mais l'Oetere , nommé aujourd'hui Groote-Beek , qui , aprés avoir passé par Opoeteren et Neeroeteren, se jette dans la Meuse prés d'Alden- Eyck. Un autre acte scellé entre les années 927 à 964 mentionne aussi ce comté et semble lui donner pour frontière le Jaar 5, rivière qui a été considérée à toute époque comme une limite de juridiction dans le pays de Liége +. Ce comté s'étendait, paraît-il, le long de la Meuse à partir de Maeseyck jusque prés de Maestricht, et semble avoir été désigné plus tard par le comitatus Gis- leberti *. Le nom du pagus ne doit donc pas étre écrit Hasca ou Hasce, comme le suppose De Marne, qui, se basant sur l'acte de 949, le seul connu jus- qu'alors, crut à une erreur de copiste 6. Les deux actes cités ci-dessus, les seuls ! Otton III fit don, en 985, au comte Ansfrid, sans les spécifier, de certains biens : « Partes > beneficii, que usque nomine communi vocantur inferior Masclant. » (Sruwrr; Die Reichs- kanzler, t, MI, p. 555.) 2 Minæus, t. 1°", p. 258. 5 Pior, Cart. de Saint-Trond, t. Y, p. 6 : « Super fluviolum Gerbae , in comitatu Huste. » ^ De Hemmicourr, Li patron del temporaliteit, dans le t. I“, p. 518 des Coutumes de Liége, par Raikem et Polain. 5 Acte de 1018, apud Lacounzzr, t. I“, p. 92. 6 Hist. de Namur, édit. de Paquor, 1"* part., p. 43. ET LEURS SUBDIVISIONS. 129 qui fassent mention du comté de Huste ne nous permettent pas de fournir des renseignements positifs sur son étendue, ni de décider s'il constituait une division administrative ou une seigneurie. CHAPITRE HI. LE PAGUS MOYEN DE LIÉGE. (Pagus Liuensis, Levienticus , Leuva, Leucha, etc.) Qualifié une seule fois de pagellus dans un acte de 779 t, ce pays reçoit constamment, dans les autres chartes qui le citent, le nom de pagus Liuensis , Leodiensis , Luviensis, Leuga, Leuva, etc. Ce pays, dit Wastelain, comprenait Liége et ses environs sur les bords de la Meuse , et s'étendait principalement vers l'orient dans ce qu'on appelle le marquisat de Franchimont, le véritable comté Luvia ou Leucha , selon ce géographe. Il avait pour limites, continue-t-il, la Hesbaye au couchant, l'Ardenne à l'orient, la Ripuairie au nord et le Condroz au midi ?. Prise au point de vue général, cette délimitation est exacte. Néanmoins elle offre un cóté faible, celui de ne pas faire connaitre les démarcations de ces pagi. C'est ce que Des Roches a voulu faire en partie. Selon cet auteur, le pagus de Liége, situé au nord du Condroz , occupait les deux rives de la Meuse jusqu'à Visé 5. Ce territoire, continue-t-il, peu important dans la direction de l’ouest, s'étendait à lorient vers le Maesgau et occupait une grande partie du duché de Limbourg ^. La plupart des faits avancés par ! Minus, t. Io, p. 557. 2 WasrELAIN, p. 199. 5 L'idée d'arrêter le Maesgau à Visé appartenait à Wastelain et fut adoptée par tous ses suc- cesseurs. Ils devaient, par conséquent, tous admettre aussi le commencement du pagus de Liége à Visé. ^ Mémoires, 1. c., p. 97. 150 LES PAGI DE LA BELGIQUE Des Roches sont erronés. Rien ne prouve l'existence du pagus de Liége sur la rive gauche de la Meuse. Toutes les localités signalées dans ce pagus sont situées sur la rive droite de cette riviére, et de ce cóté il s'étendait vers le nord au delà de Visé, Fauquemont, par exemple, situé à trois lieues au nord de cette ville, était encore compris dans le pagus leodiensis. Imbert répète l'erreur de Des Roches en ce qui concerne les deux rives de la Meuse, sur lesquelles se serait étendu le pagus de Liége. Ensuite il reproduit la délimitation admise par Wastelain !. Le tableau suivant nous permet de mieux établir ces limites : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE LIEGE, — DÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS ——— e ? 5 ` d n DATES. |ÉVÉCHÉS. : DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. etuelles ANCIENNES. : actuelles. | ? Blandonium, in pago 882 Ampl. coll., M, 32 (*). Leuvensi. Chièvremont . Novum castellum, in 862 Liége. Condroz. St-Remacle. | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., IL, 27. pago Leochensi de Lié Cortil, dépendance de | Curcella ou Curtilla, | 966, 996 » Hesbaye. .| Maastricht . | Prov. de Liége, cant. | Ernst, VI, 97; Lacomblet y ique Mortier. Epen. . Fauquemont . . Fouron . Gemmenich in pago Luihgowi. Apine ou Epeno, in pago Livgowe. Falehenberg, Val- chenburch, ib, Furon, in pago Luih- gowi. Geminiacum ou Gim minich, in comi- latu Theubaldi, 1044, 4075 1041, 1075 996 4042, 40715 de Daelhem. » Prov. de Liége, cant. de Daelhem. » Prov. de Liége, cant. d'Aubel. 63. (Gonfr Ch Ph. Mouskés, I, n. 550.) Lacomblet, I, 409, 443 (°°): Ibid. (***) Lacomblet, I, 63. Ernst, VI, 403 (****); Lacom- blet, I, 443. (*) Ernst (Histoire du Limbourg, t. V, p. 517) traduit Blandonicum par Bodeux, près de Stavelot. Pareille interprétation est inadmissible. Bodeux °" Basse: Bodeux , dans le pagus des Ardennes , ne pouvait être compris dans le Maesgau. Si la t ce qui concerne l'indication, du pagus ou supposer qu'il s'agit du Maesland et non du pagus de la Meuse. (**) Dans un acte de 1075 : (***) Dans un acte de 1075 : in pago Aquens in pago Aquen: Ibid (****) In pago Aquensi, dans un acte de 1075 ; Ibid. 1 Mémoires, l. c., p.127. xcomnret, Urkundenbuch, t. 1, p 143. v A ` d se d'Ernst est exacte, il faudrait admettre une erreur ©? ET LEURS SUBDIVISIONS. 131 * prouve Je Dn Hay, e "iv Harivà ou Harvia, ; texte publié par Lacomblet (Z. c.). H y à du reste plus d'une e e par Walhorn (t. I, p. 518) OMINATIONS d ER PTT ARGHI- SITUATIONS : A RS ~| DATES. | ÉVÉCHÉS. CONES DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. ANCIENNES. fi tert actuelles, m À— M Haveigné s : 1 1 Md sous Lou- Havernai, in pago 915 Liége. Condroz. St-Remacle. Prov. de Liége, cant. | Grandgagnage, Mém., 45, 19. Dee Luviensi. d'Aubel. Hery A s Warive ou Harvia, in | 1044, 1042 » Hesbaye. . | Maastricht . | Prov, du Limbourg | Lacomblet, 109, 410; dans un pago Lingowe, in co- belge, canton de acte de 1143: in comitatu mitatu Theubaldi. Herve, Aquensi ; Ernst, VI, 404 (*). Hock lbach, Hukelebac, in pago 915 » Condroz. . | St-Remacle. | Prov. de Liége, cant. | Miræus, I, 935; Grandga- Luviens de Limbourg. gnage, Mem., 45. José s sous Baltic 1 n 7 i ; 496 us Battice, Angelgiagæ, in pagella 179 » » » Prov. de Liége, cant. | Miræus, L 496 ; Lacomblet, I, 1. Leuchio. de Herve. Län Liége, s E T " v. 8 TE MASA 870 » Liége. Liége. Province de Liége. Acte de partage de 870. Mortier ; i Ge Mortarium, in comi- 910 » Hesbaye. Maastricht . | Prov. de Liége, cant. | Lacomblet, I, 47. tatu Leuchia. de Daelhem, Noidy dn: Sous Spri- | Nordr ,in pago Lu- 915 » Condroz. S'-Remacle, | Prov. de Liége Miræus, I, 955; Grandga- ` vi de Louveigné, ge, Mém., 45. Oneux Sous Theux. | Over ou Ouvert, in 976 » » » Prov. de Liége, cant. | Le Glay, Mém. sur l'abbaye pago Leodio. de St-Remacle, de Marhiennes, 94. Ó sous la Rej 4 ^ : 2 ` hi "S la Reid, | Sale a, in pago Li- 915 » » » Prov. de Liége, cant. | Miræus, 255; Grandgagnage, viuensi, de Spa. Mem., 15. Sauré ée sons Dis d e 3 i "à ous Dison, Solergeia, in pago Li 915 » » » Prov. de Liége, cant. | Ibid. wiensi. de Limbourg. Soiron * Soron, in pago Lien, 1005 » » » Prov. de Liége, cant. | Lacomblet, I, 89. de Verviers. Sour Magne x FRS Bue , Salmania , ib. . 1005 » » » » Ibid. Deux Ze " + | Tectis, in pago et co- | 908, 915 » » » Prov. de Lic cant. | Miræus. 1, 34, 954 mitatu Liwens de Spa. ` Vaals, pago Liu 1044 » Hesbaye. Maastricht . | Prov. du Limbourg Lacomblet, i, 109. 1 néerlandais, cant. V de Gulpen. gas et pertinet ad 870 » » » Prov, de Liége, cant. | Aete de partage de 870 ; Pertz, Veosatum. de Daelhem. leg. 911. Andre ^ Wandria , in pago 902 » Condroz. St-Remacle. | Prov. de Liége, cant, | Lacomblet, I, 44. Leuchia, de Verviers. C) Ce ai e diplôme a été imprimé sé Se e : de lin plóme a été imprimé dans les Actu SS. Belgii, t. II , de sept., p. 275, par Van Spaen et par Ernst dans le tome VI , p. 101. Ces auteurs, au lieu ont lu Herve; cette localité étant introuvable, on en a fait Heerne et par conséquent Heren. La bonne leçon est Harive, comme eur de lecture dans le texte d'Ernst. Cet auteur traduit aussi à tort Harvia 5 ce qui est inadmissible : Walhorne se nommait Harne. (Voy. Laenner, t. 1, p. 147.) 132 LES PAGI DE LA BELGIQUE Vers le nord le pagus de Liége touchait à la partie du Maesgau située sur la rive droite de la Meuse. Sa circonscription suivait donc les sinuosités de la Gueule et les limites septentrionales de Wylre, Simpelveld, Herken- rade et Engelshoven , jusqu'à la Worm. Ensuite elle cótoyait cette rivière à l'est d'Aix-la-Chapelle en laissant Borcette au pagus de l'Eiffel dans le duché de la Ripuairie. Puis la ligne de démarcation passant à l'est d'Eupen ou Néau, compris dans le pagus de Liége, arrivait à la Vesdre et suivait les limites des diocèses de Cologne jusque prés de Malmédi, où elle cótoyait les rives de la Warge, de l'Ambléve et de l'Ourthe !. De l'ouest le pagus de Liége était séparé de celui de la Hesbaye, à partir de cette ville, par la Meuse. Contrairement à l'opinion de nos devanciers, nous excluons de cette division territoriale toute la rive gauche de la Meuse. Notre maniére de voir à ce sujet est justifiée par des actes d'une authenticité incontestable. Fall et Mheer, Hermalle-sous-Argenteau, Lanaye et Hermée sont désignés dans la Hesbaye. Jamais ces localités ni aucune autre située à gauche de la Warge, de l'Ambléve de l'Ourthe et de la Meuse ne sont indi- quées dans le pagus de Liége. Celui-ci formait une subdivision du pagus hasbaniensis, comme le constate l'aete de partage de 870, et la dépendance du doyenné de Maastricht ressor- tissant à l'archidiaconé de la Hesbaye, et d'une partie du doyenné de Saint- Remacle, dans l'archidiaconé du Condroz. ! Cette délimitation vers le sud est parfaitement justifiée au moyen des termes de l'acte par lequel Charles le Simple fait don à l'église de Liége, en 915, d'une forét située dans le pagus Luviensis. Selon le fragment de ce diplôme imprimé dans CuaPzaviLLE (t. 1%, p. 169) et dans Mnæus (t. I", p. 254), et que M. Grandgagnage a complété Mém., l. c., p. 15), la forêt, dépen- dant de la ville de Theux, avait pour limites : « a Vulfingi fago et a Warica (La Warge) usque » in fluviolum Amblevam (l'Ambléve), inde ad monasterium Stabolaus (Stavelot), sieque vadit ad » Merigis Frauplum (localité située probablement dans les environs de Remouchamps), et inde »/ ad Salceias (Sacé sous la Reid) usque ad Nordrees (Noidré sous Sprimont)... » ET LEURS SUBDIVISIONS. 155 § 1e, — LE PETIT PAGUS D'ÁIX-LA-CHAPELLE. (Pagus ou districtum Aquis, Aquensis ou Achgauw.) Les auteurs se bornent à citer ce pagus, sans en indiquer les limites !. (us, ] Tantót il est qualifié de pagus ?, tantôt de district 5, tantôt de comté ^. Au moyen du tableau suivant le tracé de ces limites devient possible : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS D'AIX-LA-CHAPELLE. C) Dans 5) Idem, U^) Idem. ks DÉN T ) BEE ARCHI- SITUATIONS pif DATES. |ÉVÉCHÉS. vens | DOYENNÉS, SOURCES. ANCIENNES Vu actuelles, 1 plitgareswilato, s. |^ 4 097 lu ee Ee DER pago Achgauw. Epe : TES Epeno, in pago 1075 Liége. . | Hesbaye. . | Maastricht . | Prov. du Limbourg | Lacomblet, 1, 448 (* Aquensi. A de Galppe. Fau Tuemont Valeheubureh, ib. . | 4075 » » Prov. du Limbourg | Ibid. (°). néerlanc Dennen penes, Gimminieh, ib. . .| 4075 » Prov. de L Ibid. ri d'Aube Montze sous MMC 1D. vuv a 1075 Prov. de L Ibid d'Aubel. Wijlre E Wilere, ib. . . .| 10% š » » Pr. du Limb. néerlan- | Zbid. dais,cant.de Galoppe. Un acte de 1041 : Apine, in pago Liugowe, apud Lacownunr, t. L, p. 109. Toutes ces localités. sont situées entre : la rive gauche de la Gueule, les limites du pagus de la Meuse, lorsqu'elles quittent les bords de ce fleuve, la ! Iungnv, l. ; Ernst, Mist. de Limb., t. I, p. 515. Celui-ci indique néanmoins quelques localités situées dans ce pagus. ? Lacomeuer, l. c., acte de 1075, t. I, p. 145. 5 Acte de partage de 870. * Acte de 1143 apud Ennsr, Le, t. VI, p. 156. Tome XXXIX. 20 154 LES PAGI DE LA BELGIQUE ligne de séparation entre les pag? de Liége et de l'Eiffel, et la rive droite de la Berwinne. Cette dernière limite est toutefois tr II est inutile de répéter ici les considérations que nous avons déjà fait valoir à propos de la dépendance du pagus. d'Aix-la-Chapelle , de celui de Liége et par conséquent de la Hesbaye. Cette dépendance est prouvée en outre par les positions des paroisses d'Epen , Fauquemont et Gemmenich, citées à la fois incertaine. par les documents dans le pagus de Liége et dans celui d'Aix-la-Chapelle. § 2. — LE DISTRICT DE THEUX. (Districtum Tectis.) Le pagus de Liége comprenait aussi le district de Theux , mentionné dans lacte de partage de 870. Cet endroit qualifié de Fisc étant situé dans le pagus de Liége ', le district du méme nom devait en faire également partie. Nous n'avons pu recueillir aucune donnée sur l'étendue de ce territoire, com- pris sans doute entre la Vesdre, la Warge, l'Ambléve et l'Ourthe ?. C'était probablement une vicairie. ! « Villa nostri dominicatus sita in pago Leuga super fluvium Poledam, vocabulo Teux. » (CuaPEA VILLE, LI, p. 162.) ? Voir à ce sujet le diplôme de 915 publié par CusprAviLLE , t 1°, p. 169, et dont M. Grandga- gnage a rétabli la partie Ia plus marquante quant aux anciens noms de lieux, pp. 15 et 19. Nous en avons reproduit plus haut (p. 152, note) l'extrait le plus important. ET LEURS SUBDIVISIONS. 155 SECTION V. LE GRAND PAGUS DES ARDENNES. (Pagus Hardinnae, Harduennae, Arduennae, Ardennii, arduennensis , ardunenensis , ardunensis.) La forét des Ardennes, embrassant, d'aprés Gésar, tout le pays situé entre le Rhin, les frontiéres des Trévires, des Rémois et des Nerviens, était la plus vaste des Gaules !. Selon le conquérant romain elle avait une longueur ) de 500 milles, et Strabon lui donne une superfice de 1,000 stades ?. Au moyen âge, cette étendue n'avait guère diminué. L'Historia ecclesiastica de Hugues de Fleuri, écrite pendant la première moitié du XII* siècle, répète à peu prés les termes si concis dont César se sert en décrivant cette forét 5, le lieu de chasse favori des Carlovingiens. Par suite de la création de plusieurs établissements religieux sous les dynasties des Mérovées et des Carlovingiens, les premiéres lueurs de la civili- sation se firent jour dans cette immense solitude, comme l'appelaient Sulpice Sévére et l'acte de fondation du monastére de Stavelot. Des religieux y firent exécuter différents défrichements, qui diminuérent l'étendue de la forêt; en 4581 elle n'avait plus que 42,000 arpents, en 1827, 28,000 seulement ^. ! Cesar de Bello gall., liv. V, chap. HI; liv. VI, chap. XXIX. ? Srrapon, liv. IV. 5 Pertz, Monumenta, t. IX, p. 557 : « Silva quae dieitur Ardenna, quae a ripis Reni flu- minis usque in Trevirorum finibus extenditur. » — « Arduenna sylva fuit mirae magnitudinis, quae olim a ripis Rheni et Trevirorum finibus, ad Nervios usque protigit et in longitudinem , teste Caesare , milibus amplius quingentis patuit. » (CiapEAvILLE, LI, p. 584.) ^ La partie des Ardennes situées dans les environs du Rhin, de la Moselle et de la Meuse était néanmoins habitée de trés-bonne heure, comme le démontre le grand nombre d'antiquités romaines trouvées dans ces parages. — Dans la Vie de saint Lambert on lit à propos de la situation de Sta- velot : « Locus inter vastos et confragosos Ardennae saltus, nulli tunc humanae habitationi habilis, » squallidus horrebat; sterili et emoriente terra, non segetibus, non pomiferis arboribus apta, » non alendis pecoribus grata, non comerciis quaestuosa, ete. » CHAPEAVILLE, t. I; p. 585.) 156 LES PAGI DE LA BELGIQUE Celle grande étendue de territoire, encore connue en partie dans la Bel- gique sous le nom d'Ardennes, comprenait les pagi de la Moselle, de l'Eiffel, de Bitbourg , du Mithegau , de la Sure, du Ritzigau, du Saragau, ete. t. Elle embrassait en outre le pagus ardennensis , subdivisé en pagi du Condroz et de la Famenne. Essayons d'établir en premier lieu, par les documents et les écrits du moyen Age, les bornes de cette partie des Ardennes. Aprés avoir énuméré plusieurs divisions territoriales adjugées à Louis, l'aete de partage de 839 dit : « Comitatum Ardenensium, comitatum Con- » drusto inde per cursum Mosae usque in mare 3. » Par conséquent le comté ou le pagus des Ardennes et celui du Condroz touchaient pendant le moyen àge à la Meuse, comme du temps de la conquête des Gaules par César 5. Ce fait est en outre corroboré par une charte constatant que Revin, localité sise sur la Meuse, était dans les Ardennes ^. L'acte de partage de 870 fournit un renseignement plus précieux encore. En indiquant le lot de Louis, le rédac- teur ajoute : « de Arduenna sicut flumen Utra surgit inter Bislan (aujour- » d'hui Bellain, en allemand Beslingen) et Tumbas (aujourd'hui Thommen) » ac decurit ex hae parte in Mosam et sicut recta via pergit in Bedensi, » secundum quod communes nostri missi rectius invenerint, excepto quod » de Condrusto est ad partem orientis trans Utram et abbatias Prumiam et » Stablau et omnibus villis dominicatis et vassalorum ?. » Ce passage prouve de nouveau que le pagus des Ardennes s'étendait jusqu'à la Meuse, et qu'il renfermait aussi celui du Condroz, comme nous le ferons voir plus bas. Dans un diplóme de 762, Pépin constate que le pagus des Ardennes touchait vers l'orient à celui de Bitbourg prés de l'abbaye de Prum : « monas- » terium de Prum, quod est positum infra terminos Bidense atque Ardinne, ! Voir au sujet de ces différents pagi Wivruem, Lucilibourgensia romana, pp. 81 et suiv., et CnorriUs dans le t. V des Hist. et Dissert. academiae Theodoro-Palatinae. 3. PERTZ, tel", legs, p.979. 5 De Bello gall., liv. VI, chap. XXXIII : « Ipse (Cæsar) cum reliquis tribus legionibus ad flumen Scaldim , quod influit in Mosam , extremasque Ardennae partes ire constituit. » [| * Beyer, t. I“, p. 199 : « Rivin super Mosam, in finibus Arduenne. » 5 Pentz, l. c., t. I7, p. 488, leg. ET LEURS SUBDIVISIONS. 157 » ubi rivulus, qui dicitur Dethenobach, ingreditur in Prumiam !. » Prum était donc situé à l'extréme frontière du pagus des Ardennes et dans ce territoire : Pruma in finibus Arduenne 3. Vers le nord Aimoine indique les frontiéres de ce pays dans les environs de Chiévremont : Novum Castrum juxta. Arduennam situm 5. Ce château était en effet situé non loin des démarcations entre le pagus de Liége et celui des Ardennes. Ces renseignements, les seuls indiquant d'une maniére positive les confins du pagus des Ardennes, sont trés-superficiels, et les écrivains qui ont voulu les compléter ne sont nullement d'accord entre eux. Mieux que l'auteur de la chronique de Gottwich, Adrien de Valois et Wastelain ont su distinguer la forét des Ardennes du pagus de ce nom *. Wastelain surtout résume assez bien la question sur différents points, en se trompant sur plusieurs autres : « On peut distinguer l'Ardenne, dit-il, en » Ardenne-forét et en Ardenne-comté. Les fondements de cette distinction se » trouvent dans les monuments du moyen âge; l'acte de partage du royaume » de Lothaire en 870 place le Condroz dans l'Ardenne, et l'annaliste de » Saint-Bertin, à l'an 839, distingue le Condroz de l'Ardenne. Le premier » texte doit s'entendre de l'Ardenne-forét et le second de l'Ardenne-comté. » Les écrivains du moyen âge ne s'accordent guère sur l'étendue qu'on don- » noit de leur temps à cette forêt : on peut néanmoins conclure de leurs textes » rapprochés, qu’elle s'étendoit beaucoup moins alors qu'au temps des 1 Beyer, l. €. , V. 1%, p. 19. Dans des actes de 764, 804, 842, Prum est indiqué : « In finibus » Où in finem Arduenne. » (Ampliss. coll., t. Ier, pp. 28, 56, 101. t ? Acte de 762 apud. Monruerm, t. Ier, p. 122. Oubliant sans doute cette preuve, Hontheim sou- uent, (ibid., p. 61), par la fausse interprétation du diplôme d'Otton IH de 974, que Prum faisait partie du pagus de Bitbourg. Lorsque l'empereur confirme : « quid quid in ambitu videntur > habere ecclesiae Trevirensis atque Pumensis in comitatu Bethensi, » il dit simplement qu'il ssions dans le comté de Bit- reconnait en faveur des églises de Trèves et de Drum leurs po bourg. Les mots in comitatu Bedensi ne se rapportent done pas à l'église de Prum, mais aux possessions qu'elle avait dans ce comté. (Voir la charte apud Hosmpm t. I, p. 510.) 5 De Gestis Francorum , liv. IV, chap. LVIII. Voir aussi Ecivuanp, Annales Francorum ad anno 741. Plusieurs auteurs ont traduit Novum castrum, aujourd'hui Vaux-sous-Chièvremont, par Neufchâteau. * Besseius, Chronicon Gotwicense, p. 548; Vargsius, Notitia Galliae, p. 573 WASTELAIN, p. 254. 158 LES PAGI DE LA BELGIQUE » Romains. Eu égard à celui dont nous parlons, on peut à peu prés lui » donner pour limites : au couchant la Meuse, à l'orient la Moselle, au midi » la rivière de Chiers et au nord celle de Véze et de Nette, qui se jettent, la » premiére dans la Meuse et la seconde dans le Rhin. L'Ardenne-comté ou » proprement dite est située entre le Condroz au couchant, le Trévirois à » lorient, la Ripuairie au nord, et le pays de Voivre au midi !. » Examinons les différents faits allégués par le savant Jésuite. Certes il y a une distinction à faire entre la forét des Ardennes et le pagus du méme nom, diffé- rence que les partages de 839 et de 810 n'établissent pas, comme Wastelain le suppose. Dans l'un et dans l'autre de ces actes il est parlé du pagus des Ardennes, mais nullement dans le sens que Wastelain lui donne. Nous allons le faire voir. L'acte de partage de 830, dont ceux de 839 et de 870 sont en quelque sorte la conséquence, prouve en faveur de notre thèse, lorsqu'il dit : « Ad Baiwariam, Toringiam totam , Ribuarios, Atoarios, Saxonis, Frisiæ, » Ardenna, Asbania, Bragmento, Frandres. » Il s’agit dans cet acte du pagus des Ardennes, comme de ceux de la Hesbaye, du Brabant, de la Flandre, etc., quoique le mot pagus y soit passé sous silence. C'était méme un parti pris de H la part du rédacteur de ne pas mentionner ce mot une seule fois dans le | texte, sinon il n'aurait pas assigné au lot de l'Allemanie plusieurs autres pagi compris dans le pays des Ardennes, tels que ceux de Woivre, de la Moselle, etc. Le partage de 839, reproduit par l'annaliste de Saint-Bertin , parle, il est vrai, du comté des Ardennes et de celui du Condroz. Au lieu de réfuter notre manière de voir, cet acte la corrobore entièrement. Les mots comté el pagus, synonymes à une certaine époque, comme l'a fait voir Wiltheim ?, démontrent que l'Arduenna citée dans l'acte de partage de 810, est le pagus des Ardennes. N'oublions pas que le rédacteur en excepte le Condroz, les abbayes de Stavelot et de Prum , compris dans cette division ter- ritoriale, et que le mot pagus, nous venons de le dire , n'est pas transcrit une seule fois dans cet acte; il y est toujours remplacé par comitatus ou ducatus. Aprés avoir démontré que, dans les actes de partage de 830, 839 et 870, D 1 WASTELAIN , ibid. ? Notae in Gregor. Turon, dans les Comptes rendus de la Commission royale d'histoire, 2 géri t Vll, pv le ET LEURS SUBDIVISIONS. 159 il s’agit du pagus des Ardennes, on doit forcément y admettre celui du Condroz. La raison en est facile à comprendre. Dans l'acte de partage de 870, le secrétaire chargé de le rédiger assigne le pagus des Ardennes à Louis, sauf une partie du Condroz et les abbayes de Stavelot et de Drum : « excepto » quod de Condrusto est ad parlem orientis trans Utram et abbatias Prumiam » el Stabulau. » Done le Condroz était dans le pagus qui comprenait les abbayes de Prum et de Stavelot, sises dans celui des Ardennes. Ce fait est aussi corroboré par le témoignage d'autres actes. Aywaille est indiqué par une charte de 1088 ¿n silva et Arduenna , territorio leodiensi * et la Roche par une autre charte de 992 in Arduenna ?. L'une et l'autre de ces localités étaient situées dans le Gondroz. ` L'acte de partage de 839, reproduit par l'annaliste de Saint-Bertin , cite, nous en convenons, premièrement le comitatus arduennensium et ensuite le comitatus condrusto. Serait-on fondé à conclure d'une pareille juxtapo- sition que ces deux pagi n'avaient rien de commun ? Nous avons déjà fait remarquer plus haut ( p. 20) que ces séparations ne prouvent rien. Dans l'acte de 839 elle constate seulement que ces deux pagi ont été adjugés à l'un des fils de l'empereur Louis, conformément aux dispositions du partage de 830. Si celui-ci ne mentionne pas le Condroz, c'est paree que le pays était compris dans l'Ardenne. Le lecteur ne doit pas s'y tromper, nous n'avons nullement l'intention de faire entrer dans le pagus des Ardennes toutes les localités indiquées par les documents in pago ou in comitatu ardennensi. Nous pouvons citer à ce titre un grand nombre de localités et, entre autres, les suivantes : Burcid , arrondisse- ment de Trèves, cercle de Bitbourg, nommé Burtz in pago et comitatu arden- nensi5, Constum, dans le Grand-Duché de Luxembourg, canton de Clervaux, nommé Constumb et situé dans le pagus de Woivre +; Diekirch, situé égale- ment dans le Grand-Duché et dans le méme pagus et nommé Theodorica villa ! Mu es, t, I", p. 558. ? ALBERIC, anno 999, 5 Aete de 998 apud Beyer, t. I", p. 255; Honruein, t. le, p. 271 et ibid., p. 275, acte de 956 in pago Rizogohensi in comitatu. Ardennensi. Beyer cherche cette localité à Portz, cercle de Saurbourg, sur lequel ne s'étendait nullement le Rizigau. Nous préférons l'opinion de Crollius qui traduit Burcid. (Hist. et comm. acad. Theodoro-Palitinae , t. V, p. 279.) ^ Acte de 785 dans Honrueim, t. I, p. 59. 140 LES PAGI DE LA BELGIQUE in Rizogohensi pago im comitatu ardennensi 1 ; Ettelbruck, aussi dans le Grand-Duché et toujours dans le Woivre, écrit Ettelbrucka in pago ardinnensi, in comitatu Odacri ?; Ober et Nieder Feulen, dans le Grand-Duché, et écrit Viulna in comitatu. Gisleberti in pago Arduenne 5; Longlier, province de Luxembourg, canton de Neufchâteau, nommé Longlar in pago Osning et in comitatu Gozzilonis comitis ; Mersch , dans le Grand-Duché, nommé Marcis in comitatu ardennensi regimini filii nostri Henrici comitis subjacenti ? , et dans un acte de 853 in pago Wabrinse *. Malgré l'indieation des localités précitées dans le pagus des Ardennes, elles n'en faisaient point partie. Elles étaient comprises dans celui de Woivre, et constitueraient une confusion inadmissible si elles faisaient. partie des deux pagi à la fois. Le pagus des Ardennes, comme celui de Woivre, étant de la catégorie des grands pagi, ne pouvait comprendre des localités soumises en méme temps à ces deux circonscriptions territoriales. Sans avoir une signification officielle et admi- nistrative, le mot pagus s'appliquait souvent, nous l'avons fait observer dans l'Introduction, à des pays, à des cités, à des provinces. C'est ce qui a fait dire par Thudichum que le pagus désigne parfois des provinces entières, méme des royaumes 7. Si dans les passages précités les mots pagus et comi- latus sont mélés, c'est parce que tous les territoires compris dans le pays des 1 Acte de 956 dans Beyer, t. I", p. 256. Cet auteur traduit Thionville, localité situce loin du Ritzigou. Crollius pense qu'il s'agit de Diekirch. (Voir I Hist. et comm. acad. Theod., t. V, p. 259.) ? Acte de 901 dans Honraeim, t. I", p. 59. 5 Acte de 965 dans Beyer, t. I“, p. 274. * Acte de 982, Mabillon de re Diplom., p. 575; Adrien de Valois, Besselius et d'autres écri- vains traduisent Longlar par Glare, situé, disent-ils, prés de Saint-Hubert. Crozuus (liv. X p. 279) a démontré qu'il faut traduire Longlier. 5 Acte de 995 dans Bever, t. I*", p. 524. $ Wivrnem, Notae in Gregor. Turon., dans les Comptes vendus de la Commission royale d'hist., rz sér., t. VIT, p. 520. (Voir aussi Cnotugs, l. c., p. 281.) 7 « Pagus , dit-il, wurden auch ganze Provinzen und Reiche genannt : im Ribuarischen Volks- » recht steht infra pagum Ripuarium in derselben Bedeutung wie in provincia ripuaria. — Im » J. 782: in pago Austrasiorum gleichbedeutend mit infra regnorum Austrasiorum ; im J. 770, » in pago Thuringie ; im J.949, in pago Turingensi; imJ.784, villa Fargala quae situ est in pago » Thüringiae. Ganz Alemannien wird häusig pagus Alemanniae oder Alamanorum genanant. » (Gau und Mark verfassung, pp. D et 6.) Voir aussi le P. De Buck, Vita S" Dodonis, p. 9 : « Voca- » bulo pagi, dit-il, non eadem semper designatur res ut enim alias significationes omittam , eo » indieatur aliquando regio, aliquando ditio. » Dans sa Table des diplómes , M. Wauters a dis- tingué aussi le pays d'Ardennes du pagus. , ET LEURS SUBDIVISIONS. 144 Ardennes étaient administrés par des comtes, parmi lesquels figurent ceux de la maison d'Ardennes, qui, au moment de l'hérédité des fiefs, appliquérent Souvent ce nom topographique à toutes leurs possessions indistinctement. Enfin pour démontrer à la dernière évidence que, malgré les chartes de 853 et 995, citées plus haut, le pagus wavrensis n'était pas compris dans celui des Ardennes, nous ferons observer que ni les actes des partages de 830 et 870, ni aucun document connu ne Te ont jamais compris. Un autre argument non moins décisif tiré de trois actes différents le prouve également. Par une charte de 853, Erkanfride donne à l'abbaye de Saint-Maximin des biens situés in. pago wabrinse, in loco qui dicitur Marisch , aujourd'hui Mersch sur l'Alzette !. Selon l'acte de 963, par lequel le comte Sigifroid fait avec le méme monastère un échange de biens, le château de Luxembourg est situé in pago Methingowi, in comitatu Godefridi comitis super ripam Alsuntiae fluminis ?. Un acte de 993, par lequel le méme prince fait une donation à l'abbaye susdite, place Mersch dans la vallée de l'Alzette : ^n comitatu. Ardenensi, regimini filii nostri Henrici comitis subjacenti 5. Les mots in-comitatu. Ardenensi n'indiquent pas Mersch et l'Alzette dans le comté ou pagus des Ardennes, mais dans un comté situé au pays des Ardennes, soumis à Henri, fils de Sigifroid et appartenant à la maison des comtes d'Ardennes. S'il n'en était pas ainsi, les actes précités de 853 et 963 n'auraient plus de sens lorsqu'ils placent la méme localité et la méme rivière dans le pagus des Ardennes dans celui de Woivre et dans le Mithingau, qui dépendait de celui-ci. En 993 le principe de l'hérédité des bénéfices prévalait déjà. Les divisions par pagi commençaient à disparaître et à faire place à de nouvelles circonscriptions territoriales. Sans avoir pu se rendre un compte exact de la différence entre le pays des Ardennes et le grand pagus de ce nom, Des Roches définit assez bien celui-ci. « Il était borné, dit-il, au nord par le pays de Liége, à l'orient par le duché Mosellanique et le pagus bedensis, à l'occident par le Condroz 4. » ! Beyer, l c., t I, p. 88. Ibid., p. 974. Ibid., t. Y, p. 594 en re Des Roues, L c., p: 25: Tome XXXIX. 21 142 LES PAGI DE LA BELGIQUE Hontheim fait entourer le pagus ardennensis du duché de la Moselle, du comté du Condroz jusqu'à la forét des Ardennes, qui se serait étendue sur les deux rives de la Meuse jusqu'à l'Erf et vers le midi à la Semoy et à la Sure !, Ce sont, à peu d'exceptions prés, les limites indiquées par Adrien de Valois et Besselius ?. Bertholet ne fait aucune différence entre le pays des Ardennes et le pagus major du méme nom. Selon cet auteur ce pays comprenait le marquisat d'Arlon, la prévóté de Luxembourg et toutes les terres situées aux environs de l'Alzette, de la Wiltz, de l'Our, de l'Ourthe, de l'Ambléve, de la Semoy, de la Lesse et d'une partie de la Sure 5. Dans ses Observationes geographicae, Crollius veut. distinguer le pagus ardennensis de ceux compris dans le pays des Ardennes. A défaut de rensei- gnements suffisants, il n'est point parvenu à établir cette différence : « Pagum arduennensem, dit-il, sive Osning * seu Osnige separtim a ceteris Arduennae silvae pagis describere difficilius est, nisi adhibeas indices locorum, ad » archidiaconatum leodiensis ecclesiae des Ardennes et vicinos Famenniae » atque Condrusii spectantium : quibus cum careamus, atque etiam in Sanso- » niana tabula partis diceceseos Leodiensis, quam Paemanos in Eburonibus » vocavit, duo tantum archidiaconatos des Ardennes et de Condros designati » reperiantur, omisso illo des Famennes, neque distincte cognoscantur, qui » decanatus fuerint arduennensis pagi ?. » A propos de la question de savoir à quel pagus appartenait le Limbourg, e chanoine Ernst a été fort embarrassé lorsqu'il a vu Walhorn et Olne cités ! Historia Trevirensis , t. 17, p. 59. ? Vavesius, Verbo : Arduenna et Chron. Gotwicense, p. 548. 5 Hist. du duché de Luxembourg , t. IY, pp. 15 et 14. * En regardant comme synonymes Ardenne et Osning, Crollius adopte la maniére de voir de ses devanciers , tels que Wiltheim et Besselius. Beyer l'admet également. Selon Leibnitz, Rerum Brunswicarum , t. Ier, p. 98, Odine, Osnig, Osnine, Osnegge aurait la méme signification qu'Arduenna ou Ardennae , forét obscure ou épaisse. Nous avons vu Osning cité deux fois seu- lement : une première fois à propos de la situation de Longlier (acte de 682 dans ManiLLox, De re dipl., p. 575) et une seconde fois à propos de la situation de Hemmingestorff, dans les Trad. Lauresham., t. IIL, p. 281 du Codex Laureshamensis. Nous ne sommes pas mieux parvenu à retrouver cette localité que les historiens de l'abbaye de Lorsch. 5 Crouuius, Observ. geogr., dans Hist. et comment. acad. T'heodoro-Palatinae, t. V, p. 270. Sai ET LEURS SUBDIVISIONS. 14 dans l'Ardenne !, par deux diplómes. Aprés avoir fait à ce sujet une longue dissertation, il ne parvient pas à résoudre la difficulté. S'il s'était apercu que le mot pagus indiquait souvent un pays, sans avoir aucune signification administrative, il aurait pu parfaitement expliquer ces faits. La forêt des Ardennes s'étendant jusqu'à la Meuse, ainsi que le constate César, tous les pays situés sur la rive droite de cette riviére y étaient compris. Olne et Walhorn pouvaient done être désignés dans ce territoire, comme Cornelis Munster. ou l'abbaye d'Inde l'y fut également ?, sans que ces localités aient été comprises dans le pagus administratif des Ardennes. Dans sa Dissertation sur les comtes d Ardennes le méme auteur ne distingue pas mieux le pays des Ardennes du pagus ardennensis 5, Seulement il sou- tient qu'il n'y avait pas de comté des Ardennes à proprement parler et que le comitatus ardennensis était le pagus de ce nom. Beyer n'a rien enseigné de nouveau au sujet du pagus des Ardennes. Aprés avoir dit que ce territoire était compris dans la Basse-Lorraine , il fait observer que sous le rapport spirituel il dépendait de l'évéché de Liége ^. Examinons cette question au point de vue des renseignements fournis par les documents, en distinguant le pagus du pays du méme nom. Autour de l'archidiaconé des Ardennes nous voyons les pagi du Condroz, d'Arlon , de Bitbourg, de l'Alzette et de la Famenne. Toutes les localités citées par les doeuments dans le pays entouré de ces pagi sont constamment indi- quées dans celui des Ardennes; telles sont entre autres : Arville, Audrange, Aucy, Aywaille, Bastogne, ete. Aucune de ces paroisses n'est jamais citée dans un autre pagus. Il faut done admettre l'existence d'un pagus de ce nom dans l'archidiaconé des Ardennes. Avant d'établir avec plus de précision les limites de cette division terri- toriale, nous croyons devoir tracer le tableau de toutes les localités assignées àu grand pagus des Ardennes , par les chartes et documents. ! Hist. de Limbourg, t. Ier, pp. 52 et suivantes. ? Inda in sylva Arduenna, acte de 821 dans Minus, t. II, p. 288 et Ampliss. coll., t. Ir, Re 5 Dans les Comptes rendus de la Commission royale d'histoire, 2° sér., t. X, p. 211. * Urkundenbuch, t. IL, Introduction, p. xix. LES PAGI DE LA BELGIQUE TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DES ARDENNES. DÉNOMINATIONS SITUATIONS pago ardenensi, in comit. namurcensi, de Gedinne. d ARCHI - ———— — Se WR Ge o di ERANT DATES. |ÉVÉCHÉS. voa, | DOYENNÉS. SOURCES. "SE DIACONES. actuelles. ACTUELLES. ANCIENNES. ee Amberloup . Amerlaus, in Arduenna. 895 Liége. Ardenne. Bastogne. . | Province de Luxem Ampl. coll., M, 36. bourg, canton de Sibret. Any. «2 rus Mansus Wandel 770-779 » Famenne. Graide . Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll, I, 21. in pago Ardenna. cant. de Paliseul. See E s oni, 99 Arville . . Aprivilla, in pago ar- » » Rochefort Pr, de Luxembourg, | Roberti, Hist. S. Hubert, duennensi. cant. de St-Hubert, Aucy, village détruit. | Ausegias, in comitatu 945 » B š i. «| Ritz, 46. arduennense. ? A a $ 3 yu E pre Audrange, en allem. | Argilinga, in comi- 960. » Ardenne. Stavelot. Arr. d'Aix sha Calmet, Hist. de Lors H Aldringen. tatu ardennensi, elle, cercle de 367. Malmédy. Aywailles Aquala, in silva Ar- 1088 » Condroz. . | Ouffet Prov. de Liége , cant, | Miræus, 1, 388. duenna, in terri- de Louveigné. torio leodiensi. "RU ` N + Á A ; on: Pertz © Bas-Bellain, en alle- | Belsonacum, Bels: 770, 870 » Ardenne, Stavelot . Gr.-Duché de Luxem- | Hontheim, 1, 430; Peres | mand Besslingen langa, Bislane (de bourg, canton de leg. 5 | Arduenna). Clervaux. Bastogne . . Bastonica, in pago 7179 » » Bastogne, Pr. de Luxembourg, | Lacomblet, 1, 39. hardunnensi, cant. de Bastogne. Bénonchamp sous | Benutzfelt, infra cen- 710 » » » Boyer, I, 26. Wardin. tena Belslango infr: vasta Ardinna. Bertogne . . . | Berthonia, in pago 1005 » » Miræus, IL, 808. Arduenna. Bièvres . Beveris, in pago Ar- | 770-779 » » Pr. de Namur, cant, | Ampl. coll., I, 21. denna. de Gedinne. See Jiisanch, in pago ar. 895 » Ardenne, .| Stavelot. Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll, M, 95. duennense. cant. de Houffalize. PE A : vertz łouillon, . . Bullam, in Arduenna. 1444 > Famenne. .| Graide . Pr. de Luxembourg, | Ann. Laub. apud Pers cant. de Bouillon. 22. A ` E o4. Berti: Bourey sous Long- | Burcido, in pago ar- 890 » Ardenne, Bastogne Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll., IL, 34; BOY wily. duennense, cant. de Bastogne. 235. , D 504 Bourseigne-Neuve. . | Novis Bursinis, in |4070, 1076 » Famenne. . | Graide Pr, de Namur, cant. | Duvivier, 442; Miri? ^ ET LEURS SUBDIVISIONS. 145 + Comme p NATIONS SITUATIONS ARCHI- N TE DATES. à DOYENNES. SOURCES. IN DIACONÉS. 'sutwellbg: ACTUELLES, ANCIENNES. EES me Bouvienio: 1 ever. 1:24 "ioo, en alle- | Bovingas, in comitatu 946 Ardenne, Stavelot . Pr. de Lnxembourg, | Beyer, 1, 246. mand Boewingen, Hardinne. cant. de Vielsalm. Braunlaut (ivi unlauf (rivière). | Bruna à, in comitatu 945 JEE E arduennensi. 9 ` TE Een + + | Buety Nebura, in pago 915 SEN d x titz, 46 (*). et comitatu arduen nense, 1 wre " Roberti, 95 yx * + + | Burias,in Arduenna, | . . ` 5 imenne. Rochefort Pr. de Namur, cant, | Roberti, 95. de Rochefort. Bure 1 Qu fex dud dépendance Barris (Burris?), in 890 » Ardenne, . Pr, de Luxembourg, | Ampl. coll., V, 34 (°°). "Tärens. 10 ardennense. cant, de Houffalize. + . | Asko. d 922 Bore | LE . Ritz, 21. " UT MSN A 1e super fl, Geihe, 181 yos . . . Wiltheim, 81. m pago ardinensi. Glains (détru; ti jl S (détruit), Glaniaeum, in comi- 915 Liége. Ki ed . ` Ritz, 47. latu. arduennense. Graide p à i ^ Gr in pago ar 862 » Famenne. Graide . Pr, de Namur, cant. | Ampl. coll , 1, 26. denna. de Gedinne. ? X ANE Hagamatilinga , m "i68 T K VL 4 Wiltheim, 81 pago ardinense, H er Harnebaeh (riv.), in 915 è E " Ritz, 17. comitatu arduen- nense, Hollogne " Bi Houlingen, in pago TT Liége. . | Ardenne, Bastogne. Pr. de Luxembourg. | Hontheim, 1, 59. ardinense, Lenz Agnières sous IER ven ` Á eS sous Roy + | Linarias, in fundum 748 » Famenne. Graide . Pr. de Luxembou Ritz, 4. Ardenne, canton de Marche. Long "ngehamps.16,. p 1 Y 2 d à tote, 15-loz-Bas- Longramp, lisez Lon 920, 1028 » Ardenne. . | Bastogne. Pr. de Luxembourg, C) Une e T » sali, » e, per m. nense, vil] à Burcido e en première camp, In pago Ar- duennaria ou t à Barris. Ces deux localités seraient par conséquent dans le pagus des Ardennes; c’est aussi notre avi ligne le pagus, puis la localité qui y est située, Sinon i] faudrait : in pago arduennensi et in villa Burc duenensi. ar les auteur. arris mansos opie du XVe siècle porte : Benty Nobuna. lexte imprimé de l Amplissima collectio ne semble pas trè anus fidejussorum Erberti atque Goderamni ad partem ecclesi à Bureido ac B ont fait Martene et Durand, cant. de Bastogne. Wontheim, 1, 266; Beyer, l 225; Stumpf, I, 45. -correct; on y lit: « Dedit itaque jam dictus Ricarius, more legis cido. e SS. Petri et Remacli in monasterio Stabulaus fundatae in pago arduen- XII... Item in eodem pago loco qui Sigudis dicitur... » En plaçant la v le pagus se rapporte à Stavelot, Si, au contraire, on place la virgule aprés fundatae, l'indication du pagus appartient irgule aprés arduenner Dans cet acte l'auteur place toujours ES PAGI DE LA BELGIQUE DENOMINATION ARCHI- SITUATIONS | —— T Së e "na DATES. IHÉS. . DOYENNÉ SOURCES. DIACON actuelles | |l | A ? i * | Louette-Saint-Denis? | Litteras (ad), in pago 946 Liége. Famenne. Pr. de Namur, cant. | Miræus, I, 2 ardùenna. de Gedinne. | " 99 loo! Ban x " ; peib- Mirwartsous Awenne- | Mirault, in Ardenna. 1033 » Rochefort Pr, de Luxembourg, | Alberic, anno 4033, dans Lei lez- Saint - Hubert, cant. de St-Hubert. nitz, IT, 65, Moircy Morceias, in pago et 922 » Ardenne. Bastogne. Ritz, 48. comitatu arduenna. | Nassogne Fridieres super fon- |VIIIe siècle. » Famenne. Rochefort . | Pr. de Luxembonrg, | Acta divi Mononis apud HOW | tem Nossoniam, cant, de Nassogne. theim, 1, 60, | pagus ardennensis. Odeigne. Aldanias, in pago ar. 935 » Ardenne. Stavelot. Pr. de Luxembourg, | Ritz, 2 duennense. cant, d'Erezée. ? Olisna 146 Ampl. coll., M, 20. Our (rivière Urva, in comitatu ar- 945 S hitz, 16. | duennense. Ouren , e Ursofontana, in co 915 Liége . Ardenne. Stavelot. . | Gr.-Duché de Luxem- | (id, (*). | mitatu arduennense. anton de | Ourthe (rivière Urta (fl.), in comitatu 922 » » . ` i hitz, 43 | Paliseul. Prum. Rachamps sous No. ville-lez-Bastogne. RevIn WI ES | , | Roumont, dépendance de Flamierge. (*) Ritz traduit Urspelt, et M. Grandgagnage Ouren. Cette dernière (**) Dans un acte de 762, ibid., p. 21: in pago Lomense. arduenna. Palatiolus, in ardenna. Prumia, in finibus Ardinnae. Rachans, in silva Ar dennae in ter, Leo- diensi. ebach, in comitatu arduennense. vin. in finibus ar- duenne. Riennes, in Arduenna, Romonia, in pago et comitatu arduenna. 1088 915 654 922 Liége. Famenne. Graide Ardenne. Stavelot. istogne. Chimay . Famenne. » Graide Ardenne., Bastogne. de Luxembourg, cant, de Paliseul. Arrondissement de Trèves. Département des Ar dennes, canton de Tumay. Province de Namur, cant, de Gedinne. Pr, de Luxembourg, cant. de Sibret. opinion nous semble plus fondée. Ampl. coll., M, 21. Hontheim, 1, 42 NS Miræus, 1, 35 Ritz, AT. Boyer, T, 499 (**). Miræus, III, 2. Ritz, 42 ET LEURS SUBDIVISIONS. DÉNOMINATIONS DATES. ÉVÈCHÉS, ARCHI- DIACONÉS. DOYENNÉS. SITUATIONS actuelles. SOURCES. Saint-Hubert Semoy (rivière) , Smuid.suy. Mam Ja. p, o dépend, de iben. Stavelot è Thommen 3j Wat Sain " Villance , Weis-Wampach : Wilz, Wisembach ll résulte de ce tableau que le grand pagus des Andagium, in Ar duenna, Sesomiris (fl.), in silva aürduennense, Summoulum, in pago Arduenna et in co mitatu hoiensi. Sigudis, in pago ar- denense, Stabulaus, in pago arduenense, "Tumba (de Arduenna). Salmis . Villantize in Arduenna, in pago Ardue in comitatu .duenna, Wambais, in comi- latu arduennense, Ar- Wiltz, in pago ar dennensi. Wisonbronna, in co mitatu arduennense. 808, 882 644 1071 890 890 870 1098 839, 842, 865 915 915 Liége. Liége. Ardenne. Famenne. . Ardenne. Famenne. . Ardenne. Bastogne. . Graide . Stavelot. . Graide . Stavelot . Bastogne. . Pr. de Luxembourg, sant. de St-Hubert. Pr. de Luxembourg et de Namur. Pr. de Luxembourg, cant., de St-Hubert. Pr. de Liége, canton de Stavelot Cercle d'Aix-la-Cha- pelle. Pr. de Luxembourg, cant, de Viel-Salm. Pr. de Luxembourg, cant, de St-Hubert. Gr.-Duché de Luxem Clervaux. Gr.-Duch. de Luxem- bourg, canton de Wiltz. Pr. de Luxembourg, cant. de Fauvillers. Sigebert apud Pertz, VE. 337 Miræus , III, 2. Miræus, IV, 185. Ampl. coll., VL, 34. Ampl. coll, M, 34. Pertz, L, leg., 547 Crollius, l. c. Beyer, I, 14; Ampl. coll., 1, 104, 185. Ritz, 16. Wiltheim, 81; Hontheim, I, 60. | Ritz, 46. Ardennes comprenait le territoire de l'archidiaeoné du méme nom et une partie de ceux du Con- droz et de la Famenne. Vers le nord il touchait au, pagus de Liége et au distriet de Theux qui, nous l'avons dit plus haut, avait probablement pour limites la Warge, l'Ambléve et l'Ourthe. Vers le midi il s'étendait jusqu'aux confins du diocèse de Liége, formés en Belgique par les limites méridio- nales de Martelange, Fauvillers, Vitry, Jusseret, Bercheux, Sainte-Marie, Saint-Pierre, Neuvillers, Jehonville; les limites orientales d'Assenois, Fays- les-Veneurs , Belvaux , Noirfontaine et les Hayons , où les confins du diocèse de Liége suivaient le cours de la Semoy jusqu'aux bouches de cette riviére 148 LES PAGI DE LA BELGIQUE dans la Meuse. Vers l'ouest les frontiéres du grand pagus des Ardennes étaient formées par la Meuse. A l'orient elles rejoignaient les limites du diocèse de Liége, indiquées à partir de Martelange par la rive gauche de la Sure jusqu'aux bouches de cette rivière dans la Wiltz, dont elle suivait la rive gauche jusqu'à Constum. Là elles se guidaient par les confins septentrionaux de Constum, de Geirhof et de Walhausen 1. Elles y rejoignaient les rives de l'Iresen , dont elles suivaient le cours à partir de l'embouehure de l'Our jusqu'au delà de Sevenich. La ligne de démarcation passait ensuite à l'est de Gorscamp, Steffeshausen, Lommersweiler et Saint-Vith, appartenant à l'évéché précité. Puis elle cótoyait l'Ambléve en passant entre les monastères de Stavelot et Malmédy. Celui-ci appartenait au diocése de Cologne 3. Ce grand pagus était divisé, nous l'avons dit, en pagi moyens des Ardennes, du Condroz et de la Famenne, dont nous allons donner la des- cription. CHAPITRE Te, LE PAGUS MOYEN DES ARDENNES. Ge territoire devait comprendre tout le grand pagus du méme nom, sauf le Condroz et la Famenne, et correspondait par conséquent à peu d'exceptions prés à l'archidiaconé des Ardennes. Au nord les confins de ce pagus moyen suivaient les bords de la riviére qui passe par Spa, et les limites méridio- nales de Louveignez jusqu'à l'Ambléve. Au midi les limites cótoyaient celles du grand pagus à partir de Martelange jusqu'à Saint-Pierre. A l'ouest. de Saint-Pierre, elles étaient formées par les rives de l'Homme jusqu'à Awenne, oi elles reprenaient les limites occidentales de Mochamp-Champlon , Beau- saint jusqu'à l'Ourthe, dont elles cótoyaient la rive gauche dans la direction 1 Nonus n'avons pu nous assurer d'une manière positive, au moyen des dénombrements de la population des doyennés de la province de Luxembourg, si Walhausen faisait partie du dio- cése de Tréves ou de celui de Cologne. 2 Analectes ecel., t. 1, pp. 42 et 45. ET LEURS SUBDIVISIONS. 149 de Wibrin. Là elles s'identifiaient avec les limites occidentales de cette commune et de celles des Tailles, d'Odeigne, d'Oster, de Chavane, et de Bra, où elles suivaient les rives du ruisseau, dit Lienne, qui se jette sous Rahier dans l'Ambléve. Ensuite elles côtoyaient la rive droite de l'Ambléve jusqu'à la Heide, prés de Spa. Vers l'orient la démarcation rejoignait les limites de l'évéché de Liége. Telle était l'étendue du pagus ardennensis, cité dans la lettre pastorale de l'évéque Gerbald, lorsqu'il énumére, en 804, les pagi soumis à sa juridiction. Cette division territoriale renfermait un comté nommé comitatus bastio- hensis, dans lequel était situé Wabaise (aujourd'hui Ober et Nieder Wam- pach) !, Le comté de Bastogne devait sans doute son origine à un petit pagus ou à une vicairie. La seule mention de ce comté dans un acte de 907 ne permet pas d'en indiquer les limites, et nous n'avons pu constater, par le méme motif, s'il appartenait à la période bénéficiaire ou à la période féodale. CHAPITRE II. LE PAGUS MOYEN DU CONDROZ. (Pagus condrustin, condrustensis, condrustum, ete.) Une petite peuplade germaine du nom de Condruses, mentionnée dans les Commentaires de César, étendait sa domination jusqu'aux confins des Nerviens ?, Par conséquent, sous la période romaine, les Condruses occu- paient une partie des Ardennes, comme le constate aussi Pacte de partage de 870 (v. plus haut p. 136). C’est dans cette immense forêt que nous devons chercher leur pagus, mentionné la première fois dans une inscrip- lion romaine trouvée en Angleterre. ! Ampliss. coll. , t. IL, p. 58, acte de 907. ? Condrusos, Eburones, Caeraesos, Paemanos, qui uno nomine Germani appellantur, arbitrari ad xr, millio (liv. IL, chap. IV). Segni Condrusique ex gente Germanorum (ib., liv. VI, chap. XXXII). In fines Eburonum et Condrusorum, qui sunt Trevirorum clientes (ibid., liv. 1V, chap. VI). Tour XXXIX. 23 150 LES PAGI DE LA BELGIQUE A la date de la confection de ce monument lapidaire, les Condruses n'appartenaient plus, parait-il, aux Trévires, mais à la civitas des Tongrois, dans la cohorte desquels ils servaient 1. Ce qui expliquerait plus tard leur incorporation dans le diocése de Tongres, nommé ensuite évéché de Liége. Dans le partage de 839 le Condroz est qualifié de comitatus condrusto? et celui de 870 le fait traverser par l'Ourthe 5. Les géographes se sont bornés à indiquer d'une maniére trés-vague la situation de ce pays +. Wastelain ne donne guère des renseignements plus précis. Il ajoute seulement que les bornes orientales de ce pays allaient au delà de l'Ourthe : « D'où l'on peut conclure, dit-il, qu'elles comprenoient la » partie de l'Ardenne qui est encore aujourd'hui du diocése de Liége. » L'ancien pays de Liége, Luvia, le terminoit au nord; il avoit au couchant » la Hasbanie et le comté de Lomme; au midi et au levant l'Ardenne pro- » prement dite ?. » Cette description, dans laquelle Wastelain confond le pagus de la Famenne et celui du Condroz, est reproduite sans variante par Des Roches 9. Crollius entre dans plus de détails; mais il a le tort de vouloir considérer l'archidiaconé du Condroz comme la véritable circonscription du pagus 7. Dewez distingue le Condroz de la Famenne, sans établir de démarcation entre le premier de ces pagi et le pagus moyen des Ardennes 8. Pour fixer les limites du Condroz, commencons d'abord par indiquer les endroits cités par les documents dans ce pagus. ! Voir cette inscription dans Roacu Smitu, Collectanea antiqua, t. III, p. 202 : DEAE VIRA- DESTHI PAGVS CONDRVSTIS MILI - IN COH + Il + TVNGRO + SVB SIVO AVSPICE PRAEFE. 3 Dep. t, I5, legi p. 579. 5 Ibid., p. 547. * (De Monuiavo), Veterum Gallia populorum etc. alphabetica descriptio et PauLuNUs, Com- ment. de pagis , p. 48. 5 WASTELAIN , pp. 206 et 207. 5 Mémoires, l., c., p. 26. 7 Observationes geographicae, p. 296. 8 Dict. géographique, p. 194. ` LEURS SUBDIVISIONS. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DU CONDROZ. EMI. ACTUELLES, [ro | Àm aS sous Ocquier, Amas q, rivière, Amblève, rivière, Anthisne Artin Sous Clavier, Aulne o hois A Ars Tan Awag Wagne Sous Lisogne, Bare | WCenno sous Ciney. Barcy Sous Flostoy, Bars Barse Sous Vierset, Barvan. p Arvan. Condroz . Be ende sous Veryoz, Bors SU Sous Boj Borsu. S Bois-et. Braibant, Buzin, de Ven dépendance ance lée, y DATES. ARCHI- DIACONES. SITUATIONS actuelles, SOURCES. Amarne, in pago con- drustinse. Marne, ibid. Alblivi, in pago con drustinse. Antina, in pago Con- drosio, Arterino, in i pago Condustrio, Navania ou Wavania, in pago condus- trinse. Barsina, in pago con- dustrinse. Bacilla, in pago con- € tinse super Gorbia. Harz, lis Barz, in I go Ondustrio. Barevel, in pago Con- dustrio, Baina, in pago Con- druscio. Borcido, super fluvio Solcione, in pago Condrustio. Brabante, in pago condustrinse, Busiu, in pago Con- dustrio. 0 Selon la nome; 890 890 930. 819,946 959 885 890 946 862 851 946 Liége. Lióge. Condroz. Condroz. nclature des biens de l'abbaye de Stavelot il faut lire : Wanania Ouffet Ouffet Ciney Ouffet Ciney Ouffet ou Wavania. Prov. de Liége, cant. de Huy. Prov. de Liége, cant. de Nandrin. Prov. de Liége, cant. de Louveigne. Prov. de Namur, can- ton de Dinant. Prov. de Namur, can- lon de Ciney. Drog de Namur, can- ton de Dinant. Prov. de Namur, ca ton de Ciney. Pr. de Luxembourg GI cant. de Nandrin. Prov. de de Huy. ge, cant. Prov. de Namur, can- ton de Ciney. Ritz, Urkundenbuch, 48. Ibid. Ritz, 26. Galliot, Hist. de Namur, V. 274; Miræus, I, 259, Ritz, 46. Ampl. coll., I1, Ritz; 1(*. Ampl. coll., IL, 20. Pertz, VIT; Serp., 420. Ampl. coll., VL, 34. Ritz, 39. Ampl. coll., IL, 96. Boyer, 1, 88. Ampl. coll., Tl, 20. Ritz, 39. D PAGI DE LA BELGIQUE emm DENOMINATIONS hi SITUATIONS Sat "um 7 | DATES. | ÉVÉCHÉS. s DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. peifen ACTUELLES. ss e| $ Carcinium, in pago 885 S à 4 S 8 4 + | Pertz, VIL, 220. condrostinse d i ems ; sf a j Falmagne Falmania, in pago 885 | Liége. Famenne. Graide Prov. de Namur,can- | Pertz, VIL, 420 (*). condrostinse, ton de Dinant. ? Fatum Theodonis, in 888 . . d Ampl. coll., Il, € pago eondrusco. Blot. Fielon, in pago con 895 Liége. . | Condroz. .| Ouffet Prov. de Liége, eant, | Ritz, 45. dustrinse. de Ferrière. Generet ou Jenneret, | Geneticio, in pago 939 » » » Pr, de Luxembourg, | Ritz, 29. dépend. de Bende Condusirio, cant. de Durbuy, lez-Durbuy. ? Gessignula, in pago 1028 * . . Ue Ampl. coll., V, 399. Condruseo, ? Glevo, in pago con- 885 LET . ` Pertz, VII, 420. drostinse. Grandchamp ` sous | Grandieampus, in 885 Condroz. Ciney. Prov, de Namur, Pertz, VII, 420. Florée. pago condrustensi, ton de Namur. Halloy sous Braibant Halogis super fluv. 885 » » » Prov. de Namur, can- | Pertz, VIL, 420. Pauleia, in pago ton de Ciney. condrostinse, Hamoir . Hamor ou Hamoe, in 895 » » » Prov. de Liége, can- | Ritz, 44. pago condustrinse. ton de Nandrin. Hamois . Halma in pago con- 146 » » Ciney. Prov.de Namur, can- | Ampl. coll., I, 20. dustrinse. ton de Ciney. 9 È Harfia super fluvio 933 Ëm: ý , S . | Ritz, 26. Alblivi, in pago condrustinse, ? A Harsanium , super fl. 885 ; e a Pertz, VIL, 420. Wenna, in pago condrostinse, Havelange . Hatllangia, ib. 1028 Liége. . | Condroz. .| Ciney. . Prov. de Namur, can- | Stumpf, II, 45. ton de Huy. F A i 30; pert: Heid sous Leignon. | Haist ou Haidis sup. | 746,885 » » » Prov. de Namur, can- | Ampl. coll., I, 25 fluv. Sclevum, in ton de Ciney. VIL, 420. pago condrostinse, ? * Helvius, in pago con 890 » » Ouffet . Prov. de Namur, can Ritz, 18. (*) La situation de Falmagne près des frontières du Condroz a établi probablement la confusion de ce pagus avec celui de la Famenne, don faisait partie , comme le drustinse. démontre son nom. ton de Huy. t cette paro? ET LEURS SUBDIVISIONS. DÉNO INATIONS Ee m ER ARCHI- SITUATIONS TT DATE , | DOYENN SOURCES. ACTUELLES, EE DIACONES, actuelles, Son ET Huy GE - | Hoium , super fluvio 885 Condroz. Ouffet Province de Lié Pertz, VIE, 420. Hoio, in pago con drostinse. Lion Es . Lenione, in pago con 746 » » Ciney Prov. de Namur, can- | Ampl. coll, M, 90. dustrinse, ton de Ciney. Lignie - I Si a " a p D à q* y sous Roy, Lineras sup. fl. Chan 710-719 » Famenne. Rochefort . | Pr. de Luxembourg, | Ritz, 6 (*). dregia (Hédrée), in cant, de Marche. " pago eondustrense. MSS0mo sane p: 4 Sne sous Cin Mosania, in pago con- 746 » Condroz. Ciney. Prov.de Namur, can- | Ampl. coll., I, 90. dustrinse, ` ton de Ciney. Mont-Gautn: authier? , Gnoldo Manso, in 146 » Famenne. Rochefort Prov.de Namur, can- | Ibid. (**). pago condustrinsi. ton de Rochefort. Moz Ael, at NT. Mosene, in pago eon- 984 Condroz. Ciney. Prov. de Namur, can- | Ritz, 32. dustrinse. ` ton d'Andenne. Nava angle sous Ru; 4 E ERES " Ca m Sonvillo us Buis- Navania, in pago con- 824 5 » » Prov. de Namur, can- Ritz, 7. ij dustrinse. ton de Rochefort. Ohe: ys ; in pago con- 954 » » » Prov. de Namur, can- Ritz, 32. dustrinse. ton d'Andenne. Onen, "IK sous C A s m ac Wat Com- Alnit, in pago Con- » Ouffet , . | Prov. de Liége, cant. | Ampl. coll., II, 33. ont, drusco. de Nandrin. Üssog, "B0 - 3-Ha à lange, Sous-Ham- Osonia, in pago Con- 862 » D Ciney. Prov de Namur, Ampl. cvll., II, 26. druscio. ton de Ciney. Ourth 1€, rivière n A A ère Orte, in pago condus- 895 d e Ñ L Ritz, 45 trinse. Pur node, Pronote, in pago con- 746 Liége. Condroz. Ciney. Prov. de Namur, can- | Ampl. coll., II, 20. dustrinse. ton de Dinant. Reu; X sous C L Chevetoge, Rudis, in pago con- 746 » » » D Ibid. dustrinse, Schaltin d V 746 » » » Prov. de Namur, Ibid. ton de Ciney. ? h DR 862 ¿ 5 el Ampl. coll., 96. RU 3 n acte de 74 S Pene 1 ba * For Pre Famenne et n. T48 porte: in terra fundum Ardenne. En désignant cette localité dans le pagus de Condroz il y a erreur. Elle était située dans la Cn Zo e midi de Marche en Famenne, difficile 1 ai P ONE A e P " ug fa A0 H tontière Tel iile de comprendre comment Mont-Gauthier dans la Famenne ait été désigné dans le pagus de Condroz. La loca tant située à l'extréme Woldo manso a été à Famenr de Condroz, il y a eu peut-étre confu faite d'une manière dubitative et laisse beaucoup à désirer, n dans la désignation du pagus. Au surplus la traduction de Gnoldo manso où LES PAGI DE LA BELGIQUE i i — DÉNOMINATIONS EE DEE? ARCHI- SITUATIONS Ta T DATES. | ÉVÉCHÉS. DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. rues ACTUELLES. ANCIENNES actuelles, — H Slenion, il faut pro- 862 Ampl. coll., I1, 26. bablement live Le nion. Foy. Leignon. Solanne prés de Pur- | Solonia, in pago con- 746 Liége. Condroz. Ciney. Prov. de Namur, can- | Ibid., M, 20. node. drust ton de Dinant. Somme, rivière . . | Suminara, in pago 946 n Ritz, 39. Condustrio, Spontin ? Spongins ou Spon- 937 Liége. Condroz, Ciney. Prov. de Namur,can- | Mabillon, Acta SS. Bel rs in pago Con ton de Ciney. sacc., IV, part, I, 294. drusto. Strée. Stratella, in pago 956 » » | Ouffet Prov. de Liége, cant, | Ritz, 43. Condustrio. de Huy. Tinlot sous Soheit. . | Tilnou, in pago Con- 956 » D Ibid, dustrio, Vattibiemont sous | Walthina, in pago 862 » » Prov. de , cant. | Ampl. coll., IL, 96. Clavier. Condruscio. de Nandrin, Vervoz, dépendance | Vervigium, in pago 862 » » » » Ibid, de Clavier. Condruscio, Ville ou Vyle, près de | Villay, in pago Con- 962 » » » Prov. de Liége, cant. | Jil, Modave. druscio. de Huy. E Wadingo, in pago 885 Pertz, VII, 420, condrostinse. Yehippesous Leignon. | Warsipia ou Wasipia, 746 Liége. Condroz. Ciney. Prov. de Namur, can- | Ampl. coll., IL, 20; DI: De toutes les localités indiquées dans ce tableau 3 in pago Condruscio. ton de Ciney. aucune n'est située sur la rive gauche de la Meuse. Par conséquent les limites du pagus du Condroz ne correspondaient pas et ne pouvaient correspondre en tous points à celles de l'archidiaconé de ce nom. Nous avons déjà vu, dans le chapitre consacré à la description de la Hesbaye, que la partie de l'archidiaconé du Condroz située sur la rive gauche de la Meuse appartenait à ce pays. Hanret, chef-lieu du doyenné de ce nom, Longchamps, Méhagne, Taviers sous Méhagne, Tillier et Upigny, localités sises sur la rive gauche de la Meuse et dans l'archidia- coné du Condroz, étaient néanmoins comprises dans le pagus de la Hesbaye, ET LEURS SUBDIVISIONS. 155 comme le constatent les documents qui les citent +. Nous sommes donc auto- risé à soutenir que le pagus du Condroz se composait de toute la partie de l'archidiaconé de ce nom située sur la rive droite de la Meuse. Il était par conséquent borné au nord par la Meuse et en partie par l'Ambléve, à partir de l'embouchure du ruisseau, dit Lienne, jusqu'aux bouches de cette riviére dans l'Ourthe, au midi par les limites méridionales de Dréhance, Furfooz, celles de Custinne, Chevetogne, Pessoux, Nettine, Barvaux-Condroz, Baillon- ville, Hotton, Hampteau, puis par les rives de l'Ourthe jusqu'à Berismenil ; à l'est par les rives d'une partie de l'Ourthe jusqu'aux bouches de cette rivière dans la Meuse et par la Lienne; à l'occident il touchait à la Meuse, depuis Namur jusqu'à Dréhance. Cette délimitation parait singulièrement contredite par une Charte de 746, imprimée dans l'Amplissima collectio (LA, p. 20). Voulant reconnaitre les localités citées dans cet acte, des auteurs ont consideré comme un tout le passage suivant : a Karlomanus..... donamus ad monasterio ? Stabulaus seu Malmundurio..... hoc sunt villas cujus vocabula sunt, » Lenione cum omnibus appendentiis suis in pago condustrinse, Caldina, ^ Mosania, Warsipio et Barsina, nec non et Rudis, Pronote, Halma et Haist in Gnoldo manso, Solania, similiter et villam quae vocatur Wadalino ? eum omnibus appenditiis suis, Rudis, Olisna, Serario, Palatiolo et Brabante, ad ipsas casas Dei tradidimus atque transeribimus. » Au lieu de diviser la phrase en deux parties distinctes, ces auteurs rattachent le second membre au premier, de manière à faire rentrer dans le pagus du Condroz : Wadalino (Wellin), Rudis (Reux-Famenne), Olisna (Osnes), Serario (lisez : Ferario, Ferriéres), Palatiolo (Paliseul), Brabante (Braibant). Ils mettent ces loca- lités sur la même ligne que Caldina (Schaltin), Mosania (Massogne), War- Sipia (Ychippe), Barsina (Barcenne), Rudis (Reux sous Chevetogne), Pronote (Purnode), Halma (Halma sous Chanly), Haist (Heid sous Leignon), Solonia (Solanne, près de Purnode), attribués au Condroz par lacte précité. La Structure de la phrase et la position des localités s'opposent évidemment à l'adop- tion d'une pareille interprétation. Wellin, Roeux-Famenne ; Osnes, Ferrières et Paliseul, appartenaient à l'archidiaconé de la Famenne, par conséquent au ! Voir les chartes imprimées, par Duvivier , p. 514 et Minus, t. IV, p. 185. 156 LES PAGI DE LA BELGIQUE pagus de ce nom, tandis que toutes les autres localités étaient sises dans le Condroz , sauf Halma. Quant à la localité dite Gnolde ou Guoldo Manso, dans laquelle était situé Heid, on l'a traduite par Mont-Gauthier. Heid est près de Leignon, dans le Condroz, par conséquent très-loin de Mont-Gauthier, sis dans la Famenne. Nous faisons donc rentrer dans le Condroz seulement les localités citées dans le premier membre de cette phrase. De nos jours on a eréé un pagus qui, s'il avait existé, aurait été compris dans le Condroz. C'est le prétendu pagus d'Andenne. Un diplôme de 911, publié par Le Glay !, fait mention de la villa Lestorphe ?, située sur la rivière Sarteria, dans le pagus indensis. Consulté au sujet de cette division territoriale par l'éditeur de l'acte, le baron de Saint-Genois lui répondit : un pagus, désigné quelquefois sous le nom de pagus indensis et le plus » souvent sous la dénomination de pagus andensis, existait au IX* et au » X* siéeles dans l'ancien pays des Attuatiques; il s'étendait au midi de la » Meuse, lelong de cette riviére jusqu'au coude qu'elle forme à peu de distance » et en amont de Huy. Des vestiges du nom de ce pagus se sont conservés dans » le nom du bourg d'Andenne, ancien chapitre noble de Dames (comté de » Namur) et dans les hameaux d'Andenelle et d'Inden ou Anden-Auvenelle 5. » Malgré les assurances si positives données par le baron de Saint-Genois, nous devons constater, dans le but de prémunir le lecteur contre toute erreur, que le pagus d'Andenne n'a jamais été cité par aucun document écrit ou imprimé, connu jusqu'à ce jour. Personne ne le mentionne. Nous compre- nons aussi difficilement comment les Atuatiques auraient habité le pagus des Condruses, dont Andenne faisait partie, et nous comprenons moins encore comment le pagus indensis serait devenu le pagus Andensis, qui n'a jamais existé. A notre avis, l'authenticité de ce diplôme est plus que suspecte. Il suffit de lire l'acte pour se convaincre qu'il est complétement faux. Nous croyons, pour notre part, qu'il est d'invention, comme le pagus indensis lui- méme, dont aucun écrit ne fait mention, pas plus que de celui d'Andenne. 3 Glossaire topographique du Cambrésis, p. 4. 2 Est-ce Eilendorf, près de Saint-Corneille d'Inde et situé sur l'Inde? 5 Gloss., Le, pp. 141, 142. ET LEURS SUBDIVISIONS. CHAPITRE HI. LE PAGUS MOYEN DE LA FAMENNE. (Pagus falmines, Falmine.) Malgré la citation du pagus de la Famenne dans la lettre pastorale de 804. publiée par Gerbald, évêque de Tongres, les écrivains belges se sont trés- peu occupés de ce pays. Wastelain le passe méme sous silence et le confond avec le Condroz. Cette confusion est du reste trés-ancienne, comme nous l'avons fait observer au tableau des localités du Condroz à propos des paroisses de Falmagne et de Ligniéres. Aprés avoir rappelé la mention de ce pagus dans la Chronique de l'ab- baye de Waulsort, Paullinus le place prés de l'Ourthe et de la Lesse, et fait observer que les qualifications de Famenne ajoutées à Marche, Hour et Hedré, démontrent que ces localités sont situées dans ce pays. Selon Crollius les Pemannes, appelés Phemannes, habitaient cette contrée sise dans la forêt des Ardennes, entre le Condroz, le pagus moyen des Ardennes et le grand pagus de Lomme. Il rejette, à bon droit, l'opinion de Valésius , qui veut retrouver l'étymologie de la Famenne dans Falmagne. Enfin il ajoute que si l'archidiaconé de la Famenne et ses subdivisions en doyennés étaient connus , il pourrait s'étendre davantage sur la matière 1. Des Roches fait à peine mention de la Famenne. Il passe sous silence les limites de ce canton compris dans le grand pagus des Ardennes, comme le constatent les localités suivantes indiquées dans ce pagus, malgré leur situation dans celui de la Famenne : Anloy, Arville, Bièvre, Bouil- lon, Bourseigne-Neuve, Bure, Graide, Louette-Saint-Denis, Mirwart, Vil- lance, ete. Le petit nombre de lieux cités par les documents dans le pagus de la Famenne explique peut-étre une négligence pareille. ! Observationes geographicae, 1. c., p. 993. Tome XXXIX. LES PAGI DE LA BELGIQUE TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE LA FAMENNE. e? DÉNOMINATIONS SITUATIONS dtr ARCHI- o TEE Zo edi "| DATES. d SOURCES. DIACONES. actuelles. ACTUELLES ANCIENNES. actuelles. Bras-lez-S'-Hubert , | Bractis,in Falminne. 862 Liége. . | Ardenne. . | Bastogne. . | Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll., I, 26. cant, de St-Hubert, Bure. . ert Burs, tu pago. fal- 1079 » Famenne. . | Rochefort, . | Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll., I, 498. meniensi, | cant. de Rochefort. Corbion. . . . | Courbio in Falmine 87% » » Graide . . | Pr. de Luxembourg, | Ampl, coll., I, 99. pago. cant de Bouillon. REGN Du? . | Huslibach Genedrico 874 CUTE TEE EA N ELSE O ACH CR DA AMPLI UM) | medis, in Falmine | pago. | Hedré sous Waha, . | HeidresouHeidria,in | 879,946 | Liége. . | Famenne. Rochefort . | Pr. de Luxembourg, | Galliot, 274, 291. | Falmenna. cant de Marche, | a Honnay . . . . . | Hunai, in pago fal 1078 » » » Prov. de Namur, cant. | Grandgagnage, Auen, ? maniensi de Beauraing. ; : . Stump» Humain . . . .| Humnin ou Homin, | 862, 4028 » » » Pr. de Luxembourg, | Ampl. coll, I1, 29; SW inFalmia . . . cant. de Marche. 1,45. Libin (Haut et bas). | Lobunbi, in Falmine, 874 » » » Pr, de Luxembourg, | Ampl. coll., 1, 29. | cant. de St Hubert. I | |t... . . | Lomza,in Falminne. 862 PPDA ES I TEE ES RIT ME ra eg WT A DA MO PU, | í 2 Il; Marea, in pago fal- |. . . . | Liége. . | Famenne, .| Rochefort . | Pr. de Luxembourg, | Acta SS. Bened. $4 miensi cant. de Marche, 498. Marche . A $ | Marchia, in Falmia, 1028 WE TRAME RE EE EE Sn ED OI 1 ^ 1 do H ET ` I 96 Big (NE UNIO SN Y . | Strata, in Falminne, 862 vl WT E PEREP E PO AA EE CRUE E ELSE EE TOT TL. e, i SCH : : : jam de Lë ardunensi, in comitatu Gozelonis de Bastonia , ecclesiam € t y mbertus ^? A premièr? (^) Voici comment l'empereur Conrad IL s'exprime dans son diplôme : « In pa » champ, et in pago condustriensi, in comitatu Gozelonis de Hoio ecclesiam de Hafflangia... in Falmenia quiequid predictus prepositus La » in Homin et in Marchia, et in Morivilla , et in Boncin, et in pago Hasbanii quod habuit in Ambresin... » (Srumpr , loc, cit., t. 11, p. 48) jos to" vue on pourrait supposer que Moriville et Bonsin font partie de la Famenne; Il n'en est rien : sinon il serait impossible d'expliquer la présence € jonetions et devant chaque localité, Moriville était dans le pagus de Woivre et Bonsin dépendait de celui du Condroz. DP (77 I y a erreur dans l'indication du pagus. Strée était sis dans le Condroz , ainsi que le constate un diplôme de 956 imprimé dans Ritz, P* : ET LEURS SUBDIVISIONS. 159 Si la liste reproduite ci-dessus n'est pas longue, elle a du moins l'avantage d'établir la délimitation du pagus lorsqu'on là compare aux tableaux des localités sises dans les pagi des Ardennes, du Condroz et de Lomme. Cette comparaison démontre que le pagus de la Famenne était borné au nord par celui du Condroz, dont nous avons donné la description dans les paragraphes consacrés à ces pays; au midi par les limites du diocèse de Liége, c'est-à-dire par la Semoy, à l'est par le pagus moyen des Ardennes, dont nous avons aussi indiqué les limites à la page 148, et à l'ouest par la Meuse à partir d'Anseremme et en amont de celte rivière jusque dans les environs des bouches de la Semoy. ll est inutile, croyons-nous, de justifier cette délimitation dans la direction du nord !, du midi et de lorient par suite des tracés que nous avons faits dans les paragraphes précédents des pagi du Condroz et des Ardennes. Il n'en est pas de méme des limites occidentales. Leur direction doit étre justifiée à cause des différences entre celles-ci et les bornes de l'arehidiaconé de la Famenne. Le territoire de l'archidiaconé s'étendait sur les deux rives de la Meuse, et comprenait dans sa circonscription les doyennés de Chimay, Graide et Rochefort, au diocèse de Liége, tandis que le pagus de la Famenne ne dépassait pas la rive droite de cette rivière. Aucune localité sise sur la rive gauche n’est indiquée par les documents dans le pagus de la Famenne. Toutes sont citées dans le pagus de Lomme. Par exemple Aublain, Dailly, Dourbes, Gonrieux, Gimnée, Hierges, Matagne, Petigny, Vaucelles, Vierves, Virelles *, Couvin, Forchies, Hastiére-Lavaux , la Pesche, Waulsort, ete. 5 ` A el aient compris dans la partie de l'archidiaconé de la Famenne sise à gauche de la Meuse, et cependant les chartes les citent dans le pagus de Lomme. C'est à nos yeux la preuve la plus évidente de la séparation entre les deux pagi par la Meuse. Il est une autre preuve non moins concluante constatant que ce fleuve et non la circonscription ecclésiastique de l’archidiaconé de la ! Le nom de Marca donné à Marche, qui signifie limite ou frontière, démontre l'exactitude de notre délimitation. Marche était, en cffet, situé aux frontières septentrionales de la Famenne. 2 Duvivier, pp. 509, 510. 5 Recueil des hist. de France, t. VIII, p. 659; Ampl. coll., t. W, p. 44; LaconnLET, t. It. p. 1; Minas, t. I, p. 545; t. I, p. 805; Bibliothèque de l'école des chartes, 2° sér., t. II, p. 76. 160 LES PAGI DE LA BELGIQUE Famenne séparait les deux pagi. Elle résulte du fait suivant : Hastière, divisé en deux parties par la Meuse, formait, d'aprés les pouillés anciens du diocése de Liége, une seule paroisse comprise dans l'archidiaconé de la Famenne; néanmoins la partie de ce village située à la gauche de la Meuse, et connue sous le nom de Hastiére-Lavaux, ressortissait au pagus de Lomme. Nous limitons donc, à bon droit, le pagus de la Famenne vers l'occident par la Meuse. Le Cantatorium de l'abbaye de Saint-Hubert cite la justice centeniére d'Anseremme !, localité sise dans la Famenne. C'est la seule subdivision de ce pagus dont nous ayons trouvé mention dans les documents et les écrits. 1 Cantator. Sancti-Huberti , $ 24, apud RewrensenG, Monuments de Hainaut, ete., t. VIL, p. 255. ET LEURS SUBDIVISIONS. 161 SECTION VI. LE GRAND PAGUS DE WOIVRE. (Pagus wabrensis, wabarensis, wabracensis , waverensis, waprensis.) Les Ardennes embrassaient, outre le pagus du méme nom, celui de Wavre, Woivre, Waivre ou Voivre. Cette vaste division territoriale, comprise dans les diocèses de Trèves, Metz et Verdun, s'étendait aussi sur la partie méri- dionale du Luxembourg belge et le Grand-Duché. Grégoire de Tours en fait la mention la plus ancienne connue; et dans l'acte de partage de 870 ce pagus est adjugé, y compris ses deux comtés, à Charles le Chauve. Quels sont ces deux comtés? Cette question restée jusqu'ici sans réponse précise a fait l’objet de grandes controverses. Valesius soutient que le Woivre renfermait trois pagi nommés : verdunensis, scarpon- nensis el castereiensis *. Nous admettons trés-volontiers dans le pagus de Woivre les comtés du Verdunois et de la Scarpe. C'étaient les deux. grandes divisions de ce pagus ; mais il est impossible de mettre sur la méme ligne le Castreiensis. A ce titre il faudrait y ajouter les comtés d'Arlon, d'Ivoix, de Chiny, ete. etc., compris également dans le Woivre pendant la période des fiefs héréditaires. L'erreur de Valesius provient de la confusion qu'il a faite entre les comtés de l'époque bénéficiaire et de la période féodale. L'acte de 1015, qu'il cite d'apres Wiltheim (Acta. S. Dagoberti) pour justifier sa thèse, indique Ballodium (Bailleux) in pago vaprensi in comitatu Casterei. Il s'agit par conséquent dans ce passage du comté dit Castreium et non d'un pagus de ce nom. Dans l'aete de fondation du prieuré de Saint-Martin à Longwy figure à titre de témoin Théodoricus de Castreio 2. Aprés avoir énuméré plusieurs endroits indiqués par les doeuments dans 1 Varesius, Noticia Galliar., p- 579. 2 Acte de 1096 apud Brenvnorer, t. HI, preuves p. XLV. 162 LES PAGI DE LA BELGIQUE le pagus de Woivre, Wiltheim ! en tire la conclusion suivante ` « Unde pagum » Wabrensem inter Cruftam (Cruchten dans le Grand-Duché de Luxembourg), » Luciliburgum (Luxembourg), Divodurum Medriomatricorum (Metz) et » Eposium seu Ivodium (Ivoix ou Carignan), late exeurisse, apparet. Eum » autem ambibant in orbem pagi hi : mosomensis, arduennensis, bedensis, » in quo Epternacum et Bedavieus (Bitbourg), recensis seu ricciasensis, » in quo Waldelefinga et Sirka, Judiciacensis apud Theodonis -Villam , » trans Mosellam , salnensis (le Saulnois) ad Saliam fluvium, metensis, » scarponensis, castereiensis, mattensis et virodunensis; qui tamen postremi » quatuor cum vabrensi saepe confusi; eo quod vabrensis provincialis esset. » Valesius répéte à peu prés le texte de Wiltheim, et finit en disant que ce pagus était entre la Moselle et la Meuse ?. Dans la Chronique de Gottwich Besselius soutient que ce grand pagus, compris dans le duché Mosellan au diocèse de Trèves, était situé entre la Chiers, la Semoy, l'Alzette, l'Orne, la Meuse et la Moselle 5. Hontheim répète à peu près les termes dont Wiltheim se sert, complète la liste des localités sises selon cet auteur dans le pagus de Woivre, et conclut comme suit : a Igitur wabrensis hic pagus his facile limitibus circumscri- » betur : Hemstal, Linster; tum ad Alisontiam fluvium Hespringen, Izich; » el recessu alquanto a flumine, Hellingen et Frisingen, sed trans eum. » Sequitur impositum flumini Schifflingen. Mox recedunt ultra hane ripam » dextrorsum Monderich et Zolver. Dein ad Ornam Conflan; ad Mosellam » Gaudiacum, ubi aquæductus. Post Mosella relicto, Fleuri au Messin, » Quincy, Jouvigny, Carboz. Exinde ager Aralunensis laevorsum diffusus. » Hinc ad Alsontiam inferum Mersch, et deinde Crufta; unde reflexus Hem- » slal ^. » Wastelain voudrait bien adopter la manière de voir de Wiltheim ; cependant, ajoute-t-il, comment la concilier avec les termes de l'acte de partage de 870, dans lequel le Verdunois, le Scarponois et le pagus de Woivre ! Vita S. Dagoberti, p. 66. Voir aussi Wicrnem, Notae historicae in Gregorii Turonici na- ralionem de S. Vulfilaico , dans les Compres renpus DE LA Commission nov. p'uis., t. VIL, p. 500. 2 VaLzsiUs , Noticia Galliarum , p. 597. 5 Besseuus, LI, p. 825. ^ Honrnem, Zisloria Trevirensis ,t. I*, p. 56. > D DI ET LEURS SUBDIVISIONS. 165 sont adjugés à Charles le Chauve, et cités comme trois cantons distincts ? Il croit donc que ce pagus était limité au nord par celui des Ardennes, à RE: no : Se lorient par le territoire de Metz et le Scarponois, au midi par le pagus de Toul, et à l'occident par le Verdunois et l'Argonne !. Enfin Crollius fait au sujet du pagus de Woivre une dissertation approfondie, d’où il résulte que ce pays était situé entre la Meuse, la Moselle, la Semoy et la Sure et qu'au midi il était limité par les confins du pays de Toul ?. Cette opinion semble la plus rationnelle, et nous l'adopterions trés-volontiors e] SM po: d « si l'auteur arrétait le pagus de Woivre sur les bords de la Meuse à Moulin. Mouzon et toutes les paroisses situées sur la riviére précitée au nord de cette commune appartenaient au pagus de Mouzon, compris dans le grand pagus des Rémois, sur lequel celui de Woivre ne s'est pas étendu. Notre manière de Voir est confirmée par la nomenclature reproduite ci-dessous des localités tees par les chartes dans le pagus wavrensis 5. 1 WASTELAIN, Descript. de la Gaule belgique, p. 257. E Observationes geographicae, p. 215, dans les Mém. pp r'Acap. Turopono-PALATINE, t. V. ? Acalia in pago wabrinse, 786 (Ampl. coll., t. V, p. 44); Addeobace , 786 (ibid.) ; Amel, Amella in pago Webra , 989, département de la Meuse, canton de Spincourt (MasiLLon, De re dipl, D 575); Arlon, Erlont in pago wapensi, 958, Luxembourg belge, canton d'Arlon (Bever, t. 1%, p. 257); Bailleux, Balliodium in pago vaprensi in comitatu Casterei ou Ballodium 1 pago mettensi, 4015 (Carmer, I, pr., p. 599); Beteberch super fl. Simere (Simmerbach) 901 (Beyer, A p. xxxiv); Bertencourt, Bertoldocurtis in pago wambrinsi, 763 (Wirruem, 1 6%); Betange, Bettoniaeum in pago verdunense sive wabrinse, 876, Grand - Ducl le Luxembourg (Wirvugiw, p. 66); Bomont, Bibonismont super fl. Orna, in pago wabrinse (Honrar, t. I", pp. 5%, 65); Boncourt, Bononecurtis in pago wambrense, 765, département de la Moselle DW np, p. 64); Boulange ou Bolinge, Brancelinga super fl. Alisontiam in pago Wabrinse, 876 (WirTugm, p. 65); Bertheleville, Bertulfivilla in pago wabrensi, in comitatu verdu- nensi super fluvium Senode, 769, département de la Moselle, canton de Conflans (Honthem, t Ie, p. 54); Budersberg, Busmerberch in pago vabrensi, 855, Grand-Duché de Luxembourg, canton d'Esch-sur-l'Alzette (Ampl. coll., t. 1°, p. 151); Charbeaux-sous-Puilly, Charboch in pago DH in comitatu evodiense, acte de Charles le Simple, département des Ardennes, eanton de Carignan (Howruxm , t. 1°, p. ; Chery, Careica in pago wabrense, 1055, département de la Haute-Marne (Wivrugm, p. 66); Conflans, Confluentis in pago wabrinse in comitatu vir- dunensi, 914, département de la Moselle, canton de Conflans (Wirrugm, p. 66) ; Crucinach, acte de Pepin (Howrugm , p. 53); Cruchten, Crupfta in pago wabrinse, 771, 795, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Mersch (Wirrurm, p. 64, HowrTuEm , t. 1%, p. bb); Dommartin, Domum Martinum in pago vavrinse, 955, département de la Meuse, canton de Fresnes- pun (Carner, Hist. de Lorr., t. 1°, pr., p. 559); Doncourt-aux-Templiers, Dodonicurtis IN pago virdunense sive wabrinse, 899, département de la Meuse, canton de Fresnes- en-Woivre tan T d " " * . . ^ 1-Woivre (Wivrugiw, p. 65); Fleury au pays Messin, Floriacum in pago wabrinse, in 164 LES PAGI DE LA BELGIQUE Cet immense pays était subdivisé en un grand nombre de pagi, dont nous n'avons à examiner que ceux d'Arlon, de l'Alzette et d'Ivoix. Tous les autres pagi compris dans cette grande division territoriale, trop éloignés des fron- tiéres de la Belgique, sortent du cadre qui nous est tracé !. comitatu scarponensi, 704, département de la Moselle, canton de Verdun (Wm, p. 64) ; Fresnes-en-Woivre, Frenzeia in pago waverensi, 960, département de la Meuse, canton de Fresnes-en-Woivre (Carmer, LI, p. 567); Frisange , Frisingen in pago waberinse, 768, Grand- Duché de Luxembourg, canton d'Esch-sur-l'Alzette (WirTuEm, p. 64) !; Geverardi fossa inter duos torrentes Lotosem et Horontem sita in pago wavrensi et comitatu scarponense, 991 CWiLTHEM, p. 66); Genery, Ginureivilla in comitatu waprinse, 955, département de la Meuse (HowTuEW, t. Te, p. 287); Gonderange-sous-Rodenbourg , Gondringen super fl..Simera in pago wabarinse, 797, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Grevenmacher (Howrum, p. 55); Gondreville, Geldulfivilla in pago Webra, 982, département de la Meuse, canton de Toul (MamiLLon, De re dipl., p. 575); Gremilly ou Grimigny, Grimincia in pago waprensi et comitatu virdunensi, 959, département de la Meuse, canton de Damvillers (Wicruem, p. 66); Hansdorf, Hunanes- dorff in pago wabrense, 853, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Mersch (Ampliss. coll., t. I", p. 151), Lelling, Lulingas, ibid., 786, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Wiltz (Ampl: coll., p. 44); Mersch, Marisch in pago vabrensi, 855; ibid. (Ampl. coll., t. 1%, p. 450); Ivoix ou Carignan, Epuegen in pago wabrensi, 935, département des Ardennes (Horum, p. 55); Mondercange, Munderchinga in pago wavariensi, 997, Grand-Duché de Luxembourg, canton d'Esch-sur-l'Alzette (HowruEm , t. I^, p. 557); Novroi prés de Pont-à-Mousson, Nugaretum in pago wabrense, 679, département de la Meurthe (WirTum , p. 64); Otrange, Otringas , 800 (Beyer, t. I", p. xxxiv); Pareid, Prodaieraten ? in pago et comitatu Wapensi, 938, départe- ment de la Meuse, canton de Fresnes-en-Woivre (Bever, t. Ir, p. 957 ; Hontnem, t.1, p. 276); Quincy, Quineiacum in finem wavrense, super fluv. Azenne (l'Azenne), 770, département de la Meuse, canton de Montmédy (Winrugm , p. 64); Rolling ou Rollange, Roldingen in pago wabrensi, 771, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Mersch (Beyer, t. II, p. xxxiv); Sen- net in pago wavreuse, 960 (Don Carmer, LI, p. 567); Villare in pago wavrense, 960 (ibid.). Les localités suivantes sont citées dans la forêt de Woivre par un acte de 812 publié au t. I**, pp. 521 et 522 de Marlot. (Metropolis Remensis historia) : Adratina, Aldnia, Alon, Berseta, Blarica, Brunnum, Cruptinum, Halisca, Lotoina, Milunbrica, Nera, Netosa, Rahisco, Rin- thamna , Sabsitlo, Semberlaca , Soalnea, Urna, Vrinia; mais cet acte renferme des anachro- nismes tels, que nous n'avons pas osé en faire usage. Marlot a été évidemment wompé. 1 Si, pour les pagi situés dans le département du Nord et dans les provinces méridionales du royaume des Pays-Das, nous sommes entré dans des développements au sujet de leur circon- scription, nous avons été obligé de le faire. La plus grande partie des pagi majores , auxquels ils ressortissaient, sont situés en Belgique, tandis que le pagus wavrensi s'étendait sur une por- tion trés-minime du midi de notre pays. * Dans un acte de 965, in pago Rizzigou , Bexer, t. Ier, p. 272. * Hontheim lit : Perdaitten in pagi waprensi. La lecture de cet auteur semble préférable, ET LEURS SUBDIVISIONS. 16 oz CHAPITRE Te, LE PAGUS MOYEN D'ARLON. (Pagus arrelensis.) Arlon, station importante de grande route pendant la domination des Romains, a donné son nom à un pagus situé dans le grand pagus de Woivre. Ses limites correspondaient probablement à ceux des doyennés d'Arlon et de Longuion, dans l'archidiaconé de Sainte-Agathe au diocése de Tréves. Telle est l'opinion commune, qu'il est impossible de justifier d'une maniére directe Par des documents 1. Nous avons pu trouver une seule mention d'une localité citée dans le pagus d'Arlon : Platana in pago arrelense, aujourd'hui Platen Sous Bettborn, Grand-Duché de Luxembourg, canton de Redange, et compris anciennement dans le doyenné d'Arlon ?. La ville d'Arlon elle-même est citée 55 ce qui démontre à toute évidence que le pagus d'Arlon n'était pas situé dans le duché Mosellan, comme le dit Besselius 4, mais dans le Woivre. Toutes les autres localités sises dans ces deux doyennés sont citées également par les actes dans le grand pagus de Woivre, seulement dans le grand pagus de Woivre à Benruozer, Mist. de Luxembourg, t. MI, p. 6; Cnoruws, l. c., p. 240. A l'appui de cette manière de voir l'auteur donne la raison suivante : « In capitulo quidem Longuionensi aliquan- ^ tum haesimus, an ad comitatum Arlunensem speetaverit olim; cum nullius locorum in, » illo Oceurentium, in comitatu hoc positus diserte nobis reperiatur. Sed cum eorum domini ? bona sua a comitatu Arlunensi receperint beneficiario jure, et loca utriusque decaniae finibus implaeta fuerint, haud dubito, capitulum Longuionis ad comitatum hune referre. » 1l parait, üprés ce passage, que Crollius examine la question des frontières du comté d'Arlon au point de vue de la période féodale seulement. Ces raisons nous semblent également applicables à la Question de savoir où s'arrétaient, pendant la période bénéficiaire, les frontières du pagus d'Arlon. Aucun document, connu de cette époque, ne mentionne une localité du doyenné de Longuion dans un pagus autre que le grand pagus de Woivre, tandis que ces endroits devaient nécessairement ressortir à un petit pagus, dont le nom n’a jamais été cité. Acte de 1000 apud Bever, t. Il, p. 48. * Erlont in pago wapensi, acte de 958 apud Beyer, t. I", p. 257. Le méme acte imprimé ans Howrmm , t. Ir, p, 276, porte : Erlont in pago waprensi. * Page 550. Crollius admet, comme nous, le pagus d'Arlon dans celui de Woivre. Tome XXXIX. 94 » d d 166 LES PAGI DE LA BELGIQUE Par suite de l'aete de partage de 870, le comté ou pagus d'Arlon fut adjugé à Charles le Chauve. Si, comme nous venons de le dire, le territoire du pagus d'Arlon corres- pondait à ceux des doyennés du méme nom et de Longuion , il serait borné au nord par les limites méridionales du pagus moyen des Ardennes à partir de Vitry vers Martelange; au midi par les limites des communes de Vezin, Marville, Han, Petit-Failly, Han-devant-Pierre-Pont, les rives de l'Othin, les limites de Rouvroy et Villers-la-Montagne; à l'est par les frontières du pagus du Methingau, formées par les limites occidentales de Wolvelange, Haut-Martelange, Perlé, Parette, Stock-Ville, Post, Attert, Tontelange, Gruisch, Kreutzerbach, Holescheid, Sept-Fontaines, Greisch, Bour, Roodt, Naspelt, Kehlen, Olm, Kapellen, Mammer, Hobzem, Bertrange, Roedegem, Bettange, Limpach, Sanem, Niederkorn, Diftange, Oberkorn, Hassigni, Tiercelet, etc., à l'ouest par le pagus d'Ivoix , dont celui d'Arlon était séparé au moyen du ruisseau dit Rulles et de la Semoy, par les limites occiden- tales de Sainte-Marie, Fratin, Croix-Rouge, Meix devant Virton, Robelmont, Villers-la-Lau, Dampicourt, Mont-Quintin, Rouvroy, Lamorteau et Vezin. CHAPITRE II. LE PAGUS MOYEN DU METIIINGAU ET LE PETIT PAGUS DE L'ALZETTE. (Pagus Methingou, pagus Alsuntue, alsencensis.) Ce canton soumis au pagus moyen dit Mithelgau, ou Methingau, faisait aussi partie du Woivre 1. Sa dénomination est encore conservée de nos jours par les campagnards wallons des environs, qui le nomment : Gaumet ?. 1 Voir WivruEnm , Note historicæ in Gregorii Turonici narrationem de S" Vulfiliaco, p.322; dans les COMPTES RENDUS DE LA COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE, t, VII. 2 Les populations wallonnes ont habitude de transposer les deux parties des substantifs composés d'origine germanique; ce qui explique comment Metgau , contraction de Methingau; devient Gaumet, ET LEURS SUBDIVISIONS. 167 Sa circonscription correspondait probablement aux doyennés de Mersch et de Luxembourg. Des localités sises dans ces deux distriets sont mentionnés par les actes dans le pagus de l'Alzette , comme le fait voir le tableau ci-dessous : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DE L'ALZETTE. m - DÉN T T7 A MINATIONS ARCHI SITUATIONS T — UNS " k e 74 TT S Mo EE DATES. | ÉVÉCHÉS. | DOYENNÉS. SOURCES. ACTU DIACONÉS. actuelles, ANCIENNES. Beveld: : dango, Barcelinga. , . . 687 Trèves. , | Longuion. . | Luxembourg.| Gr.-Duché de Luxem- | Crollius, 251. , t bourg. Luxe Xemboupo i ji 996. bourg . Lucilimburhut,in pago 963 » » Hontheim, 1, 296. Methingowi, in co- mitatu Godefridi su- Stei or vip: nsel , per ripam Alsuntie. A 51 y Petrisola, in pago Al 1223 » » » 1 Hontheim, I, 87. suntiae. Wei imerski i j Merskirchen . wi 926 » » Hontheim, I, 268. I er , comitatu Methingo- vinse, Outre les quatre localités indiquées ci-dessus, les documents citent soit dans le pagus du Methingau, soit dans celui de Woivre, les localités suivantes comprises dans le pagus de l'Alzette : Mamer !, Itzig ?, Hagen 5, Hilde *, Mondercange 5, Soleuvre 9, Lorensweiler *, Junglinster et Altlinster 8, Mersch? et Rollingen 1°, Nous mentionnons seulement le pagus de l'Alzette à cause des deux com- munes suivantes appartenant à la. Belgique et situées à l'extréme frontiére Mambra , in comitatu Mithegouw (acte de 960, Cnorris, l. €., p. 251). ? Epliaco, in pago wabrinse (acte de 786, ibid.). Hagenen, in pago wabrinse (ibid., p. 252). In pago wabrinse (acte de 805, ibid.). 5 Munderchinga, in pago wavarensi (acte de 997, ibid.). ` Zolveren, in pago wabarinse (acte de 790, ibid.). Laurentii villa in pago wabrinse (acte de 866, ibid., p. 255). Lincire super flumem Arantia, in pago wabarinse (acte de 812, ibid., p. 235). Mavisch in villa Alsociensi in comitatu Ardennensi (acte de 995, ibid., p. 954). s Roldingen, in pago wabrense super fluvium Alisontiae (acte de 771, HoxTuxiw, t. I", p. 56). => S = 168 LES PAGI DE LA BELGIQUE vers le Grand-Duché de Luxembourg : Attert avec ses dépendances Parette, Nothomb, Stockville, Post, Grendel, Tontelange, et la commune de Guirsch. CHAPITRE HI. LE PAGUS MOYEN D'IVOIX. (Pagus ivodiensis, Epoisus.) Les auteurs qui ont traité de ce pagus lui attribuent toutes les paroisses soumises aux doyennés d'Ivoix et de Juvigny !. Cette opinion nous semble très-admissible, comme le prouve le tableau ci-joint des localités citées dans le pagus ou comté d'Ivoix. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN D'IVOIX. mg ———— _ — — = DÉNOM TIONS pont SE gg ee E ed js " o E ich DATES. DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. Stull ACTUELLES. ANCIENNES. | HAE E EE 955 Mréves a e od d eu LV TUS ev aale nein, Ty 281 lvotio inter Boura et Lamuley. Charbeaux . , , , | Carboch, in comitatu 923 » Longuion. . | Ivoix. . . | Dépt des 4 Ritz, 20. Evodiensi. cant. de Ca Lammilly , . | Lamuley, in comitatu 955 » » Juvigny. . | Dépt de la Meuse, | Hontheim, I, 287. Ivotio. cant. de Stenay. ; y snel, histo à Mont-Libert . . .| MonsLeutbertus, in | — 812 » » » Dépt des Ardennes. | Marlot, Remensis ecel: pago evosiense, I, 321 (acte suspe" Pure. veo . | Boura, in comitatu 955 » » Ivoix, . . | Dépt des Ardennes, Hontheim, 1, 287. ivotio cant, de Carignan, , ecel, ist Signy- Mont- Libert. | Sineimagus, in pago 812 » » | Juvigny. . » Marlot, Remensis oe evosiense. T L, 321 (acte suspect ! CnoLLiUs, D. c., p. 255; DESNOYER , Topographie ecclésiastique archid. de Trèves, p. 28, dans P'ANNUAIRE HISTORIQUE de 1859. ET LEURS SUBDIVISIONS. 169 Ces endroits sont situés ou dans le doyenné d'Ivoix, nommé plus tard de Carignan !, ou dans celui de Juvigny. Le pagus d'Ivoix serait done limité au nord par les confins du grand pagus des Ardennes à partir d'Assenois jusqu'à Vitry : au midi par les limites méri- dionales de Louppy et Jametz, à l'ouest par le ruisseau dit Ru des Aleines, par la Semoy, les limites occidentales de Sainte-Cécile, Muno, Fontenouille, Chassepierre, Messincourt, Sachy, Tetaigne, Evilly, Vau et Mouzon, ensuite par le cours de la Meuse jusqu'à Louppy, à lorient par les limites du pagus d'Arlon décrites plus haut (p. 165). Le pagus moyen d’Ivoix comprenait au moins trois petits pagi, savoir : d'Osning, le pagus nongentensis et le petit pagus d'Ivoix, dont nous allons dire un mot. § 4%, — Le PETIT PAGUS D'Osnic. (Pagus Osning.) Le palais de Longlier , situé près de Neufchâteau , province de Luxembourg, est indiqué par un acte de 947 dans ce pagus : « Longlare in pago Arduenna > dicto in comitatu Rudulphi comitis, in Osning ?; » dans un autre acte de 982 : « Longlare in pago Osning nominato et in comitatu Gozilonis comitis, » et dans un troisième acte cité plus haut à la page 142 (note 4), à propos de la situation. de Hemmingestorff ?. Ces trois documents sont jusqu'ici les seuls connus qui fassent mention du pagus précité. Aucune autre localité située dans le pagus d'Ivoix au nord de la Semoy 1 lvoix est cité sous le nom d'Epoisum dans l'Itinéraire d'Antonin, à'Epuso dans la Notice de l'Empire > de castrum Eposium dans Grégoire de Tours, dEposium castrum dans les Actes de Saint-Maximin. Aujourd'hui cette commune se nomme Carignan, en allemand Iwers. ? Honrnemm, t. E, p. 60. 5 Mama, De re diplomatica, p. : teau, est l’ancien palais désigné dans les actes de 775, 844, 947 et 982 sous le nom de Longlar 5. On peut se demander si Longlier, prés de Neufchà.. où Longlare. Le doute n'est pas possible en présence de la charte par laquelle le duc Frédéric confirme, en 1064, la dotation que le due Godefroid avait aite à l'abbaye de Florennes, de l'église de Longlare. L'abbaye de Florennes possédait, jusqu'à la fin du siècle dernier, la pré- vóté de Longlier, (Voir cet acte dans Brwruorgr, t, HE, Preuves, xxvi.) 170 LES PAGI DE LA BELGIQUE n'étant indiquée dans une division territoriale d'un nom différent, il est permis d'en conclure, avec quelque probabilité, que l'Osning était limité au nord par le pagus des Ardennes, dont nous avons tracé les frontiéres plus haut (p. 147) ; au midi par la Semoy, à l'est par le pagus d'Arlon déjà indiqué (p. 165) et à l'ouest par la Semoy et le ruisseau, dit Ru des Aleines. Nous indiquons ces limites sous la plus grande réserve. Le petit pagus d'Osning dépendait-il du grand pagus des Ardennes, comme le semble dire le passage de l'acte de 947 reproduit ci-dessus? Pareille supposition est impossible. Nous avons déjà fait voir, dans le cha- pitre consacré au grand pagus des Ardennes, que les appellations de pagus ardennensis indiquent souvent le pays des Ardennes, ou celui soumis aux comtes des Ardennes qui l'administraient. 8 2. — LE PETIT PAGUS NONGENTENSIS ET LE PETIT PAGUS p'Ivoix. (Pagus nongentensis, pagus ivodiensis.) Un seul document fait mention du premier de ces pagi à propos de la situation de Montmédy : Mons medius in pago nongencensi !. Cette citation unique ne nous permet pas de déterminer les limites de cette circonscription territoriale. Quant au petit pagus d'Ivoix, il comprenait tout le territoire du pagus moyen d'Ivoix, moins ceux des pag? d'Osning et du Nongentensis. ! Acte de 955 apud Dom Carmer, Histoire de Lorraine, LI, Preuves, p. 559. ll faut y lire Nongentense. Voir, à ce sujet, CnorLus, l. c., p. 255. ET LEURS SUBDIVISIONS. 174 SECTION VI. LE GRAND PAGUS DE REIMS. (Pagus remensis.) A propos des différentes acceptions du mot pagus, nous avons fait observer que, sous la période franque , cette appellation fut donnée souvent à la civitas et au diocése. Il en fut de méme de la civitas Remorum et du dio- cése de Reims. Celui-ci était borné à partir du milieu du V* siécle jusqu'au milieu du XVIe au sud et à l'ouest par les diocèses de Chalons, de Soissons et de Laon; au nord-est et à lorient par les diocèses de Trèves, de Toul et de Verdun ; au nord par ceux de Cambrai, de Tongres ou de Liége. Il correspon- dait done à peu prés au pays compris entre la Meuse, la Marne et l'Oise. Ces limites étaient tellement naturelles que Mouzon, paroisse du diocèse de Reims Sise sur la rive droite de la Meuse, a donné lieu à des contestations. Déjà en 513, Foulques, évêque de Tongres, chercha à s'emparer de Mouzon. Le pagus de Reims était divisé en pagus remensis proprement dit, et en pagi de Porciens (porcensis), de Castrice (castricensis), de Mouzon (moso- magensis ou mosmensis), de Vonzois (vonzisus), de Dermois (duculmensis), de Stenay (stadinisus), etc. !. Nous avons à nous occuper seulement du pagus de Castrice qui compre- nait quelques paroisses belges. Quant aux autres pagi, ils sont trop éloignés des frontiéres de la Belgique pour qu'il soit permis d'en parler ici. ' Desnoyer, Topogr. ecel., dans PANNuAIRE msroniQue de 1859, p. 142. LES PAGI DE LA BELGIQUE. CHAPITRE I“. LE PAGUS MOYEN DE CASTRICES. (Pagus castricensis , castricium, castricius.) Les localités belges situées dans cette circonscription territoriale sont : Alle, Corbion, Sugny, Pussemange, province de Luxembourg, Le Bruly, Cul-des-Sarts, Petite-Chapelle, Riezes et La Marquoises, province de Hainaut. Ce pagus était borné au nord par les limites méridionales de celui des Ardennes depuis Fumay jusqu'aux Hayons, et à partir de la premiére de villes jusqu'à Anor par les limites méridionales du pagus de Hainaut; à l'est par les limites orientales de celui d'Ivoix à partir d'Auby jusqu'à la Chiers, et par la Bar; au sud par la Chiers et la Meuse jusqu'au confluent de la Bar et par les limites de Vendresse, à l'occident par l'Oise. Son territoire corres- pondait à peu prés aux doyennés de Mézières et de Rumigny +. Cette. délimitation n'est pas établie d'une maniére aussi positive et aussi exacte que celles des pag? de la Belgique. La pénurie des documents, consta- tant les positions des localités sises dans le pagus castrensis, nous oblige de suivre les indications données par Marlot et Desnoyers, sans pouvoir les appuyer de faits bien positifs ?. Flodoard , dont l'histoire renferme des données précieuses en ce qui con- cerne la géographie du diocése de Reims, ne renseigne aucune particularité concernant ce pagus. Marlot seul publie un acte de 887 mentionnant la situation de Doncheri dans ce territoire 5. 1 Les pouillés les plus complets du diocèse de Reims sont publiés dans Vaux, Archives admi- nistratives de la ville de Reims, t. M, 9* part., p. 1025. ? Martor, Metropolis Remensis hist., t. IL, pp. 185, 558; Desnoyens, L c., pp. 145, 157. 5 Manor, Let fe, p. 580, in comitatu castrensi Doncherium. ET LEURS SUBDIVISIONS. 175 SECTION VIII. LE GRAND PAGUS DE LOMME. (Pagus lomensis, lomacensis, lommacensis, ete.) Un écrivain trés-érudit a soutenu que le pagus de Lomme formait une cir- conscription administrative dépendante du grand pagus des Ardennes. Cette opinion est basée sur une fausse interprétation donnée à un passage de deux chartes, la première de 1070 !, la seconde de 1076 ?. Dans l'un comme dans l'autre de ces actes il est parlé de Novis Bursinis (Bourseigne-Neuve) in pago ardinensi, in comitatu namurcensi. Le comté de Namur, a-t-on dit, était dans le pagus de Lomme; donc celui-ci dépendait des Ardennes. L'erreur est manifeste. Bourseigne-Neuve, située dans la partie du comté de Namur non comprise dans le pagus de Lomme, était un village de là Famenne et, par conséquent, de l'Ardenne 5. Un autre fait, résultant également d'une fausse interprétation, n'a pas moins contribué à corroborer celte singulière assertion. La relation des miracles de saint Matthias parle du Château de Puleri Mons in sylva. Arduenna. L'éditeur de la Vie du Saint ^ a traduit Pulcri Mons par Beaumont. Rien dans ce passage ne dit quil s’agit de Beaumont en Hainaut. Probablement l'hagiographe a voulu désigner toute autre localité du nom de Beaumont ou de Schünberg sise en Ardenne, dont le pagus s'arrétait à la Meuse. Par suite de l'absence de toute preuve constatant l'annexion du pays de Lomme au pagus des Ardennes, nous pouvons soutenir qu'il était entiére- ment indépendant, et constituait un grand pagus à part. ! Duvivier, p. 412. 2 Minas, t. IV, p. 504. 3 La confus 1 d i ir, à Ba confusion du pagus de Lomme avec le comté de Namur date depuis longtemps. Voir, à ce sujet, CnorLiws, Le p. 269, in notis. A * Apud Pertz, t. VIII, p. 252. Tome XXXIX. 25 174 LES PAGI DE LA BELGIQUE Avant la publication de l'Histoire du comté de Namur, par le P. Demarne, les écrivains avaient confondu les comtés de Looz, de Louvain, de Namur etle pagus ou comté de Lomme !. Besselius et Bondam pensent méme que celui-ci faisait partie du Brabant. Par l'excellente dissertation au sujet du comté de Lomme, imprimée à la suite de l'Histoire du comté de Namur, la lumière se fit jour, et Wastelain, Des Roches, Dewez et Imbert adoptèrent la manière de voir du savant jésuite. Selon cet écrivain, le pagus de Lomme était borné par le Brabant, la Hesbaye, le Condroz, la Famenne, la Fagne, le Thierrache et le Hainaut ?. Prise à un point de vue général, cette délimitation est assez exacte; elle manque néanmoins de précision , lorsqu'on l'examine en détail. Le tableau suivant des localités citées dans ce pagus par les documents nous permet de le délimiter d'une maniére plus exacte. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE GRAND PAGUS DE LOMME. MÀ le ele eed d d TE SITUATIONS 5 EE DATES. | ÉVÉCHÉS, ` |DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. a alles ACTUELLES, ANCIENNES. actuelles, j a , chartesr ` dee EE EE EE de Paco io mense, 9v sér., HI, 446. Aublain . Alblinium, in pago | 868-869 | Liége. . | Famenne. . | Chimay. . | Prov. de Namur, can- | Duvivier, 340. lommensi. ton de Couvin. Barbancon . Barbanzon, in pago | 868-869 » Hainaut, . | Thuin . . | Province de Hainaut, | Duvivier, 308. lommacensi seu cant. de Beaumont. sambriensi. (*) On a cru qu'il s'agit d' 4chéne, nommé i Archenne, archidi é du Condroz , doyenné de Ciney, aujourd'hui canton de C par conséquent dans le pagus du Condroz. Ni la position géographique, ni l'orthographe ancienne ne permettent d'adopter cette opinion. 1 Voir, à ce sujet, Vazesius, Noticia Gall., p. 282; Dow Carmer, Hist. de Lorraine, t. V", p. 749; Collection des hist. de France, t. VIE, p. 110; Jusrus Lipsius, Lovanium , p. #1, et Mm eps, Cod. piar. donat , p. 92; Juncker, Anleitung zu der Geographie , p. 255. ? Hist. du comte de Namur, édit. de Pacquor, p. 598. ¡tué È situ iney, €! ET LEURS SUBDIVISIONS. 175 = OMINA ] ir ALAN ARCHI- SITUATIONS Jd DATES. |É è d DOYENNÉS. SOURCE Erde DIACONÉS. DER TUELLES, ANCIENNES. k actuelles. Beaumont, Voy. Strée. Berti Agnon sous GC hi e e KC mignies Sous Mo- | Battiniacus, in pago | 868-869 | Liége. . | Famenne. . | Chimay. . | Province de Hainaut, | Duvivier, 309. Ee lommacensi ` seu cant. de Chimay. " sambriensi. Biercé y ; in pago lom- 868-869 » Hainaut. . | Thuin . | Province de Hainaut, | Duviviér, 308, 309. ensi seu sam- cant. de Thuin. Bies sme Die x m - + y Beverna, in pago lomu-| 868-869 » » Thuin . . | Province de Namur, Duvivier, 308; W theim, Acta niensi, Bevena ou Be- cant. de Fosse. sancti Dagoberti, 46 (*). m verna, in pago lomma- lésmeráog censi s ambriensi. m idis Di RUN Bermereis, in pago | 868-869 » » Florennes . | Province de Namur, | Duvivier, 809. lommensi, cant, de Florenne. Bioul S + | Bublionacus, in pago | 868-809 » » Florennes . | Province de Namur, | Ibid. lommensi. eant, de Dinant. / ERU SCIRE E rell cutn eee eed am etes e RESQUE EROR NEU ETONE lommacensi ` seu n sambrien: "Offigus g; Y 3 ` q Nam ` Sous Gem- | Bufiols, in comitatu 946 Hainaut. . | Gembloux . | Province de Namur, | Miræus, L, 439. us lomacen: cant. de Gembloux. bensi Duve: i eriat g ] WES Y SDN Mont, Sous Cler- | Boverr , in pago | 868-869 » » Thuin . 1 Province de Namur, | Duvivier, 308. lommuensi seu cant, de Walcourt, x sambriensi, “Stillon A Castillion, in pago | 868-869 » » » » Ibid. lommucensi seu m sambriensi, astres * + | Castritium, in pago | 868-869 » » » » Ibid. lommensi, Chay emt sous p d > rennes, Sous Flo- | Calvus. Mons,inpago f. . . . » » Florennes . | Province de Namur, | Acta SS., VIL, 814, avril. Loniaco. cant. de Florenne. Chog Dn + | Calco, in comitatu 862 D Famenne. . | Chimay. . | Dépt des ennes, | Ampl. coll., I, 96. laumensi. cant. de Givet. Cler "e moni Clarus Mons, inpago | 868-869 » Hainaut. . | Thuin . . | Province de Namur, | Duvivier, 308. ERR G lomy seu cant, de Walcourt, € sambriensi. Tram. Rentre NS ; , TERT ` Curt, in pago lom- 868-869 » » » Province de Hainaut, | Duvivier, 309. n pag mensi. Bouin Cubinium . . , , 874 » Famenne. . | Chimay. . | Province de Namur, | Rec. des hist., VIH, 639. cant, de Couvin. Dr d ^I le Commentaire de Wiltheim à ce sujet, loc, cit., p. Ld 176 LES PAGI DE LA BELGIQUE Gembloux mensi seu Dar nuensi. cant. de Gembloux. 249, 299; Miræus; > —Ó DÉNOMINATIONS 5 AENT ARCHI- SITUATIONS - — (GÀ V — Ó— de G "EN c CES DATES. HES. DOYENNI SOU RCES. ACTUELLES. ANCIENNES. actuelles. Daily . . . . . | Daleis, in pago lom- | 868-869 | Liége. . | Famenne. . | Chimay. Province de Namur, | Duvivier, 310. mensi. cant, de Couvin. Denée Ditheneis, in pago | 868-869 » Hainaut. Florennes . | Province de Namur, | Ibid. lommensi. cant. de Fosse. Donstiennes Alosta ou Domus Ste- | 868-869 » » Thuin Province de Hainaut, | Duvivier, 309. phani, in pago lom: canton de Thuin. si seu sam- Dourbes. j pago | 868-869 Famenne, . | Chimay. Province de Namur, | Duvivier, 310. lommensi. cant, de Couvin. Echerennes sous Phi- | Echelines, in pago | 868-869 » Hainaut, . | Florennes . | Prov. de Namur,can- | lbid. lippeville. lommensi. ton de Philippeville. äu . v. Asnatgia, in Loma 946 » » Gembloux . | Province de Namur, | Miræus, I, 139. censi, seu Dar cant. de Gembloux. nuensi. Erpion . . Herpion, in p: 868-869 » » Thuin Province de Hainaut, | Duvivier, 308. macensi se cant. de Beaumont. briensi. Fairoul sous Fraire, | Ferreolis, in pago | 868-869 » » Florennes . | Province de Namur, | Duvivier, 310. lommensi. cant, de Walcourt, Florennes . Florines, in pago lo- 1012 » » » Province de Namur. | Miræus, 1, 658. ma i Foiche Fostias, in comitatu 924 » Famenne. . | Chimay. d Ampl. coll., 11, 44. lomensi. Fontaine-Walmont. . | Fontanis, in pago | 868-869 » Hainaut. . | Thuin Province de Hainaut, | Duvivier, 308. lommacensi seu cant, de Fontaine- sambriensi. l'Evêque. / Faustia,in pago lom- | 868-869, » » Fleurus. Province de Namur, | Duvivier, 310. | mensi. 907 cant, de Fosse. Fosses b je Saini- d + 1 art, 6€ Cap { Fossas, in pago lo 907 f $ Schoonbroot, Cart: fenher? À è 79: Reifen, rs mensi, Lambert, 25 906; E , Monum. anc. h 00 VI, 94. Fraire . . Ferrariis, in pago | 868-869 Hainaut. Florennes . | Province de Namur, | Duvivier, 310. lommensi. cant. de Walcourt. Fraire-la-Crotteuse | Item Ferrariis, in | 868-869 » » » Province de Hainaut, | Ibid. sous Biesmerée, lommensi. cant. de Florenne. E All : TUR : r k ^ Aug. Lacombléb as - lez - Gosse: Fraxinum, in pago | 779,884 » m Fleurus. Province de Hainaut, | Mi eus, I, 3: ; Laco | lamnacensi. cant. de Gosselies. Y ul s j ; saeculo Gemblacum, in Lom 844 » » Gembloux . | Province de Namur, | Mabillon, Acta $ 439. F ET LEURS SUBDIVISIONS 177 NATIONS TŘ ANCIENN| CH ARCHI- DIACON DOYENNÉS SITUATIONS actuelles, SOURCES. Gerpinnes . Gimnée . Gonrieux Gozée, Dous Ham-sur-Heure : Hantes Hastii Lay aux , Hevillerg Hicrges à Houzée Sous Thuillios. Jamious * hamp , Lancie où Neffe i) Hastièr re "ie, C'est à la ol toite dro; Placé, Placée Sur les e Gerpinas macer ,in pago lo Germiniaca in pago Laumense, Gonthercis, in pago lommensi. Gozeis , in pago lom- macensi seu sam- briensi. Grau, in SH lom Ham-Heur, in pago lommucensi seu sambruensi. AR in pago lom ensi seu sam- ensi. Hasteria super Mo- sam, in mitatu in co Lotmense. comitatu asi seu dar. mitatu Villers, in lomme nuensi. Eurichalia, in pago lommensi. Houzeis, in pago lom macensi sam- briensi, Jambimiel, in pago Jam asi seu sambriensi, Labia, in pago lomo. maugins Landrieumcampum su- per fl. Huia, in co- mitatu lomensi, Nefla in pagolomer onfins du pagus de Lomme, fût 1127 Liége. 816 868-869 » 868-869 » 868-869 868-869 » 868-869 » 918, 945 " 946 » 868, 869 ; 868, 869 868-869 » 1024 924 1158 » Hainaut. Florennes . Famenne Chimay. » » Hainaut. Thuin Florennes . Hainaut Thuin Graide xmenne. . Hainaut. Gembloux . Famenne. . | Chimay. Hainaut. Thuin Famenne. Hainaut. Florennes . aisait partie de la Famenne, Il y a done erreur dans la désignation du pagu ituée sur la rive gauche de la Meuse dans ce pagus. Province de Hainaut, cant, de Charleroi, Prov. de Namur, can ton de Philippeville. Province de Namur, cant. de Couvin. Province de Hainaut, cant. de Thuin. Provinee de Namur, cant. de Fo: Province de Hainaut, cant, de Thuin. Province de Hainaut, canton de Merbes- le-Cháteau, Provinee de Namur, cant, de Dinant, Province de mur, cant, de Perwez. France Province de Hainaut, cant. de Thuin. Dépt des Ardennes, cant. de Givet. Province de Namur, cant. de Walcourt. à moins de suppos Pertz, Dom Bo hist., Duvivier, Ibid., Mon., NI, 381. »uquet, hecueil des ME 498. 910. 310 Duvivier, 309. Duvivier, Miræus, Coiver mense. Lorr., Miræus, Duvivier, Duvivier, 3t Van Lokeren, Ampl. coll., Pertz, formait anciennement une seule paroisse comprenant Hastière-Lavaux sur la rive gauche de la Meuse et Hastière-Par-Delà , s * qui explique comment la partie de cette paroisse sise sur la rive gauche devait appartenir au pagus de Lomme , tandis que > ^ppartenait au doyenné de Graide. andrichamps fa , 908. I, 805. L'auteur a lu ise au lieu de Lo- Calmet, Hist. de I, 359 (*). L, 140. 940. LA 309. Th. IL, 44 (** IV, 34 située à autre, r qu'une partie de cette localité, LES PAGI DE LA BELGIQUE e - e — - —á | pres m DATE évécués.| “CM o í SE so ES | ATES. | ÉVÉCHÉS. R DOYENNÉS. URCES. DIACONES. actuelle. | ACTUELLE actuelles, | | | | Leers Liercis , in pago lom 868-869 Liége. Hainaut. . | Thuin Province de Hainaut, | Duvivier, 308. | mensi seu sam- sant. de Merbes | briensi. le-Cháteau. | | | Leval-Chaudeville. Vallis, in pago loma » » » Province de Hainaut, | Mabillon, Acta S, Bons I. cense. cant, de Beaumont. part, 2, p. 695. | Loupoigne . Lopiniacus, in pago | 868-869 » Fleurus. Province de Brabant, | Duvivier, 309. | lommensi. eant. de Nivelles. Marbais . Marbais, in pago lom 868-869 » » Thuin Province de Hainaut, | Thid macensi seu sam cant, de Thuin. briensi, Mareinas, in pago 840 » Fleurus. Province de Hainaut, | Duvivier, 296. Lomense. cant, de Fontaine l'Evêque. Marchienne-au-Pont. e Ves Marcianis, in pago | 868-869 * b « | Duvivier, 309. lommacensi seu | sambriense. Mareinelle . Item Marcianis, in pa- | 868-869 | Liége. Hainaut. . | Fleurus. Province de Hainaut, | Ibid. go lommacensi seu cant, de Charleroi. sambriensi. P à * 1 " zelg Di Maredret sous Sosoye. | Merendrec, in comi 887 » » » Province de Namur, | Bull. de l'Acad. de Be» tatu lomensi. cant. de Fosse. 458 (*). Matagne Matagnia, in pago | 868-869 » Famenne. . | Chimay Province de Namur, Duvivier, 340. lommensi. cant, de Couvin. Melin. Voy. Wellin. Mertenne sous Cas- | Mertines, in pago lom- | 868-869 » Hainaut, Thuin Province de Namur, | Duvivier, 308. tillon. macensi seu sam cant, de Walcourt. | briensi | Montigny-le-Tilleul. | Montiniacus, in pago | 868-869 » Fleurus. Province de Hainaut, | Duvivier, 309. í lomm: seu cant, de Fontaine sambriensi. l'Evêque. Mont-sur-Marehienne.| Monz, in pago lom 868-869 Liége » » Province de Hainaut, | Ibid. macensi seu sam- cant, de Charleroi. briensi. | Nalinnes. Nalines, in pago lom 868-869 » Thuin Province de Hainaut, | Ibid. | lommen cant, de Thuin | |? Offrigies, in pago | 868-869 Duvivier, 308. | lommacensi seu | sambricensi. Ossogne sous Thuillies.| Alsonia, in pago lom 868-869 Hainaut. . | Thuin Provinee de Hainaut, | Duvivier, 309. C) Ce document est suspect. macensi seu sam- briensi. cant. de Thuin. LEURS UBDIVISIONS. 179 C) Un Y NATIONS ARCHI- SITUATIONS DATES. ^ DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES. be DIACONES. actuelles, D'Zeen Pesche ( "sehe (la E ` Ss y " z M € (la) . Peco, in pago Lo 789 Lié Famenne. . | Chimay. Province de Namur, | Bibl, de l'écol. des chartes, ` pag ) dp 4 mens cant, de Couvin. 2e sér, I1, 76. Pont-q | ~de- x $ " " d Gei à Loup. Funderlo, in 840. » Hainaut. Fleurus. Province de Hainaut, | Duvivier, 296. | ; | lomensi, eant, de Charleroi. | | » | ` Popignies, in 868-869 |. S el, 3 Duvivier, 308 (*). lommueensi 1 sambriensi. p y : è a Perarium, in pago | 868-869 | Liége. Hainaut. Thuin Province de Namur, Duvivier, 309. lommensi. cant. de Walcourt. Ragni "Bes , 1 ; 1 iui RI Radionacis, in pago | 868-869 » » » Province de Hainant, Duvivier, 308, lommacensi seu cant, de Thuin. sambriensi. Ranli AUS où Ranwe P 8 sous Stree Nanwet in pago lom: 868-869 » » » » Ibid. "u sam- Revi ^m, 3 > h ^ ; Riuvinium, in pago | 706, 726 » Famenne. . | Chimay. Dépt des Ardennes, | Beyer, 1,24; Hontheim, I, 124. lomensi ou Ruivi- cant, de Rain. mum, Rogné gnée . f e d A e EXAM Rohignies, in pago 868-869 » Hainaut, Thuin Province de Namur, Duvivier, 309. lommacensi seu cant, de Walcourt. sambriensi Roux : ux À Ruoz, in pago lom- | 868, 869, » » Fleurus. Province de Hainaut, | Duvivier, 310; Miræus, |, 139. macensi, in Loma 846 eant, de Charleroi. Sue censi seu Darnuensi, > “Gérard de By E OI V oni Brogne, Bronium, in pago lo 944, 918, » Florennes . | Province de Namur, | Galliot, V, 275, 277; Miræus, macensi. 921 cant. de Fosse. IL, 806. Satta alars s ai, 5 Sous Fon- 9 6 a mq ` " ` 25$ o Wine. Kata Fon ,in pago lom 868, 869 » » Thuin . . | Province de Hainaut, | Duvivier, 308. almont. P d acensi seu sam eant. de Marche Bun GE ERR le-Cháteau. "lVenieres " bI lvenerias, in comi- 946 » » Gembloux . | Province de Namur, | Miræus, 1, 140. m lomacensi seu cant, de Gembloux. arnuensi Servi d ille , Severceis,inpagolom-| 868-869 » » Florennes . | Province de Namur, | Duvivier, 309. mensi. cant. de Florenne, Silleny; "nrieux 2 S Pile ivus, in pago 868-869 » » Thuin Province de Namur, | /^id. ommensi. cant, de Walcourt. ` 3 EAM : ^ loma 890. Ampl. coll., 11, 34. censi campo. Some Dër à S 4 SUR, in pago Liége . Hainaut. Florennes . | Province de Namur, | Duvivier, 309. ommensi, cant. de Walcourt. membre a Sociélé palé i ^ + i GT "m ne n de la Société paléontologique de Charleroi traduit Popignies par Momignies qui n'était pas situé dans le pagus de Lomme. 180 LES PAGI DE LA BELGIQUE DÉNOM —— M — —. ACTUELLES. INATIONS ANCIENNES, DATES, ARCHI- DIACONÉ DOYENNÉ SITUATIONS actuelles. SOUR CE | Sosoye. Voy. Mare dret, Soye-lez-Namur | Stave Strée-lez -Beaumont Taignies sous Cler mont Thuillies Thy-le-Cháteau Vaucelles Vierves . Virelles . Viscourt sous Cler mont Waulsort Wellin (*) Ibid., p. 648 ( Wellen. lité des paroisses compris Sorezin, in pago lom n isi seu sam- briensi. Sodeia super fl. Gel dium, in pago lau mensi Stabulis, in lommensi. pago in pago lom i seu sam- maet briensi, Towlleis, in mac briensi, Tier, in pago lom mensi Wacellis, in pago lommensi. Verofele, in pago lommensi. Virella , in pago lau mensi. Viseurz, in pago lom isi seu. sam Walciodorum, in pa go lomacenci. Waslin, in pago lo macensi acte de 862 Le pagus de Lomme se composait, d'apr 868-869 856 868-869 868-869 869 868- 869 868 869 868 868-869 868-869 673 868-860 946, 968 1070 Liége. | | Hainaut. Famenne Hainaut . : Sodoia, n pago dornuensi super fluvium Geldiun. Fleurus. Florennes . Thuin Thuin Chimay. Thuin Florennes . Un acte de 946 publié par Mınæus, t. IHE, p. 295, porte Melin à deux milles de Waulsort. Il faut probablement lire Province de Namur, cant, de Namur. Province de Namur, cant. de Florenne. Province de Hainaut, cant, de Charleroi. Province de Namur, cant, de Walcourt. Province de Hainaut, cant. de Thuin. Province de Namur, eant, de Walcourt. Province de Namur, cant. de Philippe ville, Province de Namur, cant, de Couvin. Province de Hainaut, cant. de Chimay. Province de Namur, cant. de Walcourt, Province de Namur, canton de Dinant. Duvivier, 309. Miræus, I (* Duvivier, 310. Duvivier, 308. Ibid. Duvivier, 309. Ibid, Ibid. Duvivier, 310. Duvivier, 274, 277; eccl., Il, 49. Duvivier, 308. Mireus, III, 993; iP.» Le Ann. de la So Namur, V, 428 e Welin ou Willin, aujou ce tableau , de la presque tota- s dans les doyennés de Gembloux, Fleurus, Flo- rennes et Thuin, appartenant à l'archidiaconé du Hainaut, diocèse de Liége, Annales 3n. q. de rchéo DO ET LEURS SUBDIVISIONS. ' 181 et du doyenné de Chimay, circonscrit dans l'archidiaconé de la Famenne au méme évéché. Vers le nord il touchait aux limites méridionales du grand pagus de la Hesbaye, dont nous avons donné le détail à la page 115; vers l'est il suivait les limites orientales du pagus de Brabant, décrites également ci-dessus page 109, et celles du pagus du Hainaut, à partir d'Arquennes. De ce côté, les frontières du pagus de Lomme étaient formées par les limites orientales de Seneffe, Fayt-lez-Seneffe, Manage, Bellecourt, Trazegnies, Morlanwelz, Piéton, Forchies-La-Marche, Fontaine-l'Évêque 1, Leerne et Landelies. Toutes ces localités ressortissaient au pagus du Hainaut. Plus bas les limites entre les deux pag? étaient tracées par la Sambre à partir de Lan- delies , compris dans le Hainaut, jusqu'à Hantes et Wiheries. Arrivée à l'em- bouchure de la Hante dans la Sambre, la ligne de séparation cótoyait la Seconde de ces riviéres jusqu'aux frontiéres actuelles de la France; ensuite elle suivait les limites orientales de G 'andrieu, Sivry, Montbliart, Macon, Salles, Monceau-Imberchies, Villers-la-Tour,Momignies, Bauwelz, Seloignes, villages dépendant du pagus de Hainaut, et ainsi jusqu'à la Meuse. Telle est la circonscription du pagus moyen de Lomme, circonscription basée sur les délimitations des pagi de la Hesbaye, du Condroz, de la Famenne, du Brabant et du Hainaut. Un seul diplôme, celui de 832 par lequel Louis le Débonnaire fait une donation à Aginulphe?, désigne le pagus de Lomme par pagus namurcensis ou pays de Namur et y place Beez (Beiss) sis sur la rive gauche dela M cuse, dans le pagus moyen de Darnau, et Wépion, compris dans le pagus moyen de la Sambre. Ce diplóme , le seul faisant men- tion du pagus de Namur, a sans doute donné ce nom au pagus de Lomme à cause de la résidence, dans le château de Namur, des comtes de ce pays. Ce grand pagus était divisé en trois pagi moyens, savoir : de Darnau, de la S ambre et en pagus moyen de Lomme, divisions dont nous allons nous occuper. Il parait qu'à une époque très-éloignée la commune de Fontaine-l'Évéque avait deux églises, dont l'une ressortissait au diocèse de Cambrai et l'autre à celui de Liége. (Nouvelles distribu- tions des parois: es, dans les Archives du Conseil privé; voir aussi Duvivier, l. c., p. 49.) * Ampl., coll. t. Y», p. 885 Recueil des hist. de France, t. VI, p. 574. Tour XXXIX. 26 LES PAGI DE LA BELGIQUE CHAPITRE Je, LE PAGUS MOYEN DE DARNAU. (Pagus darmiensis , darnuensis.) L'étymologie de ce pagus a été cherchée dans les noms de deux riviéres qui arrosent son territoire, savoir l'Orneau et l'Orne. Malgré les objections soulevées contre cette étymologie, elle nous semble parfaitement justifiée, La lettre D placée avant les syllabes Arnau est le résultat de la contraction de la particule de, comme il est facile de s’en convaincre par l'orthographe du vil- lage d'Angro qui est écrit tantôt Angro, tantôt Dangro. Ce genre de contrac- tion est, du reste, très-fréquent. Selon Wastelain ce pagus s'étendait sur les deux rives de l'Orneau , sans autres renseignements !. De tous les géographes qui se sont occupés de ce pagus, Imbert seul a essayé d'en déterminer les limites : « Pagus darnauensis, darniensis, dar- » miensis, Darnau, dit-il, septentrionales majoris lomacensis pagi partes » tenebat, ad Mehaniam usque fluvium in boream excurrens, Hasbannia » limitatus : ad occidentem Dylia sive, si malueris, Brachbatensis pagi » limite terminabatur; a meridie ad Gemblacum extensus (neque vero ad » Sambram usque , ut male Wastelinus, Des Rochius atque Besselius; loc: » enim Fraxinum, Bavis, Jemapia, aliaque trans-Sambrina ad Lomacensem » proprium pertinuere); ad orientem Mosam tangit. Hine iterum errant et » Besselius et Des Rochius qui ultra Geldiu fluvium eum non extensum esse » autumant; cui vero sententiae obloquitur situs locorum Sels, Marce, » Curtil, aliorumque, ad Mosam usque fluvium sitorum ?. » Sans doute le pagus de Darnau touchait à la Hesbaye et au Brabant ; vers le nord, l'est et l'ouest il avait les mémes limites que le pagus de Lomme, dont il dépendait. Néanmoins Imbert se trompe singuliérement en soutenant qu'au ! Page 912. 2 Geographia pagorum , p. 156. ET LEURS SUBDIVISIONS. 185 midi il ne touchait pas à la Sambre. Cette rivière formait méme, à partir de Namur jusqu'aux frontiéres du pagus du Hainaut prés de l'abbaye d'Alne, la ligne de séparation entre le pagus de Darnau et celui de la Sambre. Soye- lez-Namur, situé dans le pagus de Darnau et sur la rive gauche de la Sambre, est indiqué par un acte de 862 sur les confins de Le tableau suivant démontre à l'évidence la vérité de ces faits : ce pagus !. TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS MOYEN DE DARNAU. E vATIONS ACTUELLE — ANCIENNES. DATES. ÉVÊCHÉS. ARCHI- DIACONÉS. SITUATIONS actuelles. SOURCES, Baisy, Daum tiouly & d be sous Gem. Charnoj “AAPO, au: d aujourd'hui Harel t SH Corti. N "Ul-Noivmont + Dampremy S Ernaga 1 F Jeu, Done, Gilly Ÿ | Baisinum , .in pago darmiensi. Bufiols, in comitatu loma i seu dar nuensi, Karnoit, in pago dar- miensi, Curtily, in comitatu darnuensi, Asnatiga, in comitatu lomacensi seu dar nuensi, Fledelciolum, in pago darmiensi. Gemelaus Gemblues, in comi- latu darnuensi, Gillier, in pago dar- miensi, Goharmunt, in pago darmiensi. 868-869 868-869 868-869 868-869. 948 996 868-869 868-869 ! Minas , t. Ir, p. 648. Liége. Liége. . Hainaut. Hainaut. Fleurus. Gembloux . Fleurus. Gembloux . Fleurus. Gembloux . Fleurus . Gembloux . Fleurus. Province de Brabant, cant. de Genappe. Province de Namur, | cant. de Gembloux. Province de Hainaut, cant, de Charleroi, Province de Brabant, cant. de Perwez. Province de Hai cant, de Cha ut, eroi. Province de Namur, cant. de Gembloux. cant. de Gosselies. Proyince de Namur, cant, de Gembloux. Province de Hainaut, cant. de Charleroi. Duvivier, 310. Miræus, I, 439. Duvivier, 310. Miræus, 1, 440. Duvivier, 340. Miræus, 1,439. Duvivier, 340. Miræus, E, 439. Chapeaville, 1, 244. Duvivier, 310. Ibid. 184 LES PAGI DE LA BELGIQUE —" DÉNOMINATIONS , e ARCHI- SITUATIONS Y VEU uer Rb E DATES. | ÉVÉCHÉS. À DOYENNÉS. SOURCES. ACTU prag d actuelles, i a Heigne sous Jumet. Hevillers. Jumet. Lodelinsart, Montignies-sur-Sam bre. Hunia, castellum in pago darmiensi. Vilers, in comitatu lommensi seu dar miensi. Gimiacus, in darmiensi. pago Lacium, in pago dar. mensi. Hudelinsart, in pago darmiensi. Montiniacus, in pago darmiensi. / Ruez, in pago dar toux - lez - Charleroi. | Sauvenière . Soye-lez-Namur . Villers-la-Ville Walhain -St- Paul et Sart-lez-Walhain. miensi. Ruoz, in comitatu lo: macensi seu dar nuensi. Sancto (ecclesia de), in pago darnuensi. comi 18] seu Salveneri latu lom darnuensi. Sodoia super Geldiun, in comitatu Gisel berti in pago Dar nau. Villare, in darnuensi Walaham, in comi tatu darnuensi, 868-869 868-869 868-869 868-369 868-869 868-869 1026 946 862 1033 946 (*) In pago lommensi , ib., apud Miræus, t. 1, p. 646. Liége. Liége. Liége. lui | | ; Hainaut, Hainaut Hainaut, Fleurus. Gembloux . Fleurus. Fleurus. Gembloux Fleurus. Genappe. Gembloux , Province de Hainaut, cant. de Charleroi. Province de Namur, cant, de Perwez. Province de Hainaut, cant, de Charleroi. Province de Hai cant, de Char Province de Namur, cant. de Gembloux. Province de Namur, cant. de Namur. Province de Brabant, cant, de Genappe. Province de Brabant, cant. de Perwez. Duvivier, 310. Mirzus, 1, 140. Duvivier, 310. Ibid. Ibid, lbid. Ibid, Miræus, 1, 140. Miræus, HI, 299. Miræus, I, 140. Miræus, 1, 648; Gode? Lai resh. 1,70 (*). Miete, I, 36. Miræus, 1, 140. Selon cette liste le pagus de Darnau renfermait un grand nombre de localités sises prés de la Sambre, telles que Charnoi , aujourd'hui Charleroi, Dampremy, Gilly, Heigne, Jumet, Lodelinsart, Montignies-sur- Sambre , Roux-lez-Charleroi, Soye-lez-Namur, ete. La rive gauche de la Sambre formait done la limite du pagus de Darnau ; et aucune localité sise sur la rive ET LEURS SUBDIVISIONS. 185 droite de cette rivière n'est indiquée dans la division territoriale précitée. L'argument qu'Imbert. déduit de la position des paroisses de Frasnes-lez- Gosselies, Bovesse et Jemapes west pas fondé. En soutenant que ces localités faisaient partie du petit pagus de Lomme, il oublie que si Frasnes-lez-Gos- selies est indiqué par un acte de 779 ! dans le pagus de Lomme, c'est parce que cette localité était comprise dans le grand pagus de ce nom. La situation de Marchienne-au-Pont ? et de Roux 5, indiqués tantôt dans le pagus de Lomme, tantôt dans celui de la Sambre *, démontre que l'argu- ment d'Imbert n'en est pas un. En citant Frasnes-lez-Gosselies dans le pagus de Lomme la charte constate la position de cette localité dans le grand pagus de ce nom. Quant à Bovesse et à Jemapes, nous ne connaissons aucun acte indiquant ces localités dans le petit pagus de Lomme, et Imbert ne le désigne pas. Cet auteur se trompe encore en soutenant, contre l'opinion de Des Roches et de Besselius, que la Geldion passe par Marche-les-Dames, où ce cours d'eau aurait formé les limites du pagus de Darnau. Imbert a con- fondu ici deux choses parfaitement distinctes, et ne semble pas avoir bien Compris le passage de Miræus dans lequel il est parlé de la Geldion : in pago Darnau, dit ce diplôme, in marca vel villa Sodoia super Geldiun. Marca n'indique pas, comme le suppose Imbert, Marche-les-Dames, mais la limite du Darnau sur laquelle est située la villa de Soye, prés de la Geldion, aujourd’hui le Mignat, qui est bien loin de Marche-les-Dames 5. La thèse de Des Roches et de Besselius, d’après laquelle le pagus de Darnau se développait au delà du Mignat, est, au contraire, trés-fondée. Des villages situés à droite et à gauche de cette rivière faisaient partie du pagus précité, comme il est facile de s'en convaincre par l'inspection du tableau précédent. Quant à Marche-les-Dames , compris dans le Darnau, ce village était situé sur les limites de ce pagus, limites dont il a conservé son nom ancien de marca (marche, frontière, limite ). Seilles, prés de Cortil , cité par Imbert dans ce pagus, faisait partie de celui ! Lacomsuer, t, I, p. 4. ? Duvivier, pp. 296, 59. * Ibid., p. 510; Mmæus, t. I^, p. 159. * [Uid., p. 5405 Minæus, t. I", p. 139. $ Voir GnaxNpoAGNAGE, p. 145, Minas, t. 1%, p. 648. 186 LES PAGI DE LA BELGIQUE de la Hesbaye. La méprise de cet écrivain sur ce point s'explique par la eon- fusion qu'il a faite de Cortil-Noirmont avec Cortil- Wodon, dans la Hesbaye. En résumé, le pagus de Darnau était circonserit. au nord, à l'est et à l'ouest par les limites du grand pagus de Lomme, tracées ci-dessus p. 180, au midi par la Meuse à partir de Marche-les-Dames jusqu'à Namur et par la rive gauche de la. Sambre jusque prés de l'abbaye d'Alne. Ajoutons encore que les localités du Darnau étant sises dans les doyennés de Fleurus, de Gembloux et de Florennes, le pagus de ce nom correspondait aux territoires de ces doyennés, moins les parties du premier situées sur la rive droite de la Sambre. Par exemple, les paroisses de Marchienne-au-Pont , Mont-sur- Marchienne , Montigny-le-Tilleul, dans le doyenné de Fleurus au sud de la ; Sambre, faisaient partie du pagus sambrensis et en constituaient même les frontières, comme l'indique le nom de Marchienne. CHAPITRE 1H. LE PAGUS MOYEN DE LA SAMBRE. (Pagus, sambrensis , sambriensis.) Au nombre des pagi mineurs atttribués au Hainaut, Vinchant , Wastelain , Imbert, de Reiffenberg et Desnoyers comptent celui de la Sambre. Un texte postérieur au XIIe siècle publié par Sollerius, et citant Lobbes dans le pagus de la Sambre a entrainé ces auteurs à admettre une pareille impossibi- lité. Ce texte indique simplement le pays de la Sambre et non un pagus. Situé dans le pagus hanoniensis et partant dans le diocèse de Cambrai , le monastére de Lobbes ne pouvait étre compris dans celui dela Sambre. Le polyptique de l'abbaye précitée mentionne formellement in pago lommacensi seu sambriensi un grand nombre de localités du pagus de Lomme ; par conséquent celui de la Sambre en faisait partie. Les endroits ainsi cités sont : Barbancon, Battiniacus, Biercée, Biesme- sous -Thuin, ET LEURS SUBDIVISIONS. 187 Buverniat-sous-Clermont , Castillon, Clermont, Donstienne , Erpion, Fon- laine- Walmont , Gozée, Ham-sur-Heure, Hantes, Houzée sous Thuillies , Jamioulx , Leers, Marbais, Marchienne-au-Pont, Mertenne sous Castillon , Montigny- le - Tilleul, Mont-sur-Marchienne, Mons, Offrigies, Ossogne sous Thuillies, Popignies, Ragnies, Ranlies ou Rainwez sous Suée, Sart- Collard sous Fontaine- Walmont, Soresin, Taignies, Thuillies et Viscourt sous Clermont. A cette liste des localités énumérées dans le pagus de Lomme, nous avons à ajouter Alne et Hanzinne, cités simplement dans le pagus de la Sambre 1. Cette liste constate que toutes les localités indiquées par les documents au pagus précité , étaient comprises dans le doyenné de Thuin et dans la partie de celui de Fleurus , située sur la rive droite de la Sambre. Le pagus sam- brensis avait en effet pour limites la rive droite de cette rivière à parlir du pagus du Hainaut, c’est-à-dire depuis l'embouchure de l'Hante jusqu'à l'en- droit où l'Heure se jette dans la Sambre. On s'explique ainsi trés-bien la position assignée par les écrits à Leerne : in confinio sambrensis pagi villa que Lederna vocatur ?. Leerne , situé dans le pagus de Hainaut et sur la rive ' gauche de la Sambre, touchait en effet au pagus sambrensis. La délimitation que nous venons de faire de ce pagus est établie en partie par les documents et en partie par les limites du doyenné de Fleurus. Marchienne-au - Pont , Marcinelle, Mont-sur- Marchienne, indiquant la fron- tière ou la marche du pagus sambrensis , étaient compris dans ce doyenné, et ces localités sont citées par le polyptique de l'abbaye de Lobbes in pago lommacensi seu sambriensi. Quant aux autres paroisses situées sur la rive droite de la Sambre, dans le doyenné de Fleurus, aueun document connu ne leur assigne une place dans Un pagus quelconque, et les pouillés du diocèse de Liége n'en font pas men- lion. Telles sont entre autres les communes actuelles de Malonne, Wépion, Fooz, la Plante, Sart-Saint- Laurent, Bois-de-Villers, Marlagne et Profonde- ! Alneo dans les Acta SS. Belgii t. IV, p. 461; Hancenias dans MamiLLon, Acta secul. VI, pars. II, p. 515. Alne est situé actuellement dans la province de Hainaut, canton de Thuin. Hanzinne dans la province de Namur, canton de Waleourt. Į D ? Gesta abb. Gembl. apud Penrz, t. VII, p. 556. 188 LES PAGI DE LA BELGIQUE ville. Toutefois nous sommes trés-disposé à les considérer comme faisant partie du doyenné de Fleurus. Herbatte et méme Jambes, situés plus au nord, élaient compris dans cette. circonscription ecclésiastique. Plus loin, c'est-à- dire vers le nord et l'est, les limites du pagus sambrensis s'identifiaient, à peu d'exceptions prés, avec les démarcations orientales du doyenné de Thuin. Au nord elles suivaient la rive droite de la Sambre à partir de l'em- bouchure de la Hante jusqu'aux bouches de l'Heure. A l'est elles cótoyaient la rive gauche de l'Heure jusqu'à Jamioulx, puis elles suivaient les limites orientales de ce village, les limites orientales et méridionales de Nalinnes, les limites orientales de Cour-sur-Heure, les limites septentrionales de Tar- cienne, les limites septentrionales , orientales et méridionales d'Hanzinne !, les limites orientales de Chastrés et de Walcourt. Ensuite elles cótoyaient la rivière, dite Eau-d'Heure, jusqu'à Cerfontaine, paroisse comprise dans le doyenné de Florennes. Vers le midi les bornes du doyenné de Thuin étaient formées par les limites méridionales des paroisses de Froid-Chapelle et de Rance. A l'occident elles suivaient les frontières du diocèse de Liége décrites plus haut. Toutes les localités connues du pagus sambrensis étant situées dans le doyenné de Thuin et dans la partie méridionale de celui de Fleurus sise au midi de la Sambre, il devient évident que la circonscription de ce pagus suivait les limites dont nous venons de faire le tracé. Un seul fait semble s'opposer à cette délimitation, c'est la position assignée au village d'Hanzinne dans le pagus de la Sambre : « in pago » Sambrico praedium grande vocabulo Hancenias, » dit l'auteur des Acta S. Arnulfi ?. Si Hancenias désigne Hanzinne , province de Namur, canton et doyenné de Florennes, il y a évidemment erreur dans la désignation du pagus. Somzée , paroisse située à l'ouest d'Hanzinne et par conséquent bien plus prés du pagus de la Sambre, est cependant indiqué par le polyptique de l'abbaye de Lobbes dans le pagus de Lomme et non dans celui de la Sambre 5. ! Tarcienne et Hanzinne faisaient partie du doyenné de Florennes. ? Apud ManiLLÓoN , Acla SS., t. VI, pars. II, p. 548. 5 Duvivier, p. 509. ET LEURS SUBDIVISIONS. 189 CHAPITRE HI. LE PAGUS MOYEN DE LOMME. Imbert seul admet l'existence de ce pagus, qu'il nomme pagus de Lomme à proprement parler (Lommensis propria). Le motif qui l'a engagé à faire cette distinction est facile à saisir. I fallait appeler ainsi la partie du grand pagus lommensis comprise ni dans le pagus moyen de Darnau, ni dans celui de la Sambre. Ain de pouvoir orienter approximativement le pagus moyen de Lomme, l'auteur. précité fait entrer dans cette circonscription territoriale : Anthée, Bovesse, Beez, Bièvre, Brogne ou Saint-Gérard, Chooz, Corbion, Couvin, Dinant, Florennes, Fosses, Frasnes-lez-Gosselies , Hastière, Landrichamps, Malonne, Melin (lisez Wellin), Namur, Revin, Walcourt et Waulsort. Nous ferons remarquer au sujet de ces limites que : 4° Si Anthée, Bovesse , Dinant, Malonne, Namur et Walcourt faisaient incontestablement partie du grand pagus de Lomme, aucun document ne cite ces localités dans le pagus moyen ni méme dans le grand pagus de ce nom; 2 Namur et Beez, doyenné de Gembloux, et Frasnes-lez-Gosselies , doyenné de Fleurus, étaient situés dans le pagus de Darnau ; 3° Walcourt, doyenné de Thuin, rentrait nécessairement dans le pagus de la Sambre, et ne pouvait par conséquent faire partie du pagus moyen de Lomme. Quant à Chooz, Couvin, Dinant, Florennes , Fosses, Hastiére-la- Vaux!, Landrichamps, Wellin, Revin, et Waulsort, sis dans les doyennés de Florennes et de Chimay, ces paroisses étaient sans aucun doute dans le pagus moyen de Lomme. Ce pays comprenait done tout le territoire soumis au grand pagus de Hastière-la-Vaux et Hastière-par-delà formaient primitivement une seule paroisse sou- E au doyenné de Graide. Au civil, la première de ces localités faisait partie du pagus de omme, comme nous l'avons établi plus haut, la seconde était comprise dans le Condroz. Tour XXXIX. 27 190 LES PAGI DE LA BELGIQUE , Lomme , moins les pagi moyens de Darnau et de la Sambre. 1l embrassait par conséquent les doyennés de Chimay et de Florennes ainsi que toutes les paroisses sises le long de la rive gauche de la Meuse à partir de Namur jusqu'aux confins du diocèse de Liége. ? Un diplôme de 915 ! mentionne Hastiére, situé dans le pagus moyen de Lomme, au comté dit Coivense. S'agit-il, dans ce diplóme, d'un comté de Couvin, qui était assez éloigné de cette localité? C'est peu probable; nous croyons qu'il y a erreur et qu'il faut lire /otmense, comme dans la charte de 945, publiée par CarwET, Histoire de Lorraine, t. Ier, Preuves, p. 359. Cet auteur écrit : Hasteria in comitatu lotmense. 1 Minzus, t. IT, p. 805. ET LEURS SUBDIVISIONS. 191 SECTION IX. LE GRAND PAGUS DU HAINAUT. (Pagus Haignau, hagnoensis, hainacus, Hainoni«, hainoensis, ete.) L'évéché de Cambrai était divisé en cinq archidiaconés, savoir : du Cam- brésis , du Brabant, du Hainaut, de Valeneiennes et d'Anvers. Celui de Bruxelles , créé seulement en 1277 , et dont le territoire dépendait primitive- ment de l'archidiaconé de Brabant, est de création trop récente pour que sa circonscription puisse nous servir à établir les anciennes divisions géogra- phiques admises dans l'ordre civil. Il n'en est pas ainsi des archidiaconés du Hainaut et de Valenciennes, divisions anciennes, dont les limites servent à rétablir celles du pagus du Hainaut. A l'exception de quelques légéres diffé- rences, l'étendue de ce pagus correspondait à celle des deux archidia- conés précités, comme le démontre M. Duvivier 1. Les cartes de ce pagus et des deux archidiaconés mises au jour par cet auteur le font voir à l'évi- dence. Avant la publication de ce travail, la plupart des écrivains qui s'étaient occupés du pagus hanoniensis avaient confondu le grand pagus et le pagus moyen de ce nom, ou bien ils y avaient ajouté à tort le pagus de la Sambre ?. La délimitation du grand pagus du Hainaut, si mal comprise par ces auteurs, a été entièrement rétablie par M. Duvivier. A l'oceident cette circon- Scription suivait le cours de l'Escaut qui la séparait de l'Ostrevant, à partir des limites méridionales de Neuville-sur-l'Eseaut. jusqu'à Condé, situé aussi en partie dans le pagus du Brabant et en partie dans celui du Hainaut, d’après le cours de la Haine. Au sud-ouest la ligne de démarcation cótoyait les i d x : 1 UY t i " Hainaut ancien, p. 59. Voir aussi Drsxovrns , Diocèse de Cambrai, dans l'ANNUAIRE HISTO- RIQUE DE France, 1861, p. 541. 2 dëi E Wasrezain, L c., p. 401; Desnocnes, l. c., p. 405 Iusenr, l c, p. 150; Desxoyens, Lë p. 342. 192 LES PAGI DE LA BELGIQUE limites sud-ouest de Noyelles, Haspres, Saulzoir, Montrecourt, Haussy !. Saint-Python, Solesmes et la rive droite de la Selle jusqu'à Càteau-Cambrésis. Au sud elle suivait les limites méridionales de Bazuel, Landrecies, Favril, Prisches, Beaurepaire, Fontenelles, la Flamengrie, Wignehies, Fourmies et Anor. A partir de ce dernier village elle cótoyait l'Oise jusqu'à Seloigne, où elle rejoignait les limites du pagus de Lomme tracées plus haut à la page 181. Au nord le Hainaut. avait pour ligne de démarcation celle indiquée à la page 102 à propos du pagus du Brabant. Nous avons établi ces limites au moyen de la circonscription des archidia- conés du Hainaut et de Valenciennes, quand elle n'est pas en contradiction avec le tableau suivant comprenant les localités indiquées par les documents dans le pagus hanoniensis ?. TABLEAU DES LOCALITÉS CITI DANS LE GRAND PAGUS DU HAINAUT. DÉNOMINATIONS SITUATIONS Ansuelles sous An man PSSN ARCHI- i ^ Abd i t DATES. |ÉVÉCHES. i; DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. actuelle ACTUELLES, ANCIENNES actuelles, Anderlobia, in pago 868-869 Cambrai, | Hainaut. . | Binche . | Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi cant. de Binche. Angra,in Hainau. . ER > » Bavai . . | Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss., 81. | cant, de Dour, Haineuelles, in pago | 868-869 » » Binche . . | Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi cant, de Binche. Apeiz vel Petia, in pa 909 Champollion: go hainoensi in vi 479 (*). caria bariarinsi, | Asnoit,in pago haio- | 868-869 | Cambrai. | Valenciennes. nensi, | Valeneiennes.| Dépt du Nord, eant. | Duvivier, 343. de Valenciennes. I (*) In pago vel comitatu kainoensi in vicaria bariarinsi (lisez baviacinsi). 1 Haussy est aussi dési né dans le pagus de l'Ostrevant par un acte de 822, probablement par suite de la situation de ce village sur les deux rives de la Selle, qui semble avoir séparé en partie ee pagus de celui de Hainaut. ? Ce tableau diffère de celui publié par M. Duvivier, en ce qu'il fait eonnaitre seulement les lieux indiqués positivement par les documents dans le pagus du Hainaut. see Figeac, ponm» g ET LEURS SUBDIVISIONS. 195 DÉNOWIN A IONS SITUATIONS S EP Yu X ARCHI- + € R^ DATES. | ÉVÈCHÉS, ^ DOYENNÉS. SOURCES. DIACONÉS. ROUE: ANCIENNES. VE Avesnes-le-Sec ZE S-le-Sec Siccis Avenis, in pago 105 Cambrai. |Valenciennes.| Haspres. Dépt du Nord, cant. | Le Glay, Gloss., 9. hoinoensi, de Bouchain. Baisie WEI A g * : : k s Daiseium, ib. . 1057 » Hainaut. Province de Hainaut, | Le Glay, Gloss., T. cant. de Mons. Be; tulieu sous Havré Berme: rin Bersi] " Bienne-lez-Happan, Boulogne Boussu Bray , Agios Buvrinnes 4 Capelle + Carières Casteau a Daten, la-Buj SiC is Sart Te, Condé C) En ex i Voulu rectifier abbaye de L )L pliquant le cobbes à ^^ partie de Cor Baliolis, inp nensi, »haio 868-869 Bermeren, in Hainau 1144 Ber is, in pago 673 hoynoensi, Altporto, in pago Ti9 Haginao, Bolania,in pago haio- | 868-869 nensi, Bussuth, in hano 107% censi pago. Brae, in pago haino 1180 nensi, Braugeis, in pago 1180 hainonensi, )eurnes, in pago 963 Hainau, Capella „in pago hai 1162 noensi, Carnieres, in pago haionensi 868-869 Castellum, in pag ] go | 847,871 Hainau, Chuinegas, in pago Haginao. 719 Condatum in Hanno: nia. polyptique de Lobbes, M. Duvivier déclare Bolonia inconnu, Dans les Annales de la Société paléontologique à Valenciennes. Hainaut. Valenciennes. Hainaut. Valenciennes. Hainaut. Hainaut. abant. Boulogne, dont fait mention le polyptique de ce monastère. idé situ ur la rive gauche de Mons. Haspres. Maubeuge Binche . Avesnes. Bavai Binche . Bavai Binche . Haspres, Binche . Chièvres. Binche . Chièvres. E du Nord, eant de Solesmes. Dépt du Nord, cant. de Maubeuge. Provinee de Hainaut, cant. de Merbes: le-Château, Dépt du Nord, cant. d'Avesnes (Sud) Province de Hai cant, de Mons. aut, Province de Hainaut, cant, du Rœulx Dépt du Nord, cant de Bavai. Province de Hainaut, cant, de Binche, Dépt du Nord, cant. de Solesmes. Province de Hainaut, cant, de Binche. Province de Hainaut, eant, du Rœulx Province de Hainaut, cant, de Merbes-le Château, Dépt du Nord, Duvivier Le Glay, Gloss., 34. Ann. eccl., Il, 49. Lacomblet, l, 4. Duvivier, 313 (* Duvivier, 416. Duvivier, Ibid. Duvivier, 343. Duvivier, 593. Duvivier, 343. Rec. des hist, VUL, impl. coll., V, 496. 489; Lacomblet, 1, 4. Actarium aquicinterum € berti (dans Miræus) 22 à Charleroi , un écrivain les opinions de M. Duvivier et reconnait dans Balonia : Bolon sous Mignoult. Notre opinion est fondée sur la situation des possessions de a Haine appartenait au Brabant, celle sise sur la rive droite était dans le Hainaut. 194. LES PAGI DE LA BELGIQUE OMINATIONS mr ANCIENNES, DATES, ÉVÊCHÉS, ARCHI- DIACONÉS. DOYENNÉS. SITUATIONS actuelles. SOURCES MEL L| Consolre. Crespin . Croix. . Croix-lez-Rouveroy . Dinehe Pris. ches. sous Douchi . Dourlers Escautpont . Espinois. , . Estinnes-au-Mont-et- au-Val, Faurœulx Fayt-le- Grand - et- le-Petit. Feignies. Ferrière -la-Grande- et-la-Petite. Flobege? sous Dom pierre. Eloyon 5 97.75 Consorne,in Hanonia. Crispin, in pago Hai- nou. Crux, in pago Hai noavio. Licroiz, Crux, in pago hanoinensi. Didincicas, in pago hainonensi. Dulcis ou Duleiaea , in pago Hainau. Durlero, in Hainau. Escalpont, in pago hainonensi. Spinetum, in pago haionensi. Lephtinæ, in hainoensi. pago Fories, in pago haio- nensi, us, in pago hai- noensi, Fineis, in pago hai- nonensi. inaria, in arin: pago Hainoavio. Flobodeica, in pago hainoensi. Fleon, in pago Hainau. Fontanis, in Haynau. pago 921 749 XIIe siècle. 921 953 1111 1107 868-869 868-869 921 921 VIIe siecle. 832 Cambrai. Hainaut. . Valenciennes. Valenciennes. Hainaut, . Valenciennes. Hainaut. . Valenciennes. Maubeuge . Bavai . . Haspres. . Binche . Avesnes. Haspres. Avesnes. Valenciennes. Binche . Valenciennes. Avesnes, . Maubeuge . Avesnes, SE du Nord, cant. de Solre-le-Chá teau, Dépt du Nord, cant. de Condé. o du Nord, cant. de Landrecies. Province de Hainaut, cant. de Merbes Château. Dépt du Nord, cant. de Landrecies. Dépt du Nord, cant. de Bouchain. Dépt du Nord, cant, d'Avesnes (Nord). Dépt du Nord, cant. de Condé. Province de Hainaut, cant, de Binche. Province de Hainaut, cant, de Merbes-le- Cháteau. Dép! du Nord, cant. d'Avesnes (Sud). Dépt du Nord, cant. de Bavai. cant. Dépt du Nord Ze Maubeuge. Dépt du Nord, cant. d'Avesnes (Nord). Dépt du Nord, cant d'Avesnes (Sud). Chr. Bald. de Aveni: d'Archeri spicil., Miræus, IV, 413. Mabillon , 490. Duvivier, X, 162. Miræus, I, 36. ; De Guys, s apud ur, 287. VIL, Vande Putte, Ann, de Sait Pierre, 95, Th, 88; Minim 1, 260; Van Lokeren, ^ Le Glay, Glo Miræus, IE, 4159. Duvivier, 343. Acta S. Belgii, VL, 28% Duvivier, 313. Miræus, I, 36. Duvivier, 419. Mabillon, 490. Miræus, 1,36. 7 Acta SS. Belgii, V1, 289 Duvivier, 301. ET LEURS SUBDIVISIONS. t Imbert lisent Heu au lieu de Ren et en font à tort Faureulz, — — DÉNOGMIN ris À ATIONS p e ER, g ARCHI- SITUATIONS À MS DATE HÉS. d DON ENN SOURCES. TE DIACONÉS. actuelles, TUELL] ANCIENNES. de e Ghoy e a " d R e? Se Labuis- Goi, in pago haino 1480 Cambrai. | Hainaut. Binche . Province de Hainaut, | Duvivier, 623. R nensi. de Merbes-le- Commegnies ; 'gnies Gomereis, in pago | 868-869 » Valenciennes, | Valeneiennes.| Dépt du Nord, cant Duvivier, 343. haionensi. a de Quesnoy (Ouest). Gontre "ul sous Y ; : Tal y e a us Geudeuls, in pago 1092 » Hainaut, Maubeuge. | Province de Hainaut, | Tailliar, Ab, de Saint-Vaast, y Haimon. ` cant. de Páturages. t. XXXI, 2 part., des Mém. de l'Acad, d'Arras. Gottigni gnies : $ n RON VIDEAR gnies, in pago | 868-869 » » Mons. Province de Hainaut, | Duvivier, 3 haionensi. y cant, de Rœulx. Admont sous e j ` 7 ; Wetten 1t sous So- Magnus-Mons, in pago 921 Valeneiennes.| Avesnes. Dépt du Nord, eant, | Miræus, I, 36. À hainoensi. i d'Avesnes (Nord). Grand-R “RNg $us y " ng Hrinium, in pago 719 » Hainaut. Maubeuge . | Province de Hainaut :omblet, 1, 4. Haginao. ) cant. de Merbes-le Cháteau. H ker Ren, in pago Heine 947 . . « | Lacomblet, I, SR (*). gowe. Grand et Petit-Ri Wi ; * feux SEN Hriniolo, in pago 119 Cambrai. | Hainaut. . | Binche. . | Province de Hainaut, | Lacomblet, I, 4. Sous Rouvepo CU laginao. eant. de Merbes S Rouveroy, ` le-Château and - Ville illers-Pol Sous | Grando Villare, in 885 » Valeneiennes.|Valeneiennes.| Dépt du Nord, cant, | Miræus, II, 935. k pago hagnoense, de Quesnoy (Ouest). Haine -g le - Si. pi 4 ierre o A " ge Haine gedd et | Haina, in pago hai 905 » Hainaut. . | Binche . Province de Hainaut, | Duvivier, 327. icd noensi, cant, de Dinche. Harbignį “Dignies s E leroux, Albuniaco, in pago 149 » Valenciennes. | Valenciennes.| Dépt du Nord, cant. | Mabillon, 490. Hainoavio. de Quesnoy (Ouest). Harmign; 'miemios Hemegiacum, in pago 673 » Hainaut. Binche . Province de Hainaut, | Ann. eccl., I, 49. hainoensi, cant, de Páturages. ; Hary Aveng gt AË d Harvinium, in pago | 868-869 » » Mons. » Duvivier, 313. haioensi, Haspres, á FS Hasprae, in confini » Valenciennes. | Haspres. Dépt du Nord, cant. | Vita S. Hugonis; De Guyse, bus Hannoniae, de Bouchain. , 56. in pago 719 » Hainaut. . | Binche . Province de Hainaut, | Lacomblet, 1, 1. Haulehin cant, de Binche, | Halein , in pago | 868-869 |. . 4 n Duvivier, 313. | hainoensi, 196 LE PAGI DE LA BELGIQUE ( Situé sur les frontières du pagus de l'Ostrevant. Un acte de 822 désigne Haussy dans doute à cause de la situation de ce village sur la Selle, qui formait en partie la ligne de démarcation entre Hainaugio. ette division territo a pire ARCHI- j SITUATIONS : e "m. DATES. | ÉVÉCHÉS, T DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. es. ACTUELLES. Hr E 080 Haussÿ . Haleiaeum, in pago 847 Cambrai. |Valenciennes.| Haspr . | Dépt du Nord, cant. | Rec. des hist., VIIL, 488 ( hagnuensi, de Solesmes. : ` " 4 o TJ Munan ABA Hautmont Altus Mons, in terri 720 D Hainant. Maubeuge . D du Nord, cant. | Acta SS., IT, février, 88% torio Haonanno. de Maubeuge. | Helpre (rivière Helpra, in pago 921 » Valenciennes.| Avesnes Ur du Nord, cant. | Miræus, 1, 36. Hainao, et d'Avesnes (Nord). Valenciennes sous Hon. . | Harilegias, in pago 885 » Hainaut. . | Bavai . . n du Nord, cant. | Mirzeus, II, 935. hagnoensi. de Bavai. Hestrud , Meistrut, in pago 1 » » Maubeuge . | Dépt du Nord, cant. | Duvivier, 313. haionensi. de Solre-le-Chà- teau, Hon-Hergies Heregies super Hum, | 868-869 » » Bavai . . | Dép' du Nord, eant. | Duvivier, 312. in pago haionensi. de Bavai. Hutte sous Avesnelles, | Hulta, in pago Hainao. 92 » Valenciennes.| Avesnes. Dépt du Nord, cant, | Miræus, I, 36. d'Avesnes (Sud). Hyon. Hionium, in 868-869 » Hainaut. . | Mons. Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi. cant. de Mons. Jenlain Gentlinio, in pago 885 » Valeneiennes.| Valenciennes.| Dépt du Nord, cant. | Miræus, IL, 935. hagnoense. de Quesnoy (Ouest). | Jeumont sous Gouy Iovis Mons, in pago | 868-869 » Hainaut. Maubeuge . | Province de Hainaut, | Duvivier, : le-Piéton. haionensi. cant. de Seneffe. T ; , Saint- Joncquières sous Ba- | Junchinas, in pago | XIe siècle. » Valenciennes.| Haspres. Dépt du Nord, cant. | Vande Putte, Ann. de suel. Hainau. de Carnières. Pierre, 81. Lalue sous Anderlues. | Allodium, in pago | XIIe siècle. » Hainaut. inche . Province de Hainaut, | Duvivier, 450. Haynau. cant, de Binche. Landelies Landeillies, in pago | 868-869 | Liége. » Thuin . . | Province de Hai Duvivier, 343. haionensi, cant, de Font: l'Évéque Landrecies . Landricietas, in pago 852 Cambrai. |Valenciennes.| Haspres. Dépt du Nord, cant, | Duvivier, 301. Haynau. de Landrecies, Leernes . Lerna, in pago | 868-869 » Hainaut. . | Binche . Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi. cant, de Fontaine- l'Évèque. Pu d ; d ss. Belgii, W 8. Le Ræulx Ampolinis, in pago M : » » $ Province de Hainaut, | Acta SS. Belgii, cant. du Rœulx. e (Dow les deux pagi. sans p. 930), 5^ Bovouxr, t. ME ET LEURS SUBDIVISIONS. 197 ACTUEL NATIONS CHÉS. ARCHI- DIACONES. DOYENN actuelles. SOURCES. L Espaix sous Valen- ciennes, LevalTrahegnies, Linières sous Prisches, Lobhes Mavesches i Maroilles Maurage, Monchaux Mons, Montignies -sur Roo Noyellos-sr- Sai, Onnaing, Ürsinyal, Pont-au. €, y rand- Fay Sous Fayt- hil Quesnoy( lo) Quiévrain Ressaix Spalt, in pago Hag- | XIe sit nauno, Traignies, i n pago | 868-869 haioensi, Lideneieas, in pago 991 hainao, Laubacensis abbatia, 908 in comitatu hai nuensi. Matricium, in pago haionensi ou Mar licium in Hainau. Maricolensis abbati in pago hainao. b BIN Moncels, in pago hai- 1419 nonensi, Castellum, in pago 1086 Hainauco. Munliacum, in pago 885 hagnoensi. Nyella, in Hainaco 964 pago. Oninium, in pago hai- 91 noensi, Ursenesvilla , in Hai 1114 nau. Lancius Pontellus, in 870 pago hanoiensi, Nofluz, in. territorio 1142 hainonensi. Caprinum, in pago 902 hainoensi, Resai, in pago hai- noensi, our XXXIX. 865-869 1114 868-809 868-869 Cambrai Hainaut Hainaut. Hainaut. Hainaut. Hainaut. Valenciennes. Valenciennes . Valenciennes. Valenciennes. Valenciennes. Valenciennes. Binche Avesnes Binche . Valenciennes. Avesnes. Binche , . Haspres. Mons Bavai Haspres. Valenciennes. Avesnes, Valenciennes. aval Binche . . popi du Nord, car de Valenciennes. Province de Hainaut, cant. de Binche. Dépt du Nord, eant. de Landrecies. Province de Hainaut, cant, de Thuin Dépt du Nord, eant. de Quesnoy (Ouest). Dépt du Nord, cant. de Landrecies. Province de Hainaut, cant. du Rœulx Dép! du Nord, cant. de Valenciennes (Sud). Province de Hainaut. Province de Hainaut, cant, de Dour, Dépt du Nord, cant. de Bouchain. Dép! du Nord, cant. de Valenciennes (Est). Dépt du Nord, cant. de Quesnoy (Ouest). Dépt du Nord, cant. d'Avesnes. Dépt du Nord. Province de Hainaut, cant, de Dour. Province de Hamaut, cant, de Binche. Colliette, Hist. du Verman dois, 1, 3919. Duvivier, 912 1, 36. Miræus, Miræus, 1, 3% Duvivier, 313; Le Glay, Gloss., DIR Miræus, 1, Duvivier, 313, Miræus, I, 41155. 265. Miræus, l, Miræus, H, 935. Vande Putte, 422. de Saint- Pierre, St; Van Lokeren, 98. Pertz, VIL, 494. Le Glay, Gloss., 31. Duvivier, 182. Duvivier, 559. Le Và 680. sseur, Ann. de Noyon, Duvivier, 913, 28 198 A un PAGI DE LA BELGIQUE — DÉNOMINATIONS AROKI- SITUATIONS —À —À— PER LE í ` i 3E | DATES. |ÉVÉCHÉS. " DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. a es ACTUELLES. | ANCIENNES. Spe | BE Rhonelle, rivière. Unetium, in pago 885 Cambrai. |Valenciennes.| Valeneiennes.| Dépt du Nord, cant. | Miræus, 1I, 935. hagnoensi. de Valenciennes. SIND a Santa, in pago Hai- 749 » » Avesnes. Dépt du Nord, cant. | Mabillon, 490. noario. 'Avesnes (Sud). Saint-Denis en Bre- | S. Dionisius, in Bro- 868-869 » Hainaut, . | Mons. Province de Hainaut, | Duvivier, 313. queroie. kerul, in pago haio- cant, du Rœulx. nensi, ENDE d 2 $ e 94 ar de Saint-Ghislain. Cella, in pago hai- 1096 » » Bavai Province de Hainaut, | Dom Baudry, 384, Dun noensi ou Ursidun: cant, de Boussu. Reiffenberg; Philippo "gg, gus in Hanonis. de Bonne-Espérance» nt-Sauve S. Salvator, in pago 44 » Valenciennes .| Valenciennes.| Dépt du Nord. . . | Le Glay, Glo. 3. Hainau. Saint-Vaast lez-Bavai. | Santus Vedastus, in 4180 » Hainaut. . Di du Nord, cant, | Duvivier, pago hainonensi. de Bavai. į Saxiniaco, in pago 818 » Valenciennes.| Avesnes. . | Dépt du Nord, cant. | Miræus, 1, 246. hainoensi. de Berlaimont. Selle (la), ri Seva, in Hainaco pago. 963 » » Haspres. Dépt du Nord, cant. | Duvivier, 346. , de Bouchain, Semeries + . | Semereias, in pago 1180 » » Avesnes. Dépt du Nord, cant. Duvivier, 195. Hagnou. d'Avesnes (Nord). Seneffe E Seneffia, in hanno- | XIIe siècle, » Hainaut, Binche . Province de Hainaut, | Duvivier, 196 nien territorio cant, de Seneffe. confinio. Solesmes Solemium, in pago 149 » Valeneiennes.| Haspres. Dépt du Nord, cant. | Mabillon, 490. Hainoacio, de Solesmes. Spiennes Splienium, in pago | 868-869 » Hainaut. Binche . Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi. cant. de Mons. Taisnières-en-Thie- | Taisneras, in pago 991 » Valenciennes.| Avesnes. . | Dépt du Nord, cant. | Miræus, I, 36. rache. hainoensi d'Avesnes (Nord). Taisnieres-sur-Hon. | Tainieres, in pago | 868-869 » Hainaut, . | Bavai Dépt du Nord, cant. haionensi. de Bavai. Thait. Teonis villa, in pago 877 » Valenciennes. | Valencienn Dépt du Nord, cant. de | Miræus, I, 249 Ch 2 hainoginense. Valenciennes (Nord). Tilloy sous Orsinval. | Tilietum, in Hainonia 1444 » » » Duvivier, 489. D) Miræus et Imbert en font Thun au lieu de T'hiant, comme le fait voir Le Gray, Revue, p. 152, Dép! du Nord, cant de Quesnoy. ET LEURS SUBDIVISIONS. 199 Vellereiflo. A. Ve ndogics ~ Se Caillon, Verein . S Vertain i Villers. pot f Wambaix War nies. k *le-pot Wastiller Wati taine-an: Boi, Waudrez, Ü) Want ay sous E Valentianas, in par tibus heinonensis fisci. Sec, Welereille, in pago haionensi. W-Es- | Duo Fluminae, in hainoensi archidia conatu. Vereini, in haino: nensi. Vertinium , in pago haionensi. Villare, in pago hag noensi. Wambia, in pago Heinia. "rant, Warniaeum, in pago ha lagnuensi, Wasvillaris, in pago Haynau. on- Waudinieeas, in pago Ha à * + | Waldriegum, in pago Hogin: 10, aix formait une enclave. 868-869 1139 149, 1074 868-860 885 958 852 852 Hainaut. Valenciennes Cambrai. . Valenciennes. Hainaut. Binche . Haspres. Valenciennes. Valenciennes. Haspres. Binche . Qm du Nord, cant. de Valenciennes. Province de Hainaut, cant. du Rœulx. DT du Nord, cant. de Solesmes. Dép! du Nord, cant. de Valenciennes (Sud). Dép* du Nord, eant. de Solesmes, Dépt du Nord, cant. de Quesnoy (Ouest). Dépt du Nord, cant. de Carnières, El du Nord, cant. de Quesnoy. UN du Nord, cant. de Catteau. Dépt du Nord, cant do Landrecies. Province de Hainaut, cant. de Binche. D—— DÉNOY ` IINATIONS ARCHI- SITUATIONS RE Ee = " A c du ra DATES. DNE DOYENNÉS. SOURCES, si CONÉS. "m ep ACTUELLES, ANCIENNES. : actuelles, Eeer Trazegnies $ : ^gnies . Trasniacus, in pago | 868-869 | Liége. Hainaut. . | Fleurus. Province de Hainaut, | Duvivier, 313. haionensi. cant. de Fontaine: l'Evêque. Valencie “Acicnnes , Ville siècle.| Cambrai. |Valeneiennes. | Valenciennes. Acta SS., V, junii, 198. Duvivier, 313. Le Glay, Gloss., 42. Mabillon, De re dip., 489; Du- vivier, 419. Duvivier, 313. Miræus, IL, 935. Le Glay, Gloss., 4 (*). VIIL, 488. Recueil des hist., Duvivier, 304. Ibid. Lacomblet, 1,4. Les différences entre le territoire des deux archidiaconés du Hainaut et de Valenciennes, d'une part, et la circonscription du pagus du Hainaut, d'autre part, consistent dans les points suivants : Casteau, sis dans le pagus du Hai- , g naut, appartenait néanmoins à l'archidiaconé du Brabant; Condé, compris dans le méme archidiaconé, appartenait au pagus du Hainaut ou à celui du 200 LES PAGI DE LA BELGIQUE Brabant, suivant la situation d'une partie de cette ville en decà ou au delà de 3 y la Haine; Trazegnies, dans l'évéché de Liége, archidiaconé du Hainaut, était dans le pagus hanoniensis ; Wambais dans l'archidiaconé de Cambrai for- mait, parait-il, une enclave du pagus du Hainaut dans celui du Cambrésis. Les autres légéres différences ont été signalées au chapitre du pagus du Bra- bant. (Voir plus haut page 102. Comme tous les pagi de la Belgique, celui du Hainaut avait des subdivi- sions. Vinchant, Imbert, de Reiffenberg et Piérard y comptent cinq pagi mineurs : ceux du Hainaut à proprement parler, de la Sambre, de Famars, de Cambrai et de la Fagne. Nous admettons très-volontiers dans le grand pagus du Hainaut une subdivision à un degré inférieur et du nom du pagus principal; nous y reconnaissons aussi le pagus moyen de Famars; mais nous en rejetons ceux de la Sambre et de Cambrai, et nous dénions à la Fagne la qualification de pagus. Le grand pagus de Cambrai n'avait rien de commun avec celui du Hai- naut. Aucun document ne permet de l'y admettre. Tous, au contraire, établis- sent de la maniére la plus évidente une distinction parfaite entre ces deux territoires; et les auteurs dont nous venons de citer les noms se gardent de produire des preuves à l'appui de leur opinion. Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit du pagus sambrensis en indiquant sa situation dans celui de Lomme et en démontrant que cette divi- sion territoriale n'était pas méme située dans le Hainaut. La Fagne, forêt défrichée par des établissements religieux, a donné son nom à une certaine étendue de territoire, comme on a baptisé du nom de Hageland (Pays aux bois) le territoire situé entre les villes d'Ars hot, Lou- vain, Diest et Tirlemont. Ce sont des denominations de territoires et non de div ions administratives. Jamais aucun document n'a donné le nom de pagus à la Fagne, située à la fois dans les pagi du Hainaut, de Reims et de Lomme. Tor conséquent nous ne pouvons la considérer comme une circonscription administrative, ainsi que le soutient Ghesquière !. La seule subdivision du grand pagus du Hainaut positivement indiquée ! Acta SS. Belgii, t. IV, p. 152. ET LEURS SUBDIVISIONS. 201 parles documents est le pagus moyen de Famars. En admettant cette. divi- sion il faut admettre aussi le pagus moyen du Hainaut. Nous allons déterminer ces deux divisions territoriales et leurs subdivi- sions. CHAPITRE I~. LE PAGUS MOYEN DE FAMARS. (Pagus fanomartensis, famartensis , falmarcinsis, phonomartensis , ete.) Paullinus, peu versé dans la connaissance de nos pagi, donne néanmoins une idée assez exacte de celui de Famars : « Pago huic, dit-il, Fanum Martis » nomen dedit. Quod Cluver Fan vocat, qui vicus undecim millia passuum a » Valentinianis abest, alii Famars nominant. Ejusdum meminit, Antoninus » in Itinerario, et Eginhart in translatione. SS. Marcellini et Petri..... » Fuleuinus abbas, qui de gestis abbatum Laubiensium scriptit et anno 900 » obiisse dicitur, pagum fanomartensem, postea Hainou a fluvio Haina appel- » latum esse tradit his verbis : est locus intra terminos pagi, quem veteres a » loco, ubi superstitiosa gentilitas fanum Marti saeraverat, Fanomartensem » dixerunt, juniores a nomine praeterfluentis fluvii Hainou vocarunt. Certe » pagi fanomartensis fuere Valentianae quae nunc sunt pagi hainoensis. Sed » hie pagus major et latior videtur esse, quam olim fuerit Fanornartensis. » Uhildeberti, Francorum regis praeceptum, quo Solemium, pagi fanomartensis » villa, cœnobio Dionysiano anno 706 conceditur, habet Mabillon. De cella, » quae dicitur Cruce, in pago fanomartense idem. Einhardus abbas, prae- » primis omnium Georgius presbyter et rector monasterii S. Salvii martyris, » quod in pago fanomartensi in vieo Valentianas appellato, in ripa Scaldis » fluvii situm est, me dant suscepit. Huntbertus donat ad sacrosanctum » monasterium, quod vocatur Maricollas, quod vir illustris Chonebertus » quondam suo opere construxit, consecratum in honore S. Mariae et » SS. Petri ac Pauli apostolorum, vel reliquorum dominorum, qui in ipsa basi- 202 LES PAGI DE LA BELGIQUE » lica venerantur, situm in pago fanomartensi super fluviolum, qui vocatur » Helpre, hoc est partem maximam de possessione sua in villa nuncupata » Macerias, sita in pago laudunensi, super fluvium Iserum, quam de avia » sua Audeliana, quondam dato pretio, per venditionis titulum comparavit, » hoe est mansos dominicos, ubi ipsa Audeliana mansit, vel postea ipse aedi- » ficavit, et terrationes et servos et ancillas illos et illas !. » Wastelain rapporte à peu prés les mémes paroles, en y ajoutant que l'archidiaconé de Valenciennes correspondait à l'étendue de ce pagus ?. Selon M. Duvivier le Famars était borné à l'ouest par l'Escaut et par le pagus came- racensis ; au sud par ce pagus et le laudunensis avec une partie de la Thié- rache et de la Fagne; à l'est par le pagus de Lomme et du hanoniensis minor, et au nord par ce dernier et le cours de la Haine dans la partie la plus rap- prochée de l'embouchure de cette rivière 5. Cette délimitation se justifie par le tableau des localités citées par les documents dans ce pagus : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE PAGUS DE FAMARS. ! Pauzunus, De pagis, p. 66, NATIONS X f SC WG ARCHI- SITUATIONS ; DATES. |ÉVÉCHÉS. ; DOYENNÉS. SOURCES. DIACONES. actuelles ACTUELLES ANCIENNES. actuelles, , a í n d ak: A von des hist Avesnes-le-Sec . . | Avisinae, in pago 775 Cambrai. | Valenciennes | Haspres. D du Nord, cant. | Dom Bouquet, Rec. des fanmartinse. de Bouchain. Joa: Vs 198; Croix. + + + | Crux, in pago fano- 706 » » » D du Nord, eant, | Miræus, I, 244. martinensi de Landrecies. Famars. . . . . | Fanum Martis. . . | XIe siècle. » Valenciennes. Jr du Nord, eant. | Acta SS., IE, août, 674 de Valenciennes. Grand-Fissault "lacum, in pago | XIe siecle. » » Avesnes. Dépt du Nord, eant. | Aer. SS., II, juillet, 48. 'anomartinse. deet (Nord). Haspres. . . . . | Hasprae, in Fani- | XII» siècle. » Haspres. Dépt du Nord, cant. | De Guyse, IX, 242. martis de Bouchain. 2 WasrELAIN, l. c., p. 410. Voir aussi De Basr, Recueil d'antiquités de Flandre, t. M, p. 192 et Bucugnius, Belg. rom., p. 495 5 Duvivier, l. c., p. 97. ap ? er Eel d E ET LEURS SUBDIVISIONS. 205 m DÉNOMINA s -~ TIONS d ARCHI- SITUATIONS eat DATES. |ÉVÉCHÉS. , aa | DOYENNÉS, SOURCES. ACTUELLES, ANCIENNES. MATER actuelles. EL Helpre. piyin Dre, rivière , Helpre, in pago fano 671,676 Miræus. 1, 9. martensi. Maroilles les. Maricolae, in pago | 671,676 | Cambrai. |Valenciennes | Avesnes. Dépt du Nord, cant, | Ibid. fanomartensi, de Landrecies. Romeries Ee e Romerteria, in pago "106 Haspres. Dépt du Nord, eant. | Miræus A (*); Champol- fanomartensi, de Solesmes. lion- 5, 111; 99. Querenaings ang? , rainga ou Garantia, 706 Valenciennes. | Dépt du Nord, cant. | Champollion-Figeac, HI, 398. in pago falmartinse. de Valenciennes. Saints, “Saulve a t 7 A y : P His. Sanetus-Salvius . IXe siècle. » Valenciennes. Acta SS., T, juin, 199. Soles Sites : à A j d SE Solemnio, in pago 706 Haspres. Dépt du Nord, cant. | Miræus, I, 244 fanomartinensi. de Solesmes. Valenci “encienneg " S e H 1 : MUN. Valentianae, in pago 860 Valenciennes. | Dépt du Nord . Doublet, Hist. abb. S. Dio- fanomartinse. 1 nisii , T86. | C) Mirwus cite Merceria. | ll résulte de la combinaison de ce tableau avec la délimitation proposée par M. Duvivier que le pagus de Famars correspondait exactement à l'archi- diaconé de Valenciennes, formé par : les limites occidentales du grand pagus du Hainaut, à partir de l'embouchure du Honneau dans la Haine, les limites Sud-ouest et méridionales du méme pagus , et ses limites orientales à partir de Seloigne jusqu'à l'endroit où la ligne de démarcation traverse la Helpre. Au nord-ouest la ligne de séparation entre l'archidiaconé du Hainaut et celui de Valenciennes était formée par les limites nord-est de Vicq, Quarouble, Renlies, Etrœux, Sebourg , Eth, Bry, Wargnies, Preux-au-Sart, Amfroipret, Pont-sur- Sambre, Bachant, Limont, Esclaibes, Floursis, Dimont, Sars-Poteries et Willies, où elle joignait la Helpre. Le pagus moyen de Famars était subdivisé en vicairies. Le nom d'une seule de ces subdivisions nous est parvenu ; Cest celle dite pagus templutensis !. f j A la mort de saint Sauve, tué non loin de Valenciennes, Charlemagne fit convoquer les vicaires, les tribuns, les centeniers, juges et doyens. Étaient-ils de Valenciennes? De Guvsk (t. IX j p. 156) ne le dit pas en relatant ce fait. LES PAGI DE LA BELGIQUE N 1*'.— LE PETIT PAGUS DIT TEMPLUTENSIS. Wastelain avait déjà fait observer que la Fagne du Hainaut était nommée Templutensis pagus, el que ce canton élait limité au nord par le Hainaut ancien, au midi par la Thiérache, au levant par le pagus de Lomme et au couchant par celui de Famars !. C'était aussi la manière de voir de Ghes- quière ? et d'Adrien de Valois 5. I y avait cependant entre le pagus précité et la Fagne une différence : la Fagne s'étendait jusqu'au doyenné de Mau- beuge, et le Templutensis embrassait la partie de la Thiérache située dans le Hainaut 4, La partie de la Fagne comprise dans le Templutensis ne pouvait donc dépasser les limites orientales du grand pagus du Hainaut. Afin de pouvoir mieux nous orienter, nous avons dressé un tableau des localités indiquées par les documents dans le Templutensis et dans la Fagne du Hainaut. TABLEAU DES LOCALITES CITÉES DANS LE PETIT PAGUS DIT TEMPLUTENSIS ET DANS LA FAGNE. , Enc e] DÉNOMINATIONS ARCHI- SITUATIONS DATES. |ÉVÈCHÉS. À SOURCES. DIACONES. actuelle: ACTUELLES, ANCIENNES. DIEA. Y i —— Baives . É Bavia, in Fania . . 640 Cambrai. |Valenciennes.| Avesnes. . SE Nord, cant. | Miræus, I, 459. de Trélon. 640 » » » » Ibid. Borgne (la taille de). | Silva Brolium, Fania. Clair-Voyant, ruiss. | Clarus Voionus, n 640 » » D » Miræus, 1, 490. Fania. n 640 » » » » Miræus, 1, 490. Duchon sous Mous- | Ducionis sylvan , tier-en-Fagne. l'ania. |! WasrELAIN, p. 4155 Liniacus, in pago Haynau templetensi. Vita S. Humberti, Acta SS. Beran, t. IV, p. 54. 2 Acla SS. Belgu, t. IV, p. 152. Verbo Fania. ^ Duvivier, Le p. 101. Fe ET LEURS SUBDIVISIONS. 205 Dë e 7 ACTUELLES, | mese MENS, NN DÉNOMINATIONS — ANCIENNES. DOYENNÉS, SITUATIONS actuelles, SOURCES. Glage cale e SÉ e Sen, Glaion, in Fania . 1119 Cambrai. |Valeneiennes.| Avesnes. Dépt du Nord, cant Duvivier, 503. de Trélon. Helpre. rs Dre, rivière Elpra aqua, in Fania. 640 » » Miræus, I, 489. Licssies ec Letiis, in Fania . 1412 » » Dépt du Nord, ca Duvivier, 303 Solre-le-Châte: Linièr, Usa Liniova, in pago Ha- | XIe siècle. » » » D du Nord, eant. | Acta SS. Belgii, IV, 451. gnon et templu- de Landrecies. tensi. Ra Mansilium, in Fania. 640 » » Dépt du Nord, e: Miræus, 1, 490. d'Avesnes (Nord). Merdri riS sous " d S 3 Dër Wallers, 640 » » ] Dépt du Nord, cant. | Miræus, 1, 489 de Trélon, Mes; PSU Sous 3 E t sous Ohain. t curtisinter 1143 » » D Duvivier, 561. Faniam Neun umo à boi A Mi D Sous Be (le bois de) | Ætimundi silva, in 640 » » » Dépt du Nord, cant.de | Miræus, 1, 489. lier et Wi o Mous- Fania. Solre-le-Château. Mousti kb: Monasterium, in pago » » » Dép' du Nord, eant, | Vinchant et Rateau, Ann. du templetensi. de Trélon. Hainaut , T5. Railhi tilhies pas T 4 A. : Railhiez, étang entre 640 » Provinee de Hainaut, Miræus, 1, 489. ièvre et Rober: cant, de Chimai chies, in Fania. ' Wall allers , E ` ; . Wallare, in Fania. . 691 » » » Dépt du Nord, cant. | 1bid. de Trélon, H Waslare, in pago tem Acta SS. Belgii, IV, 464; De plutensi, Duck, Vita Sancti Dodonis, 924; H Wiellamanus ou Wil. 640, 697 Miræus, 1, 490; HI, 283 lenier, in Fania. outes les localités citées par ce tableau étaient comprises dans le doyenné . d'Avesnes. ( sette circonstance nous autorise à en conclure que le Templa- lensis correspondait exactement au doyenné susdit. Celui-ci avait pour démar sation les limites méridionales du grand pagus du Hainaut à partir des limites méridionales de B 'aurepaire, compris dans ce territoire, jusqu'à Solesmes. De là le doyenné d'Avesnes Tome XXXIX. suivait la ligne de séparation entre le 29 206 LES PAGI DE LA BELGIQUE Hainaut et le pagus de Lomme jusqu'à la Helpre. Au nord il était borné par les limites tracées plus haut (p. 203) de l'archidiaconé de Valenciennes depuis les rives de la Sambre prés de Saint-Remy jusqu'au pagus de Lomme. A l'ouest les limites du doyenné d'Avesnes étaient formées par celles d'Aymeries et Sassegnies appartenant à ce doyenné, où elles rejoignaient la Sambre jusqu'à Maisnil, et dont elles suivaient les limites occidentales, puis celles de Favril, Priches et Beaurepaire. Prés de cette commune elles tou- chaient à la frontière du grand pagus du Hainaut établie ci-dessus. CHAPITRE II. LE PAGUS MOYEN DU HAINAUT. La délimitation de cette circonscription administrative est facile à établir. Elle se compose du territoire entier du grand pagus du Hainaut, moins celui de pagus de Famars. Nous avons tracé plus haut la ligne de démarcation entre ces deux pagi en établissant l'étendue des archidiaconés de Valenciennes et du Hainaut ( voir p. 203). Ce pagus était divisé en vicairies ou petit pagi, dont le nom d'un seul a été conservé par les documents; c'est celui de Bavai. L'existence de cette vicairie doit nécessairement faire admettre celle d'autres divisions sembla- bles; mais aucun acte n'en fait mention. Nous aimons par conséquent mieux nous abstenir que d'émettre à ce sujet des conjectures peut-être mal fondées. § Iv. — Le PETIT PAGUS OU LA VICAIRIE DE BAVAI. Dans son travail si remarquable du Hainaut ancien, M. Duvivier soutient, avec grande probabilité, que le Vicariatus bavacensis ou petit pagus de ce nom correspondait au doyenné de Bavai. Quelques lignes plus loin il ajoute que celte vicairie renfermait entre autres Apeiz ou Petia (qu'il traduit d'une ET LEURS SUBDIVISIONS. 207 manière dubitative par Poix), Bavissiaux, Houdain, Vendegies-au-Bois, Bettrechies et Louvignies 1. Sans doute Bavissiaux, Houdain et Bettrechies faisaient partie. du petit pagus de Bavai, comme le démontrent les documents cités dans le tableau suivant : TABLEAU DES LOCALITÉS CITÉES DANS LE VICARIAT DE BAVAI. m E Med MINAT ak: SITUATIONS DATES. DOYENNÉS. SOURCES. ACTUELLES, actuelles, H ApeizvelPetiainpago| — 909 essi IRE i [LL eat ete Dos LEE Re TECH vel comi i i , in v avissi Ssiau a ^ Y 673 Cambrai. | Hainaut. . | Bavai . 1 Déptdu Nord, cant. | Ann. ecel., I, 49. de Bavai. Betty echies ns 673 y $ » : Ibid. Houdaj ain, S Hosdeng, in pago ba- | 678 5 S $ Ibid. vacensi » Wandegeis, in pago 673 foy ENDE SORTEOS ERE E A DTE bavacensi Apeiz ou Petia ne peut pas désigner Poix, dans l’archidiaconé de Valen- ciennes, doyenné d'Haspres ; partant Poix n'appartiendrait pas à la vicairie de Bavai ?. II en est de même de Vendegies-au-Bois compris dans le doyenné susdit d'Haspres 5. En présence de ces contradictions , il faut admettre ou une erreur dans la désignation de la vicairie ou supposer que celle de Bavai s'étendait au delà des limites de cette circonscription ecclésiastique, d Duvivign, le Hainaut ancien » pp. 84, 85. 9 Pab} DÉI comitatu hainoensi in vicaria bariarinsi (lisez baviacinsi). Nous n'avons pu trouver aucune me Apeiz ou Petia figure dans un acte de 909, par lequel Guntbert et sa femme font don à aye de Saint-Martin à Tours de lusieurs biens et entre autres d'Apeiz et de Petia, in pago I $ ntion de la possession de l'abbaye précitée à Poix. Le testament de Sainte-Aldegonde porte : In pago bavacensi villum quae vocatur Wan- digeis. 208 LES PAGI DE LA BELGIQUE, rro. ou bien renoncer à chercher Poix dans Apeiz ou Petia, et Vandegies-au- Bois dans Wandigeis , ou suspecter l'authenticité des actes qui citent ces loca- lités. Le testament de Sainte-Aldegonde renferme , comme plusieurs auteurs l'ont établi, des interpolations et des indications souvent fautives en ce qui concerne la situation des localités; par exemple le fragment de ce testament publié dans les Analectes ecclésiastiques (t. II, p. 49) cite Anderlues dans le pagus du Brabant, tandis que cette localité était comprise dans celui du Hainaut. Le polyptique de l'abbaye de Lobbes le constate formellement !. Nous pensons donc que si Wandigeis se rapporte à Vendegies-au-Bois, ce qui est loin d'étre prouvé, il faut probablement attribuer l'erreur de situation à une interpolation ou à une mauvaise lecture. Quant à Apeiz ou Petia, il y a peut- être aussi mauvaise lecture comme dans le mot Bariarensi au lieu de Bavia- cense. Rien ne démontre du reste qu'Apeiz ou Petia désigne Poix. On peut done trés-bien admettre en thèse générale que le pagus ou la vicairie de Bavai correspondait au doyenné de ce nom. Celui-ci était cir- conscrit au nord par les limites du grand pagus du Hainaut, à l'ouest et au midi par eelles du pagus moyen de Famars, à l'ouest par les bords de la Haine à partir de Condé jusqu'à Saint-Ghislain, à l'orient par le ruisseau passant par Hornu, ensuite par les limites orientales d'Elouges, Dour, War- quignies , Erquennes, Blaugies, Hon-Hergies, Taisnières, Malplaquet, la Lon- gueville, Hargnies et Vieux-Mesnil jusqu'à la Sambre. 1 Duvivier, p. 515. FABLE ALPHABÉTIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE DES OUVRAGES CITÉS DANS LE MÉMOIRE. Imprimés. A An UrnkcuT Dressezauis (J.). Provincie Zeeland in hare aloude gesteldheid beschouwd. Dans les Nieuwe Werken van het Zeeuwsch Genootschap, 4™ partie, 2° fascicule. Middelbourg, 1856; in-8*. ispuck (W.-C.). Nasporingen omtrent het landschap Taxandria. Dans les Nieuwe Werken van de Maatschappij der Nederl. letterkunde te Leyden, V. V, 4858-1841. Dordrecht; in-8°. Acker Sp Amen, Aloude staat en geschiedenis des Vaderlands , 1847-1852; 2 volumes en trois parties, in-8*. ACTA ACADEMIAE Tusopono-ParATINAE. Manheim, 1764 et suivantes; D vol. in-4°. ACTA SANCTORUM Bra. (Voir Gnesguière.) ACTA SANCTORUM quot quot toto orbe coluntur, ex latinis et graecis monumentis collécta, et notis illustrata, a patribus Societatis Jesu. Anvers et Bruxelles, 1645-1865; 50 vol. in-fol. Historia Francorum seu libri V de gestis Francorum. Dans dom Bouquer, Recueil des historiens de France. (Voir ce titre.) Artine (Menso). Notitia Germaniae inferioris. Amsterdam, 1697; 2 part. gr. in-fol. ANPLISSINA COLLECTIO. (Voir Mart ANALEG Amorus, monachus Floriacen et Durano.) Es pour servir à Phistoire ecclésiastique de la Belgique, publiés sous la direction de M. De Ram, par E. Reusens, Kuyl et De Ridder. Louvain, 1864-1870; 7 vol. in-8°. ANNALES de la Société archéologique de Namur. Namur, 1849 et suivantes; 9 vol. gr. in-8°. ANNALES de la Société d'émulation pour l'histoire et les antiquités de la Flandre occidentale. Bruges, 1859 et suivantes; 17 vol. in-8°. Annuaire de la Société historique de France. (Voir Desnoyens.) TABLE ALPHABÉTIQUE Bazperic, Chronicon eameracense et atrebatense. Douai, 1612, in-8°. zx. Regum Francorum capitularia. Paris, 1677 ; 2 vol. in-fol. sr. Histoire eccl que et civile du duché de Luxembourg et du comté de Chiny. Luxembourg 1741-1745; 8 vol. in-4°. eLius. Chronicon gotwicense, seu annales liberi et exempti monasterii gotwicensis. Tegern- sce, 1722; 2 vol. in-fol. ever (Henri). Urkundenbuch zur Geschichte der jetzt die Preussischen Regierungsbezirke Coblentz und Trier bildenden mittelrheinischen Territorien. Coblence, 1860; 2 vol. in-8°. Wintiorn&ouE de l'École des chartes. Paris, 1859-1869 ; 50 vol. in-8^. Binter et Mooren. Die alte und neue Erzdiócese Köln. Mayence; 1825, in-8°. Bowpaw. Charterboek der Hertogen van Gelderland en Graven van Zutphen. Utrecht, 1785; in-fol. Bop (Th.). Histoire de la ville et pays de Liége. Liége, 1755-1757; 5 vol. in-fol. Bouquer (dom Martin). Recueil des historiens des Gaules et de la France. Paris, 4758 et sui- vantes; 22 vol. in-fol. BngQuiGNY (pz) et Du Tuci. Diplomata, chartae, epistolae, ete., t. Ier, Paris, 1791; in-fol. BrequiGny (pe) et Panpessus. Diplomata, chartae, epistolae, lege Galliae spectantia. Paris, 1845 et 1849 ; 2 vol. in-fol. Brouwenus et Masenius. Antiquitatum et annalium Trevirensium libri XXII. Liége, 1670; 2 vol. in-fol. Bucuenivs (Gilles). Belgium Romanum ecclesiasticum et civile. Liége, 1656; in-fol. BurLETINS de l'Académie royale de Belgique, 1856-1870; 50 vol. in-8°. BurLETINS de l'Institut archéologique de Liége. (Voir De Nove.) aliaque instrumenta ad res Tt JurkENs (Christophe). Les trophées tant sacrés que profanes du duché de Brabant. La Haye, 1724-1726; BuzgLiNus (Jean). Gallo-Flandria sacra et profana. Douai, 16 ^ vol. in-fol. >; 2 vol. in-fol. Cc Carmer (dom Augustin). Histoire de la Lorraine. Nancy, 1748; 7 vol. in-fol. Casan. Comentariorum de bello gallico libri VII, édition de Jungerman. Francfort, 4606; in-4°. CuanpoLLioN-FiG i46. Collection de documents historiques inédits tirés des collections manu- serites de la Bibliothèque royale et des Archives. Paris, 1844; 4 vol. in-4^. Garant (Jean). Historia sacra et profana nec non politica, in qua non solum reperiuntur gesta pontificum tungrensium, traj 'elensium et leodiensium, verum etiam pontificum romanorum , etc. Liége, 1612-1618; 5 vol. in-4°, CLuvenius (Philippe). Commentarius de tribus Rheni alveis et ostiis item de quinque populis , quondam accolis, Toxandris, Batavis, ete. Leyden, 1611. Conex principis olim laureshamiensis abbatiae diplomaticus. Manheim , 4768-1770; 5 vol. in-4°. Crozuius. (Voir ACTA ACADEMIAE THEODORO-PALATINAE.) ET BIBLIOGRAPHIQUE. 211 D DE Basr. Recueil d'antiquités romaines et gauloises trouvées dans la Flandre. Gand, 1808, 1809, 1815; 5 vol. in-4°. De Buck (le P. Vietor). Examen historicum libri Verhoeven. Bruxelles, 1847 ; in-8°. — — Vita saneti Dodonis. Bruxelles, 1866; in-8*. Dr Bvrawpr. Commentatio ad questionem qua postulatur descriptio historico - geographica comitatus Flandriae, quo tempore Margarethae, Ludiviei Malani filiae, Philippo audaci, Burgundiae duci, nupsit. Dans les Annales academiae Lovaniensis , 1824-1825 ; in-4°. Dr Guyse (Jacques). Histoire du Hainaut, publiée par le marquis de Fortia d'Urban. Paris, 1826-1858 ; 22 vol. in-8°. DE KurisT (Denis). Historia comitatus Teisterbant. Francfort, 1716; in-4°. DrLocug (Maximilien). Études sur la géographie de la Gaule, dans les tomes II et IV des Mé- moires de l'Académie des inscriptions. Paris, 1856-1857. De Noue (Ch.). Sur quelques noms anciens. Dans les Bulletins de l’Institut archéologique de Liége, t. V et VI. Liége, 1862-1865 ; in-8°. De Reirrenpenc. Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg. Bruxelles, 1844; 6 vol. in-^^. Dr Smer (J.-J.). Corpus chronicorum Flandriae. Recueil des Chroniques de Flandre. Bruxelles, 1857 et suivantes; ^ vol. in-4°. Drsnoyens (J.) Topographie ecclés par la Société de l'histoire de France, 1855 et suivantes; Drs Rocurs, Mémoire sur la question : Quels ont été depuis le commencement. du VII* siécle stique de la France. Dans les Annuaires historiques publiés in-12. jusqu'au IX* siècle exclusivement les limites des différentes contrées, cantons, pays, comtés et états renfermés dans l'étendue qui compose aujourd'hui les dix-sept provinces des Pays- Bas. Dans les Mémoires de l'Académie de Bruxelles. Bruxelles, 1771; in-A^. DE Sen. (Henri). Entstehung. des deutschen Kónigthums. Francfort-sur-Mein, 1844; in-8^, De VappznE (J.-B.). Traité de l'origine des dues de Brabant. Nouvelle édition par J.-N. Paquot. Bruxelles, 17845 9 vol. in-8*. De ViutevrAGNE. Recherches sur l'histoire de la ci-devant principauté de Liége. Liége, 1817; 2 vol. in-8°. Dr Viaminer (A.) Opkomst des lands van Dendermonde. Dans les Annales du cercle archéolo- À gique de Termonde. Termonde, 1869 ; in-8. Dewez. Dictionnaire géographique du royaume des Pays-Bas. Bruxelles, 1819; in-8°, E Histoire particulière des provinces belgiques. Bruxelles, 1816; 5 vol. in-8°, sur la ville de Gand. Gand, 1818; in-8°. Dion Cassius. Historia romana. Hanovre, 1606; in-fol. Doan pr (J.). Histoire de l'abbaye de Saint-Denys en France. Paris, 162 Dousa (Janus). Bataviae, Hollandiaeque Annales. Leyden, 1601; in-4*. kam — Annales rerum a priscis Hollandiae comitibus. La Haye, 4599 ; in-4^. Dronke (Ernest-Frédéric-Jean). Codex diplomaticus Fuldensis. Cassel, 1850; 4 vol. in-#°. vx = Traditiones et antiquitates Fuldenses. Fulda, 4844: in-4°. Dignicx (Ch.-Louis). Appendice aux mémoire: j; in-4*. 212 ABLE ALPHABETIQUE Dusuar. Origines Boicae domus. Nuremberg, 1764; 2 vol. in-4°. Duwnkck (F.-J.). Geographia pagorum aliquot cis Rhenanorum. Berlin, 4817; in-8°. Duvivier (Ch.). Recherches sur le Hainaut ancien. Bruxelles, 1865; 2 vol. in-8°. Ecixuann, Annales Francorum. (Voir dom Bouquer, Recueil des historiens de P 'anee.) Eicuorn (Ch.-Fr.). Deutsche Staats-und Rechtsgechichte. Güttingue, 1854-1856 ; 4 vol. in- 8^. Enwsr. Histoire du duché de Limbourg, suivie de celle des comtes de Daelhem et de Faque- mont, des Annales de l'abbaye de Roldue, publiée par Éd. Lavalleye. Liége, 1857 et suiv.; 7 vol. in-8*. F Facken (Jean-Fréd.). Codex traditionum corbeiensium. Leipzig, 1752; in-fol. e libri IV. Douai, 1617; in-8°. FLopoanp. Historiae remensis ecc G GaLLia CunisriANA , in provincias ecclesiasticas distributa. Paris, 4745 à 1785; 45 vol. in-fol. Gazuor. Histoire générale, ecclésiastique et civile de la ville et comté de Namur. Liége, 1788, 6 vol. in-8°. Guesquière (Joseph). Acta sanctorum selecta. Bruxelles et Tongerloo , 1785 à 1794 ; 6 vol. in-A°. GistEnEn T. Chronica Hannoniae, publiée par le marquis de Chasteler. Bruxelles, 17845 in-4°. Gramaye (Jean-Baptiste). Antiquitates Belgicae. Louvain et Bruxelles , 4768; in-fol. GRANDGAGNAGE (Ch.). Mémoire sur les anciens noms des lieux de la Belgique orientale. Dans le tome XXVI des Mémoires de l'Académie royale de Belgique. Bruxelles , 1855; in-4°. GRANDGAGNAGE (Ch.). Vocabulaire des anciens noms de lieux de la Belgique orientale. Liége, 1859; in-8°. Grimm (J.). Deutsche Rechts alterthümer. Góttingue, 1828; in-8°. — Grenzalterthumer. Dans les Mémoires de l'Académie de Berlin. 4843 ; in-4^. Gnurenus (J.). Inscriptionum romanarum corpus absolutissimum. Amsterdam, 4 616; gr. in-fol; GuéranD (B.). Cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin. aris, 1840, in-4°. — Essai sur le systéme des divisions territoriales de la Gaule. Paris , 1852; in-8". Gunruer. Codex diplomaticus Rheno-Mosellanus. Coblence , 1822 et suiv.; 6 vol. in-8°. H Hense Hoc ous, De tribus Dagobertis , Francorum regibus, diatribus. Anvers, 1655; in-4". iw (Jean). Historia et res gesta pontificum Leodiensium. Dans CnaPEAVILLE, Gesta ponti- ficum Leodiensium , t. Il, pp. 273 à 544. Howrueut (Jean-Nicolas de). Historia Trevirensis diplomatica et pragmatica. Augsbourg, 1750; 5 vol. in-fol. ET BIBLIOGRAPHIQUE. 215 I luserr. Responsio ad questionem : Componatur geographia pagorum illorum vetusta regionum, quae inter Scaldis et Mosae flumina sitae fuere, ete. Dans les Annales de l'Université de Louvain (1817 à 1819). Bruxelles, 1821 ; in-4*. ENTAIRE analytique et chronologique des Archives de la Chambre des comptes à Lille. Lille et Paris, 1865 ; 2 vol. in-4°. Ix Jacors. Géographie historique de la France. Dans la Revue des sociétés savantes, 2" série, t. I, 1859; in-8", Juncker. Anleitung zu der Geographie der Mittlernzeiten. lena, 1712; in-4°. Kervyn DE Lerrennove. Histoire de Flandre. Bruxelles, 1847-505 6 vol. in-80. n-$»? kum (Adrien). Historia critica Hollandiae et Zelandiae. Middelbourg , 1777 ; 2 vol. in-4*. KREMER. Voy. Aer ACADEMIAE THEODORO-PALATINAE. L LacongLe) (Théodore-Joseph). Urkundenbuch für die Geschichte des Niederrheins. Dusseldorf, 1840 à 1858; 5 vol. in-4°. Lavrenniène. Histoire du droit français, précédé d'une introduction sur le droit civil de Rome. Paris, 4846 à 1856; 6 vol. in-8°. Lans Voy. ACTA AcADEMLE TuEODORO-PALATIN.E. 1 y LaNDAU. Die Territorien in Bezug auf ihre Bildung und ihre Entwieklung. Hambourg et Gotha, 1854; in-8*. Le Guay. Cameraeum christianum ou Histoire « gr. in-8°. Le Gray. Glos stique du diocèse de Cambrai. Lille, 1849; re topographique de l'ancien Cambrésis, suivi d'un Recueil de chartes et di- plômes. Cambrai, 1849; in-8°. Le Grav. Revue des Opera diplomatica de Miræus sur les titres reposant aux Archives dépar- temeutales du Nord, à Lille. Bruxelles, 1856; in- Le Vasseur (Jacques). Annales de l'église cathédrale de Noyon. Paris, 1655 ; in-4°. Locnon (Auguste). Études sur les pagi de la Gaule. Paris, 1869; in-8°; et dans la Bibliothèque des ħautes études. M MabiLLON (Jean), n'Acurny et Ruinanr. Acta sanetorum ordinis sancti Benedieti, in saeculorum classes distributa. Paris, 1668 et suiv.; 9 vol. in-fol. MARBILLON (Jean) et Manrëne. Annales ordinis saneti Benedicti. Lucques, 1759-1740; 6 vol. in-fol. Tone XXXIX. x 214 TABLE ALPHABÉTIQUE ManiLLON (Jean). De re diplomatica. Paris, 1709; in-fol. Maznance (Jacques). De Morinis et Morinorum rebus. Tournai, 1659 à 1654 ; 5 vol. in-4°. ManrENE et DunaNp. Thesaurus novus anecdotorum. Paris, 4717 et suiv.; 5 vol. in-fol. — — Veterorum scriptorum et monumentorum historicorum amplissima col- lectio. Paris, 1724 à 1755; 9 vol. in-fol. Marrnæus (A.). Veteris aevi analecta, sive vetera monumenta hactenus nondum visa, quibus continentur scriptores varii qui praecipue historiam belgieam memoriae prodiderunt. La Haye, 1758; 5 vol. in-4^. Meyer. Flandricarum rerum, t. X. Bruges, 1351 ; in-4°. Minus. Notitia ecclesiarum Belgii. Anvers , 1650; in-12. Minus et Foppens. Opera diplomatica. Bruxelles, 1725-1748 ; 4 vol. in-fol. Moranus (Jean). Historic Lovaniensium libre XIV, édit. De Ram. Bruxelles, 1861 ; 2 vol. in-4°. Movskis (Ph.). Chronique rimée, édit. de Reiffenberg. Bruxelles, 1856-1858; 2 vol. in-4°. o Orosius (Paul). Historiae. Cologne, 1561 ; in-8°. Ourreman (Pierre d’). Histoire de la ville et comté de Valenciennes. Valenciennes, 1687 ; in-fol. P PaAuLLINUS (Fr.). Geographia curiosa , seu de pagis. Francfort-sur-Mein, 1699 ; in-4°, Perrz (Georges-Henri). Monumenta Germaniae historica. Hanovre et Berlin, 1826 et suiv.; 15 vol. in-fol. Pmuippe, abbé de Bonne-Espérance. Opera omnia. Douai, 1620 ; in-fol. „Pior (Ch.). Cartulaire de l'abbaye de Saint- Trond, t. 1°". Bruxelles, 1870; in-4^. Das secundus. Naturalis historiae lib. XXXVII, édition du père Hardouin. Paris, 1741 ; 2 vol. in-fol. Pontanus. Disceptiones chorographicae de Rheni divortiis atque ostiis eorumque accolis po- pulis. Harderwijk , 1617 ; in-8°. Procemæus (CL, Geographiae lib. VIII, graeco latini. Francfort, 1605; in-fol. R Raëpsar. Précis topographique de l’ancienne Belgique au tome IH de ses OZuvres completes. Gand, 1858; in-8°. Raiken. Discours prononcés à la Cour d'appel de Liége en 1851, 1852, 1855 et 1854. Liége, 1851 à 1854; in-8°. Raiken et Bous, Coutumes du pays de Liége, t. I". Bruxelles, 1870 ; in-4^. Recueis des historiens des Gaules et de la France. Voy. Bouquer. Rirz. Urkunden und Abhandelungen für Geschichte des Niederrheins und Niotstatiest Aix-la- Chapelle, 1824; in-8°. ET BIBLIOGRAPHIQUE. 915 Rogenri (J.). Historia S" Huberti, principis Aquitani. Luxembourg, 1621 ; in-4°. RoDERIQUE (Ignace). Disputationes de abbatibus, origine primaeva et hodierna constitutione abbatiarum inter se unitarum malmundariensis et stabulensis. Wittenberg, 1798; in-fol. . SANDERUS (Antoine). Flandria illustrata. La Haye, 1755; 5 vol. in-fol. ScnanNar (Jean-Fréd.). Corpus traditionum Fuldensium. Leipzig, 1724 ; in-fol. '" Samaygs et Pior. Les Pays-Bas et la Belgique avant et pendant la domination des Romains. Bruxelles, 1858-59; 5 vol. in-8°. SCHELSTRATE. Voy. VAN SCHELSTRATE. SCHERRER (J.). Die Gallier und ihre Verfassung. Heidelberg, 1865; in-8°. Scuoonsroonr (J.-G.). Inventaire analytique et chronologique des chartes du chapitre de Saint- Lambert, à Liége. Liége, 1865; in-4°. SERRURE (P.). Cartulaire de Saint-Bavon à Gand. In-4° (ouvrage i inachevé). Stariy. Wirtembergische Geschichte. Stuttgart, 1841 à 1870; 4 vol. in-8°. Srhanoy. Rerum geographicarum libri XVII, cum notis Casauboni. Amsterdam, 1707 ; 2 vol. in-fol. Sruwr, Die Reichkantzler. Inspruck, 1865 et suiv.; 2 vol. in-12 (ouvrage inachevé). Sueronus TranquiLLus. De Gallis. Leiden, 4656; in-8°. T Tacite (Corneille). Opera omnia, édit. de Juste-Lipse. Leiden, 1590; in-8°. TARLIER (J.) et Waurers (Alph.). La Belgique ancienne et moderne. Bruxelles, 1859 et suiv.; 5 vol. grand in-8°. Trnurex (Alexandre). Layettes du trésor des chartes, t. I". Dans les Znventaires et documents, publiés par ordre de l'empereur sous la direction de M. le comte de Laborde. Paris, 1865; in-4°, Tuvpicuoy (Fréd.). Die Gau- und Mark Verfassung in Deutschland. Giessen, 1860 ; in-8". l'uvsius (Isfridus). Dissertatio historico-critica de veteris Belgii statu. Dans le tome VII, 1" série des Comptes rendus des séances de la Commission royale d'histoire. v VALESIUS Ca Notitia Galliarum. Paris, 4675; in-fol. Vanpen Bere (L.-Ph.-C.). Handboek der a TEE geographie. Leiden, 1852; in-8°. VANDEN ENDE ou Evnpius. Chronici Zelandiae lib. II. 1654 ; in-4°. Vanne PurrE E (F.). Annales abbatiae Santi-Petri blandiniensis. and, 1842; in-4*. VAN LOKEREN (A.). Histoire de l'abbaye de Saint-Bavon à Gand. Gand, 48553 in-A*. SE et doeuments de I ‘abbaye de Saint-Pierre au mont Blandin à G and. Gand, 1868; 2 vol. in-4*. 216 TABLE ALPHABÉTIQU Van SCHELSTRATE (Em.). Antiquitates eeclesiae orientalis. Londres, 1682; 2 vol. in-8°. Van Spaen (A.). Oordeelkundige inleiding tot de historie van Gelderland. Utrecht, 1801-1805; ^ vol. in-8*. Varın (P.). Archives administratives de la ville de Reims. Paris, 1859 et suiv.; 2 tomes in-4" en 4 volume Vrepius. Flandria vetus sive Ethnica. Dans le tome Ier de ses OEuvres complètes. Bruges, 1650: in-fol. WW Warrz. Deutsche Verfassungsgeschichte. Kiel, 1844 à 4861; 4 vol. in-8°. WALCKENAER. Geographie ancienne historique et comparée des Gaules. Paris, 1839; 5 vol. in-8' et un atlas. Warrer. Deutsche Rechtsgeschichte. Bonn, 1852; in-8*. Warngoenic. Histoire de la Flandre. Bruxelles, 1855 et suiv.; 2 vol. in-8°. WanxkorNiG et Gérard. Histoire des Carolingiens. Bruxelles, 1862; 2 vol. in-8°. "ique, 2"* édition. Bruxelles, 1788; 2 vol. in-8°. WasrELAIN. Description de la Gaule be Waurers (Alphonse). Histoire des environs de Bruxelles. Bruxelles, 4855; 5 vol. in-8". — — Nouvelles études sur la géographie ancienne de la Belgique. Bruxelles, 1869 et suiv.; in-12. Weisse. Die Grundlagen der früheren Ver Wesrexporr. Verhandeling over de Morini, de Menapii, den portus Itius, de Toxandri en de Salii. Dans les Verhandelingen der tweede klasse van het koninklijk nederlandsche insti- tuut van wetenschappen, letterkunde en schoone kunsten, t. IV, pp. 125 à 129. Amsterdam, 1827; in-4*. Wm, Disputatio historica qua clari ssung Deutschlands. Leipzig, 1856 ; in-8°. sse veros jme et eruditissime ostenditur Hannones Nervios, non vero Tornacenses. Dans le tome I* des Monuments anciens pour servir å l'histoire du Hainaut, ete., par de Reiffenberg; Préliminaires, p. LXXxvI. Wiruem. Lucilibursum romanum, édition de Neyen. Luxembourg, 1842; in-4°. — Vita S" Dagoberti. Trèves, 1655; in-4°. — Notae historicae in Gregorii Turonici narrationem de sancto Vulfilaieo. Dans les VII. Comptes rendus de la Commission royale d'histoire, 4™ sér. Manuscrits. Cuanraier de l'abbaye de Ghislenghien. Aux Archives générales du royaume à Bruxelles. -— du chapitre de Selayne. Aux Archives générales du royaume à Bruxelles. CAnrULAmE du chapitre de Soignies. Conservé dans les archives de l'église paroissiale de cette ville. CanrULAIRE des évêques de Tournai. Aux Archives générales du royaume à Bruxelles, n° 54 des MSS. ET BIBLIOGRAPHIQUE. 217 Cawrurame de l'abbaye de Saint-Martin à Tournai. Aux Archives générales du royaume à Bruxelles, n° 119 des MSS. CarruLame de l'abbaye de Waulsort. Aux Archives générales du royaume à Bruxelles, n° 146". Recisrres aux recensements des habitants des doyennés d'Arlon , Bastogne, Bittbourg , Graide, lvoix, Juvigny, Rochefort, Longuion, Mersch et Remich, dressés vers 1766. 12 volumes manuscrits, conservés aux Archives du royaume à Bruxelles, et cotés n°° 226 à 256 et 259 des registres de la jointe des administrations. Ces registres renseignent non-seulement les noms des habitants par paroisses, mai aue si par hameaux et par dépendances. Cartes, Care de l’ancien diocèse de Térouane avant MDLIII et des diocèses de Boulogne, de S'-Omer et d'Ypres qui ont été érigés dans la circonscription. Carre de l’ancien évêché de Tournai; dans l'histoire de l'évêché de Bruges, par Canneel. -— dela Zélande, dre sée en 1540, par l'ingénieur Jacques Horebant; dans l'établissement géographique de M. Vander Maelen, à Bruxelles. Cette carte fournit des renseignements, pré ux en ce qui concerne plusieurs localités du Mempise qui ont été submergées, et le cours ancien de l'Escaut. Kaan der nederlandsche bisdommen met hunne oudste verdeeling in aartsdiakonaten en deka- naten , door Alberdingk-Thijm. —— M iot — x. m. Les noms des pagi imprimés en petite Les noms topographiques en caraet ités dans les tableaux des pagi. Les noms imprimés dans les mêmes c au texte. A (D), rivière, xt, 6, 10, 14, 24, 33, € Aalburg, 78. Aalst—Haeslaos, 74. Absinthia (la rivière d’), 32. Acalia, 168. Achiniagas. Voy. Haulchin Achtine. Voy. Astene. * Ac 174. Addebace, 163. * Adegem — Addingahem ou Hattingim, 21, 32. Adratina, 464. * Aduno, 468. * Aeltre—Hal * Aerscelo— Arcella, 24. Aerseele, 53. Aetimundi silva. Voy. Neumont AMiligehem. Voy. Avelghem. * Milighem—Hafllingem, 90. * Afné—Afsnis, 54. Afsné, 46. Agniona, fleuve, XI. Agripinensium civitas, Ahat. Voy. Ath. Ahtene, Voy. Astene. Aingem. Voy. Aygem. Aire, 5, 6. Ais. Voy. Asch en Campine. A ABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DES LIEUX. Aix-la-Chapelle, x1, 20, 132. Aix-la-Chapelle (le district d’), vin, 4 AIX-LA-CHAPELLE (le petit pagus d'), 4 * Akkerghem—Ekkerengem, 54. * Alain—Alemium ou Allenium, 90. Albinium. Voy. Aublain. Alblivi. Voy. Amblève. Albuinsezit (la terre de), 106. Albuniaeo, Voy. Harbignies. Aldanias. Voy. Odeigne. Aldenbourg et Adebure, Voy. Oudenhourg. Aldina, 164. Aldringen, Voy. Audrange. Alemium ou Allenium. Voy. Alain. Alfheim ou Alpheim. Foy. Alphen. Alle, 172. Allemagne (les pagi de l’), X1, Nut. Allodium. Voy. Lalue. Alne (l'abbaye d), 183, 486, 187. Alnit. Voy. Oneux. * Alost—Alosta, 90. Alost (le doyenné d"), 11. Alost (le pays d’), 88. Alosta ou Domus Stephani. Voy. Donstiennes. * Alphen— Alfheim ou Alpheim, 74. Alsonia. Voy. Ossogne. Alsuntiæ ou Alsencensis pagus. Voy. Alzette 220 TABLE ALPHABÉTIQUE Altaripa. Voy. Autryve et Atrives Altheim, 124, note. Altlinster, 467. Altoporto. Voy. Bienne-lez-Happart. Altus-Mons. Voy. Hautmont. Alzette AL rivière, 441, 142, 162. pagus de V), 443, 166. Amarne. Voy. Amas. * Amas sous Ocqt -Amarne, 131. * Amas (D), riviere—Marne, 151. * Amberloup—Amerlaus , 144. Ambianensium civitas, v. * Amblève (l'), riviere—Alblivi , 424. Amblève (1), rivière, 432, 434, 142, 147, 148, 149, 155. * Ambron, 108. Voy. aussi Amren. Amel—Amella, 163. * Amelsberg , 85. Amfroipret , 203. Amiens, v. Amobriengeheim. Voy. Woubrechtegem. Ampolinis. Voy. Le Rœulx. Amren , 124, note. Andagium. Voy. St-Hubert. Andenne (le doyenné d, 413. ANDE] * Anderlecht—Andrelech , 90. * Anderlu Anderlobia , 192, 196. Anderlues , 208. * Auderluvio, 91. (le pagus d’), 456. Anetyers, Voy. Ennetié * Angleur — Angledura , 426. * Angre—Angra, 192. Voy. aussi Dangra. Angrisia , 76, T7. * Anloy—Mansus Wandelaicus, 144 Anloy, 457. * Auncelin, 63. Anor, 192, Anthée, 189. * Antoing—Antunio, 40. * Anvaing — Anvinium, 91. * Any Anv Anver: s—Antverpum, 82. note, 7, 17,79. (l'archidiaconé d"), 82, 191. Anv le comté d’), Voy. Ryen. Anseremme, 159, 460, * Ansuelles—Haincuelles, 192 * Anthisne— Antina, 451. * Apeiz, 192. Apeiz , 206, 207. Apine ou Apines, Voy. Epen. Aquis, Achgauw, ete. Voy. Aix-la-Chapelle. * Arcela, 61. Arcella. Voy. Aerseele. Arche, 117. * Ardenbourg—Rodenburch , 21, 32. Ardenbourg, 40, 47. Ardenbourg (le doyenné d’), 44, note 4. ARDENBOURG (le petit pagus d’), 34. Ardenbourg (le petit pagus d’), 44, 26. Ardenbourg (le territoire d’), 90, 24. Ardennes (les), 11. Ardennes (l'archidiaconé des), ut, 447. Ardennes (la forêt des), ARDENNES (le grand pagus des), , Ardennes (le grand pagus des), IX, X111, 129, 17: ARDENNES (le pagus moyen des), 148. Ardennes (le pays d"), 1x, 29 note, 437, 140. * Ardoye—Hardova, 7. Ardoye, 48, Arendonck, 82. * Argenteau , 410. Argilinga. Voy. Audrange. Argonne (UL, 463. Arlon—Erlont, 20, 163, 164, 165. Arlon (le doyenné d’), 465. Arlon (le marquisat d"), 142, ARLON (le pagus moyen d’), 163. Arlon (le pagus moyen d'), 143. Arlon (le pays d"), 462. Armentières, 6, Arquennes, 103, 481. Arques (le doyenné Arras, v. Arterino. Voy. Artin. * Artin sous Clarier—Arterino, 151. * Arville—Aprivilla, 444. Arville, 443, 487. Asch et Niel, 427. Asia. Voy. Assche. Asch, 415. Asche-en-Campine—Ais, 108. DES NOM * Asch-en-Refail—Ascur, 108. 1-en-Refail , 415, Asnatiga. Voy. Ernage. Asnoit, Voy. Aulnay. Asnoth. Voy. Assent. * Asper—Haspera, 4T. * Assche—Asia, 91. Assebrouck, 33. Assenede, 33. Assenois, 147, 149. * Assent—Asnoth , 408. Assent, 116. * Astene—Astine, Astenneria, etc., 54 * Ath—Ahat, 91. Atrabatum civitas, v. Atrebates , 69. * Atrives—Altaripa , 108. Attert, 466, 168. Atuatiques, 456. * Aublain—Albinium , 474. Aublain, 459, * Aucy—Ausegias , 144. Auer, 143. Audeghem—Odengem , 91. Audenarde (le doyenné d"), 44 note 1, 39. * Audrange— Audrange, 143. Baarle, 84, 415. ` Baarle-Duc et Baarle-Nassau— Barle , 85. Bacceninghem. Voy. Beekeningen. Baceroth, Voy. Saint-Amand-lez-Puers, Bachant, 203, Badengem. Voy. Beygem, Jadensvliet, cours d'eau, 33. Badfride. Voy. Battel, Bael, 82, Baclegem, 406, Baerla, 25, 26, 39, * Baerle sous Tronchiennes— Barloria , 40, 5 Baerle sous Tronchiennes , 39, ^ Baevegem—Bavingehem, 91. Bailleuil, 5. Tome XXXIX. S DES LIEU? 221 * Aulne (le boi sous Aywaille—Halsinas, 151. * Aulnoy—Asnoit , 192. Autrigium. Voy. Hautrage. * Autryve—Altaripa, 47. Autryve, 50. * Auwegem—Aldengem, 47. Auwegem, 53. 3 * Avelghem —Afllighem, 40, 43, 4 Avelghem , 39. AVERNAS (le comté d), 417. Avernas (le comté d'), 144. Avesnelles , 196. Avesnes (le doyenné d), 206. * Avesnes-le-Sec — Siccis Avenis, 1€ * Avin, 108. Avlingehem. Voy. Avelghem. * Awagne sous Lisogne—Navania ou Wavaniu, 451. * Awans, 108. * Awenne-lez-S'-Hubert, 146. Awenne, 148. * Axel—Axla, 21. Axel, 26, 52. Aygem—Aingem, 91. * Aywaille—Aquala, 144, 451. Aywaille, 139, 143. Bailleul (le doyenné de) Bailleux—Balliodium , 161, 163. Baillonville, 155. Baina. Voy. Bende. * Baisieux—Baiseium , 193. * Baisy— Baisinum, 183. * Baives—Bavia , 204. Baliolis. Voy. Beaulieu sous Havré et Belæil Baltersande, Voy. Bautersande. Bamingem. Voy. Baevegem. Bar (la), rivière, 172. * Barbançon—Barbanzon , 174. Barbançon, 186. Barcelinga. Voy. Bereldange. 51. 51 * Barcenne sous Ciney— Barsina , TABL 222 Jarcenne, 455. Jareilla, Voy. Barcy. y sous Flostoy— Baricilla, super Gorbia , 151. Barevel. Voy. Barvean. Barla. Voy. Basele. Barloria. Voy. Baerle. * Barse sous Vierset—Harz , 451. Barsina. Voy. Barcenne , 1451. * Barvaux-Condroz—Barevel , 451. 55. Barvaux-Condroz, 4 j -Bellain—Belsonacum, Beslanga, Bislanc, 144. * Baschot—Hoccascaute, 74, * Basele—Basingasele , Barla ou Barscela, 54. 61. Basele, 61. Baslium ou Haslud. Voy. Op-Hasselt. Basse-Lorraine , 443. Bassevelde , 38. * Bastogne—Bastonica, 144. Bastogne, 143. BASTOGNE (le comté de), 149. Bataves, 36. * pattel — Badfride, 82. Battiniacus , 486. Voy. a B ssi Bertignon. audour, 109. * Baulers—Bolarium ou Ballaria, 91, * Bautersande— Baltersande, 21. * Bautersande, 26. * Bauvin, 63. I Bavai (la vi avai, VIT. airie de) , IX. Bavai (l'évéché de), 43. Bavar (le petit pagus on la vicairie de), 206. * Bavissiau—Baviscis, 207. Bazuel, 496. Bazuel , 492. * Bearu, 108. -Baliolis, 193. * Beaulieu sous Hav * Beaumont, 480. Beaumont, 173. Beaurepaire, 192. Beausaint, 148. Beauvais, V. Jeauwelz , 481. * Beclers. Voy. Berclyrs , 91. ALPHABÉTIQU * Beekeningen— Baeceningahem, 46, 47. Beekeninghen, 39. Becrendrecht, 82. Beeringen, 124. >eernem {Berneham), 7. Beernem, 48. JYeersel — Bersala, 91. Beez—B Beggynendyck , 82, 145. * Bekeghem—Bettingem, 24. * Belcele—Bogastella, 61. Belgica prima, v. Belgica secunda, 111, v. Bella ou Bellavieum. Voy. Schellebelle. Bellain—Bislan, 436. Bellecourt, 481. * Bellem—Bellingeberege , 54. Bellingeberege ou Bellingaberega. Voy. Bellem Bellovacorum civitas, v. * Belæil—Baliolis, M. Belrinio, XI. Belsonacum , Beslanga ou Bislane. Voy. Bas-Bel lain. Belvaux, 147. * Bende sous Vervoz— Baina, 151. * Bennon (les moers de), prés d'Oostbourg-- Me reno ou Merina, 21. * Bénonchamp—Benutzfelt , 444. Jerbrogium. Voy. Bouvry. Bere. Bercheux, 4 Berda. Voy. Kakelbeke. s. Voy. Bicrcée, #7. * Bereldanges— Burcelinga, 167. Berg, 412, 427. Berga. Voy. Bergues-Saint-Winoc. * Bergh sous Nevele, 54. Bergh. Voy. Odilienberg. Bergine. Voy. Uythergen. Bergom. Voy. Geertruidenberg. Berg-op-Zoom, 71, 72, 73, 79. saint-Winoc: * Bergue Berga, 21. Bergues-Saint - Winoc , 5, 6, 24. Bergues-Saint-Winoc (le doyenné de), 29, 33. aint-Winoc (le quartier de), 34. Bergues Berismenil, 455. Bermereis. Voy. Biesmerées, DES NOMS DES LIEU * Bermerin — Bermeren, 193. Bersaela, Voy. Beersel. Bersi * Bersillies-les-Bois—Bersiseias, 193. Jerteneourt—Bertoldocurtis , 163. Berthem, 34, 102, Bertheville— Bertevilla , 163. * Bertignon— Battiniaeus , 475. * Bertogne—Berthonia , 144. Bertrange, 460. * Berttrechies—Bertriccias, 207 Beseura, Voy. Cambe. Bellingen. Voy. Bellain. Bétasiens, 69. Bétauw (le), 194. Beteberch, 463. Bettange — Bettoniacum , 163. Bettange , 466. Bettborn, 465. Bettingen. Voy. Bekeghem. Jettrechies—Bertricias, 207. Beurnes, Voy. Buvriunes. * Beveren— Beverna , 21. ` Beveren-lez-Audenarde—Beverna , # Beveris, Voy. Bièvres. Beverna. Voy. Biesme. 33. Bevrene, Voy. Bievenne. Beverna , rivière * Beygem—Budengem , 91. Beysem , 402. Bibonismons. Voy. Bomont. * Bienne-Iez-Huppart—Altporto, 193. * Biercée — Berceis , 475. e, 186. Biesbosch, 13. * piesme—Beverna , 475. 26 Biesme-sous-Thuin, 186. Biesmerées— Bermereis, 175 Biesuth (le comté de), 406. Biettine. Voy. Buchten. * Bievenne— Bevrene, 94. * Bievres— Beve ris, 144. Bièvres, 457, 489, * Bihain—Bisanch, 444. * Bilsen—Bilsen, 108. Bilsen, 127. jn I5 ho n9 Si * Bioul— Biblionaeus, 475. Bisit (le comté de), 406. Bislan. Voy. Bellain. Bitbourg , 162. Bitbourg (le pagus de), 136, 143. Blandinium. Voy. Gand. * Blandonium, 130, Blarica, 464. Blaricge. Voy. Blerick. Blaugis, 208. * Blerick—Blariege, 126. * Blitgeresweilere , 133. * Blommenhof—Blowanseote, 82. Bobanschot. Voy. Baschot. Bockel—Budielar , T4. Boeseghem , xt, 2, 5, 40. * Boeseghem—Bussinghem , T. * Boesinghe—Boscrich , 21. Boesinghe, 2%, 40 note 4, 85. * Bogaerde, sous Maldegem—Bonarda, Bonart, ou Bogarda , T. Bogaerde, 48. Borgastella. Voy. Belcele. Bois-de-Villers , 487. * Bois et Borsu, 451. Bois-le-Duc , 491. Boisschot, 82. Bois-Seigneur-Isaae , 102. Bokhoven, 73. Bolarium ou Ballaria. Voy. Baulers. Bolinge. Voy. Boulange. * Bolinnes, 409. Bolo. Foy. Bouwel. Boltersande. Voy. Bautersande Bomont—Bibonismont , 163. Boncourt— Bononecurtis , 163. Bonheyden , 81. Bononiensium civitas, v. Boortmeerbeek , 102. Borcette , 132. Borcido. Voy. Borsu, 151. * Borgne (la taille de)—Silva Brolium , 204. * Borsbeke— Bursbeka , 92. * Borsu sous Bois-et-Borsu—Borcido, 151. Boserieh. Voy. Boeseghem. * Bossuyt— Bossuth , 4T. 224 TABLE ALPHABÉTIQUE Bossuyt, * Bottelaere—Puotlara , 92, Bottelaere, 27 note 2. ouchaute, 33, 52. s Boucholt. Voy. Bouchout. * Bouchout—Boucholt ou Bucwalde , 82. * Boucle-St-Denis, 97, 101. * Bouffioulx —Bufiols, 175, 183. * Bouillon—Bullam , 144. Bouillon, 157. Boulange— Bolinge , Brancelinge , 163. Boulogne , 17. Boulogne—Bolania , 193. Boulogne (la fosse de), 6 note 8. Bour, 166, * Bourbourg—Brughburgh, 21. Bourbourg, 6, 24. Bourbourg (le doyenné de), 33. Bourbourg (le quartier de), 34. Bourey—Burcido, 444. * Bourseigne-Neuve—Novis Bursinis, 144. Jourseigne—Neuve , 157, 173. Joussu— Bossuth , 193. * Bouvignies—Bovingas , 145. Bouvignies , 66, 67. * Bouvines—Bovinas , #1. Bouvroy, 166. Bouvry—Berbrogium , 66. * Bouwel—Bolo, 82. Bovernias. Voy. Buverniat. Bovesse, 182, 185, 189. Bovinas, Voy. Bouvines. sant. Voy. Braibant. Brabant (le), 5, 19. abant (l'archidiaconé du), au diocèse de Cam brai, rt, 409, 491. Brabant (l'archidiaconé du), au diocèse de Liege, ur, 1v, 90, 413. Brabant (le duché de), xur. BRABANT (le grand pagus du), 90. Brabant (le grand pagus du), 1X. note 4, XI, XV, 16,19, 52, 53, 72, 74, 81, 88, 47, 192. BRABANT (les pagi moyens du), 103. Brabant (le ruisseau de), 89. Brachelarium. Voy. Brakel. Brackman (le cours d'eau dit), 33. Br Bragmento. Voy. Brabant. s. Voy. Bras, 158. * Braibant - Brabante, 451. Braibant, 152. * Braine—Breina ou Briena , 92. * Braine-le-Château—Braina Castellum , 92. * Braine-le-Comte—Brena Wilhota , 92. Braine-le-Comte, 409, 403, * Braives—Brevia ou Broniet , 108. Braives, 118. * Brakel sous Laethem - Saint- Martin—Brakela , 41, 54. brakel sous Laethem-Saint-Martin , 39. Brancelinga. Voy Boulange. * Bras-lez-Saint- Hubert —Braetis , 458. Bratuspantium, 88. Braugis. Voy. Breaugi * Braunlauf — Braunafa , 143. * Bray—Brac, 193. Breena ou Briena. Voy. Braine. , 193. * Breaugies — Braug, Bretagne, 5 note 3. * Broeken (tenj—Brouch , 21. Brogne, 189. Broila. Voy. Meriville. Brolium (Sylva), Voy. Brogne. Bronium. Voy. Saint-Gérard. * Broqueroit, 198. * Broqueroit (la forêt de) — Brokeroi , 92, Brouch. Voy. Brocken. Brovia et Bronia. Voy. Braives. * Bruccom sous Leeuw-Saint- Pierre-—Bruchein ou Brochem, 92. Brugeron (le comté de). Voy. Brunengeruz. Bruges—h rugias , 21 Bruges , 1, 15,47. Bruges (l'arehidiaconé de), 44 note 1. Bruges (le doyenné de), 44 note 1, 30. Bruges (le territoire de), 20, 2%, Brughburgh. Voy. Bourbourg. Brugias. Voy. Bruges. * Brugsken sous Wichelen, 92, Brullon, 6. Bruly, 172. BRUNENGERUZ (le comté de), 416. Brunengeruz (le comté de), 443. * Brunna, 44, 34. Brunna, 39. Brunnum, 464. Bruocsella. Voy. Bruxelles. * Brussegem— Bursinghem, 92, * Bruxelles—Bruocsella, 99. Bruxelles , 88 Bruxelles (l'archidiaconé de), n1, 1v , 81, 491. Bruxelles (le comté de), 104. Bry , 903, * Bucalhem ou Bucelhim, 54. Bucalhem, 39. * Buchten—Biettine, 196. * Bucingehim , 40. Voy. aussi Beekeningen. Buewalde, Voy. Bouchout. * Budel—Budilio , 73. Budersberg —Busmerbereh,, 163. Budielarvilla. Voy. Bockel. Budilio. Voy, Budel. Bueken , 102, Buety—Nebura, 443. Bufiols, Voy. Bouffioulx. * Buggesele sous Saint-Michel — Buggesela, 21. Cackenbeka, Voy. Kakelbeke, n IY aeneghem—Caningahem ou Canengem, 7. Caeneghem, 53. Caester, 34. Caggevinne, 446. Calais, 94, Calco. Voy. Chooz. Caldina. Voy. Schaltin. Calètes, 36. Calken, 60. * Calloo, 55. Calviniaca ( . Voy. Cavin. Xalvus-Mons. Voy. Chaumont sous Florennes. * Cambe (les scores de) sous Oosthourg—Cum heseura ou Cambheseura, 29, 29. Cambrai, v. Cambrai (la civitas de), 111, 1v, V, XI note BLE ALPHABÉTIQUE * Buissonville, 153. Bullam. Voy. Bouillon, Buningerrotha. Voy. Sommeringerotha. Bura. Voy. Pure. Burcid , 439. * Bure—Burias ou Burs, 445, 158. Bure, 157. Burente. Voy. Deurne. * Buret sous Tavigny—Barris ou Burris, 145. Yuriclarum , 54. Bursbeka. Voy Borsheke. Bursinghem. Voy. Brussegem * Burst—Bursitia , 92. Burtz. Voy. Burcid. Busia. Voy. Buzin. * Busin sous Verlée— Busin , 151. * Busloth , 75. Busmerberch. Voy. Budesberg. ) * pusnirs , € Bossuth. Foy. Bossuyt, Boussu et Rooborst * Büverniat —Bovernias, 175. Buverniat, 187. Buvrinnes —Beurnes , 195 * Buyseghem, 83. Cambrai (l'arehidiaconé dej. 191, 200. Cambrai (l'évêché de), 1, 74, 491. Cambrai (le pagus de), 103, 200. * Cambron—Cambrione , 92. * Campenhout —Campenholt , 92. * Camphin—Camvin, 63. Camphin en Pevele, 51. Campine, 29 note. * Caneghem, 63. * Capelle— Capella , 193. Caprinium. Voy. Quiévrain. Carboz, 162. CAREBANT (le petit pagus du). Carebant (le petit pagus du), 6, 14, 30. Careica, Voy. Chery. Cari man , 462. Voy. aussi Ivoix * Carinium , 152. 225 226 DES NOMS DES LIEUX. * Carnières, 193. * Carnin—Carvin , 63. Cassel, 2, 5, 8, 47, 34, 35. Ca (le quartier de), 34. à * Casteau— Castellum, 193. Casteau, 102, 499. Castellum. Voy. Casteau et Mons, Castellum. Menapiorum. Voy. Cassel. Casterlé, 82. * Castillon—Castillion, 475. Castillon, 487. Castre-lez-Halle— Castris , 92. CASTRICE (le pagus moyen de), 172. Castrice (le pagus ou comté de), 161. Castritium, Voy. Chastre. , 192. Câteau-Cambrés Catellaunorum civitas, v. Caulille, 78. Caurinio. Foy. Gaurain. Cavin—Calviniaca , 402, Cella. Voy. Saint-Ghislain. T Cenelia, 118 note. Cella-Sancte-Trinitatis. Voy. Petit Crépin. Ceninga , Geninga ou Leninga. Voy. Driesch, Ceninga , 87. Voy. aussi Eninge. Cerfontaine, 188, Chalcédoine (le concile de), 11. Chálons-sur-Marne, v. Chandriga. Voy. Hedrée. * Charbeaux-sous-Puilly—Carboch , 168. Charbeaux-sous-Puilly—Charboch, 163,165. * Charleroi, 183. * Charnoi—Karnoit, 483. Chaspierre , 169. * Chastres—Castritium, 475. Chastrés , 188. * Chaumont sous Florennes— Calvus-Mons , 175, Chaumont, 115, 417. Chavane, 449, ica, 163. Chery — Ca: * Chevesne sous Sart-la-Brussière — Chuine 193. * Chevetogne, 453. Chevetogne, Cheym. Voy. Kain. Chiers (la), rivière, 162, 172, * Chievremont —Novum Castellum , 430. Chievremont—Novum Castrum, 137. Chimay (le doyenné de), 459, 481, 190. * Chooz—Calco, 175. Chooz, 189. Chruchten— Crufta , 163. Chuinegas. Voy. Chevesne. Cimbersaca ou Cymbersake, Foy. Semmersaeke * Ciney, 154. Cisonium, Voy. Cysoing. * Clair-Voyant—Clarus-Voionus , 204 Clarus-Mons. Voy. Clermont. * Clavier, 451. Clehiham, Voy. Kayem. * Clermont—Clarus-Mons, 475. Clermont, 187. * Clummen— Cluma , 126. Coclara ou Coclers ou Cokenelare, Voy. Coucke lacre, Cologne, V. Cologne (le diocèse de), 11, 415, 132, 448. * Comblain-au-Pont , 153. Commines, 34. * Condé—Condatum , 92, 493. Condé, 102, 491, 499, 208. Condroz (l'archidiaconé du), 11, 443, 432, 447, 454. CoNDROZ (le pagus moyen du), 449. Condroz (le pagus moyen du), v note 3, 129, 436, 498, 144, 142, 443, 148, 174. Condruses , 117, Condustrin, Condr "um. Voy. Condroz. Conflans— Confluentis , 463. * Consolre—Consorne, 494. Constum—Constumb, 439, 448. Corbeek-Dyle, 102. * Corbion—Courbio, 458. Corbion , 472, 189. Cornelis Munster, 143. * Corswarem — Corworomo, 108. * Cortil sous Mortier—Curcella ou Curtilla, 430. * Cortil-Noirmont—Curtily, 183. Cortil —Noirmont, 186. Cortil-Wodon, 186. Cortracensis pagus. Voy. Courtrai. * Corulis, 63. * Coten, au métier de Bruges—Cota, 21 TABLE ALPHABÉTIQUE * Coukelacre—Coclara, Coclers, Cokenelare, 8. 22, Couckelaere, 10, 47, 48, 19. Cour-sur-Heure—Curt, 175, 188. Courtrai, 43. Courtrai (le doyenné de), 30, 3 Courrrat (le petit pagus de), 45. Courtrai (le petit pagus de), X. 8,14, 15, 25, 27, 30, 34, 35, 39, 53, 58. Coutiches, 67. * Couvin—Cubinium, 175. Couvin , 159, 489, 190. * Coyghem— Culingahem ou Culingim , 47. Coyghem, 50. * Crainhem—Crainham, 92. * Crespin — Grispin, 194. * Croix—Crux, 194, 202. * Croix -Rouveroy—Licroiz ou Crux , 194. Croix-Rouge, 166. Crombeke , x1, 2, 13, 48. * Dailly — Daleis, 176. Dailly, 459. Dalcis Foy. Dailly. Dalen, 193 note 1. Damme (le territoire do), 20, 24. Dampicourt, 166. * Dampremy—Dantremi, 183. Dangro ou Angro , 182. DARNAU (le pagus moyen de)—Darmiensis , Dar nuensis, 182, j Darnau (le pagus moyen de), 181. Davatinge. Voy. Deftinge. Decla. Voy. Dickele. * Deftinge—Davatinge, 93. Deftinge, 106. Demer (le), rivière, 71, 72,87, 107. ` Denderwindeke— Ventica , 93. Dendre (la), 404. * Denée—Ditheneis, 176. Dermois (le pagus de), 471. ` Desselghem — Trassaldingehim ou Trasselin- gehim , 47, 48, * Destelberghe—Texla ou Thexla ou Tessala, 61, * Crombrugge sons Meirelbeke—Crumbrugga , 94. Bruchten—Crupfia, 162, 163. Crucinach, 163. Cruptinum, 164. Crux. Voy. Groix. * Cruyshauthem —Holthem, 4T. Cubinium. Voy. Couvin. Cukenbeka. Voy. Kakelbeke. Cul-des-Sarts , 472. Culingahem ou Culingim. Voy. Coyghem Cum Bescura, Voy. Cambe. Curange, 145. Curt. Voy. Cour-sur-Heure. Custinne , 455. Cuyk (le doyenné de), T4. Cuyk (le pays de), 72, 78, 121, 124. Cyrici Predium. Voy. Jehay. * Cysoing — Cisonium, 41. Cysoing, 39. Dethenobach , rivière, 137. ère, 62. Deule (la), rivi * Deurne— Durention ou Burente, 82. Deynze, 53. * Dickele- Decla, 93. Didinciacas. Voy. Dinche. Diekirch , 139. ' * Diessen—Diesna ou Diosna, * Diest , 108. Diest , 115. Diest (le comté de), 114. Diest (le pagus de), 116. Diest (le pagus de), 1x. Diftange , 166. Dimont, 203. Dinant, 418, 189. * Dinche sous Prisches—Didinciac Dion-le-Mont , 115. * Dison, 431. * Di * Distele— Dudic eghem sous Buyseghem—Tissinghen. 83. 3. Ditheneis. Voy. Denée. Divodurum Mediomatricorum. Voy. Metz. 2327 228 Dixmude (le doyenné de), 29. Doherpa. Voy. Dourbes. Dommartin— Domum Martinum, 163. ^Dommerswert sous Avelghem—Domnavert, #1. Domus-Cyrici. Voy. Donceel. Domus Stephani, Voy. Donstiennes. * Donceel—Domus Cyrici, 108, 141. Doncheri, 172, * Donek—Dungus, 108. Doncourt-aux-Templie Donge (la), rivière, 72, 74, 84. —Dodonicurtis, 163. * Dongen — Dungha, 85. * Donstiennes -Alosta ou Domus Stephani, 176. Donstiennes, 187. Dorp. Voy. Tourpes. * Dottignies— Dottiniacas, 41. ca, 19% * Douchi—Dulcis ou Duci: Dour, 208. 159. * Dourlers—Durlero, 194. Dourbes Dranoutre, 34. Eau d'Heure (I), riviere, 188. Éburonie , 79. Éburons, 11, 68, 72, 449. *É Écaussines, 89. aussines—Scancia, 93. Échelines. Voy. Écherennes. * Écherennes—Echelines , 176. Écluse (I), 33. e territoire de l'), 20, 24 Écluse ( Eecke, 5, 94, 53. * Eecke ou Esche—Helsoia, Helsoca, Esches , * Eeckhout, sous Gand—Ekholta , 41, 55. E * Eeghem - Ekeningim , 8. ckhout, sous Gand, 39. * Eename— Eiham, 93, 101. Eename, 105. Eename (l'abbaye d"), : Eename (le comté d") , 404. * Eeninge—Geninga, 41, 4T, 55. Eerneghem, 27. Kiche, Voy. Alden-Eyck. DES NOMS DES LIEU Dréhance, 155. * Driesch—Geninga Thriusca , 41, 47. Driesch, 39, 46. * Drimmelen— Tremella, 85. Drimmelen , 72. * Dringham— Drincham, 22. Dringham, 12, 24. * Dubecea , 61. * Duchon sous Moustier-en- Sylva, 204. * Ducia, 93. igne — Ducionis Duculmensis pagus. Voy. Dermois. Dudece. Voy. Distele. Dulcis ou Dulcis Voy. Douchi. Dungha. Voy. Dongen. Dungus. Voy. Donck. Duo Fluminæ, Voy. Vendegies-sur-Escaillon Duras le comté de) , 414. Durentium. Voy. Deurne. Durme (la), rivière, 40, 16. Dyle (la), rivière, 80, 81, 88, 89, 102, 103, 107, 115. Eiffel (le pagus de l'), 432, 434, 436. ham, Voy. Eename. Eilendorf, 156, note 2. Ekeningim. Voy. Eeghem. Ekholta. Voy. Eeckhout. Ekkerengem. Voy. Akkerghem. Eldringen, 93 note. V Ellemare—Illumariscum, 22, Ellicom , 78. Kino, Voy. Saint-Amand-les-eaux et $ Élouges, 208. Elpra. Voy. Helpre. * Elseghem—Elsoca ou Elisachia, 48. * Elst—Elsuth, 93. * Elve—Olfne ou Olfna, 93. * Embresin—Imbursio, 109. Emelbe . Voy. Amelberg. Emmerin, 62, * Empel—Empele, 75, Empel, 76, 77. Enam inferior, Voy. Neder-Eename, DES NOMS DES LIEUX. 229 Endeholt. Voy. Eynthout. Engelshoven, 132. * Eninge, sous Gand—Enniga ou Eninga-Acera, 55. * Ennetière —Anetyers, 63. Énula, 36. * Epen, Apine ou Epeno, 126, 130, 133. Epen, x, 495. Eposium. Voy. Ivoix. * Eppegem—Ippinghohaim, 93. Epternach, 462. Epuegen. Voy. Ivoix. Eresloch. Voy. Erzel. Erf (I), rivière, 449. Erkelins, 422, Erlont. Voy, Arlon. Ermefredeghe. Voy. Wemelveerdegem. * Ernage—Ana: 176, 183. ij Erondegem —Eroldingeheim , 93. * Erp—Erthepe, 75. v Erpion—Herpion, 476. Erpion, 487. Erquens, 208. Erthepe, Voy. Erp. * Erzel—Er Es sloch , Hinesloch et Hinesloten , 75. aut (I^), rivière, x, 4, 3 note 4, 4, 7, 40, 46, 95, 33, 94, 38, 46, 51, B2, 53, 68, 69, 70, 79, 78, 79, 82, 84, 88, 102, 191. aut (le pagus de I), 72, 73. Fabt. Voy. Fall. Faccun. Voy. Vake. Facheri, 32, Fagetus. Voy. Fayt-le-Grand et-le-Petit. Fagne (la), 474, 204. Fagne (la), forêt, 200. Fagne (le pagus de la), 29 note, 200. * Fallet Mheer—Fabt , 409. Fall et Mheer , 432, iy Falmagne—Falmania, 152. Falmagne oet Falmines, Falmine pagus. Voy. Famenne. FAMARS (le pagus moyen de), 901. Famars (le pagus moyen de), 200, Tome XXXIX. * Escautpont—Escalpont, 194. Esch, 88. * Esch—Asko, 445. * Kache, Voy. Eecke. Esclaibes , 203. * Ese corminia , 93, 99. "aix ou Schoorisse—Securiacum ou Un- Esere. Voy. Yser. . Voy. L'Espaix. Spiere, 41, 43. * Espinois—Spinetum, 494. * Esplechin—Espelcin, 44. * Esquelbecq—Hicelesbecke, 8. Esquelbecq, 2, 5, 29. * Estinnes-au-Mont-et-au-Val — Lephtinæ , 494 Eth, 203. Étrœux, 903. Ettelbruck, 440. * Ettingen—Hetlinge, 93. Eupen , 115. Eurchalia. Voy. Hierges. * Everbecq—Herlegona, 93. Everbode, 82, 415. Everghem , 96. Evilly, 469. * Eynthout—Endeholt , 75. Eynthout , 82. * Famars—Fanum-Martis,, 202. FAMENNE (le pagus moyen de la), 157. Famenne (le pagus moyen de la), tu, 142, 143, 148, 174. Famenne (l'archidiaconé de la), 111, 447. Famillereux , 402, Farinaria. Voy. Ferrière-la-Grandé-et-la-Petite, * Fatum-Theodonis , 152. Faulx, 417. * Fauquemont — Falehenberg ou Valehenbureh, 430, 133. Fauquemont, x, 430. ^ Faurœulx— Fories , 194. Fausta, Voy. Fosses, 230 TABLE ALPHABÉTIQUE Fauvillers , 447. avril , 192. * Fayroul sous Fraire—Ferreolis, 176. les-Veneurs, 447, 1iyt-la- Ville , 497. and-et-le-Petit—Fagetus , 194. 1-lez-Seneffe, 181. * Feignies—Fineis , 194. * Feldaccra, 57. Felepa. Voy. Velpen. Felsica. Voy. Velsique, * Feluy—Fellui , 94. Feluy, 102, 103. Fenaccra, 57. in (le), 64, Ferri -le-Grand-et-le-Petite—Farinaria , 194. Feulen. Voy. Ober-et-Nieder-Feule: Fielon. Voy. Filot. * Filersa, 48. Voy. aussi Vilers. Filfurdo. Voy. Vilvorde. Filot—Fielon, 152. Vineis. Voy. F * Firentsamma , 55. Fisiacum. Voy. Grand— ult. Flachem. Voy. Vleckhem. Flamands, 31, 35. Flamangerie (la), 192, Flamingau , 29 note, Flamingorum (pagus), 99 note. Flandre, 4 note, 3, 5, 45, 46, 19, 53. Flandre (l'archidiaconé de la) au diocèse de Tour- nai, IV, 44 note 4. Flandre (l'archidiaconé de la), au diocèse de Té- rouane, 28, Flandre (le comté de), 105. FLANDRE (le pagus moyen de la) , 45. Flandre (le pagus moyen de la), 12, 14, 26, 27, FLANDRE (le petit pagus de la), 30. Flandre (le petit pagus de la), 44, 30, 45. Flandrensis (le pagus), 17. Flandre occidentale, 4. Flandre orientale, 7. Fléon. Voy. Floyon. Fleterna. Voy. Oost- et West-Vleteren. Fleskingem. Voy. Vlisseghem. Fletere , 28. Fleterna , rivière, 29, * Fleurus—Fledeleciolum , 183. Fleurus (le doyenné de), 187, 188. Fleury —Floriacum , 163. * Flireghem sous Walehem, 48. Flithersala. Voy. Vlierzele. Flitrinio. Voy. Westvleteren, * Flobege sous Dompierre—Flobadeica , 494, * Florennes , Florines, 175, 476. Florennes, 189. Florennes (le doyenné de), 490. Flori * Flostoy, 151. im. Voy. Fleury. Floursis , 203. A. * Floyon—Fleon, 19 * Foiche—Fostias, 176. * Fontaine sous Mouscron—Fontaneia, 44. Fontaine-I'Évéque, 481. Fontaine -Walmont—Fontanis, 176. Fontaine -Walmont , 487. Fontenelles, 192. Fontenouille, 169. Fooz, 187. Forche, 159. -Marche, 181, Forest. Voy. Vorst. Forchies- Fories. Voy.. Faurceulx. Formale. Voy. Fumal. Fossa Balona ou Boloniana , 6 note 8. Fosses , 489. * Fosses, Fausta ou Fossas, 176. Fostias, Voy. Foixhe. * Fourmestraux—Formestraus, 69. Fourmies , 192, * Fouron—Foron, 430. 176. * Fraire-la-Crotteuse—Item Ferrariis, 476. * Fraire—Ferrar France (les pagis de), vir note 4. Francheville, 115. Franchimont (le marquisat de), 429, * Francour—Franconiscurtis , 109. Francs , VI. Franc-Waret, 415. Franderes, Voy. Flandre, DES NO —F Frasnes-lez-Gosselies, 182, 485, 189. Fratin, 166. Fraxinium. Voy. Frasnes-lez-Gos ren, 127. Fresnes-en-Woivre—Frenzeia , 163. * Frasnes-lez-Gosselies- inum, 476. Fre Frigidusmons. Voy. Froidmont. Frilingim. Voy. Vlisseghem. Frisange— ngen, 162, 164. Frisons, 69. Froid-Chapelle, 488. * Froidmont-Frigidusmons, 41. * Gallaix—Galeroiz , 94. Galmia. Voy. Jamine. * Gand, 41, 48, 55, 94. Gand, x, 45, 95, 34, 46, 52, 60, 88, 102. Gand (le doyenné de), 44, note 4 ; 95, 96, 30, 39, 58, 60. GAND (le petit pagus de), B4. Gand (le petit pagus de), x, 3, 44, 27, 34, 35, 39. Gand (le quartier de), 34. * Gangell—Gangluden, 426. Gararainga ou Gararaniga. Voy. Querenaing. Gasterna pagus, IX, Gaternisse, 33. Gaugiaca. Voy. Goyck. Gaules (les), 1v, vr note , VII, 3, 47. 466. 1—Caurinio , 94. Gechbeeca. Voy. Jabbeke. * Gecrtruidenberg—Hereditas sanctae Gertrudis ou Bergom , 75, 85. Geertruidenberg , 11, 79, 73, 74, 84. * Geine, 445. Geirhof, 448. Geldion (la), rivière, 482 , 185. Geldulfivilla. Voy. Gondroville. Gemappe. Voy. Jemeppe-sur-Meuse. * Gembloux—Gemelaus ou Gemblaus, 175, 476, 183. * Gemmenich—Geminiaeum. 130, 133. Genappe , 103, DES LIE U Frordeslo. Voy. Vlasloo. Frunethe ou Frimethe, Voy. Vremde * Fumal—Formale, 409. Fumal, 415. Funderlo. Voy. Pont-de-Loup. Furfooz, 458. Furgalare. Voy. Vorsselaer. Furnes, 24. Furnes (le doyenné de), 29, * Furnes (le métier de)—Ministerium furnensis, 22 Fursitio. Voy. Vosselaer, Genck, 127. * Genedrico , 458. * Generet ou Jenneret, sous Bende—Genetico , 152. Genery—Ginureivilla , 464. o. Voy. Generet. * Geninga, 44, 4T. Voy. aussi Eninge Gentlinio. Voy. Jenlain. Geraldimons. Voy. Grammont. Germain, 415. Germania secunda, v. * Germes (les)—Germinum, 94. * Gerpinnes—Gerpinas , 177. ste, près de Bergues-S'- Winoc—Gersta, 22 ignula , 152. Gessoriaeus pagus, 68. Gestella. Voy. Ghistella. Gette, 417, 418. Geudeuls. Voy. Gontreuil. * Geugnies—Guiginiis , Geugnies , 48. Geverardi fossa , 164. * Gevergem—Geveringehem , 94 Ggitfledis. Voy. Maflles. Gheel, 82. * Ghistelles-Gestella, 22. * Ghoy, sous Labuissière-Goi, 195. * Gilly—Gillier, 183. * Gilsen—Gillisela , 85. Gilsen , 84. 251 232 TABLE ALPHABÉTIQUE 61miaeus. Voy. Jumet. * Gimnée—Germiniaca, 477, Gimnée, 459. Gisingazela. Voy. Gysenzele. Gistoux, 415. Gladbach, 493, note. * 6l [ ageon— Glaion, 204. * 6lains— Glaniaeum , 445. * Glevo, 152. Gnoldo Manso. Voy. Mont-Gauthier. Goddengem ou Gundelghem. Voy. Wondelghem. * Goharmunt, 183, Goi. Voy. Ghoy. * Gommegnies—Gomereis , 195, Gondecourt , 62. Gonderange—Gondringen , 164. Gondreville—Geldulfivilla, 163, 164. * Gonrieux—Gonthereis , 477. Gonrieux , 159. Gonthereis. Voy. Gonrieux. * Gontreul, sous Quévy-le-Grand—Geudeuls, 195. * Gontroda—Roda , 94. * Gorbia, 151. Gorscamp , 148, * Gorssum—Grusmithis , 109. * Gotthem-lez-Deynze—Gothem ou Gothengim, 49, 48, 53 Gotthem-lez-Deynze, 39. * Gottig * Gouy-le-Piéton, 496. Gotignies, 195. * Goyek—Gaugiaea , 94. * Gozée—Gozeis , 177. Gozée, 487. * Graesen — Groseas, 109. Graesen , 124, note, * Graide—Graisda , 145. Graide, 457. Graide (le doyenné de), 459. * Grammont—Geraldimons , 94. * Grandaxhe—Hasca , 409. * Grandchamp, sous Florée—Grandicampus, 432. Grande-Nèthe, 71, 72, 80. * Grand-Fissault— Fisiacum, 909. Grand et Petit-Jamine—Galmia , 410. * Grandmont, sous Someries—Magnus Mons, 195. * Grand-Reng — Hrinium , 495. * Grand et Petit-Rigneux ou Rignœul sous Rou- veroy—Hriniolo, 195. Grando Villare, Voy. Grand- Villers. Grandrieu, 481. * Grand-Rosière, 109. srand-Rosière, 107. * Grand-Villers—Grando Villare , 195, * Graux— Grau , 477. Grave, 78. y Gravenwesel, 82. Greisch , 166. Gremilly ou Grimigny Grendel, 168. oriminea, 164, Gressione. Voy. Gruson. * Grimde—Grimines ou Grimidis , 109, Griminiaca. Voy. Gremilly. Grootebeck (la), rivière, 428. * Grootebeek—Viva, 48. Grootloo, 81. Gros . Voy. Graesen. , 166, 168. Grusmitis, Voy. Gorssum. Gruise * Gruson—Gressione, 49, Gruson , 39. Guactinis, Voy. Quenestinnes, suatermal, Voy. Watermael. Guatinum, Voy. Watten. Guddengem ou Gendeleghem, Voy. Wondelgem. Gueldre (la ville de) , 499. Gueule (la), rivière, 495, 427, 139, 433. Guiginiis. Voy. Geugnies. Guillemel ou Guilimum. Voy. Willemeau. Guines, 17. Guingolonhian, Voy. Wibogne. Guldingahem. Voy. Gulleghem. * Gulleghem—Guldingahem , 48, Gundrengem. Voy. Wonderghem. Gundrinium. Voy. Jandrai * Gysenzeele— DES NOM Haarle, 73. * Haelen— Halen, 109. Haelen, 83, 87. ` Haendorp—Hemthorp , 35. Haendorp, 59. Haeslaos. Voy. Aalst. Hafflangia. Voy. Havelange. Hafllingem. Voy. Afflighem. * Hagamatillinga , 445. Hageland , 200. * Hagen, 167. Haimetines. Voy. Hemptines. Haina. Voy. Haine-St-Pierre. Hainaut (l'archidiaconé du), 111, 1v, 102, 413, 191. 192, 199, 200. Haart (le grand pagus du), 191. Hainaut (le grand pagus du), 1x, note 45 72, 14, 88, 109, 103, 174. HAINAUT (le pagus moyen du), 206. Haincuelles. Voy. Ansuelles. Haine (la), rivière, 88, 89, 402, 104, 200, 201, 203, 208. * Haine-St-Pierre et S'-Paul—Haina , 195 Waist ou Haidis. Voy. Heid. * Hal, 94. Haleiaeum, Voy. Hansen, Walein, Voy. Haulchin et Sautin * Halestra. Voy. Aeltere. Halisca, 464. * Halloy, sous Braibant—Halogis, 152. Halma. Voy. Hamois. * Halmael—Halmala , 409. Halmael , 194, note. Halogis. Voy. Halloy. Halsinas foresta. Voy. Ane. Halsteren, 73. Haltine, 417. Ham. Voy. Hamme, * Ham-lez. he— Ham , 94. Hamma. Voy. Hem, * Hamme , sous Gand—Hamma, 35. * Hamme—Hummas, 94. DES LIEUX. 255 * Hamme, au pagus de Waes—Ham , 61. * Hamoir— Hamor ou Hamoe, 452. * Hamois— Halma, 152, Hampteau, 455. * Ham-sur-Heure—Ham-Heur, 177. Ham-sur-Heure , 487. * Handelingehim, 48. Han-devant-Pierre-Pont , 466. * Haneffe—Honavi , 109. Hannaria, Voy. Hennuyères. * Hanret—Hanrec, 109. Hanret, 454. Hanret (le doyenné de), 413. * Hanria, 42, 55. Hanria , 39. Hansdorf—Hunaniesdorff, 464. Hante (I), rivière, 481, 187, 188. * Hantes antas, 177. Hantes, 181, 187. Hanzinne, 187, 188. * Hapert—Heopurdum et Heiperdum , 75. * Harbignies, sous Villeroux , 195. Hardigisheim ou Hareligisheim. Voy. Herdersem * Hardoia. Voy. Ardoye. * Haren, 94. * Harfia super Alblivi, 152. Hargnies, 208. Harilegi Voy. Hergies. * Haringhe—Haringa , 22. Haringhe, 24, 30. * Harlebeke—Herlebeka , 8. Harlebeke, 25, 46. * Harlue—Herlaus, 109. Harlue sous Bollines , 115. Harmartrida. Voy. Hemert. * Harmignies— Hemegiacum , 195. Harne. Voy. Walhorn. * Harsanium, 152. Harve. Voy. Herve. * Harvengt—Harvinium , 495. Harz. y. Barse, Hasca. Voy. Grandaxhe. 954 TABLE ALPHABÉTIQUE Haslud. Voy. Op-Hasselt. Hasnoch. Voy. Assent. Haspera. Voy. Asper. HASPINGA (le comté de), 118. Haspinga (le comté de), 414. Hasping * Haspres— Hasprae , 495, 202. spres , 192. signi , 166. Hastière, 189, 190. * Hastière-Lavaux— Hasteria , 177. . Foy. Over et Neder Hespen. Hastière-Lavaux, 159, 160. Hastière-Par-Delà, 177. Hatalle. Voy. Hedel. Hattingim. Voy. Adegem. Hattuaires (le pays des), 121. Haubourdin, 62. * Haulehin—Achinagas ou Halcin, 495. * Haussy—Halceiacum, 196. Haussy, 192. Haute-Deule, 63, 64. Hautem-Saint-L Haut-Ittre, 102. svin —Holtem, 94. Haut-Martelange, 166. * Hautmont— Altus-Mons, 196. * Hautrage—Autragium , 95. Hautrage, 102. * Haveigné—Havernai , 131. * Havelange—Hafflangia, 452. * Havines— Hauvines, 95. * Havré, 193. Hawana. Voy. Awans. * Haynæ, 95. Hayons (les), 147, 172. Hedberg. Voy. Heybergen. Hedel, 76. Hedikhuizen , 73. Hedilla. Voy. Hedel. * Hedrée (T), rivière—Chandregia, 153. * Hedrée sous Waha—Heidres ou Heidria, 488. * Heelen—Hildina, 410. Heerlen , 127, * Heid sous Leignon—Haist ou Haidis , 152. Heid sous Leignon, 155. Heide , 149. * Heigne —Hunia, 184. * Heist-op-den-Berg—Heiste * Helehin—Heleinium ou Herc: Helchin, 50. Helchin (le doyenné de), 44 note 1, 39. Helium, 70, 72. Hellingen, 162. * Helpre (la), rivière, 196, 203. Helpre (la), 202. Helsoca ou Helsoia, 8 note, 8, 34 Voy. aussi Eccke, Helsoca, 5 note. Voy. aussi Eecke. * Hem—Hamma, 8. * Hembeke—Heembeeke, 95. Hemegiacum. Voy. Harmignies. * Hemelveerdegem—Ermefredeghe , 95. * Hemingerothe ou Heningarodha , 55. Hemmingestorff, 169. * Hemptinne—Haimetines, 410. Hemptinne, 41: Hemstal, 462. * Hennuyeres—Hannuria , 95. Hennuyères, 402. Henripont, 402, 103. Heopurdum ou Heiperdum. Voy. Hapert. Herbatte, 488. Herckenrode , 132, Herderen, 427. * Herdersem—Hardigisheim ou Hareligisheim, 95. Heredita sanctae Gertrudis, Voy. Geertruidenberg. Herent, 111, 402. Heregies. Voy. Hon-Hergies * Hergies—Harelig Heringen, 123, note. * Herinnes—Herin Herkelinze. Voy. Erkelins. Herlaus. Voy. Harlue. Herlebeka. Voy. Harlebeke. Herlengova ou Herlegova. Voy. Hérlinkhove et Everbeeq. * Herlinkhove—Herlengova , 95. Herlinkhove, 93, note. * Hermalle—Harimalla , 410. Hermalle sous Argenteau, 132. * Hermée—Hermez , 410. Hermée, 132. Hermert, 77. DES NOMS DES LIEUX 235 * Herpen—Herpina , 75. Herpen, 76,178. Herpina. Voy. Herpt. Herpion. Voy. Erpion. Herpt, 73, 71, 78. Hersselt, 82. Hervaldolugo. Voy. Roxem. Hervergem. Voy. Everghem. * Hertain—Horta, 42. * Herten—Hertra , 126. ^ Herve—Harive ou Harvia, 131. * Herzeele—Hersele, 95. Herzeele, 406. Hesbaye (l'archidiaconé de la), 11, 1415, 423, 132. HESBAYE (le grand pagus de la), 407. Hesbaye (le grand pagus de la), xt, 20, 71, 73, 80, 82, 86, 87, 174. HESBAYE (le pagus moyen de la), 416. Hespen. Voy. Over-et-Neer-Hespen. Hesprange, 162. * Restrud — Heistrut, 196. Hetlinge. Voy. Ettingen, 93. Wettergau, 421, 222, Heule (la), riviere, 25, 46. Heure-le-Tiexhe, 427. Heusden, Brabant septentrional, 73, 78 * Heusden lez-Gand—Husdine, Heusden lez-Gand , 60. Hevaldolugo, 38. * Hevillers — Villers, 477, 184. Heure (1), rivière, 487, 488. * Heybergen sous Lathem-St 43 2, 5b. lin —Hedberg , Heybergen sous Lacthem-Ste-Marie, 39. Woylissem, 417. Hicelesbeke, 5 note 8. Voy. aussi Esquelbeque. * Hierges—Eurchalia, 477. Hierges, 159. * Hilde, 167. Hildina. Voy. Heclen. Hillegem—Hildeningahem , 95. Hinesloch et Hinesloten. Voy. Erzel. * Hoboken—Honbeke ou Hoybeke, 83. Hobzem , 166. Hoceascaute. Voy. Baschot, * Hockelbach—Häkelhac, 431. Hoecke, 33. * Hoicka. Voy. Oycke. Hoium. Voy. Huy. Holescheid, 166. * Hollain—Holondium ou Holinlum , 42. Hollande , 5 note 7. Hollandsdiep, 84. * Hollogne—Houlingen, 145. Holtawa ou Holtanna ou Holtauva. Voy. Houttave. * Holtbeke ou Holbeke —Hotsubecce, 93. Holtem. Voy. Houtem-S'-Liévin. Holthem. Voy. Cruyshautem. Holten. Voy. Houtaing. re, 148. Honavi. Voy. Haneffe. è Homme (l'), rivièr Honbeke ou Hoybeke. Voy. Hoboken. * Hon-Hergies—Heregies, 196. Hon-Hergies, 208. * Honnay—Hanai Honneau (lo), riv. Hont (le), 4, 25. iere, 203, Hoogstraeten , 82. * Horion—Hurio, 110. Hornu, 208. Horontis, 164. Hortina. Voy. Orten. Hosdeng. Voy. Houdain. Hostrich. Voy. Oestrich. Hotsubeece, Voy. Holtbeke. Hotton, 155. * Houdain— Hosdeng, 207. Houille (le comté de la), 418. Houplin, 62. * Houtaing sous Pecq—Holten, 42. Houtem-Sainte-Marguerite, 9%, note. * Houttave—Holtauva, Holtawa, Holtanna, 22. Houtvenne, 82. Houzée—Houzeis, 177. Houzée, 187. Hoybeke. Voy. Hoboken. Hozemont (le doyenné de), 413. Hrindsele. Voy. Ronsele. Hriniolo. Voy. Grand-et-Petit-Rigneux. Hrinium. Voy. Grand-Reng. Hrochashem, 38. Voy. aussi Roxem, Hudeslo. Voy. Hulsterlo. Ki 56 : Hukelbach. Voy. Hockelbach. Hulpiniacus. Voy. Upigny. * Hulsel—Hulislaum, 75. * Hulst, 61. Hulst, 52. Hulsterloo—Hudeslo, 61. * Hulte sous Avesnelles—Hulta , 196. * Humain—Humnin, 158. Hummas. Voy. Hamme, Hunai. Voy. Honnay. Hunaniesdorff. Voy. Hansdorf. Hundelinsart, Voy. Lodelinsart, 184. Hunia. Voy. Heigne. * Idegem—Indingehem ou Idinghem , 95. Idingehem. Voy. Iteghem. Illumariseum. Voy. Ellemare. Imbursio. Voy. Embresin. Inde (l'abbaye d'), 143. Indensis (le pagus), 156. Indinghem. Voy. Idegem. Ippinghohaim. Voy. Eppegem. Iresen (l'), rivière, 448. ^), 13. Isendic. Voy. Ysendyk. Irlande (l'église Iser. Voy. Is Iseræ portus. Voy. Nieuport. Iseressius. Voy. Yser. Jaar (la) Jachara, 109 note, 198. * Jabbeke— Gechbeeca , 22. Jachara. Voy. Jaar. Jemapes, 182, 485. Jambes, 188. Jametz , 469. Jamine, Voy. Grand-et-Petit-Jamine. * Jamioulx-Jambimiel , 477. Jamioulx , 187, 488. * Jandrain— Gundrinium, 109, * Jehay—Predium Cyrivi, 110. Jehonville, 447. TABLE ALPHABÉTIQUE Hunsele et Hunsate. Voy. Onzenoord Hurio. Voy. Horion. * Huslibach, 458. HusTE ou Husck (le pagus ou le comté de), 128. Huste ou Husce (le comté de), 4114, note. * Hutteghem sous Beveren lez-Audenarde—Otin. ehem, 48. ; * Huy—Hoium, 110, 153. Huy (le comté de), 414, 417. Huysse, 46. * Huysse—Nuhux, 48. * Hyon-Hionium, 196. * Isières—{ser, 95. * [sque— [sca , 95. Isque, 90. * [teghem— Idingehem , 75. Iteghem, 79, 80. Itius (sinus), 6 note 8. * [ttre— Iturna ou Turna, 95. Ittre, 102, Iturna. Voy. Ittre, Ivoix ou Carignan— Epuegen, 162, 161. Ivoix (le pagus moyen d), 468. Ivoix (le pagus moyen d’), 166, 470. Itzig, 162, 167. * femeppe-sur-Meuse— Gemappe, 440. Jeneffe , 417, Jenneret. Voy. Generet * Jeulain — Gentlinio, 496. * Jeumont sous Gouy-le-Piéton— Joris-Mous, 196 Jodoigne, 418. Jodoigne (le doyenné de) , 113. * Jonquières sous Basuel—Junchinias, 196. * José sous Battice—Angelgiagæ, 131. Jorbisa. Voy. Jurbise. Jovis-Mons. Foy. Jeumont, Tuchen , 123, note. DES NOMS DES LIEUX. 2 Judiacensis villa, 162. * Jumet—Gimiaeus , 184. Jumet, 169. Junchinias. Voy. Joncquières. Junglinster, 467. * Kain—Cheym, 96. * Kakelbeke sous Lierde-Sainte-Marie—Berda vel Cakenbeka, 96. Kapellen, 166. Karebant. Voy. Carebant, Karnoit, Voy. Charnoi. * Kayem—Clehiham, 92. * Keerbergen—Kyrberge, 83. Labia, 106, 477. Lachara (la), rivière, 109 note. * Lacium, 484. * Ladeuse— Lotice, 96. * Laethem-Saint-Martin, 42, 54, 55. Laethem-Saint-Martin , 39. Lièticus (le pagus), 3, 28, 29. Lainga. Voy. Luingue. * Lainga, 55. * Lalue sous Anderlues—Allodium , 196. La Marquoise, 472. * Lamedine—Lamedinas, 22. * Lamilly—Lamuley, 168. Lamorteau, 466. * Lanaye—Liniacum , 110. Lanaye, 132, Lancius-Pontellus. Voy. Pont-au-Grand-Fayt. Landas, 67. * Landegem—Landingehem, 61. Landegem, 60. * Landelies—Landeillies , 496. Landelies, 481. * Landrecies—Landricietas , 196. Landrecies, 492, * Landrichamp—Landrieumcampum, 477. Landrichamp, 189. * Laneffe ou Neffe—Nefla,, 477. Tome XXXIX. Juprelle, 127. * Jurbise—Jorbisa, 95. Jusseret, 147. Juvigny, 162. Juvigny (le doyenné de), 168. Keerbergen, 81. 102. Kehlen, 116. Kelmias, XI. Kermpt, 445, Kessel (le pays de), 121. Klaaswaal, 13. Kreutzerbach , 466. Langdorp, 82, 415. * Langerbrugge—Langeberega ou Langeburuga . 55. Lapingehem. Voy. Leupegem. Lapiseura. Voy. Lapscheure. * Lapscheure— Lapiseura, 8, 22. Lapscheure , 40, 17, 48, 19, 26 note 3, 33. * Larugge (la), rivière , 40. Lasne (la), rivière, 102, 103. * Lathuy, 109. Laubacensis abbatia. Voy. Lobbes * Lauwe—Loa ou Lo, 42, 48. M. Lazehi, 127. Léau (le doyenné de), 443. * Lebbeeke—Lietbeka, 96. * Lede sous Meulebeke—Leda ou Ledda, 8. * Lede—Letha, 96. * Ledeghem-lez-Gand—Liedrengem, 55 * Ledeghem, 92. * Ledringhem—Leodringz Ledringhem, 2, 6, 34, 35. * Leernes—Lerna , 196. Leernes, 481, 187. * Leers—Liercis , 178. Leers, 187. * Leeuw-Saint-Picrre, 92. 53 258 TABLE ALPHABÉ! * Leeuw-Saint-Pierre—Lewe , 96. * Leffinghe— Latfinga , 22. Legia (territorium). Voy. Lys (le pagus de la). * Leignon—Lenione, Leignon, 447. Lelling—Lulingas , 164. * Lembeeq-lez-Hal— Lembeca, 96. * Lemberge—Lintberga , 96, Lendelede, Leninga, #1. Lenione. Voy. Leignon. * Lennick—Liniacum ou Liniaca , 96, * Lens-sur-Dendre— Lens , 96. Leodringas , xi. Voy. Ledringhem. Lephtinæ, Voy. Estinnes. Lerna. Voy. Leernes. Lernut. Voy. Liernu. * Le Reulx—Ampolinis , 196. * Lesdain—Lesdinium, 42, * L'Espaix sous Valenciennes—Spalt, 197. * Lesquin, 65. Lesse, 157. * Lessines — Lietzinis, 96. Lestorphe, 156. Letha. Voy. Lede, Letfinga. Voy. Leffinghe, 23. * Letterhautem ou Hautem-Saint-Liévin , 96. Leucorum civitas, v. * Leunen—Lunni, 126. * Leupegem—Lapingehem , 96. Leuva, Levientieus , ete. (le pagus). Voy. Liége. * Leuze—Lothusa ou Luthosa , 96. Leuze, 415, * Leval— Chaudeville, 178. * Leval-Trahegnies—Traignies , 197. * Levetlaus , 75. Lewe. Voy. Leeuw-Saint-Pierre, * Libin (Haut et Bas)—Lobunbi , 158. Lichtaert, 82. Licroix. Voy. Croi -lez-Rouveroy. Lideneias. Voy. Linières sous Prisches. Liedrenghem. Voy. Ledeghem. * Liége—Liuga, 131. Liége, 20. Liége (le diocèse de), 1, 111, 102, 418, 443, 147, 148, 149, 159. IQUE LiEGE (le pagus moyen de), 129. Liége (le pagus moyen de), VII, x, xr, 125, 134 Liége (le pays de), 121. Lieune (la), rivière, 149. Lienne, 155. Liercis. Voy. Leers. D * Lierde-Sainte-Marie, 96. * Liernu—Lerunt , 440. Liernu, 1135. Lierre, 20, 71, 80, 81, Lece, 110, Liers, 127. * Lie * Liessies—Letiis, 205. Lietbeka. Voy. Lebbeeke. Lietzinis. Voy. Lessines. * Lignières sous Roy—Linarias ou Lineras, 145, l 453. l Lille (la ville de), 62. Lille (le doyenné de), 44 note 1, 39. Lille (le quartier de) , 34. Lille-Saint-Hubert, 78. Limont, 203. Limpach, 166. Linckhout, 415. Lineras ou Linarias. Voy. Lignières. * Linières sous Prisches—Lideneias ou Liniova, 197, 205. Linster, 162. Lintberga. Voy. Lemberge. * Lisogne, 451. Listrigaugensis ( pagus). Voy. Lys (le pagus de la). Lith et Lithoyen—Lita , 126. Litteras (ad). Voy. Louette-Saint- Denis, Lo et Loa. Voy. Lauwe. * Lobbes—Laubacensis abbatia, 197, Lobbes (l'abbaye de), 186. Lobunbi. Voy. Libin, 458, Loce, Loche et Loceka, 42, Voy. aussi Loke. * Lociwirdi, 32, SOL Locre, 34. * Lodelinsart.—Hudelinsart , 184. * Loke sous Walehem et Worteghem—Loceka et Loche , 42, 48. Loke sous Walehem , 45. * Lokeren, 61. Lokeren, 60. DES NOI LOMME (le grand pagus de), 173. Lomme (le grand pagus de), ur, xum, 403, 106, 457, 159, 185, 206. LOMME (le pagus moyen de), 189. Lommersweiler, 448. * Lomna, 458. * Longehamps—Longus-Campus , 410. Longehamps , 454. * Longehamps-lez- Bastogne—Longramp ou Long camp, 145. Longlier—Longlar, 440, 167. Longueville , 208. * Longuily, 144. Longuion (le doyenné de), 165, 166. Looz, 62, Looz (le comte de), 414, 119, 174. Lorensweiler, 467. Lorsch (l'abbaye de), 122. Lothusa ou Luthosa. Voy. Leuze. Lotice. Voy. Ladeuze. * Maastricht — Trajectum , 410, 126. Maastricht, 20, 70. Maastricht (le doyenné de), 413, 132, * Machelen lez-Deynze—Machlinum ou Mahli- num, 43, 56. Machelen lez-Deynze, 39, 53, 58. Machingahem. Voy. Makeghem. Maclinas. Voy. Malines. Macon, 481. * Madria, 43. * Maeseyck—Masnie ou Masuie, 126 Maeseyck , 198. Maeseyck (le doyenné de), 74, 78. MAE AU (le pagus du), 121. Maesgau, 71, 72, T4, 116. Maesgau inférieur et supérieur, 128. Maesland, 71, 87. Mae * Maeter — Materna , 96. id ou Maseland {le comté de), 114, 197, * Mafflles—Ggitfledis, 97. Magnus-Mons. Voy. Grandmont. Mahagnia. Voy. Mehagne. DES LIEUX. Lotoina , 164. Lotosis , 164. * Louette-Saint-Denis—Ad Litteras, 146. Louette-Saint-Denis , 457. * Loupoigne—Lopiniacus, 178. Louppy, 169. Louvain, 88, 90 note 2, 417. Louvain (le comté de), 404, 113, 174. Louvain (le doyenné de), 113. Louveignez, 148. * Luingue—Lainga , 42. Lulingas. Voy. Lelling. Lunni. Voy. Leunen. * Luxembourg—Lucilimburuth, 167. Luxembourg, 162, Luxembourg (le châi au de), 444. Lys (la), rivière. x , 6, 46, 48, 25, 33, 36, 46, D 53. Lys (le pagus de la), 46. * Mainvault—Maionisvualdo, 97. * Maire ou Meer sous Tournai—Merhas, 43. Maisnil, 206. Makegem —Machingahem. 97. Maldegem, 33. Malèves, 115. * Malines -Maclinas ou Masline, 83, 97. Malines, 80, 81. Malines (le diocèse de), 11. Mall, 127. Malmédy, 132, 148. Malonne, 187, 189. Malplaquet, 208. Mammer, 166, 467. Manage, 181. * Mandel—Mandra, 8. Mandel, 50. Voy. aussi Vieille-Mandel. * Mansille sous Ramousies—Mansilium , 905. Mansuaires (le comté ou pays des), 71. 73. Mansus Wandelaicus. Voy. Anloy. * Marbais, 178. Mare (la). rivière à Marche-lez-Écaussines , 89. 259 240 TABLE ALPHABÉTIQU Marcha. Voy. Marchovelette, ` Marche—Marca ou Marchia , 158. Marche, 159 note 1. Marchegem. Voy. Marckeghem. Marche-les-Dames, 115, 485, 186. Marche-lez-Écaussines, 89, 403. * Marchienne-au-Pont—Marcinas ou Marcianis, 178. Marchienne-au-Pont, 185, 186, 187. Marchienne, 67. * Marchovellette—Marcha , 410. Marchovellette, 145, Marcinas. Voy. Marchienne-au-Pont et Marcinelle, Marcinelle—Item Marcinias, 177, * Marckeghem—Marchegem, 8. * Marcque (la), rivière, 9. Mareque (la), rivièr ‘M Maregium. Voy. Maurage. , B1, 64, lret sous Sossoye—Merendrec, 178 * Maresches— Matricium, 197. Marholt. Voy. Mecrhout, * Maria e— Marka ou Marc Mariakerke, 53. Maricolens. Voy. Maroilles. Maridos, 124, note. Maringehem ou Meren. Voy. Merehem. Maris (fluv.), 32. Mar 1. Voy. Mersch. Mark (la), rivière dans le Brabant septentrional , Ef Marka, Voy. Mariakerke, Marlagne, 187. Marne. Voy. Amas. * Maroilles—Maricolens , Maroilles , 201. Marquois (la), 172. a Marsbeke. Voy. Mareque. Marsna. Voy. Meersen. Martelange, 147, 148, 166. Voy. aussi Haut-Mar- nge. Martenslinde , 127, Martras, 77, Marvilde, Voy. Mereveld, Marville , 166. Masnie ou Masuic, Voy. Maeseyck Masnuy-Saint-Jean, 102, * Massemen-Westrem—Masmine, 97. * Massogne—Mosania, 153. Massogne , 455. MASUARINSIS (pagus), 86. Masuarensis ( pagus), 18 note 3. * Matagne—Matagnia , 478. Matagne, 459, Materna. Voy. Macter. Matrieium. Voy. Maresches. * Matrid , 75. Maubeuge (le doyenné de), 204. * Maurage—Maregium , 497. Maxtin ou Marcin. Voy. Mouchin. * Meeren sous Oostbourg—Merena , 93. Medenenti, Voy. Mélantois. Mediomatricorum civitas, v. Medmedung. Voy. Mendonck. Meerbeek , 109, Meerbeek (la), rivière, 116, note. * Meeren sous Oostbourg, 93. * Mecrendré—Merendra, 56. Meerhout, 82, 86, 87. * Meersen— Marsna , 126, Meeuwen, 78. * Mehagne—Mahagnia , 110, Mehagne, 407, 454. * Meire—Meren, 97. Meix-devant-Virton , 466, Mekerias. Voy. Merckeghem. MELANTOIS (le petit pagus du), 64. Mélantois (le petit pagus du), 6, 14, 49, 90, 30, 39, 66. Melcunnaria ou Melcen * Melden —Milna, 97. Melin. Voy. Meslin-l'Évéque. . Voy. Melsen. Melin, 189. Voy. aussi Wellin. * Melle (la), riviere—Mella, 7, 9. Melle— Mella, 97. Melles—Milla, 97. * Melsen—Mel ia ou Melcenaria , 97, Mempise, x1, 3, 16, 47, 48, 49, 95, 27, 98, 29, 36, Mempiscon, 19. Mempiseum, 44, DES NOV Ménapie (le petit pagus de la), 30. Ménapiens, ui, 1x, 2, 4 note 4, 5 notes 4 et 3, , 96, 68, 72. Menapiorum civitas, IX, 13. Menapiorum pagu. * Mendonck—Medmedung , 56. Menrivilla. Voy. Merville. Merbaee. Voy. Meerbeek., * Merchtem, 97. * Merekeghem — Mekerias , 9. Merckeghem , x1, 2, 41, 13, 48, 33. * Merdris sous Wa —Medosus Voionus, 205. * Merehem—Maringeheim , 97. Meren. Voy. Meire. Merena. Voy. Bennon. Mereshem ou Merkshem. Voy. Merchtem, 97. * Merevelde —Manvilde, 75. Merevelde, 76, 77. * Merhaeg sous Oycke—Merehaga , 48. 48 Merhas. Voy. Maire. Merigis Frauplum , 132, note. Merkerias, Voy. Merekeghem. Merseh—Mariseh, 464, 167. Mersch (le doyenné de), 167. Mersch-sur-l'Alzette , 144. Mers ria. Voy. Merkeghem. * Mertenne— Mertines , 178. Mertenne, 187. * Merville—Menrivilla, 9. Merville, 2, 10, 35. Merville (le doyenné de), 33. Merxplas, 82. * Mesart sous Ohain— Merles art, 205. Meshem. Voy. Messines, 23. * Meslin-l'Évéque—Melin , 97. ` Mespeleir sous Zcle—Mespilarios, 43. Mespelier, 40, n (lo), 162. ncourt, 169, * Messines—Meshem , 23. Messines, 2%, * Methela, forêt, 48. METHINGAU (le pagus moyen du), 166. Methingau (le pagus de), 436, 441. Mettis. Voy. Metz. Metz, v, 162. LIEUX. 241 Metz (le diocèse de), 161. Metz (le territoire de), 163, * Meulebeke (Lede sous), 8. Meuse (la), fleuve, 2, 70, 72, 73, 14, 17, 18, 84,87, 107, 127, 142, 448, 454, 455, 162, 163, 169, 190. MEUSE (le pagus de la) supérieure et inférieure, 121. Meuse (le pagus supérieur et inférieur de la), M3. Meuson , 169. M * Mielen—Miele , 110, * Mignault — Miniacum; 97. Mignault, 89, 103. Milla. Voy. Melles, 97. res (le doyenné de), 472, Milna. Voy. Melden. Milunbrica, 164. Mirault. Voy. Mirwart. Mirenbeke ou Meirbeke. Voy. Westmeerbeek. * Mirwart—Mirault, 146. Mirwart , 457. Mochamp-Champlon , 148. Modave, 117. Moerbeke, 60. Moha (le comté de), 120. Moha (le comté de), 164. Moila (le comté de), 113, 414. * Moircy —Morceias , 146. * Mokersmorter, 97. Moll, 82. * Momignies, 173. Momignies, 170 note; 181. Monasterium. Voy. Moustier-en-Fagne. Monceau-Imberchies , 181. * Monchaux—Moneels , 197. Mondercange—Munderchinga , 464. 167, Monderich , 162. Mons. Voy. Geertruidenberg tellum, 197. * Mons-| Mons, 187. Mons (le doyenné de) , 103. -Mons in Pabula, 66. Mons-en-Pe * Mont- Blandin, #1, 54. Mont-Blandin (le monastère du), à Gand, X, 27, 39. Montbliart, 484. 242 ABLE ALPHABÉTIQUE Monte. Voy. Munte. Moseka. Voy. Musikberg. * Mont-Gauthier—Gnoldo Manso, 153 Moselle (la), 162, 463. Mont-Gauthier ^ Moselle (le duché de la), 141, 142, 465. * Montignies-lez-Lens—-Montinium, 97. MOsELLE (le pagus de la), 127, 136. * Montignies-sur-Roc—Munliacum , 497. * Mouchin—Maxtin ou Marcin, * Montignies-sur-Sambre—Montiniaeus , 484. Moulin , 463. le-Tilleul — Montiniacus , 178. * Mouscron, #1. le-Tilleul, 486, 487. * Moustier-en-Fagne—Monasterium , 204, 905. Montiniaeus. Voy. Montignies-sur-Sambre Mouzon, 162, 171. Montinium. Voy. Montignies lez-Lens. Mouzon (le pagus de), 163, 471. * Montlibet—Mons Leutbertus , 168. * Mozet—Mosene, 4 Mont-Quintin , 166. Mozet, 147. Montrecourt , 192. j Mulgou ou Moila , 122, 193. * Mont-sur-Marchienne—Monz , 178. * Munck-Swalm - Sualma, 98. Mont-sur-Marchienne, 186, 187. Munderchinga. Voy. Mondercange. * Montzen—Munzhie , 433. Munliacum. Voy. Montignies-sur-Roc. * Mooregheni—Moringehim, 43, 49. Muno, 169, * Moortsele—Mortsela , 97. Munster-Bilsen, 72, 127. Morinie (le pagus de la), Xt, 1, 16. * Munte—Monte, 98. Morins, 4 note 4, 5, 68. Musal ou Moha (le comté de), 144. Morla (le pagus de), 30. Mushal (le comté de), 120. Morlanwelz, 184. Musinium Voy. Muysen. Morlinga, 427. * Muysen lez-Saint- Trond—Musinium , 444 * Mortier—Mortarium , 130, 131. Muysen lez-Saint-Trond, 491 note, 124. Mortsela, Voy. Moortsele, * Muzikberg—Moseka ou Odeka, 98. Mosania. Voy. Massogne. Naast , 89, 102, 403. Neder-Weert, 78. Nalinnes, 488. Neer-Glabbeek, 78, 79. Namèche, 115, Ne che, 102. Namur, 189. (fla. Voy. Laneffe. Namur (le comté de), 173, 174, 181. Neonisio. Voy. Ninove. Nantes (l'évêché de), uit. Nera , 164. Naspelt, 466. vie, rir, 5 note 4. " Nassogne— Nassonia , 146, Ne gle sous Buissonville—Navania , 153. Netosa , 164. ania ou Wavania. Voy. Awagne. Nettine, 455. iens, 69, 435, 14 9. aco (le comté de), 413, 114. Nethes , 74, 81. Voy. aussi Grande et Petite Nèthes. areth , 44. Neuf-Fossé, 6, 33. Nazareth, 39, 53. * Neufmaison—Novus domus, 983. Néau ou Eupen, 115. Neufmaison , 402. * Neder-Eename—Enam inferior, 98. Neufville, 102. * Neder-Swalm , 98, 401. * Neumont (le bois de )—Ætimundi s DES NOM * Neuville, prés de Tournai—Novavilla, 43. * Neuville (la) en Mélantois—Nivilla , 65. Neuville (la), 62. Neuville-sur-l'Escaut : 191. Neuvillers, 147. Niederkorn, 166. Niel, 445, * Nieuport— Ysereportus , 9. Nieuport, 4, 10, 44, 18,98, 34. * Nieuwenhove—Niwehova, 98. Nieuwstryen, 73. Nieuw-Vosmeer, 73. Nimy, 102, * Ninove—Neonisio, 98. * Nivelles-Nivella , f Nivelles , 88, 90, 102, 103. Nivilla. Voy. Neuville (la). Nokere, Voy. Rode. Nord (la mer du), 33. Nord (le département du), 7, 10, 28. * Norderwyek—Northrevuic, 75. Über et Nieder-Feulen, 140. Über et Nieder-Wampach, 149. Oberkorn, 466. * Ocquier, 154. Ocquier, 117. * Odeigne—Aldanias, 146. Odeigne , 449. * Odeka, 49, Odengem. Voy. Audegem. Odiemeromarea ou Udernumark, Voy. Udem. * Odilienberg—Bergh , 196. Oedelem , 33. Oedelo ou Oldlobolo. Voy. Oolen. * Oeren sous Avelghem— Oen , 23. Oestrich, 492, Oetere (I), rivière, 128. * Ogy—Ogio, 98, * Ohain, 205. * Ohey—Olhais, 153. DES LIEUX. 245 Noderwyek , 79, 80. Nofluz. Voy. Quesnoy. * Noidré—Nordrées , 131. Noidré , 132 note. Noirfontaine , 447. NONGE s (le petit pagus), 170. Northervuie. Voy. Norderwyck. Nothomb, 168. avilla. Voy. Neuville. s Bursinis. Voy. Bourseigne-Neuve, Novroi—Nugaretum , 164. Novum Castellum ou C trum. Voy. Chièvremont. Novus domus. Voy. Neufmaison. * Noyelles-sur-Selle—Nyella , 197. Noyelles, 62, 192. Noyen, 13. aretum. Voy. Novroi. Nuhux. Voy. Huysse. Numansdorp , 73. Nyella. Voy. Noyelles-sur-Selle. Ohey, 117. Oise (LP), rivière, 172. Olfne ou Olfna. Voy. Elve. Olhais. Voy. Ohey. * Olisna , 146. Olm, 166, Olne , 142, 143. Olsene , 53. * Oneux—Over ou Ouvert, 131. Oneux sous Comblain-au-Pont—Alnit, 153. * Onnaing—Oninium, 497. * Onzenoord—Hunsete et Hunsate , 76. Onzenoord, 77, 78. * Oolen—Oedelo ou Oldlobolo, 83. Oorderen, 82, * Oostbourg—Ostburch , 23, 32. Oostbourg , 33. Oostbourg (le pagus d'), Oosterhout, 76, 77. * Oost et West-Vleteren—Fleterna, 9, * Oostmalle, 82. 244 TABLE ALPHABÉTIQUE * Ooteghem—Ostrehem , 23, 43, 49. Ooteghem, 27, 45. Op-Glabbeek , 79. Ophain, 102, * Op-Hasselt—Baslium ou Haslud , 98. Op et Neer-Heylissem. Voy. Heylissem. Orbais, 115. Orchies, 6, 66, 67. Orne (I), rivière, 162, 463, 182, 2, 482. * Orsinval—Ursenesvilla, 197. Orneau (l'), riviè Orte. Voy. Ourthe, Orten, 76,77, 78. Ortinon. Voy. Orten. Osclarum. Voy. Oxelaer. Osne. Voy. Oss. Osnes, 155. OsninG (le petit pagus d'), 169. Osning (le petit pagus d'), 440, 142. * 0ss—Osne, 76. * Ossogne sous Havelange—Osonia , 153. * Ossogne sous Thuillies—Alsonia, 178. Ossogne, 187. * Ostalde, près de Waetervliet—Ostold, 23. * Ostanbretana, 427. * Ostarmaringarodha ou Osterfurest, 56. Ostburg ou Osburg. Voy. Oostbourg. * Ostende— Testereph , 32, Ostende, 5 note 7. Paifve, 127. Palatiolus. Voy. Paliseul, Palethe. Voy. Over-et-Nederpelt. * Paliseul—Palatiolus , 446. Paliseul, 455. Pamel (le doyenné de), ur. Panghem. Voy. Poperinghe. * Papegem—Papingehem, 98, Pareid—Prodaicraten ou Perdaitten, 464 Parette, 166, 168. * Paulaethem, 95. Pays-Bas, vum, Peco. Voy. Pesche. Oster, 149. Osterolt. Voy. Oosterhout. Ostold ou Ostoldo. Voy. Ostalde. Ostrehem. Voy. Ooteghem. Ostrevant (le pagus d'), 7, 45, 130, 191. Othin (les rives de l’), 466. Otingehem. Voy. Hütteghem. Otrange—Otringas , 464. Otterenghem, Ottersum, Ottinghem, 27. * Ottergem—Ottringhem , 98. * Oudenbourg—Adebrue, Aldenburg, Oudenbourg (le doyenné d'), 44 note 1, 30. Oude-Walt, 193 note. Oud-Heusden, 73. Oud-Vosmeer, 78. * Our (l'), rivière—Urva, 146. Our (I), rivière, 149, 148. * Ouren—Ursofontana, 146. Ourthe (I), rivière, 432, 434, 439, 149, 146, 147, Val 148, 150, 153, 455, 457. Over et Neer-Hespen—Haspinga, 411 * Over et Neder-Pelt—Paletha, 76. Over et Neder-Pelt, 77. Overmeire , 60. Overyssehe, Voy. Isque. * Oxelaer—Osclarum , 9. * Oycke-Hoica , 43, 49. Ozeka. Voy. Muzikberg. Peel (le), 78, 192, 194. * Pellaines—Pellonia, 111. Pelt. Voy. Over-et-Nederpelt, Pemani, 142, 457. Pene, rivière, 5. Perarium. Voy. Pry. Perlé, 166. * Péronnes—Perona, 63. Perwez, 115, 418. * Pesche—Peco, 179. Pesche, 159. Pessoux, 455. * Petegem sous Melle —Pittélinghem; 93. DES NOMS DES * Peteghem sous Waregem—Pottingehim, 49. * Petia, 207. Petia, 492, 206. Petigny, 459. * Peti Crepin—Cella Stac-Trinitatis, 98. Petite-Chapelle , 472. Petit et Grand-Spauwen , 127 Petite-Nèthe, 71. Petit- Failly, 166. Petit-Rœux, 409. Petrisola, Voy. Steinsel. PEVELE (le petit pagus de la), 66. a), 6, 14, 39, 57 Pevèle (le petit pagus de Phalempin, 62. * Phalempin , * Philippeville, 476. Pieplo. Voy. Poppel. Piéton, 481. Pistes (l'édit de), x. Pittelinghem. Voy. Petegem. Plancenoit, 409. Plante (la), 487. Platen— Platana, 465. * Poel-Capelle sous Langemarcq—Puola, 23. Poix, 207. H 4. Poleda (la), rivière, 43 Pollaer, 27. " Pommerœul— Pomeralium , 98. Pommereul, 102. * Ponchaux— Putian , 98. ` Pont-au-Grand-Fayt sous Fayt-la - Ville—Lan cius Pontellus , 497. Pont-à- Vendin, 6, 66. ` Pont-de-Loup—Funderio , 479. Pont-sur-Sambre , 203. Quaet-Mechelen, 81. ` Quenestinnes—Guactinis , 99. i^ Querenaing—Guarainga ou Garantia , 203. * Quesnoy—Nofluz , 497. Tome XXXIX. LIEUX. * Poperinghe—Panghem ou Proprinshem , 9. Poperinghe, 2, 54. Poperinghe (le doyenné de), 29. * Popignies, 179. Popignies, 187. * Poppel— Pieplo, 76. Porciens (le pagus de) , 471 Post, 166, 168. Pottingehim. Voy. Petegem sous Waregem. Poucques , * Prepusdare, 83. Preux-au-Sart, 205. * Prisches, 497. Prisches, 199, 194. Prodeeraten. Voy. Pareid. Profondeville, 187. Pronote. Voy. Purnode. Propontii, 7 note. Proprinshem. Voy. Poperinghe. * Provin, 63. * Prum—Prumia, 146. Prum, 136, 437, 139. * Pry—Perarium , 179. Pulchri-Mons. Voy. Schönberg. * Punbeke, 61. Puola, 27. Voy. aus si Poel-Cappelle. Puolara, 27 note 2. Voy. aussi Bottelare * Pure—Boura , 168. * Purnode- Pronote , 153. Purnode, 155. Pussemange, 172. Putian. Voy. Ponchaux. * Putte, 83. Putte, 81. Quiévrain—Caprinum, 197. * Quincy—Quinciacum, 162, 164. Quin 245 TABLE 246 hamps sous Noville-lez-Bastogne—Rachans, Raches, 66. Radionacis. Voy. Ragnies. 82. —Radionacis, 179, Raevels Ragn Ragnies, 187. Rahier, 149. Rahisco, 164. * Railhies , 205. tainwez. Voy. Ranlies. taisse. Voy. Raches. * Ramegnies-Chin—Ramelgeis , 43. 8 gels, * Rameringhe soi ringhemia, 43, 56. Rameringhe, 39, 58. 43 Ramillies, 43 note 3. Rance, 188. Ranceis. Voy. Ranlies. * Ranlies ou Ranwez—Riuvinium ou Ruivinium, 119. Ranlies ou Rainwez, 187. * Rebach, 146, * Reid (la), 431. Reims, v. REIMS (le grand pagus de), 171. Reims (le grand pagus de), 1X note 4. * Rekkeling sous Buchte—Rameria ou Ramerin ghemia , 56. Remois, 135. Remorum civitas, v. temouchamp., 132, note, * Ren, 195. * Renaix—Rotnace , 99. * Reninghelst—Reningens, 23. Reninghelst, 24. Reppel, 78. "D Rethy, 82. us — R ai, 197. Reux-Famenne, 4253. * Reux sous Chevetogne—Rudis, 153. Reux sous Chevetogne, 135. s Machelen - Rameria ou Rame- ALPHABÉTIQUE R 46, * Kevin —Rivin, 1 Revin, 189. Rhin (le), fleuve, 3, 72, 133. Rhode-Sainte-Agathe, 102. * Rhonelle—Unetium, 198. kichelferod. Voy. Riekerath, Xicoluvingaheim. Voy. Rolleghem hiekerath , 122, * Riempst—Rimst, 441. * Rienne—Riennes , Riezes, 179. Rinthamna , 164. Vipuaires (le pays des), 121. Ripuarie, 124 note, 129, 132. u (le pagus dit), 136, 140. Riutum. Voy. Russon. tobelmont, 166. Rochashem ou Rochsem. Voy. Roxem. Roche (1a), 139. Rochefort (le doyenné de), 159. y ehingahim ou Rokkingim, 9. Rochinghem. Voy. Rekkeling. Rockingen, 10 note 1 Roda. Voy. Gontrode. * Rode— Rothe ou Rodha , 49. * Rode sous Tronchiennes—Rothe ou Rodhem . 56. todenbourg (le doyenné de), Voy. aussi Ar denbourg. RODENBOURG (le petit pagus de), 31. Rodenbourg (le petit pagus de), 34, 43, 33. T toding ou Rollange—Rollingen , 164. Voedegem , 166. Rocr (la), rivière, 415, 499, Roslare, 99. 124. * Roeslaer Rœulx (le). Voy. le Rœulx. Rogericorte. Voy. Roucourt, Rohignies. Voy. Rognée. Vollange 166. tolleghem-—Ricoluvinghem , 4. ou Roldingen, ou Rollingen, 164. Roman Pays, 104. DES NOMS DES LIEUX. 247 Romania. Voy. Roumont. Romblai, 6. Vomeries , Rometeria, 203. * Ronchin—Rumeinium ou Roneinium , 65. Vongée— Rohignies, 479. * Ronsele—Hrindsele, 56. * Roobor: Roodt, 166. -Rusut, 99. ` Roosebeke—Rosbaeis , 99. ` Rosière (Grand et Petit)—Roserias , 111. Roslar, Voy. Roulers ` Rosmalen-Rosmalla , 76. Rosmalen, 77, 78. Rotnace, Voy. Renaix. ` Roucourt—Rogericurte, 99. * Roulers-- Roslaer, 9. Roulers, 10, 48. Roulers (le doyenné de), 44 note 4, 30. * Roumont—Romonia , 146. Rouvroy, 166. ES ` Roux-lez-Charleroi—Ruez ou Ruoz, 179, 1 Roux, 485, Voxem—Hrochashem , 23. Sabstilo, 464. " Sa sous la Reid—Salceia, 194. ` sous la Reid, 132 note. Sachy, 469. Saeftingen, 95, 26, 53. 25, 9 EAR nghin—Syngin, 65. " Sains—Santa, 198. Saint-Amand-en-Pevèle — Sanctus Amandus in Pabula, 66, 67. Saint-Amand-les-Eaux-—Elno, 6, 40, 34, 54 , 66. ` Saint-Amand-les-Eaux—Elno, 9. ` Saint-Amand-lez-Puers—Baceroth, 99. Saint-André-lez-Lille, 62. Saint-Bertin (l'abbaye de), 28. ` Saint-Brice, près de Tournai, 99. S. Dionisius in Bro * Saint-Denis en Broqueroie kerul , 498. Sainte-Agathe (l'archidiaconé de), 165. Sainte-Cécile, 169, Roxem, 37. Ru des Aleines, 169. * Rubendyk—Tubindie , 32 Rudis. Voy. Reux. Ruez. Voy. Roux. * Rugge sous Avelghem—Rugga, 43, 49. tuivinium. Voy. Revin. tulles (le ruisseau dit), 166. Rumeinium, Roncinium, Voy. Ronchin. Rumes—Ruma , 43. Rumigny, 172. Ruppel (le), rivière, 82, 88, 102, 104. Ruremonde, 121. * Russignies—Rocenaka , 99. * Russon—Riutum , 141. RYEN (le pagus moyen de), 79. Ryen (le pagus moyen de), 11, 2, 16, 60, 70 à 74, 18, 19, 89. HI 1—Ruga, 23. * Ruysselede, 43. tuysselede, 53. Rymenam , 81. Sainte-Marie, 147, 166, anctis, 99. Saint-Genois , 54. int: Georges , 32, 33. * Saint-Gérard—Bronium, 179. Voy. aussi Brogne. * Saint-Ghislain—Cella ou Ursidungus, 198. Saint-Ghislain, 402, 208, int-Gilles-Waes, 61. Saint-Hubert—Andagium , 44T. * Saint-Laurent, 32, Saint-Maximin (l'abbaye de), 141, * Saint-Michel-lez-Bruges—Wennebrughe , 23. Saint-Omer (la ville de), 5, 6, 98. Saint-Omer (le doyenné de), 33, Saint-Pierre (l'abbaye de) ou Mont-Blandin, à Gand, 26. Voy. aussi Mont-Blandin. Saint-Pierre, 147, 148. Saint-Python, 192. Saint-Remacle (le doyenné de), 113, 132. 248 Saint-Remy, 206. * Saint-Sauve—$S. Salvator, 198, 203. * Saint-Sauveur—S. Salvator, 99. Saint-Sylvestre-Capelle, * * Saint-Trond— Sanctus Trudo, 411. Saint-Trond, 419. Saint-Trond (le doyenné de), 143. * Saint-Vaast-lez-Bavai—Sanctus Vedastus, 198. Saint-Vith, 148. Salegem sous St-Gilles—Salichem , 61. Salles, 484 Salmania. Voy. Soumagne. iuvenieres, 181, 184, 188. 206. Salvenerias. Voy Sambre (la), rivière, SAuBRE (le pagus de la)—Sambrensis, Sam briensis, 186. Sambre (le pagus de la), 200. Sanctis. Voy. Saintes. * Sancto, 484. aint-Amand Sanetus Amandus in Pabula. Voy. en-Pevele. Sanetus Salvator. Voy. Saint-Sauve et Saint-Sau veur, Sanem, 166. Santes, 62. Santvliet, 82. Saragau (le pagus dit), 136. * Sarchinium , 414. * Sarlardingen—Soraldingies , 99. Sars-Poteries , 9 Sarteria (la), rivière, * Sart-la-Buissière , 193. Sart-lez-Walhain, 184. Sart-Risbart , 415. Sart-Saint-Laurent , 487. * Sassegnies—Saxiniaco, 198. Sassegnies , 206. * Sattalars sous Fontaine-Valmont—Slaris, 179. Saulnois (le) , 162. Saulzoir, 192. * Saurée sous Disen—Solergia, 13 * Sausele, 49. * Sautain—Halein, 198. * Sauvenieres—Salvenerias; 179, 184 Saxiniaco. Voy. Sassegnies Scaldis. Voy. Escaut TABLE ALPHABÉTIQUE Scancia. Voy. Escornaix. * Scarpe—Elno, 43. Scarpe (la), rivière, 6, 10, 38, 51, 66 Scarpe (le comté de la), 161, 163. Scelleburd. Foy. Schilde. Schaasberg, 427. Schaffen, 86, 87, 415. * Schaltin—Caldina, 1 * Schelderode, 97. * Scheldewindeke , 93 Schelle, 79. 155. * Schellebelle—Bella ou Belliavieum , 99. * Schendelbeke—Scemtlebecke 99 Schifflange, 162. * Schilde—Scelleburd , 76. Schin, 427. Schönberg, 173. * Sehoorisse ou Escornaix—Securiaeum , 99 * Schooten—Scota, 83. Schooten, 82. Schrick, 81. * Scripnasium , 127. Schuelen, 413. Schuyffers-Capelle, 53. ngulsivilla. Selautis. Voy. Slootendriesih. Sebourg, 203. * Seclin—Skelmis , Skelnis , Skelnum, Siclinium, Seclin, 62, 64 note 4. Seclin (le doyenné de), 14 note 1. Securiacum, Voy. Sirault. Seeve Seilles. 185. m, 39, 53. * Sein, près de Mortague—Sein , 99 * Selle—Seva , 198. Selle (la), rivière, 192. * Selmetroda , 49. Seloigne. 203. Semberlaca, 164. * Semeries —Semereias , 198. * Semmersake—Cimbersaea ou Gymbersaka, * Semoy (la), rivière—Sesomiris , 147. Semoy (la), rivière, 142, 159, 162, 463, 169, 170. * Seneffe—Seneflia, 198. 100. 166. S Se x DES NO Seneffe, 402, 481. Senlis, v. Senne (la), rivière, 89. Sennet, 164, Senonagus pagus, 89 Sept-Fontaines , 166. Sequedin, 62, * Seraing-le-Château—Serangio et Serang , 144. Seraing-le-Château , 447. * Serville- Severceis, 179. Sestem, Voy. Velthem. Sethleca ou Selleca. Voy. Zellick. Sethtiaco, XI Seva. Voy. Selle, Sevenbergen, 74. Seveneeken , 60. Sevenich , 448. Severceis. Voy. Serville. Sgindreseh, Voy. Zwyndrecht, Sieambres , 4. Siceis Avenis. Voy. Avesne-le-Sec. Sichem, 415. Siggenhem ou Singgingahem. Voy. Synghem. * Signy-Mont-Liber Sincimagus , 168. * Sigud * Sillenrieux—Silleni-Rivus, 179. Silva Brolium. Voy. Borgne. Silvaneetum civitas, V. * Silvestria-Cortis , 453. Simmerbach (la), rivière, 164, Simpelveld , 132, * Singem , 100. Singengem. Voy. Synghem Sint-Job-in-t-Goor, 82. * Sirault—Securiaeum , 100. Sirault, 402. * Siringhem, 100. Sirka, 162, Sitdiu, 6 note, 5. Sivry, 48 Skelmis , Skelnis, Skelnum , Secilinis , Siclinium, Voy. Seclin. Sli s. Voy, Sattalars. Slenion. Voy. Leignon. * Slooten-Driesch —Selautis , 56. Sluse, 127. DES LIEUX. 249 * Smettelede—Smet-te-Lede, 100. * Smuid-sur-Lomme sous Liben — Summoulum, 147. * Snellegem—Snellingehim, 23 Soalnea, 164. Sodeia. Voy. Soye-lez- Namur. Soignies , 102. * Soiron—Soron, 131. Soissons, V. Soissonnais, 69. * Solanne—Solonia, 154 Solanne, 155. Solergia. Voy. Saurée * Solesmes—Solemium , 192, 203. Solesmes, 192, 205 Soleuvre, 167. * Sollania , 179. Solonia. Voy. Solanne. * Somergem—Sumerino, Sumeringehem , 9, 61 Somergem , 35, 60. * Somme (la), riviere Suminara, 124. * Sommeringerotha ou Buningerrotha , 83. * Somzée—Sumuzeis , 179. Soraldingies. Voy. Sarlardinge. * Sor n, 180. Sorezin, 187. * Soumagne—Salmania, 154. * Soumeries, 195. * Soye-lez-Namur —Sodeia , 180, 184 Soye-lez- ur, 183. Spa. 148. Spalbeek, 115. Spalt. Voy. L'E Spauwen. Voy. Petit et Grand-Spauwen * Spiennes—Splienium, 198. Spiere. Voy. Espierres. Spinetum. Voy. Espinois. Splienium. Voy. Spiennes. pongias ou Spongius, 154 ` Spontin * Sprundelheim sous Sprundel, 85. Sprundelheim, 84. Srange, 72. * Stave—Stabulis, 480. * Stavelot — Stabulaus, 147. 139; 1 Stavelot , 132 note, Steenbergen, 71, 73. 250 TABLE ALPHABÉTIQU E T) Steeninge, 72. Steenvoorde, Steffeshausen, 148. * Steflas ou Steffles * Steinsel—Petrisola , 467 Stenay (le pagus de), 474. * Stenbecca, * Stiers—Steri-Monticula, 411 Stockroy, 20. Stockville, 466, 168. Stradsele. Voy, Strazeele. * Strallant, 24. * Strata, 158, Strata. Voy. Strée-lez-Beaumont. Strato, XI. * Strazeele—Stradsele, 9. Strazeele, xt, 2, 14. Strée , 187. * Strée-lez-Beaumont—Strata , 180 * Swée—Stratella, 454. * Stryen—Sturnahem, 85. STRYEN (le pagus moyen de), 84. Stryen (le pagus moyen de), 71, 73, 78, 19, 80, 84. * Taignies sous Clermont—Tingies, 180. l'aignies, 487. Tailles (les), 449. * Taisnieres-en-Thierache —Taisnerias, 198 Taisnières, 208. * 'amise—Tempsiea ou Tempseea , 61. l'umise, 26. l'arcienne, 488. l'aruanensis pagus, xv, 41, 42 * Tatingehem, 49. Tatinghem, 6. Taton sous Vonéche, 418 note. l'aviers, 154. * Taviers-sur-Méhagne—Tavers, 414. l'aviers-sur-Méhagne, 143. * Templemars—Templovio , 65. * Templeuve—Templovium, 44. TEMPLUT IS (le petit pagus), 204. l'empsiea et Tempseca. Voy. Tamise. Stryenmonde , 73. Stryne (la), rivière , 70, 72, Sturnahem, 72, Voy. aus Stryne. Suchte. Voy. Vught. * Sudaccara, 49. Suessionum civitas, v. Sumerino et Sumeringhem, Voy. Somergem. Suminaria. Voy. Somme. Summoulum. Voy. Smuid. Sumuzeis. Voy. Som: Sunde: . Voy. Zundert, Sunniciens , 69. Sure (la), rivière, 442, 148, 163. Sure (le pagus de la), 436. * Susteren — Sustra, 497. Susteren (le doyenné de), 113 , 195 , 427. Suualma, Voy. Munck-Swalm. Swyn (le), € * Synghem—Siggenhem ou Siggingahem , 49, à Synghem, 58. , 38. Syngin. Voy. Sainghin. 8j * Ten-Broeken—Brouch, 21. Tenchthre Teonis villa, Voy. Thiant. * Terlocht sous Nazareth—Tioloth, 44, 56, Terlocht sous Nazareth, 39. Termonde , 111. Termonde (le mg T Térouane (l'évêché de), ur, 4, 3, 44, 42, 14, 28. ys de), 88. ouanais , 5, Térouane (le pagus de), X1, 6 note 9, 43. Tei ssenderloo , 82. Testelt, 82, 415. "T'esterbant , 74, 16, T7, 78, 87 Testereph. Voy. Ostende. Tetaigne, 166. Tetegem, 49 note. Texla ou Thexla ou Tessala. Voy. Destelberghe, Théodorica villa, 139. Theoliras, Voy. Tillier. A DES NOMS DES LIEUX. 251 There: * 'Theux—Tectis, 131. aldo luco, 37, 38. Theux, 20. THEUX (le district de), 194. Theux (le district de), vm, 422, 195. * 'hiant —Teonis villa, 198. Thieldonck, 102. Thielen, 82. * 'hielrode—Tilroda,, 61. Th "ache (le), 474, 202. * "Phietboldingim , 44. s, 102, 103. Thile. Voy. Dyle. Thicusi Thineis. Voy. Tirlemont. Thines (la), rivière, 403. Tholen, 73. * Thommen—Tumba, 147. Tommen—Tumba, 136. * Thorn—Torona , 141. Thorn (l'abb: je de), 84, 124 note. Thourout, 10. THOUROUT (le pagus do), 37. Thourout (le pagus de), 3, 17, 98. * Thriusca , 44, 47. Voy. Driesch, * Thuillies—Towlleis, 180. Thuillies , 487. Thuin (le doyenné de), 187. Thumeries, 62, 65. * Thun-Saint-Amand—Tunnes, 44. Thuringehem. Voy. Tronchiennes. * Thy-le-Château—Tier, 180. Tialoth ou Tioloth. Voy. Terlocht * Tieghem—Tippingehim, 49. Tier. Voy, Thy-le-Cháteau. "'iercelet , 166. * Tietrode, 400. Tilletam. Voy. Tilloy. * TTillier—Theoliras, 414. Tillier, 454. * Tilloy sous Orsinval—Tilietum , 198. Tilroda, Voy. Thielrode. l'ingies. Voy. Taignies. * Tinlot sous Sohet—Tilnou , 454. Tippingehim. Voy. Tieghem. * Tirlemont—"Thineis, 142. Tirlemont. 217. Tissinghen. Voy. Dis Tobacis. Voy. Tubize. Tongres, v. Tongres (le doyenné de), 79, 419, 127. * Tongres- Notre-Dame et Saint-Martin—Tongræ, 100. Tongrois (la cité des), 11, 69, 79, 450. * Tongrot, 56. Tontelange, 166, 168. Tornacensis pagus. Voy. Tournai. Tornaeus. Voy. Tournai, Torona. Voy. Thorn. Toul, v. Toul (le pagus de), 163. * Tourinne-Ia-Chaussée—Turninas , 112. Tourinne-la- Chaussée, 417. * Tournai—Tornacus , 9, 43. Tournai, v, vit, 5 note 4, 13, 45, 102 note. Tournai (l'archidiaconé de), 44 note 1, 38. Tournai (la vicairie de), IX. "Tournai (le doyenné de), 14 note 4, 39, 51. Tournai (l'évêché de), m, tv, 2, 3, 6, 14,12, 44. TOURNAI (le pagus moyen de), 38. Tournai (le pagus moyen de), X, 14, 16, 45. TourNaAI (le petit pagus ou la vicairie de), 51 Tournai (le petit pagus de), 3, 14, 30, 50, 66. Tournai (le quartier de), 34. —Dorp, 100. 7oy. Thuillies. * Tourp Towlleis. Toxandres, 5 note 4. Toxandrie (l'arehigiaconé de la), 87. TOXANDRIE (le grand pagus de la), 68. Toxandrie (le grand pagus de 20, 80, 491. TOXANDRIE (le pagus moyen de la), 86. , 1, 10, 4 note à, Toxandrie (le pagus moyen de la), 82. Traignies. Voy. Leval—Trahegnies. iere , 147. Train (le), ri Trajecta ou Trajectum. Voy. Maastricht. lingehem, 49. ildingehim ou Traselingehim. Voy. Dessel ghem. gnies—Trasniacus, 199. Trazegnies, 181, 200. Tremella. Voy. Drimmelen. Tremeloo , 82, 145. 252 reves, v lrèves (le diocèse de), 448 note 1, 461, 165. Lrévires, 135, 450. Trevirorum civitas , V. T'riusea (Geninga). Voy. Driesch * Tronchiennes—Thuringehem ou Truncinias , 44. 56. l'ronchiennes, 10, 25, 34, 3: l'runeit Voy. Tronchiennes. * Tubendyk—Tubinisdye, 24. Ubach-Over-Worms, 127. Ubiens, 4 note 2. Ucorminia. Voy. Escornaia. Udem, 123 note. Ukesham. Voy. Uxem. Ulmanètes, 69. Unetium. Voy. Rhonelle. Uotra. Voy. Votra. * Upigny—Hulpiniaeus , 112. Upigny, 145, 154. Urna, 164. * Vaals—Vals, 431. * Vaclar—Wakalare, 65. Vaganum, 47. * Vake sous Saint-Laurent— Facum , 32. Valehenburch. Voy. Fauquemont. * Valenciennes—Välencenias , 499, 2 Valenciennes (l'archidiaconé de), 191. 192, 499, 206. Valenciennes (le comté de), 419 Vallis. Foy. Laval-Chaudville. * Vantegem—Vantenghem, 400. Varcinium. Voy. Warchin, Varendonck, 82. Vatine. Foy. Vake. * Vattibiemont—Walthina, 454. Vau, 169. * Vaucelles—Wacellis, 180. 0. ABLE ALPHABÉTIQUE Tubidie. Voy. Rubendyk, * Tubize—Tobacis, 400. Tullo, v. Tumba. Voy. Tommen. Tungrorum ‘civitas, HI, V. Tunnes. Voy. Thun. Turna, Voy. Ittre. Turnacensium civitas, v. 13. Turnhout, 82. Turninas. Foy. Tourinne-la-Chaussée. Ursenesvilla. Voy. Orsinval. Ursofontana. Voy. Ouren. Urta. Voy. Ourthe. Urva. Voy. Our. Usipètes, 3. Utrecht (l'évéché d'), 111, 2, 44, 42. * Uxem—Ukesham ou Vekesham, 2 Uxem, 6, 42. * Uytbe Uytbergen, 59, 60. 1—Bergine , 57. Vaucelles * Vaulx lez-Tournai , 98. Veerle, 82, Vekesham. Voy. Uxem. * Veldaccra ou Feldacera, 57. * Vellerelle-Ie-Sec— Welereille, 199. * Velm—Velme , 112. , 89. 407. * Velpen—Felepa, 112, Velpen , 86, 87. * Velsique—Felsica, 100, 101. Velpe (la), rivi * Velvain sous Wez—Velvin, 44. Vendegies-au-Bois — Wandegies, 207, 208. * Vendegies-sur-Escaillon—Duo Flumin: Vendresse , 172. Ventica. Voy. Denderwindeke. 199. DES NOMS DES LIEUX. 2 * Verchin—Vercini, 199. Verdun, v Verdun (le diocèse do), 161. Verdunois (le), 463. * Verlaines— Versines , 119. * Verlée, 451. Vermand, v, 45. Vermandois, 69. Veromanduorum civitas, v. * Vertain—Vertinium , 499. * Vervoz—Vervigium, 451, 454. Verzenau. Voy. Virginal. tum. Voy. Visé. Vesdre, 139, 434. * Vestaecra , 57. Vezin, 466. * Viane, 95. * Vichte , 48. Voy. aussi Grootebeek et Winsberge. Vieq, 208. Vieille-Mandel (la), rivière , 25, 46. Vieille-Meuse (la), fleuve, 79, 74. * Viel-Salm—Salmis , 447. Vierves, 459. Vieux-Mesnil , 208. Vieux-Turnhout, 82. Vilare, Voy. Villers -Saint-Amand. Vilers. Voy, Hevillers. Villa. Voy. Ville-Pemmerœul. * Villance — Villantiæ , 447. Villance , 457. Villae, 464. Voy. aussi Villers-la-Ville. Villarium. Voy. Villers-l'Évéque. de Modave —Villay, 154. * Ville ou Vyle prè Ville ou Vyle prés de Modave, 117. Ville-en-Waret, 415. * Ville-Pommereul— Villa, 100, Ville-Pommerœul, 402. * Villerot.—Vilerot , 100. Villerot, 109, * Villeroux , 195. Villers. Voy. Hevillers. rs-le-Bouillet, a-Lau, 466. Tome XXXIX. NC C Si UR D Villers-Ia-Montagne , 166. Villers-Ia-Tour, 181. * Villers-la-Ville — Villare , 484. * Villers-le- Bouillet— Villers, 142. * Villers l'Évéque— Villarium, 119. * Villers-Pol— Villare , 199. * Villers-Saint-/ Viller * Vilvorde—Filfurdo. 100. nand—V are, 100. aint-Siméon, 497. * Vinderhaute—Vinderholt, 57 * Vinpinga, 44. * Virelles— Virella , 180. Virelles , 159. * Virginal—Verzenau, 100. Virginal, 402. Viroviacum. Voy. Wervieq. * Viscourt sous Clermont—Viseurz, 480. Viscourt, 187. -Veosatum , 131, Visé, 191, 124, 195, 199. Vitry, 147, 166, 169. Viulna, Voy. Ober et Nieder-Feulen. * Visé Viva. Voy. Grootebeek. Vivegnis, 127. * Vive-Saint-Éloy, 48. Voy. aussi Grootebeek. * Vladesloo , 24. * Vleckhem — Flachem, 101. Vléteren. Voy. Oost-Vleteren. Vlienderhage, 33. * Vlierzele—Flithersala, 98, 101. SEN eghem—Frilingim ou Fleskingem, 24. Volkerak (la), rivière, 73. Vonêche, 418 note. * Vorselaer—Furgalare , 83. * Vorst— Forest, 76. Vorst, 82. * Vosselaere — Fursitio , 57. Votra ou Uotra (la), rivière, 198. Vouzois (le pagus de), 471. * Voveninga, 57. * Vremde- Frunethe ou Frimethe , 83. Vrinia, 164. Vualzegem. Voy. Walsegem. * Vught—Suchte, 76. * Vulgang—Vulgangi, 24. Vynekt, 53. Waal, 71, 72, * Waalre—Wadreloch et Wadradoch , "it Wabaise, 149, Wabrensis , Wacellis. Voy. Vaucelles. Wachtebeke , 60. * Wacken— Wackine, 40, 50. Wacken, 25, 35, 46. m Wadelincourt , 406. * Wadingo, 154. Wadreloch et Wadradoch. Voy. Waalre. rensis, waprensis pagus, 161, elincourt—Wandalini curtis, 101. * Wadriscaput, 32. aereghem aringim, 47, 48, 49, 50. Waereghem , 39, 45. Waes (le doyenné de), 44 note 4, 25. Waes (le pays de), xv, 10, 26, 52. Waes (le petit pagus de), 60. Waes (le petit pagus de), 14, 34, 39, 58, 59. is habitants du pays de), 31. * Waesmunster—Wasmonasterium , 57. Waesmunster, 59, 60. Waetervlie! Wagnies, 9X * Waha, 158. Wahagnies, 62. Waivre (le pagus de). Voy. Woivre. Wakaslare. Voy. Vaclar. Walare. Voy. Walrath. Waleiodorum. Voy. Waulsort. Waleourt, 188, 489. Waldelefinga , 162. Waldricium, Voy. Waudrez. * Waleffes — Walevia, 112. * Walehem, 44, 50. Walehem, 40 note 4, 45. Walevia. Voy. Waleffes. * Walhain-Saint-Paul— Walaham, 184. Walhausen, 148. Walhorn—Harne, 431 note, 142, 143. * Wallers— Wallare, 205. Wallon-Brabant, 404. * Walrath— alare, 127. TABLE ALPHABÉTIQUE WW * Walsegem — Vualzegem , 101. Walsegem , 406. Walthina. Voy. Wattibiemont. Walt- Wilder, 427. Wambaix— Wambia, 199. Wambaix , 200. * Wambeke—Wambace, 401. * Wamont—Wasmont, 412. Wampach. Voy. W Wanania ou Wa Wandegeis. Voy. Vendegies-au-Bois. ise. a, 151 note, Wandelaicus (Mansus). Voy. Anloy. Wandre— Wandria, 431. Wanlo, 123, note. * Warchin—Warcinium ou Varcinium, 101. * Wardin, 144. * Waremme— Waronna , 149. Waremme, 118. Waret-la- Chaussée, 145. Warge (la), rivière, 132, 134, 147. * Wargnies-le-Grand-et-le-Petit— Warniaeum, 199. Wargnies , 203. Warminia, Voy. Wormen. Warniacum. Voy. Wargnies. Warsipia ou Wasipia. Voy. Ychippe. Wartet, 415. Wasda ou Zélande, 52. Waslare, 205. Wa W Wastenaco (le comté de), 114, * Wasviller—Wasvillaris, 499. Waterange, 72. * Watermael—Guatremal, 404. islin. Voy. Wellin. a r, 192, * Watten—Guatinum , 40. Watten , 6, 10, 34, 85, 36. ^ Watigny— Waudiniecas, 199. Watou, 33. Wattignies, 62. * Wattrelos—Waterlos, 44. Waudiniecas. Voy. Watigny. * Waudrez- Waldrieium , 199. * Waulsort—Walciodorum , 180, DES NOMS DES LIEUX. 255 Waulsort, 459, 189. Wavania, Voy. Awagne. 151 * Waverwalt, 83 Waverwalt, 81. Wavrant. Voy. Wavrin. * Wavre—Wavera, 401. Wavre, 90, 103, 445 * Wavre-Notre-Dame, 83. Wavre Notre-Dame. 81. * Wavre-Sainte-Catherine, 83. Wavre-Sainte-Catherine, 81. * Wavre-Saint-Nicolas, 83. Voy. aussi Putte. * Wavrin —Wavrant, 63. Weert, 494. * Weimerskirchen - Wimaris ecelesia , 167. * Weis-Wampach—Wambais , 447. * Welden sous Seevergem—Wilda , 44, 5T Welden, 39. Welereille, Voy. Vellereille. * Wellin—Waslin , 480. Wellin, 155, 489. Wenbria, 418 note. Wenghinas. Voy. Wyngem. Wennebrugghe. Voy. Saint-Michel lez-Bruges. Wépion, 487, 481. Wervicq, 34, M. Wespelaer, 402. ` Westerloo—Westerlo, 83. Westerloo, 82, Westersele. Voy. Zele. Westmaas, 73. * Westmeerbeek—Mirenbeke, 83. Westvleteren, 2, 28, 29. * Wetteren —Wettra , 400, 401. * Wez—Weis, 44. Wibiers, 208. Wibrin, 449. * Wichelen, 92. * Wielinghem—Wielingim ou Wielingahim, 32. Wiellamanus ou Willenier, 205. ` Wielsbeek—Willeshecca, 50. Wignehies , 199, Wiheries, 484. * Wihogne—Guigolonhia, 412. Wilda. Voy. Welden. Wilere. Voy. Wylre. Willeghem. Voy. Wylegem. * Willemeau— Guillemel ou Guislimum, 44. Willemeau, 51, note. Wilmarsdonck , 82. Willies, 203. * Wilryek—Wilrika , 83. Wilteuva. Voy. Woluwe. * Wiltz, 147. Wiltz (la), rivière, 442, 148. Winau. Voy. Wyngene. Winderholt. Voy. Vinderhaute Winlindechim, Voy. Wyneghem Winnezeele * Winsberge (le bois de), 50. * Wintershoven, 112, * Wisembach—Wisonbronna , 147 Wisques, 6. Wittsand, 6 note 6. WorvnE (| and pagus de), 464. Woivre (le grand pagus de), 20, 440, 141, 165 Woluwe, 90. aint-Étienne— Wilteuva, 404. Wolvelange, 166. * Woluwe * Wondelghem—Guddengem ou Gundelghem, 51 * Wonterghem— Guntrengem , 40. Wonterghem, 53. Worm (la), rivière , 115, 192, 424, 197, 432. * Wormen sous Velsique—Warminia , 101. * Worteghem, 40, 44, 4T, 48. Worteghem Wortel, 82. 45. Voy. aussi Walehem. * Woubrechtegem—Amobriengeheim , 101. Wouw, 73. ^ Wylegem—Willenghem, 404. * Wylre—Wilere, Wylre, 432. * Wyneghem — Winlindechim , 83. Wyneghem, 33. * Wyngene—Winau ou Wenghinas, 10, 24. Wyshagen, 78. 256 TABLE ALPHABÉTIQUE DES Y Ychippe sous Leignon— Warsipia ou Wasipia, 154. Ychippe, 155. Ypres, 4, 471, 34. Ypres (le doyenné d"), 28, 29. Ypres (le pagus d’), 46 et note 4. Yp * Ysendyk, 24. (le quartier d'), 34, * Legelsem—Scingulsivilla, 101. Zélande, 3, * Zele—Westersele , 57. Zele, 10, 59. * Zellick—Sethleca, 401. Zeveren , 53. 7 , 52, 53. Voy. aussi Wasda. LIEUX CITÉS DANS LES 32. * Geveninge—Greveninga, * * Lamswaarde—Lociwirdi, NO DES LIEUX. Ysendyk, 1x , 26, 33. Yser (la baie de l’), 40, 41. * Yser (l), rivière—Esere, 10. Yser, 99. Yser (le petit pagus de V), 41, 42, 44, 29, 30, : 34, 36. Ysereportus. Voy. Nieuport. Zolver, 162. Zonhoven, 79, 415. * Zundert—Sundert, 85. Zwynaerde , 27. * Zwyndrecht—Sguindresch , 104. ADDENDA, Peteghem-lIez-Audenarde—Busingehim. 40. Tieghem —Thietboldingim , 44. TABLE DES MATIÈRES. Pages UO E 1 oes rcl ed ure PRE eO D RN ee ] SECTION 1. LE GRAND PAGUS DE LA MÉNAPIE . 1 CHAPITRE I, — Le pagus moyen de la Flandre 15 Sir, — Le petit pagus de l'Yser . 28 $ 2. — Le petit pagus de la Flandre 50 $ 5. — Le petit pagus de Rodenbourg ou Ardenbourg . . . - 51 § 4. — Le petit pagus de la Ménapie CREE NC ERA a ROE aa Vae 55 § 5. — Le prétendu pagus MONO ee Ee EE? d. CHAPITRE lI. — Le pagus moyen de Tournai . 58 $ 1°". — Le petit pagus de Courtrai . 45 $ 2. Le petit pagus ou la vicairie de Tournai . . + . « - »1 $ 5. — Le petit pagus de Gand . ib. § 4. — Le petit pagus de Waes . 60 $ 5. — Le petit pagus du Carebant. 62 $ 6. — Le petit pagus du Mélantois 64 $ 7. — Le petit pagus de la Pevéle . 66 TABLE DES MATIÈRES. SECTION IL. LE GRAND PAGUS DE LA TOXANDRIE . CHAPITRE 1, — Le pagus moyen de Ryen ou comté d’ Anvers. — I. — Le pagus moyen de Stryen — IIl. — Le pagus moyen de la Toxandrie IV. — Le pagus dit masuarinsis . SECTION III. LE GRAND PAGUS DU BRABANT. CHAPITRE I”. — Les subdivisions du grand pagus du Brabant SECTION IV. Lr GRAND PAGUS DE LA HESBAYE . CHAPITRE I*. — Le pagus moyen de la Hesbaye `... II. — Le pagus moyen de la Meuse supérieure et inférieure. 8 4%, — Le comté de Huste. CHAPITRE IIl. — Le pagus moyen de Liége . Sir — Le petit pagus d'Aix-la-Chapelle . $ 2. — Le district de Theux . SECTION V. LE GRAND PAGUS DES ARDENNES . CHAPITRE I“. — Le pagus moyen des Ardennes II. — Le pagus moyen du Condroz . - Il. Le pagus moyen de la Famenne . À y Pages. 68 79 84 86 ib. 88 105 107 up ` 191 128 129 155 154 455 148 449 57 TABLE DES MATIÈRES. 259 SECTION VI. LE GRAND PAGUS DE Woivre . CADRE — Topagussmogen WATON es ve eS ter sco ur Gb II. — Le pagus moyen du Methingau et le petit pagus de l’Alzette . . . 166 E NL PE PO OS RO TOR EE § 4%. — Le petit pagus OST ARRET D $ 2. — Le petit pagus nongentensis et le petit pagus d'Ivoix . . 170 SECTION VII. EEUN BACO S DERKIN EA MORE TUBES S ere bé) CHAPITRE I". — Ze pagus moyen de Castrices. . . . . . . . . 178 SECTION VII. EENHEETEN CHAPITRE I, — Le pagus moyen de Darnau `. 18 Ss Il; — o EU EE ee ET My Li pespauusunoyen deron ss reu d. cov (e MILII DI SECTION IX. ORAND TEAG USTO DAHANA T O cu D d on e cu el ee of CHAPITRE I". — Le pagus moyen de Famars . . ooe . . . . . . . . . . 900 $I* — Le petit pagus dit Templutensis . - . . . ... . . 004 CHAPITRE II. — Ze pagus moyen du Hainaut. o . . . . . . . . . . . . 906 $1*. — Le petit pagus ou la vicairie de Bavai . . . . . . . db. Taste des principaux ouvrages cités dans le mémoire. . . . . . . . . . . . 909 alphabétique des noms des lieux. . . . . oar D NE OI UM AR RE CEP) — n QOO Gam — v, lignes 44 et 43 : XL, ligne 9 Xt, ligne 4$ 2, lignes 41 et 46 : Ptolomée, lise ERRATA ET ADDENDA. ligne 22 : les invasions étrangères et les déplacements des peuplades ; lisez : les invasions des peuplades ét res et leurs déplacements. itées; Lisez : cité note 1, ligne 4 : Grondlagen; lisez : Grundlagen. l en est du même; lisez : il en est de même. : Ledinghem; lisez : Ledringhem : Ptolemée. 8 3, note 5, ligne 4 : Erunt Usiptes; lisez : Erant Usipetes. 5, note 8 : noneupatum ; lisez : nuncupatum. 6, ligne 43 : Pont-Vendin; Lisez : Pont 94, ligne 96, du pagi; lisez -Vendin. 5, note 4, ligne 4 : Menaporum; lisez : Menapiorum. note 8, ligne 7 : Menipisc; lisez : Mempisc. , note 1 : Examen libre Verhoven ; lisez : Examen libri Verhoeven. ant, de l'Écluse , ligne 18, 2e colonne Greveninga, ajoutez : Geveninge (?) prov. de Zélande, doyenné d'Ardenbourg. . ligne 20, 2% colonne : à Lociwirdi, ajoutez : Lamswaarde (?) prov. de Zélande, cant. de Hulst, ché d'Utrecht, doyenné des Quatre-Métiers. des pagi. > ligne 8: à Bucingehim, ajoutez : Petegem-lez-Audenarde, prov. de la Flandre orient., cant. d'Audenarde, doyenné d'Audenarde. ^^. ligne 4, 3* colonne : 1148; lisez : 1455. 118, note 2 : 4 5, 2e colonne "Thietboldingim, ajout Tieghem, prov. de la Flandre occid.. cant lghem, doyenné d'Audenarde. note 2, ligne 2 : prosidebat; lisez : præsidebat. ; lisez : 892. 119, note 3 : Hist. de Loss ; Lisez : Hist. Loss. 133, ligne 3 136, ligne € : Galoppe. : Methingau. 142, ligne 44 : separtim; lisez : separatim. ligne 44, 2e colonne : Hamlange; lisez : Havelange. ne 7, Are colonne : Soheit; Lisez : Sohet. ne 20 : Alsuntue; Lis: Alsuntiæ. ms sensé \ Kn: L4 5 CX Imp Neerdandaic N E Imond! D a à ? | SEU » … i b z e | M | FINDHOVEAMA : YN 1^ d m KS Grubben ES $ 2 | ^ E: ! gie f j à Got i A À \ 2 . b » è | ? SR Malte dc bie $ e ei. "uw gp ^ e poen t Zen I E p = i Y E 3! rech Buckemorset | b 4 ED ae aS Loon ard. H z^ 5 144 nsvappehf. Ly Sf Oo j P Ke 2 / RT ` e WE d ES -- be — . MEN EChsc m r 17 $ - T—M f Ze {| Houcke X Westmalle Dostmalle j äer: d e + ATE GE ^ s am - - < Gel ps +7 ‘sde R m E chin Aer DE y gto y Vümnmeren. - [stel : v T KS denbourg" se y merite d E ATIT A A, `. A eve p d : / bh | ow Ges, Reuner D d | > EUN Y 5 j ` Linda A Fhssegħem 2 dure i Armo- sJ S / m Pe- N 4 ; sata é SEA SS d (Cleas non gc, e EZ s f Zoersel | e Le e S Tu E Ss d A : R Z Fedt S j N T e / i Borna. o A anal dorm / © ide quA ES Sœairur hx p T MER WW De derer VOS SARE: ee je 14 p D Lr. x EP Ma me Kc SC : E rng" j — p i . D e Met F Le ux ees de | | E J ubulne 7 v E Pe E OX L Ho (éi k ch E eg aere i PRUE , Seekene | y W ee #Achterbosch : n2 : e N | EN, F pcs Dueref ^M Æcébghen, Jah ue T S Dh m P Ae E e 4 A A CENONE ben j Vielen j d Began D E i d Gë ws N D ` Fruges m LN p. t A ; vt S Aa T E ere! (e 4 fb Aen » " E j C a» 5 | = mg . : Ai pes ` 4 bs E i P, i c V ^ m P Zait? Sc ^ € o D 8 G es ) v) "n à v d E | i 2 £o Wy - | 5 SC J | Obren b SE e - y | " SC: pf ] EN ditt. p Morderulycã ) 1 | : 4 d Uldozo on 7 A | Lies Mecrhoat X D Fank | ve (oe 3 A S v É « WI Eyal. Î E 4 ED l unthoat *. d E u b teole di Reforme j b f 5 -6 K A e » > S f LE VÉ Wobee no fiL f E 5 1 E S o 4 | 5» T ghene i ons B Së Forst A y AL! ES : Bulscamgll. UT à, EZ E Ee v Eden * Waldfiucht Cost 3 " 7 | re | i i tos SEN uysselé : e x 3 ABES to Ga í V 1 pe, th > Ber i $ / N Oeren N amperni sie | 5 ] v - Exc. Bc» : Á d 4 A. E À SS / y% S B - ; \ Er i dim WS Ve es D einsber cH Xe. E y e j y Lt ^ : "ab, Lopes, aie > A: ro ‘i 9 ; V = . 1 j | | da ; d * Mte "UK Wie uu * ? F j ; T i - e a e d f E ` » / Lë e 2 L HM ge i | p Oe d & $ WË cb Zë x , $ : ) eb w ci \L Er : : 3 Y / rs | Grevenbicht e Ka de "n , i i Ze dare "i DT , Th " orte — j e $ * . | \ Obbicht . d ON ` d 1 à í 3 f s eke P EB pi S and ^ X : í ENS j " gt 8 a p / n Sitt "net $ E Fox " Lenberge € GS mU í VE d € D] ad ( 4 ee : iiia s £ com à ` eg Jes e = à SST > ; d d À. N Urmond Hob $ ; S Kee à $ B d . ed , | rem äi" : M Pr ys pecie A nddah- $ G ER | Et pw Boada ATA y a A peser N he ; K^ : ie abusi AE ~u FT Koo cele | E el Zag 2 © E Gedenkirci ` SZ 4 H P ste m. Ge T> : i 0274 m é dies S RE Te mee GS Zeg" c MEN NE duae Capri ad N Uni Li mee le, — 1 2 / / : ) RS Je ET oe» z hout K N à nyd. Ge | Ouckere | — eni a, SE wy y © Zei H EE P^ ^ aeygem ý Sch pou) / SE Jr Wehen 1A Vest Ce / Ar Pa ex x A) Haiunae paii E T e gs y — SH 3 ^ H A qe d Jon i n Lora Les, Path. ^ a S f d H 1 n «40 se, i* PC | : uc E labo pte | Zones | rome d a KE Ee * (m 2t Ux » p rg dl Pas ALS V ug Ke Ne E £ i j ; e Crupshautiny i | / pow fan i ps p uychébroeck : Ges 27.4 fr LL Puty "à H Goen E MN C E hy A JA Ré LA QU Bean "o t o dara * 2. A Ca ius : x } CR Wa SCH ves ~ Aere p ft j \ i Ac D e ^ ` GER e 2 YL = B. SS kä 5 7 A La : Xe erdinghe Wi A ess. ; à ; un^ È k ) ACE E e A d E Q, [ be unite oa á ge N- VE néien : rade GE us ME SS (ST Ak A à atou Baier? ll. p Kë de pe lon aggem-B! d AIT. " Biz: S ES [2* TT = e ` Gelliek- 4 d ` à x jene st pu 28 KE ` Ze p^ i : SÉ D Mori. RAGE i Babe. VA [gen SE e ADAC Marba ggertbileca ongia 7 Een, 5 ei Ÿ Alsdorf Bir. d CH dpi a SI Pig hem, a ? ; Lo Hee a^ SE Fa rechtegem ^, Grand Dro? - aprum, E YT. E SCH me Ce ` RAS dé, / Ds u FEN CSS C : jc del pre Deexkck + d « : 2 « A XELE ss pra A Berg we Së A AL \ p Li " 1 T — eng H N ec ! ERN CL f Ee athe? SE E g e e 2 PTE oldua d à IK s + : # a t aE peeky NOW : eg Ai Á Was Sien * Zeene Piksbuso Hg. Ce | ee Ge À TE AVE š Laf | iA A Zu / >. x WS NER Ge eol LL ri a. S x plat S quon R 1 1i RS e / RK * räif h Mierde s Tydem JO ~ GH 2 À Pede a ^ iin d ie ps PP é \Cadier et Aret E É X We GC Nee os. Ne Ld Banionio ` ? k Appt LT Ne te e — M zd D Tower m z vis a v LX RUE] green c P \Z A 1 3 roodo Eer rech, LE Meg D. Lens S Ofen, ; See Gre e: RE Her bn Fite 1 ën Main d lGronsveh e elg pe) Uu k -7 röra ch / ed E 4 onto ge d P L^ Gaerbéek t LS À | Haute. 2 ^f KE Gg gs M C ( SF D É zi E ch Mg ous} x ý 3 / à e j " Wo, Bag ey ; ) » Y E Zeche V4 S S ac e] Zeien | Berchem ang é Zäre Piae ee 7! m. Ga eh -— emi aet rare. e e | jn Ee E KE enge, à . BS ei x e a a ger d ^ eangen X TAN. 3 e? hs Poriche à e SEN lee A Elnghen / SCH E I ý ent. ` vs a fem EA a Á Ai ju S u S S ffe - and » ; 2 H e 3 E: E " si R G F. dÉ í (x Boote i Si Tunis í A ; WE up E aur Er da ft E ten NN SX Ja PI d g de Y WR u j qu Corgi Ev t, E Bums! f d Pologne «He. P her Dee Pr. M a ek? k rrr 1 I urtard'nge E. Kë ) > E? S F 4 TOM pene | (YS Deuk Y Bossn IS 7 S E S $ pov 4 2 ` t FE PI sur detre |N Ea es ^ ieclénge bag T A " / > A 9 band i | CG D | Hi | R $ ata (e ae / De vt T. ui avingen, Bouckhout e e LN, b buron au ` ` "mi AP Y| Anseræut PR. Cho M euni Lo x E f LT GA Mota AA S Meute, E DEA TN UP A TTE / , A e RE omae. ruin Parte 4 f K phe oh à Clef w e :d poe Mel a iure dE " 3 à * | "fol oupines Ze, T Ze ba 7 E ore p AN pied E 1 P e eq uc Uc Vue À 3 | S Vertinghery e Sabre N Ipso ^ ML ard earth E e / KÉN, e aile Montay DEN TIR Wem EE L / dj 27. À Z A M | NYIERES SH m es ade i b Feeën ` BR d neur VS | hup. chrrneier ae Mer CR } pU AL D o > Së SÉ E o e ANS [E unatten zw C bc Pre dÉ ae Beite. PA CSD Ae s à anon Ve: Be Kenn S fynatre j] . sf OGade AE Ss Fe e GEN ^ Crenwick / E (Gs aval. Pon pot lx Ac f Frad orca: A. d 5s || \ ^ p 2 Dios Jér Fra: / ` Foelà Grand) ROUE." do jade, 3 / doas 1 Leide: i / | Lorenc à A a D 7 e: A. VE - Bases ler: tun tG: Kë od WC 2 $ "cou; Foo% S Aller Sen fer d T. 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Aaen © B de: DEM BE M e a Loung xe Gebot Y Fal e dncNes C c wm, AA ina DN : 4257 Titlene la Ville now Ww Ki Zeus y a \ Qu u SÉ, Ach Zoch EN $ ) A j m d Se LG unatne? | | m». j ^ Sch | | : qe A EN re EEN, us ; AS | Ee 4 Idien. S " f Th E PEST x Cat Tode es Bors VA Si 2; ` } Ad] j i xm FEN | ES AA Es; CEN split cols "Bee dee get, E 2 M ee di tm ! 5o À T Ga E teu EE, c Bosco Corrou [P hatea: In fer $ SE Cp " s pur v, d) ms Dës j SC Seng eg ] É S ES SG d La Ee B i E í Blehartes d gre Zen SC Sr: wen f Daisone. H E n iN pam Bas Hay ` ERES ee. S . A : Zadie . enen. À "a : Ev ` Lë ; ves oneri P a - Om bw dÉ m Hino, | e: C5 E Eë PL, t Michat | TU Foredi 1 NV. AT SCH 5 ux S H A Lille em acht ; i Pd L € | PA bte, , , | | A.T, Ze: ta ampu "S Salies a. Fram à ie br. K E d x E 6 LE / e f. Temp dd A far: re / d o Hillers aur SE ge Ab, | | | LE. ve ar j P UN / x; ASTY rm ody 1 ZAR VE. A Sunoenire \ | SAT ` äer N AWD A E 7 EE [Barse P. [robe AXhar* uL MOhampr, TE Au rdplarc SX. } E X DA u P E; A ael r AVAL s ; o (LM, hoder í T TEN j i Belgrad. — aT ^ > Ellen caven j Grremaire N Ki j pe. Fear cae eue NT Maret / ene. * um agde ues | 1 v 3 : S d epis Floririoua / B 71 Tam blar d esni 3 i nat les Eaux — oe Ei $m Ke 4 PR — ed iud 4 ] Marie S qe 3 \ ` ! TU m NOU, t Pu er Vdlodavà , | f : / y. S i e SE V Ke Hie #1 Pese. j Xhoris E Lam Aë d e? E om P Ger eier SEN Hamo -Flott La — f : — ` Y ed à c V. i A ( h "e Varcniennes AT ie d € Wepion e Viene S ^ * A ] D Qo Lord s < A Ronnes / À 5 : - — Een S GN | ye e A ` j ; pe See as. ute, E R a- dee A À S e: À Bänn? Um Poma! NS Sg 4 mnonheid TU ii & " N Pd ui us SS s NR a pk, dor. -i NAT) E - —4 ! ares Marci 4 > E ze R ` + Mon ti / de E ar: LN ER SA NR z VOS ces ä u oi a T Radar 4 A fon tign: bo SE T 1 ` Dart v | D x p e * igny ( Wailers rr Eug A Dec i dme Vic k SO Tu e rei "e gn que f Me. m e wt fre Bëgeche s e À Maille sc. d z a: Ke x i A eai E co» IM T oe LÀ ' ) à " P a vi TU Anu Mont "m Lance 2 S Heyd ) H Le! onerie ^ jx Puro JE { Anhevos- Dën, songe nds «d AE rvanx-sarOnthe. \ syak E 4 | * É Gamme Gerard 3 i ES we x, f s | rame, e A : Durna TS? Hier Condroz Ug ettan f) Waris i t Ach e S Hymne ` ch | éraax -j uw 8 Ux e a T [s D f AU j T ud genee * etn, \ pu A E iov: Biro Halleu. 4 ue de Ais " 1 ) Lee Fawn r okee Bap ; ES ` Zone Vr. d T On ZA ia Farrioda bk Qpaghe { Petit Hier. D g j rgniesiet , quique ] 3 Ku " c ONTEN ~. À S NT lle dB D KZ | RE" ` 4 TD ` deier : | Ai QE ile du-Boir N le / | si EM MA E oes rar Jia Æ N oss F: Ka (a Sei art T Seier ST E N a E AP de: "a, N wings? ` D SC ` ott) ` Be, | on m ANR Ee EE © RE Mfommiere d d S Š "a ` Amer. Ac i» À x \ V ILS: i 2 e fanilions UM p di 4 sa 1 Vaali j \ Ka Salm- Chaiten : E Marti. Be Y d E Klani T 3 mii cum Kä i Gg ër, "ZS Serville Gmmanster A Ft Gorin AT ` Braimlauf Ki Brcar me K E ES vas AR Ze? SS Quevelonte Damrusies -brechies ` A enne: E WI rues d ——X Losie NES. G E © Falmagne Férage 3 AS Herni [o Pie, Por Egis > ont | * Së SR "P Tue Tum e Arte Poteri; - | | s avs od (reel D P tt E } Vous die Al i ap EE JE Sg dad Sp © ESE E E E s d MD. A \ Houffa 5 " ; BN Mid ^! SEES oon Aus ts Le VÀ eot : 8 d i | vj [00691990 2 7-1 ae à P Ye tur- Pros RE ; tim / ent i ut ; Geng Des E Ge P Dechi- JHatagnie der \ d / CS Seng i . 4 N e zd igne E S Qu. x 5 d KE (j Peur - E SE D Ga oD TE E EE KEE) i í M : E Pr a ER Si: Feroe * d Plehn: \ ; ompi, TA ] Ü ji 231 D ISE EN RAPPORT AVEC LES Divisions oM un. Let cep D SC, eg À GE avs s LAM c. S 2 e æ Ga i ; [ a E í à PP "od z h S Desburas “A 4 f € Kë GE à | d £ JAN ; oaan ET S5 UB DIV l S ! 0 N S DES Paci PEN DAN T ? - Ke? Goarieur | Wa - e ^l vo E" E / i pu d Gë { 4 S Arville PP, M e. GE e s e E e S ` | h ORO Pu enken? Boex-Aeg, E e Zë eich, Ze | S ; A 1 E: À K Per Esch geiler o T | | y drins aec nET Cv» || Escaliere ‘Cul des Sarts ~ m e D - Co Ei Ecailler. Potige € 33 o le cen P recreo Pe * d : daer: € E y f- e Terventj J Arie e * 1 S Marie [7 ECH Zä mont j Me "ege, e "pe AS ETABLISSEMENT GÉOGRAPHIQUE DE BRUXELLES. FONDE PAR PuH.VAN opp MABLEN. xte . Rosiéry dire f z 1 e 2 i i hamps i de | Me Bourg Fidel | rte) f De 7 Sin: EN 0e gr , LEGENDE A Lp ; PER. UA ps att, ie Se ats ngón à y Fi; f = 2 À x LA Ww) -G U 8-9 MA À PE D rau 5 G Menu Chanet | Es eege. ed p imi G R AN DS pm Get eg ARE. Q pe i y "Cu “Orge gen? , Eu 4 a : sd Late m EE RR Limite des PA G i Fees : $ ^ aim "stier Auby de Tus EN (Ge y umiguy » xen im 7 ia E ec dE à | us SG MS 3} Bouil ^ chc voy di éi wäre, - P p à a S H os X. 1 g a, À iftam avc} : } =< LA Agasti s f d 3 es &g! moyens. RE d "Se ' p» gei À e Bransen Loge È Many ER D : É j E ; ee | j a RES m o y jg er e" 05s cud. StHenger p Chapelle o Marlemong ME ier aus Co Court À | Vrigrieeu ët, b EE a A Oe agi D IW k \ T S LER it E Segeln bagy cV c, M f L y R m EU a hi | j^ les Kë acu eseteit ettet [3 d u o &u e * np P i ) w; ; Sg Kiel s x ; i le, * = e A Cruyères Kid et Zeit RR Vidlere nay DS Monter : d d Y D € ; E : A Si "ny-4 Abh d 7 CN z an Autrevile i: mer ge "e A J Poutsicoart EE MT — ou iie d b NL um "^ Qoa SE "a vw =r ^ Dom k VT " Baute Pad | AA Z pe H Y / Chaumont Toresen à Kä i € à Remilly sur Hene H /€ à la Neuville 1 , I: d ( : A d) E Ww { Fillers devant lo DST à ANB, e ge 1 $ , " ; | P Marg A ` P fhos 2 AE Ve Fan i R LA e imes fint Vir | ECHELLES | \ $ Serainan T d Vendresse Sen TS E ei "s GIE Beete de Wgl Lieues Harig? (5000 Hèras.) í D ES E ^ Ma d Y paaa upoe 2 A. P GE Ee eg. , KE D í Preux. y AT lemmut , mut Lieue de e de 70 aut ad (5355.55 fts ) sr fyriamètres t Ki R X Leef) À E LIVES ia Ville ed SES 3 / \ v. k EA — i] a A y, e X Thonne la (ergeet dl ` Latour P7 out Mag | j 4 f> d à lun la ydus ngon ri f Ba EE j f E e E ng ER cim L d i y 2 / "d remous. Be Zei" PR d d ` ha j E « E RUN 1 es Mhemneles Pris ` ` dew ww Probe E Deni Chatezuloreien e GE E EVA MON TMEDY. De rom et. i tiet t T rre RES ; ^ : man = le Chesne d 7 P E uem 3 Ke f m d i2 Rendre RP Ce ime gag o > Ee E ME d A Tang : Ge À Lex (p " SE, Déposée i z LA D Ka Legende Maury - Hauerurt f ~ © Cgruere a vigmy | s dee : Viviena GE pers la Montagne: Remen wiis Fabiy 3 T SS nen © ferment H $ o B Leugpy € Jam. Fi ` Languion MÉMOIRES COURONNES MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. MÉMOIRES COURONNÉS ET MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XXXIX. SECONDE PARTIE, BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 1879 ARCHITECTE. PROFESSEUR D'ARCHITECTURI Tour XXXIX. HISTOIRE [ ARCHITECTURE DANS LES PA DE | L'INFLUENCE ITALIENNE SUR [S-BAS; AUGUSTE SCHOY, COMPARÉE A L'ACADEMIE ROYALE DES BEAUX-ARTS D'ANVERS. Devise : "Ocmtp cov dv, el TO Zen age drou dv poi, el èy èxeivy th (iow; piv ydp zu XEipav, (one d Deizien dy siy), mdr vi» voi) mTpo Ely , EL das M ` d de KH d 1670 4 uy’ dixacTod p» yàp ac GpET , picopog dè sing déve. IIAATONOX AIIOAOLIA EOKPATOYZ. A’. (Mémoire couronné par la classe des beaux-arts de l'Académie le 48 septembre 1873. AVANT-PROPOS. L'art souffre beaucoup de l'opinion, très-accréditée de nos jours, que pour écrire avec succès sur n'importe quelle question de son domaine, il suffit d'avoir de l'encre, du papier et quelques livres à consulter. Le travail que nous avons l'honneur de soumettre au jugement de la classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique existait dans notre porte- feuille à l'état d'études, quand elle mit au concours la question à laquelle nous avons essayé de répondre. Ces études, élaborées dans un tout autre but que ne le fait supposer l'usage littéraire que nous en avons tiré, constituent le reflet sincére de nos impres- sions personnelles, longtemps méditées, longtemps müries, sur nos monu- ments et nos architectes. Éerits en plein air, au pied des édifices, le plus souvent sur un échafaudage périlleux dressé à la hâte pour en approcher de plus près, ces fragments traduisent une conviction profonde, résultat d'une longue série de recherches et de làtonnements. Comme nous nous proposions de les publier un jour, nous avons lâché de les faire entrer le plus convenablement possible dans le cadre d'un mémoire académique. AVANT-PROPOS. Quant aux livres, aux manuserits, aux estampes chalcographiques et xylo- gliphiques qui se rattachent à notre sujet, quelle que fút la rareté de plusieurs de ces documents et le nombre des autres, jamais nous n'avons écrit d’après les traditions recues ou le témoignage d'un devancier. Nous avons eu sans exception toutes les sources sous les yeux. Ce Mémoire s'adressant uniquement aux hommes qui se complaisent en celle sorte de questions et d'études et aux artistes qui ont dû forcément les traverser, nous avons jugé inutile et pédant d'en doubler le volume en accu- mulant au bas de nos pages des citations, des notes et des renvois dont l'éru- dition facile eüt fait sourire le lecteur intelligent. Notre récit n'est interrompu nulle part et quand il nous a fallu intercaler un texte, que nous donnons tou- jours dans l'idiome original, nous avons emprunté les artifices ordinaires familiers à l'orateur qui ne peut interrompre son discours et renvoyer en note au bas d'une page ce qui le plus souvent constitue l'argument décisif de sa proposition. Bruxelles, mai 1870. HISTOIRE L'INFLUENCE ITALIENNE L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS DAS. CHAPITRE Je, Prodromes philosophiques. — Avénement et progrès de la Renaissance italienne; motifs de la corruption et du déclin de cette rénovation artistique. Les changements qui se produisent dans les idées, les besoins et les goûts L'architecture, trade de la société humaine, en modifient périodiquement l'aspect extérieur. avatars de Phuma- Dans les arts libéraux, et particulièrement en architecture, l'on est con- venu d'appeler style la synthése des motifs originaux adoptés par l'esthétique de l'école née de chacune de ces transformations. Pris dans son acception la plus large, l'art n'est que la manifestation maté- rielle du développement ou de la dégénérescence des éléments les plus élevés des forces intellectuelles actives d'une nation. Les âmes inquiètes, créatures d'élite, intelligences primesautiéres, toujours Causes de la prépondé- rance intellectuelle de l'Italie au début de la Renaissance 2 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE disposées à l'enthousiasme quand il s'agit d'élargir le domaine des jouissances idéalistes de l'humanité, deviennent forcément les éclaireurs de ce flux pério- dique de la civilisation qui semble pousser tous les esprits vers les mémes plages. Aprés les siécles de profonde ignorance qui succédérent à la brillante époque gréco-romaine, la lumiére qui s'éteignit avec Constantin jaillit de nouveau sous ses successeurs et régénera l’art monumental en Occident. Dès que la pensée de l'artiste eut reconquis ses moyens de traduction plastique, le christianisme sut faire naitre l'expression matérielle d'un ordre d'idées tout nouveau et eréa l'art ogival, qui, aprés la série de développements prodi- gieux, glorieuses étapes de sa carriére, se perdit par l'abus de ses innova- tions et de ses raflinements. L'architecture et les arts qui en dépendent traduisirent fidèlement les avatars multiples et les tàtonnements successifs de la fixation définitive des idées de ce temps d'ébullition étrange où toutes les fibres de l'humanité furent mises à nu par l'orage, où le tourbillon des esprits préparait le cataclysme qui bouleversa l'Europe à l'époque prodigieuse qui vit adopter le style dont nous nous occupons. Au XIV* et au XV* siécle l'Italie jouissait à peu prés seule du privilége de penser et d'écrire librement. C'est à cette enviable prérogative, corollaire direct de la constitution toute municipale qu'elle s'était octroyée dans la pre- mière moitié du XII: siècle, qu'elle dut sa Divina Comedia, son école de phi- losophie néo-platonicienne et la résurrection de la littérature et des arts gréco- romains. Partout ailleurs, les vérités hardies et révélatrices n'avaient licence d'apparaitre que sous les dehors de la folie ou les haillons des bouffonneries , les plus impures. En Italie, le despotisme des souverains et des petites oligar- chies républicaines était obligé de compter avec l'antique liberté des muni- cipes. Accoutumé à une série nombreuse d'immunités et de priviléges qui équi- valaient presque à un droit à la fois universel et traditionnel, le peuple italien du moyen âge avait appris à réfléchir sur les choses, sur les idées et sur les hommes. IT lisait, il discutait en plein air, il fréquentait le théâtre qui eut par là méme un caractère national et se sécularisa promptement. Au AN: siècle SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 5 les frères de la Passion exploitaient encore la scène de Velletri ; au début du XVI* les Italiens applaudissaient et comprenaient les pièces de Nicolo Machiavelli, La Mandragora, La. Clitia imitée de la Casina de Plaute, ou celles de Ludo- Vico Ariosto, La Lena, Il Negromante, La Cassaria et surtout la célèbre comédie Gli suppositi qui obtint de cet auditoire d'élite le succès que méri- lait une œuvre digne d’être comparée aux inimitables canevas des comiques romains. Un peu de licence, un amour désordonné des faux brillants, avait bien pu s'introduire dans ces sortes de spectacles, mais non cette législation étroite et artificielle des rhéteurs qui, sous prétexte de simplicité et d'élégance de bon ton, bannit des œuvres de l'intelligence l'enthousiasme, la vie, le pittoresque, le cri profond et vrai éternellement compris de la nature humaine. L'art de la Renaissance, et sous ce nom nous comprenons, outre l'archi- tecture ce miroir des sociétés, la peinture, la sculpture , les lettres et la philosophie, devait bientôt affirmer au monde que si Constantinople était tombée, Florence et Rome allaient surgir et se montrer dignes légataires de l'inappréciable trésor de ses connaissances. Dans l'œuvre étonnante des maitres du XVIe siècle semblent couver toutes les laves souterraines qui bouillonnent dans le sol italien. L'art nouveau eut bientót, pour satisfaire au besoin effréné de propagation , provoqué par sa virile jeunesse, le plus puissant véhicule qui eüt jamais été mis au service du cerveau humain et dont furent privés les siécles de Périclés et d'Auguste : PIMPRIMERIE, «ce don suprême de Dieu, » suivant l'expression du jeune gentilhomme Jörg qui devait s'appeler Luther. Les écrits philosophiques et littéraires des réfugiés de Byzance et la publi- sation des auteurs classiques dont ils avaient emporté les manuscrits, ou qu'ils découvraient grâce à de laborieuses et savantes investigations dans la poussière des bibliothèques conventuelles , eurent un retentissement sans pareil dans la république des lettres. Dès lors la scolastique avait vécu. Recteurs et professeurs universitaires se mirent en quête d'une « fontaine de Jouvence » pour rajeunir leurs tra- ditions séculaires et cherchérent à galvaniser par l'infusion d'un sang nou- veau le Trivium caduc ou le Quadrivium cacochyme. Constantinople talie. ugiés de en HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les aspirations de la Renaissance, corroborées par les idées réforma- trices en gestation, se trouvèrent à propos pour culbuter l'école surannée sur les ruines de laquelle allait surgir et se développer, par une gradation sans cesse ascendante, l’enseignement philosophique, littéraire et scienti- fique qui fait la gloire de l'époque moderne. Au reste, une rénovation complète était urgente; le vieil édifice vermoulu vacillait sur sa base : « point ne fallut aultres engins à Érasme que plume et escritoire » pour le faire crouler et le démolir. Laissant de côté la théologie, terrain brûlant sur lequel nous ne voulons pas nous aventurer, examinons brièvement où en était l’enseignement des universités à la veille de cette transformation radicale. Pour l'étude du droit, les cinquante livres des Digesta avaient vu s'accu- muler autour d'un texte déjà volumineux la superfétation informe des com- mentaires des glossateurs. Les «avis des prudents, » recueillis par Tri- bonius, étaient impudemment ajustés au lit de Procuste préparé par les casuistes retors de l'[nfortiat. La lettre et l'esprit des Pandectæ de Justinien, quintessence appropriée du vénérable et rigide Jus romanum, étaient faussés , grâce à l'inextri- cable labyrinthe de pédantes scolies d'une longue suite de jurisconsultes. Toutes les parties « disputassiéres » colligées dans les dialectiques d'Aris- tote et de saint Augustin servaient de base à l'enseignement de la logique. La physiologie était une science inconnue. L'histoire, un ramassis de contes insipides d'illuminés et de mystiques ainsi que de légendes absurdes amplifiées par des compilateurs crédules et amis des merveilles. La géographie, un tissu de fables enfantines, dont les fantastiques des- criptions topographiques des romans du temps sont le triste et fidéle miroir, était bornée au faetum de Strabon ou à l'itinéraire d'Antonin. Les sciences, facilement accessibles au monde arabe, sérieusement culti- vées en Occident par les seuls Juifs, s'étaient transformées d'une déplorable facon pour les universitaires. L'astronomie n'était plus qu'astrologie judiciaire; la chimie, alchimie; les mathématiques, l'algèbre et la géométrie réduites à la table de Pythagore SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 5 (l Abacus dédaigné des Caupones romains !) ; aux éléments d'Euclide et à quelques bribes sans conséquence de traités usuels des Maures d'Espagne transcrites sous les noms ronflants et apoeryphes d'Archimède, d'Apollonius, de Théodore, de Ménélas et de Ptolémée. La médecine, rongée par l'empirisme, s'attachait aux formules de Galien et de Celse en dehors de toute méthode scientifique, et appelait sans ver- gogne à la rescousse les propriétés palliatives des PAylactéres , les emplàtres et les onguents préconisés par Serenus Sammonicus ou les recettes cabalis- tiques de l'Enchiridion Leonis pape et des Clavicules de Salomon. L'anatomie, « sew in anima vili, » était strictement proscrite par les canons de l'Église romaine ; le docteur convaineu de dissection était frappé d'excommunication majeure. La philologie était complétement délaissée et les grammairiens du IVe siècle, Ælius Donat et Servius Honoratus, étaient admis comme oracles infaillibles dans toutes les écoles. Le latin de Cicéron, de Tite-Live, de Virgile et d'Horace, ravalé au rang infime des jargons hybrides, « heu! bassa lati- nilas! » était tissu de barbarismes et hérissé de ces ineffables solécismes qu'Érasme triait sur le volet avec tant de malice, en épluchant la latinilé douteuse des éerits de ses contemporains. Si le moyen âge avait compté des hébraïsants célèbres, depuis Moïse Maïmonides, l’auteur du Moré Nebouchim , Gersonides de Bagnols, qui tenta d'assouplir la Bible à la doctrine d'Aristote; Naehmanides, Salomon ben Adereth, Chasdai Kreskas, jusqu'à Joseph Albo, l'écrivain dogma- tique du Sepher Ikkarim; Vétude littéraire ou religieuse de la langue hébraïque resta l'apanage exclusif des Rabbi. L'imprimerie était à peine découverte que les Juifs se servirent avec enthousiasme de ses bienfaits. La Bible parut à Venise en 1474; le Talmud à Anvers en 1523. Plus tard, les Attias d'Amsterdam reçurent une solennelle récompense des États-Généraux des Provinces-Unies, pour la valeur hors ligne de leurs impressions en caractères hébreux. Quant au prosodique et incomparable langage des Hellènes, il n'était pas davantage cultivé ou compris des lettrés d'Occident. Les chants héroiques d'Homère, les tragédies de Sophocle, les livres de Platon, les odes de Pindare Tome XXXIX. 2 Les Rabbi seuls hé- braïsants. Proseription des hel lénistes. Érasme, précurseur aux Pays-Bas de la Renaissance classi que. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE étaient réputées « détestables paienneries. » L'helléniste infortuné empestait le fagot et le « Greecisare hœresisare» était un apophthegme menaçant. Quand Érasme de Rotterdam partit pour l'Italie appelé par le cardinal Grimani, les lettrés et les artistes de la cour de Laurent le Magnifique atteignaient l'apogée de leur gloire, et Jean de Médicis, qui ne put retenir le Batave par les offres les plus séduisantes , devait bientôt ceindre la tiare et s'appeler Léon X. L'auteur du MOPIAS EPKOMION (Stultitiee laus) livre étrange, quintes- sence de raison aiguisée d'ironie vengeresse , matérialisé par le crayon fantaisiste du peintre de la Danse des morts, fut le véritable précurseur aux Pays-Bas de la renaissance classique et des doctrines socratiques du néo- platonisme ; il réva de rétablir dans sa patrie le culte des belles-lettres et de la philosophie du siècle d'Auguste et poursuivit toute sa vie cette idée avec un entétement et une persévérance dignes de l'embléme qu'il avait fait graver sur son anneau : un Terme avec la devise : concedo nulli. Érasme fut l'audacieux révélateur de l'antiquité paienne : le premier, il accouluma ses compatriotes à se familiariser avec un ordre d'idées jusqu'alors réputé sacrilége. Dans l'un de ses Familiaria Colloquia, le Convivium religio- sum , le docteur de Rotterdam ne cache pas sa propension et ses sentiments à l'égard des écrivains de l'antiquité. Il met dans la bouche de Chryso- glottus, l'un des interlocuteurs du dialogue précité, des paroles qui équivalent à toute une profession de foi philosophique, l'inimitable charme érasmien dans la plaisanterie souveraine servant de cadre : « CHR. Sacris quidem litteris ubique prima debetur autoritas, sed » lamen ego non nunquam offendo quxdam vel dieta a veteribus, vel » scripta ab Ethnicis, etiam poetis, tam caste, tam sancte, tam divinitus » ut mihi non possim persuadere, quin pectus illorum quum illa scriberent, » numen aliquod bonum agitaverit. Et fortasse latius se fundit spiritus » Christi, quem nos interpretamur : et multi sunt in consortio sanctorum , » qui non sunt apud nos in catalogo. Fateor affectum meum apud amicos, » non possum legere librum Ciceronis de Senectute, de Amicitia, de Officiis, » de Tusculanis quæstionibus quin aliquoties exosculer codicem, ac venerer sanctum illud pectus afflatum coelesti numine. » SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 7 Entrainé par son enthousiasme cicéronien, Érasme dévoile le culte secret qu'il a voué à l'Olympe antique et plaçant ses poëles au rang des demi- dieux : « CHR. Et ipse mihi saepenumero non tempero » dit-il « quin bene » ominer sancte anim: Maronis et Flacci; » bien plus, dans son délire néo-platonicien il fait dire à Nephalius au risque de voir sa main étreinte par le gaufrier ardent : « NE. Proinde quum hujus modi quzdam lego de » talibus viris, vix mihi tempero quin dicam Sancte Socrates ora pro nobis! » Que l'on juge par ces phrases brülantes du grand railleur batave de l'enthousiasme qu'il dut provoquer dans les cerveaux des humanistes flamands pour l'antiquité classique. L'école érasmienne s'engoua des formes de l'architecture gréco-romaine dés leur résurrection sur l'affirmation hyperbolique du divin Platon qui écrivait que la Grèce, toute savante qu'elle était de son temps, aurait eu de la peine à fournir un architecte vraiment digne de ce titre. D'ailleurs, le princeps oratorum , Cicéron, dont le docteur de Rotterdam colle avec amour les écrits à ses lèvres, « exosculer codicem! » quand il veut citer une science qui possède une vaste étendue n'allégue-t-il pas l'architecture dans la lettre où il informe Atticus de son idée d'élever un Fanum aux mânes de Tullia sur les dessins de Cluatius. Quiconque s'est senti une seule fois captivé sous le charme des livres de Platon en garde un impérissable souvenir et se trouve étrangement surpris de rencontrer dans les chefs-d'œuvre du siècle de Léon X l'incarnation plastique de la philosophie enchanteresse du fils d'Ariston. L'écrivain ou l'artiste qui ne s'est point assimilé étroitement la doctrine de Socrate distillée dans les inimitables traités de Platon et de Cicéron est incapable de com- prendre et d'analyser l'esthétique de l'art italien du Cinque-cento. Les tendances platoniciennes de l'ami de Busleyden , d'Alde Manuce et de Boniface Ameybach, répandues dans ses nombreux ouvrages, firent les délices des licenciés et des docteurs des quatre Pédagogies de Alma Mater et pré- parérent incontestablement les esprits éclairés du temps aux idées archéty pes de la Renaissance dont, à l'envi, l'architecture, la sculpture et la peinture concouraient à développer la manifestation extérieure. La résurrection de l'art architectural de l'antiquité païenne fut donc pré- Avénement et progrès de la Renaissance en Italie. Influence orientale en Italie Éloignement des Ita- liens pourle systeme en ogive 8 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE parée aux Pays-Bas par la renaissance des lettres grecques et latines; la régence de Marguerite d'Autriche et plus tard de Marie de Hongrie devait être pour nous ce qu'avait été pour l'Italie l'avénement de Laurent le Magni- fique au trône ducal de Florence. Toutefois, avant de rechercher les causes, l'origine et les développements du mouvement de réaction en faveur de l'architecture gréco-romaine qui fit prévaloir dans notre pays les préceptes de Vitruve et délaisser les traditions des maitres és pierres , il convient d'examiner rapidement comment naquit et se propagea cette Renaissance italienne, qui dés la fin du XV* siècle passait en Espagne et en France à la suite des expéditions de Gonzalve de Cordoue, de Charles VIH et de Louis XII, puis de ces deux foyers se répandit insensi- blement dans le reste de l'Europe. Quelles que soient les causes génératrices des remarquables changements qui signalérent cette grande époque de rénovation architecturale, il faut reconnaitre que la vieille terre virgilienne était encore trop couverte des débris de la splendeur romaine pour que les traditions architectoniques du peuple- roi fussent jamais complétement oubliées ou perdues. A ce riche héritage de monuments élevés sur le sol italien vinrent encore s'ajouter comme types précieux les nombreux débris de l'art antique, tro- phées de marbre et de bronze dont les Vénitiens et les Pisans ne man- quaient jamais de charger leurs galères au retour des aventureuses incursions qui les faisaient craindre dans tout le bassin de la Méditerranée. Constatons cependant que l'art oriental avait pu s'implanter dans la Pénin- sule dés le IX* Basilique vénitienne de S'-Mare, le dôme de Pise «opus tam mirum» , œuvre iécle et s'affirmer bientôt par des poëmes de marbre tels que la de Busketos l'/Etolien et de Rainaldus, son successeur, et les nobles cathédrales de Padoue, de Lucca, d'Arezzo, de Sienne et d'Orvieto. Si les coupoles d'or, les campaniles diaprés, les polychromies harmonieuses et les njosaiques ruti- lantes du style byzantin fascinérent pendant prés de deux siécles les archi- tectes en Italie, cet engouement ne nous étonne guère; l'art nouveau épanoui sous les Comnénes procédait de l'art ancien qui florissait sous les Héraclides : Byzance continuait Corinthe. Quant au XIN” siècle, l'Europe s'éprit de l'architecture gothique et vit SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 9 adopter partout en moins de cinquante ans le nouveau système à ogive dont le berceau semble positivement avoir été l'Ile de France et la Champagne; l'Italie seule regimba : ménade affolée de luxe et de matérialisme, à la robe de gaze de Cos, vivant sous un incomparable ciel; elle waccueillit qu'avec répugnance celte mélancolique enchanteresse, vierge hautaine aux rigides draperies, frissonnant sous le givre du septentrion. Les sombres terreurs du moyen áge révoltaient son imagination brillante qui devait bientôt s'attacher aux poétiques doctrines de la philosophie plato- nicienne; la foi des Italiens qui se manifestait à l'aise dans les lemples enso- leillés, revétus de marbre et de bronze, ne pouvait s'aecommoder du culte mystérieux se dérobant au monde sous les noires voussures et les profonds sanctuaires du miinster féodal. Briginthe, l'arehitecte de S'-André de Verceil, fut un anglais; meister Jacob, qui bâtit la cathédrale de S'-Francois d'Assises , était allemand de naissance. La valeur incontestable de l'art ogival qui seul avait pu victorieuse- ment contre-balancer le génie antique eut le privilége d’exciter au plus haut point les sentiments de rivalité jalouse des maitres italiens. Vasari ne prend pas la peine de dérober sous certaines formes atténuées du langage, la haine aveugle et implacable qu'il porte à l'art des hommes du Nord quand il désigne les chefs-d'œuvre de l'art ogival par cette phrase qui ressemble à une imprécation : « questa maledizione di fabbriche che hanno ammorato il mondo. » Les derniers mots de cette pensée envieuse prouvent, bien plus que des torrents d'invectives, à quel point les artistes italiens souf- fraient d'avoir vu passer en d'autres mains et poser sur d'autres fronts le sceptre et le bandeau de la royauté de l'art, Bien qu'ils élevassent en ce genre quelques monuments dignes d'admiration, les architectes. d'Italie ne s'assimilérent jamais étroitement le génie du style ogival. La profonde esthétique de l'art du Nord, son symbolisme mystérieux, ses théories seerétes, ses tracés cycloïdaux et épicycloïdaux ignorés d'Archi- mède et d'Euclide , retrouvés au XVIIe siècle par le génie de Pascal et des Bernoulli, apparaissaient à ces petits-fils d'Ictinus et de Vitruve non comme un probléme, mais comme un défi. La premiére condition de la beauté de la forme chez les anciens avait élé L'art ogival importé ir en Italie par de chitectes étran Répugnance des Ita- liens pour l'art sep- tentrional, 7 gnage de Arnolfo di Cambio,pré- curseur de la tion gréco-romaine en Italie. 1294. Arc de triomphe du Castel-Nuovo à Na- ples. 1445-1470. 10 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE la symétrie absolue, les artistes du moyen âge y ajoutèrent les cadences eurythmiques de l'alternance et de l’intersécance. Ce fut l'abus de ces nou- veaux thèmes qui leur fit préférer par les maitres italiens la sensation de l'unité des parties, à cause de la fatigue qu'éprouvait l'œil à démêler et à suivre le tissu de cette harmonie diffuse de l'alternance et de l'intersécance dont l'unité réelle était moins sensible. Des 129% Arnolfo del Cambio osa relever le gant jeté aux races latines par la Gaule et la Germanie et matérialisa l'expression de cette sourde anti- pathie de quatre générations d'artistes en osant construire Santa Maria del Fiore. Ce « maitre en œuvres vives » ne put terminer sa sublime protesta- tion; il se trouva heureusement pour achever cette tàche glorieuse un peintre de génie , Giotto , l'architecte du fameux campanile aux diaprures de marbre, mosaique colossale qui fait encore aujourd'hui l'orgueil des Florentins. Aprés Giotto, vinrent Orcagna, Filippo, Taddeo Gaddi, enfants de cette mâle géné- ration qui commence au Dante et produisit à la fois Nicolas Pisano, Giovan Bellini et André Mantegna. Les successeurs de Giotto suivirent religieusement les plans d'Arnolfo, qui peut étre considéré à juste titre comme le premier architecte dela Renaissance italienne et le digne précurseur de Filippo Brunellesco qui devait, un siècle plus tard, couronner l’œuvre du vieux maitre de Florence par une coupole aérienne , morceau capital de la nouvelle école, déjà jalouse de l'admiration qu'on accordait au Panthéon d'Agrippa. Disons, toutefois, que ce mouvement ne se localisa point dans l'ancienne Étrurie; les idées de rénovation artistique agitérent bientôt les architectes de la Péninsule, des Alpes à la Méditerranée. En 4445 les Napolitains érigérent en mémoire de l'entrée. d’Alphonse, roi d'Aragon (2 juin 1442), l'are de triomphe du Castel-Nuovo dont les sculp- tures sont de Silvestro dell'Aquila et d'Isaie de Pise. Vasari en fait honneur au florentin Giuliano da Maiano; mais ce premier jalon du retour de l'archi- tecture aux idées monumentales des Romains eut pour architecte le sculpteur milanais Pietro da Martino. Cette œuvre lui valut les éperons de chevalier, témoignage distingué de la satisfaction du royal triomphateur. Les grandes portes urbaines que Charles-Quint fit construire à Anvers et à Gand un siécle plus tard, par les ingénieurs Sébastien van Noye et Donato SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 14 Boni Pellizuoli de Bergame, le premier flamand, le second italien, celles de Las Granadas à Grenade, de Santa Maria à Burgos (1525) et l'Entrée gran- diose de l’Alcazar de Tolède, œuvre d'Alonzo de Corrubias, nous prouvent que l'usage de donner une décoration artistique analogue aux arcs triomphaux des Romains, méme aux Entrées militaires, avait été importé et favorable- ment accueilli, dés le début de la Renaissance, aux Pays-Bas et en Espagne. Dix-neuf ans aprés l'érection de l'are de Castel-Nuovo, Giuliano da Mayano fit pour Pietro Bembo, son ami, depuis pape sous le nom de Paul IF,.la facade du Palais de San-Marco dit de Venise à Rome. C'étaient là des affirmations importantes de la vitalité et de l'extension de l'art nouveau, bien plus, de l'application de ses doctrines à des monuments laiques ou profanes. Étienne Masaccio, disciple de Massolino qui, au dire de Vasari, mourut à 26 ans en 1465, tenta de ressusciter d'après les préceptes de Vitruve quelques édifices de l'antiquité; mais ee fut plutôt l'œuvre d'un archéologue que d'un architecte. L'antiquaire Marco Fabio Calvi de Ravenne traduisit plus tard pour Raphaël l'œuvre architecturale de Vitruve, manuscrit annoté de remarques marginales de la main de l'Urbinate, une des curiosités de la Bibliothèque de Munich. Les Antiquitates urbis per Andream Fulvium, antiquarium, furent éditées à Rome en 1527. Ce livre fut toute une révéla- tion : les gravures sur bois représentant d'anciens monuments de la ville éternelle en furent faites d’après les dessins de Raphaël; l'édition de Venise de 1588 les reproduisit. Filippo Brunellesco, qui édifia à Florence les églises de San Lorenzo et del Spirito Santo qui résument sa carrière artistique , celle-là étant la pre- mière et celle-ci la dernière de ses constructions, fut véritablement le pro- moteur de l'architecture gréco-romaine. Tout entier à son idée, il alla passer de longues années à Rome en tête-à-tête avec ses chefs-d'œuvre de prédilec- tion. Il en rapporta, conçu d'une façon pratique, le projet de faire revivre l'art des siècles d'Auguste des Flaviens et des Antonins. C'est au génie de Brunellesco , que les artistes de Florence doivent la gloire d'avoir ramené, les premiers en Europe, l'usage des ordres grecs et romains. Dès la première moitié du XV: siècle, brillérent d'un vif éclat des maitres renommés comme Baccio Pintelli, Giuliano da Mayano que nous avons déjà Palais San Marco à Rome. 1464. Masaccio, Calvi, Ful vius. Brunellesco, promoteur de l'architecture gre- co-romaine, italiens du X Ve siécle.— Architectes, Seulpteurs. Apogée de l'art de la Renaissance en Ita lie. — Diffusion du style L' Imprimerie. — Anti quaires. — Lettrés. Philosophes. 12 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE cité, Michelozzo-Michelozzi, Filarete, Léon Baptiste Alberti et une foule d'autres noms moins remarquables. Outre la coupole de Santa Maria del Fiore, on construisit l'hôpital de Milan, la facade de l'église Santa Maria Novella que Michel-Ange appelait son épouse, la cour de S'-Damase au Vatican, le chœur de l'église de la Nunziata, les églises S'-Sébastien et St-André à Mantoue et le palais du patrice florentin Bernardo Ruccellai, ami et allié de Lorenzo de Medicis et de Donato Acciojuoli ; dans cette rapide nomenclature accordons une mention particulières au. chef-d'œuvre de Léon Battista Alberti, l'église San Francesco dans la cité de Rimini. Gardons-nous d'oublier la pleïade de sculpteurs de génie qui secondérent si brillamment les architectes. Dans l'art de la statuaire, on admirera tou- jours le poëme de bronze fondu, ciselé, buriné avec une maëstria superbe en 1401 par Lorenzo Ghiberti sur les vantaux de la porte du Baptistére de Florence. A cette œuvre du fils de l'orfévre Bartuluecio dont, malgré sa jeunesse, le patrice Pandolfo Malatesta avait su deviner et protéger le talent, ajoutons les productions admirables de ses rivaux et contemporains, Simon da Colle, Francesco di Vandabrina, Nicolas d'Arezzo, Donatello , le merveil- leux toreuticien aux tendances corinthiennes , l'auteur immortel du monu- ment d'Ilaria di Caretto dans la cathédrale de Lucques, et Jacopo della Quercia qui, par Pélan qu'il sut imprimer à l'art de la statuaire, avait dès 1413 placé bien haut le renom de l'école siennoise. Dans les dernières années du XV* siècle l'architecture de la Renaissance parvint à son apogée; les deux San Gallo, Baldassare Peruzzi, Bramante, Giorgio se signalérent à l'envi par des œuvres remarquables dont la renom- mée traversait les monts et préparait l'Europe étonnée aux merveilles du siécle de Léon X. à Le branle était donné, quand la découverte de l'imprimerie et l'émigra- tion vers Rome et Florence des humanistes grecs chassés de Constantinople vinrent compléter la rénovation des idées artistiques. Protégés par ces fameux princes italiens, à la fois condottieri, artistes et lettrés, les Visconti, les Sforza, les d'Este, les Gonzague, les Bentivogli, les Médicis, les poétes célébrérent à l'envi l'apparition des trésors de l'art gréco-romain qui chaque jour se révélaient sous la pioche des antiquaires. Roscoë nous apprend qu'une de ces découvertes était l'objet de plus grands transports de joie pour les SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 15 italiens de la Renaissance que ne l'eût été la conquête de tout un royaume. Merula et Bernardo Bellincioni à Milan, Spagnuoli et Arrivabene à Mantoue, Aleandro et Francesco Colonna à Venise, l'Arioste et Bojardo di Scandiano à Ferrare, Codro Urceo à Bologne, Benivieni à Florence, Sadolet à Rome, Pontano et Sannazar enfin à Naples, trouvèrent des ditirambi pour tous les temples des sonetti pour toutes les statues. Les doctrines de la philosophie socratique ou néo-platonicienne, rapportées de l'Orient avec les manuscrits que les Juifs venaient vendre à Florence à la grande joie de Gemiste Pléthon le commentateur, passionnaient les lettrés et les artistes pour qui Cosme Ancien faisait bâtir par Brunellesco la Villula de Fiesole. Dans ses Sylves (imprimées à Florence en 1482-1485), en souvenir de Cicéron, le rhéteur Angelo Politiano l'appelait Tusculum. Marsile Ficin traduisit Platon en langue latine en 1491; Lorenzo de Médicis fit imprimer le livre à ses frais. C'est encore à l'heure qu'il est la meilleure version que l'on possède : au XVIe siècle, elle contribua puissam- ment à vulgariser la doctrine du philosophe athénien, car, avant l'arrivée en Italie des Grecs de Byzance la belle langue d'Hésiode et d'Homère n'était plus comprise. Au dire d'Érasme, dans le monde monacal de la fin du XV* el du commencement du XVI: siècle, quand un docteur, dans une thése publique, trouvait un passage écrit en cette langue, il le sautait en disant froidement : « grecum est non legitur. » Parmi les écrivains dela Renaissance qui ont embrassé à la fois la vie de Platon, sa doctrine et ses ouvrages, Marsile Ficin occupe le premier rang; ses vastes travaux, son zèle ardent, ont fait revivre le disciple de Socrate et ont relevé son culte en Europe. Alde Manuce publia en 1513 l'édition grecque princeps des œuvres de Platon; à partir de cette époque l'étude du grec revient en honneur dans toutes les universités du Continent. Les aspirations des esprits étaient portées vers le naturalisme païen; la beauté plastique eut de nouveau ses aulels, on restaura en son honneur le culte de la chair, cette vieille passion de l'humanité. Dans les concerts qui sui- vaient presque toujours les réunions philosophico-artistiques de la villa de "iesole , Antonio Squarcialupi, le chanteur de prédilection de Lorenzo , dont le buste se voit encore sur la paroi de la nef gauche, à la cathédrale de Tome XXXIX. 5 Le néo-platonisme Laurent le Magni fique. — Fiesole. Marsıle Ficin, — Pla ton traduit en lan gue latine. 1491 Naturalisme. — Culte 14 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Florence, entonna un jour un « hymne à la beauté » dont le Médicis avait rimé les s{anze. ll n'était pas nécessaire de rappeler à ces néo-platoniciens de la Renais- sance, dignes rivaux des contemporains d'Aleibiade et d'Aspasie, les pré- ceptes du maitre qui conseillait à Xénocrate le Chaleédonien et à Dion de sacrifier aux gráces. La présence méme à ces joules poétiques et philoso- phiques des belles florentines, la Maria dei Lanzi, la Bencina, la Morella, rappelait Lasthénie de Mantinée et Axiothée de Phylasie qu'une vocation impérieuse détermina jadis à suivre Platon. Émaneipation de m — L'émancipation et le respect de la femme nés des lois d'honneur de la "omm chevalerie féodale exercèrent au XVe siècle une incontestable influence. Elle tourna tout entière au profit de l'art et servit de puissant véhicule à l'extension des gouts et des doctrines issues de la Renaissance gréco- romaine. Dante et Platon. Dante Alighieri avait enseigné aux artistes la valeur du principe idéal dans la manifestation expressive de l'art; le commerce de Platon accoutuma les intelligences à chercher ce principe divin dans la perfection physique et l'harmonie matérielle de la création. L'art de la Renaissance dut à Platon la grâce, la poésie, l'enchantement de son esthétique; Raphaël peignit l'école d'Athènes et introduisit le mythe païen dans les peintures bibliques des loges du Vatican par ses allégories empruntées à la mythologie classique ; Jean d'Udine et Jules Romain, dans les arabesques, accompagnant ces sujets sacrés, semblaient inféodés à la théogonie d'Hésiode; plus tard, Rubens, cet incorrigible païen, dans le tableau La reine prend le parti de lu paix, de la galerie de Médicis au Luxembourg, met en scène Mercure traitant de puissance à puissance avec deux cardinaux de la sainte Église romaine. A tout. prendre cependant, ces maitres pouvaient s'autoriser de l'exemple de l'épopée dantesque quand le sombre Alighieri, dans les terrifiants versets de son Enfer traduits par Michel-Ange sur l'immortelle fresque de la Sixtine, complète la Géhenne de l'Évangile par le Tartare du vieil Homère, is, Caleondyle, L'Italie des Médicis, sous l'influence des doctrines philosophiques des arque, Boccace. , l'Arioste, lArétin et Lascaris, des Demetrius Calcondyle et des autres réfugiés de Byzance, conti- ses continuateurs. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 15 nuait la tâche commencée par Pétrarque, Boccace et l'Arioste au siècle pré- cédent; mais cet engouement pour les poëtes et les écrivains de la Grèce et de Rome devait bientôt aboutir par l'abus de l'imitation de leurs tendances ihyphalliques aux obscénités blàmables non-seulement des Dialogues de l'Arétin ou du Decameron de Boccaccio, mais encore du Liber Facetiarum (1410) de Poggio Bracciolini ou de V'Hermaphroditus de Beccatelli. Le naturalisme sensuel que déplorait Savonarole et qu'il erut immoler en allumant le fameux Capannuccio de trente brasses de hauteur de la piazza della Signoria, oà l'on vit les portraits des donne d'amore florentines, brülant au milieu de miroirs biseautés de Venise, de flacons d'essences de Naples, de tentures de velours ciselé de Génes et des œuvres érotiques de Tibulle, Properce, Boccace et Pétrarque, ce naturalisme pour l'extinction duquel Fra Girolamo mourut martyr, était une fatalité originelle à laquelle l'art de la Renaissance ne pouvait échapper. Les premières applications des ordres gréco-romains furent faites à des églises ou à des chapelles ; comme on a pu le voir plus haut, l'architecture perdait de plus en plus son symbolisme mystérieux. Les T'recentisti qui conti- nuérent un moment dans leurs œuvres au XVe siècle les traditions de Giotto et de Masaccio pour la peinture, de Nicola Pisano et de Ghiberti pour la statuaire, de Busketos et de Rainaldus pour l'architecture, en furent les derniers fidèles. Désormais l'architecte allait réver, méme pour un édifice religieux, de thermes et de nymphées, le peintre, de formes plantureuses et lascives, le statuaire, de divinités sans voiles. Le fut ce gigantesque débordement des idées charnelles que Savonarole était parvenu à enrayer par la force de son génie et de sa volonté appuyés d'une foi austère et s'était un instant flatté de pouvoir détruire. Sa rigide esthétique défendait à l'architecte de prendre pour modèle du temple du sublime Galiléen les types prostitués au culte d'un Jupiter adul- tère, d'un Mercure voleur, d'un Baechus ivrogne et d'une Vénus dissolue. Le moine frappait d'anathéme le peintre et le statuaire convaincus d'avoir étudié la nature humaine non-seulement sur la chair vivante, mais encore sur la chaste nudité marmoréenne de la statue antique. L'idéal de la beauté ne pouvait résider, suivant la conviction de Savonarole, que dans les types séra- Réaction de Savona role contre les ten dances naturalistes de la Renaissance. Principes esthétiques de Savonarole. Mythes d'Astarté et d'Aphrodite. Chute de Savonarole. 1498. 16 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE phiques de l'école ombrienne, incarnés dans les visions mystérieuses qui peuplaient les extases du bienheureux Angelico da Fiesole. Fra Girolamo dépassait le but; la morale la plus sévére sait du nu distin- guer l'obscéne. Par une anomalie étrange, l'art chrétien par excellence de l'époque ogivale avait, principalement en sculpture, usé de nudités brutales étalées dans le sanctuaire comme en un lupanar. Cet abus fut général : le clergé séculier plébéien des villes s'autorisait jadis de singuliéres plaisante- ries et des personnalités les plus crues sur le clergé régulier patricien des abbayes, dont les vices, l'oisiveté et les richesses contrastaient avec sa vie sévére, besoigneuse et pauvre. Jacques de Vitri fait la peinture la plus sombre de la dépravation des ordres monastiques à la fin du moyen àge. Les trouba- dours, dans leurs Sirventes , et nos Rederijkers, dans leurs Schimptooneelen et leurs Hekelspelen, persifflaient sans ménagement les moines en publie avec l'approbation de l'official et des juges synodaux ecclésiastiques. Les murs des églises fournissaient au clergé urbain un pilori;inviolable pour afficher en représailles ses dolentes censures. L'art antique que cherchaient à traduire les artistes de la Renaissance pré- sentait le nu comme la perfection supréme de l'art de l'imitation des formes créées, et, par la chasteté de l'attitude et de l'expression, ôtait toute idée de volupté. L'imagination du moyen Age catholique n'avait en vue que l'Astarté de la Bible, Vénus ne pouvait étre que la sorciére impudique du sabbat trainant sa séquelle hideuse d'incubes et de suceubes. L'Aphrodite de l'Hiade avec son cortége de grâces et d'amours resta toujours pour les grecs et pour les maitres néo-platoniciens de le Renaissance le type éternel et idéal de la beauté divine. Le XIIIe siècle eùt béatifié Fra Girolamo; le XVe siècle l'envoya au sup- plice. La veille de l'Ascension 1498, atteignant la hauteur des Loggia dei Lanzi, se dressait un énorme bücher qui devait faire surgir d'étranges émo- tions et des revirements inattendus dans la cité des Médicis. Florence, la mondaine et sensuelle hétaire repentante, la néo-platonicienne qui, se couvrant de cendres et se frappant la poitrine, allumait naguère le Capannuccio sur cette méme place où l'on voyait le bücher, Florence avait renié son prophète, condamné son Fra Girolamo, ce tout-puissant prieur de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 17 St-Marc qui sut un jour, par la vigilance de sa seule opposition, empécher la restauration de Pietro de Médicis et établir un État théocratique. L'art des disciples de Fra Angelico, Gozzoli le Florentin, Gentil da Fabriano, Domenico da Michelino et Zanobio Strozzi, avait entendu pour la dernière fois, sous les rosiers de S'-Mare, défendre victorieusement sa symbolique, ses doctrines et ses traditions. L'école des Trecentisti, si pure en son essence, interprétation chrétienne des idées nouvelles adoptées par les maitres italiens, fut définitivement aban- donnée le jour où l'auteur inspiré du Triumphus crucis et du livre si héroïque de probité morale De simplicitate vitæ christiane , escorté de ses deux compagnons de supplice Sylvestre Maruffi et Domenico de Pescia, s'abimérent dans la vaste fournaise de la piazza della Signoria. Le génie païen de la Renaissance avait terrassé son plus redoutable adver- saire, brisé sa derniére entrave, plus rien désormais n'allait s'opposer à son essor. L'année qui suivit la mort de Savonarole vit sortir de l'imprimerie Aldine l Hypnerotomachia, œuvre plus que profane d’un autre dominicain, Francesco Colonna, jadis terminée à Trévise le premier jour de mai 1467 « lorsque » Polyphile était détenu dans les doux liens de l'amour pour la belle » Polia. » Le sort réservé aux deux moines nous fait toucher du doigt d'une facon évidente les tendances et les secrètes aspirations de la société italienne à la fin du XVe siècle. La foi religieuse n'avait pas encore été amoindrie par l'in- différentisme; sous des allures paiennes l'Halie cachait un christianisme encore intact; grâce à cet appoint de l'ordre surnaturel, Savonarole avait su fasciner le peuple de Florence. L'attirant sans cesse hors de la nature parmi les visions, les miracles, l'enfer, le purgatoire, le ciel, il sut l'amener au point de devenir contempteur implacable de la beauté plastique, séculaire idole des Toscans, auxquels le culte des formes parfaites est un sentiment naturel. Fra Girolamo pécha par exeés de zèle théologique ; il voulut rendre le Flo- rentin pieux par la terreur, il voyait surtout le néant des choses humaines; intelligence sombre et farouche, il glacait de crainte ses auditeurs en montrant les horreurs secrètes de la mort et du Jugement; il dépouillait cette belle Les Trecentisti. Colonna. L'Hypnerotomachia. 1467-1499. Causes de la réaction qui amena le sup- plice de Savonarole. 18 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ville étrurienne de ses fleurs légendaires, déchirait ses robes de brocari, arrachait son masque de velours en faisant apparaitre la serpillière hideuse d'un squelette aux os verts. Ce fut là une des grandes causes qui changérent en haine furieuse l'admi- ration passionnée des florentins et amena la chute de l'utopie théocratique de Savonarole. La loi du Christ est compatible avec toute manifestation plastique du génie humain, envisagé au strict rapport métaphysique; elle a brillé suc- cessivement sous les modestes arcosolia des catacombes, sous les portiques latins, les coupoles byzantines et les arceaux gothiques. Les Haliens des XVe et XVI* siècles rêvaient pour le culte de leur choix un cadre digne des fabuleuses magnificences impériales et rendaient à la divinité le solennel hommage de la suprême beauté physique, son constant attribut dans les mythologies gréco-romaines. Rapprochement entre Get état des esprits à l'époque qui nous occupe se traduisit par des faits : ka " ^ au dominicain de Florence, au moine austère qui reproche à ses concitoyens de « boire dans la coupe des réprouvés l'eau de la source corrompue de « l'antiquité paienne » , l'excommunication majeure fulminée par Alexandre VI, le bücher et le lit caillouteux de l'Arno pour tombeau à ses cendres ; au domi- nicain de Venise, à l'auteur de la Priapée, au peintre érotique de Philédès « dont les appas juvéniles ne sont voilés que d'un nuage transparent de par- » fums » les honneurs d'une édition de luxe dont Alde Manuce fera le texte et André Mantegna les dessins, et quand la mort viendra le saisir plus tard en 15410, une épitaphe élogieuse et une sépulture honorable lui seront octroyées prés des monuments des doges Mocenigo, Venier et Vandramin dans Dén ise des SS. Giovanni et Paolo, le Westminster de Venise. Savonarole fut la dernière digue qui arréta un moment la diffusion de l’art matérialiste , Colonna fut le boue émissaire des tendances et des idées païennes qui, depuis deux siècles, agitaient sourdement les cerveaux italiens. Léon-Baptiste Alberti, par la publication de son traité De re ædificatoria , avait converti les artistes aux doctrines nouvelles ; le Songe de Poliphile de Colonna, s'adressant aux patrieiens, rallia toute la société italienne. Dès lors, l'idée mondaine se substitua définitivement à l'idée mystique , et les préoccupations de la société convergérent toutes vers l'institution positive R L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 19 humaine. Les traditions classiques prévalurent et les formes paiennes de l'art gréco-romain ne comptèrent plus en lüalie que des adeptes et des admirateurs passionnés, dont, par un rare bonheur, quelques-uns eurent du génie, presque tous des talents hors ligne. Le flambeau de la Renaissance rayonna dés ce moment sur toutes les contrées de l'Europe et bientôt, grâce aux efforts du Berruguete, ce Michel-Ange espagnol qui rencontra dans Charles-Quint un mécène magnifique et à la toute-puissante influence de Juan de Herrera, l'architecte de prédilection de Philippe I, la monarchie castillane l'étendit au Nouveau-Monde. Dans ce revirement général, un seul artiste, séduit par les théories du fougueux Girolamo, y demeura fidele. Ce fut le champion armé de toutes pièces accouru à l'appel du tocsin, de l'atelier de peinture de la Porte San Pier Gattolini, le jour où Valori fut assassiné sur les degrés de San Procolo; le florentin Bartolomeo Bandinelli, le peintre du St-Marc, qui devait illustrer sa robe de dominicain en devenant le plus grand coloriste du siécle. Si Savonarole ne laissa qu'un disciple dépositaire de sa rigide esthétique, Baccio eut assez de génie pour l'en consoler un peu. Dans lhypothése où Savonarole eût réussi à maintenir son autorité à Florence, le grand mouvement de la Renaissance élait enrayé et n'eüt point débordé aux Pays-Bas, ear l'exemple de lltalie entraina seul les autres peuples. L'Espagne, aprés la conquéte de Grenade, avait adopté le style mudejar, mélange de gothique et de mauresque; le contact politique immédiat de cette nation l'eüt intronisé chez nous d'une facon décisive, car, à la fin du XV* siècle, nous n'avions pas encore subi directement l'influence italienne. Nous trouvons d'ailleurs des preuves de cette assertion dans certains édilices des Pays-Bas que nous citons plus loin, et où se remarque distinc- tement l'influence gothico-mauresque. Nous sommes pourtant en droit de supposer que si l'Ialie, fascinée par Savonarole, était retournée à l'art. des T'recentisti, notre architecture gothique se fût encore une fois transformée par l'adjonetion de l'élément mudejar ou mozarabe, dont on trouve de nom- breux types en Espagne, et aurait conservé ces éléments pendant tout. le temps où ce style serait demeuré en honneur dans la Péninsule ibérique. Quant au reste de l'Europe, et particulièrement en France, en Allemagne Bandinelli fidèle à l'es thétique de Savona vole. è de la réus Savonarole au point de vue du ment de dif- le la Renais sance en Europe Triomphe du Cinque cento, Académie Flo rentine, Cour de Laurent le Magnifique. 20 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE et en Angleterre , chacune de ces contrées possédant une véritable école natio- nale (en décadence, il est vrai, mais débordant encore d'éléments vitaux), aurait pu attendre le souffle de quelque génie qui l'eüt transformée. Battu en brèche par la Renaissance, l'art ogival défendit ses principes pied à pied, compta des adeptes fervents jusqu'aux derniers jours et mettait encore en pratique, comme à Nurenberg, à Beauvais et à Liége, les traditions des maitres és pierres à la face des œuvres conçues d’après les idées nouvelles au beau milieu du XVI: siècle. Nous en déduirons facilement que sans l'influence de l'école italienne du siècle de Léon X, dont nous apprécierons les causes dans le chapitre suivant, l'art ogival aux Pays-Bas eût trouvé dans les types anudejars importés par l'Espagne les éléments d'une nouvelle trans- formation qui l’eût rajeuni. Savonarole tombé, l'art toscan reprit la tradition un temps interrompue qui s'était si rapidement développée sous Lorenzo de Médicis. Revenons à celle Académie Florentine, centre privilégié de l’art du Cinque-cento, où exercérent leurs talents les architectes Antonio Giamberto et son frére Julien de San Gallo, les sculpteurs Torregiano , Granacci et le Rustici et les peintres Pollajuolo, Baldovinetti, Ghirlandajo, Luca Signorelli et Filipo Lippi, tous maitres dont la gloire brille d'un enviable éclat dans le livre De viris illus- tribus de Facius, écrit en 1456, et dans cette Légende dorée de l'art italien que publia Vasari en 1550. Jéróme Roseio avait donné à Laurent le Magnifique un buste de Platon ; jamais le Médicis ne reçut de présent plus agréable. 1l le placa avec honneur comme un palladium sous l'ombrage des grands pins de la villa Careggi que Michelozzo avait bâtie pour son pére Cosimo et où souvent il réunissait sa cour d'artistes et de lettrés. Tout ce monde, imbu des idées platoniciennes où l'on posait une couronne d'or sur le front du divin maitre, comme le Persan Mithridate éleva jadis une statue et Aristote un autel au sein de l'Académie, était un monde sensuel, épris d'admiration à la vue de ces dieux de marbre ou de bronze sortis si beaux de la main des toreuticiens et des statuaires. Le cénacle de la villa Careggi offrait un incontestable anthropomorphisme des siécles de Périclés et d'Auguste. Une frise, une corniche, un rinceau SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 21 d'acanthe, les méandres harmonieux d'une volute ionienne, un fragment de trépied ou d'autel, les débris du torse nu d’un éphébe ou la gorge volup- tueuse d'une bacchante mutilée étaient autant de livres ouverts où le vieux Pomponio Leto, avec sa barbe inculte et ses vêtements troués, faisait épeler à ses disciples le mâle langage des anciens. Tout le faisceau de lumière, lentement amassé par le XVe siècle, devait seulement éclater au XVI: et de Florence et de Rome resplendir et rayonner Sur l'Europe entière. Comme nous l'avons dit au commencement de ce cha- pitre, pour allumer ce grand foyer, il ne fallait qu'une étincelle ; ce fut l'art lumineux par excellence de Coster et de Guttenberg qui sut la produire. Lascaris et Érasme, Turnébe et Badius, Estienne et Casaubon mirent au service des grands imprimeurs de la Renaissance les trésors de leur érudi- tion, les lumières de leurs critiques et leur dévouement sans bornes à tirer de l'oubli des bibliothèques les écrivains de l'antiquité. En 1485 parut à Florence, en langue latine, le traité De re cedifica- toria, de Léon-Baptiste Alberti, neveu du cardinal Alberto degli Alberti, édité par les soins de son parent Bernardo et précédé d'une épitre dédica- toire à Laurent de Médicis par Angelo Politiano. CE FUT LE PREMIER LIVRE D'ARCHITECTURE QUI FÛT JAMAIS IMPRIMÉ. Nous avons souvent feuilleté, non sans un religieux respect, cet incunable "arissime, presque légendaire, avec ses grandes marges, ses rubriques et sa justification compacte. C'est après Platon, au commerce intime des écrits de l'ami de Nicolas V, que nous devons d'avoir pu nous initier assez aux idées esthétiques du génie italien de la Renaissance, pour oser entreprendre d'étudier le grand mouvement prosélytique de la résurrection de l'art gréco- romain. Traduit en italien en 1549 par Pierre Lauro et édité à Venise, le traité d'Alberti fut réimprimé l'année suivante par Cosimo Bartoli qui l'orna de figures. Désormais le livre allait jouer un rôle sans précédent dans la diffusion et la propagation des idées architecturales. Un an aprés le traité d'Alberti parut à Rome la premiére édition des Dix livres de Vitruve auxquels on avait ajouté le Traité des aqueducs de Rome de Sextus Julius Frontin ; elle fut imprimée chez Joannes Sulpicius Verula- Tome XXXIX. 4 Rôle de l'imprimerie dans la diffusion des idées philosophiques et artistiques Traité d'architecture d'Alberti. 1485. Éditions et traduetions de Vitruve Medidas del Romano Il n'y eut pasaux Pays- Traduction flamande 22 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE nus. Une réimpression anonyme vit le jour à Florence en 1496 ; Simon Bevi- lacqua en donna une autre à Venise en 1497. La première édition de Vitruve avec figures parut seulement en 1541 ; elle fut imprimée à Venise par Joan de Tiridino. Dix ans plus tard l’œuvre de l'architecte d'Auguste fut traduite en italien par Buono Moro da Bergamo, Benedetto Jovio et Comasco avec des commentaires de Cæsar Cisaranus. L'Espagne suivit l'Italie de bien prés : en 1525 Don Diego de Sagrado, capelan de la reine Dona Juana , écrivait et publiait, sous le titre de Medidas del Romano o Vitruvio, le premier livre d'architecture classique qui ait vu le jour en deçà des Alpes. Les Medidas de Sagrado réimprimées à Madrid en 1542 et à Toléde en 1549 et en 1554, devancérent de dix-sept ans la Raison d'architecture. eztraicle de Vitruve et aultres arquitecteurs antic- ques, etc., éditée à Paris en 1542 par « Colin, Grand'rue Saint-Marcel, à l'enseigne des Quatre Évangélistes. » Bien plus, ce premier livre d'architec- ture publié en France n'est autre chose que la traduction de l'ouvrage de Diego de Sagrado. Postérieurement le Vitruve fut traduit en francais par Jean Martin, secré- taire du cardinal de Lenoncourt, en 1547, et, cinq années plus tard, à Lyon, avec des commentaires de Philander l'ami du cardinal Georges d'Armagnac. Des exemplaires des éditions successives du livre de Sagrado durent évidemment être apportés aux Pays-Bas où l'usage de la langue espagnole était plus commun que celui de la langue italienne. Jusqu'au milieu du XVII* siécle, il n'y eut pas chez nous d'édition de Vitruve. Lampsonius, van Mander et von Sandrart n'en disent rien. Robert de Piles, Moreri, Paquot, Baert et, d’après eux, M. Schayes, attribuent à tort une traduction flamande des Dix Livres à Pierre Coeck, éditée en 1546. Malgré toutes nos recherches dans les plus célèbres dépôts publics, nous n'avons jamais trouvé ce livre nulle part. Le savant bibliophile gantois van Hulthem n'a pas été plus heureux; bien plus; il a consigné dans les notes marginales de l'exemplaire de Paquot que posséde la Bibliothéque royale de Belgique l'opinion que cet ouvrage n'a jamais existé et qu'il y a eu primitivement confusion avec la traduction des œuvres de l'architecte italien S. Serlio entreprise par le maitre d'Alost. Voici le texte inédit de la note de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 25 van Hulthem : « Je ne pense point que Coeck ait jamais traduit Vitruve. » Lampsonius et van Mander n'en disent rien; le dernier, en parlant de sa » traduction de l'architecture de Serlio, dit seulement que par là il a fait » connaitre en Belgique le bon goût de cet art de manière qu'on comprenne » facilement ce qui a été décrit obseurément par Vitruve et qu'on n'a plus » besoin de lire cet auteur pour ce qui regarde les ordres d'architecture. » Voyez Levens der nederlandsche schilderen, 4647; in-4°, p. 140. » Voici le passage de Joachim von Sandrart qui, mal traduit, a pu également donner lieu à cette méprise : « Er hat auch das Buch von der Steinhauerey, » Geometria oder Feldmessery und Perspectiv gemacht, und nachdem er » auch der Italienischen Sprach wol erfahren war, als het er das Buch des » Sebastians Serly in die Niderlündische sprachübersetet, so, daz man die » sachen, welehe Pollio Vitruvius beschrieben, leichtlich verstehen kan, » aufolglich is durch ermeldten Peter Koek die rechte Baukunst ausge- » kommen, und die alte erlegen. » On lit au reste sous le portrait de Coeck dans le Theatrum honoris, imprimé en 1618 à Amsterdam, chez Joannes Jansonius : Serlius hunc italos, tu Serli deinde bilinguis Interpres, Belgas, Francigenosque doces Ces vers de Dominique Lampsonius établissent les titres à la renommée du maitre d'Alost , non sur une traduction de Vitruve, mais bien de Serlio. Dans son texte francais du quatriéme livre, dédié à Marie de Hongrie, Pierre Coeck dit en termes précis : « les régles générales d'architecture » concordantes à la pluspart avec les escriptz de Vitruvius; » il ne s'agissait done pas d'une traduction pure et simple du classique latin, mais du libre commentaire élaboré par Serlio. Ce ne fut qu'en 1649 que Jan de Laet d'Anvers publia chez Louis Elzévir, avec gravures sur bois, les dix livres d'architecture de Vitruve. Il y joignit les Elements of Architecture de sir Harry Wooton; le Lexicon Vitruvii de Bernardino Balbi et ses gloses fameuses sur les Scamilli impares ; le rudiment de peinture d'Alberti; enfin le traité de sculpture du napolitain Pomponii Gaurici avec un commentaire de Ludovici Demontiosii : le tout dédié à la reine Christine de Suède. Note de van Hulthem sur l'exemplaire de Paquot (tome XI, p. #12). Bibliothèque royale de Bruxelles Traduction * française du 4e livre de Serlio, par P. Coeck. 1550. Publication elzévirien ne des dix livres de Vitruve, 1649. Seule traduction de Vi lruve imprimée aux Pays-Bas, 1816 Publication de l'Hyp nerotomachia. 1199, Influence. du Roman de Colonna sur la société patricienne au point de vue de la diffusion des idées de la Renaissance. 24 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le livre de Jan de Laet vulgarisa définitivement l'esthétique de Parchitec- ture gréco-romaine de la Renaissance, à laquelle nos provinces avaient été an- térieurement initiées par les traductions des œuvres de Serlio réimprimées en 1606 et en 1616, et de Vignole (1617, 1642) qui n'étaient au fond que des applications synthétiques des préceptes de l'architecte d'Auguste. La seule traduction francaise de Vitruve qui ait été jamais imprimée aux Pays-Bas est celle de M. Moreau de Bioul, « membre de l'Ordre équestre » et des États de la province de Namur. » Elle fut éditée à Bruxelles chez Adolphe Stapleaux en 1816. Tous ces traités s'adressaient aux spécialistes. Le 4° mai 1467, Francois Colonna, dominicain de Venise, terminait l'Z/ypnerotomachia où Discours du songe de Poliphile. Ge livre célèbre, qui ne vit le jour qu'en 1499, fut l'un des premiers ouvrages qui sortirent des presses du célèbre Alde Manuce, l'ami d'Érasme et portait pour titre : Hypnerotomachia , ubi humana omnia non nisi somnium esse docet atque obiter plurima scitu sane quam digna commemoral. Opus a Francisco Golumna compositum, et a Leon Crasso Vero- nensi editum. — Venetiis mense decembri MID in edibus Aldi Manutii. In- folio 234 f.f., réimprimé en 1545 sous le titre de : Hypnerotomachia di Poli- philo Vinegia in casa de figliuoli di Aldo. La publication de ce roman érotique illustré de gravures sur bois d'une exécution remarquable dont la plus singulière est le Sacrifice à Priape qui manque à presque tous les exemplaires, eut un succés colossal. Les gra- vures attribuées à tort à Giotto sont incontestablement d'André Mantegna ou de Giovan Bellini, ces étoiles de la première Renaissance dont Arioste disait dans son trente-troisiéme chant : Equei, che furo à nostri di, e son hora Leonardo, Andrea Mantegna e Gian Bellino. Le discours du songe de Poliphile s'appelait alors La Priapée de Colonna: Sous une fable ingénieuse qu'il encadre de tableaux séducteurs , ressuscitant les mœurs, l'architecture et jusqu'aux arts somptuaires des anciens, l'auteur peint son fol amour pour Polia, diminutif vénitien d'Hyppolita, nom sous lequel il désigne Lucrezia Lelia, niéce d'un évéque de Trévise, qui , s'il faut SUR L'ARCHITECTURE DANS LES. PAYS-BAS. 25 en croire son amant passionné, semblait réunir en sa personne le type com- plet de la beauté italienne, une gorge de Florentine , des yeux de Napolitaine, les cheveux d'une Vénitienne, la taille et le port d'une Transtéverine. L'amant de Polia, dont les idées ne paraissent point avoir été toujours fort nettes, a d'ailleurs enveloppé ses visions érotiques , poétiques , artistiques et architecturales sous un langage bizarre où Béroalde de Verville a voulu découvrir un sens caché et d'importants arcanes de Science Hermétique ; il donna en 1600 à Paris, «chez Mathieu Guillemot, au Palais,» une inter- prétation des « secrets d'alehimie » qu'il prétendit y avoir découvert. Tout dans ce livre est fait pour. étonner : la langue dont se sert Colonna est hybride. Le moine dominicain écrit un italien mélé de mots latins, grecs, arabes, hébreux, chaldéens méme, ce qui s'explique jusqu'à un certain point par le commerce continuel des Vénitiens avec les Grecs du Bas-Empire, les Juifs, les Arabes et les Maures; pittoresque dialecte que comprenaient parfaitement les désœuvrés patriciens du Broglio, dont il était la langue usuelle. On s'apercoit aisément à certains tableaux de Colonna qu'il a lu la description du Laurentum de Pline; quant aux illustrations, parmi beaucoup de sujets bizarres il s'en rencontre quelques-uns de fort bon goüt étoffés de riches ordonnances dont les motifs sont tous empruntés à l'archi- lecture romaine. Ce livre mit l'antiquité à la portée des gens du monde comme les éditions de Vitruve imprimées à Rome avec le Frontin en 4486; à Florence en 1496; à Venise en 1497 (avec des figures en 1511), facilitérent les études des architectes et des archéologues. Les successeurs des Alde à Venise, les Gioliti et les Giunti à Florence, multiplièrent ces éditions au XVI* siècle. Quant au Songe de Poliphile, il en parut, comme nous l'avons dit, une nou- velle édition vénitienne en 1545. En 1546 on donna à Paris une imitation française plutôt qu'une tra- duction fidèle de l'/ypnerotomachia. Le traducteur en est inconnu; les gravures sont attribuées à Jean Goujon et à Jean Cousin, élève de Michel- Ange. Cette traduction reparut en 1554, 1555 et 1561. En 1592 on publia à Londres une édition in-4^ en anglais, incomplète. Ce célèbre roman érotico - archéologique, sur lequel nous reviendrons encore plus loin, ne fut jamais imprimé ou traduit aux Pays-Bas. Traduction | française du livre de Colonna Aceroissement de l'in artistiques nouv Livre des ordre Daniel Barl — Publications di verses. Triomphe définitif du style de la Renais sance, — Déch du pouvoir suzerain de l'architecture nee fluence du livre dans la diffusion des idées es. 26 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE A partir de la premiére moitié du XVI* siécle, la presse et la chalcogra- phie produisirent un nombre considérable de livres d'architecture tous conçus , au point de vue classique. Vers 1520 parut le Livre des ordres de Daniel Barbaro, patriarche d'Aquilée et les traductions de Vitruve de J. Jocundus, Giovan Battista Capo- ali et Bernardino Balbi. Au livre du patriarche d'Aquilée se rattache une particularité trop eurieuse et trop intéressante pour qu'elle ne trouve pas place ici. Cette traduction de Barbaro était due en grande partie à l'arriére- petit-fils de l'auteur de la Divina Comedia, dernier descendant masculin de sa famille, Francisco Dante Aligheri qui n'eut qu'une fille de sa femme Teo- dora Frisoni laquelle épousa le comte Marc-Antoine Sarego de Vérone. On voit, en effet , par les lettres du comte Nogarola citées par le marquis Scipion Maffei dans sa Verona illustrata que Daniel Barbaro s'était. adressé au comte pour le prier de chercher quelque homme habile de Vérone qui püt l'aider à traduire cet auteur sur lequel il travaillait ; à quoi le comte lui répondit : « Vitruvium jam vidi a Bernardino Donato nostro in linguam » hetruscam converso, additis etiam nonnullis scholiis quæquidem omnia » suspicor inaniter periisse. Hoc idem postea fecit rogatu Alexandri Vitellii , » Franciscus Dantes Aliger, quo neminem Veron: arbitror ad Vitruvii intel- » ligentiam proprius accedere. Cum hoc viro doctissimo magnus olim mihi » fuit usus, nune vero nullus; nam ruri continenter vitam agit, nec nisi raro ad nos revertitur : si forte tamen accidat, ut urbem repetat, hominem aggredior. » Y ) C'étaient là les théoriciens : il est intéressant de rencontrer parmi eux le petit-fils de l'incorrigible gibelin qui mourut en exil à Ravenne; mais les artistes proprement dits, les praticiens ne faisaient pas défaut à cette époque de développement du nouveau style. La premiére moitié du XVI* siécle vit Michel-Ange, Raphaël, Baldassare Peruzzi, Palladio, Serlio, Scamozzi, Sansovino , Jacopo della Porta et Darozzio de Vignole, élaborer.à l'envi des œuvres immortelles comme la Libreria vecchia de Venise, l'église Saint- Pierre à Rome, le eháteau de Caprarola et le Palazzo del Consiglio de Vicence. , g Ce fut alors que l'Italie donna au monde le plus magnifique spectacle de l'extension du génie humain dont il eüt été témoin depuis le siècle d'Auguste. © o Par malheur, dés lors, l'architecture n'est plus l'art archonte, comme l'in- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 27 dique l'étymologie de son nom, l'art géant tenant sous son sceptre impérieux les autres arts. En s'émancipant, les vassaux du maitre en œuvres vives changent de nom; le cleerscriveret le huusscriver S'appelleront désormais peintres ; le tailleur, Vymaigier et le clynstekere, statuaires ; le rubricateur, miniaturiste, le nzelleur, chaleographe , le dinandier, toreuticien ; tombés comme artisans avec l'ancien style, ils se relevèrent artistes pour saluer le nouveau; mais, par une singulière ironie, le mystérieux initié à l'arcanum magisterium, déchu de sa suzeraineté séculaire, reprend la qualification d'ar- chitecte, nom qui, par sa signification, indique une surintendance qui va cesser d'exister pour lui. Tous les arts libéraux, en tutelle jusqu'alors, s'émancipent et deviennent arts majeurs. L'architecture perd avec la Renaissance son sceptre autocra- tique, elle n'a plus la force que donne le génie de retenir les autres arts sous sa domination ; elle descend au rang d'égale, plus tard méme elle subira les aberrations et les caprices de ses antiques vassaux qui, par leurs empiéte- ments inconsidérés, deviendront le ver rongeur et la cause occulte de sa décadence. La période de transition de l'art ogival à l'art de la Renaissance fut vraiment splendide, gràce à la présence du vieux génie des maitres-és-pierres qui amal- gamait l’art merveilleux de l'époque féodale aux sculptures si tendres et si idéales du Cinque-cento. Certains meneaux de l'église de la Ferté-Bernard présentent le plus singulier mélange des traditions du moyen àge et des rémi- niscenees de l'antiquité gréco-romaine. On eroirait voir des arabesques de Pompeia ou d'Herculanum pétrifiées sous la baguette de quelque gnomide de la cabale. A partir de ce temps commence à se faire sentir l'influence capricieuse et multiple de la Mode artistique. Cette divinité fatale, par son incessant travail de démolition, causera plus de mal aux beaux-arts que les déchaine- ments des cataelysmes politiques et l’action destructive du temps. Cette mode dans l'art, résumant en une espèce de baréme, la quintes- sence des idées bonnes ou mauvaises d'un homme de génie ou d'un intrigant en vogue , a sapé par la base l'édifice élevé par la Renaissance et fatalement amené sa ruine. Pour un Berruguete, un Alessi, un Rubens, combien d'Ivara, de Affranchissement des minores artes. Période de transaction La Mode dans l'art. Puissance d rénovation que. la modé comme véhicule de artisti 28 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Guarini, de José Churriguera. Un artiste éminent fait moins école qu'un effronté novateur : là où l'homme de génie aura voulu laisser l'empreinte de sa main, il y aura toujours émulation de médiocrités jalouses pour en altérer la trace. La mode artistique , cruelle pour la veille, d'une indulgence sans bornes pour le présent, devait tuer l'art de la Renaissance; le souffle du siècle de Léon X disparut tout à fait à partir du moment où les artistes s'attaché- rent dans leurs œuvres nouvelles à faire vieillir celles de leurs devanciers. L'art fasciné par la mode ne se contente plus d'ajouter une pierre à l'édifice commun, il remplace , il se substitue, De par les lois d'une esthétique nou- velle dictées par un caprice éphémère qu'on appellera le bon ton et le goût moderne, aux oeuvres les plus belles et les mieux concues de ses prédécesseurs, l'artiste dévoyé au service de la modesubstituera n'importe quelle combinaison, pourvu qu'elle soit étrange et diamétralement opposée à la conception ancienne. La puissance de la mode artistique eut des commencements fort modestes; elle s'introduisit avee mille petits objets d'ameublement jusqu'alors inconnus se rapportant aux arts somptuaires que l'on dessinait dans le nouveau style. De méme que le piccolo mobilio fut l'agent le plus actif de l'introduction des principes de l'art gréco-romain au début de la Renaissance, il devint plus tard la grande cause de la transformation et de la décadencé rapide de l'art nouveau qui compta moins de deux siécles de vitalité réelle et ne par- vint jusqu'à notre époque qu'à travers des revirements et des alternatives nombreuses de décadence et de rénovation. L'art de la Renaissance, né du génie antique, puisait à une source féconde qu'on pouvait empoisonner pour quelques temps, mais jamais tarir. Aux plus mauvais jours des hommes de goût s'y retrempérent et cherchérent à ramener l'architecture à des principes plus vrais et mieux raisonnés. Moneégro et Encinas en Espagne; Gabriel, Louis et Soufflot en France; Temenza, Piermarini di Foligno et Giocondo Albertolli en Italie; Michel von Hohen- berg, d'Ixnard, Fischer von Erlach et Martinelli en Allemagne; Inigo Jones, Chambers, Gibbs, Thomas et les deux Adams en Angleterre; Laurent de Wez, Montoyer et Fisco aux Pays-Bas, réagirent contre les extravagances de leur époque et exercérent par l'exemple de leurs œuvres, une salutaire influence sur le style contemporain. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 29 Si le meuble italien envahit l'Europe, contribua si efficacement à l'adop- tion du style de la Renaissance et communiqua comme par contagion la décrépitude qui l'atteignit par la suite, on trouve en y regardant de prés qu'il dut cette faveur à l'heureux assemblage, chez une méme nation, de matières premières d'une supériorité incontestable, de puissants moyens maté- riels et d'une phalange sans rivale d'ouvriers de génie. Avons-nous besoin de faire ici l'éloge des « escribans et cabinets » d'ébéne, garnis de tiroirs et de « réduits, » couverts à l'intérieur comme à l'extérieur d'inerustations en ivoire et écaille, montés en bronze ou en argent dont raffolaient les souveraines et les grandes dames. Citons particulièrement les retables portatifs d’albâtre rose de Numidie aux élégantes arabesques rehaus- sées d'or et d'azur. Rappelons-nous les « épinettes » à queue ou montées sur pied, ornées de peintures, inerustées d'ébéne et d'ivoire du milanais Hannibal de Roxis ou celles travaillées en /artaruga, madreperla et lapis-lazzuli, rehaussées d'agathes aux nuances variées, du vénitien Giovan Antonio Baffo. Ne pouvant reconstruire au goüt nouveau les grandes salles, un peu vides, du moyen àge, les maitres de la Renaissance italienne entreprirent de les peupler de leurs eréations accessoires. L'ameublement, tel que nous l'enten- dons, fut alors créé d'une pièce et l’on vit apparaitre en méme temps ces Seggioloni a baldacchino, ces Sedie a braccioli, ces Scranne, ces Sgabelli, ces Serittoji, ces Stipi, ces Tavoli et Tavolini : ces Bauli, Cassettoni, Cas- soni, Cofanetti; ces piccoli Armadii et Armadietti ; ces Leggü, ces Lettuc- cii, ces Genuflessori ; ces Mensole, Specchiere et Lumiere (con vetro. di Venezia graffito), enfin, qui, une fois introduits, donnaient un air de civili- sation, de luxe et de bien-étre aux plus farouches logis seigneuriaux de la féodalité. Ajoutons à cela les affiquets d'argent, de buis et d'ivoire, les miroirs montés dans une piccola cornice de fer damasquiné et ceux dont l'eneadre- ment en pâte gaufrée était décoré de lacis arabesques d'une gracilité inimi- table. Donnons une mention aux ceintures en argent doré et ciselé de Baccio Baldini ; aux coffrets certosini ; aux aiguières de Cellini ou d'Antonio Pollai- voli; aux. gravures sur diamants et pierres précieuses où Jacopo et Cosimo da Trezzo semblaient avoir voulu épuiser tous les secrets de la glyptique et aux gracieuses Sciarpette de dentelles di punto tagliato dessinées par le Tome XLI. 5 rope de l'art indus triel italien 50 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE vénitien Vinciolo. N'oublions pas les vetri. de Murano émaillés et rehaussés d'or; les coupes de verre blanc , craquelé, gramolato, irisé; les vasi retorti ornés de cannes de latticinio et les cornets de verre agathifié simulant l'onyx, l'opale ou la calcédoine. Depuis que l'apprenti de l'orfévre Leonardo, Lueca della Robbia, avait trouvé le secret de la fabrication de la maiolique et exécuté la grande faïence de l’église San Miniato al Monte à Florence, décrite par Vasari, et de notre temps l'un des joyaux du musée de Cluny, l'art céramique italien, sans rival , à part les poteries sarrasines de Malaga et Xativa, les azulejos à reflets naerés de Majorque et les rajolas mauresques, florissait à Gubbio, Rimini, Pesaro, La Fratta, Faënza, Urbino Deruta , Monte-Feltro et dix autres villes. Les frères Ottaviano et Agostino della Robbia produisirent des œuvres d'un grand mérite et voyaient leurs piastrelle employées dans la décoration archi- tecturale. Speranza et Lisbetta della Robbia complétèrent l'illustration de la famille. Joannes Vicentius Marcellus de Pavie entourait de groteschi ses sujets religieux et atteignait presque les florentins. Francesco Xanto, A Rovi- giese, dans ses groupes empruntés à Raphaël, joignit la pureté du dessin à l'éclatante parure des « lustres d'or » dont le goût était dans toute son effer- vescence. Une ineroyable rivalité artistique animait ces ateliers : Francesco d'Urbino imaginait les vases et les aiguiéres couverts d'émaux bleus feuillagés à reflets métalliques; on lisait des vers de l'Arioste tracés sur les faiences de Gubbio marquées de l'échelle des Scaligeri et Antonio Maria Anconelli décorait ses grands aljofainas de sujets gravés sur engobe. La fabrique de Chaffagiolo produisait des plats à fonds de grisaille damassée dont le marli et le médaillon central étaient relevés d'entrelas de lauriers aux harmonieux verts intenses empruntés aux oxydes de cuivre. Tandis que Orazio Fontana illustrait de sujets mythologiques les faiences d'Urbino la bottega de maitre Guido a Castel Durante, livrait des scodelle peintes d’après les tableaux de Perrin del Vaga ou de Sandro Boticello. Georges Andreoli, gentilhomme de Pavie, pour se reposer de ses travaux de sculpture inveteríata, modelait ces vases en forme de coupe, sur pied ramassé, en faïence de Gubbio, déjà si recherchés au XVI: siècle et aussi rares aujourd'hui que nos Jacoba’s kannetjens. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 51 Que dirions-nous encore des albâtres et des bronzes de Florence; des marqueteries de Sorrente; des verres de Murano; des mosaïques romaines; des « draps d’or veloutés » de Venise et des « velours ciselés » de Gênes ; des armes et armures de tournoi et de parade ; tout ce monde d'objets d'art exporté dans l'Europe entière s'imaginait et se fabriquait à la fois sur cette heureuse terre italienne du siècle de Léon X. Comme au temps d'Auguste, les Gaulois, les Germains, les Bataves, les Ibéres, les Angles étaient tributaires de la race latine. Par malheur, l'influence. de la mode artistique fit que cette lumineuse échappée dura moins d'un siècle. Malgré le génie de ses adeptes, l'art ita- lien de la Renaissance, et jsititdhévathont l'architecture, réduite à l'applica- tion constante et servile des préceptes de Vitruve et aux poncifs peu variés fournis par les monuments de Rome, s'agitait dans un cercle de plus en plus étroit. Pour ne pas mourir dans un accès d'hypertrophie, l'art italien le brisa résolüment dés la fin du XVIe siècle. On vit successivement Galeas Alessi, l'architecte de S'-Marie de Carignan à Gênes, les deux Fontana, Carlo Maderno, le Bernin, Guarini, Rainaldi, Bartolomeo Bianco, Matteo Nigretti, élève de Buontalenti, Gherardi, Ciro Ferri, Pozzo , Philippe Ivara, l'auteur des plans de /a Superga à Turin, renforcés dune légion d'architectes se jeter à corps perdu dans des productions irrationnelles, invraisemblables, qui devaient aboutir aux ordonnances extravagantes, aux lignes fiévreuses, aux bouffissures mamelues et aux formes e allipyges de l'école borrominienne. Dans les meubles et les accessoires somptuaires de la décadence italienne on voulut avant tout faire riccamente. La sculpture. d'ornement semble débor- der, arrive jusqu'à l'exagération et dédaigne de se maintenir dans les limites posées par une silhouette architecturale qui forme toujours le tracé des meubles de la belle Renaissance. Bientót ee ne fut plus seulement le prin- cipe du style qui se modifia , ce fut la structure elle- -méme; la forme connue de l'objet se Manson: et prit d'autres proportions, d'autres profils, d'autres allures , ses créateurs s'évertuérent à la rendre méconnaissable. Le meuble nouveau précéda toujours l'architecture. nouvelle. Une fois entré dans un édifice, il S'impose brutalement avec sa forme inaccoutumée et force l'architecte à transformer, à son tour, la masse déco- pitèren sa corruption et son déclin. JENCE ITALIENNE 92 HISTOIRE DE L'INFLU alive pour la mettre à l'unisson avec des objets qui nous captivent, grâce à l'originalité et à l'inattendu de leurs formes. Le style des nombreuses églises, chapelles, palais, villas, casins dont les artistes italiens de la décadence couvrirent au XVII: siècle le sol de l'Italie, passa comme par contagion dans le reste du monde. L'art ogival se suicida par excès de vitalité et pléthore de séve; la subtilité de son esthétique l'empécha de produire d'enthousiasme une forme parfaite comme l'avait été le type lancéolé du All: siècle; au tiers-point et à ses dérivés avait succédé la cycloide, l’épicycloïde et les archivoltes Tudor : l'art était sacrifié aux tours de force de la statique et de la stéréotomie. L'architecture de la Renaissance se corrompit par abus de monotonie thé- matique et lassitude du pasticcio. Quelque intelligente et nouvelle qu’eût été son imitation de l'antiquité, elle tomba parce qu'elle ne sut pas dès le début imprimer à ses œuvres ce cachet de spontanéité et de vie qui résulte seule- ment de l’œuvre de l'artiste qui pense librement et traduit le modèle d’après son microcosme intérieur. Aprés les œuvres admirables du style plateresco, aprés que, sous le souffle de Henrique de Egas, de Becerra, de Nicolas de Vergara, le goût Michel- Angesque eut dominé pendant prés d'un siécle dans toute l'étendue de la Péninsule ibérique, l'architecture modifiée par les tendances romaines des édifices construits par Herrera, Gaspar de Vega, Alonzo de Corrubias et les Jésuites, subit une décadence manifeste. Cette diminution du génie artistique est déjà sensible à l'Escurial et dans la Capilla del Sagrario de la cathédrale de Tolède, élevée vers les dernières années du XVI* siècle. Le cardinal Quirogna en posa la première pierre sur les plans de Nicolas de Vergara, le jeune fils d'un sculpteur flamand du méme nom mort en 1574. La Capilla fut achevée en 1605 sous le cardinal Sandoval y Royas par Jean-Baptiste Monegro et Alonzo Encinas. La décadence de l'art s'y montre totalement d l'architecture espagnole est entrainée vers la pente du style churrigueresco. L'incarnation la plus invraisemblable de ce dernier genre n'est pas, comme le prétend don Villa-Amil, l'autel dit « du Transparent» dans la cathédrale de Tolède, mais bien le retable de la Parroquiade de San Lesmes (altar mayor) à Burgos, et mieux encore la Capilla di San Isidro construite en SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 33 1630 sous Philippe IV. Les plans de ce curieux spécimen de l'école jésui- tique du XVIe siècle furent élaborés par le frère Diego, capucin de Madrid. Les travaux, conduits d'abord par José de Villa Real, architecte du Roi, furent terminés par don Sébastien de Herrera y Barnuovo, élève d'Alonzo Cano, sculpteur, peintre et architecte de mérite totalement épris des idées borrominiennes et du style Loyola. Quoiqu'elle comptât d'ailleurs des artistes indigènes de valeur, la France fut pendant tout le XVI: siècle absolument tributaire de l'Italie. Laurent Le Picard , Michel Sanson , Simon de Paris , Claude de Troyes, Louis Dubreuil et Francois Marchand , tous stuccateurs francais, employés par le Rosso à Fontainebleau , avaient fait litière de leur originalité native pour s'assimiler les principes de l'école italienne; il est impossible de distinguer leurs œuvres de celles de Bagna Cavallo, de Prosper Fontana, de Nicolo Dell' Abbate, de Ruggieri de Bologne et de Damiano del Barbieri, qui secondèrent plus lard le Primatiecio. François Ier fit venir d'outre-monts une véritable colonie d'artistes comme si tout eùl été à créer en France; les artistes n'y manquaient pas cependant, mais l'exereice d'une branche de l'art n'était pas entourée dans ce pays du méme prestige, de la méme considération dont il jouissait en Italie. Jusqu'à la fin du règne de Francois Ier, l'artiste francais ne s'élève pas au-dessus de la position sociale du simple artisan, alors qu'à Naples Alphonse d'Aragon créait chevalier le sculpteur Pietro di Martino ; que Marguerite d'Autriche élevait au rang de gentilshommes ses peintres favoris Bernard van Orley et Jean Mostaert, et que Charles-Quint anoblissait l'architecte Sébastien van Noye. , La France, qui adopta successivement les compositions du florentin Francini, de Polifilo Zancarli, de Toro et des maitres du style italo-flamand comme de Brosse, Collot, Parbet, Claude Oderan et Abraham Bosse, échappa en partie à l'influence du style Loyolite, grâce aux fortes traditions qu'avaient conservées les artistes formés à l'école des disciples de Goujon, Bullant, Cousin, Chambiges, Lescot, de l'Orme et Prieur. Sous le règne de Louis XIII en 1647, Pierre Daret publiait les planches de l'ouvrage d'un noble poitevin, amateur d'architecture, gravées en 1566 3 54 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, rc. par René Boyvin. Le livre de ce gentilhomme, qui s'appelait du Ligneron Mauclerc et dont nous parlerons plus loin , tiré exclusivement des œuvres de Vitruve, prouve que les artistes francais, fatigués de l'interprétation italienne de l'antiquité, cherchaient à se retremper par l'étude des sources. Cette école, dont les aspirations ne sont plus un mystère pour personne, eut peut-être assez de génie, mais pas assez d'influence pour arracher l’art français à son vasselage artistique, émaneipation glorieuse qui ne devait s'accomplir que prés d'un demi-siécle plus tard. La France ne s'affranchit tout à fait de l'influence du goüt italien si vigou- reusement appuyé par ses reines de la maison de Médicis, qu'aprés le so- lennel fiasco du cavalier Bernin que Louis XIV éconduisit avec des honneurs immenses. Le style italien de la décadence régna sans partage aux Pays-Bas jusqu'à l'introduction du genre Rocaille. La forte empreinte des maitres est lente à s'effacer; quand une école produit des artistes véritablement supérieurs, elle brille longtemps encore à la lueur décroissante de leurs traditions. Cet engouement d'un siécle et demi pour les mémes formes architecturales, nous l'expliquerons dans les chapitres qui suivent; qu'il nous suffise de dire qu'en général ee style trouva chez nous un terrain tout préparé et des appuis tout-puissants. Nationalisé par les prédileetions du plus grand de nos peintres, qui leur préta le prestige de son incomparable génie, il fut constam- ment mis en œuvre dans les innombrables édifices élevés par la puissante milice qu'un hidalgo guipuscoan, Inigo de Loyola, avait enrólé pour com- battre la Réforme et tenter une rénovation catholique. Toute l'histoire de la longue prépondérance du style flamboyant de la Re- naissance italienne aux Pays-Bas peut se résumer en deux noms : Rupens et Lovora. CHAPITRE II. Causes générales qui amenérent les artistes flamands à déserter les traditions de l'école nationale pour subir l'influence italienne. — Métaphysique du style de la Renaissance au point de vue hispano-flamand. L'étude des causes physiques et morales qui ont modifié l'art de bâtir et lui ont fait recevoir de la main des architectes des formes si différentes, sui- vant la diversité de ses origines, est un vaste sujet de méditation offert au philosophe, à l'écrivain et à l'artiste. La décadence des plus beaux styles naquit toujours de l'amour immodéré de la nouveauté parmi les hommes. Notre nature versatile se fatigue à la longue des meilleures choses. L'obseur citoyen d'Athènes, qui frappait Aristide d'ostraeisme, ennuyé de l'entendre appeler juste, résumait parfaitement en sa banale individualité le mobile secret des tendances qui, de tout temps, ont travaillé les masses, le désir inextinguible de changement, l'esprit toujours inquiet de transformation. Regardons autour de nous et nous verrons, de nos jours, ces aspirations se traduire à la fois par la soif et la recherche du progrés, chez les penseurs, et par le culte inepte et l'ardente poursuite de la Mode chez les esprits superficiels. Les nations policées entretiennent en permanence, à leur insu , une dispo- sition latente tendant à accorder un bienveillant accueil à tout perfectionne- ment, à toute innovation, bonne ou mauvaise, qui change l'ornière habituelle. Qu'il advienne tout à coup, dans de telles conditions, que des horizons véritablement, inconnus se découvrent à leurs yeux avides, elles s'y pré- cipiteront à corps perdu, poussées par une sorte de vertige, sans examiner le plus souvent quels biens réels et inestimables elles dédaignent pour la conquête de cette séduisante chimère. physiques et les des trans Émancipation des minores artes. Causes qui amenèrent flamands tradi- tions de l'école na- tionale. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Nous l'avons dit plus haut, au point de vue intrinsèque, l'art des Onaf- hangelijke Metzelauren, s'amoindrit en épousant les traditions antiques. La haute tutelle de la peinture et de la sculpture qu'il avait jusqu'alors exercée sans conteste lui échappa. Les minores artes devaient tout gagner à ce changement, s'assouplir et se rapprocher de la forme, c'est-à-dire de la réalité de la vie physique par l'étude bien comprise des nudités paiennes. L'appoint de perfection relative que devait apporter désormais la peinture et la seulpture aux conceptions architecturales, n'était, pour cette reine des arts, qu'une compensation précaire de la perte de sa suprématie. On n'eut que trop souvent à déplorer depuis l'avénement de la Renaissance le désac- cord et l'insoumission de la peinture et de la sculpture envers leur ancienne et légitime suzeraine. Ce fut la raison premiére de sa rapide décadence. Plusieurs causes générales amenérent d'ailleurs les artistes flamands à déserter les traditions de l'école nationale pour subir l'influence italienne. Les maitres-ês-pierres avaient porté l'art au point de désespérer leurs rivaux à venir; la peinture et la sculpture étaient sacrifiées à la géométrie, juste réaction des abus de fouillis que l'on reproche avec raison au style perpendicular ou flamboyant. Les architectes de la derniére période en étaient arrivés à supprimer toutes les sculptures, à faire des églises entières, couvertes de voütes en « pavillon de trompette, » étonnantes pour la hardiesse des encorbellements, soutenues de sveltes piliers dont la décoration se bornait aux profils cristallo- graphiques, purement géométraux, des nervures. En un mot ils composaient leurs plans et leurs ordonnances pour faire montre de leur connaissance approfondie de l'art du trait, de leur science du mouvement, de la composi- tion des forces, du centre de gravité et de la limite d'élasticité des solides. Les sculpteurs, accoutumés à exécuter des œuvres dont ils n'attendaient d'ailleurs aucun renom personnel, en étaient à regretter le temps ou ils pou- vaient encore tailler des statues, düt-on les colloquer dans les galeries supé- rieures, ou les hisser sur la cime des gables, pinacles et clochetons, où ils n'étaient biens vus que des ramiers et des palombes. La peinture murale avait disparu pour faire briller l'épure savante des appareils lapidaires ; les tableaux à volets ou retables, tout à fait écrasés SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 57 sous les reflets éclatants des grandes verrières à personnages de la fin du XVe siècle, semblaient absolument faux , quand ils n'étaient pas indistincts. L'art ogival des derniers jours avait eu le malheur de nuire aux peintres et aux sculpteurs en les condamnant à un rôle effacé et subalterne; de là, le vif empressement que montrèrent ces artistes à adopter un genre qui mettait Si bien en relief leurs qualités natives, satisfaisait leur égoisme et leur vanité, tout en entrainant la chute de leur implacable autocrate. Comme nous le prouverons au chapitre suivant, ce furent les peintres, les sculpteurs, les verriers, les enlumineurs miniaturistes, qui furent les agents les plus actifs de la propagation du nouveau style. Séculaires ouvriers anonymes aux yeux de l'histoire de l'art, ils espéraient de la doetrine nouvelle cette renommée individuelle dont l'exagération méme des réputations artistiques italiennes leur faisait estimer la conquéte à un plus haut prix. Nos flamands furent merveilleusement secondés en ce point par leurs pro- peusions nomades qui leur faisaient témérairement entreprendre les plus lointains voyages. Les paysages et les végétaux africains et asiatiques qui étoffent parfois les compositions de nos peintres primitifs et nous étonnent à juste titre, sont tout simplement des réminiscences de leurs pérégrinations juvéniles dont il leur plaisait de fixer l'impression. Un poste des Rekeningen de la cathédrale d'Anvers (van Kersmis 1518 tot Kersmis 1519) relevé par M. P. Rombouts, mentionne une recette de vij schellingen du chef des offices funébres (Schellijken) célébrés pour le repos de l'àme de Peter Pau scilder gestorven op de rijse van Jerusalem, en vue de la terre promise, comme Moise sur le mont Nébo. À partir du milieu du XVI: siècle, la tradition d'atelier avait, pour ainsi dire, établi le pèlerinage d'Italie au rang des épreuves nécessaires à l'obten- tion morale d'une vraie maitrise et donné naissance, en 4572, à la célèbre confrérie anversoise des Romanistes. La renommée de l'école des Pays-Bas, étendue au delà des Alpes, préparait d’ailleurs un accueil chaleureux à nos peintres. Nous avons déjà fait toucher du doigt les tendances et les vices de la Société à l'époque dont nous nous occupons ; nous avons déploré la vitalité Tome XXXIX. i Influence de l'indivi- dualisme dans les œuvres d'art. Propension des artistes à ger. confrérie des istes à Anvers, 98 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE hypertrophique du style ogival, préparant son agonie; qu'on y ajoute le désir de succès et la soif de réputation personnelle spontanément développés chez nos artistes à la suite de l'émancipation de la peinture et de la sculpture. N'oublions pas l'affranchissement des idées politiques et religieuses, la dis- solution déjà inévitable des loges maçonniques (Vrije Metzelaaren, gezellen en meesters van de logiën) et la sécularisation de l'art définitivement effec- tuée à la fin du XV: siècle. Enfin, la découverte de l'imprimerie, les tendances ultra-classiques et néo-platoniciennes d'Érasme adoptées avec ardeur par les lettrés et les philosophes des Pays-Bas, causes énumérées plus haut, viennent encore grossir le faisceau de nos arguments. Le catholicisme avait fait la Renaissance avant Luther ; les disciples du célèbre réformateur adoptèrent l'architecture gréco-romaine parce qu’elle était en usage aux temps apostoliques. Ils s'en servirent exclusivement pendant trois siècles : e'était un vrai drapeau pour ceux qui s'intitulaient Évangélistes. L'une des causes dirimantes de la ruine de l'art du moyen âge fut la Foi * tournant à la routine. Les masses en étaient imprégnées « à saturation » et la maxime de Saint-Augustin qu'en matière religieuse plus encore qu'en toute autre : Assuela vilescunt, recevait une confirmation matérielle. Cette décomposition intime des croyances était plus à redouter que l'hé- résie et le schisme parce qu'avec les apparences d'un dogme intact, elle cachait une gangrène profonde. L'Occident était encore catholique, personne n'eüt, osé toucher aux articles du fondamental Symbolum ; mais il avait cessé d'être catholique militant. En fait, l'Europe était plus voisine de l'apostasie que du martyre, depuis que Rhodes était tombée, Grenade conquise et que la guerre contre les Turcs, heureusement terminée par Lorédan à Galipoli, avait rendu la sérénissime république de Venise maitresse de toute la cóte, de l'embouchure du Pó à Corfou. Un marasme indéfinissable paralysait l'enthousiasme religieux qui jadis enfantait les chefs-d'eeuvre et les actions héroiques. En 1519, Ulrich von Hutten, créé chevalier et couronné poëte à Augs- bourg par Maximilien d'Autriche, publiait à Mayence le livre De Guiaci medicina. et le dédiait au cardinal Albrecht, archevêque de Mayence et de Magdebourg. Hutten, vates carmine et ense potens, comme dit son épitaphe, ne s'était pas encore, il est vrai, déclaré ouvertement pour Luther. Ami SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 59 d'Érasme, il n'avait pas publié contre lui la lettre véhémente que l'on con- nait, sous le prétexte frivole que le batave, lors de son passage à Bâle en 1523, avait oublié de lui rendre visite. En dépit de ces circonstances atténuantes, le jour où un prélat, revêtu de la Pourpre romaine, laissa mettre son nom en tête d'un traité destiné à célébrer les vertus curatives du bois de Gaïac pour le mal que Fracastor a chanté dans un beau poéme, une révolution radicale était prés de s'accomplir dans les eroyances, les préjugés et les mœurs du continent. Les principes d'intolérance dogmatique périclitaient, la philosophie, la lit- térature et l'art allaient définitivement se séculariser. Le style gréco-romain de la Renaissance se rencontra à propos pour traduire matériellement les idées et les tendances d'une société nouvelle. A toutes ces causes générales, qui prédisposérent chez nous à un change- ment de style, vinrent encore s'ajouter les expéditions de Charles-Quint en Italie; l'établissement de colonies portugaises, espagnoles et italiennes à Bruges et à Anvers; Bruges partageant avec Londres et Novogorod le sceptre du commerce dans le nord de l'Europe; l'or affluant du Nouveau- Monde et avec lui les idées matéralistes de luxe et de bien-être passant de la noblesse à la bourgeoisie opulente des villes. Les architectes de l'époque nous ont laissé des témoins plastiques de ces tendances de l'esprit national dans les somptueux hótels de Bruges, d'Anvers, de Bruxelles et de Gand. Enfin, par-dessus tout, ajoutons les influences parties d'en haut et la pro- tection ouverte accordée par nos princes aux idées nouvelles. La régente des Pays-Bas, Marguerite d'Autriche , se forma à Malines une petite cour calquée sur les cours italiennes. La tante de Charles-Quint culti- vait elle-même la musique et la poésie, deux arts qui, chez nous, allaient S'épanouir; Gossaert, van Orley et van Coxeyen s'inspiraient des œuvres de Raphaël Sanzio. Le mystérieux Conrad Mut s'efforcait d'imiter pour elle ces meubles italiens de la Renaissance, recherchés dans les appartements prin- ciers, pour cet excellent motif qu'à part le mérite de la nouveauté du style, ils étaient élégants et commodes. H TEEN d D HT H $: 1 1 ip] L'austére fille de Maximilien habituait sa pruderie de matrone impériale aux nudités sensuelles des jeunes faunes et sylvains, dryades et nymphes aliennes - Quint. Protection ouverte ac- cordée au nouveau style par Marguerite d'Autriche. Efforts suprémes de: ateliers maçonniques 40 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE enlaçant leurs poses pétulantes et lascives aux rinceaux délicats de la glace biseautée à graffiti de Murano de son miroir à main. Zéphire lutinait Cupidon sur l'or de ses coffrets à bijoux, ciselés à Florence par Donatello ou Maso Fini- guerra. Son livre d'heures aux couvertures de galuchat estampé, chef-d'œuvre «aux petits fers» du relieur brugeois Ludovic Bloc, sortait des presses de Josse d'Assche, Alde Manuce ou Simon Vostre. Les Baisers de Jean Second avaient pour segnacoli des compositions arabesques à figures, imprimées en camaïeu par Hugo de Carpi et empruntées aux Bains de Livie, ou bien aux Thermes de Titus. Le Triomphe de l'amant Verd, relié de drap d'or frisé comme les Décades de Tite-Live, figuraient sur les tablettes d'ébéne incrustées d'ivoire de sa Scansia di Tavolo. Jacques Scoon illustrait de lettrines que n’eût point désavouées Girolamo da Cremona ou Giulio Clovio, le manuscrit in-folio des messes de Pierre de la Rue, son maitre de chapelle. Toute la personne de la Régente enfin, ses moindres objets de toilette, son entourage de filles d'hon- neur et de gentilshommes aux « cottes et aux pourpoinctz tout bordez de » passementz et esguillons d'or, » malgré les lois somptuaires de Charles- Quint, étaient dignes d'une Visconti, d'une Gonzague ou d'une Médicis. Il est facile de se figurer l'influence prépondérante d'une telle protection , continuée (comme nous le verrons en parlant. de Pierre Coeck) par Marie de Hongrie qui commanda à Jacques du Breucq, son architecte, les villas italiennes de Mariemont et de Binche, nouveautés inouïes aux Pays-Bas. On s'étonner: bien moins, aprés tout ce qui précéde, de la conversion de nos artistes flamands aux idées de lart nouveau et l'on comprendra comment ils en vinrent à déserter sans retour l'école jusqu'alors exclusivement suivie. Les magistri Comacini, les ateliers et les corporations maçonniques, fidèles aux traditions nationales et chrétiennes, firent de prodigieux efforts pour ressaisir la suprématie qui échappait aux adeptes des arcanes mysté- rieux de l’art ogival. L'incubation étrange de la pensée particulière au siècle germait, à leur insu, dans les cerveaux des maitres-ès-pierres. Ces derniers appelaient de tous leurs vœux, depuis cinquante ans, un souffle inspirateur, un principe fécond qui permit de traduire plastiquement l'activité dévorante qui consu- mait tous ceux qui cherchaient à diviniser la matière au temps de la splendeur des Médicis. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. Al Nous l'avons déjà dit, à la fin du XV: siècle il n'existait dans notre école ni lorpeur, ni marasme, ni décrépitude, mais surabondanee de qualités acquises par la longue et victorieuse pratique d'un art complet. La lave bouil- lonnante tentait de se faire jour n'importe où. Quand, aprés des scrupules d'amour-propre et de justes pudeurs d'école , nos maitres risquérent un premier compromis avec les formes antiques, peut-être entrait-il dans l'esprit de ces audacieux génies d'amalgamer en un magnifique ensemble deux principes animés de l’étincelle Prométhéenne , en combinant ce qu'avait de plus merveilleux le génie d'Ietinus et celui de Mathieu de Layens. Les tâtonnements. les essais, tout à la fois érudits et naïfs, les ébauches exprimant si bien les préoccupations des artistes; quelques morceaux achevés, mélanges curieux d'adresse et de gaucherie, simples dans l'ordonnance, recherchés dans les détails , qui nous restent de cette remarquable période de transition, un certain cachet de bizarrerie à part, sont tous marqués au coin des œuvres géniales impérissables. C'est au début d'une carrière qu'on l'embrasse avec le plus de conviction, d'enthousiasme et de ferveur. Les premières productions d'un style consti- tuent l'adolescence de sa vie artistique. A cette époque, il brille d'une jeu- nesse exubérante, les idées, les tendances et les instincts élevés atteignent leur apogée de perfection relative. A l'aurore d'un style, et cela fut d'une. vérité absolue pour celui qui nous occupe, les artistes s'éprennent avec. d'autant. plus d'amour de l'art nouveau qu'il n'a point encore prodigué les trésors de ses combinaisons et posséde une sorte de virginité artistique, où l'activité dévorante de leur cerveau espère rencontrer les révélations mystérieuses et inconnues qu'ils pressentent à l'état d'agitations inquiétes. La Renaissance italienne combina les éléments typiques du romano-byzan- tin avec l’art gréco-romain. La Renaissance francaise enta la gracilité des détails nouveaux sur les robustes lignes des grandes masses ogivales. La Renaissance espagnole se garda bien, dans son retour aux traditions du peuple-roi , de négliger la splendide cristallographie polychróme des Pen- lions. naissance. Italie, France, Espagne, Allemagne. 42 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE namor et des Comarès, qui créa les mosquées d'Asie et d'Afrique ainsi que les palais d'Espagne. Elle en sut tirer le style Mudejar, précurseur du Plate- resco dont le plus noble spécimen est sans contredit le manoir antique de l'une des plus illustres familles de la grandeza española, premier jalon de la Renaissance ibérique, bâti pour les dues del Infantado à Guadalajara. La Renaissance s'introduisit assez difficilement en Allemagne, à cause de la vitalité de l'école de Nurenberg, Adam Kraft, Fredrich Herlin, Martin Schoen, Israël von Mekenen , Lucas Cranach, Michaël Wolgemuth , Albrecht Dürer, Altdórfer, Peter Visscher et Holbein «le vieil » procédaient encore de l'école ogivale. Hans Holbein lui-méme, celui qui sacrifie le plus aux nouvelles divinités, habille de motifs renaissance les masses connues des combinaisons flamboyantes où excellait Adam Kraft. Les nombreux entourages d'architecture qui enrichissent la remarquable série de dessins de l'ami d'Erasme, provenant du cabinet Amerbach, qui fait la gloire du Musée de Bâle en sont une preuve évidente. Nous avons étudié à loisir ces merveilleux lavis auxquels il convient de rapporter les nombreux entourages typographiques qu'Holbein dessina et grava pour des éditeurs de son temps et en particulier pour Frobenius. Aprés l'adoption définitive de la Renaissance en Allemagne, les artistes de cette nation s'assimilérent de préférence les types incunables et conservérent longtemps ces canevas primitifs tombés en désuétude et transformés, en méme temps que le goût italien, en France, en Espagne et aux Pays-Bas. M. Minart van Hoorebeke, architecte à Gand, possède dans sa riche col- lection d'antiquités, sous les n^ 2082 et 2147, deux cheminées en pierre de Gothland , d'une heureuse conservation. Elles proviennent de l'ancien chàteau de Geilenkireh et sont, malgré leur date de 1359, absolument concues d'après les types primitifs de la Renaissance usités en Italie pendant le der- nier tiers du AN" siècle et dans le reste de l'Europe dans le premier quart du XVI: siècle. Wendel Dietterlin publiait en 1599 son Livre d'architecture, œuvre clas- sico-ogivale que tout le monde connait, alors que Rubens, à Gênes, médi- tait de détrôner aux Pays-Bas l'art gothique flamboyant et la primitive et pittoresque Renaissance hispano-flamande pour leur substituer les « regole de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 45 gli antichi, greci e romani, con grandissima splendore et ornamenta della patria, » ainsi qu'il l'avoue lui-même dans la préface de son recueil des Palais génois. L'art flamand sut combiner l'élément italien avec les types espagnols. Il maintint toujours, grâce à l'incomparable verve de l'école anversoise, la tour- nure originale et distinctive qui lui est particulière. Nous l'étudierons ample- ment plus loin. L'Angleterre fut à la fois tributaire de l'Italie, des Pays-Bas, de l'Alle- magne et de l'Espagne. Torregiano, Holbein, Gérard Hornebaut et Herrera, sous Henri VIII, Marie épouse de Philippe I, Élisabeth et Jacques 1° exercérent tour à tour une influence prépondérante. Mais l'Angleterre ne vit l'importation directe et l'adaptation climatérique de l'architecture italienne à ses brouillards et à ses brumes qu'à l'époque où Inigo Jones et lord Richard Burlington, qui, en dépit de sa Lordship, signait avec ostentation Burlington architectus, popularisérent avec un véritable engouement les œuvres d'André Palladio dans les trois royaumes. Sir Harry Wooton, avons-nous- dit, publia en 1624 des Elements of Architecture réimprimés par Jan de Laet en 1642. D'aucuns ont prétendu que les livres. de Lomazzo et de Philibert de l'Orme furent traduits en anglais sous le règne d'Élisabeth; Owen Jones nous déclare qu'il n'en a jamais vu un seul exemplaire, et pour notre compte, nous croyons que cette attribution est aussi fondée que celle de la traduction flamande de Vitruve par P. Coeck. Shute est l'auteur du premier ouvrage scientifique sur l'art architectural imprimé en langue anglaise ; son livre porte la date de 1563. L'esthétique nouvelle de l'art de la Renaissance vit sa première manifes- tation plastique en Angleterre vers 1518, époque où Torregiano, appelé par Henri VIII, composait le monument d'Henri VH (actuellement à l'abbaye de Westminster) et celui de la duchesse de Richmond, D'importants travaux ayant impérieusement réclamé sa présence en Espagne, sur les pressantes sollicitations de son royal Mécéne, Torregiano réussit à faire passer la Manche à toute une colonie d'artistes italiens. Dans le nombre de ces émigrants se faisaient remarquer le sculpteur flo- rentin Benedetto di Rovezzano; les peintres Bartolomeo Penni et Antonio Renaissance flamande. 44 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Poto; l'architecte et ingénieur déjà célèbre à juste titre, Girolamo de Trevigi, et surtout le sculpteur architecte Giovanni di Padova qui traca en 1549 les plans de Somerset House et en 1567 ceux de Longleat House. Influence d'Hotbein En 1554 Hans Holbein mourut de la peste à Londres. La manière de cet artiste , qui tenait à la fois de Lucas de Leyde et de Dürer, et dont l'influence peut se mesurer d'aprés le long séjour qu'il fit aux iles Britanniques, modifia profondément les allures exclusivement italiennes de l'école de Jean de Padoue. Appoint des Pays-Bas. — Les Pays-Bas y joignirent à propos l'appoint des conceptions originales et pittoresques de l'école anversoise, témoin le beau travail flamand du temps de Henri VIII de la frise de Goodrich Court, Herefordshire. Les cheminées monumentales du manoir de South Wraxhal, comté de Wilts, commandées en 1555 par sir Robert Carne de Draycot et par sir Walter Carne en 1598, aujourd'hui encore debout, ont été exécutées sous l'inspiration évidente d'euvres flamandes. Partout d'ailleurs on retrouve nos artistes : Gérard Hornebout de Gand et Lucas Cornelisz sont cités parmi les Surgeons pain- ters of the king. Les éléments de l Elisabethan style étaient rassemblés ; Herrera, l'archi- teete favori de Philippe I, époux de Marie Tudor, y ajouta encore la verve espagnole et quelques réminiscences des styles Plateresco et Mudejar. Le monument remarquable de sir Francis Vere à Westminster, datant du règne de Jacques Ter, appartient à la méme école que celui d'Engelbert de Nassau de la cathédrale de Bréda. Théodore Havens de Cléves fut l'architecte du monument du docteur Caius à Cambridge et des quatre portes (Humili- tatis, Sapientiæ, Virtutis et Honoris) du Caïus-College (1573); on éleva Wol- laton-House en 1580. Quelques architectes anglais réussirent à se distinguer pendant la période Élisabethéenne. De ce nombre furent Robert et Bernard Adams, Smithsons' Bradshaw Holte, Torpe, Harrison et Shute précité. Au nombre des Surgeons painters of the king, on connait encore John Brown et Andrew Wright. En 1570 on construisit les combles et la clôture postérieure de la grande salle de Middle-Temple à Londres, application effectuée avec un rare bon- heur des éléments décoratifs du style Renaissance sur le tracé d’une ferme SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 43 ogivale. Dans ce style on vit s'élever encore l'Henriot's Hospital, à Édim- bourg, et Holland-House, Middlesex, en 1607. L'école d'Anvers eut la grande vogue sous Charles Ir et Jacques le, Gérard Christinas et Bernard Jansen, originaires des Pays-Bas, bàtirent Northumberland-House dans le Strand. Vertue avance que Christinas s'in- spirait des compositions de Wendel Dietterlin et de l'architecture du Pala- nat; les motifs de Northumberland-House nous semblent dériver tous de l'école anversoise et principalement des œuvres gravées des frères Floris et de Vredeman de Vries. Mare Gérard de Bruges, Lucas de Heere de Gand, Cornelius Kesel de Gouda et H.-C. Vroom de Haarlem, tous peintres, secondérent les architectes qui, dans le dernier tiers du XVI* siècle, créèrent véritablement dans le Royaume-Uni l'Elisabethan style. Samuel Philips, dans son substantiel Guide to Palace of. Sydenham, en parlant des estampages moulés sur les sculptures de Holland-House à Ken- sington, «a fine old minsion made interesting to us by many associations » dit que l'art de la Renaissance, appelé en Grande-Bretagne Elisabethan style; y fut introduit plus de cent ans aprés l'adoption générale du style clas- sique en Italie. « Elisabethan architecture, » dit-il, « which was in its flower » during the latter half of the XVI" century — more than a hundred years » after the revival of classical architecture in Italy — shows the first symp- » toms of the adoption of the new style in England. The Elisabethan style » — the name reaches back over the century — is characterised by a rough » imitation of antique detail applied to masses of building, in wich many » gothic features were still retained as regards general form, but altered. as » lo ornament. The style being in its very nature transitory, it gradually » gave Way, although characterized by a certain palatial grandeur and stri- » king pieturesqueness, before the increasing knowledge wich England » obtained of Italian architecture, until we find it entirely displaced in the » first half of the XVII" century by the excellent style of building intro- » duced by Inigo Jones. » Tout en partageant l'avis que ce ne fut que vers la seconde moitié du XVII: siècle que l'influence Palladienne s'introduisit en Angleterre, nous Tour XXXIX. 7 Opinion de M. Samuel Philips 46 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE trouvons que M. Samuel Philips oublie de dire à quels types appartenaient ces éléments antérieurs de l'Elisabethan style qui n'étaient pas, de son aveu, d'origine purement italienne. Il faut indubitablement rattacher le genre Élisa- bethéen pour la forme des arcades, ainsi que les lignes synthétiques des masses, au style Mudejar, et pour les détails et le caractère des ornements et des dispositions compartimentées, à l'école d'Anvers et particulièrement aux Floris et Vredeman de Vries ; ce qui s'explique, au reste, par l'alliance poli- tique de l'Espagne et de l'Angleterre sous le sceptre de Philippe II et de Marie Tudor. Double foyer de rayons Nous avons dit que notre art architectural subit à la fois l'influence classique nement des principes esthétiques de la À naissance aux Pays- Bas. de deux foyers distinets : de l'Espagne, d'abord déjà ralliée aux principes nouveaux et peu de temps après, grâce aux fréquents voyages de nos artistes, de l'Italie elle-même. Quand l'influence espagnole se fit sentir dans nos arts, la Péninsule ibé- rique était déjà convertie depuis cinquante ans aux idées italiennes. Alphonse d'Aragon était entré en triomphateur à Naples en 4445 sous l'arc de triomphe néo-romain érigé par le sculpteur milanais Pietro di Martino. Dés les pre- mières années du XVI: siè cle, messer Domenico le florentin sculptait le splen- dide tombeau du cardinal Cisneros dans l'église Saint-Hidefonse de Alcala de Henares, dont le génois Bartolomeo Ordenez (François de Hollande Pap- pelle « l'aigle entre les bons artistes de son temps » ), fit la statue que l'on admire. Depuis ce fut encore un romain , Carlo Fontana, qui fit les plans du Collége impérial de San Ignacio entre Azpeytia et Ascoytia, dont la construc- tion fut dirigée par Ibero. Rayonnant du méme principe, ces deux foyers se renforcèrent l'un l'autre. L'artiste espagnol était l'initié direct du maitre italien; l'artiste flamand com- menca par étre à la fois le disciple et bientót l'émule de tous les deux. Styles Mudejar Pendant tout le premier siècle de la Renaissance, le style espagnol affecta Meo o type autochthone en s'alliant toujours à quelque thème de l'art mau- resque et de l'art ogival. Il en résulta le style appelé en Espagne Mudejar et gotico-arabigo, dont la porte de l'hópital de Santa-Cruz par maitre Enrique de Egas est un des plus remarquables spécimens. Villa-Amil revient plusieurs fois sur cette idée et dit en propres termes : « En ella tomanos de los italianos SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 47 » la imitacion del genero græco-romano, como lo tomaron todas las naciones » de Europa, pero con la notabilissima diferencia deque entre nosotros » durante todo aquel siglo, siempre a quel genero estuvo unido à algo del » gusto árabe coma ya manifestamos en la introduccion à esta obra. » D'accord sur ce point, nous croyons devoir protester contre l'étrange pro- position née de l'enthousiasme national, fort respectable sans doute, mais qui emporte Villa-Amil bien au delà de la vérité, lorsqu'il affirme par les lignes suivantes que le style de la Renaissance se produisit spontanément en Espagne, sans autres incitations que les souvenirs de la grandeur romaine mis en lumière, grâce à « l'estudio personal» de ses compatriotes : « Por » manera que, como deciamos, en los principios de esa revolucion obraron » los espanoles por proprio movimento y estudio personal de la antiguédad, » aunque mas tarde se perfeccionaron en el moderno antiquisimo estilo con » el comercio de los italianos. » En Espagne, aprés la conquéte de la Sicile comme il advint plus tard aux Pays-Bas, quand les peintres eurent popularisé les formes nouvelles, tout en connaissant et admirant les beautés de chacun des styles qui luttaient pour la prééminence, les architectes tinrent à prouver, par leurs œuvres, qu'ils res- taient en quelque sorte indécis entre les deux. Ils admettaient sans restriction la pureté, la sévérité, la richesse, l'am- pleur des lignes synthétiques gréco-romaines , mais il leur en eoütait d'aban- donner la sveltesse, le mordant, l'inattendu, la magie de l'ornementation ogivale. Pedro Machuca, qui appropria pour Charles-Quint le palais de l'Alhambra à Grenade, mais surtout. Alzono Berruguete eurent sur l'école hispano-fla- mande une influence immense qui s'étendit jusqu'au Nouveau-Monde soumis au sceptre castillan. L'auteur du magnifique mausolée de l'arehevéque don Juan Tavara dans l'hôpital Saint-Jean-Baptiste de Afue a, lez-Toléde, se forma en Italie par l'étude et l'imitation des modèles classiques. Fils d'un peintre estimable de Philippe le Beau, il obtint des succés à Florence en dépit de la redoutable rivalité de Michel-Ange, copia Raphaël, Jules Romain et revint enthousiaste de l’école italienne. Période de transition Pedro Machuca et Alonzo Berruguete. en Influence prépondé- rante du Berruguete Architectes flamands Espagne. 48 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Rentré dans sa patrie, précisément quand l'empereur des deux mondes y faisait affluer les trésors du nouveau et tout le savoir, toute la civilisation de l'ancien, Alonzo Berruguete trouva un champ sans limites ouvert à son eolossal génie. Peintre et sculpteur, il enrichit Tolède et la Castille des prodiges de sa brosse et de son ciseau ; architecte éminent, il a laissé un témoignage insigne de son goùt et de son génie en élevant le château et l'hôtel des archives à Simancas. Il dressa encore les plans de l'immense palais de la place de los Algibes dans l'enceinte de l'Alhambra pour lequel Charles-Quint fit démolir en 1526 une partie de la résidence des anciens rois de Grenade. Ce palais, dont par une sorte de fatalité, la construction fut toujours entravée, se vit définitivement abandonné en 1634 avant méme d’être mis sous toit. Berruguete fut un artiste heureux, il obtint la fortune, les honneurs et la considération de ses contemporains et mérita une gloire solide aprés sa mort. L'émule de Berruguete était un arliste d'origine brabanconne, Enrique de Egas. Fils du fameux Annequin (Hantje) de Bruxelles, l'architecte de la cathédrale de Tolède, de l'hópital de Santa-Cruz et de l'opulent collége de Valladolid; il travaillait au temps où van Beughem réalisa ce chef-d'œuvre qui a nom Notre-Dame-de-Brou; ce furent les derniers adeptes de génie de la brillante pléiade des maitres-és-pierres. En ces années de gloire, les artistes espagnols et flamands, royalistes et 'atholiques, fiers d'appartenir à la première nation du monde, vivaient en bonne intelligence sous Carlos de Gante, le vainqueur du roi de France. L'hor- rible rivalité, née des haines religieuses, qui sévit plus tard, n'était pas encore allumée ; des maîtres nombreux nés aux Pays-Bas acquirent de la gloire et se signalérent par des œuvres de mérite dans la Péninsule. Le fils d'un de ces flamands, Enrique de Egas, osa l'un des premiers com- biner la régularité et la grâce gréco-romaine avec les poétiques fantaisies du style mozarabe. Son tombeau du cardinal Mendoza dans la cathédrale de Tolède, bàtie par Annequin, son père, est l'une des œuvres les plus remar- quables de ce genre Plateresco si admirablement cultivé en Espagne au XV* et au XVI: siècle dont le retable de Hal, sculpté en 1333 par le « maistre artiste » de Charles-Quint, Jehan Mone, est un précieux échantillon. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 49 Dans la pensée des maitres hispano-flamands de la Renaissance claire- ment traduite par leurs œuvres, les deux styles devaient se vivifier l'un l'autre sans s'absorber complétement, comme on le vit plus tard. A la fin du XV: siècle, l'Espagne transplanta sans transition appréciable dans la Venise du Nord, par des œuvres bâties, l'art sicilien en honneur dans la Castille. De ce nombre fut le Domus cantabrica ou hôtel consulaire des Discayens. Le Patio du palais épiscopal de Liége dont les colonnes offrent un type des mieux caractérisés du style Mudejar du AN: siècle appartient égale- ment à celte période. L'ordonnance du rez-de-chaussée de celte cour rappelle les Patios et Techedumbres castillans, fait songer à la casa de Los Mirandas à Burgos, à la cour de la maison dite de l'Infante à Saragosse et à la galerie supérieure du Patio au collége de Arzobispo huy de Irlandeses de Salamanque. A part la similitude d'impression et d'aspect, l'étude des détails de sculpture ornementative établit encore une incontestable affinité. L'Italie, au contraire, transforma peu à peu le goùt de nos artistes aux Pays-Bas en montrant d'abord. l'architecture peinte. La vogue de l'illusion perspective amena naturellement les masses au désir de la voir matérialiser. Plus occulte en apparence, au début, l'influence italienne, se renforcait à chacun des nouveaux pèlerinages de nos jeunes maitres ; elle s’afficha ouver- tement et exclusivement le jour où un irréparable cataclysme politico-reli- gieux divisa les pays d'en bas d'avec la Péninsule ibérique. À partir de la fin du XVI: siècle, le style de la Renaissance devient exclu- sivement chez nous d'importation italienne. C’est done par attribution abu- sive, encore aujourd'hui persistante, que l'on rapporte à l'architecture espa- gnole les types des maisons des corporations de l'incomparable Place de l'hótel de ville à Bruxelles. Quoi qu'il en soit, dés leur initiation, nos artistes réussirent à marier avec élégance la broderie gothique aux galbes délicatement profilés des ordres Sréco-romains, combinant les ressources du Plateresco avec les hardiesses du marbre pentélique, la dextérité de marteau des Lattoenschlagers flamands avec les raffinements de tracoir des Æibalzatori florentins, prenant en un mot à chacun des deux styles ce qu'il comportait d’excellent sans pour cela Édifices de type gnol aux Pays Débuts et développe- ments de l'influence directe de l'Italie aux Pays-Bas. 50 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE accorder une prépondérance exclusive à l'un ou l'autre. Dans la voie où ils s'étaient engagés, qui de nous oserait mettre en doute qu'ils ne fussent arrivés à un nouveau style, résultat de la combinaison des deux types originaux qu'ils avaient amalgamés. Chose singulière, cet élan prodigieux n'obtint pas la sanction universelle, ne s'imposa point aux masses, partant ne fit point école. Les résultats plas- tiques que surent réaliser les artistes hispano-flamands de la fin du XVe et du commencement du XVIe siècle par la fusion des deux éléments précités ne produisirent qu'une étape , une sorte de temps d'arrêt, et les élèves des artistes de la Renaissance perdirent peu à peu cette faculté d'assimilation et ce cachet d'indiseutable originalité native qui faisait le triomphe et la gloire de leurs maitres, en cherchant toujours à se rapprocher de l'antiquité par une imitation de plus en plus servile. Les maitres de la Renaissance avaient adopté les nouveautés classiques sans pour cela renoncer aux chères traditions du viel art national. Ils vou- lurent le galvaniser par l'introduction de cet élément vivace, mais négligé- rent peu à peu, en leur apprenant le nouveau style, d'initier en méme temps leurs élèves aux arcanes des anciens magistri comacini. L'art des maitres-és-pierres était basé surtout sur les traditions orales de l'atelier, l'initiation obligée de la maitrise ; il alla en s'amoindrissant ; Phar- monie retentissante se perdit en lointains échos. L'imprimerie multipliait chaque jour les ouvrages de Vitruve, Serlio, Scamozzi et Vignole; ils furent de jour en jour mieux compris et plus directement mis en pratique. falen Au national Museum de Munich, nous avons rencontré un traité portant la date de 1486 et le titre : Das Büchlein von der fialen Gerechtigheit von Math. Koritzer, bawneister des domes in Regensburg. M offre un écusson Büchlein von de de Haus Koritzer. chargé de deux feuilles d'eau issant d'une radicelle, accosté des capitales ro- maines M et K. Ce petit recueil donne le tracé géométrique et les propor- tions des pinacles à crochets d'un usage si fréquent dans l'architecture ogivale. A part cet opuscule, il est assez étrange qu'aucun des maitres qui pratiquaient encore le style ogival à la fin du XVI* et au commencement du XVII siècle n'ait eu l'idée de confier à l'imprimerie le soin de garder les secrets de l'architecture gothique. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 51 On rencontre encore des données didactiques des anciens maitres, rari nantes in gurgite vasto, dans les traités de Mathurin Jousse de la Flèche, intitulés : la Fidèle ouverture de l'art du serrurier et le Théátre de l'art du charpentier. Quelques-uns des secrets de l'art du trait et des tracés géo- métriques sont conservés dans les ouvrages spéciaux de Philibert de l'Orme et du père François Derand, ce jésuite aux facultés collectives pour les sciences, qui fut le contemporain des PP. Aguillon et Bollandus. Barthélemy Ranisch , maitre maçon de la ville de Dantzig, publia en 1655 un livre oà, avee une bonhomie toute germanique, il s'attache à décrire les voütes des édifices religieux de sa ville natale dont il donne d'admirables croquis. Ranisch s'applique à démontrer de quelle facon il faut s'y prendre pour les construire parce que lui-même « a vu el expérimenté que depuis » un siècle l'art des voûtes a complétement décliné. » Au XVIIe siècle, la tradition orale de l'arcanum magisterium n'était donc pas complétement oubliée; le XVIIe siècle en perdit jusqu'au souvenir. L'art ogival ensevelit dans son linceuil les arcanes de son esthétique. Un fait digne de remarque, c'est que les premiers types du style de la Renaissance en Italie furent des édifices religieux; en Espagne et aux Pays- Bas des constructions civiles. Cela tiendrait à prouver que la race italienne accoutumée aux flots de lumière hypéthrale des temples païens, s'accommo- dait à merveille de la magnificence des marbres brillant au soleil sous le jour aveuglant que produisait les vastes baies des basiliques chrétiennes. Le mysticisme du culte des hispano-flamands, bien que procédant du méme symbole de croyance, mit quelque temps à retrouver la faculté de prier et de se receuillir dans un temple dont les nefs n'étaient pas tamisées d'une lumiére diffuse assombrie par des vitraux peints. Soit timidité, soit routine, les poncifs purement italiens étoufférent les œuvres enfantées par le style Plateresco (comportant les données esthétiques du Nord, il était devenu chez nous quasi-autochthone), et les artistes adop- tèrent exclusivement, à la toiture prés, les modèles créés pour une nature méridionale par les architectes italiens. L'originalité des maitres flamands tenta une derniére fois de se faire jour avec l'école des Floris et des Vredeman De Vries ; survint la déplorable guerre Traités de Mathurin Jousse, Philibert de l'Orme et Francois Derand. Traité des voütes de Barthélemy Raniseh 52 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE civile qui ensanglanta pendant quarante ans nos provinces au XVIe siècle et paralysa l'essor de notre école artistique. Pendant ce temps l'art de la Renaissance avait dégénéré dans la contrée méme qui fut son berceau; l'Italie. avait délaissé Bramante, San Gallo, Sansovino et Peruzzi pour s'éprendre de Galéas Alessi, Carlo Maderno, Fontana et le Bernin. Quand, protégés par nos archidues, les flamands retournèrent s'abreuver à la mamelle italienne, cette sublime nourrice tombée en décadence n'avait plus à leur offrir que le lait frelaté des conceptions borrominiennes. Dans les dernières années du XVI: siècle, Otho Vœnius tenta vainement de réagir contre le style recherché, contourné et les ordonnances théâtrales ; il ne put réussir à ramener l'architecture aux formes italiennes du XVIe siècle, tempérées par cet adorable cachet flamand de l'école d'Anvers. Il est à remarquer que cette tendance à réagir contre les abus introduits dans l'architecture italienne de son temps fut chez Vœnius le résultat de l'étude et de l'observation. Les premiéres compositions architecturales qu'il fit pour l'entrée de l’archidue Ernest d'Autriche semblent presque toutes inspirées des motifs du style adopté dans le recueil des arcs-de-triomphe élevés pour l'intronisation du duc d'Alencon que l'on attribue avec fonde- ment à Vredeman De Vries. Ses compositions d'architecture décorative, faites pour l'entrée d'Albert et. d'Isabelle, sont, au contraire, d'une simpli- cité et d’une sévérité qui dénotent un retour sincère et convaincu vers les formes antiques. Loin de nous cependant la pensée qu'il faille regretter l'insuccés. de la tentative d'Otho Vœnius ; ce qu'il perdit en correction classique l'art archi- tectural flamand le regagna avec usure du côté pittoresque. Le fougueux génie de Rubens cadrait trop bien avec les exubérances loyolites pour qu'il ne s'en emparàt avec ardeur dans ses compositions décoratives, où l'on perçoit la couleur sans polychromie, où l'on éprouve la sensation du colossal avec des œuvres de dimensions ne sortant pas de l'ordinaire. L'architecture italo-flamande du XVIIe siècle était essentiellement une architecture coloriste : pour la comprendre et l'imiter, il faut le sentiment intuitif, le culte de la couleur. Eugène Delacroix, le maitre à la palette. de feu, formulait sur son lit de mort le vœu de reposer sous un tombeau « à SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 53 » fortes saillies, comme l'imaginait Palladio. » La plate et mesquine archi- lecture néo-étrurienne du second empire, toute grelottante sous ses oripeaux eriards , avait écœuré le grand coloriste français. Malgré des incorrections feintes ou coupables et des lourdeurs acciden- telles ou voulues, que nous enregistrons loin de les contester, à part méme le coloris, notre école marquera toujours dans l'histoire de l'art par un brio exubérant, une furia plantureuse. Flamands, nous sommes trop sensuellement dilettanti pour ne pas regarder cette verve comme une enviable compensation des mesquineries irréprochablement correctes qui marchent toujours de pair avec les déca- dences artistiques. A part la musique, l'architecture est, en réalité, le plus idéal de tous les arts, c'est aussi celui qui sent le plus vivement l'étreinte des limites étroites qui enserrent toute œuvre humaine, perdant d'un côté ce qu'elle gagne de l'autre, toujours placée en face de ce terrible dilemme : choisir la médiocrité sans défauts ou épouser le génie malgré ses écarts. L'art de la Renaissance déplora peut-étre chez nous la perte des traditions du good taste classique, sévère et froid poncif des maîtres de l'antiquité; mais Rubens, comme nous le verrons plus loin, lui donna en revanche une perfection nouvelle, inconnue, la Beauté pittoresque, impérissable cachet de fougue, de grandeur et de puissance que Phidias et Raphaël eussent envié à juste titre. L'impression du génie de Rubens sur l'architecture flamande fut si pro- fonde, qu'il fallut un siécle et demi pour en atténuer la trace et amener la décadence des principes esthétiques affirmés par ses œuvres et par ses lecons. Il est impossible pour celui qui a fait une étude approfondie des monu- ments de la Renaissance en Espagne et dans les limites des anciens Pays- Bas, de méconnaitre l'existenee d'un. échange intime d'idées et de Lypes caractéristiques entre les artistes des deux peuples. Les écrivains espagnols en conviennent sans exception; nous n'en vou- lons pour témoin que ces lignes empruntées au texte du plus beau livre architectural qui ait jamais vu le jour en Europe, les Monumentos arquitec- tónicos de España: « Recibe esta sospecha alguna fuezza de documentos Tour XXXIX. 8 Le beau pittoresque, base esthétique de l'art flamand, e de types ar. iques entre les Infériorité profonde de la race arienne vis- à-vis de la race tou- ranienne au temps des croisades. et industrie Commer ts chez les s lettrés schismati ques de Byzance et les céramistes mu- sulmans d'Andalou- sie accueillis par Léon X ® ER Pénurie d'artistes aprés la conquête de l'Es- pagne sur les Maures HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » posteriores, y no carece de verisimilitud, atendida la numerosa pleyada » de arquitectos, estatuarios y pintores de aquella nacion que por los mismos » dios (y aun en años posteriores) vieni à España ......... à un gusto y estilo de arquitectura propriamente germánicos, nos llevan à sospechar que pudo talvez ser FLAMENCO. » Au temps des croisades, les sciences, les arts et les lettres n'étaient supé- rieurement cultivées que par les Juifs et les Arabes; la race arienne semblait avoir abdiqué devant la race touranienne. La conquéte de Grenade par les Almoravides introduisit dans les provinces méridionales de l'Espagne une lumière éblouissante pour les sciences et les lettres, des horizons nouveaux pour les beaux-arts. Ce fut alors que Mohamed-ben-Alhamar, premier roi de Grenade, fit bâtir le féerique palais de l'Alhambra. Le commerce des Sarrasins était des plus florissants, leurs galères innom- brables; ils fabriquaient des armes, des étoffes ouvrées d'or et de soie, des cuirs repoussés et dorés, des vases et des carreaux de revétement, azulejos et rajolas, qu'ils exportaient dans les pays les plus lointains. On connaít l'histoire de la conquéte de Grenade. Les Médicis avaient ouvert leurs palais aux lettrés schismatiques de Byzance, échappés aux Musulmans; les Etats de l'Eglise furent un sol hospi- talier pour les céramistes musulmans expulsés d'Andalousie par Ferdinand le Catholique. L'Italie du siècle de Léon X se vit dignement récompensée de son hospi- talité grandiose en devenant légataire enviable et incontestée à la fois du génie littéraire, honneur impérissable des Comnénes et du génie artistique, auréole éclatante des Abencerrages. Quand on voulut consacrer par des monuments durables le souvenir glo- rieux des victoires de la nation, le royaume de Ferdinand et d'Isabelle se wouva dépourvu d'artistes de mérite et principalement d'architectes; l'art de ces derniers, chacun le sait, avait été porté à un haut degré de perfection par les Maures. L'Italie, les Pays-Bas et l'Allemagne s'empressérent de lui envoyer une colonie de maitres qui tous, à l'exception des Italiens, profes- saient encore les théories du style ogival. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 55 Les maitres flamands furent nombreux en Espagne : nous connaissons Annequin, Enrique, Diego et Pablo de Egas; Juan de Brusseles, Nicolas de Vergara le vieux et ses deux fils Juan et Nicolas , les deux frères ds qui se distinguérent sous Annequin de Egas et Micer Cristobal qui fut peut-être d'origine allemande. Les documents contemporains nous révèlent que les espagnols reprochérent souvent à Charles- Quint d'employer de préférence des artistes ét rangers et principalement les flamands. Ce fut à la suite de ce contact que ces derniers rapportérent aux Pays-Bas le style plateresco, œuvre collective d'une école composée de rameaux vigou- reux , combinant sous l'impression du ciel espagnol la sveltesse de l'art sep- tentrional et la broderie élégante du s e de Pennamor. L'Espagne dut à cette immixtion d'éléments artistiques étrangers ses édifices à gables aigus, découpés de façon à produire une fière silhouette décorative, troués de fenétrages et de baies fantaisistes , comme si, poussé par quelque vertige, l'architeete eût voulu condenser tous les effluves rayon- nant d'un ciel de feu dans un pays où l'on ne doit rechercher qu'un peu d'ombre et d'air frais. Ces pignons élancés et ces verrières nombreuses sont évidemment des éléments d'inspiration flamande. L'influence espagnole, par contre, se reconnait aux Pays-Bas dans l'adop- tion intempestive des toitures formées de voütes en plate-forme, des Patios bordés de portiques aux appartements noyés dans un demi-jour et dans la construction des façades aux grandes murailles nues, aux rares fenêtres grillagées, comme si l'on avait eu à redouter les rayons parcimonieux de notre (iode soleil. Le contact immédiat des Italiens et des Espagnols avait répandu plus tót dans la péninsule ibérique les principes de la Renaissance. Par leurs fré- quents rapports avec l'Espagne nos arlistes propagérent aux Pays-Bas le nouveau style introduit par les colonies de négociants italiens, espagnols et portugais. Il s'affirma avec d'autant plus d'autorité dans l'œuvre bâtie que les yeux étaient accoutumés déjà à admirer l'œuvre peinte et seulptée. Conrad Mijt, le mystérieux Conrad de Malines, appelé Corrado Fiamengo en Italie et gu Albrecht Dürer appelait «le prince des sculpteurs flamands ; » Francois Borset, van der Schelden, Guyot de Baugrant, Rombaut de psy: Architectes flamands en Espagne Le style Plateresco 56 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE vere, Jean Mone et Jacques de Vrient, travaillaient d’après les mêmes principes esthétiques et suivaient les mêmes traditions d'atelier qu'Alonzo Berruguete, Gregorio de Borgogna, Diego Copin, Hernando de Sahagun, Bartolomeo Aguilar, Salmeron et Vargas. Parfois un flamand collaborait à une œuvre espagnole et la différence de manière était insensible; de Jonghe fit avec Gregorio Hernandez le fameux calvaire de Valladolid. Au reste, ces maîtres, tant flamands qu'espagnols, semblent, d’après leurs œuvres, s'être tous abreuvés à longs traits à la source italienne. Longtemps les colonnes à balustres engoncés du Palais épiscopal de Liége intriguérent les archéologues. Le savant et regretté M. Schayes attribuait à ces étranges productions de la première Renaissance une vague affiliation aux motifs de l'architecture asiatique Hindoue. L'examen trés-attentif des monuments espagnols du XVe et du XVI siècle auquel nous nous sommes livré nous ont montré ces singuliers caractères dans un grand nombre d'édi- fices du style Mozarabe où Mudejar. Le style plateresco de la salle fameuse du Paraninfo, où siégea Cisneros (Collegio major de San Ildefonso) à Alcala de Henarés, se rapproche incon- testablement des motifs gracieux de cet orfévre en bois qui fouilla avec un art si parfait les panneaux du Charmant Portail de la Chambre échevinale de l'hótel de ville d'Audenarde. La cheminée du Franc de Bruges est soutenue par des colonnes à chapi- teaux cantonnés d'anses, renflées sous l'astragale par l’adjonction de têtes de bélier ; ce galbe évasé semble n'avoir été imaginé que pour recevoir la retombée du patin de l'arc en fer à cheval du style mauresque. Le méme motif, planté sur des chapiteaux ioniques, se retrouve au Patio de los enter- ramientos dans le monastère de la Huerta bâti sous Charles-Quint. Rappro- chement bizarre, le chapiteau du Frane rappelle dans son ensemble les modèles familiers de l'art assyrien. L'étude approfondie de cette célèbre cheminée que nous donnerons en son lieu nous montrera le méme mélange de matières, pierre, bois marbre ou albàtre dans l'euvre de Lancelot Blondeel et dans celle d'Alonzo Berruguete aux Stalles fameuses de la cathédrale de Toléde; cet assemblage heureux devait plaire souverainement à l'œil d'un peuple coloriste. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 57 Les chapiteaux à galhes étranges découverts par MM. Layard et Fergusson à Suze, Persépolis, Khorsabad et Ninive, se retrouvent comme parti pris décoratif sous des arcades du XI* siècle au cloître de San Stefano de Bologne. Ils semblent avoir servi également de prototypes aux chapiteaux imaginés par Blondeel. Le Patio de l'infante à Sarragosse, celui de la Casa de los Mirandas à Burgos et le Patio principal del palatio del Arzobispo à Alcala de Henares présentent des chapiteaux à données identiques. Les cours intérieures des somptueux hótels de la Grandeza Española ont donné l'idée de nos cours à portiques ouverts, sans appuis pleins ou ajourés entre les arcades (ce qui constitue la distinction fondamentale séparant le patio ou cortile du cloitre), si communs aux XVIe et XVII? siècles dans nos grandes habitations urbaines. Les cloitres du moyen âge ne peuvent d'ailleurs revendiquer la priorité. d'une disposition empruntée par les byzantins aux péristyles de l'aulé de l'habitation homérique et à l'afrium des maisons romaines. Déerits par Vitruve, ces types ont été intégralement retrouvés à Pompeia aux maisons de Marcus Lucretius , de Pansa , d'Epidus Rufus et de Dioméde. Les larges cours ilalo-hispaniques du palais du chancelier Granvelle , à Besançon, celles des résidences princières du cardinal son fils, à Bruxelles, à Arras et à Malines, de l'hôtel du Roi d'armes brabancon, rue de la Made- leine, et de l'hótel Tour et Taxis au Grand Sablon à Bruxelles, révèlent l'extrême retraite où vivaient les femmes de nos aieux, devenues, grâce au progrès de la civilisation, le centre, la base , la pierre angulaire de la famille moderne. Il fallait en Espagne que des habitations destinées à n'avoir avec l'exté- rieur que les communications absolument indispensables, à ne recevoir la lumiére qu'à travers d'épaisses celosias, fussent à l'intérieur larges, spa- cieuses, pour que l'air y cireulàt, richement sculptées et polychromées, pour que l'esprit püt s'y réjouir, Comme les Domus Insulæ du Vélabre de la Rome des Gésars, nos grands hôtels du XVIe? et du XVIIe siècle furent immenses. Rubens , nous le verrons plus loin , ne comprit pas autrement la splendide habitation d'Anvers oü il vécut la grande et facile vie de la réussite. Bien des fois, embrassant d'un Cortiles italiens et patios espagnols. Portiques des habita. tions ` seigneur urbaines aux Pays Bas. Suriptendance générale de rehiteeture tribuée à Herrera par Philippe Il; ses prédileetions elas siques. 58 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE long regard le pittoresque portique italo-flamand de l'hótel de Villegas, rue de Louvain, à Bruxelles, dont la porte entre-báillée montrait au fond les colonnes doriques des arcades du Patio, nous avons été frappé du contraste qu'offrait cette entrée princière avec les murs tout unis, à peine troués d'une haute lucarne sur tout le développement du rez-de-chaussée et les persiennes closes des fenétres du bel étage. Ces détails caractéristiques. reconstituaient spontanément pour nous tout le tableau de la vie domestique si chevaleresque et si naive, si honnête et si retirée, de nos glorieux ancétres. L'Espagne avait devancé la France et les Pays-Bas dans l'adoption du style nouveau , l'Espagne devait bientôt l'imposer à toute la monarchie de Charles- Quint. Quand Philippe I eut appelé à siéger dans son conseil privé l'archi- tecte Herrera et que les plans de tous les édifices de quelque importance durent subir le visa de ce Surintendant général des bâtiments, comme l'on dira un siécle plus tard, le style italien des Cinque-Centistes conquit le nou- veau monde. Il y a dans ce contrôle souverain d'Herrera , entièrement dévoué aux doc- trines classiques , une raison curieuse et peu connue de l'extension singuliére du style de la Renaissance aux Pays-Bas peu de temps aprés l'abdication de Charles-Quint. Si l'on songe à la grande quantité d'églises, de chapelles, de monastères, de palais que fit élever Philippe Il en Europe et dans l'Amé- rique espagnole, on ne peut s'empécher de considérer Herrera comme un des principaux et des plus actifs propagateurs du style italien de la Renais- sance durant la seconde moitié du XVIe siècle. Par suite de diverses circonstances politiques et dynastiques, l'Espagne ne cessa de se retremper encore sans cesse à la source italienne; nous avons cité ailleurs des noms d'architectes de cette nation qui élevérent des édifices importants dans la Péninsule ibérique. À part leurs premiers débuts où s'affichent naïvement les emprunts qu'ils firent à l'Italie et à l'Espagne, les maitres flamands surent conserver une originalité franchement caractéristique. Ils durent cet enviable privilége, moins à leurs facultés coloristes qu’à leur admirable bon sens dans les rap- ports qu'ils établirent entre l'usage et la forme artistique instinctive. Dans les anciennes constructions consulaires de Bruges, les plates-formes SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 59 flanquées de tourelles avec ou sans créneaux, qui couvraient les Steenen ou grands hótels des négociants florentins, hanséates, « osterlins, » castillans et génois, dénotent évidemment une influence méridionale. On peut ajouter à ces constructions de type exotique les hôtels de Maële, alias : Zeven toren, et de Bouchout dans la méme ville. Le revers du volet représentant Adam, faisant partie de la célébre Ado- ration de l'Agneau mystique des frères Van Eyck, au Musée de Bruxelles, nous offre en perspective une rue de Gand au XVe siècle. Le premier plan est occupé par un S/een ou demeure patricienne, dont la toiture en plate- forme, fournit un piquant contraste avec les gables aigus des maisons voisines. Déjà sous le régne de Philippe le Bon, et tout en employant les données ogivales, les colonies italiennes de Bruges avaient importé dans la Venise flamande un genre de constructions emprunté à la Cà doro de la ville des doges, jalons timides faisant présager par leur masse cubique et l'absence des pignons l'adoption. prochaine de l'ordonnance horizontale des ordres gréco-romains dans leurs combinaisons essentielles. L'artiste, probablement espagnol, qui a élevé les Hôtels des Biscaïens et de Pitthem à Bruges, conserve la toiture en terrasse adoptée sous le beau ciel andálous pour la Casa Lonja de Valence. L'architecte présumé flamand qui a construit la Maison des Arbalétriers dans la méme ville ne commet pas cette inadvertance climatérique ; il connait l'absolue nécessité de ver- sants rapides pour rejeter la neige et les eaux pluviales amenées par l'aquilon de la mer du Nord. S'il conserve judicieusement à l'édifice le gable aigu du régne de l'ogive, il a encore assez de génie pour assouplir l'ornementation pittoresque de la Renaissance à cette nécessité locale. Le pignon historié fut l'un des triomphes de l'école flamande pendant la Renaissance; c'est vers ce champ ornemental inconnu aux méridionaux , où l'on ne pourra accuser nos maîtres de vasselage artistique, que convergent de louables efforts pour arriver aux grandioses effets décoratifs. C'est en songeant qu'il ne peut éviter les gables aigus que l'architecte indigéne modifie ses conceptions pour réaliser, s'il a nom Floris ou Vrede- man De Vries, de véritables chefs-d’œuvre de goût et d'ingeniosité de parti pris. L'admirable livre d'architecture de ce dernier artiste (nous en parlerons Caractères du style plateresco Jaroncillos. Cresteria. 60 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE bientôt), abonde en modèles de ce genre étonnants par l'inattendu et la nou- veaulé de l'aspect. Ces ordonnances se virent adoptées en méme temps par tous les peuples peur du Nord ; les anglais à Wollaton House, les danois à l'église de Rothskildt 3 [» H o prés Copenhague, les allemands à la Peller's Haus de Nürnberg, nous ont laissé de beaux spécimens des variations originales des gables historiés et I 8 8 fleuris restés en honneur du XVI* au XVIII* siécle. L'école née de l'influence de Rubens eut également souci du décor des pignons; témoin les gables de l'hôtel de ville de Leyden, ceux des églises de Hendrick de Keyser, Franequart, Coeberger, du Béguinage de Bruges, spécimen curieux de la dernière période et par-dessus tout les pittoresques amortissements des maisons des Corporations bourgeoises de la Grand’Place à Bruxelles. Le style Mudejar vécut peu de temps : le style « d'orfévrerie » appelé plateresco (de plata, argent) par les artistes espagnols, se vit appliqué aux Pays-Bas dans les œuvres italo-hispaniques, premiers monuments de la Renaissance. Sous ce vocable de « monument », nous rangeons toute œuvre artistique de l'époque pouvant servir de pièce à l'appui de ce travail et tout particulièrement les fonds d'architecture qui se remarquent aux tableaux, dessins et estampes, les vitraux peints étoffés d'ordonnances architecturales, les sculptures, les meubles et l'ornementation typographique si remarquable de cette période. Toujours on retrouve la caractéristique colonne fuselée ou fusarolée inter- rompue par divers motifs à effet ornemental ; Jaroncillos à bustes en profil de Héros ou de Belles ajustés à l'instar des camées antiques, piédouches sup- portant de petits génies, euls-de-lampe ajourés , le tout délicatement ouvragé d'acanthes à revers déchiquetés rappelant le chou frisé du XVe siècle. Les corniches très-prononcées en forme d'auvents, les consoles, les modillons, les crétes et les gargouilles gothiques sont décorées de mille bagatelles char- mantes empruntées aux fantaisies de tracoir de l'orfévre repousseur. Ajoutons à cela les lambrequins en encorbellement gracieusement his- toriés de sirènes ou d'amours, les festons, les guirlandes prodiguées judi- cieusement, les Cresteria d'afiligranado trabajo, sculptures à jour, bordant l'intrados des arceaux, glissant sur les arêtes extrêmes des lignes architectu- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 61 rales pour les détacher de la muraille ou les découper en silhouette sur l'azur du ciel ; supposons tout ce merveilleux ensemble doré et polychromé et nous aurons quelque idée des ressources décoratives que présentait aux artistes flamands le canevas offert par l'enchanteresse italienne. Les grandes basiliques construites par Alberti, Brunellesco, Michel-Ange et Bramante avaient peu de chose à envier, comme ampleur de proportions, aux plus splendides vaisseaux du moyen âge; les maitres gothiques qui les avaient admirées en Italie crurent ne pas déroger en les imitant, Quand Part ogival tomba définitivement, la Renaissance penchait vers sa décadence et les succés de l'église de San Andrea della Valle de Carlo Moderno (1568), et surtout du Gesù (1594) furent tels, que nos maîtres, entrainés d'ailleurs par l'exemple de Rubens, ne crurent mieux faire que de les prendre pour modèle. À part les causes générales qui amenèrent les artistes flamands à déserter les traditions nationales développées au commencement de ce chapitre, la métaphysique méme du style de la Renaissance, tel qu'il apparut d'abord , laissant de cóté le charme de la nouveauté , n'était-elle pas faite pour séduire le coloriste qui est au fond et tout peintre, statuaire, architeete ou graveur, né sur le sol fortuné de la Néerlande. Nous aimons à nous appesantir sur ces causes-là qui sont généreuses et excusables pour nous consoler un peu de ce que la folie de l'individualisme, le désir effréné de succès, l'égoisme joint à une adulation intéressée, s'abais- sant jusqu'à prévenir les capricieuses fantaisies des souverains , aient poussé nos artistes à s'affranchir de la tutelle séculaire inapréciable pour l'art dans Sa plus sublime expression où l'architecture tenait les arts mineurs. Bientôt un motif assez vaguement indiqué dans les œuvres italo-hispa- niques va prendre une importance à ce point capitale qu'il deviendra un des traits caractéristiques de notre école. Nous voulons parler de la décoration à compartiments (compartimenta). Lacets, caricatures et formes de bijoux (strapworck, jewelled forms), genre éminemment original mi-partie composé des cuirs enroulés des maitres vénitiens et loscans, des œuvres délicates de la joaillerie et des grotesques des artistes romains et napolitains empruntés aux Thermes de Titus, aux Bains de Livie et aux votes à médaillons de compar- timent, historiés de frises, du tombeau des Fortunatus sur la Via Latina. Tous XXXIX. 9) Les compartiments. 62 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ce genre va bientót trouver la silhouette décorative, cet élément indispen- sable à tout style nouveau et faire école jusqu'aux « Bérinades » et aux panneaux de Testelin, Claude Gillot et Desrais, brillant de cette variedad y gallardia del adorno, terme approprié aux sculptures d'Alonso Berruguete et Enrique de Egas et qui convient si justement aux brillantes fantaisies des fréres De Vriendt et de Vredeman De Vries. vie s Ces compositions de nos flamands ont un air plutót pompeien que raphaé- arabesques mir" Tesque, Les porte-à-faux les plus injustificables, un bâtis aussi inconsistant que les brindilles légères qui étoffent les fonds, leur enlévent toute possi- bilité d'exécution matérielle autrement que par le pinceau. Ce sont des édieules aux colonnes fuselées, dont la couverture est une sorte de Gonnel- letta aux capricieuses taillades lambrequinées, auxquels servent de pendant les berceaux, des cabinets de verdure, étoffés de graminées fantaisistes ou serpentent les tiges menues de feuillages grimpants ou volubiles. Rendus à la facon des nielles, ces pavillons abritent une ménagerie étrange de massifs colombides aux bees spatulés, aux profils risiblement grotesques, Dronten ou Wallickvogels , race disparue de nos jours à l'égal des ptérodactyles, qui posa une dernière fois encore devant Roelandt Savery. Hiboux, geais, pies, cigognes , ibis , cormorans; reptiles , crapauds à ailes de chauve-souris; hyp- pocampes, pistrix, dauphins ; erabes, langoustes, écrevisses; papillons; scarabées et libellules y perchent, volent, rampent, nagent et bourdonnent dans une indescriptible rodomontade. La mosaique du musée de Darmstadt, fantaisie fiévreuse d'un gypsoplaste romain semble offrir la synthèse de cette Faune imaginaire. Cerfs ailés, pégases, hippocentaures, lions et licornes entrainent une infernale Gim crown aiguillonnés par des corybantes, des curétes et des eupidons. Leurs groupes enchevétrés s'agitent, enlacés aux guirlandes légères et aux vrilles volutées à plaisir. Sous des tonnelles où l’art, aujourd'hui perdu, du « treillageur » semble avoir épuisé les combinaisons de ses résilles, des Arimaspi revétus de dalmatiques flottantes se défendent à l'aide d'une sorte de lituus ou bâton augural contre des griffons à triple queue en sautoir. Des « hommes et femmes sylvestres » tantót nus et velus, tantót portant des braies ou anaxa- rides, s'escriment avec des mieromegas aux « guernons » goailleusement SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 65 tordus en accolade. Coiffés à la Montezuma de « plumars d'austruche » ou d'infulee ou mitres, leurs vitæ ou bandelettes retombent en se joignant comme la mentonniére d'un chapeau de cardinal. Des trophées d'armes, d’ustensiles, d'instruments musicaux ou aratoires, des thyrses aux pampres touffus s'y voient mélés à la classique lanterne de Diogène, le bucrane au protome du bœuf Apocalyptique, le phallus gnostique des Vrije Metzelaaren au blason d'azur chargé de trois écus d'argent de la Sint- Lucasgilde. L'élément qui sert à tout amalgamer, le réseau d'applique de cette den- telle, c'est le strapworck , ce sont les jewelled forms, termes caractéristiques attribués avec bonheur par les anglais aux motifs italo-flamands de l'Eliza- bethan style dont les bossages méme, comme à l'Heriot's Hospital à Édim- bourg, ressemblent aux barbes de guipure d'une golille empesée. Avec ce faisceau d'éléments invraisemblables, les maitres flamands savaient donner à leurs compartimenta une originalité de silhouette, un cachet, une énergie dont le recueil de douze planches de Vredeman intitulé : Grottesco in. diversche manieren zeer chierlijck bequaem en oirboorlijc voor schilders, glaesschrijuers, beeldsnijders en al die de chierlijke ornamenten der antiquen beminnen, peut donner une juste idée. Né du lambrequin héraldique , dont le style ogival sut faire un appoint décoratif de premier ordre, le cartouche fut d'abord en bois, puis en cuir Cartouches ou Cuirs. taillé et roulé. Longtemps embryonnaire, il se vit développer avec une sorte d'émulation fébrile à Venise, qui, dans ses rapports avec le Levant, joua un róle considérable dans l'introduction de larabesque. Les diverses écoles de la Renaissance comptérent toutes en ce genre des variations typiques sur un thème constant. Il faut une subtilité peu commune pour distinguer à leur déchiqueture extrême et à leurs profonds enroulements volutés les car- touches ou cuirs italiens de l'époque primordiale de la Renaissance. À mesure qu'on avance vers le XVIIIe siècle, cette distinction tend à S'effacer de plus en plus et les cartouches de Mitelli, Bernardus Castellus, Jean-Christophe Feinlein, Rubens, Francquart, Crispin de Pas, Faid'herbe, Abraham Bosse et Gibbs, si l'on veut faire abstraction du rendu pour ne s'attacher qu'aux formes constitutives, sont d'une identité de motifs qui ren- drait la confusion inévitable si l'on n'était guidé par des éléments accessoires d'appréciation. Compartiments. Diagrammes. Caricatures. 64 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE I] n'en est pas de méme des compartimenta dont la présence dans une œuvre du XVI siècle suffit pour faire connaitre l'origine flamande ou l'indis- cutable vasselage d'école du maitre qui l'a imaginée. Nos artistes tirérent encore d'autres éléments originaux d'une variété de ehamps ou méplats décorés de moulures de peu de relief dont les disposi- tions géométriques ont été probablement inspirées par le diagramme com- pliqué des entrelacs du style Mudejar. Ce cachet particulier aux œuvres anversoises peut done être rapporté à l'influence hispanique. Comme dernier trait d'originalité, disons qu'à tous ces éléments divers, arabesques, cuirs, compartiments diagrammes, se mêlent les tendances saty- riques de la race thioise, sensuelle, frondeuse et parfois triviale. Les carica- tures, les monstres fantastiques, à intentions lascives ou mordantes, émaillent inévitablement les silhouettes si -fièrement et si pittoresquement découpées des compartimenta. Nous avons remarqué ces réveillons railleurs chez Corneille Floris et Pierre Verhaecht, les calligraphes humoristiques des lettrines du livre des Liggeren de la S'- Lucasgilde, d'Anvers, et chez leurs contemporains et émules De Vries, Bos, de Myricinis et Clément Perret. Les compartimenta devinrent souvent pour nos artistes ce que les Schémptooncelen et les Hekelspelen furent pour nos Rederijkers; moines et gueux, ribaudes et chanoinesses, inquisiteurs espagnols et mignons francais, s'y virent tour à tour persifflés, parfois de la facon la plus bizarre et la plus inattendue. Pour clôturer cet essai sur la métaphysique du style hispano-flamand de la Renaissanee, nous ajouterons une remarque de capitale importance, au point de vue de l'esthétique et de la philosophie. L'antiquité gréco-romaine condamna constamment le spécialisme dans les arts libéraux. Un cyele trés-étendu de connaissances accessoires était exigé pour établir efficacement toute réputation artistique. Les écrits de Vitruve, architecte et ingénieur militaire du siècle d'Au- guste , révélent une éducation libérale et une instruction complète. Gitidas le spartiate, aprés avoir élevé un temple à Pallas Athéné et fondu la statue de la déesse en toreuticien consommé, chanta à sa louange un hymne dont il avait composé les vers. Philon, au dire de Valère-Maxime, après avoir SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 65 terminé l'Arsenal d'Athènes, rendit compte de son œuvre coram populo avec un tel bonheur d'élocution qu'il s'aequit pour toujours un renom distingué d'éloquence. Une table de marbre de Pompeia, relevée par Grüter, désigne comme Pictor idem et architectus Vaffranchi d'Arrius Dioméde qui traça les plans de son élégante villa. Tout le monde sait, enfin, que Phidias et Calli- maque étaient à la fois architectes, statuaires, peintres ef ciseleurs. À la fin du XVe et au commencement du XVI" siècle, l'architecture n'était point aux Pays-Bas une profession exclusive; elle comportait d'ordinaire la connaissance des arts mineurs , peinture, sculpture et bien souvent gravure. C'est à cet ensemble de connaissances presque inconnu de nos jours que, furent redevables de leur supériorité Lancelot Blondeel, Quinten Massys, Lambert Lombard, Pierre Coeck, Jehan Gossaert dit de Mabuse, van Orley, van Coxcyen, Dirck van Staar, Floris, De Vries, et un siècle plus tard Rubens, Faid'herbe, Franequart, Coeberger et Quellyn. À ces grandes individualités de notre école flamande aucune partie des beaux-arts n'échappait et ne demeurait lettre morte ; ajoutons que le plus souvent l'artiste était doublé d'un lettré, d'un numismate ou d'un antiquaire. Jadis, les maitres auraient cru déroger en se bornant à la spécialité, pour lors si multiple, de la peinture d'histoire et cherchaient par de viriles études et une application constante à se montrer à l'occasion sculpteurs et architectes de génie. On comprend, après cela, de quelle force et de quelle vitalité devait être appelée à faire preuve une école où les différentes manifestations graphiques ou plastiques que peut revêtir la pensée idéale étaient également familières à ses adeptes ; où le peintre échangeait sa palette pour un compas, où l'archi- tecte se saisissait de l'ébauchoir et le statuaire ne délaissait le marbre que pour prendre le pinceau. Cest le spécialisme qui est la cause fondamentale de l'infériorité de l'art moderne en regard des grandes œuvres enfantées pendant les XVIe et XVIIe siècles. Tous les maitres immortels du pontificat de Léon X exerçaient à la fois, avec succès, plusieurs branches des beaux-arts. Ce cycle puissant de con- naissances était en leurs mains comme un faisceau indissoluble ; leur indomp- table énergie était secondée à souhait par l'appoint de ces talents groupés. Aplitudes des vieux maitres pour toutes les branches, cause de la splendeur de l'art. Influence désastreuse du spécialisme dans "art. 66 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ils atteignirent sans effort des sommets qui, jusqu'à ce jour, sont demeurés inaccessibles aux spécialistes modernes. Les œuvres des artistes du XVI et du XVIIe siècle comportent toutes un je ne sais quoi de généreux qui vise l’âme directement, la captive, nous met en communication avec le maitre et nous prend pour ainsi dire par la main pour hous montrer réalisée la fin supréme d'une véritable œuvre d'art : le charme moral uni à l'intérét psychologique. Le métier a envahi de notre temps la colline sacrée, par suite de la divi- sion infinitésimale des genres, la médiocrité est devenue endémique. Pareille à un torrent de scories et de lave, l'indigence des esprits a stérilisé les côteaux fameux dont le pressoir tirait chaque automne mille amphores du plus exquis Falerne. L'art reflète inexorablement la vie générale d'un siècle, sous le linceuil du spécialisme il disparaitra tout à fait avec la première 'atastrophe qui bouleversera l'Europe; tel, en l'an 79 le Vésuve ensevelit dans une chape de tuf commun les bronzes et les marbres d'Hérakleia. CHAPITRE II. Apparition et développement du style de la Renaissance aux Pays-Bas; XVe et XVIe siècles. — Période hispano-italienne. À part un petit nombre d'œuvres bâties dont nous parlerons plus loin, les Premières app dus premières applications des motifs du style de la Renaissance, introduites aux Pays-Bas, doivent s'étudier sur les fonds d'architecture et les accessoires sompluaires dont nos peintres au retour du pèlerinage ultramontain enrichis- saient leurs tableaux avec une ostentation naive. Les maitres italiens et flamands se connaissaient et s’estimaient. Giovan Santi, le père de Raphaël, connut Van Eyck; il le cite avec enthousiasme et admiration, et l'appelle dans sa chronique rimée « le grand Joannes. » Anto- nello de Messine, au dire de Tomaso Puccini, avait vu à la cour d'Alphonse Ier, roi de Naples, un panneau de Jehan de Heick, « painctre et varlet de chambre » de Philippe le Bon. Epris d'admiration à la vue de cette œuvre d'un aspect inattendu , curieux de connaître le secret de la brillante agathisation de cette peinture, il entre- prit le « loingtain voiaige » de Flandre, devint disciple de Van Eyck et réussit à obtenir communication du magique secret qui le rendit quelque temps sans rival en Italie. Durant son séjour prolongé aux Pays-Bas, les descriptions et les récits de l'ardent sicilien, qui contribua si efficacement à révéler Part flamand aux Maîtres de la Péninsule, durent transporter les peintres de l'école brugeoise. Facius, en rapportant l'enthousiasme que Rogier van der Weyden excita au delà des Alpes, nous apprend que déjà à l'époque dont nous parlons nos artistes allaient fréquemment « es Italles Romme et aultres ylieulx » pour y étudier la nature et l'art, Fond étoffa s nt le: s tableaux. 68 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Confraternite et Sodalizi des cités italiennes, accueillaient avec distinc- tion ces étrangers et leur commandaient des tableaux qu'elles payaient géné- reusement. Les frères du Saint Sacrement d'Urbain donnèrent à maitre Jehan de Gand deux cent cinquante florins d'or pour le tableau du maitre-autel de leur couvent. Nos grands artistes, depuis maitre Jehan de Gand jusqu'à Rubens, Van Dyck et Du Quesnoy, s'ils allérent y ravir une étincelle du feu sacré, dotérent tous le sol italien des prémices de leur génie. Sans recourir aux célèbres collections européennes, le Musée d'Anvers, celui de Bruxelles et la plupart de nos principales églises de Belgique, en dépit des vols commis par les Francais en 1793, sont encore assez riches en tableaux de la fin du XV* siècle et de la première moitié du XVIe pour offrir des documents d'une grande valeur au point de vue des premières applica- lions des motifs architecturaux de la Renaissance. Pour l'architecture peinte, le type des premiers essais de nos artistes est franchement italien sans aucun mélange de tendances quelconques. Au début, les maitres flamands n'étaient pas assez familiarisés avec le nouveau style pour oser y introduire cette originalité, ce cachet personnel et cette inspira- tion autochthone qui, dés qu'ils s'en furent assimilé les éléments et les types, nous fait distinguer si facilement les pastiches italiens de notre école de ceux des arlistes espagnols, francais et allemands. ernard van Orley, Quinten Massys, Lucas de Leyde, Jehan Gossaert dit de Mabuse, Lancelot Blondeel, Dirck van Staar, Jehan Swart et Michel van Coxcyen furent parmi tous nos artistes ceux qui sacrifiérent les premiers à la divinité nouvelle. Bernard van Orley, élève de Raphaël, chargé par ce maitre illustre de l'honorable mission de surveiller aux Pays-Bas le tissage des tapisseries de la chapelle Sixtine ouvrées en laine , or et soie d'aprés les cartons du peintre des Loges, fut un des plus ardents à enrichir ses ordonnances de colonnes fuselées coupées de médaillons à effigies d'empereurs romains, de pilastres, de frises, de prédelles historiées de bas-reliefs, compositions directement inspirées des ornamenti groteschi , l'une des plus gracieuses interprétations : de la verve des anciens par le génie de la Renaissance. Le peintre bruxellois se complut non-seulement à copier les charmants SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-DAS. 69 caprices de l'ornementation architecturale italienne, il introduisit encore dans ses tableaux les représentations de meubles et d'accessoires somptuaires traités avec un goüt exquis, comme, par exemple, l'encadrement du miroir qui étoffe le fond du panneau « Vénus et l'Amour » (n° 645) au Musée de Jerlin. Les débris pittoresques des monuments fameux des bords du Tibre Plaisaient particulièrement à nos flamands; on retrouve souvent ces ruines dans leurs fabriques. Jean Mostaert, l'un des peintres de la tante de Charles- Quint, qui, par admiration pour son talent, l'avait créé gentilhomme, affec- lait à cet égard une prédilection particulière. Le « Genre grotesque » a joué un si grand rôle dans l'art du Cinque- cento, il caractérise si bien par ses nuances de composition, non-seulement la nationalité, mais encore les tendances particulières des maitres des diverses écoles, qu'il nous semble indispensable d'en faire ici une étude synthétique qui serve à la fois à expliquer les bases de notre criterium et à justifier les distinctions délicates, pouvant paraitre de prime abord entachées de subtilité, que nous invoquerons bientót en analysant les productions de nos artistes en style Renaissance. On sait que Ludius, peintre romain cité par Pline, exécuta le premier, du temps d'Auguste, cette espèce de peinture qui excitait au plus haut point l'animadversion de Vitruve. Si l'on en juge par les panneaux à fresque exhumés des ruines d'Hereulanum et de Pompeia, colonies helléniques, ce genre ne fut pas inconnu au beau temps de l'art grec. La renommée de ces fantaisies dont on connaissait des fragments avait déjà commencé au XVe siècle ; le dominicain Francesco Colonna, au cha- pitre X de son /Iypnerotomachia, écrit en 1467, faisant la description du palais, où la reine des nymphes donne audience à Poliphile, — sujet traité par Le Sueur, — dit que « les murailles étaient décorées d'arabesques com- » posées de rinceaux de feuillage, de fleurs et d'oiseaux. » Les artistes de l’époque primordiale de la Renaissance pratiquaient done le « grotesque ou rustique, » mais le genre ne joua que plus tard dans l'architecture et la décoration le róle important qu'il conserva jusqu'à la fin du XVIII* siècle. Sous le pontificat de Léon X, on découvrit parmi les ruines imposantes des Thermes de Titus, quelques chambres peintes de petites figures et de Tour XXXIX. 10 Les Groteschi. Eléments raphaëlesques. 70 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE rinceaux dont les idées étaient si heureuses, si variées, si fertiles et si bien raisonnées qu'elles fixèrent l'attention de tous les artistes. Ces chambres étaient sous terre, couvertes soit des débris d’autres monuments ruinés, soit enfouies par l'exhaussement séculaire du sol; on les considéra done au début comme des souterrains ou grottes et le genre fut appelé Grotesco en sou- venir des lieux où il fut découvert; les allemands nommérent ces peintures Rafaellesche du nom de l'artiste génial qui les fondit dans sa manière. Plusieurs parties du Vatican, entre autres les Loggia, qui bordent la cour de Saint-Damase, étaient restées imparfaites par la mort de Bramante. Léon X chargea Raphaël de les terminer. Aidé de Jean d'Udine, de Jules Romain, de Perino del Vaga, de Polidore de Caravage, de Jean Francois de Bologne, de Pelegrino de Modéne et d'autres éléves, il entreprit de décorer les quatorze pilastres. Tout le monde connait, au moins par les nombreuses estampes qui en existent, les arabesques et les stues du Vatican. Les travaux de Raphaél furent couronnés du plus heureux succés ; le genre qu'il avait adopté devint universel, se maintint prépondérant jusqu'à l'époque de Louis XVI, résista à l'influence dissolvante de l'art pastiche du temps de Bonaparte, inspira des milliers de maîtres, fournit à l'art de la Renaissance une source inépuisable d'applications dont le bon goüt et la richesse seront toujours admirées, et se voit encore cultivé avec honneur de notre temps. Depuis Raphaël, Nicoletto de Modène, Énée Vico, Augustin Vénitien, Andrea di Cosimo, qui décora la Casa de la Via Maggio à Florence; Bernardo Pocetti, dont l'incomparable verve couvrit de compositions grotesques la Casa di Borgo S. Croce et le Palazzo Ramirez di Moltano dans la méme ville; Polidore de Caravage qui peignit la facade du palais de la Maschera d'Oro et Matuino auquel on doit les sgraffiti de la maison à boutiques Vía San Lucia à Rome ; jusqu'au recueil publié en 4 789 à Florence par Carlo Lasinio, édité chez N. Pagni et G. Bardi; l'arabesque italienne, méme aux jours de décadence où elle tomba dans les fantasmagories qui décorent les majoliques du style Pellume, — conserva un type distinct, facilement reconnaissable, essentiellement national. Les Groteschi sout avant tout, pensés, raisonnés, symboliques. C'est un SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 7A distique d'Ovide, un rébus, un hiéroglyphe charmant dont l'artiste laisse l'interprétation à la sagacité du spectateur versé dans la connaissance de la mythologie et des poëtes. Polymnie la caméne et Églé la grâce s'enlacent aux rinceaux de fucus versicolore et d'algues verdoyantes à réveillons de corail, sous lesquels se tapissent cauteleusement la siréne Thelxiépie et sa sœur l'harmonieuse Molpo. Jeunes satyres et vieux silénes, toute la troupe dansante des ægipans, oudule enlacée aux nymphes urauiennes ou épigées. Les ikthuocentaures lutinent les limnandes et les potamides ; les tritons de Glaucus servent de monture aux océanides et aux naiades. De souples anguipédes surprennent en rampant sous les grottes classiques de Tempé, les corycides et les hamadryades endormies. Panisques, faunisques et syl- vains, au son du cistre et au erépitement des erotales, mènent les pétulants ébats des oréades et des napées. Chiron le centaure poursuit sans l'atteindre Philyre, la femme cavale aimée de Neptune, tandis qu'un groupe de vail- lantes amazones glissent leurs bras blancs dans les énarmes du pelte et, brandissant le javelot, s'apprêtent à suivre au combat la reine Penthesilée. La gracieuse arabesque, pour varier l'enchantement de nos yeux par le piquant contraste de l'impression tragique, devient parfois farouche et funébre. Des minéides, chauves-souris au visage de vierge, étendent leurs ailes noires Sur les perspectives d'édicules d'argent aux colonnettes fuselées, graciles Supports d'une aérienne coupole d'azur. Sambithée la sybille interroge d'un œil inquiet Lachésis la parque. Les redoutables Phoreides, Ényo la grée et Méduse la gorgone, hagardes, échevelées, forment pendant à Mégère la furie et à Sthénélée la danaide. $ Parfois des scènes dramatiques viennent aussi peupler cet empire aérien de l'imagination. La mort d'Adonis, l'abandon d'Ariane, le sacrifice d'Iphigénie, semblent solliciter un mouvement de pitié. Médée prête à sacrifier ses enfants, Dircé allachée au taureau par les fils d'Antiope, appellent une fugitive excitation d'horreur au milieu de la satisfaction sereine et des images de plaisir. L'ébranlement éprouvé par l'âme n'en est cependant ni durable, ni pénible, Car tous ces personnages, marqués du sceau fatal, conservent physiquement une supréme beauté plastique qui suffit pour les amalgamer et les fondre dans un milieu où s'épanouit la gaieté ou déborde une vie surnaturelle. Arabesque espagnole. 72 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les dieux infernaux et la note triste ont parfois élargi la série des thémes féconds de l'arabesque, mais remarquons avec quel soin discret les dis- ciples de l'Urbinate leur opposent d'instinct une allégorie consolante. S'ils peignent les Euménides, ils placent à cóté l'image de l'Espérance sous la forme d'une jeune et robuste nourrice, allaitant, le sourire aux lévres, de séduisantes petites Chiméres. : Les Groteschi offraient la nouveauté essentielle, d'avoir changé en une allégorie gracieuse et intelligible, en un symbolisme éloquent, ce qui n'avait été du äpre et violente satire chez les maitres gothiques; fantaisie extrava- gante et délire fiévreux chez les Orientaux. On reconnait à coup sür l'origine italienne d'une arabesque à la sobriété des remplissages, à la suprême élégance du galbe des rinceaux, au choix de formes des membres d'architecture étoffant l'ornementation et à la pré- dominance des sujels «composés » pour les groupes pittoresques et déco- 'alifs. L'arabesque hispanique procède à la fois de l'entrelaes Mudejar de Pen- namor et du lambrequin déchiqueté de Annequin de Egas. L'artiste espagnol couvre des surfaces entières de rinceaux à double trait exfoliés d'acanthe et d'ornements à base végétale; toujours trés-sobre de figures qu'il tire du Proto-Évangile et de la Démonologie plutót que de les emprunter à la Bible ou à la Fable gréco-romaine, il ne donne aucune signification symbolique aux stryges, goules, hancas, lémures, cidipes, iopodes, manicoras, guivres, lamies, crapauds et diablotins qu'il mêle au lacis de ses réveries. Jamais, au reste, la figure dans le canevas plateresque ne se hausse au delà d'une monotone personnification individuelle. Aux Pays-Bas et en Allemagne, à part les voûtes de l'église de Bastogne peintes à fresque, en 1536, par Jan Killyn et qui forment un mélange à la fois gracieux et symbolique de fleurs, d'oiseaux et de scènes de l'An- cien Testament; l'arabesque de la Frührenaissance se rattache au type espagnol. Par contre les peintures à fresque de la voüte et les dessins des vitraux de Saint-Jacques à Liége, semblent particulièrement inspirés de Dürer et de l'École de Nürenberg, ce qui s'explique par le nombre de princes bavarois qui occupèrent le siége épiscopal de St-Lambert. Nous montrerons co SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 7 bientôt que la plupart des panneaux du Portail de la Chambre échevinale d'Audenarde, florentins par la manière et le faire artistique, s'éloignent complétement du style de la cheminée du Franc de Bruges que nous rappor- tons comme travail au genre Plateresco de l’école de Berruguete, de Becerra ou de Velasco Salmeron. Les Gleerscrivers, nommés aussi Auusscrivers, qui étaient des peintres décorateurs, adoptérent les premiers le genre arabesque. Joachim von Sandrart nous apprend qu'elles servirent dés l'abord pour les compositions à fresque et à la détrempe : « Laubiwerk und Grotescen in fresco, dann er » zu allen fártig war. » Dans les œuvres appartenant à l'époque de transition qui vit appliquer les formes de la première Renaissance dans notre pays comme aux stalles de S'-Gertrude à Nivelles, et à celles des églises de Brou et de Hoogstraeten, les feuillages procèdent directement des lambrequins du style flamboyant. Des rinceaux partent d'une tige-mére, s'épanouissent, se couvrent de nom- breux bourgeons et s'étoffent d'une végétation luxuriante de touffes bizarres à retroussis déchiquetés et refendus. Les peintures de la voüte de la chapelle de Bourgogne à Anvers attribuées à Quinten Massys ainsi que la riche archi- lecture des tableaux de Gossaert Jésus-Christ chez Simon le Pharisien au Musée de Bruxelles et Saint Luc faisant le portrait de la Vierge à S'-Veit à Prague présentent sous ce rapport une synthèse complète. Un remarquable échantillon du rinceau lambrequiné gothique passant à l'arabesque , se voit dans le fameux tableau de van Orley au Musée de Bruxelles Les épreuves de la patience de Job; il y a dans les accessoires décoratifs de cette composition une lutte des plus intéressantes à étudier entre les idées italiennes du peintre et la force de l'habitude du traditionnel coup de crayon de l'ornemaniste. Tant que dura l'influence plateresque, les Groteschi flamands conservèrent le type sacramentel dont l'entourage de la Madone de Mabuse au Musée de Madrid offre un spécimen complet. A peine, cà et là, un personnage, un buste impérial en camée, une chimère, un triton, un petit génie viennent Occuper quelque point brillant. Quoi qu'il en soit, cette ornementation svelte et déliée, capricieuse enfié- 74 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE vrée et bizarre, fut dés le début goütée par nos peintres qui se plurent à semer partout, dans leurs ceuvres ces élégantes et capricieuses fleurs. Ce fut cette difficulté d'assimilation plus apparente que réelle qui prépara l'originalité de notre école. On voit poindre et bientôt s'affirmer l'arabesque flamande vers le milieu du XVI* siècle; sous l'impulsion des Coeck, des Floris et des Vredeman, elle trouve finalement sa voie décorative dans les motifs à compartiments appliqués à la fois à la fresque murale, aux bas-reliefs de bois, marbre ou métal et aux tapisseries de haute-lisse. Les compositions comparlimentées furent de méme bien accueillies des enlumineurs (cleerscrivers) et des peintres. Mis à la mode à la cour de Marie de Hongrie, sœur de Charles-Quint, dont van Orley et Mostaert étaient pein- tres en tilre; grâce à cet auguste suffrage, les arabeschi et les rinceaux eurent définitivement droit de cité. Us rampérent le long des pages du psautier, du roman de chevalerie ou du liber amicorum, décorérent les vitraux peints, égayérent de leurs gracieux caprices les meubles et les arazzi. L'étude métaphysique de l'art de la Renaissance aux Pays-Bas développée au chapitre qui précède’, nous a permis d'offrir la synthèse complète de l'ara- besque flamande aux jours de splendeur de la Sint-Lucas gilde anversoise. Vitraux points. Nous l'avons déjà dit, ce fut grâce à l'inclination particulière de Marguerite d'Autriche pour le luxe italien que s'introduisirent une foule de petits meu- bles et d'objets d'art curieux par la nouveauté de leurs formes, la valeur du travail et la rareté de la matière. A aucune époque on n'exécuta plus de vitraux que sous la régence de la fille de Maximilien qui affectionnait spécialement cette branche de l'art. A chaque feuillet des archives des comptes de dépense de sa maison on voil porter des sommes relativement considérables pour faire peindre des ver- riéres. Cette propension de Marguerite dut contribuer puissamment à vulga- riser chez nous le style de la Renaissance. L'architecture italienne avait d'abord étalé ses grâces mondaines et captivé l'attention et la prédilection des artistes et des grands seigneurs en se marian! aux meilleures productions des maîtres de notre ancienne école flamande. Bientôt elle dut trouver mesquin le champ restreint du tableau de chevalet et voulut dérouler ses portiques immenses, presque en grandeur naturelle SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 75 à travers les meneaux de nos grandes verrières. Peu à peu les fidèles s'habi- tuèrent à en admirer les lignes synthétiques et la majestueuse ordonnance ; l'art italien, en cette conjoncture, dut au peintre verrier un puissant appoint de vulgarisation. La célébre Tribune de la famille Gruuthuyse en l'église de Notre-Dame à Bruges est concue en style ogival flamboyant, tandis que la remarquable verriére dont elle fut ornée en 1552 appartient au style pri- mordial de la Renaissance. L'église de Notre-Dame au Sablon à Bruxelles, l'église d'Hoogstraeten dans la Campine virent placer de splendides verriéres de style italien; celles de la chapelle de Scheut, de l'église d'Alsemberg , des églises de Rouge-Cloitre et des Fréres mineurs et principalement du chœur et des transsepts de l'église St-Gudule à Bruxelles, furent des dons de la muni- ficence et de la libéralité de notre régente. Des sept vitraux primitivement placés dans le choeur du Saint-Sacrement à l'église S'"-Gudule bâti par Keldermans et van Wyenhove, deux maitres qui professaient encore les vieilles traditions de l'école ogivale, quatre seule- ment existent de nos jours, les autres ont été détruits pendant l'occupation francaise. On posséde toutefois aux archives du royaume de Belgique un dessin du XVH” siècle de la verrière donnée par Charles V en 1542 et qui occupait la fenêtre au-dessus de l'autel du chœur. Ce dessin a été découvert dans les papiers de l’ancien Conseil souverain du Brabant. Le savant et infa- tigable M. Pinchart a retrouvé naguère et fait graver un autre curieux dessin du plus beau style Renaissance de l'un des vitraux de la chapelle de Scheut lez-Bruxelles. Les comptes de la Fabrique de l'église S'e-Gudule nous apprennent que les vitraux du chœur furent peints par Jan Haeck d'Anvers, meester glaese- aeker, et Pelgrim Reesen sur les dessins de Barent van Brussel (Bernard Van Orley) qui composa en outre, en 1538, les cartons des deux splendides Yerrières du transsept. Remarquons toutefois que le peintre de Marguerite d'Autriche, surpris Par la mort, ne fournit que trois des sept cartons nécessaires aux fenétres du Chœur du Saint-Sacrement de Miracle. Les mémes comptes de Fabrique NOUS apprennent que celte administration acheta du peintre Gérard Willems Un carton pour la « fenêtre du roi de Portugal » que Bernard lui avait légué Van Orley (1488-1541). 76 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE et que Jéróme van Orley, fils de Bernard, eéda à la Fabrique quelques esquisses tracées par son père en vue des travaux. Ce fut Michel van Coxyen qui acheva les cartons. Dés lors, sur toute l'étendue de l'Europe le style de la Renaissance pro- duit avec ostentation dans le vitrail les plus séduisantes ressources décora- tives que lui fournit son esthétique. A Bruxelles, c’est van Orley, van Coxyen, Nicolas Rombouts, Jean Ofhuys; à Anvers, Arnold van Ort qui exécute en 1536 le vitrail de la chapelle de la Vierge en l’église de Notre-Dame ; à Liége, Jean Nivar et Nicolas Pironnet ; à Séville, Micer Christobal (150%), Juan Vivan, Bernardino de Galandia, Arnold de Vergara et Arnold de Flandre (1525); en Allemagne, Antoine de Worms et Albert Dürer; en France, Jean Cousin, l'auteur des vitraux de la S'*-Chapelle de Vincennes, Robert Pinaigrier et ses fils Jean, Nicolas et Louis. C'est principalement dans ses compositions de vitraux que nous pouvons apprécier van Orley comme architecte. Franchement italien par la masse de ses superbes ordonnances, il n'a pas su se soustraire complétement aux ten- dances indigénes des ornemanistes de son temps. Le maitre bruxellois emploie avec une sorte de prédilection dans les deux grandes verrières du transsept de S'*-Gudule les cresteria et les légers festons d'orfévrerie du style Plate- resco. On ne saurait imaginer quelque chose de plus délicat, de plus gracieux el de mieux agencé que le motif « repercé » qui chantourne les arétes extrêmes de l’intrados de la voûte en berceau des grands arcs sous lesquels sont agenouillés les personnages de ces célébres vitraux. En général, dans les compositions de van Orley les détails hispano-fla- mands se rapprochent des types de prédilection de Blondeel et des colonnes fuselées du portail de van der Schelde. Aprés s'étre montrée dans la verriére, l'architecture de la Renaissance và tenter un pas de plus. Nul n'ose encore élever en pierre et en marbre des portiques, des dómes, des campaniles comme ceux de nos grandes construc- tions Loyolites de l'époque Rubens ; mais les fétes et les réjouissances popu- laires provoqueront bientót de grands étalages de démonstrations extérieures. L'art du peintre et de l'architecte décorateur va, aux Blyden Inkomsten ou intronisations de souverains, improviser des édifices éphémères en bois et SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 71 €n toile peinte et dorée qui familiariseront la noblesse et la bourgeoisie des Pays-Bas avec les ordres de Vitruve et leurs applications ingénieuses trou- Vées par les architectes italiens du siècle de Léon X. L'introduction des formes de l'architecture italienne, opérée par nos peintres, peut se résumer en quatre élapes, qui élargissent successivement le champ d'action propagatrice. LE TABLEAU DE CHEVALET , ÉTOFFÉ D'ARCHITECTURE DE PETITE DIMENSION. LES ORDONNANCES DES VITRAUX ET DES TAPISSERIES SUR UNE ÉCHELLE PLUS GRANDE. L'ARCHITECTURE EN TROMPE-L'OEIL DES DÉCORS, GRANDEUR NATURE. L'ARCHITECTURE BATIE. Aprés Bernard van Orley, celui de tous nos artistes qui contribua le plus à la vulgarisation des motifs néo-antiques, fut Jehan Gossaert, mieux connu sous le nom de Maubeuge ou Mabuse. En 1503, il partit pour l'Italie en compagnie de Philippe de Bourgogne, abbé du monastére des Prémontrés de Middel- burg ; il y put étudier pendant douze ans les grands maitres de la Pénin- sule et admirer la Renaissance resplendissant alors de tout son éclat. Rentré dans son pays, il habita successivement Utrecht et Louvain. Dégoüté du service des grands seigneurs, il vint à Anvers et SY voua tout entier au culte des beaux-arts. Il était trés-versé en architecture et en perspective, comme le prouvent ses fonds de fabriques; employa le premier l'ordonnance « à la Phrygienne, » ainsi qu'on désignait alors l'ordre lonique; ouvrit à Anvers "n atelier renommé et eut la gloire de compter parmi ses élèves Lambert Lombard, le peintre-architecte qui, le premier aux Pays-Bas, osa se servir des ordres romains superposés pour une facade d'église. Le Musée de Bruxelles possède sous le n° 45 un fort beau triptyque de Gossaert : Jésus chez Simon le Pharisien. Ce doit être une œuvre de sa jeunesse, car l'architecture de la Renaissance primordiale s'y trouve encore mélée aux plus vertigineuses fantaisies du gothique flamboyant. Le Musée de Madrid renferme une délicieuse Madone de notre artiste, enca- drée d’une magnifique ordonnance architecturale exécutée dans le goût que o Tome XXXIX. 11 Jehan Gossaert dit de Mabuse. 1470-1552 78 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE l'artiste dut cultiver en Talie. Ce tableau fut envoyé en cadeau à Philippe H par le magistrat de Louvain en 1558. La niche d'architecture, qui sert de fond à cette Madone, est de la plus grande distinction et du goût le plus exquis; les pilastres et les frises sont his- toriés des plus fines et des plus délicates arabesques, mais encore une fois le type de ces ornements se rapproche plus du style Plateresco que de celui des loges de Raphaël. La masse est bien italienne et rappelle un étoffage du Solario, mais les broderies sont hispano-flamandes. Parlons à présent de Lancelot Blondeel que nous retrouverons plus loin comme architecte, Né à Bruges en 1495 et maçon de son métier, Blondeel, au dire de Dhene, devint successivement architecte, ingénieur et peintre. Le Musée de Bruxelles possède un curieux tableau de cet artiste : Saint- Pierre, portant la crosse et la tiare papales , figure richement étoffée d'or- nementation architecturale et timbrée à la partie supérieure des armoiries de Charles-Quint. Dans ce tableau, provenant de l'église de Notre-Dame au Sablon à Bruxelles, comme dans ceux que l'on conserve de lui à l'église S'-Jacques et à l'Académie de St-Luc à Bruges, l'architecture tient une large place. Les détails hardis de dessin sont trés-simples de facture : un fond d'or plein avec de spirituels repiqués noirs, au trait. Le style de ces orne- ments témoigne d'une grande bizarrerie d'invention; le type procéde franche- ment des dernières arabesques du gothique flamboyant et se rattache au style Plateresco. L'architecture sur fond d'or de Blondeel nous fait songer aux étoffages d'Ambrogio Borgognone. Ces tendances se retrouvent également dans ses conceptions architecto- niques exécutées, comme nous le verrons plus loin, dans l'étude approfondie de son chef-d'œuvre, la belle cheminée de la salle du Franc de Bruges. Excessivement habile à dessiner les plans d'architecture, il les dressait avec science et entente technique. Nommé architecte juré du Frane de Bruges, il dut fournir en cette qualité une foule de compositions et présider à l'érection de plus d'un édifice. La gloire de Blondeel est une de celles qui s'agrandissent avec les découvertes modernes de la paléographie et sur le compte desquelles le temps nous réserve encore d'importantes révélations. Blondeel mourut à Bruges en 1560 dans sa propriété sise rue du Pont- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 79 Flamand, à l’âge de soixante-cinq ans. Il n'eut de sa femme Catherine Soriers qu'une fille unique qui se maria à Pierre Pourbus. On peut le considérer comme un des péres de la Renaissance néerlandaise qu'il vulgarisa à la fois par ses œuvres de peinture et d'architecture. N'oublions pas Michel van Coxcyen, éléve de van Orley et, comme lui, disciple et admirateur passionné du grand Raphaél, dont il donna le nom à son fils, qui fut aussi « franc maitre de S'-Luc » et se maria à une Jonghe- linck , fille du fameux Jacob, metaelgieter, beeldhouwer en historie penning- snyder, du roi Philippe II. Les dessins des deux vitraux du chœur du S'-Sacrement en l'église Sainte- Gudule, qu'il composa aprés la mort de son maitre (dont il acheva les cartons imparfaits) sont de la plus riche architecture. Le Musée de Bruxelles possède plusieurs bons tableaux de van Coxcyen; celui qui porte le n° 163 représente la Cóne, l'autre, n° 164, venant de l'église de Notre-Dame au Sablon, retrace la Mort de la Vierge. Les fonds d'architecture purement italiens de ces tableaux sont remarquables et dignes d'être sérieusement étudiés au point de vue où nous écrivons. Michel van Coxeyen, qui séjourna longtemps en Italie, épousa Ida van Hasselt, se lia avec Vasari à Rome, et vécut à l'époque où l'architeeture de la Renaissance enfantait des chefs-d'œuvre. Léon X le protégea, et Francois I™ tenta vainement de l'auirer à Paris; il préférait le séjour de Rome. Aprés quelques années cependant, atteint de nostalgie, il revint à Malines, y fut inserit le 14 novembre 1539 dans la con- frérie de St-Luc, et devint peintre en titre de Philippe II. Van Coxcyen , anobli à la sollicitation de Marguerite d'Autriche, portait d'or à la fasce de gueules aecompagné en pointe de six billettes de sable au chef cousu de l'empire. Le pouvoir d'enrichir un écusson particulier de l'armoirie du Souverain au XVIe siècle, était un honneur insigne. Nicolas Perrenot, le chancelier père du cardinal Granvelle, dut aussi à Charles-Quint la rare faveur de décorer son modeste blason de l'aigle impériale. Reçu à la cour comme gentilhomme, van Coxcyen ne cessa de peindre, vécut en grand seigneur, tint table ouverte dans son hôtel du Brul et mourut presque centenaire à la suite d’un accident en 1599, Miche 1 van Qoxeyen. 499-1592, Jan Swart. 1469-1555, Jan van Hemissem. Jan van Coninxloo Schernier, 80 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les fabriques de Michel van Coxcyen, peintes à une époque ou l'architec- ture de la Renais sance commençait déjà à être en honneur aux Pays-Bas, sont plus accentuées, plus caractéristiques que celles des autres artistes flamands, ses contemporains. La main du maitre se laisse aller à l'inspiration et ne réalise plus une sorte de poncif. Il y a de l'originalité, du type indi- viduel, les compositions architecturales surtout commencent à se distinguer à cerlains indices des premiers pastiches italiens. On voit poindre déjà, à l'état embryonnaire, le motif national des compertimenta, où excellèrent plus tard les frères Floris et Vredeman De Vries, mais dont l'honneur de la premiére application décorative, vraiment large, revient à Pieter Coecke van Aelst, l'auteur des ares de triomphe du Blyden inkomst de l'Infant Philippe en la ville d'Anvers. Coecke semble avoir emprunté ces éléments ornementaux au « Livre des impératrices romaines » d'Énée Vico; disons toutefois que les maitres italiens ne développèrent pas les motifs des compertimenta. On retrouve les types rudimentaires du « Livre des Impératrices, » aux emblèmes de Camilli, gravés par Girolamo Porro de Padoue, élève d'Énée Vico, éditées à Venise en 1586, par F. Ziletti, sous le titre de Imprese illustri de diversi. Cela est si vrai, que Battista Pittoni emprunta des compertimenta du beau temps de l'école Anversoise à la Géographie de Gérard Mercator (1514), pour les encadrements du Livre des Emblémes de Lodovico Dolce (1583). De pareilles tendances sont encore à noter chez d'autres maitres d'un rang inférieur. Citons d'abord Jan Swart (1469-1535). Le Musée de Bruxelles possède de cet artiste une Adoration des Bergers, dont les détails (certain chapiteau surtout) sont dignes d'attention. Jan van Hemissem, qui vivait dans la première moitié du XVIe siècle et a peint un tableau de la Descente de croix, au méme Musée, dont le volet droit est trés-intéressant à étudier. Jan van Coninxloo Schernier a introduit de trés-remarquables fabriques italiennes dans ses deux tableaux : Descendance apostolique de Sainte- Anne et Jésus parmi les docteurs. Dans la collection de l'État belge, nous avons encore particulièrement remarqué les motifs caractéristiques des fonds de deux volels anonymes où sont représentées des abbesses. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. — 81 À partir du milieu du XVI* siècle, l'influence italienne fit de rapides pro- grès dans le clan des peintres flamands. Martin van Veen, qui séjourna trois ans à Rome, contrefaisait habilement le faire matériel de Michel-Ange ; la vogue italienne put seule donner du prix à ces pastiches qui, au dire de Joachim von Sandrart , furent très-recherchés. Joos van Wingen de Bruxelles, Martin de Vos, le maitre de Wenceslas Cœberger et Stradanus (ce dernier connaissant à fond l'architecture) étof- faient leurs compositions de fabriques italiennes aussi riches que variées. Joachim de Patenier ou Patinir (4490-1548), dans son tableau de la Vocation de Saint-Mathieu, a étoffé la scène de colonnades, trophées, dau- phins et autres motifs de la Renaissance primordiale. Nous avons rencontré cette peinture de l'artiste dinantais au Musée de Berlin. Lambert van Noort (1520-1571), architecte et peintre, fut encore au nombre des artistes qui aidérent à la propagation du nouveau style. Tous ceux qui ont vu le Musée de Bruxelles se rappelleront le riche Portique d'ar- chitecture de son tableau /Adoration des Bergers. Nous y remarquons des villas italiennes dans le style de celles que Palladio mit à la mode, et dont on peut voir encore de si gracieux spécimens sur les bords de la Brenta. (on Noort affecta toujours une prédilection particulière pour « l'ordonnance phrygienne. » A la méme époque, Liévin de Witte de Gand (1510-1564) se fit une répu- lation méritée par des tableaux d'histoire, recherchés particulièrement des amateurs à cause des riches compositions d'architecture Renaissance qu'il y introduisait et peignait en connaissance de cause. On pourrait composer un magnifique cours de Style primordial de la Renaissance aux Pays-Bas, en réunissant les motifs épars prodigués dans les tableaux et les cartons pour les vitraux et les tapisseries de nos peintres de la fin du XVe et des trente premières années du XVI: siècle. Ces nouveautés architecturales, fort recherchées, étaient encore restreintes aux tableaux, aux tapisseries et aux verrières; la gravure sur cuivre et sur bois va bientôt les populariser dans toutes les acceptions artistiques. Le cabinet des estampes de Dresde possède une planche fort rare de Dirck van Staar représentant un abbé, en compagnie de petits cupidons, Martin van Veen. Joos van Wingen, Mar- tin de Vos, Stra danus. Joachim Patinir. 1490-1548. Lambert van Noort. 1520-1571. Liévin de Witte. 1510-1564. Lucas de Leyde. 1494-1533. 82 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE à genoux devant la Madone sous un charmant portique Renaissance, dont la cresteria est du plus riche style plateresque. Cette précieuse gravure porte la date du 5 octobre 1524. Nous sommes en possession d'une autre planche de Dirck van Staar, datée : a juny 1526. » Elle offre l'un des plus gracieux spécimens que nous connaissions de ces colonnes fuselées entrecoupées de jaroncillos à camées, historiées de petits génies, avec l'accompagnement obligé de guirlandes et de brindilles d'afiligranado trabajo. Lucas de Leyde, qui, au talent de peintre, joignait celui de graveur, publia plusieurs séries d'arabesques et de compositions décoratives que le British Museum possède toutes, et dont on peut voir quelques précieuses épreuves au cabinet des estampes de Bruxelles. Les compositions ornementa- tives de Lucas de Leyde, tracées sur fonds niellés, rappellent les arabesques typographiques vénitiennes et romaines et se rapprochent véritablement des compositions similaires d'Aldegraever, Hans Holbein et Daniel Hopfer. Toutes sont évidemment inspirées des illustrations des livres sortis des presses Aldines. : D'ordinaire, les compositions architectoniques de Lucas de Leyde se dis- tinguent par un goütet une finesse que n'ont pas celles d'Holbein, générale- ment surplombées, trapues, alourdies par l'abus de trop plantureux festons à siliques cannelées. Les arabesques de tous les maitres cités précédemment, procèdent sans exception du style ogival et rentrent dans les données du style Plateresco. Quant aux compositions architecturales, le canevas est tantôt italien avec des données flamboyantes comme dans les dessins d'Hol- bein conservés au Musée de Bâle, tantôt ogival, revêtu de la forme et des détails plastiques du cinque cento, comme dans les compositions de Lucas de Leyde, Joost Amman , Daniel Hopfer et plus tard Wendel Dietterlin. Les premières applications du système décoratif de la Renaissance ita- lienne aux Pays-Bas doivent done se rechercher dans les peintures, les vitraux, les tapisseries, les sculptures, les meubles, les menus accessoires sompluaires et enfin dans les illustrations calcho et typographiques. Le caractère ornemental, affecté dans les perspectives architectoniques (motifs de prédilection de nos peintres de la fin du XV* et du commence- ment du XVI: siècle), devint l'un des plus puissants véhicules des idées néo- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 85 classiques. En effet, si tout le monde comprend un monument auquel la magie du clair-obscur et de la perspective a donné le relief, il faut un degré d'initiation assez prononcé en l'art de bâtir pour savoir lire couramment un dessin géométral, un plan, une coupe. Tout ee qui précéde peut done se condenser dans la proposition suivante : AVANT D'ÉTRE BATIE, L'ARCHITECTURE GRÉCO-ROMAINE FUT PEINTE ET SCULPTÉE AUX Pays-Bas. Gardons-nous d'oublier les étranges rondes-bosses du Promenoir au palais épiscopal de Liége, taillées, comme on le sait, par Francois Borset, à la fois architecte et sculpteur, né « en la haultainité du bailliage de Jupille » (il était, parait-il, du Pont d'Amercœur), et rappelant tout à fait les fûts fantas- liques aux allures indiennes des patios espagnols. L'œuvre de Borset, en pur style mudejar, mélange indéfinissable d'élé- ments tudesques, romans et orientaux, fut renommée de son temps. Margue- rite de Navarre, qui vit le palais de Liége en 1577, en parle avec admira- lion dans ses Mémoires : « C'est, » dit la reine, « le palais le plus beau et le » plus commode que l'on puisse voir, ayantles plus belles fontaines et plu- » sieurs jardins et galeries, le tout, tant peint, tant doré et accompagné de » tant de marbre, qu'il n'y a rien de plus magnifique ni de plus délicieux. » Les premiers jalons de notre histoire architecturale bâtie , du style Renais- sance, n'ont vraisemblablement pas eu pour auteurs des artis "l^ H D D " DH DR L'hôtel consulaire des Biseayens à Bruges, nommé indifféremment au XVIe siècle, Domus Cantabrica , Aula Cantabrorum et Pretorium Canta- tes indigènes. bricum, est le premier exemple connu de l'application au A Nr siècle d'un Style dérivé de l'antique. L'année 1494 vit arriver à Bruges les marchands Biscayens. Après avoir obtenu du magistrat la cession de deux maisons situées au coin sud-est de la rue dite Korte Spynolareye, ils firent élever l'hôtel que l'on connait. Type particulier de la Renaissance espagnole de l'époque de Philippe le Beau et de Jeanne de Castille, cet édifice eut évidemment pour architecte un maitre de cette nation, comme le couronnement de l'hótel de Pitthem prés de Saint-Sauveur à Bruges (aujourd'hui Palais épiscopal), pourrait faire con- jecturer l'influence d'un architecte florentin. Palais épiscopal Francois Borset Hôtel consulaire des Biscayens à Bruges. 84 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Différentes parties de la facade du Paraninfo du collegio mayor de San Ildefonso dans l'Universidad complutense de Alcala de Henarès, et prin- cipament la fenétre à larges « falbalas » de la loge supérieure; la Puerta de Las Grenadas construite sous Charles-Quint par l'architecte Raphaël Con- treras, le restaurateur du palais des Abencerrages; la Porte du vin, qui s'éléve insolemment au beau milieu de l'Alhambra, et le Tocador ou cabinet de toilette de la reine, également construits sous Charles-Quint; l'entrée de la chapelle servant de sépulture aux rois de Castille, commencée en 1545, d'aprés les plans d'Alonzo de Covarrubias (gendre d'Enrique de Egas), achevée en 1531-32 par Alvaro Monegro, et dont les sculptures sont de Mel- chior Salmeron et de Diego de Egas el hidjo; finalement la Puerta de la Capilla de Reyes Nuevos en la cathédrale de Tolède, et « la Escalera de la Puerta alla » en la cathédrale de Burgos, nous offrent les motifs ARCHÉTYPES de cette architecture exotique mise en œuvre à l'hótel des Biscayens. Dans l'angle gauche de l'édifice surgissait une tour; on en voyait deux semblables, à la manière des minarets arabes, au Palacio del conde de Monterey, charmant canevas de la première Renaissance espagnole encore fidèle au type féodal du cháteau-fort. Déjà, plus haut, nous avons fait ressortir le cachet méridional du système de toiture de l'hótel des Biscayens, rendu encore plus caractéristique par la faible saillie des moulures formant corniches ou chéneaux. D’après la gra- vure de Sanderus, un escalier de plusieurs marches conduisait à une pre- mière « Entrée » ornée de deux statues de grandeur naturelle. On traversait ensuite une avant-cour, et on arrivait enfin à une seconde entrée couverte ou porche, remarquable par la richesse de ses ornements. Ce portail ou porche, (que l'on a si souvent imité depuis), se composait d'une arcade circulaire, aux écoincons décorés de Renommées, enfermée par deux colonnes à füts cannelés et ornementées d'arabesques, soutenant un entablement complet, dont la frise était interrompue par trois consoles, deux au droit des colonnes, une à la clef de voüte. Un pignon, en forme de « château de poupe » aux arêtes tracées par des enroulements volutés, amorti par un fronton en arc de cercle supportant une statue de guerrier en costume romain, offrait les armoiries castillanes ayant pour supports des lions héraldiques. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 85 L'ensemble de la facade, y eompris la tourelle, était décoré d’arcades reposant sur les chapiteaux de pilastres composites avec astragales et impostes continues sous les archivoltes. Un mufle de lion en haut relief occupait au-dessus des chapiteaux l'onglet séparatif de deux arcades. Au parapet de la plate-forme, on remarquait des ouvertures rondes (meur- trières?), répétées sur tout le pourtour de la facade et distantes de l'écarte- ment d'une arcade; la tourelle dépassait de toute la hauteur d'un élage le niveau de la plate-forme. Ces tendances, purement espagnoles de notre premier édifice de la Renais- caractère espagnol de cette construction sance, se retrouvent, comme nous le verrons plus loin, à d'autres construc- tions de Bruges, telles que les portiques des hótels de Maéle, de Pitthem , de la Torre et méme à la maison de la « Gilde de la jeune arbalète. » Nous revenons encore sur ce fait curieux des plates-formes, toiture ration- nelle des construetions du Midi introduites aux Pays-Bas, en méme temps que les gables ou pignons aigus, les fortes saillies en talus et autres ornements d'architecture imaginés par les artistes du Nord pour se débarrasser des neiges et de la pluie, étaient employées en Espagne. N'est-ce point là une preuve manifeste de l'échange intime d'idées artistiques qui s’effectuait entre ces deux nations pour lors unies par les liens intimes de la fraternité. L'influence espagnole apporta incontestablement aux Pays-Bas les idées qui se tradui- Sirent par les styles Mudejar et Plateresco; l'influence flamande, tout en s'adaptant aux motifs de l'interprétation indigène de lart gréco-romain, donna aux constructions de la Péninsule ibérique le relief, le mordant et la Pittoresque silhouette des constructions du Nord. Ce style particulier de la Renaissance, résultat de la fusion de ces deux éléments, compte une foule d'exemples dans nos œuvres artistiques de la première moitié du XVIe siècle. On a souvent attaqué comme fautive l'appellation ARCHITECTURE ESPA- Valeur de l'expression chitecture espa- GNOLE appliquée à nos monuments du XVI: et du XVII: siècle. Elle est, au sl aux Pays Bas fond , rigoureusement vraie : l'architecture peinte, les vitraux, les tapisseries et certains morceaux de sculpture, sont incontestablement d'importation ita- lienne, mais, à l'exception de la maison de Floris à Anvers, de celle de Lam- bert Lombart à Liége et du palais du cardinal Granvelle, qui furent des Tome XXXIX. 12 Mausolée du cardinal de Croy. 1529. 86 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE pastiches purement italiens, l'architecture bâtie de la Renaissance primor- diale aux Pays-Bas s'introduisit par l'influence espagnole. Au contraire, le style de la décadence italienne s'implanta directement chez nous, grâce aux Jésuites d'abord, et ensuite aux prédilections de tubens. Toutes les nations subirent plus ou moins l'influence de l'esthé- tique architecturale de cette société célèbre, car les Jésuites édifiérent dans le monde entier des spécimens innombrables du style Loyola. Sur ce der- nier point, nos valeureux compatriotes qui ont fait la guerre au Mexique, ont été singulièrement étonnés en voyant dans ce pays des monuments et principalement des églises exécutées avec toute l'exubérance caractéristique du style que l'on a coutume de rapporter chez nous à Rubens et à son école. Quoique bàtis par des architectes espagnols, il n'y a pas lieu de s'étonner du genre Borrominien de ces édifices, si l'on veut se souvenir que l'Espagne, sous l'influence d'Herrera et plus tard des Jésuites, perdit définitivement sous Philippe IV le type original de son architecture, qu'elle devait en partie aux constructions arabes, admirées des Castillans, en partie aux œuvres d'Alonzo Berruguete , qui servirent si longtemps d'étalons aux artistes de la Péninsule. Quant à l'appellation d' « architecture espagnole » appliquée aux construc- tions à gables ou pignons à gradins du style « austro-flamand » du XVIIe et du commencement du XVII". siècle, elle n'a jamais pu être employée que par des ignorants; chacun sait, en effet, que les gradins ont été mis en œuvre depuis Père romane, et l'on en trouve des exemples aux vieilles maisons de Cologne et d'Aix-la-Chapelle. Dans l'Europe entiére, les gables à gradins avec ou sans dos d'àne forment un type caractéristique de l'époque ogivale. Nous n'hésiterons pas également à reconnaitre l'influence du type espa- gnol et le style Plateresco au remarquable monument d'albàtre qui sert de mausolée au cardinal Pierre-Guillaume de Croy, placé, en 1524 (vingt-six ans après l'érection de l'hôtel des Biscayens), dans l'église des Célestins, aujour- d'hui Capucins, à Heverlé prés de Louvain. Ce tombeau d'un petit-fils d'Arpad, primat d'Espagne, archevéque de Toléde et membre du Sacré Collége, mort à Worms à vingt-deux ans, le 5 janvier 1524, existe encore aujourd'hui et a été restauré avec assez d'in- telligence. L'ordonnancee complète comprend deux ordres superposés, cou- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 87 ronnés par un fronton semi-cireulaire. Le cardinal est couché sur un sar- cophage placé entre les colonnes, enfermant les niches de l'ordonnance inférieure. Tout ce travail, rappelant dans certains détails le style de l'hótel Leroux de Bourgtheroulde à Rouen, se rapproche bien moins du faire du mausolée de la famille Bonzi à S'-Grégoire du Mont Cœlio à Rome ou du cénotaphe de Charles VIH, du sculpteur modénais Paganini, que de ceux des tombeaux de Don Alonso Carillo de Albornoz, évéque d'Avila (1514), ou du cardinal archevéque Don Juan Tavera dans l'hópital de S'-Jean-Baptiste (vulgo de Afuera) extra muros de Tolède. Si lon veut se convaincre que le monument du cardinal de Croy se rap- proche plus du style Plateresco que du genre italien, qu'on examine son exé- cution, ses détails, le cachet particulier des motifs végétaux de ses arabesques, et surtout leur manque de gracilité dans les linéaments et les vrilles; qu'on le compare avec les éléments analogues de l'admirable mausolée de Hiero- nymo Basso à droite dans le chœur de S"- María del popolo à Rome, et à celui d'Ascanio Sforza qui lui fait pendant à gauche du méme choeur. Choisissant pour point de rapport une disposition identique à celle du monument de Croy, nous citerons le tombeau du cardinal Antonio Pallavieini dans l'église ci-dessus mentionnée. A l'appui de notre opinion, nous ajou- terons, surabondamment, l’épitaphe de Giovanni di Castro dans la méme église; les cénotaphes de Pierre Ferrici dans le cloître de Santa-Maria sopra Minerva, et de Bernardo Seulteti et Giovanni Knibe dans l'église de S. Andrea del valle, tous deux à Rome. Ceux qui les premiers ont attribué une origine italienne au monument de Croy n'ont considéré que la ressemblance de masse, source de tant d'erreurs d'appréciation dans les œuvres artistiques, sans s'inquiéter si les détails se rapprochaient plus du faire de Michelozzo et de Sansovino que de celui de Berruguete et d'Ordonez. Le tombeau du cardinal de Croy peut avoir été sculpté en Italie et apporté aux Pays-Bas, comme on le croit communément; mais toujours il est l'œuvre d'un artiste bien plus initié aux traditions de Berruguete que de Michelozzo, qu'il ait été aprés cela italien, espagnol ou flamand. Cette hypothése, d'ail- Cheminée du Frane de Bruges, 1524 lot Blondee de Baugrant. 88 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE leurs, peut se justifier matériellement par l'état politique précaire de l'Italie, tout entiére sous la main des Espagnols, et l'existence continuelle d'éléments intelligents de cette derniére nation qui venaient y affluer depuis la conquéte de la maison de Castille. I1 semble d'ailleurs assez naturel qu'on ait choisi quelque élève de Berruguete pour sculpter le tombeau de l'archevêque de Tolède, primat des Espagnes; le fait de son séjour en Italie prouverait une fois de plus la continuité d'échange d'idées artistiques entre les deux nations. Au reste, que l'on veuille bien ne pas oublier que depuis le pontificat de Léon X , dans les arts de la paix, l'Espagne défiait l'Italie. Ses architectes, ses sculpteurs, ses peintres, comme ses écrivains et ses diplomates, léguérent à la postérité des traditions de gloire qui ne furent égalées que par la brillante période de l'art flamand, où s'immortalisérent Rubens et ses élèves. Quant aux monuments funéraires, l'Espagne en posséde qui peuvent étre comparés aux plus beaux qui soient au monde; rappelons-nous le sépulcre du cardinal Don Juan Tavera, cité plus haut, œuvre splendide d'Alonzo Berruguete, et n'oublions pas le mausolée du cardinal Ximénes de Cisneros dans l'église S'-Ildefonse de Alcala de Henares, dont messer Domenico fit l'ordonnance, et Barthelemi Ordonez la statue. L'hótel des Biscayens, le tombeau du cardinal de Croy, c'étaient là des exemples isolés : l'art néo-romain attendait pour s'implanter chez nous cet auxiliaire puissant, qui avait tant contribué à sa propagation dans la Pénin- sule, LA PRESSE, à qui devait être confiée désormais la mission de répandre les idées nouvelles et les doctrines bonnes ou mauvaises. Mais, avant de parler des livres d'architecture italienne réédités aux Pays- Bas, notons quelques œuvres constituant un ensemble architectonique, qui furent exécutées d’après les principes nouvellement introduits de l'art gréco- romain. Le 24 février 1524, Charles de Lannoy, chevalier brabançon, recevait l'épée de Francois Ier, vaincu à Pavie par les milices du jeune Charles-Quint. Un pareil événement, qui donnait d'ailleurs la paix à l'Europe, eut le plus grand retentissement aux Pays-Bas, et y fut accueilli par des réjouissances universelles. D'après les Jaerboeken van den landen. van den Vrijen, les magistrats de Bruges (ils avaient contribué aux succès de l'Empereur en SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 89 lui fournissant des hommes, de l'argent et, selon les « Grandes chroniques » de Le Petit, greffier de Bethune, quelques navires de guerre) voulurent con- server le souvenir de cet événement par un trophée dans la salle méme où ils avaient apposé le grand scel à lacte d'aequiescement au traité de Cambrai. C'es d'œuvre qui orne encore aujourd'hui la salle d'assemblée des anciens magis- trats du Brugsche Vrij. L'architecte Rudd, auquel nous sommes redevables des dessins les plus Sérieux et les plus géométralement exacts qui existent de la Cheminée du à celte patriotique résolution que nous devons l’immortel chef- Frane de Bruges, suppose qu'elle fut sculptée en 1526 à l'occasion du mariage de Gharles-Quint; mais l'absence de la statue de l'épousée, Isabelle de Portugal, et l'examen concluant des détails héraldiques, repoussent cette assertion sans appel. Comme toutes les œuvres d'art portant l'empreinte du génie, la Cheminée brugeoise a eu sa légende, renforcée d'une série de traditions parfois poé- tiques, invariablement fausses; nous n'en rapporterons que deux choisies parmi les mieux aceréditées. Un publiciste francais, M. de la Fizeliére, prend pour une signature la devise thioise de Maximilien HALT MAGS (Hout maet, Garde mesure) et pré- sume aussitôt sur cette autorité que le sculpteur de ce chef-d'œuvre s'appe- lait Halsman. Il va méme au delà, et donne à cet être imaginaire le prénom d'André , pour pouvoir, quelques lignes plus loin, attribuer l'honneur de ce morceau capital à André Columb, qui fut quelque temps parmi les « tail- leurs » de Marguerite d'Autriche. Le nom de M. de la Fizelière est assez obscur, mais il est vraiment impardonnable qu'un eritique de la valeur de M. Louis Viardot rapporte sérieusement un récit aussi peu fondé que celui-ci : « Un certain Hermann » Glosencamp , condamné à mort pour je ne sais quel méfait, demanda la » faveur de faire un dernier ouvrage de son métier. Il était ymaigier en bois, » Aidé de sa fille, il entreprit cette Cheminée fameuse qui lui valut grâce » de la corde et indulgence plénière. » Grâce aux laborieuses investigations de nos archivistes, toutes ces légendes apoeryphes, toutes ces prétentions intéressées se sont évanouies devant la Légendes apoeryphes au sujet de son érec- tion. 90 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE naive vérité paléographique. On sait aujourd'hui, d'aprés les comptes mémes de la ville de Bruges, que la Cheminée du Franc, placée en 1529, fut des- sinée par Lancelot Blondeel , architecte, ingénieur et peintre brugeois, dont nous avons déjà parlé plus haut, et sculptée sous sa direction par Guyot de Baugrant de Malines. On connait au surplus les sommes payées et jusqu'aux noms des ouvriers qui secondèrent ces deux artistes. L'ensemble architectonique de ce chef-d'œuvre comprend la « Hotte » ou manteau de cheminée, formant avant-corps au droit de la muraille. Si l'on s'en rapporle au tableau de van Oost, elle se détachait autrefois sur une tenture de cuir doré. La partie inférieure du manteau de la cheminée repose sur des jambages en forme de piliers formés d'une triple colonnette , dont les bases aux dispositions cristallographiques appartiennent à la supréme période de l'art ogival flamboyant. Une grande feuille d'acanthe à retroussis aceusés part du chapiteau de la colonne centrale, moins élevé que ceux des deux adjacentes, et rachéte avec intelligenee la hauteur de la face lisse au-dessous de l'entablement. Cette partie de la cheminée est en marbre noir de Dinant ; la légende de la Chaste Suzanne en quatre bas-reliefs, et quelques ravissants petits génies d'albàtre, en ronde bosse, se détachent de la frise de cette ordonnance inférieure. Trois Mand ringen de Lattoen werk, œuvre élégante d'un « dinan- tier » artiste, sont encore fixés sous l'architrave, vivant souvenir des moeurs de nos ancétres et de leur facon sans géne de « s'eschaulfer les housseaulx. » L'ordonnance supérieure, en bois de chéne du Rhin, rehaussé de dorures, s'étend à toute la largeur du mur de fond, hotte et parois latérales. La partie centrale encadre la statue de Charles-Quint, victorieux, l'épée haute, des lions couchés à ses pieds. Cette statue est placée au-devant d'une sorte de cathedra ou tróne, de Ia plus riche ornementation. Le siége impérial, dont des aecoudoirs figurés ne permettent pas de méconnaitre la nature, est cou- ronné d'un fronton à angle trés-obtus surmontant une archivolte cireulaire. Dans la partie inférieure du trône ou socle, sont encastrés deux médaillons en bas-relief offrant de profil les effigies des parents de Charles-Quint : Philippe le Beau et Jeanne la Folle. A droite et à gauche de cette cathedra sont placées deux niches à linteau horizontal, en forme d’édicules, ayant pour amortissement des dauphins disposés de maniére à servir de console. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 94 Les niches portent les écussons armoriés des provinces espagnoles de Grenade, Asturies, Castille, Aragon et Estramadure. Au centre se dressent, à droite, les effigies en pied du bisaïeul de Gharles-Quint, Charles le Hardi , et de sa troisième femme Marguerite d'Angleterre , à gauche, celles de ses aieuls Maximilien d'Autriche et Marie de Bourgogne, tous les quatre en ronde bosse. Ce premier ensemble est relié à l'entablement supérieur par deux de ces pilastres compliqués que nous avons déjà décrits ailleurs, en parlant des archétypes de la Renaissance primordiale. Ici ils réunissent dans leur struc- ture élémentaire presque tous les motifs radicaux. Jaroncillos à camées aux effigies impériales, petits génies en haut relief, festons relevés par des Seimereinden (comme dit un vieux compte d'Alost), cartels en forme de tar- geltes à retroussis tenaillés, l'artiste semble avoir voulu tout réunir pour créer un parangon d'une incomparable richesse. Les füts galbés en fuseaux qui soutiennent les chapitaux étranges dont nous avons déjà parlé, sont proches parents de ceux que l'on voit à Sara- gosse au Claustro de Santa Engracia ou à la maison de la dame de Valla- brija, calle alta de San Pedro; nous les retrouvons encore au patio principal du palais de l'arzobispo d'Alcala de Henares; à la cour de la Casa de los Mirandas, à Burgos, et au claustro del collegio de San Gregorio à Valladolid, remarquable exemple de transition du style AMudejar au Plateresco. N'oublions pas le cloitre du monastère de Lupiana, dans la province de Guadalajara , magnifique spécimen du style Renaissance entremélé de réminiscences volon- taires du goùt mozarabe, palais princier plutôt qu'asile de moines, et signa- lons pour finir le patio de los enterramientos dans le monastère de Huerta. On le voit, les exemples similaires abondent, et il ne s'agit pas dans l'espéce d'une anomalie, d'un fait exceptionnel, mais d'un type caressé, voulu aussi bien aux Pays-Bas qu'en la Vieille-Castille. Les écoincons du linteau de couronnement sont rachetés par un genre de rinceaux caractéristiques, trés-familiers aux maitres de la Renaissance, Dürer, Holbein, Lucas de Leijde (témoin le splendide étoffage architectural de l'Adoration des Mages de ce dernier à la Galerie du Belvédére à Vienne) les prodiguérent dans tous leurs dessins, en compagnie des mascarons, des Siliques cannelées, des festons de fruits, et des guirlandes de cônes de pin. 92 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le chapiteau est original et mérite d'étre décrit. Un simple tailloir à mou- lures surmonte une maniére de vase rond, à panse ornée d'arabesques, pourvue d'anses d'un galbe tourmenté. De dessous l'astragale sortent trois têtes de bélier, le crâne ceint d'un diadéme. L'ensemble de cette création de Blondel rappelle à s'y méprendre les types du palais de Sargon à Khor- sabad, les formes exhumées des ruines de Suse et d’Istékhar, ou les chapi- teaux étonnants faits exprès, ce semble, pour dérouter les antiquaires, du cloître du XI* siècle de l'ancien couvent des Célestins à San Stephano de Bologne. Les deux parois de la salle placées aux cótés du manteau de cheminée forment quatre compartiments enfermés par des pilastres portant des armoi- ries, le tout sous une archivolte horizontale à angles arrondis. Cette archi- volte est soutenue en son milieu par un faisceau de colonnettes dont le cha- piteau est surmonté d'un cartel déchiqueté. L'un des cartels porte le millésime de 1529. Les écoinsons des angles arrondis sont historiés de figures de Renommées. L'intrados de l'archivolte porte en manière de cresteria une série d'écus héraldiques étagés, soutenus par de petits génies en haut relief. Le tout est enfermé par de grands pilastres enrichis d'arabesques, dont les socles ont les angles supérieurs décorés de tétes de bélier, semblables à celles que l'on voit aux cornes de l'autel des sacrificateurs antiques. Les frises supérieures de l'entablement des deux parties latérales de la hotte portent une rosace centrale, brodée des ornements les plus fins et les plus délicats du style Plateresco, dont les éléments dominent au reste dans le thème ornemental. Les seules figures animées qu'on y remarque sont des faunes armés de massues, des sirénes et des tritons. Les deux parties circu- laires raccordant les parois dont nous parlons au corps de la cheminée, portent, enlacés au collier de la Toison d'or, les croix de St-André, les briquets de Bourgogne et la fameuse devise de Maximilien, travestie en signature artistique par M. de la Fizelière : HALT MAGS. Le plafond est refouillé en caissons. Les arabesques qui les décorent rap- pellent par leur léger lacis et la gracilité de leurs volutes les dispositions plafonnantes du livre de Serlio, reproduites par Coecke d'Alost, ou la ténuité et le fini des compartiments du plafond de Paraninfo au collége de San SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 95 Ildefonso. Les caissons sont réveillés de rosaces, une gorge historiée de motifs de broderie au centre de laquelle viennent s'appliquer les armes de l'Empire, raccorde le plafond à l'ordonnance de la cheminée. Vu sur l'angle, ce fouillis de ressauts, de courbes et de pénétrations cristallographiques, est du plus heureux et du plus pittoresque effet. Abstraction faite du mérite de la sculpture, la Cheminée du Frane de Bruges est, au point de vue architectural, le monument le plus intéressant que nous possédions du génie d'assimilation et de développement des prin- cipes gréco-romains , dont étaient doués au plus haut degré nos artistes de l'époque hispano-flamande. On peut y étudier à l'aise dans toutes les parties ornementales la variedad y gallardia del adorno de l'école du Berruguete qui produisit l'admirable Silleria de la cathédrale de Toléde; le Paraninfo ou salle des promotions du Collegio mayor de San Ildefonso, Universidad de Alcala de Henares , dont Pierre Gomiel fut l'architecte , Bartholomeo Aguilar et Hernando de Sahagun les sculpteurs. Au temps où Francois 1°" fut mené captif en Castille, Alcala de Henarés comptait dix mille écoliers; c'est dans cette salle du Paraninfo, dont l'ameu- blement antique nous a été conservé comme par miracle, que l'on peut voir encore le siége « à hault dosseret » sculpté où s'assit si souvent Ximénes de Cisneros, le ministre-cardinal, l'évéque-capitaine, qui fonda la monarchie espagnole et sut si bien affermir le diadéme sur le front de son heureux vainqueur, notre jeune Carlos de Gante. Qu'il semble puéril aprés tout ce qui précéde, le conte gaulois rapporté plus haut, où M. Viardot met en scène un mélod 'amatique {ailleur d'ymaiges sollicitant par faveur, au pied de la potence, de pouvoir élaborer un dernier ouvrage de son métier, et auquel la eréation de ce morceau capital vaut seu- lement la gràce de la corde! La Cheminée du Frane de Bruges, ce chef-d'œuvre de deux maitres fla- mands, érigé comme trophée par des magistrats flamands en l'honneur du César gantois, reste désormais la traduction plastique des réjouissances uni- Verselles qui saluèrent aux Pays-Bas la nouvelle de la défaite de Francois Ie, Trois noms d'artistes deviennent pour nous inséparables du souvenir de la glorieuse journée de Pavie; Blondeel et Baugrant conquirent l'immortalité Tour XXXIX 13 Portail de la Chambre Echevinale à l'hótel de ville d'Aude- narde 1531, Paul van der Schelden. 94 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE en créant le poëme de chêne et de marbre qui décore la salle du Franc; Sébastien van Noyen, à la fois artiste et ingénieur militaire, pour avoir habi- lement secondé Pescaire, s'élevait au grade d'architecte général des armées de l'Empereur et recevait, avec les éperons de chevalier, le droit de porter « d'azur aux trois fleurs de lys d'or» en mémoire de son habileté au siége de Pavie. Le 17 février 1531, deux ans aprés l'inauguration du chef-d'œuvre de Blondeel, « Pauwels van der Schelden, filius Jans, » qui animait le bois comme André Contucci faisait vivre le bronze, fut chargé par le bourgmestre d'Audenarde, messire Jean van den Meere, et les échevins, de sculpter pour la Nieuwe scepenen camere de l'hótel de ville récemment terminé, le merveilleux portail qui s'y voit encore aujourd'hui. Paul van der Schelden fit l'entreprise de ce meuble (dont nous trouvons aux XVIe et XVII siècles de si nombreuses applications désignées sous les vocables portalen où portaulz), pour la somme de trois cent quatre-vingt- six livres parisis, non compris la main-d'œuvre de menuiserie dont fut chargé « Pieter de Merlier, filius Barthelmeus, » qui en coüta trois cent vingt- quatre. Le bois de chéne de Chimay, acheté à Mons nonante-six livres, était livré parla ville et le greffier Olivier d'Haspere reçut douze livres pour la rédaction des conditions. L'élaboration de cette œuvre magistrale dura trois ans, de 1534 à 1554; l’artiste était d'ailleurs occupé à d’autres tra- vaux de seulpture pour le méme édifice; les statues en pierre d'Avesne de Philippe, roi de Castille, et de Charles-Quint, les douze figures d'enfant des trois grandes lucarnes destinées à la facade et celles de la Ste Vierge, de l'Espérance et de la Justice, à la cheminée de la Salle du peuple. Le plan du portail est un semi-hexagone, d'un diamètre de deux mètres environ, dont les deux faces étroites dormantes touchent les parois de la muraille, et dont le large cóté sert de porte. Si nous placons, comme travail, les panneaux de van der Schelden encore au-dessus des sculptures de Baugrant à la Cheminée du Franc de Bruges, nous devons constater en méme temps dans cette œuvre magistrale la réunion assez piquante de deux styles bien accusés. Les colonnettes en fuseaux de la face, l'ordonnance supérieure avec SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 95 son amortissement (partie la moins heureuse), les sculptures héraldiques de la haute predella, qui surmonte l'entablement, les frises, le culot, quelques panneaux , appartiennent à l'école espagnole et à la maniére du Berruguete. Les quatre génies portant des coupes, les füts de colonnes aux angles ren- trants et vingt-deux des panneaux sobrement encadrés de moulures d'une délicate simplicité, répartis sur les faces du portail, rappellent l'influence florentine et plus directement l’école du Sansovino. Vingt-huit bas-reliefs historient les trois faces; la porte en compte douze, chacun des côtés dormants huit. Pour bien les apprécier au point de vue esthétique, nous les rangerons en cinq séries, dont les caractères typiques nous semblent convenablement établis. Les douze panneaux, formant la premiére série, naissent d'un théme décoratif identique. Portés sur des rameaux épanouis suivant les capricieuses lois d'inflorescenee des Groteschi, des enfants, ou mieux de petits génies, les bras gracieusement levés, soutiennent des tablettes d'architecture, sans inscriptions, dates ou devises, malgré l'engouement de l'époque. Rectangu- laires pour le plus grand nombre, elles rappellent assez bien l'Album antique; des têtes de bélier et des rechampis feuillagés enrichissent les angles fantai- sistes de quelques-unes. Au-dessus de deux de ces tables, l'artiste a ajusté des médaillons à tétes romaines. Trois des figurines d'enfant se présentent de côté, trois postérieurement, les autres de face; l'une de ces derniéres est portée sur les eroupes de deux chevaux couchés. Nous voyons une personnification de l'architecture et de la sculpture dans le petit génie vu de profil, dont le piédestal est un chapiteau composite de fantaisie, d’où tombent deux fils à plomb partant des faces opposées du tailloir. Les arabesques, étoffées de têtes de chimères ou d'épagneuls, de pro- lomes de boues ou de dauphins, ont en général les lignes menues, les feuillages gaufrés d'ampoules saillantes et sont bien sentis comme découpure. La gracilité des rameaux aériens ou submergés de la renoncule aquatique, les feuilles peltinerves de l'écuelle d'eau ou les lobes incisés de l'ancolie, semblent les prototypes végétaux que van der Schelden s'est plu à faire entrer dans le domaine conventionnel de ses Groteschi. 96 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Avant tout, dans cette ornementation pittoresque, le glorieux flamand semble s'étre enamouré des formes qu'affectent pendant. l'étrange et mysté- rieux sommeil des plantes, les feuilles sur les rameaux et les fleurs sur leurs tiges. L'oxalis avee ses feuilles, déjetées sur le pétiole et ramenées par leur face inférieure vers la tige, est le modèle vivant de ces filets herbacés, de ces vrilles flexibles ployées en volutes élégantes sous les denses touffes de feuillage frisé, vigoureusement refendu, qui encadrent les figurines de bambini. A première vue, on devine toute la maëstria de tempérament de van der Schelden et il serait difficile de formuler autre chose qu'un eri d'admiration profonde devant son exubérante fécondité. En général, si le sentiment italien domine dans les panneaux qui précé- dent, le style espagnol semble poindre dans quelques-uns, où le parti pris des arabesques, inattendu, varié, original, semble fait pour dérouter l'analyse. La deuxième série comprend seulement deux panneaux, formant pendants : des camées circulaires offrent une téte barbue, le front lauré et un gracieux profil. féminin à coiffure florentine. Ces médaillons d'un relief médiocre ont pour tenants deux personnages chimériques , mâle et femelle, traités en ara- besques avec une louable pétulance d'allures. L'inflorescence ombellifére du lacis, dont les touffes trés-aeeusées s'enlacent à des brindilles d'une ténuité charmante, rappelle tout à fait les nielles des sgraffiti, ou mieux encore la décoration exquise des coffrets certosini. Si le goût italien domine dans les deux séries que nous avons analysées, malgré l'absence des classiques jaroncillos castillans et des motifs empruntés à Sahagun et Bartolomeo Aguilar, où la corolle urcéolée de l'arbousier et les pyxides de la jusquiame se disputent le pas, rangeons absolument les quatre panneaux de la troisième série parmi les œuvres émanées du goût plateresque. Volontairement tout le champ est occupé. Les tiges émaciées ont disparu, le les reliefs accusés deviennent durs à force rinceau est garni de toutes pièces d'être voulus. Les gousses du haricot, les samares de l'érable, les capsules du pavot et les siliques de la giroflée, fournissent les modestes formes élé- mentaires de cette tropicale végétation imaginative. La quatrième série se joint à celle qui précède, et ses deux panneaux se SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 97 rattachent par plus d'un lien à l'école d'Aleala de Henarés. La broderie pla- teresque, orgueilleuse infante, emplit de ses atours compliqués tout le champ des panneaux ; des figures animées, cygnes, aigles, enrichissent toutefois ces compositions. Six panneaux, enfin, composent la dernière série de ce classement. Tous ont pour thème une figurine centrale accompagnée de rinceaux. Les Gro- teschi, historiés de figures d'animaux chimériques de cette suite, nous sem- blent les plus parfaits de la maniére italienne de van der Schelden. Les petits génies paraissent des incarnations mythologiques : Mars, vu de dos, porte une /orique et des encmides ; Bacchus, couvert d'une peau de panthère dans la pose hiératique traditionnelle, presse une grappe de raisins en souriant aux pampres qui ruissellent des rinceaux. Vulcain soulève un pot à feu incan- descent et fournit dans sa pose un gracieux motif de lampadaire; Ganiméde, debout sur une sorte de scamnum, tient d'une main un epichysis, de l'autre une patère; d'autres sujets allégoriques sont moins diaphanes. Tous ces pan- neaux sont franchement italiens. Remarque esthétique intéressante, la feuille, qui, à elle seule, rend si per- Sallembier, maitre orne- maniste de la fin du XVIe siècle, se trouve identiquement dans toutes les variétés de sa frondaison dans les panneaux de van der Schelden. Si Far- sonnels les produits capricieux du facile crayon de liste tournaisien n'a pas étudié tout particulièrement le portail d'Audenarde, il a dà s'inspirer des productions des maîtres florentins et vénitiens du Cinque cento. Un merveilleux cul-de-lampe, deux grandes frises, deux autres plus petites, une dernière en forme de bande étroite, rentrent dans le genre Pla- teresco des arabesques de rinceaux, non étoffées de figures, dont nous par- lions tantôt. Notons cependant que le motif central des petites frises est un enfant porté sur des aigles. Le culot et les grandes frises offrent le motif caractéristique des roueg creux ou âmes vuides si familiers à Dürer, Hol- bein et leur école. Les chimères vuides des frises présentent les harnois d l'anticque de Perséus et d'une amazone, dont il ne reste (le casque absent) que la coquille de fer. Les deux armures du culot semblent refléter encore les instincts bel- 98 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE liqueux de leur propriétaire évanoui et brandissent de leur gantelet droit inoccupé une sorte de cimelerre ture ou de Düsack bohémien. Le gantelet gauche de ces dmes vuides soutient une tête barbue coiffée d'un casque romain. Des armoiries oceupent les trois champs ménagés au droit de la porte et des panneaux dormants. En face du spectateur, l'écusson impérial, ayant deux griffons pour supports, à droite, l'éeu du comte de Flandre soutenu par des lions et à gauche le blason de la ville d'Audenarde ayant pour tenants des hommes sylvestres. Les lambrequins des cimiers sont trés-étudiés et pittoresquement découpés. Si les colonnes fuselées encadrant ces panneaux n'arrivaient à point pour rappeler l'influence du genre plateresco-italien de l'ensemble, nous serions presque en droit de dire que la partie supérieure est d'un autre maitre; en tous cas, elle se rapproche davantage encore du style de la Cheminée du Franc de Bruges. Au-dessus de la porte du milieu, s'éléve une tourelle semi-circulaire, espéce de Positif ou de baldaquin, qui surgit en encorbellement de la frise, et va se terminer en forme de fioel ou pinacle d'un galbe gothico-classique. Prés du sommet de cette tourelle se voit une baie assez large qui correspond à un petit réduit formant l’attique du portail. Une ouverture pratiquée dans le mur au-dessus de la porte de la salle y donnait anciennement accés au moyen d'une échelle. Détail bizarre, on y trouve un petit pupitre qui appartient évidemment à la construction primitive. Cette espèce de loge a de tout temps joui du privilége d'intriguer les archéologues, et nous ne chercherons pas à découvrir les raisons de son existence. L'élaboration de cette œuvre hors ligne dura trois ans, de 1531 à 1534; l'artiste était d'ailleurs occupé à d'autres travaux de sculpture pour le méme édifice; les statues en. pierre d'Avesnes, de Philippe, roi de Castille, et de Charles-Quint, les douze figures d'enfant des trois grandes lucarnes desti- nées à la facade et celle de la Vierge, de l'Espérance et de la Justice à la cheminée de la Salle du Peuple. En 1535, aprés le placement définitif du portail, les bourgmestre et éche- vins mandérent de Gand, maitres Barthélemy Pourtant, seulpteur, Lievin SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 99 Opsaedt et Blaise Vassiers, menuisiers, pour approuver le travail de van der Schelden et de Merlier. Celui-ci reçut aprés cette expertise 48 livres pour plein payement et Louise van der Donckt, veuve de Pierre de Merlier, 144. Ces noms ignorés sont bons à noter en passant, d'autant plus que le rapport rendit justice au chef-d'œuvre, puisque les archives d'Aude- narde ne renferment aucune trace d'une de ces inextricables et jubilaires chicanes à propos du payement de l'œuvre d'un artiste, dont, au grand dam des vieux maitres, nos pingres magistrats communaux a estoient mirificque- ment coustumiers. » Vis-à-vis de ce portail, van der Schelden avait exécuté antérieurement une belle cheminée en style flamboyant; il est également l'auteur de celle que l'on voit dans la salle précitée dite du Peuple; cette dernière, on ne sait par quel vandalisme, a été dépouillée des statues qui l'ornaient anciennement. La cheminée appartient au gros œuvre d'un édifice, le portail est un meuble, une pièce de rapport; la différence de style ne ferait-elle pas sup- poser que Paul van der Schelden ait fait le voyage d'Italie de 1525 à 1528, années où l'on ne trouve pas son nom sur le registre des comptes commu- naux. L'impression toute fraiche des œuvres de Sansovino sur le génie du sculpteur flamand (dont les douze enfants des trois grandes lucarnes de la toiture nous semblent les prémisses), peut seule avoir inspiré les admirables panneaux de cette exquise création, pleine de richesse, de fraicheur et d'ori- ginalité, inspirée du système primitif de la Renaissance. En 1531, Paul van der Schelden, dont le père avait été menuisier à Aude- narde, habitait la rue dite «de Broekstraet, » sur le territoire de « l'Eéndries.» Ce faubourg d'Audenarde comptait deux cent soixante-treize maisons en 1 540. De Merlier demeurait à Etichove. Le baillage d'Etichove et les seigneuries et mairies de Ladeuze, d'Overmaelsaecke, de Ter Berghe et de Ter Hont, étaient enclavés dans les communes de Leupeghem, d'Edelaere et de Maercke, lez- Audenarde. Le livre des échevins mentionne pour la derniére fois van der Schelden en 1540, à propos d'un Christ que l'artiste fut chargé de sculpter pour l'église d'Avelgem. Pendant quinze ans, de 1595 à 1540, van der Schelden sema à profusion, à Audenarde, ses sculptures ravissantes. Gable dela Brood Huys à Bruxelles, Cheminée du Refuge de l'abbaye de Tonger- loo. Tabernacle de l'église St-Léonard à Léau. 100 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les beaux-arts avaient dés lors subi une transformation radicale. L'étude des anciens monuments gréco-romains était tout à fait de mode aux Pays-Bas, et l'imitation des classiques, si elle n'était déjà considérée comme un prin- cipe absolu, était généralement admise par les artistes comme un moyen de succés, ce qui explique ce mépris de l'unité, et cet emploi dans un méme édifice commencé en style ogival des principes nouveaux; pareil fait s'est encore produit à la Brood Huus ou Maison du Roi à Bruxelles, reconstruite en style ogival en 151%, et dont les lucarnes et le gable à droite étaient avant le bombardement de 1695 en pur style Renaissance. Avec le temps, le penchant au classique s'acerut , se vulgarisa, devint de l'amour, puis de l'idolàtrie et, par suite, d'une imitation libre et pittoresque des Grecs et des Romains, on passa à une copie exacte et servile de leur architecture. Écœurée de poncifs, l'Italie se livra en peu de temps à toute la fougue de son imagination déchainée par la diffusion générale du genre adopté par les jésuites; c'est ce que nous étudierons bientôt. Aux deux œuvres d'art qui précédent, ajoutons, quoiqu'elle soit d'une date postérieure, la remarquable cheminée provenant du refuge de l'abbaye de Tongerloo, aujourd'hui dans le cabinet du bourgmestre à l'hôtel de ville d'Anvers, et nous aurons complété notre revue en fait d'ameublement civil de l'époque primordiale de la Renaissance aux Pays-Bas. Nous sommes plus riches en meubles d'église. Regrettons d'abord le splen- dide Tabernacle de l'église abbatiale de Tongerloo , construit et sculpté sous Arnold Stregers, treizième abbé entre les années 1538-47, par Rumold de Dryvere, de Malines, Cleynstekere (appellation modeste qui, bien souvent à cette époque , déguisait un statuaire) dont Sanderus parle avec la plus grande admiration, et qui fut malheureusement détruit par les républicains francais en 1796. Par contre, nous pouvons admirer aujourd'hui le fameux Tabernacle de l'église S'-Léonard, à Léau, véritable chef-d'œuvre exécuté par Corneille Floris, aux frais de Martin van Wilre, seigneur d'Oplinter, mort en, 1558, et celui beaucoup plus modeste de l'église St-Jacques à Gand, exécuté en 1595. Rapportons au style des œuvres de transition les belles Stalles de l'église SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 101 ci-devant abbatiale de S'e-Gertrude à Nivelles, de Hoogstraeten et de Broe, et mentionnons tout de suite le Jubé de S'«-Gudule à Bruxelles, sculpté par Abraham Hideux en 1599, sur un modéle a fournir par la Fabrique. Si nous ne connaissons pas au juste le nom de l'architecte, par contre, nous apprenons par les comptes du trésorier de l'église que, dés 1580, l'ingénieur Pierre Croonenborgh, alla, par ordre du chapitre, relever les dessins des Jubés de Gand et de Tournay. La Fabrique demanda également des projets (patroonen) aux maitres Hans de Nole, Robrecht, Henri Meerte et Corneille Floris, sculpteurs à Anvers; Henri Moris à Bruxelles, et Pierre Le Poyvre à Mons. Comme nous l'avons vu, Abraham Hideux fut chargé d'exécuter l'un de ces plans, mais les comptes sont muets quant au nom de l'élu. La dépense S'éleva à prés de onze mille florins, et l'on en paya six cents à Jean van der Vinne pour la peinture et la dorure. Ce Jubé fut détruit en 1804, et l'on doit d'autant plus le regretter qu'il avait échappé successivement aux Gueux et aux Sans-Culottes. Nous devons encore déplorer la perte du Jubé en marbre de S'-Bavon à Gand, élevé sur les dessins de Jean de Heere en 1568, dont van Vaernewyck fait un brillant éloge, et celui de Notre-Dame à Anvers, dont deux tableaux de Peter Neefs au Musée de Bruxelles nous ont conservé une représentation exacte. Construit de 1592 à 1596 par le sculpteur Raphaél Paludanus (van de Poél) aidé de Hubert Goes et de Michel Dresselers, ce dernier servit plus tard de type au Jubé de Bois-le-Duc. Regrettons encore le remarquable Jubé de S'- Waudru à Mons, œuvre réussie de Jaeques du Broeueq, démoli à la fin du dernier siécle, et citons comme un morceau digne de l'attention et de l'estime de la postérité, le Jubé en marbre de la cathédrale de Tournay, heureusement parvenu jusqu'à nous. Les statues sont de Corneille de Vrient, dit Floris, l'ordonnance de Son frère Jacques, l'architecte de l'hôtel de ville d'Anvers, du Retable du S'-Sacrement de Miracle en l'église St-Gudule (dévasté par la bande d'Oli- Vier van den Tympel), et du Tabernacle de l'église S'-Léonard à Léau. Accordons une mention mélée de regrets au beau Jubé de Bois-le-Duc élevé sur le type de celui d'Anvers, enlevé de notre temps par un de ces actes de vandalisme que la non-intervention professée par le Gouvernement Tome XXXIX. 14 Jubé de Bois-le-Duc. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 102 néerlandais dans les affaires religieuses a laissé commettre. Ce Jubé était l'euvre de Conrad de Nurenberg, qui obtint à Bois-le-Duc, en 1608, la bourgeoisie avec dispense des droits ordinaires. D'aprés l'opinion de M. van Zuylen, il était fils d'un autre artiste portant le méme prénom, qui, d'aprés les comptes généraux de la province de Namur, aux Archives du royaume, était « maitre des machonneries de la comté de Namur de 1571 à 1594. » Conrad de Nurenberg, né dans le chef-lieu de cette derniére province, acheva son œuvre en 1613; elle appartendit, comme style, à la première moitié du XVI: siècle. Outre l'Autel du S't-Sacrement par C. Floris, mentionnons les Retables de l’église St-Jacques à Liége, par Lambert Lombart; de la chapelle de la Madelaine à S'«-Gudule; de Braine-le-Comte, et de Swabben prés de Tirle- mont dont les auteurs sont demeurés inconnus. Joignons-y l'Armarium , sorte d'ez-voto funèbre de l'église de Suerbempde (Brabant). Retable de Hal. Gardons une mention toute particulière au beau Retable en albâtre de pm Moe TT" Numidie rehaussé de dorures de l'Autel principal de l'église de Notre-Dame de Hal, sculpté par Jean Mone, « maître artiste » de Charles-Quint, digne d’être comparé à celui de S, Juan de la Penitentia à Tolède, et qui « posé fus l'an » de grâce 1533, officiant de Bailli en ceste ville de Haulx messire Balthazar » de Toberg. » Le Retable de Hal comprend quatre étages en retrait, et se compose à la partie inférieure d'un ordre corinthien de cinq pilastres trapus ornés d'ara- besques enfermant quatre médaillons circulaires. Les deux pilastres extrémes en avant-corps supportent chacun une statue assise d'un Docteur de l'Église. L'ordonnance qui s'éléve immédiatement au-dessus de la précédente comporte deux colonnes d'ordre composite, au milieu, formant avant-corps;, el deux pilastres aux angles. Ces colonnes sont cannelées jusqu'aux deux tiers du füt décoré d'arabesques en sa parlie inférieure; trois médaillons semblables aux précédents occupent l'entre-colonnement des pilastres. Le troisiéme étage offre, en aplomb surl'avant-corps inférieur, une arcade encadrée de colonnes abritant une statue équestre vétue à la romaine. Cette espèce de niche est accompagnée de deux consoles, rachetant leur mauvais galbe par une grande délicatesse de ciselure et offrant de chaque cóté sur leur crête deux statues assises. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 105 Ces trois ordonnances qui vont en décroissant supportent enfin un taber- nacle circulaire à portes de cuivre ouvragé décoré de colonnettes en balustres, cantonné de deux slatues assises et portant, au droit de chaque colonnette une statuette debout. Ce tabernacle est terminé par une lanterne circulaire, également à porte de cuivre, flanquée de consoles, et offrant en amortissement terminal le pélican symbolique. Toute cette riche ordonnance en style italien, rehaussée de dorures, est sculptée en albâtre rose d'Afrique, dépouilles opimes apportées, sur lest, par les Galères victorieuses de Charles- Quint. Cette dernière particularité explique l'emploi si fréquent aux Pays-Bas au XVI: siècle d’une matière aussi peu commune pour une foule d'édicules semblables. Donnons aussi un juste tribut d'admiration au grand Portail (Portaal) en bois de chêne, placé devant la porte principale de l'église St-Pierre, à Louvain, un des morceaux les mieux réussis de l'art flamand, de la Renais- sance qui, par une anomalie étrange, n'a jamais été publié. Accordons ensuite une mention spéciale aux trois Porches appartenant au méme style et à la méme époque, qui se remarquent à l’église de Hal et aux deux entrées latérales de S'- Dymphne, à Gheel. La Belgique posséde encore en ce style deux remarquables Buffets d'or- gues : celui de S'-Jacques, à Liége, œuvre magistrale qui occupe le mur opposé au sanctuaire, et celui de S'-Pierre, à Louvain, placé au collatéral gauche du chœur. D'un mérite atteignant presque celui du mausolée du cardinal de Croy, d'origine étrangère, signalons iei comme particulièrement dignes d'attention et d'éloges les tombeaux d'Antoine de Lalaing et de son épouse Isabelle de Culenbourg , érigés en 1530 dans l'église d'Hoogstraeten, et celui d'Antoine de Mérode à S'-Dymphne, à Gheel, construit en 1550. Le 30 aóüt 1558, Philippe Il ordonna d'ériger dans l'église de Notre- Dame, à Bruges, un monument à la mémoire de Charles le Hardy; il fut exécuté sous la direction d'Herrera par Jacques Jongelinck. Le tombeau de Marie de Bourgogne est en style ogival, celui de Charles le Hardy en Style Renaissance. ; Ce Jacques Jongelinck, fils de Pierre et d'Anne Gramaye, naquit à Portails d'églises à Louvain, Hal et Gheel. Buffets d'orgues de St- Jacques à Liége et de St-Pierre à Lou- vain, Tombeaux des familles de Lalainget de Mé- rode. Tombeau de Charles le Hardy ; Jacques Jon- gelinck, 1551-1606. Sarcophages du chœur de S-Gudule, 104 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Anvers en 1531, voyagea en Italie et à son retour se fixa définitivement dans sa ville natale. Il y mourut en 1606, à 75 ans, exerçant la charge de directeur de la Monnaie de cette ville. Les frais de l'érection de ce monument se montèrent à plus de vingt mille florins du Rhin, d’après les comptes du Conseil des finances, apurés le 19 juin 1563. Jongelinek fut encore l'auteur des huit statues représentant Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Bacchus, Vénus et Diane, qui servirent, en 1585, à décorer l'hótel de ville d'Anvers, lors de l'entrée triomphale d'Alexandre Farnése, prince de Parme. Philippe II, qui chercha des délassements et un repos fugitif dans la construction du splendide Palais-monastére del Escorial, avait ordonné qu'aucun édifice publie ne se bàtit dans son vaste empire, sans qu'il eût approuvé, sur l'avis d'Herrera, les plans et les devis qui, à cet effet, devaient lui étre préalablement présentés. Herrera travaillait avec le roi une ou deux fois par semaine, comme tout autre de ses Secrétaires d'État, de manière que l'illustre architecte remplissait, au fond , les fonctions qui autrefois incombaient en France au Surintendant des bâtiments, arts et manufactures. Ce contrôle du souverain sur les con- structions monumentales dans nos Pays-Bas date d'assez loin ; nous lisons , en effet, dans les comptes de la ville de Louvain, cités par le savant archi- viste, M. van Even, dans sa notice sur Mathieu de Layens, que les plans que cet architecte dressa pour la construction du nouvel hôtel de ville, que l'on projetait, furent soumis à l'examen de maitre Gilles Pauwels, architecte de Philippe le Bon, qui demeura à cet effet plusieurs jours à Louvain. A ce monument, dù à la piété filiale de Philippe II, joignons les deux sar- cophages élevés par l'archiduc Albert, dans le chœur de S'«-Gudule, l'un à la mémoire de Jean II et d'Antoine de Bourgogne, et l'autre à celle de son frère, l'arehidue Ernest d'Autriche. Le premier de ces monuments en pierre de touche et albâtre offre sur la tablette supérieure un lion couché, en cuivre doré, appuyant la griffe sur l'écu de Brabant, fondu en 1610, par Jean de Montfort, conseiller et maitre général de la Junte des monnaies, Fourrier de la cour et Garde des dames de l'infante Isabelle, anobli plus tard, par Philippe II à la sollicitation de cette princesse. Le second fut élevé à la SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 105 mémoire de l'archidue Ernest, gouverneur général des Pays-Bas, qui mourut en 1595, et dont l'intronisation à Anvers fournit à Otho Venius l’occasion de déployer ses qualités d'architecte. Le style de ces monuments, probablement faits par un artiste d'un certain âge, se rapprochent du genre des sarco- phages des familles de Lalaing et de Mérode ainsi que du mausolée en albàtre et marbre noir et rouge de l'évéque Martin Rytovius, érigé en 1605, à S'-Martin, à Ypres. Mentionnons encore l'épitaphe de Messire Jan de Schietere, dans l'église Monument funéraire de Flaminius Garnier à Notre -Dame- au S'-Sauveur, à Bruges, et le superbe cénotaphe en forme de Retable à trois ion étages en albâtre, marbre et pierre de touche, élevé à Bruxelles dans l'église de Notre-Dame-au-Sablon, à la mémoire. de Flaminius Garnier, secrétaire du Conseil privé du célébre Prince de Parme, par sa veuve Maria Reverse. On sait que ce furent Flaminius Garnier et le président Richardot, qui négociérent la réconciliation de la ville de Bruxelles avec Alexandre Farnése et acceptèrent la capitulation des Gueux, le 13 mars 1585. En 1716 les prévóts de certaine confrérie des SS. Crépin et Crépinien qui existait en l'église de S'-Jean au Marais, en transportérent le siége dans la chapelle du grand Serment de l'arbaléte. Ces vandales démolirent le cénotaphe des Garnier et en déposérent les débris sans précaution ni soucis de l'ordonnance primitive contre la paroi latérale prés du confessionnal, sur le bane de pierre destiné au public. Le charmant édicule demeura plus d'un siècle dans cet état lamentable !. L'ordonnance est corinthienne; les colonnes, cannelées au tiers, sont enri- chies de bas-reliefs sur la partie inférieure. Les dessins sont tous variés et leur caractère se rapproche beaucoup des motifs gravés du Livre d'archi- lecture de Vredeman, évidemment inspirés des colonnes Cælatæ des anciens. ! Nous avons en 1864, par ordre de la Fabrique et sur une décision du Ministre de l'Inté- rieur, élaboré un plan de restauration et de rétablissement dans le style primitif de ce char- mant Retable funéraire de l'époque des Floris et de Vredeman de Vries. Ce plan, approuvé par la Commission royale des monuments en 1868, a été mis à exécution. La partie sculpturale a été confiée à M. Dupont, élève de ce M. Sohest, auquel nous sommes redevables de tant de con- lises, si délabrés, de l'époque slaurations de nos Retables et autres meubles d'é 98lvale et de la première Renaissance. Le monument Garnier sera rétabli à sa place primitive comme Retable d'autel. Sciencieuses r 106 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ancien GreffedeBruges. Les édifices entiers de quelque valeur construits dans le style primordial ne de la Renaissance furent peu nombreux aux Pays-Bas. L'élégante facade de l'ancien Greffe de Bruges, construite en 1537, est, après l'hôtel des Biscaïens, la plus ancienne construction qui soit à notre connaissance; on ignore le nom de l'architecte qui en fournit les plans. Cette jolie facade hispano- flamande, offre dans son ordonnance, à partir d'un haut soubassement, deux ordres corinthiens superposés dont les types se rapprochent des colonnes des portes des hôtels de Damhouder, place Maubert, et de la Torre, rue Espagnole, dont l'une porte cependant le millésime fort moderne de 1599. Portes des hôtels de Le style de ces deux portes de rue est en effet plus vieux d'une cinquan- Toret Bruges ^ (aine d'années, mais en dépit de la date qui peut être celle d'une reconstruc- tion, rien ne prouve qu'elles n'aient fait partie de la décoration d'un édifice antérieur dont on aura jugé ces fragments dignes de conservation. Nous avons déjà remarqué qu'au XVI* et méme au XVII* siécle la décoration architec- turale de nos grandes habitations se concentrait ordinairement dans le ` portail d'entrée. Il est encore naturel de supposer que les portes de la place Maubert et de la rue Espagnole sont l’œuvre d'un maitre avancé en Age, qui peut alors les avoir fait exécuter en 1599. Les colonnes de l’ancien Greffe de Bruges sont sculptées en arabesques jusqu'au tiers de leur hauteur et cannelées au-dessus ; de gracieux rinceaux se jouent sur les frises des deux entablements. Trois pignons en « cháteau et poupe » jadis couronnés de statues, s'élévent au-dessus de l'ordre supé- rieur. Le gable central, beaucoup plus important, est percé d'une fenétre encadrée de deux eolonnes torses d'ordre corinthien. Des fenétres rectangu- laires occupent les entre-colonnements; les deux portes de la facade, placées à droite, et dont l'une est fort large, sont en are surbaissé. Maison des Poissonniers La façade de la maison de la Corporation des Poissonniers, à Malines, com- Borremans. ' — mencée en 1530, sous la direction de l'architecte Jan Borremans, qui d’après le registre de comptes de ce corps de métier, reçut 386 livres, 12 escalins et 6 deniers d'honoraires, appartient également au type hispano-flamand. Décorée des ordres dorique, ionique et corinthien superposés; les deux ordonnances supérieures ont leurs füts historiés d'arabesques au tiers de la hauteur; des meneaux au fenestrage crucifère occupent les entre-colonne- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 107 ments. Le linteau horizontal des fenétres est surmonté aux deux étages infé- rieurs d'un arc en anse de panier, dont le tympan est décoré de sculptures, comme presque tous les méplats de la facade. L'intérieur renferme un escalier de pierre des plus intéressants. L'ordre supérieur était couronné d'un haut et pittoresque gable malheureusement mutilé autrefois d'une façon déplorable. D'aprés la valeur et la richesse artistique des trois ordonnances existantes, il est aisé de se figurer le brillant aspect que devait présenter jadis ce pignon avec sa grande niche centrale, pompeusement étoffée d'architecture, enrichie d'une statue du Sauveur, œuvre de Cornélis Verhuyck , ses niches accessoires (capellekens), ses galeries en encorbellement, ses arabesques, ses figurines, sculptées par le Aleinstekere Jooris van Wechter. Cet ensemble pittoresque avait pour amortissement «een verguldene salm, » emblème de la corporation, que l'on voit encore aujourd'hui au-dessus de la porte du rez-de-chaussée. Toute cette décoration coüta une somme d'argent considérable : les comptes originaux, documents dont nous devons communication à l'amitié de M. Willem Geets, directeur de l'Académie de Malines, en font foi et nous apprennent également que ce gable splendide demeura par malheur peu de temps dans son intégrité première. Moins d'un siècle aprés son érection, il se recontra trois vandales, s'inti- tulant bouwmeesters qui (des réparations ayant été reconnues nécessaires), au lieu de restaurer les parties endommagées par le temps et de recopier ce Qui existait pour celles qui devaient être forcément remplacées, trouvèrent : « na eene reijpe speculatie en deliberatie over het perykel van vallen van » die voorsereven wereke, hebben geoordeelt noodzakelyk te wesen de voor- ? genoemde cieraden af te nemen. » Ils conclurent en conséquence de jeter bas « de balustrade van den buyten gevel neffen de bovenste stagie oft » solder, de cappellekens staande op de canteelmuren, enz., enz. » Ges iconoclastes de nouvelle espèce avaient noms Gaspar Van Buscum, J. L. Langhemans et J. Deroy. Si ces trois hommes n'étaient pas des igno- rants, c'étaient à coup sûr des impuissants. Le chef-d'œuvre de Borremans empêchait de dormir ces médiocrités jalouses; ils saisirent pour le mutiler la première occasion propice, et par malheur réussirent à abattre la décoration architecturale du pignon de la Maison des Poissonniers. 108 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Maison desDrapierset Rangeons parmi les façades de type ogival habillées d'ordres et d'orne- ow ments Renaissance, la maison des Drapiers sur la Grande Place d'Anvers, bâtie en 1551, et la maison du Serment de la Vieille Arbaléte, située non loin de la première et construite de 1513 à 1515. Parmi les pastiches les plus purs et les mieux réussis du genre italo-flamand, signalons la maison de la Gilde de la Jeune Arbaléte ou de S'-Georges à Bruges, rue Flamande, élevée en 1541. Cette façade présente un incontestable cachet de sveltesse et de dispositions élégantes, directement inspirés du faire des maitres italiens de la fin du XV* siécle. Hótels de ville d'An- L'auteur du Jubé de la cathédrale de Tournay, Corneille de Vrient, dit den; ” . Floris (à cause de son grand père Floris de Vrient), dressa les plans de l'Hôtel de ville d'Anvers qui fut construit de 1561 à 1565, sous la direction de Paul Luydinck qui avait élevé la nouvelle Bourse de cette ville. Ce vaste quadri- latére, formé de pierres bleues et blanches et de marbre rouge veiné, est le type le plus important de l'art italo-flamand de la Renaissance que nous possédions. Il est fâcheux que l'ornementation svelte et gracieuse de l'avant- corps ne se soulienne pas dans l'ensemble de l'édifice, dont le caractère Maison de la Gilde de la Jeune Arbalète à vigoureux et massif accuse presque de la lourdeur, Ce remarquable morceau d'architecture, dont nous parlerons amplement plus loin, fut imité en 1594 sur un plan réduit aux hótels de ville de Flessingue et de Leiden. Maison des Oosterling. — N'oublions pas la maison des Oosterlings , construite en 4564 pour la Hanse de Bréme, par Henri de Pas, l'architecte de la premiére Bourse de Londres, selon P. Baert; par Corneille Floris, suivant MM. Mertens et Torfs. Hütelde ville de Gand. Les travaux de l'hôtel de ville de Gand, élevé en style ogival par Domi- nique de Waghemakere et Rombaut Keldermans (dont les plans furent pré- férés à ceux d'Eustache Polleijt), furent suspendus pendant les troubles de la révolution des Pays-Bas. Quand on les reprit en 1580, on construisit la partie au nord en style italo-flamand, et l'on continua, dans ce style, en 1585, la facade vers le marché au Beurre. Cette derniére, qui ne fut entiérement ter- minée qu'en 1618, possède un développement de près de quarante-deux mètres, et présente à partir d'un soubassement trois ordres superposés à piédestaux , Dorique , lonique et Corinthien. Des fenêtres rectangulaires avec SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 109 croisillions en pierre occupent les entre-colonnements. Au-dessus de l'enta- blement supérieur, se dressent de nombreuses lucarnes accompagnant un petit gable ou pignon central. Cette facade construite en pierre, d'une masse assez imposante, péche par le manque absolu de mouvement dans l'économie du plan. Mentionnons encore spécialement, comme présentant des types dignes d’être étudiés, l'ancien hôtel de ville d'Utrecht, nommé het Huys van Loo, avec sa belle façade décorée de pilastres en arabesque, sa grande lucarne et sa brétêque Renaissance; aujourd'hui transformé en caserne. Ajoutons l’hôtel de ville de Cambray et celui de Valenciennes, ce dernier ayant un curieux couronnement tout à fait dans le genre de l’hôtel de Pitthem à Bruges ; l'hôtel de ville de Hal, rappelant un peu par sa masse le type ogival, construit en 1616; l'ancienne Chátellenie, aujourd'hui Palais de justice, le Beffroi con- struit en 1629 el les maisons des Chambres de Rhétorique sur le marché de la ville de Furnes. N'oublions pas dans cette nomenclature la premiére colonne monumentale érigée aux Pays-Bas. Cette idée, absolument renouvelée des anciens, fut mise en pratique à Gand, où, à l’occasion de l'inauguration d'Albert et d'Isabelle, on éleva en 1600 une colonne d'ordre dorique sur le marché du Vendredi, sur- Montée de la statue de Charles-Quint. Un hôtel remarquable du XVIe siècle, qui sert actuellement de palais épiscopal, se voit à Bruges prés de l'église St-Sauveur. C'est l'hôtel de Pit- them baut en 4549. Il a subi de nombreuses modifications. D'aprés le dessin gravé dans la Flandria illustrata de Sanderus, la facade de cet hôtel, élevé entre cour et jardin, offrait primitivement trois étages terminés par une terrasse florentine à créneaux entrecoupés d'espèces d'échanguettes reposant sur des consoles supportées par des têtes d'anges. Ce couronnement exotique donne à cette construction un aspect étrange et original. A l'angle droit surgissait autrefois une tour quadrangulaire terminée pàr quatre pignons à gradins. Le porche surtout était remarquable : il formait une espèce d'entrée triomphale percée d'une porte cochère à plein cintre, avec impostes et archi- volte, contournée de chaque côté de deux colonnes corinthiennes élevées sur Tome XXXIX. 15 Hótels de ville d'U- trecht, Cambray,Va- lenciennes et Hal. Châtellenie de Furnes. Colonne du Marché du Vendredi à Gand, Hôtel de Pitthem, Palais Granvelle 1550. Sébastien van Noye Pastorana. 110 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE un stylobate. Le fronton triangulaire, amorti par des consoles, était accom- pagné, de chaque coté, d’une statue de guerrier, portant le costume antique, debout sur un acrotère. Faisons remarquer toutefois le type essentiellement espagnol des deux encadrements de fenêtres du bâtiment formant l'aile droite de l'hôtel de Pitthem. La construction au type italien le mieux accentué qui ait été exécutée dans toute l'étendue des anciens Pays-Bas, est sans contredit le palais qu'Antoine Perennot de Granvelle , d'abord évêque d'Arras, puis archevêque de Malines, vice-roi de Naples et ministre de Philippe II, se fit bâtir à Bruxelles au Cantersteen sur le Coperbeke, et qui s'appelait au XVI: et au XVII* siècle Het Huys van Atrecht. C'est bien dans tous ses détails, et sans aucun mélange de style platé- resque, un pastiche romano-florentin du meilleur temps de l'École de Michele San Micheli ou du Sansovino. Ba vers 1550, d’après MM. Henne et Wauters, les savants auteurs de V Histoire de la ville de Bruxelles, sur les plans d'un architecte italien du nom de Pastorana, il le fut, d'aprés d'autres écrivains, par Sébastien van Noye. Ce qui parait hors de doute, c’est que les travaux en furent dirigés par cet ingénieur, l'architecte favori de Charles-Quint et plus tard de Philippe II. Ce nom de Pastorana ne se trouve dans aucune des nombreuses biogra- phies d'artistes qui furent publiées au XVIe siècle; Vasari cite seulement un certain Pastorini dit Giovanni Michele, bon stuccatore et peintre sur verre du Cinque-cento. Si, comme il est arrivé si souvent, le nom patronymique avait été mal orthographié, la spécialité de stuccateur, profession ignorée aux Pays-Bas, expliquerait naturellement son intervention dans l'œuvre du palais Granvelle ; à tout prendre, l'on peut admettre la collaboration d'un dessinateur qui ait tracé les plans et d'un architecte qui les ait mis en ceuvre. Au XVII siècle vivait à Bruxelles un architecte-sculpteur du nom de Pas- torana, qui exéeuta en 1690 le maitre autel de l'église de Notre-Dame au delà de la Dyle à Malines. Il reçut pour son dessin et la direction des travaux 2065 fl. 3 s. 9 d. et fut secondé dans cette tâche par Fr. Langhmans, J.-F. Broechkstuyns et Laurent van der Meulen. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 111 Ce Pastorana n’aurait-il pas exécuté quelques travaux à Tuys van Atrecht, où se tenaient alors les Conseils Privé et des Finances? La tradition édictée plus haut ne remonterait-elle pas au delà du XVIIe siècle? La ques- tion nous paraît indécise. S'il est aisé, d'ailleurs , d'attribuer la paternité du plan à un artiste italien (à cause de l'absence complète de tout élément flamand, gables, comparti- ments, etc.), il est impossible d'admettre qu'un architecte étranger ait construit le palais Granvelle. La raison en est fournie par le choix de l'appareil de la facade du bátiment donnant sur le jardin, qui dénote un architecte indi- géne, familiarisé avec les ressources du terroir en fait de matériaux de con- struction. Dans un pays où il était possible de se procurer des pierres de taille à profusion, qui pouvaient sinon lutter avec les marbres italiens, au moins y suppléer comme suecédané respectable, jamais un architecte de cette nation n'eüt imaginé le mélange de murs de briques rouges, des pilastres de briques bleues, de l'entablement et des moulures de grès ferru- gineux de teinte jaunâtre. Quant à la facade de cet édifice, nous penchons à croire qu'elle est bien l'œuvre d'un Italien, à cause de l'absence des motifs caractéristiques employés au palais du chancelier Granvelle à Besancon, et que van Noye n'eüt pas manqué de mêler aux portiques romains du théâtre de Marcellus prototype de l'ordonnance du palais du cardinal. Au reste, les deux attributions de paternité qui ont pu se conserver côte à côte pendant des siècles, prouvent en faveur de l'hypothèse probable que le palais du cardinal Granvelle était le résultat de l'œuvre collective de deux artistes, l'un italien, l'autre flamand. La facade sur la cour d'honneur de l'ZJuys van Atrecht ne faisait point face à la rue. Elle se composait, à partir d'un soubassement uni ou socle, de deux rangs de portiques superposés : dorique mutulaire et ionique antique. À part l'ornementation seulpturale, nous avons rencontré presque identique cette ordonnance à la facade de la Bibliothéque de S'-Mare, à Venise, élevée en 1536 sur les plans de Jacopo Tatti dit Sansovino. Le rez-de-chaussée se composait de la donnée classique de Serlio, sévèrement observée; les archi- Voltes des arcades de l'étage reposaient sur l'entablement d'un ordre ionique n Dain, Cette ordonnance, familière à Tatti et dont s'engouérent plus tard 112 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Inigo Jones et lord. Burlington, se retrouve à Rome à la partie centrale du premier étage de la Basilique de S'-Jean de Latran, à la cour du palais de Firenze, via di prefetti, et au palais Linotte dans la méme ville. Les pieds-droits supportant l'entablement nain portaient à faux sur les im- postes du portique inférieur. Une Loggia fermée, décorée de deux fenêtres à frontons en arc de cercle, présentait une ordonnance composite surmontée d'un fronton triangulaire dont le tympan était percé d'un oculus. La frise de l'entablement portait en capitales romaines la devise du cardinal : DVRATE. C'était sans contredit une réminiscence de l'inscription lapidaire ranNocrius. PANDOLFINUS. EPS. TROIANUS. placée dans la grande frise du palais Pandolfini, à Florence, élevé sur les plans de Raphaél. La facade donnant sur le jardin, et dont nons avons déjà décrit l'aspect polychrome fort agréable, se composait de deux rangs superposés de por- tiques toscans et doriques d’après Serlio. Dans les arcades supérieures, s'encastraient, à hauteur de l'imposte, un rang de sept fenétres à cham- branles, contre -chambranles et consoles supportant des frontons alternati- vement triangulaires et en are de cercle. Les lettres isolées de la devise de Granvelle se lisaient également au-dessus des frontons des fenétres. Le cardinal-archevéque de Malines se fit encore construire un château ou résidence d'été aux bords de l'étang de Saint-Josse-ten-Noode. S'il faut s'en rapporter aux débris qui en restent, il s'attacha davantage à réaliser le type connu du Manoir féodal que celui du Casino ou de la Villa italienne. Nous ferons cependant remarquer les fenétres des tourelles donnant sur la chaussée de Louvain, que l'on peut voir encore aujourd’hui, et dont l'entourage en pur style italien porte à la clé le chiffre du cardinal. Antoine « Perennot de Grandvelle, » fils de ce fameux Garde des sceaux de l'Empire, Nicolas Perennot, dont Charles-Quint écrivit à son fils, Phi- lippe II, en apprenant la mort : « Mon fils, nous avons perdu vous et moi » un bon lit de repos » doit prendre rang parmi les personnages qui faci- litèrent, aux Pays-Bas, l'introduction et le développement des beaux-arts, et particulièrement de l'architecture de la Renaissance italienne. Granvelle favorisa tout particulièrement la diffusion des chefs-d'œuvre romains par la calcographie. En 1558 il fit graver à ses frais, par Jérôme SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 113 Cock, les dessins que Sébastien van Noye avait faits des Thermes de Dioclé- lien, sous le titre de Terme Diocletiani imperatoris etc., dont nous parlerons plus loin. En 1562 le méme Cock (qui avait déjà antérieurement, en 1550 et 1551, publié un volume in-f° oblong intitulé : Precipua aliquot romance antiquitatis ad veri imitationem affabre designata , dont le titre à cariatides très-curieux semble de la main de Pierre d'Alost) , dédiait au cardinal vingt- deux planches de vues d'aprés les anciennes ruines de Rome, composant le nouveau recueil intitulé : Operum antiquorum romanorum reliquie et ruine. L'artiste flamand, en plaçant son travail sous la protection de Granvelle, résume son éloge en cette phrase bien honorable pour celui auquel elle était adressée : omnium bonarum artium Mecænatt. On remarque l'écusson de la famille Perennot « barré d'argent et de sable à sept pièces, au chef cousu de l'empire » à une clé de voùte polychromée de la grande nef de l'église de Notre - Dame-au-Sablon, à Bruxelles. Or, comme l'on sait authentiquement que cette partie de l'église était achevée en 1519, c'est Nicolas Perennot, «seigneur de Grantvelle, baron d'Aspremond » Beljeu, etc. » qui devait y avoir contribué de ses deniers. Nicolas Perennot fit construire le palais de Besancon, et y aceumula des richesses considérables en tableaux et statues antiques de maitres fameux, que sa grande fortune pécuniaire et sa position exceptionnelle dans l'empire le mettait dans la possibilité d'aequérir. Granvelle le chancelier fut, sa vie durant « le tout de l’empereur qui ne » faisait rien que par lui » suivant l'expression de M. de Bellegarde, envoyé du due de Savoie en 1530. De 1534 à 1540 la bâtisse de cette grande habitation princiére, en l'absence forcée du Garde des sceaux , se poursuivit sous la surveillance de dame Nicole Bonvalet, sa femme. Le cardinal de Granvelle avait done puisé dans le palais paternel, où brillait le fameux torse de Jupiter (qui passa en 1683 à Versailles et se voit aujourd'hui au Musée du Louvre) les instincts artistiques et la singulière Propension pour l'art de Vitruve qu'il montra dans le cours de son adminis- tration aussi bien aux Pays-Bas qu'à Naples et en Espagne. Le palais sur le Coperbeke formait une exception unique dans le systéme ordinaire d'ornementation des façades des hôtels des ricos hombres élevés Hôtels à Bruxelles, Mons, Liége et Gand. Transformation del'as- pect architectonique des châteaux. Châteaux de Marie- Mont et de Binche 1548. Jacques du Brœucq. 114 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE pendant la période espagnole. Nous avons déjà dit, à leur propos, que tout le luxe était concentré dans le portail d'entrée, et que ces grandes rési- dences aristocratiques se distinguaient seulement des autres habitations par leur étendue. A tous égards, le palais Granvelle était un véritable type étalon d'une architecture inconnue jusqu'alors aux Pays-Bas. Des façades dignes d'attention se voient encore à l'Hôtel de la Place Verte à Anvers, dont le rez-de-chausée orné de bossages rappelle les palais vénitiens et florentins, et les trois étages au-dessus sont indiqués par autant de rangs de pilastres composites dans le style hispano-flamand, et à la belle habitation du XVI: siècle située à Mons en face de la tour du château. Ajou- tons la maison que Lambert Lombart construisit à Liége en 1548 et dont nous parlerons plus loin, et l'hótel du prévót de S'-Bavon à Gand, et nous aurons à peu prés épuisé la liste des constructions urbaines. Vers la fin du XV* siècle et au commencement du XVI», l'aspect formi- dable des chàteaux purement militaires tend à se modifier, par l'admission dans leur décoration extérieure des éléments de l'architecture civile. Le type du quadrilatére flanqué aux angles de tours massives persista néanmoins jus- qu'au milieu du XVIIe siècle, où prévalut le genre des villas italiennes de Palladio et Scamozzi. Les ouvrages de Sanderus et du baron Le Roy de Brou- chem, les « Délices » du Brabant et du pays de Liége, renferment des vues d'un grand nombre de châteaux gravés par Vostermans, Hollar, Perelle et Harrewyn, tous plus ou moins dans le type militaire adopté depuis le XVIe siécle, dont les résidences semi-seigneuriales de Dion-le-Val, Vosselaer et Bornival sont les types les plus caractéristiques. Ces constructions massives étaient d'ailleurs d'une grande simplicité et sobriété d'ornements ; trés-peu étalaient un certain luxe extérieur. A partir cependant du règne de Charles- Quint, les Gouverneurs généraux des Pays-Bas s'occupérent davantage de leurs résidences d'été, et les décorérent méme avec plus de luxe que leurs palais et leurs hótels urbains. En 1548, Marie de Hongrie, princesse éclairée, qui agréait la dédicace de la traduction francaise du quatriéme livre de Serlio par Pierre d'Alost, fit bâtir par Jacques du Brœucq les châteaux de Marie-Mont et de Binche, ruinés bientôt de fond en comble par les Francais en 1552, en représailles SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 115 de l'incendie de la maison royale de Folembray, entre Laon et Noyon, qu'Androuet du Cerceau a représentée en deux planches dans le second volume de ses Excellens bastiments de France. Nous n'avons pas de données précises sur les détails de leur architecture, mais Francois de Rabutin, dans ses « Commentaires sur le faict de la » dernière guerre en la Gaule Belgique entre Henri second très chrétien roi » de France et Charles cinquième empereur », depuis l'an 1551 jusqu'en 1554 (imprimés à Paris, chez Vascosan en 1555), nous apprend que « la » magnifique maison de Mariemont » était construite « curieusement pour le » singulier plaisir et délectation de la reyne Marie, appropriée de tant de » singularités qu'il est possible de penser. » En racontant l'incendie du château de Binche « autant en fit-on » dit Rabutin « d'un trés beau et magnifique chasteau qu'elle y avoit faict nouvel » eslever, remply et aorné de toutes choses exquises, comme de plusieurs » varietez de marbres, tableaux, peinctures plates et eslevées, statues, » colonnes de toute sorte, etc. » On voit par cette description de F. de Rabutin, gentilhomme de la compagnie de Francois de Cléves, duc de Nivernais, témoin oculaire de ces actes de dévastation , que Marie de Hongrie avait hérité de sa tante le goüt pour les meubles somptueux et le luxe d'objets d'art emprunté aux palais italiens que nous avons vu introduire à la Cour de Malines par Marguerite d'Autriche. D’après les descriptions contemporaines, le château de Boussu (dont le vunn de Boussu quart. seulement était élevé quand il fut détruit de fond en comble par les ids troupes des États Fédérés en 1579), avait été commencé également par Du Brœucq en 1539. Ce château de, Boussu, à deux lieues de Mons, appartenait à Jean de Hennin, comte de Boussu, chevalier de la Toison d'or. Dans la grande galerie de ce château, se voyait un Hercule d'argent massif de six pieds de haut, que les Parisiens avaient offert à Charles-Quint, lors de son entrée à Paris en 1540. Cet hercule avait été ciselé par Chevrier, d’après un modèle de maitre Roux. À ces demeures princiéres, ajoutons le château qu'au dire de Sanderus, château du ducde Groy Charles de Croy, due d'Aerschot, éleva à « St Josse ten Hoy »; celui que fit LU Cháteau de Borcht bàt par le poéte Houwaert. Influence de Jacques du Brœucq, ses œuvres et 146 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE bâtir le cardinal Granvelle, et dont nous avons parlé plus haut, prés de l’ancienne maison de campagne des ducs de Bourgogne, dominée par le Wyngaert- Bergh. N'oublions pas de mentionner la charmante villa ou ichâteau de Borcht, qui s'étendait de la chaussée de Molenbeek au Donker- Molen, que fit bâtir le 23 avril 1560 Jean-Baptiste Houwaert. Ce poëte flamand, mari d'une patricienne de Bruxelles, Catherine Caudenberg , appela sa résidence Kleyn -Venitie. Les trois châteaux de Binche, de Mariemont sur la Haine et de Boussu, élaient entourés de parcs, plantés dans le style des jardins Aldobrandini ou Farnése, décorés de statues, de grottes, de cascades, de nymphées dignes des plus célèbres casins des bords du Tibre, de l'Arno ou de la Brenta. Jacques du Broeueq, le vieux, appelé de Brusca en Italie où il fit un long séjour, naquit à S'-Omer. Sculpteur et architecte de Marie de Hongrie, il donna une grande impulsion à la transformation de l'architecture civile. Nous connaissons encore de lui l'autel de la Madeleine, à S'"- Waudru, où se trouvait jadis aussi le fameux Jubé qui, au dire de l'auteur de l'Histoire de Mons était orné de dix statues de marbre de grandeur naturelle et de qua- torze bas-reliefs en albátre du travail le plus précieux. Notre artiste donna encore les plans de l'autel de S'-Barthélemy malheureusement détruit dans la méme église. Vers la fin de sa vie, Du Brœucq alla habiter Liége et y publia en collaboration de son frère Frantz (1529-1570) des ouvrages d'ar- chitecture et d'ornements recherchés. Nous connaissons encore un autre architecte du nom de De Breuck, qui florissait au commencement du XVII: siècle, baut plusieurs édifices à S'-Omer en 1624, et fit construire à Mons en 1634 l'abbaye de S'-Ghislain. Le plus célèbre des élèves de Jacques du Brœucq, fut Jean de Bologne, (né à Douai en 1528), qui alla ensuite étudier sous Michel-Ange. Protégé magnifiquement par le Grand-duc de Toscane, Francois Ier, qui le fit cheva- lier de l'ordre du Christ, et plus tard par Ferdinand Ier son successeur; il travailla successivement pour Maximilien, Rodolphe II, Philippe I1, Phi- lippe I et Ferdinand III de Bavière. Jean de Bologne fut encore architecte : il bâtit le palais de Bernardo Vec- chietti, gentilhomme florentin, qui fut son bienfaiteur, et éleva en 1561 SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 117 l'église de la confrérie de St-Nicolas de Ceppo à Florence. A Lucques, il construisit deux chapelles sur ses dessins et en fit lui-même les sculptures. Saint-Charles Borromée commanda à Jean de Bologne la fontaine de San Petronio ou de la Piazza Maggiore dont l'architecture est du sicilien Tomaso Laurenti; elle fut achevée en 1563. Sculpteur et architecte éminent, Jean de Douai mourut à Florence à l'apogée de sa gloire, le 14 août 1608, à l’âge de 79 ans, et fut inhumé dans l'église de la Nunziata où il avait acquis une Chantrerie de famille. Jean de Bologne eut pour élève principal Pierre Francheville, nommé en Italie Pietro Francavilla, dont il est parlé plus loin. L'architecture militaire adopta avec un égal empressement les types de la Renaissance : nous n’en voulons pour exemple que la porte de Malines à Anvers, bâtie sous Charles-Quint, et le livre de Hans van Schille, ami de Vredeman De Vries, « ingéniaire et géographe du roi et des Estats », dont tous les projets de « citadelles, bastions, bouleverts, tuitions, chasteaux et » telles semblables forteresses » sont-traités dans le style Toscan ou Dorique , et empruntent leur décoration martiale aux rustiques el aux bossages à pointes de diamant. En fait d'édifices religieux, nous n'avons à citer que le charmant portail adossé en 1538 par Lambert Lombard à l'église St-Jacques, à Liége, splen- didement érigée en style ogival six années auparavant. Ce rapprochement de dates ne doit pas étonner, si l'on veut se rappeler qu'en pleine Renais- Sance civile et militaire les édifices religieux continuèrent à être bâtis en style 9gival tertiaire d'une grande pureté relative. La facade de la chapelle du S-Sang, à Bruges, date de 1533. Le chœur du S'-Sacrement de miracle à S'-Gudule fut élevé de 1533 à 1539 sur les plans de l'architecte Pierre van Wyenhoven. Le chœur de l'abbaye de Lobbes, commencé en 1568 et terminé en 4576, fut le dernier édifice important qui s'éleva en style ogival, à l'exception du chœur de la Vierge à St-Gudule, qui le fut seulement en 1649. Il est vrai qu'à ce dernier édifice les voütes d'aréte s'appuient sur des arcs doubleaux à plein cintre. Notons qu'il existe à Ypres deux maisons ogivales portant la date de 1544. On trouve encore des intérieurs gothiques désignés sous le nom de style moderne dans l'œuvre de Vredeman de Vries; Tour XXXIX. 16 Les types Rennaissance adoptés par les archi tectes militaires. Traduction française du songe de Polyphile. 1546. 118 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE cette exception s'étendit parfois jusqu'aux meubles d'église, témoin le magni- fique retable en style ogival présentant en six compartiments le martyre de Saint-Léger, évêque d'Autun, et de Sainte-Agnés, exécuté en dix-huit ans par un religieux de l'abbaye de Liessies, actuellement au Musée de la porte de Hal et portant le millésime de 1530. Les sectateurs de Vitruve et les dépositaires des secrets des magistri comacini, purent done aux Pays-Bas, pendant plus d'un siècle, vivre en paix eóte à cóte, travaillant souvent à un méme édifice. Ce grand art ogival était si vivace et si bien ancré dans l'esprit de nos ancêtres, qu'en dépit de la conversion d'un grand nombre d'artistes en renom, il fallut attendre la mort des anciens maitres et de leurs élèves et l'affaiblissement inévitable des tra- ditions par suite du manque progressif de commandes et de la difficulté de plus en plus absolue de trouver à les appliquer, pour arriver à les détruire. Encore, au beau milieu du XVII* siécle, neuf ans aprés la mort de Rubens, il se trouva un architecte flamand de l'école de Matthieu de Layens et de Gérard de S'-Trond pour élever, d’après les vieux principes, le chœur de la Vierge adossé au transsept de l'église S'*-Gudule. Nous avons dit au premier chapitre de ce travail qu'une imitation francaise plutôt qu'une traduction fidèle du Poliphile italien parut seulement à Paris, en 1346. Ce volume est recherché parce que les gravures plus correctes que les anciennes sont attribuées à Jean Cousin, éléve de Michel-Ange, et à Jean Goujon. Nous sommes assez de ce dernier avis, eu égard à l'elégance extrême des figures. Cette traduction dut avoir un grand succès en France, car elle reparut successivement en 1554 et 1555. Ce livre célèbre, qui joua un si grand rôle dans la diffusion des idées paiennes de la Renaissance parmi les classes élevées, ne fut jamais t 'aduit ni réimprimé aux Pays-Bas. Nous en trouvons des raisons suffisantes dans la foncière différence des mœurs des deux peuples, très-relâchées en Italie, très-sévères chez nous. Le puritanisme protestant y avait quelque peu con- wibué : c'était l'époque ou des guimpes montant jusque sous le menton emprisonnaient la gorge de nos belles flamandes. Le costume, bien mieux encore que l'architecture, fournit un étalon infaillible de la dissolution ou de la rigidité des mœurs. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 119 Nous l'avons déjà dit plus haut, le livre du Songe de Poliphile est le document le plus précieux que nous possédions pour analyser sur le vif le côté philosophique et moral des causes métaphysiques qui amenérent la résurrection de l'art et de la littérature des Grecs et des Romains. C'est dans l'étude attentive et persistante de ce livre que nous avons surpris plus d'une révélation posthume, soulevé plus d'un coin du voile mystérieux qui cachait des secrets disparus dés le berceau de la Renaissance italienne. S'il n'y eut pas chez nous d'édition du Songe de Poliphile, par contre, dés 1539 on imprima à Anvers la traduction du quatriéme livre de Sébas- tien Serlio. Ce monument typographique de l'introduction de l'art de la Renaissance aux Pays-Bas est, au dire de van Hulthem, d'une rareté insigne. Nous en possédons un bel exemplaire ayant appartenu jadis à Michel Florencio van Langren, ingénieur et architecte du commencement du XVIIe siècle, dont il porte la signature. C'est à ce van Langren que Bruxelles doit la première étude sérieuse d'une série de travaux d'art en vue de remédier aux inondations périodiques de la Senne qui affligeaient le bas-quartier. Cette traduction porte pour titre : Generale reglen der architecturen op de vyve manieren van Edificien, te weten Thuscana, Dorica, lonica, Corin- thia, en de Composita, met den exemplen der antiquiteiten DIE 'T'NEESTE DEEL CONCORDEREN MET DE LEERINGHE VAN VITRUVIS, door Sebastien Serlio, met Pri- vilegie, overgezet by Peeter Coucke van Aelst, Antwerpen 1559. On lit derrière le titre les vers suivants qui, mal entendus, ont peut-être été la cause que Paquôt, et d’après lui M. Schayes, ont faussement attribué à Pierre Coecke une traduction de Vitruve. Con. GRAPHEUS. Lecrori, Pictores, statuarii , architecti Et vos o latomi, o fabri, expetitam Quot quot symmetriam probatis, eia Huc adeste alacres, novum hunc laboram. Spectate, huncce novum videre læti Thesaurum, exiguoque comparate L'architecture de Serlio, traduite en flamand, à Anvers. 1539. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ære has divitias, bene estimandas Ingenti pretio : hic meridiano Phœbo lucidius queat vederi, Quid quid toto opere in Virruvrano Aut sit difficile, aut male explicatum Aut non sufficiens, minusque nostris Aptum temporibus : nihil deest jam, Nil jam difficile aut tenebricosum In libris legitur VITRUVIANIS. Pierre Coecke fut à la fois le traducteur, le graveur et l'éditeur de son livre. Le succès en fut si grand que, dix ans plus tard, il en donna une édition corrigée et augmentée de plusieurs planches. En 1546, Coecke publia le IIIe livre, dont il donna en 1550 une traduction francaise intitulée : Des antiquités le troisième livre translaté d'italien en franchois accompagné d'Ung traité d'aulcuns choses merveilleuses d'Égipte. « Imprimé en Anvers » pour Pierre Coucke d'Alost, libraire juré de l'impériale majesté par Gil » van Diest en l'an de nostre seigneur mil cinq centz cinquante le VIe jour » de juillet. Visité et admis par Monsieur Martin Cools curé et pasteur de » Sainct Goele à Brusselles, par la Chancellerie de Brabant approuvé et pri- » vilegié et soubsigné P. de Lens. » Le cartouche qui sert de titre est des plus remarquables d'abord comme composition, ensuite comme entente et science des tailles de la gravure sur bois. Il porte les armoiries de la reine Marie de Hongrie et cette inscription : « Règles générales d'architecture sur les cinq manières d'édifices, ascavoir » thuscane, dorique, ionique, corinthe et composite, avec les exemples des » antiquités LESQUELS LA PLUS PART CONCORDENT A LA DOCTRINE DE VITRUVE. » Revu et corrigé avec addition du méme auteur oultre les précédentes » impressions. Dédié a trés haulte et trés illustre princesse, Dame Marie » royne douagiére de Hunguerie, archiducesse etc., regente et gouvernante » des Payes de par decha, son trés humble serviteur et painetre Pierre van » Aelst félicité, prospérité et valétude. » Ce titre est très-important pour la lumière qu'il jette sur l'état des idées des maitres flamands à l'égard de cette architecture classique qui s'intro- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 124 duisait définitivement. Nos architectes du XVIe siècle, en copiant Serlio, croyaient bien sincèrement agir d’après les préceptes de Vitruve, et leurs œuvres, que nous n'hésitons pas à qualifier « style Renaissance » , étaient éla- borées en vue de la pure et simple imitation de l'antiquité. À l'époque Louis XVI, cette seconde Renaissance classique; de Neufforge, de la Fosse, Salembier, Ranson, Boucher le fils, de la Londe, Cauvet et Forty, inscrivaient sans sourciller l'appellation « à l'antique » en vedette de leurs compositions les plus pittoresquement originales. Chaque école, au reste, a copié l'art antique avec les yeux de son temps; ne voyons-nous pas de nos jours, à Vienne, à Paris, à Berlin, à Bruxelles, s'élever des édifices en prétendu style néo-grec, à tout prendre la plus piétre interprétation que l'on ait jamais faite depuis la Renaissance des thémes et des données de l'art greco-romain. Nous n'insisterons pas ici sur l'opinion énoncée par de Piles, Moreri, Paquot, Philippe Baert et M. Schayes, qui, se copiant successivement, ont attribué à Coecke une traduction flamande des dix livres de Vitruve, imprimée à Anvers en 1546; nous l'avons réfutée avec surabondance de preuves au premier chapitre de ce mémoire. Les dates d'impression des diverses éditions des livres de Pierre Coecke sont officielles; nous les avons précisées au moyen du superbe exemplaire ayant appartenu à M. van Hulthem, et contenant tous les livres en édition princeps y compris les I, IIe et Ve, qui n'ont été publiés qu'après sa mort, (arrivée en 1553), par les soins de sa veuve, peintre de mérite, née à Malines, appelée Marie van Bessemers, alias Masken Verhulst. Ces trois derniers livres furent publiés à Anvers op de Lombarde veste in de schiltpadde. La traduction française de 1550, qui n'y figure pas, se trouvait heureusement dans notre bibliothéque. L'édition originale italienne de Serlio parut successivement. En 1537, le [Ve livre, traitant des ordres, vit le jour à Venise; en 1840-154, le Ie relatif à l'architecture romaine de l'antiquité , parut dans la méme ville. Les Ier et Ile livre, Géométrie et Perspective, furent édités à Paris en 1543, avec une traduction francaise de Jean Martin, secrétaire du cardinal de Lenoncourt. Le cinquième et dernier, où l'on traite des Temples chrétiens, sortit des presses de Vascosan, à Paris, en 1547. Influence de Marie de Hongrie dans le dé- veloppement de l'ar- chitecture italienne. 122 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ce fut l'année méme de sa mort que Pierre Coecke dédia à Marie de Hongrie « Les règles générales d'architecture concordantes avecq les escriptz » de Vitruvius. » Nous avons déjà vu que la sœur de Charles-Quint aimait à bàtir, et qu'elle se fit élever à la fois deux villas italiennes à Marie-Mont et à Binche. Quoique son architecte de prédilection fût Jacques du Brœucq, le maitre de Jean de Douai, elle protégeait Pierre d'Alost« libraire juré de l'Im- » périale Majesté el son peintre et architecte ordinaire. » Le luxe tout princier d'impression qu'affecte la traduction francaise dédiée « à la Reyne » nous fait supposer qu'elle a dû se montrer généreuse envers l'artiste. Il est fort curieux d'étudier le rôle que deux femmes, deux princesses qui gouvernérent nos provinces, jouérent dans l'introduetion du style de la Renaissance ; Marguerite d'Autriche et Marie de Hongrie, tante et sœur de l'empereur Charles-Quint. Nous avons amplement fait ressortir cette influence pour Marguerite d'Au- triche; n'eüt-elle pas occupé si activement les architectes et les sculpteurs, par le témoignage contemporain de Pierre d'Alost, nous sommes en droit d'attribuer à Marie de Hongrie une part active dans le développement et l'introduction de l'architecture italienne. Ce témoignage, Coecke le formule en ces termes, dans la dédicatoire de sa traduction francaise : « bien scavant » (trés vertueuse princesse) qu'aprés vos grandes occupations prenez volen- » tiers le loisir de lire livres, ceulx principalement qui rememorent choses » antiques et authentieques, ce que faict ce présent volume. » Ce fait assez rare de la dédicace d'un livre d'architecture à une femme, nous rappelle que la princesse de Guémenée agréa l'hommage et permit de graver son portrait en téte du « Livre de Plafonds et galeries » de Jean Cotelle. Tel fut le succès de la traduction de Serlio aux Pays-Bas, qu'elle fut rééditée sur les anciens bois à Amsterdam , d'abord en 1606, chez Cornélis Claesz, opt de Water int schryfboeck ; puis, dix ans plus tard chez Hendrick Laurensz, boeckverkooper à la même enseigne. Ces deux éditions se trouvent à la Bibliothèque royale de Belgique et, particularité que l’on rencontre souvent pour les livres d'architecture du XVIe et du XVII: siècle, de ce dépót, elles viennent d'anciennes bibliothéques conventuelles de la Compagnie de Jésus. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 125 Nos artistes se servirent longtemps de préférence des proportions de Serlio. Le plus ancien Vignole édité aux Pays-Bas ne date que de 1647; le texte original italien était traduit en flamand, allemand, français et anglais; il fut imprimé à Amsterdam, chez Willem Janssz, demeurant op t'water by de oude Brugghe, in de gulde sonnewijser, sous ce titre : Regole delli cinque ordini d'architettura di M. Giacomo Barozzio da Vignola con la nuova aggiunta di Michel-Angelo Buonarotti. Zn 1642, Jan van Hilten, demeurant également à Amsterdam, sur le Wister marckt, in Pallas, en publia une seconde édition. Les proportions de Serlio, moins gracieuses que celles de Vignole qui pré- valurent en France et en Allemagne, infiniment moins majestueuses et grandioses que celles d'André Palladio, mises à la mode en Angleterre par Inigo Jones, James Gibbs et plus tard par lord Burlington, avaient aux yeux des coloristes flamands des mérites incontestables qui les firent prévaloir : la vigueur et le jeu des saillies, la largeur des masses et la simplicité plan- lureuse des membres moulurés. La manière dont Vignole a rendu l’architec- ture antique devient mesquine à force de vouloir être correcte; la mesqui- nerie n'a jamais pu être reprochée à une œuvre exécutée par un artiste flamand, architecte, peintre ou sculpteur. Nous nous sommes plu à contrôler, à l'occasion, cette fidélité persistante de nos artistes du XVIe siècle aux proportions de Serlio, et en particulier à l'ancienne facade du palais Granvelle, dont les deux étages de portiques, si Sracieux el si purs de proportions modulaires, ont été sensiblement alourdis par la reconstruction qui en a formé l'aile gauche du bàtiment bourgeoise- ment médiocre de l'Université de Bruxelles. L'œuvre la plus intéressante de Pierre Coecke, en ce qu'elle constitue le premier essai d'architecture nationale, inspirée par a la manière d'antique » italienne, » (comme disait Vredeman De Vries, dans la préface de son livre d'architecture gravé par Jéróme Cock et imprimé à Anvers, chez de Jode, en 1565), c'est la série d'Ares de triomphe, érigés en 1549 à Anvers pour la Joyeuse Entrée de Philippe 1I , composés et gravés sur bois par lui-même, et publiés l'année suivante. À cette période de la Renaissance, on n'ose pas encore élever en pierre et 124 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE en marbre des Colonnades, des Portiques, des Arcs de triomphe et des Dómes, comme on le vit plus tard aux grandes constructions Loyolites el Rubéniennes; mais les fétes populaires provoquérent de grands étalages d'enthousiasme et de démonstrations extérieures où l'architecte et le décora- teur trouvérent leur profit. Ce fut à ces occasions que l'on vit improviser des constructions éphé- mères, en bois et en toile, qui familiarisèrent insensiblement les masses avec les ordres gréco-romains et les motifs de l'architecture italienne du siécle de Léon X. Entrée triomphale de La premiére de ces manifestations décoratives, qui devint un puissant Anvers. i50. — déterminatif de la révolution architecturale qui couvait aux Pays-Bas, fut réalisée par les artistes d'Anvers, parmi lesquels se distingua Quinten Massijs, lors de l'Entrée triomphale de Charles-Quint dans la métropole commerciale. D'après le récit de Petrus Ægidius, archigrammateus Antwerpic, on y employa deux cent cinquante peintres et trois cents ouvriers de divers métiers. Par malheur nous ne possédons pas les dessins des « mystères et ares de triomphe » (si intéressants pour étudier les origines de l'art de la Renaissance dans nos contrées), qui furent élevés sous la direction des artistes anversois. Un opuscule introuvable du fonds van Hultem, intitulé : Hypothesis sive argumenta spectaculorum, etc., imprimé à Anvers, chez Michel Hillenius, en 1520, et que nous analysons plus loin, nous en donne toutefois une description assez détaillée, pour nous convainere que Quinten Massijs a 466-4 530) et ses collégues avaient eu assez de peine à s'assimiler les principes encore vaguement connus de l'art de Vitruve, pour ne pas s'étre aventurés à sortir des données générales, fournies par les monuments de Rome et adoptées par le commun des artistes italiens. Il n'en fut pas de méme, heureusement, lors de la Joyeuse Entrée de Charles d'Espague à Bruges; la relation en a été faite par Remy de Puys et imprimée chez Gilles de Gourmont, en un petit in-folio gothique de trente-neuf feuillets avec trente-trois figures sur bois. Nous n'avons jamais rencontré qu'une seule fois, en 1865, à la librairie ancienne de M. van Tright, qui l'a mis complaisamment à notre entiére disposition, un exemplaire irréprochable de cette relation de la plus ancienne « Entrée » de nos souverains, où l'on vit SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 125 dans les décors éphéméres destinés à rehausser la splendeur de cette céré- monie, les premiéres applications du style de la Renaissance et du genre arabesque. Le livre est intitulé : La tryumphante et solemnelle entrée faicte sur le nouvel et joyeux advenement de tres hault, tres puissant et tres excellent Prince monsieur Charles prince des hespaignes archiduc d'austrice en sa ville de Bruges l'an mil V cens et XV, le XVIII jour davaril apres Pasques redigée en escript par maistre Remy du puys son tres humble indiciaire cl historiographe. C'est dans ce livre curieux, d'une très-grande rareté, qu'apparaissent pour la première fois les motifs italiens, quoique le plus souvent l’ensemble de l'ordonnance se rapporte encore au style ogival flamboyant. On appelait alors escharffaultz ou eschaffaulz, les arcs de triomphe (pegmata) et mystères (poincten) les théàtres à personnages allégoriques vivants (huyskens de notre antique Ommeganck), empruntés moins à la Bible et au Nouveau Testament qu'à la Mythologie et à l'histoire héroïque de la Gréce et de Rome. Dans les eschaffaulz et mistéres de l'Entrée de Charles d’Espagne, cette tendance paienne est intéressante à constater; on y voit, sous des costumes parfois bizarres, « Pean, dieu de nature nud et cornu; » Saturne et Sibeles sa femme ; Ceres des fruitz ayant en sa dextre froment; » Mars, dieu des batailles; Jupiter et Dame de Richesse sa ieune compagne; » Atlas flechissant soubz la merveilleuse charge non du ciel mais du monde ? qu'il portoit sur ses espaules; Alexandre le grant sur Bucifal; Perseus à » l'eseu. de cristal; Hercules portant une pomme d'or laquelle il conquist » iadis en Aphrique et finalement Ulixes avec tout le harnas d'Achieles. » On voit par cette nomemclature que les propensions d'Érasme pour l'anti- quité et ses livres propagateurs, avaient déjà provoqué chez les Flamands le goùt de la lecture des écrivains de la Grèce et de Rome, et que les ordonnateurs des eschaffaulz et mistères destinés à rehausser l'Entrée de Monsieur Charles en sa bonne ville de Bruges, avaient tenu à faire preuve d'une solide érudition classique. Quant au jeune Charles d'Autriche lui-même, s'il faut en croire la mythologique comparaison de Remy du Puys, « par sa » beaulté naturelle et maintien confit en toute grâce royalle, il semblait Tome XXXIX. 47 Relation illustrée de Remy du Puys. 18 avril 1515. 126 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » mieux a vérité dire ung Apollo ou ung Mercure, que ung corps humain » entre ses princes. » Ce portrait est précieux à noter en passant, il prouve que le langage habituel des lettrés tournait tout à « fait à l'antique, » et que l'enthousiasme du docteur de Rotterdam, que nous mettions en relief au début de ce travail, avait passé tout entier aux humanistes flamands. Dans ces décors de Bruges nous présenterons spécialement, comme types précieux des premières applications du style Renaissance, l'Entrée de la place des Oosterlingen, « moult belle porte paincte et entretaillée bien pro- prement », où l'on remarque à la partie inférieure l'appareil à refends clas- siques, encadrant une porte en anse de panier, accostée de deux médaillons circulaires en camée. La partie supérieure ou attique, ornée au milieu d'une arcade épicycloidale simulée, comprise entre deux pilastres décorés d'ara- besques (dont les écoincons portent aussi des camées), se termine par une corniche portant comme amortissement quatre cupidons ou génies soutenant des guirlandes. Notons particulièrement les pilastres formant l'encadrement de la Porte « de la cité de Hierusalem contrefaite en édifices, tours painetures et aultres, » toutes ses parties bien au vray selon quelle siet auiourduy en Syrie. » Malgré l'affirmation de R. du Puys, nous estimons que cette ressemblance « bien au vray » peut aller de pair avec les vues de Ninive, Babylone, etc., du Fasciculus temporum que Jan Veldenar imprimait à Utrecht en 1480. Mentionnons ensuite les deux arches triomphales de la place de la Bourse « faisant portes aux passants l'une à lentrer, l'autre à lyssir. » C'étaient déjà à tout prendre de véritables Ares de triomphe à pilastres arabesques entre- mélés de petits génies et de rinceaux. La partie supérieure portait « aux deux lez » d'un vase en amortissement, Bellérophon et Cadmus « accoutrez » à l'anctieque bien richement » combattant l'un la chimère, l'autre le dragon « a six renez de dentz. » Les motifs antiques de Les motifs de la Renaissance devaient constituer alors une étrange et la Renaissance accep- tés par lès Brugeois curieuse nouveauté, et les Brugeois de 1515 devaient contempler avec admi- comme nouveautéheu- j CAM ration et ébahissement ces « deux arches faictes chascune pour ung arc » triumphal a lanticque, et selon questoit coustume de faire aux Rommains » pour honorer leurs princes victorieux. Les deux arcz furent moult inge- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 127 » nieusement eslevez, taillés et painctz d'or d'azur et de toutes riches cou- » leurs, le tout semé de toisons, fusilz (briquets de Bourgogne) et per- » sonnages estranges sans nombre, ET DE SI VIELLE FACHON QUESTOIT CHOSE » NOUVELLE ET TRÈS IOYEUSE A VEOIR. » Cet are était terminé par un amortissement en forme « de ung pot en » fachon d'argent, ouvré et painct bien richement de haulteur envyron » quatre coudées. » Des festons pendaient du centre de cette arcade, dont l'ouverture était en are de cercle, et les écoincons rachetant la corniche (très- Sommaire), ornés de médaillons en camées et de chiméres. Cette décoration avait son pendant au coin de la méme place; l'ordonnance générale se rap- prochait beaucoup de la premiére; mais les arabesques des pilastres étaient particulièrement intéressantes, parce qu'on y remarquait deux fois répétées par superposition, les fameuses colonnes d'Hercule, emblème de prédilec- lion de Charles, portées par de petits génies. A l'un et à l'autre de ces portiques pouvait s'appliquer l'appellation admi- rative de gorgias escharfaull que leur donne du Puys. CE sowT LES PLUS ANCIENS MONUMENTS CONNUS DE L'ARCHITECTURE PEINTE. Nos lecteurs voudront bien se rappeler que seule la ville de Bruges con- naissait depuis 1495 L'ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE DATE, Cette « Entrée » de Charles d'Autriche eut lieu, d’après la relation, à la nuit tombante : «le jour tendoit a la nuyct et faisoit desia brun, comme il est » par deca la coustume de faire les entrées de nuyt, à raison (comme ie croy) du grand luminaire qui est si prodigalement espendu, joinet à ce que la monstre des dames et damoisseilles entassées par toutes fenestres, portes €t rues est plus apparente aux torches que au soleil, et (comme les painc- tures) se monstrent plusieurs deiles plus marchandes à demye veue que » à plein jour. » Peut-être est-ce à cette coutume espagnole de faire les entrées de nuit, coutume bien excusable, vu la chaleur du climat pendant huit mois de l'année, que nos artistes Coucke, De Vries, Vœnius, Rubens, de Crayer, van Heil et Colin, ont emprunté les nombreux motifs de torchéres, pieds de Candélabres et autres appareils luminaires qui se remarquent à profusion dans leurs compositions d'Arcs de triomphe. 128 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les noms des auteurs À quels artistes faut-il attribuer ces premières décorations en style vécu Renaissance élevées à Bruges en 1545 ? Qui dirigea les « très-ingénieux » artifices des eschaffaulz, mistères, galères, tours, colomnes, arex triom- » phaulx et aultres structures et divers édifices eslevez pour la monstre et » exibition d'iceulx? » nous l'ignorons par malheur. Ces décorations ont- elles été faites par des artiste espagnols ou italiens de la suite de Charles, ou doit-on en faire honneur à des maitres flamands? c'est ce que quelque vieux compte de dépenses exhumé de la poussière des archives brugeoises pourrait seul nous apprendre. Nous appelons sur ce point intéressant au plus haut titre l'histoire des origines de l'art nouveau aux Pays-Bas, lat- tention des archivistes. Nos recherches personnelles, secondées par la bonne volonté d'amis dévoués, sont restées vaines jusqu'à ce jour. ` Couronnement de Une autre rarissime brochure illustrée, dont les gravures sont mal- Capelle, i539. heureusement sans importance pour le sujet qui nous occupe, mais où nous relevons toutefois un des premiers exemples imprimés que nous connaissions de la devise pts ouLTRE adoptée par Charles-Quint, nous décrit toutes les particularités de son couronnement à Aix-la-Chapelle, sur ce titre : Die Triumphe van dat cronemente van den Keyser. En de dry triunphelyck incoemste van Aken gheprint in die stadt van Antwerpen buten de camer- poort in den gulden eenhooren bi mi Willem Vosterman int jaer ons heren MCCCCC en XX de XV dach van december. EntréodeCharlos-Quint H nous reste à parler des fêtes d'Anvers et des décorations splendides qui furent élevées dans cette ville : nous le ferons d’après l'opuseule de la plus grande rareté, au dire de M. van Hulthem, qui a transmis l'exemplaire en sa possession à la Bibliothèque royale de Belgique. Disons d'abord que cette description eut pour auteur le célèbre Petrus Ægidius (Pieter Gillis), secrétaire de la ville d'Anvers et grand ami d'Ér et de Thomas Morus. Ces deux faits nous expliqueront l'érudition mytholo- gique, la latinité correcte et les périodes cicéroniennes du texte. L'opuscule (que nous avons trouvé depuis, reproduit dans le tome IH des Rerum Germanicarum), porte ce titre : « Hypotheses sive argumenta spectacu- simo Caes. Caroli Pio felici inclyto semper » aug. praeter alia multa et varia fides et amor celebratissime civitati Antver- » piensi in antistites superis favetibus sunt edituri. » asme » lorum quae sereniss. et invicti: SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 129 On a vu que Quinten Massijs et la plupart des maîtres reçus à la Schil- ders Kamer d'Anvers prirent part à cette décoration architecturale divisée en Pegmata (ares de triomphe), et spectacula (poincten, huyskens). Ces poincten étaient identiques aux escharfaulx ou se voyaient « monstrances de perso- » naiges vifz » comme dit la traduction française de l'Entrée de Philippe H à Anvers en 1549. Albert Dürer qui assista à l'intronisation de Charles-Quint, nous raconte tout au long dans la « Relation de son voyage aux Pays-Bas » les « spectacles » sur plusieurs points de la ville et les belles filles déshabillées sous des prétextes mythologiques, qu'il avouait à Melanchton, lors du séjour de ce dernier à Nurenberg, avoir dévisagées effrontement en sa qualité d'artiste. A défaut de gravures, nous pouvons nous faire une idée assez exacte du style des décors par la description suivante, que nous choisissons de pré- férence comme renfermant, en peu de lignes, la plus intéressante mention d'éléments architectoniques : Praeter spectacula supius leviter attacla , exibebütur et alia neuti à » indigna, q oculis cernatur benignioribus. Nà tota via, q transitus erit, ab » ipso ingressu, ad Caesaren usqz palaciu, ab utroqz latere, colunis, ima- » guculis, triomphalibus ornametis, passim decoratis clausa erit, sub quot » intersticijs, inferne .tediferi stabut colore vestrü spectabiles, singulas » singuli lapades manibus gestates, sub tabulatis coronameta et hederarü » topiaria, verna et florulenta prebebàt lascivia, caeterü in summo Dier » cadelabra, pter staticula , deauratis simillimae, praeter cerata funalia » Släneis lacibus imposita sequetur ordine effigies primum a dextrà, lovis, » Dardani, Erichnonii, Troi Laomedontis Priami, etc., se. 4... ss. . ad leva vero Icones Tungrorum et Bao » Regum et Ducum deinde invictissimi et potentissimi hispaniar, regis. » On voit à l'évidence que la décoration imaginée trente ans plus tard, ne fut que le développement des ressources décoratives mythologico- histo- riques, employées par Quinten Massijs et ses collègues, qui pour les réaliser eurent à leur disposition deux cent cinquante peintres et trois cents char- pentiers, tous habitant Anvers. En outre Cornille de Schryvere se chargea des inscriptions et des chronogrammes. Toutes ces particularités intéres- Santes nous sont transmises par le canon suivant, qui termine l’opuscule. Tableaux vivants : Spectacula , Huyskens. Poincten , Maison de Floris à Anvers, 1567. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Petrus Ægidius ab actis civitatis scribebat Cornelius Grapheus a secretis characteres faciebat Pictores duceti et quinquaginta ex civibus pingebat Fabri lignarij trecenti ex civibus extruebant Michaël Hillenius typis excudebat Fides et Amor instigabant. Après l'entrée de Charles-Quint il nous faut, pour pouvoir trouver une publication analogue, descendre jusqu'à 1549, date de « l'Entrée » à Anvers, du fils du César gantois. Pierre d'Alost en fut à la fois l'auteur et le vul- garisateur. Parmi des compositions franchement inspirées de l'antique, se glissent déjà un peu partout les premiers éléments de cette décoration à com- partiments née de l'application et du développement des rabat rollen (quirs, scudierii, targhe), dégénérescence des ornements à volutes raccornies des parchemins gothiques, qui, semblables à des Aoquetons déchiquetés menus étalaient leurs taillades à revers rouges et à tranches dorées dans les tableaux des artistes florentins du XV: siècle. Malgré des ondées diluviennes qui vinrent contrarier les appréts de la féte « neque ne momento quidem a pluendo destitisse » déclare piteusement Grapheus, et gátérent les décorations peintes et dorées, dignes d'un ciel plus clément, cette derniére épreuve fut décisive. On avait admiré l'archi- tecture de la Renaissance, d'abord vignette séduisante sur le panneau de peinture, dessinée ensuite sur une échelle trés agrandie à travers les meneaux des verriéres ou sur les trames de laine ouvrées d'or et de soie des Tapisseries de haute lisse, on la vit enfin réalisée dans ses dimensions naturelles par l'illusion perspective et la peinture en trompe-l'oeil. A partir de 1550, la Renaissance eut définitivement droit de bourgeoisie et en 1567 Floris exécuta en pierre les ordonnances décoratives de Pierre d'Alost et orna de peintures a fresco à la manière des palais de Vérone sa maison d'Anvers, pour l'édification de laquelle il faillit se ruiner. Sans la désastreuse révolution des Pays-Bas du XVI: siècle, qui arréta pendant quarante années le mouvement artistique et le développement de l'architecture aux Pays-Bas, nous compterions de nombreux monuments de celte période italo-flamande, qui fut pour notre école la plus originale et la SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 151 plus artistique des phases que ce style traversa pendant les trois siécles de son existence. Cette période italo-flamande s'étend du milieu du XVIe aux premiéres années du XVII* siécle; nous l'étudierons au chapitre suivant. Nous avons dit que l'on voyait déjà s'épanouir dans les compositions décora- tives de Pierre d'Alost, le motif appelé à devenir si fécond des Compertimenta pictoriis flosculis. Ce genre de décoration (qui ne fut pas développé depuis par les italiens à l'égal des autres peuples), introduit en France par les artistes italiens de l'école de Fontainebleau dans la galerie de Francois Ie, et que l'on trouve en germe dans les emblèmes et devises de Ruscelli, gravés par Domenico Zenci et aux entourages du Livre des Impératrices romaines d'Énée Vico, obtint une faveur marquée chez les maitres flamands pendant prés d'un demi- siécle. En 1554, Corneille De Vriendt ou Floris, l'architecte, et son frère Jacques, Compertimenta picto- flosculis. Pro publiérent des séries de cahiers (quelques-uns de grand format) de décora- "ow libelli, 1554-55 tions à compartiments. En 1567, Jacques Floris mit au jour d'incomparables frises sous le titre de : Compertimenta pictoris flosculis manubiisque bellicis variegata. Ces premières publications furent bientôt suivies des entourages de sujets de l'Ancien Testament de Pierre van den Borgt (1556), de ceux de Clément Perret, Théodore de Bry de Liége; des nombreux cartouches des images des Dieux (1564), et de l'atlas géographique d'Abraham Ortelius (1569); des petits compartiments de J. Floris (1567); des cartes de Gérard Mercator (1578); et des compositions de frises aussi nombreuses que variées (Protractionum libelli , 1555-1557) du prince de l'école d'architecture fla- mande, dans la seconde moitié du XVIe siècle, le frison Hans Vredeman. Le genre des Groteschi ou arabesques eut sur notre école, dés le début de la Renaissance, une influence prépondérante. Tous nos artistes les firent entrer dans leurs compositions et excercérent leur génie à trouver des combinaisons nouvelles; le sacré se méla au profane et l'on eut les Grotesche Ecclesias- tiche. Vl n'en reste pas moins établi que l'honneur de la premiére application des compertimenta aux ordonnances architecturales revient tout entier à Pierre d'Alost. Nous trouvons au commencement du livre de l'Entrée de Philippe II à Anvers : « estant pour lhors Consulz et Bourguemaistres, Messire Lancelot 132 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE van Urssele et Messire Henry de Berchem, » un dessin de la porte Impé- riale ou de Malines, espèce d'Arc de triomphe martial, d'ordre dorique à bossages, élevé sur les plans de Sébastien van Noye, architecte général des fortifications de Charles-Quint. Il résulte de cette œuvre de van Noye, que les castramétateurs, « ingéniaires » et architectes militaires avaient déjà adopté les ordres de la Renaissance avant la publication des traités spéciaux de Hans van Schille, Vredeman De Vries, et Aurelio de Pasino, « Ferrarois, «architecte de monseigneur le due de Bouillon. » Ce dernier fit imprimer à Anvers, en 1579, chez Plantin, son Discours sur plusieurs points de l'ar- chitecture de guerre. Remarquons, en passant, que les Italiens eomptérent du XVe au XVII‘ siècle toute une pléiade d'excellents ingénieurs ou architectes militaires, dont les services étaient recherchés de tous les souverains. Citons parti- culièrement, au XVe siècle, Giovanni Gregori, (1410-1510); Giambattista Caporali, qui fut en méme temps peintre et architecte (1476-1560) ; Giam- battista Danti (1478-1517). Au XVIe siècle, Michelangiolo Buonarroti qui se distingua comme ingénieur de la république pendant le siége de Florence par Charles- Quint en 1530 et dirigea les fortifications de la colline San- Miniato ; Leandro ou Leonardo Signorelli (1490-1530); Cesare Rossetti, qui possédait aussi le triple talent de peintre, sculpteur et architecte (4490- 1550); Galeazzo Alessi, dont il sera si souvent question, plus loin, dans ce travail, comme architecte civil (1500-1572); Ascanio della Corgna (1516-1511); Vincenzo Anastagi (1534-.. .. P), et Diamante Egidj (1554- 1607). Enfin, au XVII* siècle, Fabio della Corgna, qui fut en méme temps peintre et architecte (1600-1643); et Antonio Battista Dionigj (1643-1669), dont on peut trouver les biographies dans le livre des Vite de Pittori, scultori ed architetti, de Lione Pascoli. L'ordonnance de la porte de Malines, jadis polychromée et dorée par le peintre Pierre de Cortte (qui reçut de ce chef deux cents florins carolus, à vingt sous, comme le prouve un document de la savante et inappréciable Histoire d'Anvers de MM. Mertens et Torfs), était surmontée d'un attique por- tant en bas-relief les armoiries de l'Empire accostées des fameuses colonnes d'Hercule avec la devise : Plus oultre, emblème de Charles-Quint, composé SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 155 par son médecin Lodovico Marliani dont cette flatterie colossale eut la for- tune d’être plus tard justifiée par les faits. Avant de détailler les Archz triumphaulx de Pierre d'Alost, il sera fort intéressant d'emprunter à un chroniqueur italien J.-J. Penni, médecin de Florence, un fragment de la description du Couronnement de Léon X, à Rome, le 47 mars 1518. Ce curieux volume est intitulé : Croniche delle magnifiche pompe fatte in Roma per la creatione et incoronatione di papa Leone X. Dans sa prolixe narration de la cérémonie, Penni ne fait grâce à son lec- leur ni d'une hacquenée, banniére ou housse de taffetas; ni d'une frise, niche ou colonne des arcs de triomphe; ni enfin d'un dieu de la fable, chrono- gramme ou embléme des échaffaulz. La postérité lui pardonnera cette fatigante nomenclature en présence de la précision consciencieuse du récit, tout bourré de véritables révélations sur l'origine des éléments décoratifs de nos réjouissances publiques au XVI* et au XVII: siècle. ..... « En poursuivant sa marche, le cortége arriva devant le palais d'Agosto Chigi de Sienne. Les regards ne pouvaient se détacher de l'arc qu'avait fait élever ce noble seigneur. » Il reposait sur huit colonnes rondes et carrées, surmontées d'architrave, frise et corniche. Dans la frise, du côté du château, on avait gravé en lettres d'or, cette inscription si effrontément païenne : Olim habuit Cypris sua tempora, tempora Mavors Olim habuit sua, nunc tempora Pallas habet. Sur la corniche, on lisait : Leoni Pont. Max. pacis restitutori felicissimo. » De chaque côté de l'inscription était une niche : dans la niche de droite se tenait un homme qui figurait Apollon; dans la niche de gauche, un Mercure VIVANT ; à l'angle droit de la corniche était une figure en ronde bosse, ayant la tête et le torse d'un homme, et l'extrémité d'un serpent; elle portait un sablier à la main. Tome XXXIX. 18 Incoronation du pape Léon X. 1513. 134 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » A l'angle gauche était un Centaure; au milieu de larc, sur un socle, un lion couché; en dedans de la loge apparaissaient les armes des Médicis et celles des Chigi; sur chaque face un tableau de maitre, au-dessous trois niches : dans celle du milieu une nymphe, dans les deux autres des nègres. » La nymphe chantait des vers en l'honneur du Pontife. » L'un des tableaux représentait une femme qui tirait une épine de la panie: d'une on want o oo pU pev EE dU SPI Gg QUU. DEET » Antonio de San Marino, célèbre orfévre de Rome, avait fait élever devant sa bottega, une magnifique statue de Vénus dont le socle était orné de l'inscription suivante : Mars fuit, est Pallas, Cypria semper ero. 3 DH OG » Cette statue versait d'une urne, une eau plus transparente que le enstalivep Costos og eT pen, EE EE Comme on le voit, les dieux étaient en nombre à cette incoronatione d'un vicaire du Christ. PierreGoecke d'alos. Nous l'avons dit plus haut, le symbolisme Dantesque avait dés le XIV* Caractère architecto- siècle popularisé chez les italiens les Théogonies d'Hésiode et d'Ovide. Le aa, de entrée Pape Léon X et le Sacré-Collége écoutérent sans sourciller les strophes 1549. empreintes d'une grâce toute « Catulienne » de la nymphe peu vêtue qui étalait ses charmes juvéniles sous larc de triomphe dù à la magnificence du seigneur Agosto Chigi le siennois. C'était au paganisme que l'Italie devait sa régénération intellectuelle ; est-il étonnant qu'après lui avoir emprunté Platon, Ciceron, Homère, Virgile et Horace, elle adopta encore les dieux de l'antique Olympe. Que l'on veuille bien se rappeler le langage passionné d'Érasme de Rot- terdam et l'enthousiasme que ses écrits éveillèrent dans le monde intellectuel aux Pays-Bas, et l'on cessera de s'étonner du caractère des gorgias eschaf- faulz imaginés par Quinten Massijs et les confrères de la S'-Lucas Gilde pour la « Joyeuse Entrée » de Charles-Quint et des ordonnances décoratives qui signalérent l'avénement de son fils Philippe, prince « des Hespaignes. » Les masses de ces « Archz triumphaulx » et de ces portiques de Pieter Coecke procédent sans exception des proportions « modulaires » de Sebas- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 135 lien Serlio. Quelques-uns des motifs sont de vrais pastiches du maitre italien. D'autres, au contraire, reflètent l'originalité flamande génée par le lit de Procruste du baréme inflexible des mesures de l'architecte modénois. Le genre particulier de Pierre d'Alost se reconnait aisément à des amor- lissements, des gaines à corps de satyres, sylphes, pistrix, salamandres, grylles, gnomes ou ondins résumant les types de la fameuse mosaïque de Darmstadt. ll emploie à profusion les panneaux à compartiments et les cuirs déchi- quetés, tailladés comme les « pourpoinets » et les « haultz-de-chausses » des lansquenets et des reiters. S'il a besoin de réveillons il prodigue des torchères, des escargots, des coquilles de S'-Jacques, des corbeilles de fruits, et de fleurs, des avalanches de cónes de pin, concombres, navets et légumes vulgaires qu'il méle à propos aux ornements d'orfévrerie du style Plateresque et soude adroite- ment aux lignes des ordonnances antiques. Tous les motifs qui caractériseront plus tard le style de la Renaissance flamande s'y trouvent en germe et ont été plus ou moins imités et développés depuis par nos maîtres graveurs et nos architectes. Signalons, comme spécimen de purs pastiches « rommains » l'Arc placé entre la Monnaie et l'Abbaye de S'-Michel, érigé aux frais des négociants tudesques, et celui qui fut établi par les soins et l'initiative de la corporation anglaise. Comme type de Renaissance italienne, modifiée par les détails caractéris- tiques indigènes, nous distinguons spécialement « l'Arch triomphal basty au Pont des Cordeliers » et le triple portique de l'eschaffaul:, érigé sur la Coepoortbrugge. Pour donner une juste idée des proportions, de l'importance et des détails d'exécution matérielle de l'un de ces monuments prototypes de l'introduc- tion du style de la Renaissance aux Pays-Bas, nous prenons dans la traduction francaise anonyme du texte latin de Corneille Grapheus qui accompagne les Sràvures de Pierre d'Alost, la description de l'Arcus Germanorum dont nous venons de parler. « Les haultz Allemans, negociantz ou trafficquans en ceste ville, tant Ares de triomphe : Romains antiques. Arcs de triomphe : Renaissance italo-flamande. Are triomphal élevé par les « haultz. Allemans. » 156 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE pour la tresdesirée venue de nostre Prince, q pour la tresagreable presence de la Maiesté Imperialle, grandement esiouys (multum gavisi). Quasi a my chemin du monastère de S. Michiel et de la monnoie, environ de Lx pas de ladiete monnoie, ont érigé ung moult grandt, sumptueulx et magnifieque Arch triumphal, a la Corinthe, double, et marbrisé de couleur de marbre blanch, (lapidis Parii colore) de deux faces, a trois entrées et yssues, ayant lant dehors que par dedens deux ordres de coulomnes. » « Touttes les Coulomnes du premier ordre tant dehors comme dedens estoient rondes, richement d'orrees, asscavoir, la Basse, Cappiteaulx, et Stries (columnes omnes eleganter strialæ, cannelées) : au second ordre Pil- lastres quarrez. » « Toutes les statues ou imaiges (dont en y auoit grandt foison) estoient artificiellement eslevées, et richement touttes d'orées et entièrement argen- tées. » « L'entrée et yssue du millieu estoit de largeur .xij. piedts, et de haul- teur .xxiiij. piedz. Une chaseune porte a coste d'ycelle avoit de largeur .vj. piedz. » « Tout ycelluy œuvre (y comprins les éléuations et ce qui estoit dessus) auoit de haulteur enuiron .1xiiij. piedz, de largeur .Lvj. piedz, et de proffun- deur ou longueur enuiron de. LU, piedz. » « Sur l'éléuation de l'Arch hault en l'aer auoit une grand globe ou boulle d'or, figuratifue du monde, sur lequel monde estoit ung grand Aigle noir à deux chiefz, aux aesles estendues tournant et virant au vent (lubricæ insistens pinnæ). Deuant ycelluy monde, au dessoubz dudict Aigle, asscavoir à la premiére face reposoit une statue d'arget ayant la figure d'une dame : auprès de laquelle estoit escript GERMANIA , c'est-à-dire, Allemaigne : et estoit escript auprès : SVB VMBRA ALARVM, etc., ce qui signifie, par dessoubz l’vmbre de tes aesles. » « Sur chascun anglet des quantons ou creneaulx (In singulis cime an- gulis), auoit érigée une statue d'argent des quatres (sic) plus gros fleuues ou rivières des Allemaignes, espandant de grandes cruches d'argent, eaue argentée, et estoient leurs noms ainsy escript : SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 137 DANVBIVS, la Dunoe. RHENVS, le Rhijn. ALBIS, le Elue. VISTVLA. D « Sur l'éleuation auoit ung moult grandt estandart, auquel estoient painctes les armes de l'Empire. A la première face, au second ordre par dehors, (In facie anteriori forinsecus in superiori columnatione) , avoit deux statues d'or, construictes en tribunaulx aureins, (aureis tribunalibus) l'une ayant telle soubcription rviscon vervsrvs, etc., qui vault à dire : Tuiscon, des Allemans ancien Dieu. A l'aultre avoit telle inscription ` MANNVS DEI, elc., c'est à dire : Mannus, filz du Dieu Tuiscon. » « En l'ordre inférieur de la dicte face avoit semblablement deux statues d'argent, en semblance de femmes (par opposition aux « personnaiges vifz » des « eschaffaulx »), posées en tribunaulx d'or, soubz l'une avoit telle inscription : INCLYTA VINDELICORVM, etc., qui signifie : La noble cité de Ausbourg. Et soubz laultre ainsi : PERCELEBRIS NORICOR, etc., qui vauldt : La trésrenommée cité de Norembergue. » « En la seconde face dudiet Arch, au secondt ordre, avoit deux statues d'or, construietes et posées en tribunaulx aureins, et avoit l'une d'ycelles telle inscription : TEVTO PRISCVS GER., elc., quy vauldt à dire : Teuto ancien Roy des Allemans. Pareillement avoit sous l'autre telle inscription : oRGETORIX MAGNVS, elc., ainsy sonnant en Franchois : Orgetorix, grandt Roy des Allemans. » Par dedens ycelluy Arch (intra caveam) au secondt ordre, au dessus de l'issue lon voioit en entrant, trois statues d'or, posées en tribunaulx d'or, l'une (asscavoir a main droicte) estoit la statue de Ferdinand Roy de Honguerie, l'aultre à main gauche estoit Philipes Prince d'Espaignes, et celles du millieu estoit la statue de l'Empereur Charles cinqniesme, ung chacun aornez de son propre parement (Ac regia corona, regio sceptro, regio vestitu; illa Cœæsareo tyara, Cesareo ense, Cesareo amictu veneräda). » « À l'opposite droict vis à vis, au dessus de l'entree dudict Arch audict ordre, avoit deux statues de femmes d'arget posées dedens tribunaulx d'or (Grapheus et son traducteur appellent «tribunal » une niche en cul de four Voyage de Coecke a Constantinople. Cartons de tapisseries. 138 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE encadrée de deux pilastres portés sur consoles et supportant un entablement avec fronton triangulaire) l'une tenoit une buccine d'or en sa main et avoit auprés telle inscription : IMMORTALIS FAMA, c'est à dire : Imortelle renommée. Et l'autre avoit en sa main dextre une plume d'or, et à gauche ung livre d'or, aupres de laquelle statue estoit escript (addito bocce titulo) : DISCIPLINA, c’est à dire : Discipline ou doctrine. » « Dedens chascun costé desdictz ordres, avoit trois statues d'or des Elec- teurs du Sainct Empire, construictes et posées dedens tribunaulx d'or; ung chascun aornez de ses armes propres (propriis adiunctis insignibus, specta- toribus satis noti). » « Au dessus d'ycelluy Arch à chaque face (forinsecus in utraque facie superioris columnationis), en l'ordre supérieur auoit ung moult grandt tabbleau ou parc quarré (pregrandis erat Abacus), auquel estoit escript en telle sorte : DIVO CAROLO MAXIMO V cæs., etc., etc. » Grapheus nous apprend encore que pour élever ces arcs de triomphe, les Allemands employérent « xxx charpentiers, xxiiij painctres, xviij com- muns ouuriers. » La charpente et la menuiserie exigérent « xxxvj mille piedz » de asselin ou lambriz, sans le nombre de chevrons ou merrains qu'il a » fallu avoir pour bastir ung tel triumphant Arch triumphal. » La palme revenait toutefois à l'Arcus Genuensiwm où il fut « consumme seulemêt en » cloux ij*xxxiiij florins Carolus..... besongnantz plus de ij*Lxx personnes. » Cet arc splendide, élevé aux frais des négociants tudesques et qui occupe deux planches du recueil de Coecke, était une véritable résurrection antique. Les deux ares qui délimitaient la cavea étaient à double face, et l'espace intérieur où se continuait l'ordre corinthien était décoré de chaque côté de trois niches « à la Rommaine, » rappelant celles de l'intérieur de la rotonde du Panthéon d'Agrippa à Rome. « À achever ycelluy tant somptueux œuure auoit nonante ouuré ouvriers » lant artistes qu'aulires et a cousté à la Nation d'Allemaigne trois milles » deux centz Florins Carolus. » Né à Alostle 44 août 1502, élève de Bernard van Orley, Pierre Coecke se maria deux fois. Veuf de sa premiére femme, il voyagea à Constantinople en 1533 avec les van der Moyens, marchands tapissiers de Bruxelles, pour SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 159 lesquels il avait peint des cartons « tapijtpatronen met oorlogsbedrijven » qui ne furent pas, parait-il, agréés par Soliman. Cependant plus tard Amurath III envoya en présent à Philippe II vingt tapisseries de haute-lisse (intertextæ) où étaient représentées les victoires de ce sultan. Il revint d'Orient avec une santé fort délabrée, apportant, pour tout fruit Cortége de Soliman. de sa lointaine excursion , des dessins faits d’après nature de costumes et de — "^ scènes turques, dont il fit une série de sept planches. La plus curieuse est sans contredit le cortége du Grand Seigneur. Les divers épisodes qui se joignent sont interrompus par des cariatides d'un caractère analogue. Cette œuvre, gravée sur bois et publiée en 1553, est de nos jours de la plus insigne rareté, Dans sa longue et fructueuse carrière de bibliophile, van Hulthem n'avait jamais rencontré (outre l'exemplaire qu'il possédait) qu'une seule série d'épreuves de ces planches faisant jadis partie de la biblio- thèque de M. de la Serna Santander, vendue en 1817. Le célèbre cabinet de Crozat possédait cinq dessins de Coecke représen- tant « l'Histoire de David, » et six dessins de batailles remporlées sur les Francais par Charles-Quint, entre autres, la prise de Francois I* à Pavie. C'étaient là probablement les compositions des cartons des tapisseries qui décoraient la grand'salle du Palais de Bruxelles lesquelles, au dire de Bran- tôme, fáchérent si fort l'amiral de Coligny, quand il vint en cette ville ratifier au nom du roi de France la trêve de Vaucelles. Le portrait en buste de Pierre Coecke a été gravé par Hieronymus Wierex pour le recueil publié à Anvers, en 4572, par H. Cock (Pictorum aliquot celebrium. Germanice Inferioris ....... cum Dom. Lampsonii elogiis). On voit encore le portrait de Coecke dans le Theatrum honoris publié à Amsterdam par Jan Janssonius en 1618. Au bas de l'effigie de l'artiste se lisent les vers de Lampsonius, rapportés plus baut comme preuve que Pierre d’Alost n'avait par traduit Vitruve. Ce grand maitre flamand de la première moitié de XV* siècle mourut à qua- rante-huit ans, l'année méme de la publication du livre des Ares de triomphe de l'entrée de Philippe II que nous venons d'analyser. À part un fils naturel, Paul van Aelst, qu'il eut pendant son veuvage d'une jeune bruxelloise, il ne laissa qu'une fille née de son second mariage avec Marie van Bessemers de Lambert Lombard. 1505-1566. 140 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Malines (plus connue sous le nom de Myke Verhulst), femme d'une grande beauté et d'un talent réel en peinture. Cette fille unique épousa Pierre Brueghel le vieux, de Bréda. Quant à son fils, habile peintre de fleurs, en émail sur verre, il copiait Jean de Maubeuge dans la perfection et mourut à trente- deux ans à Anvers, laissant une veuve qui épousa plus tard Gilles van Coninexloo, artiste d'une certaine réputation. Pieter Coecke van Aelst fut enterré dans l'église aujourd'hui démolie de S'-Géry à Bruxelles; on pouvait encore, à la fin du siècle dernier, lire sur son tombeau l'épitaphe suivante : Siste gradum lector : Sanctum huic optato quietem ; Petro Coecke cognomento, ab Alosto, Caroli V. Casaris, el Marice Reginæ pictori ordinario, ingenio, arte industria incomparabili, Maria conjux mostiss. pietissime conjugi pos. vixit ann. XLVIII m. IV d. II. Decssit Bruxellis XVI dec. anno M DL, natus Alosti XIV Aug. An. MDII. Virtus morte superior. Charles-Quint, en anoblissant van Noye, permit à cet architecte de prendre pour armoiries l'écu de France. Fidèle à ce système, il octroya à Pierre Coecke qui avait été chargé de composer le carton de la célèbre tapis- serie dela « Fuite de Soliman devant Vienne » le droit de porter un écus- son d'azur chargé de trois croissants d'argent. Ces armoiries figurérent au-dessus de son épitaphe jusqu'à la démolition de l'église par les Sans- Culottes, en 1799. Vasari, porte sur notre compatriote le jugement suivant, qui constitue en trois lignes un éclatant panégyrique : « Pietro Coecke, ha havuta molta » inventione nelle storie, e fatto bellissimi cartoni per tapezzerie e panno » d'arazzo : e buona maniera e pratiea nelle coze d'architettura. » L. Guic- ciardini (1567) l'appelle « grande inventore da patroni da Tappezerie ». Aprés Pierre d'Alost, l'artiste qui, des premiers, tourna les forces de son génie vers la résurrection des œuvres architectoniques de l'antiquité, entre- prise par les maitres du Génque-Cento, fut Lambert Lombard, né, suivant l'opinion commune, en 1505. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 144 Le temps où il vint au monde n'était rien moins que propice au dévelop- pement d'une vocation d'artiste. Tandis qu'Anvers, les Flandres et le Brabant regorgeaient d'opulence, la malheureuse cité de Liége commencait à peine à se relever de la catastrophe de 1463 qui la livra au pillage et à l'incendie. La rivalité des Hornes et des Arenberg n'avait guére été favorable à l'avénement d'un. meilleur état de choses. Pour apprendre à cultiver les beaux-arts, le jeune wallon dut s'expatrier. Il reçut la première instruction artistique à Anvers dans l'atelier d'Arnold de Behr (Arnoldus Ursus), et devint plus tard éléve de Jean Gossaert, dit de Maubeuge. A vingt-deux ans il se maria ; mais, reconnaissant bientôt l'insuffisance de ses études, il partit en 1538 pour l'Italie, à la suite du cardinal Reynold Poll, archevêque de Cantorbéry, cousin germain du roi d'Angleterre Henri VII. Ce personnage, célèbre par son érudition, présida au Concile de Trente ; Charles-Quint empécha de tout son pouvoir son retour en Grande-Bretagne, craignant qu'il ne s'opposát au mariage de l'infant Philippe avec la reine Marie Tudor. Ce fut dans la maison du cardinal Poll que Lambert Lombard fit la con- naissance de Dominique Lampsonius, qui avait passé plusieurs années en Angleterre comme secrétaire de ce prélat et dont la longue lettre au Titien qui nous est parvenue, témoigne des rapports nombreux qui unissaient l'Italie aux Pays-Bas au XVIe siècle. Une fois en Italie Lombard se perfectionna sous Francesco Salviati et Andrea del Sarto, tout en étudiant avec soin l'architecture à Florence et à Rome. Dans cette derniére ville il peignit pour son protecteur un tableau en * camaieu » représentant une scène tirée des Dialogues philosophiques de Cébés, disciple de Socrate. L'œuvre attira l'attention des dilettanti et lui valut de faire la connaissance d'Aloisio Priulo, noble vénitien, et de Bartolomeo Stella de Brescia; cette liaison lui procura bientót les moyens d'entreprendre avec succés de savantes recherches sur les antiquités et les médailles. On peut considérer Lambert Lombard comme le promoteur aux Pays-Bas de la science numismatique pour laquelle il professa toujours une grande inclination, témoin le portrait Où il s’est représenté une loupe à la main. Au retour d'Italie, notre artiste alla d'abord se fixer en Hollande et fut Tour XXXIX. 19 Apprend à cultiver les beaux-arts à Anvers. Voyage en Italie, 1588. Fait la connaissance de D. Lampsonius. Académie liégeoise, voyage d'Italie, non-seulement par ses conseils et l'influence de ses relations, Relations de Lombard avec Vasari. Golzius, éle bard, d romain. 12 Lom- citoyen 142 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE protégé par Michel de Saegher, secrétaire de la ville de Middelburg. Il arriva qu'un jour, dans leurs entretiens intimes, de Saegher releva d'une facon assez mordante un solécisme commis par Lombard dans l'inscription placée sous le portrait de Didon qu'il venait de peindre. L'artiste dévora cet affront en silence, mais, à partir de ce moment, se mit à étudier avec ardeur les langues grecque et latine. Ses courageux et persévérants efforts le rendirent plus tard capable de traduire en italien ou en francais les principaux auteurs classiques. Revenu dans sa terre natale, il fonda à Liége une véritable Académie des Beaux-Arts et compta des célébrités parmi ses élèves auxquels il facilitait le mais encore de son argent. Lombard demeura toujours en communauté d'idées esthétiques avec les maitres du siécle de Léon X. Un an avant sa mort il écrivait encore une lettre à Vasari pour lui faire part de son projet persistant de réunir en une sorle de canon les mesures des membres des plus célébres statues antiques pour servir à l'initiation de ses disciples. Pour faire apprécier la valeur de l'école du maitre liégeois il nous suffira de citer Hubert Goltzius de Venloo (il publia la vie de son maitre écrite par Lampsonius), qui fut à la fois peintre, poëte et numismate. Le succès de ses ouvrages sur les monnaies et les médailles du Haut-Empire valut au flamand, par Senatus consulte, daté du Capitole le VII des Ides de mai 1567, le titre de CITOYEN ROMAIN. Lombard eut encore pour éléves Guillaume Keij de Bruges, secrétaire de trois évéques de Liége, et le célèbre Frans De Vriendt ou Floris d'Anvers. Les idées italiennes, rapportées par Jean Gossaert, se transmirent de la sorte à deux générations d'artistes. Fils de Grégoire Lombard, bourgeois de Liége, qui avait sa demeure dans le quartier d'Avroy, Lambert Lombard tenait par sa mère, fille de Léonard de Sart, à une famille revétue de plusieurs emplois honorables; c'est donc à tort que des écrivains ont avancé qu'il était issu d'un simple ouvrier. C'est là encore une légende de la valeur de celle qui le fait mourir pauvre à l'hos- pice du Mont-Cornillon. En 4538, aprés la mort du prince-évéque Erard de la Marck, souverain SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 145 éclairé qui contribua puissamment à populariser l'art italien dans la princi- pauté de Liége et se montra le protecteur zélé des sciences et des lettres, Lambert Lombard, n'obtint aucune espéce d'encouragement sous Corneille et Robert de Berghes et Georges d'Autriche, ses successeurs, et dut travailler sans relâche menant une vie besoigneuse pour élever sa trop prospère lignée. Malgré l'état modeste de sa fortune, le maitre liégeois conserva sa dignité et ne commit jamais de bassesses pour se procurer du travail. Lampsonius et Hubert Goltz s'en portent garant : « Cum que ex Vitruvio suo didicisset, archi- » tectum magno animo et sine avaritia esse, rogatum que non rogantem » operum curam suscipere debere : ad opes assiduo manuum labore grassari » natura suz preestantia indignum ducens, eo se demittere ingenua quodam » et libero homine digna superbia recusabat. » Lambert Lombard avait épousé en secondes noces la sœur de Lambert Suterman ou Suavius, graveur et peintre liégeois, dont le vrai nom était Soetman (Le Doux). Ce Lambert Suavius, fils d'un sculpteur du méme nom, appartenait à une famille d'artistes originaire de Maestricht, qui, d’après les recherches de baron de Villenfagne d'Ingihoul, vint se fixer à Liége, au com- mencement du XV: siècle et compta parmi ses ancêtres un Lambert Zutman, Sculpteur fameux auquel on attribue le beau frontispice de l'église cathédrale de Liége. Pour entretenir sa nombreuse famille (sa seconde femme lui donna einq filles), Lombard produisit beaucoup de dessins que les amateurs du temps recherchaient et qui passèrent principalement en Angleterre. Il en fit graver quelques-uns par Suavius, son beau frére, mais ne grava pas lui-méme comme l'a avancé Nagler sur une signature mal interprétée. Cette particularité d'un Lambert Suavius et d'un Lambert Lombard, artistes tous deux et parents, a fait que nombre de biographes les ont confondus en un seul maitre. Ce qui a causé l'erreur de van Mander, de Joachim von Sandrart et de ceux qui l'ont copié depuis, c'est la signature SVAVIVS INVENIT, placée sous la « Guérison du boiteux par S'-Pierre, » estampe magnifique, de plus de cinquante figures, qui fut dédiée, en 1553, à Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas. Lambert Suavius donna encore à cette époque un fort beau portrait de Lambert Lombard, Lambert Suavius et Lambert Susterman 144. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Granvelle, au bas duquel on lit svavivs 1NvENIT. L'artiste gravait souvent d’après ses propres dessins ou tableaux, nous avons relevé sur plusieurs planches indistinctement L SVAVIVS PICT INV F, SVAVIVS INV SCVLP et INVENTORE AC COELATORE SVAVIO. Dans le catalogue du Belvédére, à Vienne, l'honorable directeur de ce musée, M. Érasme d'Engert, confond Lombard avee un autre maitre : « Lam- bert Lombard, proprement appelé Lambert Sustermann (sic), Néerlandais (1906-1560). » L'erreur est d'autant plus importante que M. d'Engert semble grouper sous ce nom patronymique : « Juste Sustermans , Néerlandais (1597-1681), » auteur du portrait de l'archiduchesse Claudie, et « Jean Sustermans, Néerlandais (vers 1650), » dont la galerie du Belvédére pos- séde un portrait de vieille femme. Une preuve accessoire que Lambert Suavius et Lambert Lombard ne sont pas un seul et méme artiste, c'est que les compositions de celui-là ne sont pas du tout, ou bien banalement étoffées d'architecture et que tous les fonds de celui-ci dénotent , outre une propension particulière à introduire ces éléments décoratifs, une profonde connaissance et une grande habitude des ressources de l'architecture et de l'ornementation. Lampsonius est d'ailleurs muet sur le talent de graveur dont aurait fait preuve Lambert Lombard. Van Mander et Sandrart ne parvinrent pas à se procurer la biographie de notre artiste , écrite par Lampsonius, ce qui explique l'insignifiance et les erreurs de leurs notices consacrées à Lombard. Plus heureux, nous avons rencontré, dans la brochure que van flultem acheta à la vente du baron de Clerc, à Liége, au commencement de ce siècle, l'édition originale ornée du portrait de Lambert Lombard, âgé de quarante-cinq ans, par..... Lambert Suavius. Dominique Lampsonius, dont le frère Nicolas était doyen des chanoines de S'-Denis à Liége el s'adonna comme lui à la poésie latine, a fait l'éloge des talents et des vertus de notre artiste dans cette notice biographique si rare que, déjà en 1603, van Mander et, en 1675, von Sandrart avouaient avoir fait de vains efforts pour s'en procurer un exemplaire. Cet introuvable opuscule, où Lampsonius loue spécialement Lombard d'avoir apporté aux Pays-Bas le flambeau de la Renaissance groeco-romaine, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 145 est dédié à Abraham Ortelius, le célébre géographe, alors àgé de cin- quante-neuf ans, et porte pour titre : « Lamberti Lombardi , apud Eburones » pictoris celeberrimi vita, pictoribus, sculptoribus, architectis, aliisque id » genus artificibus utilis et necessaria. Brugis Fland. Ex officina Huberti Goltzii Mozxv, cum privilegio. » Lampsonius n'a pas mis son nom à cel écrit a qui tamen nomen hic suum vulgari passus non est» dit Goltzius dans sa préface. Le peintre poëte brugeois eut-il peur que son amitié, bien connue pour Lombard, eüt amoindri l'effet des éloges qu'il donne si justement au maitre liégeois? C'est là une délica- lesse bien rare que de ne vouloir tirer aucun mérite d'un travail pour qu'il profite davantage à celui qui en est l'objet. Venons à l'appréciation du talent de Lombard. « Enim vero, » dit Lampsonius « ut nunc architecturam omittam , in qua » fatendum cerle est, Lombardum ante profeetionem nos eosdem, quos in » graphice progressus habuisse, cum graphicen ipsam a belgis Urso (Arnoldus » Ursus) et Mabusio, didicisset, quibus ea ars, ut quidem ab hominibus » italis eius peritissimus Michelangelo Bonaroto, et Bacio Bandinello floren- » tinis, Raphaéle Urbinate, Titiano veneto, aliisque compluribus, ad anti- » quorum operum atque absolut: pulchritudinis et venustatis rerum omnium » adspectabilium imitationem exercebatur, ignota fuisse jure dici potest, » propterea quod illorum opera ijs laudibus carebant quæ graphicen oculis alque animis elegantiorum hominum comendant........ » Nous avons dit que Lombard, s'étant marié à vingt-deux ans et s'effor- Gant avec courage de soutenir sa famille, ne put visiter l'Italie que grâce à la condescendance du cardinal Reginald Poll, qui amena l'artiste à la priére d'Erard de la Marck. Lampsonius, qui devait avoir assisté à l'épanouissement de l'Ame de l'artiste à la vue des merveilles de sol italien, en a consigné l'im- pression dans sa notice; on y surprendra l'admirable secret de ce mépris du Spécialisme et cette judicieuse application simultanée de l'étude des trois incarnations de l'art par laquelle les artistes de ce grand XVI: siècle réussis- Saient à imprimer à leurs productions un cachet indélébile d'immortalité auquel ne pourront jamais atteindre les œuvres contemporaines. « At vero, ubi in Italia venisset, eorumque , quos modo nominabam excel- Arabesques des cha- égial Portail de St-Jacques 146 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » lentium artificum picta, sculptaque tum etiam architectonica opera con- » templatus esset, id ipsum quod domi nemine admonente, velut per nebulam » viderat, clarius jam perspicere, et maiore animo ae successus minime vul- » garis certiore spe persequi cepit. » « Redijt igitur, nec eiquidem futurum erat proclivius, quam ut graphices et » architecturze operibus conficiendis amplas sibi, et luculétas opes pararet..... » On voit clairement, par ce dernier texte, que c'était par la vente de ses des- sins (presque toujours datés et signés) que notre artiste se procurait la plus claire de ses ressources pécuniaires, L'Académie de Dusseldorff possède une série de dessins de Lombard. Au château de Kinkempois, M"* la vicomtesse de Clerembault a réuni de notre temps la collection que possédait à la fin du XVIII? siècle le chanoine Hamal. Il est fácheux que la Belgique ne possède dans ses Musées aucun de ces beaux dessins, si richement étoffés d'architecture, que le génie original et fécond de Lambert Lombard improvisait à la sanguine , au bistre et au lavis. D'élégants rinceaux sont exécutés sur papier gris-bleu, ou rouge brique, - souvent rehaussés de touches blanches, parfois réchampis de traits déliés d'or « à la coquille. » Notre artiste possédait pour ce genre d'ornementation une aptitude particulière. Hamal nous apprend qu'en 1560 il décora d'arabes- ques les voûtes de deux chapelles de l'église collégiale de S'-Paul. rard de la Marck, prince-évéque de Liége qui jeta les fondements du fameux palais épiscopal en style mudejar, que Charles-Quint, dans une exagé- ration courtoise, proclamait a le plus beau de la chrétienté, » protégea tant qu'il vécut Lambert Lombard, bien qu'il ne réussit jamais à l'attirer à sa cour. En l'envoyant à Rome à la suite du cardinal Poll, il se proposait d'utiliser ses talents d'architecte et de peintre pour l'embellissement de son palais. A peine Lombard était-il à Rome, qu'Erard de la Marek mourut. Quand l'ar- tiste revint dans sa patrie en 1539, nous avons vu qu'il trouva les princes- évéques de Liége indifférents à son égard. En 1558, cependant, Robert de Berghes, fils naturel de l'empereur Maxi- milien, qui avait succédé à Georges d'Autriche dans la dignité épiscopale et princiére, chargea Lombard d'achever le portail de l'église S'-Jacques, élevée dans le style ogival tertiaire six années auparavant. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 147 L'artiste liégeois, épris de l'antiquité, se saisit avec expressement de l'occa- sion qui lui était offerte d'en afficher solennellement les principes esthétiques dans un édifice important. Au point de vue où nous écrivons, l'étude de cette facade et de l'un des autels de l'église également du dessin de Lombard, nous permet d'apprécier et la valeur de Lombard comme architecte, et l’ascendant vulgarisateur qu'eut celte première application du style groeco-romain de le Renaissance à un édifice religieux. Dans le portail de l'église St-Jacques à Liége , l'influence italienne règne d'une facon absolue. L'ordonnance inférieure est formée de deux empátements cantonnés chaeun de deux colonnes corinthiennes, encadrant une niche sur- montée d'une table portant le millésime de l'érection du portail. Ces deux empâtements ou pieds-droits , sont placés de chaque côté d'un porche en voussure, dont l’archivolte à plein cintre repose sur des impostes finement moulurées. Les écoinçons rachetant l'architrave sont ornés d'un mufle de lion issant d'un petit cartouche, portant en sautoir une palme feuil- lagée en rinceaux d'arabesques. Le tympan sous l'arcade est historié d'un bas-relief représentant la Nati- vité; les panneaux de la porte sont étoffés par six autres bas-reliefs figu- rant les prophétes Elie et Daniel, et les quatre Évangélistes distingués par leurs emblèmes. Les niches sont occupées par les statues de saint Jacques et de saint Simon. L'ordonnance de cette porte est tout à fait concue dans le Style florentin. Cet ordre corinthien supporte un ordre composite, enfermant également des niches surmontées de tables. La partie supérieure des niches est taillée €n coquille. Comme au rez-de-chaussée les tables portent des médaillons cir- culaires aux armes de la Papauté et de l'Empire. Les niches sont occupées Par les statues des SS. Pierre et Paul apôtres. La corniche de l'entablement composite est soutenue par des consoles à la hauteur de la frise; la partie centrale est formée d'un panneau quadrangu- laire dans lequel est inscrit un médaillon ovale. Le sujet de ce médaillon est tiré de la légende biblique de l'Échelle de Jacob ; les écoinçons sont occupés par quatre « stéphanaires. » Ce grand champ elliptique est encadré de huit 148 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE petits panneaux carrés, alternant avec un méme nombre de rectangles. Les quatre pelits panneaux angulaires portent en bas-relief les bustes des Pères de l'Église grecque et latine. L'étage supérieur formant amortissement est une sorte d'attique; nous y remarquons cette particularité que nous n'avons jamais rencontrée, dans les édifices italiens, d'un ordre central Corinthien de beaucoup plus grand dia- mètre que celui des colonnes de l'attique. Cet ordre encadre une niche avec l'image de la Vierge Immaculée, repo- sant sur un avant-corps, rachetant exactement la hauteur de la corniche de l'ordre Composite inférieur. Cette niche est soutenue par deux chapiteaux en cul-de-lampe ou consoles enrichis de feuilles d'acanthe semblables aux chapiteaux des colonnes, et qui viennent s'appuyer sur l'astragale inférieure des deux panneaux rectangulaires de l'entablement placé en dessous. Les deux petites ordonnances servant d'amortissement sont terminées par des frontons réveillés à leur point culminant par les statues de la Foi et de l'Espérance. Ces figures s'élèvent d'aplomb sur celles placées dans les niches à coquilles de l'ordonnance supérieure enrichies des statues des SS. Thadée et Darthélemy. L'ordre central, de plus grand diamétre, supporte finalement un fronton interrompu, timbré d'un écusson aux armes du prince-évéque Corneille de Berghes, avec la devise pEvs vorvrr, placée sous le piédestal d'une figure de la Charité. Les ailerons « falbalascés » du fronton sont soutenus par des consoles à volute terminale taillée en rosette et à champ cannelé d'une forme assez archaique. La collection de dessins originaux de feu M. Kaieman , conseiller à la Cour de cassation à Bruxelles, renfermait un dessin géométral (au bistre rehaussé de lavis à l'enere de Chine), de ce portail. Les figures étaient particulière- ment soignées et pittoresquement rendues. Ce dessin était signé au bas sous une échelle « modulaire » L. LomBarD 4555. La variante la plus importante se remarquait aux füts des colonnes, historiées d'arabesques au tiers infé- rieur de leur élévation. Quelque raison économique aura sans doute provoqué leur suppression dans l'édifice existant. Le portail de Lambert Lombard précise dans une construction monumen- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 149 lale l'influence italienne pure et non déguisée par des tendances hispano-fla- mandes. Elle se rattache done à certains Ares de triomphe de Pierre van Aelst et aux compositions architecturales exécutées par Otho Vænius pour les Entrées de l'archiduc Ernest et d'Albert et Isabelle, cinquante ans plus tard. L'autel à droite du chœur de la méme église, dedié à saint André, exécuté sur les dessins de notre artiste, d’après une tradition amplement justifiée par l'examen des éléments typiques, offre des particularités de style qui méritent d’être sérieusement étudiées. L'ordonnance est Dorique et comporte deux colonnes sans piédestal et deux pourvues de ce support. La différence de module produite par cette donnée volontaire de la part de l'architecte est assez bizarre. Les premiers maitres de la Renaissance se permettaient ces licences, bien excusables alors que les règles classiques n'avaient point encore été nettement formulées. On en peut faire une application frappante aux motifs du Palais Giraud à Rome, construite par Bramante en 1506, pour le cardinal Adrien de Corneto. Nous avons déjà fait remarquer, à propos de la partie supérieure du Portail de l'église St-Jacques, cette propension de Lambert Lombard à se servir pour l'achitecture classique du principe ogival de « l’intersécance », (familier aux combinaisons eurythmiques de l'art oriental), pour rompre la Symétrie cadencée des membres d'une ordonnance en y jetant un réveillon brillant ou note dominante. L'architecte de l'Autel de saint André, pour s'étre donné cette difficulté à plaisir, l'a surmontée adroitement dans la frise ornée de triglyphes (qui doivent être de même largeur) en rachetant la différence sur l’espace com- pris entre le bord extérieur de ceux-ci et le nu du retour de la frise. Les métopes sont occupées par des bucrânes (celui du centre est enlacé de vitte) alternant avec des peltes ou boucliers d'amazone. A part les gouttes sous les triglyphes remplacées par un amortissement créé par la fantaisie de l'artiste, cet ordre Dorique se rapproche fort des proportions de Vitruve, yphes centraux sont rem- légèrement modifiées d’après Alberti. Les deux trig placés par des consoles supportant la statue de saint André, dont le piédestal est assez caractéristique. Tome XXXIX. 20 Autel de St S Liége André dans St-Jacques à 150 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Dans l'ordonnance inférieure, les pieds-droits ornés de « compartiments » supportent les impostes et les archivoltes décorées de trois tétes enfantines ailées chantournant les niches où sont placées les statues des prophètes Daniel et Élie. Le bas-relief central, de forme carrée, représente l'Ascension de Jésus- Christ. H est cantonné de ces deux colonnes à piédestal dont nous avons parlé. Les socles des piédestaux et la predella qu'ils enferment sont ornés, les premiers des figures de saint Luc et de saint Marc, et la seconde de la scéne de la Pentecóte. Les deux colonnes doriques extérieures sans piédestaux (qui mettent en relief la partie centrale par l'opposition de la différence d'échelle modu- laire) supportent deux fragments de fronton à « direction inversée » , motif singulièrement affectionné par Alessi, Rubens, Pozzo et Galli Bibbiena, et que l’on est quelque peu surpris de voir mis en œuvre dans la première moitié du XVI: siècle. Deux figures de femmes, d'attribution douteuse, sont assises sur ces tronçons. La partie supérieure de l'Autel de saint André est une sorte d'attique, remarquable par ses pilastres arabesques du genre italien et par les petits bas-reliefs qui le décorent. Deux séraphins cantonnent la niche du saint patron ; l'espace carré compris entre les séraphins et les pilastres est historié de chaque cóté par un bas-relief représentant : à droite, la Résurrection ; à gauche, l’Incrédulité de saint Thomas. Deux culs-de-lampe surmontent les pilastres et semblent destinés à rece- voir un vase ou une slatue aujourd'hui disparus. L'amorlissement central est assez fantastique : c'est un tympan semi-cir- culaire, orné d'une table ou se voit sculptée l'image du saint Esprit supportée par deux consoles à griffes de lion surmontées de chapitaux « phrygiens » ou ioniques. Cet amortissement se relie à l'ordre aime par des consoles d'une simplicité un peu naive. Des éléments, autres que ceux dont le maitre s'est servi pour son portail, et que l'on retrouve dans l'étoffage de plusieurs de ses tableaux ou dessins; se remarquent dans la conception architecturale que nous venons de décrire. Cerlaines particularités de style, qui s'épanouiront plus tard dans les SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 151 œuvres de Floris, commencent à poindre dans l'autel de saint André; cet élève favori de Lambert Lombard y aurait-t-il collaboré? En 1548, dix ans avant d'ériger son Portail de l'église St-Jacques, notre jr rote a artiste fit exécuter sur ses plans, pour un noble hollandais, chanoine de S'-Lambert, écolàtre de la cathédrale, nommé Jean Ooms, de Wijngarde, un hótel considérable qui, au dire de l'auteur anonyme du manuscrit du XVII* siécle cité par le baron de Villenfagne, « etait la plus grande maison » que l'on ait veüe à Liége. » La facade était décorée des ordres corinthien et composite superposés. Une sorte d'attique au-dessus de la corniche por- tait un cartouche aux armoiries du propriétaire. L'édifice obtint un si grand succès par la nouveauté de son aspect « à l'antique » que l'on regrella que le Palais épiscopal eût été élevé en style ogival. Cet engouement, que nous relevons dans des témoignages contemporains, constitue un résultat métaphysique, important à constater comme fait pro- bant, dans la question qui fait l'objet de ce travail. L'hótel de Wijngarde était la construction la plus voisine du beau portail de l'ancienne cathédrale de Liége, qui formait l'angle de la rue conduisant autrefois à l'église collégiale de St-Pierre aujourd'hui démolie, Notre collection renferme une demi-douzaine de gravures du XVII* et du XVIIIe siècle, représentant la cathédrale de S'-Lambert, mais toutes sans exception montrent l'édifice isolé. On admirait encore, en 1829, l'élégance et la richesse de cette facade malheureusement disparue. Nous n'avons pu trouver nulle part une gravure, un dessin, une description, ou méme quelque vieux liégeois qui püt nous fournir avec précision quelques détails techniques sur son ordonnance. La tradition lui attribue encore les plans d'une villa spacieuse richement T MN ornementée, existant encore aujourd'hui en partie rue Haute-Sauveniére à Liége, bâtie pour le Vicaire général Liévin van der Beeke, poëte de talent, mieux connu sous le nom latinisé de Torrentius. Abraham Ortelius (auquel Goltzius dédia la vie de Lombard), dans son /tinerarium, publié en collabo- ration avec J. Vivian, en 1584, en parle dans les termes suivants : « Cuius quidem rei vel sole fidem faciant pulchrae ædes quas Dnus Læ- » vinus Torrentius vir eximius, et nostro hoc seculo lyrici princeps car- Influence de L. Lom bard sur l'art con- temporain aux Pays- Bas. 152 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » minis, suo sumptu extruxit, in quibus ut loco ab omni ex parte aperto, » qus ad salubritatem requiritur, adiutus : ita singulas earum partes congrué » disponendo (ut in eo Lamberti Lombardi pictoris qnondam et philosophi » celeberrimi inter Eburones, felicem in architectura manum agnoscas) sin- » gulisq. sua aptando ornamenta est adsequutus , ut his amenius nihil esse » possit, nee quamvis non ita amplo in spatio laxitatem desideres. » Architecte, numismate, antiquaire et poéte, Lambert Lombard était encore excellent peintre. Nous avons vu de lui l'Adoration des Bergers à la Galerie du Belvédère à Vienne, la Déposition de la croix à la National Galery de Londres, la Nativité à l'Hospice de Bavière et le Martyre de sainte Barbe à la collégiale de S'-Barthélemy, à Liége. Trois Cènes, la première sur l'Autel de l'Hospice des femmes aliénées de S'-Agate au Mont-Cornillon à Liége, la seconde, peinte en 1530, au Musée de cette ville (où se voient encore le Sacri- fice de l'Agneau Pascal et la Téte du « fol Filoguet » le flüteur, provenant de la collection de l'un des descendants de l'artiste, le docteur Lombard), la troisiéme (répétition avec variantes dans les accessoires de la précédente), au Musée de Bruxelles, portant la date de 1531. Les tendances italiennes de toutes ces peintures sont fort remarquables; la Cène de Bruxelles nous offre un intérét tout particulier à cause du « fenes- trage» du fond, orné de vitraux en arabesques , azur et or, d'une légèreté et d'un goüt exquis. Des médaillons représentant Adam el Eve sous l'arbre de la science et les mémes personnages chassés du Paradis terrestre en forment les motifs centraux. Le chef-d'œuvre du maitre était le triptyque-retable de ce maitre-autel de la cathédrale de S'-Lambert. Lors de la démolition de cet édifice par les Républicains francais il fut vendu à l'encan et aliéné à vil prix. Nous connaissons vingt-six compositions de Lombard reproduites par la gravure par H. Cock, L. Suavius, A. Goltzius, etc. L'influence de Lambert Lombard sur l'école des Pays-Bas fut considé- rable. Il dessinait à la fois des cartons pour les tapissiers et les verriers, des patrons pour les orfévres, des modèles pour les sculpteurs et livrait ses tableaux au burin des graveurs. Cette influence se continua grâce aux nom- breux éléves qui se formérent à son atelier. Plusieurs d'entre eux acquirent une juste célébrité; tels furent Hubert Goltzius, les fréres Floris et Guillaume SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. Keij; nous y ajouterons Jean delle Ramege ou Ramey, dont beaucoup de peintures passent pour des œuvres de Lombard (il fut appelé à Paris pour contribuer à la décoration du palais du Luxembourg et y travaillait en méme temps que Rubens); Pierre de Four dit Salzea, Henri d'Esseneux , Lambert Pietkin et Nicolas Pesser, artistes estimables dont la renommée n'est point sortie de la Principauté de Liége. On ignora longtemps la date de la mort de Lambert Lombard : d’après un portrait publié par Théodore Galle, l'artiste mourut à einquante-neuf ans. Chapeauville (t. HI, p. 124), à la fin des événements de 1356 écrit : « Moritur Leodii, hoc tempore Lambertus Lombardus pictor percelebris qui » ultra artem pietoriam architectus quoque fuit præstantissimus, ac simul » peritissimorum pictorum magister. » Voici l'inseription gravée au bas de l'effigie du grand maitre liégeois : floruit et obijt apud Leodienses. Anno 1566. Abry nous apprend qu'il fut enterré dans l'église de l'Hôpital du Petit S'-Jac- ques. Herman de Wachtendonck a ajouté en note : « 1566 in Augusto. » Lambert Lombard eut de ses trois femmes plusieurs filles qui, presque toutes, épousèrent des liégeois cultivant les beaux-arts et se fixèrent sans exception hors de la porte d'Avroy, quartier indépendant de la ville de Liége. Ce qui explique cette particularité, c'est que, vers la fin de sa vie, Lombard fut pourvu du Greffe de la Cour de justice de ce quartier. On en trouve la preuve aux registres de cette Cour, malheureusement mutilés, ce qui rend impossible de fixer d’après un acte authentique le jour précis où finit sa car- riére, La belle collection de médailles qu'il avait conservée (preuve matérielle que ses ressources ne devaient pas être si précaires) provenant presque toute entiére de dons de ses amis et de ses protecteurs , fut acquise aprés son décès par l'empereur Rodolphe pour le cabinet de Vienne. Lambert Lombard vécut et mourut dans une digne médiocrité et ne voulut jamais compromettre son indépendance en se mettant au service d'un prince. Son portrait peint par lui-méme nous le montre vétu d'un maigre pour- Point, la barbe et les cheveux incultes. Cette originale physionomie wallonne émergeant d'un ample col rabattu constitue un type à la fois honnête et fier qui ne s'efface jamais de la mémoire. 154 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, crc. Excellent architecte, grand peintre, bon mathématicien « perspecteur » et géomètre, savant antiquaire, numismate érudit, philosophe platonicien et poëte élégant, le liégeois Lambert Lombard est une des plus nobles et des plus dignes figures d'artistes qu'offre à l'admiration jalouse de la postérité cet incomparable seizième siècle, si fécond en libres caractères et en aptitudes extraordinaires. Un témoignage bien précieux, celui de Lodovico Guicciardini (Descrit- lione, etc. In Anversa appreso G. Silvio, 1568), nous prouve que la répu- tation d'habile architecte du maitre liégeois était universellement établie parmi ses contemporains : « Lamberto Lombardo di Liege huomo degno, litterato, e di gran' iudi- » cio : e non solo eccellente pittore, ma anche GRANDE ARCHITETTORE.. .. .. » Dans la bouche du patricio fiorentino élevé au milieu des chefs-d’œuvre d'architecture de la Florence de Laurent le Magnifique, pareil éloge acquiert une importance capitale. Neuf ans plus tard, Vredeman De Vries, dans le texte relatif à « l'Ordre corinthien » du célébre Traité d'architecture (A511) que nous analyserons au chapitre suivant, s'exprimait en ces termes : « Nous trouvons aussi en aucuns endroits de nostre Pais-Bas, aux Eglises » Modernes auleuns Portails, ou Frontis embellis et enrichis, soit aux costez » sur l'ouvrage des croix, ou dessoubs les tours, aussi bien aux eglises » modernes, des portails antiques, come iay veu une A LIÈGE A L'EGLISE » S. lacours en une abbaye, faicte de pierre dure, et bien enrichie, ce que » me plaisoit bie et avoit bonne ordonnance. » Nous ne pouvons mieux terminer cette notice sur l'architecte du Portail de l'église S'-Jaeques à Liége que par le jugement qu'en porte Lampsonius : « Lambertus Lombardus, Gregorii filius; Leodii Eburonum urbe primaria » nalus, pictor, atque ARGHITECTUS INSIGNIS, ac Belgarum omnium unus in » utroque genere, mea quidem sententia, AD HANC DIEM FACILE PRINCEPS. » CHAPITRE IV. L'architecture de la Renaissance aux Pays-Bas durant la période italo-flamande, 1550-1600. Nous abordons actuellement la partie de ce travail à la fois la plus atta- chante et la plus digne d’être étudiée au point de vue de l'histoire de l'art aux Pays-Bas. Si les quarante années de guerres civiles et de dissensions religieuses, nées de l'introduction des doctrines de la Réforme ne venaient pas jeter un crêpe funèbre sur cette brillante période de l'École flamande qui commença avec le règne de Philippe II et alla jusqu'à la guerre de la Succession, jamais, à part l'Italie, aucune nation n'aurait compté tant de gloire artistique en l'es- pace d'un siècle et demi. Nous avouons avoir écrit ce chapitre et ceux qui le suivent immédiatement avec l'enthousiasme d’un véritable amour filial uni à un juste sentiment de fierté flamande. Dès la seconde moitié de XVIe siècle, le grand souffle inspi- rateur du Cinque-cento italien envahit les Pays-Bas, illumina notre école et fit déborder dans toutes les œuvres artistiques des torrents de séve. Dès lors, là verve inépuisable du génie d'une pléiade de maitres erée à l'envi des compositions originales sur le magnifique théme inspiré des formes harmo- nieuses de l'antiquité. Jamais, depuis l'époque ogivale, l'art architectural ne revétit aux Pays- Bas une si incontestable originalité et des qualités si puissantes qu'à partir du Milieu du XVI: siècle jusqu'au second tiers du XVIIe. Si notre moderne école d'architecture, au lieu de se trainer sottement à la remorque de la mode parisienne, voulait, comme l'entreprit aprés 1830 Notre école de peinture, se retremper aux grandes traditions de l'art flamand; Brillante période artistique aux Pays-Bas Qualités originales de l'ar architectural flamand, Floris et Vredeman De Vries. Lambert van Noort, ete. Hans van der Straeten (Stradanus). 1530-1605. 156 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE c'est dans l'étude approfondie des œuvres de Vredeman De Vries et de Rubens, et dans la combinaison de leurs génies décoratifs qu’elle pourrait rencontrer les éléments nécessaires à la résurrection et à l'épanouissement de l'architecture néo-flamande au XIX* siècle, du STYLE LÉOPOLD 11. Nous avons vu que, dans quelques-uns des Ares de triomphe élevés à Anvers à l'occasion de la Joyeuse Entrée de l'infant Philippe, Pierre Coecke s'était affranchi de l'imitation servile du genre italien et avait su réveiller la monotonie des compositions classiques imitées de Serlio par les motifs indi- génes éclos de son facile et plantureux crayon. A Coecke revient l'honneur d'avoir intronisé aux Pays-Bas les premiers yle italo-flamand, dont les « compartiments » devinrent par exemples de excellence la note caractéristique et figurative. Ce genre fit fureur jusqu'à l'avénement du style « Rubenien » et il compta parmi ses adeptes des maîtres de génie comme Corneille Floris et son digne émule Hans Vredeman De Vries. Ces deux artistes furent véritablement des chefs d'école; à leurs côtés viennent se ranger toute une légion d'artistes. Citons d'abord Lambert van Noort d'Amersfoort, le père du maitre de Rubens que Guicciardin qualifie « Pittore et architettore grande » Jacques van Berghen, Antoine Mockaert, Jean de Heere, Thomas Voor, Guillaume Paludanus, tous « escholiers de Vitruvius » dont Vredeman De Vries ne parlait qu'avec estime et citait les noms avec éloge dans ses livres d'architecture. Aprés eux, mentionnons Théodore de Bry, Corneille Bus ou Bos, Pierre de Miryeinis, Henri de Pas, l'architecte de la Bourse de Londres, Crispin de Pas, l'auteur de la « Bouticque de Menuiserie, » digne émule du Frison dans ses meubles si décoratifs de la Renaissance flamande. Puis viennent les sculp- teurs Hans de Nole, Mathieu Mattens, Pierre le Poyvre, Henri Morris et Abraham Hideux. Puis encore Jean Gilgho, l'auteur de la colonne de Culen- bourg, et Paul Luydinex qui dirigea la construction et plus tard la restaura- tion de l'hótel de ville d'Anvers. Accordons un rang distingué à Hans van der Straten (Stradanus), né à Bruges en 1530, qui traduisit d'un crayon gouailleur dans ses Nova REPERTA l'éloge du bois de Gaiac d'Ulrich von Hutten; fit de nombreux cartons pour SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 157 l'Arazzeria Medicea , travailla avec Vasari et mourut le 3 novembre 1605, laissant deux fils, artistes médiocres. Sadeleer a gravé la grande fontaine érigée d'aprés ses dessins sur l'une des places de Florence; Ph. Galle repro- duisit sur cuivre en 1576 ses peintures de la villa Cajano. Notons spécialement Conrad de Nurenberg, l'auteur de jubé de Bois-le- Duc, les frères Wouter et Dirck Crabbeth, Lambert van Oort et Joachim Uytewael, auteurs des vitraux de Gouda. Joignons-y encore les maîtres gra- veurs Jacques Floris, Théodore Galle, Hondius père et fils, Clément Perret, Pierre van der Borcht, Collaert, Miricenys et Adrien de St-Hubert. A cette brillante série d'artistes, ajoutons enfin Otho Vænius, le dernier des maitres italo-flamands de la première période dont nous allons essayer de mettre en lumiére les tendances, le talent et les ceuvres architecturales. Si le professeur de Rubens vit clore avec lui la liste des virtuosi commencée à Pierre d'Alost, il eut la satisfaction d'avoir eu pour éléve le promoteur de la nouvelle école architecturale qui fleurit glorieusement aux Pays-Bas pen- dant plus d'un siécle. La première mention parmi les architectes de l'époque italo - flamande appartient si incontestablement à Vredeman De Vries que l'idée d'attribuer cette priorité à un autre ne nous serait pas méme venue à l'esprit si dans son Livre des ordres il n'avait décerné lui-même la palme de l'architecture aux Pays-Bas à « maitre Corneille Floris à Liége, » en le déclarant « au-dessus de tous les artistes de son temps » (super alii). Nous conserverons done au maitre anversois le rang que lui décernait, avec tant de désintéressement et de modestie, un rival qui lui-même était un grand architecte, Corneille De Vriendt, surnommé Floris (à cause du nom de son grand- pére Floris De Vriendt, juré du métier des « Quatre couronnés, » en 1476), naquit à Anvers, en 1518; il était fils du tailleur de pierres et architecte Corneille Floris le vieux et de Marguerite Goos, frère de Jacques, ornema- nisle-graveur et artiste verrier, de Jean le peintre céramiste, cité par Vasari, et de Frans le Nederlandsche Raphaël. 1 fut ainsi que son frère disciple de Lambert Lombard, fit le voyage d'Italie, y étudia la sculpture et l'architec- "ure, et appliqua plus tard à l'étage supérieur de l'Hôtel de ville d'Anvers les Tome XXXIX. 21 Corneille De Vriendt dit Floris, 1518-1575 Atelier de Frans Floris à Anvers, 1563. 158 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Loggia ou portiques ouverts qu'il avait admirées aux palais de Rome, de Flo- rence, de Gênes et aux casins des bords dela Brenta. En 1563, Corneille Floris fournit les plans de la maison et de l'atelier de son frère Frans, à Anvers. Cette construction, qui a malheureusement perdu son caractère et son ornementation, existe encore rue d'Arenberg; elle servit fort longtemps de Loge maconnique. Frans Floris, au dire de van Mander, engagea dans cette construction tout son avoir, le prix de sa vieille propriété, place de Meir (qu'il avait vendue pour plaire à sa femme) et finalement un dépôt de cinq mille florins qu'il avait chez le banquier Schets. On doit à messire Jean-Baptiste della Faille, bourgmestre d'Anvers, en 1689, la conservation. d'un dessin de ce spécimen remarquable de l'art italo-flamand de la seconde moitié du XVI: siècle. Il mérite d’être étudié en détail au point de vue des prédilections italiennes de la lignée artistique des De Vriendt. La masse de l'habitation se composait d'un rez-de-chaussée et d'un bel étage. Le rez-de-chaussée était couronné d'un entablement d'ordre dorique mutulaire; le porche principal en avant-corps , seul décoré de deux colonnes répondant à des pilastres, n'était pas placé au milieu de la facade; cette dernière comptait trois niches à gauche et quatre à droite. Le rez-de- chaussée était percé de deux autres portes accessoires, l'une cochére, cintrée et à corniche se voyait à droite, celle de gauche n'était qu'un simple guichet. Des fenêtres grillées et des lucarnes occupaient les trumeaux d'intervalle des portes. Sous l'architrave de l'entablement, décoré de triglyphes, se voyaient quatre médaillons en œil-de-bœuf réunis par des festons de fleurs et de fruits ratta- chés à des mufles de lion; toute cette décoration était peinte. L'avant-corps à porche qui ne formait pas balcon était décoré de deux socles portant des vases; à droite de cette principale porte de l'habitation, on remar- quait le traditionnel et hospitalier bane de pierre à l'usage des passants. Le bel étage était d'ordre ionique antique quant aux chapiteaux ; mais la corniche à modillons était empruntée aux entablements de Palladio et Sca- mozzi. Sept pilastres, accompagnés d'autant de niches peintes, ornées de sta- tues allégoriques, présentaient une singulière licence. Ces pilastres soutenant SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 159 l'entablement s'étendaient pour présenter sous le chapiteau élargi, conser- vant ses volutes aux angles, un champ ou méplat suffisant pour y prati- quer deux fenêtres doubles à croisées de pierres et trois fenêtres simples en rectangle allongé. Ces fenêtres étaient fermées, dans leur partie inférieure, par des volets à pentures apparentes. De cette singuliére combinaison, il résultait qu'il n'y avait véritablement que les pilastres d'angle de la facade qui eussent les pro- portions modulaires exigées par Vitruve et ses continuateurs. La fenétre ouvrant sur le balcon avait été murée à dessein : Frans Floris y peignit un grand panneau encadré où il se représenta lui-même, dans son atelier, entouré des personnifications mythologiques des beaux-arts. Dans les niches , il avait placé les emblèmes des qualités et des connaissances nécessaires au véritable artiste; l'Assiduité, la Pratique, la Poésie, l'Archi- tecture, l'Activité, l'Expérience et l'Industrie. Une plaque de marbre, portant inseription, était placée au-dessous de chaque niche. Tout l'espace compris entre les niches et les fenêtres semblait maconné en « appareil réticulé » à la Romaine, comme les murs du Palais de Tibére sur le Palatin. Aidé, sans doute, de son inséparable ami, Ryckaert-metter-Stelten, qui partageait ses prédilections et n'avait point de rival pour les nus, Floris réussit à ordonner sa demeure flamande dans le goût hispano-italien. Il introduisit le premier, dans sa ville natale, les sgra/fiti niellés et la décora- lion peinte de la Via Maggia et du Borgo San Croce, à Florence ; l'architec- ture simulée et les bas-reliefs en trompe-l'eeil. des casas de Tolède et de Grenade. Les fresques du palazzo Spada (Piazza Capo di férro, à Rome) présentent des niches peintes identiques à celles de la facade de la Floris Siraet, Les peintures en grisaille du palais Via Giulia, également à Rome, rappellent tout à fait l'aspect pittoresque de la demeure du peintre anversois. On ne sait quels procédés avait employés Floris; dans tous les cas, cette peinture se maintint plus d'un siècle bien qu'exposée aux brises salines du voisinage de la mer du Nord. Frans Floris laissa deux fils peintres, Jean- Baptiste, assassiné à Bruxelles par les Espagnols, et Frans, qui s'établit à Rome et y conquit une juste renommée. 1l mourut à Anvers, le 4% octobre 1570, et fut enterré, trois jours plus tard, au cimetière des Récollets, Hôtel de ville d'Anvers, 1561-1565. Maison des Oosterlin- gen. 1565-1568. 160 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le prineipal titre de gloire de Corneille Floris reste sans contredit la construction de l'Hótel de ville d'Anvers, avec la Maison des Oosterlingen (5 mai 1565-1568), le plus considérable de nos monuments civils con- struits dans le style de la Renaissance. La première pierre en fut posée le 27 février 1561; l'édifice était entièrement achevé en 1565, et ce fut Paul Luydinex qui en dirigea la construction. Ces deux édifices furent exécutés pendant la période relativement prospére du régne de Philippe II qui com- mence à la paix de Cateau-Cambrésis et finit aux ravages des Gueux. L'œuvre architecturale, due à la collaboration de Floris et de Luydinex, présente un rectangle isolé, pourvu d'un avant-corps trés-saillant à la face regardant le Marché. Les deux ailes de la facade, à cóté de l'avant-corps, sont assez simples, et se composent (à partir d'un soubassement travaillé en rustiques et pointes de diamant, percé de neuf arcades à claveaux et clés saillantes) d'une double ordonnance dorique mutulaire et ionique, à modil- lons du genre Palladio, et par-dessus, d'un attique en retrait, formant jus- qu'au nu de la façade, un portique ouvert ou Loggia. Les pilastres composites à consoles, qui soutiennent l'entablement sous les chéneaux de la toiture, rappellent un motif fort usité aux portiques espagnols construits en style mudejar, et particuliérement au Pat?o de la Casa de los Mirandas, à Burgos, dont il a déjà été question dans ce travail. L'entablement qui couronne cette Loggia est décoré de corbeaux très- saillants supportant l'avancée du toit et formant presque auvent. La partie centrale en avant-corps est de loin la plus intéressante, et par l'heureux mélange des pierres blanches et bleues, du marbre rouge veiné, des dorures et des polychromies héraldiques, elle possède un incontestable cachet d'originalité et d'attrayantes qualités pittoresques. Au-dessus du soubassement rustique s'étayent successivement les cinq ordres d'architecture, terminés par un ordre de Télamons ou Caryatides. Le premier et le deuxième étage, offrent les ordres dorique mutulaire et ionique à modillons-consoles. Trois fenêtres semi-circulaires , avec archivolte et clé, accompagnent des colonnes accouplées encadrant des niches en cul-de-four, sous le prolongement de l'imposte et des tables d'architecture au-dessus. Le stylobate ressautant au droit de chaque colonne pour former piédestal, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 161 comme aux arénes de Nimes, est évidé sous les fenétres et garni de balustres. Le troisième étage n'a point de croisées : il présente un avant-corps enfermé, de chaque côté, par deux colonnes corinthiennes encadrant des niches surmontées de médaillons. Le champ quadrangulaire formé par l'entre-colonnement central est décoré des armoiries pleines de l'Espagne entourées du collier de la Toison d'or. Les deux trumeaux formant l'extré- mité de la façade de cet étage n'ont point de colonnes engagées comme aux étages inférieurs; le champ-parois tout uni est décoré à droite d'un écu aux armes du duché de Brabant et à gauche d'un autre écu portant le château et les mains coupées des emblèmes d'Anvers au chef cousu de l'Empire. Entre ces trumeaux décorés d'armoiries et les colonnes, aux deux cótés du champ quadrangulaire, se voient deux grandes niches abritrant, à droite, la figure de la Justice, à gauche, celle de la Prudence; l'entablement est pourvu de modillons. Au-dessus de celte ordonnance corinthienne commence un gable ou pignon flamand divisé en deux étages. L'étage inférieur, d'ordre composite, présente au centre une logette encadrée d'un chambranle en archivolte, renfermant jadis une statue d'Antigon coupe-mains, de nos jours une Vierge portée sur le croissant. Aux deux côtés de ce motif et enfermées par des colonnes engagées, se voient deux niches plus petites surmontées d'un oculus ou médaillon. La différence de largeur de cette ordonnance avec celle qui lui est immé- diatement inférieure est rachetée par les figures d'un Centaure et d'un Tri- ton, armées de massues. Les angles extrêmes sont terminés par de petits dés surmontés d'un obélisque en pyramide quadrangulaire portant un amor- tissement en forme de globe. Ces monolithes « pharaoniques » sont une rémi- niscence trop évidente de ceux dont Sansovino couronna, en 1536, la balustrade de la vieille Bibliothèque de S'-Marc à Venise pour que nous ne relevions pas spécialement son origine italienne. Le dernier étage, formant l'angle aigu du gable, se compose d'un simple Portique d'ordre « caryate, » dont l’archivolte encadre une fenêtre pleine à sa partie semi-circulaire, divisée sous l'imposte en deux compartiments par de Imitations de l'œuvre loris : 1° Hôtel de ville de Flessingue. Pauweis Moreelse d'Utrecbt. 1571 1658. 162 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE un montant de pierre; l'arcade est fermée à sa partie inférieure par un rang de balustres. Le type de ces Télamons rappelle les compositions du livre des « Termes ou Athlantides » de Vredeman , publié chez Gerard de Jode et dont nous parlerons plus loin. L'angle, resté béant par le retrait de cette ordonnance sur celle qui lui est immédiatement inférieure, est racheté par deux griffons ailés en ronde-bosse. Le dernier édicule est surmonté d'un fronton, sur le tympan duquel on lisait la date de 1565, inserite sur un cartouche flamand, de forme ovale allongée. L'aerotére en amortissement du fronton est terminé par l'aigle de l'Em- pire, au vol éployé : figure héraldique qui se répéte encore aux deux extré- mités de la toiture, laquelle est percée de quatorze lucarnes aux volets dorés comme à l'Hótel de ville d'Audenarde. Les tuyaux de cheminée étaient décorés à leur sortie du toit. Toutes les colonnes de ces quatre étages, ainsi que les obélisques, sont en marbre de couleur. Guieciardin, dans sa Des- cription des Pays-Bas, publiée deux ans après l'achévement de l'édifice, en donne une eau-forte par Martin Peeters (Martinus Petrus in insigni aurei frontis prope novà borsam). Nous y remarquons deux Campaniles à toitures pyriformes qui ont disparu de nos jours. L'auteur italien ne marchande pas son admiration pour cette ceuvre d'architecture flamande pas plus qu'il ne passe sous silence la Maison des Oosterlingen : « Ma sopra tutti questi edi- » ficij sara grande, bello et magnifico iL FONDACO DE GLI OSTARLINI, posto » nobilmente fra due canali nella nuova villa, il quale mentre che io finiva » il mio volume, edificava gagliardamente con degnissima mostra e appa- » renza. [n somma non ci mancava altro, che mi PALAZZO PER LA SIGNORIA, » conveniente a tenta Republica , e corrispondente alle altre parti, il quale » hanno fato poi suntuosissimo, capace, e degno, talche tutto computato » costera presso a cento mila scudi. » Le mérite d'une telle conception devait faire école, aussi fut-elle imitée aux Hótels de ville de Flessingue (1594) et de Leijden (1599), sur une moindre échelle et avec quelques changements que nous ferons ressortir. En 1594, aprés la démolition du couvent des Carmes, le magistrat de Flessingue fit construire un nouvel Hôtel de ville, par l'architecte Pauwels Moreelse d'Utrecht, jeune artiste de talent, qui venait d'accomplir le pèle- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. rinage d'Italie et qui mérita encore une certaine réputation comme portrai- liste. L'ensemble de cette composition, et surtout le frontispice, témoignent d'une intention formelle de reproduire les lignes et les motifs principaux de l'œuvre de Corneille De. Vriendt. Signalons cependant l'absence de la Loggia et l'heureuse idée de Moreelse de terminer son édifice par deux empâtements décorés de niches, qui soutiennent mieux les angles du bâtiment que le simple et maigre pilastre en retour d'équerre des grandes ailes de l'Hôtel de ville d'Anvers. Par cette intelligente correction, Moreels rachète les emprunts, un peu criards, mais probablement obligés faits à l'œuvre de l'architecte anversois. Moins étendu que l'édifice qui lui a servi de type, il ne comptait que cinq fenêtres aux deux côtés de l'avant-corps. Le rez-de-chaussée, également à rustiques ou bossages, percé d'arcades, portant un mascaron à la clef de Voie, offre un perron à double rampe conduisant à là porte principale, dont les socles de la balustrade sont décorés de têtes de lion. L'ordonnance du premier et du second élage se compose des ordres dorique mutulaire et ionique superposés. Les arcades de portiques avec impostes et archivoltes Sont séparées par des colonnes engagées à l'avant-corps. Aux ailes, des Pilastres encadrent des fenêtres carrées bordées de chambranles. Au premier élage, de la partie centrale seulement, on voit des balustres aux appuis des Croisées, L'ordre supérieur ionique de l'avant-corps est assez orné; les colonnes sont cannelées au tiers et la frise est enrichie de festons se reliant * des mufles de lion au droit des colonnes. L'ordonnance du gable est fort jolie; elle offre, dans son ensemble, les ordres Corinthien, composite et caryate superposés. La partie inférieure du Pignon est formée par quatre colonnes engagées, cannelées au tiers et enca- drant des niches avec doubles tables aux extrémités; un cadran solaire Surmonté d'une horloge, insérés dans une arcade avec archivolte et IMmpostes occupe la partie centrale. La partie médiane présente, entre deux colonnes composites, les armoiries de la ville accostées de tritons portés sur des dauphins et de quatre obélisques ou pyramides, dont deux de petite dimension. Les socles, au droit des colonnes, sont décorés de mufles de lion, le tout repose sur un stylobate continu. La partie supérieure du Imitations de l'œuvre de Floris 2 Hôtel de ville de Leijde. 1599 L'Hôtel de ville restauré après la Furie espagnole Pauwels Luydinex. 15,2-30 avril 1586. 164 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE gable, toujours en retraite, présente une arcade en niche soutenue par deux Termes renfermant la figure allégorique des Provinces-Unies. Les angles sont raccordés par des « chevaliers de mer » armés de boucliers; un fronton, portant une statue de la Justice, termine le tout. L’Hoofd-Portaal de l'Hôtel de ville de Leijden construit cinq ans plus tard, probablement par le méme architecte qui éleva l'Oostindische huis à Amster- dam, diminutif des précédents, ne manque ni d'originalité ni d'élégance. Un perron, dans le genre de celui de Flessingue, conduisant au bel étage, exisle à cet édifice que Pierre Post semble avoir eu en vue en bátissant plus tard l'Hôtel de ville de Maestricht. L'étage principal est décoré d'un ordre ionique cannelé. La porte circu- laire au centre est cantonnée de deux colonnes accompagnées de niches sur- montées de tables architecturales. Des pilastres supportant un entablement avec fronton triangulaire encadrent à droite et à gauche de hautes fenétres à meneaux croisés. Le gable s'élève immédiatement au-dessus. Comme aux deux édifices précédents, il offre comme réveillons de nombreux obélisques. Quatre pilas- tres en gaines forment la division inférieure, ils encadrent des œils-de-bœuf et une grande fenétre dont le baleon à balustrade porte directement sur l'entre-colonnement central. Des volutes « compartimentées » d'un goüt moins pur que les enroulements à figures de Floris et de Moreelse rachétent les ordonnances en retraite du gable d'un bon effet pyramidal. Les pignons des Hôtels de ville d'Anvers, de Flessingue et de Leijden sont précieux à éludier pour montrer le grand parti décoratif que surent tirer nos artistes de la Renaissance d'un motif inconnu aux Italiens, né de la nécessité de construire des toits aigus sous notre latitude septentrionale , et dont l'introduction en Espagne, op l'on en remarque de nombreux et riches spécimens, est due à l'influence des architectes flamands. On sait ce qu'il advint du beau morceau d'architecture élevé par Cor- neille Floris, sur le marché d'Anvers, dans la fatale nuit de la « Furie espagnole », le 4 novembre 1576. On le restaura, tel que nous le voyons encore aujourd'hui, sous la direction du même Pauwels Luydinex, de 1581 à 1582. Il avait primitivement coûté quatre cent mille florins. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 165 En 1566, Corneille Floris qui, nous le savons, était non-seulement archi- tecte, mais encore sculpteur, exécuta le magnifique portique en marbres de couleur placé devant le chœur de Notre-Dame, à Tournai , et servant d'ambon ou jubé, C'est une sorte d'arc triomphal à trois arcades retombant sur des Colonnes doriques accouplées, placées non sur un stylobate, mais sur des pié- destaux distinets. Les colonnes sont d'une espéce de marbre rouge jaspé, les Chapitaux d'albàtre et les bases de marbre noir. Cette ordonnance supporte Un petit attique de dix pilastres corinthiens encadrant des bas-reliefs; la partie centrale porte une niche en encorbellement. La statue de S'-Michel qui domine la plate-forme est moderne et n'a été posée qu'au commencement de ce siècle. Nous avons fait ressortir plus haut l'importance de cette œuvre de Floris, au point de vue de l'introduction du meuble Renaissance dans les églises ogivales. On sait aussi qu'il fut trés-souvent copié ou imité pour des Constructions similaires. Tour à tour attribué à Rumold de Dryver et à un obscur sculpteur de Léau, Jan van Houwagen, qui exécuta les Stalles de l'église S'-Léonard et présida au transport, des pierres depuis la riviére de la Petite-Gette jusqu'à l'église , le Tabernacle de Léau était regardé par les connaisseurs et les cri- "ques français comme une œuvre trop parfaite pour être attribué à n'importe quel statuaire des Pays-Bas, héritier du ciseau de Baugrant ou de van der Schelden. Cette opinion était devenue si générale, que l’un de nos écrivains, M. Eug. Gens, décrivant l'église de Léau, s'acharnait en quelque sorte à faire définitivement prévaloir cette étrange affirmation : € Nous ne dirons rien du Tabernacle, chef-d'œuvre de la Renaissance ita- lienne, morceau unique de ce genre en Belgique, et que nous croyons dù au ciseau de quelque artiste florentin de l'école de Buonarotti..... Tous les » délails de ce superbe monument, depuis les cariatides qui ornent les angles jusqu'aux moindres arabesques qui décorent les frises, sont d'une pureté de dessin, d'une élégance de contours , d'une perfection de ciseau, dont, nous le répétons, on ne retrouve les modéles qu'en Italie. Nous per- Sistons donc à croire que cet ouvrage aura été exécuté à Florence et trans- Porté pierre par pierre en Belgique, ou bien que ses donateurs auront fait venir d'Italie pour l'exécuter, quelque artiste célébre alors, et qui n'a Tome XXXIX. 22 OEuvres de sculpture de C. Floris : jubé de N.-D. à Tournai, 1566. Tabernacle de St-Lé là 1550-1 l'église Leau, 166 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » pas daigné laisser son nom sur ce monument de pierre grise, qu'il exécu- » tait dans une église ignorée d'une petite ville des Pays-Bas. Il en coüte » de l'avouer à notre amour-propre national, mais nous ne connaissons aucun artiste belge de cette époque à qui cette œuvre puisse être attri- » buée. » Grâce à M. Wauters, le savant archiviste de la ville de Bruxelles, dont les recherches, de méme que celles de MM. Éd. Fétis, Piot et Pinchart, ont jeté tant de lumière sur l'histoire de nos artistes, nous savons aujourd'hui qu'un des chefs-d'œuvre de l'art de la Renaissance en Europe, le Taber- nacle en pierre de l'église de Léau, est dù au talent collectif de sculpteur et d'architecte qui distinguait Corneille Floris et constitue sa première œuvre connue. M. Wauters a publié la minute originale de son contrat (43 aoüt 1550) rédigé en flamand et reposant aux archives de la ville de Léau. Cette piéce ne laisse subsister aucun doute : le Tabernacle fut achevé dans le délai stipulé, puisque d’après les comptes de la Fabrique il fut placé en 1552. Peu de temps aprés on y adapta une lampe et des chandeliers, œuvres de dinanterie exécutées par Jan Paus. Cette pyramide à jour n'a plus aux Pays-Bas de pendant digne d'elle depuis que la soldatesque francaise a détruit, en 1796, celle de l'église abbatiale de Tongerloo, exécutée, en style flamboyant de 1838à 1547, par Rombaut De Dryver de Malines sur les dessins de l'architecte P. Lammekens. Sanderus disait de cette œuvre : « Opus vere heroicum et quod inter miracula belgii » merito possit numerari, toto enim Belgio simile haud reperies. » DD. Mar- tène et Durand, qui sans doute n'allérent pas à Léau, aflirmaient qu'elle était «la plus belle chose que l'on puisse voir en ce genre; » pourtant, selon le rubriciste italien Cavalieri, les Pays-Bas y brillaient « præ locis ceteris. » Le Tabernacle de Léau fut exécuté aux frais de Martin van Wilre, sei- gneur d'Op-Linter, mort en 1558, et de son épouse Marie Pellepeert, décédée en 4554, comme le porte leur épitaphe placée dans le mur du transept gauche, en face de ce monument que messire Martin fit élever, dit la légende, comme expiation canonique d'un inceste perpétré sur sa fille légitime. A cette fable, M. Wauters oppose la naïve vérité : le gentilhomme neut pas d'enfant, et après lui ses biens passèrent au fils de sa sœur Cornélie, messire SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 167 Louis van der Tommen qui opéra le relief d'Op-Linter, par-devant la Cour féodale de Brabant, le 40 février 1558-1539. La masse de la tour pyramidale du Tabernacle qui, avec ses dix étages, atteint une hauteur de plus de cent pieds, est franchement empruntée aux traditions des Sacramentsschreine du style ogival. De cet échafaudage d'édicules superposés, celui qui occupe la troisième ordonnance à partir du sol est le plus remarquable, domine en encorbellement les étages inférieurs et voit s'élever en retrait les pavillons supérieurs. Cette ordonnance principale constitue le point brillant, la note dominante de l'œuvre. Elle est d'ordre corinthien sur un plan octogone, cantonné à quatre des angles d'un empàtement formé d'une niche en cul-de-four, comprise entre des faisceaux de colonnes cannelées et sculptées abritant les statues en ronde- bosse des Évangélistes. Ces niches, conçues en manière de pavillons ou zaber- nacula, sont couronnées au-dessus de l'entablement d'une lanterne évidée à jour. Formée d'arcadettes ou portiques minuscules décorés de cariatides €n gaines les mains pieusement jointes; elle se voit surmontée d'un bouquet ornemental. portant en amortissement une statuette d'une inimitable gracilité. Les niches en encorbellement reposent sur un cul-de-lampe évidé en forme de panier à fruits, motif familier à l'Ecole anversoise, qu'on retrouve aux jubés de Tournai, de Gand, d'Anvers et de Bois-le-Duc. Les colonnes qui les accompagnent reposent également sur de petits euls-de-lampe d'un. galbe charmant. Les faces de l’octogone formant voussure, d'une profondeur sous l'entablement égale aux édicules des niches, sont historiées d hauts-reliefs à dispositions scéniques empruntées au Nouveau Testament. L'ordre inférieur servant de socle à tout l'édicule est décoré de figures de vieillards drapés , et supporte le Tabernacle proprement dit, ou armarium, espéce de portique ionique cantonné de statues de femmes en caryatides , encadrant des portes en cuivre ajourées et se raccordant par des consoles d'une facile hardiesse à l'étage principal que nous venons de décrire. La haute predella au-dessus de l'archivolte porte les armoiries du Donateur ayant pour support des victoires ailées la palme à la main. Les sept pavillons supérieurs sont dans des proportions de plus en plus réduites du méme style et d'une égale richesse. Les cinq premiers appar- 168 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE tiennent à l'ordre corinthien , les füts sont cannelés et les colonnes historiées au tiers de tiges de fleurs, de lauriers ou de feuilles d'eau. Les deux derniéres ordonnances offrent un singulier mélange du sacré au profane; les termes en gaines, satyres et faunesses, joignent les mains en « orantes. » Encorbellements, culs-de-lampe, statues, bas-reliefs, frises, merveilleusement ouvragés, défient presque toute description. Prés de trois cents figures décorent ce morceau capital. Le Tabernacle est entouré d'une grille de laiton, lattoen werck, composée de balustres dans le style de la fameuse grille qui entoure le sépulere du cardinal Cisneros, à Alcala de Henares. Une cresteria la surmonte, présen- tant des chimères, des nymphes toutes nues, et des rinceaux portant les balustres à patéres des chandeliers. La grille de style Renaissance qui entoure le Tabernacle ogival de S'-Pierre, à Louvain, est d'un faire semblable à celle dont Jan Paus, a entouré l’œuvre de Floris. Le Tabernacle de Léau est un de ces monuments qui donnent l’immorta- lité à un artiste, ne connüt-on de lui que cette seule preuve de génie. Nous sommes heureux de le pouvoir joindre iei à l'euvre de Floris. Franche- ment, après l'examen attentif de ce chef-d'œuvre (où l'on entrevoyait naguère des éclairs Michelangesques), le super alii du vieux Vredeman De Vries semble n'étre qu'une stricte justice. PESCHE Corneille Floris était peintre ornemaniste; il est l'auteur. des lettrines, si pleines de verve et d'humour du Livre des Liggeren de la confrérie de St-Luc, à Anvers. Ces charmantes improvisations faites avec d'évidentes intentions satiriques portent la date de 1546. Notre artiste exécuta encore une foule de compositions reproduites par la gravure, Le cabinet des estampes de la Bibliothèque royale de Belgique pos- séde quelques cahiers intéressants de Corneille Floris ; nous mentionnerons particulièrement une suite de dessins de « Compartiments » applicables aux tapisseries de haute-lisse, probablement destinées aux fabriques de Bruxelles, d'Anvers ou d'Audenarde. Ces piéces sont datées et signées du monogramme du maitre : €. F. INVENTOR , ANNO 4554. N'oublions pas une remarquable série de Tombeaux, d'Autels et de Fontaines, et un petit recueil et douze car” touches ( Veelderleij veranderingen van grotessen ende compertementen ) gravé en 1556 et publié par Jérôme Cock le vieux. Compositions gravées. 1554-1556. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 169 Corneille de Vriendt ou Floris entra dans la gilde de St-Luc en 1539, l'année qui suivit la mort de son père, le Décanat lui fut déféré en 1547 et en 1559, il mourut à Anvers le 20 octobre 1575, et fut inhumé comme son frère au cimetière des Récollets. Il avait épousé Élisabeth Machiels, dont il eut un fils, Corneille Floris, junior, également sculpteur, qui mourut en 1615. Le père Scribanius, dans son Antwerpia, loue son talent. L'épitaphe collective de cette famille d'artistes se trouvait dans l'église collégiale de Notre-Dame à Anvers. Jacques Floris, frère de Corneille et de Frans, s’attacha particulièrement à vulgariser les types de la décoration arabesque basée sur le systéme des Compertimenta. Il composa une suite de frises et de panneaux marqués I. F., de fort bon goût et d'une variété inconcevable sous le titre : Compertimenta picloriis flosculis, elc., auctore Jacobo rLono Hier. Cock 4567, P. Mere- cinus se. En 1564 il publia une suite de treize planches intitulées : Vel- derhande aerlyke compertementen, etc., Liefrine fec. La rareté excessive des estampes des fréres Floris et l'état fatigué de celles qui nous sont parvenues, nous prouvent la vogue incontestable qui accueillit ces publications entrainant l'École flamande dans une voie nouvelle, qui devait lui procurer ce mérite sans lequel tout talent d'exécution et toute habileté d'aménagement n'est qu'aecessoire : l'originalité. Aux cahiers d'ornements des Floris, n'oublions pas de joindre ceux de Jéróme Cock, qui grava beaucoup d’après les maitres de son temps, mais publia toutefois des œuvres originales, notamment une suite de 15 ff., éditée en 1566, qui se trouve en notre possession et dont le titre porte : Compar- timentorum quod vocant mutiplex genus lepidissimis historiolis poetarum que tabulis ornatum. Rattachons au méme génie les cartouches de la Géographie d'Abraham Ortelius (1569), et principalement ceux de l'Atlas de Gérard Mercator de Rupelmonde, né dans cette ville le 4 mars 4512, décédé à Duisbourg, à quatre-vingt-deux ans, le 2 décembre 1594, qui gravait et parfois coloriait Ses cartes. Les cartouches enluminés de l'exemplaire (1578) que possède la Bibliothéque royale sont de la plus haute importance pour l'étude de la polychromie des « compartiments » de l'art flamand ; sans doute ils ont été Coloriés par Mercator lui-même ou sous sa direction. Jacques Flori: pertimenta. 45 OEuvres de l'École a Hans Vredeman dit De Vries, 1527-1605. 170 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE N'oublions pas, en terminant, les entourages destinés aux modèles calli- graphiques du bruxellois Clément Perret, imprimés en 1559; les comparti- ments dans le style de Vredeman De Vries, de Corneille Bus ou Bos, édités en 1554, et finalement ceux gravés par Jéróme Cock, publiés à Anvers en 1566, d'aprés les dessins de Pierre de Mirycinis. Hans Vredeman, surnommé De Vries ou le Frison, parce qu'il était né à Leeuwarden en 1527, résume par ses facultés multiples la personnification la plus compléte et la mieux réussie de l'esthétique nouvelle, née de l'affran- chissement de l'influence espagnole et de la réaction du pasticcio gréco- romain, qui constitue l'art de la période italo-flamande de la Renaissance. Peintre, sculpteur, architecte et poëte, ressemblant par les aptitudes extra- ordinaires de son génie, comme il leur ressemblait de visage, à Pierre Coecke et à Lambert Lombard, Vredeman le Frison fut un des artistes les mieux doués, les plus féconds et les plus originaux de son époque. Il excella dans toutes les branches qui relévent de l'architecture, et entoura toute sa vie de ses hommages et de son culte une trinité artistique, qu'il avait entrepris d'égaler « le trés-renommé Vitruvius, Serlio et l'expert Jacobus » Androuetus Cerseau. » Il le témoigne ainsi dans les vers suivants, impri- més en caractères de « civilité», en tête du texte de son « Livre d'archi- tecture » dédié au comte de Mansfeldt. Virnvvivs den experten excellente architect « heeft Rome verchiert, en Griecken is vol zijnder wercken Jaconvs ANpnovETVS ^5/jnt oock, wijt veel perfect » gheeft Elck in sijn distancie, soo men wel can mercken : SEBASTIANO SERLIO der voornaemster Vyrgvvivs clercken Den, daer hem Prerer Cock van Aelst tot refereent , Hun sciencien blijckt, aen d' Edificien Gett Palleijsen oft kercken , Dwelck hem al meest met Vrrnvvivs confirmeert, Tis een excellente Conste, dwelck sijnen meester laudeert. VALE : zijt altijd. Vredeman Vries. Vitruvius, c'était son dieu, Serlio, son maitre ; quant à «l'expert Jacobus » il l'appela tout bonnement « le Vitruve de son siècle, » dans un sonnet Ke SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 174 flamand placé en tête de l'avertissement au lecteur discret du «Livre des cinq ordres » de son ami Hans van Schille, « Ingéniaire du roy et des Estats, » imprimé à Anvers, chez Gérard de Jode, en 1575. Hans Vredeman De Vries était fils d'un « meester kleuvenier » qui servait dans l'armée de Charles-Quint sous les ordres du général Georges Schenck, de l'ancienne et noble famille de Tautenbourg, chevalier de la Toison d'or et Gouverneur de la Frise occidentale et du territoire de Groningue. Jusqu'à l’âge de dix-huit ans, il mania l'écouvillon et les gargousses de la batterie de couleuvrines dont son pére était maitre-artilleur. Ce dernier, sur les conseils de Schenck, qui avait remarqué les grandes dispositions de son fils pour les beaux-arts, lui permit de s'adonner à la peinture. Hans Vre- deman alla done fréquenter pendant cinq ans l'atelier de Reijnier Gerritsz à Amsterdam , dans l'intention d'exercer l'art. d' « Appréteur » peintre verrier. En 1548 il passa dans celui de Pierre d'Alost, qui lui apprit l'architec- ture et le perfectionna dans l'art du dessin et des mathématiques, dont son pére, trés-expert en balistique, lui avait donné les premiéres lecons. Comme élève de Pierre d'Alost, Vredeman De Vries contribua à la confection des célèbres Ares de triomphe de l'enwée de Philippe H en 4549. Il en imita plus tard les motifs « à compartiments » dans ceux que l'on éleva en l'année 1582, pour l'inauguration de François de Valois due d'Alencon et dont la direction lui fut confiée par le magistrat d'Anvers, Nous les décrirons plus loin. On peut constater que bon nombre de motifs typiques de Pierre Coecke Ont été intelligemment interprétés et développés par Vredeman De Vries dans ses nombreuses compositions reproduites par la gravure. Pierre Coecke étant mort en l'année 4550 à Bruxelles, De Vries partit pour Utrecht où il espérait des protections et des encouragements de la part de l'évêque. Pour expliquer cette démarche, nous devons dire que Frédérie Schenck, né en 1503, fils de Georges, qui fut docteur à dix-sept ans et Conseiller privé de Charles-Quint à vingt-deux, avait en 1536 embrassé l’état ecclésiastique. Prévôt de l'église S'-Pierre à Utrecht, puis évéque de cette ville, il protégeait le jeune Hans Vredeman à cause de ses grandes dispositions pour les arts et les sciences. Ce fut par l'évéque d'Utrecht que notre artiste obtint d'abord la faveur du comte de Mansfeld et ensuite du cardinal Granvelle qui lui fournit Publications de Vre- an. — Recueil € de Cartouches (Com- partimenta, 1555. 172 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE les moyens de voyager en Italie. Il y resta quatre ans, parcourut l'Allemagne, séjourna à Prague et à Francfort et, de retour aux Pays-Bas, s'en alla habiter Malines, op il collabora pour vivre à quelques ouvrages composés par Cor- nelis van Vianen, peintre de perspectives, cité par van Mander. Probable- ment qu'il se lia d'amitié avec cet artiste à Utrecht, patrie des nombreux van Vianen qui se sont fait un nom dans les arts. Un ingénieur militaire, frison, Jo" van Meeckema, dont le père avait servi avec le sien sous le général Schenck, l’attira à Anvers où il s’aboucha avec divers éditeurs qui ne se lassérent pas depuis d'imprimer les œuvres de sa composition. La première en date de ces publications est une série de 24 planches in-8*, où se remarque déjà à profusion la classique corbeille à fruits. Elle a pour titre : Mullarum variarumque protractionum (compartimema (sic) vulgus pic- torum vocat) libellus utilissimus, iam recens delineatus per Joannem Vreed- mannum Frisium Gerardus Judœus excudebat. Antverpiæ M. D. LV. Cinq années par conséquent après le décès de son maitre Pierre d'Alost. Nous avons déjà remarqué que notre Vredeman n'était pas jaloux : ce péché de nature chez les artistes et les poétes, appelés non sans raison gens irrita- bile vatum, était peut-étre chez lui le résultat de la confiante sérénité d'esprit qui accompagne toujours un génie supérieur. Quoi qu'il en soit, il ne semble avoir eu qu'un but auquel il travailla ardemment toute sa vie, propager aux Pays-Bas « LA MANIÈRE D'ANTICQUE ITALIENNE... à la practique de leur » architecture et bastissage selon qu'on le trouve en leurs livres ou patrons. » On peut voir, par celte citation d'un texte méme de Vredeman, que les livres et les gravures d'architecture italienne étaient habituellement entre les mains des artistes de nos contrées et que LE LIVRE, comme nous l'avons dit au début de notre travail, avait puissamment contribué à la diffusion des idées architecturales de la Renaissance aux Pays-Bas. Nous trouvons une preuve manifeste de cette diffusion des livres dans la seconde moitié du XVIe siècle, dans ce fait déjà rapporté de l'emprunt que fit le Milanais Battista Pittoni des cartouches de la géographie de Mercator, pour le « Livre des emblémes » de Ludovico Dolce. C'est là un exemple évi- dent que les artistes de cette époque ne se faisaient pas faute de se servir des SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 175 matériaux qui les entouraient. L'imprimerie avait établi entre eux une sorte de tacite confraternité internationale, véritable franc-maçonnerie artistique. Tout en procédant de Pierre d'Alost et en modelant sa manière sur celle des maîtres italiens, objets de sa prédilection, Vredeman appréciait l'école francaise et était en relations amicales avec Androuet du Cerceau qui ne mit pas toujours dans les emprunts qu'il fit à son confrère flamand toute la déli- catesse désirable, comme on pourra le constater bientôt. Nous avons la preuve (par la dédicace au prince Maurice du second volume de son « Traité de perspective » ) que Vredeman De Vries vivait encore le 1*' mars 1605. Le 8 février de l'année précédente il avait avec instance sollicité par requête, apostillée du prince Maurice, la faculté de professer l'architecture et la perspective à l'Université de Leijde. Cette faveur ne lui fut pas accordée. Il atteignit done au moins sa soixante-dix-huitième année, et celte longue Carrière fut laborieusement remplie. On ne peut se faire une idée du nombre de planches qu'il a dessinées et qui furent gravées et publiées par Théodore, Philippe et Corneille Galle, Jérôme Cock, Josse Hondius (né à Wacken en Flandre, en 1563, mort le 46 février 1611), Henri Hondius, son fils, Gérard de Jode, Pierre Baltens, Jean et Luc van Doetechum, Samuel Marolois €t Albert, Girard. Vredeman De Vries traita tous les genres qui se rapportent à l'architecture et à l'ornementation , et quoiqu'il s'appliquát à imiter les Italiens, il réussit dans tous à être original. Sa maniére élégante, parfois surchargée de détails, est le plus souvent plantureuse et étoffée sans pour cela tomber dans la lour- deur de Crispin de Pas, ou dans la maigreur exagérée de quelques composi- lions de Floris. Ce genre fit promptement école : si Otho Vænius le détróna Par ses tendances romaines pures, il eût nonobstant le dépit de voir adopter partout aux Pays-Bas l'architecture Borrominienne, alors qu'il cherchait à ramener les rigides traditions classiques. En 4560 Vredeman publia ses vues d'intérieurs de villes sous le titre de Scenographiæ sive perspective, imprimées à Anvers auprès «la Bourse nueve M Quatre vens, » en la maison de Hieronymus Cock. On voit cette habita- tion, légèrement enjolivée et travestie à la Romaine, à l'avant-plan à droite de la première planche. L'enseigne est formée des Quatre vents cardinaux Tome XXXIX. 95 Traité de perspective. 1560-1605. Intérieurs ct vues de villes. 1650, 174 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE représentés par autant de têtes joufflues; un petit pennon armorié des trois écus de la Gilde de S'-Luc sert de girouette. Cock se tient sur le seuil de la porte et au bas de la planche se lit l'inscription : LAET DE Cock COKEN OM T'YOLCKX VOILLE, « laissez fricotter le « coquassier » pour nourrir le peuple. » Dédicaces catholiques Le titre porte la devise pvraTE et les armoiries de l’évêque d'Arras Antoine Mansfeld d Grnvele. Dorrenot de Granvelle, qualifié MAGNO AC VENERABILI HEROI el. OMNIVM BONARVM ARTIVM MECOENATI dans la dédicace. En 1601 Théodore Galle donna un nouveau tirage des planches. Les deux cupidons tiennent toujours la banderolle ornée de la devise du cardinal, mais les armoiries ainsi que la dédicace ont disparu du cartouche, où l'on peut lire simplement: « Variæ architecturæ formæ a loanne Vredemanni Vrisio » magno artis huius studiosorum commodo invente. » La première édition flamande du « Livre des ordres » de Vredeman De Vries, publiée en 1565, fut dédiée à son proctecteur le comte Pierre-Ernest de Mansfeld , qui suivit l'empereur Charles-Quint en Afrique. Les armoiries de | ce personnage, à double cimier du type héraldique tudesque, décorées du collier de la Toison d'or, occupent la partie supérieure du frontispice allégo- rique. Remarquons qu'à cette époque de sa vie, c'est-à-dire à quarante ans, Vredeman, protégé par l’évêque d'Utrecht, devait être sincère et zélé catho- lique pour mériter de voir son œuvre mise sous la protection du noble comte. On sait, en effet, que Pierre- Ernest de Mansfeld fut successivement Gouverneur et Capitaine général du Luxembourg, général des troupes ita- liennes au siége de Saint-Quentin (où il contribua vaillamment à battre les Francais), Gouverneur de Bruxelles et enfin d'Anvers, jusqu'à l'avénement du duc d'Albe. Le comte de Mansfeld assista le prince de Parme à la prise d'Anvers, et aprés la mort de ce capitaine, qui facilita particulièrement Fintro- duction aux « Pais-d'embas » du style Borrominien adopté par les Jésuites, il occupa le poste élevé de Lieutenant-capitaine-général des Pays-Bas et de Bourgogne jusqu'à la venue de l'archidue Ernest d'Autriche. Tel était le puissant Mécène que l’évêque Frédéric avait procuré au fils de l'ancien « meester kleuvenier » du général Schenk son pére. C'est sous ces auspices officiels que parut le Livre D'ARCHITECTURE qui eut cinq éditions à notre connaissance. Le texte en fut imprimé suecessivement par Arnold s'Coninex, Gérard Wolsschat, Henri Aerts et And. Bacx. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 175 Les armoiries de Mansfeld se trouvent conservées aux éditions de 157 "ds 1581 et 1588, moins la dédicace cependant; Pierre et Corneille de Jode ne Crurent pas devoir la faire disparaître dans les réimpressions de 1595 et 1597. Ces diverses éditions parurent en trois langues : flamande, francaise el latine. Le texte français de l'édition de 4577 était dû à la plume de Théo- dore Kemp et dédié à son cousin Denys van der Neesen, « licencié és loix et Secrétaire de la bonne et trés-renommée ville d'Anvers. » L'ouvrage capital, le corps d'enseignement architectonique de Vrede- man, reste sans contredit ce fameux Livre d’ Architecture qui fut si souvent réimprimé et traduit et dont les éditions francaises et allemandes vulgari- sèrent puissamment chez nos voisins du Midi et de l'Est les doctrines de l'École anversoise. L'art de la gravure jouissait alors d'une prospérité sans exemple. Les planches éditées à Anvers trouvaient des débouchés partout où la métropole commerciale possédait des comptoirs et se voyaient exportées, en quantités considérables, vers tous les ports du Nouveau Monde. Les anciennes possessions espagnoles conservent encore de nos jours des monu- ments nombreux qui témoignent de l'influence et de la puissante vitalité de ce centre artistique de la monarchie castillane que Philippe II appelait Amberes, et Charles-Quint Antwerpen. Nous avons sous les yeux un exemplaire absolument complet de ce * Vignole » de la Sint Lucas Gilde anversoise au XVI: siècle. Un portique d'architecture sert de frontispice ; il est timbré des armoiries du comte de Mansfeld , chevalier de la Toison d'or. Sans doute par déférence pour l'ori- gine germanique du Mécène ( « Sonderlinghe liefhebber der Consten, ende » in sonderheijdt de Conste der Architectura oft Bouwinghe der Edificién , » Suivant l'avis de l'ingénieur Hans van Schille, l'ami de De Vries), le titre gravé est en allemand : « AncnurrEcTURA. oder Bauung der Antiquen aus » dem Vitruvius, woellches sein funff Collummen Orden daer auss mann alle Landis gebreuch vonn Bauuen zu accomodieré dienstlich fur alle Dawmaystren Mœurrer, Stainmetzlen, Schreineren Bildtshmeidren, und alle Liebhabernn. der Architecturen ann dag gebracht durch Johannes Vredeman Vriesæ, Inventor. » Getruck tzo Antorff bij Gecrhardt de Jode. An? 1581. » » » Vignole Flamand de Vredeman. Première partie. Livre d'Architectecture ou Traité des ordres. 1565-71. ITALIENNE 176 HISTOIRE DE L'INFLUENCE Sur le cartouche inférieur : « Apud Gerardus de Jode en platea vulganter dieta Catlijne veste sub signo » Floreni aurei. » L'approbation accordée par Henry van Dungen, D" en théologie et cha- noine de Notre-Dame à Anvers, est du 7 novembre 1577. Cette partie « classique » contient, outre le titre, vingt-trois planches et comporte six pages de texte à deux colonnes. Les préfaces des éditions prin- ceps renferment de précieuses indieations que nous avons soigneusement mises à profit pour asseoir notre travail sur des données positives contem- poraines. La dédicace du Livre d'Architecture fournit les détails suivants qui méritent consignalion : « Wel gheboren ghenadigher heer, na-den-maele dat V. G. een sonder- » linghe liefhebber is der Consten, ende in sonderheijt de Conste der » Architectura oft Bouwinghe der Edifieien ende oock in sonderheijt dat » V. G. een goede Iudicie ende verstandt van der selver Conste van Archi- » lectura. heeft, het welck oock betuijcht Meester Hans Schille, Ingenieur » ende Geographe der Con. Match, Oock aenghesien dat V. G. is aenghe- » naem gheweest dat Boeck van Perspectief, eertijts ghedruct bij leronijmus » Cock saliger. » So en hebbe ik niet connen laten V. G. dit Boeck van de Architectura » op de vijf Collummen V. G. toe te schrijven oft dediceren, in de V. G. » onderdanich biddende dusdanige cleijne werck in ghenaden te nemen. » — Gheeraert de lode. t Cet endos de l'éditeur du Livre de Vredeman a fait verser un archéo- ur et critique d'art français, bien connu, M. Auguste Demmin, dans une erreur tellement grossióre que nous nous voyons contraint à la relever ici pour qu'elle n'aille pas s’accréditer davantage et grossir encore la confusion de l'état civil artistique des maitres néerlandais. Dans le premier volume d'une compilation illustrée : Encyclopédie des Beaux-Arts plastiques, ouvrage considérable, d'ailleurs rempli d'érudition et appelé à rendre de grands services, comme aide- mémoire , aux artistes el aux amateurs, nous constatons avec étonnement que M. Demmin prétend réunir en une seule individualité, Vredeman De Vries et son second éditeur SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 177 Gerard de Jode (Gerard le Juif) ou Gerardus Judœus suivant la version latinisée de son nom patronymique flamand de Gheeraert de Jode. « Pendant que Borromini et Bernini, en Italie, et Pedro de Ribera et » Chieriguera (sic), en Espagne, appliquaient à toutes sauces, à l'architecture, » la rocaille appelée baroque en Allemagne, et chieriguera (sic) en Espagne, » la France et l'Allemagne rivalisaient aussi pour inonder les appartements » et les petits arts de l'Industrie. Ces désarticulations de la ligne n'avaient » cependant rien de nouveau, puisqu'on les trouve déjà dans les gravures » de plusieurs petits maîtres hollandais et allemands du seizième siècle, » comme dans le Grotesco de VngpEMAN Vies, dit GERARD DE JODE! ......... » Que l'on n'aille pas croire à un lapsus calami ou à une inadvertance invo- lontaire; cette bévue colossale est soulignée con amore à légal d'une trou- vaille et se voit répétée dix fois au moins dans le corps de l'ouvrage. Au fond, si M. Demmin se montre récidiviste à l'égard du sobriquet de « de Jode » infligé à un catholique devenu protestant, il admet en toute impartialité l'influence des œuvres de Vredeman et de son école sur l'art francais du régne d'Henri IV et de Louis XIII. « Le Grotesco, etc., par Jonannes Vriese, dit Gunanp np Jone, graveur » hollandais du milieu du XVIe siècle, et l'Architecture, ete., par le maitre » Strasbourgeois Drrrenum, livre publié en allemand à Nuremberg en 1598, ? DÉMONTRENT QUE CE STYLE DIT DE Henni [V À ÉTÉ POUR AINSI DIRE CRÉÉ PAR » CES ARTISTES, CAR ON TROUVE DANS LEURS OEUVRES PRESQUE TOUT CE QUI A ÊTÉ » CONSTRUIT EN CE GENRE ET QUI Y PARAÎT COPIÉ, » Notons que le livre de Dietterlin qui continua en la surchargeant jusqu'au délire la manière de Vredeman De Vries parut seulement plus de vingt ans (1599) aprés le volume dont nous nous occupons (4577) et plus de trente ans aprés les trois premières suites qui s'y rattachent publiées à Anvers chez de Jode (1565). Ces trois premiéres parties sont jointes d'ordinaire ad calcem aux diverses éditions à partir de 1577. Le premier recueil (oblong) contient douze planches, éditées chez Cock , Aux quatre Vents. Ils ont rapport à l'ordre Rustique. Les bossages prodigués par l'Architecture flamande, nés des assises rus- Influence de Vredeman sur l'art francais, style Henri 1V et Louis XIII, créés par „les artistes de l'École anversoise. Vignole Flamand de Vredeman. Seconde partie. Premiere suite : Ordre rustique. Deuxième suite : Dorique, lonique. Troisième suite : Corinthien, Composite. 1565. 178 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE tiques florentines du XVe siècle, constituent évidemment encore une interpré- tation voulue quoique erronée de certains monuments antiques. Les tambours à peine ébauchés enlevés aux carrières de Paros pour construire le Palais de Dioclétien à Spalatro; les piliers inachevés des Arénes de Vérone sont incontestablement les prototypes des piliers rustiques si souvent mis en œuvre par les architectes de la Renaissance, Vredeman De Vries en abusa quelque peu. Disons toutefois que les ordonnances rustiques de ce livre étaient faites en vue d'étre employées aux constructions hydrauliques ou militaires « bou- leverds et tuitions. » Le deuxiéme recueil, dont les dix-huit planches sont marquées A-S, se rapporte aux ordres Dorique et Ionique. Bases, entablements, gaines de füts y présentent déjà toute la plantureuse flore imaginative, réminiscence involontaire de la broderie plateresque eréée par l'École d'Anvers, Là aussi se montrent les vraies créations originales de l'art architectural indigène. Les décors riches et compliqués des gables; les lucarnes de pignons, aux volutes étalées sur le rampant comme les verlugadins des Infantes, offrent les types qui donnérent si longtemps aux villes des Pays- Bas ce cachet pittoresque, coloré et vivant dont le mauvais goût des con- structeurs de la première moitié de notre siècle poursuivit avec tant d'achar- nement la destruction systématique. Le troisième et dernier recueil constitue le parangon des élégances de Part italo-flamand. On peut apprécier toute la valeur du maître en parcourant les vingt-deux planches datées et signées sur l'un des piédestaux : VRIESE INVENTOR m, cock ExcvnepAT 1565. Ces planches se rapportent aux ordres corinthien et compo- posite. Les détails d'ornementation architecturale y ruissellent avec une prodigalité désespérante. Le Pignon historié y tróne en suzerain. Il faudrait un volume pour les analyser dignement. Tels sont en synthése les quatre livres de ce recueil, véritable « Grammaire architecturale » de l'École d'Anvers. Entrant dans les idées favorites du vieux maitre, nous l'appellerons avec justice : LE VITRUVE FLAMAND. Il est curieux de constater qu'en 1597 la première partie de l'architecture était encore réimprimée par Jan de Jode. La supréme édition du Vignole SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 179 Flamand voyait le jour trois ans aprés qu'Otho Vænius venait de porter un coup mortel à la manière italo-flamande, par ses Arcs de triomphe en style classique (1595). Les idées politiques et religieuses de l'architecte Prison avait varié beau- coup, comme nous le verrons tout à l'heure, depuis l'époque où il publiait sa premiére édition du « Livre des ordres. » En 1580, il était devenu calviniste convaincu, avait embrassé le parti des Gueux et son besoin de prosélytisme se faisait jour dans des compositions satyriques, véritables caricatures à mettre en pendant avec le fameux « Pabst Ezel » de Martin Luther. Par suite de cette conversion, Vredeman dut s'enfuir en Hollande, aprés la chute d'Anvers et la capitulation de Marnix de Sainte-Aldegonde. En 1604, il habitait Amsterdam et y publiait sa « Perspective » sous les auspices d'un adversaire implacable du comte de Mansfeld, le prince Maurice de Nassau, pour lequel il composa cette belle devise aprés l'assassinat du Taciturne : Tandem fit surculus arbor. Au point de vue de l'archéologie, l'œuvre gravé de Vredeman contient des Pièces fort curieuses que l’on trouve quelquefois jointes à la suite du « Livre de Géomètrie et Perspective » de Samuel Marolois. C'est une série de planches d'intérieurs marquées LL, MM, NN, 00, se rapportant au style ogival flam- boyant. Ils représentent une Place publique, une Chambre, des Intérieurs d'église; la planche oo, offrant, au premier plan, une femme à genoux, est tout à fait remarquable. En général, les motifs sont gracieux et originaux, mais le burin du graveur H. Hondius si net et si mordant, au point de tomber parfois dans la sécheresse, en accusant les formes du style de la Renaissance, devient flou, vague, incertain, et semble balbutier en rendant les motifs caractéristiques du style ogival. Cet art du moyen âge devait donc être bien dédaigné par les dessinateurs et les peintres, qu'à l'époque où il se trouvait encore de loin en loin quel- que héritier des maitres-és-pierres pour bâtir une église, un Tabernacle, un Jubé, d’après la vieille tradition, il n'y avait plus un dessinateur, méme Parmi les plus habiles, capable de copier un édifice el un fragment gothique àvec son cachet spécial. Les peintres ne se montraient guére plus habiles. Peter Neefs ou de Witte n'ont jamais su rendre le caractère des a meneaux » dans leurs nombreux intérieurs copiés cependant d'aprés nature. Planches en style ogival de l'œuvre de De Vries, 180 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE On s'étonnera moins de ce fait quand on voudra se rappeler que les archi- tectes furent les derniers à abandonner le style ogival. Les peintres, les sculpteurs, les graveurs et les verriers, se montrèrent les plus empressés à adopter les doctrines esthétiques de l'art gréco-romain de la Renaissance qui les émancipaient définitivement. La devise que Jéróme Cock grava, avons-nous dit, sur l'une des planches dédiées à Granvelle, cachait sous sa trivialité populaire toute l'ardeur de l'esprit de propagande dont étaient alors animés les partisans de la Renais- sance et ceux de la Réforme, car on peut appliquer, au propre comme au figuré, cette étrange épigraphe, où le graveur joue sur la signification flamande de son nom patronymique et écrit : LAET DE COCK COKEN OM T'VOLCKX VOILLE. Les Jardins Flamands Vredeman était bon « jardiniste »; il a laissé une suite curieuse : Mor- sie dzs jardins de torum viridariorumque, etc., publiée à Anvers, en 1565, qui nous semble mériter un examen attentif. Nos suzerains du moyen âge et leurs grands vassaux entouraient leurs manoirs de hautes futaies, de vergers et de prairies; à peine devant la facade exposée au midi, se voyait un mince parterre à configurations géométriques, où l'on cultivait quelques fleurs vulgaires. A l'époque de la Renaissance, avec l'architecture et les arts italiens , s'in- troduisit aux Pays-Bas le goüt des Lust Hoven ou « Jardins de Plaisir, Bouquetiers à fleurs. » Mathias de l'Obel cite les noms d'une foule d'illustres gentilshommes flamands, amateurs de l'art des Jardins, et place les Belges au premier rang Zn excolenda re herbaria. Les érudits s'en mélérent, les auteurs anciens furent compulsés. Toutes les grandes qualités ou les mesquins défauts des villas historiques furent plus ou moins imités. On s'inspira tour à tour de la Villa Adriana, du Tibur d'Horace, du Laurentum de Pline, des maisons de plaisance de Ciceron à Tusculum et de Varron à Casinum. Ce fut un engouement. Les trois châteaux de Binche, de Marie-Mont sur la Haine et de Boussu, étaient entourés de parcs plantés dans le style des jardins Boboli à Florence; des villas Borghèse et du pape Jules II, des pares du Belvédère et du Qui- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 181 rinal à Rome; des casins Mondragone et Aldobrandino à Frascati. Décorés de statues, de fontaines, de grottes, de cascades, de nymphées, ils étaient dignes des oasis verdoyantes des bords du Tibre ou de l'Arno. Tous ces jardins créés par la reine Marie de Hongrie ou messire Jehan de Hennin étaient renommés aux Pays-Bas. Joignons-y le pare «à l'italienne » du cháteau, qu'au dire de Sanderus , Charles de Croy, duc d'Aerschot, éleva à S'-Josse-ten-Hoy, ainsi que le Lust Hof, entourant l'étang de la pittoresque villa que le cardinal de Granvelle fit élever dans la même commune. Citons encore le charmant Buen retiro de Borcht, qui s'étendait de la chaussée de Molenbeek au Doncker Molen, commencé le 23 avril 1560 par J.-Baptiste Houwaert, le poëte flamand et connu jusqu’au commencement de ce siècle sous le nom de Kleijn Venetie. L'engouement pour les jardins « à l'italienne » ne fit que s’accroitre après ces illustres exemples. Vredeman prouva à son tour qu'il était bon « jardi- niste » en publiant, en 1565, à Anvers, une série de Labyrinthes et de Jar- dins « modernes » rapportés aux cinq ordres de Vitruve. C'est un petit in-folio oblong, assez rare. Le titre que nous avons sous les yeux présente une table centrale entourée d'une ordonnance ionique cantonnée de deux cariatides en Baines. A droite, une jeune femme, nue jusqu'à la ceinture, tient du bras droit une bêche; à gauche, une figure semblable est armée d'un râteau. Toutes deux arrosent de l'autre main, à l'aide d'un vase élégant, des plantes de rosiers et de lys. Leur coiffure est formé de la classique corbeille évidée de l'École d'Anvers ; des fruits et des légumes se montrent aux ouvertures. Au premier plan trois pots à fleurs, et, dans les coins, leurs ennemis naturels : chenilles , limaces, escargots. Des trophées de jardinage accompagnent les ^ariatides, La composition de ce titre est charmante et vraiment digne du maitre, On lit sur la table centrale : Hortorum viridariorumque elegantes et multiplicis [ormæ ad architectonicae artis normam affabre delineata». a loanne Vredemano Frisio, ete. Philippe Galle en donna une seconde édition à Anvers en 1583, avec la traduction du titre au bas de la page en français et en flamand. Ces jardins sont ajustés, avons nous dit, aux édifices des ordres antiques. Tome XXXIX. 24 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ordre.dorique. . . . . . planches 1-6 | ioniques e e — 7-15 — eorinthien . . . . . — . 14-20 Sans titre (composite). . . . — 21-28 Les planches 29 à 34 sont historiées de scènes animées où nos peintres pourraient puiser plus d’un groupe d’une véritable couleur locale ; ces der- niéres gravures mériteraient une description détaillée. Quant aux motifs typiques d'ensemble, l'architeeture semble disputer le pas à la végétation : c'est une série de labyrinthes, de parterres de « compar- timent », damassés comme les brocarts et les velours ciselés vénitiens; des débauches d'ifs et de buis taillés ; des héronniéres et des voliéres; des ton- nelles, des pergoles et des berceaux; des vérandas, des cabinets et des cou- poles de verdure. Enfin toute la fantaisie de ces légéres constructions de treillage, soutenues par des balustres fuselés, peints en vermillon vif, que l'on retrouve si souvent dans les tableaux et les tapisseries contemporaines. Quelques-unes des planches de ce recueil nous offrent des scénes de la Bible et de la Mythologie : la chaste Suzanne, David et Bethsabée, le Jugement de Paris, Jupiter et Leda. D'autres sont plus réalistes et nous montrent des groupes de dames et de jeunes gentilshommes se livrant à divers jeux et badinages, scénes trés-intéressantes comme costumes et détails accessoires à trois siècles de distance. Lon trouve une toile curieuse à ce point de vue au Musée du Belvédére, à Vienne. Elle fut peinte, en 1587, par Lucas van Valkenborg, de Malines, et fait partie d'une série de scénes rapportées aux Quatre Saisons. Des seigneurs et des châtelaines assistent, au printemps, à une joute solennelle dans un pare splendide non loin des murs d'une ville. Ces jardins flamands nous intéressent d'autant plus que van Val- kenborg fut l'ami de Vredeman et l'accompagna, selon van Mander, à Aix- la-Chapelle et à Liége, A la planche XXIX*, sous une fontaine à vasque surmontée d'une statue de Vénus rejetant l'eau par les seins, des groupes de jeunes cavaliers et de demoiselles s'amusent à s'asperger, en dépit de leurs golilles empesées. Un chien se met de la partie, l'un des gentilshommes est maintenu renversé par SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 185 une dame, tandis qu'une autre l'inonde à pleines mains ; au fond un castel flamand. Cette aspersion est un des éléments caractéristiques des mœurs de l'époque. L'hóte le plus noble et le plus sérieux ne se génait pas, en manière de spiri- tuelle plaisanterie, de tremper jusqu'aux os ses visiteurs. Le « Labyrinthe » de la Granja de la Fresneda, maison royale sur la route de Madrid à Ségovie, a conservé de nos jours toutes les surprises et les ruses dont on S'ingéniait jadis dans la création des « Jardins de plaisir. » On lit dans Da Itinéraire des députés que les Ligues suisses envoyèrent à la cour de Henri III, roi de France », relation écrite en latin par Georges Cellarius, publiée dans les Archiv für schweizerische Geschichte, une des- cription curieuse de l'aspect que présentait au XVIe siècle le palais italien que le chancelier Granvelle , père du Cardinal, s'était fait élever à Besancon : « On admire également... un jardin trés-agréable. A l'entrée du jardin » a été disposé ingénieusement un jet d'eau à deux becs ; quand on les ouvre, » l'eau s'éléve en l'air, et l'on. peut ainsi arroser facilement ceux qui se » tiennent autour. » Bernard de Palissy, dans un rare opuscule, intitulé le Jardin délectable, s'il réprouve les piéges qui ouvrent sous les pieds des promeneurs des bassins et des ruisseaux, se tient les côtes de rire s'il voit une nymphe de marbre renverser son urne sur la tête d'un curieux absorbé par le pénible déchif- frement d'une sentence de Salomon gravée sur le piédestal. Le livre de Vredeman nous permet de résumer les éléments constitutifs d'un jardin flamand dans la seconde moitié du XVI? siècle. Par malheur, il ne com- Porte pas de texte, et bien des détails nous échapperaient si un auteur con- temporain, Olivier de Serres, sieur de Pradel, gentilhomme huguenot, n'avait laissé à ce sujet un gros traité bien explicite où l'art de tracer des dessins végé- taux, des parterres de « Broderie et de Compartiment » des Dedalus ou Labyrin- thes, est développé à fond comme composition, terrains et végétaux appropriés. Les parterres (du latin partiri) sont fort anciens : on fait mention de parterres dans la description du palais de Scaurus. On distinguait deux espèces de parterres : ceux de « Broderie » et ceux de « Compartiment » (compertimenta). Un tableau de Denis van Alsloot, au Musée de Bruxelles, Série des Puits et fon- taines. — Suite de Tombeaux. — Re- cueil de Caryatides. 184 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE nous montre la curieuse représentation topographique de l’ancien pare et chà- teau de Marie-Mont en 1616. Les parterres sont « ramagés » comme le vieux damas et portent au centre des chiffres entrelacés. Les jardins modernes de l'Escorial et de la Granja ont conservé ces tapis de buis taillé. Les parterres de « Compartiment » différaient de ceux de « Broderie, » en ce que, dans un méme ensemble, le dessin était symétriquement répété quatre fois dans la méme piéce. Les parterres de « Broderie » pouvaient cependant étre symétriquement répétés dans les quatre sens, mais le dessin de chaque piéce était arbitraire. Olivier de Serres appelle le jardinier « l'orfévre de la terre. » Cette expression est fort juste, car les compertimenta flamands sont nés des motifs du style Mudejar-Plateresco, importés d'Espagne aux Pays-Bas. Jacques Androuet du Cerceau publia aussi, en 1582, un Livre d'architec- ture pour bastir aux champs et le Livre des plans et parterres des jardins de propreté. Androuet ne se géna jamais pour s'annexer les idées de son confrére flamand. Olivier de Serres, avec une loyale franchise, déclare avoir emprunté la composition de ses parterres au sieur Claude Molet, jardinier de S. M., et, ce qui nous intéresse davantage et mérite d'étre rapporté à son honneur, Olivier rend pleine et entiére justice aux jardiniers de Leijden et à notre Charles de Lescluse, qu'il salue du nom de « pére des fleurs ». Puis viennent la série de « Puits et fontaines,» compositions remarquables, très-supérieures à celles de Du Cerceau; la suite des « Tombeaux » ou les sculpteurs du temps puisérent tant d'ordonnances; le recueil de « Cidipes, Caryatides ou Termes, » trés-ingénieux , trés-originaux, dont les types font songer aussitót à l'architecture du Palatinat et de la vallée du Rhin, née de l'École d'Anvers, à laquelle on doit l'hôtel de ville de Cologne, les châteaux de Heidelberg et de Stuttgard. Les Cidipes de Vredeman , en dépit de leurs pétulantes désinvoltures, con- servent une valeur artistique réelle et ne descendent jamais jusqu'aux fantai- sies «animalisées» de Joseph Boillot (4604), ou bien aux renversants trompe- l'oeil de Giuseppe Arcimboldo (1533-1593), peintre burlesque des empereurs Maximilien II et Rodolphe II, dont on peut voir au Musée du Belvédère quatre productions qui donnent un échantillon complet de son étrange manière. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 185 Vredeman a laissé également sous le titre : Panoplia seu armamenta- rium, etc., un livre de « Panoplies ou trophées d'armes » (1572) d'une richesse extrême. La plupart des armes offensives et défensives y sont dessinées avec Un réalisme tel qu'on devine bien vite l'artiste, né d'un brave soldat, ayant lui-méme porté le harnois et écouvillonné le canon. De Vries ne confond pas dans une méme physionomie un acquéreau, une spirole, un veuglaire, une Sarre, un fauconneau ou une couleuvrine; tout est précisé, tout est rendu en connaissance de cause. On y voit des types précieux d'armures et de « buffletins. » Des bourguignotes, morions, salades et cabassets d'une véri- table valeur artistique, dignes de la signature d'Antonio Romero, de Sébas- lien Hernandez ou de Lupus Aguado, le célébre armurier de Charles-Quint. Le peintre, le sculpteur, l'antiquaire et l'écrivain n'ont qu'à jeter les yeux Sur ce livre pour recueillir un monde de renseignements, et retrouver, au milieu de fantaisies gréco-romaines familiéres à l'artiste, tout l'arsenal d'armes offensives et défensives en usage pendant la période si intéressante de la * Grande Révolution » des Pays-Bas. 1 Nous avons dit plus haut qu'Androuet Du Cerceau ne se montra pas tou- Jours délicat dans les emprunts qu'il faisait aux artistes, ses contemporains et Ses émules. Notre Vredeman De Vries eut particulièrement à se plaindre de ces procédés un peu cavaliers. Dans leur empressement irréfléchi à rehausser le mérite de leurs compatriotes, nos voisins du Midi ont imprimé, dans leurs livres et leurs recueils d'estampes , que De Vries avait imité sinon copié Du Cerceau ; chez les écrivains superficiels, cette insidieuse calomnie a presque dégénéré en cliché stéréolypique. Nous Opposerons cependant volontiers à ces « panurgistes » littéraires l'opinion d'un autre Francais, compté parmi les plus érudits, M. H. Destail- leurs, architecte du Gouvernement, qui rend pleine et entière justice au maître frison. Son témoignage a d'autant plus de valeur, que c'est sous sa direction que l'on a réimprimé les deux volumes des Plus excellens Bastiments de France, qui constituent le titre le plus sérieux de l'architecte parisien, à l'estime de la postérité. Nous disons « parisien » d'aprés la Bibliothéque de La Croix du Maine (Paris, 1584, p. 173). Cette opinion est partagée par MM. Vivenel et Destailleurs. Baptiste Du Cerceau, fils de Jacques, était né à Orléans. Livre de Panoplies. 1572, Rapports de Vredeman De Vries avec An- drouet Du Cerceau. —Emprunts peu dé- licats du maitre pa- risien 0 pinion de M. H. Destailleurs, 186 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Voici ce que dit M. l'architecte Destailleurs dans ses « Notices sur quelques artistes francais du XVI: au XVIIIe siècle» (pages 20-21-42) au sujet des emprunts de Du Cerceau, qu'il reléve, du reste, un peu partout avec la plus louable impartialité : « En 1551, toujours à Orléans, il publie une » suite de vues d'optique. Dans sa préface, Androuet annonce en termes » pompeux que cet ouvrage de perspective a été trés-élaboré et perfectionné » par lui ; mais ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il l'a copié du livre de Michel » Crecchi, intitulé : Prospettiva e Antichita di Roma. » « En voyant cette activité, qui ne laisse pas méme à l'artiste le temps de » composer, mais le plus souvent l'oblige à copier les œuvres de ses contem- » porains, on doit croire qu'il y avait là un intérêt industriel à satisfaire, le » besoin d'alimenter un atelier établi peut-étre à grands frais et qui ne pou- » vail rester inactif. » Plus loin, dans la biographie d'Androuet (p. 40), M. Destailleurs restitue en ces termes à Vredeman De Vries, une œuvre srenke DU CERCEAU Au BAS DES PLANCHES : « Palais, Rues, Portes de Ville, Cour de Palais, Galeries, » Ponts, Canaux, Jardins, Maisons, Villas, Portiques, Carrefours, Places en » perspective ; 28 pièces, qui varient de 140 à 115 millimètres de largeur » sur 80 à 85 millimètres de hauteur. Ce sont des copes de plus petite » dimension des gravures d'Vries (sic), dont voici le titre : Variæ architec- » turc forme : a Joanne Vredmanni Vrisio magno artis hujus studiosorum » commodo invent. Antverpia. Excudebat Joannes Galleus, 47 pièces. Ces » copies sont gravées dans le méme sens que la suite d'Vries (sic), seulement » dans les copies, le rayon de lumière vient de droite et les ombres sont à » gauche. Il y a une autre suite, gravée en sens contraire de la suite de Du » Cerceau, dont elle parait être une seconde copie. Les planches ont 14 cen- » timètres de largeur sur 8 de hauteur. » Pour commettre de tels lareins, on doit vraiment supposer, comme le con- fesse humblement plus haut M. Destailleurs, un implacable « intérét matériel à satisfaire. » Il aura fallu beaucoup d'indulgence à l'architecte français pour trouver celte raison suffisante, car on se tromperait en croyant que c'était là de la part de Du Cerceau une peccadille isolée. Androuet copia d'abord la Prospettiva Antichita di Roma, dédiée au SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 187 cardinal Sforza par Michel Crecchi, et l'intereala dans son livre de Vues d'optique, signé en toutes lettres Jaconus AnprouErius (1581). Ensuite, il contrefit intégralement une autre suite de vingt planches supérieurement gravées sur bois, par Hans Blüm de Francfort-sur-Mein : Description exacte el représentation des cinq ordres, Zurich (1558) dans ses Monuments antiques placés à la suite du volume d'Arcs (1560). Il copia encore, sur une échelle réduite, les Precipua aliquot romane antiquitatis ruinarum monimenta, de Battista Pittoni de Vicence (septembre 1561), dans son recueil portant le méme titre, etc., etc. Dans la préface de son « Livre des grotesques, » tout en reconnaissant que son travail est imité de l'antique, il réclame (à juste titre, dit-il,) une partie du mérite de cet ouvrage ; or Mariette déclare que ces planches sont gravées d’après le Primatice et autres peintres qui travaillaient en France au temps de Francois Ie, Nous avons analysé plus haut l'originale et curieuse Suite des « Grotesques » de Vredeman où il se montre si vraiment supérieur à Du Cerceau comme imagination et entente des silhouettes décoratives. M. Destailleurs cite comme étant de Jacques Androuet une petite planche représentant une vue d'Anvers et portant pour titre : Antwerpia in Brabantia, C'est tout bonnement une vignette esquissée d’après la gravure bien connue de Théodore Galle. Du Cerceau pasticha brutalement encore les grands tro- Phées d'armes de René Doyvin et d'/Eneas Vico. Nous ne parlerons pas de ses copies anonymes du Primaticeio, du Rosso, de la suite des vingt dieux de Jacques Caraglio, des travaux d'Hercule du Même auteur, et nous ne comprendrons pas dans le nombre des contrefaçons T'Androuet la suite de fragments antiques reproduits d'aprés Léonard Thierry (Theodorico), qu'il déclare avoir « copié fidellement » , aveu dont il faut lui Savoir gré, car généralement il oublie de donner le nom du maitre auquel il Impose un emprunt forcé. Pour un artiste aussi bien doué que Du Cerceau et qui possédait un mérite réel auquel nous rendons pleine et entiére justice, il est vraiment déplorable de s'étre livré à ce déshonnéte mercantilisme que M. Destailleurs appelle euphémiquement « un intérét matériel à satisfaire. » De pressants et inavouables besoins d'argent ont seuls pu entrainer Du 188 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Cerceau à commettre de gaieté de cœur et presque par système un nombre de plagiats si considérable, qu'on refuserait d'y ajouter foi, n'était la nomen- clature bibliographique méme des œuvres de « l'architecte parisien » établis- sant une accablante preuve matérielle. Depuis la vente de la collection de M. Vivenel, qui avait réuni l'œuvre presque tout entiére d'Androuet, on s'est engoué en France de cet artiste oublié pendant deux siècles. C'est depuis lors qu'a surgi l'opinion inconsidéré- ment acceptée par les écrivains français que Vredeman De Vries fut une sorte de copiste et d'imitateur du maitre parisien. Naguére encore, l'Art pour ious lancait à tous les vents de la publicité, à la mémoire de l'architecte fla- mand, cette insinuation perfide tombée au rang de calomnie banale. Que l'on veuille bien comparer avec attention les suites des deux maitres et l'on pourra se convaincre qu'Androuet emprunta constamment à De Vries non-seulement les idées de ses compositions, mais encore les détails matériels de publication el les errements familiers des éditeurs anversois. Il y a dans l’œuvre d'Androuet encore plus de lareins adroitement déguisés que de plagiats purs et simples. Vredeman De Vries s'inspira des Italiens et continua la maniére de Pierre Coecke , mais, assez riche de son propre génie, ne daigna jamais copier per- sonne. II rendit toujours justice à tout le monde, vécut de son propre fonds, admira trop ingénüment peut-étre le talent de ses rivaux et fit preuve toute sa vie d'une originalité, d'une verve et d'une fécondité inépuisables. Les opinions intéressées des écrivains francais, dénaturant l'estime sin- cére que Vredeman professait vis-à-vis d'Androuet pour en faire une sorte de vasselage intellectuel, tendent d'une facon hypocrite à établir que les artistes francais eurent une certaine influence sur l'école flamande pendant la période dont nous nous occupons. Si véritablement De Vries avaient emprunté les éléments constitutifs de son style à Du Cerceau, l'originalité de l'école flamande serait considérablement amoindrie; mais, le contraire étant établi et jugé sans appel, nous devions forcément dans ce travail discuter à fond ce point important ; rétablir une fois de plus les faits dans leur intégrité, comparer les dates et démontrer que, s'il y eut vasselage intellectuel, ce fut le flamand qui joua le rôle de suzerain. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 189 Tous les archéologues francais admettent et reconnaissent aujourd'hui l'école bourguignone du XVI: siècle. Or, le type particulier des œuvres que l'on range sous la dénomination de style bourguignon, est le résultat de l'in- fluence hispano-flamande sur les artistes de ce pays jadis possédé par nos princes. D'ailleurs, à la fin du XVI: siècle, l'école flamande affranchie du goût Influence de l'école plateresque s'apprêtait déjà à disputer à l'Italie le sceptre de l'art en Europe et, dd loin de subir l'influence des artistes francais, elle allait bientót leur imposer Non-seulement sa manière architecturale et décorative, mais encore ses pein- tres, ses sculpteurs, ses caleographes, ses graveurs en médailles et ses tapis- Siers de haute lisse. Qu'il nous suffise de nommer Rubens, Philippe de Cham- Pagne, François Du Quesnoy (que Louis XIII nomma son premier sculpteur Sur la recommandation du Poussin), Varin, Edelinck, Jans et ses compa- Sons, glorieux flamands qui fondérent la Manufacture des Gobelins (1640) à Paris, comme Van der Roost et Kerckx avaient créé un siècle auparavant l'Arazzeria Medicea (1546) à Florence. En 1645, Le Peautre gravait au bas du portrait d'Adam Philippon, son Maitre qui avait passé plusieurs années à Rome avec « la commission du » défunt roi Louis XIII, d'heureuse mémoire, de faire passer de Rome à » Paris beaucoup d'hommes des plus célébres aux arts de peinture sculpture ? el autres professions NÉCESSAIRES aux décorations de ses palais. » Amis, de bon cœur je vous donne Tous ce que j'ay appris à Rome, Et méme depuis mon retour Huit pièces que je mets au jour. Quand cette dédicace parut , les flamands, tendant la main aux artistes ita- liens amenés par Philippon, allaient donner naissance au style si impropre- ment appelé « Louis XIII. » : On peut trouver dans l'esthétique de l'art flamand des affinités espagnoles, Italiennes, voire méme allemandes; mais avant la déplorable époque du style * Rocaille », jamais nos arts ne subirent l'influence francaise. Le style « Rocaille » lui-même est-il autre chose au fond qu'une véri- table dégénérescence du Pellame ou Barocco italien. Tous XXXIX. 25 190 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Are de Triomphe élevé levenons à notre artiste : en 1570, une archiduchesse d'Autriche ayant à Anvers en 1570 en cinq jours. traversé Anvers pour se rendre en Espagne, les magistrats firent élever en son honneur un Are-de-triomphe; De Vries l'acheva tout entier en cinq Perspective dans hô- jours. Vers la méme époque, il peignit à Anvers, dans l'hótel de Gilles man, Hoffman, l'un des plus riches négociants de cette ville, une perspective si exacte et d'une si parfaite exécution qu'elle causa des méprises célèbres; le prince d'Orange lui-méme y fut un jour trompé. Sieg politico- Durant les troubles religieux qui ensanglantèrent les Pays-Bas à la. fin du $ XVI siècle, Vredeman embrassa la foi protestante, ce qui explique parfaite- ment son départ d'Anvers aprés la victoire du prince de Parme. Dès lors, l'artiste affirme hautement dans ses œuvres ses nouvelles con- victions : nous n'en voulons pour preuve qu'une des planches n° 29 NN, du «Traité d'architecture » réédité à La Haye, par Samuel Marolois; où, dans un temple gothique, on voit Jésus-Christ nimbé, chassant de l'enceinte sacrée des évêques et des jésuites. Dans le chœur, à la place de l'autel romain avec le tabernacle Eucharistique et les chandeliers, on aperçoit sur une estrade les tables du Décalogue de Moise. Cette véritable caricature politico-religieuse du XVI? siècle porte ce titre bénin : Templum introspi- cientibus modernum. N'oublions pas que pour nos maitres de la Renaissance l'art ogival constituait le style « moderne. » Tous les livres de De Vries furent généralement édités par ses amis Jérôme Cock, Gérard de Jode (Judœus), de Nimègue, « Gerardus Judœus Neomagensis, » comme il dit dans le recueil Arc perspective, in-4° oblong de 30 ff., imprimé à Anvers, en 1560. Ce Gérard de Jode, dont le nom se trouve si souvent latinisé, demeurait à Anvers « in platea vulgariter dicta » Catlijne veste, sub signo Floreni aurei. » Les derniers ouvrages sont datés de La Haye « Ex officina Bucoldi Nieulandii, sumptibus Henrici Hondii. » Vredeman, ainsi que nous l'avons vu, eut pour protecteurs dans sa jeu- sdo nesse, Ernest de Mansfeld , Frédéric Schenck, évéque d'Utrecht, et le fameux cardinal de Granvelle; il trouya des Mécènes au déclin de sa vie dans le prince d'Orange, les États de Frise et Maurice de Nassau , fils du Taciturne, qui eùt repris Anvers, s'il n'eüt rencontré dans Ambroise Spinola un adver- saire digne de lui. Vredeman composa pour Maurice la belle devise brodée sur ses cornettes et guidons que nous avons rapportée tout à l'heure. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 191 Ce fut encore à Maurice de Nassau qu'il dédia son grand « Traité de per- Spective, » in-folio oblong, gravé par Henri Hondius, imprimé en 1599- 1606, mais nous avons raconté qu'en dépit de l'apostille de ce prince, les Etats firent la sourde oreille quand il sollicita une chaire d'Architecture et de Perspective à l'Université de Leijde. Samuel Marolois en donna une dernière édition in-folio, corrigée et augmentée, à Amsterdam, en 1619, chez Jean d'Arnhem, en deux suites de Cinquante et une et. vingt-quatre planches. Ce livre de Marolois fut réim- primé sous le titre de : Opera Mathematica. ou OEuvres mathématiques lraictans de géométrie perspective, architecture et fortification, de nouveau reveue, augmentée et corrigée par Albert Girard, mathématicien. Amster- dam, Jan Janssens, 1651. Possédant à fond cette science, il avait relevé des inexactitudes de perspec- live dans le livre, prétendüment de Du Cerceau, mais dont l'éloge ou le blàme revenait, comme nous l'avons dit, à Michel Crecchi. On remarquera cepen- dant la modestie et la modération de la eritique du maitre flamand qui se borne à dire : « Jacques Androuet a aussi, quoique très-expert, donné dans ? Sa perspective des choses inexactes. » Ces paroles, exemptes de fiel, peu- Vent se lire dans son Architecture oder Bauw der Antiquen aus dem Vitru- vius, etc, Antwerpen, 1577. Le 26 juillet 1581, les États-Généraux , réunis à Amsterdam, pronon- Joye cèrent la déchéance de Philippe H. Un prince de la maison de Valois, fils de la trop célèbre Catherine de Médicis et frère unique du roi Charles IX, allait, d’après les vues politiques du Taciturne, régner sur la partie des Pays-Bas déjà affranchie du joug espagnol. Francois d'Alençon, due d'An- Jou, s'était rendu populaire en forcant le prince de Parme à lever le siége de Cambray, Inauguré comme due de Brabant et comte de Flandre, déjà il se dirigeait vers Mons pour s'y faire acclamer Comte de Hainaut, quand l'armée de Farnèse lui barra le passage. Ennuyé des entraves opposées à son auto- rité par les priviléges des Brabancons, ce prince trahit bien vite la confiance de Guillaume de Nassau. Il préparait un coup d'État que le patriotisme des bourgeois d'Anvers sut heureusement déjouer et qui aboutit à la triste échauffourée de la « Camisade,» à la suite de laquelle le duc d'Anjou et Ses « mignons » furent honteusement expulsés d'Anvers. stitud: du le perspec- Androuet Du Entrée du dur ençon à Anvers, 1581. — Ares de triomphe, ete, éle vés sous la direction de Vredeman 192 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE L'exposé de ces faits politiques est nécessaire à l'intelligence de ce qui va suivre el explique la part que prirent les artistes anversois, et particuliére- ment, Vredeman De Vries, aux travaux de décoration exécutés pour la Joyeuse Entrée d'un prince francais, comme duc de Brabant, marquis d'An- vers et Comte de Flandre, cinquante-huit ans aprés que le premier des Valois eut, à Pavie, rendu son épée à un chevalier flamand. Guillaume d'Orange avait admiré les œuvres de l'artiste patriote; il est donc tout naturel de lui voir employer ses talents d'architecte et de peintre à rehausser l'entrée triomphale d'un prince sur lequel le Taciturne et Marnix fondaient l'espoir du salut et de l'affranchissement de la patrie. Le « jour de S'-Antoine » ne figurait pas encore aux éphémérides anversoises. Christophe Plantijn, pour lors imprimeur en titre de M* d'Alencon, a publié le recueil illustré des Ares de triomphe élévés sur les dessins de De Vries et gravés par Théodore Galle, en un volume in-folio, qui porte ce titre : La Joyeuse et magnifique Entrée de Monseigneur François, fils de France et frère unique du roy, par la grâce de Dieu, duc de Brabant, d'An- Jou, Alençon, Berri, etc., en sa très-renommée ville d'Anvers. À Anvers, de l'imprimerie de Christophe Plantijn , MpLxxx11. Le style de ces Ares de triomphe et leur décoration se rattache trop à la maniére habituelle de Vredeman pour que nous entrions à cet égard dans les détails d'une analyse architecturale; quelques particularités cependant sont bonnes à noter. Citons d'abord les sujets des Æuyskens ou Chars. Apollon sur le Mont Parnasse, et la Taverne de l'Envie et des Vices; l'Éléphant richement capa- 'aconné portant un bastillon armé de fauconnaux, placé à l'entrée: de la Meirbrugghe, la Baleine et le Chariot traditionnel de la Pucelle d'Anvers (de Maagd van Antwerpen), qui reparut encore en 1635, lors de l'entrée du Cardinal-infant. Parmi les « mistéres » (poincten) ou tableaux vivants, remarquons ceux qui furent érigés par les Chambres de Rhétorique de la cité dans la Gasthuys straet; près de l'église S'-Georges, par les membres du Souci, aux Dry Hoecken par la Chambre des Peintres ou Violieren, et au coin de la Clairen straet par les sociétaires de l'Olyftack. Les caryatides qui soutiennent l'entablement de ces théâtres animés, figu- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 193 rent pour la plupart avec de légères variantes dans le livre spécial de Vre- deman que nous connaissons. La plus considérable de ces mises en scène de personnages vivants, « deshabillés » à l'antique , avait été placée devant l'hôtel de ville. L'ordonnance était fort pittoresque et procédait incontestablement comme détails de la manière de Pierre d'Alost. Les compertimenta étaient « à la Phrygienne », appellation que nous trouvons encore employée à la fin du XVIe siècle pour désigner l'ordre ionique. Ce spectacle, dit la description qui accompagne la gravure, « estoit grand et spacieux de la haulteur de XL pieds. » Lediet théâtre estoit tapissé d'escailate, et y estoit tendu un dais » avec le dosseret de drap d'or frisé, et dessoubs une chaire de mesme. » Du costé droit, au jour de l'entrée, y avait été représenté Prudence pré- » sentant le chappeau ducal. Devant la chaire estoyent comme aux pieds » Obéissance, Foy et » Amour de Dieu et Révérence, et avec icelles aux » costés de la chaire estoyent. Concorde, Sagesse, Vaillantise, Bénévolence, » Vérité, Piété, Persévérance, Raison, desquelles deux autres cotez tenoyent » chascune un flambeau de » cire vierge et toutes habillées en nymphes..... » Le tout estoit pavoisé de banderolles d'azur aux armes d'Anjou et de » gueulles aux armes d'Anvers, de flambeaux et torches et de vers. » C'est à tous égards la pièce décorative dont les dispositions architectu- Tales présentent le meilleur cachet italo-flamand. Les Arcs de triomphe de l'entrée de François de Valois étaient en général Un peu « bâclés », et il avait fallu toute la facilité et le brio de Vredeman pour escamoter à l'œil la pauvreté du canevas sous de brillantes fioritures. Sans doute l'on avait manqué de temps, c'est là une excuse plausible; tou- Jours est-il qu'ils ne peuvent lutter avec ceux de Coecke ou d'Otho Vænius. Exceptons cependant l'are triomphal ionique élevé dans la Hoogstraet, à l'endroit où se trouvait l’ancienne porte St-Jean (récemment démolie à cette epoque), et le portique qui y conduisait. Devant l'abbaye de St-Michel, servant de palais au due d'Alençon, on avait élevé un arc de vingt-deux pieds à trois colonnes, « à la Phrygienne »; > en hault estoit un compartiment avec trois grâces : Vertu, Gloire et Hon- ? neur» présentant au prince l'olivier de la paix, le laurier de la victoire et là couronne envoyée du ciel. Recueil des Groteschi analysé au chap, II, Livre des meubles. 194 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Toutes ces allégories flatteuses offertes au duc d'Anjou étaient au fond assez dignes, voire méme puritaines comparalivement aux hyperboles ordi- naires du temps en semblables circonstances. Une seule était empreinte d'une courtisanerie exagérée. On sait qu'Antigon ou Brabon, le géant coupe- mains d'Anvers, est de toutes les fêtes et réjouissances de la ville. D’après l'usage antique, il figurait donc parmi les.« spectacles »; quand le duc d'Alençon arriva devant lui, Antigon, mü par un ressort, tourna la tête vers le prince, laissa choir les armoiries d'Espagne et leva celles d'Anjou. Le présage se réalisa de travers : quelque temps aprés, Tournai se rendait aux Espagnols en dépit de la belle défense de Christine de Lalaing. Dans l'extréme pénurie de documents artistiques à étudier durant la désastreuse époque de la guerre des Pays-Bas, les Ares de triomphe érigés pour l'entrée du duc d'Alençon à Anvers sont une bonne fortune. Vre- deman s'y montre plein de verve, et en général égal à lui-méme; mais à certaines faiblesses, à certaines licences, nous remarquons sans peine la sénilité et peut-étre le découragement qui s'emparaient du maitre, tant il est vrai que les passions politiques et toutes les préoccupations extérieures sont foncièrement préjudiciables à l'épanouissement des forces intellectuelles et morales de l'artiste. Cette période tourmentée de notre histoire va, par suite des revirements inattendus de la fortune, fournir de nombreux prétextes à ces décorations éphéméres, mais intéressantes à notre point de vue; on les trouvera analy- sées tour à tour dans le courant de notre livre. Nous avons, à propos des caractères distinetifs des Groteschi, analysé d'une façon toute spéciale (chap. I, pp. 62 et suiv.) la suite très-estimée : « Grottesco in diversche » manieren, ete., vvth ghegheuen duer Geraert de Teude, » si bien mise à contribution par Androuet Du Cerceau. Vredeman y fait montre d'une propension décidée pour les compositions de Jean d'Udine; inspirées des peintures des Thermes de Titus. Il est évident que le portefeuille de son voyage en Italie a été largement utilisé pour fournir des thèmes à ces 'aprieieuses fantaisies. Le plus rare des recueils de De Vries est sans contredit le « Livre des meu- bles ». C'est un petit in-folio de 46 planches, précédées d'un frontispice 0U SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 195 figurent de eurieux trophées d'outils et d'instruments de menuisier-sculp- leur. Le titre nous donnera le résumé de cette trés-remarquable collection : « Differents pourtraicts de menuiserie ascauoir Portaux, Bancs , Escabelles, » Tables, buffets, frises ou corniches, licts-de-camp (ce que Vredeman » appelle «licts-de-camp » sont ces immenses lits en « Tombeau ou Bal- » daquin » du XVI: siècle qui pouvaient recevoir une famille entière), orne- » ments à pendre l'essuoir à mains, fontaines à laver les mains. —- Propre » aux Menuiziers et autres amateurs de telle science. De l'invention de Jehan » Vredeman diet de Vries et mis en lumière par Philippe Galle. » Dans ce recueil le burin de Galle rend les objets d'une. façon assez mono- lone, la pointe est terne et manque d'effet. Qu'il y a loin de là aux eaux- fortes si vigoureuses et si colorées de la suite « Corinthia et Composita » gravée par Jérôme Cock en 1565. Philippe Galle, né à Haarlem en 1537, éléve de Dick Coornhert qui fut aussi le maitre de Goltzius, fut recu, en 1570, meester plaatsnijder dans la S'-Lucas Gilde d'Anvers. I en occupa les fonctions d'Opperdeken en 1583- 1586. II fut le chef d'une famille de graveurs. Ses fils Théodore et Corneille, nés tous deux à Anvers, furent des artistes estimés. Corneille Galle junior, fils du précédent, grava d’après Jacques Franequart. Philippe Galle mourut à Anvers en 16141. Les spéculations métaphysiques étaient, comme on le sait, fort à la mode au XVIe siècle. Les emblèmes, les allégories , les rébus, importation italienne, faisaient fureur; les plus nobles gentilshommes délaissaient les figures héral- diques de leur blason patrimonial pour adopter un moto de fantaisie. Il n’est donc pas étonnant que Vredeman ait essayé d'ajuster l'expression des Cinq ordres au cycle de la vie humaine. Vitruve d'ailleurs, son maitre adoré, Wavail-il pas donné les proportions de l'homme comme canon des combinai- Sons modulaires des monuments de l'antiquité. Cette suite se compose de six planches in-folio, le titre porte : « Thea- ? trum vitæ humanæ æneis tabulis per IOA PIRYS (Johannes Phrysius) ? exaratum. » Ter binos deciesqz novem superexit in annos Justa senes centum quos implet vita virorum. OEuvres philosophico- humoristiques. — Theatrum vile hu mano. Vredeman apprécié comme constructeur pratique. 196 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Après ce distique latin, Vredeman, qui signa cette œuvre «Jean le Frison,» explique sa pensée par des rimes françaises qui ne manquent ni de charme, ni de naïveté, si l'on veut se souvenir qu'ils précédérent l'époque où en France, « enfin Malherbe vint a: Toute chose a du temps sa source, mesme l'home, Et apparoist le bien ou mal que Dieu lui donne, Par temps, s'il suit de vice ou vertu le parti; En six fois seize ans est son aage reparti; Selon les six pilliers mis en ceste figure Ou contemplez lestat de l'humaine nature. Voici la curieuse corrélation entre les cinq ordres, plus leur aspect ruiné et les « six fois seize ans » de l’âge de l'homme imaginée par Vredeman De Vries : IoxComposiar c er ren, x 1-000805. MACON HS. bierg BONE d orties Die TON ARS LV. eigene edere. ei Kark ug Vas MOSCA E EE iep, yI. Ruijne. E E Eo E EK Cette dernière planche porte, à gauche sur un piédestal, Excv. P BALTENS: On y remarque un monogramme inédit de l'artiste mm. w (Joannes Vrede- man Vries) que nous avons rencontré depuis sur deux dessins tout à fait dans sa manière. Cette suite a été publiée à Anvers, chez Théodore Galle. Paul Vredeman, fils de Hans, a laissé une série de perspectives historiées dans le méme esprit (nous en parlons plus bas) où il rapporte aux cinq sens de l'homme les cinq ordres de Vitruve. D'ordinaire, ces compositions; où le sens allégorique manquait parfois de diaphanéité, servaient de cartons aux vitraux profanes et aux tapisseries de haute lisse. Bien que l'artiste dominàt chez Hans Vredeman, il possédait à fond l'expérience technique, l'ensemble des connaissances scientifiques qui lu! étaient nécessaires pour exercer l'art de Vitruve et réaliser matériellement SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 197 Ses conceptions. Nous n'en voulons pour preuve que ce passage, emprunté au Livre d'architecture, où, aprés avoir dit que la coutume italienne est de faire des croisées « sans requérir beaucoup de lumière, ne haulte profon- » deur, mais larges et bien peu haultes, » il prétend qu'on ne doit pas suivre le méme systéme dans nos contrées, envers lesquelles le soleil se montre plus parcimonieux de ses rayons. « Mais en ce Pays-Bas, dit Vredeman De Vries « on a une autre condition singulièrement aux villes de grandes » négociations, où les places sont petites et bien chères, là où ils faut prac- » tiser et chercher les places en haut, à la plus grande commodité, soit » grande ou petite, où il faut user et chercher la plus grande commodité et » moien des édifices ou logis d'architecture en lieu propre... A SAVOIR ? ACCOMODER L'ART A LA SITUATION ET NÉCESSITÉ DU PAYS, plus que oncque a » été besoin aux anciens, selon qu'on en trouvera en chascune des pièces » ou parties. » Ces lecons du vieux maitre trouveraient parfaitement leur application de Dës jours, où de nombreux divorces entre le plan et la destination des édi- fiees pullulent sous nos yeux. Une autre remarque assez curieuse que nous Suggére ce texte, c'est de voir le soucis du confortable domestique, dont l'Italie donna le premier exemple , signe précurseur de l'adoucissement des murs et corollaire de la réhabilitation sociale de la femme, qui commence à Préoccuper les architectes dans l'économie de leurs plans. Nous avons dit que Vredeman De Vries était peintre : ses meilleurs tableaux se rencontrent actuellement en Angleterre, où ils sont fort recher- chés. Entre autres panneaux qui se trouvent dans ce pays, on connait dans la collection du D" Robinson une « Salutation Angélique, » prétexte biblique, Un peu sacrifié pour faire valoir un intérieur perspectif d'une richesse et d'une vérité superbes. Le catalogue van Hoet cite un autre tableau richement eloffé d'architecture et de nombreuses figures, intitulé « Le Triumvirat à Rome. » A la galerie du Belvédère, à Vienne (He étage, n° 40), nous avons rencontré un intérieur d'une vaste église ogivale ; seulement le catalogue de M. d'Engler fait naître De Vries en 1528. En l'Église métropolitaine de S'-Rom- baut à Malines, contre le mur de la Salle chapitrale, on voit une « Circonci- SION » que Michel van Coxijen peignit à 81 ans, en 1580. Elle fut commandée Tome XXXIX. 26 OEuvres picturales de Vredeman De Vries. 198 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE par la Corporation des Quatre Couronnés (tailleurs de pierres et maçons). La scène se passe dans un temple de marbre en style classique; l'architec- ture a été peinte par Vredeman. Les volets du tableau ont disparu malheu- reusement pendant l'occupation francaise. Il étoffa encore la salle de « la Cène » de Joost van Wingen peinte pour le retable du maitre-autel de l'église, aujourd'hui détruite, de S'-Géry à Bruxelles. L'hótel de ville d'Anvers possède un panneau historique daté de 1595. Cest une allégorie de l'institution der Weesen meesters kamer : la ville d'Anvers prend sous sa protection les orphelins. Le tableau n'a pas besoin de signature; on y recon- nait à première vue la manière de Vredeman. Ce spécimen curieux de notre ancienne école se rapproche comme aspect de certaines compositions de De Clerck. Le Musée de Bruxelles — et c'est une lacune regrettable — ne pos- sède aucune toile de notre artiste. Hugues Lallemant dont l'Hôtel de Cluny conserve une peinture curieuse portant la date de 1562 travailla dans sa manière. Dessins du maitre. Un certain nombre de dessins de Vredeman sont en notre possession; ils sont généralement tracés à l'encre ordinaire, lavés à l'encre de Chine et retouchés de teintes plates à l'aquarelle. Le plus remarquable est un grand plafond perspectif à ciel ouvert, décoré des écussons d'armoiries de quelques familles d'Anvers. Ce dessin est d'autant plus curieux qu'il offre au revers le brouillon original d'une lettre où l'artiste se plaint, à nous ne savons quel grand seigneur, de ne pas avoir recu, en méme temps qu'une missive dont il accuse réception, les éeus annoncés en payement des dessins fournis. Voici le fragment lisible de cette piquante lettre : Avtographe de €... .. dat men heer . . . . . dat wij den brief ontfangen dat gij » hede in bezitting zijt van de tickeningen, maer wy en hebben geen gelt » ontfangen..... want hij sat dat hij van geen gelt en wist, so meen heer en » moet ons dat niet qualijck afnemen dat wij men heer geen quitanssi en » sijnden, want en weten niet wat dit bediden mag, oft hier bedrog mag sijn » van den boeij, want men het is gast zonder om ne quitanssi da sijden » maer wij en weten niet oft men geen gegeven heft oft niet, want wij » hebben den brief ontfangen van eenen vremden knegt die du wij niet en kétid emp uv lev SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 199 La série des publications de Hans Vredeman compte trente-quatre livres €t opuseules, variant de six à cinquante-quatre planches. De Vries écrivait avec une égale facilité le latin et le flamand, sa langue maternelle. I] connut aussi la langue francaise, mais ce fut toutefois Théodore Kemp, qui traduisit en cet idiome le texte de son Livre des Ordres, publié en 1577. Il composa encore des poésies et nous ne croyons pouvoir mieux compléter la physionomie intellectuelle de l'un des plus énergiques pionniers de l'école italo-flamande de la Renaissance, qu'en donnant la mélancolique ballade inserite en téte de son Livre de Perspective, réimprimé avec additions par Marolois, à Amsterdam , en 1638. Le grand artiste y semble prévoir la longue injustice de la postérité à son égard, lui qui, pendant quarante ans (met veertig jaer moede), se dévoua corps et âme au service de son art, et Mourut sans avoir eu la consolation de le professer en l'Université de Leijde. BALLADE. « Als ick mij tot dit werck, bevlijtichde met luste Soo quam mij dikmaels voor, tgeen ick noch had onthowwen, Ghelesen in mijn jeucht, d^welck mij gantoch in onruste, Stelde dach en nacht, ick moetet hier ontfouwen, Van den Man-sonder Vader, wilt mijn reden door knowwen, Momus geheeten, die, van den Nacht is gheboren, Vader van Berispers, en diese weet te stouwen, Tot het eund? van tweedracht, als sijn Kinders vercoren, En dees, soo and’r in deucht seer nog haer Vader storen Scheppen groote vreuchde, in ijemandts werc te laken, T'ghene dees Const alhier, in mij schier hadd’ doen smoren, Overpeijsende wel, dat ick oock soude maecken Tot Vijandt t'groot geslacht, die t'al winnen metter Kaecken, Maer de liefhebbers reijn, die wel nemen int goede, Verbliesen dit ghedrocht, deden dat zij nu smaecken, Mijn studie hier għeheel, daer met veertig Jaer moede, Ick mij hebbe ghemaeckt, op dat hem elck een voede. » Vredeman De Vries littérateur et poëte. Le mobilier flamand. 200 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Sa dédicace latine aux États de Frise respire le patriotisme le plus noble et le plus élevé; nous transcrivons quelques vers de ce Gueux artiste, insérés en tête de l'édition de 1599 de la Perspective : « Cum natale solum mihi sit Leovardia clara, Omnes et dulcis Patriæ ducantur amore; Hoc Patric moveor Patribus sacrare Labores Hosce meos, et cui Gvizzezavs præsidet Heros Nassovivs. Nostri tu que, o Leovardia, testem Grati habeas animi Librum hunc, in luminis oras Optica quo prodit, variis expressa figuris. Non labor exiguus. Sit honos et debitus arti « Huic aliquis. Scripto hoc studuit tibi, Frisia, Friso Aspicite hanc oculis, que se offert Optica, lotis. Le meuble nouveau, avons-nous dit, précéda toujours l'architecture nou- velle. Quand les idées de Vredeman, de ses émules et de ses continuateurs devinrent vraiment nationales, ce fut quand tous les logis, nobles ou bour- geois, eurent adopté l'usage habituel des accessoires somptuaires imaginés par les maitres de l'école d'Anvers et popularisés par la gravure. Les trois périodes de l'architecture italo-flamande furent préparées par des change- ments dans le style de ces « patrons » de meubles. Quatre recueils principaux renferment pour ainsi dire l'histoire du mobi- lier aux Pays-Bas durant un siécle entier, de 1560 à 1660. D'abord le livre de Hans De Vries, Differents pourtraicts de menuiserie, mis en lumière par Philippe Galle que nous croyons élaboré vers 1565. C'est la période clas- sique des arts somptuaires, l'ornementation et la décoration d'une sévérité cossue naissent de la forme méme. Ensuite les deux « Livres de meubles » de Paul De Vries son fils : Verscheijden schrijmwerck, plus recherchés dans leurs contours, moins sincéres de silhouette, témoignant d'un plus médiocre soucis de la forme nécessaire commandée par l'usage, publiés en 1630, par Claes Jans Visscher. Enfin l'Oficina arcularia, éditée en 1642 par Crispijn de Pas. Empruntée à divers auteurs (eximia exempla ex variis autoribus) on y rencontre pour la première fois les meubles sans sculpture en boi SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 201 d'ébéne et des iles (Ebben en Saccardaen hout), à filets d'ivoire, incrustés d'écaille et garnis de moulures « ondées ». Certains meubles appartiennent encore au style le plus ancien, témoin les deux tables de la planche P, copie servile de la gravure 7 des Pourtraicts de menuiserie. Quelques biographes donnent à Hans Vredeman deux fils, Paul et Salomon. Nous avouons n'avoir aucun indice que Vredeman se soit engagé dans des liens légitimes de mariage, on ne cite nulle part le nom de sa femme; peut- étre mourut-elle fort jeune? En tous cas il n'en est jamais fait mention. Le Navorscher. (V. 1855, Bijb. LXV) rapporte que Paul se maria à Amsterdam en 1601, le 27 avril : « PAuLUs VnEpEMAN Dr Vriese (sic) van » Antwerpen, out 34 jaeren, wonende in de Hoogstraet, geassisteerd met » Joan VngpEMAN De VmiEsE (sic) zyn vader; en Maeyken. Godelet, van » Antwerpen, out 37 jaeren, wonende in de Geertruyde-straet, geassisteerd » met Magtelt. Carbeels haer Moeyken, en Sara Godelet, haer zuster, ver- » toonde haer vaders consent. » Quant à Salomon, van Mander le fait mourir à la Haye, en 1604, sans donner toutefois la date de sa naissance. Immerzeel le fait naître en 1556, à Anvers. Nagler lui donne un fils du nom de Pierre, né à la Haye en 1587. D'autres prétendent que le pére de ce dernier était Paul Vredeman. Tous trois ils furent des artistes de talent qui continuérent pieusement la manière et gardérent les traditions du vieux De Vries. L'œuvre principale de Paul est sans contredit le Livre des meubles. L'ouvrage comprend deux parties publiées la méme année et par le méme éditeur. Le titre est en langue flamande et francaise : « Plusieurs MENUISERIES Comme Portaulx, Garde robbes, Buffets, Chaliets (Ledi kanten), Tables, Arches (Kisten), Selles (Stoelen), Bancs, Escabelles, Rouleaux à pendre touailles (Hantdoex-rollen), Casses à vertes (sic) (Glasborden) et beaucoup d'autres sortes d'ouvrages. Le tout fort artistement agencé et marqué par le fameux Paur VngpewAN Dr Vriese ; et nouvellement mis en lumiére par Nicolas lans Visscher, l'an 1630. » T' Amsterdam Gedruckt by Claes lans Vischer, in de Kalver-straet , in de Vischer. Le frontispice de la premiére partie offre des lignes sévéres, màis dans la Predelle inférieure de la seconde apparaissent deux cartouches étoffés de ces Enfants de Hans Vre- deman. Paul De Vries. Salomon De Vries. 202 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE formes « gelatinéuses » qui prévalurent dans le second tiers du XVII» siècle. Janus Douza l’orfévre a gravé en ce genre une étonnante et bizarre série. Quant au plan du livre, Paul Vredeman suit pas à pas le modèle type publié par son pére; seulement on remarque aisément la marche de la mode; les changements advenus dans le style en un demi-siècle. Aux Rabat rollen nettement découpés de Hans De Vries succèdent des cartouches onduleux aux revers volutés. Les formes bientót vont devenir indécises, se rapprocher des cotylédons de la noix vulgaire; dans le Livre des meubles de Crispin de Pas les rabat rollen affectent déjà les surfaces tremblotantes du nostoch ou de la tremelle des cartouches de l'Atlas de Jan Claesz Visscher. Les deux Livres de Paul Vredeman n'en constituent pas moins une œuvre artistique où l'imagination brillante du maitre a prodigué les motifs sans compter. Reproduits par la photographie, ils ont rewouvé en notre temps d'éclectisme et de résurrection de l'art flamand, la vogue dont ils jouis- saient au XVII* siécle. e : Une suite curieuse de cinq compositions, dans le genre des « Tapisseries » nous prouve qu'à l'exemple de son pére, Paul De Vries ne dédaignait pas à l'occasion un peu de métaphysique. Nous voulons parler des planches (FF — KK), gravées par « Henricus Hondius, Hagæ comitis », représentant des fabriques italo-flamandes appar- tenant aux cinq ordres classiques, rattachés par une fantaisie philosophique de l'artiste aux cinq sens de l'homme, personnifiés par des personnages en action. Voici le rapport qu'avait trouvé Paul Vredeman entre le caractère de chaque ordre et l'opération sensuelle humaine : "TuvscANA, Visus, Dorica, Auditus, k lowicA, Odor, Corinthia, Gustus, Cowposira, . Tactus. Gérard, fils de Jacques Outre Paul et Salomon nous connaissons encore un Gérard Vredeman, fils Vredeman. d'un certain Jacques Vredeman, Musijkmeester der stad Leeuwarden , habi- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 203 tant cette ville en 1617. Gérard Vredeman était peintre verrier (Glasschil- der). Le Liber amicorum de Wijbrand de Geest, le vieux, renferme le curieux autographe qui suit de la main de ce parent probable du vieil Hans : Qui bien se mire bien se void Qui bien se void, bien se cognoit Qui bien se cognoit peu se prise Qui peu se prise, Dieu l'avise Dieu et mon droit. Ginanr VnEDEMAN Frison Vitterier. La modestie comme le talent constituaient, on le voit, un apanage héré- ditaire dans cette famille artistique de Leeuwarden. Hans Vredeman De Vries fut, sans contredit, l'un des maitres les mieux doués de notre glorieuse Renaissance italo-flamande; comparable à tous ses rivaux italiens, espagnols, allemands et francais, il ne fut inférieur à aucun et Surpassa le plus grand nombre. Il appartient incontestablement à cette Catégorie d'esprits d'élite, pour qui l'art est un sacerdoce qui réclame tout leur Sang, une mission qui ne doit finir qu'avec leur vie. Doué d'une modestie rare, en tête de son Livre d'Architecture, chef- d'œuvre original où l'inspiration déborde et qui eüt suffi, à lui seul, pour mmortaliser son nom, il invite ses collègues à profiter de son travail pour Chercher à le surpasser : « à s'enquérir du mien pour en avoir un meil- leur, » comme il dit dans le naif mais expressif langage de Montaigne. Nous possédons le portrait de Vredeman De Vries à l’âge de 77 ans, 8ravé par Hondius. Il ressemble incentestablement, comme type général de Physionomie, à Pierre Coecke et à Lambert Lombard. C'est un vieillard à front large et élevé dont la chevelure, encore épaisse et bouclée, a complé- lement blanchi. Il porte la barbe entière, blanche comme les cheveux; sa Moustache abondante et soyeuse s'étend, non sans crânerie, en travers du bas de la máchoire. Le nez, légèrement busqué, s'arrondit à la base, l'areade Sourcillière est profonde, l'œil teuton. Une petite fraise tuyautée, ouverte devant, encadre le cou; il porte le manteau et le pourpoint, sans laillades, Réimpression photo- JH ig des œuvres de Hans et Paul Vredeman. Henri De Pas. Crispin De Pas senior et junior, 204 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE à demi boutonné sur la poitrine. Cette noble figure impose, ces yeux pensent, c'est bien là le type que l'on réverait pour le grand artiste et le courageux citoyen qui ne rechercha la gloire que pour la voir rejaillir sur sa patrie et disait dans un de ses livres: « Un nom dans l'avenir m'est réservé peut- être : s’il a quelque valeur que la docte Belgique daigne le garder pour elle. » Forte aliquod nomen mihi erit : sed Belgica docta, Si quid nomen erit, quærat et ipsa sibi. Au moment où nous écrivions ces lignes, l'on rééditait, à Bruxelles, après deux siècles et demi, les principaux ouvrages de Hans et de Pauwels De Vries, par les procédés photolithographiques. C'est là une première et éclatante justice rendue à l’un de ces grands artistes flamands qui, comme Lambert Lombard, comme Pierre Coecke d'Alost, comme Wenceslas Cœberger, altendent encore leur statue. Parmi les maîtres de la fin du XVI: siècle, donnons une place honorable à Henri De Pas, Paas ou Paeschen, d'Anvers, qui, d'aprés les ordres de sir Thomas Gresham, longtemps banquier de la reine Élisabeth, à Anvers, construisit, en 1586, la Bourse de Londres, superbe édifice de 200 pieds de long sur 180 de large. Les auteurs de l'histoire d'Anvers, MM. Mertens et Torfs, nous apprennent que les piliers-colonnes de pierre bleue, selon les uns, de marbre de Rans, selon d’autres, furent taillés et sculptés à Anvers et envoyés tout achevés à la capitale du Royaume-Uni. Cette Bourse fut détruite, comme on le sait, dans le fameux incendie de Londres, de 1666, et rebàtie par un autre anversois, J. B. Hendrickx. Aprés Henri De Pas, mentionnons avec honneur Crispin De Pas senior, qu'il ne faut pas confondre avee De Pas junior. Ce dernier édita à Amster- dam un recueil de vingt-cinq planches, rarissime aujourd'hui, de meubles variés, portant pour titre : a OFFICINA ARCULARIA in qua sunt ad spectantia diversa eximia exempla ex variis autoribus collecta. » Le titre prouve qu'il n'était pas l'auteur, mais l'éditeur du livre. Il nous semble traduit dans le texte flamand de facon à déguiser à dessein cette collaboration : ScArinwerckers- twenckel waer in begrepen syn de principaelste stucken der schrenwerckers const, fondamentlick gestelt ende mit nieuwe inventien verciert, door Crispinum SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 205 Passeum, junior (1642). Ce recueil vaut, au point de vue de l'art, toute l'es- time et l'admiration que peut éveiller son mérite d'extréme rareté aux yeux du bibliophile. Cette rareté, au reste, s'explique facilement par le nombre d'exemplaires qui auront été dépecés et détruits dans les ateliers des « bahu- tiers et des escriniers » qui taillérent en ebben en saccardaen hout, ces pittoresques meubles, dont il existe encore de si beaux échantillons au Musée de la Porte de Hal et chez un grand nombre d'amateurs. Nagler, si complet et si précis d'ordinaire, ne cite pas cette suite; Immerzeel et son continuateur Kramm n'en soufflent mot; M. Brunet, dans son « Manuel », avoue n'avoir. jamais vu l'édition originale et signale seulement la vente à Paris d'une réimpression sur les anciens cuivres, faite en 1654. Signalons dans le livre de Crispin de Pas les grands dressoirs et la garde- robes de la planche II. Les charmantes petites hang schapraetjens des plan- ches L et M, et les meubles divers des planches D, I et N. Ce recueil fut Imprimé à Amsterdam, en 1642. Les meubles de Paul De Vries l'avaient été antérieurement dans la méme ville, en 1630. Crispin de Pas ou Crispijn de Passe, senior, naquit à Arnemuiden, en Zélande, vers l'an 1540. Dick Volkertsz Coornhert lui enseigna le dessin et la gravure, et. il exerça son art à Amslerdam, à Cologne, à Paris et à Londres, i Dans une préface en français, placée en tête de son Traité de perspec- fwe, il rapporte les particularités suivantes de sa vie : « Dès ma jeunesse , je me suis adonné à plusieurs et divers exercices; mais je me suis parti- culièrement attaché à estudier les plus fameux maîtres, le sieur Fre- » minet, peintre de Sa Majesté très-chrétienne, LE 'TRÉS-RENOMMÉ » PEINTRE ET ARCHITEC "E, PETRO PAULO RUBENS, Abraham Bloe- » mart, Paulo Moreelson, peintre et architecte d'Utrecht, mais plus particu- » lièrement le très-noble seigneur van den Burg, avec lequel je visitai » l'Académie où estoient les plus illustres hommes du siècle et l'illustre prince Maurice, d'heureux mémoire, pour enseigner le desseing à l'Aca- démie du sieur Pluvinel, premier écuyer du roy. » : Ce fut l'amitié qui liait de Pas avec messire Antoine de Pluvinel, qui lui fil orner de soixante-six gravures le livre de ce dernier édité à Paris Tome XXXIX. 27 » Schrinwerckers-winkel de Crispin de Pas junior, 1642. Crispin de Pas senior cite Rubens comme architecte renommé de son temps. Sébastien Van Noye. 1495 - 1557. Préférence accordée par Charles-Quint aux Ingénieurs fla mands, Palais Granvelle à Besançon. 1934. 206 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE en 1623 sous le titre : Le Maneige royal où l'on peut remarquer le défaut et la perfection du cavalier en tous les exercices de cet art digne des princes, faict et pratiqué en l'instruction du Roy. C'est le résumé de l'éducation du roi Louis XIII en l'exercice de monter à cheval. Remarquons avec intérét que, dans la citation que nous avons extraite de la préface de son Traité de perspective, Crispin de Pas décerne à Rubens en méme temps que le titre de peintre celui d'AncurrEcrE. Cette qualification était done admise de son vivant et les artistes, ses rivaux, se plaisaient à la lui donner. Cette particularité est importante pour ce qui va suivre; nous attirons tout particulièrement, à cet égard, l'attention du lecteur. Crispin de Pas laissa un grand nombre de recueils de gravures, publiées la plupart après sa mort. Comme Vredeman De Vries, il appartenait à la confession luthérienne et mourut, en 1629, laissant outre Crispin /e Jeune deux autres fils, Simon et Willem, qui s'adonnérent également à la gravure. Crispin de Pas junior, l'éditeur du Livre des meubles précité, naquit à Utrecht, en 1586. On ne connait de lui qu'un petit nombre de piéces, soit qu'il mourüt dans un âge peu avancé, soit qu'il eùt abandonné de bonne heure la carrière des arts. Madelaine de Pas, sa sœur, a cherché à imiter la manière du comte palatin Hendrik de Goudt; on regarde comme son chef- d'œuvre la planche des Vierges sages et des Vierges folles. Auprès des de Pas, placons un de leurs concitoyens, Sébastien van Noye, né à Utrecht, en 1493, appelé Sebastiano d'Oya en Italie. Il fut à vingt- deux ans « Architecte général » des fortifications de Charles-Quint, étudia l'architecture à Rome et y accompagna plus tard cet empereur, en 1527. Don Patricio de la Escosura, dans le texte du pittoresque livre España artistica y monumental, illustré par le spirituel et intelligent crayon de Don Genaro Perez de Villa-Amil, nous apprend, non sans une certaine nuance de dépit, que Charles-Quint se servait volontiers d'ingénieurs flamands : « Para sete projecto se valio de ingenieros flamencos » , dit-il, en parlant de ceux qui creusérent le canal d'Aragon, en 1528. Ce fut en revenant d'Italie qu'il fournit les plans du palais Granvelle à Besançon, élevé en 1534, — le millésime se lit sur un fronton du rez-de- chaussée — pour Nicolas Perrenot le chancelier. La bâtisse, dit M. Castan , SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 207 Se poursuivit six années sous la direction de dame Nicole Bonvalot, sa digne « épouse » . Ce palais, auquel on travaillait encore en 1540, fut singuliérement embelli par le cardinal Granvelle, qui aimait à y séjourner et y employa l'architecte Jacques van Noye, fils de Sébastien, dont le monogramme I. O. A. peut se voir encore sur l'un des chapiteaux de l'étage du patio ou cortile. En 4550, Sébastien van Noye, devenu architecte du roi Philippe II, dirigea la construction du palais du cardinal Granvelle sur la Coperbeke, à Bruxelles, d’après des plans prétenduement dressés par un italien du nom de Pastorana. Sébastien van Noye, durant son séjour à Rome, dessina les Thermes de Dioclétien , qui furent gravés aux frais du cardinal de Granvelle par Jérôme Cock, en 1558, sous ce titre : « Therme Diocletiani imperatoris, quales » hodie etiamnum extant sumptibus et ardenti erga venerandam antiqui- » tatem studio Antoni Perenoti, episcopi Atrebatensis, in lucem eductæ, » industria et incomparabili labore Sebastiani ab Oya, Caroli V architecti, » tanti herois impulsu quam exactitudine ad vivum a fundo usque descripti, » ab uberiori prorsus interitu. vindicatæ et ab Hieronymo Coccio Antuer- » piano in æs incisæ. » Comme on le voit par ce travail de Sébastien van Noye, nos grands archi- lectes de la Renaissance ne se contentaient pas d'imiter seulement les œuvres des maitres italiens, ils cherchaient à surprendre les secrets de l'art antique en relevant minutieusement les monuments les plus célèbres. Ce recueil est de la plus insigne rareté; l'exemplaire que possédait Mariette fut vendu 325 livres en 1776. Van Noye donna les plans de la Porte impériale, à Anvers, dont nous avons déjà parlé; fortifia Philippeville, Charlemont et Hesdinfert et rendit de si grands services à l'empereur dans ses expéditions militaires qu'il reçut des lettres d'anoblissement et conserva toute sa vie une faveur que Philippe II continua à son fils. La tombe de Sébastien van Noye, qui mourut le 18 juin 1557, se trou- vait autrefois en l'église S'e-Gudule à Bruxelles, joignant l'autel de la Se-Croix. Le bas-relief du monument représentait le Mouchoir de Véronique avec la sainte face de Notre-Seigneur. Au bas, on remarquait son écu d'ar- moiries, d'azur à trois fleurs de lis d'or, octroyé par Charles-Quint en récom- Palais Granvelle sur la Goperbeke à Bruxelles. 1550. Recueil des Therme Diocletiani. 1558. Jacques Van Noye. 1523-1600, Hans Mont. Paul Luydinekx. Jacques de Berges, Jehan Gilgo, Nicolas Floris, Antoine Mockaert, Jan de Heere, Thomas Voor; Théodore de Bry, Guillaume Paludanus, Krispijn van den Broeck. 208 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE pense de l'habileté singuliére dont il avait fait preuve, comme ingénieur, sur le champ de bataille de Biagras et au siége de Pavie. Van Noye avait épousé, en 1530, une noble demoiselle appelée Anne van der Linden; il en eut un fils unique, Jacques, né en 1523, qui, du vivant de son père, était déjà « Inspecteur des fortifications » de Philippe II, alors roi d'Angleterre. Jacques van Noye recut de ce prince, en 1564, une gratification considérable et les éperons de chevalier et succéda à Sébastien dans ses emplois et dignités. Il mourut en 1600. Citons aprés les van Noye, Hans Mont, architecte et sculpteur gantois. Engagé par Jean de Bologne pour le service de l'empereur Maximilien II, il partit pour Vienne en 1575, s'y distingua en érigeant, secondé par Spanger, un superbe arc triomphal pour l'Entrée inaugurale de l'empereur Rodolphe et contribua largement à introduire, en Autriche, l'architecture romaine. Placons ensuite Paul Luydinckx, sous la direction duquel nous avons yu que s'éleva l'hótel de ville d'Anvers, dont Floris avait fait les plans. Pillé et incendié dans la nuit du 4 novembre 1576, par la « furie espagnole » il fut restauré, tel qu'on le voit aujourd'hui, par cet artiste, de 1584 à 1592. N'oublions pas Jacques de Berges, Jehan Gilgo, Nicolas Floris, père du célèbre Corneille, du graveur Jacques et du peintre Frantz, Antoine Mockaert, Jan de Heere (1534-1584), père de Lucas de Heere, peintre distingué, Thomas Voor, Théodore de Bry, qui avait adopté cette devise originale : « Nul sans souci de bris », et grava les Emblemata nova de Michel de Meier. A l'exception de Gilgo qui va suivre, ces noms sont connus grâce seule- ment à l'impartialité et à la modestie de Vredeman De Vries. Ce dernier cite encore Guillaume Paludanus, que nous connaissons comme sculpteur, mais auquel une telle mention suffit pour reconnaitre la qualité d'architecte. Palu- danus, nommé abusivement Polidamo par M. Le Virloys, s'appelait de son nom patronymique flamand Willem van den Broeck. On sait qu'au XVI° siècle c'était une coutume générale de donner aux noms une traduction où désinence latine. Van Mander range parmi les éléves de Frans Floris un autre van den Broeck, anversois, portant le prénom de Krispijn, né en 1530, mort en Hollande, à 74 ans, cité dans «l'inventaire des meubles » du Palais Granvelle, et qui fut à la fois peintre, graveur et architecte. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 209 Nous savons encore qu'un Raphaël Paludanus d'Anvers sculpta, en 1586, Raphaël Paludanus. q I pta, , le grand cartel d'armoiries d'Alexandre Farnése au-dessus de la porte du château de la citadelle d'Anvers et reçut de ce chef en payement 95 livres. Guillaume Paludanus naquit à Anvers, en 4520, et fut recu, en 1557, à la Schilders Kamer ou Confrérie de St-Luc. Guicciardini, l'ambassadeur de Florence, loue le talent de ce maitre qui mourut à Anvers, le 11 mars de l'année 4579, ce qui résulte de son épitaphe qui nous a été conservée : Wie rust hier door de doodt subject, T'is Paludanus, beeldsnijder gepresen Int leven, ouwt L jaeren perfect, Sterf den xı meert, soo elck mag lesen. God wil door Christum sijn saligheijt wesen. MDLXXIX. Le souvenir de ces architectes méritants du XVIe siècle se trouve COn- promoteurs anonymes Signé dans le Livre d'Architecture de Vredeman, et il les signale « comme » maitres vaillants et industrieux et bien experts architectes à l'honneur de » ce Pays-Bas. » Dans la bouche de De Vries, cet admirateur passionné du « trés-renommé Vitruvius » , cet éloge est non-seulement un brevet de talent Pour ces artistes malheureux dont les œuvres ont été détruites — s'il en existe, elles sont actuellement confondues dans le grand pandemonium des construetions anonymes accumulées par les siècles — mais encore, une Présomption certaine de leurs tendances vers l'art gréco-romain et de la part qu'ils durent prendre à l'introduction aux Pays-Bas des types de la Renaissance italiennne dont De Vries se montra toute sa vie le zélé mis- Sionnaire. et subalternes de la Renaissance des Pays-Bas. Nous avons tout à l'heure réservé Gilgo : ce Jehan Gilgo, Guilgot ou Gelge, colonne de Culenbourg. o Lee) lb K Li * demourant à Brusselles, » fut l'auteur des plans de la Colonne de Culen- bourg, de sinistre mémoire. Le dessin original repose aux Archives du Royaume. On y voit que ce monument, destiné à rappeler la triste dévas- lation de la demeure d'un patriote, était d'ordre dorique à bossages hori- Zontaux, semblables à ceux qui furent prodigués par De Brosse à la facade du Luxembourg, à Paris. Elle fut exécutée, en 1569, par Jean Hanieq et Bruxelles. Guilbertus van Schoonbeeck Maison Hydraulique à Anvers. I les, Inhuldingen. pha- 210 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Delcredo, et détruite par ordre d'Olivier van den Tympel, gouverneur de Bruxelles, au nom des États. - Citons en terminant cette nomenclature des artistes de la seconde moitié du XVI: siècle, qui propagérent l'architecture aux Pays-Bays, Gillebert van Schoonbeek, qui consacra sa fortune à des constructions tellement vastes, à Anvers, qu'elles finirent par le ruiner. En 1568, alors que le recensement de cette ville portait à 105,000 le nombre de ses habitants, van Schoonbeek avait bâti toute une nouvelle cité sur l'emplacement qu'occupent aujourd'hui les entrepôts et les bassins. Ces constructions étaient toutes ornées de pilastres, entablements, frontons, fenêtres à chambranles « en crossettes » et autres détails empruntés à la Renaissance italienne. Van Schoonbeek a bien mérité d'Anvers. C'est lui qui fonda les usines du Quartier des Brasseurs et inventa une machine pour leur fournir l’eau néces- saire. Un aqueduc, partant du canal d'Hérenthals, côtoie les fossés des rem- parts, passe sous le mur d'enceinte non loin de la Porte du Rhin et arrive à un immense réservoir d'où l'eau est reçue et dévasée par une roue à auges. Un systéme de robinets dessert toutes les brasseries. La maison où se trouve la machine de van Schoonbeek se voit encore à Anvers et l'ingénieur-architecte, dont elle a conservé le portrait, pourrait y revenir sans voir la trace des années; car elle a maintenu tout son curieux ameublement du XVI: siècle, ses vieux siéges à clous brillants, ses tentures cuir doré et son lustre de laiton poli. Gardons-nous d'oublier certaines œuvres anonymes d'architecture déco- rative, qui furent élevées à la fin du XVI: siècle pour des entrées inaugurales (inhuldingen) et qui nous ont été conservées par la gravure. En 1577, Don Juan, le vainqueur de Lépante, s'était emparé par surprise de la citadelle de Namur. A cette nouvelle, Guillaume de Nassau accourut en toute hàte à Bruxelles et somma Don Juan de remettre ses pouvoirs au Conseil d'État. Le prince d'Orange fut reçu avec enthousiasme par le peuple; mais la noblesse eatholique, pour contrecarrer ses desseins, appela au Gouvernement des Pays-Bas l'archidue Mathias. Le Taciturne lui rendit hommage, mais il se fit adjoindre au jeune prince SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 211 autrichien en qualité de « Ruwart, » conservant l'autorité de fait et en lais- sant les dehors à Mathias. A la suite de cet arrangement, le 18 janvier de l'année suivante, Guillaume de Nassau et Mathias firent cóte à cóte une entrée triomphale dans la ville de Bruxelles. Jean-Baptiste Houwaert, le poéte flamand, en donna au public une pédante et prolixe relation, enrichie de gravures, que nous allons étudier au point de vue décoratif. L'entrée de l'archidue Mathias et du prince d'Orange a été imprimée sous ce titre : Sommare beschrijvinghe van de triumphelijcke incomst van den doorluchtighen ende hooghghebore aerts-hertoge Matthias, binnen die prince- lijke stadt van Bruessele, in liaer ons heeren mpuxxvur, den xvin dach Januari. Mitdsgaders die tonncelen, poincten, figueren ende spectaculen, die in de voorseijde incompste (ler eere van sijne doorluchtigheijt) zijn verthoont gheweest , met meer ander saken, die doen ter tijd gheschiet zijn. Gheinven- teert ende ghecomponiert deur Jan Baptiste Houwaert, consiellier ende meester van der Rekeninghen ons Heeren des Coninckx in Brabant. T'Ant- Werpen ghedruct by Christoffel Plantijn, drucker der C» Maio. in "t iaer MDLXXIX. L'auteur qui s'est donné une peine énorme pour accommoder sa préface en acrostiche date son épitre dédicatoire du 4°" mai 1578. Les gravures de l'école d'Anvers, qui ornent ce recueil, sont très-curieuses €t se rapprochent absolument de la manière de P. Coecke ; on y remarque méme quelque chose de la facon d'entendre l'épaisseur des tailles et la lar- Seur des coupes qu'il savait rendre avec autant. d'esprit que de solidité. Les cartouches (rabatrollen) ont, par la fermeté des ornements arabesques, un certain air de parenté avec les passe-partout des Emblemata d'André Alciati et les entourages des «Devises d'Armes et d'Amour » de Paul Jove. Nous ne savons à quel maitre attribuer et ces décorations et ces cartouches où le goût italien s'affiche incontestablement. ll y a une démarcation fon- cière de style entre les Peginata du livre de Houwaert et ceux élevés lors de l'entrée solennelle du due d'Anjou, à Anvers, le 18 février 1582. Peut-être sont-elles l’œuvre de Houwaert lui-même, s'il faut prendre à la lettre les mots gheinventeert ende ghecomponiert appliqués aux Tonneelen , xelles. Relation de Houwaert 18 janvier 1578. Tonneelen, Poincten Figuren, Spectaculen. Rabatrollen. Neese Tabernakels. Tonneelen naer d'leven ghecontrefeijt, 212 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE poincten, figueren ende spectaculen; c'était chose si commune au XVIe siècle que d'être à la fois peintre, architecte et poëte. Doit-on attribuer à la collaboration d'un architecte, la charmante villa italienne au Donckermolen, bàtie en 1560, à laquelle il avait donné le nom de Petite Venise. Si Hou- waert eut recours au talent spécial d'un architecte pour élever son casin, il est constant qu'il en fut lui-même l'importateur et l'ordonnateur. Nous man- quons absolument de renseignements à cet égard, mais nous avons publié in extenso le titre du livre pour qu'on fasse attention au gheinventeert ende ghecomponiert, qui parait s'appliquer à l'ensemble des décorations et non aux seuls vers flamands dont ils sont enrichis. Chaque JVeese oft Tabernakel, dont les tympans des frontons enfermaient toujours des Rabatrollen enrichis de quatrains, était occupée par une ou plusieurs figures allégoriques tirées de la mythologie ou personnifiant des idées ahstraites. Dans ces Tabernakels les pièces d’une armure complète étaient successi- vement soutenues par la Prudence qui portait le casque; la Foi, la cuirasse; la Diligence, le gorgerin ou hausse-col ; la Magnanimité, les brassarts, tassettes et cubitières; la Constance, les cuissarts, genouilléres, grèves et solerets; finalement la Vertu qui tenait les éperons à mollettes rayonnantes. Dans d'autres de ces Tonneclen, on voyait Junon, Cybèle, Hébé ou « dame de ieunesse » enlacée à la Volupté, Bellone, Fama ou Renommée, et Pal- maris ou Victoire. Plus loin les trois Vertus théologales; les quatre Vertus cardinales; la Clémence, la Libéralité, la Concorde, la Persévérance, la Pro- vidence enfin, se montraient personnifiées par des jeunes femmes au costume romain affectant une propension marquée pour les nudités de gorge. Heu- reusement que, par exception, ces Tonneelen étaient naer d'leven ghecon- trefeijt et non « remonsträce de personnaiges vifz » comme aux Joyeuses Entrées de Charles-Quint et de Philippe II à Anvers. Le livre est précédé d'une superbe planche donnant les portraits en médail- lons des deux héros du jour, Matthias et le Taciturne, entourés d'allégories du style de Floris ou de De Vries. Dans l'exemplaire que nous avons sous les yeux, cette planche est légèrement coloriée avec un goût exquis par un enlumineur (cleerscryver) du temps. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 215 ans le recueil de Houwaert, nous remarquons spécialement, comme style : la Porte triomphale (pl. 17) soutenue par deux Termes, mâle et femelle, sous une ordonnance archaïque, rappelant plutôt le commencement du XVI* siècle que l'époque où elle fut faite. Nous laisserons la description à Houwaert lui- méme pour plus de couleur locale : « Onder vele andere vercierde straeten, soo was die langhe Ridderstraete » seer triumphantljick verciert; beijde de sijde waren met pilasters afghe- » Slaket die met diversehe coleuren van lakenen ende flouweelen behan- » ghen waren, daer die wapene van de seventhien landen, die wapen van sijn » doorluchticheijt, de wapen van d’excellentie des prinsen van O rangnien ? op hinghen, constich met gout en silver verciert, omringht in inkelen van ? groenen eedvelde bladeren, die de Romeijnen festones noemen. » Als doen zijn doorluchticheijt, met sijnen triumphanten straet, na- » kende was het innecome van de korte Ridderstraete, soo wertoonde haer » daer een antijke poorte met haer pilaeren, basementen, capetielen, archi- ? traven, cornissen ende friesen met hare croonemente, daer in middel de ? Wapen van de coninclijke majesteijt ghestelt was : op de rechte sijde hinck » de wapen van sijne doorluchticheijd, ende op de slincke sijde de wapen ? Và excellentie des prinsen van Orangnien, al constich verciert met gout » en silver, omringt met groen festoenen, behangen met ioijen , daer onder » tusschen frutagien, bloemkens ende goude looveren ghemenghet ende ^ gevlochten waren, soo men aen die figure voor oogen (naer d'leven ghe- » conterfeijt sijnde) naerder aenschouwen mach. » Une des allégories les plus remarquables s'élevait sur la Grand'Place : on Y voyait Marcus Curtius, Scipion et Annibal; signalons également l'entourage architectural. et la disposition d'un groupe composé de cinq nymphes per- sonnifiant ]a Gloire, la Majesté, la Générosité, la Magnificence et la Modestie. Les hauts faits de l'histoire fabuleuse avaient seuls à cette époque le pri- vilége de séduire nos ancêtres. Il faut aller jusqu'à Rubens pour voir une bataille moderne figurer sur un Are de triomphe en compagnie toutefois, disons-le vite, d'une série de compositions et d'emblémes accessoires où la mythologie et l'histoire grecque et romaine se mélent singulièrement aux événements contemporains. Tome XXXIX. 28 Porte triomphale de la Langhe Ridderstraat. Festones Prédilection d mands pour le: mythologiques. Un quatrain des Rabatrollen, Impor 214 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Nous avons dit qu'Houwaert avait orné de quatrains chacun des Rabat- rollen placés au fronton des pegmata «in een constich compertement. » Nous citons plus bas l'un de ces quatrains, qui nous dispensera de parler de l'aerostiche laborieusement ajusté; des dialogues rimés de l'introduction ; du mirifique colloque entre Annius et Leucius, digne de la palme d'un Land- juweel, et du fameux « tafel spel van de vonnis van Minos op het geschit of » questie tusschen de grooten Alexander, Annibal van Cartago ende Scipion » den Romyn » sentence rapportée allégoriquement au prince d'Orange et à l'archiduc Mathias. Voici un spécimen des quatrains lapidaires de notre poëte flamand du XVIe siècle, inscrits sur les Rabatrollen : LiBERALITAS, vrouwe groot van virtuijte Die der miltheijt altijt is ghewoene Schenckt sijn hoogheijt cornucopiæ met fruijte Om in weel den sijn vrinden te voene. Le livre de Houwaert prouve surabondamment que le patricien bruxel- lois allié à l'antique lignagne des Sweerts « conseillier ende meester van de 5, songeait avant tout à se créer des litres » Rekeninghen », courlisan avis pour figurer parmi ces vrinden, Notons qu'aprés avoir rimé pour le Taciturne, la muse volage de Hou- waert publia (1594) en «caractères de civilité » un poëme à l'occasion de l'Entrée inaugurale du prince Ernest à Bruxelles : Zawwaerts Moralisatie 0p de coemst van den hooghgheboren vorst Ernest. Ge petit in-4° de 42 ff., rare à plus d'un titre, fut imprimé chez Jan Mommaert. Le châtelain de Kleijn Venetie auquel sa devise : HOUT MIDDEL MAET, avait appris à mettre en pra- tique le vieil adage latin : medio tutissimus ibis, mourut en 1599. L'analyse raisonnée et l'étude artistique de chacune de ces décorations temporaires, si nombreuses dans la seconde moitié du XVIe siècle, sont destinées à jeter un jour éclatant sur les aspirations les plus intimes des novateurs, les tendances momentanées, et les fluctuations de la mode vers lesquelles étaient fatalement entrainés nos artistes. Nous y avons vu poindre les premiers rayons de la Renaissance; intro- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 215 duire les compertimenta et les arabesques du style plateresco ; s'épanouir le style flamand. Nous y verrons bientôt naître la réaction classique; s'affirmer le style Loyola et, dans le premier tiers du XVIIIe siècle, apparaitre enfin les fantaisies invraisemblables des motifs rocailles. C'est dans ces œuvres destinées à vivre un seul jour, enfantées par l'art qui vise surtout à traverser les âges, que nous avons pu surprendre, au débotté, les propensions les plus cachées qui bouillonnaient au fond du cerveau des artistes et présager l'avénement des influences diverses qui se sont plus tard produites dans le style de l'architecture adoptée aux Pays-Bas. Procés-ver- baux indiscutables du goût dominant, ces décors constituent pour la postérité le reflet véridique des tendances intellectuelles du XVIe et du XVII* siècle. Toute œuvre bâtie d'architecture, de quelque importance, subit forcément une filière de visa, de corrections, d'approbations plus ou moins compétentes qui font que, dans bien des cas, elle n'est plus que l'expression affaiblie de la pensée originale de l'arehitecte. Au contraire, toute liberté est laissée à ce dernier, dans cette espèce de décorations architecturales éphémères ; qu'im- porte, aprés tout, que certaines ordonnances, certains motifs, certaines inter- prétations ne soient pas entiérement du goût de ceux qui commandent. Dans ces œuvres d'art improvisées, haut le pied, ce que l'on demande avant tout à l'artiste, c'est qu'il y ait une ordonnance quelconque produisant de l'effet sur la masse populaire et par-dessus toute chose, qu'il ait fini à peu prés à temps. Dans ces circonstances, les architectes peuvent donc profiter de cette liberté grande à laquelle ils ne sont pas accoutumés pour afficher sans ambages, au grand jour, leur secrètes inclinations et traduire matériellement leur génie particulier. Dans l'état normal de la hiérarchie, l'artiste est contraint de suivre les sentiers battus s'il ne veut s'exposer à de sérieux mécompltes. Etre original, tenter une nouvelle voie devient presque impossible avec les rouages bureaucratiques modernes. Il faut de toute nécessité que les idées rénovatrices soient partagées, au moins à l'état latent, par les Mécènes dis- pensateurs des commandes, pour voir tolérer leur allure insolite. L'opinion préconçue des gens, à laquelle elle est soumise, pèse toujours 5 H T H d'un grand poids dans l'économie esthétique d'une œuvre architecturale quelconque. On a vu que depuis qu'il a délaissé la tâche collective des maitres Liberté relative des itectes dans les décorations des fêtes publiques. we de celte pour le pro grès dans l'art. 216 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE du style ogival, l'artiste vise avant tout au succès personnel, à la vogue qui doit lui apporter les honneurs et la fortune. Que de fois, depuis la Renais- sance, les architectes n'ont-ils pas adopté les données d'un style pour flatter tacitement les autorités appelées à se prononcer sur l'adoption des projets présentés pour les grands travaux d'architecture. Francois Hoogenbergh de Malines, qui florissait vers 1560, a gravé une foule d'eaux-fortes très-intéressantes pour l'histoire des Pays-Bas au XVIe siécle. Elles forment un énorme volume in-folio oblong. Parmi ces planches, nous remarquons la 295* représentant l'Entrée de larchiduc Ernest à Bruxelles, le 30 janvier 1594. Nous parlerons plus loin des dessins qu'Otho Vænius fit pour l'inauguration à Anvers du gendre putatif de Philippe II, surpris par une mort prématurée. Constatons d’après cette planche d'Hogen- berg que l'on avait élevé, sur la Grand'Place, faisant face à l'hôtel de ville, deux Ares de triomphe, chargés prodigalement d'appareils luminaires, détail Lypique sur lequel nous nous sommes déjà appesanti. La voie triomphale que suivit l'archidue était bordée d'édicules abritant les statues de personnages historiques. Nous y distinguons Maximilien et Marie de Bourgogne, les empereurs Frédérie, Rodolphe, Charles et Ferdinand. La planche 21 Ae nous donne une vue d'ensemble de l'Entrée de l'archiduc Albert à Bruxelles, le 41 février 1596. Le prince autrichien s'y montre encore paré des insignes cardinalices. La scène se passe de nouveau sur la Grand'Place. On y trouve le menu ordinaire de ces sortes de solennités inaugurales; les théâtres à personnages vivants, les jolies Bruxelloises mythologiquement déshabillées en nymphes ou sirènes; la galère Victoire, de cinquante pieds de haut, ornée d'inscriptions, bannières, cartels allégoriques, jadis offerte à la ville de Bruxelles aprés avoir servi aux funérailles de Charles-Quint. Ajoutons à cela les poincten; huijskens, les monstres terrestres et marins, enfin, la «lignée gigantesque » à la marche titubante imprimant à leurs atours un meneo comique, etc., etc. Signalons spécialement, comme type architectural, un Arc de triomphe à fronton circulaire, et regrettons sincèrement que ces planches de Hoogen- berg soient dessinées à une trop petite échelle pour que nous puissions entreprendre une étude détaillée. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 217 Au fond les spirituelles vignettes de la pointe facile de l'aquafortiste mali- nois ont rempli leur but en nous fournissant pour ces années de cataclysme des témoignages irrécusables de la puissante vitalité des instincts artistiques de nos pères qui s'étaient raccrochés à cette dernière planche de salut. Prét à mourir, faute de moyens de se produire, le feu sacré de l'art fla- mand se voyait miraculeusement entretenu par l'engouement séculaire des habitants de nos provinces à lutter d'ingéniosité et de splendeur dans les sorties de l'antique Ommeganck. Le style italo-hispanique des vitraux de la collégiale de S'*-Gudule à Architecture décorative Bruxelles, nous donne une juste idée des types de l'architecture pendant la SE Première moitié du XVIe siècle. Les célèbres verriéres de l'église St-Jean, à Gouda (dessinées au XVII siècle par J.-C. Boëtius et gravés par P. Tanje), nous montrent le caractère typique des compartiments de l'architecture italo-flamande de la seconde moitié, Les cartons coloriés, exécutés avec un grand soin, sont encore conservés de nos jours dans la sacristie. Dans la pénurie extréme de documents artistiques de cette période, nous Sommes véritablement heureux de rencontrer quelques œuvres où l'on peut Suivre encore les phases diverses de l'influence que l'Italie exercait sur nos artistes. Ces vitraux appartiennent à deux périodes distinctes du style italo-flamand ; vitraux de Gouda: Dirck à la première appartiennent ceux qui furent peints par. Dirck Crabbeth en Lambert van Oort 1559, Lambert van Oort en 1560 et Wouter Crabbeth en 1561. Le vitrail l'eprésentant la Reine de Saba et Salomon sous un riche portique d'architec- ture est des plus remarquables. La duchesse de Parme, mère de Farnése, fit don du vitrail du prophète Élie; largesse politique qui prouve qu'en ce temps l'Espagne était loin de désespérer de pacifier les provinces du Nord. À la seconde période, où l'on remarque une décadence manifeste, se rap- Joachim Uytewaal, portent les trois sujets profanes peints par Joachim Uytewaal en 1596, et e qui sont : l'Expédition de Damiette, la Pucelle de Dordrecht et la Liberté de Conscience, composition allégorique assez médiocre, empreinte de toute la Passion politico-religieuse de ce malheureux temps. L'ordre chronologique de ce travail nous force à traverser une des plus Ravages des Icono- navrantes périodes de notre histoire. En effet, si durant la lutte glorieuse Se 218 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE avec l'Espagne, nos soldats furent admirables de courage et d'élan patriotique sur les champs de bataille où ils culbutérent les vieilles bandes castillanes, ils se montrèrent abjects vandales et ignobles soudards après la victoire. Nous ne pouvons, sans que le rouge nous monte au front, songer aux sauvages dévastations des troupes de Marnix, de Martin van Rossum et du Sanglier des Ardennes. Nous n'oserions raconter les exploits de rage sacrilége des mousquetaires bruxellois, du capitaine Michiels et des carabins, de Marguette, officier au service du prince d'Orange. L'histoire de l'art fla- mand vit arracher les plus nobles pages de son histoire, détruire à jamais les plus beaux fleurons de sa couronne dans les orgies iconoclastes des régi- ments d'Olivier van den Tempel et des colonels sous ses ordres, Melissant, Bloyer, Diertens et Blomberg. Dans l'espace de quatre à cinq jours, plus de quatre cents églises, la plu- part véritables musées d'œuvres d'art, furent pillées et dévastées dans les seules provinees de Brabant et des Flandres. Les artistes eurent de leur vivant la douleur de voir détruire leurs plus belles œuvres, presque sous leurs yeux et par leurs concitoyens. Un peintre anversois, Lodewijk van Hoort, défendit son tableau l'épée à la main, dans la cathédrale d'Anvers, contre une bande en délire. Navrée d'horreur, Marguerite de Parme partit pour l'Italie en 1568, regrettée des Belges. Les questions d'art devant essentiellement rester en dehors des passions politiques, nous nous contenterons avec tous les amis des jouissances intel- lectuelles de déplorer du fond du cœur les excès des Gueux et les pillages des Réformés dans toute l'étendue des Pays-Bas, excepté la province de Liége, au méme titre que la sauvagerie inhumaine des représailles de la « furie espagnole » qui mit Anvers à feu et à sang dans la nuit du 4 novembre 1576, causant à notre métropole commerciale une perte de plus de cin- quante millions de notre monnaie. Responsabilitédeschets ` Deux hommes, Marnix de S'^- Aldegonde et Guillaume le Taciturne, ont eret deii ac TY particulièrement rendus responsables de ces actes de vandalisme. Les vio- lentes mesures répressives de l'Espagne les provoquérent sans doute; mais si rien ne prouve qu'ils soient dus aux intrigues et à la complicité du prince d'Orange ou de son lieutenant, il reste acquis à l'histoire que ceux-ci n'usé- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 219 rent point de leur autorité pour opposer un frein quelconque aux déchaine- ments de leurs partisans. C'était à tout prendre de la mauvaise politique ; les répresailles hugue- notes perdirent la cause nationale dans les provinces méridionales et firent recevoir Farnése et les Archidues comme des libérateurs. Les quarante années qui nous séparent du règne réparateur d'Albert et périotenéfaste de qua- Isabelle et du siècle de Rubens furent à peu prés perdues pour les beaux- arts et en particulier pour l'architecture. Pendant tout ce temps de guerre civile, nos monuments demeurèrent mutilés et profanés; il fallut un édit des l'art architectural. Archidues pour secouer la torpeur et le découragement qui avaient envahi les populations et relever ce que les torches et les pertuisanes des reiters et des lansquenets calvinistes avaient incendié et tailladé. Pendant prés d'un demi-siècle où la guerre civile sévit dans nos malheu- reuses provinces, l'art architectural dut se borner aux constructions décora- lives éphéméres provoquées par les revirements politiques. À peine pour- rions-nous citer quelques meubles d'église et les vitraux de Gouda, aux riches encadrements d'architecture, et encore, l'on y vit la caricature poli- lique envahir le champ réservé au grand art. En fait d'œuvres bâties, cette époque tristement néfaste ne vit s'élever que quelques tombeaux. Le 16 août 1585, le prince de Parme, malgré les brülots de Timmermans conséquences artisti- ques de la capitula- ^ FO . . M . . ` . . 5 F et de l'ingénieur italien Giambelli, qui foudroyérent le premier pont qu'il tion d'Anvers. avait réussi à jeter de Calloo à Oordam, força Anvers, dernier boulevard des patriotes, à capituler. En rendant son épée à Farnése, Marnix de Se-Aldegonde décida du sort de nos provinces arrachées pour toujours à la Hollande émancipée et retombant sous la domination espagnole. Deux ans aprés ce mémorable événement, le prince de Parme posa un acte dont les conséquences devaient bientót détróner le style des Floris et des Ee Vredeman et changer le type de l'architecture aux Pays-Bas en procurant venu type UE aux Jésuites, par l'entremise du président du conseil d'État, Guillaume Paemels, le vieil hótel de Grobbendonck, pour y établir un collége et une résidence. Peu de temps aprés, Philippe H ordonna au prince Alexandre de faire en sorte qu'ils fussent établis dans les principales villes. Bientót, Anvers, Bruxelles, Importance des con- structions Loyolites. Farnése et Othon van Veen, 220 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Louvain, Gand, Bruges, Maestricht, Courtrai, Ypres, reçurent des colonies de ces bâtisseurs d'église, qui peuplérent nos contrées de temples et de col- léges, pastiches somptueux de l'art. italien malheureusement en décadence que le génie de Rubens réussit pourtant à galvaniser. Carlo Maderno et Borromini furent les grands prêtres du style nouveau, ils comptèrent comme émules quelques artistes jésuites d’un incontestable talent comme les PP. François Derand, Aguilon, Hesius et les FF. André Pozzo et Martel-Ange. Pour donner une idée de l'importance de ces constructions et du dévelop- pement qu'elles durent donner au talent de nos artistes en leur créant des milliers d'occasions de se produire, il nous suffira de rappeler que, pendant le premier siècle de leur existence aux Pays-Bas — d’après les relevés faits à l’occasion du jubilé centenaire de leur établissement — les disciples de Loyola avaient dépensé plus de six millions de florins du Rhin en travaux d'architecture, de peinture et de sculpture. Les Jésuites ont droit d'occuper une place d'honneur au rang des Mécénes magnifiques qui eontribuérent à relever et à développer le génie et la renom- mée de notre glorieuse école flamande. Il est impossible de prononcer le nom de Rubens sans que l'image de nos grands jésuites flamands du XVII* siècle, érudits, lettrés, artistes, vienne réveiller nos souvenirs et. réclamer une part d'honneur de ses travaux. La fin du XVI siècle mérite d’être sérieusement étudiée, à cause d'un prince et d'un artiste : Farnése, que nous avons déjà nommé, et le maitre de Rubens, Othon van Veen, plus connu sous le nom d'Otho Vænius, son peintre et architecte en titre. Revétu du grade important d « Ingénieur en ehef » de ses armées, il devint plus tard l'ordonnateur des fétes publiques qui saluèrent, à Anvers, les Blijden inkomsten de l'archiduc Ernest, en 1595; d'Albert et d'Isabelle, en 1599. Alexandre Farnése était fils de cette Marguerite de Parme, fille naturelle de Charles-Quint, Gouvernante des Pays-Bas, qui vit naître la révolution et apostilla la fameuse requéte connue dans l'histoire sous le nom de « Com- promis des Nobles. » Ce grand capitaine était passionné pour les beaux-arts, les lettres et les SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 221 Sciences, En 1585, il alla visiter, à Anvers, l'atelier de Martin de Vos, l'élève de Frans Floris, l'ami du Tintoret et le maitre de Coeberger. Quelque temps aprés, il s'attacha Othon van Veen. Le futur initiateur de Rubens aux arcanes de la peinture était un de ces artistes dont les aptitudes extraordinaires sur- prennent et confondent en ce temps de médiocrités spécialistes et de division infinitésimale du travail arlistique. Les arts, les sciences, l'archéologie, les belles-lettres lui étaient également familiers; il eût été le premier artiste du siècle, si le siècle n'avait pas enfanté Rubens, dont il eut la gloire de cultiver et de développer le génie. Né à Leijden en 1558, Othon van Veen descendait de Jean van Veen, fils naturel de Jean HI, duc de Brabant (1312-35), et d'Isabau van Veene dite Ermengarde de Vilvorde. Signor Octavianus Vænius, comme le qualifie le Lijkboek de l'église S'-Jacques, à Anvers, portait: « de Brabant, à la barre d'argent, chargée de trois annelets de gueules ». Le blason des van Veen figure parmi ceux des lignages issus de la main gauche des anciens ducs de Brabant, sur le tableau officiel in-fe gravé par Henry Lutgers intitulé : « Représentatio de l'aciene et Souveraine Duché de Brabant » ete. a soubs le Regime des Ser“ Albert et Elisabeth, Archidueqz d'Austriee, à leur honeur dressé » (1600). Butkens dans ses « Trophées de Brabant » prétend que la ligne mascu- line du fils de Jean IMI et d’Isabeau van Veene s'éteignit en 1460; mais le Supplément du Dictionnaire de Hoogstraten — Geslacht van Veen — affirme positivement qu'une branche de cette famille alla s'établir à Alkmaar. En 1666, la veuve de messire Ernest van Veen fils du peintre, ayant, à locca- sion des funérailles de son mari , fait placer sur la porte de sa demeure les armes pleines de Brabant avec la brisure indiquée ci-dessus, le Roi d'armes de Charles II somma les van Veen de faire preuve de ce droit. La généa- logie fut vérifiée contradictoirement en 1668 devant le Conseil de Brabant. Cette investigation légale aboutit à l'avantage des van Veen et leur descen- dance naturelle de Jean IH fut officiellement reconnue par arrêt du 17 no- vembre de la méme année. Le père d'Otto Vænius, Corneille, « J. U. doctor » chevalier, seigneur de Hooge Veen, Desplasse, Vuersse, Drakesteijn, avait été bourgmestre Tour XXXIX. 29 Othon van Veen, 1558-1629. Sa descendance authen tique de Jean III, duc de Brabant. 222 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE d'Amsterdam, et il se rattachait par sa mére, Gertrude Neckin, aux premiéres familles de cette ville. Vænius fit ses humanités et étudia quelque temps à Leijden, sous un peintre médiocre mais intrigant et assez en renom , Isaak Claes dit Niklaas ou Nicolai. Corneillevan Veen, for- En 1572, Corneille van Veen fut sommé de se déclarer contre Philippe II. cé de se déclarer pice cda Son refus ayant entrainé la confiscation de tous ses biens, il se rendit à biens en Hollande. pióooe avec sa famille et y fut accueilli avec faveur par le prince-évéque Gérard de Groesbeeck. Othon van Veen vécut prés d'une année à la cour Oto Vænius voyage en épiscopale et s'y lia d'amitié avec Dominique Lampsonius. En 1575, à wee dix-sept ans, il partit pour Rome, recommandé au cardinal Madruccio, véri- table Mécène des artistes dont, au dire de Foppens, il habita le palais. A Rome, le jeune van Veen étudia la peinture sous Fréderico Zucchero, s'éprit d'amour pour les monuments antiques et resta cinq ans au delà des monts. Recherché à la fois par l'empereur d'Allemagne Rodolphe Il et l'archevéque-éleeteur de Cologne Ernest de Bavière, il préféra offrir ses services au prince de Parme qui le nomma, comme nous l'avons dit, ingénieur en chef de ses armées. Devient ingénieur mili- Vænius débuta comme architecte en élevant des bastions, des demi-lunes prince de Parme. — et des contre-escarpes. La mort de Farnése, frappé au cœur par l'ingratitude de Philippe II, qui le haïssait à cause de l'éclat méme des services qu'il avait rendus à la monarchie espagnole, lui rendit sa liberté. Il en profita pour se retirer à Anvers et s'y livrer tout entier au culte des beaux-arts. Desine es an de A l'arrivée de l'archidue Ernest d'Autriche, auquel Philippe II destinait la del'archidue Beer main de sa fille Isabelle, le magistrat d'Anvers le chargea de dessiner les divers décors et ares de triomphe que l'on voulait élever pour la réception de ce prince, le 18 juillet 1594. Cette année même Vænius fut reçu franc- maitre dans la S'-Lucas gilde, sous le décanat de Pauwels van der Borcht et d'Hans de Waele. L'ancien ingénieur de Farnése entreprit volontiers ce travail : l'architec- ture lui était familière depuis ses études à Rome, et il saisit avec empres- sement l'occasion qui s'offrait à lui de réagir contre le goût de ses con- temporains, déjà tourné plus ou moins vers les licencieuses erreurs et les types tourmentés de la période « flamboyante » de la Renaissance romaine. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 223 Nous possédons un volume in-folio sorti des presses plantiniennes de Jean Moretus, où sont gravés, par Pierre van der Borcht, les dessins de ces décorations ainsi que de celles qu'il eut occasion de recommencer sept ans plus tard, à la Joyeuse entrée de l'archidue Albert, frère d'Ernest, et de l'infante Isabelle, comme princes souverains des Pays-Bas. Il est curieux d'observer combien un si petit nombre d'années avait suffi pour asseoir les convictions architecturales de Vænius et pour le porter vers une réaction esthétique s'inspirant franchement de Vitruve et des monu- ments de l'antiquité. Dans le recueil des arcs de triomphe élevés à l’occasion de l'intronisation de l'arehidue Ernest, Vænius n'ose pas encore s'affranchir de la tradition des compartiments. Ces motifs de prédilection de nos architectes flamands disparaissent tout à fait pour faire place à quelques sévères cartouches, — sobres de volutes et de déchiquetures, d'un galbe rappelant les motifs italiens de la Renaissance primordiale — dans les ares de triomphe élevés cinq ans plus tard, à l’occasion de la Joyeuse entrée d'Albert et d'Isabelle. Déjà, dans ces compositions, Vænius semble viser au type de l'architecture colossale, dont la colonnade de Perrault sera plus tard le parangon. Plus pur, mais aussi plus froid que Vredeman De Vries, il manie les ordres avec plus de facilité que Pierre d'Alost, et sait mieux varier ses effets. Il emploie les temples monoptéres, les coupoles, imagine un « théâtre versatile » — la décoration extérieure est formée de trois ordres toscan, ionique et corinthien superposés, à l'entrée de l'archiduc Ernest, et seulement d'ordres ioniques à celle d'Albert et Isabelle — tout en ne dédaignant pas la ressource des tableaux vivants qu'il sait habilement combiner avec les nouveaux motifs qu'il met en œuvre. Pierre Coecke avait, d’après le texte méme du livre de l'Entrée de Philippe II que nous connaissons, employé cent trente-sept personnages Vivants, des deux sexes, dans ses ares de triomphe et ses mystéres (Per- sonis in pegmatibus, CXXXVII). Otto Vænius exploite sur une grande échelle celle ressource pittoresque des réjouissances publiques qui rendit encore de si grands services à Vredeman De Vries dans ses décors de la réceplion du duc d'Alençon à Anvers. Caractère timide des premiers motifs ar- chitecturaux de van Veen. 224. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Vogue persistante des S'il faut s'en rapporter aux planches qui retracent ces tableaux vivants, Vænius ne regardait pas à introduire dans ses groupes allégoriques ces femmes à peu prés nues qu'Albert Dürer avouait regarder avec complai- sance. Dans ces circonstances solennelles, les mœurs simples du temps ne s'offensaient pas, parait-il, de ces poses plastiques. Jean de Troyes, secré- taire du roi Louis Xl, de sombre et bigote mémoire, nous rapporte qu'à l'entrée de ce monarque à Paris, en 1461, « il fut recu par trois belles » filles faisant personnages de Syrénes, toutes nues et disant de petits » molels el bergerettes. » Nous avons vu au chapitre troisième qu'à a l'Incoronation » solennelle de Léon X, devant le palais Chigi, une belle transtéverine, galamment désha- billée en nymphe, quitta sa CS pour venir réciter des strophes « catu- liennes » au grave vicaire du Christ. Antonio di San Marino, le plus célébre orfévre de Rome, crut ne pouvoir mieux l'honorer qu'en élevant, devant sa bottega, une statue de Vénus enrichie d'une inscription dont Porthodoxie eût recu , sous Auguste, l'approbation du Flamen Dialis. Au reste, ces légéretés de costume sont bien plus accentuées chez le vieux Pierre d'Alost, qui empruntait ses poincten, ou mystères, aux mythologiques divinités de la fable, que chez Vænius qui aimait à personnifier des abstrac- tions, raffinait délicatement sur les emblèmes et les symboles, et se tracassi toute la vie le cerveau par la recherche de ces subtilités originaires d'Italie, où elles avaient pris une assez grande faveur pour se substituer même aux armoiries patrimoniales. Publication deg ares de Le frontispice du livre des ares de triomphe de l'entrée de l'archiduc Ernest En M 394) est tout à fait italien, et semble inspiré des conceptions d'Énée Vico. Borght,Plantin-I95. Ce type s'accentue encore Desen aux trophées érigés à la Monnaie. Au centre de cet entourage, on lit : « Descriptio publicae gratulationis spectacu- » lorum et ludorum in adventu sereniss. principis Ernesti archiducis Austriæ, » ducis Burgundiae, comitis Habsp. Aurei velleris equitis Belgicis provinciis » a regia Mat cathol, praefecti an. MDXCIII, Kal. julias, aliisque. diebus. » Antverpiae editorum omnia a Joanne Bochio, S. P. Q. A. a secretis con- » Scripta, Antverpiae ex officina Plantiniana MDXCV. Il y a, dans les différentes compositions décoratives de ce livre, une lutte SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 225 flagrante entre les traditions de Coecke et Vredeman De Vries, et les ten- dances vers l'antiquité pure qui germait déjà dans le cerveau de Vænius. Les caryatides du portique de la Monnaie, du théâtre sur le Grand-Marché, celles du tableau vivant du pont St-Jean, au carrefour, avec son inscription lapidaire d'une si pure saveur paienne : ERNESTI SCALDI NEREIDES. L'are des Portugais (d'ordre ionique) devant le monastére des Carmé- lites, celui érigé par les Lucquois (d'ordre corinthien), rue Neuve, et fina- lement celui élevé aux frais de la colonie génoise, prés de la rue S'e-Claire, se rattachent au genre flamand. Bien au contraire, l'arc d'ordre dorique mutulaire du Marché au Lin est en pur style romain, de méme que celui érigé au carrefour devant la porte des Espagnols, larc eorinthien des Milanais, rue du Marquis, et celui des Florentins, prés de la chapelle de S'-Nicolas, où se voient superposés les ordres dorique et ionique. Rangeons aussi, parmi les pastiches inspirés de l'antique, le « Theatrum Prier romains, versatile » in Ponte Marino, étalage de groupes vivants dont l'architecture, im empruntée au théâtre de Marcellus, offrait, à ses trois étages, les ordres toscan, ionique et corinthien superposés. Cette introduction d'un théâtre versatile de bois, deux fois mis en usage par Otto Vænius, nous prouve la profonde étude qu'avait fait notre artiste des écrits des anciens. Au chapitre XV de son XXXVI* livre, Pline raconte que Caius Scri- bonius Curion, voulant donner des spectacles au peuple romain, à propos des funérailles de son père, mort en 701, et désespérant de surpasser en magnificence Marcus Scaurus, qui s'était servi d'un pareil prétexte pour faire parade de son luxe et de sa prodigalité insensés, voulut suppléer au danger d'une comparaison défavorable, par une combinaison ingénieuse qui rendit à jamais célèbres les spectacles qu'il se proposait d'offrir. Curion fit done construire deux spacieux théâtres de bois, assez rap- prochés, tenus en équilibre sur un pivot et pourvus de roues glissant sur des rainures. Cardinum singulorum versatili suspensa libramento. 226 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le matin, on représentait des piéces sur chacun de ces théátres; ils se trouvaient alors adossés, pour empécher que l'un spectacle ne troublát l'autre, par la rédondance des voix des acteurs dans la cavea. Par l'enlévement de quelques parties mobiles, on faisait gironner les deux théâtres, et les quatre extrémités réunies formaient un cirque ou un amphi- théâtre pour des combats de gladiateurs ou d'animaux féroces. Dans ces théâtres versatiles, nous ne savons ce qui fut plus admirable : l'invention de Curion, ou la folle témérité du peuple romain qui accourut en foule en remplir les gradins le jour des jeux et spectacles funèbres. Daniel Barbaro; dans son Commentaire de Vitruve, donne du théátre de Curion une explication sommaire, qu'il dit devoir aux connaissances parti- culiéres de son ami Francesco Marcoleni. On voit par là queles fantaisies architecturales des Romains préoccupaient vivement les esprits de nos artistes au XVI* et au XVIIe siècle. Otto Vænius, avec des moyens plus restreints, émerveilla le peuple d'Anvers par le spectacle de ses machines tournantes, chargées de person- nages allégoriques. Le comte de Caylus a publié une dissertation assez étendue sur le théâtre versatile de C. Scribonius Curion, dans le tome XXIII des Mémoires de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres de France. Lors de l'Entrée des archidues Albert et Isabelle, ën 1599, V:enius révèle , Sa prédilection exclusive pour l'architecture de Vitruve. Le frontispice du livre est d'une sévérité de composition digne des traditions antiques. On n'y voit plus aucune trace du genre si goûté des compertimenta, et le titre est inserit sur une table romaine qui n'a plus rien des rabatrollen ou quirs flamands, Ce titre porte : Pompe triumphalis spectaculorum in adventu. et inauguratione Serenissimorum principum Alberti et Isabelle, Austrie Archi- ducum, Burgundie ac Brabanti Ducum, S. R. Imperii Marchionum, in cjusdem Principatus metropoli, Antverpia exhibitorum, graphica designatio a Joanne Bochio S. P. Q. Antuerpiensi a secretis scriptis illustrata. Antver- pie, ex officina Plantiniana CID.IO.C. HH. Dans ce second recueil des compositions décoratives de Vænius, nous voyons positivement s'affirmer les tendances réactionnaires du maitre Moretus. 1602. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 227 signalées plus haut. Franchement épris de l'antiquité, il vise à la simplicité et au grandiose avec une affectation qu'il ne prend pas la peine de déguiser, et substitue en particulier, partout où il le peut, les ordres réguliers aux pilastres en balustres et aux caryatides si chères à Floris et à Vredeman De Vries. Tout au plus, emploie-t-il encore cà et là des canéphores ou des allantes ou télamons lorsqu'il couronne son ordonnance d'un attique en amortissement. Par exemple, il se sert judicieusement de ce motif pour le groupe « Hermathénée » qui surmonte le petit pavillon en baldaquin élevé prés de la Bourse, « fornicem mole quidem exiguum, sed magnum argumento », dit Jean Boch, qui écrit quinze pages in-folio de commentaires sur cette allé- gorie ingénieuse, basée sur le témoignage d'un texte des Commentaires de César (De bello gallico), disant que les deux divinités vénérées par les anciens Belges et auxquelles, parait-il, sacrifiaient plus particulièrement les Ménapiens, ancêtres des Anversois, était Mercure et Minerve. Dans deux autres compositions, le maitre de Rubens s'inspire pourtant des motifs que la décadence italienne avait déjà mis en honneur à cette époque (frontons enroulés et superposés, lourds cartouches et ressauts intem- pestifs des divers membres) : témoin l'ordonnance encadrant le « tableau vivant » de l'Agriculture, placé non loin de la porte de l'empereur et celui qui représente le Triomphe de Vénus, placé rue d'Arenberg, non loin de l'arc des Espagnols. Comme exemple de monuments décoratifs particuliers au haut empire romain, signalons la Colonne de la Victoire, prés de la Place de Meir, et les Trophées dont nous avons déjà parlé à propos de l'Entrée de l'archiduc Ernest, C’est un souvenir incontestable des groupes de dépouilles opimes de l'Aqua Claudia, placés sur la balustrade du Capitole, à Rome, par Michel Ange. Les modernes transtéverins les appellent encore Trofei di Mario. Dans le grand portique triomphal élevé sur cette place, Vænius se servit d'une ordonnance double; l'antérieure est pourvue d'ailes avancées en forme de temples monoptères à coupoles et à lanternes. Ce fut Coecke qui montra la premiére fois, dans un décor, le motif inconnu aux Pays-Bas d'un DOME romain — les lanternes ogivales du transsept de Notre-Dame, à Anvers, et de Van Veen affirme net- tement dans ses com positions ses tendan ces neo-antiques. Pastiches romains. Colonne de la Victoire. Trophées, Dómes ou coupoles. Are des Fugger au Quadrivium, pres de la Bourse. Pastiches romains. Obélisques. 228 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE St-Jean, à Bois-le-Duc, n'en pouvaient donner qu'une idée mesquine, — pour couvrir la partie centrale de l'are des Espagnols. L'arcade triomphale élevée par Othon van Veen, aux frais des négociants milanais, est la plus caractéristique de ses ordonnances franchement ita- liennes. Le soubassement, à la romaine, décoré de chaque cóté de deux colonnes corinthiennes engagées, encadrant des niches, est percé d'un grand arc dont les écoinsons portent des Renommées, distinguées par leurs attri- buts, la palme et la couronne. L'amortissement de l'attique, supportant une seconde disposition en retrait, encadrant un tableau allégorique, est can- tonnée de thermes et de satyres enchevétrés dans des enroulements ou cuirs rappelant un thème préféré et fréquent des sgraffit? italiens en grisaille. Ce motif, fort goûté, a été amplifié depuis par Coecke et Floris; on le retrouve au XVIIe siècle dans les œuvres de Toro, de Berain des Le Peaustre et de Nicolas Guérard. Le « theatrum versatile » nous semble inférieur comme ordonnance à celui élevé pour l'Entrée de l’archiduc Ernest, et présente, par une étrange anomalie que nous pouvons mettre sans doute sur le compte d'une distrac- tion du graveur ou dessinateur, trois ordres ioniques superposés. Signalons encore comme modéles de réaction classique, l'are à quatre faces élevé à la « Fortune féminine », au Quadrivium, prés de la Bourse; Parc élevé aux dépens des marchands portugais, Marché aux Peaux, un des plus riches et des mieux ordonnés; celui offert par la célébre et opulente famille des Fugger d'Augsbourg; le petit monument à double arcade sur le pont S'-Jean, d'une simplicité gracieuse, bien rare à cette époque, et finale- ment larc triomphal placé à l'entrée. de l'abbaye de S'-Michel, qui semble plutôt appartenir à la manière de Lambert Lombard qu'à celle d'Otto Vænius. Cette dernière œuvre nous initie complétement au parti pris cias- sique que cherchait à faire prévaloir en architecture le maitre de Rubens, et dont sans doute il ne semble détourné çà et là dans son œuvre que par la collaboration obligée d'autres artistes. Un motif que Vænius affectionne, jusqu'à en abuser, c'est l'obélisque égyptien. Réminiscence du faste grandiose des anciens maitres du monde. Ce motif qui fut sobrement employé par Pierre Coecke, Floris et De Vries, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 229 abonde dans les compositions de l'ancien castramétateur du prince de Parme. On en trouve à la fois aux ares des Portugais et des Milanais, au grand portique des Génois, au temple de la Fortuna muliebris et à l'are séculaire. Otto Vænius avait peint lui-même la plupart des tableaux qu'encadrent les motifs d'architecture de ses schemata; c'est Jean Boch, le secrétaire d'Anvers, qui nous l'apprend par ce passage : « tabula ejusdem Othonis Venij fami- » liaris nostri manu qui priorem etiam pinxit, in arte sua celeberrimi litterarum » quoque accedente ornamento, erat adrumbrata ..... » Une ressource d'allégresse publique qui fait sourire aujourd'hui, c'est l'emploi décoratif de groupes de tonnelets de résine amorcés de baguettes de saule, accompagnement obligé des théàtres à personnages vivants et des ares de triomphe. Vænius prodigue ces tonnelets qui ne nous semblent pas un progrés sur les hachettes de cire vierge de l'entrée de Charles-Quint à Bruges et de Philippe II à Anvers; ni sur l'auréole de lampes imaginée par Coecke, à l'entrée de l'abbaye de St-Michel. On retrouve encore ces étranges lampa- daires dans les gravures des fétes ordonnées plus tard par Rubens, pour l'entrée du Cardinal-infant. N'oublions pas de noter une idée grandiose religieusement suivie par les maitres décorateurs qui organisérent les fêtes populaires aux Pays-Bas, et qui appartient comme origine à l'institution séculaire de l'Ómmeganck, c'est l'éléphant caparaconné de trente-huit pieds de haut, mesure d'Anvers, par- lieularisant toujours le caractère de la manifestation. En 1582, alors que les Pays-Bas étaient en guerre avec l'Espagne et que le prince d'Orange attendait le salut de la patrie de l'appoint des troupes fran- çaises du due d'Anjou, l'éléphant porte la tour armée en guerre, hérissée de Soldats et garnie de canons à ses créneaux. En 1594, quand le génie de Farnése a triomphé d'Anvers et reconquis des provinces à l'Espagne, Vænius plante, surle vaste dos du belliqueux animal, une colonne triomphale sur- montée d'une victoire. En 1539, un coquet palanquin abrite le jeune Hymen, entouré de petits amours, présage , hélas! non réalisé d'une dynastie natio- nale fondée par Albert et Isabelle. M. Victor Hugo regarde comme un trait de génie l'idée de Percier et Fon- laine, qui imaginérent l'éléphant de plâtre et de charpente qui s'élevait jadis Tome XXXIX. 50 Collaboration d'Otto Vienius aux peintures *s de triomphe Les tonnelets de résine. Rôle symbolique de l'Éléphant colossal dans les Joyeuses Entrées. Q. Horatii Flacci Em- 250 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE à la place de Ja Bastille. Les architectes de Bonaparte ne furent, en ce point, que des plagiaires, comme pour la colonne de la Grande Armée et l'arc. du Carroussel. Depuis 1667, le Bernin avait donné un éléphant de marbre pour s, relevé sur la place de la Minerve, base à l'un des obélisques du temple d'Is à Rome. Le motif, cependant, était vieux de trois siécles, avait été gravé et publié à dix reprises et germa peut-étre pour la premiére fois dans le cerveau d'un maitre d'Anvers où, de temps immémorial, l'image légendaire d'Antigon « coupe-mains » faisait parade de sa taille de quinze coudées. A part ces deux recueils d'ares de triomphe, notre artiste publia divers ouvrages historiques et surtout symboliques dont il composait les dessins el le texte rédigé en cinq langues, car Vænius, ami de Juste Lipse, de Sweertius, ele., qui en font le plus grand éloge, était à la fois linguiste, numismate, antiquaire et poëte tout autant qu'architeele et peintre. Ses ouvrages historiques sont : Bellum Batavorum cum Rom. ex Cornelio Tacito, Libri 4 et 5 cum iconibus; Historia Hispaniarum infantum. cum icon; Conclusiones phisicæ el theologicæ, notis et figuris dispositee, etc. ; el ajoutons-y : Vita Sancti Thome Aquitanis, 52 imaginibus illustrata (4610). A ces livres, qui prouvent son érudition tout autant que l'excellence de son pinceau, joignons les titres de ses ouvrages emblématiques et symbo- liques dans le goüt italien. D'abord, il fit paraitre chez Jérôme Verdussen les Q. Horatii Flacci Emblemata , etc., in-L°, en cinq langues, orné de cent et vingt-quatre gra- vures sur cuivre et dédié à l'Infante Isabelle. Le libellé de la censure de ce livre, introduisant dans une formule ecclé- siastique des passages d'auteurs profanes, est bon à noter pour étudier Ja marche des idées philosophiques de l’époque et de ses tendances persistantes vers les arts et la littérature du paganisme. Cette censure est de Laurent Beijerlinek , S. Theol. Licent, chanoine de Notre-Dame, d'Anvers, prêtre érudit, passionné pour l'antiquité et que nous retrouverons encore plus loin en parlant de Rubens, dont il fut l'admirateur et l'ami. « Emblemata hzc » Othonis Vaenii, » dit Bijerlinck « industria in ære tabulis expressa , quod » honesti amoris virtutem, et naturem representant, et ad priscum ritum » graphiæ accommodent : quodq. ab eorumdem interpretatione castæ mentes SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 231 » merito non debeant abhorrere (quamquam, ut habet Seneca, in eodem » prato bos herbam quærat, leporem canis, ciconia lacertam) poterunt. ad » multorum honestam recreationem prelo comitti. Act. Antverp. 3 kal. » decem. 41607. » Il est fort curieux de voir un passage de Senéque remplacer une citation biblique qui s'offrait naturellement. On voit que le Sancte Socrates, d'Erasme, avait eu de l'écho aux Pays-Bas. Quand parurent les Emblemata humani amoris, Hugo Grotius adressa celte épigramme à l'artiste. Suivant la mode du temps, on l'inséra en tête du volume; nous en détachons ces vers : Questus amor nondum sua respondere triumphis, Praemia, nec famae quod satis acta sequi, Mille per artificium spatiatus millia legit, Ottonis doctas aes animare manus. Tous les artistes connaissent les charmants petits génies des Emblemata M compose à à prière Divini «moris. Plusieurs exemplaires enluminés et dorés à la facon des miniatures des anciens manuscrits furent envoyés par l'Infante à des abbesses des Pay -Bas et d'Espagne comme livres de piété et d'édification malgré leurs dehors essentiellement païens et profanes. Il fit ce dernier recueil à la prière expresse d'Isabelle. En 1642, alors qu'il était surintendant des monnaies, il publia un petit livre de devises sous le titre d’ Emblemata sive symbola, ex officina. Huberti Antonii, et le dédia à Jean de Montfort, le célèbre geel- aie gictere en lattoenenwercker. Cet émule de Jacob Jonghelinek fondit, en 1610, le lion de cuivre du tombeau de Jean II, au grand chœur de S'e-Gudule et dont nous avons parlé plus haut. Vænius fait son éloge dans l'épitre dédicatoire, en disant que ses « reliefs ? ayant bossemens des medailles et effigies des roys d'Espaigne et archi- » dueqz nos souverains princes ont été estimés les premiers de notre siècle, ? en leur curieuse et naïve ressemblance, si bien, que personne, jusqu'à » présent, n'est arrivé à telle perfection. » Nous avons donné plus haut quelques détails sur ce Jean de Montfort, maitre général de la junte des mon- nates et aponsentador du palais de l'Infante dont il possédait la faveur. d'Isabelle les Em- blemata Divini amo- ris. Recueil de symboliques 1 de Montfort, dev àJ 232 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les planches dessinées par Vænius furent gravées par Cornelis Boel, Egbert van Paenderen, Willem Swanenburg et Cornelis Galle. Elles furent contrefaites par P. Daret, De Pas et van Diepenbeek. Succès des ouvrages Le succès d'une œuvre du domaine intellectuel tente toujours la cupidité française Tawrede (les plagiaires. Nous avons vu que les productions de Vredeman De Vries de Gomberville. avaient été contrefaites par Androuet Du Cerceau, architecte-graveur fran- çais, qui eut l'effronterie d'y apposer sa signature. Un autre Francais, Tan- créde de Gomberville, réussit à se tailler un « pourpoinet cossu » dans le drap du maitre flamand. Ce M. de Gomberville qui se targuait d'étre gentil- homme publia sous son nom, à Paris, en 1646, les emblémes d'Horace, avec un titre de circonstance : Z/Instruction et devoirs d'un jeune prince, et dédia le livre à Louis XIV adolescent. De Gomberville reçut à ce sujet une forte récompense, ce qui lenga- gea à la récidive. L'année même parut chez L. Sevestre, à Paris, une nouvelle suite intitulée : La Doctrine des mœurs, tiré de la philosophie des stoïques, représentée en cent tableaux. Notons pourtant que Pierre Daret, qui grava les planches, mentionne honnétement Otto Vænius comme étant l'auteur des dessins. Ce fait semble à peine croyable. Feu le R. M. Visschers, curé de S'-André, à Anvers, auquel nous devons des notices de la plus haute importance sur Jacob Jonghelinck, Othon van Veen, Pompe, etc., a, le premier, découvert et mis fin à l'impunité deux fois séculaire de ce qu'il appelle dans son pittoresque et énergique dialecte flamand : Eene merlweerdige letterdieverij. Dernier détail piquant : le libraire bruxellois, F. Foppens, réimprima de confiance, en 1678, cette contrefaçon sous le titre : Le Théátre moral de la vie humaine, représenté en plus de cent tableaux divers, tirés du poëte Horace par le sieur Otto Vænius et expliqués en autant de discours moraux par le sieur Gomberville, avec la fable du philosophe Cébés, in-folio. Vogue persistante des Emblemata. Foppens Les divers ouvrages d'Otto Vænius eurent un tel succès que, devenus fort aee, PNE commencement du XVIII* siècle, le méme libraire Francois Foppens, Pressi Melee 1715. « demeurant à Bruxelles, sub signo S. Spiritus, » donna une réimpression SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 235 complète, en 1745, sur les anciens cuivres retouchés. Le nom de Tancréde de Gomberville n'y figure plus. Othon van Veen, qui avait refusé les offres brillantes de souverains étrangers, el mis son talent tout entier au service de sa patrie, mourut à ruxelles, le 6 mai 1629, d’après le registre des romanistes d'Anvers. Il eut d'Anna Loots, noble demoiselle qu'il épousa vers 1594, trois fils et six filles. Ernest, l'ainé des fils, remplit plus tard la charge de Waradin des Monnaies. L'une de ses filles, Gertrude, douée d'un incontestable talent pour la pein- ture, devint la femme de Louis Mala. On lui doit le portrait de son père au Musée de Bruxelles. Ce portrait a été gravé par Pontius : au bas de la planche, Erycius Puteanus a inscrit de beaux vers qui résument les qualités et les aptitudes de cette rare organisation artistique. Si Rubens n'était pas venu au monde, Vænius eût probablement fail école, et, par son ascendant, contre-balancé l'influence Loyolite et l'introdue- tion des motifs de l'art italien du XVII? siècle. Peut-être eùt-il ramené l'architecture aux Pays-Bas vers l'étude des grands modèles de l'antiquité et du commencement du XVI” siècle, comme réussit à le faire plus tard, Lau- rent de Wez, à l'époque la plus vertigineuse de l'abus des rocailles. L'architecture -des Jésuites eut la bonne fortune de cadrer avec le fou- 8ueux talent de Rubens, qui lui imprima le cachet de son génie et sut exercer une telle fascination sur ses contemporains, qu'il eréa aux Pays-Bas le style qui porte son nom. En effet, le type italo-rubénien n'est autre que celui de la seconde période de la Renaissance, aux proportions massives , aux saillies accusées, aux formes plantureuses, aux allures mâles et exubé- rantes en harmonie avec le caractère de ses peintures. L'influence d'Otto Vænius eut ramené le règne de l'esthétique élégante et correcte, mais froide et monotone de l'art classique ; l'impulsion que sut imprimer Rubens, en dépit de quelques écarts loyolites — que nous ne Songeons pas méme à innocenter ou à dissimuler — dota notre architecture des caractères du beau pittoresque, nés de l'originalité méme de son génie. Qui done, après cela, regretterait que la voie tracée aux architectes par l'illustre élève de Vænius ait prévalu aux Pays-Bas sur les tendances, dail- leurs fort estimables, de son second maitre. sique de Vænius contre - ba- Kaes prépondérante et le crédit de Rubens, bénienne. nux ittoresque en mis en l'école ru- HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Il importe de fixer, dés à présent, la portée esthétique de cette intro- duction, opérée par Rubens, d'éléments architecturaux empruntés à un art étranger et semblant, de prime abord, devoir détruire l'originalité native de notre école. Pytheus, Hermogenes, Tarchesios, parmi les architectes grecs, et plus lard, Fuffitius, Varron, Septimius, Gelse, parmi les romains, avaient traité de l'art architectural avant. Vitruve. C'est en se servant des écrits de ses pré- décesseurs, qui avaient vu et construit les plus célèbres édifices, que l'ar- chitecte Véronais composa, de son aveu, les dix livres de son architecture qui portérent au plus haut degré de perfection, de magnificence et d'har- monie, lart de la construction chez le peuple romain et provoquèrent encore la Renaissance quinze siécles plus tard. L'originalité des grands maitres, c'est la quintessence de l'étude de tous ceux qui les ont précédés, c’est l'assimilation intime, l'incarnation nouvelle des meilleures choses qu'ils ont élaborées. Sans Michel-Ange, Galeas Alessi, San Gallo, Jules Romain et le Polydore, Rubens n'eüt pas été le sublime architecte des ares de triomphe d'Anvers, comme sans Léonard de Vinci, Véronése et le Titien , il n'eüt pas été le grand peintre de la Descente de croix de la cathédrale de cette ville. Quand on étudie attentivement Dietterlin, génie original, s'il en füt jamais dans l'architecture décorative, on découvre qu'il a fait passer dans sa manière les motifs élaborés par les maitres qui l'ont précédé. L'originalité de Wendel Dietterlin n'est si puissante que parce qu'elle se compose des types les plus caractérisés, particuliers aux originalités individuelles de Dürer, de Holbein, de Meckenen, de Lucas de Leijden et de Daniél Hopfer. En important à Anvers les œuvres d'Alessi Rubens fraya un sentier nouveau à l'originalité flamande. Longtemps on a confondu la beauté pittoresque avec la beauté sensuelle et plastique qu'éveille en nous l'aspect des formes douces, mignonnes, finies et gracieuses. Il a fallu les œuvres de la décadence italienne pour faire admettre, en architecture, le principe de la beauté pittoresque abrupte, échevelée, que Rubens s'assimila si étroitement, parce qu'elle formait l'essence méme de son génie. Sous l'empire des préventions classiques, on n'a vu dans les œuvres des grands architectes italiens de la fin du XVI: et du commencement SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 255 du XVIIe siècle, que des formes lourdes, avinées, incorrectes, communes, tourmentées et négligées tout à la fois. Un tel jugement est faux et vicieux dans son essence; c'est s'attacher au dialecte et à quelques négli- gences d'expression de l'auteur d'un poéme, en dédaignant l'ensemble des idées, la valeur du plan, la solidité de la charpente et l'intérét toujours crois- sant de l'intrigue. On a fait le méme reproche à Rubens en osant affirmer que cette exubé- rance plantureuse et ce penchant venaient de la métaphysique sensualiste de l'art flamand ; erreur profonde dans laquelle sont tombés ceux qui croyaient accuser par là sa pesante origine germaine, et ignoraient le prototype italien et la conformité des motifs architecturaux employés dans les Pays-Bas, — pour lesquels on affectait le plus profond dédain — avec ceux que l’on allait pompeusement faire admirer à Rome par nos artistes entretenus par l'État. La variété, le mouvement, l'ex pression, l'ampleur de l'architure rubenesque se trouve en entier dans l'ensemble des œuvres italiennes, mais le maitre d'Anvers sut si bien condenser toutes ees. valeurs. éparses qu'elles semblent inhérentes à son individualité. Jamais artiste n'a possédé à un si haut degré le moyen de traduire le grandiose, l'imposant et l'audacieux; il n'oublia jamais que c'est une des choses auxquelles il faut penser en premier lieu, dans une œuvre d'architecture destinée à briller avant tout, par sa masse. Sous ce rapport, ses ares de triomphe d'Anvers sont des chefs-d'eeuvre d'in- tuition et de développement de grands ensembles décoratifs. S'il eùt été donné, à Rubens, de construire un édifice d'une ampleur monumentale extraordinaire, la faculté et la puissance de mise en scène et de disposition des effets de masses, qu'il possédait au plus haut degré, en eùt fait une œuvre unique au monde, sous le rapport de l'émotion, du saisis- Sement que produit le premier aspect d'une œuvre humaine véritablement 8randiose, comme durent l'étre le temple de Karnak, le palais assyrien de Khorsabad , les Propylées et l'Aeropolis d'Athènes, le Colisée et le Capi- tole de Rome, au temps de la splendeur de l'empire; comme le sont encore aujourd'hui la cathédrale de Cologne ou le dóme de S'-Pierre encadré de la colonnade du Bernin. rubénienne. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Rubens n'eut jamais besoin de recourir aux classiques, parce que le genre de beauté dont il poursuivait l'incarnation matérielle leur était inconnue. En architecture, Rubens trouva l'expression et, grâce aux dons merveil- leux de metteur en scène et de coloriste qu’il possédaient au plus haut point, la traduisit plus intelligiblement que les Italiens. L'expression en architecture est, ce je ne sais quoi, qui fait qu'un monu- ' ment a ou n'a pas l'attitude, le caractère et l'allure voulus pour matérialiser fidélement à notre esprit l'harmonie qui doit exister entre sa destination et son caractère plastique. Inspirés du christianisme, les maitres du style ogival surent rendre les premiers l'expression, les mouvements de l'àme en architecture. Ce sont les véritables ancêtres de cette qualité aujourd'hui indispensable à toute œuvre d'art. Le peintre anversois réussit à immobiliser la passion en architecture comme les maitres és-pierres avaient su fixer les élans du mysticisme et de la foi; il imagina son architecture telle, qu'elle se gravàt à la fois dans l'esprit comme un livre et parlàt au cœur comme une scène dramatique. Avant tout, il voulait une idée grande, décorative, — musique éblouissante — 'ayonnant dans l'ensemble et se retrouvant — sourdine harmonieuse — dans chacune des parties ou membres accessoires. Personne mieux que lui ne sut amalgamer les calques sur nature du peintre, aux inventions abstraites de l'architecte, ce que nous montre le modéle vivant et ce qui est du domaine exclusif du monde idéal. Les Vierges du Pandroseion avec leur tunique aux plis drapés aussi régu- liérement que des cannelures ont la froide placidité des autres assises de marbre ; les caryatides rubéniennes sont des étres humains arrétés dans leur vitalité active par le regard pétrifiant de la Gorgone. De cet ensemble puissant est résultée en architecture la beauté pittoresque; déjà entrevue par Galeas Alessi et son école, mais qui dut à Rubens son type étalon, son incarnation métaphysique définitive. Tout ce qui a été dit sur la peinture de Rubens peut s'appliquer à son architecture. Le but supréme des arts plastiques des anciens était de produire des SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 257 impersonnalités égoistes, reflet grandiose de l'immuable et olympienne séré- nité de KPONOS ou de ZEYS, Les temples, les statues et les peintures antiques, considérés au point de vue esthétique comme des chefs-d'euvre, ne se distinguent par aucune expression méme ébauchée. La passion n'était pas admise davantage au théâtre en lant que décomposition de la face humaine, et les mimes en abordant le pulpitum pour déclamer le Prométhée enchainé d'Esehyle, l'Électre d'Eu- ripide et l'Antigone de Sophocle, ces chefs-d'euvre de sentiment et de nuances variées des passions, loin de faire concourir le jeu de leur physio- nomie à la traduction des mélopées les plus tragiques ou les plus tendres, en écarlaient toute. expression extérieure possible sous leur masque immuable et banal. Les Romains du siécle d'Auguste admirent les premiers l'expression des sentiments dans les beaux-arts. Ils élevérent les Thermes, le Panthéon, les Ares de triomphe : voilà tout le secret de la prédilection de Rubens pour les grandes masses décoratives des édifices du siécle d'Auguste et des monuments: de l'école de Vitruve. L'art flamand eut la bonne fortune, en s'affranchissant des règles éternelles du beau antique, d'être guidé par un homme d'un génie transcendant. Bor- romini, Pozzo, Guarini et Ivara en Italie, José Churriguera en Espagne, Oppenord et les deux de Cuvilliés en France, Haberman , Schübler et Paul Decker en Allemagne, novateurs manquant de souffle, en précipitant l'art de leur temps dans des écarts invraisemblables, préparérent la décadence finale de la Renaissanee qui se traduisit par les styles Pellame ou Barocco en Italie, Par le genre Rocaille en France et par le Zop/styl en Allemagne. Le génie seul peut faire excuser ces hardiesses et ces violences envers la Muse, parce qu'il sait les tourner à l'honneur de l'immortelle déesse au profit de l'art en nous en découvrant les aspects inconnus. Les artistes doués d'un concept inférieur et qui se sentent épris de la passion d'innover, sapent les fondements de l'édifice colossal élevé par le génie humain, et épuisent leurs efforts à vouloir ébaucher à ses cótés, sur le sable, quelque fréle édicule, au lieu de concourir de toutes leurs forces à ajouter de nouvelles assises à Son impérissable masse granitique. Tour XXXIX. 51 Caractères spéciaux du génie architectural de Rubens. 258 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, erc, Les qualités outrées d'un chef d'école sont toujours religieusement copiées par ses élèves et deviennent pour eux des caractères prototypiques dont ils affectent de faire montre, croyant par-là imiter avec plus de succès le maitre dont ils eonvoitent le talent ou jalousent la renommée. C'est ce qui amena finalement, aprés une vitalité sans exemple, la décadence et l'extinction de l'école rubénienne, l'une des plus merveilleusement douées dont il soit fait mention dans l'histoire de l'art. Si Rubens fut original, il le fut surtout. par synthése. L'ensemble de sa manière constitue son individualité. Il acquit cette qualité par l'étude de la psychologie inconditionnelle de l'art, réalisation métaphysique d'un micro- cosme de beauté idéale, particularisé par des concepts géniaux différents. Cette individualité de concept constitue le mystérieux Shibboleth, auquel se reconnait l'aristocratie artistique, qui se transmet, d'intelligence à intel- ligence, dans la filiation des vrais maitres, ceux qui chiffrent de leur nom les étapes de l'art. CHAPITRE V. Adoption aux Pays-Bas du style de la décadence italienne. — L'architecture Loyolite, — Maitres flamands et néerlandais. 1600-1700. Charles, des comtes Borromei, cardinal du titre de S'-Praxéde, archevéque de Milan, qui fit conclure, heureusement, le Concile de Trente, sous le pon- lificat de son oncle, et que l'Église romaine a mis au rang des saints, publiait, en 1577, un traité didactique trés-complet et trés-savant sur la construction, la décoration et l'ameublement ecclésiastiques. Les préceptes en sont encore invoqués de nos jours par les liturgistes. Neuf ans aprés sa publication, le livre des lnstructionum Fabrice et Supellectillis Ecclesiastico, Lib. Il, se répandit chez nous par l'intermédiaire de la Compagnie.de Jésus. Appelée par le prince de Parme, comme nous l'avons vu au chapitre précédent, cette congrégation établit dans toute son intégrité, aux Pays-Bas, la discipline romaine. Depuis ce temps, pour toutes les questions matérielles du culte, les Jésuites invoquerent exclusivement les prescriptions canoniques du livre de Saint Charles Borromée comme le corollaire pratique des décrets promulgués par le Concile de Trente, modifiant la liturgie de l'Église. Giovanni Giussano, qui a écrit la vie du célèbre prélat, nous raconte qu'il dirigea tous ses efforts vers le maintien et l'extension de la majesté du culte Catholique par le prestige des magnificences architecturales et décoratives. En 1564, le cardinal Borromée commanda à Pellegrino Tibaldi, archi- lecte et ingénieur Bolonais (1527-1595), d'abord les plans de l'Arcivescovado et de la facade du dôme à Milan; ensuite ceux du palais de la Sapienza à Pavie. En 1586, Pellegrino se rendit en Espagne : Philippe II lui avait demandé des dessins pour lEscorial. Chargé de commissions importantes, Le livre des Instructio- num Fabrice de St- Charles Borromée. 1577. Influence dece traité di- dactique sur le style Loyolite. Collabora- tion probable de Pel- legrino Tibaldi. 240 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE il avait dirigé les décorations des obsèques solennelles d'Anne d'Autriche (7 septembre 1381), en la cathédrale milanaise. Un recueil, que nous avons sous les yeux, en fut publié. Le catafalque semble avoir servi de type au Rogus des archidues Mathias (1619), Albert (1622) et, plus tard, à celui de Charles II à S'-Gudule de Bruxelles. Ses travaux dans le cloitre et la bibliothèque de l'Escorial ont été largement décrits. En récompense, Phi- lippe TI le créa marquis et le fit seigneur de Valdelsa, dans le Milanais, berceau de sa famille. Tibaldi doit vraisemblablement avoir été souvent consulté par saint Charles et ce contróle, désintéressé et gracieux , d'un architecte de talent, a pu seul donner au livre des [ustructionum. Fabrice, cette valeur technique `t cet aplomb professionnel qui se soutiennent d'un bout à l'autre. Fils d'une Médieis, Charles Borromée tenait de sa mére cette propension et ce goût des beaux-arts. Docteur en théologie, décoré de la pourpre romaine, liturgiste érudit, il connaissait à fond le symbolisme catholique et savait l'importance qu'il faut attacher aux moindres détails. Aussi, sous ce rapport, il parle d'autorité, en homme qui a fait une étude spéciale de tout ce qui a rapport au temple sacré, depuis le clocher jusqu'au tabernacle et aux accessoires nécessaires aux offices des funérailles. Ainsi, indépendamment des influences artistiques établies par les fréquents voyages d'étude de nos architectes et de nos peintres dans la Péninsule, abstraction faite encore de l'influence espagnole au temps de la faveur de Tibaldi et de la toute-puissance d'Herrera — ce véritable surintendant des bâtiments, sous Philippe II — l'art architectural et décoratif italien devint une nécessité aux Pays-Bas, grâce aux nouvelles décrétales liturgiques, obser- vées par les Jésuites, au pied de la lettre. Pour obéir aux préceptes disciplinaires et obtenir les proportions dési- gnées — en mesures métriques — par saint Charles Borromée, les ordres monastiques et le clergé régulier d'abord, puis, peu à peu, le clergé séculier, adoptèrent définitivement les formes de la Renaissance qui, seules, cadraient parfaitement avec ces proportions canoniques. Les ravages des iconoclastes s'étaient étendus à presque tous les édifices religieux des Pays-Bas. Le clergé se trouva done, au commencement du SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 241 XVIIe siècle, dans l'obligation pressante de renouveler entièrement l'ameuble- ment de ces édifices. Pour subvenir à de tels frais, les Archidues se virent obligés de lever des impôts, ce qu'ils firent méme par un placard dont nous avons une copie officielle, « imprimé à Gand, chez Jan Van den Steene, » demourant sur la place de Ste-Pharailde, 1614, publié en consistoire du » conseil en Flandres, présents commissaires de la cour, advocats, procu- » reurs, huissiers et aultres assistants, le zum de juny 1614. Par moi, D greffier, J. Masseau. » Un semblable placard fut promulgué dans les autres provinces. Nous trouvons dans ce document les faits les plus curieux : il parait que les réparations des églises étaient entravées par le mauvais vouloir de cer- tains individus « mal famés, » qui, pendant les troubles, s'étaient rendus acquéreurs des biens des fabriques. Le « reiglement, » pour la Flandre, en date du 2 octobre 1613, fut obtenu à la requête du révérend abbé de S'-Pierre à Gand et de son coad- juteur, au nom du clergé, « ledit clergé s'estant dolu vers nous de la déso- » lation et ruyne en laquelle se trouvent les églises de ladite province par » les guerres et troubles passez ensemble par ung monde de procés sur ce » meuz en divers lieux et endroitz a grandz fraiz et despens et avec peu » dadvencement de la deue et requise réparation ou restauration desdictes » éelizes. » Les mesures réparatrices dont usérent les Archidues furent de trois espèces; nous les empruntons à la teneur du « placcart. » « Premiérement, au regard de l'entretenement ou réparation ordinaire » des églizes, l'on se riglera et conduyra selon le pied aneiennement » observé, et les concordatz particuliers ou auleuns se trouvent, et à faculté » de ce que l'on employera tant esdietes reparatios que restaurations, ou ? nouveaux bastimens, soit de la cœur ou de la nef, le revenu de la » fabrieque, el pour melioration ou accrue duquel nous entendons aussi » dores e navant (signament. es églizes assises es villaiges), que soubz la » messe ou sermon l'on eueillera les aulmosnes des bonnes gens, que les » pasteurs recommanderont aussi se dressera quelque lieu dedans l'églize » propre à recevoir des entrans ou sortans ce que Dieu leur inspirera à renouveler blement eeclé- meuk t ` à cet effet. Placards d chidues ns Règlement pour la dre. 20 octobre 1615. 242 HISTOIRE DE-L'INFLUENCE ITALIENNE » donner pour ladicte refection ou restauration, et ou le revenu avec » l'aeeru susdit ne seroient souffisans pour ladicte refection ou restauration, » on aura recours aux dismes ecclesiaticques, de quelle nature ou qualité » qu'elles soient feodales ou aultres possedées par mains morles, ou bien » par gens lays quant elles se verifieront acquises depuis le premier » Concile de Latran tenu l'an mil cent, soixante dix neuf, soubz le pape » Alexandre troisième, en suyte du placcart de feu de tres haulte memoire » le roy Philippe deuxiéme de ce nom, nostre trés-honnoré Sr et Pére (que » Dieu ait en gloire), du premier de juing mil cineq cens quatre vingtz et » sept emane sur l'execution des decretz du Sinode provincial de Cambray, » pour le cas le requerant y estre par eulx employé le revenu de deux » années, à payer en six années par esgalle portion asçasoir en chacune des- » dites six années un tiers revenu annuel. Bien entendu touteffoiz que les » margliseurs ou aultres ne commenceront tel ouvraige sans le sceu et parti- » cipation desdits interessez, sans le consentement desquelz on ne pourra » aussi ezceder ou changer la forme première ow ancienne ains leur sera » permis d'adviser, et deliberer avec les mestres massons, ou charpentiers » sur le pied qu'on trouvera plus convenable et moins coustageux, leur » accordans aussi d'avoir acces (quand ilz desireront), aux comptes qui se » rendront annuellement du revenu et entrée de la fabrique, à l'effect des- » dits ouvraiges contribueront aussi ceulx qui obtiendront quelque benefice » esdietes églizes en conformité du droict escript et ou le secours à recevoir » desdits trois moyens ne se trouveroit bastant, l'on procedera à la collecte o et quottisation des Parochiens recevant illeeq la nourriture spirituelle, et » la parolle de Dieu, moyennant octroy qu'ilz debvront sur ce obtenir de » nous, et en cas de difficulté non preveue ou decidée ey-dessus, l'on s'ad- » dressera à nous, ou ausdits de nostre Conseil en Flandres pour la vuyder en amiable, si faire se peult, ou bien sommierement et sans figure de procès. » On peut se faire une idée par ce document à quel degré de dévastation et de misérable délabrement la guerre civile avait réduit les plus splendides morceaux d'architecture dont s'enorgueillissait les Pays-Bas, et quels remèdes efficaces et énergiques durent prendre les Archidues, pour arriver à pauser les plaies béantes du sanctuaire, à réparer ses ruines et à voiler sa 1 © SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 24 nudité. Un fait digne de remarque, expressément de ne pas changer les formes primitives de l'architecture, à moins que l'on n'y soit contraint par l'excessive pénurie d'argent, et encore dans ce dernier cas on autorise le rétablissement des dimes, les collectes et les cotisations d'office. Un souci si peu commun de l'intégrité des œuvres d'art, à une telle époque, honore infiniment ceux qui en firent preuve. Mais, si l'on respecta presque toujours les formes primitives extérieures des églises dans cette restauration universelle, il n'en fut pas de méme pour les meubles du culte brülés ou. détruits et que l'on dut faire confectionner de novo. Get état des choses contribua énormément à l'introduction définitive du style Renaissance, dans les édifices religieux. Ne perdons pas de vue toutefois que l’ameublement ecclésiastique, exécuté d’après les données gréco-romaines, précéda d'un demi-siècle chez nous l'adoption de ces mêmes principes pour le corps entier de l’église. Nous avons dit au chapitre précédent qu'en 1586 les PP. de la Société de Jésus furent mis en possession du vieil Hótel de Grobbendonck, pour y con- struire un collége qui fut bientót élevé. La Société eut presque en méme temps d'autres établissements dans nos prineipales villes, gràce à la faveur royale. Philippe Il agissait de la sorte dans un but politique et d’après les conseils de Farnése qui, aprés la reddition de Maestricht, lui écrivit « qu'il ne con- naissait rien de mieux pour s'assurer de la soumission de cette ville, que d'y fonder un collége de Jésuites. » La rapide extension de cet ordre aux Pays-Das n'eut pas de moindres conséquences et amena, au point de vue de l'art, des changements décisifs dans l'aspect et le style de notre architecture, par la construction simultanée d'un grand nombre de colléges et d'églises plus ou moins tracés d’après le modéle du Grand Gesù , — construit de 1568-75 par Vignole et Giacomo della Porta aux frais du cardinal Alexandre Farnése — ce type étalon de la Renaissance italienne à sa troisième période qu'Owen Jones et les critiques d'art anglais ont appelé « Loyolite style. » L'appellation n'est vraie d'une façon absolue que dans son sens extrinséque. Dans l'aeception intrinsèque du terme il manque de justesse; les Jésuites n'eurent pas de style partieulier né de leur institution, mais ils propagérent c'est que les Archidues recommandent 5 able des s de la con ervation du type ectural d i desédi. Conséquences au point de vue de l'architec- ture de la rapide ex- tension del'ordre des Jésuites aux Pays Bas. Le style Loyolite. Diseussion de la valeur de cette appellation. 244 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique le style adopté à Rome par les architectes. pontificaux, à l'époque de la prodigieuse extension et puissance de leur ordre; le grand nombre de spécimens d'édifices qu'ils élevérent et existent. encore actuellement sont là pour le démontrer. D'une morale plus conciliante, cherchant à adoucir les rigueurs de la Foi dans leurs expressions d'austérité et de dureté extérieures, ils introduisirent dans le culte catholique cette pompe de décor et ce luxe théâtral et mondain se prétant à merveille aux exigences du siècle d'apaisement relatif qui suivit la réforme de Luther et les guerres de religion. Un émule du Baciecio, le Frère André Pozzo — on verra plus loin que ses ouvrages « borrominiens » furent réimprimés à Bruxelles au XVIIIe siècle par les soins des Jésuites — réalisa l'idéal de cette architecture. A cóté du Frére Pozzo, les Péres Aguilon et Hesius sont de roides et froids classiques. Le F. Pozzo imagina d'ériger à Rome, pour les fétes solennelles célébrées dans l'église du Grand-Gesü, des baldaquins grandioses, véritables décora- tions théâtrales, formant trompe-l'eeil, qu'il composait et peignait avec un rare talent et une merveilleuse entente des lois de la perspective linéaire et des ressources du chiaroscuro. Nous citerons comme chef-d'œuvre du genre, l'admirable morceau décoratif dit des Noces de Cana dressé comme « Repo- soir » du saint Sacrement à l’occasion des prières de « Quarante heures, » encore en usage de notre temps les deux derniers jours du carnaval. Cette nouveaulé fit courir tout Rome. Nous possédons une bonne gravure de cette pièce fameuse faisant partie du Livre de Perspective réimprimé à Bruxelles. L'esthétique architecturale et décorative de l'architecte Loyolite est par excellence celle du religieux d'abnégation résignée, perindè ac cadaver, auquel il west plus permis de fixer la beauté idéale qu'à travers le prisme de l'esprit particulier de la Société et des régles établies par les institutions canoniques de l'Ordre !. 1 Nous tenons à constater que tout ce que nous disons et dirons par la suite à ce sujet, n'a trait qu'aux Jésuites d'avant la suppression de 1775. Les Jésuites modernes, en fait d'art, ont renoncé à leurs anciennes et somptueuses traditions: dans les édifices, d'un caractère simple- ment utilitaire, élevés de nos jours, ils font profession d'éclectisme et construisent méme en style roman ou ogival des trois périodes. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 245 Jusqu'aux XVIIe et XVI” siècles, les Jésuites comptérent dans leurs rangs une foule d'artistes de mérite. Rangeons parmi leurs familiers, F 'anequart, Coebergher, Gerbier, Faid'herbe et Quellijn. Leurs bibliothéques conventuelles de Mons, Louvain, Anvers et Bruxelles étaient riches en ouvrages d'archi- lecture; nous avons déjà fait remarquer que les plus intéressants, que pos- sède notre Bibliothèque royale, publiés aux XVIe et XVII? siècles, leur ont appartenu avant la suppression de l'ordre par Clément XIV en 17173. Le style italo-flamand de la décadence intronisé aux Pays-Das par les Jésuites se fit voir pour la premiére fois dans la splendide facade de leur église conventuelle de Bruxelles. La premiére pierre fut posée le 23 juin 1606, mais l'édifice ne fut terminé que vingt ans aprés sur les plans et sous la conduite de Francquart. Peintre, géomètre, architecte et poëte, Jacques Franequart, né à Bruxelles de parents pourvus des dons de la fortune, alla étudier à Rome. Cette par- licularité nous est prouvée par deux eaux-fortes, en notre possession, que l'on trouve souvent ajoutées à l'Officina arcularia de De Pas et au recueil édité à Amsterdam en 1642, par Jan Jansz et Jan van Hilten. On y rencontre éga- lement des œuvres intéressantes de Jan van Santen, appelé Vasanzio en ltalie, et que nous analyserons plus loin. Ces deux planches — cénotaphes ou sarcophages gravés à Rome — sont, d'après nos recherches, jusqu'au jour où nous écrivons, les premiers motifs d'architecture Borrominienne qui furent publiés aux Pays-Bas. La premiére porte ce titre : Sepulcrum simplex a J. Franckardo pictori Bruxell. cum summa diligentia delineavit; elle porte dans le recueil de De Pas le chiffre XXVII. Le tombeau figuré sur la seconde planche XXVIII (elle n’a pas de titre) est tout à fait italien et dans le style des Varij depositi de Bernardino Radij. On lit sur le sarcophage portant le mono- Sramme du Christ, armoiries de la Compagnie de Jésus, le nom du martyr dont il est destiné à contenir les reliques : « s. vicron. » La planche est Signée au bas, à gauche: J. Francken bruæ. inventor. Ge dernier monu- ment, assez important, est formé d'un soubassement d'ordre toscan avec Piédestal dont les huit colonnes, accouplées deux à deux, encadrent trois niches en cul-de-four. La niche principale est enrichie d'un chambranle Tome XXXIX. 32 Premier édifice Loyo- lite aux Pays-Bas. Église conventuelle de Bruxelle: 25 juin 1606-1626. Jacques Francquart. 1577. 6 janvier 1651, Premiers motifs d'ar- chitecture Borromi- nienne publiés aux Pays-Bas. Livre des Portes de Jacques Francquart, premier recueil de style italo -flamand dà XVIIe siècle. 21 novembre 1616. 246 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE à crosseltes, fronton et cul-de-lampe dans le genre des Depositi de Montano ou Radij; les niches secondaires ont leur partie semi - sphé- roidale concave, décorée d'une coquille et sont surmontées d'une table d'architecture réservée aux inscriptions. L'entablement des deux colonnes aecouplées des groupes extrêmes est surmonté d'un fronton brisé, en are de cercle; les groupes centraux ont pour amortissement un globe pédiculé. Le sarcophage qui surmonte cette ordonnance inférieure est assez élégant, décoré de festons se rattachant à des têtes d'ange et surmonté d'un fronton circulaire portant le monogramme du Christ accosté de rinceaux. Ce monu- ment semble n'avoir qu'une face avec retours et destiné à étre placé contre les parois d'une chapelle. L'échelle porte le terme italien moduli. A part ces deux gravures, que nous n'avons pu rattacher à une suite quelconque du même maitre, nous devons à Francquart le PREMIER LIVRE D'ARCHITECTURE DU STYLE ITALO-FLAMAND DU XVII* SIÈCLE, PUBLIÉ DANS NOS PROVINCES. Les motifs, alors nouvellement mis à la mode, sont timides et hésitants; leur allure est sèche et monotone. Crüment pastichés, ils ne valent pas ceux des portes de van Santen et sont loin de présager les faciles compositions de Rubens qui devaient s'étaler vingt ans plus tard, exubérantes de verve, dans les splendides ares de triomphe de l'entrée de Ferdinand d'Autriche. Le livre de Franequart est important par sa date « 24 novembre 1616. » Il précise par un millésime l'accomplissement de la rénovation artistique qui s'épanouira chez nous pendant un siècle entier. Les dernières œuvres de Vredeman De Vries et Crispin De Pas, les maitres flamands qui avaient su produire une variation originale sur le théme italien, trouvaient encore des éditeurs, ce qui veut dire des acheteurs en Hollande, le premier en 1630, le second en 1654, que déjà, grâce à l'influence de Rubens et des Jésuites, une révolution artistique était consommée dans les Pays-Bas espagnols. L'influence méme de Rubens, jointe aux enthousiasmes « italianissimes » de van Campen, devait bientôt l'étendre aux Provinces-Unies. L'art architectural aux Pays-Bas perdit alors complétement le type indigène de la brillante époque italo-flamande que nous avons étudiée au chapitre R L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 247 précédent, mais allait puiser bientót à la source italienne les éléments d'un nouveau style national dont Rubens devait étre le promoteur. Vredeman De Vries chercha par ses inventions originales à se distinguer des maitres italiens; Otto. Vænius fit profession de purisme et mit une véri- table pédanterie dans son apparente simplicité; Francquart se servit avec affectation des formes architecturales qui avaient la vogue à son arrivée à Rome. Ce fut aux applaudissements de la Cour de l'Infante et de la confrérie des Romanistes qu'il éleva l’église des Jésuites, d’après ces données nouvelles. Jamais style ne fut plus longtemps et plus universellement goûté depuis l'art ogival. En 1670 il brillait de toute sa splendeur dans les compositions de van Heil, Merex et du Chastel; en 1685, H. Verbruggen et J. B. Bovaert élevaient les ares de triomphe et le reposoir sur le Meir à Anvers; en 1696 on réédifiait la Grand'Place de Bruxelles en employant le style Rubens. En 1717 l'architecte Jacoh Colin exécutait à Gand, sur le Marché du Vendredi, le « grand théâtre, » dressé le 18 octobre pour la cérémonie d'inauguration de l'empereur Charles VI (III en Espagne) comme comte de Flandre. Son œuvre, digne inspiration du grand maitre anversois, a été gravée sur une planche in-plano par Jean-Baptiste Berterham; la masse de curieuses figures qui occupent l'avant-plan ont été dessinées par C. Eyckens. Vingt-sept ans plus tard, en 1744, David T'Kint se servait du méme thème pour élever, au méme endroit, la Loge destinée à l'inauguration solen- nelle de Marie-Thérèse. Une planche formant pendant à la précédente a été gravée par F. Pilsen d’après cette décoration architecturale. En 4790 et 1735 les ares de triomphe élevés pour les jubilés du S'-Sacrement de Miracle à Bruxelles, dus à J. van Orley et J. van der Heyden, architectes et peintres, furent gravés dans le recueil de Cafmeyer et de son continuateur. Us empruntent leurs motifs, à peu d'exceplions prés, à cette architecture italo-flamande que le prestige de l'influence de Rubens devait voir appliquer en 1164 — au charmant frontispice de l'Hôtel de l'ancien « roy d'armes » du Bra- bant, qui sert actuellement d'entrée à la Galerie Bortier, à Bruxelles. Le alors que le rococo débordait en Europe remarquable patio ou eour intérieure à portiques a disparu malheureusement. io Lib de Serlio. Série de Porles de J. B. Magnanus, Porte d'architellura rus- tica d'Oratio Perucci. 218 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le livre publié en 1616 par Franequart est un petit in-folio de vingt et une planches avec texte en trois langues, latine, francaise et flamande (nous avons dit que l'architecte favori d'Isabelle était lettré), et, particularité peut-être unique, ce recueil parut sans nom d'imprimeur quoiqu'il ait été revêtu de l'approbation ecclésiastique et d’un privilége spécial. Il est intitulé : Premier livre d'architecture de Jacques Francquart, contenant diverses inventions de portes serviables à tous coeux qui désirent bastir et pour sculpteurs, tailleurs de pieres, escriniers, massons et autres, en trois langues. Ces portes sont évidemment des réminiscences de son pélerinage d'Italie; t. X è Š Dy w 1e b nous avons compulsé trois suites du méme genre. d'origine italienne, qui nous permettent de constater l'analogie des idées fondamentales de cette espèce de décoration. D'abord l'Estraordinario Libro, de Serlio (sixième livre de l'édition complète de Vicence publiée par Giacomo dé Franceschi. MDCXIX), contenant trente portes di opera Rustica (1551). Nous y trou- vons le prototype du vasistas ou œil-de-bœuf dont plusieurs spécimens se voient encore de nos jours dans nos villes. La deuxiéme est la série de portes de J.-B. Magnanus Parmensis, gravée par Carolus Blanca Med"; la dernière — qui présente des identités remarquables avec les portes de Franequart — est la série de Porte d'architettura rustica gravée par le Coriolano sur les dessins d'Oratio Perucci pittore et archit reggiano date in luce dal Fran- cesco suo figlio. Ces deux derniers ouvrages se trouvent à la Bibliothèque royale de Belgique et font partie de recueils ayant primitivement appartenu aux Jésuites. L'auteur dédie son livre à l'archiduc Albert et loue ce prince d'avoir remis en honneur le culte des beaux-arts et en particulier du noble art de Vitruve. « Ut reliquas taceam, » dit-il, « de architectura mihi pauca dixisse sufficiet. » Neque tamen hic verbis opus. Testantur machinæ molesque templorum, » monasteriorum et ædium quid splendoris huic uni scienti: attulerit præ- » sentia vestra : partim privato usui, partim publico, summa munificentia » et majestate exstructæ, » Plus loin, Francquart s'excuse sur l'exiguité de son recueil et sa valeur de simple détail, et il l'explique fort spirituellement en disant que son recueil de portes prépare l'entrée d’une nouvelle voie, d'un nouveau style : SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 249 Portæ sunt, aditum struo. Ce dernier trait est précieux à noter; on voit que l'architecte flamand introduisait à Bruxelles les types de l'architecture privée des italiens dans un but avoué et en parfaite connaissance de cause. « S'il est recu de bonne volonté, je ferai les autres volumes plus amples, » dit-il dans sa préface. Le livre fut recu avec faveur par les artistes du lemps, nous en avons la preuve dans une reproduction hollandaise de ces portes (gravées avec l'ombre à droite et sans le texte latin ni la coupe) publiée en 1642, à la suite du Vignole de Jan van Hilten et Jan Jansz, imprimeurs à Amsterdam; mais soit que le temps lui ait manqué, soit qu'il ait pris son œuvre en aversion, à part les tombeaux dont nous avons parlé et la « Pompe funèbre » de l'archidue Albert, ce premier cahier est tout ce que nous connaissions de lui en fait d'oeuvres imprimées. Si dans son livre Franequart invoque Vitruve, il se sert patriotiquement du pied de Bruxellés, sa ville natale, « encor qu'il soit difficile », dit-il, « pour être parti en onze. » En parcourant ces pages fort bien gravées par un artiste anonyme qui n'est autre peut-être que Franequart lui-même, — le frontispice est un petit chef-d'œuvre, — nous avons pu nous convaincre que notre architecte est l'auteur et le constructeur d'un grand nombre de portes cochéres et bàtardes qui existent encore. Citons notamment à Bruxelles : les portes carrossables du Jardin des Archers, rue d'Isabelle; de l'hótel de Mérode-Deynze, rue aux Laines; de l'hótel de Villegas S'-Pierre, rue de Louvain; du collége S'-Michel, rue des Ursulines; de l'hótel des Minimes, place H Grand-Sablon; de l'Ancienne école primaire supérieure de filles, place de Louvain; de ik maison portant le n° 48 de la rue des Six-Jetons, et de la brasserie au fond de l'impasse des Chartreux, non loin de là. Parmi les portes bâtardes mentionnons en première ligne celle qui se voyait naguère à côté de l'estaminet les Dix-sept Provinces, rue des Alexiens 1. Dans le même genre citons particulièrement la simple mais originale entrée du cabaret-restaurant l'Étrille, rue de Rollebeek ; de l'Ancienne maison des déchargeurs, au grand bassin du canal et de nombre d'autres demeures qui se ! L auteur de ec livre l'a sauvé e del a destr uction en faisant ser vir sa grac ieuse ordonnance à la tourelle de l'habitation de M. Verrassel-SchoŸ, au Boulevard Central à Bruxelles. Les typos du livre des sepi provincds Norti breux spécimens ac- tuellement existants des Spanschen deur- kens. Éléments italiens. de Franequart : 1? co- lonnes nichées. HISTOIRE DE L'INFL NCE ITALIENNE trouvent surtout dans le bas de la ville et aux environs du marché aux Pois- sons. La ville d'Anvers est également riche en ce genre. Rappelons les deux ordonnances de la rue de l'Empereur, celles de la longue rue Neuve, du marché St-Jacques, de la rue des Fagots, de la ruelle des Claires, etc., ete. ; la plupart figurent dans l'album de M. Linnig. Gand et Bruges possédent aussi des échan- tillons remarquables. A part ce qui précède, toutes les villes de la Belgique et de la Hollande, toute la Flandre francaise, toute la vallée du Rhin offrent des con- structions aux types identiques à celles que nous venons de citer. Par malheur, nous les voyons chaque jour disparaître sous la pioche du vandalisme édilitaire. Ces pittoresques compositions que le peuple a l'habitude de désigner sous la dénomination de portails Rubens ou de spansche deurkens ne sont au fond que des copies plus ou moins approchées , des ordonnances italiennes d'Alessi, Serlio, Rinaldi, Montano, Radji, Borromini, Pozzo, Ciro Ferri et Francini, mises à la mode aux Pays-Bas et adoptées par les artistes entrainés par la pré- férence marquée que leur témoignait Rubens. Notons pourtant qu'aux Pays- Bas des abat-jours de forme très-tourmentée, sont placés ordinairement au-dessus des portes bâtardes. Tout dans le livre de Franequart trahit ses prédilections italiennes. La plupart des planches gardent le souvenir d'une impression d'au delà des Alpes. Ce sont d'abord, les colonnes à demi enfoncées dans un grand cavet destiné à les détacher vigoureusement du mur par une ombre intense, mises en œuvre par Buonarotti, «les ayant vues à une sépulture prés de la Voie Appia (pl. I). » Ge genre de colonnes, que Lucotte appelle colonnes nichées; eurent une certaine vogue dans tous les pays qui subirent à cette époque l'influence italienne. A Paris, l'ancienne porte du Palais-Royal et le fron- tispice de la Culture S'e-Catherine offraient des colonnes insérées pour la plus grande partie dans l'épaisseur des murs de face creusés circulairement. C'est encore dans un but de publicité que Francquart a noté sur son carne! de voyage les chapitaux ioniques « dont le centre de la volute sont en devant » pour embrasser les ovales, lesquels aultrement resteroient découverts. J'ai » veu tels chapiteaux antiques à Rome, au Mont Aventino, à Saint-Alexe » (pl. IV). » Le vestibule de la bibliothèque de San Lorenzo, à Florence; offre un autre exemple de colonnes nichées. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 251 Nous remarquons, à la méme planche troisiéme que nous venons de citer, un mascaron de figure grimacante du genre gélatineux, tremblotant , emprunté aux vagues contorsions des mollusques, des zoophites, peut-étre aux nerveux tressaillements des tremelles ou du nostoch verruqueux. L'idée en fut vraisemblablement rapportée par notre artiste des décorations conchyli- féres employées aux grottes ou nymphées des villas Aldobrandini, Mondra- gone, Pamphili, Farnése et des jardins du Belvédère et du Quirinal. Nous trouvons à ce sujet dans la trés-intéressante Relation d'un voyage aux Pays- Bas, ete., du due Jean Ernest de Saxe, en 1613, publiée à Leipzig en 1620, par Neumayr, son secrétaire, une description des jardins de l'ancienne Cour de Bruxelles. Tout en corroborant ce qui précéde, les notes de Neumayr ajoutent des détails intéressants à ce que nous avons dit plus haut sur les jardins flamands de la Renaissance. « De là on passa à d'autres belles parties » du jardin, décorées de fontaines, puis à une grotte composée de trois pas- » sages voütés dont les parois sont ornées de coquillages, de nacre de perle, » et d'autres productions marines ; on y voit trois arcades qui contiennent la » représentation de trois montagnes sur lesquelles sont perchées différentes » espéces d'animaux et d'oiseaux étrangers, le tout également formé de petits » coquillages. » Tous ces animaux jettent de l'eau, de méme que les masques placés » contre les parois et composés des mêmes matières. » Nous avons pu voir, naguère, un spécimen parfaitement. conservé de ces pittoresques décorations conchyliféres : l'ordonnance du Grotten hof de l'Alte residenz, à Munich. On sait que ce palais fut bàti, de 1600 à 1616, par H. Schoen sur les dessins du brugeois Pieter de Witte (Candido) (1548- 1628), architecte-sculpteur de l'Électeur Maximilien I de Bavière. Ce genre zoophite, dont les plus étonnants caprices de formes douteuses se rencontrent dans un recueil italien de piéces d'argenterie, malheureusement anonyme, ne doit pas étre confondu avec le style « auriculaire » — dont les formes affectant les dispositions du lobe et des cartillages de l'oreille humaine sont trés-prononeées et relevées de retroussis — fut trés-goüté aux Pays-Bas pendant tout le XVIIe siècle. Corneille Vischer, dans son Atlas géographique des Dix-sept provinces, édité en 1625, a exclusivement grottes ou nymphées des villes italiennes. Imités d'après la « Re lation » de Neu mayer aux jardins de l’ancienne Cour à Bruxelles 1615. Employé par Pieter de Witte au Grotten hof de l Alt residenz, à Munich. 1600-1616. Le genre « zoophite» se zue des motifs ^ulaires, » HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE employé les données du style zoophite dans la composition de ses encadre- Vogue du genre zoo- Dents OÙ cartouches. Janus Lutma le jeune (1609-1689) fut le grand fans Lutma o3). prêtre d'une autre série de motifs nébuleux. Ses Nieuwe Compartemente (1653) ei ses Phantastisch gevormde Wapenschilden empruntent leurs formes indécises aux cotylédons de la noix ou semblent figurer les circon- volutions et les anfractuosités du cerveau des animaux vertébrés. Il existe en ce genre des pièces anonymes d'une originalité étonnante gravées pour des thèses, des modèles calligraphiques, etc. Le motif du genre gélatineux composé par Francquart a, dans le vague de ses contours, quelque chose de symétrique qui plait et se distingue par une certaine modération qui devient presque du goût et que l'on n'est pas habitué de rencontrer dans ces compositions de haute fantaisie. Signalons encore une application remarquable de ce genre aquatique dans le large et curieux cartouche contenant le texte de la planche du char funèbre de l'arehidue Albert. Les deux figures de femmes qui en forment l'amortisse- ment sont dignes de Rubens. Pus iile de C'est dans le Livre des Portes que nous voyons la première application cons découverts. d'un balcon découvert au-dessus d'un ordre; la première Renaissance, de méme que l'art gothique, avait conservé le type de la bretéche ou bretèque; baleon couvert et fermé. Un type de transition fort remarquable de l'antique bretèque au balcon italien se voyait autrefois au bâtiment de l'hôtel de ville d'Utrecht dont il existe une gravure par Harrewijn dans le tome V des Délices des Pays-Bas. La toiture ardoisée forme de chaque côté un demi- gable, le garde-corps, fermé latéralement, s'ouvre par-devant en balustrade. Trois colonnettes en fuseaux supportent l'avancée du toit, sur le devant duquel s'éléve un petit gable décoratif. Francquart donne un exemple de balcon romain (pl. V), en l'accompagnant de ces réflexions ` « On use en Italie au-dessus d’aulcunes portes, de balcons » ou appuys fort commodieux pour prendre la frescheur et facilement voir » les passants. » Cette nouveauté attrayante devint bientót le théme de prédilection de nos architectes. Les tableaux de Daniel van Alsloot et d'Antoine Sallaert, des Musées de Bruxelles et de Madrid, représentant la place du Sablon et le tir SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 255 des arbalétriers, nous montrent le balcon en fer communément appliqué à la maison bourgeoise peu d'années aprés. Les écoinsons de l'arehivolte de la porte dont nous venons de parler (pl. V), sont ornées de deux valves de coquille, affrontées, de l'espéce dite de St-Jacques. Ce futile motif que Francquart affectionnait peut-être parce qu'il constitue l'attribut caractéristique de son patron, se développe sur toute la surface du tympan de la porte de la. planche VIII. Des consoles traitées dans le méme esprit se remarquent aux planches X et XVI. Une coquille évidée forme l'abat-jour de la porte bàtarde de la planche XHI, remarquable par des Termes à gaines quadrangulaires présentant à leur partie supérieure deux bustes de jeunes femmes, aux seins nus singuliérement exagérés, qui la cantonnent avec assez de gaucherie. Détail précieux : Francquart vient parfois à résipiscence; alors il étudie les architectes du siècle de Léon X, affecte une grande simplicité qui n'est pas dans son caractère et emploie des ordonnances rustiques à refends et à bossages, comme aux planches XVIII et XIX. A la planche XV il ajoute ce texte : « Voicy une facon de portes rustiques, qui se montrent bien en Œuvre et sont fort usitées à Rome. » Nouveautés italiennes, motifs importés des « fachons de bastir » romaines, florentines, vénitiennes, génoises, telle est, au fond, le souci inquiet et la recherche constante des architectes flamands. Ce livre singulier, malheureusement trop exigu, de Francquart, se ter- mine par deux eaux-fortes intéressantes; l’une, de détails de menuiserie de portes s'adaptant aux baies dessinées dans les estampes précédentes; l'autre, de quatre cartouches se rapprochant comme type de ceux de la planche Q du rare recueil de Crispin De Pas. Dans la composition de ces car- touches, l'artiste est si franchement italien que l'on mettrait plutôt sous cette planche les noms de Bernardino Pochetti ou d'Agostino Mitelli que celui de Jaeques Francquart. En 1619 notre artiste fut chargé, par l'arehiduc Albert, d'ordonner le catafalque érigé dans l'église S"-Gudule pour les funérailles de l'archidue Mathias, son frère, décédé à Vienne le 20 mars. Christian Kramm pos- Sédait le dessin original de cette ordonnance, enluminé et doré à la façon Tome XXXIX. 55 OEuvres architectu- rales de Francquart. Restitution à Franc quart de la pater nité du plan du tem ple des Augustins à Bruxelles | attribué énéraleme We ceslas Coebergher. ' de cet Ordre, actuellement conservée à Gand, semble devoir faire attribuer 254 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE des anciennes miniatures. Exécuté avec un soin extrême, ce rare et précieux document donnait une idée complète de la somptuosité rédondante du goùt dominant de cette époque. Outre l'église des Jésuites à Bruxelles qui par ses triples nefs soutenues par des colonnes doriques portant des ares plein cintre; son sanctuaire à l'italienne distingué par une riche décoration de marbre et sa toiture, bombée en forme de caréne de galère, n'avait pas sa pareille aux Pays-Bas, Franc- quart construisit encore en 1629 et termina dix-huit ans aprés, la belle église du Béguinage de Malines. La première de ees constructions, sécularisée en 1773 avec la suppression des Jésuites, fut malheureusement démolie en 1812, sous un prétexte de la valeur de celui que la Régence de Bruxelles mit en œuvre lors de la création du Boulevard Central pour arriver à renverser l'église des Augustins; la seconde existe encore et sa facade offre une grande analogie avec celle des Jésuites de Bruxelles. Quant à l'église du Béguinage à Malines, c'est la Chiesa romana dans toute sa pureté, avec ses fenêtres et ses portes d'un cachet plutòt civil que religieux. Franchement, quelle que soit d'ailleurs notre estime pour Franequart, nous préférons mille fois comme interprétation pittoresque de l'art gréco-romain les facades d'églises qui terminent le livre des cinq ordres de Vredeman De Vries. Tout en adorant Vitruvius et en suivant la doctrine de Serlio, le vieux maitre de Leeuwaerden avait le secret de revétir ee beau corps antique d'un fier « pourpoinct déchiqueté menu » taillé à la mode flamande. Le corps et le vétement sont, à peu d'exceptions prés, également italiens chez Francquart, Coebergher et leurs émules. Une découverte récente de M. Ch. Keelhoff dans la copie des archives des PP. Augustins, transcrite en 1717 par N. de Tombeur, historiographe à Jacques Francquart l'église des Augustins de Bruxelles que tout le monde regardait jusqu'ici comme l’œuvre de Wenceslas Coebergher. Voici ce texte intéressant : « Notre provincial, Georges Maigret, consentit, le 22 février 1620, à la » reconstruction de notre église, à Bruxelles, aprés avoir préalablement SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 255 » approuvé le plan de M° Jacques Francquaert, le principal architecte de » la ville et de la Cour. Ce fut le même qui bâtit, quelques années aupara- » vant, notre couvent et, en 1615, notre collége. Le nonce apostolique » procéda, le 5 mai, à la consécration de la première pierre, que le noble » seigneur A. de Noyelles, gouverneur d'Arras, posa au nom des archidues » Albert et Isabelle, » Même volume, page 124 : « Cette église ne fut » achevée que le 54 octobre 1642 quand l'archevêque Boonen la consacra et le lendemain y officia pontificalement, » Ce qui nous semble confirmer cette rectification attributive, c'est que ` Franequart publia à Anvers en 1636 les Portraits des hommes illustres de l'ordre de S'-Augustin , trente planches gravées par Corneille Galle. L'église des Augustins à Bruxelles est un trop remarquable monument de l'époque italo-flamande pour qu'on ait pu songer sérieusement à la démolir. Comme valeur artistique et comme type,nous pouvons la comparer, et ce n'est pas peu dire, aux églises romaines de St-Jéróme des Dalmates, ad ripam Tiberis, des SS. Athanase et Grégoire , des Grecs; de Ste-Marie des Carmes au delà du pont St-Ange; de St-Louis des Francais; de Ste-Suzanne sur le mont Quirinal; de l'hôpital des Incurables, sur la Via Flaminia; de Ste-Marie de Vallicella, de-la congrégation de St-Philippe de Néri, et finalement de Notre-Dame de Lorette in agro piceno, et méme à la facade du Grand Gesù, œuvre de Maderno. Qui done oserait à Rome proposer de démolir l'un de ces temples ? Eh bien, que l'on compare l'ordonnance de la façade des Augus- lins avec celle des plus belles églises que nous citons, par exemple Ste-Su- zanne et Ste-Marie de Vallicella, et l'on verra que l'oeuvre de l'architecte flamand peut hardiment rivaliser avec celle des maitres italiens. W. Coeberger était mort en 1634, comme on le verra bientôt. Quant à F ancquart, la date de sa mort, fixée à 1652 par Kramm, doit être rapportée à 1651, d'après les registres cités plus haut. L'architecte bruxellois composa en 1621 les dessins du grand et du petit lutrin (lesseneer) du chœur de l'église. S'-Gudule, dont les comptes nous apprennent qu'ils furent coulés en cuivre par Jean-Jacques Van den Broeck, dinandier (geelgitere), demeurant à Bruxelles op P Koperbeke, la rue où, comme on le sait, s'élevait le palais Granvelle. Ce Van den Broeck reçut pour es accessoires de rancquart, Rogus ou chapelles ardentes. Char funèbre de l'ar chidue Albert. 1622. 256 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE le grand lutrin qui figurait sur un riche soubassement, un aigle de l'empire à double chef — couronné et nimbé — quatre cent deux florins du Rhin et cent sept pour le second. En 1633, Francquart donna le dessin d'un nouveau maitre-autel en bois, pour la méme église. Il devait coûter trente-trois mille florins, et les archives nous apprennent que la dépense eùt été supportée par le révérend doyen Philibert de Mol. Avant de prendre une résolution, les marguilliers crurent devoir en référer à l'archevéque de Malines et rien ne fut fait. En 1634, il ordonna le Rogus ou chapelle ardente des funérailles de l'Infante Isabelle eélébrées le 3 mars dans l'église S'- Jaeques-sur-Caudenberg à Bruxelles. Cette décoration funèbre fut gravée par C. Galle. Il nous reste à parler des embellissements que notre artiste exécuta au château du prince de Barbançon, où il construisit une chapelle, et de la fameuse ordonnance de la « Pompe funèbre » de l'archidue Albert dont il fut chargé. Le Rogus ou cénotaphe élevé dans l'église St-Gudule était conçu à la façon italienne et dans le genre des chapelles ardentes que composail « Bastiano Fulli pittore Sanese » et dont il laissa une suite gravée, Le principal Rogo de cet artiste, qui excellait dans ces sortes de représentations, fut élevé dans la cathédrale de Sienne pour les obsèques de Nicolas Piccolo- mini, capitaine du peuple de cette ville, mort en 4605. Nous dirons peu de chose du cortége considérable des courtisans pour nous attacher particu- lièrement au char qui le terminait. On devine l'influence « rubenesque » dans la coupe heureuse du corps de ce « chariot funébre. » Destinée bizarre, il figura plus tard à l'Ommeganck de 1670. A la demande du marquis de Spinola, le gouvernement l'avait donné à la ville de Bruxelles. On avait fait de méme lors des funérailles de Charles-Quint pour la célèbre galère de cinquante pieds de haut la Victoire, gravée dans le rare recueil de Jan et Lucas van Doetechum. Le char funèbre de l'archidue Albert possédait un véritable mérite artis- tique : librement dessiné, plantureusement modelé, d'une silhouette un peu tapageuse, il devait se montrer pittoresque et imposant avec ses chevaux revétus de caparacons tissus d'arabesques brodées en or, ses bannières héraldiques , ses balustres d'argent, ses consoles enroulées, ses figures allé- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 257 goriques et sa face postérieure décorée comme le château de poupe aux dorures étincellantes d'une frégate amirale. Dans la largeur de faire et dans la grande couleur flamande du « chariot funèbre » que Franequart exéeuta en 1622, nous trouvons un a rant-goûl du splendide char de triomphe, œuvre exubérante du génie de Rubens, pro- mené dans les rues d'Anvers en 1635 et qui devait donner l'immortalité au combat de Calloo, dont van Tulden nous a laissé une fougueuse eau-forte. En mettant en parallèle le char funèbre de 1622, et le Livre de portes publié en 1616, on voit que le favori de l'infante Isabelle avail, dans son commerce avec Rubens, reçu des conseils et étudié des exemples qu'il sut mettre à profit. L'année suivante, l'architecte fit paraître en un in-plano de 54 planches avec frontispice gravées par €. Galle, le cortége des funé- railles de larchiduc Albert. Le recueil porte ce titre : Pompa funebris optimi potentissimi q. Principis Alberti Pii, Archiducis Austrie, Ducis Burg. Brab., etc., veris imaginibus expressa a Jacobo Francquart, Archit. Reg.; ejusdem principis morientis vita scriptore E. Puleano Consil. et Historiogr. Reg. Bruxelle, CI 19 CXXII. Prostant apud Joannem Mom- martium. Ge recueil ne fut pas destiné au publie. L'infante Isabelle en fit adeau à chacun -des personnages qui figurérent dans le cortége et dont l'artiste a reproduit toutes les physionomies. Cette première édition est rare et estimée. Ajoutons encore que celte publication valut à l'artiste un procès avec un certain Denis Waterloos — les pièces reposent aux archives des Hospices de Bruxelles — et qu'en 1628 le libraire bruxellois, Jean Léonard, se rendit acquéreur des cuivres et en donna un nouveau tirage que l'on ren- Contre plus souvent. En 1643, Jérôme Du Quesnoy, le jeune, revint aux Pays-Bas. Il fut adjoint à Franequart, architecte de la Cour (malade), en qualité d'architecte Statuaire et sculpteur de la dite Cour par commission royale du 26 octobre. Né, selon les uns, en 1577, selon d’autres, au contraire, en 1590, Franc- quart mourut à Bruxelles, sa ville natale, d'aprés l'opinion commune, le 18 juin 1652. Le registre copié par N. de Tombeur rectifie cette date à la page 127 : « Le 6 janvier 1654 fut enterré M. J. Francquart, l'architecte de cette église et du couvent. » Jérôme Duquesnoy, le jeune, est adjoint à Francquart malade, comme architecte - sculpteur. 1645, Nicolas Franequart. Édifice religieux élevé toute l'étendue des Pays-Bas. 258 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Jacques Franequart avait été créé chevalier en 4624 par Philippe IH, el nommé gentilhomme de la Chambre d'Isabelle; il vécut célibataire et laissa toute sa fortune à son cousin Nicolas Franequart qui fut un habile architecte, mais sur la vie et les œuvres duquel nous manquons de docu- ments. Jacques Franequart fut un artiste aux mœurs exemplaires : travailleur, ni égoïste ni envieux. Soigneux de sa personne, beau cavalier, il eut la passion des fraises tuyautées de point de Malines, des chaines d'or et des épées à coquille et quillons ciselés d'Hortuno de Aguire, l'armurier favori de Philippe HI et d'Albert. Nous trouvons ces détails dans une « Pasquille» contemporaine où l'on malméne, en déplorables vers francais, la Cour de la « Nonne à vertugadins. » Chose singulière, c'est à peu prés le seul personnage dont on n'attaque pas les mœurs et l'on peut dire qu'il emporta dans la tombe une réputation de talent, d'honnéteté et de vertus que l'envie n'osa jamais ternir malgré la haute faveur dont il jouissait auprès d'Isabelle. Le portrait de Franequart, dessiné par sa nièce Anna Francisca De Bruijn, fut gravé par Hollar en 4648. Il figure encore au nombre des illustrations du Gulden cabinet de Cornelis de Bie. Les Jésuites, pendant la première moitié du XVH’ siècle, mirent une grande ardeur à bâtir des temples et des colléges. Ils élevèrent successive- ment (1645-1621) la belle église d'Anvers, due à la eolloboration du recteur Francois Aguillon et de Rubens; celle de Bruges d'une architecture parfaite (1617-1645); celle de Louvain, véritable type du style de l'école romaine, bâtie sur les plans de l'architecte jésuite Guillaume Hesius, de 1650à 1666; celle de Malines, construite sur les dessins de Luc Faid'herbe, de 1669 à 1676 ; l'église des Jésuites wallons de Liége, élevée en 1682 et, presque en méme temps, les temples ou chapelles de moindre importance bâties dans leurs résidences secondaires de Huy, Lierre, Alost, Tongres, Gand, Courtrai el Tournai. Tous ces édifices offrent le type de l'art architectural romain du XVII* siècle et rentrent dans notre appréciation générale; quant à la remar- quable église des Jésuites d'Anvers, dont le campanile est d'une élégance et d'une délieatesse exquises, on en trouvera une étude détaillée dans le cha- pitre consacré à Rubens. " SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 259 Dés que les Jésuites eurent donné le branle, d'autres ordres religieux et finalement le clergé séculier élevèrent des temples « à la romaine. » La nomenclature en est longue : nous avons déjà cité l'église du Béguinage de Malines, construite par Francquart, de 1629 à 1647. Wensel ou Wenceslas Coebergher naquit à Anvers en 1561; Immerzeel, sans fournir de preuves à l'appui, le fait naitre à Bruxelles en 1560 et mourir en 1650; Kramm en 1554 et 1634; M. Gachard précise le décès au 25 novembre 1634. Les véritables dates de la naissance et de la mort de Coebergher ont été découvertes par le savant archiviste, M. Pinchart, et publiées dans ses Archives des arts. L'orthographe de son nom varie égale- ment, celle que nous avons adoptée est conforme à sa signature autographo. Cet artiste était fils naturel de Wenceslas et de Catherine Raems; ses lettres de légitimation sont datées d'Anvers du mois de mai 1579; il habitait alors Paris. Élève de Martin de Vos, il fut inserit en cette qualité en 1593 aux Liggeren de la Corporation de S'-Lue à Anvers. Coeberger quitta l'atelier de De Vos par désespoir d'amour et, pour faire trêve à son chagrin, il partit pour l'Italie où il produisit des œuvres qui répandirent sa réputation. Après une absence de plusieurs années, il rentra dans sa patrie, emmenant sa femme, la fille du peintre flamand Jan Francken ou Franco, qu'il avait épousée à Naples. Les archives de la Gilde des Roma- histes, à Anvers, nous apprennent qu'il fut admis, comme gildebroeder, au banquet annuel de cette confrérie, en 1605, l'année même où il obtint la Maitrise, Cette particularité précise l'époque de son retour aux Pays-Bas. Depuis lors, secondée par des connaissances étendues, son activité ne devait plus manquer d'éléments jusqu'à sa mort. Nous savons avec certitude que Wenceslas Coebergher construisit deux édifices religieux : les Carmélites de Bruxelles et le temple à coupole de N.-D. du Mont-Aigu. On lui attribue également les églises des Augustins et du Grand-Béguinage à Bruxelles, Quant à nous, quoique cette dernière ait été élevée aprés la mort de Coebergher, nous n'hésitons pas à lui en accorder la paternité, non d'après la wadition, mais aprés une étude approfondie du plan, de la déco- ration, des détails, moulures et motifs caractéristiques qui tous appar- Wenceslas Coebergher, 1561-1655. Les Monts-de-piété, 617. 260 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE tiennent à la maniére bien connue du maitre et que l'on peut eontróler sur les constructions qui lui sont authentiquement acquises. L'argument spécieux, tiré de la date de la mort de cet artiste, arrivée avant la construction de l'église, est de peu de valeur, attendu qu'on impose souvent à un architecte les plans antérieurement élaborés par son devancier. On ne conteste pas à Michel-Ange la paternité de l'église S'-Pierre à Rome, qui fut aprés sa mort successivement eontinuée par Vignole, Della Porta, Fontana et ne fut positivement terminée que par Carlo Maderno, sous le pontificat de Paul V. Pour citer un exemple récent, rappelons-nous que l'Are de triomphe de l'Étoile à Paris, dont Chalgrin fit les dessins primitifs en 1806, fut seulement achevé trente ans plus tard sous la direction de Blouet, aprés avoir passé, depuis la mort de Chalgrin arrivée en 1811, sous les directions successives de Goust, de Fontaine, de Debret, de Gisors, de Labarre et de Huyot. Comme architecte, Coebergher surpassa positivement Jacques Francquart. Partant comme ce dernier de la donnée italienne, il a plus de noblesse d'énergie, un goût plus sûr et plus relevé. Ses détails sont moins confus, plus larges. Il chercha toujours et réussit parfois à rencontrer des effets pitto- resques et inattendus, témoin sa charmante tourelle, malheureusement inachevée, de l'église S'-Jean-Baptiste au Béguinage, à Bruxelles, et les heureux motifs d'agencement des fontaines, des grottes et des nymphées du Slot de Tervueren, opulente maison de chasse de nos souverains, dont Campo Weijerman parle avec de grands éloges. Il fut à la fois artiste, ingénieur, chimiste, numismate et philantrope. En 1618 il obtint, par lettres patentes du 9 avril, un octroi pour pouvoir exploiter seul aux Pays-Bas la fabrication de la potasse; ce privilége fut renou- velé pour lui et ses héritiers par de nouvelles lettres du 9 septembre 1627. Coebergher bàtit tous les Mouts-de-piété belges, à Anvers, Gand, Malines, Tournai, Bergues, Valenciennes, Cambrai , Bruges, Lille, Douai, Namur et Courtrai. Il prêta le serment en 1617 comme surintendant de tous ces Monts de piété, entre les mains de messire Engelbert Maes, chevalier, membre du conseil d'État et chef-président du Conseil privé de Leurs Altesses Séré- nissimes. Ce que l'on croira difficilement, c'est qu'une aussi utile institution SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 261 trouva chez les contemporains des détracteurs acharnés et haineux. Un certain Jean de Lilers lança trois pamphlets ignobles contre l'établissement philantropique dà à l'initiative de Coebergher. Le plus connu de ces libelles, devenus aujourd'hui fort rares, est intitulé La Cassandra. Coebergher y répondit vigoureusement en publiant à Malines, en 1621, son Apologia ofte Bescherm redenen tegen de hekelen van de onredelijke vijanden en tegen reders, etc. Les bâtiments des Monts-de-piété (Bergen van barmhartigheid ou Lom- barden) élevés par Coebergher ne sont remarquables au point de vue de l'architecture que par quelques fragments, comme portails, cartouches et emblèmes, et par leur distribution, fort commode et entendue pour l'époque, mais qui a beaucoup vieilli et dont l'extrait suivant. d'une description faite au XVIIe siècle pourra donner une juste idée. « L'édifice est dressé de telle Le] lieux, qu'ils sont conservez sans danger d'aucune détérioration ni mesmes » d'aucun meschief de feu, estant aussi le dict édifice tellement muny en » tous endroits, qu'il est rendu assuré contre toutes surprinses et violences de » facon d'architecture, que les gages s'y mectent et s'arrangent en si bons » larrons et voleurs ; autant qu'il se peut humainement faire, selon le juge- » ment de tous ceux qui en ont prins inspection. » Coebergher est encore l'auteur des plans de l'hótel de ville d'Ath. Les Annales de la Société archéologique de Mons (1865) contiennent une inté- ressante notice à ce sujet. Il avait aussi dessiné pour le choeur de l'église de N.-D. de Laeken, prés Bruxelles, un projet de stalles, qu'un ébéniste (ebben- werker) nommé Jacob Boxhorinck prit l'engagement de confectionner « de bon bois d'ébéne » sur le modéle des stalles de l'église de N.-D. au Sablon à Bruxelles. Elles devaient comprendre « autant de siéges que possible et pour chaque siége on payerait 40 florins du Rhin » Cette convention fut signée le 13 mars 1608. Jeune encore, allant de Rome à Naples, ou il se lia d'amitié avec un de ses compatriotes, Jan Francken, dont nous avons vu qu'il épousa la fille , Coe- bergher avait traversé les marais Pontins. Il constata les ravages causés par les fièvres, et songea à l'instant à un marais, moins étendu, mais non moins pestilentiel et redoutable aux populations environnantes, qui existait entre Tome XXXIX. 54 Caractères architecto- niques des Monts-de- piété. Desséchement des Moeres. 1622. Rivalité de Rubens et de Coebergher. OEuvres littéraires at tribuées à Coebergher, Goebergher construit la première coupole italienne aux Pays- Bas. N.-D. de Mont aigu, 1609-1691, 262 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Furnes et Dunkerque. De retour aux Pays-Bas, Coebergher put mettre enfin en.1622 son idée à exécution ; il dessécha les Mueres, Il lui revient de ce chef une gloire immense dans les annales de l'humanité. Les suecés de Coebergher, comme peintre et comme architecte, lui valurent les honneurs et la fortune. S'il ne fraya point avec les Aidalgos de la Cour d'Isabelle, il afficha autant de morgue et de mauvais vouloir envers ses rivaux que Francquart témoignait de modestie et de bons procédés. Philippe IN signa en sa faveur des lettres de chevalerie le 14 octobre 1654; s'il ne fut jamais baron, comme l'a avancé M. Bortier, dans une remarquable Notice biographique, il mourut seigneur de Groenlaendt, Petite Moere, ete. Son bon- heur eùt été sans mélange si, comme van Oort et Abraham Janssens, il n'eüt jalousé Rubens, dont la renommée croissante était son cauchemar. Par sa faveur constante et ses accointances à la Cour d'Isabelle, Rubens appartenait au parti espagnol détesté des Flamands; aussi Gocbergher l'appelait-il par dérision el Rey et ne se faisait-il pas faute de l'attaquer et de le critiquer en toute occasion. La bibliothèque de peinture de C. T. Murr de Francfort cite un Tractatus de Pictura par Wenceslas Goebergher publié sans date ni nom d'imprimeur, probablement pendant son séjour d'Italie. M. Coomans, littérateur et membre de la Chambre des Représentants de Belgique, mentionne de notre architecte des Mémoires sur la peinture, l'architecture et la numismatique; malheureuse- ment ils n'ont jamais été publiés. Nous ne pouvons done apprécier Coebergher que par ses œuvres exécutées, et nous trouvons que dans toutes celles qui nous sont parvenues il a fait preuve d'un sentiment éclairé de l'application de l'architecture antique, et qu'il préféra toujours les œuvres des moins inebriati des maitres de la décadence italienne. Son style est plus large que celui de Francquart, et cependant il est moins froid. H importa d'Italie, où elle était en grande faveur depuis Santa-Maria del Fiore, la coupole, motif qui n'avait figuré jusque-là qu'en peinture et en décor et qu'il osa réaliser matériellement. L'admiration de Coebergher pour ce genre d'édifices se montre dans la prédilection qu'il a mise à le choisir de pré- férence pour les fabriques dont il étoffait ses tableaux. On en voit un exemple dans l'Ensevelissement, au Musée de Bruxelles, où un dôme de style Renais- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 263 sance, trés-bien concu, figure à l'arriére-plan dans une vue fantaisiste de Jéru- salem bâtie à la florentine. La coupole dont Coebergher couvrit l'église de Montaigu est lourde et mas- sive ; il est vrai qu'il y a là un premier essai d'une des plus grandes hardiesses de construction de l'architecture qui place, comme bátisseurs, les Romains bien au-dessus des autres peuples de l'antiquité, et dont nous n'avions aux Pays-Bas que de timides spécimens ogivaux aux églises de Notre-Dame d'Anvers, et de St-Jean, à Bois-le-Duc. Van Santen , architecte néerlandais dont nous parlerons tout à l'heure, avait déjà projeté une vraie coupole à l'italienne pour l'église abbatiale de Gand, commencée en 1699. Mais l'on sait que cette coupole ne fut bâtie qu'en 1722 par Matheijs. Les deux églises à coupoles qui furent érigées aux Pays-Bas depuis la rotonde de Montaigu furent, la premiére, celle de Notre-Dame de Bon-Secours, proche la riviére de Senne, à Bruxelles, bâtie par Jean Cortvriendt en 1668, et la seconde, celle de Notre-Dame d'Hanswijek, à Malines, véritablement élégante et gra- cieuse, élevée par Luc Faid'Herbe en 1678. Une espéce de malédiction étrange s'est appesantie sur les œuvres de Coe- bergher, comme plus tard une méme funeste influence sembla s'attacher aux Constructions d'un de nos plus grands architectes de la fin du XVIII* siècle, Messire Laurent-Benoit de Wez. Cette fatalité s'est acharnée à détruire les litres qu'avaient ces deux artistes à l'admiration de la postérité. Le 4 septembre 1646 , le général Bette marquis de Lede, menacé dans Dunkerque, rompit les écluses et inonda les fertiles plaines des Moeres sur Une étendue de plus de cinq lieues carrées. Tout périt; les populations enve- loppées d'eau ne purent se sauver. L’œuvre splendide du génie de Wenceslas Coebergher fut anéantie dans le court espace de quelques heures qui sépare la marée haute de la marée basse. Par bonheur l'architecte “était descendu dans la tombe. Coebergher mourut, en effet, le 23 novembre 1635. Campo Wijerman NOUS a conservé son éloge, en distiques latins, placé sur l'épitaphe du tom- beau que lui élevérent ses enfants dans l'église de Notre-Dame de la Por- lioneule, aux Récollets de Bruxelles, détruite par le bombardement de 4695, I! laissa huit enfants de sa femme , Suzanne Franck, trois garçons et cinq Architectes flamands à l'étranger. Jean de Bologne, Pierre de Francheville, Albert n den Brulle,Alex. Colin et Pierre de Witte. Balthazar Gerbier d'Ouvilly 1572 - 1667). 264 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE filles. Charles, l'ainé des fils, succéda à son père le 4 août 1635 , dans la surintendance générale des Monts-de-piété où il servait gratuitement depuis 1622; Augustin le puiné, fut également fonctionnaire de cette administra- tion; Jacques, le cadet fut d'abord capitaine d'une compagnie de Chevau- légers au service de Philippe IV, puis chartreux. C'est à ce dernier que le jésuite Jacques Wallius de Courtrai, notre gracieux et sentimental poëte latin, adressa une élégie restée célèbre à l’occasion de sa premiére Messe. Des quatre filles de notre artiste, Catherine, l'ainée, se maria à messire Guillaume de Wezeren, écuyer, Madelaine au baron de Troibréze, Cécile à Messire André de Bruynes, « mayeur de la ville de Mons. » Marie-Thérèse épousa messire Gérard-Antoine de Rijckel, écuyer et sa dernière fille Marie- Émérance, prit le voile au Béguinage de Malines. Après ces deux artistes qui exercèrent leur art aux Pays-Bas, il serail injuste de ne pas accorder une place honorable dans ce travail à Balthazar Gerbier, à Jean de Bologne, à son élève Pierre de Francheville, à Albert van den Brulle, à Alexandre Colin et à Pierre de Witte, qui étendirent à l'étranger la réputation de l'école flamande. Balthazar Gerbier d'Ouvilly, créé chevalier en 1638 par Charles I^, roi d'Angleterre, naquit en 1572 à Middelbourg, en Zélande, d'un pére, gen- tilhomme d'origine normande, né à Anvers et d'une mére picarde, fille du seigneur de Blanet. Il apprit l'architecture à Rome, d’après son propre témoignage, et à vingt ans passa en Angleterre. Gerbier fut un homme universel ; il unissait une habileté diplomatique singulière aux talents parti- culiers d'architecte, géomètre, mathématicien, cosmographe et à une adresse infinie pour peindre à la gouache des tableautins recherchés. Protégé par le duc de Buckingham, qui l'avait nommé son écuyer (master of the horses) il suivit cet ambassadeur à Madrid et à Paris. Ce fut Gerbier qui introduisit en Angleterre le genre italo-flamand, désigné par les architectes anglais sous le nom d'Élizabethan style, encore en vogue sous la reine Anne. Agent diplomatique de Charles I^, il fut envoyé en qua- lité de ministre résident à la cour d'Isabelle. Disgracié sur la dénonciation du marquis de Oñate qui l'accusait de s'employer aux intérêts des Provinces- Unies, il repassa en Angleterre, op il sollicita du Parlement sa natu ralisation SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 265 et la qualité de sujet anglais. Pendant la tourmente politique du règne de Cromwell, il passa en Amérique , revint en Angleterre aprés la victoire déci- sive de Monck qui amena la restauration de Charles II, et donna les dessins des Ares de triomphe élevés à l'occasion de sa rentrée en possession de la couronne. Ces arcs ont été gravés par Robert Peake. Van Dijck peignit deux fois le portrait de Gerbier. Bien qu'il détestát et craignit cet artiste, il cherchait cependant à gagner ses bonnes grâces à cause du grand crédit dont il jouissait à la Cour d'Angleterre. En 1648, un peu par besoin de se créer des ressources, il fonda à Londres la première école d'architecture qui ait été établie au Royaume-Uni. Les ten- dances de cette école eurent bientôt une influence décisive sur l'art anglais. Son principal élève fut le Capitaine William Wind, esq. Charles Ier avait, antérieurement, par lettres patentes de février 1630, octroyé l'autorisation d'ériger cette institution que Gerbier intitula Museum Minerve. Il y ensei- gnait à la fois (car il était en méme temps directeur et professeur de son aca- démie) l'architecture civile et militaire, les fortifications, les mathématiques, la navigation, la cosmographie, la peinture, la numismatique et les langues étrangères. Mais l'époque politiquement glorieuse du règne de Cromwell fut déplorable au point de vue artistique; Gerbier, pour soutenir sa famille, dut émigrer en Hollande et de là au Surinam. Revenu, comme nous l'avons dit, aprés la restauration monarchique opérée par Monck , il ne s'occupa plus que d'architecture, fut nommé Surintendant des bâtiments et Maitre des céré- monies. Il avait déjà brigué ce poste sous Charles I*', mais il ne put l'obtenir à cause de la rivalité d'Inigo Jones : il ne pardonna jamais à cet architecte son opposition ouverte en celte circonstance el s'en vengea froidement depuis. Balthazar Gerbier publia divers ouvrages d'architecture, trés-difficiles à reneontrer de nos jours et dont voici les principaux : 1° A brief discourse concerning the thre chiefprinciples of magnificent buil- dings; il y critiqueavee plus d'aigreur que de fondement les œuvres d'Inigo Jones; 2° Counsel and advise to all builders, publié en 1663 : il s'y attaque par- ticulièrement à Webb, élève d'Inigo. Il fit paraitre finalement un discours emphatique et mal digéré sur l'architecture monumentale qui n'a rien ajouté à sa réputation. Influence de Gerbier sur l'art architectu- rale en Angleterre. 1l fonde la première école dese de Londres, 1648. Efforts de Gerbier pour établirles Monts-de- piété en France et en Angleterre. Longue influence de Gerbier sur l'archi tecture anglaise. 266 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Gerbier donna le dessin de la célèbre Temple Bar, porte historique de la cité londonnienne, dont on a faussement attribué la paternité au chevalier Wren. Il se montra l'ardent émule de Coebergher dans la diffusion des Monts-de- piété ou Lombards. Repoussé en Angleterre, il songea à les établir en France, et publia à cet effet, de 1643 à 1644, trois opuscules fort rares réimprimés dans les «Archives curieuses de l'histoire de France» . Gerbier obtint méme des lettres patentes de Louis XIV du 7 septembre 1643 pour réaliser son projet. ll échoua : et ce mauvais succès priva pendant cent années encore le royaume de France des bienfaits de l'institution des Monts-de-piété. Nous avons vu Gerbier se venger des attaques de ses rivaux anglais par des pamphlets et des critiques violentes : certaines de ses publications ne semblent faites que pour lui procurer l'occasion de lancer dans le public les attaques les plus diffamatoires au talent et au crédit des artistes indigènes ; pour y échapper, la plupart songeaient à le flatter, ainsi le fit van Dijck, et par cette condescendance contribuaient à raffermir la véritable dictature que l'artiste flamand exerça toute sa vie sur l'école anglaise. En 1667, âgé de 95 ans, il élevait encore le château de Hemsted Marschal, appartenant à Milord Craven; brûlé en 1654, cet édifice fut rebàti en 1714. Gerbier mourut la méme année (1667), laissant deux fils, Charles et Georges, qui débutérent dans la littérature mais ne réussirent pas à se faire un nom. Il eut encore plusieurs filles, dont l'une mourut de mort violente en Amérique, où l'artiste avait émigré, comme on sait, pendant le régne du Protecteur. Nous avons dit que l'influence de Gerbier se fit encore sentir sous la reine Anne. En 1728, sous Georges I, un siècle aprés que Gerbier eut établi à Londres son Museum Minerve, James Gibbs publiait un superbe ouvrage d'architecture dédié au due d'Argyll, son protecteur. L'artiste anglais avoue avoir essayé d'imiter les Italiens; mais tout son ouvrage, et principalement la riche série de cartouches, démontre que ce qu'il a étudié, vu et rapporté de Rome, c'est exclusivement ces motifs d'architecture Loyolite que Rubens préférait, que Gerbier avait intronisés en Angleterre et avec lesquels Gibbs s'était familiarisé à son insu. Si l'on veut se convaincre de l'engouement des artistes anglais pour le style Rubens, on n'a qu'à parcourir le recueil de frises dessinées par Edward Pearce et gravées par Robert Peake en 4640, dont le SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 267 cabinet des estampes de la Bibliothèque royale de Belgique possséde quel- ques planches. Le porche de S'-Marie, à Oxford, est tout à fait conçu dans le style italo-flamand de l'école de Rubens : colonnes torses, frontons enroulés sur lesquels s'appuient des anges; archivoltes interrompues par des cuirs formant clef, tous les motifs principaux y semblent avoir été réunis pour que l'on ne puisse méconnaitre la parenté néerlandaise du monument. Chose remarquable, les interprétations des cartouches italiens du livre de Gibbs ressemblent, à s'y méprendre, aux interprétations flamandes de Francquart, de Coebergher et de Crispin de Pas. Ses cheminées , ses motifs de tombeaux, ses cartouches et tout particulièrement ceux des planches CXXXII à CXXXV le démontrent sans conteste. Il est curieux de comparer le clocher de l'église des Jésuites d'Anvers, œuvre du pére Aguilon, avec les douze motifs de campaniles donnés par Gibbs dans les planches XXVII à XXXI de son grand ouvrage d'architecture. Le style rocaille n'eut pas en Angleterre une influence générale. Fort peu goûté, il ne fut particulièrement employé que pour les meubles et les décors. Lord Richard Burlington, sir William Chambers, William Thomas, Kent et les deux Adams firent succéder presque sans interruption aux motifs italo- flamands d'Alessi traduits par Gibbs, Inigo Jones, Webb et leur école, les Motifs italiens purs de Palladio. Combinés avec les monuments grecs me- Surés et dessinés par J. Stuart et N. Revett et les peintures décoratives d'Hereulanum et de Pompeia. Tous ces éléments antiques réunis en corps de doctrine donnérent le jour à cette seconde Renaissance qui traversa toute l'Europe dont nous avons fait l’histoire et que l'on appelle sans raison : Style Louis XVI. Jan van Santen, appelé en Italie Giovan Fiamengo ou Vesantio, naquit à Utrecht, ville féconde en artistes de mérite, et étudia l'architecture à Rome Sous Flaminio Ponzio, architecte du pape Paul V. A la mort de son maitre, an Banten lui succéda dans sa charge et prit une grande part aux travaux du Vatican. Les cardinaux Pignatelli et Scipian Borghèse le protégérent. On sait qu'il travailla au palais de ce dernier prélat, fit achever l'église St-Sé- bastien, une des principales de Rome, enrichit la facade d'un portique en avant-corps soutenu par des colonnes accouplées, et construisit le dôme qui la italo archi Jan van Santen. 268 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE surmonte. L'épitaphe du monument qu'il éleva à la mémoire de son compatriote et ami Guillaume van Wede dans l'église des SS. Cosme et Damien à Rome lui attribue le titre d'architectus generalis papæ Pauli V. On doit encore à van Santen la villa Borghése horsla porte Pinciane, etla villa Mondragone, pro- priété de la méme famille, située sur une colline à une demi-lieue de Frascati. A la demande du général de l'ordre de S'- Benoît, van Santen fit les plans de l'église abbatiale de S'-Pierre, que les Bénédictins se proposaient de construire à Gand en remplacement de celle bâtie sur le mont Blandin par Arnold, comte de Flandre. Cete tâche était digne de l'artiste, car au XVIIe siècle l'abbaye de St-Pierre était à la fois le plus riche et le plus illustre des monastères des Pays-Bas ; le prélat portait le titre de prince de Camphen et de primat de la Flandre, et possédait la juridiction temporelle sur une grande partie de la ville. Cette œuvre fait honneur à van Santen; la coupole qui se voit à la partie antérieure de l'église serait, à part celle de Montaigu qui ne peut lui étre comparée comme proportions, le premier exemple important de cette merveilleuse application des Romains dérivée du type de larc dont le Panthéon fournit le plus majestueux exemple. N'oublions pas d'ajouter que si cette coupole figurait sur le plan de van Santen, elle ne fut cependant bâtie qu'en 4722 sous la direction de l'archi- tecte Matheijs. Nous possédons quelques estampes peu communes, exécutées d'aprés des compositions de van Santen, que nous ne trouvons renseignées nulle part, et qui sont du plus haut intérêt pour l'histoire de l'influence italienne sur notre architeeture au XVII* siècle. 1" Une suite de portes intitulées: Porta del inventione de Joan de Santen, archit Romano. — Poort naer de Inventie van Joan và Santen architeck tot Roomen. Cette ordonnance d'ordre ionique supportant un ordre de caryatides porte, à sa protiride ou clef de voûte, l'écusson armorié de la famille Borghése surmonté d'une couronne princiére, et en amortissement, un buste au front lauré portant l'écharpe militaire sur l'armure. Il est remarquable que cette composition se rapproche à la fois comme ensemble de la facade du Pavillon de travail de Rubens à Anvers et de la porte d'entrée — l'arcade supérieure avec ses caryatidés ou termes est d'un autre architecte — des Jardins SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 269 Farnése de Vignole. Les planches suivantes II à VI se distinguent par beau- coup de facilité et une grande largeur de faire. Nous ne savons à quelle date précise rapporter cette suite de van Santen; mais Camille Borghése (Paul V), qui fit achever par Ponzio le célébre palais — commencé en 1590 par Longhi pour le cardinal Deza — étant mort en 1621, on a quelques raisons pour les croire contemporaines. Une grande analogie se remarque entre ees portes et celles de Francquart. Ce dernier architecte , qui séjourna longtemps à Rome, aurait-il été éléve de Flaminio Ponzio et compagnon de van Santen? Il y a tant d'analogie entre les deux œuvres, une si singulière coincidence de publication identique de l'étude particulière d'un détail qui n'avait son importance qu'aux Pays-Bas — l'architecture des portes résumant tout l'art dépensé à enrichir une facade — qu'on est en droit de supposer que, s'il n'y eut pas entre les deux artistes des rapports d'atelier, il y eut toujours des propensions architectoniques d'une indiseutable consanguinité. Les deux autres planches jointes au cahier des portes sont des gravures détachées et présentent deux demi-façades de palais. Celle marquée (VI) a une échelle italienne de Moduli et une signature hybride : Del inven de S" Jan van Santen architect Rom. La seconde (V), surmontée d'une Loggia ouverte, à une échelle flamande (Biet, doet, duijm), et est signée en latin : Jan van Santen invent Rome. La facade marquée (VI) décorée d'ordres toscan et ionique surmontés d'un attique sur la hauteur duquel empiéte la « véni- tienne » centrale, est décorée de Renommées et de bustes d'Empereurs romains. La menuiserie de la porte cochére est remarquable : elle offre le type le mieux accentué de la porte Rubens si répandue encore à Anvers, à Bruges et à Gand, mais dont, malheureusement, les spécimens ont presque totalement disparu à Bruxelles. Van Santen mourut en 1623. Les compositions de van Santen sont accompagnées dans notre recueil de deux élévations perspectives de fontaines signées: Paulus van Vianen inv. del fecit; celle marquée XXXV offre Neptune armé de son trident d’où jaillit une triple gerbe sur un socle étoffé de génies, de dauphins et de sirènes, et portant les palle des Médicis. La seconde, dont Atlas entouré de quatre aigles forme l'amortissement, est décorée de statues de nymphes jetant de l'eau par Tome XXXIX. 35 Paulus van Vianen. Gijsbert Teunisz van Vianen. 270 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE leurs seins qu'elles pressent du bout des doigts. Les angles de la base sont occupés par de jeunes tritons pourvus de conques et montés sur des dau- phins. On n'y voit aucun emblème héraldique, Nous avons déjà eu occasion de parler dans ce travail de Paulus van Vianen, qui était un artiste de mérite, sur le compte duquel nous ne possédons guère de renseignements. Christian Kramm cite deux Paul van Vianen, le premier, frère cadet d'Adam Willemsz van Vianen, au retour de son pèlerinage d'Italie, fut admis au service de l'empereur Rodolphe H, résida longtemps à Prague et y décéda vers l'année 4620 d’après un document du Sredelijke Register d'Utrecht. On lui doit de remarquables pièces d'orfévreries ciselées dont les sujets sont empruntés à la mythologie. Le second artiste du méme nom (fils ou frère du précédent?) fut admis en 1642 dans la Gilde de S'-Luc de cette der- nière ville. Le portrait de Paul van Vianen, le vieux, gravé par Janus Lutma Junior, acheté à la vente van Hall, se trouve actuellement au Musée d'Amsterdam, Gijsbert Teunisz van Vianen fut un architecte d'Utrecht qui éleva, en 1633, la Wittenvrouwenpoort de cette ville, démolie en 1858, mais dont on conserve un dessin aux Archives d'Utrecht. On attribue aussi l'architecture de cette porte à Paul Moreelse, mais le Liggere de la Gilde utrechtoise de S'-Luc, mentionnant l'inscription de notre artiste, dit explicitement : « Gijs » bert Teunisz van Vianen, bouwmeester, die de ongemeene fraije Witte- » vrouwepoort dezer stad geordonneerd heeft (1584). » Citons aprés Gijsbert Teunisz van Vianen, Pierre de Francheville, appelé en Italie Pietro a Francavilla, sculpteur et architecte, né à Cambrai en 1553, élève, comme nous l'avons dit plus haut, de Jean de Bologne, admis à l'Académie de Florence et nommé en 16041 par Henri IV son premier sculpteur et architecte; il eut pour élève son fils, qui fut confirmé dans la charge de son père, et le fameux Bartolomeo Bordone. Placons ensuite Albert de Brulle ou van den Brulle, d'Anvers, qui des- sina et sculpta la belle boiserie de l'église S'-Georges le Majeur, à Venise, dont les bas-reliefs retracent la vie de saint Benoit. Donnons également une mention à Alexandre Colin, né à Malines, qui, par ordre de l'empereur Fer- dinand Ie, en 1560, fit le superbe mausolée de Maximilien 1%, dans l'église SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 271 des Franciscains, à Inspruck. Alexandre Colin, qui fut anobli par Ferdinand, mourut le 17 août 1612. Il sculpta lui-même son tombeau et celui de sa femme, Marie Flieschaverin, décédée le 2 juillet 4 594. Un trés-bon dessin du monument funéraire de Colin à Inspruck se trouve au musée historique de Bruxelles. Des documents récents attribuent avec certitude, à cet artiste, l'architecture et la sculpture du fameux château de Heidelberg. Nous avons prouvé plus haut que l'architecture du Palatinat était une émanation du style flamand et en particulier de l'École anversoise. Il n'y a done rien qui doive nous surprendre dans celte révélation. En 4745, un Jacob Colin était architecte de l'empereur Charles VI et donna le plan du « Grand théâtre » élevé sur le marché du Vendredi à Gand, pour l'inauguration solennelle de ce prince comme comte de Flandre. En méme temps que les émules et les disciples de Rubens, luttant de zèle, propageaient dans les Pays-Bas espagnols les traditions d'architecture italienne adoptée par les Jésuites, florissait aux Provinces-Unies un petit groupe d'architectes qu'il ne nous est pas permis de séparer de leurs con- frères d'en deçà du Moerdijck. Trop d'affinités, de caractères distinctifs, trop de ressemblances typiques et de rapprochements significatifs tirés de la comparaison attentive des œuvres des maitres, existent pour que l'école néerlandaise ne trouve pas place dans ce travail entrepris à partir d'une époque où les dix-sept provinces étaient réunies sous un même sceptre. D'ailleurs, l'heure de l'influence prépondérante de l'école anversoise allait Sonner; l'art flamand touchait à son apogée, l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre, la Suède, le Danemark, l'Allemagne tout entière se disputaient les chefs- d'œuvre de Rubens, de van Dijek et de leurs émules. Sur la foi de l'enthou- siasme du baron de Vicq, — l'ambassadeur flamand épris de Rubens, dont le beau portrait, œuvre de l'artiste reconnaissant, se voit aujourd'hui au Musée du Louvre, — Marie de Médicis livrait à l'inspiration du prince des peintres flamands la grande Galerie de son palais du Luxembourg. Le goüt faux et maniéré des artistes italiens employés en France par les derniers Valois accéléra le mouvement de décadence déjà imprimé. au Style des maîtres de l'école du Louvre. Les victoires du règne de Henri IV Influence ` prépondé - rante en Europe de l'école rubenienne. Disette d'artistes en France à la fin du XVIe siècle. Mission d'Adam Phi- lippon, en Italie, par ordre de Louis XIII. 272 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ayant donné à son royaume quelques années de repos, la vogue se tourna vers les maîtres flamands, et le style inspiré par leur manière d'envisager la renaissance italienne s'est depuis appelé en France style Louis XIII. Francini, Barbet, de Brosse, Pierre Collot, Jean Cotelle, Alexis Loire, Pierre Daret, Abraham Bosse, Bonnart et Le Muet, sont évidemment de la méme école que Franequart, van Santen, Crispin de Pas, Bouttats, van Vianen, de Keijser, Stalpert, Danckertz, Vingboons, Post et Bosboom. Que l'on compare attentivement leurs œuvres, et l'on verra qu'ils partent d'un méme principe, qui est le style italien des Jésuites interprété par Rubens et son école. Un religieux de l'ordre de St-François, André Thevet, angoumoysin, premier « cosmographe » du roi de France, publia à Paris, en 1584, un volume in-f^ intitulé: Pourtraicts et vies des hommes illustres grecs, latins el payens, recueillis de leurs tableaux, livres, médailles antiques et modernes. Ce livre est un témoignage précieux et irréfutable de l'influence artistique des Flamands et, en particulier, de l'école d'Anvers sur l'art parisien. André Thevet nous avoue naivement dans sa préface que, pour pouvoir publier son ouvrage, il fut réduit à faire venir des Flandres les meilleurs graveurs qu'il püt trouver: « Si bien par la grâce de Dieu a réussy ma dili- » gence, que je me puis vanter estre le premier qui ay mis en vogue à Paris l'imprimerie en taille-douce, tout ainsi qu'elle estoit à Lyon, Anvers et ailleurs. » Thevet cite sans doute la ville de Lyon, parce qu'il y avait publié en 1554 un in-8* intitulé : Cosmographie du Levant, et avait naturellement connu les compositions charmantes du Petit Bernard et les livres illustrés des Guillaume Rouille, des Macé Bonhomme et des Jean de Tournes fameux imprimeurs lyonnais. Nous avons déjà rapporté au chapitre précédent que la France, au com- mencement du XVI siècle, manquait d'artistes, au point que Louis XIII dut dépécher en Italie Adam Philippon « menuisier et ingénieur ordinaire du roy », — le maitre de Jean Le Paustre qui grava depuis son portrait, — pour rechercher les hommes les plus célèbres nécessaires à la déco ration de ses palais. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 275 C'est dans la dédicace du livre publié en 1645 par Philippon et intitulé: Curieuses recherches de plusieurs beaux morceaux d'ornements antiques et modernes, tant dans la ville de Rome que aultres. villes et lieux d'Italie, « dessinés et mis en lumière par moi, Adam Philippon, menuisier et ingé- » nieur du roy, publiés chez l'auteur, proche la porte St-Martin, rue du Verd » Bois, au croissant À. P. D. R. », que nous trouvons cet aveu d'une haute valeur au point de vue des prétentions des écrivains français, qui accordent à l'art architectural de leur pays issu de la Renaissance gréco-romaine, une émancipation artistique assez vigoureuse pour avoir constitué une école ayant exercé une influence européenne. A part les maîtres de l'école du Louvre, l'art français ne revétit un type accusé et ne prit réellement date que de l'échec du Cavalier Bernin préparé — avant l'audacieuse initiative de Claude Perrault — par l'heureux succès d'un de nos compatriotes, le Liégeois Jean Warin. De l'aveu méme de Ber- nini, Warin enleva la palme dans le fameux tournoi où ces deux artistes furent appelés à modeler le buste de Louis XIV. Par le retentissement qui se fit à la Cour autour de son œuvre, Jean Warin porta le coup de mort à la suprématie italienne dans les beaux-arts en France. Et pourtant, cette supériorité des italiens dans tout ce qui regarde les arts du dessin était chose si universellement admise en France que cette faveur tournait à l'exclusivisme partout où s'étendait l'influence de cette Cour. Que l'on en juge par la maniére dont s'exprimait Adam Philippon dans une dédicace à la Reine régente : « Madame, après avoir passé plusieurs années à Rome, où j'ai eu l'hon- » neur de servir Sa Sainteté Urbain VIII et plusieurs autres princes de » l'Église, en qualité de menuisier et ingénieur, le défunt roi Louis XIII, » d'heureuse mémoire, envoya par toute l'Italie faire rechercher des hommes » des plus célèbres aux arts de peinture, sculpture et autres professions, » nécessaires aux décorations de ses palais, entre lesquels Tous le bonheur » d'avoir quelqu'employ , particulièrement la commission de faire passer de » Rome à Paris beaucoup d'ouvriers et grand nombre des plus beaux bas- » reliefs et figures, dont je me suis acquitté avec autant de satisfaction que de » fidélité. 274 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE M. Desnoyers me donna ensuite en emploi la menuiserie de la grande » galerie du Louvre; mais le ciel, envieux de notre bonheur, nous ravit bientót aprés l'objet principal de notre bien, dont la mort a fait désister toutes les haultes entreprises. » Chacun s'étant alors retiré, me voyant sans employ, je m'oceupay à mettre ensemble plusieurs beaux morceaux d'ornements antiques et mo- dernes, que j'ai dessinés dans Rome et dans d'autres villes d'Italie; ouvrage qui sera de trés-grand service à toute personne sujelte au dessin, comme architectes, peintres, seulpteurs, menuisiers, massons et auctre profession. » Cet Adam Philippon fut plus tard le maitre de Jean le Peautre; l'un des Artistes qui devaient un jour introduire en Europe la prépondérance du goût francais. La France sentait si bien son infériorité artistique à l'époque du règne de Henri IV, que les esprits éclairés et sérieux songérent à se retremper direc- tement à la source antique pour frayer à l'art francais une voie moins servilement italienne que celle où il s'était imprudemment engagé à la suite des tendances « ultramontaines » des reines de la maison de Médicis. En 1566, Julien Mauclere, gentilhomme poitevin, seigneur du Ligueron- Mauclerc, la Brossardière et Remanguis, « pour lors âgé de cinquante-cinq ans, » élabora un traité d'architecture d’après les préceptes de Vitruve, qu'il donna à graver à René Boyvin. Par suite des circonstances qu'on va lire, ce livre ne fut publié que le 15 juillet 1647, par Pierre Daret, graveur ordinaire du roi, à Paris, rue S'-Jacques, proche du cloitre Sainct Benoist. « L'autheur » de l'ouvrage que je vous présente », dit Daret, « estoit Gentilhomme, et » pour donner à sa profession ce qu'il lui devoit, il suivit le grand Henry » partout où les besoins du Prince appeloient ceulx de sa condition. Mais la » France ayant recu de la bonté aussi bien que de la valeur de son Roy une » paix générale, Monsieur de Mauclerc se retira chez luy, où, secondant la » force de son génie, il fit cet ouvrage qui n'est pas moins glorieux pour les » Francais qu'il l'est pour son autheur. Sa matière a été traitée par plusieurs » étrangers, mais il l'a aussi bien entendue qu'eux; et quoyqu'ils l'ayent » prouvé en la publication de leurs pensées, ils n'ont sur lui que l'avantage du » lemps....... Sa mort est cause que cet ouvrage n'a point veu le jour plus tót. Kn SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 27 » Mais il est rendu à la France aprés un demi-siécle qu'il luy a esté ravy. » Le livre est dédié à M. Malo, conseiller du Roy en sa Cour du Parlement, el enrichi sur les blancs laissés sur quelques planches de R. Boyvin, de frises ornées et de motifs trés-heureux en style dit Louis XIII, de l'invention de Daret. Nous avons sous les yeux un bel exemplaire de ce livre rare; — les épreuves ayant été gàtées ou détruites pour la plupart par l'usage que l'on en fit dans les ateliers — prouvant que cinquante années avant l'époque dont nous nous occupons, on sentait le besoin de retremper l’art francais annihilé par l'esthétique italienne. Cette absorbante tutelle n’était pas contre-balancée , comme dans l'école flamande, par l'expression originale de la traduction. On éprouvait une telle soif de s'abreuver aux vraies sources de l'antiquité, qu'un livre vieux d'un demi-siécle, d'un auteur parfaitement oublié, se soit trouvé assez actuel par la force de quelques idées qui s'y trouvaient émises, pour être mis en lumière aprés un laps de temps où, d'ordinaire, la mode artistique a changé le style et, par là méme, les ten- dances architectoniques. Sous la protection éclairée du cardinal de Richelieu, il se forma en France une nouvelle école artistique qui, procédant à la fois des Italiens et des Fla- mands, tout en puisant une nouvelle vigueur dans l'étude directe de l'antiquité qu'elle interpréta d'une facon large et pompeuse sous Louis XIV, élégante et légére sous la Régence , originale et spirituelle sous Louis XV, allait donner enfin à l'ornementation la physionomie toute francaise qu'elle garda jusqu'à la fin du XVII siècle. Pendant un siécle et demi la France jouit de l'enviable privilége, apanage de toute école convaincue quels que soient d'ailleurs ses défauts, d'assujettir les masses par l'attrait de la nouveauté et de l'inattendu. À partir du dernier quart du XVIe siècle et pendant tout le XVIII, elle imposa à son tour à l'Europe entière (nous avons fait exception pour les Pays- Bas jusqu'au style rocaille) le style et la manière de ses artistes, jusqu'au temps de cette grande réaction — les Italiens et les Anglais en furent les promoteurs — née de l'étude des monuments de la Grèce, de Poestum et de la découverte inespérée des cités campaniennes ensevelies par le Vésuve, Stabies, Hercula- num, Oplonte, Tauranie et Pompéia. Mécenat du cardinal de Richelieu. Épo- que Flamingo - ita lienne (style Louis XIII). 276 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE influence rubenienne SL, jusqu'au dernier tiers du XVIIe siècle, grâce surtout au prestige du Provinees-Unies. génie de Rubens, la France subit l'influence de notre maniére artistique, il en fut de méme, et plus intimement encore, chez nos anciens compatriotes des Provinces-Unies. Les livres de Pieter Coecke, Vredeman De Vries, van Santen, Franc- quart, etc., réimprimés plusieurs fois à Amsterdam par les de Pas, les Cor- neille Visser et les Willem Janssz etc., se trouvaient dans les mains de tous les architectes hollandais. Le style à la mode d'Italie, tel que le comprenait Rubens, fut adopté partout aux Provinces-Unies et persista. jusqu’à l'adop- tion du genre rocaille. Quant à ce dernier style, il fut importé, non par les Francais, avec lesquels la République était en guerre, màis par les œuvres de Paul Decker, Léonard Christoffel, Sturm, Goldman et surtout par les traductions néerlandaises de H. van Oord des livres d'architecture de Joan Jacob Schübler, imprimés en 1728 à Amsterdam chez Petrus Schenck « in de Warmoes straat op den hoeck van de Veesteeg in Vissers atlas. » Arghitete néerlandais Le plus connu des architectes de cette période fut messire Jacob van cob van Campen, Campen, seigneur de Randenbroeck, neveu, au dire de Salomon de Bray, du fameux amateur d'architecture et d'art antique Cornelis van Campen. Né en 1598, à Haarlem, suivant l'opinion commune; à Amersfoort si l'on en croit davantage son ami Joost van Vondel, le célèbre poéte neerlandais, qui lui consacra les vers suivants dans le Nachtegaal van Amersfoort : De held van Randenbroeck, de bowwheer van de vorsten En ^t Raethuijs t Amsterdam , verheerlijkt haren lof; Want zij hem baerde en zooghde aen haer getrowwe borsten, Om bouwen teckenkonst te heffen wit het stof. Avant de résider à son chàteau de Randenbroeck van Campen habitait à Amersfoort une maison de campagne nommée Het hooger Huis. Kramm qui l'avait visitée déclare qu'on y voyait encore une chambre à coucher enrichie de frises en grisaille du genre « compartimenté » de création ita- lienne ; peintes probablement par l'artiste méme. Jacob van Campen s'adonna fort jeune aux beaux-arts et fit, comme peintre; SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 277 le pèlerinage obligé en Italie. Il laissa comme souvenir de ses études à Venise une série de cinquante dessins d’après le Titien et Paul Véronése signés « J. van Campen formis Venetiis. » Ce recueil ne parut qu'après sa mort sous ce titre : Opera selectiora quae Titianus Vecellius, ladubriensis, et Paulus Calliari Veronensis inventarunt ac pinzerunt, quaeque Valentinus Le Fèbre Bruxellensis delineavit et sculpsit : Christianissimo Ludovico Magno, Franciae Navarrae regi invictissimo sacrat, vovet Jacobus van Campen. 1682. On connait l'aventure racontée par Houbraken qui déter- mina sa vocation architecturale, Cet épisode romanesque de la vie de l'artiste a méme fourni le sujet d'un tableau peint par M. Jan van de Laer, exposé au Salon de Bruxelles de 4860. Se trouvant dans la campagne romaine à dessiner des ruines, van Campen rencontra, dit-on, une bohé- mienne qui lui fit cette. prédiction : « Vous retournerez bientót dans votre » patrie où de grands travaux vous seront commandés. Un incendie détruira » l'aneienne Maison de Ville d'Amsterdam, et vous serez chargé de construire » sur le méme terrain un monument qui rendra votre nom immortel. » Que la prédietion ait été faite ou inventée aprés coup, toujours est-il vrai que Jacob van Campen donna, en 1648, les plans de l'hótel de ville d'Ams- lerdam, que l'on.préféra à eeux déjà fournis par Philippe Vingboons et Daniel Stalpert. Il construisit peu de temps aprés la maison de ville de Bois- le-Duc en pur style italien, et dessina le palais du prince Jean-Maurice de Nassau, terminé l'année méme de la mort inopinée du vainqueur de Nieuport, 23 avril 1625, à la suite du chagrin profond de son échee d'Anvers et de la prise de Bréda par le marquis de Spinola. Campo Weijerman nous apprend que cette maison fut brülée : « Ook heeft hij (van Campen) dat overheerlijk » gebouw gesticht in s'Gravenhage, genaemt het huis van prins Maurits, » dat zo ongelukkiglijk over eenige jaere afbrande, uijt wiens assche weel » een jonge Fenix , doch min schoon als den oude, is herboren.» Pierre Post, élève de van Campen dont nous parlerons tout à l'heure, fut chargé de la reconstruire en 1704 par ordre de Louis de Nassau, seigneur du Leck, général de l'infanterie hollandaise, enfant naturel que le fils du Taciturne , qui ne se maria point, eut d'une dame van Mechelen. Maurice, fils de ce Louis de Nassau , ayant épousé une comtesse de Hornes, obtint en 1679 de Tous XXXIX. 56 Hótel de ville d'Ams- terdam, 1648, 278 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE l'empereur Léopold le droit de porter le titre de comte de Nassau. L'appel- lation de Maurits-Huis fut donc doublement applicable à cette résidence princière, On attribue à van Campen l'Apisterdamschen Schouburg , mais cet édi- fice ne fut commencé qu'en 1664, sept années aprés sa mort, il peut se faire, toutefois, qu'il en ait fourni les plans. Par contre, nous savons avec certitude qu'il bàtit la résidence de joncheer Zuijlichem à Voorburg, prés de la Haye; la maison de M. Dedel à Lis; celle de M. Balthazar Koijmans, son ami intime, sur le Keizers gracht, à Amsterdam, et une foule de mausolées en l'honneur d'amiraux illustres des Provinces-Unies, entre autres ceux de van Galen, Tromp et Corneille Jansz, tué dans un combat naval contre les Espagnols en 1633 , élevés dans l'Oude Kerke, à Amsterdam. L'euvre la plus marquante d'architecture de van Campen est l'hótel de ville d'Amsterdam, båti de 1648 à 1655. Nous avons sous les yeux un magni- fique in-folio publié à Amsterdam et intitulé : Afbeelding van l'stadhuys van Amsterdam in dartig copere platen geordincert door Jacob van Campen ende geteekend door Jacob Vinnekoo!l tot Amsterdam by Danker Dan- kertz. Ce volume se divise en trois parties : la première a été publiée en 1661, le supplément à la première partie en 1665 et la deuxième partie (sculptures) en 1663 par Aert Quellijn. On trouve dans ce recueil, précieux pour l'histoire de l'art, non-seulement tous les plans et détails architecturaux , mais encore d'admirables eaux-fortes d'Hubert Quellijn d’après les sculptures décoratives d'Aert, qui faisaient de cet édifice un véritable musée d'art. La maison de ville d'Amsterdam est une reproduction absolue des édifices classiques qu'avait étudiés van Campen, dont toute l'ambition semble avoir été de doter la Venise républicaine du Nord d'un édifice digne de lutter avec les palais de marbre de sa rivale, l'antique reine du commerce et de la navi- gation. Érigé sur le Dam et appuyé sur treize mille six cent einquante-neuf pilotis de bois de hétre, cet édifice, qui coüta trois millions de florins remplaca le premier hôtel de ville incendié. A la restauration de la maison d'Orange, en 1814, ce palais devint résidence royale pour le fils du dernier stadhouder Guillaume V. Van Campen peignit aussi avec Grebber et Jordaens des panneaux déco- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 279 ratifs pour la salle d'Orange élevée sur les dessins de Pierre Post par la veuve du prince Henri-Frédérie de Nassau en 1648. Les plafonds, grisailles, ornements et grands tableaux qui ornent la pièce principale de cet édifice, à laquelle il doit son nom, représentent la naissance, la vie et la mort d'un grand prince, Campo Weijerman apprécie en ces termes le talent pietural de Van Campen : « wiens schilderwijze groots was en breet, zo in zijne histo- » riestukken als bijzondere beelden, sterk en trots op de manier van. de » konstrijke schilders, Jan Bijlaart en den beruchten Bronkhorst. » Jacob van Campen architecte en titre des Stathouders mourut à son Château de Randenbroeck le 43 septembre 4654. Il était bon peintre et étudia sérieusement les antiquités romaines. Rembrandt lui fut toujours antipathique, et toute son ambition semble s'être concentrée à imiter les Italiens. Il y réussit médiocrement en architecture, eut plus de bonheur que de talent réel et manqua essentiellement d'originalité. Dans l'œuvre de Vingboons, dont nous parlerons tantôt, l’on trouve à la fin du premier volume un projet pour l'hôtel de ville d'Amsterdam , bien supé- rieur comme conception, à celui de van Campen. Selon le texte qui accompagne ces planches, Vingboons ne sait comment expliquer le brusque changement d'idées du magistrat d'Amsterdam à propos de ses plans. Nous croyons, nous, que, dans cette circonstance, comme il arrive du reste assez souvent encore aujourd'hui, le erédit et les relations mondaines de Joncheer van Campen, seigneur de Randenbroeck et architecte du prince d'Orange, ont plus milité en faveur de son projet auprés du magistrat d'Amsterdam que le mérite intrinsèque de l'oeuvre qui n'est pas à comparer (faisant abstraction du mérite de la seulpture) avec celui de Philippe Vingboons. Si le nouvel Hótel de ville que Christian Kramm appelle si pittoresquement : Aet. Amsterdamsche heiligdom, obtint un succès populaire et fut mis au rang de huitième mer- veille, la postérité en rabattit quelque peu. En 1766 Le Philosooph , revue de Cornelius van Engelen, contient une lettre assez mordante sur la dépra- Yalion du goût artistique chez les néerlandais et altaque ouvertement l'oeuvre de van ^ampen. Un enthousiaste anonyme y répondit par une sorte de panégyrique ampoulé qui parut l'année suivante chez Yntensa et Tieboul. Dès lors cependant les défauts. réels de l'édifiee apparurent et plus d'un 280 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE regretta que l'on weùt pas suivi le plan beaucoup plus large et plus gran- diose de Philippe Vingboons. Ce qui fit la réputation de l'hótel de ville d'Amsterdam, et la fortune de son architecte reste sans contredit la collaboration du fougueux ébauchoir de notre Quellijn. L'habile Anversois sut revêtir le squelette décharné du Vitrave batave d'une chair « rubenesque » plantureuse et vivante. Les ordon- nances des cheminées, les bas-reliefs, les caryatides et les parties décoratives constituent le meilleur de l'oeuvre. Algarotti a décrit en détail l'hótel de ville d'Amsterdam ; nous ne recom- mencerons done pas un travail identique. Faisons toutefois remarquer que van Campen n'a pas jugé à propos de motiver l'entrée principale d'un édifice de cette importance. On y entre par sept arcades de médiocre grandeur placées à l'avant-corps de l'édifice; une seule entrée, de peu d'importance, se voit à la face postérieure. Vingboons n'avait pas répété une bévue, déjà commise par Floris au soubassement de l'hótel de ville d'Anvers. Dans le livre que van Campen a fait paraitre sur l'hôtel de ville d’Am- sterdam (plans, coupes, élévations), la différence de mérite de la gravure des planches, fort sensible, et leur publication antérieure définissent impartia- lement la collaboration des deux artistes. Van Campen mourut célibataire et fut enterré dans la grande église Réformée, autrefois dédiée à saint Georges, de la ville d'Amersfort. Le mausolée assez remarquable est placé à proximité du chœur. Simon van Beaumont, son ami intime, Raad-Pensionaris d'abord de Middelburg, puis de Rotterdam, qui nous a laissé, dans le genre où Cats excellait, un volume intitulé T'ydsnippering, imprimé en 1640 à Amsterdam chez Nicolas van Ravesteijn, lui composa cette épitaphe, qui nous témoigne de l'estime exa- gérée que lui vouérent ses contemporains : D'aerts bouwheer, wijt de stam van Campen rust hieronder, Die "t Raadhuis t Amsterdam gebouwd heeft, *t achtste wonder. Ce tombeau faillit être détruit dans la tourmente révolutionnaire de 1795. Un membre de la Régence, M. van Leilair, réussit à le préserver en faisant recouvrir de plàtre les écussons héraldiques. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 281 Le blason de van Campen porte une croix ancrée — le marbre ne désigne pas d'émaux — emblème en contradiction avec les armoiries gravées sur le Tableau de la noblesse des Pays-Bas dédiés, en 1600, aux archiducs Albert el Isabelle. Sur ce document la famille van Campen porte d'argent à deux fasces de sinople (P). Nous appelons sur ce point l'attention des spécialistes. Aprés van Campen, une place fort honorable parmi les artistes de la renais- sance italo-néerlandaise doit étre donnée à Hendrik de Keijser, fils de Cor- neille de Keijser , bahutier (kistemaecker), né à Utrecht le 45 mai 1565. Sa famille cependant était patricienne et ses ancêtres occupèrent dés le com- mencement du XV* siècle des charges dans la magistrature communale d'Utrecht. Les Jaarboeken de cette ville compulsés par Burman citent plu- sieurs oudermannen issus de ce lignage qui occupèrent leur fonction en 1428, 1429 et 1433. Hendrik de Keijser fut éléve d'Abraham Bloemaert, peintre et statuaire à Utrecht. En 1594, à l’âge de vingt-neuf ans, il fut nommé bouwmeister de la ville d'Amsterdam. Ses principales œuvres ont été publiées dans l'Archirectura moderna de Corneille Dankertz van Sevenhoven, éditée à Amsterdam en 1631. Ce livre intéressant qui commence par des Lofsonnetten sur Hendrik de Keijser et Corneille Danckertz, est accompagné d'un texte long et filandreux, véritable style de prédicant huguenot, d'un autre artiste, Salomon de Bray, à la fois architecte et peintre, sur lequel nous donnons plus loin quelques particularités. Le nombre de constructions que l'on doit à de Keijser est assez considé- rable. Il éleva successivement en 1603 la Zuijderkerck; en 1608, la Bourse d'Amsterdam, copie mal déguisée de celle d'Anvers, en 1616, la Jan Rom- poortstoren sur le Cingel schüijnstengens, une des plus belles rues d'Amster- dam; — cet édifice, inauguré le 10 mai, était placé vis-à-vis de l'hôtel du bourgmestre d'alors, Reijnier Paauw, bâti par Vingboons — et en 1619, la Regulier Poort achevée le 5 octobre, située à l'extrémité du Kalverstraat. N'oublions pas l'Haerlemner. Poort sur V Haerlemner Dijck, commencée le 18 juillet 1615, mais finie seulement en 1618, ainsi que la Cathelijne Kerck, près du Grave straetje et la Princenhofspoort sur le Fluweelen voorburgtwal dont la date de construction est incertaine. Hendrik de Keijser, 1565-1621. Nombre considérable de constructions de cet architecte à Ams terdam. Monument funéraire de Guillaume le Taci- turne, à Delft. 282 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE L'œuvre la plus connue de Hendrik de Keijser est le tombeau de Guil- laume de Nassau, prince d'Orange, fondateur et premier Stathouder de la République batave des Provinces-Unies. Ce monument, placé à l'endroit où se trouvait jadis le maitre-autel dans la Groote où Nieuwe Kerck, à Delft, jadis dédiée à la Vierge et à Sir Ursule, les obélisques et les nombreux ressauts du plan dénotent plus de recherche que d'inspi- ration réelle de la part de l'architecte. affecte une ordonnance assez diffuse dont les frontons inversés La statue « du Taciturne » est assise au centre, la main droite appuyée sur le bâton de commandement, la gauche à la garde de l'épée. Les colonnes accouplées en retour d'équerre auxquelles sont adossées dans l'angle rentrant quatre figures de bronze représentant les vertus cardinales, sont en marbre de couleur. Les statues des princes Maurice et Frédéric-Henri, ses fils, se voient au bas des degrés. Le tout est entouré d'une grille trop simple , à notre avis, pour la richesse du monument. On peut constater encore dans ce morceau de véritables réminiscences du style de Vredeman de Vries. De Keijser construisit aussi de 1618 à 1620 la Stadhuis de Delft, édifice de grand goüt et d'une remarquable pureté de style. Dans le livre publié par Danckertz, nous rencontrons de cet architecte la Nieuwe zuijdts Latijn school poort, située en biais de l'Oftstraet ; et deux portes trés-remarquables élevées également à Amsterdam, l'une pour l'hótel de M. le bourgmestre Vlaming , l'autre pour la maison de M. Hans Bar- tolotti, négociant. Leur style italien se rapproche de la manière de Serlio, Francquart et van Santen, mélé à quelques réminiscences italo-flamandes de la seconde moitié du XVI* siècle, comme l'on en trouve, du reste, dans toutes les œuvres de H. de Keijser père. Comme on a pu le voir en maint endroit de ce travail, nos pères avaient une prédilection toute particulière pour orner richement le portail ou porche d'entrée de leurs demeures, négligeant le reste de la facade. I n'est si médiocre maison bourgeoise de cette époque qui wait son entrée à perron accentuée par quelque motif d'architecture, et nous avons vu en ce genre dans les plus modestes localités de véritables petits chefs-d'œuvre de goût pittoresque et d'entente de l'effet, décoratif. Enfin, w'oublions pas la maison au type si original construite derrière la SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 285 Vieille Église entre les Nufels et l'Oude Kerckbrugh et signalons comme motif inspiré des palais de Gênes et de la manière de Galeas Alessi, la facade de la charmante habitation dite : Het Huis den Dolfijn, bàtie sur le Cingel vis-à-vis du Rouaensche Kaeij, pour M. van Nieukoop. De Keijser fut un architecte de talent: il fit souvent preuve d'originalité et de verve, et peut étre regardé comme le vulgarisateur de cette architecture particulière aux Pays-Bas septentrionaux que nous appelons « style hollan- dais » et qui se retrouve dans tous les tableaux d'intérieur des charmants petits maitres d'outre Moerdijk du XVIII? siècle. Notre architecte mourut à Amsterdam le 45 mai 1621, date anniver- saire de sa naissance. Joost van Vondel, qui était lié avec toute cette famille artistique, composa à la louange de son chef le quatrain suivant que nous trouvons gravé dans le Gulden cabinet sous le portrait peint par Thomas, second fils du sculpteur-architecte : Hier leeft, die leven gaf aen marmer, aen metaal Ijvoor, albast en klaij , die laet zich Utrecht hooren : Is Rome op Keijsers prat en Keijserlijcke prael , Dx Keuser van de kunst is uijt mijn schoot gebooren. Hendrik de Keijser épousa, le 6 avril 1691, une Anversoise, Maijke van Mildert. Il en eut deux filles et trois fils, Peeter, Thomas et Willem, qui furent à la fois peintres, sculpteurs et architectes. Campo Wijerman et d’après lui Immerzeel lui donnent un quatrième fils, nommé Dirck ou Théo- dore, M" van Bolhuis, qui appartient à la descendance de l'artiste, a prouvé, au contraire, que Dirck était neveu d'Hendrik et fils de Jacob de Keijser. Nons avons dit que cette famille était de souche patricienne. Le supplé- ment du Tijdschrift voor Geschiedenis, enz van Utrecht nous fait connaitre ses armoiries : parti au 4 de sable à la bande d'argent, chargée de trois cornets de sable; au 2 d'argent à la fasce de sable accompagnée d'un maillet de méme posé en canton dextre du chef. Il résulte de ce blason d'alliance que le père de l'artiste avait épousé une van Nijkercken. Hendrik de Keijser compta parmi ses élèves d'abord ses trois fils, ensuite Corneille et Henri D ts Influence flamande en Suède, Norwége et Danemark. 284 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Hans Steenwinckel, qui construisit pour le roi de Danemark la Galerie de Frederickxburg, œuvre curieuse d'un artiste flamand dont le Vitruve Danois et le recueil de Danckerts nous ont conservé la gravure. Des trois fils de H. de Keijser, Peeter, l'ainé, fit en 1690 le tombeau du comte Willem de Nassau, à Leeuwarden, en Frise, dans la Hooft Kerck. On lui doit également les Cénotaphes d'Erik Stoop, général suédois au service de Gustave-Adolphe et de sa femme placés dans la cathédrale de Skara en West-Gothland. Thomas, l'un des frères qui abandonna l'architecture et se fit peintre, ne nous est connu que par une seule œuvre très-caractéristique, Arc de triomphe ou porte d'ordre dorique que l'on trouve à la planche XLIV du recueil de Danckertz. Nous venons de voir qu'il peignit en 1621 le portrait de son père. Quant à Willem, né en 1603, nous savons simplement qu'il s'expatria , s'établit en Angleterre, se maria à Londres et y mourut vers 1670. Nous précisons ees dates, parce que l'on a confondu trés-souvent cet artiste avec un peintre de méme nom né à Anvers vers 1647. C'est aux planches de ce livre intéressant et curieux publié à Amsterdam par Corneille Danekerts de Ry, Stadts metselaar de cette ville, auteur du pont sur l'Amstel, que nous devons de connaitre les noms des architectes d'une foule d'édifices remarquables de l'une des époques les plus obscures de notre histoire architecturale. Hendrick Danckerts, son fils, meester metscher, et depuis rooi meester der stadt. Amsterdam, fut l'architecte de l'église octogone de cette ville bâtie en 1628. Corneille Danckerts eut un autre fils, Pierre Danckerts de Ry, qui peignit les portraits de son père et de sa mère conservés au Musée de Bruxelles. Ce dernier naquit à Amsterdam en 4605 et mourut à Stockholm en 1639, peintre du roi de Suéde. Cette particularité de l'expatriation de l'un des fils de l'auteur. explique la présenee dans le recueil de Danckerts d'un dessin de la galerie de Frede- rickxburg. Nous ne sommes guère étonné de trouver un architecte flamand exerçant son art en Danemark. Anvers, avant la fermeture de l'Escaut, et Amsterdam ensuite, entretenaient de grandes relations commerciales avec la Suède, la Norwége et le Danemark, qui apportaient dans nos ports les bois SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 285 de construction, les résines, le cuivre, le plomb, les pelleteries et les fourrures. Crispin de Pas, fils de Simon de Pas, dont nous avons parlé plus haut, vivait à Copenhague oi il s'établit en 1626 aprés un séjour de treize années en Angleterre, De Pas mourut dans la capitale du Danemark, en 1644. On trouve son inscription sur les registres de l'Académie danoise formulée en ces termes: « Inscriptus est Simon de Pas coloniensis confess. Luther. » On peut constater facilement que de nombreux monuments gravés dans les deux volumes in-folio du « Vitruve Danois » ont été faits par des artistes flamands ou sous leur inspiration, le style de Vredeman et de Floris se retrouvant sur plusieurs pages. Notons, par exemple, le superbe gable mar- quant le transsept de l'église de Rothskildt, à quatre lieues de Copenhague vers l'ouest, la face vers la campagne de l'Amager. Port, à Copenhague, bâtie en 1625; la Wester Port ud til warten décorée d'un ordre « Bellique », rebàtie en 1668 sous le roi Frédéric III. Ce morceau d'architecture rentre incontestablement dans le style de De Keijser et offre méme les motifs carac- léristiques employés par cet architecte. M. Mandelgreen avait exposé à Paris, en 1867 (groupe I, classe 2, n° 2; Suéde), de remarquables dessins , rehaussés à l'aquarelle, de plafonds et inté- rieurs norwégiens destinés à la publication des Monumenta Scandinaviae, dont le cachet Renaissance flamande était si caractéristique qu'on ne pou- Vait hésiter à en attribuer les types aux maîtres de l'école d'Anvers et, prin- cipalement, à Floris et à Vredeman De Vries. Au point de vue artistique, l'influence flamande dans les contrées scan- dinaves est aujourd'hui positivement établie; grâce au génie de Watt et de Stephenson, quatre jours à peine nous séparent de celles-ci. Les faits indiscu- tables que nous avons produits, les gravures du « Vitruve danois, » les aquarelles de M. Mandelgreen, ne devrait-il pas déterminer quelques cher- cheurs, artistes et archéologues à essayer de rattacher ces fleurons lointains à notre splendide diadéme artistique? On sera alors étonné d'apprendre ce que recélent encore de chefs-d'œuvre flamands le Danemark, la Suède et celle vieille Norwége, Gamle Norge, contrée aux Sunds profonds, aux iles verdoyantes, où, sous les rutilants rayons des aurores boréales, les eaux pai- sibles des Fjords semblent de lave ou d'airain liquide. Tour XXXIX. 57 286 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Quant au genre d'architecture qu'adopta Danckerts, nous ne pouvons guère nous en faire une idée par le croquis de projet de pont sur l'Amstel qui figure dans le tableau peint par le fils de l'architecte. On peut préjuger cependant de ses prédilections particulières par l'examen des œuvres d'architecture peu élégantes qu'il éditait de préférence. Toutes appartiennent à cette architecture inspirée de l'antique, que les fréquents voyages de ses compatriotes en Italie avaient définitivement intronisée aux Pays-Bas. Peut-étre aussi, comme de Keijser, qu'il reproduit avec une sorte de prédilection, avait-il conservé encore ce vieux grain d'originalité flamande que De Vries sait si agréablement mêler aux œuvres inspirées de son aveu « du grand Vitruvius et du docte Sébastien Serlio. » Ce qui semble corro- borer notre opinion sur ses tendances classiques, c'est la reproduction dans le livre de Danckerts d'une composition de van Campen, la maison de M. Balthazar Koijmans, à Amsterdam, sur le Kaysers Gracht, vis-à-vis de la Wester Kerck. Cette facade, essentiellement vulgaire, décorée de deux ordres et d'un attique superposés, n'a d'autre mérite que d'étre un pastiche d'habitation italienne. Il faut que Danckeris de Rij ait été rempli d'une estime sans bornes pour le style classique, pour justifier la reproduction de ssive qu'il témoigne à son celle œuvre insignifiante et l'admiration exc endroit. Les Danekerts de Rij durent être nombreux à Amsterdam. Nous trou- vons, en effet, à part tous ceux que nous venons de nommer, un certain Justus Danckerts qui, vers 1680, reproduisit les œuvres d'un autre architecte hollandais trés-connu et trés-estimable, Philippe Vingboons. Nous devons dire, toutefois , que ce ne fut là qu'une réimpression. L'édition princeps; qui datait de 1663, avait été antérieurement imprimée dans la méme ville, chez Peeter de Jonge. Pierre van der Aa, de Leijden, en donna une nouvelle édi- tion en 4745 en deux volumes in-folio. Les deux tomes primitivement publiés par Vingboons portaient ces litres: Tome premier. Gronden en afbeeldsels der voornaemste gebouwen van alle die Philips Vingboons geoordincert heeft, t Amsterdam, bij Clément de Jonge, 1665. Tome second. Twede deel van de afbeeldsels der voornaemste gebouwen wijt alle die Philips Vingboons geordi- neert heeft, Aemstelesdam (sic), by Philippe Vingboons, CID. I2. C. LXXIV; SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 287 men vind se bij Joan Blaeu oockte koop. Les gravures furent faites d’après les dessins originaux de l'architecte, par J. Mathijs et B. Stopendal. Ce livre d'un contemporain de H. de Keijser qui florissait à Amsterdam vers 1630, est curieux à plus d'un titre ; nous y voyons clairement l'influence des motifs des inebriati de l'école romaine, des ornements et des cartouches ava- chis, mous, déformés, mélés aux formes gélatineuses et tremblottantes de Visser et aux ordonnances soubresautées de l'école d'Anvers. Philippe Vingboons, Vinkbooms ou Vinckeboons, fils de David (1578- 1629), peintre de paysages, et de Marie Enkelaer, petit fils de Philippe, assez bon peintre à la détrempe, mort en 1601 d’après van Mander — tous les deux nés à Malines — fut un architecte trés-oceupé de son temps. Son œuvre bâtie a été reproduite en entier dans les deux volumes prénommés. Ils nous permettent d'apprécier son talent, la facon dont il traduisit l'in- fluence italienne, et les diverses phases de sa maniére. Bien qu'il fût avant tout partisan de l'architecture classique, les types de Vredeman se glissent encore dans quelques-unes des compositions de Ving- boons. Le maitre néerlandais ne peut se décider, malgré ses propensions ultramontaines, à dissimuler les toitures et à abandonner complétement le gable ou pignon septentrional, motif fécond que l'on retrouve si diversement orné dans ses façades. Vingboons est, par excellence, l'architecte bourgeois ou domestique. A part son projet d'hótel de ville pour Amsterdam, que l'on eut tort de ne pas adopter, — son frontispice , ses terrasses , ses pavillons, son perron grandiose €t son élégant campanile, valaient mieux, à tout prendre, que la monotone façade de van Campen — il ne produisit que des œuvres destinées aux Particuliers. Une chose qui résulte de l'examen des façades de Vingboons, c'est qu'il n'était pas dessinateur, qualité essentielle, cependant, pour produire un archi- tecte d’un véritable mérite, car l'on voudra bien ne pas oublier que, sans aucune exception, c’est le dessinateur qui a dominé chez tous les architectes célèbres. De nos jours, ee qui empêche parfois l'architecture de se mettre au niveau atteint par la peinture et par la sculpture, c’est cette dualité de main si Sensible dans nos monuments dont l'ornementation et la sculpture ne sont plus, Philippe Vingboons, 1578-1629. Le dessinateur domine chez tous les archi tectes célebres. 288 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE d'ordinaire , conçus par l'architecte et exécutés sous sa direction immédiate. Quand l'architecte emploie l'ornemaniste ou le statuaire pour donner à son œuvre la vie et l'expression ressortant de l'adoption des motifs pittoresques d'un style quelconque, celui-ci le fait toujours en tàtonnant si celui-là n'a pas au préalable, par de sérieux dessins à une grande échelle, marqué l'intention décorative, les jalons et les points de repére infranchissables des développements techniques laissés à l'ébauchoir. Un ornemaniste ou un statuaire ne peut jamais abdiquer totalement, ou convenablement atténuer ses propensions individuelles, en étoffant l'œuvre de l'architecte, méme s'il se trouve par fortune en communion d'idées avec ce dernier. Ces artistes subalternes, statuaires et modeleurs ne deviendront une cire molle en sa main, qu'autant que l'architecte sera lui-méme capable de for- muler facilement ses thèmes et de les indiquer graphiquement ou plastique- ment par des dessins à l'effet, ou de petites maquettes en terre glaise. C'est pour celte raison qu'il faut que l'architecte soit excellent dessinateur et ait assez appris l'art du modelage pour indiquer au moins la silhouette architec- turale d'un groupe ou d'un faisceau d'ornementation. Sans celà, la sculpture, au lieu d'étre un appoint d'harmonie, deviendra une occasion de dissonance et heurtera inévitablement les lignes synthétiques de l'architecture. Aux périodes de décadence les architectes, tombés au niveau de simples bâtisseurs, laissent aux ornemanistes, aux peintres et aux tapissiers, le soin de donner le cachet artistique au squelette de la construction, qui semble seul ètre resté de leur compétence. L'exemple des édifices célèbres est cependant là pour démontrer que toute décoration intérieure, non prévue à l'avance, ne présentera que des raccords plus ou moins bien dissimulés, et devra se restreindre aux types déconsidérés par labus des poncifs du banal et du « déjà vu » qui constituent la monnaie courante de la décoration architec- turale. Tous les grands architectes dont l'histoire de l'art a inserit les noms à son livre d'or, ont été de profonds dessinateurs et des ornemanistes consommés. L'artiste qui manque de dessin pour traduire ses pensées, ne produira jamais rien d'original ; que dirait-on d'un orateur qui prétendrait persuader, émou- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 289 voir et entrainer ses auditeurs, sans connaitre à fond les secrets de la rhéto- rique, la gymnastique des gradations, l'inattendu des tropes, la valeur des nuances, les défaites et les échappatoires des homonymes et des synonymes? Vingboons manqua de dessin; ce fut là, du reste, le défaut général de ses collègues néerlandais; à part peut-être Hendrik de Keijser, Daniel Stalpert, Pierre Post et Bosboom ne furent pas, au fond, de meilleurs dessinateurs; leur œuvre entière se ressent de cette déplorable infériorité dans le facile maniement du crayon qui distingue à un si haut degré l'école architecturale et décorative anversoise, de Pieter Coecke à Rubens. Nous diviserons l’œuvre de Vingboons en trois séries; les pastiches ita- liens, les constructions de style néerlandais et les motifs italo-flamands. Parmi les œuvres inspirées de constructions italiennes, hôtels, villas, casins, nous remarquerons la maison bâtie pour M. Jacob Burchgraef en un endroit nommé Elsenburg sous « Maersen in de Heerlijckheijd van Marsevren in USticht van Uijtrecht »; cette construction était située le long de la rivière de Vecht et se rattachait comme type architectural à l'habitation du sieur Ameldonek, « Leeven op de oostzijde van Rockin, tegen over de nieuwe- » sijds-kapel of te Heijlige stee », et à celle du sieur Christoffel van Hoove « op de Westzijde van de Heeren gracht », toutes deux construites à Ams- terdam. Au commencement de l'année 1650, notre artiste bâtit, pour Joncheeren Jan et Hendrick Schuijt frères, une double habitation sous le méme toit offrant deux portes rapprochées sur le perron central, Conçue dans un goût tout italien, elle est décorée de pilastres d'ordres superposés, toscan et ionique et surmontés d'un fronton en amortissement. ` Bàtie en blauwe Leijdse klinckert pour les faces unies, en pierre pour les ornements, cette riche construction qui s'élevait « op doost zijde van de fluweele Burghwal », vis-à-vis du Mont-de-piété, était décorée à l'intérieur de marbres et de bois rares; « Sacardaene deur bekleetsel en schoorsteenen » mantel uijtgevoert.» , dit Vingboons qui, la méme année, bàtit à Amsterdam « op de Oost-zijde van de colveniers burghwal op d'oude zingel recht tegen » Over tpleijn genaemt het Ruslandt » , une habitation pour le sieur Nicolas van Bambeeck. Types des construc tions de Vingboons. § 1. Pastiches italiens 290 HISTOIRE DE L'I "LUENCE ITALIENNE Ce fut en 1655 qu'il éleva pour le sieur Peeter de Mayer, « suijker backer » op de west zijde van de Fluweele Burghwal tusschen de Lombaert. en de » sleutels brugh », une maison décorée d'ordres dorique et ionique; ces deux constructions rappellent la manière adoptée par Pierre Post. Toujours à Amsterdam, Vingboons construisit sur le Singel ou Konincz- gracht la grande facade comprenant trois habitations distinctes élevée aux frais du. chevalier Antony Oetgens van Waveren, seigneur de Waveren, Bochtshol, Ruijgewil, etc., ancien bourgmestre et conseiller de la ville d'Ams- terdam. ae es te Notre architecte construisit beaucoup d'habitations somptueuses sur le Sitigeky 1050; Singel, principale artère d'Amsterdam. Nous citerons spécialement une de ses plus remarquables compositions située en cet endroit, « bij de Reguliers Tooren », l'hôtel du chevalier Jan Huijdekooper, seigneur de Maerseveen et Neerdijek , également conseiller et bourgmestre d'Amsterdam. La grande salle et les antichambres attenantes étaient superbement décorées de plafonds rehaussés de dorures; les jardins, fontaines, statues, communs, écuries, remises et le porche d'entrée de cette résidence urbaine néerlandaise, étaient remarquables par leur richesse, leur ampleur et leur cachet grandiose. Bâtie en 1639, et l'un des plus beaux types d'application de l'architecture domestique italienne dans les Provinces-Unies, cette construction de Ving- boons est curieuse à étudier. Remarquons particulièrement la facon ingénieuse dont l'architecte a concilié l'emploi de la haute toiture exigée par l'intem- périe du climat, avec ses préférences pour les terrasses romaines, par la surélévation, aux deux tiers de cette toiture, d'un attique cantonné de consoles d'amortissement et couronné d'une balustrade. Les cheminées décorées qui occupent les angles extrémes sont pourvues de girouettes figurant des Crètes de toiture au centaures, Pare tendu. Particularité digne assurément d’être notée; une crête XVIIe siecle, € (cresteria), composée alternativement de palmes, de rosaces et d'étoiles, court gracieusement le long des arêtes du toit. Ce motif d'origine ogivale toujours appliqué à l'époque de la premiére Renaissanee dans le style plateresco, mais tombé en désuétude au XVII* siécle, se retrouve également | dans une composition de Hendrik de Keijser. | L'ensemble de cette facade typique, bàtie en witte benthemer steenen , est, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 291 à partir d'un soubassement rustique, décoré d'un ordre tosean, surmonté des ordres ionique et corinthien — ordonnance que Vingbooms affectionnait particulièrement — le tout strié dans son ensemble de bossages ou refends pareils à eeux que Jacques de Brosse avait employés à Paris comme motif unique de décoration au Palais du Luxembourg. Les écoincons entre l'attique et l'entablement supérieur sont rachetés par des consoles à volutes enroulées , d'un galbe tout italien. Une construction affectant le type des casins des bords de la Brenta de Palladio, décorée d'un ordre de pilastres corinthiens, avait été élevée par Vingboons pour Joncheer Joan Poppen, fils de Jacob Poppen, en son vivant bourgmestre d'Amsterdam, en un endroit de cette ville nommé: « de Clove- niers Burghwal, recht over de Oude-Mans-Huijs-poort. » Une maison décorée de refends dans son ensemble fut encore bâtie par notre artiste pour le sieur Joseph Deuts « op de Zuijd zij van de nieuwen leeren gracht », entre la rue Leijtse et le Singel. La facade antérieure décorée d'un portique ionique, construite en entier en benthemer ou arduijn Seen, a été sculptée par un habile artiste dont le nom nous est connu, meester Jan Gijsseling. La façade postérieure était maçonnée avec ces excel- lentes briques grises appelées : Leijdse klinckeert. L'agrandissement de la ville d'Amsterdam, qui entrainait les amateurs et les Spéculateurs, allait fournir en méme temps à Vingboons de plus nombreuses Occasions de montrer ses sympathies pour l'architeeture gréco-romaine. En 1663, il bàtit pour Joncheer Karel Gerards, sur deux héritages que celui-ci avait achetés, une grande habitation décorée d’après le type qu'il employait souvent de deux ordres superposés de pilastres toscans et ioniques. Cette construction élevée « op de west zijde van de nieuwe Heeren gracht » se distinguait par ses ornements de sculpture; des festons de feuillages et des armoiries enrichissaient le tympan des frontons surmontant les avant-corps. L'année suivante, il éleva pour le sieur Willem Belin La Garde, négociant à Amsterdam, une résidence où l'on voit, par une singulière licence que l'on rencontre très-rarement en architecture, un ordre composite placé sous un ordre corinthien. Cette construction, située entre la Leijdse straat et le Leijds gracht sur le nouvel Heeren gracht, avait sa facade entièrement faite Jan ing, orne maniste sculpteur. Vingboons exerce son art en province et à l'étranger Landhuijs de FoncheerAlewijn. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 292 de benthemer hartsteen ou arduijn steen; elle était décorée sous les appuis de fenétre de festons, de palmes, de couronnes enlacées et d'autres ornements de sculpture, par meester Pieter Pieterz van Kuijck. La facade postérieure était bâtie de ces excellentes briquettes nommées graeuwe leckse moppen klinckert. En 1669, notre artiste construisit pour Joncheer Hieronimo de Haase, seigneur de Stabroeck, sur ce méme Meeren gracht et à l'angle de la Spiegel straal, une maison à portique dorique, composition où il n'employa pas d'ordre d'architecture, mais qu'il décora de statues, d'encadrements de fenêtre et de frontons. Le texte hollandais nous apprend qu'on y admirait les plafonds de perspective exécutés par un artiste du nom de Nicolas Frère, cet artiste ne serait-il pas le méme que Dirk ou Théodore Fréres, peintre d'histoire, né à Enkhuisen en 1643? Walpole nous apprend que ce peintre passa en Angleterre en 1678 appelé par le chevalier Lely et qu'il y forma deux élèves Thomas Hill et Robert Williams. Immerzeel et Kramm citent Théo- dore, mais semblent n'avoir counu ni cette particularité ni le nom de Nicolas Frére. Vingboons travailla en province et à l'étranger. Nous connaissons de lui dans le style italien la Landhuzjs de Joncheer Frédéric Alewijn; cette construction, décorée de pilastres ioniques, se rapprochant tout à fait comme masse de la manière adoptée par Pierre Post, était située sur les Bedijkingen du Bemster, « op de Suger wegh dicht bij Purmerent. » Entre cette dernière ville et celles de Edam et Monnikendam, à l'endroit appelé le West Dijck (Noord Holland), il éleva une charmante Landhuijs pour Joncheer Reij- nier Paauw, seigneur de Nieuwerkerck, appartenant à une famille qui occupa plus d'une fois notre architecte. Vingboons bâtit à Hambourg, rue Grimm, une grande maison de commerce pour Nicolas Burchaerts et son frère, négociants de cette ville. Cette solide construction, bâtie sur la rivière et reposant sur des arches dont les piles 7 pieds du Rhin de hauteur, est décorée vers la rue de deux ordres superposés de quatre pilastres toscans et ioniques formant avant-corps, ont 6 ou le tout surmonté d'un petit attique avec balustrades dont les acrotères portent des cónes de pin en amortissement. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 295 Un easin d'assez bon goüt dans le genre dont nous parlons, décoré de pilastres corinthiens sur un soubassement, fut exécuté pour les fréres Arnold et Hans Pelt à un quart de lieue de la ville de Weeps, prés du GAeijn Brugh, du cóté du Sant-pat ou canal vers Amsterdam. C'est dans les projets non exécutés de son livre que Vingboons affiche carrément ses prédilections classiques. L'architecte les y a consignés, sans doute, comme points de comparaison; mais ils constituent, en méme temps, une véritable profession de foi artistique et une éloquente protestation à l'encontre du type routinier qu'il a dù forcément conserver à nombre de ses bâtisses; mentionnons particulièrement le plan de maison de campagne, Huijsing en Plantagie, planches LIII à LIX du premier volume de ce recueil. Ces compositions témoignent encore d'une prédilection singuliére pour les refends ou bossages ` la facade de son projet de villa, pages LVIII-LIX, premier volume, décorée d'un ordre toscan, en est littéralement criblée. La toiture à grands versants que notre architecte a le tact de n'esquiver jamais, est marquée par-devant par une loggia d'ordre dorique sans triglyphes ni mutules, autre motif qu'il affectionnait. Citons aussi, dans un autre théme, les projets figurés aux planches LXX, LXXII du deuxième volume : leurs ordres majestueux de pilastres corin- thiens sont empruntés aux types particuliers des palais d'Italie de Palladio. Les planches de ce recueil, à notre avisles plus propres à exciter la curio- sité, sont celles ayant trait au projet que Vingboons élabora pour l'hôtel de ville d'Amsterdam et dont nous avons déjà parlé. D'après le texte que l'on va lire, il résulterait que cette commande avait été primitivement faite à notre artiste, mais que de hautes influences la lui enlevérent pour l'attribuer à van Campen. « Dese voorstellingh », dit-il, « of ontwerpsel tot een stad- » huijs deser stede, is over eenige jaeren gemaeckt; doch zijn de Heeren » sedert hec] verandert van verdeeling, en bij dese gelegentheijd is dese » hier mede bij gevoeght. T'voorneemen was geweest dat op zijde oock te » vertoonen , doch kan ten naesten bij wel uijt het voorste geordeelt worden » hoe het hem op de zijde en van achteren soude vertoonen; want het H rontom even schoon soude wesen. » Franchement, en voyant le projet de Vingboons et le texte résigné et Tome XXXIX 38 Projet élaboré pour l'hôtel de ville d'Amsterdam. SIL. Type néerlandais. Landhuis. 294 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE mélancolique dont il accompagne le dessin de cette œuvre dont l'adoption lui eùt procuré la gloire et la renommée, nous sommes pris d'un sincère regret qu'on n'ait pas exécuté , par suite d'inavouables intrigues, la plus importante des œuvres d'un artiste laborieux. Peut-être, dans cette œuvre hors ligne, Vingboons eüt-il fait preuve de ce génie architectural supérieur que nous ne lui trouvons pas dans ses constructions urbaines. Dans ce projet d'hótel de ville, on perçoit à première vue une vague ressemblance avec le Capitole de Michel-Ange; il y a là au moins un parti pris qui se devine sans peine et ne gâte rien à l'effet. L'ensemble du monument se compose d'un soubassement rustique rachetant la hauteur d'un perron avec rampes à balustres. Ce perron est en dehors du corps de bâtiment. L'édifice était flanqué de quatre pavillons, couronnés de balustrades et cou- verts en dôme et d'autant d'avant-corps, la masse demeurait quadrilatère. En dépit de ces saillies accentuées , les huit façades en retrait étaient rattachées aux pavillons et aux avant-corps par des terrasses bordées de balustres. Chacun des avant-corps, décoré d'un balcon, est cantonné de quatre pilastres corinthiens prenant la hauteur totale. Un fronton triangulaire termine l'entablement qui fait le tour de la facade, les pavillons et les arriére-corps n'ont pas de pilastres. Les détails des portes, fenétres, mezzanines, sont en pur style italo-flamand du XVI: siècle. Ici encore se révèle l'esprit judicieux de nos architectes dans leurs applications de ces motifs italiens. Les baies des fenêtres ont l’ou- verture et l'ampleur nécessaire pour admettre pleinement la lumière; leur hauteur est divisée par des croisillons destinés à recevoir ces élégants vitraux en grisaille, l’un des luxes les plus appréciés de ce temps. Notre Musée de la Porte de Hal en possède de beaux spécimens. Une élégante tourelle à huit pans, d'ordre composite, surmontée d'une cou- pole octogone, part d'un soubassement carré portant cadran et terminé par une balustrade. Franchement, ce projet eùt revêtu plus de cachet et un caractère plus décoratif que les plates et monotones facades de van Campen, dont, à vrai dire, Quellijn et Bosboom ont fait toute la réputation par leurs sculptures. Vingboons fut le promoteur, en Hollande, d'une espéce d'architecture mixte donnant l'expression des ordres classiques sans en offrir l'ordonnance ; SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 295 il fut le père du « type néerlandais » qui s’est perpétué jusqu'à la fin du XVIIIe siècle dans les provinces et loin des grands centres, en dépit du style rocaille qui fit fureur dès son apparition dans toutes les grandes villes des « États-Belgiques-Unis » . Nous avons déjà dit que cette introduction se fit sans heurter le patriotisme des Hollandais par l'influence des traductions en langue néerlandaise des œuvres de Paul Decker, Schübler et autres. Ces petites habi- lations hollandaises avec leurs murs de briques rouges bien rejointoyées, relevés par des appuis, chambranles, corniches, perrons et balcons en pierres blanches et bleues, se retrouvent dans tous les tableaux de vues de villes ou les paysages étoffés de fabriques des méticuleux « petits-maitres » qui floris- saient en Hollande dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Nous citerons comme présentant ce type parmi les constructions de Ving- boons: là charmante résidence appelée Groen hoven, bâtie pour le sieur Michiel Popta sur l'Amsterveender wech, non loin du Klein Looijvelt , un des plus charmants rendez-vous de villégiature des habitants d'Amsterdam , à trois quarts de lieue de cette ville; puis la maison qu'il bàtit en 1644 sur le Geldersche Kaij , près du Kamper hooft brugh, pour le sieur Abraham Peeter Croock. Ajoutons-y, d'abord, la grande maison bâtie en 1649, dans la méme ville, sur l'emplacement du Wael — desséché sept à huit années aupara- vant — pour un négociant du nom de Marten Frantz van der Schilde: ensuite, celle bàtie en 1665-66 « op d'Oost zijde van de nieuwe Keijsers gracht » , pour le sieur Isaac Jan Nijs, également négociant à Amsterdam, dont le rez-de-chaussée est décoré de grillages ouvragés, d'ornements, d'armoiries et de festons. A cóté de ses villas italiennes, Vingboons produisit aussi le type de la Landshuijs in plantagie et méme du traditionnel Burgh néerlandais. Dans ce dernier style, nous connaissons de lui, à trois lieues de Groningue, « in Fiva- lingo quater tot steem », un château bâti en 1669 sur les anciennes fondations d'un édifice antérieur détruit par les Espagnols en 1579, pour € Joncheer Joan Clant van Stedum heer tot Stedum en Nitwierdaburgh. » L'architecte y conserva la masse des anciennes lignes du plan. Comme type de la petite maison hollandaise, signalons celle bâtie au milieu 296 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE d'une plantagie appelée Pijnenbrugh située dans le Sticht, à deux milles de la ville d'Utrecht, appartenant à noble Demoiselle Sara de Wael, veuve de feu Jacob Jacobsz Hinlopen, en son vivant échevin d'Amsterdam. Dans le genre du Land-huijs , citons Het Huijs Vanenburg, bâtie en 1664 pour Joncheer Hendrick van Eessen, seigneur de Helbergen et Vanenburg, Land Drost du pays du Veluw, et président du collége des députés des États, située prés du Zuyderzée, à deux lieues environ de Hardenwijck et Nijkerk; remarquable par son portail et ses cheminées seulptées. A la construction précédente se rapporte encore l'agréable résidence appelée Ganzenhof, élevée en 1665 pour la villégiature d'un négociant ams- terdamois, le sieur Remond de Smit, située « in de sticht van Utrecht, in de gerechte van Maerseveen », près du charmant et renommé petit village de Maesen. La plantagie de cette propriété, située le long de la rivière de Vecht à côté du Sand Padt, avait été créée par le sieur Rotgans. Le type | de cette construction se rapprochait du motif de la résidence du Harsvelt «in den gerechte van Ootmerssum » , dans l'Over-Yssel, commencée en 1663 par M. Bartholomeus van der Brugh. Une construction identique aux deux précédentes était la maison élevée en 1656 à l'endroit nommé Pecken- dam, « onder de gerechte van Diepenhem » , appartenant à Joncheer Nicolas van Huevel. Mentionnons, en terminant cette nomenclature des constructions de Ving- booms dans le style hollandais, la résidence que Messire van Rollecate, Landt Drost du pays de Vollenhove, et député aux États pour la province f d'Over-Yssel, bàtit en 1654 dans sa seigneurie de Rollecate, sous la ville de Vollenhove. sHLTypeitaofamand T] nous reste à nous occuper à présent des constructions de Vingboons IT qui rentrent dans le type italo-flamand de l'école de Rubens. Signalons en premier lieu les quatre maisons contigués bâties en 1660 pour le sieur Kromhout, occupant avant l'agrandissement d'Amsterdam qui fut si favorable à notre artiste, l'extrémité du west zijde du Heeren Gracht. Les rabatrollen eu cuirs du genre gélatineux, les œils-de-bœuf, les perrons, j les gables rappellent nos canevas anversois et bruxellois. Mettons au même rang la remarquable maison bàtie en 1664 pour le sieur Gillis Marcellis , SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 297 propriétaire de la célèbre et antique brasserie witte Lam, sur le west zijde Singel, près de la maison des Archers ou Voetbooghs doelen. L'ensemble du gable de cette facade, surmontée de l'agneau symbolique qui servait d'en- seigne à la maison, rappelait le genre de Hendrik de Keyser par ses œils-de- bœuf entourés de cuirs. Un bas-relief représentant la ville de Nurenberg était sculpté au-dessus de la porte. Rattachons à ces deux types les neuf maisons contiguës bâties sur l'Oude Turf Marckt,à Amsterdam, pour les « Heeren regenten van S'-Pieters Gast- » huijs »; les deux maisons situées au méme endroit bâties pour le sieur Pieter Jansz Sweling, fils du célébre organiste Jan Pietersz Sweling; la mai- son du Joncheer Michaël Paauw, seigneur d'Achtienhoven, en son vivant échevin d'Amsterdam, située aussi sur le west zijde du Heeren Gracht, et finalement, celle de Niclaes Soyhier sur l'Oost zijde ou rive orientale du Heeren Gracht. Parmi les gevels (gables ou pignons) flamands imaginés par Vingboons, citons celui de la maison du sieur Gerrit Crook, vis-à-vis du Princen Hof, type curieux d'habitation entièrement évidée au rez-de-chaussée , sauf les mon- tants et croisillons de pierre, et celui de la maison de la veuve de l'échevin el conseiller, Laurens Jansz Spiegel; ces deux constructions avaient été élevées à Amsterdam. N'oublions pas, bien qu'ils n'aient pas été exécutés, les gevels du premier projet de la maison de Joncheer Frederick Halewijn, que Vingboons a fait graver aux planches XLVII-XLIX de son premier volume. Cette décoration flamande fut remplacée par le motif italien dont nous avons parlé plus haut. Comme mélange curieux des trois maniéres de Vingboons, signalons l'hôtel tout bâti de witte benthemer steen sur l'Oost zijde du Keijzers gracht, vis-à-vis du Schoubnrg, pour le sieur Daniel Soyer. Nous pouvons encore ranger parmi les types italo-flamands, à cause de sa décoration intérieure qui présente un escalier et des cheminées remarqua- bles, la Landhuys de Joncheer Heeronymus Rans, située sur le « Purmer » op de Oosterwech » , à une petite lieue de la ville d'Edam. Nous avons essayé, dans les pages qui précédent, d'apprécier le talent et la manière de Philippe Vingbooms. Nous avons pu d'autant plus facile- 298 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ment étudier la facon dont il traduisit l'influence italienne qui se révéle dans un si grand nombre de pages, qu'il est, de tous les architectes néer- landais, celui qui nous a laissé le plus grand nombre d'œuvres reproduites par la gravure; il habita toute sa vie Amsterdam dont il devint borger et où son père qui suivait la religion réformée était venu résider en quittant Anvers en 1587, et où il mourut en 1615. Ses dernières œuvres architec- turales furent la maison de Jérôme de Haase, sur le nouvel Heeren Gracht, et la reconstruction du château de Fivalingo, qu'il entreprit toutes les deux en 1669. Il publia le deuxième volume de ses œuvres en 1674; le premier avait vu le jour neuf années auparavant. L'inscription de son tombeau, placé jadis dans l'église neuve, au Dam, pouvait nous renseigner sur la date de sa naissance, mais nos recherches sur ce point n'ont pas abouti. Il devait être né au commencement du XVII* siècle; la première construction que nous connaissions de lui porte la date de 1639. On sait encore que l'hótel de ville d'Amsterdam fut bâti de 1648 à 1655. Le projet de Vingboons devait donc être une de ses premières œuvres et avoir été élaboré quelques années avant cette date. Nous avons vu au début de cette étude que le père et l'aieul de notre artiste, nés à Malines, avaient été d'excellents peintres; bons nombre de leurs œuvres sont encore visibles dans les Musées d'Europe. La lignée artistique des Vingboons, ou mieux Vinkbooms, avait adopté comme monogramme une sorte d'armoiries parlantes : un Pinson (Vink) sur une branche d'arbre (Boomtakje). L'architecte A. van der Hart, auquel Amsterdam doit la caserne Oranje- Nassau et la Werckhuijs au Weesperveld, possédait, dans les premières années de ce siécle, une collection de papiers et dessins originaux de Philippe Vingboons, Peeter Post, Sijmon Bosboom, Daniél Stalpert et Hendrik De Keijser; malheureusement le catalogue qui en mentionne l'existence ne fournit aucune indication sur la nature des documents et le nom des édifices qu'on voyait représentés sur ces dessins dont nous ignorons la destinée. Nous possédons une farde assez volumineuse de dessins intéressants d'ar- chitectes hollandais des XVII* et XVIIe siècles; la plupart sont signés, datés et pourvus d'échelles. Tout ce qui doit être tracé au tire-ligne et au compas SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 299 est fort soigné et fort proprement fait; excepté dans les dessins de de Keijser et de Stalpert, les ornements et les figures sont d'une facture déplorable. Ces dessins ont été primitivement tracés à l'enere ordinaire qui a jauni, et dont le ton bistré actuel contraste agréablement avec la teinte grise, lavée à l'enere de Chine et demeurée intacte des ombres. Un architecte néerlandais qui, par la sobriété de son style, la discipline peter Post. 1898-1678. de ses lignes, l'ampleur de ses motifs d'ornementation et la bonne entente des proportions qu'il emploie, semble avoir particulièrement voulu repro- duire la simplicité des ordonnances antiques, est Peeter Post, fils de Jan, peintre sur verre d'un certain mérite, qui naquit à Harlem en 1598. Il apprit le dessin de son père et vint fort jeune à La Haye, où il fut bientôt en faveur auprés de la famille d'Orange-Nassau. Quand le prince Jean-Maurice partit en 1637 pour le Brésil en qualité de gouverneur, il s'adjoignit Frans Post comme peintre et Peeter comme ingénieur. Immerzeel rapporte que ce fut en cette qualité qu'il éleva à Maurisstad (Fernambuco) et à Olinda nombre de constructions particulières et d'édi- fices publics, particulièrement des églises. On sait que Frans illustra la rela- tion de ce séjour au Brésil, faite par van Baerle et publiée par J. Blaeu en 1647. Il donna encore au public, en 1664, un recueil où il réunit, outre la Salle d'Orange, la maison Swanenburg , l'hôtel de ville de Maestricht, la maison Vredeburg et les dessins des plus belles cheminées qui se voient dans divers palais à La Haye. En 1745, pendant la seconde suppression de Stathoudérat, Pierre van der Aa, libraire de l'Académie, à Leijden, connu par ses réimpressions de Scamozzi, Vignole et Vingboons, donna une édition complète de Peeter Post qu'il dédia au baron Willem van Wassenaar, premier curateur de l'Uni- versité de Leijden. Aux constructions dont nous avons parlé, van der Aa ajouta, d'aprés les dessins originaux de l'auteur qui étaient en sa possession, la maison du prince Maurice à La Haye, la maison de Rijxdorp prés de Was- senaar, et un double projet pour le Poids de la ville de Gouda. Ce livre. fut mis en ordre par Daniel Marot, artiste francais exilé par la révocation de 500 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE l'édit de Nantes et ci-devant architecte de Guillaume HI, stathouder, de Hollande et roi de la Grande-Bretage. Les libraires hollandais occupaient sans cesse Marot et le payaient fort cher; il est regrettable cependant de le voir employer son talent à célébrer les malheurs de sa patrie comme dans le feu d'artifice qu'il ordonna et les « huit grands tableaux illuminés représen- » lant les eonquestes remportées sur la France et l'Espagne par les armes » des Hauts Alliés en 47092. » Cet architecte de Guillaume II et des Provinces-Unies n'eut aucune influence appréciable sur l'architecture hollandaise; en Hollande on préfère le luxe de la vie intérieure aux coûteuses façades architecturales; par contre il opéra une véritable révolution dans le mobilier et les accessoires somp- tuaires, dessinant, gravant et publiant des cahiers de « patrons » depuis le lit à baldaquin et le Manefieike carosse van Sijn Majesteijt van Groot- Bretagne, jusqu'à la tabatiére et l'aiguille de montre. Cet artiste laissa un fils, Daniel le jeune, né à La Haye en 1704, peintre habile dont la fécondité surpassa le talent et qui décéda dans sa ville natale en 4773. Hôtel de ville de Maes- L'œuvre d'architecture la plus importante exécutée sur les dessins de 77^ 7? Dierre Post reste sans contredit l'hótel de ville de Maestricht bâti de 1659- 1663. Cet édifice, érigé sur le Marché au Bois, avait quatre faces et était entiérement construit de belle pierre de taille « jusqu'aux souches des che- minées qui passent au-dessus du comble. » La charpente du campanile placé au-dessus de la coupole, conçue avec beaucoup de hardiesse, présentait un assemblage des plus solides et des plus ingénieux. La masse entière de l'édifice formant un quadrilatère reposait sur un soubassement à bossages, précédé à la partie antérieure d'un perron en double rampe à balustres, menant à un portique de trois arcades ouvert en avant-corps formant le premier étage. Ce portique d'ordre ionique à pilastres, comme toute l'ordonnance à cette hauteur, est couvert en plate-forme et terminé par une balustrade avec acrotères portant des vases, et formant baleon au deuxiéme étage. Ce deuxième élage, d'ordre corinthien, comprend, comme au rez-de- chaussée , neuf baies dont celle du centre sert de porte de dégagement à la terrasse au-dessus du portique. L'ample développement de la toiture est SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 301 dissimulé par un étage en attique percé de trois fenétres portant seulement, en totalité, sur cinq des fenêtres inférieures. Les écoinsons montrent les statues assises de Mars et de Bellone; le tout est couronné d'un fronton triangulaire timbré des armoiries de la ville enlacées de rinceaux. La tour octogone, dont la base est occupée par la toiture à eroupe, rache- tant le quadrilatère de maçonnerie — sous lequel se trouve la cage ornée de l'esealier — est à trois étages et complétement à jour; elle porte des cadrans et se trouve surmontée d'une croix et d'un petit génie portant l'étoile héraldique à six rais, embléme héraldique de la cité. Aprés l'hôtel de ville de Maestricht nous plaçons de Sael van Oranje ou Ü Huis ten Bosch à La Haye, qui tire son nom d'une superbe salle à l'ita- lienne dont la coupole qui en fait l'ornement principal s'éléve à 60 pieds du sol. C'est une résidenee de campagne qui, par l'ensemble de son style, rentre dans le type néerlando-italien que nous avons défini en parlant de Vingboons. Cet édifice est bâti en plein bois, dans une solitude profonde; l'on serait tenté de le croire à vingt lieues de toute habitation — surtout dans la partie agreste à gauche — si de temps à autre au bout d'une allée on n'entrevoyait, à l'horizon de la lisière, quelque facade de maison décelant le voisinage d'une cité. La salle d'Orange construite en 1648-1650, l'année de la paix de Munster, et inaugurée par Guillaume de Nassau, est un monument de la piété conjugale de sa mère la princesse Amalia de Solms, fille de Jean-Albert , comte de Solms-Brunsfelds, épouse du fils du Taciturne, le glorieux Stathouder Frédéric-Henri, mort à 63 ans, le 14 mai 1647. Cette résidence fut depuis particulièrement affectionnée par Guillaume III, Stathouder de Hollande et roi d'Angleterre, qui y tint sa cour. Nous possé- dons une grande planche, in-folio sur deux feuilles, dessinée et gravée par Daniel Marot qui nous représente l'intérieur de la salle d'Orange; le titre de l'estampe que nous copions nous en donne une explication complète. « Repré- » sentation de la grande Feste de S. A. R. madame la princesse d'Orange, » célébrée en décembre 1686 dans le salon du Bois de la Haye, à l'honneur » du jour de la naissance de Monseigneur le prince d'Orange. Se vend chez » l'auteur à la Haye prés le Voorhout dans le Heulstreet, avec privilége. » Tome XXXIX. 39 Sael van Oranje. 1648-50. Pompe funebre de Fré- deric Henri ordonnée par Post. 1651. 302 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Depuis Guillaume III, la Maison du Bois est toujours restée un lieu de repos et de retraite pour la famille d'Orange. On y a installé de notre temps une salle de billard qui contient les portraits de la maison d'Orange-Nassau. Nous avons dit que la décoration extérieure de tHuis ten Bosch était assez simple et rentrait dans le style hollandais : il n'en était pas de méme de la célèbre salle octogone de cinquante pieds de côté dont les plus grands peintres des écoles flamande et hollandaise avaient concouru à décorer de pages admirables le champ laissé sur les parois de la rotonde par les entre- colonnements corinthiens. Le centre du plafond de la coupole est orné du portrait de la fondatrice, et les compartiments avec écussons d'armoiries, comme la grande vous- sure et les trophées des pilastres, sont peints par Grebber. Rubens y à brossé le tableau des cyclopes, van Campen, plusieurs autres, Terburg, Lievens, van Thulden, De Bray, Honthorst et César van Everdingen, ont contribué tant à la décoration de la salle que des appartements qui l'avoisinent. La piéce capitale de la Salle d'Orange est le triomphe du prince Frédéric- Henri de Nassau, chef-d'œuvre de Jacques Jordaens, haut de 27 pieds sur 24 de large, dont le Musée de Bruxelles posséde une esquisse remarquable acquise en 1809 pour la modique somme de 600 francs. Si ces peintures sont admirables, si cette salle laisse un impérissable sou- venir à celui qui l'a vue, il revient une juste part d'honneur à Pierre Post d'avoir su préparer aux peintres, par cette noble et ferme architecture, un champ si vaste, une aussi favorable lumiére. En 1651, Pierre Post fit paraitre la « Pompe funèbre » de Frédéric- Henri, prince d'Orange, frére de Maurice et fils du Taciturne (mort en 4647) dont il avait été l'ordonnateur des funérailles, Les planches de ce recueil (in-f^ de 29 ff.) ont été gravées par Peeter Nolpe et publiées sous ce titre : Begracffenisse van Sijne Hoogheijt Frederick Hendrik, bij der gratie » Gods Prince van Orange, Graeve van Nassau, enz. Gheteeckent en » uijtghegheven door Pieter Post, architect ende schilder der doorluch- » tigste Princen van Orangien ; ende ghesneden door Pieter Nolpe. » T'Amsterdam gedruckt bij Nicolaes van Ravesteijn, CIOIOCLI. » On remarquera sans doute la qualité de Schilder donnée à Peeter Post SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 908 par le titre précédent. Nous citerons à l'appui le tableau que Kramm men- lionne comme ayant fait partie d'une vente faite à Amsterdam en 1816 et où l'on renseignait au catalogue Zene Americaansche Plantagie , portant la Signature P. Posr pinx. Peeter Post fut appelé en 1665, par Louis de Nassau, fils naturel du prince Maurice, gouverneur du Brésil et deuxième stathouder de Hollande, à reconstruire le casin situé à la Haye, dans l'angle du vivier de la Cour, vis-à-vis de la place nommée Het Pleijn. Cette charmante composition se compose d'un quadrilatère avec avant-corps et perron et de deux petits avant-corps latéraux. La face antérieure est décorée de six pilastres ioniques d'aprés Michel-Ange enfermant les deux étages et supportant un entablement à fronton aux deux faces principales de l'édifice. Il est assez singulier que le fronton de la face postérieure comprenne six pilastres et quatre seulement à la face antérieure. Peeter Post a cherché à rappeler dans le fronton anté- rieur le souvenir de Maurice de Nassau, par les ancres et autres marques de la dignité de grand amiral des Provinces-Unies dont il était revétu à l'époque où il la fit construire. Les chambranles des fenêtres, à crossettes et frontons sont. dans le style italien et accompagnés de « Phistonen. » L'in- térieur, par la simplicité des lignes décoratives, rappelle tout à fait le goût de l'école de Vignole et de Palladio. Aucune gravure, à notre connaissance, ne nous a conservé l'ordonnance et l'édifice primitif élevé par van Campen ; Campo Wijerman prétend qu'il Surpassait de beaucoup l'eeuvre de Peeter Post; mais on sait que Wijerman sacrifie volontiers la vérité au plaisir de lancer un bon mot ou d'aiguiser une pointe. Nous croyons qu'ici c'est encore le cas, car la petite « Maurits- huis » est, comme goùt et comme entente du genre italien, une des bonnes constructions de Post. Au XVIIe. siècle, au dire de van der Aa, cette maison servait à loger les ambassadenrs et les princes étrangers. De nos jours, la maison du prince Maurice sert de Musée et renferme, entre autres tableaux, le chef-d'œuvre de Rembrandt, Siméon recevant l'enfant Jésus au Temple. Le premier étage est affecté aux curiosités chinoises et japonaises du Musée ethnologique. A la suite de cette construction, citons d'abord la Gemeene Lands Huis, Waagh de Gouda. 1668. 304 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE salle d'assemblée des Dijckgraaven en Hoog Heeren rade de Rijnland; Swa- » nenburg sur l'Haerlemmer Meer » , charmant édifice italo-flamand décoré de pilastres ioniques supportant fronton et d'une gracieuse tourelle. Ensuite, la maison de campagne de Rijxdorp commencée en 1662 par Jonckheer Amelis van den Bronckhorst, seigneur de Wimmenum et de Vromade, qui avait acheté Rijxdorp six ans auparavant du capitaine Bontius. I] n'était pas encore achevé que Wimmenum mourut en 1669. Rijxdorp resta dans cet état jusqu'en 1687, où Isaac Paauw, seigneur d'Achtienhoven — le nom de celte famille est déjà tombé plus d'une fois de notre plume — voulut en continuer la construction, de méme que son gendre Conrad de Heemskerck , ambasssadeur des Provinces-Unies en France et en Allemagne. Il ne fut définitivement achevé, toujours d'aprés le plan primitif, qu'en 1707, par Messire Jacob Emmeri, baron de Wassenaar, qui l'avait acheté de ces der- niers. Van der Aa, avons-nous dit plus haut, réédita les œuvres de Peeter Post : il dédia le livre à son fils Guillaume. Ce château de Rijekdorp était construit en style néerlandais et présentait un aspect assez pittoresque. Le campanile central octogone était décoré de portiques toscans supportant des frontons en arc de cercle. Les ordres n'avaient pas été employés pour cette façade, qui se distinguait à lavant- corps par un fronton sculpté à enroulements dans le plus pur style Rubens: Mentionnons en dernier lieu la belle maison nommée Vredenburgh, bàtie pour Jonckheer Frédéric Allewijn, située dans le Quartier du Bemster, province de Noort-Holland. C'est une véritable villa italienne décorée de pilastres corinthiens, d'un fronton à l'avant-corps et de galeries couvertes aux ailes, supportées par des colonnes toscanes. L'amortissement des mezzanines de l'étage, décorées de têtes d'anges, est tout à fait dans le goût de Scamozzi. Il nous reste à parler des deux projets d'érection du Poids de la ville (Waagh) de Gouda sur le Marcktveld. Celui qui fut exécuté en 1668 présente le type le mieux accentué que l’on trouve dans l’œuvre de Post du genre italo-flamand dont Vingboons nous a laissé de si nombreux exemples. Cette petite construction, avec ses refends, son grand bas-relief emblématique qui nous montre le comptoir du Waagh meester, ses écussons armoriés encadrés de cartouches (Parcquementen) sa corniche de couronnement à SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 505 triglyphes — sans bucrânes, patères ou pelles aux métopes — motif fort "re en Néerlande; ses frontons armoriés, son bas-relief de la face posté- rieure et ses chutes de guirlandes (Phistonen) offrent un ensemble pitto- resque que nous regrettons de ne pas avoir vu adopter plus souvent par notre artiste, Tous ces ornements de sculpture sont délicatement travaillés par le sculpteur amsteldamois, Barthélemy Eijgens, qui jouit de son temps d'une réputation méritée. Ce projet qui ne fut pas exécuté et dont Pierre van der Aa nous a conservé le dessin dans son recueil, présentait une ordonnance à peu près identique, mais d'une plus grande simplicité. À toutes ces constructions, ajoutons finalement un remarquable « Livre de cheminées à l'italienne » en haut lambris, rappelant les motifs des estampes de Serlio et les dispositions de Bullet et de Le Muet. Parmi ces Schoorsteenen mantels, nous citerons celui de l'étage voüté de la Salle d'Orange, dont la frise est ornée de l'écu d'armoiries de la veuve de Frédéric-Henri et ceux qui se voient aux salles du premier et du second étage, ainsi qu'aux cabi- nets de la chambre du lit de parade du méme édifice. N'oublions pas les cheminées de la maison du prince Jean Maurice, décorées d'attributs guer- riers, et finalement celles qui se voient à la cour et au palais de Noort Eijnde, à La Haye. Ces cheminées sont, en général, d'un goût assez pur, mais de méme que chez Vingboons, on remarque un manque absolu de facilité de crayon chez notre artiste; ces planches de cheminées sont trop peu variées de motifs générateurs, et prouvent une fois de plus cet axiome esthétique que les détails seuls ne peuvent produire la diversité dans les œuvres d'art. De méme que Simon Bosboom, dont nous parlerons tout à l'heure, Jacob Romans fut, à la fois, sculpteur et architecte ; Guillaume III, stathouder el roi d'Angleterre l'attacha à son service. En 1691, Romans donna les dessins des Ares de triomphe et autres déco- rations élevées à La Haye pour le Blijde inkomst de ce monarque et s'acquitta de cette tâche à son entier honneur. Romein de Hooge a gravé ces décora- lions dans le recueil intitulé : « Komste van Zijne Majesteit Willem UI. » koning van Groot-Brittanje, enz. in Holland 'sHage 1694. » La Description de Bréda par van Goor nous apprend que Romans acheva le château de cette ville commencé en 1536 pour Henri comte de Livre de Cheminées. 1664. Jacob Romans. Salomon de Bray. 1597-1664. Adrien Dorstman, Sijmon Bosboom, 1614-1668, 306 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Nassau, seigneur de Bréda : « Dat Willem III, prins van Oranje, het overige » gedeelte, aan de linkerzijde van den ingang, door den vermaerden » bouwmeester Romans, naar 't bewerp van den ouden bouw heeft doen » optimmeren, onder wiens opzigt hetzelve ook in den jare 1696 ten eenen » male is voltrokken : een kostelijk paleis wiens gelijken in de Neder- » landen niet wordt gevonden. » On connait un éléve de cet artiste, Frank Pietersen Verheijden, lequel seulpta les bustes des princes de la maison de Nassau. Pierre Schenck a gravé à la manière noire le portrait de Jacob Romans; ce dernier dessina des vues architecturales pour le Paradisus Oculorum. Nous avons déjà parlé de Salomon de Bray (1597-1664) à propos de l'Architectura moderna de Corneille Dankertz. Cet artiste de mérite, à la fois peintre et architecte, naquit à Harlem en 4597. La JVieuwe kerk de Harlem fut bàtie sur ses dessins. Pour mieux se rendre compte de l'effet de cet édifice, il en avait lui-même confectionné un modéle en bois. Ce ne fut qu'en 1667, trois ans aprés sa mort, que ses fils Dirk et Jacob firent paraître une étude de l'agrandissement de Harlem intitulée : Bedenkingen over het uitleggen en vergrooten der stad Haarlem. Le portail de Salomon de Bray a été supérieurement gravé, d’après Jacob de Bray, par Dirk, son frère, en 1664; l'artiste était pour lors àgé de soixante- sept ans : o oud 67 » lit-on sur le fond. Aprés cet artiste rangeons Adrien Dorstman, l'architeete de la Luthersche nieuwe koepelkerk sur le quai oriental du Singel à Amsterdam. Nous con- naissons encore de lui six dessins pour une maison des champs (1681) et une suite de douze dessins pour l'habitation de J. Six. Peeter van der Plaas fit le portrait de Dorsuman en mezzo tinto d’après David van der Plaas. Peeter Post fut le maitre et l'ami de Sijmon Bosboom « natif d'Embden en l'an 1614 », sculpteur et architecte de l'Éleeteur de Brandebourg; Stadts steenhouwer de la ville d'Amsterdam. Bosboom a le privilége d'étre cité, à l'exclusion des précédents artistes, dans la biographie de Joachim von Sandrart. II fut, aprés notre Aert Quellijn, l'un des artistes qui contribuèrent le plus à donner à la médiocre concep- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 507 lion architectonique de van Campen son incontestable valeur sculpturale et ornementative. Ses Loofwercken, Phistonen, Parcquementen, etc., sont traités plantureusement, avec une verve toute rubénienne. Bosboom imita de préférence l'architecture de Scamozzi dans ses compo- sitions. En 1670, il publia un livre d'architecture intitulé : « Cort onderwijs van de vijf colomnen door Sijmon Bosboom, stadts » Steen-houwer tot Amsterdam , uijt den scherpzinnigen Vinsent Schamozzy » getrocken en in minuten gestelt zeer gemacklick voor de jonge leerlingen » en dienstig voor alle jonge liefhebbers der bouw-const, MDCLXX V Amsterdam bij Justus Dankertz, ete. » Le portrait de l'auteur, âgé pour lors de soixante-six ans, se voit sur le frontispice accompagné d’un écusson d'armoiries parlantes : « d'argent à un arbre de Sinople. » Comme Vredeman De Vries, Bosboom adresse une sorte de défi à ses détracteurs « tot alle nijdige en vuijlspreeckende » dans une douzaine de vers qui se terminent par une apostrophe à la Cats : Dwingh ww' tongh. Ce livre fut adressé par le maitre à ses reconnaissants élèves — nous donnons plus loin leurs noms — comme étrennes « nieuwjaars-gifte. » Ce rudiment d'architecture fut réimprimé vingt ans aprés, d'abord chez Reiner et Josua Ottens, ensuite chez Joannes Loots, « in de nieuwe brug Steeg in de Jonge Lootsman », puis chez J.-B. Elwe. Le traité des ordres de Bosboom devint très-propulaire et compta de nombreuses éditions. Nous possédons un exemplaire d'un tirage de l'architecture de Bosboom portant la date de 1821, édité à Amsterdam chez S. de Greber, « in de » Kalver straat », augmenté de Caspar Philips Jacobsz « Konstgraveerder » en Geadmiteerd Landmeter voor de Edele hove van Holland et West- » frieslandt; en Jacobus Houthuisen, meester timmerman en lid van het » gemeelde genootschap. » Cet exemplaire, auquel on avait joint des réim- pressions de planches de Jean Marot, Barbet, Bullet et Le Peautre, avait été donné comme deuxième accessit en 4894 — en plein régne des pla- giats, à la Percier, introduits chez nous par M. Suys pére — à un éléve de l'Académie de dessin de Middelburg.. Simon Boosboom fut le dernier des maitres architectes flamands tenant école, et la grande popularité dont il jouit pendant sa vie contribua sans Élèves de Simon Bos- boom :Jacob Bosboom, Bellaert, Tessing, Breedam, Pottée, Willems, Wichmann. J. de Rijck, S. Schijnvoel, 308 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, rrc. doute à la vogue posthume de son Livre des ordres d’après Scamozzi. Il eut pour élèves, Jacob Bosboom, son fils, également né à Embden, Peeter Bel- laert de Nimégue, Willem Tessing de Middelbourg, Mathijs Breedam de Vollenhoven, Jean Pottée d'Amsterdam, Jacques Willems de Feluy et Dirck Wichman de Neutelen. À ces artistes ajoutons encore J. de Rijck, architecte à Amsterdam, qui florissait à la fin du XVII siècle, et S. Schijnvoet, décédé dans la méme ville en 4727. Quoiqu'ils eussent compté quelques bons artistes comme van Santen, Vingboons, van Campen, Post, Stalpert et Bosboom, nos voisins d'outre- Moerdijek ne possédérent pas au XVIIe siècle de grandes figures d'archi- tectes, comparables à Coebergher, Franequart, Aguilon, Hesius, Faid'herbe, Merckx, Cortvriendt et Théodore de Haase , brillante phalange de satellites dont Rubens était la planéte. Dans le second tiers du XVII* siécle, les artistes néerlandais subirent l'in- fluence rubénienne. En dépit des antipathies politiques et religieuses, la gloire du géant anversois n'était pas moins grande à Amsterdam et à La Haye qu'à Anvers et à Bruxelles. ll y eut, comme nous l'avons fait connaître plus haut, des reproductions hollandaises de tous nos livres fla- mands ayant trait à l'architeeture et à la décoration. Les vieux cuivres usés de cette espèce étaient encore avidement recherchés par les libraires, qui les faisaient retoucher sans cesse pour de nouvelles éditions. Malgré des points de rapprochement incontestables et un mérite réel universellement reconnu aux œuvres des architectes néerlandais, on dis- lingue sans peine les productions de ces derniers d'avec celles des artistes flamands, à un je ne sais quoi de vieillot et d'artificiel tenant lieu le plus souvent d'originalité et de cachet. —À € Ki CHAPITRE VI. Appréciation de Rubens comme architecte. — Prédilections italiennes, tendances au prosélytisme, manière et génie spécial du grand artiste, au point de vue architectural. — Examen approfondi de ses œuvres authentiques et de la valeur de paternité de celles qu'on lui attribue par tradition. 1608-1640. L'ombre tutélaire de Rubens planait avec une égale auréole de glorieuse immortalité sur l'école flamande, aprés que la mort eut successivement enlevé trois générations de disciples. Tant que ses traditions picturales demeurèrent en honneur, son architec- ture devait être exclusivement comprise et adoptée par les artistes flamands. Le canevas esthétique de la conception des Ares de triomphe d'Anvers, élevés en 1635 pour l'entrée du Cardinal-Infant, se retrouve tout entier au Grand- Théátre dressé par David T'Kint sur le marché du Vendredi à Gand en 1744, pour l'intronisation de Marie-Thérèse comme comtesse de Flandre. L'architecture italo-flamande ne tomba qu'à l'époque oü le goüt artistique de notre école se vit faussé par l'introduction des éléments mesquins et anti- coloristes de la peinture francaise de la fin du XVIII* siècle. Quand l'architecte adopta le genre rocaille, le peintre avait déjà délaissé le style rubenesque. L'architecture de Rubens était le cadre naturel de son génie essentielle- ment pittoresque et coloriste. S'il s'assimila étroitement les données italiennes en honneur dans sa jeunesse, c'est qu'envisageant l'histoire de l'art tout entiére, il ne trouva pas d'expression plastique traduisant mieux ses vastes conceptions que le plantureux style de Carlo Maderno et de Galeazzo Alessi. Le génie de Rubens épousa naturellement des formes architecturales qui semblaient n'avoir été créées que pour encadrer ses pensées. Le titan devait Sourire à la vue des gréles arabesques de la porte principale de l’église San Tome XXXIX. 40 Caracteres du style rubenesque. génie d ar a eF Rubens, ^e rali, fut pour Génes ce que Bramante et San Gallo avaient été pour Rome, 510 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Agostino à Rome et du maigre lacis plateresque des colonnes patiemment ciselées par Michelozzo au Cortile della Signoria à Florence, lui qui, en quelques coups de brosse, savait si victorieusement faire rutiler sur les bro- cards et le drap d'or, les inflorescences tumultueuses des rinceaux aux puis- sants reliefs qui ont gardé son nom. Peut-on dire que Rubens manqua de goüt s'il préféra aux lignes mono- tones dans leur sévérité correcte de Peruzzi, Bramante et San Gallo, le jet libre et primesautier de Giulio Danti, du Caporali, d'Ascanio della Corgna et surtout. de Galeazzo Alessi, l'auteur de la plupart des magnifiques palais de Gênes. Partagée par Deodat del Monte, son compagnon et son ami, cette admiration devait bientót pousser Rubens à les vulgariser aux Pays-Bas par la gravure. Dans les pages qui vont suivre, le nom d'Alessi tombera souvent de notre plume; il nous semble nécessaire de faire connaitre en quelques mots quel était cet architecte pérugin dont la manière séduisit Rubens. Galeazzo Alessi (1500-1572), né à Pérouse, élève de Giambattista Capo- Buontalenti et l'Ammanati pour Florence, Palladio et Sanso Vino pour Venise. C'est à l'initiative d'Alessi, et à son éternel honneur, qu'est due l'ouverture H H de la Strada Nuova, cette merveille de la ville de marbre. hi Alessi se lia d'amitié avec Michel-Ange, qu'il adopta pour maitre et dont il Lone partageait les allures extravagantes et sombres; ses chefs-d'œuvre furent à Gênes l'église de l'Assomption, la cour du palais Sauli et le palais Caroga où l'on admire le fameux plafond de Taddeo Cerlone. La réputation de Galeazzo Alessi était arrivée au point que, de tous les pays, on lui demandait des projets de monuments; il en composait pour Naples, pour l'Espagne; les biographes italiens prétendent tous qu'il fit un grand nombre de dessins pour la Flandre. Aucun fait, à notre connaissance, ne vient cependant confirmer cette assertion. Alessi, comme Rubens, fut un artiste heureux; il mourut plein de jours; laissant une famille nombreuse et considérée. Lione Pascoli nous en donne la généalogie et eite les enfants d'Alessi qui, à l'époque oà Rubens vint à Gênes, oceupaient des charges importantes de la République. ? CH SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 311 Le grand peintre flamand s'éprit au débarqué de l'artiste génois et cepen- Harmonie des motifs dant l'Italie, qu'il venait de parcourir, étalait de ce temps les superbes édifices du siècle de Léon X dans tout l'éclat de leur splendide jeunesse. Rubens avait vu à Florence le palais Medicis de Michelozzi, le palais Strozzi de Simon Cronaca, la cour du palais Pitti de Bartolomeo et le palais Pandolfini de l'Urbinate. À Rome, il avait pu étudier à l'aise la villa Pia de Pirro Ligorio, le palais de la chancellerie de Bramante , le palais Farnése de San Gallo, les palais Massimi et Pirro de Baldassare Peruzzi et le château de Caprarola de Vignole. A Venise il avait admiré la bibliothèque de St-Marc de Jacopo Tatti et les Procurazie nuove de Vincenzo Scamozzi. A Mantoue, le palais du T de Jules Romain, à Vérone le palais Pompeo de San Michelli; à Vicence enfin la basilique d'André Palladio. Ces témoins éclatants de la vitalité architectonique italienne avaient ému Rubens sans pouvoir fixer en lui le type définitif d'un mierocosme intérieur. A toutes ees œuvres marquées au coin du génie, à toutes ces traductions plastiques de la pensée architecturale, Rubens préféra les créations d'Alessi, parce qu'elles reflétaient à la fois le souffle et les formes favorites de Michel- Ange avec le prestige pittoresque de la couleur en plus. Ce fut ce que Rubens chercha toujours depuis à réaliser dans ses conceptions architecturales, qui brillent essentiellement par la couleur, le pittoresque et l'inattendu des étoffages. Rubens chercha avant tout une architecture à sa taille : jamais style d'ornementation ne fut plus propre à encadrer le Combat des Amazones, le Calvaire, le Martyre de saint Liévin ou la Descente de Croix, que les motifs puissants et charnus, tissés de lianes de rinceaux à superfétations végétales exubérantes, sortis du crayon des Colonna, des Cherubino Alberti, des Agostino Mitelli, des Giovan Orlandi et des deux Carrache. Le style Rubens, c'est en résumé le travail d'assimilation effectué par l'originalité native du grand maitre flamand sur le vaste thème des motifs lYpiques de la Renaissance à sa deuxième période. L'école rubénienne féconda de son génie le riche filon thématique et la synthése des qualités distinetives formant l'esprit collectif des architectes italiens. typiques des Palais de Gênes d'Alessi aveclesordonnances picturales rubénien- nes. Définition du style Ru bens en architecture. 312 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Professant un culte sincère et pénétré d’une admiration sans bornes pour l'artiste phénomène qui s'appelle Rubens, — pendant quinze ans, convaineu de notre impuissance, mais jamais découragé — nous avons essayé d'étu- dier, d'approfondir sa maniére et nous oserons analyser, sans avoir la pré- tention de les apprécier convenablement, ses principales œuvres architectu- rales, Cette attentive énumération, si brillante en elle-même, sera sans doute la partie de ce travail la moins indigne de sa gloire. But des études archi- Dès le début de sa carrière, Rubens comprit la puissance que donnait mentales de Rubens, l'appoint du décor architectural aux grandes scènes de la mythologie et de l'histoire. Il voulut l'architecture comme il comprit la peinture; si les masses sont parfois pesantes et surchargées, il sait les allégir par l'intersécance des groupes dyostyles et posséde à fond le secret des ondulations inattendues de lignes. Pour faire pyramider ses compositions, il trouve toujours à point les ossatures héroiques d'audacieux échafaudages. Caractères généraux du Si le génie de Rubens est extraordinaire dans sa peinture, il ne l'est pas Ue UP" moins dans les compositions architecturales et décoratives qu'il nous a laissées; il y fait preuve d'une aptitude si raisonnée, d'une facilité si prodi- gieuse, que l'on n'y apercoit pas plus l'effort de l'homme, qu'il ne se dis- tingue dans l'œuvre du toreuticien, lave de bronze, qui sort parfaite en frémissant de son moule d'argile. A tant de brillant prestige, à une si incontestable vigueur, Rubens ajouta toujours l'harmonie résultant de ses instincts coloristes reflétés en toutes choses. Là où les italiens sont pédants et monotones ou tombent dans un mé- lange désordonné, il sait, lui, réaliser la beauté pittoresque. L'audacieux, le | grandiose, le titanique, ne deviennent jamais une pierre d'achoppement quand il veut arriver à produire l'harmonie décorative d'un ensemble. Pour peu qu'on s'en éprenne, la manière architecturale de Rubens grise comme la coupe de Massique célébrée par Horace, sans que jamais les thèmes de ses verligineuses conceptions fassent songer, comme pour l'art | ogival, au Bilskirnir de Thor et aux palais fantaisistes de l'Edda. Un peu de réflexion suffit toujours pour ramener à la toute-puissance | d'une logique sévère et pondérée, les synthèses transcendantes et inattendues des ordonnances « RUBÉNIENNES » . SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 515 Variété dans le choix des motifs, richesse d'idées caractéristiques, har- monie dans le jet des lignes, choix de groupes favorables aux effets colos- Saux accompagnant les masses d'architecture, bonheur dans la disposition alternante et intersécante des membres secondaires, morbidesse voluptueuse et vivante , ondoiement des formes, mouvement dans l'ensemble des dispo- sitions, heureux choix de rinceaux d'ornement, d'accessoires pittoresques et d'emblémes décoratifs : tel est Parsenal de qualités acquises ou natives où puise à pleines mains l'incomparable artiste pour les déverser sur ses œuvres. Les ordonnances d'architecture écloses du brülant crayon de l'Anversois semblent avoir, comme ses compositions picturales, des bras nerveux, des cuisses velues, des jarrets d'acier. Elles plantent et projettent au loin dans le sol de profondes ramifications. Ses culs-de-lampe, ses consoles, ses pié- douches ont des contorsions d'ilotes ployant sous les meules spartiates. Ses frontons s'élancent des froides corniches horizontales en bonds désordonnés, €n ressauts inattendus, en enroulements plantureux. Les volutes campanulées de ses amortissements ont ces dures mamelles qui gonflent les cottes de mailles de Penthésilée et de ses amazones. Les caryatides aux désinvoltures inouies qu'il employait volontiers et ordonnait supérieurement, affectent les protu- bérances allipyges et la musculature charnue du type flamand qu'il accor- dait d'instinet à ses baechantes et à ses faunisques. Vulgaire et embarrassé parfois dans le choix des membres courants mou- lurés de ses ordres, il sauvait tout par quelques figures, admirables de pose et de crànerie de silhouette, d'une inhérence intime avec l'architecture, bien qu'elles eussent l'air improvisées d'un jet. Caractères spéciaux Motifs typiques. Emploi de la figure humaine. Ses cartouches et ses cuirs semblent taillés non dans la mythologique forage descartouches. nébride aux symétriques taillades des florentins de la premiére Renaissance, Mais dans ces larges peaux de fauves clouées comme dépouilles opimes aux pelles et aux rondaches, enlacant sur l'airain leurs pittoresques volutes avachies par la pluie ou crispées par le soleil. Parfois, Rubens emploie en guise de cartel pour étoffer l'écu du Brabant ou du Marquisat du Saint Empire, la dépouille d'un lion, au naturel, avec le muffle à épaisse crinière, les griffes pendantes et la queue en sautoir. De cet ensemble sauvage, étrange, sort un motif d'un étonnant effet. aractères particuliers, Arabesques el rin- ceaux. Types des baies. Respect des lignes synthétiques. Prédilections architec- toniques de Rubens. Coupoles. Ordre composite torsé, 314 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les arabesques de Rubens sont plantureusement étoffées de rinceaux ; il y à plus de fruits que de verdure et de fleurs dans ses festons. Il sait au plus haut degré cantharider des courbes qui ruissellent et se tordent en hardiesses que Galli Bibbiena, le délirant décorateur, n’eût pas méme osé rêver, Pour ajouter encore à l'effet, il leur oppose toujours, renversant contraste, les humbles contours de faisceaux moulurés et les modestes profils des panurgistes de l'art de Vitruve. Ses baies trouent l'architecture avec fracas : comme Michel-Ange, il affec- tionne les plates-bandes à angles rompus; on dirait qu'il songe à les étan- conner avec de robustes solives rattachées par des jambes étriéres, de crainte qu'elles ne viennent à s'abimer sous l'effort prodigieux des masses qu'il échafaude au-dessus. Jamais dans ses lignes synthétiques, l'on ne remarque de suture ni de transition ; rien ne reste incompris, parce que rien n'a été sacrifié, Architecte géant, digne émule de Michel-Ange et d'Alessi, s'il reconnait un défaut de cuirasse, une nudité, une brèche, il en tire d'ineffables avantages; s'il ren- contre une banalité, une faiblesse, il en fait surgir de sérieux motifs originaux; sil s'avoue coupable d'une médiocrité ou d'une méprise, il la noie dans un trait d'incomparable verve. Pour Rubens, le sceptre de l'architecture appartenait sans conteste au peuple-roi et en particulier au siècle d'Auguste et des Flaviens. Tout adepte ès-œuvres vives estime que le véritable génie de son art idéal commence à la voüte. Cette voüte, les Ninivites la balbutiérent à Khorsabad; les Égyptiens et les Grecs, épouvantés de cette hardiesse inouie, gardérent prudemment la plate-bande. Seuls, les artistes romains surent assouplir e! vaincre les matières pondéreuses au point d'en former un ciel de pierre; glorieux défi, animé de l'étincelle Prométhéenne, jeté à la voûte immense du firmament. L'ordre de prédilection de Rubens est le composite torsé aux cannelures en strigiles ondoyantes montant au tiers de la hauteur, enrichi dans l'aine rampante du füt, de rinceaux giboyeusement feuillagés de branches d'olivier ou de chéne. L'ordre composite torsé pourrait, avec justice, s'appeler l'ordre Rubens, car le maitre anversois sut le premier l'employer d'une triomphante ST SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 515 facon aux portiques de l'Entrée de Ferdinand dont on sait que le Bernin faisait ses délices. 11 y emprunta le type des colonnes du Baldaquin de S'-Pierre, à Rome, dont un autre Flamand, François Du Quesnoy, modela les gracieux et inimitables bambini. A part ce composite torsé, qui constitue par excellence l'élément décoratif de ses plus fiéres compositions, les ordres de Rubens sont essentiellement romains, mais ils se rapprochent davantage de la maniére colossale et somp- tueuse d'Apollodore de Damas ou de Cossutius que de l'élégante et correcte Sobriété de Vitruve ou de Valerius d'Ostie. Toujours dans ses œuvres d'archi- lecture, Rubens préfère Rome à Corinthe, comme il place Alessi au-dessus de Bramante. S'il étudie les antiquités de la ville éternelle, il s'attachera au Panthéon d'Agrippa, au Colisée, au Frontispice de Néron, au Forum de Tra- Jan, et en composera dans son esprit des motifs pour étoffer ses toiles. Rubens n'aima pas les Grecs, sculpteurs d'un incomparable génie, mais par essence, absorbés par la sculpture, car leur concept architectural walla jamais plus haut que de placer sur jambages ou colonnes le linteau monolithe de l'art des Pélasges. Le glorieux Anversois ne se sentait à l'aise que sous les Voütes vertigineuses des Thermes des Empereurs. La Rotonde méme lui semblait écrasée; comme Michel-Ange, il la rêvait suspendue dans les airs €t revenait d'instinct au dòme de S'-Pierre. Une telle séve, une telle puissance de vitalité eût d'ordinaire épuisé vite une école; elle survécut plus d'un siècle dans les Pays-Bas au grand peintre- architecte qui l'avait fondée. Dédaignant à son exemple l'immuable sérénité du beau olympien, elle s'immortalisa en révélant au monde les remuants aspects de la beauté pittoresque. Tel fut le style architectural rubénien. Nous sommes Flamands, par le Sang, par la langue maternelle, par le cœur; éclectique envers tous les Senres, nous ne pouvons nous empêcher de déclarer iei que nous mettons le Style de Rubens de pair avec toutes les incarnations que nous valut la Renais- Sance, sans en excepter l'art de Floris et de Vredeman de Vries. Rubens subit la fascination du génie italien sans, pour cela, ressentir l'in- fluence de l'art classique. Quand il revint d'Italie avec les plans des palais de Génes, il réva de changer le style de l'architecture des Pays-Bas, qui Caractères généraux. Ordres d'architecture. Moyens esthétiques em- ployés par Rubens pour introduire aux Pays-Bas son archi- tecture de prédilec tion. Coup d'œil sur les pa- 516 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE semblait un mesquin encadrement aux grandes pages qui déjà bouillonnaient dans son cerveau. Il ne prit, toutefois, à l'art de Vitruve que le miel distillé par les brülantes poitrines des Alessi et des Carrache. L'arc de Septime-Sévère dut paraître pauvre, froid et nu à celui qui entrevoyait peut-être dans sa pensée lointaine et réalisa plus tard, à Anvers, les ares étonnants de verve plantureuse érigés pour la réception de Ferdinand d'Autriche. Rubens devait aimer passionnément le Colisée; il eût été mal à l'aise dans la Pinacothèque de Pansa, l'Exédre de Siricus ou l'Atrium d'Arrius Diomède. Le cardinal Odoard Farnése engagea Galéas Alessi à faire un dessin pour la facade du Grand-Gesü à Rome; il en produisit un, superbe au point qu'il excita l'admiration générale, mais, malgré le erédit du cardinal et les immenses richesses des jésuites, il fut rejeté comme trop difficile et trop dispendieux. Ce trait fait connaitre d'un seul coup l'espéce de génie de Galeazzo Alessi et l'origine de l'admiration sans bornes que lui voua Rubens. Le Génois eût dü naitre sous Tibére, sous Néron ou sous Adrien pour encore surpasser, peut-étre, les ordonnances d'une légendaire richesse du Nympheum de Capri, des portiques du Laurentin, des édifices cosmopolites de la villa Adriana ou des Gynécées de la Maison d'or. - Génes doit le surnom de superba à la quantité considérable de palais et d'édifices magnifiques qui s'y rencontrent. Il est bon de remarquer pourtant, ce qui cause un désappointement général chez l'étranger, que ces facades de marbre étalent leurs portiques sur des rues étroites et parfois peu carros- sables. Le comfort, d'origine anglaise, l'élargissement des voies publiques; la prise en considération de « l'honnéte homme à pied », sont des produits de l'art architectural du XIXe siècle qui ont leur mérite. Mais si les princi- pales villes de l'Europe ont à présent des voies spacieuses, des boulevards; des quadrants, des rings, de larges squares, par malheur les Louis de Foix, les Bernard Buontalenti, les Galeazzo Alessi, les Antoine Carnevari ne signent plus les palais qui bordaient ces rues étroites de Génes la marmo- réenne : c'est le régne des colossales avenues et de la mesquine architecture de ruelles. Le livre des palais de Gênes fut édité à l'intention de la riche colonie SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 517 cosmopolite des négociants établis à Anvers. Rubens attendait beaucoup de ces derniers pour la propagande architecturale qu'il avait entreprise, principale- ment des Vénitiens et des Génois, qui ne devaient considérer qu'avec mélan- colie les gables à gradins et les bretéques closes de leurs vastes hótels, en Songeant aux terrasses de marbre de la Piazetta et aux balcons ensoleillés de la Strada Nuova. ll l'annonce en ces termes dans une lettre autographe, en italien, du 19 juin 1622, faisant partie de la collection de M. E. Ter Bruggen Greffier à Anvers, l'une des plus anciennes, comme date, qui nous soit parvenue. Cette lettre est adressée à Pierre van Veen, frère d'Octave, second maitre de Rubens. Ce Pierre van Veen, sur lequel M. P. Visschers nous a fourni quelques notes précieuses , était avocat à La Haye et ne manquait ni de talent pour les arts ni de connaissances artistiques ; l'opinion favorable qu'avait Rubens de son jugement suffirait pour le prouver. Voici le passage de cette lettre qui a trait au livre dont nous nous oceupons. « Ho publieato ancora » un libro d'architettura de piu belli palazzi di Genova di qualq. 70 fogli » insieme colle piante, ma non so si V. S. siera diletta. Mi sarebbe caro » d'entendere la sua mente circa questo... » C'est-à-dire : « J'ai encore publié un livre d'architecture des plus beaux palais de Gênes, contenant environ 10 planches; j'y ai joint les plans mais je ne sais si cela aura l'heur de plaire à Votre Seigneurie. Je serais, d’ailleurs, charmé de connaitre son sentiment à ce sujet, » Rubens comprit le génie débordant d'Alessi. Pour pouvoir l'admirerà l'aise, il copia le palais del Dogo et celui du duc della Torre. Il étudia en détail les palais Grimaldi, Pallavieini — proche des Barnabites — Giustiniani à Albaro €t Imperiali à San Pietro d'Arena. Devant les façades de Ste-Marie de Cari- Snan, de St-Ciro des Théatins et de l’église des Jésuites, il tomba en extase. Raffaëlle Soprani, patrieien génois, dans son livre intitulé : Vite de Pittori, Scultori e architetti Genovese (4 667), complément de l'oeuvre commencée par Jacques Braceelli au XV: siècle et continué par Humberto Foglietta au XVI’, Nous raconte l'impression que fit sur Rubens le génie d'Alessi : Les beautés architeeturales des édifices de Génes, églises ou palais, dus aux plus célèbres maitres et particulièrement à Galeas Alessi, passion- Tome XXXIX. 41 Rubens AUR l'idée Lettre autographe de Rubens annonçant la publication du Li vre des Pala SE Gênes, 19 juin 162 Preuves confirmalives 1° Auteurs italiens. Dédicace de Bellori à Don G. Stendardo, architecte du roi, 1738. 518 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE nérent le grand Rubens. Il les voulut dessiner tant en plan, qu'élévation et détails, et en composa un précieux volume qu'il fit graver à Anvers par Corneille Galle. » Nous donnons ci-aprés le texte de Soprani et l'on remar- quera qu'il y a une légére erreur dans l'énoncé du titre. A ce propos, nous ferons remarquer que M. Brunet et les catalogues des principales bibliothéques du continent donnent l'énoncé de cet ouvrage de différentes facons. Connais- sant trés-bien la teneur du volume, l'on ne se prenait pas le plus souvent la peine de collationner exactement le titre. « Delle molte fabricche de piu ben intesi palazzi di Genova architetti » in gran parte dall'Alessi e insieme d'aleuni altri autori diversi et di non » poche chiese, parve si segnalata la bellezza al gran Rubens che da se » disegnati tanto in pianta quante in elevazione e prospelto, ne formo un » prezioso volume in foglio e li fe diligentemente incidere a burino in An- » versa da Corneli Galle. I titolo del volume dice cosi : Palazzi moderni di » Genova racolti e disegnati da Pietro Paolo Rubens. Su Anversa appreso » Giacomo Meursio 1662. » Bellori, dans son savant ouvrage sur les Vite de Pittori, scultori e archi- tetti moderni (Roma 1728) dédiée à « Don Giuseppe Stendardo architetto » regio, » regarde Rubens comme étant un des artistes qui ont le plas contribué à faire accepter aux Pays-Bas l'architecture italienne de la Renaissance: voiei ce trait remarquable, des plus précieux à recueillir au point de vue où nous écrivons ` « Attese egli quivi all architettura e si » esercito a disegnare le Palazzi di Genova con alcune chiese, forman done » piante alzate e profili con li loro tagli di dendro in croce in piu vedute, » emisure delli membri com' egli dopo publicco in libro stampato in Anversa » l'anno 1622 « per fine, » com’ egli dice, « pt TORRE IN FLANDRIA L'AnCIHI- » TETTURA BARBARA, ED INTRODURVI LA BUONA FORMA ITALIANA. » Nous ferons remarquer que ce passage s'adresse à un architecte de pro- fession, bien compétent en conséquence pour juger de la valeur de Rubens comme architecte, et de son influence comme novateur; nous traduisons donc le passage de Bellori : « En ce qui concerne l'architeeture, il s'y exerça en dessinant les palais el quelques-unes des églises de Gênes en plans, élévations , coupes sur les SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 919 deux dimensions et profils. A son retour, il fit graver et publier le tout à Anvers en 1622; son but avoué était de détruire aux Pays-Bas le style bar- bare qui y prévalait et d'y substituer le bon goût italien. » Nous ne pouvons mieux corroborer ces citations qu'en apportant l'opinion » méme de Rubens et l'aveu naïf qu'il fait dans sa préface des Palais de Génes, du désir ardent dont il est possédé de voir fleurir aux Pays-Bas l'architecture italienne : « Nous constatons que si, d’un côté, le style barbare des architectes gothiques se démode et disparait tout doucement de nos Provinces, d'un autre côté, nous voyons des artistes de talent s'efforcer — au grand hon- neur et embellissement de la patrie -— d'introduire la belle symétrie archi- leeturale de l'antiquité gréco-romaine. Les magnifiques églises des Jésuites de Bruxelles et d'Anvers, récemment construites, en sont de remarquables exemples. » Pour plus de couleur locale , sans doute, le texte de Rubens est en italien; nous le transcrivons à dessein parce qu'il constitue une preuve matérielle de la facon aisée et correcte dont l'artiste diplomate savait à l’occasion manier la langue de Pétrarque et du Tasse : « Vediamo che in queste parti, si va poco a poco invecchiando et abo- » lendo la maniera d'architettura, che si chiamo BARBARA 0 GOTHICA a che » alcuni bellissimi ingegni introducono la vera simmetria di quella, con- » forme le regole degli antichi, Græci e Romani, con grandissimo splendore » e ornamento della patria; come appare nelli tempii famosi fatti di fresco » della venerabil Societa di Gesu nelle citta di Brussella et Anversa. » Un peu plus loin il explique et développe sa pensée : SU PES .... « Mi e parso donque di fare una opera meritoria verso il » ben publico di tutte le Provincie Oltramonta ne producendo in luce li » dissegni de me raccolti nella mia peregrinatione italica , d'aleuni palazzi » della superba citta di Genova. Perche si come quella republica e propria » di gentiluomini cosi le loro fabriche sono bellissime e commodissime » à proportione piu tosto de famiglie benche numerose di gentiluomini » particolari, che di una corte d'un Principe assoluto. Come si vede per » essempio nel Palazzo di Pitti in Fiorenza, e nel Farnesiano in Roma, la nfirmatives. 2» Préface écrite par Rubens pour le livre des Palais de Génes. Cette publication lui vaut un conside les architectes Mention admirati i Crispin de Pas. scendant ble parmi ved e 320 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » Cancellaria, Caprarola, et infiniti altri per tutta l'Italia si come ancora » la famosissima fabriea della Regina Madre nel Borgo di San Germano » à Parigi. » Que nous traduirons librement : « J'ai eru rendre un important service à toutes ces contrées au delà des Monts en publiant les dessins de quelques-uns des superbes palais de Génes rassemblés durant mon pèlerinage artistique d'Italie. Comme cette république est proprement aristocratique , les habitations de la noblesse y sont belles et confortables, mais plutôt destinées au logement d'une famille patricienne, quelque nombreuse qu'elle soit, qu'à servir de résidence à une Cour princière. A ce dernier type appartiennent, par exemple, le palais Pitti à Florence , la Chancellerie à Rome, le château de Caprarola et quantité d'autres en Italie ; ajoutons-y encore le fameux palais bâti par la Reine-Mére, à Paris, au fau- bourg S'-Germain. » Rubens voulait, on le voit, à tout prix introduire aux Pays-Bas la forme italienne. Prenant au sérieux son róle de propagateur, il alla jusqu'à publier, lui peintre de profession et ne s'étant pas encore signalé dans l'art de Vitruve, un ouvrage d'architecture qui pouvait être mal accueilli et critiqué par les spécialistes. Par bonheur il lui valut d’être aussitôt placé bien haut dans l'estime des architectes ses contemporains, comme nous l'apprend la préface du « Traité de Crispin de Pas » citée plus haut, où ce collègue l'appelle LE TRÈS-RENOMMÉ PEINTRE ET ARCHITECTE Perro PAULO RUBENS. Il est facile de mesurer les conséquences de cet acte, comment Rubens réussit et quelle fut l'influence qu'il exerça sur l'art architectural et sculptural aux Pays-Bas; car, s'il prit à Galeas Alessi ses ordres et ses cartouches, il esquissa sur le méme portefeuille de voyage les statues modernes du Vatican dont les papes prodiguaient alors les commandes. Étalages puissants d'ostéo- logie et de musculature, drapées de laines épaisses semblant agitées par une violente tempête, ces figures captivérent l'attention de Rubens; plus tard, les sculpteurs de son école et en particulier Quellijn, Faid'herbe, Du Quesnoy, Cosijns, van Delen et Gabriel de Grupello devaient tous, plus où moins, les prendre pour modèles. Nous avons établi quelles étaient les tendances et les aspirations de Rubens, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 521 considérons à présent comment il parvint à obtenir leur réalisation immédiate et à en assurer le développement futur. Les biographes ont un défaut collectif, la confiance aveugle. L'admission à priori des documents connus lorsqu'il s'agit de préciser ou de compléter des particularités relatives à l'histoire des artistes et de leurs œuvres, a été Sénéralement de régle jusqu'à notre temps. Ce qu'un premier éerivain n'aeceptait, sur la foi d'un devancier, qu'à bénéfice d'inventaire; devenait fait constant. pour le deuxième; vérité de précepte pour tous les autres. Ajoutons que chacun de ces écrivains, hasardant d'ordinaire quelque hypo- thèse de son propre fond, l'inadvertance des compilateurs routiniers en grossissait conséquemment le faisceau des faits altérés ou inexacts. On ne s'étonnera plus si l'erreur, ainsi répandue et imprimée, — témoin l'histoire du Vitruve de Pieter Coecke — s'accrédite et se propage à l'aise sous le couvert d'autorités successives, d'autant plus dangereuses qu'elles sont plus respectables. Au bout d'un certain temps, la vérité devient impossible à déméler de l'erreur; voilà pourquoi notre histoire artistique s'est trouvée un beau jour tout entière à recommencer. Il suffit le plus souvent de remonter aux sources, de voir par soi-méme les documents, pour découvrir de prime abord le peu de fondement de certaines attributions séculaires et l'origine douteuse et suspecte de toutes les anecdotes clichées. Malheureusement, on préfère presque toujours reprendre en sous-œuvre le travail des devanciers dans le but de le compléter et de l'enrichir, — sans rechercher, au préalable, s'ils ont eu raison d'avancer telles particularités, de préciser telles dates ou telles altributions — et aecepter, Sur la foi d'un inconnu, des assertions hasardeuses qu'on rejetterait d'instinct dans les apports ordinaires de la société, si l'un ou l'autre interlocuteur S'en faisait l'interprète. Cest pourtant là l'histoire de toutes les compilations erronées; nous ne Parlons, bien entendu, que de celles qui eurent pour endosseurs des écri- Vains de bonne foi. En faisant nos premiéres recherches pour éerire ce chapitre, nous l'avouons en toute humilité, nous songions plutôt à revendiquer au profit de Rubens, 8ráce à la découverte de quelque farde poudreuse, la paternité de l'un ou de Analyse critique de l'œuvre architectu rale de Rubens. Origine des attribu- tions erronnées. Causes de leur déve- loppement et de leur persistance dans his toire de l'art. 522 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE l'autre édifice que la tradition populaire lui attribue, — dans tous les cas ils n'eussent rien ajouté à sa renommée — qu'à apprécier la valeur de Rubens comme architecte en étudiant les œuvres qui sont incontestablement siennes. Médiocrité des œuvres Si Rubens, le plus souvent par complaisance ou par l'intermédiaire de go mice sollicitations d'amis indiserets qui mettent les artistes en coupe réglée, donna les plans de quelques édifices secondaires, il n'y a là, selon nous, qu'un intérêt de souvenir où l'esthétique n'a rien à voir. Une espèce de vaniteuse rivalité porte les gens en vue à posséder ou vouloir paraitre posséder des œuvres signées d'un nom hors ligne. Aussi, dés les premières années du XVIII» siècle, et alors que la génération qui avait connu le grand coloriste anversois était descendue dans la tombe, on com- menca d'attribuer à Rubens tout morceau d'architecture aux saillies accusées et aux formes plantureuses concu sur le canevas borrominien. Kexendication fondée Nous faisons cependant une distinction radicale entre l'attribution maté- aves ee mos rielle et la revendication artistique que l'on peut faire au type « Rubénien » d'ouvrages anonymes qui portent le cachet ou la griffe du maitre, et nous admettons pleinement les appellations de « Portails Rubens, Cartouches Rubens, Boiseries Rubens » sous lesquelles on désigne les œuvres exécutées pendant le XVII: siècle et la première moitié du XVIII» siècle. Si l'on transmet à la postérité sous le nom collectif de « Style Rubens » , les productions imprégnées de son vivant souffle, c'est, à tout prendre, de la stricte justice. C'est l'inspiration du chef d'école qui les a fait naitre incontes- tablement. Sans l'appoint préalable du génie du maitre, flambeau éclairant la nouvelle voie Dax ée aux artistes, elles n'eussent point vu le jour ; n'attri- bue-t-on pas à Alexandre et à César les victoires dues à la valeur et aux talents militaires de leurs lieutenants? Quand nous dirons plus loin que tel morceau d'architecture est « Rubens » , on voudra bien se rappeler l'exaete valeur que nous venons de donner à ce vocable; nous en déduirons dés maintenant que l'architecture « rubénienne » fit école et se perpétua par des productions restées anonymes que la voix publique rapportait au créateur du genre. Ce qui demeure incontestablement avéré, c'est que, dans le seul livre des Arcs de triomphe, Rubens compte des compositions architecturales titaniques, dont les moindres suffiraient pour le placer bien haut au firmament de l'art, prés SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 525 de ces demi-dieux qui s'appellent, selon les siècles, Ictinus, Gérard de S'-Trond ou Brunelleschi. Rubens eut le concept architectural proprement. dit, joint à l'inspiration décorative et pittoresque. Il est vrai qu'il coula sa pensée dans un moule italien; mais cette pensée était brülante et elle devint originale par l'exubé- rance des qualités, l'ampleur des détails et l'inattendu des proportions. Bien plus, Rubens aima l'architecture pour elle-même, car comment expliquer, sans cette hypothèse, le soin qu'il apporta à la publication du livre des palais de Gênes, qu'il entreprit sous sa responsabilité, dans un but de propagande artistique, mais dont il prévoyait bien cependant le sic vos non vobis. Le censeur Laurent Beijerlinck, chanoine archiprétre de la cathédrale d'Anvers et chef spirituel de la S'-Lucas Gilde, dont nous avons déjà parlé plus haut, nous fournit une preuve éclatante de l'enthousiasme que les Jésuites T Y D DND D n " . H "m . J avaient réussi à faire passer au clergé séculier pour l'antiquité romaine et l'architecture nouvelle. Le champ avait été préparé, du reste, par l'école Érasmienne. Un autre Célèbre chanoine, Jérôme Busleijden « juris utriusque doctor », en célébrant la Paix de Cambrai, ne saluait-il pas la tante de Charles-Quint de cette invo- cation fonciérement hétérodoxe : AD DIVAM MARGARITAM AUGUSTI FILIAM. Dans la large approbation qu'il donne avec une satisfaction visible au livre de Rubens — devançant le jugement de la postérité — Beijerlinck le qualifie déjà « d'Apelles de son siècle » et ne craint pas d'introduire dans là grave formule de la censure eeclésiastique, un véritable sursum corda AUX artistes et, en particulier, aux architectes, en faveur de l'art ilalien...... € Nous n'hésitons pas à engager ceux qui s'occupent d'architecture parmi Nous, de regarder désormais comme un étalon certain pour produire de Nouveaux miracles de l'art, les dessins recueillis par Rubens. » « Omnibus architecturæ cultoribus et admiratoribus ad nova et illustria ? operum miracula patiunda certum VELUT PARADIGMA PROPONATUR. » Ce recueil d'architecture eut trois éditions au XVII? siècle, en 1622, 1652 et 1663, et deux au XVIII? siècle, en 4708 et 1755. La première intitulée : Concept architectural de Rubens au point de vue métaphysique Approbation des réfor mes architecturales de Rubens par la censure ecclésiasti que. Bibliographie du livre des Palais de Gênes Éditions de 1622 et 1652 avées par Corneille Galle. Édifices génois préfé- s des architectes Pala: $ nol Sauli,Laumellino,de Negro et Della Rove- re. Églises : San Am- brogio, San Ciro, Santa Maria de Caz rignano. Édition de 1663 gravée par Nicolas Rijeke- mans. Éditions d'Anvers 1708 et d'Amsterdam et de Leipzig 524 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Palazzi di Genova raccolti e disegnati da Pietro Paolo Rubens, parut le 29 mai 1622 et non en 1613 comme la affirmé par erreur M. Michiels. Elle fut dédiée à « Don Carlo Grimaldi », patricien génois, pour lequel Rubens peignit un Jugement dernier gravé par J. Rosa Spina, conservé de nos jours par le marquis Grimaldi della Pietra. L'édition princeps contenait soixante-sept planches et se vendait 22 flo- rins 45 sous de Brabant (22 guldens 15 stuijvers). Rubens y fait preuve à l’occasion de connaissances intuitives frappantes dans la maniére dont sont rendus les plans, élévations, coupes (taglie) et détails. Outre le paluzzo Grimaldo et l'admirable palais de Don Carlo Doria duc de Tursi (planche LXVII) — DONT LES MOTIFS FURENT SI SOUVENT EMPLOYÉS PAR NOS ARTISTES, de méme que ceux des palais d'Andrea et Nicolo Spinola, de Giacomo et Pantaleo Balbi — nous y remarquerons les habitations princières conçues sur de plus petites proportions d'Ottavio Sauli, de Laumellino, de Giulio della Rovere et d'Oratio de Negro. "armi les monuments publics, citons S. Ambrogio, l'église des PP, Jésuites et les intéressants détails du Maitre-Autel pour lequel Rubens peignit la Circoncision qu'on y voit encore aujourd'hui. Les clochers de Ste-Marie de Carignan, qui fournirent les motifs de la tour des Jésuites d'Anvers; la Chiesa dell Annunziata et celle de San Ciro degli Padri Theatini. Toutes ces gravures étaient de Corneille Galle. Vingl-trois ans aprés la mort de Rubens, Nicolas Rijckemans — connu par ses reproductions du Christ et des apótres du Palais Rospigliosi à Rome — les copia, et ils furent publiés à Anvers par Giacomo Meursio (Jacob de Meurs). La marque de cet imprimeur : une poule qui couve avec la devise : noctu incubando diuque, fut faite d’après un dessin de Rubens. Nous l'avons naguére rencontrée, sculptée en bois, sur la porte d'une vieille maison rue Kipdorp, servant d'atelier de menuiserie. Quarante-cinq années plus tard Henri et Corneille Verdussen réimpri- mérent à Anvers les Palazzi. En 1755, les libraires Arkstée et Merkus firent paraitre à Amsterdam et Leipzig une nouvelle édition avec traduction fran- çaise du texte. Un curieux détail à noter, c'est que les palais de Génes furent, à l'exception SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 525 de quelques-uns, publiés sans les noms des possesseurs et désignés par de simples lettres alphabétiques. Rubens s'est chargé lui-méme de nous expliquer ce singulier parti pris empreint d'une philosophie narquoise : « Non hab- » biamo posti li nomi delli Padroni perche ogni cosa in questo mondo. » Permutat Dominos, et transit in altero jura. « Si come alcuni di questi Palazzi si sono gia alienati dalli primi lori possessori e a due il vero, appresso li disegni non erano nomi, eccetto di due che si sono posti, come io credo per esser notissimi in Strada Nuova. » Que nons traduisons en substance: « A l'exception de deux palais de la » Strada nuova que la richesse de leur architecture fera toujours désigner sous l'appellation de ceux qui les firent élever, nous n'avons pas indiqué les palais de Génes par les noms de leurs propriétaires actuels nous sou- » venant du vieil adage : D ) « Le temps change les maitres et transfère leurs droits. » Rubens avait raison : en inscrivant sur ses planches les noms des pro- priélaires des palais, ces désignations eussent promptement manqué de justesse; elles demeurérent toujours exaetes sous les noms des architectes qui fournirent les plans. L’extrême précision des coupes et des profils et les explications techni- ques de certaines planches nous avaient d'abord fait supposer que Rubens avait eu pour son travail des palais de Gênes la collaboration effective d'un architecte de profession. Rubens, on le sait, parcourut l'Italie en société de Deodato del Monte, astronome, peintre et architecte, qui voyageait aux frais de l'archidue Albert, devint plus tard, à sa recommandation, gentilhomme de la Chambre, peintre et architecte général du due de Nieuburg, et mourut en 1634. Del Monte, en effet, a pu initier son ami Rubens à l'art de lever un plan et aux procédés du dessin mathématique; nous savons que l'Anversois lui apprit à peindre. Il est à peu prés certain que del Monte exécuta quelques relevés, de méme que nous admettons volontiers que parmi les cent trente-neuf planches dont Tome XXXIX. 42 Philosophie narquoise de Rubens dans la no- menclature des Pala génois. Collaborateurs présu més du livre de Ru à de leur part effective de partici- pation Nouveau recueil des hlié, M. P. s de ónes pu- en 1818, par Gauthier, 526 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE se compose le recueil complet des Palazzi antichi et des Palazzi moderni réunis dans l'édition de 1663, un assez grand nombre de dessins auront élé communiqués à Rubens par ses hôtes les patriciens génois. Ceux-ci devaient, pour la plupart, se trouver encore en possession des plans primitifs de leurs palais tracés de la main des architectes célèbres qui les élevèrent. Ces épures furent copiées sur place ou par Rubens lui-même, ou sous ses yeux mais avec le contrôle général de sa correction souveraine, comme d'ailleurs il entendit toujours la collaboration picturale de ses principaux élèves. A cause surtout de ses visées secrétes, Rubens ne pouvait se borner au róle des éditeurs; étrangers le plus souvent aux publications dont ils se constituent les parrains. En relevant d'enthousiasme les constructions d'Alessi qui provoquérent sa verve l'initiateur entrevoyait la portée esthétique réservé à son œuvre. Dans ce but Rubens mit à profit tous les moyens dont il disposait, demandant à la fois à la collaboration de Del Monte et d'autres artistes peut-être, mais surtout à la gracieuse libéralité des patriciens génois les éléments néces- saires pour arrondir le faiseeau de ses exemples et leur donner assez de puissance pour faire école aux Pays-Bas en démodant les antiques traditions des maîtres-ès-œuvres. Certaines coupes dont les lignes de terre se trouvent juxtaposées d'une facon archaïque qui rappelle les plans des maitres de l'école ogivale, la naiveté de quelques développements, ne peuvent être que le fait d'un artiste qui sait rendre ce qu'il voit, mais ne posséde pas encore à fond les errements con- venlionnels. Certaines inconséquences dans les proportions des cheminées et des escaliers, détails locaux que Rubens n'apprit que plus tard à spécifier en bâtissant lui-même, établissent clairement pour nous dans un trés-grand nombre de planches non-seulement l'absence de toute collaboration, mais de tous conseils ou corrections d'un spécialiste. Nous entrons à dessein dans une discussion approfondie sur ce point; parce qu'un artiste francais, M. P. Gauthier, ancien pensionnaire d'archi- tecture du roi Louis XVIII publia, en 4848, un recueil des édifices de Gènes — compris et rendus avec les préjugés de style du premier Empire — où il donne, en particulier, gravés au trait, les palais Durazzo, Balbi, Brignole, Mare, Raggio, Carega, Tursi, Doria et la loge des banquiers (Albergo de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 527 gli pauperi). Remarquons, au préalable, que les plus beaux types d'Alessi ont élé négligés à dessein par M. Gauthier, dont ils offusquaient sans doute la propension décidée par les ordonnances ultra-classiques. On trouve dans la préface de cet artiste français les incroyables hérésies artistiques suivantes qu'il était de notre devoir de consigner ici pour venger Rubens des accusations indignes écloses des préjugés de l'élève de Percier et Fontaine, plagiaires officiels des Romains pour flatter Bonaparte. « On n'a encore rien publié de satisfaisant sur ce beau pays, « dit » M. Gauthier, » il n'existe jusqu'à présent qu'un ancien et seul ouvrage » dis sous le nom, parce que bien qu'on puisse étre grand peintre sans étre » architecte, j'aime à croire que si le travail eùt été fait par Rubens, il » aurait au moins donné la figure exacte des modéles qu'il avait sous les » yeux. L'insuffisance, pour ne pas dire la nullité de cet ouvrage, est trop » évidente aux yeux de tous les artistes qui connaissent Génes pour que je » m'attache à la démontrer, ete. » On ne saurait entasser, en quelques lignes, tant de preuves de la déplo- rable infériorité artistique de l'époque « Impériale » et du manque complet d'érudition bibliographique de M. Gauthier. Nous avons eité plus haut la lettre autographe de la collection Ter Brug- gen, en date du 49 juin 1622, où Rubens informe l'avocat Pierre van Veen de l'apparition prochaine du Livre d'architecture des plus beaux palais de Génes , au sujet duquel il se déclare heureux de recevoir l'avis du frére de son ancien maitre. Tout à l'heure, nous avons établi la valeur de paternité et d'initiative personnelle que l'on doit justement attribuer à Rubens dans cette publication ; quant au succès de l'ouvrage, nous venons de voir que le Recueil des palais de Gênes eut trois éditions successives au XVII: siècle et deux au XVIII* siècle, preuve certaine qu'il était apprécié par les artistes d’une époque placée dans l'histoire de l'art par tous les esthéticiens bien au-dessus du déplorable règne du style de l'Empire et de la Restauration. L'architecte français qui admet, avec tant de commisération, que l'on puisse étre grand peintre sans étre pour cela architecte de mérite, ignorait-il du succes du livre de Rubens. Succès du livre des Pa- lais de Gênes, plus d'un siècle après la mort de Rubens. Édition d'Ar Merkus dam et L a en 1708. En 1755 parut chez Arkstee et Merkus à Amsterdam et Leipzig 528 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE done que Rubens avait conçu les Ares de triomphe de l'entrée du Cardinal- Infant à Anvers et fait exécuter sous sa direction les embellissements de sa demeure avec le pavillon et le portique à triples arcades, prototype des Pro- pylées de l'abbaye de S'-Michel? Nous admettons volontiers que M. Gauthier soit plus exact, géométrale- ment parlant, mais c'est la lettre et non l'esprit du modèle, le corps dont l'âme est absente; ses sèches copies, mesurées à quelques millimètres près, squelettes décharnés d'œuvres plantureuses et exubérantes, constituent à peine un reflet affaibli de l'esprit des maitres de la seconde époque de la Renaissance. Nous avons déjà dit que M. Gauthier s’est uniquement attaché aux types les plus académiques négligeant à dessein les façades pittoresques et « architecturées » . La chaleur d'imagination si caractéristique de la Renais- sance a été parfaitement rendue par Rubens qui en était tout. pénétré lui- méme. Ajoutons que Corneille Galle et Nicolas Reijckmans l'ont mise glo- rieusement en relief dans des eaux-fortes, qui traduisent les dessins avec toute la verve de l'école flamande. Les connaisseurs mettront toujours ces pages, imprégnées du grand souffle artistique du XVII siècle, en dépit d'une maniére un peu rude mais vivante et colorée, bien au-dessus des égratignures capillaires, minutieusement compassées de M. Gauthier. Vingt-trois ans aprés la mort de Rubens, on réimprimait les Palais de Génes; le XVIII* siécle vit éclore un nouveau tirage chez Verdussen à Anvers, une nouvelle édition dont l'avis au lecteur est précieux à noter : « L'ouvrage » de feu P. P. Rubens sur l'architecture étant devenu si rare que les curieux le » chercheroient inutilement, on ne doute point qu'ils ne voient avec plaisir » une troisiéme édition. Pour la rendre plus intéressante, on y a ajouté un » abrégé de la vie de l'auteur avec un tableau peint par le célèbre van Dijck » et gravé par Paul Pontius; on a fait traduire de l'italien l'épitre dédicatoire » à M. Charles Grimaldi et la préface de l'auteur. On ma d'ailleurs rien épar- » gné pour rendre cette édition de beaucoup préférable aux deux éditions » précédentes. » Ce texte est concluant et s'il fut de bonne foi, le manque radical d'érudition de M. Gauthier n'en reste pas moins avéré. A l'heure ou nous écrivons, un éditeur francais annonce une édition moderne des Palais SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 329 de Gênes de Rubens. Qui songe, aprés cinquante-trois ans, à tirer de l'oubli l’œuvre de l'architecte francais , pensionnaire de S. M. le roi Louis XVIII? une non-valeur en librairie. Nous dirons en nous résumant, et comme corollaire à tout ce qui précède que le livre des Palais de Gênes, qui eut un si grand retentissement et une si grande influence sur l'architecture dans les Pays-Bas , est une des preuves les plus sérieuses des visées esthétiques de Rubens et de l'ascendant qu'il voulut prendre et continua d'exercer toute sa vie sur l'art architectural de son temps. On ne saurait lui dénier l'ordonnance architeetonique de sa maison d'Anvers avee ses dépendances, le fameux Portique et le Pavillon ont servi de théme et d'encadrement à bon nombre de scénes dont Rubens est le héros. L'aspect primitif nous en a été conservé dans l'une des deux planches gravées au XVIII? siècle par les soins de son arrière-petit-fils, le chanoine Hillewerve. N'oublions pas ici, parmi les compositions architecturales qui reviennent absolument à Rubens, les compositions de retables d'autels formant l'enca- drement de ses toiles, genre dans lequel Montano et Radij, Ciro Ferri et plus tard Francesco Bodeschini (1682) ont spécialement brillé en Italie. Le maitre-autel. de l'église du Gesû à Gènes lui servit d'étalon et Rubens en àpporta la mode chez nous, comme aussi de ce genre particulier d'orfévrerie repoussée, aux formes larges et brillantes, dont Giacomo Laurentiani a édité à Rome un recueil, apporté aux Pays-Bas par les Jésuites, intitulé : Opere per argentieri. Les fonds d'architecture de bon nombre de ses compositions sont aussi trés-uliles à étudier pour établir sa maniére; signalons surtout, à ce point de Vue, la Galerie de Médicis, et parmi les tableaux qui la composent, celui du Départ de Henri IV pour la guerre d'Allemagne, où se voit au fond le motif typique du pavillon d'Anvers; la colonne torsée de l'Apothéose du roi, objet des prédilections du maitre et de son école si chère plus tard au cavalier Bernin, et qu'on appelle, à si bon droit, POrdre Rubens. Remarquons dans la même galerie la décoration de la barque, symbolisant le Gouver- nement du royaume donné par Marie de Médicis à Louis XIII; le fond d'architecture de l'épisode : La Reine prend le parti de la Paix — nous Retables d'autels. Étoffages architeetu- raux des composi- tions picturales. Porte de l'Escaut à Anvers, 1624. Propylées ou portiques de l’abbaye deSt-Mi- chel à Anvers. 350 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE y avons relevé antérieurement le singulier rapprochement de Mercure, traitant de puissance à puissance avec deux cardinaux — dont les pilastres décorés d'arabesques, dans le genre de Mitelli, sont remarquables à la fois comme originalité et comme style, finalement, le Temple de la Conclusion de la Paix, d'ordre ionique moderne du type de Scamozzi ou de Michel- Ange, aux moulures nettement accusées, à la masse dessinée avec le soucis de produire l'impression du vrai matériel et de justifier la possibilité d'exé- cution qui, une fois de plus encore, dénote chez Rubens une connaissance intime des règles de l'art de bâtir. En réunissant tous ces éléments, positifs, non controversés, et dont la 5 paternité appartient tout entière à l'artiste, on aura des données suffisantes pour apprécier le génie architectural, la façon dont Rubens envisagea et rendit le style de la décadence italienne, les motifs de prédilection du maitre, de ses éléves, de ses émules, des imitateurs intelligents, voire méme des plagiaires éhontés du prince de l'école flamande. Rangeons également parmi les constructions dont on peut attribuer la paternité à Rubens, la Porte de l'Escaut, qui rappelle, mais sans bonheur, la masse de l'ordonnance de quelques-uns de ses Ares de triomphe, et semble avec ses bossages striant uniformément toute la façade, une réminiscence de la Porte des Jardins Farnése ou du Luxembourg de Marie de Médicis. érigée en 1624, en l'honneur du roi Philippe IV, cette porte présente une double ordonnance. A l'intérieur de la ville elle est fermée d'une arcade avec archivolte et pieds-droits, timbrée des armoiries d'Espagne, soutenues par des lions sculptés par Quellijn. L'ordonnance extérieure est un véritable Are de triomphe d'ordre dorique à refends surmontés d'un attique à pilastres, égale- ment refendus, timbrée d'une console d'amortissement assez simple. Tout cela forme l'eneadrement plantureux de la personnification colossale de l'Escaut sculptée par Quellijn, tenant d'une main une corne d'abondance et s'appuyant de l'autre sur une urne qui s'épanche. Nous serions tout disposé, aprés l'étude approfondie que nous en avons faite, d'attribuer à Rubens les Propylées ou Portiques de l'abbaye de S'-Michel, cette hôtellerie des suzerains et augustes visiteurs de la Venise du Nord. Chacun sait que Rubens, inconsolable de la mort de sa mère, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 551 s’enferma dans le couvent des Norbertins de l'abbaye St-Michel, où il se livra tout entier à son affliction; ce ne fut qu'après de longs mois passés dans cette douloureuse retraite que l'amour de l'art reprit accès sur son cœur et qu'il songen à revoir l'Italie. Aprés le violent incendie qui détruisit, en 1620, le couvent de l’église St-Michel, l'abbé Mathieu Irselius commença à relever les bâtiments ruinés. Jean-Christophe van der Sterre continua les travaux, ee fut lui qui éleva ces Propylées dont, eu égard à la similitude singulière de parti pris décoratif, dans la masse et les détails, avec le portique encore existant de son ancienne S demeure, nous n'hésitons pas à attribuer le dessin à Rubens lui-même. Pendant toute sa vie, le grand artiste entretint des rapports intimes avec les Prémontrés de l'abbaye de S'-Michel; il est donc tout naturel d'admettre — s'il n'en a pas dirigé la construction — qu'il fit pour ces religieux un dessin des Propylées de la rue du Couvent qu'ils songeaient à rebâtir. Tout, d’ailleurs, dans cette composition, reflète les motifs favoris et la manière brillante et plantureuse de l'architecte des Ares de triomphe de l'Entrée de Ferdinand. Nous pouvons encore y joindre l'ordonnance du retable du maitre-autel de l'église de Notre-Dame de la Chapelle, à Bruxelles, qui enca- drait jadis son tableau de l'Assomption, vendu à l'Électeur de Bavière et remplacé par une copie aprés le bombardement de 1695. Sous prétexte de similitude de style le retable Rubens a été transféré — depuis la restauration archéologique du chœur romano-ogival de l'église de la Chapelle — dans la nouvelle église de S'-Josse-ten-Noode. Nous eroyons que Rubens n'est pas l'auteur des plans de la maison portant le n° 9 de la rue de l'Empereur, à Anvers, dont le remarquable couronnement de porte, dû au ciseau de Quellijn, représente deux chevaux marins montés Par des hommes vigoureux semblant vouloir se ruer l'un sur l'autre. Cette maison porte la date de 1647 sur la facade et de 1649 dans la cour. Comme celle de la corporation des menuisiers (41644) proche Notre-Dame et celle de la rue des Claires elle est, à tout prendre, évidemment inspirée de sa maniére. ll en est de méme de la charmante guérite sur le bastion de la porte S'-Georges portant le millésime de 1699, et de la maison à gable de la rue des Fagots, de celle de la rue des Princes, des deux remarquables portails ylées avec le Porti- que du jardin de l'hótel Rubens. Retable du maitre-au - tel de N.-D. de la Chapelleà Bruxelles. Maisons dela rue de M res à Anvers, Guérite du bastion St-Georges. Maisons rue des Fagots et rue des Princes. Portails de la rue aux Fromages. Façade rue du Trèfle, Anvers. Facade du couvent de Jéricho. Maison de la Balance Grand'Place, à Bru- xelles. Autel des Reliques à St-Gudule. Maitre-autel du grand chœur de Stt-Gudule HISTOIRE DE LI '"LUENCE ITALIENNE de la rue au Fromage, présentant un motif affectionné par Francquart et plus tard par Faid'herbe : « l'abat-jour » ; la facade de la rue du Trèfle enfin, qui porte la date effective de 1663. Constatons pourtant que ces édifices anver- sois, faussement attribués à Rubens, sont cependant nés de l'influence directe de sa manière architecturale. Quant à la charmante façade, par malheur démolie, du couvent de Jéricho, à Bruxelles, elle rappelle trop la manière un peu sèche des portiques de Francquart — si nous en croyons un bon dessin du XVII siècle que nous avons sous les yeux -— pour être véritablement de Rubens. La fameuse maison de la Balance, avec ses deux nègres soutenant un balcon, sur la Grand'Place à Bruxelles est plutòt du style de Mercx, van Heil; Cortvrient ou même de De Bruyn. Quant à l'autel dit des Reliques à l’église S'-Gudule, dans l'hypothèse méme qu'un acte authentique serait produit qui en affectàt la paternité à Rubens, cela ne pourrait ajouter que peu de chose à sa gloire, ni mettre mieux en lumiére ses admirables facultés décoratives. Le souci puéril qu'affectent certains écrivains plus archivistes et paléo- graphes qu'esthéticiens et critiques, de chercher à établir la paternité de certaines œuvres purement accessoires, indignes méme parfois de l'artiste , œuvre de jeunesse ou de sénilité, n'apporte rien à l'histoire de l'art et n'étend pas nos connaissances artistiques. Par contre, nous comprenons des recherches patientes, longues, acharnées , quand il s'agit d'un de ces chefs- d'œuvre anonymes qui sont des jalons de l'avénement et du progrès d'un nouveau style. Nous voulons parler de la Cheminée du Franc de Bruges, du Portail d'Audenarde et du Tabernacle de Léau. Quant à Rubens, il n'y a de controversé dans son œuvre architecturale et décorative que l'attribution des quelques travaux accessoires que nous avons énumérés et qui, en définitive, restent acquis à l'influence de ses prédilections. D'autres attributions sont aujourd'hui officiellement démenties. Jusqu'à la fin du XVIII* siécle, on mit à l'avoir de Rubens les dessins de l'autel de marbre du grand chœur de S^-Gudule, que les comptes de la Fabrique nous appren- nent avoir été construit en 1620 sur les dessins de l'architecte Pierre de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 335 Doncker. Il en a été de méme au sujet des compositions étoffées d'architec- ture des vitraux du chœur de la Vierge de la méme église, attribués officiel- lement pendant plus d'un siéele à Rubens, jusqu'à ce qu'au mois de juillet 1777 on en découvrit sous les combles les cartons originaux signés : « Joannes De La Baer, Antverpiensis pictor, designatis a Theodoro van Thulden, anno 1656, habitante Sylvæducis. » Les cartons de ces vitraux, imputés au maitre, se trouvaient en réalité l'œuvre de l'un de ses plus méri- lants élèves. Ici, avouons-le franchement, l'attribution était plausible, la méprise excusable. Nous avons étudié plus d'une fois ces riches fonds d'architecture coloriés de van Thulden, qui ressuscitaient pour nous, avec tous les charmes du pinceau magique du maitre, les Ares de Triomphe d'Anvers, et le résultat de cette étude avait été la conviction qu'ils n'eussent pas été indignes de Rubens. Van Thulden, au reste, s'assimila étroitement la manière architec- turale rubénienne; ce fut lui, on le sait, qui seconda puissamment Rubens dans la peinture des décors et grava ensuite les planches des ares de triomphe de l'Entrée du Cardinal-Infant. Des écrivains francais du XVII* siècle ont attribué à Rubens le dessin de la fontaine de la grande allée du Luxembourg. L'attitude toute flamande des fleuves, bien plus que le style général de l'ornementation et particulièrement des cartouches, dont la maigreur rentre à l'évidence dans la manière un peu Mesquine de De Brosse, aura seule provoqué cette attribution. Mais si cette architecture révèle des tendances étrangères, que l'on veuille bien ne pas oublier qu'à la fin du régne de Henri IV et pendant celui de Louis XIII , l'école francaise subit à la fois l'influence des Italiens et des Flamands, influence qui est facilement appréciable dans les œuvres de Marot, de Berain €t de Le Peautre. En définitive cette erreur nous permet de constater une fois de plus que l'on rapportait à Rubens, méme en France, la paternité d'œuvres architecturales. Reste finalement la maison Éliat, rue Neuve, à Bruxelles. Jadis habitée par Albert Rubens , fils de l'artiste, secrétaire du Conseil privé et numismate, Celle maison a gardé quelques-unes des dispositions des grandes demeures Palriciennes du XVI: siécle. Son porche d'entrée appartient, d’après la con- Tome XXXIX. 45 Fontaine de la grande ée d allée du Luxembourg à Paris. Maison Éliat rue Neuve à Bruxelles. Le Hôtel Tour et Taxis, au Sablon à Bruxel- les. recteur François d'Aguillon de Brux- elles , et l'égliso des Jésuites d'Anvers. 1615. 354 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE figuration et le type des arabesques de ses consoles, au style de Vredeman De Vries. Les fenêtres du premier étage ont, au contraire, — peut-être là l'origine de l'attribution — une incontestable ressemblance avec celles de la maison de l'artiste, à Anvers, figurée sur l'une des planches de Harrewijn. Cette ressemblance se retrouve encore aux fenêtres que l'on peut voir encore aujourd'hui au-dessus des arcades de la cour du Conservatoire royal de musique, ancien hôtel de Tour et Taxis. Y a-t-il eu reconstruction partielle, Rubens en est-il l'auteur? Nous affirmons que la partie inférieure ou porche ne peut étre de lui et se rapporte au style qui régna chez nous de 1550 à 1600. Quant à l'encadrement des fenêtres du premier étage et aux pignons, il y a entre le type authentique de l'habitation de Rubens à Anvers et l'hôtel Éliat une identité de motifs fort remarquable que nous tenons à enregistrer. Il ne s'ensuit pas rigoureusement que Rubens en soit l'auteur, car tout autre architecte partageant l'engouement qui avait saisi nos bâtisseurs pour son style el sa maniére, a bien pu reproduire à Bruxelles, dans la recon- struction ou l'agrandissement que l'on fit au commencement du XVIe siècle de la maison Éliat, l'un des motifs de l'habitation du grand peintre anversois bien connue des artistes de son temps. Abordons actuellement le plus considérable des points controversés. Nous croyons que si Rubens ne fut pas l'auteur, il entra pour une part notable de collaboration dans l'ordonnance de la facade de l'église des Jésuites d'Anvers. La tradition lui attribua longtemps l’œuvre entière; l'assertion du bollan- diste Henschenius dans le premier volume de Mars, page 24, des Acta Sancto- rum, vint jeter le premier doute par ces paroles : « Habet Antverpia Societas » Jesus ad Domum professam , ut vocamus, templum magnificum ligustico marmore ædificatum cujus specimen secundum Vitruvianas præceptiones delineavit et fundamenta fecit Pater Aguillon , rector postremus collegii. » C'est-à-dire: « La Maison professe de notre Compagnie à Anvers, possède » un temple magnifique revêtu de marbre de Ligurie, bâti d’après les pré- ceptes de Vitruve sur les plans et sous la direction du Père d'Aguillon son dernier Recteur. » Il est assez curieux de voir rapporter aux préceptes de Vitruve une façade SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. en pur style borrominien criblée de petites niches, de fenêtres à chambranles lourmentés, de rinceaux, de cartouches, festons, coquilles, métopes sculptées, emblémes, amortissements et torchéres. Nous croyons, aprés une longue étude et de particulières observations faites sur le monument lui-même, être parvenu à donner aux deux artistes la part de collaboration qui leur revient dans l'édifice, et à débrouiller à peu prés l'œuvre de Rubens de celle du P. Francois d'Aguillon , jésuite bruxellois et architecte-amateur. Nous avons déjà fait ressortir que le maitre anversois ne s'est jamais sérieusement inquiété de la manière des maitres classiques de la Renaissance, et enveloppa, dans une égale indifférence, Palladio, Peruzzi et Bramante. Le P. d'Aguillon, au contraire, était un puriste passionné pour le siécle de Léon X; il lisait assidüment les préceptes de Vitruve et mettait à profit les doctes lecons de Léon-Baptiste Alberti. Nous n'en voulons pour preuve que la simple et magistrale ordonnance de trente-six colonnes doriques et ioniques en marbre de Carrare, placées en deux rangs superposés formant galerie, et partageant la hauteur des basses nefs de l'église, disposée en vue, sans doute, d'une prédilection archéologique du P. d'Aguillon, d’après le plan caraetéristique des anciennes Basiliques romaines. Voilà une ordonnance qui vérifierait le jugement d'Henschenius, démenti si crûment par la facade; ce sont bien les Vitruviana precepta. dont parle le docte bollandiste, qui ont présidé à l'élaboration du travail de ce superbe Vaisseau. Nous trouvons, à part cela, l'influence de Palladio et de l'étude des easins des bords de la Brenta, dans la gracieuse tour placée derriére le chœur, Ce remarquable campanile, le plus beau clocher renaissance que l’on puisse ' ] I IT Voir dans toute l'étendue des Pays-Bas, se compose d'un soubassement rus- tique sur un plan quadrangulaire. La première ordonnance d'architecture est dorique, striée de bandes en bossages et suit le plan de l'assise inférieure. La Seconde, d'ordre ionique sur le méme tracé, est entourée d'une grande balustrade à balcons saillants portés sur des consoles. La troisième d'ordre corinthien sur un plan circulaire percée diamétralement d'une de ces fenétres caractéristique à cintre central accompagné de plates bandes étoffées d'un ordre nain, qu'affectionnait Palladio que l'on voyait encore à la facade de Dualité de style dans l'ordonnance de l'é difice : Façade Borrominienne. Plan classique imité des Basilice romane. italien pur du ampanile. a- les Jésuites. 19 Amortissement : Are de Philippe. l'Infante Isabelle. 5» Porte centrale : 3 Portes latérales : Are de l'apothéose de Arc de Ferdinand, HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 556 l'hôtel Granvelle, et qu'employa, de préférence, la renaissance anglaise au temps d'Inigo Jones, de Gibbs et de Lord Burlington. Cette tour, construite comme le grand portail en pierres blanches et bleues et surmontée d'une calotte sphérique, est à la fois comme silhouette et comme détails le spécimen le plus pur et le mieux réussi que l'étude de l'art italien ait inspiré à nos artistes. Ce morceau fait honneur au P. Aguillon, auquel nous l'atwibuons sans réserve. Il y a là des éléments romano-vénitiens, et rien de plus; c'est l’œuvre du recteur jésuite qui voit l'art à travers l'idéal de la maison Professe de Rome. L'ordonnance intérieure est encore bien de lui; c'est un tout indivisible, en connexion intime avec l'esprit architectonique du campanile. Quant à la facade, c'est différent; car, si on lui en déniait la paternité, il faudrait admettre que dans ses Arcs de triomphe, Rubens se soit inspiré des motifs et aie parfois pastiché le P. d'Aguillon. Cette hypothése tombe d'elle- méme par la concordance du cachet personnel qu'offrent les éléments de la facade en question avec les motifs de prédilection de Rubens, si vaillamment emmanchés dans les grandes ordonnances de ses décors des cérémonies de l'entrée à Anvers du Cardinal-Infant, Pour avoir deux points de comparaison de méme nature, prenons, par exemple, la planche représentant la facade de l'église des Jésuites, qui se trouve dans le Marchionatus Sacri Imperii du baron Le Roy de Brouchem, et met- tons-la en regard des diverses compositions du livre des Arcs de triomphe. Ces compositions rivales, rendues par des burins contemporains portant le cachet et le faire matériel d'une méme école, rendront l'identité des motifs plus frappante; au reste l'édifice est encore debout et une comparaison mi- nulieuse des plus faciles. 1° L'amortissement à têtes d'anges et à torchéres est d'un type identique avec celui que nous voyons à l'Arc de Philippe (pl. XXIV). 2° Les deux portes latérales sont de la méme famille que celles qui figurent au centre de l'Arc représentant l'apothéose de l'Infante Isabelle (pl. XXIV). 3° La porte centrale se retrouve avec ses éléments caractéristiques e! l'ordonnance dorique qui l'encadre dans la face antérieure de l'Arc de Ferdi- nand (pl. XXVI). SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS -BAS. 337 4° Les fenétres du premier étage avec leurs frontons cantonnés de con- soles trop gréles, leurs linteaux quelque peu écrasés et leurs tridacles, pitto- resques coquilles échancrées du même motif que la porte du Temple de Janus, érigé au Marché au Lait, et les niches de l'ordonnance de la coupole qui la surmonte (pl. XXX). surmontant des masques barbus, sont parties 5° La fenêtre supérieure, au-dessus des armoiries de la Société de Jésus, porte un amorlissement à buste absolument conforme comme lignes et comme agencement, avec ceux qui figurent aux deux faces de l'Arc de Ferdinand (pl. XXVI et XXVII) et du rez-de-chaussée de l'atelier de l'artiste à droite du grand portique du jardin. 6^ Les balustres qui se voient dans toute la facade sont du galbe de ceux que Rubens affectionnait, et qu'on retrouve presque sur chacune des planches du livre des Arcs de triomphe, et les cartouches sont bien du type de celui qui entoure le portrait du Cardinal-Infant dans la célèbre planche du char commémoratif de la victoire de Calloo. Ajoutons à celà que les métopes comprises entre les triglypes de l'ordre dorique inférieur — au lieu de peltes, d’anciles, de patéres ou de bucrânes — portent. d'ingénieux emblèmes ecclésiastiques, tels que les affectionnaient Rubens. On sail qu'il mettait à contribution la science épigraphique et sym- bolique de son savant ami et collaborateur Gevartius, chaque fois qu'il s'agis- sait de chronogrammes, d’acrostiches, d'inscriptions lapidaires ou de distiques latins, Ces futiles jeux d'esprit. d'origine italienne dont l'engouement nous est attesté par les Libri amicorum de l'époque. Cette manie symbolique alla jusqu'à faire préférer par Charles - Quint les mythologiques Colonnes d Her- cule à l'aigle aux rostres germinés et nimbés du Sacri Romani Imperii. Par des raisons d'identité de style analogues à celles qui précédent, nous croyons pouvoir admettre sans restriction la tradition qui attribue à Rubens le dessin de la chapelle de la Vierge dans la méme église, due à la munifi- cence de la famille Colijns de Nole d'Anvers, et qui nous donne encore aujourd'hui une parfaite idée de ce qu'était l'église des Jésuites avant la catastrophe de 4713. Nous croyons également que la décoration du chœur €l le maitre-autel ont été faits sur les plans de Rubens; une esquisse du couronnement de ce dernier se trouve actuellement dane le cabinet de 40 Fenêtres du premier étage : Porte du Temple de Janus. 5? Ajustement de la fo- nétre au-dessus des armoiries des Jésui- les : Arc de Ferdinand. Rez-de-chaussée de l'Hôtel Rubens. Balustres Rubens fournit les plans de la chapelle de la Vierge érigée parla famille Colijns de Nole. Maitre-autel. 538 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Mac Moons van Straelen à Anvers. L'artiste dessinait d'ordinaire les retables servant à encadrer ses compositions, et était trés-judicieux dans le choix de leur polychromie. Relations familièresdo — Cette collaboration d'Aguillon et de Rubens pour l'érection et la décoration suites d'Anvers. de l’église des Jésuites d'Anvers, n'a du reste rien qui doive étonner, l'archi- tecte jésuite et le peintre architecte étaient amis intimes. Au reste, le grand artiste fréquentait habituellement et accordait des préférences marquées aux jésuites, qui houoraient particulièrement le génie de Rubens et lui comman- dérent plus de trente tableaux de chevalet sans compter la décoration com- pléte des plafonds de leur église. Chacun sait que le frère jésuite Daniel Zegers, le célèbre peintre de fleurs, fréquentait l'atelier de Rubens. Il semble hors de doute que le maitre anversois ait encore composé les entourages des compartiments en stuc doré des plafonds des galeries et de la chapelle S'-Ignace. En résumé la collaboration d'Aguillon et de Rubens produisit un édifice magnifique. La décoration relevée des marbres les plus rares et les plus précieux , acheva de rendre l'église de la Maison professe d'Anvers le plus beau temple élevé par la Compagnie de Jésus dans l'univers entier. Incendie de l'église des Par une étrange fatalité, on lesait, le siécle ne jouit pas longtemps de cette œuvre hors ligne qui serait aujourd'hui sans prix. Un vaste incendie consuma entièrement les nefs, en 1748; on les reconstruisit immédiatement sur l'aneien plan, mais en remplacant le marbre par la pierre. Des orne- ments de stuc décorérent la voûte en berceau de la grande nef. Il est assez singulier que, dans la nombreuse et brillante phalange de gra- veurs, qui s'altachérent à reproduire les œuvres de Rubens, nul n'ait songé, de son vivant, à conserver, par la gravure, les plafonds de l'église des Jésuites. La Collection Albertina possède un croquis original de l'un d'eux d le Musée de Vienne une esquisse du panneau : le Sacrifice d'Abraham. Vue intérieure de lé Au Musée de Madrid nous avons rencontré une Vue intérieure de l'église difice avantla catas- trophe, conservé « Loyolite » d'Anvers par un maitre flamand anonyme. Elle manque malheu- reusement de précision comme détails, mais elle nous donne toutefois une idée satisfaisante de l'aspect somptueux et de la valeur décorative de l'en- u Musée de Madrid, semble au point de vue du coloris. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 359 Sept ans avant le funeste incendie qui détruisit ces plafonds, en 1711, un jeune peintre d'Amsterdam, Jacob de Wit, dont l'oncle était un riche négociant en vins du Rhin, à Anvers, vint dans cette ville étudier les tableaux du cabinet renommé de son parent, où brillaient des morceaux de premier ordre de Rubens et de van Dijck. C'est à cette circonstance que nous devons de connaitre les peintures de la voûte de l'église des Jésuites. Durant son séjour à Anvers, Jacob de Wit, qui possédait un talent particu- lier pour dessiner à la sanguine et qui s'était épris du grand maitre flamand, copia les plafonds des galeries de l'église des Jésuites. Dans sa vieillesse, en 1751, il les publia en un recueil de trente-six estampes intitulé : Les Plat- fonds ou les tableaux des galeries de l'église des R. R. P. P. Jésuites d'Anvers, peints par P. P. Rubens, dessinés d'après les véritables originaux par Jacob de Wit, et gravés sur cuivre par Jean Punt, avec privilége des États de Hollande et de West-Friese. Amsterdam, chez Jean Punt, 1754. On peut déduire du fait méme de cette publication, qu'au milieu du XVII" siècle la mémoire de Rubens était particulièrement en honneur et son influence incontestable. A défaut de détails précis sur l'ordonnance décorative de l'église, nous sommes heureux de rapporter un fragment de la préface de J. Punt. « Les fondemens de ce superbe bâtiment furent jettez en 464 4, et en » 1621 ont le vit entiérement achevé. Son enceinte intérieure était de marbre » blanc, à l'exception de ses magnifiques chapelles et de ses autels qui étaient » de pierres trés-rares; entre autres d'un marbre d'Égypte fort extraordinaire, » Sur lequel on eût dit que la nature avait peint ou gravé des rochers, des » paysages et autres singularités; à quoi divers peintres avaient ensuite ajouté » des figures et des histoires relatives. Le maitre-autel était tout de marbre, » de jaspe, de porphyre et d'or; ce qu'il y avait encore de plus remarquable, » e'étaient deux tableaux merveilleux de la main du grand, de l'immortel » Rubens, de qui l'on avait suivi la direction et le plan dans tout l'ouvrage » intérieur de cette église; deux autels accessoires étaient pareillement enri- » chis d'exeellentes productions de son pinceau. Ajoutons à cela les plafonds » des galeries et du portail. » Nous avons, à plusieurs reprises, visité en détail la. maison de Rubens, possédée de nos jours par le chevalier de Bosschaerts. A part le portique Jacob de Wit dessine les plafonds de l'égli- se des Jésuites. 1711. Ilssontgravés par Jean Punt et publi lement en 1751. L'Hótel Rubens à An- vers. 1610. Fausse tradition d'un empiétement de R bens sur le terrain des Arquebusiers. Mince valeur architec tonique dela facade. 340 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE qui séparait le jardin de la cour, la chambre à coucher du peintre et le pittoresque pavillon au fond du jardin ombragé de majestuenx conifères contemporains de l'artiste — où l'on voit encore la table qui lui servait — la propriété divisée en deux parties n'a presque rien gardé de sa distribution primitive. La facade a été complétement modernisée au commencement de ce siécle. Cette habitation, qui comportait une agglomération de plusieurs héritages, fut achetée par l'artiste en 1610; elle était contigüe au jardin du Serment des arquebusiers. On connait les particularités de la prétendue discussion de Rubeus et de la Gilde des Colveniers d'Anvers, à propos de mitoyenneté et d'empiétement de terrain. L'intervention arbitrale de Nicolas Rockox, hoofd- man du Serment des arquebusiers, l'ami de Rubens, n’a aucunement donné naissance au splendide chef-d'œuvre de l'art flamand, la Descente de Croix, qui fait encore aujourd'hui l'honneur et l'orgueil de la cathédrale d'Anvers. Gette commande faite à Rubens fut tout simplement due à l'influence de la dignité de chef-homme (Aoofdinan) du Serment des arquebusiers dont Rockox était revétu comme premier bourgmestre. Nous sommes heureux de pouvoir redresser ici, une fois de plus, une anecdote séculaire tombée devant les ren- seignements authentiques tirés des registres mêmes du Serment et publiés par MM. Rombouts et van Lerius dans le catalogue du Musée d'Anvers. Ces documents prouvent qu'il n'y a eu, à ce propos, ni emprise de bonne foi d'une bande de terrain de la part de Rubens, ni compensalion réclamée du cóté des arquebusiers; mais tout simplement reconstruction, par le maitre ma- con Francois de Craijer, d'un mur mitoyen dont la caducité avait été reconnue et dont le renouvellement fut effectué, à frais communs, suivant coutume. La facade de la maison du grand peintre n'était pas remarquable au point de vue architectural. Elle se composait de tois corps de logis raccordés; dont l'ordonnance n'offrait aucune symétrie. La partie extrême à gauche, qui était la plus ancienne, était encore surmontée d'un gable à gradins orné de six petites tourelles dans le style de ceux de la Chapelle de l'ancienne Cour de Bruxelles, de la Boucherie d'Anvers et de l'hótel du bourgmestre Arnold van Liere, — cité par Albert Dürer dans la relation de son voyage aux Pays-Bas en 1521 — aujourd'hui Hôpital militaire. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 544 C'est à droite de celte première partie que s'élevait la porte cochère de l'habitation. La partie centrale, qui seule avait été rebâtie, n'avait pas d'issue sur la voie publique ; mais le corps de logis occupant l'extrémité droite avait conservé ses issues primitives; une porte bâtarde et deux petites poternes cintrées au centre. Nous pouvons nous faire une idée assez exacte de cette grande habitation historique du XVI: siècle par les deux planches dessinées par J. van Croes et gravées par Harrewijn en 1684 et 1692, alors que l'hôtel Rubens appar- tenait à son petit-fils le chanoine Hillewerve. La première de ces vues représente le portail entre cour et jardin, don- nant accès au pavillon de travail de l'artiste qu'il montre en perspective avec la partie droite de la façade et la cour d'entrée. La seconde montre le pavillon vu latéralement, à gauche et l'aspect général du jardin. Cette planche porte dans sa partie inférieure trois vignettes fort intéressantes, mais sur une échelle trop réduite, montrant 4° la chapelle; 2° la chambre à coucher de l'artiste encore ornée de ses meubles et du lit à baldaquin et où l'on remarque, placé sur la cheminée faisant face au spectateur, le portrait du chanoine Hille- werve; 3 l'ensemble de la facade vers la voie publique. Le portique: séparatif de la cour et du jardin, entièrement dans le goüt de ses Ares de triomphe, comporte trois arcades. L'archivolte de la baie centrale est à pans coupés sans jambes étriéres; — on sait que Rubens affec- tionnait particulièrement ce motif — les écoinçons triangulaires sont occupés par des dauphins. Cette arcade est surmontée d'un œil-de-bœuf circulaire portant à sa partie supérieure une coquille dans le genre de celles que l'on Voit aux fenêtres du Capitole à Rome, et enfermant un buste de Minerve accompagné de deux aigles soutenant de plantureux festons où les fruits débordent. Les arcades semi-cireulaires des deux cótés, dont l'archivolte repose sur une colonne toscane dégagée sous l'imposte comme au palais Granvelle et aux fenêtres « Palladio » , ont leurs écoincons historiés de figures de satyres et de faunesses. Au-dessus de l'architrave à la hauteur de la clef de la grande baie centrale et de chaque cóté de celle-ci, deux petites niches carrées à angles arrondis en quart de cercle présentant un buste antique dont le piédouche s'appuie sur la clef des petites arcades. Toute celte partie inférieure Tome XXXIX. 44 Planches dessinées par van Croes et gra vées par Harrewijn de l'Hôtel Rubens 1684-92, Portique du jardin ac- tuellement encore de bout. Son ordonnance rap- pelle les Entrées des vignes de Rome par Michel-Ange, spire des palais Grimaldi, Mor- sascho et Adorno, à Gênes. 542 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE et l'attique qui la surmonte sont ornées de bossages rappelait à s'y méprendre ceux de la « Vigne » du cardinal Sermonete au pied du Quirinal à Rome. Le fronton en angle obtus présente à son point culminant une aigle bicé- phale supportant un globe, les abouts de ce fronton sont recus par des con- soles à têtes de bélier. L'attique est surmontée d'une balustrade dont les dés d'acrotére, placés aux extrémités, portent des vases de galbe tourmenté s'appuyant sur des têtes d'ange. Les deux dés du milieu, à l'aplomb des colonnes , supportent les statues de Mercure et de Minerve, patriotique rémi- niscence des Zermathenées, rébus flatteur, tristement cher aux Anversois depuis la fermeture de l'Escaut. Toute cette ordonnance est conçue en style italien, et, n'étaient ses pro- portions un peu ramassées, rappellerait à merveille les motifs décorant les Entrées des vignes des prélats et seigneurs romains, et tout particulièrement la porte des jardins Sforza et de la vigne Grimani du dessin de Michel-Ange. Quant à la facade du bâtiment qui s'étend à droite, on voit de prime abord que son ordonnance constitue un travail de replàtrage et d'appropria- tion, et que Rubens aura été gêné par les hauteurs des appartements de l'ancien bâtiment dont il aura voulu conserver les plafonds et les solivages. Le rez-de-chaussée , d'ordre dorique, est évidemment trop bas. Des niches à pans coupés, encadrées de bossages vermiculés et renfermant des bustes antiques, en occupent les trumeàux. La cage d'escalier est éclairée d'une grande verriére en rose à meneaux gironnants dont le type trés-fréquent à Anvers à persisté jusqu'à nos jours. L'étage au-dessus servait de musée au peintre : il est percé de hautes fenétres cintrées, sans meneaux, dont les trumeaux séparatifs sont également ornés de bustes placés sur des consoles en forme de gaines. L'appui du second étage au-dessus de ces fenêtres cintrées est orné d'un bas-relief. L'ordonnance de cet étage, toute de fantaisie, est fort caractéristique grâce à l'originalité de ses encadrements et au type accentué de ses caryatides. Cet ensemble décoratif est évidemment inspiré des palais de Gênes que Rubens avait étudiés et mesurés, et en particulier des façades du palais de Jeronimo Grimaldi, prince de Seraci (pl. XXIV) de celle du marquis Luigi de Morsascho (pl. XXVII) ou bien de celle du seigneur Giovan Battista SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 545 Adorno (pl. XXX). Le motif surmontant le linteau des fenêtres est, chose digne de remarque, déjà signalée plus haut, à peu prés identique avec ceux que l'on voit à Bruxelles à la cour du Conservatoire royal de musique (an- cien hôtel Tour et Taxis) et à la facade de l'hôtel Éliat, rue Neuve. Nous tenons à constater ce fait, qui en sus de la tradition fournirait une similitude architecturale indéniable; remarquons encore une fois cependant que les consoles du balcon de ce méme hótel Éliat appartiennent, par leur forme générale et le style des arabesques qui les couvrent, à la maniére de Vredeman de Vries qui a gravé des motifs similaires dans son « Cahier de Supports de cheminée » . On peut se faire une juste idée des arabesques grasses et nourries de l'époque de Rubens, en étudiant celles dont il a décoré les frises de ses Arcs de triomphe, celles de l'ordonnance ionique de la facade de l'église des Jésuites d'Anvers et celles qu'Arnold Quellijn a sculptées à l'hôtel de ville d'Amsterdam. Ges dernières ont été gravées par son frère Hubert. Les con- soles Rubens, — il les emploie à foison dans ses Arcs de triomphe — affec- tent toujours ces formes callipyges, campanulées, gélatineuses, dont les motifs furent adoptés avec une sorte d'enthousiasme par ses contemporains et ses élèves. On les retrouve avec leurs plantureux développements dans les larges euls-de-lampe des statues d'apótres érigées au XVII? siècle dans les églises de Bruxelles, de Gand et d'Anvers par Du Quesnoy, Faid'herbe, Tobias, van Delen, Mildert et Arnold Quellijn. À travers la porte, placé sous l'ordonnance que nous venons de décrire et donnant accès à l'intérieur de l'habitation, on aperçoit un escalier à rampe formée de riches balustres placés sur un limon plein, dont le champ est décoré d'arabesques. Cet escalier conduisait à un portique ou loge ouverte €n partie, obstrué par une peinture de grande dimension qui, sans raison apparente, coupait assez disgracieusement la partie supérieure de l'arcade centrale et de celle placée à droite. Cette vaste cage d'escalier et cette Loggia constituaient une véritable innovation. Cette ordonnance essentiellement italienne dut étonner aux Pays-Bas à l'époque de sa construction; elle justifie le titre de « palais italien » donné à l'habitation de Rubens par les écrivains contemporains. "Type italien de l'esca lier et dela Loggia. Chambre à coucher et Chapelle. Pavillon du jardin con- servé jusqu'à nos jours. Gable du type flamand judicieusement em- ployé par Rubens, 544 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE La planche gravée en 1692 contient encore une vue de la Chambre à coucher et dela Chapelle dont nous avons déja parlé. Ces deux piéces sont couvertes, la première d'une sorte de voûte en calotte, percée d'oculi; la seconde d’une arcade en berceau comprenant la largeur de la fenêtre et d'une niche en cul de four. Malheureusement, l'échelle excessivement réduite de ces dessins ne permet pas de juger des détails de style de leur . ordonnance. Le lit en baldaquin et les meubles sont en tout semblables à ceux que l'on voit communément dans les habitations du temps, et rappellent les types gravés par De Vries, Crispin De Pas et Abraham Bosse. Le Musée royal de Stockholm (n° 407) contient un précieux tableau attribué à van Dijck représentant le Salone de Rubens. Cette peinture nous donne une juste idée de la richesse de l'ameublement intérieur. Venons à présent au célébre Pavillon de l'artiste : ce petit édicule est formé d'une arcade ouverte reposant de chaque cóté sur un faisceau dyostyle de colonnes doriques en pierre répondant au méme nombre de pilastres, à fûts de briques, assez éloignées pour pouvoir abriter des statues sur piédestaux. Les écoinçons de l’arcade sont occupés par des niches en œil-de-bœuf for- mant médaillon à la face antérieure, et par des trophées d'attributs artistiques aux deux faces en retour d'équerre. Rubens affectionnait beaucoup le motif ^ du buste encadré; il en a mis à profusion tant sur la facade de son hótel d'Anvers que sur les ordonnances de ses Arcs de triomphe. La masse du pavillon est surmontée d'un entablement très-saillant avec consoles aux angles, supportant une haute toiture à quatre pans recouverte d'ardoises. Cette disposition témoigne de l'esprit judicieux de Rubens qui reconnais- sait la nécessité d'employer, au Nord, les gables aigus et les toits élevés. Le peintre a cherché pourtant à diminuer pour la vue l'inconvénient de ce chaperon peu italien en plaçant au-dessus de l'entablement, à plomb sur la grande arcade, une lucarne aveugle, dont la baie en forme de niche surmontée d'une archivolte abrite une statue de jeune homme tenant une corne d'abondanee. Cette. lucarne est précédée d'une balustrade avec con- soles d'amortissement supportant de petites figures. L'arcade entiére est 'antonnée de deux gaines à têtes de jeunes filles coiffées de chapitaux JR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 545 ioniques et raccordée par de grandes consoles enroulées. Le tout est surmonté d'un fronton assez obtus, orné aux angles de deux pots à feu et au centre de deux corbeilles chargées de fruits et de fleurs. A l'heure où nous écrivons, ces derniers détails ont disparu et l'ensemble de l’édicule réclame une res- lauration intelligente. On se fera une idée assez exacte de l'esprit philosophique de Rubens par ces vers — tirés de la satire IX de Juvénal — qu'il avait fait inscrire sur chacune des tables d'architecture placées sous les bustes dont nous venons de parler; on lisait à droite : Permittes ipsis expendere numinibus, quid onveniat nobis, rebus que sit utile nostris....... Carior est illis homo, quam sibi....... « Laissez aux dieux le soin de s'inquiéter de ce qui nous convient, l'homme » s'aime moins qu'ils ne le chérissent. » Et à gauche : Orandum est ut sit mens sana in corpore sano. Fortem posce animum, mortis terrore carentem, Nescial irasci, cupiat nihil....... « Ce qu'il faut désirer par-dessus tout, c'est d’être sain d'esprit et d'avoir » un corps exempt d'infirmités; s'efforcer ensuite d'élever son intelligence, » nes'irriter contre personne et savoir borner ses désirs. » Il est vrai que ces préceptes étaient passablement aisés à mettre en pratique chez un artiste heureux qui mena, durant toute son existence, la « haute Vie » contemporaine. Ce gracieux pavillon semble inspiré de la Porte d'entrée des Jardins Farnése, ordonnée par Vignole et Della Porta, gravée avec beaucoup d'exactitude dans le Livre des Ordres, publié par P. Eudes et Hibon en 1836. Le Musée de Munich posséde un tableau de Rubens qui le représente en pro- menade avec Héléne Fourment dans le jardin de son hótel d'Anvers. Cette habitation vraiment princiére constitua pour l'époque une nouveauté sans précédent comme sans exemple, et les plus grands seigneurs des Esprit philosophique de l'artiste. Inscriptions lapidaires du Pavillon. Parenté de cet édicule H nése à Rome. des pl raux des habitations privées au XVIIe siè- cle. Julie d'Angennes et Mue de Scuderi en France, Anna Roemer Visscher aux Pays-Bas. Déférence de Rubens pour cette femm trée; il lui dédie Suzanne gravée par Vostermans. 546 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Pays-Bas se hátérent d'imiter ce parangon de la high life artistique. De beaux et larges escaliers remplacérent les escaliers raides de l'hótel ogival presque toujours renfermé dans une sorte de tourelle. On rétrécit (comme on peut le voir dans la planche de la chambre à coucher) la largeur des foyers, et le velours ciselé de Gênes, le brocard, le lampas, les cuirs dorés, les glaces, les plafonds de stuc et les pavements de marbre furent bientôt employés aux habitations particuliéres des élus de la fortune. Tallemant des Réaux, dans une galante tirade, fait honneur à Julie ` d'Angennes, la fameuse marquise de Rambouillet, des perfectionnements apportés dans la construction des appartements ` « C'est d'elle », dit-il, » qu'on a appris à mettre les escaliers de cóté pour avoir une grande suite » de chambres, à exhausser les planchers, et à faire les portes haultes et larges » et vis-à-vis les unes des aultres. » Gela ne pouvait être vrai pour la France; tributaire de l'Italie pour tout ce qui touchait aux arts depuis François I‘. L'étude attentive de quelques recueils — ceux de Du Cerceau, par exemple — publiés, à Paris méme, à cette époque suffit pour détruire l'assertion de Tallemant des Réaux. Les Pays-Bas, d'ailleurs, dans le premier tiers du XVII: siècle, pouvaient compler , non sans orgueil, au rang des arbitres de la société intelligente et polie, une femme supérieure sous tous les rapports et bien digne d’être com- parée à Mile de Scuderi ou à Julie d'Angennes. Nous voulons parler de cette fille de l'un des plus riches marchands d'Amsterdam dont la maison devint le Temple des Muses ; Anna Roemer Visscher. Les poétes et les lettrés contem- porains célébrèrent à l'envi ses louanges, non-seulement en néerlandais , mais encore en grec et en latin. Les musiciens faisaient entendre leurs compo- sitions et les artistes exposaient leurs œuvres dans son salotto à l'italienne, el acceptaient ses conseils avec déférence. Rubens lui-même lui dédia sa Chaste Suzanne gravée par Luc Vostermans et fit inscrire au bas de la planche cette dédicace ultra-flatteuse : Lectissime Virgini Annæ Roemer Visscher illus- trie Bataviee Syderi, multarum artium peritissime , Poetius vero studio, supra sexum celebri, rarum hoc Pudicitiæ exemplar Petrus Paulus Rubenus. L. M. D. D. Depuis plus d'un siècle en Italie, en Angleterre et en Espagne, les palais SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 547 et les grands hôtels avaient été convenablement étudiés par les architectes sous le rapport de l'aménagement intérieur; mais ce fut en grande partie sur le type de la maison de Rubens que se modifièrent au XVI” siècle nos grandes habitations princiéres. A part quelques exceptions qu'on a pu lire plus haut, elles demeurèrent, pendant tout le. XVI? siècle, d’une grande simplicité, Tout le luxe architectural se condensait sur le portail de la facade et les arcades du patio. Aprés avoir constaté quelle fut son influence sur l'architecture domestique, il est eurieux de pouvoir prendre sur le vif quelles étaient les idées de Rubens relativement à l'ordonnance d'un corps de logis princier. La cour centrale avec des corps de logis régnant tout autour, constituait pour Rubens le type du Palais princier d'un prince souverain. Sans cette cour centrale — quelque s'il affectait la forme d'un cube solide il grand que füt d'ailleurs l'édifice rentrait dans la catégorie des maisons particulières méme dans le cas où il possédait le typique Salon central, éclairé du haut, que nous, architectes du XIXe siècle, nous appelons encore « salon à l'italienne ». Laissons déve- lopper cette théorie par l'artiste méme, en détachant ces quelques mots préci- Sant ses opinions, extraits de la préface des Palazzi di Genova : « Et pescio. faremo la distinctione di questa maniera, che chiamaremo » Palazzo di un principe assoluto, quello che havera il cortile in mezzo et » la fabrica tutta attorno, di capacita compitente ad allogiar una corte: et in » contrarro sara detto da noi, Palazzo o casa privata, pur grande e bella » eh'ella si fia, quelle che harira la forma di un eubosolido con Salone in » mezzo overo repartito in appartamenti contigui sensa luce fra mezzo, come » sono lo maggior parte tutti li Palazzi Genovesi. » C'est-à-dire : « Nous établirons par conséquent cette distinction typique. Nous appellerons palais d'un prince souverain celui qui comportera un espace découvert entouré de bâtiments d'une étendue suffisante pour loger les familiers de la Cour. Nous comprendrons sous le nom de « Palais » l'habi- lation. particulière — abstraction faite de son étendue dont la masse forme le cube plein formé d'appartements contigus éclairés par les faces extérieures avec ou sans salon central. Cette dernière disposition constitue le plan ordi- naire des palais de Gênes. » Théorie de Rubens sur la disposition des plans des édifices privés. Distinction et en- tre un Palais prin cier et un Hôtel pa tricien. Ares de triomphe de l'Entrée de Ferdi- nand d'Autriche. 15 avril 167 Maladie de Rubens et courtoisie de Ferdi- nand à l'égard de l'ar- liste valétudinaire, Supériorité des déco- rations rubéniennes mises en parallele avec les œuvres de Galli Bibbiena, Poz- zo, Guarini et Ser- vandoni. 318 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Lorsque Rubens entreprit les compositions décoratives des fêtes que la ville d'Anvers se proposait de donner pour la Joyeuse Entrée du Cardinal-Infant, il avait atteint l'apogée de son talent et de sa gloire. Les magistrats éclairés de la métropole commerciale, dont le texte de Gevartius nous a conservé les noms, en confiant ce travail à leur artiste de prédilection, l'honneur de la ville d'Anvers, lui donnèrent carte blanche pour le concevoir et, en dépit du malheur des temps, des carolus d'or à discrétion pour le réaliser. Déjà travaillé dela goutte, Rubens ne put assister à la solennité inaugurale que son génie avait rendue si brillante et qui eut lieu le 15 avril 1635. Au début méme de la cérémonie, parcourant d'un œil inquiet son brillant entou- rage, Ferdinand d'Autriche eut le bon goüt de s'apercevoir de l'absence de Rubens. Il en témoigna à plusieurs reprises son désappointement et ses regrets; apprenant son état valétudinaire, il alla le lendemain, en personne, lui témoigner chaleureusement son entiére satisfaction. La visite courtoise et spontanée du Cardinal-Infant forme un épisode caractéristique de cette brillante époque de l'art flamand, aussi féconde en véritables grands seigneurs qu'en artistes de génie. Si l'on feuillette attentivement les pages superbes de la Pompa introitus, on arrive à placer Rubens bien au-dessus de Galli Bibbiena, de Pozzo, de Guarini, de Servandoni, ces vertigineux décorateurs italiens dont les concep- lions architecturales atteignirent bien souvent le sublime. Cinq ans plus tard, le 30 mai 1640, Rubens succombait au mal qui le minait depuis longtemps; en parcourant ces pages d'une si extraordinaire maëstria, on croit entendre le chant du cygne d'une des plus grandes organi- sations artistiques dont l'histoire de l'art ait gardé la mémoire. Parfois, en étudiant avec amour les eaux-fortes de l'Entrée du Prince Cardinal, ou laissant aller notre imagination devant les esquisses du Musée d'Anvers, il nous semblait voir, dans la chaise roulante qn'il s'était fait con- struire pour ne pas être réduit à une complète inaction, pendant les terribles étreintes de sa maladie, Rubens dirigeant de la voix et du pinceau le travail de van Thulden, son élève favori. Ce fut à ce fidèle des derniers jours qu'était réservé l'honneur de conserver pour la postérité ces effluves éphémères du génie rubénien, dans les admirables planches que nous avons sous les yeux. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 349 On a peine, en les parcourant, à supposer qu'elles sont nées de l'inspiration d'un artiste travaillé de douleurs sciatiques, tant il y a de jeunesse, d'exubé- rance, d'enthousiasme, de séve dans ces improvisations. Le titre de la Pompa introitus est, à lui seul, un chef-d'œuvre de verve et de crânerie d'allures. Mars et la Victoire d'un côté, Mercure et la Paix de l'autre, figures d'un faire et d'une largeur dignes des meilleurs temps du maitre, cantonnent une table d'architecture au galbe franchement italien, Servant de soubassement à une sorte de tympan en attique enfermant à la fois les trois membres d'une ordonnance, corniche, frise et architrave. Ce lympan, orné d'un bas-relief dont le sujet est Philippe IV déléguant le Pouvoir, figuré par le bâton de commandement, à Ferdinand d'Autriche, est timbré d'un médaillon encadré de cornucopes d’où jaillissent des épis, des joyaux et des perles. Le buste du roi d'Espagne, bas-relief de profil, soutenu par deux figures allégoriques, Anvers et l’Escaut, occupe le champ du médaillon. Bien qu'à vrai dire elle soit la moins architecturale de toutes les composi- lions de ce poëme décoratif, cette œuvre tire son principal mérite du mélange des lignes architectoniques et de la pondération judicieuse d'une ordonnance matériellement réalisable, avec le jeu et la verve des groupes animés, suprême ressource décorative, cóté transcendant et peu accessible aux imitateurs du Style rubénien. Il faut être grand maitre comme Carrache, Le Rosso, Diet- lerlin ou Paul Decker, pour manier la silhouette des figures décoratives avec assez d'aisance pour en faire valoir davantage les ordonnances architecturales, en respectant le grand principe esthétique de l'art de Vitruve : l'unité. Si l'architecte n'a pas dessiné le mouvement synthétique des lignes d'une figure, il en résultera un travail de rapport où, neuf fois sur dix, le sculpteur pro- duira une cacophonie là où la pensée de l'architecte appelait un accompa- "stique du la Pompa introitus. Bnement harmonieux. Nous ne croyons pas pouvoir donner une meilleure analyse du style resyie l'architecture décora- de Rubens et de la manière dont le grand artiste comprit l'architecture déco- tirs de sar Atos de rative qu'en entreprenant d'analyser et de décrire, au point de vue particu- lier qui nous oecupe, deux des Arcs de triomphe qui nous semblent les plus grandioses et les mieux agencés, et dont les épures d'exécution pourraient Tour XXXIX. 45 Ce qui nous reste au- jourd'hui de cette ma jestueuse décoration. 350 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE s'élaborer sans aucune peine par un architecte de profession d’après les gravures de van Thulden. On conserve à Anvers, à Bruxelles, et au Musée du Belvédére à Vienne, quelques débris de ces admirables décors, envers lesquels nous ne compre- nons pas le dédain et l'incurie des amateurs du XVII* et du XVIII* siécle. Une seule des grandes toiles existe encore à la Galerie de Dresde, c'est le Quos ego!! de l'Arc de triomphe érigé devant l'église S'-Georges. La perte regrettable de ces peintures et la présence de quelques-unes à Vienne mérite une explication. En 1635 , l'Escaut étant fermé « du côté des États » , les finances de la ville d'Anvers se trouvaient fort, obérées et amoin- dries. Déjà la ville s'était imposé les plus lourds sacrifices. pour recevoir dignement le vainqueur de Calloo. Incapable d'offrir à Ferdinand un cadeau d'orfévrerie digne de son rang, le Magistrat y suppléa en lui présentant les plus remarquables toiles qui avaient figuré aux Portiques triomphaux lesquelles, on le verra bientót, furent gratuitement peintes par Rubens. La plupart de ces compositions semblent aujourd'hui définitivement perdues. Disons toutefois, d'aprés les notes manuscrites de Thijs péreet de Mols, que des cartons, des panneaux décoratifs et méme quelques toiles historiques ayant servi aux Arcs de triomphe de l'Entrée du Cardinal-Infant se trou- vaient encore, dans le dernier tiers du XVIII siècle, en possession d'un riche négociant d'Anvers, appelé Norbert van Herck, lequel, particularité intéres- sante , habitait la maison de Jordaens, rue Haute, et, — au dire de Mensart qui la visita en 1763 — en avait converti l'atelier en un véritable musée. Depuis, nous avons rencontré des débris dans la collection, aujourd’hui disper- sée, de feu M. le conseiller Kaieman et des esquisses originales annotées de la main méme de Rubens dans un exemplaire de la Pompa introitus vendu à Bruxelles à la librairie ancienne de M. Olivier. Nous-méme nous possédons des caryatides et pilastres en gaines, fragments intéressants, dessinés à la pierre noire sur papier gris-bleu, rehaussés de blanc et de sanguine; voilà tout. Sans l'art merveilleux de Guttenberg et de Maso Finiguerra, tout le mérite des Ares de triomphe de l'Entrée de Ferdinand d'Autriche, imaginés par Rubens, serait perdu pour la postérité, et son œuvre architecturale la plus importante, ne serait plus qu'un souvenir controversé. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 351 Les Anversois n'ont pas encore songé à réaliser en pierre sur le Meir ou l'une des places publiques où ils furent élevés en 1635, l'un ou l'autre des somptueux portiques de Pierre-Paul Rubens; plus magnifiques, autrefois les Romains bátissaient froidement, pour les âges futurs, en marbre et en bronze, les ares de Titus, de Septime-Sévère et de Constantin, exécutés en plàtre, bois et toile peinte, dans l'impatiente ivresse des grands jours de triomphe du Peuple-roi. Avant d'entamer cette étude, signalons un motif d'une distinction toute particulière, ne cadrant pas avec la fougue de tous les autres ares triomphaux de Rubens, et possédant des liens de parenté manifestes avec ceux qui furent exécutés sur les dessins de son maitre Otho Vænius pour les Entrées de l'archiduc Ernest et d'Albert et Isabelle : c'est l'Arcus Lusitanorum. Cet arc , élevé prés dela rue d'Aremberg aux frais des marchands portugais, offre une Composition toute romaine sans chantournements, cuirs ou frontons à volutes, el l'on serait tenté de ne pas l'auribuer à Rubens si l'on ne se rappelait qu'en sus des œuvres d'Alessi il avait encore dessiné certains palais de Gênes de Giambattista Caporali, de Giordano Tassi et de Cæsare Rossetti. La premiére de ces compositions (P. VI), placée devant l'église S'-Georges, porte ce titre latin: Aventus Seren" Principis gratulatio. C'est la per- Sonnification allégorique de la « Joyeuse entrée » du Cardinal-Infant. Disons brièvement que les trois grandes compositions picturales qui y sont enca- drées, représentent à droite Neptune apaisant les flots; au centre, les Pays- Bas et la ville d'Anvers accueillant le nouveau Gouverneur victorieux et Pacifique; à gauche, une allégorie à la victoire de Ferdinand sous les murs de Nordlingen, le 6 septembre 1634. L'appréciation des peintures sortant de notre cadre, nous n'indiquons iei les sujets que pour rendre hommage au choix judicieux des emblèmes. Voyons à présent l'ordonnance architec- tonique qui nous est départie. Bernardino Pocetti nous a laissé quelques compositions, nées du motif de l'arc évidé, où l'archivolte, reposant sur des consoles au lieu d'impostes, est surmontée d'un fronton enroulé en volute. La partie la plus saillante de cette composition est donc une réminiscence italienne; il en est de méme de la frise à pelles et à têtes d'anges qui est tout à fait dans le genre de Mitelli Analyse. des plus re marquables compo- sitions. 40 Arc des Portugais. 20 A de triomphe int l'église St-Georges. Analogie de motifs avec les types de Pocetti, Castello. Mitelli et Sentiment italien. de D l'ensemble de l'Are placé devant l'église D Georges. touches à formes tineuses, 352 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ou de Giacomo Laurentiani le ciseleur. Les griffons enfourchés par des satyres, les mains chargées de cornes d'abondance, qui servent d'amortis- sements latéraux, se rapprochent encore davantage des types favoris de Bernardo Castello. Un sentiment. tout italien régne au reste dans l'ensemble de cette composition, traduit par le génie flamand et rehaussé par l'incom- parable couleur de Rubens; il en résulte un ensemble hors ligne, dont les deux exquisses jadis conservées à l'Hôtel des monnaies actuellement au Musée d'Anvers nous donnent une idée assez suffisante pour qu'on regrette éternel- lement les originaux qui existaient encore en grande partie en cette ville au milieu du XVIII* siécle. La masse de l'ordonnance d'ordre ionique moderne, a fûts cannelés sur des piédestaux, repose sur un stylobate inférieur, décoré des armoiries de la ville d'Anvers et du Marquisat du S'-Empire. Toute cette construction est supposée faite en marbres de couleurs et encadre deux compositions de che- valet disposées en forme de tapisserie de haute-lisse, tendue horizontalement et relevée dans sa partie inférieure par un charmant groupe d'enfants peint en trompe-læil. L'un des bambini porte, inscrite dans un cartel encadré de fleurs, cette épigraphe de Gevarts : Sperata temporum felicitas. Cette partie centrale en forme de tapisserie est délimitée par quatre pilastres accouplés, renforcés de demi-pilastres engagés, et formant à leur tour des niches abritant les statues de l'Abondance et de la Joie, et | surmontée d'un attique avec balustrade à jour interrompue au droit de | l'immense archivolte, comprenant corniche frise et architrave, et dont les deux membres extrêmes viennent mourir sur l'abaque des consoles. Cet entablement complet en archivolte tournante, imaginé par les maitres italiens de la décadence, a été employé ici avec un rare bonheur, Le tympan circu- laire en est évidé, et une radieuse figure de l'Espérance, se détachant sur Pazur du ciel, présente de la main droite le bourgeon symbolique. Nous avons dit que la frise de l'archivolte était composée alternativement de peltes et de tétes d'anges; ce motif est interrompu à la partie centrale par un vase, aux anses figurant des chimères, appuyé sur une clé de voùte, tenant la hauteur de l'architrave. Le tout est surmonté d'un de ces cuirs à trem- blements gélatineux que l'on trouve aux encadrements de Francois de villa- e SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 557 mena ou mieux encore dans le recueil publié par Melchior Tavernier. On sait que Rubens affectionnait surtout cetle espéce particuliére de cartouches. Ce groupe décoratif supporte l'amortissement terminal : un palmier aux branches chargées d'un lourd boulet de fer pliant sous ses régimes murs. Le tronc est enlacé d'une banderolle sur laquelle on lit cet antique adage : sumit DE PONDERE VIRES. Aux deux demi-frontons interrompus, à enroulements de volutes, se ratta- chent des festons; ils sont pourvus de petites prédelles où s'étalent, avec des poses d'une crânerie superbe, deux Renommées, embouchant la buccina, vira- gos aux mamelles proéminentes, aux allures masculines, dont la nationalité se devise à l'aigle et au lion, attributs héraldiques de l'Autriche et des Pays-Bas. D'épais festons relient l'archivolte au palmier central. La face du milieu dominant tout l'ensemble est accompagnée de deux parties moins élevées, placées suivant un angle très-ouvert relativement à la composition principale. Nous avons dit qu'ils enfermaient des tableaux ; ceux-ci sont surmontés d'une charmante frise où se jouent des grues ou des cigognes picorant des vipères à une tête de Méduse. Ce motif est d'une originalité surprenante. L'atique à balustrade qui couronne le tout se trouve de niveau avec l'abaque des consoles de l'archivolte et porte au milieu une table d'architec- ture timbrée d'armoiries. À gauche l'écusson de Philippe IV, et à droite celui du Cardinal-Infant. Ces deux reposent sur un espéce de socle en forme d'autel, orné aux angles d'une tête de bélier. Aux extrémités des avant-corps, reportés en équerre, se voient les faunes portant des cornes d'abondance, à califour- chon sur des griffons dont nous distinguions naguére le cachet italien. Ces Salyres sont coiffés d'une sorte de console à jour supportant la partie de l'attique en saillie, sur les bords duquel sont assis de petits génies agitant des oriflammes. Rubens affectionnait les formes extra-naturelles des centaures, manicoras, cidipes, iopodes , satyres, faunes , sylvains et lamies empruntés à la mytho- logie grecque et un peu aux mystères du Sabbat ou de la Messe-Noire. Nous trouvons des créations fantastiques de ce genre dans toutes les compositions de ses Ares de triomphe. Prédilection de Rubens pour les formes extra- naturelles dans l'étof. fage animé de son ar- chitecture. 3° Are dela rue du Cou- vent, 4° Are « Philippien », rue des Tanneurs. 354 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE A l'angle extréme des parties en équerre au-dessus des consoles, faisant pendant à celles de la grande composition centrale, se voient des génies debout, tenant d'une main l'orifflamme, de l'autre la stéphané si chère aux triomphateurs antiques. Il est impossible d'imaginer des figures qui soient à la fois plus gracieuses et plus pittoresques. Cette ordonnance, en dépit des complications de détails et de certaine recherche soubresautée dans les lignes générales, est d'une facilité, d'une fougue et d'un entrain qui font qu'on n'apercoit que fort difficilement la fac- ture un peu outrée de certaines parties. C'est fait de verve, c’est entrainant, et avec cela c'est merveilleusement charpenté. On doit dire après avoir analysé une semblable composition archi- tecturale qu’en incarnant ces formes sur la toile le grand Rubens unissait à la fiévreuse et délirante ardeur du peintre les scrupules et les préoccupations mathématiques de l'architecte. Pour notre second exemple du type italo-flamand destiné à caractériser le genre Rubens, nous avions un choix à faire d'autant plus difficile qu'il devait S'élaborer entre des productions qu'à bon droit nous considérons chacune individuellement comme des œuvres de maitre en tous points dignes de notre admiration. Ne pouvant les décrire toutes, — elles le mériteraient — nous nous attacherons spécialement à la partie postérieure de l'Arc placé rue du Couvent vis-à-vis de l'abbaye de St-Michel, cette hôtellerie traditionnelle et presque légendaire des rois et des empereurs. Le thème imposé où choisi était Bellérophon terrassant la Chimère. Cette composition archi- tecturale, surtout dans l'agencement supérieur, rappelle les décors des Capelle ou chantreries de familles si fort en honneur dans les églises de Rome au XVII siècle, où elles furent ajoutées par Ciro Ferri, Alessandro Algardi, Matthia de Rossi et Flaminio Pontio. N'oublions pas de signaler la partie postérieure du Portique « Philippien » ; Arcus Philippei, placé à l'entré de la rue des Tanneurs et de la place de Meir où Rubens peignit en trompe-l'cil, appuyés sur la balustrade de l'ordon- nance de l'entre-sol, ces fameux portraits d'Albert et d'Isabelle qui intri- guérent si longtemps par leurs proportions colossales les anciens conservateurs SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 355 du Musée de Bruxelles où ils sont actuellement. Nous donnerons encore une mention au Temple de Janus, érigé au Marché au Lait, où Rubens intro- duisit, à l'instar de Pierre Coecke, la coupole italienne. Les coquilles qui ornent les niches de l'ordonnance supérieure sont imitées du petit temple de S'-Pierre in Montorio à Rome, œuvre de Bramante. S'il est beau de pouvoir, avec justice, saluer Rubens comme artiste phénomène aussi bien en architecture qu'en peinture, il est heureux et con- solant à la fois de voir ce grand génie briller par les vertus civiques. Dans ses décors, Rubens se souvient qu'il est Flamand et Anversois; l'un de ses arcs, le « Portique du Commerce » érigé au Pont S'-Jean prés du port, forme une protestation vibrante et convaincue du patriote qui gémit de la fermeture de l’Escaut et s'indigne contre l'odieuse politique qui a sacrifié Anvers à la flotte espagnole. L'arc de l'Escaut, Mercurius abituriens (pl. XXXIII), est un appel supréme au descendant de Charles-Quint, lieutenant victorieux du trop faible Philippe IV. Pour formuler son recours Rubens peignit l'Escaut chargé d'entraves, cédant au désespoir d'une douloureuse captivité et les matelots endormis sur la rive limoneuse, ou leur barque inutile sert d'oreiller au bord de ces eaux désertes, qui de la ville à la bruyére d'Hoboken disparaissaient naguère sous des centaines de caravelles, galions, fustes, brigantins et maones. Dans ce tableau, Rubens laisse entrevoir l'espérance cachée au fond du cœur de tous ses concitoyens : un génie ôte les entraves des jarrets du Vieux Schelde appuyé sur une caronade; un vaisseau s'embosse au quai battant pavillon à la croix de S'-André, Anvers se réveille joyeuse d'une léthargie tyrannique, rétablit le culte de Mercure et inscrit sur le nouvel autel aux pieds de la statue du dieu tulélaire, MERCVRIO MERCIMONIORVM PRAESIDI. Deux autres vocables incrits par Gevartius sur le cartouche inférieur résu- maient les vœux de la ville entière : MERCVRIVS ABITVRIENS. Formule sibylline renfermant l'espoir du commerce el de la navigation, B° Arc du Pont St-Jean. Patriotique protesta- tion de Rubens contre la fermeture de l'Es- caut, 556 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE source de la prospérité d'Anvers, personnifiée par le retour de Mercure. Le magique pinceau de Rubens parlait aux yeux de Ferdinand et les vers de Gevartius lui murmuraient dans la langue de Virgile et d'Horace : « Que le dieu né sur le mont Cylléne ne replie plus ses endromides, ô Prince; qu'il n'abandonne plus la cité dévouée à son culte et rende à l’Escaut son négoce perdu. » Ne precor, hinc volucres. flectat Cyllenius alas O Princeps, cultamque sibi ne deserat Urbem, Et fugitiva meo redeant commercia. Scaldi! Toute cette scéne, chef-d'oeuvre de concept décoratif et d'ingéniosité sym- bolique, est empreinte d'un tel cachet de mélancolie qu'aprés plus de deux siècles révolus, elle nous arrache encore des larmes. Que ce patriotique tableau dut faire rêver profondément l’âme chevale- resque du vainqueur de Calloo, car ses yeux s'arrétérent sans doute sur les deux tables étoffées de festons conchyliféres où se lisaient en caractères épigraphiques ces beaux vers élégiaques de Gevartius qui voulut partager avec son ami Rubens le périlleux honneur de cette protestation : Aurea securis revocabit scecula belgis FrnNANDUS , priscumque decus : ditesque resumet Mercibus omnigenis florens Antverpia cultus ; Largaque succedet fecundo Copia cornu. Idem compendibus Scarpin dabit ire solutis, Desuetasque iterum ponto decurrere puppes. Abscedel egestas, Nec durum ulterius tractabit Nauta ligonem. « Tu ressusciteras le siècle d'or pour la Belgique pacifiée, ó Ferdinand! » Anvers florissante en tout genre de négoce retrouvera sa splendeur et ses SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 307 » richesses d'autrefois, l'abondance épanchera sur elle les trésors de sa corne » féconde. » Grâce à Toi, les épargnes improductives prendront le chemin de » lEscaut et nos navires sillonneront librement des eaux dont ils avaient » perdu l'usage. » Tu écarteras bien loin l'indigence et la misère au blême visage et.nos marins ne consumeront plus leur vigueur à trainer le hoyau. » Ces espérances hélas, furent déçues. Rien ne devait plus rompre le Silence du vaste fleuve ni de la morne cité déserte. Pendant un siècle et demi, les Anversois ne virent d'autre trois-mäts que la frégate corsaire du chevalier Hallet de la Merveille, qui, grâce au brouillard, avait trompé la vigilance des eroiseurs néerlandais. En ces temps prospéres où nous éerivons, où, sous le premier des Léopold, l'aete de la liberté de l'Escaut a été ratifié par la Hollande, il est touchant de se rappeler les aspirations patriotiques des Anversois aux mauvais jours qui suivirent le désastreux traité signé à Munster le 30 janvier 1648. H est consolant surtout d'enregistrer la part que prenait le prince de l'école flamande au deuil publie, et la patriotique protestation picturale à la Joyeuse entrée du Cardinal-Infant du maitre anversois injustement accusé d'« hispanisme » par Wenceslas Coebergher. ; Il serait encore injuste de passer sous silence le AOAEKAOEQN ou por- lique des douze consentes ou grands dieux élevé sur la place de Meir — im- mense édifice décoratif semi-circulaire qui fournit des éléments curieux pour l'étude de la statuaire rubenesque avec ses colonnes torses emblématiques el son obélisque évidé à jour, nous serons alors libres d'apprécier en détail, les caractères et les motifs architectoniques de la face postérieure de l'Arcus Ferdinandi (pl. XXVIII), ce chef-d'œuvre d’audace architecturale dont l'or- donnance fera éternellement honneur au génie de Rubens. L'Arcus Ferdinandi était à double face et avait été élevé Longue rue Neuve, non loin de la Bourse, à l'intersection des rues du Marcgrave et Pruijnen. Il avait en hauteur soixante-douze pieds d'Anvers sur quarante de large et vingt-six d'espacement d'une face à l'autre. L'ordonnance inférieure, Dorique denticulaire, présentait à la partie cen- Tour XXXIX. 46 6° Le Awd Ewy ou Portique de la Place de Meir, T L'Are de Ferdi- nand, Longue rue Neuve; chef-d'œuvre de Rubens. Divisions architeetoni- ques de l'Are deFer- dinand. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE trale une arcade ou portique avec archivolte et imposte entouré de chaque côté de colonnes accouplées répondant à autant de pilastres. Deux arcades de moindre diamètre, dont les impostes s'appuyaient non sur des pieds-droits, mais sur des consoles, offraient une coquille à la clé de voûte et étaient surmontées de médaillons entourés de guirlandes portant deux têtes romaines personnifiant à droite NoniLrrAs, à gauche suvenrtas « noblesse et jovence »; délicate flatterie au Cardinal-Infant, Des festons de lauriers tombaient d’une tête coiffée du pétase, placée à la clé de voùte. L'entablement complet n'existait réellement avec l'architrave et la frise à triglyphes et métopes ornées de bucrânes et patères, qu'au droit des colonnes. Il était remplacé au-dessus des arcades par trois tables d'archi- tecture, dont les deux extrémes portaient des tétes d'anges, et la médiane se cantonnait de consoles dont l'œil de la volute laissait échapper des festons se rattachant à la téte ailée. Nous eroyens que Rubens aura employé exprès l'ordre dorique pour la partie inférieure de sa composition, afin d'arriver à en faire valoir davan- lage et à produire dans tout son incomparable éclat l'ordonnance supérieure, qui est à notre avis l'un des morceaux d'architecture pittoresque les mieux venus qui soient au monde. Trois divisions se remarquent également à cette ordonnance. Le tableau | central du Triomphe, dont nous parlerons plus loin, est enfermé par de larges | pilastres à chapiteaux ioniques, devant lesquels sont placées deux figures en | haut relief personnifiant à gauche Honos, à droite Vinrus. Le cadre de la partie centrale est surhaussé en demi-cercle; les armoiries du Cardinal- Infant dans un cartouche gélatineux en timbrent la partie supérieure. Les écoincons sont occupés par deux lions, supports héraldiques traités au naturel, d'un saisissant effet et d'un bonheur de pose superbe. L'espace au-dessus des petites arcades est occupé par deux niches ouvertes qui abritent des figures féminines d'un grand faire et d'une maëstria incomparable : LIBERALITAS à gauche, PRoviDENTIA à droite. Des pilastres ioniques correspondant à la hauteur des premiers, mais de proportions modulaires distinctes, délimitent celle composition, dont le retour d'équerre offre des satyres portant des torchères flambantes. De charmants petits génies se lutinant, enlacés de cou- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 559 ronnes de roses — encadrement symbolique de l'écusson de la ville et du marquisat d'Anvers, — terminent pittoresquement cette composition. Quant à l'amortissement supérieur : Apollon vainqueur du serpent Python emporté par le fougueux Pégase au vieux eri classique de « Io TRIVMPHE »; aux trophées de dépouilles opimes, aux figures d'esclaves et de prison- niers, aux Renommées, aux Victoires de ce groupe sans pareil dans les annales de l'art pittoresque, nous renoncons à les décrire, tant nous sommes convaincu de ne pas rendre dignement l'impression réalisée: par le vertigi- neux ensemble architectural et décoratif que le génie multiple de Rubens pouvait seul parvenir à matérialiser. Quant au tableau central, gravé à part par van Thulden, Gevarts, le savant et digne ami de Rubens, le décrit en ces termes : « In tabula media, quadrijugo curru et albentibus equis vectus trium- » phat Ser™s princeps Ferdinandus, paludamento amictus. Victoria superne » advolitans ejus caput lauro serto coronat. Ante currum Norlinga capta, » turrito vertice, in ferculo profertur. Ad latus captivi victi incedunt. Ante » illos vexillifer cum labaro, cui & nomine intextum : in hastilis cuspide, » littera F, nomen Ferdinandi victoriis designat, laurea cireumdatum. Equos » præcedit miles laureatus, trophæum ingens gestans. In superiori parte » tabulie, Victoria sublimis in nubibus et ipsa trophæum dextra , palmam » altera manu tenens, ac Spem sibi comitem adducens. » « Dans le tableau central, monté sur un quadrige aux blanes coursiers, » vétu de poupre, s'avance Ferdinand d'Autriche. Une Victoire plane » au-dessus de la tête du triomphateur, dont elle ceint le front d'un laurier » glorieux. Sur le devant du char s'offre l'image de Nortlingen, la cité con- " quise, coiffée d'une couronne murale. Aux côtés se trainent des captifs » enchaînés. Un porte-étendard les précède tenant le Zabarum fixé au haut » d'une hampe terminée par une couronne au chiffre de Ferdinand. Un » légionnaire, le front lauré, chargé d'un lourd trophée de dépouilles opimes » précède le triomphateur. Dans la partie supérieure de la composition, » une seconde Victoire, brillante de grâce et de jeunesse, une palme à la » main ramène la douce Espérance, déesse tutélaire désormais rendue aux » Pays-Bas. » Vérilé technique. de l'architecture peinte de Rubens. Synthèse des thèmes architecturaux des Ares de triomphe. 360 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Dans cette remarquable composition, que le sensualisme artistique des Flamands peut seul dignement apprécier, et, où la note patriotique se fait encore jour, Rubens semble s'être encore souvenu. des palais de Gênes, objet de ses prédilections. C'est sur l'exemple d'Alessi, qu'il emploie l'ordre Dorique pour accompagner et faire valoir le plus riche canevas artistique que nous eonnaissions en ce genre. Une considération fort curieuse a établir sur l'architecture peinte de Rubens, c'est que, grâce à ses connaissances techniques et à sa pratique du dessin géométral et du lavis des plans, il possédait ce souci de la vérité, du réalisme de la construction, dont l'absence dépare d'ordinaire les produc- tions des peintres de monuments. Canaletto et Pannini n'échappérent pas toujours de ce chef aux critiques. On sait que Guillaume van Ehrenberg dont les superbes étoffages semblent copiés d'aprés nature, avait d'abord fait partie du métier des Quatre. Couronnés et avait fait des études classiques d'architecture. M est a remarquer que, nonobstant le grand rôle que Rubens fait jouer aux figures dans l'Arc de Ferdinand, on pourrait les supprimer et les rempla- cer par des motifs d'ornementation allégorique, sans détruire le mordant et l'effet, à l'exception toutefois des groupes se délachant sur le ciel qui sont traitées spécialement au point de vue de la silhouette décorative. Si Rubens imagine des ressauts compliqués de moulures, s'il entortille sa phrase architecturale et s'il se complait en cette espéce de gymnastique de lignes que les architectes de profession appellent des emmanchements , il soigne avant tout la possibilité constructive. Comme, d'ailleurs, il possédait à fond les lois de la perspective linéaire et aérienne, sa pensée, qui se for- mule avec franchise, se traduit clairement pour l'œil du spectateur. Dans toutes ses compositions d'Ares de triomphe, Rubens sait éminem- ment varier les quantités, la discipline des lignes, les dispositions heureuses de l'effet; jamais les figures d'un de ses groupes ne s'offrent égales entre elles. Il agence et combine ses figures de telle sorte que les unes l'emportent réso- lüment sur les autres; ces réflexions découlent spontanément de l'étude analytique de l'Arcus Ferdinandi, mais elles doivent se généraliser à l'oeuvre entière du maitre flamand, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 361 Le livre célèbre des Ares de triomphe de Rubens est un grand in-folio intitulé : « Pompa introitus honori Serenissimi Principis Ferdinandi Austriaci » Hispaniarum Infantis S. R. E. Card. Belgarum et Burgundionum Guber- » natoris, etc., a S. P. Q. Antverp. decreta et adornata cum mox a nobi- » lissima ad Norlingam parta Victoria, Antverpiam auspicalissimo adventu » suo bearet, XV Kal. Maii anno. CIO. 19 C.XXXV. » « Arcus pegmata, iconesq. a Pet. Paulo Rubenio, Equite, inventas et » delineatas Inscriptionibus et Elogiis ornæbat Libroq. Commentario illus- » trabat Casperius Gevartius J. C. et Archigramma tæus Antverpianus. » Accessit Lanrea Calloana codem Auetore descripta. Antverpiæ veneunt » exemplaria apud Theod. a Tulden qui leonum Tabulas ex Archetypis » Rubenianis delineavit et seulpsit eum privilegio. Prostant apud Gulielmum » Lesteenium, et Henrieum Aertssens. » D'ordinaire, suivant le registre des planches imprimé « ad calcem, » ce beau livre doit compter trente-neuf gravures. Mais pour étre absolument complet, il doit contenir encore huit estampes surérogaloires réparties comme il suit : 1^ Une planche donnant le portrait équestre du Cardinal-Infant, gravé par Paulus Pontius; 2» Six planches oblongues. Entablement avec aerotére et balustrade de l'ordonnance du AQAEKAGEON , de la place de Meir; donnant sur une grande échelle les remarquables rinceaux des frises et les emblèmes ; 3" Une planche In te spes reclinata recumbit, représentant dans un riche encadrement architectural un Théâtre de mystères ou Poincten, à personnages vivants, gravée par J. Bolsweert. On remarquera, avec intérét, que l'architee- lure de ce théâtre se rattache par certains points, les caryatides par exemple, au style de Vredeman De Vries. Qui le croirait? cet admirable livre des fêtes d'Anvers, en 1635, trans- mettant à la postérité des œuvres dessinées par Rubens et gravées par Van Thulden, est resté à peu près inconnu en France. On n'y soupçonne guère l'existence de ce titre incontestable à la royauté de l'architecture que peut revendiquer Rubens, et pourtant c’est à Paris qu'on lui a longtemps et faus- sement attribué les plans de la fontaine du Luxembourg, qui sont bien Aperçu sur la Pompa s ou Recueil rations de ée du Cardi- nal-Infant. Nomenclature biblio- graphique. La note à payer de cette publication: dé- couvertes piquantes de M. Siret aux Ar- chives anversoises, HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE de J. de Brosse. L'indigeste compilation de M. Pecquegnot, les beaux recueils de MM. Reynart et Destailleurs, la collection entière de l'Art pour tous , n'en ont pas vulgarisé une seule planche. Un Théâtre à personnages vivants, en vertu de l'inévitable et tradition- nelle coutume de nos festivités nationales qui conservait pieusement le Géant, l'Éléphant, la Baleine, le Char de Neptune et le Parnasse avait donc aussi été érigé à Anvers. Gevaert nous apprend que cette décoration accessoire n'était pas de Rubens : « Juxta ecclesiam, vivæ personæ variæ (nihil etiam » a Rubeniana manu aut inventione, hic erat), conspiciebantur. » Le livre avait élé imprimé par « Joannes Meursius, thypographus juratus anno » salutis CI2.109.C.XLII. » Il se vendit, à son apparition, quarante-sept florins du Rhin. Les péripéties de publication de ce célèbre volume constituent une véri- table Odyssée. M. Siret dans une curieuse communication , faite à l'Académie de Belgique, le 2 aoüt 1866, sous ce titre : « La note à payer de la Pompa introitus » a exhumé une série de comptes communaux d'Anvers qui per- mettent de suivre presque pas à pas les piquants épisodes de la longue Genése de ce recueil illustré entrepris à la gloire du vainqueur de Calloo. Ce qu'il y eut de plus singulier, c'est qu'il demeura toujours un mythe pour le peintre et pour son héros. Rubens mourut en effet le 30 mai 1640 et Ferdinand d'Autriche expirait à Bruxelles le 22 novembre de l'année 1644. Il put voir cependant la gravure du char (Laurea Calloana) qui lui fut présentée anticipativement en 1638 ou 1639. L'Entrée du Cardinal-Infant eut lieu le 15 mai 1635 : la Pompa introitus offerte par Gevaert, le 23 janvier 1643, au Gouverneur Don Francisco de Mello fut enfin envoyée en Espagne au roi Philippe IV, par l'intermé- diaire de Miguel de Salamanca, le 18 février suivant. D'après les documents retrouvés par M. Siret, ces exemplaires de dédicace sur parchemin comportèrent le plus grand luxe et furent enluminés par le Clecrschrijver Antoine van Deijnen, lequel reçut de ce chef deux cent dix- sept florins quinze sols pour la main-d'œuvre et une indemnité de trente-trois florins dix sols, coût du parchemin. Si cette publication dura sept années, on comprend facilement que des SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 505 difficultés d'argent purent seules motiver les invraisemblables délais qui finirent par enlever à la Pompa introitus tout mérite quelconque d'actualité. Entre-temps, néanmoins, van Thulden s’impatientait de plus en plus et guettait l’occasion propice de mettre son livre en lumière. H chercha d'abord à le faire agréer par le nouveau Gouverneur Don Francisco de Mello et essaya méme d'une dédicace directe au roi Philippe IV. Quand le magistrat d'Anvers apprit ces agissements il commença à s'alarmer et par ordonnance du 13 décembre 1642 il fut formellement interdit à l'artiste de prendre l'ini- liative d'un hommage quelconque « de vendre, débiter ou aliéner en tout ou en partie » le livre en question sous peine de déchéance de tout payement futur. Ici commencèrent les difficultés sérieuses. Van Thulden n'en réclama que plus énergiquement encore le prix de son travail et les bourgmestre et échevins qui n'avaient plus aucune bonne raison à alléguer durent se décider enfin à le satisfaire. Ils le firent à contre-cœur s'il faut prendre au pied de la lettre cette phrase des considérants « pour en finir au sujet des préten- » tions de ce salaire. » L'ordonnance de solde de compte fut enfin rendue par le collége le 18 avril 1643. On allouait à van Thulden la somme de quatre mille cinq cents florins «une fois payée ». L'aete contenait que le payement de cette somme terminait « l’action pendante, lant en ce qui concerne les travaux faits et à faire au livre prédésigné, comme aussi ses prétentions pour dommages, pertes et intérêts , et tout ce qu'il pourrait ou Voudrait exiger en droit ou à tort, sans aucune réserve. » Maitre Gaspard Gevaert, le greffier, recut un plus sortable salaire. L'heureux épigraphiste toucha pour ses anagrammes, chronogrammes et acrostiches ; lélégant poëte pour ses vers alexandrins, iambiques, saphiques et adoniques, la somme rondelette de trois mille florins, plus une indemnité de quatre cents florins du chef de débours. On le voit, au XVII* siècle, la langue favorite d'Érasme comptait encore des admirateurs convaincus qui soldaient en beaux deniers les « esse videatur » Ciceroniens, les daetyles et les spondées à l'instar. de Virgile et d'Horace. Le salaire de Pierre Gringoire avait cessé d'étre le maigre lot habituel des favoris des Muses. En résumé, l'Introitus triumphalis ne coüta que la modique somme de sept mille neuf cent florins, à la ville d'Anvers, soit pour le tirage officiel à 200 La mise au jour du livre dure sept an- nées tés financières van Thulden nagistrat d'An- Rémunération précaire de van Thulden. Salaire rémunérateur de Gevaert. Prix de revient de l'exemplaire. 564 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE exemplaires, quarante florins à peu prés; nous avons dit plus haut que Prix de revente. le livre se vendit quarante-sept florins du Rhin. Le 12 juin tous les exem- plaires du Magistrat avaient déjà été distribués aux ayants droits; cela résulte de la réclamation d'un sieur Croonendale, greffier des finances, dont la juste mais tardive réclamation ne put étre satisfaite. Rubensneretireaucune ` Quant à Rubens, il ne retira, de tout son travail architectural décoratif et somme d'argent du grand travail des Ar pietura], d'autre récompense que l'honneur de la visite gracieuse de Ferdi- de triomphe. nand d'Autriche. Il ne reçut pas plus de salaire pour l'ordonnance du Char de Calloo dont l'esquisse se voit encore au Musée d'Anvers, mais à cette occasion la é. Nous en trouvons la preuve dans l'un des documents découverts par M. Siret. Le livre des comptes de la ville, exercice 1638-1639, fait mention du paye- ment à un certain Christophe van Wesel, marchand de vin, d'une somme ville se montra plus généreuse envers son peintre désintéres de « quatre-vingt-quatre livres artoïs pour une pièce, vin de Paris, par lui » livrée à M. Pierre-Paul Rubens dans l'année 1638 pour certain dessin » d'un nouveau char. » Tout ce qui précède a servi a établir que Rubens considérait l'architecture autrement que comme un art accessoire et auxiliaire; il comprit qu'il pouvait par son moyen traduire des faisceaux d'idées trop larges pour entrer dans le plus vaste cadre d'un tableau de chevalet. Il approfondit l'esthétique archi- tecturale, parce qu'il était naturellement épris de toute véritable grandeur, et qu'il dut s'enthousiasmer pour l'art archonte, l’art majeur, l'art géant par excellence, qui fournit la plus sublime image de l'élévation de la pensée | humaine, traduite par les moyens plastiques. Une fois qu'il en eut découvert | les beautés, les ressources, l'harmonieuse perfection, il cultiva toute sa vie l'architecture avec une conviction religieuse, en lui apportant sans compter les incomparables ressources de la plus merveilleuse nature artistique dont les annales de l'art aient gardé le souvenir. Métaphysique: hite- Si le maitre anversois eut, au point de vue métaphysique, un style indi- turale rubénienne. E KE? à ; e MONS viduel, original, reconnaissable au premier aspect, il nous reste à étudie sans abus des abstractions, envisageant de préférence la détermination des caractères, quelles furent les lignes synthétiques, les types, le jeu des SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 565 emmanchements et la physionomie générale qui produisirent la traduction matérielle des facultés d'entendement architectural de Rubens. Nous oserons mettre à nu les fibres merveilleuses, les muscles puissants et les charpentes cyclopéennes qui étaient un service de ses moyens créa- leurs et constituaient son organisme individuel résultat de l'assimiliation intime des originalités dissemblables des maitres italiens; legs mystérieux du génie au génie qu'il sut faire converger tout entier au profit de sa gloire. Rubens chercha d'abord à donner à ses ordonnances architecturales les plus belles masses possibles d'ombre et de lumiére, et fit choix d'oppositions de surfaces d'avant et d'arriére-plans, si favorables, si variés, si judicieuse- ment disposés à l'obtention du chiaroscuro, qu'il réussit à donner aux masses architecturales, cette qualité inconnue ` la coULEUR. Les anciens avaient eru y suppléer un instant par la polychrómie. Le transfert à la masse du relief de cet admirable procédé de ponctuer les notes dominantes mit les architectes italiens au rang des plus grands artistes. La polychromie des grecs et des romains fut la couleur momitfiée de l'architecture ; le jeu savant de la lumière et des ombres sur les masses architecturales des Italiens et de Rubens, devint la couleur palpable et vivante, Silencieux et réfléchi l'art grec modula en sourdine des mélodies poly- Chrômes, la bruyante et prime-sautière architecture rubénienne remplit l’espace des plus éclatantes fanfares de la couleur. Rubens s'imposa dans toutes ses œuvres architectoniques uu choix de formes constamment accidenté, produisant à coup sûr, dans les thèmes plus Simples comme dans les plus magnifiques, la variété de l'aspect. Il avait remarqué que dans les monuments antiques les membres moulurés, ornés à l'excès des plus délicates sculptures par un abus blàmable du principe har- Monique de l'alternance, produisaient un éparpillement de lumières et d'ombres qui nuisaient à la forte et énergique unité de l'ensemble. Il dédai- gna ces formes architecturales qui n'étaient pas favorables au coloris. Jamais il n'employa de portiques éloignés de la masse bátie de toute la largeur d'un entre-colonnement; jamais il n'adopta de longues enfilades d’alternances monotones dans leur unisson harmonique comme les affectionnaient les Tome XXXIX. AT Synthèse prototypique. Couleur et polychro- mie. Accent et diapason. Choix de formes ame- nant des inégalités d'aspec Dissonances harmoni- ques. Thèmes rhytbmiques de « l'intersécance ». Multiplecouleurarchi tectonique. 366 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Grecs : dans l'aecouplement des colonnes il choisissait volontiers les groupes Dyostyle. Rubens recherchait avant tout « l’intersécance » thème rhythmique né de l'art oriental et poussé jusqu'au sublime par les maitres-és-pierres. Il déve- loppa ce principe diatonique par l'introduction réussie d'un faisceau de notes dominantes de valeurs inégales dans toutes cadences eurythmiques, hori- zontales, obliques ou perpendiculaires. Les portiques des anciens, distribués autour de la Cella, offraient sous n'importe quel angle lumineux, deux masses harmoniques uniformes ; l'une éclairée: les colonnes et l'entablement; l'autre tout entière dans la pénombre: le mur de la Cella ou la paroi des Propylées. Ces masses essentiellement monotones dans leur froide polychrómie ne pouvaient raisonnablement four- nir à Rubens la couleur architecturale qu'il recherchait. Cette couleur, dont le maitre anversois possédait au supréme degré l'intui- tion en peinture, au point que le nom de Rubens est devenu pour tout le monde la définition méme du coloris; il avait l'incomparable faculté de la faire rayonner dans toutes ses conceptions. De là vient que, dans les motifs les plus sincèrement voulus de ses ordonnances architecturales, on aperçoit à l'instant cette recherche persistante, acharnée, insatiable, d'un but unique : LA COULEUR. Pour Rubens, la couleur en architecture fut multiple. I1 la demanda non-seulement aux résultats prévus du jeu de la lumiére sur les arétes bril- lantes provoquées par les ressauts, mais surtout aux demi-teintes produites par l'encorbellement des membres épais, des fortes saillies. Il excella à la faire jaillir à la fois des reflets vigoureux, pittoresques, fantastiques amenés par la disposition des champs verticaux sous des angles mouvementés en avant-corps et, mieux encore, des groupes dyostyles, inopinément inter- rompus au-dessus de l'acrotére, pour servir de piédestaux à des pyramides de figures. Dans l'étude des mille motifs que les siécles ont rassemblés dans ce vaste arsenal artistique qui a nom Histoire des styles, Rubens se complut judicieu- sement à choisir les objets favorables aux heureux contrastes du clair-obscur et au mouvement de l'ensemble des masses. EI SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 567 Ainsi, il affectionna les caryatides, les drées, les gorgones, les médaillons Étottages animis; ac- à têtes romaines, entourés de giboyeuses guirlandes ; les grandes archivoltes à jour, montrant le ciel à travers leur tympan circulaire; les balustrades aux reflets rutilants d’or, les acrotères interrompus par des groupes de dépouilles opimes, trophées, attributs, esclaves enchaînés. Ses nymphes, ses faunesses, el ses dryades se tapissent volontiers en postures raccourcies sous des enrou- lements volutés , ou bien, étalent sur les lignes architecturales les contours sensuels de leurs beaux corps nus tout en souriant aux groupes de petits génies lutins, agitant des oriflammes aux couleurs héraldiques d'Anvers et de la maison de Castille. Toutes ces dispositions, grâce à l'air ambiant, à la lumière, aux ombres, fournissaient des gammes monochrômes , il est vrai, au point de vue spé- cifique, mais qui, sous l'éclat tamisé des rayons du soleil , doraient les con- ceptions architecturales de l'Anversois d'harmonieuses et incomparables teintes, réveillant pour l'œil les sensations de la plus chaude palette. Ce n'est pas que le plus grand des coloristes dédaignàt les ressources de la polychrómie, et mit exclusivement ses soins à donner de la couleur à l'architecture par la combinaison savante des couches d'air ambiant qu'il interposait entre ses plans verlicaux et l'œil du spectateur. Cette polychrómie intrinsèque , monotone dans sa perpétuelle localisation, il sut admirablement l'assouplir pour les ordonnances variées de ses Ares de triomphe. Nous avons déjà dit que les esquisses originales dela main de Rubens étaient perdues, sauf deux actuellement au Musée d'Anvers, ne comportant presque pas d'architecture, et constituant les faces de l'Arcus Monetalis érigé en face de l'Hôtel de la Monnaie, à l'entrée de la rue du Couvent , non loin de l'abbaye de St-Michel. Nous possédons heureusement une autre ressource pour étudier la polychrómie de l'architecture de Rubens, dans les deux esquisses de van Thulden au méme Musée. Mais, c'est surtout dans les ordonnances qui encadrent les sujets des vitraux dessinés par cet élève, en 1656, et peintes par Jean de la Baer pour le Chœur de la Vierge de l'église des SS. Michel et Gudule, à Bruxelles, que l'on peut à l'aise étudier le système. Van Thulden avait été choisi par Rubens, travaillé de la goutte, pour diriger à son défaut l'immense tàche de la déco- cessoires piltoresques et robustes. Matériaux apparents. Rehauts métalliques, 368 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ration artistique des rues d'Anvers pour l'entrée. du Cardinal-Infant. C'est lui qui grava depuis les planches du livre célèbre que nous avons analysé; il était donc étroitement familiarisé avec la manière habituelle de son maitre dans ces sortes de décorations. Nous avons, d'ailleurs, pour contrôler la valeur de cette opinion, les nombreux fragments d'architecture qui enri- chissent les tableaux du grand metteur en scénes, principalement dans la vie de Marie de Médicis. En général, Rubens supposait ses masses d'architecture construites de marbre blanc veiné, dont les tons froids et argentins dans les clairs étaient appelés à servir de contraste, de repoussoir autant qu'à refléter la riche gamme de demi-teintes produites par l'air ambiant, dans le rendu des ombres portées par les saillies. Les soubassements sont de marbre, d'une teinte neutre assez foncée, parfois incrustées de plaques d'autre marbre, d'une chaude gamme, d'un brillant jeu de veines. Les chapiteaux, bases, ruden- tures des colonnes cannelées, rameaux de chéne, d'olivier ou de palmier, formant liane, pour suivre les ondulations des colonnes torses, sont dorés en plein. L'or rehausse également les triglyphes, bucrànes, patéres, peltes, anciles, modillons, oves, perles, et généralement tous les astragales et les listels. Les festons sont formés de fruits et de feuilles, parfois de coquillages de formes étranges avec leur coloration naturelle; ils se relient à l'architecture par des anneaux d'or, attachés le plus souvent sur les clés d'archivolte par des rubans ou des cordelettes tressées du méme métal. Les statues et les groupes nombreux de nymphes et de petits génies qui accompagnent ces magnifiques ordonnances sont peintes en grisaille. Les armoiries brillantes de leurs émaux héraldiques sont le plus souvent étoffées de cartouches gélatineux, entièrement dorés; les scènes historiques et les portraits sont traités au naturel, les perspectives agrandies par des galeries figurées en trompe-lœil. Les tables d'inseriptions lapidaires, multipliées par Rubens à l'intention de Gevartius, sont en marbre blanc clair rehaussé de capitales noires, ou en rouge griotte et serpentin rehaussé de lettres d'or, au type de ces capitales romaines dont les principes du tracé furent vulgarisés pour la première fois SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 369 aux Pays-Bas par la traduction de Sébastien Serlio, par Pierre Coecke, d'Alost. Telles qu'on peut les concevoir par l'analyse, ces compositions, vraies fanfares pour les yeux , devaient étre en réalité d'une « robustesse » et d'une splendeur inouies. Devons-nous , à présent, accorder une attention persistante au personna- lisme accentué des détails, aux artifices ingénieux et aux ressources savantes dont la dissection fait le désespoir des esprits initiés aux grands secrets de l’art, tout en les transportant d'admiration pour le génie du maitre? nous le eroyons inutile. Nous dirons cependant que dans ses œuvres architecturales, Rubens nous a laissé les exemples les plus palpables de sa fécondité à produire spon- tanément les moyens de triompher des plus foncières difficultés techniques, sans nous transmettre par malheur les jalons et les points de repère qui le conduisaient dans leur réalisation. C'est avec de telles vues, de telles aspirations, avec cette latitude sans bornes d'assimiliation intelligente du génie italien, que Rubens comprit l'architecture, qu'il la mit résolüment en pratique et qu'il chercha par tous les moyens en son pouvoir à établir sa prépondérance définitive aux Pays-Bas. Les Flamands comprirent l'architecture de Rubens comme ils avaient compris sa peinture, irrésistiblement poussés par leur consanguinité coloriste. Cette architecture passa en Angleterre et en Allemagne; en France elle fut longtemps à la mode ; on ly pratique encore de notre temps sous le nom de Style Louis XIT. En 1717 elle inspirait encore l’œuvre grandiose de l'architecte Jacob Colin, élevée à Gand sur le marché du Vendredi, pour l'inauguration de Charles VI, comme comte de Flandre. En 1744 une composition analogue fut élevée au méme endroit par David T'Kint. L'architecture de Rubens, toujours admirable pour son expression décidée, nous offre cependant des caractères extraordinaires qui étonnent au premier aspect comme toute chose au-dessus de la mesure vulgaire. Il y a dans le génie classique une beauté traditionnelle d'une complexion normale, simple, harmonieuse, c'est la beauté vulgaire; dans le génie de la Renaissance, il y a une beauté d'exception , individuelle, pittoresque, abrupte parfois, d'une métaphysique à première vue paradoxale, c'est la beauté transcendante. Personnalisme aecen- tué des déta Diffusion à l'étranger de l'architecture ru bénienne. 370 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE C'est ce genre de beauté qui distingue les œuvres architecturales de immortel Rubens. Rubens. et Diettertin Nous ne croyons pouvoir mieux terminer cette appréciation du prince tes décora- des peintres flamands comme architecte, qu'en comparant son génie décora- tif avec celui de Wendel Dietterlin, l'artiste qui nous semble se rapprocher le plus prés de la maniére d'architecture essentiellement animée par l'introduc- tion générale du précieux élément de la figure humaine, dans laquelle Rubens excellait. Ces deux artistes étaient peintres de profession, et tous deux s'illustrérent par des œuvres appartenant au décor architectural. Ils vécurent à peu près en méme temps; vingt-trois années séparent la publication de la seconde édition du livre de Dietterlin chez Balthazar Caymox, à Nuremberg, en 1599, de ia mise sous presse des Palais de Génes de Rubens en 1623. Wendel Dietterlin, chose bizarre et qui passe- rait pour inadmissible si l'artiste ne se chargeait pas de le consigner lui- méme dans son texte, croyait simplement faire de l'«antique », alors qu'il se lancait à corps perdu dans la vertigineuse officine où grouille l'infernal sabbat de son imagination fiévreuse et valétudinaire. Alinee dela poine — Les motifs les plus fantastiques, les plus indescriptibles, découlent comme aux rel n ronde- arc leurs, essaire pour réaliser les composi- à plaisir de son crayon; pour rendre absolument pratique et réalisable Un depite l'architecture de Dietterlin, il faut supposer que les parties les plus tenues ou les plus invraisemblables de ses œuvres soient peintes sur le mur comme complément de l'ordonnance en relief. Il demeure impossible sans cet amalgame des deux arts d'exécuter les trois quarts de ses compositions. Rubens, artiste d'une supériorité incomparable à Dietterlin, au simple point de vue pictural, pratiqua davantage la peinture que l'architecture , et dut étre, par là méme, plus enclin à se laisser aller aux escamotages et aux | facilités de brosse. Eh bien, au contraire, dans ses plus fougueuses impro- | visations, dans ses entortillements les plus risqués, dans ses enchevétrements | les plus compliqués, l'Anversois ménage toujours la possibilité d'exécution | de son motif architectural. | "Ar Pour réaliser les ordonnances décoratives de Rubens, le sculpteur et le bens d'envisager la Patron ef ns peintre auraient besoin d'un effluve de son génie pour rendre par l'ébauchoir cution effect d le décor architectu- ral. et le pinceau les idées prodiguées dans ces esquisses immortelles ; l'architecte, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 371 lui, n'aurait qu'a interpréter géométriquement le thème pour la mise à l'échelle. Dans toutes ses Portes triomphales, il réserve un róle facile et semble avoir voulu épargner les difficultés de rendu au constructeur architecte appelé à la bonne fortune de réaliser aprés lui, en matériaux destinés à braver les siècles, l'un ou l'autre de ces fragiles monuments de vanité royale. Sous ce dernier rapport, Rubens n'eut pas méme le bonheur éphémére réservé à la conception de Le Brun, qui vit le fastueux portique de la Place du Tróne, exécuté provisoirement en bois et en plàtre. Non-seulement les toiles originales, mais encore à de rares exceptions près les cartons et les esquisses, semblent ravis sans retour à l'admiration de la postérité. Les détails de construction sont en partie dérobés subtilement chez Diet- terlin et, comme nous l'avons dit, péchent par manque de vérité technique, défaut commun au plus grand nombre des peintres-architectes. Rubens a si parfaitement raisonné son jeu de plans, ses soubresauts , ses licences, voire méme ses dévergondages de motifs superposés que tout porte à croire qu'un dessin géométral a précédé les perspectives insolemment cavaliéres retracées par le burin de van Thulden. Nous en déduirons directe- ment que Rubens possédait assez la routine du praticien pour n'être pas embarrassé devant le contre-maitre, comme le sont d'ordinaire les archi- tecles amateurs au rang desquels — appuyé du témoignage contemporain de Crispin de Pas — nous ne rangerons jamais Rubens comme la fait M. Schayes. L'auteur de l'Histoire de l'architecture en Belgique se montre au reste fort partial et défavorablement prévenu non-seulement envers les œuvres architecturales du sublime Anversois, mais encore à l'égard de celles de l'école entiére née de son influence. Nous venons de prouver que Rubens demeura jusqu'à la fin de sa vie un Pripontéranee, finale architecte éminent; il jouit d'une influence incontestable; comme nous jy le verrons au chapitre suivant, cette influence devint prépondérante peu de ; ecture aux temps après sa mort. L'artiste s'était étroitement assimilé la théorie, les ressources et le mode d'expression matérielle d'un art qu'il faisait concourir à encadrer dignement les productions de celui où il excellait d'une si triomphante manière. En Persistance du type ru benesque aux Pays révolu Les derniers « Rubé- niens » 1758-1744, Bas après un siècle HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, ec, résumé, dans l'art de Vitruve, Rubens surpassa tous ses rivaux, entraina le siécle à la remorque de sen goüt architectural, et fit école durant trois géné- rations successives d'artistes, On pourrait croire aprés cela que cette exubérance de séve , pareille au débordement des laves qui torréfient et. stérilisent les plus féconds guérets, dut fatalement épuiser le sillon tracé dans le champ de l'architecture par le « soc rubénien » : on se tromperait; de méme que les vignes aux pampres veris el aux grappes vermeilles peuvent croître sur les coteaux brülés du Vésuve, l'école issue de ce puissant génie puisa son admirable efflorescence de ce tuf volcanique. Comme nous l'établirons bientôt, plus d'un siécle aprés la mort de Rubens, ses disciples en architecture mettaient victorieusement au pillage l'inépuisable carquois du maitre. Gaspar de Craijer en 1636, du Chastel, Merex et van Heil en 1670, J. B. Bovart, De Wrée et H. van den Bruggen en 1685, Jacob Colin en 4717, Jean van Orley en 1720, van der Heijden en 1735 et David T'Kint en 1744 — à l'occasion de Joyeuses Entrées ou de Fêtes jubilaires — élaborérent des Ares et des Portiques triomphaux dignes de Rubens et témoignant, au plus haut point, du respect de sa manière. De toutes ces œuvres inspirées par les décorations anversoises, celle où l'on rencontre peut-être le plus de verve et d'ineomparable brio est précisé- ment la composition de van der Heijden, gravée par Kraft et exécutée cent ans aprés l'inauguration à Anvers de Ferdinand d'Autriche. CHAPITRE VII. Le style Rubens. — Étude des œuvres d'architecture élevées aux Pays-Bas sous l'influence des traditions du maitre anversois jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. — Délaissement des traditions rubéniennes en peinture et en architecture. — Le style Rocaille, décadence rapide de l'école flamande. Que ne pouvons-nous ici déposer la plume et clore ce travail par une suprême invocation de respectueuse reconnaissance envers le géant anversois qui sut élever à des hauteurs sublimes, dans l'estime de l'Europe, l'antique renommée de l'école flamande. Rubens dort pour l'éternité dans le caveau de l'église St-Jacques à Anvers. De notre temps, comme au XVII* et au XVIII* siècle, sa gloire emplit le monde. Néanmoins , pareille à la voix mystérieuse d'Ashavérus, l'implacable his- loire nous crie : marche, marche. En effet, notre tâche n'est point finie. Gardienne de la doctrine et des traditions de Rubens, jusqu'à quel point l'école flamande, sa légataire uni- verselle, s'est-elle montrée digne de recueillir ce splendide patrimoine envié des nations. En abordant le chapitre qui nous reste à écrire , nous n'ignorons pas que nos sentiments patriotiques se verront soumis à de bien rudes épreuves par les tableaux navrants des malheurs publics qui accablérent la Belgique aux XVII* et XVIII* siécles. Nos provinces, si riches d'espérances à l'avénement des Archiducs, retom- bérent, en un jour, à la mort d'Isabelle, sous le sceptre de l'Espagne dégé- nérée, impuissante, ayant laissé choir de sa main débile l'épée victorieuse de Charles-Quint. Towe XXXIX. 48 à la mort d'I ays sabe elle. Fermeture de l’Escaut: é artistique de École Rubénienne aux mauvais jours de l'histoire. 574 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Pendant un siécle entier, les Pays-Bas devinrent le champ clos de l'Europe. Par la fermeture de l'Escaut, le désastreux traité de la Barriére, implacable Gorgone, pétrifia tous les courages, sema partout la désolation, la ruine et changea en solitudes les villes naguère les plus florissantes. Irions-nous faillir à la mission sainte de glaner sur le champ rubénien des épis dédaignés en des temps plus prospéres, épaves modestes de son royal héritage, mais témoins irrécusables de la vitalité du sang flamand aux plus mauvais jours de l'histoire. rité relative des res de cette pé- riode, i ienne sou es. 1650-1750. St-Loup à Namur 1653. Écrasé, comme nous, par cette infortune imméritée, lequel de nos com- patriotes aurait le cœur de nous faire un grief de la maigreur de notre javelle; partant, de l'infériorité relative des œuvres que nous allons décrire. Ajoutons que les pages qui vont suivre, tracées à travers le deuil de la patrie, nous furent d'autant plus poignantes que les bornes mémes du pro- gramme imposé à notre travail nous forcaient à nous arréter précisément à l'époque où nous aurions pu relever la tête et honorer chez les vaillants de 1830 la renaissance compléte, inespérée, des beaux jours de l'école anver- soise. Durant toute la première moitié du XVIIe siècle, la Venerabil Societa di Gesu, comme l'appelait Rubens, avait fait construire un grand nombre d’édifices conçus d’après les principes de l'architecture qui, pour lors, était en honneur dans l'ancien et le nouveau monde et dont le Grand Gesu de Rome était le type par excellence. L'approbation que le grand peintre avait donnée à un genre auquel il s'était identifié, l'avait mis en haute estime chez tous les artistes. Les Jésuites d'ailleurs ne cessèrent de construire de nouvelles églises ; nulle part, excepté en Italie, ils n'élevérent un nombre aussi considérable d'édifices religieux de tout genre. Les autres réguliers, Carmes, Augustins, Récollets, Prémontrés, Capucins, Minimes, témoignaient d'un zèle équivalent. Le clergé séculier déserta en masse Part ogival au milieu du XVIe siècle et fit preuve d'un véritable engouement pour les chapelles et les retables « à la Romaine ». La premièré construction que nous rencontrons depuis la mort de Rubens, arrivée le 30 mai 1640, est l’église des Jésuites de Namur, actuellement S'-Loup (1653). On entrait dans cette église par un double perron et la SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 375 façade était ornée des ordres dorique et ionique superposés. Un gable for- mant attique avec consoles en volutes enroulées, cantonnées de torchéres, surmontait celte ordonnance terminée par un fronton triangulaire. L'intérieur de cette église était d'une somptuosité remarquable : douze colonnes doriques de marbre rouge soutenaient ses trois nefs. Les murs du chœur étaient enrichis de cartels de marbre vert et de pilastres de marbre noir de Golzinnes. Les voûtes en pierre au-dessus des arcs plein-cintre qui unissent les colonnes, sont encore aujourd'hui recouvertes d'ornements qui témoignent de l'imagination et de l'habileté du sculpteur anonyme , humble frère Jésuite, qui les a exécutés. Nous ignorons également le nom de l'archi- tecte qu'une tradition cependant affirme avoir été un Jésuite. L'examen attentif que nous avons fait de cette église nous porte à croire que son auteur était Flamand et avait fait une étude particulière des églises de Rome. Le plus beau temple Loyolite élevé aux Pays-Bas, aprés celui de la Mai- son professe d'Anvers, est, sans contredit, la magnifique église S'-Michel à Louvain, commencée en 1630 et consacrée en 1666. Jusques il y a une vinglaine d'années ont attribuait généralement les plans de cet édifice à Lue Faid'herbe dont nous parlerons tantót; les recherches heureuses du savant et regretté M. Schayes, nous ont révélé le véritable architecte dans le Père Guillaume Hesius, Jésuite du collége de Louvain, émule du Père d'Aiguillon et cultivant l'architecture mieux qu'en simple amateur. Ce temple, dont la facade est la plus correcte et la plus élégante de nos églises modernes, serait sans restriction digne d'éloge, n'était une certaine redondance mono- tone, reflet affaibli parce qu'il semble raisonné, du brio incontestable des architectes italiens de la décadence. Ce manque de goût se révèle dans les torchères, pots-à-feu, cartouches et figures qui chargent certaines parties (l'attique par exemple), sans racheter ce défaut par la verve puissante et la rude originalité des œuvres similaires de Francquart et de Coebergher. On voit dans l'église S'-Michel des confessionnaux remarquables en style Rubens. Nous avons précédemment attribué à Coebergher les plans de l'église du Béguinage à Bruxelles qui, parla date de sa construction, doit figurerà ce cha- pitre de notre travail. L'église du Béguinage (1657-1666) ne fut commencée que sept ans après la mort de Coebergher, mais elle appartient évidemment St-Michel à (1650— R.P. Hesius, architecte. Confessionnaux remar- quables de cette ég pla W. Coebergher, (+ 1635.) Fréquente l'ate Rubens, Manière architecturale de Luc Faid'herbe. 376 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE comme style aux vingt-cinq premières années du XVIIe siècle, et pour s'en convaincre on n'a qu'à la comparer aux églises qui précédent et à celles qui vont suivre. En 1657 le progrés toujours croissant de la décadence du goüt architectonique italien introduisit naturellement chez nous des motifs nou- veaux, enchérissant encore sur la fantaisie des premiers, que l'on trouve aux églises de N.-D. d'Hanswijek, du prieuré de Leliendael et de l'abbaye de Grimberghen. On doit reconnaitre dans le faire architectural de l'église du Béguinage plus de sobriété, moins de bouffissure, et cette absence compléte de l'abus de refends que Faid'herbe poussa jusqu'au délire. Remarquons en passant que la tour, d'une conception originale, posséde une silhoutte quasi-. ogivale. Nous venons de parler de Luc Faid'herbe ou Fayd'herbe. Comme Franc- , Quart, cet architecte-sculpteur, né à Malines le 49 janvier 4617, était élève de Rubens. 1l fréquenta trois années son atelier et se vit délivrer, par son illustre maitre, le 5 avril 1640, année méme de sa mort, un certificat élogieux dont M. Émile Gachet nous a donné la traduetion dans son recueil de Lettres inédites de Pierre Paul Rubens. Faid'herbe s'attacha à copier la manière du célèbre anversois, ce à quoi il réussit assez bien quant à l'aspect matériel, tout en outrant les défauts du maitre. L'originalité de Rubens était l'assemblage de toutes les originalités des architectes italiens qu'il avait étudiés; dans les œuvres de Faid'herbe, on ne trouve nulle trace de cette assimilation , de cette recherche; l'artiste. malinois puise dans les carquois de Rubens , mais ne sait ou ne daigne pas s'adresser aux sources où son maitre a puisé. Le sentiment pittoresque affaibli, produit des emmanchements d'écolier; la science des contrastes et des heureux balancements de lignes est moins en honneur; une certaine inexpérience commence à poindre. Faid'herbe, s'ingéniant à la recherche d'une veine, manqua d'individualisme et n'eut pas assez d'entregent pour déguiser son insuccés sous un brillant emprunt, comme surent le faire plus tard Le Peautre, Berain, Marot et Mansard le neveu. Comme verve et comme recherche de la couleur, Faid'herbe est au- dessus d'Hesius; il reste inférieur au Jésuite au point de vue de la compré- hension d'un ensemble destiné à briller davantage par l'harmonie que par la hardiesse ou le pittoresque du faire. Si Hesius eüt réussi à éviter certaine SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 971 monotonie dans l'expression méme des motifs à effet, il eùt réalisé dans la façade et l'église des Jésuites de Louvain, le parangon de l'école italo-fla- mande, née de l'influence rubénienne. Nous avons constaté les mémes tendances à exagérer les motifs archi- tecturaux « Rubéniens » chez deux autres élèves du grand Anversois : van Thulden, dans les riches étoffages d'architecture des vitraux de S'-Gudule peints par De la Baér et Gaspard De Craijer dans les dessins des Arcs de Triomphe de l'Entée du Cardinal-Infant à Gand, exécutés la méme année que ceux de Rubens. Une preuve identique nous est encore fournie par un tableau de Dirk van Delen, élève de Frans Hals, que nous avons spéciale- ment étudié au Cabinet vert de la Galerie du Belvédère à Vienne. Il repré- sente une villa italo-flamande, entourée de jardins. Le motif prépondérant de l'étoffage architectural, est un superbe Portique pour lequel on a mis à contribution l'arsenal entier des motifs « rubéniens » avee ses dorures et sa marbrerie polychróme. S'il y a inspiration évidente. des Ares de Triomphe d'Anvers et en particulier de l'Arcus Ferdinandi; nous pouvons constater avec non moins de certitude la propension persistante des disciples et des imitateurs à outre-passer encore la verve plantureuse des thèmes favoris de Rubens. La comparaison des recueils de Gevartius et de Becanus fournit, à cel égard, une intéressante étude esthétique. Nous devons à Luc Faid'herbe les plans de quatre églises : ceux de Notre-Dame d'Hanswijck à Malines, exécutés de 1663 à 1678, font ineon- testablement le plus d'honneur. au talent du statuaire-architecte. C’est, du reste, la premiére exécution de la coupole italienne aux Pays-Bas, car on a vu plus haut que celle de Coebergher à l'église de Montaigu était trop écrasée et trop massive pour s'élever au-dessus de la valeur d'un essai rudi- mentaire. La coupole projetée par Van Santen à l'abbaye de S'-Pierre à Gand, en 1629, si elle eùt été exécutée à cette date, eût surpassé l’œuvre de Faid'herbe, mais elle fut seulement construite en 1720 par Hendrik Matheys. Nous ne savons pour quelle cause le portail de l'église de Notre-Dame d'Hans- wijek est demeuré inachevé ; il devait se composer de deux ordres dorique et ionique superposés, terminés par un fronton triangulaire. L'ordre inférieur comportait deux groupes de colonnes couplées et quatre pilastres accouplés Valeur ` d'interpréta- tion des [motifs fa- voris de Rubens par Thulden — de i - Dirk van d Delen. onstruites par Luc Faid'herbe Notre-Dame d'Hans wijek à Malines. (1663-1678.) HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE dont les entre-colonnements étaient percés de trois baies cintrées à entou- rages taillés en bossages. L'intérieur de l'église composée de trois nefs, d'une rotonde et d'un chœur avec collatéraux est d'un excellent effet. L'élévation du niveau du pavement au sommet de la calotte de la coupole mesure cent dix-sept pieds. Toutes les sculptures de l'église sont de Faid'herbe : nous signalerons particulièrement les quatre bas-reliefs des pendentifs. Comme Rubens, son maitre, notre artiste affectionnait le motif de la niche ornée d'un buste; on en voit iei un exemple qu'on retrouve encore à l'église d'Averbode dont nous allons parler et ailleurs. Cer de rabaye Celte église de l'abbaye d'Averbode, dans la Campine, bâtie par l'archi- "Wen tecte sculpteur malinois, (1664-70) reproduit d'assez loin le motif d'Hans- ; wijck; une coupole toutefois ne surmonte pas la rotonde, et l'église dans son ensemble affecte la forme d'une croix latine par le prolongement de droite et de gauche d'un transept rectangulaire qui part de cette rotonde. Remar- quons cependant que la nef offre peu d'étendue, et que la longueur du chœur est à peu prés celle de la moitié de l'édifice entier. Le soubassement inté- rieur de cette église est revêtu de marbre; nous regrettons cette dépense intempestive née de l'engouement italien, qui a détourné pour ce faux luxe des fonds qui eussent été plus judicieusements employés à donner une plus grande valeur architecturale à cet édifice, en général médiocre, et qui don- nerait une fausse idée du talent de Faid'herbo. Église des SS, Pierre La troisième église bâtie par cet artiste, dans l'ordre chronologique, est wimne église des celle des Jésuites, aujourd'hui paroisse des SS. Pierre et Paul ; nous avons dit (ies que Faid' herbe travaillait habituellement pour la Société de Jésus, qui lui (Facade 1709 ) commanda un grand nombre de morceaux de sculpture. Sanderus a donné une vue de cette église, que notre artiste enrichit d'un mobilier complet : tribune d'orgues en marbre, chaire, autels, confessionnaux, lutrin, banc de Mobilier remarquable communion, portails intérieurs. Ils méritent d’être comptés parmi les plus beaux meubles d'église que nous ait laissés ce XVII* siécle, réparateur des excés des iconoclastes, auquel nous devons les belles stalles de Vilvorde et de Soignies. Au point de vue de l'architecture, l'église des Jésuites, bâtie par Faid'herbe, de 1669 à 1676, présentait trois nefs d'égale hauteur, d'ordre composite, dont les ares doubleaux reposaient sur des pilastres répondant SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 579 aux colonnes. La facade, assez jolie, malgré la disposition de la grande fenêtre qui rompt intempestivement l'entablement du premier ordre à sa partie cen- trale, ne fut élevée sur l’ancien plan qu'en 1709. Antérieurement à ces trois églises, Faid'herbe avait construit, en 1662, le petit temple du prieuré de Leliendael à Malines, vaisseau à une seule nef dont la facade ressemble plus à une construction civile qu'à un édifice reli- gieux. La fenêtre cintrée de l’attique, à fronton triangulaire, contourné de volutes enroulées formant consoles d'amortissement et accompagné de tor- chéres, est assez remarquable; tous les pilastres sont à bossages, motif qui jouissait alors d'une faveur générale. Faid' herbe construisit enfin, en 1675, le bâtiment de la Commanderie de Pitzembourg de l'ordre de Malte, à Malines. De récentes recherches ont fait connaitre qu'il fournit aussi les plans de la Chapelle funéraire des princes de La Tour-Taxis en l'église N.-D. au Sablon. Le contrat passé le 28 février 1654 repose aux Archives du royaume. Les frontispices n'en furent terminés qu'en 1690 et 1691. Jérôme Duquesnoy fils, Gabrielle de Grupello, Mathieu van Beveren, Jean van Delen et Jean Cosyns en élaborérent les sculptures. Nous n'avons envisagé Faid'herbe qu'au point de vue de l'architecture : comme le Bernin, il fut surtout un grand statuaire. Ses œuvres sculplurales peuvent encore se voir au Musée de Malines, à la cathédrale de S'-Rombaut ainsi qu'aux églises de S'e-Catherine, des SS. Pierre et Paul, de St-Jean l'Évangéliste, de N.-D. d'Hanswijek et de N.-D. au delà dela Dyle, tous édifiés dans sa ville natale. Les chapelles du prieuré de Leliendael, du grand et du petit Béguinage et du grand Séminaire de la même cité sont peuplées de remarquables morceaux de sa main. Faid'herbe, en épousant Marie Smeyers, s'était établi définitivement à Malines. Il s'y construisit en 1641, rue du Brul, une habitation dont il fit les plans et qu'il se plut à orner de quinze morceaux de sculpture. Cette maison a été reconstruite par son fils Jean Luc qui l'avait héritée des parents de sa femme Jeanne Marie de Croes. Elle appartient aujourd'hui à M. de Meester. L'escalier est orné des bustes du Christ et de la Vierge. Les modéles des sujets: qui décorent la coupole de N.-D. d'Hanswijck d'une exécution Constructions diverses élevées par Luc Faid'- herbe; Prieuré de Leliendael à Malines. (1669.) Commanderie de Pit- zembourg à Malines. 1675. Chapelle Touret Taxis ans l’ e Notre- ablon à dans Dam Bruxelles (28 février 1651.) Importance del’œuvre sculptural de Lue Faid'herbe. Habitation de l'artiste rue du Brul à Ma- lines. (1641.) son Dër (1654-1704.) Maison de Jordaens, rue Haute à Anvers. (1641. 580 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE plus ferme et plus serrée que ceux de l’église méme ont été adaptés dans les boiseries du premier étage. Une Flagellation en bas-relief occupe un man- teau de cheminée du second étage où l'on voit, dans un cabinet, un autre bas- relief représentant la Fuite en Égypte. Faid'herbe ne garnit pas exclusivement sa demeure de sujets religieux ; sur la cheminée du petit salon on voit un cupidon de marbre blanc qui rappelle les plantureuses traditions rubéniennes ; dans une autre ehambre, un faunisque faisant danser une bande d'amours. Le jardin renferme une statue d'Hercule qui se distingue par une exécution vigou- reuse et brillante; deux dauphins montés par des enfants et différents bustes. En résumé, Luc Faid'Herbe , architecte de talent et habile sculpteur, fut un digne élève de Rubens, dont il propagea par ses œuvres les idées esthé- tiques. Il mourut à Malines le dernier jour de l'année 41697. Son portrait, peint par Francois, figure au Musée historique de Bruxelles. Notre artiste eut be douze enfants; le huitième, Jean Luc, dés sa réception à la Gilde de St-Luc : S'occupa de l'érection. d'une Académie malinoise des Beaux-Arts, mais sa demande, adressée au Magistrat le 44 juin 1684, resta sans effet. Il cul- tiva les deux arts qu'avait illustrés son pére, mais plus spécialement l'archi- tecture. Né à Malines le 28 août 1654, il mourut dans la méme ville le 29 juillet 1704. Nous avons déjà eu occasion, plus haut, de parler de la maison que Jacques Jordaens, le grand peintre anversois, se fit bâtir dans sa ville natale, rue Haute, sur l'emplacement de l’ancienne Halle van Turnhout, propriété qu'il acquit de Nicolas Baex. Jordaens avait emménagé dans cette belle demeure, dont il fit les plans, et dirigea lui-même l'exécution, un an aprés la mort de Rubens. Au centre était une cour formant un carré régulier, dont les deux faces à lorient et à l'occident ont conservé, jusqu'à ce jour, leur caractère primitif; les deux autres côlés ne présentent plus que des murs unis percés de portes et de croisées. Un salon au midi, cependant, dont le plafond conserve encore plusieurs tableaux de l'artiste, semblent indiquer, par la somptuosité des décorations, qu'il a sans doute dü faire partie autrefois d'un ensemble symétrique d'une certaine richesse, car les toiles qui se voient actuellement dans ce salon, servant de magasin, sont dignes d'un musée. : SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 381 La facade opposée à l'atelier se composait d'un portique ou arcade d'ordre ionique à la maniére de Michel-Ange, strié de bossages, portant une table au dessus de la clé de voüte et présentant une frise bombée. La corniche for- matt un balcon à balustres dont les acrotères servaient de socles à deux termes, mâle et femelle, supportant un entablement, à frise et architrave interrompues. Le tout formait l'encadrement d'une fenêtre aux angles courbés en quart de cercle dont la corniche offrait comme amortissement un œil-de- bœuf cantonné de volutes renfermant un buste d’après l'antique. La clé de cet œil-de-bœuf traitée en cartouche « gélatineux » portait le millésime de 1644. Des festons plantureux raccordaient les angles brisés du fronton et la partie supérieure de l'eil-de-beuf ; un cône de pin pédiculé timbrait l'arc du tympan. L'atelier proprement dit de Jordaens, situé en face, ayant cinq fenétres de front, comprenait un rez-de-chaussée et un étage. Le rez-de-chaussée pré- sentait un portique d'ordre ionique moderne, dont les pilastres étaient montés sur socles à galbe ondulé dans le genre de ceux qu'affectionnait Vredeman De Vries. L'entre-colonnement de ce portique, sans archivolte ni imposte, élait occupé par une porte bâtarde semi-cireulaire avec chambranle portant trois clés en bossages et aboutissant aux impostes des piédroits striés dans le méme goût. Une table d'architeeture, primitivement décorée d'une inscription amortissait le tout. Une corniche en arc de cercle dominait l'ensemble du motif et supportait une niche décorée d'un buste de Bacchus, copie d'un marbre classique due au ciseau d'un sculpteur flamand contemporain. Cette niche, portant une clé développée en volutes, était d'ailleurs enrichie d'enroulements « callipyges » particuliers au style Rubens. Prise dans son ensemble, cette ordonnance rentrait assez bien dans le genre des portes bâtardes avec abat-jour éclairant le vestibule, ménagé au- dessus de la baie, que l'on trouve en « patrons » dans le livre de Francquart et un peu partout à Anvers, Gand et Bruxelles comme mise en œuvre. Fai- sons encore remarquer que la corniche seule profilait en plein; la frise et l'arehitrave, ressautant au droit des colonnes, s'arrétait horizontalement en retour d'équerre; cette dernière disposition était trés-familiére à Rubens, Tome XXXIX. 49 Atelier de l'artiste. Caracteres de l'ordon- nance de cette habi- tation, Motifs spéciaux d'archi- tecture adoptés par Jordaens pour l'étof- fage de ses tableaux et pour l'ordonnance de sa demeure, 582 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE nous l'avons remarquée, entre autres, à l'arc de Ferdinand. Ajoutons que les maitres italiens de la décadence firent de ce motif, très-ingénieux, un abus blàmable. Les hautes fenétres du rez-de-chaussée de l'atelier de Jordaens qui accompagnaient celle ordonnance étaient aussi en arc de cercle, striées de bossages el coupées à peu prés au milieu par une imposte tenant lieu de croisillons ou de meneaux. Le premier élage se composait d'une ordonnance de fantaisie : la baie de la fenêtre centrale avec balcons garnis de balustres était semi-circulaire avec imposte et archivolte ; une console formait la clé. Au-dessus, un amortisse- ment assez tourmenté, présentait une grande volute terminant les lignes de la corniche entre deux abouts de frontons à la fois enroulés et ondoyants. Un œil-de-bœuf, décoré d'un buste analogue à celui du rez-de-chaussée se voyait au-dessus. Toute cette ordonnance était portée sur des pilastres n'ayant d'autres caractéres distinctifs que les gouttes des triglyphes doriens, en dimen- sions exagérées. Elle servait de support à un fronton triangulaire, tailladé à la Dietterlin, dont la corniche suivait le rampant. Les quatre fenêtres de l'étage, à angle coupé, présentaient une clé en bossage au milieu de chaque pan; l'imposte passait à travers les croisées et tenait toute la façade; enfin, les archivoltes formant chambranle étaient à crossettes à leurs bases. Jacques Jordaens naquit à Anvers en 1593. Élève du premier maître de Rubens, Adam van Noort, il épousa le 15 mai 16416 sa fille Catherine. Les Liggere le qualifient de peintre à la détrempe (waterschilder), il s'est depuis aequis une assez solide renommée comme peintre à l'huile. On sait qu'il ne voyagea pas en Italie, c'est done à l'influence seule des idées « loyolites » et rubéniennes aux Pays-Bas que nous devons ce morceau d'architecture mal- heureusement gàté au commencement de ce siécle. Jordaens dut faire, au reste, une étude assez approfondie de l'architecture décorative, cela résulte à l'évidence de l'examen de ses tableaux. Il s'y sert, toujours avec bonheur, de ces riches étoffages architectoniques que Rubens ordonnait avec lant de facile supériorité. ; Remarquons toutefois que dans l'ordonnance bátie de sa demeure de la rue Haute, le maitre anversois ne témoigne pas de la méme verve et de la méme fougue que le ferait supposer son architecture peinte. Dans cette habitation SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 385 privée, le style se rapproche tout à fait de la manière de Franequart. Il est hors de doute d'ailleurs que Jordaens n'ait eu entre les mains le livre d'ar- chitecture que le favori d'Isabelle publia en 1616 et que nous avons ample- ment décrit plus haut. Jordaens survécut trente-huit ans à Rubens et mourut de la « suette » le méme jour que sa fille Élisabeth , le 48 octobre 1678, dans la croyance réformée. Le registre de la communauté protestante de /'Olyfberg d'Anvers nous apprend que dès 1671 l'artiste avait été « admis à la Cène » des cal- vinistes. Catholique de naissance, son changement de religion remontait à son séjour à la Haye où il peignit dans le casin nommé : Aet Huis ten Bosch, bâti par Pierre Post, la célèbre toile du Triomphe du Stadhouder Frédéric Henri. L'auteur du « Peintre amateur et curieux, » — livre d'une importance capitale au point de vue de l'énumération que l'on y trouve des richesses artistiques de l'ancien duché de Brabant au milieu du XVIIe siècle, — G. P. Mensaert, peintre lui-méme, dont on voyait autrefois cinq tableaux à la Sodalité des mariés en l'église des Jésuites de Bruxelles, nous apprend qu'en 1763 la demeure de Jordaens appartenait à M. van Herck, conseiller de commerce et grand amateur et connaisseur de peintures. Ce négociant notable, bien qu'il résidàt habituellement à Bruxelles conservait à Anvers cette propriété op il avait réuni, outre des tableaux de Rubens et de Van Dyck, des cartons de ce premier maitre et une incomparable collection de gra- vures, Remarquons qu'à cette époque, cette artistique demeure était encore intacte; il y avait pourtant prés d'un siècle que Jordaens avait cessé de vivre. En effet, le méme Mensaert qui l'avait visitée nous assure « qu'elle est ». trés-richement décorée de plusieurs plafonds et autres ouvrages peints de » la main du maitre. » La maison de Jordaens porte aujourd'hui le nouveau numéro 43, sect. 4. L'atelier sert de magasin; le tout disparaîtra l'un ou l'autre jour. I serait digne de la part de la ville d'Anvers d'acheter ce qui reste des demeures de Rubens et de Jordaens, de Plantin, et de van Schoone- beke, pour les restaurer, élaguer les constructions parasites et les rétablir à La Maison deJordaens au XVIIIe siècle, (Mensaert.) Son état actuel. Loge des Poissonniers à Bruxelles (1639). Schelle, Antoine va architecte, Nicolas Roekox bourg- d'Anvers, 9,000 florins à y à la Corporation. Ordonnance ar chitec- tonique. 584 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE l'état primitif. Elles constitueraient autant de Musées particuliers intéressants à tous égards que l'on animerait par des exhibitions de photographies et des- sins ayant trait à l'histoire de l'édifice ou aux œuvres des grands maitres qui y ont séjourné. On pourrait encore y convier à des conférences esthétiques spéciales les élèves de l’Académie d'Anvers, De la sorte, ce qui reste aujour- d'hui de ces intéressantes décorations architecturales pourrait être transmis intact à la postérité. Un type fort complet et des plus intéressants de l'architecture italo-fla- mande due à l'influence de Rubens, est l'ancienne Loge des Poissonniers en la ville de Bruxelles. Un dessin à la plume, de P. Bout, lavé à l'encre de Chine et la description faite en 1763 par le peintre Mensaert, nous four- niront amplement les matériaux d'une restauration spéculative. Construite en 1639 d'aprés les plans et sous la direction de l'architecte Antoine van Schelle, contróleur des bàtiments de la ville et située sur le Marché au Poisson, à l'angle de la Torfsinne, aujourd'hui , rue de la Vierge Noire; cette maison dont la vue perspective existe au Musée de Bruxelles, à la Galerie historique, présentait trois faces ornées dont l'une surplombait la Senne. Circonstance curieuse, ce fut Nicolas Rockox, le célébre bourgmestre d'Anvers, ami de Rubens, qui préta à la corporation, n'ayant pas les res- sources suffisantes pour couvrir les frais de cette importante bâtisse, une somme de 9,000 florins, par acte du 20 juin 1639, retrouvé aux archives de la ville de Bruxelles, par le savant et infatigable M. Wauters. La facade vers le Marché au Poisson comprenait quatre fenêtres ; celle donnant sur la riviére sept. Le méme nombre devait. probablement se pré- senler sur la Torfsinne. Le rez-de-chaussée, vers le terre-plein du pont des Poissonniers, présen- lait trois fenêtres dont les seuils étaient décorés de triglyphes, de gouttes et de consoles. La porte était placée à l'extrémité gauche, élevée sur un perron de quatre marches en saillie sur la rue et pourvue de garde-fous de fer forgé aboutissant à des piédestaux portant les armoiries de la corporation. Cette porte était du genre de celles que renferment les recueils de Serlio, de Franc- quart, d'Oratio Perucci (1634) ou de Francine et dont il existe encore de si intéressants échantillons à Bruxelles, Anvers, Gand et Bruges. La baie cintrée SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 585 comprenant archivolte, impostes, chambranles et consoles, supportait un entablement à fronton enroulé. Au-dessus, un cartouche, à coquille, historié d'un mascaron servait d'encadrement au traditionnel abat-jour en œil-de- bœuf. Des chaines de pierres blanches reliaient les fenêtres et la porte d'entrée et se détachaient symétriquement sur le fonds de briques rouges. La frise de l'appui du premier élage, était enrichie de quatre bas-reliefs séparés par des chutes de feuilles. Ils ont seuls survécu à l'ancienne ordon- nance architecturale et se voyaient naguère encore sur la piteuse facade moderne. Des amours, des tritons et des néréides en formaient les thémes. Au-dessus de cet appui, s'élevaient les quatre fenétres de l'étage dont les corniches de couronnement, à frontons interrompus, offraient des coquilles aux baies extrémes et des cartouches aux médianes. Sur l'un de ces car- touches se lisait la date de l'érection de la Loge : 1639. Trois ordonnances superposées formaient le gable ou pignon gothico-loyo- lite, trés-élevé et très-caractéristique de cette construction. L'ordonnance infé- rieure, toscane, comprenait quatre pilastres reposant sur des consoles et encadrant, aux deux extrémités, des fenêtres rectangulaires à frontons ram- pants. Au centre, une baie circulaire avec impostes et archivolte s'accommo- dait d'une moulure de couronnement à volutes terminales et d'une clé de voüte à congélations. Les trumeaux compris entre les piédroits de la fenétre et les pilastres offraient des amours portés sur des dauphins, soufflant à perdre haleine dans des conques marines. Le champ resté libre des deux cótés de la clef d'archivolte était décoré d'une guirlande rattachée à des mufles de lion. L'étage immédiatement supérieur du gable était en retrait; il offrait, avec les caractéres de l'ordre ionique, trois pilastres dont celui du centre reposait sur Ja clé de voûte, à formes congelées, dont nous venons de parler. Aux cótés de cette ordonnance, rachetant le retrait, se voyaient les statues couchées de deux naiades coiffées de roseaux et nonchalamment appuyées sur leur urne qui s'épanche. Le dessus de l'aerotére avoisinant ces figures était orné d'un pot-à-feu à cótes saillantes. Deux fenétres couronnées d'un entablement à fronton cintré, dont les tympans étaient décorés de coquilles, s'ouvraient dans le champ compris entre les trois pilastres. L'amortissement du gable présentait un attique avec consoles latérales Étoffage sculptural. Richesse que du gable co-loyolite. Ameublement et déco- ration remarquable de cette Loge. État au XVIII? siècle, Description de Men- saert. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 386 timbré des armoiries de la corporation et accompagné de chaque côté de tritons sonnant de la conque. Un fronton cintré, avec coquille au tympan, surmonté d'une statue de Neptune, le trident haut, couronnait heureusement cet ensemble pittoresque. La Description de Bruxelles de Friex nous apprend que la plupart de ces ornements étaient dorés. L'ordonnance vers la Senne était plus simple; huit bas-reliefs semblables à ceux de la facade principale décoraient la frise d'appui au premier étage. Au milieu des quatre premiéres fenétres se voyait un cartouche de forme barlongue portant l'inscription suivante : PruLiPpo. Quarto . HispANIAE. REGE. ET . BRABANTIAE . DUCE . COLLEGIUM . HOC . TYOPOLARUM . SALARIORUM . AERE . SUO + OPUS.HOC.AD . AETERNAM . GRATIAM. A.FUNDAMENTIS . FACIENDUM . CURAVIT. BRUXELLIS. ANNO . M.DC.XXX.IX. Le gable qui avait plus de développement, était cantonné, à sa partie inférieure, de deux consoles. A la partie médiane, qui n'avait qu'une seule fenêtre, le retrait était racheté par deux grandes volutes timbrées de pots- à-feu. L'attique supérieur n'avait pas de tritons et était surmonté d'un simple vase. Nous avons dit que cette facade sur la Senne présentait sept. fenétres; quatre seulement étaient sous le pignon, les trois autres faisaient partie d'un bàtiment en forme d'annexe, avec pignon latéral à gradins, offrant au-dessus de la fenétre la plus rapprochée du grand gable, une lucarne de toiture, italo-flamande, avec consoles et fronton. Au tympan de cette lucarne fut placé, en 1762, un cadran réglant les heures d'ouverture et de fermeture du Marché au Poisson, confectionné par Gilles Rousseau, horloger à Bruxelles, L'ameublement, la décoration, les tableaux et les œuvres d'art de la Loge de la Corporation, correspondait au luxe de la façade et nous sommes assez heureux d'en pouvoir consigner ici la description faite en 1763 par Men- saert. Nous y ajouterons quelques détails fournis par l'intéressant manuscrit donné par M. Reper à l'Administration communale de Bruxelles et compulsé par M. Wauters. « La maison du Corps des Poissonniers, » dit Mensaert dans son Peintre SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 587 amateur et curieux, « est occupée en bas par un marchand de vin, lequel » se fait un espéce de devoir de montrer aux amateurs toutes les beautés » qui sont dans la chambre d'assemblée de ce Corps. On y voit entre autres » une trés-belle pièce peinte par Gaspard de Crayer, qui représente Notre- » Seigneur apparaissant à saint Pierre aprés sa résurrection : ce saint apótre » qui est à la droite de Notre-Seigneur, tient d'une main un gros cabillau ; » ses campagnons paraissent attentifs aux ordres du Sauveur. Cette pièce est » digne de toute l'attention des connaisseurs ; si le peintre a péché en quelque » partie de ce tableau, c'est dans la représentation de ce cabillau, qui, à dire » vrai, n'est pas un poisson que l'on pêche et que l'on trouve dans la mer » de Judée. » On voit en outre dans cette belle chambre cinq autres tableaux , peints » par J. van Orley, trés-bien exécutés; savoir, deux à côté de la pièce de » Crayer, dont l'un. représente le Seigneur qui ordonne à saint Pierre de » prendre hors la bouche du poisson qu'il tient une pièce d'argent pour payer » le tribut; l'autre « Pasce oves» . La Sainte-Famille est la pièce de cheminée » dans cette chambre et, sur le retour, saint Pierre en prison et saint, Pierre » délivré. » On voit sous le tableau de € » tout à fait curieuse; elle a été ordonnée et exécutée en marbre par le » fameux chevalier Grupello, les figures en sont admirables, certes les con- rayer une fontaine d'un goüt singulier et » naisseurs y trouveront des coups de ciseaux expressifs et hardis. » A côté de cette merveilleuse fontaine, on voit deux pièces de sculpture » de (Jacques) Bergé, de cette ville; elles représentent le Mensonge puni dans » Ananias, et le Martyre de Saint-Pierre. Ces deux morceaux sont trés-bien » exécutés, et ne doivent rien céder aux plus habiles maîtres. » Cette chambre est en outre ornée de glaces, de lustres, de sculptures et » de dorures ; en un mot, ce corps de métier est riche en vases d'argent et » autres piéces curieuses d'orfévrerie. » Nous ajouterons d’après l'inventaire manuscrit de M. Reper que les neuf « miroirs » en glaces, furent achetés à un marchand de Londres, nommé Henri Duysbergh et placés dans les boiseries, ce qui entraina une dépense de 1,700 florins courant. Le plafond fut peint et doré par Sevin qui reçut Peintures de J. van Orley (1656-4709). Fontaine du chevalier de Grupello. 1644-1750.) Bas-reliefs de Jacques Bergé (1693-1756). Miroirs. Modifications appor tées à cet édifice. (1752-1770.) en 1871. André Pozzo. (1659-1709. gieu troduits a Bas par les x Pays- Sa démolition radicale Décorations loyotites. Somptueux décors per- spectifs des fêtes reli- »s de Rome in- suites. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 388 450 florins de ce chef. On sait que ce décorateur, émule de Pozzo, peignit aussi le magnifique plafond que l'on admirait autrefois à la grande salle de la maison du Cygne et la belle perspective qui existe encore à la sacristie de l'église de Notre-Dame de la Chapelle. La porte d'entrée de la grande salle du premier étage, qui a conservé sa menuiserie, est un curieux spécimen de notre renaissance flamande. Le style remonte aux premières années du XVII* siécle et il est probable qu'on l'aura utilisée lors de la reconstruetion de 1639. Elle se trouve depuis 1876 au Musée de la Porte de Hal. La fontaine de Grupello a été transférée au Musée royal de Peinture. Cette maison subit plusieurs modifications dans le XVIII* siècle. En 1752 on en restaura la facade sous la direction de l'architecte Thiébault; en 1770 elle fut réparée sommairement par les soins du sculpteur van der Haegen. Quarante ans plus tard l'invasion. francaise et l'odieuse rapacité des Sans- culottes devait nous ravir tous ces trésors qui faisaient l'orgueil de nos gildes et de nos corporations. La Loge des Poissonniers m'est plus actuellement qu'un souvenir. Elle a disparu en 1874 pour faire place aux Halles Centrales lors du voütage de la Senne. Un an avant la mort de Rubens, naissait à Trente d'une famille honorable, André Puteus ou Pozzo. Épris de l'art de peindre, il se rendit à Milan pour y suivre les lecons d'un artiste natif de Cóme qu'il ne tarda pas à surpasser. A l’âge de vingt-trois ans, le jeune peintre alla se présenter à la maison pro- fesse des Jésuites à Rome et y fut reçu en qualité de frère coadjuteur. Dès ce temps, Pozzo se distinguait par de sérieuses qualités de dessin et de coloris unies à cette élonnante célérité de conception et à cette incroyable prestesse de pinceau qui l'ont rendu justement célébre. Ses grandes compositions déco- ratives peuvent êtres mises en parallèle avec les plus vertigineux rideaux de théâtre de Bibbiena, de Tiepolo, de Radel ou de Servandoni. Les grandes fêtes célébrées dans la mondaine et somptueuse église du grand Gesu — due à la munificence du petit-fils de ce Paul HI dont le neveu appela les Jésuites aux Pays-Bas — étaient renommées dans Rome et les États pontificaux à cause des magiques décors que le frére Pozzo créait à leur occasion, Le nom du jeune religieux fut bientôt célèbre dans toute l'Italie; Frascati, Milan, Modéne, Arezzo, Venise, Monte-Pulciano, Génes, Mondovi, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 389 Turin conservent de beaux spécimens de sa facilité. Rome, toutefois, plus qu'aucune autre ville; la voûte de l'église S'-Ignace, au sujet de laquelle il publia en 41694 une lettre intéressante adressée au prince de Lichtenstein, les autels de S'-Louis de Gonzague et du fondateur de la Société de Jésus, y constituent ses œuvres principales. En 1692 Pozzo publia à Rome le premier volume de sa perspective, en 1700 le second. Jean Boxbarth, graveur à Augsbourg, en donna en 1108 une nouvelle édition, en format plus petit et accompagna le texte latin. d'une traduction allemande. La réputation du célèbre décorateur Jésuite inspira à l'empereur Léopold le désir de l'attirer à Vienne. Sujet de l'Empire, quoiqu'il fút déjà d'un âge avancé, il dut partir pour cette ville op il mourut le 31 aoüt 1709. Le frére Jésuite signala son séjour à Vienne par de nombreuses modifi- cations d'églises, spécialement celles de la Maison professe, de la Miséricorde et de la Rédemption des captifs de la Merci. A la fin du XVII* siècle, Pozzo jouissait dans toute l'Europe d'une répu- tation colossale; modeste et d'une vie exemplaire, Pascoli, Milizia, Lanzi, Patrignani et plusieurs autres, qui ont écrit sa vie, nous apprennent qu'à Vienne on vit la Cour et la ville prendre part à sa perte. On imprima son éloge et nous possédons une belle médaille frappée en son honneur. Un tel artiste, dans un temps où les Pays-Bas allaient passer sous le sceptre de Charles VI et où les Jésuites atteignaient l'apogée de leur splendeur, devait avoir une grande influence sur le style dominant. Cela fut d'autant. plus aisé qu'André Pozzo avait puisé la plupart de ses inspirations à l'École borrominienne et que par conséquent ses compositions continuaient le plus naturellement du monde, les traditions recues du style italo-flamand mis à la mode par Rubens et ses éléves. Les décors de Pozzo avaient déjà antérieurement été essayés à Anvers, siége de la Maison professe de la Compagnie de Jésus. Les Liggeren de la Gilde de S'-Lue, publiées par MM. Rombouts et van Lerius, contiennent en effet, à la date de 1690, la mention suivante, tirée des Archives de la Soda- lité des hommes mariés : « Dit jaer is ghemaeckt een poort (portique), geschildert van Joan (van) Helmont, dienende tot de meditatie, ’twelck Tome XXXIX. 50 Publications de Pozzo (1692-1700.) Pozzo appelé à Vienne par l'emp. Léopold. Réputation européenne de Pozzo. Son- influence sur le goût aux Pa Décors peints par van Helmont, pour la Sodalité d'Anvers. (t690.) Traité de Pozzo réim- primé à Bruxelles avec texte flamand. 1708, Son importance comme manuel d’architec ture décorative, Décorations théátrales des Colléges Jésui tiques. 590 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » R. Pater van Oyghem heeft laten maken ; alsnoch de 2 moordenaers syn » ghemaeckt door Nicolaus Huybrechts, alsnoch een schutsel, ghenaemt het » pallijs, den hof is geschildert door Jacob Janssens, den kerker is geschildert » door meester Petrus Ykens; alsnoch eenen Pilatus, eene voetewassinck, een » deel joden, eenen Christus, een O. L. Vrouw met eenen S'-Jan, met noch » een Boodischap van O. L. Vrouw, den Petrus, de Crooninghe, de Ghesse- » linghe, door (Joan van) Helmont, het hofken ons Heer, door Cornelis de Clee, » met oock eenen Christus en oock eenen Pilatus. » Par ces décors et ces figures peintes sur bois découpé — le Musée d'Anvers et l'église S'-Jaeques en ont conservé quelques-unes — les Jésuites avaient réussi à rajeunir et à moderniser dans leurs temples les Mystères de la Passion « à personnaiges vifz » des cathédrales du moyen âge. Les Jésuites apportérent bientôt aux Pays-Bas les planches gravées à Augsbourg par Jean Boxbarth et G. Conrad Bodenebr. Ils firent réimprimer l'édition viennoise, enrichie d'une traduction franco-flamande du texte, chez François T'Serstevens, imprimeur-libraire à Bruxelles. Cette édition est précédée du portrait du frère Pozzo, par Antoine Birckart. On lit au bas le distique suivant composé par son éléve et ami F.-F. Hofmann : Fallere Apellæa vir hic omnes noverat arte, Innocuis ullum moribus non poterat. Tout en étant un Traité de perspective, le livre importé par les Jésuites était encore essentiellement un manuel d'architecture décorative. Nous remar- querons parmi les compositions du premier volume deux tabernacles octo- gones qui servaient au Gesu pour les Prières de Quarante-Heures; celui qu'on élevait en l'église S'-Ignace au Collége Romain -comme Reposoir eucharistique le jour du Vendredi-Saint et la célèbre composition des Noces de Cana en Galilée, érigée à Rome en 1683 en l'église Farnése de la Com- pagnie de Jésus. Cette composition affecte des allures particulièrement gran- dioses que n'eùt certes pas désavouées Rubens. Le second volume, outre l'autel de S'-Alois, aux chapiteaux composites, ornés de tiges de lis, aussi élégants qu'originaux, nous donne deux déco- ralions théàtrales destinées aux Colléges de la Compagnie et représentant : l'une, une Bibliothèque, l'autre, une Antichambre. E) SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 391 "armi les compositions qu'on y trouve et qui furent toutes plus ou MOINS Plafonds de Sevin imitées chez nous, remarquons un grand plafond d'église et le dóme en « clair CC, obseur » du Collége Romain. Les perspectives plafonnantes peintes en détrempe dans le premier tiers du. XVHI* siècle par Sevin à Bruxelles sont une preuve manifeste de l'engouement que fit naître la publication de ces motifs italiens dans nos Pays-Bas. Citons encore l'autel de S'-Ignace érigé à Rome en 1670 et détaillé dans la Roma Moderna; l'autel de S'-Alois et deux compositions spéculatives. Pozzo se jouait des plus foncières difficultés de l'art de la perspective et du clair-obseur et semblait méme aborder de préférence l'exécution de véri- tables tours de force. L'argent manquant à Frascati pour élever un autel véritable : l'ingénieux Frére peignit sur une abside concave un édicule convexe et le traca au moyen d'un artifice d'exécution des plus adroits qu'il imagina à cet effet. Le premier ouvrage en clair-obscur perspectif qu'aient admiré les Romains, Retables flamands in- sp le ses « Re- était également un autel peint sur la muraille à l'église de S'-Ignace. Hr étudiant attentivement cette composition du jésuite Pozzo, celle gravée sous le n° 80 et celle érigée à Vérone en l'église S'-Sébastien, on pourra constater facilement une alliance intime avec les grands retables de bois et de marbre élevés chez nous par van Delen, Mildert, Donckers, van Nerven, Cosyns, De Vos, Langmans et van Bauerscheit. Signalons, enfin, les « Dessus » de portes et de fenétres dont les motifs ont souvent inspiré nos artistes de la derniére période de l'École rubénienne et de remarquables et plantureuses consoles. C'était , à tout prendre, un étrange génie que Pozzo et bien fait pour plaire à une époque où Maderno terminait le frontispice de S'-Pierre; Bernini la colonnade; Borromini l'église St-Charles et les Quatre-Fontaines. En méme temps que le jésuite Pozzo tracait la célèbre composition du maitre-autel de S'-Ignace à Rome , digne d'un disciple de Rubens: le théatin Camillo Guarini dressait les plans de St-Vincent à Modène et de S'-Anne la Royale à Paris. Il est curieux de lire dans le texte flamand de l'édition bruxelloise des œuvres de Pozzo cette justification convaincue du rival du chevalier Bernini: «Ende alhier moete ik bij geval, ontschuldinge, ende bescher- 392 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » minge nemen zoo voor mij als de hedendaegsche Bouw-meesters de welke » veracht worden om cene veranderinge van Architecture, niet volgende de » oude nogle hunne nagelaete werken niet en volgen, ik en segge niet van » veranderinge van zaeken die de gront-regels van Architecture raeken , dit » en kan oft en will niemant ontschuldigen, maer ik wille seggen van » veranderingen van cornichen, ofte verciersels, zeer ellendige Menschen » die sig stooren aen de schimp-reden der gemeijne Menschen : dog dit en » zouden sij hun niet moelen aentrecken : die dan de maniere volgen der » Ervaere Meesters, schoon Lot sij tot den trap van eere gerackt zijn, tot 3 V 5 J » spijt der afgunstige benijders over het hooft siende alle opspraek ende » nijdL, deze zij gelukkig (ik zoude aengaende deze materie vele voorbeelden » konnen bij brengen) laet ons van deze materie afwijken. Een voor alle sal » genoeg wesen : van eenen uijimuntenden Bouw-meester voortijts in voegen » met name Donowiwus : wiens werken, niet Le min sij groote afgunstigheijt » ende versmaedtheden geleden hebben om de veranderinge ende nieuwe » uijtvindinge : dienen hedendaegs tot groote verwonderinge. Dat deze dan » goeden moet scheppen, want hunne uijtmuntenheijt zal eerder bekent worden, als de quaedtaerdigheijt der benijders. » Avec de tels principes esthétiques propagés et encouragés chez nos artistes, ne nous étonnons pas de ce fait, qu'aussi longtemps que les Jésuites furent debout, le style borrominien fut en honneur, Dans sa célèbre composition du maitre-autel de l'église S'-I1gnace, le frère Pozzo donne la mesure de son génie par l'ampleur de la composition, la fougue de l'ordonnance, le plantureux de l'effet. Les principes dissolvants de l'École borrominienne qui doivent finalement étouffer le style d'Alessi et de Bramante dans les étreintes du Pellame ou Barocco se sauvent encore par la maëstria du style, dans les compositions fantaisistes des retables gravés dans le second volume. Pozzo, ceci soit dit en passant, croit devoir justifier ces étrangetés par des raisons trop caractéristiques pour qu'elles ne trouvent pas place ici. Ce furent ces mémes raisons adoptées par nos artistes qui les préparérent à imiter les rocailles parisiennes d'Oppenort et de ses coryphées, quand les Jésuites ne furent plus là pour défendre le style en honneur à Rome. Nous les don- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 395 nons d’après le texte flamand de l'édition de Bruxelles déjà citée : « AUTAER VAN EENE ZELDSAEME UIJTVINDINGE. Gehoort hebbende dat binnen » Roomen in eene van de bezonderste kerken moeste gemaekt worden eenen » hoogen Autaer, zijnde aen zoo vele andere van veranderinge ende nieuwe » uijtvindige zeer verschillende : zoo hebbe ik dezen voor een model getee- » kent bequaem zijnde voor de zelve plaetse, maer om dat hij kan afgewesen » worden om de ongewoone gesteltenisse der Golomnen, het gene zal voorts- » komen hier uijt om dat niemant dezen Colomnen den eersten zal willen » gebruijken, als ongebruijkt bij de Oude, zoo willeik mij van deze beschul- » dinge suijveren is het niet met authoriteijt, ten minsten met reden : de al » oude (indien wij Vitruvius gelooven) stelden zeer dikwils in plaetse van » Colomnen, ofte van Deur-steijlen, beelden van Mans, ende Vrouwen, de » welke hij Cariatidas noemt, nu vrage ik waerom het noodig is deze » beelden al staende te stellen, ofte en konne sij hunne plicht niet vol- » brengen al sittende? ende indien dit niet schandig en is, ik en sien niets » ongeoorloft geboogde Colomnen te stellen , ofte om zoo te spreken, sittende » Colomnen. Ik segge nogtans, schoon dit de Ooge in het minste niet » misdoet, ende dat sij bequaem zijn den last te draegen, zijnde verselt » met Pilasters, men die niet en moeten afwijzen, maer aen andere zaeken » gebruijkt worden. » Comme on le voit, l'on ne manquait pas de subtilités paradoxales, invoquant méme l'autorité austère de Vitruve, pour justifier les colonnes «sur le séant» la plus invraisemblable des étranges nouveautés de la supréme période du style loyolite. De la seconde moitié du XVIIe siècle, jusqu'à la fin du premier tiers Principaux architectes du XVIIIe, un grand nombre d'architectes dont les noms sont connus, élevè- rent des constructions d'importance variable, mais toutes conçues d’après les prineipes du style italo-flamand patronné par Rubens et les Jésuites. Parmi tous ces artistes nous signalerons particulièrement : Jacques Du Broeueq, le jeune, petit-neveu ou petit-fils de l'architecte des A châteaux de Mariemont et de Binche, qui construisit, en 1634, le monastère de l'abbaye de S'-Ghislain et avait élevé auparavant plusieurs édifices à S-Omer. L'abbé Guillaume Loëmel lui commanda, en 1621, un nouveau Jubé ^ de cette periode. eques Du Broeueq, Abbaye de Saint- Ghislain ( abé de S'-Bertin à St-Omer (1621). Clôture de la c drale (1621-1625). Refuge de l'abbaye St-Michel à Bru xelles (1656). Ares de triomphe du Jubilé (1670). Herboseh,Maison de la Louve (16 Bruxelles (1645). Franck „ Chapelle de Jesus-Eyek (1650). HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 594. pour l'église S'-Bertin. Il passait pour le chef-d'œuvre de l'abbaye; il n'en existe plus qu'un fragment dans l'église S'-Denis, à S-Omer. De 1621 à 1625, Du Broeueq ordonna les charmantes clôtures des bas-côtés de la cathé- drale de S'-Omer. Sur son portrait peint par Van Dyck, il est qualifié d'archi- tectus Montibus in Hannonia. Du Broeucq habitait Mons dés 4 612; il y naquit selon toute vraisemblance. J.-P. Mercx qui construisit, en 1640, la maison dite op den Sack, appar- tenant à la Corporation des Boulangers et Tonneliers. Un dessin original de la facade de cette maison se trouve dans la collection du duc d'Arenberg ; il porte la signature de l'artiste et l'inscription suivante : « Modelle of » teekeninge tot ten voorgevel vant huys geheeten den Sack staende op de » Groote Mert alhier tot Brussel, toebehoorende die Schrynwerckers en de » Kuypers ambacht a° 4640 door J.-P. Mercx. » Cet architecte construisit dans le méme style, en 1656, la facade du Refuge de l'abbaye de St-Michel, rue des Sables, à Bruxelles, aujourd'hui démolie, dont la collection précitée nous a également conservé le dessin original. Nous aurons plus loin occasion de parler des Ares de triomphe qu'il érigea en 1670 pour le compte de la ville de Bruxelles à l’occasion du Jubilé du St-Sacrement. Ils ont été gravés dans le recueil de Stroobant. Herbosch, architecte et peintre qui fournit au Serment de l'arc les plans de la maison de la Louve, Grand'Place, après le second incendie (1691). On sait qu'à peine achevée elle fut détruite de nouveau, de fond en comble, par le bombardement de Villeroy et rebàtie sur un autre plan, ainsi que la maison du Sac, en 1696. Bernard Raessens, contrôleur des travaux de la ville de Bruxelles, qui dressa les plans de la Porte du Rivage, en surveilla l'exécution et reçut de ce chef cent cinquante florins le 15 décembre 1645. Cette porte monumentale fut adjugée le 26 du méme mois au prix de vingt-quatre mille florins. Franck ou Franco, architecte de la Cour du Gouverneur général des Pays- Das, don Francisco de Mello, qui dressa pour ce gentilhomme portugais les plans de la chapelle de Jesus-Eyck dans la forêt de Soignes, exécutée en 1650. Ce fut l'archiduc Léopold qui en posa lui-même la première pierre le 20 avril de cette année. La chapelle de Jesus-Eyck , objet d'un pèlerinage fameux, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 595 a été naguère agrandie: par malheur sans tenir compte du cachet particulier à l'architecture loyolite. Les armoiries de l’Archiduc polychromées aux émaux héraldiques se voient encore aujourd'hui sculptées au-dessus de l'arc triom- phal du choeur. Louis Le Doulx, éléve de Francois Du Quesnoy, alla à Rome et se dis- lingua comme sculpteur et architecte. L'ancien Beffroi de Mons qui était de forme circulaire s'étant écroulé, le Magistrat mit sa reconstruction au concours. Ce fut le plan de Le Doulx qui obtint la préférence; la première pierre en fut posée le 13 juin 1662, l'édifice était terminé en 1664. Le Beffroi de Mons, tour carrée, haute de 84 1/2 mètres, est entièrement bâti en pierres bleues d'Écaussines ou de Soignies et de pierres blanches. Au-dessus d'un soubassement rustique assez élevé, flanqué aux angles de contre-forts , s'élèvent trois étages; le premier d'ordre dorique encadrant des fenêtres cintrées est composé de pilastres; le second d'ordre ionique présente des colonnes engagées, et le troisiéme des consoles renversées italo-flamandes, posées sur des piédestaux. Une balustrade de pierre qui se répète au second étage régne entre les colonnes et les enroulements. Une fléche de charpente du type particulier à l'art flamand du XVII: siècle surmonte le tout. Quatre clochetons pyriformes contournent la fléche de forme ovoidale terminée par une lanterne octogone. Le Doulx , avons-nous dit, avait travaillé sous Fran- çois Du Quesnoy alors que ce dernier résidait à Rome. Il rapporta d'Italie le secret de la préparation d'un certain stuc donnant à la pierre et au bois une apparence marmoréenne. L'archevéque de Cambrai, Francois van der Burch , étant décédé à Mons le 23 mai 1644, Le Doulx fut chargé de lui ériger un splendide tombeau appuyé contre la muraille de la chapelle S'-Ignace dans l'église des Jésuites. Ce monument funéraire mesurait 23 pieds de hauteur sur 12 de largeur, offrant la statue couchée du prélat revêtu de ses habits pontificaux. Les figures allégoriques de l'Espérance et de la Charité s'appuyaient au sarcophage; au-dessus du tympan se voyaient deux anges. Cette œuvre d'art terminée en 1653 fut payée à Le Doulx le 24 février de la même année huit mille quatre cents livres tournois, somme considérable pour l'époque. Lors de la démolition de l’église des Jésuites, le monument fut réclamé et Louis Le Doulx. (+ 1690.) Voyage en Italie. Beffroi de Mons. (1662-64.) Introduit au Bas les stues italiens. Pays- Tombeau de l'arche véque van der Burch dans s suites à Mo e ns (1644. e des Jé- s; elô- e chapelle et Statues d'apótres à Sir Wandern, François van Sterbeek. (1630 ?) Retable des Domini cains d'Anvers, (1670. Se distingue comme botaniste et publie la Gitri cultura. Jean Cortvrient, église de N.-D. de Bon Secours à Bruxelles (4668 -72, Rebâtie aprés le bom bardement. 396 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE transporté en 1780 dans la chapelle de St-Jean de l'église métropolitaine de : Cambrai. Le Doulx exéeuta encore à Mons, dans la chapelle S'-Georges attenant à l'Hôtel de Ville, les statues de saint Georges et de saint Quirin. En 1664, il construisit l'ancienne Clóture de la chapelle de N.-D. de Mont- Carmel dans l'église de S'"- Waudru, pour laquelle il sculpta aussi les statues des apótres Pierre, Paul, André et Philippe, adossés aux piliers de la grande nef. Le Doulx ou Le Doux mourut à Mons dans un âge très-avancé, approchant l'année 1690. Il eut pour élève Claude-foseph de Bettignies (1675-1740), dont nous parlerons plus bas, lequel se distingua comme architecte et sculpteur. Francois van Sterbeek, né à Anvers le 17 novembre 1680. Ce fut sur les plans de cet architecte que l'on exécuta le superbe retable italo-flamand du maitre-autel de l'église des Dominicains à Anvers, souvenir d'une magnificence princiére du septième évêque de cette ville, Marius-Ambroise Capello, qui appartenait à l'ordre de S'-Dominique. Ce retable, en pur style rubénien, a été gravé à l'eau-forte. La dédicace nous fait connaitre qu'il fut exécuté en 1670 par Pierre Verbruggen le Vieux et que les statues et bas-reliefs furent l'œuvre de l'un de ses fils portant le méme prénom que lui, surnommé /e Jeune. Le portrait de Francois van Sterbeek au Musée d'Anvers a été peint par Nicolas Stramot en 1673; on y voit figurer les armoiries de cet artiste, plus connu d'ailleurs comme botaniste. Sa Citri cultura dont les planches furent gravées par Francois Ertinger, fut indignement pillée par le hollandais Jan Commelyn dans son JVederlandschen Hesperides. Jean Cortvrient qui construisit l’église de Notre-Dame de Bon Secours à jruxelles, le plus pittoresque et le plus original des temples du style italo- flamand, dont les plans furent préférés, à cause peut-être de leur singularité, à ceux de l'ingénieur royal van Heil. L'église ne fut pas élevée tout d'un trait; la partie antérieure date seule de 1664, la partie postérieure de 1668 et la facade de 1672. Elle fut entièrement ruinée, mais rétablie aussitôt aprés le bombardement de 1695. L'intérieur de l'église de Corlvrient est charmant et les énormes difficultés de perspective ont pu sans doute empê- cher nos peintres d'intérieur d'aborder une vue de cette pittoresque et gra- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 397 cieuse conception architecturale dont les moindres détails se soutiennent et sont dignes d'attention. La façade de la chapelle St--Anne, rue dela Montagne, dont l'architecte est inconnu, se rapproche intimement, comme type de l'église bâtie par Cortvrient. Léon van Heil, architecte, peintre et graveur, fut nommé ingénieur et architecte de l'arehidue Léopold d'Autriche. Rival de Cortvrient, il construisit en 1673 la belle chapelle de la Madeleine, dite des Mariages, derrière le chevet des collatéraux du chœur de l'église St-Gudule à Bruxelles. Cette chapelle, qui coüta plus de trente mille florins, conforme aux plans des nom- breuses « Chantreries » de famille, qui cantonnent les églises italiennes, avait à Bruxelles, été élevée aux frais et en vertu de donations testamentaires de Jean-Baptiste Maes, chevalier de l'ordre militaire de S'-Jaeques , seigneur de Steenkercke et conseiller des finances du roi, qui y fut inhumé à cóté de son épouse dame Pauline Schoyte. Ce monument funéraire des fondateurs se voit encore aujourd'hui. Van Heil élabora ensuite en 1650 pour la même église le plan du somp- tueux retable dit Chambre des reliques, qui remplaça celui élevé en 1609 d’après les dessins de Henri Meert. Léon Van Heil construisit en 1650, dans l'enceinte du palais de la Cour, le premier Théátre. d'Opéra de Bruxelles, d'après l'ordre de l'archidue Léopold d'Autriche. Francois Coppens, van Houck et Philippe van Baerlem en exécutérent les peintures décoratives. On sait que l'archiduc Léopold quitta Bruxelles dans un état d'insolvabilité scandaleuse. Les Relations véritables nous apprennent que cet oubli de la Cour de payer ses dettes et de désinté- resser ses créanciers, valut au sujet de la construction de ce Théâtre, un gros procès à l'architecte van Heil. En 1655 le Gouverneur général, voulant fêter l'arrivée de la reine Chris- tine de Suède, y fit représenter un ballet de Balthazarini intitulé Circé. On donnait done des Opéras et des Ballets à la Cour de Bruxelles avant que ce genre de spectacle eüt été introduit à Paris par le cardinal Mazarin. L'opéra de la Cour ne compta point de rival jusqu'en l'année 1698 , où l'Électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel chargea N. Francquart, archi- leete, et Paul de Bombardi, décorateur italien, d'élever le théâtre public de la Tous XXXIX. M Chapelle Ste-Anne à Bruxelles Léon van Heil. (1605 +? Chapelle de la Made- leine à Ste-Gudule (1673. Chambres des reliques (1650. Théâtre d'Opéra au Palais de Bruxelles. (1650.) Théodore de Hase; église conventuelle de Bruges (1688). Adrien van der Linden, Arnold Quellyn; por- tique du Marche au Poisson à Gand. (1689.) Gorneille van Nerven; chapelle roya - gnole à Bruxell (1696.) 398 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE rue des Dominicains. On sait que le célèbre chevalier Nicolas Servandoni, architecte de S'-Sulpice et décorateur hors de pair, en peignit plusieurs décors. Enfin, van Heil dessina des compositions décoratives dont nous nous occu- perons plus loin, en collaboration de J.-P. Mercx, ingénieur royal, Francois du Chastel, élève de Teniers et de l'anversois Bouttats, à propos des Arcs de triomphe du Jubilé célébré à Bruxelles, en 4670, dont Stroobant nous a laissé une prolixe relation. La famille van Heil compta trois artistes. Daniel, le peintre, voué à la repro- ductions des désastres et des incendies, naquit en 1604; Léon, l'architecte, en 1605, et Jean-Baptiste, qui grava la Danse des paysans d'aprés Rubens, en 1609. Daniel peignit l'incendie de la Maison des Merciers (Le Renard) actuelle- ment au Musée de Bruxelles. Il épousa le 4° octobre 1636 Marie T'Serraets el en eut plusieurs enfants ; Immerzeel dit qu'il mourut en 1662, Léon et Jean-Baptiste vécurent célibataires; on ignore la date de leurs décès. Les portraits des frères van Heil, gravés par Fréd. Bouttats, se trou- vent dans le Gulden cabinet de Cornelis de Bie. Ce dernier nous apprend qu'en l'année de la publication de son livre (1661), ces artistes étaient encore tous vivants. Le Père Théodore de Hase, carme déchaussé, qui bàtit en 1688 l'église conventuelle de cet ordre à Bruges. Arnold Quellyn (1609-1668) qui sculpta en 1689 le piltoresque por- tique du Marché au Poisson de Gand, élevé sur les dessins de l'architecte de la ville, Adrien van der Linden, qui en fit un petit chef-d'œuvre de distri- bution bien entendue. Corneille van Nerven, architecte et statuaire, qui fut recu en 1696 dans le mélier des « Quatre couronnés », et l'année suivante dans la éonfrérie des architectes, où on le retrouve jusqu'en 1717. Cet artiste reconstruisit à neuf, en 1696, aux frais de Charles II, la Chapelle royale dite Espagnole de l'ancienne église des Dominicains. Cet oratoire passait au XVIII* siècle « pour » un des plus beaux qu'on puisse voir dans ce pays : l'autel est d'un grand » goüt; la niche de cette chapelle sert de fond à l'autel qui est garni d'un » rideau, au-dessus duquel est une couronne portée par deux séraphins; SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 399 » plus bas sont quelques anges qui soutiennent les rideaux. L'autel et le » tabernacle sont posés en avant de cet ouvrage, ce qui forme un coup » d'œil charmant. » Mensaert, auquel nous empruntons ces détails, nous apprend que la statue de saint Jaeques au-dessus du jubé était due également au ciseau de Corneille van Nerven. Cet artiste fut trés-occupé à Bruxelles aprés le bombardement de 1695. I reconstruisit (19 mars 1706) le bâtiment posté- rieur de l'Hôtel de Ville, dont la dépense s'éleva à cent quarante-huit mille trois cents florins. Il fournit encore les plans du Poids de la ville et sculpta la statue de la Justice placée dans la niche en 1706 d'aprés le chronogramme : RECTE PONDERAT ILLA MaANVs. Le Poids de la ville a disparu avec les travaux du voütement de la Senne. Nous savons encore que van Nerven fournit le dessin du retable d'autel de la chapelle de S'-Éloy au couvent des Dominicains , dont le tableau était de Jean van Orley, ainsi que celui du maitre-autel de l'église S'-Nicolas. Ce dernier, brülé pendant le bombardement, fut rétabli sur le méme plan et la sculp- ture en fut confiée à N. van Mons. Rombaut a donné une vue intérieure de la Chapelle royale espagnole dans le tome H de Bruxelles illustré. Jan Cosyns, architecte-seulpteur, travailla à Bruxelles et y fut inscrit en 1659 comme membre du métier des « Quatre couronnés. » A l'église de N.-D. au Sablon, il sculpta pour la Chapelle sépulcrale des princes de Tour et Taxis, construite sur les plans de Luc Faid'herbe, les statues de la Vertu et de la Renommée qui ornent le sarcophage de Lamoral III et de son fils Eugéne-Alexandre. Un dessin de la collection du due d'Arenberg signé : Cosyns archit. et statuar. inv. del., nous apprend qu'il fut l'auteur de la facade de la Maison de la corpo- ration des Boulangers dite Le Roi d'Espagne, une des plus considérables de la Grand'Place, élevée aprés le bombardement de 1695. Cosyns sculpta pour celte maison six statues colossales, des médaillons d'empereurs romains et un grand trophée entourant le buste de Charles II. Descamps trouva ces sculptures remarquables. La coupole surmontée d'une Fortune en cuivre doré, les statues et le trophée furent détruits par les Francais en 1795. Bâtiment postérieur de l'Hôtel de Ville, Poids de la Ville (1706.) Jan Cosyns. Statues pour le Tom beau des de Tour et Taxis à N.-D. au Sablon. Maison des Boulangers Grand'Place à Bru xelles (1697). de Flandre, 44, Bruxelles (1697), Maison de Voghel, rue à 400 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Nous avons trouvé dans l'habitation de M. de Voghel, rue de Flandre, 44, jadis contiguë aux dépendances de l'ancien couvent de Jéricho, une ordon- nance architecturale des plus remarquables de Jan Cosyns, que nous ne savons citée nulle part. Fermant le côté long d'une cour intérieure, cette facade se compose d'un « ordre colossal » de pilastres d'ordre ionique moderne, avec entablement et piédestaux, embrassant le sous-sol en contre-bas, le rez-de- chaussée et un bel étage. Au milieu du bâtiment s'ouvre une baie cintrée. Elle a conservé la herse délicate de fer, ouvragée en éventail et la menuiserie de chéne à panneaux moulurés et monclair sculpté. Six fenêtres accompagnent la porte et se répè- tent à l'étage. L'avant-corps central est surmonté d'un fronton dont la cor- niche est sculptée d'oves et taillée de denticules. La masse seule de ces orne- ments a été conservée aux arriére-corps. Le tympan abrite deux figures en ronde-bosse : l'une juvénile, un compas à la main, s'apprête à mesurer un long trajet sur le globe terrestre, tandis que l'autre, vieille et décrépite, nous montre l'image du temps qui d'une main cherche déjà son inexorable faux. L'acrotére voluté offre en amor- lissement : un pélican — les ailes ont disparu — ; les arêtes rampantes du fronton : deux lions en marche. Les pilastres ioniques sont rudentés jusqu'au tiers et portent sur des piédes- taux dont les dés « entablés » sont enrichis de trophées militaires, tous diffé- rents, traités avec une incomparable verve. Entre chacun des pilastres , aux arriére-corps, des médaillons en bas-relief des Césars classiques sont ratta- chés par des festons laurés. Des balustres en forme de colonnettes torses remplacent ces motifs à l'avant-corps. La baie centrale est couronnée d'une corniche enrichie de vases à côtes saillantes , servant d'appui à un bas-relief allégorique dans le genre de celui de la Maison des Boulangers. Autour d'un buste de Bellone se groupent des trophées d'enseignes romaines, d'étendards impériaux à la croix de S'-André et de drapeaux turcs surmontés du croissant. Des couleuvrines et des armes diverses étoffent cette composition. L'architecture de cette façade a évidemment été composée en vue des motifs sculpturaux, littéralement prodigués. Sans nul doute, comme pour la maison SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 401 de la Grand'Place, le seulpteur a été aussi l'architecte de l'habitation de la rue de Flandre. ll devait être fort satisfait de son œuvre, car il mit une sorte d'ostentation à tailler sa signature, bien en vue, sur le socle du buste de Bellone : J. Cosyn. F. Le chronogramme suivant se lit au baut du trophée : VinrVri, AVsrrlaCz, PACE, neLLo lr, ViICronlls, rRVDexrer, VicILanrer, PARTIS , INCLYTA. Ce qui fixe la date de l'œuvre à l'année 1697. Les allégories belliqueuses de cette facade ont sans doute trait à la fameuse bataille de Zentha sur la Theysse où le prince Eugène de Savoie-Carignan battit Mustapha à plate couture. Signalons dans la méme demeure, une che- minée en marbre blanc et un superbe plafond à six caissons enrichi de car- touches somptueux, trés- probablement sculptés par Cosyns. Par la disposi- tion générale du solivage et le caractère de l'ornementation ce plafond est d'un type analogue à celui de la Salle à manger de l'Hótel Tour et Taxis, gravé par R. de Hooghe dans la rare série consacrée aux fêtes célébrées à Bruxelles à l'oceasion de la prise de Bude. Nicolas De Bruyn, architecte et contróleur de la ville de Bruxelles, qui, construisit le vaste corps de logis appelé Grand bâtiment divisé en six mai- sons dont quatre étaient des Chambres de corporations et servaient de lieu de réunion aux corps de métier des « Quatre couronnés, » des Menuisiers, des Charpentiers et des Tanneurs. Le premier étage de la facade était orné des bustes des anciens dues et duchesses de Brabant; ces bustes enlevés et détruits en 41794 furent rétablis il y a quelques années; leur faire, pseudo- archaïque, semble le contre-pied du style de l'édifice et des sculptures des maisons avoisinantes qui appartiennent à la fin du XVI: siècle. On imputa, avec raison, à la légèreté de ce « Contróleur des travaux de la ville » la ehute du Beffroi communal qui arriva le 29 juillet 1714. De Bruyn avait soutenu, contre le sentiment de plusieurs habiles architectes, «que les fondements et une partie de la vieille tour, quoique presque consumés par le feu du bombardement, étaient en état de soutenir le poids de l'ouvrage qu'on était dans le dessein d'y construire. » Un modèle réduit de ce beffroi se voit encore aujourd'hui sur le Jubé de l'église S'-Nicolas. Nicolas De Bruyn. rand Bâtiment (1698). Beffroi communal de , Bruxelles (1698). Écroulé le 29 juillet 1714. Grande Boucherie Bruxelles (1698). Jacques Dupont. N. Franequart, Théà tre public de Bru xelles (1698-1700). Camille Mombaërts. Ammans ‘kamerke. (1700 Balek , Hôtel de Ville de Leeuwaarden. (2 avril 1715.) Bernard de Wilde, Octroi municipal de Gand (t716). Claude- Joseph de Bet tignies (1675-1740) Couvent de la Visita tion à Mons (1717). Char de S'e- Waudru. 402 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le bâtiment de la Grande Boucherie derrière la Brood huys fut vebàti également sous la direction de De Bruyn. La dépense s'éleva à 37,356 florins et les propriétaires des bancs y contribuérent pour une forte partie. L'ancienne Boucherie reconstruite en 1566 avait coûté 32,460 florins. Le métier y voulut contribuer pour une somme de 2,000 florins. Depuis 1523, les bouchers possédaient, Grand'Place, l'antique taverne du Cygne (1346), enseigne qu'on a religieusement conservée à travers les siècles à la Loge de cette corporation, rétablie en 1696 et ornée de sculptures par. Jan De Kinder. Jacques Dupont, qui construisit plusieurs maisons remarquables et fut un excellent peintre d'architecture. N. Franequart, parent du célèbre architecte de ce nom, qui, avons-nous dit, éleva à Bruxelles (1698-1700) le premier Théâtre public de la capitale des Pays-Bas. On lui doit également les plans de l'église de l'abbaye de St-Pierre à Gand, à l'exception du chœur bâti antérieurement par un architecte italien. Camille Mombaérts qui fut l'architecte de l'Ammans'kamerke, maison sise au coin de la rue des Harengs à Bruxelles et rebátie en 1700. Balek auquel nous devons les plans de l'Hótel de Ville de Leeuwaarden dont Guillaume d'Orange posa la premiére pierre le 2 avril 4743. Bernard de Wilde, qui bâtit en 4746 l'hôtel de l'octroi municipal à Gand. Claude-Joseph de Bettignies, qui fournit les plans du couvent de la Visi- tation à Mons dont la facade, décorée de deux ordres de pilastres superposés, fut commencée en 1717. De 1702 à 1793, il construisit et restaura encore diverses églises du Hainaut. Élève de Le Doulx, de Bettignies naquit à Mons le 23 novembre 1675 et pratiqua en méme temps l'architecture et la sculpture. Mons eut à subir un grand désastre au temps de la jeunesse de cet artiste qui contribua pour une large part à la restauration des édifices endommagés à la suite du siége qu'en fit Louis XIV en 1691. Claude de Bettignies fut sculpteur et architecte en titre du Chapitre noble des chanoines de S'«-Waudru. On lui doit le Char destiné à porter la chasse de cette sainte, lequel existe encore. Il devint en 4714 architecte « maitre des ouvrages » de la ville de Mons. En 1715, il sculpta le remarquable Jubé et une Chaire de vérité pour l'an- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 405 cienne église de S'-Germain; la Chaire est actuellement à Ste-Waudru. En 1725 il fit encore pour St-Germain un Maitre-autel orné d'un tabernacle d'orfévrerie d'une extraordinaire richesse. Claude de Bettignies mourut à Mons le 12 juin 1740. Hendrik Matheys qui construisit en 1720 la coupole de l'église St-Pierre à Gand projetée par Van Santen en 1629. Architecte, sculpteur, il était frére de Jan Matheys auteur du beau monument funébre élevé en 1695 à la mémoire de Guillaume de Bronchorst et de sa femme Marie de Warluzel. Tous deux étaient gantois, élèves de Rombaut Pauwels de Malines et fils de Gillis Matheys, sculpteur, qui fut en 1678 Proofmeester de sa corpora- tion à Gand, ce qui peut faire supposer qu'il avait du talent. Hendrick voyagea en ltalie, en Espagne, en Angleterre et fut doyen en 1720. Auteur du mausolée du chanoine de la Serre, baron du Pujet, placé dans la chapelle de St-Catherine en l'église S'-Bavon, cet artiste mourut le 5 septembre 1752 âgé de 95 ans. J. Verkruys, architecte d'origine hollandaise qui rebâtit en 1727 la facade de l'ancien tribunal du Franc de Bruges. Denis Georges Bayart, maitre-sculpteur et architecte qui habitait Namur et exéeuta en 1727 pour 7,700 florins de Brabant, la jolie coupole du Carillon de l'église de S'-Pierre à Louvain. Le modèle en relief avait été sculpté par J.-F. Boeckstuyns de Malines. En 1730, Bayart entreprit l'orne- mentation de la Bibliothèque de l'Université de Louvain en collaboration d'un artiste nivellois appelé Bonet. Michel de Brissy, de Bruxelles, qui éleva en 1751 la magnifique église de St-Pierre à Douai, reproduction exacte de celle de l'abbaye de S'-Martin à Tournay, dont Louis XIV posa la première pierre en 1671 et qui tomba sous le marteau des démolisseurs en 1804. Hendrik Pulinex, le jeune, auquel les religieuses anglaises de l'Ordre de S'-Auguslin à Bruges commandérent les plans de leur gracieuse petite église bâtie en 4736 et dont l'autel et le tabernacle brillaient par la richesse des matériaux rares et des dorures. La voûte était enrichie de délicates ara- besques. Nommé directeur des travaux maritimes de Flandre en 1754 , il reconstruisit l'écluse de Slijekens. En 1772 il donna encore les plans de la Chaire et Maitre-autel de Saint-Germain à Mons (1715-25). Hendrik Matheys. (1647-1 Coupole de ) St-Pierre à Gand (1720). J. Verkruys, fa Frane de Bri (1727.) Bibliotheque de Uni versité (1730) Michel de Bris: Église de S Pierre à Douai (1751). Écluse 1 de Slijckens. (1754.) Maison de süreté pro- vinciale (1772). Jean André Annees sens (1687-1769). Fontaines de la Cour de l'Hótel de Ville de Bruxelles (1714). Maitre-autel de la chapelle du Grand séminaire de Malines. Abraham. Leuze (1742). Pierre de Doncker ré- à Bruxelles. 1696.) 404 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Maison de sûreté provinciale. Cet architecte était fils du sculpteur Hendrik Pulinex, le vieux (4698-1781), auquel nous devons les mausolées de Joseph van Susteren et de Louis de Castillione dans l'église de S'-Sauveur. Jean André Anneessens ou Agneessens, fils du doyen martyr, Francois Anneessens, Chef-homme du Grand Serment de S'-Georges et Syndic de la nation de St-Nicolas et de sa seconde femme Florence Gilson. On lui doit les dessins des fontaines qui décorent la cour de l'Hótel de Ville de Bruxelles ct furent sculptées par Plumier et De Kinder. Excellent ingénieur; l'archiduchesse Marie-Élisabeth, gouvernante des Pays-Bas, le nomma architecte et « con- tróleur des ouvrages de la Cour» le 44 janvier 1733 et lui rendit ses biens patrimoniaux confisqués. En 1737 il reconstruisit, à Liége, la facade de l'ancien Palais des princes- évêques. Celle composition fait honneur au talent d'Anneessens, une noble simplicité et un grand goût s'y remarquent incontestablement. La fa cade en pierres bleues comprend deux étages et un attique surmonté d'un entable- ment à balustrade. Un imposant avant-corps de deux ordres de colonnes et de pilastres accouplés, corinthiens et composites, distinguait le centre de l'ordonnance. L'ordre supérieur, couronné d'un fronton en arc de cercle, offrait du tympan les armoiries du prince-évéque Jacques de Berghes. Anneessens dessina le modèle du maitre-autel de la chapelle du Grand séminaire de Malines élevé aux frais du cardinal Thomas-Philippe d'Alsace. Enlevé par les Francais en 1798, il fut racheté par un sculpteur malinois, Rombaut Grootaers, qui le restitua en 1808. Né en 1687, notre artiste avait épousé Francoise van Troen le 26 jan- vier 1109. I périt malheureusement en 1769, dans une bure prés d'Aix-la- Chapelle. Une des plus majestueuses et des plus vastes de nos églises modernes était celle de l'ancien chapitre de Leuze. Elle fut construite en 1742 par l'archi- tecte Abraham et présente cette particularité d'un maitre-autel s'élevant au centre de la croisée, Cet édifice imposant étonne par l'ampleur et l'harmonie de ses masses. Pierre de Doncker ou Donckers, architecte, rétablit l'église St-Nicolas à Bruxelles après les dégâts du bombardement en 4696. Il fit encore les plans SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 405 du maitre-autel du chœur de l'église S'-Gudule de la méme ville supposé érigé sur un dessin de Rubens. Cette œuvre, commencée en 1723, coüta 16,000 florins. On attribue également à Donckers le maitrc-autel de l'église des PP. Minimes, commencée en 1700. Nous trouvons encore la signature : « P. Donckers del. » au bas d'une estampe d'une insigne rareté, gravée par J. Harrewyn, représentant le choeur et le transept de l'église de N.-D. au Sablon à Bruxelles, en 1726. La parti- cularité de ce dessin pourrait faire supposer que notre architecte ordonna aussi le maitre-autel et la clôture du chœur, avec banes de marguilliers, qui y sont représentés. Il nous serait fort aisé d'étendre encore cette nomenclature; nous préférons de la clôturer avec Pierre Donckers, car nous croyons n'avoir passé sous silence aucune personnalité typique. Poursuivons l'examen de la succession des transformations rapides de l'École, car il nous tarde d'arriver bientót aux conclusions de ce travail. A part ces constructions, dont les architectes nous sont connus, nous possédons encore en Belgique une foule d'édifices anonymes actuellement exis- tants, élevés dans les dernières années du XVII* et dans la premiére moitié du XVIIIe siècle et conservant à un degré variable le cachet du style italo- flamand mis à la mode par Rubens et son école. Parmi les édifices religieux, mentionnons d'abord l'église de l'abbaye de Grimberghen prés de Bruxelles. Commencée en 1660, il manque aujourd'hui les deux travées extrémes de la nef et le portail. On y travaillait encore pour- tant en l'année 4700. La coupole de cette église est remarquable; nous n'en dirons pas autant de la tour qui est. banale d'étoffage et n'a d'autre mérite que de figurer de loin l'aspect d'une masse ogivale. Exécuté conformément au plan primitif, le portail de Grimberghen eüt offert le premier exemple d'un péristyle classique. L'église des Dominicains de Liége, bâtie en 1674, formait une vaste rotonde couverte d'un dôme; celle des Jésuites wallons dans la méme ville élevée en 1682 offrait un type italien caractérisé, à cause du revétement de marbre des colonnes doriques de ses nefs. A part ces deux édifices qui furent démolis avant leur complet achévement, nous ne connaissons pour avoir été Tome XXXIX. 52 Maitre-autel du Chœur deSte-Gudule(1723). Maitre-autel! des PP. Minimes (1700). Dessin du chœur et transept de N.-D. ablon (1726). Edifices religieux ano- nymes. Eglise de l'Abbaye de srimberghen. (1660.) iglise des Dominicains 11674 s Jésuites wallons (1682), à Liège 406 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE élevées à la fin du XVII: siècle que les églises des Minimes à Liége et des Récollets à Bruxelles, construites toutes les deux en 1695. Une curieuse ordonnance qu'il importe de ne pas oublier parce qu'elle ` nous fournit un spécimen remarquable du galbe ou pignon flamand à l'époque Couvent ang de St-E Bruges ou dominaient les principes loyolites, se rencontre à la facade du couvent anglais dit de St-François, à Bruges, élevé en 1664. Ses œils-de-bœuf à pans coupés et à claveaux, ses obélisques et son riche portail sont vraiment réussis en leur genre. Les bâtiments elaustraux ne se distinguent guère par leur valeur artistique à la fin du XVII: siècle; nous avons déjà cité Grimberghen ; ajoutons Propslées de l'Abbaye l'immense enfilade de constructions de l'abbaye de S'-Michel à Anvers, rue e du Couvent, ruinée lors du bombardement de 1834 dont la clôture monu- mentale ou « Propylées » (1625) a été gravée dans l'Histoire d'Anvers par MM. Mertens et Torfs et dans le recueil de M. Linnig. Nous savons encore que l'abbaye de S'-Bernard fut rebátie en 1675; mais dans cet. édifice monastique l'ornementation architecturale avait été sacrifiée aux principes s. (166 S'- Bern d'une pareimonie mesquine. Les Jésuites eux-mémes, qui se montraient autrefois si prodigues de toutes les ressources du luxe architectural et décoratif dans leurs églises et leurs « Sodalités » , affectaient à leur tour les dehors d'une simplicité outrée dans leurs bâtiments claustraux ou scholastiques. La colonnade ou galerie for- mant promenoir et entourant la cour centrale, la grande salle d'exercices restaient les seuls endroits où l'on vit encore des motifs d'architecture déco- rative. Les autres pièces larges, saines, bien aérées du reste, étaient absolu- ment dépourvues d'un semblant méme de luxe architectonique. Églises des Pp, Mini- Les premiers édifices religieux qui s'élevérent ensuite, en suivant l'ordre nemo) des dates, furent les églises des PP. Minimes Conventuels et de la paroisse Église de [Finisterræ, (1700.) dite de F'inisterre , commencées toutes les deux en l'année 1700. Le duc Maximilien-Emmanuel de Bavière, Gouverneur des Pays-Bas, en posa la premiére pierre. Le maitre-autel fut exécuté, suivant les uns, par un frére appartenant au couvent des Grands-Carmes, suivant les autres, par l'archi- tecte-seulpteur Pierre Donckers. L'église paroissiale de F'inisterree fut ornée d'un maitre-autel en sarcophage, SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 407 motif nouveau ; les deux basses nefs reçurent en revétement une riche boi- serie. L'église des Minimes fut terminée en 1115. Son portail offre le premier exemple de l'application de deux campaniles ou tours jumelles, dont S'-Marie de Carignan d'Alessi — gravée dans le recueil des Palazzi di Genova de tubens — fournit le prototype. Une seule de ces tours a été construite. Un dôme octogone avec toit à huit pans distinguait l'église N.-D. des Fièvres à Louvain, entreprise en 1705 et dont le frontispice est franchement italien. Le XVIIIe siècle qui devait voir s'élever la splendide abbaye d'Orval, ce chef-d'œuvre de Laurent-Benoit de Wez — l'abbé de Feller la saluait : « la plus belle abbaye du monde » — vit construire un assez bon nombre de remarquables édifiees claustraux. Au commencement de ce siècle on reconstruisit les bâtiments de l'abbaye d'Alne, la plus splendide et la plus vaste des anciens Pays- Bas aprés l'abbaye d'Orval. La facade principale qui regardait la Sambre imposait par la majes- tueuse sévérité et l'étendue de ses lignes. Elle fut brülée par cette impla- cable demi-brigade francaise, dite de Sambre-et-Meuse, qui détruisit Lobbes, Orval et quantités d'édifices. Situées entre Charleroy et Thuin, les ruines d'Alne, à part le caractère inhérent au style, valent comme paysage romantique, les ruines de Villers. En 4705 on remplaça aussi, par un ensemble de bâtisses modernes, les constructions de la Nouvelle Chartreuse de Liége, détruite par les Francais lors du siége de 1691. D'une robuste simplicité, l'agglomération se compo- sait d'une série d'hermitages isolés, réunis par un immense cloître. La facade de l'église présentait seule une ordonnance architecturale d'une certaine élégance. L'église de l'abbaye de Leffe prés de Dinant fut reconstruite en 1714. Partagée en trois nefs, par deux rangs de colonnes doriques, elle présentait un sanctuaire, à l'italienne, revêtu de marbre et précédé d'un chœur dont la principale décoration consistait en cartouches trés-riches, renfermant les bustes en bas-relief des principaux saints de l'ordre de S'-Norbert. Cette église est aujourd'hui détruite. En terminant ce rapide examen des constructions religieuses qui signa- lérent la derniére période de notre école italo-flamande, avant l'influence viennoise et l'adoption générale du style rocaille, n'oublions pas l'église de Lokeren dans le pays de Waes. Bâtie en 1719, d'une sobre ornementation N.-D. des Louvain (17 Abbaye d'Alne (1700) Nouvelle Chartreuse de Liége (1705). Abbaye de Leffe. (1114. Église de Lokeren. (1719. 408 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE et d'une grande simplicité de lignes à la fois, comme toutes les églises construites en briques élevées dans les Flandres et la Campine durant la première moitié du XVIII* siècle. Église des Récollets Accordons également une mention à l’église des Récollets de S'-Trond, de St-Trond, (5*'79) construite entre les années 1734 et 1738. Elle passait, au jugement des con- temporains, pour la plus belle des églises conventuelles de l'ancienne princi- . pauté de Liége. N'oublions pas enfin les splendides bâtiments de l'abbaye d'Oignies, élevée à la méme époque. civils. Loges Parmi nos édifices profanes restés anonymes, une série des plus intéres- Pa Gide "^" santes est sans contredit celle de ces Loges de Serments, 20rporalions , Métiers ou G'ildes, élevés pendant les XVIe, XVII et XVIII? siècles. Nous avons déjà décrit plus haut, la maison des Arbalétriers à Bruges (1541); des Poissonniers à Malines; des Drapiers (4844) et de la Gilde de S'-Georges à Anvers, échantillon des plus curieux de la premiére époque de la renaissance, ete., etc. ee Tomm: Donnons à présent une attention particulière à celles qui furent élevées durant les XVII et XVIIe siècles à l'époque où les maitres de la plantu- reuse école rubénienne luttaient à l'envi pour les décorer. Citons comme exemple cette belle Loge des Tanneurs , sur la Grand'Place d'Anvers qui porte le millésime de 1644. Les villes de Bruges, Gand, Anvers, Ypres, Malines et Lierre nous offrent encore de beaux types de nos Loges ou Maisons de Corpo rations; mais, l'incomparable Grand'Place de Bruxelles possède seule la bonne fortune de pouvoir présenter, réunis en un ensemble unique au monde, les motifs carac- téristiques de la chronologie des styles qui traduisirent tour à tour aux Pays-Bas les tendances de l'art italo-flamand. Maisons de la Grand Depuis la Maison des « Cuvelliers » (Sac) dont le style se rapporte aux (917) — derniéres années du XVII? siècle jusqu'à l'ordonnance toute « véronaise »; : sans pilastres ni colonnes, de la Loge des Bouchers (Cygne) datant de 1790. Synthéseesthétiquede Depuis, en second lieu, la Maison des Archers (Louve) au type flamand eue PT si pittoresque , jusqu'à la Chambre de S'-Luc (Pigeon) dontla « vénitienne » est incontestablement empruntée aux types du XVIe siècle que Palladio affec- tionnait. Depuis encore, la Maison des Brasseurs offrant la sévérité de lignes et la symétrie irréprochable du «grand ordre colossal» , si cher au Bernin. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 409 Depuis enfin, toutes ces expressions foncièrement originales jusqu'aux plans bizarres et tressautés de la Loge des Bateliers (Cornet) que couronne avec une si rare audace et non moins de bonheur le chàteau de poupe d'une frégate amirale; tous les thèmes, toutes les nuances, toutes les variétés rhythmiques de l'art architectural flamand s'y trouvent harmonieusement rassemblés en un magnifique concert. Quiconque a vu une seule fois la Grand'Place de Bruxelles doit en garder un aussi impérissable souvenir que de la Piazza del Duomo à Pise, de la Place S'-Mare avec sa Piazetla à Venise, de la Hradschiner Platz à Prague, du Gänse Markt à Nurenberg, de la. Signoria florentine, de la Piazza de’ Signori à Vicence ou de cette fameuse Plaza de Zocodover à Tolède, avec sa perspective des ruines imposantes de l'Aleazar, chef-d'œuvre d'architecture «plateresque» élevé sur les plans d'Alfonso Covarrubias dont Juan de Herrera eut le tort de ne pas suivre le style pour la facade méridionale. Érigées ou relevées sans exception, à la suite du bombardement francais de 1695,à part la maison des peintres que l'on trouve figurée sur une gravure de l'Entrée. inaugurale de l'archiduc Ernest (1595), tous ces báti- ments furent construits de 1696 à 1704. Une maëstria superbe, une verve plantureuse y ruisselle. Un mol abandon, une négligence de parti pris s'y jouent des licences et osent réaliser des canevas aussi inattendus que pittoresques. Les maisons de la Grand'Place de Bruxelles possèdent incontestablement celle grande qualité flamande : LA coureur. A cause surtout de cette beauté native, elles seront toujours admirées à légal des toiles de Rubens ou de Jordaens par les dilettanti de race, alors qu'une indiscutable auréole de popularité leur demeurera acquise auprés des simples touristes avides d'im- pressions, de saveurs locales. A vrai dire, aucune des façades n'est un modèle de style, d'élégance ou de bon goût classique ; mais la plus médiocre de ces Loges bourgeoises, garde toujours en quelque détail de son ornementation l'étincelle indélébile, l'éclair fugitif du génie des vieux maitres flamands. Voyons done cette Grand'Place, telle qu'elle devait se présenter à la fin du dernier siécle. Pour faciliter au lecteur la compréhension de cette étude esthétique , donnons d'abord la disposition topographique: Originalité compara- tive. Caractères généraux et spéciaux. Coloris architectural. État Topographique actuel, Tableau topographique des maisons de la Grand" Place, à Bru- xelles. Rue de l'Étoile iv GRAND PI SUD-EST $ su HOTEL DE VILLE SS E s E 6 5 ACE 4 1 NORD-OUEST V 1 Ge, 1 va VI | Murs —— y e H 14 17 24 Rue au Beurre - SETZ & GE 15 Zhe - |18| 49 | 20 al BROOD HUIS £ [els] ` l95|96 38 ` į ou MAISON DU ROL [2 uds g [Grand Serment, vimeurs, E € [e Arquebusiers, s = e NORD-EST l | d Jan Cosyns. | 2 ( V E ER 1697 ape 3 uveliers ou Tonneliers. RM T] PERU 4 | Serment de S'-Sébastien. Archers (Hand boog). Louve. et 5 ? d 4996 | 5 Bateli Cornet. MATE del 6 Mer Renard. Marc De Vos. | 4699 | | d Étoile. 32107. 07124000 3.0. À g Cygne. ACi ita D ee S.-0. ) 9 seurs EE EE 10 Tav 3 Rose. vu TC DIRE 7 | 14 Taverne. Mont Thabor. SE i I D EE E T E AU ERARE E ERA E ut ( I, Mis de vins, légumiers, tapissiers. Ermitage. — . II. Tanneurs. Château de Meynaert, puis Écrevisse. \ M e irons Moulin à Vent. S.-E. | 18 4 IV. Charpentiers. Pot d'Étain. De Bruyn. 1698 Mtr V. «Q e couronnés » Maçons, Architectes, Coins Tailleurs de pierre. RE) Ve ee Bourse. CU RE ER rik Balance. aq: OL DE) MAE | |: SE Demi-Lune. iode es l | 46 ` . . PE lr "nd 18 (*) E EE e D Cha LE META y^ PE at, TTI 19 Tailleur Taupe. 6114 w 1 Da nd OE. 20 Peintres, puis A 5. Pigeon. DR Pes, ? | 4595 EN Chambrette de l'Amman. » ^. Jann, sat ut Kite C. Momba: 4700 BROOD HUIS OU MAISON DU ROI. I tout cachet architectoniqne spécial. suite de déplorables modernis. Nouvelle Étoile. 3, 24, 25 et 26, marquées d'un astérisque (*), ont perdu HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, ere, 411 L'histoire de la Grand'Place est la traduction plastique des fastes mêmes de la capitale brabanconne. Algemeene Marckt dés la fin du XIe siècle, elle vit s'élever d'abord, les murs massifs de quelques Steenen rappelant les demeures patricienues de Bologne, de Pise, de Florence, ou celles plus accen- tuées encore que nous avons rencontrées, farouche robustesse féodale à San Gémignano delle belle torri. Chacune des générations de communiers bruxellois l'a dotée d'un monu- ment caractéristique. intactes, parées de toute leur Le XV* siécle à son début vit s'élever le « Palais du Peuple » : l'Hótel de Ville et son Beffroi; le XVI* la Brood huys ; le XVIIe les Loges d'assemblée des Serments: Confréries militaires; des Métiers : Corporations civiles. Le bombardement de 1695 détruisit presque de fond en comble ces merveilles architecturales amassées par le génie artistique de nos ancétres pour orner le sanctuaire des libertés populaires à l'égal des plus splendides demeures Souveraines. Décidés à tout, plutôt qu'à perdre leurs priviléges, les Bruxellois, en dépit de calamités publiques sans exemple, se montrérent toujours jaloux de conserver à leurs descendants ces affirmations plastiques des franchises com- munales. Le 21 juillet 1698 un O»uneganck grandiose, comme on n'en avait plus vu depuis 1549, où le cortége défila devant Charles-Quint et son fils, parcourut les rues restaurées de Bruxelles en fête. La Maison de la Louve, courageusement rebâtie pour la troisième fois par le Serment des archers, défiait fièrement les obus de l'avenir en timbrant son gable d'un Phénix doré avec l'inscription chronogrammatique : srVres QVoD rerrlo CluIs cLonloslon EXUnco PHOENIX. sVM. Depuis lors, la Grand'Place de Bruxelles ne fut plus bombardée sérieuse- ment et ne vit plus d'incendie ou de catastrophes mémorables, dignes du pinceau de Daniel van Heil. II fallut des républicains socialistes pour porter une main sacrilége sur ce glorieux patrimoine, propriété commune d'artisans besoigneux ou de milices roturiéres. Aperçu historique. Vicissitudes. Bombardement du Ma- réchal de Villeroy. Ruine presque totale. 1695.) Reconstruction bril- lante (1696-1704). Vandalisme des Sans- culottes (13 janvier 1793). 412 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le 7 janvier 1793, un wallon appelé Charles, natif de Mons, jacobin de la Société des amis de la liberté et de l'égalité, faisait à la « Sansculot- tiére des Jésuites » la motion de fondre en canons « ces petits polissons » de rois juchés sur les pilastres du Parc qui profanent le jardin désormais » dénommé : Cours de la Liberté » . Le 13 suivant, jour à jamais néfaste pour l'art flamand, la Société, renforcée de Sans-culottes francais et liégeois, sortit en masse du Club des Jésuites, requérant sur son passage les lourds marteaux des forgerons et des maréchaux ferrants et les cordes des clochers. Ils se transportèrent d'abord Place Royale, où ils eurent bientôt renversé la statue «romaine » du prince Charles de Lorraine. « De là, » dit Bernard de Smet, témoin oculaire et narrateur de ces actes de vandalisme, « ils se ruérent dans le Parc, en poussant d'affreuses clameurs, » daus le noble dessin d'y renverser les petits polissons de rois qui profa- » naient cette promenade. » Ces rois étaient tout simplement les quatre statues, de bronze, d'anciens ducs de Brabant, qui se trouvaient antérieurement sur les colonnes des « Bailles » aux entrées faisant face à la Montagne de la Cour et à l'église de l'abbaye de Caudenberg. Les « Bailles de la Cour» avaient été construites de 1516 à 1525. Fondues à celte époque par Renier van Thienen (dinandier célèbre, auteur du Candélabre de Léau) d’après des modèles en bois sculptés par Jan Borremans de Bruxelles; ces statues, de grandeur naturelle, représentaient Godefroid le Barbu, Godefroid II son fils, Maximilien d'Autriche et Charles- Quint. Zinner, l'architecte qui venait de créer le moderne Parc, (ATT4- 1787) les avaient utilisées en les plaçant sur les pilastres des portes conduisant au rempart — aujourd'hui boulevard du Régent — pour com- plaire au peuple qui conservait envers les images des vieux princes brabancons une vénération superslitieuse. Elles furent culbutées au milieu d'applaudissements frénétiques et aux eris de : Mort à la tyrannie! Une statue de Philippe II qui se trouvait sur un bastion voisin, vis-à-vis la rue Verte, eut le méme sort. Au point de vue de l'époque, cela pouvait encore passer pour du « civisme ». Par malheur, ce SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 415 jour-là, les sans-culottes étaient en veine de destruction. Grisée par ses icono- clasties, la bande descendit vers la Grand'Place et commença par briser et jeter sur le pavé les bustes des anciens dues de Brabant qui ornaient le grand bâtiment construit sur les plans de Nicolas De Bruyn. Leur fureur aveugle s'acharna partout à la fois : les sculptures furent mutilées, les peintures brülées, l'argenterie pillée. En une seule après-midi des chefs-d'œuvre de toute nature de l'école flamande, rassemblés depuis trois siècles par les Corporations, furent dégradés, anéantis, fatalement perdus. La destruction eût été complète, irréparable, sans le dévouement d'un Dévouement du seulp- sculpteur bruxellois, F.-J. Janssens (1744-1816), républicain acharné, mais artiste convaincu (auteur des statues de l’Apollino au rond-point du Parc et du David placé sous le péristyle de l'église de Caudenberg), lequel avait accepté, sans doute en vue du sauvetage éventuel de quelques œuvres d'art, le poste de « Directeur des travaux publics. » Dans leur ardeur à démolir, plusieurs jacobins avaient été grièvement atteints et blessés par la chute de quelques «tyrans» de pierre. Janssens proposa de cesser les travaux et de procéder le lendemain à une démolition systéma- tique d’après les régles prudentes de l'art de détruire. On l'écouta : il était temps. Le lendemain les protestations énergiques de la bourgeoisie entière, un moment stupéfaite de tant d'audace, sauvérent ce qui restait. Commencons par le cóté droit ou Nord-Ouest de la Place, nous y trouvons Cité Nord Guest de la sur la méme rangée, à partir de l'angle droit de l'Hótel de Ville et de la rue de la Téte-d'Or : 1° La Maison des Merciers (enseigne le Renard), de Vos, 1699. 2 La Maison des Bateliers (le Cornet), den Horen , 4696. 3° La Maison du Serment des archers (la Louve), de Wolf, 1696. 4° La Maison des Menuisiers et Cuveliers (le Sac), om den Sac, 1697. 5° La Maison des Graissiers (Brouette), 1697. 6° La Maison des Boulangers (Roi d'Espagne), 1697. La largeur des facades des cinq premiéres « Loges » est à peu prés iden- tique; la dernière a un développement double. Plusieurs tableaux trés-inté- ressants de la Galerie historique au Musée de l'État à Bruxelles nous présentent ce côté de la Grand'Place au XVIIe et au XVII: siècle; G. Friex, Tour XXXIX. 55 Maison des Mercier, Renard. Architecte : Marc de Vos, le Vieux. (1699.) Peintures de V.-H. Jans: sens, J. van Orley, J. van Helmont, ` Maison des Bateliers. Cornet. (1696.) 414 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE J. Moris et G. P. Mensart les ont décrites en 1142, 1761 et 1763 ; il nous sera donc facile, en comparant ce qui reste aujourd'hui avec ce qui existait au siécle dernier, d'apprécier, au point de vue esthétique, le style de ces pittoresques constructions. Presque toutes les Loges des Corporations ont conservé leurs enseignes traditionnelles , charmant système de numérotage qui embaumait autrefois un souvenir historique ou attachait, par un ingénieux symbole, tout un monde d'idées , remplacées aujourd'hui par le chiffre banal. La Maison des Merciers, à l'enseigne du Renard, était ornée au rez-de- chaussée de pilastres doriques et de quatre bas-reliefs emblématiques (Rondes d'enfants) de la main du célébre Marc de Vos, le Vieux, statuaire bruxellois (1650-1717), sculpteur avéré des figures et de l'ornementation; auteur probable de l'architecture, tant cette dernière semble ici étroitement unie el composée uniquement pour servir de thème au statuaire. Au premier étage régne un ordre de pilastres ioniques, au second de caryatides en gaines. Le balcon, fort saillant, est supporté par deux télamons d'une hardiesse et d'une crânerie de pose peu communes. De plantureux rinceaux étoffent les frises des deux entablements supérieurs. Un gable ou pignon flamand, percé de trois lucarnes, cantonné d'enroulements et timbré d'un fronton circulaire portant un amortissement, disparu aujourd'hui, achevait cette belle pensée architecturale. On sait que Jean van Delen, gendre de Mare de Vos, l'assista pour l'exécution de ces ouvrages. Dans la chambre où les Doyens et Anciens de ce corps de métier s'assem- blaient, on voyait sept tableaux de l'histoire de Joseph peints par Victor-Ho- norius Janssens , Jean van Orley et Siger Jean van Helmont. La hotte de la cheminée était enrichie d'une toile de van Orley représentant. saint Nicolas; patron du métier des merciers. L'ancienne maison du Cornet, lieu de réunion de la Corporation des bateliers, est tout à fait originale et d'un goüt singulier. Le rez-de-chaussée, tracé sur un plan trés-tourmenté, est strié de refends et le premier étage présente des pilastres doriques également refendus. Le gable se distingue par son étrangeté; la toiture de l'église des Jésuites, bâtie par Francquart, était charpentée d’après le profil d'une caréne de vaisseau ; le pignon qui couronne — " WE ————— SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 415 la Maison des Bateliers est traité sur le modèle des majestueux « Châteaux de poupe » des frégates contemporaines. Il n'y manque ni les canons, ni les fanaux , ni la balustrade soutenue en encorbellement par des corbeaux. Sous cette galerie s'abrite un groupe mythologique figurant Neptune armé du trident tenant en laisse des chevaux marins montés par des tritons. Deux figures de matelots en ronde bosse sont placés aux côtés du « Château de poupe. » La valeur de la sculpture de cette facade, où il entre beaucoup de restaurations modernes assez malheureuses, est notablement inférieure à celle du Renard. On voyait jadis dans la Chambre de ce métier six tableaux tirés du vieux et du nouveau Testament et offrant quelque analogie avec la profession des propriétaires. D'un cóté, la Construction de l'Arche de Noé, la Retraite des animaux dans l'Arche et les Holocaustes de Noé ; de l'autre, le Christ qui échappe aux Pharisiens en s'embarquant, la Tempête calmée sur le lac de Génésareth et le Naufrage de saint Paul. Au dire de Mensaert, ils méritaient l'attention des amateurs. La piéce de cheminée offrait des portraits d'anciens Doyens de la Corporation. La Maison du Serment de l'are (Gulde van den hand boog), plus connue sous son enseigne : La Louve, est une des plus caractéristiques parmi les mai- sons de la Grand Place. Un acte de 1370 aux archives de S'e-Gudule la men- tionne comme étant. propriété du Serment de l'are. Elle avait alors déjà pour enseigne un Loup (Wolf). Quatre massifs rustiques, formant trumeaux, ornés chacun d'un pilastre, refendu jusqu'au tiers, supportent à leurs extrémités huit consoles dorées. Entre celles qui accompagnent la porte, placée au milieu, se voit un haut-relief représentant la classique histoire de Romulus et Rémus allaités par une louve, œuvre de Mare de Vos, le Vieux. Au premier étage, un balcon continu règne sur toute la façade. La balustrade de ce balcon offre des carquois pour balustres. Des lyres sont sculptées sur les socles. Il y a là un mélange du saeré et du profane assez réussi et essentiellement dans le goüt du temps. Le premier de ces attributs appartient en effet à saint Sébastien, le second à Phébus Apollon, vénérables et renommés patrons des archers chez les peuples chrétiens et idólatres, anciens ou modernes. Un ordre complet de quatre pilastres d'ordre dorique mutulaire — Peintures anonymes. Maison du Serment de l'arc (hand boog). Louve. (1696.) Enseigne par Mare do Vos, le Vieux. Statues allégoriques et 416 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE ceux placés au centre forment avant-corps — occupe tout le premier étage, laissant l’espace libre pour les hautes fenêtres. Le deuxième étage, peu élevé, se compose de pilastres trapus, d'ordre ionique, devant lesquels sont placées quatre statues en ronde bosse : la Vérité ; le Mensonge; la Paix et la Discorde, désignées par les demi-hémistiches séparés d'un hexamétre : HIC VERUM HINC FALSUM PAX SIT DISCORDIA LONGE. Les quatre inscriptions qui suivent y sont relatives et se lisent sur les socles des pilastres de l'élage : FIRMAMENTUM IMPERII SALUS HUMANI GENERIS INSIDLE STATUS EVERSIO REIPUBLICÆ Au-dessus de cette ordonnance ionienne est une sorte d'attique, formé de pilastres entablés, enrichis d’attributs mythologiques se rapportant à Apollon et aux archers et surmontés de médaillons en bas-relief, aux profils de Nerva, Auguste et Jules-César, choisis par analogie avec cha- cune des statues symboliques. Tous ces ornements allégoriques et leurs inscriptions lapidaires se rapportent avec assez de justesse. Le fronton présente un tympan décoré d'un bas-relief dont le sujet montre le fils de Latone poursuivant de ses traits le Serpent Python. Enfin, des vases d’où paraissent sortir des flammes et un Phénix surmontant un piédouche évasé orné d'une table d'architecture, portant deux inscriptions chronogrammatiques, termine le tout. Nous avons déjà rapporté plus haut celle de 1696, voici celle de 1691 : CoMBVSTA InsIcnlor RESVRREXI EXPENSIS SEBASTIANÆ GVLDx. Celle-ci fut placée après la seconde reconstruction faite, comme nous l'avons dit, en 1694, sur les plans de l'architecte et peintre Herbosch. Daniel van Heil a peint l'incendie de la maison de la Louve; le tableau est au Musée de Bruxelles. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 417 Toutes les sculptures de cette facade, les quatre figures et le groupe de la Louve allaitant Romulus et Rémus sont dues au ciseau de Mare de Vos, ils constituent l'un des plus complets et des plus beaux échantillons de l'art ornemental de l'École rubénienne. Cette historique demeure a vraiment droit de porter l'embléme du Phénix fabuleux. Incendiée peu de temps avant le bombardement, elle était à peine rebátie qu'elle s'effondra écrasée par les bombes de Villeroy. On la rétablit dans l'état où on la voit aujourd'hui et elle souffrit peu en 1794. Nous protestons toutefois vivement contre l'acte de vandalisme qui lui a enlevé toute symétrie au rez-de-chaussée en reportant à gauche la porte d'entrée primitivement placée au centre du bâtiment. Les grilles ouvragées et dorées des fenêtres adjacentes ont également disparu. Le Serment de l'arc fut constitué en 1428 sous la protection de saint Sébastien et de saint Antoine. A côté de la Louve se trouve une maison non moins remarquable, désignée en flamand : Op den Sac (Le Sac). Elle appartenait jadis à plusieurs Corporations travaillant le bois : menuisiers, tourneurs , ébénistes , « cuve- liers » ou tonneliers. En l'an IV, les cordonniers y louérent aussi un local de réunion. J. P. Merex avait donné les plans de la facade élevée en 1640 et détruite par le bombardement. La facade actuelle du Sac, bâtie en 1697, possède plusieurs points de ressemblance avec certain bâtiment figuré sur une gravure de Hollar, repré- sentant la Grand'Place d'Anvers lors de la cérémonie de la publication de la Paix de Munster (30 janvier 1648). Quatre étages d'ordres superposés, formant des trumeaux à peine sensibles, donnent à cette ordonnance l'aspect d'une véritable lanterne. Au rez-de- chaussée règnent des pilastres doriques, au premier et au second étage, des colonnes engagées corinthiennes et composites et au troisième des gaines ou termes. Les ordres sont séparés par des appuis ornés de balustres, de car- touches ou « vignettes » , suivant l'expression de Georges Fricx. Un élégant pignon à saillies profondes et enroulements plantureux termine fort pitto- Os oz resquement cette facade. De précieuses boiseries « de compartiment » ornaient jadis la chambre Sculptures ornemen- tales par M. de Vos, Maison des Tonneliers. Sac. (1697.) Maison des Graissiers. Brouette. (1697 ) Peintures par J. van Orley et S. van Hel mont, Cheminée en euivrere poussé par van der Noot Maison des Boulangers Roi d'Espagne. Architecte: J. Cosyns. (1697. ) Sculptures par J. Co- syns. 448 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE de ce métier. Elles encadraient sept tableaux de Nicolas-Emmanuel de Péry, d'Alost, retraçant l'histoire de Tobie. Cet artiste, qui fut reçu dans la Gilde de S'-Luc à Bruxelles (1735- 1763), exécuta de nombreux cartons de tapisseries et obtint même de ce chef le 4 avril 1745, en méme temps que François Eisen, la franchise du ser- vice de la Garde bourgeoise. Le tableau ornant la cheminée et représentant l'apparition du Sauveur à saint Thomas était aussi des plus remarquables. Fricx, Moris et Mensaert ne citent point le nom du peintre. La Maison du corps des Graissiers, autrement dite la Brouette, présente, à partir du rez-de-chaussée, deux ordres de colonnes ioniques et corinthiennes engagées, surmontés d'un ordre de pilastres composites. Un gable trés-élevé flanqué de consoles volutées et enrichi de vases dorés, servait d'amortisse- ment à cet édifice d'un style moins accentué que la Maison du Sac. Dans la chambre d'assemblée de cette Corporation, Jean van Orley et Siger Jacques van Helmont avaient peint l'Histoire de Jacob en six tableaux. Quoique de dimensions restreintes, celte chambre était l’une des plus jolies d'entre celles appartenant aux divers corps de métiers. On y voyait aussi une garniture de cheminée en cuivre rouge, relevée de dorures, martelée et ciselée par le fameux orfévre-dinandier van der Noot ou La Noot. Nous avons dit que la facade de la maison de la Corporation des boulan- gers, autrement dite le Roi d'Espagne, présentait un développement presque double de chacune des précédentes ordonnances. Cette façade était de Jan Cosyns, architecte et sculpteur bruxellois. M. Philippe van der Haeghen, bibliothécaire du duc d'Arenberg, nous en a communiqué un dessin contem- porain faisant partie d'une collection précieuse que nous avons explorée des premiers en 1857 et souvent mise à contribution pour ce travail. Elle a beaucoup souffert dans la fatale aprés-midi de 1793; ses trois élages présentent une superposition de pilastres des ordres dorique, ionique et corinthien. Le dernier entablement portait une balustrade sur- montée de six figures, taillées en pierre d'Avesnes, par l'architecte sculpteur Jan Cosyns. D'aprés le tableau qui se trouve au Musée historique de Bruxelles, un beau trophée encadrant le buste de Charles II, roi d'Espagne, se voyait au milieu de la facade au-dessus du dernier entablement. Ce SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 419 trophée composé d'éléments identiques à ceux que nous avons décrits à propos de la facade de la maison de M. de Voghel rue de Flandre, également élevée par Cosyns, était étoffé dans sa partie inférieure de figures d'esclaves enchainés. Le distique suivant servait de millésime : mxC srarVir plsror VICrRICIA slecna ThoPHal, QVo CanoLVs pLena LAN Dr sECVNDVs oVar. Quatre médaillons en camées antiques, portant en bas-relief les profils d'empereurs romains, avaient été sculptés au-dessous des fenétres du pre- mier étage. La porte d'entrée était surmontée du buste de saint Aubert, patron du métier placé en 1697 d’après le chronogramme : HIC QUaxDo VIXIT, Mira IN PAVPERES plerare ELVXIT Au lieu et place de la maussade toiture actuelle, s'élevait autrefois « le cimier » comme parle Friex, c'est-à-dire un beau dóme octogone de charpente, enrichi d'ornements de sculpture en grande partie dorés. Dans la chambre de ce métier on admirait sept tableaux tirés de l'Histoire sainte, peints avec une précision admirable par Vietor Honorius Janssens (1664- 1736), au dire de G. P. Mensaert, son élève et son biographe. Le côté gauche ou Sud-Est de la Grand'Place était presque entiérement occupé par un vaste corps de logis, divisé en six propriétés sous une méme toiture, appelé le Grand Bâtiment, construit tout d'une pièce en 1698 par l'architecte Nicolas De Bruyn dont nous avons déjà parlé plus haut. C'est une inspiration évidente de l'application de «l'Ordre colossal» d'André Palladio et une réminiscenee incontestable de ses ordonnances aux Palais Tiene, Barbazano, Porto Coleoni, mais surtout au fameux Palazzo Val- marano, à l'angle de la Contadina di San Lorenzo et du Corso Principe Humberto à Vicence. Le Grand Bâtiment figure sur lun des tableaux de van Alsloot au Musée de Bruxelles. Sur son emplacement s'élevait au XIVe siècle six habitations distinctes : L'Ermitage, lieu d'assemblée des Peintures par V.-H. Janssens. (B) Côté Sud-Est. Grand Bâtiment. Architecte : Nicolas De Bruyn (1698). Maisons du Grand Bå- (b) Collineou Montagne. « Quatre Couronnés ». 420 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE marchands de vin, des légumiers et plus tard des Tapissiers de haute-lisse (leghwerkers), quand ces derniers quittèrent l'Arbre d'or; le Château de Moynaert, ou Loge des Tanneurs, ayant appartenu au XIE siècle à un échevin de Bruxelles; le Moulin à vent; le Pot d'étain, local d'assemblée des Charpentiers; la Colline, loge du métier des « Quatre couronnés » (architectes , tailleurs de pierre, macons); en dernier lieu : la Bourse. Le ma- gistrat fit l'acquisition de toutes ces propriétés en 1444, et, avec l'aide des Corporations, fit élever l'édifice symétrique que le bombardement détruisit de fond en comble en 1695. Le Grand Bâtiment, avons-nous dit, se divisait en six habitations distinctes sous le méme toit. Partant de la maison de la Balance, elles portaient les dési- gnalions suivantes: La Bourse, la Colline, le Pot d'étain, le Moulin à vent, le Cháteau de Meynaert et V Hermitage. Quatre appartenaient à des Cor- porations; deux formaient des propriétés privées. Ces dernières étaient : La Bourse et le Moulin à veut. En 1163, le Grand Bâtiment se divisait, dit Mensaert, « en sept maisons dont quatre sont au corps des métiers ; savoir, des Quatre couronnés, des Charpentiers, des Meuniers et des Tan- neurs. Les trois autres appartiennent à des particuliers. » La Bourse n'offrait de spécialement remarquable, à cóté de ses voisines, que le distique suivant qui constitue un double chronogramme, ayant trait à la reconstruction radicale du Grand Bátiment en 41698 : An VELOX rVnInVNDa EXAUsIT rnaNCIA nUnsAM. NVNc EX EXUsrA PAX soLIDAM TRIBUIT. La Colline, ou Montagne, appartenait aux Architectes, Macons, Tailleurs de pierre formant le métier des « Quatre Couronnés» ainsi appelé des Patrons de cette antique Corporation. Le Guide fidéle à Bruxelles, imprimé chez J. Moris en 1761, nous donne les vers latins de l'inscription qui accompagnait son enseigne aujourd'hui disparue : Collis ut in Cineres nuper fuit igne redactus, Altior e Busto denuo crescit Apex. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 421 Le Pot d'étain servait de Loge aux Charpentiers. Le Moulin à vent, propriété particulière, devint la salle d'assemblée des Meuniers, en 1763, d'aprés Mensaert. Le Château de Meynaert était ainsi appelé du nom d'un échevin qui en fût propriétaire au XII* siècle. Cette maison servit d'abord de local aux séances de Ammanie. En 1634 elle perdit cette qualification, s'appela l'Écrevisse (De Kreft) et constitua le lieu de réunion des Fruitiers. En 1759 elle fut achetée par la Corporation des Tanneurs, changea une troisiéme fois d'en- seigne et devint La Fortune. L'Hermitage appartenait à la ville qui donnait en location ses diverses salles pour servir aux assemblées des Tapissiers de haute-lice et des Fabri- cants de bonneterie. Les Marchands de vin et les Légumiers y tinrent long- temps leurs séances. Trois perrons à doubles degrés, démolis en 1193, refaits de notre temps, conduisent au rez-de-chaussée, élevé sur un souterrain en contre-bas. Dix- neuf pilastres doriques dont les chapiteaux, dépourvus d'entablement, sont profilés en arriére-corps pour former cordon, supportent autant de pilastres corinthiens d'ordre colossal, embrassant deux étages, suivant le type mis à la mode par Palladio. Ces pilastres entablés et rudentés au tiers étaient surélevés par des socles également entablés devant lesquels étaient placés les bustes des dues de Brabant dont les noms étaient gravés sur les pié- douches. Un entablement, sans modillons ni denticules, surmonte les pilastres corinthiens. Les deux maisons formant l'avant-corps, accentué par une faible saillie, se terminent par un fronton en arc de cercle dont le tympan est orné d'un bas-relief allégorique, très-décoratif et trés-mouve- menté, figurant la paix ramenant aux Pays-Bas le Commerce personnifié par l'Escaut et l'Industrie, par des génies charpentant. La corniche porte, au droit du fronton eintré, une sorte d'attique à balustrade horizontale, enrichie de vases. Le garde-fou à balustres de l'arrière-corps est coupé par quatre fort jolies lucarnes circulaires encadrées de frontons et accompagnées de réveillons taillés en cônes de pin. Les panneaux entre seuils et linteaux sont tout unis, sauf à la Maison des Charpentiers, où ils ont été enrichis de trois cartouches portant les emblémes connus de cette Corporation. Tome XXXIX. 54 (e) ` Pot d'étain. Loge des Charpen- tiers. (d) Moulin à vent. Meuniers (1763). (e) Château de Me naert, puis Eer Tanneurs et Fruit (f) | Hermitage. Tapissiers de haute- lice, Mds de vin et Légumiers. Peinturesde J.van Hel- montet J, van Orley. Maison de la Balance. (1704.) Maison de la Demi-lune. Ceinturonniers. (1704.) Coffy. Renommée servant d'en- seigne, seulptée par Mare de Vos. Maison particulière, rue des Chapelie (1697.) rs. DH DÉI 1 encore debout une maison particuliére d'un fort beau style portant le mil- 422 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE De toutes ces Loges d'assemblée, cette dernière seulement possédait au temps de Mensaert une décoration intérieure digne d'admiration. On y remarquait six tableaux de S. van Helmont et deux de J. van Orley, ayant trail à la légende de saint Joseph, patron du métier. « La chicane des anciens » Doyens avait fait évanouir toutes les raretés qu'on admiroit autrefois » dans les trois autres chambres » ajoute l'écrivain précité pour justifier cette détresse contrastant avec la splendeur des Loges avoisinantes. Au côté gauche de cet édifice, vers la rue de la Colline, se voit la Maison de la Balance (De Wage), prétenduement élevée sur un dessin de Rubens, | mais en réalité construite par un maitre anonyme après le bombardement en 1704. Les deux nègres qui supportent le balcon, les caryatides de la fenêtre cintrée du premier étage, les frises, les consoles et l'ordonnance du charmant gable terminé par un obélisque, souvenir d’un motif favori de Vredeman De Vries, sont remarquables au point de vue de la sculpture. Il est fácheux que cette jolie façade soit encaissée à cause du peu de largeur | de la rue. Joignant la Balance, se voit encore une maison portant l'enseigne : la Demi-lune (Halve maan), rebâtie la méme année que la Balance et appar- tenant autrefois à la Corporation des « Ceinturonniers.» Elle a conservé de remarquables cartouches dont l'un offre un croissant à profil humain. On sait que l'orfévre Van de Putte, l'instigateur des troubles de 1698, habita cette demeure. La maison attenante appelée le Coffy était jadis occupée par un «Caffé» cité dans les Mémoires du chevalier de Ravanne, page du Régent de France et Mousquetaire , réfugié à Bruxelles à la suite d'un duel malheureux. En 1705 des artistes italiens y donnèrent des représentations théâtrales. Rendez-vous de la bonne compagnie au XVIII* siècle, il le devint aussi plus-tard des patriotes de la Révolution brabanconne. Cette maison avait pour enseigne une Renom- mée, sculptée par Marc de Vos, le Vieux; piéce admirable au dire de Mensaert. La statue a disparu, la maison a perdu son caractère architec- tonique, mais le cabaret est toujours ouvert. A la droite du Grand Bâtiment vers la rue des Chapeliers demeure SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 425 lésime de 1697. La petite porte « style Francquart » avec abat-jour est d'un heureux motif. Les consoles sous le cordon du premier étage portent encore le socle des figures qui les surmontaient autrefois. Ajoutons que cette facade est terminée par un pignon bien découpé, orné d’œils-de-bœuf et de volutes, mais dont tous les « réveillons » ont disparu. Cette maison a con- servé assez d'éléments intéressants pour motiver quelque jour une restau- ration complète. A partir de la rue des Chapeliers, vers l'aile gauche de l'Hôtel de Ville, l'on comptait autrefois cinq propriétés distinctes : le Mont Thabor, rebâtie en 1702, aujourd'hui cabaret à l'enseigne : les Trois Couleurs ; la Rose, ancienne taverne historique, reconstruite la méme année, et qui fut tenue au XV* siècle par un certain d'Arquennes, célèbre par la beauté et les galanteries de sa femme; l'Enfer (Hille), depuis l'Arbre d'or (Op den Gulden boom). Cette maison appartenait en 1476 au métier des Tapissiers (leghaverkers) pour lors arrivé à l'apogée de sa prospérité et de sa splendeur. Construite en pierre en 1638 aux frais du métier des Brasseurs, elle dut être rebàtie soixante années aprés. Le Cygne, autre taverne en bois, entourée de charmilles, est mentionnée dans les Chroniques dés 1346. Toutes ces maisons existent encore moins la dernière l'Étoile, démolie il y a une vingtaine d'an- nées pour élargir la rue de ce nom (aujourd'hui de l'Hôtel de Ville). L'ordonnance de la facade de la Maison des Brasseurs de méme que celle du Grand Bâtiment s'écartent du type des autres constructions et affecte « l'Ordre colossal » mis à la mode par Palladio et que Perrault imita avec tant de succès à la colonnade du Louvre. Au rez-de-chaussée, quatre colonnes doriques, engagées, d'un module un peu massif, cannelées au tiers, sont chargées dans leur partie inférieure de bossages affectant la forme de congélations, motif emprunté aux grottes des Jardins Boboli et aux Nymphées des villa Mondragone, Pamphili ou Bor- ghése. Les quatre colonnes de l'ordre supérieur sont composites; lisses jusqu'au tiers inférieur, le restant du fût est orné de guirlandes de feuillage d'un assez fort relief, motif que Rubens et ses élèves affection- naient particulièrement. Les trois entre-colonnements sont percés de deux étages de fenêtres rec- Cót Sud-Ouest. Taverne: Mont Thabor. (1109.) Taverne : La Rose. (1102. Maison des Brasseurs (anci me Loge des gne: is Arbre d'or. (1698.) C Maison des Bouchers, 424 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE tangulaires séparées par des bas-relief « entablés ». Un fronton, en arc de cercle, s'étend sur toute la facade. Le tympan offre des lions accroupis, en ronde bosse, placés de chaque côté d'une table architecturale où se lisaient autrefois les vers suivants à la louange de l'Électeur de Bavière : Dum premeret radiis nostram Sol gallicus urbem Te soluw in moestos vidimus ire rogos , Quid mirum Geticae qui fregit cornua lunae Gallica si solis lumina non metuat. En 1698, les Doyens du métier des Brasseurs firent placer sur le large ' piédestal à dauphins qui sert d'amortissement au fronton circulaire, une statue équestre en pierre de Maximilien-Emmanuel, exécutée par Marc de Vos le père. Enlevée par un ouragan en 1751, elle fut remplacée par le portrait équestre du prince Charles de Lorraine, en cuivre doré, repoussé au mar- ` teau avec un rare talent par un orfévre bruxellois, André Simons (16 juin 1752). Cette date est inscrite en chiffres romains sur la frise de l'entable- ment composite. La statue de saint Arnold, patron du métier, se voyait entre les deux feuilles d'aeanthe du piédouche. Le culot-console seul existe encore. La figure fut brisée en 1793. La statue du prince Charles disparut à l'époque de la seconde invasion républicaine. Celle qui se voit actuellement est moderne. La grande salle d'assemblée de la maison des Brasseurs, qui sert aujour- d'hui de lieu de réunion à l'Association libérale, a conservé une partie de son cachet primitif; le plafond est à peu prés intact, mais le portrait de Jean le Bon, due de Brabant, bienfaiteur du métier, et les cinq tableaux peints par J; van Orley, C. Eyckens et V. H. Janssens ont disparu. A côté se voit la maison du Cygne, rebàtie par la Corporation des Bouchers en 1720 d'aprés le chronogramme : iuG DoMVs Lanera EXALTATUn qui se lisait jadis sur l'aerotére du fronton. C'est la plus moderne et la plus classique des façades de la Grand'Place. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 425 Trois étages de fenêtres rectangulaires à chambranles surmontées d'un riche entablement, formé de consoles alternant avec des rosaces, au-dessus duquel surgit une haute toiture à arêtes curvilignes, percées de lucarnes et portant une plate-forme à balustrade, composent son ordonnance. J. de Kinder avait sculpté trois statues, au-dessus de la corniche, ainsi que deux enfants placés aux angles du balcon de la fenêtre du premier étage. Ces sculptures ont disparu. La baie centrale est encadrée par deux colonnes ioniques à fronton interrompu, elle est accompagnée d'un médaillon ovale et offre un chiffre d'initiales enlacées F. P. (Franciscus Primus) se rapportant sans doute à l'époux de Marie-Thérèse, l'empereur Francois I (1745-1756). « La façade de cette maison, est, selon moi, la plus belle de la place » écrivait Mensaert: cet aveu de la part d'un artiste qui suivait encore dans sa peinture les traditions de Rubens, nous apprend mieux que de longues dissertations les changements que le goùt architectural subissait insensible- ment depuis le premier tiers du XVIII: siécle. Cette facade fait déjà pressentir les tendances néo-antiques de L. B. de Wez qui fut en Belgique l'introducteur du style improprement appelé Louis XVI. Dans la chambre d'assemblée du Cygne on admirait un superbe plafond , exécuté à la manière italienne de Pozzo, par Sevin, l'auteur déjà nommé du plafond: de la nouvelle sacristie de l'église de la Chapelle (1752), et, au dire de Mensaert, « trés-habile maitre de ce genre, dans l'architecture et dans les » ornements. » Cette salle était encore ornée de quatre tableaux décoratifs du peintre milanais Cadeschino. Zinner, l'architecte du Pare de Bruxelles, mourut, plus qu'oetogénaire, dans la maison du Cygne. Un souvenir se rattache à la maison de l'Étoile qui servait autrefois d'Ammanie. Vainqueur à Scheut, le mercredi 17 août 1356, jour funeste que les Bruxellois appelérent depuis den quaeden woensdag , Louis de Maele y fit planter son étendard; mais le 24 octobre suivant, Éverard s'Heren-Claes, échevin de Bruxelles, délivrait la ville avec l'aide des métiers. Vingl-six ans plus tard, on Te apportait mutilé à la suite d'un guet-apens, tendu par le sire de Gaesbeek qui voulait empiéter sur les droits de la Commune. La maison de l'Étoile, dont les plans sont conservés, grâce à la création du Boulevard Sculptures de J. de Kinder, Plafond de perspective par Sevin. Peintures de Cades chino. Maison de l'Étoile. 1696.) HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE central et de l'Avenue du Midi, pourra être rétablie sans causer de préju- dice à la circulation. Cité Nord-Est Le côté opposé à l'Hôtel de Ville était occupé par la « Halle au Pain » Maison du Roi. Loges (Brood huis) élevée en 1516 par Van Pede, avec le concours de Rombaut des Serments des Ar- Vini bc Keldermans et de Dominique de Wagemaker. Cet édifice renfermait, outre IN différents tribunaux comme le « Consistoire de la Trompe » et l'Officialité, les Loges de trois Gildes armées : le Grand Serment; les Schermers, Espadon- neurs ou « Gladiateurs » et les Coloveniers ou Arquebusiers. Au XVIe siècle il servit aussi de Prison d'État. Depuis le XVIe siécle on l'appelait vulgai- rement Maison du Roi. Avant le bombardement, le pignon droit et les lucarnes de cet édifice présentaient de gracieux spécimens du style de la première Renaissance. Il serait fort désirable de voir rétablir ce gable « plateresque » avec ses crêtes el ses statues. d'hommes armés. La Grand'Plaee de Bruxelles réunirait de la sorte des échantillons remarquables de chacune des transformations que subit aux Pays-Bas l'art italien de la Renaissance depuis Charles-Quint, jusqu'au régne de Marie-Thérèse. Quant aux quelques maisons sans valeur architectonique, on pourrait les remplacer ou par la reconstruction de façades contemporaines qui tombent chaque année, hélas ! sous la pioche des démo- lisseurs et finiront par disparaître tout à fait; ou par des compositions en style néo-flamand, inauguré avec tant de succès à la Maison des Chats du Boulevard central. Peintures devan Orley La chambre du Grand Serment, qui servait de « Concert noble » dans "UU" Ja seconde moitié du XVIIIe siècle, était ornée de sept grandes toiles de van Orley et de Janssens. On y voyait un magnifique dressoir, surmonté des portraits des Archiducs Albert et Isabelle. Sur ce dressoir l'on plaçait aux jours de fête les coupes rares et autres pièces curieuses d'orfévrerie, offertes par les souverains et les princes qui honorérent jadis les tirs et les festins de ces antiques et vaillantes milices bourgeoises. Les chambres des Escrimeurs ou Gladiateurs et celle des Couleuvriniers, placées vis-à-vis, étaient également riches en tableaux et portraits histo- riques des Chefs-Doyens. A la droite de la Brood huys se voient les dernières maisons de Corpo- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 427 ations dont il reste à nous occuper : Ammans Kamerke ou Chambrette de cianbreueder amman l'Amman; la Maison des Peintres et plus tard du Serment des Arbalétriers, enseignée : Le Pigeon et la Maison des Tailleurs, appelée La Taupe. Au coin de la ruelle des Harengs s'élevait la Chambrette de l'Amman ainsi désignée du nom du magistrat qui y tenait ses audiences. Elle offre trois ordres de pilastres superposés: dorique, ionique, corinthien. L'entablement dorique n'offre de triglyphes qu'au droit des pilastres. Les chapiteaux des deux ordres supérieurs ont disparu. Le gable est pittoresque dans sa sim- plicité. Cette maison fut construite en 1700 par Corneille Mombaërts. La facade de la Loge des Peintres est toute imprégnée de réminiscences italiennes. Les refends du rez-de-chaussée, la vénitienne du premier étage, l'allure des ordonnances ionique et composite des deux étages, le pignon en forme d’attique surmonté d’un fronton, la délicatesse des moulures, la sobriété des profils, accentuée davantage par l'opposition de quelques ornements plantureux, en font un morceau véritablement digne d'éloges et dont le nom de l'architecte aurait mérité d’être conservé. Cette maison est la plus ancienne de toutes celles qui s'élèvent sur la Grand’Place, on la voit figurée sur la gravure de Hogenberg, représentant l'entrée à Bruxelles de l'archiduc Ernest, frère d'Albert, en 1595. La façade de la maison des Tailleurs est toute chargée de dorures; des pilastres ioniques en décorent le rez-de-chaussée, la porte se trouve au centre, décorée d'un entourage, genre Franequart, à frontal bien accusé, qu'une malencontreuse enseigne empêche de voir depuis bientôt vingl ans. Au-dessus des pilastres ioniques s'élève un grand ordre composite qui comprend deux étages percés de fenêtres rectangulaires surmontés de fron- tons au premier étage. La frise de l'entablement de cet ordre est délica- tement ciselée de rinceaux. Le pignon terminal avec balustres rampants et acrotére central, surmonté d'un vase est d'un effet pittoresque, mais d'une fantaisie un peu risquée. G. Frix, dans sa description de Bruxelles, définit ainsi la maison des Tailleurs : « Celle de gauche est de trés-belle pierre dans toutes les régles de la sculpture et de l'architecture. L'édifice est surmonté d'un vase au lieu de leur patron qui est saint Boniface.» Sur le (Ammans Kamerke). Architecte : Corneille Mombaërts (1700). Loge des peintres. Pigeon. (Existait en 1595.) Maison des Toilleurs. Taupe (1698.) Principaux édifices ano nymes conçus dans le style italo and, Bourse de Lille, (1662 Hôtel de Ville d'Os- tende (1711.) HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE socle du vase se lit le distique chronogrammatique suivant qui nous apprend que l'édifice fut terminé en 1697. QVas rVnon nosrlLIs sVnVgnTERAT. laNInVs æDes, SARTOR RESTAVRAT PRÆSIDIBVSsQVE DICAT. Ce qui frappe le spectateur qui débouche pour la première fois sur notre Grand'Place, c'est la réunion pompeuse de tant d'éléments décoratifs , imaginés et traduits avec une inépuisable verve et une fécondité heureuse par ees vieux maitres flamands, peintres, sculpteurs ou architectes, qui passent à bon droit pour les premiers coloristes du monde. Un remarquable spécimen du style Rubens, datant de 16692 et dont le nom de l'architecte nous est inconnu, c'est la Bourse de Lille (Ryssel). On sait que cette ville fit pendant des siècles partie de nos dix-sept provinces, et ne fut annexée à la France que depuis le fatal traité d'Utrecht (1713). J. Harrewijn nous a laissé une gravure de cet édifice. Comme style général il se rapproche des « Propylées » de l'abbaye de S'-Michel, rue du Couvent, à Anvers, et des motifs employés par Jordaens pour la décoration architecturale de l'atelier de sa demeure. Constatons aussi la prédilection particulière de l'architeete de la Bourse de Lille pour les chambranles interrompus par des claveaux. Remarquons enfin le type dela porte d'entrée et l'emmanchement de la fenêtre du premier étage qui rappellent tout à fait la Maison de Jordaens. Les panneaux séparatifs des six fenêtres qui se voient aux côtés de l'ordon- nance centrale sont décorés, au premier étage d'un ordre rustique alternant avec des pilastres en gaines; au second, de caryatides et de colonnes engagées, d'ordre ionique, placées alternativement. Les baies sont quadrangulaires à tous les étages ; des claveaux, des car- touches « en vignette, » des guirlandes, donnent à cette façade une physio- nomie originale et plantureuse d'un grand sentiment de couleur et d'une recherche visible de l'effet pittoresque. Mentionnons, à son tour, parmi les constructions civiles, l'Hôtel de Ville d'Ostende, båti en 1714 par un architecte anonyme. L'ordonnance de cet SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 429 édifice témoigne d'un véritable souci de l'aspect pittoresque et des exigences locales. Deux campaniles oclogonaux, à toitures tourmentées, ovoido-pyri- formes, du style loyolite — un seul fut exécuté — accentuaient les extrémités des deux ailes de bâtiments aboutissant à une rotonde centrale. L'édifice n'avait qu'un bel étage sur soubassement. Un large perron à double rampe permettait d'atteindre cet étage du niveau de la voie publique. Le pavillon central à huit pans, d'ordre ionique, émergeait au-dessus du reste de la facade formant un second étage. La toiture en ardoise, percée de lucarnes en œil-de-bœuf, avait pour amortissement un Mercure doré. Tous les carac- léres distinctifs du style italo-flamand de la deuxiéme époque se retrouvent dans cet édifice. Un type plus complet encore du style Rubens était le chitea de Boesin- château de Boesinghen, dans la chàtellenie d'Ypres, bâti par un architecte pres) eon inconnu pour Messire Gaspard de Turpe. Pour établir la physionomie architecturale complète d’une époque, il ne Ameublement amt suffit pas d'étudier les monuments seuls, il faut encore approfondir les types civil affectionnés par les arts décoratifs et somptuaires; l'ameublement monumental religieux ou civil. Au nombre des œuvres anonymes, plaçons au premier rang les Stalles de staites de Soignies. Soignies, datées de 1676. Elles constituent, dans leur ensemble, l'un des MAE plus splendides morceaux d'ameublement du style rubénien ou loyolite. Citons aprés cela les Stalles de Vilvorde, assez sobres de fantaisies borro- Vilvorde.. miniennes; celles des Dominicains, à Anvers; de S'-Bavon, à Gand; de 2 Soon ind. S'-Jacques, à Bruges; enfin les trés-remarquables boiseries du chœur de ` Grimberghen. "` l'église abbatiale de Grimberghen, dont le dessin vraiment grandiose fait songer à Faid'herbe, restaurées naguére avec habileté par M. Joseph Dupont. Aux Stalles de Soignies joignons aussi le Jubé construit en 1640, grâce sun de Soignies. à la générosité de Messire Gilles Du Mont, prévót du Chapitre; puis citons id au courant de la plume parmi les œuvres les plus caractéristiques : Les confessionnaux de l'ancienne église des Jésuites, à Louvain, et ceux confessionnaux. de S'-Paul, à Anvers. o L'intérieur de l'église de S'-Loup, à Namur, voütes, confessionnaux et autels, Les boiseries et l'ameublement des anciennes Halles, à Louvain. Tome XXXIX. 55 Constructions particu- Hôtel du Roi d'armes 3alerie ier), i Monuments funéraires Alphonse de Berghes (Mare de Vos 1689). Autel et Tabernacle de Jubé de N.-D. au Sablon. 430 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Parmi les constructions particulières. à Anvers : La façade de la Corporation des Tanneurs (1644); l'entrée de la Loge des Brasseurs (1655); les portes, genre Francquart, situées rue du Trèfle (1663); canal des Vieux-Lions : timbrée d’un cartouche portant une main ouverte, armoiries de la famille Geelhand (1669); rue du Vallon-Vert : sans abat-jour (1672); rue Kipdorp : porte double à monclair sculpté portant l'enseigne : Jn de Heilige Drijvuldigheidt. Yoignons-y : la Gulde poort, “anal au Sucre; la belle entrée carrossable, rue Happart; celle de la courte rue des Claires, avec un buste en niche; le grand porche de la Chapelle, rue de l'Empereur; les portes bâtardes : rue Vieille-Bourse, rue aux Laines, courte rue de l'Hôpital, rues du Goddart et du Chapelet. Enfin, la porte de la rue du Roi, dont le millésime est précieux à relever, car il prouve qu’en l'année 1716 l'influence de la maison professe des Jésuites, à Anvers, main- tenait toujours en honneur les traditions de l'architecture de Rubens. Le portique aux massives proportions et au plantureux tympan sculpté de ' l'ancien: Hôtel du Roi d'armes du Brabant, aujourd'hui frontispice de la galerie Bortier, à Bruxelles, dont le style rentre tout à fait dans la maniére de Faid'herbe ou de Cosyns et qui, malgré la date de 1763 (peut-être celle d'une restauration ?), appartient à la deuxiéme époque loyolite. Les monuments funéraires de Mathias Hovius, à S'-Rombaut de Malines CT 1620), dont la statue de terre cuite, d'une main inconnue, est si largement exécutée qu'on la prendrait pour une ébauche. On sait que Faid'herbe, le sculpteur-architecte, ordonna l'étoffage de ce tombeau à l'époque où il éleva le maitre-autel (4665). Tout à côté: les monuments funèbres d'André Cruesen, le chef-d'eeuvre de Faid'herbe (1669), et celui d'Alphonse de Berghes (1689), dont la statue de marbre blanc est de Mare de Vos, le vieux, el l'architecture d'un autre Bruxellois, appelé Van Brée. Ce dernier pourrait bien étre l'architecte de l'une ou l'autre des maisons anonymes de la Grand’Place et particulièrement de celle qui porte l'enseigne du Renard. L'autel ou chœur de St-Donat, à Bruges, et le Tabernacle aujourd'hui détruits. La tribune du Jubé de marbre de Notre-Dame au Sablon, à Bruxelles. Le p buffet d'orgues est postérieur et a été exécuté en 1763 par Jean Van Gelder. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 431 La boiserie du chœur et l'autel de la Vierge de l'église de Notre-Dame de la Chapelle, à Bruxelles, les encadrements des paysages de van Artois et le banc de communion du méme chœur. Les Portaulx intérieurs du Béguinage, à Malines; de S*-Dymphne, à Gheel; de Se-Walburge, aujourd'hui détruits, de N.-D. de la Chapelle, à Bruxelles et de S'-Jacques, à Anvers. Plusieurs des remarquables monuments funéraires des principales églises des Pays-Bas, particulièrement de S'-Gudule, à Bruxelles, de S'-Bavon, à Gand, de S'-Jacques, à Anvers, etc., etc. Nous connaissons les noms d'un certain nombre d'artistes qui élaborérent à cette époque des œuvres décoratives et somptuaires; nous citerons d'abord : Guillaume-Jacques van Werden — comme Gaspard de Craijer, « archier et garde du corps de Sa Majesté » — dessina la splendide décoration de la Cabine d'apparat, du navire amenant d'Espagne à Louis XIV, en 1660, l’infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV. Cette ordonnance, digne du meilleur temps du style Rubens, nous a été conservée par une superbe gravure de Vosterman qui burina également en cuivre, d'après un dessin de van Werden, la vue à vol d'oiseau de la tour et du couvent des Carmélites de Bruxelles. Pastorana, architecte-sculpteur, qui donna les plans du maitre-autel de l'église de Notre-Dame au delà de la Dyle, à Malines, dont la partie seulptu- rale fut confiée aux artistes malinois : J.-F. Boeckstuyns, Fr. Langhsman et Laurent Van der Meulen. Pastorana reçut pour son dessin el pour son concours 2,065 fl. 3 s. 2 den., d’après les comptes des archives compulsés par M. E. Neefs. Jean Voorspoel, disciple de J. Du Quesnoy, qui sculpta l'autel de marbre noir et blanc de la chapelle de la Vierge en l'église S'-Gudule aux frais du comte Ernest d'Isembourg (F 1664), dont il fit le monument funéraire, orné de figures allégoriques de marbre et placé dans le méme chœur. Jean Van Delen (+ 1705), auteur des statues d'apôtres, confession- naux , ete., de l'église S*-Gudule, qui conçut et exéeuta les monuments funé- raires de Jacques d'Ennetiéres, baron de la Berliére, et de Philippe-Francois d'Ennetiéres, marquis de Mottes, qui y furent inhumés en 1677-1678. Boiseries du chœur de la Vierge à N.-D de la Chapelle. Portaulx intérieurs : Béguinage, Malines. Ste Dymphne,Gheel. Walburge et S! Jacques, Anvers. N D. de la Chapelle, Bruxelles. OEuvres diverses dé e ves et somptu- aires, Décoration de la Ca- bine d'apparat du navire monté par l' Infante Marie-Thé rèse, fille de Philippe IV. Guillaume-Jac s van Werden. (1660.) Maitre-autel de N.-D. au delà de la Dyle à Malines. e Pastorana , architecte. Autel de la chapelle de la Vierge. Monument du comte d'Isenbourg. Église St.Gudule. Jean Voorspoel. Tombeaux de J. et P F. d'Ennetieres. Jean Van Delen (1677 1678). Sculptures des chapelles de Ste-Ursule et de St- àN 452 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Cosyns, Van Mildert, de Grupello qui exécutèrent, en 1690, l'ordonnance au Sablon, e architecturale et sculpturale des deux chapelles de S'*-Ursule et S'-Marcou, Tombeaux dela famille Roose à Ste-Gudule, tn (1673). (an Bauerscheit (1700). Maitre-autel de Grim- berghen Langhemans. Monuments funèbres d'amiraux holla on du Bourg, Waag, hôtel Boter- huis (1661), Kipron 1664) à Leyde. Rombaut Verhulst. Mausolées des Familles van Orley et Caverson dans l ancienne église des Dominicains Bruxelles, Michel van der Voort le vieux (1667-1737). Autel de l'Eglise St Ni. colas à Bruxelles, Confessionnaux de l'ab. baye de Ninove. Nicolas Simons. Stalles de la Chapelle de la Vier, ?glise S'e-Gudule, Sutincks (1716). Chaire de vérité des Jésuites de Louvain. Animaux ajoutés J.-B. Van der His ghen (1780). Ste. Gudule 3) servant de mausolée à la famille des princes de Tour et Taxis en l'église de Notre-Dame au Sablon. Les trois Vertus théologales qui sont dans les niches du bas du dóme de la chapelle de S'«-Ursule sont de Van Delen. Francois Langhemans (1661-1720), éléve de Luc Faid'herbe, qui éleva dans le chœur du Saint-Sauveur dans l'église S'«-Gudule, à Brize le monument de Pierre Roose, chevalier de la Toison d'or, décédé en 1675, dont on voit la statue de marbre, agenouillée sur le sarcophage. Ce monu- ment fait pendant à celui de son petit-fils, Pierre-Ferdinand Roose, baron de Bouchout, sculpté par Jean-Pierre Van Bauerscheit (1699-1768), le jeune, en 1700. On sait que Langhemans est encore l’auteur du magnifique maitre-autel de l'église de l'abbaye de Grimberghen. Rombaut Verhulst, de Malines (1624-1696), qui travailla toute sa vie en Hollande où il exéeuta les monuments funéraires des plus célébres amiraux des Provinces-Unies. Leyde possède de cet artiste le Lion du Bourg et les décorations sculpturales du Waag (Poids de la ville) et de l'Hôtel Boterhuis, exécutées en 1661 et les lions et emblèmes guerriers de la Zijlpoort (1664). Michel Van der Voort, le vieux a 667-1737), auteur des mausolées e placés aux deux côtés l'autel de l'ancienne église des Dominicains, à Bruxelles; l'un de la famille Coxie, l'autre de la famille van Caverson. L'église des Dominicains est aujourd'hui démolie. Nicolas Simons, sculpteur et architecte, qui donna les plans de l'autel de la Vierge pour l'église S'-Nicolas, à Bruxelles, ainsi que des deux confes- sionnaux et du maitre-autel de l'abbaye de m Sutincks, qui éleva, en 1716, dans la chapelle de la Vierge en l'église S'«- Gudule des stalles, aujourd'hui disparues, qui lui furent payées 600 florins. Henri-François Verbruggen ou Van der Brugghen (1655-1724) qui fit ` pour les Jésuites de Louvain (1699-1702) la splendide chaire de vérité, qu'à la demande du comte de Cobentzl , Marie-Thérèse fit placer, après leur suppression (1113), dans l'église S'-Gudule. Les animaux furent ajoutés en 1780 par Jean-Baptiste Van der Haeghen; ainsi tombe d'elle-même la légende, plus ingénieuse que vraie, imaginée à propos du choix de ces SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 453 animaux par lesquels le sculpteur aurait voulu personnifier les défauts et le caractère acariâtre de sa femme. Verbruggen fit aussi pour l'église de Grim- berghen quatre confessionnaux magnifiques, les plus beaux peut-être des Pays-Bas n'étaient ceux de S'-Paul, à Anvers. Laurent van der Meulen (1645-1719), Tobias, van Beveren (1630-90), les deux De Vos, Guillaume Kerrix père (1682-1745), exécutérent égale- ment de nombreux morceaux d'architecture et de sculpture décoratives. Dans le livre intitulé : Les marques d'honneur de la Maison de Tassis , imprimé à Anvers, chez Moretus, en 1645, l’on trouve une remarquable série d'estampes allégoriques enrichies de cartouches, trés-originaux , composés par Nicolas van der Horst (1598-1646). L'auteur du texte , Louis Chifflet, qui traduisit de l'espagnol le voyage du prince Don Ferdinand, appelle ces entourages : « volutes de marmousets » et « méandres artistement conduits. » Les cartouches de van der Horst constituent une variante originale des thèmes loyolites et des motifs de prédilection de Rubens. Fidèle au plan que nous avons suivi jusqu'ici, aprés l'architecture bâtie, l'ameublement monumental ecclésiastique ou civil, il nous reste encore à examiner la valeur de ces ordonnances architectoniques éphémères élabo- rées à l'occasion de Joyeuses-Entrées des souverains, de Jubilés ou Calvacades religioso-civiles. La vitalité du sentiment artistique flamand, méme aux périodes les plus calamiteuses de notre existence politique, semblait se réveiller à l'approche de ces festivités pittoresques toujours saluées avec allégresse par lepeuple entier. La spontanéité et le relief grandioses de nos solennités nationales célébrées depuis 1830, à l'occasion d'anniversaires patriotiques, à Bruxelles, Anvers, Gand, Bruges, Malines, etc., ne procèdent-ils pas directement de l'entrain et de la splendeur imposante des Blyden Inkomsten et des Ommegancken dau- trefois; ne perpétuent-ils pas dans l'ére des libertés modernes, les vivaces traditions d'amour de l'indépendance, affirmées par ces manifestations sécu- laires, dont l'origine remontait à l'octroi de nos plus vieilles franchises com- munales. Dans l'étude de ce genre spécial de documents élaborés par les continua- leurs de la maniére architecturale de Rubens, la priorité de date nous fera Confessionnaux de Grimberghen. H. Verbruggen. Seulptures diverses, Cartouches du livre des « Marques d'honneur de la maison de Tas- sis » (1645). Nicolas van der Horst (1598-1616). Ordonnances architec- toniques élevées à l'oc- casion de réjouissan- ces religioso-civiles. Prédileetions. persis- tantes des flamands pour ces sortes de spectacles. Entrée de Ferdinand e à Gand. de er, d'Autri Valeur comparative de la Pompa introitus d'Anvers et de l'In- troitus triumphalis de Gand. Caractères distinctifs des éto i tectoniques de G. de Crayer et de Thulden A34. HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE placer, d’abord, l'œuvre de l'un de ses plus célèbres et de ses plus féconds disciples. Gaspard de Crayer (1584-1669) peignit en effet, pour l'entrée de Ferdinand d'Autriche à Gand, une série d'ares de triomphe qui constituent une sorte de pendant de la Pompa introitus. Les Joyeuses-Entrées du Cardinal-Infant dans les cités de van Arteveld et de Rubens eurent lieu la méme année à trois mois de distance (27 janvier, 25 avril 1635). Les éléments de ces festivités, préparés à l'avance, s'élabo- rérent en méme temps. Gaspard de Crayer eut-il connaissance des esquisses de Rubens; vint-il à Anvers consulter son ancien maitre; visita-t-il l'atelier où van Thulden dirigeait un essaim de peintres chargés de brosser, grandeur d'exécution, les compositions de l'immortel Anversois? Nous n'en savons rien. Rapprochant cependant dans une étude attentive et sérieuse les planches de l'Introitus triumphalis de Gand, de la Pompa introitus d'Anvers, nous y retrouvons avec une incontestable évidence les motifs favoris de Galeas Alessi, objets de la prédilection particuliére de Rubens. Dien plus, dans les compo- sitions de Gaspar de Crayer on remarque une circonspection mal dissimulée dans le choix des étoffages. Ces compositions décoratives trahissent encore une évidente timidité résultant du peu d'habitude de l'artiste à manier les éléments architecturaux et à s'affranchir des règles ordinaires du style clas- sique. Pour le prouver, il suffit de mettre en regard Ja facilité d'assimilation des ressources ornementales; les étoffages francs et prime-sautiers des vitraux de S'-Gudule à Bruxelles, peints sur les cartons de Théodore van Thulden. Ce dernier, décorateur-architeete d'une envergure bien autrement puissante que Gaspar de Crayer, possédait encore des connaissances spéciales qui lui permettaient de tenir compte de la possibilité de construction des thèmes les plus hardis et d'atteindre à cette vraisemblance positive qui distingue les décors des architectes de profession. Dans l'Introitus triumphi de Gand il y a plus de tableaux de chevalet que de peintures décoratives, plus de personnages que d'architecture et de groupes seulpturaux en trompe-l'oeil. On peut facilement constater le contraire aux ordonnances vertigineuses de la Pompa introitus. Les scènes se passent dans un milieu architectural qui semble vrai à force de précision technique; les tableaux sont inséparables de l'architecture, les personnages sortent réso- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 499 lüment des baies ou sont vus en plafond. Pour conserver les mains des por- traits colossaux de l'archidue Albert et de l'infante Isabelle, au Musée de Bruxelles, n'a-t-il pas fallu enlever à l'étoffage architectural adjacent la partie supérieure de la balustrade? En faisant sortir ses personnages des arétes du cadre architectural, Rubens donnait à ses décors tout le réalisme palpi- tant d'une construction matérielle. Au chapitre sixième de ce livre nous avons analysé la Pompa introitus. Le recueil des Ares de triomphe de Gand porte pour titre : « Sereniss. prin- » cipis Ferdinandi Hispaniarum infantis triomphalis introitus in Flandriae » metropolim Gandavum, auctore Guilelmo Becano S. J. Antverpiae ex » officina Joannis Meursii, 1636. » C'est un grand in-folio plano, trés-soigné comme gravure et typographie. Le texte latin, d’une recherche un peu pédante, est entremélé de prose et de vers comme le commentaire de Gevartius. Becanus, véritable lettré, versé à la fois dans la Bible et les poëtes, fait à propos de ces décors un assez curieux mélange de sacré et de profane, tout à fait dans le goût du temps. En souvenir de Virgile et d'Homére, ses auteurs favoris, il salue Ferdinand de cette dédicace bilingue empruntée aux héros de lIlliade et en parti- culier au roi Agamemnon « pasteur des peuples. » "Dm FERDINANDE, IIOIMENI AAON. La plus belle, au point de vue architectural, de toutes les ordonnances de Gaspard de Crayer est, sans contredit, l'Arcus Carolinus (Laniorum Pegma) élevé à la gloire de Charles-Quint. Ce portique grandiose à trois arcades comportait deux faces d'architecture différente. La facade principale rappelle à s'y méprendre le style Rubens, mais, comme nous venons de le dire, avec trop de peinture de chevalet et trop peu de raccourcis, de motifs ornementaux et de groupes en trompe-l’œil figurant des sculptures. Le couronnement d'un lyrisme médiocre ne réussit pas à réaliser l'idéal de ces triomphants fouillis pyramidaux qui servent d'amortissement aux apothéoses rubéniennes. Par contre, De Crayer semble avoir dérobé une effluve de la verve de son maitre pour dessiner les groupes Recueil des Arcs de triomphe de la Joy- euse entrée deGand, imprimé à Anvers avec texte de Guil- laume Becanus. S. J. (1636 ) Valeur de ces ordon. nances: l'Arcus Ca- rolinus. Ares du Vieux Bourg. Voie triomphale bor- dée de piédouches à personnages vivants (imitée del'Entrée de Philippe [Len 1549 : F.van de Velde, archi- tecte. 456 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE pleins de crânerie de Tritons armés de boucliers et montés sur des chevaux marins. La face postérieure striée de bossages est moins heureuse. Les deux tableaux qui décoraient cet are : François Ier remettant son épée à Pavie et Charles-Quint abordant à Tunis ( Tenco te À frica !) longtemps con- servés à la salle des Etats de Flandre, se voient aujourd'hui au Musée communal de Gand. Nous aimons assez l'Arc du Vieux Bourg; l'influence déjà exercée depuis vingt ans par Rubens et les Jésuites y est accusée d'une façon remarquable. i Ce décor architectural est précieux par sa date, car déjà on y sent poindre le i style de la seconde période qui s'affirmera seulement trente années plus tard dans les compositions de Du Chastel, Mercx et Léon van Heil. Il ressemble un peu à l'Arcus Lusitanicus de la collection rubénienne. Dans cet arc décoré de pilastres doriques un tableau occupait la baie de l'arcade. Entre l’Are du Vieux Bourg et celui du Marché au Poisson, on admirait une décoration fort originale renouvelée d'un emploi ingénieux et nouveau des « personnaiges vifz » ordonné par l'architecte Francois van de Velde en 1549 à l'Entrée inaugurale du prince Philippe « des Hespaignes » comme comte de Flandre. Alors, en effet, depuis la Sint Jooris poort jusqu'au Princen Hof ou Kasteel ten Walle, points extrêmes du parcours du cortége, la voie triomphale était bordée de rabatrollen où l'antique devise gantoise Hou ende Trou (Fides et amor), traduite dans tous les idiomes d'Europe | se répétait alternativement avec des inscriptions lapidaires et des textes ! analogues à la cérémonie. Sous chacun de ces rabatrollen, reposant sur un balustre formant piédouche, se trouvaient ménagés d'élégants petits siéges ` occupés par de toutes jeunes et jolies fillettes en costume fantaisiste, à la mode « grégeoise » ou « sarrazine », tenant. d'une main un cierge allumé et de l'autre des guirlandes de fleurs artificielles, ornement luxueux dont l'Italie avait alors le monopole. Comme la voie triomphale était fort longue, plus d'un millier de jeunes Gantoises avaient dü étre requises. Ce décor aussi gracieux que piltoresque obtint un si grand succès que nous le retrouvons quatre-vingt-six ans plus tard. Seulement on limita à vingt et un le nombre des siéges « fuselés » placés de chaque cóté de la voie triomphale. Nous avons raconté, au Chapitre VI, les vicissitudes étranges de la publi- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 497 cation de la Pompa introitus. On sait que le recueil des Ares de triomphe piuils relatifs à 1a de Rubens, fruit de la collaboration de van Thulden et de Gevartius, faillit frites triumphali ne jamais paraitre et ne vit finalement le jour qu'aprés la mort du Cardinal- Infant. La Commune gantoise se montra moins avare et moins procéduriére ; le livre du Jésuite Becanus parut une année seulement après les fétes, temps normal nécessaire à la gravure des quarante planches qui « l'historiaient » et furent confiées à P. de Jode, C. Galle, J. Neefs, S. Stadius, A. van den Droes et J. van Schoon. L'édition coüta prés de dix-sept mille franes de notre monnaie actuelle. M. P. van Duyse, archiviste communal de Gand, a publié dans les Annales de la Société des Beaux-Arts et de la Littérature de cette. ville, une excel- lente notice sur le recueil des Ares de triomphe peints par Gaspard de Crayer. Abordons à présent un exemple appartenant à la première période de première période de transformation, Ares du Jubilé de Ste- transformation du style patronné par Rubens et les Jésuites. ss dn dubie de SE Au mois de juillet 1670, le chapitre de la collégiale de S'-Gudule solli- IR: cita le concours du comte de Monterey, gouverneur général des Pays-Bas , au nom de l'Espagne et du magistrat de Bruxelles pour donner un éclat extraordinaire aux fétes du Jubilé trois fois séculaire du procés intenté à quelques juifs du chef d'hosties profanées au temps de la duchesse Jeanne, épouse de Wenceslas. Des sommes d'argent considérables furent réunies et des commissaires artistes collaborateurs L. van Heil M désignés par les autorités ecclésiastiques et civiles se mirent immédiatement j. p. Mercx F. Du Chastel | à l'œuvre et firent appel aux premiers artistes contemporains. L. van Heil, 1 van orley der Heyden et Peintres ; S.van Helmont | 4 J. P. Merex, F. Du Chastel dessinérent les Ares de triomphe; J. van Orley, $$ Ein. J. van der Heyden, S. van Helmont et le vieux et glorieux Gaspard de Crayer lui-même peignirent les toiles qui devaient les enrichir. Jacques Stroobant « In-ghesetenen borger der stadt Brussel, » comme il Relation imprimée s'intitule non sans ostentation, publia à ce sujet chez Pieter van de Velde pie «op den hoeck van de Munte in de Nieuwe Druckerije », à l'occasion de $19 ces fétes jubilaires un livre bien intéressant tout imprégné de parfum de terroir et d'originale bonhomie intitulé : Brusselsche eer-triumphen. Tous XXXIX. 56 438 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ares de triomphe pr Bouttats l'a illustré de gravures sur cuivre représentant les divers Ares de vés par Bouttats, triomphe élevés à cette oceasion. L'auteur, qui témoigne de beaucoup de lecture et de véritables sentiments patriotiques, relate d'abord toutes les Joyeuses Entrées, fétes et tournois qu'avait vu célébrer sa ville natale, puis il donne, particulièrement détaillée, la relation de la cavalcade et des déco- rations organisées à l'occasion de ce jubilé. L'une des curiosités du livre est Eau-forte originale de UNE planche à l'eau-forte — la seule que nous connaissions — du peintre bruxellois François Du Chastel, élève de David Teniers le Jeune. Ce sont ces gravures d'Ares de triomphe en style Rubens qu'il nous importe d'analyser au point de vue de la persistance des traditions italiennes et de leurs transformations successives. Les Arcs élevés rue de l'Empereur, Place de la Vieille Halle-au-Blé , rue "du Chéne prés du ri S ainsi que celui de la rue des Fripiers, tous EIE Ariete it^ v" de Léon van Heil n'ont qu'une seule arche. L'arsenal des motifs familiers à l'école Italo-Flamande a été mis au pillage pour les varier. went La plus remarquable de ces compositions est l'Are inventé, peint et gravé Maes parFrancois du F S E Sc Chastel. à l'eau-forte par François Du Chastel de Bruxelles (1625-1694), élève de D. Teniers le jeune; dressé au bas de la rue du Chêne près de l'Hôtel de messire J. B. Maes, seigneur de Steenkercke, Assesseur du Conseil des Finances du Roi. L'exécution de cette planche est des plus remarquables : libre et pitto- resque eau-forte, elle peut soutenir la comparaison avec les cuivres les mieux réussies de van Thulden. Les gravures de Bouttats sont un peu sèches; l'inspiration exclusivement rubénienne se reconnait à première vue dans l'œuvre de F. Du Chastel, les compositions de Mercx et de van Heil semblent davantage des reflets éclectiques de l'ensemble des thémes Italo-Flamands. Le texte descriptif de Stroobant nous a tout particulièrement intéressé parce que cet ?ngesetene borger de Bruxelles, dans son avis au lecteur, déclare s'étre adressé aux artistes mémes pour rectifier sa terminologie dans la description des parties architecturales et décoratives des Ares de triomphe. « Soo daer hier en daer een vremt woort of twee », dit-il, « tusschen bijden komt, dat de Nederduijdsche spraeck niet eijgentlijck aen gaet, wij » zijn genoodtsaeckt geweest, de selve in sulcker voegen te stellen, om dat SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 439 » men die volgens de uijt-spellinge der Bouw-konst te beter zoude verstaen. » In de beschrijvinge der Segen Bogen, oft Arcken Triumphael, hebben wij » veel woorden gestelt, die de Konstenaers, uijt-vinders van de selve ons » hebben op-gegeven, om dat zij die van de Konst zijn, de stucken van het » werck te beter souden konnen door-gronden : soo aen d'een de plaeten te » kleijn schijnen, oft te slecht uijtghevrocht, oft iet min oft meer bij gestelt » is, als hun soud’ duncken goet te zijn, dat zij hun te vrede houden met die » kennisse, datter noijt werck uijt-ghekommen is, oft den eenen oft den » anderen heeft daer altijdt iet weten teghen te segghen, hoe volmaeckt dat » de selve waren uijt-ghevrocht. » Les deux groupes de termes en gaine figurent Jonathas échangeant une bourse contre le ciboire que lui apporte Jean de Louvain et ce dernier remet- tant le vase contenant les hosties profanées à Catherine en la menacant du poignard, en vue de lui imposer un éternel secret, sont une évidente rémi- niscence des caryatides accouplées du Temple de Janus des Arcs de triomphe de Rubens. La composition entière de Du Chastel est ce que nous connaissons de mieux réussi et de plus essentiellement rubénien parmi toutes les œuvres similaires. La pointe large et grasse de l'eau-forte de Du Chastel contribue à accentuer encore la ressemblance matérielle avec les planches de van Thulden. Donnons avec son cachet de naïveté piquante la description que fait J. Stroobant de l’œuvre d'architecture décorative de l'élève de D. Teniers : sos. « Dese was van onder breedt dertigh voet, besluijtende op bijde » kanten de straet, en was hoogh ses en vijftigh voeten in aerdigh verheven » werck uijt-ghevrocht. Hebbende op eleken kant van de Poorten twee Ter- » men, waer van de twee eerste uijt-beelden Jonathas met de Ciborie in de » handi, en Jan van Loven met het geldt. De andere een van de Joden de Ci- » borie over-leverende aen Catharina. Op de Plinte van dese Termen stonden » dese woorden : « Pretium sanguinis est.» Het is den prijs van t’Bloedt. » « De Middel-schilderij was ghestelt tusschen twee Cardoesen met uijt- » springende Consolen, rustende op een Ballustrade, die boven de Cornicen » stondt, op hebbende eenige Jodtsche slaeven. En dit middel-stuck beelden » uijt...» Analogie frappante des groupes de termes employés par Du Chastel avec ceux du Temple de Janus de l'Entrée du Cardinal Infant par Rubens. 440 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Tableau de Du Chastel ` Du Chastel ne fit pas seulement des Arcs de triomphe, il fut encore l'histo- maine rien fidèle de la physionomie caractéristique de nos Joyeuses-Entrées à la fin du XVII* siècle. Le Musée de Gand possède un fort remarquable tableau de plus de mille figures représentant la cavalcade et le décor pittoresque du Marché du Vendredi à Gand à l'Inauguration de Charles II (2 mai 1666), comme comte de Flandre. teproduit en neuffeuil- En 1667 Luc Vosterman, le jeune, publia en neuf feuilles in-folio lagen- mat le jeune (1067 cement. de la cavaleade et le « Théàtre » de l'inauguration. Autour de cette reproduction extrémement curieuse du tableau de Du Chastel sont gravés en forme de bordure cent dix-sept portraits originaux de personnages du cor- tége. Le seul exemplaire, intact, connu de cette suite rarissime se voyait à Gand dans le cabinet de M. Goetghebuer. Les deux portiques élevés par le magistrat de Bruxelles, derrière l'Hôtel de Ville, dessinés par J. P. Merex, ingénieur et architecte du roi, compre- naient trois arcades. ll en était de méme de l’Are triomphal élevé près de l'église Saint-Nicolas. Les baies de ces monuments décoratifs étaient excessi- vement variées, un des Ares de triomphe derrière l'Hôtel de Ville pré- sentait une large baie à pans coupés, motif michelangesque qu'affectionnait particulièrement Rubens. Portique de la Caner- LL are construit à la Cantersteen, devant la pompe banale, comportait deux Vt arcades s'ouvrant aux cótés de la maison, isolée par deux impasses, qui existe encore aujourd'hui. Un autel avec retable avait été élevé contre la facade intermédiaire; toute celte architecture appartenait à l'ordre dorique. Portique du Panis — La disposition des lieux avait encore fait adopter une semblable ordon- nance au bas du Parvis Sainte-Gudule. Les deux arcades donnaient accés, la première, vers la Montagne aux Herbes Potagères ( Warmoes- Bergh), et la seconde vers la rue des Vents (Storm straat). Cel arc était appuyé d'un côté à l'hôtel du comte de Grimberghe ; de ee l'autre à celui du Grand-Forestier de Brabant. Un Reposoir élevé sur trois marches occupait également la partie centrale. Are de St-Michel ue Les deux compositions les plus importantes de celte série, au point de vue dite: Vrunte: J.-P. Merex,architeete, ^ qui nous occupe, étaient, sans contredit, celles élevées par ordre du magistrat SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. AM aux deux extrémités de la rue dite Vrunte, derrière l'Hôtel de Ville. S'il faut s'en rapporter à la gravure et à la description de Stroobant, la première était surtout remarquable. « Den eersten, zijnde den sesten van den wegh, staende voor aen als » boven gheteeckent, hadde in sijne breede vier-en-veertig voeten, hoogh » negentigh, hadde op sijne Pedestaelen, schoone afstaende ghevronghen » witte marbere Colomnen van de ordre Composita met hare bassementen en » Capitielen vergult ende omrengelt met rancken van goude laurieren zijnde » den grondi met de drije tusschen-staende poorten, waer van de middelste » was vijfthien voeten breedt, hoogh vijf-en-twintigh, ende de sijde poorten » breedt vijf, ende thien voeten hoogh, in order van Rustica met root en » swert marber. » «....... Boven de middel poorte was eene Timpane, waer inne de ver- » beeldinghe van de middel schilderije, beschreven stont. ..... » ....... Dese Timpane hadde boven een frontispice waer op waren sil- » tende de Rechtverdigheijdt en den Peijs, houdende in het midden van hun » de wapenen der stadt Brussele. Waer mede de eerste order van dese Arcke » verciert zijnde, begonst boven de architraven, friesen ende cornissen, het » tweede decl van de architecture, bestaende in seer konstighe ende cier- » lijcke wercken als volght. Op de cornissen stonden acht pilasters, in form » van Seraphinen, waer van twee van ieder zijde, het middel stuck van de » schilderije waren houdende, het welcke uijt-beelde : . . . . . . Bezijden dese » twee pilasters waren nog op ieder zijde eenen pilaster, met noch eenen » af-draghende ter zijden, hebbende in het midden eene schoone openinge » mel haer prospective van de hooghde van de middel schilderije; van » voren verciert met schoonen vergulden balustraden..... A... Allen dese wercken seer aerdigh naer de Konste uijgevoert ende » geschildert, ende allen de gesneden en verheven wereken verguldt met de » architraven, frisen en cornisse van swert en wit marmer, hadden in 't mid- » den boven de midden schilderije, een schoon Seraphins hooft met sijn uijt- » hanghende sluijders : draghende het frontispice. Waer in was een Quartelle, » hebbende geschildert met vergulde letteren : S. P. Q. B. Boven de welcke » geset was eene schoone doorluchtighe nissie, bedeckt met eenen coupple Description de Jaeques Stroobant. | 442 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » oft rotonde, die op het opperste hadde de Fame, met hare trompetten.. ..- » In het midden van dese rotonde was geset den H. Michiel Aertsch- » Enghel, patroon van dese stadt, die onder den coupple op een Quier hadde | » dese bij-gheschrijvinghe woorden : ..... | » s Desen Aertsch Enghel was vergeselschapt, bezijden de cornisse | » opuijtspringhende Gondolen, rustende op de vergulde balustraden, met de » twee Engelen Gabriel en Raphaél, houdende ieder in hun handt schoon | » af-vlieghende vendels van wit couleur, met het sijffer oft letteren van de » stadt Brussel ; ende ter zijden quamen noch eenighe balustraden tusschen » hun piedestalen, op welcke leste stonden noch twee Enghelen met ghele | » vendels met sijne ciraten van silver, ende den trianghel met drij Hostien. » Waer mede dese Arcke, genoemt de Arcke der Enghelen, in het top | » besloten wirdt; zijnde soo om de verheven wercken als konst van de vin- » dinghe en schilderinghe een, die de andere als de eerste en meeste te | » boven gonck. » | Are de Si Gudule près Si le premier de ces Arcs triomphaux, dédié à S'-Michel, pouvait s'ap- IT Morex, architecte. peler l'Arc des anges, comme le dit le texte, le second, élevé prés de la | Fontaine bleue et dédié à S'e-Gudule, pouvait s'appeler à bon droit l'Arc des vierges. H Nous avons donné avec toute la saveur de terminologie technique, ori- | ginale et naïve du dialecte thiois, la description faite par Stroobant de ce | premier Arc triomphal élevé aux frais du Magistrat de Bruxelles; nous tra- i duirons librement quelques fragments descriptifs de son pendant dédié à S'-Gudule, en nous aidant à cet effet du dessin de J.-P. Mercx, gravé par Bouttats. | L'ordre composite inférieur de cet Arc de triomphe avait pour ordonnance quatre pilastres blanes entablés d'azur, en avant-corps, accompagnés chacun de deux demi-pilastres dont les chapitaux, les bases et les moulures des pan- neaux étaient dorés. Ces faisceaux de pilastres encadraient une porte centrale à pans coupés, avec chambranle en archivolte, entrecoupée de claveaux aux angles, repo- sant sur des consoles. Nous avons analysé plus haut ce motif familier à | Michel-Ange, Alessi et Rubens. Cette porte était accompagnée de deux SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 443 petites baies circulaires offrant au-dessus de leurs clés de voüte un beau cartouche ou cuir (quartelle , quier). L'espace laissé libre entre les bandeaux et l'astragale inférieur des chapi- teaux des pilastres était orné de bustes (gesneden borst-stucken), peints en trompe-l'œil et se détachant sur un fond à ciel ouvert. L'architrave et la corniche de l'entablement de cet ordre étaient enrichies de moulures d'or bruni; la frise où se jouaient des « méandres arlistement conduits », traités en bas-relief, était également rehaussée d'or. L'ordonnance supérieure, ou attique, comportait, au centre, un grand tableau ayant trait à la légende des Hosties profanées; cette peinture était soutenue d'un plantureux encadrement. Des deux cótés du tableau central, se voyaient quatre pilastres formant trumeaux. Ils étaient peints d'un ton d'azur sur lequel se détachait en trompe- l'œil les personnifications des quatre vertus cardinales : la Prudence, la Jus- lice, la Force et la Tempérance. L'espace compris entre deux de ces pilastres-panneaux était historié d'une belle perspective représentant — à travers une arcade à pans coupés dans le genre de la baie principale — une voüte en berceau, trés-ornée, terminée par une abside en cul-de-four d'un pittoresque et excellent effet. Cet attique était couronné d’un entablement complet relevé de dorures et portant au centre sur un riche cartel les sigles : S. P. Q. B. Toute l'ordonnance qui précéde, était cantonnée latéralement , au rez-de- chaussée, par une espéce d'arc-boutant surmonté d'un cóne de pin; à l'at- tique, par un enroulement voluté d’où s'échappaient des festons. Au-dessus de cet entablement supérieur, dont les pilastres placés au centre portaient les abouts d'un fronton tronqué à volutes terminales rachetant la doucine , s'élevait une rotonde surmontée d'une coupole polygonale enrichie d’œils-de-bœuf, dont le périmètre reposait sur une ordonnance trapue de colonnes corinthiennes lisses. Au centre de cette rotonde resplendissait la Patronne de Bruxelles, « la noble Vierge Gudule issue de la race des Pepin », tenant une lanterne allu- mée et accompagnée du diable pourvu du traditionnel soufflet. Le fond de cette rotonde, en niche, était étoffé d'enroulements dont les Ares de triomphe. du Daniel Janssens, J. de Valeur de la décoration 444 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE volutes terminales supportaient des pots-à-feu. Au droit des acrotères extrêmes se dressaient des torchères aux formes tourmentées, Sur les abouts du fronton rompu étaient agenouillés des anges tenant des oriflammes. Un soleil irradiant, triangle symbolique des Hosties, servait d'amortissement au dôme de la coupole qui abritait S'«-Gudule. Tel était l'Arc des vierges : il formait pendant à celui des Anges au sujet duquel nous avons donné quelques curieux extraits du texte flamand de Jacques Stroobant. La cavalcade religieuse et les chars qui y figurèrent furent dignes de la valeur artistique des Ares de triomphe. La cérémonie fut favorisée par un temps splendide : sous les ombrages séculaires du Parc, les étudiants des colléges des Jésuites et des Dominicains , richement costumés, attendaient le passage du cortége pour y prendre leur rang. Les Ares de triomphe du Jubilé de 1670 nous offrent un témoignage, irré- cusable de la persistance des motifs rubéniens dans l'art architectural des Pays-Bas chez tous les artistes; car, ne l'oublions pas, Merex et Van Heil élaient des architectes; De Crayer, élève de Rubens, et Du Chastel, élève de David Teniers, étaient, avant tout, peintres de profession. Le Musée de Malines conserve l'esquisse d'un Arc de triomphe construit pour les fêtes du Jubilé de S'-Rombaut en 1680. Dressé devant lé bâti- ment des Halles, il mesure 28 métres de haut sur 34,25 de large. Il fut exécuté par Daniel Janssens, né à Malines en 1636, y décédé en 1682. Peintre d'histoire et architecte, Daniel Janssens fut secondé dans cette besogne par Jacques de Hornes et Jean de Hondt. Ces artistes élaborérent encore ensemble les sept autres Arcs de triomphe. Aux côtés latéraux de l'arc des Halles était joint deux portiques dont l'un rue de Beffer, l'autre rue derrière les Halles. Cette grande composition d'architecture décorative serait vraiment digne d'éloges n'était une certaine. lourdeur générale que ne rachétent pas toujours les pittoresques fioritures borrominiennes. L'œuvre de Janssens méritait cependant d'étre mentionnée à son tour. Voyons à présent ce qu'était devenue la décoration architecturale à Anvers un demi-siécle aprés l'entrée du Cardinal-Infant. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 445 En 1685, on célébra dans la métropole du commerce et des arts, des Fée commémorative delav fétes splendides, organisées à l'occasion du centiéme anniversaire du rétablis- sement du gouvernement espagnol et du culte catholique aprés la victoire du prince de Parme. On éleva à ce propos des Ares de triomphe, des Théà- tres à personnages; on construisit des Chars et un Ommeganck superbe par- courut les rues. Tout cela nous est connu, grâce à un petit in-folio dédié à Messire Gérard de Knijff, abbé de S'-Michel, dont le texte est de P.-F. de Smedt. Les cuivres de Bouttats sont gravés d'aprés les compositions de H. van der Bruggen, J.-B. Bovaert et de l'architecte J.-B. de Wrée. Le livre fut imprimé chez Jérôme Verdussen le jeune «op de Oude Coremert in de Gulde Tes ». Presque tous ces Ares de triomphe sont de H. van der Bruggen. Le Triomf stacck avec ses eaux jaillissantes placé devant l'Hôtel de Ville, rap- pelant le motif principal du. Char de Calloo (Laurea Calloana) de Rubens, avail été ordonné par J.-B. Bovaert de même que le riche Reposoir élevé place de Meir. L'are de la rue Kipdorp, proche l'église S'-Jacques, avec ses quatre fontaines et ses personnifications de l'Escaut et de Neptune avait été dessiné par Maes. Le Portique érigé sur le Meir par les Jésuites formait la composition architecturale la plus remarquable. Celle de toutes ces compositions qui se rattachait le plus aux Arcs de triomphe du Jubilé de Bruxelles de 1610, avail élé érigée par les PP. Augustins, au coin de la Schrynwerkers straal. La plus importante de ces décorations avait été exécutée aux frais du Prélat de S'-Michel, Messire de Knijff; elle avait 55 pieds de longueur et offrait neuf arcades en portique, Cette décoration avait été faite sur les plans de l'architecte Jean-Baptiste de Wrée. Nous estimons que les motifs dominants se trouvent un peu perdus par l'abus des guirlandes et festons de verdure et que l'on avait mis un peu trop d'ostentation à faire montre des nom- breux lauriers empotés qui faisaient l'ornement des parterres « compar- limentés » du jardin de l'abbaye. L'étude attentive des décors architectoniques de la fête jubilaire célébrée à Anvers, en 1685, nous permet de constater qu'à cette date les traditions Tome XXXIX. 57 oiredu prin- ce de Parme à An- vers (1685). Relation de P. F. de Smedtavec gravures de Bouttats d'apres les compositions de H van den Bruggen , J.-B. Bovart, J.-B. de Wrée. Triomf staeck de V Hà tel de Ville rappe lant le motif du Lau- rea Calloana de Ru bens. Portique érigé Meir par les Jésuites. Are de triomphe des PP. Augustins. Portique devant l'Ab- baye de St-Michel : J.B. de Wrée, ar chi teete, 446 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE loyolites patronnées par Rubens était encore si vivaces en Belgique, qu'à part l'influence italienne, nulle mode étrangére n'avait pu déterminer nos artistes à se distraire de la voie tracée par le maitre d'Anvers. Nous allons retrouver ces traditions, rajeunies par la propagation des œuvres du frère Pozzo, s'étaler pleines de sève et de verdeur en 1702, 1714171, 1720, 1735 et méme en 1744. Théâtre de l'Inaugu- J. Laboureur ordonna pour l'Inauguration de Philippe V, comme duc tion de Philippe V | i SEN n | pres. de Brabant à Bruxelles, le 24 février 1102, un grand « théâtre » d'ordre ) (EE dorique dont les initiales offrent invariablement le chiffre couronné du roi | d'Espagne. Ce « théâtre » fut élevé dans la « cour des Bailles » devant le Palais et | ce fut le marquis de Bedmar et d'Assentar, commandant (sic) général des Pays-Bas qui reçut le serment d'obéissanee et de fidélité des trois États et fit au nom de S. M. le serment d'observer les priviléges de la Joyeuse-Entrée. Le fond était entièrement tendu de tapisseries de haute lisse à personnages. Les cartouches, torchères et balustrades rappellent tout à fait le style des maisons de la Grand'Place. J. Laboureur, architecte et ingénieur topographe, qui construisit quinze ans plus tard le Théâtre élevé lors de l'Ipauguration de Charles VI, est connu par un plan de Bruxelles en deux feuilles, gravé, en 1696, par J. Harrewyn « demeurant prés les Chartreux ». Cette grande planche, dédiée à l'Électeur de Bavière Maximilien Emma- nuel élaborée en collaboration de J. van der Baren; tous deux s'intitulaient : : « Mathesios studiosi ». Nos provinces passent ` Onze ans plus tard (14 avril 1713), les Pays-Bas passaient à la maison Y avril Tes d'Autriche en vertu de la paix d'Utrecht. Le 11 octobre 1717, l'Empereur Charles VI fut intronisé solennellement Charles " : | dans toutes nos villes. | xelles. Architecte : mz Jacques Harrewijn , élève de ce Romain de Hooghe auquel nous sommes redevables des curieuses et importantes planches des fêtes célébrées à Bruxelles à l'occasion de la prise de Bude, le 2 septembre 1686, nous a également conservé l'ordonnance, inspirée des compositions de Rubens, des- sinée «ad vivum » du « Théâtre » élevé sur les plans de J. Laboureur, à l'occasion de cette solennité inaugurale. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 447 Nous y retrouvons le Palmier du Laurea Calloana , les colonnes d'Hercule de Pieter Coeke, plus un fier et victorieux chronogramme : FORTITER CONSTANTERQUE VINCENDVM accompagnés de noms illustrés par des combats récents : Turin, Belgrade, Saragosse, Barcelone, Temeswar, Malplaket (sic). Sanglants et inutiles lauriers pour nos malheureuses provinces ! La gravure de Harrewijn, criblée d'emblémes, symboles, devises, chrono- K sp ee d grammes et anagrammes nous prouve qu'en dépit des variations des chronogrammes d gouvernements, des styles et des modes, le goût de nos ancêtres pour ces : futiles jeux d'esprit n'avait pas diminué depuis la fin du XV: siècle. Le motif prineipal du grand are était une Croix rayonnante entourée de ces mots : CRUX ESTO sALUs, anagramme de Carolus Sextus. Un document des plus intéressants à consulter pour établir la persistance Tribune devée à Gand et la vitalité des traditions loyolites et de l'influence rubénienne, c'est aussi , de Chas VL la grande et rare estampe gravée par Jean-Baptiste Berterham , de l'immense a « tribune » élevée à Gand pour l'Inauguration de Charles VI, comme comte de Flandre, par l'architecte Jacob Colin. Dessinée d’après nature et étoffée par C. Eyckens, l'Inauguration de Planche. commémora- Charles VI, imprimée à Gand, chez Augustin Graet, mesure 0,80 X 0,85, nature, par C. Eye- kens, et gravée par elle porte l'inseription suivante : J.-B; Berterham, « Représentation de la cérémonie solennelle de l'Inauguration de Sa » Majesté Impériale et Catholique, Charles VI, empereur des Romains et III » du nom roi des Espagnes comme Comte de Flandre, célébré au Grand » théâtre dressé sur la Place du Vendredy, en la ville de Gand, capitale de la » province, le 18 octobre 1717. » Au premier aspect, n'étaient les hautes perruques des spectateurs, les vastes tricornes des dragons et les colbacks caractéristiques des grenadiers autrichiens, on serait tenté. de croire que l'on a devant les yeux une des grandes compositions de Rubens, gravées par van Thulden. Cette tribune royale, ou « théâtre » , s'élevait sur une terrasse à balustrades E dont l'accès était ménagé par un perron disposé en éventail. Brio Ue dub Colin. archi- 448 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Le motif d'appui était formé de € majuscules entrelacés, allusion au chiffre de l'Empereur, alternant avec des balustres de forme Rubens. Les socles répondant à chacun des massifs de pilastres des arcades placées en retrait, étaient surmontés de lions accroupis, tenant d'une griffe les bannières de Bruges et de Gand et s'appuyant de l'autre sur un cartel armorié aux écus respectifs de ces deux chefs-villes du Comté de Flandre. Au-dessus de celte terrasse, plus élevée de trois degrés, se dressait le corps de l'édifice magistralement ordonné. La Tribune impériale se composait d'une grande arcade centrale avec archivolte et impostes, accompagnée de chaque côté de trois arcades plus petites dont les retombées portaient sur des consoles à la maniére du Portique à pans coupés de l'Are de S'-Gudule de J.-P. Merex décrit plus haut. I se terminait à chaque extrémité par deux arcades diagonales semblables en retour d'équerre. Loge: Impériale dü La Loge centrale était formée d'une double ordonnance; les arcades Lans extrêmes ne comportaient qu'un seul étage couronné d’amortissements. L'ordre d'architecture qui caractérisait cette Tribune, comportait des détails fantaisistes assez judicieux. Comme aux colonnes de St-Charles Borromée à Vienne, ordonnées par Fischer von Erlach, le vieux, les volutes étaient remplacées par les ailes éployées et contournées de quatre aigles de l'empire, tenant en leurs serres le globe traditionnel placé sur l’astragale. Vu en masse, ce chapiteau con- servait l'apparence corinthienne. à La différence de hauteur de l’arcade centrale avec les arcades secondaires était rachetée par un panneau entablé, enrichi d'un cartouche où l'aigle impériale était encore adroitement employée comme théme ornemental. Sous cette arcade s'élevait un trône surmonté d'un dais royal en Balda- | quin ; le portrait du nouveau Comte de Flandre, dans un riche encadrement | étoffait le fond de la Loge. La frise du grand ordre composite était enrichie*d'une série de médaillons où se voyaient retracés les portraits de tous les Comtes de Flandre, depuis le fabuleux Lijderick de Buck, jusqu'au père de Marie-Thérèse. Les ordonnances centrales et latérales portent. des frontons dont les tym- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 449 pans sont ornés de cartouches, de coquilles, ou de branches enlacées de laurier et de chêne. Sur le rampant s'acecroupissent des groupes d'esclaves retenus en captivité par un aigle assurant les chaines dont ils sont chargés, rostro et unguibus. Aux deux côtés de l'acrotére, à plomb sur les demi-colonnes engagées tracant l'arcade centrale, se trouvent deux figures allégoriques à la scéne qui se déroule. L'attique qui surmonte cette arcade centrale porte un portrait colossal de Charles VI revêtu des insignes impériaux, auquel le clergé, la noblesse et le tiers état viennent prêter serment de fidélité. Dans le tympan semi-cireulaire du fronton surmontant cel allique, est placé l'écusson au lion héraldique de Flandre, ayant pour tenants deux lions, au naturel, Un enroulement, voluté dont le chapiteau offre sur le tailloir une téte d'aigle, cantonne cette ordonnance et sert d'appui à des nymphes portant des oriflammes. Une immense aigle impériale, au double chef nimbé, portant en plastron les armoiries pleines d'Autriche-Habsbourg et tenant en ses serres des faisceaux d'oriflammes déployées, terminail pittoresquement celte vaste composition décorative. Les deux parties latérales sont surmontées d'une maniére de piédouche affectant la forme d'un chapiteau ionique sur plan quadrangulaire. Au-dessus de cet amortissement : un aigle enserre l'écu au lion de Flandre. Des oriflammes, des trophées, des cartouches et des figures allégoriques, accom- pagnaient ce motif saillant. Les parties latérales sont reliées à la composition principale et aux pavil- lons extrémes par une balustrade d'une grande richesse. Des trophées d'armes turques, têtes coupées à turban; timbales; tambours; hampes à croissants; longues touffes de crin de cheval (insignes de la dignité des pachas) en occu- pent les socles. Dans les endroits les plus rapprochés du pavillon central se voient les figures allégoriques de la Justice et de la Prudence et les statues des empereurs Charles-Quint et Charles VI. Des balustres, trés-ornés, remplissent les intervalles. Un second rang de socles intermédiaires sont enrichis d'armoi- ries et surmontés d'oriflammes aux insignes du Saint Empire romain. Toute cette composition, qui fait honneur à l'architecte Jacob Colin, Cortége de la Joyeuse Entrée de Charles VI. Tableau de J. van Volxum au Mu- sée de Gand (1717). Jubilé de S'e-Gudule à Bruxelles, Ares de triomphe par Ri- chard van Orley. Relation de P. de Caf- meijer (1720). 450 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE rappelle d'une facon frappante l'Arc de triomphe du portique de la place de Meir, imaginé par Rubens. Imité par Léon van Heil à celui placé au Can- tersteen à Bruxelles, lors du Jubilé de 1670, il le fut une dernière fois par Jean-Baptiste Thibaut à l'Arc de la Poissonnerie de la méme ville en 1735. Les types des balustres, cartouches, enroulements volutés; la disposition des ressauts de l'ordre architectural et mille autres détails qui n'échappent aucunement à l'observateur attentif, prouvent que Collin avait spécialement étudié l’œuvre de Rubens et que les traditions de sa manière étaient encore assez suivies pour qu'il ait su rencontrer à sa portée des peintres et des sculpteurs capables de réaliser son idée. On voit au musée de Gand un tableau de Jean van Volxum (1679-1732) représentant le cortége de la Joyeuse-Entrée de l'Empereur Charles VI à Gand, le 18 octobre 1717. La Loge de l'Inauguration de l'Empereur Charles VI marque la seconde étape de transformation du décoratif rubénien. Il nous reste à étudier la troisième. En 1720, on célébra à Bruxelles avec la pompe accoutumée le Jubilé de trois cent cinquante ans du procès des Juifs. Les apprêts furent splendides et l'église Sainte-Gudule se vit gratifiée à cette occasion de vingt tableaux peints par les meilleurs artistes qui florissaient alors à Bruxelles. Ces toiles des derniers jours de l'école de Rubens existent encore aujourd'hui, démodées sans conteste, mais dédaignées à tort. Pierre de Cafmeijer, prêtre et chanoine de l'église collégiale des SS. Michel et Gudule, publia, en langue flamande, l'année méme du Jubilé, Ta Hoogh- » weirdighe historie van het alder-Heylighste Sacrament van Mirakel, etc. » Tot Brussel by Georgius de Backer, Boeckdrucker ende Boeckvercooper, » in de dry Morianen, in de Berght-Straet. » Le méme libraire en publia simultanément une traduction francaise. On trouve dans le curieux album du bon chanoine de Sainte-Gudule, des gravures, la plupart de Jaeques Harrewijn, représentant les tableaux ainsi que les Ares de triomphe qu'on éleva dans les rues. Les Arcs de triomphe furent dessinés par Richard van Orley aidé de quel- ques artistes dont les noms sont restés inconnus. À part les compositions de SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 454 - ran Orley où se remarque encore distinctement le style des vieux maitres, une certaine décadence et des tendances étrangères commencent à se faire jour. Elles ne se montreront toutefois bien distinetement que dans le recueil de 4735 et le «théâtre » de 1744 dont nous parlerons plus loin. Dans ce dernier l'influence viennoise apparait indiscutablement. Nous remarquerons avant tout. parmi les gravures du recueil de Cafmeijer l'Are de triomphe placé devant l'église des Jésuites : il mesurait cent pieds de large sur cent trente de haut. Les traditions de Rubens et du Frére Pozzo s’y épanouissent à l'aise et ce décor n'eüt pas été indigne de figurer en regard des grandes machines théâtrales qui servaient de « Reposoirs » durant les prières de quarante heures célébrées à Rome au Grand Gesu. Nous avons dit plus haut que quelques dessins d'arcs de triomphe du jubilé de 1790 accusaient une certaine dégénérescence; cela est vrai surtout pour l'édicule élevé autour de la fontaine de la Steenpoort. Citons comme émanations persistantes des écoles Loyolite et Rubénienne, légèrement modifiées toutefois par l'influence du frère Pozzo et l'introduc- tion des motifs de l'architecture viennoise : L'are de la Cantersteen , d'ordre dorique. L'arc placé vis-à-vis de la rue des Grands-Carmes. L'are construit aux frais du magistrat de Bruxelles derrière l'Hôtel de Ville, proche les « Dry espen », composition grandiose d'ordre corinthien sur soubassement. L'arc élevé prés la Fontaine-Bleue, également aux frais du magistrat, celui placé prés du Poids de la ville et celui qui fut dressé non loin de l'église St-Nicolas. Tous trois conçus d’après les mêmes données esthétiques. L'arc trés-remarquable, construit rue des « Vieuz-Variers », devant le frontispice du refuge de l'abbaye de Grimberghen, par acte et aux frais d'Augustin van Eeckhout, prélat de cette abbaye. jet are nous montre déjà l'introduction indéniable d'éléments familiers à Fisher von Erlach et à F. von Hohenberg. N'oublions pas la coûteuse rotonde, absolument profane dans ses attributs, dressée par le Conseil de Brabant sur la plaine de la Chancellerie, et décorée du portrait de l'Empereur Charles VI. Are de triomphe de- vant l'église des Jé- suites. Édieule de la Steen poort. Portiques divers : Influence de Pozzo et de l'architecture viennoise Rotonde dressée aux frais dn Conseil de Brabant. Les van Orley au XVIe siècle. Compositions décora lives étoffées d'ar- chiteeture ( Histoire de Télómaque. 452 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE kad Accordons encore une mention à l'arc d'ordre corinthien placé rue Fossé- aux-Loups; à celui d'ordre dorique, que l'on remarquait prés de l'église des Dominicains et finalement à celui qu'on avait dressé devant la chapelle du comte de Salazar. Ajoutons en terminant que le portique de la place de Meir imaginé par Rubens avait été imitéà la Poissonnerie, sa disposition semi-circulaire allait de l'une à l'autre extrémité. La cavaleade du jubilé de 4720 fut d'une richesse surprenante. Par extraordinaire, bien qu'elle eût été organisée par les Jésuites, elle resta biblique et historique et ne fut qu'accidentellement mythologique, Les détails concernant la splendeur des costumes de cette cavalcade valent la peine d'être lus. La soie, les velours unis et ciselés, les dentelles, le brocard, les draps d'or et d'argent, les perles fines et les diamants mémes, avaient été prodigués. Les riches costumes du fameux carrousel donné par Louis XIV, qui ont été conservés par la gravure, peuvent seuls nous en fournir une juste idée. Le nom de van Orley est tombé bien souvent de notre plume dans ce travail. Il resta en effet en évidence à Bruxelles, à travers les siècles, depuis que l'illustre Bernard l'immortalisa. Richard van Orley descendait directement du peintre de Marguerite ` d'Autriche. Il possédait, par indivis, avec son frère Jean, peintre aussi, né le * 4 janvier 1665, de remarquables tableaux de Bernard et la série compléte de ses dessins. Un malheureux hasard amena la destruction de ces richesses lors de l'incendie occasionné par le bombardement de Villeroy. Né en 1663, Richard, fils de Pierre van Orley, peintre de paysages, fut élève d'un de ses oncles, religieux Récollet et lui-même peintre recomman- dable. Richard dessinait de préférence en petit, excellait dans la miniature et pratiquait avec supériorité le lavis à l'encre de Chine. Nous avons eu l'occasion de voir, il y a quelque temps, exposés en vente publique à Bruxelles une suite. de quatre-vingt-six dessins de l'Histoire de Télémaque par Richard van Orley. Nous avons rarement rencontré d'aussi brillants étoffages comme déco- ration architecturale et perspective pittoresque. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 453 Il fit encore soixante-huit dessins sous ce titre : « Développement de la Puissance romaine ». Bernard Picard resta huit jours entiers à les examiner el témoigna un grand empressement à les graver. Berterham, qui reproduisit le dessin de Jacob Colin dont nous avons parlé plus haut, grava d’après notre artiste le Pontifical romain et l'Histoire de Joseph. Richard van Orley a gravé lui-même quantité d'eaux-fortes parmi lesquelles de brillantes suites de compositions décoratives employées pour les tapisseries de haute-lisse; il collabora aussi au recueil d'Augustin Coppens : « Perspective des ruines de la ville de Bruxelles (1695) ». Richard van Orley, de méme que son frére Jean qui composa également pour les tapissiers de Bruxelles de nombreux et excellents cartons, ne se maria jamais. Richard mourut le 6 juin 1732, Jean le 22 février 1735. Ces deux artistes, bons gentilshommes, jouissaient d'une fortune assez élevée, laquelle passa à leur neveu le peintre Maximilien de Haese (F 1787). Arrivons à présent à une époque postérieure : la décadence va encore plus énergiquement s’accentuer. Quinze ans après les fêtes précédentes vint le Jubilé commémoralif de la translation des Hosties profanées. Nous en trouvons le récit illustré dans un in-4° portant pour titre : « Suite de la vénérable histoire du Trés-Saint » Sacrement de Miracles, etc., à Bruxelles, chez Gilles Stryckwart, Charles » de Vos et Nicolas Stryckwart, libraires. 1735. » Une affluence extraordinaire d'étrangers se vit à Bruxelles pendant les fêtes jubilaires. Une magnifique cavalcade sortit deux fois, à quinze jours d'intervalle; on multiplia dans les rues les Arcs de triomphe et les déco- rations architecturales en trompe-lœil. La plupart de ces compositions furent dessinées par l'architecte Jean- Japtiste Thibaut et gravées par Harrewijn et Kraft. Les Arcs de triomphe de Thibaut sont curieux à étudier; on y sent poindre à la fois le Zopfstil viennois de Fisher von Erlach et le Rococo parisien d'Oppenord, mais ils offrent trop d'affinités avec le style loyolite pour ne pas se rattacher encore à la filiation des formes rubenesques. Comme pureté relative de style italo-flamand, signalons l'arc dressé près de l'église S'-Nicolas, celui de la chaussée de Flandre et principalement Tome XXXIX. 58 Développement de la puissance romaine. Pontifical Romain. Histoire de Joseph. R. van Orley collabore au recueil : Perspec- tives des ruines de Bruxelles, Coppens (1695). Cartons de Tapi étoffės d’ Jubilé commémoratif Ares de triomphe de J.-B. Thibaut. Symptómes accusés de Zopfstil. Ares de l'église St-Ni- colas, de la Chaus- sée de Flandre, des « Intendants du Ri- vage. » Pièce capitale du Jubilé de 1735: Arc de triomphe érigé aux frais de l'abbaye d'Affligem. Jean van der Heijden, peintre architecte. Valeur de cette com- position decorative. 454 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE celui en style Rubens de la deuxiéme période, élevé par les « Intendants du Rivage ». Venons à l’œuvre capitale du Jubilé de 1735. Jean van der Heijden, dont nous avons déjà parlé, architecte et peintre bruxellois, d'origine anversoise, prouva que l'héritage sacré des traditions rubéniennes comptait encore de dignes dépositaires, un siècle aprés la Joyeuse-Entrée du Cardinal-Infant. Le prévót et les religieux dela célébre abbaye d'Affligem chargérent van der Heijden de peindre un grand Arc de triomphe qui devait être placé prés du pont sur la Senne dans l'angle de la place du Samedi. Gravée par Kraft, la remarquable composition de cet arriére-petit-fils de Rubens, moins le prestige de la couleur, est heureusement parvenue jusqu'à nous. Nous ne sommes pas fàché de pouvoir donner ici la curieuse descrip- tion de ce morceau due au continuateur anonyme de Cafmeijer. On pourra se convaincre par le texte qui va suivre, que ce n'étaient pas encore cette fois les ares à la mode viennoise moderne, qui eurent le privilége de captiver particulièrement l'attention. du public. La facon dont les différents membres de larchitecture sont désignés et décrits est intéressante à relever en passant: « Cet are de triomphe, qui peut passer pour un chef-d'œuvre et qui a été » le plus beau et le mieux exécuté de tous ceux qui ont jamais été posés en » pareille occasion, est inventé et peint par Jean van der Heijden, peintre et » architecte natif de Bruxelles ; les belles colorites (sic) entremélées d'un or » brillant, jointes à une parfaite architecture, faisaient un effet merveilleux » à cet ouvrage. » « La base était de l'ordre Dorique embelli de tous ses ornements : au » milieu il y avoit un portique en forme de niche garnie de verdure, dans » laquelle étoit représentée la Foi, peinte en bosse, et coloriée de marbre » blanc; de part et d'autre regnoient deux prospectifs colorés, en forme de » profils, dont les ornements étoient exécutés en marbre blanc. » « Sur la niche du milieu reposoit un timpan sous lequel voltigeoit un » cartel portant les armoiries de la dite abbaye avec ses ornements, supporté » de trois génies avec toutes les marques d'honneur de la dignité eccléssia- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 455 » tique, crosses, mitres, ete. Sur le timpan regnoit une balustrade avec quatre » piédestaux sur lesquels etoient représentés debout, à droite, saint Pierre et » saint Paul, patrons de l'église; à gauche saint Benoit et sainte Scholas- » tique, fondateurs de l'ordre : ces figures étoient peintes en marbre blanc. » « L'ordre Dorique étoit surmonté de composite représentant un temple » coloré d'azur, au milieu duquel il y avoit une perspective, dans laquelle » reposoit l'Arche d'alliance accompagnée de Moise et d'Aaron revétus de » leurs habits pontificaux. « Tous les ornements de cet ordre composite, tant chapiteaux que base- » ments, de l'Arche d'alliance étoient exécutés en or massif ce qui produisoit » un éclat magnifique, reluisant sur les pilastres peints en azur. » » Aux cótés du couronnement on remarquoit deux petites pyramides sur lesquelles il y avoit plusieurs génies portant des cartouches. » sss « Devant larc étoient posés quatre vases taillés en pierre dans » lesquels on jettoit continuellement de l'encens sur les braises tandis que la » procession passoit, dont la fumée causoit une vue agréable par la reper- cussion de l'or et l'heureux mélange de couleurs, qui faisoit un effet » merveilleux. » L'œuvre de Jean van der Heijden fut le chant du cygne de l'école archi- tecturale née du souffle rubénien. Le sublime maitre d'Anvers inspira une dernière fois une effluve de son génie à un artiste qui, comme lui, réunis- sait les facultés spéciales de Zeuxis et de Vitruve. Cette composition semble plus encore appartenir au XVIIe siècle qu'au XVIIIe : van der Heijden fut le dernier de la nombreuse et brillante pléiade d'artistes qui traversent le firmament de l'Arc flamand en météores lumineux et qu'à juste titre l'on a droit d'appeler la LiGNÉE op RuBens. Dans toutes les décorations de nos fétes publiques civiles ou religieuses célébrées au XVIIe et au XVIII? siècle, les Jésuites se distinguérent con- stamment. d'une facon spéciale. Champions déclarés des idées italiennes, ils ne dédaignaient aucun moyen utile pour les faire pénétrer davantage dans les masses. C'est ainsi qn'ils firent réimprimer à Bruxelles en langue flamande et francaise les œuvres de leur célèbre peintre , décorateur et architeete, le frére André Pozzo. Vl constitue un dernier exemple remarqua- ble du style rubé- nien. Influence des J sur le car l'éclat de nos réjouis- 456 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Ils contribuérent à toutes nos grandes manifestations patriotiques et popu- laires. Leurs élèves, nobles et bourgeois, payaient de leur personne et de leur argent, déclamant en costume héroique, des dithyrambes latins, grecs, parfois hébreux et sanscrits aux Princes et aux Gouverneurs généraux qui faisaient leur entrée triomphale. Non-seulement ils figuraient dans les cavalcades , mais encore ils donnaient des représentations théâtrales publiques aux grands jours des distributions de prix et des promotions académiques. Les richesses, l'influence, les goüts artistiques et la bonne volonté intelli- gente des Jésuites flamands, ont puissamment favorisé l'essor de la grande École anversoise du XVII siècle. C'est assurément le mieux acquis et le plus incontesté de leurs titres de gloire. A ce propos nous eroyons devoir rectifier une opinion hasardeuse avancée re er autrefois par M. le doeteur Coremans et partagée par quelques auteurs. de dene den Parlant de l'Ommeganck du 24 mai 1654 qui fut accompagné par les MT Élèves du collége des Jésuites de Bruxelles, cet écrivain attribue à ees der- duons doti wiere l'introduction des corléges soit mythologiques, soit tirés de l'histoire de la Gréce et de Rome, « au détriment non-seulement de l'histoire et des » traditions nationales, mais de l'intérét méme de l'Institut de Loyola. » Cet Ommeganck ( dont nous trouvons la relation dans les Brusselsche Eer- Triumphen de Stroobant « In-ghesetenen Borger» et infatigable narrateur des « ioyeuses entrées, nopces et ripailles » princiéres) eut lieu à l'occasion du Voghelscheut de l'archidue Léopold-Guillaume. Invité le 23 avril 4651 au tir des S. Jooris Gulden, on sait que ce prince renouvela l'exploit de l'infante Isabelle en abattant le « maitre-papegay » placé sur le campanile de Notre-Dame au Sablon. L'épisode d'Isabelle peint par A. Sallaert se trouve au Musée de Bruxelles. Nous avons vu au premier étage de la Galerie du Belvédère à Vienne un tableau de David Teniers, le jeune, peint en 1652, véritable chef-d'œuvre, représentant les confrères du Serment de l'arbaléte félicitant l'archiduc Léopold de son adresse aux acclamations d'une foule énorme. Le prince ayant témoigné le désir de voir la sortie de l'Ommeganck, on fixa cette fête populaire au 21 mai suivant. A cette occasion Léopold rha- billa « De goede mannen van welker Gulden ..... inet roode sattiju broec- SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 457 » ken, witte wambaiïjssen, wille swerte en roode pluijmen op den hoet, » bandelier en kaussen van tselve couleur. » L'Ommeganck de 1651 fut organisé par les éléves du collége des Jésuites sous l'inspiration de leurs professeurs. Il caractérise parfaitement, dit M. Core- mans, l'esprit qui régnait dans ces établissements. « On y abandonnait entié- » rement les anciennes traditions du pays, comme trop peu classiques sans » doute, pour en appeler aux dieux de la mythologie grecque et romaine, » qui pouvait offrir quelqu'attrait à des étudiants, mais qui, pour les masses » populaires, n'en avait aucun. » « La mode du grec et du romain devait être alors totalement irrésistible, puisqu'elle entrainait méme l'ordre des Jésuites dans une voie qui l'éfoi- gnait du peuple sur lequel il devait s'appuyer pour fortifier son influence sur les classes supérieures, déjà vivement attaquée à cette époque. » Nous avons impartialement transcrit les observations de M. Coremans. = Cela fait, nous prenons la liberté grande d'affirmer ici, nous appuyant du reste sur tout ce qui est développé en son lieu dans ce livre, que nous sommes d’un avis absolument opposé. Bien avant qu'Inigo de Loyola instituât sa milice, et qu'elle s’introduisit chez nous sous le couvert des deux Farnése et du roi Philippe Il qui s'en déclarèrent ouvertement les Mécéne et admirent ses membres à leur Cour, les Schimptooneelen , Hekelspelen , mystères, solties, motets, bergerettes avaient amplement familiarisé les masses avec les personnages de l'antiquité fabuleuse. Sans remonter au moyen Age, les Liggeren de la Gilde anversoise de saint Lue, publiées par MM. Rombouts et van Lerius rapportent le fait carac- téristique suivant, à l'année 1494 : « ltem , in "tselve jaer quam. Maximilianus, als Roms coninck , binnen » Antwerpen met Philips , synen sone, onsen prinse, daer groote triumphe » van vieren ende persongien ghedaen wort, onder welke deze Regerders » eene heerlyke figuer stelden op te meret van Venus, Juno en Pallas, ete. » Au chapitre troisième de cet ouvrage nous constations qu'en 1515, des « gorgias eschaffaulz » montraient aux Brugeois ébahis, flamands authen- tiques et catholiques orthodoxes , sous prétexte de Joyeuse-Entrée : « Pean, » dieu de nature, nud et cornu ; Saturnes et Sibeles sa femme; Ceres des Persistance tradition: du goût d mands pour les su- jets et les allégories du paganisme du XVe au XVIIe siè- cle. CSS oz Ka HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE » fruitz ayant en sa dextre froment; Mars dieu des batailles; Jupiter et » Dame de richesse sa ieune compagne. » Si l'on voit Jason , Méléagre et Penthésilée dans le cortége de 16514 , l'on vit : « Alexandre le Grant sur Bucifal ; Perséus à l'escu de cristal, Herclés | » portant une pomme d'or laquelle il conquist iadis en Aphrieque et Ulixes » avec tout le harnas d'Achieles » dans celui de 4515. |! Quant au héros de ce cortége, au jeune Charles d'Autriche, ce n'est | point à un membre de la milice céleste ou à un guerrier de la Légende | dorée que Remy du Puys le compare ; il ne croit pouvoir mieux louer le H futur Empereur des deux mondes qu'en écrivant ces lignes étranges : «il » (Charles d'Austriche) sembloit mieux à vérité dire ung Apollo ou ung Mer- | » eure que ung corps humain entre ses princes. » En 1549, quand Coucke ordonnait les Puncten et les décors de l'Entrée de Philippe II, la Compagnie de Jésus était à peine instituée. Que l'on veuille bien se rappeler les gravures et les dessins de Luca | d'Olanda et les écrits du philosophe de Rotterdam et l'on verra que nos péres s'étaient assimilé étroitement ces allégories mythologiques et « s'en gau- dissoient et s'en delectoient, » sans arriére-pensée avec une « liesse » naive. Le triomphe des Dieux, en douze piéces; l'Histoire de Vénus et Vulcain, en H quatre pièces, tissés par Francois Geubels de Bruxelles d'après les gravures de |] Mantegna s'étalaient superbement aux grands jours de fête dans l'église de S'^-Gudule. Les comptes de la fabrique de 1528 nous apprennent qu'on dut consacrer une certaine somme à faire rassarcir les tapis de l'Histoire de Troyes qui avaient été déchirés et dont « on avait coutume de tendre le chœur ». Ce ne fut qu'en 1539 que messire Jean du Blioul, seigneur du Sart, | s'avisa de faire don à la chapelle du S'-Sacrement que Pierre van Wyen- | hoven venait de terminer, de tentures ayant pour sujet le Poignardement des hosties et le Supplice des juifs. j En offrant en spectacle à leurs compatriotes des scènes de l'antiquité fabu- leuse, les Jésuites flamands ne faisaient que continuer des tendances qui dataient de loin, et s'étaient tout particulièrement développées à l'époque | de la Renaissance. Antigon, Brabon, Gayant et nos légendaires géants ne tiennent-ils pas incontestablement leur origine des mythologiques Titans? SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 459 Quand Charles-Quint, dédaignant les nobles quartiers du blason des armoiries « pleines » de Castille-Aragon , adoptait pour devise : PLUS OULTRE et pour symbole les Colonnes d'Hercule; la révolution n'était plus à faire et le « classicisme » avait triomphé. D'ailleurs aux Pays-Bas le peuple avait été initié de temps immémorial aux fables mythologiques par les représentations scéniques des Redderykkers qui poussaient l'amour de la couleur locale jusqu'à introduire en scéne, « remons- trance de personnaiges vifz » : les grâces, nymphes, faunesses et dryades « tolles nues ». Nos ancêtres montrèrent toujours une véritable âpreté à jouir de ces spectacles dont les étranges interprètes étaient accoutrés «de si vielle fachon questoit chose nouvelle et tres ioyeuse a veoir » dit Remy du Puys. Pour ce qui regarde le culte des anciennes coutumes traditionnelles des Pays-Bas, on devait professer bien peu de dédain à leur égard dans les col- léges de la Compagnie de Jésus du XVII* et du XVIII* siécle, car presque tous les Jubilé feesten, Blyden inkomsten , Huldingen, Ommegancken et fêtes nationales quelconques durent à la présence des élèves et à la collaboration des maitres un notable surcroit de lustre. Au fond, l'Olympe antique se voyait d'autant plus facilement accepté chez nous que ses fables gracieuses servaient de prétexte à plus de splendeur déco- rative. Dans des contrées véritablement artistiques comme nos anciennes dix- sept provinces, l'appoint mythologique devait plutót contribuer à maintenir ces vieilles institutions locales qu'à les faire tomber en désuétude. Qui viendra dire qu'aux Pays-Bas l'engouement pour les cavalcades n'était point une passion nationale? Ce furent les Jésuites qui maintinrent jusqu'au delà de la seconde moitié du XVIII* siécle les traditions rubéniennes en continuant à s'inspirer des modèles italiens que la publication aux Pays-Bas des œuvres du frère Pozzo vint encore raffermir au moment méme où l'influence de la cour de Vienne et de la manière de Fischer von Erlach allaient détróner le style rubénien. Aprés la suppression de l'Ordre, notre clergé séculier, imprégné de jansénisme et qui n'avait cessé de professer une antipathie mal déguisée sous le couvert de controverses théologiques à l'égard des disciples de Loyola, délaissa l'architecture traditionnelle de Rome pour adopter le style en faveur Richesse des abbay j " ns nos provin Coup d'œil sur l'archi tecture à Vienne au commencement du XVIII? siecle l'Empereur VI. Influence urde Vienne architectu- 4 460 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE à la cour de Vienne. Les relations, chaque jour plus nombreuses avec la capitale de l'Empire, non moins que les prédilections du Gouverneur général s» et de la noblesse des Pays-Bas, l'avaient fait connaitre et la recommandaient naturellement aux prédilections du clergé. La plupart de nos établissements religieux et de nos fabriques d'église possédaient au XVIII* siécle de grandes richesses. Les importants revenus des abbés, les grosses prébendes des chanoines servirent à introduire dans nos temples les formes du style « Rocaille » , dont les licences inouies devaient, pendant vingt ans, affoler l'Europe entiére. A l'époque ou van Orley et van der Heijden élaborérent les décorations dont nous avons parlé tantót, ils étaient tous deux avancés en áge. Pour suivre l'impulsion partie de Vienne, centre de la «mode et du bon ton » , leurs éléves adoptérent ees nouvelles formes. Comme elles n'étaient pas nées de notre esprit artistique national, l'on vit baisser rapidement le niveau de la valeur d'œuvres architecturales et décoratives dont l'esthétique était essentiel- lement étrangère à nos traditions, à nos mœurs et à nos instincts coloristes. Nous avons vu, plus haut, qu'en vertu de la paix d'Utrecht, signée le 44 avril 1713, la Maison d'Autriche obtint les Pays-Bas sur le pied que Charles II les avait possédés par le traité de Rijswick. Deux ans plus tard, le 45 novembre, aprés l'échange des ratifications de la désastreuse Convention de la Barrière conclue à Anvers, le marquis de Prié, tristement célèbre par le meurtre juridique du doyen Anneessens, au nom de l'Empereur Charles VI, prit possession des Pays-Bas. Le 41 octobre 1717, le nouveau souverain fut inauguré à Bruxelles, more antiquo, duc de Lothier, de Brabant et de Limbourg sur un «théâtre » élevé dans l'intérieur a des Bailles » . Dés lors, Vienne et sa Cour impériale commencérent à exercer une pro- fonde influence sur les ci-devant Pays-Bas espagnols. La société, et par con- séquent l'architecture et les arts qui en dépendent, ne tardèrent pas à se transformer; Bruxelles se germanisa, tomba au rang de satellite et fut bientót entrainée dans l'orbite de la capitale de l'Empire. Il importe, pour suivre ce mouvement de transformation, de jeter un regard rapide sur l'état de l'art architectural à Vienne au commencement du XVIII* siécle. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 461 La renaissance n'avait guère pu se développer dans ce «boulevard de la Chrétienté » en Europe. Durant plus de deux siécles, l'attention des Empe- reurs s'était concentrée presque uniquement sur les meilleurs systèmes de fortifications destinées à contenir les incursions toujours menaçantes des Ottomans. Quand le « fléau des Tures » eut été conjuré et que tout danger ultérieur sembla disparu, on songea seulement à embellir Vienne. Nous avons vu au commencement de ce chapitre Léopold I réclamer le frère Pozzo du général des Jésuites à Rome comme sujet de l'Empire et le frère se rendre à l'appel de l'Empereur, malgré son âge avancé et acquérir bientót à Vienne une renommée dont nos architectes subirent l'impression. Les règnes de Joseph Ier et de Charles VI ouvrirent une ère de prospérité à l’art architectural. Les Jésuites avaient commencé à transformer, sous la direction de Pozzo, les églises de Vienne. Quand le prince Eugène de Savoie qui se piquait de dilettantisme architectural et reçut du comte Daun les première statues découvertes à Herculanum, voulut se construire un palais, le vieux frère était mort, mais il rencontra à point deux architectes d’un incon- testable mérite : Johan von Hildebrand, Johan Bernhard Fischer von Erlach. Vienne vit successivement s'élever sur les plans de ce dernier: l'église de S'-Charles Borromée, chef-d'oeuvre du genre, avec son dóme elliptique et ses deux colonnes monumentales (imitées de celle du Forum de Trajan) aux riches spirales de bas-reliefs dus au ciseau de Carl Mader (1716-1737) et l'église St-Pierre à la coupole immense (1102-1756). L'Empereur Léopold Je lui confia la réédification du château de Schónbrunn (1696-1728) rasé par les Turcs en 1683; on sait que cette résidence d'été de la Cour impériale fut complétée par Valmagini et Pacossi, sous Marie-Thérèse, en 1744. Il fut également l'architecte des écuries impériales de la Winterreit schule (1725); de la Bibliothèque de la Cour, Josefplatz (1725); de la Chancellerie impé- riale (4725); enfin de la Chancellerie austro-bohéme de la Cour (aujourd'hui Ministére de l'Intérieur (1716). Josef Emanuel Fischer von Erlach, fils de Johan, éleva à Vienne des édifices d'un goût nouveau s'éloignant à la fois de Borromini et de Maderno pour se rattacher par Andréas Schluter, l'architecte du Schloss de Berlin Tome XXXIX. 59 Le jésuite Pozzo ap- pelè par Léopold Ir: ses constructions. Dilettantisme architec- tural du prince Eu- gène: Johan von Hil debrand et Johan Bernhard Fischer von Erlach. ipaux édifices éle- par ce dernier architecte. Josef Emanuel Fischer von Erlach (fils): ses innovations, A. E. Martinelli. Johan Lucas von Hil debrand. F. von Hohenberg. a Gloriette » de Schön- brann (1775). Le Zopfstil ou Rocaille introduit aux Pays- Bas par l'influence viennoise, 462 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE (1699-1706), à Paul Decker, son élève, et surtout à Balthazar Neumann, véritable père du Zopfstil allemand. Parmi ces constructions, placons d'abord l'ancien Palais du Prince Eugène (Ministère actuel des Finances) (1723), dont l'escalier est vraiment gran- diose; le palais du prince Trautson occupé depuis par la Garde hongroise (1720-1730); celui du marquis de Rofrano (depuis von Auersperg) (1724); celui enfin au Rennweg (en collaboration avec Hildeb 'and) commencé pour le prince von Mansfeld-Fondi et achevé aprés la mort de ce seigneur aux frais du prince Adam von Schwartzemberg (1706-1725). Les deux Fischer von Erlach comptérent de leur temps des rivaux et des imitateurs qui réussirent à se faire un nom. A. E. Martinelli conduisit les travaux de l'église S'-Charles pour Fischer et éleva le palais du prince von Lichtenstein sur l'Alsergrund (4101-1712). Johan Lucas. von Hildebrand fit pour Eugéne de Savoie le palais d'été du Belvédère joint au pavillon d'Ambras; il sert aujourd'hui de Musée public (1693-1724). Les « Résidences mémorables de l’incomparable Héros de » notre siècle ou représentation exacte des édifices et jardins d'Eugéne s » Francois, duc de Savoye et de Piémont » forment un superbe ouvrage imprimé à Augsbourg en 4704. Hildebrand éleva encore la Maison de Majorat des princes de Lichten- stein (1694) la plus somptueuse des demeures seigneuriales de l'époque et le palais du comte Daun: (aujourd'hui Kinsky) sur la Freiungplatz (4140). Nous avons admiré naguére l'intelligente restauration moderne de la riche décoration de sa facade. Enfin F. von Hohenberg donna les plans du palais du comte Fries sur la Josefplatz , dont les caryatides colossales sont dues au ciscau de Zauner; c’est la résidence actuelle du marquis Pallavicini. F. von Hohenberg est surtout connu par la fameuse « gloriette », la ruine romaine et l'obélisque (1775-1780), construits sur ses plans dans les jardins de Schönbrunn. L'architecte fut secondé pour les sculptures par Henrici, Hage- nauer et Zächerl. Le style Rubens proclamé par les Jésuites fut définitivement délaissé et le goùt rocaille s'implanta aux Pays-Bas bien plus grâce à la mode de la Cour de Vienne patronnant la manière architecturale d'André Schluter, de Paul SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS 463 Decker, des deux Fischer, de Hohenberg, d'Hildebrand et de Martinelli que par l'influence des œuvres françaises contemporaines élaborées par Oppe- nord, Antoine Carpentier, les deux Cuvilliés, Germain Boffrand, Blondel et Ser- vandoni. L'hôtel du président Roose à Anvers, élevé en 1743 par Jean-Pierre van Bauerscheit, le jeune (1699-1763), et les maisons ordonnées par Guil- laume Kerriex procèdent incontestablement de l'école d'architecture viennoise. Les Jésuites, d'ailleurs, avaient cessé de bàtir; l'heure fatale de la sup- pression approchait pour cet ordre célèbre. Désormais l'impulsion partira de Vienne et nos architectes s'inspireront du livre des « Édifices d'Eugène de Savoie ». Appelés par le prince Charles de Lorraine, Folte éleva la Nouvelle Cour sur les plans curvilignes, convexes ou concaves, préférés de Fischer von Erlach; Zinner traca le Parc d'aprésle type des jardins de Schónbrunn ordonnés par Hohenberg. S'il reste à la vieille Gilde anversoise de S'-Luc un Verhaghe digne encore de tenir le pinceau de Rubens, Marie-Thérése l'attirera à Vienne avec le brevet de premier peintre de la Cour impériale. L'art italien de la Renaissance s'affirma pour la premiére fois aux Pays- Bas avec les décorations éphéméres improvisées à Anvers, en 1495, pour la Joyeuse-Entrée de Maximilien, et à Bruges, en 1517, pour l'Intronisation de Charles d'Autriche. La dernière œuvre inspirée des grandes traditions italo-rubéniennes s'éla- bora dans une circonstance analogue : l'Inauguration solennelle de Marie- Thérèse comme comtesse de Flandre le 27 avril 1744. Le « Théâtre d'architecture » ordonné par David T'Kint, le vieux, CF (A juillet 4770) destiné à encadrer une cérémonie chère à nos ancêtres parce qu’elle leur rappelait de vieux priviléges, gages de libertés commu- nales, conquis autrefois au prix d'efforts sanglants, avait été élevé sur le Vrijdagmarkt, au même endroit où l'on vit, vingt-sept ans auparavant, se dresser la Tribune d'apparat et la Joyeuse-Entrée de Charles VI. Frans Pilsen (1686-1770), peintre et graveur gantois, élève de Robert van Audenaerde, qui résida six ans en ltalie, nous a laissé de cette fête publique une planche in-plano (0,80 X 0,85), qui forme pendant à la gravure de J.-B. Berterham représentant la « Cérémonie solennelle de l'inauguration » de Charles VI, le 18 octobre 1717. Hótel Roose à Anvers, architecte : J. P. van Bauerscheit (1745) Maisons du Zopfstil par G. Kerriex à Anvers. Tribune de l'Inaugu- (+ 1770.) Gravure in-plano de la rémonie par Frans Pilsen. Etude comparative des Tribunes élevées par Jacob Collin. (1717) et David T'Kint 1744). Influences viennoises, Cartouches du Zopfstil, 464 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Il est intéressant d'établir une étude comparative de la manière archi- tecturale de Jacques Colin avec celle de David T'Kint qui s'évertuérent sur un canevas identique, à un quart de siècle de distance. En 4747, l'école rubénienne et ses traditions est absolument debout ; l'on ne remarque aucune différence essentielle entre les motifs de Merex, van Heil ou Du Chastel et ceux qu'employa Colin quarante-sept ans plus tard. Par contre, de 4717 à 1744, l'influence viennoise, les nouveautés de la capitale autrichienne et l'engouement du clergé et de la noblesse pour le style mis à la mode par Fischer von Erlach avaient ébranlé, sinon converti, nos artistes. Le style nou- veau ne commence à s'affirmer nettement que dans les décorations officielles où les mandataires impériaux aimaient à retrouver les motifs du Belvédère el de Schönbrunn, objets de leur admiration. Dans l'ordonnance de Colin, les cartouches loyolites sont prodigués; dans celle de T'Kint, ils ont disparu presque totalement et si l'on retrouve l'un ou l'autre « rari nantes » aux tympans des frontons circulaires, ce sera quelque pastiche de ces cartels boiteux, profondément refouillés de rocailles impossibles, pareils à ceux dont les vignettes de Habermann et de Nilson nous offrent de nombreux exemples. Le Zopfstil encadrera encore de ses contours « tarabiscotés » et mal définis, le grand tableau allégorique ot Marie-Thérèse reçoit l'hommage des Provinces belgiques. A côté de cette décadence et de ce mauvais goût des détails, constatons, par rapport aux masses, une certaine affectation de retour vers la simplicité pleine de grandeur de l'architecture gréco-romaine. Les pilastres, à chapiteau spécial, témoignant de l'imagination de Colin, ont été remplacés par des colonnes lisses corinthiennes, dont les corbeilles d'acanthe sont, par parenthèse, d'un mauvais galbe parfait. David T’Kint a appris l'architecture d’un rubénien de la dernière heure, de Jacques Colin peut-étre; à coup sür il demeure encore attaché par certains cótés aux tradi- tions loyolites : la masse du « Théâtre » de 1744 en fait foi. Mais, l'école était arrivée à son déclin et le prince Charles de Lorraine, en appelant le vien- nois Folte à l'honneur de construire le nouveau palais de la Cour, termina sa longue agonie. Heureusement qu'en ce temps-là de Wez commencait l'Abbaye d'Orval. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 463 David T'Kint occupa, au dire de van Vaernewijck, de 1755 au 14 juillet 1770, date de son décès, le poste d'architecte de la ville de Gand (Bestuurder der werken); et fut l'auteur des changements effectués à l’église Saint-Jacques. Peu de temps avant sa mort, il fut nommé directeur de l’Académie de dessin, fondée par le peintre Louis Marissal, un rubénien et un patriote qui tenta de galvaniser la Gilde de S'-Luc expirante en ouvrant une école libre aux artistes tout. disposés à s'affranchir de la discipline séculaire des Corporations. Ces deux planches constituent de plus, par les étoffages de figures du premier plan, de précieux renseignements pour l'histoire de nos costumes nationaux dans la première moitié du XVIII* siècle. Louis T'Kint, fils de David, également architecte, fut l'auteur de la recon- struction de la colonne de Charles-Quint, élevée en 1600, au Marché du Vendredi, à l'occasion de l'inauguration d'Albert et d'Isabelle. Ce monument de 50 pieds de haut, construit en 1775 et dont le füt monolithe en pierre bleue pesait 32,3 15 livres, fut renversé par les Sans-Culottes en 1192. Louis T'Kint occupa depuis 4771 le poste de directeur de l'Académie I. R. gantoise, fon- dée par octroi de Marie-Thérèse en 1770, qui remplaça l'école à la pros- périté de laquelle Marissal s'était dévoué toute sa. vie. L'établissement aux Pays-Bas de ces institutions avaient, on le sait, été provoquées par le fameux mémoire d'André Lens au prince Charles de Lorraine (1769). Les premières années du régne de la fille de Charles VI virent la déca- dence rapide de l'école rubénienne. Elle jeta un dernier éclat, dans les ordon- nances décoratives de van der Heijden et méme de David T'Kint, en dépit des chicorées de Fischer von Erlach qui transparaissent et détróneront bientôt le plantureux cartouche italo-flamand. On vit dès lors aussi des étrangers exercer chez nous le noble art de Vitruve. Depuis 1714, la Lombardie était échue à la maison d'Autriche. En lan- née 4754 , Gaétan-Mathieu Pizzoni, architecte milanais protégé de la Cour de Vienne, éleva la magnifique cathédrale de S'-Aubin, à Namur. Cet édifice, tout italien, construit en petit granite ou pierre bleue se distingue par l'élégante coupole décorée de pilastres corinthiens qui s'élève à l'intersection du transsept. Carrière architecturale de id T'Kint. H de i ur de DA Colonne du Marché du Vendredi à Gand Architecte : Louis 'PKint fils. Louis T'Kint, premier directeur de l'Aca- démie I. R. fondée à Gand par Marie Thérèse (1770). Constructions. élevées aux Pays par desarchiteetes étran- gers. à Namur( Architecte : a Mathieu Pizzoni né à Milan). 466 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Entièrement terminée en 1767, l'église de S'-Aubin est une œuvre architecturale réussie, sobre et d'excellent goût. On s'aperçoit que Pizzoni était de l'école du chevalier Piermarini da Foligno et de Giocondo Albertolli, l'architecte de la villa de Monza et du palais archiducal de Milan. | Pizzoni ordonna la méme année qu'il commençait S'-Aubin, le cata- | falque érigé dans l'église collégiale de S'-Gudule à Bruxelles pour les | obsèques de l'impératrice Marie-Christine. L'ordonnance de ce Rogus rappelle | le style consacré des compositions romaines de Ciro Ferri. Cette décoration funèbre fut commandée à l'artiste par le prince Charles de Lorraine; c'est ce que nous apprend la dédieace d'une grande planche in-plano gravée sur cuivre par S. Cattoir en date du 11 mars 1751. Ce graveur, élève de Jacques Harrewijn, d'après le Guide Fidèle publié par J. Moris, demeurait à Ixelles en 1764. Le plus connu des architectes italiens qui élevérent des constructions aux Le chevalier Servandoni (n rence) (1695- - Pays-Bas à cette éqoque, fut le chevalier Nicolas Servandoni, né à Florence en 1695, recu à l'Académie de Paris comme paysagiste. Décorateur sans égal des fêtes données en 1739 à l'occasion du mariage d'Élisabeth de France avec Don Philippe, infant d'Espagne, il fut aussi l'architecte du portail de S'-Sulpice (1755), le plus sérieux effort réalisé et le plus grand effet Vient à Bruxelles à Obtenu en dehors de l'art ogival pour une facade d'église catholique. On sait de Saxe mi). que Servandoni vint aux Pays-Bas à la suite du maréchal de Saxe. Après la capitulation de Bruxelles (25 février 1746), le maréchal prit son logement à l'hôtel du marquis de Chasteleer, entre les deux Sablons. La ville dut meubler cet hôtel sur un plan de Servandoni transmis au magistrat par le vainqueur. On jugera de sa somptuosité par ce seul fait que glaces et tapisseries coütérent 40,000 florins. Constructions élevées Pendant son séjour à Bruxelles, Servandoni érigea les hôtels des ducs | durant son séjour à d'Arenberg et d'Ursel. Il fournit encore les plans du château de ce dernier | sd mera, Seigneur à Enghien. On conserve aux Archives du royaume un projet de Tome PI. eet artiste célèbre pour l'agrandissement du château que les dues d'Ursel possédaient alors à Saint-Josse-ten-Noode. iio t de foro. Le Guide Fidèle nous apprend encore que M. Servandoni d'Hanne- Nani dans taire, neveu supposé, mais en réalité fils naturel du chevalier et qui fut aire, fils naturel du Chevalier). SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 467 directeur du théâtre de Bruxelles, avait acheté de la famille van Languen- donck la seigneurie de Haeren, prés Vilvorde. « Elle appartient aujourd'hui » dit Moris, « à M. Servandoui d'Hannelaire qui semble se disposer à en » faire une des plus jolies maisons de plaisance des environs, tant par les » ouvrages et les embellissements qu'il y fait faire journellement, que par le » bon goùt avec lequel tout y est ordonné sur les dessins du chevalier » Servandoni, son oncle, célèbre dans l'Europe pour l'architecture, la peinture » et les décorations. » Gabi, architecte francais, construisit, en 1714, l'église de l'Abbaye de Saint- Ghislain, aujourd'hui détruite. L'église paroissiale de Pâturages fut élevée sur un plan identique en 1733. Les bâtiments claustraux de l'Abbaye de S'-Ghislain furent pourtant élevés sur les plans de Claude de Bettignies , de Mons; en 1729, Dubressi, autre architecte montois, construisit les deux pavillons regardant l'entrée. principale. Quand l'électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière eut l'envie d'une Mai- son de chasse, à Boitsfort, il s'adressa à l'architecte français Germain Bof- frand (1667-1754). L'auteur des splendides résidences de Cramayel en Brie et de Haroué en Lorraine devint plus tard, par sa protection, architecte du prince-évéque de Wurtzbourg et construisit pour ce dernier, en 1724, le palais épiscopal qui passe pour son chef-d'œuvre. On sait qu'à la suite de l'incendie de l’ancien Palais Ducal, à Bruxelles, advenu le 4 février 4731, le prince Charles de Lorraine acheta l'hótel de Nassau de la princesse douairière d'Orange, et en fit sa résidence. Quand la reconstruction de la «Cour brûlée» fut abandonnée faute de fonds et que le prince Charles se fut décidé a reconstruire l'Hôtel de Nassau, il appela l'architecte viennois Folte (alias Faulte). Ce fut cet artiste qui ordonna les bâtiments du Nouveau Palais (Musée royal de peinture actuel) et la Cha- pelle de la Cour, aujourd'hui Temple protestant (1760). Zinner, autre viennois, traça le Parc sur le modèle de l'Augarten ou de Schönbrunn. Notre décadence architeeturale touchait pourtant à sa fin. Un hasard fortuit venait d'occasionner la découverte des cités campa- niennes d'Herculanum (1717-1737), Pompeia (1748) et Stabies détruites par le Vésuve en l'an 79. L'antiquité apparut tout à coup vivante à l'Europe étonnée aprés une léthargie de dix-sept siècles. Église de l'Abbaye de St-Ghislain. Archi Maison de Chasse de Boitsfort, Architecte: ( francais) (1667-1754). Nouveau Palais des Gouverneurs é- raux à Bruxelles. Chapelle de la Cour architecte : Folie (viennois) (1760). Parc. Architecte : Zinner (viennois) 1774-1787) Découverte d'Hercu- lanum, Powpeïa et Stabies (1757-1748). Écrits de Winckelma (1762-64). Période de transfor mation du style a chitectural, Lauren Benoit de Wez, Ses principaux édifices De 1762 à 1773, les églises d'Andenne, de Kessel-Loo et d'Harlebeke ; ayen l'air Montoye aard , Wineqz Malfeson, ete, Le quartier du Pare à Bruxelles. 468 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, ere, ^ Les écrits de Winckelman (1762-64) sont là pour témoigner de la sensation profonde que cette résurrection occasionna dans le monde savant, artiste et lettré. Le Zopfstil et ses rocailles furent définitivement démodés dés l'instant où la marquise de Pompadour écrivit à Marie-Thérèse qu'elle venait de charger Soufflot, Cochin et l'abbé Le Blanc d'accompagner à Rome, pour l'initier aux beautés classiques, le marquis de Marigny, son frère, futur Surintendant général des bàtiments, jardins, arts et manufactures du Roi de France. L'année méme où Folte élevait la Chapelle du Nouveau palais des Gouver- " neurs généraux, Laurent-Benoît de Wez — Charles de Lorraine ne l'employa jamais aux travaux de l'Etat — jetait les fondations des splendides bàtiments de l'Abbaye d'Orval et l'abbé de Feller écrivait dans son fténéraire : «il est aisé de voir que ce sera la plus belle Abbaye du monde ». Architecte de génie, de Wez osa, le premier, régénérer l'école flamande en la retrempant à la source italienne par l'étude de l'antiquité et du siècle de Léon X et affirmer cette résurrection par un chef-d'œuvre. les bâtiments abbatiaux : églises, palais, monastères, de Gembloux, Florival, Valduc, Floreffe, Afflighem , Vlierbeek, Bonne-Espérance, Heylissem et de S'-Martin à Tournai, s'élevérent à l'envi sur ses plans : la voie était désormais frayée. Rivaux de Laurent de Wez, l'on vit à la fois Payen l'ainé, Fisco, Malfeson, Wincqz et surtout Montoyer et Barnabé Guimard contribuer à la gloire de ` cette nouvelle ère architecturale où fut créée, comme par enchantement, l'harmonieuse série d'édifices longeant le Parc de Bruxelles; conception gran- diose dont le Palais du Conseil souverain de Brabant, avec son superbe fron- ton dà au ciseau de Godecharle, constitue la note prépondérante, CONCLUSION. Nous croyons avoir terminé notre tàche : qu'on nous permette à présent, embrassant d'un coup d'œil rétrospectif l'ensemble de ce travail, d'en condenser les idées génératrices et les faits dominants, pour formuler en quelques pages une réponse directe et succincte à la question proposée par la Classe des Beaux-Arts de l'Académie royale de Belgique. Rechercher l'époque à laquelle l'architecture a subi, dans les Pays-Bas, l'influence italienne. Indiquer les personnages auxquels on doit cette influence : citer les noms et les œuvres des artistes. « Nous appuyant sur tout ce qui précède, nous répondrons catégoriquement au premier membre de la question : Rechercher l'époque à laquelle l'architecture a subi, dans les Pays-Bas, l'influence italienne. Ce fut dans les dernières années du XV: siècle que des négociants espa- gnols de Bruges introduisirent aux Pays-Bas les premiers échantillons du style Plateresque et de la Renaissance gréco-romaine. Tome XXXIX. 60 410 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les fécondes théories humanitaires se traduisent matériellement par des édifices contemporains de leur diffusion. La Réforme et le Néo-platonisme trouvérent dans l'art nouveau leur incar- nation plastique. A part ee travail intellectuel latent, l'extension des doctrines de la philo- sophie socratique et de la littérature des siècles de Périclès et d'Auguste , l'esprit de liberté individuelle succédant chez les artistes à l'esprit de corps, la soif ardente de la renommée passagére et mondaine du temps remplacant les désirs ascètes et la recherche de la gloire surnaturelle de l'éternité, déci- dérent radicalement les peintres et les sculpteurs, rejoints un peu plus tard par quelques architectes, à épouser les formes nouvelles et à les faire prévaloir. Aucun des maîtres ès-pierres de cette époque décisive ne fut assez fécond ou assez influent pour frayer un nouveau sillon dans le champ de l'art et entrainer à sa remorque les ateliers maconniques. L'art archonte fut détrôné parce qu'il ne se trouva pas au KN: siècle un Erwin von Steinbach, un Robert de Luzarches ou un Josse Dotzinger, génies supérieurs qui apparurent comme des phares lumineux pendant l'élaboration des avatars de l'ogive. Perdu dans le dédale des raffinements de son esthétique , l'art des maitres ós-pierres, laissant l'esprit qui vivifie, le crayon : pour la lettre qui tue, le compas, sacrifia le décor naturel de la forme efflorescente aux subtilités mystérieuses des épures stéréotomiques. Le tiers-point dédaigné fit place aux tracés cycloidaux. Les maitres és-pierres avaient, dés le XVe siècle, pressenti la révolte égoïste en ineubation des arts mineurs; ils créèrent, pour y échapper, l'archi- tecture purement géométrique et supprimérent la sculpture ornementale el la statuaire. Il s'en fallut de peu que l'architecture ne réussit à affranchir désormais ses œuvres de la collaboration obligée des sculpteurs, des ornemanistes et des peintres. Sous l'influence féconde des idées gréco-romaines, les rameaux dédaignés que l'on n'avait pu réussir à retrancher de larbre, accaparérent un jour SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 471 toute sa sève aux dépens de la tige mère et l'arbre se dessécha. Au XV: siècle la peinture et la sculpture, arts mineurs, se développèrent prodigieusement tout à coup aux dépens de l'art majeur par excellence : l'architecture. au sein de l'antique école ogivale et en dehors de toute influence Il y avait u d'artistes prédisposés à admettre une rénovation étrangère un puissant noya compléte dans l'art de bàtir. Les architectes prétendaient l'opérer seuls comme ils l'avaient fait jadis avec succès aux grandes étapes du style ogival. Un instant ils songérent , grâce à l'influence espagnole, à introduire aux Pays-Bas le style Mudejar adopté «ès pays de par decà ». Les peintres et les sculpteurs cherchaient une esthétique qui avant tout affranchit de la tutelle séculaire de l'architecture ; ils allèrent droit aux motifs chers aux Italiens. Ils opérèrent d'autant plus facilement cette trans- formation , qu'à leurs prédisposilions naturelles vinrent encore s'ajouter les sollicitations du dehors et de puissants encouragements. Somme toute, les maitres de notre école désertèrent les traditions de l'art jar un désir d'affranchissement longtemps comprimé qui arition des formes de la Renaissance leur en eut fourni les indigéne poussés | se fit jour quand l'app le prétexte et l'occasion. Ainsi prédisposé, l'esprit artistique se transforma aux Pays-Bas sous l'influence de deux foyers distincts : L'influence directe et immédiate de l'Espagne ; L'influence indirecte et médiate de l'Italie. Gráce aux conquétes d'Alphonse d'Aragon en Sicile, l'Espagne avait recu le flambeau de la Renaissance avant la France, avant l'Allemagne : elle pro- pagea bientôt celte lumière aux Pays-Bas. Ses architectes implantérent l'architecture bâtie des genres Mudejar et Plateresque que les conquêtes mauresques et italiennes avaient introduits dans la péninsule ibérique. Le palais des princes-évéques de Liége, la chapelle du S'-Sang à Bruges et la Bourse d'Anvers sont les plus curieux spécimens de style Mudejar qui soient encore debout dans notre pays. Telle fut l'importation directe de l'art exotique. Indirectement l'art de la Renaissance italienne s'implanta chez nous, gráce 472 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE aux pélerinages des peintres et des sculpteurs rapportant, pleins d'enthou- siasme, les traditions d'au delà des monts, pour les développer dans la mère patrie. Du concept à la réalisation d'une idée neuve, il y a tout un monde d'obstacles à traverser. De l'enthousiasme prime-sautier des peintres et des sculpteurs prédisposés à l'adoption du nouveau système, parce qu'il leur rendait la gloire individuelle, à l'enthousiasme froid et méfiant des masses désintéressées , nécessaire à l'adoption d'un nouveau style, il y a des tran- sitions à ménager avec d'autant plus de prudence et de modestie que la réforme doit étre plus radicale. Les néologistes gréco-romains montrérent d'abord timidement le nouveau style sur une petite échelle dans les fonds d'architecture des tableaux de che- valet, qui plurent d'abord comme toute nouveauté. Plus tard ils s'enhardirent et employérent ces formes pour étoffer des vitraux aux personnages aussi grands que nature. Bientôt, les décors des fêtes publiques offrirent en trompe- l'œil l'architecture bâtie; les premiers exemples de ronde- bosse furent appliqués aux meubles. En 1558 seulement, Lambert Lombard ordonna le portail adossé au transept de l'église S'-Jacques, à Liége, bâtie quelques années auparavant en pur style prismatique flamboyant. À partir de ce moment, la révolution était consommée, l'influence italienne trónait sans partage. Une fois initiés aux arcanes de Vitruve, les artistes espagnols et flamands firent un échange mutuel d'idées artistiques élucubrées sur le thème italien. Cet. échange réciproque fournit le grain d'originalité de bon aloi qui, dés l'abord, distingua notre école, mais ne revétit des types bien tranchés qu'à l'époque précise où les architectes adonnés à l’art gréco-romain se le furent assez étroitement assimilé pour essayer d'enrichir le style exotique préféré de charmantes broderies indigènes. De ce travail d’assimiliation de deux génies différents naquit la manière flamande de la Renaissance dont Vredeman De Vries et les frères Floris furent les brillants coryphées. L'imprimerie propagea considérablement l'éclosion des idées nouvelles. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 473 Nous avons amplement développé plus haut le rôle prépondérant réservé désormais à l'imprimerie par les nombreuses éditions de livres d'architecture qui virent le jour dés la fin du XV* siécle et dont le nombre alla toujours croissant du XVI? au XVIII". Le milieu du XVIe siècle vit l'influence italienne s'affirmer dans l'archi- tecture bâtie, sans pour cela voir définitivement détróner le style ogival. Des adeptes fidéles aux antiques traditions des ateliers maçonniques continuèrent à en pratiquer les préceptes. Hl y eut méme une école qui essaya d'amal- gamer les deux principes contradietoires et produisit des œuvres hybrides au point de vue purement esthétique, mais pleines de sève, d'originalité et de gràce si on vient à les considérer métaphysiquement. La guerre qui désola pendant quarante ans nos provinces dans la seconde moitié du XVIe siècle arrêta net lessor artistique qui allait doter les Pays-Bas de monuments dignes de l'Italie. Ces quarante années de dissensions politico-religieuses usérent la virilité des vieux maitres du style ogival qui, faute de commandes, végétèrent pendant prés d'un demi-siècle dans une déplorable inaction. Quand celles-ci ée des Archidues, les traditions ogivales étaient à vinrent enfin, avec l'arriv peu près oubliées . Il y avait cent cinquante ans que l'imprimerie était découverte et aucun ils se transmettaient oralement des maitres, jaloux des secrets de la Loge comme le plus sacré des arcanes — n'avait confié à la presse les « canons des maîtres de Côme. » Le livre de Villard de Honnecourt est un album où l'on trouve jusqu'à des recettes pharmaceutiques, ce n'est point un Traité ex professo. Le livret des pinacles de Mathias Koritzer, spécimen unique, conservé au Musée de Munich, ne s'occupe au fond que d'un détail infime, et encore, ne peut être absolument compris que des adeptes. A la fin du XVIIe siècle, la connaissance de la théorie du style ogival était perdue. Pour arriver à son intelligence, les architectes modernes durent interroger patiemment les monuments eux-mêmes; arracher un à un les secrets de leur édification. Bien que le voile soit levé en partie, que de choses restent ineompréhen- 474 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE sibles! Qui peut se flatter aujourd'hui de lire couramment ce livre dont le temps a arraché tant de pages ? Avec la chute définitive du style ogival commence l'apogée de l'influence italienne aux Pays-Bas. Quand ces belles provinces se relevérent sanglantes et meurtries, le lieutenant de Philippe II, Alexandre Farnése, songea plus d'abord aux moyens moraux de maintenir une paix si chérement achetée qu'à amasser des troupes et des ressources matérielles pour terrifier les vaincus. Pour pacifier les villes belges rentrées sous le sceptre espagnol, le prince de Parme appela les Jésuites. Le pape Paul III, issu de la maison Farnèse, avait eu pour fils naturel le débauché Pierre-Louis, assassiné à Plaisance par ordre de Charles-Quint. Le célèbre cardinal Farnése, qui fut employé par le pape, son aïeul, à diverses légations en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, était fils de ce Pierre- Louis et de Hiéronyme des Ursins. Enthousiaste de l'architecture antique, il fut le protecteur des lettres et des arts. C'est lui qui fit bâtir à Rome l'église de la maison professe du Gesu, qui devint le type des innombrables tem- ples loyolites du globe, de l'église construite par Francquart, à Bruxelles, jusqu'à la cathédrale de Mexico. Charles-Quint disait de lui que «si tout le Sacré Collége était composé de grands hommes tels que Farnése, ce serait l'assemblée du monde la plus illustre et la plus auguste. » Le vainqueur de Pavie donna pour épouse à Octave Farnése, frére du cardinal, Marguerite de Parme, sa fille naturelle. L'influence toute puissante des disciples de Loyola, la confiance illimitée et le profond attachement que leur témoignait le prince de Parme, fils de Marguerite, les faveurs, les immunités sans nombre dont ils furent comblés en firent l'ordre le plus puissant de la chrétienté. Le rôle prépondérant qui échut aux Jésuites dans la diffusion des idées architecturales italiennes aux Pays-Bas, en Espagne et au nouveau monde eut au fond une cause politique, une raison d'État. La papauté et le bras séculier secondaient à la fois les tendances loyolites. Le traité de Saint-Charles-Borromée et les prescriptions liturgiques du SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 475 concile de Trente y contribuérent à leur tour, et donnérent au style nouveau ce qui lui manquait encore ` la sanction ecclésiastique. Jusqu'à la révolution des Pays-Bas, notre architecture de la Renaissance aima volontiers à se servir de détails empruntés au style Plateresque ; à partir du XVIIe siècle et malgré la persistance de la dynastie de Philippe IL, notre architecture devient purement italienne à l'exclusion de toute influence espagnole. Une mer de sang, une haine profonde divisait à jamais les deux pays; les Espagnols, d'ailleurs, résistérent fort peu de temps eux-mémes à l'in- fluence loyolite qui finit par s'imposer à toutes leurs conceptions architec- turales. L'ordre puissant des Jésuites couvrit bientôt les Pays-Bas de construc- tions inspirées des traditions esthétiques romaines, depuis Michel-Ange, Bra- mante, Vignole et Della Porta, jusqu’à Carlo Maderno, Fontana, le Bernin et Borromini. Le cachet original des compositions de Vredeman De Vries disparaît avec les thèmes favoris de Rubens qui, pour réformer l'archi- complétement dessine, mesure et fait graver les Palais de Gênes tecture aux Pays-Bas, d'Alessi. L'influence combinée des propensions personnelles de ce grand artiste et des préférences exclusives de cet Ordre à une époque où tout était à refaire dans l'ameublement des églises pillées par la fureur des sectaires — pour arriver à leur restauration, les archidues durent pendant trois ans rétablir les dimes féodales au profit des Fabriques — donna en peu d'années un vêtement néo-paien et une tournure italienne à nos vieux édifices ogivaux. Au sein des cités flamandes, des temples entiers, construits d'aprés les préceptes de Vitruve, luttérent de grâce et de svellesse avec les productions des vieux maitres ès-pierres. Otto Vœnius, qui jouissait de la confiance d'Alexandre Farnése et avait « architecte général et castramétateur » de ses armées, faillit élé nommé jésuitique en architecture. Il voulait intro- balaneer un moment l'influence duire aux Pays-Bas des données plus conformes à l'art antique. Farnése mourut trop tôt et les Jésuites trouvèrent un puissant appui chez les archi- 476 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE dues. Voenius eut, d'ailleurs, été débordé par l'influence de Rubens qui fit passer toutes les hardiesses de sa main et toute la fougue de son esprit dans les conceptions inspirées où l'on trouve son génie. Entrainés par ce prodigieux chef d'école, nos architectes et nos sculpteurs adoplérent exclusivement le style italo-rubenesque jusqu'au milieu du XVIIIe siècle; on sait que les œuvres du frère Pozzo, introduites par les Jésuites, furent réimprimées à Bruxelles en 1708. Inspirées de l'art italien, ces plantureuses interprétations ne sont point des pastiches et revétent toujours ce cachet d'incontestable originalité qui a valu à un genre si bien fait pour encadrer les œuvres du prince de nos peintres et de son école le nom de style Rubens. Le style italo-flamand, caractérisé par ce vocable dont nous avons démontré la justesse, régna sans partage jusqu'à la suppression des Jésuites, derniers et suprémes dépositaires des traditions contemporaines de l'apogée de l'art flamand sous les Archidues. La peinture suivit l'arehitecture de prés. Verhaghen et Herreyns furent les derniers petit-fils de Rubens. Ces années d'interruption du souffle inspirateur de la pensée artistique italo-flamande rayonnant sur lart entier, grâce au génie de Rubens, dont les fortes traditions surent l'alimenter un siécle et demi, indiquaient la fin natu- relle de notre travail. Il Le délaissement de l'architecture rubénienne ou loyolite eut une double cause aux Pays-Bas : la déchéance de l'Espagne et la suppression des Jésuites. Le désastreux Traité de la Barrière, qui consomma la ruine d'Anvers, attribua la souveraineté des Pays-Bas à l'empereur Charles VI. Le marquis de Prié, de sinistre mémoire, prit possession de notre pays, en 1745, au nom de l'Autriche. L'inauguration de Charles VI eut lieu avec la solennité accoutumée en 1717. Nous avons prouvé par la décoration architecturale des Tribunes SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 477 élevées à cette occasion, par Jacob Colin, qu'à cette date l'architecture rubé- nienne continuée sous l'influence des Jésuites brillait encore de toute sa vigueur. Dès lors, pourtant, data la décadence de l'école et l'avénement du Zopfstil. Le goùt viennois introduisit peu à peu une esthétique nouvelle dont le centre fut la cour de Schónbrunn et les grands pontifes : Hildebrand et Fischer von Erlach. Appelé par l'empereur Léopold Ier, le jésuite Pozzo commença à recon- struire les églises de Vienne. Nous avons vu que son style s'éloignail si peu dela maniére rubénienne que ses ouvrages, reproduits par la gravure, vinrent renforcer aux Pays-Bas, dans les premiéres années du XVIII* siécle, les traditions loyolites. Quand Pozzo mourut à Vienne, laissant une immense réputation, le prince Eugéne de Savoie avait définitivement chassé de l'empire le « fléau des Tures. » Aprés la paix de Karlowitz (1699) on songea sérieusement à em- bellir Vienne, boulevard séculaire de la chrétienté, où la science de l'ingé- nieur avait voix prépondérante sur l'art de l'architecte. Le prince Eugène aimait les bâtiments : il souhaita des palais splendides et trouva à propos, dans Hildebrand et Fischer von Erlach , des architectes propres à réaliser ses desseins. Nous avons dit qu'un recueil spécial réunit ces ceuvres de la nouvelle école architecturale. Il fut bientôt classique et tous les architectes de l'empire le prirent pour modèle, et s'empressérent d'ajuster leurs idées aux données esthétiques de ce nouvel étalon. L'influence du Livre sur la diffusion des styles y rencontre, de plus, une confirmation manifeste. Fischer von Erlach s'était conquis une réputation immense ; nous avons donné la nomenclature de ses œuvres. A l'avénement de Marie-Thérèse, le goût dominant à Schönbrunn s'impo- sait presque en force de loi. David T'Kint, chargé de la décoration des Tri- bunes élevées pour la Joyeuse-Entrée de la fille de Charles VI, s'il imite encore les masses rubéniennes de Colin, enrichit ses ordonnances de tous les détails favoris du Zopfstil viennois. Tome XXXIX. 61 478 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE La Pragmatique sanction n'empécha pas le fléau de la guerre de ravager nos provinces. Cinquante années aprés le bombardement de Villeroy, Maurice de Saxe, vainqueur à Fontenoy, entrait à Bruxelles. Le chevalier Servandoni, venu à sa suite pour ordonner ses résidences, construisit ou projeta quelques hótels princiers dans la capitale des Pays-Bas autrichiens. Il eut un instant de vogue. La paix une fois signée, Charles de Lorraine songea à rebâtir l'Hôtel de Nassau. Il confia cette mission au viennois Folte, tandis que le milanais Pizzoni élevait S'-Aubin et ordonnait le catafalque de l'impératrice Marie-Christine. Les fonds manquant pour reconstruire la «Cour DBrülée, » le comte de Cobenzl proposa d'en faire une place monumentale et de convertir le vieux jardin des dues de Brabant en parc publie. Guimard fit la premiére sur le modèle de la place de Lunéville; Zinner traça le jardin d’après le plan du pare de Sehónbrunn. Le premier était francais, le second viennois. L'art italo-flamand de Floris, de Vredeman De Vries et de Rubens n’était plus qu'un souvenir dédaigné. L'année 1773 enregistra la suppression des Jésuites. Par bonheur, les Pays-Bas virent s'élever en ces temps de décadence suprême un architecte de génie : Laurent-Benoit de Wez, qui se révéla dés l'abord comme le continuateur convaincu des traditions viriles de l'antiquité et du siècle de Léon X. Nous avons énuméré l'invraisemblable et brillante nomenclature des édifices élevés sur ses plans en vingt années à peine. L'architecture allait subir une transformation radicale, Pompei et Hercu- lanum enthousiasmaient l'Europe. Le frére de la marquise de Pompadour couvrait de sa protection le liégeois de Neufforge , novateur néo-antique, en dépit de l'Académie royale d'archi- tecture de Paris, fidèle aux traditions de Blondel. La période de décadence architecturale était close, et ce fut encore à lin- fluence italienne que les Pays-Bas durent cette ére nouvelle, dont le Quartier du Parc suffit pour attester les aspirations grandioses. Une seconde renaissance fleurit alors en Belgique et vit surgir une pléiade d'artistes : architectes, peintres, sculpteurs, ornemanistes et ciseleurs. 3 3 b SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 479 Si l'influence italienne domine dans les œuvres de Laurent de Wez et de ses émules, rappelons-nous que le berceau du style improprement appelé Louis XVI, fut la Lombardie autrichienne. Le chevalier Giuseppe Piermarini di Foligno élevait à Milan, pour l'archi- duc d'Autriche (1769), le Palazzo Reale, suivi bientót du Palazzo Belgiojoso d'Este. Son style fut appliqué par Giocondo Albertolli , dont les deux recueils gravés le firent connaitre en Europe. En nous inspirant du génie italien , nous reconnaissons loyalement l'incon- testable droit d'ainesse de la première école artistique du monde. Nous ne pouvons étudier ni un style ni des maitres qui aient de plus intimes et de plus nombreuses affinités avec les productions de nos artistes flamands, autant en peinture qu'en sculpture et en architecture. Nous avons tout à gagner au commerce artistique de l'Italie, légataire enviée du génie antique et de l'art du siècle de Léon X. Notre originalité nationale, à l'aise dans l'interprétation des canevas italiens, ne peut que s'atrophier et se suicider en tàchant de s'assimiler les éléments esthétiques de l'art francais. Ce serait dans l'étude des œuvres de nos maitres du XVIe et du XVIIe siècle que notre école moderne d'architecture pourrait trouver les éléments d'une maniére originale. Développée par les idées progressistes, elle ne manquerait pas de provo- quer des œuvres dignes du glorieux nom flamand. Loin de nous la pensée de vouloir ici patronner l'archaisme et l'archéologie dans l'art; les pastiches de Vredeman De Vries ou Rubens n'auront jamais qu'un succés de curiosité. Sachons, au contraire, continuer l'art de ces maitres pour arriver à un style national indigène encadrant notre vie et nos institutions sociales actuelles comme ces types du XVIe et du XVIIe siècle traduisaient métaphysiquement les Pays-Bas contemporains. Le véritable but, le vrai mérite de l'architecte archéologue consiste à restaurer et à compléter convenablement les monu- ments de ses devanciers; il y a là toute une vocation, presque une mission sainte. Dans les constructions a de novo », tout en restant strictement dans les données d'un style, l'architecte doit savoir ÊTRE DE SON TEMPS, et ne pas sacrifier des parties essentielles à des plagiats de dispositions 480 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE et de motifs provoqués par des mœurs et des usages délaissés depuis des siècles. « Je ne suis pas de ceux qui désespèrent du présent et jettent un regard » de regret vers le passé, » dit M. Viollet-le-Duc. « Le passé est passé, mais » il faut le fouiller avec soin, avec sincérité, s'attacher non pas à le faire » revivre, mais à le connaitre... pour s'en servir. » En fait de style, toute inoculation francaise nous a toujours été fatale. L'art flamand et l'art francais reposent sur des données esthétiques à jamais incom- patibles. L'introduction du style Néo-Grec du second empire a produit chez nous des monuments hybrides, honteux témoins plastiques de la déca- dence et de la castration de notre art national, dont le moindre défaut est de s'émielter. Tout en développant ces thèmes élaborés par des artistes de génie, comme ils sont nés d'une esthétique, résultat de la nature méme de notre organisation, et qu'ils sont ipterprétés par des Flamands, ils doivent conduire infailliblement au triomphe de l'art national, parce que les oeuvres qui en résulteront, nées de ses entrailles, seront «filles de bonne lignée sans flétrissure de bâtardise. » Nous le répétons, c'est dans l'étude intelligente, épurée de tout servilisme des œuvres architecturales du XVI: siècle, élaborées par les Floris et les Vre- deman De Vries; du XVII, écloses sous l'influence de Rubens, Francquart, Coebergher, de leurs élèves et de leurs continuateurs, que nos architectes puiseront la vraie fécondité, la vraie originalité, les thémes naturels d'un | nouveau style flamand. | Ces deux sources, essentiellement nationales, étroitement assimilées, four- niront à une époque prochaine les éléments constitutifs d'un art complet qui sera le style néo-flamand ou sryze Léoporp II. » II Passons au second membre de la question : Indiquer les personnages auxquels on doit attribuer cette influence : citer les noms et les œuvres des artistes. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 484 Ces personnages furent : 1° Durant la première période (1490-1600). Influence Hispano-Italienne. Au rang de mécènes : MARGUERITE D'AUTRICHE, MARGUERITE DE PARME, CHARLES-QUINT, Le cardinal GRANVELLE, Mane pe HONGRIE, Scnencx, évêque d'Utrecht, Eraro pe LA Marck, prince-évéque Le comie Ernest pz MANSrELD. de Liége, A = rang de promoleurs : ÉRASNE, LAMPSONIUS , BUSLEUJDEN, TORRENTIUS , CoLoNNA, Ooms ng WiuNGARDE , ALBERTI , PigrER. COECKE, D. Dieco pp SAGRADO, Juan pp HERRERA , VASARI, SÉBASTIEN et JACQUES van Nove. 2 Durant la deuxième période (1600-1720). Influence Loyolo- Rubénienne. Au rang de mécènes : Onoanp , cardinal FARNÈSE , ALBERT et ISABELLE, Auexanore Fannèse, prince de Parme, La COMPAGNIE DE Jésus. Au rang de promoteurs : S'-CnanLes BORROMÉE , Les Jésurres et en particulier les Orro VoEnius, PP. d'Aicuizcon, Hess et RunzNs, le F. Pozzo. 482 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE 3° Durant la troisième période (1720-1790). Influence Austro-Italiennc. Au rang de mécénes : L'empereur L£ororp Te, Le prince CHARLES pp LORRAINE, Le prince EUGÈNE op Savoie, Le comte ConzNzL. Au rang de promoteurs : HILDEBRAND, Pizz0N1, Fiscuer von Enracu, Dr Wzz. Les architectes étrangers n'eurent chez nous un instant de vogue que pendant la triste période de décadence qui signala la seconde moitié du XVIII* siécle. En France, un grand nombre d'architectes italiens élevérent des édifices de la Renaissance; l'influence italienne faillit méme devenir funeste et empécha longtemps toute originalité native. L’échec du cavalier Bernin inaugura l'avénement de l'école architecturale francaise. Peu d’architectes espagnols et italiens travaillérent aux Pays-Bas; en allant puiser eux-mêmes l'inspiration italienne à sa source, nos artistes surent con- server merveilleusement leur caractére national. Le style italien régna despotiquement en France : il fut librement inter- prété aux Pays-Bas. Venons à présent aux œuvres artistiques qui firent école et contribuèrent à établir définitivement dans nos provinces, le style hispano-italien de la Renaissance. Durant la première période (1490-1600). Influence Hispano-ltalienne. Les décors de l'entrée de Maximilien à Anvers (1494) et de Charles d'Autriche à Bruges (1517). SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 485 Les fonds d'architecture des tableaux et des vitraux composés par Bernard van Orley, Michel van Coxcijen, Jehan Gossaert dit de Mabuse et Quinten Massijs. Les étoffages architecturaux et les motifs d'ornementation des gravures de Lucas de Leyde et de Dirck van Staar. Le Traité d'Architecture, Medidas del Romano o Vitruvio, de D. Diego de Sagrado publié en 1525. La cheminée du Franc de Bruges, de Lancelot Blondeel, et les fantai- sies architectoniques enrichissant ses tableaux. Le portail de l'Hôtel de Ville d'Audenarde de Paul van der Schelden. Les colonnes-piliers du Palais des princes-évéques de Liége, de Francois Borset. Le portail et l'autel de S'-Jacques, à Liége, de Lambert Lombard. Le retable de Hal, de Jean Mone. Le retable anonyme de Braine-le-Comte. Les dinanderies du tombeau de Charles le Téméraire, à Bruges, de Jacques Jongelinck. Les traités d'architecture. Les recueils gravés des Ares de triomphe élevés par les architectes Pierre Coecke, à Anvers, et F 'ancois van de Velde, à Gand, pour la Joyeuse Entrée de Philippe II. Les châteaux de Binche, de Mariemont et de Boussu bâtis à l'instar des asins de Palladio, par Jacques du Broeueq le Vieux. L'Hôtel de Ville d'Anvers, le Tabernacle de Léau, le Jubé de la cathédrale de Tournai, les monuments funéraires de la cathédrale de Rothskild de Corneille Florisz De Vriendt, l'œuvre gravé de cet architecte et celui de son frére Jacques. La facade d'Otto-Henri au Château de Heidelberg, le monument de Maximilien à Inspruck et celui de Rodolphe ll à S'-Veit, am Hradschin, à Prague, d'Alexandre Colijns de Malines. L'Alt residenz, la Mariën Saule et le tombeau de Louis de Bavière à Munich, de Jacob de Witte dit Candido. La galerie du Château de Fredericksborg d'Hans Steenwinckel. 484 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE Les maisons élevées par Lambert Lombard, à Liége, et les palais Gran- velle construits par S. et J. van Noye, à Besançon et à Bruxelles. La facade de la Maison des Poissonniers, à Malines, de Jan Borremans. Les nombreux livres d'architecture publiés par Hans Vredeman De Vries, ce Vignole du style italo-flamand. Les jubés et les retables ou maitres-autels de Mathieu Mattens et Abraham Hideux. Le tombeau d'Engelbert II de Nassau à la collégiale de Bréda. Les vitraux de Gouda de Wouter et Dirk Crabbeth. Etc., ete., etc. Ajoutons-y les œuvres décoratives d'Otto Voenius, le maître de Rubens. Durant la seconde période (1600-1760). Influence Ltalo-Loyolite. Les Arcs de triomphe, les fonds de tableaux, le Livre des palais de Gênes, et les constructions de Pierre-Paul Rubens. Les Arcs de triomphe de G. de Craijer, son éléve. La maison et l'atelier de Jordaens, à Anvers. La Maison des Poissonniers et la facade du couvent de Jéricho, à Bruxelles. Les églises de Faid'herbe, Coeberger, Francquart, Jean Cortvriendt, van Santen, Henri de Keijser, les PP. d'Aiguillon et Hesius, Le Doulx et Claude de Beutignies. Les Hôtels de Ville d'Amsterdam de Van Campen et Arnold Quellyn; de Leeuwarden , par Balk. Les nombreux palais, châteaux, hôtels et maisons particulières élevés en Néerlande par Pierre Post, David Vingboons, Jacob Romans, Salomon de Braij, Adrien Dortsman, Daniel Stalpert et Simon Boosboom. Les meubles et décorations intérieures édités par Crispin de Pas. Le portique du Marché au Poisson, à Gand, d'Adrien Vander Linden, avec les remarquables sculptures d'Arnold Quellyn. Le retable de l'église des Dominicains, à Anvers, de Francois van Sterbeek. SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 485 Les Maisons de van Schelle, Merex, Herbouts, De Vos, Cosijns, van Nerven, van Heil, Mombaërts, De Bruyn et Jacques Dupont. Les Loges des corporations des principales villes des Pays-Bas. Le nouveau palais du prince-évéque, à Liége, d'Anneessens. L'abbaye de Saint-Ghislain, de J. du Broeucq le jeune. La porte du Rivage, à Bruxelles, de B. Raessens. Le beffroi de Mons, de Le Doulx. La chapelle de Jésus Eyck, de Franck. L'église de Bon-Secours, à Bruxelles, de Cortvriend. Le théâtre de la Cour, de van Heil. La chapelle espagnole, de van Nerven. L'église des Carmes, de Bruges, de P. De Han. La Maison des Boulangers et la maison de Voghel, à Bruxelles, de Cosijns. La grande Boucherie et le Grand bâtiment de De Bruyn. Le couvent de la Visitation, à Mons, de Claude de Bettignies. La coupole de S'-Pierre, à Gand, par Matheys. La facade du Frane de Bruges, de Verkruijs. La coupole du carillon de S'-Pierre, à Louvain, de Bayart. L'église des Augustines anglaises, à Bruges, de Pulinex. L'église S'-Pierre, à Douai, de Michel de Brissy. L'hôtel de l'octroi municipal de Gand, de De Wilde. Le théâtre publie de Bruxelles, de N. Francquart. L'Hôtel de Ville de Leeuwaarden, de Balk. Les retables d'autels de P. de Doncker. Les Ares de triomphe de G. de Crayer, Merex, van Heil, Du Chastel, Colin, van Orley, Janssens, Verbruggen, Bovaert, Thiébaut, de Wrée, van der Heyden et David T'Kint. La traduction flamande des œuvres du F. Pozzo, etc., ete., etc. Les seulpteurs principaux qui interprétérent avec une supériorité incon- Towe XXXIX. 62 486 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE testable les motifs d'ornementation et secondérent si vaillamment les archi- tectes, furent : Raum upnpr et BogcksrUYNs , son élève, Van Deren, Toss, Marc ne Vos, Jan van MILDERT, Cosyns, Pierre VERBRUGGEN et van BEVEREN, son Le chevalier pe GnupELLo, élève, Water Pompe, WiLLemsens, Pierre Les deux Du Quesxoy, SCHEEMAKERS, GUILLAUME KER- François LANGHEMANS, RIX, PLUMIER, BERGÉ, van BAUER- Anpré, Jean et Rogert CoLyss np Nore, SCHEIT, ete., ete., ete. Telles sont, réduites à la charpente des idées et débarrassées du tissu de preuves et faits particuliers qui leur servent de confirmation, les synthéses des réponses aux deux membres de la question posée par la Classe des Beaux-Arts de l'Académie de Belgique, dont tout ce que l'on a pu lire aux chapitres qui précédent, forme le développement systématique et progressif. IV Dans une matière aussi difficile, où les sources sont éparpillées en mille filons divers, d'autant plus hasardeux à suivre qu'ils furent soumis moins souvent à l'examen sérieux d'une critique autorisée, nous avons dû, malgré nous, laisser subsister bien des doutes, traverser forcément de nom- breuses lacunes. À notre grand regret, nous n'avons pu démolir, pièces en main, l'écha- faudage entier d'appréciations hasardées ou d'erreurs involontaires accumu- lées depuis deux siécles au sujet de l'histoire de nos monuments et de nos architectes de la période de l'influence italienne. Compulser à nouveau les archives dans l'espoir de rencontrer d'autres documents, rechercher encore à travers les collections d'Europe des œuvres dont la trace est perdue et qui sont peut-être anéanties, c'était s'exposer à n'aboutir à rien, à perdre méme tout le fruit d'un travail où le plus grand nombre d'erreurs grossières, de dénis de justice, d'escamotages puérils imputables à la troupe des compilateurs, fabriquant sans cesse des livres avec SUR L'ARCHITECTURE DANS LES PAYS-BAS. 481 d'autres livres, se trouvent suffisamment redressés et dénoncés pour ne plus égarer personne. La question a été posée pendant bien des années par l'Académie royale de Belgique; nous avons été assez hardi pour entreprendre cette solution, assez heureux pour qu'elle ait été jugée suffisante par le premier corps savant du pays. Personne, avant nous, n'avait traité la matiére; celui qui, le premier, fraye un sillon dans une jachére ou un terrain vierge doit s'attendre à voir, plus d'une fois, la charrue s'embourber dans quelque fondrière ou le coutre étinceler en s'ébréchant au contact des silex nombreux du sol. L'histoire de l'architecture aux Pays-Bas comptera au moins quelques jalons bien plantés qui assureront la physionomie esthétique d'une période des plus intéressantes, dédaignée jusqu'ici des archéologues au profit exclusif de l'art ogival. Nous avions rêvé, sans doute, un travail, non pas irréprochable, c'eüt été là une prétention bien vite humiliée et réduite au silence en présence de desiderata sincèrement accusés, à coup sûr bien autrement homogène, complet et probant. Mais, au moins, comme nous le disions dans l'avis au lecteur, la plupart de ces pages ont le mérite d'être directement inspirées de l'impression des monuments eux-mémes. Lapides clamant! Rien n'est devenu plus exact pour nous dés l'instant oü nous essayàmes d'envisager mélaphysiquement les causes qui firent tels nos édifices publics et privés. Il en est résulté, le plus logiquement du monde, la physiognomonie réelle de l'architecture aux Pays-Bas, la philosophie palpi- tante des pierres. En portant résolüment le scalpel sous les fibres puissantes de la plantu- reuse musculature de cet art architectural « thiois » aussi vivace, aussi coloré que la peinture flamande; en appréciant nos monuments et en refaisant, parfois de toutes pièces, la biographie de leurs architectes, il a dû nous arriver, sans doute, d'outrer l'expression suffisante. Craignant, transporté d'admiration devant une œuvre géniale, le reproche d'une défaillance cou- pable, il nous sera échappé, de gaieté de cœur peut-être, quelques licences hasardeuses de style. 488 HISTOIRE DE L'INFLUENCE ITALIENNE, xrc. Que l'on veuille bien, à cet égard, pardonner aussi à un Flamand d'avoir parfois usé des idiotismes, des locutions pittoresques, des comparaisons imagées et des tours familiers à sa langue maternelle. Dés le premier feuillet de ce livre, persuadé d'avoir failli en ce point, nous réclamions l’indulgence de nos juges académiques en adoptant pour épigraphe quelques paroles du divin Platon, tirées de l'Apologie de Socrate. Traduites à notre dernière page, qu'elles nous servent encore de plaidoyer supréme vis-à-vis du lecteur auquel elles diront en toute sincérité : « Ayez done pour moi la méme indulgence que vous auriez si j'étais un » étranger vc gue j'employasse les raisonnements et les expressions aux- » quels je serais accoutumé dés mon enfance; car enfin, il me semble que » je ne vous fais qu'une demande légitime, lorsque je vous prie de me » laisser maitre de la forme de mon discours (bonne ou mauvaise) et de » considérer seulement avec attention si ce que je dirai est juste ou non. » C'est en cela que consiste proprement le devoir d'un juge : celui de l'ora- teur est de dire la vérité. » TABLE ANALYTIQUE DES MATIBRES. CHAPITRE PREMIER. T ET PROGRÈS DE LA RENAISSA ITALIENNE ; MOTIFS DE PRODROMES PHILOSOPHIQUES. — AVÉNEN LA CORRUPTION ET DU DÉCLIN DE € E RÉNOVATION ARTISTIQUE. L'architecture, traduction plastique des avatars de l'humanité, 1.— Causes de la prépondérance de l'Italie au début de la Renaissance, 2. — Décadence des lettres de la philosophie et des Grecs réfugiés de Constantinople en Italie, 5.— Les Rabbi sciences en Europe à l'arrivée des seuls hébraisants. Proscription des Hellénistes Renaissanee classique, 6. — Avénement et progrés de la Renaissance en Italie. Influence — Érasme, précurseur aux Pays-Bas de la orientale. Éloignement des Italiens pour le système à ogive, 8. — L'art ogival importé en Italie par des architectes étrangers. Répugnance des Italiens pour l'art septentrional. Témoi- gnage de Vasari, 9. — Arnolfo di Cambio, précurseur de la réaction gr co-romaine (129%). Are de triomphe du Castel Nuovo à Naples (1445-1470), 40. — Palais San-Marco à Rome ; — Brunellesco, promoteur de Parchi- ele. — Architectes, 14. — Seulpteurs. (1464). Masaccio, Marco Fabio Calvi, Andreas Fulvi teeture gréco-romaine. — Artistes italiens du AN" Apogée de l'art de la Renaissance en Italie; diffusion du style. L’IMPRIMERIE. — Antiquaires, 3. — Le néo-platonisme. — Laurent le Magnifique. La villa de Fiesole. lettrés, philosophes, 1 ile Fiein. — Platon traduit en langue latine (1491). Naturalisme. Culte de la beauté plas- Mar: tique, 15. — Émancipation de la femme. — Dante et Platon. — Lascaris, Caleondyle, Pétrar- que, Boccace, l'Arioste, l'Arétin et ses continuateurs, 14. — Réaction de Savonarole contre les tendances naturalistes de la Renaissance. — Principes esthétiques de Savonarole , 15. — Mythes d'Astarté et d'Aphrodite. Chute de Savonarole (1498), 16. — Les Trecentisti. — 490 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Colonna. L'Hypnerotomachia (1467-1499). Causes de la réaction qui amena le supplice de Savonarole, 17. — Rapprochement entre Savonarole et Colonna, 18. — Bandinelli fidèle à l'esthétique de Savonarole. — Hypothèse de la réussite de Savonarole au point de vue du mouvement de diffusion de la Renaissanee en Europe, 19. — Triomphe du Cinque Cento, — Cour de Laurent le Magnifique, 20. — Rôle de l'imprimerie dans ès philosophiques et artistiques.— Traité d'architecture d'Alberti (1485). Éditions et traductions de Vitruve, 21. — Medidas del Romano de Sagrado (1525). — Traité d'architecture imprimé à Paris (1542). — Il n'y eut pas aux Pays-Bas de traduction de Vitruve au XVI* siècle. — Traduction flamande de Serlio, par P. Coecke, 92. — Note inédite de van Hulthem sur l'exemplaire de Paquot (t. XII, p. 412) à la Bibliothèque royale de Bru- xelles. Traduction francaise du quatriéme livre de Serlio, par P. Coecke (1550). — Publi- cation Elzevirienne des dix livres de Vitruve (1649), 25. — Unique traduction de Vitruve, imprimée aux Pays-Bas (1816). — Publication du Songe de Polyphile (1499). — Influence du roman de Colonna sur la so patricienne au point de vue de la diffusion des idées de la Renaissance, 24. — Traduction francaise de l'Z/ypnerotomachia, 23. — Accroissement de l'influence du livre dans la diffusion des idées artistiques nouvelles. Traité des ordres de Daniel Barbaro (1520). Publications diverses. — Triomphe définitif du style dela Renais- saince. Déchéance du pouvoir souverain de l'architecture, 26. — Tentatives d'affranchis- sement des Minores artes. — Période de transaction. — La mode dans l'art, 27. — Puissance Académie Florentin la propagation des id de la mode comme véhicule de rénovation artistique, 28. — Prépondérance de la mode dans l'art, — L'art industriel italien envahit l'Europe entière, 29. — Décadence rapide de l'art nouveau, née de son éclatant triomphe. Causes qui précipitèrent sa corruption et son déclin, 51. — Rubens et Loyola, 34. CHAPITRE II. CAUSES GÉNÉRALES QUI AMENÉ 5 ARTISTES FLAMANDS A DÉSERTER LES TRADITIONS DEU NATIONALE POUR SUBIR L'INFLUENCE ITALIENNE. — MÉTAPHYSIQUE DU STYLE DE LA RENAISSANCE AU POINT DE VUE HISPANO-FLAMAND. Causes physiques et morales des transformations de l'architecture, 55. — Émancipation des Minores artes. — Causes qui amenérent les artistes flamands à déserter l'école nationale, 56. — Influence de l'individualisme dans les œuvres d'art. — Propension des artistes flamands à voyager. La confrérie des Romanistes à Anvers (1572), 57. — Foi religieuse tournant à la routine, cause dirimante de la ruine de l'art du moyen áge, 38. — Expéditions italiennes de Charles-Quint. Colonies de négociants étrangers aux Pays-Bas. — Protection ouverte accordée au nouveau style par Margueri niques, 40. — Revirement dé de la Rena d'Autriche, 39. — Efforts suprémes des Loges maçon- sif; premières reproductions. — Caractères multiples du style sance. Italie, France, Espagne, Allemagne, 41.— Renaissance flamande.— Renais, TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 491 sance anglaise, 43. — Influence d'Holbein. — Appoint des Pays-Bas, 44. — Opinion de M. Samuel Philips, AN, — Double foyer de rayonnement des principes esthétiques de la Renaissance aux Pays-Bas. Styles Mudejar et Gotico-arabigo, 46. — Période de transition. Pedro Machuen et Alonzo Berruguete, 47. — Influence prépondérante du Berruguete. — Architectes flamands en Espagne, 48. — Édifices du type espagnol aux Pays-Bas. — Débuts et développements de l'influence directe de l'Italie, 49. — L'art ogival méconnait l'auxiliaire puissant de la presse. Büchlin von der fialen Gerechtigheit de Math. Koritzer (1486), 50. — Traités de Mathurin Jousse, Philibert de l'Orme et Francois Derand. Théorie des voütes de Barthélemy Ranisch, 51. — Le beau pittoresque, base esthétique de l'art flamand. Échange de types artistiques entre les Pays-Bas et l'Espagne, 55. — Infériorité profonde de la race arienne vis-à-vis de la race touranienne au temps des Croisades. — Commerce et industrie florissants chez les Sarrasins. — Intelligente tolérance religieuse des Médicis. Les lettrés schismatiques de Byzance et les céramistes musulmans d'Andalousie accueillis par Léon X. — Pénurie d'artistes après la conquête de l'Espagne sur les Maures, 54. — Architectes flamands en Espagne. Le style Plateresco : 55. — Cortile italiens et Patios espagnols. —- Portiques des habitations seigneuriales aux Pays-Bas, 57. — Surintendance générale de l'architecture attribuée à Herrera, par Philippe II; ses prédilections classiques , 58. — Terrasses espa- gnoles et gables flamands. Pignon ornementé, motif caractéristique indigène, 59. — Carac- téres du style Plateresco : Jaroncillos. Cresteria, 60.—Les Compartimenta , 61. — Éléments des arabesques flamandes, 62. — Cartouches ou cuirs, 65. — Compartiments. Diagrammes. Caricatures, 64 — Aptitudes des vieux maitres pour toutes les branches, cause de la splendeur de l’art. Influence désastreuse du spécialisme, 65. CHAPITRE HI. ELOPPEMENT DU STYLE DE LA RENAISSANCE AUX Pays-Bas; XV* gr XVI* sièces. PÉRIODE HISPANO-ITALIENNE. APPARITION ET DÉ Premières applications du style italien de la Renaissance. Fonds d'architecture étoffant les tableaux , 67. — Les Groteschi, 69. — Éléments raphaélesques, 70. — Arabesque espa- gnole, 72. — Cleerscrivers et huusscrivers, 75. — Vitraux peints, 74. — Bernard van Orley (1488-1541), 76. — Jehan Gossaert dit de Mabuse (1470-1552), 77. — Lancelot Blondeel (1495-1561), 78. — Michel van Coxcijen (1499-1592), 79. — Jean Swart (1469-1555). Jean van Hemissem. — Jan van Coninxloo Schernier, 80. — Martin van Veen. — Joos van Wingen. Martin de Vos. — Stradanus. — Joachim Patinir (1490-1548). Lambert van Noort (1520-1571). — Liévin de Witte (1510-1564), 81. — Lucas de Leijden (1494-1555), 82. — -ROMAINE FUT PEINTE ET SCULPTÉE AUX Pays-Bas. — AVANT D'ÉTRE BATIE, L'ARCHITECTURE GR Palais épiscopal de Liége. François Borset. — Hôtel consulaire des Biscaijens à Bruges (1494), 85. — Caractère espagnol de cette construction. Valeur aux Pays-Bas de l'expression : 492 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Architecture espagnole, 85. — Mausolée du cardinal de Croy (1529), 86. — Tombeaux des cardinaux Juan Tavera et Ximenés de Cisneros. — Cheminée du Frane de Bruges. Lancelot Blondeel. Guyot de Beaugrant (1529), 88. Légendes apocryphes au sujet de son érection, 89. — Étude esthétique de ce chef-d'œuvre, 90. — Portail de la chambre échevinale à l'Hôtel de Ville d'Audenarde. Paul van der Schelden. Pieter de Merlier (1531). Étude esthétique, 94. — Gable de la Brood Huys à Bruxelles (1514), 400. — Retable de Hal. Jean Mone (1355), 102, — Portails d'églises à Louvain, Hal et Gheel. — Buffets d'orgues de S'-Jacques à Liége et de S'-Pierre à Louvain. — Tombeaux des familles de Lalaing et de Mérode. Tom- beau de Charles le Hardy, Jacques Jongelink (1551-1606), 105. — Sarcophages du chœur de S'-Gudule, 104. — Monument funéraire de Flaminius Garnier à Notre-Dame au Sablon, 105. hótels du Damhouder et Della Torre à Bruges. — Maison des Poissonniers à Malines (1350). Jean Borremans, 106. — Maison des Drapiers et du Serment de la Vieille arbalète à Anvers (1515- 1515). — Maison de la Gilde de la Jeune arbalète à Bruges (1541). — Hôtel de Pitthem (1549). — Hótel de Ville d'Anvers, de Corneille Floris (1361-1565). Imitation de cet édifice à Flessingue et à Leyde. — Maison des Oosterlings à Anvers (1564), par Henri de Pas, 108. — Het Huys van Loo à Utrecht. — Hôtels de Ville de Cambrai et de Valenciennes ; 109. — Het V. Constructions proprement dites: ancien Greffe de Bruges (1527); Portes des Huys van Atrecht ou palais Granvelle à Bruxelles. Sébastien van Noye, Pastorana, 110. — Hótels à Bruxelles, Mons, Liége et Gand. — Transformation de l'aspeet architectonique des châteaux : Châteaux de Mariemont et de Binche. Jacques Du Broeueq (1548), 114.— Château de Dousen (1559). Château du due de Croy à Saint-Josse ten Hoy, 115. — Château de Borcht (Kleine Venetië) bâti par le poëte Houwaert (1560).— Influence de Du Drouet, ses œuvres et ses élèves. Jean de Bologne, 416. — Les types de la Renaissance adoptés par les archi- tectes et ingénieurs militaires. Porte de Malines à Anvers. Hans van Schille, — Edifices religieux. Portail de S'-Jaeques à Liége. Lambert Lombard (1558), 147. — L'architecture ogivale continue encore pendant prés d'un siècle à se maintenir à côté de l'architeeture renaissance. — Chapelle du S'-Sang à Bruges (1355). Chœur du S'-Sacrement à S'-Gudule à Bruxelles, Pierre van Wyenhoven (1555-1559). Maison à Ypres (1544). Chœur de l'abbaye de Lobes (1568-1576). Ghœur de la Vierge à S*-Gudule (1649), 117. — Propagande des idées de la Renaissance par l'imprimerie. Traduction francaise du Songe de Polyphile (1546),118. — L'architecture de Serlio, traduite en flamand par Pieter Coecke à Anvers (1559). Marie de Hongrie agrée la dédicace française du troisième livre (1550), 119. — Influence de cette prince sur le développement de l'architeeture italienne. ; HI. Constructions éphémères pour des fêtes publiques. Entrée triomphale de Charles d'Au- triche à Anvers et à Bruges. Relation illustrée de Rémy du Puys (18 avril 1515), 124. — Les motifs antiques de la Renaissance, acceptés par les Brugeois, comme nouveauté heureuse, 126. — Les Arcs de triomphe de Bruges constituent les plus anciens monuments connus de l'architecture peinte, 127. — Les noms des auteurs de ces décors restés inconnus jusqu'aujourd'hui. — Cérémonies du couronnement de Charles-Quint à Aix-la-Chapelle (1520). Joyeuse-Entrée de Charles-Quint à Anvers (1520), 128. — La Gilde de St-Luc fait élever une Scone rijkelijke personagie au Couwenbergh, 128. — Collaboration de Quinten TABLE A DES MATIÈRES. . 495 ALYTIQU H Massijs et des maîtres de la Schilders kamer d'Anvers. — Spectacula, Poincten Huijskens. « Monstrances de personnaiges vifz. » Poses plastiques de femmes nues. — Passage explicite de la relation de voyage d'Albert Dürer à ce sujet. Propension des flamands pour les tableaux vivants mythologiques, 129. — Relation de Corneille Grapheus. — Entrée de Phi- lippe IL à Anvers (1549). La décoration des rues et l'érection des Ares de triomphe confiés à Pieter Coecke van Aelst, 150. — La décoration « compartimentée. » Publications contempo- raines : Compertimenta picloriis flosculis (1554-1555) de Jacques De Vrient dit Floris. Entourages de l'Ancien Testament de P. van den Borgt (1556). Petits compartiments de Jacques Floris. Protractionum libelli (1555-1557) de Hans Vredeman De Vries. — Les ornements grotesques ou arabesques. Le goût pour ce genre profane de décoration employé aux édifices sacrés. Grotesche Ecclesiastice à Anvers, 151. — Porte Impériale à Anvers, par Sébastien van Noye. Collaboration de Pierre de Cortte pour les dorures et polyehromies. Traités spéciaux de Hans van Schelle etde Vredeman De Vries. — Les ordres classiques adoptés aux "ays-Bas par les ingénieurs militaires. — Les ingénieurs italiens recherchés par toute l'Eu- rope du XV* au XVII: siècle. — Discours sur plusieurs points de l'architecture de guerre d'Aurelio de Pasino Ferrarois, imprimé chez Plantin à Anvers(1579).— La devise de Charles- Quint « Plus ultra» imaginée par Lodovico Marliani, son médecin, 132.— Origine italienne des Cortéges, Ares de triomphe, Portiques et tableaux vivants employés aux fétes publiques aux Pays-Bas.— L'incoronation du pape Léon X à Rome (17 mars 1515). — Relation imprimée du florentin J.-J. Penni. — Are de triomphe du palais d'Agostino Chigi de Sienne, 155. — Allé- gories mythologiques. — Mercure vivant; nymphe chantant des vers en l'honneur du Pon- tife. Statue de Vénus élevée devant la bottega de l'orfévre Antonio de San Marino. — Pierre Coecke dit vari Aelst ou d'Alost (1502-1550). Caractères architectoniques des ares triomphaux de l'entrée de l'infant Philippe à Anvers (1549) ordonnés par cet architecte, 154. Différents types décoratifs : 4° Style romain antique : arc placé devant l'abbaye de St-Michel; 9» Renaissance italo-flamande : Arcus Germanorum au Pont des Cordeliers. — Triple por- tique sur la Coepoortbrugge, 155. — Curieux détails rapportés par Grapheus sur la construc- tion de ces monuments éphémères. — Particularités sur Pieter Coecke; son voyage à Constantinople avec les van der Moyens, maîtres tapissiers bruxellois (1535), 158. — Cortége de Soliman (1553-1553). Rareté insigne de cette suite. — Cartons de l'artiste dans le cabinet s sur les Français, prise de François 1°, à Pavie; 159. — de Crozat. — Victoires remporté Charles-Quint anoblit Pieter Coecke: ses descendants. — Panégyrique de l'artiste par Vasari. — Paul van Aelst, fils naturel de Pierre, habile peintre de fleurs. — Goecke ne laisse qu'une fille de Marie van Bessemers de Malines (Myke Verhulst), sa femme légitime. — Lambert Lombard (1505-1566), 140.— Déplorable situation du pays de Liége et prospérité des autres provinces des Pays-Bas durant l'adolescence de l'artiste. T apprend à cultiver les arts à Anvers. — Voyage en Italie (1538). Il y fait la connaissance de D. Lampsonius. — Lambert Lombard, promoteur de la science numismatique aux Pays-Bas, 141. — Académie liégeoise, fondée par Lombard. Voyages réguliers de ses élèves en Italie. — Relations de Lombard avec Vasari. — Hubert Goltzius, élève de Lombard, déclaré citoyen romain (1567), 142. — Lambert Lombard, Lambert Suavius etLambert Susterman, 145.—Biographie de Lombard, par Lamp- sonius, éditée par Goltzius (1565), 144. — Dessins de Lombard à l'Académie de Dusseldorf, à l'hôtel d'Arenberg à Bruxelles et au château de Kinkempois à Liége. — Arabesques des cha- pelles de la collégiale de S'-Paul à Liége (1960) — Portail de S'-Jacques à Liége. Tour XXXIX. 65 494 TABLE / ALYTIQUE DES MATIÈRES. Influence italienne pure (1558), 146, — Analyse de ce premier édifice bâti de la Renaissance. — Projet primitif de ce portail dans la collection du conseiller Kaieman à Bruxelles, 148. — Autel de S'-André dans l'église Ooms de Wijngarde à Liége (1548). — Villa Torrentius, décrite dans l'Itinerarium d'Abraham Ortelius et J. Vivian (1584), 151.—OEuvres de Lam- bert Lombard. Compositions de cet artiste reproduites par la gravure, 152. — Influence de St-Jacques à Liége, 149. — Constructions particulières. Hôtel rue Haute Sauvenière à Liége. Lombard sur Part contemporain aux Pays-Bas, — Ses élèves principaux : Goltzius, les frères Floris, Guillaume Keij, Jean delle Ramege, Pierre de Four, Henri d'Esseneux, Lambert Pietkin et as Pesser. Famille de l'artiste. Noble caractère, dévouement et sentiments de philo- sophie élevée de Lambert Lombard , 155. — Témoignages rendus à sa supériorité artistique par Guicciardini, Vredeman De Vries et Lampsonius, 17 CHAPITRE IV. D'ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE AUX Pays-Bas DURANT LA PÉRIODE ITALO -FLAMANDE. 1500-1600. Brillante période artistique aux Pays-Bas. — Originalité de l’art italo-flamand , 455. — Coup d'œil général: chefs d'école et artistes contemporains, 456. — Corneille de Vriendt dit Floris (1518-1575). — Habitation à l'italienne de son frére Frans à Anvers. — La fresque et les sgraffiti appliqués pour la première fois à la décoration d'une facade. — Collaboration de Ryckaert-metter-Stelten, 157. — Hôtel de Ville d'Anvers (1561-1565). Emploi aux Pays-Bas d'une Loggia ouverte et de marbres de couleur. — Maison des Oosterlingen (1565-1568). — Imitations du type de l'Hôtel de Ville d'Anvers: Hôtel de Ville de Flessingue par Paul Moreelse d'Utrecht (1571-1658) élevé en 4594, 162. — Hôtel de Ville de Leyden construit en 1599). — Furie espagnole (4 novembre 1576). — Paul Luydinex (152-30 avril 1586) recon- struit l'Hôtel de Ville incendié (1581-82), 164. — OEuvres seulpturales de Corneille Floris. Jubé de Notre-Dame à Tournai (1566). — Tabernacle de l'église S-Léonard à Léau (1550- 1552), 165. — OEuvres gravées d'après ses dessins. Compartimenta (1354-1556). Lettrines calligraphiques du registre des Liggeren de la Gilde de St-Luc à Anvers (1546), 168: — Jacques Floris publie des recueils d'arabesques et de compartiments (1564-1567 ). — OEuvres similaires de l'école anversoise. — Cartouches des atlas géographiques d'Abraham Ortelius(1569) et de Gérard Mercator (1578), 169. — Entourages des modèles calligraphiques de Clément Perret (1559). — Compartimenta de Corneille Bos (1554) et de Pierre de Miry- cinis (1566). — Hans Vredeman dit De Vries (1527-1605), 170. — Adolescence et éducation militaire de Vredeman, — 1l devient élève de Reijnier Gerritsz et ensuite de Pieter Coecke van Aelst. — Ses débuts artistiques. — Protection qu'il rencontre chez l'évêque d'Utrecht Frédéric Schenck , le cardinal Granvelle et le comte Pierre-Ernest de Mansfeld. — Voyages en Italie et en Allemagne. — Retour aux Pays-Bas de Vredeman; il devient collabo- TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 495 \ Anvers où il rateur de van Vianen à Malines. — L'ingénieur Frison van Mecckema l'attire fixe sa résidence, 171. — Premières publications de Vredeman : Reeueil de cartouches (1555), 172. — Traités de perspective au nombre de seize (1560 à 1605). Intérieurs et vues de ville (1560), 175. — Dédicaces catholiques au comte de Mansfeld et au cardinal Granvelle. — VioxoLE Framann de Vredeman. Première partie : Livre d'architecture ou Traité des ordres (1565-1577), 175. — M. A. Demmin ne fait qu'un seul artiste de Vredeman et de son gra- veur-éditeur, Gerard De Jode, 176. — Influence de Vredeman sur l'art français, allemand et anglais.— Les styles Henri IV, Louis XIII et l'architecture du Palatinat nés de l'influence des idées esthétiques de l'école anversoise. — ViGNoLE FLAMAND. Seconde partie : Premiére suite; Ordre rustique, 177. — Deuxiéme suite, Ordre dorique et ionique. Troisième suite, Ordres yle ogival dans l’œuvre de Vredeman, en corinthien et composite (1365), 178. — Planche 179. — Les Jardins flamands au XVI: siècle. — Suite de compositions de jardins et labyrin- thes (1565), 180. — Série de puits et fontaines, — Motifs de tombeaux et cénotaphes. — Recueil de caryatides, 184. — Livrede Panoplies (1572). — Rapports artistiques entre Vre- deman et Androuet Du Cerceau; emprunts peu délicats du maître parisien. — Opinion de M. H. Destailleurs, architecte du gouvernement francais, 185.—Nomenclature des nombreux plagiats de Du Cerceau, 186. — Influence de l'école d'Anvers sur l'art en Europe à la fin du XVI: siècle et dans le premier tiers du XVII’, 189. — Arc de triomphe élevé à Anvers en cinq jours (1570). — Perspective dans l'hôtel de Gilles Hoffman. — Caricatures politico-religieuses. — Dédicaces protestantes de Vredeman au Taciturne, aux États de Frise et à Maurice de Nas- sau, 490. — Vredeman relève les inexactitudes du Traité de perspective d'Androuet Du Cerceau. — Joyeuse-Entrée du due d'Alengon à Anvers en 1581. — Arcs de triomphe et décorations élevées sur les plans de Vredeman, 191. — Recueil des Groteschi. — Livre des meubles, 194. — OEuvres philosophico-humoristiques ; Theatrum vite humane, 195. — Vredeman apprécié comme constructeur et technicien. — OEuvres pieturales de Vredeman De Vries, 197. — Dessins et autographe, 198. — Vredeman , littérateur et poëte, 199. — Le Mobilier flamand au XVI* siècle. — Enfants de Vredeman : Paul (1567-16.?), Salomon (1556- 1601).— Petit-fils: Pierre (1587-?). Livre de meubles de Paul Vredeman (1650) imprimé chez Claes Jans Vischer à Amsterdam, 201. — Différences caractéristiques avec les meubles publiés par Hans.— Rabatrollen à enroulements gélatineux. Compositions de tapisseries gravées par Hondius à La Haye. Gerard, fils de Jacques, peintre-verrier, 202. — Réimpression moderne des ouvrages de Hans et Paul. — Appréciation de la valeur artistique du patriotisme et du noble caractère de Hans Vredeman De Vries. — Henri De Pas construit la Bou le Londres en 4586. — J.-B. Hendrickx d'Anvers la rebâtit après l'incendie de 1666. — Crispin De Pas senior (1540-1629) cite Rubens comme ARCHITECTE TRÈS-RENOMMÉ de son temps et le met en pa- rallèle avec Paul Moreelse d'Utrecht, dans son Traité de perspective. -- Crispin De Pas junior. — L'Officina arcularia, recueil de meubles publié à Amsterdam en 1642, 205. — Simon, Willem et Madeleine De Pas. — Sébastien van Noye (1495-1557). Préférence accordée par osura. — Palais Charles-Quint aux ingénieurs flamands. Témoignage de Don Patrizio della E du chancelier Nicolas Granvelle à Besancon (1554), 206. — Palais du cardinal Antoine Gran- velle sur la Coperbeke à Bruxelles (1550). — Recueil des Therme Diocletiani (1558). Rareté insigne de ce recueil, — Porte impériale à Anvers. — Fortifications de Philippeville, Charle- mont et Hesdinfert.— Sébastien van Noye anobli par Charles-Quint.— Son tombeau à l'église de Sie Gudule à Bruxelles, 208. — Jacques van Noye, fils de Sébastien (1525-1600). — Hans 496 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Mont. Are triomphal pour l'entrée de l'empereur Rodolphe. — Paul Luydinex.—Architectes cités dans les œuvres de Hans Vredeman : Jacques de Berges, Jehan Gilgo, Nicolas Floris, Antoine Mockaert, Jan de Heere, Thomas Voor, Théodore de Bry et Guillaume Paludanus.— Crispin van den Brocek, peintre-graveur et architecte, 208. — Raphaël Paludanus (1529- 1579).—Promoteurs anonymes ct subalternes de la Renaissance aux Pays-Bas. — Jehan Glen: Colonne de Culenbourg à Bruxelles, 209. — Guilbert van Sehoonebeek ` ses constructions à Anvers. Usines du quartier des Brasseurs. — Maison hydraulique. — Les /nhuldingen et Blyden inkomsten. Décorations architecturales exécutées à l'occasion d'entrées triomphales, 210. — Entrée du prince d'Orange et de l'arehidue Mathias à Bruxelles (18 janvier 1578).— Rela- tion de Jean-Baptiste Houwaert, poëte flamand. — Éléments décoratifs: Tonneelen, Poincten, Figuren et Spectaculen.— Caractère des cartouches ou Rabatrollen, 911.— Neese ou Taberna- kels. — Triomphe de l'allégorie et du symbolisme. — Les tableaux de Mannequins. (Ton- neelen naer d'leven ghecontrefeijt), 919. — Porte triomphale de la Langhe Ridderstraet. — Festones. — Prédilection des Flamands pour les scénes mythologiques, 215. — Un quatrain des Rabatrollen. — Versatilité des opinions politiques et religieuses du poëte Houwaert. — Importance de l'étude de ces décorations temporaires pour l'Histoire de l'architecture aux Pays-Bas, 214. — Liberté relative des architectes dans 1 des fétes publiques. — Avantages de cette liberté pour le progrès de l'art, 913. — Planches historiques décors improv de François Hoogenbergh de Malines. — Entrée de l'archidue Ernest à Bruxelles (50 janvier 1595). Ares de triomphe élevés sur la Grand'Place. — Entrée du cardinal Albert d'Autriche à Bruxelles (11 février 1596). Théàtres à personnages vivants. Are de triomphe, 916.— Étoffage architectural et décoratif des vitraux. — Vitraux de Gouda : Dirk et Wouter Crabbeth, Lam- bert van Oort (1559-1561). — Joachim Uytewael (1596). — Décadence de l'école. — Ravages des iconoclastes, 217. — Responsabilité des chefs dans ces catastrophes artistiques, 218. — Période néfaste de quarante années. — Abandon et dégénérescence de l'art architectural. — Conséquences artistiques de la capitulation d'Anvers (16 août 1585). — Le prince de Parme appelle les Jésuites aux Pays-Bas. — Avénement d'un nouveau type architectural, 249. — Importance des constructions loyolites. — Farnèse et Othon van Veen (1558-1620), 220. — Descendanee authentique des van Veen (Vœnius) du duc Jean IHI de Brabant, 224. — Cor- neille van Veen, père d'Othon, forcé de se déclarer contre Philippe H, voit sur son refus con- fisquer ses biens en Hollande. — Otto Vœnius voyage en Italie (1575) et s'y lie d'amitié avec Dominique Lampsonius. — O. van Veen, ingénieur militaire au service du prinee de Parme. Arcs de triomphe de l'entrée de l'archidue Ernest d'Autriche à Anvers (1594), 222. — Carac- tère timide des premiers motifs architecturaux de van Veen. — Il vise bientôt à l'architec- ture colossale des Romains, 225. — Vogue persistante des tableaux vivants. — Publication des Ares de triomphe de l'entr chez Plantin (1595). Texte de Jean Boch, 924. Pastiches romains. Le Theatrum versatile, 225. — Arcs de triomphe de l'entrée d'Albert et d'Isabelle à Anvers, publiés chez Jean Moretus (1602), 226. — Van Veen affirme nettement dans ces compositions ses tendances néo-antiques. de l'archidue Ernest, gravés par van den Borght et publiés — Nouveaux pastiches romains : Colonne de la Victoire.— Trophées de dépouilles opimes. — Dómes ou coupoles, 227. — Arc des Fugger au Quadrivium près de la Bourse. — Obélisques, motifs de prédilection de van Veen, 228. — Collaboration de l'architecte aux peintures des Arcs de triomphe. — Singularités de l'allégresse publique aux Pays-Bas. Les tonnelets de résine. — Rôle symbolique de l'éléphant colossal aux Joyeuses-Entrées, 229. — Ouvrages TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 497 historiques et emblématiques d'Otto Vœnius. — Quinti Horatii Flacci emblemata. (1607), éditées par Jéróme Verdussen à Anvers, 230. — O. van Veen, à la prière de l'infante Isabelle, compose les Emblemata divini amoris.—M dédie un recueil de devises symboliques à Jean de Montfort, célébre geelgietere et lattoenenwerker (1642). — Il devient maître-général de la Junte des Monnaies, 251. — Graveurs et contrefacteurs des ouvrages de van Veen. — Plagiats francais, dénoncés par M. Visschers. Tancrède de Gombervile publie les Emblémes d'Horace sous un titre de circonstance et les dédie à Louis XIV (1646). — F. Foppens, libraire bruxellois, réim- on de confiance en 1678. — Vogue persistante des Emblemata. Foppens wehiteeturale classique de prime cette contrefi en donne une réimpression complète en 1715, 959. — Influence Vœnius contre-balanece par l'autorité prépondérante du génie de Rubens, 253. — Portée esthétique de cet ascendant aux Pays-Bas. — Le beau pittoresque en architecture mis en œuvre par l'École rubénienne, 254. — Expression plastique de l'architecture italo-anversoise. Triomple final de ses propensions sur les tendances d'Othon van Veen, 258. CHAPITRE V. y Dre L'ARCHITECTURE LOYOLITE. —- ADOPTION AUX Pays-Bas DU STYLE DE LA DÉCADENCE ITALIE? MAiTRES FLAMANDS ET NÉERLANDAIS. 1600-1700. Le livre des Instructionum Fabricae de saint Charles-Borromée, 1577. — Influence de ce traité didactique sur le style loyolite. Collaboration probable de Pellegrino Tibaldi, 240. — Les ravages des iconoclastes forcent le clergé à renouveler l'ameublement ecclésiastique. Impóts levés à cet effet. Placards des archidues promulgués dans les XVII provinces. — Réglement pour la Flandre (20 octobre 1615), 241.— Souci remarquable des Archidues de la conser ration du type architectural des édifices. — Conséquences, au point de vue de l'architecture, de la "YLE LOYOLITE, Discussion de la rapide extension de l'ordre des Jésuites aux Pays-Bas.— Le valeur de cette appellation, 245. — Premier édifice loyolite aux Pays-Bas : Église conven- tuelle de Bruxelles (25 juin 1606-1626). — Jacques Franequart (1577, 6 janvier 1651). — Premiers motifs d'architecture Borrominiennie publiés aux Pays-Bas, 245. — Livre des portes de Jacques Franequart, premier recueil de style italo-flamand du XVII* siècle (20 novembre 1616) 246. — Prototypes italiens des portes de Francquart. L'Estraordinario libro de Serlio. — Série de portes de J. B. Magnanus. — Porte d’architectura rustica d'Oracio Perueci, 248. — Les types du Livre des Portes sont mis en œuvre dans les dix-sept pro- vinces. Nombreux spécimens actuellement existants des Spanschen deurkens, 949. — Éléments italiens de Franequart : 1° colonnes nichées, 250; — 2° Mascarons. Types zoophytes, conchy- ^ ou gélatineux inspirés des grottes ou Nymphées des villes italiennes.— Imités (d'après la « Relation » de Neumayer) aux jardins de l'ancienne Cour de Bruxelles, 1615. — Employés par Pieter de Witte au Grotlen hof de PAI Residenz à Munich (1600-1616). — Le Genre zoophyte se distingue des motifs auriculaires , 991. — Vogue du genre zoophyte, 498 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Recueil de Janus Lutma (1655). — Éléments italiens de Franequar Balcons découverts 252. — Analyse de l'œuvre architectural de Franequart, 255. — Restitution à cet architecte de la paternité du plan du Temple des Augustins à Bruxelles, gér I 8 (8 fralement attribué à Wenceslas Coebergher, 254. — OEuvres accessoires de Francquart, 255, — Char funèbre de l'archidue Albert (1622). — Rogus ou chapelle ardente des funérailles de l'Infante. Isabelle (1654), 256. — Jérôme Du Quesnoy, le jeune, est adjoint à Francquart malade, comme archi- tecte-sculpteur (1645), 257. — Nicolas Francquart. — Édifices religieux élevés par les Jésuites dans toute l'étendue des Pays-Bas, 258. — Wenceslas Coebergher (1561-1655), 259. — Les Monts-de-piété (1617), 260. — Caractères architectoniques de ces édifices. — Dessé- chement des Moéres (1622), 261. — Rivalité de Rubens et de Coebergher. — OEuvres litté- raires attribuées à ce dernier. — Coebergher construit la premiére coupole italienne aux Pays-Bas : Notre-Dame de Montaigu (1609-1621), 269. — Architectes flamands à l'étranger. Jean de Bologne, Pierre de Francheville, Albert van den Brulle, Alexandre Colin et Pierre de Witte. — Balthazar Gerbier d'Ouvilly (1572-1667), 264. — Influence de Gerbier sur l'art architectural en Angleterre. Il fonde la première école d'architecture de Londres (1648), 265 — Efforts de Gerbier pour établir les Monts-de-piété en France et en Angleterre. — Longue influence de, Gerbier sur l'architecture anglaise, 966. — Interprétations italo-flamandes des architectes anglais. — Jean van Santen, 267. —- Livre de portes de son invention, 268. — Analogie entre les portes de van Santen et celles de Franequart. — Paulus van Vianen, 269. — Gysbert Theunis van Vianen. Il élève la Witten vrouwenpoort à Utrecht (1655), 270. — Alexandre Colin, ses travaux à Inspruck et au château de Heidelberg. — Influence euro- péenne de l'école flamande au milieu du XVII siècle, 271. — Disette d'artistes en France à la fin du XVI” siècle. — Mission d'Adam Philippon en Italie par ordre de Louis XIII, 272. — Nouvelles tendances vers la simplicité antique sous Henri IV. Traité d'architecture, selon Vitruve, de Julien du Ligneron Mauclere (1566, publié en 1647), 274. — Mécennat du car- dinal de Richelieu. Époque flamingo-italienne (style Louis XIII), 275. — Influence de l'école d'Anvers aux Provinces-Unies. — Principaux architectes néerlandais. Jacob van Campen (1598-1654), 276. — Hôtel de Ville d'Amsterdam (1648), 277. — Hendrick de Keijzer (1565-1621). — Nombre considérable de constructions de cet architecte à Amsterdam, 281. — Monument funéraire de Guillaume le Taciturne à Delft, 282, — Corneille et Henri Danckerts. — Influence flamande en Suède, Norwége et Danemark, 284. — Philippe Vingboons (1608-1688). — Le dessinateur domine chez tous les architectes célèbres, 987. — Types des constructions de Vingboons: $ 1. Pastiches italiens, 989. — Hôtel du chevalier Jan Huijdekooper sur le Singel (1659). — Crétes ouvrées en plomb employées encore aux toitures dans les Pays-Bas au XVIIe siècle, 990. — Jan Gijsseling, ornemaniste-seulpteur, 291. — Vingboons exerce son art en province et à l'étranger. Landhuijs de Joncheer Alewijn, 292. — Projet élaboré par Vingboons pour l'Hôtel de Ville d'Amsterdam, 295, — SI. Type néerlandais : Landhuijs. — Constructions diverses, 994. — S HI. Type italo- flamand où rubénien. — Edifices principaux, 296. — Particul: ités sur Vingboons, publications de ses œuvres architecturales (1665-1674), par Justus Danckerts (page 286), 297. — Pecter Post (1598-1678). — Son voyage au Brésil avec le prince Jean-Maurice de Nassau (1657). — Pierre van der Aa réunit son œuvre complète en un vol. in-f° (1745), 299. — Principales constructions de Peeter Post: Hôtel de Ville de Maestricht (1659- 1665), 500. — Sael van Oranje (1648-1650), 501. — Pompe funébre de Frédérie Henrt WC TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 499 ordonnée par Peeter Post (1651), 502. — Maurits huijs (1665), 503. — W'aagh ou poids de la ville de Gouda (1668), 504. — Livre de cheminées « à l'italienne », (1664). — Jacob Romans, sculpteur et architecte de Guillaume HE: ordonne les Ares de triomphe pour le Blijde Inkomst du Stadhouder et roi d'Angleterre à La Haye en 1691. — I achève le château de Bréda pour Henri, comte de Nassau (1696), 505. — Franck Pietersen Verheijden, élève de Romans. — Salomon de Bray (1597-1664). — Bâtit la Nieuwe Kerk à Harlem. — Adrien Dorsuman. — Bâtitla Luthersche nieuwe Koepelkerkà Amsterdam. — Sijmon Bosboom (1614-1668), sculpteur de l'Éleeteur de Brandebourg, 506. — Publie un traité d'architec- ture d'après Scamozzi (1670), 507. — Élèves de (mon Bosboom : Jacob Bosboom, Bellaert, Tessing, Breedham, Pottée, Willems, Wichmann. — J. de Rijek et S. Schijnvoet (1727). — Coup d'œil sur l'influence rubénienne au XVII* siècle dans les Provinces-Unies au point de vue architectural. Caractère spécial des œuvres des architectes néerlandais, 508. CHAPITRE VI. APPRÉCIATION DE RUBENS COMME ARCHITECTE. — PRÉDILECTIONS ITALIENNES, TENDANCES AU PROSÉ- ÉCIAL DU GRAND ARTISTE, AU POINT DE VUE ARCHITECTURAL. — EXAMEN ET DE LA VALEUR DE PATERNITÉ DE CELLES QU'ON LUI LYTISME, MANIË APPROFONDI DE SES OEUVRES AUTHENTIQU ATTRIBUE PAR TRADITION, 1608-1640. Caractères du style rubenesque, 509. — Galeazzo Alessi (1500-1579). Influence de la manière de cet artiste sur le génie du Rubens, 510.— Concordance des motifs typiques des palais de Gênes d'Alessi avee les ordonnances picturales rubéniennes. — Définition du style Rubens en architecture, 5311. — But des études architectoniques et ornementales de Rubens. — Carae- téres généraux du style rubénien, 312. — Caractères spéciaux. Motifs typiques. — Emploi de la figure humaine. — Étoffage des cartouches, 515. — Caractères particuliers, Arabesques et rinceaux. — Types des baies. — Respect des lignes synthétiques. — Prédilections archi- teetoniques de Rubens. Coupoles. — Ordre composite torsé, 514. — Caractères généraux de ses Ordres d'architecture. — Moyens esthétiques employés par Rubens pour introduire aux Pays-Bas l'architecture de sa prédilection, 515. — Coup d'œil sur les palais d'Alessi à Génes, 516. — Rubens conçoit l'idée de les publier pour servir son désir de propager l'architecture de la Renaissance aux Pays-Bas. — Lettre autographe de Rubens annonçant la publication du livre des palais de Gênes, 19 juin 1622. — Preuves confirmatives : 1° Auteurs italiens, Raffaëlle Soprani (1667), 517. — Dédicace de Bellori à Don G. Stendardo, architecte du roi, (1798). — 2° Préface écrite par Rubens pour le Recueil des principaux palais de Gênes, 519. — Cette publication lui vaut un ascendant considérable parmi les architectes. in de Pas, 320. — Analyse critique de l'œuvre architectural de Mention admirative de Cr Rubens. Origine des attributions erronées. Causes de leur développement et de leur persis- tance dans l’histoire de l'art, 591. — Médiocrité des œuvres controversées. Revendication 500 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES. fondée à l'école rubénienne des ouvrages anonymes, 522. — Concept architectural de Rubens au point de vue métaphysique. Appoint des idées philosophiques nées de la doctrine Éras- mienne continuée par les Jésuites et adoptées par le clergé séculier. (Jérôme Busleijden ct Laurent Bijerlinck). Approbation des réformes architecturales de Rubens par la censure ecclésiastique. 525 — Bibliographie du livre des palais de Gênes. Éditions de 1622 et 1652 gravées par Corneille Galle. — Édifices génois préférés des architectes flamands. Palais : Grimaldi, Tursi, Spinola, Balbi, Sauli, Laumellino, de Negro et della Rovere. Églises : San Ambrogio, San Ciro, Santa Maria de Carignano. — Édition de 1665, gravée par Nicolas Rijckmans.— Éditions d'Anvers (1708), d'Amsterdam et de Leipzig (1755),524.— Philosophie narquoise de Rubens dans la nomenclature des palais génois. — Collaborateurs présumés du livre de Rubens. Examen de leur part effective de participation, 525. — Nouveau recueil des palais de Gênes publié en 1818 par M. P. Gauthier, 526. — Insinuations erronées de cet architecte au sujet de la valeur et du succès du livre de Rubens, 527. — Vogue du livre des palais de Gênes plus d'un siècle après la mort de Rubens: Édition d'Arkstee et Merkus, à Amsterdam et Leipzig (1755), 528.— Édifices divers attribués à Rubens : Maison du peintre à Anvers, portique et pavillon du jardin, (14 janvier 1611).— Retables d'autels. — Étoffages architecturaux des composi Anvers, (1624). — Propylées ou portiques de l'abbaye de S'-Michel à Anvers, 550. — Similitude de ces Pro- pylées avec le portique du jardin de l'hótel Rubens. — Retable du mattre-autel de N.-D. de la Chapelle, à Bruxelles. — Maisons de la rue de l'Empereur, des Menuisiers et de la rue des Claires à Anvers. — Guérite du bastion S'-Georges. Maisons rue des Fagots et rue des Princes, 551. — Portail de la rue aux Fromages, facade rue du Trèfle à Anvers.— Façade du couvent de Jéricho. Maison de la Balance, Grand'Place, à Bruxelles. — Autel des reliques — Muitre-autel du grand chœur de S"-Gudule, 552. — Cartons des vitraux du chœur de la Vierge à S“-Gudule, à Bruxelles. — Fontaine de la grande allée du Luxembourg, à Paris. — Maison Eliat, ruc Neuve, à Bruxelles, 555. — Hôtel Tour et Taxis, au Sablon, à Bruxelles. — d'Anvers, 1615, 554. — ons pieturales, 529. — Porte de l'Escaut à Le recteur Francois d'Aiguillon de Bruxelles et l'église des Jésui Dualité de style dans l'ordonnance de l'édifice: Façade Borrominienne. — Plan classique imité des Basilice romane. — Type italien pur du Campanile, 555. — Identité des motifs des Ares de triomphe avec ceux de la façade de l'église des Jésuites. — 4° Amortissement : Arc de Philippe. — 2° Portes latérales : Are de l'apothéose de l'Infante Isabelle. — 5° Porte centrale : Are de Ferdinand, 556. — 4° Fenêtres du premier étage : Porte du Temple de Janus. — 5° Ajustement de la fenêtre au-dessus des armoiries des Jésuites : Arc de Ferdi- nand. Rez-de-chaussée de l'hótel Rubens. — Rubens fournit les plans de la chapelle de la Se par la famille Colijns de Nole. — Maître-autel, 557. — Relations familières de Vierge érigée Rubens et des Jésuites d'Anvers.— Incendie de l'église des Jésuites (1718). — Vue intérieure de l'édifice avant la catastrophe conservée, au Musée de Madrid, 558.— Jacob de Wit dessine les plafonds de l'église des Jésuites, (1711).— Ils sont gravés par Jean Punt et publiés seu- lement et 1751.— L'hôtel Rubens à Anvers (1610), 559. — Fausse tradition d'un empiétement de Rubens sur le terrain des arquebusiers. — Mince valeur architectonique de la façade, 540. — Planches dessinées par van Croes et gravées par Harrewijn de l'hótel Rubens, 1684- 1692. — Portique de jardin actuellement encore debout, 541. — Son ordonnance rappelle les Entrées des Vignes de Rome, par Michel-Ange. — Ensemble de la facade intérieure, inspiré des palais Grimaldi, Morsascho et Adorno, à Génes, 542. — Type italien de l'escalier à S"-Gudule. veer. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 501 et de la Loggia, 343. — Chambre à coucher et Chapelle. — Pavillon du jardin conservé jusqu'à nos jours. — Gable de type flamand judicieusement employé par Rubens, 544. — Inscriptions lapidaires du pavillon : Esprit philosophique de l'artiste.— Parenté de cet édicule avee la porte d'entrée des jardins Farnèse à Rome, 545. — Influence des femmes sur la transformation des plans architecturaux des habitations privées au XVII? siècle. Julie d'Angennes et Mie de Scudéri en France. — Anna Roemer Visscher aux Pays-Bas. — Défé- rence de Rubens pour cette femme lettrée; il lui dédie sa « Suzanne » gravée par Voster- man, 346. — Théorie de Rubens sur la disposition des plans des édifices privés. — Distinction établie entre un palais princier et un hôtel patricien, 547. — Ares de triomphe de l'entrée de Ferdinand d'Autriche, 15 avril 1655. — Maladie de Rubens et courtoisie de Ferdinand à l'égard de l'artiste valétudinaire. — Supériorité des décorations rubéniennes mises en parallèle avec les œuvres de Galli Bibiena, Pozzo , Guarini et Servandoni, 548. — Valeur artistique du titre de la Pompa introitus. — Le style de Rubens dans l'architecture décorative de ses Ares de triomphe, 549. — Ce qui nous reste aujourd'hui de cette majestueuse décoration, 550. — Analyse des plus remarquables compositions : 4° Arc des Portugais. — 2* Arc de triomphe — Analogie de motifs avec les types de Pocetti, Mitelli ct érigé devant l'église S'-Georges. Castello, 551. — Sentiment italien de l'ensemble de l'are placé devant l'église S'-Georges. — 9. — Prédileetion de Rubens pour les formes extra- Cartouches à formes gélatineuses, 5 naturelles dans l'étoffage animé de son architecture, 553. — 5° Arc de la rue du Couvent. — Are « Philippien » rue des Tanneurs, 554. — 5° Arc du Pont S'-Jean. Patriotique protestation de Rubens contre la fermeture de l'Escaut, 555. — Le Aodexabewv ou portique de la place de Meir. — 7° L'Are de Ferdinand, Longue rue Neuve; chef-d'œuvre de Rubens, 557. — Divi- sions architectoniques de l'Arc de Ferdinand, 558. — Vérité technique de l'architecture Ares de triomphe, 560. — peinte de Rubens. — Synthèse des thèmes ar ‘hitecturaux des Aperçu sur la Pompa introitus ou Recueil des décorations de l'entrée du Cardinal-Infant. — Nomenclature bibliographique, 561. — La note à payer de cette publication : découvertes piquantes de M. Siret aux Archives anversoises, 562. — La mise au jour du livre dure sept années. Difficultés financières entre van Thulden et le magistrat d'Anvers. — Rémunération précaire de van Thulden. — Salaire rémunérateur de Gevaert. — Prix de revient de l'exem- plaire, 565. — Prix de revente. — Rubens ne retire aucune somme d'argent du grand travail des Ares de triomphe. — Métaphysique architecturale rubénienne, 364. — Synthése proto- typique. — Couleur et polychromie. — Accent et diapason. — Choix de formes amenant des harmoniques, 565. — Thèmes rhythmiques de « l'intersé- inégalités d'aspeet. Dissonanees — Multiple couleur architectonique, 566. — Étoffages animés; accessoires pilto- et robustes, 567. — Matériaux apparents. — Rehauts métalliques, 568. — Person- accentué des détails. — Diffusion à l'étranger de l'architecture rubénienne, 569. — cance ». resques nalisme Rubens et Dietterlin eonsidérés comme architectes-décorateurs. — Alliance de la peinture aux reliefs en ronde-bosse nécessaire pour réaliser les compositions de Dietterlin. -- Souci constant de Rubens d'envisager la possibilité de l'exécution effective dans le décor archi- tectural, 570. — Prépondérance finale des idées de Rubens sur l'architecture aux Pays-Bas, 571. — Persistance du type rubenesque aux Pays-Bas aprés un siècle révolu. — Les derniers rubéniens (1755-1744), 572. Tome X 64 TABLE ANALYTIQUE TIERES. CHAPITRE VII. TUDE DES OEUVRES D'ARCH! js AUX Pays-Bas sous L'INFLUENCE Le sryLE RUBE DES TRADITIONS DU MAÍTRE ANVERSOIS JUSQU'AU MILIEU DU XVIII siècLe. — DÉLAISSEMENT DES TRADITIONS RU PEINTURE ET EN ARCHITECTURE. — LE STYLE ROCAILLE, DÉCADENCE | RAPIDE DE L Fatales destinées politiques des Pays-Bas à la mort d'Isabelle, 575. — Fermeture de l'Escaut, ruine et décadence générale. — Vitalité artistique de l'école rubénienne aux mauvais jours de | Vhistoire.— Infériorité relative des œuvres de cette période. — Églises rubéniennes ou loyolites | (1650-1750) : St-Loup à Namur (1655), 574. — St-Michel à Louvain (1650-1666) : R. P. Hesius | architecte, Confessionnaux remarquables de cette église. Église du Béguinage, à Bruxelles | (1657-1666), élevée sur d'anciens plans de W. Coebergher (+ 1655), 575. — Luc Faid’herbe, | | | architecte-sculpteur (1617-1697). Fréquente l'atelier de Ruber “chitecturale de | 1 Manière : Lue Faid'herbe, 576. — Valeur d'interprétation des motifs favoris de Rubens par ses élèves et ses imitateurs : van Thulden — De Craijer — Dirk van Delen, Églises construites par Luc Faid'herbe : Notre-Dane d'Hanswyek, à Malines (1665-1678), 577. — Église de l'abbaye d'Averbode (1664-1670). Église des ites, 1699-1676), façade (1709). Mobilier remarquable de cet édifice, 578. — Constructions diverses élevées par Luc Faid'herbe : Pricuré de Leliendael à Malines (1662). Commanderie | de Pitzembourg, à Malines (1675). Chapelle Tour et Taxis dans l'église de N.-D. au | Sablon, à Bruxelles (28 février 1651). Importance de l'œuvre sculptural de Luc Faid'herbe. | S. Pierre et Paul à Malines (ancienne église des Jés Habitation de l'artiste, rue du Brul, à Malines (1641), 579. — Jean-Luc Faid'herbe, i architecte, élève de son père (1694-1704). — Maison de Jordaens, rue Haute, à Anvers | (1641), 580. — Atelier de l'artiste. Caractères de l'ordonnance de cette habitation, 581. — Motifs spéciaux d'architecture adoptés par Jordaens pour l'étoffage de ses tableaux et pour la décoration de sa demeure, 582. — La maison de Jordaens au XVIII siècle (Mensaert), 583. — Loge des Poissonniers à Bruxelles (1659). Antoine van Schelle, architecte. — Nicolas Rockox , bourgmestre d'Anvers, prête 9,000 florins à la Corporation. - Ordonnance architectonique, 584. — Étoffage sculptural. Richesse caractéristique du gable son état actuel gothico-loyolite, 585. — Ameublement et décoration remarquable de cette loge. — État . au XVIII* siècle. Description de Mensaert, 586. — Peinture de J. van Orley (1656-1709). Fontaine du chevalier de Grupello (1644-1750). Bas-reliefs de Jacques Bergé (1695-1756). Miroirs, 587. — Modifications apportées à cct édifice (1752-1770). Sa démolition radicale (1871). — Décorations loyolites : André Pozzo (1659-1709). — Somptueux décors perspectifs des fêtes religieuses de Rome introduits aux Pays-Bas par les Jésuites, 588. — Publications de Pozzo (1692-1700). Pozzo appelé à Vienne par l’empereur Léopold.—Réputa- tion européenne de Pozzo. Son influence sur le goût architectural aux Pays-Bas. — Décors peints par Van Helmont, pour la Sodalité d’Anvers (1690), 589. — Traité de perspective de — A TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 505 Pozzo réimprimé à Bruxelles avec texte flamand (1708). Son importance comme manuel d'ar- chitecture décorative. — Décorations théâtrales des colléges jésuitiques, 590. — Plafonds de Sevin procédant des perspectives de Pozzo. Retables flamands inspirés de ses « Reposoirs », 591. — Principaux architectes de la seconde moitié du XVII siècle jusqu'à la fin du pre- mier tiers du XVIII". Jacques Du Broeucq, le jeune : Abbaye de S'-Ghislain (1654). Jubé de S'-Martin à S'-Omer (1621), 595. — Clôture de la cathédrale de S'-Omer (1621-1625). — J.-P. Merex : Maison du Sae, Grand Place à Bruxelles (1640). Refuge de l'abbaye S'-Michel (1656). Ares de triomphe du Jubilé (1670).—Hersbosch: Maison de la Louve (1691).—Bernard Racssens : Porte du Rivage à Bruxelles (1645). — Franck : Chapelle de Jesus-Eyck (1650), 594. — Louis Le Doulx (1690) : voyage en Italie. Beffroi de Mons (1662-1664). Introduit aux Pays-Bas les stues italiens. Tombeau de l'archevêque van der Burch dans l'église des Jésuites à Mons (1644), 395. — OEuvres sculpturales de L. Le Doulx: Statues pour la chapelle S'-Georges; clôture de chapelle et statues d'apôtres à S'- Waudru. — François van Sterbeek (1650?) : Retable des Dominicains d'Anvers (1670). — Il se distingue eomme botaniste et publie la Citricultura. — Jean Cortvrient : Église de Notre-Dame de Bon-Secours à Bruxelles (1668-1672), rebâtie après le bombardement, 596. — Léon van Heil (160542): Chapelle St- Anne à Bruxelles (?) — Chapelle de la Madeleine à S*-Gudule (1675). Chambre des Reliques (1650). Théâtre d'Opéra de la Cour, au palais de Bruxelles (1650), 597.— Le P. Théodore De Hase : Eglise conventuelle de Bruges (1688). — Adrien van der Linden et Arnold Quellyn : Portique du Marché-au-Poisson à Gand (1689). — Corneille van Nerven : Chapelle royale espagnole à Bruxelles (1696), 598. — Bâtiment postérieur de PHótel-de-Ville. Poids de la ville (1706). — Jan Cosyns : Statues pour le tombeau des princes de Tour et Taxis à Notre- Dame au Sablon. Maison des Boulangers, Grand'Place à Bruxelles (1697), 599. — Maison de Voghel, rue de Flandre, 44, à Bruxelles (1697), 400. — Nicolas De Bruyn : Grand bätiment (1698). Beffroi communal de Bruxelles (1698); écroulé le 29 juillet 171%, 401. — Grande Bou- cherie à Bruxelles (1698). — Jaeques Dupont: Excellent peintre d'architecture construit des maisons remarquables. — N. Francquart : Théâtre publie de Bruxelles (1698-1700). — Cor- neille Mombaërts : Ammans Kamerke (1700). — Balk : Hôtel de Ville de Leeuwaarden (2 avril 1715). Bernard de Wilde : Octroi municipal de Gand (1716). — Claude-Joseph de Bet- tignies (1675-1740) : Couvent de la Visitation à Mons (1717). Char de S*-Waudru, 402. — Chaire et Maitre-autel de S'-Germain à Mons (1715-1725). — Hendrik Matheys (1647-1759) : Coupole de S'-Pierre à Gand (1720). — J. Verkruys : Façade du Franc de Bruges (1727). - Denis Bayart : Coupole du carillon de S'-Pierre à Louvain (1727). Bibliothèque de I Université (1750). — Michel de Briss Église de S'-Pierre à Douai (1751). — Hendrik Pulinex, le jeune: Église des Augustines anglaises à Bruges (1756). Écluse de Slijkens (1751), 405. — Maison de sûreté provinciale (1772). — Jean- André Anneessens (1687-1769) : Fontaines de la cour de l'Hôtel de Ville de Bruxelles (1714). Façade de l’ancien palais des Princes-Evéques de Liége (1257). Maitre-autel de la Chapelle du grand séminaire de Malines.— Abraham : Église de : répare l'église S'-Nicolas à Bruxelles (1696), 404. — 5). Maitre-autel des P. P. Minimes (1700). Dessin du ligieua: Leuze (1742). — Pierre de Doncker Maitre-autel du Chœur de S'-Gudule (172 chœur et transept de Notre-Dame au Sablon, gravé par Harrewyn (1796).— Fdifices anonymes : : Église de l'Abbaye de Grimberghen (1660). — Église des Dominicains (1674) et des Jésuites wallons (1682) à Liége, 405. — Couvent anglais dit de S'-Francois à Br uges (166%). — Propylées de l'Abbaye de St- Michel à Anvers (1669). — Abbaye de S'-Bernard (1675). — 504 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Église des PP. Minimes Conventuels (1700). — Église de Finisterræ (1700), 406. — Notre- Dame des Fièvres à Louvain (1705). — Abbaye d'Alne (1700).—Nouvelle chartreuse de Liége (1703). — Abbaye de Leffe (1714). — Église de Lokeren (1719), 407. — Église des Récollets de S'-Trond (1754-1758). Édifices civils Loge des Tanneurs à Anvers (1644). — Marsoxs DE LA GranD'PLAGE a BnoxknLEs (1696-1704). Synthèse esthétique de sen aspect pittoresque, 408. — Originalité comparative. — Caractères : Loges de Serments, corporations, métiers ou Gildes: généraux et spéciaux. — Coloris architectural. — État topographique actuel, 409. — Tableau topographique des maisons de la Grand Place à Bruxelles, 410.— Apercu historique. — Vicis- situdes. — Bombardement du maréchal de Villeroy. — Ruine presque totale (16 — Re- construction brillante (1696-1704), 411. — Vandalisme des Sans-Culottes. Fatale journée du 45 janvier 1795, 412. — Dévouement du sculpteur F.-J. Janssens. — Les maisons historiques de la Grand'Place : (A) Côré Nonp-Ouzsr, 415. - Maison des Merciers: Renard. Architecte: Marc de Vos, le vieux (?) (1699). Peintures de V.-H. Janssens, J. van Orley, J. van Helmont. -— Maison des Bateliers : Cornet (1696), 414. — Peintures anonymes. — Maison du Serment de l'are (Hand boog): Louve (1696). — Enscigne par Mare de Vos, le vieux, 415. — Statues allégoriques et médaillons du méme sculpteur, 416. — Sculptures ornementales, id. — Maison des Tonneliers : Sac (1697), 417. — Maison des Graissiers ` Brouelle, (1697). Peintures par J. van Orley et S. van Helmont. Cheminée en cuivre repoussé par Van der Noot. — Maison des Boulangers : Roi d'Espagne. Architecte :J. Cosyns (1697). Sculptures par le méme artiste, 418. — Peintures par V.-H. Janssens. (B.) Côré Sup-Esr. Grand bäliment. Architecte: Nicolas De Bruyn (1698), 419.— Maisons du Grand bâtiment : (a) Bourse.—(b) Colline ou Montagne : Loge du métier des « Quatre couronnés », 420. — (c) Pot d'étain : Loge des Charpenti (d) Moulin à Vent : Meuniers (1763). — (e) Cháteau de Meynaert, puis Écreviss et Fruitiers.—(f) Hermitage : Tapissiers de haute-lisse, marchands de vin et légumiers, 421. : Tanneurs — Décorations intérieures du Grand bâtiment : Maison des Charpentiers, peintures de J. van Helmont et J. van Orley. — Maison de la Balance (170%). — Maison de la Demi- Lune: Ceinturonniers (1704). — Coffy : Renommée servant d'enseigue, sculptée par Mare de Vos.— Maison bourgeoise, rue des Chapeliers (1697), 422. ~ (C.) Côré Sup-Ovuzsr. Taverne : Mont Thabor (1702). Taverne: Rose (1702). Maison des Brasseurs (ancienne loge des tapissiers), enseigne : Enfer, puis Arbre d'or (1698), 425. — Statue équestre en pierre de Maximiiien- Emmanuel, par Mare de Vos (1698). Statue en euivre repoussé de Charles de Lorraine, par André Simons (1752). Peintures par J. van Orley, C. Eykens et V.-H. Janssens. — Maison des Bouchers: Cygne (1720), 424.—Sculptures de J. de Kinder. Plafond de perspective de Sevin. Peintures de Cadeschino. — Maison de l'Étoile (1696), 423. — (D.) Còrt Nonp-Esr. Brood huis ou Maison du Roi (1316) : Loges des Serments des Arbalétriers, Espadonneurs et Arque- busiers. Peintures de van Orley et de Janssens, 426. — Chambrette de l'Amman (4mmans? Kammerke). Architecte : Corneille Mombaërts (1700). — Loge des peintres : Pigeon (existait en 1595). — Maison des Tailleurs, Taupe (1698), 427.— Principaux édifices civils, anonymes, conçus dans le style italo-flamand : Bourse de Lille (1662).— Hôtel de Ville d'Ostende (1711), 428. — Château de Bocsinghen (Chàtellenie d'Ypres). — Ameublement monumental religieux el civil : Stalles de Soignies. —Stalles de Vilvorde, des Dominicains à Anvers, de S'-Bavon à Gand, de S'-Jacques à Bruges et de Grimberghen. — Jubé de Soignies (1640). — Confession- naux. Lambris, 429. — Constructions particulières : Portes « genre Francquart » à Anvers (1644-1716). Hôtel du roi d'armes (Galerie Bortier) à Bruxelles (1765). — Monuments ` n — TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. 505 funéraires à S-Rombaut à Malines: Mathias Hovius (anonyme, 1620); André Cruesen (Faid"- herbe, 1669); Alphonse de Berghes, Mare de Vos (1689). Autel et tabernacle de S'-Donat à Bruges. — Jubé de Notre-Dame au Sablon. — Buffet d'orgues par Jean van Gelder (1765), 450. — Boiseries du chœur de la Vierge à Notre-Dame de la Chapelle.— Portaulx intérieurs : Béguinage de Malines; S“-Dymphne, Gheel; S*-Walburge et S'-Jacques, Anvers; Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles. — OZwvres diverses décoratives et somptuaires : Décoration de la Cabine d'apparát du navire monté par l'infante Marie-Thérése, fille de Philippe IV. Archi- tecte : G.-J. van Werden (1660). — Maitre-autel de Notre-Dame au delà de la Dyle à Malines : Pastorana, architecte. —Autel de la chapelle de la Vierge. Monument du comte d'Isembourg , église S'-Gudule : Jean Voorspoel. — Tombeaux de J. et P.-F. d'Ennetiéres: Jean van Delen (1677-1678), 451. — Sculptures des chapelles de S*-Ursule et de S'-Marcou à Notre-Dame au Sablon. — Tombeaux de la famille Roose à S'-Gudule. — Langhemans (1675). Van Bauer- scheit (1700). Maitre-autel de Grimberghen par Langhemans. — Monuments funébres d'ami- raux hollandais, Lion de Bourg, Waag, Hôtel Boterhuis (1661). Zijlpoort (1664) à Leyde : Rombaut Verhulst. — Mausolées des familles van Orley et Caverson dans l'ancienne église des Dominicains à Bruxelles : Michel van der Voort, le vieux (1667-1757). — Autel de l'église St-Nicolas à Bruxelles. Confessionnaux de l'Abbaye de Ninove ` Nicolas Simons.—Stalles de la chapelle de la Vierge, église S'-Gudule : Sutineks (1716). — Chaire de vérité des Jésuites de Louvain.— H.-F. Verbruggen (1699-1702): Transférée à S'-Gudule (1775); Animaux ajoutés par J.-B. van der Haeghen (1780), 452. — Confessionnaux de Grimberghen : H. Verbruggen. — Sculptures diverses : Cartouches du livre des « Marques d'honneur de la maison de Tassis (1645). Nicolas van der Horst (1398-1646). Ordonnances architectoniques élevées à l'occasion de réjouissance religioso-civiles. Prédileetions persistantes des Flamands pour ces sortes de spectacles, 433. — Entrée de Ferdinand d'Autriche à Gand. Ares de triomphe de Gaspar de Crayer, élève de Rubens (23 avril 1655). — Valeur comp: tive dela Pompa introitus d'An- vers et de l'Zntroitus triumphalis de Gand. — Caractères distinctifs des étoffages architec- toniques de G. de Crayer et de T. van Thulden, 454. — Recueil des Ares de triomphe de la Joyeuse-Entrée de Gand, imprimé à Anvers avec texte de Guillaume Becanus, Jésuite (1656). Valeur de ces ordonnances : l'Arcus Carolinus, 455. — Ares du Vieux Bourg. — Voie triom- phale bordée de piédouches à personnages vivants (imitée de l'entrée de Philippe IL en 1549 : F, van de Velde, architecte), 436.— Détails relatifs à la publication de l'/ntroitus triumphalis. — Première période de transformation : Ares du jubilé de S-Gudule à Bruxelles (1670). Principaux collaborateurs, architectes et peintres : L. van Heil, J.-P. Merex, F. Du Chastel, J. van Orley, van der Heyden, S. van Helmont, G. de Crayer. — Relation imprimée avec gra- vures de Bouttats et texte de Jacques Stroobant (1670), 457. — Ares de triomphe gravés par Bouttats. Eau-forte originale de F. Du Chastel. —Ares, rue de l'Empereur, Vieille Halle au Blé, rue du Chêne, rue des Fripiers; architecte ` Léon van Heil. — Arc prés de l'hótel Maes : Francois Du Chastel, 458. — Analogie frappante des groupes de termes employés par Du Chastel avec ceux du Temple de Janus de l'entrée du eardinal-infant par Rubens, 459. — Tableau de Du Chastel au Musée de Gand : Inauguration de Charles II (2 mai 1666). Reproduit en neuf feuilles par Lue Vosterman, le jeune (1667). — Portiques de la Canter- steen et du Parvis S*-Gudule. — Are de St-Michel, rue dite Vrunte : J.-P. Merex, architecte, 440. — Description de Jacques Stroobant, 444. — Are de S'-Gudule prés la Fontaine Bleue. J.-P. Merex, architecte, 442. — Arcs de triomphe du jubilé de S'-Rombaut à Malines : Daniel 506 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. Janssens, J. de Hornes et J. de Hondt (1680). — Valeur de la décoration architecturale à Anvers, cinquante ans aprés la Pompa introitus, ^44. — Fête commémorative de la victoire du prince de Parme à Anvers (1685). — Relation de P.-F. de Smedt avec gravures de Bout- tats d’après les compositions de H. van den Bruggen, J.-B. Bovaert et J.-B. de Wrée. — Triomf staeck de l'Hôtel de Ville rappelant le motif de Laurea Calloana de Rubens. — Portique érigé sur le Meir par les Jésuites. — Are de triomphe des PP. Augustins. — Portique devant l'abbaye de S'-Michel : J.-B. de Wrée, architecte, 445. — Théâtre de l'inauguration de Phi- lippe V à Bruxelles; architecte: J. Laboureur (1702) — Les Pays-Bas passent à la maison d Au- Tricke, en vertu de la paix d’ Utrecht (14 avril 1715). — Tribune de l'inauguration de l'empe- reur Charles VI à Bruxelles; architecte : J. Laboureur (11 octobre 1717), 446. — Mode ante des symboles, devises, chronogrammes et anagrammes. — Tribune élevée à Gand pers pour la Joyeuse-Entrée de Charles VI; architecte : Jacob Colin (1717). — Planche commémo- rative in-plano, dessinée d’après nature par C. Eyckens et gravée par J.-B. Berterham. — Par- ticularités architecturales physionomie typique de la Tribune de J. Colin, 447. — Cortége de la Joyeuse-Entrée de Charles VI : Tableau de J. van Volxum au Musée de Gand (1717). — Jubilé de S"-Gudule à Bruxelles. Ares de triomphe par Richard van Orley. Relation de P. de Cafmeyer (1720), 450. — Are de triomphe devant l'église des Jésuites. — Édicule de la Steenpoort. — Portiques divers : influence de Pozzo et de l'architecture viennoisc. — Rotonde e aux frais du Conseil de Brabant, 451.—Les van Orley au XVIII* s décoratives étoffées d'architecture (cartons de tapisseries) de Richard van Orley (1643-1732). Histoire de Télémaque, 452. — Développement de la puissance romaine. — Pontifical romain. — Histoire de Joseph. — R. van Orley collabore au recueil : « Perspectives des ruines de Bruxelles » par A. Coppens (1695). — Cartons de tapisseries étoffées d'architecture dressé e. Compositions de J. van Orley (1656-1735).—Jubilé commémoratif de la translation des Hosties à S*-Gudule (1733). — Ares de triomphe de F. Thibaux, symptômes accusés de Zopfstil.—Arcs de l'église St-Nicolas, de la chaussée de Flandre et des Intendants du Rivage, 453. — Pièce capitale du Jubilé de 1755. Arc de triomphe élevé aux frais de l'abbaye d'Aflligem: Jean van der Heijden, peintre-arehiteete. — Valeur de cette composition décorative, 454. — Il constitue un dernier exemple remarquable de style rubénien. — Influence des Jésuites sur le caractère et l'éclat de nos réjouissances nationales aux XVII* et XVIII. siècles, 455. — Opinion mal fondée, attri- buant aux Jésuites l'introduction de sujets tirés de la mythologie dans les fétes publiques aux traditions nationales, 456. — Persistance traditionnelle du goüt Pays-Bas, au détriment des ; et les allégories du paganisme du XV* au XVIIe siècle, 457. d D fabriques d'église des Pays-Bas au XVIII* siècle. — Règne de 8 M 5 des Flamands pour les suj — Richesse des abbayes et des l'empereur Charles VI : Influence de la Cour de Vienne sur l'art architectural dans nos pro- vinces. — Coup d'œil sur l'architecture à Vienne au commencement du XVII: siècle, 460. es constructions. — Dilettantisme architectural du Le Jésuite Pozzo appelé par Léopold Ier: prince Eugéne de Savoie. — Johan von Hildebrand et Johan Fisher von Erlach.— Principaux édifices élevés par ce dernier architecte. — Joseph-Emmanuel Fisher von Erlach, fils : ses innovations, 461. — A.-E. Martinelli. Johan Lucas von Hildebrand. — Recueil des résidences du prince Eugène, publié à Augsbourg (1701). — F. von Hohenberg, « Gloriette » de Schön- brunn (1775). — Le Zopfstil ou Rocaille introduit aux Pays-Bas par l'influence viennoise, 462. — Hôtel Roose à Anvers; architecte : J.-P. van Bauerscheit (1743).—Maisons en Zopfstil par G. Kerriex à Anvers. — Tribune de l'inauguration de Marie-Thérése à Gand (1744); E — 507 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRE : David T'Kint, le vieux (41770). — Gravure in-plano de la cérémonie, par Frans architec . — Étude comparative des Tribunes élevées par Jacob Colin (1717) et David Pilsen, 467 T'Kint (1744). — Influences viennoises. Cartouches du Zop/fstil, 464. — Carriére architec- turale de David T’Kint. Il devient directeur de l’Académie fondée à Gand par le peintre Louis al. — Colonne du Marché du Vendredi à Gand, reconstruite en 1775; architecte : Louis Mariss — Get artiste devient le premier directeur de l'Académie I. R., fondée à Gand T'Kint, fi par Marie-Thérése (1770). — Constructions élevées aux Pays-Bas par des architectes étran- gers. — Cathédrale de S'-Aubin à Namur (1751-1767); architecte : Gaëtan-Mathieu Pizzoni 463. — Catafalque des obsèques de l'impératrice Marie-Christine à S“-Gudule s à la (milanais), (1751). — Le chevalier Nicolas Servandoni (florentin) (1695-1739). — Vient à Bruxelle suite du maréchal de Saxe (1746). Constructions élevées par cet architecte durant son séjour à Bruxelles. Hótels d'Arenberg et d'Ursel. Cháteau de Saint-Josse-ten-Noode. — Cháteau de (Servandoni d'Hannetaire, fils naturel du chevalier), 466. — Église Haeren, prés de Vilvorde de l'abbaye de S'-Ghislain ; architecte : Gabbi (français) (1714). — Maison de chasse de Boits- fort; architeete : Boffrand (francais) (1667-1754). — Nouveau Palais des Gouverneurs géné- raux à Bruxel Chapelle de la Cour; architecte : Folte (viennois) (1760). Parc; architecte : Zinner (viennois) (1774). — Découverte d'Hereulanum, Pompeia et Stabies (1757-1748). Écrits de Winckelmann (1762-1 764), 467.—Période de transformation du style architectural. — Laurent-Benoit de Wez. — Ses principaux édifiees. — Renaissanee architeeturale aux Pays-Bas : Payen l'ainé, Fisco, Montoyer, Guimard, Wineqz, Malfeson, ete., ete. — Le Quartier du Parc à Bruxelles, 468. ERRATA. Pages. Lignes. Au lieu de : Lisez : Pages. Lignes. Au lieu de: Lisez : 4 Procuste Procruste. 173 marge 1560. 4% 23 Cathedrale Collégiale. 174 14 proctecteur protecteur. 45 4 Christinas Christmas. 189 26 allaient donner avaient donné. 4T 28 Tavara 195 senes centum senescentum. 61 10 Moderno Maderno. 196 3 qu'ils qu'elles. 62 8 injustificables injustifiables. 2176 marge Daniel van Alsloot Denis van Alsloot. » 13 les berceaux des berceaux. 1598-1697 598-1654. 68 3 Urbain Urbin. 287 marge 1578-1629 1608-1675. 80 20 (1574) (1578). 296 PV eu ou. Eu 29 Ordonez Ordenez, 306 49 portail portrait. 145 27 de sol du sol. 3AT 30 continué contin 147 d expressé empr 918 T se prenait prenait. » 1 de le de la. 331 25 germinés géminés. 149 16 construite construit. 364 5 réclamation demande. 152 23 de ce du. 402 16 Camille Corneille. BT 9 Miricenys Mirycinis. 4M 2 Algemeene marckt Redermerckt. | | | | | | TERREA 3 2044 093 257