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s" d'ordre 444

THÈSES

PHESENTEKS

A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS

POUR OBTENIR

LE GRADE DE DOCTEUR ES SCIENCES NATURELLES

M

PAR

ET. JOURDAN

Docteur en iiiédeciiic, Élcvo de l'École des liantes Études (ssctioii des Sciences naturelles, laljuratoire 'le ZouloL^ie lie la Faculté des Sciences do Marseille).

1" TllE«$li:. Recherches zoologiques et histologiques sur les

ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE.

:** THÈSE. Propositions données par la Faculté.

Soutenues le juillet I^SO devant lu coniiiii<^Nion «l'exHiucn

MM. MILNE EDWARDS, DUCHARTRE, HÉRERT,

Président. Examinateurs.

1'

PARIS

G. MASSON, ÉDITEUR

LIBRAIKE UE l'aCADEMIE DE MEDECINE

Boulciard Sain! (icrmain. on (ace ilc l'Ecole de méileciiif

18<S0

m

MONOGRAPHIE

DES

BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE

PAR

LE Dr J. JULLIEN

(Extrait du BiiHelvi de la Socirlê 7.oo\o(jique de France, l. X, 1885)

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MEULAN ÏMPHI.MERIE DE SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE

18 8 0

EXTRAIT DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE,

t. X, 1885.

MONOGRAPHIE

DES

BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE

Par le D^ J. JULLIEN.

Depuis qu'on a adopté la classitication des Bryozoaires selon la forme des cellules ou zoœcies, on n'a pas essayé d'y faire entrer les genres d'eau douce.

J'ai étudié avec le plus grand soin ceux des environs de Paris et de Bourgogne comparativement avec ceux des pays étrangers, et j'ai pu me convaincre qu'aucune classification ne correspond avec le résultat de mes recherches. Je ne veux pas analyser tous les travaux publiés jusqu'à présent ; je ne parlerai que des classi- fications les plus intéressantes. Sur cette question délicate on a écrit des choses absolument insensées. Quoiqu'il en soit, Dumor- tier, en 1833, a nommé Lophopodes tout ce qui était connu, à son époque, en fait de Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-che- val, y compris la Tubularia sultana de Blumenbach. Ses Lopho- podes comprenaient donc les genres Cristatella Guvier, Pluma- tella Lamarck, Lophopus Dumortier et Alcyonella Lamarck. De la Tubularia sultana, il a fait la Plumatella sultana, à la suite de la Plumatella lucifuga de Vaucher, et il avait raison ou du moins il approchait de la vérité ; car, comme on le verra dans la suite, les Frédéricelles ne sont que des variétés de Plumatelles. Cette classification fut détrônée par celle de Paul Gervais.

Quand cet auteur s'occupa de ces animaux en 1836, ce fut par suite de la trouvaille d'un corpuscule charmant, un statoblaste de Gristatelle. 11 constata que cet œuf reproduisait le Kleinere Fe- derbuch-Polyp deRosel; cette découverte jetée par le hasard entre s es mains ne le conduisit pas bien loin dans la connaissance des

4 J. JULLIEN

Bryozoaires d'eau douce; en 1837, il publia sa classification des Polypiaires, désignant par les noms de Polypiaria hippocrepia les Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-cheval, réservant ceux de Polypiaria infundibulata à tous ceux dont les tentacules n'étaient point disposés ainsi. 11 décrivit quelques espèces des environs de Paris en essayant de rétablir leur synonymie il s'est fort em- brouillé. Après quoi il ne s'en occupa plus. Ses études insuffi- santes lui firent placer la Frédéricelle sultayie à côté de la Paludi- celle articulée, animaux qui ne se ressemblent guère ; cette faute fut relevée par Allman qui répudia la classification de Gervais pour lui substituer la sienne en 1856. Le livre d'AUman est écrit avec un sérieux d'autant plus comique qu'il est plein d'erreurs, comme on le verra plus loin.

Allman voulut lui aussi trouver un caractère sur lequel il put appuyer une classification ; sans tenir compte de celle de Dumor- tier, il prétendait que les Polyzoa de Thompson, équivalents des Bryozoa d'Elirenberg, pouvaient se diviser selon la présence ou l'absence de cette lèvre mobile au-dessus de la bouche dont parle Dumortier ; comme les Frédéricelles portent cette lèvre, il les replaça à la suite des Plumatelles. ainsi que Dumortier l'avait déjà fait; et il donna le nom d'épistome à cette lèvre. Il repoussa le terme d'Hippocrépiens de Gervais et le remplaça par le nom de Phylactolemata sous lequel il réunit les Hippocrépiens de Gervais. et les Bryozoaires pourvus d'un épistome, c'est à dire avec le genre Frédéricelle du même auteur et avec le genre Pedicellina de Sars; enfin il donna le nom de Gymuolcemata aux Infundibulés du zoologiste français et aux Bryozoaires dépourvus d'épis- tome.

Cette classification, adoptée aujourd'hui, a une solidité au moins discutable, l'observation directe nous faisant voir que le caractère qui forme sa base peut manquer à la fois sur divers individus d'une même colonie.

Ainsi, pendant le mois de septembre 1883, en étudiant des Plu- matella repens que j'avais recueillies dans les montagnes du Gha- rollais (Saône-et-Loire), j'ai remarqué que certains polypides étaient avortés. Le lopliophore considérablement diminué d'im- portance ne portait que dix-sept tentacules au lieu de cinquante comptés sur les autres polypides de la même colonie. Dans ces avortons (fig. i et 3), les deux bras du lopliophore étaient soudés par le bord interne de toutes petites verrues rempdaçaient les tentacules; Vépistome n'existait pas au-dessus de la bouche. Ces polypides avaient

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

néanmoins un canal digestif complet, remplissant bien ses fonc- tions, mais réduit proportionnellement au reste.

Les bras du lophophore des Hippocrépiens peuvent subir une modification assez intéressante : c'est l'arrêt de développement d'un des bras- Il m'est arrivé fréquemment de voir des polypides étalés présentant cet écart organi- que; le bras avorté ne por- tait qu'une très petite quan- tité de courts tentacules , tandis que l'autre restait nor- mal avec des tentacules très longs. Il y a peut-être un acheminement vers la forme des Rhabdopleura d'Allman.

Sur une Phimatella luci- fuga de l'Étang de Saint-Hu- bert près Rambouillet, j'ai vu un polypide dont tous les tentacules internes étaient au moins de moitié plus courts que les externes ; d'autres polypides avaient des tentacules plus courts que les autres, mais disséminés parmi eux.

En somme, la classification d'Allman ne se base que sur la présence ou labsence de l'épistome, puisque le genre Frédéricelle n'est maintenu dans le sous-ordre des Lophopiens qu'en raison de fé- pistome ; mais les avortons des Plumatelles privés d'épistomes conservant le rudiment du lophophore bilatéral, ce dernier caractère, indiqué d'abord par les auteurs, doit passer avant celui fournis par l'épi- tome.

Telles sont les raisons qui nous font revenir à la classification de Dumortier en la complétant, et sans tenir compte de l'épistome , le caractère du lophophore étant suffisant.

Je propose à présent la classification suivante pour les Bryo- zoaires d'eau douce.

Fig. 1.

6 J. JULLIEN

Class. BRYOZOA Ehrenberg, -1834.

la S. -class. BRYOZOA LOPHOPODA Dumortier, iSSo.

4 a Tribus. B. loph. caduca J. Jullien.

1^ Famil. Pedicellinidœ Hincks, 1880.

Genus Pedicellina Sars. \

Barentsia Hincks. ' marins.

Pedicellinopsis Hincks. y

Urnatella Leidy, \ 851 .

gracilis Loidy, 18o4. États-Unis.

2^ Famil. Loxosomidœ Hincks^ 1880. Genus Loxosoma Keferstein, inarin.

2a Tribus. B. loph. perstita J. Jullien.

1* Famil. Plumatellidœ J. Jullien,

Genus P/M/Hrt/e//a Lamarck, 1816.

reyens Linné, 1758. Europe et Asie (Inde).

/«ci/'Hj/a Vaucher, 1804. Europe.

arethusa Hyalt, 1868. États-Unis.

diffusa Leidy, 1851. États-Unis.

Aplinii Mac Gillivray, 1869. Australie. Genus Hyalinella J. Jullien.

vesicularis Le\dv, 1854. États-Unis.

? vitrœa Hyatt, 1868. États-Unis.

2a Famil. Lophopusidœ J. Jullien.

Genus Lophopus Du.movV\ei\ 1835.

Ti^emhleyi J. Jullien, 1884. Europe, Genus Pectinatella Leidy ^ 1851.

viaynifica Leidy, 1851. États-Unis.

Carteri Hyatt, 1868. Inde. Gen. Cristalella G. Cuvier, 1798.

Mucedo G. Cuvier, 1798. Europe.

Idœ Leidy, 1859. États-Unis.

ophidioidea Hyail, 1868. États-Unis.

't lacustris Potts, 1884. États-Unis.

3a Famil, Rhahdopleuridœ Hincks, 1880, (îou. [{habdopU'ura Allman. iiiarin.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 7

2^ S.-class. BRYOZOA INFUNDIBULATA P. Gênais, 1837.

la Fam, Pahtdicellidœ Allman. '1836.

Gen. Paludicetla P. Gervais, 1836.

articulata Ehrenberg, 1831 . Europe et Amérique septentrio-

nale.

erecta Volls, 1884. Amérique septentrionale.

2^ Famil. Hislopidœ J. Jullien.

G. Norodoniai. Jullien, 1880.

Cambodgiensis J, .Jullien, 1880. Indo-Chine.

sinemis i. Jullien, 1880. Chine. G. Hislopia J. Carier, 18.58.

lacMstris S. Carter, 1838. Inde.

Pendant que je rédigeais cette Monographie, Leidy, en Améri- que, a publié une note sur V Umatella gracilis; il a placé son espèce dans la famille des Pédicellinidées; déplus, il a fait entrer dans cette famille le genre Loxosoma, de Keferstein. Cependant, les ten- tacules des Loxosomes sont si petits, si peu développés que je ne puis admettre qu'avec réserve l'idée du savant américain. Toutes les espèces de Loxosomes sont marines, elles sont dépourvues de pédicule vrai ; le leur, faisant partie de la zooecie, périt avec cette dernière, et ne persiste pas comme celui des autres Pédicéllinides. C'est pour cette raison que j'ai conservé la famille des Loxosomi- dées établie par Hincks.

Quant au genre Rhabdopleura d' Allman, je le place à la suite des Lophopodes persistants, avec lesquels il a de nombreuses affinités. C'est un Lophopode modifié, comme le genre Fréderi- celle est une Plumatelle modifiée; je ne trouve point chez cet animal le motif d'une sous-classe, comme l'ont pensé les auteurs anglais. Je rejette donc les Pterobranchia de Ray Lankester, aussi bien que son ordre des Podostomata, comme absolument inutiles ; ces grands mots sont le résulat de l'ignorance, dans laquelle se trouve Ray Lankester vis-à-vis des variations des Lophopodes. Hincks lui-même nous dit que « par la forme du zoarium et pour divers autres sérieux motifs, ce genre se rapproche du groupe d'eau douce des Phylactolœmata »; cependant il accepte l'opinion de Ray Lankester. Une particularité intéressante est que la con- tractilité du funicule, niée par Allman, mais que j'ai constatée nombre de fois, se retrouve très énergique dans le genre en ques-

J. JULLIEN

tion, elle agit absolument seule pour le retrait du polypide dans la zoœcie.

Classe des BRYOZOAIRES Ehrenberg, 1834.

Animaux possédant : des branchies ciliées affectant la forme de tentacules oraux, un tube digestif complet, un pied rudimentaire ou avorté; ils sont renfermés dans des zoœcies soit gélatinoides, soit chitineuses, soit calcaires, formant ordinairement des colonies par bourgeonnement.

Sous-classe : BRYOZOAIRES LOPHOPODES Dumortier, 1835.

Synonymie: Polypiaria duhia de Blainville, 1834; Polypiaria hippocrepia P. Gervais, 1837; Polyzoa phylactolœmata AUman, 1856.

Bryozoaires dont la couronne branchiale ou lophophore est gar- nie d'une double rangée de tentacules, possède la forme d'un fer- à-cheval plus ou moins régulier, ou bien est ovalaire avec deux tentacules rentrants.

Bryozoaires lopliopodes caducs.

Bryozoaires lopliopodes dont les zoœcies sont caduques après la mort du polypide ; la gaîne tentaculaire en est incomplètement rétractile dans l'ectocyste.

Famille des Pedicellinidées.

Zoœcies charnues, presque globuleuses, dont le polypide ne peut s'étendre complètement au-dehors pendant son extension, et ne contenant jamais de statoblastes; elles sont supportées iso- lément à l'extrémité des branches d'un zoarium simple ou ra- mifié.

Cette famille comprend les quatre genres : PedicelUna^ Barenû- sia, Pedicellinopsis et UrnateUa, Le dernier seulement vit dans les eaux douces.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE <j

Genre URNATELLA Leidy (1851), fig. 4-8.

Zoœcies charnues, campanulées, portées par un zoarium ra- meux et segmenté.

Urnatella gracilis Leidy (1854). Fig. 4 à 8.

« Tiges (1) isolées ou groupées par six, fixées à leur extrémité inférieure par une substance granuleuse de couleur rouge. Seg-

Fig. 4.

(1) Proceedings Acad. Nat. Se. of Philaiielphia, V, p. 321.

10

J. JULLIEN

ments urniformes de 0™"i22o de longueur sur ()'""' 18 de largeur, devenant plus petits vers les extrémités libres des tiges ; chaque

segment urniforme est transparent, blan- châtre, avec des stries et des ponctuations transversales, couleur de terre de Sienne; il porte de chaque côté, inférieurement, un processus arrondi, ce sont les restes des branches antérieures; l'étroit sommet et la portion inférieure des segments sont bruns et annelés. L'antépénultième et le pénultième des segments ainsi que leurs branches sont oblongs et transparents. Les polypides ont 0"i"^225 à O'^n^iS de long; ils sont campa- nules, étendus, la bouche est circulaire, leur diamètre égale la longueur du corps sur- monté par quatorze tentacules cylindriques, ciliés et rétractiles.

» Les tiges ont environ 4 millimètres de long. « (Traduction du texte de Leidy).

Habitat : Face inférieure des pierres dans les eaux douces : Rivière Schuyikill dans la ville de Philadelphie (États-Unis), D»- Leidy.

Lea a découvert V Umatella dans le Scioto sur une Unio qu'il a donnée au Musée de Philadelphie.

11 est évident que la seule et unique es- pèce de ce genre a des rapports très étroits avec les animaux des autres genres de cette famille. L'intestin, qui est droit chez les Pédicellines, est coudé chez les Urnatelles ; ces dernières possèdent aussi presque le double de tentacules, mais ces caractères sont secondaires et ne peuvent être utilisés ici qu'à séparer les genres. Je suis tout à fait poussé à croire que l'Urnatelle a la même disposition de lophophore que les Pédicellines. Pour moi, l'Urnatelle est une Pédicelline ramifiée, même développée dans ses différents organes, comme les genres marins Barentsia et PedicelUnopsis établis par Ilincks.

Fif

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

11

Fig.

Dans sa monographie, AUman a donné, à la page 20, la figure de la Pedicellina cernua, on y voit le lo- phophore décrire un croissant hippo- crépien simple, croissant dépourvu de tentacules internes, mais dont les bras ne sont pas soudés entre eux à leurs extrémités. Les Urnatelles, comme les Pédicellines , sont des Hippocrépiens avortés qui n'ont pas la faculté de dé- velopper complètement leurs tentacu- les; elles sont même d'une petitesse très grande comparativement aux au- tres Hippocrépiens dont elles se rappro- chent par la disposition du lopliophore et par la présence de l'épistome.

Je n'ai pas encore eu l'occasion d'étudier des Pédicellines vi- vantes, et je n'ai pu voir, sur celles que je possède dans l'alcool, la dis - position indiquée par Allman; c'est seulement après l'examen de ses dessins que j'ai eu l'idée de placer le genre Umatella parmi les Hippo- crépiens, malgré la grande simpli- cité de son organisation si différente de celles des autres groupes. All- man, je ne sais pourquoi, l'a placée parmi les Gymnolœmata.

Leidy vient de publier dans le Journal de V Académie des sciences naturelles de Philadelphie une lon- gue note sur cette Umatella. l\ a eu les mêmes vues que je viens de développer et il a ajouté à son texte une superbe planche dans laquelle j'ai copié quelques figures (1).

(1) J. Leidy, Umatella r/racilis, a fresli- water Polyzoan. Journal of the Acadeniy of natural Sciences of Philadelphia, (2), IX, part I. 1881 (avec figures dans le texte et une planche coloriée), p. 5.

12 .1. .IULLIEN

Bi'yoxoaîres lopliopotîe» persistants.

Bryozoaires lophopodes dont les zoœcies charnues ou cornées sont persistantes après la mort des polypides. La gaîne tentacu- laire est complètement rétractile dans l'ectocyste ; les tentacules sont réunis inférieurement par une membrane délicate.

l'"e Famille. Plumatellidées, J. Jullien.

Zoœcies cornées ou charnues , tubuleuses , constituant des zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quel- quefois dendroïdes ; ces zoœcies sont soudées entre elles ou bien tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d'origine. Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales; ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres.

Cette famille comprend les genres Plumatella et HyaUnella.

Genre PLUMATELLA Lamarck.

Zoœcies hyalines dans le jeune âge, devenant brunes et cornées ensuite, tubuleuses, libres entre elles ou soudées, formant par leur réunion des zoaria rampants ou dendroïdes, ou quelquefois en amas développés autour et sur les corps étrangers; crête anale (1) plus ou moins évidente, ordinairement transparente, et formant arête; lophophore hippocrépien , et quelquefois ovale; statoblastes libres, ou libres et adhérents, presque toujours abon- dants.

Plumatella repens Linné, 1758. Fig. 1 à 3 et 9 k 84.

Zoœcies subclaviformes, à sections transversales ordinairement

(1) Je donne le nom de crête anale à cette saillie plus ou moins constante à laquelle Allman a improprement donné le nom de sillon (Furrow et Keel). Quand elle existe, elle est toujours située sur la région frontale de la zoœcie; son point de départ se trouve à la région postérieure; elle se termine constamment à la place occupée par l'anus pendant l'expansion du polypide. C'est grâce à elle qu'Allman a si magnifiquement multiplié ses diagnoses, et, qu'avec quelques autres caractères illusoires, l'auteur anglais dépassant d'Orbigny a fait deux genres et dix espèces avec le même animal.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

13

triangulaire ou subcylindrique, avec ou sans crête anale; quand la crête anale existe, elle est simple ou bifurquée; si elle est simple, elle se termine à l'orifice qu'elle entoure comme une bague et aboutit à l'anus; elle se dirige en arrière en suivant la ligne médiane de la ré- gion dorsale de la zoœcie, sur laquelle elle a commencé ; si elle est bifurquée, elle se termine de la même manière, mais les branches de la fourche naissent en arrière de chaque côté de la zoœcie, puis se réunissent bientôt pour former une ligne aboutissant a l'orifice ; enfin il arrive très souvent qu'on rencontre des zoœcies qui sont subcylindri- ques sans trace de cette crête. Ces trois formes zoœciales exis- tent séparément sur certaines colonies et sont mêlées sur d'autres. Zoaria, soit filiformes, rami- fiés, rampants et adhérents donnant quelquefois naissance à des branches libres, soit en amas plus ou moins volumineux, atteignant quelque- fois le volume du poing, étalés sur les corps immergés ou encore formant autour des tiges de bois ou de fer des anneaux complets aplatis sur leurs bords; ces amas se rencontrent égale- ment sur les tiges délicates des Potamogeton natans, ils atteignent souvent de sept à vingt centimètres de longueur, sur un à un centimètre et demi de diamètre.

Sur 50 polypides bien constitués, et pris au hasard chez diverses colonies, le nombre des tentacules a varié dans les proportions suivantes :

44 tentacules.

45

46

47

48

49

50

51

52

53

\ fois 3 3 <o

3 18 9 6 3

Fig. 11.

Comme on le voit, ce nombre est excessivement variable, puis-

14

J. JULLIEN

qu'un tiers environ seulement peut être considéré comme type principal avec 50 tentacules, que le second tiers en possède plus de 50 et le troisième moins. Mais je n'ai jamaiis vu, en aucune circonstance, un polypide porter les soixante tentacules annoncés parles auteurs, depuis Gervais jusqu'à Allman. Il est impossible de les compter dans leur position normale, à moins qu'ils ne soient étalés de face, qu'on domine l'orifice buccal ; on les compte au contraire facilement en décollant le zoarium avec une aiguille et en l'observant renversé dans un verre démontre on a versé quelques gouttes d'eau limpide.

Sur deux polypides à bras loplioplioriens inégaux, il y avait 40 et 44 tentacules : sur celui avec 40 tentacules, un bras en portait 11 et l'autre 20; celui qui en avait 44 en portait 19 d'un côté et 25 de l'autre, les tentacules étaient plus courts sur la branche avortée; sur l'autre ils étaient très inégaux, quelques-uns dépas- sant leurs voisins d'un tiers de leur longueur.

Fig. 12.

Fig. 15.

Un polypide avorté ne portait que 17 ou 18 tentacules, alors que sur ses congénères on en comptait de 49 à 52 ; il offrait cette particularité d'avoir les deux branches du loidiopliore soudées par leur bord interne. Cette anomalie était accompagnée de l'arrêt de développement des tentacules internes, qui ne se montraient plus que sous la forme de petites verrues peu nombreuses, sur l'espèce de crête formée par les branches du lophopliore; je n'ai pu découvrir l'épistome sur ce polypide (1).

Sur des polypides résultant de l'éclosion de deux statoblastes, le 11 avril 1884, j'ai pu compter 31 et 33 tentacules.

Rœsel donne sur ses dessins 52 tentacules à un polypide de la planche 75, et 56 à un autre polypide de la planche 74; Allman en a dessiné 39 et 43 à sa Plumatella repens ; Van Beneden pour VAl-

(1) Le 31 mai 1885, j'ai trouvé dans l'étang de Villcbon, près Paris, une colonie développée sur un petit caillou. Un des polypides ne portait que 14 tentacules disposés en forme de Frédéricelle; il était mêlé à des polypides réguliers; je n'ai pu mallieiircu.^enicnt ni'sssurer de l'existence ou de l'absence de l'épistome.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

15

Fig. 16.

cyonella stagnorum en indique 42 à 46 dans l'espèce qui a servi à ses études; il ajoute qu'il en a vu de 50 à 60, et que le nombre des tentacules lui paraît très variable.

Le calyce qui garnit la base des tentacules ne peut servir aux diagnoses d'une espèce, comme Allman l'a pensé ; l'insertion de cet organe varie non seulement sur les polypides d'une même colonie, mais encore sur le même polypide, il n'est pas toujours identique sur tout son pourtour. Il est d'ailleurs difficile à étudier.

L'estomac est rayé longitudinalement de jaune foncé sur un fond jaune pâle dans les beaux exemplaires, mais cette nuance peut s'amoindrir et devenir simplement laiteuse sur des échan- tillons dégénérés.

Les statoblastes sont ovales, guère plus longs que lar- ges ; leur taille et leur forme varient d'un polypide à l'au- tre et même cliez un seul polypide. Ils sont formés de deux valves dont la supé- rieure est plus apla- tie, avec l'aréa cen- trale plus étroite que chez l'inférieure. D'après Meyer, Van Beneden et Allman les embryons ciliés de cette espèce don- nent d'emblée nais- sance à deux poly- pides jumeaux.

Cette Plumatelle est répandue dans

toute la France, elle abonde dans beaucoup d'eaux dormantes ou d'un cours peu rapide. Aux environs de Paris je l'ai rencontrée : à l'étang de Brise-Miche près Ghaville, sous les feuilles et sur les pétioles de Nymphœa alba, le 24 août 1884; les exemplaires y

Fig. 17-47.

16

J. JULLIEN

étaient peu abondants et assez petits, à peu près, mais non com- plètement, dépourvus de crête anale; zoarium rampant et ramifié, /;c=5;^ ^r:^ ^ . ,<=5n ^-^ non arborescent.

A l'étang de La Tour, près Ram- bouillet ( Seine - et-Oise), sous les feuilles de Nym- phœa alha, le 17 août 1884 ; des statobl aste s , ayant déjà subi un certain déve- loppement sont entrouverts dans le tube de l'endo- cyste, l'un a ses deux valves séparées ; un autre, qui n'est qu'en- tr'ouvert d'un seul côté, pirouette dans le sens de la fente sans s'arrêter, rien ne dépasse les valves et on ne distin- gue pas le détail du contenu. Les zoaria sont super- bement ramifiés à la surface inférieure des feuilles et les zoœcies sont dépourvues de crête anale. A l'étang de Saint-Cucufa dans la forêt de Marly, le 7 septembre 1884; sous les feuilles de Nymiyhœa^on rencontre de jolies Plumatelles largement développées avec des

Fig. 48-62

Fig. 63

"^"5 .<

Fis. 61.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE

17

statoblastes, mais je n'y ai pas vu de testicule en activité; il y avait seulement dans la cavité périgastrique des spermatozoïdes immobiles, peut-être morts, qui étaient agités par les courants intérieurs. Dans le lac d'Enghien, qui n'est qu'un étang, elle est très abondante sur les murs submergés, sur les grilles en fer qui séparent les eaux du lac des fossés des parcs voisins, elle est à fleur d'eau sous forme d'Alcyonelle ; près du pont de Saint- Gratien, sur les bois des fascines , qu'elle recouvre parfois en- tièrement sur toute leur longueur, elle s'y présente sous toutes les formes, alors ces immenses colonies sont le résultat de l'enchevêtrement et de la diffusion des co- lonies produites par l'éclosion, sur la mê- me branche d'innom- brables statoblastes libres ou iixes, visi- bles encore au com- mencement des zoœ- cies d'origine. Sous les pierres de petite dimension et sous les débris de bouteilles, de briques, de verre, de chaussures, etc., on la voit former de petites colonies ram- pantes et ramifiées

sur lesquelles on voit quelques rares branches devenir libres de toute adhérence; elles ont le même aspect que les colonies si communes sous les feuilles des Nymphœa. Au Champ-des- Biens à Orgeval, je l'ai rencontrée sous les feuilles de Nymphœa dans un très-grand vivier de jardin ; une de ces colonies avait pris la forme d'Alcyonelle, elle formait sous la feuille une sorte de massepain abords aplatis ; les autres colonies étaient de forme

Fig. 65.

18

J. JULLIEN

normale. Je l'ai encore rencontrée dans des mares à Alfort, sous forme d'Alcyonelle sur des branches mortes. P. Gervais et Van

Beneden, Raspail et beau- coup d'autres l'ont aussi signalée aux environs de Paris.

Dans les montagnes du Charollais et du Brionnais (Saône-et-Loire) , je l'ai > trouvée partout ; cette montagneuse région est couverte de prés , les bœufs en broutent l'herbe pendant toute la belle sai- son, aussi est-on obligé de creuser dans chaque pré une fosse qui sert d'abreuvoir, l'eau s'y re- nouvelle facilement, elle y est ordinairement très limpide, et garnie de di- verses plantes, surtout de PotamogétonSjde Macres, etc. ; les parois sont le plus souvent des murs en pierres sèches à travers lesquelles pas- sent les racines des arbres riverains, chêne, aulne', noisetier,

églantier, etc. Les grands étangs, les ri- vières, les torrents, les ruisseaux abon- dent, dans les fonds de ces coteaux de granit rose sur lesquels s'étalent les ro- ches jurassiques. Aussi la Plumatella re- pens trouve-t-elle de quoi pulluler dans ces eaux si riches en matériaux de toutes sortes, l'on trouve des myriades d'In- fusoires.

Ainsi je l'ai pêchée dans la Reconce à Charolles et à Varennes-sur- Reconce ; dans l'étang du Verdrat près Charolles; à Saint-Christophe en Brionnais dans les mares qui sont derrière les Eaux miné- Fig. 67. Fig 68. raies, dans le grand étang de Saint-Chris-

Fig. 66.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

l'J

tophe, dans les mares du hameau de Fougères, du hameau de Tréhi, du hameau de Ponay, dans les étangs de Bataillis, de Loury, des Sertines, de la Clayette, etc. , etc. Enfin je l'ai rencontrée, sous forme d'Alcyonellc sur une branche morte, dans la Loire près de Bourbon-Lancy.

Risso et Paul Gervais l'ont signalée dans le midi de la France.

A l'étranger on l'a rencontrée depuis les Orcades jusqu'en Russie, il est peu probable qu'elle se soit arrêtée aux Monts Oural; et depuis la Suède jusqu'en Italie et aux Pyrénées; elle est certainement beaucoup plus étendue encore.

Carter prétend l'avoir trouvée dans l'Inde près de Nagpoor. Notre collègue M. Chaperm'a donné deux Unio rapportés par lui de l'é- tang de Darodji, qui se déverse dans la Tungapatra, affluent de laKistna, Présidence de Madras, district de Bellari (décembre 1882), sur les co- quilles desquelles existent des sta- toblastes fixes très semblables à ceux de notre espèce ; cette obser- vation pourrait bien fortifier celle de Carter, mais elle n'est point suffi- sante pour fixer la question. Il fau- drait étudier l'animal tout entier.

Elle se plaît dans les lieux ombra- gés, mais non pas obscurs , on la trouve sous les corps immergés et quelquefois aussi sur eux cela tient à la légèreté des statoblastes qui s'arrêtent dans leur ascension, un corps rigide peut les fixer, mais la colonie peut très bien avoir des rameaux supères et d'autres infères. Elle est fréquente sous les feuilles de Nénuphars, de Potamogeton natans et P. crùpus. de Trajoa natans, dCAlisma plantago, sur leurs tiges et sur leurs pétioles, sur les bois morts, sur les pierres, sur les herbes aquatiques et sur tout ce qui est immergé et solide. On doit la chercher de préfé- rence au-dessous des changements possibles de niveau dans les étangs, les mares, les rivières.

Elle varie à l'infini de taille et de forme. Ici, elle atteindra la

20

J. JULLIEN

forme d'Alcyonelle, à côté elle gardera celle de Plumatelle, bien malin celui qui dira pourquoi ; mieux encore, dans certaines mares, dans certaines étangs, les colonies auront un tel aspect qu'on croira avoir une espèce distincte et qu'on fera comme Allman

Fig. 70.

dix espèces avec la même. Certes, le savant Anglais avait sûre- ment bien travaillé la question et il croyait bien la tenir, quand

Fig. 71.

il a publié sa Monographie des Bryozoaires d'eau douce ; il s'est trompé quand même d'une façon lamentable, car aucun de ses caractères ne peut être conservé. Passons les en revue :

MOxXOGRAPHlE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

21

Zoœcies. Leur forme est très changeante, surtout quand le polypide vit encore à l'intérieur, elles peuvent être subcylindriques ou claviformesouurcéolées; cela dépend seulement du contenu et du moment de l'observation, dans certains exemplaires elles for- ment les trois quarts d'un cylindre porté sur une base plate, ailleurs elles sont triangulaires; elles peuvent se souder entre elles ou rester libres; elles peuvent ramper bout à bout comme elles peu- vent former des rameaux libres. Ces différents états peuvent se rencontrer fsur les mêmes colonies. Le diamètre est encore très variable. Aliman nous signale que la forme alcyonelle ne se ren-

Fig. 72.

contre jamais en Irlande tandis que la forme plumatelle y abonde, ce n'est pas une raison suffisante pour en faire une espèce à part, quand on trouve tous les intermédiaires entre l'Alcyonelle et la Plumatelle ordinaire. Seulement il faut savoir que, à tel endroit, les zoœcies auront une forme, à tel endroit elles en affecteront une autre, et qu'ailleurs la même colonie présentera des zoœcies réunissant toutes les variétés précédentes, détruisant ainsi leur spécificité.

9->

J, JULLIEN

Fi", -n.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

23

Fig. 74.

Zoœcies jumelles. Van Beneden et AUman ont trouvé extraor- dinaires les formes qu'ils ont nommées Alcijonella ftabelhcm et Plumatella jugalis iparce que le zoarium commence par deux zoœcies jumelles, or cette disposition s'observe sur toutes les variétés de Plumatella rc- pens; je l'ai également observée sur la Plumatella lucifuga. Cette disposition paraît naturelle quand le zoarium naît d'un œuf et non d'un statoblaste ; l'œuf contient une larve ciliée donnant naissance à deux polypides jumeaux, il faut bien que ces deux polypides se logent séparément, il en résulte Isi Plumatella jugalis qui devient V Alcyonella flahel- lum si les zoœcies se soudent. Sur ces zoaria on ne trouve jamais d'écaillés de statoblastes parce qu'il n'y en a jamais eu.

Les zoœcies jumelles ne peuvent donc pas servir de caractère spécifique.

Crête anale. AUman a donné à cette crête les noms de sillon et de carène (Furrow and Keel), je préfère à ces noms ceux de crête anale parce que l'anus est toujours son point de terminaison et qu'elle oriente la disposition du polypidedans le tube zoœcial. Grâce à ce rapport, nous af- firmons que la figure, placée par Allman sous le 6 de sa planche 7 est tout-à-fait erro- née, le dessin en est mauvais. Cette crête existe ou n'existe pas, et son existence n'est pas non plus un caractère spécifique puis- qu'on la voit sur des colonies certaines zoœcies en sont privées. Je ne l'ai point vue sur les Plumatella repens du lac d'Enghien, de l'étang du Verdrat, de la Loire; dans beau- coup de mares toutes les zoœcies la possèdent dans beaucoup d'autres (comme à Saint-Gucufa) les zoœcies sont toutes mélan- gées, les unes sont presque cylindriques, les autres avec une crête anale simple et transparente, d'autres avec une crête anale four- chue à son origine sur le fond de la zoœcie, également trans- parente, enfin il y a des zoœcies qui portent une crête simple dépourvue de toute transparence.

Statoblastes. Voici à présent des corps particuliers, des bour- geons, comme dit Allman, entourés par une coque chitineuse

Fig. 75.

24

.T. .IULLIEN

séparée en deux valves que réunit et consolide un anneau de même nature qui ferme les bords; mais ces statoblastes sont très variables de forme, depuis les circulaires jus- qu'à l'ovale le plus prononcé, et on trouve faci- lement des échantillons divers dans une même colonie. C'est donc un caractère qu'il ne faut em- ployer qu'avec une certaine prudence ; on peut juger sa valeur en comparant les dessins de Hyatt et les nôtres.

Calice. Allman a cru pouvoir tirer de cet organe de bons caractères, il a desssiné ce qu'il a cru voir, car il m'a été impossible de retrouver ses croquis. Je noterai en passant que cet organe est d'une étude délicate, et que sa disposition varie constamment par les mouvements des ten- tacules. Cependant j'ai constaté que non seulement il était va- riable sur les divers polypides d'une même colonie, mais encore

sur les divers points de la même couronne tentaculaire. Alors quel caractère spé- cifique peut-on espérer tirer de ?

Taches blanches de Vendocyste. Ces taches d'un blanc bleuâtre, quand on les voit à la lumière incidente , paraissent jaunâtres à la lumière transmise; l'acide acétique les fait dispa- raître sans effervescence. Ordinairement on les voit dispersées sur l'endocyste de la gaine tentaculaire, ce n'est qu'exceptionnellement qu'il s'en trouve sur l'esto- mac lui-même, et sur le funicule si volumineux qui fait suite aux corps bruns, ainsi que je l'ai observé, sur la Plumatella repens de l'étang du Ver- drat, le 19 septembre 1883. Ces taches sont souvent absentes et leur excès n'est pas admissible pour caractériser une espèce, comme Hancock l'a pensé et Allman après lui.

Ainsi se trouvent élagués tous les caractères établis par Allman avec un talent apparent qui en impose, mais qui ne résiste pas à une étude atten- tive de ces animaux.

Synonymie. Comme conséquence de ce qui vient d'être dit, je vais établir la synonymie de la Plumatella repens telle qu'elle doit être :

Fig. 7-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE

25

Ttibipora repens Linné. 1758.

Tubularia fungosa Pallas, 1768.

Spongia lacustris Schmiedel.

Leucophra heteroclita Millier.

Alcyonium fluviatile Bruguière, Bôsc, Laraouroiix.

A Icyonella stagnoram Lamarck, Schweig- ger, Lamouroux, Meyen, Ehrenberg, Blainville, Carus, Duraortier, Teale, Johnston, Siebold.

A Icyonella fluviatilis Raspail. P. Gervais .

Plumatella campanulata var. dumetosa P. Gervais.

Alcyonella fungosa van Beneden, Du- mortier et Van Beneden, Allman.

Alcyonella anceps Dalyell.

Alcyonella gelatinosa Dalyell.

Polype à panache P. Gervais.

Alcyonella lienedeni Allman.

Alcyomlla flabellum Van Benedon, All- man.

Corallenartiger Kamm^olyp Sehaffer.

Tubularia repens Millier, Gmelin, Turton.

Der polyp mit dem Feder-busch Eichorn.

Alcyonella, Icrtius cvolutionis gradus Raspail.

Plumatella repens Lamarck, Blainville, Dumortier, Johnston, Fleming, P. Ger- vais, Allman, Thompson, Dalyell.

Plumatella campanulata Van Beneden, Lamarck , Schweigger , iBlainville , Risso. P. Gervais.

Federbuscli-polyp Rœsel.

Tubularia gelatinosa Pallas.

Tubularia campanulata Blumenbach , Gmelin.

Tubularia reptans Turton.

Naisa campanulata Lamouroux

Plumatella punctata Hancock, Allman.

Plumatella coralloides Allman.

Plumatella emarginata Allman.

Plumatella elegans Allman.

Plumatella Dumortieri Allman.

Plumatella jugalis Allman.

Voilà pour le coup une synonymie qui fera réfléchir les débu-

Fig. 79.

Fig. 80.

26 .1. JULLIEN

tants et beaucoup d'autres; elle prouve que l'étude des Bryo-

Fig. 81.

Fiff. 82.

iioaires d'eau douce n'est pas ce qu'il y a de plus facile, au moins pour ce qui regarde la Plumatella repens.

Fis. 83.

Fig. 84.

Cette espèce ne produit pas de Frédéricelle.

Plumatella lucifaga Vaucher, 1804. Fig. 8.5 à 125.

Zoœcies tubuleuses, augmentant de diamètro depuis le cora-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE

•27

mencement de la zoœcie jusqu'à l'extrémité; à sections transver- sales toujours triangulaires, jamais subcylindriques ni cylindri-

Fi-.

Fig. 80.

ques; toujours avec une créùe anale simple et dépourvue de transparence, l'extrémité zoœciale est ordinairement liyaline et renflée plus ou moins. Les zoaria formés par ces zoœcies sont comme toujours très variables : souvent ils sont rampants, chaque zoœcie adhé- rente sur moins de la moitié de sa longueur, la portion libre toujours beaucoup plus longue et beaucoup plus grêle que dans la Plumatella repens, ces zoœcies ne fournissent pas de branches ; 2o d'au- tres fois, il riait quelques rameaux qui sont formés seulement par un petit nombre de zoœcies, et si une de celles-ci touche un corps résistant, elle s'y fixe et produit une nouvelle portion rampante ; il y a des zoaria disposés comme au n'^ 1 mais dont quel- ques zoœcies produisent de petites branches formées par quatre ou cinq zoœcies seulement autour des branches, les autres ramuscules coloniaux sont rampants : on voit quelquefois des zoaria sur lesquels des zoœcies deviennent im- menses, leur côté est orné de trous arrondis disposés sur une seule ligne, ces trous sont tout ce qu'il reste de zoœcies charnues qui ont disparu, mais

V'v^. 8"

Firr. K.-<.

28

J. JULLIEN

dont la dernière peut être encore en place au moment de l'obser- vation; cette forme est l'une des plus curieuse de cette espèce, je croyais avoir trouvé une espèce nouvelle mais les zoœcies ram- pantes ne lui ressemblaient guères ; j'ai' compté jusqu'à douze de ces trous sur une même zoœcie, ce bourgeonnement est exces-

Fig. 89.

Fi,::. 90.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE

sivement curieux ; 5^ enfin le zoarium peut aussi être dendroïde OU frutescent , alors il naît d'un statoblaste et ce n'est que la zoœcie de ce statoblaste qui adhère au support ou encore quel- ques-unes des zoœcies suivantes, leur nombre est toujours très restreint; il y a des zoœcies qui forment des touffes libres de la taille d'une belle noix, entièrement supportées par une seule zoœcie; ces zoœcies se rencontrent ordinairement sous les pier-

Fig. 92.

res, mais j'en ai aussi trouvé sur ces dernières, plantées droit comme un arbre ; je n'en ai pas trouvé qui aient plus de 22""» de hauteur, c'est celle de mes plus beaux exemplaires de Bourgogne. Vaucher attribue à cette espèce les nombres 25 et 32 pour les tentacules du lophophore ; mais il n'y a pas de Frédéricelle avec 2o tentacules, personne n'en a signalé autant, x\llman seul en

30

J. JULLIEN

signale 24; le nombre 32, quoique excessivement faible, ne se rapporte qu'à une Plumatelle. La Tuhularia repens, du même

auteur, me paraît être la forme stricta d'Allman , mais les grains arrondis et aplatis qui représen- tent les statoblastes me semblent bien extraordinaires. Comme Linné avait déjà employé le nom de re- pens, j'ai conserver le nom de lucifvga pour notre seconde espèce de Phcmatella, bien que les des- criptions de Vauclier, auquel La- mouroux attribue une grande sa- gacité, soient absolument incom- plètes et un tant soit peu erronées. Sur trente et un polypides bien constitués et pris au hasard, le nombre des tentacules a varié dans les proportions suivantes :

42 tentacules 6 fois

43 2

44 M

46 i

47 1

50 -1

51 4

53 2

54 3

Fig. 93.

Sur un polypide à lophophorc irrégulier, un des bras portait

Fig M.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

31

19 et l'autre 22 tentacules, soit un total de 41, il y avait un épis- tome au-dessus de la bouche.

Fig. 95.

Trois polypides privés d'épistomes m'ont offert 40, 37 et 21 ten- tacules. Ces chiffres de 40 et de 37 sont vraiment bien élevés pour cette anomalie, qui est d'ailleurs assez fréquente sur les colonies, et corres- pond ordinairement à une diminution des tentacules.

Enfin, chez la Frédéri- celle sultane, qui n'est qu'une monstruosité de cette Plumatelle, il y a de 19 à 24 tentacules ; All- man en donne 24, je les ai rencontrés sur des Frédé- ricelles de l'étang de Ville- bon (bois de Meudon) ; Van Beneden en a compté de 20 à 22. Deux jeunes poly- pides sortant de leurs sta- toblastes n'en portaient que 15. Remarquons ici que la Frédéricelle porte à peu près juste moitié des tentacules de la Pluma- telle. Les Frédéricelles, comme les Plumatelles, sont pourvues d'épistome.

Le calyce des tentacules est aussi variable ; dans la même colo- nie je l'ai trouvé siu^ple et non festonné sur quelques polypides,

Fig. 96.

32

J. JULLIEN

sur un petit individu chaque godet se terminait en pointe à son milieu comme une baleine de parapluie ; ces godets sont plus ou moins saillants.

Fis;. 97.

Fis. 100.

Les statohlastes de cette espèce sont toujours très allongés et ovales, la valve supérieure est aplatie, l'inférieure est concave;

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

33

elles sont réunies par un anneau, quand elles atteignent leur par- fait développement, alors sur la valve supérieure cet anneau celluleux laisse au centre un espace très petit, taudis qu'il est

PHH

Fi.s. 101.

Fig. 102.

FiL'. 103.

beaucoup plus étendu sur la valve inférieure. Ces statoblastes sont d'un brun foncé et l'anneau est plus pâle, ce dernier ne se développe pas chez les Frédéricelles.

D'après Allman, les embryons ciliés de la Plumatella hccifuga ne donnent naissance qu'à un seul polypide ; cependant, j'en possède des colonies à formes jugales qui ne peuvent pas, je crois.

Fig. 104.

Fig. lOG. Fig. 105.

Fig. 107.

se produire autrement que par deux polypides jumeaux.

La Frédéricelle sultane ne constitue pas un genre distinct, elle est un arrêt de développement de la Plumatella lucifuga ; nous croyons pouvoir l'affirmer pour les raisons suivantes :

11 est impossible de ditlerencier les deux zoaria si on ne voit pas les tentacules ou les statoblastes ; et encore on peut mettre ces derniers de côté, car on en trouve d'identiques, c'est-à-dire privés d'anneau, chez la Plumatella lucifuga.

'1" Le zoarium présente les mêmes variétés que celui de la

34

.1. JULLIEN

Fig. 108.

Plumatella lucifurja; daus celle il se développe sur une zoœcie

plusieurs bourgeons la- téraux, ils sont égale- ment tous tournés du même côté, mais ils sont un peu moins serrés.

Van Beneden nous dit que le polypide se subdivise d'une ma- nière irrégulièrement bifurquée, mais pres- que toujours en dou- blant ses rameaux du même côté; il a vu par conséquent la variété dont nous parions.

3" On rencontre quel- quefois (Reconce près Gharolles, Septembre 1883) la Plumatella lu- cifuga et la Fredericella sultana mêlées dans une seule touffe. Croyant avoir affaire à la

Plumatella, je commis la faute de ne pas détacher au ciseau le morceau de pierre, qui portait la petite toufle, pour voir le point ou les points d'origine ; ce groupe était tout seul sous les pierres d'un petit mur de soutien de trois ou quatre mètres de long. Le mélange de ces deux espèces dans cette solitude ne paraît-il pas extraordinaire ?

Le lophophore est ovale et non pas circulaire comme on l'a dit jusqu'à présent pour la Fré- déricelle d'Europe, moi du moins je ne l'ai jamais vu autrement, et de profil il affecte la forme des Ilippocrépiens. Il est hippocrépien quand il sort de la gaîne ten- taculaire ; une fois développé, il est légèrement réniforme, le

Fig. 109.

MONOGRAPHIE DES RKYOZOAIRES d'eAU DOUCE

35

creux du liile placé derrière l'épislome ; cette disposition réni- forme s'accentue davantage quand le lophopliore s'incline du côté opposé. Van Beneden a, lui aussi, reconnu cette disposition du lophopliore chez la Frédéricelle; il dit que « les tentacules sont disposés en entonnoir, mais d'un côté ils sont plus allongés que de l'autre ; cette inégalité dans la longueur est un passage vers les Polypes à panache en fer-à-cheval. Dans les jeunes individus, outre l'inégalité dans la longueur, on aperçoit quelques tenta- cules en dedans du cercle du côté se trouve la lèvre (épis- tome)»; disposition que j'ai parfaitement vérifiée à mon tour. AUman n'avait donc pas besoin d'épistome pour placer cet animal à sa place, puisqu'il est positivement hippocrépien ; mais je dois reconnaître que cette disposition est encore très variable.

Les statoblastes de Fredericella ne sont pas tous réniformes comme Van Beneden et Allman les ont dessinés, il y en a qui sont absolument ovales (comme quelques-uns de ceux de Plu- matella lucifuga) et d'autres sont très allongés avec un con- tour quadrilatéral à angles ar- rondis. Ils sont toujours pri- vés de l'anneau extérieur des Plumatelles, encore par arrêt de développement.

Leur coloration a lieu abso- lument comme chez les Pluma- telles.

Jusqu'à présent je n'ai pu rencontrer de Plumatella luci- fuga dans les étangs pourvus de Fredericella suUana , cela

tient-il à la nourriture que fournit l'étang, ou au milieu am- biant? Une seule fois, il m'est arrivé de les trouver intimement mêlées en une petite touffe, sous les pierres d'une rivière elle était unique, loin autour d'elle. Fait excessivement rare et très important, reconnu déjà par Van Beneden.

Tels sont les motifs pour lesquels je repousse la légitimité du genre Fredericella; je n'admets pas davantage les espèces améri- caines de Leidy et de Hyatt parce qu'elles me paraissent se rapporter aux Plumatellidées du pays.

36 J- JULLIEN

La Synonymie de cette espèce doit donc s'établir ainsi

Tubularia lucifuga Vaucher (1804;. Plumatella lucifuga J.aniarck, Blainville. Naïsa repcns Lamouroux.

Naïsa lucifuga Lamouroux, Deslong-

chanips. Plutnatclla frulicosa Allnian.

Fis. 111.

Fi,2;. 112.

l'IiDnalella Allmani Hancock. Plumatella repens Van Benedcn.

PluinntcUa stricta Allnian.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

37

Et pour sa monstruosité

? Tubulariu coralloides Pallas {I76S). Tubalaria sultana Blumenbach (1777),

Laniouroux. Naïsa sultana Lamouroux^. Plumafella geldtinosa Fleming. Johnston. Bifflugia proteiformis Meyen. Plumatella sultana Dumortier, Johnston.

Fredericella sultana P. Gervais , van Benedcn , Thompson , Allman, Johnston, Du- mortier et van Benedcn, Hancock.

Fredericella dilatata Allman.

La Plumatella lucifuga est loin d'être aussi facile à se procurer que la Plumatelta repens, il y a des localités on ne trouve qu'elle, il y en a elle se trouve avec la PL repens, mais plus rarement, enfin il y a des points la lucifuga est plus abondante que la repens; il est toujours plus facile d'avoir la seconde que la première. Cette espèce est plus difficile à trouver parce qu'elle se cache mieux que l'autre; ordinairement elle vit à une plus grande profondeur, sous les pierres; on la rencontre assez fréquemment sous les bois flottants, et d'autres fois sous des feuilles de Nymphœa et de Potamogeton, ce qui est l'exception. La forme Frédéricelle a les mêmes habitudc^è, j'ai constaté qu'elle pouvait en outre vivre en plein soleil (mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais (Saône-et-Loire) et étang de Villebon, dans le bois de Meudon, près Paris.

Cette Plumatelle a été découverte dans le Rhône par Vaucher en 1804, mais Blumenbach l'avait déjà rencontrée en 1777 près de Gœttingen à l'état de Frédéricelle. Mal étudiée jusqu'à présent, elle est cependant commune dans nos eaux douces, et je la crois aussi répandue que la Plumatella repens dans les ditférents pays d'Eu- rope.

En France, je l'ai découverte aux environs de Paris : à Chaville, dans l'étang de Brise-Miche, //^ sous les pierres de la vanne et sur les feuilles du Potamogeton crispus, elle afleclait la forme de Plumatella stricta, et celle à bourgeonnement latéral linéaire; j'y ai recueilli une colonie jugale qui ne peut s'expliquer que par une larve ciHée à deux bourgeons jumeaux. J'ai aussi trouvé, sous les feuilles de Nymphœa de cet étang, quelques belles colonies de Plumatella repens et quelques petites colonies de lucifuga à forme

^

38 .T. .TULLIEN

rampante ou stricta. Pas une seule Frédéricelle dans cet étang. Elle existe à l'étang de Saint-Hubert près Rambouillet, mais y est peu abondante, je l'ai retirée d'une profondeur de près d'un mètre, sur la face inférieure de pierres éboulées à la chaussée de Pourras; c'était des zoaria de petite taille rampants d'abord, puis fournissant de distance en distance de petits rameaux : pas de Frédéricelle dans cet étang. On la trouve dans l'étang de Saint-Cucufa de la forêt de Marly, près de Bougival; bien que cet étang renferme énormément de Nénuphars blancs, aucune des feuilles que j'ai examinées n'en portait trace, elle existait cepen- dant sous les écorces flottantes de Peuplier, sous les bois flot- tants , elle formait des colonies rampantes portant quelques rameaux. J'en ai encore rencontré quelques rares exemplaires à l'étang des Moës près le Mesnil-Saint-Denis (S.-et-O.), le 18 août 1884, elle rampait sous les feuilles de Potamogeion natans, puis par ci, par là, fournissait des jets de '.deux ou trois zoœcies; sous une feuille j'ai récolté une petite colonie non ram- pante et parfaitement ramifiée. encore pas de Frédéricelle. Au Champ-des-Biens , près Orgeval (S.-et-O.), je l'ai trouvée ex- cessivement abondante dans un grand vivier, sous des feuilles de Nénuphar, tandis que la Plumatella repens y était très rare, mais il faut considérer ce fait comme une exception; les zoaria étaient arborescents et naissaient de quelques zoœcies rampantes. Tou- jours pas de Frédéricelle.

Dans le lac d'Enghien et dans l'étang de Villeneuve, près Gar- ches, à l'extrémité du parc de Saint-Gloud, j'ai trouvé des Frede- ricella sultana, mais pas de Plumatella lucifuga. Cette variété gar- nit, de ses jolis petits buissons, les pierres, les brindilles et tous les corps solides elle peut se fixer; elle de- vient superbe dans le lac d'Enghien j'en ai recueiUi de magnifiques colonies; dans l'étang de Ville- neuve, près Garches, j'ai vu des pierres en porter sm' plus de dix centimètres de longueur. C'est aussi la forme de cette Plumatelle à l'étang de Villebon, près Paris; elle y croît en plein soleil, sur les cailloux du bord.

Van Beneden et P. Gervais l'avaient déjà découverte à Enghien en 1838. P. Gervais l'a aussi trouvée à l'étang de Plessis-Piquet, près Fontenay-aux-Roses.

MOMOGRAPIIIE DES RRYOZOAIRES d'e.VU DOUCE 39

En Bourgoc:ne, cette Plumatelle atteint un superbe développe- ment, je ne l'y ai guère trouvée qu'en toulFes, portées par une ou seulement quelques zoœcies rampantes, fixées aux pierres immergées et abritées du grand jour, dans les fentes des murs de soutien on à l'abri, sous des touffes de broussailles surplom- bantes, dans la Reconce associée à la Frédéricelle ; dans les mares qui se trouvent derrière les Eaux Minérales de Saint-Ghristophe- en-Brionnais, dans les prés de M. Maudre et de M. Polette, sans Frédéricelle, mais en compagnie de la PlumateUa repens; dans l'étang de Lourj, elle existe toute seule sous p^==-— .

les cailloux abrités, elle y forme des zoaria i-^— -=4.--L z^ rampants émettant quelques petits rameaux libres; dans cet étang, je n'ai rencontré ni PlumateUa repens ni Frédéricelle sultane.

Quant cette dernière, je l'ai trouvée une fois excessivement abondante en plein soleil, rampant et se ramifiant sur toutes les herbes immergées d'une mare à fond de cailloux, dont l'eau était très limpide; à côté d'elle, sous les feuilles de Potamogeton et de Trapa natans, j'ai récolté de _ ^^^ fort belles colonies de PlumateUa repens, mais pas une seule PI. lucifuga: cette mare se trouve dans le pré qui forme l'angle de la vieille route de la Clayette et du chemin de Fougères, près Saint-Christophe. Enfin, comme je l'ai déjcà dit plus haut, la Frédéricelle existe dans la Reconce, je l'ai recueillie dans une situation absolument exceptionnelle.

PlumateUa arethusa Hyatt, 1868. Fig. 126 à lU.

Zoœcies distinctes, brunes ou incolores selon l'âge; les inco- lores sont les plus jeunes; en vieillissant elles brunissent et la crête anale se dessine ; zoaria en forme d'Alcyonellc ou de Plu- matelle ; il y a de 40 à 60 tentacules ; les sta- tohlastes sont de forme et de taille très varia- bles ; ils ont de id'^^xm de large sur 0"'"^266 de long, 0m™266 de large sur 0"^'"399 de long; en nombres égaux, les statoblastes mesurent 6 sur 8, 6 1/4 sur 9, 6 1/2 sur 10, 7 sur 9, 7 sur 11 1/2, 8 sur 1 1 8 sur 12, chez des stato- Fig. 12G

blastes bien développés.

40

J. JULLIEN

Synonymie : Planiatclla aretJiusa Hyatt, 1868 ; ? Fredericella re- gina Leidy.

Fîg. 127.

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Fig. 143.

Fie. 11-2.

Fie. 141.

Habitat : Etats-Unis, dans les étangs, rivières et ruisseaux des Etats du Maine et Massaclmssetts. On la trouve ordinairement dans

MONOGRAPHIE DES BHYOZOAIllES d'eAU DOUCE

41

l'eau douce, mai.s il paraît qu'elle vit aussi dans l'eau sau

Ilyatt a découvert cette espèce dans des courants modérés ou eu eau dor- mante couvrant généralement de gran- des surfaces; il en existe encore de petites colonies sur des ramuscules et sur des racines ; dans le ruisseau de Tommy la variété alcyonelloïde est associée à la même variété de Frederi- cella regina Leidy , et dans une région plus rapide de ce ruisseau la forme plumatelle de cette Frédéricelle vit côte à côte avec la véritable Plumatella are- tJiusa.

mâtre.

Fig. ii::

Fig. 14(5.

Fig. 117.

42

.1. .lULLIEN

La question des Frédéricelles américaines est donc à revoir,

pour saisir les rapports qui servent de trait-d'union entre les différentes es- pèces de ce pa3's ; il est impossible actuellement de se prononcer là-dessus avec les descriptions incomplètes que L'3idy et Hyatt nous ont données ; cependant il est probable que la Fre- dericella regina est la Frédéricelle de la PlumateUa arethusa, mais je ne l'affirme pas. Hyatt ajoute, que dans le Great Pond (grand étang), au cap Elisabeth, l'eau est saumàtre , on trouve de petites colonies de cette Plumatelle ayant le caractère général des petites r'rédéricelles qu'on trouve aussi là. A Fresh Pond on rencontre la forme plumatelloïde de

cette espèce avec les mêmes (^ ] /— \ formes de Fredericella regina, de PlumateUa vitrœa et Plu- mateUa vesicularis. L'auteur «f /se fil ifs- *^' ^^-^ américain prétend que ces variétés sont le résultat de l'association des différentes espèces sous l'action de semblables causes physiques.

Fie. 148.

PlumateUa diffusa Leidy, 1851.

Fig.

lo5 à 164.

Zoœcies urcéolées (Keg-shaped) an voisinage des orifices, ceux- ci sont rendus émarginés par la crête axiale qui se continue en ar- rière par le côté de la cellule sur une faible crête ; cette crête est d'ailleurs très va- riable ; zoaria Fig. 155. Fig. 150. , ', .

^ adhérents et ram-

pants; tentacules ^n nombre de quarante-deux, leur longueur est

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

43

-^M.

Fie. 158.

(le i'i""353; la couleur de Vestomac est jaime-verdàtre; statohlastes allongés.

Synonymie : Plumatella diffusa Leidy, Allman, Hyatt.

? Frcderidella Walcotti Hyatt.

Habitat. États-Unis, *,,

rivière de Peusylvanie , v'/^

étangs et ruisseaux près de Cambridge et de Balti- more.

Le D"" Leidy en donne Fig. iôt.

la description suivante : « Polypidome divergeant du centre sur de grandes surfaces, consistant en une série de branches simples, courbes, d'une longueur de 2ram25(3 à 4"""o02, naissant les unes des autres sur le côté convexe et fixeéssur toute leur longueur, excepté aux extrémités, sur une longueur de 0"''"564 à0™'^902, elles sont dressées et urcéolées, ou un peu dilatées au milieu et contractées à l'orifice. Le bord des orifices est profondément échancré, et il se continue avec une crête fissuroïde par le côté interne ou concave des branches. La colonie est d'un brun-oli- vâtre sale, avec les extrémi- tés dressées des branches jaunâtres ou d'un blanc trans- parent. Les polypes ont qua- rante-deux tentacules sig- moïdes divergents, disposés au sommet et sur le bord externe d'un disque réni- forme. Les tentacules ont une longeur d'environ l"'"i2o3; la couleur de l'estomac est jaune-verdàtre. L'œuf (statoblaste) avec son anneau marginal est semi-ovale (Leidy veut probablement dire semi-ovoïde) ; il a une longueur de 0'n™373 et une larg-eur de 0"'"'0762. L'anneau est transparent, lisse et celluleux, avec l'ou- verture sur son côté convexe, d'un diamètre de 0"""i78, tandis que sur son côté plat, il n'est que de 0'""'0762. L'œuf (statoblaste) lenticulaire est d'un bran-rougeâtre. »

Hyatt « a trouvé cette espèce en abondance dans les étangs et les ruisseaux près de Cambridge et de Baltimore. Les colonies des ruisseaux sont très différentes de celles qui vivent dans les

Fig.

159.

44 .1. JULLTEN

étangs. Chez la première, les zoœcies sont ordinairement caré- nées, elles portent souvent la crête anale, mais ce caractère n'est pas constant ; les zoœcies sont distinctes, pourvues d'un ectocyste brun et dur, elles forment des branches ditTuses et rarement adhérentes : dans les variétés stagnicoles, les branches sont ordi- nairement adhérentes, et dans Mystic Pond, les branches sont si étroitement serrées que les colonies forment de minces feuilles gélatinoïdes d'une étendue considérable dans lesquelles on ne peut suivre aucune branche au-dessous de Li niasse. Les cellules ou zoœcies ont aussi les limites hexagonales ordinairement attri- buées aux Alcyonelles, et leur por- tion postérieure est plus ou moins enfoncée dans la branche. Les sta- toblastes varient de ^"'"IQQ en lar- geur, sur 0"""333 en longueur, à 0nim249 de large sur 0"'"'349 de long. A nombres égaux, ils varient de 6 sur 10 à 6 sur 12, de 6,5 k 11,5 et de 7,3 à 10,.o. Ici d'ailleurs, comme dans les autres espèces, le diamètre transversal augmente constamment, tandis que le diamètre longitudinal oscille entre 10 et 12. L'anneau varie entre et aux extrémités, et entre ' - m ^

o i 2,3 cl/ 1,5

sur les côtes. »

Nous ferons observer ici que la répudiation du i^enre Alcijonella que Hyatt paraît avoir établie d'après ses idées personnelles, a eu déjà pour premier défenseur M. Raspail en France pendant l'an- née 1828, mais personne ensuite n'avait admis cette manière de voir qui est cependant absolument exacte.

La Frédéricelle de cette espèce pourrait bien èlre la. Fredericella Walcotti de Hyatt, forme encore mal connue puisqu'elle n'a été trouvée qu'une fois à Georgetown (Massachussetts) aux États-Unis et que ses variations n'en ont pas été étudiées; les zoaria que Ilyatt a dédié à Miss Elisabeth Walcott, de Salem, ne contenant pas de statoblastes, n'étaient certainement pas dans une situation complète pour l'étude; on sait que les animaux qui vivent mal ne reproduisent pas. Ce que j'ai dit plus haut des. Frédéricelles américaines se rapporte encore à celle-ci.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 4H

Genre HYALINELLA nov. «en.

s^

Ce genre ne diffère des Plumalelles que par son ectocyste qui est gélatinoïde au lieu d'être corné. Cet ectocyste n'est pas con- stamment incolore, il peut être brun dans quelques localités, mais le plus souvent il reste hyalin.

C3 genre établit le passage de la famille des Plumatellidées à celle des Cristatellidées.

Hyalinella vesiadaris Leidy, 1854. Fig. 165 172.

Zoœcies légèrement dilatées, beaucoup plus larges que l'orifice saillant de sortie, et aussi longues que larges, un millimètre envi- ron ;,elle forme dos zoaria rayonnants et rameux, rampants, inco- lores ou passant au brun mais transparents; animal incolore; statohlasies ovales, lenticulaires.

Synonymie : Plumatella vesicularis Leidy, Allman, Hyatt.

? Fredericella indcherrima Hyatt.

Habitat : États-Unis; Rivière Sclmylkill, Philadelphie; environs de Cambridge (Massachussetts), lac Sebago (Maine).

Sur cette espèce Leidy s'exprime ainsi : « Cette espèce de Plu- matelle est aussi transparente que l'eau dans laquelle elle vit ; elle ressemble à des rangées de vésicules incolores avec une ligne blanchâtre passant à travers leur axe. On la trouve \-^ fréquemment avec des séries d'oeufs noirâtres imbriqués, ^ ^ à la place de cette dernière ligne. Les taches couvrent des x surfaces de six à cinquante millimètres carrés. » g^

Allman lui trouve quelque ressemblance avec la Plu- mateUa punctata d'Hancock.

Hyatt, qui l'a pêchée dans des étangs du Massachussetts et du Maine, nous dit que les zoœcies en sont distinctes, que ces zoœ- cies se groupent en grandes colonies sur les écorces lisses de Spy Pond près Cambridge, les branches souvent serrées ne sont jamais adhérentes; mais dans ce même étang elle pénètre dans les sillons des écorces raboteuses, des bois morts que les intem- péries ont sillonnés et n'y est plus aussi rayonnante ni aussi ser- rée ; au pont de White, dans le lac Sebago, il a trouvé sur une même colonie une variété d'une structure intéressante : le som- met d'une branche, soit en raison de quclqu'empêchement sur la

f\.

46 J- JULLIEN

surface, soit par un développement soudain et excessif des éner- gies vitales, parvient à produire trois bourgeons au lieu d'un, donnant ainsi à la branche un aspect lobé. L'ectocyste n'est pas incolore, il peut brunir dans quelques

localités.

Le cœcum gastrique est très émoussé. Les rétenteurs posté- rieurs ont environ huit rayons, et les antérieurs dix ou onze; il y a cinquante ou soixante tentacules. Les statoblastes varient entre 0"""199 de large sur 0'"'"333 de long, et 0"""233 de large sur 0'"'"349 de long. Les proportions sont également de 6 sur 10 à 6 sur 12, 6 V2 sur 11 V-2 ^^ 7 V2 sur 10 V-2; l'anneau varie de - sur les côtés à ~ sur les côtés et ^ aux extrémités.

4 52 O

La Frédéricelle de cette Hyalinelle me paraît être la Frcc?mcg//a pulcherrima de Hyalt, dont les zoœcies presqu'incolores, fixées

ordinairement sur toute leur longueur, avec la partie libre subdivisée accidentellement en branches libres, corres- 7?t- tp; '!>'« /sj /70 t7' ^^"^ pondent assez bien à celles de l'espèce que je viens de décrire; les zoaria sont rayonnants et semblables à ceux des Plumatelles. Les polypides ne difTè- rent pas sensiblement de ceux de la Fredericella regina. Les statoblastes ont à peu près 0"""S0 de long sur 0'""'16 de large. Hyatt ne l'a rencontrée qu'au pont de Wliite à la sortie du lac Sebago. Cette forme est encore assez mal connue, car son auteur ne l'a vue que dans cette localité, sur l'écorce des bran- ches et en développement, dit-il, incomplet, il ajoute qu'il est probable que les adultes sur les mêmes surfaces ne sont jamais aussi symétriques que celles qui recouvrent les tiges des Nénu- phars. Je ferai remarquer ici qu'il a cependant vu des statoblastes, ce qui indique un bon état des polypides.

HyaUnella vitrea Hyatt, 1868. Fig. 173 à 179.

'■E3*

Zoœcies gélatinoïdes, épaisses et incolores, formant des zoaria rayonnants ou parfois linéaires sur lesquels les zoœcies sont plus ou moins saillantes. Statoblastes ovales presque deux fois aussi longs que larges.

Synonymie : Plmnatella vitrea Hyatt (18(58).

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

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;£^^Eii:-^îwV^-'^v'î't^J..

Fig. 173.

Fi,?. 174.

Habitat. États-Unis, trouvée seulement dans Mystic et Fresli Ponds, deux étangs des environs de Cambridge (Massacbussets).

Ce n'est qu'avec une extrême hésitation que je conserve cette espèce qui me semble n'être qu'une variété de la Hyalinella vesicularis dont elle a presque tous les ca- ractères; je ne la connais point autrement que par le récit de Hyatt que voici :

« Les cœnœcia de cette espèce sont couverts par des ectocystes gélatineux incolores, plutôt plus épais que dans aucune autre Plumatelle, excepté la variété alcyonelloïde de Plumatella diffusa.

» La variété a a ses branches rayonnantes, et les cellules sont plus distinctes que dans la

variété p; mais les por- ^f»,„^_ %^,_ ^^

tions postérieures sont plus enfoncées dans la branche commune que dans les for- mes diffuses de Plumatella vesicularis ou diffusa. Quand elles sont contractées, les

cellules sont tout à fait distinctes et proéminentes. Elle est com- mune sur les petites tiges et sur les ramuscules dans l'eau douce de Mystic Pond. Cet étang est divisé par une écluse de telle façon que la partie supérieure est entièrement ali- mentée par de l'eau douce, tandis que l'eau salée pénètre dans la partie inférieure et la rend tout à fait saumàtre.

•» La variété 6 se développe en longues li- gnes, rarement rameuses, sur la surface des planches et toujours solitaire; les polypides sont quelquefois disposés sur un seul rang, mais on les voit le plus souvent groupés de- puis deux jusqu'à vingt individus de toutes grandeurs. Les portions postérieures des cel- lules sont enfoncées dans la principale bran- che ; la largeur du repli iiivaginé est plus faible quand le polypide est tout à fait étendu, et le polypide peut être plus complètement évaginé que dans aucune autre espèce. Quand elles sont contractées, les cellules se projettent, mais légèrement, sur la branche. Vue en dessus, une branche est semblable à

48

J. JULLIEN

la variété de PlumateUa vesicidaris dessinée dans la fig. 165.

La variété y se rencontre sur des pièces plates d'étain et sur d'autres larges surfaces dans l'eau saumâtre de Mystic Pond. Les colonies diflfèrent de celles de la variété p par leurs branches diffuses et serrées, formant un épais tapis gélatineux.

» Les statoblastes mesurent de 0'"'"266 sur 0'"'^365 à On^mSSS sur O'^^^SeG. En parties égales ils donnent 8 sur 11 à 9 sur 15 et 10 sur 16 àll sur 15, 11 sur 16, 11 Vs sur 16 et 11 J^ sur 17. L'anneau four- nit de aux extrémités à - sur les côtés ; -| aux extrémités à ^~ sur

5 3 o s, 5

les côtés. »

On voit que cette description est peu caractérisante si on ne tire pas profit de la disposition gélatineuse de l'ectocyste ; en cela

Fis. 176.

elle se rapproche énormément de l'espèce précédente, dont elle est très voisine.

Parfitt (1) a décrit deux espèces de Plumatelles qu'il a figurées, mais le tout est si baroque que je ne puis y croire; ces deux espèces sont probablement la PlumateUa rcpens. Il leur donne les noms de PL Uneata et PI. limnas. Je n'ai jamais rien rencontré de pareil; la. PI. Uneata est iouie striée longitudinalement et l'extré- mité libre de la zoœcie est annelé; la PL Umnas a une forme telle qu'elle doit former un genre à part si elle existe ; ses zoœcies sont spatulées, aplaties et entièrement adhérentes, l'orifice est situé sur la partie élargie de la spatule en son milieu.

En 1860, d'Oyly C. (2) a annoncé qu'il venait de trouver en Aus- tralie, près de Melbourne, une Plumatelle qu'il n'a pu rapporter aux espèces décrites par Allman et un autre genre de Bryo- zoairehippocrépien, qu'il n'a pu déterminer avec le même auteur, mais qu'il croit nouveau; il n'en a donné aucune description, ce qui est fort regrettable. C'est sans doute à la première que Mac Gillivray a donné le nom de PhimateUa Ax)Uni.

fl) Pai-fitt E., On two new xpeciex of Freshwater Polyzoa Annals and Magaziii of Nat. Hist., (3), XVIII, 1866, t. 18, pi. XII.

(2) D'Oyly C. H. A|iliri, Frvswalrr [Pohj'zoa Ausiraliti. Ann. and Magazin of nat. Hiht., (:i), Yl, 1860, p. I.jI.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 49

En terminaDt l'histoire des Plumatellidées, je noterai quelques observations anatomiques et physiologiques faites pendant mes recherches.

(.i Le ganglion nerveux, nous dit van Beneden, fournit un collier œsophagien, on voit en outre d' autres filets qui se rendent aux muscles.»

Je n'ai vu aucun filet se rendre aux muscles, mais il m'est arrivé, quatre ou cinq fois, de voir des polypides raccourcis, sur lesquels on ne distinguait plus rien des anciens organes, jouir encore de la rétractilité qui leur est propre pendant la vie; il y a conservation de la rétractilité des muscles chargés de cet office, après la mort posilive et le raccornissement partiel du polypide ; j'ai vu de ces polypides informes et tout ridés, encore pourvus de faisceaux musculaires rétracteurs, suivre au fond de leur zoœcie un polypide voisin intact, en exécutant les mêmes saccades que pendant la vie du polypide. La cause directe de la contractilité musculaire des muscles rétracteurs des Bryozoaires n'est donc pas située dans le ganglion œsophagien, puisque cette rétractilité persiste après la mort du ganglion.

La rentrée du polypide dans sa zoœcie ne s'effectue pas d'un seul coitp.-la. première contraction rentre le polypide entièrement, puis le funicnle se raidit, quoiqu'en dise Allman, et, comme Raspail l'a très bien vu, attire par saccades l'estomac au fond de la zoœcie. Au moins cela est vrai pour les Plumalelles d'Europe. On voit très bien ces contractions successives en ajoutant à l'eau qui entoure les Bryozoaires un peu d'acide osmique, mais on les voit aussi sans acide osmique.

Si on détache un/^ zoarium du corps qui le supporte, V endocyste ajjpliqué contre l'ectocyste s'en sépare en enveloppant étroitement tout son contenu.

J'ai vérifié ce fait sur les Plumatella repens et lucifuga, l'endo- cyste prend dans la zoœcie la forme d'un cône dont la région basilaire entoure le polypide, tandis que le sommet reste fixé au septum interzoœcial. I^ans cette opération je n'ai pu voir par le contenu zoœcial s'est échappé, ni par le liquide environnant a pénétré entre l'ectocyste et l'endocyste. Après un certain temps, r endocyste s'applique de nouveau contre l'ectocyste et l'animal ne se ressent de rien. On voit quelquefois le funicule s'insérer tout à fait au fond de cet entonnoir, mais cette insertion est fort délicate et ne dure point longtemps, elle se rompt et le funicule s'attache sur le côté.

50 .1- .lULLIEN

Le testicule des Plumatelles najms une place fixe sur le funi- ciile, 2')ar rapport aux statohlastes .

Le 27 juillet 1883, j'ai poché dans l'étang de Saint-Hubert quel- ques rameaux de Plumatella lucifuga ; une zoœcie dont le polypide était passé à l'état de corps brun, possédait un testicule couvert de spermatozoïdes en mouvement ; ce testicule entourait le fuui- cule juste au-dessus du corps brun, l'extrémité inférieure du funicule portait deux superbes statoblastes arrivés à un degré de développement parfait.

Le 13 juillet 1884, j'ai péché à Chaville, dans l'étang de Brise- Miche , une colonie de cette espèce , sur laquelle une belle zoœcie portait un testicule énorme en pleine activité, tout au bas du funicule ; tandis que de très fins granules statoblastiques existaient au-dessus de lui. Ces jeunes statoblastes continuèrent à grossir après l'atrophie de l'organe mâle, que je ne pus suivre que pendant quelques jours. 11 en est de même pour la Plumatella rep^ens.

Spasmes tentaculaires .

Sur plusieurs polypides de Plumatella repens du lac d'Enghien, j'ai observé la contraction isochrone et spasmodique de tous les tentacules externes, jusqu'à une petite distance de l'extrémité des bras lophophoriens ; de telle façon que les 24 tentacules in- ternes restaient immobiles pendant que tout le reste de la cou- ronne s'abaissait régulièrement 150 à 180 fois par minute (8 juillet 1883).

Les tentacules ne sont pas sensibles sur toute leur longueur.

Le 4 septembre 1883 j'ai observé sur une Plumatella repens, que si on touche, avec une aiguille à disséquer, l'extrémité ou le milieu des tentacules, le polypide ne rentre pas dans sa loge, mais la rentrée est instantanée si on s'approche de la base des tentacules ; et il en est de même si on pique le lophophore, dans ce cas le retrait du polypide est encore plus énergique.

7'^ Le ganglion nerveux sus-œsophagien est recourbé sur lui-même dans la Plumatella repens.

Sous un grossissement d'environ 300 diamètres, j'ai observé que le ganglion en question se replie sur lui-même comme l'indique la figure 76. Gela se voit très bien sur un polypide de profil, mais je n'ai pu en distinguer le contenu.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 51

2'= Famille Lophopusidées.

Zoœcies disposées irrégulièrement à la surface d'un zoarhmi charnu, gélalinoïde et fortement tubercule, dont chaque tubercule contient une ou plusieurs zoœcies ; chacune de ces zoœcies peut produire plusieurs statohlastes . Statohlastes épineux.

Dans cette famille, je comprends les genres : Lophopus Dumor- tier; Pectinatella Leidy; Cristatella G. Cuvier.

Il est évident que ces trois genres ont de très grandes affinités, si on ne tient compte que du zoarium ; leur ectocyste est hyalin, gélatinoïde et forme des masses plus ou moins régulières dans lesquelles plongent les polypides. Il y a tant de rapports entre un jeune Lophopus et une jeune Cristatella, que Dumortier et Van Beneden les ont confondus sous le titre de Lophopus cristallinus, et ont donné le statoblaste de la Cristacella mucedo pour celui du Lophopus en question. Il n'est pas logique d'établir une famille sur la forme d'un œuf ou plutôt d'un statoblaste, une pareille di- vision doit s'appuyer sur un ensemble organique et non pas sur un seul organe ni sur une seule propriété physiologique.

C'est pour cela que j'ai groupé ces trois superbes genres, remar- quables parla grosseur de leurs polypides et de leurs colonies.

Allman n'a-t-il pas hésité lui-même à introduire dans le genre Lophopus l'animal que Leidy nomma d'abord Cristatella magnifica et qui forme aujourd'hui le type de son genre Pectinatella?

L'erreur de Dumortier et van Beneden et l'hésitation d'Allman démontrent bien les affinités de ces groupes; je les réunis d'après le caractère le plus certain qui soit admis aujourd'hui, c'est-à-dire d'après la forme zoœciale.

Genre LOPHOPUS Dumortier, 1835.

Zoœcies dispersées à la surface d'un zoarium sacciforme, hyalin, transparent, jouissant d'un mouvement des plus faibles constaté par les uns, nié par les autres, se fixant aux corps immergés par une base opaque chez les vieilles colonies, ou transparente comme le reste du zoarium chez les jeunes; formant ordinairement des masses épaisses qui deviennent ensuite lobées et même ramifiées; orifices dispersés ; statohlastes elliptiques pourvus d'un anneau sur le pourtour, anneau terminé en pointe aux extrémités du grand diamètre.

«2

J. JULLIEN

Fig. 180.

Lojihopus Tremhleyi J. JiiUien , 1884. Fig. 180 à 195.

Mêmes caractères que pour le genre.

Cette espèce est la première des Bryozoaires d'eau douce qui ait été connue.

Trembley en a publié la description, il y a cent quarante ans, en 1744, avec une exactitude si grande et avec tant de détails que je veux la reproduire ici selon son propre texte :

« En cherchant des Polypes verts (Hydra viridis Linn.) au mois d'Avril 1741, je découvris les Polypes à panache. 11 y en avait plusieurs sur les plantes aquatiques que j'avais rassem- blées dans des verres pleins d'eau. Ils réveillèrent d'abord dans mon esprit l'idée d'une fleur épanouie, et comme il y en avait plusieurs ensemble , ils formaient une sorte de bouquet. Leur corps a environ une ligne de lon- gueur (2'"'"256) sans compter le panache qui est presque aussi long que le corps. Celui-ci est fort mince, il est à peu près cylindrique, et sa peau est parfaitement transparente. Le panache n'est que la continuatoin de cette peau transparente ; il est plus large à proportion du corps, et d'une ligure très remarquable. Sa base est faite en forme de fer-à-cheval, et des bords de cette base sortent les bras du Polype : ils sont tous recour- bés en dehors. Le panache, qu'ils forment par leur assemblage, a l'air d'une fleur monopétale épanouie. Ces bras (tentacules) sont fort près les uns des autres; j'en ai compté au-delà de soixante (1) à un seul panache. On pourrait les comparer, par rapport à leur transparence, à des fils de verre très fins. La base du panache est

Fis. 181.

(1) Je ferai remaïqiior ici que le dessin de Trembley ne porte que 50 tentacules; que ceux de van Beneden en portent 51 et 54; enfin que celui d'Allman n'en a que 41. D'après van Beneden, Baker en indique seulement 40. Nous sommes donc encore loin de 60.

Il en est peut-être du Lophopier comme de la PlumalelJe rampante qu'on dit avoir 60 tentacules que je n'ai jamais pu trouver. Le nombre de ces tentacules est donc encore à véiifier sui- un grand nombic de poly|)ides. Il doit être certainement très variable. .

MONOGRAPIIIK DES 15RY0/0AIRES D KAU DOUCE

o3

Fig. 182.

creusée en gouttière, elle tient au Polype par le milieu du fer- à-cheval qu'elle forme, et c'est qu'est une ouverture qui sert de bouche à cet animal. Ses intestins se distinguent facilement à travers la peau transparente du corps. Ils sont d'un brun assez foncé dans les Polypes qui ont bien mangé. Après avoir observé pendant quelque temps les Polypes à panaches et être parvenu à les voir manger, j'ai été eu état de distinguer trois parties principales dans leurs intestins, savoir : l'œsophage, l'estomac et l'intestin droit.

Ces animaux sont voraces et même très vo- races. A la vérité, ils ne peuvent manger que ^^ des animalcules fort petits, mais en un jour ils en dévorent un grand nombre. Le panache des Polypes est pour ces petits animaux un goufre dans lequel sont précipités la plupart de ceux qui en approchent en nageant. Si on observe attentivement à la loupe des Polypes à panache, placés dans de l'eau bien peuplée de fort petits insectes, il sera très facile de voir par quel moyen ils attirent leur proie et la font tomber dans leur bouche : on verra d'instant en instant un bras ou deux se recourber subite- ment en dedans du panache et puis se remettre dans leur pre- mière situation. Il arrive rarement que le même bras se recourbe deux fois de suite. Ces bras ne touchent point la proie, mais ils occasionnent dans l'eau par leur mouvement, une sorte de tournant qui la conduit dans le panache. Elle fait souvent des efforts pour s'échapper, mais l'inflexion su- ^'•^' ^^'^'

bite d'un bras donne au torrent qui l'entraîne un nouveau degré de rapidité qui la porte malgré elle jusqu'au fond du panache. J'ai dit que la base du panache était creusée en gouttière. Les petits insectes qui doivent servir de proie au Polype, tombent dans cette gouttière, et ils coulent ensuite dans la bouche qui est au milieu. Quand le polype se présente à l'œil, de côté, on peut facilement lui voir avaler sa proie. On la voit passer de l'œsophage dans l'estomac, et si elle n'est pas extrêmement petite on la distingue même dans cet estomac, parce que toutes les parties de ces Polypes sont transparentes. J'appelle œsophage,

M

J. JULLIKN

tomac au Polype. L'œsophage finit un peu au-dessous de l'extré- mité supérieure de l'estomac. Les aliments rendent cet estomac très reconnaissable. Ils sont ballotés dedans d'une manière très sensible, et beaucoup plus vite que dans les Polypiers à bras en forme de cornes. Ils sont successivement poussés de bas en haut et de haut en bas. On peut facilement se tromper sur la véritable longueur de l'estomac. On pourrait croire qu'il va jusqu'à la base du panache. Mais pour prévenir cette erreur, il suffit de bien remarquer jusqu'où sont portés les aliments, lorsqu'ils sont pous-

Fig. 18i.

ses vers le haut de l'estomac. On s'apercevra qu'ils s'arrêtent un peu au-dessus de l'endroit l'œsophage rencontre l'esto- mac, et que c'est de qu'ils partent pour retourner vers l'autre extrémité.

Entre ce bout supérieur de l'estomac et la base du panache il y a donc un espace occupé par un petit sac, qui est très souvent parfaitement rempli par une matière brune et pins foncée que

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

OD

celle qui est dans l'estomac. Ce sac est l'intestiu droit, et cette matière brune est celle des excréments. Elle forme un grain un peu oblong, très facile à remarquer, et qui occupe toute la capa- cité de l'intestin droit. Il se vuide entièrement en une seule fois. Ce grain de matière brune qui le remplit, en sort tout entier par une ouverture qui est à la base ou à côté de la base du panache. J'ai vu souvent des Polypes rendre leurs excréments, mais je n'ai jamais pu découvrir précisément la situation de l'ouverture dont ils sortaient. Après que le Polype a rendu ses excréments, l'in- testin droit, qui est alors vuide, paraît d'un brun fort clair; il est même assez transparent. Si cet animal est dans une eau bien peuplée d'Insec- tes, et s'il en avale beaucoup, comme cela ar- rive ordinaire- ment, de nou- veaux excré- ments passeront bientôt de l'es- tomac dans rin- testin droit ; il se remplira, et reprendra sa première cou- leur et son opa - cité.

Lorsqu'il est tombé dans le panache un animal trop grand pour pouvoir être avalé, ou quelqu' autre corps, les Polypes s'en débarrassent en ouvrant leur panache en tout ou en partie ; ils renversent beaucoup leurs bras en dehors et les remettent en- suite dans leur attitude ordinaire ; ces bras se renversent et se remettent tous ensemble (1).

Les Polypes à panache sont incapables de contraction. L'attou- chement, ou le mouvement qu'on leur fait éprouver, ne laisse pas cependant de changer beaucoup leur attitude et leur situation ; ce petit canal qui va de la bouche jusqu'à un sac qui sert d'es-

Fig. 185.

(l) J'ai observé cela sur [' Alcyonidium hirsutum, les polypides se débarrassent ainsi des bulles d'air qui se collent sur les tentacules, quan.l on remet dans l'eau une colonie laissée à sec pondant f|uel(|ues heures.

56

.1. .IULLIEX

ils disparaissent môme alors très subitement; ils se retirent entiè- rement dans une cellule qui est d'une matière semblable à celle

Fig. 186.

des parties que j'ai déjà décrites, et dont le corps ces de animaux est une production. On peut voir très distinctement, à travers les

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

57

parois transparentes de cette cellule, le Polype, lorsqu'il s'y est retiré. Pour comprendre dans quelle situation est un Polype qui est retiré dans la cellule, on doit savoir, que la peau du Polype est attachée à l'orifice de la cellule, en sorte que quand il rentre dedans, cette peau ne peut pas le suivre. Elle reste donc attachée

F .s. 187.

par son extrémité inférieure à l'orifice de la cellule, et elle y rentre en se renversant. Le panache qui tient par sa base à Textrémité supérieure de cette peau rentre avec elle, et se trouve logé dans le tuyau qu'elle forme lorsqu'elle est toute rentrée et toute

58

.1. .TULLIEN

renversée. Les intestins sont plus enfoncés dans la cellule qu'aucune autre partie. Comme l'orifice de la cellule et le tuyau que forme la peau sont beaucoup plus étroits que le pa- nache, il est obligé de se fermer pour pouvoir y entrer : les bras (tentacules) se rapprochent comme le feraient les barbes d'une plume qu'on forcerait à entrer dans un tuyau étroit. Après avoir vu le Polype rentrer dans sa cellule, on l'en verra bientôt sortir, si on le laisse tranquille. On voit d'abord paraître les bras qui sont réunis en faisceau ; mais quand ils sont environ sortis à moitié, ils commencent à s'éloigner par leur extrémité ; enfin le panache s'ouvre, il reparaît comme il était auparavant, et le corps se montre en dehors de la cellule. Si l'on observe avec attention un Polype qui sort de sa cellule,

on verra clairement que la peau se retourne lorsqu'il y entre et qu'elle renferme ensuite le panache. Quand le panache commence à paraître hors de la cellule, on remarque la peau qui paraît avec lui, on voit le panache se détacher de cette peau, à mesure qu'elle se remet dans son premier état, et les intestins entrer dans le tuyau qu'elle ferme de nou- veau en dehors.

J'ai vu distinctement, lorsque les Polypes à panache étaient bien en dehors de leur cellule, un fil (funi- cule) qui tenait d'un côté à l'extré- mité inférieure de l'estomac, et de l'autre au fond de la cellule, j'en ai vu d'autres qui m'ont paru s'attacher par une extrémité près de la base du panache, et par l'autre, aussi au fond de la cellule. Il est apparent que ces fils servent à retirer le Polype dans la cellule.

On trouve rarement un Polype à panache seul, il y en a ordi- nairement plusieurs ensemble ; et ceux de l'espèce dont je parle sont rangés à côté les uns des autres. Souvent il y en a plusieurs qui sortent d'une même cellule, mais par des orifices ditïérents. Il faut avoir une idée bien nette de la figure du Polype à pa- nache, et être déjà exercé à les observer pour voir distinctement les jeunes lorsqu'ils commencent à pousser. Il se fait d'abord une petite élévation sur la superficie de la cellule d'un Polype déjà

Fis. 188.

MONOGRAPHIE DES 13RYOZOA1RE3 d'eAU DOUCE o9

formé, on découvre ensuite le corps et le panache, ou plutôt la base du panache du jeune qui commence à pousser, et la pointe des bras qui sortent des bords de cette base. Ces bras croissent à mesure que le corps croît. Le jeune Polype est d'ordinaire en état de manger au bout de quelques jours. Ses intestins, qui étaient d'abord tout à fait transparents, deviennent bruns, après qu'il a pris des aliments. Quand la nour- riture est abondante dans l'eau sont les Polypes à panache, les jeunes poussent en grande quantité. J'en ai souvent vu plus de cent qui étaient réunis ensemble, et qui formaient un fort joli bouquet. Ils se séparent Fig- 189. ensuite, mais non un à un. Le bouquet se partage en deux ou trois parties qui ont plus ou moins de Polypes. Cette séparation se fait fort insensiblement. D'abord la masse que for- ment toutes les cellules ou pour mieux dire, la cellule commune, se divise en deux ou trois branches, et puis ces branches se séparent peu à peu entièrement les unes des autres. Pour obser- ver immédiatement ce que je viens de décrire, j'ai fait en sorte que des bouquets de Polypes à panache se soient attachés contre les parois d'un pou- drier. J"ai pu les observer avec une forte loupe. Non seulement j'ai vu par ce moyen multiplier ces animaux , et les différentes branches des bouquets qu'ils forment se sé- parer; mais encore j'ai remarqué que ces branches s'éloignaient ensuite les unes des autres. Leur mouvement progressif est si lent qu'il est absolument imperceptible. Je n'ai jamais observé de Polypiers peuplés de Poly- pes, qui ait fait plus d'un demi pouce de che- ^jg ^qq min en huit jours de temps. J'en ai aussi observé plusieurs qui sont pendant longtemps restés au même endroit.

J'ai dit ci-dessus que le corps des Polypes était une production de la cellule dans laquelle il se rétrécit, afin qu'on ne crût pas que ces cellules sont leur ouvrage comme les fourreaux des Tei- gnes (Tipules) sont l'ouvrage des Teignes. Les cellules doivent être regardées comme une partie du corps des Polypes, elles croissent avec lui, et comme lui, et sont composées de la même matière, au moins celles des Polypes que j'ai vus.

Ils multiplient non seulement par rejetons mais ils font aussi

60

J. JULLIEN

Fig. 191.

(les œufs. C'est ce que nous apprend M. de Réaumur; il a observé avec M. Bernard de Jussieu que les Polypes d'eau douce à panache ont pondu des œufs bruns et un peu aplatis, et ils ont vu des petits naître de ces œufs. J'ai vu dans plusieurs Polypes à pana- che, sur lesquels j'ai fait mes observations, de petits corps sphé- riques de différentes grandeurs, blancs et transparents. J'ai seu- lement soupçonné que ces petits corps étaient des œufs, mais je n'ai pas eu occasion d'examiner si ce soupçon était fondé ou non.

Ces petits corps, dont je parle, étaient très faciles à distinguer à travers la peau transparente du Polype et celle de la cellule. Ils étaient dans un mouvement continuel et comme ballotés d'un endroit à l'autre. Je les voyais passer de la cellule dans le corps d'un Polype, et monter entre la peau et les intestins, jusque près de la racine du panache, et de retourner ensuite dans la cellule. Ce n'est pas tout : tous ceux qui sor- taient du corps d'un Polype, et passaient dans la cellule, n'étaient pas toujours poussés dans le corps du même Polype, mais successivement dans celui de divers autres. Ce fait prouve clairement que les cellules de différents Polypes com- muniquent entre elles, ou plutôt que plusieurs de ces animaux ont une cellule commune; et si ces corps sphériques, que j'ai vu passer successivement dans le corps de différents Polypes,

sont des œufs, on pourrait dire que ces œufs sont en commun îx tous les Polypes, dont les corps communiquent ensemble par leur cel- lule. »

La clarté et l'exactitude de cette longue description n'a pas empêché les naturalistes de divaguer pendant de longues années sur cet animal. Sa rareté l'a fait confondre avec la Plumatella repens par tous les auteurs au commencement de ce siècle. Baker en Angle- terre et Dumortier en Belgique furent les premiers à en parler d'une façon qui fixa la cer- titude de son existence, dont on doutait tou- jours, malgré Pallas; et c'est en 1836, c'est-à-dire 94 ans après la découverte de Trembley, que Dumortier établit pour cet ani- mal le genre Loplwpus, dont la signification rappelle le nom donné par Trembley. C'est surtout depuis le travail de Dumortier, ac-

Fig. 192.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 61

compagne de fort bonnes planches, que l'on a su ce qu'était le Polype à panache.

Bien que Trembley ait trouvé de superbes exemplaires de cette espèce, il n'en a pas vu ni soupçonné les statoblastes, parce qu'au mois d'avril ces statoblastes ne sont pas encore formés, on ne les voit qu'en été et en automne.

Van Beneden ainsi que Dumortier, en 1848, ont pris les stato- blastes de la Cristatella mucedo J. Guv. pour ceux du Lojjhojms cristallinus ; leur planche 5 his donne ce statoblaste très bien dessiné, aux figures 22, 23 et 24, on ne peut s'y tromper, et on peut dire que leur erreur est des plus grossières après les travaux de Turpin et de P. Gervais, travaux qu'ils connaissaient cepen- dant, ou du moins qu'ils devaient connaître.

Trembley affirme positivement qu'il existe un mouvement ex- cessivement lent chez quelques colonies, il a mesuré ce mouvement ; et si quelques auteurs, comme Allman, le nient, Baker et van Beneden le confirment. La conclusion qu'on peut en tirer, est encore ici celle de Trembley, qui constate que quelques colonies possèdent la faculté de se mouvoir, tandis que d'autres en sont dépourvues. Ne pourra-t-on pas un jour expliquer cette différence par l'influence de la captivité, captivité durant laquelle la co- lonie manque de nourriture et perd, par ina- nition ou autrement, une partie de ses pro- Fig- 193. prié tés vitales.

Pour bien étudier les Bryozoaires, il faut avoir des sujets en parfait état; je crois que, pour cela, il faudrait élever en cage ces animaux qu'on laisserait toujours plongés dans l'eau ils sont nés, ou au moins dans une eau très riche en organismes micro- scopiques. Leur énorme appétit détruisant rapidement tous les Microzoaires et tous les Microphytes de l'eau dans laquelle on les élève chez soi, ils ne tardent pas à |s'y atrophier et k périr. J'ai essayé bien des fois de rapporter, après mes pêches, des bouteil- les de l'eau dans laquelle je les avais péchés, mais cette eau s'al- tère et ne peut être utilisée que très rapidement. Aussi l'éducation des Bryozoaires en ville présente-t-elle de grandes difficultés après quelques jours.

Trembley ni Dumortier n'ont pu voir les cils vibratils sur les tentacules, et le premier a eu le tort de croire que le tourbillon

62 J. JULLIEN

tcntaculaire était le résultat des secousses de ces tentacules, quand il est le fait des cils vibratils qui existent sur les tenta- cules de toutes les espèces de Bryozoaires tant d'eau douce que marins.

Le même auteur s'est trompé en prenant pour des œufs les corpuscules flottants de la cavité périgastrique dont il a parfaite- ment décrit les allées et venues, sauf en ce qui concerne le corps du Polype; je ne sais trop ce qu'il appelle ainsi, je pense que ce doit être l'estomac ou l'appareil .digestif, dans lesquels il n'entre rien par la paroi externe ; le sens positif des mots corps du Polype me paraît présenter quelque obscurité.

Malgré ces quelques erreurs et lacunes, la note de Trembley est fort remarquable pour l'époque elle a paru, et ses torts sont bien excusables quand on songe aux difficultés de ce genre d'études. C'est sur le Lophopus que Dumortier a découvert le système nerveux des Bryozoaires, facile à voir sur les polypides placés de profil; il consiste en un ou deux ganglions placés contre le pharynx entre celui-ci et l'anus, ils sont formés de cellules sphéroïdales très ténues divi- sées par des tractus fibreux. Reinhard ('l)en a donné une coupe dans une brochure écrite en russe, il l'avait pratiquée sur la Cristatelle, fig. 224.

Van Beneden et Dumortier ont commis une grosse erreur , en décrivant le statoblaste de la CrlstatcUa mucedo , comme l'œuf d'une autre espèce de Lophopus, alors que P. Gervais avait décrit le statoblaste depuis Fig. 194. des années, comme appartenant à la Cristatelle de Rœsel; les statoblastes de Lophopus n'ont pas d'autres épines que celles qui terminent le grand diamètre.

Le Lophopus est une des plus grandes espèces de Bryozoaires, et la transparence de l'ectocyste en fait un excellent sujet d'étude ; mais il ne faut pas en généraliser les résultats à la Classe entière, comme le veutAllman; les différents groupes n'étant pas tous construits sur le même type.

Je propose de donner le nom de Trembley à cette ancienne espèce, car elle lui appartient; Pallas aurait vraiment agir ainsi, puisqu'il n'avait pas découvert ce Bryozoaire et qu'il n'en a parlé que 22 ans après Trembley.

fl) Description, xlructurc et dcveloppemcnt den Bryozaires d'eau douce, par Reinhard. CharkofT, 188-2, avec 7 planclies.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE

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Synonyuxie

Polype à panache Trembley, Baeek. Bell~flowei' animal Baker. Gepluymden Polypnx Baker. Tubularia cristallina Pallas. Tubularia reptans Gnielin. Campanulate tubularia Shaw. Plumatella cristala Lamarch

ger, Blainville. Naisa reptam Lamouroux ,

champs.

Schweig-

Desloug-

Alcyonella , tertius evolutionis gradus

Raspail. Plumatella campunalata P. Gervais. Àlcyonella stagnorum Johnston, Allraan. Plumatella crystallina P. Gervais. Lophopus crystallinus Dumortier, vaa

Beneden, Allman. Lophopus liakeri van Beneden.

Habitat. Lamouroux l'a trouvée aux (?) environs de Gaen en 1816; c'est sa Naisa reptans. Pour moi, je l'ai pêchée en juillet 1869, dans les fossés du Jardin d'Acclimatation au Bois de Bou- logne, près Paris, elle était fixée sur une tige herbacée morte et inondée, dans le courant du ruisseau des Palmipèdes, exposée toute lajournée en plein soleil. Le zoarium était gros comme le bout du doigt , très ramifié et transparent, il contenait une quantité de stato- blates. Gomme Trembley, c'est le premier Bryo- zoaire vivant que j'ai vu, j'en fis à l'époque un dessin très soigné, dont je fis présent à M. le Professeur Desbayes ; il prit l'animal pour une bête marine. Depuis cette époque je n'ai jamais retrouvé de Lophopus. J'ai vu au Laboratoire d'anatomie comparée du Muséum de Paris, des Fig. 195.

préparations microscopiques de cette espèce, dont les colonies avaient été recueillies dans les bassins de l'École botanique ; toujours est-il que les Lophopiers sont des animaux très diffi- ciles à se procurer, surtout à l'état de colonies ramifiées. L'irré- gularité de station de cette espèce la rend difficile à trouver, sa découverte étant toujours l'elfet du hasard ; aussi tous ceux qui en ont parlé ne l'ont-ils pas indiquée comme une espèce commune. Elle est cependant fort répandue, puisque les natura- listes la signalent en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et en France. Jusqu'à présent elle n'a été trouvée que dans les fossés et les étangs, je crois être le premier à la signaler dans l'eau tout à fait courante et en plein soleil, sous Ui forme d'une superbe colonie, dont je donne^le dessin incomplet d'un bourgeon.

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J. JULLIEN

En 1859, le docteur Leidy (1) a déclaré qu'il a découvert un Lophopus dans Schuylkill river, à Philadelphie, il n'a pu jusqu'à présent en déterminer les caractères.

J. Mitchell (2), en 1862, dit avoir trouvé aux Grandes Indes, sur des racines de Lemna dans le réservoir d'un petit jardin, une espèce de Lophopus qu'il appelle Loplwpia avec incertitude, il n'a pas étudié suffisamment sa trouvaille qui reste inconnue.

Genre PECTINATELLA Leidy, 1851.

Zoœcies dispersées irrégulièrement à la surface d'un zoarium gélatinoïde, massif, hyalin, fixe ; orifices groupées en aréoles lobées, irrégulières sur la surface libre; statoblastes lenticulaires avec un anneau et des épines marginales.

Pectinatella magnifica Leidy, 1851 . Fig. 196 à 213.

Synonymie: Cristatella inagnifca Leidy, \8^[; Pectinatella magni- /?m Leidy, 1851, Allman, Hyatt.

Le Professeur Leidy (3) en a donné la description suivante que j'ai traduite en français : « Polypidome massif, encroû- tant les corps, depuis quelques pouces jusqu'à plusieurs pieds de long, par des traînées de cinq centimètres de diamètre ; gélatinoïde, consistant, hyalin, avec de nombreux Polypes sur la surface libre disposée en aréoles irrégulières serrées. Les Polypes sont pourvus de deux lobes réunis ensemble en forme d'U, renfermant la bouche à la base et possédant

Fig. 196.

(1) Proceeding<! nf the Acad. nal. se. of Philadelphia, 1859 (séance du 2 nov.). (â) Mitchell J., Notes froin Madras (in Quart. Journ. microsc. science, série, t. II, p. 61). (3) Leidy. l'torcidixcjs Anid. nal. Se. of Philadelphia., Sept. 1851 and Nov. 1851-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

65

Fis. 197

de 50 à 80 tentacules sigmoïdes, divergeant du bord, disposés au sommet de la double ligne extérieure de l'U, avec les extrémités des bras de la dernière inclinant vers chaque autre ; la lèvre relevée (épistome) avec la base des lobes tentaculaires et le quart inférieur du bord interne des tentacules, dans le voisinage de la bouche, est de couleur carminée ou rose-rouge sombre; l'œso- phage est incolore ; l'estomac plié longitudinalement est d'un brun jaunâtre ; le rectum est dilatable, hyalin, son extrémité légèrement saillante, mais rétractile. La longueur du fond de l'estomac au sommet des tentacules étendus, égale 3™'"384 ; le plus grand diamètre des tenta- cules étendus (cloche tentaculaire) est de l'"ml28 à l"""3o36. Les tentacules ont une longueur de O'""'63o et une largeur de 0"^™0254. L'œuf (stato- blaste) est lenticulaire, brun, limité au bord par ^'*iI5&S'^ un bourrelet cellulaire annulaire d'un blanc bru- '

nâtre, ayant une largeur de 0'""U27 sur une face, fis- i98.

et 0"""254 sur l'autre, pourvu sur son bord externe de 14 à 16 appendices d'une longueur de 0'"™127, terminés par un grappin double et rarement triple. L'œuf (statoblaste), avec son bourrelet mince, discoïdal, intact, a une largeur de 0"'™770, y compris ses appendices enveloppés dans une masse hyaline albuminoïde ; quand il est mCir il peut flotter. La surface du polypier a l'aspect d'une mucosité épaisse d'où sort une quantité de tentacules. Immédiatement sous elle, existe un lit de couleur rose clair,' coloration due à la teinte rouge du pourtour de la bouche des Polypes; puis vient une autre couche de couleur jaune sale, due à la coloration de l'estomac des animaux; au-dessous de celle-ci apparaissent de nombreuses taches blanches, jaunes et brunes qui sont des œufs à divers degrés de développement ; enfin la plus grande partie de la masse consiste en une substance parfaite- menthyaline, consistante et gélatinoïde. L'animal n'est pas aussi irritable que celui desPlumatelles, mais comme ce dernier, il est capable de se_ re- tirer entièrement dans son tube, position dans la- quelle l'estomac paraît replié transversalement. Quand les œufs se détachent de la masse, ils viennent flotter à la surface de l'eau. »

/'^^

Fig. 199.

Fis. 200.

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JULLIEN

Hyatt Alpheus (1) a complété cette description par de nouveaux détails et par de superbes dessins. Voici la traduction de son

Fig. 202.

Fis. 201.

Fig. 203.

texte : « Les polypides sont disposés sur les lobes, quelquefois sur un seul rang, mais généralement sur deux, placés alternati- vement. L'ectocyste est d'une grande épaisseur au centre et peut avoir de dix à vingt centimètres ao *i7^ ^^ profondeur ; bras aussi longs que le tube éva- ginable du polypide. 11 y a de 60 à 84 tentacules. Fig. 204. La partie inférieure de ceux-ci et la bouche sont

(1) Hyatt Alpheus, Observations on Polyzoa suborder Phylactolœmata. (In com- munications Essex Institute. Vol. V, 1868, p. 227, fig. 20, et vol IV, pi. 9 figs. 4-13. pl. 10, 11 et 12.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE

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""Vjr^

Fie. 205.

cramoisies. Les statoblastes varient de 0'""'8Û0 en largeur sur 0""n90Û en longueur. Les proportions en nombres égaux sont 24 sur 27, ou 26 sur 27, 27 sur 28, 28 sur 29, 29 sur 30 et 30 sur 30. L'anneau varie de I- à 4 sur les côtés, et de -| à aux extrémités. Les épines ont

à o 3 4

environ 0"""233 de long, en les mesurant du bord externe de l'anneau vers le dehors.

Les exemplaires trouvés dans PYesh Pond, Mas- sachussetts, et ceux se rencontrant dans Pennis- sewassee Pond, Maine, difTèrent par le nombre de tentacules et des épines. Les premiers ont de 60 à 75 tentacules et les statoblastes de 12 à 17 épines ; tandis que les derniers ont de 72 à 84 tentacules et de 20 à 22 épines. Les variétés de forme dans les masses sont entièrement dues au contour des surfaces sur lesquelles elles se développent. Si ces surfaces sont aplaties, les masses deviennent subconiques ; si le développe- ment se fait sur une tige, la masse est fusiforme; à l'extrémité d'une branche, la masse devient arron- die comme dans la pi. IX fîg. 4. Quand l'ectocyste vieillit, la plupart des colonies mourant ou flottant au loin, se fixent et vivent pendant quelque temps isolées, mais ne grandissent plus ; quelquefois ce- pendant elles continuent à vivre plus ou moins largement séparées sur les restes de leur ectocyste, mais en raison de l'enlèvement de la pression latérale, les colonies nouvelles perdent leur forme hexagonale sub-anguleuse.

Pendant la résorption des polypides morts, les estomacs disparaissent les premiers, puis les tentacules et enfin les gemmes. La persistance de ces dernières est intéressante, parce qu'elles disparaissent chez les Plumatelles et Fré- déricelles bientôt après la saison de la reproduction qui passe rapidement. La grande taille de l'enveloppe albu- mineuse des bourgeons d'hiver gêne très sérieusement la hberté des mouvements, dans les muscles des poly- pides vivants et abaisse les estomacs hors de leurs places. Les statoblastes sont plus grands et plus serrés près du centre les premiers polypides sont morts ; les circonstances impli- quent que la couverture gélatineuse n'est pas seulement une matrice pour les crochets, mais qu'elle sert encore (en partie du moins) à faire périr les premières Hgnes des polypides. Cependant il n'en est pas de même dans les colonies qui ont peu de stato-

Fig. 206.

Fig. 20^

(i8

J. .IULLIEN

blastes, et l'on voit comme quelques polypides morts luté- rieurement parmi les autres. Cela paraît dépendre tout- à-fait de l'âge des polypides. Les exemplaires peuvent être maniés assez

Fig. 200.

Fig. 210.

brutalement sans que les polypides se rétractent, même si on les retire de l'eau on n'obtient pas d'effet, ils s'étendent aussitôt

quand on les y replace. Conservés ensuite en captivité pendant quelques semaines, ils deviennent plus peureux, et quand on les inquiète ils restent plus longtemps rétractés, ils paraissent même alarmés de se voir ainsi contractés et semblent trouver nécessaire d'étendre au-dehors leurs tentacules pour les aérer très vite, après la disparition de leur ennui, quoiqu'il puisse ensuite se passer une heure avant l'extension du reste du polypide. « Habitat. États-Unis, environs de Phila- delphie ; dans les étangs appelés Fresh Pond et Mystic Pond près Cambridge (Massachussetts), et dans celui de Pennissewassee Pond (Maine). Dans les fossés et eaux dormantes, encroûtant les branches mortes et les pierres.

Le Docteur Leidy rapporte que le docteur Wm. Spillman, de Columbus (Mississipi), a péché, dans les lacs des environs, des masses de Pectinateila magnifica suspendues aux extrémités des branches, et atteignant trente-huit centimètres de long sur trente de large. Quelles colonies gigantesques!

MONOGRAPIIIK DKS BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE

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Pectinatella Carteri (1) Hyatt, 1868. Fig. 214 à 216.

Hyatt a donné ce nom à l'espèce dont Carier a décrit et figuré le statoblaste qui ne ressemble guère à celui de l'espèce améri- caine. La Pectinatella Carteri se trouve dans les étangs des envi- rons de Bombay sur Paludina Ben- galensis, le statoblaste est ovale, orné de 14 épines à chaque ex- trémité ; chaque épine porte vers ^^^ son extrémité libre des barbelures en crochets recourbés vers le corps du statoblaste.

Carter a fait un Lophopus de cette espèce.

Genre CRISTATELLA G. Cuvier, 1798.

Zoœcies à peine saillantes, disposées en plusieurs séries margi- nales et concentriques sur la face supérieure d'un zoarium gélati- noïde, aplati, rubané dont la face inférieure est susceptible d'une locomotion très lente. Statoblastes orbiculaires avec un anneau cellulaire marginal et des épines marginales sur les deux faces.

Ce genre a été formé pour le petit animal décrit par Rôsel (2), sous le nom de « Der Kleinere Federsbusch Polyp mit dem ballen- fôrmigen Kôrper ». Cuvier l'a établi dans le Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des Animaux, publié l'an 6 ou en 1798, il le donne sous le titre suivant : « Des Cristatelles ou Polypes à plu- mets (Cristatella) , qui ont sur la bouche une espèce de plumet formé par des tentacules portés sur une tige commune, et rangés parallèlement ou en pinceau. Leurs mouvements servent à ame- ner vers la bouche les corpuscules dont l'animal se nourrit. Les Cristatelles habitent les eaux stagnantes, et leurs amas ne parais- sent à l'œil nu que comme des taches de moisissure. » A la pi. 14

(1) Carter H.-J, On the identîty in structure and composition of the so-called Seed-like Body of Spongilla with tiie Winter-egg of tlie Bryozoa; and tlic présence of Starch-granules in each. (In Aimais and Magazine of Nat. Hist., 3= série vol. III, 1859, p. 338, pi. 8 fig. 8-15).

(2) Insecten Belmtigung (1755;. Der Kleinere FedorlMisch Polyp mit den ballen- fôrmigen Kui-per, t. III, p. 559, pi. xci.

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J. JULLIEN

il eu donne les branchies (1); mais Cuvier ne le connaissait pas autrement que par les dessins de l'auteur allemand. Dans la deuxième édition de son Règne animal (2), il modifie sa descrip- tion que voici : « Les Cristatelles ont sur la bouche une double rangée de nombreux tentacules, courbée en demi-lune, faisant un panache de cette figure et attirant, par leur tnouvement régulier, les molécules nu- tritives. Ces bouches sont portées sur des cols courts attachés à un corps gélatineikc commun qui se transporte comme des Hydres, on trouve ces animaux dans nos eaux dormantes. A Vœil nu ils ne paraissent que de petites taches de moisissure. » On voit que, même en 1830, Cuvier n'avait point vu la Gristatelle dont il faisait à juste titre un excel- lent genre.

S'il en a été du Kleinere Federbusch Polyp de Rôsel, comme du Polype à panache de Trembley, c'est que la découverte de ces deux animaux est accidentelle et difficile, et que les naturalistes ne les retrouvant pas, ne purent croire à leur existence et con- fondirent ces animaux avec la Plumatclla repens dont toutes les formes sont excessivement abondantes et faciles à se procurer.

Cristatella mucedo J. Cuvier, 1798. Fig. 217 à 224.

Zoarium ovale, convexe en dessus, aplati en dessous, d'un jaune terne ou terre de Sienne, dont les plus grands spécimens atteignent cinquante millimètres de long sur treize de large,

Fig. 217.

Fig. 218.

Fig. 219.

Fig. 224.

d'autant plus mobile qu'il est plus jeune et pouvant atteindre une vitesse de plusieurs pouces par jour; zoœcies formant trois séries

(1) Tableau élément, de l'Hixt. naturelle des Animaux (an VI, 1798), p. G56, pi. xiv.

(2) Ri'gne animal, Mit., 1H30, III, p. 29(;.

JrfOMOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAIi DOUCE

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régulières concentriques, alternes et marginales, sur la face supé- rieure; les Polypides portent de trente-deux à quatre-vingts tenta- cules, ils ont la même couleur que le zoarium, sauf l'intestin qui est d'un bleu-verdâtre pâle quand il est bien nourri. La face infé- rieure porte en son milieu un disque ovale, contractile, de forme très changeante qui sert de moyen de locomotion. Des bords du disque s'étend extérieurement une surface aplatie, dépassant les séries externes des orifices, sous la forme d'une marge; cette marge est occupée intérieurement par une série de cellules ou chambres tubuleuses, visibles à travers la peau transparente, qui s'étendent en rayonnant de ce disque au dehors, mais ne possè- dent aucune ouverture. Statohlastes arrondis, lenticulaires, bordés d'un anneau sur les bords duquel naissent de chaque côté des épines cornées, dirigées vers le bord du statoblaste qu'elles sui-

Fig. 220.

Fig. 221.

Fig. 222.

vent jusqu'au bord libre, les plus longues se redressent brusque- ment en dehors, elles se terminent toutes par des grappins simples ou multiples ; il y a environ vingt-deux épines d'un côté et douze de l'autre, elles sont plus longues du côté elles abondent; la couleur des statohlastes mûrs et en liberté est d'un rouge brun foncé. Ils ont environ 0'^"^769 de diamètre.

Synonymie :

Der Kleiner Federbusch Polyp Rosel. La seconde sorte de Polypes à bouquets

Ledermuller. Cristatella mucedo G. Cuvier, Turpin,

P. Gervais, Thompson, Allman, Van

Beneden, Reinhard. Cristatella vagans Lamarck, Goldfuss,

de Blainville, Lamouroux, Schweiger. Cristatella mirabilis Dalyell.

Habitat. Elle habite les lacs, les étangs et les fossés d'eau lim- pide, où elle rampe à la surface supérieure des pierres immergées

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J. JULLIEN

et des tiges de plantes aquatiques, surtout au soleil. Elle paraît être annuelle.

Localités : Cette Cristatelle est commune aux environs de Paris; P. Gervais l'a trouvée adulte dans l'étang du Plessis-Piquet, il en a découvert les statoblastes dans le canal de l'Ourcq en 1836, en plein Paris ; Allman l'a rencontrée à Fontainebleau dans le grand étang; moi je l'ai constatée à l'état de statoblastes dans les fossés qui suivent l'étang du Perray près Rambouillet en Juillet 1884, il y en avait d'éclos et d'entiers que j'ai mis tout de suite dans l'alcool, j'en ai encore trouvé le même jour dans l'étang de Saint- Quentin, près de l'École militaire de Saint-Gyr, mais malgré tout, j'avoue n'avoir pu me procurer les colonies que je désirais.

Fig. 223.

On la rencontre en Europe depuis la France et l'Angleterre jusqu'aux environs de Karkow en Russie, dans les grands lacs de la Suisse et dans tous les cours d'eau.

J.-G. Dalyell (l j est le premier observateur qui a vu la Cristatelle

(1) Report Brit. Assoc, 1831. p. 601; et Edimbourg, new Philosoph. Journ.. vol. XVIII, p. 4U.

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dans un complet développement; il la décrivit en 1834 et lui donna le nom de Cristatella mirabilis, tant l'adulte diffère des jeunes colonies dessinées par Rôsel et Turpin. C'est en'Écosse que Dalyell fit sa découverte. Les dessins qu'il en a publiés en 1848 (l), sont absolument mauvais et insuffisants; les tentacules sont représentés par de simples traits disposés irrégulièrement ne donnant aucune idée de ces animaux.

Les meilleurs dessins qu'on en connaisse sont ceux de Rôsel et de Turpin pour les jeunes colonies, et ceux d'Allman pour l'adulte.

Le nombre des tentacules paraît être aussi très variable; si on compte leur nombre sur les dessins des auteurs, on trouve que Rôsel en a dessiné 32, 33, 40 et 43 à ses Polypides ; P. Gervais en donne 60, ainsi que Johnston et van Beneden. Allman les porte à 80 et Dalyell à une centaine. Mais je crois que ces auteurs ont eu tort de ne pas compter ces organes sur un certain nombre de colonies, ils auraient constaté certainement des différences, comme cela m'est arrivé pour les Plumatelles.

C'est des statoblastes que lui avait donné P. Gervais, que Tur- pin s'est procuré les animaux qu'il a dessinés, et dont l'image a été reproduite dans quantités délivres élémentaires. Cependant cette figure est ti'ès inexacte pour les lophophores.

Il est très facile de se procurer les statoblastes de cette espèce à l'état isolé. Pour cela on agite un instant dans l'eau des fossés ou des étangs un salabre en toile qu'on lave bien ensuite en le retournant plusieurs fois, pour qu'il n'y reste rien, ni boue ni corps étrangers, alors on aperçoit sur la- toile de petits points noirs arrondis ; ce sont les statoblastes en question qui sont restés accrochés par leurs griffes, par leurs grappins et qu'on enlève facilement avec une petite pince ou avec une épingle.

Cristatella Idœ Leidy, 1859.

Zoarium ovale, aplati, d'un jaune blanchâtre transparent, pas- sant au jaune d'ambre, d'environ 2.^""" ^"'"' de long, sur 4'""'5 6"""33 de large, pouvant se déplacer de 2d à 26 millimètres par jour. Zoœcîes disposées sur trois rangs autour du zoarium ; chaque polypide portant soixante-douze tentacules environ sur le lopho- phore. Statoblastes biconvexes, lenticulaires et arrondis, avec un

(I) Rare and Rnn'irkihle Aniiwih of Sritland, 18i8, vol. (T, p. 87. pi. xxvii et xxvui.

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anneau marginal et discoïde un peu plus large d'un côté que de l'autre. Des bords internes de l'anneau partent environ soixante- dix appendices en forme d'ancre, dont cinquante d'un côté for- mant deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau, les vingt autres sont plus courts et divergent du côté opposé. Le diamètre des statoblastes est de l"'"4o2 ou 1/2 ligne sans les ancres.

Syn. Cristatella Idœ Leidy, Hyatt, Potts.

Habitat. Eaux dormantes des États-Unis.

Trouvée à Newport (Rhode-Island) et Philadelphie.

Voici ce qu'en a dit Leidy (1) à l'Académie des Sciences natu- rrelle de Philadelphie :

« Le Docteur Leidy fait observer, ([ue pendant les quelques semaines qu'il a passées l'été dernier en compagnie de M. Bridge chez M. Powel à Newport, Rhode-Island, ils ont examiné ensem- ble les ruisseaux et les étangs d'eau douce des environs pour y trouver des Bryozoaires. Ils ont eu la bonne fortune de découvrir une nouvelle espèce de Cristatella; c'est la première espèce de ce genre découverte en Amérique. La localité de ce Bryozoaire est Lily-Pond (étang des Nénuphars), près Newport, dans lequel on le trouve très abondamment, à la face inférieure des pierres qui forment les bords de cet étang.

» Pendant le mois d'août, cette Gristatelle forme des masses aplaties, elliptiques, d'environ 25'""'4 de long sur 4™'"5 de large, et sont d'un jaune blanchâtre transparent. Environ trois rangs de Polypes entourent les masses. Chaque Polypide porte 72 tenta- cules sur ses bras en fer à cheval (lophophore), tentacules réunis à leur base par une membrane délicate festonnée et aréolée.

» Les colonies de Cristatella placées dans un vase d'eau, s'y sont déplacées de 23 à 26 millimètres en vingt-quatre heures.

» Les œufs ou statoblastes étaient imparfaitement développés pendant mon séjour à Newport. Dans le présent mois, M. Powel m'a envoyé de beaux spécimens accompagnés d'une note il me dit : « J'ai fait une expédition Lily-Pond, et je me suis pro- curé un grand nombre de Cristatella avec des œufs. J'ai trouvé sur une seule pierre cinquante-quatre colonies séparées, dont une, de 44"""45 de long sur 6"^"'3o de large, était d'une belle cou- leur d'ambre, et contenait des œufs à différents degrés de déve- loppement. »

(1) Pronot'dings of tho Arndoniy nf nainral Sniencps of Pliilndolphin. 2 nov. 18.59.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 75

» Ces œufs sont les plus grands que j'aie vu chez les Bryozoaires. Ils sont biconvexes, lenticulaires et circulaires, avec un anneau marginal et discoïdal un peu plus large d'un côté que de l'autre. Des bords internes de l'anneau partent environ soixante-dix ap- pendices en forme d'ancre dont cinquante d'un côté, formant deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau; les vingt qui restent sont plus courts et divergent du côté opposé. La lar- geur du statoblaste est de 1'"™ 152 sans les ancres. Cette espèce américaine de Crhtatella est respectueusement dédiée à la sœur de M. Powel sous le nom de Cnstatella Idœ.

» L'espèce américaine diffère de l'espèce européenne Cristatella mucedo par son port aussi bien que par différents points d'organi- sation. Le Professeur Allman, dans sa remarquable monographie sur les Bryozoaires, dit : « Tandis que le plus grand nombre des Bryozoaires d'eau douce se cachent sous les pierres ou dans des endroits obscurs, la Cristatelle aime à s'exposer à la plus brillante lumière et à la chaleur du soleil. »

» Le polype de la C. mucedo a environ quatre-vingts tentacules; et l'intestin est d'un bleu-verdàtre pâle. Celui de la C. Idœ porte à peu près 72 tentacules et l'intestin est jaunâtre. Les œufs ou sta- toblastes de C. viucedo ont environ 0'"'"769 de diamètre; ceux de C. Idœ atteignent à peu près I'"'"128. Les statoblastes de C. mucedo figurés par Allman ont les ancres sigmoïdes; celles de la dernière espèce ont un double crochet. »

Quelques années après, en 1879, Leidy retrouva à Philadelphie même, son espèce de PJiode Island. Je traduis encore le texte des Proceedings (1) : « Le Professeur Leidy raconte qu'il y a quelques jours (30 septembre) en se promenant dans le parc avec sa petite- lîlle, elle appela son attention sur ce qu'elle prenait pour un grand nombre de chenilles au fond du ruisseau. Or ces chenilles n'étaient autre chose qu'une accumulation extraordinaire de Cris- tatella Idœ. Cette espèce de Bryozoaire ou de Polype cilié d'eau douce, a été découverte à Newport, R. IsL, il y a vingt ans envi- ron, et décrite dans les Proceedings de cette Académie (1858-59). M. Leidy l'a cherchée bien des fois aux environs de Philadelphie et ne l'avait pas encore rencontrée. »

Le développement de la Cristatelle dans la locaUté indiquée est très remarquable et merveilleux par son étendue. Des milliers de

il) On Crùtalella Id'V. Proceedings of the Acadeiiiy of Nat. S(;. of Philadelphia. p. 203, 1879.

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groupes verraiculaires couvraient le fond du ruisseau sur environ trente pieds (9'"141) de longueur, avec une largeur d'un yard (0"'914) et finissaient en se rétrécissant à une largeur d'un pied (0'"3048). Ils couvraient toutes les pierres et les plantes submer- gées, et, si serrés qu'ils s'entrelaçaient les uns avec les autres, laissant seulement d'étroits intervalles, sans espaces pour le mouvement, si ce n'est par leur mutuel déplacement. Les groupes étaient tous attachés à une membrane basilaire commune, de laquelle cependant, ils étaient susceptibles de se séparer eux- mêmes. Un grand lambeau de la membrane, couvert de groupes de Cristatella ayant été placé dans un vase avec de l'eau, on vit deux jours après que la plupart des groupes s'étaient répandus vers le fond et sur les côtés du vase. La membrane basilaire est de couleur ambrée homogène et obscurément granuleuse. Un lam- beau de celle-ci de dix centimètres de long sur cinq de large, entièrement couvert de groupes de ce Polype, conservé dans l'alcool est offert pour le Musée.

Il est certain que pendant le développement et la croissance des groupes de Gristatelle, ils se séparent de temps en temps en plus petits groupes, ne conservant leur connexion que par la mem- brane basilaire qui paraît avoir un caractère excrémentitiel.

La membrane basilaire de la Gristatelle était rendue encore plus intéressante, par cette circonstance que dans les intervalles séparant les groupes de Polypes, elle portait une multitude de Difflugia corona.

Dans cette saison (fin septembre), les groupes de Gristatelle sont remplis de statoblastes ou œufs d'hiver, à toutes les époques de développement. Les statoblastes mûrs portant l'anneau, mais sans les épines marginales en forme d'ancre, mesurent de 1"""2d à l'"'"225 de diamètre. Sur quinze spécimens, sept mesuraient |mm2 de large. Le nombre des épines en forme d'ancre, varie de 60 à 70 ; mais dans quelques exemplaires on en trouve pour le moins 53 et au plus 74. Par la taille, aussi bien que par le nombre des épines, ils ditïèrent considérablement de ceux des Cristatella mucedo et ophidio'idea.

Les Polypides de la Cristatella Idœ, bien étendus, ont environ 3""^ de longueur, et leurs bras supportent à peu près quatre-vingts tentacules. L'estomac est brun chocolat, quelquefois jaune pâle ou brun-verdàtre. »

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

77

Cristatella ophidioïdea Hyatt, 1868.

Fig. 225 à 236.

Zoarium arrondi dans le jeune âge, atteignant plus tard une forme de ruban longue de vingt centimètres et large de quatre à vingt-cinq millimètres avec une épaisseur de trois millimètres ; un petit zoarium de vingt-cinq millimètres peut ramper de toute

tzf

Fig. 226.

sa longueur en vingt-quatre heures. Zoœcies disposées sur quatre à huit rangs concentriques, leurs Polypides ont environ quatre- vingt-dix tentacules. Statohlastes peu abondants, orbiculaires, et garnis sur les bords de l'anneau de cinquante-deux à cinquante- neuf spinules dont trente-deux ou trente-sept longues et vingt à vingt-deux courtes, leurs pointes sont ornées de petites dents crochues, faisant de une à six pointes à chaque extrémité. Ils ont de 0""'^800 à 0'"'"830 de diamètre.

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.1. JULLIEN

Syn. Cristatella ophidio'idea Hyatt, Leidy, Potts. Habitat. Environs do Salem (États-Unis).

Fis. 227.

Fig. 228.

C'est en 1868 que Hyatt a publié la description et les figures de cette magnifique espèce dont la taille atteint de surprenantes

dimensions. Voici la traduction de son texte (1) : « Gœnœcium arrondis dans le jeune âge. mais dans les colonies adultes, il at- teint aisément environ vingt centimètres de long sur quatre à vingt-cinq millimètres de large ; un exemplaire de cette taille affecte toujours une forme sinueuse; les plus petits cœnœcia

Fi". 230.

Fis;. 231.

Fig. 2.32.

sont quelquefois en ligne droite, et une colonie d'une longueur de

(1) Observalionn on Polyzoa subordcr J'hylactolœmata. Communications of the Esscx Institut, 186S. V, p. 229; fii;. 21. vol. IV. pi. xiii ot xiv.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

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vingt-cinq millimètres rampera de sa propre longueur en vingt- quatre heures.

» Les Polypides adultes sont sur deux rangs, les tentacules du troisième rang ne sont pas bien développés à l'extrémité des bras, et jusqu'au dehors, tous les âges de croissance sont représentés par des lignes de bourgeons et de jeunes Polypides variant de deux à cinq.

» Le lophophore est aussi long que le tube périgastrique, quand il est bien étendu et porte quatre-vingt-dix tentacules.

» Les statoblastes sont orbiculaires et frangés de vingt à vingt-

Fig. 231.

Fig. 235.

Fig. 236.

deux épines courtes et de trente-deux à trente-sept épines lon- gues, aux pointes fourchues, déterminant de une à six pointes à chaque extrémité. Les diamètres varient de 0™™8 à 0"'"'83.

» Cette espèce a été trouvée sous la forme de nodosités et de lames supportées par un extocyste commun comme dans la Pec- tinatella magnifica. Elle forme une même feuille peut-être en vastes établissements de trois millimètres d'épaisseur.

» Les statoblastes sont peu nombreux et diffèrent tout à fait de ceux figurés par le professeur Allman pour la Cristatella mucedo. Le bord externe de l'anneau est entier et non découpé comme dans cette dernière, l'enveloppe brune du statoblaste est lisse au lieu d'être recouverte de petites bosses comme dans la C. mu- cedo; le bord du statoblaste de notre espèce, vu de profil, est aussi beaucoup moins symétrique.

» La Cristatella Idœ décrite par Leidy a seulement trente milli- mètres de long, elle ne porte que soixante-douze tentacules, et le . statoblaste est chargé de soixante-dix épines. »

Cristatella lacustris Potts, 1884. Fig. 237 et 238.

Zoœcies peu saillantes, éparses à la surface d\m zoarium vermi-

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forme, très peu adhérent, d'une longueur d'environ 152'nm dans les plus beaux exemplaires, plus ou moins sinueux ou en spirale, les très jeunes zoaria ayant la forme d'un soulier les zoœcies occupent la partie la plus élevée. Polypicles plus courts que les tentacules du lopliophore, ces derniers varient de 52 à 60, il y en a ordinairement 54. Statohlastes orbiculaires, rouge-brun, épais; anneau marginal arrondi, entouré par une double série de grap- pins; leur face la plus grande a une courbure" régulière, tandis que la plus petite a une convexité plus marquée vers le centre.

Habitat : Sur les bois morts, dans les lacs, à un ou deux pieds de profondeur.

Localité : Lac d'Harvey, Luzerne, États-Unis d'Amérique.

Cette Cristatelle est en efet très remarquable par sa grande taille et par la forme de ses statohlastes. Mais comme le profes-

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seur Potts, je trouve que ce genre n'a pas encore été assez étudié au point de vue de ses formes, pour qu'on puisse à présent affirmer la solidité de ses différentes espèces. J'ai maintenu dans cette monographie toutes les espèces décrites, et je garde à leur égard la judicieuse réserve de Potts.

La description que cet auteur en donne étant pleine d'intéres- santes remarques, en voici la traduction :

« Je (1) désire annoncer la découverte que je fis en Automne

(1) On a siipposod species of Cristatella in Procccd. Acacl. nat. Se. of Philadolpliia, part II, May-OcU)l)er 1881. p. 193, i>l. IV, (igs. 1-2. (Note comniiini(iucc Je 8 Juillet.)

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 81

dernier, dans les eaux du lac d'Harvey, Luzerne, Go. Pa., de grandes colonies, ou en langage technique, d'aggrégations de colonies, d'une espèce de Cristatella. offrant plusieurs particula- rités, lesquelles semblent la distinguer de la C. mncedo d'Europe, et d'autres formes américaines connues.

» Le lac d'Harvey est une belle nappe d'eau située à une altitude d'environ 1200 pieds (365'"748) au-dessus du niveau de la mer, parmi des collines partiellement boisées, de peu de hauteur. Il affecte grossièrement la forme de la lettre T. Sa plus grande lon- gueur est d'environ deux milles (Si^'' 218™). On dit sa profondeur très considérable sur la plus grande partie de son étendue, elle augmente rapidement à peu de distance du rivage.

» Les premiers groupes de cette superbe espèce ont été trouvés sur un gros tronc d'arbre plongeant dans l'eau à un ou deux pieds de la surface.

» Les colonies y apparaissent comme des masses vermiformes, éparses, beaucoup plus longues que celle de Cristatella Idœ Leidy, et rivalisent presque en longueur avec la Cristatella ophidioïdea Hyalt, Les plus longues ont environ six pouces (152'"'"394). De plus, bien qu'elles suivent parfois les lignes sinueuses, décrites par ce dernier auteur, comme caractérisant son espèce, elles suivent le plus souvent des lignes courbes, isolées, ou continues comme une portion de la lettre 0 ou d'un C irrégulier. Depuis, en trois ou quatre circonstances , nous avons retrouvé cette espèce dans de nouvelles localités.

» Les extrémités des arbres morts, ou des grandes branches, gisant à 20 ou 30 pieds (6 à 9'") du rivage, et s'étendant sur un dia- mètre de 10 à 12 pieds (3™ à 3'"65), sont couvertes par des cen- taines ou des milliers de ces colonies, s'entrelaçant et entourant chaque branche et chaque ramuscule, cependant elles adhèrent si faiblement, qu'elles se détachent des rameaux par douzaines, rien qu'en secouant ceux-ci dans l'eau. Quand elles pendent tem- porairement par une extrémité, elles prennent une forme spirale, étroitement resserrées sur elles-mêmes. Leur ectocyste gélatineux commun a presqu'une ligne d'épaisseur (2'°ni2o6), il couvre les branches, autant que j'ai pu le voir. Sa persistance, sur les ra- meaux que nous avons péchés, est fort remarquable, puisque, après sept mois d'immersion dans l'eau, il est encore facilement reconnaissable. Sous le microscope, on le voit formé d'un plexus de lignes délicates, comme un mycélium très fin qui peut bien avoir maintenant remplacé la structure normale.

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» La loupe de l'auteur était d'un pouvoir trop faible pour ré- véler aucun caractère distinctif chez les individus composant ces colonies, et nous ne pouvons rien dire de leur être vivant étudié au microscope; nous avons attendu le développement de quelques statoblastes pour déterminer cette espèce. La mort d'un certain nombre de colonies, dans la vase elles avaient été placées, rendit, pendant l'hiver dernier, plusieurs lavages nécessaires pour enlever l'eau de macération et la matière corrompue. Dans ces circonstances, les statoblastes ont été recueillis sur un tamis.

» L'hiver passé, avril et mai arrivés, voyant que rien ne germait, nous étions sur le point de tout jeter, quand nous avons heureu- sement découvert plusieurs colonies embryonaires, attachées aux parois latérales du vase. Elles consistaient en un ou huit Poly- pides et offraient une particularité constante.

» Le cœnœcium vu latéralement peut être comparé à un soulier ; les cellules cœnœciales occupent seulement, plus ou moins, la portion élevée; l'autre extrémité est toujours prolongée en ma- nière de chaussure, depuis la forme actuelle jusqu'à celle que les Chinois considèrent depuis des siècles comme le type de la beauté. Cet aspect est très remarquable, mais comme nous sommes dans l'impossibilité de comparer ces jeunes colonies avec celles du même âge des autres espèces, j'hésite à les déclarer d'une nouvelle espèce. Dans les dernières éclosions, cet aspect était beaucoup moins saillant, et dans les stages les plus avancés des colonies les mieux développées, la prolongation n'a plus de physionomie particulière.

» Une ilole contenait une quantité de statoblastes que nous sup- posions avoir perdu leur vitalité par suite de l'entassement. Nous les avons lavés sur un tamis et placés dans un demi gallon d'eau (2'"2o0). Environ, dix jours après, nous avons été récompensé en les retrouvant germes par groupes, la surface de l'eau était tache- tée par de petits groupes flottants avec leurs disques placés supé- rieurement, les têtes des Polypes et les beaux panaches tentacu- laires pendant et étendus au-dessous.

» En examinant sous le microscope quelques statoblastes, soli- dement tenus ensemble par leurs épines marginales, nous les avons trouvés tous dans le premier état de leur développement; cette conservation était due sans doute à leurs longues cellules cornées qui ont probablement caché le principe conservateur à la vie, sous l'enveloppe chitineuse de leurs valves, d'où il a été

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 83

chassé à droite et à gauche, amenant ainsi le jeune animal à la nouvelle phase qu'il doit traverser.

» Les statoblastes, comme dans les autres espèces de ce genre, sont orbiculaires, d'une couleur rouge brune, relativement épais, avec un anneau marginal arrondi, et luie double série de crochets rétenteurs.

» Les derniers s'étendent, d'une ligne membraneuse circulaire, jusqu'auprès de la circonférence du corps chitineux, à l'un des côtés ; ils sont réfléchis sur le bord, tandis que ceux qui appar- tiennent à l'autre côté, se recourbant brusquement, entourent une partie de l'anneau et rayonnent dans le plan équatorial; leur surface est rugueuse, ou finement granuleuse. 11 y a peu de diffé- rence entre les diamètres, ou les degrés de convexité des faces du statoblaste, si ce n'est que les crochets les plus longs sont ordinairement fixés à la plus grande face, dont la courbure est régulière, tandis que l'autre face a une convexité plus marquée vers le centre. La portion chitineuse est composée de petites cel- lules hexagones, dont les surfaces externes paraissent être con- caves ou déprimées, mais leurs bords sont relevés ça et vers leurs angles en papilles épineuses, avec les sommets arrondis, plus nombreux près de la circonférence du statoblaste.

» Quand le développement de l'embryon commence, les faces ou valves sont forcées sur les bords elles se séparent toujours à la même place; la totalité de l'anneau restant fixée, comme il a été dit, tandis que l'autre se détache en dessous comme une boîte à pilule se détache de son couvercle. Ce fait forme un contraste frappant avec la façon dont les valves se séparent chez la Pecti- natella comme le montre le diagramme ci-joint, fig. 212-213.

» Le bord arrondi du cœnœcium demi-transparent paraît main- tenant, il sort lentement lui-même de telle sorte qu'en quelques heures, le premier Polypide projette ses tentacules rudimentaires. Au commencement, et pendant plusieurs jours, le cœnœcium est presque rempli par des corpuscules de matière vitelline, opaques à la lumière transmise, et jaunâtres à la lumière réfléchie; ils sont fréquemment réunis en groupes sphériques, et on peut en voir accidentellement un ou plusieurs dans le courant circula- toire, ou, après une violente révolution, poussés probablement par des cils vibratils à l'intérieur du cœnœcium. Ces masses gra- nuleuses adhèrent à l'estomac et aux autres organes internes, obscurcissent leurs bords et rendent presqu'impossible la décou- verte de l'apparition des Polypides secondaires; ceux-ci, cepen-

84 J. .lULLIEN

dant, suivent plus rapidement le premier qu'on ne le croit, et plu- sieurs tètes apparaissent avant la séparation des valves des statoblastes.

» Les tentacules du premier Polypide sont généralement beau- coup mieux développés que ceux des suivants, leur taille indique un plus grand état de maturité. L'effet de l'action ciliaire est cer- tainement évidente avant la maturité des tentacules, mais les cils eux-mêmes sont petits et difficiles à définir. Les corps granuleux, et les groupes qui obscurcissent le cœnœcium, sont résorbés gra- duellement ou, en quelques cas, éliminés, restant en dernier lieu dans la projection caudale d'où ils disparaissent enfin entière- ment.

» Le cœnœcium entier devient alors d'une belle transparence, qui ne permet cependant pas de voir clairement la structure des Polypides , même quand ils sont rétractés, mais les contours délicats des nombreux muscles rétracteurs peuvent être réelle- ment tracés depuis leurs connexions avec l'estomac et les bran- chies jusqu'à leur insertion sur le disque ou portion postérieure de l'endocyste. Le fait que l'insertion de ces muscles a lieu pres- qu'en ligne parallèles ou rayonnantes sur le disque du cœnœ- cium peut rendre compte du terme employé par les écrivains qui parlent des cellules du cœnœcium ; mais il n'y a pas ici de parois cellulaires, et quand ils sont entièrement rétractés, les estomacs des Polypides passent à travers les lignes des filaments muscu- laires et reposent partout ils peuvent trouver place. Cette difficulté de trouver place pour leurs diverses personnalités est souvent l'occasion d'une grande gêne pour eux, et d'un véritable amusement pour l'observateur, lequel, quand une colonie est troublée, verra les premiers Polypides se retirer avec l'apparence d'une grande facilité, tandis que les derniers se débattent pour se replier eux-mêmes, dans un lit six ou huit sont déjà cou- chés; les poussées, les secousses répétées sont nécessaires avant qu'ils puissent finalement se cacher, comme ils paraissent le dé- sirer en tirant ensemble la couverture transparente de l'endocyste, au-dessus de leurs têtes.

» Les cellules de la couche externe de l'endocyste sont plus grandes et plus profondes dans ce genre que les séries corres- pondantes chez la Pectinatelle. Dans ces deux genres elles parais- sent être du même caractère, sur toute la surface du cœnœcium; il n'y a pas, sur la surface inférieure, la disposition de l'appareil locomoteur, décrite par AUman, pour la Cristatella mucedo. Dans

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 8o

les deux genres aussi, avec un bon éclairage, et sous un fort grossissement, on peut découvrii' les lignes délicates du tissu musculaire transversales et longitudinales, formant les troisième et quatrième couches des séries du professeur Hyatt, elles sont visibles aussi sous la plus mince couche cellulaire du Polype évaginé.

)) On admet généralement que l'ectocyste qui, chez la Pectina- telle forme une masse de matières gélatinoïdes s'épaississant cons- tamment, se trouve dans ce genre rejeté au-dehors, comme une fugitive tunique, ou plus souvent comme une couche inerte qui supporte les colonies, et sur laquelle leur locomotion s'effectue. Lorsque dans mon aquarium les jeunes colonies se sont débar- rassées des statoblastes flottants, elles restent, comme nous l'avons déjà dit, avec leur disque à la surface de l'eau, une membrane délicate et invisible s'étend sur cette surface, réunissant les co- lonies voisines et formant une base de support, sur laquelle elle ne paraissent pas se mouvoir volontairement. A l'état normal dans un cours d'eau ou un étang, le vent, les courants les pous- sent bientôt vers quelqu'objet solide sur lequel ils se fixent, et qu'ils habitent. Nous l'avons déjà dit, aucune aptitude spéciale n'existe pour faciliter la locomotion de ces colonies, et comme sous ce rapport leur puissance est inappréciable, l'auteur hésite à décider si elle est exercée volontairement et avec raisonnement, ou bien si elle est le résultat accidentel des contractions et des expensions fréquentes des muscles rétracteurs, troublant la posi- tion des diverses parties du disque. Ceci nous paraît plus plau- sible, n'ayant pu trouver chez cette espèce aucune méthode de préhension dans les colonies, mais seulement une cohésion géla- tineuse ou visqueuse à l'ectocyste.

» A maturité, dans cette espèce, l'évagination du Polypide est complète; elle ne laisse non seulement aucun ph' invaginé, mais elle montre la totalité du système digestif du Polype à une cer- taine distaoce au-delà de la surface du cœnœcium. La longueur totale de l'appareil digestif est plutôt moindre que celle des bras du lophophore, environ égale à celle des tentacules externes. Ces derniers, moins nombreux que dans aucune espèce déjà décrite, varient de 50 à 60. Dans la plus grande majorité des têtes de Po- lypes examinés, le nombre des tentacules était de 54, moins fré- quemment il y en avait 56, 58 et 60 ; je n'ai trouvé ce dernier nombre qu'une seule fois. D'un autre côté les grappins des stato- blastes sont plus nombreux que dans CristatcUa opliidio'idea, à peu

biG J- JULLIEN

près les mêmes que dans les autres espèces. Jusqu'à présent, ce genre comprend trois espèces, Cristatella mucedo G. Cuvier, Eu- rope, Cristatdla Idœ Leidy et Cristatella ophidio'idea Hyatt, qui sont américaines. Les différences qui les séparent ne sont pas consi- dérables et il est permis de se demander si toutes ne pourraient pas être réunies sous le premier titre. Dans la situation actuelle on peut voir que l'espèce nouvellement découverte est au moins aussi nettement différente des anciennes, que celles-ci le sont les unes des autres. C'est à cause décela que je la nommerai provisoirement Cristatella lacustris. »

2e S.-class. BRYOZOAIRES INFUNDIBULÉS,

Bryozoaires dont la couronne branchiale forme une cloche ré- gulière.

V<^ Fam. Paludicellidées Allman, 1885.

Zoœcics cornées, lagéniformes, à orifice tubuleux se dressant à angle droit sur la portion rampante ; le Polypide possède deux funicules gastriques dont le supérieur aboutit à l'ovaire et l'infé- rieur au testicule.

Allman a donné cette famille sans la définir ; elle ne renferme encore qu'un seul genre.

Parmi les autres Bryozoaires infundibulés, cette famille doit se placer à la suite de celle des Valkeridœ, dont elle diffère par son double funicule, et par l'absence des soies à l'orifice.

Genre PALUDICELLA P. Gervais, 1836.

Zoœcies naissant bout à bout, et encore bourgeonnant latérale- ment.

Synonymie :

Alcyo7iella Ehrenberg, Norman. | Allmaa, Thompson, Johnston, Hancock.

Pahidicella P. Gervais, Van Bencdon, | Leidy, Potts.

Paludicella Ehrenhergi Van Beneden 1848, Fig. 239 à 243.

Zoœcies disposées bout à bout, avec un processus anastomo-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

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tique à la région inférieure de la grosse extrémité, séparées de l'autre par des cloisons complètes ; orifice tubuleux sit avant de la portion renflée, et lais- sant sortir un Polypide pourvu d'une cloche régulière de seize tentacules ; ces zoœcies forment des zoaria li- néaires, d'un brun plus ou moins foncé, ramifiés, rampants et portant des branches nombreuses disposées en petits buissons. Reproduction par œufs, statoblastes (?), bourgeonnement et hybernacles.

Synonymie :

l'une en

i i)

Alcyonella arlictdaia Ehrenberg, 1831. Alcyonella diaphana Nordniann. Paludicella articula P. Gervais, Allman, Thompson, Johnston.

Paludicella Ehrenbergi Van Bcneden

Allman, Parfitt. Paludicella procumbens Hancock. Paludicella clongata Leidy.

Localités : Sur les corps immergés et fixes, dans les eaux dor- mantes ou d'un cours peu rapide, elle est lucifuge.

Européenne et Américaine, on la trouve en France aux environs de Paris ; P. Gervais l'a rencontrée dans l'étang du Plessis-Piquet; je l'ai pê- chée abondamment dans le lac d'En- ghein en 1882 avec la Plumatella repens et la Fredericella sultana, mais je ne l'ai pas trouvée en Bourgogne dans les montagnes du Charollais. Elle existe encore en Angleterre, en Ir- lande, en Ecosse, en Prusse, en Bel- gique , dans les grands lacs de la Suisse et de l'Italie septentrionale, on la trouve en Russie et Leidy l'a dé- couverte aux États-Unis, il l'a dé- crite et figurée sous le nom de P. elongata.

Cette espèce a été découverte par Ehrenberg aux environs de Berlin, en 1831, il en donna la description dans Symholœ physicœ, Dec. I, pol. fol. a. Quelques années après d'autres naturalistes la trouvèrent également sur différents points; mais P. Gervais en

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88

J. JULLIEN

fit le genre Paludicella qui a été accepté depuis. Van Beneden a observé qu'à la fin de l'automne, on voit se produire à la place

Fig. yi^!.

MO^^OGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE. 89

se forment les bourgeons, c'est-à-dire de chaque côté de l'orifice, un hybernade qui conserve l'espèce pendant l'hiver. Les hyber- nacles de Van Beneden se montrent au commencement de l'hiver, ils sont semblables aux bourgeons mais pourvus tout autour d'une membrane solide. Ils n'ont pas cette régularité dans le volume et la forme que présentent les statoblastes des autres genres, ils sont toujours fortement comprimés, leur contour varie et les uns sont beaucoup plus allongés que les autres. L'extrémité est toujours terminée en tubercule arrondi. Ils sont d'un noir grisâtre, couleur qui contraste avec celle du zoarium. Ils se composent d'une enveloppe assez solide, dans l'intérieur de laquelle on voit des globules ou cellules semblables aux cellules du vitellus. Cette enveloppe se divise au printemps en deux valves qui se séparent sur le bord et qui forment le commencement du zoarium. On voit poindre alors le Polypide au milieu, et souvent on trouve encore en Été les débris de l'hybernacle, qui font connaître le point do départ du pied polypiaire (1).

E. Parfitt (2) prétend avoir découvert les statoblastes de la Paludicelle, il les décrit ainsi : « Le bord forme une ellipse très allongée, la cellule est très petite si on la compare avec sa très large bordure, plan-convexe; la cellule est rouge-brun, l'anneau ou la bordure d'un pourpre-bleuâtre, superbement réticulée et réfléchissant les couleurs du prisme. Il y en a trois dans chaque cellule, disposés bout à bout ».

A ces différents moyens de reproduction, on doit ajouter les œufs véritables. Ces œufs sont produits par l'ovaire. Ce dernier organe termine le funicule supérieur de l'estomac, tandis que le funicule inférieur aboutit au testicule. Le funicule ovaire a été découvert par Allman; j'en ai parfaitement constaté l'existence sur mes exemplaires du lac d'Enghein.

Les touffes de Paludicelle ressemblent à un réseau de petites racines rousses embrouillées.

Paludicella erecta Ed. Potts, 1884. Zoœcies disposées pèlc-mèle, plus ou moins soudées entre elles,

(1) Duraortier et Van Beiieden, Histoire nat. dex Polypes composés d'eau douce. Méra. Acad. de Bruxelles, IX, 1850. Tirage à part, p. 51.

(2) E. Parfitt, On tvjo mw Species of Frethwater Po^yzaa. Ann. and Magaz. of nat. Hist , Ci), XVIII, 1866, p. 171.

7

90 ■'• JULLIEN

portant leurs orifices à l'extrémité de longs tubes toujours libres, dépassant 2'"™ ; elles forment des zoaria rampants, que les orifices rendent hérissés comme la surface d'une coque de châtaigne; Polypides pourvus de 19 à 21 tentacules, mais plus souvent de 20. Reproduction par œufs et bourgeonnement.

Habitat. Rivières et ruisseaux des États-Unis, Amérique septen- trionale, sur les pierres.

Localité. Tacony Creek, comté de Montgomery (Pensylvanie), >'et dans les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie.

Voici la traduction de la note lue par Potts à l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie :

« M. Edward Potts (l), fait une communication sur sa récente découverte d'une nouvelle espèce de Paludicelle, qu'il nomme Paludicella erecta.

» Ce genre de Bryozoaires d'eau douce ne contient, jusqu'à présent, que la Paludicella Ehrenbergi Van Beneden {Alcyonella articulata Ehrenberg) ; les deux autres noms, P. procumbens et P. elongata, donnés par Albany Hancock et le Prof. Leidy étant considérés, par Allman, comme identiques au type original. La forme présente est absolument différente de l'ancienne par le nombre des tentacules ciliés et par les caractères des cellules cœnœciales. Un certain doute a existé dans l'esprit de l'auteur sur cette espèce, en raison de la détermination difficile des septa caractéristiques entre les cellules, par le fait de leur absence apparente, absence pour laquelle on ne doit pas établir un nou- veau genre.

» Elle a été, d'abord, découverte à Tacony Creek, dans un ruis- seau du comté de Montgomery (Pensylvanie), k environ cinquante pieds au dessus de la basse mer (Tide water). Quelques jours après, elle a été aussi recueillie aux limites des basses eaux, dans les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie. A la pre- mière localité, elle a été trouvée en abondance dans des cavités parmi les rapides du courant, couvrant fréquemment la surface des pierres, à une profondeur d'un pied au plus, sur une surface de plusieurs pouces carrés. Les terminaisons verticales des cel- lules cœnœciales dans les parties serrées des colonies, ont envi- ron une ligne de hauteur (2'""'224), et, s'étendant très pressées,

(1) E(J. Potts, On Paludicella erecta. Proceedings Acad. nat. Se. Philadelphia, p. 213, 5 august 1881. Ihid,, in Ann. and Magaz. iiat. Hist., (5), XIV, p. 4.37. UôccMiibro 1881. (Miscell).

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 91

peuvent se comparer à la surface d'une coque de châtaigne. Dans les rivières, on la trouve pénétrant les masses des éponges en- croûtantes, particulièrement de la Meyenia Leidyi.

» Ces petits tubes droits sont les prolongements chitineux de cellules renflées très irrégulièrement, adhérant en désordre et serrées au support de la colonie, s'entrecroisantet s'anastomosant d'une façon incompréhensible, par des rhizomes enchevêtrés, quelquefois d'une longueur relativement considérable.

» Ils sont le plus souvent simples et terminaux, parfois ramifiés ; ils naissent fréquemment d'une partie latérale quelconque d'une cellule. Les prolongations tubuleuses sont toujours isolées; le polype invaginé se retirant dans la partie renflée de la cellule.

» Dans les rhizomes on rencontre quelquefois les septa près de l'anastomose des premiers avec la portion renflée des cellules. Les extrémités supérieures des cellules qui paraissent avoir été formées les dernières sont plus allongées que celles de leurs voi- sines plus anciennes, subclaviformes ou fusiformes et arrondies à l'orifice. Les autres sont cylindriques ou légèrement élargies en bas, et plus courtes que les premières à cause de l'invagination de la portion terminale de l'ectocyste. 11 en résulte une apparence anguleuse de l'orifice, ordinaire dans la plus vieille espèce; mais taudis que celle-ci est généralement quadrangulaire, la nôtre a fréquemment cinq pans ou plus. Les cellules les plus jeunes sont ordinairement transparentes, elles brunisssent avec l'âge et deviennent quelquefois encroûtées de particules adhérentes, amas- sées par des parasites tels que Limnias, Pyxicola, etc.

» Les Polypides sont craintifs, mais ne redoutent pas la lumière; quand on ne les trouble pas, ils restent longtemps étalés sous une grande clarté, à l'éclairage microscopique. On voit alors, que le lophophore est circulaire, sans épistome, supportant ordinai- rement vingt tentacules, prenant la forme d'un verre à bon vin, quand il est étalé. (J'ai compté avec doute dix-neuf et vingt et un tentacules, tandis que le nombre que j'ai indiqué est le plus fré- quent; la P. Ehrenbergi est universellement considérée comme n'en portant que seize). Une particularité des tentacules est la présence, sur la ligne médiane externe de chacun d'eux, de séries peu rapprochées de cils vibratils, contrastant énormément avec les mouvements rapides des autres cils qui les environnent.

» La reproduction par œufs de ce Polype a élé obtenue, et les particularités de sa structure interne sont réservées pour une étude prochaine. Si les résultats sont satisfaisants, nous les pu-

92 .1. .IULLIEN

blierons dans une autre note. L'observation simultanée de cette espèce dans trois localités distinctes et son abondance dans cha- cune, indique qu'elle est probablement commune; il est surpre- nant qu'on ne l'ait pas encore étudiée. »

2e Fam. Hislopidées Mihi.

Zoœcies cornées, aplaties, plus ou moins arrondies sur leurs bords ; paroi latérale épaisse entourant une area fermée d'une pel- licule mince et cornée. Zoaria ramifiés ou lamelleux, mais tou- jours rampants et fortement adhérents aux corps qui les suppor- tent.

Cette famille renferme mon genre Norodonia (1) et le genre His- lopia (2) de H.-J. Carter. C'est par erreur que j'avais, tout d'abord, pris le genre Norodonia pour un Chéilostomien, l'orifice zoœcial de mes exemplaires avait été déformé par la dessicationdu zoarium. Cette famille est établie sur des espèces toutes Asiatiques jusqu'à présent.

Genre NORODONIA J. Jullien, 1880.

Zoœcies cornées, rampantes, adhérant fortement aux corps immergés, naissant les imes des autres au-dessous du sommet pour former des séries linéaires; axe primitif du zoarium fournis- sant rapidement des axes secondaires, tertiaires, etc., ils appa- raissent au niveau du tiers supérieur de la zoœcie, tantôt d'un seul côté, tantôt sur les deux ; paroi latérale épaisse, soutenant une area membraneuse délicate près du sommet de laquelle se trouve V orifice. Polypides inconnus.

J'ai dédié ce genre à S. M. Norodon P"", ex-roi du Cambodge, en souvenir de sa généreuse assistance pendant ma mission de 187:} à 1874.

(1) Guide du Naturaliste, 2' année, n" 5, p. 112, 15 mars 1880, Bull. Soc Zool. de France, 1880, p. 77.

(2) Description ofa lacii'itrinr Bryoznnn nlh'pd tn FUixtra. Ann. nni Mag. of nat. llist., 1858, (3). 1, p. 16i).

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

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Norodonia Cambodgiensis J. Jullien (1). Fig. 244 à 24o.

Zoœcies cordiformes, trapues, pédonculées à la base, fond plus large que le sommet, orifice subquadrangulaire, parois latérales épaisses et continues sur tout le pourtour. Area lisse et unie, pé- nétrant jusqu'à la cellule inférieure par le pédoncule qu'elle re- couvre. Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont environ O^^'^GO de large sur 0'"'"85 de long. Ces zoœcies forment des zoaria ou colonies d'un brun foncé, rameux, dont l'area desséchée brille comme la trace d'une limace sur un mur.

Fig. 244-245.

J'ai trouvé cette espèce sur un morceau de bois fossile, au bord du Mékong te 9 février 1874, à la pointe de l'île Go-Kaû. Cette île est située à deux heures de barque au-dessus du village Péam- Siam-Boc qui établit la limite du royaume du Cambodge et du royaume de Siam sur la rive droite du Mékong. J'ai encore recueilli cette espèce dans l'arroyo de Peam-Chetang (Cambodge), elle s'était fixée sur le processus aliforme qui surmonte la charnière de VUnio delphinusLea.. Je l'ai encore rencontrée dans la collection de M. A. Bouvier sur la surface externe et antérieure

(1) Guide du Naturaliste, loc. cit.. et Bull. Soc. Zool. de France, 1880, p. 11 et 78, fis.s. 1, 2 et 3.

94 J- JULLIEN

d'une coquille d'eau douce de la Chine, la Symphùiota hialata Lea qui se trouve aux environs de Canton.

Norodonia Sinensis J. Jullieu (l), 1880. Fig. 246 à 247.

Zoœcies cordiformes, allongées, aplaties, ventrues au milieu, pédonculées à la base, s'effilant aux deux extrémités, surtout au sommet; orifice arrondi ou oblong; parois latérales épaisses deve- nant très minces tout autour de l'orifice, continues dans toute la région inférieure de la zoœcie ; area lisse ne s'étendant pas jus- qu'à la zoœcie inférieure, portant en son milieu une sorte de jetée qui commence à l'ouverture dont elle forme la lèvre inférieure pour se terminer en pointe aiguë au niveau du quart postérieur du diamètre longitudinal.

/,/rri-yr^

[Fig. 246-247

Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont envi- ron O'^'^SS de large sur 1""" de long. Ces zoœcies forment des zoa- ria blonds et rameux.

J'ai découvert cette espèce dans la collection du Muséum de Paris à l'intérieur d'une Anodonta securiformis Say, rapportée de la province du Ngan-Houï, Chine, par le R. P. Eudes.

(1) Guide du Naturaliste, année, 5, p. 102, 15 mars 1880 et Bull. Soc. Zool. de France, 1880, p. 78 et 79, figs. 1, 2 et 3.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE

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Genre HISLOPIA J. Carter, 1838.

Zoœcies cornées, rampantes, aplaties, à paroi antérieure mince et transparente, à parois latérales plus épaisses, percées de deux à quatre trous stolonifères ; formant sur les surfaces lisses des zoaria quelquefois linéaires, mais le plus souvent sans arrange- ment défini. Orifice subquadrangulaire avec une épine assez forte à chaque angle. Polypide pourvu d'environ seize tentacules, avec un phar^'^nx pyriforme et glanduleux, un gésier globuleux, un estomac en cornemuse et un gros intestin glanduleux; ces orga- nes sont alliés entre eux par de simples tubes qui constituent l'œsophage, reliant le pharynx au gésier, le pylore reliant l'esto- mac au gros intestin, et le rectum qui termine l'appareil digestif.

Jlisîopia laciistris H.-J. Carter 1858. Fig. 248 à 250.

Mêmes caractères que ceux du genre.

Syn. Hislopia laciistris (1) H.-J. Carter.

Habitat : Mares d'eau douce ne se desséchant jamais, sur Paludina hengalensis. et sur les tiges de plantes aquatiques.

Localité : Nagpoor , Inde centrale.

Voici la traduction du texte de Carter : « Ce qui suit est la descrip- tion d'un Polypidome que m'a en- voyé le pasteur Hislop ; il l'a trouvé pour la première fois en Avril der- nier, magnifiquement développé sur la Paludina hengalensis et sur les . tiges de diverses plantes aquatiques dans une mare d'eau douce près de Nagpoor, Inde centrale. Cette forme me paraît appartenir à la classe des Bryozoaires ; étant encroûtante et dépourvue de substance cal- caire dans le squelette, nous en ferons le type d'un nouveau

Fig. 248.

(1) H.-J. Carter, Description of a lamslrine Bryosoon alUed to Fliistra. kun. and Magaz. of nat. History, (3). I, p. 169, 1858, pi. vu.

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.1. JULLlEiN

genre pour lequel nous proposons le nom IJislop-ia en l'honneur du gentleman mentionné ci-dessus.

» Il diffère des Fhistres par la forme et la disposition des cel- lules, il n'est pas dressé; et des Membranipores et Lepralies en n'étant point calcaire ; mais il se rapproche des Flustres par ce dernier caractère, et des Lepralia en étant rampant, surtout avec la subdivision qui porte des épines orales sans autre appendice externe,

» Heureusement les échantillons dans l'alcool, que j'ai reçus, me sont arrivés dans un état de conservation suffisant pour me permettre de les décrire non seulement avec le Polypier ou sque- lette, mais encore avec l'animal.

» Hislopia lacustris n. sp., pi. VII, figs. 1-3.

y Polypier corné-membraneux, dépourvu de matière calcaire.

Cellules irrégulièrement ovales, aplaties, s'étendant en bourgeon- nant sur des surfaces lisses, quel- quefois linéairement, mais le plus souvent sans arrangement défini. Orifice subquadrangulaire, sup- porté par un col circulaire fermé par quatre valves triangulaires dont les postérieures sont les plus gran- des; surmontées par une bordure cornée saillante, sur les angles de laquelle se dressent quatre épines; bord postérieur moins saillant que le reste, ce qui permet une conti- nuité presqu'ininterrompue entre la grande valve ou lèvre et la por- t^ion membraneuse de la cellule' Bord de la cefiule corné, percé de deux à quatre trous stolonifères. En moyenne, la plus grande lar- geur d'une cellule est de 0'""'747 et la plus grande longueur 0""''875.

» Habitat : Mares d'eau douce qui ne se dessèciient jamais, sur Paludina benfjalensis et sur les tiges de plantes aquatiques.

» Localité : Nagpoor, dans l'Inde centrale.

» Animal : Contenu dans un sac membraneux qui double la cellule et qui communique avec deux ou quatre cellules voisines

Fig. 249.

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 97

par des stolons à travers les trous déjà mentionnés, savoir : pos- térieurement avec la cellule mère, antérieurement et latéralement avec des cellules filles. Bouche triangulaire, bordée par les valves mentionnées, conduisant dans une gaine buccale délicate et trans- parente, plissée antérieurement, au fond de laquelle (quand elle est retournée) se trouve l'orifice de la gorge surmonté par seize (?) tentacules. Pharynx pyriforme, présentant une couche de cellules ou de pellicules internes, s'étendant du commencement de l'œso- phage, lequel est étroit, long et replié sur lui même. Après l'œso- phage vient un corps globuleux et dilaté appelé le gésier, qui est très épais, présente deux corps chitineux, linéaires, internes, et s'ouvre par une large bouche dans la moitié pylorique d'un grand estomac irrégulièrement ovoïde. Estomac entièrement doublé par une couche de cellules hépatiques, et contracté près de son ex- trémité pylorique il se continue avec l'in- testin grêle. Intestin grêle court, suivi par une portion globuleuse, quelquefois eUiptique et dilatée (corre^^pondant au gros intestin des animaux supérieurs) (?), également doublée par des cellules, mais différant en apparence de celles de l'estomac ; se terminant par une portion rectale contractée qui s'ouvre dans la gaîne buccale (quand elle est rentrée). '"'*

» Observations : Outre le muscle réfracteur, il y en a d'autres qui vont delà membrane interne de la cellule, et probablement de la cellule elle-même, aux différents organes viscéraux ; mais leur déchirure produite par l'esprit de vin, dans lequel je les ai reçu, prévient contre ma description et contre mes dessins. La cavité péritonéale aussi, dans plusieurs cas, renferme des groupes de cellules de différentes tailles et des corps fusiformes qui peuvent avoir été des éléments procréateurs; mais ne les ayant pas observé à l'état vivant, je ne puis eu parler. Je n'ai pu découvrir ni testi- cule ni ovaire; pour la même raison, je n'ai pu établir sûrement le nombre des tentacules. Enfin, cependant, avec leur gaîne buc- cale déficate qui se trouve à différents états de sortie dans quel- ques cellules, il a été facile de voir que la portion plissée précède l'extension des tentacules, comme chez les autres Bryozoaires d'eau douce , et dans le genre Boicerhankia avec lequel notre espèce a beaucoup de rapports organologiques. »

98 J. JULLIEN

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. I . Plumatella repens. Zoarium corné, blond, très pâle, gaîne à peu près dépourvue de macules cornées ; tentacules au nombre d'une cinquantaine environ. Un des polypides représentés, ici ne portant que 17 ou 18 tentacules, offrait cette curieuse particularité d'avoir les deux branches du lophophore sou- dées par leur bord interne. Cette anomalie avait entraîné l'arrêt de développe- ment des tentacules internes, ils n'existaient plus que sous la forme de verrues peu nombreuses sur le côté interne de l'espèce de crête de coq formée par les branches du lophophore. Je n'ai pu découvrir l'épistome sur ce polypide (Exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 1883).

Fig, 2. Plumatella repens. Polypide régulièrement développé ; vu de profil, et grossi 15 fois et demi (Saint-Christophe-en-Brionnais, 7 septembre 1883).

Fig. 3. Plumatella repens. Polypide avorté dont les deux bras du lopho- phore ne sont pas soudés, mais sur lesquels les tentacules internes n'existent qu'à l'état rudimenlaire sous la forme de petites verrues. 14,o/1 (Saint- Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 1883).

Fig. 4. Unintella gracilis. Disposition du zoarium et des zoœcies, quand on inquiète la colonie. 75/1. (D'après Leidy).

Fig. 5. Urnai. gracilis. Extrémité d'une branche portant une zoœcie étalée (dessin de Leidy, publié par Allman).

Fig. 6. Uni. gracilis. Vieux zoarium sur lequel s'est développé une zoœcie avec son pédicelle. Un bourgeon se développe sur ce dernier. 18/1. (D'après Leidy).

Fig. 7. Jeune Urnatelle ; chaque tige est formée d'un polypide et d'un simple pédicelle. 55/1. (D'après Leidy).

Fig. 8. Zoœcie d'Uniatella^ montrant ses diverses parties. 120/1 (Leidy).

Fig. 9. Plumatella repens. Embryon de grandeur naturelle. Les plus gros très grossis sont représentés nageant. (D'après Allman).

Fig. 10. Embryon de PL repens, contenant deux polypides retirés à l'intérieur. L'embryon est libre, il nage dans l'eau. (Allman).

Fig. 11. Embryon de PI. repens plus avancé, les polypides ont pres- qu'atteints leur entier développement. (Allman).

Fig. 12. Embryon de PI. rep., dont les polypides sortent presque tout à fait de l'enveloppe. (Reinhard).

Fig. 13 et M. Embryons de PI. rep., encore plus développés que les précédents et montrant une sorte de prolongement caudal contenant sans doute des granulations vitellines qui vont disparaître. (D'après Reinhard).

Fig. 15. Jeunes polypides d'un embryon de PL repens, débarrassés de

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 99

l'enveloppe larvaire. J'ai trouvé ce rudiment de colonie sous une feuille de Nymphéa dans l'étang de Saint-Cucufa, prèsSaint-Cloud, 7 septembre 1884. Dessin d'après nature.

Fig. 16. Alcyoneîla flabellum. Van Beneden. C'est une colonie de P/Mma- tella repens née d'une larve comme celle que représente la fig. 13, et dont les zoœcies se sont soudées comme dans la variété alcyonelle ordinaire (d'après Van Beneden).

Fig. 17 à 47. Statoblastes libres de Plum. repens. Il y a 37 formes différentes représentant les principales variétés de ces objets ; j'ai laissé pourrir dans l'eau des branches de fascines recueillies dans le lac d'Enghien au mois de juillet, j'ai obtenu ainsi des milliers de statoblastes libres qui ont servi à faire ces dessins. On peut voir que leur grande variabilité leur enlève tout caractère spécifique.

Fig. 48 à 62. Statoblastes adhérents de Plum. repens, recueillis sur les fascines qui ont fourni ceux des fig. 17 à 47. Eux aussi sont excessivement variables dans leur forme et dans leurs dimensions.

Fig. 63. Jeune colonie de Plum. repens dont les zoœcies sont en partie libres et en partie soudées. Van Beneden, auquel j'ai emprunté cette figure la donne comme une Alcyoneîla flabellum. Une écaille de statoblaste se voit à l'origine de la colonie.

Fig. 64. Plumatella repens. Polypidc étalé et vu de trois quarts. Ce bel exemplaire a été dessiné à la chambre claire. Saint-Christophe-en-Brionnais, septembre 1884. 29,4/1.

Fig. 65. Plumatella repens, à forme jugale, développée sous \me feuille de Nymphœa alba, détachée avec une aiguille à disséquer et retournée sans dessus dessous. Les polypides étalés ont été dessinés dans cette position qui permet d'en compter facilement les tentacules. Exemplaire assez typique des Nymphœa, recueilli dans l'étang de Brise-Miche, à Chaville, près Paris, le 16 juillet 1884. 2,33/1.

Fig. 66. Federbusch-polyp Rœsel. Ce dessin, que j'ai emprunté à l'illustre naturaliste Allemand, représente une colonie de Plumatella repens, développée sur des lentilles d'eau (Lemna minor, ou plutôt gibba). Cette figure donnée en 1755, est la première représentation de cette espèce, elle est assez bien réussie pour l'époque elle parut ; on remarquera que l'auteur n'a pas distingué l'appareil digestif et qu'il s'est attaché surtout à la reproduction des lopho- phores. Les corpuscules dessinés autour des panaches représentent les infu- soires et les algues microscopiques dont ces animaux font leur nourriture en les attirant par leurs cils vibratils.

Fig. 67 et 68. Jeunes colonies de Plum. repens, développées de stato- blastes adhérents. Traitées par l'acide osmique faible, l'endocyste s'est coloré en noir; on voit à l'extrémité de chaque branche une masse grisâtre qui

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représente le polypide terminal vu par dessous ; la colonie ayant été détachée, avec précaution, de la branche qui la portail. 11 m'a semblé que la forme alcyonelloïde de cette Plumatelle naissait surtout de statoblastes adhérents, ces derniers, plus volumineux que ceux restés libre, donnent certainement, au début de la colonie, des polypides plus vigoureux que leurs congénères. Lac d'En- ghien, 9 août 1883. 6,o6/'l.

Fig. 69. Alcijonella fungosa Pallas. Cette forme représente le développe- ment le plus énergique de la Plumât, repens. Ici tout le centre de la colonie est formé de tubes soudés entre eux dans leur longueur, les branches à forme de Plumatelle ne se voient que sur les bords, et les zoœcies y sont encore serrées. Ce dessin exécuté d'après une superbe photographie ne donne pas les détails infinis de cette dernière, la copie exacte étant presqu'impossible ; j'espère que celle-ci en donnera une idée cependant assez nette. La colonie n'entoure pas complètement le morceau de bois sur lequel elle s'est développée, elle s'amin- cit sur ses bords, d'où partent quelques petitesbranches isolées. Lac d'Enghien, 8 juillet 1883. Grandeur naturelle.

Fig. 70. Plumatella jîigalis Allman. Colonie de Plumalella repens, ayant pour origine un statoblasle, dont les valves se voient encore sur la première zoœcie ; les crêtes anales existent comme dans l'espèce anglaise, mais Allman n'ayant pas compris l'origine de sa colonie, en fit une espèce particulière, comme Van Bcneden a créé V Alcyonella flabellum pour le môme motif. On remarquera dans cette colonie deux zoœcies beaucoup plus renflées que les autres ; ces deux zoœcies représentent la PlumateUa Dmnortieri d'Allman ; cela fait deux espèces dans une même colonie ; sir Allman est trop généreux, on ne peut accepter sa manière de voir. Exemplaire recueilli à Saint-Christophe- en-Brionnais (mare do Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de Potamogéton). 5/1 .

Fig. 71 . Plumalella jugalis. Exemplaire de PlumateUa repens corres- pondant parfaitement à la P. jugalis d'Allman, Il provient d'une larve à deux embryons, telle que la représente les figs. 10-15. Toutes les zoœcies portent la crête anale, elles semblent en faire une véritable espèce; une étude d'ensemble des diverses colonies de l'espèce, comme je la comprends, détruit celte manière de voir. Cette forme bourgeonne abondamment ; ici on voit une zoœcie mère qui a produit quatre zoœcies filles, celte énergie diminue progressivement, elle tombe à trois, puis à deux, puis à une et enfin reste stérile. Les statoblastes y sont très rares et très petits ; Allman n'en a jamais vu dans ses exemplaires ; le mien n'en contient qu'un seul, bien que la colonie ail été recueillie au mois de septembre, c'est-à-dire à une époque les PlumateUa repens sont toujours remplies de statoblastes parfaitement mûrs. Il existe donc une sorte d'arrêt de développement, mais on voit que la forme en question peut naître aussi bien d'un statoblasle (pio d'une larve. Saint-Chrislopho-cn-Brionnais, mare

MONOGRAPHIE DKS BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 101

de Fougères, 7 septembre I 883, sous une feuille de Po<amo^e/oH Jta/aMs; dessin exécuté à la chambre claire d'après le zoarium mort et débarrassé de ses polypides par la putréfaction et le lavage. 5/1 .

Fig. 72. Pliimatella repens var. furcifer nobis. Curieuse variété dans laquelle la plupart des zoœcies possèdent une crête anale bifurquée sur le fond zoœcial ; la première fois que je la vis, je crus avoir une nouvelle espèce de Plumatelle ; mais il est certain qu'on se trouve encore en face d'une simple variété, car il y a dans la même colonie des zoœcies dont la crête anale est simple, et des zoœcies dépourvues décrète anale. Je possède en outre d'autres colonies de la même région, à forme d'Alcyonelle, la plupart des zoœcies ont la crête anale bifurquée. Ces dernières ont été trouvées dans le pré de M. Polette, derrière les bains de Saint-Ghristophe-en-Brionnais, elles couvraient la face inférieui-e des pierres d'une très grande mare, sur une surface plus large que celle des deux mains. Je n'ai jamais rencontré cette forme aux envi- rons de Paris.

La colonie dessinée ici est fixée sur une feuille de Potamogeton nalans, elle vient encore de la mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais, je l'ai pêchée le 7 septembre 1883. Les polypides avaient 50 tentacules, et l'estomac portait des lignes jaunes longitudinales. Les parois zoœciales sont couvertes de grains quartzeux hyalins agglutinés ; la crête anale, très vigou- reuse, en est à peu près complètement dépourvue. 5/1 .

Fig. 73, Pliimatella repens. Superbe colonie dont le milieu est tout à fait Aleyonelle, tandis que les bords deviennent Plumatelle, en fournissant des rameaux isolés excessivement nombreux. Toute cette colonie paraît provenir d'un seul statoblaste ou d'une seule larve, car tous ses points rayonnent vers l'extérieur, sauf au milieu, il n'y a pas de distinction possible. Les zoœcies portent presque toute la crête anale simple, elles sont très minces, et surpren- nent par leur petitesse. Cette forme en son milieu représente V Alcyonella Benedeni d'AUman, mais elle redevient P/M»m<e//e sur ses bords. Celexemplaire, des plus intéressants, s'est développé sous une planche de chêne servant à laver le linge, restée immergée pendant toute l'année dans la mare du pré de M. Meaudre, derrière les bains de Saint-Christophe, je l'ai péché le 4 octobre 1884. 1/1.

Fig. 74. PI. repens. Extrémité zoœciale dans laquelle on aperçoit les tentacules d'un polypide au moment l'animal va sortir de la zoœcie. Au- dessus de lui on voit l'orifice contracté et maintenu rentré par les muscles monocellulaires pariéto-vaginaux postérieurs ou rétenteurs antérieurs, avec leurs noyaux. Au-dessous des tentacules commence la crête anale qui se dirige en bas et à droite du lecteur.

Fig. 75. PL repens. Muscles rétracteurs du polypide ; vus de haut en bas, on trouve d'abord les rétracteurs brachiaux, et au-dessous se voient

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les rétracteurs du lophopliore. Observés sur un exemplaire de l'étang de Brise- Miche.

Fig. 76. Dessin schématique sur lequel on voit: la disposition tenta- culaire ; la bouche et son épistome ; le tube digestif tout entier ; le ganglion nerveux replié sur lui-même, prè§ du sommet de l'œsophage ; les fibres mus- culaires pariéto-vaginales antérieure^ ; les fibres musculaires pariéto-vaginales postérieures ; et enfin l'endocyste transparent avec ses taches ovales de couleur blanc-bleuâtre à l'état normal.

Dessiné d'après nature, sur un exemplaire de l'Étang de Saint-C-ucufa, forêt de Marly (près Paris), 7 septembre 1884.

Fig. 77. PL repens. Calice des tentacules présentant une irrégularité sur son trajet. Même localité que la fig. 76.

Fig. 78. PL repens. Corps brun commençant à se former. On voit que l'estomac est le premier à se rétracter, puis les tentacules se flétrissent et enfin l'intestin. Le funicule relie le fond de l'estomac à l'endocyste pariétal, et porte des germes de statoblastes. Même localité que pour la fig. 76.

Fig. 79. PL repens. Statoblaste venant d'éclore. Les écailles des stato- blastes sont séparées sur chaque jeune zoarium dont l'un, a, a son polypide étalé et l'autre, b, rétracté. (D'après Allman).

Fig. 80. PL repens. Estomac pendant la digestion; des contractions vermiculaires énergiques renvoient alternativement les alimentsdehaut en bas, puis de bas en haut, dans l'espace situé entre le fond de l'estomac et la val- vule gastro-intestinale. Dans a, les aliments occupent le haut de cet espace, dans b, ils en occupent le fond. 1, œsophage; 2, intestins; 3, amas de matières fécales; 4, bol alimentaire ; 3, estomac; 6, lignes jaunes longitudinales; 7, funi- cule; 8, cardia; 9, pylore; 10, gésier.

Fig. 81. PL repens. Végétaux des excréments d'une colonie à forme d'Alcyonelle, recueillie dans le lac d'Enghien, le 4 août 1883. On ne trouve aucun débris d'animaux, ces derniers ayant été entièrement digérés. Plu- sieurs de ces végétaux sont déformés, la Chlorophylle ayant été écrasée ou déplacée dans les cellules. On y distingue des Oscillaires, des Diatomées, des Palmelles et beaucoup de Desmidiées. L'eau du lac est tellement chargée de ces plantes qu'elle en est trouble; aussi les Bryozoaires trouvent-ils une nour- riture surabondante, et les colonies y sont superbes.

Fig. 82. PL repens. Le funicule est toujours latéral par rapport aux statoblastes; il se fixe à la paroi de l'ectocyste par une dispersion fibrillaire; il se contracte par saccades ; il s'allonge dans la sortie du polypide ; il reste toujours tendu. Sur sa longueur la place des statoblastes et du testicule est très variable, tantôt les statoblastes sont placés au-dessus du testicule, tantôt ils sont placés au-dessous. (Allman, Monog. Fresh.wafer Polyzoa, pi. III, fig. 17).

Des'îiné d'après un exemplaire de l'étang de Saint-Cucufa, forêt de Marly,

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7 septembre 1884. 1, fond de l'estomac; 2, funicule ; 3, statoblastes ; 4, ovu- les slatoblasliques ; 5, testicule flétri ; 6, terminaisons fibrillaires du funicule adhérant à l'endocyste.

Fig. 83. PI. repens. Extrémité d'une zoœcie dont le polypide réduit presque à l'état de corps brun, c'est-à-dire le ganglion œsophagien est aussi mort que tout le reste du polypide, est encore retiré au fond de la zoœcie par les contractions répétées du funicule et par celles des rétracteurs du poly- pide. Ces contractions successives et presqu'isochrones me paraissent être dues surtout au funicule, c'est d'ailleurs ainsi qu"il agit à l'état normal. Il est cependant à noter qu'il y a encore possibilité de mouvement dans les rétrac- teurs du polypide et dans le funicule même après la disparition du ganglion œsophagien ; cela peut-il s'expliquer par la conservation de la vie dans des branches nerveuses du ganglion, après la mort de ce dernier ? Nous ne le pensons pas absolument, car chez les animaux on voit bien des organes sépa- rés des centres nerveux agités par des sortes de convulsions; ainsi, par exemple, la queue d'un Lézard, des lambeaux du manteau de certains Mol- lusques, etc., mais ces convulsions n'ont pas l'apparence intelligente de ce corps brun qui descend dans le fond de sa loge quand on agite le poly- pide. Il y a donc non seulement conservation de la contractililé , mais encore conservation de la sensibilité dans les parties charnues de la zoœcie après la mort du polypide et de son ganglion. Le corps brun dessiné ici était d'une couleur de miel jaune un peu foncée. Étang de Brise-Miche, près Cha- sible, 24 août 1884. Dessiné d'après nature.

Fig. 84. PL repens. Macules sclérodermiques disséminées à la surface de l'ectocyste transparent qui termine les zoœcies. Elles sont plus ou moins constantes et manquent souvent. Elles ont l'aspect chitineux de la zoœcie. Étang de Saint-Christophe-en-Brionnais, 4 septembre 1883. 200/1. Dessiné à la chambre claire.

Fig. 85. Plumatella lucifuga. Larve provenant d'un œuf et déjà déve- loppée, d'après Allman. Je n'ai jamais vu de larve de Plumatelle, mais si la fig, d'Allman est exacte, je puis certifier qu'elle n'est point caractéristique de son espèce, attendu que j'ai trouvé des colonies jugalcs (fig. 94), qui ne pouvaient avoir eu d'autre origine qu'une larve à deux polypides comme celles de la PI. reyens.

Fig. 86. PL Allmani Hancock. Forme rampante de Plumatella lucifuga du lac Bromley ; Hancock nous dit que ces colonies ne sont formées que de quelques zoœcies, dépassant à peine le nombre six ou huit, et" qu'elles pro- viennent toujours d'un statoblaste dont la noire enveloppe reste adhérente. Allman reproche à Hancock de ne pas parler de l'entaille, si caractéristique selon lui, qui termine la crête anale en avant; Hancock donne bien son espèce comme carénée, mais la carène ne se termine pas par un élargissement, comme

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dans les variélcs de PL repnns qui la portent, elle disparaît par amincissement ; le reproche d'Allman n'a donc aucune portée, l'observation d'Hancock est bien correcte. La disposition claviforme des zoœcies est caractéristique de cette espèce, on peut s'en assurer sur mes dessins, mais elle est peut-être plus accentuée ici que sur les exemplaires ramifiés, on la retrouve toujours plus ou moins nette, surtout postérieurement. La forme des statoblastes correspond encore à celle des statoblastes de la lucifuga. Les polypides portent 42 tentacules. On la trouve sous les pierres. Exemplaire un peu grossi. (D'après Hancock).

Fig. 87. Colonie prise sur la figure 86 et grossie davantage. Deux poly- pides sont éialés ; mais celui qu'on voit de profil est dessiné ainsi par erreur, la crête anale n'aboutissant pas à l'anus du polypide en question. La zoœcie d'origine porte encore une des valves du statoblaste générateur. (D'après Hancock).

Fig. 88. Petite colonie ramifiée de Plumalella lucifuga, d'après Allman; cet auteur l'appelle PL fruticasa. Exemplaire dessiné plus grand que nature, Allman le donne cependant comme de grandeur naturelle.

Fig. 89. PL lucifuga. Colonie superbement ramifiée, recueillie en par- fait état dans une petite mare derrière les bains de Saint-Chrislophe-en Brion- nais, le 30 septembre 1883. J'ai trouvé plusieurs colonies de la même forme ; quelques-unes pendaient au-dessous des pierres du mur immergé qui retient les terres autour de cette mare ; mais sous une petite touffe d'aulne, j'ai rencontré trois colonies contiguës, absolument verticales comme un arbre; étaient-elles soutenues ainsi par les statoblastes dont les zoœcies sont pleines? C'est bien probable. Dessiné d'après une photographie que j'ai tirée en plein soleil ; l'exemplaire était placé dans une petite cuve en glace à faces parallèles. Grandeur naturelle.

Fig. 90. Branche du même zoarium, dans laquelle les zoœcies sont re- présentées avec les polypides en place, mais rentrés ; on distingue par trans- parence une quantité de statoblastes soit adhérents au funicule, soit libres de toute adhérence avec lui ; les premiers polypides ont produit des chaînes de sept statoblastes ; ce nombre diminue progressivement dans les zoœcies sui- vantes. On voit également des diaphragmes qui séparent les zoœcies ou les groupes zoœciaux. 9,6/1.

Fig 91 . Plumaiella frulicosa Allman. Petite branche de Plumatella luci- fuga, montrant un polypide étalé vu de profil. Le zoarium est caréné, la carène ou crête anale se terminant latéralement sur deux zoœcies. Quelques stato- blastes sont disposés sans ordre à l'intérieur des tubes. (D'après Allman).

Fig. 92. PL lucifuga. Fragment de zoarium, portant cinq zoœcies à dif- férents degrés de développement. Les polypides rentrés dans leurs zoœcies sont ombrés pour montrer les détails de leur organisation ; chez les mieux dt'veloppés on remarquera la brièveté des tentacules, relativement h l'estomac

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OU plutôt relativement à l'appareil digestif, ce dernier atteignant facilement une longueur presque double. Je signalerai encore dans ce dessin la valvule circulaire gastro-pharijngienne et la valvule en languette gastro-intestinale . D'après un exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais (mare du pré situé derrière les bains), récolté le 30 septembre 1883. 14/1.

Fig. 93. PI. lucifuga. Fragment du même zoarium que celui de la fig. 92, portant sept zoaires à différents degrés de développement. Dessiné en trait pour mieux préciser les détails. 1 4/1 .

Fig. 94. PL lucifuga var. proliféra nobis. Curieuse variété les zoœcies, quelquefois aplaties, bourgeonnent successivement sur un de leurs bords, tandis que la zoœcie mère continue à se développer avec un superbe polypide. Cette colonie est jugale, c'est-à-dire qu'elle provient d'une larve à deux bourgeons; la fig. 8.5, que j'emprunte à Allman, n'est pas le moins du monde caractéristique de son espèce, elle prouve seulement que les larves de Plumatelle peuvent avoir un ou deux bourgeons à polypide.

.l'ai rencontré cette colonie dans l'étang de Brise-Miche, près de Chaville, le 24 août 1884, sur des feuilles de Polanwgeton crispus. 6,97/1 . Dessinée à la chambre claire.

Fig. 95. PL lucifuga. Colonie de la même variété que celle de la fig. 94, mais non jugale. On remarquera que les zoœcies de ces colonies sont libres sur une très grande étendue et fixes sur le reste ; ainsi, dans la fig. 94, une des zoœcies d'origine n'est adhérente que sur la cinquième partie de la lon- gueur, tandis que sur diverses autres zoœcies l'adhérence se produit sur les 20 25®% sur les 18 43"% sur les 14 47^% sur les 15 oOes de longueur totale. Exemplaire de la même localité que celui de la fig. 94. 6,97/1. Dessinée à la chambre claire.

pig. 96. PL lucifuga var. proliféra. Zoœcie magnifiquement dévelop- pée, portant supérieurement une jeune zoœcie alors que les onze qui l'ont précédée sont tombées. Cette zoœcie nouvelle m'a paru entourée d'un ecto- cyste corné des plus minces, comme hyalin, incolore, tandis que la zoœcie mère de ses douze filles était d'un jaune d'ocre ou de caramel assez foncé, sa substance cornée était beaucoup plus épaisse, et en conséquence plus résis- tante; c'est certainement à leur mollesse que les cellules filles doivent leur destruction précoce. J'ai dessiné d'après nature cette intéressante zoœcie. Elle provient encore de l'étang de Brise-Miche, je l'ai pêchée en même temps que les exemplaires des fig. 94 et 95.

pig, 97_ PI, lucifuga. Zoœcie dans laquelle le polypide est passé à l'état de corps brun ; au-dessous de lui, le funicule très épaissi, dont la vie est indé- pendante de celle du polypide, porte un testicule en pleine activité; ce testi- cule est couvert de zoospermes en mouvement et agités dans tous les sens; il y en avait do libres dans la zoœcie, nageant dans le liquide de la cavité péri-

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gastrique. Au-dessous du testicule se voient deux statoblastes parfaitement développés, les cellules de l'anneau ont été dessinées à la chambre claire, elles sont absolument exactes ; le statoblaste supérieur présente sa face plane ou supérieure, le statoblaste inférieur présente sa face bombée ou inférieure, la face supérieure a son area centrale toujours plus petite que celle de la face inférieure. L'endocyste forme une véritable enveloppe autour de tous ces or- ganes ; il se termine en bas par un filet assez mince d'endocyste qui pénètre dans la zoœcie voisine, et par une volumineuse protubérance arrondie à centre obscur qui résulte du raccornissement de l'endocyste postérieur après déchi- rure. Ces déchirures, très fréquentes chez les Plumatelles et chez les Frédéri- celles, sont le plus souvent dues à des larves de Chironomes et à diverses espèces de Vers, qui trouvent dans une colonie de quoi vivre longtemps sans se donner beaucoup de peine; ces animaux construisent des tubes soyeux côte à côte avec les zoœcies, mordillent constamment l'ectocyste des zoœcies voi- sines, jusqu'à ce qu'un trou leur mette l'endocyste entre les mâchoires, ils agrandissent le trou, s'introduisent par la plaie dans la zoœcie et y dévorent tout ce qu'ils trouvent; mais leur mouvement perpétuel les ramène bientôt au dehors, ils continuent ce manège selon leurs besoins. Je possède dans l'alcool des Plumatelles dont quelques zoœcies contiennent encore des Chiro- nomes et des Vers qui y sont restés prisonniers. Étang de Saint-Hubert (près Rambouillet), Seine-et-Oise, 29 juillet 1883. Sous les pierres éboulées et immergées à la chaussée de Pourras. 44,5/1. Dessinée à la chambre claire d'après l'animal vivant.

Fig. 98. Cette zoœcie, tirée du même zoarium que celle de la figure 97, a une très grande importance. Elle représente le polypide retiré dans sa zoœcie il a 48 tentacules dont une partie seulement à été dessinée, lelophophore était hippocrépien dans toute la valeur de ce mot, c'est donc bien à une Plumatelle que nous avons eu affaire. Or la chaîne des statoblastes en porte deux encore assez jeunes, qui sont réniformes et que, s'ils étaient isolés, tous les zoologistes rapporteraient à une Frédéricelle. Le statoblaste réniforme ne peut donc pas servir de caractère générique ; d'ailleurs, comme on le voit fig. 1 18 à 125, la Frédéricelle d'Europe, connue sous le nom de Sultane, peut avoîr des stato- blastes se rapprochant bien plus de ceux de la Plumatelle luciftige que des formes indiquées par Van Beneden et par Allman. On peut voir par les dessins que j'ai reproduits et les miens, comment la Plumatelle lucifuge passe à la Frédéricelle.

Celte figure a été dessinée à la chambre claire d'après l'animal vivant à une époque je ne pensais guère à détruire le genre Frédéricelle de Paul Gervais; <îelte idée ne m'est venue qu'au mois de septembre 1883, après les études que j'ai faites en Bourgogne à cette époque. Dessiné à la chambre claire rl'après J'animai vivant. 4 4,5/1 .

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Fig. 99. Schéma de PL hicifuga, montrant la disposition de l'endocyste et du funicule en place après le détachement du zoarium, s'il y avait adhérence zoœciale à un corps étranger. Il m'est arrivé plusieurs fois de voir le funicule fixé au diaphragme dont il bouche l'ouverture par un léger épanouissement de son extrémité inférieure; cette disposition ne dure pas longtemps, bientôt il se détache et se fixe latéralement à l'endocyste.

Fig. '100. PL lucifuga. Zoœcie contenant l'extrémité inférieure d'un esto- mac ; le funicule qui lui fait suite au lieu de porter le testicule en haut, comme cela se passe dans la fig. 97, le porte tout en bas avant l'insertion ; de très jeunes staloblastes sont fixés sur le funicule au-dessus du testicule ; on voit nager dans le liquide périgastrique de nombreux zoospermes, ceux qui adhèrent encore au testicule sont en pleine agitation.

Exemplaire recueilli le 13 juillet 4 884 dans l'étang de Brise-Miche, près Chaville, sous une feuille de Nénuphar. Dessiné d'après nature.

Fig. 101. PL lucifuga. Lophophore dessiné de profil pour montrer la place du ganglion nerveux.

Fig. 102. PL lucifuga. Lophophore d'un polypide dans lequel les bras ne sont pas soudés entre eux, mais les tentacules internes sont avortés et l'épistome est absent. On y compte 37 tentacules, y compris les verrues inter- nes. Étang de Brise-Miche, près Chaville, ■17 juillet 1884. Dessiné d'après nature.

Fig. 103. PL lucifuga. Portion delà couronne tentaculaire avec une partie du calice dont la «forme est normale. Sur un autre polypide (fig. 104) de la même colonie, le calice a chacune de ses valves terminées en pointe dans leur milieu. Ces deux formes trouvées sur une même colonie n'enlèvent- elles pas au calice la possibilité de servir de caractère spécifique? Je n'ai vu qu'une seule fois la forme de la figure 104, sur un polypide de la variété pro- liféra trouvé à l'étang de Brise-Miche le 24 août 1 884. Vue prise de l'inté- rieur de la cloche tentaculaire et dessinée d'après nature.

Fig. 105. PL lucifuga. Statoblaste vu de face. (D'après Allman).

Fig. 106. PL lucifuga. Statoblaste vu de profil, avec deux faces de môme forme, ce qui est absolument inexact. (D'après Allman).

Fig. 107. PL lucifuga v^v Frcdericella sultana. Zoarium de grandeur naturelle. (D'après Allman). Les dimensions de ce dessin me paraissent un peu exagérées, les exemplaires nombreux que je possède ne sont pas de celte taille; les zoœcies sont presque deux fois trop larges. Sept polypides sont éta- lés au dehors.

Fg. 108. PL lucifuga var Freder. suit. Cette figure représente deux po- lypides d'une Frédéricelle sultane de Bourgogne. Le zoarium formait une petite touffe, une sorte de petit buisson au milieu de laquelle j'ai observé deux branches de Plumatelle lucifugc. Ayant pris cette colonie pour une Phimatello

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vraie, je n'ai point pris la précaution de la détacher entièrement pour suivre la relation des parties rampantes avec les branches libres, ce n'est que l'obser- vation directe des lophophores qui m'a tiré de l'erreur j'étais. Cependant il y a une telle ressemblance entre mon exemplaire et la Plumatelle type de l'espèce, que j'ai voulu en conserver le souvenir et je l'ai dessiné immédiate- ment. On voit en effet que le lophophore se projette à droite beaucoup plus qu'à gauche et qu'il est extrêmement saillant au-dessus de la portion chitineuse de l'ectocyste, quoiqu'on ait dit Van Beneden qui affirme que le polypide sort à peine de la zoœcie. Le ganglion nerveux, facile à voir, se trouve à la place indiquée par les auteurs. Sur le plus petit polypide on remarque très bien la brièveté des tentacules qui surmontent l'anus, et dont parle Van Beneden. Recueillie sous les pierres au bord de la Reconce, près de Varenne-sur-Reconce (Saùne-et-Loire), 24 sept, -1883. Dessiné à la chambre claire.

Fg. 109. PL lucifaga var Freder. suit. Portion de lophophore, de son calice et de l'appareil digestif. Le calice est formé d'une membrane hya- line, anhiste sur laquelle s'applique un délicat réseau de fibres musculaires susceptible de resserrer le godet intertentaculaire selon le besoin. On voit le ganglion à sa place ordinaire, très détaché de l'œsophage qu'il ne touche qu'à sa partie inférieure. Dessiné à la chambre claire d'après un exemplaire péché dans la Reconce (Sa6ne-el-Loire), près Varennes-sur-Reconce, le 24 septembre 1883.

Fig. 110. PL liicifuga var. Fred. suit. Portion grossie d'un zoarium d'après Allman. (Je n'ai pas vu l'empâtement qui ^e trouve aux bifurca- tions zoœciales, peut-être n'est-il qu'une faute de dessin. J. J.). Dans les polypides le lophophore paraît être tout à fait circulaire.

Fig. 111. PL lucifuga var. Freder. suit. Dessin très grossi du poly- pide et de la zoœcie, laissant voir les détails anatomiques. (D'après Allman)*

Fig. 112. PL lucifuga var. Fred. suit. Extrémité d'une branche vue à un fort grossissement, montrant deux polypides épanouis et vus de profil. A, C, deux polypides épanouis. B un autre sur le point de s'épanouir ; b, couronne tentaculaire; c, membrane intertentaculaire (ou calice); d. la bouche et la lèvre; e, cavité buccale; /", œsophage; g, anus; h, fèces; i, estomac; k, ovaire; /, muscle rélracteur de l'estomac; m, muscle long rétracteur; n^ peau (ou en- docyste); ::, ganglions nerveux. (D'après Dumortier et Van Beneden).

Je prie le lecteur de remarquer la grande différence qui existe entre les lophophores de cette figure et le plus grand de la fig. 108. 11 est évident que ces figures aussi bien que celles d'Allman sont exactes, nous avons donc trois belles variétés de polypides chez la Frédéricelle ; c'est la forme de la fig. 108 qui se rapproche le plus de la Plumatelle vraie.

Fig. 113. Statoblaste de Frédéricelle sultane vu de face. Il est réniforme. (Dumortier et Yan Beneden) .

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Fig. 114. Statoblaste (le Fréd. sultane vu de profil. (Dum, et v. Ben.).

Fig. 115. Statoblaste de la même venant d'éclore. (Dum. et v. Ben.).

Fig. 116. Statoblaste de la même vu de face. (Allman).

Fig. 117. Statoblaste de la même vu de profil. (Allman).

Fig. 118 à 123. Statoblastes de FredericeUa sultana de diverses formes, trouvés desséchés sur une pierre. Ils sont tous dépourvus de l'anneau des Plu- matelles, leur couleur est brune très foncée. La fig. 118 correspond bien au statoblaste de la Piumatella lucifuga. Étang de Villeneuve, parc de Saint- Cloud, près Paris.

Fig. 124-125. Statoblastes de F)-ede>'iceWasM//ana fi.xés au fond des tubes rampants qui adhèrent aux corps étrangers. Ces quatre statoblastes ainsi que ceux des fig. 118 à 123 sont de formes très différentes, et pas un n'a pris la disposition réniforme, la seule qui ait été indiquée parles auteurs jusqu'à pré- sent pour la Frédéricelle d'Europe. J'ai trouvé aussi à Enghien des statoblastes rénifornies.

Fig. 126, Piumatella arethusa Hyatt. Vue générale d'une colonie, avec beaucoup de polypides rétractés (Norway, Me.). Trois orifices au début du tronc principal indiquent les premières positions de plusieurs polypides vi- vants, ils montrent que cette colonie n'est qu'une portion d'une autre plus con- sidérable, dont elle a été séparée par la mort et la destruction de la portion d'origine. (D'après Hyatt).

Fig. 127. PL arethusa. Polypide étalé avec un autre polypide plus jeune invaginé dans la même zoœcie. D, ectocyste ; E, endocyste; Y, bourgeon;

M, rétracteurs gastriques ; M', rétracteurs du lophophore ; M" rétracteurs bra-

-I- chiaux ; M, troncs des rétracteurs; F, collet brachial; V, funicule; W, stato- blastes; W"", enveloppe gélatineuse des statoblastes; N, rétenteurs antérieurs; A"", orifice cœnœcial ; L, région du sphincter. (D'après Hyatt).

Fig. 128. PL arethusa. Vue d'un polypide mort à moitié flétri, mon- trant la constriction particulière de la zoœcie, déterminée par des bandes musculaires annulaires. D, ectocyste; E, endocyste; H, tentacules; I", bouche; L, région de sphincter; K', estomac; M, tronc des rétracteurs. (D'après Hyatt). Ce que Hyatt appelle ici le tronc des rétracteurs me paraît être simplement le funicule; cet organe ne se soude jamais avec les rétracteurs du polypide, il est cependant rétracteur lui même, ainsi que je l'ai constaté nombre de fois.

Fig. 129. PL arethusa. Vue d'un diaphragme situé entre la zoœcie de la figure 127 et les polypides qui l'ont précédés; il est formé par une dila- tation annulaire interne avec épaississement de l'endocyste. D, ectocyste; E, endocyste. (D"après Hyatt).

Fig. 130-131 et 131 bis. PL arethusa. Faces supérieure et inférieure avec profil d'un statoblaste. W, enveloppe cornée; W", gaine annulaire; W", enveloppe gélatineuse. (D'après Hyatt).

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Fig. 'I32-'I4'I . PI. arethusa. Statoblasles de tailles et de formes dif- férentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt).

Fig. 142. PL arethusa? var. Fredericellaregina Leidy. Mes. Colonie de grandeur naturelle avec toutes les branches rampantes et adhérentes, de Jorham, Maine. Dessinée et offerte à Hyatt par M. Morse. (D'après Hyatt).

Fig. 143. PL areth.yar. Frcder. reg. Deux branches d'une colonie l'une est adhérente et l'autre est libre. De Cambridge, Massachussetts. (D'après Hyatt).

Fig. 144. Fred. reg. Branche adhérente d'une colonie. De Jorham Maine. (D'après Hyatt).

Fig. 145, Fred. regina. Variété alcyonelloïde du ruisseau de ïom- my, Jorham, Maine. L'aspect de la colonie se voit sur la gauche de la figure, les branches ont toutes été rejetées en avant pour montrer leur disposition et leur connexion avec la tige de bois sur laquelle elles se sont développées. (D'après Hyatt).

Fig. 146. Fred. regina. Vue grossie d'un zoïde adulte (Norway, Maine). D, ectocyste; E, endocyste; V, funicule; M, rétracteurs gastriques; M', ré- tracteurs du lophophore; M" rétracteurs brachiaux; N, muscles rétenteurs an- térieurs; N', rétenteurs postérieurs; F, collet brachial; G, calice; H, tenta- cules. (D'après Hyatt).

Fig. 147. Fred. regina. Cette figure représente un fragment d'étude dont le dessin exécuté par le Prof. H.-J. Clarh a été mis gracieusement à ma disposition par son auteur. C'est la section d'un jeune polypide, montrant sa structure interne et le peu d'étendue du pli invaginé (Cambridge, Massach.). D, ectocyste; E, endocyste; B, pli invaginé; Y, bourgeon; N, rétenteurs an- térieurs; K, œsophage; H" cils vibratils; K'" cardia; K', estomac; K"", py- lore; K", intestin; K, anus; I, lophophore; 1", épistome; I', bouche; H, ten- tacules; F, collet brachial; S, ganglion nerveux. (D'après Hyatt).

Fig. 148. Fred. regina. Lophophore vu d'en haut avec les tentacules coupés, montrant les nerfs. C, calice; H, tentacules; l' épistome; 1", bouche; M, contracteur du lophophore; U, branches nerveuses du lophophore; U', branches nerveuses des tentacules. (D'après Hyatt).

Fig. 149-154. Fred. regina. Statoblastes de taille et de forme diffé- rentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt).

Ces figures indiquent qu'en Amérique comme en France la disposition réniforme n'est point caractéristique des statoblastes de Frédéricelle, puisqu'ici il y en a de réniformes, de plan-convexes, de biconcaves, et enfin de circu- laires; le vrai caractère des statoblastes de Frédéricelles est l'absence d'an- neau marginal.

Fig. 155. Plumatclla diffusa Leidy. Vieille colonie de grandeur natu- relle, mais ne portant (pio quelques polypides vivants. (Cambridge, Mass.) (D'après Hyalt).

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 111

Kig. 1o6, PL diffusa. Vue grossie d'une autre variété de cette espèce, avec tous les polypides rétractés. (D'après Hyatt).

Fig. 157, PL diffusa. Vue grossie du profil d'une branche prise chez une jeune colonie, montrant différents degrés d'invagination. La première zoœcie sur la gauche a sa partie supérieure mobile retirée dans l'ectocyste ; la seconde zoœcie est vacante, le polypide et les parties molles étant tout à fait flétris ; les troisième, quatrième et sixième zoœcies montrent différents degrés d'invagination. (D'après Hyatt).

Fig, 158. PL diffusa. Face ventrale du lophophore épanoui d'un polypide de la fig. 156. M', rétracteur du lophophore. M', rétracteurs bra- chiaux, (D'après Hyatt).

Fig. 159. PL diffusa? var. Fredericella Walcotti Hyatt. Var. a de cette variété ; de Georgetown, Massachussetts. (D'après Hyatt).

Fig. 1 60-1 64. PL diffusa. Statoblastes de tailles et de formes différentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt),

Si on compare ces cinq figures aux statoblastes des deux espèces Euro- {)éennes, on voit que les figs. 160 à 162 se rapprochent des statoblastes de la Plumatella hicifuga tandis que les fig. 1 63 et 1 64 ressemblent aux statoblastes de la PL repens.

Fig. 165. Hyalinella vesicidaris Leidy (sp.). Colonie développée au bout d'nne branche, (D'après Hyatt).

Fig. 166 à 172. PTyaL vesic. Statoblastes de tailles et de formes diffé- rentes vus de face et de profil. (D'après Hyatt).

Fig. 173. Hyalinella vitrea Hyatt (sp,). Colonie de grandeur natu- relle avec quelques polypides épanouis. (D'après Hyatt).

Fig. 174. Hyal. vitrea. Vue grossie de cinq groupes étalés sur une branche, pris au commencement et à gauche de la fig. 173. (Cambridge, Mass.), (D'après Hyatt).

Fig, 175. Hyalinella vilrea. Cette figure montre la grande extension que peut prendre le polypide évaginé. D, ectocyste; E, endocyste ; B, pli inva- giné; K', estomac. (D'après Hyatt).

Fig. 176, Fredericella puleherrima Hyatt. Colonie de grandeur natu- relle (Lac Sebago, Maine). (D'après Hyatt).

J'ai rapproché cette colonie de la Hyalinella vitrea parce qu'elle possède des zoœcies incolores, mais elle ressemble beaucoup à la Fred. regina, comme Hyatt l'indique lui-même ; peut-être n'est-elle qu'une simple variété incolore de cette dernière Frédéricelle, car les zoœcies sont tubuleuses, isolées et très minces, tandis que la Plumatella vitrea de Hyatt a les siennes plus renflées et surtout beaucoup plus courtes; ce n'est très probablement qu'une variété locale de Frcd. reijinn, elle n'a été trouvée juscju'à présent (pie dans le lac Sebago,

112 J. JULLIEN

c'esl donc une variété à étudier, coinine toutes les Plumateiles Américaines sur lesquelles il règne encore un peu d'incertitude.

Fig. 177 à '179. Hyalinella vilrea. Slatoblasto vu de face et de proGl. (D'après Hyatt).

Fig. 180. Lopliopiis Trembleyi. Zoarium fixé sur un morceau de bois par la base du polypier. Cette base n'est qu'un amas de matière qui a servi de cellules aux polypides, mais qui n'a plus cet usage depuis que le zoarium s'est augmenté et allongé. On trouve souvent des zoaria qui n'ont point de pareille base. On voit dans cette figure que le zoarium qu'elle représente a commencé à se partager en trois branches, dont l'une est prête à se séparer entièrement des deux autres. (D'après Trembley). Cette figure copiée sur Trembley a été réduite par le graveur; Trembley l'avait dessinée de grandeur naturelle, mais ici elle ne représente que 0,623/1 .

Trembley traite de jeunes polypides les plus petits de ces êtres, c'est une erreur de sa part, chez les Bryozoaires le bourgeonnement n'est pas indéfini, il est rapidement limité, et quelque soit la taille du zoarium, l'arrêt d'accrois- sement de la colonie finit toujours par arriver; ces animaux subissent celte terrible loi qui régit toutes les aggrégalions humaines et animales, physiques et morales, détruisant avec la même facilité les grands et les petits. Le bour- geonnement diminue d'intensité, les polypides restent rabougris et stériles à côté de leurs superbes anciens, non pas par manque de nourriture, mais par manque de vitalité; l'ensemble des forces vitales dont la résultante constitue l'énergie vitale a des limites infranchissables, les nations périssent comme une colonie de Bryozoaires; pour les premières les jours sont des siècles, pour les dernières bien peu de temps. C'est à ce moment qu'on peut trouver des polypides avoués, ou sinon d'un type beaucoup plus simple que celui des po- lypides plus anciens ; quelquefois même le polypide ne peut se développer, l'endocysle sans vigueur ne peut plus rien produire, la colonie agonise de vieil- lesse.

Fig. 181. Loph. Trembleyi. Exemplaires attachés aux racines de Lemna polyrhiza. Grandeur naturelle. (D'après Allman).

Fig. 18 2. Loph. Trembleyi. Trois polypes à panache d'eau douce, grossis au microscope. L'un est en dehors de la zoœcie, un autre s'est retiré à l'inté- rieur, enfin un plus jeune se voit à gauche (voy. ce que j'ai dit pour la fig. 180). Trembley distingue dans le premier polypide ce qu'il appelle lui-même l'œso- phage, l'estomac et Finteslin droit II distingue l'ectocyste qu'il nomme peau du Polype. Cette figure remarquable a été donnée par Trembley en avril 1 741 . Yan Bcneden prétend que cet auteur n'a point vu l'anus de son Polype à pa- nache, et Trembley en dit autant, mais Trembley raconte qu'il a très bien vu l'évacuation des matières focales, s'il a vu celle évacuation, il a vu du même coup par elle s'eirccluail, Raspail n'a pas vu autre chose pour connaître la

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 113

place de l'anus, et je trouve qu'en cette circonstance Trembley a été trop facile à s'accuser.

Fig. 183. Lophop. Tremhleiji. Vue d'un jeune zoarium. L'endocyste général est enveloppé dans un ectocyste gélatinoïde qu'il exsude. Divers poly- pides sont épanouis, d'autres sortent de leur étui, d'autres enfin sont rentrés dans la masse commune. Quelques bourgeons naissants vont produire d'autres polypides. Exemplaire grossi. (D'après Dumortier),

Fig. 184. Loph. Trembleyi. Lophopus dans lequel l'ectocyste gélati- noïde du jeune âge diminuant d'épaisseur se colle à l'endocyste et auquel Du- mortier et van Beneden ont donné le nom de Lophopus Backeri. Cette varia- tion est produite par l'âge, et non point par un état maladif comme Allman l'a pensé. Cette belle colonie a été trouvée au mois de janvier 1839 sur la tige d'une Veronka beccabunga. Plusieurs polypides sont étalés dans différentes positions. (D'après Dumortier et van Beneden).

Fig. 185. Lophopus Trembleyi. Jeune zoarium avec deux polypides. L'ectocyste y est très développé. (D'après Allman). Très grossi.

Fig. 186. Lophop. Trembleyi. Jeune zoarium mieux développé, con- tenant dix polypides. Exemplaire très grossi qu'Allman considère comme adulte. Allman ajoute ici une erreur aux autres, sa colonie est encore très jeune, les rares statoblastes qu'elle contient sont encore adhérents aux funicules, tandis que beaucoup de ces corps sont tout à fait libres intérieurement dans les vieux zoaria. J'en conclus qu'Allman, comme beaucoup d'aulres naturalistes, n'a jamais vu cette espèce adulte.

Fig. 187. Loph. Trembleyi. Fragment d'un zoarium que j'ai trouvé au mois de septembre 1869 au Jardin d'Acclimatation de Paris; ce zoarium était gros comme le bout du pouce et très ramifié, ils se rapprochait par son organisation de celui de Trembley, fig. 180. C'était un exemplaire parfaitement adulte, le seul que j'ai j'amais vu ; le modeste dessin que j'en donne n'a pas été terminé, il a été exécuté à la chambre claire, en conséquence ce qui est représenté est absolument exact. On voit que la fig. 184 et la mienne ont beaucoup do rapports en ce sens que l'ectocyste gélatinoïde a considérablement diminué d'épaisseur, puisqu'il se confond avec l'endocyste, le zoarium était cependant tout à fait transparent. Il y a de nombreux statoblastes dispersés intérieurement et sans aucun rapport avec les polypides. 1 4/1 .

Fig. 188- Loph. Trembleyi. Vue moitié schématique d'une partie du lophophore et de la couronne tentaculaire d'un lophopus, montrant la bouche et les parties voisines, avec la distribution des nerfs. Ses tentacules sont par- tiellement coupés pour laisser voir la surface supérieure du lophophore. (D'après Allman).

Fig. 189. Loph. Trembleyi. Très jeune statoblasle. (Dumort. et van Bencd.).

114 J. JULLIEN

Fig. 190. Loph. Trembleyl. Cul-de-sac de l'esloniac avec un slalo- blaste presqu'enlièrement développé. (Dum. el van Bened.).

Fig. 191 . Loph. Trembleyi. Statoblaslc isolé et vu de profil. (Dum. et van Bened.).

Fig. 192. Loph. Trembleyi. Statoblaste vu de face. (Dumoit. et van Bened.).

Fig. 193. Loph. Trembleyi. Statoblaste grossi environ 50 fois vu de face. (D'après Allnian).

Fig. 194. Loph. Trembleyi. Statoblaste vu de profil. (Allman).

Fig. 195. Loph. Trembleyi. Statoblaste de la colonie représentée en partie dans la figure 187. Les cellules de l'anneau marginal ont été dessinées presques toutes à la chambre claire, leur taille diminue de l'extérieur à l'inté- rieur et leurs proportions sont exactes dans ce dessin. 34/1 .

Fig. 19C. Pectinatella magnifica. Limites d'une colonie développée à l'extrémité d'une branche morte. (Norway, Me.), La partie recouverte de cette branche est limitée par une ligne ponctuée. Cette figure montre l'aspect géné- ral de la colonie, la grande épaisseur de l'ectocyste et la disposition des lobes. (D'après Hyatt) Plus petite que grandeur naturelle.

Fig, 197 et 198. Pecl. magn. Jeunes colonies. (D'après Hyatt).

Fig. 199. Pecl. magn. Limites d'un lobe d'une grande colonie, des- sinée de grandeur naturelle, ce lobe est lui-même divisé en lobes plus petits rayonnants et tripartites. (D'après Hyatt).

Fig. 200. Pect. magnifica. Lobe représenté fig. 1 99, il a été traité par l'alcool. Les polypides raccornis sont représentés par les petites lignes angu- leuses disséminées les unes devant les autres; on voit des statoblastos dans le milieu du zoarium. (D'après Hyatt).

Fig. 201. Pect. magn. Vue grossie d'un polypide situé à l'extrémilé d'un lobe. (Norway, Maine). (D'après Hyatt).

Fig. 202. Pecl. magn. Profil d'un polypide rétracté, montrant l'as- pect de la quatrième membrane et la disposition des rétracteurs pendant l'in- vaginalion. La quatrième membrane du canal alimentaire forme un arc exté- rieur entre l'estomac et l'intestin, et un autre arc à concavité interne entre l'estomac et l'extrémité inférieure de l'estomac et l'extrémité inférieure de l'oesophage. (D'après Hyatt), La quatrième membrane n'existe pas chez les Plumatellidées.

Fig. 203. Pect. magn. Vue ventrale d'un polypide tout à fait rétracté, montrant les positions et relations des trois paires de rétracteurs. (Norway, Maine). Au-dessous de l'orifice se voit la couronne des rétenteurs dont les fibres musculaires rayonnent des parois de la gaine tentaculaire à la paroi externe que forme l'cndocyste; au-dessous se trouve le faisceau des tenta- cules supporté par le lopliophorc ; enfin plus bas se trouve le fond de l'e^to-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 115

mac. En reprenant de haut en bas l'étude des muscles latéraux, on trouve les rétracteurs brachiaux, les rétracteurs du lophophore et enfin les rélracteurs de l'estomac. (D'après Hyatt).

Fig. 204. Pect. magn. Coupe transversale schématique du zoarium de la fig. 199 avec les polypides étendus; des slatoblasles sont dispersés vers le milieu et dans le bas. (D'après Hyatt).

Fig. 205. Pect. magn. Statoblaste vu par sa face supérieure.

Fig. 206. Pect. magn. Statoblaste vu par sa face inférieure.

Fig. 207. Pect. magn. Statoblaste vu de profil. Du centre de l'exté- rieur on voit l'enveloppe cornée, l'anneau marginal, enfin les crochets. (Ces trois dernières figures sont empruntées à Hyatt).

Fig. 208, Pect. magn. Ganglion nerveux œsophagien avec ses prin- cipaux troncs nerveux. Le filament supérieur droit constitue le nerf de l'épis- tome, les autres nerfs appartiennent au lophophore. (D'après Hyatt). Très grossi (Hyatt n'indique pas ses grossissements).

Fig. 209. Pect. magn. Ganglion œsophagien très grossi, montrant l'extrême variabilité des ganglions et des troncs nerveux. (D'après Hyatt).

Fig. 210. Pect. magn. Même ganglion que celui de la fig. 209, mais contracté, il porte les mêmes nerfs. Dans ces ganglions le gros nerf supérieur bifurqué en bas représente le tronc nerveux lophophorique ; le filet situé à droite du ganglion est le nerf de l'épistome; des deux nerfs qui résultent de la bifurcation inférieure du filet ganglionaire, le gauche est le nerf du polypide, le droit est le nerf du bras du lophophore. (D'après Hyatt).

Fig. 211. Pect. magn. Statoblaste coupé transversalement; cette figure montre la disposition des cellules de l'anneau marginal. (D'après Potts). a, a, surface libre des valves; b,b, série unique des grappins; d, d, sections de l'anneau marginal, divise lui-même par la ligne c, e, le long de laquelle s'opère la déhiscence des valves dans ce genre.

Dans les deux figures suivantes les lettres ont la même signification.

Fig. 21 2. Pect. magn. Statoblaste. Section transversale de l'anneau mar- ginal de la valve supérieure montrant la forme prismatique des cellules vides ; à l'aide de cette figure, on peut comprendre le mode de déhiscence du statoblaste.

Fig. 213. Pect. magn. Section transversale de l'anneau marginal de la valve inférieure du même statoblaste que celui de la fig. 213. D'après Potts.

Fig. 214. Pectinaiella Carteri Hyatt. Un statoblaste vu de face.

Fig. 215. Id., le même statoblaste coupé transversalement.

Fig. 216. Id., épines barbelées marginales.

(Ces trois dernières figures sont empruntées à Carter).

Fig. 217. Cristalella mucedo G. Cuvier. Statoblaste en voie d'éclo- sion vu de face. Sur la droite apparaissent les jeunes polypides qui en naissent (D'après Dumortier et van Beneden).

116 J. JULLIEN

Fig. 218. Crist. mucedo. Le même statoblasle vu de profil. (Dum. et van Ben.).

Fis. 219. Crisi. mucedo. Jeune zoarium débarrassé des valves du sta- toblaste. (Dum. et van Bened.).

Fig. 220 à 222. Crist. mucedo. Jeunes zoaria qui ont servi de types à l'espèce. (Empruntés à Rœsel).

Fig. 223, Crist. mucedo. Zoarium adulte avec la plupart des poly- pides épanouis. On voit les slatoblastes dans le milieu de la colonie. (Allman).

Fig. 224. Crist, mucedo. Ganglion nerveux coupé transversalement, on voit les cellules nerveuses centrales et les nerfs qui en partent. (Nous devons cette coupe intéressante au professeur Reinhardt de Charkow (Russie).

Fig. 223. Cristatella ophidioidea Hyatt. Zoarium de grandeur ré- duite, dans sa position normale. Les polypides sont figurés aux extrémités seu- lement, le bord de la colonie entre elles est indiqué par des lignes ponctuées (Norway, Maine). (D'après Hyatt).

Fig. 226. Crist. ophid. Vue grossie d'un polypide adulte dans sa zoœcie. La zoœcie est soutenue par un réseau musculaire à faisceaux énormes limitant des espaces de grandeur très variable excessivement irréguliers, dont l'ensemble est fort élégant. (D'après Hyatt).

Fig. 227. Crist. ophid. Vue d'un polypide du premier rang, entière- ment invaginé. Elle a été prise par la face inférieure, avec l'endocyste tourné de côté. Les rétracteurs gastriques et du lophophore n'ont pas été dessinés. (D'après Hyatt).

Fig. 228. Crist. ophid. Vue grossie du côté postérieur de la moitié d'une jeune colonie avec l'ectocyste et l'endocyste enlevés sur une portion de la base, découvrant les estomacs des polypides et les bases des parois muscu- laires. Sur le bord les bourgeons sont fixés à la face supérieure de l'endocyste et au centre se trouve le cône renversé formé par le bord interne des parois musculaires. Sur la gauche se voit la portion découverte, les lignes noires mon- trent les positions des parois musculaires, mais sur la droite qui est encore couverte, elles indiquent seulement les plis externes temporaires de l'endo- cyste, causés par la contraction du cœnœcium. Les relations et positions de toutes ces parties sont plus faciles à comprendre dans une coupe idéale telle que la représente la fig. 229. Dans cette dernière les lettres se traduisent ainsi : E, endocyste; C, estomac des polypides entièrement rétractés; Q, pa- rois musculaires ; Y, bourgeons; Y', polypides jeunes susceptibles d'évagination (voyez l'explication de la fig. 180); X, statoblastes fixes; A', tronc cœnœcial. (D'après Hyatt).

Fig. 230. Crist. ophid. Lophophore vu d'en haut, les tentacules et le calice ont été enlevés pour montrer la distiibution des nerfs. L'area centrale, formant une bande blanche dans chaque bras, est formée par un nerf lopho-

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 117

phorique, tandis que chacune des lignes noires qui en portent, et qui simulent les limites des tentacules, n'est autre chose qu'un nerf tentaculaire. (D'après Hyalt).

Fig. 231 . Crist. ophid. Lophophore vu d'en haut, chez un jeune po- lypide. Les bras sont encore soudés près des extrémités, et les tentacules ainsi que le calice ne sont point développés le long de la ligne de jonction (Norway, Maine). (D'après Hyatt).

Ce lophophore se rapproche beaucoup de celui de la fig. i ; je regrette que Hyatt n'ait pas parlé de l'épistome de ce singulier et anormal lophophore, il aurait été intéressant de le comparer avec les lophophores anormaux de Pluma- telle. Je répète ici que ces anomalies ne sont pas des états de passage d'un âge à un autre, mais bien des arrêts de développement par suite de décrépi- tude sinon du zoarium entier au moins des polypides générateurs.

Fig. 232. Crist. ophid. Zoœcie du premier rang, son orifice est fermé sur le polypide invaginé. On voit tout autour de cet orifice la couronne des muscles rétenteurs antérieurs. (D'après Hyatt).

Fig. 233. Crist. ophid. Même zoœcie que dans la fig. 232, vue de profil. (D'après Hyatt).

Fig. 234. Crist. ophid. Statoblaste. Face supérieure. )

Fig. 235. Face inférieure. [ (D'après Hyatt).

Fig. 236.— Vue de profil. )

Le dessinateur a mal copié le dessin de Hyatt; dans la figure type, les cro- chets sont en dedans du bord interne de l'anneau marginal ; le lecteur voudra bien tenir compte de cette rectification.

Fig. 237. Cristatella lacustris Potts. Section transversale passant par le centre d'un statoblaste de cette espèce; a, a, surfaces chitineusesdes valves; b, b, leur portion réfléchie formant grappins; c, c, les grappins rétenteurs plies et tordus ; d, d, section de l'anneau marginal ou bague de cellules aérifères surmontant le corps chitineux du statoblaste ; e, e, partie du bord les valves se séparent au moment de l'éclosion, ainsi qu'on le voit dans la figure 238 . (D'après Potts).

Fig. 238. Crist. lacust. Cette figure représente l'extrémité de la sec- tion d'un semblable statoblaste au moment de la séparation des valves. Les parties indiquées par des lettres correspondent à celle de la figure 237, sauf pour la lettre f qui indique une membrane délicate cachée sous la surface interne de l'anneau marginal, et pour g, g, qui indiquent les différentes tailles et la fréquence des papilles chitineuses sur les surfaces libres des valves. (D'après Potts).

Fig. 239. Paludicella Ehrenbergi van Beneden. Zoarium fixé à une pierre submergée. (D'après AUman). La reproduction de ce dessin n'est pas absolument exacte, le dessinateur a un peu grossi leszorecies; les deux zoœcies

118 J- JULLIEN

placées an point n sont de grandeur naturelle, mais ie^ antres me paraissent bien grossi d'un tiers de la grandeur naturelle.

Fig. 240. Paliid. Ehrenh. Zoarium avec ses hybernacles. (D'après Dumortier et van Beneden).

Figs. 241 à 242. Pahul. Elirenb. L'hybernacle se sépare en deux valves comme un Mollusque acéphale. On voit poindre successivemeut la zoœcie et ses bourgeons. On voit quelquefois de ces valves encore attachées au poly- pier vers le milieu de l'été. (D'après Dumortier et van Beneden).

Fig. 243. Palud. Ehrenb. Coupe d'une zoœcie avec son polypide épanoui et montrant les détails anatomiques. L'ovaire et le testicule sont par- faitement développés. a, endocyste ; b, ectocyste ; b', diaphragme inter- zoœcial ; h, intestin; h', pylore; i, anus; k, lophophore; l, tentacules; n, muscles rétracteurs du polypide; s, muscles pariétaux vaginaux postérieurs; V, muscles pariétaux; 0, funicule testiculaire; 6', funicule ovarien, |, sperma- tozoïdes; X) testicule; ^, ovaire. (D'après Allman).

Ce dessin me fait l'effet d'un superbe schéma, il est très exact.

Fig. 244. Norodonia cambodgiens is i. iuWien. Rameau grossi 9 fois et demi.

Fig. 245. Norod. cambodg. Zoœcie en bourgeonnement et bourgeon, grossi 36 fois et 30 centièmes.

Fig. 246. Norodomia sinensis J. Jullien, Zoarium de grandeur natu- relle.

Fig. 247. Norod. sinensis. Rameaux grossis 9 fois et demi.

Fig. 248. Hislopia lacnstris Carter. Zoarium très grossi. La grandeur naturelle des zoœcies est de 0"^"'87.5 de longueur. D'après Carter.

Fig. 249. Hislop. laciist. Zoœcie avec l'animal, d'après un exem- plaire conservé dans l'alcool et très grossi. D'après Carter.

Fig. 250. Hislop. lacust. Zoœcie avec l'animal en partie évaginé. Dessin un peu moins grossi que celui de la figure 249. D'après Carter. a, a, a, a, bords de la zoœcie; b, tentacules; c, gaîne buccale montrant la portion plissée; f, pharynx; g, œsophage, /*, gésier; i, estomac; k, intestin grêle; l, rectum; m, muscle rétracteur ainsi allongé pendant l'extension du po- lypide.

Tous mes dessins, accompagnés d'un indice de grossissement, ont été exé- cutés avec un microscope de Nachet, après examen de l'objet au microscope binoculaire du même fabricant. Je regarde l'appareil binoculaire comme indis- pensable pour ce genre d'études. Quant aux objectifs dont je me suis servi, je n'en connais pas de supérieurs à ceux de Nachet. Je n'ai pas employé la chambre claire du même constructeur pour le microscope vertical, à cause (le l'énnrmo déformation qu'elle produit dans sa projection lumineuse, d'où

MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 119

résulle une impossibilité absolue de raccorder plusieurs esquisses en un seul dessin. Dans sa nouvelle chambre claire, le prisme est doré sur une de ses faces, le ton bleu que prend la lumière est une gène véri- table pour le dessinateur qui ne voit plus les contours délicats de l'objet; cette couleur bleue, loin d'être un avantage pour la chambre, n'est qu'un défaut à ajouter aux autres. J'ai donc été obligé de faire mes dessins avec une chambre claire parfaite pour les microscopes pouvant se renverser, et que j'ai achetée en 1863 chez Mirand, fabricant à Paris, elle ne déforme pas d'une façon sensible les objets qu'on dessine avec elle.

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