ritS'. '.?. tJ f^ ^ A^0 'P^ V 0^' V y C empara tl ve (^iH oj Z,ZMilliaws fVîfJSF:u^^ of r~- >^> .oor 'U<^?f^û/^^^ ^^^ jltOLeGTÇ^ MONOGRAPHIE DU GECKO MABOUIA DES ANTILLES. MONOGRAPHIE DU GECKO MABOUIA DES ANTILLES; J^uzj co f'iSIcaDciiiio cAouafo dc(X^ OcieitceiX/ ^o Par Al. MOREAU DE JONNÈS, Chevalier des Ordres royaux de Saint-Louis et delà Légion-d'Hon- neur, Chef d'escadron au Corps royal d'Etat-Major , Correspon- dant de PAcadémie royale des Sciences de l'Institut de France , des Sociétés Philomatique , Philotechnique, Véléravicune , de la Société médicale d'Emulation , du Cercle médical, des Sociétés royales de Médecine de Bordeaux et de Marseille , de la Société royale et centrale d'Agriculture , et des Académies royales des Sciences de Stockliolm , Turin , Madrid , Dijon , Rouen , !Xancy et Rochefort. PARIS. IMPRIMERIE DE MIGNERET, RUE DU DRAGON, N.^ 20. 1821. MONOGRAPHIE DU GECKO MABOUIA DES ANTILLES. Lie Mabouia des murailles. Gecko Mabouid, M, de J. Acacàmoulou des Caraïbes. Ray. Breton , p. i ^4. Mabouia des Antilles françaises. Wood Slave des Antilles anglaises. Spotted Lizard et Poisonous Lizard de la Bafhade. Hughes j p. 64» Slippery back et Wood Slave de Sainte-Croix. West. Maboiija, Dutertre, t. II, p. 3i5. Rochefort, p. 147. Salamandre Américaine. Salamdndra americana. — Fermin, t. II , p. ai 3. Petite Salamandre brune de la Jamaïque. -^ Sloane , t. II , p. 334. Grande Salamandre d'Amérique. Salamandra Ame- ricana major. — Klein , p. 221. Lacertasputator.—^^a^vmmn, Mém. de l'Acad. de Stock., 1784. Anolis sputateur* Anolis sputator, Daudin , t. , p. qo. Gecko à queue épineuse. Gecko spi?iicauda. — Jd. , t* > p. iiô. I Gecko porphyre. Gecko porphjr eus. ^—Id. , t. p. i 5o. Gecko sputa leur. Gecko sputator, — Cuvier, l. Il , p. i^'j. Gecko i'^^uiixieur. Gecko sputator. — Bosc. , Noiiv. Dicl. d'Hist. nat. , t. XII, p. 5i4. Le Saurien , dont la synonymie est si étendue , et dont l'histoire tient une place remarquable parrsi les erreurs populaires des Antiîles , est un animal dont la IoDg;ueur totale n'excède pas cinq à six pouces. Il est uîéme assez rare qu'il parvienne à ce dernier terme , à cause de la guerre acharnée dont il est l'objet. Dutertre laisse supposer que de son temps, le Ma- bouia arrivait à une taille beaucoup plus grande , puis- qu'il dit dans son Histoîrc des Antilles (t. II, p. 5j5)> que ce reptile n'a jamais un pied de long ; mais on doit remarquer que ce missionnaire , et même les habitans de l'Archipel et la plupart des naturalistes , confondent le Mabouia des murailles avec celui des Bananiers , qui est la moitié plus grand ; et que de ces deux espèces de Geckos , ils en forment une seule dont la longueur est alors en effet d'environ dix pouces. La forme générale du Mabouia diffère de celle des Anolis ; le corps de ces derniers est arrondi , cylin- drique , fusiforme , le dos est plus ou moins relevé en carène , et il n'y a d'aplatissement , dans la partie supérieure de la tête, que depuis la naissance du mu- seau. Le Gecko Mabouia est, au contraire , applati, en dessus et en dessous , dans toute l'étendue de son corps , y compris la première moitié de sa queue. Sa tête est grosse , large , écrasée ; sa jonction avec le corps ( ") est marquée , comme dans les Opliltliens du «^enro Trlgonocéphaîc , par dos an marcher avec assez de vitesse sur les surfaces unies , in- clinées ou renversées , se servant , pour favoriser sa locomotion , du jeu des écailles qui garnissent ses pieds , et sans doute aussi de celui des plaques de sa queue , et des ongles très-crochus qui terminent tous ses doigts. On peut observer ici combien les différences d'organi- sation , les plus légères en apparence , apportent de changemeus dans les facultés des animaux et dans leur genre de vie. Le Gecko des bananiers (5) , qui ressem- ble au Mabouia , à tant d'égards , qu'ils ne sont point distingués l'un de l'autre , dans les pays où ils habitent tous deux , est comme privé du pouvoir de marciier sur des plans renversés , parce que sa queue n'est point (1) Gecho fascicularis de Daudiii. (2) Blatta americana. (3) Gecho lœvis tle Daudin. (6) munie do plaques , et que tous ses doigts ne sont point armés d'ongles, d'où il résulte que tandis qu'il est forcé de se tenir dans des lieux solitaires et agrestes, et de chercher plus péniblement sa nourriture, une espèce qui lui est congénère, vit en parasite au milieu des hommes , et parvient à leur échapper , au moyen de la perfection singulière de sa reptation. Quoique le iMabouia soit du petit nombre des animaux qui conservent leur faculté locomotive sur des plans ren- versés , et qui , par les détails de leur organisation, par- viennent à luUer avec succès contre la gravitation, il ne faudrait pas croire toutefois qu'il réussit infailliblement à se soustraire aux effets de cette loi. Il lui arrive au contraire assez fréquemment de tomber, lorsqu'il par- court un plafond dont la surface est unie. On conçoit sans peine qu'il n'en peut être autrement; mais l'opi- nion commune attache , sans aucun fondement , la per- iéction et Fi^fàUJibilité aux actions des animaux nuisibles ou odieux. Heureuseîno'it, il n'en est point ainsi , et îa vériié est que ces qualilés ne leur appartiennent pas plus qu'à l'homme. Ce que les voyageurs rapportent du tigre , qui manque quelquefois sa proie , en voulant se jeter i^ur elle, par un élan , dont la longueur ou la direction annoncent un faux jugement , dans l'appré- ciation des obstacle qu'il doit franchir , je puis l'affir- mer , non-seiiîement du Mabouia qui se précipite du baui des plafonds en cherchant à atteindre des insectes , mais encore du Serpent Fer de lance (i) , que j'ai vu , (0 Trigjnocepltolus lanceoîqtus , M. -de J. (7) plus d'une fois , se tromp<3r sur la iislance à la(|iiell.' il ri-oyait alteiudrc , et même surlalignc de din-cliou daus laquelle il devait évidemment s'élancer. Néanmoins la faculté (i..e possède le Mabo.da , de .•attacher h toute espi'cc de surface, a tellement frapj>6 le. habitans des Antilles , qu'ils en ont fait une compa- raison proverbiale et populaire , et qu'ils disent d'une chose ou d'une personne que l'on ne peut séparer d une autre , ({a elle colle comme un Maboaia. C'est en effet une croyance commune dans l'Archi- pel , que lorsque ce reptile se jette sur quelqu'un , on De peut lui faire lâcher prise ; celle idée , qui ajoute beaucoup à la terreur qu'il produit , semble nallre de l'équivoque du mot coller , qui n'exprima.t pomt on- Wnairement , comme on le croit aujourd hm aux An- tilles , que l'animal se cramponne sur la peau , mais qui faisait allusion à l'humeur visqueuse et gluante , par la- quelle ses écailles sont lubréfiées. Cette explication est rendue vraisemblable par la considération des moyen, nécessaires au Mabouia , pour l'action qu'on lui prête et à laquelle ne sont propres ni les écailles transversale, de ses doigts, ni les ongles qui les terminent, et dont la force n'est point comparable à celle qu'on trouve dans des animaux beaucoup moins grands , et tels , par exen,ple , que ceux appartenans h la classe des insecte* orthoptères. t'horreur qu'inspire aux habitans des Antilles cette espèce de Gecko n'a point d'autres causes que son as- pect, et la comparaison qu'on en lait avec celui des Sauriens du geme Anolis. 11 n'y a pas entre eux rar.ru (S) de diiTérences qu'entre la grenouille et le crapaud. Le Mabouia a les formes grossières du dernier de ces Ba-^ tracieus ; il en a la démarche pesante , et sa peau est , comme la sienne, courerte de tubercules et d un enduit visqueux. L'Anolis est au contraire agile , d'une taille élancée et d'un mélange de couleurs agréables , tandis que celles dont est revêtu le Gecko, rappellent, soit par leurs nuances, soit par leur disposition, tous les animaux nuisibles ou odieux qu'on trouve dans l'Ar^ chipel: le Mal-fini (i) qui dépeuple les basses- cours , le Cohé (2) qui annonce la tempête et fait présager la mort, le Serpent Fer-de-lance (3) qui infecte tous les buissons , et jusqu'à ces Guêpes rousses (4) dont les tourbillons redoutables font fuir devant eux les animaux et les hommes. Pour justifier la haine qu'on porte au Mabouia, mille histoires controuvées sont répétées , depuis deux siècles, par les habilans de l'Archipel , et adoptées sans examen par les voyageurs. Dutertre prétendait en iG/^i, que ce reptile se jetait hardiment sur ceux qui Fagaçaient; on croit généralement que sa morsure est venimeuse, et Ton dit qu'il survient des ulcères aux partie.^ du corps qui ont été en contact avec l'humeur visqueuse dont il est couvert. 11 est possible en effet , que dans quelques circonstances particulières, cette sorte de liqueur fasse (0 Falco AiiLiUarum , Linn. (2) Caprimulgus aniericanus , Linn. (3) Trigonocephalus lanceolatus , M. dç J, (4) Poliites annulata , Fab. (9) naître un prurit par son âcreté, ou même qu'elle pro- duise des effets plus graves , lorsqu'elle est inoculée au moyen de quelque blessure; mais je me suis assuré qu'on peut toucher impunément ce Gecko dans l'état de vie, sans autre inconvénient qu'une sensation de dégoût qui est causée par la viscosité de sa peau , sa température très-basse, et bien plus encore par la prévention dont il est difficile de se défendre. Je n'ai point obtenu de résultats plus conformes à l'o- pinion vulgaire, lorsque, pour en vérifier le fondement, j'ai cherché h exciter le Mabouia à se défendre ou à at- taquer; je n'ai pu réussir ni à l'un ni à l'autre , tandis que les mêmes épreuves développaient les dispositions les plus hostiles , dans les Sauriens du genre Anolis. C'est donc uniquement par un préjugé semblable à celui dont la Salamandre était jadis l'objet , que cette espèce de Gecko est accusée d'être venimeuse et mal- faisante. Les originaires d'Afrique , qui forment aujour- d'hui la partie la plus nombreuse de la population des Antilles , n'ont fait à cet égard , comme à plusieurs autres , qu'adopter aveuglément la tradition des Caraïbes. Il est remarquable que ces indigènes de l'Archipel américain avaient les mêmes histoires sur ce Gecko , que celles racontées par les Egyptiens sur l'espèce qu'on trouve dans leur pays. Ainsi que tous les objets effrayans, dont l'i'.nage se lie chez la plupart des peuples à l'idée d'un pouvoir infernal, ce reptile avait reçu de ces sauvages, le nom de Mabouia, qui était celui du mauvais génie, de l'Arimane des Caraïbes; c'est l'appellation vulgaire qu'il porte encore aux Antilles françai'îes , où l'on a con- ( .0 } serve pareillement le nom du bon génie , de TOromasc des indigènes , qu'on retrouve dans une expression cares- sante employée par l'amour maternel (i) ; comme s'il appartenait seulement à la plus pure et la plus constante àcs afleclions du cœur, de retracer encore le souvenir de la divinité tutélaire de ces rivages , lors même que la race qui l'adorait, a depuis long-temps cessé d'exister. L'origine du mot Mabouia aurait dû empêcher le na- turaliste Daudin de croire que cette appellation était commune en Amérique , aux Anolis, aux Geckos et aux Scinques, qui , dit-il ( pag. 78 et 2^6) , portent tous ce même nom , et passent pour être venimeux. Cette as- sertion est une erreur fâcheuse, parce qu'elle l'a con- duit à confondre plusieurs espèces de ces trois genres de Sauriens, dans un ou\Tai2;e dont l'intérêt est d'autant plus grand , qu'il est le seul specics systématique d'Er- pétologie. Il n'est ni vrai , ni possible que dans l'Archipel on confonde l'Anolis avec le Mabouia ; ces reptiles ont entre eux plus de différences qu'il n'y en a entre Ja Gre- nouille et le Crapaud ; les formes, les couleurs, les mœurs , l'habitation , tout entre eux est dissemblable ; et si les caractères spécifiques peuvent échapper à l'ob- servation du vulgaire et lui laisser imposer la même dé- nomination h deux espèces différentes , telles que le Gecko lisse et le Gecko Mabouia (2) , ou les Anoli>; qui sont confondus même par les naturalistes , il (j) 7c//e , rt' ino( csl piiiployé dans le lai^^.ige créole, comme sy- nonyme de mon c/ier enjant. (?} Gecko icci'is , Diutd. Gecko mabouia , M. de J. ( 1' ) ne peut toutefois en être ainsi de deux genres qui sont aussi distincts sous tous les rapports , et que le nègre le plus stupide n'a jamais pris Tun pour l'autre. 11 n'est pas jusqu'aux fables dont le Mabouîa est le sujet , qui ne s'opposent à cette méprise , parce qu'elles font de ce Saurien un animal remarquable , et dont ritn n'est indilTcrenl. Au nombre de ces fables , il en est une par laquelle on paraît avoir abusr de la crédulité du nn- luraliste suédois Acrélius , dans le voyage qu'il fit à file Saiut-Eustache en ijoô. C'est sur son rapport qie Sparmann attribua au Mabouia le pouvoir de lancer sur ses aGcresscurs un crachat noir et venimeux , dont une gouttelette suffit pour faire enfler la partie du corps sur laquelle elle vient à tomber. Ce fait fit consigné dans la description de ce reptile , qui fut donnée par Spar- mann dans les Mémoires de l'Acadtime de Stockholm pour l'année 1784; et ce fut en conséquence , qu'il im- posa à ce Saurien le nom de Sputateur (1) , que Daudin lui a conservé. Si la description de Sparmann n'était pas exactement celle du ^.îsbouia , il suffirait pour constater sou iden- tité, du seul nom anglais de If ood slave (2) , que porte à Saint Eustache le Saurien d'Acrélius, et qui est celui qu on donne exclusivement au Gecko mabouia et au Gecko lisse dans les Antilles anglaises. Il est difficile de concevoir comment Daudin a pu voir un Anolis dans (1) Lacerta sputator. (2J C'est-à-dire , esclave de lois. cette espèce , que MM. Latreille et Brongniart avaient déjà reconnue pour un Gecko, et que MM. Cuvier et Bosc ont rapportée récemment à ce genre, auquel elle appartient (Fune manière certaine et évidente. On re- trouve encore la même espèce dans le Gecko porphyre et le Gecko à queue épineuse de Daudin ; et en con- frontant les caractères qu'il leur donne , avec ceux qui existent réellement dans leMabouia , il est aisé de se con- vaincre qu'il a lait trois espèces de celle de ce Saurien , et qu'il a donné son vérilablenom spécifique à une quatrième , qu'il a décrite sous le nom de Schique maboida (i) , quoiqu'il l'eût déjà désignée sous celui de Schique scluieiderien , et sous celui de gros Scinque ^ GalLej- Wasp de la Jamaïque (2). Cedernier reptile, qui est le Lézard de terre des îles de la Martinique et de la Guadeloupe , n'y a jamais reçu le nom de Mabouia que Daudin lui a imposé arbitraire- ment, et il est connu de tous les voyageurs, que cette appellation caraïbe est employée uniquement pour les Geckos. Il n'y a donc point de motif pour la donner au Laccrta aurata de Linné, en la retirant au Gecko qui la porte dans les pays dont il est indigène; il y a lieu au contraire à maintenir ce dernier en sa possession , parce que Fépithète àesputateur, dont on se sert aujour- d'hui pour le désigner spécifiquement, ne rappelle autre chose qu'une circonstance mensongère que Sparmano (1) Scincus mahouia, Daudin. Hh/oire des Reptiles , tome IV pjgc 246. Scincus Schneiderii , Daudin. (2) Scincus gaUeywasp y DauJ. Lacçrta aiwata de Lii)n. ( '-') ïiccueîllît avec une confiance trop crc^dule. Sans exa- miner si l'organisation de la bouche du Mahouia, et sur- tout celle de sa langue étroite , grêle, échancrée et non extensible , n'exclut pas toute possibilité de la projec- tion d'un fluide salivaire , je ferai remarquer que depuis un demi -siècle que ce lait a été annoncé par Acrélius, aucun témoignage nouveau ne l'a constaté ; qu'on n'en trouve aucune trace dans les anciens voyageurs , qui ont rapporté si scrupuleusement toutes les choses extraor- dinaires vraies ou supposées , qu'offre Thistoire des rep- tiles de l'Archipel , et enfin , qu'une pareille faculté dans un animal qui vit au milieu de ses ennemis , trouverait chaque jour l'occasion d'être exercée et connue. Ce- pendant rien de semblable n'arrive ni à la Guadeloupe ni à la Martinique , où je nan ai jamais entendu parler, et où j'ai vu plusieurs milliers de Mabouias libres ou captifs , être attaqués , poursuivis ou excités par des animaux ou par des hommes , sans que dans aucune cir- constance , ils aient eu recours au moyen qui leur eut mérité l'épithète de Spulateur. En asphyxiant , pour certaines expériences , des ophi- diens du genre Trigonocéphale , j'ai remarqué plusieurs fois qu'avant la mort, leur bouche se souillait extérieu- rement d'une bave écuiueuse , ce qui n'est pas même arrivé aux Geckos Mabouias placés dans la même si- tuation. Rien ne justifie donc le nom spécifique donné à ce Saurien , sinon l'une de ces fables , par lesquelles on cherche à intimider les voyageurs pour se rire de leur crainte et de leur créduhlé. Acrélius aurait pu, avec tout autant de fondement, donner au Mabouia le nom à' imprécateur , parce que si l'on vient à lui mutiler la queue , les mouvemens qu'elle continue de faire après avoir été séparée du corps , passent dans l'opinion vul- gaire pour des signes exprimant la malédiction dont ce reptile charge celui qui l'a blessé. Cette épithète qui , comme celle de sputaleur, aurait eu pour origine un conte populaire , aurait du moins rappelé quelle est la ténacité de la vie dans le système musculaire de ce genre d'animaux ; mais les naturalistes penseront sans doute qu'il convient de conserver à cette espèce, l'ap- pellation de Mabouia , que les indigènes des Antilles lui ont donnée, et qu'elle porte maintenant dans toutes les colonies françaises, ainsi que dans toutes les relations des anciens voyageurs. Il résulte des faits énoncés dans ce Mémoire ; 1.° Que le Mabouia des Antilles , ou plus spéciale- ment le Mabouia des murailles , est un Gecko platy- dactyle , et qu'il n'appartient point , comme l'a cru Daudin , au genre des Anolis ; 2.° Q ue cette espèce est: Le Mabouia de Rochefort, Dutertre et LaLat; La petite Salamandre brune de Sloane ; La 2:rande Salamandre américaîoc de Klein ; Le Lézard sputatcur de Sparmann ; Le Gecko sputateur de Bosc et de Guvîer; L'Anolis sputateur de Daudin ; Et encore le Gecko porphyre , et le Gecko à queue épineuse du même auteur ; 5." Que le nom spécifique de sputateur n'ayant d'au- C '5) trcs fondomens qu'une fable laite h plaisir pour abuser (le la ci-(''dulilc d'un voyageur , il convieul de le rem- placer par rappellaiioii de Maboiiia, donnée à ce Sau- rien dans les anciens aulcius qui Tout menlioiiné , et dans les contrées d'où il est indigène ; 4.* Qu'il y a d'autant plus de niolifs de lui assigner ce nom spécifique , qu'on ne peut continuer de l'appli- quer, comme l'a proposé Daudin , au Lacerta aiirata de Linnée et de Lacépède , qui ne porte point dans les An tilles le nom de Mabouia , et dont la synonymie n'a pas moins besoin d'élucidation que celle du Gecko mabouia, puisque dans l'Histoire des Reptiles de Daudin , cette espèce se trouve en former trois , savoir : le Scinque schneidérien , le Scinque galleywasp , et le Scinque ma- bouia ; 5.° Que les caractères spécifiques du Gecko mabouia sont : des doigts élargis sur toute leur longueur , garnis en dessous de deux rangs d'écaillés transversales , tei^ minés chacun par un ongle crochu ; le dos parsemé de points tuberculeux , et la queue d'écaillés épineuses ; des plaques transversales soas la queue , et des pores sous les cuisses ; 6.° Que ce Saurien est un animal casanier, entomo- phage , nocturne , n'ayant ni venin , ni armes défensives, étant faible et peu agile , mais doué de la faculté de mar- cher sur des plans très-inclinés , et même sur les plafonds , dont la surface unie semble devoir rendre impostible toute espèce de station ou de locomotion ; 7.° Et enfin , qu'on trouve le Gecko mabouia en Amé- rique , dans les contrées continentales qui avoisiiient au Ci6) midi l'Archipel des Antilles ,- qu'il est également répandu dans la longue chaîne de ces îles , depuis la Trinitad jusqu'à la Jamaïque , et qu'il continue de s'y multi- plier, malgré la haine et la guerre acharnée dont il est par tout l'objet. FIN,