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SxcQbris
PROFESSOR.T. S.WILL
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MOYENS D*ABVSa*
ENTREPRISES
ET NVLLITEZ DV
rcfcrit & bulle du Pape S^te v". du nom, en date du mois de Sc^ %re 1585. Contre le (erenifllme , mit^i Henry de Bourbon,Roy de Nauarre, Seigneur fouuerain de Bearn , premier Prince du fang de France , & premier Pair delà Courône. Et H e n r y dc.Bourbon.auflTi Prince du fang , Pair de France , Prince de Condé, Duc d'Anguien.
Par vn Catholique , Apoftolique , Eomhr. mais bon
François,& tmfidele fubiet de U Couronne
de France.
Vous mangez le laid, & vous veftez de la iajne , & tuer ce qu: eft gras, mais vous ^ DC'paiflez point les ouailles. Ezech. 34.
Imprimé Noiiuellcmenr. M. D. LXXX VI.
J
tA V R 0 T T R E S-
Chrefiien^ Henry troifefine^de France^ (ijr de Tologne,
r^ I R E 5 ceux qui liront ce liure , ne feront point i3 difficulté de croire ^ que les \ rais eni'.emis de vo- ftre Majeftéjqui fe (ont efleuez, fous prétexte de Li- gue faintejS: ne fe font trouuez contens de vous faire empoigner le flambeau allumé , pour embrafer voftre Royaume, qu'ails n^'ayenc aumelme ii.ftantpafféles Alpes, & fait juger à Rome,Ia fucceillon de vollre c- ftat, comme d'vn Prince qu'ils tiennent des j a pour mortjfans elperance de lignéeme tafchent à vous per- fuader , que TAutheur de ce hure , eft autre que Ca- tholique 3 pour enluy , vomir fous voflre r.athorité, Textremc haine qu'ils portent à tous les bons Fran- çois aiFedionnez à leur Patrie. ToutesfoisjS i r Ejau contraircjil fupplie treshumblement voflre Majefté, tenir pour tout certainjqu'oucre qu'il eft voftre trel- humblejtrcfobeilfant fÙ3Jet,&tresfidele feruireur, il eft pareillement de ReHgion Carhohque: ayant tou- te fa vie vefcUjSc defîrant à jamaisjviure (bus l'aucho- rité & dodrine 5 deTEglifc Apoftolique Romame. AuflljS IRE, ils ne trouueront peine qu'il aie jamais cfté II mal aduifé, que de penfer parler en façon quel- conque de la do(ftrine,ni des poinfts controuerfez en icellc: laquelle il croie pour famte, certaine , & véri- table : ains feulement de la Police , de la prétendue Hierarcliie du Pape de Rome , & de Tauthoricé fou- ueraine,qu'il a injuftement vfurpéjdcpuis ciiîq ou iîx cents ansjfur PEghfe CathoUque , furies autres cœ- uelquesjfes collegues,fes confreresjlès compagnons, cfgaux & pareils à luyj fucceifeurs de faint Pierre, &
Aij
E P I s T R E.
des autres Apoftres comme luy.* dont à la vérité. Sir E,eft fortie la côfulîonjla deprauation, 8da cor- ruption que nous voyons au Clergé, & gens Ecclc- lîaftiques ? & depuis par mauuais exemple, en toute TEglife vniucrfeUe. D'autant que la correâion , & difcipline Ecclefiaftique , qui fè (buloit faire ancien- nement, en chacune prouinccjpar les Eue{ques,Pre- Iatz,& Synode d'icelle font renuoyez à Romerc'eft à dire , elgarez en chemin , refroidis dans la neige des Alpes , ou de T ApeninrBref, font du tout efuanouïs, parmi le tumultCj&le bruit de la Cour Romaine.De- quoy le peuple fcandalizé , à commencé de murmu- rer,& peu a peu s'eft dcfvnt, de volôtéren fin par plus grand malheur , s'cft feparé dé la dodrine de l'Egilfc Catholique. Dont font fbrtis les fcliifmes , & diuifî- ons,qui ont perdu TOrient, & confbmmct le Ponent en nos jours. Contre laquelle infolcntc, &monftru- eufc cntreprinfe , ce n'clt pas d'aujourd'huy. Sire, que les plaintes ont commencé . Ce n'eft depuis Lu- ther, ou Ces femblables feulement, qu'on h talché par raifons , & par Texcmple des plus anciens Eue(ques de Rome , nourris en toute lainteté , à ramener leurs fuccelfeurs,au chemin de rhumilité,de la pieté, & de la droiture de leurs deuancicrsrcar s'ils veulent pren- dre la peine , de lire l'epiftre qui fut efcritc par le Chapitre , & Clergé de TEglifc du Liège , au Pape Pafchal dcuxiefine , enuiron l'an mil cent fept: ou les liures que faint Bernard adrefïbit au Pape Eugène troificfme , enuiron Tan mil cent quarante cinq.-mel^ me la complainte que il fait contre ceux qui aflàfline- rent à Romcjpar le commandement du Pape Honoré dcuxiefmc . quelque bonne mine qu'il fift, le bon Ar- naud Archeucique de Lyon, qui prefchoit aigrement les abusjles voluptcz;l'audacc,&lafuperbedu Pape, & des E^clefîaftiqucs de fon temps, leur propofant la
A V ROY.
poureté de Tefùs Chrift , & l'intégrité des Apoftrcs: ouïes difcours de maiftre Jean de Paris, Douleur en Théologie; de l'Abbé Ioachin,Calnbrois: du Cordc- lier,Hayabale : de maiftre Guillaume Oxan Théolo- gien, qui defîroic à TEmpereur Loys quatrieCiie, vne elpée aufll ttenchante, qu'il fe promettoit auoir bon- ne plume, pour fôuftcnir fa Majefté , contre le Pape leân vingt-<IeuxieCne : du Cardinal Cufan , Aiberic de RozatjPetr.Ferrar.Marcil. Patauin.Ludouic. Ro- main.& dVne infinité d^'autres. Théologiens , & Do- deurs trcf-Catholiquesjqui de lîecle en iîccle,fe font oppofez par leurs efcrits, au desbord de l'Euelque de Rome: ils trouueronr, que comme Tinfolence à creu. Dieu a pareillement fufcité des hommesjpour laiiTer la marque des oppofitiôs, &plaintes3que rEgliiê Ca- tholique f^dTok , contre Tes mauuais Eueiques , telle- ment que les efcrits de ces bonnes gens , ont efté les vrais teCnoignages , & reuelations de l'ire de Dieu fur les perfccuteurs de ion Eglife.Mais vousjS ire, deuez encore moins (feus voftre corredion) trouuer cllrange, l'argument de ce liure : d'autant que voftre Majefté à fuccedé en vn Royaume,qui n'a jamais en- duré,q ue le Pape de Rome , ait mife fa main fur luy: & cotre Pentreprinfe duquel, les Roys de France vos predeceftcur? » réphs au refte de Pieré,de Sainteté & de tref-Chreftienne douceur , fc font oppofez par les armes , & par les liures qu'ils en ont fait efcrire en leur règne. Tefmoin ce que l'Archeuefque deRheins, Hincmarus, déclara par fes mifliues, au Pap e Adrian deuxicfme,qui menacoit d'excomunicr le Rov Char- les le Chauue. Ou ce que le Roy Loys le Gros , fift dire par Hugues de Paris, & Richard de faint Vi.ftor, Dofteurs de fon rcp3,nu Pape Innocét deuxiémc,qui auoit entrepris de pourueoir à l'Archcuefché de Bourges. L'hiftoire de Philippe quarriefmc, contre
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E P I s T R 1.
Bonifacc huitième , vous eft afïèz notoire. Le Roy Philippe de Valois , commanda à maiftre Pierre de Cugnieresjfon aduocat gênerai, de s'oppofer3& d'ef^ crire, contre ce que les Ecclefîaftiques , fous Tautho- rité du Pape, defiroyent entreprendre en fon Royau- me, au préjudice de faMajefté. Charles cinquième, lift compolcr à mefine fin , le liure que nous auons, cenfuré par les Papes , appelle le fonge du Vergier, qui eft vn Dialogue, auquel eft introduit vn Ecclefîa- ftitique,& vn Gendarme, difputas de la puifTancc (pi- rituelle, & feculierc. Du temps de Charles iîxiémc, lors que le Pape Benoift treziéme, enuoya vne Bidlc en France , pour excommunier le Roy, & les Princes de fon fangjDieu fçache comme voftre Court de Par- lement de Paris,accommoda les porteurs d'icellejqui furent piloriez , & firét amende honorable,en la baflê court du Palais. En la mefme faifon viuoit maiftre lean Gerfon,Doâ:eur en Theologie,qui cforiuit con- tre Tentreprinfe du Pape, & de la puifl'ance d'iceluy. La refponfe de maiftre lean de faint Romain, Procu- reur gênerai du Roy Loys onzième , en la mefme Court, lors qu'on le vouloit faire confentir à la Bulle du Pape Paul dcuxiéme,porrée en Franccjpar le Car- dinal Baluë, qui entrcprenoit de commander au Roy, d'abolir la Sanftion Pragmatique , fera tousjours ho- norable à fa pofterité , qu'il aimoit mieux perdre (a vicjfon bien,& fon office , que faire chofc qui fuft au préjudice de fon :imc,du ]loyaume,& de la chofe pu- bhque.Cômcaiiffi toute ladite Court,s'oppofa lors, nu rcfcrit & volonté de ce Pape , & députa deucrs (à Majcftéjdcux Confeillcrs du corps d'icellc, pour luy faire entendre la refolution de la compagnie. Du rè- gne du Roy François premier, voftre ayeul. Sire, fut mis en délibération au Parlement , de s'oppofor à la leuée des Annates , & autres cxadions , inuentces
A V ROY.
depuis enuiront deux cents ans par Pauarice, je n*ofe dire Simoniejdes Papes de Rome5rur les Ecclefîafti- ques de voftre Royaume : contre lefquelles corrupci- oQSjde trcf-mauuais exemple , plaida publiquement vn Aduocat nômé Bouchard,illu d'vne anciéne^Sc no- ble famille de Paris: qui par Ton plaidoyé, flipplia, & admonnefta la Maiefté , de chaflcr de la maifon de DieUjies MarchaSjBanquîers^Simoniaques, &d'em- pefcher que le Pape de Rome , ne poumeuft aux bé- néfices eleiftis, qui font en Ton Royaume. Bref, qu"*!! ne s'attribualîjrauthorité que peu à peuja mifere du tempsjSc la conniuence des Princes , & des Euefques mal entendus au deuoir de leur charge , luy auoit permis fur l'Eglife Gallicane. Le Roy Charles neu- fiéme voftre frère , que Dieu abfolue , quoy que les ennemis de voftre maifon Royale , fufîènt desjaen crédit, pour leur faux, & fimulé zèle de Religion, ne voulut jamais endurer3& s'oppofa viuemétjquand le Pape Pie cinquième, voulut excômunier la feu Roy- ne de Nauarre,mere du Roy de Nauarre qui eft à pre fent recognoilTant fa Maj elle , que ce n'eft point au Pape , à mettre la main , ni prononcer fenrence, non feulement fur les Princes de voftre fang, mais auffi fur le moindre de vos fujefts.-lefquels font Ibus la ber- gerie des Euefques de voftre Royaume,&:de l'Egli- fe GaDicane. Des libertez de laquelle, vous,S ire, eftes fcul proteéteur , & garde de la maifon de Dieu: a ce que fous Fauthoricé de voftre Majefté, Iqs Euef- ques des prouinces de France , aflèmblent quand be- foin fera leur Eglife , pour légitimement procéder auec icelle, à la difcipline, correCiion & excommuni- cation ( fi tant eft) des fubjecs de voftre Couronne, ainfi que il a efté gardé fans controuerfè, & à l'adueu des Papes de Rome-depuis le grand Roy Clouis.pre- mier Chreftien encre les Roy s de France. Qu^i eft en
A iiij
fc P I s T K E.
fômme Je fujet de ce liurc,Pour lequel, Sir e,?Au- theur vous lupplie tref-humblement de le prcndre5& mettre en voftre proce£^tion , fans vous arreftcr , s'il vous plaill 5 aux inipoftures , & calomnies qui vous pourroyent eftre imprimées, par les luppofts,ou foli- citeurs de la Li^ue Elpagnole , qui eft en France en trop d^authoriterpuis qu'il plaift à Dieu,nous affliger de cette verge. Il fçait que Ananias commanda deuant le ïribun,que Hiint Paul fufl frappé,par ce qu'il auoit dit, que la bonne confcience l'auoit fauué , & PhalTur fit mettre en prifon Hieremie, pour auoir trop parlé: Mais lors , & le Tribun, & le Roy, fouftindrcnt Tvn &rautre. Maintenant,S ire, l'Âutheur de celiurc erpcre,que voftre Majefté tres-Chreftienne, ne vou- dra point permettre , qu'on mefface à ccluy , qui n'a rien de plus cher , que Thonneur de Dieu , le feruicc de voftre Majcfté,&le bien de cefte Courône.Quoy que ce foit , puis que c'eft pour Tauancement de la gloire de Icfus Chrift , & le repos de fa Patrie, il ne peut craindre aucun dangcr,cn le reprefcntant l'heu- reufe fin de tant de Payens refolus , quipourlefcul accroificment du bon heur de leur pays, quelquefois pleins de vanité, ont expofé leur vie; tellement qu'il s'cft perfuadé,qu'il fèroit fort pufillanimc, s'il clpar- gnoit la fienne , quand il y va de l'édification de l'E- glifc de Dieu, de l'iionneur de fcn Roy, & des Prin- ces du lling de France. Auftj cert.iinemcnt,celuy n'eft pas bon Orateur, qui fçait bien dire, s'il n'a l'audace de fc prefcntcr au barreau pour parler. Il ne veut pas pourtant, S ire, qu'on pcnle qu'il foit né,pour faire des inuediues , contre celuy qui tient le ficge d'vn bon Euefquc, digne de vénération : mais il veut fcu- lcmenr,oftcrcefterrcurdel'aniedes Chrcftiens fîn- guhercment des François, ce croire que ceft homme foit fi grand , & fi cfuouuantable qu'il fe fait, qu'il ait
AV KOT,
pouuoir ou puifTance, autre que de Dofteur5& de Va- fteur Ecclefîaftique , en fbîi Eucfché feulement , non ailleurs : fans aucune junfdiâ:ion ni authorité mon- daine : Moins donc , qu'il ait pouuoir de depofîèder les Roy s , & Princes de leurs Couronnes , de leurs terre s, ni de leur s fcigneuries. le croy qu'il Tafaic auffijpour defl'illcr les yeux des autres RoySj& Mo- narques Chreftiens , a ce qu'ils ne permettent plus que la vigne de Dieu , foit ainiî defpouillée. Si bien que pour dire la verité,il eil du tout impoflible,d'ap- portcrde belles paroles , enchofequine vaut rien. Ilfupplie pareillemcnr de bon cœur , meflleurslcs Euefqucs, & Prélats de ce Royaume, de fe fouuemr du râg,& de la dignité qu'il s ont en TEglife de Dieu: enferable de la police , qui leur eft eftabiie , pour le gouuemementd'icelle^parles anciens Conciles .-par- ticulièrement par ceux qui ont efté conucquez en France,en verni defquels leurs predecefTcurs fè /ont oppofèz à TEuefque de Rome , quand il a voulu deP roger à leur authorité,& au gouuernement qu'ils ont es Gaules, en ce qui touche la police Ecclefiallique, &cenfures d'icelle,lur les oïiailles de leur troupeau, ou au rcfte delà difcipline, & corrediondcl'Eglife deFrance.Laquelle s'eft côlcruec jufqu'aujourd'huy, fans fe lailfer defchirer, ni defmembrcr,que le moins que la mifere commune de toute la Chrcîiienté a peu pcnnettrc, pour la paix, honneur, & gloire de Dieu: Laquelle foit perpétuellement emprainte en voftre cœur, S I R E , à ce que voftre Majeftc foit afli- ftée de fa benediftion:& fon Eglifè fleurif- làntejà la conRifîon du Confeil des nralins , jufqu'à la fin des fiecles. Ainiî foit -il.
TABLE rOES 'P 7^/ N C l-
pmx autheurs allègue^ en ceft œuure.
A.
P.AEmiliiis.
AErchines.
AEneas fyluiuSjPape.
Anton.Flor.
Abbas Vfpergenf.
S.Auguftin.
S.Ambroife.
Auentinus.
Annal. Holand.
Ado.Vienen.
Aimonius.
Angélus.
Alex.ablmol.
P.. Biblia facra. Benno. S.Bernard. Baleus. S.Bafile. Beda. Baïus. Burcardus. Bart. Bald. Eiblioth.facra.
C. Caffiodore. Concil. gêner. Carfulamis. S. Cyprian. S. Chrj'follomc. Cinus. Ciccron. R. Chopinus.
D. Décret de Grat.
G. D. Auxerrc. |
M. |
P. Diacre. |
Marian.Scot. |
Damafus, Pape. |
Mars Patau. |
Mart. Polonus, |
|
E. |
Mer des hift. |
Eufcbc. |
Molinaus. |
Euaerius. |
N. |
F. |
Naucler. |
Fafcic.rer. expert. |
Nicephor. |
Eafcictemp. |
Nouuelle. lufl. |
P.FeruarienC |
0. |
G. |
G. Okan. |
I.Gerfom. |
Oldrade. |
Greg.magnus. |
Origene. |
Grcg.Turoncn. |
OthoFrifing. |
H. |
P. |
S. Hierofme. |
Padulphus Cal- |
HiftoiredeMafcon. |
lenut. |
Hincmarus, |
Pamormita. |
I |
Paulinus. |
lafbn. |
Platine. |
lean.André. |
R. |
Ican de Mandcuile. |
Radeuicus. |
Ican le Maire. |
Rufinus. |
Ican Vadian. |
S. |
Innocent 3. Pape. |
Sidonius.Apoîl. |
Ircnée. |
Sigisberr. |
Ifîdore. |
Socrates. |
luo Carnotenflf. |
Sozomene. |
K. |
T. |
Krautiu5. |
Thcodoret . |
L |
Tritemius. |
Laaant. |
Tertulian. |
Léon le grand. |
S. Thomas. |
Loys des Lombards. |
Z. |
LoysdeNaplcs. |
Zonare. |
Luitprandus. |
roeCLAR^TION DE
noftre SancîijJ\ Tape de Rome Sixte y.
T ^Anthoritè baillée à S. Tierre, ç^ h Ces [ne* ^"'cejfeurs^par Finfinie puijjance dit T{^y E- temel , furpajfe tous lespouuoirs des T^ts (^ Princes terriens.
La première claufe de celle Bulle,eft dire- élément contraire à la Parole de Dieu,en di- uers palTages.Le premier quand l'Euangclifle raconte le débat quiaduint entre les Apo-Luca^ ftres, pour fçauoir lequel d'eux leroit le plus grâd:Sur quoy fut refpondu par lefus Chrift, Les Roys des nations les maiftrifent , & ceux qui vfent d'authorité fur icelles/ont nommés bie-faid:eurs:Maisiln'eftpointainfidevous. En vn autre lieu S.Pierre mefme diibit/oyez '•^^^^*^' fiijetsàtout ordre humain, pour l'honneur de Dieu: foit au Roy(dit-iî)comme au fupe- rieur : foit aux couuerneurs , comme à ceux qui (ont enuoyez de par luy, &c.Sau-îCt Paul cfcriuant aux Romains , admonneile toute perfonne , d'eftre fubjette aux puiiTances lu- perieures, corrune font Roys5Princes5&: Ma- giftrats: defquels il parle en tout ce difcours. Dont appert qu'il n'y à créature viuantCjqui
a.
fe puifle dire en ce monde plus grande que les Roys , & Souueraines puifTanccs po- litiques, eftablies de la main de Dieu.Tertu- lianenfon Apologétique , appelle l'Empe- reur, de le Roy , vicaire de Dieu , le premier après la diuine Majefté,& le plus grand d*cn- tre les hommes. Sainét Bernard parlant de la puiflfanceque Dieuauoit donnée à fon Fils lefus Chrift , fur le (ïege du Roy Dauiden Hierulalem, explique ce pouuoir, furHieru- lakm la celefte, plus noble, & plus riche que celle fur laquelle Dauid Ton père regnoit, partant il ne l'ertablit point en Sion , duquel Dauid eftoit le Roy: mais au deffus de Sion. Super Sion, ( dit le texte) pour montrer que c'eftoit vn Royaume immortel,& fans fîn.Le terreftre, & politique, ayât eftc lailTé au gou- ueincment des Roys , & Princes de la terre. AuiTi quand lefus Chrift fait mention de la charge de fes Apoftres , il ne dit pas qu'il les ait enuoyez pour commander , ou dominer fur les Roys , o: Princes terriens ; ains pour enfeigncr,& prefcher: de forte qu'ils font ap- peliez ouuricrs, dignes de bon falaire.Et TA- poftre parlant de foy, & des autres difciples, c^cntjQjdi eft le gendarme aui va à fes dejpens enguerref comme s'ilvouloit dire qu'il n'cll pas raifonnable: fi bien que par cefte qualité
les Pafteurs , & Preftres en TEglife de Dieu, font laboureurs, ftipendiaires , non pas Mai-jib^.cpi. ftres,Seigneurs, ou Dominateurs.Ie conclus ^°^-^=- donc auec faint Grégoire, & demande, Que dirons-nous de nos Papes,qui ne peuuent el- perer honneur , que par l'humilité de lefus Chrift: néanmoins ils empruntent , & le fer- uencdela luperbe de l'ennemi de Dieu? Le j^^j,,^ bon homme laint Bernard , efcriuant à quel- ques Euefques de Ton temps , leur dit. Anci- ennement contre la couftumc de faint Pierre vous faifîez les maiftres fur le Clergé: & con- tre la doélrine de faint Paul , vouliez domi- ner furlaFoy. Maintenant vousyauez ad- joufté, comme fi vous eftiezles Seigneurs de la ReIigion,Que refte donc dauantage finon J;'„°\'j"'* d'entreprendre fur les Anges du ciel ? Il leur =6+Eureb' eft deffendu d'auoir des tardes , & des latel- ''""^■'^* mes pour les accompagnericomme il le voit Greg.a. en l'Epiftre du Côcile d'Antioche. Les Con- g& ciles ont trouué mauuais, queles Pafteurs f^i^U^Va fuflent habillez de robes de foye, d'efcarlate,p3S-4o- ou d'autre eftofte trop magnifique.La chafifc & toute -autre forte de palTe-téps Royal leur eft interdit. ToutesFois queles Chreftiens confiderent la pompe, & magnificence , non fculemêt de la Cour Romaine,mais aufïide la maifon particulière de la plus part des Euef-
4-
queSjilsverrôt à rinftant , à quel vfage efl: em- ployé le bié, & l'aumoine deftinée à la nour- ie rituredes poures.Oyôs ce qu'édit S'Bernard, ^"*' parlant au Pape Eugène. Toy qui es Paftcur, marches encre le peuple, & te prefentes à luy habillé, & paré d'or,& d'argentimais auec ce quelle pafture donnes-tu à tes brebis? Si-je l'ofois dire,j'alTeurerois que c*eft pluitoft pa- flure de Démons , que d'ouailles : Ainfifai- foit faint Pierre , faint Paul le joùoit ain/i, tout fe rapporte à la vanité, peu ou rien à la iaintetc. Obferuons donc Catholiques, de- puis quel temps i'Eglife & les gens de bien fe plaignêt de la male-façon du Pape de Ro- me, de la trop grande pompe, de fa Jupcrbc, & de raCourt,qui Icrt de tref-mauuais exêpie au refte des Ecclefiaftiques , & de fcandale à TEglife Chrétienne.
Si bien qiiejîant fondée fur la pierre ferme^ C^ ri eftat jamais eshranflée par (jjuelqHes vents ç^oraoes contraires ^ ou fkuorables , prononce des uif refis (^jugemens trrcuocables.
Les jugemês de I'Eglife font irreuocables
par ce qu'elle eii: fans tache , & fans macule:
AulFidoit TEuefque procéder auecicellc, à
•% l'excommunication dudeiuoyé. Nicepho-
re die que Samofatcnus fut excommunié par toute TEglife vniuerlelle. Et faint CyprianAft.r^. efcrit que Nouatianus fut chafTé par tous les ^-^^aii Euefques du monde. lefus Chriit ne voulut ^="^^7- pasfeul condamner la femme paillarde. Les i*on g. Apoftres eftoyent tous enfemble au gouuer- nementde l'Églife. Dauid prenoit conieil dés principaux du peuple. Moyfe eftoit tenu d'aflembler le conkil d'Ifraël. Quand lefus Chrift dilbit à les Apo^îQs^^jtactin^ue liga- uerùù y (frcll neparloit pas à eux comme particuliers5& perfonnes vniquesrains il don- noit ce pouuoir à tout le corps de fon Eglife. Partant ce que l'Eglife fait , eft irreuocable, mais la fentence & jugement d'vn feul Euef- que, fe peut cafrer,reformer,& corrigendau- tant que l'homme eft fujct à faute, & péché: ainfi qu'il eft recognu mefme par les Canons, c.conrra. efcrits au liure de Gratian. Ne font rien au îj^q^^*' contraire les Décrets qu'on allègue ordinai- rement, pour authorifer les jugemens , pro- noncez par le PapejaflTis au conhftoire au mi- lieu de fes creacures.Caren iccux Canons eftc.fi Rom.>. feulement fait mention des fentences, & de- Sau^infie crets du fiege Romain: c'eft à dire, de l'Egli- llff^% fe Catholique, Apoftolique, Romaine. Or il ^«ï+. q-i» eft indubitable , que le Pape n'eft point l'E- glil'e:encor qu'il foit l'vn des Pafteurs d'icelle
x.Luc.2.
6.
Et auec toute diligence éprend garde à faire objeruer les lotx , Et quand elle en trouue au- cuns contreuenans a l'ordonnance de Dieu, les punit y de grief ue pumttonjes priuant de leurs JtegeSy ^ les terraçant, quelques grands quils foyent, comme mtmfires de Satan,
Telle punition, & priuation des biens & Courônesdefquelles il entend par ces mots. Quelques grands qu ils foyent ^ ne peut appar- tenir à rEuefque, ou Palkur de l'Eglifejd'au- tant qu'il n'eft donné que pour leSjChoies fpi- rituelles , fans toucher au bien de la terre: de forte qu'il eft appelle medecin,non pas juge. Car aulTi leius Chrift ne voulut pas diuifer, ni partager l'héritage ," qui ettoit en contro- uerle entre les deux luifs: ains refpondit à ce- luy qui Tauoit prie de le partager , Dy moy homme, qui m'a eftably juge entre vous?Les Papes au contraire, donnent la terre, la diui- i'ent,& partagent, entre ceux qui bon leur femble. Singulièrement donc,eft nulle & fri- uole la priuation, & depoiîtion des Roys, & Princes fouuerains, faite par le Pape , ou au- tre Ecclefiaftique , veu que la fapience Diui- ne, nous prohibe en gênerai , par la bouche de Salomon , de penfer feulement , à dimi- nuer tant peu foit , la Majcfté du Roy,Par ce
7" (dit-il) que je venere îaface du Roy, & le
coinmandement delaFoy,que je luydoy
de par Dieu , qui me conduira par deuant fa
lutîice, pour me demander le ferment que je
luy ay juré. Le Seigneur a dit par Hieremie, j^^^ ,j
Tay donné toutes ces terres a Nabuchodo-
nozor mon feruireur, Roy de Babylone,
auec les belles qui Ibnt es champs , pour luy
ferun-: toute gent luy obéira, & à fon fils, &
au fils de fon fils. Quiconque ne le voudra
feruir, & refufera fes conimandemens, ou ne
voudra plier fous le joug de fa puilfance,
mourra de glaiue, de pefte , & de famine. le
vifiteray la nation rebelle^ jufques à cequ'el-
le foit du tout humiliée deuant luy. Mefme
de tant que le Roy Sedechiasà mefprifé,&
fauffé le iermcnt qu'il luy auoit promis, le le
mettray entre les mains de Nabuchodono-
zor, Se le feray mourir en la preuarication,&
perjurc qu'il à fait au mefpris de mon nom.
S'enfuit après au texte , Parlant aux faux Pa-
fleurs, qui prefchent & enfeignent le peuple,
à nîcfprifcr leurs Roys, & Princes , leur per-
fuadant qu'ils les peuuent chaffer, depofer,
ôtpriuerde leurs Couronnes. Gardez-vous
d'efcouter les hux prophètes, qui vous enfei-
gnejit de ne feruir au Roy Nabuchodono-
zor: car ilz font menteurs, je ne les av pas civ
B
8.
uoyez pour vous tenir vn tel language , iw prophetifent menfonge en mon nom y pour vous perdrc,& eux auecques vous,ne les oyez ' point: ains lemez au Roy de Babylonc , car je Tay eflcu.Voila le commâdement de Dieu touchant vn Roy Ethnique,lnfîdele, & Mcf- creant. Quel doit donqueseftre renleignc- ment du PaReur, enuers les Roys, & Prmces Chreftiés,eftablis,& nommez de Dieu, pour fes Vicaires , & Lieutenans en terre ? Nous pouuons dire, à leur honneur & faueur, auec le Pfalmifte, Ils les maudiront, & tu les beni- ras.Sainél Pierre commande d'honorer k Roy^quieftoit le plus grand Tyran , & per- lecuteur deTEglife Chreftiennc qui fut ja- mais. Ses fucce&urs difcnt qu'ils les peuucnt depofer, & priuer de leurs Sceptres.Samt lu- de nous deflFend , de meiprifer la feigneurie, eftablie fur nottre corps. Le Pape dit qu'il la peut tcrracer , & confondre. Que chacun donc dcpofe toute affed>ion,pour faire juge- ment de la déclaration , & fuperbe entreprifc de c'eft Euefque. Auquel je crains,apres qu'il aura trop efmeu la cholere des Roys,& Prin- ces Chrefticns , qu'il n'aduienne ce que nous lifons de la fin des preftres de Iupiter,en l'If- le de Meroë , qui auoyent vfurpé telle autho- rite fur le Roy d'Ethiopie,par la fuperftition
du peuplc,qii'ils pouuoycnt commanckr àla Majerté , de fe deffaire foy-mefmc. Et dura cefte foie tcnieritéjjufques au temps du Roy Erganes , qui fit pafler par le fil de refpeÊ tous les preflres de ce Collège, & abolit l'or- dre d'vn tel & û outrecuidé Saceidoce.
^artjuoy y/fiittant la charge , ^ foincfui nous à e fié commis de toutes les Sgltfes , ^ na- tions 3 afin que en premier lien on dannafi ordri nu faliit des âmes.
Ici le Pape de Rome s*attribue la qualité d'Euefque Vniuerfel, & comme tel , dit qu'à luy appartient le foin de toutes les Eglilcs, & nations: Sur quoy je diray feulement , après j.^^ faint Grégoire Pape de Rome , ( homme de '^«i-s. bien, & jaloux de la gloire de Dieu ) que les plus gens de bien n'ont pas voulu ce nom,qui leur cftoit offert. lugez donc, que doit-on e- ftimer de celuy qui Ivfurpe , & l'entretient par force? En vn autre palTagCjle mefme faint homme cfcrit , que ii vn Euefque fe pouuoit direVniuerfel,&: qu'il tumbaft en erreur, comme il y c(t fubjet,3ttendu qu'il efl home, il faudroit dire en confequence,que toutel'E- glife feroit trebufche'e aucc luy, qui feroit vn blafphemc,&: hcrefie trop manifeite.Aillcursft5i.Tlir encore il fouillent qu'il n'cfî pas raifonnabk
B \)
lO.
d'attribuer à vn, ce qui doit appartenir à tous viiiuerfelkment, Dauantage ce Pape deiiian- doitjà fçaûoir fi quelquVn des Apoftres s'ap- pella jamais Vniuerlel,& s'il prefuma d'auoir leulle foin de toutes les Eglifes ,par defTus les autres , Tes compagnons en Miniftere , & charge Apoftoliqiie ? Finalement , ce bon & faint perfonnage , Grégoire le grand , de la feule authorité duquel je me veux feruir maintenant,prorefte que celuy qui s'eftimera ou fe dira Euefque Vniucrlcl , eft precurfeur derAntechrift.
Et que non feulemet le temps de noflre Pon- tificat ^ OH Miniftere y mais encore celuy qui efl à l'aduenir , repurgé des monftres detcflableSy apporte paix à toutes les parties de la Chre- ftienté. 8t principalement au fleuriffant %^y- aume de France^ auquel la 7{jligion Chreflten- ne à tous jour s perfeuerè y la Ptetè^Foy , cr^^- uotion des C^ oys d'ictlny^à eftéjl grande Jeur s mérites aujji fignalel^, en l'Egltfe 'I^maine, ■quà tresbon droit ils ont obtenu d'icelle le nom de tref-Chreftien: afin auffi de neftre jamais ac- cufez deuant T^ieu, du mefpris de noftre charge fommes contraints d^ exercer les armes de noftre Milice : lefquelles ne font point charnelles , ni prouenantes de nous.atns de Dieu tout-puijjant pour la ruine des pmffances aduerfairesyà l'en-
II.
contre princtpalemet de deuxenfans dHre^Hen- ry de 'Bourbon ^ jadis T^y de7\(^auarre ,^ contre Henry de Bonrbon^jadis Grince de On- de. Car lefitfdit jadis T{oy^ dés fon ba^'aage^ à fuyui les erreurs de Calmn , ô'fouftenu obfli" neement fes hereficsyjufjues a ce qne feu dVx^ cellerue mémoire Charles neufiéme "JR^y 'de Fra^ ce ^ noifre tref-chere pie en Je fus Chrift , Ca- therine, T^jfynej p, mère tref débonnaire. Joint auffi noflre bten-aymé fils , Charles au titre de fatnH Chrtfogon^preftre, Cardinal de Bourbon fon oncle: qt Loys de Montpenfier , T^uc , par leurs religieufes^çfr fréquentes exhortations:^ par les eutdentes demonftratios ^ ^ remonftr an- ces des Théologiens, de rare doBrine,^ vertu, il fut réduit ç^ ramené comme ilfembloity à la Foy de r^glife Catholique , ttyîpoflolique , ^ 7{jmaine , abjurant ^ condamnant , e^ anathe- 7nati\ant toutes les opinions hérétiques contrai- res à la Foy Catholique , publiquement yà PE- gltfe, dans l^aris.
Ceux qui fçauent l'hiftoire de France di- ront, que les deux principaux poinéls conte- nus en ce texte , font faux : fçauoir qu'on ait jamais prins la peine d'int-lruire , ni d'enfei- gner lefdits Seigneurs Roy deNauarrc,& Prince de Condé , & qu'ils aycnt jamais ab- jure ropinion de la Pvel:!'j;ion , en laquelle ils
B iii
12.
viuentaujourd'huy j&ontvefcu toute leur vie, ainfi que le Pape recognoirt par fa Bulle. Au contraire, il eft notoire , que mefmc lors de lafolefnnité du mariage , d'être ledit Sci^ gneur Roy de Nauarre,& Madame Margue- rite de France, fceur du Roy tref-Chreftien, Iceluy Roy de Nauarre ne voulut rien faire au préjudice, & contre fa Religion. De fait, il n'alïifta point à la Meffejcelebrée par mon- feigneur le Cardinal de Bourbon Ton oncle, îl eft vray que depuis , après la journée de S. Barthélémy , lefdits Seigneurs Roy de Na- uarre, & Prince de Condé, furent contraints d*aller à la MefTe, & d'alfifter au feruice diuin félon IVfage deFEglife Catholique, Apofto- lique, & Romaine: mais la force de la faifon, peut affez excufer leur captiue volonte':de la- quelle le Pape ne peut , ni doit Chreftienne- ment renouueller la mémoire , pour le peu d'humanice'qu elle nous reprefente.
Efcriuant incontinent lettres , a jadis etheu^ renfè mémoire Grégoire trezjejme , l^apCy mon predeceffeur: par lefquelles il le prioity le recog- noiffant ponr finuerain Chef de VEglifiCatho- ltejue:^Hil euji pour agréable [à pénitence , con- uerfiony cr profeffton d'obei/fance, ç^ ^tiil dai-, gnaisi Iny otrroyer pardon, ô" remijfion de tout h pafsè i promettant ajfetmment , de garder à
jamaà entièrement , c^ inuiolableTnent la Foy Catholtcjue, Anfcjuelles lettres comme '^y- aux , mon]<iàu -predeceffeur croyant^ ^ efmea d'vne charité paternelle-.d^ ailleurs ajfeuréde ce^ ■par le tefmoignage indubitable dn 'Roy , de la 'R^yne fa mere^dn Cardinal, (^ du Ducfkfdit: fçaitoir efi de (on entière ronnerjlon, déclara ah" fouit iceluy, jadis l^y de TVauarre, Confejfant Jês erreurs pafsèes, demandant httmblernet par- don^du crime d' h ère fie, ^ de s cenfures Ecclefia^ JîiqueSy ijui à ce fie occafion ilauoit encourues, le re-vni fixant au giron de C Sglife Catholic^ue ^ ^ V admettant à la communion des Fidèles y tout empefchement ofié. En outre, afin cjue dLvnplm eflroit ^ferTTie lien, ilfnft retenu en iccelle,il le difjjenfa : comme aifjfi ^Jll arguent e fœur dudit %J}y char le s. -laque lie ijucde la race tref-Chre^ fitenne , (^ nourrie en icelle , on efperoit (quelle maintiendroit , 0- firoit contenir en deuoirfin fittur mary^ le retenat en l^obferuace de la Reli- gion Chrejlienne,afin cjuenonobftant Cempefche^ ment du troi fie fine degré , oupeut-eftre autres degrel^de conpnguinité ,-ô' parenté jpirituelle^ qui efioityentreux^tlspîttfient trait ter mariage: comme usf.rent enfixce de VEglifi.De là à quel- ques mois, iceluy 7(py de Nauarre , enuoya (on Orateur, jean i)ur>u, par deuers nofire prede^ ceJ/sur,poiir enfin nom protefier de (a pénitence^
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14.
cormerfion,fiy^^ confiance yCn face dufaintfiege tyï'poftoliqHeSDefiiÇân cjh ayant tenu confiftoi- re public , en l^ajfernblèe de tous les Cardinaux^ C^ Prelatz. de l'EglifiyOU infinie efioyent accon- rm^en la (àle%oyale^comme on à de coufiume, Iceluy Henry , entant que Ti^y y muuellement eonuerti à la Foy^^ comme Catholique y a efié admiida ville en e fiant toute e finette dejoye,^ rendant grâces à Dteu ^ de la redutlion dfia brebis e [garée.
Les Ligueurs de France , qui ont enuoyé au Pape les mémoires de cefte Bulle, ne iont pas fi bons dataires, que grands méteurs, car il eft faux que les dilpenfes des mariages déf- icits Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince de Condé, ayent eftc accordées à Rome , après que Icfdits Seigneurs Princes , furent à la Melfe, & eurent efcrit au Pape Grégoire trc- ziemc. Au contraire il eft certain, que lefdits mariages auoyent eftc folemnifez , & les diû penfes fur iceux obtenues, quelques moys au parauant la fefle de faint Barrhelemy,par lac- cidêt de laquelle cps Princes furet contraints de faire les Hypocrites, difliniulant, & chan- geant l'exercice de leur Religion. Depuis le^ quel jour il fut fort aile , de leur faire efcrire, & cnuoyer dcucrs le Pape , pour luy donner entendre tout ce qu'on voulut , n'ayant pour
15. lors iccux Princes , autre volonté , que celle
que le temps auoit aggreable.
Adais icelny^ comme variable,^ inconftanty peu après fe départant de la Foy Catholic^uCy ç^de l'obeifsace deue au faim fiege ^poftoljcjue: enfemble de toutes autres promejfes , quepubli- (jnemn^ ç^ auecfermet il auoit frites ^^ jurées y ce fiuflrnyat ç^ retirant couuertemet^ (^ ayant ajje?nblè en vn IteUj ajfez ^loigné de la Court Je plîuoTAnd nombre quil peut des plm mefihas hérétiques, ç^ autre manière de gens de fin hu- meur audit lieu ilrenoquiL publiquemet tout ce qu il auoit frit auparauant^fçauoir efl la dete^ fiation du Calutmfme , abjuration d'hereJîeSy& profijfion de la Foy Catholique , Apoftolique, ^ "jR^mameiproteflant de vouloir continuer le Calmmpne , comme il auoit promu, ^ Va frit aujfi.-adherat a iceluy d'vne volonté opiniaftre, (^ endurcie^ vmant en tceluy,ju/ques à ce jour- d'huy.Et non content, à dtuerfisfiys,à efmeu & arme , Icsmutins ^ feditieux hérétiques 3 def- quels, il efl Chef^auyde , proteEieur en Frar^e: mefme iirand deffenfettr des eftrangers^contre le fufdit Charles, cj* contre noftre tref-cher fils en Jefiis Chrifl, Henry tref-ChreftieT^y de Fran- ce. Jacotî quil le deufl honnorer ç^ refpecler, comme fin beau frère , ç^ le fuiure comme fin ^KPJy^ Seigneur, Mais bien qui plm efl, com-
i6.
me ingrat ,é' peu fiuuenant de la douceur é* courtoifie receu'è^à animé me frne les Catholiques contre leur T^y^ ajfemhlant des armées trej^er- nicieufes ^i^y dommageables y nppellant les herc" tiques d'efirange nation : lefcjuels prefque pdr tout leur ^afjagc ^ont enfanglantè les villes ^par • la boucherie cjutls ont jhit des gens de bien Je s 8gîifes ont eftèprophanées,(^ ruinées JesEccle^ fiafli^ussy & 'iyS^igi^i^x (àcre\y cfr les villes^ (fr - jorterejfes des Catholicjues , on de force , ou de trahi fin occupées : Défendant l'exercice de la 'jK^ligion Catholifjue. Il a fuit à fi pofle des , MiniftreSj& Predicans heretit^ues^cotraignant les citoyens é"- habitans Catholicjues , d'aller à leurs prefches , pour les faire mftruireÀ toute impieté , 0'par ce moyen abolir du tout la 1{j^ ligion Catholique. Et non content de ce, il afr^ fonné c^inflruitvn des plus intimes qiCil eu/l defes rufes cjy cauteles y ^Ta enuoyè hors la France, en diuers endroits, par le moye duquel, il à communiqué totu fes rnalheureux deffeins AUX principaux des hérétiques, prouoquant les ar7nes,(fr forces a récontre de laT^ligioCatho- lique^e^ la puiffance Tapale. A auffifkit faire ptufieurs afséblees d^ hérétiques, en dtuerfcs pro^ uinces, en aucunes de [quelles, il a non feulement affiflé ,rnaîs qui pis €fl,prefidc, pendant quony^ y?(ouhitj(^ promettait def bander direElcmcnt
^7- contre la Foy Catholique , ^ prwcipale?nenf
contre les Eglifis, contre le Cierge,^ cotre tow Uî Catholiques du 'Royaume de France,
Tout ce grand diicours eft plein d'impo- ftures,& calomniesjquc ceux de la Ligue ont fait entendre au Pape,côti-e toute vérité. Car premièrement les gens de bien François fça- uentafTcz, quelle hit l'occafionqui contrai- gnit le Roy de Nauarre , ^(c retirer delà Court : en laquelle l'es ennemis et-loyent en telle authorité, qu'ils Tauoyent mis en foup- çon enuers le feu Roy Charles neufîé- me, que Dieu abfolue : & non pas à luy ieu- lement,mais auffi à feu monfeigneur frère de fa Majerté, tellement qu'ils furent tous deux arreftez prifonniers. A raifon dequoy ledit Seigneur Roy de Nauarre,fe retira auplu- ftol^u'il peut efchappcr, voyant bien que fa feule mort, pouuoit contenter fes ennemis qui eftoyent près de fadite Majefté.Et depuis à la vérité, feu mondit Seigneur fe reffantant de telle injure, pour fon regard , en voulut a- uoir la raifon , contre les ennemis communs de ce Royaume, autheurs, Si fabricateurs de tous les maleurs qui font arriuezen iceluy, depuis vingt fix ans en ça : & font les mefmes qui fous prétexte de Liguefainte,fefont re bclîez depuis quinze moys , contre la Maje^
i8. {\é, & l'ont contraindl de r'allumer le feu de la guerre par tous les coings de ion Royau- me 5 Tous leur faux zèle de Religion : afin de s'authorifer , & auoir tousjours les armes en main, pour s'en feruir quand ils verront bon cftre. Parquoy môdit Seigneur frère du Roy lors indigné, appella quelques cftragers à Ion iccours: de la leuée defquels, il ne Te trouue- ra point, que ledit Seigneur Roy de Nauarre ait efté Tautheurimoins encor qu'il ait jamais offenfé , ni forcé aucun Catholique en fa Re- , ligion. Dequoy Icra tefmoin, grand nombre de Gentils-hommes Catholiques , qui l'ont tousjours accôpagnc, & l'accompagnent cn- ■ cor au jourd'huy , auec toute liberté de leur confcicnce. Outre qii'vn tel menlbnge , peut cftre conuaincu, en vne infinité de vilieSjpia- CCS, & chaftcaux de ce Royaume , cfquels il commandc,& y permet l'exercice libre de la Religion Catholique, Apoftolique, Romai- ne, félon les Edi6ls de Pacification, rompus ôc caffez , par la force, menées , & pratiques des ennemis de cefteftat, qui ont à la vérité prouoquctrop fouucnt ledit Seigneur Roy de Nauarre , & l'ont necefiicé à fe n)ettrc en iresjufte dcfïenfe , & s'oppofer à leurs mau- dites volontez , comme vrnys perturbateurs du repos, 6c paix de ce Royaume; laquelle ils
ip.
ont rompue , auffi coft qu'ils ont penfe en re- ceuoir quelque cômodité , & accroiftrc leur moyen par la guerre , dont ils ont efté tous- jours les autheurs, caufes & principaux mini- ftres. Quand aux afTemblees , efquelles ledit Seigneur Roy de Nauarre s'efl trouuc, prin- cipalement celle qui fut tenue à Montauban, l'an mil cinq cens quatre vingts & quatre, de laquelle le Pape veut parler en ceftc Bulle, félon les mémoires qu'on luy à donne'. Il eft fans doute qu'elle fut faite du vouloir^Sc fous Fauthorite' du Roy:en la prefence,& afTiften- ce dequelques-vns des principaux Côfeillers de fa Majeftc, députez de la part d'icelle, qui fçaueut fort bien, & firent leur rapport, qu'il ne fe traiita en i celle, que de la leuée de quel- ques deniers , dont ceux de la prétendue Re- ligion ertoyent chargez , pour les fraiz des troubles paflez, fufcitez par les mefmes bou- tefeux, qui font de prefent.
Q^ad à Henry de Bourhon, Prince de Cor»- dé, né de Père ç^ de mère hérétiques y ^ nourri an Caluimfmey fuyuant les traces defespere c^ 7nere yCncor adolefcent à commis les mefmes forfaits: par mefmc jnoyen que le T^oy de Ty^a narre ^ fut ramené à tEqlîfe^ auec la plus or an-- de humilité de cœur dont en je pourrait aduifer f^.hiurantjC^ deteftant publiquement lés erreurs
20.
^ refnems des hérétiques ^fiFi pareille prajtf-^ (ton defiy Catholique ^que lejïifdit de 'Z^auar-^ re^Ce que fiant rapporté à fi jametè^ç^ luy ay* ant vsé de pareilles prières, JVoftre jadis prede- cejjeur le déclara ahfiult:enseble Marie de Cle* ne s (a fimme , injèèlee de me fine h ère fie dés ce temps. Le remenant à pénitence ^abjurant yé* de- teftant le mefime en l'EgUfie , cr leur permift de fepouHoir marier.-nonohfiant le fécond degré de confanguinité qui les empcfchott. Mais ledit de Condé,peu après , retumhanî en fon premier er* reur.'^fiiiyuàt la voye que fbnperctjadis Loys 'Prince de Condéytres-celeréjuy auott tracéy^ frayéyparfcs vefiigeSyde perfiecuteur de l'Egltfi Catholique.Tenant doc la mefrne route^i^ car- riere du père, fie redit auffi Chef des hérétiques y C^ effrenesi de toute la Frace, efiat autheur des (êditios,^ guerres cittiles,y amenât troupes,^ bades defoldats ejiragerSyheretiques: (^ auquel voyage a ejfayéà predre les villes ç-r chafleauXy a renuerseles Eglifes^vipléles chofiesfacrées^^ rauage\afiiit mourir les freftres^decruely& irir- digne ^^'re de 7norty(jr afubfiitué en leur lieu vn tas de Aïiniftres^a auffi commadè Fherefie efire pre fichée,^ obfcruèefBreftl a vsé de toutes fir- tes de cruautèy(^ inhumanité^ Vexerçaru enuers lesprefircsycome anffi enuers tous les Catholiqs, Ce narré qui touche particulieremêt mon
21
fcigticur le Prince de Condé,eft auffi calom- nieux que le precedenr.mais d'auâtage il tou- che & marque l'honneur du reftc de MeiTai- gneurs les Cardinal de VendofmejPrince de Conti) & Conte de SoifTon, frères dudit Sei- gneur Prince de Codé: aufquels comme Ca- tholiques , il deuoit du moins auoir quelque cfgard : toutcsfois la palTion a rurpafsé la pie- té , l'humanité , & la douceur du nom pater- nel qu'il le dônejen ce que le Pape auec trop de courroux, s'attaque & blafme la mémoire de feu mon feigncur le Prince de Condé leur père ,. encor que cela ne férue aucunement à fa caufe^ni à la condamnation dudit Seigneur Prince de Condé: ains monftrc feulemêt ce- fte fouucnancc , & reprefenrati^on injurieufe, qu*elle fc fait cxprcflement, pour rendre tou- te la famille , & pofterité dudit feu Seigneur Prince odieufe , &: le peuple de France mal affectionné enuers icelle,qui eft vne pratique cauteleufe,des ennemis de la maifon de Fran- ce , defirans par ceftc efchelle , frayer le che- min à leurs dânablesôc detcftables deffeins, de fe faire maiftres , & vfurpateurs de ceftc Couronne : de laquelle ils s'eftiment faufle- met proteéleurs,& deffenfeurs de la Religiô Catholique, Apoftolique, Romaine,comme s'ils auoyent plus d'intejeft, en iVn & enrau-
Z2,
tre 5 que lefdiéls Seigneurs Princes Catholi- ques,qui font enfans de la mairon:& aufquels à leur tour, peut appartenir de régner en Frâ- ce,quand il plaira à Dieu,par la Loy Royale, & fuccefTîon de ce Royaume. Etquid'aiî- leurSjgraces à Dieu, ne cèdent en rienjcn de- uotion,enuers la Religion Catholique, Apo- ftolique , Romaine , à tous autres Princes Chreftiens.
T'ornes lefquelles chofes eftant aJjeTjHanife- jle s ^-publiques y^ notoires ^^ que nous enfom- mes entièrement ^ légitimement informez,, principalement par les procédures faites du temps de noftre predecejfeur Grégoire tretseme ^de bonne mémoire : ^ par plujieurs docH?ncnSy ejr tefmoignâgcs tre f -certains, fceluy Henry ja- dis 'S^y de l^atiarre , (7* Henry T^rince de Condèy eftre notoirement attaints d'herefie, 7^- iaps, c^ inexcufablcment recheus en iceluy cri^ we:^ en outre ^fauteurs des hérétiques. TVopts voulans defgainer le glaiue de vengeance contre euXyfuyuant le deu de noflre charge ^dont contraints de ce ptre (ommes grandement 7nar' ris^qiiîl nowjhnle vfer d'jceluy glatue , contre ce fte génération deteftable, dégénérant de VUIh^ ftre.ç^'fïnnalée famille des Bourbons. En laquel- le la pureté de la vraye l^eltgionje los de ver- Tuarelny: enfemble robjeruance ^ (y re^efi
qu\n
^ticn tout temps les l^rinces d'ice/Ie ont âejferé aufiege y^pcftolique^ ^ ce pour lesfDrjkitsJuf' dits.Donej^es en ce trefhautjiege.c^ en la plei^ ne piijjance que le %oy des %oys , ^ le Sei- gneuT des Seigneurs ^^ Monarques ^no pu a don- né yQaçoit qu indigne sy fi ah lis, de Pauthortte'de *I>ieu tout-puijfanty ^ defàint P terre, c^ fàint Paul /es sy^pofires.c^ de la nojlre enjemble du confentement, ^ conjeil de nos vénérables fieres^ Cardinaux yde la fàint e Eglije 'I^ornainey Pronon- çons,c^ declaros , Henry j a dis '2{oy , c^ Hen- ry Prince de Condé.efire tels que deffm, hereti" queSy'R^laps,çjr non repetans^Chefsj Fauteurs ^ jProte^eurs,Jkfanififies,7*ublics, e^ 7\^otoires àHiceux : CT" piir ainfi coulpables de lel^-Maje^ flédiuine , or ennemis jurelji£ la Foy Catholi^ que y fi euidemment , que ils ne fçauroyent fkire parotfire du contraire :par couuerture,a7nhage, OH excufe quelconque. Et partant donc auoir damnablement encouru les fentences , cenfitreSy fS^ peines contenues atixfaints Cayions, Conflit u- tiens Apofioliqptes, ^ autres loix générales ^ particulières , ordonnées contre les hérétiques^ relaps, non repentans.
Par cefte fentence , & jugement définitif, LePape veut entièrement fermer la porte à ces deux Princes : à ce qu'ils n'ayent jamais plui,moyen de fe réconcilier auec l'Egliic
C
Catholique , Apoftolique , Romaine : aîns qu'ils peri{fent,demeurâs rejetcez, & pouflez dehors à perpétuité, fans eipcrâce de reùniô, félon la do6lrine Pontificale , en ce qui tou- che ceux qu'ils ont appelle Relaps. Encor quexes deuxPriiiccs5cerchct les nioyês,tedét les brâs,& défirent eftre inftruits , par les ex- pédients dont TEghleCathohque s'eli tous- jours leruie en telles occurrences. Et à la vc- ritc,ce n'clt pas le chemin de guarir leur ma- ladie: ce n'ell pas les difcipliner , ains je croy que ce feul moyen eftoit demeuré de refte, pour les 'rendre non repentans,opiniaftres,& obftinez en leur opinion.Car celle forme de procéder trop fcuere, inouye , & contraire à ' la miCericordc de lefus Chrift,s'accorde aul- fi peu,auec la doèlrine de l'Apoftre , qui dit, le ne près point garde quel il a efté, pourueu que il le recognoifle. Saint lean commande de prîer pour Ton frère : qui ne perfiftera en péché jufqu à la mort.Il n'eft pas raifonnabic d'alTommer à coups de pierres le pécheur qui cft dans Tabylme de péché , ou dans le puits de corruptiô.Ilfaut imiter TEthiopien,» qui appella trente hommes à Ion aide , pour retirer Hiercmie , du lac auquel le mefchanc Roy Taucit fait jctter. Si doc nos frères font d\i lac de peché,c'eft Tofficc du Pape,de pre-
drctrente aides , pour les en retirer. Or ces aides» feront les rrioyêsjdefqueL l'Eglilc s'cft tousjours (eruîc en telles occurrences: qui font, les Conférences , Concikb , Ôt Aflein- blc'es légitimes d'icclle : aucc Iciquclleson puilTe pai la grâce du Taint Ei'prit, purger Vy- uraye qui eitcnla terre de Chril-i-. Legen- darnie qui a elle blefsé en guerre , combat plus vaiilaniment vne autre fois : Nos frères qui Oiit trébuché ,ieront plus fermes quand nous les aurons releue2. lefus Chriltdiélà fanit Pierre , qu\:'pres fa conuerfion, il forti- fîeoit les autres. Le médecin qui voie le ma- lade gifant, ne l'acheue pas d'efgorger,au lieu de procurer fa guarifon. Une faut pas me- fprifer les enfans de la femme Sunamitide^'^'"'*^*' fterile :c*e(Hdire de l'Eglifede Dieu : Ains celle bonne mère doit courir vers Helifce, pour les rcflufciter. Nous deuons nous reù rouuenir,que nous romm,es de chai r,fragi les, & fubjets à pèche'. La mer que faint lean di- foiten l'Apocalypfc qu'il à veu , pouuoit fi- gnifier le chataétere du Baptefme, qui eft en nous,de verre hagile, & facile à fe calfer, bri- fer& rompre, par nolUe corruption. Com- ment peut le Pape refufer la grâce de Dieu, & déclarer irréconciliables, ces deux Prin- ces, deuant Dieu: qui repréd aigrement Pha-
Cij
2(5.
zcch.jo. laon , de ce qu*il ne vou lut jamais faife péni- tence, & fe rccognoiftreidilant. Tay brifé le bras du Roy d'Egypte,&il ne m'a jamais prié de le guérir, II n'a jamais demandé d'eftre re- mis en fa force,pour reprendre Ion glaiue en
.-Rcg. II. main.L'admirable,& fage Salomon,leprofti- tua en toute paillardife, & volupté: Mais,qui pis eft, en (acrilege , failant l'image de l'idole ChaniosMoabitique,toutesfois il receut grâ- ce enuers DieUjayant recogneu fa faute.Il ne faut point tirer l'eichelle de Iacob,à ceux qui font defcenduSjpour les garder de remonter, le conclu donc que le Pape deuoit fe fouuc- nir, que les péchez contre le faint Eiprit ne nouspeuuent edrc pardonnez. Or ccluy-Ia ti\ tcljde croire que le mal viuant,qui fe vou- dra recognoiltre , qui ccrchera le chemin de falur, qui en demandera la voye , n'attaindra iamais à la eracc de Dieu : qui nous à dit , le ne banniray pouit d entrc-eux ma miiericor- de, & ma vérité ne leur fera point domma- geable. Puis donques que ces deux Princes ne crient,& ne demandent autre chofc qu'in- ftru(ftion,& côferencc, pour retrouuer la vé- rité,comment peuuent les Chreftiens appel- ler autrement le jugement donné contre-eux qu'vne fentence d'injuftice, nulle, abufiue, & qui tumbcra fur le Chef,de celuy qui l'a pro-
*7- noncee.
8t ejire par le mefme droit -prinez. : fçauoir ifi Henry , jadis T^yy Àefin prétendu 'Royau- me de TS/^auarre , ^ de la partie qpiil çn occu- pe encore pour lejoHrd'hny: enfemhle aujfi de Bearn. Etlautre^ Henry de Condé, eux deux, C^ tOHS lenrsJHCceJfeurs^de totu c^ quelconcfues autres Prmctpapitez,T)uchez, Do?naines,Ser- gneurieSjCitez^, Lteux^ Fiefs,ô'biens, Emphi- teofes^fucceffions ; ç^ non feulement de ce , maû encore de toutes dignités, honneurs, donSj,char' geSi ç^ offices loyaux, direEîes^ C^- droirs^^ue défait ils tiennent . Et atifquels comme cjue ce foity ont eu quelcjue droit, ou prétendent auoir^ les déclarant s'efire renàvu indignes d'iceux : ç^ auoir ejlé c^eftre incapables ^ç^ in habiles^pour les retenirord' obtenir a l'aducniryquelque autre chofe cjue ce foi t. Et parsîlUmmt eju'tls font par le mefme droit ,priHez^Jncapablcs 3^ inhabille s y de fucceder à quelque T)uché , Principauté, Seigneuries, ^ T{jyaume : Et fpecialemnet au '^yaume de France , aucjttel ils ont commis de fi énormes forfait Si or crimes , or aux domain nés 5 annexes, ô* dependences d'icelny Royau- me, jurtfdiBionSy or autres lieux, Co?nme auffi d'abondant , or entant quil en efi bcfoino , nous lespriuoriSy (^ toute leur pofteritè^a jamaufça^ mtr eB , Henry , jadis 7^y , du l^oyaume de
C iij
28.
Nanarrcy^ de ^eavn.'^r autre Hery de Coth dé^ Tom Us Jeux^ ^ leurs fitccejjeuts , d'autre} Trinctpautcz^^ 'Dnchc'^ Domaines , Fiefs , ^ toits autres biens: ^ encores dn droit de fwce- der i^ ac^uerir^^tontes autres chofesfufdtteSy tant en gênerai ejuen particulier, D'auantage les déclarons incapables, a ja?nats,€ux c^ leurs hoirs ^kîceux IJ ornâmes , or des fuccej fions de toutes Pnnc'tpautez.^ Duchez.^Domaines^FiefSy & '^^jyaumes , ^fignament au 'Royaume de FrancâyC^ à toutes annexes £iceltty 3 corne def- ftté^fttppleat a tom dejfaux^de droit oh de frit y fi îjHeicjHvn en adment eniceux. 8n outre, tous ^J^ÏagtHratz. , ou Gouuernenrs , tenans fiefs, FaJJaiiXySubjetSy^ peuples^de Royaume^ DU" chel^ , T^rtnctpautez., cîr autres Domavtes def fufdits: me (mes ceux cjut ne recognoijjent autre Souuerain. Lef^neh auroyent prejié ferment de fidélité fç.ichent ^u ils font ah fouis a ja?nais de telfer?nent , [bit de fidélité y ^ d^obetffance^ ou d'antre cjnclconq ne .Comme aufjinon^ les ahfol^ uonstoiis , tant en général c]u en particulier^ (^ d liurons par Vauthori té des pre fentes. Corn- jnandons^ <5r interdifons a telsftihjets^de ne leur rendre ohetjjunce aucune , oli a leurs aditertijje^ 7j7cnsJoix, rjr commandemes. Et ceitx cjut a ceci contretttcndront, [cachent cji'f^iUfon' dcfiors en- mloppez. , c^ comprins a ladite excommunica^
tion, ^H reflcymm exhortas noflre fnfdit fils en fefpié Chrtft , Henry 'E^y de France tref- Ch^cfîien , par F infinie bonté é' mifisricorâe de ^ten , le -prions (y adinonneftons^i^uil fiit me- m^ratif de la tref-ex ce lient e Foy , (fr '^Ugion des '2{jys Ces ancefhes : laquelle il a receu d'i- ceux^comme vn héritage beaucoup plm excellet ^ne nefi tout le 'JR^yaume. Qu'il fe foy.menne du ferment preFîe enfon couronnement;, d'exter^ rn^ner les hérétiques. u4fin c^ue defon authoritey putfjance', vertu^ ç^ grandeur de courage y véri- tablement l^yal , // tr au aille a l'exécution de nofire fi juHe fèntence: ç^ cjtien ceci il fi monftre aggreahle à Dieu tout-puiffant ^payant ^^ s ac- quittant du firuice quil doitàja mère FEglifi. Commandons en autre à nos venerahles fieres Trtmat^., ^rchcuefijues.c^ EuefqueSy tant di^ *^oyaume de France y que de 2\(jtuarre , çjr de 'Beam^Cy' refidans en autre lieu.fus nommez/n v^-rtu de pinte obédience, que tout auffi toft cjue la coppie des pre fentes leur fera communiquée y ils la fkcent publier ^(j;/* tat que eux fira s'' e for- cent de lafkire effeùluer. Si voulons que ces nos pre fentes lettres ^joyent a^chées aux portes d'E- oltfes du prince des ^pofires y c^en lapoinfle du Champ Flore de la ville ^come efî lacoufîu- yne. flouions auffi qu'aux coppies tirées de cefi eriginal.par Jmpreffion^QU par niain de Notai-
50,
re publique ^ou PreUt Eccîejîafiiqueyé' fiellies âufeau d'ÎTeluy , on adjonfie autant de fiy , en jugement & hors, comme fi l'original leur eftoit exhibé, 7^ fera donc permis à homrne du mdde,de_ violer ou rompre ce prefmt fômmMre^ de noftre prononciationyarreft^claration^pri^ uationy inhabilitation y fupplementi abfilutions delmrancCyprecepte^comTnandementj interdit, exhortationypriereymonitiony ^ volontéyOU d^y contreuenir d'andace téméraire, Qjie fi aucun prefiimede l'entreprendre^quil fçache quil en^ courra Cindtgnatio de Dieu tout-pnijfanty^ de fis joints ^po^resy Pierre y c^ Paul,
Ifon'n ^' à K^nie à jaint Marc , tan de l'incarnation de nojïre Sauneur ^ '^dem- pteur Jefpts Chrifi , mil cinq cens quatre vingts ctnq^. 8t le neufiém^de Septembre,
MOYENS D^ABVS EN-
TR EPRISES, ET N YLLI-
TEZ DV RESCRIT DVPAPE
Sixte cinquième , en date du mois de Se- ptembre 1585. Contre le Roy de Na- uarrc,& môfeigneur le Prince de Condé,
CHAPITRE 1.
SOMMAIRE.
I . eflablijfemnt dufacerdoce &.de U police.
z. La fin py impale de la monarchie.
^. Les Roy s ejletts ^ nomme\de Dieu.
^. La caUfe première de cefie îtomina tion diurne,
5. Les Royaumes ont le ciel pour feul fondement.
TO V T ainfi que noftre bon Dieu , & créateur du monde,en Tordônance & compofition d'iceluy , a eftabli par fa bonté' & fapience incomprehenfibIe>en la ré- gion celeftejentre vn milion d'eftoiles, & di» uerfes planettes, deux plus grâds luminaires, qu'il à mis & plantez au firmament du ciel, pour prefider fur tout le refte , & feruir de perpétuelle lampe,& d'infallible guiduc, aux habitans de la terre vniuerfelle; Ainfî la mef- me prouidence eternelle,par le foin & amour
[2. C H A P I T R E. I.
[qu elle porte a Thomme, à côftitué , & com- j mandé au milieu du fiege, & centre du mon- de qu'il à fait deux fortes de gouuernemens, excellcns , & neceffaires à la police humaine, Tvn pour re(lat,a{fociation,& compagnie de la vie terreftre, qu'il à nommé à cefte occafî- on Empire, Gouuernement, ou Principauté politique^fujette à prendre fin,auec la machi- ne du monde : l'autre qui eft Tordre de Pre- llrife, côcernant le Royaume de Chrift, per- petueljôc infini^aittéja(remblé,& nourri par le minifterc des Pafteurs de TEglife, du laiét èc do6lrine de fa parole , de la cognoiiïance des mifteres , ou de l'efperancc celefte, & de Tadminiftration , ou communication des (î- gnes5&: faints Sacremens de rAiliance,que la douceur diuine a voulu faire auec nous, par Tentremifedc noftre Médiateur lefus Chrift fon cher Fils. L'Empire donc & Royaume du niondc,a fon but principal,la jufiice & les loix politiques de la terre , par lefquellesia paix &: difciplinedes hommes, fe peut entre- tenir, fclon le bon plai/îr & volonté de Dieu fous cc(ïc royale force,& puilfancc fublime, au moyen de laquelle , l'Efcriture fainte ap- pelle les Rois ,& les Princes, Dieux, pour montrer que lans doute, l'authorité de leur empire, & puiflancc fouueraiue , eft cftablie.
Chapitre, t. g.
& prcnt Ton origine de la diuinitc , le lieu & place de laquelle ils tiennent fur la terre, à ce que par l'exemple d'icelle , ils ie rendent ôc^ ^^^^ç^ défirent paroilbe, fur tous recommandables^^- ^>* en biéfaitSjdouceurjamour, & courtoifie en- uers les lujets de leur gouuernement, pour la difcipline & police deiquels» ils lont choilîs au ciel, afin que par la juftice , & honnefteté publique de leurs loix,chacun paifTe viurc en paix,& nourrir fa famille en la crainte de DieUjdes faints conimandeniens,defquels ils font les feuls Archifs ou Gardes: à railon de- 4^uoy Ciceron appelloit le Magiftrat , la loy qui parle,& noftre luitinian le nomme la loy viue, auquel pour ccft effeéljfaint Pierre ad- niônefte tout fidek Chreftien,de fe ibumet- tre,& plier fous le joug, à Thonneur de Dieu (dit le texte) comme fi parceftellijetion5fe manifeftoit nolfre obeifTance enuers la ma- jeftc dmine, laquelle a jugement mis le glai- iie en la main des Rois,Princes,& Magilhats fouuerains , pour rexecution de leurs com-i^. ° niandemens,d'3Uiaî:quc(comnie difoit AEf- chiues ) & fâint Hierofme le conferme ,leScnon£ru-^ nerfb du gouuernement politique/ont la pri-^*'''"*^'^^ ion,!a corde,Ie couteau, le bourreau,ôi l'exer- citCiertant le Magiftrat certain, & feul Mini- ère de Dieu^en ion courroux^coiure les mal
4^ C H A P I T R E. I.
viuans. Partant la maxime que nous tenons pour refoluë , & véritable , que les Rois & Monarques, font les enfans de lupiter, parce que ils l'ont de luy particulièrement cheris,& comme tels choifîs, pour le gouuernement & police du rerte des humains , n'eft pas feu- lement efpuirée de Tefcole de Socrates,ou des plus anciês Philofophes, & autres fauans Ethniques, qui n auoyent efgard , & ne con- fideroyent en leurs difcourSjquela fplendeur & la majefté de celle grande puiiTance, mais nous elt aullî ceftc dodrine, pareillement, & de la mcfme forte cnfeignce , par les Oracles de la diuine fapience , par lefqucls nous, qui auons la vraye cognoiflànce d vn feul Dieu, qui par fa prouidcnce a foin de l'vniuers fom- nies fidèlement inftruits , que les puilTances font de luy, qu'il eftablit les Monarques, fait régner les Rois, fait eleélion de leur empire, & gouuernement,tcl qu'il luy pIaift,tLcnt leur coeur en fa main,ell:ant luy feul qui donne les Royaumes , les tranfporte, les change, & les anéantit quand bon luy femble:bref les enfei* •gnemens Chreftiens nous rapportent, que les ibuucraines puilfances font appuyées , fur la feule volonté , & difpofition particulière du tout'puiflant. Surquoy nous fuffira pour tout l'exemplcjpar lequel on remarque , que
Chapitre, i. 5,
Dieu ayant laifle à Ton peuple efleujia nomi- cation des ordinaires Magiftrats , tels que bon luy fembleroit : néanmoins il fc referua, & à Ton priué confeil l'eleèlion du Roy , duDeut.17. milieu des Ilraëlitcs : ce qu'il délibéra, non feulement afin que le chois du gouuerneur, & chef des hommes en ce mondc,demeuraft plus parfait , moins vicieux , & la feigneurie plus agréable, & moins fafchcufe aux fujcts d'iceluy: mais aufTi pour faire veoir au peu- ple, qu'il en ertoitTautheurJe donneur, &:lc difpêfateur: afin que pour fon refpeél, la per- fonne de l'Oingt en fuft plus faince, la dignité plus vénérable, & par mefme moyen exemp- te, des paflions, mefcontëtemens, mutations changemens , legeretez , Se volontez humai- nes, qu'il à voulu borner & ferrer,par les loix eftabli{îémens,principes, & fucceffionsjplan- tées en chacun eftat,par fon fainél Efprit,par la force defquelles , eftant celuy qui porte le Diadème & Sceptre Royal, en fa main, alîis en terre auec fes Princes, demi Dieu, Vicaire deladiuinc Majefté,la volonté duquel eft feule perpetuelle,&inuiolable s'efuyue pareil- lemét, l'obligatiô du peuple enuers fes Rt>is, & Princes fouuerains , plus elhoite & perdu- rablc ,que celle du mariage,par ce qu'é lano- mination& fuccefîîô de leurs feigneurs, Dieu
6. Chapitre, t.
luy mefmc ci\ interuenu,côme principal aut- hcur du côtra6l:d'autant que cômc dit l'Apo- lii. 4 <ic ci- lire , Il n'y a point de puiflance que de par Dieu, & fainé^ AiJguliin dilcourant de la dil- pofition ou volonté du Créateur du monde, furies Empires & Royaumes ,eicrit que la Majelié diuine,qui Qiï l'autheur de tout bien &ttlicité,vray & leul Dieu dervniuers,don- ne & met au pouuoir de qui bon luy lemblc les prmcipautez de la terre , elhbliilant i cel- les par la lapience , & finguliere prouidence, non pas fortuitement , m par aucun hazard, ains leion Tordre, & neccfilté qu'il fçait trop mieux eilre propre pour la failbn qui court, ores que du tout quelque fois incognuë aux humains, moins aulfi que nous puifTions dire pourtant, que fa vertu & puiflance diuincy loit aucunemêt aftraintc: ains c'eft luy au cô- traire, qui( comme Seigneur de toutes cho- fes) gouuerne le ten^psle modere,radoucit, &: le difpofe lèlon Ion bon plaifir , laiflant af- fez fouuent fadnnniftration de la terre , aux bons & aux mauuais , encor que fans point de faute, ilfîce les ieuls premiers , partici- pans de la gloire cclcfte , par confequent(dit ce bon pcre ) ne dilons plus que les Royau- mes,Seigneunes,&: Pnncipautcz ne font pas donnez de lairiain,Ckticf-exprefle volonté
de Dieu , à quoy fe peut rapporter la parole de la Sapience diuine, parlant aux Princes & Monarques du monde: Oyez Roys,& enten- dez.* apprenez luges de la terre , qui aymez, & vous resjouiflez du gouuernemcut ou lei- gneuric que Dieu vons à donnée^ fur diuer- Ics nations. Confiderez que vous tenez de Dieu voftre puiflance , &: que toute voftre force ell de par le Souuerani , qui vous fera rendre conte devos a6lions,& eipluchera vos penfées: en ce qu'eftans les minières de fon Royaume, vous n'auez pas jugé en droi- ture.Si qu'il ne faut plus aucunement douter, quclâfinguliere dilpo/ition, & difpenfation de Dieu , n'ait eftabli les Rois & Princes en leurs Eftat5,EmpireSj&: Royaumes du mon-97^.di^ de. Cela eftant donc tref veritablcjrecogneu des anciens Eucfques , fi bien qu'il ne fe peut nier par les plus impudens ,ians rougir, & fans dire en leur confciêce qu'ils oppugnent la vérité. Ce feroit chofe trop moniirueufe, de veoir l'eltar, pui(rance,8t fuccefîiô Roya- le,qui à le Ciel feulement pour afpeél & fon- dement , appuyée , ccnfêruée , & retenue de Tappetir, affe(5lion,volonté,courroux, & paf- /îon dVn Euefque , que le vulgaire appelle Pape, qui eftvn homuie,& par ainfipuis qu'il eft homme , il fe peut courroucer , il fc
Ç. Chapitre, i. peut paffionner= , il fc peut altérer , il fe peut tromper, il peut errer, il fc peut mefprendre, en fcs afFcdtions & jugemens,quclque fois in confîderez: tellement que la confequence, & l'exemple eft trop importét &:dâgereus,pour tous les Rois,& Princes de la terre: s'il falloir que leurs Sceptres, leurs Couronnes, ou FE- ftat qu'ils tiennent immédiatement de Dieu, par la grâce duquel ils régnent , & ont de fa main tout pouuoir, & toute authorite raifon- nable, fuffent elclaues de la trop chaude cho- lere, de la fureur,de Terreur, & de la mauuai- fe volonté, ou de la fauffe perfuafiô dVn feul homme, fu jet aux mouuemens , altérations, & partions immodérées, de la corruption de
nature.
CHAPITRE. II.
Sommaire.
1, te Tape peut errer.
1. Nature de l'homme fiijette à ffechè.
5. Sacrificatettrs & preflrcs qui ont failli.
4. Exemples des Tapes mal vmans & grandement
fcandaleux.
5. jippellations receues so'dtrc les décrets des Taper,
6, Les Papes caufe de diuerfes faâtwns.
7, Torteurs de bulles cxcommuntcatoires pillorifes m V 4 France par arrejî du Tarlement.
PO V R tout dire , j'ay tousjours eftimc la propofitioû hexetiquc , auec le Pape AE-
neas Syluius
Chapitre, ii. ç,
neasSyluius, & le Côcile OEcumeniquc de Baflcjpar laquelle les fiatcurs de rEuefque de Rome fouftiennent , que le Pape ne peut er- rer,d'autant que chacun peut afîW, recognoi- ftreleperuers naturel de l'homnie inutile à tout bien : Si nous difons que nous n'auons t point de pèche , nous nous icduilons nous- melmes5&: vérité n'eft point en nous.Qu'eft- lob.i?. ce de rhom me , qu'il puifle eRre net ? & qui eftceluy qui d\ né de femme , qui le puilTe montrer e(he jufte?Il n>ft nul qui face bien, voire non pas vn feulement. Le facrificatcur Proùe^b. (dit rApoiire)doit eftre propre à auoir pitié Hebr.j. ùes ignorans5& defaillans , d'autant que luv- meime eli enuironné d'infirmité. Qui eft-ce donc qui peut dire j'ay purgé mon coeur y je 'fuis net de pechéPMoyfc à griefliement failli, fi que pource il n'eft point entré en la terre pronule, le Sacrificateur Vrie offenfa.quand j,^ il entrcpnnt d'encenler l'holocaufte du ma-^"^'^ * * tin , fur le plus grand autel , & le facrifice du vefpre,par le commandemet du Roy Achaz , faincl Pierre ^ pour lequel fon maiftre auoit prié a failli tant de fois , jufqu'à mefcognoi- j ftre fon Seigneur : Cayphe , & les autres fes ^-^^^ ^^ compagnes, jugerét tref-mal de lefus Chrift. Que deuiendra donc le refte des hommes, ambiûeux,desbordez/ragilcs,& pleins d'hu-
D
10. Chapitre, xr.
inanite?Ie dcmanderois volontiers,!! le Pape
cAnafta, MarcelHii erroit, quand il lacrifia aux idoles?
iû.sj9,dift.Ljberius, quand il fe fift Arrien ? Celcftin, quand il fut Neltorien ? AnaftaCe fecond^lors qu'il fuyuit l'erreur d'AcatiusPpour lequel en partie il auoit excomunié l'Empereur Ana- ftafe ? Pouuons-nous dire que Sauonan qui fucceda au bon fajnt Grégoire , fuft homme entier^quand outre le luxe de fa conuerfation publique , iliift grande demonftration de ce qu'il elloitau dedans , lors qu'il voulut taire brufler tous lesliuresdeion dcuancier? N'e- ftoit-cc pas erreur en Conftantin deuxième. Pape, quand il fe fift eflire par argent , & par force, dont en fin il fut puni, & confiné dans vn nionaftere après qu'on luy eutcreuéles yeux?Iean,huiticnie du nom,femme de fexe, comniift de grâds forfaits,en fa fuppofition, & en fa paillarde vie. Romanus , Théodore lean dixiéme,& Chriftofle,eItoyenr tous di- fame'iè.de fedition, Simonie,paillardifc,& au- tres vices infinis;mais lean onzième, appelle de Rauenne, fils baftard du Pape Lando, en- core plus , quand il fut eflcué au (îcge Apo- ftolique , par la faneur que Theodora , fa pu- tainjauoit dans la ville de Rome. Et de mal en pis dauantage, Tean douzie'me, fucceffeur de ceftuy-ci , qui fut eftranglc'au chaft.eau de
C H A P I T R E. II. II.
Latran,par les gens de Giiyjmarquis deTho- fc3ne,mari de Marofia,filIe de Theodora,en- uieufe du plai/ir de celi amoureux , au lieu duquel elle efleua vn lien baitard, & du Pape Sergius troifiéme, qui s'appella lean douzié- meifurquoy Cariulan,Phtina«Stella,& quel- ques autres efcriuains le aouuet fort empef- chez,& prennêt ce leâ ii .& 1 2.pour vn mtf- me Pape, qui ait efté vnc fols chalfé, & remis par après : mais il faut apprendre la vérité de cefle hiiloire , de Luitprandus , par laquelle 'j'^;^- "p* nous voyons comme TEglife de Dieu à efté gouuernce , & la vigne de Chnft cultiuée, trop long temps: en laquelle les putains , fai- foycnt Papes leurs baftards , & leurs amou- reux.DurantTempire d'Arnoul,Loys troifie'- me,Conrad,& Henry l'Oifeleur-.Iean trczié- me du nom, Pape , fut fi mefchanr, que il fut accufc de plufieurs vilenies , en prefence de l'Empereur Othon le grand , qui l'admonne- fta particulièrement , & en fecret , de mieux viure. Les facrileges de Bonifacc fepticme, qui après auoir pilé les threfors defaint Pier- re,s'en fuit à Conftantin, & vendit tout,pour fe feruir du prix. La fcience dyabolique de Sylueftre fecond,autrement appelle Gilbert, Magicien,& Nécromancien, qui paruint à la Paj)aute,pour auoir fait hommage au diable.
D i;
12. Chapitre, i.
La Syuionie de Benoitt , dixième , pour la- quelle il fut contraint de quitter le fîege. Les vices exécrables de Boniface,huitieiTie : mais particulieremét la trahifon dont il vfa contre Ton predcceffeur, Celeftin cinquième , pour luy faire quitter la Papauté: & rinfoléce qu'il monftra le jour des Cédres,enuers Pourchet Euclque deGennes , lors qu'eltanc à l'Autel, au lieu de luy mettre des cendres fur la telle, & l'admônerter qu'il n'eftoit autre chofe que cendresjfelon l'ancienne couttume des Chre- ftiens , ce père faint luy jetta vne poigne'e de poufîîere aux yeux, en difant, qu'il fe louuint qu'il eftoit Gibelinj&qu'il mourroit auec les Gibelins:On dit auffi communément de luy, qu'il efloit entré comme vn Renard , auoic régné comme vn Lion , Si eftoit mort côme vn Chié.Les herefies fouftenucs par leâ vingt troificme , au blafme de la Chrétienté : Les malueriations d'Eugène quatriéme,qui n'ofa fe prefenter à la citation qu'ô luy fift au Con- cile de Bafle. Les dcporten:iens d'Alexandre fixiéme:fes inceftes, Magies , cruautez , poi- fons :Bref, VifTuë eipoquantable, auec fîgnes manifeftes du jugement\lc Dieu fur ce Pape,. & autres en trop grand nombre, ont ferui de grand fcandale, à la Chreflienté: à raifon de- quoy lefus Clirift à peu juftement dire, pour
Chapitre. 2. i^.
la difïipation que les niefchans ont fait de ion Eglile fainte , ce que dit Ori^ene, Quel pro- lit:* Quelle commodité prenez-vous de monmcap.ii. rang?puis que je fuis delcedu à voftre cor ru- 1^^^"*^* ption.C'eft pourquoy rEglifedeDieu n'aja-^- &boc ruais trouué mauuaifej&a receuë Tappellatiô 16,^.7. interjcttée au Concile, des rentences,& juge- mens des Papes. Ainfi que les exemples de diuerfes hifloires, nous rëdent tefmoignage: fî bien qu'il ne Te trouue mémoire que du Pape Pie/ccond, qui ait empelché l'appella- tion contre les décrets, au Concile futur , en ^ quoy il eft trop plus blafmé , d'autant qu'au- expeteni parauant qu'elhe Pape de RomCjil auoit efte d'autre aduis , amfi que chacun peut veoir, en la delcription qu'il a faite du Côcile de Bafle, contre Eugène quatrième. Henry le quart, Empereur,appella au Côcile,de l'excommu- nication,& priuation,de rEmpire,contre luy pronôcée,par Grégoire feptielme,en laquel-^5""°'^ le apparut vn extrême jugement de Dieu, en ce que ce Pape eilant aifis deffus fa chaire,aJ- femblee de gros bois , & fort efpais nean-
„ ,^ N \ r -CL • Ma-Scor.
moins elle cheut a terre,& le mut en pièces, in chron. lors qu'on iifoit ceftc deteflable fentence: pour juger de laquellc,ran mil oél'ante trois» l'Empereur fift aflembier deux Sinodes, l'vn à VVormeSjl'autre à BreiTe,efquels ceft Em-
C iij
14 Chapitre, i.
pcrcur fut abfouls , & le Pape au contraire, charge & conuaincu de grands crimes,dcpo- fé,& en ion lieu furrogc, Clément troifiéme, tellement que Grégoire s'enfuit àSalerne, ou il mourut miferable. Le Roy de France Philippe Augulk,fut excommunie' par le Pa- pe Innocent troifie'me, à caufe qu'il auoit ré- pudié fa femme Ingeberge, fœur du Roy de Dalmatie,pour efpoufer Marie, fille du Duc de Bocfme , dont il appella au Concile. Les reftes de Ton appellation fe trouuent encor, entre les epiftres decretales de ce Pape: mefme nous remarquons,quc la plus grande partie dès Euefques de France , ne voulurent pas approuuer, ni ratifier rintcrdiéliô de leur Roy,contre lefquels Euefques, Linocet vou- lut procéder par cêfures Ecclefiafriques, ain- fî que nous lifons en l'Epiftre que le Pape ef- criuit iur ce au doyen de l'Eglife de Ses, par- lant de l'Euefque d'Auxerre.Au cotraire l'hi- ftoire porte, que le Roy par aduis de fou conreiljdcpofleda,^ priua de leurs bénéfices tous les Euefques de fon Royaume , qui s'e- flovent foufcrits , & auoyent confenti à telle fulnination. Grégoire neufiéme , ayant Tan 1259. excommunié l'Empereur Frideric fécond , parce qu'il ne vouloit permettre les vfurpations, & entreprinfcs des Papes, fur
Chapitre. -2. 15.
FEmpire Romain , ni fur le Royaume de Si- cile: Ceftuy-ci s'arma d'vne appellacion au Côciîc, & louftint que le Pape ne le pouuoic excommunier: dont fortirent de trefgrandes contentions, diuiiées en deux faélions 5 afça- uoir Girelphes & Gibelins, Nous auons en- cor vne infinité de miffiues, diàlées parPier- re des Vignes , chancellier dudit Empereur, Pcrr.' de efcrites au non d'iceluy , aux Princes, & Re- publiques de Ton temps, efquelles il fe plaint de Tinfolence de l'Euefque de Rome,& de la turpitude du clergé,qui lors eftoit, tellement que ce trouble dura jufquà la mort dudit Gregoire,& pédant le fiege d'Innocent qua- trième , qui print les erres de Tes predecef- feurs.Enniron Tan i 3 o o. le Pape Boniface huitiéme,enuoya fignifler au Roy de France, Philippe le Bel, par TEueique d'Appamée fon Légat , qu'il euft a Te préparer pour aller outre mer,qui eftoit le plus expediêt moyen, que depuis àcux cents ans au parauat, les Pa- pes auoyêt imaginc,pour le deiïaire des Prin- ces Chrelliens, qui s'oppoioyent à leur inju- rieux eftabiiiTenjent Royal. Le Légat donc, voyât qu'il ne pouuoit obtenir reiponfe à Ton appétit , commença vfer de menaces , diiant, que fi le Roy n'obtcperoit au Pape, il le pri- ueroit de ion Royaume ; dequoy la Majefté
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î6. Chapitre. 2.
juftement indignécjfift détenir prifonnier le- dit Euefque^dôt le Pape plus courroucCidef* pefcha rÀrchediacre de Narbonne, auec let- tres de defFenfes au Roy, d'exiger aucun Tub- cide fur les terres,& reuenus de rEglifejConir me il fouloit faire au parauant,pour fubuenir aux neceiïitez de la guerre qu'il menoit. Ou- tre plus le faint Perc déclara le Royaume dç France,deuolu à l'Eglifejpourla contumace, & defobeifTance du Roy, & pour auoir dete^ nu Ton Legatjle déclarât hérétique, auec tous Tes fauteurs & adhéras, s'il n'obeiflbit prom- ptement,en tout & par tout:& en confequen- ce de ceftc grande cholerc, il publia fa Con-» ftitution extrauagante:Nous auous cncor les redcs de la mifliue de Boniface au Roy de France,de telle teneur. Nous voulons que tu fàches,que au fpirituel,& téporeI,tu es noftrc fujct , qu'à toy n'appartient aucune collation des bénéfices, & prébendes, moins encor les frui6h d'icelles : lelquels fi tu as receus,faits en rel-limtio aux Clers,qui en l'erôt pourueus, &: û tu as côfere quelque Egliiè,nous cafibns les collatiôs par toy faites: ceux qui croiront autreniêi^nousles declarôs herctiques.Don- ne l'an premier de noiire Pontificat. La ref- ponle de Phiippe à fa fainteté fut en ces ter- mç-s^ Philippe par U grâce de Dieu Roy de
Chapitre. î. 17.
France. A Boniface foy difant fouuerain É- ucfquejpeuoupoint de faluc. Sache tatref- grande fatuité,que au temporel nous ne ioin- mes iujets à perionne, & qu'a nous ( comme Roy ) appartient la collation des Egliles , & Prébendes, & que les fruiéUfont à nous,pen^ dant lavaquancedicelles ,que les collations que nous en auons faites , & ferons cy après, font bonnes , & vallables , que nous dépen- drons les podelTions d'icelles virillement,en- uers tous , & contre tous , & ceux qui croi- ront autrement , nous les déclarons fats , & deluoyez.L'Archediacre de Narbonne,por- teiir des lettres du Pape, cita plufieurs Euef- ques, Abbez , Théologiens , & Douleurs en décret, pour fe trouucr à Rome; annulla tous les droits des Rois de France , fur les Eccle- fiaftiques de leur Royaume. Cède rigueur entendue par Philippe, commanda par arreft des Pairs de France , que ces deux AmbalTa- deurs Apo{loIiques,eu{fent fans aucun delay à vuider le Royaume. Toft après, il afieinbla en la ville de Paris vn Côcile,de tous les Pre^- Iats,& Barôs de fa Courône, en prefence del» quels il propofa les injures , &: inlblcnces du Pape,demâda aux Seigneurs Eccleiial-tiques, de qui ils tenoyêt les reu£nus,& fondatiôs de leurs Eglifesjac benefices:aux Nobles & Vaf-
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l8. C H AP î T R E. 2.
faux 5 qui eftoit leur Roy , & feigneur fouue- rain. Sur-quoy tous dVne voix refpondirent, qu'ils recônoiffoyëc tenir de fa Majefté leurs terres^bienSjS: reigneurics,& qu'ils n'efloyéc aucunement fujets duPapeaiiderEglifede Rome. Au moy«i dequoy le Roy interjetta appellation^de Boniface, au Concile gênerai, & ordôna par Edit public furgrofles peines, que nul ne fuft fi hardij de tirer ou trâfporter or,ou argëc de fonRoyaume^pour les affaires de la court Romainc:fi fut la fin telle:,q pour dôpter Parrogancc de ce Pape:,IeRoy defpef- cha 200. homes d*armes, fous la conduite de Sarra Colomnois, Romain, & du Capitaine Nogaret^Gafcô^leiquels au partir deMarfeil- Je allèrent prendre le Pape en fa maifon de Anagnie^au Royaume de Naples>& Têmene- rêt prifonnier, auecques l'aide des GibcUins, à Rome , ou il mourut peu de jours après, tout fon bien & threfor ayât elle pillé, corne dit lean le Maire.Enuirô l'a 1522. Loys Duc de Bauiere, efleu Empereur, cil excômunié, déclaré hérétique, fchifmatique , & rebelle à i'Eglife, par le Pape lean 22. d'autant que ce Prince fouftenoit certains religieux Théolo- giens, & autres, entre lefquels eftoit Thomas VVaIleis,Iacobin,Michel Cefcnus, Guillau- me Okâ,Cordelier,Marcil de Padouc, & leâ
Chapitre. î. ip.
laudun lurifcôrulteSjDurâd de faint Poncin, &: Guillaume Caleth, dodteurs en Décret, qui auoyent eftc condânez par le Pape^com- me hérétiques , pour s'cftre oppofez aux er- reurs , & faulVes doctrines que ce Pape enfci- gnoit, &: vouloir faire prefcher en l'Eglife de Dieuipar l'aduis de laquelle, & des plus gens de bien du cierge , l'Empereur fur tellement: fortifié, qu'il s'oppolliardiment à toutes les entreprinles de ceit Eaefque , publiant par toute la Chreftientc , vne appellation de luy en telle fuftance. Nous Loys Roy des Ro- mains,proporons à rencontre de Iean,Iequel fe dit eftre Pape , que il exécute mal le tclta- mentde lefus Chrift,touchant la paix,laquel- le il trouble en la Chrétienté , & ne luy fou- uient point,que tout l'honeur qu'il à mainte- nant,à efté ofiroyé par iaint Conllâtinjà Syl- ueRre , lors qu'il eftoit encores caché , il eft ingrat enuers l'Empire Romain , duquel il a receu cefte grande magnificence, de laquelle il abufe maintenant. Parquoy pour juger cè- de appellation, fut aiTemblé vn Cocile à Ro- me auquel ( fuyuant l'ancienne couftumedc rEgIire)fut efleu par le peuple & le clergé vn nouucau Pape,Pierre Carbaria, nommé Ni- colas ,cinquiém c, & au melme inftant, le Concile déclara lean , hérétique , Tyran de
20. ' Chapitre. 2. rEgIi{ê,& perturbateur du repos public. Au mefme tcps,ce Pape Iean,efcriuit aux Grecs, bien amplemet,qu'il n'y auoit qu'vne Eglifc, de laquelle il eftoit le Chef, Vicaire de lefus Chrift.Les Grecs luy rei'pondirent en peu de paroIeSjNous croyons fermemet que ta puif- fance eft fort grande , fur tes fujets : nous ne pouuons endurer ton orgueil extreme,ni raf- fafier ton auaxice, le diable foit auec toy,'car Dieu ell auec nous.Par laquelle briefueté,rfs nionftroyent quelle ils eftimoyét la façon de viure du Pape d'alors. Uan mil quatre cen» huit, le vingtneuficme de lullet, le Pape Bc- noift,tre7>ieme , Aragonnois , defpcfcha vne '' Bulle qu'il cnuoya en France :, par laquelle il excommunioit le Roy Charles , fîxiéme , les Princes de fon Ung, & fa Nobleffe, dont ad- uintquc le Roy,par le Confeil de la court de Parlcînent,& de la faculté deTheologie,par arreft donc' en ladite Court, fiil defchircr pu- bliquemêt icelle Bulle,& la juger damnable: 6c depuis ceux qui l'auoyent apportée furent menez en la bafle court du Palais,& là en de» ri(îon,mitrez, & pillorifez, firent amade ho- norabIe,fort ignominieufemêt. Le Pape Pie, deuxième , lohcitàle Roy de France , Loys onzicme,d'abolir la Pragmatique fané'^io, & pour ce faire enuoya Bulle expreflc en Fran-^
C H A !> I T R E. 2, 2Î.
ce: mais leParlement, & rVniuerfité s'oppo- la à ce décret, & appella d'iceluy, au Concile futur; à raifon dequoy, le Pape fut depuis ad- ucrfaire du Roy de France , & print en haine tous ceux qui le fauorifoyent. L'an mil cinq céts & neuf5le Pape Iules,deuxiéme,meilleur gendarme que pafteur,excommunia l'Empe- reur Maxim, le Roy de France, & le Roy de Nauarrc, bilayeul du Roy de Nauarre à pre- fent régnant: lefquels délibérèrent de citer le Pape au Concile qui fut tenu àTours,depuis à Lyon,par après Êit remis à Pire,& à Milan: mais il les donna tous au diablcjô: tint vn Sy- node à Rome , ou il conclud qu'il le dcfFen- droit par les armes, defquelles ledit Seigneur Roy de Nauarre fe refifentit, par ce qu'ayant vn tref-mauuais , & puifTant voifin, ceftuy-ci s'en fçeut leruir à propos , & le failit par for- ce,dudit Royaume deNauarre,lequel les llic- ccfleurs Roys d'Elpaignc,ont vfurpé depuis, par ce faux & damnable titre. L'an mil cinq cents & tréte, les Princes d'Alemagne appel- lerentau Concile futur , de la Bulle du Pape Clement,feptiéme,qui par icelle les auoit dé- clarez hérétiques : La mefme appellation fut reiterce,à VVormeSjl'au mil cinq cents qua- rate,en prcfence de l'Empereur CharleSjCin- quiéme , contre pareille Bulle du Pape Paul,
Î2, V. H A P I T R E. 2.
troifiéme : Icfquellcs appellations fontencor à juger. le laifle Tappel interjette , par leaii furnômé Theuîonicus, Glofateur du décret, & preuoft de TEglife i'aint Eftienne d'Alber- ftardjlcqucl appella au Côcile futur, de Tcxa- étion de certain dirme,quc Clemét , qnatrié- me exigeoit en Alemagne. Enuiron l'an mil deux cents foixante huit , le Pape lean vingt- deuxicme, eflant en confirtoirc en Auignon, condamna la lettre du Chapitre gênerai des frères Mineurs,tenu à Peroufe, contenât que lefus Chrirt & Tes Apoftres,n'auoyét en pro- prejne en cômunjdomination^ ne feigneurie quelconque: 6^' que es choies quMb ont tenu, irauoyent que Tviage, pour la necelfite. De laquelle condamnation du Pape, Michel Ce- fenus, minière gênerai deldits Cordeliers, appella au Concile. Ainfi l'an mil trois cents leptante deux, les Alemans formèrent appcl- ]atio«5Contre la Bulle du Pape Gregoire,on- zic'mc, par laquelle il ordonnoit, que les Ecr clefialliques mettroyêt en fes mainSjladifme du reuenu de leur bien. Le Doéleur Hierof- me Hyembourg , appella enuiron l'an mil quatre cents cinquante cinq , de Texcommu- nicarion jcttce contre luy,par le Pape Pie, fé- cond. Il le tiouue pareillement vne autre ap-. pellationinterjete'e,par rVniuerfite' de Paris,
contre le décret du Pape Léon, dixième^ touchant les modifications, & reftrinclions, faites par fa fainteté,en robferuatiô du Con- cile de Balle. Bref, nous liions es hirtoires^v- ne infînitc de tels remèdes, cotre les décrets. Bulles, & rei'crits des Papes^dont les interef- f€2. ont occafion de fe plaindre.
CHAPITRE. II L
,. Sommaire.
î. lugemens & erreurs des Papes fuiets à correSlion,
2. Plufïeurs Papeifefont accuje\etix mefmes.
5. Ouafion de U purgatwn faite par lefermet des Suef-
ques accufeT^^ en quel cas elle à lieu. 4. Proce^jde depofition & demijjien de dîners Papes.
AVssi véritablement on appelleroit volontiers des décrets & relcrits des Papes,à eux mefme, quand ils y vou- droyêt foigncufeuiêt penler,côme fit Macse- tas , appcllant de Philippe fiirprins & endor- mira Philippe eiueille, & plus confidere'. De ^"M^, faitjil s'eft trouué quelque nombre de Papes, ;^^-^'*'"" craignans Dieu , ou efprins de refpouuante du jugement de leur coniciencCrqui ont con- dâné& recognu leurs propres faits , infâmes & punifTables. Tout ainfi qu'ils ont eftimé leurs jugemens fujetsà reformation,commc
a4« Chapitre, j.
t.qvLod a il eft contenu au décret de Gratian.II ne doit qw.s^.q. ^^^ ^^^^ fafcheux à vos âmes tres-faintes , di- îbit Innocent premier , efcriuant aux Euef- ques de Macedoii^ejfi vos jugemês font quel- ques fois retraélezjd'autant que la vérité fore cgMue.jy.fouuentefpluchée , ett beaucoup plus appa- ^' '■ rente & claire, & la mefchanceté fouuent mi- fe fur le bureau,eft plus griefuemet condatn- néc:car c'eft vn fait celelie, de redrcfort fou- c.rcmenti- "^"^ juftice.Nicolas,prenùcr,rccogncut que «»«.5 j-1-9- la fentence du fiege de Rome , pouuoit eftre changée & mieux ordonnée , puis que faint Paul auoit fait quelque fois,chofc qu'il auoit reprouuée depuis.Marcellin ayant facrifié,& adoré les Idoles, confefia publiquement fon crime, recogneut fa faute , en prefence de cent oélante Euefques , dcffendit par exprès en mourant, que on luy donnafl repu!ture,3 quoy toutesfois l'Eglife ne voulut obtempé- rer. Léon, premier, fut tenté charnellement dVne femme, qui luy baifa la main le jour de Pafques, depuis contrifté de fon péché, fe couppa la main , laquelle Dieu luy reftitua miraculeufemêt. Au dixième Concile de To- lede^Potamius, Euefque de Bracai-e^en pleu- rantj fe côdamna d'eitre poilu de paillardife, à raifon dequoy il fut depofé de Ion Euefché, par ledit Côcile.Nous trouuôs queCregoire
feptiéme
C HÂ I> I T R E J. ' 25,
fcptîéme , eftant malade , & craignant de liiourir , après auoir trouble' la Chreftienté, si mis le feu aux quatre coings du monde, par Tes friuolcs excommunications , jettées contre l'Empereur Henr)% quatriéme,appel- AntJi»^ la vn fien familier amy , Cardinal , auquel il**°^' confefTajà Dieu ,à faint Pierre, & à toute TE- glifc , que par la perfuafion du dyable , il a- uoit elmeu hayne ^ inimitiez , & guerres au monde: liiy commanda de fc tranlportcr de- uers l'Empereur , &: luy crier merci, luy dé- clarant qu'il le dcliuroit de l'excommuni- cation en laquelle il l'auoit détenu. Le Pape leàn, vingt trbifieme:,ayant efté cité au Con- cile de Conftâcejors qu'on liibit les articles de l'accufation , & plainte que l'Eglife faifoit contre luy , recognoifToit vn chacun d'iceux, en fin après auoir foufcrite fa depofitiô pro- pre , diél en s'efcriant , qu'il auoit fait encor vne faute plus grande^que toutes cdles dont il demeuroit , & fe recognoifîbit coulpablc, qui eftoit d'auoir pafle les Alpes, pour venir au Concile.Bref, l'Eglife à prcfque tousjours trouuébonjpour rhonneurde l'ordre ClC" rical, de faire que les Euefques , accufcz, ou diffamez de quelque erreur ^ fiiflent juges de leurs propres aétions: ce qui à efté fîngulie- rement obferué , en faueur de l'Eucfqucdc
E
26. Chapitre.^.
Rome, pour le rcfpe6ldu premier fiegedc, fa Prouince , cnconfideration duquel , on à fort fouuent defiré de la bouche du PapCjla vérité' de fon forfait , remettant fur fon fer- ment , la deffcnfc de fa caufe. Ainfi Bi\ l'Em- pereur Conftantin, au Concile de Niccne, quand on luy prefenta à juger les accufacions de plufieurs Euefques , & Palleurs , aufquels il enjoignit , de s'efprouuer eux mcfmes.Lc femblable auoit efté auparauât gardé, contre le Pape Marcellin , en prefence dVn grand nombre d' Euefques. Ceft exemple fut réitè- re' , en la perfonne de Damafius , accufé d'a- dultere, par Concorde, & Calixte, Dyacres, dont il fuit abfouls , après s*eftre purge' de fâ bouche. Quelque temps après , TEmpereur Valeniinian en fift autant, pour le Pape Six- te, accufé dVn incefte , quand Symmachus fut efleu en la Bafihque de faint leâ de Latran cômpcwn" ^ Romc-.Vn autre , nommé Laurent , le fut tcr.x.q.7. pareillement,en TEglife fainte Marie Majour à raifon dequoy fût tenu vn Côcilc à Rauen- ne , en prefence de Theodoric , Roy des Goths auquel Teledlion dudit Symmachus fut confirmée , & Laurant refcompenfé de TEucfché de Nicerre.Neanmoins la {édition recommença quelques jours après ,pour les crimes, & foutes qu o mettoit fus audit Sym-
Chapitre. 5. 17.
machus , pour le jugement dcfqucls , fut af- iêniblé vn autre Concile à Rome, de cent E- uefqueSjCn prefence dei'quels, il Te purgea de tous les crimes & délits , qu'on luy auoit im- pofezj fi bien qu'il fut derechef approuué de tou'i. La force , & la violance de l'Impératri- ce Theodora, ne permift à VigiliuSjPape, de proteller^sOU recognoiftre la machinationjdc la mortd'AfteriuSjGentil-homme Romain, dont on l'accufoit, à Tiriftigacion de cef-^e le- zabel, qui le vouloit contraindre , à reftituer Anthemias 3 Patriarche de Conliantino- ble , depofé comme hérétique , par fentence d'Agapit,& Sylueri^predeceffeurs dudit Vi- gilius. PelagiuSjpredecefleur de ceftuy-ci,fuc en plus grande liberté , quand après fon ele- dion j il flit accufé publiquement , d'auoir efté la principale caule des maux de Vigilius dont il fe purgea en prefence du Clergé , du peuple ^& de Narfes , Lieutenant de l'Em- pereur Iuftinian,premier,jurant par les iaints Euangiles , qu'il tenoit en fa main > & par la faintc Croix , qu'il toucha , qu'il en eftoit in- nocent.Ilfe peut faire quel'obferuance com-jj*,^!**^^ munè, fur ce faitjdonna l'occafion au Décret qui en fut publié en vn Synode tenu à Rome, du temps de Grégoire le grand , gardé long temps depuis , en la perfonne de Léon , troi-
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r îB. Chapitre.^-
fiéme 5 lequel accufé de plufieurs crimes> di- gnes de mort , en prefence de TEmpereur Charlemagne,du Clcrgé,& du peuple,niôta en la chaire, print les Euâgilcs en fa main^ & Nâiicier. ayant inuoqué le nom de la fainte Trinité, ju- ra & afferma par Ton ferment, qu'il eftoit in- nocent , de tout ce qu'on luy auoit obieélé, parquoyies accufateurs furent condamnez, c'.fèqu"?* P^r rEmpereur^d'auoir le tefte tréchée: mais ^'^' à la requefte de Léon, ils furent bannis feule- ment.Autant en fîft Pafchal^premier du nom accufç d'auoir fait mettre à mort , quelques feruiteurs de Lothaire, premier^qui eftoit ve- nu à Rome, fe faire couronner Roy d'Italie, durant la vie de fon pcre Loys Débonnaire, dcquoy le Pape s'cxcufant j jura en plein. Sy- node, deuant les Légats de l'Empereur, qu'il cfloit innocent y & tift fi bien > que les mcur- dris, furent déclarez criminels de lezc Maje- fté, & comme tels,auoireftc juftcmcnttucr. Ce n'eft pas à dire pourtant , que le Pape foit irrcprehenfible , & ne puifle eftre corri- ge, amendé, ou reformé ^ puis qu'il eft hom- non7o?t"c. ^"C ) ^l' jet à corruption , & desbord comme 4o.diftind- 1^5 autrcsrcar veritablement,les Ordres,Gra- desjou Dignitez, n'approchent pas l'homme de la perfeélion diuine: ains fa vertu, la jufti- ce qui eft en luy , la Nobicfl'e deies mceurs.
Chapitre. ^. ip. pluftoft que la fplendeur de Ton office. Auiîî cefte forme de purgarion , faite par le ier- ment du Pape , & publique aflertion d'iceluy en plein Synode, eft vue forte de deffence,el- puifée, vfitée, & gardée es plus anciennes re- publiques du monde , efquelles reluifoitri- mage de pieté, de juftice ,& douceur, que nous deuons garder, pour euiter les longues conteftations, & procédures, qne les accufa- tions incertaines apportent. Platon en ^cs HJ»-*^^"*** loix, difcourc que le vieil legiflateur Rada-&j&tir. niante, par fcmblable moyen, fe fift ertimerfiinte^^'* cftre Dieu , auquel il renuoy oit le jugement, du différend des hommes, pour le mettre plu(tort à fîn> auec plus de refpeâ: , & moins de paffion corruptible. Il eft donc fans diffi- culté, que tel jurement , ef^oit vne exception ordinaire, publiquement accordée, par l'ar- bitre de l'Eglife, à racculé,comme plus fauo- rable , au cas que les prennes défaillent , ou foyêt difficiles à reprefenter.C'eft la deffenfeHb.î.tio. du vafîal , foupçonné de fcloniiie, enuers fon feigneur, pour la purgation de laquelle, il eft tenu de jurer, qu'il en eft innocent. Les Pa- pes, ou les Euefques , & Preftres , les accufa- tiens defquels , pouuoyent apporter grand dômagc,& trop longfcandalc.en l'Eglife de Dieu, qnt joui de ce niefrae daoit,& ont eftc
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^o. Chapitre. 5. chargez, de tel rcrment,par infinis décrets, & î/.fj"q. Canons, eftablis en diuers Conciles, rappor- s^' tez par Gratian, en Ton liure: Toutcsfois,s*ils
vouloycntfe purger autrement, & prouuer, leur innocence, ils n'en eftoyent pas forclos, ain/î que nous lifons de Léon, quatrième Pa- pe, lequel Ibupçonné pat TEmpereur Loys, deuxième , de quelque forfait , defirant s'en compe'tén- putgcr, declara qu il vouloit que fa Majefte', ici.2.q.7. ^y |-gj Ambaffadeurs, en fiflcnt Tinformatiô, & dpnnaflTent contre luy tel jugement qu'ils verroyent bon eftre. Alexandre , deuxième du nom , accufc d'eftre entre en la papauté, par Symonic , fift fur ce célébrer vn Concile à Mantouë , auquel fe trouua l'Empereur Henry, quatrième, & ledit Alex. Pape,lequel prouua tresbien fon innocence , & furent les chofcs jugées au contentement d Vn chacun. Comme pareillement au contraire , Ci leurs inœurs,& la vie qu'ils demenoyent eftoit no- toirement corrompue , leurs décrets indubi- tablement injuftes, defraifonnables , & con- traires à la pieté, à la juftice diuine,& aux an- ciens Canons de l'Eglifejil ne faut point dou- ter qu'ils nedeulTcut eftre amendez, parle corps & fîcgede TEglifedc Dieu, ou par Si pphni. içy^.^ fuccefïêurs, félon le Décret du Synode tenu à Rome, du temps du Pape Hilairc, ei>
Chapitre. ^. 51.
uiron Tan quatre cens foixante & cinq. Efti- chrou. cnnc PapCjtroifîemedu nom,aflêmbIa vn Concile à Romc,enuiron Tan fept cents foi-Naudcr. xantehuit, auquel fut reuoqué tout ce que Conl^âcin,deuxiénîe, Ton predccefleur auoit ordonne, en dégradant mefme, ceux qui par iceiuy auoyentelté conracrez.Eftienne,{îxie'- me du nom , enuiron Tan huit cents nonante neuf, caffa par ordonnance dVn Concile, les Décrets de Formofus, qui auoit prefidé peu ^^^'^ auparauant,fift tirer du tumbeau le corps d'i- cciuy, le fift veftir dVne robe papale: puis le dcueftit,& reuelHt dVne autre robe laïque: a- près luy fift couper les deux doigts de fa main dextre,& les û(\ jetter dedâs le Tybre,finalc- mêt fift enfeuelir fon corps en ceft habit laï- que.Romanus,fucceffeur d'Eftienne,fut con- Naucicr traire à ceftuy-ci , reftitua & reftablit les or- donnances de Formofus,ca(ra,& annulla cel- les d'Eftiëne. Iean,neufiémc,qui fucceda l'an neuf cents ou enuiron,a{rcmbla vn Côcile de feptate quatre Euerques,en la ville de Rauen- ne,ou il confirma de nouueau les Décrets de FormofuSjCaiTa tout ce q ledit Eftienne,fixié- nic,auoit ordonné,& fift brufler tous les Ca-sigisi>. m nos d*iceluy,en prefence de l'Empereur Loys*" troinéme,é«: des Archeuefques de Frace.Ser- giusjtroficmc du nom/ut de contraire aduis:
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^1. C A H P I T R E, ^.
car il dû. déterrer le corps de Formofus , apr nulla derechef toutes fes ordonnances, & fîft jetter par le bourreau , le corps d'iceluy de* dâs leTybre.Il eft vray que lean le Maire dit, qu'il fut trooué & enfeueli par quelques pef? çheurs. Enuiron l'an mil fcptâte fept,les Pré- lats & Clergé d'Alemagne , s'afTembla en la ville de VVormes,fur le Rhin,du temps que Grégoire , feptiéme , joùoit fes jeux,cootre l'Empereur Hêry quatriéme:En cefte alTem-r blée les Décrets , Sentences , & Jugements dudit Grégoire furent déclarez nuls,injuftcSj & dignes de mocquericifut pareillement def-r fendu de le tenir pour Pape , ou s^adrefler à luy pour chofe que ce fuft.Benoift onzième, ca{ra,& reuoqua la fentence d'excôrnunicati-* on,dônée par Boniface huitiéme,çontre Phi- . lippe le Bel Roy de France.Depuis encor,en plein Concile tenu à Vienne en Dauphiné, par le Pape Clemcnt,cinquiéme,tout le prp- cez, & fulmination dudit Boniface, contre la M^jefté de Philippe de France, furent decla^ rez nuls, & de nulle valeur: fur quoy fût pro- noncée la Dccretale Clcmétine,par laquelle le Roy,& le Royaume de Francc,font décla- rez n'eftre point obligez , ne fujets à l'Eglife Romaine, en vertu de la conflitution dudit Boniface.JNJicolas, quatrième, çôtirma la ici-
Chapitre. ^. ^j,
gle des frères Mineurs , félon l'ordre de famt François, par lequel ils difoyent que lefus Chrilt &fes Apoftres , n'auoyent eu rien en propre,ni en commun : que pour la necefiTité de leur vie; ainfi que nous pouuôs lire en fon Extrauagantc, en laquelle eft faite mention, c.exiît qui de la côfirmation de ladite reigle,parHonor. ^eTbS^ troifiémc.Innocent troifîéme,Gregoire neu? fie'mCj&: dixiéme,au Côcile de Lyô.Et l'Ab- bé d'Vfpergue rapporte, que du temps dudit Innocent , les poures de Lyon furent meikz & côf6dus,auec les Cordeliersrneâmoins de- puis , le Pape lean vingtdeuxiéme déclara la propofition dudit Nicolas^heretiqueideffen- dit aux do6leurs de Droit:,de la glofetjni lire es Vniuerfîtez:ain(î que nous pouuôs fçauoir ?« dJ^Sk par la conftitution qu'il en fift, cotre Michel ^i^. de Cefenusjvliniftre des Cordeliers, qui l'a- uoit approuuce , au chapitre gênerai de Tor- dre. Les proportions que ledit Pape lean vingtdeuxiéme tenoit^touchât les âmes bien- heureures,&: la peine des mefchâs, qu'il pref- choiteftre différées, jufques au jugement du Fils de Dieu: auoyent ef^c blafmées comme hérétiques par le Pape Innocent troifiéme,au MaX.§. liure qu'il a fait du mefpris du mode, & en fa lfj° i^;^ decretale conftitution , efcrite par Grégoire '"^•'^'^• ncufiéme. Benoift douzième, fift vn Décret
54. Chapitre. _j.
qui Ce comcncCyB enedi^ïfu De$iâ:indifm/uif^ par laquelle eft côdamne'c comme hcretioue La doctrine dudit Ican vingtdeuxiéme ion predeceflcur.Le rchirmc,&: le malheur de TE- glife Chreftiéne,fijt Ç\ grand du temps du Pa* pî Vrbain fixiémc, & Clemét cinquiéme,qui furent eileus en mefmcs tempSjlVn à Rome, l'autre en la Pouille : d ou il vint depuis tenir fon fiege en Auignon,qu*ils s'cxcômunioyêt, caflbyent, & reuoquoyent les décrets IVn de rautrc,prononçoyent fentenccs,& jugemens contraires, dont la republique Chrcfticncfut mcrueilleufement troublée, cnuiron quaran- te ans,fi bien qu'on ne fçauoit à quoy s*cn te- nir, lufqucs à ce que l'Eglife y mift la main, au Concile de Confiance , parla depofition, & demiffion de tous ces perturbateurs,ambi« tieiix , qui pour lors eftoyent trois,à ronger, & manger le bien des poures,viuas en Roys, ou Empcrcurs,au lieu ou ils tenoyet leur fie- ge. Et ce malheur auoit eftc fcmé en l'Eglife de Dieu , lors que les Pères s'afTemblercnt à Pife,enuiron Tan mil quatre cents fept,cuidas arracher , &: deftruire les deux monftres,qui lors eftoyent, fçauoir Grégoire douzie'me, à Rome,& Pierre de Luna, autrement Benoift trczie'me,en Auignon : mais ils firent encore pis,ac engendrèrent vnc troificmc beftc , qui
Chapitre. ^. ^5.
fut Alexandre cinquieme,Iequel régna, ( car ainfi faut-il dire tant qu'il plaira à Dieu) vn an, aucc les autres deux,qui ne voulurét aucune- ment lafcher la proye. Et audit Alexadre fùc- ceda lean vingt-troifie'me, qui fc tint à Bolo- gne,cinq ans ou enuiron,durantlefquels l'hi- itoire porte des chofes incroyables de ceft homme,entre autres, & l'vne des plus remar- quables eft que après le deccz d'AlexandreJa mort duquel il auoit machinée,defirât d'eftrc Pape,& craignât que les Cardinaux en efleui^ fcnt vn autre, il entra auec les autres au Con- claue, & commanda qu'on luy baillaft les ha- bits pôtific3ux,afîn qu il defignafî celuy qu'il defîroit eftrePape: defquels s'eftant parc, en prefence de tousjs'cfcriaile fuis Pape moy,Ie luis Paperfî bien qu'il fallut diflimuler cela,& le recônoiftre pour tel qu'il s'eftoit pronôcé luy-mefme. Depuis Grégoire douzie'me,s*e- ttit retiré en la cité d'Arimine, fous la prote- ction deCharles Male-tefte,leâ fift fon habi- tation à Rome,ou il mena guerre à Ladiflaus, Roy de Naples, qui le chaftia merueilleufe- ment, & le côtraignit de fe retirer à Florêcc, depuis à Bologne,en fin à Mantouë, ou eftât, comme il minutoit l'excômunication, & de- pofitiô dudit Ladiflaus, fut cité pour venir au Côcile de Conflâce^afferablépar rauthorité.
^6. Chapitre. ^.
diligence, & commandement de TEmpereur Sigiimond , de la tref-noble maifon de Lux- embourg , Roy de Hongrie , & de Boefîne, audit Concile comparât perfonnellement ce lean vingt troiziefme , & yreceut le juge- ment de la depofition, & condanation. Gré- goire, douzième , n'y voulut pas venir , maiç enuoya feulement procuration expreflcjpour céder & quitter le droit de Ton eleélion , es mains & pouuoir dudit Concile. Pierre de Luna s'en fuit en Arragon, ou il mourut, ob- iimé en Ton ambition,& lors fut efleu par le- dit Concile , Martin çinquie'me de ce nom, auec Décret de TEglife vniuerfelle , que le Concile à puiffance de juger & corriger le Pape, mefme de le depofer ; mais non le Pa» pe,de juger,corriger, ni changer les Décrets dudit Concile. Ce Canon fut depuis exécuté au Concile de Bade , auquel Tan mil quatre cents trente neuf, Eugène quatrième , après auoir efté cite' , non comparant , fut depofc publiquement ,& en fa place fut efleu Ame-, dieu, Duc de Sauoye;lequel après la mort de fa femme, Marguerite de Bourgongne,auoit delaifle le monde, & s*eftoit retiré en vn hct mitage, fur Iç Lac de Lofanne, d'où il fut ap- pelle audit Concile,pour eftre Papç, nonioiç Félix cinquième.
Cr H A P I T R E. ^. ^j.
Ce mefmô droit de corrc6lion,amendemenc $i depofîtion des Papes de Rome^à elté gar- dé de tout temps, en TEglife Chreftiennc. Enuiron Tan quatre cents nonante huir,Sym- cnosfi in- machus fut depofé par vn Synode,tenu à Ro- 1^^^^ me, jufques à ce qu'il fc fiift purgé des cas èc crimes qui luy eftoyent impol'ez. Durant l'Empire de l'Empereur Otho , premier, en- uiron l'an neuf cents cinquante fix, lean dou- zième , fils d'Alberic , Tvn des plus puiffans Romains de ce fiecle , tenant i'Euerché de Rome , auec toute lubricité & paillardife , (î exceffiue, qu'il nourriffoitles paillardes pu- quement auec foy, fcandalifa tellement quel- ques-vns du Clergé,qu'ils efcriuirent à l'Em- pereur, le fuppliant d'auoir pitié & compaf- fîon de ^'Eglife de Chrift î dont le Pape ad- uerti , s'irrita ,de force qu'il R(ï coupperlc nez à vn Cardinal, & le poing à vn autre,par- cequ'ilauoitefcrites les lettrcs.Depuis l'Em- pereur arriué en la cité , admonnefta douce- ment Ican , de corriger fa vie : En fin le voy- ant incorrigible , & qu'il s'en eftoit fijiy en Champagne, ou il fecachoit dans les boïSy auec les loupsiOtho fit afTcmbler vn Concile à Romcauquel le Pape fiift appelle par trois fois,& ne voulant comparoir, fut condamné, & depofé , à caufe de fa mauuaife vie. En Cas
38, Chapitre. ^.
place fut furrogéjLeon huitième , lequel né- anmoins fut chalTé 5 quelque temps après le retour de l'Empereur en Alemagne , par les < partifans dudit lean^qui depuis fut trouue' en ' adultère, & tué en r'celuy. La met des hiftoi- res dit , qu'à l'heure qu'il cognoifloit vne ^ femme charnellement, le dyable fe mift dans fon corps, tellement qu'il mourut miferable. - Boniface , feptiémc , eftant monté au Papat> fut homme de tref mauuaife vie , parquoy voyant que le clergé, ôc le peuple confpiroit contre luy , pilla & defroba fecrettement les plus précieux threfors'de rEgUfe fain6l Pier- re & s'en fuit à Conftantinoble , ou il vendit • le tout: & en Ton abfence , l'Eglife eftant af- femblée , il futdepofc : & en la place , efleu lean quatorze , ou quinzième , qui prefida huit mois , jufques à ce que Boniface , ayant corrompu par fon argent les plusmefchans de Rome, reuint, & vliirpant le fiege,fift cre» uer les yeux au Pape lean , lequel il jetta en prifon, & le fîft mourir de faim; mais peu de jours après il périt aufll foudainement. fon corps fut trainé auec vne corde,attachée à fes pieds , fut percé & effondré de piques , par les Romains,apresluy auoir arraché les yeux. Enuiron l'an mil quarante , régnant TEmpe- reur Henry, troifiémc, le Pape Benoift, ncu-
<^ H A P I T R E. ^, ^p.
fîçme, flitaccufe de grands crimes, pour lef^ quels il fut expulle,& en Ton lieu furroge' Sy- lucftre troifîéme, qui pareillement fut dcpo fé , quarante jours après : d'autant qu'il fuc trouué homme idiot ,& ignorant. Benoift vendit Ton droit à vn , qui depuis fuc nommé Gregoire,fixiéme: De Ibrte qu'en vn mefmc temps , furent à Rome trois Papes , l'vn te- noit Ton ficge à faint Pierre , l'autre à Latran, le troifieme à faintc Marie. Or vn preftrc nommé Gratian,perfuada à ces trois de quit- ter leur papauté, moyennant quelque fomme de deniers : & ftit ledit Gratian furroge en leur place. Sur ces entrefaites , 1 Empereur, Henry, feruiteur de Dieu, & auquel appartc-' noit(comme Roy) d'auoir foin que la vigne de Chrift nefuft arrachée par telles gens, vint à Rome , affembla vn Concile gênerai, auquel furent depofez tous ces Papes , & en leur place fut fubftitué Clément, fécond, qui prefida neuf ou dix mois , jufques à ce qu'il ftjt cmpoifonné,par Damafus ion fucceffeur. Peu d'années après, régnât l'Empereur Hen- ry le quart, enuiron l'an mil cinquante huit, Benoift dixième , fut efleu par les Romains, corrôpus à force d'argent,à raifon dequoy & delà mauuaife vie qu'il mcnoit,fut aflcmblc vn Concile, en vne ville nommée Suui , au-
40. CHAPITRE.^.
quel ledit Benoift ftjt depofé , il s'en fiiit , Se pofa rhabit pontifical , menant depuis vi<r priuée. Grégoire , feptiémc , autrement ap* pelle Hildebrand,homme de la plus mauuai-" le vie qui flit jamaiz, fi nous croyons Bennoj Cardinal de l'Ëglife de Rome : qui eftant dVn mefme temps,! defcritc fa vie,& dit qu*iF fut diffamé de plufieurs crimes exécrables/ entre-autres qu'il auoit jette la fainte Hottié au feu, pour s'enquérir par prfcftige, de quel- que malheur , contre l'Empereur Henry. A- raifon dequoy, & pour diuerfcs autres occa- fions,fut tenu vn Concile à Bre{fe:depuis en- cor vn autre à Majence, par lefquels il fut dé- claré facrilege , forcier , magicien : comme tel fut dépoté, & en fa place futefleu Cle-' ment troifiéme.
CHAPITRE. 4. Sommaire.
X . VEglife à poimoir de corriger & punir les Eue/queS-
mrl-viuansr , ,
2. Suppofttiom des epiflres de quelques anciens Tape^, '
^. VEglife à plus de pouuoir quel' Èuefque. '"^
4, V e gli feeji fans macule & fans tache.
5. Victor premier des Papes qui à entreprins fur les
autres Suefques, €, Les anciens Papes ont recogneu Vauthoritéde l'E-
giifi^
ta mefme
C H A P I r' R B, '/^ 4T.
LA mefmc puifTance à l'Eglifciie Dieu, fur tous les Euefqucs, & Prclats dlccl- - . le, quand ils Te desbordent, fcttans des gons,ou limites de la pieté, & bon e^mple, qu'ils doyuent rendre à leur troupeau. Le Pa- suppi. pe Martin, premier du nom, enuiroh l'an iîx '"'"°"' cets quarâte neuf, enuoya deuers Paul Patri- arche deConftâtinoble,pour le réduire de 16 herefie: mais tats'en faut qu'il s*afftêdaft,que mefme au contraire il moyêna enuers l'Em- •percur Con{Tâtin,petit fils de HeracliUS;, d'é- uoyer les Légats en exil , parquoy le Pape -Martin affembla vn Concile à Rome,de cent cinquâte Euefques: auquel Paul ftit condam- né,& la condamnation d€Pyrrus,Cyrus,Ser» gius,& autres confcrm c'e. En la prouince de NarbonneAt tenu vn Concile, enuiron Tan fix cents cinquante neuf, auquel Théodore, Euefque d'Arles , fut cité , & accufé d'auoir fait en fon Eglife,quelque chofe cotre lesCa- hons,& Décrets Ecclefiafliques.pour raifon dequoy , & parce aufli qu'il ne côparut point audit Concile, fiit fufpendu de fon Euefché jufques au Concile futur. Ces exenhplcs ^ & autres en nombre infini , qui fe trouucnt en i'Hiftoire Ecclefiaftique, confirment le De- cf-et qu'on rapporte du Pape Higinius,qui te- noit le fîege , enuiron Tan cent quarante ^ns,
F
4*. C H A P I T R E. 4.
e-faiHo-^ 2P^^^ ^^^"^ Chrirt/ous l'Empereur A ntonsje ^'i' Débonnaire, par lequel il ordonna , que f^if en tout le pnuilegedc l'Eglile de Rome ^41 cft deft'endu aux Mettapolitains de juger les caulës des Eucfques , finon en la prelence.dc tous ceux de la Prouince, déclarant nul, tout ce qui le feroit autrement , & ccluy qui Tau- roit entr£prins, iujet à corre(iilion. Autant en cft porté par les Décrets, elpuifez des Epi- ftres du Pape Elhénc,premier, & Sixte, deu- xième , qui ad joullent outre-plus , & dcffeiv dent au Synode prouinciaI,de prononcer ju- gemêt cotre l'aculc: ains qu'en iceluy icpuif* le fimplemét inftruire l'acculatiô, pour après rcnuoyer icelle à 1 Eucfque de Rome. Mais pour ne hendiflTjmuler , je croy que lefdites prétendues epiftres de Higinius,& des autres deux, côtenues au premier volume des Con- ayj.&i<;o. cilcs,impnmci. a Cologne, mil cinq c^rs loi- xante (eptjfont faufl'es& fuppoleesrma raifon cft, par ce que je voy que Eufebe, qui viuoit fous Côftantin le Grâd,voifin de ce fiecle,6c qui auec la faueur de Ion maiftre , & la dili- gence (îenne, trouua moyen de fouiller dans toutes les Bibliothèques du monde, n'en fait aucune mention, ores qu'il parle de quelques epiftres de CIement,& de Vi6>or. D'ailleurs Damaiiis,qui cftoit Pape de RomCjlbus Va-
C H A.PrliTTl E. ^, 4^.
leminian, & Va}ens,Empereur^,<:nuiron l'an tfob cents foixantc huit, & à eftétrel-diligçc efcriuain des faits de les predecciTcufô , n*cn parle point:commene fait pas aulTi faint Hie- rofine,fcrupuIcux perquilîteur de Tantiquite. Quoy que ce foit^pour noftre fait, il femble que le Concile de Chalcedoinc, lait décidé, «^cierfcns quand il commande devuider les caufcs&voUm.'c'o- corrc6^iôsdes Euerques,& des Clercs,au Sy.«' •^•^°^- node,parrauthoiité de rEglife.Plus particu- lièrement & mieux au long, e(t contenue ce- fte procédure criminelle, cotre les Euefques & Payeurs , en l'extrait des anciens Décrets, ^^j des Conciles GrecSj& Latins,defcrit au troi- iîéme volume de Cologne.
L'authorité de l'Efcriture fainte, & les rai' fons d'icelle, font notoires & remarquables, pour dire que les precepces,enreignemés,cor reélion, & difcipline du fidèle , foitEuefque, Pape,ou autre quelconque, defpend du juge- ment de r Eglifc de Dieu. L'i\poftre fur ce i,Ccr.f4. propos efcrit , que deux ou trois prophètes parlcntj&queles autres en jugéc,mefme con- tre lopinion , ou volonté de TEuefque , puis que le texte porte , fî quelque choie eft reue- léeàvnautrcquieftaflis, que le premier fe uilc. Partant faint Paul préfère celuy qui eft aflîs à l'Euefqucicar ( dix le texte ) vous poU'
F ij
liez tous prophetizer IVii après Tautre , afin que tous appninnenc,& quetous foycntron- folcz; fi bi«n que voila rÈghte, qui a le juge*
^^^' ''ment de tout , par defliis FEuelqne d'icellÊ, d'autant que lelon la fentence diuinc»ôu il y à deux ou trois affemblez , au nom de Dieu ^1
Mat. 18. ç(^ 3^ milieu d'eux. En vu autre paflagc, lefus Chrift projeta les A polhes,delquels TEgli- fe eiloit lors compofcCjqu'il feroit tousjours en leur compagnie , julqu'à la fin du monde.
Toan.i). Ailleurs il les aifeure , que TEfprit de vérité demeurera auec eux , icra en eux , & qu'il ne
adEphef.j. 1^^ iai(fef3 point orphelim. Voila pourqùoy TApolire eilfcigne , que lefus Chrift à aimé Ton Eglire,& s'elt Uuré Iby-merme pour elle: afin qu'il la fan6lifiart,la purgeaft par le laue- mêt d'eau, par la parole, à ce qu'il fe rede vne Eglifeglorieufe,n ayant point de tache,ni ri- de:ains qu'elle foit faintc, & irrcpreheufible.
î.Cor.n. En vn autre pafiage marque' par S. Auguftin,
bïn.c'o)U|ï. parlant du mariage, elleeft appellce vierge
î^q';'"" chafte,pour eftre prcfentce au Chrift. S: C>
îr.qî'îa P"^"j ^" ^^^^^^ ^"'^^ ^ ^^^^ ^^ ^^ fimplicité des pfaim.yo. Clercs,difcourât de rEglife,dit, l'Efpoufe de lefus Clinrt , ne peut eftrc adultère , elle eft chafte & pudique,gardât la fainteté de fa cou- che, auec toute fidélité. En vn autre traite', le mefrae Doé^eùr difoit ,^que la robbe blache
Chapitre. 4. 45.
deïcfus Chriftjqurparoiiroit furk môtagne, voukiit fignifierion Egliie, fans macule, pu- re & «ctte , dontelk eji nommée par l'Apo- ftréile fiege de vtrité. Au cor,traire,<qui dou- era jamais quVn iiomme, quelque Sacrifica- ieur qu'il Loit , ne puiffç faillir , & trebufcher ipà-pcché? Saint Paul fur ce propos eicriuant aux Hebrieux,leur dit. Tout Sacrificateur le Hebreor.j. pceùd d'entre les homes, & eft conftitué pour les hommes, es choies qui iont enuers Dieu, afiiiquil ofFredoDS & lacrifices, pour les pé- chez^ eftant propre d'auoir competemment ^Itic des ignoranSi&: defaillans: d'autant que iuyimclVne aufTi eft enuirôné d'infirmité. Les Apolires faiioientrEgliie,toutesfois deuar>t la-Rclurredion de Chrifljaplus part d'etre- cux n'entendoit pas quel deuoiteftre le Roy- aume d'iceluy. Saint Pierre,apres auoir receu le iàint Erprit,penloit que les anciennes céré- monies de la Loy eftoyêt necefraire^îjufques à ce qu*il fuft adnvônefté d'êhautjque le Roy- aume de Chrifl n'eftoit pas es ceremonieslu- daïques; ains eh la reuerence & adoration du Dieu viuât. Le me(mcPierre,duquelnos Pa- pes3& Euefqties font héritiers & luccefTeurs, hit reprins par rEglifeypour d'Ire allé deuers îeCentenier Corneilk.Terus Chrift nionftra^^f.,o.,5;: bicn(dit Théophile). qu'il fçauoit que Pierre ^^*
46. Chapitre. 4.
feroit fautc,quand il pria pour luy,& luy,clifti qu'après fa côuerfîonil fortifieroitksaribras.
c.pauiîu 2'. Saint Pagl attcfte , que quand il vit que fàint
^- 7- Pierre ii'ailoic pas de droit pied, il luy refifta en face,& le tança deuant tous:Non pas {dit leCanon)en fachargCjOU en Ton ofïiccymais
^'o dSi""^' ^" ^^ pureté de fa vie. Toutcsfois je pêi'crpisi que ce fut en IVn & en l'autre, ainiî que lions pouuôsapprédre^en Ignatius, Cyprian^Hicf- rofme,& les autres âncicns,qui en parlent.Ic^ -fus Ghrift monftre manifertcraenr, parlants
Luc.12. fes Apoitres, qu'ils pouuoyent eftrc rcprinSj principalement de trois cho{cs,La première; s'ils pecboyentenuers Dieu , pour leur infi- delitc:Iafeconde,s'ils s'ofoycc oublier enuers le troupcaii^duquel ils font chargez-.la trôifié me,s'ils ofïensêt en leur perfonne,en l'exem- ple de leurs mœurs >& au difcours de leur propre vie. Le premier des Euefques de Ro- me,qui ofa entreprendre de pa(ï'er les limites de fon Dioccfe,fut Vi6lor, cnuiron Tan cent nonante&vn , qu'il commanda à toutes les Eglifesjde faire la Pafque au Dimanche, fuy.- uant la quatorzième Lune, du premier mois, excomniunianttous ceux qui ieroyent refra- é^aires :fi bien qu'il excita prefquc vnc guer^ rCjfur cepoin<^>,en l'EglifedeDieu.Au côtrai- le Po]icratcs> & le rette des Euefques d'Aftc
Chapitre. 4. 47.
aflcmblcz, ordonnèrent que ce feroit îe pro- pre jour de laquatorfiéme Lunei&reprirxirét EufcbUb. aigrement par lettres, Vi<^or, de l'on audace. ["l\^l' Metme lrenée,Euel'que de Lyô, (encor qu'il J^*'- "p- trouuaiH bonc ropimon dudit Vidor)le tan- ça rudement: difant que ce n'eftoit pas à luy, de prendre quelque authonté , hors de Ion Eglife. Saint Thomas parlât delà corrudion Thom.4. du Pape, dit, qu'il faut recourir au iuperieur, ^;;|;5*. s*il ie desborde de Ton dcuoir : Or le Supéri- eur c'elifEglife , d'autant qu'iLn'eft que mi- niftrej&'dirpenfateurdu miniltere de Chrift, en iccHe, & que naturelleniêt il eft certain,q celujr qui à la dignité d'ertrcalfis à la table cft plus grand que îe feruiteur qui eft préparé pour foaferuice.'Les Euefqucs & Prélats lot cônre l'yhe des ouailles du troupeau. Voyez, Matth.15. dit l'Elcrjture,je vous enuoye comme brebis au milieu des loups. lia choifi Dauid Ton rer-prai.7Sife uitcur, & l'a prins du parc des ouailles, pour ^^ paiftre Ion peuple Tacob, & Ifrael Ton hérita- ge : car encor que ils foyent les Pafteurs , ce n'eft que pour miniftrerjdifpofer, & môftrer le chemin aux autres,côme le bouc,qui mar- che dcuant le troupeau-.lequel ores qu'il aille le piemier,eft néanmoins iVn de la bergerie. Icfus Chrift eftoit Payeur, Roy des Roys,adGaLi. touteifois il cft né Tous la Loy, & tant qu'il a
F iiij
40- ^ H A P I T îl £. 4. ; T
cfté minjftrant au monde , il s'eft alïujintijà^ .. voulu obeir/ut juge, cominervndçsautfcs:
]^oao 19. g, g protefta dauantage,que le pouuoirrdeçc
Maitb.18. &r^*a«oic eftc donné d'eiîbaut. Ceilpaut/ quoy il naf alâiffé le précepte, que fi le pied,
ludic 20 fi i'^JJ >^^2 main nous fait chopefviHesfaut.
Dcut. 1;. arracher ,! ou couper.î II faut ofter le mal du miliet» d'irracl. Si Grégoire cfcdtiain .h Ikn- uariMS^refpôd à Tobjcclion que les Euefqiies
c.Pauius.2. indihiipliilables de lïbn. temps auoyêtâccoU-
^' ^' ûumcifaire. , iiir (fÊ:propDS de faint Paul^qui deffeudoit aux jéuoes de.rcprendrc /lés anci- etissiDflis il explique (ièfte reigle.Si la faute de TaneieU, n*appottc maijuais exemple aux:au- tre&> par ce qu'il cftefinriih Vous elles le lien des )euiies., Mauxiitloit l'enfant de cent ans, ., Défait; pour monÛrerlkuthorité de i'EgU-
Mâttu.i8. ^^»P^^ deffus le Paûeur^ quel qu'il fbit^ a:egar- .:; '■ dosreftablilTeniétj^telalcorrcéliondtJ.'Gliirc- ftien,, lequel impénitent, & tardif à reçcuoir radmomtion du Payeur , doiteftre tenuoyé àl'EgHfe; comme celle qui y mettra la der- nière main. Saint Grégoire, Pape de Roine,
iiircgiiiio. liQmi-jye de bien,& craignant Dicuvefcriuanc. àJ'Euefque de Conitantinoble,,ambicieuXj8c plein de vice, l'admonnefte modeltement de Ion deuoinpuis luy dit,nous gardos ce que la vérité nous comanda Si ton frère à failli,&Cr
G H A P I T K E. 4. 49.
Partant fi je fuis mefpriré en ma correcSlion, reftera feulement d'appeller l'Eglife , & luy dénoncer ta deteftable vie. Le Pape Nicolas premier^ quoy qu'il fuft grand fauteur de la puifTance de fon fiege, neâmoins pour: mon- ftrerqcr'ileftimoit beaucoup plus rauthorité de l'Eglife que la fienne,efcriuant àLothaire Roy de Lorraine,duquel le pays porte enco-î rc le nom , fils de Loys fécond Empereur, l'admonnei^e fur radultcre qu'il commetoiç auec Hualdrade , qu*il prenne garde à fqy, ô^ qu'il ne le contraigne , à luy faire fon procez par tefmoins: ou, qui plus cfi: , qu'il ne le dé- nonce à fBglife fainte , & que par ce rnbyeÇ, le Roy ne foit tenu de chacun , pour Etfei^- pue'n? que &Piiblicain.C*eft donc(pour faire la fin) '^'^* TEglifepar qui, non feulement le peuptejqûe nousâ^èlions Lay,mais auHi tout Euéfqucy Pape, Pàfteur, & Prélat, peut eftre repfins &^ corrige à qui nous démons toute obeiflancejT^heir.^. & fubje<f^^on , ainfi le déclare le faint Efpri^'*'^ ^*^"* aux Conciles de Conftàfice , & de Bade , de^ claranfheretiquesjtous ceux qui voudroycnt fouflenir le contraire,fi bien que parces Dé- crets , le prétendu Concile de Trente , qui à plus authorifé le Pape que le Concile : c'eft à dire l'Eglife ^ ne peut cftrc autre que héréti- que, "^-■-'fcic"*^.'->^--'--oc^'^ />'."'::'i :;{i::r.O:'
S OMM AI RE.
I. Leim.tuuais Papes ont bUfmé Us hons^<lui ontre--
iùjVDeitUrittion du décret de Symmachus tâmhanU iiù
^'1 i r, n fil* îiJance du Tape. _ -■
^., Explication des motSiTu es picrrCy^c. ■
4. "peclaratwn du Canonde Boniface fécond. Si Tapa:
î ' ^ •' ' 40. dtft.
j, interprétation du. Camn, fi qiùs fuadente 17. ^. I .
^kj'P^er^nce de l'homme jpintuel. & mondain i félon
,^., ,^r^pofireiXor^z,
7, faculté du Canon Beatui.j.q.î.
ÏE iîçay bien que fi Jes Papes,Ies Eucfques & Pafteurs de rEglife jcftoyéc aulfi gens , . de:l>icn que iaind Pierre , nous n'âMfions àdifpiicer certequ(îftion ; rEgUfene feroit p4S aia/i tiouble'ej ni en la confusion, pu de- fprmiité que nous la voyons. Mais d'autant qu'ils font hommcSjlaplus part vains,& quel- quefois indignes ât içîur chargç,ilsont craint nierueilleufement la reformacion , & lé font: voulus tellement eftablir: qu'ils ne fuffçnç fu- jets à re^erche du monde, blafmas ceux d'en- trc-cux qui Tont aimée, qui fc font humiliez, & qui ont voulu borner leurs aélions, fous le jou^de la rcigle Diuine. Le Pape Sauiniaia, homme iufame , 6c abominable , dctefta tel-
Chapitre, ç, 51.
kment tout ce que faint Grégoire, Ton prc- decefleur , auoic Fait , que peu s'en falut qu'il «e bruflaûtous les liuresde .ce grand Do- uleur, Iclqueis il appelloit inftuinénts depii- iîJanimicé >& feruitude enucrs. l'Empereur Maurice , ou ks outres PriuqEJs d'alors^ Ille blafmoit pareillement , de ce qu'il auoit eu &3Dte de fe dire Prince des Euefques , Fa- iseur vniuerieide l'Eglile Chrcftiêne: fi bien qu'ertant adiuonefté de iuyure la libéralité de Grégoire., cnuers les poures , refpondit <^u'il auoit difTipé les biens., & l'authorité dci, njttde* TEglifc, pouracquerir bon bruit,& la faueur^^^- du peuple. Les' Dodcurs Canoniftes blaf- mentmcrueilleufement le Pape Léon quatri- ème, par cequ^ilie iourmitentout, aux loix.cXbea a la police^ au lueemet, & ditcretio de 1 bm- nobis.é?. pereur Loys deuxieime , contre 1 autnonte c^pimiis. duquel , il ne- voulut rien entreprendre , l'ap- ^'''^^^' pellant Ton SeigiKur, & Ton Maiftre. Benno, .en la vie du Pape Grégoire fepticir.e , racon- te que ceftuy-cieftant Dyacre de l'Eglile de Rome, en laquelle il gouuernoit tout , &: ne fc faiibit rien deuant Ion Pontihvat , que par Ton confeil, ôiàfa volontc: cchquclques-vns ont efcrit ,qi.Hl y eut fix Papes , & plus, em-rBakui. poifonneZjpourluy faire la voye. ElHc donc en tel crédit à Rome, il fut aduerti que le Pa-
5'2. C HA PT I RE. 5^'
fve^'Akxandre denxiéme,hoqifriexlafrcz doié c*e conuerfation^ ^ aaoit dit ipubliquemcnfc, qu il ne vouldit point eftrc P^ape:,fans le ban pl^fir de rEmperêur , auquel- appartient ât fôut droit , le Décret de la confirmation dfe Pëuefque de Ronîè,duquel TEmpire n*eft6it Sflôrs cncores defpouillé ,parles-.rpenées des Paj>es: Poiir lequel propos , comme pufil- îh'riime, & indigne de la Pontificale majcftë, Grégoire alla trôuuer Alexandre au reuefti»- iitc de rEglifêjtbrtât de roflice,le defpôuii.
^- i|a de fcs Habib Pontificaux, ôf le bâtit » tello- ' ?îieht qu'irfup ^ircique laiffe moït iur laplaidd iVjcon^ttent après luyorti l'adminiftraticai deà biens d^ fa|nft Pierre , le mii^ en prilbn^
"■ ;;_ ne luy donnant que cinq folz par jour , pour ,' te nourrir ,-&aîtifi4e fift :0[iou«fr miferable,.
'/ • .' Paul deuxiélîic, vraye Idole dfe lupitcr, felott "que Platine Ie-dërcric,pftréd'e(carboucles, diamans, & autres pierres prfiicicxiks,hai{ïbip inortellement; Pie Tecoiit Ion predeceCleur^ plus eucor les efcrits décrets & faits d'iceluy^ par ce qu'il difoit qu'au parauaut que Pie fu&. Pape ilauoit trop efcrit , contre Tauthorite du fîege Rôlrtain. Voila pourqiroy les Papes; p?us affectionnez à la granc^ÙF4ifmoniie,& qui ont voulu moins retenil-dela fuccefiTion defaindt Pierre /ont fait dcfc iDecrcts trç6-
C H A P I T ,R ,E. 5. ^^,
inconfiidcpezvpGUr s'cxempcer de toute eor- reétion, & dujugement de T Egliiè. Le Pape Symmachus» qui tenoit le fiege enuiron Taûpl^'^^' cinq cents deux, fous l'Empereur Anaftafe, à déclare lur ce propos,Que Dieu auoit voulu que les plaintes du refte des hommes tuiient jugées par les hommes, & qu'il auoit relerué àloyle jugement de l'Euerquede Rome: qu'il anoit voulu que les luccefTeurs de faint Pierre, deuflTent feulement leur innocence au ciel, & que leur confcience fut efpluchée,par ce tref-fubtil rechercheur. Ne pcnfez point (dit-il) que les âmes que Dieu àreferuéesà fon examen,nefoyent en quelque crainte:,car deuant luy,raccufé n'a point d'cxcufe,ni d'exceptionrvcu qu'il débat deuant celuy qui e(l le tefmoin , & juge de la caufe. Mais peut eftre quelqu'vn dira,que toutes les âmes font en pareille condition , le repliqueray qu'il à efté dit à vn, Tu es pierre , & fur celle pierre j'edifieray mon Eghfc: Tout ce que tu lieras fur terre îeta lie au ciel. D'ailleurs , il appert que par la voix des faints Pontifes, la dignité de ce fiege à efté vénérable , en la terre vni- ueriêlle, puis que tous les fidèles luy ont efté aiTujettis, & qu'il à efté defigné chef de tout le corps , diceluy femble que le Prophète parle, fi ceftuy-ci eft humilié à qui vous reti-
54* C H A P I T R E.r 5.
^cMiT^' ^^^^ z-vous, & à qui laifTcrez-vous voftre glo-î rePOr'eXaminôs premieren-jcnt par qui à efté compoféce Décret : c'etîoic donc Symma^ chus, equcl peu après Ton eledtioiij fut accufc de plulîeurs crimes.,ords & Taies, à raifon de- quoy, fut premièrement eflcu contre luy , vn Laurent: néanmoins depuis, le Pape l'appaifa &le recompençade rEuefcIiéde Niterre. Mais enuiron quatre ans après , la niel'me ac- cufation fut rcnouuellc'c, & fortifiée parle peuple, &: le ClcrgeVfi bien quel^ Roy Thc- odoric, enuoya Pierre AlrinjEuefque de Ra- uenne,poureftrc Pape , mais Symmachus fçeutfî bien jouer fon perfonnage , qu'il fut confirmé de nouucau , non toutesfois fans grandes feditions , & mcurdres en la vilJc, dont il print occa(îon de publier cefl injuftc Décret > pour faire peur aux jRomains. Aufîi certainement j'efperejque les plus pafTîonnez ne nieront jamais,qu'il ne foit rempli d'igno- rante témérité : Premièrement, en ce que il contient , que Dieu à voulu que les fuccef- feurs de faint Pierre, dcuflTent feulement ren- dre leur innocence au ciel, comme s'ilvou- loit dire que le peuple n'auoit aucun inrerclt, quand les Papes ne garderoyent pas rinnocencccnuers le troupeau de Chrift: au- quel ils n*en font pas obligez,à ce conte,mai$
Chapitre. -5. 55.
fculcmcnc à Dieu , qui cli vn propos du tout coxuratre à roy-melme de dire quVn homme foit âlircint d cure innocent deuant DieUj& qu'il n'en doyue rieii à Ion prochain. Car il n'y à point de doute , que iî j*offence mon frcre je pèche contre Dieu , qui nous à com- mâdé d'aimer noftrc prochain comme nous melmes : de forte que quiconque dit, qu'il craint Dieu,& hait Ton prcchain,il eft méteur i.ioan4. Secondement , ce Canon porte que lefus Chritt pailoit à vn ieiil , fçauoir à Pierre, quand il difoit, Tu es pierre, &c. Surquoy ce Pape le irouue de contraire aduis,à iainc Cy- prian , & faint Augut^in , le premier defquels efcrit notamment , que lefus Chrift parloit à toute Ton Eglifcj & à tous les fidèles qui pcu- uent eftre appeliez pierres , s'ils ont la vraye Foy;& qu'il commença parvn feulement, pour monftrer l'vnité de fon Eglife.Au refte que tous les Apoftres cftoyent efgaux, & pa- reils à fainr Pierre. Ce font les mots du texte L'autre difoit,Tout ce que tu lieras fur terre, l'.^.aT!^' fera pareillement lié aux cieux. Si cela eftoit f/J^^^' prononcé feulement pour faint Pierre , ce ^""pi^^^-'^î^^ n'eft pas l'Eghfe qui le fait. Or fi c'eft en TE- glife , tout ce qui eft lié en terre eft lié au ciel, & ce qui eft deflié en terre , eft de- flié au ciel; car quand i'Eglife excommunie
cap 12.
5^. G HA P I.T R€.M Ç
en terre, rexcommunié cft lié au ciel: quand elle reconcilie, le reconcilie eft pareillement deflié. Partant fi cela fe fait en rEglirc,lc nom de Pierre dcnotoit le corps d'icclle: tel- lement (dit le texte ) qu'en la perfonne de qne.iT^i. Pierre, iont entendus tous les bons, tout ain- ^So.ad. fî qu en la perlbnne de ludas , font marquez tous les melchans. Il eft fort vray-femblable aufïi, que lors que Symmachus eut publie ce Decretjquelquesanciésde l'Eglifes'en fcan- dalizerent, comme s*ileuft voulu donner en- tier priuilege aux Papes , d'offenfer Dieu , a- iiec impunité , dont il fut , peut-eftre efmeu à faire vn autre Canon,au(ïi peruers que le pré- cèdent. Nous ne voulons pas juger , dit le S. Pere(comme vous penfez ) que faint Pierre euft receu du Seigneur , auec le priuilege du fiege, toute licence de pechcncar il à enuoyc à fes fuccefifeurs , auec fon héritage , le don perpétuel de l'innocence de fes mérites , ce qu'il auoit par la lumière de fes œuures :les autres font illuminez par la fpicndeur de pa- reille conuerfationxar qui doutera de la fain- tetédeceluy qui eft edeuéenfi grande di- gnité : auquel fi les mérites de fes bien-faits défaillent, fuftiront les bonnes œuures du predecefteur,de ce lieu,auquel ou feront alTis de gens de bien , ou les autres feront fanéli-
fiez
C; H A P I T R ï. 5. 57,
fieZjpiar le me ri ce du fiege. Ce peuc-iLtrcu- uer choie de plus dangereufe licence , que ce Canon?Preniicrement, de dire que la faince- te ou prcud'hommie de i'aint Pkrre , puifie excufer le Pape , àts vnces & conupcions de fa pcrronne,comme Ci les Pharifiens efooyenc plus excufablesjdeuanc Dieu, pour cfire aiïis fur la chaire de Moyfe.P'abondantjSymma- chus déclare en ce Décret , que la dignité du fiege rend l'Eueique plus rcconimandable. Saint Grégoire n'eiiok pas demcrmcopi- i:ion.Nous(dit le texte)qui fommes Prélats, ^'"n°Ja1"ï^ ne femmes point recogneus par la dignité "•.4^- du lieu , ou de Tordre que nous auons : mais par la nobleife de nos mœurs, pluftoftque par la dignité de la ville. Cela difoit cebon père , contre lean, Euefque de Conftantino- ble :, qui à caufe du iîege de l'Empire,, qui e- ftoit en la nouuelle Rome ^ vouloit pareille- mcnt,tenir le premier rang en rEgliiêCbre- ttiennc. : : . r .
Le fécond Décret que nous lifons, pour exempter le Pape de corred^ion , & d'amen- dement cft, de Bonitace, deuxième, enuiron l'an cinq cents trente quatre , fousFEmpe- reurluftinian, premier. Ceftuy-ci fut efleu auecques grande difl'encion,car quelques-vns auoyct nommé D-iofcorus,lequel mourut vn
G
5»» V^ H A T I T R E. 5:
mois apres:& ainfi finit la contention. Bptn^. face le fouuenant du trouble qu'il auoitre*; ccu en fa promotion , pout le finiftrejuge» ment que quelques-vns faifoyent de luy , or- donna le D.ecret,par lequel il dit,que H le pa- pe eft trouué négligent de Ton faliit, & de ce- luy de Ton prochain , remis en Tes aérions, ne faifant rien qui vaille,, conduifant mal par ce moyen un nombre infini de peuple , il Faut fçauoir qu'il fera frappé de la punitiô eternel- lG,partant perfonne ne doit entrcprêdre de le jugencar puis qu'il juge tout le monde, il ne pent eftre condamné , s'il ne Te defuoye de la foy.'pour le falut duqucljl'vniuerfité des fidè- les prie, d'autant plus inftamment, qu'il fçait que fon bien après Dieu , defpend de luy. le ne me puis aflez cfmerueillerjqu'ils fc foyent trouue:^ des hommes,fi audacieux, de publi- er tels edits:Il dit en ce Canion, que le Pape ne doit eftre jugé, par ce que s'il fait mal. Dieu le punira. Mais je demanderois.volon- tiers à ce legiflateur, Ci Dieu ne condamnera pomt les paillards, blarphemateurs , hcriti- ques,& autres mal viuans^qu'il a menacez de la mort éternelle, eft-ce à dire pourtant, que la juftice terreftre,que la police humainejque le Magistrat n'en doyuc faire la vengeance? Cescxcmptions leroyent trop dangercnics.
.G H A P I T R ^ . 5i 59.
par Icfquelles les merchans ne craindrôyent pasbeauconpà malfaire. D'ailleurs le Ca-^ ^ ^^ non de Bonifacc porte , que le Pape ne doici'egib. eftre jugé , parce qu'il juge tout le monde: mais ce n'eft pas confequence fort nccelTaire ca^- 1. 25. pour fonder vn tel priuilege. Qui cômande '^' '' au Magiftrat? ( difoit Crifippe) la Loy , qui eft la Royne dominante iur toute gcnt.Ora- dam.c. om- tian, Archite(5lc du Décret, à laifle par eicrit "J.^'T.*^ 'que personne n el^ tant oblige de garder les Canons, que l'Aportolique , ain(i eft appelle lePape. Vrbain, premier, &: MarceLparlant des loix des Papes, difent que le Pontife Ro- main , au prix de fa vie , & de fon fang, eft obligé de confirmer la Loy, Ceft at- fez quand au Canon de Boniface , qu'il reco- gttoift incontinent la faute^ quand il excepte, (île Pape fe defuoyoit de la foy: car je di,quc k mefchantje peruers/candaleux,mal viuât, & malfailanc , eft defuoyé de la foy : par ce qii' iLeft certain>quc quicôque croit en Dieu, garde fes cômandemens, aulTi certainemét le plus grâdtefmoignage de l'infidélité de l'ho- me , c'eft de le vcoir con^blé au bourbier de tout vice. Samuel difoit à Saul , que.Ia.tranf- ^ g^^^^ grefïîon eft idolatrie.Saint Grégoire rappor-jjf^;!"' ^^■ tant cepaflage , appelle la defobeifiance aux Loix & Décrets, pure & vrayeinficclité. Il
G ij
^O. G A H P T T K E. f,
femblèque Icb Papes , ayent fait )iigerceftc quelHon à faint Clcnienc , quant il parle des Eutfquesiaurquelsil deffend par expreb, loy- entà caule deTantiquité , ou pour leur gran- dcuTjde melprifer les correôhôs, & rcfornia- rionsj que les plus petis reprelentent,au ialuc de rEgiire:car(dit le texte)Quiconque vit en rebeîlion , & refule d'apprciuire à bi«n faire, eft plultod membre du diable, que de Dieu, fe montrant plus infidelc,quc tidcle.Le tioi- iîcnie Décret qui porte , le plain pouuoir,& puiflartcè du Pape,ett d'Innocent,deuxiéme, enuiron Tan mil cent treiKe,par lequel il dcf- fend àtoutepcrlonne , de dilputcr du juge- mêt du fouuerain Eue{que,ce que les flateurs jnterpretentjde la iei>tcnGc,&:dccrctd'iceJuy: mais je veux qu'ilblçachcnt qu'en ce paflagc, le Pape parle5& tout Ton difcours appartient, à ce qu'il ne Toit pas loifible^ de reuoqucren doute Ttlcèlion d'iceluy , ayât elic ibleinnel-. i.qiiidam. ^^'"^^^''^^ nppronucc:qu'il toit ainfî,il allègue la ft.dercjud jentécc de noftrc loy ciuile, par laquelle c'eft. lacrilegedc difpurer delà dignité, delà pcr- lonne de celuy , duquel le Prince aura fait chois:remblabltmét(dit le Canon)il e(i trcl^ inal l'cantjde mefdire du jugement^qui a efté prononce de la prefonne de rEuefque.Lr>£- cafion de ce Décret fut , d'autant que contrd
C H A P I T R E. ^. 6l.
la promotion d'Innocent,fur e(]eu& norr,mé vn autre Papc,nomn>c Pierre Leon,autremêt Anacletus y par ainfî y eut grand Ichifme en TEgliiê de Ronie,engédré d'autant que ledit Innocent , voulut, incontinent après Ion cle- éliô, entamer la guerre cotre Roger le Nor- mand , qui tenoit la Sicile , &: premier fe dift Roy de Naples:contre lequel alla le Pape, & y fut prins en bataille rengcc, tant ce Pafteur
, cftoit vaillant gendarme. Bref, pendant ces troublés , il fil? le Canon dont nous parlons, touchât le jugement du Pape: mais il ne $'en- iiiit pas , que quelque bien efieu qu'il (oit , il ne puiiTe chopper, ou faire faute , & qu'en ce cas on ne puifle juger de Iny , le corriger, & modérer fes affeélios. La quatrième aurhon- té dont ils fe feruêc,eîl pri nfe de l'Epiftre De-
" cret3le,queBoniface huitième fifl- , lors qu'il excommunia le Roy de France , Philippe le Belien laquelle ce père faint dit,que fi la puif- fance terreftre s'oublie de fon deuoir , c'eit à Tauthoritc fpirituclle de le corriger,punir,iu- ger, & ramener au bon chennnrmais fi par le côtraire,Î3pni{râce fpirituelle fe trôpe,6:chop pe, c'eiîau fcul Dieu de la juger, tefmoin TA- J-Cor.î po(he qui dit, Spiritualu homojudtcat omniit, est ipfe aut? a nrmtne j^diattur: c'ert à dircvclô le " fcns de Boniface.^L'hôme fpirituel juge tout,^'^^-
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nem (knifta cnuiorur.
62. C H A P I T n E. 5^.
mais il n'eft jugé de perfonne.ô mauuais Bo- niface j vray faulTaire , & impofteui ! Il faut que chacun fâche , qu'en tout ce chapitre du- quel ce malin efprit fe veut leruir , l'Apoftre met feulement la différence qu'il y a entre rhoninie qui à l'Efprit de Dieu , & l'homme charnel ou humain.Le premier fçaitjCÔnoid, &: entend ce qui eft de Dieu:rautre non. De fait, k mot Grcc,qui eft traduit en Latin ffi- dicat figniRt proprement,fonde, & pénètre.- c'efl: à dire,entend à cognoi{rance,&difcerne, & il n'eft cogneu de perfonnc du môde.C'cft or.:, pourquoy l'Apoftre dit quand & quand , Or •^^- auons^nousreccu,nonpasrelpritdecemon- de,ains Tefprit qui eft de Dieurafin que nous cognoiftions les chofts qui nous font dônees d'en hautjlefquelles aufti nous annoriçôs,&c. Voila le fens de ce paftage , malicieufement expliqué par ccft home, qui n'aiioit garde de l'entendre, puis qu'il n'auoit point l'elprit de Ditu en foy.Si bien qu'il appert^qu'en ce lieu de S. Paul^n'eft parlé,ne pres,ne loin de l'au- thorité des Clers^ou Laysrains de la cognoif- fincc de DicUjparfonfaintEfprit.Le dernier ^^^ ^ eft vn Canô faux,extraît d'vne epiftre fuppo- r-vo-fce de faint Clément Pape,à faint Iaqucs,fre- J'^' re du Seigneur,Ewclque de lerufalemjpar le- quel en fomme eit porté, que faint Pierre ne
C H-A P I T RE. 5- 6^.
vouloit pas que les^ adultères , & criminels, fulfët receus ^ccufateurâ dequelqu'vn>moii-« encor les infâmes, lefquels les Primatsfdit le texte)& les loix temporelles,iV ont jmpats ad- mis. Il tiouuoit bonauiTi que les loix ne fuf- fent receuables, pour acçufer les Cidres, > par ce que ceux-ci eftoyent leurs fuperieurs^ & leur vie plus mémorable , ôc moins fijijetteà lopprobrc du monde. 0r il n'eft pas'raifon- nable , que les pctis.a^xufent les pjlys grands* Il faudroit faire vn commétaire exprès, pour remarquer les fuppofitiôiys, contermes en ce Canon. Premièrement , il ert fans doute que Clément, Euefque de Rome, n'auoitijue fai- re d'inftruire faint ïacques Apoftre , compa- gnon de faint Pierre, delà doéUine d'iceluy, en laquelle il cO trop plus fçauant que faint Clen>ent. Secondement, ils veulentquefaint Pierre ait dit, ce , à quoy il n à jamais penfé: car au contraire il efloit plein dobeiflance, de fubjeeliô,& félon làfignification du nom Simon, qu'il portoir,& fignifie Obeiflant,fa doarine eftoit auffi femblable. Soyez fujets à tout ordre humain (dit-il) pour l'amour de Dieu, foit au Roy, comme fuperieur, &c. Il lefouuenojtde l'mftruâion de fonmaiftre, qui luy auoit prédit , que les I^oys de la terre domineroyent flir eux, ^ les jugeroyent, ^u
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^4- C H Aï» t T R Ei 5.
tendartfe qu'ils fuflferitafïis auec luy >, pour ju- ger tout le monde.- D^uantage lis font men- tiorr dés Primats dferÉgîife, en ce Canon de Clememt,qui tenoiik (îege de Rome, ielon rhiftoifb EccIefîaBique , peu après le decez dq faifit Pierre, cobien qu il n'y en euft point alorsi& que la Primauté ait efté plantée,plus décrois cents ans après lefus Chrift, ielon raii1t:Hierorme,& Dàmafe.Mais quoy?Vou- iez-vûtts iplùs grande fàtïiTeté 5 que dire auda- cicdlehiènc que liint'Gkment , Euerquede Rome i fucceffeurdé fàiut Pierre , a efcrirà fainC' laques le Mineur, Eucfque de lerufa-" Jem, 'lequel ertoitm^h huit ans pluftoft que faint PîertePSi nous ciroyôs Eurebe,quineus Earcb.iii>. enlèighb que ce îacqae^flit lapide, l'an loi- H. xante tfoi-î de lerus» Chrift . le feptiéme de Néron , & Pierre l'an feptante , le quatorziè- me dudit Néron. • ,. - ....
CH AlPLtR E. Vr.
Sommaire. i;rj .'■
I. Comment te Tape eft T)ien au Roy.
z. fefusChi/i ejlleChef&refpoiixdel'iglife.tant
f militante que triompbame, ^. Le premier Tape quis'appeUa Seruiteur des Smà-
tCHrs, 4. JMalue du Pû^fe Alcxad/e troifiême^poiir defcharçcr
. le Roy de France^philippe Aniujie de fa promejfe.
C H A P I T R E. 6. ^5.
QVand les authoritez leur man- quent , ils ont recv-îurs à la luperfti- rion, jettâs la poudre aux yeux des ■Princes ,'pour retenir leur bras , & retirer le glaiue , que leur Ma]elk' porte de par Dieu, par lequel ils peuuent eftrc juftement cha- •itiez, & contraints de regagner le droit che-^^^^.^^^ min: pour ce donc ils Te font appeliez Dieux demer.;?^. & par cefte occahon , puis que Dieu ne peut eftre juge'- des hommes, ils ne le leronr point Cert la doniequéce que fait le Pape Nicolas, premier. En vn autre Canon,le mefme,efcri- uant à i-Empereur Loys deuxième , fils de Lothaire, premier, admonnelk ce Prince, que puis que les Euefques font les pères des c.inrcripcu- aniesjs'iladuient qu'ils faccnt quelque faute, "'•^^- ^• il la doit dift^imuler,& faire comme les en- fans de Noé, honteux de voir leur père à àcC- couuert. En autres lieux , ils font appeliez Roys, & comme telz doyuent commander à rvniuers : non pas eflre commandez , c que c'ert grand malheur, que les noms, les appel- lations, les vocables, qui ont efte' donnez , & prins à bonne part,font maintenât expliquez à deteftable,& maudite Tcandalel Pvegavdons comme faint Grégoire le fert de ce nom de D I Ev, pour feulement dire,&fignifier que les Euefques , ^ Padeurs doyuent garder la
66. Chapitre. 6,
fcienceiç'eft à dire , la juftiçe, laquelle ett cficerdo. propres particulière à Dieu, qui elt trcf- dbusn.q jufle: voire la meime juftice, Cen'ei^donc pas pour s'exempter d*eftre repfms : car au 1 contraire , interprétant ce^e tant excellente domination , il efcrit à l'Empereur M^iurice, lequel il appelle Ton Seigneur^le fuppliant de dominer , & feigneurier fur ks Ecclefiafti- .ques,auec modération, & ne s'indigner con- tre-eux, (ans lujet, ôc fans le refpedl qu'il doit z çel} ordre laint: car ( dit ce bpn Dofeur) i'Eicriture diuine leur à fait ce(i honneur de les appeller Dieux , ou Anges : & vous-mcfr }VQs, Sire, les auez beaucoup chéris. Simple^ nient il prie l'Empereur , non pas de les ex- empter de fa jurifdiéHon , mais d'y procéder auec requitéjmodeftiCja^ rèuerence que l'or- dre de Preftrife,trer-grâd, & tref-honorable. mente. Remémorant le dire de l'Apoftrc, qui admonncfte les mai{tres,de faire droit & çquité à leurs fcruiteurs rfachans qu'ils ont aufîïvn maiftre,& vn feigncur au Ciel. Se fouuenans de ce que difoit Menander, que la modeiiie eft leprôpruaire de vertu ; laquelle Euripide nomme , le plus beau des dons de Dieu. Nous fçauons pour condufion , que tous les Chrei^iens, qui vinrent en la grâce ^ de Dieu, feront à jamais honorez,du titre de
G H A P I T R H. 6. 6j.
Dieuiàrimage duquel, ils ont efté formez, non pas le Pape leulemem j^Saint Hicrofmc parlant du nom de Roy:duqueI les Euefques, & Pafteurs dcrEglilc fefont efleue2:,môftre tout à fait que ce nd\ pour eftre couronnez d Vne triple couronne , ou pour eftre mitrez, deDiamans. Saphirs , Efmeraudes, Chrifo- lires , lafpcs , & autres pierres precieufes de grand prix : comme faifoitPaul , deuxième, .qui orne' detels fatrats ', fe promenoir en pu- blic , auec vne apparence magnifique , défi- rant eftre veu, & adore dVn chacun. Ce n'cft pas auiïi pour rang,& prefeance , qu'ils por- tent le' titre de Rois:mais(dit le texte)ils font '^fl'^f^'- Rois y c'eft à dire. Hs gouucrnent , & foy- nierme,& les autres, en toute vertu , & preu- d'hommie,(i biê que par ce moyen,ils ont le Royaume de Dieu , ce qui eft fignifié par la marque d'vne Couronne qu'ils portent en la tefteilaquelle ils ont depuis le fondement de TEglifc de Rome,en figne du Royaume qu'- ils attendent en lefus Chriftiaulfi le razement d'iceDe.denote la demiftîon de toutes chofes temporelles^ carils doyuent auoirtouten commun, fans rien garder en particulier/e contentans de la vie & du veftement. Voila Texplicatiô du Royaum.e du Pape, extrait de ce j^rand Doéleur faint Hierofme , efcriuant
68. C H A P I T R .E^ 6^
, à vn fîen Lcuite , fur quoy TcfFeâ: à nionftfé quele Pape dcfiie par ce nonijClhe celuy fui lequel on jette les yeux, comme l'AthlaSjCo. lonme du Ciel,fuyuanc l'ancien diftique,qui porte,
. ' NcclJepis es^nec ho^m^^f^a/inenter tnter v-
II appelle les Rois & Princes Tes enfans,com- me. celuy auquelorî.deyrt auoir,toute fiance, ^ e.rpojr de tout]?iê;eiKores que ce ibit con- Màtth.2;. ^^^ l'exprès conin>aiîdcniéç de Dieu,qui def- ftnd d'appeller «nc^Ae fignific^tioa:, aucun iurtçrre, noftne'pertj^jcai: nouts eoaiidns vn .kUl,à {çauoir celuy qwieft es cieu^.Nous fça M9as que le npn) de:pere,en autre lenSjeA vu nom doux & gracieux , pour fc regard de la rcl^ai-r, pudc l'erpritimais les cireonftances inonllreiu aHez qu'il ne le prend pas ainfi.Or quel qu'il ioit, ores que. Tes enfans , puis qu'il ies.eiîji-ne tels ,ne le pui{ïent corriger, & re- prendre particulièrement, & vnavmnean- inoins lEglife^qui e(t vn corp>,grand,net, & lans macule,lefera:elle !e clialliera,punira,& contraindra de faux Ton deuoir,autrcmcnt il leroit fcmblabic au charretier qui verfe la charrue: il leroit la colomne ton^bce, qui ne rouillent plus k baflimcnt, Parquoy Dieu
Chapitre 6. 69,
quieft le niaflbn tref-excellenc, pour la lepa- rer,rc Tert & illumine Ton Eglifc^pour appor- ter la diligence neceffaire a la refornuation des abus , trop grands , ôc fcandaléux, contre rhonoeur de Chrift.
le ne dy pas comme font les flateurs des Papes, que le corps d'iceluy paitcrrercn- «erslby, mais-non en Ton ofHcccar véritable- ment (î la charge du Pape parloit,& Falloir fa fiindioi) elle mefgie , le lerois d'accord aucc eux,& rccognoiitrois la dignité partorale, belle,grande,rare, excellente, & diurne, telle qu'ell celle de tous les Euefqucsjgés de bien, éc craignis Dieu:mais puis que c'elt vn hom- me qui la fait, il faut confefler qu'il eft iujet à tout erreur. Ceux qui remarquent en luy ces Efau. deux diuerfes qualitez, en l'vne delquelles ilsi le recognoiflfent pecheur,en l'autre ils le font parfait, & fans otfenfe , font autant pour fa faintete', que s'ils le comparoyenc à Lucifer, exalte' par defl'us les nuées , & au mefme in- ftant abbaifle au profond des enfers: 0[i> à ce grand Roy Anrioche , qui commandoit à la mer,cncor que les vers lortiilét de ion corps. Certainement (î les Papes , & nosEucfques, cuiTenttousjours demeuré iur la montagne, comme Moylé, & ne fuHent defcendus auee Aaron,pour fabriquer le Veau d'or,Dieu fuft
70. C H A T» I T R E. 6. \
demeuré auec eux , leurs aélions eulTent efté \ bénites, TEglife faiiitc euft efté mieux leruie, puis qu'ils fontlesminiftres de lelus Chrift en icellc.Le Pape/difent nos ôateurs)eft Vi- Caire de lefusChriftjefpoux de FEglilë,Pape, fouuerain Euefque , Prince des autres , mai- ftre& Seigneur de tout le monde.Ce font les epithetes que ce font donnez, Innocent troi- fime , Bonifacë huitième. Clément cinquié- i me , & plufîeurs autres: mcime aujourd'huy Sixte cinquiéme;,au refcrit qu'il a publié con- tre le Roy deNauarre,& môieigneur le Prin- ce de Condé,Par confequent ils trouueroyét mauuais que la femme corrigeai! fon mary, le tujet èc feruiteur, voulutt blafmcr, ou con-^ troller Ion maiftrc,fô leigneur, & Ion Prince. Quand au premier , il eft certain qne lefus Chrift eft le Chef de TEglife militante,& tri- omphantc:d'autant que (côme dit rApoftre) Dieu à afifujetti toutes chofes fous les pieds- d'iceluy,& l'a côftitué fur tout le môde,pouF eftreChefenrEglife. Dieu ne pouuoitpas faire plus grad prefent à rhomme,quefaiiant que fon Verbe,par lequel il à tout orec,fuft le Chef, & les hommes les mêbresri! prie poiir nous côme noiire Preftre, il prieen nous cô- iiie noftreChef,il eft prié de no* côme noftre Dieu , & encor que l'home foit particulière-
C H A P I T R E. 6. 71.
met moxteI,neâmoins l'Eglife deDicu,durc- ra perpetuellemêtjpar ce q Chrift eft le Chef d'icelleiiî bien qu'ores que radminiftratiô,ne fe face p^as maintenant par l'a majerte', qui eft affis à la dcxtrc de Dieu ion Pereià raifon de- quoy il femblc qu'il foit befoinjqu'il y ayt vn Vicaire & Lieutenant en terre. Neannioins. par ce que ceft autre , ne peut eftre de pareil- le cftofte que luy , il en à lailTé plufieurs , en efgale puiflance,qui tous Ion minières de cert office:. aufquels aflembles en vn corps, le faintEfpritaffirte.Guillaume d'Auxerre,Do-jjj, .^^^^ éleur Théologien, efcrit, que Dieu à voulu ^-^i- fe reueftir de la nature humaine , afin que comme tel, & par la conformité de noftre corps, il fut chef de fon Eglife m.ilicante , Ci bien que par luy nous auons receu les giaces du faind Elprit , par le mérite de fa Palfion, par la doClrine,& par la foy,au(ri bien deuant fon incarnation , comme depuis fa mort: la foy du myftere pafle , nous fait membres de fon corps,tour ainfi qu'à nos pcres,Ia foy des chofes à venir. La glorieufe refurreétion de Chrift , ne luy à pas ofié la vérité de fon hu- manité': il eftoit grand preftre deuant, lors,8C apres,& n'a rien perdu d&cefte authorité,par fon Aflenfion à la dextre de Dieu fon Père. Nous ne pouuons pas dire de Chrift,conime
7^, C H A P I T RE, 6, '
Aug.contr. la femme de fon mary deccdc , cjiie nous ne iib!de"A- foyons plus en fa bergerie : car il à en la vie gon.Chrift. çj-çj-nclle , le mefme pouuoir bc puiflfance de gouverner fon Egliie, qu'il auoic eftantau monde: mais d'autant qu'il ne veut pas fe^ communiquer vilîblement à nous, il à choifi des Paikurs,par lefquels il fait fa fundlion paftorale, & gouucrnc par eux tout le cor^s. de Ton Eglile , tout aiiiii qu'il auoitfaitj juf-' ques à Ton incarnation: car au(Ti chacun fçair,. que depuis Abel jufqu'à Moyfe , il n*y eut point de grand Prel^re , de forte qu'il appert que lefus Chrirt ,quieft le ChcfderEglife,. n'a point befoin de Vicaire , & n'en trouue- roit point qui peut feul faire là charge , mais c'cflla veritc, que comme dit faint Cyprian,' il n'y à qu'vne Eglifcjvne Bergeric,vn Pafteur Cypr.de duqucl chacun des Euefques, à fa part par in- deuis. II ne fe peut dire aufïi, que le Pape foie i'efpoux de l'Eglife de Dieu , puis que nous auons dit , que c'efc vn corps fans tache , fans ride , & fans macule , duquel I'efpoux feroit fort inefgal, infirme, corrompu , deprauc', & plein de tout pcchc : au(Ti quand TEfcriture' appelle par côparaifon , l'Euefque efpoux de fonEglifCjC'cft pour monfher la conjon- St\ox\ indi{foluble , qui doit eftre entre le PaÎTcur j&fes ouailles. Pareillement il n'eft
pas
<i:np.prcl.
.l;b.4-pirr.
C H A PI T: R. R 6, 75;
pasmaiflre , ni feigneur dû troupeau : encor
qu'il foit Tv-n des Paftciurseniceluy. Les E-M3th.17.ad.
ucfques vericableméc font les aides de nottre^"^"-^'
foymon pas les clominateurs,ou les tyras d'i-
ce'lle.La Loy deChrilt,c'-eft la Loy de libère^,
& de toute douceur mous fommes les enfans
de Sara,non pas delà Chan^briere:autrenient
(înous eftions afliijettis,àr3ppecit& volonté
d'vn hommejOU de la Papefle leannc, noftre
condition feroit cent fois plus miterable que
celle des luifs Ibus la Loy du vieil Teftament:
comme le defcrittresbicn Guillaume Okân^^^^^^,^^
au liure qu'il a fait de la puifiTance de TEglifei
Pour le nom de Pape, il n'y a point difficuUé
qu'il ne fuft anciennement commun à tous
Éuefques,ain(i qu'il lepeutycoir^tanten 1 hi-
ftoire Ecclehafl:ique,qu'aux hures des anciés
Douleurs, & au Décret de Gratian : comme^^ <^°l'^°"^* . - , - . _,^ neniem.59.
de melme lorte , le nom de iouuerain Ponci- àaicûe
fe,eftoit propre à tous les Euefqu^s,&encé-ftcr.dla.°*!' ftc fîgnificacion en eftfouuentfait mention, de forte que foit deiiom,& par efFecl:,rEuef- que de Rome, ne doit, ne peut prefumer da- uantage de fon authorité , que l'vn des autres Payeurs, fuccelTeurs des Apoftres corne luy. AufTî que pourroit-on trouuer de plus ac- commode', contre fa pietêdueprimauté,qt?e la rcfponfe que fift lefus Chrift à fes Apo-
H
74- Chapitre. 6.
ftres : lors qu'ils conteflerent pour i celle , en rejettant les noms de Premier , & de Moin- dre , fi bien que ce nous eft grand' honte , de rcccjcher ce que Chrilla eu tant en horreur. Dieu lâche quels malheurs ont efté en la rc- publiqueChreftienne,lesdiflentions de cefte PrimautCjjufqu'à rendre TEghlc ridicule aux Paycns,pour celte énorme faute. Il vaudroit beaucoup mieux à nos Euefques d'embrafler la croix de lefus Chrift,& lauer les pieds des poures, par groffes larmes, comme la poure femmc,que de magnifier leur authorité,auec les Scribes & Pharifiens , que de cercher les premières chaires, parmi les fynagogues: de- firer les faluts.en la Court des Roys , & vou- loir eftre dits Rabbis. Le Pape Damafus, quoy qu'il ait efté le premier , qui à main ar- m écs'efl alïis au fiege de Rome , cfcriuant à Eftienne^Archcuefque d'vne Eglife d'Aphri- quc,à eftc pareillement le preniicr , qui s'eft nommé Seruiteur des Seruitcurs: en quoy il futfuyui par faint Grégoire, oc depuis les au- tres ont continué : mais c'a efté en la fignifi- cation que Diogenes appelloit les plaifirs, & côcupifcences fesSeruiteurSjaufqucls il corn- mandoit.Dc fait en Te moquant, il nommoit Alexandre , feriiiteur de les feruiteurs. Apres les autheritez , & les raifons fuffli-
Chapitre. 6. 75.
cesjils nous reprefentent des excmple<;,le pre- mier eft de Diolcorus, Euel'que d Alcxâdrie: lequel fut excommunie au Concile de Chal-^, j^^-^^^j^ cedoine, par ce qu'ouurant la bouche vcri le ^i«i'ft- " ciel , il pancha fa langue fur la terre. En ex- • communiant le Pape Léon premier, félon queNicolas premier efcrit>en vne fienne lon- gue epiltre, à l'Empereur Micheljfil-, de Thé- ophile , qui commandoit auec Theodora fa mère, à Conftantinoble : mais ilfe trompe fort, car ce fut, à ce que dit Euagrius , en fon hiftcirc Ecclefiaftique, par ce que contre le Décret du Synode de Conftantinoble,ila- ^^^^^^^^^ uoit refticué Eutichez, en vn Côciîiabule te- c.io.^ciib! nu en Ephefe : Tauoit fouftenu contre tous, mefme auoit excommunié Flauianus , Euel- que de Conftâtinoble. Il eft biê vray que les Légats du Pape Leon^propoferent au Conci- le de Chalcedoine, qu'en reilituât Eutichez, Diofcorus auoit cxcômunié ledit Léon. Mais quâd l'hiftorien parle de l'affemblée faite pac Diofcorus, en Ephele,il n'en fait point men- tion; ce qu'il n'eult pas obmis , non plus qua la depofùio de Flauianus,& de Eufebius, lef- quels il defcrit au long: mais ce n'eft pas cho- fe pouuelle , que mcflieurs les Légats du Pa- pe,veulêtimpofer au Concile.Dcfait,d fem- ble que Kîdore, n'eftoit pas de l'aduis de Ni-
H i)
ift.
76. Chapitre. 6.
uoncs. colas : car il efcrit que Diofcorus fût con- damné au Concile de Chalcedoine , pour a- uoir erre en la foy, &: à caule d'herefîel L'au- tre exeniple,eft du Pape Alcxâdre tioificme, lequel a tous jours foulienu q le Pape ne peut' eftre jugé de perfonne, à rail on dequoy il ne Te voulut crouuer,au Concile que TEmpereur Frideric Barberoufle , auoit fait afeubler à Pauie, ni depuis à vn autre, qui auoit elle ac- cordé à Dijon en Bourgong(ie,ou fe trouue- rent auec rEmpereur,Hcnry deuziérDe,Roy d*Aneleterre, GiiilLiume, Roy d'Efcofle, & LadiUaus nouuellcméccreé Roy de Boefnic, par ledit Fridericde Roy de France Philippe Augufte,auoit fait porter parole, par le Côte de Bloys,lbnAmbaf{adeur,deuers la Majeftc' Impériale, qu'il s'y tronueroitaufli. Toutes- fois depuis il n'en fiil rien , à la fiifitation àix- ditAlcxâdre,qui luy pcrliJada,pour eftre dcf- chargé de fa proinelVe, de fe rêdre fur le lieu, quelques jours au parauât l'arriuée dudit Fri- deric, lequel il pourroit faire appeller trois tbis,afin qu'en fe lauant après les mains, en la riuiere qui pafle à Dijon , il demeurât legi- timcméc abfous de la promeflTe : par ce qu'en ce faifant il y auroit fatisfait.Côme fift le Ro- main,priionnier au camp de fon cnnemyjpar lequel eftât congédié, à la charge de reuenir:
Chapitre. 6. 77.
cuidaeftre afiez defchargc de Ton obligation, ayant rebrouflé chemin, fous couleur d'auoir oublié à faire quelq^ie choie en l'armée , d'où il elloit parti. Orpourcefte malicieuferufe du Pape Alexandre troifiéme,on peut facile- ment remarquer quel il eftoit , poirr prendre droit fur fon exéple/d'ailleurs l'hilloire nous enfeignequc il haifloic à mort l'Empereur Frideric , par ce que durant la vie d'Hadrian quatrième, fon prcdecefTeur, il auoit elle cn- uoyé Légat en Alemagne,deuers (dt Majctté,à laquelle il auoit prefenté quelques lettres du Pape, afièz indifcrettes, & fî auoit tenu quel- que langage, fortaudacieux,à raifon dcquoy l'Empereur I'jv ^\k cômandement de vuider incôtinét, & ians s'arrefteren aucune ville de rEmpiretdont ind'gné mofieur le Légat, gui lors s'appelloit Roland.Châcelier, luy garda cefte mauuaife volôt^,(i bien qu'après quVne môufche eut eftrâglé Hadrian 4. ce vray Ro- lâd le furieux,fut efieu,par vne partie dcsCar- dinaux,& contre luy Oclauian Cardinal, par vne autre partie parquoy l'Empereur qui fça- uoit que tels fchifmes auoyent tousiours efté décidez pairvn Concile, cômanda qu'on s'af- femblaft àPauie,ou fe trouua Oéiauian:mais Alexandre n'y voulut pas venir : difant que le Pape ne pouuoit pas ellre jugé d^ perfonne
H iij
78. Chapitre.^.
viuâte: qui fut caufe que 06lauian fut confir- me, & appelle Vidot:, dont oflfenfé Roland, qui auoit prins le nom d'Alexandre, troifie- me,cxcofnmunia rEmpercur,& ledit Viélor: néanmoins depuis fut arrcftée ladite alTem- bléc de Dijôjà la quelle ce père faint ne vou- lut comparoir : mais par fa vie on peut juger quel il elioit , & de quelle juftice il pronon- çoit fes jugemens , pour faire que l'exemple dVn tel pcrfonnage , doyue feruir de loy , en choie de fi grande confequence. Finalement, le long temps que les Papes ont jouï de cc- fte pofl'eilîon , ne les ex(rufe point , non plus que nos grands pères idolatres,que les Sama- ritains defuoycz , que les Mahumetans infi- dèles, depuis tantoii mil ans:car à la vérité, fi pour noflre Religion,les couftumes nons in- ftruifcnt , les liures faints ne nous fcrucnt de rien , les Préceptes de Tefus Chrift nous font du tout inutiles. Comn-iêt fe pêut-il faire ( dit vn poure ignorant ) que tant d'Eucfqués fe ioyent foruoycz du droit chemin ? Commet fe pouuoit faire , je te prie , que Moyfe pc- chiil , que Aaron forgeall le Veau de fonte? Côbicn peu de Roys gens de bien en Ilracl? pas vn bô en Samarie.Les Prophètes ne font autre chofc que crier contre les pieftrcs,Eze- chiel a efclit que la Loy fe perdra par la faute
Chapitre. 6. yp.
duPreftre3& le confeiltrebufchcraparles anciens. Saint lean appelloit les Phariiîens, femence de Vipères : combien de foisleius Chrifl à reprins la vie iuperfti'tieufc , £c mau- uaife des preftres ? qui néanmoins n'auoyenc en beaucoup tant d'occafion , & de moyens de le perdre 3 qu'ont eu les noftres , par les biens , & richelTes qu'on leur a mis en main, par les hôneurs^ & le reipeiil que les Princes Chrétiens bien zelez , mais trop fimples^ & fuperftiticux, leur ont portc:dont cft entré le venm en rEglifcDeuant que le fiege de Ro- me fuft riche , fufl en crédit, & rccogneu des Empereurs , durant les premiers trois cents ansjâpres la mort de lefus Chritt,du fiege A- portolique^de Rome^fouloit iortirlefruid& confolation^de douceur &:«de faluc; les autres trois cêts ans^ont ferui pour baftir la maifon, de laquelle eft procédé depuis, trop fouuent, toute pcrfecution, & perdition, fans meiure, fans moyen, ni fans fin , fans prendre garde à Tyuraye qu'ils femoyét au champ de Chrift. Mais encotle plus grand malheur qui fe peut recognoiftre,c'eft (à mon jugement)que les Princes Chreftiês le voyent, le Içauentjle co- gnoi{rent:& néanmoins Tendurcnt, Tauthori- fentje r3tifîent,&: luy rêdcnt,luy prclknc^ou font obédience à fon aduenementiles vns par
Hiiij
8o. C H A P I T R fi. • y.
fuperttitionjcraignaiis.que la reformation de l'Eglife ne foit pas. de leur deuoir.'aùfquels je dcmaodcrois volontiers , quel fut donc l'Ef- prit,duqi;el le Roy lehu fut aninic,contre les preftres.dc Baal? Pourquoy donc Je Prophè- te appelle les Rois,& Princes,nourriciers de l'EgHrc,(i nci\ afin qu'ils arrachée le mal qui iâ en'icelle^Le^ autres Je fôt de malice,pour 'fous cefte couleur) eftendrcleurslimites,a- uoir barre fur leur voifinjOU luy voler fon hé- ritage. Pour conciufion,mifcrable eft TEgli- fe Chrefticnne : mifcrables font les Roys & Princes , s'ils dépendent de la volonté' , de la pa(lion,ou de Terreur dVn feul homme.
CHAPITRE VJ^.
SOMMAIRE.
1 - P'remcre différence entre le Màgtfiratppfiî'ique , & 'l'SttefqiiCypi-mfcdunom. ' '■-
2 . Le Magijh-at à l'extérieure difcipline •, VEuefque en- tremfqi^àlapenfce. ' . ^r-, /^, >.
5 • Vojfice de l'Euefque puis grand que celuy. du Jioy.
4- Vîluefque ncus repre fente les promejfçs' de CÏmfl.
B diray dauantage^que la funélion, le de- uoir.Ôc la charge du Preftrc&du Paîicur -* clerEglile de Dieu, ne peut fe rapporter à telle , &• il grande authoritc ciuile. De fait, rEippiie ^ le Sacerdoce,n*ont rien de com-
Chapitre. 7. 81.
mun eiifembleirvn contient radminiftratioiiEureb.u.i. des choies diuines: l'autre le go^iucrnement, J;^^;^*j';jfl; & modération des aftaires du monde. Si bien qu'en la République Chreftiénc,les Pontifes ^ ^iu^^nt ne font pas Rois,comme entre les Hebrieuxi 9^-^^- ains la moiflon de tous les deux , eft du tout lêparceiencor queleur fin,6cleur butioitpa- reiJ,pour la gloire,& coferuation du bô pïai- (îr de DieuimaislVn auec la forcenée le coni- mandementd'autre autc la parole,& la corre- âion feulemét. Car fi nous côfiderôs le nom que l'Efcriture fainte luy donne, nows trouue rons que ce n'eil: pou:it titre de fcigneurie, de pincipaute',ni de dominatiô imperieul'eiains il eli appellcDocleurjApoftre, Ancien, Euef-
^ que,Pa(-l:eur,Trompctte,Seruiteur de Chiii-l:, Tefmoin de l'afiflicHô de Iekjs,Pere Pedago- gue.MiniftrejOuurier auec lefus Chrift,Dif- penfateurdes miniiteresdu nouueauTerta- mêt,Ange:ou autrement il eft marque, com- me fiiîipleBerger,Trompette,& Miniftrede rEuâgile. Saint Kieroime à Ncpot:ian,efcrir,f.cno.9:.
^ Les Euefques doyuêt fçauoir qu'ils font Pre- ^j^V. - ilreSjnon pas Seigneurs. Ce que le Prophète Malachic monflre aflez, quand il dit , Les le- ures du Sacrificateur garderont la fcience: & de la bouche on demâdera la Loy , pourtant qu'il eft mcflager du Seigneur des armées.
82. C H A P T I R E. 7*
Et à la veritc , la clo6"trine,la rcience,& le dif- coursj ed: beaucoup plus requis en Iuy,qu'au Roy , qu'au Prince , ou aullre Magifirat po- litique quelconque : par ce qu'il ne taiîce pas feulement ion troupeau , pour les fautes, pu- bliquement faites cotre la Loy de Dieu,d au- tant que (eus la garde d'iceluy , n'elt point commis Peflc6l,de Texterieure difcipline: mais il accule viuement toute l'immondicc de rhonmie , la corruption de fa nature , la niefcognoifl'ance de Dieu , le défaut de ju- ilice, les appetis defordonncz , les mauuaifes inclinations, les mouuemensdefreiglez de la pcnfce, l'impudence , la fupcrbe , la haine,le courroux , en fommc tout ce qui eft defplai- fhnt à Dieu, & contraire à la peifeélion de la jufticc diuine. En l'audience Royale , ou du Magiitrat, commis parla Majeile In)perialc fî rhomme n'eft point troùué idolâtre publi- que, parjure, blafphemateur, enchanteur, ou autrement fcandalifant fon prochain, & la ré- publique du monde: encor qu'il foit rempli - de defiAHce , mefprifant en fon cœur l'hon- neur de Dieu,oudacicux,moqucur de la Re- ligion, auaricicux, haineux, & mal affeélion- ne enucrs fon voifin : toutcsfois il ne peut c(tre condamné parle juge de la police, le- quel pour tout cela, ne laifl'e de le tenir en e-
Chapitre. 7, 8^
ftime & réputation de bon citoyen. Mais au contraire, celuy que le Magiltrat enuoye ab- fouls , & déclare innocent , le Pafteur de TE- glife, le Preftrc , l'Euelque , Miniflre de TE- uangile , ne laifTe pas de Tcnrollcr , entre les acculez, deuant Dieu toiit-puiflant, qui voit, & peut juger les fecrets plus cachez de noz penlccs : deuant le fiege duquel il le conduit, & en la face d'iceluy, Tinnocent n'eft plus in- nocent: car fa DiuineLoy,& rpirituelle co- gnoiflance, condamne les concupifcences de l'homme: partant la puifTance du Preftre, & du Palpeur, eft ians comparailon plus grande que celle de l'Empereur, ou du Roy de la terre. Ainfi que Grégoire de Nazianze efcri-c.rurdpHris uoit aux deux fils de ConÛantinle Grand, ^^•'"*^* Empereurs d'Orient, auez-vous receu (dit le texte) la liberté de la Parole ? Vous Içauez donc que la Loy de lefus Chrirt vous a ailu- jettis à la puifTance du Preftre , & au fiege de celle juftice: car il nous à donné vn pouuoir, & vne Principauté plus grande que la volire. Cettc-cy arrache de l'homme vne extérieure mine, & dilciphne politique, pour la paix,ou repos de lo eftat;rautre defire l'obeillâcc en- tière parfaite volôtaire/pirituellc & interieu- re,fi qu'elle ne puifle eftre blafmée par les ho- mes, aueuglez, caduques, & peu clair-voyans
84. Chapitre. 7.
& fi ait'dauantage le Chrefticn,Fa0euraJice, ou repos en Ton ame , pour fe reprefencer a- uec humilite',au deuant le Confiftoire, & ju- gement du Fils de Dieu. D'ailleurs , TEuef- que, ou le Preftre,en fa charge , n'eft pas feu- lement eftime Pafteur de Ton Eglife : mais il c(l d'abondant, TAnge, le Trompette, & TE- uawgelifte, de la promefTejOu gratuite recon- |<:iliation de Dieu, auecques nous , par nortre
pr-ur b. Médiateur lefus Çhrift , ce qui ne touche en rie l'authorité politique du Roy, ou du Prin- ce de la tctre,ft n'eft entant qu'il ne doit pas perniettré;que la vraye doctrine de l-Euangi-
^Èl"' ^^^ ^'^^^ obfcurcie , & corrompue. Le Roy u'eit point appelle fur la terre , pour' repré- senter a les fu jets , les bien-faits , & grâces du Medwteur, ni pour conibler les confeiences rroublceg: moins encorjpour adminiftrer let faints Sacrements , qui font les féaux de IV- nion dcThommiE auecfon Dieu : mais tous CCS grans myftercs , appartiennent purement a rEuefque , au Preftre , au Pafteur , priuati- iiement à tout autre. Ctr véritablement , fi ceux-ci nous tançoyent feulement, & nous accufoyenc tousjours , fans nous reprefenter & faire participons des grâces , & mifericor* de de noftre père , ils hafteroycnt plul^ofl la luke de noz âmes, de noftre-defefpoit , qu'ils
C H A P I T R E. y ^5»
ne nous feruiroyenc a lalut , & bon heur: at- tendu que nous ibmmes capables , de médi- ter & comprendre les fiiuteb de noftre huma- nité. Au moyen dcjquoy , le deuoir deleur -charge porté, après auoir touché*du doigt,& nous auoir reprelenté les vices de noftre vie: de nous déclarer à ru)ftât,la ciemécc^la bote, & niifericorde duTout-puiflatjafin d'aifeurer nos conlciences en icelle , & nous rendre promps à mieux faire , par rerperance de la grâce diuine. Concluons donc , que l'office du Roy ferajpour l'extérieure difcipline des fujcts: ccluy du Preftre,pour le Miniftere de l'Euangile Ceftuy-ci propofela paroUede Dieu , en la foy de laquelle le laint Eiprit fait Tes etfeclis , au cœur des auditeurs fidèles , le Preftre eft fuffifant minitl:re du nouueau Te- ft:ament,non pas de lettre (dit TApoftre) mais defprit : c'eft a dire , non pas de (impîe parolle , laquelle eft morte ,& lans cfticace, ains de foy , de cœur , de d'aftcdtion , qui en- graue dedans nos âmes , l'alliance de Dieu. Par ainfi, lors que le Magiftrat politique fait fa charge extérieure à ce qu'il n'aduiêiie point delcaodaleen rEglifedeDieu : qu'il proiii- bc l'idolâtrie , comme toute autre oftenfe, pourautantque IVlage légitime delaLoy,eft contre lesinjuftes, prophaues, injurieux, en-
26» Chapitre. 8.
la Majefté diuine. Quant le Roy par fa difci- pline, defiFend les vices , & péchez contraires à la première & féconde Table du Decalo- gue : le Payeur , ou PreRre , propofe la do- élrine de l'Euangile ,par laquelle le faint Ef- [prit fait Ton œuure au cceur des Chrelbens, Iqui le laiflfent repaiftre de la viande celelte: [par conlequent , la charge de ces deux lumi- naires , n'eli point méfiée , ni confufe , en fa nature, ni en fa fin.
CHAPITRE. 8.
Sommaire.
I. les Koys peuuent faire des loix, pourueu qu'elUs ne
foyent contre 'Dieu, ni contre nature. i: VSucfque ne peut rmi adwufler à l'Efcriture fainte, ^. L'office des Roys ejide policer TEglife ,&] faire que Dieu fait cogneu.
4. Multitude de loix de diucrs Empereurs fur la police
de rsglife.
5. Les Trinces ne doyuent craindre le ha-^rà de leii^
couronne pour la gloire de Dieu.
LE Roy , le Prince , & le Magiftrat , qui fait la juftice fur terre^ à le pouuoir & la puiffance de policer fes fujets , par cer- taines loix ciuiles , & terreftres , qui ne tou- chent en rien le Royaume de Dieu ;il cfta- blit le formulaire des jugemcns entre les hommes, eft arbitre des peines , & fupplices
Chapitre. 8. 87.
des mefchans : donne la Loy aux teftamcns, aux héritages , aux légats , aux tuteles , aux o- bligationsj aux feruitudeSjà la guerre, & cho- fes leiiiblables: efquellesles ordonnances, & polices ibntneccfl'aires,pourla focietédela choie publique. Moyfe ne le cotitenta pas de prononcer publiquement les loix qui eftoy^ enc au Decalogue , par Je Commandemenc de Dieu , mais iladjoiifta daumuage , grand nombre de Chefs politiques, lelquels il vou- lut eltre gardez par les Itraëlites , fous gran- des peines , & fupplices reformidables. Par ainfî donc puis qu'il n'eft pas neceflaire, que les Roys & les Princes gardencgEntiercment, enleureftatj les ordônances ciuiles de Moy- fe, il n'y à point de doute qu'ils n'en puifTent eftablir de diuerfes/elon les occurenccs,cir- conftances, & necefRté du temps, & de leurs fujcts ipourueu qu'elles ne le trouuent con- traires à la Loy de Dieu,ni aux enfeignemens de nature. C'eft aulfi la raifon pourquôy, TA- poftre nous admonneik de croire que le Ma- gilkar, & le Prince,ne fait ni donne point les loix en fon audace , ou particulière temefitc': ains par Tauthorite , &: puid'ance qu'il à de Dieu, de demander l'obeiffance que fesfu- jets liiy doiuent : &: demeure véritable le dire defaintAuguftin^quequi refiftc àlaMaje-
;hîil!a.
lO.diJl.
88. C H AP I T RE. 8.
Ité fouueraine, Te bande, &s'oppore à Dieu «.qiiirefi. inefme : fi ii'cit au cas que le Roy , qu l'Eni^ Aitii.q.s. pereur terreihe , fe vueiile tant oublier, de commander quelque chofe , contraire à Tex- pres commandement de Dieg: car pour lors chacun pourroit juftemcnt dire, qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes ^ par ce que c'eft rendre véritablement à Cerar,ce qui ci\ à Cefar , & à Dieu ce que luy appartient. Auffi ne fçauroit le plus fier calomniateur, dire que ce foit mefprircr le commandement du Magiftrat jquJfid le fujct obéit au plu>- grand.- mais bien pouuons-nous appeîlér tel- le forme de \m\[€^ Elcélion de la plus grande puiHancc, dont la moindre ne peut;,ni doit fe courroucer. Le Prcuof^, TEfcbeuin, ou le ju- ge ordinaire , commande quelque choie vl^ Seneichaî, le Bailly , les luges Prefidiaux, h prohibent: ceux-ci l'enjoignent , l\ Court de parlement en fait deffenfe, la Court Tordon- iTe par arreft , le Roy de l'on authoritc Roya- le, ne le trouue pas bonjle Roy k veut, Dieu le deffcnd, le fujct ne peut , ni doit edre efti- mc crimincux de lefe Majtfté , s'il choifit,& rend fa fubjcdlion à la plus grande authoritc. Les gendarmes ChrelViens , font louez par faint Augiiftin , de ce que ils ne voulurent ja- mais le foumcttre au comandemcnr de l'Em- pereur
oncs.io. diû.
CM A'P I T R^,* •€.•" %,
pefcur Mi dfijle^r légitime R6y,qui les vou- \ok côtraliridi^é^d'adoier les -idoles. Tout ain-^ fl cio^«^•q^.Me €ékiy qui gqmierue la terre , ne petit Vi^/doit^cn rien x3banger la Loyjou^e- glenierté'-ifoilné par le Ûiqu Tout-puiOant; au<|iyéMls-Rois^'le peuple , fans aucune ex- ceptio'w v*i^Rt iièrfué d'obéir : aiifTi nepeiu le Ma»î^râtHi!"eqnelq«eoTdonrjaneequi4or- ... .. torape-là Lgv, que nature à fiçoduic , ^Sf^m' dedai'J le-tèéur de rbcirtïîtie;(D-erto'iî pUift^t' êrr^Ak'-qùè loy , quand Ejzcurgue pennift:ai>5i Spart^'a^y^d.e delrober iiipiinément..'Qiiàn3 €aVabyres:':ôrjDefpi)ufé râ;fcÉur-ï les Retiifeas flatëiif^^'cor^upteufs^ies 'Prince*» ,'■ ext^jf^^ reét ce(lègYâ4T^ë vileiiibfi^rans qu'ity-auoi^ fey eiî'Pede^j'fMJf làqfie-liefkRô^^Uoitipurfî fance fôbéerbîriè^î^-'Falfevtbùt à'tbti p^aife Pifldaréc^ifiMtbien iîViea« fq^-le ia^L^iy'^fte-it FliriFféràtt'i'ce'du modêtk^uelle delk)1t'tôhl- mà^dè^îdlPpëu'plê,&•tf^'MsgrlWa^ ^nib Qbî fe^ô^ëc-éluy-ia <^Jbrt'citiro1t ^n hâf/eiiri Phb'otii^nihk' -dctlârati'dn dcSiratocle^'fqvH p^blf^^ fa'?flle d'Athènes , Qut tôuf^èô que ]'e'TW.i^.4:'î)émètrius 6r<lôùeroitj ferôî^raint deuai'^p'DieUj"^ jufte^utre les hommes? Bi- fôns dbiïè que les Rois^i^Prinees Ibuuérains, peuvent i^iredés loix-, b6rnécs , & limitées' du con^.tTyéiidement de Dieu , & dé la rai-
I
Dcut. 4.
pa. C H A P I T R E. t8C
fon naturelle: c^autant qu'ils^omm^dent aux Hq aimes, fur la terrejla face , ou r<ftat de la- quelle le peut changer par duiers. accidents: fl que leiô le téps.la règle de Lesbius y eft tous- jour.îi necelTaire,po.ur !a policer diuerlemét;. iTîelfne quelque-fois au contraire , aio(îque l^si.acrurences,les hômes,& la failbii defirét. .•:.>i':Euerque , ou Palteur de r£giiie , qui eft k'éiïptniaceur,.& vt^y.Dodeur de la Loy de Qkui nVnfçauroit faire d'autre: rien adjou- ikivii diminuer icelle.QuandMoyfc racôtç qugle Scigneurluy bailla la Loy,qU'ilvou- kitrqitie fofi peuple gîrdalV, il luy.-t|i,ft.. Ce f#ntjesparoks.«4u&kSeigneui\à4itÇS]à,tou- tjÇ voftfC aiTenibWe jÏMr la mpiitagne:du mi-r r^M flu fem^ta iiiié'iij &,.ç[bf«:«i itc, auec.ync g.i[4i)'<k voîx: &{ii'y jHj;)<)uib ripir^^iks efcri-» u;vute\deux tabks dîî Pierre, &ks me doua. Ç/iyji-tiuçre palTagCilil elci;it. Vou^ n'adjou- fttJtjî?! rien yapar^e:Ç^ie je vou^-qw-ninâde, ac n'Oîfterez rienid'.icellc , afin que.ga^diez les ççiçiîiîiandçniçns'deyoihc Dieu > .kfquels je v.oii^çomimndg.Ce. qui. doit, fe^uÏT pour ap- prendre à nous contcter de la (î/ai|->licitc des Cpi'mnundeniens, portez en r>£lcntur^ lain- te, fois y rien adjouRer: pour mpnftrcr aulTl que toute perfection de lultiçe , & i'aintetc, ti\ comprinfe en içelle ; de forte qu'il ne faut
Chapitre. 8. pr,
rien plus cercher ailleurs. Dieu Iuy-me(me parl3>& dôna'ia Loy à Ton peuple:Dieu con- duifoit en peribnnc Ton tfoupeaujpour mon- ftrer que c'eft de luy , non des hommes, que l'Eglile doit prendre les loix,dûit apprendre la voye,les préceptes, &: Jes enfeignemens. Il di(l,parlanrà Moyie, fay félon ce qui t'a efté iTionrtrc en la montagne.pour radinôneder,^^^'^'*^* de n'y rien apporter du (îcn. C'eli pourquoy rEuerquejrEuâgeli(ie,& le Pafteur,n'a point Tauthoritc de faire nouuelles loix, ni châger, adjoufter, ou diminuer les efcrits Prophéti- ques 5 ou Apoftoliques : & au cas qu'il ofafl l'entreprendre , faint Paul l'anathematize , & condamne tref-expreflcment^d'autant que ce qu'il a eiî garde,excede la railbn,&: jugement humain. Que fçauroit-il donc faire qui vail- le.puis qu il eft homme,tcrrefl:re,ô«:corrupti- blc ? Autre chofe eft du Magiftrat politique, qui cômande,& tient fon Empire fur les cho- fesmôdaineSjfujettes à difcours,6:-àla raifon des hommes. L'Euefque n'eft que le rappor- teur de TEfcriturCjdu commandement, & de la Loy de Dieu, lequel en faifant fon rapport es affaires de la jutlice. Nous appcllonsfau- faire,impofteur,& mefchant,(i en la decifiôn du proccz , qu'il met fur le bureau, il vouloit adjoufter quelque chofe du fien , ou s'il ob-
I i;
p,^.:- Chapitre, 8.
met quelque pièce importante •
Voici ou gi(i le mal de l'Eglife Çhreftien- ne^quand les Euefques & Palteurs d'icelle/e font formez à l'exemple des Roys du mode, & oiK premieremêt eftabli entre -eux vn fou- uerain : lequel a prefumé qu'il auoit le pou- ùoÏY, de faire publier des loix, ôc ordonnaces, comme les Empereurs, tailant de l'Eglife de Dieu, vn Royaume mondain : & qui pis efl:, non feulement efgal ,'à rEmpire,§: domina- tion des.Rois de la terre:mais bie e.t>çor plus gc-attd,& dauantage.Teliqu'il veute^tieWfniner Ic5 autres.pour ettrefeul Empereur,^ la ter- reur du monde.De fait,pour plus facilement eftablirla magniHcence de ce noiuieau mo- narque. Les Papes fefont ièiuis dViiardtifiçe, merueiïleux, par lequel ils ont perljuadé, aux Empereurs ou Princes , plus fupperfticicux. que jçalians : & au peuple, qu'ils-onçcafclié; d erkretenir vn fort!long!tenîps,e,l).perpetuel erreur ,;que c'eftoic àlcur faintet^4iâ|tt lèiile-; mentsiion pas auxRois & Princes, dçp.olicerj l'Eglifei ou de faire/des loixjrtouçhr^fltf eftat d'icelle : encor.quc k vérité foit'duiî;out au c-otrairc,&: que nous dcuions crbire^qu^ ç'çft- Toffice , & la fin principale , des Polices , 8i . Monarchies -, que Dieu foit cogneu de iort peuple, ferui & glorifie de tous, félon fon E-
C H A PI T R E. 8. p^.
uangile iaint.A raifon deqiioy les Empereurs Ea-^. & RoiSjfont appeliez nourriciers de l'Eglife. Le Pfalmifte parlât à eux, les appelle par me- vfai.i^ taphore , les portes du monde, & les adnion- nefte d'efleucr leurs teftes , & leurs huis, afin que le Roy de gloire puiiTe entrer librement. En vn autre Cantique.il les Temond de baifer le Fils,afîn qu'il ne fe courrouce. AuflG certai- nemêt,puis qu'ils font les Pères de la famille^ leur deuoir eît de prendre loignculemét gar- de fur icelle,d'inftruire,policerj& difciplincr, en la crainte de Dieu,ceux qui viuêt fous leur couronne. Quand TElcriture nous enfeigne^adEphe/:^. de nous garder des Faux prophètes: c'eft à di- re, de la faulTe docSlrine, des faux Décrets, & Canons corrôpus, elle ne parle pas feulemêt aux Apoftres: ains ce propos s'adrefle à toute l'Eglife Catholique , le premier membre de laquelle cft le Roy , &: Prince louuerain : le- quel , auec l'authoritc , & pouuoir qu'il a de Dieu,doit aller au deuatA'propoferfcsIoix, félon le commandement que il a de Ion au- ~ theur.Aurremétj je demanderois volontiers, quelle pourroit eftre la différence , entré le berger, qui garde les bT<;bis , ik T Empereur, ou le Roy ? fi tous les deux n'auoyent charge que do ventre , que des biens , que du corps fGrr^rtrè.8^ corruptible? Non, non, ileil cçr-
I ii.i
P4. Chapitre. 8.
tain, que le principal fujet de raflociatiô des hômes,pour lequel les polices font eftablies, cil de cognoiftre Dieu. Or le Magilirac eft la garde , bc depo(îtairc de cefte iocieté, c'eft donc à luy , de vaquer & foigner principale- ment à cela. A railondequoy Dieu a voulu communiquer Ton nom aux Rois & Princes, & les appeiler Dieux:Celt à dire, diuinemét çfleus,pour conieruer & policer la vraye Re- ligion 5 prohiber, & s'oppofer à l'idolâtrie, garder &f:îirejuftice , entretenir la paix, & DeuM7. chaiTer route [iniquité. Dieu à déclaré qu'il vouloir que le Roy eulî auec ioy , le liure de la Loy,& qu'il la leul^ tous les jours de fa vie: certainemêt Ci ce n'eltoit à eux de policer TE- glife,inutilement la lapiençe diuine les auroic obligez à cercher Dieu,qui n'a pas tant don* né les Rois^iour les biê5i& choies terrellrcs: comme à ce qu'il fuft cogneu ^ par leur poli- ce , S< que l'homme gardaft le bon heur , qui luy elt 11 chsremêt acquis au Ciel. Nous auôs vne iniinitç'de loix, , des Empereurs Chrcfti- ens,pour le reglement,police,& diicipline de h Religion Catholique; lefquelles les Papes ont trâlcritcs parmi leurs "dccrets,& ont vou- lu periuader à nos peres.qu'iis en eftoycnt les feuls autheurs : Mais ceux qui voudront lire le C.Theodofian^en trouueront la fourçc. le
Chapitre 8. 05.
me contentcray cl*en marquer quelques-vns; iuc.de le cfHdtcamemxowitvi^iin ["oHice tiu juge,en^"j"^gJV"'^ la cognoiiTanee des caufesilequel ils cionneni au Pape Eleuthenus, ^o.q. s- eft de l'hnipe-^iib^.tit. reur CôfLimiii.Le c. Si qutsirat tu ^QicniAous le nom de Fabian, contre les accuiateurs, 2. q.iio.&n. 5.& ^5. q ? . eft vne loy du melme Prince,e(T nSheûi crite auC.Theodoiian.-Les canôs du melme Fabian, Sixte, &: Hadrian, qui lont lur pareil i.^.deac- ru)et,5.q.6.c.i.& 16.^ 17.& 2.q.8. can.4» &Th,od.* 1 q :?. can, 3. fe trouueront eftre de l'Empe- reur Gratian,fils de Va]entinian,premiêr.Lesi.2.c. Ac Décrets des Papes Cajus,^ îean,iur IaT£tli4t'ot^' tution des biens de rEgliiè,arrachez à l'Eucf- quejors que il auroit elle cha:Tc,contenus au liure dcgracian,3.q.i.can.£^/Vd?/?^>. c. retnte- orandd. t'ont les edits du • n^efme Empereur Gratian. Le Canon de Damaius , lur l'ordre des ^ccufaàon'^yijui accf-ifàr^. ^.q.p. eil porté au C. Theodof. fous le nom du mefme Prin- ce.Le canon, A/'/^/Z/^-sdii Pape Pcîagiusi.q. 7. a edc fait parles Empereurs Arcad. & Ho- nor.Le C.Qjijf^nùAousle nô de Eurichian, 2.q.8.eft des Empereurs Honor.&: Theodof. "2. Le Canon ConfàngumeosAt Fabianus, pour la rcceptiô du termoi2;nage, fur les degrez de parente', defFendus au mariage. ^<;.q. 6. aeiic fait par l'Empereur Conflantin. La côfirma^
I iiij
i.4é.c.de pion des pnuîieige$.4&i'EgUle;i,quils.donnçiit m c.Th/' au.Pape Anacliajs;2 5.. q. 2. ç.\Bnmlegiai.i:i\ des Empereurs XheQdQre,66ValGrhiii3n.Bret^ leur Décret cil repli de diuerfoGâftitutiôs, des PrincesChreltiés çn la police dis rEgme; lefquelles neanmoîas, ils attribueii àjeirrs Pa- pes, mefconoiflisi'aujrhorité de TEnipçreur. Mais ils iiîep<*urr-oric nier qiieXîP.ûitancinle grand,Anaftarè,(SM luftinian prçrnier:, .n'ayent çftabli l'ordrcila derpenlèjt& la'for^e des fu^ kcfo^elr'^ neraLlleS:,Gratian',Valétintan,3. &.Ti>e.odorc çîef:noueii.-k grand, ont prohibe la lcpultqr.edesx:orpSj '^^' ^' parmi le fiege,& repos desApoftrç.àjOU Mar- t)rrs.Eux-meliiies,& luflihian aprcs^ont défi croHecci. fcndii de faire DiasonifTe , celle qui n aùroic 50.ans paHezXfô prenîicrjEmpereurjapro4 ôfcLiituT tùt)é.aux Moyntisr,- religicux,d^ foctir de leur <^- y- mônaftere : pluseiiicor , de tenir ^ garder la fainte croix,niJe.s reliques des iaint;S5cn autre c dfc«'^& ^^^^ ^"^ ^^^"^ ^^ fiplc>leur enjoignant par exj;. «î- ' préside vkire en la, liîodeiiicqueles loix Im- périales, tk la.diicipline publique câmandér. i?2.c.de Inftinian ord'oiieaiix Euerque;sd"airer en cer^ uni téps,Vituer les priions , s uirormcr de \t çaurcjpourquoy lûs.pnionniers.rQ'ntniecenu^, &: admonnefrei" les; juges , de par la Majeitc Impériale , de leur faire jurticc. En vue autrq CôlHtution, il eikblit, &, limite le Jûobrc des
C H A P I TR E. ô. • py.
Clercs , ou Pre lires , qui doyuent fetuir aux bondis. E'glifes: il ordonne le temps de la profefîion nionaftique: la vie que les moines tiendront, nqucIj. deftendleur tranflatioii illégitime. Ilàefta- - . 0 bli Ton ordonnance, lur Teleclion des abbez, noucU.^. abbenès,&: autres officiers. Il commande aux Euelques , de refider en leurs Euclchez: leur deflend de venir à la. Court , s'ils ny font exprefTement mandez: prohibe eftroirement' "^"^^ ^^' de faire le feruice diuin,en maifon particulie- re,.nten autre lieu, qu'au têple dédié à Thon- neur deDieu, fur peine de confilcation de l'a mailon,en laquelle on aura exitrtprinsle con-
I traire: & au Prcftre qui l'aura fait de depofî- .,^^^^^ tion,&: dégradation de fon miniftere. Le^^;" inefme Empereur , à déclarées & jugées les
! caufes légitimes, pour diuorceâ: diflolution'-^'^p^*^"^'' du mariage; comme au parauat luv, auoyent fait Theodofe le jeune, & Valent Troifîéme. ,, ., En vne autre Coiiitution nouuellejle mclme h^- Iiirtîhian déclare, qu-il veut & entend , qu'oi> explique , & qu'on life les Efcritures fainres, ^*^|°!:?J en. langue vulgaire, & voix (dit le texte) plus < ^ '- eoDimode, & intelligible aux auditeurs. Ce G}cri s'accorde auec ce que TApoRr^ efcrit, la t'J^'p'.* ddire que vous parliez diuers langages': mais encor plus'quc vous prophetifiez, car cekiy qui piophetiié , cil plus gi-and que^cekiy q^'t
9». C H A P I T R E. . 8.
parle diucrs langages, hormis s'il interprète, afin querEglile en prenne édification. En l'explication duquel paflfage , faint Hierolinc
hbîg!"^* reprend ceux qui prient > ou qui chantent en l'Eglifc, en autre langue que la vulgaire du
loh.vadiiP^ys. Tellement que à celle occafion nous lifons qu'il print b peine de traduire la Bible en langue Dalmatique , pour l'vfage du peu- plcrainfi que fit VVlphilas Euefque des Gots En Sarmatie,& en Croatie, qui eft la Panno- nie inférieur , les Eglifes, & les Eucfques , v- foycnt des faintes Efcritures , & nûftcres diuinsen leur langue maternelle: & vérita- blement nous ne pouuons nier , que le cœur Ô-: l'affeétion de l'ignorant qui prie , ne foie fort augmenté, s'il entend ce qu'il dit.- telle- ment qu'on pourroit abonne raifonj&lc plus foiuient , )uger de celuy qui ne fçait ce qu'on luv fait prononcer en fa prière , qu'il honore Dieu des leures : Iculetîient , encor que le cci'ur en Toit du tout enoii:;ne' , Or il n V à point de doute, que ces loix Impériales
ai.q-î. & vne mhnitc de ien^blables, n'ayenc eue en grande reuerencc, en In primitiue Eglife: car
XS'^^zs^ comtn't tresbicn dit îfidorc , les Princes du
^' lîYonde .ont leur authorité en TEslile 3afin
que par ic.elle,Ia difcipline foit gardce,& que cepx qui ne veulent fe recognoiQre j par les^
Chapitres, çp,
admonitions laccrdotalcs , Ibyent contraints par la force du Magiltrat: partant en celte qiieiHon , pour Içauoir iî les Rois peiment policer l'Egliie, la dUcipliner,6^ reformer ex- térieurement , il ne nous faut point propofer ks exemples des mefchans Monarques, ou de ceux qui ont ignore leur charge. Alex. Augulie,& la plus parç,ne fe font méfiez que du corps, la plus part n'a prins que le foin de la terre, par ce que fort peu d'encrc-eux ont cfté inikuits, & ont fçeu leur deuoir. Toutes- fois Dieu en à referue , & iufcite' tousjours quelques-vns, pour fa gloire & honeur: com- me lofeph en Egyp:e, Nabuchodonozor, & fonfiîs enBabylone. Darius enMede,Cy- rus en Perle , Conrtantin à Rome. En Ifraël, Dauid, Salomon, îoiapliat , lehu, Ezschias, I lofias: Ceux-ci le font appliquez à reformer ! la Religion, à châger, èc abolir ce qu'ils voy- I oyent de corrompu & galle', par vn long temps. Ce qu'ils cntreprenoyêc , quelquefois auec vu extrême danger, de perdre leur efrar: le plus fouuêt en attirât iur eux vn tref grand nombre d'ennemis. Conihntin ferma le tem- ple des idoles, prohiba les facrifices des Pav- ens, fîftenfeigner TEuangile publiquement, donna gages auxDoCteiirijchagea vne gran- de partie de ranciéneformejgardée en TEm-
iqO. C H A iP :l T R î. S.
pire Roraainriors que fes coinpagnons,& les autres,plus grands^ hsififoycnt les Chreiliens à mort, Parquoy'Maxent;& Licinius luy me- nèrent guerre mortclle,attirans à eux la No- bleffe d'Italie , de Grèce , de Pannonie, & la force de Thrace, Toutesfois il le voulut e»- pofer à cous ces dangers, & leruir d'exemph aux bons Princes , qui feront leur refolution defouftenir l'Eglifc Catholique ,& la vérité de la religion Chreftienneifansdire cômc les Atheiftes qui font parmi nous j qu'il n'eft pas bien feant à vn Prince, de s'armer pour dei- batre les propofitiôs fouiknue.s,par vujmoj^^ ne dans fon cloiftrc,'Oupar vn Miniftre , dif- courantde la Rcligia.Le8 hiftoires dcs'Rois & Princes , qui ont combatu pour la foy, & ont hazardé leur vie^ & leur couronne ,pout la gloire de Dieu/ont 'morales,& enfeigncnt leurs fucceffeurs 5 quel, doit eilre leur règne, puisque faint Pierre les:appelle les fuperieurs &pluséxcellens de l'Eglife. Encor queceft arrogant, & ignorant Papejnnocent troifie- nie, ofedire cftronteemet , que le mot^ 7k»- -^mpi y ei{ comQimcnh lettre de l'Aportrc- dcmajor. l^pur-tiionltrcr que celte qualité n elt pas du pftobcd. ^^^^ véritable. Le temps donc , & la multitu^ d<?d'(?s Décrets des Papes, ont apporte' , qua lïiamtcnant les Princes, Ôi Monarques Chr<^
Ç UhVl:T R E. ^. 101,
ftiens, voyent la déformation de l'Eglife , la eognoififent, &la jugcncenkurconfcience Toutcsfois pour n'attirer fur eux la hayne de leurs voifins, ils le railent: ou plurtoft aident kfureur des déformez ils ont peur de là conf- piration du Pape , & ce qui eft plus mal iêant ., à ceux qui doiuent elke nez , auec va coeur généreux , & magnanime, par crainte^ ou pair je ne ft^ay quelle, lalckie oifiuetc , & f^yneanrife, ou pour quelque profit'particu- lier, trahiflent la Religion, la îuftice.Ceux-la (di-je) ne -méritent a«ciJnement,ce que Dieu à prononce pour les bons PrincesJe vous ay dit vous eftcs Dieux,car Dieuleur à com- munique la dignité' de Ton nom , par-çç qu'il leur à. recam mande la deifencedeschofes di- uine^: c'efti dire^de.'lbnEuangile, delà paix de Ton Eglife, & de-la difcipline d'icelle.Mal-Ezçf.j^ heur adn^dra fur celuy qui côfirmera le Tcan- dale: car puis qu'ils do)njent punir, & venger les offéies, il ne $'ê peut troimer de fi griefue, que celle qui fe tait contre Thôneur de Dieu
"'^ ti A P^-i'ï R 'Ê.:^c?: ^ ■''''-''
s OMM AI RE,
I. IiirïfdicîionfuHiierefur les Scclejtafliques,
i, Lesummem des chofes- piritueÛes 'fi'appkrtieniKnt
.' ' €ju'à L'Euefqne'. & qm font les chofesjpîrituelles. ^L^s bi€?u de l' eglife fontCo-atrihH^ù'es aux tailleSi c^
01
102. C H A ff'r T R E; p.
tributs. ' ' '- '■
4. Tiecretsdes Papes, qjii (irrachent l'authonté du Rojh fur le temporel des Sccicfîaftiqucs.
Von prenne la peine d'efplucher la plufpcirt des Décrets,^ droit Ca- non des Papes, on trouuera qu'il njr à que la parolle de Pietc, rien du tout de cha- rité,ni de l'amour de Ton prochainiains qu'ils ibntfaitsjou pourr^uaiiccment derÉuef^ que de Rome , ou pour la ruine des Monar- ques de la terre lau liçu delquels ils fe font lurroge2:,GU pour auertelles loix,augmenter leurs moyens ,prcnansdemaximes contrai-, resià celles dont les bons Princes ont accou- tumé fe feruir, fans lélqucls on dit commu- neement yque leFifc n'e'll jamais augmenté. Ceux-ci Te Ibnt aflemble?, , il'y àdesja long temps, contre les Roysv& Princes dclater- re:<]i(àlïs , que faifons-nous? ces Empereurs font fi triôphans,qu'il eft à craindre qu'ils ne viennent pour nous delhnire , & donner la vigne du Seigneur àctikiuer à d'autres,, nous perdre, & nous cl^aficr; parquoy ils ont con- clud,dc venir au creuantj,lesbatre , tendre leur arc !ureux,& lesbleiTer à mort, ce qu'ils ont miiiuté premièrement , lors qu'ils fe font ex- emptez de la jurirdi6^ion5& puifïànce Roya- le: declarans haut & clair que leur SaiiH^c'eft
Chapitre. 9» lo^-
à dire, le Pontife de Rome , & nul Ecclefia- iTique ,pourioiteihe appelle en jugement, par deuant le Magiftrac politique ,fuft en caufeciuile ou criminelle. Il femble que le ^
Pape Inr>ocent premier , ait voulu commen- cer à fonder cefte Hiérarchie, efcriuant à Vi-Jo^cS. âricieux , Euclque de Rouen , du temps des £f.;"S/' Enjptrreurs Arc. & Honor, enuiron Tan qua- tre cent:> huit , toutesfois Ton Décret ne s*ex- p.iique pas bien : mais il femble eftre confir- p)é; par l'exemple du Pape Sixte troiiîe'me,le- quel accufe' d'vn inccfte , par Baflus , ne fut point )ugé par le MagiRrat , ni mefme p^ip Iq ^ "-V Synode de cinquante fix Euefq«es,qui furent -î ?
aâcmblez à ces fins , en prefence de TEmpe- l^^ur Vaientin troiheme , enuiron 1 an quatre temp.& cents trente cmq: ains luy mefme fe juge3,& ^' âttertafon innocence, par le ferment qu'il en fill. Quelque temps après , lean premier dir^'S. ^' Dpm,qui viuoit fous TEm.psreur IuiîiniarhJ;J^":^ii premier, enuiron l'an cinq cents vingt , parla plus ouuerrcmcnt,au Canon que nous auons de luy, recité par. Gratian, en fon Dccret:au- qucl mefme Pape aulfî on attribue d'autres .^„
ordonnances, preî'que fur pareil lu)et,parlef-^^^. ^...^j^ quelles il prohibe aux leculiers^d'acculer leur ^qî i^i -■ Euefque. Finalement ,1e Pape Nicolas ,pre-<:oncii.foL micr, grand fondateur de l'Empire pontifi-^'" .v'^î
104- C AiP I^ R E. p. '>
cal , tranche le mot , Si le dit manifcftcrtienti .^ . efcriuant à l'Empereur Loys , deuxième; fife dcntcr. c. de Lothaire, enuiron l'an huit cents fôixant^ ïîj.ïift.""'^ & allègue l'hiftoire de Gonilantin k^gr-aridi qui ne voulut cognoiftre des caufes des EueS quesj eftant au Concile de Nicene : comm^ -.i ; fi rhumilité de ce Prince , & la bonne opi- nion qu'il auoit conceuë des Euefqués d^ Ton temps , leur pouuoit donner quelque droityte l'authorite' de TEmpire , & du Mà^ giilrat, que Dieu à eftabh. Ainfi que cresbi^rî laint Grcgoire le marque , à ce nicrm^s- jit^ tibus"f' pos ', 'en vi-^' Tienne Epiftre , à l'Ëniyf)èfiè«^ q r- Maurice. Et qui plgseft , comme fi êli 1>E12 . . criture qui'porte,que toute créature doi^à<î£ ... i\ïnitx(i})tiî(i, à la louucrâine- puifl'a^ièfe '<d*é«l Roys-^ & de$ Princes'^ ils n'y eftayetvt' Jatiey^ iiemcnt'comprins; contre l'opinion déHii!# ^' * / .^ Ambroifê" jïelcrke dans le grand Detièt <^èè\ iiVq.i. 'qu'il 'fut défraiionnable y ^'i^'^^ qil^> difttî^ Ni(î6jas quatrième , Papes- qu'au - lieu'; fë tMuûe' planté lé -' Prifriat de - l'^E^hfi c.funda- T-EnVp^péiW terrkn vftrt'd^ duélqiife Çriï! Tkalnl fanïtiv '^Eè'' Innocent troifiéf ne -, êfcrttiaii ..; àBàléûinjôu àHenry fon ifére jEniperèu de -Gônftantinoble , dit qiVnupdflbgé'iqiiw ^51^;'^*' l'Appftré eomn)andoit d'obeif aux' Tu{>è' •^"=*'- rieurs il parloic aiix tubjeéls , non an ; P^ëîl
comme
Chapitre, p/; 105^
comme s'JI votjloïc dire,que FEue<que de
Rome, & le Cierge , ne font aiicutienient al-,
fujettisau Prince de h république. En quoy
ils'abufe pir trop , puis que lelon l'opinion
de l'Euelque de'malte,Optatus, & a la vérité 7
l'Eglile e(i en la icpublique. Moins leur peut
feruir aulTi Texeniple de Valentinian ien fa-
ueurdc Sixte troifieme , iurTaccufation de
BafTus: car au c6trairc,ce palfagcînous mon-
ftre que le Pape edoit iiijet au jiJgeinent &
condânation de TEmpercur; lequel par l'ad-
uis des Euefques , defFera le ferment , & s'en
rcmirt à la confcience de l'accufe : d'autant
qu il n'auoit autre preuue pour le côuaincre:
1 ce qui fut luyui depuis par Narfes,lieuteaanc
' de Iu(tinian,en ItaliCjlors que Pelagius, pre-
i micr du nom, fut accufé d'auoireftécaufê
j des maux de Vigilius,fonpredcce{reur.
.Pareille à elié la fouftraèlion^en faueur du
refte des Ecclefiaftiques, furqu.oy les deffen-
feurs de telle defobeifTance , contre la Maje-
fte des Rois.attfibuent les premières ordcn- îi'.q.^
i nances d'ictlle , pour les authorifer dauanta-
I gc,aux anciens Euefques de Rome , Alexan-
1 dre premier , qui viuoit du tenips de Trajan,
I Puis,& Elcutherius/ous M.Aurelle , Zcphe-
I rin,fous Caracalla.Calixte fousHeliogabale,
C;ijus>& Miïrcellin, au cêps de la grande per-
K
crelatom.
106. C H A P I T R E. p.
fecution de Diocletian, & Maxini.Mais ceux qui voudront coniîdercr , comment l'Eglife de Dieu eftoit gouuerne'e en ce ficelé , reco- gnoiftront aflez , que ce font pures fuppofi- tions , & inucntions des Papes, du dernier temps: car ces premiers bons pères , qui ne penfoyent qu à gaigner la couronne du Mar- tyre , n'auoy ent pas le cœur , & fi on ne leur donnoit point le repos d'eftablir leur liberté, pour s'exempter du pouuoir des TyranSjlbus lefquels l'Eglife de Chrift eftoit perlecutée, auec rage inhumaine : tant s'en faut queces poures gens, qui ne fçauoyêt le plus fouucnt ou fc fauuer , forgcaffent des exemptions, qu'ils euffent au contraire efté trel-heureux ;fi le Magiftratjdcputé par rEmpereur,leur euiî permis defouftenirleur caufe deuant la Ma- jeftc Impériale : laquelle quelque mauuais traitemêtqu on fiR à leurs perfonnes,& bies, ils veneroyent,& honoroyét après Dieu: ain- fi que la vérité de Thiftoire , & les liurcs du temps nous tefmoignent. Or le premier qui esbranla ccfte Royale, &Diuine cognoif- fance des caufes des Ecclefiaftiques ,& les voulut arracher de Ja jurifdidiô feculierc, fut lemefme Innocent premier, qui commen-< çoit à fe mefcognoiftrc , & abufer de la pieté* des Empereurs Arcad. & Honor. Le fécond'
fut Pèîâ'gius , lequeî foc à la Véntef vir j^o^'pliis' modère; &decreta du tcnipb de l'Efripcteiit luftiniati'^ que (î Fers Ecclefiaftiqacs eft^ôyent les demandeurs , ils allâflcnc denanr k^tagi- flrat poiftique: siîs/cft-oycnt deffetideurs^ en ce cas le Lay fuft tenu de les appéllcr par d^-* nànt-^eur Euefque.Saint Gregroire, Papéinécexpenen* diibit pas ainfi; car4f admonnefte Vicftor, & u.q.' ''"^"^ leaHjEuefque de Taurcie, Egliiè Metrapoli- tainc/ondée par Iuftinian>en la villeluftinia-» née,qui eftoit le lieu de fa nai{iaftcei,-âii pays '^.'Ci%'.ix des Dalmates,de conduire en bonne "&:Teurê ''"^ssVj^ garde vb Paulinus, qui fe diroitEuefque d*A- q«iîée,& vn autre pretêdu Euéfque deMilànj par deuers l'Empereur, pour les punir, feloncperrud. leurs démérites. En fin le Pape Nicolas, pre-" î'i^^^:, micr , y a mife la dernière main, & a dedaré ^'-^ *"4*" ^ fort audacieuiementjqu il eftoit dcrrairotina- ^ conruiea- blc,que les Magiftrats rcculicrseuflTent-b jq-i^"^^--^. rii'dîé^io des caufes des EccIefiaftiqûcsiPaîea a bien adjoufté dauatagejque fi "paradaénrre cquarcun- iladuict quelque différer' entre les Chrëft^'és,^'''^'"*^'^* les Euefques, & perfonnes du Clergé^îè d oy- uét décider, fur peine d'excômunicition aux refra6laires,à leur cômandement. Voila ^ ont le droit qu'ils ont de s'exépter, dcr<iiTthoritc Royale , parleur propre , Scdorne Bique tcf- nioignagctencor q certainement, rhoneurja
K ij
I08r C A HP J T R,E. p. ,
reuer|Çi)CC,; i&la pieté de$ anciens Eudqiiçf, permet^Qijt iquclquefois , que les Princes les c cotinua. cxcufoyent , & kur faifoyent grâce en leur 1 i.q.r. temps,les licenciant de plaider par dcuant.les Euetquesjde leurs diocefe, leurs Officiaux,& çomiuis. Et au Concile, tenu du temps de Loys le Débonnaire, |sn la ville d'Aix la Cha- pelle 5 fut 'ordonné , que les Clercs plaidans iVn contre l'autre , fuftent tenus de mouuoiij leur aétion par dcuant leur Euefque, Ce qui c.fidericus fc fairoit,p]uftoft pour les accorder,que pour: voLconcii. cntreprendi:e quelque jurifdiélion. ; ^
°*^^ ' ; Çeftla vcrité certaine,, que les ju,gem€n% de rEgiifçjô^ du Magitirat politique* (ont Tpr-^ , parez ôfdiuersrles choies ipi rituelles l'ont fun jettes au Coniilloire de l'Églirc : celles, qui cfto^intp - appartiennent a la vie mondaine , doyuente-^ dX/°' ftte traitées par les Rois de la terre;les'biens> 0 . ', les reuenus, de l'Egliie , les peribnnes Ecclenf fîaftiques , dcfquelles ils ont fait tant de Ça-j nons, neiont pas chofes fpirituelles , c'eft vt|j erreur trop ii>alicieux , pour fe defmenibrerj de If fubje<5lion, & de l'obeiflance que tputq c.cumad créature doit au Roy & Prince fouuerain.L% iift. * dodlrine^ l'adminiliration des faints Sacre<^ njîènsj le jugement de Dieu fur les pécheurs^ au la mifericorde d'iceluy,la communion d€{ l'Eglife 5 & l'héritage delà vie eternclle/onfe
vjojute.
C H AP I TR E. 9. 16^.
chofes fpi rituelles , & du tout feparees ^c la jurifdidion temporelle , & ne pcuiiènt eftre traitées que par les Eij«!ques,Pal\elvrs^^ Mi- niftres ouuners ei>rEgIile de DieuîLe diffé- rent des terres & p©flefïïons,des reuenus,dcs tailles,des tributs, des injures, des peines des teftamês, la difcipline des perfonnesjne tou- chent aucunement , & n'appartiennent à Te- ftat de TEgliletains doyuent eftre jugées par la jurîi'dié^ion leculiëre , puis que toute créa- ture eitlujertc à cefte puifTance rôuueraine, . & que les terres & pofleffions du monde, ^ •font droits Royaux , & de leur Couronne. s-^iftV Saint Paat eftoit perfonne Ecclefiattiqne, toutcsfois il appella par deuant TErHpereur, & recogneut qu'il eftoit fon vray jiige.Quâd aux tributs & (ubfidcs , tefmoins de la fubje- élion deuë aux Princes,&: aux Rois, il ne faut point douter que de.s qu'il fiit permis aux Ec- clefiaftiques de tenir terres & pofleffions ,ils ne fufîent pareillement ii.ijets, à recognoiftre pour icelles les Rois , & Princes fouuerains.-i.j.c.dee- aufquels ils payoyet le tribut ordinaire.Con-^'^''"'^''^"' ftantin legrand,lequel ils ont figuré par leurs cfcrits , fi libéral en leur endroit , l'a ainfi or- c'dc.eïïa. donné. Léo, & Anthcmius, Princes trel-Ca-^"^"* tholiques, l'ont confirmé. Saint Ambroife di- foit,que c'eft choie trer-belie,& grandement
K iij
IIO. C H A PilT R E. p.
louable , que les Chrefticns Xè conforment à c.fitribu- l'exemple de lefus Chrift,^ recognoiflfejvt; Ja gnum.ir.a- puifl^uçç^qui Cil p^t 4eflus IcuF dignité^ lans ^'efleucr contre la Majçfté Royale : car fi Iç pils d^ Dieu a payé le tribut, qui es-tu, quel- que grand que tu ibis , qui ofes le reful'er ? Si ijÇpipercur ne demâdcla recognoiilançç du (ijhfidc que je luy doy,je ne le refufe piisXes ^erte!5<k l-iEglire payent le tribut , & ne font point; je?(^inptes de la puilTance Royale: ainfi ca.i.exde ^^^^ port^'lc Çanoii de ce bon faint AmbjQi^ «nf. re,erçriqant à Auxétius.Au Côcile de VVor- ■"" . ines> tçnu^fous Charlemagne, Tan fcpt cents oélan^^içjiiftc queflionfut parexpres:decire, comme appert par les capitulaires dudit E,m- percurj dont les marques nous reftêc encore, entre les Dccretales des Papes: de forte qu'il a bien efté en la puifTance des Princçs , d e- AmionV^ jçempter par priuilege.fingulier, les Ecclefiaf ftique? 5 èc. leurs biens , des charges que bon i.piacct.c. leur a fembléicomme fifi le grand Theodofe, tcci""^ des fub(idesextraordinaires,Honor.ô,:Theo- dof. deuxie'nie , fes enfans, des leuéesqùi fe faifoyent pour chofcs fordides, & viles. Né- anmoins nous ne trouuons pas qu'ikles ayét <iioncs.c. dehul;e^du tour.-ains au coxraire, les melmes Çmpereurs veulent qu'ils foyent contraint^ Repayer leur part & portion , neceffaiie àla
Chapitre, p. m.
réparation des murailles delà ville , des puits publiquesjchcmins, ponts, & palTages, coni-^^ me n'eftant point choies trop ba{fes, & indi No.aeii. gncs de la dignité lacerdotale.Ce que le grad ^^^" luôinian a depuis côfirme', & iaint Auguftin expliquât le paflage de l'Elcnture, par lequel eft porté , que toute ame doit eftre fujette à reftabliffcment de la pui{rance,adjouftej Voi- la pourquoy vous payez le tribut: d'aurât que ^ ^^^-^ c'elt la preuue de voftre obeiflance. çxdeccai:
Sçachons donc qui font les Papes, & en quel temps ils ont entreprins de leuer les cor- nes , & fecoiier le joug de l'Empire , pour le payement des tributs ; afin que nous enten- dions le progrez de cefte entrcprinfe.Le pre- mier qui fetrouue l'auoir public , eft VrbainquLSs deuxième, enuiron l'an mil oé^ante huit, lors ^^'î*' qu'il foudroyoic par excommunications , & fulminations de Rome TEmperêur Henry quatrième , à l'exemple de Grégoire feptié- me, & Vidor troifiémc , tes predecefleurs, des moeurs defquels il eftoit vray fucceiïeur, & difciple , ayant apprins en leur efcole , de nourrir & d'entretenir la Cheliientéen fchif- mcs, partialitez, &rcandales trcfgrands: a ce que pendant les troubles, ils acheuaffent d'af- fermir les fondemens , de la grandeur que leurs predecelfeurs auoyent plantée , depuis
k iiij
112. C H A P ï T R E. p.
deux oa troib celits ansaii parauant.Surquoy
*°ij^°'' le Pape Pie,Gi'euxiéme,autremêt appelle AEi
neas Syluius , dcriuoit deiiât qu'il cui\ hu>né
le vent de la-Papauto,qiie loiic le mal que ÏEr
glife de Chriil à tousjours enduré , e(} venu
des Papesv& perionnes EçcIcfiaJHques, qui
viuoyent aucriiir d'eux. Vrbahi deuxiémè,eft
celuy-la qneBenno, ènia vicde Grégoire
fepriéme, appelle fort fouuenr Otho, ( c'4r'il
fe failoit ainh honin.er) au paraiiant qu'il fuft
Pape.-eftaiit fimp'le moine de Ougny : &: par
mefpris , ceft hiftorien Cardmai de rEglllb
Romaine, l'tippclle Turban, Aucugie, Scbi^
fnatique,Hcrétique, compagnô d j Libenu^,
Arrien.Voilalavie de ce Papé,& la laiioneo
laquelle il a premièrement voulu cxemter le^
biês,t€nus par les'Ecclefial'HqUcs, du dtuoif,
c I exd ^"^^ ^^ fub jeé^io'h deuë à la Royale Majefté.
immu.cc- Le tecond à èlté Innocent troificme,enuiroft
coVciUn'râlrmil <-ém nohanre lept ; fors qu'il miiVk
tcran.foî''' feu au mill'iéu de la ChcrliieîVté , oppofant à
^'*** TEmppereur Philippe, deuxième, fils de Fri-
derie B'arbferourtè,& freré de Henry fixicmë,
Otho depuis appelle quarriéme,Duc de Saxe
fils de Henry le Lion,niaiiHais liomn^e, & fe-
lon contré fôn rcigneiir,Ph*lippe , comme ^
uoit e(fé ledit Hcnry,à Frideric premier, pd-j
r.e d'içeluy PhiJjppe.'duquel ce Pontifc diloïd
C H API T R E. p. IT^.
qu'il luy orteroit le diadème , ou il perdroic Ton Pontificat luy mermc. Surquoy Dieu pemiili peu aptes , que Ocho quatrième , in- iifument de ce Pape, eftai-t paruenu a l'Em- pifCjfuten aulFi maiiuais mcTnagc auec Inno- x-êt,qu'auoit efié lôpredectlicur.Catpour di- •rè 4^ 'venté, ce n'el-l-oit pa^ de zèle, ni d'amitié ^ue !e Pape pdftatt à Otho, qu'il l'auoic cfle- '<]é, ai bandé contre Pliilippe fon Souuerain: ^ars pour tousjours s'authorikr, êv. faire les "belongnes aux delpês des Princeb,& du peu- ple Chrct-lien : fi que pendant ces nuages ef- pais,ilniarchoitàcouucrt,& rcnouuella Toi^ ilonnance dont nous parlons , au temps que -la Republique eftoit orpheline , fans père, fans tuteur,ni curateur. Le troifiéme Décret cdericus fut fait enuiron Tan mil deux' certs «onante '^^'^^i"' cinq, lors que Boniface huitième, tenoit l'E-"^^- uefché de Rome. Or ceRuy-ci eli aflez reco- îgrtéu en notire France, c'eft pourquoy je me depôrteray d'en parler dauantage, &: diray feulement^qu'ilfiiî ce fi^e déclaration Pontifî- -'taie: lors que portant vne couronne fur fa te- •fte , & vne el'pée à fon codé , s'efcria le fuis Cefar , après auoir mis en querelle le Roy Philippe 4.de France, & Albert d'Auftriche, Empereur, qui eRoyentles deux plus grands Monarques de laChreftiêtérafin que félon k
114. C H AP I.T RE. p.
couftume de Tes deuanciers, lors qu'il euta- charné les plus mal aduifez, & brouillé tout le monde, il E(\ quelque bon efïe6^. Ce font donc les trois inrtrumens, les autheurs, & les temps des ordonnances Canoniques: de Tau- thorité delquellcsjles biens tenus par les Ec- cleiîaftiques , ne (ont pas fujets aux fubfides, emprûts,tailles,& tributs,deuz au Roy:car le SforT*' P^rf^g^ ^^ faintHierolme^qu'ils allcguet niai <i-8- à propos, ne parle poind des deuoirs,ni des tributs, ains des téples,& liepx faims, dediczi ïioidlv^m- & confacrez au feruice diuin : lefquels l'Eni- bc.u.f.epiapj.j.g^jj- Valentinian troiiîcme, vouloir ofter aux Chreftiés, pour introduire les idolâtries, & autels des anciens Payens : fi qu'à ces fins, il auoit enuoye Symmachus, gouuerneur de la ville,àMi]an,vers faint Amboifedequel s*e- ftoit mis dans le temple de fon Euefchc, fans armes , délibère toutesfois de mourir , & fe iaifler trainer , ou mettre en pièces, plurtoft que d'endurer que les idoles y fuflent refta- bliesjcontre l'honneur de Dieu; qui luy affi- ll:a,& filt que ce bon Euefque furmonta la fu- reur derEmpereur,en plalmodiant,& priant deuotement le Chef de l'Eglife lefus Chrift, qui ne l'abandonna point:de forte que l'argu- ment de nos Clercs , priuilegiez prétendus, contre le droit diuin/ondementde la Roya-
Chapitre, p. 115. le puillance , cil bafti , fur l'arenercar verita- bJemét, on leur peuc reprocher ce que diibk TEmpereur D lodctian à vn Philofophe, qui %
luydemandoir immunité, de quelque em- pruntjCefte requelle ell du roue contre ta profciîîon j d'autant que tu fais eftat de vain- cre tes pa(riôs,neanmoins tu te laiiTes gaigner àr^uariccau contraire Je ceux qui font vrais Philolbphes , qui font temblant d'aimer l'ar- |;b",|'^°'*' gent, lequel ils mefprifentlcplus. Meflieurs-^-*" ^^ les Papes nous reprcfentent qu'ils font les eo^ckoû. Chef^ des chofc^fpiricuellesjDieuxen terre,""' ImitatcMi:s,3i Vicaires de IcfusChjift, Suc-^ ûriseui- cciïcurs.dc fâint Pierre, quin'auoit rien en ^^"^«"^i»*' plus de ifecommâdation, que la pourete',rhu- militejrobei{rance,Iâ rub)edion,Ia paix & re- pos de TEglife : contre IçfqueU préceptes , il femblequeces Pères faints , ayent combatu depuis (îx ou fept cents ans,& combatent en- cor aujourd'huy.Si bien que comme Cynus, ancien Dodeur aux loix> à laifle par cfcrit ^Ec. font pafTez trois cents ans , ils ont fait grand '^^■^^'^' nôbre de Décrets, à leur pofte , pour vfurper la juridiction feculiere.EtPetrus Ferrariêfis, qui viuoit prefque du mefme temps, blafme fort fouuêt la (implicite des Roys,& Princes, qui mal foigneux de la charge que Dieu leur à dônee,font caufe de la ruine de l'Eghfc^p.ar
U6, C H A P I T R E; p.
leur Tuperftitiôn/aifans trop(k'c6rcience,de reprimer le desbord des Ecclefiaftiques. Le Pripe qui eft vicaire de lefus Chrirt , ibccef- feur de S, Pierre, poure pefcheur, pourquoy ne fuit-il l'vnourautre? qui nous ont enfei- gné,& ont crié , Ne thefaurizez point au inonde, Bienheureux font les poureSjNe prenez point les armes , ni le bouclier , ni le dard, ni le glaiue,pour conquerir.la terre: Armez-vous de la paix.Saind Pierre ,& les autres Apoftres vendirent tout cequ^ilsa- uoyent pour fuyure lelus Chrift: leurs fuc- ceÎTeurs dominent tout le monde. Non con- tens encore, ils cerchem tous ks jours à de- ftruire queîquVn. Saint Pierre dill: au boi- teux, qu'il n'auoit or n'y arget pour luy don- ner: Vrie grande partie des Eiieiqucs de no- (Irc fiecle , ne combat que pour les richcffes, & lors qu'ils (c trouuent aifez. Ils déclarent les Roys & Prince-s de la terre, leurs vaflaux les nations du monde leur obeiïTent. Gefe- roit œuure charitable , difoit l'Empereur Frideric deuxième , Prince tref-chreftien , & tref-catholique , deleur olterlcs grandeurs, qui les eftranglent &: lufFoqucnt. Les anciens c.ckros Eueiques eftoyent vrais Clers,qui fuyuant la fource du mot , n'auoyent autre part ne por- tion que Dieu : Ils regardoyent les Anges du
ïi.ditt.
C H A P I T R E. 10. 117,
ciel, reluylbyetit par miracles ,&: tiroyentîe monde vers eux, par humilité, par i'ainteté,& par leur pourcte'. L'vmbre de laint Pierre guarilToit les malades:: l'vmbre d'vne grande partie de Tes luccefTeurSjà fait mourir les plus îains , par les guerres qu'Us ont femé au lieu de planter la paix. lefus Chrift n'auoit rien de propre, & de particulier à luy en terre:ces meflReurs n ont pas voulu fuyure fon exem- ple en cela, car la plus part de leurs Décrets, & de leurs Ordonnances , n'ont tendu qu'à conquérir le monde , & fe rendre reformida- bles.
CHAPITRE X.
SOMMAIRE.
^eftions yfuraires attribuées aux iugesd'Sglife. 1. Contrariété de fleuxT)ecretsduPape Alexadre troi^
fîéme. 5. Innocent troifiéme ^prétend que la cogmijfance des
crimes luy appartient.
4. Les Ecdefiaftiques qui font riches de leur cbef^pourfe
nourrir fie doyuet pas toucher au bien de tS2ltfe.
5 . Diuerfes décret al es des Tapes, defraifonnables^ ccum-dcfi-
^^ L E M ENT troifiemc , contre toute feiSelm. I pieté' , n'a pas voulu pardonner à ce- ^f"q"i •^"-^ Juy qui auroit offenfé^ou mis la main '*^^
ii8. Chapitre, ta.;
fiirVn Eccicfîâftîqué : alléguant potirraîfon, que l'offence eftoit faite à Dieu , & que par- tit les homes ne la pôuuoyët remettre; com- me (î tous autres pethez,& Tin jure que nous faifbns à noftre prochain , quel qu'il Toit , ne touchoit pas l'hôneur de Dieu, aitfTi toft que Finjurc faite à vn Prertre : lequel' & tout le cfergé^pour la pieté, & pour Thumilifé de (o ordte,deuoit eftre plus enclin à pardô^n'eiift cfié qu'ils ont imaginé^de fe rendre reformi- dable$j& fe mettre à rabri5fbus la terteur de^ peihcs; Alexandre troifiéme'',- lors qu'il eftoiten France fugitif , quand l'Empereur Frideric Barberouflc l'eut chaflc d'Italie , en vertu du Décret du Concile de Pauierauquel Vidlor fur confirme, contre ledit Alexandre. Ceftuy-ci affembla vn Conciliabule àTours, auquel entre-autres chofes fut ordonne , par crde^viL ^'^y rnefme qui cômandoitlmperieufemcnt, que les queftions des vfures , feroyent de la jurifdidlion Ecclefiaftique:mais je demande à quel propos?L'viure defccnd de la negotia- tion & du trafic. Il eft bien necefiaire que le Pape s'en meflc , n'elt-cepas la charge des Rois,& Princes Chreftiens,de punir la mau- uaife foy de ceuix Jqui s'oublient en leurs côn- traé^6?Le Pape ne pqurroit faire- de plus feue- réslolx ', que celles qui ont cilc publiées , en
Chapitre. 10/ np. toutes les republiques policées > contrclesc.iator.ee. Viuriers.Le melme Alexadre rroifiéme,a or-?egi!f ^' donne que rEucfque cogncufl de la queltion de baftardiie,encores qu'elle ful^ intentée in- cidemment, en la demande principale, du droit de fuccefîion , ce qui fut répété depuis par le Pape Honor, troifiéme, au procez in- àJ^l^ tenté , entre la Royne de Cypre , demande- '*'^"' refle du Gonté de Champagne,contre les au- tres pretendans audic Conté : lefquels oppo- foyentà ladite Royne, qu'elle n'cftoit pas née en légitime mariage. Partant le Pape cf- crit au Roy de France , Loys huitième, père de lainr Loys , qu'il attende à juger le diffé- rent du Conté , jufques à ce que fa fainteté ait décidée la caufe de baftardife : comme fi cllctouchoit aucunement le fait du minifte- re Ecclefiaftique : fingulieremenc attendu qu'elle eftoit incidemment intentée, en h caufe principale de ladite fuccetîion ; auquel cas, il n'eftpas raifonnable dediuiferlaco- gnoiffance des exceptions du deffendeuj, de d°S^* la juftice qui eft en l'aaion du demandeur: c'cft pourquoy fuli-cllc de droit ou de fait, c'eftoit au Roy,ièigneur du fief,d'en cognoi- ftre,en vertu de la demâde dudit Contértelle- mét q rappeljcôme d'abus,euil efté tresbicn releué de la dccretale ôi entreprilès du Papc^
lîo. Chapitre, jn. fur rauthoritéde la Ma)efté.Au préjudice de.- laquclle,lc Pape Cekl^in troi-fiémejauoit par^ ^ffcxdl^ reilleiDent entre p,ins ,& aduilé d'ordonner^ for.côpct. qye les ciludians en l'Vniuerfite de Paris,, deulTent agir ou cftrc appeliez par deuant.. TEuelque de ladite ville: afin de planter en i-< celle vne petite Monarchie,qui peu à peu s'a^ - uançaft , leuant les cornes contre la fonuerai^: ne authoritc de noltre Roy : lequel grâces à- Dieu a toubjours conferué la Ma)tfté contre;: .le Pape,& Tes luppoftsjôt n'a voulu qu'autres i que (es ofHcierb, ayent cogneu des caufes d&r ^ j Tes fubjeéls : comme il n eti pas aulTi raifon-.. doi". nable. Le Pape Alexardre troificme, ne.veuÉi pas qu'on failîne les biens d'vn Ecclefiafti- que j encor qu il foit contumas : ainsle veut-.: foulager en fa proteruité >,& fe contente s'il veut bailler caution,d'eftre à droit,& compa--^ . roiftre en cauiè. Mais je vous prie qu'elle rai* fpn peut on trouuer , pour dire qu'il ait d\é. bcfoin d'attendre vn an entier , 1 abfence.dcj rnonfieur le Clerc , & néanmoins que ce foicr pour iieant /.pourueu qu'à Taduenir il pro* mette de i'e pielenter en lurtice . N'eftoit-cc pas. choie trcf- rai fonnable, du moins delc: Gpndanuier aux delpens , dommages , & in«f! tercfts de Tattente , ainfi que le mcfme Alex.51 andre .à fort bien recogneu , fi deux Ecdefi*?:
ftiques
Chapitre, io. 121. ftiques debatet? C'eft donc la mefme juftice, c.ex.hreriï entre vn Ecclefiaftique , & vn Lay : car il eft "^°'^- trcf-injuftejd'auoir acception des perionnes: joint que lespnuiIeges,fon:tousjours accor- dez, fans préjudice de ccux,^ui le fait peut toucher.Luce troifiémejucceîîèur d'Alexan- J'^^^f J dre , décréta que ceux qui auroyent pille les cc."ip«. biens Ecclefiaftiques peutTcnt eftre accufez, deuant IcsOfficiaux de FEuefquejContre tou- te juftice , par laquelle le juge doit eihe (ans afiPedion, & fans aucun foupçon. Mais la rai- fon qu'il donne eft encor plus friuole,fondée fur ce que le plus fouuent , les juges ieculieis font tardifs à rendre la juttice aux perfonnes Ecclefiaftiques.Or pour ce fait , s'il a grande occafion de le direjchacun le jugera^quand il lira la Côftitution des Empereurs tref-chre- llicns Arcad. ôcHonorius, enfansdugrandi.fiquisin Thcodofe : par laquelle ceux qui oferoyent cdteprs* faire quelque tort à rEgîile,foit es perfonnes, ^'•'•' foit es bienSjfont condamnez de mort, com- me atteints de crime capital , & publique. D'ailleurs fi nous obferuons, le fîecle auquel Lucius viuoit, il le peut remarquer en iceluy, que les Princes d'alors elioyent parauâture, pluftort fuperrtitieux j que mal affectionnez enuerslesEcclefiaftiques. Innocent troifié- ^.^ou:: e* me , qui fut quelque temps après , en dit su- '^^'^^^
122. Chapitre. io. tant , de tous crimes en gênerai : dcfquels il pronôceque lacognoiiiance & juriidiéHon luy appartient. Et la glofe en Te paflage, allè- gue l'auchorité des deux glaiues , tant expli- nuSo™'/'' quc-e par Boniface huitième, en ion Extraua-^ ob.in extra- g3j^j.g. niajs s'Il l'eutend ainfi jc croy qu'il l'aura pc:rdu , depuis le temps que leibs a.Bcrnavd. ^^^^^^ CLit Commandé à famt Pierre , de re- dcconfui. mettre le couteau dans laguaiiie. Ilfautque
ad'tuseii. . o i
i>.iib. 10. les Euefques aflaillent leurs brebis de parole, ' '^' non pas du fetjil n'cft aucuneméc feant à l'E- uefquejdc frapper & de battrc,s'i! veut croire faint Paul , & n'auroit pas railon de fe feruir du gî:iiue:lequel il a caché parle commande- ment de Dieu^mais il le doit reuover à l'Em- pire & jurifdiéHon Politique , à laquelle ap- partient la cognoilTance de tous crimes. De fair,Ican André,Gabriel Biel,& vnc infinité d'autres Théologiens , reprouucnt la Decre- tale dudit Innocent troifiémc. Lequel en la metme Decretale, a fait vn abus remarqua- blcj en ordonnât qu'il doit élire permis à l'v- ne des parties, contre la volonté de l'autre, de rcnuoyer au juge Eccleilal^ique , le différent qu'ils onticar certainemét il ne fe peut trou- rohicruan- "^r chofe de plus n-.anuais exeiTiple,que d'ap-j iiiT'^"'^'^" prouucr à juge,cehiy que l'vne des parties au* roic nommé par cxprc'5. Il ell: vray qu'à mon
ni. velu, mcil.ibl.
C H À 1? r T R Ê. 10^. T25. ■^duîs ce bon père a pëié, que les EccIefialHi -^j-^rii queslerontincorriipùbles , i?ins ûtïçdiiôi1& fans palfion dellntereit d'aucruy Vqiri'efl: la melme railbn qu'ils font dire aa Pape 'Alexâ- ^-^^^^-^ drCjprerpierjen T'/nede les EpiltresDecreca- »'" iesjCbtitenuesau premier voluntcdé^ Cônci- les.Miiis pour dire la veritc,j'ay tr>rt ce palfa- ge à fufped : d'autant q.ueles Eueiquçs de ce fiecle ne peni'oycnf aucunement à placer leur grandeur:& n'aiio'yét autre but, qùerilumili- tc de rEuâgilc.Au contrdire,le fnetrne Inno- céc troificirie, à prohibé aux perlones, Ecclc- if^^lf'^, fiadiques, de proroger &: cofentir en la jurif- compet. di(5lion feculierc,p3r ce(dit-il) que Tauthori- té publique , ne peut eftre abbaifiée , ()àr les côuentions des particnliers:comme fi la mef- me raifon,n'auoit pas lieu en la puiffance pô- litique:& bien encor plus fort au fait d'Inno- cêt troi(iémc,puis que toutes lespnrdies n'en font aucunement d'accord. Mais quoy? c'eft pour s'authorifer tous jours. Car vçritai^iemêc la mefme confideration auoit eftc fort pelée ^
par nos loix.-mefme par luftiniâ. Prince trcr-i.pg„yit;cii catholique,neanmoins il fut aduilc, que cefle '^^p*^ loy publiquc,par laquelle les jurifdicVios font diftribuées par territoires , où par diuers or- dres,&cognoi{fances,concetnoitfeulemieclé bien,^ la camodité des fujecs en particulier: ^ L il
124- CjH A.P I T R. E. lO.
Lpaciftifci. partant il leur deuoit eftrê permis,d'y renon- ff.dcpadi. çQ^ ^ ^ conucnir autrement , s'ils penfoyent que ce fuft leur bien. Voila pourquoy nos Empereurs Chreftiens , Arcad. & Theodofe deuxiéme^ont el^é plus gracieux, & plus mo- dérez enuers l'auditoire des Euefques auf* quels ils ont permis à leurs fujets, de confen- tir , & (i ont tait ceft honneur aux jugemens i.fîquf.!.c- Ecclefiartiques , de les déclarer exempts de i%7e% toute appellation.Le Pape Gelafe deuxième, &dcr. qui tenoit le (îege enuiron Tan mil cent dix- c-iiccreic huit , fous l'Empereur Henry cinquième , & sjiaefte'r. Innoçêt trûifiéme,qui fut aflls cent ans après ii.q.r. Q^ enuiron, priuat les enfans de l'entière fuc- anth.hoc. cellion de leur perc/ans y rien excepter, s'ils dTSd!* " ncfatisfontdepoindenpoinftjàla volonté de S'^îb. ' d'iceluy : mefme en ce que peut toucher l'in- tereft de TEglife. luitinian leur à refcruéla part & portion de nature , par ce qu'à la veri- té, en icelle ils font pluftoft créanciers du pè- re que Tes obligez & redeuables , tellement §.aiiud.vf que fi bon leur fcmble, ils peuuent renoncer pcUoff.m.' à la rucce(Tîon,& retenir la portion légitime, E^"*'* ^e laquelle ils ne fçauroyent eftre priuez, depcn. qu'ils ne foyent conuaincus d'auoir oifenle la nature. Alexandre troifiéme, à trouuc fort mauuais, de condamner les perfonnes Eccle- fiaftiqucs,eu amendes pecunieres , ce qu'il a
Chapitre, io. 12^.
par cxprez deffendu , fur peine d'excommu- nication : Encor que tel Décret Toit notam- ment contre tous les anciens Canons de l'E- glife Au cinquième Concile de Carthage,aUq.vi?.c/"^' onzième Concile de Tolède, au leptiéme,^".^,^*;^- Concile gênerai : joint la Dccretale Confti- °-!,-°"i*"^' tutio du Pape Pelagius deuxième, qui viuoit Jeiipiri- du temps de l'Empereut Maurice, Si vn Pre- cl^dêupiS.* {lre(dir le texte du Canon) de quelque quali- c'.cJgnS te qu'il foit , eft conuaincu, & condamné par "^'^'-''^■'i-^ les EuefqueSjle Clergé, ouTEglife^en laquel- le ilprefidoit,ne le pourront aucunement ca- pjnaud^^** cher,& quicôque l'entreprendroit, fera con- damné en vne grofTe amende pécuniaire, auec priuation de Ton honneur, de quelque fexCjOU de quelque aage que il foit. La Con- fliturion de l'Empereur Valentinian eftoit femblable,& portoit que h lesClercs fc trou» uoyent auoir interjette vn fol appel,ils pour- royenteftre condamnez en cinquante liures d*argêt,enuers les poures:pour laquelle ama- de toutesfois, il n'a jamais cfté permis de fai- firle biendeTEglife: duquel les Euefques, Preftres, & Clercs, ne font,ou ne doyuent e- ftrc que fimples adminiflrateurs , Se ne p( u- uent s'enferuir que pour laneceiTitédc leur vie: pour conferuer laquelle, fi Dieu leur à donné des moyçs de leur chef,ils font appel-
L ijj
I2Û. TT H A P ,1 T. BL E, .10.
lez lar^rons, s'iji» touchent au bien de TEglife,
defbiojé .pour les poui:es & ne peut auoiv lieij
en cm. Ce qu'ils ont tous jours en la bouche,
: . gue qui fert à l'Autel , doit viurc de l'Autel.
.:\ft^ti^'jv f e pere^ n'eli: poin; tenu de nourrir fcsen-t
fansjs'ils (bnt afî'ez riches fans luy. Le Canon
de faipt Hicrplifie^ efçriuant au Pape Damai
• :^;; ' l"us^,pQrte> tes Cjercs.doyuent elke nqu^ris
^i.S*; ■■ aux dei|),eiî3.de TEglife^ Jqsimoyens de leurs
^ v^:^'' parehs,, ou alliez defaifiçi^PB'^i^ <^^Uf ^juip^^^i
dequ(A^.refulp{hiKe,r,s ils pr^yinent ce.qifi efl^
des po tires^ ^6;i7imettçi>f-f aqri^^'ge^gr p/ipje^^^^
' abg§,man^ep:^£bQyueut/eiirjiigeniécet5^-
_ neï. S,i,upU3 confiderorisraccafion, poui;!^'-
tliîii ciils quelle k nièlnie Alexandre troifiéme a.excu-
ëm! ^^' ^^, ceu}ç'qui,fon|: tertamcnt ^ ^'tls. n'ont obier-
ncen iceltiy toutce que lesijloix Romaii^cs.
d^|lreii):Jj.,iqpcut veoir^qde./ç'àcile pour ac-
crQi{trj:|le rcuenu de niçlfieur^ les Écclefîa-
lljquês;auiqùéls fera fort fàciie,par la Deacr
taie d'Alexandre , fous ptctext^e de RcligÀonj^
perûiûderj que la volonté dudcft'unét àciftei
de donner Ion bien à TEglifc Les EnipereurjS
Payés, qui p.ar dircours huniàin.comme mçf-
creans ^z barbares,deuoycnte(ke plusadon-
i-jez a la tyr3.nie,ôc Tanaricc^que lesEuerqucs, ,
on Pafteurs de l'Ei^angile , n'cxnt pas youln
açcçpte^'.Jqa^licritagcs qui leur eftoyençlaif-
Chapitre. io. 127.
icz parvne volonté imparfsiterains ont crou-îc^-in^per- ué mauiiais & dei^honnclVc , h quclqu'vn Icsicg.'Jj.çi. nommoit pour héritiers, àTenuie deslegi-feât'§. times fucc^fl'turs.ou pour démener noiiiieau ^/;['^.'2°^' proce7.:c'cft donc choie milerable, que nous puiiTions drre trop vetitablement de nos Ec- clefiiftiques , qu'ils ont eftc plus desbordez, & moins piez en leurs loix » que les Tyrans Barbares, que ceux(di-je)qui n'ont point co- gr^eu Dieu, & qui n'ont eu que la raiion hu^ maine pour guyde,La mefme auarice , Se de- iîr Jnlatiabîed'auoir,à caule que les Decrera- t<çs Jont pleines d'vne infinité de pafle-droits: du notnbie defquelîes clt Tepiflre d'Innocétc.n,tnti.; troifî éme,par laquelle en faueur de rEglile,il^/^;^^^^- approuue la déclaration de celuy qui aura re- mile la volonté, à la diipohtion , ou lécrette!.7o.&-7î, intention de quelque autre , ce que nos loix^fe^^'^'^ ont à bonne raifon trouué m.auuais , d'aurant qu'il n'y a rien, en quoy la parfaite & entière c.np.ucr. volonté des hommes , doyue efi:re plus con-f^J'^'''^'''^ feruéc qu'en la dernière dii'polîtion qu'ils font à l'heure i|e leur mort. C'efi la mefme cRama. confiderationqui a poufTéBonifiCC ,huitié- me,de changer fiuOemêt, le nom & la nature des fubftituciorts teftpméf aires , pour cmpei* cher la detradibn de deux quartes, inuentées par fes prçdecçfieurs, contre h police ciuilc,
L iiij
uas
1 28. Chapitre, io.
KainaidiK. P^f laquclIc ks enfaiis chargez de rendre The- ritage de leur père, ne peuuent retenir que trois onces , & n'ont raifon de faire inftance, pour la légitime fur le bien du deffuné^ , qui les à faits Tes héritiers vniuerfels, Cefte in- confideree faueur , a pareillement contraint Honor.troifiéme,Pape, de changer Tordon- SLm c""" "^"^^ ^^ luftmian, fur la triennale pcrcmpti- cod. * on d'inftance , fous couleur des fubterfuges, & délais de IVne des parties: comme fi l'Em- ^^^^'^^^J^^- l^aciuny auo'it pas affez difcrtementpour- ucu.Tref ignorante eft la raifon allcgue'e par le Pape Grégoire trpifiéme , fur le fait qu'il- déduit d'vn teftateur , qui par fa dernière vo- lonté' auoit donné pour fa lcpulture,à TEglifc ce qui n'eftoit pas à luy:ains appartcnoit à v- ne autre Eglifeiauquel cas il femble caifer du tout lelegat.Parce (dit-il)quc cncorque les loix ciuiles veulêt qu'il foit loifible de laiffer parteftamêtle bie d'autruy,neanmoinsnous qui viuons félon la Loy diuine,fommcs obli- gez à rendre ce qui n'eft pas à nous , comme s'il penfoit que nos Turifc. euifent voulu par celle difpofition du deffunif^, priuer le fci- gneur de fa chofc , ce qui eft faux ; car il eft tout notoire^qu'ils n'ont jamais entendu,que liSue ^^ contraindre rheritier:,3 racheter iceluy,oii ifg- 2: payer le prix raifonnablc , à celuy qui en eft
C H A P î T R E. ÎI. lipo
légataire.
CHAPITRE. II.
Sommaire.
|, , Çanom des Tapes faux & i'aïufies.
2, La commtmio/i di^ corps précieux de lefusChrifljie
doit ejire employée âl'ejfay. ^. Dmerfes fortes d'exploration codamnêes par l'Eglifi. 4, . Le Iture du Tafteur reprouué par l'ëglife.
CE V X qui voudront recercher cxa- élement trouueront que le décret a{^ femblé par Gratian, elt pareillement rempli d'infinies fuppofitions , faufifetez & railons friuoles. Tefmoin ce qu'ils font efcri- re à S. Hierofme, par Damafus: lequel mou^ rut enuiron Tan troi<> cecs oélante fept de le- fusChriftjdes PapesGelafius,FeIix troifiéme Agapitus, Syluerius, DeodatuS:, Theodorus,c.ofîuj. & quelques autres : tous lefquels , & le plus ^^''^'^' proche du temps dudit Damafus^à efté enui- ^ ^^ ç^.^^_ ron cet ans après luy^de forte qu'il à prophe- di0.j5.dift. tife' pour l'aducnir. Ils ont fuppofé de iaint Hierofme, que du commencement du mon- dejes hommes ne mangeoyent pas de chair, Gêner. ce qui eft fauxicar à quelle raifon donqucs A- bel euft efté pafteur d'oûaillss ? Pour la peau (dit la gIofe)auiri fçauante que le texte. Pour- quoy eft-ce qu Abel euft offert en facrifice à Pieu , ce qui n'eftoit pas en vfage entre les
no. C H A p y T ^ ç. ir.
hommes ? Par ainfi chacun voit , qu'ils ont preftc cefte chanté à faint Hrerofmeidans Tes œuures duquel cela n'a jamais elle' leu. Le
6^ua"^'* ï-^^c^^^ ^i^ Concile de Nicene , fe trouue ÙU /îfié, fur Tordination de 1 Euelque: c*eli à di- re5anciennemér l'approbation publique, qui fc faifoit après fon elcdion. Les autres 1 ap- pelloyent Timpofition des mains,ou la corn* niiffion de Vc([ti\ , pour aller bbourcr la.vi* gnc deChrjfl:,ElIe à depuis elïc nommée Be* nediélion : finalement Confçcration QjM Canon porte, que la puiffance, ou la Confîr- mation,appartient au Metrapolitain: toutes- fois le texte Grec contient leuIçmentqu'eW cefte ordination , la principale authoriçe eftoit du Metrapolitain , parce que l'ek <5l^io.n'
^ le faifoit eii fa prefence, & des autres Euct^
epiiî^î. .*ques de la Prouïrice, çonime dit faint Cypri-» an.Ce n^eftoitdoncpas à Iiiy de confirmer:.
c.ecrîef.ij. mais bien d'eflirc auec les autres. Ils ont ad- j'ouftc vnÇaiion apocriphe, au mefme Con- cile de Niccne,par lequel eft ordonné que vq Temple vue fois cotifacréà Dieu , ne le doit cftre jamais plus : à l'exemple des enfaus, qui ne peuuenteftre rebaptizez.Toutesfoisileft certaiii,que les Pères ne firent que vingt De»»
r.vîgiiui.^. ^^^^^ ^"<^'t Concile, ainfi que le Pape Eftien* ne tefmoigne, à rEucfque de Majence; entv^
àiù
c.Ker.û,
cnulli,
99-
Chapitre. < ii. 151.
lefquçlsç:el^uy-çe ne fe trcaïue poiiir. Gra- tian à fort mal traduit le Canon du Côcile de Cliolcedoine;par lequel le Prclhe le Diacre, ou autr£ CLçrq^ ne peiitçlhe ordonné, finon (• dit Iç texte duiJitGraticîu.) en TEglife de fa ^em^ï ville, ou de rademeiirejOu du nionalkre, au^*^"^' queljl çil.dertniéimais la lecôGrccque porr te;* iiHpn^nl'Ealire de la cité^ou du bourg: telJein€rK:;qi!i)Ç-Gratian y a mal adjoufté le HK)t lîT-Sfû?; carie Concile veut feulement, que rorditi^ltiôf^'dM Pretlre,du Diacre, ou autfe, dia ij?:tace en I3 pr,incipale EgUfe.Il e[^ porté par ^ç.Çânon^qiie les Archeuefquçs ne fe diront Piirnats v-U.JtS/4poftreSj ou leurs fuccelTeurs Dcics ont dpcla.rez ttls , comme fi du temps des Apo.ftres-5nî j^ufqiies trois cents ans après la inort.de. Lçf^s Çhrirt , le nom de Primat e- ftoiteniV'Mgç; contre ce qu'en efcrit de fon temp5Î^)anus,difcipledeiamtîean.Au mef- me P<^çtct àt Gratian,eft tranlcnt pour Ca- non, vn Concile hérétique , & reprouucpar l'EgUfe Catholique. En iceluy eit ordonné, que h les Religieux dVn monaftere/otaccu-c.rxpeco;:- fez de quelque crime, ilsdoyuêt à la fin de lap'_^f^"*" Mi!ire, fe, purger,& clprouuer leur innocêce, ' p^r la cpniinunibn du faint & précieux corps de lefus Chrift; tellement que IViage du S. Sacrement de l'Autel, laiffé & inftitué par le
1^1. C H A P I T R E, II.
Fils de Dieu , pour la viuification de noftrc ame, & participation de Ton corps, eft chan* gé , & transformé , en autre , ou pluftoft à contraire vfage: reprouué par tous les Théo- logiens, le Içay qu'il en aefté abufc, quel- que-fois. En cefte façon, Grégoire de Tours parlant d'EuIalius Cojnte d*Auuergne, dit qu'eftant accufé d*auoir tué fa merc , TE- uefque le fift purger de cefte ofFenfc en pre- nant & communiant au faint corps de lefus Chrirt,en la MefTe. Autat en fift Robert, Ab^ bé de Limbourg,pour quelque cas à luy im- pofé par Arnould Euefque de Spire , felori que Tri terne raconte. Lothaire Roy de Lor* raine, ayât efté excommunié par le Pape Ni^ colas premier , pour l'adultère par luy com- mis auec VValdradc , fut à Rome , durant le fiegc de Adrian,deuxiéme,& s'en voulut pur- ger de mefme fortcimais il mourut dans Tan. Le Cardinal Ber^no,en la vie de Grégoire feptiéme , alaifle par efcrit , que rEuefque Portuenfe,qui auoitefté grand ami de ce Pa- pe , auoit dit publiquement , en prefence du Clergé , & du peuple , qu'il auoit fait choie, dont luy,& tous ceux qui luy auoyent afllftc, mcritoyent dartre bruflez vifs , voulant dire qu'il auoit mis la fainrc Hoftie dans le feu, pour s'infoçnicr de quelque chofe , contre
Chapitre ii. ij^
l'Empereur Henry quatriémc.Les anciens lu- perltitieux &barbares,auoyentauiri d'autres Ibrtes d'explorationsjou d^eflais: Gomrhe par le feu:duquel entend TAbbe' d' Vfpergucjpar- lantdcPierie^Euefque d'Albanie, &. Philip- pe de Commines , quand il defcrit Taccufa- . tion d'hcrcfie , que fiit vn Cordelier, de Ilic- 19. ' rolme SauaQarola,Iacobin,Iequel au jour de- figné , s'en vint portant en fa main la fainte Hoftie , pour auec icelle , pafTer au trauers I« feu,ians rempefchcmét que luy dônale Cor- delier , qui s'oppofa à ceiatrecognoiflant que la partie auoit vn trop bon guarant. A raifon dequoy il ne fut rien fait ce jour là. UautrCj^j^^ manière de recerche eftoit , par l'attouche- ment d'vn fer chaud : duquel parle Auentinus en fes Annales de Bauiere. Tritcmius racôtc, que enuiron l'an mil deux céts quinze, Con- rad de Marpourgjinquifiteur de la foy, auoit accouftumé de faire effay en telle forte , de ceux qui eftoyent accufez d'herefic : à raifon dequoy l'hiftoire porte , que perfonne n'en cfchappoit:car le fer chaud ne les efpargnant aucumêtjils elloiet par après du tout bruflez, corne hérétiques. A ceci appartient la loy des j^j,, FrâcSjraporte'e parAnfcgilus,Albertus.Kran^ J"- tius racôte,vne hiftoire mémorable, en celle forte d'exploration , & recherche d'vn jeune
homme: lequel accufe d'auoi/ mfs leTeii en quelque mailbn,s'en purgea par ccfte tormè ayant longuement tcnuvn fer briiûant à 1^ main;, fans s'offenfer: Puis Tayaht jctté,Ie feè difparur : jufques enuiron vn an après qu'il fut trouué , & empoigfuf par cehly qàiiren'i tablement auoit commis ce Fait,'Ieqiielauffi le brufia la main: dont le peuple cfiiierueilléj lêmiftpar foupçon entre les mains delà ju- ftice5par laquelle cti\ homme ayant cftc mis d.ieg.Lom- a 13 queltion , recognut le rorrdit , & rut puni ?fnîaNe*a.^^ mort.Quelquefois pareillement les anci- E^i^tiT^i ^"^ failbyêt ce(i efTayjauecques de Teau chau de,dâs laquelle ils faifoyêt mettre la main de Hb.j-cap. Tacculeou bien au côtraire ils le plôgeoyeÉ partrois foiscn l'eauja plus froide qu'ils troii iioyent5Comme dit la glofe des conftitutions du Royaume de NapIes.De cefte forte d'ex- ploration, efcrit le Moyne Aii"nonius,parIant de Loys,fils de Loys Débonnaire. Or toutes ces manières d'eiîais , & de prennes detefta- bles, ont efté reprouuces,8(: condainnées pat l'Eglife Catholique. Le Pape El^ienne, cin- quième, efcriuant à Hubert:, Eueique de Ma- jencc, luy dit, que toutes ces façons dxxplo- rations , qui ne font pas authorilees:,, parTa- probation des anciens Pères , font fuperfti- rieuics , & de mauuais exemple. Car il faut
Chapitre, ir. 155, que Taccuré foit conoaincu par tefmoins, ou>ceuruim, I par fa confe(rion,au paranâc que il puifle eitrc Sp'fSydc I )ugé.Et Honor.rroifiémejdcclarequcc'eftEbSea^*. ; tenter Dieu ,en failant ces eflaiz: lefqucIsil^'^^^P- I prohibe & defféd.i'EmpercurFrideric deux-' * iéme,lcs abolit a Naples. Saint Grégoire e{^ criuant à Brunehaut , Royne de France , luy mande qu'il a fait ]urer Menna,fur les crimes ; qui luy eftoyent impofez: car puis que il n'y : auoit autre preuuecontreluy , il dcffendoic I d'vfer de ces.fortes d'explorations populaires i & vulgairement inuentccs,par Tcnuic des en-T.^y!"" , nemisdel'accuféjpartantc'cftchofecrtrangej'lf^" * I devoir que Gratian ait retenu cette manière ' d'efiay/par la cômuniô du corps précieux de
lefus Chrift: laquelle nous à eltc donnée» en ^ \ intention du tout coniraire.Les Theoloc^iens simme- ' font d'accord que le liure qu'ô attribue à faint de côtrlk Ambroife, de Tobia.ea faux &MTierueiIeufe- Sn.uSrde ment corrompu par les heretiques.neamoins''" " Gratiâ s'en çiï ferui,& en à extrait vn Canon, ■ plein d'impiété: par lequel eft porté, qu'il no^ crt liciie d'exjger l'vfure de nos ennemis. Car(dirle tcxte)puis que nous pouuons leur 1 faire guerre ouuerte , il nous eil plus loillble encorde les côbattre fans ter ni fl âme. Mais je croy que cette confcquence ett fauttcjd'au- ^^^^'^q- tât que la guerre fubiiqucjfàite aux mekhaijs "^ '^'''
1^5. Chapitre, ji, eft jufte> légitime, & fans ofFenfe cotre Dieu Texaélion de rvfurc , eft vn péché , vne cor- ruption , & preuarication contre la volonté du Tout-puiflant : fi bien qu'ores que noftre. intention foit de détruire l'ennemy de ju- ftice , toutesfois nous n'en deuons pas cer- cher les moyens, autres que juftes, licites , Ôc vnis auec la crainte , & commandement de DieUjIequci, les prépare quand il luy plaili auancer la ruïne des obftinez en leur vice* Confiderôs ailleurs, l'argument mal bafti^du Pape lean , efcriuant à rEuefque Paulinus^s c.porto.i . j^^g^j gj^ Germanie , & Hongrie , quand it
difpute fî la prercriptiô,doit courir auxChrc-^ ftiens , qui ibnt empefchcz par les ennemis de la Foy, en la poilelfion de leurs terres: cari (dit lé texte ) véritablement entre les Chré- tiens, & ceux qui font de mefme reIigion,on à cftabli vne police de certain temps ; mais cotre les Barbares il n'en y à point, ains nous auons remis le tout au bon plaiiir de la bon- té diuine , laquelle nous dehurera quand il I plaira à fa Majerté : autrement fi la longueur du temps nous empefchoitjDieu fëroit à blafmcr, d'autant qu'il auroit enduré que Ton peuple bien-aimé, euft efté quatre cents tren- te ans fous la feruitude de Pharaon en Egyp- te: comme û la cauléjôc l'effedl de ce miderc
auolii
Chapitre, ii. 157. auaitquelque fimilitude & côjonélion, auec les aérions, negotiations , & opprcfTions que les lïommes fe font les vns aux autreSj& com me Vil falloir comparer la lullice diuine, à rinjuftice& violence des hommes : comme pareillement Ci le ten)ps qui eft long ^ & en • nuyeux à la raifon humaine , auoic quelque moment cnucrs Dieu: auquel cent mil ans ne font pas vne feule heure. Tellemét qu'il n'cftc randa. pasbié feant défaire comparaifon de l'hom-f^'^-U^' me, à rhomme, auec Ihomme enuers Dieu. Le Pape Gelafe, qui tenoit le fiege de Rome cnuiron Tan quatre cents nofiite flx, reprou- ua par Décret deTaffemblée de rEglife,le li< ure dVn Hermes,Impofteur5& Magicien: le- quel auoit communiqué auec le <liable , qui ^'eftoit prefenté à luy eaformc de pafteur, & îuy auoit rcuelé plufieurs chofes , defquelles en partie l'Euefque de Rome, Pie premier J^J*^^*^^^^ fut dcceu,& à la perfuafîon de ce Bereer, fuf- ^inA;-*:- Cita entre autres maux , vn grand Ichiime, & pafiori. ;y. fcâdale enFEglife, touchât le jour de lacelc-'^'' bration de la Pafque:lequel dura près décent ans.Toutesfois Gratian,mal-aduifeV a depuis authorifélemefmeliuredupafteur, èc rap- porté la doélrine d'iceluy,côme bonnc,& ca- nonique. Ce que le mefme Gratian efcrit du liure P^nitêtial,- cft àpocryphe,& non apfou-
M
1^8. C H A p rt K È* lî.^ f'
ué par TEglife, que ceux qui font rebaptizcr ^.^^.jj^ par erreur, ne peuuenc eftre pourueusaux confcc.dift. laints Ordres de preftrife: d'ailleurs cela eft i '** faux & i rePmal die, car puis que le rebaptizé \
n'a pas bcfoin de pénitence, pour n'auoir of- jj fente? Quelle raifon pourroit on alléguer, pour empelcher fa promotionPPartâc ce Ca- non eft mal receu de cous les Théologiens, comme iujufte & defraifonnablc. Si je vou- loisfuyurepiedàpied, & examiner la plus partdesDecrecs,&: nouuelles Decretales des Pape$,je n aurois jamais l^it. Parquoy i! vaut mieux paffer outre, & faire côme filt le pein- tre Thimâtcs, lequel ayant délibère de pein- dre la face d'Agamenon, déplorant la mifere de ia fille, deftincc au facnfice , &. ne la pou- uancbicn exprimerjUrcprefenta voilée: puis donc qu'il n'eft aucunemét en ma puiflance, de prefenter au vi^ la déformation de l'Egli- fe,aduenue par tant de fortes de Decrcts,Dc- cretales , de Canons , & loix PontificaleSjla plu4 part efpuifcesde la boutique de leurs Dodcurs,& Philofophesfcholaftiques. l'ai- me beaucoup mieux remettre la partie, & pafTant outre aux différences , qui lont entre Je pouuoir Sacerdotal , & ccluy du Prince politique, me contenter de dire, qu'il ne s'eft peu faire que Tliomme adjouftaut ou chan-
C H A P I T R E. 12. I^p.
geat quelque cholë à la Loy,& pureté dePE- uangiie, ne le foit départi de la pieté, qu'il ne foit entré en cérémonies delqueiles on eft idelcendu à la luperi-ijtion. Et ceile-xy ayant phns pied en la Religion Chreftiéne,^'à ti\é iàitdutouc^ranserperâce de mieuxjiînon par vne trcf-dangereule reuolution, & au moyen delà reformation trop plus quenecelTaire, CHAPITRE. XII.
s O M M A î R E.
1. "DïffereyicedesiugeniensScdefmfltques & politiquei-
2. Kou & Princes €xconmiinie\par l'Sglife.
5. Forme d'excorr/munica.tiou en l'Egàfe de Dieu.
4. ^luejî-ceque liurcràSathan.
5. Forme de reconaliat ion.
ORes donc que les Princes & les Rois de la terre , ayent le glaiue , la modération des peines corporelles, & la force en la main , routesfois TEuelque ininiftredc l'Eglile de Dieu , ne doit point porter de couteaUj& doyuét les Pâleurs par- donner, non feulemét fepc fois:mais feptante fois fept fois.Ils n'ont point de preuoiî ni de bourreau pour trainer le pécheur au fuppli- ce.L'Eghfe a fes jugemens, & fei nerfs(côme c.cum.în- dit Innocent quatrième) je raccorde,mais ils comi^«ud, ne font pas corporels; ains feulemenrparla parole, & vfage des Saints Sacremés.Elle fait le deuoir de la charge , auec le miniftere de
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ï^, G H A PI T RE* Ml/
rouuricren icelle; tellement que tout «nfi que ceftuy-cî'tt a point de guerdon, ni de re»» compenfe teireftrCjpour recognoiftre le me*- rite de ceux qui auront vefcu lelon Dieu ^ il n'a point de champs,& terres, de poiTeffionsi de fcigneurieSj ou de Royaumes à leur dont ner,& partager emrc-eux.-aufquels il prefenrc pour tout, les biens Ipirituelsy&raffeurahiie du Royaume de Chrift. Pareilleitient aufii contre les contumaces,- raalueriations , ou damnables deportemcns des corrompus, vij. cieux impenitens,qui s'oppolent à rEuaftgilc de lefus Chrift , poilus en tôutç forte d'abô* mination publique , il n*a point ,de Tupplicf?;, pour leur ofter la vie jes bieiis, Icsjferc^i^i- gncuriçs,& Royaumes du nionde^ Allis lekr dénonce Iculenjent rhorribk •jug«m^nt'mi Dieu viuant fur eux; leur prohibxî &deifèn>(l J'vlage des SacreiiTens.,& coinmunion derj&- ghfe Chreftieuhe : il les oecit lansk.s mettre à mort,ainfi que Pline racôte, du luplice que les Arabes auoyentinuentc contre leur Roy: lequel par punition^ertoit abandikie de tous, nul ne parlok à luy. Ainiî donçJe Palleur lie en terre les pécheurs^ par la corde du péché, pour les reprefcnter liez&garrotez deuant le jugement de Dieu , de quelque qualitéîqu*its foyenc-par ce que nous fommes tous alTujct-
C H-A P I T R B. 12. 141.
tis au miniftere de J'Euangilc. Et comme di- foit le bon \ci\iSj le laine Elprit acculera tout le monde de péché : car aulfi nous içauons qu*il n*y a quVn chemin pour paruenir à la vie celei-teilequel e(i commun aux petits, po- urc5j& miferables, & aux grands Rois, Prin- ces , & Empereurs du monde. Daniel tança fort aigrement Nabuchodonozor,& Baltha- zar, Monarques d'Afly rie. Le Prophète Na- than ic courrouça cotre Dauid, faint lean re- print fort Herode. Fabian Euefquc de Ro. ^';^:^^ nie, ne-voliiut jamais permettre que l'Empe- reur Philippe d'Arabie , premier des. Empe- reurs qui a fait profefTion de la Loy Chréti- enne , tuft prefcnt aux vigiles de Pafques , ni communiait aux faints Sacremes,&; mil-lercs de l'Eglife, jufques. à ce qu'il euft confcfle fcs pcchez,& fait la pénitence qui luy fut enjoin- tc:ayant acconipii laquelle , il fut admis à la cômuniô des fideles:en l'aflcmblée defquels, les conuaincns de vices, & fautes notoires,ne doyuent ellrc aucunement receus. Çyrillus Euefque d* Alexandrie/ut tue par Numerian, à caufe qu'il ne luy permift d'entrer au Tem- ple des Chreftiens, ni de veoir les diuins mi- tiercs , cftar-t poilu d'idolâtrie., Les autres di- leurquc ce fut Babilas , en l'Eglife d'Antio.-^. c^^e. FcHx. prçrnkrtiHnoni^Euefque de ^^q,^
I4Î. Chapitre. 12.
thcodor. me,declara Conftantius hérétique Arrien, & i^.j, cap. |'çjj^.5^jypjj^ Theodofc le grand, fut excom- munié par lainr Ambroilê,pour la trop gran« de rigueur dont il auoit vt*é enuers les habi- f^\"ÎJ4^' t^ns de ThcilaIone,Innocét premier,exconi- munia l'Enipereur Arcadius,pour auoir ban- ni faintlcanChrifoi^ome. Léon premier du noni,Empereur,fiii porter à Conftantinoble toutes les images qu'il trouna à Rome, & les bruna,dont Tautheur appelle Fafciculus tem» porum,dit qu'il fut excommunié par le Pape, Gelafe , premier, excommunia l'Empereur Analhie, pour-ce qu'il fauoriloit Acatius, & autres hérétiques. Lors fut pareillement ex^ communié le Roy des Vandales , en Aphri-^ que,& toute fa gent,qui affligeoit les Catho» Jiques en faneur des Arriens. Saint Germain Euefque des Paris,excômunia Heribcrt Roy de France, pour auoir quitté Ingebergue fa femme , & auoir efpoufé Tvne des damoifel- les d'icelle.Paul premier, &: Ellienne troihé- r.prarcipuc me , cxcommuniereut TEmpereut Conftan- c.'qfc'Li- tin cinquième, à caufe de la vénération des i- toijs.2. Images Le p^pe Nicolas,prcmier,excommu- niaLothaire , Roy de Lorraine : & fur ce en- uoya diuerfes mi(îîues,tant audit Lothaire,& à Charles le Chauuc , Roy de France , oncle d'iceluyj que aux Eucfques de Frâçe, dltalie,
Chapitre. 12. 14^.
& de Germanie:Ies aducrtiffant de la fenten- ce du Synode , par laquelle TheogaIJus, Ar- cheuefqucde Treiies,& GuntaruSjArcheuef-^'.^.c.Thc* que de Cologne,e(ioyéc excommuniez pour °°f^^' auoir tenu la main à la bigamie du Roy,auec Thcbergue,&VValdrade.Vrbain, deuxième, tint excommunié Philippe Dieu-dôné Roy de Frâce, jufques à ce qu'il euft reprinfe Ber- the la femme,fille de Baudouin Cote de Ho- lande:laquelle il auoit mile en prifon à Mon- treul,aprcs auoir erpoulée Bertrande,hlle du Conte d'Anjcu-LePdpe Innocent troifiéme, excommunia par les Légats, Philippe Augu- fte,petit fils du rufdit Roy de France,à caufe qu'il auoit répudie Ingebergue fa femme, fœur du Roy de Dalmatie : laquelle il tenoit prifonniere au chalkau d'Eftampe?, pour ef- poufer Marie,fille d'vn Duc de Boçme.Mar- tin dcuxic'me , & Honoré troiriéme , excom- munièrent Denys Roy de Portugal, pour a* uoir eipoufé la fille naturelle d'Alphons,Roy de Caf-^ille , du viuant de Mahaut fa femme, Conteffe de Boulongne. Martin quatrième, excommunia Michel Paleologue, Empereur de Conftantinoble, par ce qu'il ne tenoit pas ^^.^ ^^^ l'vnion de l'Eglife Romaine, comme il auoit s- promis au Concile de Lyon.Bazile^laçcdo- nien Empereur d'Orient fut excômunié par
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^44* Cahpitre. 12.
le Patriarche Photius.Leon Philofophe , paé Nicolas, lean Zismica par Polietus : Sucdo, Roy de Danemark, par ion Euefque. Bolelr laus deuxième, Roy de Pologne , par StauiA laus Scepaneus Euefque de Cracouie.Bref, il ne faut point nier,qué TEglife n'ait tousjours origcn. vi'édccc^Q verge, comme dVne médecine Homd.5.& p^^^ purger les vices, & corruptiôs des mal- ^"^':^' viuans , de quelque qualité qu'ils foyent : qui ( comme Chreiiiens) doyuent obeiflancc: pour faire Fccognoiftre auffi , qu*elle ne con- îent aucunement au vice du crimineux. A tel fi,toutesfois , que l'Eglife ne veut pas perdre rexcommunie':ains dcfirc qu'il viue:pour fai- re pénitence , & recognoilire publiquement fes fautes. Saint Paul dilcourant amplement delà difcipline Ecclefiaftique,nous enfeignc fort bien , quelle eftoit la ccnfure d'i celle en la pnmitiue Eglife. QuelqnVn auoit com- mis incelle entre les Çorimhifés,auec la fem- me de fon pererduquel mefFait,luy,ni l'Egli- fe 5 ne faiîoycnt pas femblant d'auoir grand dcfpbifir , ou contrition : ains le pécheur é- iloit admis,& toléré en la Cômunion, com- me l'vn des autres fîdeks : dont aduerti l'A- poflre , ils^en plaint merueilleufçmcnt , &: ironftre qu'en ce f^Âfànt toute l'Eglife coni?- muniqiie à la'jturpitude de ce mëbre pourri.
Ç H.A ï> I T R E. II. 145.
Car tout am(î que les Anges du ciel le resjou- jfl'ent j quand vn pécheur le rccognoift^ôC fait i'a pénitence. Au contraire pareillemenr, lors que telles enormitez recoramcnentca TEgliiede Dieu :1e corps, mais finguliere- ment les Minières , le doyûent humilier de- uant DieU:, & pleurer vn tel icandale; afin de ne participer au cri me, & corruption d'iccr luy: d autâtqu*àla vérité les pecheurs-nc l'ont Ezcch.j». pas feulcmét dignes de mort , mais autli ceux qui les approuuent , ou qui du moins ne les reprouuent pas,qui ne pleurentjôc ne fc con- iriftent fur les abominations qui fe font de-î ^
' uanteux. C elt pourquoy le meime Apoltrc dit , Vous vous cftez enflez , & n'auez point ^ pleure, bn vn autre pafiage il cicrit aux Corinthicnsje crains qu'il n'aduiennc quand je viendray, que je ne voustrouue point tels que je voudray, &: que je fois trouué de vous tel que je ne voudrois : & qu'il n'y ait entre vous noifes, enuies, courroux, débats, detra- ^tionsj.murmures , orgueils , feditionsjtelle-
• mentqu'eftant derechef venu , mon Dieu ne m'abbaifle enuers vous, & que je ne pleure plulieurs de ceux qui ont pèche' parauant, & qui ne foiJt point amendez, de rordure,paiU . lardife , & iniblencc qu'ils ont commilc.Or donc rEt^Iilc , pour monlherquc ellen'ap-
Ï4.0. Chapitre.!^, prouuoit point tels vices , ains qu'elle s'en la- mentoit, & en jcttoit grans pleurs , UApo- lire faint Paul entëigne de chafler du milieu de TEglife, celuy qui fera conuaincu; & non feulement du corps d'icelle , mais chacun en particulier eftd*abondant obligé, de fuir la côpagnie d*un tel membre pourri:,mcfme de ne le i'aluer aucunement j comme perte de la republique. Ce qui fut depuis confirmé au Concile de Niccne , au quatrième Côciledc Kuf.iib.i. Carrage , & faint Bafile en fait mention, afin epiftoi. 47. aufli que ce peu de Icuain corrompu.ne gaftc
coïKiLNi- \ L ^ .... 1 n. o^
ceii.cano, toute la malle ; & que la lainte cnaite , & pu* ^' dique efpoufe de ïefus Chrift,ne foit fouillée
par l'infamie: vilanie , & contagion impudi- que à\n corrupteur, mefprifanc les Côman- mandemés de Dieu : ains que le relie fe con- tienne en l'horreur du péché. Dont procède laraifon par laquelle l'Apoftre veut que les mal-viuans , foycnt tance;t & blafmez publi- quement: jointquela vergongne publique, fait que le cœur fier & impénitent eft arrefté, recognoift & dctcfte fon vice,côfiderant foi- gneulcment les etfed^sde Tire de Dieu: fi €.>i>r.iibi. bien qu'il trauaille à mieux viure , faire peni- tence,& demander auec ni'milite, pardon, milbricorde,& reconciliation. loint que tout ainfi, quelerefte delà doftrinç diuinc , (è
Chapitre. ï^. 147.
confirmoit lors par miracles , ainfi du temps àçs Apoftres , Dieu monltroit quelquefois, que celU dilcipline luy eftoit aggreable , en ce que les excom^muniez ertoyent fort lou- ucntcourmencezen leur corps par Satan,afiii que raffliétion du corps , leur donnaft occa- sion de faire pénitence. Ainfi liiOns-nous^que p^.^,j^ ,^ lors que faint Ambroiie prononcoitia fen-viwAm- tence d excommunication eontrele lecretai- re de Stilico,ilfiJt empoigné par le dyable,& par luy mis en pièces ,qui elt véritablement ce que r ApoRrc appelle , liurer vn homme à i.Cor.j. i. Satan,à la delkucliô de la chair: afin que l'Ef- ^"^'' pritfoitlauué. DoncquesTEglife déclarant par telle excommunication,qu'elIe fe vouloit ^•^°'''7* cxcurer,^: dcfiroit fleurir fans macule,qu*elk craignoit la fureur de la main de Dieu, qu el- le ne pleuroit pas feulement le péché de l'ex- communié : mais dauantage qu'elle Tauoit à honte, le detci^oit,& ne defiroit pas le laiffer impuni , félon la difcipline dont elle pouuoit vfer contre le conuaincu/ans cercher toutes- fois autre fin, que la pénitence, contrition, & reconciliation du condamne. Pour obtenir laquelle lefus Chrift mefme , eftablit Tordre de l'accufation i de tancer en premier lieu^^^'^-^^ particulièrement raccufcjpuis en prefencc de çefmoins, finalement en la face de l'Eglife , fi
148* C H A ? I T, E E 19, ^
bien que s'il fe recognojft , Icfus ChriftoQ veut pas que fa faute luy foitiiiiputce: ains tu as gaigné ton frere.(dit le texte) Et faint Paul cnieigne le fcruiteur du Seigneur , (i*efl:rç douxenucrs tous, propre à en.doélrincr^iupr portant patiemment le mauuais : enfeiguAnt auec douceur ceux qui ont autre fentirnçpt, pour cffayers'ils fc repentirôt, s*ils voudront recognoîftrc la vérité, & s'ils s-amendcront pour faire la volonté de Dieu , efçh^ppez di| piège du dyable. Mefme déflora que l'Eglift pouuoit juger que rcxcommunié clioic inarri de fon ofFenie,eognoi{roit la grandeui d'icelle , craignoit la fureur de Dieu , & de-j mandoit rericulement la remifllon de fon pe^ chc, auec la revnion au giron de l'EglifcElIc confiderantla fin,& l'effcd de fon jugemenj fe moderoit fort fauorablenient , & n^endur roitjamais que la trop grande fcueritc,apor;5 taft , ou le defefpoir , ou le mcfpris de la ièni tcncc : moins encor lailToit-clle tomber 1< condamne', en fensdu toutreprouuc: c'eft à dire ( comme Jaint Paul cfcrit ) que la tro{ grade trifteffevUe fut côfumeÇjOU que le con^i uaincu ne full tenté de Satan. De fait , puiî que c'eil: la fin de la difcipline Ecclelialbqucj a ce que le cœur impénitent de dur,ioît ramCj lié au droit chemin , par rcxageratioAi d.yp^
C H À ^ l TR H. '12, f 14^,
rfié^&du courroux Diuin ^ qu il foit con- traint pat la rccognoiflance de fa faute,par h
j ikiplaifir , deteflation , & confeirion de ion peçhe',à demàndier pardon à nol^re Dieu.In- .cbminent que l'EglUe apperçoic la vraye pe- «itçnce, les larmes, les pleurs, Ja douleur , & deiplaifir du mal , elle preiente la douce cori- folation, portée* en l'Euangile , qui annonce k rcmillion des péchez par la grâce de Dieu
I a ceux qui croyent enlefus Chrili Car àla^^****^
I vérité, il b'el^ pas bien fcant , de brifer le ro- , fcaucafle j& ne faut pas efteindrele lin fu- , mant: ains il eft necciîaire de guarir le mala- i -de; II faut prercherrcflargiflèmenc auxpri-
fonniersjladeliuranceà ceux qui font liez: Scflj*^^'
, par.la prédication de la bonté de Chrift,Ieur
prelcnrer îescleft du Royaume des Cieux,
comme firent les Corinthiens à rinccftueus:
duquel faint Paul leur auoit efcrit , & pour
raifon duquel^ il les auoit tancez:mais quand
il eut recogneu Ton pechc, & d'iceluy fait pe-
;i nitence, rËglife demanda confeil à l'Apolirc
! &r ce qu'il en falloit faire, & qu'elle trouue-
'• toit bon f\ c'eftoit fon aduis , de luy pardon-
' ner, & remettre la fautc.jParquoy ils font ad-
II monneftez de le confoler , de le reftituer , & il receuoir en leur communion, afin qu'il ne 1 fuft englouti de trop grande trifteflcjOu qu'il
t50. C ttA PI t R * ÏJ.
ne fut circonuenu de Satan , duquel nous ne pouuons ignorer les machinations. Dont pour ratification du jugement des Corintld^ cns, iladjoufteiOr à celuyàqui vous pai?- donnez quelque chofc , je le pardonne auiîl, amenant fon exemple en pareil cas» Car( dk le texte) quand à moy, fi j'ay pardonne quel-
i^it.iz. que chofc , à qui j'ay pardonné , je l'ay fait à caufe de vous > deuant la face de Chrift : dau- tant qu'il à promis qu'il fera au milieu de deux ou trois , qui feront affemblez en fon nom, tellement que ce qu'ils défileront cû terre , fera dcflie' au ciel. S'enfuit que par ce difcours, l'Apoftre nous admône^e de refta- blir reïcommunié , par le mefmc moyen & jugement de l'Eglife , qu'il auoit eftc rejettqj ce qui cft exprès quand il efcrit , Parquoy.jç vous fupplie, que vous ratifiez enuers luy vo- ftrc charité vniuerfelle , félon la fignificatiou du mot Grec , qui porte approbation, fatifi* catiô,ou confirmatiô pubhque.De forte que voila la forme, en laquelle les Apoftres exer çoyem la difciplinc Ecdefiaftique, en l'af-
is.i?! '^femblce des fidèles , retrenchent les met chans de rvni6,& du Corps de l'Eglife. Aii> Cl en vfa faint Pierre enuers Ananias , & Ca femme, & enuers Sirr.on le Magicien : Saim Paul enuers l'Enchanteur, en Tiflc de Cyprq
C H A P i T R H. îj, i^ï^
à Corinthc , enuers ceuxquis'oppofoientà rElprit de Dieu. Ainfi fe trouuanc en Ephe- fe , il lèpara les difciplcs de la multitude des rebelles , & merdifans de Chrift. Ailleurs il commande à Timothce, de reprendre publi*r.Tifî,.i. quement les mefchans ; & à Titus , qu'il ait à^^^''"'* blafmerles hérétiques* Toutainfîque iàint Ican côniande, de chaiTcr du tnilieu de nous, Epift.2.c»
les faux dodeurs. SaintCypridri dêrcritàm-c";^^
" ^.epiihij Orig Ho- _ . jtnel.zi.ia
la cenfure le faiioit en ralTcmbléc des Chre-îxSSt
plement la torme de lier , ou deilicr ^ en TE- «p»!^-! ' glife de Chrift:& enfcigne que de fon temps, "leifzi.ra
ftiens.quicn grande multitude. tous d'vneSSauh/ jnermevoix,detcftoyent le crime, pour le- Jpobg.'"' quel le conuaincu eftoit excommunié, ou au contraire, tous rendoyent grâces à Dieu , de Bafii.ofF. la reconciliation d'iceluy , comme û ce jour ^'"^ '^ la, il furt forti hors de prifon. Autant nous en .dilent Tertullian, Origene,& les autres Do- deurs Ecclcfiaftiques.Saint Baûle parlant de Texcommunication eicrit, que quâd le mem- bre du corps a perdu toute vigueur , & force de pouuoir eihe rcleué , par les mcdicamens ordinaires, & que le cautère , ou le feu , ne le peuuent guarir,le médecin le coupe, aucc fott grand regret, ainiî l'Eglife, ou le Pafteur d'icelle, qui i«e peuuent corriger , ou retenir les petulences de l'hômc mefchant & vicieuî^
I5jî^ C h à P T T tit E'. jp^: ;
le bruflentau commencement parole cautère en fin il ti^ bcfoin de le couper j comme in- curable, auec afpre douleur.
'•iUC' r''V. Son M'AI KB,'' •-_:•>.'.:!. ! . 2^ùttKeUes formes. ;m L^txiwmuTÔèatkà iùutcntécs
^. L'excomrmnicationmiifîene miift aucunement;
^. 'Çiufa s fniiC'iès et excommunication. ' ' '
4,- lé-^r."?; du 'Pape Haclrian quatriéfriéàWlik'nCy^
la rejpmce de cejfuy-w j :.;.:.:;, ^ ; ^ >•', ,
PA R toute cëfle hUtoire Ecclefiaftiquc elpuifee de l'Eicriture faime^ chacun s'efmerueillefa^cohfideranc combien nos Pafteurs jHos Papes nos Eudque^ , ont abufe des ClcfV ^dc Tcxecutidn de ce faint Miniftere,ioit en lafonne d'iceluy,en>Ia cau- fe & matière , ou en Teffeét & fin de ladifci- pHnede l'Eglife. Q«:Hid au prcmiièr-j il eft certain que les Pcres anciens, n'obfeWïoy^nç autre cérémonie ,6^ n*àuoyent autre forme de prd"ceder,que celle qui eft fimplement portée en l'Eu angi le , fçauoir d'admonneftet premièrement raccufé en particulier: puis en prefence de tcfmoinsjfinalement en l'afTem- blée de l'Eglife: Tappeller^ le fempndre, & ," conuaincre. Les hommes ont adjoulté dc«| puisjd'allumer de chandellelles, lors delà de-
claratioil
clarationxiu jugement: côme'<5uaoii le Con- cile de Conliance, excommunia le Papîe Be- noift treziéme , autrement appelle Pierre de Luna, Aragonnois, ce fut à chandelles arden- tes, à ce que dit NaucIcrus.Le Pape Théodo- re, enuiron l'an fix cents quarâce deux, ert^nt en TEglife faint Pierre, en prelence du Cler- gé, & de toute l'Eglife , excommunia Paul Patriarche de Côftantinoble,herctit]uejauee fês adherans : & pour ce faire il meflâ de l'en- cre auec du vin, en vn Calice, & de fa propre main efcriuit Iadi(5^e excommunication pour fignifîer qu'elle eftoit inuiolabie: comme Ci Icfus Chrift Teuft efcrite de fon propre fang. Plus grand à cfté l'abus des derniers Papes,en l'exercice ?de cefte liaifon,ou;deiliaifon du pécheur, qui appartient & à efté ottroyé par leius Chrift, àrEglifeChreftieone,: laquelle exerce fon miniftcre , à lier les rpecheurs j ou deflier les penitens,pour la remilïion de leurs faute5,au nom du Pere,du Fils,& du faint Ef- ^"tsp?^' prit.En quoy il faut noter,que les Pafteiirs le j^g"*^"?* prient,Dieu les remet,d'autitque véritable- ment, ce n'eft pas vn prefeilt deshommesj ains il prouient de la libéralité du iéul Dieu;, fi bien que les péchez font notifiez , ou re- ^ ^^^ ^ mis, par la parole de Dieu, de laquelle le Le^ uite eft interprète, & executeur.Ce que fains
N
154. ^^ AP I T R É. I^.
PauUicriUânfaux Corinthiens erifeignc: di- fant, Vous & mon efpntcftans aflfcniblez lui nô donoftFeSeigneur lefusj&c.Or qui pour- ra jamais clouter, que la Icntéce d'excommu- nicatioil défaillant en raforme,^ procédure, preièriptc par rEfcriture fainte,ne foit nulle, abufiue , 4c nul effe6l & valeur. Mefmé fi 1» , caufe d'icelle ne vaut rié en foy, je me côtcn-
n'îq^f^^^'terayd'allegAiervnrcul texte du Canon, fur ce poindi, paV lequel il eft permis de paflct par defliis l'es formes,au cas leulemcnc que le péché fôit digne d*excommunication, & b matière loiclcgftime, & raifonnable. Autre-
cquiiuftua j^çj^j j-gjj^ Augnrtin diroit?,quc.rhomn)edë bien in)iifterr>ét excommunié, en ci\ recom- penié dcuant la Majeftédiuine. En vn autre paflage il admônnefte le Pa{kur:dil'ant,Tu as commêcc détenir ton frère pour Ethniqucj & Publicain : tu l'as lié en terre , mais prens garde que ce foit ju(tcmcnt:car la juftice caf-
c.mud.ii.^e lelié qui eiî injufte.Le fage Salomô difoit^
^•^- que comme le paiTercau voletant çà& là,ain- iî la malediéï-ion mjuftement donnéctombc fur la telk de ccîuy qui la mile dehors. Or fi nous elpluchons les caufes par trop fruoles, & la matière mal feante , ou le plus fouuent mal prouuée, fur laquelle nos Papes ont fort communément jette lcurs>fulminations , Ta*
bus fc trouuera du tout inexcufablc : car H Inc faut aucunement douter, que nous n'ayons en nous,deirx fortes de cô'mmunionjrvne in- térieure y des biens de refpritî telle que eft la coiTiniunion en l'Eglife 3 pour ce qui touche- noftre ame,par la créance, & foy que ft<>us'a*^ lions en Dieu. Ceftc-ci ^ nous rie la pouuons perdre/ans impiété', fans offcnfe, ou fans pé- ché mortel précédant, La féconde cft extéri- eure, qui£om:erne IVfage des faines Sacre- mens derÉglife.* de laquelle nousfommcs chafTez par Texcômunication Ecclefiaftiquey qui n*eft autre chofe qu'vne peine exterieure,- de n'eftre point receu à la cômunion de TE- glife.ou parmi le commerce extérieur des fi- dèles : tellement que l'excommunication pu-» bliqae , de celuy qui n'a point perdu la com- munion interieure,eftvnc bcnediélion^com- nie dit Malachie. le maudiray vos benedi61:i- ons,&: de fait je les ay maudites. En vn autre ' paffage il eft porté , Vous eftes bienheureux Manh.j. puis qu'ils vous ontmaudits.Et a U vérité ce- luy n'eft pas excômunié,qui n'a premieremêt perdu l'intérieure cômunion de fon ame, par TofFcnfe & faute commifc.C'eft pourquoyie peché,doit précéder le jugement de l'Eglife, enquoy confifte le plus grâd abus de nos Pa- ficurs,entreprins par lcPapeVrbain,premier:
N ij
1^6. Chapitre, ij.
e.quibus e- ^"î àKoït que rcxcommunication cft à crain- pifcopi.ii.jjre^ cncor qu'elle Toit tretinjufte. Ce que ^^' plufieurs autres Papes ont depuis confirmé: ' w^^^^'&^qui pis eft,executé,au grand fcandale de la republique Chreftienne. Comme quand le P^pc Grégoire reptiéme,excommunia TEm-j percur Henry , quatrième, pour ne hiy auoir voulu céder la nomination, inueftiture, con-* firmation,& prouifion des Euefchez: enfem-» ble pour auoir fait examiner fa vie,en vn Sy-j npde des Euefques de France, & de Qerma- nie , tenu à.VVormes. Pafchal, deuxiè- me du nom , en fift autant enuers Henry cin-» quie'me , par ce que ceftuy-ci l'auoit côtraint à çôfirmer les Euefques, qu'il auoit nommez depuis, Ton elc6lion à l'Empire^ Tuyuantle droit indubitable d'iceluy: dont il ne fwtja- vfpcrg.foi. i-pais abfous, qu'il n'euft quitté cefte marque llner.j?^ ' Royale, Hadrian quatrième, fe monftra pre- 7.«p.^'<?' fomptueux cnuers Guillaume5Roy de Sicile^ auquel il imputoit de s'eftre faifi de quelques put^in places , appartenans à l'Eglife Romaine. Le Hadr.4. iDcfme Pape ne fe monftra pas plus fage, en- uers l'Empereur Frideric Barbcrouffc, cotre lequel il s'irrita,d'autant que fa Majefté auoit tenu l'Eftrié ducheual du Pape,du cofté gau che,ce que le faintPere print à injure.Melmç voyant que l'Empereur, homme tref-fage, &
pont.
Chapitre. î j. 15-7.
modéré , Iiiy refpondit fur cefte accufationi que fa Majerté n'auoic pas efté fort bien in- J.* ftruite à tel office, & que fa faintete' cftoit le friSb! prcmier,auquelil auoit fcrui en cefte qualité! ^^'^^^"^ côme fi le jour des Palmes , que lefus Chrift fîft Ton entrée en lerufalem^Herodcou Pila- te, luy vindrentau deuant : ou Néron à faint Pierre , quand il s'approcha de Rome. Mais pour n*en mentir point,la faute cft venue des Empereurs,qui par lupcrftitiô , ont plus pet' mis à ceft Euerque,qu*il n'eftoit raifonnable^ parquoy félon la corruption derhomme,ila depuis plus entreprins qu*il ne deuoit Uhi- ftoire porte, que pour lors le Pape Hadrian^ ne fuft pas allé vers l'Empereur Frideric, n'cuft efté qu'il voulut fe venger de Guillau- me de Sicile,au€c les forces Imperiales.L'oc^ cafionpour laquelle Innocent troifiéme , ex» communia l'Empereur Philippe,n*eftoit pas fortraifonnable, fondée principalement fur ce,qu'il craignoit que ce Princc,tils & fucceU feur du grand Empereur Frideric Barberouf» fe , ne fe vouluft reffouuenir des injures,que fes predecejfTeurs Papes,Iuy auoycnt faites,& qu'il ne voufift retirer la Sicile, comme fief de l'Empire. A raifon dequoy le Pape voyant que l'Eucfque de Sutrium,apres auoir cognu de rinjuftice dé cefte excômunication, auoif
N iij
15B. Chapitre. ï^i absous. Philippe, le priua de fon Euerche,.& le bannit en vue ifle. Les plus grands flateurs du fiege Romain , font contraints de confef- fer en leurs eicrits , l'iniquité de l'excommu- nication jette'c 5 par Honorius troifiémc , Se deux autres fes fuccefTcurs cotre l'Empereur Frideric de,uxiéme,lequel ne les auoic jamais Pauduip. GfFenfez.de parole ni de fait.Neanmoins ces vit. Frider. Peres laints , pour empelchcr qu il ne paflaft &.ïii. '" ' en Italiej& pour luy faire perdre la Sicilc,qui cftoit l'héritage de là mere:recirerent,fauorî- ferent , & prclterent fecours à deux fiens v^î- raux.rebelleSjdu pays deThofcaneiapres voy- ans qu'il enfaifoit inltance, l'excommunie- rent,& le voulurent enuoyer en enfer,plaid€i- fa caufe : Telle à efté depuis long temps , la procédure de ces hommes. Quelle raifon a- uoit Boniface huitième , en fa fulmination, contre Philippe le Bel Roy de France:(î n'eft que fa Majeik'j ne vouloir pas luy permettre en fon Royaume , la puiffance que les Papes auoyentvfurpe' fur l'Empire? Le Pape lean vingtdcuxie'me , excommunia l'Empereur, Loys de Bauiere , d'autant cju'il s'eftoit porte pourEmpereur,dcuatque la fainteté ne r€u.rt confirr^ic: comme fi c'eftoit au Pape de don- ner le titre de TEmpirclequel elt du tout ac- quis, par la ièuie nomination des Princes Ei
Chapitre, i j. 159.-
leâeurs, non d'autre Mais quoy? Ceftoic h vieille querelle 3 fonde'e fur la fi qi pli ci té , & trop grande reuerence^ que l'Empereur Lo-, thaire deuxie'me, auparauant Duc de Saxe,a- uoit porté à l'Eueique de Rome : aux pieds duquel il fe jetta, quâd il fut par luy couroné. Or deflors le Romaniftes pojB.r s'en preua- loir:& prefenter à jamais ceTrpphée aux fuc- cefleurs de l'Empire , après que Lothaire fut retourné en AIemagne,firét peindre la folen- nité de ce couronnemêt, au Palais de Latran: en laquelle le Pape eftoit alTis fur vnc chaire, regardant l'Empereur à Tes pieds , auecceftc jnfcription/ous la perfonne de Lothaire, 7{jx venu antefires^juras prins vrbi^ honores: ^oH homo fit Pap£yfi4mtt cjho dame coronam» Comme s'il difoit par laïque ceft Empereur, qui véritablement auoit eftévn fort grand Prince: mefme il auoit fubjugué la Pologne, la Pomerane , Ruflie , Danemark ,deuers le Septétrion: en Italie auoit côquis Crémone, Pauie,Bologne,Thurin:auoit dompté Roger Duc de Poulie reftoit néanmoins en vn mo- ment , deucnu ferf du Pape. Car eRre honv tm du Pape , n'eft autre chofe qu'eilre Ton vaflTal, fon fujet : ou pour mieux dire, (on ei- claue. Voila vn bon feruiteur des ferui- fcurs': lequel les Roys , & les Empereurs
N iiîj
l€0: Ç H A P I T R H. I^,
dôy lient fcicognoiftrc «n tout & par tout,
AufTi cefte peinture irrita tellement TEmpei-
reur Frideçie premier,eftant à Rome, qu'il Te
courrouça fore contre Innocent deuxième
qui luy promift de Teffacer incontinêt. Tou-
tesfois il n'en HA rien depuis , dont TEmpe^
reur offenfé ; & par ceauffi que le Papeâu6ic
donne le tirrôde^Roy de Sicile, à Guillaume
h Normand , pomme fi ce pays luy eulVap-
partenu , ords qu'il fuft fief de rEmpite, Sa
Majèfté dcflrédit aux Euefques d*AIemagne;
d*appcllep en Gourt de Rome , & reeéutdc
tous le ferment àc fidélité. Ce que fçachant
le Pape, defpcicha deux Légats vers luy : iVtt
defquels eftoit Roland,Cardinal,nommé de!»
puis Alexandre troiriéme,auec lettres tref-in-
folentes, par lefquelles il reprochoit en fom*
me à Frideric,que fa iâinteté luy auoit donné
Ja couronne tapcriale : dequoy fa bonté
paternelle ne Te repentoitaucunemêt,ni mcC-
lîie quand il luy auroit donné vn plus grand
Bénéfice. Cequ'ayât eftc leu en prefence des
Princes d'Alemagne , qui eftoyent près dé
l'Empereur , & qui fçauoyent que valoir ce
mot de Benefice,important autant que Fief,
ou VaflTelagejfUrent fort mutine^.Neamoins
RolandjiVn desLegats du Papejle monftrad
tcmçraire,de dire publique ment,que TEmpi-
C H A P I T R t. I J. I^I.
rc des RomafDs aiioit eité trasferé des Grecs ; auxAIemaus, à telle condition que le Roy de Germanie, ne ic pourroit dire Empereur, qu'il n'euft efté couroné par le Pape : duquel par conlequenr il tenoit ion Empire. Ce qu'ayant entendu Qtho de VVitelfpach , qui elioit celuy qni portoit l'eipée au deuant de l'Empereur j (êmift en telle cholere , qu'il Radeuic. cuft à l'iniknc tué ce môfieur le Légat, (dont ucJ,^"^;,'^^^ bien en euft prins à la Chreftienté , pour les g^J^^jJ^' maux qu'il filt eliant Pape ) fi Fridericnefe fijft mis au deuant, ne l'euft cmpefché : & en- joint à i'inlUnt à ces deux Ambafl'adeurs du ■pape, de vuider TAlemagne , fans fe diuertir du droit chemin , qu'ils n'en fufTent dehors. D'ailleurà quelques jours après , l'Empereur cfcriuit au Pape Hadrian quatrième, qui lors tenoit le fiege : entre-autres longs dil'cours, que quiconque voudroit dire que la couron- ne Impériale , fut mouuant , ou defpendit de i'Euefque dé Rome, ni d'autre homme du monde, auoit fauffement menti : Sur quoy le Pape refcriuit à l'Empereur de cefte teneur. Hadrian, Euefque, Seruiteur des Seruiteurs à ^^^^l"' Frideric jEm.pereur des Romains, Salut & Benediélion Apoftolique.Toutainfi que la Loyde Dieu promet à ceux qui honorent leurs parcDs , longue & heureufeuie auffi
epcourei^t jugement de mort* Or nous fom- jncs appçisjpar la fuitencc de vérité, que qui- conque s'exalte fera humilié. Parquoy ,cher fils enlefus Ghriftjnousnepouuôsafleznous çsbahir de voltre prudence, qu*il femble quq vous ne rêdicz pas la rcuercnce que vous de» uez à fairit Pierre,à & TEgliic de Rome, CaB aux lettres que voUs nous eCcriuez, vous pre* ferez voftre nom âu noltre : en quoy vous mpnftrez voftre inrolence,afin que je ne Tapt pelle arrogance. Que dirons-noUs delà fidé- lité que vous auez promifc à faint Pierre , & àuous , comment la gardez vous ? puis que vous de/irez que les Euefquçs, qui (ont homi- mes de Dieu , & excellens par defius tous les autres. vous facent hommage , & vous recof gnoiifentilcs côtraignat à mettre leurs mains facrées , delTus "les voitres : mais dauantage vous déclarant noftre ennemi , auez fait fer- mer les Eglire55& les Citez à nos Légats. Re- cognoiflez-vous donc, Recognoiflcz-vouSj nous le vous confeillons : car ayant receu de nous la confecration , & la couronne , nou$ craignons qu'entreprenant fur ce qui ne vous appartiêcvous nçperdiez le vottre,& le nom de voftre NoblelTe, - , . -i
:.::■: Q^^^llc; arrogace je vous prie en ce Papc^ de ttouuer mauu^s que l'Empereur efcriuit
Chapitre, i^. i^j.
pluftoft le nom Impérial que le fien, corne ii c'eftoit chofe nouuellc. Il n'auoit gucres bié fueilleté les anciennes Panchartes, carjil cuft trouuë.quc l'Empereur Honorius en vfoiCc.viAor. ainfi, quand il efcriuit au Pape Boniface pre-^^'*^* mier & luftinian au Pape lean , ceftuy-ci pa-^ .. , . reillem^nc met en les lettres le nom de 1 Em- «rcUras. pereur dcuant le fien. Tant y à que FridcricRe*îdcntes ayant receu, ces lettres du Pape ,luy fift telle Trfni?™* refponce.FrideriCjpar la grâce de Dieu,Em- pereur des Romains , tousjours Augufte, à [ Hadrian Euefque de l'Eglilc Catholique. A- \ dherc à tout ce que lefus à commencé de fai- re 5 & d'enfeigner la loy de jufticc , rends à chacun ce qui luy appartient , nous ne defro- j geons en rien à l'honneur de nos pères , def- quels nous auôs rcceu la vie,la dignité Roya- [ le , & la Couronne. le demande iî du temps i de Côftâtin,Sylueftreauoit quelque dignité ;; impériale. Mais par la pieté de ce Princejl'E- I glife reccut la liberté, La paix luy fut donnée, fi bien que tout ce que voftre papauté à de I Royal, eft venu de la libéralité des Princes. ' Partant quand nous efcriuons à rEuefque de Rome, nous niettons noftre noie premier, felô râtiquitc,& par la reigle de juftice, nous luy permettes d'en faire autant.Fueilletez les Annales, & fi vous auez mefprifé enlifant ce
x54. C H A p I T ti e: i^. que nous vous difons, il fe trouuera am/î. Or pourquoy ne demaderions-nous l'hommage & fermée de fidelité,de ceux qui font à Dieu par adoption , & tiennent leur bien de noftre Couronne ? puis que noftre & voftrc fonda» téuf ^ ne tenant rien de Thomme Roy , ains donnant tout bien à tous, qui paya le tribut à Cefar, pour Iuy,& pour Pierrc:& vous mon- ftra l'exemple d'en faire autant , vous enfei* gne,difant Apprcne;^ de moy,car je fuis doux & humble de cœur. Qu'ils quittent donc les terres de noftre Couronne , ou s'ils penfent que cela leur férue , qu'ils rendent à D ieu ce qui eft à Dieu j & à Cefar ce qui eft à Cefar, Les Eglifes voirement font fermées à vos Cardinaux, & les citez ne leur font point ou-, uertes, d'autant que nous ne les remarquons point pour Prédicateurs mais bien pour Pre-» dateurs : non pour corrob orateurs de paix, ains pour rauifteurs de deniers , non pour ré- parateurs de iVriiuers , ains infatiables deuoi* r^teurs d or & d'argent. Mais quand nous les verrons tels que TEglife les defire , portans la paix , illuminans le pays , alliftans la caufe des humbles , en droiture, nous né reculerons jamais de les guerdonner,aG-< compagner , & fubftanter en toutes leurs nfl neceffitez.Tant y à que vous rié faites ps peu
Chapitre. î^. 1^5.
de tort à rhumiiitié^ & douceur que vous dc- uez auoir, comme la mère de toutes vertus, en propofant aux perfonncs feculieres , ces queftions & differés,qui ne font pas de grade I édification, pour la Religion.Qu^e voftre pa- j ternité donques , prenne garde, que en tai- I (ant ces controuerfes, que nous eftimons in- ! dignes , elle n'oftenfe ceux qui fe haftent de [têdre leurs oreilles vers voftre bouche,com- i me à la rofée du foir. Car nous ne fçaurions j nous taire, voyans que la deteftable Befte fu- I perbe efl montée fur la chaire faint Pierre. i Dieu vous maintienne à jamais, fi perpctuel- llemcnrvousvoulez garder la paix à rEglife. i Chacun peut confidcrer iî le propos de ce i Prince mérite excommunication, & fi la fui- mination jettée fur luy,pour ces caufes eftoit legitimc.Qui pourroit trouuer mauuaifes les lettres de ceft Empereur? Qui pôurroitdefi- ; rer en icelles, la pieté , la jurtice, ou Tequitc? Qui dira qu'il n ait fait,ce quVn grand & ma- gnanime Prince deuoit ? Il reprime Taudacc de ce Pôtife^côferue les droits defonEmpire, • requier du peuple Thumilité, & modeftie ne- ceÂTairc a vn Euefque à faute de laquelle,tou- 1 te la Chreftiemé fe deult , & en pleure encor aujourd*huy,Parquoy nous^nepouuons dire
i66> C H A p î f ^ i. !^3r. de ceft Empereur 5 finon qu*bli 'pôurrôit jK- ftcment mettre au deflbus de fontableau , ccf qu'on cfcnuit anciennement fous la ftacuê de Brutus, Pleuft à Dieu que tu fuffes eii vie; Quelle fut auflTi Toccafibn pour laquelle Iu- les deuxième ; excômuniàrErnpereur Miixi* niilian, premier? le Roy de France , LbvV douzième , le Roy lean de Nâ'uarre j & plu- ficurs autres de leur ligue?iî n*eft ^ar ce qu'ils défirent le çhaftier, & cotrigcr ,de ce qu'il àuoit préféré laint Paul à faiht Pierre ,; Icsf Glefs duquel , il auoit par mèrpris , jette dt3 dans le Tybre , & en auoit par ce moyen prî^^ uèzjfes fucceffeurs , quittant au flcuuè toutfô droit, qu'ils y pouuoyent prétendre,
C H A P I T R:,E, 14. : ;
SOMM AI k|;
r . Exiommunication ^ullé ne doit tfire receue.. • - j z. .1^ bien que les Tapes ont acquis en excommuniant, les
Empereurs &Kois. j. Le Vape cnmmàndé aux Anges,
4. Moyens de Cauancement du Tape. > " >
5. Vherefte de Nouatus renoureUée par l'opinion dfl^'i
ce troifiémey contre les relaps,
E R o I T-i L donc raifonnable de dire; que les Princes gens de bien , & qui n« peuuenc conniuer la déformation du
S
çftil-
C' H AV I T RE. 14. i6j;
Clergé, fuffent châflez,& refett^z de la comw lïiurfion de rEglife Cathoiiq.ue.j pour cauîés 6 delraifonnabics , àTappctit , & palTîon des Papes, quelquefois inColens. Nous poiiuons afl^urer aucc faint Auguftin , que fi quelque , ^^j fidèle eft injuftement cxcommuniéjla lênten-^ •^- cc donnée < porte plus de dommage à ccluy qui la donne, qu'au condamné. Le Pape Ge- k^'il lafe efcric , Si quciqu'vn ell: conuaincu , qu'il fe corrige,& par ce moyen Ta condemnatiof> demeurera nulle : mais fi elle ertoit injufte, il ne s'en doit pas foucier: d'autant que laca- lomnicuie condemnation, ne fait aitcun pré- judice deuant Dieu , ni fon Eglife : Parquoy le condamné,n'a que faire d'en demâder Tab- folution , puis qu'il n eft point lié par icelie. Gc font les motz portez dans le Canon. Car quefert à rEuefquejdifoit faint Auguftin,c-q"'J-pro- parlant au Clergé de fon diocefe , de rejetter'^'*^'""'^' • ; du tableau de l'Eglife quelqu'vn, fi fa propre i confciêcc ne le rejette du liure des viuâsPl'El- I crritue ne porte pas,que tout ce que les Euef- iques attenteront , & voudront lier en terre, fera lié pareillemêt au ciel,mais bien ce qu'ils lieront vrayemêt.Dont il ne faut pas douter, I que fi le Pape, ou autre Pafteur , fait fur ce I quelque chofe contre la raifon & juftice,il ne foie rcprouue de Dieu,ac des hommes qui le
l68. C HA PI T RvE. 15^
c ftfîad. craignent.Encpr quç tu fois condamne poup
icrapusai. quelque temps pat Thommc -, &qUe le Proa
**^' conful.ait donpé jugenient contre Cypriai^
autre chofe eft le iiege du monde; autre la )tH
fticeî celcfte^Hàefté condamne par rinfcrk
eur,mais il rcccura la couronné d'cnhâut.Cc;*:
luyine doit pas foufifrir la peine canonique^
contre lequel le.jugement n'ett point fondé^
j furcaureleeitimc.Saint Grégoire, efcriuoit
c.nom de ■ . o . 1 r » 1- • /t*
betcod. que rEuelque qui abuic de la puiliance , me-*
rite d'eftrc priué d*icelle: car i la. vérité, noua
c.priujie- ne deuons pas croire, que TofFcnle- fbit plu*
l'I"''"* petite dej mentir, ci porter fauî« tefmoignîH
ge de la langue , ou par efcrit publique , que
d*efpandre lelangdenos mains, par le cou-<
teau. Mais TafTeurance des Roys, & Princefi
Chreftiens , feruiteurs ât Dieu , doit eftre/
qu'il vaut mieux endurer comme veritablesj
&pie2,qu'efl:re recompenfçz , comme fia:
c.nemope- tcurs & mcfcbans. Garde au dedans ton k
îï.q.r* nocence ( dit le Canon ) en laquelle nul nô
t oppreflera.Si on porte contre toy faux te&
moignage, ce feraenuers les hommes. Mais
je demande Ci cela feruira de quelque chofe
deuâtDieu en la face duquel il faut plaider
caufePQuand Dieu fera le jugc,tu n auras au-
cfliftodi. jj.g tefmoin contre toy , que ta confcicncc
entre le jutte juge& ta confcience ,ne crainëH
rien
Chapitre. 14, i6p, rien que ta caufe.
- Partons donc oiicre^ & confîdcrons l'abus en la fin,& l'effeét des plus fignaJëes excom- m'unicationsj jetrces parles Papes deRonie^ contre les Roys , &: Princes Chrétiens. Ce que nous pourrôs plus facilemêc faire fi nous icmettôs en n)emoire,rintentiô pour laquel- le , TElcriture fàinte nous enfeigne , que TE- glife doit rcjetter les membres pourris,& in- difciplinables d'icelle : Scauoir, afin qu'ils pleurent & gemiflent leur faute , aidez enco- re dauantage.par les lamentatiôs, &:douleurs de l'EgUfe, laquelle priant pour eux, obtien- dra leur pardôS: la grâce de Dicu,par laquel- le ils mériteront en fin d'élire reftituez.& re- vnis en la cômunion des fidèles. C'eft pour- quoy la cérémonie efi:oir, en l'anciéne Eglife Romaine ( fi nous croyons Sozomene ) que Texcômunié après leferuice Diuin/e prefen- taft auec pleurs & larmes , profternc à l'êtrée duTéple. D'autre-part l'Euefque fouloit ve- sozom.i?. nir à luy,pleuraiit,& fe profternafit aufli,auec "^^'^^ la multitude du peuplerqui tous enfcn^ble la- métoyent le péché du côdamnc, jufques à ce que l'Euefque fe leuaft le premier,admonne- ftât le refte,de fe leuer pareillemêt , pour pri- er Dieu , en faueur du pénitent : auquel , & à toute l'Eglife^eftoit ordonné certain temps,
O
1 70. Chapitre. 14;
pour jeûner , & fe macérer: puis au jouraflî- gnéjil eftoit receu parmi les autres en l'Egli- ie.Tellement que par là . je vous laiiTe juger, s'il eit vray ce que Placuie,& Sabelliquc elcri- uenc , que le Pape Sincius, cnuiron l'an trois cêtsodtâte trois, ordonna que les penites,re- uenans à l'Eglilè fufïcnt receus , à la charge d'entrer dans vn monaftere,pour Te macérer, jeuiner, & viure en Tarmes , tout le temps de leur vie: pour la neceflTité de laquelle, l'Eglife leur donnoit quelque aumofne , quand on a- uoit peu remarquer vne grandc,&:vraye péni- tence. Ce qui le trouuera élire faux, par le di- re de faint Hierofme , qui clloit du mefme temps que Siricius, & confirme Thirtoire de Sozomene. En TEglife Romaine(dit le tex- te) le pécheur prenoit vn tac , deuant le jour dcPaiques, ^ferenoit entre les penitens, confeiloit publiquement Ion péché , TEuef- que , les Preihes , & tout le peuple, pleurant pour luy: par conlequenc TEuelque, & toute l'Eglife participoit à celie penitence.Voyons donc maintenant fi celk belle, & Chreftien- ne cérémonie, à rien de comm.un, auec l'ou- trecuidance de Grégoire iepticme,lequel ay- ant injullcmcnt excommunié l'Empereur Henry quatrième, foit néanmoins que ce Prince rccogneult , que fous ce prétexte , le
Chapitre. 14. 171.
Pape fouftenoit fes fubjeds contre luy , foit par fuperllitionjil partit d'AIeniagne en plein Nauder. Hyuer, aucc la femme, & vn petit fils qu'il a- vpevg. uoitjvcftu de drap lîmplemêt, les pied:- nuds, feruantde fpeélacle aiix Anges duCiel^Sc aux hommes, vint trouuer ce bon père, à Canifi- um vers la Poulie : lequel 1 cachant î'àrriuee de Ton Roy,Ie fifl tenir à la porte de la ville5à jeun , depuis le matin jutqu'au veiprerencor cri fin , ce grand Monarque fut contraint de coucher au faux bourg, & eiirela trois jours entiers,auec Fincommodité qu'on peut ima- giner,fans pouuoir parler au faint Père: qui à iCe que porte l'hiftoire, luy mandoit atout coup,qu'iln'auoitpasloifirdele veoir,tantil eftoit occupé à faire bonne chère à fa purain Mathilde:Iaquelle en fin impetra de luy,qu'il ic môftra, & dôna l'abfolution à l'Empereur, à certaines conditions , par trop viles. La fin & l'effeci: de l'excommunication jcttce par Alexandre troifie'me, contre Frideric Barbe- roufre5ne fut pas pour la gloire de Dieu: ains feulemêt pour authorifer Ton audace,^ du fi- ege Romain,quad il nùil le pied fur la gorge de l'Empereur fon ieigneur , en abufantdes mots de rEfcriture,qui portent^Tu chemine- ras fur l'afpic, & fur le bafilifque,& atterreras ^^'^™-^'' le lion& le dragon.Dont ceux qui afTiftoyent
O ij
iy2. Chapitre. 14. à Frideric , furent tellement fcandalizez, que quelques hiftoriens elcriuent , qu'il s*en fal- lut fort peu,que les Alcmâs qui eftoyent prc- fens , ne coupafTentla gorge au Pape. UEm-- pereur d'autrre-part s'en ofFença mcrueilleu- femcnt toutesfois il poftpofa Ton honncurjÔc la vengeance dVne telle ignomnie, à la paix de la Chreftientc. Qui a jamais ouy parler, dVne plus eftrange pénitence , que celle que nous lilôsauoireLiié enjointe,parClemêtcin- quicme,à Francifque DandalusDucde Ve- nifcjpour obtenir Tabfolution de l'excommu ricatio qu il auoit jette'e contre les Venitiês, qui s'eitoycnt faifisde Ferrare, fur Frifius d'Ei^e, au parauant déclaré vaifal du Pape: car il fallut pour gaigner la bonne grâce de LamctdcîCkment y que le Duc marchait à quatre Hoiand"^ ' pieds , tout le long de la chambre du Pape: ayant vn colier au col. lofepheSteuanus, foy difantTheologienjmal fage,qui au ilecleque nous,viuons, plein de lumière & de clarté, à eftc fi effrôté de faire vn liure de l'adoration des pieds du Pape : dans lequel il efcrit entre mil autres blafphemes,qu il a leu vne chartrc gardée en l'Eglife de Valêce en Arragon,par laquelle eft porté,queHugues,Euefque de la- dite ville , ne voulut jamais abiouldre le Roy Martin d'Arragon,quelque humble fupplica-
Chapitre. 14. 17^.
tion que fa Ma jefté hy en fiil:, que première- ment il ne le fuit prefentë à Iuy,telk & pieds nuds , & que ceft Euefqiie ne luy eull mis de fa main vne corde autour du col , faiiant plu- iloft office de bourreau , que de Père , ou de Pafteur.ô quels mondrcbio quels inhumains! S'eft-il jamais leu de Barbares , qui avent plus cruellement traittez ceux qu'ils ont faits leurs prifonniers de guerre ? Sapor Roy de PerlCjquâd il print l'Empereur Valerian,rat- tacha en vne chaine,& luy faifoit feruir de mar che-pied quand il montoitlur Ton chaual. Le TartareTamerlanez, trainoit p;irtoutouil allojr, dans vne cage, Bajazet Empereur des Turcs. Quand à moy j'eftime encor la Barba- rie de ces Pontifes , fans comparaifon plus grande, fi on veut pefer la qualité qui doit e- ftree'svns& es autres. Mais quoyPIln'cft pas poiTible d'exprimer l'arrogance, &: l'audace d'vn grand nombre de ces Euefques , qui ay- ans vne tref-noble.grande , precieuie,& fpiri- tuclle charge , l'ont tranformce depuis neuf cents ans en vne Empire,& quelque fois plus que Tvrannie mondainc.Le Premier qui for- tit des bornesjde rexcômunicarion légitime, fi:t le Pape Conftantin, enuiron l'an fept cêts fept, qu*il ne fe contenta pas d'excommunier,v..b.v:r. l'Empereur Phiiippique , pour la veneution^""'
O iiï
174' Chapitre. 14. dci images:mais ordonna dauantage,quere- fïigie de l'Empereur fuit abbatuc , dejfifendit de la tailler , ea or ni argent , en erain, ni en plombaii melme de le nomer , ni faire men- tion de luy es prières de TEglife. Comme firt Grégoire trdificme , à l'Empereur Leô troi- {îcme,pour la mefme occalion. Toutestbis il ne faut pas trouuer eQrange , s'ils ont com- mandé aux Rois , qui font hommes comme les autres,quand nous lifons qu'il fe trouue v- ne Bulle de Clément cinquie'me , garde'e à Vienne en Dauphinc,à Poitiers , & à Limo- ges, entre les priuileges ottroyez par les Pa- pes en laquelle ce fauxVicaire de IcfusChrift commandoit à TAniie du Ciel , d'introduire es joyes de Paradis , & tirer hors de Purga- toire, Tame de celuy qui feroit mort en che- min , allant en pèlerinage à Rome. C*eftoit le mefme Pape,qui côceda à chacun de ceux qui s'eftoyent croizez cotre le Turc, puilTan- ce de dcliurer quatre âmes de Purgatoire, à leur voeu & volonté'. Il eft vray que Thiftoire porte , que meffieurs de la Sorbone de Paris, reproùuerêt,& detcflerent cela. Tant y a que fi Dieu ny met la main , & ne luy plaift d'a- uoir promptement pici^e de fon Eglife , tout y va de mal en pis.Çar pour reprêdre noftre propos, confîderons après ces detcftables.
Chapitre. 14. 175. & fîeres pénitences, quelle à ci\é le plus fou- uent la îatisfa6lion neccilaire à Texcommu- nié,pour obtenir rabrolutiô,&: qu'eiVce que les Papes,ont defiré des EmpereurSjRois, & Princes, qui fe font tenus pour liez, tous le cordeau de leur puifTance immodérée ? L'E- . ^
' r 1 5 c.intcrhjec
glife s'eit tousjours contentée , oc ion but n a ?î-q-2. efte' en rexcômunication,que de gaigner IVn de resfreres,& faire que parTignomicpubli- que, il s'accufaR foy-mefme , &: confeilaft la faute qu'il auoit commife,tendift les mains à Dieu, & en rcquift pardon. Les Papes ont pourchafTc leur aduancementjfous ce prétex- te ,& le font aggrandis de la derpouïlledes Princes,qu'ils ont excommuniez, le plus fou- uent à tort. En quoy ils n'ont pas obferué la confideration du grand Theodoie^qui difoit, f€c•M^d. qu'il ertoit mal leant d'auoir efgard au fifc, en '^'■^" ce que touche la correérion des mœurs. Les fèntences données cotre les Empereurs d'O- rient,ont acquis au Pape,toute faueur de cre- dit,cn Italie^Sc Sicile:fi bien que de petis pré- fères qu'ils eftoient,fefoi:t faits gras Monar- ques.Grégoire deuxième, cotraignit par ful- minationSjLuytPrandRoy d'Italic,de con- firmer cotre fa volôté,Ia donation des Alpes, qu'auoit fait Aripart , fon predecefTeur , du temps du Papeleany. Honorius 3. gaigna
lyo. Chapitre. 14, le droit d^inueiHr les Eueiques d'Alemagne, & d'Italie , par Tcxcommunicatioa de l'Em- percurHenry cinquicnie.Hadrian quanie'me conquift le droit de fief dominant en Sicile, fur Guillaume le Normand, pour Tauoir ex- communié,& tiré deTEglile. Le Pape Inno- cent troifiéme , ne voulut jamais abfoudrç Ican Sans terre,Roy d'Angleterre:lequel il a- uoit fulminéjpour n'auoir voulu reçeuoir vn quidam , établi Euefque d' York,par la fain^
aliklT ^^^^ >^"^ ^^ ^^y r^'^^ft aflujetti fa Couronne dercjud. ^ f^ij-jt Pierrc,ôc déclaré qu'aucun ne fc pour- roit dire Roy d'Angleterre , qu'il n'cuft eftc confirmé par le Pape. Par les cenfures que lesPapes jetteret fur Frideric deuxiéme,mer- me par la depofition d'iccluy,prononcée par Innocent quatrième, le fiege Romain gaigna c.paftoraiis les àcuK Sicilcsidont Clément cinquième, le ^ içYud. fçeut fort bien reruirjfur le différent de TEnw pereur Henry de Luxembourg ,& le Roy Robert de Sicile. Bref, je ierois trop long, me plongeant en la mer de cette hiftoire; car véritablement il s'efl trouué fort peu de Roys,& Princes excommuniez par eux: def- quels ils n'.iyent eu quelque proiit,par forme de fatisfaôlion, & comme pour amende cn^ ners TEglife. Mais dauantagele pire que j'y trouue,pour k Republique Chrçftiennç
Chapitre. 14. 177.
c*eft qu'ils ont femé le plus fouucnc de fchif^ mes :, & querelles en l'Empire , ou entre les autres Princes de l'Europe , pour s'en preua- loir, & faire cependant leurs befongnes. Tel- moin pour tout, ce qu'en efcrit l'Abbé d'Vf- pergue, du temps de Philippe, frère de Hen- ry fixiefme: auquel le Pape Innocent troifié-f^^^^^^J*^^- oppofa Otho Duc de Saxe , & en faueur d'i- ^^^^ ccluy,admonnelia par vne lôgue EpiftreDe- cretale , Bcrtolde Duc de Zannge,de quitter ^b^-vr- ledit Philippe. Rcsjouytoy (dit l'Abbé) no- 507.' ftre merc Romc,car les Catharaclesdes thre- fors de la terre s'ouurent , & les leuées de de- niers en abondance , pour aller à toy :, Res- jouy-toy fur l'iniquité desenfansdes hom- mes: Car en recompenfe de tant de maux , le prix t'en ell donné. Ry hardiment , fur la ve- nue de difcorde ta grand' Fautrice : d'autant qu'elle eft fortie du puits d'enfer , pour t'af- fcmbler vne infinie quantité , deprefens , & d'argent. Tu as maintenant ce que tu fouliai- tois : chante le cantique , car tu as vaincu le monde , par la mauuail^ié des homi-nes : non par ta religion. Ladeuotion ,ou la bonne confcience , n'attire perfonne à toy y ains la multitude des mefFaitSj& l'accord des diffe- rêts,que tu achetés à prix d'argent.Tellement qu'il appert que h fin,& le but de la plus part
170. Chapitre. 14. des Papes, en telles excommunications, à ertc, pour fous prétexte d'icelles, augmenter leur authoritc, & cercher plus leur bien, que la gloire de Dieu, ni la paix de TEglifcAulfi nous auons obferué , que fur les peribnncs, defquclles ils ont recognu qu'ils ne pou- iioycnt le preuaîoir , on à veu planter en TE- glife ,vne cruelle & mauuaiie refolution, le n ofe dire Herefie:contenant , que fi la fragi- lité de l'homme eft G grande, qu'il Ibit relaps & retumbe en mefme faute , fingulicremcnt d'herefie, il eft defraciné de l'Eglife, déclaré indigne de reconciliation,& de mifericordc, jugé impenitant, & incapable de revnion, Lucc troificmc du nom , Pape , qui premier csd.aboïc- authoriia les bourdeaux à Rome, fi nous hïïïr *" croyôs AnfelmCjfut l'authcur de ce beau dé- cret, enuiron Tan mil cent feptante: au temps c.rupcr.eo. quc rinlblentc authoritc des Ecclefiaftiques deharrcran g||^;^ ^^^ ç^ perfedioH.Alexandrc quatrième, le confirma enuiron cent ans après : lors que l'Empire edoit vaquant,par la mort de Fride- ric deuxième. Ce qui elt du tout cotraire à la parole de Dieu , lequel interroguc par faint Pierre, julques à côbien de fois le fidcle doit quitter l'offenfe à Ton prochain , refpondit, Uit.ii- jufquesà fept fois feptate fois. Et ores qu'é ce paifage il foit parle de l'injure particulere, fi
Chapitre. 14. 17p.
cft-ce qu'il ne faut pas doiitci* que la miferi- corde de Dieu ne loit encor plus grâdejpour remettre les oîtenles faites enuers faMajeité: aulfi la proaiclTe n'eft point ]imitée,ains con- tient en gênerai , que lî nous confefl'ons nos càp.f.'i.'^^* péchez , il eft fidèle & jufte :, pour nous par- donner , de nous nettoyer de toute iniquité. Matr.?. le veux mifericorde,dit-ii, & non point facri- fice:Iene fuis point venu appelleras juftes, mais les pécheurs à repentence. Le Prophète Ezechiel j rapportant les parolles de nortre ^"^'^* Dieu, eicrit, le fuis viuant : le n appete point la mort de Tinfidele , ains qu'il fe conuertitTe de fa voyc , & qu'il viue. La juttice du juite, ne le dehurera pomt.au jour qu'il aura forfait & rinfîdelitc de i'infidclejne Tempefcbera point, au jour qu'il fe repentira de Ion infidc- „ , lité. Nous n'auons point vn iouuerain Sacri- ficateur,qui ne vueillej6c ne puiiie auoir con- paflîon de nos infirmitez. Il n'a rien en hor- reur en nous, que \:i rébellion &: defobeifTan- cc ; G volontairement nous dcllournons no- ^J'^J.^Jv ftre amc de fa crainte. Sclô laquelle doélrine can-Ocm. Euagelique , S.Cypriê à efcrir,côire Nouât, qui ofloit toute cfperâcedepirdon , après la "^^■'l''--'^*^ cheute.'dot il rut condane comeJieretique.Et Tertuilian nous adniônç Re de n'efrre pas plus hardis à pécher, fçachans que Dieu eft encor
i8o. Chapitre. 14. r
sozom.ii. meilleur,& qu'il pardonne autant de fois,quck mccpÈ "°"^ ^^ pouuons ofFenier. Sozomene, & Ni-!'' u.e.îS. cephore racontent , qu'en l'Eglife première^ on n'a jamais recogneu le nom de Relaps^ pour luy refufer pénitence , & luy fermer la porte de l'Egîifejquâd ilconfcffoit Ton pechc autrement (aint Pierre cuft eftë n\al parti, ioniinc ex. après qu'il eut dénié lefus Chrift par trois '^*^ '" ' fois.Lc ju(k faut fcpt fois le jour.Les anciens Canons de rEgllfe Catholique font du tout contraires aux Decretales de Lucius, & d'A- lexandre : Nos pères anciennement auoyent accouftumc d'obferuer des degrcz en la Ccn fure Ecclefiartique,ils excômunioyét en pre-
t.ncîno.c- -fi • t » 1
pifcopom. nuer lieuleconuauicu: lequel retombant en V.vom. cô-^^" v'^^> après fa reconciliation , eftoit Ana- cii.foi thematizé : c'efi: à dire , félon la déclaration çci.rctKiam du Coucile dc Mcaux, tenu en Tan huit cents quarante-çinq,fous le Roy Charles le Chau- ue , il eftoit condamne à la mort éternelle. Néanmoins en vn autre Concile , tenu à Au- range, il efl: porté , que (î l'excommunie , 011 J'anathematizé , (par lequel eft entendu ce Relaps,^: Recidiuc)efmeu de pénitence, de- mande pardon, & promet fon amendement. î'Euefque qui la rejette , doit venir à la porte de l'Eglife, accompagné de douze preftres. pour fe cenir es enuirons de luy , Ôc la retirer
C H A P 1 T R E. 14. 181.
; promeflfc du condamné , de mieux viure à
\ î'aduenir, moyennant laquelle rEuefque le
j prendra par fa main droite,dit le CanoHjrin-
, croduira dâs ÏEo[\[QjS>c le receura en la com- ^"-^.""«'';
[ munion des fidcles,chancant auec hy les iept
I Pleaumes penirétiaux,apreslclquels il diravn
i Kyrie eleilon , Pater nojier : cntemble Torai-
; ion, Sa! utiw fkcfiruum tuum^^ TrdÇta efudiju^
mpu , cire. Le Pape Vrbain premier , qui te-
i noit le iiege, cnuiron l'an deux cents vingt &
i trois,parlantdes efFeélsde l'cxcommunica-
j tion , prononcée a caule du pèche , dit , que dura 2*.b.
j c'ert difcipliner, non pas dtlracincrle con--''
I damné dcTEglifede Dieu, s'iln'eftimpeni-
i cent on fuperbc : & qu'il ne vueille ouir par-
i 1er d'aucune corredlion.Partant chacun peut
j juger mamtehant que les Decretaks de Lu-
j ce troifiéme , & Alexandre quatrième , font
I les renouuellemens , & vrayes approbations
I del'hcrefiede Nouatus: puisqu'ils veulent
\ que celuy qui eft retumbé & relaps, ne puilTe
I eftre receu à faire periitence.En Texplication
dcfquelles Decretalcs , Bernard en la glofe
fur l'epiftrc de Luce , après auoir aflez deba-
tu cefte deteftable Conftitutiô , eft contraint
de rinterpreter,& dire que le relaps, par Tau-
tfiorité de ce Pape , ne doit pas eftre re-
i^ituéen fes biens: encor qu'il d'oyue eftre
l82. C H A P I T R E. T4.
receu en la communion de rEglile.Mais il fe trompe forc,d'autât que Tvn eft la confequen- ce de Tautre. Item rexcommunication n'a-
•ipcï/.' uoit pas deu toucher aux biens, & ne concer- ne que la pafture de l'ame , auec rexteneurc alTociation de rEglife; Bref, à la deftruélion de la chair , afin que refprit Toit fauué , par la pénitence qui s'enfuyura. Mais pour toute condufion , fi nous voulons fçauoir, de quel zelc vue grande partie des Papes , à procédé cnuers les Princes Chrcftiês , pour le fait des excommunications , & cenlures Ecclefiafii- ques. Nous n'auons pas befoin des exemples anciés,noftre fiecle nous.en fournit allez: car chacun n'a que trop veu , que les feuls Papes ont entretenu la guerre fort long temps, en- tre les Roys ChreiTiés , ou pour empiéter fui quelqu'vn d'eux , ou pour s'authorizer , er moyennant l'accord. Si bien que l'Empereui Maximilian premier ,difoit après auoireftt trôpc de trois ou quatre Papes, notammeni de Léon dixic!ne5quî fut le dernier qu'il peui vcoir que jamais plus il ne s'y fieroit.Lcs fculi Papes ont nourri le difcord , entre les Royi . François premier de FrancCjHenry huiticnn
» d'Angleterre, & Charles cinquième, Em
pcreur. Les Papes ont embrafce TAlema gne & y ont fenîé le feu de diflention
f C H A P I T R E. 14. i8j.
I fous prétexte de Religlô, Les Papes feuls ont iatterré ce beau èc magnifique Sceptre Royal 'de France,parks guerres ciuilesj&deffiances quMs ont plancces,entre les Roys & leurs lu- jets , depuis vingt cinq ans en çà , qu'ils ont emprunte la griftc du lion , pour le defchirer & mettre en pxCces.Mais de tous ceux qui ont velcu juiqu'a nous,ne s'en ciï point trouué vn feul,plus audacieux que Sixte cinquiéme,qui de prêtent tient le (îtge : lequel^onretLiblir la puiflance Papale : en ce Royaume , qui à xlté jufques ici franc &: libre d'3ce!Ie,pour mettre le feu plus auant eu nos cerueaux,trop altérez de palîion, & paiTer tous fes predccel- feurb,en la côqucik & fubjcC^ion de la Fran- ce, en faucur du fîege Romain, à publié vn Relent: contenant, non feulement l'excom- munication du Roy de Nauarre , premier Prince du fang, & premier Pair de France,ôc de nionfeigncur le Prince de Condé , aufli Prince du fang , & Pair de France: mais d'a- bondant leur exclufion , & priuation de tous leurs biens, Royaumes, terres,& feigneurics notamment de la fuccefîlon du Royaume de France: duquel il difpofe hardimenc,coramc defon pat ri moi ne, il fait tcftament pour le Roy tref-Chrcftien , comme le père pour Ton enfant peut faire par nos loix. Il ;uge
184. Chapitre. 14,
la ruccefifion duRoyaume deFrance,commc dVn fief Ecclefiaftique.Et li nous auons fort à craindrc,que ce foit le chemin pour pis fai- re, & déclarer fa Majefte,non feulement fans heritier:mais aufli fans grâd hcritage.Partât il eft befoin,François,que nous penfions à nos affaires: & nous reprefentons que nos pères ont acquife cefte Couronne libre,& du tout Impériale, ne recognoiffant autre que Dieu, & fon Roy fouuerain & légitime. Tellement que ce nous fcroit grande infamie , de Taflu- jettirau Pape de Rome, lequel nos Roys, preux, valeureux , & magnanimes , ont tous- jours empefchc, par l'aide de leurs bonsfu- jets, d'entreprendre quelque chofe, & de po- fer leur gnffe ,fur la majelk' de leur Eftat.Or fi jamais Philippe le Bel, Charles fixiéme, Se feptiéme , Loys vnzieme , & douzième , ont eu raifon de fe plaindre, de l'ingratitude des Papes. Nolh-c Roy tref Chre{liê,& les Prin- ces de fon fang, en ont aujourd'huy,plus que grande occafion : car il ne fe peut veoir ref- crit plus nul, abufif , fcandaleux, & iniblent, que celuy de Sixte cinquième , prononcé au mois de Septembre dernier 1585. Contre lefdits Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince deCondé-Tanten ce que peut toucher la pieté de la Religion Catholique , & l'obfer-
uancc
Chapitre, t^. 185,
uance des Canons,ou Décrets de TEglifciou pourlaMajeftédu Roy, pour TeHardece Royaume: que particulièrement pour Jefdjts Seigneurs Roy de Nauarrc,&: Prince de Co- dé, aucc tous les autres Princes de leur nom. De rheritage,& Tuccellion defquels, le Pape a donne jugement en Court de Rome , fans en eftrc femons , que par les ennemis delà maifon de France : fans en eftre requis , fans partie/ans pouuoir ni puiflance.
CHAPITRE. 15.
S O M M AIRE,
I. Tiiuers noms de Pape Suefque & Trejîre , fignifiam
^veifgaleaitthoritêpaftoYale. 1. Les Suefques ne doyuentyien entreprendre l'-vn fur
l'antre. ^ Vni'jn de l'Eglife bien gardée en toute difcipline
4. Metrapr)litai77Sj& leur pouuoir.
5. VAy^henefque , le Patriarche, & T?rmaî de pareille
pinffance. é. Le Tnmat ne conférait pas l'Suefché de Ivne de: Iprrjîiinccs.
7. yippdlatiùns des Suefques oh,& à qui. deuobcès.
8. F au fi été de Gratian au Concile de Malte.
LE premier abus confifte , en ce que le Pape de Rome,a excommuniez lel^iits ^ Seigneurs Roy de Nauarre , & Prince d: Condé, qui ne font pas les ParroilTiens, m
P
i85. Chapitre. 15. originaires de Ton Eghfc. Et afin de fçauoir amplement quelle ett fur ce la police de TE- ghle Chreftiéne: nous pouuons nous reflou- uenir que pour le minitiere de l'Euangile, les Apoltres en l'Eglil'c primitiue, enuoyerêccn tontes les citezjelquelles le nom de Chritt e- ftoit receu ,des hômesjpour adminiiirateurs, direcVeurs . & minii^res en icelle:lerqucls ils appelèrent Prelkes : c'elt à dire , Anciens* D'autant qu'ils eftoycnt plus vénérables que les autres,cn prudence, & grauité de mœurs, c. pifcopi.Ils cftoyentaniTi tous communément npm- *•''• '' mez Papes:c'eft à dire , Pères. Saint Hierol- me appelle faint Augutlin, Euelque d'Hypo-. ne. Pape: 11 honore de pareil nom Athanafe, Epiphaniub,Euagrius, Alipius, Chromatius, Theophiîus.Giatian fait ibuuent mention de cbfir.yo. Martin, en qualité d'Euefque, ou Pape de fs'Sbcr. Bracarc. En quelques endroits, il parle du- dclôXr. Concile d'iccluy: c'eft àdire du liure qu'il a- ' 'V?-uoit: aflemblé de diucrs Conciles des Grecs. Cyprian,Pape, eli allègue en infinis Cenons du Décret. En certains paiTages , Diofcorus e(l nomnié Pape de Conlhntinoble. Au commencement du Concile de Carthage, Aureluis Euelque du heu , qui prefidoit , eft appelle Pape , au cent quatrième chapitre dudit Côcilc,ou il cft fait métion du diftcrét
r.c.24.ci.z.
Chapitre. 15. 187.
de rEuefque d'Alexandrie , & de Rome. In- nocent Alexandrin, eft nommé Pape. Com- me pareillement le nom de Paftcurs,ou d'E- uefques; ccù àdirejnfpeéleurs, ou Surueii-'-''^-^'!^
1 r 1 1 T r - mir cr. &
lans, félon que le lurilconlulte ArcaduisTex-h'-ni. plique,lenr eftoit ordinaire. Si biê qu'en TEf- criture fainte , nous obieruons la dcnomina-ohm'^.dS, tion d'Eucrquc,& de Prcftre, indiffercmn^êc expliquée , ainfique laint lean Chnloftome, faine Augu(tinj& les autres anciens Peres,ont obleruc diligemmêcToute^fois, comme dit faint Hierolme, cefle commune adminiftra- tion des PreftreSjPapes,ou Eucfques/embla eftre fort incommode,à caufc des diflèntiôs, & contentions qui nailfoycnt entre plufîeurs d'efgale authontc, pour le gouuernemét Ec- clefiaftique.Partât afin que chacun tirant TE- glife à roy,ne la rôpift & defchirafl:, il fembla bon d'eflire & choifir en chacune cité, l'vn d'être les PreRrcs,qui fuit le Chef des autres: parle côfeil delquels toutesfois, ileult moyé de policer & gouuerner Ton troupeau: ^^ôme^^^^^^^ le Prince par l'aduis de fes côiciilers.Ceftuy- iM-»- ci pour eftre fingulierement remarque par- mi les autres , fut appelle du nom Spécieux ^,*f|JÏ^"" d'Euefque,quifouloitau parauât eftre cômun à tousjfelô le dire d'Eufeberô: fi fut lors mon- te j en la dignité Epifcopalc , par ordres , & '''''•^•-•'' -^
P il
i88. Chapitre, tç.
par dcgreZjà ce que dit laiiu Cyprian. Or du
iib.4.epi.3.çQiyji-,ianccnient, tandis que IcsChreftiens nertoyêt pas en grand nombre, ces Preftres enfeignoyent auec rEuelque en mefme lieu. Par après le nom de Chriît accroiflknt entre le peuple , on baliit d'autres Temples : non leulemét en villes, ains es villages & bourgs. .. . En chacun defquels rEuefque enuoyoit iVn
C CDlfcODI»
80. dift. ' de fes Preftres,pour enièigner,& adniiniftrer lesiaints myfteresde l'Euangile: feionque contient le Décret d'Anacletus, à la charge que l'vn d'iceux',ne pourroit entreprendre,ni miniftrer en PEglife de l'autre. Quelques- vns ont penfc, que le Pape Denysfut l'vn de ceux,qui eflablit mieux cefte police,enuiron l'an deux cents Ibixante & fix. Au Décret de Gratian,e{t côtenu lur ce propos, le difcours d'iceluy à Seuerinus , Euefque de Cordube: Les Eglifes parrochiales,d6t nous as deman- dé aduisjpour fçauoir co.mmenttu t'en dois gouuerner en la prouince de Cordube, nous ne içaurions te dire mieux, (ïnon que tu dois iuyure ce que nous auons eftably en TEglifc Romaine: en laquelle nous auons donné à chafque PreRre fon Eglile. Nous auons di-
c.i,Tj.q.T.ftribué entre-eux les parroifles ,& cymetie- res , (î bien que IVn n'ait aucune puiflancc dans l'endos de l'Eglife de Tautre. Autaiit en
Chapitre. 15. i8p.
dcrit des Euefques : IVn defqiiels , ne peut, n'y doit entreprendre quelque choie au dio- cefc de Ton Coeuefqne. Au moyen dequoy le Pape CaJixte premier, a dit, que nul Euef-c. nnn-as que entreprenne iur les limites de l'autre : & ^'^''' qu'il n'excômunie , 6c ne juge celuy qui n'eft Ton parroiffien , autrement tel jugemeiu,ex- communication, ou condamnation fera nul- le, & de nulle valeuncar la fentence qui n eft donnée par ion juge el^ inutile,&: fans effeél. Ce que le meime Caîixte explique en vn au- tre paflage, non feulement entre les Coeuef- ques, & Prefires, qui font de pareille autho- té; mais encore il deffend aux Primats, & Metrapoîitains , d'exercer leur pouuoir , ny jetter leur fulmination.fur le dioceian de IVn de lès (ufFraganSjlans le confentemét 8: con- 'Teil des Euefques de laprouince. Ce qu'il^","-' prohibe fur peine de priuation de fa charge, à celuy qui en abufera : déclarant nul au fur- plusjcequi fctrouueroit au contraire.Le Ca-^-voium, non du Pape Calixte fut confirmc,au Chapi-f7r''''''^* tre dixième , du premier Concile de Cartha- ge, du temps du Pape Sylueltre premier, Derechef au Concile ÔEcumenique de Confl:antinoble,tenu fous le grand Theodo- fe, l'an quatre cents dixneuF, auquel furet dé- parties les charges , primauté?., dignitçzgc
O ;;:
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lu;. 9.
îpo. Chapitre. 15.
fundions des Eueiques:comme à cdvy d'A- lexandrie,fut lai(îce l'Egypte Lybie,& Penta- '''^''.^?v!; polis.L'Orient,par lequel il entend la Syne,à
9-q
fol.487,
luniconcii. pEuefque d'Antioche. Ainfi pour les Eglifcs
d'A(ie,furcnr diuifécs les prouinces,de Pont, de de Bythinie. De niefme forte qu'il auoic cfté fait au parauat au Concile de Nicene, en faueur dudit Euefque d'Alcxandrie,pour l'E- gypte, Lybie, & Pentapolis:de celuy de Ro- irje,pour les Egliles voilînes, de la ville:& de celuy de Ieruralem,pour la Paleftine.Toutes lefquelles Egliies,ergales en dignitc,eftoyent ^^^ ^^^ limitées & borne'es des proumces d'icelles, qii.ôj.dift. dont les Euefques 4es lieux ruf-nômez, deul- cô'^Kjîfoi. (ènt auoir le foin , comme Archeuelques , & ^'^^' Primatsjors premièrement inl^ituez pour la police Eccleiiartique. L'Euefquc de Cartha- ftoi:;r' g^> eRoit lurueillât des Egliles de Numydie, to.iib.1. ^ Mauritanie , côme dit S. Cyprian à Quin- '^" '^' tins , & au liurc du baptefme des hérétiques. Le mefme faint Cyprian efcritjque rnuthori- té de l'Euelque de Lyon, eftoit pareille es E- glifes de France. En Erpagnc,les Eglifcs des Aftures , d'Emerite, & de Cefar Augufte, e- floyent ainfi vnies.Bref, TEolife l'a ainfi poli- cé , afin dVuicer confufîonrfans ce toutesfois que Tvn ait pouuoir de rien entreprêdre , das les limites de fon voifin:mais eftoit cefte pri-
Chapitre, i^. ipi.
niauté feulement iiiRituée pour plus facile- cir cuis, met corriger en lallemblee de toub les buel-c fitbite. ques de la Prouince , les fautes qi:i le pour-cJè?.iuo^. royent faire, par l'vn d'eux en particulier:ain-''^j|;.J^3] fî qu'il eft porte' es Décrets des Conciles de^'^-'^' 5°^' Sardes, &: au deuxième tenu à Cartha^e. De-
pouuoir orduiaire d vn q.r.i.vo chacun, limite dâs les bornes de ion diocefe. j^J^.'&éç^. II a pieu auConcile(dit le texte)du troifiéme tenu à Carthage, que nul Euefque peuft vtur- ^.9. coactî.
1 •• -U 1 r " o >-1 > Turoneu.
per les ouailles de Ion copagnon,&qu li n en- z.voium. tre point dans le diocefe d'iceluy. Ce qui c^BedzlA.4. pareillement porté au Concile d'Ephefe , ^^'l^Sumlc'-^ femblé fous l'Empereur Theodofe le jeune. "^^°^^9r- Au premier Concile de Tours , celuy qui fait au contraire eft depofé de fa charge. Martin Euefque de Bracare , en {on liure des Conci- les Grecs,rapporte vn chapitre p.ârleq'jel,ce que l'Euefque fait hors de fon dioceie, eft in- ualide & nul. Beda en efcrit autant d'vn Con- cile tenu en Angleterre, l'an fix cents feptan- te fous le Roy Egfredus.L'Euefque de Nice- ne fur accufe de cefte faute au Concile de Chalcedoine,tenu fous Valécinian ^. & Mar-j^.„j^j,i /tian.Ce fut auiTi l'vn des Chefs de la condam- ^°"'^i''-^°^ nation prononcée par Félix. Euefque de Ro- me,côtre Acatius,heretique.Tellemêr que S. Cyprian dit,ce qui eft veritable,que chafque
Piiij
ICI. Chapitre. 15.
lib.T. epi- Euefque a en gouuernemcnt vnc portion dii> împivxx-^^'^^?^^^ de lelus Chrifl. Qui eft en fomme î^^ ce qu'il efcrit ailleurs,qu'il n'y a quVne Eucf-
clie : de laquelle vn chacun Euefque tient la partjparindeuis, Car celte diitribution des dioceres,&: fieges.n a jamais empefché lunité de rEglife,en difcipline & volôte.Par ce que félon le tefmoignage de faint Bafile , les Payeurs eiloyent de fi grande charité , qu'ils feruoyent de guydc , & de pédagogie l'vn à l'autreieftâs vnis en{emblc,côme eft vne cou- rône.Au'ri la coultume eiloit ordinaire , que toutes les Eglilcs de la prouince , confide- ralïent le gouuerneniét & la police de la pre- mière ,& plus cminente, principale en hon- neur; telle qu'à efte' de tout temps TEglife de Rome en fa prouince , fclon le tefmoignage de faint Cyprian: afin que toutes demcurans d'accord , & vnies cnièmble , eulTent moyen de vaquer vnaniniemcnt , a l'extirpation des herefies, & que la difcipline Ecclefiaftiquc, full anec plus d'authoritc, de truiè% & de rcf- pe(5l. A raifon dequoy , la couPtume louable elloit,que les Egljies le prertaflbnt la main,& s'vniffent par offices mutuels, & nccefl'aires à I<i chante ChrefliênCjfuyuât l'admonition de S. Paul. Ainfi nous trouuôs que les Eglifes de Maccdoine^Çc d'Achaije firent vne çômuniot^
C H A P I T R E. 15» 19^.
auecles Hicrofolymitains. Les Egliics fe ia- luoyent, & Te vifiroyent par midiues.UEgli- fe de Babylone ialuoit celle de Pont, de Ga-^^^f' latie, d'Afie , de Bythinie , & Capadoce. Les autres faluoyent celle de Rome-.celles d'Afie faluoyent celle de Corinthe:celIe des Hebri- cux laluoir,ricalienne:meliiie le reprenoycnc quelquefois les vns les autres. Ainlï iaint Cy- prian elcriuant aux preilres ^ dyacres,les rc-^''- ^'''°'' prent& tance aigrement, de ce qu'adonnez al'auarice, au gain, à la fuperbe, ambition, & diflention j abandonnans la (implicite delà foy, ils meritoyent les perfecutions qu'ils en- duroyent. Denys Alexandrin aduerti que quelques-vns de l'Eglife de Pêtapolis,el1oyét lumbez en l'herefie de Sabellius , admonne- (le les autheurs de ic remettre au bon chemin côme tefmoigne Anartafe , en l'Epiftre con- tre les Arriens. D'ailleurs quand il y auoit quelque herefie a punir ou debatre, ils ne le faifoyêt pas feulsjni lans confeil : mais en l'af- femblée des Euelqucs on rapportoit le fait, lequel ils jugcoient, appellantdeuateuxrhe- retique acculé: s'il ne fe prefcntoitf, Texcom- niunioyent , ou s'il l'elioit desja , le Synode racifioit l'excommunicatiô. Ainfî fut juge'e la queiiion de ceux qui enans en la Trinité', auoycnteilé batizez^pourfcaucir s'il les fal-
xp4« Chapitre. ï<^,
. loit rebatizer. Les Euefques d'Aphrique, de Numydie,&: de Mauritanie/urentaflfcmblez, pour ce fait. Ainfi Nouatianus , & cinq pre- ftres furent cxcommui^iez , par jugement de tous les Euefques. Et Cornélius Euefque de Rome, raconte en Tcpirtre à Fabius Antio- chenus, que Nouatus fut condamné envn Synode tenu à Rome. Il e(t vray que fi Taf- faire eiloit de telle importâce, qu'il toucliaft TEglife vniuerfelle , les Euefques de diuerfes prouinces s'affcmbloyet pour y pouruoir di- c r lib 2. iigêment,& faire le procez aux heretiqucsice epift.i. que S. Cyprian appelle sVnir. De forte que voila l'hiftoireEcclefiaftique touchât la diui- fion des diocefes , & pouuoir des Euefques, chacun fur fon troupeau:& le moyen que l'E- glife à tenu, en la punitiô & procédure cotre les hérétiques» ou autres mal-viuâs.Dont ap- pert en noftre caufe, que lefdits Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince de Côdc,qui font Fraçois,& de la Bergerie de l'Eglife de Fran- ce, ne pouuoyêt , ni deuoyent eftre tirez ail- leurs qu*cn leur Eglife, moins pouuoyent-ils donceftre excommuniez, par l'Euefquede Rome,
Et par l'eftat de TEglife primitiue , atiqud nous deuons nous conformer, appert qu'ou- tre qu'en chacune Cite eltoit ellabli vn E*
Chapitre. i^. ipj.
uefque, encore dauanrage , l'vn de ceux de la prouince , eftoic eileu comme prince du Sé- nat Ecclehalhque , & chef de tous les collè- gues: Icfquels jlaflembloit pour les affaires de rEgliiê,Ia part, & quand bô luy fembloit. De manière que les vns,nefaifoyent rien im- portant, fans l'aduis & confcil des autres: mais tous enfemble tenoyent le Côcile pro- uincial, le chef duquel , s'appelloit premier, & prefident des Pères, ou Metrapolitam,par ce qu'il eftoit Euefque^ delacite' que l'Em- pereur auoit déclarée la première de la pro- uince: en laquelle les preiidens , ou gouuer- neurs, fouloyent tenir leurs affiles, rédoyenc la juftice, oyoyent les plaintes de leurs jufti- ciables, & faifoyent leur demeure .Ainfi que nous pouuons remarquer en faine lean Cliri- ^°™^"^'' foftome, efcriuant au peuple d'Antiochc: au- quel il rcprerence,que l'Empereur Theodofe auoit priue' leur ville de la dignité, & du nom de cite Metrapolitaine , à caule que ils Ta- uoyent offenie. Partant à l'exemple de ceftc !police,Ies Euefques des citez principales, Is'appellovét Metrapolitains,ou Euefques du premier fiege. Scia ville en laquelle ils relî- Idoyent , fenommoit la plus grande Cité. 'Comme nous lifons aux Conciles , troifiémc de Carthage , 5: de Chakedoine, & faut fça-
iç6, ChAPIT RE 15.
uoir :, qu'il ny auoir aucune différence, entw
les Archeuefques Patriarches ou Pritrats lu
ftinian vfe de tous ces nôs/ans aucune diftin
éliô,ceux qu'il a appeliez ArcheucfqueSjil Icî
nomme par après Patriarches, ou Primas
quoy queGratiâ face dire le c6traire,auPaf
Anacletus:du quel ils ont fuppofe vn Canoi
Uoffice de ces premiers EuefqueSjeft côteri
au Concilie d'Antioche,côuoqué enuirô Ta
trois cents quarante cinq de lefus Chrift.
Euefqucs qui font en chacune prouince ( à
Nonusi. ]q j.gxte ) doyuent fçauoir que le Metrapol
tain, à le foin de tout le refte, & que tous 1<
cprouin- originaires delà prouince, qui ont affair
0299 aift. (]'iQ,portance , doyuent auoir recours à luj
Parquoy le Concile ordonne , qu'il foit ph
hS*^"" iionorc que fes compagnôs, qui ne pourroi
coTcii^i- ^^""^ chofe de confequcnce , lans luy , & fo
40J- authorité, mais ce que tous enfêble aurôt oi
doniW, fera bon & vallable , comme parfai
& légitime. Néanmoins chacun d'eux goi
uernera fon Eglife, félon l'ordinaire pouuoi
de fa charge e car vn chacun Euefque doit
uoir l'adminirtratio de fa parroi(fe, & du dl
ilroit dicelkjfi bien que c'eft de fÔ authoriti
à commettre quelques preftres,oudyacr(
pour minifirerau peuple de Ion diocefc.S'ei
fuit que les Metrapolitains , n'auoyei
Chapitre, i^. 1P7, pouuoir qu'en leur proui nce.Celuy de Thra- ce n'entreprenoit chofe quelconque enBy- thinie. Celuy de Rome n'auoic pas l'authori- té en l'Egypte , ni en France : ainfî que nous apprend le cinquième chapitre du Concile de Nicene: auquel eft ratifiée l'ancienne cou- ftume,que rEucfque d'Alexandrie eut le foin de l'Egypte, Lybie,& Pentapolis: caria mef- me façô elioit à Rome. Le fembiable ibit en Antioche , & au rcfte des piouinces , efquel- ks il taut garder l'authorité du Primat,& pre- mière dignité'. Il eft donc à Içauoir que il quciqu'vn elt efleu Euefque , fans le confen- tcmcnt du Mctrapolitain, le Concile gênerai ordonne, qu'il ne Ibit tenu pour Euerquc. Dont il ne Faut plus nier ^ que le pouuoir de i'Euefque de Romc,nefuft borné par ce ; Concile OEcumenique , dans les confins de fa prouince : comme les autres Mctrapoli- tains , & Premiers. Rufin en ion hiftoirc Ec- Icfiaftique , rapportant, le Décret précèdent, ^^• du Concile de Nicene, efcrit.En Alexandrie & en la ville de Rome^il faut garder l'ancien- ne couftumc,que le premier ait le ibin de TE- gyptCjle fecôd des Eglifes, qui lot es enuirôs de la v'iWcSubkrhtcanaruEeclejlarumÇtn^uh) foltdtHdine procura f.Dzionc qu'il recônoift que le diocefe de l'Euelque de Rome , eftoïc
ipS. Chapitre, i^.
limite p3r les Pères de Nicene , es enuironfi de la ville. La mefme diftribution des diocC' fes, ou parroi{ïes,eft plus amplement difcou- tap.a.c. fuë, au Concile gênerai de Conftantinoble,
tpiicopi.9. ' . i> ^ • r • L- Ti
q.î.i.vo- tenu enuiron 1 an trois cents ioixante ncuh 11
foTS"" * elt dcffendii aux EuefqueSjdc rien entrepren- dre hors de leur diocele, & de confondre les Eglifcs de leurs collègues: ains l'elon les Ca^ nons. UEucrque d'Alexandrie gouuernera l'Egypte: les Euefques d'Orient, adminiiirc- ront rOnent: l'Eglife d'Antiochc retiendra tousjours la dignitc,& la grandeur qui luy efl ottroyce par le Concile de Niccnc.Les Euef- ques d'Afie y auront toute authorité:ccux de Pont en leur prouince : ceux de Thrace en la Thrace. Brcf,nous deffêdôs aux Euefques de riêentreprêdre hors leur deftroit:Mais felô ce Décret, le Synode prouincial gouuernera du tout , & auec entière authoiité , les négoces de la prouince,fuyuant le contenu au Conci le de Niccne.Tellement qu'audit Concile d( Conitantinoble, les trois Eglifes , d'Alexan- drie, d'Anrioche , & de Rome , font compa- rces,cefte-cy pour auoir le foiujdes Euefquc" de l'Italie : Àntiochc de la plus part de TO rient : Alexandrie de l'Egypte , & prouincd d'Afrique : tout ainfi que i'Euefque de leru falé gouuernoiila Palelline.De manière qui
I C H A P I T R E. I^. ipp.
jces quatre Eglifesjtenoyêc les premiers rangs i& dignitez patriarchales,entre celles de leurs Iproumces.
C H A P I T R E. i6.
Sommaire.
I. Nominatio des Euefques par le Sinode de la prouince, i. Appellatm des Euefques^commët doyuët eftre lugées, 5. Infigne faujfeté de Gratian. 4. Faujfeté & fiippofition faite au ftxieme Concile de Carthaqe par le Pape de Rome.
TOvTESFoisccs Primautez ne cô- fîlloyent pas pourtant, en la création des Euefques, ou mettrapoljtains d'i- celles, comme nous pouuons remarquer,par le dernier chapitre du Concile d'Ephefe: par lequel eft defïendu à l'Euelque d'antiochc, d'entreprendre à nommer les Euefques de Me de Cypre, déclarant le Concile , que ce droit appartenoit aux Mctrapolitains du pays encor que tatnt lean Chryloitome,qui viuoit cnuiron Fan quatre cents cinquante , appelle . irEglifcd'Antioche ,1e Chef & la mère des**'* iEglifes d'Orient , & Socrates en fon hiftoire^^, ^ ^^ Ecclefiaitique ,fait mention de dix Eglifes cVthan c, Patriarchales , nommées par les Empereurs iGratian, Valent, deuxième, & Theodefejef- Iquelles eltoyent ordonne'es, & eftablies:fuy- liant le bon plaifir , nomination, & Décrets
200. C H A P I T R E. î(5. "
cperucnit ^e kut Majeftcz : cooime il eftdecisparex-! 4i.diu.2. pics, au douzième chapitre du Concile de concii.foi. Chalcedoiiie. Si bien qu'il appert que l'auto- ritc du Metrapolitain étroit, de prcfider à l'e- leétion dVn Euefque de fa prouince.-d'afleni- cii.opj"* hier le Synode d'icclle, auquel appartenoic la Uod.c^p. j5(5j^^j„a^ion^ ou depofitiô du Metrapolitain. Aux Conciles de Nicene, & de Laodiccc,eft ordonne que les Euefques delà prouince^ foyent eileus & créez par le Synode d'icele. qxHÏeinfci Que deuous-uous donc dirCi fi l'Eueique Çlvotmln condamné par le Concile prouinciaI,vouIoit concii.toi .jppeller de ce jugement ? Celk queftion eft décile, au Concile d'Antioche,Si les voix des c.fiquis^. Euefques fe trouuent contraires , en pareil ^"^' nombre ( dit le texte ) le Métropolitain doit affemblcr quelques Euefques des prouinces deincon-" voifines, pour juger & départir la caule.Il ne ' 4^0- P^^^^ P^s ^" ^"^^'^ ^^^ ^^ TEuefque de Rome. Au chapitre fuyuat cÙ porté, que fi les Euef- ques prouinciaux font demeurez tous dVn accord, de la fentence qu'ils ont à prononcer elle doit demeurer Ibble, & ne peut élire re- tra6lée par les Euefques de quelque autre prouince : mais s'il y à eu des opinions con- traires , en ce caç le Synode permet au con- danuié, d'appcîler au Cocile œcumenique,&: general.Mefme cède police fut gardée, plus
de quatre
il.cap fi-
Chapitre. i6. ioi, de quatre cents trente ans en l'Eglil'eChrêlii-pj;^ „ ënne : ainfi qu'il le peut veoir par le dernier ^'• Décret duConcile d'Ephele auquel font con- firmez les anciens droits de chacune proùin- ce.Neanm'oins peu de temps apres,rEueique de ConlUntinoble commanda de vouloir re- gner,par dêffus tous les autres à caufe du fie- ge Impérial de la ville , & obtint au Concile de Chalcedoine , qu'il prefideroit es Egliles d'Alîe,de Pont, & de Thracc, & nommeroit les Eueiques d'icelles , auec pareille dignité, que l'Eueique d'Alexandrie,en Egypte,& A- J)hrique. Partant fut du tout change, ce qui a- uoit efté ottroyé à l'Eglifc d'Antiochê , par les Conciles de Nicene , & de Conftantino- ble.Et cômêça lors vn Triunjuirat, dés Euef- *^^^'^* ques d'Alexandrie,pourrAphrique : de Ro- me, pour l'Occident : & de Conftantinoble, pourvne partie de l'Europe , auec la plus part del'Afie.-de laquelle ei^oit eclyple quel- que petit nombre d'eglifes , qui fut referué àl'Euefque de lerufalem , pour la dignité de la ville. Telle ett la diftribution portée , au deuxième Concile de Conftantinoble, au rapport duqueLGratian ne s'eft pas montré véritable. Le texte du Concile porte, renôu- iicllans ce qui auoit cfté ordonné par cent duquantc Perês , afferBbkz en celle ville , ^
202. C H A P I T R E. l5.
fix cents trente, au Concile de Chalcedoine. Nous voulons que le liège de Conllantino- ble ait pareil honneur, & primauté, que le fie- ge de la baile Rome: & es affaires de l'Eglite, IVne loit eigalc à l'autre: car celle de Côiian- ti noble eit la féconde, celle d'Alexandrie la troifiéme, ik TEgliie de lerulalem la quatne'- c.rcnourv'^C' Le Canou de Gratian contient, Renou- tei22. dift. ucllans le cinquième Concile de Conflantui. nous ordonnons que l'Eglile de Conltâtino- ble, ait pareils priuileges que la balle Rome: mais es affaires Eccleliartiques, nous dctfen- dons delà magnifier comnie Tautreiains elle fera la féconde , & précédera celle d' Alexan- dric:puis fiiyura celle d'Antioche,finalemenCi la Hicrofolimitainc. Puis que ceux qui font^ des faufietez es cfcritures priuées , font punis comme faufiai réside quelle peine mérite d'e- llrechalhé Gratian, qui afalfificlesarchifs de l'Eglile CatholiquePLes Papes vculêt que nous ayôs telle créance es Décrets des Con- ciles , qu'es Efcritures faintes : toutesfois ils permettent & fouffrêten leurs liures,les cort ruptions & FaufTetcz d'iceux. Quoy que foit, ceDccret du deuxième Concile de Conitan- tinoble , fut confirmé par les Conftitutions NoucU. nouuelles de l'Empereur Iull:inian,qui viuoît '^^' alors. Et nous lifons au Concile de Chalceî*
Chapitre. i6. 20^.
<loine,que l'Euefque de Conftanrinoblcem-cap.p.&rg. pieta la plus part du pouuoir , & junv'djdlion^^j'^'^^^'* des Eueiqucb d'Orient , dont fiit prinfe occa-^"'**='^';'- fîonparFbUeiquedeRome, de L|uereler ce- fie grande authorité , contie celuy de Con- (iantinoble : fî bien que l'Eglife de Dieu fut en proye entre ces deux Eueiques , defqiîels celuy de Rome gaigna Iod procez en partie, audit deuxième Concile de Cônftanrinoble; car il fut apellc premier. ToutesFoi il Fut or- donne , que celuy de Conftantinoule auroic pareil honneur , & pareil rai:g que celuy de Rome: parainli l'vn des Eueiques s'agrandit en Orient,rautre ver^ rOccidcnt.Cc qi'e Te- uelque de Rome commença fort à propos, ^JfçJJ;;^* peu après ledit Concile de Chalcedoine, par la reftitution de Paulinus,& Athanafius,deux Eueiques qui auoyent etté depofez par k Sy- node deleur prouince : dont il Fut fort blaf- mé, par les lettres que les Pères luy eFcriui- rent : s'eRans à ces fins affemblez en Antio- che , i'admonneif ans qu'il eufl: Foin de on E- gliFc , & que ce n'eftcit pas à iuy , de donner Joy aux autres. Autant en auoit Fait le Pape Cornélius, deux cents ans au parauant, en Fa- neur de Felicilïimus , qui auoit eflc dcpoFé • par l'EgliFed'Aphriqiie : laquelle , &: pa. ticu- Uerement Fainf Cyprian , le trouua niauuais:
i04. Chapitre. i6.
lîb i.cpî- 2in(i que nous liions en l'cpiftre d*iceluy, au- <^*^- dit Cornélius. Il cil vray que quelque temps après le Concile de Chalcedoine,rE glilevni- icapAt. uerlelle s'aHl^nibb à Sardeque , ville d^Ilirie, pour délibérer des aflraires communs : mais les Euefques Orientaux s'en allerét fans rien faire: ceux d'Occident demeurcrêt encor af- fcmblez , & à h pourfuite d'vn Ofiiis , lequel l'cpiftre liminaire dudit Concilcjappelle Vi* sardicén. eux fou, fedateur d'Arrius:ordonnerent,que 2.4"&i"^'s'iladucnoit qu'vn Euefque fuft condamné par les autres de fa prouince,defquels le con- damné vonluil releuer àppel,il faudroit efcri- re à r E uefgiic de Rome , pour kion fap rel- cric,auoir luges d'vne autre prouince: ou biê que le PapejCn pnnt & nômaft d'office. Mais la forme dont Olîus via , pour faire trouuer bon ce Decret,n)onftreaifez qu'il edoitnou- Dcau en TEglifc. Si vousie trouuez bon par charité y honorons la mémoire de TApoIire faint Pierre. (dit le texte)!! ne faut point auflf» difTimuIer, que ccHe délibération ne foit pas CEcumenique.-&' qu ad elle l'auroit eftc, fi eft-* ,, ., ce qu'elle fut compte au Concile mènerai in- Cartiiâg. continent après tenu a Cartnage , par deux cents dix fept Euefques , entre lefquels eftoit faint AugiiÛin. Sur ce qâc les Euefques d'A- phrique, auoycnt depole Apia-Vius:lcquel s'e-
C H A P I T R E. t6. 205.
ftoit retire au Pape de Roidc , qui î'auoit vc-.a.çs: iîj. ftitué : ce qui Fut tiouuc Fort niauuais par le- ''^"^• dit Concile,lequel prohiba exprefTemérj par quatre Décrets , de paiTbr la mer pour appel- ': 1er à Rome, lur peine d'excommunication. P'ailleurs en ce Concile, fut donné jugemet definitifjfur cefte jurilclidiô, & pouuoir pré- tendu par l'Euclque de Rome:car il y enuoya trois Legats,Faullinus, Philippus, & Afellus, 1 auec lettres pour prier les Pères , de ratifier I ce que le Concile de Nicene luyauoitot- I troyé: qui eftoit que les appellations des E- I uefques des prouinces , fulTent deuolues en Court de Rome. Parpuoy fut enjoint au fe- cretaire, de lire le Décret prétendu de Nice- nc:mais ii leut l'entier chapitre cinquième du Concile Sardique, qui auoit elle fupporé par le Pape, au Ueu de celuy de Nictne. Auquel c^^^;J"[ les Pères recogncurent , qu'ils n'auoyent ja- [ maisleu ce Canquiau moyen dequoy/ut or- donné qu'on depureroit ccrrains hommes^ en AlexandrJe,à Conftancino.bie,&: à Ron)e, pour retirer les exemplaires dudit Concile de Nicene: efqueîs ne fut rien trouué de tout cela.Qui fut caure,que les deux cents dix iept Euefquesaifembiez, efcriuirent à Bonifacc premier,^: encor depuis à Celeftin,premier, qu'il fc contentai des limites de ^on dioce-
65- 5^9-'^ 590.
c.îiidices. Il.q.i.
206. Chapitre. 16. fc, fans rien empiéter fur les autres. Ceftoit allez pour les faire rougir, s'ils n'euflentelié aiîeurez en leur deliberatiô ainbitieufe: pour eîkblir laquellcjils ont pareillement fuppole vn Canon , comme eftant dudit Concile de Nicene,&: Font fait efcrire à Gratian, en fon Décret , pour dire, que les juges déléguez doyuent eftre nommez par TEueique de Ro- me , ou les députez. Ce qui ne le trouuera point efcrit audit Concile de Niccne. Au Concile de Malte, tenu fous les Empereurs Arcad.&Honor-Innocét premier eftât Pape M.6'î""o!ri'. de Rome,cefte quertion fut tout à fait jugée conciLfoi. ç^ ^^g mots. îtê , Il a pleujque û les Preftres Diacres,ou autres/e plaignent de leurs Eue!- . qucs , les voiluis reçoyuent leurs plaintes , & jugent le tout, du confentement de leursE- uefques: Si s ils pen'ent eftre bon d'appeller, ils ne le pourront faire , finon aux Conciles de TEglile d'Aphrique , ou aux primats de leurs prouinccs : Mais s'ils veulent appeller outre mer, nous lespriuons delà communi- on deTEglife. Auraport de cepaflage, fe peuuent obferuerdeuxfaufletez fignalées,de Gratian:Ia premiere,en ce qu'il a obmiiê vnc claufe dudiô^ Décret : par laquelle eft mon- lire, qu'il ne concernoit pas f^^ilemét les dif- ferens des fiuipks PreftreSjOU Diacres, mais
Chapitre. i6. 207.
auffi des Eucfquesicar le texte Grec porte, Kos kai tou epifcopioLi pollakis horistai, c'el'i h dire , Tout ain(î qu'il à el^é ordonné fore i'ouuent des Euelques.La féconde , en ce G'.î'iladjoulk cefte claulc audit Decretj5>^/- fet forte ad fedem 7{j)manam appelUuerint , qui iîgnifie,Suion qu'Us appellent à Rome, ce que ne fe trouuera point au texte du Conci- le. Au contraire c'eft la vérité , que ce décret flit fait T'our borner la domination de l'Euei- que de Rome": lequel auoit dés long temps auparauant defirée cède puiffance , & jurifdi- étion ibuueraine.îl (e trouue que quand Baii- lides , & Martiaîis, Euefques d'Elpagne, vers Léon , & les montagnes des Aftures , eurent blafphcméj& renié Le nom de Chri(l:,en leur perrecution,ils furent depofez en vn Synode, tenu par le refle des Euefques d'Efpagne. A raifon dequoy ils s'auiferent de paficr à Ro- me 5 vers Eftiennc Euefque de la vjUe: lequel print cônoiffance de la caufe, & la voulut ju- ger de nouueau, h bic qu'il reftablit les Euef- ques condamnez. A quoy toutesfois le refte des Eglifcs Efpagnoles, ne voulut confentir, parquoy efcriuirent à faint Cyprian , luy àc- mandans côfeil,& le fupplians de lur ce pren- dre aduis des autres fcs confrères : lefquels tous reprindrét aigremêt Eil:iéne,d'auoir en-
^c8. Chapitre. 17. treprins de toucher, à la caufejugceparfes compagnons , & cœuefques au diocefe def- cjueis , le fait leroic aduenu : puis que chacun d'eux,à ion troupeau en garde, duquel il ren- dra conte à Dieu : & que Tauthorité de tou5 les Euefques du mondcjeftcfgale & pareille, fi bien que le nom d vniuerfeljque rÈuefque de Rome pretend,eft reprouué de l'Eglife.
CHAPITRE. XVII.
SOMMAIRE.
1. Canonsypar lefqiids appert que le Pape de Rome n'ejl
pas-oniHcrfel.
2, T^ecretdeThocofenfauciirdeBomface.
^. La Primauté du Vape contre l'6fcntnre fainte.
4. Les Conciles font lccittmcsyfa?is l'authonté desPa.
peSi&- contre leur volùnté.
5. Le peuple Lay pcutafiijicr & difputcr au Concile,
IS E fçay bien que nos Ecclefiaftiques foU'^ I tiennent que le Pape d^ Rome ci\ Euel- -r que vuiuerleijChcFminifterial de V e ghfe Catholique(qui comme tel) doit auoir foin, & à jurifdié^ioa ordinaire fur tous les Chre- iHens de l'vniuers. Or ces quaiitez magnifi- ques font à debatre maintenant, non parla dodrine d'autres que des anciens Conciles, Canons,&: Décrets deTEglifeRomainejpar 'i hiftoirc Ecclefiartique , & qui plus eil , par J'authorij^c de l'Efcriture feinte. Le prçmieç
C H A P I T R E. 17. 209.
, Canô eft tiré du 3. Côcile de Cartha^e , en c^prim^.
Eueique du premier liege ne (oit diii. I pas appelle prince des prellres , ni louuerain ! preftre ou choie iébîableimaisfcuIemêcEucf- i que ou du premier ficge,&: melme l'Euefque I de Romejnc puiiïe fe dire vniuerlel. Le lecôd cft de S.Iean Chriiollome, quand il parle de l'office & deuoir de l'Euelque; difant, que ce n'eft pas la chaire qui le ian^lifie , mais au contraire c'cft luy, qui par fa bonne vie , doit fandifîer le fiege. e n fin il conclud, que qui- conque defirerale Primat en terre , trouuera confufîon au ciel: quiconque en dirputera,nec.jT,„j.;.^e^ fera nombre entre les feruitcurs de Chrift. ^'J-<^^"-
loir.tcm. 7,
Partant que perlonne d'entre-eux ne le hafte ^^omû.^;. deparoiltre plus grand que les autres ;maiSMarth. pluftoft qu'il cerche les occafions d'cllre le^'^^"'^-^- plus petit. Le troifiéme eft du Pape Pclagius deuxicnve jprcdeceiïcur de S. Grégoire: d
I faut, Nui Patriarche pourra vfer du nom d'v- niucrfel, carfî l'vncft Vniuerfeljles autres ne77-^^^' le font plus. Que chacun donc fe garde bien de prendre telle. qualité, qui pourroitdefro- ger à Ton collègue. Le quatrième eft de faine Grégoire , lequel à efté ennemi mortel de cefte qualité d'Euefque vniuerfel : comme nous pouuôs veoir en fes epirtreSs/inguliere-
' ment en celle, qu'il cfcrit à Eulogius Patriar=
c.nullus 99
2IO. Chapitre ly. n
iib.7.ca-jo. che d'Alexandrie: en laquelle il fe courrouce | i côtré ledit Eulogius j principalemet de deux i; chofes :1a première de ce que le Patriarche i luy elcriuant , vfoit de ces mots, ( vous m'a-: uez commande )■ car dit ce bon do6teur , le i ne veux point ouir parler de ce commande- nientjd'autant que je fçay que vous eftes mes frères en ordre , & dignité' : mes pères , en mœurs & probité. le ne vous ay donc pas commande , ains donné feulement aduiS5de ce que vous deuiez faire. Le fecôd article du- quel il le reprend encor eft , de ce qu'il l'ap- djft?*^^'* pe^^oit Pape vniucrfeljdont il le pria de fe dé- porter par après: d'autant que vous oftez(dit- il) àvous-mefmesjle trop que vo^ me dônez. le fuis donc fort honoré quand je voy que chacun tient le rang qui luy appartiét: Te n'ay que faire de paroles Ci vaineS:, qui ne font que la corruptiô de charité. Le mcfme faint Perc le plaignant à rimperatricc Confiance, de la fuperbe , & de l'impudence de lean Patriar- che de Conftantinoble,qui fe difoit Euefque vniuerfel , fouftient qu'il recognoift en cela, la prochaine venue de l'Antcchrift, lequel ceiï Euefque imitoit , en ce qu'il ne vouloir pas mcfme foutfrir'les Anges pour côpagnôs ains defiroit cftre chef par deffus toutes cho- fes. En vn autre paffagc II dit , que dés le têps
Chapitre. 17. 211, ducinquicmc concile de ChalcedoinCjles Peres auoyéc offert à l'Eueique de Rome, ce droit de Primauté toutesfois pas vn d'eux n'a- uoit voulu accepter vn nom fi prophane,& fî vain. Au côtraire ja Dieu ne plaile , quVn E- uefqueChreftienjVueille s'approprier vn titre par lequtl il puiiTe diminuer le rang , & la di- gnité'de Tes collègues. Eufebe en Ion hiftoireEufeb.Ub. Ecdefiartique recGgnoift,queCyprian Euef- '"^^'*'' que de Carthage , n'eicnuoit pas à TEuefque de RoTiSj pour les affaires de l'Eglife, corne à Ton chef, & fupcrieur: mais feulement pour prendre aduis de luy , afin de faire chofe , en laquelle toute rEglifelètrouuaft vnie,en af- fedion d<i volonté. Denys d'Alexandrie , çC-EufehMh. ciiuantà CorneilIe,E[lienne, ou Sixte,Euef-Ub.7'-c.nS ques de Rotne, ne leur baille point plus grâd ^' titre- , ou qualité , qu'à vn autre , qui efi: , de T^^^^' Colîeoue,Côfi'ere,CœuefquejOU iemblablc. i'o"p- Saint Cvprian recognoift,que l'authorité des Euefques d'Aphrique,n'ert pas moindre que celle des Euefques de Rome, Tvn defquels il reprend aigrement , & luy remonftrc que S. Pierre n'a jamais ofé entreprêdre, chofe quel' conque fur fes copagnons : en quoy il n'arra- che pas feulemët la Primauté au pape Etien- ne mais aufii à faine Pierre. Le mefine Saint Cyprian jcfcrit , qu'il n'y à qu'vn Dieu ,vh
212. C H A P I T R E. ly.
Chriil, vne e glifc, & vne Chaire , fondée iur la pierre angulaire , par la propre voix de Dieu:partie de laquelle,eft tenue en indeuis, par vn chacun Euefque, Saint Hierolrne par- lant à Euagrius, en dit autant,rE glife eft Vni^ que, celle de Rome n'eft point autre que cel- i le du refte du monde: la Gaule, FAngleterre jj r Aphrique , la Perfe , TOrient , les Indes, & ï toutes les nations Barbares , adorent vn mc(^ h me Chrift , gardent vne pareille règle de ve- [] rite': s'il eft queftion dVne plus grade autho- j. rite, le monde eft plus grand qu'vne ville : en j: quelque part qu'il y ait Euefque , à Rome, à j, cLogimu;. E Hgube, à Couftautinoble, à Rhege, en Aie- f ^'''^'^' xandne,àThabcs,à Guarmacejil eft de pareil i, inerite, & de njcfme qualité: la grandeur, les t: richeHes, ou l'humble poureté,ne rend point j î'Eucique plus petit , ou plus grand , car ils i ionttous fuccefTcurs des Apoftres. Défait, i conc.1.57^. nous auons veu , que 1 Euelque de Conltanti- 1 noble , a fort long temps debatu la pri- mauté , contre le Pape de Rome. Tefmom outre ce deft'us la venue de Michel Paleolo- g'.;e. Empereur d'Oricnr,au concile de Lyon énuiron l'an mil deux cents feptante deux, pour traiter de ce différent. Et de plus loin cncor, la longue cpiftrc du Pape Léon ncufi- émc, an Patriafche Michel5en laquelle il dcf-
Chapitre. 17. 215.
couure vne infinité de turpitudes des Grecs, roelmc qu'il s'cft trouuc' vne femme,tenant le fiegc Patriarchal, ce qu'il luy euft peu repro- cher honncftement:, û leanne n cuit efté Pa- pefle , en l'Eglife de Rome , deux cents ioix- ante ans au parauant ledit Léon. Tant y à que la raifgn du Patriarche, ettoit fondée , iur ce queConftantinoble el^oit nouuelle Rome; comme s'il vouloit dirCjqu'en faueur du nou- ueau fiege Impérial 3 ce droit auoit efté ot- troye' à l'Eglife de la ville , par la d;fpofîtion du Concile de Conftantinoblc , confirmée rinopoiita^" par diuerfcs Ordonnances , & Loix des e m- Î^oîu^'^' pereur* Chrefticns. Ce qui eft plus expreffe- ^gg*^'*^"^* ment porte, au Concile de Chalcedoine , en ces mots , Nous luyuans en coût , les loix de j^ j j^ c. nos pères , ordonnons & ftatuons , touchant ^"^^^^''''• la dignité & amplitude de cefte tref-grande Egiilède Conftantincble , nouuelle Rome, car nos pères ont juftement dôné le premier rang à la vieille Rome,parce|que celle cité re- gnoit pour lors, &: par la mefme raifon, cent «p.îS cinquante Percs efmeus accordèrent pareil Sd honneur , au fiege de la nouuelle Rome , or- donnans juftemêr que la cité qui à receu tant d'honneur, d'elle le fiege de l'Empire , & du Sénat ,auec autant de dignité que la vieille Rome, euft pareillement le rangôc dignité
co- cif.Chai-
iI4. C H A P I T R E. 17,
efgalejés affaires Ecclefiaftiques,piiis que elle I eft la féconde Rome. Il eft vray que le meur- drier Phocas, cafïà tous ces jugemens, par la déclaration qu'il {\i\ au Pape Boniface troifi- eme , que Y e uefché de Rome , feroit la pre- mière du monde, & fouueraine par deffus les autres : mais la lentence dVn Tyran :, ne doit pas feruir de titre en tels affaires, & quia- uoyent efté fi fouuent policées au contraire par les faints Conciles œcuméniques. D'ail- leurs en quoyà Phocas déclaré la première TEglife de la ville de Romc?ell-ce pour l'âti- quité, pour l'honneur , ou pour la puilTance? Quand au premier , il ne pouuoit changer la "" yad.' ver ité.S. Ican Chrifoftome dit , que l'Eglilè d'Antioche eft la première , & la plus hono- rable,par ce que d'icelleeft lortile nom de Chreftié.En ce qui touche le fécond, qui ap- partientà l'hôneur & dignité premiere,Pho- cas n*a rien apporté de nouucau : car parles anciês Cociles j'Eghfe de Rome, auoit tous- jours efté préférée à celle de Côftantinoble: tcllemét que les autres, sVniffoycnt volôtiers à icelle , en la Foy , & Religion Catholique. i.i.i.iiuer Mefmeparl'authorité des Empereurs Chre- r m Twirf ftiens , d'autant qu elle auoit rousjours eftc ferme, en la do6lrine fainte , touchant la Tri- nité: pour laquelle les Eglifes d'Orient auoy-
A'.nioch.
pop III
Chapitre. 17. 215.
cnt erté fort troublées; Si bien que c'eft tou- te la primauté , que les Empereurs Catholi- ques luy ont accordée. Mais fi Phocas à vou- lu dôner à l'Eglile de Rome,plus de pouuoir qu'aux autres , il à tort : car c'etl: contre tous. les plus anciés Décrets des Côciles œcumé- niques , huifi je içaurois volontiers , i\ vp fî melchant home que Phocas,qui par k mcur- dre de Ton Seigneur,& du fils d'iceluy/e fift Tyran , pluftolt que legidme Roy , pouuoit faire telle ordonnance ? Et quand il auroic efté le plus lsgitin)e5&: fage Prince de la terre s'il pouuoit par Ion feul aduis , changer tant de Canons, & ordonnances.de rEghfe Chre- ftienne. le ne m'informe point quelle raifoti il auoit de ce faite.Paul dyacre,dit,qu'il le fill: àla rcquefte & prière de Boniface.AuxCa- nôs qu'ils nous dônêrpour eftre des Apôftres efi porte, q chafque prouince ait Ion Primat. Cela mefme à efté côfirmé par tant de Côci- Ies,que nous auôs cottez que demadoitdonc Boniface autre chofcà Pnocas ,quad il âtfi- ra d'eftre déclaré Primat finô la fupprefiiô de Tabolitiô des autres. Car il eftoit au parauat le premier en fa prouince,côme le refte des pa- i triarches,chacun en fonpays.mefme celuy de CôftâtinoblCjCndincrfes regiôs furlefquelles s*il entrcprenoic quclq choie il corrôpoitles
2ï6, Chapitre. 17.
ertabliffemcsde rEglifejCÔmcdit PaulDiacrc il occupoit la tyrânie,qui depuis à cfté trâsfe- rée en Occident, fans aucun titre vàllable:car l'Empereur quel qu*il Toit ne peutentreprédre fur l'^s Décrets de l'Eglile Catholique , telle- b ment que la preicription,&Iôg vfagejdôt Te- i iielque de Romeà jouy depuisjpartie à force a partie par artifice ne luy doit non plus feruir ï qu'a celuy qui de mauuaife foy , & fans titre, :i i occupé le bien d'antruy. Il le tient de Pho- cas,Tyran5& Vfurpatcur de l'Empire, qui n'a- iioit aucun pouuoirde luy donner ceftelu- nididion. Le Pape Boniface pareillement, ieauoit afl'ez que cela ne luy pouuoit ,ni de- uoit appartenit , puis que l'Eghle Tauoit ju- gé fi fouuêt au cotraire. Que relie doc main- tenant? fînon la Loy ancienne, par laquelle la chofe furtiue , ou tenue par force , ne peut e- ihc prefcripte ? fatnt Bernard parlant des ap- pellations, qui de fon temps et^oyet formées par deuant l'Eueique de Rome , & lelquelles H n'ofc blalmer entièrement, efcrit , au Pape jiugenius, lufquesà quand dilTimuleras-tu les plaintes de tout le monde? lufquesà quand dormiras-tu? lufques à quand ne veilleras-tu point, fur tant de confufiô , & d'appellations àbufîues: contre droit, contre juftice, contre les anciennes couftumcs , & tout ordre de
FEolifc
Chapitre. 17. 217. rEglifePOn n'a maintenant efgardjni au licu^ ni à la caure,ni au temps, m à la perfonne.- on reçoit toute appellation friuole,nulle, & ôgC' raiibnnable.-ceux qui veulent mal faire , n'eft- ce pas le moyen de l'exécuter ? Combien de fautes demeurent impunies , fous le manteau dVne appellations Rome? Q^'eli-ce autre chofc que fauorifer ces crimes, ôc donner ce- pendant moyen de les cotinuer^rappel eftant indécis? Les melchansappeilcntcieuant toy Ifes gens de bien , afin que ceux-ci fe taifent, de peur du tonnerre de ta puiflance.
S'il eft queftion de difputer.du pouuoir de rEuefque de Rome , par l'Ecriture fainte , il ne fe lit point que lêlus Chrift, ait donc plus d'authorité à l'vn de fes Apoftres , qu'à rau-4^q°'î"''"'' tre, ainfi que faintCyprian le remarque: &î'.pSr!Î! Gratian n'a peu le dilTimuIer en Ton Décret. Saint Pierre fe qualifie de pareille qualité ^•^«^- J"- d'Apoftre que les autresnl fe fait efgal à eux, non pas fuperieur:il prie les anciens, & fe dit I"-SdS^* ancien auec eux. Saint lean blafme & re- prend Diotrephes , qui aimoit d'eftre le pre- mier. Saint Paul attribue à l'Aïuechrift , d'c- ^'^^^- '■ lire adîs comme Dieu,auTemple,& fe mon- ftrer foy-tnefmc comme Dieu. Saint Pierre fe courrouce contre ceux; qui prononcans propos de vanité/uyùent la chair, cheminenê
R
2i8. Chapitre. 17. en concupiicence de polJutionj& merprifcnt la reigneurie,audacieuK,adoiînez à leurs lens, qui ne craignent point à blaimer les puifTan- J;^°'-^- ces des luperieurs. Les Apoftres font appcl- i.Pctr.î. 1^2: Miniftres , non pas Seigneurs de l'Eglifc de Dieu. Ils font comme l'vn du troupeau. Au Concile de lerufalem, tenu entre les A- m. 1.7. poftres , le Primat n elt point déféré à faint Pierre. Ce ne fut pas faint Pierre qui enuoya en Antioche , ludas , Barfulas , & Silas, auec Paul,& Barnabas:mais ce furent les Apoftres enfemble , & les Anciens. Ce ne fut pas faint Pierre qui efcriuit à ceux d' Antioche, de Sy- rie,ik de Cilicie : ains ce furent les Apoftres Luc 21. & les ancicns.Quand le débat s^efmcut entre les Apoftres.pour fçauoir lequel d'eux feroic Mitth.îo. cftimc le plus grâd,Iefus Chrift leur rcfpon- Apoc^y." dit, les Rois dl's nations les maiftrifent , & ceux quivfent d'authorité fur icelles , font nommez Bienfadeurs : mais il n eft pas ainli de vous: ains le plus grand d'entre vous , ioit comme le moindre : & celuy qui gouuerne, comme celuy qui fert. En vn autre palTage, il parle plus clercmêt.Quiconque voudra eitre le plus grand entre vous, foit voftre valet. Il fcmble à la vérité , que faint lean compare à rAntechrift,ce(te grade femme, par laquelle il explique la grande cité, qui a fon règne fur
C H A P I T R E. ly. îip.
les Rois de terre. Eufebe rapporte , que du ::b...c2p. temps que Clément efroic Euefque dcRo--^- nie, taint lean eftant de retour de Ion exil, e- ftablit certains Euclques, en diuerles Eglifes d'Afie,ce qui euft efté crime de leze Majefté, (i l'Euelque de Ronie euft peu, comme lib^.cap.j. Chef, ordonner les Euefques desvilles , &.'^"'^'^' prouinces, AufTi quand le melme autheur parle de Linus, il ne dit pas qu'il fuft efleu E- ueiquc de TEglife vniuerfelle : mais feule- ment de la ville de Pvome. II en dit autant de CJement,& d'Anacletus. Néanmoins pour h confirmation de cefte lurifdiclion iouuerai- nejes Papes apportent Tauthorité de Sixtus, Zepherinus, Fabianus, &: Iulius Euefques de de Rome. Le premier , enuiron l'an cent dix fept:lefecond,enuiron centoélâte ans après. Le troifiémc , enuiron l'an deux cents trente fix de lefus Chrift : par les Canons defquels, les appellations des Euefques prouinciauXj^-^^^3^;^JJ; font accordées à l'Euefque de Rome. Mais ^^^^^jj"^;^- outre que ce font tefmoignages domcfti-aam.2.q.6. qccs &: nnguliers, difans droit en leur pro- pre caufe. Encor il y a grande apparence que cela eft faux & fuppofé: par ce que pas vn des anciens hiftoriens, ne fait mention des epiftres dcfdits Papv?s: firgulierement quand à Zepherinus , il fut fucceficur de
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120. Chapitré. 17.
Vi6lor , lequel auoit efté fore rcprins de toUî les Euelqucs : melme d'Irenée , Euefque de LyoDjpour auotr entreprins fur les autres,ies cceucfques. D'oilleurs il le troijue beaucoup de choies, en rEpiltie dudit Zepherinus j de laquelle ce Canon ell extrait, contre la vérité de rhiftoire Ecclefiaftique : comme quand il dit, que lefus Chriftcommada aux Apoftrcs d'eflirefeptante difciplesi pour ertre coadju- teurs de leur labeur: toutesfois l'Hiftoire porte que ce fut lefus Chrift niefme qui les eflcut.
La plus grande marque de fupcriorité fe- roit,en la conuocation & prefence es Conci« JeSydont les Euefques de Rome,MarcelIuSj& Pelagius deuxicmejie targuent: & difentque les aflemblces ne font pas légitimes , fi elles ne font conuoquces de leur authorité : & qui pins eft , s'ils ne s'y trouuent fculs : ce qu*ils confirment par diucrfes milTuies d'autres Pa- pes , qui ont fondée l'authorité de cefte pré- tention , fur l'excellence de l'ordre Ecclefia- flique.'iir îa cognoilTance qu'ils ont des cho*- fes facrccs , fur ralTuiu trauail qu'ils mènent, au labourage de la vigne de Dieu. Ils difent que nous ( qu'ils appellent Lays , on Propha- nes,d'vn motnouucau,&invfité en l'Efcritu- ïe fainte)fo<iin)es du tout ignora-ns^ôc mal in^
Chapitre. 17. 221.
ftruitSjés mylkres celeftes:!! bien que pi>r ce niafque,en nous chaflant de leur côuocation, ils rejettent pareillement la puiflance fonue- raine des Roys , pour n*eftre leurs Majeftcz de ceft ordre, & la priuent, auec Ton peuple, non (èulemêc del'afl'emblée de rfglile.-mais la deidaignent d'abondant, & ne veulent pcr- mettrc,qu' elle aflfiile à leur côgregation, fous prétexte que raintAuguftin,MarceIlus,& Le- on,Papes,ont appelle les Côciles,afiemblées Epifcopales.Item,quc laPrincefi'e Pulchcria, filledeTEmpereur Arcad. iœur Procuratri- cc,& Tutrice de Thcodofedeuxicme,fonfre-» re, deffendit aux fimples Clercs, Moyncs, de Lays, de s'y trouuer. D'ailleurs que les Euel- ques afTemblcz au Concile de Chalcedoiiie, ne voulurent pas admettre les Egyptiês, non Catholiques. Ils adjouilêt ropinion de l'Ab-? bé Martin, auec ce qui fut fait par les Empe- reurSjTheodolè deuxième, & Valentin. troi- fiéme. Finalement, ils fe ferucnt , de ce qu'en l'Efcriture faintc, les Apoftrcs &: les Anciens feulement s'afiembierent. Toutesfois nous qui ne deuons auoir efgard, à toutes ces lub- tilitcz, & vaines explications: ains à l'aiiance- mêt.dela gloire,^: du npm de Chrift. Nous, . ^^,0,^,^ di- je , qui fçauons que le mot de Concile ce- î--=î- ^ cumeniàue , & yniuerfeî ,, eft de plus grande
n Z22. Chapitre. 17.
eîknduc, & coticnt tout le corps de rEglifc: hquelie efl compofce des deux ordres en- l'embie afin que ie nom dVne telle aflemblée, ne foit imaginaire , fauxj fimule , & qu'il ne foit plus grâd,que la chofe qu'il (ignifie/om- nies bien de contraire aduis,& laiifons la pla- g\oc in c. ce au Concile , pour le Clergé , pour le peu- 2i.'d"a."gi'. pie ; mais la plus eminente pour le Prince, liVhis'quk con-nie le Sur-intendant , Infpeéleur, Légat, fat'"'"'''' Proconrul,& ieulvray Vicaire de Dieq.Ie dy bien dauatagc , qu'au (îccle que nous viuons: auquel la conuocation du Concile cft plus que necelTaire, à la rcformatiô de Tordre Ec- clcfiailiqueiil le faut mettre entre les accufez, comme celuy auquel il eft extrêmement be- foin , de faire le procez en celk fainte affcm- blee : du moins fi les Ecclcfîartiquesy font pour cefté heure receus,ils s'y doyuent trou- lîcr en habit de Preuenus , & nous auecques eux:mais eux bien plus cncorque nous, d'au- tant qu'ilsjont caufe par leur ambition obRi- née,& nonchalance extrc'mc,de nolire pffeua- rication.Ce ne fera pas aufîi la première fois, qu'on les y aura appellez,en celle qualité' : & que contre kur volonte,ou fans leur authori- té, l'Eglifc s'eR legitimemêt aflemblce: dont nous peuuent eftrc tefmoins les Conciles , (i fouucnc côuoquez, de l'auchoritc des Empe-
Chapitre. 17. 22^
reursChreftienSjpourlareformation de TE- glilCjâ: depoiîtion des PapeSjabufans de leui* charge: autrement qui croiroic quVnPape n\2l-viuanr,aflemblaft le ConcilePSi TEmpe- leurOtho le grand, n'euft conuoqué le Sy- node de Rente , contre le Pape le^n douziè- me , enuiron l'an neuf cents cinquante lix, il n'euft eu garde de le reformer:moins encore d'authoriïer la depofition , laquelle fut jugée en certe compagnie. L'Empereur Hêry troi- (îe'me, enuiron Tan mil quarante, fift tenir v-n Côcîle gênerai, cotre la volôrc,&: pour depo- fer trois^Papes rchifmatiques^qui tenoyent le fiec^e de Rome : fçauoireft Benoift neufié- me,Svlue{lrerroincme,&: Grégoire fixiémc: au lieu delquel?, futfurrogé Guigerus, Euei- que de Bamberg;e, qui fe nomma Clément deuxième. L'h;î>oire de Benoift neufiémef/^^'^'jf porte , que ce Pape apparut après fa mort , à ^^^ vn Hermite , en belle monftrucufe, & forme horrible,ayant h teice t-c h queue d'ûfne A' îe refîdu de fon corps comme vn ours. De for- te, que quand celuy, auquel il fe monftroit le conhdera, il s'efii'ierueilla, & luy demanda que fignifioit cefte horrible figure , attendu qu'il auoit eftc Pape. Parquoy luy dift ledit Benoift, que c'cftoit pour auoir contamine le faint h^ge Apoftolique , & s'eftre monftrè
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224. Chapitre, 17. fans foy , & fans raifon.U e mpereur Hen^y le quart , l'an mil cinquante huit> couuoqua vn Synode à Sutri,ville de Thofçanc j contre la volonté du Pape Benoift dixième, lequel y fut depolc, & côtraint de s'enfùir,pour la Sy- monie dont il auoic vfe' en fa promotion , aq fiege Papal . Le mefme Empereur 5cnuiron l'an mil oélante trois, afTembla vn Concile à Brefièjd'vn grand nornbre d'çuefques d'Ita- lie,de Francej& d'AIemagne:pf incipalemenç pour corriger le Pape Grégoire Teptiémeje- Jcquel fut depofc par les Pères , abandônc, de rejette' par les Romains, G bien qu'il fut con- traint s'en fuir à Salerne, l'an mil o6lâte cinq, ou il mourut miferable , en exihluy qui en a- uoit fait tant mourir, par glaiuc, par famine, par poifon , & autres lortes de morts violen- ces.Enuiron l'an mil quatre cents fept, fut te- nu vn Concile général àPife fous l'authoricé de l'Ejnpereur Robert de Bauiere,Conte Pa- latin du Rhin, au grad regrer,& contre le grc des Papes, Grcgoire douzième , & Benoift: trezicme : auquel ils furent citez, & depofez:. car ik n'enrét garde de s'i trouuer,pour crain- te d'cflre traittez vn peu trop rudemet, a cau- fe de la déformation Si fchifme , qu'ils auoy- enc apporte à l'Eglife. L'Empereur Sigifmôd Liirçmbla le Concile de Confiance j contiç
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la volonté du Pape lean vingt trôifiéme , le- quel y fut dcpoie : enfemble deux autres An- tjpapes,ran mil quatre cents trente quatre.Le melme Empereur Sigifmond , contraignit le Pape Eugène quatrième , de publier k Con- cile de Ba{le,iur peine d'eftie déclaré Contu- niaz , &: Preuaricateur, à ce que dit Naucler; & à la vérité il nuoit b ien raifon de s y oppo- fer, car il fut condamné en iceluy j & dejetté de Ton liege Pontifical. L'Empereur Maximi- Iian premier, afi'embla vn Concile , contre la volonté du Pape Iules deuxième , première- ment à Tours :, depuis à Lyon : en troifiéme lieu a Pife, finalement à Milan', ou il fut deli- f^f^^"^ \)tré de citer le Pape, mais l'executiô fut em- ^g'gaï peichée par les armes d'içeluy , qui fufçita de toutes parts la guerre en la Chreîliêcé. Voila donc, que ce ne fera point chofe nouuellc , (I TEmpereur, & les Roys ChreiKens s'aflem- blentpour reformer l'Eglife, contre le gré du Pape y & des Ecclefialliqucs , lefquels s'y trouuerontpour rendre comte de leurs char- ges, à TEglilê Chreftiéne:&: endurer la corrc- é^ion, ou reformation necefl'aire. Or en cefte ' faintc affemblée^pour donner lieu au peuple^ que nos PcUleurs appellet Lay, je ne veux pas alléguer que l'auihorité du PapeNicolas pre-» «lier^ en vne lôguc epi(be,qu'ilefcriuit à Mi<
126. Chapitre. i8.
chel , Empereut d'Orient , ou auez-vous îcu(dit le texte ) que les Empereurs vos pre- decefleurs/e foyent trouuez aux SynodeSjfi- non en ceux eiquels ont traite de la Foy, la- quelle ett vniuerfelle, & commune à tous, ne concernant pas feulement les Clers , mais auiTl les Lay s, & tout le monde vniuerfeli? En vn autre paflage,le Pape Alexandre deuxie- me,raconte que pour juger , & régler les de- grez de confanguinité , au fait des mariages, jl auoit affemblé vn Concile , au chafteau de Latran : auquel le trouuerent auec les Euef- c.adfcdem. qy^g ^ Clercs , plufieurs juges de diueifes prouinces. Au premier Concile de Carthage et au Concile d'E liberté en Efpagne , alTilia vnc gjande partie du peuple , pour traitter a- uec les Pères , de Teftat de l'eglire. Au Con- cile de Chalcedoine, tenu fous l'Empereur Martian , l'an quatre cents odante huit , fc troLiua lapins part delà NoblefTe , auec les anciens & officiers des villes ; enfemble vu nombre infini d'autres Içauans , d'entre le peuple. Au quatrième Concile de Tolède, ell prefcriptela forme de fcancc,qui eft à i^arder en l'affemblée du Concile, en laquel- le la place desLayseft parcxprcz referue'e. Au fixie'me Concile de ConQantinoble , fe trouuerêt auec les Empereurs , Conft. He-
Chapitre. i8. tay.'
racl. & Theodoie ;. prefque tousIeurs|con- feillers , & jîJge!> àe l'Empire. Le Pape Gré- goire 5. enuironi'an fept cents 29. defirant corriger Terreur de Leon,&: Conftantin,E m- pereurs d'Orient , touchant les images des laints,fift aiTembkr vn Concile àfaint Pierre de Rome: auquel , aucc les Euefques & Pre- ftres,aiTî{ierenc les nobles de la ville & grand nombre de Lay^: en prcfence defquels raffai- re fut juge. Au deuxième Concile de Ni cè- ne, tenu lous Conftantin, & Hirenejmerej&: fils, furent prefens infinis Sénateurs, Procofi- luls, Patrices , Coniuls , mefme jufques au Capitaine delà porte de l'Empereur ,&: le Threforier de fa gendarmerie. Au Concile conuoqué a Majance, par l'Empereur Char- lemagne, enuiron l'an huit cents treze/urent faites trois troupes:îa première des Euefques Ja féconde des Abbez & MoineSjla troiiiéme des Comtes, des lu^es y ôc des autres I ays, qui eftoyent venus pour difputer. L'an huit cents nonante cinq , l'Empereur Arnoul , af- fembla près ladice ville de Majence, vn autre grâd Côcile d'Euefcues : auec lefquels afifte- rent grad nobre de Seigneurs, IugeSj& autres perfonncs Layes. L'an mil 5p. lePape Ni- colas 2.côuoquaà Sutrivn cocile gênerai au- quel fut arreftéque les feuls Cardinaux SiTii^c-
228. Chapitre, jy.
royentàl*cled>ion du Pape : Néanmoins en ccfte aflemblée, fe rrouua grand nopibre de Lays, qui perdirent leur procès, par la multi- tude des Euerqiics. qui tafchoyent d'attirer à eux ce droit d*eleél:ion. Bref, il ctt raifonna- ble que en ces oecuméniques afTemble'eSjpuiç qu'il s'agift de Teftat de TEglife, que le corps d'i celle y foie cntieremêf.c'eft à dire le Cler- gé, & le rertc du peupIe,dontelIe elt compo- lee:ain(î que failoyent les Apofl:res,quand ils s'afTembloy cnt pour délibérer des afFaircs.Le premier Concile fut tenu par lefus Chrift, lors de Ton Afccnfion : & en iccluy Mathias fut furrogé au lieu de ludas, par toute FEgli- fe qui lors ettoit fur terre. Le fécond , pour Teleélion des Diacres, fut afl'emble' par tous les Apoltres & Difciples. Le troificmc pour ofter la Circoncifion, par commune délibé- ration de l'Eglifc: les Apoftres, (dit le texte) & les Anciens, fefontaffemble?,. Ainfi donc confecutiuemenr , l'Eglife d'vn commun ac- cord , s*eft vnie , & affemble'e , quand elle à trouuébon eftre. Depuis les Princes ayant eRc appeliez à la Religion Catholique , ils les ont conuoquez à jufte raifon.
CHAPITRE. iS.
Sommai r^.
Chapitre. i8. 219.
I. L* office & deuoir Royal emers l'EgliCe,
î. Le Roy eft leplm grand en la République Chrepienne,
j, Exemples des Rois foigneux de la Religon.
4. A qui appart tent de coniioquer les Conciles.
CA R je demanderois volontiers , qui & quel eft le Roy en rEglifc de Chriii, & nousic'eft à dire, le Clergé & le peuple : quel eft aulîi noftrc deuoir en celle faince aflemblée ? Or pour refpondre à ces queftions, attendu que c'eftla caulêde Dieu , le fuis d'aduis de nous fcruir , & cer- cher la refolution en fa Parolle.Tu conftitue- '"*'^^' ras Roy,(difoit la Diuine fapiencc par Moy- fe) celuy que le Seigneur ton Dieu t'ellira du milieu de tes freres.Ces parolles font pleines de tref-excellens myfteres. En icelles nous deuons du tout admirer le jugement de Dieu qui comme difpenfateurtrefaduifé,& potier magnifique ,s'aecommodant prefque à no- ftre difcours , eftablit ceux qui commande- ront : ordonne & deiigne les autres pour fer- uir , & rendre obeiiTance. Si bien qu'encor que tous foyons formez de mefmeterre,tous compofez de mefme main , cuits en mefme fournaife : néanmoins ceft ouurier tref-pru- dent, & tref-fagCjà préféré les vns de fes vail- feaux aux autres , non pas par le moyen de marque quelconque qu'ils ayent , du ventre
î^o. Chapitre. i2.
de leur mcre : mais par fa jufte , & fainte vo- lonté , à efleuez les vns en grand honneur, laiiTant les autres abbaiffez , aux charges & myfteres d'obeilTance. Mais pour exprimer tout, en fort peu de parolles , Dieu ayant fait ce chois , eft demeuré afl'ez riche , & libéral enuers les plus pctis, qui voudront inuoquer fon faint nom : car afin qu*ils n'euflént occa- fion de ce plaindre, la diuine bonté les à faits approcher de ces hauts bénéfices , en ce que nous voyons que c'eft Dieu qui à efleulc Roy 5 le peuple Ta con^ituc , auec certaine reigle, & fous la condition,qu'il n'a peu pro- mouuoir ccluy qui ne feroit du millicu de fes frères. Ttt ne pourras ( dit le texte ) mettre fur toy homme eftranger^ieijuel ne [croît pas ton frère. Donques le Roy elt edeu de Dieu,dc- claré parle peuple , pourueu qu'il foitdc mefme gent, de ir.cfme Tribu , & de mefmc agnation: s'il eft cerché d'ailleurs , c'efi: ou punition de Dieu , ou changemement de re- gne.Donques loué Toit Dieu(François ) qui àeftabli fur nouS;, depuis douze cents ans^^vn Empire tref-Chreftien, pohcé de femblables loixfucceiTiues, que celuy qu'il auoit donné, au peuple qu'il à tant aimé. Gardons-nous donques bien , fur peine d'encourir l'ire de Dieu, de corrompre la Loy Royale qui nous
C H A P I T R E. I^. -2^1.
àeftc donnée delà bouche du Souucrain. Tant y a que ion faint Efprit , n'euft pas d}é content d'eihe eledeur du Roy , ni d'auoir aini^permile la déclaration d'iceluy au peu- ple, s'il n cuft au merme inftât, exprimé quel deuoit eftre ceft efleu en Ion gouuernement: à\ianiyy4pres qntl fera ajjis fur le Thronc de fon %^yaume^ // efcrira pour [oy ccfte Loy^ en vn Iture , de par les Sacrificateurs ^ LeuiteSy ^ le lira tous lespnrs de fa vie : afin qu'il ap^ prenne à craindre le Seigneur fon "DieUy ^gar- der fe s Commandemens. Au Throine Royal le recognoift la gloire ,&! a Majeftédu Roy, par defTus tout le refte du peuple:lequel quoy qu'inefgal en foy , & qu'il y en ait de diuers ordres & qualiteZjbeaucoup plus honorables les vnes que les autresrneâmoins la plus grade d'icelles,eft inférieure & fujette'à la gradeur du Roy. Par la deicriptiô delaLoy laquelle nous fçauôs que Dieu nous à dônée, chacun doit eftre apprins qu'il ert tenu deireceuoircc que le Prince ordône:nôcôtraire à laLoydi- uine, corne la vérité que le cielluy enuoye, pour l'ébrafTerde bônevolôtc,^ Taccôplir de Frac courage/ans s'informer curieuiemet, fans dilayer,râs murmurerpuis que ceft le cô- feil de Dieu, lequel à dit que les Rois regnet en luy,&: par fon moyê ks puiiTances rendêc
5^2. C H A P I T R B. l8.
juftice: c'eft à dire les loix Royales , qui s'ac- cordent auecla Loyde Dieu, ne font plus con)mandemens des hommes, ains diUins & celeitesjà ce que perfonne ne les niefprirejou ne recerche plus longuemêt la raifon de leur ordonnance. Et en ce que TEfpritdeDieu qui compréd tout,veut que la Majette' Roya- le retire la copie de la Loy , par la main des Sacrificateurs Leùites. Il ne faut pas expli- quer ce paflage , que pas ceux-ci , il vueille fîmplcment entendre nos Sacrificateurs, fur^ rogez en la place des Leuites anciés , comme vrais Preftres , fuftituez au lieu des imaginai- res: d'autant que Leui , & les Leuites font du tout abolis. Dieu a fait vn rlouueau baftimêt, par [on Fils IcrusChrift,& par l'Euangile des ApottreSjil a pieçà commandc,qu'on annon- çaft à tous Fidèles : Vous eftes la gencratioii eOcuë, la facrificature Royale, la gent fainte, Apoc.j. le peuple acquis: afin que vous annonciez les vertus de celuy qui vous a appeliez des tene- breSjà fa merueilleufe memoirerqui jadis n'c- ftiez point peuple, mais maintenant eftes le peuple de Dieu: qui jadis n'auiez point ob- tenu miferi corde, mais maintcnat l'auez ob- tenue. En vn aurre paffage il eft porté,parlant de lefijs Chrift , & tu nous as faits à noftre Dicu , Roys & Sacrificateurs , & régnerons
fur
î.Perr.i.
Chapitre. ï8. 2^^. fur la tcrre.Nous donques: c'cft à dire TEgli- fc Chrefticnne^compofee de tous les ordres. Quand nous plions ious le joug,& nous fou- mettons au Royrnous luy donnons la loy de ronRoyaumqnous(di-je)qui ibmmes Sacri- ficateurs, d'vn Sacerdoce d'autane^îus excel- knt,quela chorej& la vérité furpafle Timage, &rvnîbre.Ence niefmepaflagejileft enjoint au Roy, de lire continuellement la Loy , afin que par icelle ilfoitinl-lruit àgouuernertouc Ton eftat , pou/ueoir aux nccelfitez d'iceluy, guarir les maladies qui s'engendrêt au corps de Ion Royaumejentretcnir les membres qui font bien compofez.Bref,à c^ qu'il foit capa- ble d'ertrc appelle vray Roy,pluftoft que s'ai> feruir le pus rouuent,au trel-mauuais mefna- ge de tant de confeillcrs , qui paroiffent eftre Roysdu Roy mefme.AulTi ne fera pas inuti- le la caufe , pour laquelle le texte porte, qu'il doit lire la Loy: afin qu'il appréne à craindre Dieu,puis qu'il n'a point d'autre Seigneutjui puillancedu môde,àla corredtion de laquel- le il doyue eftre fujet. S'enfuit au texte, Et ijH'tl garde routes les paroles de cejîe Loy^ Cfr ces ordonnances pour les fuir e. Dont appert que le principal depofitaire, & garde de la Loy He Dieu,elt la Majefté Roy- aieipour auee îbn €onfeil,lesanciens,& fagcs
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2^4* Chapitre. i8.
de Ion Royaume,coniporer les controuerfes qni naiftront fur icelle , reformer les iniolen- ces, & cuiiofitez qui (e ferôt par les plus mal aduiiez, retrâcher ce que la fupcTbe mondain ne produira,nourrira, ou edeuera: contre, & outre le contenu en la Loy de nollre Dieu; cftant la Majeitétellemêt comporéc, qu elle ne décline aucuneméc,à dextrc ouàlcnertre. En quoy faifant Dieu luy promet de le faire régner longuement en fon Throne.-luy & (es fîls,au milieu d'Ifracl.Au contçaireil menace les rebelleSjde perte de leurs eftats,& d extir- pât! on de leur race.
Or il fout recognoiftre, que tout ainfi que la Loy du Deuteronome,obJigeoit les Leui- tes,à la MajcftcRoyale,entreles eiffins d'If- racl, ainfi la vérité de l'Euangile , oblige Tor- dre de Preftrife,à la Loy du Royaume:& fait que les vrais Prcltres font fubjedls du Roy, comme le demeurant du peuple. Cela nous cft enfcigné par Samuel, au pafiage qui portCj que toute la maifon de Iacob,tous les enfans? d'Ifraël : fçauoir cil 3 les douze Tribus , entre lefquels les Leuitcs e^oyet comprins, le vin-^ drent trouucr en Rh'amata , & le prièrent de leur donner vn Roy,ce qui fut ouy de Dieuj qgi les fill: aduertir de la puiffance qu*auroiC
Chapitre. i8. 255.
la Majel-lé/ur eux,qu ils leroyêt tous fes fub- jeéb. Sur quoy Saul fut dieu lur toute la na- tionjpar le nùniftere de Samuel. Qui,& quel eftoit dônques le Roy en Ifraël , par lequel cft repretentécrEgHre de lelusChrift? Le luge de tout le monde,îe Couionnai de tout ion peuple , & le Ibuuerain Mngiiirat de tous les lubjedts de Ton Pvoyaume.Par côrequêt,il eft en dignité pareille enTEgUre Chrcitien- nc:en rEglirc(di-je) c'cft à dire, enuers la gé- nération régénérée , de l'eau du Saint Elprit, qui eftle templc,& la mailbn de Dieu,la co- lomne3& fondement de vcritéda vierge lain- tCjefpoufe charte de lelus Chri(l,iâns ride,& fans maçuîe:gardantparfaitemertia pudicité virginale, par les Commandemens de Ditu» L'Eglife (di-je) mère commune, & des Pre- ftreSj& des Laysiencor que véritablement ce nom de Lay, Ibit trop infolent, prophane, & non receu en cefte fignification par l'Elcri- ture faintc. L'Eglife ( di-jc ) dauanjtage qui ci} la vigne de lefus Chrift:de laquelle luios Ecdefiaftiques vouloyent dire5qu'ils ne font pas rameaux , ( ce que ia à Dieu ne plaife ) il les faudroit couperj& jetter dans le feu.C'elt celle en laquelleTertuIIian recônoifijes Em-in Apoicg. pereurs & Rois , eftre les féconds, de tenir le râg aprcs Dieu: duquel ils ont receu ce qu'ils
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2^6. Chapitre. i8. font, moindres feulement que luytmcfme les Apoftres , faint Pierre & Taint Paul, ont con- firmé ce pouuoir fouuerain. LVn,quâd il dit. Que toute créature eft fujette à la plus haute puiifance: d'autant qu il n'y a point de pou- uoir que de par Dieu; duquel le Prince eft le Miniftre , portant le glaïuc, pour l'exécution de fa juftice. En quoy l'Apoftre a remarque, par le droit du glaiue , la fouueraine authori- tc, laquelle fut oftec à faint Pierre, lors qu'il fut cômandc de rengainer fon coufteaurpour la laiiïer aux Rois , qui font montez, au fom- met de l'honneur du monde, eftant leur Ma- ]tl\é Royale le plus haut & grand degré qui le peut remarquer en TEglife de Dieu. Ce qui eft reprelèncv?,par leur Couronne cir* culaire:dc laquelle la cefte du Roy eft le cen- tre;dont& aiiquel,côme au principal poinéi, toutes les ligiK's qu'on en voudra tireric'eft à dire,Ies mcnibres de ce corps,fe doyuét rap- porter,&: donner aide à la Majcftc', chacun en la fundlion. Le Clergé , pour les chofes fain- te&6c fpnituellesdes Princesses OfficierSjles Nobles ,& les confeillcrs , pour les négoces politiques du Royaume Obferuons mainte- i'«^^-'- nât quel foin à eu Dauid de l'Eglife de Dieu, Il diftribua par claffes , les fucceffeurs d'Aa- ron , qui eftoycnt au parauant confus , en
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la charge de leurs offices. En quoy il cnlei- gnojt les Rois Chreltiens: .cierquels,& de le- fus Clirift il rapporte rini3ge,que leur deuoir fcroi-c de reformer l.i confuiïon, qui pourroit glifler par le temps , en Tordre de Predriie. Salomon , fils de Dauid > dédia le temple de Dieu en l'aflèmblée de TEglile. Ezechias froifla le ferpent d'airain , que Movie auoit rait,& mis iur vne percne, par le commande- ment de DieUjpour guarir ceux que les natu- rels ferpents auroyent mords. Pour autant que jufques à ce jour , les enfar.s d'Iirael luy faiibyent des encenfemens^ô*: le nomma Ne- huftan,parmerpris:comnie s'il euftditjcholes.Reg.iS. d'airain vile & de nulle ellime,reprochant en cela aux luifs leur bei-lire,de ce qu'ils adoroy- ent vne choie morte, Se corruptible ; dent fa Majefté tut fort recommandée. lofias Ei\ vne leuée de deniers , pour là réparation du tem- ple de Dieu : laquelle il ii(t départir aux ou- uriers , par les officiers & gardes de Tes rhre- fors.Ii firt lire publiquemét le liure de laLoy, obligea le peuple à la garder, extermina tou- tes idolatriesj&demolit tous les Autels/aitsà l'hôneur des dieux eftrages. BreMa mémoire à efte' fi honorable,qu'il ci\ dit de luy qu'il n'i auoit pas eu au parauât de Roy femblable en juftice;& pieté'. En la naiflance de TEuagiîe,
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23^. Chapitre. i8. les Rois Mages , confacrcrent à léfas Chrifl les primices des générations du monde , par myitiques offertoires , pendant qu'Augure faifoit la defcriptiÔ des homes. Alors q\i'He- rode,& Tenifalem,eftoient efpoiiiiâteZjCeux- ci accppagnez leulemec de quelques bergers malotrus , recogneurentia diuinitc cachée en la perionne de l'Enfant : & de Roisqu*iIs efioyenr, le vindrent adorer côme Eueiqucs: tellcmeàt que ians mot dire, ils reprefentoy- cnten ctYcS:, la parole qui dcuoit eftre efcri- te:Si le confeilans vray homme, luy offrirent la Myrrhe, couliumicrc defpenfe es pompes funèbres des morts^ Le recogneurcnt pour vray Roy,en luy donnant de l'Or; richefle,& magnificence Royale.L'honorerent comme leur DieUjluy prcfentant TEncensrde l'odeur fuauc duquel, la force de la Religion s'ertcnd juiques au Ciel. Les Gouuerneurs, & Lieutc- nans de l'Empereur, eicouterét fouucnt faine Paiil,prefchant des queflions de la Loy, le re- ccurent appcllant , par deuant le throfme Im- périal. Conchions donc, que Toftice du Roy confifte , à donner fon authoritc, en la diftri- bution des charges Saccrdotales:à dédier , & reftaùrer les Temples , à reformer l'eftat du feruicc Diuin:a obliger le peuple, par loix,& fffintcs ordônancesyde teruir Dieu, & garder
Chapitre. i8. 2^9.
fes Commandemçns ; à faire remonftrances, & harangues publiques à Ton peuple , en pre- fence des preiires , &iacrificateurs , pour la gloire de Dieu : à faire abbatre les idoles , & iuperftitions, meurdrieres de la Religion : à recoiîimander fes fu jets au Roy des Rois,par yœux,& prières ardentes:à ouïr en pcrfonne, ou par leurs deputezjlcs différents, & quefti- DJis quifeprelentcnt en l'explication de la Loy. Cequi nous eft generallemét reprefen- tc',par les Paraboles du père de famile,en l'eiv &;o. droit-de fes feruîieurs,defquels il veut ouïr le f:oiate:ou enuers les ouuriers qu'il va louer au poinâ: du jour,pour trauailler à la culture de fa vigne. Si bien que , puis que par tant d'ex- CiWples; , nous fçauons quelle cfl: Tauthorite Royale,en TEglifede Chrirt,n'cft-ce pas vne hSte extrême, & vne pîuf que maniiefte im- pudence , de mettre en difficulté : & , qui pis fftide faire Loix, ou Canons, pour interdire aux-ampcreurs , & Rois d'aHembier , &: de pneiider aux Conciles , qui fe doyuent tgnir^ fkour h reformation & difcipline de TEglife? Singulièrement en ce temps,que le defordre, 5t le de.bord eft (î grand, & (1 énorme, que f^ les Roi^, & Princes Chreftiens n'y mettent prorrptement la main , il eft à craindre , que Dieu ku: enuoye les grandes malediâions:
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140. C A H P I T K E. 18.
defquelles il menace les mauuais Rois , qui inefprirent , & n'ont pas voulu lire le liure dû îa Loy.
Mais d'autant que la plus part des choies de ce monde, le gouuerne entre les hommes par exemple , pluitoft que par raiibn,je leur demâderay, qui à côuoquc tous les premiers ConcilesPqui a prefide' en iccux?à cecflé i'E* Kiceph. uefque de Rome ? L'hiftoire porte qu'après 14. que Conftantin le grand eut enuoyc Hofius,
Eiifcb.lib- ?: r li^iL r^ rC
a.devTta tuclque de Cordube,en Or]ent,poureiiayer çonftan. ^ reconcilicr le differét qui elloit en rEglifèi voyant qu'il n'auoit rien auancé, conuoquà de Ton authorité le Concile de Nicene , en Bythinie. Et fi nous liions que les Euefques de ce temps,qui cftoyent mandez pour venir au Concilcjeftoyentfipoures, qu'ils n'auoy ent pas dequoy fc conduire : tellement'qie l'empereur leur enuoy oit des Chariots , «es Cheuaux , & leur donnoit moyen de fai'âl« voyage r fi bien qu'ils fe trouuerent enVil'on trois cents dixhuit Euefques , entre lesquels Niceph.iib. pfefida Euftachuîs , Euefque d'Ai-mochet 12 c. 10. Xhcodofe le grand commanda le Concife gênerai de Conftantinoble , qui fut ?fiembfe contre l'herefie de Macedonius. Bl^^icetuy l'Eueique de ladite ville tint le preirier ficgC; LeConcilc oecuménique d'Epheièylit affcm-
Chapitre. i8. 241.
blé par le coni-mandemenc de Theodofe le jeune & fut ailigné le propre jour de la Pen- tecdle,pour côdamner Nertorius. CyriIIus,^^.?.^'!:!'''' Euefque d'Alejrandric,y prefida. Au Concile gênerai de Chôlcedoine 5 le lifenc ces mots, Enagr.m,. Le raint,grand , & vniuerfel Concile, qui parJi^^'^* •la grâce de Dieu , & commandem^t des tref- Chreltiens Empereurs,Valentinian, & Mar- tiâ, a elle affenrblé en C}ialcedoirie,&c.Mais il aeft point parlé en ce paflage de rEuefque S'iiSi de Rome. Mefme au-commeneemenc , cell:e ^^^"• afTemblée auoitefté commandée parleurs Majeftez à Ni'cene ; néanmoins depuis pour certains affaires fut trâfporrée en Chalcedoi-^.voicn,. tic. Le cinquième Concile oecuménique, fut ^j""^'^""^* alTemblé par le commandement de luftinian prcmicr,€n la ville de CôlHtinoble.Le fixié- me par Conftantin troifiéme , enlame-me ville, eftant en laquelle , il cominanda par lès mSlci!'' lectres,au Pape de Rome Agathon,d'éuoycr, '^^' ou de fe trouuer en perfonne au CôciIe,pour confulcer des affaires, & neccfîircz de TEglifc Chreftienne.Erfi tant s'en faut que les Eccle^î fiaftiques euflent pouuoirdë s'aflfembler de leur authorité , que melme ce qu'ils ordon^ noyent dcmeuroit fans effeél, fi l'Empereur île le ratifîoic.Auquel le Concile elcriuoit,& le lupplioirhumblcmët;de trouuer bô cequi
14^. Chapitrb. i8.
auoit eftc fait audit Concile: aiafi que nous pouuons apprendre par les plus anciennes h^ fioires. Il ne faut donc plus douter, que les Empereurs , & Roys Chrefticns , ne foyent ceux à qui appartient le droit d'affembler Ic$ Conciles: mefmc félon le tefmoignagc dé Gratiâjau liure des Décrets des Papes.Com+' me pareillement nous ne deuons plus difpu.-
dift.c.fiquis * r 1 f ■ r >
ingenuiis ter, & mettre lurlc bureau, h ceux qu on apr dmâui!6^ pelle Lays, ont entrée,& voix delibcratiuc en ^'^' î'Eglife , du corps de laquelle ils font , fans nous arrefter aux objeÔions déduites au contraire. Car ençor que méfTieurs les Euefques portent le titre & qualité dç TheoIogiens^ , ce n'cft pas à dire pourr tant qu*il n'en y ait d'autres qu'eux : on ne doit jamais mefurerla profeffion au titre, Qui feroit celuy fi mal fagc. qui faifant vn grand voyage fur mer, fe vpudroit commet- tre au gouuernement du Pilote, qui ne leroit recogneuque dunom , & par fon habit? Ou fe trouueroic le malade, qm voudroitpren? 4re médecine, par l'ordonnance de celuy^ qu'il ne fçauroit eftre bo médecin, que par fi robbe , ou fon bonnet ? Qui feroit l'accufé^ qui comettroit le péril de fa vie,à la deftencc de celuy qu'il ne recognoiftroit bon aduocat que par fon chapperon ? Or puis que nouî
Chapitre. i8, 24^.
fommes fi iages aux affaires du môde,que de- uons-nous doc eftre, ou il tW queftiô du falut de nortre ame?Serôs-nous plus remis, & plus lafches au fait de noftre ReligiôPPar l'aide de laquelle nous dcuôs doucemét pafler la mer de noitre vie, pour nous rendre à Tabry en la regiô celelk? Parcat il ne faut point faire dif- ficulté, de receuoir en la difpute, & demâder aduis des poinéls qui font en controuerfe à ceux qui parla doàtrine , prudence ,& co- gnoiflance des Efcritures en font plus refolus que les autres,qui portent le nom,& jouiflent de plufieurs Euefchez,fi bien qu'écor que les Côciles foyét affemblces des Euefques,ils ne laifferont pas pourtant d'eil:re vniuerfels,& généraux , quand le corps de l'Eglifey fera côuoqué. AuiTi pour pafler outrc^ ce n'eftoit pas belbngne de l'Iniperatrice Pulcheria , de dôner règlement à l'eliat de TEglife, les fem- mes Ibnt incapables de faire, de côftituer des loix pour la police du mode: cômet doc leur feroit-il loifibIc,de fe méfier du Royaume de DieuPQuand à l'Abbé Martin , recogneu de peu de perfonnes :, qui ne voulut pas fe fouf- crire à vnCocile œcuménique: d'autant qu'il n'eftoit pas cuefque|c'eftoit le defir qu'il auoit d'auoir vne euefché , qui le luy faifoit faire, pluftoft que le zèle de Chrij[l:car chacun fçait
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qu'ilyaetivn infini nombre d'Abbez,qui n*en ont pas fait tant de difficulté. Ou ceftoit auffi paraducnture , qu'il ettoit ignorant, & n'entendoit pas les Décrets arreftez , ou ne trouuoit pas bonne l'ordonnance dudit Con- cile. Us allèguent pareillement , le dire de Theodofe deuxie'me , lequel efcriuant au Concile d'Ephefejdifoit qu'il eftoit mal feant à celuyqui n'eftoit pas Eucfque, de Te mefler des négoces Ecclefiaftiques. Son grand père n'auoit pas efté de ceft aduis:car il le trouua socrar. au Concilc de Conftantinoble, Valenti- iib.j.cap. nian fift quelque difficulté de fetrouuer au Concile , néanmoins les Euefqucs d'HeIIe(^ hift.Tripcr.pottfj^Bythinie ,^(perchercntcieuers luy, iib.7.cap. Hipatianus , Euefque- d'Heraclie , ville de Thrace,!e fupplians de s'en venir pour affiftcr à k- reformation de l'Eglife. Conftantin le c^rand , efcriuant pouraifembler le Concile, lib.i.cap. mandoitaux buelques,qu il eitoit comme ^^' Tvn d'entre eux:& qu'il fe resjouifloit grande
^^^^ ment, que Dieu l'auoit appelle pour eftrc Sci^- comme miniftrc auec eux. Finalement, il eft certain queles Apoftres ne s'affembloyenc pas feuls : ains appelloycnt auec eux tous les difcipics, & les frères, (dit le texte ) dcfquek l'Eglife eftoit lors compofée. Mais quoy ? lï à e(k' enjoint fculemct aux Aportres de gou<
Chapitre. i8. 245.
uerner TEglile , & plcuft à Dieu que leurs fucccffeurs le fiflent bien , conlhnimenc , & fidellemcnt : car pour lors, nous dirions que ce feroic à eux feulement d'enfeigner^au peu- ple d'apprendre la do6lrine, & de (implemêc obeir.Mais puis que nous voyons le deibrdre n'eft'il pas raifonnable que l'Eglifc s'en plai- gne? Ne ibmmes-nous pas, nous(di-je) cous YôT'^'^ Chrcrtiens, commandez de nous garder , de Ja femence de toute dodrine corrompuePOr , comment la recognoiftrions-nous ^ s'il ne nous cftoit permis d'entrer au lieu ou le don- ne le jugement^ & fe fait la ieparation d'icel- le? Ne fçauons-nous pas que d'autres que ks Ecclefiârtiques jfont douez de pareille co- gnoiffance qu'eux ? Le refte du peuple , mef- me ceux qui font profefïîon des lettres , ne font-ils pas du bois dot on fait les Euefques? N'eft'Ce pas aflez que , hors le lieu des Con- ciles, & après la légitime fentence d'iceux, le peuple fok docile, & obeiflant aux enfeigne- mens des Pafteurs, fujet aux cenfures, & dis- cipline Ecclelîaftique? Mais puis que l'aflcm- blce eft vniuerfelle, il faut pareillement qu'el- le ioit libre à tous ceux qui font d'vnmefme corps. Aufli nous ne pouuons nier , que les Décrets des Papes, par lefquels l'Eglifeeft ainfi defmembrée. n'ayenc ettc forgez , pour
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eftablir & fortifier Tordonnance deteftable du maudit Phocas^, qui à cauié Tenticre ruine & déformation de TÈglife, par ce Decret:le- quel ceux qui ont depuis fuccedé à TEuefcbé de Rome ont mieux côferué que la mçmoire du bon faint Gregoire,Pape,qui auoir en ex- trême horreur,cetie Royale pompe:& n'ont jamais voulu quitter la proye , encor que les Grecs s'oppolaflent pour Thonneur du fîege Imperial^qui eltoit à Conftantinoble.
C H A P I T R E. ip.
Sommai re.
I . Commenconcnt de la grandeur des Papes 1. La çrandcur du Tape zient de France. 5. Ligues des Papes, contre les Empereurs.
4. Les François appelle\en Sicile.
5. Charles quatrième à ruiné l'Empire Kotmin.
SV R ce débat, les vns & les autres fe tin- drent acharnez, jufques à ce que les Sar- rafins commencèrent à leuer les cornes en Afîe,enuiron l'an fix cents quarante,pour la deffence de laquelle: les grecs abandonnè- rent ces petites côtcntions de TEurope. Lors TEuefque de Rome,gaigna tout à fait fou procez. L'Occident elïoit fans Roy , Tltalie eftoit pillce par les Exarches, ou lieurcnâs de l'Empereur d'Orient. Enceftefaifon leaii
C H A P I T RE lyj 24y:
cinquième du nom,Pape , fût le premier qui fe in'à mettre vne CouccnriC fur la teltc. En- uiron Tan fix cents oétante (ix , du temps de Corfbntinquatnéme,Empcreur de Côltan- tinobie, Eftienne deuxième, spresauoir efté cilcu ji'e fiiï porter , a l'exemple des Roys Barbares & Payens , fur les efpaules d'hom- mes 5 jufques à lEglife de Lacran. L'an fept cents cinquante deux, régnant Conilantin, cinquième , Empereur d'Orient :, & Pépin • Roy de France : dont eft venu , qu'encor au- i jonrd'huy, les Papes fe font porter, Eugène, ' premier de ce nom , enuiron l'an fix cents cinquante neuf, ibus l'Empereur Conftanria fils d'HeracIius 3 ordonna que les Euefques auroyêt prifons , côme s'ils auoyent quelque iurifdi6lion,& pouuoir fur les Chreftiensren- cor que le prétexte d'alors flill pour la puni- i tiondes crimes des Clercs leulement. Le I' Pape Agaron, Sicilien, enuiron l'an fix cents ©étante, voyant que le fiege de Rome;eftoit desja fort augmente , en grandeur ôc puiflan- ce, commanda que les Décrets du fiege Ro- main , fliffent gardez côme venans de la bou- che de S. Pierre : & afin que la magnificence ^^-^'^-^f^^* de ce nouueau Royaume , tuft marquée d'vn fçeau de plus longue durée , il voulut qu'on fçellaft de plomb^les lettres du fain: fkge,au
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lieu qu'au parauant, elles eftoyent fçellées de I , cyvc tant ieulement. Conftantin premier du \ nom, fut le premier, qui enuiron l'an fept cents icpcj le lailTa baifcr les pieds^ à l'Empe- reur lultiniâ deuxie'me, imitant en cela Dio- cletian,qui Te faifoit adoter,& bai fer Tes pieds qu'il ornoit de diuerfes pierres precieu- aAi"*' les , & du tout au contraire de faint Pier- re, qui releua Corneille , & le tan^a, dequoy il s'elîoit jette' à Tes pieds, luy remonftrant qu'ils eftoyent tous deux hommes ,& que c'eft à Dieu feuli qu'il faut rendre cefte véné- ration. Nous trouuons bien en l'hiftoirc Ec- clefiaftique , comme le Barbare Gainas , du temps de l'Empereur Honorius , baifales ■mains à faint lean Chrifoftome,& qu'il com- ^nanda à fes enfans de luy baifer les genoux. D'ailleurs que l'Empereur luftin , premier s'eftoit jette aux pieds du Pape lean premier pour le faluër humblement, lors que ce Pape arriua à Conilantinoble > parle commande- ment de Theodoric , Roy des Goths : Mais nous ne trouuons point, que les Apoftres, & les anciens Euefques ,fefoycnt exhibez pu-< bliquemenc, pour fe faire baifer les pieds, ni qu'ils les ayent ornez,d'aucun (igne extérieur pour cftrc vénérez. Bref, ils ont fi bien fait^ que en fin le malheur à porté,qu ils ont charvl
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gé de nom,& au lieu d'EucfqueSjOU Payeurs de TEglife qu'ils eftoyent , & deuoyent tous- jours crtre,rontd€uenus Rois Empereurs, & Monarques. leibs Chrift n'a pas voulu eftre Roy , ils font vn Prince de (aint Pierre, con- tre l'on intention & volonté. Le changement de nom , que fift Sergius deuxième j appelle au parauant Groin de pourceau,enuiron Van huit cents quarate trois,lous l'Empereur Lo- thaire , a fait que. depuis les Papes iuccei- Teurs d'iccluy, en prenant nouueau nom, ont aufTi changé les eifeds, &: la bonne vie des- premiers Euefques de la villeila ,place def- quels ils occuppét i auec plus de magnificen- •ce,de pouuoir,^ d'authoritértnoins de pieté, d'humiliré,&: de foin Paltoral. Or pour con- tinuer cefte hiftoire, les Empereurs d'Oriér^ ayant ainfi abanddnhéritaîie ; les Lombards Tauoyét affujettie pour la pluspart,&: la puif- fance dcfquels elioitfufpeâic au Pape : telle- ment qu'il fallut recourir à l'ai de des Frâçoisj lEmpire defqucis eiioit lors merucilleuiè- ment fort& puifiantifi bien,que^pour le fairs €ourt,en fin, après Charles MarteU & Pepinj Charles le grand pafl'a en Italie y d'où il em- porta le titre d'Empereur ^ (bit par lafauenr du peuple, ou du Pape Léon troifiéme. Tant y a que ce fat en haine des Grecs: lefquels l«
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150. Chapitre, ip. Pape voulut eflongner de lltalie , tant par ce qu'ils fçauoyent Tancienne auchorité de leur* prcdccdfeurs : de laquelle il s'cftoit empare: que par ce aulfi que Lconjefperoic venir p!u$ facilement à bout de Charlemagne,lequcl le contenteroit du nouueau titre d'Empereur, d'autant qu'il en ieroit obligciàrHuefque de Rome:auqueI il deuoit j'a beaucoup, pour le palTe-doit du Royaume de France, en faueur de Pépin Ton père, Dc^puis en la diuifion de l'Empire, faite entre ledit Charles, Conrtan- tin,& Hyrene, mère & RU, Empereurs d'O- rient, après cncorauecques Niccphôre, fuc- ceiîeur des iufdits, fut ordonne, que la Sicile dcmeurcroit en l'obeiffance des Empereurs de Grece:Charles commanderoit à rAlema- gne,la France, & rEfpagnc, routes lefquellcs prouinccs regardoyent le Pape: en faueur de Charles leur Roy , qui en auoit receu ccfte faueur:& tant luy que Pépin Ton père , auoy- cntobtenupar le moyen des Papes de Ro* me,ce fur quoy les vns ni les autres, n'auoyêt aucun droit.Euxau contraire, recompenfoy- cnt le Pape,& le payoyent de mme, de fuper- f^ition , & de licence : car le fupple'ment des Chroniques porte, que Pépin fut le premier, 'qui tenant la bride du cheual d'Etienne deuxiérac,raccompagna à pied,jufques à fou
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Iogis:3U coiuraire de lefus Chrill,qui fe nViil en fuite,quand on le voulut taire Roy. Char- îemagne monl^ra le chemin aux Empereurs d'Occidéc de baifer les pieds de l'Euelque de Rome , comn)C auoyent fait ceux d'Orient: (]6t font nez & formez les principaux appuis de la puiflance,& de l'authorité de ceft Euel- quc. Car après la mort dudic Charles , nos Princes les kiccefieurs, cftans occupez par deça,Ie Pape gonuernoit tout en It2lie:telle- ment que le pays que Charles appelloit Ro- ni.ignejCommança d'eftre lous l'authorité & gouuernement de cel^ Eueîque : par ce qu'il n'y auoit point d'autre Seigneur legitimeicar véritablement ileltfauxde dire, que quel- qu'vn ait donné ce pays au Pape , de que c'eft Je patrimoine de iaint Pierre. Tout ainfi que je içay bien qu'ils tafchent nous faire croire, que Loys debônaire,fils dudit Charlemagne, côfirma en faueur de Pafchal premier,Ia pre- do^^^s"" tendue donation de Côftantin le grâd, à Syl- ^^'^''^• ueftre , en vertu de laquelle Boniface huitiè- me difoir,qu'il auoit excommunié le Roy de France, & dont ils ont fait tant de Can6s:Ief- quels je fouftiens n'cftre point véritables par ce qu'il eft autrement contenu , d^ defcrit en Voîaterran. Et que d'ailleurs par la fupputa- uon des temps , il le peut recognoiltre, que graph.
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11.^2, Chapitre, ip. Loys Debônalre,& Lothaire Ton fils,jouïrcc de la ville de Ronie,apres le decez dudit Pa- NatiLicr. fclialMelme du temps d'Eugène deuxième^ If^;"^-^"' fuccefleurd'iceluy-LothaireelHca: tenant le fwgc de Ion Empire à Rome,y nû de tref- belles ioix. Si qu'il ce voit que la ratification prétendue dudit Loys Débonnaire , elt aulTi FaufTexomme rini3o;innire donation de Con i}antin,elcritc par Palea, cotre l'uitention de c.Confliri-Gratian , leur grand defFenfeuriaux anciens ""'•^'^•'^^^•Decrersduqueljcefte Côftitution ne fetrou- ue point,à ce que dit Anthonin. D'abondant le mclme Gratian montre aiTez, en vn autre pafTage, que Conlkntin fi(l véritablement quelque prelent à TEglifc des Apoftrcs , du temps de Melchiadcs,predecefleur de Sylue^ llrc:au parauantle fiege duquel , cd\ Empe- reur auoit fait profèiTlon de la Religiô Chre- c.r.umâ. (tienne. Et contient la Canon de Melchiadcs
li.q I.
que ce Prince donna quelque bien, comme iurc-cft. la maifon de Latran , & quelques terres def- quelles laint Grégoire fait fort fouuent men- tion,mais il ne parle point de l'Empire, ni de la ville de Rome , de laquelle les Empereurs ont joui depuis fort long temps: jufqucs à ce que leur fiege trop afiidu, & la rcfidéce qu'ils ont faite à C6ftantinoble,a donne l'occafion aux Papes de fe feruir de tous moyens , pour
Chapitre, ip. 25^. les chaflTer entièrement de Tltalie, & flùre ra- tifier leur titre luppole. Ce que volôtiers fîft ij-''cicu!rép. Côftantin, petit fils de l'Empereur Heraclius, ' eftant à Rome; laquelle il piila,puis la donna au PapeVitelian cnuiron l'an C^s. cents foi- xante,dont il le repentir, & le reuoqua peu a- pres:comme il eli:oit homme leger,rrer-mei- chant, parricide, neretique monotelite^ pro- dîgue,cruel, à raifon dequoy il fiit eRranglc, fe baignât en vn bain,en l'iile de Sicile,apres auoir cilé defFait par les Lombards. Voila l'autheur de la donation fuppoiee de laquelle les anciens EcclefiaHiqueSjOU prophanes du temps du grand Conftantin,ne font point de
' mention : metme le liure des faits de Sylue- ftre,allegué par Palea,ious l'authoritc du Pa- pe Gelafe premier , n'eft point nommé dans les vieux exemplaires du Canon de ce Pape, Rcm^i
' qui contient le dénombrement des liures au- '^■'"'" ihenriques. Aufii veritabienîent, depuis que l'Empire d'Occident fut rckuc en la p:r- Ibnnede Charîemagnc , les Papes n'en onr pas joui que par force,&par les guerres qu'ils ont fufcitées contre les Princes , qu'ils pou- uoyent recognoillre plus zelez , à la confer- uationde TEmpire: lefquels ils ont en fin ra- menez à ce poincT, que le Pape Eugène qua- tricme^ ne voulut jam^ais couronner TEmpe;-
^54* Chapitre. ip. reiir Sigi^îiond , Tan mil quatre cents trente &' vn qu'il n'euit confirmé ce bel a&c. Or donc, pendant l'Empire de Charlemagne,& des fienSjle nom & l'authoritc du Papc,croi(^ foie entre les nations de rEuropc,îcau(e que ies Euefques , qui furent durant la race dudic Charles fe comportèrent affez modeftemêr, jufques au temps d'Otho , qu'ils voulurent méfier l'authoritc' temporellcjaucc la fpiritu- cIle.Lors commança le grâd desbord,& tou- te confufion nafquit: lors les biés qu'on don- noit aux poiires , eftoyent tenus par les parti- culiers : lors les Papes accouftumez de com- mander par toute l'Italie , jugèrent qu'il e- lioit expédient , d'empefcher que les Empe- reurs d'Alemagne , ne palTafiTent les Alpes, pour y tenir leur liege. C'a d\é le principal foin de ces bôs Parteurs:du moins leurs Ma- jeftez y eftans venues de leur faire tant d'af- frots, que leurs fuccerfcurs en fiilTent defgou- ftez.Lors r Alemagne,la Gaule,& TElpagne, furent chargez de Décrets, de Canons, & de Conftitutions des Papes-.mefme fur ce qu'ils ne vouloyéc pas, qu'aucun Euefque fufl: con- facréjfous la nomination, authorite',& confir- mation des Empereurs : lefquels firent fem- blant de s'en refiennr quelque temps, mais ce fut auec peu de bon heur. Car les Papes s'e-
Chapitre, ip. 255. flans d'cbja eftablis,depuisenuiron deuxcets ans, ne furéc pas moins ibigneux de fecôfer- uer,qu'ilb auoyé teflé accorts à s'auancer De fait, pour plus facilement s'oppoler aux Em- pcreors.qui de(îroyent abbatrekur luperbe, & jouïr du droit Impérial, ces Pontifes, fe li- gtiovent auec quelques Tyrans,qu'ils auoyét placez en Italie,afin que par le moyé des for- ces de ceux-ci , les Empereurs le trouuafTent p'us empefchez.Ainfi fift lean trezicmc, qui j^j,;rp,^d. s'vnit auec Bcrenger troificme , & Adalbert^^-^-^^-^^- fon filsRois prétendus d Italic:pour faire te- fteà l'Empereur Otho le grand, lequel fut contraint de pader d'Alemagnc , auec cin- quante mil hommes, pour chafler ccsbri- gans , qui s'en fuirent à Fraxinet, deuers les Sarrafins. Le Pape lean dixhuitieme, fe ligua auec le Patrice Crefcentius,& mutina le peu- ple contre l'Empereur Otho troifiéme , qui s*en fçeut bien venger: car s'eftant fait mai -^^^j-p.^.^^ Rre de la ville , iii}: creuer les yeux a ce Pape, J;^J=';;^._ & couper le nez , de les oreilles à Crefcen-heminviu tins: lequel il fift pendre par après, au de- ' °'* uanc les murs de Rome. Benoifl neufiéme, pour empefcher que Henry le Noir, n'en- trafl en Italie, & le Prince de l'Empire , en haine de Conrad Ion pere,fe ligua auec Pier- re,Roy de Hongriedequelil fift porter pour
T iiij
2^6. C H A P I T R Ç. Ip.
Empereur , & luy enuoyavne Couronne, a- uec cefteinfcription.
Petra dédit "jR^mampetro^ttbi Papa coronam. Mais rEiiipcrcur,airifté de les bons ûibjeèls, print ledit Pierre prironnier,& le punit com- me il meritoic, Grégoire fepciéme qui fut le premier qui entreprint impudemment, de le Faire eflire, & confacrer: l'ans & contre la vo- lonté de TEmpereur , qui melme fitt vn Dé- cret, par lequel ilexcommunioit tous ceux q\ù diroyêtj que la puidance Impériale eiloit ncceflaire , à la confirmation du Pape. Pour tailler plus de beloigne à l'Empereur Henry quatrième 3 luyoppofa Rudolphe, Ducde Sùauc , auquel il ennoya vnc couronne , auec telle infcription,
Petra dedtt petYOy Petrm diadejm ^B^tdolpho,, Enjoingnant aux Arcbeuefqucs de Majence, & de Coîogiie,dclecôiacrer;ce qu'ils eurent faitjfî Henry ne Teuil empeiché,lequel deffift Rudolphe en bataille rangée , & luy fill per- dre vue mani en içelle. Toutesfois le Pape pour tout cela , ne quitta pas Ton entre- prinfe lainshifcita Ecbert Marquis de Saxe, contre rEmpercur.mais celluy-ci fut pareil- lement misa mort, cinq ans après. Le Pape Ci'laie deuxième , voyant que l'Empereur Henry cinquième , trouuoit mauuais qinl fc
Chapitre, iç, 257. fuft fait eflire , tans l'authoricé de la Majefté, iurcita coiitre luy la plus parc de les lubjedsj, niefme l'Archeuelquede Majcnce , & (1 s'al- lia des Normâds,qui eltoyent en Sicilcjpour mener guerre à TEfiipereurilequel voyâc tant de conjurations, aima mieux tout quitter, Se céder au Pape, l'inuelliture des Euelques.Lo- thaire deuxiéme,Duc de Saxe: duquel les Pa- pes s'elloyent kruis cotre IcsDucs de Sùaue, Empereurs, nefut pas mieux traittc',el-l:ât par- uenu a l'Empire. Car voyant Innocét deuxiè- me, qu'il murmuroit5& faifoit femblant de vouloir jouïr du droit de collation des Euerchez,& Abbayes,iulcita Roger le Nor- ^,-,,,,1^,, manddequel il inuell:it duDuche de la Pouïl-?« -e'-î*-
tri,!- • î . OchoFri-
Jc, ann quel Empereur , qui pretendoit que^g-ib-?. c'eiioit vn fief de !'En)pire , s'ajinifail à luy "^■^^" faire guerre, comme il fiil:,& dôna ledit Du- ciîc a Rainaud, Coiironnel de fon armée. En fin par l'entremife defaiht Bernard, qui vi- uoit alors, & eftoit auec l'Empereur, l'affaire pafla fi bien, à Taduantage du Pape, que tant I luy,que rEmpereur,tenoyêt la Bauiere,qu'ils donnèrent au nouueau Duc de Pouïlle. Ne nous inforiDons point , h cela fe peut accor- der auecladodlrine de Icfus Chrill , ou de fâiîit Pierre, & de faint Paul , qui ont defïen- ^u aux Euelques , de penlcv à la domination.
Î58. C H A P I T R i. Ip,
OU reigneurie5& de fe méfier des affaires po- litiques: leur enjoignant d'honorer , & obéir aux Roys : car il y auoit ja long temps que cefte fçience Diuine,eftoit merpril(ée,& mo- quce en Cour de Rome : laquelle aimoit mi- eux cômaiider,qu'cftre cômandée.Le mefme Pape,Innocent 2. après le dccez de Lothaire, ■voyant que Conrad 5.Empercur,n*ertoit pas contêt quele Pape eut dône le titre Royal » à Roger Duc de Pouille fans le içeu^ni volon- té de fa Majertc' (cachant auilî que faditc Majelk' fe preparoit pour luy mener la guer- re, & le chaiTer de la Sicile,& ChâpJgne, fuC- cita Guelphc, Duc de Bauiere ; lequel il aida de moyens ySc d'argent, pour fe rebeller cor,- tre Conrad Ion Seigneur , fous prétexte que TEmpercur luy auoit refufé le Duché de Henry le Superbe fonfrcre decedc'.Par ainfi Conrad cmpefché à deffendre ion foïer, fut deftourné d'aller en Italie , interrompre les deireins,& grâdeurdu Pape.Cefte guerre en- tre r Empereur , & le Duc de Guelphe, fut (î S.de Gi^J^^elle, qu'elle caufa l'origine de deux faéti- bci.&Giiei- oji^;^ ^£5 GuelpheSjdu nom de ce Duc de Ba- uiere: cnfemble des amis du Pape, qui eiioy- cnt de cefte part. Et des Gibelins, fignifians VViebling, qui cftoit le lieu, auquel l'Empe- reur Conrad auoit efté nourri. L'Empereur
Chapitre. 19. 2^9.
F/ideric BarberoufTe, luccefTeur de Conrad, po^o^^^ ayant pacifié l'Alemagne , des troubles qui i^^^^P-^"p._ tlioyent entre les Ducs de Saxe , & d'Auflri-'"ai>s5^<Je che , à caufe des Duchez de Bauiere , & de Cupin.ûi Saxejvouleut pafTer en Lombardie :parce'2?^" "* ^ueles Lombards, pour la longue abience des Enip^reurs , commençoyent à fe melco- gnoiure: ou eftant , il fut aduerti, que la ville de RoiiîCj & le fiege Papal ,eftoit rempli de contentions. Premièrement par ce que les Romains, fufcitez par Arnaud de Brixe, vou- loyenr retirer leur liberté , des mains du Pa- pe Hadrian quatriéme,& eflire le Senatjfelon les anciennes loix: d'autrepart, Guillaume Roy de Sicile > fils de Roger decedé, s'elioit emparé de Beneuent , & quelques autres ter- res, qu*il difoit eftre du patrimoine de faintPhtin-ia Pierre. Parquoy auerti de rarriuéederEm-funft.'ub, pereur, en Lômbardie , le vint rrouucr, pour 3'^^'"Je faire en forte que fa Majcflé efpoufaft la cau-^^^-P^^"^ fe Papale : mais voyant que ce Prince , corn- incnçoit à parler autrement qu'il ne pcnfoir, &:quefa Majefté vouloit retirer de la main du pape, tous les droits Impériaux. Le père faint , fe courouça, luy fufcitales Milanois, & autres Lombards , pour luy faire la guer- re : luy refufa la Couronne Impériale , )uÇ- ques à ce qu il euft chafle Cuiliaume de Sicile
26a. Chapitre, ip.
& l'euft déclaré vaffal du Pape. Depuis en- covj api;es h more d'Adrian , Alexandre troi-» fîénïejperfuadaàHenry le Lyon , Due de Saxe, & au Duc d'Auftriche , de fe mutinep contre leur Roy,Ies aida de tout ce qu'il peut pour entretenir l'Alemagne en difcorde: afin que l'Empereur ne paflall en Italie ^ pour en auoirraifonjqui eft la perpétuelle rufe des Papes. Ainfi que nous voyons encore de nos jours , car tout le monde fçait , les feux , que tant luy que les partiians eflancent mainte- nant, en Alcmagne, en Suifïe , en Etcofle, & autres prouinces de l'Europe: mais principa- lement en noftre France , pour empeicher la reformation de l'Eglife , & de crainte qu'ifs ont , qu'ils ne foyent contraints , de fe r'abr baiiler au melme rang , ordre , &: hun)ilitéi qui eRoit en l'Eglife Catholique , durant les premiers trois ou quatre cents' ans de leius Chrift. Il eft vray que fi les Princes Chréti- ens fontfages , & craignent Dieu , qui les à faits Minilires ,& Vicaires de fa jufiice , ils s'vniront tous cnfem.ble : pour maugré luy, procéder au refiablifi'ement , de l'honneur & gloire de Dieu ;&: le contraindre d'elbcE- Vicfquc , non pas Roy , ni triple Empereur. Apres le dtccr. deFrideric Barbcrouflc ,k^ Pape Celeilin troifiéme , ne pciuiant çhcui^'
C H A P I t R E. îp. l6l.
des Normans , qui commandoyent en Sicile & Calabre , s'aduifa de leur oppofer quelque force 5 de laquelle il peuft le dcftaireà fon plaiiir: tellement que Guillaume elbnt mort kft^j'.rufJ^ l'ans polterité legitimejil moyenna de chaiïèr p^^"'""^'^ Tancredus , le baftard de Roger „ qui s'eftoic emparé du Royaume. Et pour mieux colo- rer Ton fait, tira d Vn monaftere, Confiance fîlle dudit Roger, & la donna en mariage à Henry fixiéme. Empereur , fils dudit Barbe- roufle. Néanmoins depuis , voyant que fous ce prétexte, il auoit , & les forces ,& l'entrée trop grande en Italie, en laquelle il commen- çoit a parler vn peu trop haut , le Pape l'ex^ communia, le priua de tous les Royaumes, terres ,&feigneuries , & luy donna grande occafion, de repaffer en Alemagnei Tant y à qu'après la mort deCeleftin. l'Empereur e- fiant préside fa fin, ordonna Innocêt troisiè- me Pape,tuteur à Frideric fon fils5& de ladite Confiance , aagé de quatre ans feulement, qui depuis fut Empereur,deuxiémedu nom; c'eft à dire, ce pourc père donna la brebis en garde au loup. Car la vérité de Thiftoire por- te^ que depuis , les Papes n*ont jamais eu re- pos,qu'ils n'ayent chaflee l'entière maifon de Suaue, d'Italie, & de Sicile. A Philippe,frerc Cn/pinia. ^e Henry fixiémc , fuccelfeur en l'Empire^
a6i. Chapitre. jç, adminiftrateur du Royaume de Sicile,durant la minorité de Frideric Ion neucujlc Pape In- nocent, oppofn Otho Duc de Saxe: lequel il firteflire Empereur, & mener guerre audit Philippe,qui en fin y mourut.Côtre Frideric deuxiémejHonoré troiriéme,liircita Richard & Thomas, leigneurs de la Thofcane, Hit re- beller léb Lombards, efmeut les Siciliens , & Champenois. Bref, il noubha rien de l'art de Tes predecefTeurs. En fin ,apres ledecez de Frideric,Clement quatrième, voyant qu'il ne pouuoit chalTer Maufredjbaftard de TEmpe- reur, recourut à l'ancien refuge des Papes, & donna la Sicile, & Champagne aux François appellant Charles,frere de laint Loys,pour c- ftie Roy , fous certaine penfion , à la chaire faint Pierreitellemêt que le Papc,re dt ffift des Sueniens,auec la force de la France. Laquelle - il chafla par apres,par le moyê de Pierre d'A- r3gon,appellé& induit, par Nicolas quatriè- me, fous prétexte qu'il auoit efpoufé vne fille de Maufrcd: & joint le peu de difcretion des goicr/'^^FrançoiSjdurantleur commandement en Si- ci!e,fift faire les VcfprcsSiciliénes, qui caufc- rcntlamort de tous les nollres. Cela à lon- guement entretenu la guerre entre les deuip maifons, de France,& d'Aragonrde Tvne de{^ quelles > les Papes fe font feruis , contre l'au-
C H A P I T R E. ip. 26^.
tre,quancl bon leur à feniblé; changcans d'af^ feCtion , & de volonté- lelon la commodité de leurs affaires. Tant y à que les Empereurs d'Alcmagne , ont elié depuis ledit Fridcric deuxième, tellement delgoulkz de paflcr en Italie, que Nicolas quatric'me auoit délibéré de faire deux Roytelets iTvnen Thofcane, l'autre en Lombardie , pour les oppofer aul- dits Empereurs, & aux François : qui mal- contens-du traitement du Pape,luy failbyent del'ennuy en laPouïlle, laquelle ils auoyent conferuée contre TAragonois. Parquov on ^.^'■•^* ne peut jamais perTuader à l'Empereur Raoul de Halpourgjde paffcr les Alpes, pour s'aller faire couronner : difant que l'Italie eftnit la taibiere du lyon, dont l'entrée cftoit belle, 8c p!aiiânte,mais l'ifluë eftoit reformidable , & dâgeteufc. Boniface hui6liéme, n'aima point Albert fils dudit Raoul ,& ne le voulut ja- mais couronner , par ce qu'il auoit efpoufé Elizabeth, fille de Meinard,Conte de Tyrol> ! & d Vue lœur de Conradin , de la maifon de I Suaue , tant mal-vouluë des Papes Clément ; cinquième, oppofa Robert,Roy de Sicile,& : le fift armer contre l'Empereur Henry fepti- [€me,de Luxembourg: parce que ce Prin- jce , ne luy voulut faire hommage , ni ju- ''^* Ircr h foy au fiege Romain , comme.
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2,54. C M A P I T R E. 19.
die Aucntin , fi bien qu'en fin, voyant qu'il n'en pouuoit cheuir , le iii\. empoiionner par vn lacobin , en luy donnant la faince Holîie. Quelle peine eut Loys de Bauiere. contre Fndcric d'Autriche , qui futefleu Empereur ,.. enmefme temps que luy, par lafaéhon dii
Auent.lib. ■ j ' ^ n»
7.cufpin.m Pape ïean vmgcdeuxicme? Depuis encor par Ludouf. les troubles que fiifcita Clément fixiéme; qui nioyenna de taire eflire Charles quatrième^ Roy de Bœme: lequel il fift courôner à Bon- ne. Néanmoins il ne jouît jamais de la cou- ronne i qu'après le decez de Loys. Aufiî c'e- ftoit alTez au Pape , de les amufer à Te batre; afind'eftablir cependant la Monarchie. Ce Charles quatrième, fiitvn Prince mal-fagc, pufillanime, & prodigue. C'eil luy qui a du Naiic!cr. tout ancauti la Majerté de l'Empire Romain- getu6. çj^ faneur des Papes. L'hiftorien dit, qu'il en- tra à pied dans la ville de Rome. Et qu'il fe trouua vn Sénateur, lequel en fe moquant de luy, commença la harangue qu'il fift au peu pie , fur ion arrince. ê^cce 7{ex tuus venit ubi manfucîtis. En gaufl'ant, & faifant Tes jeux, de voir ce nouucau fpeélacle.Le Cardinal d'Ho ftie,fuft enuoyc' d'Auignon ,par Innocent fixic'me,pour le couronner^à condition qu'il vuideroit incontinêt l'Italie : duquel ferment Petrarqnc^j qui viuoit alors , fe moque extré-
rnctnent
Chapitre, ip. 26^c
mement. Quelle fiiperbe ( dit ce Poëte) de faire eldaue Te mpereur Romain, qui donne liberté aux autres , de faire que celuy qui eft Seigneur de tout le monde, ne loit pas à iov- melme? Nous nelçauons lequel doit eiVrc plus blaimé, ou le Pape de l'on infolence, ou l'Empereur de fa fayneantife, Ôc punlanimitc; par laquelle Te mpire fut lors atterré du tout, & delchiré de telle forte , qu'onques depuis ne s'eftpeu relcuer. Nos ayeuls ont peu ouïr les Tragédies que fufcita Eugcne quatrième; contre l'Empereur Sigifmond,ùnguliereméc pourempeichcr le Concile de Balie,& com- me pour ce faire, il perfuada au Dauphin de France, depuis Loys onziéme:de s'armer, & d'aller auec les Armaignageois: qui eftoyent les partifans de la mailon d'Orleans,dilTipper raflcmblée dudit Côcile. Nos pères ont efté tefmoinsjde ce que fîft Paul deuxième, pour chafler Frideric troifiéme, de ritalie,apres \i frinfede Conftatinoble,jufques là,que l'Em- pereur faillit à y perdre la vie, par les embuf- ches du Pape.BrefjVoila la dcuotion,Ia pieté^ & l'elchelle: par laquelle ils font montez , en la grandeur que nous les voyons. Plus grands que Iupiter,qui du moins auoitlaifféles En- fers à Pluton,la mer à Neptune ,&:donnoic commilTion à Mercure de fe pourmener îuf
V
166, Chapitre, ip, la terre. Ces meffieurs au contraire , portent les clefs du ciel , ouurent & ferment les En- fers: commandent aux ahyfmcs, elpouuâtent les Rois du mondc:pour dire tout, il n'y a ri- en qui ne leur foit fujet. AulTi pour faire ce grand butin, ils ont longuement combatu, principalement en ce que touche la collation des Euefchez: pour laquelle ils ont maudits les meilleurs Empcreus.Mefme après Henry premier,fucceda Conrad le Saliquc, homme de tref-grand non», en paix & en guerre. Ce- ftuy-ci pafTant en Italie,deffendit à l'Euelque de Rome , de fe méfier de la promotion des Euefques; laquelle luy fut cedcfe par le Pape: qui neanmois reuoqua la ceffiô qu'il en auoit fait, l'Empereur eftant en Alemagne. Ce qui fafcha fort ce PrincerSc plus encor fes fuccef- feurs 5 fingulieremcnt Henry troifieme, qua- trième , &: cinquième, qui furent en fin con- traints,de quitter le jeu, à la force & violence des Papes , qui par leur authorite' , pieça gai- gnce,foufleuoyent les peuples, & les faifoyéc rebcllcr,contre leurs Seigneurs: qui plus cft, armoyent le fils contre le pcre,la mère cotre cfiquis.c. ^o" enfantjc vafTal cotre fon feigneur.Mefme fcq.i6.q.7. Grcgoirc Icpticme^pafia lî auât, qu'il decre- ta,que quiconque auroit obtenu vn bénéfice de quelque pcrfonne Laïque, (ainfi appcUoit
C A H P I T R E. 20. 2(^7.
il rEmpcreur)ne fuft pas reputé,ni cenfé Ec- clefiadique. II auoit fait ordonner le fembla- bleau Pape Alexandre deuxième , Ton prede- cefleurjlous le nom duquel, il gouuernoic TE glifedeRome.
CHAPITRE. XX.
SOMMAIRE.
I . A qui appartient la nominatioTii & co7ifirmation des
Euefques. z. Inconucniens aduemis en l'Eglife,par la négligence d>
cnnmucnce des S-ûipereurs. j. En quel temps les Tapes orit commencé à chajferles
Trinces,^ le peuple de leur eltftion. 4. T:>roit des Trinces Eleâîeurs de l'Empire d'Alerm-
gne.
SV R les Décrets de ces Papes , peut-e- ftre , fe fondoit vn moine prédicateur à Paris , lequel appeiloit en Ton fermon, Heretiques,& Athces,ceux qui fourtiennenr, que Tauthoritc des Empereurs & Rois eft necefl'aire, & doit interuenir à la promotion, & nomination des Euefques. Mais je dy au contraire,& fouftiës pour la vérité', que ceux cperîai- qui le nientj & enleignent autrement , lont 1- q.?- gnorans: & accufent indifcretemétd'herefie, les Pères anciens de TEglife. Par les Canons defquels apperrjqueTeledion du Pape, & de
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268. C H A ï> I T R E. 10.
tous les EuelqueSjOU Pafteurs , depepdoit de la volonté , de i'authorité , & ratification de l'Empereur, ou du Seigneur louuerain du e-uuUus.c.'lieu, & (lege del'Euefque. Adrian troificmc é/.S"'* du nonijPape fur le premier qui voulut chan* ger cefle police, & fift vn Décret au contrai- re , du temps de Ion Pontificat , enuiron l'an huit cents nonante cinq.Charles leGras,Em- percur eftant pafifé en Frâce, contre les Nor- mands, qui la rauangeoyent ; lequel Charles ertoit d'ailleurs vn Prince fay-neant, tel que pour fa maluerfation,fut depolc de l'Empire* En ce temps donc, le faint Père ordôna,quc I'authorité de l'Empereur ne feroitplus re* quifcjà l'cleétion du Pape,& des autres Euef- ques:ains que la voix du peuple, & du clergé, fufHroit à la nomination d'iceluy. Ce qui e- (loit non reulement,contre l'Efcriturc fainte, i.Paiai.24. en laquelle nous regardons le bon Roy Da- uid> diliribuant les offices^ & charges du mi- niftere , & facnficature , entre les enfans du grand Preftre Aaron : mais aulTi contre l'an- cien vfage del'Eglife Chreftienneien laquelle il efl trer-certain,que les Empereurs,authori-» Ibyent ou reprouuoyet l'eledion côme bon leur lembloit.Conrtantius fils de Conlhntin le grand,apres la mort d'Alexandre, Euefquc de Conftantinoblc , ne trouuapas bonne la
Chapitre. 20. i6ç.
nomination de Paul , ni de Macedonius, qui soctat.!:.;. auoyent efté efleus par diuerfice' de fuffrages: S^j;!,^^. maischoific àfon plaifir , Eulebe de Nico-^yjj^'»<^- medie. Dutempsde Valentinianpremier^ a-^p-î-iv-^. près le decez d'Auxëtius, Euelque de Milan, iâint Ambroife, pour lors Lieutenat du Pro- conruI,& CathccuHîene/ut efleu,par le com- mandement de l'Empereur , accepta la chnr- ge,qu'il cftimoit fort farcheufe,& importune ^ pour la comînodite. Le Pape Bonirace pre- cap.2 ,-. so- niier,môftre afl'ez qu'elle eftoit de Ton temps ca^zi^ê. la puiiTance de l'Empereur , en l'eleaion du ^""le?"!.'' Pape de Rome ^ quand il efcrit & fupplie le^F^; '^• Prince Honorius , d'y pouruoir par Tes loix, & feuere ordonn3nce:d'autant que lors, qu'il paruint à la Papauté, le preftre Eulalius fut e- lleu comme luy:mais l'empereur caffa la no- mination de tous les deux. Néanmoins de- c.ec5Îefi«- puis ratifia celle de Bonifacc : auquel il c fc ri -^^■*^''^' uit fa volonté, lurrellabliflement, qu'il dét- roit eftre gardé pour l'aduenir en reIe(jtion, par laquelle il déclare , que s'il aduient que deux foyent efleus en mefme temps,{à Maje- fté n'entend que pas vn d'eux foit Pape légi- time. Ce font les mots rapportez par Gra- tian , en deux diuers paffages de Ion Décret: airt'cT^'' lefquels il faut joindre , par ce q tous deux nf- f^^-^^- fem.blez, contiencn; l'eutiere déclaration du-
V iii
îyo. Chapitre. 20.
dit Honorius.Les premiers Papes recognoUf fent Tanciêne couftume de 1' e glire,qui.eIltoit d'efcrire à rEmpcrcur,pour auoir la volante, & Ion authoritCjpliirtoll que de facrer aucun epift.rjT.c. Euerque:ainfî que le Pape Léon premier,qui prTndpfiius viuoit fous Theodoic deuxième , & Valent, 6; dift. troiriéme,à fort amplemêt difcouru, en Tes e- piftres. luitin premier , corfirma Hormiida, incontinent après ion eleélion. Pelage elcri- uant à r E uefque de Centumcelles , Taduertic d'auoir lettres de l'Empereur luftinianpre- mier,qui viuoit alorsmiefme pour l'eleélion, c.principa- & Confirmation dVn Preirre , d'vn Diacre^ ii.6j.dirt. ^y Soudiacre , Pelagius deuxième du nom,, fut efleu fans le commandement de l'Empe- reur Tybcre dcuxicme , lors que les Lôbards tenoyentRome a(riegée,& qu'on ne pouuoit bonnement enuoyer à Conftantinoble: mais quand le fiege fut leué^Gregoire Diacre,fuc- ceffeur de Pelagius , fut enuoyé deuersl'Em- pereur,pour obtenir confirmation de la Ma- jefté: laquelle demeura fatisfaite de cedc- uoir.Gregoire le Grand, en fa côgratulation à Iean,fur fonele6lion,en la ville luftinianée, cciiais:!- ^" Dalmatie, rccognoift que la volonté de tur.65.dift. p g nipereurjl'auoit faite folemnelle, &: légiti- me. Quad luy mefme fat efleué à la Papauté', il defpefchadeuers Mauricc,pourfc faire cô-
Chapitre. 20. -271.
firmer. Cela le gardoit encor , du temps du c.cum ion- Pape Agachon , Sicilien , qui ceuoitle ^^ege> f^io^cf.63. enuiron l'an iîx cents oélante , fous l'Empe-'^'^ reur Confiant. petit fils d'Heraclius^ainfî quCcAgatho. nous iKons au Décret. Et la mefme cou(îu- ^^'^^^' nieertoit en Efpagne, par l'authorité d'vn^'^^'"].^"- Concile , tenu en la ville de Tolède. Le pre- mier des Empereurs d'Orient , qui quitta ce droit de Côfirmation du Pape de Rome, fut Conftantin quatrie'me, enuiron l'an fix cents ©étante cinq, efmeu de la bonne vie, & lain- teté de Benoift dcuxie'me , comme dit Nau- cler Mais l'Eglife recogneut incontinent a- près, les effeéls de ce changemét par vn grâd Schifme , èc contention qui s'efleua, en Tele- étion de Conon,entre le peuple, le Clerge',& Texercite Romain: lequel par ordônance du- dit Con(Htin,dcuoit aflilicr à l'élection. De- Farcic.tip. puis cncor,durât le temps que les Empereurs Sn.™' de Conft3ntinoble,auoyétdu tout abandon- ne l'Italie , pour l'oigner à la conieruaticn de l'Orient , contre les Sarrallns, jufqu'à ce que ce droit fut relhtuc à l'Empereur Charles le Grandir Eglife endura de grands maux, dans cent ans feulement : pendant lefquels fut vn dâgereux fcihlme, en Teleélion de Paul pre- mier, par ce que quelques vns auoyent nom- me Theophilacle.Par après encor, Conlian-
V iiîj
27^- Chapitre. 20.
tin deuKiémé, fut inualeur de la Papauté, par Force, par corruption, & au parauât qu'il fulî: promeii en aucun ordre clérical, dont TEgli- fe fouffrit grand kandale. Incontinant a- pres,que Loys Debônaire,eut quitté ce mef- me droit d'eleèlion , & confirmation de Te- uefque de Rome , s'efleua vn grand fchifme, en la nonnnation d'Eugene deuxiéme,lcs vns ayant efleu Zizimu*;, les autres ledit Eugène, Confideronsleseffe6ls du Décret du Pape Adrian troifiéme, par lequel il oi^ok à l'Em- pereur la Côfinnation de la nomination des EuefqueSjfîngulierement de çeluy de Rome j jufques à ce qu'elle fuit reftituce à l'Empe^ reur Otho le Grând,par le Sinode tenu à Ro- me, fous Léon huitième, Pape , huit ou neuP ans après ledit Décret d'Adrian^Forniofus a- cheta la Papauté , fUt caufe dVne horrible fe- dition , & trouble honteux, & crue^qui dura fort long tempSjfî nous croyôslean le Maire, Boniface fîxicme,fuccefreur de FormofuSjfut de fi bonne vie, que le peuple le mift à mort, quinze jours après qu'il fut cfleu. E(Henne fixiémejiommc tref-mefchant, & vray mon- tre en rpglife, au bout d'vn an & 4. moys , a près fon eledbion, fut confiné dedans vn mo- naftere,Naucler appelle Rorrianus, fuceffeur d'E^ienne/cdicieux, & fcâdaleux. Le mefmc
C H A P I T R B. 20. 27^.
autheur en dit autant de Théodore deuxie'- mcdunoni. lean neufiéiiie, mifl la ville de Rome en trouble j & (édition ; renouuellant vit pont. les anciennes querelles,parquoy fut côtraint '^*' ' de s'en fuir à Rauenne.Chriflophle monta à la Papauté , par de tref-mauuais moyens, par lelquels il la perdit aulTiicaril fut depofé,& mis en prifon. lean dixième , qui futceluy^j^^-fj- qui chaflk les Sarrafins de Calabre,à l'aide du -perg. ' Marquis de Thokane Alberic, ertoit plus ne à la guerre qu'à la prédication : néanmoins il fe rendit ii peut fage , & difcrec entre les iol- dats,qu'ils Teftoufferent dVn coulTinj mis fur fa gorge , Taccufans qu'il eftoit caufe, que les J^ft'"^^"'^" Hungres auovcnt pillé Tltalie , fous prétexte de la querelle,que ce Pape mutin auoit con- tre ledit Alberic. Bref, depuis que ils fe font delmembre? jdu pouuoir,pui{rance,&: corre- ction Royale.La Simonie,la kdition, la pail- lardi(e;& la fuperbe, ont efté plus authorifez parmi eux^que la /incerité,que la paix, que la chafteté,ni que l'humilité.De forte queGre- goire dixiéme,fut.en fin côtraint,pour euiter ' les Ichifmes , qui naifloyent à tout coup , en lelcélionduPape, d^ordonner au Concile de Lion , enuiron Tan mil deux cents feptan- ce deux, qu'incontinent après la mort duPa-j, pe^on mcttroit les Cardinaux en prifon fer- ^"^>
mer aci
274. C. H A P I T R E. 20.
mée (qu'il appelle côclaue)en laquelle on ne leur dôneroit que boire,ni q manger.jufques à ce qu'ils FiifTent tôbez d'accord. Ce qui fut conftituc,d'autâc que le fîege de Rome,auoit vaqué près de 5. ans,au parauâc qu'ils euflent peu s'accorder, de la nomination dudit Gre- goireidôt ils craignoiëc que les princes Chrc- lliens.voulufTenc prendre occafion^de remet- tre la main fur eux, & re^ituer l'ancienne po-, lice de l'Eglife: laquelle ils haiflent à mort. Parquoy relblurent de Te mettre pluftoft en prifon volontaire , de laquelle ils s'efchappc- royent,quand bon leurfembleroit,que d'ab- baifler , ou mettre en hazard , la puifTance qu'ils auoyent eftablie en leur pontificat. Tellement que voila dequoy fert l'authorité, & le bras des R6ys & Princes, en la nomina-? tion,& confirmation des Euefquespourem- pelclier les fcditions , les tumultes , & les fa-, éiiôs des eledcurs,&: juger de leur progrez,; ou de leur procédure , en la nomination des^ Pafteurs de rEgliferen laquelle les Princes,&'' Roisjfont les premiers miniftres, & pères de la famille , à l'honneur de Dieu. Adrian pre- cAdriainis niicr du nom,fift tenir vn Côcile à Rome,dc cent cinquante trois Prclats , par IcTquels fut dec]arc,que l'Empereur Charlemagne auroit le droit de l'eledion du Pape. Ce que depuis
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fut confirmé par Léon , fuccefTeur dudic A- dnan, lors qu'il déclara ledit Charles Empe- reur d'Occident. Ellienne quatriéme,vinten France, pour s'excufer de Ion eleélion , faite fans le commandemePit de Loys Debonnai- c.quîafan- re. Sur quoy il en fifl vn Décret : inefme ne ^if^jff; voulut jamais confacrer aucun Euefquejfans^aion.itana;. auoir la permiffion delà Majeflé. Grégoire quatrième en dit autant, fous le mefme Loys ^ ^^^^.^^ & Lothaire Ion fils : leiquels il appelle Tes &c.requen. Seigneurs. Et Léon quatrième , qui luy fuc- ^' céda, fupplie les Empereurs,Lothaire premi- er, & Lovs deuxième Ton fils , de pouruoir à 1 Eglile Reatiue, qui auoit vaque. Otno pre- e^x mier, eliant prelent à vn Synode, tenu à Ro- me, par Léon huitième du nom , Pape , re- ceut la confirmation des droits , que Charle- magne;,&les autres Tes fuccefleurs Em.pe- rcurs d'Occident auoyent: auquel aulfi le Pa- pe reftitua , ^ remift toutes les donations de Conilantin, luftinian, Pépin, Charle magne Loys premier: defquels droits toutesfois , le- dit Otho auoit ja vie auparauant. Léon huiti- cme,en ce que comme Thiftoire porte,apres la mort du Pape lean trezie'me,les Romains nommèrent Bcnoift cinquiéme:lequel l'Em- pereur ne voulud confirmer, ains les contrai- gnit de receuoir Léon, au parauancefleu,lors
.dift.
diû.
2j6. Chapitre. 20. delà depofition dudit lean. Dont appert combien eft faux , ce que Palea efcrit , de la quittace de Henry premier,& dudit Otho,en ccoiiftitu faneur du Pape lean treziémeice qu'il fait ef }equJj. crire à Léon quatrième , Pape , lequel eftoit mort, cnuiron odante ans au parauant, & vi- uoit du temps de Lothaire premier , & Loys deuxiém^D'ailkurSjHenry premicr,Empe- reur, n'eut jamais rien à demefler auec les PapeSj&fi n'eft aucunement vray fcmblabic, que Ochô premier , euft fait tant de grâce à leantreziéme: pour corriger la n-.auuaifevie duquel, il auoit eflé appelle en Italie. De fait le Synode qui fut tenu à Rome , luy R(\ fon piocez , & le depofa. De dire pareillement que ce fuft Léon fepciéme , predeceffeur du- dit leâ trezicmcqui auoit accorde' ces droits à l'Empereur Otho, n'y à point d'apparance: t:îPt par ce que Otho ne vint pas à Rome,du- rant le flege de celluy-ci , que auffi d'autant,^ que pendant le Pontificat d'iceluy,ne fut point tenu de Synode. Mais puis que nous lommes (î auant , obferuons d'auantage,que la date des temps monftrera perpétuellement Ja faufiêté du Canon, par lequel ils font dire à Grégoire quatriéme,que quad Adrian deux- ième, fiiteflcu Pape , les ambaffadeurs qui e- lîoycnt à Rome, fe formaiifcrentjdequoy 00
IC HA P I T R E. iç. lyy.
Taiioit facré , fans attendre l'authorité de fa 1 Majefté,Neanmoins que après que melFieurs j du Clergé , eurent remonlkc en la prefence ; defdits Ambafladeurs , que ce n'ettoit pas 1 pour nieipriier , ou vouloir abbaiflcr la f uif- i Tance Impériale: mais feulement afin,que cc- ilanetiraft confequence,pour defirer tous-^,.„njvdri. , jours l'approbation du Prince:ils demeurent ^j"?;^*-^^ I fatisfaits. Car outre qu'ils font dire cela à Grégoire quatrième , & le font parler du i temps d'AdriandcuxiémCjauparauant lequel il eftoit, le fixiéme Pape'precedent.Il eit tref- • certain, par toutes les hiftoires, que le pre- i mier qui commença de mefprifer l'Empe- reur pour ce regard , fut Adrian troifiérae, qui fuGceda quelque temps après, fous Char- les le Gras, ordonnât que le peuple, ni l'Em- pereur n'affirteroyent aucunemêt à TcleClion c.nuUus. I de fes fucce{feurs, renouuel!ant lûr ce le De-^^'*^"^' cret du Pape Martin , premier du nom , qui viuoitenuiron Tan fix cents quarante fept, fous Conftantin, petit fils d'Heraclius,par le- quel il auoit commencé à chafl'er le peuple ^'"JSi!' dereIe6lion& confirmation des Euefqucs: contre l'eftablifTement gardé de tout temps, I enTEglife Chreftienne : Ainfi qu'il fe peut ' remarquer , non (êuleinent par les plus anci-^^ Jj^^^^^^!* enncs hiftoiresjmais aufli par infinis Décrets
ilicct.
^jS, C H A P I T R E. 20.
des premiers Papes.Tellemêc que voila The- refie de noftre Grégoire feptiéme , & de les adherens mal fondée. Voila (di-je ) comme les plus ambitieux,ont corrompu tout l'eftac de TEglife : & ne fe font pas contentez de changer les anciennes cleélions, & confirma- tions que les Princes faifoyent des Euefques ains ont tât prefuméjqu'ils ie fontattribuécy la confirmation de TEmpereur.au lieu que c'eftoitau côtraire,à la Majeftc de les approu- uer, ou reprouuer ainfi qu'il penfoiteiirerai- fonnale. Et que par l'inftitiition des Monar- chies & de tout droit des gens,c'efl: au peuple non au Sacrificateur,d'e{lire,& conftîtuervn Roy pour luy cômandcr. Uexercite anciêne- ment eflifoit l'Empereur, depuis peu à peu, le droit àefté tranîporté aux Princes Elc- éleurs 5 qui furent cftablis du confentement des Eflats de l'Empire , par Otho troifiéme, autrement appelle les mcrueilles du monde, pour empefcher les fchifmes, faisions, & di- Ciirpînin uifions des Princes : defquelles il s'eftoit ref- Munftcr.in Icuti Cil fou bas sagc, par l'oppofition qu'on iÇ°s!i^fn?^" luy auoit faite d'vn Crefcentius, Conful Ro- ^p'^'^^'-^- main ,& Henry de Bauierc. Il eft vrayquc pour faire apparoir du confentement de tou- te la Chrefticnté/urreftablifïèment,^ chois des Princes Elc(5leurs,Ie tout fut emologué.
Chapitre. 20. 279. & côfirmé par le Pape Grégoire 5. qui eftoic proche parent dudic Ocho. A raifon dequov quelque-vns des luccelieurs au iiege cleRo-biicmcxdc me, le font voulu attribuerjrinftituciô & fon-^^^*^' demét du droit de rdedorat, ce qui n'eft au- cunemét vcritable.AufiTi le Pape Innocent ^. l'homme le plus audacieux qui fut jamais , ne l'euft pas oublic,au grâd & long difcours que il fait deldits Princes Eleéleurs-.lcfquels ilditub.s.c.j. auoir efté inftituez,de tout droit,& ancienne couftume, depuis que l'Empire fut trâfporte' des Grecs aux Alemens. Ce qu'il efcrit auoir efte' fait, par l'authorite' deTEglife .• maisie Cardinal Cufan,en fa concordance Catholi- que, e(iime& fouilient le contraire. Partant demeurera certain & véritable, que le couro- . nementque fait le Pape , delaperfonne de rEmpereur,pour monftrer à rEglif€,qu'il eft Chrcftien, U deffenfeur du nom de Dieu, ne luy içauroit donner plus de puiflance , fur ce Monarque, que peut auoir l'Archeuefque de RheinSjfur la Majefté du Roy de Frâce l'Ar- cheuefque de Tolède, fur le Roy d'Efpagne: l'Archeuefque de Majence , fur le Roy des Alemâsilequel par fa feule eleélion, acquiert tout le droit de rEmpire,& plein pouuoir de adminiftrer librement fon cftat. Mais quoy? Dieu à efté fore long temps irrité contre fon
a8ô. Chapitre 10* Eglile , il à permis qu elle à endure vne infi- nité d'opprclTionSjpar les Ecclcfiaftiques,qui font ceux qui l'ont en gouuernement. Apres le decez des Henrys , les Papes commandè- rent fans contredit en Italie. le ne diray rien des deux Empereurs Friderics : d'autant que cci\ la veritéj qu'ils furent plus pouflcz à fai-« re la guerre au Pape, du delîr de retirer Tlta* lie, & la Sicile, que du zèle de Religion. Tel- lement que poury pouruoir , l'Euefque de Rome vfant de l'ancienne rufe de l'es prede- cciTeurs , appella les François à fon aide: aux- quels il donna la Sicile , fous l'hommage & vaffelage à faint Pierre , (comme nous auons dit) depuis lequel temps nousne fçaurions exprimer combien le luxe s'eft augmentée Rome: en laquelle le Pape à bafti vne Court, & fuite Royale. La pieté , les lettres, la vertu s'eft efteinte, tout d\ demeuré rempli de te-» nebres & d'obfcurité , les forces de l'Empire fe font brifces ,affoiblies,& diminuées peu à peu, depuis que Boniface troiliémeimpetra la déclaration de Phocas. Il eft vray qu'on nous veut faire croire , que ce Primat de l'E- uefque de Rome , eft recogneu longtemps an parauant en l'Eglife Chrétienne ^ & à ces fins les Papes rapportent vn Décret de Gra- tian, extrait d'vne epiftre du Pape Anacletus^
qui
Chapitre, lo. 281. qui eftoit(à ce qu'ils dirent)Ie quatrième tuc- celTeur de laine Pierre : mais j'cftnne ce Jieu tres-fàux, & fiippofé. Ce qui fe moni]re,pre-<ïtâ.22.i»ift. rnieremenc en ce qu' e ulèbe ne fait pas men- tion de ce Pape,&: ne l'a pas d'elcrit au cacha- logue deb Euefques de Roine:Secondemcnc, ils ibnt d'accord,qu'il elioit Grec de nation, or il n'y a eu jamais rien que les G recs ayent tant en horreur,que celte Primautc:ainll que nous apprend rhiiloire Ecclefiaftique. Ter- tiojdu temps qu'on donne a celt Anacletjqui eftoit foixâte huit ans après la mort de leius Chrift, ne s'clmeut aucun différent en l'Egli- fe, pour le Primat de rEuefchëde Rome: car ileft tout certain, que le premier qui * donna l'occafion d'en dilputer, fut Vié^or, plus de cent ans apresdors qu'il excommunia les Euefques d'Afie . pour le jour delà Paf- qucjdôt il fut fort reprins par les autres Euef- ques de fon temps. Quarto, il d\ parie dans , ce Décret, & en l'original de 1' f pilke^de la- î quelle il eft cxtrait,deb iîeges des Patriarches, lefquels ne furent inl^ituez de deux cents ans i après: tellement que chacun peut juger , que I ce Canon eft de la forge d'vne infinité d'au- i treSjCompofé vn fort long temps après. Tour^ ^.^
Iainfi que celuy de Calixte , efcrit fur me'lne ^ec.u.dift. fujet, en Tepittre duquel, dont eft tiré le Ca- X
aSî. Chapitre, io. non ,on peut veoir vne ignorance tropno- toire,de laquelle fe peut delcouurir la faufTc- té quand ils font dire à ce Pape , que Rome eft l'origine , & la matrice de toute TEgliie, contre ce qui elt porté en l'Bfcriture fainte, que de Icrulalcm ibrtira la Parole de Dieu. j.voium. lefcay bien que le Pape Léon premier, di- Tof' ^"^' iputant , & defn-ant gaigner ia caule , contre rEuefque de Conibntinoble , iouftient ce Primat fore & ferme: mais ces tefmoignages domeftiques , ne font à reçeuoir , & fi lont fondez fur quelques pa{fages,qu'ils ont tous- jours expliquez trop à leur aduantage. Auiïï ceux qui voudront lire le lieu fondamental, de celte grande puilfancc , verront que lefus Chrift parloir à Ion Eglile , quand il dift à faint Pierre,Tu es bien-heureux, &c. Ceci fc peut apprendre par l'entrefuite du propos,au commencement duquel on voit , que lefus Chrift auoit interrogez fes difciples : difant. Qui penfent les hommes qui je fuis moy,fils de rhomme ? A quoy les Apoftrcs refpondi- rentjils difent les vns lean Baptifte, les autres Helie,les autres Icremie, ou vn des Prophè- tes , Apres lefquclks refponces, lefus Chrift leur demanda, & vous, qui dites-vous, qui je ruis?Vous ( di-jc) mes Apoftres, ( car c'eft à eux à qu'il parloir) qui baftiflcz mon Eglife
Mat. x6.
Chapitre. 20. 28^,
en laquelle doit cftrc la vraye foy ? Sur quoy ils relpondirent tous, par la bouche d'vn qui parloit pour tous,& au nô de tousidifanr. Tu es Chrill le fils du Dieu viiiat. Aulli à la veri- tc,fi S. Pierre euft reipôdu po.urluy tant Teu- lemêtjChrifl n'eut pas eftc fatisfaitrpuis qu'il Jes auoit interrogez tous enlemble.Parquov Pierre defîranii facisFaire à la demande de Ion niaiilre j dcuëment informé de la foy de Tes compagnons, filT la rciponce pour tous eux: de laquelle leiiis eftanr demeure content, les benift^Sc dift alors, Tu es biê-hcureux Simon fils de Iona:car la chair & le fang ne te Ta pas reuelé: mais mon Perc qui eft es Cieux. Et fi ne fe peut dire que lefus Chrift aitefîimé plus heureux Pierre que les autres Apollres: puis qu'il les auoit tous interrogez, & qu'ils s'efloyent trouuez concurrens en vnc mef- me foy. De fait, fi les autres Apoftres euflenc juge que çefte benedidion euft feulement touché Pierre, &n'eufi: pénétré jufqu'à eux, il ne faut pas douter5qu'il3 ne i'eufient incon- tinent femons , de leur donner pareille bene- didlion , pour la mefme caufe, autreii^ent ils enflent eu quelque occafion de fc plaindre, puis qu'il lui auoit pieu de les tenir en mefmc ragque Pierre. Car certainemêt Simon Bar- jona , n'eftoit pas luv feul pierre, fur laquelle
X ij
^^, Chapitre. 26. Chrift vouloit baftif Ton Eglifeipuis que tous les Aportres auoyét la melinefoy,(ur laquel- le deuoit eftre appuyé le fondcmét du Tem- ple de Dieu, duquel Chrift eftoicla pierre Angulaire : car fi Pierre eft ainfi appelle, à caule de ccftc pierre , donques tous ceux qui auront la meime pierre , Ôc s'appuyeront lur icellc,pourront pareillemêt eftre Pierre: De laquelle parle Origene, en la première Ho- meliejlur laint Matthieu.Il eft notoire(dit-il) que contre cefte pierre , fur Jaqueîie rEglilë eft conftruite, les portes d'Enfer n'auront au- cun pouuoir. Partant il faut dire que Chrift, ne parloir pas feulement à faint Pierre:mais à tous fcs Apoftrés, qui cftoyent pierre; Nom pluftoft Commun que Propre. Car quand lefus luy voulut changer de nom , il Tapella Cephas(qui vaut autant à dire que Pierre) Saint Auguftin parlant de ce paflage de faint Matthieu cfcrit que faint Pierre n'auoit pas ici prins ce nom : ains lorsque Tefus Chrifl luv dift.cn faint Ican tu feras appelle Cephas guft.dc Ceft pourquoy Orieene , au melme paiiag( Enangci- que deilus , admonnefte , que h nous taKon: de bon cœur la mcfmc côFeiïion que fift lor Pierre,au nom de fes comf agnons, nous fe rons Pierre comme Iuy,& les autres.C'eftoi donc à TEglife affcmblée , que Chrift difoit
loan T. Au-
cimque. loquitur, 24.q.I.
Chapitre. 20. 285.
Tu es Pkrrr, comme s'il difoit , non pas toy Pierre: mais vous Pierre , fondé 6^ eflabli fur ccfte pierre immobil€,côtre laquelle les por- tes d'cn:er n'auront aucun pouuoir.Par après il adjouftc, & te donneray les Clefs du Roy- aume des cieiix, à Toy (di-je ) quiconque es pierre, fonde fur cefte pierre. Penfcs-ru , dit Origene , que ce fuft à faint Pierre feul, à qui lefus Chrirtait promis de donner lesClefs^iJ'-.^'^f' du Royaume des Cieux ? Non , non : ains il '^ '"-^"i" parloit a tous les ndeles^ qui iont Pierre. <Jc fimp. fondez iur celle Pierre : aufquels il a parléjau amquÏÏ'. nombre Singulier,d'autant qu'aufïi vn feul a- uoit parié pour tous.C'eft le mefme aduis de faint Cyprian, & de faint Auguftin , rappor- tez par Gratian en fon Décret. En vn autre paflage, le mefme faint Auguftin efcrit , que îefus Chrift prenoit fort fouuent Pierre, pour en luy repreféter toute l'Eglife. Et faint Ambroife aud] fourtient , que le troupeau ne fût pas recommande feulement à fair.tPier- re:mais à tous les Apoftres: pourlefquels Ie- fus Chrift entendoit prier, quand il parloit pour faint Pierre, En faint lean, Iefus Chrift difoit,ray prié, & prie poiir tous ceux que tu m'as donnez , & veux qu'ils foyent ou je fe- ray. La mefme puilTance que Dieu donna à faint Pierre^il la communiqua à fes autres A-
X ii,
iS6. Chapitre. îo.
poftres:Il les auoittous appellez,& nommer. , efeallemenc. II eflcut Pierre, & Marc enfcm- Mat. vit. ble. Paul auoit efte le dernier : neanmoms il ûmill auoit pareille authorite'. Finalement, il eft Luc?;t&* certain que les Apoftres nauoyent pasen- I0411.20. j^j^j ^^,g jefus Chrift eu(^ préféré faint Pier- re à tous les autres , par la benediélion qu'il auoit prononcée, en la perfonnc d'iceluyrdi- Tant, Tu es Picrrc,&c. Puis que nous voyons que eux tousjtecognoiflans l'heure du départ de leur maiftre,3pprocher,aduirerent de s'in- former deluy, lequel d'entrc-eux feroitle plus grand : fur quoy il les tança , & leur re- Mat vit fondit , que celuy qui voudroit eftre le plus grand/eroit le plus petit: & que les Roys do- mineroyent fur eux , mais qu'il ne feroit pas ainfi entre eux-uiefme-Voiladonc comme la Parole de Dieu .a rejette de fon Eglife, cefte puiOance Monarchique , & n*a point voulu qu'il le trouuaR entre les EuefqueSjvn Athlas, pour foufknirfe Ciel de icsefpaules: auquel les autres cœuefqueSjqui font fuccefleurs des îi^dTc.* Apoftres coinme luy: & leurs Eglifes, /îeges eçxicfiar.jy ^poftoiiq^jeSjCÔme dit le Canon, foycnt te- nus de jurer la foy, & hommage, ainfi que c.egocxtic Grégoire fepticV.îe , leur en a prefcrit le for- ''"'*''■ mulaire,en fon epirtre decretaîc: ains il leur a rccommâdé en commun,fes ouailles, & leur
Chapitre. 20. 287.
à baillé à chacun par indeuis , vne portion de fon troupeau à garder^tellemencque cen'eft point à iViijd'cncreprendre &: mettre fa faux, fur la moiiTon de l'autre. En quoy gift le pre- mier abus 3 & nulité , du Rcfcrit publié, par Sixte cinquiéme,côtre lefdits Seigneurs Roy deNauarre, & Prince de Condé. Sans que nous dénions nous arrefter , à ce qu'en à d\é dit , aux derniers Conciles tenus à Conltan- ce,à Bafle,à Floréce,& à Ferrare, depuis cent cinquante ans en çà : efquels le Pape de Ro- ^.^^^^ me,à efté déclaré Chef de l'Egliie, & Pafteur conciifoi. vniucrfel d'icelle : moyennant la fubmiilîon lum.œn'^a. que luy fîft pour lors l'Empereur d'Orient/°'*^^' lean PaleoIogue,accompagnc du Patriarche de Conftantinoble : D'autant que chacun voit appertement , que les Décrets de ces af- femblées , ne font pas feulement contraires à TEfcriturc fainte : mais aullî aux plus anciens Conciles, & Canons de l'Eglife Chreftiéne. Auiïi nous ne pouuons nier , qu'en ces Con- ciles,ne fe trouuent quelques fois,& fingulie- rement en ces derniers fiecles , des hommes pa(ïionnez,& indo61:es,lefquels defirans eftre eftimezfages^felon le temps: font fans Cha- rité, & fanspictc, laloy, fuyuant leur ap- pétit.
X iiij
a88. CHAPITRE. XXI.
S OMMA IRE.
I . Pourquoy le Roy de France eftfils aifué de l*Sg!ife. X. Friuole contention du lioy d'SJpagne fur la prejeunce. 5. Ordonnances de nos anciens Rois peur la. police de rgglife.
LE fécond abus , & nullité, confiftecn ce quelefdits Seigneurs , Roy de Na- uaire , & Prince de Condé, lont Fran- çois,fubjets du Roy de Frâce, Princes de Ton rang,Pairs,& Officiers de fa Couronne. Or il eft indubitable.que de tout temps , lors qu'il àeltéquclUon de reformerj&difciplinerrE- glife Gallicane, & ceux qui font profeffiô du nom de Chrill en icelle,quâd il a fallu les cô- damner , rejetter , depofer, punir , ou refta- blir , & reftituer > & autrement pourueoir à l'eftat de rEgIi{ê,& Miniftres d'icelle,nos pè- res n'ont point voulu palTer les Alpes,& ne fe font jamais adreffez à TEuefquc de Rome: foit pour la difcipline de l'Eglife, pour la no- mination,ou prouifion des Euefqucs, & Ab- bez , ou pour les jugemens , & cognoirtance des diffères, qui fe font prefentez en ce Roy- aumcpour la foy,& chofcs fpirituelles.C'eft la pure vérité , que depuis leftabliffcment de cède Monarchie du moins depuis Clouis, premier Roy Clireftien en icelle , les Papes
Chapitre. îî. 289.
n'ont eu que veoir au Royaume de France: ains nos Rois , comme Princes fouuerainsa Enipereurs,& Monarque^ en iceluy, ont fait de leur authorité louucraine. ce qui à efté de leur dcuoir lou quand j1 à etiébefoin, ont al- feniblé leur Eglilc, &: conuoquez les Prelacs, & autres notables lubjets de leur Royaume. Par le confeil defquels , ils ont eilabli , règle', ordonnc,corrigé,amandeVejetté,excommu- nié,depoie,puni5pardôné,rertabli,reftituéj& remisjfans appel:,ceux que bon leur a femblé. Voire vne bonne partie de cefte police, & li- berté Gallicane, à efté approuuée par Bulles expre{rcs,& Concordats, f^iits auec les Papes de Rome. Lefquels ont aulli tousjours porté ce refpeél à nos Rois de les tenir non leule- ment pour protedeurs,& deffenfeurs de l'E- glife : Mais pour les premiers , & fils aifncz d'icellcj ious le titre de Rois tref-Chreltiens. Grégoire premier,appelle le Roy de France Roy Catholique , & Ion trcf-excellent fils. Grégoire neufiéme,le nomme tref-ChrelH- en entre les Chreftiens. Innocent quatrième. Prince , Catholiqtie , & Roy tref-Chreftieu. Vrbain quatrie'me , Piince vénérable en de- uotion,le premier en merites,braue chapion de le'iis ChriftideflFcîifeur , & protecteur de TEglife, & Roy tref-Chreftien.Cc qui Te dit
spo. Chapitre. 21, vulgairement , mais peu de gens en Içauent la raifon: car vcritablemec il fembleroit ,quc les Empereurs deufTent tenir ce rang d'ainefic entre les Roys Chreftiens', d'autât, qu'ils fu- rent les premiers appeliez à la cognoiflance du nom de Chrift. Mais nous pouuôs remar- quer deux ou trois raifons , par lefquelles no- ftrc Roy ait acquis, non feulement le titrc,& nom de tref Chrefticn:ains dauatage Je droit & qualité de premier , & fils aifné de l'E- glife CathoIique.La première, par cequ eco- res que Côftantin ait receuë la Foy de Icfus Chrift pluftoft que no'ifi eft- ce qu'il femble qu'ilait voulu côme marchâder auecDieu,a- uant que fe fiire enroller au liure des viuans: ^ ,, ,. avant differéTon Baptefme , jufqucs à la fin c.2$.socr. de les jours , & qu il hit rort prcs delà mort, ïdSoSiib félon le tefmoignage d'Eufebe , Socrate , & 7.cap-j2. <^Q2;oneme. Ce que ne fift pas noilre fécond Confcantin Clouis:car incontinent que Dieu luy eut fait la grâce d'auoir fa cognoiflance,il print à Tinftant la marque , & chara6terc du faint Baptefme, fe fift oindre, & facrer Roy, Prcftre, Pontife, & Auguftc tref Chreftien. La deuxième eft , que tant ledit Conftantin, que ies cnfans , & tous les autres premiers Empereurs Chreftiens , retenoyet tousjours en leurs Sacres , & promotions en l'Empire,
Chapitre. 2T. api.
les marques & enleignes du Paganifme , par l'impofition de la Chappe, ou manteau Pon- tifical, de la main du giand preftre de leur Loy. lufques au temps de l'Empereur Gra- tian, qui premier refufa ccfte idolatrie:de for- te qu'il fembloic > qu'ils euflenc vne Religion particulière pour eux, vne autre pourTEm- pire.Nos Roys n'ont jamais depuis leur pro- fe(Tion Chreftiêncjvoulu ne auoir de cômun auec les idolâtres : ains ont efté li zélateurs de la marque de lelus Clirift , & parfaits en- nemis du Paganifme , que mefme ils quittè- rent incontinent , & abandonnèrent les mal- cncontrcufes armoiries de leurs anceftres, & chargèrent les Fleurs du Lys , qui font les vrayes armes, & Symboles de Chriil.La troi- fîéme raifon eft,que depuis ledit Roy Clouis jufques à maintenâr, nos Roys ont tousjours marche' fidèlement, & fans fe fouruoyer,fous la mefmc banierc: dcffendas TEglife de Dieu non feulement dans le deftroit des Gaules,& pays de leur obeiffance naturelle : mais auffi pour icelle, ont fait tonner leurs armes , par tous les coins de la terre,lors habitable. Si bié que pour l'infigne pieté de noz Princes , & leur affediô tref-ardante enuers la Religion Catholique^Ie nô de Dieu à efté plus glorifié
2Ç1. C H A, P I T R E. 21.
en ce Royaume qu en'autre quel qu'il foît.Et par mefmc moyen,la Iiberte,& ancienne po- lice deTEgliie Chrefticnne , y à elté conler- uée, auec moins de corruption , & plus d'in- tegritc. Ce qui ne s*eft point remarqué entre les Empereurs , ni Roys de toutes les autres nations, qui ont fait profefïîon du nom de Dieu, contre lequel ils ont fort fouuent blaf- phemé : aucuns Tont nié tout à plat , ou font tombez en quelques herefics. le n'excepte- ray point le Roy d'Efpagne,auquel quelques Pares de noltre temps,ont tant fait prcfu mer de luy perfuader à débattre la fcance,par def* fus le Roy tref-ChreOien, contre toute jufti- ce,&ceque de tout temps à eftéfanscon- trouerfe, en l'aflemblce des Roysj & Princes Catholiques. Car foit pour l'antiquité , ou pour la fplendeur, & dignité de la Couronne pcrfonne qui ait jugement , ne voudra com- parer le Roy de France à l'Efpagnol. Il ne fe trouuepas,que c'e(hiy-ci euft quelque Ma- jefté , ou fucceffion Royale , plus ancienne que l'Empire Romain , cncor qu'à la vérité, rEfpagnc ait efté la prouince, auec plus long trauail, & la dernière acquife au peuple de la ville , deux cents ans après que les Scipions curent commencé d'y jetter le foudre delà guerre, & vingtcinq -ans feulement deuant la
C H A P I T R E. 21. ^Ç^,
natiuité de lefus Chrift ,qirAugufte s'opini-Eutro». aftra d'acheuer la conqucftc , enuiron Tan^'^- quinzién)e de Ton Empire : auquel il iubjuga les Cantabrcs , qui (ont aujourd'huy ceux de Galice, Côpoltcile,Bilcaye,& Nauarre. De- puis ce temps l'Elpagne rutp'^ifibiejrelpace de quatre cents cinquante ans , fous les Em- pereurs de Rome,julques à ce que les Goths & les VVaiKlales l'occupèrent , fur la fin de r Empire d'Honorius. Les plus anciens & fa- meux liiftoriens Eipagnols , recherchent la Noblefl'e , & Tige Royale d'Efpagne , de la race des Goths, dont ils font defcendre leurs Roys, s'en glorifient, & célèbrent leur Dom. l'eftime quand àmoy,qu(:c'eftfaire grand tort aux Roys d'Efpagne , de dire qu'ils fonc iflTus de ceux, auec Iciquels fut feme'e en celle prouincc, Tinfame , & damnable herefie des Arriensien laquelle les Roys des VVifigoths régnèrent plus de deux cents foixante ans, julques à ce qu'enuiron Tan fept cens quator- ze de lefus Chrirr,les Sarraiins s'en rendirent les mairtres , & y cômanderent quatrevingts ans , ou plus. Qui fut le temps , que noftre Roy Charlemagne , après auoir deffait , & Tuïné les Lombards en Ftalic , à la prière du Pape Adrian premier , fut pareillement ap- pelle par Alphons deuxième du nom , Roy
î94' Chapitre. 14. de Léon ,& de Caflille : auquel il rendit la plus part des Efpagnes, nettes,& purgées des infidèles. Mais les Elpagnols ont tousjours efté fi fiers, & arrogans , & fe font fi peu ho- norez de noftre voifinage , que ils s'elliment plus recomrnandables , de foulknir en leur hiftoirCjquilsont efié battus & fubjuguez par les Barbares VVi(igotgs,Heretiqucs Ar- riens, que d'accorder & recognoiftre , qu'ils aycnt efté fecourus & dcliuvez,parla No- blefle des François leurs voifins ; qui au prix de leur propre fang , accoururent àTaide de ces ingrats. Et fi ksArncns hérétiques 5fii- rent caufe au contrairejpar leur merchantc,& paillarde vie , d'attirer l'ire de Dieu fijr cefte prouince , & la doner en proye aux Sarrafins qui peut efi:re,y feroyêt encore, lans l'aide de nosanceftres. Il fetrouuc que la première loy que les Goths firent en Eipagne,fiic celle par laquelle, ils abolifloyent le droit ciuil des Romains,& toutes les confiitutions Impéria- les: auec inhibitiû & deftenfe de les alléguer en jugementjfur peine de la vie:à caufe que la owraj.q. première loy du grâd TheodofCjPrince trcf- And?in Via Catholiquc,auoit eftc cotre les Arriens,pour noiicii.iib. pvnion de la Foy, touchant la fainte Trinité: iupU" °"*de laquelle les Goths, hérétiques eftoyêt en- nemis mortels. Tant y à que laint Grégoire,
Chapitre. îi. 2ç$,
Pape , à lailTé par efcrit le préjugé de la pre- -^ ^^ ^ fcance, que rÊfpagnol fuperbe , veut mettre ^^^'^«^ en difficulté à noftre Roy trcf-Chreftien; car int.vir"& il dit , parlant du Roy de France. D'autant "'°'^" que la dignité Royale eft plus excellente que toute autre qualité de l'homme , aufifî voftre Royaume furpafle, & eft excellant par deflus tous les autres : car ce n'eft pas merueille d'e- ftre Roy , puis qu'il en y à grand nombre, mais d'eftre Catholique c'eil chofe trel-ex- cellente. Par ce que comme vn grand flam- beau elclairc merueilleulément parmi, & du- r- . . rant les ténèbres de 1 oblcure nuid : ainfî la ^eg'<^-i'T>- fplendeur devoftrefoy ferecognoift parmi ^'''^° '
I la perfidie & tergiuerfation des autres Roys: & fi vous auez dauantage , tout ce dont les autres fe glorifient,mais vous les furpafTez en ce 5 que vous auez la Charité que les autres n'ont point. Voila ce qu'vnPapede Rome, homme raint,& venerable,à efcrit du Roy de France, mil ans font desja pafiez depuis lef-
' quels nos Princes ont tousjours augmenté en zèle &piété Catholique , mefme ceux de no- ftre téps n'en veulent rien céder à leurs pères. Donques nos Roys de France , depuis le temps qu'ils ont fait profefiion de la Reli- gion Catholique , ont efté pareillement fou-
■ uerains en leur Royaume,Ôc leur Eglife libre
2ÇÔ. Chapitre. ît. ]
de tout pouuoir cHranger, fans ce que le Pa- I pe de Rome, ni autre que le Roy, ou les Pre- \ lats de France , aflemblez par le commande- \ nient,& fous l'authorité de la Majeitéjl'ayent ^ difciplinée , policée , ni rien enneprins fur i îcelle. Nos Roys ont de tout temps cfte foi- •! gncux , à faire des Edi6ls , touchant la difci- plineEcçlefiartiquc Le Roy Charles le Grâd i fift vne Loy, par laquelle il dcfïend aux Euef- ; ques, de permettre en l'Eglile, leçon d'autres liurcs que des Canoniques , qui font ceux de TEfcriture fainte, côtenus au vieil & nouueau Teftament ni d'expliquer iceux en nouueau fens/ait au phifîr d'vn chacû. Ce qui s'accor- de auecTâcien Décret du tioifîcme Concile, de Carthage.F t qui plus e{t,auec le dire de S. Paul , contenant que les choies , qui mefme ont apparence de fageflcjfont friuoles 6/ vai- nesj fi elles viennent de tradition des hom- mes. Partant Efaye dénonce vne horrible vengence de Dieu furie peuple d'ïfraël,à cautc qu'il honoroit Dieu,felon le cômande* met des homes. Et la (entence de lefusChrift cft commune, qu'en vain on honore Dieu, ayât les préceptes des hommes pourdodlri- ne. Ce Roy en à fait vne autrcjcfcrite au mef- me liure , de la parole de Dieu.* laquelle les Buefques, & Prélats doyuent annoncer, leur
enjoi-
Chapitre, ii. ^py, enjoignant d'arracher la fuperiiidon , que le peuple auoit; accouftmé faire , es funérailles des morts. Tolir ainfi que la Parole de Dieu nous enfeigne , de laifler les morts enfeuelirLeVir.ir. Jes morts, à ce q nul de nous i'e côtamme, fur le trefpaflé de fon peupIc:Tellement qu'il fut aduifé au troifiéme Concile de Tolède , de . ,. prohiber aux Chreftiens , de faire autre cere- concT/pâg. monieenlafepulrure des deffiuicls, que de '^"'■"^■"'' chanter les Pfeaumes , pour l'elperance de la Refurre(5tion(ditle texte.)LeRoy LoysDe-ub.^.capf- bonnaire, commanda par fon ordonnaAice,à&^:j"f"*^** tous les fubjets, de cômunier du moins trois fois Tan , au corps & fang précieux de lefus Chrift.Ce qui fe faifoit alors es deux cfpeces, ainfi que nous pouuons remarquer par les Decretales des Papes : & s'eft vniuerfcllemêt gardé,jufqu\'îu Concile deBafle,par lequel ilcap.i.âr:t, fut prohibe, fi n'eft au pays de Boeime,& re-chkp^ï gions adiacemes. Au quatrième liure defdi- tes ordonnances , eft dcffcndu par le Roy,de tondre, & mettre en monaftcre, fils, ne'fillecsp.2i.aid. de famille , fans le confentemenr, de volonté gtlS."''^'" de fes parens.Depeur des fubornations,trop ordinaires aujOurd'huy,enuers ceux qui font
; enfansvniqucs, & quiofit quelque moyen. Tout ainfi que par vn autre Ediét,Charlema-^
: gne auoit prohibe aux Eglifes, d'accepter au-
I X
2p8. Chapitre. 22.
jjtj. „p, cun le, par lequel les enfaiis , ou les plus pro*
sjcicôiii. ci^^s dcuiïent eftrc exheredez : donc eft ex-
trait le Canon de Gratian a cepropos. Le
hb I ca "lei''"^ I^^y deffenditjde voiler les jeunes fil-
io9.;ib.i' les, au parauant l'aage de difcretion. Item,
"^ ''^* d'enfeuelir aucun dans le Temple,iuyuât Tan-
cienne conftitution des Empercurs,Gratian,
j^ ^^^^^ Valencinian deuxiéme,& Theodolde Grâd,
tiof.cccicH: faite quatre cents ans au parauant. Bref, nos
hiiloires,& les liures conccnans les chapitres
des loix de nos Rois , fontfoy dVne infinité
d'ordonnances, faites par leurs Majeftez, fur
h police,dirciplinc, & corredion de TEglife
de France 5 fans attendre le Pape de Rome:
duquel ils ne fe font jamais fouciez pour ce
o-egard.
CHAPITRE. XXIL
S G M M A IRB,
I. Diiifrs Conciles tenm en France, contenans la liberté
& droit de i^Sqbfe Gallicane, z. Vaut honte du Roy, de tout temps en la nomination
des Eucfques. j. Termis au Oergé défaire remonflmcesau Roy^contre
celuy que fa Maiejléaura nommé, 4. Co-mmiffton du Roy au Pape y pour rcuoîr leprûQe\
d'vn condamné par le Si/iode de Francs ç. Trimante de l'Archcuefquç de Lyon,
Chapitre. 2 a. 2pp.
CLovis premier Roy Chreftien, a- prcs auoir cftc baptizé,conuoqija par fes lettresjes Papes Apofloliquts de fon Eglife Gallicane, en la ville ci'Orlcans, ainfi appelloit-il les Euefques, comme fuccef- feurs des Aportres:& leurs Egliles, fieges A- poftoliqiics. En ce Concile les Prcîars firent plufieurb beaux & notables Décrets: leiquels ils TuppLerent la Majefté de raciiier , & trou- cSiulg. uer bons.Entre autres chefs d'iceîuy,au fixic- ^' ^'^'^' nie chuipirre , ett deffendu aux fccuiiers, de le faire pourueoir en l'office clérical, fansTau- thorité du Roy,ou de ibs Magiftrats: Ce qui fut aduifé, pour l'hôncur de i Eglife, afin que le grand nombre des Ecclefiaftiques,ne ren- dift Tordre contcmptible:comme nous auos veu,& voyons encor aduenir de noftre aagc. Cela touchoit aulTi le biei) du Roy , ^ du Royaume: d'autant que lesperfonnes qui fai- foyent profelTion de Tordre de Pretlrife a- uoyét immunité des exa(5^iôs, tailles, tributs, & charges perfonnelles^Ierquelles eftoyêt,ou d*autât diminue'es au dommage du Roy , ou rcjettécs fur le refte du peupicaffez oppreffe d'ailleurs. A ce Synode fe trouue fouicrit vn Leontius, Metrapolitaui deTholofe ,donc nous pouuons marquer.que le Pape lean 22. ne fift que relbblir le ficge Archicpifcopal en
Yii
^OO. C H A P I.^RE. îî,
icclle, qui auoit elk' changé,parles Rpis, ou
î.foium. Contes de la ville. Au iecond Concile d'Or-
conc..pao. j^^^^^ j^^ Eiiclqueb pf Gtcttcnt , qu'ils fe ibnt
^''"^' afiemblez par le commandement du Roy
Childcbert, pour traiter de: la Foy,& chofes
fpirituelles : enquoy (e peut remarquer , Tau-
thorité , & liberté des Rois de France , en la
police de leur E^life. Sous lemefmc Roy
concii.pâg. Childebert , fut tenu le troidcme Concile
35-c- >• (|'Qj.|g^i-js^ ei-j i\r|i (]£5 chapitres duquel, nous
fommes enieignez, que lors qu'il eltoit que- ftion de conférer les Euefchezjou autres pre- laturcs, nos pères ne couroyent pas à Rome: ains le peuple & le clergé de la prouince s'af- fcmbloit, pour nommer le Pal-leur, parle conlentement du Metrapolitain.En vn autre Décret les pères recognoifient lapuiflance & jurifùiélion Royale,lur les biens de TEgli- re,pourleiqucls,ils confirment les anciennes loix des Empereurs , touchant les prefcnpti-
cap.ïo.ti. ^j^g^ En celle meimeallemblée, fut décile la queftion des appellations, & jugemcns de la difcipline Ecclehatiique, en ce qu'il eft or- donne , que Cl les condamnez ont dcquoy fe plaindrc,de la fentence des Euelques,ils doy- uent appellcr au Synode: fans parler du Pape
«rJ-- de Ron-e. Au mefme Synode,les Prélats dé- clarent le Roy,& les Iuges,ou Magiftrats pa^
-C H A P I T R î. 2 2. ^01.
luy commis , vrays inqiiifîteurs , 5: vendeurs des hérétiques qui leront entre nous: l-rns ce qu'il foit befoin de recourir à Rome ^ pour faire leur pi oce? , attendu que les Pères or- donnent, que h les juges des citez, & des vil- leSjiçauentquVn preltre hérétique ait rebap- tizé quelqu'vn,&qu'ils ne le chaf^iêt^^ni punii- lènt par leut authorité , puis que Dieu nous à donné vn Roy Cathohque, ( dit le texte ) ilc;rdi™g. foit excommunié pour vn an. Au Concile ''^'^•''• d'Auuergne,conuoqué fous le Roy Theode- bert,Fut confirmée d'abondant la forme pré- cédente de Teleciion j & nomination des E- uefques & Prelars,pour eftre faite du confen- ,,^..^.. tement du CIcrgc,du peup!e,&: du Metrapo- litain. En vn autre Décret dudit Synode , cil -. ,,„!nrr.. par exprès deffendu , & prohibé aux Euef- f 'fj'"^- ques,derien enrreprendre,rvn d.ins ledioce-' fe de Tautre. Au quatrième Concile d'Orlé- ans, tenu fous le Roy Chiîdebert, cfl permis • aux Euerques,& Prélats de France, de dôner pleine abfolution , aux excomnamiez qu'ils enrecognoiftront dignes , parla pénitence qu'ils auront faite. Dont s'eniuit, que c'eftoic pareillcmét à eux de les excômunier,& rejet- ter de l'Eglifc: d'autat que nous difons com- munément , que celuy qui a puilTance de déf- iler^ a par mcfme moyen, le pouuoir de liçr.
y nj
^02. Chapitre. îî.
î.voitim. Le cinquième Concile tenu en la mefme vil- Tsl'tr^' le par le coniinandenient dudit Roy Childe- ^""* bert,monftie aflez au commancement,qucI- le eft Taurhorité de nos Rois , en leur Eglife, quand il dit qu'il faut rapporter à la Sapience diuinc,{î le delîr des Princes, s'accorde auec le cœur,& fainte volonté des bons Euefqucs de leur Royaume : fi bien que par l'ordon- nancedu Saint Efprit , voila lavolontcdes Rois prefcriptej&le cœur des Euefques fou- fcrit.Dont chacun peut confiderer le fouhait du Roy , comme du plus grand après Dieu, loint auec le confentement, & vnion des Pa- yeurs , & que par ce moyen, les fubjets de fa couronne,doyuêt vénérer ceft accord de TE- glife, comme procédant delà bonté Diuinc. ^, ^ ^ En ce mefme Concile , quand des Pères ont coidîplg. prohibé la vénalité des dignitez Ecclefiafti- àsi-cap' quesjils enjoignent l'eledion de Euefqucs,& Prclats,par Iç conientemcnt du Clergé,& du peuple: mais le tout (dit le texte) auec le boa plaifir,6^ ratification du Roy. rt nullum epif- copatHinptecmiU , aut co7nparatione liceat adi* pifcïyfed cH7n volmtate T{jgi6,jiixta eUEîiomm Clcn M picûis.é'c.'D ont ic reprefenteà nous, premièrement la Majefté du Roy, par deffus tous les Euefques,6<: ordre Ecdefiaîliquedef- quels il afi'emble comme membres du corps
lo.U II.
Chapitre. 22. ^05.
de fa rcpiil)lique:qiiad ladite Majefté le trou- bon crtre, & G aiithorife, approuue, & ratifie leur nomination, lansTEuerque de Roifie: qui à ce conte,n'a que veoir en ce Royaume. Encor qu'il foit trer-veritable , qu'au temps conc!i!"U des fufdits Conciles, la feule authorite' du^î^^-4-'' Roy,n'eftoit pas le feul titre,& prouifion des Euefchez : ainfi que nous liions aux Synodes d'Auuergne, fous le Roy Thcodebert, & de Parisjfous ledit Childebert : qui eft le poinél principal, duquel nos Ecclefiaftiques, font femblant de (è plaindre aujourd'huy , plus pout attirer à eux,& au Pape(qu'ils eftiment leur Souuerain,)toute puiffancc, que de zele qui foit en la plus part d'être-eux.Car ils doy- uent fe fouucnir, que la corruption de leur ordre , & les faàlions des principaux d'en- tre-eux,en l'eleélion des Pafteurs,a contraint TEglife de recourir aux Rois, comme Chefs, & Pères de la famile , Vicaires, &: Minières de Dieu.D'ailleurSjil ell notoire,que le Roy dePranceny pouruoit pas tellement, que les Prelatz foyent empefchez , de foigner aux neceflitez , & garder l'honneur del'E- glife; d'autant que le Prince ne fait que nom- mer les Euefques : Lefquels les fouffra- gans de la prouince , aucc \lc Metrapoli- tain, qui doyuentpar les anciens Canons, t Y ii.j
J04. Chapitre. 2î.
procéder à la conlccrarion d'iceux , ne fonç pas pourtant empetchcz d'examiner , ni del- piucher U vie , les mœurs , la doélrine , & la pieté des nommez par fa Majefté : laquelle Con)meRoy tref-Chreftien > prendra tous- jours abonne part, les remonftrances que melTieurs les Ecclefiaftiques luy en feront, puis que fa Majefté ne leur à jamais ofté Tim- pofition des mauis,comme lacrée,&hors de l'on pouuoir. Adjoultons que les Rois de France,ont eu depuis le premier CIouis,gra-r ces à Dieu, telle aflFcélion Si. bôoe volôté en- uers l'Eglile Catholique , qu'ils luy ont don- ç. fieceini-"^' ^^ grands biensjont fonde, & doté riche- nnis.i6.q. ment, la plus part des Eucfchez, Abbayes, & Monafteresdeleur Royaume. A railon de- quoy, les anciens Canons, & DecretzEccle- fiartiques, ne permettent de priuer leurs Ma- jeftez du droit de nomination. Partant pour n*en mentir pointjle Clergé à plus dequoy fe plaindre de foy- mefme , ou du Pape de Ro- me:auquel il en permet la collation , moyen- nant vn million d'or,qu'on tire de Frâce tous les ans, pour lequel îe Pape nous enuoye du plomb , contre toute juftice , & Dccretz an- ciês de FEgliie. Et ne le doit le Clergé plain- dre du Roy , lequel n'a pas l'ordination , ou impofîiion des mains des Euefques : ains la
Chapitre. 22. 505,
feule nominatiô, & prelentation d'iceiix, fur- rogée au lieu de l'eleétion du peuple.La puif- fancc duquel à efté rranfportée en la-peifon- ne du Roy.Souuerain cheFde la republique; pour les tumultesj&diflentiôsquinaiflbyenc trop louuent en l'eledion des Prélats, Samtc hinccit Grégoire, Pape de Rome, tait mention d'vii ^^•*^'^' monaftere,alTïS dans l'enclos de la Franceiau- quel il déclare qu'on ne Içauroit pourueoir, fans Tauthoritc, & volonté du Roy. Le mel- nie faint Gregoire,ercriuant à Theodoric,ou Theodebcrc Roy de France , le fupplie de prendre garde , à ne pouruoir de Payeurs en l'Eglife , par Faueur j ou par Simonie : ains *
qu'il doit aduiter,que celuyn'eft pas dignedu -Sacerdocejquiiefaitefleuerencefte charge, plus par faueur , que par mérité. Recognoif-c.fcroir.ï. fant par la, l'authortté du Roy de France, en '^-'^' la nomination des Prélats. Tout amfi qu'en ^ vn autre palVagejefcriuat à la Royne de Fran- ce : laquelle le texte appelle Confiance, mais je croy qu'il fe trompe : car du temps de ce Pape, il n'y eut que Fredegonde* Quoy que^ ^^.^^^^ ce foitjil Tadmonnefte de conl'eruer, & pren- "onifimn.^ dre en ia fauue-^ardejle bien,& l'ertat de l'E- ' '^ '
.q.2.
t)
glife.Ce qui peut feruir à môRrerquel eftoic anciennement le rcfpect des Papes, enuers h courtine de France ; encor qu'à la vérité,
^06. C H A P ï T n E. 22. !«
àés ce teiT)ps,ils eufient bien voulu commen- cer à y nïettre le pied , car nous lifons , que ledit Grégoire donna Tvlage du manteau,
tîb. 4. cpîft. qu'ils appellent parlivm , marque de
"■^^^'^rubjedion,à Vigilius Archeuefque d'Arles- fans le fçeu ni confentemêc du Roy. Au deu- xième Concile de Paris,côuoqué par le Roy Childeberc, Saphoracus Eucfque de ladite
p'ng.éyT' villc,fut depofé, & confiné dans vn Monafte- re. Au lieu duquel fiit furrogé quelque au- tre, par le commandement, & fous Ubon plaifir de fa majcfteMe Roy Aribert aîTem- bla le 2. Concile de Tours. Contran en con-
»P-7. uoqua deux à Lion : au premier defquelzles Pères recogneurent que les vrais & naturels juges des Ecclefialtiqucs , es accufations cri-
•ap.prim. mincllcs , font les Officiers , & Magiftratz Royaux: cncor qu'es controucrfes ciuiles, eC- quelles il y va du particulier interefl: d'vn cha- cun 3 ils doyuét plaider par deuant leur EueC- que. Au deuxième , fa Majefté aducrtit tous Tes rubje(^s,que s*ils n^obeiffent aux admoni- tions & cenfures des Pafteurs de Ton Eglife,!! y mettra la main , par fa pui{ïance feculierc. En ce mefme Synode fut rcfolu , que lors qu'il feroit trouué neceflaire de conuoquer TEglife , ce feroit fous l'authorité , & bon plaifir du Roy: lequel afTigneroit le Iic4i,qu'il
Chapitr e. 22. 507.
jugeroitplus commode à ce faire, AuCon-"p.2o. elle de Chalon , alTemblc parle commande- ment du RoyClouis , deuxic'me du nom/uc receuë en France , la conf^lTion Auriculaire, au parauant incogneuë, ou fort rarement re-j.voiom. ceuë : par laquelle le pécheur doit eftre in- v^-^vs- flruit , en la forme de la pénitence qu'il doit faire, pour auoir rcmiffion des oftenfes qu'il recognoirt en foy. L'an fept cens quarante deux, Carloman Duc & Prince des François candî.'JJ'as. cnTAullrafic, ou France OrientalejafTembla ^^' vn Concile , auquel par le confeil des Pères, & de fes Conieillers, il eftablit & ordôna des , ^oj^m Euelques en toutes fes villes:& fur tous,rAr- «^^utii-pâg. cheuelque Boniface. L'an fept cens quarante quatre , au Concile qui fut tenu à Soiflonj Adlabert fut condamné d'herelîe,par Je Roy j- & IesEuerqucs,a(TembIez audit ConcilerAu- quel e(t pareillement déclaré qu'il appartient à fa Majefté, au lieu de laquelle Pcpin Maire du Palais gouuernoit alors, d'ordonner les Euefques,& Archeuefques de fon Royaume. Pépin cihnc Roy de France, fîrt tenir vn Sy- node à Vernes > enuiron Tan fept cents cin- quante cinq , auquel eft donne tout pouuoir aux Euefqucs de fon Royaume , tant fur les Clercs, que fur les Lays^en ce que côcerne la Foy , Se chofes fpirituellcs. Au chapitre 5. &
^oS. C M A P T T R E 22.
neufiéme dudit Concile , eft déclaré le pro- grez de la dicipline Ecclefiattique , Conuen- tuelle,6c monaftique, fondée premièrement, fur la jurifdiél:ion de rEucfque-.Secôdement dii Metrapolitain ,en troiiîéme lieu , du Sy- node de la prouincc, Finalemêt,par l'excom- munication , jettéedetous les Éucfques des autres prouinces du Royaume.Si bien qu'au lieu & place d'vn Abbé,ou Prieur mal-viuant & contumatz ;, le Synode peut nommer vn autre, fous la volonté, plaifir, gré, & confen- tement du Roy,( dit le texte) comme au{îi,(î c'eft vue perfoniie Laye , qui ait efté excom- muniée. Par le mefme ordre , auquel toutes- fois il ih rende defobeiflanr & refraétaire , le crmaï^'ag. Synode fupplie faMaje{îé,deIebann.ir de *^^' fon Royaume. Cefte pareille procédure eft répétée au Synode de Teonuille, tenu fous le Roy Charlemagne. Le Concile aflemblé en la ville d*Arles,fous ledit Charlemagne,pour nionftrerlapuilTanccdu Roy en la police de ÎEglife, fupplie fa Majefté, d'approuucr, ad- joufter, corriger, ou diminuer, ce qu'il trou»
^i'iTs' ^^^^^ ^°" ^^^^' ^ " ^" ^"^^^ Chapitre , le Sy- ( wp.26 node déclare , que fi le peuple ne veut obéir aux remontrances Ecclefiatliques > il en faut ) aduertir le Roy,afin que ceux qui ne peuuent eftre rangez à !a juRice , par les admonitions
C H A P I T îl B. i^. 30p.
facerdotales, lovent retirez de leur mefchan- ^p.i^^ ceté par la puiiîance du Magiikat. Peu après fiit tenUjlbusle mefme Roy Charlecnagne,le troifiémc Synode de Tours; auquel entre-au- tres choresfut ordonné 5 que les Euefques auroyent des Homelies^conteiians les admo- nitions necefi'aires , & inftru6lious de la Foy Catholiquc:leiquclIes ils traduiroyent en lan- gue vulgaire, afin (dit le texte) que le peuple ^ ^ loit capable d'entendre ce qu'on leur enfei- s- gnera. Ce qui eft pareillement contenu , au Concile de Rheins , conuoquc l'an huit cents treze, fous le mefme Roy,touchant l'o- raifon Dominicale, dont flit efmeu le Roy Charles cinquième , dit le Sage , défaire tra- duire la Bible en François Parifien, Picard, & Normand : ainfi que nous trouuôs en quelques vieils exemplaires d'icelle : ef- quels eft exprelTement porté , que le tout à cfté fait, par le commandemét du Roy.Tou- tesfois depuis , le ciel ayant efté beaucoup plus courroucé contre (on Eglife , on à bru- flez, tuez, pillez, faccagez,& déclarez héréti- ques , ceux qui vouloyent fuyure cell exem- ple, à leur cdificatiô, & pour le repos de leur^;g°!'^; confcience. Au Concile d'Aix la Chappelle, le Roy Charles le Grand, fift le hure régulier .delavie des Clercs, lequel il fifl: authorizer
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%ÎV' par le Concile. En vn autre Synode , conuo. i i ^* que en la mcfme ville, enuiron Tan huic cents
feizejpar Loys Dcbonnaire, clt ordonne que les excommunications qui le feront parles tTîtl' Eucfques , feront aucc exaélc cognoiflance &2J?'' ^ç, caufe , & en l'affemblée du Syr.ode de la prouince: Apres lequel, fi les codamnez pen- ïS.m^ou ^^^'^ ^^^^ greuezjlc pourront retirer à fa Ma- cltap.8?"' jeftc , qui cognoiftra du mérite de l'affaire. Et voila l'origine des appellations , comme d'abus,qui fe font au Roy & à fon Parlement luge &: Magiftrat fouuerain , fous la Majefté Royale.Au Concile de Paris, tenu fou^ Loys Débonnaire, & Lothairc fon fils, fe voit ma- nifeftcment , le droit qui appartient au Roy, en la promotion ,& nomination des Euef- ques, & Abbez de fon Royaume : car les Pè- res admonnefterent leurs Majeftez d*y pour- ueoir, auec grand foin, & diligence , afin(dii leDecret)que l'ordre Ecclefiaftique retien- ne fa dignitéja Religion Chreftienne en foit augmentée , & les confcicnces des Roys dcC- chargées. Pareil fut Taduertiffement des Pé- rès, affemblez à Aix la Chapelle, par le corn- mandement duditLoys Débonnaire. Item, en vn autre Concile, tenu à Meaux , Tan huii cents quarente cinq , fous le Roy Charles le Chauue, auquel les Euefques remonftrent;
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que quand le /îege dViic Eglife vaquera , H y faudra pouruoir, fans Sy monie, ni faucur, de ccluy qui fera de/îgné par fa Majctté,moyen.S.455? mnt la grâce du faint Hfprit : roue ainfi qu'il cft déclaré en la mefme affc mbléc, que la re- p-g-47o formation, & correction des monafteres, fe'^'*"^^ doit faire, fous & par l'authorité du Roy. Ce qui fût rcpcté au Concile , qui fut conuoqué en TEgiiie iaint Medard,les Soiffons, fous le <^^V's6.6a mcfme Roy.Au fufdit Concile de Meaux,eft ^^' pareillement prefcriptc la forme de Texcom- nninication,confiftantenla cognoiflance de l'affaire, & après auoir admonnefté raccuféj de fe conuertir , & remettre au chemin de fa- lut: afin que s*il endure par après fa condam- nation , & ne veut pourtant recognoiflre fa faute, s*il eft Ecclefiaftiquc ,pui(Iecftre de- grade': s'il cft Séculier, & en quelque dignité, ^J^^-^P- (oit priué diccllc ,par le Roy , & les luges. Au Concile faint Medard , les SoifTons , eft fait mentio du procez fait à Ebbo,Archeuef- que de Rheins,de fa depofitiô, & refticution: cnfemblc de celle d'AgobertjEuefque de Li«i on,duquel parle le moyne Aimonius.Au Cô- cilc de Valéce, tenu fous l Empereur Lothai- reks Pères ordônêt que s'il aduiêt que le Roy nome, & prcfente à TEglifc quelqu'vn , qui foit incapable de l'office de Pafteur , le
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Clergé, & le peuple , doit députer vn Légat deuers ia Majeité, pour luy remonftrer hum* blement rintcreft > & fcandale de TEglife, & le Topplier de nômer vncperfonne qualificci ou de permettre, qu'il foit procédé à'n ouuel- le eledtion. L'an huit cents loixante trois, & le vingtquatriéme du Roy Charles le Chau- ue , flit conuoqué vn concile à Piftes , fur la riuierede Seine, ou pluftoft fut tenu en ce lieu vne DiettCj&afTemblée générale de tous les Ertats de France : en laquelle eft amples ment difcouru quel doit cftre le moycn,& la forme de chaftier, corriger , & amender les Princes ,& Seigneurs du Royaume. Or en cefte journée n'eft pas dit, qu'il faille aller au Pape de Rome , pour y mettre la mainl mais feulement qu'il doit eftre loifibIc,& eft enjoint aux voilîns, & amys du Seigneur ac- cule, ou aux Officiers de la Majeftc Royale, del'aduertirde fon dcuoir,&l'admonneftet de fe recognoiftrc. A quoy s'il fait faute , les Euefques , par l'authoritc Àpoft clique qu'ils ont, doyuent pareillement l'admonnefler, & folioter de fon falut : duquel s'ilell encore mal (oigneux , il fera lors beioin de procéder contre luy,par excommuni cations fynodales Finalement s'il demeure obftinc , & incorri- gible , faut par neccffité, que le Roy députe
Chapitre. 22. ^ij, des jùgcs,pour le déclarer coiuumaz,ennenii de h Kepubliqiie,& derEiiat,afîn que com- me tel, il loïc exterminéjbanni du Royaume^ & priue de tous iès cftats,Rotaldus, Euefque de Soiflbns,fut excommunié & depoié en ce temps, par \c Synode tenu en la prefcnce du- dit Charles le Chauue, & de Hincmarus Ar- cheuelque de Rheins , dont le condamné ap- pella au Pape Nicolas premier ; par lequel e- ftant relliiuéles Eueiquesde France n'eurêt jamais aucun cfgard au jugement deTEucf- que de Rome : Ôc ne peut Rotaldus jouïr de fa rcftitution. En celle mcfme faifon, le Roy Charles le Chauue , qui auoit efté couronné Empereur, (peut eftre aflez légèrement) par le Pape Iean,neufiéme,voulut le gratifier, dé permettre qu'il deputaft vn Legatjpour prefi- der en Ion nô,cn vn Concile qui fe deuoit te» nir en France : & à ces fins , defpefcha com- niUlîon à Anfegifus^Archeuerque de Sensrle- quel il vouloir faire Ton Vicaire gênerai, es Gaules 3 & en Germanie : tant pour conuo- qucr, &prefider en tous Conciles, que pour Appcni le ïtiïç des négoces Ecclefiaftiques. A quoy fjjj.fi^,. toutestois le Clergé de France s'oppofa, & y contredift formellement , ren)onftrant au R07, qui fouftenoit le Pape , pour la faueur qu'il en auoiî reeeu, que c'eftoit contre l'efta-
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314. Chapitre. 22. bliflement,RegIes,& Canons de l'Eglifc Ca-^ tholique,tellement que quoy que le Roy leur commandal-l: d'obéir au refait du Pape, ils n'en voulurent rien faire. Si bien qu'après plufieurs Sefïionsjtenues fur ce fait,la derniè- re feruit autant que la prcmiere,(à ce que die le nioyne Aimonius ) d*autant que le Clergé rcmonftra , premièrement que ce n'efl point au Pape , à commettre de Légats en France, pour prcfider comme fes Lieutenâs,e's aflem- ble'es de l'Eglife Gallicane. Secondement, qu'il auoit mal choifi: car du moins, ce n'e- ftoit pas à rArcheucfque de Ses, de prefider en Francerains à celuy de Lyon. Ainfi qu'il cft notoire que ceftuy-ci eft de toute anti- quité, Primat des Eglifcs Gauloifes. Euièbe parlât dlrenée,Euel'que de Lyon, efcrit qu'il prefidoit aux Euefques de Gaule. Sidonius, Eucfque d'Auuergne, faifant mention de Pa- tient , Archeuefque de Lyon , fous le Roy Clouis premier : lequel il appelle Père , & Prélat des GauIes,diîcourt comme eftantar- riuéàChalon accompagné des Preftresdc la prouince , & d'Euphonius Euefque d'Au- thun,pourreledion deTEuefque deChalon, il empefcha vn triumiiirat de Compétiteurs, qui auoyent fait quelques brigues. Grégoire deTours,appelléNifier,Patriarche de la raef-
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; me ville,& dit qu'il prefida en vn Concile,tc- riu fous le Roy Goutran,pour depofer Salo- niuSjEuefquc d'Ambrun>&Sagittarius,Eucl- quc de Gap , à raifon de quelques excez par eux commis particulieremenc,en la peri'onne de Vi6lor, Euefque de Troye, Alors vérita- blement le Roy elcriuit au Pape en leur fa- ueurj& le pria d'aduifer: s'ils auoyent efté ju- gement comdamnez, ainli que rvfage efloit, de demander juges au Roy, après la condam ^.ll^'iV nation , du Synode. Sur quoy le Pape lean quatriéme,les reftirua,en vertu de cefte com- mifîîonjnon de Ton pouuoir ordinaire:Nean- moins,eftans de rctour.Ils furent derechef ar- reftez prifonniers , priucz , & dégradez des faints Ordres Ecclefiaftiques. Samt Gregoi- Tejefcriuant à AEterius,& AregiuSjEuefques de Lyon, leur baille fimplemcnt la qualité d'Euefques de la Gaule: ores que quand il iib.9.& efcrit aux autres,il les nomme du Iieu,duquel ^ï^' ^°' ^^ ils font particuliers Pafteurs. Sigibert, & A- do de Vienne, racontent que Félix, Euefque d'Orléans, s'eftant rendu hérétique : Char- lemagne l'enuoya aucc lettres efcritcs de fa main, au Pape Adrian premier: par le- quel ayant efté tancé , fuyuant la Commif- fîon du Royjteuint en France ;, ou peu après il retumba au mefme erreur. Partant le Roy
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^i6. Chapitre. 22. conuoqua vn Concile à Francfort, des Euef* ques de France, & de Germanierpar lelquelsr Thiftoire porte que ceft Euefque fut con- damné y à finir Tes jours, en la prilbn Patriar- châle des Gaules, à Lyon. Paul Emile racon- te,quc i'Archeuefque deLyon,prefida au Sy- node, qui fut conuoqué pour depofer le Roy Loys Débonnaire, à la lufcitation des enfans d*iccluy. Sous Loys, & Carloman, les Euef- ques de France s'aflemblerent à Chalon , en- tre lefquels prefidoit Aufterius,Archçuefque de Lyon,pour contraindre Radulphe, Conte de Mafcon , de rendre les terres qu'il auoic occupé fur i'Eglife. Du temps du Roy Hu* gués Gapet,fut cfleu Almardus,Archeuefquc de ladite ville, auec le titre, & qualité de Pri- mat des Gaules : ainfi qu'il eft porté par Ta- élede ladite élection. Et fous leRoyRo- bert,rArcheuefque Burchard, jugea en la vil- le d'Anfe , Ibuuerainement comme Primat, auec les autres Euefques de France , le diffé- rent qui eftoit entre rEuefque de Malcon,& Odilo , Abbé de Cluny , amfi queBuygnon efcritenfon hittoire de Mafcon.L'Empereur Frideric Barberouffe , enuiron le temps du Roy Loys le jeune, donna de grands priuile- ges à rArcheuefque de Lyon: entre-autres, il l'appelle par fes lettres, E x a r c h R, ou Li*
Chapitre. 22. 517. eutenant,& premier Conleiller de Ton Palais de Bourgongne : d'autant que le Royaume de la Bourgongne transjurane eftoit encore alors fous l'Empire Romain.Le Roy Philip- pe le Bel, nommoit pareillement en fes Pa- tentes , accordées en faueur de l'Eglife de Lyon,rArcheuerque d'icelle. Primat des fie- ges des Euefques des Gaules. Bref, le diffé- rent d'entre lefdits Archeuefques de Lyon, & de Sens, a efté jugé dcpuis,au Concile gê- nerai de Clermon en Auuergne, tenu fous le Roy Philippe premier, & le PapeVrbain dcuxiéme,en faueur de celuy de Lyon:leqiiel auoit anciennemét droit de batre monnoye, & fe trouuêt encor certaines pièces d'argent, eiquelles d'vn cofté efl efcrit, Prima S e- D E s, & de l'autre, G a l l i a r v m. Si bien qu'il eft certain , qu'en toutes les necefifitez, & befoin que l'Eglife de France a eu de s'af- fembler pour la difcipline Ecclefiaftique, l'Archeuefque de Lyon, aefté tous jours le premier. Pour fous l'authorité , & Majefté du Roy , pourueoir au bien :, & repos de la maifon de Dieu : fans qu'il ait efté befoin, d'employer le Pape de Rome à ces fins.
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5i8. CHAPITRE. XXIII.
SOMMAIRE.
I. Le droit de recale &fo?i origine.
z. 6n quel tempî les Tapes ont commecè à poiirneoir aux
bénéfices eleâiifs hors leurs diocefe. z. Les Rois de France ax^le des Papes. 4. La France n'cft pas fuiette aux excommunicatiom det
Tapes.
LE Pape Grégoire premierjderpefchanc Auguftin Ton Légat en Angleterre, qui auoit à paiTer par la Frâce , luy dcffend de fe méfier de policerj&difcipliner les Egli- fes de ceRoyaume,recognoi{l'ant que c*eft la charge, pouuoir, 5i aiithoritcdes Prélats d'i- celuy:il i'aduertit feulementjde les admonne- fter comme fes confrereSjde faire foigneufe- ment leur ofïice.Les hiftoires de France font remplies de tous ces droits Royaux,& liber- tez de noftre Eglife Gallicane. Prcmieremëc pour la nomination des Euefqucs, apparte- nant au Roy , Ommatius fut nommé par le Roy Clodomir,apres la mort de Denys,Ar- cheuefque de Tours. Théodore, & Proculc cncor après , par Tordonnancc de la Royne Crotilde.-Depuis Euphronius,ayât eftéeflcu en ladite Eglife,le RoyClotaire s'en plaignit: difant, qu*il auoit commandé , que Cato fùft
Chapitre. 2^. 519. pourueu de ceft Euefché , & non autre, de- quoy le Clergé s'exciifa , fur ce que Cato n'auoit pas voulu accepter celle charge: mais quelques jours après, ledit Cato iuppliale^'^-^^''-^- Roy , de luy donner rEuefché d'Auuergnf : laquelle îa Majefté luy retùla , commandant derechef, qu'il fuft reftitué en TEglile de Tours. Le mcfme Roy lurrogea Dumnolus, au lieu d'Innocent, Euefque du Mans, Sulpi-id.iib.6.
11 / cap. 9 & 59.
tins fut Euefque de Bourges , par la volonté du Roy Goutran. Apres le decez de Rhemi, ^j^ ^t. Lothaire premier du nom , Empereur , eRa- -^^-"^ blit Drogo, Euefque de Mets, du coniente- ment du Clergé, Le moine Aimonius recon- 'f^^^^f te , que lors que Charles le Chauue fut cou- ronné Roy de France,par A intmarus,Arche- uefque deRhe'uis, les Euefques & Abbez de fon Royaume, luy firent la foy &: hommage. De cefteauthorité Royale, en la nominati- on,approbation,inueftiture,6c confirmation des Euefques , eft iffu le droit de Regale , fur les bénéfices qui font ouuerts , durant que le fiege Epifcopal eft vaquant. Car puis que le Roy eft rOEconome, Patron , Gardien, & Tuteur de l'Eglife, c'eft à fa Majeflé pareille- mentjd'adminifirer le reuenu d'icelle; lequel ne peut appartenir à rEuefque futur, qui u*aura pas ferui à l'autel. Parquoy pendant
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520. Chapitre. îjf. le temps de la vaquance, fa Majefté, confère jurtcment les bénéfices , qui font au diocefe^i & fait le furplus de la charge , & deuoir poli- tique de rEuefque.Ce qui n'eil point nouuc- i.Parai.24. ^^ ^^^ l'Eglilc dcDicuicar les Rois d'Ifraël en ^Reg. I. vfovêt ainfi.Dauidj&Salomon.ordonnerent cieros.2i. les Miniflrcs , en défaut du Pontife. ludas Machabce pareillemêt ,en qualité de Duc^dc gouuerneur des Ifraëlites. Mais encores à plus forte raifon nos Rois ont ce droit de Regale , puis qtnls font les Patrons , Fonda- teurs,& DefFenfeurs des Eglifes Cathédrales . de leur Royaume, fur ce fondez de droit cô-^ c.icais.^j. mun,felo Taduis de tous les Canonilies,mcfr c.'qiunto'" i"ne parles Decretales des Papes , defquellcs exdeiud. j^çjj. interprètes, allèguent vn grand nombre:? fuffira pour tout , le Décret de Grégoire di- xième, fait au concile de Lyon, cnuiron l'an- c. gfncriiiJ'nil deux cents ièptante deux. Pour couclu- UAArfl"' ^^^^) chacun voitclairemêt,combien eft faux & calomnieux, le propos contenu au confcil fecret tenu à Rome, porte par les mémoires de l'Aduocat Dauid , que les libertez de no- ftre Eglife Gallicane , & droits Royaux fur i- cclle,ont cftcplâtezjpar IcsPrinces de la race de Capet,par cntreprmfe,fur l'Eglife Romai- ne,6c cotre Fauthorité du Pape. Car il fe voit par l'hiftoire , & finodes tenus en ccRovau-
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C H A P T R E. 25- 5^ï'
nie,clurantla première, & féconde famille de nos Rois, que dés ce temps, TEglifc Gallica- ne auoic les libertez: derquelles le Roy cftoic le ieul Tuteur, Patron, & Conferuaceur: trop bien pouuons-nous recognoit-l:re,quc depuis ccfte dernière famile des Rois de France, les . Papes s'ertans plus détraquez qu'au parauât, & ayant voulu plus entreprendre qu'ils ne deuoyent, fur la liberté de noftic Eglife. Il a efté pareillement befoin à leurs Majeftez^d y mettre la main plusexprefrément,&: taire des loix rigoureules , pour retenir l'audace de la Court Romaine. Enuiron l'an mil cent trente çinq,Alberic, Archeuefque de Bourges eftât mort , le Pape Innocent deuxième , enuoya vn quidam nommé Pierre , pour y prefider: mais le Roy Loys le Gros le rejett3,& ne fut Sigisb. h jamais receu en la ville , à caufe qu'il s'etloit^^ '^''"' intrus fanslefçeu de fa MajeRé.Du temps du Jloy faint Loys y les Papes com.mencerent à vouloir ouuertement entreprendre, de pour- ueoir aux bénéfices , qui par les Décrets , & Canons des faints Conciles , font de leur na- ture elc6lifs,& s'attribua cefte grande autho- rité,en toutes les prouinces de TEglife Chre-r ftienne,dont nous ne pouuons nier,eftre for- tie toute la déformation, confufion,& corru- ption du Clergé, ô: ordre Ecckfiaftique:
^21. Chapitre. 2^. |
pour lors les commandes, rercruations,& les grâces expedatiucs commencèrent à naiftre: pour lors les Papes s'amuferent à fonder vne Court, & lurifdidion Eccle(îaftique,attirant à foy , toutes les caufes beneficiales ; qu'ils vouloycnt eftre traittées en première inftan- ce deuant eux , en la ville de Rome. Depuis ce temps les étrangers, encognus, mal habi- les, mal agréables , & le plus ibuuent incapa- bles , commencèrent àeftre pourueus des grades dignirez, & charges plus importantes delà mailon de Dieu. Depuis «1 pareillement commencé la Banque des bénéfices entre nous , fi bien qu'ils ne fe confèrent plus au- jourdhuy, mais fe vendent,& s'achètent à de- niers contans: & dit-on communément, par vn exécrable blafpheme , qu'ils font pluftoft achetez que plaidez. De cèfte mefme fource a procède', l'inexcufable Simonie du Papc,& des Eue^ques , inuentée par Boniface neufié- me» ou lean vingtdeuxime,( fi nous croyons Platine ) par laquelle ces pères faints ont or- donné quelcsBuefquesefleuSjOU nommez sefT.îi. p;ij- la Majerté , pour eftre pourueus de leurs ;in?'^ Eghfes, feront tenus de donner le reuenu de la première année , qu'ils appellent Annate, à l'Euefque de Rome. Ce qui fut condamné parvnexprez Décret du Concile de Baflc.
Chapitre. 25. ^2^,
AufTî certainement, il ne faut point douter que le Pape,ne foit fujet au crime de Simonie comme tout autre Ecdefiaftiquc. Surtout, de la mefme entreprinie du Pape , eft né de-
' puis quelque temps en l'Eglife de Dieu , vn monftre vilain,infame,6e brutal, fous le nom
: de Confident , qui ne kiy peut appartenir,
', d'autant que ccluy ne peut auoir foy entre les hommes qui Te monftre traiftre & defloyal à Dieu, à fa religion, Se à loy-mefme, îadis, &
^ dés les premiers ans , l'ambition, & l'auarice, peftes ordinaires de ce monde, nous ont en- gendré Simonie : laquelle s'eft tellement nourrie , & appriuoifée entre nous , qu'em- pruntant le mafque de Pieté , plufieurs l'ont prinfe pour rafille,& en ceftequalite^s'eftant méfiée parmi la Religion;, nous à engendré les Commandes, Regrez, Preuentions. Grâ- ces, Expecrations, Nommations, & telle au- tre moquerie delavraye Religion Catholi- que:& l\ finalement,elle nous à produit Con- fidence, nouuelleefpece de monftre,prenauc fa nourriture d'ailleurs que de foymefme, vi- uant par la main,& bouche d'autruy,qui nous cft de fi dangercufe confequence , & perni- cieufcfignification , que je crains qu'elle ne nous apporte la ruine de l'Eglife , & tranfla- tion de la cogniffancc de Dieu aux Indes,que
:^i^. Chapitre. 25.
Dieu nous à fait voir puis n'agueres , pour nous donner entendre , qu'il à dequoy nous chaftier , en toutes fortes, comme , & quand bonluy femblera. Pour prcucnir donc tous ces maux, &: dangers miferable j,le Roy faint LoySj fift diuerfes loix, la principale dcfquel- les eft fa Pragmatiquefanélion , publiée en raffemblée des Eftats ,enuiron Tan mil deux cents foixante huit, contre les nouuelles in- uentions, & fcandaleufes entrcprinfes des Papes , fur la liberté de TEglile Gallicane, & entière abolitiô des anciens Canons3& Con- ciles de TEglife Catholique. Philippe le Bel, contraint par l'infolence de Boni£ace huirié* me , Bi\ pour pareille occafion , la conftitu- que nous appelions Philippine , enuiron l'an mil trois cents trois. Loys Hutin renouuclla toutes ces ordonnances, enuirô Tan mil trois céts quinze. Philippe de Valois reprima l'cn^ treprife des Ecclefiaftiqucs,fur fa jurifdiélion ainfi qu'il fe peut voir par le liure de maiftrc Pierre de Cugneres, fon aduocat gênerai. Le Roy lean , enuiron Tan miltrojs cents cin- quante vn , efmologua tous les ediéls de (es predece{feurs,contre les pa<5lions, & corrup- tions des Papes. Charles fixiéme , par Ediâ; public, de Tan mil trois cents foixante cinqi chafla tous les coIle6leur$ du Pape , & dçç
I Chapitre. î^, ^25.
! Cardinaux, defFendit de conférer les bénéfi- ces aux ertrangers.Finalement fa Majcfté,par delibcracion des principaux de ion Royaume & d« Ton Parlement , Ce déclara exempte , du pouuoir & puifïance du Pape Benoift trezié- nie,quieftoitenAuignon. Et iî pourtant il ne voulûit pas recognoiilre Boniface neuiié- rae,qui tenoit lors fon fiege en la ville de Ro- me, Ce que Balde* Italien , Docteur e's loix, . , .
T> -r 1 r „ Bald.incan.
approuue : comparant Bonitace au bœur, & oHm.dercC Benoilî au lyon , mefeftimant tous les deux, "'^* par l'Elcriture fainte,
Toutesfois encor que nos Roy s de France mefme ceux de cefte dernière famile , ayent tousj ours voulu conteruerrauthorité de leur Couronne , & comme vrais tuteurs , ou Pa- trons de l'Egliic Gallicane , ayent entretenu la liberté d'icelle,(i eft-ce que cela ne les à pas deftournez du refpeCt , de l'honneur, & de la faueur trefgrande , qu'ils ont trop plus que fouuent faite aux Euefques de Rome : telle- ment que par vn fort long temps, la France à cfté nommée 5 durant le règne des Capets, l'Afile & reflige des Papes , bannis , & chaf^ fes d'Italie, quelquefois par leur infolence, & mauuaife vie. Vrbain deuxième , vray fuccei^ feur de Grégoire feptiéme,craignant le dan- ger de fa vie , pour k mauuais traiteraêt qu'il
^i6. Chapitre. 2j, faifoit à TEmpereur Henry quatrième , paffa en France, & le mift en la proteélion de Phi- lippe Dieu donné , fils de Henry premier Roy de France ou il fut receu,auec tout hon- neur. Autant en fift Pafchal deuxième, Gela- fe deuxième, & Cahxte^z.chafTez par Henry cinquième , Empereur, du temps de Loys le Gros. Alexandre 5. fous Loys le leune, à caufc de Frideric Barbe rouffc. Honorius troifléme,fousle Roy Loys huitième, pour la querelle qu'il auoic auec Frideric deuxième Grégoire neufiième , ne trouua Prince quel- conque , qui vouluft ouuertemcnt fouftcnir fa caufe, contre ledit Empereur Frideric,que le Roy faint Loys. Qu^and les Papes , lean 2 2.& Benoift 1 2.eurent excômuniè Loys de Bauiere , Empereur , tous les Princes de la Chreftientc les abandonnèrent , excepté le Roy de France. Philippe de Valois, lequel (ainfi que dit Nauder) empefcha les pra- tiques de l'Empereur contre-eux. Combien de fois les Princes de la maifon Royale des CapetZjOnt pafîè les Alpes, pour les fccourir Que fift Charles , frère de faint Loys , pour afiouuir leur mauuaife volonté cnuers Cora- din , & toute la maifon de Suaue ? Qu'à fait Charles de Valois père de Phihppe , Roy de France,elhnt vicaire de l'Eghfe eu Thofcane
Chapitre 2^, 527.
Quelles font les incomnjoditez que les Prin- ces de la mailbn d'Anjou on ibufFertcs,pour efpouier pluftoftles querelles des Papes en la Pouille, & Calabre,que pourrimaginaire auancemenc , que le Pape leur preientoit? Charles huitième , Loys douzième , & Fran- çoys premier, ont paflé les Alpes , plus pour contenter les Papes de leur temps , que pour cfperance qu'ils euffent d'y faire leurs beibn- gnes. Car aufli deflors que ces bons pères voyoyentleur meilleur , ils trompoyent les François à cachetés , & après ,s'eHre defvnis de leur amitié, les liuroyent enproye,à ceux contre lefquels ils les auoient appeliez. Tou- tcsfois nous pouuons dire auecques vérité, que jamais ne s'efl leu , qu'il y ait eu Roys, & grands Princes, plus refpeéîeux & defireux du bien, & de l'aduancement du fîege Ro- main, que ceux de la maifon des Capetz: lef- quels les Papes ingratz , & mefcognoilfans, blafmentA' diffamêt auec ignominiCjen leur pernicieux confeil de Rome. Mais nous n'a- uons(graces à Dieu)pour encore fujet aucun de recognoiftre, que le ciel ait efté courrou- cé contre nos Roys & Princes , ils nous ont gouuernez,auec autat de câdeur, de douceur, & d'amitié enuers leur peuple, qu'autres ayêt jamais fait,nous pouuôs dire hardiment, que
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les hiftoires de France font pluftoft remplies de leur douceur, & bonté, que d'aucune ai- greur, ni vice qui Toit énorme. Ils fe font monftrez tant faciles enuers leurs fubjetSjque pour fe faire obéir, ils n'ont eu befoin d'élire fèruis à genoux , & teftc nuë, corne les Roys d'Angleterre, ni qu'on baifi'e les yeux deuant eux, quant ils marchent en public, comme les Empereurs des Turcs: ni qu'ils fe mon- trent au peuple le vifage couuert, conmie le Preftrc lean : ou enclos en vne tour de fin voirre,comme le grand Cham de Cathay ne qu'ils entretiennent vne armce pretoriane comme les Empereurs Romains. Mais par leur feule bonte'.ont eflé mieux feruis»& fuy- iiis que tous les autres. S'il eft qucftion de par- ler de leur zèle en la Religion Catholique , il lîc fe peut nier qu'ils n'ayent efté les autheurs des plus honorables exploitz, qui font recô- iDandez depuis cinq cents ans pour icelle, en Afie^en Aphrique, & en l'Europe.D'ailleurs vn tref-grand figne de la benediéliô de Dieu doit eftre remarqué, d'autant que cefte race^ à régné enuiron fix cents ans,auec plantureu- fe lignée, de laquelle outre & part noftre Roy , & Souuerain Seigneur y relient encor huit Princes^mafles, feuls capables de la cou- ronne de France , portans le nom & titre de
Bourbon
Chapitre, l^. 52p.
Bourbon.Et fi nous pouuons dire, que Dieu a particulièrement beniftccefte branche de Bourbon,par deflus toutes les autres, qui ont cfté en grand nombre du nom d'Anjou,d'A- lençon , d'Eureux^de Berry , & de Bourgon- gne, eftaintes , & peries. Cefte-ci nous a efté gardée par la bonté Diuine,qui l'a faite tous- jours fleurir en ce Royaume , depuis mon- fieur Robert de France , origine d'icelle, fils puilné du Roy faint Loys,trois céts cinquan- te ans font paiTez ou cnuiron. Partant nous r/auons que faire du Pape, ni de fes confeils, il nous iiiffit que nous fçauons, que par la loy de la couronne , les Princes de la famille des Capetz , font feuls nos légitimes Rois & na- turels Seigneurs , les vns après les autres: fé- lon Tordre, & droit de leur naiffance, fans nous amufer au confeil du Pape , qui n'a que veoir fur nous , ni fur cefte Couronne , non pas mefme en ce que peut toucher la police, &: difcipline Ecclehaftique : de laquelle nous traitons maintenant: ains quand ila eflé que- i\ion de faire des loix EcclefiaftiqueS:,de cor- l-iger,amander,depoier & rejetter quelquVn, nos pères en la première , ni féconde race, ne font pas allez à Rome : mais fe font aflêm- blcz , par le commandement , & permiffion du Roy leur Souuerain , & ont fait ce qu'ils
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550. Chapitre. î^.
penfoyent élire neceflfaire, pour la police, ou clirciplincderEgIireC.:iiicane:& pour la cor- reéliion desperlbnD.s mal viuans en icelle: Aim nb .^ x)u temps du Roy Chilpenc/ut affemblé vn Concile, en TEglife faint Pierre de Paris: au- quel Pr^ccxtatus Euefquc de Rouen fut de- po(c,Si: banni du Royaume de France. De- puis quand il fut queixion de le reftablir , ce ne fut pas Te uefque de Rpnie qui le fift: ains le Sinode des Euefques de France.Du temps du Roy Loys Débonnaire , lors que Lothai- rc,& Loys fe bandèrent , contre le Roy leur père, le Pape Grégoire quatrie'me vint en France , & fift fembiât de vouloir excommu- nier fa Majefté,& les Euefques de ce Royau- mCjS'ils n'adheroyent,& ne s'accomodoyenc à la volonté des enfans rebelles. Néanmoins le Roy,& pEglife Gallicane fift tref-bien en- tendre à ceft Euefque , que s'il entreprenoit quelque cholê,fur ce Royaume, au lieu d'ex- communier les autres , il s'en retourneroit excommunié.De fait, il ne Tofa pas attenter, Amiiib.y. sinsfîtt jouer leperfonnage à quclques-vns Src^""^^ Clergé de France, qui s'aflemblerent à Compiegne: &: depuis à Lyon, auec d'autres mal côtens de la Majciic: laquelle fut depuis 4'eftablie,i<£ reftituée, par folennelle délibéra- tion des Eftats,&particulieremêt des Prélats
Chapitre. 25. 551. de Ton Royaume. Quâd Charles le Chauue, eut recueilli la fuccellion de Lothaire Ion ne- ueu , Roy de Lorraine , le Pape Adrian dcu- . xiémé,luy enuoya faire commandement par fes Legatz , de s'en déporter iur peine d'ex- communication ; enjoignant à Hincmarus, Archeuefquc de Rheins, de prononcer telles cenlures, s'il differoit. A quoy fut refpondu, par le confeil de Fr2nce,& des Eftats de Lor- raine 5 tenus à Rheins , qu'on n'auoit jamais ouy parler d'vn iemblable commandemcnr, fait par le Pape , aux Euefques de France , & qu'il ne s'efloit jamais veu, qu'vn Pape fans Ain^.îib.f. en eftre requis , le fuft voulu méfier déjuger '^^^;^^^^^ le droit des Royaumes,&: que tous fes prede-i^'^ej^ift. ceffeurs s'eftoyent tousjours contenus dans leurs bornes, fans rien entreprendre, ni don- ner loy aux François, qui ont accoul-lumé de viure en liberté' , pour entretenir laquelle, ils eftoyétrefôlus de n'efpargner leur fang,& la vieique les Royaumes ne s'acquièrent, ni par menace?,ni par excommunications. Berf,que l'excômunication irreguliere,ne leur fçauroic empefcher l'êtrée de Paradis. En celle m.efme faifon viuoit Neomenius, foy portât Roy de la petite Bretaignç, vaflal du Roy de France, .quoy que les Bretons veulent dire : lequel cftoit ennemy capital de TEglife , Ôc des
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^^2. C H A P î f R E. 2J.
Ecclefiaftiqucjhomme irreligieux, & de tref- niauuaife vie; pour amender laquelle , & le difciplincr , on n'alla point à Rome : ains les Euelques de la prouince s'affemblerent à I m vo. Tours , Metrapolicain de TArmorique , par Fcn3;.mc-tJeliberation& jugement dcfquels il futad- nionnelté de mieux faire, fur peine d'excom- munication. L'an huit cents ieptante quatre, Carlo man fut dégradé , & depofc, par vn Si- node tenu en la ville de Sanlis , ou fc trouue- oj.';^^''' rent tous les Euefques , qui fuyuant les Ca- nons de? Conciles , aufquels ne fe peut con- crcg.iib ;. tredire, le depoferent, & déclarèrent du tout iih'oLx^i. indigne des laints ordres de preftrife. Les Rois Chilperic , & Goutran, firent depofer les Euefques Sselonius , & Sagittarius , en vn Sinode tenu à Lyon: & depuis encor à Cha- Ion, Les mefmes Rois affemblercnt encor vn Smo Je en la ville de Mets, contre AEgidius, Archeueique de Rhcins : lequel y fut depo- fé,& enuoyé en exil. Bref, ceft ordre à efté (î religieulement garde' tout temps en ce Roy- aume, qu'incoitinentque les Papes de Ro- me , le font voulus méfier de la difcipline des Fràçois,& ont entreprins d'enuoyer en Fran- ce leurs intcrdi6tions,excommunications, & fuiminationsd'Eglife Gallicane,les Eftatz du. Royaume , & le Sénat > proteéleur d'icelle,
Chapitre, i^. ^^^.
fous la Majefté du Roy,les a cafTc'es, comme abufîues, nulles, &: données par encrepiinfe. De peur que le Pape, qui auroit cei^e autho- rité,par defTus la Majefté Royale, n'êtrcprinc quelque chofe fur la perlonne d'icelle, ou les Princes de ion fang , qu'il pouroit Faire exé- cuter parles Eueiques , au deceu des Magi- ftrats,& luges Royaux:merme fans en aduer- tir le Sénat, conferuateur des droitz & libér- iez de la Couronne. Laiflons le s longues hi- ftoires de Philippe le Bel,contre le Pcpa Bo- niface huitième : de Charles fixiéme, contre Benoift treziéme: de Loys onzième , contre Pie deuxiéme:de Loys douziérrie..côtre Iules deuxième, que nous auons cy defTus rappor- tées. Souuienne-nous feulement, que quand Innocent troifiéme interdit le Royaume de cap î.ac Frâce, à railbn du Roy Philippe Augnrte,Ies^^c^no,',f Eftatz s'y oppoierent,êc firent releuer vn ap-'^'^ ^"--"S- pel de cefl interdit : comme il appert es epi- ftres Decretales dudit Pape. Tellement que cefte liberté.touche non feulement la faueur, honneur,& perfonne du Roy,& des Princes des fon fangmiais auffi les officiers de la Cou- ronne , villes, communautez , & particuliers fubjets du Royaume de France , lefqueîs ne font tenus de refpondrc de leur Foy, ailleurs que par deuant leurs Euefques naturels , fans
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5^4* Chapitre. 25.
ce qu'il ioit loifible àrEuefque de Rome,(le mettre la main , ni eftendre Ton bras fnr no- (Ire Eglile Gallicane.Ainfi que plufieurs Pa- pes ont deciarc par leurs Bulles, entre-autres f^nÙc^ Alexandre quatrième , Nicolas troinéme, fcnp.in Martin troifieme, Grégoire huitième , neu- nci'ne,dix!eme,& onzieme,C..lement quatrie- me.Vrbain cinquie'me, qui par leurs refcrits, déclarent le Roy de France,& les Princes de ion fâng^excmpts de leurs excômunications: enfemblerEglifc Gallicane Jibre,& immu- ne de leur puifTancCjainfi que plus particulic- remét eft pottè,en TExtraungante de Benoift douzième , contre , l'audacieux jugement de BoniFace huitième. Et en tout ce que deflus, confident les droits Royaux , & libertez de nortre Eglife Gallicane , qui à la vérité fou- loyent eftre communs, à tous les Empereurs & Rois Chreftiens: furlefquelsle Pape les a finement , & injuftement vfurpez, nous feuls fommes demeurez , & nous fommes confer- ucZjUbres & francs de telle vfurpation illégi- time. Par ainfi je conculs,que c*eft le deuxiè- me abus , & nulhtc du refcrit du Pape Sixte cinquième , contre lefdits Seigneurs Roy de ' Nauarre,& Prince de Condè.
CHAPITRE. XXIIII. 555. Sommaire.
1. Différence entre Erreur &Herefie.
2. .^e c'ejî qiivn Hérétique impénitent. ^. ^jie c'ejî que reUps.
4. Sentence de notoriété nece [faire en crime notoire,
LE troifiéme abus,& nullité, confiftc en ce que par ledit RefcritjleRoy de Na- uarre , & Monieigneur le Prince de Condc , font déclarez hérétiques , obÛinez, relaps en hercfie, & in^enitens, ce que nous monlherôs prelentemêt eftre faux,& calom- nieufeinent inuanté, par les autheurs de la Li- guc,qui ont furpris le Pape,Sc luy ont donné fâux entendre. Car chacun içait Teftat de ce- fte caule , qui eft, que lefdits Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince de Condé,ont eflé dés leur plus tendre jeuneffejnourrisjefleuez, in- ftruits, & cnfeignez , en l'opinion qu'ils tien- nent de la Religion: n'ont jamais fçeUjni en- tendu la force des cérémonies , & traditions deTEglifc Romaine , pour l'ignorance def- quelles ils font aujourJ'huy condamnez. Ils peuuentveiitablemetrecognoiftre, que lors que la chaude Canicule , enfia tellement la
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^^6. Chapitre. -24. rage de leurs enncmis,& les efchaufFa h bien, qu'ils enfenglanterent leurs cruelles mains du fang de tant de poures innôcens Fran- çois. Ces deux Princes fuient contraints ^de céder au tenips,& faire demonftrationde fe loumettre , à ce qu'ils ne pouuoyent em- pefcher fans le danger de leur viermais ce fut auec affcz de /ignification, du peu de volonté qu'ils y appcrtoyent:ployans feulement fous le miferablç elht auquel ils clîoyent réduits, jufques à ce que ledit Seigneur Prince fere- tira,au pluflolt qu'il peut efchapper, en Alle- magne; Le Roy de Nauarre, elhnt demeuré à la Court , en efpera^ce que fes ennemis fe- royent raiTafîez du fang qu'ils auoyent efpan- du. Mais ceux-ci au contraire, continuansde mal en pis, ne céflfoyent de braifer à parfaire, ce que la honte publique leur auoit fait lai f- fer imparfait : qui efloit, de fc deffaire de feu môfeigneur frère du Roy, & du Roy de Na- uarre: tellement que ces deux premiers Prin- ces du fangjl'vn frère, l'autre beau frère de la Majeftc , furent arreftez prifonniers, & tirez en quelque foupçon , pour les mettre en la niauuaife grâce du feu Roy Charles neufic- me. Partant ledit Seigneur Roy de Nauarre, voyant que fa feule mort pouuoit appaifcr la fureur des côjurateurs, fe retira fecretemenr.
C H A P I T R E. 24. 537.
pour racheter fa feurté^ la libertc> & fa volon- té tout enfemblc. Néanmoins depuis ledit temps , & lors que la Majelté du Roy trel- Chreilien leur Souuerain Seigneur , impor- tuné, & prefque forcé par les menées^, & pra- tiques de leurs ennemis , &: 4^ la maifon de France , a fait femblant de defîrerleur con- fentement , & approbation des traditions de rEglifc.CathoIique,Apo{lolique, Romaine. Ils ont iupplié tousjours auec inftance , fadi- teMajeftc, de les faire inftruire , & moyen- ner à ces fins , l'afTemblée libre, & legitinie del'Eglife vniuerfelle, oude conuoquervn concile nationaljdeTEglile de Francetfe fou- mettans à toute difci pluie, & au libre & légi- time jugement de celJe fainte aiTemblée. Ce que fa Majeftc rccônoiflant eitre tref-equita- blcj leur accorda fort librement. Et fur telle aflèurance , les à laiffez jouir du bénéfice de TEdid de Pacification , qui fut fait Tan mil cinq cents feptente fept. Depuis encor toutes les fois que leurs ennemis ont r'allumé le feu , fingulieremcnt depuis vn an en ça , par la conjuration faite contre Teftat du Roy, fous le nom de Ligue fainte , lefdits Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince de Co- dé, ont protefté , & déclaré à tous les Eftatz de France. Outre plus ont efcrit particulière-
^^S, Chapitre. 24, ment à niefïîeurs du CIerge,à la NobleflCâau Scnat , & au Peuple , que leur defir , leur de- mande, & Icurfouhaic à tousjoursefté , diè- dre mieux inftruits en la Religion : par les moyens que TEglife à gardez, depuis fa naif- fance , & fa fleur^ en l'extirpation des fchijp- mes j & des herefics : de la proteftation du- quel defir, ils ont l'upplié treshumblement le Roy, leur faire ceft honneur de rendre tef- moignage , &: s*en refTouuenit : la rcïterans encore de nouueau,auec extrême ducil,& re- gret , de veoir leur patrie brufler , & fc con- fommer par le feu de l'ambition de quelques Efpagnolizez.Si bien que chacun peut juger maintenant leur calomnie manifefte, & faut fe perfuafion du Pape, de déclarer , pour ce regard , ces deux Princes hérétiques , relaps, impenitemps. Ceux qui fçauent que c*eft quVn hérétique impenitât,diront tous jours, que c'efl- cehiy qui eft defuoye de la Foy, dontilàfaitprofeffion: pour fouftenir aucc opiniallreté, l'opinion qu'il à côceuë au con- traire. Donques nous ne pouuons appeller hérétiques, ceux qui errent en quelque chofe laquelle ils n'ont jamais entendue autrement. Il ed trcf-veritable qu'ils peuuent eftre dits errasrmais non pas hérétiques: Errare potero (dit S. Auguftin)//<cr^r;V/« noneYo^c\^ à dire
C H A P I T R E. 24. S39'
je puis errer,&fi jenefcray pasheretique.LeBaid.înc. texte du Canô eR formel , duquel les mots J"°/e'^"Pf^''* traduits font tels. L'Apollre à dit Fui l'home &conca hérétique, après la première, & féconde cor- ' * ". reélion : car il eft fubuerti , & ofFenfe Dieu, condamné par foy-mefme : Mais ceux qui ne fouftiennent pas d'aniraofité , & opiniaftreté quelque faulTe opinion: fingulierement de la- quelle ils nefontlesautheurs, ainsont efté feduits, ou l'ont apprife de leurs deuanciers, ,. . & qui néanmoins en cerchent & délirent Iça- q-j. uoir la verité,prompts à eftre amedez, quand ils Tauronr trouuée. Ceux(di-je) ne doyuent eftre jugez hérétiques. Les Empereurs Gra- tian,Valentinian deuxiéme,& Theodofe, dcf- criuent l'herefie , ob[lmat torts animi deme-n~ îiitm: c'eft à dire , La folie dVne ame opinia- ftre , Par ainfi donc , il faut que deux chofes f^jn^x^f^jt. concurrent en l'herefie. La première confiée en l'intelligence : fçauoireft , Therreur: & faufTe opinion, commencement de l'herefie: L*autre en la volonté , qui eft Topiniartreté, & obRince deffenfe d'icelle: en laquelle con- lo.Gerf.in. iîde la perfection de ce crime, comme ditprorêft. faint Thomas. Guillaume Oka, leanGerfcnSxSon-* & les autres Théologiens atteRent que mef- oSLs- fieurs de la Sorbone,6c facrce Théologie, en*^* rVniuerlué de Paris, ont de tout têps exem-
540« C H A P I T RE. 24.
pMcft.pap.7ptez d'hercfie,& d'impenitcnce , ceux qui 172? * mefrne par vne générale , & conditionnelle protcftadon , fe font fournis au jugement de î'Eglife Catholique, Albcricus de Rozate^en la troifiéme partie des flatus , queft.5 2. atte- ftequede Ion temps , il Ta veu fort fouuent ainfî pratiquer en Court de Romc.Iafon auf- û le fouftient, en la Rubr. du Code de fum. Trinit. & allègue vn infini nombre de Do- d^eurs , l'autorité defquels , ne peut nous ap- porter tant de confolation , que celle du bon epiii.162. Père , & digne Euefque faint Auguftin : qui au paflfage du Canon fufdit , extrait des Epi- ftres d'iceluy. Etencor ailleurs nous defcrit Aiig.iib.ig. aii^plemenr, que nous deuons eftimer hereti- i)etf\ ^^^^^ ^^^^ 9"i ^" TEglife de Chrift/ouftien- nent quelque opinion fauife, & mefchante:& Pfouer.ig. ^"^ ^°'^^ '"^"^ contumaz à la corredlion, & 3- mendement qu*on leur veut faire , refufans à recognoiftre le poifon de leur doélrine. Ce- hiy-la donc cil hérétique , qui paruenu au comble des maux , les mefprife j félon la fen- tence du Sage. Car pour lors , comme difoit '{.ton premier du nom, Pape, efcriuant à TE- uefque Flauiarius, ne fe peut rien trouuer de plus mefchant, qu'au oir efte' mal enfeigné: 8ç ^îiefcognoiitre ladoélrine des plus do6les,& plusfçauans. Aufïi peu véritablement , peut
Cad. aboi*
Chapitre. 24. ^41, on les appeller Relaps : car pour cftre tels , il £audroit qu'il euflent efté vne fois côdamnez, & jugez hérétiques 5 puis receus en rEglile par leur pénitence , & abjuration , en fin do rechef relaps. Le Pape Lucetroifiéme, par- lant de ceux-ci , defire qu'après qu'ils auront cfté trouuez en erreur , ils aycnt eu recours à rvnité de l'Eglifc Catholique, & félon l'arbi- tre ou jugement de l'Euefque de la prouince, ils abjurent leur faute, Apres laquelle procé- dure , & la purgation faite par deuant leur E-d^'.tTÏT uefque, s'ils retumbent en mefme ordure , le ^^^^^' Pape les renuoye au bras feculier, & leur ré- fute toute audience , Alexandre quatrième, parlant des relaps, elcrit: Celuy qui efr accu- fé d'herefie, ou ful'peélrcontre lequel fe trou- uent de grandes fuipicions , fi eftant appelle en jugement, il abjure Ton erreur,neanmoins tusdch^ret depuis y retumbe , il doit eRre eftimc relaps. ^' Si bien qu'il eft ne ccffaire , que l'heretiquc foit premièrement preuenu,ou condamné, qu'il ait abjuré publiquement , & que finale- ment il foit relaps, ou recidiué. Or fi cela eft aufdits Seigneurs Roy de NanarrCj^ Prince deCondé, chacun en fçait la vérité, & nul pourra nier,que ce que le Pape à mis de ccfte hiftoireen fon refcrit jne foit inuentépar la Ligue : d'autatit que nous fçauons tous , que
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jamais ils n'onc efté preuenus y ni accufez d'Iierefie ; & qu'ils n'ont jamais abjuré l'opi- nion qu'ils tiennent aujourd'huy. Toutainfî qu'il e(t faux, de dire,que pour,6c en confidc- ration de telle abjuration, le Pape Grégoire treziemejleur accorda difpence de leurs ma- riages: Car c*elt la vérité, que mon l'eigneur le Prince , fut marié le premier , moyennant ladite difpenfe : & le Roy de Nauarrc après, fans toutesfois rien faire au préjudice de fa Religion : Mais tous deux, au parauantla journée noire. Il ell vray , que deux ou trois jours après la rage de leurs ennemis fc def- couurit Tellemêtque lefdits Seigneurs Prin- ces, cftans demeurez feuls , miferables , pri- uez de leurs feruiteurs,defoIez,& en extrême danger de leur vie , furent contraints d'aller à -a Melfe : Et li on n'eut pas grand' peine , à leur perfuader d'efcrirc au Pjpe. Ce que la force pouiioit deiîrer , & à quoy s'ils eufîent fait femblant de contre dire , ç'euft efté aux dcfpcns de leur v ie.Partant voila l'abjuration qu'ils ont faite,dc leur opiniô en la Religion pour laquelle ils font appeliez aujourd'huy Relaps.D'ailleurs,ores qu'il fut pour lors'no- toire,qu'ils eftoyêt de ladite opiniô, & quelle euft efté juftement condamnée , par l'Eglifc CathoIique,fi eft-ce qu'il eft ccrtain,qu'il fau-»
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droit que fentencc de notoriété ftift interue- nue , pour les déclarer auoir elle lors héréti- ques , depuis réconciliez : finalement recidi-ccom.re- ucz.Ccil Tordre , c'eil la procédure , de la- 'JS'a^t quelle on à de tout temps vie, contre les plus '^^tin-^- petis, & niiferablcs hérétiques du mondeife- lon le texte formel , de la Decretale du Pape ^'^"i.''^' Bonifacc huitie'me, extraite, à mon aduis^du Canon du Pape Gelafe , parlant de Therc- tique Acatius. Dinus,Bartol. Bald. & les autres DoéieursCanoniftes , difent que le juge ne peut^ni doit procéder autrement.Par confequentje fouflicns^que le Pape Sixte, s'cft abufé , & à nulkmcnt procède , d'auoir déclarez lefditz Seigneurs Roy de Nauarre, &: Prmce de Condc, hérétiques relaps,& im- penitcns: puis que j'ay vérifié , par la procé- dure canonîque,& decretz dts Pères qu'ils ne font grâces à Dieu, ne IVn ne l'autre.
CHAPITRE. 25.
Sommaire.
I. Abus & efîtreprifes du, Concile deTrente.
i.D'ûu ejî iprocedé le 'nom des liber te\ de l'S^Hfi Gai'
licme. ^. Diîiers Conciles pour mefme erreur. 4. LefïHÏCi de l'ajfetnblù des Conciles,
344* C H A P I T R E. 25.
IE fçay qu'on allègue ordinairement, que les queftions & poinéls controuerfezjen- tre nous, ontefté particulièrement jugez au Concile de Trente:mais nous fçauonsdé combien de nullitez il eft debatu jufqu'au- jourd'huy 5par tous les plusfçauans qui né peuuent le reccuoir fans fcandale, proteftans contre meilleurs Jes Euefques qui leprefen- tent au Roy tref-Clireftien, de la part de leur Pontife, qu'ils appellent fouuerain Preftre^ Chefminifterial derEgIire,en la harangue prononcée, l'an mil cinq cents odlante cinq^ par la bouche de TEuefque de Noyon: en la- quelle il eft dit véritablement, que ce Conci- le porte la marque de Ton autheur fur 1 a face. Pleuft à Dieu que ce fuit la marque du faint Efprit,nommé en icelleiCar pour lors,mon-i." iieur TEuefque de Noyon , ne feroit pas en peine, de recognoiftre à l'inftêt la faute qu'il dénote en ce Concile, quand il en demande la publicationjfans préjudice des exemptions priuileges,& droits des Euefques, Chapitres^ &c Cômunautez de ce Royaume : Sur quoy il veut qu'on fupplie le Pape, de les authorifcr^ & confirmer j comme fi ceft homme auoit quelque authoritc jCnl'Eglife Gallicane:la- quelle je leur ay monftrc dcflus, ne dépendre que de la feule,& fouueraine Majeftc du Roy
aduisSC
Chapitre. 25, 545, aduis & confeil des Eftats de France , & par- ticulièrement des Prelatzde ce Royaume: qui fous le bon plaifir , & commandement Royaljlc feront afTemblez pour TeftatjÔc dii- ciplinede leur Egliiè, Mais puis que nous fommes tombez en propos, efpluchonsde plus près ce Conciliabule , vraye marque de Ton autheur: c'cft à dire du Pape , nous trou- uerons qu'il n'a rien de femblabîe , auec la li- berté , la grauitc' , & la diicipline des anciens Conciles généraux, & œcuméniques. Regar- dons premièrement en corps , chacun peut lire es anciens,les raifons, les caufes, & moy- ens rapportez par les Pères en leurs Décrets, ou Sancl:ions. En ceftuy-ci, vous y verrez la feule volonté , la feule authorité , èc la feule loy 5 fans aucune raifon. En quoy fe reco- gnoift, afin de ne dire pis , Tauthorité de l'E- glife,entieremêt vfurpée par le Pape , & ceux de fon humeurjà la confuiIion,& deftruélion de la maifon de Dieu. Ne croyons pas aufiis-- que ce foit fans grande édification , que les anciens PrcIats,ont voulu laifler par efcrit, le difcours des raifons , qui les auoyent efmeus à faire les Décrets , arreftez en leurs afîém- blées, à ce que le peuple fçeurt, qu'ils ne font pas les dominateursjou tyrans de noflre Foy: " mais les aydes , Ôc coadjuteurs. Difcourons
Bb
54^. Chapitre. 25* plus particulièrement de la police , & refor- iiiation inrticuée par le Concile de Trente: car je ne veux pas toucher à la do6lrine, il fernble veritablement,qiie ce Concile loit du tout aileniblé pour authorifcr le Pape. Pre- mièrement , en ce qu'il veut , que la confir- mation d'iceliiy Ibit requife & demandée à ib iaintetc, comme fi le Pape auoit quelque authoritc par delfus TEglife Catholique , re- prelentce en la vraye , & légitime aflèmble'e du Concile, contre toute raifon, & ce qui eft décrété , aux Conciles de Conllance , & de Bade. En ce mefme Concile, Te trou ue per- mis au Pape dedifpenfer comme il fait jour- nellement, fur la plutalitc des bencfices:Et (î cft defFendu aux Ênerques,de rechercher les caufes de iVnion des Bénéfices, faite par l'E- ucfque de Rome. Dont rerulte,que quelque bon, & faipt Décret qui peut eftre fait par vn Concile , le Pape , le rendra illufoire par fes grâces , & dirpenfations , enuers qui bon luy femblera. Ce qui (è pratique journellement, pour la pluralité des bencfices,laquele fut ju- gée par meflieurs de la Sorbone de Paris , du temps de Roy faintLoySjCllre pcchc mortel: toutesfois contre tout cela,lc Pape y difpen- fc tous les jours. Par confequant il rend fur ce poinél , 6c autres femblables , les Décrets
Chapitre. 15. 547,
des Conciles nuls,& fans effed^au préjudice de la police de rEglifej&difpofîtion des an- ciens Canons. Le Pape Damarusercric,quCc,on,j,î3 les Décrets de les predecefleursjôc de TEgli-^J-^-^- {c Catho!ique5doyuenc eilre gardez par tous les Euefqucs , Tans exception, au prix de leur honneur. Quand à Ivuion aufîi, il ny a point de doute , qu elle n'appartienne & ne ioit de la cognoiflance des Euefques diocefans , par laDecretale de Celeftin troifie'me. Ce mef- nie Concile de Trente,deffend au Magiftrac Lay, de prohiber au juge Ecclefiartique, d'e- rê.'dc^ex'-'^' xerccrla puifTance des Clefs : Plus encorluy ^^cT"^'^'^^* prohibe , d'empefcher l'exécution d'icelles, dont il attribue la cognoiiTance aufiege Ec- clefîaftique, en dernier reflort , & îans appel, Quoy faifant, il ofte les appellations comme d'abus , leul remède que les Rois de France, ont pratiqué de tout temps , à la barbe des Papes5pour côtenir ceux de Rome,&: les Ec^ clefiaftiqucsjà n'entreprendre rien, au préju- dice des laints Conons,& des droits du Roy, des ftatuts,ordonnances,& libertez de l'Egli- fe Gallicane. Ce Concile priuô les Rois , de leur biens , & honneurs , s'ils permettent les dneIs:ordonnc que les Canons, Conciles gc- neraux,& autres Saurions Apoftoîiquesjai- tes en faucur de TEglife , fovcnt obieruces
Bb il
548. ^ Chapitre. îj. d'vn chacun : dont s'enfuit qu'il faudroit ob- feruer les decretales,Ies Clenientines,Ic Sex- te,les Extrauagantesjles reigles de Chancelc- rie de court de Rome, la Bulle de cœna Do- mini , & vn autre gros hure de bulles , de di- uers Papes , dont la plus part n'eft point re- ceuëen France : ains rejetiez comme conte- nans entreprinfe manifede/ur la Couronne, lalurrifdidion laye, & libertezde nolire E- glirejelquellcs confiftent en ce, que nous ne recognoiiTions autre que noftre Roy , & les Prelatz en l'Eglife de ce Royaume. Le Cou* cile,veut,que les Clercs tonlurcz/orcs que ils foyent conjoints par mariage , ibyent néan- moins fujets à la jurifdidHon ordinaire des Euefques. En quoy la moitié, & la plus parc des François, feroyent diftraits de la puifTan- c I M dift ^^ ^^ ^^^^ Roy. Et fi je dy bien dauantge, cvic 60. qu'anciennement les pctis ordres, n'eftoyent aucunemêt confiderez, en l'Eglife première, . pour eftre eftimezclcricals. Saint Hierofme cai..j;j.*Era.defcriuantles ordres de rEglilc,nombre feu- lement les Euefqucsjles Prettres,& Diacres, fans faire mention des Portiers , Leéleurs, Exorciftes, ni Acolythes: ains après les Dia- cresjil parle ieulcmenr des Fidèle^, & Cathc- cumenes en gênerai. Il eft vray que depuis on commaça de nourrir en rEglifejViifemi*
Chapitre. 25. ^49. naire de jeunefTe , pour auoir deqiioy furro- ger,au lieu & place des Ecclehaftiqucs décé- dez. Si bien quepouryclTre plus propres, TEglife departoit ftntre-eux , ces plus petites charges/elon qu il:-; en eftoyent capables. Et ainfi commencèrent à elke mis par ordres: efquels il falloit eftre promeu,auat que pafler plus auant.La glofe du Décret porte,que par f^s'^rdift la première tonfure, letonfurc eft déclaré Pfalmifte, néanmoins que c'eft ordre n'eft^^.-^^^j^^ point ei^imé Clérical, d'autant qu'il n'eft pas cone.y6. nombre entre les autres, au Décret du Pape Sylueftre. Le Côcile Ibumet les concubinai- res , & adultaires 3 à la cognoiffance du juge (i'Eglife: côme fi ce n'eftoit pas au Magiftrat politique , de punir toute forte de crimes, & à TEuefque de les tancer , & admonnefter les delinquans, les menaçant du jugement de Dieu. Il condamne en amendes ,& excom- munie ceux qui débitent les liures reprou- uez:Ie jugement defquels, il laifle à la difcre- tion du Pape , lequel a nombre entre les re- prouuez le longe du Verdicr,qui fut compo- ' fcpar le commandement du Roy Charles cinquième , pour la defFenfe des droits Roy- aux,contre lesEcclefiailiques. II permet aux Euefquesde contraindre le peuple, à nonrir les Dourcs prcftres & les Patron', des Eglifes
Bbiij
550. l^ K A P I T R E. 2^*
parrochiales, de les doter, & refaire : Encor q par les ancies capiculaires de nos premiers Rois,la rcfeclion des Temples, & nourriture des preftres, le doyue prendre , fur le bien & rcuenu des Eccicfîartiques. Donne pouuoir aux ordinaires , de commuer la volonté des deiFunéls , qui auront laifle quelque lé tefta- métairc, pour la defcharge de leur ametcom- me (i l'Euefque pouuoit ettre le modérateur, de la dilpofition de ceux, qui n'ont penfc de le donner à autre intention , laquelle ils font tenus de iuyure,par les anciennes Ioix,& par la rai Ton. Mcfme au cinquième Côcile d'Or- léans , cil exprelTément deffendu , àTArchè- ucfque de Lyon, de rien changer de l'inftitu- tution 5 & fondacion , de rHofpital de ladite viilc , dote par le Roy Childebert & la Roy- ne Vltrothe fa femme. Veut que les Euef- ques, comme déléguez du Pape , foyent exé- cuteurs des donations pies des deffundls que ce l'oyent euxqui viiitent les hofpitaux, les CoIleges,Ies Confraries des Layzjes Ecoles, & lieux de deuotiori:encor que le foin appar- tienne aux perfonnes Layes , par nos loix de France , & Tcxecution des liberalitez du peu- ple , enuei's TEglife, foit de loffice du Magi- flrar, en prcfence de l'Euefque, qui à ce doic t. iîre appelle. Ce Concile excommunie lej
Chapitre. 25. 551.
Rois j qui prennent les Fruits des bénéfices, ijj,.,^^ pour quelque oc.:afion que Ce ibit.Partanc le 1?^''^'^^' Roy de France ieroit priué de Ton droit de 2. Regale. Permet aux Eueiques, de priucr des fruicb de leurs benefices,les Curez non refi- dents en leurs Cures. Oïdône que les Clercs foyent nourris de la fabrique des Eglifes. Or- donne que les efcholes feront entretenues de la mefme fabrique des Collèges , & Hofpi- taux: comme aullî tout le foin &: charge âc{- dites fabriques, cft attribué aux Eiiefques, & autres Ecclefiaftiques Contraint les perfon- nes Layesjpar faifie de leurs biens, & empri- fonnemêt de leurs perfonnes:& ordône qu'il fera procédé après l'an , contre vn contumas excommunié , comme contre vn hérétique. Permet aux Euefques,de depofer les admini- . ftrateurs du reuenu des Hofpitaux , encore qu'ils foyent Laïques,tout ainfî qu'il attribue le foin defdits Hofpitanx,aux ordinaires.Or- donne que les Euefques jugeront du droit de patronnage : leur pertnet d'excommunier ceux qui refuferont de payer le difme. En tous lefquels articles y a entreprinfe ma- nifefte contre le Roy, Se fes Magiftratz: d'autant que nous auons tousjours tenu en France , que le Pape , & les Ecclefiaftiques^ ti'ôt aucune jurifdidion furies Lays,{înoa en
Bb iii;
^52. Chapitre. 25. cas qu'il s'agilTe des faints Sacremës, ou cho- ies pures lacrées , & les armes feules qu'ils peuuêc defployer pour Texecution de leur ju- rirdi6lion,ront tant feulement les cêfures Ec- cicfiaftiques : mais nullement les peines ho- noraires,corporclles, ou pécuniaires. A efté pareillement jugé fort fouuent,qu ils ne font juges du temporel inîmeublc,en façon quel- conque,foit des Layz,ou des Ecclcfiaftiques: de ne peuuent mefme contre les Ecclcfiarti-' ques , procéder par amendes , & mul6les pé- cuniaires. Il dit dauantage^ que les Concor- dâtz, & Conuentions, n'obligent que les au* theurs d'icelles , tellement qu'il femble vou- loir frapper coup au Concordat, fait entre le Roy François premier, & le Pape Lcon di- xième. Comme pareillement il veut , que le Pape puilTe pourueoir au lieu & place des Euefques non refidens. Ce qui ne fe doit, ni peut j fans Tauthorité du Roy. Mcfme le texte du Concile dit par exprez,quc l'autho- rite du Princen'eflpasneccifaire à l'ordina- tion dVn Euefque. Il cafle le droit de patron^ nage , à celuy qui n'aura pas dotée l'Eglifc, fans excepter le fouucrain. Reuoque les in- duits des Parlemets, & nomination des Vni- uerfîtez.Permet aux Mandiens, de tenir bien immeuble,contre leur nô, Ôc leur inftitution.
Chapitre 25. 55^.
Commande aux EuefqueS;, de prononcer les cenfures du Pape. Ce qui ne s'efl jamais to- léré en France: car le Pape de Romc,ne peut par noftre vfage, jetter aucune cenfurejfinon en confirmant , en cas d'appel , les fentences des ordinaires,puis que nous luy auons laifTé empiéter , la cognoifTance des appellations de nos EuefqueSjContre l'ancienne liberté & droit de noftre Eglifc Gallicane. Toutesfois il n'eft rien receu de Rome , que par permif- fion du Roy en Ton Parlement : principale- ment quand il eft queftion des interdi6lz,par luy jettez, comme nous auons dit defl'us.Car fi le contraire fe permettoit,il en auroit long temps y à jette contre le Roy , les Princes de Ton fang , & (es ofHciers ; lequel il feroit exé- cuter aux ord.inaircs/ans aucune cognoifTan- ce de caufe. Ce Synode renuoye au PapCjIes accufations des Euelques , permet à la fainte- téjd'euoquer à foy quelques inftancesimefme luy donne licence de punir les Euefques , en cas de non refidence. Finalement il commee aux Euefques , comme déléguez du Pape,cc qui leur appartient , en vertu de leur pouuoir ordinaire : priuant en cela les ArcheyefqueSs & primats , des appellations qui leur appar^ tiennent. A raifon dequoy cefte claufe , con» tenue es referiez des Papes, adreffez auxE^»
^^4- Chapitre. 25. uefques de France , Tancjukm ah Apofïolic^ fede delegath c'efl: à dire5Commc déléguez du faint fiege, à efté tousjours jugée abufiue,par les arreffs de la Court, toutes & quantes fois que par icellc,ilà commis à nos Euefques, comme juges déléguez, ce qui eft de leur ju- rifdiélion ordinaire. Tellement que voila la belle loy? que nos Euefques de France, pre- fentent à leur Roy, pour en approuuant icel- le, diminuer ^ abbattre , non feulement la grandeur de fa Majeftc, ti fe priuer foy-mef- me, du nom & qualité de Prince fouuerain: alfujettiffant fbn Eglife,à la difcretion du Pa- pe de Rome, Mais aufTi pour perdre , 6t anc antir la dignité, & l'honneur qu'ils ont en no- ftrc Eglife , par lequel , jufqucs ici nous , & nos predeceffeurs.auons triomphé.en la con- feruation des libertcz dcl'Eglilc Gallicane, Lefquelles font particulièrement ren)arquces d'autant que tous les autres Royaumes de la Chreftienté , fe font laifl'ez furprendre à l'in- julle pouuoir, & entreprife de TEuefque de RomCj qui n*a fur iceux , autre titre que le long temps de fon vfurpation. D'abondant quand bien le Concile de Trente auroit légi- timement jugé & condamné l'opinion àtÇ- dits Seigneurs Roy de Nauarre,6^ Prince de Condé, feroit-ce chofe nouuelIe,d'afrembier
C H A P I T R E. 2^. ^55.'
diuers Synodes pour mefrne occafiô?& pour Textirpatioii de lanielme herciie? Le Conci- le de Nicene fut conuoqué courre l'herreur damnable d'Arrius: pour condâner laquelle furent tenusdepuiSjplufieurs autres Conciles LVn à Sardes, de deux cents cinquante Euef- ques, dis ans après la mort de CôftantinJ'ati trois cents cinquante vn de le.'us Chrift. Le fecont à Arimin^trois ou quatre ans aprcsrau- quelles Arriens jfaifant leur effort de faire- rayer du Symbole des Apoi^res , le mot de coniubllanhel, deux cents Euefques d'Occi- dent s'y oppofcrcnt, & condamnèrent de nouueau le mefme erreur.ll en fut encor con- iioqué vn autre à mefme fin, l'an quatre cents vingtfept,en la ville d'Hypone.Dcpuis à Car- tha^e vn autre, l'an quatre cents feptante (îx. Finalement vn à Tolède , l'an cinq cents qua- rante cinq J'herefie de NePforius fut jnge'e en Ephefe, a Rome, en Arménie: 8^ depuis en France , au cinquième Concile d'Orléans. Contre Eutichez,fut conuoqué le Côcilc de Conftantinoble, de Tan quatre cêts quarante huit. Et encor vn autre de l'an cnfuyuant.De- puis en Chalcedoine, &en Alexandrie, Topi- V nion des Monotelitcs , fut condamne'e en A- phrique,en Erpigne,à RomCjÔt a Conrtanri- noble.Bref , TEglife n'a jamais fait difficulté'
^5^. Chapitre. 25.
de remettre plufieurs, & diuerfes fois h véri- té fur le bureau:par ce qu'elle fe trouue tous- jours elle-mefme. Singulièrement ne peut maintenant le Pape , ni le Clergé , refufer la conuocation dVne aflfeinblée libre , attandu que par les Décrets du Concile de Confian- ce, il e(t ordonne, que de dix en dix ans , l'E- glife vniuerfelle fera conuoquée, pour pour- uoiraux nece(ïitez,Ia difcipliner, & condam- ner les erreurs qui pourront naiftre en icelle* Orque les Princes Chreltiens jugent main- tenant Tcquitré, & juftice du Pape, qui aime mieux laifl'er périr vn million d'ames,que dVfer de remèdes inftituez en l'Eglife de Dieu , pour l'édification , & correction des pécheurs: defquels il fe dit Pafteur , Chef, & Preflre fouucrain. le demanderois donc, qui font les plus coulpables , ou ces Princes^qui demendét inftru6iiô,ou luy,qui au lieu de les Indruire jles maudit, & les pouffe dehors. Si donques ils ont recours aux 3rn)es, & que tout vienne en feu, & en cendre , qui en fera tenu?Lefang innocent tumbera-il point fur vous meneurs les Ecclefiaftiques ? Parles Conciles les herefiesont efté de tout temps extirpées: les mœurs reformées, tant au chef qu'aux membres : les querelles affoupics : les ïçconciliations faites , le fruié> en à efté trcf
Chapitre. 25. 557.
grand en TEglife de Dieu : La difcipllne , la Religion, la Piecé,Ia Charité,onc efté fleurii- fantes , par les regleniens donnez c's Synodes les hommes viuans en paix,en ont fcrui Dieu deuotement,maintenât nous fuyons le fruiét & la commodité de cefte grande lumière. Mais d'où procède la faute, je vous prie ? de la damnable ambition : laquelle a prins pied, & s'eft plantée en TEglife, de Tinfatiable aua- rice, nourricière de diflention , & de Tyran- nie. Ces deux craignent la reformation ,& ont peur du fouc»- , auec lequel lefus Chrift chalTa du temple, les vêdcurs & les acheteurs Depuis que ces deux beftes ont gaigné Tad- uantage fur les Euefques, & Prélats, l'huma- nité à commencé d'eftre violée : les anciens Decretz des Pères ont eftc corrompus: les fuperftitions font entrées en l'Eglife: lesvi- cesjvfurpatiôsjdeformatios, & entreprifes les vns fur les autrcsjfe font monRrées,& ont de- figuré la belle face de l'Eglifede lelus Chrift: ont fouillée fa robbe biâchedes homes pafïi- onnez , & indocles fe font affemblez , défi- rans cftre recognus pour les plus fagesde leur temps, 6c ont fait la loy à leur guife: fans Charité,fans Pieté, & fans refpeél de l'hon- neur de Dieu .qu'ils foulent aux pieds, par leur mine, & corruption infcé^e. Si le Pape
558. • C H A P I T RE. ^6.
le ioumettoit à la règle de l'Eglile primîtiue, & fe vouloit humilier, à l'exemple de les pre- decefleurs , durant les prenùers quatre cents ans de lefus Chrift.Sile Concile, ou ceux qui s'affembicnc en iceluy, auoyent le zèle de faint Paul , nous ferions mieux réglez , & ne viurions pas aux fchifmes que nous fommes contraints de fouffrir maugré nous. Conclu- ons donc maintenant , que fauflement. & ca- lomnieufcment, les autheurs de la Ligue, ont fait déclarer au Pape Sixte , lefdits Seigneurs Roy de Nauarre, & Prince de Condé,Here- tiquesjlmpenitens , ôcRelaps.
C H A P I T R E, 2^.
Sommaire.
I' L'excommunication ne fende rien quand le fchifme
& diuifwn ejî formée. X. En l'excommunication le Tafîcur doit prendre ^arde
qu'il ne defvniffe l'Sglife. 5 . Forme de la procedu re en ma tiere d' h crêpe. 4. T>icu n'a jamais comdamné perfonne fa'/is l'ouïr. j. Les Tapes citoyoït anciennement deuant eux ceux
qu'ils vouloyent excommunier.
L
C H A P I T R E. -2^. 559.
E quamcme abus efl:,en ce que le Pape qui bit profefTiô d'auoir le foin & gar- de de la bergerie, & dVftrc bien enten- du en J'eftac politique de l'Eglilê à jette' auec trop de fcandale , de p<u de fruift , fentence d'excommunication, de de malcdiclion, con- tre lefdits Seigneurs Roy de Nauarre , de Prince de Conde': puis que leur opinion eft cmbrallée, & fuyuie en la Chrétienté, par vu nombre infini de perfonnes, & que cefl affai- re ne touche pas feulement vn ou deux , con- tre lefquels, on peut , ou deuft procéder par cenfures Eccleliaftiques : ains deux millions de perlbnnes, & plus, dont eft formé le fchif- me, & diflcntion en l'EglifcOr en ce cas^les anciens Pères n'ont jamais trouué bon , de jettcr {"entencc d'eKcommunicationjni de ful- miner les particuliers, qui iuyuent le mermc erreur. Par ce* que la fin principale des Clefs eft ramendemêt, & conuerfion de Texcômu- nié, pour l'vnion de i'Eglife , ce qui ne p^ut aduenir. Sur ce point, à caufe de la multitude de ceux qui foutiiénent le condamné, & font croillrelc courage, qui luypourroit faillir autrement: de forte qne pour lors , la méde- cine & vengence Ecclefiaftique , demeure non feulement vai«c , & fuperflue^mais auffi peruicieufe,&: de cref dangereuie côfequencc.
^6o» Chapitre. ^6, Aug.aducrf Saint Auguftin fur ce propos difoit.qu il faut Donatift. Cg (leporter de rexcommunication , quand le peuple fe crouue infeéle' de mefme viccrd'au- tant qu'il ne le trouuera pas bonne la cenfu- re, ains maintiendra l'excommunie' en fa for- ce, pour refîfter au jugement, dont naiftra le mefpris du facré lien de TEglife. En vn autre pafifage, le mefme faint Do6leur,blafme fort ceux,qui enflez de fuberbejinfenfez d'aigreur importuns en calomnie :, & perturbateurs du repos : afin qu'ils ne paroiffent auoir faute de la lumière de vérité , prefentent l'ombre de leur trop feuere rigueur , transformans en fchifme , & diffention trcf-pernicieufe,le re- mède qui nous efl lailTépar TEfcriture fainte, pour la fincerité de Tamour & charité qui doiteftre entre nous , en la modefte corre- élion l'vn de l'autre , pour IVnion , & paix de rEglife.En cefte grande queftidn,(dit ce bon foin pà?' Euefque ) je ne diray point chofe aouuelle: nicni mais ièulemêr ce qui concerne le bien, & re- pos de TEglife. Quand quelque Chrcftien fe ^Sij.q.4/trouuera infeélc de tel erreur,ou fi grand vice qu'il mérite anatheme, & excommunication on y doit procederjors que l'affaire n'eft pas difpofé à diuifion , ou à fchifme : mais feule- ment pour l'amour , & charité que nous de- uons à noftrc prochain , félon le Précepte de
de l'Efcriture
Chapitre, 26, ^6ii l'Efcrirurc, qui nous deffend de le tenir pour enoemy:ains de l'admonncfter comme hère. Auffi j'il ne nous obéit , & ne recognoift fa^^j^e^. faute , il le chaflera roy-mefme de rÈglife de Dieu. A ctile. caufe, le Seigneur commanda aux feruiteurs ^ qui vouloyent arracher l'y- uraye , qu'ils la laiflaflent croiftre parmi le bled,julques au temps delà moiflfonjde peur que la voulant arracher , ils ne fiffent mourir le bon, & neceiîaire Froment. Partant il nous enfeigne, d'vfer de ce remedcj lors que nous n'aurons point à craindre telle conFufion , & quand nous ferons afTeurez , de b vigueur de force du fromét de rEglifcic'eft à dire,quand le crime eft fi execrable^ôc ent)rme,qu'il fera blafméde tous, fans aucune difficulté: du moins que les perturbateurs de cefte cha- rité, ne font pas en tel nombre qu ils puif- fent troubler l'vnion & repos de la mailbn de Dieu,& que le peuple n'a point encor hu- mé , & n'eft pas entache de l'erreur^pour le- quel le fait l'excommunication. Alors i'admo nition ci} fort authorifée : lors le condamné eft abandonné de tous , jufqu'au temps de Ta guariron:Iors il à honte, & à quelque Frayeur, de Fe vcoif feul , Feparé dclaifîé , & rejette de {es conFreres. Ceci nous eft expreflémepE dcfcrit par l'ApoftrCjqui parlant de l'cxcom- i,cr>t.y.
PfaI
^62. C H A P I T R E, ^6.
munication , commencé par vn mot Singu- lier, S I Qjv E L Qj'' VN, Pour nous appren- dre,que nous deuons vfer de cefte médecine, contre celuy qui pèche parmi Tes difTembla- bles-.c'eft à dire, Entre ceux qui ne l'ont enta- c.non po- chez du meime vice. Car à la vérité, la corre- teft.24.q 4. ^Jqj^ j^g pourroit eftre ralucaire,quand celuy qui eft blafmé , a beaucoup de compagnons en fa faute : auquel cas reRera feulement aux bonSjla douleur,rcnnuy,Ies pleurs,& gcmif^ femês enuersDicu: pour le fuppher qu'il luy plaifelcs conferuer de telle contagion. Luy criâs,Seigneur,ne vueilles point perdre mon ame,auec les mefchâs.Voila pourquoy quâd Cor. lî. l'Apoftre fut adiierti, que le nombre des for- nicateurs eftoit grand entre les Corinthiens, ne voulut pas dépendre aux gens de bien, de conuerfer, & viure parmi eux:Mais il ditfeu- kment,quand je viendray vers vous,il faudra que je pleurCjS: me lamenteifur plufieurs qui auront offcnfé,^ n'auront pas fait pénitence de leur preuarication. Certainemét fi la con- tagion dVne mefme faute, a infeélé grand nombre de perfonnes , la feule feueritc de la juftice diuine eft pour lors neceflaire; caries confeils de la feparation, & de Texcommunî- cation font en ce cas vrais facrileges , perni- cieux, mefchans, & remplis de fuperbe.Plus^
Chapitre. 26, s^3* propre à troubler l'infirmité des bons, qu'à corriger la vie des mauuais. Au moyen de- quoy faine Augullin conclud,& admonnefte les bons Pafteurs , de rejecter ou d*amender ce qu'ils pourront, & de pleurer auec gemi(- lemens & larmes, cefurquoy les remèdes Ecclefiaitiques fe trouucront manques , & dangereux. Sans toucesfois pourtant entrer en deiefpoir : ains doyuentles Prélats, pour confolation , aduertir les bons qui font en leur troupeau, de fe conroler,& conferuer en refperance de lefus Chrift , chaifans cepen- dant le mal d'entre-eux : ccii à dire/e prefer- uans de tumberen contagion pareille. Ceftcconpo- Taduis de (aint Augurtin,reçeu non feuicmét q.4.^^* en l'ancienne Eglile Catholique , mais parti- culièrement par les Papes j predecefleurs de Sixte, & par Gracian , au liure du Décret: le- quel ne peut auoir jamais plus grand lieu, qu'en l'endroit des Roys,& Princes,d'autann que leur grandeur, lapuifiance qu'ils ont, & le nombre infini d'amis , ou feruiteurs qui voudront courir leur fortune, peut esbranler la paix, pour apporter la guerre, & produire vn dangereux fchifme, & icdition en l'Eglife de D I E V. Il s'cft trouué des Empereurs, & Roy s Hérétiques; mais d'autant qu'vn tel en- «emj, eftoit beaucoup à craindre, le foin des
Ce ij
564. Chapitre, ^6, Euefques efloit auffi plus , gand à conferuer la paix en la maifon de Dieu. Par ce que ce- luy-la eft vray Legat,& Vicaire de lefusChrift qui prie pour la paix de l'Eglife. C'eft pour- quoy le Pape Anaftafe , eicriuant à TEmpe- reur Anaftafe hérétique, proteftc au côman- cemenc de fa Icttrcjen cefte forte. le veux commencer mon pontificat, en prefentantla paix au peuple,par apres,Sire,jcvousfuppIie humblement,pour la foy Catholique: quand au premier,j'attens le fecours Diuin: en l'au- tre, fefpere que mon bon heur^qui à fait que j'ay vn pareil nom que vous,me gaignera ce- fte faueur enuers voftre Majefté,que comme elle eft la première, &plus eminentc fur la terre : aufti la foy & mérite du miniftere que je fers,foit vniuerfellement,& principalemet gardé. Le Pape Gclafe premier , parlant au rnefmc Empereur , fur le fait de fon herefie, n vfe pas de rigueur , ni de violence ; ains au contraire il dit,pour la paix de l'Eglife. Mon tref-doux fils , je vous fupplic extrêmement, q vous efcoutiez patiemmêt les prières que je vous faits, en cefte vie, afin que je ne vous accufc deuantDieu.Voila comment parloy- cnt les Euefques du premier temps , aux Rois,^^ Princes defuoycz,craignans de defv- nir,& rompre la paix de TEglifeiAuffi par ce
Chapitre. 26, 555.
moyen , Dieu leur afTiRoir, feinoit en leur a- ine 11 charité qu'ils deniandoyent , refcotii- penfantleur humilité, leur patience,& dou- ceur,& vengeant le meipris que faifoyent les mauuaisjde (1 belles admonitions. Car vérita- blement lefus Chrift ell la paix, & l'héritage de fa maifon. L'Eglife Romaine voyoit bien le Roy Theodoric , Arrienj néanmoins crai- gnant d'apporter diuifion & guerre , le Pape Symmachus efcrit , qu'il aime mieux le prier que le juger. Et à ces fins fift alfembler vn Sy- node en h ville:auquel il fupplia ce Prince de fe trouucr,pour apprêdre à recognoiflre Ter- reur de Ton herefie. Ceft exemple eftoit de faint Paul , qui nous enfeigne qu'il y a des hommes qui doyuent eftre guaris par paticn- ce,par remonftrance, & par amour;non pas à main armée.La haine engendre débat, de ce- ftuy-ci naift la guerre , mère de toute poure- té.detout vicc,& de confulion.Le Pane Ana- ftafe ne déclara pas l'Empereur Analhfe hé- rétique, ni fauteur des hérétiques : encor que véritablement il fuft. Mais illuy rcinonllra doucemêt fa faute:comme fift Gelafe,en ces motz.Fils bien-aimé,nous ne defirôs pas que il y ait diffenrion en l'EglifcChrifl: efl: noftre paix , à laquelle l'ufage de toutes chofes doit cftre rapotté: Parquoy, Sire , nous vous fup^
Ce iij
^66. Chapitre. z6, plions de penfer à vous , & recognoiftre l'o- bligation que vous auez à Dieu. Dont cha- cun peut maintenant juger , combien abuiî- uement,dangereurement,&:indifcrettement, a eftc jettée la fentence d'excommunication, d'anatheme,& de malediélioj fur lefdits Sei- gneurs Roy de Nauarre, & Prince de Codé, Pour vne caufe , en laquelle ils ont deux mil- lions,& plus d*ames Chrcftiennes, jointes en affeé^ion, créance , & volonté : de Ibrteque c'eft plurtoft efchaufFer le fchifme, & la diui- fion,rompre la paix^ & Tvnion de TEglifede Dieu,ou arracher le froment de la terre , que corriger la faute, confolider la playc, ni faire fecher, ce qu'il eftime yurayc. Ce qui fe de- uoit faire par vn bon & faint Concile légiti- mement aflemblé , par lequel les mœurs euf- fent efté purgées , la do61:rine efprouuce, les mauuaifes herbes arrachées : bref, la paix, & l'vnion euflent efté plantées en l'Eglilé de Dieu , par cefte médecine feule & propre à telles maladies.Par la foumiffion que chacun euft faite au jugemêt du faint Efprit,qui fans difficulté euft a!rifté:,& fe fuft trouué en cefte Conférence faite en fon nô,& pour fa gloire. La cinquième nullité defpend,du défaut de la forme , ou procédure neceffaire en toute cxcommunicadon , &fulmjnation d'icelle.
Chapitre. i6. ^Sj. Il eft certain que le péché d'herefîe eft vn cri- me publique , qui defire parellement la pei- ne , ou vengeance publique. Au moyen de- quoy il faut neceflairement procéder par ac- Soneny" cufation, inquifition, dénonciation, qui font ^^^^•'^^^""- les trois fortes d'niftruélion, par kfquellesle^ifj'^jP^^ Magiftrat prend cognoiflance, & purge faJ"'^- prouince des mal-faiéleurs , & mauuais ci- toyens. En tout , quand bien le preuenu fera prefent, ou en fon abfençejil faut fonder l'ac- cufation, prefentée par Hnlligateur, ou pro- moteur , former & articuler la plainte d'i- celuy , bailler en communication les ar-oiS«èsr. ticles à l'accufé , luy donner les délais ordi- a^oTifi naires , à propofer fes exceptions , & deffen- fes: lefquels eftant pafiez,c'eft à rinili^a-cicni.fapè teur, ou promoteur, de raire les enquelîes,& dd de verb. preuues& claires tref-certaines , par le moyê ^'^^' defquelles , le preuenu puiffe ti\v<i condânc: d'autant qu'il n'eft pas raifonnabîe,de fe jouer fans meure côfideratiôjde lavîejderhôneur,c.ir,qi:;r.tî- & réputation dautruy en la pourluite dvnret.inô. crime tant exécrable : autrement la fenten- ^uio*""' ce ,& jugement qui fera prononcé fans auoir obferuez ces procédures eft nul,abu{if, &: fans author ité , fi le Pape veut croire tout au- tant qu'il y a de doclcurs canonises. Ce que mefme Boniface huiticme,quelque impudéc
Ce iiij
^68. Chapitre. t6,
qu'il fLift-, n'a pas ofé nier, en fon epiftrc De-
crctale:en laquelle il difcourt, de la forme de
.^^ l'inquifition , contre les hérétiques. Au juge-
tuni.de ha:- nieut dciqucls, Hofticnfis Doéleur Canoni-
i^e,ne fe contente point de la preuue ordinal-
Aiex.c6cii. r^î^^ ^^^^ oi' trois tefmoins , receuë en tout
|.vo!um.4. autre cas: ains dcfire le tefmoignage eftre
Sa'ic. inl. C? ç?
^d^'T' ^' P^^'^ i^lenînel , à ce qu'il Toit procédé à fen-» tence definitiue. Le ' ireftc des interprètes n'a voulu receuoir les tefmoins fînguliers, qui ont eftc ouïs fur diuers & différents arti^ clés d'herelîe. Or s'il aduiet que l'infiruélion fe face cotre quelque perfône abfente, la for* me de procéder fera de la citer par trois fois, . à trois diuers delays. après lefquel.s,s'il fait re- fus de comparoir, & que l'accufation foit in^ dubitable, & notoire, le contumas doit eftre excommunié , en haine de ia contumacciafîn que Tan de l'excommunication ertant paffé,il puirte par après eftre juftement côdamné,du . crime d'hercfie , par forme de notoriété , &
ttimacu. de (ieclaration d'icelle.Mais au cas que le crime ne fu[k notoire,de certaine & infalible fciêce, lofiicc du juge ferolt d'admettre l'inftiga-» teur,ou prometteur à le vérifier, par les ordi" naires moyens des preuues îegitimes.Et c'eft la procédure que les plus rigoureux inquifî^ îeurs Canoniftes obferuët,en Taccufation du
r.cnm coir
tt'.macii. d< hxtcc. iii 6.
Chapitre. 25. ^6ç. crime d'herefie, fans & en défaut de laquelle, le jugement ne peut eftre valable,
S'ileft queftion d*authoriièr cefte forme ^^^^* de procéder par l'Efcriture fainte , qu'il nous fouuienne, que quand Adam & Eue eurent tranlgreffe le commandement de Dieu, il les appella, les fift venir à foy, & voulut les con-ç^^^. uaincre parleur confefTion , & leur faire le procez de leur propre bouche: qui eft la pre- mière, & principale forte de preuue , encor que rien ne fut caché à fa diuine intelligence, & certaine prefence en toutes places. Lors que Caïn eut mis à mort Abel fon frère, en- cor que Dieulefçeuft certainement, nean-^^"^'^^* moins fa Diuine bonté , voulut parler à luy èc le rendre coulpable,& conuaincu de parri* cide. Quand les habitans de Sodomc,eurenc commis Texccrable forfait contre nature, E^cd^^j, Dieu qui i^çanoir la vérité ,toutesfois com^ mençade parler à la façon des hommes ,& voulut procéder auec bonne & meure déli- bération, le defcenderay maintenant (dit-il) & verray s'ils ont accompli par efFed: , félon le cri qui eft parucnu à moy , & s'il n eft ainfi que je le fçache. Moyfc eftant fur la monta- gne, le peuple forgea le veau de fonte , pour Tadorer, & comincttre vne idolâtrie, contre h majefté Diuincjà raifon dequoy neâmoins
570* C H A P I T R E. 1^,
Dieu ne le vouluft pas chaftier incontinent, mais feulement dift à Moy fe ^ Va , defcen, & regarde ton peuple 3 que tu as fait monter du pays d'Egypte , qui s'eft corrompu. Afin de nous enfeigncr, que les preuues , & demon- ftrations certaines, doyuent précéder la con- damnation, & le fupplice des preucnus. Par Tinftitution de rEuangilc , la fraternelle ad- j monition faite à diuerfes fois , doit précéder Texcommunication. Icfus Chrift nous à dit, Si ton frère ofFenfe contre toy , &c. Or il ne faut pas penfer , que ccluy n offenfc contre nous , qui pèche contre l'honneur de Dieu duquel nous fommes enfans,mcmbres de le fus Chrift, Si bien qu'encor que le crime foit du tout notoire , ou publique , il faut vfer de cefte admonition,pour effayer de ramener le pécheur, au chemin de falut. Cefte do6lrine eft authorifée par les Canons des Papes , au Décret de Gracian , qui la extrait des or donnances de Charlemagne^ & Loys débon- naire. Nul Euefque, nul Preftre,(dit le texte) peut excommunier , au parauant que la caufe foit verifiee,& manitefte,pour laquelle il foit permis de ce faire : & qui fera autrement/oit fuipendu de fon office. En vn autre paffage,lc Pape Euarifte rapporte l'hiftoire de la puni- tiô de Sodome,& cornent Dieu procéda à là
Chapitre, 26, 571.
condamnation d'icelle. Les plus factieux Pa- pes , predcceileurs de noftrs Sixre ^ ont tena ce chemin. Hiidebrand , vray tonnerre du monde, enuoya admonnefter Henry quatrié- - me, Empereur , & l'aduertic de ce qu'il defî- roit, pluiloft que l'excommunier , comme dit lean le Maire. Au parauant que le Pape Hadrian quatrième , excommuniait Fridcric ^'^««i^r. Barbcroufl'e , il l'cnucya citer deuant luy , & Tadmonnei-ier , fur ce que l'Empereur auoit prohibé auxEucfques , d'admettre les appel- lations en Court de Rome. La mer deshi- ftoires raconte, que Grégoire neufiéme, fîft fçauoir à Frideric deuxième, ce qu'il vouloir de luyjau parauant que jetter fa fentence d ex- communication. Innocent quatrie'me, filt citer le mefme Prince , au Concile de Lion, pour refpondre fur ce qu'il auoit à luy dire. L'arrogant Bonilice huitième , voulut du moins admonnefler Philippe le Bel , Roy de France, auant que le faire cognoiftre tel qu'il eftoit , enuers la Majeftè , ainlî que tous les hiftoriens tefmoignent.Le Pape lean vingt- deuxiemc, enuoya citer PEmpereur Loys de Baujere , trois mois auparauant que jetter Naudct. contre luy Ion Décret d'excommunication, & d'anatefme. le lerois long à raconter tous les exêples, qui fe peuuëtprcféter fur ce fujet.
572» C H A P I T R E. 2^.
le me contente que toute la Chreftienté fça che, que lefdits Seigneurs Roy de Nauarre & Prince de Condé, ont eflé condamnez, & déclarez heretiques/ans eftre citez, appelles ni contumacez , & au parauant qu'il y euf contrc-eux procédure quelconque.Q^ui eft l; plus grande précipitation , mère d'injultice d'inhumanité, de cruauté,& de barbarie, qu fut jamais faite à Princes Chreftiens , par vi Palkur de TEglife Catholique : qui s'elt laii fé polfeder, & gaigner au deuoir de fa charg( par les ennemis jurez de la maifon de FraDC< par vn Pafteur( di-je) duquel la difciplinc5Ô Tauthorité doit eftre à charité,& à edificatioi non pas à deftrudion. Car certainement , c( qu'il dit en fon Refcrit , de certain proccî qu'il prétend auoirefté fait, contre lefdit Seigneurs Princes , du temps de Gregoin treziéme,eftruppofé cotre la vcritéidu moin s'il eft, c'a efté fans partie,& au deceu defdit Seigneurs Roy de Nauarre , & Prince d< Condé qui n'ont jamais efté citez , ni appel lez, àl'inftruélion d'iceluy,ainfi qu'il eft plu: que notoire.Pour conclufion donc,je dy qu( c'eft vne tref-grande nullité, & abus plus qu« manifefte , d'auoir prononcé jugement d< condamnation, contre ceux qui n'ont jamai: efté en caufe. Si bien que nous pouuons dir<
j Chapitre, 26. 27J,
TEC que difoit Conrad, Euefque d'Vtrech, fur
^ifl'excommunication jettée par Grégoire fcp-
%éme,contre l'Empereur Henry quatrième,
^tque fi le Pape ne vouloitauoir efgard , àla
iqualitéde ces deux Princes, & à l'honneur
ue l'Eglife doit au rang qu'ils tiennent , du
oins il leur deuoit accorder, ce qui ne peut
i doit eftre refufé au plus miferable , de che-
ifde la terre. Parainfi nous nedeuons pas
roire , que ces deux Princes foyent cxcom-
uniez, & mis hors de l'Eglife: laquelle fçait
brt bien ce que difoit Nicodemus , que no-
re loy ne permet pas,que nous côdamnions
uelquVn fans l'ouir.
CHAPITRE. XXVIL
SOMMAIRE.
1. V excommunication fe doit faire par i'Sgli/è,
2, Origine des Cardinaux, & leur dignité. 1>ouceur & clémence duPafieurenlacorreciion de
[es ouailles. Modeftie des anciens Eitefques en l'excommunication
des Roys & Trinces. CMenfongeSi & erreurs défait contenus à la Bulle du Tape, contre le Koy de Nauarre , & Monfeh
gneur le Prince ds Çendé.
^74* Chapitre. 27.
LA fixiéme Nullité confifte , en ce que rexcomniunication,& rvfagc des Clefs ne fe doit pas exercer par la feule au- thoritédVn Euefque : mais de toute TEglife du lieu , à laquelle appartient d'appliquer ce dernier remède, contre ces dioccfans.Ce que lefus Chrift nous enfcigne,quâd il veut qu'a- près la première & fecôde admonition,nous dénoncions à l'Eglife y la contumace & mal- uerfationde nos frères. Saint Cyprian efcri- uant à Corneille Euefque de Rome , Taduer- tit > qu'il à eu beaucoup à faire d'obtenir en- uers le peuple, la reconciliation de quelques defuoyez. Et Tertullian difoit que les juge- mens de l'Eglife , fe donnent auec tref grand poix, par ceux qui font afleurez de laffilience du Dieu viuant , & du préjugé fait au ciel, contre les preuenus. Or le Pape de Rome, & fes Cardinaux,ne font point rEglifc d'icelle. L'Eglife n'eft pas compofée de l'ftat Monar- chique 5 Ariftocratique , ou Démocratique feulement. Mais à vray dire , fi nous regar- dons lefus Chrift , c'eft vue Monarchie : cai ileftnoftreRoy , qui à racheté l'EgHfe au prix de fon propre fang.Il eft maintenant aîTis à la dextre de Dieu fon Père : & fon Royau« me fe gouuerne par la vertu du laint Efprit,3i paria parole des faintes Efcritures. Nean-
C H A P I T R E. îy 575«
moinsilàlaiflez les Euefques , Prcftres , & Do6leurs, les Lieutenans,au gouuernementi & charge de fa maiibniayant cfgard aufquels l'eftat de l'Eglife de Dieu,eft du tout Anlto- cratique.Mais d'autarU qu'en ceftc aflemblee les Preftres renuoyent les plus importans af- faires au peuple. Ainfî que nous liions es A- <5les des Apoftres , comme Texcommunica- A<a.?. tion, rabtoiution:, leleé^iondcs Palkurs , Se ^^î* chofes femblables : cefte forme de procéder eft du tout Politique. lefçay bié qu ils difent que le Pape fait l'Eglife virtualiter c'eR à dire par fa vertu, ou par fa prudence. Ils diroyenc peut-eftre mieux quelque fois , vitialiter , & par indilcrction. Car nous auons afiez mon- tre' que le Pape n'eft qu vn homme , ordon- né Euefque, Primat: qui eft vn nom d'ordre, d'honneur, de rangj& de dignité: non pas de pouuoir , ni puiffance en fa prouince. Mefïi- eursles Cardinaux , par l'aduis de quelques- vns defquels. Sixte à dôné ccfte fentêce, font ou doyuent eftre par inftitution, les Prellres Diacres ,& Curez des Parroiffes de Rome, ^ .^^ ^ ain(i qu'il fe peut obferuer en infinis endroits i5.&b. des epiftres de faint Gregoire:qui leur cfcrit comme à ceux qui auoyent charge des pa- roiffes delà ville. Et le Cardinal FlorantinconciUy. le recognoift librement en fes Confeils.
^yô. C H A P I T R E. 37,
Platine auflî raconte, que le Pape Léon qua- trième, dégrada & depofa vn Cardinal, du ti* tre faint Marcel, pour auoir efté cinq ans ab* fent de fa parroifle. Toutesfois depuis que le Pape Innocent quatriltme,eutpar la force des armes, donné la loy à Frideric deuxième Empereur, enuiron Tan mil deux cents fep- tante rept,il ordonna que les Preftres,ou Cu- rez, portaffent le Chapeau rouge. Et pouf lors , ceux-ci commencèrent à deuenir de fimples Diacres, & Doéleurs qu*ils eftoyenc Princes, & grands Seigneurs, efgaux & com- pagnous des Roys,quelle que (bit leur origi- ne. Tant y à que le Pape Grégoire premier, cono^çé* & deuant luy Syucftre, appellant Cardinaux, tio.c.'niud.non feulement les Euefques , mais auffiles piftorauj. Preftresqui feruenc cnTEglife Cathédrale uwlmem ^^^^^ ^"'^^ ^^ fapporté en infinis Canons du 7o.m.c. Décret de gratian. Si bien qu'à la vérité, les fSiSî. Cardinaux de l'Eglife de Rome , ne font que archipref. les Preftres. & Curez de la ville: lefquels le Glofateur du Décret dit en quelque paflàge, eftre de moindre authorité qu'vn Euefque Et faint Auguftin le confirme , efcriuantà Hierofme , Tvn des Prettres de TEglife de Rome , que nousappcllôs Cardinaux. Com* bien ( dit-il ) que félon le mot que IVfage a ^ardé , TEucfque foit plus grand que le pre-
ftrc,
c.à fubdia-
Chapitre. 27. 577.
flre , toutesfois Auguftin eft moindre que c.qiunqu* Hierofme. Bartole nous cnfeigne , que les ^^'"'s'-^* Cardinaux ont vn plus grand oflice:mais non pas plus de dignité que les Euefques. SaintBait.inH. Hierofme enrEpifcreà Euagriusjelcritjqu'ilfei'pï" ne fe peut trouuer aucune ditferêce, entre les f'^^^"?JJ;;^,e: Preftres , & Discres de Rome , & ceux de f^'^^<^i^ft quelque autre cité. le ne veux pas pourtant que mefiTieurs les Cardinaux penlent , que ce Toit pour les abaifler : car ce que j'en dy , qui ^^*;fll^^* eft pourtât verirable,e{l Iculcmêt pour mon- {Irer, que la icntence donnée par Sixte cin- quiémejcantrelefdits Seigneurs Princes, ert abuiiue & nulle,pour n'auoir efté prononcée par l'Egliie, & d'authorite d'icelle, comme i! le deuoitfaire-.mais par le Pape feulement, & quelques-vns de fes Cardinaux , q«i feuls ne font pas l'Eglife de Rome : laquelle eft vn corps , compofc au Clergé & du peuple en- femble. De fait^ne peut aucunemét feruir au contraire , fî on dit que îVfa^e eR de lon^ temps reccu, de dôner cefte authorité au Pa- pe, ^' à Tes Cardinaux, pour le repos & tran- quilité del'Egliferafin que lestumultes^& fe- ditions qui s'efmeuuent trop fouuêt parmi le peuple affemble , ne caufaft quelque diflen- tjon. Car on peut côiîderer d'autre parc,que ce mal n'efl pas fi fort^ni tat à craindre con?»
Dd .
578. C H A P I T R E. 17'
me la tyranie & puiffancc cxcefTiuc dVn feulî auquel & à fcs créatures , on permet tout , & qui par fon abus ou fuperbe indôtable, peut déformer ce qui fàifoit fleurir TEglife en Ton humilité. Quoy que ce foit^orcs que les Pa- pes de Rome , ayent depuis long temps, tzC^ ché de chaftrer le corps de rEgIire,reltabIir, & former es perfonnes qui font feulement de leur ordre:fi eft-ce pourtant , que du moins jlb^^ont affemblcz ceux-ci prefque tousjours, lors qu'ils ont eu defir , de procéder à choie de telle confequence,que rxcommunication, ou anatheme des Rois , & Princes : la caufc defqucls peut troubler toute la Chrétienté, Le Pape Grégoire feptiéme , conuoqua vn Synode à Rome, de cent dix Euefques, pour procéder auec quelque folemnité, à l'excom- munication de l'Empereur Henry quatriè- me. Autant en fil^ Pafchal deuxième , à Flo- rence , contre le mefme Prince , à ce que dit Naucler. Ledit Pafchal , deuxième, afl'embla vn Synode à Latran, pour cxcomunier l'Em- pereur Henry cinquième. Ainfi en vfa Gela- fe deuxic'me, en vn Concile tenu à Rheins en Champagne» cotre ledit Henry. Calixte deu- xiéme, continua ce Concile, & y confirma la cenfure de fon prcdecefTeur. Alexandre troi- frcme, conuoqua vn Synode à Tours, contre
Chapitre, ay. 57P*
Frideric BarbcroufTe. Innocent troifiéme en fîft autant contre l'Empereur Ochoquatrié- me.Honorius troifiéme,fift tenir vn Concile à Lyon, pour excommunier Frideric deuxiè- me du nom,ainfî que raconte Nauder. Gré- goire ncuficmc en via de mefme forte à Ro- me, contre ledit Frideric; & encor Innocent quatrième , ettant à Lyon , ou il accorda les Chapeaux rouges aux Cardinaux de la ville. Boniface huitième , excommunia le Roy de France,en plein Côcile,tenu à Romejfelon le fupplemctdes Chroniques.Brefjles plus paf- fîonnez d'entre-eux,ont du moins voulu maf- quer leur afteélion, de quelque folenitc, afin qu'elle fiift plus facilemet approuuée , & que Tenuie tumbaft fur le décret dVue grande af- femblée.'Noftre Sixte à la verité,n'apas eu le loifir,car les Ligueurs qui font en Frâcejpen- (îonnaircs du Roy d'Erpaigne,prefroyent, & craignoyent que cefte occafion leur efchap- pafttde laquelle rEipagnol,^ nos demi Fran- çois 5 voudroyêt faire vn Trophée cnuers les gens de bien,(î on n'alloit au deuant,pour re- marquer,recônoiftre,&: toucher au doigt Tin- juftice de ce refcrit , les autheurs & promo- teurs d'iceluy , & la caufe première , pour la- quelle il a eité jette, contre lefdics Seigneurs Roy de Nauarre,& Prince de Condé.
Pd i;
38a Chapitre. 27.
La feptiéme Nullité , &abus dudit refcrk depead de Toffice du Paftcur, de la charité que il doit à Tes ouailles, de l'amour, affeé^iô, & diledion qu'il eft tenu de porter , particu- lièrement h chacun de ceux qui l'ont en Ton troupeau: fingulieremêt en IVfage des Clefs, & en l'exercice de fon authorité paûoralc, a- fiîi que par icelle , il puifle conleruer l'vnion tref-nccertaire en l'Eglife de Dieu,& planter la paix en icelle,par la veritéjcharjtc,^ humi- Ikc ficnnc. le diray donc^que le Paftcur qui procède à Texconursunication de IVne de (es brebis, doit cdre ermeu de trel-grandecom- niileration , & clémence, doit eltre incité de telle compalîion , que s'il eftoit befoin qu'il arrachad l'vn de l'es propres yeux, ou qu'il coupait l'vn de Tes bras : car puis que nous ionimes membres d'vn melme corps,qu'elle douleur doit endurer la teite, quand on cou- pe la main ? L'vn des plus grands Tyrans qui fut jamais , lors qu'on luy prefencoit ù figncr Je jugement d'vn preucmi , qui dcuoit eftre conduit au fupplicc, s'efcrioit, qu'il euft vou- lu ne Içauoir pas efcrire. Si les Pafteurs ob- feruoyent ccft exemple , nous ne lerions en peine , défaire caffer tant de fent^nces d'ex- communicationidefquelles Dieu fera rendre raifon aux Euefques,d'autat que fous le nom
Chapitre. 27. 581. de fa Diuinitéils dônent en proye aux loups, les ouailles qu'il a rachetées par le precicu:^ fang de Ion Fils Icfiis Chriil. S. Cypriâ défi- lant faire entendre l'office dVn bon Palteur, en la charité^ & bien-vueillence qu'il ell tenu porter h ceux qu'il voit giianSjOU veautrez en pechcjÔt defuoyezde la vraye foy, &: religiô Chrftienne,parle en certe manière. le ne li^ay bonnement que faire, ni que dirCj, mes frères bien-aimez , j'ay plus befoin d'exprimer ma douleur par les yeuXjque par la langue^voyat la playe que ces deluoyez ont fait ànoftre corps.-fur lefquels nous deuons plurer amere • inent.Car qui fera<:eluy fi dur,§«: fi peu chari- table , cnuers fes frères, qui confiderant leur ruine , ou fe trouuant aflTis parmi les reftes de ΀ur corruption^peut retenir fes yeux à Ccc}dc qu'il ne fignifie la douleur qu'il en porte,plu- ftoft des yeux que de la bouche ? le fuis tref- marri mes amis , & ne fçaurois appaifer ma douleur, par l'alTeurance que j'ay en ma pro- pre cofcience, d'autât que le mai que je fcns, par la deprauation de l'vne de mes ouailles^ me touche plus que ma propre fâtc, lors que je m'appcrçoy tellemêt joint auec chacun de vous 3 que jeme voy enterre auec ccluy que nousfommes côtraints d'enfeuelirpour fon peche.Ie me plains auec ceux qui le plaignéc.
Dd iij
582. Chapitre. 47.
le me deuls auec ceux qui fcntcnt la douleur. le fuis giiant auec ceux qui font ja tombez: Tennemi m'ablelTé aueceux,refprit de celuy qui voit fes frères accablez , ne peut eftre en repos : TafFedion , & la chartitc m'a du tout atterré. Voila comment ce faint & bon Eucf- que Cyprian,procedât à l'excommunication de queiques-vns de fon troupeau , n'vfoit pas de cruautc,de conuices,d'injures, ni de men- fonges : mais y marchoit par la voyc de véri- té, d'humilité, & de charité tref-ardcnte, il fe deultjil fc côtrifte, comme la vraye mcre qui auoit ouy le jugemêt de Salomon,pour defpe cer fon fils,& le tailler en pieccs.Iefus Chrift dift à faint Pierre ( duquel le Pape fe dit fuc- ceiTeur)Si tu m'aimes paiz mes oùailIes;c'eft à dire , fay pour elles ce que j'ay fai6î: pour toy , racheptant la paix auec mon père , par mon propre fang: le Pape Léon premier, di- foit en fes epiftres , qu'il fauthair le péché, nonlapcrfonne du pécheur: Quand fainél Ambroifc voulut excommunier Theodofe,il ne Tappella point enfant d*ire comme faiâ: Sixte en fon refcript , lefdits Seigneurs Roy de Nauarre & Prince de Condé. Une l'inju- ria point, du nom de volage, & inconftant, il ne fuppofa point fur luy,chofe qui ne fuft vé- ritable, il ne voulut pas croire les caîomnicsj
Chapitre. 27. 585.
que les ennemis de la Majefté luy pouuoienc faire emêdre,il ne le condamna jamaiSjqu'a- pres queTEmpereur euft recogneu , & con- fefle là cruelle exécution, contre les habitans de ThefTalone, alors donc le vray pa(-leur, fé- lon rhiftoire Tripartite,Iuy did par le côfeil jde ion Eglire,Sire vous eftes le Prince de vos feblables^qui font feruiteurs d'vn mefme mai ftre , mais il y a vn Dieu créateur du monde, qui eft le Seigneur de tous,duquel vous ferez contraint maintenant de fouffrir le Hen,d'au- tant que c'ell vne rrefgrande médecine, pour recouurer la fanté de voftre ame, que vous a- uez perdue.Surquoy l'Empereur fit refpôce, c'eft voftre charge d efeigner,& modérer les remèdes , & mon obeiifance fera de les rece- uoir. Le Pape Grégoire premier cfcriuant à leâ, Euefque de Côftantinoble,di<5l que c'eft chofe nouuelle de perfcher l'homme à coups de foùets,nous fommes,dit ce Pape,pafteurs, non pas,perfecuteurs;cela nous peut affez ap- prêdre,quclle doit eftre la difcretion des pré- lats 5 en la procédure qu'ils font quelquefois côtraints faire cotre les Rois & Princes,auec vn refpeét,& crainte perpetuelle,de ropre, & briferlapaix,& vniô deTEglifedeDicu-'auf- il le mefme faint Grégoire nous apprent,que ceux qui n'ôt ce refpe6V, font vrais & formez
D d iii;
^84. Chapitre* 27-. heretiques,de fait ceux qui font autrement fe def-vniflent de rEglifcjau lipu de def-vnir les autres, par Je défaut de charitc, laquelle n'eft point fans la paix^Si fans humilitc;Ie Pape In- nocent premier , pariant de rexconununica- tion , qu'il eftoit contraint de jetter , contre l'Empereur Arcadius , pour le banniflemenç defainéi: lean Chrifotjtome , efcript à tous les prelacs de TEglife ChreiUenne , fi nous gardons les eftabliflcmens, & canons de l'E- glife nous n*y procciderons point par ambi- çio« , par dilTcntion , Shifme ,ny diabolique cruauté , mais feulement Par deur de la vérité nous prelTera , la paix que nous proteftons en la bouche, fera das nodre cŒur,bref nous accomplirions le dire de l'Apoltre 3 à ce que foyôs tous recôciliez & vnis, fans entrepren- dre chofe qui pcuft apporter contention , & fans chercher la vaine gloire , ayant feule- ment, èfgard au bon plaifir&commander ment de Dieu , fuyuant la volonté duquel, nous ouurirons tousjours la porte aux ma- lades , qui font dehors , pour i'vnion & paix de l'Eglife , pour rompre laquelle , l'oc- cafion ne peut eftre plus importante que d'irriter les grands Princes , par calom- ^nics , injuftices , & menfonges contre l'hon- psur & la réputation de leur grandeur.
Chapitre. 27. ^8^.
Le Pfalmifle diioit, que l'cquicc, la juftice & vérité, font les ceuures de Dieu , en vn autre cantique il nous eni'eigne, que la juftice &: la paix fe ionc baife'es , le Prophète Zacarie en- Teigne les pafteurs, de dire vérité, de juger la paix aux portes de leur mailbn, de ne pcnler point mal contre leurs Frères , & n'aymer point le jurement de menfonge, d'autant que c'eit tout ce que le Seigneur Dieu , à en hai- ne. Or je fupplic le Pape Sixte, de permettre que la Chrefticnté fçache , qu'il s'eft laifTé tromper, & furprendre aux menfonges , & faucetez de la ligue , & conieil des malins ei- pagnolifez François :, auec Icfquels il s'eft aîTîS à ce coup , ce qu'il à mefmes recogneu, & protefté à monfieur i'Euelque de Paris, dcputédepuisquelques joursàRome,par la majeflé tref-chreftienne dii'ant qu'il auoit les mémoires de refcript de la part des ligueurs de France,par la main d'vn cardinal François ingrat à fa patrie ,& qui feul entre les Euef- ques de France s'eft trouué digne de le fouf- crire, à telle condemnation, injufte, nulle, &: calomnieufe. Défait , le Pape fâchant en fa confcience que c'eftoit vne entreprife par trop précipitée, & fous faux donné entendre proterta audit (îeur Euefquede Paris , qu'il n'çntendoit pas , confentoit 5 èc trouuoit fore
§8^. Chapitre* ay. bon, que ladite bulle ne fut point publiée en ce Royaume.Si bien qu'il appert que ce font les ligueurs,non autres, qui ont efté les juges les accufatcurs,& tefmoins de cefte procédu- re , par le miniftere du Pape , lequel ne fçau- roir en forte quelconque s*excufer de ce,de- uant Dieu , qui luy reprefentera , qu'il à erre mermes contre les anciens décrets de Ton E- glife.Le Pape Fabian efcrit aux EuefqueSjque nulofe entreprendre d'eftrc jugejtefmoin, accufateur , & partie , les Juges doiuent eftre équitables, les tefmoins véritables ,les accu- fateurs font receus à dire leur fait , les preue- nans à fc défendre, & puifque ez chofes fecu- • lieres,nous obferuons ceft ordre ( dit le tex- te) que deuons nous donc faire , ez négoces ecclefiaftiques, efquels la confufion apporte laruynede rame. Le. Pape Anaclete efcrit, que mefme raccufateur,à plus forte raifon le juge , & le tefnioin doiuent eftre fans fufpi- cion.Il neft pas raifonnable dit Damafus.que le juge face l'oflice d'accufateur , & tefmoin. Or jamais refcrit , n'a efté plus repli de men- fongcs , d'erreurs au fait , & de calomnies e- normesjfur lefquellcs il eft fondéjCn premier lieu quand il dicque Icfdits (îeurs Princes ont efté quelquesfois admonneftez , & exhortez, d'abjurer 1 opinion qu'ils tiennent en la reli-
Chapitre. 27. ^2j, glon:maisil eutpeueftre mieux di6l qu'ils furent forcez , par la folennitéde la fefte faine Bartelemi qu'ils furent plus contraints à fai- re ce qu'on leur commenda , que leur affe- <5lion , leur cœurj&volonlé , ne fut gaignée: Secondement il di<^ qu'en confideracion de l'abjuration par eux faite , le Pape Grégoire treziéme les difpença fur le faid des maria- ges, qu'il contractèrent par après , ce qui ne peut eftre plus faux, d'autant qu'il eft indubi- table, que les difpencesjfurlefdites alliances auoyent efté obtenues , auparauant la faincfl Barthemy auquel temps auoyêt tous lefdits feigneurs Princes , efpoufé leurs femmes^ & folennifé leurs nopces Ileft pareillemét porté par lediél refcrit, que depuis cefte prétendue abjuration,le Roy deNaiiarre,6c monfieur le Prince de Condé, ont prins les armes contre la majefté du Roy leur feigneur , & cotre les Catholiques , lelquels ils ont piliez , forcez en leur religion, tuez & faccagez , chofe con trouuée & faucCjainfi que le Roy à fort libre- ment recogneu de la bouche e's declararions de fa majefté , & par efcrit, en public Se en particuher &: ont efté emoîoguces par toutes les cours de parlement de ce Royaume , aux- quelles fadite mvijefteVi'a jamais efcrit, & les regiftres ne fe trouueront point chargez , de
^SS. C H A p I r R E. 27, nii(ïiires ou lettres delà part du Roy , conte- nans que ces deux Princcs^ayent efté rebelles iiy criminels de leze majefté , moins encore qu'ils rayent force à sVnirauecque^euxjSd faire vne paix noire, & cruelle,feiiience d'vtie irréconciliable guerre , comme chacun fçaiç que fadire majefte à Gait des autheurs de la li- gue, les ayant déclarez perturbateurs du re- pos de Ton Royaume, & ^1 à efcrit aux gou- uerneurs des prouinces^ aux Princes eltran- gers , & à tous fes officiers , qu'il les eftimoit rebelles , fes ennemys jurez & depuis à die fort fouuêr,qu'il a efté force par eux de rom- pre fes ediéls , d'cnfanglanter fon pays du- iâng de fes fubjeéls , de perdre tous fes bons feiuiteurs, auecques les autres, à fin qu'il foit feul à leur difcrction , & d'ailleurs contre fon nnturelquide foy ert douxbenin jpbin de clémence, de repos, de paix, & de juilicejcf- quelles félon le précepte du bon Roy Dauid il commençoit à faire baifer en fon Royau- me, je maileure au{Ti,qu'il ne fe trouuera Ca- tholique en France ,qui peut dire , qu'il ait cfté particulièrement force' , nyoffenfe'par Jefdiwls feigneurs Roy de Nauarrc,& Prince deCondé. Ileft vray que lors que leurs en* nemis ont pcrfuadé au Roy , & l'ont côrraint de tcicer les ccnfcicaces de fes iubjeçls lef^
C n A V i y K n if. 589.
di6ls Seigneurs Roy de Nauairé ,& Prince de Condé , après vne raerueilleufe patience, ont efté contraints de fe mettre en defence tref-jufte, naturelle , & fort excufable , en la- quelle chacun fçait quels font les fruicls de la guerre ciuile Finallement il dit que ledit Seigneur Prince de Condé , depuida préten- due abjuration , à fait venir les étrangers en France , ce qui ne fetrouuera véritable. Car il eft notoire , que depuis Ife règne , de noihc Roy,ilsy font entrez vne fois feulement, à J*adueu, fufciration, & pourchas de feu mon- fieur Frère du Roy , non pas dudit l'eigneur Prince ,nyceux dcfon parti tellement que toutes les caufes, fous la couleur defquelles, kdit relcrit à efté publié, font fauces calom- nieufcs, & vienct de la boutique des autheurs de la ligue , qui n'eftoyent pas contemps d'a- uoir baigné leiurs mains,au ruiffeau qu'ils ont faiôl: couler, du fang des poures François de- puis 2 5. ans en ça, s'ils n'euifent faid: le Pape inihument, exécuteur , & proteéleur de leur mauuaife volonté, parquoy quicôque le fou- uiendradc Tepiftre decretale du Pape Inno- cent. 3. fe peut reprefenter , que Texcomniu- nication eft nulle, lors que fur le fait & caufc d'i celle, fe peut trouucr quelque erreur par trop intoUerablc. Ce que les dd. Panorme,
^ÇO. G H A P I T R B. 27*
Angelus , & Félin. Souftienncnc eftre trcfe-» qui table. Cefte-cy n*a pas feulement plufieurs '& grand nombre de tels vices , mais d*abon- dant vnepafTion immoderée,& cholere inju- rieufc, qui touche notoirement rhonncur des Princes Catholiques , Frères dudit Sieur Prince de Côdé> en ce que le Pape ne fe con- tente pas, de le blafmer d'herefie , ains il s'at- taque d'abondant, à la mémoire de feu mon- iîeur le Prince de Condé Ton Père, & de Ma- dame la Prince (Te fa Mère, pour rendre odi- cufe , & fe venger de toute la maifon , & po- fterité d'iceluy, chofe de tref-mauuais exem- ple, à vn pafteur qui ne doit auoir en fa bou- che parole quelconque vaine, ou qui peut of- fenfer fon troupeau.La juftice des Pharifiens, cftoit bien de ne mettre perfonne à mort, ou de ne porter faux tefmoignage , mais lefus Chrift à faiél entendre à nos pafteurs , que fi leur juftice n*eft plus grande , que celle des Scribes & Pharifiens , ils n'auront aucune part au Royaume des Cieux.
CHAPITRE, 28. Sommaire.
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I. le fus Chrift conftderè en trok qmlitsi,
a. V office de L'eHefquefepm de U cbane du gonuerm*
nfent poUtîc. j. VLuefquem peut difpencerlesfubjecli du ferment quUi doiuent à 'leur Seigneur.
4. explication des deux gUiues prefente'^par les Apo-
ftres à lefus Qjrifi.
5. Exemples des Tapa depofe\par les empereurs,
LA huiéliéme nullité , abus , & notoire entrepnnle contient que le Pape par fon refcrit à déclaré ieftiits Teigneurs Roy de N auarre & Prince de Condé priue2: dudit Royaume de Nauarre»Principautez, terres, & feigneuries, enfeinble de tonte luc- celfion , qui leur pourroyent cfcheoir , del- chargeant leurs lujets & vaiTaux , du ferment & foy qui les tient obligez. Enquoy Sixte en- treprentpar defTus la )urirdi6lion5& minifte- re ÈcclefialTique. lequel ne doit cftrc que des chofes celeftes , d'autant que lepafteurn'4 point d'autorité fur les Empires, Royaumes, feigneuries,& biês têporels, ne pouuât & ne deuant les Lieutenâs, & le vicaire plus entre- prédre^q celuy duquel il fe dïd auoir charge
3P2. Chapitre. iS, îc difciple n'cft pas plus que le maiftre : Or lefus Chrift duquel le Pape fe porte lieute- nant eftant homme mort€l,mimftrant en Ton Eglilè, ne l'a point entrepris, Ains au contrai- re, l'a eu en grand horreur , déclarant par ex- près, que Ton pouuoir n'appartenoit aucune- ment aux Empires du monde & choies fecu- lieres.Il eftoit certainement vray Dieu , par- tant légitime Roy de toute créature &de toute la terre , mais ceftc qualité n'eft point communic'able aux hommes. IleftoitDieu & homme, faifant par Ton humanité , ce qu'- autre que luy ne pouuoir, & dont nous fom* mes afl'ociez auec fa majefté au Royaume des Cieux, en cefte forte il cfl: non feulement graiîd preftrc y ains fuiuant Tancienn&pro- phetie, il à régné comme Roy , il profpercj, & faï6^ juftice , deluy eft pareillement ifl'u le Royal Sacerdoce, duquel parlent faindt Pi- erre & fainclleanen l'Apocalypfe , difans, vous eftes la facrificature Royale , & la gcnt fain6lc,pour mondrerque ce bon ijeur, tou- che le corps de fon Egliiê , prompte d'offrir à Dieu, l'humilité, la contrition de cœur , & pénitence de fes famés. Finalement il eftoic homme mortel, miniftrant en TEglife , com- me grand preftre delà maifondeDieu , û bien qu'en ccfte qualité , laqueUe depuis fon
Alcenfion
Chapitré. 28. ^93^ Afccnfion il a commifc à fcs Apoftres , pre^ jftres, & pafteurs, pour en Ton abl^nce,nour- rir vifiblcmcnt nos amcs , il a efleu la poure- tc,la mifere , l'obciflancc , &i lub jeélion, fans rien entreprendre fur les Rois^oii Prijices de la terre, ains a feparé tk demefle' Ion minifte- re , des chofcs temporelles pour le raporter fculenientj aU Royaume des Cieux, delqutls îl protcftoit auffi , auoir donné les clef? è fcs Apoftrcsj tefmoinsjde iônaffiidiion. Qui eft joh.îc. eft en femme ce que nous enfeigneSainél:^'^'''''' PauI,tout pontife eftre efleu d'entre les hotu- mcs,ordôné pour les hommes, ez chofes qui font du ciel,non pas pour gouuerner la terre, ains(dit le te texte)à ce qu'il offre dons & fa- , crificCs pour nos offcnfes enuers Dieu:en vrt autre pa{fage,îe mefme Apoftre efcrir,que le gendarme ipirituel , ne doit fe méfier des af- faires du monde , par tant Sainâ Pierre pro- teftoii, qu'il n eil pas raifonnabîe , que le pa- yeur abandonne fa chargé pour feruir à la ta- ble,c'eft à dire aux cho>es ieculieresjoc terre- ftreSjLe Royaume de Chrifl-, âuqud les pré- lats font mini (ires , ei-l du tout hors du nion- de.comme s'il vouloic dire, feîon Saind Au- j^^j,, .^ guftin qu il n'mcommodc aucunement , I3 domination, &: feigncurie des Rôys & Prin- ces de la ccrre:Chriloftonie l'explique, par ce
Ec
Luc. a.
^P4. Chapitre. 28.
que lefus Chnft ne tient pas Ion empire, comme font les Roys & Monarques , d'au- tant que le iien n*ert pas caduque, ny perilfj- ble, mais bien plus làin6t & vénérable que toute la puilTance humaine;en quoy fe trom- poit Herode , qui craignoit que ce nouueau Roy luv vint arracher fa couronne,ne (c ibu- ucnant plus , des anciennes prophéties qui , auoyent defcrit rEmpirc d'iceluy, pcrpe- tuel,& fans fin, Ceil pourquoy letus Chri(-I:, exécutant fa comn:i(Iîon ûir terre , ne voulue accepter Ici char^^e de Iu?er ou partager les héritages modains & temporels. Saindt Ber-
I.l!CT2. S^ , '
Bernara. nard fui ceR exemple, cfcriuant au Pape Eu-
liù. 2. de . -, t r
conGdev. gcnius , tcmarque qu 11 ne le peut trouuer, ■que les Apolkes fe loyentalfis pour décider les biens du monde , pour diuiièr, partager ou dilb'ibuerlcsfeigneuries qui fontenicc- luy : j*ay bien le u (dicl: ce bon perfonnage,) qu'ils ont elle fouuent debout, pour foutilrir jugement, mais non point afils,poureflre ju- ges de la terre. Singulièrement fur les Roys, & Princes du monde , aufquels Chrift coin« mandoit de rendre obeiiTance , & a voulu pour prîyer le tribut qui leur cfi: dcu , s'ac- compagner de celuy que le Pape fou ftient,
Matt.17. auoir jcik' le Prince des Apollres , aiin d'en- feigner les (iens,qu ils ne font point exempts
Chapitre. 28. 595. de cefte fubjeélion. Noz biens &nozî'ei- gneuries,didl Saindt Hilaire, ior.t au pouuoir & jurifdiétion deb Rovb &: Pru.ceb dt la ter- re , la puretc , &: l'inDocence de Roflre ame, cft fubjccte à rinilruclion des miniùres de Dieu, Icfus Chrilî s'en fuit quand on le vou-j^j^^^ loit faire Roy,pour môltrer que l'office qu'il auoit parmy nous , eRoit d'obeifiante , lou- miffion à la monarchie, & police du monde, pluftoft que pour la confocdre , r.y deftruire la force d'i celle, ai iifi que Sainél Au^uftin,A<iTi.j. & Chryfodome l'ont obferué , en l'explica- tion de ce lieu : de faiél quand l'ApoHte ad- nionncfte les fidelles , de rendre obeifl'ance, il ne did pas à nous, & aux Roys,il n'cppeilc pas les Royaumes iubjets de Ton obédience, ainfi que fait le Pape , mais il nomme feule- ment les Roys 6c puiilances terriennes : mel- mcs quant les A poivres s'informerei:t qui fe- roit le plus grand d'entre eux, leur maiftre refpondit , que les Roys des nations les mai- ftrirent,n'.ais qu'il n'eftoit pas ainfi entre eux, ains le plus grand feroit comme le moindre: Cequefaindl: Bernard explique , parbnr au Pape Eugène, difant, il eft certain que la do- mination , & cognoidance des chofes de ce monde, eft défendue aux Apoflres, partant
Ee ij
^9(5. C H A P I T R E. 28.
gardezvous eflant fcigiicur tcmporcl,defaire l'apoftolique ou au contraire cftant apotto- lique , d'entreprendre fur le pouuoir Ropl^ d'autant que Tvn & l'autre vous eft prohibé par expres,par confequent ii vous les devrez tous deux> l'vn vous fera perdre l'autre, & ne ferez point exceptez d'entre ceux,donc Dieu fe plaindl difanr, ils ont régné , mais non pas de par moy,ils fe font eflabliz corne Princes, toutcsfois je ne les ay point auouez , ny au- thorifez : peu après le mefme doéleur adjou* fte.C'eft la forme dpoftolique de ne fe point méfier des feigneuries du monde , & d'auoir feulement le minifterederEglife en charge. En vn autre partage ce faind^perlonnageef- crit , parlant au mefme Pape Eugène , voibc pouuoir n*eft point fur les terres , & poffcfTi- ons,mais furies confciences des hommes, pour lefquelles vous auez receu les clefs de Paradis, non pas pour la dominatio du mon- de,lequel a pour juges les Rois,& Princes de la terre,pourquoy vous en méfiez vous donc, pourquoy jettez vous voftre faux en la moif- fon d'aurruy? feroit ce point par ce que vous vous recognoiflcz indigne d'vn fi grand mi-^ niftere ? C'eft la harangue de faind Bernard au Pape Eugène troifiéme,auqucl il cfcriuoit en cetk force , par ce que le Pape vouloit v-
Chapitre. -28. 597. furper la jurii(di<5^ion & authorité politique en la ville de Rome, iurquoy les Citoyenj conduits par lordan patrice.fe mutinerent,& le chafferent de la ville iî bienquilti.it con- traint de s'en fuir en France ious la proteéU- fu.pourîf. on du Roy Loys le jeune, aulTi fans point de faute l'afTemblce de ces deux grades lumières en vn mefme iujct,apporte les ténèbres, & la conflifion fur la terre. Car à la vérité j nous pouuons comparer l'Eglife , à l'oliue , tous- jours belle & vcrdoyante,Ia Royauté, l'Em- pire, &: la principauté, au chaifne grand, fort & efpaisjlefquels deux arbres fi nous fichons en mefme foffé , l'vn caufera la niort de l'autre ainfi, que Pline dit l'auoir expérimen- té. II aduiendra ce que dit le Prophetc,Ia loy fera débilitée , & l'équité , & la droi£lure ne viendra jamais au de{fus,car les mefchans op- primeront les juftes, tellement qu'il n'y au- ra perfonne qui ait lepouuoirdc s'oppofer au^maî. C'cft la raifon pourquoy, Dieu à voulu feparer ces deux authoritez , en la ma- tière & au fubjet , afin que i'vn ayant be- foins de l'autre nous feulTions tous vnisen volonté, en ayde , & charité , comme mem- bres d'vn mefme corps , ce que ne poiirroit efire , fi toute h puiflance eftoit en l'vne des parties, laquelle mciprifcroit l'autie, comme
Ee iij
598. Chapitre. ^d, du tout vaine, & inncille, ce que Texperiencc nous a trop enfeignez depuis que les Roys ont permis aux Papes , d'excéder les limites, & l'office dVn vray pafteur. D'ailleurs il dï fans doute, que le prclat qui auroit en main la jurirdi(î^ion, &pouuoir temporel, aban- donneroit du tout le deuoir de fa charge di- uinc , fpiritueîîe &: cclefte : pour fe veautrer en l'ambition, & vanité, de l'apparence de ce monde , ce ibnt les raifons du canon cicrit à ^•j^**^^ l'Empereur Iiilian, par lequel il appert j que puiiqiie les deux puifTances font du tout fe- parces , & dillindlcs nous ne içaurions argu- menter de l!vne à l'autre ny conclure que lo payeur , auquel appartient la plus grande, & la plus noble doit par confequent auoir l'autre.
De là fenfuit que ce n'eG: point au Pape à difpencer , & difioudrc le ferment des fHJcts & vafTaux enuers leur Seigneur naturel , &: que telle dirpenration,eft vn blafphemc con- tre Dieu, & vraye corruption de la nature. Dieu nous à défendu de jurer pour prendre Ton nom en vain, par ce que ccluy qui le fai6l niefprire lefiis Chrili: , & nci\ point de luy, «ins c'efl l'indubitable & certain antechriih le vi«;,dic le Seigneur, quiconque mcrprife la pa6hcn, Ôi fe rend preuaricateur contre fon
Chapitre. iS. ^99.
ferment, je le jerteray lur Ton chef, & mour- ra en fa prcuarication , par ce qu*il m'a mef- priic ; en vn autre pallagc , il nous comman- de de luy rendre noftre promefl',;: le reimcnt & foy que le iubjet, ou levalTal prometà Ion Seigneur , doit élire accompagne de vé- rité, de jugement, & de julticejeiîjs Chrift c'etc la vérité, & la jurtice mcfme, telle- ment eue celuy qui periuade de rompre ce- lle foy', eftenncmy de Dieu , &vraypreua- ricateur contre l'honneur de Chrili , les an- ciens ont honore le jurement du nom de Sa- crement, pour monftrer que la foy promifc cft vne aàion du tout diurne , incorruptible par les hommes,indubitable ccuure de Dieu, qui l'eul a donné la puifTance aux Roys , &: Princes , & les a faiéls tels qu'ils font fur la terre. L'Apofire nous enfeigne que le jure- ment cft la fin de toute contention, la vérité, le jurement , & la juitice , font les cffecls de la main du tout puiffant, qui fera donc celuy, qui voudra s'oppofer & aller au contraire? lues Euefque de Chartres rac6te,que le Pape Honoré premier enuiron Tan fix cents vingt- deuxjtança aigremtt quelques Euefque^ delà le Pau,pour auoir voulu perfunder à Pierre le GlorieuXjde faire faute au fermét & ïoy qu'il auoit jurée au Roy des L'om.bards Aconius,
Ee iiij
4op. Chapitre. 28,
père d'Atlulubaldus, pour fe renger du coftc d'Arlobard,qui fe VQuIoit emparer de l'cftat, le mcffiie pontife aulîi loue f:rt ledit Pierre, de ce qu'il demeur;^ ferme , & ne fut gaigné par telle fauce pcrfuafion. Car je vous prie n'cft ce pas vn menteur , qui perfuade meiu fongePpuifque le jurement de foy efl le bou- clier de veritc' , par raccoir.pliffementde la chofe promifc ;, celuy qui nous difpcnce , & palfe par delTus , n'cft ce pas Tautheur de fau- CC|e? n'eft il donc pas du Diable? puis que I4 vérité n'eft point en luy. Ditu tiï jullc, il ai- me vérité, le ciel & la tcxre périront, fcs pror mcflfesne périment jamais:gaïdons nouidôç bien de croire telles feduétioiis, qui nous in- fkruifent Se guident au chemin de preuarica- tionda prcmclVe infidelle,& follc,eft defplai-? Tante à Dieu , maudiE celuy qui ne parfait ce qui luy ci\ enjoint : que chacun cônfide- ic , que il vn Ange du Ciel vcnoic , pour nous apprendre autre do6l"rine , il nous ci\ prohibe de lefcouter. Dieu deffen- dit aux enfjHs d'Ifrael , par la bouche dô Hicremie , de croire les menfonges de ceuîc qui tachoyenr leur perfuader , de refilîer, S^ s'oppofçr au feruicc de Nabuchodonoforj fous le pouuoir duquel , il les auoit fournis, d'«Mtam que ceux t^uj fefilknç à U J^uiflancç
C H A P I T R E. ^iS. 401.
que le Ciel à cftably fur nous, le bandent en^ tieremenc contre la volonté de Dieu. Voila i'ans difficuké Toriginc, &: l'effet de la difpen- ce contenue au relcrit & buîle de Sixte ç.tou^ chant la priuatioii,&condânation deldits fei- gneurs Roy de Nauarre, & Prince de Con- dé, fur les biens & dignité defquels, non feu- lement comme François, n)ais comme Roy & Prince il n'apouuoirny puiffaiice quel- conque, eftant fon authorité & cbarge pafto- rale du tout diuerfe & feparée des Empires, Royaumes & temporelles (èigneuries. le fçay que Boniface huitième à fondé le pou- uoir des Papes , furce que les Apoftres corn- ^^ ,^ mandez d'acheter vnglâiue en prefcnterent deux à lefus Chrift,par lefqueîs ce père faine entend les deux puiPfances/pirituelIe & tem- porelle, lefquelles il prétend que Chrift vou- loit mettre au pouuoir des minières de fon eytrauag. Eghfe,maisil fe trompe lourdemcnr,carrin-;;"2^,;^'rî^s! tentionde Icfus Chrift eftoit ,de îeulement^^''^' reprefenter àfes Apoftres , qu'ils auoyent eu quelque ombre de repos,tâdis qu'il auoit efté parmy eux, & qu'ils auoiétvefcu fous l'aiile defabontércnais qu'ils deuoientfe préparer après à diuerfes perfecutions,à grands ennuis & dangereux combats pour la deffenie de la foyjc'eft pourquoy lefqs leur auoiç dit aiipa-
402, C H A P I T R E. î8.
raiiant, quand je vous ay cnuoyez fans bour- ce, fans maletce, Bc i'ans fouliers , vous à il fal- lu quelque chofe? & ils dirét,rien,c6teflans q fa diuinité les auoit efpargncz , comme petis enfans , preferuez fous U proteé^ion de leur pereipaitam il lesadmônetîe de prendre gar- de à eux dorefnauât, qui à vne bource,& vne malette(ditlc texte) qu'il la prenne, qui n'en à point , vende fa robe & achepte vn glaiue, c eft à dire que chacun penfc à fes affaires , & foit foigneux de fa conferuation , qu'il y ap- porte de fa diligence , qu'il le rende induftri- eux t-i vigilant à gardes fa perfonne, car véri- tablement tous auront à fouffrir non pour- tant qu'il ayt voulu les efmouuoir à trouble, ou fedition, ny à fe dcffendre par les armes, mais les admonnefle feulement d'cftrepru- dens, & fages , pour fe garder des aguets des mcfchans:cc que les Apoftres n'entendoycnt pas ,ainseftimoient qu'il fut befoin d'auoir des couteaux,& des glaiues pour s'opofer aux efforts des Pharifîens,iî bien qu'a celle inten- tion , ils prefenterent les deux glaiues à leur maifti'e,fans confiderer au contraire , qu'il ertoit l'Agneau du monde, qui dcuoiteftre facrifie pour nos offenfes : mais fans difficul- té ceux-là pèchent d'auantage qui prennent les deux glaiues, pour la puiflance fpi rituelle
Chapitre. 28. 405.
& temporelle,d'autanc que ccfte-cy, à vcrita- blemenc Ton glaiue^tranchant Ck fort ai^u, le- quel Dieu à commis en la main des Roys, & Monarques, TEgliie à pareillement lefien, qui n e(i pas pourtant d'acier, n'y de fer, ains il tÙ. contenu en la parollede Dieu quieft vn contenu en la parole de Dieu qui eii vn cou- teau bien fort- , perçant jufqu'à la mouëilc. Voila l'explication de ce paflage efpuifée de la doé^rine de laine Thomas l'vn des grands d.Thom.ii & authorifez doéleurs de TEglife Romaine ^*'^*^"'* qui n'a rien de commun auec la fable du Pa- Hicr.i. pe Boniface.' lequel eft aufifi mal fondé en l'a- legaciô du lieu de Hiercmie pour dire que les Papes font cftablis fnr toutes les natiôs de la terre , car il eft certain que cepalTage parle ipecialement, de ce prophète, lequel Dieu a- iioitefleu & fanétifîé pour prophète entre toutes gens, corne de fait il n'a pas feulement prophetifé cotre les luifs, maisauifi cotre les Egyptiés, BabiIoniês^Moabites,& autres cir-j conuoifins. Finalenient les exemples que les Papes nous reprefentét de Tinfolêce de leurs predecefieurs, quife fôtlicétiezà depoferle« Roys,& Princes de leur temps, jettans îc feu &: la flamme par toute la Chreftience ,en la pafilon de leur fa^Won , i^c fcandalcufe entre- prife , ne peuuent leur apporter droit, ny
404. Chapitre. t^. ;itre légitime , en chofc d pernitieiife , puis qu'il eft tout certain que ce font les effeé^s, de leur outrecuidance, contraires ,&oppo- fez à refcriture faindle , à l'exemple de lefus Chrirt & aux enfeignemens de la vraye Egli- (c de Dieu. Mais d'ailleurs, s'il nous faut dif- purcrpar exemples contraires , chacun peut remarquer en Thirtoire eç(clefiaftique& pro^ phancj auiTi grand nombre , & plus de Papes qui ont cfte depofez & chaflfcz pour leur mauuailê vic,par les Empereirrs,& autres Princes Catholiques, que de ceux cy, contre lefquels les Papes aient entrepris» Sylnerius fut chafle , & enuoyé en exil ,ou il mourut miferable, par Tauthoritc' de l'Empereur lu- ftinian premier à Piiiftigation de l'impératri- ce Thcodera, à ce que difent Naucîer & les autres, qui ont autant efcrit de Vigilius fuc- celTeur de Sylnerius.Le fiipplcmêtdes Chro^ niques rapporte , que l'Empereur Conrtant
autrement Conftantin troifieme chaiTa & de^
•
pofa Martin premier de ce nom Pape,&: l'cn-^ uoya en exil en Cherfoncfe cire de Pont , ou il deccda en extrême pauurctc. lean douziè- me fut condamnc,&: dcpoic par l'hauthoritc', ^ commandement de l'Empereur Otthon premier Lequel chaffa pareillement depofa ^ hi\ degradçr Benoil^ çinquicme qui uiou-
C H A P I T R E. a8, 40^.
rut bany à Ausbourg en Allemagne , & au heu d'iceluy fujft reftitué Léon huitième lean dixhuitîémc à eu les yeux creucz, & (1 fut tué defpuis par TEmpercur Otho troifiéme à caufe qu'il s'cftoit fait eflire contre Bruno,au- tremcnt Grégoire cinquième au parauant rwDmmé pour Pape Henry troificme Empe- reur,cn depofà &: bannit trois tout à vn coup par ce qu'ils auoyent efmeu vn fchifme en rEghfe de Dieu : Benoift dixième fut chalTé par l'Empereur Henry quatrième enfemble parGuilbert ,& Gofred Princes en Italie, Grégoire fepticme fut chaffè» depofé >& ba- ny à Saleme par le commandeaient de TEm- pereur Henry quatrième Henry 5. chaffa Geiafe deuxième & furroga Grégoire huiti- ème Elpagnol, Alexandre troifième fut de- pofé &banny par l'Empereur Frideric Bar- berouffe, qui le contreignit de s'en fuyr & fe tenir en habit d'vn cuifinier jufqucs à ce qu'il fut recogneu à Vcnife, ôc remis en fes habits pontifîcaus , ii bien que les exemples de parc & d'autre font fans nombre , esquels toutes- fois les vnç& les autres peuuent auoirfailly,i"i2-ff-'ie dont nous n'auons que faire, de fcauoirceuir*^ qui à eftc fait , mais trop bien , quel eft le de- uoir, l'oflice , & Tauthotitc des vus & des au- tres, par le commandement de Dicu,qui eft
40^. Chapitre, 29.
la règle certaine de toute dignité par laquel- le nous treuuerons que l'office & l'authorite des Euefques de TEglife Chreftienne, n'a tien à commander cz cbofes temporel- les , & ne peut depofer les magiltrats d'i- celles
C H A P I T R E. 29.
Sommaire.
I. Lesejlatsdu Royaume fbnî ceux qui jugent de U fuc^
cejjiufi d'iceliiy. 1. Conjurations faites fous lenomd£ confr/iiries & Ih
gués. ^. ^rrefi notable du parlement cojitre la prétendue puijfance du Tape en France,
LA neuficme nullité' fera prife particuliè- rement, de l'elkt & majcftc du Royau- me de France , de la lucceffion duquel, le Pape ne peut difpoier d'autant que ceftc couronne Royale efl franche, & ne reco- gnoift aucun plus grand que ioy , ainfi qu'il cil notoire fans aucun contredit, d'autre que de quelque Eipagnolifé ligueur qui voudroit aujourd'huy planter l'authorite du Pape en ccR Empire, pour détruire laLoy Royale
C H A P I T R'E. 29. 407.
d'iccluy, & y mettre l'on cftrangere, & tiran- nique main louilk'c du fang François :aulTt quard Dieu nous auroit tant punis , que la roailbnde France feroit dutoucfailliCj (ce que à Dieu neplaife) ce feroit afraire aux cftats d'y pouruoir , non au Pape de Rome la puiiTancc duquel nous eft incogneue, c'eir le peuple fujetjqui à la conftitution des Roys félon l'eleaion & volonté de Dieu. D cfait;^-];^ff^ le Pape Innocent efcric qu'ez Royaumes fuc- ^ ucct'^'J" celfits tel que le Royaume de France adue-^=^^tc. nant vacation , ou le decez du Roy , ce n'efl: ocrupLncgi point au Pape à s'en méfier , ny altérer la.Sy«^^ îoy iuccclTiue de Teftatd'iceluy , s'il ne veutfJiJ^e" mettre ia faux, en la moiffon d'autruy,ce que 5^-°^'^'*'^ les François not jamais endure'.La charge du'^z-^ij^ Pape peut cftre feuleméc d'admonefter co- rne pa^TCur ceux à qui le fait touche d'y prou- uoir, & prédrc garde au bic de leur pays fans palier outre ny méfier les clefs du ciel auec h puilTâce terrcrtre,Icfqilesiôt feparées, &n'ôc né de cômun cnféblc pour joindre ôcamaficr en la perfône à\n Pape^auquel ne fert de rie l'cxeple par eux fi fouuct allègue , du Roy de Frâcc Childeric , qui iclo leur tefmoigna- ge,fuc depofé par Zacarie Pape , & aulieu d'i- celuy Pépin père de Charlemagne furroge, ce qui eft faux , car il eft certain q Zacarie ne
gl.nc. am,
dift.
408. C H A P I T R E. ip.
Aao. vtcn. fift donner aduis aux eftats du Royaunie,quô Aim Hb!T voyans Childeric homme idiot , inhabile, & éi.sigifo. \q dernier de la maifon, fans aucune poftcrité
an7c7. \ f 1 -r%
voullurcnt prouuoir a la paix du Royaume^ fans toutefois toucher, nyblecer leur conl- cicncesj pour le repos de laquelle ^ ils penfe- rent qu'il eftoit bon d'auoir le conlèil du Pa- pe Zacarie,c'e{t donc bien autre chofc d'efta- blir vn Roy ou de dôner aduis fur l'eftablifle- mentd'iccluy, Icseftatsy mirent la main du temps de Childeric , Theodoric , Chilperic, Charles le Gros , Eude. Bref quand il à efté qiiel^ion de la fuccefTion du Royaume les e- ftats d'icehiy l'ont jugé de leur authoritc,ain- fi qu'il eft certain mefmes puis Philippe le Long,& Philippe de Valois contre leanne de France fille de Lo^js Hutin & fur la prcteéli- on du Roy d'Angleterre , fi bien que pour a- uoir pritis l'adnis du Pape Zacaneen lade- pofition de Childeric ils n'ont quitte' ceft ex- cellent droit à vn autre. Mais quoy les Papes pour s'attribr.er ce droit ont efcrite cafte fa- ble, fous le nom d'vn Pape Galafc , efcriuant uC^x^^"! à l'Empereur Anaftale,qut eft vne fuppofitiô ann.461; trop euidente , car il y aeu vcritablement «^v-vî-^» jçyjj Anaftafes Empereurs, l'vn enuiron l'an quatre cents nonante deux du temps duquel le Pape Calafe premier tenoit le fige de Ro- me. Or
Chapitre. 2p. 405?. me. Or je lailTc à penfer s'il peut auoir efcrit hç^.^b- de la depoficioti de Childeric,& iuirogation J'}^^^^°' de Pépin, par Zacarie, qui toiks viuoycnt""- deux cents cinquante ans par après l'autre Empereur Ansftafc efioit en Orient , emii- ron Tan fept cents quatorze , & plus de qua- rante ans auparauant Pépin & Zacarie^mais d'abond3nr,alors ny plus de quatre cents ans après , ne fut le Pape Galai^^ deuxième , qui d'ailleurs n*eut pas grand loifir de dilputer de tels aiiairesen vn an & demy feulemenr qu'il frx Pape , pendant lequel il n'auoit gar- de de raconter ces fonges au Roy de France, entre les bras duquel il s'eftoic retiré fugitif & banny par l'Empereur Henry cinquième, tellement qu*il demeura tout le temps de foD pôtifîcar,refugié fou*; la proteé^ion, dôLoys le Gros grand bifaieul de fainét Loysjes en- fans duquel pour reconipence,Sixte cinquiè- me voudroit aujourd'huy priuer du droit de l'héritage de leurs pcres foubs ooibre de re- ligion,fi le jeu n'eftôic delcouuertj & fî on na fçauoit que les autheurs de ceik damnable Ligue, Pont fufcité a ce faire,aide7. ce l'Efpa- gnol, sfin de diuifer,^ mettre en pièces ceft cftat , & l'empiéter s'ils peuucnt , comme à fai6l Ferdmand d'Aragon le Royaume de Nauarre , fous pareiîk fuîmination , csr auiïl
4IO. C H A'P I T K E. 2p,
i'çait on bien , que les plus fignale'es conjura- tions qui ont jamais efté faiéles contre les Roys,& Princes Chrertiens/e font mafquces du nom de conFrairies,ou Ligues Sainde tcf- moin pour ne fortir hors de notlre Royau- me, ce qui futrfait en Frâce du temps du Roy Charles cinquième par Ertienne Marcel, lors preuoll des Marchans de Paris , lequel accompagné d'autres auflfi bons garnemens que luy ;, Ht par manière de monopole , vne grande compagnie , appellc'e la confrairie noPcre dame, en laquelle fe failoyér plufieurs fermons,ligues& alliances , fans & contre l'authorité du Roy lean , lors prilonnier en Angleterre & dudit Charles Dauphin , & ré- gent deFrancc, juiqu'à la qu'ils s'eftoyent o- bîigez enfemble par lettres , & par ferment de porter vne marque d'argent mipartie a efmail vermeil & azuré, auec cefte infcri- ption au deffous, A bonne fin. Enfem- ble de chaperons de drap defdites couleurs, en ligne d'alliance & ligue, en laquelle fu, rent tuez Robert de Clermont , le Maref- chal de Champagne maigre Regnault d'Aty, lean Perrot, Thomas Foucault j & vne in- finité d'autres , qui font nommez en la char- tre de l'abolition que Je fufdit Charles cin- quième y leur odroya le dixième jour
Chapitre. 2ç. 411. d'AouR , mil crois cents cinquante hvnc:. Du cenips du Roy Loys onzicne , ceux qui cftoyent cachez, & couucrts leruiteurs du I>uc de Bourgongne , en voulurent hire au- tant , touce.sFbis la Maiefté iage , & plai- ne de prudence , les alla trouuer en TE- gliicdela Magdclaine à Paris, ou les par- tifans de cefte noiiuelle confrau'ie b'ailem- bloyent, & par ce moyen leur ayant faicl defFence , de faiie conuocacion quelcon- que , ny drefler confrairie qu'il ne fuiï le premier conffaire , ce. coup fut rompu. On fçait trop par mal'heur, dequel meiiia- ge ont vfé les perturbateurs de noftre re- pos , ez villes plus padionnées de ce Roy- aume , pour Tous prétexte de le bander con- tre ceux de la Religion prétendue , faire des monopoles, qu'ils appellent confrairieSjqui fulTent quelque jour , quand il feroic bel oing à la deuotion de ceux qui le font en iin del- couuerts fous le nom de la Sainél:e Lit^ue. Si nous deuons appelier Saind ce qui cor- romp les moeurs , defnature les hommes, rend le fubjet rebelle à fon Roy , & blaf- phcn^ le nom de Dieu. Car qu'eft- ce au- tre chofe vne Ligue en vn Royaume , contre la volonté de fon Prince, qu'vn crime de leze Majerte' au premier chef? que la confu/ion
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4iî. Chapitre, ap.- - delà difeipline publique, quefouleuement j dVn peuple mutiné , & promptement arméy 1 que la femcnce > & la graine de cruauté , de I barbarie de fedition, & de fclornnie? qui fert d'oppofition , & de violence dangcreufe à tous les gens de bien , contre Dieu con* tre nature , contre le Roy , & contre foli pays.
SI R E , je vous fupplie tref-humblcmcnÉ confidcrer quels l'ont maintenant les ef^ feéts de cefte belle LiguCjen ce qui tou-» che feulement ce refcrit , par lequel noz Li- gueurs , qui le difent grands protedeurs de voftrc cftat,& font à cefte heure femblant de TOUS eftre fcruiteurs (î fidelles,ont pourfuiuy d'aflfujettir voflrc Royaume au Pape de4lo- me , lequel a ofé l'appeller Royaume de fon obédience > parole fauce , menfonge& pour laquelle Tvn de fes predeceiTeurs le plus fa6li- cux , & mutin qui jamais ait eftc , en à perdu la vie , par le commandement de l'vn de voz ayeuls. Car Sire, que eft-ce autre chofc cftre obedient du Pape, que eftre fon fub* )eél , fon homme, fon vaflal, ou pluftoft fon efclaue? S ire, reprefentezvous , s'il vous plaift , que le fai^l vous touche particulière- ment y d'autant qu'après qu'il aura gaigné ce
C H A P I T R E. 2p. . 4T^.
pied que Ton refcrit foie rcceu par voflre cocr niuence , il s'attaquera bie» ioi\ plus hardi» nient à voftre perfonne pour le moindre l'ub- jeél de i-nefcontentement qu'il b'imaginers, il vous excommunira, il vous liurera & fe- couëra la bride à ceux qui ne cherchent que roccation pour vous defFaire,& qui auec voz armes, de fous volire authorite' talchent de iè payer de voz defpouilles, ils n'ont pas plus fort inftrument que le Pape , fi vous luy per- mettez de s'autorifer en vortre pays, ces a- mes ambitieufes n'ont pas meilleure volon- té de vous aimer & vous Icrujr fideilements quelque mine qu'ils facent , qu'ils ont eu par le pafle , ils n'ont rien fait depuis leur rébel- lion,qui vous doiue pcrluadcr, qu'ils font au- tres qu'eux melme s'entretiennent près de voftre Majefte'.quclques lefuiRes ambicieux, pour d'elcouurir tous vos delTeins & vous entretenir en volonté de guerre de fang & de mifere pour voftre panure peuple iouuien- nc vous s'il vous plaift Sire, que vous te- nez le premier de tous les Roys de France, qui auriez donné voftre Rouyame en proye, & en criée au Pape lequel jouit d'vn doux & paifible repos en Italie , pendant qu'il vous veut faire croire qu'il vous faut tour br^flet & tQUt per^rç en ce poirre Royau-.
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414. Chapitre. 2p.
me , qui cH: à vous naturellement , & légiti- mement. Te ci'oy , Sire que s'ileltoit en pa- reil accclfoire , il chercheroit tons les moy- ens humains pour racheptcr la paix, mais quoy?il efttref-ail'e de vous voir perdre pour fon bien. Obreruez, s'il vous plaie, en ce dif- cours la Majcilé de vos predecefl'eurs , mef- nieen V Egliie , & chofes qui concernent l'e- ftatj & diicipline ecclefiartique. Dieu par Ta fainél:e grâce , vous vueille heureuicmenc côferucr en i celle. Sire prenez s'il vous plait, fur ce l'aduiç de vos ertat^, des bons non paf- fîonnez & dodes prélats de France , mefme de meifieurs de la Sorbône de Paris,de mon* fleurie Chancelier, & de voftre lènat, lef- quels tous d'vii accord afleurcront vo^rc Majefté tref chreftienne que ce que l'autheur de ccliure efcrit , eft efpuifé de la vericcdc rhilToire de ce Royaume,&: que leurs deuan- cier^ Pont ainfi gouuerne' fous l'authorirc de •leurs Roy s, le parle maintenant à vrus fei- gneurs Frajiçois, ce peut il faire je vous prie, que vous- trpuuiez bonne ccfte forme de procéder, -vos pères ont acquis à ce beau & noble Royaumeja gloire ^' le nom de Fran- ce le voudriez vous laiffer perdre par voftre conniucnce?lls ont porte' les armes glorieu- {èmenr,par toute la terre habitable,pour aug-
Chapitre. 29. 415. inenter ceftefranchile, attirerez vous hon- teufcment , &vous joindrez vous à ceiuy <]ui vous veut aiTujetcir ? les expéditions t]u*ils ont faiéte outre mer & hors le^ li- mites de cert Empire , ont rendu k nom Fr.inçois célèbre par IVniuers , jouerez vous à l'anéantir, Prendre la nation Françoife cref-miierable? LesRoys de France , parle droit qu'ils ont tousjours eu en la nomina- tion des bénéfices , & regale de leur Royau- me, vous ont gratifiez & pourucus des plus honorables dignitezen l'Eglife, voulez vous voir les elh'angers , luppotts &: créatures du P^pe, tenir vos places & vous priuer du fruit de vos inerites? Avons appartient de prou- woir en l'afleniblée des eftats au bien de ce Rovaumt , mel'me quand il feroit quellion delà fucceffion d'iceluy , voulez vous quit- ter c'ert excellent honneur au Pape , l'autho- rité duquel eftinouieen ce Royaume? voilre Roy Clouis premier Chreftien quand il vou- lut affembler ion Eglife, pour la difcipliner, mâda aux PapesApoftolioues de Ion Royau- me(ain(i appelloit fa majeRé les Euelques de France). Maintenant s'il eft queftion corne il en eft trop ^rand befoin de difcipliner noftrc Eglifejpaflerôs nous à Rome. Nos Euefques Re font ils pas iuffiians de ce fliire?n'cft ce pas
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4î<5, Chapitre. ^9. leur authotite ? n'eft ce pas leur charge? n*cft ce pas faire tort à kur dignité ? Meliieurs les Docteurs en Théologie delacitçde Paris, Cjui depujs ont eftc nôniez du non de la Sor- boone le font oppofez à Innocent deuxième, à Boniface huitie'me , à Benoid treziéme , k teon dixième , & plufieurs autres , qui taf- chocnr pour s'authorifer , de planter en no- ftre Eglile le pouuoir du Pape de Rome, maintenât vciidroyent ils c6î";iuer,voudroy- cnc ils elke preuaricateurs de la cauleque leurs deuanciers piez , fagcs de Catholiques;» ont fi reiolucîmcnt défendue ? Si le Roy de Nauarre, & Monfejgncur le Prince de Con- dé , font hérétiques pourquoy ne iiipplie?; vous le Roy de pcrniettre que i'Eglite s'af- fcmblc, afin qu'elle hur face le procès, & les déclare tels qu'ils font, n'Jons point cher- cher dehors, ce que npus auonsparmynous, Rç quittons point nosdrc>its,& noftrcauiho- ritç aux étrangers , ne foyons point au- theurs de ceRe nouuelle entreprilè , gardor.s les droits , & libertez de nolhe Eglifc Galli- cane, il femble certainement ,que nous foy- ons nais a celle fin que la porteritc raconté de nous cas inopinez , & eftranges , que nos pères nous ayeiu confcrue la liberté Chrc- ftiennc , eftsbîie par la difcipiine EccIefialH^
Chapitre. 29. 417. qu^des anciens conciles,nous defirons nous faire efclaues du Pâpe.rappellcaulTi particu- lièrement à mon itcours MefTieurs du Parler ment , & les fupplie de Ce reprercnter >la ver- tu de leurs deuanciers ,qui fe font venueuie- ment oppofez à toutes les machines , que les Papes ont fouuent dreflc ppur affujectir ceft eftat à leur fiege,l€s régi lires de là court font chargez des proteftations , déclarations , & arreiîs roIemnels,& norables,pour ce regard je n'en cotteray qu'vn pour le prefentjqui fut donné le deuxième jour de décembre mil cinq cents foixantc vn. fur ce quVn Tijeolo- gien, auoit fouftenu ez portions de fa liceo- ce , que fi le Roy , ou vn Prince , fe deuoy- picdeTEglife Catholique Apoftolique Ro- maine le Pape le pouuoit depofer. La teneur de larreftea telle.
CE jour (Thuy après ^ue le Procureur gê- nerai du 'jR^y^prefnt 77îaiHre7^îco- le m^ard^doyen, Âan AHeaume , Jean pelletier , le an tyflbam , lacejues Cahain , c^ 2^oeL Palier do fleurs enla faculté de Theolo^ gie^ pource mandel^ à re^ms à la court , e^utU eujfent fuiuant les injontctons à eux plufieurs foisfatciesy & par ordonnance d'kelle , cowrty '^e reprefenter tmijire Jehan Tan^jHireîjbnche-
4i8. Chapitre, ap, lier en Theoloçfie , four reffondre fur îapojt' tionpar iuy difppttee , concernant la majeftédi *B^y^& T^ rince s defonfang,lefdits de la fa- cnltéouys en leurs diligences , 0* efcufes enfern- hle ledit procureur gênerai en [es conchijionsi eux retirez ç^ la m^ttiere mife en délibération, les grand chambre ^ CJ-dn confeil ajfembléesja court a ordonné (jr ordonne , <^ue fuinant la dé- claration baillée par rnaiftrefean Tanquerel^ Jîgnee de fa Tnain, (jrpour fin abfencc , ç^ au lien de Iuy , le 'Bedeau de la faculté de Theolo^ gte , déclarera en pleine Sorbonne , en prefence du doyen , ô* tous les Doreurs de la faculté ^ mefrnes duditCfahin c^ bacheliers de cefle li- cence prochaine^ f^ui feront pour ceH effefl con- gregez.^ ç^ajfemblez. ^fur peine d'ejlre priuez. des priuileges à eux oElroyés par le %py, ^fes prcdecefjcurs , ajjiftans l'x^ndcs Prefdcm deux Coyifeillers du 'i\py en f celle Cour, (^ le 'Procu- reur gênerai dudit fleur, cjit il defplait audit Ta- cjîterel d'auoir tenu telle pofitioncjui fera Icuèi cjue indtfcretemst (^ inconfideréfnent ladite po- fitto à efiè tenue & difputée, ^ ^uil efi certain du contrairefopliera tref humblement au 7^y Iuy pardonner l'offence , (juil à faite pour auoir tenue ladite pojînon , gt* icelle auoir mis en di- jpHte &cefaity leur feront par Udite Cour fai-* tes deffences à faduenir de tenir telles pofitions^
Chapitre. 29. 41p.
(^ ctahodant que deux d'entré eux feront depu- tez.,pour aller deners le 7{py^ afin de le fit pp lier tres-htmblement ^cjjtnl leur vuei lie pardonner y (^ les tenir en fa bonne grâce ^en laquelle fis défi- rent demeurer^ comme fe s tres-hur/ibles^c^ tres^ ifhetjjans fiib\ets i^^ fermteurs fatt enparlement le deufiéme jour de Décembre , mtl cmq cents fotxanie vn.
ETPLVS BAS
EST ESCRIT.
Ce jour pour exécuter Tarreft fufàit , ont cfté conînMS,&: députez inaiftre Chriftophle de Thou preiîdent, Charles des Dormans & Barthélémy Paye , ConfeiIIcrs du Roy en i- celle Cour en l'abrence de Tvn defdits Con- feiIIcrs. Voila nolke rercrit,& bulle du Pape contre lefdics Seigneurs Roy de Nauarre , Ôc Prince de Condé jugc'e , &: condcmnee par c'eft arreft de la Cour, de forte que la nullité & abus ne peut el^re plus certain & indubira- bIe,contre lequel n'y à point de replique,que nous ne puiffions juftement dire,que ce n eft point au Pope à depoflTeder nos Roys,oii Princes de fon fang.
CHAPITRE. XXX.
SOMMAIRB.
ï, Lesenfans ne doiutnt ejîre punis pour Teffincedi^
père, z. Explkation de la l. ^ifquis C, dd leg. Ul.
TfMJeft. |. Le Royaum de THeu nefe conferuepas par mefmi
moyen que celuy du monde. 4. La fuccejfton du Koyaime de fyance n*eft pas portion de rheritage paternel : ains eft vne furrogation légitime.
LE lo.abus, & nullité fera prinfcde ce que le PapeSixtc,par Ton refcTit,ne s'cft pas contenté , de déclarer lefdits fei- gneurs Roy de Nauarre , & Prince de Con- dé,priuez dudit Royaume de Nauarre, bien? & fucceflions, mefnie du droit qu'ils ont d*er ftre capables à fucceder à la courône de Fran? ce,eniembledetous deuoirs jurifdiêlions, honneurs, & dignitez,mais il y à d'abondani compris , tes enfans & pofterité defdits Ici- gneurs Princes , qui eft U plus grande injur 0ice & cruauté barbare qui pourroit cftre i- maginée , contraire non feulement aux loix, & conftitutions des Empereurs Chreftiens^, & catholiques mais aux decrets,& canons de l'Eglife Romaine. Quiconque voudra (di8 Icçanô) ramener finçerenîçnt les dcuoiez ^
Chapitre. 50. 421, la foy cathoIiquc,& au vray chemin de falur, il (c doit môftrer doux, & graticux pluftoft q trop afpre & fcuere , afin q la rigueur ne def- courage ceux,q la raifon doit rappellcr à no^ TEueique qui fait autrement ( dit le texte) cQuiar. t femblc n'auoir pas tant d'efgard à la caufe de J jîdifti** Dieu,qu'à fa'palîionjCar fi faind Pierre après auoir nié par trois fois fon Seigneur eut efté feiierement traièlé. l'Eglifc nen eut pas re- çeu le fcruice qu'elle en à depuis recueilly. Il 4^5^? faut àôc corriger nô pas perdre,celuy qui eft doucemct chaftié, honore le pédagogue , la tudeflejla rigueur & la cruaute',n'aportent ny falutni fruir,râcié canô des Apoftres portoit, l'Euefque le preftre ou le diacre , qui rudoyé les Chreftiens deuoyes & par tel artifice pre- cSpiïc». tend fe faire craindre , doit eftre depofé de fa dift- charge, par ce qu'il fait contre la volonté de Dieu, lequel pardonne volontiers à ceux qui l'ont oflFenfé, Qui pourroit treuucr chofc plus rude en l'Eglife , pleine de douceur, que de condamner lesenfans mefme ceux qui ne font en nature, pour la faute par leurs parens au parauant commiic?Ie fçay que les Princes iQBirquis
f. . . i|''-n/i . cad.leg.Iurv
politiques , au crime de ieze majeiie humas majcft, ne, ont obligé le fils , pour le crime du père, mais la côfideration de ce forfait eft toute au-' tre, parce que le plus fouucnt, les enfans fons
42î. C H A P î T K E. .50,
engagez, ôc^fontpdrticipans delafadiondâ leurs parens. D'ailleurs les Princes de Ja ter- re ont des mouuemens particuliers, pourb conleruation, & jaloufie de leur eiiat , autres qui ne peuuenr elchoir en la volonté', dou- ceur ^ mifericorde de Dieu joint que le cri- me d'iicre (le , eil: vne maladie del'amejdc refpiit & du cerueau, laquelle demeure enti- èrement purgée , & les enfatîs régénérez par le fain^l iacremenc de leur baptelme. Si bien cju'il etl befoin qu*ils loyent particulière- ment poilus demefme mialadie, pour cftre condamnez , & coulpables , c'eit pourquoy les Empereurs, G ratian,.Valentin, deuxième Theodofe le grand , & luftinian , ne les ont l.4§.re(!, pas priuez de la fuccelTion de leurs pères cog.i.o:i «"icfmcs l'hérédité des Apoftats , n'eft pas re- ïnlh f- i, ^"^^-'^ ^ ^^^^ P^"^ proches , par Tedit des Em- «i<:^H-|^t î- pcreurs Theodofe 2. & Valcntin ^. Saint Au- pôa. ' guliin efcriuantà rEuefque Auxilius,duquel Tepifire cft raportéc par Gratian, blafme F.pift.7î c. fort le pafleur^ qui auroit anatliematifé le fils q.j. pour le criiïîe du perc : hngulieremcnt celuy qui feroit ne après l'excommunication jettée partant il conchid , que cela n'eft pas raifon- nable, ôc ne peut cftre authorifé,par l'efcritu- rc CsLUiàlc. Or n'ell ce pas excommunier l'en- fant, auec le pcre, de luy faire feutir le fuppli*
C H A P I T R E. _50. 4Î^.
ce du condemné? luy faire l'oufrir la peine, de la faute d'amruy , le priuer de rhora]eur,& déclarer infâme, auancquei'auoirveu ; nosî^if.^''* loix ont eflimé cruel le père, qui auroit exhc- redé fon pofthum, duquel il ne peut a- uoir efté otfenfé ; voudnons nous imaginer Dieu, qui cft la mcfme douceur & charité paternelle , plus cruel que nous raefmes > Conibien eit donc aufli à blafmer rEuefque, & le prélat , qui nous appelle fes enfans, maudiflant celuy d'entre nous , qui n'eft en- cor au monde ? & n'elt pas enrôlé au nom- bre de (es ouailles ? il le hait fans l'auoir veu, il le punit par opinion , & fans fçauoir quel il peut cftre , qui eft vne indifciction inex- cufable , car à la vérité les loix & canons de l'Eglife , ne doyuent pas auoir la rigueur, ^ la crainte , qui retient les Roy s , & Prin-^^^g^^^j^ ces contre leurs rebelles, fubjed s: les Pa- ^'J;^^^^^^ fleurs font les difpenfateurSjde îa douceur,de H^iet. la clémence & bonté de lefus Chrifl^qui ne prent jamais Fvn pour Tautre. le l'cay qu Innocent troifiénie , & Federic deuxiè- me , Eiripercur,ron pupille, inftruit ai mef- me efchole , ont priuez les enfans , quelque Catholiques qu'ils foyent de l'héritage de leurs peres,condamnez d'hercfic. Mais il eft tout eertain,quc c'eft vue barbarie,6c rudeife
414» Chapitre 50^ 6«aro6. du (iccle , Contraire à la police desancieri^^ ïeUew-' plus pics , plus ardciis , & mieux zelcz, com- if^lT nie de fa!t,les doéleurs canoniftes glofateurs î^^S. ^^ ï'^pi'^^rc decretalc d'Innocent , recogno#. Laurent, fent ouelle ne peut auoir lieu qu'en la rerrc cap.vcrg^- du Pape, & qu'ailleurs les vieilles ordonnan- Hser. cesdoiucntelTre gardées , comme plusrai- fonnabFes , Or pour la fucccfliôn du Royau* me de,France , il y à bien d'auantage , car la ,.j^.agjj,.potteritédcrdits lèigfieurs Roy de Nauarre, wr.&spkg. ^ Prince de Condé , ne fcroit pas capable d'icclle , comme héritiers ayans caufe de leur perc, ny par le moyeu d'iceluy , ains en vertu de la Loy Salique, & Royale , par laquelle la Couronne appartient au plus proche du Roy defunél , s'il cft mafle ,& iliii de ligne mafculine, qui eft vn droit du lang, de nature & de gentilitc , procèdent en vertu de la Loy du pays j lequel tous les Papes du monde, leurs décrets , ny decretales ne fçauroient ar- racher , moins pourroit eftre changé , ny di- minue, es enfans , par le crime prétendu fur le père: c'eft le texte formel d'Alphenus, qui dit que celuyquipertla cité parfacondem- nation , ne faiét dommage à fcs defcendens, d'autre droit, que de celuy, qu'ils pouuoyenc auoir en confidcration de fa perfonne,s'il fut mort citoyen Romain, c'cft à dire de la fuc*
ccffion.
Chapitre, 50. 425,
celTïon , ou chofcs femblabic , mais ce qu'ils ne tiennent pasdeluy, ains de toute la fa- mille , de la cité & de la nature demeurera en leur main fans aucun contredit : telle- ment que ce qui leur eft deù , comme en- fans, non pas comme héritiers, ou bien te- nans, n'eft point perdu en la calamité pa-|:^'"^^f- ternelle dont procède la raifon , par laquel-fo^-î^)^***
r r r I • 1 leg.i.Iul.
le les enfans font conieruez ^ au droit depa-œajeft. tronnage , fur les biens de l'affranchi par leurs predecefTeurs , encor que le pcre ait commis telle ofFenfe, à caufc de laquelle il en deut eftre priué pour fon regard: joint qu'en vertu de la loy du Royaume 3 la Cou- ronne ne peut appartenir à autre , qu'au plus proche du fang Royal , par confequent puif- que la loy la leur referue , le père ne fçauroic îts en priuer , direélement ou indirectement par fon offenfe , tout ainfî que celuyquieft heueu, & fils de fenateur , ne lailTe pas de re- tenir la qualité , la dignité , & le priuilege, cncor que le père ait efté condamne, & chaf- fé du Sénat , auparauant que fon fils fut con- ceu: parce (dit Vlpian) que nous auons plus d'efgard à la dignité desanceftres de certuy-ci j qu'au milerableeftatde fonpere= Senfuit dons que quand lefdi6^s Seigneur?
4^^. CONCLVSION.
Roy de Nauarre,& Prince de Condé,(c-' roycnc bien authentiquement, & légitime- ment , pour le fait qui fe prefente condam- nez, &; priuez de leur reng , & qualité , qu'ils tiennent en ce Royaume , néanmoins leur pofterité , n'en pouroit ny deuroit eftre for- clofe , attendu qu'elle n'auroit pas ceft auan- tage, par le moyen de leur pcrc, ains par Tau- thontc de la couftume , & loy de France , eu lafuccediou royale. Enquoy le Pape Sixte, ou plus tofl le lolicireur delà ligue , qui à dreiîcàRome , procuré &: figné le rclcrit comme ingrat & iudigne du nom François s'eft abiife, par malice , & par ignorance tout cnfemble.
CONCLVSION.
CE font les nullitez, abus, & entrepri- fes , que fay peu remarquer , en la bulle jettée par le Pape Sixte cin- quième , contre lefdits Seigneurs Roy de Nauarre , & Prince de Condé : dont appert qu'il n'auoit pas puiiTance de ce faire, tant pour n'cftre point Eucfque vniuerfel , que par ce d'abondant , que lefdids Seigneurs Princes François , ne font aucunement fub- jeélsàrEglifedeRome, ^font difciplina- bles , en TEglife Gallicane feulement : d'ail- leurs qu'à la vérité l'affaire n'eft plusdifpo- fë , de forte qu'on deut jetter fentence d'ex- communication contre quelque particu- liers, pour la diuerfîté d'oppinions en la Re- ligion , puifque les chofes ont ja paffé en fchifme, & diuifion parfaiéle Moins cncor pouuoyent lefdiéls Seigneurs Princes eftrc déclarez excommuniez , ny anathematifez comme heretiques,impenitens,ou relaps, at- tendu qu'ils ne demandent qu'eftre inRruits, qu'ils tendent les bras, fi on les veut rece- uoir , qu'ils font inftance au Roy leur Sou- uerain , de leur faire ce bien , de moycnner
42^^. CONCLVSION.
leur revnion , par le moyen & fous Tautho- rité d Vn concile légitime , gênerai , ou na- tional , auquel ils le foumettent n*ayant ja- mais cognu autre chofe en la Religion , que ce qu'ils tiennent : partant le nom de relaps ne leur peutconucnir puis qu'il n y a eu ja- mais autre condemnation contre eux , & n'ont en leur vie , abjuré l'opinion en laquel- le ilsviuentj (î on n'apeloit abjuration , la force publique , qui leur fut faite , l'an mil cinq cents feptante deux d'abondant il ap- pert, que le Pape a fort précipité fon ju- gement 5 à l'inftigation des autheurs delà Li- gue , qui defchire aujourd*huy la France , & n'alaiflé à ces deux Princes, les deffenfes na- turelles , qu'on ne peut refufer au plus mife- rable du monde: Car il eft tout certain qu'ils n'ont jamais efté cirez , ouis , ny deffendus, & queSixteàplustoftfrapéle coup, qu'on ne s'cft apperceu qu'il fut aflfis au lieu capa- ble pour ce faire : de forte que je diray après l'Euefque de Chartres lues efcriuant à l'E' uefque d'Orléans , que ces commcncemens ne promettent pas vne heureufe fin , comme on doit rccognoiftre auffi, qu'il y eft allé par voye extraordinaire , & en autre lieu qu*il ne dcuoit , par ce que les exécutions de telle
CONCLVSION. 42p.
confequence ne font pas charges dei'Euel- que feulement , ains doiuent eilre faites, par le corps de TEglife légitimement conuoqué Finalement il eft fans doute, que la puiflance des Clefs ne peut s'eftendre àladepofition & priuation des Royaumes, terres , ou fei- gneuries , moins à la perte des honneurs , di- gnitez & qualitez , mondaines attendu que lesccclcfiaftiques , nontpouuoir ny jurif- diélion , que fur les chofes fpirituelles , tout ainfiqueTEmpire quilsgouuernent, & du- quel ils font les pafteurs , eil au ciel , & n'a rien de caduque. Toutes lefquelles uullitez, abus & entreprifes, je n'ay point aflemblé Si- re par hayne ny mefpris de l'ordre ecclefia- ftique lequel j'honore & venere comme doit tout vray catholique, tel que je fuis viuant fous la doctrine de l'Eglife Apoflolique Ro- maine, ni comme fils mgrat , pour defcou- urirles hontes de noftre mère TEglife ca- tholique, moins au(îi,par mauuaife affcélion que j'aye enuers le Pape, lequel je tiens pour Euefque pafteur & prélat du premier fîcgc, des cnuirons de Rome. Mais je l'ay fait prin- cipalemcnt,Sire,pour l'honneur & gloire de Dieu, par ce que certainement les Papes, dçfpuis long temps, ne font plus pafteurs çn
Gg iij
4^0. CONCLVSÏON.
l'Eglife Chrétienne, comme ilsdoyuent> ains Roys & Monarques du monde , con- tre leur inftitucion & deuoir. La caufe c'cft auflî prefcntée , pour le feruice que je doy à voftre majcfté ,& à voftre couronne , de la- quelle je fuis naturel lujct zelléaubien d'i- celle , d'autant qu'elle lêroit fort abaifTéejS'il falloit l'aflujettir en nos jours à Tobedience & juriCdiétion du Pape : lequel elle à eftably , & eileué tel qu'il eft. D'ailleurs par ce que je voy, Sire , que cefte injurieufe entreprife, touche particulièrement voftre perfonne, contre laquelle fans doute , le Pape pren- droit argument defe courroucer au premier jour , fi vous luy permettiez d'enuoyer , & receuiez les foudres de fa puiflancc. loint qu'il y va de Tintereft & de l'honneur des trois cftats de France , fur & contre l'hauto- rité defquels , le Pape par cefte Bulle, difpo- fe & juge comme fieur dominant en ce Royaume, lafucceflîon d'iceluy.Finalement que s'eftant attaqué aux deux premiers Prin- ces de voftre fang,c'eft indireétemcntmef- prifer voftre majefté , & entreprendre fur voftre authoritc & des pairs de ce Royaume par lefquels feuls lefdits feigneurs Prin- ces peuuent cftre difcipllLCZ. Refte donc
CONC LVSION. 4^1'.
François , que nous deuëment inftruits de la vérité de celle cauie, recognoifTions mainte- naiiCjde quelle boutique eiliorty ledit ref- cricdeRome, & que les autheursd'iceluy, font les mefmes qui depuis vingt fix ans, nous trauaillent,pour leur auencemenr, niais plus ouucrtement depuis quatorze ou quin- ze moys, qu'ils fe (ont déclarez rebelles, & ont faidl montre de leur conjuration, fous le nom de Ligue Sainde qu'ils ont couuerte du prétexte de la Religion Romaine pour préparer le chemin à nouueauté , & s'al- leoir (ur le Siège Royal , en dechafians les vrays Seigneurs, qu'il tiennent pour viurpa- teurs,& après eux fe faire maiftres,ou tyrans, de la vie, des moyens, & de la liberté de tous les crens de bien. Et fi la deflus fetrouue trop fouuent des moynes, lefuilks , & autres ma- lins ei'prits , par'lefquels ils fe font recom- mander au peuple , à la folicitation des hom- mes qu'ils tiennent à ces fins à leurs gage?, auec lefquels ils prennent plaifir d'alTilkr dans le temple,& en la face de Dieu Jors que fes predicans diaboliques,prefchétpublique- ment,en mefprifant le Roy, & les Princes de fonfang, qu'on peut jurfen^nteftablir des Roy s de grace,cncor que la nature , & la loy
G g iiij
4^2. CONCLVSION.
nous en ait donné par fucceffioa légitime Reprefentans i'iir cefujet , les vertus nota- bles , des rejettons qu'ils appellent de Char- îemagne, admonnertans le peuple , de jet- ter les yeux fur ceux-là comme fur les reftau- rateurs de l'Eglife , & de TEftat mefme s'il fe trouue quelque curé ou pafteur , homme de bien ( comme il en y a encor grâces à Dieu) qui ne veullent fuiure leur damnable inten- tiô, ainsquiinftruifent Ton troupeau à la paix^ à !a douceur & à rhonneur, & feruice de leur Roy,&: des Princes de ronfâgyà la grade des îoix,& police de ce Royaume, ils Tenuoyent intimider , le blarment,le menacent, bref ta- chent à luy faire perdre le cœur &: changer de langage:& tout ceci cependant/ans qu'on y ait aucun efgard , comme s'il efloit fatal en ce Royaume d'eftre difTipé en nos jours, & par ceux proprement de cefte maifon , en fa- ueur défquels nous voyons la plus part des Ecclefiafliques bandexàlcur propre ruïne, pour la feule crainte qu'ils ont d'eftre refor- mez en vn concile libre : que peuuent donc- ques dire ceux qui font d'autre Religion que la noftre ? que nos pafteurs font arri- iiez au comble de toute ordure , fi bien que j>ui§ qu'iîs ont peu de dcuotion j^ ils en au?
CONC LVSION. 4^J,
ront encore moins,voyans que pour la crain- te que nous auons d'eftre,tanccznous ne vou-» Ions pas qu on s^ailemble pour nous cha- ftier,& corriger. Dieu nous demandera le fang efpandu fur ce débat, il nous faut rendre particulière raifon de toutes nos allions, que répliquerons nous la deffus ? quelle defance auons nous? l'Eglife Catholique à trouue'bon, & à commandé par décret ex- près du Concile de Conftance , de s'aflem- bler de dix en dix ans , mefmes de definer le lieu du prochain Concile,en la dernière con- uocatiô qui fe feroit, commet nous pouuons nous excufer, quand bien le Concile de Trente , feroit le plus légitime du mode, d*a- uoir efpandu le fang vingt (îx ans durant , à faute, & pour le refus d'vne alTemblée à la- quelle nous fommes obligez , ores que n*en fuirions femonds? Si Dieu menace de mort, celuy qui eft caufc dVn particulier fcandale, que nous pourra dire fa Majefte', à nous di-je qui caufons la ruine de fon Eglife , & encor que par ce Concile vous d*eu(îiez perdre Ro- me, & tout le patrimoine que vous appel- iez de faindl Pierre,vous le deuez^pour le fa- lut de tant d'ames , pour lefquelles îefus Cbrift eft mort , & doit eftre çeluy voftrc
4^4* CONCLVSION.
foin , pluftoft que des chafteauK ou des ri- cheiTes , vne ame eft plus chère à Dieu , que tout voftre threfor , mefme que le Ciel ny la terre , qui ne font à Ton image , & fem- blance. Voftre office donc eft, de fauuer lésâmes, vous craignez qu*oH vous oftelc temporel , je crains que vous ne perdiez le Spirituel, auec celuy que vous voulez garder. Souuienne vous de Tapologue , de frère lean de Roquetaillade Cordelier , qui viuoit fous le Roy Charles cinquième pcrfonnagc infi- gne en fçauoir , & bonne vie , lequel voyant que l'infolence de la plus part des Ecclefia- ftiques, feroitenfincaufeque Dieu Icshu- miliroit, & rendroit miferablesjdifoit qu'au- trefois efloit defcendu du Ciel , vn oifeau fi beau, &(î parfait, qu'il feuibloit mieux vn Ange quVne autre créature , pour lequel voir & venercr , tous les autres oyfeaux ac- couroyent à grands troupes , auecques ad- miration , de la beauté , & grâce de ceft ani- mal diuin, qui néanmoins eftoittout nud , & n*auoit moyen de fe leuer de terre, dont les autres prenans pitié' , tiroyent àl'ennuy les plus belles plumes qu'ils enflent en leur aiflc & en reueftoient ce nouueau venu , lequel ainfi reueftu de toutes pièces , fe trouua le
C O N C L V s I O N. 4^^,
mieux accommodé, & le plus délicatement emplumé , de tous les compagnons , fi bien que revoyant en celk pompe, commença d'encrer en opinion de Iby, & s'en orguel- lir tant qu'il ne tint plus conte de ceux , dont ilauoitreceu tant de riche plumage, & non contant de les meiprifer , leur iniultoit du bec , ôc de Tes oncles , de manière que les au- tres ayant beaucoup enduré deluyà caufe de fa beauté , & voyant qu'il continuoit de les haraflTer , chacun reprit fa plume , lors en peu d'heure , il fe trouua tout nud , comme ilauoit efté auparauant, & deuint pauure. & humilié. Frère lehan accommodoit ceft apologue , à l'ordre Ecclefiaftique , difant que jadis TEglife eftoit pauure des biens de ce monde , elioit toute belle , diuine , & ce- lefte , dont les Roys de les Princes prindrent telle admiration , & pitié qu'ils n'ont cefTé de l'enrichir du plus beau de leur bien, ter- res;, & Seigneuries. Mais l'Eglife, ou mini- ftrcs d'icelle fe voyans enrichis & efleuez des plumes d'autruy , fe font mefcongnus , & enorguellis, (comme les richeffes enflent mefmc les plus humbles ) de forte qu'ils fe font voulus comparer aux plus grands,fàifans & donnons beaucoup d'ennui,à ceux,dont ils
45^- CoNCtVSION.
auoyent rcceii leur aduancemcnt . jufques à leur faire gucrre,& les priuerpu chaflerhors de leurs héritages : & fur ce particulière- ment allegoit , les biens-faits des Roys de France , à rEuefque de Rome , & aux Ec- clefiaftiqucs mefmes , comment le Royau- me de France , à efte' de tout temps le refu- ge aiïeuré des PapeSjtoutesfois pour recom- penfe , ils ont fouuant donné,en proye,vou- lu déchirer celuy, duquel ils ont tant receu de faucur. Làiffous les vieux exemples, vous meilleurs les Euefques de France , comment traittez vous maintenant les Princes du fang du Roy, enfans & fucceffeurs de ceux qui vous ont faits fi puiflans , & C^ riches , que vous vendez le bien qu'ils vous ont donné, pour les chafTer de leur maifon , & introdui- re parmy nous , des tyrans*eftrangers , qui cauferont la ruine de voftre ame,aprcs auoir confommé tout le temporel de TEglife? Quand Dieu veut perdre quelques vns,il leur otte le fensjil femblequ'ainfi foit de vous, vous voyez le feu en TEglife , vous vous jjettez pour vous bruflcr auec? C'eft grand malheur,par les conciles rEgHfe à eflé confirme'e , purgée & nettoiée piufieurs fois maintenant nous craignons de la perdre,p4r
CoNCtVSION. 4^7.
ceftc mcfmc voye, jamais nos percs ne fe fuf* ienc affemblez s'ils euffcnt eu pareille crain- te & n'euflcnt aboli tant d'herefies , qui ont tourmenté jufques icy TEglife de.Iefus Chrift. Pour vous ramener au bon che- min, fivousn'cftes du tout aueuglez, je veux feulement vous reprefenter l'inltitu^ tion du bon & do6le Laélance pédagogue de l'Empereur Conftantin le grand, lequel parlant des payens idolâtres , qui vouloy- ent de ion temps contraindre les Chreftiens, d*adorer les Idoles , & quitter par perfecuti- ons la vraye foy & Religion Chreftienne,dit ainfi, pour monftrer que la Religion ne doit pas eftre fouftenue par le couteau. Or pour litf.ioft,
»i • r • i> cap.20.
ce qu lis ne peuuent rien par rorce ( d au- tant que la Religion de Dieu , tant plus s'au- gmente qu'elle eft oprimée ) qu'ils y procè- dent pluftoft par oraiions , & par exhortati- ons : que les Euefques & Preftres de leurs Religions nous appellent à leurs fermons, & difputations qu'ils nous exhortent àrece- uoirles adorations de leurs Dieux, qu'ils montrent qu'il en y a beaucoup qui ayent foin à gouuerner , 5c mainte nir toutes cho- fes , par leurs puiflfances , qu ils nous confir- ment toutes ces chofes , non par leurs pro-
43^. CONCLVSION.
près opinions ( car l'opinion de rhomme mortel ne vaut rien) mais que ce foit par tcf- moignages des diuines efcritures , il n*eft pas bffoin dVfer de tbrce n'y d'y aller par in- jures , d'autant que la religion ne peut eftrc contrainte , on doit plulioft procéder par paroles , que par battures , pour faire que la volonté y ibit , qu'ils deCployent toute la puifTance & fuptilité de leur efprit? , Se fi leur raifon eft bonne , qu'elle foit amenée , nous ibmmesprcth dcl'ouir. Il y à grande diffé- rence entre cruauté & pieté , & ne peut véri- té eftre conjoinél:e auccques la force , ou ju- ftice auecques la cruauté , mais ce n'cfl pas fanscaufe qu'ils n'ofent riencnfeigner des chofes diuines, car ils craignent qu'ils foyent moquez des noftres & delaiflez de leurs gens la Religion doit eftre défendue , non pas en mettant à mort, mais en fouffrant foy mefme, pour eftrc occis , non pas par cruau- té, mais par patience , non par mefclianceté, mais par foy car occire & exercer cruauté eft mefchanceté , & n'appartient qu'aux mauuais endurer la mort , & auoir patience en foy eft la marque des bons. Il eft queftion que le bien foit en la Religion , non pas le mal,d'au-
CONCLVSION. 4^p.
tant que fi tu veux dépendre la Religion par cfifufîon de fang , par tourmens & par cruau- té 5 elle ne lera lors défendue, mais elle lera pollue , & l'ouillée. Car il n cft rien plus vo- lontaire , franc , & libre que la Religion. Voila le difcours & le jugement dVn ancien> grand , & fort zélé Doéleur , en la Religion Catholique , auquel je ne fçay comment nos Ecclefiaftiqucs peuuent bonnement contredire, & faire tout autrement qu'il ne nousàinftruits: joint qu'à la pourfuitédes mauuaisjils perdent les gens de biê,parquoy je trouuc, qu'il feroit beaucoup plus équi- table de fuyure le conicil que l'E^efque de ^ ^ Chartres lues , Donnoit à l'Abbé deVcn- dofme, de tellement foigner à laguerifon des vlceres du corps , qu'on n offenfaft en rien les membres qui font bien difpofez* Ailleurs ce bon Eucfque reprefentoit , que tout ainfi que ccluy ,qui coupant du bois en la foreft,ayant jette fa main fur la coignée , (î le fer luy efchappc, il met Ton prochain à mort, pareillement la rigoureure& immo- dérée diicipline , tant s'en faut qu elle amen- de ceux qui font frapez delaroideur d'icel- le , que au contraire , ils en demeurent defef- DentM^ perez, & tentez entre les mains du diable,
440* CONCLVSIOÏ?.
Tant y a mcnieurs , que nous verrons maitt- tenant , fi vous eftes les bons bergers , en- uoyez pour la paix , non pas pour fcmer guerre, fi vous eftes nez entre nous j pour aflemblerle troupeau , non pas pour le dif^ perfer. La porte eft ouuerte, par laquelle les brebis efgarées veulent entrer , Ci vous ne vous mettez au deuant auec les armes,, pour les empefcher : s'il eft ainfi le Ciel & la terre , confpirera contre vous , tout le monde vous acGufera d'injuftice, perfonnc, ne voudra fuiure ny honorer celuy que vous tenez pour fouuerain Euelque , s'il refufe de donner la paix à TEglife d'vne feule pa- role , regardez je vous prie à quoy s'eft oc- cupé lefus Chrift , qu elle a eftc la vacatioit des Apoftres, quel foin auoyent les difci- pies, vous tenezk le Pape vicaire de Icfus Chrift , vous eftes fuccefifeurs des autres^ fuyuez les en mœurs , & en exemples , com- me en charge , & en office , faites baifer la paix & la jufticeenfemble, ainfi Dieu bé- nira voftre oeuure , les Royaumes & Em^ pires fe conferuent heureufcmeat , par les mefmes moyens qu'ils font acquis , & plan- tez : le Royaume de Dieu fft planté par îapaix, il le faut doncqucs eonferuer par
icelle
CONCLVSION. 441,
icelle. Nous auons perdu la pi^té, nous auous retenu le nom, nous auous perdu la fainé^eté, & fommes néanmoins appeliez fain^ls en nodre vie. Dieu vucilk qu'après la mort nous ne foyoïîs maudits : dites doncques melTicurs je vous prie. Ego cot gito cogitationes-pacii:, (^ non, ajjliciiorjs. Mes penfées font de paix , & ne font d'afflidion. Le Pape ne doit auoir honte, &: ne peut el-iimer indécent, de retraéler la trop pre^ cipitee fentence qu'il a donnc'e contre le Roy de Nauarre, & Monfeigneur le Prin- ce de Condé , prononcée par obreption , & faux donné entendre de ceux de la Ligue, lues Euefque de Chartres eicrit au Pape Pafcal deuxième , qu'il eR raifonnable que fuyuantrexcmple des Apoftres , & doélri- ne de TEfcriture fainéle , i'Apoftolique re- forme ion jugement, b'iî a eftéfurprins en la prononciation d'iceluy : car ores que les lentenccs de l'Euelque de Rome , fudent de telle authorité, qu'elles ne dcuffent cRre caflees , ailleurs qu'en l'Eglife de la ville : du moins il faut , ainfi que ledit Huefque efcnc en vn autre paflage à ce Pape , que luy meû me reforme ce qu'il aura galtc, iî bien que ceqn*ilauroi£ reprenne par quelcue feîieri-
44^ CONCLVSION,
té paterneHe , il le doit après recueillir , par vne maternelle douceur : c'eftà luy de rame- ner en la bergerie les ouailles perdues , & qui ie font elgarées dans le defert, mcline ( dit ce bon Eueique ) ores que les brebis vouIufiTent demeurer perdues, & fe préci- piter à la gueule des ioups: toutesfois c*eft à fa faindeté de veiller , par exhortations , & remonftrances , & leur dire je ne veux pas que vous erriez, ny que vous perifTicz , il ne faut pas les précipiter ou les defefperer , par jugemens rigoureux , & feueres prononcez fans aucune cognoifl'ance de caufe , ny for- me de juftice , ceux mcfnies qui fcroyent perturbateurs de la paix publique, le fagc
£pift.44. Euefque Chartrein ne penfe pas qu'ils doy- uent eflre excommuniez, tant s*en faut qu'ils puifTent eftre punis en leur vie , honneur, biens & dignitez , finon ( dit-il ) après qu'ils auront elle accufez , & conuaincus , qu'ils ne voudront amender leur corrompue fa- çon de viure, alléguant le palTage de fainél
iib.de pœn. /Vuguftin , qui contient que les Euefques ne peuuent priuer perfonne de la communion, cncor ( à ce que porte le texte ) que telle in-
ino.cpift. terdidtionnefoit pas mortelle, ains mede*
*^ ^' cinale , s'il n'cft conuamcu , ou qu'il ne con-
CoNCLvsroN. 44^,
fcflê Ton ofFenfe , moins peut le Pape en fa- çon que ce foit, eftablir ou depofer les Roys & Princes , ny les priuer par Tes jugemens de leurs Seigneuries , ou puifl'ances fouuerai- nes , d'autant qu'il n'eft commis qu'au iim- pie gouuerncment, & modération de l'on Eglife , i'elon Tinftitution que lefus Chrift à prefcrit à fcs Apolires & difciples , l'exem- ple defquels le poëte Guntherus reprefcn- toit au Pape Hadrian quatrie'me efcriuanc en faueur de TEmpereur Frideric Barbe- ro ufTe.
Temperet , Ecckfias^ ejm débet jure, guhernet» Cogitet anîicjuos^fremeuî timporis armos, PreterftopjuedieSi^ efpecula prifca reualnat, 2^un PetYHi ? aut Clemcns / T^un ctctera tur^
ba priorum Sceptra Latina dabat} ^omanm umpore
prifco ^auper eratprafuly regali munere creuir, 7\^ec tamenvt jkfces^ ^ regnijura Latini, Vel date prafumat^vel cuiquam toUere poffit. Exceffere modum magnorum rmmera regum^ Si tantHmcuiquAmjptsinfua régna dederunt, Sed necjHC tantafuit lagitto^ necdare cjuifquam
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444- CoNCLVSION.
Q^o caret ipJe,potefi hujw coUatio regnî Autoreyn Sortit a, Deum^continçere nulli Jure pote fl hominum: collator muneris huJM, Eft Dem .• hoc fummis regnum conjèrtur ab a- ftrls.
Par ces vers le Poëte admonnefte le Pa- pe , d'eftre modefte de gouuerner l'Egliiè fclon le deuoir de fa charge , de confidercr les fiecles paiTez , à Te reprefenter Tes deuan- ciers, de fçauoir fi Sainél: Pierre, Sainél Clé- ment ou lesaucres premiers Eiiefques don- noyent TEmpire des Romains rEucfque de Rome (dit le texte) eft oit ancinnemcnt pau- ure , il s*eft agrandi de la libéralité des Em- pereurs, non pourtant qu'ils luy ayent per- mis de conférer ou reuoquer le droit du Royaume , ny l'authorité de l'Empire. Auf- fî s'ils Tauoyentfait, ladonnation & licen- ce leroit du tout inutile & immenfc : tant y a qu'ils ne l'ont pas , comme à h vérité il n*e- iioit aucunement en leur puilTance , de don- ner au Pape à quoy leur authorité ne fe pou- uoiteftendre. Or l'eftablifTement & colla- tion des Royaumes appartient à Dieu , non aux hommes. Dieu tout-puiflant en eft le
CONCLVSION, 445,
donneur, le Cielett le feulcollateur de tel- les dignitez. Voila le diicours de cert au- theur , qui viuoit du fîecie dudit Frideric , & peuau parauanc, enuiron cinq cens ans font palTcz. Donc f\ noftre Pape Sixte ne veut maintenant reuoquer la malediélion , qu'il 3 jettée , lur lefdits Seigneurs Princes , les E- uefquesde France le doiuent, à l'exemple de leurs predecetTeurs , qui l'ont fouuenc obferue' i les Euclques des Prouinces de Rheins, de Sens, & de Tours, s*aflemblerent du temps du Roy Philippe Dieu donnée pour cafTer Texcommunication que le Pape Vrbain deuxième, auoit jettée contre fa Majefté ils en firent autant ious les Roys, Philippe Augufte, Philippe le Bel, Charles fîziéme , Charles feptiérrLe , & Loys dou- zième , bref, toutes les Fois que les Papes ont entrepris d'exconuuunier les Roys , ou Princes de la maifon Royale de France , & qu'ils ont perfifté en celte mauuaiie Volonté mefmepour le regard des Princes du fang, ou autres feigneurs qui ont ceft honneur d'aprocher de la perfonne du Roy , les en* ciens Euefques de France auoyent cefte dif- -cretion , de ne les excommunier jamais, que les accufez n'eufient au parauant perdu la
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44^' CoNCLVSION.
bonne grâce de la Majefté laquelle par fa bouche facrëe les eut priuez de l'honneur & du reng qu'ils tenoyent près de fa perfonnc, fi bien que fi par après le Roy par fa clé- mence & bonté les rcceuoit de rechef en fa grâce , & les rapeloit en fa table , les Euef- ques pareillement eftoyent tenus , fi nous voulons croire ledit lues de Chartres , de les reftabhr & receuoir en la conimunion de l'Eglife, à fin que il ne femblaft que les Pre- ftres de la maifon de Dieu trouuafient mau- uais , ce que le Roy par fa plete' Royale au- roit receu ou approuué près de fa Majeftc, Vous Empereurs , Roys & Princes Chrefti- ens, confiderez la confequencedelabuUe de Rome , jctte'e contre lefdids Seigneurs Roy de Nauarre , & Prince de Condé, pefés auecdifcours, de combien le fait vous tou- che , ou à vos enfans & fuccefieurs , s'il faut que vous enduriez à voftre barbe, que vos fubjec^s s'appuyent, fur quelque prétexte, quand ils voudront s*efleuer & bander con- tre vous , & vous refufer la foy & hommage qu'ils vous doyuentfous la marque & pe- fanteur du plomb dVne bulle de Rome, fur la colère du Pape, fur le faux donné enten- dre, & à Tappctic de quelques mutins, qui
CONCLVSI ON. 447.
fe trouueront efleucz & agrandis en vos EmpireSjRoyaumes &Prinapautez? Quel- le fera voftre affeurance? quel fera voihe ap- puy? que deuez vous efperer mieux? que deuiendrez vous par après fi le Pape vous faic endurer la cheute, le changement &: la fubuerfion de la fuccellion du Rouyaume de France, le plus grand , le plus noble , & le plus puififant de l'Europe par le bon voifi- rage, & amitié duquel vos Eftats demerent affermis, vous recogneus pour vrays Sei- gneurs de vos Principautez, vos enfans pour vos Tuccefleurs , lesloix de voftre pays con- feruées , & vos fub jeils retenus au deuoir, de l'obeiffance qu'ils vousdoyuent? quand le Pape aura exécuté Ton jugement , fur la Couronne de France , auez vous opinion qu'il foit content de cefte grande conque- fte ? ne vous reprelentez vous point , la natu* re de l'ambition ? auez vous oblié que le Roy de France Henry deuxième , du nom par fcs armes , conlerua la liberté de l'Aie- magne , & repnma pour lors l'audace du Pape de Rome qui auoic animé l'Empereur Charles cinquième , contre les Princes de l'Empire , fur pareille occafion, que celle de prefent ? pcnfez y s'il vous plaift , & croyez
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44^' CoNCLVSION.
fermemcnt,quc les edincellcs de ce feu vous bruileront en fin^ regardez comme ils ta- client à vous del-vnir , rEfcofle d'auec TAn- gieterre , les Suifles dans leur propre na- tion, les Princes de l'Empire entreux,& tout, afin queftans empefchez fur vos ter- res , ne puilîiez leruir à moyenner la paix en France , laquelle eftant perdue , vous ne du- rerez guère après, & ferez mis en proye , les vus après les autres : ne vons periuadez pas je vous iupplile , que vous employans en ce- lle aftaire , vous trauailliez feulement pour autruy , aiiis dites hardiment , que ç'eft pour vous , Ôc pour voitre alfeurance , que vous verfez de l'eau , en la maifon qui brufle^ voi- fine de la voftre. le parle maintenant à vous Sire, pardonnez moy s'il vous plaiil , & me permettez que je demande aux lefuiRes, & autres efprits faélieux , qui perlijadent à volkc Majefté, de contraindre vos fubjcdb par la force des armes , de viure fous TEglife Romaine, ce que Laélance demandoitaux infidelles qui forçoyent la confcicnce des Chrétiens de fon temps , à qui ils cuident principalement faire plaifir par ceftevoye, eft ce a ceux qu'ils vous font contreindre? Mais Sire, vous fçauez , que ce qui eft à
CONCLVSION. 449.
chareà celuy qui refufe ne liiy eft pas béné- fice , il eft véritablement beibin de donner conleil à celuy qui refufe , quand il ne co- gnoift pas ce qui eft bon, pourquoy donc ces mauuais confeillers , veulenc faire croire à voftre Majefté, qu'il faut tourmenter cru- ellement , débilitera vexer ceux dufalut defquels ils défirent eftre eftimez fort foi- gneux?d*ou vient la pieté tant infidellc, que par miferable manière , ils dertruifent & font impotans ceux aufquels ils veulent prouuoir & donner remède ? Eft ce à Dieu qu'ils pen- fent eftre agréables ? Sire il ne fe peut au- cunement. Car ce que l'homme fait par contrainte , n'eft pas facrifice enuers D l E v d'autant que s'il n'eft volontaire & de cœur, c'eft chofe du tout exécrable , comme aind foit qu'il ny ait que ceux qui font contraints par baniffcment par injures , par prifons, & par tourraens,qui le facent.S i R E, je fupplie tref humblement voftre Majefté , fe fouue- nir que D i e v ne veut point que nous le feruions auec larmes , gemiffemens , & auec le fang coulant de tous les membres , ains il demande noftre volonté, noftre afFeélion, & vn amour tref-grand , que nous ayons à ion feruice , lequel il faut que voftre Majefté
450- C O N C L V s I O N. ™_
gagne fur Tes fujets pour eftre agréable â D I E v: cil ce donc, S i r e , à voftre pauure peuple Catholique, que ces grands confeil- krs penfent que leur confeil puifTe eftre fa- lutaire?enle pillant, bruflant, volant & fac- cageant , ayant réduite la France depuis vn an en ça feulement qu*ils font en armes en extrême pauureté , mifere , & calamité , fai- fans périr les bons , aucc les plus mauuais? Car pour tout dire , c'eft le confeil les dan- gereux, qu'ils effent jamais feu donner, pour tous les gens de bien , vrays zélateurs de l'honneur & gloire de D i e v, & mefmes deTaduancemeurderEglife Catholique A- poftolique Romaine. C'cft la vraye inftru- dion , & Tinftitution de la Religion Catho- lique que de chercher les moyens doux & gracieux pour regagner ceux qui font def- uoyez , fouuienne vous donc Sire, que vousgardezà D i e v fa maifonfaindle qu'il à dit véritablement fienne, en laquelle voftre charge eft, de moyenner qu'il foitfcruieu toute paix,auec humilité & charité mutuelle. Nous voyons bien S i r e , & croyons fer- mement que vous aucz cefte bonne affeétion nous l'auons affez recogneu , tant que la fe* lounie de vos rebelles fujets n'ont forcé vo-
C O N C L V s I O N. 45 T.
ftre volonté: toiitesfois Sire, quoy qu'ils facent, je crains que D i e v ne le courrouce puis qu il vous à laifle par fa grâce adez de moyen 5 de force & de prudence , s'il vous plaift de les employer à confoler , & donner la paix , à la defolée eipoufe de lelusChrift, laquelle fond en larmes, deuancvoftre Ma- jefté, fouillée du fang , bruflée du feu , & fac- cagée par la fureur de ces nouueaux prote- deursdcla Religion Catholique: s'il vous plaift TcfFeauer S i r e , & s*il vous plaift de continuer enucts voltre panure peuple, auec immuable rcfolution,lapaix, & la clémence, à laquelle vous eftes naturellement enclin, difperdet dominui omnesgentes antefitciem ve- ftra.ierrorem vejiru, çjrfirmdmen.dabitfuper gmnem terrain cjuam calcaturi e^ù\Ct^ la re- compence quelesRoys, aimans la paix de leurs panures fubjets doyuent attendre du grand Roy , & Seigneur de toutes chofes, Dieu confondra toute nation deuantvoftrc Majefté , il vous rendra redoutable, & craint fur la terre , il vous donnera finalement bon- neur,gloire,felicité & béatitude éternelle. Amen. Mil cinq cents quatre vingts (îx.
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