MUSÉE ENTOMOLOGIQUE ILLUSTRÉ MS: PA PTLEONS MUSÉE ENTOMOLOGIQUE BÉCU SIM E HISTOIRE NATURELLE ICONOGRAPHIQUE DEÉSANSECAILES PUBLIÉE PAR UNE RÉUNION D'ENTOMOLOGISTES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS POUS LA DIRECTION DE 4]. ROTHSCHILD TOME SECOND LES: PASPPRROINTS PARIS LOROTHSCANED, ÉDITEUR 13, Rux Des SAINTS-PÈRES, 13 1877 LES PAPILLONS PLANCHE I LES ENGINS DU CHASSEUR - CNE à € | | | à | : L 4 : LP nu 1 "1 L RLOONMNL TE Mr DAS L , Tv : 1U PR hu, : À È ] M à L re 0 NT | | nt: APE ue M‘. iR LL has ou , » . L D \ 2e ) pe TRE RDS, | 4 Ar are ©: à COLOR Le er "A: € PA 1e TPE TPE (ES Pr FT PIMPEL ru r "4 CE) Te 4: rater AA ETS a” | à, 2 LA » l al D : 4 F gts Los à 2 LP: [IR DE +. L - PTT LE . tar D te re Le k | En ‘te Fr. à VIE Lis CCR" " TL 1 LA fl 14 ra | A0 Le ei +4 CAL (PrEn ‘, u et) NU : : "A L = + ET LUN «ob Le CRre A L NT PE LL APT Tee n° 10 "Esp qu #4 0 te + 4 ALL De en È Le CE Mer CINE LA a 4e. AU Ja run Pre # : js | 1 "A 2 Je | : 0 ER eV FE es ET 2. =” he “à 4 af k de x n À j' : L h. AY " ne x, D La A LAN D : en PES PÉPLELONS ORGANISATION — MŒURS CHASSE — COLLECTIONS — CLASSIFICATION ICONOGRAPEME ET HISTOIRE NATURELLE DES PAPILLONS D'EUROPE PAR ARDIEPAUT'SIENT] NATURALISTE, MEMBRE DES SOCIÉTÉS ENTOMOLOGIQUES DE FRANCE, DE LONDRES, DE BELGIQUE, ETC. DEUXIÈME ÉDITION AVEC 50 PLANCHES EN COULEUR ET 260 VIGNETTES PARIS JeROTHSCHIED AEDITEUR 13, RUE DES SAINTS-PÈRES, 13 1877 Strasbourg, typographie de G. Fischbach, sucer de G. Silbermann. — 16410. oo D Île Dal of 2 9 A | TABLE DES MATIÈRES PREMIÈRE PARTIE ORGANISATION. — MŒURS. — CHASSE. — COLLECTIONS. — CLASSIFICATION. INTRODUCTION -Eettrert MAAifredi Ve. sur liEntoMOlOgiO 6e ae. ae te ele tale lie ee ec la ORGANISATION DES LÉPIDOPTÈRES: Variété et beauté des Papillons. — Étude de leurs diverses parties , . . .. ... MÉTAMORPHOSES DES PAPILLONS : Les œufs. — Les chenilles, —: Leur organisation; production de la soie, — Les chrysalides, suspendues, sucecintes, enroulées. — La résurrection. — Le Papillon, — Les pluies de sang. — Espèces DUC TOLICANÈCCSENNISIDIORE Re Er e 2 cin e ee Ci= ele lee eee eee ce eur roues ee 2e 21e MŒURS ET INSTINCTS DES LÉPIDOPTÈRES : Diurnes. — Crépusculaires, — Nocturnes. . . ................ LES DIURNES OU PAPILLONS DE JOUR: La classification de Linné, —- Les Grecs et les Troyens. — Les Ornithoptères. — Splendeur des Papillons des régions tropicales, — Les Parnassiens, — Les Piérides, fléau des Jardins, — Les Ichneumons modérateurs. — Les Argus et les Danaïdes, — Les Sylvains., — Moyens de défense des Insectes, — Les Kallimas feuilles, — Splendeur des Morphos. — Les Vanesses. — Les Nacrés. — Les Damiers. — Les Satyres. — ILE RENNES dc ovonpec ch cv ome roc 000 bo DO 0 d'ober O ONE on be o Tin ue d'ic LES CRÉPUSCULAIRES ET LES NOCTURNI Les Sésies; leur ressemblance avec divers Hyménoptères. — Les Sphinx; leur beauté et la: puissance de leur vol. — L'Atropos ou Sphinx tête de mort. — Les Bombyx. — Le Ver à soie du Mûrier; son Histoire. — Les autres Vers à soie = Les Attacus. — L'Atlas de la Chine. — Le Paon de nuit, — Le Yama Maï., — Ravages exercés par certains Bombyx. — Les chenilles processionnaires, — Les Feuilles mortes, — Les Écailles, — Les Psychés fabricantes de fourreaux. — Le Cossus ronge-bois; dégâts produits par sa chenille. — Le Cossus des Anciens, — Les chenilles Queue-fourchue. — Les Noctuelles. — Les Likenées. — Les Phalènes. — HeBACÉOMeLrEE ON ATUENÉeNRER ES eee ce rs cie e leche een ce ee Use -- ee ee 1e LES MICROLÉPIDOPTÈRES : Les Pyrales; chenilles Tordeuses ou Rouleuses de feuilles. — Les Teignes : ravages exercés par ces petits Insectes. — L'Aglosse de la Farine et l'Aglosse de la Graisse, — Les Hydrocampes ou che- nilles d'eau. — Les Carpocapsa ou Teigne des Fruits; les dégâts qu'elles causent daus les Vergers. — La Gallerte de la Cire, ennemie des Abcilles. — La Teigne des Tapisseries. — La Teigne des Fourrures; moyens de s'en préserver. — L'Alucite ou Teigne des Blés; dégâts terribles qu’elle occasionne. — Les Ptérophores ou Papillons 7ü 158 TABLE DES MATIÈRES. VIII CHASSE, PRÉPARATION ET CONSERVATION DES LÉPIDOPTÈRES: Instraments nécessaires pour la Chasse aux Papil- lons. — Chasse aux Papillons. — Chasse au Filet, — Chasse à la Miellée. — Chasse à la Lumière — Recherche des Chenilles, — Éducation des Chenilles, — Recherche des Chrysalides, — Préparation des Papillons, des Chenilles. — Impression des Papillons. — Collection, — Préservatifs contre les Mites, les Anthrènes, la Moisissure , . , . . . . . USD, 5 00 no 0.0 coco Do 0 cou o bobomo ve Jo LC HO 0. DEUXIEME PARTIE ICONOGRAPHIE ET HISTOIRE NATURELLE DES PAPILLONS D'EUROPE SIGNES ET ABRÉVIATIONS DES NOMS D'AUTEURS. . ....... DOM TA DS Jr .o où obbodo-0boro FA CLASSIFICATION ET DESCRIPTION DES ESPÈCES FIGURÉE TABLE DES GENRES CONTENUS SUR LES 50 PLANCHES . . . . .. Paie 40 Dre 10 0 d'u-6 0 Don doc TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DE TOUTES LES ESPÈCES, GENRES ET FAMILLES DÉCRITES ET FIGURÉES DANS L'OUVRAGE , ......... CROIS MT Ce D ec lehehiefelo le . - EN RO D'U'CRIOIN AUMONSIEUR AEFRE DV. Vous me dites, mon cher ami, que la vue de ma collection de Papillons vous a émerveillé et a fait naître en vous le désir de vous livrer à l'étude de l'Entomo- logie. Vous voulez, dites-vous, non-seulement collectionner les > insectes qui habitent nos champs et nos bois, mais encore étudier leurs mœurs et leur organisation, et vous me demandez de vous guider dans cette étude à laquelle vous êtes complétement étranger. . Je le ferai volontiers, et je vous dirai qu'en effet le véritable ° naturaliste n’est pas celui qui se contente de piquer des insectes bien alignés dans des boîtes et de les accompagner d’une étiquette qui porte leur nom dans un latin plus ou moins barbare, mais bien celui qui observe les mœurs de ces petits animaux, qui étudie leur organisation, leurs formes, La ‘7 leurs métamorphoses, le rôle qu'ils jouent dans la nature, etc. > Celui qui comprend ainsi la science, y trouve des sujets de contempla- on toujours neufs, des jouissances toujours nouvelles. Sans doute, si vous vous contentiez d'observer les insectes dans la campagne et de les examiner un instant, la multitude et la variété des objets auraient bientôt troublé vos souvenirs, et le plaisir passager de vos recherches serait sans fruit. C’est par des comparaisons que vous INTRODUCTION. (S] acquerrez des notions précises sur l’organisation de ces petits animaux, et vous devrez par conséquent conserver ceux que vous trouverez, en les accompagnant d’une étiquette relatant les circonstances et le lieu dans lesquels vous les aurez pris. Ces notes commémoratives seront d’ailleurs pour vous, plus tard, une source de jouissances et de doux souvenirs ; chacune d’elles, comme une source vive, fera jaillir de votre mémoire toute une série d'événements lointains, avivera une foule de sentiments agréables. Ce sera pour vous le carnet de vos souvenirs. Mais rappelez-vous qu'une collection d'insectes est, pour le vrai natu- raliste, ce qu'est une collection de médailles pour l'antiquaire ou de documents pour l'historien. Le simple collecteur, qui ne voit que les ailes étincelantes de telle espèce ou la forme étrange de telle autre, reste souvent pauvre de savoir au milieu de ses richesses ; mais le cabinet du naturaliste devient une mine féconde lorsque celui-ci regarde les choses avec les yeux de l'esprit. Non content alors d'isoler des caractères, il contemple la belle variété de structure qui éclate dans cet embranchement de la vie; il suit avec intérêt l'échelle des merveilleuses gradations par lesquelles une espèce succède à une autre espèce ; il s’initie avec délices aux mœurs, aux habitudes, aux transformations de ces peuples nains. Je ne vous entretiendrai pas ici. de l'organisation des insectes en général; un long et intéressant Chapitre a été consacré à ce sujet dans le premier volume de notre Musée illustré qui comprend les Coléopières. Nous commencerons donc par l'organisation des Papillons. ORGANISATION ET MÉTAMORPHOSES PSE PEROU ORGANISATION DES LÉPIDOPTÈRES NE Lo 7 RE \ egarde — dit Linné, qui, souvent, se montre non moins poëte que savant — regarde les grandes ailes si élégantes et si richement peintes du Papillon; elles sont au nombre de quatre, et couvertes de petites écailles comme de plumes délicates. A l’aide de ces ailes, il se (1777 soutient dans l'air tout un jour; il rivalise avec le vol de l'oiseau, avec le luxe du paon. Considère l'insecte dans sa marche à travers la vie: — combien il diflère dans la première période de ce qu’il sera dans la seconde, et combien ces-deux états diffèrent de ce que sont les auteurs de ses jours ! Ses changements sont pour nous une énigme inexplicable : nous voyons une chenille verte, avec seize pieds; elle se nourrit des feuilles vertes des plantes; plus tard, elle se change en une chrysalide lisse, d’un lustre doré, qui se suspend à un point fixe, qui vit sans pieds et qui sub- siste sans nourriture. Cet insecte subit encore une autre transformation, 6 LES PAPILLONS. il acquiert des ailes, il a maintenant six pattes, il devient un gai papillon, s’ébattant dans l'air et vivant par voie de succion sur le miel des plantes. La nature at-elle produit un être plus digne de notre admiration que cet animal venant sur la scène du monde et y jouant son rôle sous tant de masques différents? Les anciens étaient si frappés des transformations du Papillon, de sa renaissance, — à la suite d’une mort apparente, — qu'ils l'avaient considéré comme l'emblème de l'âme. Le mot grec Psyché signifie à la fois âme et papillon, et c’est pour cette raison que cet insecte figure dans les emblèmes allégoriques comme un symbole d'immortalité. Si insignifiante donc que puisse sembler, à ceux qui ne réfléchissent pas, l'étude d’un Papillon, ce n’est point, — il s'en faut de beaucoup, — un être insignifiant. — «Comment ne pas être saisi d’étonnement et d'admiration quand on considère l’art déployé dans le mécanisme d'une si mince créature, les fluides circulant dans des vaisseaux si petits qu'ils échappent à la vue, la beauté des ailes et la peinture qui les recouvre, enfin, la manière dont chaque partie se trouve adaptée à des fonctions particulières ! » — On donne scientifiquement le nom de LÉPIDOPTÈRES à ces charmants insectes que tout le monde connaît sous le nom de Papillons, et ce dernier nom n’est employé aujourd'hui en Entomologie que pour dé- signer un genre de l’ordre des Lépidoptères. — Les insectes de cet ordre se distinguent facilement de tous les autres ; on peut confondre un Coléoptère avec un Hémiptère, un Hymé- noptère avec un Diptère; mais on ne peut faire une semblable confusion à l'égard des Lépidoptères, dont les ailes, comme l'indique leur nom, sont recouvertes d'écailles, caractère auquel on peut toujours les recon- naître facilement. C’est à ces petites écailles, implantées dans la mem- brane de l'aile comme les plumes le sont dans la peau des oiseaux, que les Papillons doivent leurs brillantes couleurs. — Ce sont les insectes qui, par la surprenante variété de leur parure, l'élégance de leurs formes, leur légèreté, leurs courses vagabondes et 27 1 De Lepidoï, écailles, et ptera, ailes, LEUR ORGANISATION. 7 capricieuses, ont de tout temps attiré plus particulièrement les regards et fait le charme de nos yeux. Étres presque tout aériens, parés de couleurs aussi belles par leur éclat et leur variété que par leur distribution, ils semblent des créatures privilégiées. Ils se nourrissent exclusivement du suc mielleux que distillent les nectaires des fleurs, et l’aspirent avec leur trompe au fond des corolles embaumées, en voltigeant continuellement d'une fleur à l’autre. Ce sont les animaux les plus pacifiques du monde : ils n’attaquent jamais aucun autre insecte, si faible soit-il, et n'ont même aucune arme pour se défendre. Ils ne causent aucun dommage par eux-mêmes, mais ils deviennent nuisibles en donnant naissance aux chenilles dévorantes qui sortent de leurs œufs. A l'état parfait, le corps des Lépidoptères, comme celui de tous les insectes, se compose de la tête (fig. 4) a, du thorax f et de l’abdo- men g, et la seconde de ces parties porte toujours quatre ailes en des- sus et six pattes en dessous. La tète est généralement arrondie, comprimée en avant, plus large l'1G. 4. Figure hypothétique de Lépidoptère, que longue et toujours plus étroite que le thorax. Elle porte les yeux b, qui sont généralement grands, arrondis et toujours composés d’un nombre considérable de petites facettes. Le savant micrographe Leuwenhæck en a compté 17,325 sur la cornée d’un Papillon. Chez quelques espèces nocturnes, le vertex porte, en outre, des ocelles ou yeux lisses, dont on s'explique d'autant moins l'utilité qu'ils sont cachés sous les poils et ne deviennent visibles qu'après que l’on a dénudé le dessus de la tête. Celle-ci porte encore une paire d'antennes ee insérées près du bord interne des yeux, ordinairement plus courtes que le tronc et composées d'un grand nombre d'articles. Leur forme est très-variable; cependant elle sert ÿ LES PAPILLONS. à caractérisèr les grandes divisions de l'ordre des Lépidoptères. — Dans tous les Diurnes ou Papillons de jour, elles sont filiformes jusque près de l'extrémité et terminées par un bouton ou massue plus où moins allongée (fig. 5), d'où leur nom de Rhopalocères ou cornes en massue. Chez tous les autres Lépidoptères, on ne retrouve pas d'antennes en massue; tantôt elles sont prisma- tiques, comme dans les sphinx (fig. 6), ou linéaires, comme chez les Sésies ; tantôt elles sont recourbées en corne de bélier, comme dans les Zygènes, ou filiformes ou pectinées, c’est-à-dire offrant de chaque côté un rang de petites dents que l’on a comparées à celles d’un peigne ou aux barbes d’une plumes. y) comme chez lesiBom- TROIE res Ron, byx. De cette variété de formes, cette seconde division a pris le nom d’ÆHélérocères, c'est-à-dire à cornes variables. La bouche des Lépidoptères est conformée d’une facon particulière et adaptée à un genre de vie spécial. La lèvre supérieure et les mandibules n'ont plus aucun usage et sont ré- duites à l’état de vestiges. Les mâchoires, au contraire, se sont allongées en deux longs filets cornés, concaves à leur face interne, rapprochés l’un contre l’autre et engrenés par leurs bords de manière à constituer une trompe (fig. 8 Z). Lorsqu'on la coupe transversalement, on voit que son intérieur se compose de trois petits canaux, dont l'intermédiaire est, suivant Quelques ER ee Paitlon auteurs, le seul'quiServe de conduit aux sucs-nutri-…"r#072# home ufs. Cette trompe a souvent la longueur du corps de l'animal et parfois bien davañtage. Son allongement était indispensable au Papillon puisant LEUR ORGANISATION. 9 sa nourriture dans le fond de la corolle des fleurs. Il en est, cependant, dont la trompe est rudimentaire; mais ceux-là ne prennent aucun aliment. Chacun sait que le Papillon du ver à soie ne mange jamais. Dans l’inaction, cette trompe, quelle que soit sa longueur, est toujours roulée en spirale entre les palpes. Ceux-ci sont au nombre de quatre : deux maxillaires et deux labiaux; les premiers, placés à la base de la trompe, sont, en général, fort peu apparents; les seconds sont, au contraire, presque toujours très-développés, très-velus et redressés. L'abdomen est en ovale allongé ou presque cylindrique dans la majo- rité des espèces. Il se compose de sept anneaux formés chacun d'un arceau supérieur et d’un arceau inférieur unis entre eux par une mem- brane élastique qui lui permet de se dilater considérablement, surtout chez les femelles, au moment de la ponte des œufs. C’est dans cette membrane que sont percés les stigmates, petites ouvertures qui forment l'entrée des trachées ou tubes respiratoires. L’abdomen est percé à son extrémité d’une ouverture en forme de fente longitudinale, servant d’issue aux organes reproducteurs et au canal intestinal, comme chez tous les insectes. Les ailes, attachées à la partie latérale supérieure du thorax, sont toujours au nombre de quatre, excepté dans quelques femelles chez qui elles avortent ou sont réduites à de simples rudiments impropres au vol. Chacune d'elles, considérée à part, consiste en deux lames membraneuses, intimement unies entre elles par leur face interne et divisées en plusieurs parties distinctes par des nervures cornées plus ou moins distinctes (fig. 4. Ces deux membranes, qui constituent le dessus et le dessous de l'aile, sont recouvertes d’une poussière farineuse qui s'attache au doigt lorsqu'il effleure l'aile du Papillon. Avec le secours du microscope, on voit que cette poussière est un assemblage de petites écailles colorées , implantées sur la partie membraneuse au moyen d'une petite queue ou pédoncule, et disposées avec la même symétrie que les tuiles d’un toit. Agrandie;: par le microscope, ces écailles sont des objets d'une ravissante délicatesse, de formes parfaitement déterminées et pleines d'élégance, variables selon les genres et les espèces ct aussi selon les différentes parties de l'aile ou 10 LES PAPIETONS: du corps du Papillon (fig. 9 à 15). Les unes sont arrondies ou ovales, d'autres carrées ou rectangulaires, d’autres encore dentées en scie ou profondément incisées comme un peigne ; quelques-unes sont allongées et grèles comme des poils. A l'aide d'un fort grossissement, on les voit ornées de stries, de points, de fines ciselures. Les couleurs si variées et si admirables que présentent les ailes des Lépidoptères sont dues, non à leur membrane, qui est toujours transparente, mais à ces écailles. La face inférieure de ces dernières est presque toujours semblable à la face supérieure; c'est ce qui fait qu'une aile de papillon peut être imprimée sur un papier enduit de gomme arabique et que le dessin qui en résulte est en tout pareil à l'aile qui a servi à l'expérience, quoique, dans ce cas, toutes les écailles soient retournées. Il y a cependant quelques exceptions: c'est ainsi que pour plusieurs Lycé- nides, le résultat serait tout diffé- rent. Aucun Lépidoptère n’est absolument dépourvu d’écailles ce caractère s’affaiblit cependant F1G, 9 à 15. — Formes diverses d’écailles de Lépidoptères. dans certaines espèces, et il y des Papillons dont les ailes sont en grande partie transparentes, comme dans la plupart des Sésies. Les ailes sont transparentes parce qu'elles sont nues; mais, encore dans ces espèces, les écailles existent toujours sur les bords, sur les nervures, sur quelques espaces; le caractère ne manque donc jamais. Les nervures des ailes sont des organes fistuleux, filiformes, plus ou moins ramifiés, qui semblent destinés à soutenir les deux lames mem- braneuses et qui constituent à proprement parler la charpente de l'aile ; LEUR ORGANISATION. 11 elles s'étendent en se ramifiant de la base au bord extérieur de celle-ci. (Voyez la fig. 4). — Les nervures sont principales ou secondaires. Les premières sont au nombre de quatre; elles partent de la base de l'aile et se ramifient pour former les nervures secondaires dontle nombre varie un peu; la première J se nomme nervure costale; il y en a souvent une seconde très-rapprochée de la costale et qui se confond quelquefois avec elle, on lui donne le nom de sous-costale. La troisième z se nomme médiane, elle divise le milieu de l'aile et fournit trois ou quatre rameaux secondaires qui se prolongent sans se ramifier jusqu'à l'extrémité de l'aile. Elle envoie souvent, en outre, sur son côté antérieur, un rameau récurrent qui vient s'unir avec un rameau également récurrent fourni par le côté postérieur de la sous-costale, de sorte qu'il existe entre ces deux nervures un grand espace fermé triangulaire appelé cellule discoïdale 7. Dans quelques genres, tels que les Hespéries et les Argus, les nervures médiane et costale ne donnent pas de rameau récurrent et la cellule discoïdale est dite ouverte. Les rameaux secondaires situés entre le sommet de l'aile et ceux de la nervure médiane, ordinairement au nombre de quatre ou cinq, sont fournis par la nervure sous-costale. Il existe encore une nervure principale placée près du bord interne de l'aile et que l’on nomme radiale ; elle est parallèle à ce bord et se prolonge le plus ordinairement sans se ramifier depuis la base jusqu'à l'extrémité. Unique dans les Diurnes, elle est double dans quelques genres de Nocturnes. L’aile inférieure pré- sente les mêmes nervures que la supérieure, mais avec une disposition un peu diflérente. Elles portent les mêmes noms suivant leur situation ; cependant, la dernière qui, dans l'aile supérieure, se nomme radiale, porte dans l’inférieure le nom d’abdominale en raison de sa position voisine de l'abdomen. Les nervures, avons-nous dit, constituent à proprement parler la charpente des ailes. En effet, ce sont elles qui donnent aux ailes les formes diverses qu’on leur voit. Dans quelques espèces, elles se pro- longent un peu au delà de la frange, et le bord devient alors denté. Chez plusieurs espèces du genre Papilio, le troisième rameau de la nervure médiane des ailes inférieures s'allonge considérablement et forme une 12 PE SRPAPMIETEONS: queue, comme dans notre figure 4. Les ailes offrent en outre plusieurs parties qui ont recu des noms particuliers : le milieu de l'aile porte le nom de disque; la partie près du corselet f, celui de base, et celle qui lui ert opposée et où aboutissent les nervures, celui de bord postérieur ou extérieur. Les deux autres bords sont le bord antérieur ou costal en haut et le bord inférieur ou interne en bas. L'angle que forment en se réunissant le bord antérieur et le bord extérieur porte le nom de sommet, X. En / est l'angle interne ou anal. Les ailes fournissent un caractère important qui permet de distinguer facilement les Diurnes ou Rhopalocères des Nocturnes ou Hétérocères. Chez les premiers, les ailes postérieures ne sont retenues en aucune facon aux ailes antérieures, leurs mouvements sont indépendants et elles peuvent se redresser l’une contre l’autre dans le repos. Chez les autres, à peu d’exceptions près, les ailes postérieures sont attachées aux anté- rieures au moyen d'un frein. Ce petit appareil n’est autre qu'une portion , de la nervure costale de l'aile postérieure qui s’isole sous la forme d’un crin très-raide et s'engage dans un petit anneau de l'aile antérieure placé sur la grosse nervure costale. Cette disposition différente des ailes donne à leur vol une allure diflérente qui leur permet d'échapper à leurs nom- breux ennemis. Ainsi, les Papillons diurnes ont un vol inégal en zigzag, parce que leurs quatre ailes ne frappent pas l'air simultanément, comme les oiseaux, mais elles battent d’un côté, puis de l’autre alternativement, Les espèces nocturnes, au contraire, dont les ailes sont munies d'un frein, ont un vol direct et rapide qui leur permet d'échapper aux chauves- souris dont le vol est inégal et saccadé, comme celui des Papillons de jour. Tant il est vrai que la nature sait habilement proportionner la défense à l'attaque pour maintenir un juste équilibre entre les animaux. Les ailes des Lépidoptères sont proportionnellement beaucoup plus grandes que dans tous les autres ordres d'insectes, et leurs formes sont assez variables. Elles sont arrondies chez les uns, coupées carrément chez d'autres ; triangulaires comme une voile latine chez ceux-ci, polygo- nales chez ceux-là. Leur bord est uni ou découpé et, chez quelques espèces, les ailes inférieures portent un ou plusieurs appendices en forme PEUR ORGANISATION. 3 de queue. Dans le plus grand nombre des espèces, les ailes sont plus longues que larges; mais il en est cependant quelques-unes qui les ont plus larges que longues. Sous le rapport des couleurs, les ailes des Lépidoptères offrent les nuances les plus éclatantes et les plus variées. Aux teintes les plus vives, elles réunissent souvent le reflet des métaux, le brillant de la nacre et l'éclat des pierres précieuses. Elles sont ornées des dessins les plus élé- gants, de séries d'yeux comme sur la queue d'un paon, de bandes de velours ou de soie. Ni la somptueuse parure des oiseaux les plus vantés, ni l’éclatant coloris des plus belles fleurs, ni l'or et la nacre des plus superbes coquillages ne peuvent rivaliser de magnificence avec les Pa- pillons des contrées tropicales; et lorsque l'on vient à observer que, le plus souvent, le dessous de chaque aile est paré avec une semblable richesse de couleurs, une égale profusion d’ornements, mais différemment assortis, on ne sait trop ce que l’on doit le plus admirer, ou l'industrie inépuisable ou la richesse éblouissante et la libéralité de la nature. C’est surtout chez les espèces qui volent pendant le jour sous les chauds rayons du soleil que les couleurs ont le plus d'éclat, et il est des espèces de l'Inde et du Brésil dont le merveilleux éclat ne saurait être ni décrit par la plume ni reproduit par le pinceau. Dans les Nocturnes, les couleurs sont le plus habituellement ternes ou sombres, et les ailes sont chez eux plus souvent remarquables par lori- ginalité du dessin que par la vivacité de leur teinte. Les pattes sont composées, comme dans les autres insectes, de cinq parties : la hanche, le trochanter, la cuisse, la jambe et le tarse. Celui-ci a toujours cinq articles distincts, sans compter les crochets terminaux qui forment quelquefois une griffe très-prononcée. Les pattes sont presque toujours très-frèles, relativement à la masse et au poids du corps; ces insectes, en eflet, marchent peu, surtout les espèces diurnes, qui ne font guère usage de leurs pattes que pour se poser. — Chez la plupart des Lépidoptères, les six pattes sont d'égale longueur, mais, dans quelques tribus de diurnes, les deux pattes antérieures sont impropres à la marche ; elles sont plus petites que les autres, dépourvues de crochets à leur LES PAPTEEONS: 14 extrémité, mais très-velues; elles demeurent sans usage, appliquées contre la poitrine. Les pattes sont généralement plus ou moins velues ou écail- leuses et les postérieures le plus souvent munies de deux ou de quatre petites pointes aciculaires désignées sous le nom d’éperons. Les crochets des tarses sont simples ou bifides, suivant les espèces, plus où moins droits ou recourbés; ils sont conformés pour se poser et se maintenir sur des fleurs, sur des feuilles, sur des troncs, et n’offrent aucun caractère constant. FIG. 16 et 17. — Liparis dispar, mâle et femelle. Les femelles sont généralement plus grandes et plus grosses que les mâles, mais moins brillantes, et, dans beaucoup de cas, les deux sexes sont tellement dissemblables, qu'ils ont été souvent décrits comme des espèces différentes. En voici un exemple : L'existence est généralement de courte durée chez les Lépidoptères à l’état parfait. A peine éclos, ils s'occupent du soin de perpétuer leur race. Le rele meurt peu de temps après l’accouplement, et la femelle presque aussitôt après avoir achevé la porite de ses œufs. Plusieurs Bombyx sont destinés à vivre si peu de temps sous leur dernière forme , que la nature ne s’est même pas donné la peine de développer leur trompe; aussi, LEUR ORGANISATION. 5 quoique sortant du plus long jeûne à l'état de chrysalide, ces espèces ne songent point à manger; elles aspirent uniquement à se reproduire et périssent aussitôt après avoir rempli le vœu de la nature. Quelques pa- pillons, cependant, qui éclosent dans l’arrière-saison, se retirent dans les crevasses des murailles, les arbres creux, les souterrains, et y passent l'hiver dans un engourdissement léthargique jusqu'aux premiers beaux jours. 16 LES PAPILLONS. armi les phénomènes les plus curieux que présente la vie des insectes, figurent au premier rang leurs transformations ; métamorphoses bien autrement mer- veilleuses que celles que nous raconte Ovide. Celui qui n'aurait jamais entendu parler de pareils faits, aurait de la peine à croire que ie beau Papillon qu'il voit se poser sur une fleur, ouvrant et fermant au chaud soleil de l'été ses larges ailes de velours noir bordées d’écarlate, soit le mème \ être que la chenille difforme qu'il a observée un mois auparavant, occupée avec d'autres compagnes à dévorer les feuilles de quelques orties dans un fossé. Avant d'arriver à l’état parfait, c’est-à-dire à celui d’insecte ailé, le Papillon est obligé de subir trois autres états, celui d’embryon dans l'œuf, de chenille après l'éclosion, puis enfin de chrysalide. Les phénomènes de cette transformation sont connus depuis les temps les plus reculés. Les anciens prêtres d'Égypte, les philosophes grecs, les Pères de l'Église ont voulu découvrir dans ce changement de l'insecte une image des changements qui attendent l’homme après la mort. LEURS MÉTAMORPHOSES. 7 17 Peu de temps après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs sur la plante qui doit nourrir sa famille. Ces œufs offrent une bien plus grande diversité que ceux des oiseaux. Ces derniers, bien qu'ils diffèrent souvent beaucoup par la couleur, sont, à très-peu près, d’une forme semblable; tandis que les œufs des Lépidoptères affectent les formes les plus variées, et celles-ci sont souvent si élégantes, qu'elles pourraient servir de modèle aux produits de l'art céramique (fig. 20 à 24). Leur couleur est aussi variée que celle des œufs des oiseaux ; on en voit de toutes les nuances, depuis le blanc pur, le bleu, le jaune. le rouge, jusqu'au noir le plus foncé. Au moment où ils viennent d'être pondus, les œufs sont enduits d'une F1G. 20 à 21. — L'ormes diverses d'œufs de Lépidoptères. matière gluante, insoluble dans l’eau, qui sert à les fixer aux tiges ou aux feuilles des végétaux. Dans les espèces dont les chenilles vivent en famille, la femelle dépose toute sa ponte à la même place. Quelquefois elle recouvre ses œufs avec les poils qui garnissent son abdomen pour les préserver du froid et de l'humidité, ou elle les cache entièrement sous Oeufs. une substance blanchâtre écumeuse. Lorsque les chenilles doivent vivre sur des arbres qui perdent leurs feuilles à l'automne, et que leurs œufs doivent passer l'hiver, la femelle, par un instinct admirable, les dépose sur le tronc ou sur les rameaux; ce qu’elle fait souvent avec une symétrie remar- quable autour des branches (fig. 25). Mais le plus grand nombre des papillons ne déposent qu'un seul œuf à la fois sur les feuilles ou sur les tiges. La coque de l'œuf est d'une consistance solide, mais elle n’est pas de matière calcaire comme dans ceux des oiseaux; elle est comme cornée, Au moment de l’éclosion, la petite chenille coupe la coque circulairement avec ses mächoires, de manière que le dessus forme une espèce de couvercle qu’elle n'a qu'à soulever avec sa tête pour sortir. 18 LES PAPILLONS. EUR ANT DIE NC EME NAME Je ne sais pourquoi les chenilles inspirent à tant de personnes un pro- fond dégoût. Elles sont — dit-on — sales et venimeuses ; mais c'est là un vieux préjugé qui n’a aucun fondement. Les chenilles passent leur vie sur les plantes dont elles font exclusivement leur nourriture, et si elles quittent les feuilles etles fleurs, ce n’est guère que pour se rendre d'une plante sur une autre. Comment donc seraient-elles sales? Quant à venimeuses, elles ne le sont pas davantage. Tout au plus les poils secs restés dans les nids de chenilles sociales peuvent-ils, en pénétrant dans les pores de la peau, causer une Fi1G. 26. — Chenille nue. certaine inflammation accompagnée de démangeaison. La plupart des chenilles ne sont même pas dépourvues de beauté. Les unes sont nues (fig. 26) et leur peau est colorée des teintes les plus délicates, rehaussée de fines rayures, de bandes, de taches, de perles, dont les nuances sont agréablement fondues ou vigoureusement tranchées sur le fond. D'autres sont couvertes d’un poil court et serré qui les fait paraître comme vêtues d’une robe de velours. D'autres encore sont hérissées de longs poils soyeux (fig. 27) ou parsemées de bouquets de diverses F1G, 27. — Chenille poilue. couleurs. Mais il n'y a aucune analogie entre la parure de la chenille et celle du Papillon qui en doit sortir. Telle chenille de couleur terne donnera naissance à un Papillon éclatant de richesse, tandis que telle autre qui porte unelivrée somptueuse produira un Papilloninsignifiant et pauvrement vêtu. LEURS MÉTAMORPHOSES. 19 A la sortie de l'œuf, les petites chenilles ont une forme plus ou moins allongée et cylindrique; leur corps est composé de douze segments ou anneaux d'une teinte luisante et écailleuse, et muni de dix pattes au moins et de seize au plus. — Certaines larves d'Hyménoptères (Tenthrèdes) ressemblent à s’y méprendre à de petites chenilles, mais elles ont tou- jours plus de seize pattes. — La tête de la chenille est arrondie et écailleuse et l'on y voit de chaque côté des petits points noirs saillants semblables à des yeux lisses, mais qui ne paraissent pas servir à la vision. La bouche, très-différente de celle de l’insecte parfait, ressemble à celle des Scarabées et autres insectes broyeurs. On y distingue deux mandibules cornées plus ou moins tranchantes, deux mâchoires latérales portant chacune un palpe très-petit, une lèvre inférieure munie de deux palpes semblables et d’un petit mamelon cylindrique percé d'un petit trou que l’on nomme filière, et qui donne issue à la soie que file la chenille. Armées de fortes mâchoires, les chenilles dévorent démesuré- ment et plus qu'aucun être vivant; ainsi la chenille du chou mange chaque jour deux fois plus que le poids de son corps; aussi ces larves exercent-elles FIG, 28. trop.souvent des ravages incalculables en fort peu une écaitteuse de Chenitte. de temps. Mais alors ces animaux grandissent rapide- ment ; ils muent plusieurs fois, et lorsqu'ils s'enveloppent pour se trans- former, lorsqu'ils passent à l'état presque immobile de chrysalide, comme le ver à soie dans son cocon, ils demeurent un temps considérable dans l’abstinence la plus absolue. Le corps offre sur les côtés, près de la base des pattes, les ouvertures respi- ratoires ou stigmates (voy. fig. 26). On en compte neuf de chaque côté, une sur chaque anneau, excepté sur le second, letroisièmectle dernier qui ensont dépourvus. Ces organes ont une forme oblongue et ressemblent à de petites boutonnières ; comme nous l'avons vu, on les retrouve sur l'insecte parfait. Les pattes des chenilles sont de deux sortes; les trois premières paires ou vraies pattes, d'où sortiront DE tard celles du Papillon, sont écail- leuses (fig. 28); les autres ou fausses pattes, qui disparaissent compléte- 20 IPESMPNPITEEONS: ment dans l’insecte parfait, sont des espèces de mamelons le plus souvent terminés par une couronne de petits crochets rétractiles (fig. 29) au moyen desquels la chenille peut se cramponner sur les tiges ou sur les feuilles. Leur nombre varie de quatre à dix. Les chenilles des espèces diurnes et des Sphinx ont toujours seize pattes, ainsi que la plupart des Bombycides. On donne le nom d’arpenteuses où de géomètres à certaines chenilles qui n’ont que quatre pattes membraneuses postérieures. Ces chenilles marchent en relevant en arc FIG. 29. Fausse patte de Chenille. [Je milieu de leur corps et en rapprochant leurs pattes postérieures des antérieures, de sorte qu’elles semblent mesurer l'espace qu'elles parcourent comme un compas qui s'ouvre et se ferme (fig. 30 et 31). D'autres ont six ou huit pattes membraneuses, mais dont les deux premières paires sont trop courtes pour qu’elles puissent en faire usage dans la marche; elles ploient leur corps en arc ou en boucle, comme les précédentes, et on leur donne le nom de demi-arpenteuses. Le corps de quelques chenilles est absolument nu ; mais chez beaucoup d'autres, il est couvert de poils et d’appendices de différentes natures, tels que pinceaux, épines, cornes, etc. — Les unes ont la peau lisse, les autres l'ont chagrinée et rugueuse; plusieurs portent sur le corps des tubercules, des nodosités ou des protubérances plus ou moins bizarres. Dans les espèces qui ont des poils, il en est qui n’en ont que quelques-uns épars Çà et là, d’autres sont couvertes de poils courts et serrés qui leur donnent un aspect velouté : ailleurs ils sont raides et piquants. Chez quelques espèces, ils sont tellement PA PACE touflus et serrés qu’on ne peut distinguer la peau. Les jee sc poils de certaines espèces sont réunis par toutes Chenilies arpentétss aigrettées du plus singulier effet. Je vous ai dit que les Papillons ne possèdent aucune arme défensive . ne peuvent compter que sur leurs ailes pour échapper à leurs enne- mis. Il n’en est pas de même des chenilles, et plusieurs d’entre elles sont munies de certaines armes. Les unes, dont la peau est nue, sécrètent et lancent par la bouche une liqueur âcre; d’autres ont le corps hérissé de LEURS MÉTAMORPHOSES. poils raides et cassants qui se piquent dans la peau quand on les saisit, et y causent une vive démangeaison; d’autres encore, comme les Sphinx, portent sur l’avant-dernier anneau une corne menaçante. Chez les Dicra- nures, le corps se termine par deux tubes cornés, d’où la chenille fait sortir, lorsqu'on la tourmente, deux longs filaments rouges qu'elle agite comme des fouets. Il en est, comme les arpenteuses, qui n'ont d'autre moyen de défense que la fuite; elles se laissent tomber dans l'espace, mais ne courent aucun risque d’être brisées dans leur chute; un fil de soie les retient à moitié chemin comme un parachute. En outre, la nature, qui a toujours pour but la conservation de l'espèce, les a le plus souvent colorées de manière à les dérober aux regards de leurs nombreux ennemis. A celles qui ont l'habitude de se tenir contre les tiges, elle a donné la couleur des écorces et des lichens; celles destinées à vivre de feuilles, ont reçu généralement une couleur analogue aux feuilles sur lesquelles elles vivent. Les chenilles des Vanesses sont couvertes de piquants comme les orties où elles naissent. Celles des Smérinthes peuvent à peine se dis- tinguer des feuilles où elles sont placées, et la chenille des Catocala a une apparence tellement semblable à celle des troncs moussus sur lesquels on la rencontre, qu'elle est très-diflicile à trouver. Les Arpenteuses qui se tiennent sur les troncs d'arbres ressemblent tellement à une petite branche ou à un petit morceau de bois que, lorsqu'elles se tiennent au repos raides et immobiles, les oiseaux eux-mémes ne peuvent les distinguer. Avant de se transformer en chrysalides, les chenilles subissent plusieurs changements de peau appelés mues. La plupart ont quatre mues, quel- ques-unes en ont jusqu'à sept ou huit. La peau des chenilles n'étant douée que d’un certain degré d’extensibilité, ne peut se prêter à la croissance souvent très-rapide de l'animal, qui s’en débarrasse alors comme d'un habit devenu trop étroit. La chenille, avertie par un instinct particulier que le moment de la mue est arrivé, se prépare par la diète à supporter cette crise. Ses couleurs deviennent ternes et livides ; sa peau se flétrit et se fend sur le dos. La chenille, pour sortir de sa vieille enveloppe, dégage d'abord la partie antérieure de son corps, puis la partie postérieure, et elle paraît recouverte d’une nouvelle robe brillante de fraicheur. 2 IPESAPAPIILIEONS: L'accroissement des chenilles est plus ou moins rapide suivant les races, l'espèce de nourriture qu'elles prennent et l'époque de l'année. Ilyena qui ne mangent que la nuit et restent cachées pendant le jour ; d'autres sont si voraces qu'elles mangent presque constamment, et, parmi celles- ci, quelques-unes atteignent leur entier développement en moins de quinze jours. Il en est, au contraire, telles que celle du Cossus, qui vivent trois ans avant de se changer en chrysalides. Un grand nombre de nos espèces européennes sortent de l’œuf à l'automne ou à la fin de l'été, passent l'hiver en léthargie et se réveillent dès les premiers beaux jours pour subir leurs métamorphoses au printemps. C’est surtout à l'état de chenille que les Lépidoptères montrent des mœurs singulières et des instincts merveilleux. La plupart vivent solitaires sur diflérentes plantes, les unes dans l’intérieur des tiges, les autres dans le cœur des fleurs ou des fruits, ou sous les feuilles. Celles-ci se creusent des cellules en terre ; celles-là se construisent des nids avec des substances étrangères, telles que des morceaux de bois et des débris de feuilles ; plusieurs roulent ces mêmes feuilles en étui et les ferment avec l’art le plus curieux. Il en est qui se faconnent des cocons de soie. Quelques espèces, surtout parmi les Bombycides, vivent en société ou en familles plus ou moins nombreuses. Ces dernières proviennent des œufs d’un papillon qui ont été disposés les uns auprès des autres ou en- tassés pour former une espèce de nid. Les petites chenilles éclosent pres- que toutes dans les vingt-quatre heures et continuent de vivre ensemble aussi longtemps que leur instinct le leur prescrit. Les unes se séparent peu de jours après leur naissance, chacune tirant de son côté. D’autres filent une tente commune qu'elles habitent ensemble pendant toute leur vie et où elles se transforment en chrysalides. Il en est enfin qui vivent à la manière des Arabes ou des Tatares, sous des tentes qu’elles dressent dans les prairies, et quand elles ont consommé toute l'herbe des environs, elles lèvent le camp et vont s'établir ailleurs. Toutes les chenilles filent une soie qui varie de finesse et de force, et qui diffère pour la couleur ; elle est ordinairement blanche, jaune ou brune. Cette soie est employée à plusieurs usages, Chez un certain nombre d’es- LEURS MÉTAMORPHOSES. 23 pèces nocturnes où la sécrétion de cette matière est très-abondante, elle sert à fabriquer un cocon, enveloppe complète dans laquelle s'enferme la chenille pour se transformer en chrysalide. ‘Tout le monde connait le cocon de soie que construit dans ce but la chenille du Bombyx du mürier, vulgairement connue sous le nom de ver à soie. Beaucoup d'espèces ne sécrètent pas la soie en quantité suflisante pour bâtir ce sépulcre élégant et soyeux ; mais elles s'en servent pour assembler, pour coudre les feuilles dont elles forment ‘leur retraite, ou pour en garnir leur cellule. Toutes l'emploient comme parachute. Lorsque, par exemple, une chenille est exposée à un coup de vent et emportée de son arbre natal, elle se laisse tomber doucement et tempère l'impétuosité de sa chute en dévidant à l'instant même un câble de soie, le long duquel elle peut remonter lorsque le danger est passé. Par le ième stratagème, elle échappe souvent à un oiseau qui l'avait désignée pour sa proie: il lui suflit pour cela de se laisser tomber à bas de la branche sur laquelle elle avait élu domicile. Suspendue à son fil, cette corde délicate qui ne casse jamais, elle se laisse glisser légèrement à terre. Si l’on ouvre une chenille fileuse parvenue au terme de sa croissance, on voit que le canal intestinal D remplit la plus grande partie de la cavité du corps, et que sur les côtés débordent deux gros tubes A À qui, étant plus longs que l'1G, 32. le corps entier de la chenille, sont, comme on le voit ici, Appareil séricigène d'une chenille flleuse. contournés et repliés sur eux-mêmes. Ce sont les vaisseaux séricigènes qui contiennent la soie à l’état de gomme liquide. Ces vais- seaux sont fermés à leur extrémité inférieure, se renflent dans leur partie moyenne et se rétrécissent en tubes vers la tête, où ils se réunissent en un seul canal B, traversé par deux fils d’une extrême finesse, et dans lequel est versé le produit de deux petites glandes, espèce de vernis qui réunit les deux fils en un seul et leur donne le brillant de la soie et la propriété de résister à l’action de l’eau. Le canal dans lequel se constitue le fil soyeux s'engage dans la lèvre inférieure et se termine à son extré- LES PAPILLONS: mité dans une petite papille percée d'un trou. La longueur des vaisseaux séricigènes est en proportion de la quantité de soie que produit la che- nille. Ils sont ici peu développés, et atteignent chez le ver à soie plus du double de la longueur représentée sur la figure. A l'exception des Teignes, qui vivent aux dépens de nos pelleteries, de nos étoffes de laine, du cuir ou des matières grasses, toutes les chenilles se nourrissent de végétaux, et depuis la racine jusqu'aux graines, aucune partie n’est à l'abri de leurs attaques. Beaucoup vivent sur les fleurs et quelques-unes dans la pulpe des fruits; cependant la plupart des espèces préfèrent les feuilles. Les plantes les plus âcres et les plus vénéneuses, telles que les Euphorbes, les Aconits, la Belladone, ne sont pas plus épargnées que les autres, et l’on peut dire, en réalité, qu'il n'y a peut-être pas une plante qui ne soit attaquée par quelque chenille, au moins dans les lieux où elle croît naturellement, et certains végétaux en nourrissent plusieurs espèces différentes. Beaucoup de chenilles sont très-nuisibles à l'homme par suite des ravages qu'elles exercent sur les végétaux dont il a intérêt à multiplier la culture; mais pas une d’elles n’a de propriétés malfaisantes. C’est un préjugé assez répandu dans le vulgaire que les chenilles sont venimeuses ; mais, comme je vous l'ai dit, cette accusation est mal fondée. EMANENDIE NCIEMNR NAS PAIE: Pour parvenir de l’état de chenille à celui de Papillon, l’insecte doit passer par un état moyen qui est celui de chrysalide, état de sommeil apparent pendant lequel il n’exécute aucun mouvement, aucune fonction, et paraît comme en léthargie. Lorsque le moment est arrivé où la chenille va subir cette transforma- tion, comme si elle prévoyait les dangers auxquels elle sera exposée pen- dant le temps qu’elle vivra sous cette forme qui ne lui permet ni de se défendre ni de fuir, elle cherche un endroit favorable qui lui offre à la fois sûreté et commodité. Lorsqu'elle a trouvé ce lieu convenable, elle cesse LEURS MÉTAMORPHOSES 25 de manger comme aux approches d’une mue; elle se décolore, se rac- courcit , se renfle, devient terne et livide, puis elle se dépouille de sa peau et passe à l'état de chrysalide. Rien n’est plus facile que de se procurer le spectacle curieux de la che- nille qui, dans l’espace de quelques minutes, devient chrysalide. Réau- mur, le plus habile des observateurs, l’a décrit longuement. La chenille, lorsqu'elle appartient au genre de celles qui se transforment à nu, s’at- tache par l'extrémité du corps avec la petite quantité de soie dont elle dispose; puis elle se laisse suspendre. Alors elle se contracte, se rac- courcit à vue d'œil, sa peau se flétrit, elle se fend sur le dos et la chry- salide apparaît, se contournant pour se débarrasser de sa peau de chenille. Bientôt toute la partie antérieure du corps est dégagée, la peau de la chenille est refoulée en arrière. Encore quelques efforts et cette peau se détache en totalité. Au moment où elle va tomber, la chrysalide, qui est armée à son extrémité postérieure de crochets, s'attache au petit amas de soie déposé par la chenille pour se fixer elle-même. Dans cet état intermédiaire entre la chenille et le Papillon, la forme de la chenille est entièrement changée et ne ressemble plus en rien à ce qu'elle était précédemment. Elle s'encroûte dans une peau dure, demeure immobile et sans manger pendant tout ce temps, couvant en secret un dé- veloppement qui s'opère dans ses entrailles. FIG. 33, — Chrysalide, Cette retraite de silence, de jeûne et de célibat constitue l’état de nymphe ou de chrysalide dans lequel elle ressemble plus à une momie qu'à un être vivant (fig. 33). Cependant, en l’examinant avec attention à une certaine époque, on voit à travers son enveloppe une partie des formes du Papillon qu'elle renferme et qui semble être emmailloté; de même qu’à travers les bandelettes d’une momie égyptienne, on reconnait l'être jadis plein de jeunesse et de vie dont elles renferment les restes. C’est pour cette raison que quelques naturalistes ont donné le nom de Pupa où poupée aux nymphes des Lépidoptères, en faisant allusion à cet emmaillotement; mais celui de Chrysalide a prévalu, bien qu'inexact dans la plupart des cas. Ce dernier ” LES PAPILLONS. mot vient en effet du mot grec chrysos (or), et un petit nombre de chry- salides seulement, parmi les Papillons diurnes (Vanesses, Danaïs, Eu- plœa), ont des taches ou des bandes d’or bruni. Mais, comme dit le proverbe : tout ce qui reluit n'est pas or; car ce n'est que la peau nacrée de la larve enduite d'un vernis jaune transparent qui lui communique sa dureté et son aspect éclatant. La forme générale des Chrysalides est plus où moins conique; cylin- dro-conique chez les unes, anguleuse chez les autres. On y distingue parfaitement la tête avec ses yeux, ses antennes et sa trompe, la poitrine avec les pattes; les ailes sont repliées en avant dans leur étui. L’abdomen paraît composé des neuf segments ou anneaux correspondant à ceux du corps de l’insecte parfait; ils offrent sur les côtés les mêmes stigmates que la chenille. L'extrémité postérieure du corps des chrysalides ou vul- gairement la queue est le plus souvent terminée en pointe. Les bords des anneaux sont quelquefois garnis de petites pointes ou épines symé- triques (Cossus, Zeuzère, Sésie), ou de petits bouquets de poils de couleur (Orgya, Liparis); parfois leur surface est rugueuse (Papilio) ou par- semée de points, mais dans la majeure partie des espèces, elle est lisse. La forme des Chrysalides est beaucoup plus variable chez les Papillons de jour que parmi les Nocturnes; chez ces derniers, elle est à peu près constante, c'est-à-dire cylindro-conique ; dans les Diurnes, elle est sou- vent beaucoup plus bizarre; les unes sont anguleuses ou hérissées de pointes coniques, les autres étranglées; quelques-unes ont la tête tron- quée, chez d’autres elle est bifide ou prolongée en deux oreilles (Va- nesses , Argynnes). La couleur dominante des Chrysalides est le brun plus ou moins rouge ou noir; mais il en est beaucoup, surtout parmi les Diurnes, qui sont revètues de couleurs brillantes et variées. Il y en a de vertes, de jaunes, de blanches émaillées de noir; quelques-unes, je vous l'ai dit, ont des taches ou des bandes d’or; il en est même qui sont tout dorées comme une breloque ou un pendant de boucle d'oreille (Euplæa). Dans la plupart des Chrysalides, les anneaux de l'abdomen sont mo- biles les uns sur les autres, et, lorsqu'on les touché, on les voit remuer plus ou moins vivement la partie postérieure du corps. LEURS MÉTAMORPHOSES. 2 | La durée de l'état de chrysalide est très-variable selon les espèces ; elle est d’ailleurs subordonnée à l'époque de l’année et à la température. Généralement, les petites espèces passent sous cet état moins de temps que les grosses ; mais bien qu'il soit difficile de rien préciser à cet égard, on peut dire que, dans nos climats tempérés, l’évolution des Diurnes a lieu au bout de douze à vingt-cinq jours, etcelle des Crépusculaires et Nocturnes après un temps qui peut varier d’une semaine à quatre ou cinq mois. La manière dont les chenilles se changent en chrysalides varie beau- coup selon les genres. De toutes les industries auxquelles elles ont recours pour se métamorphoser, la plus généralement connue est celle qu'elles ont de se construire des coques où elles se renferment. Le ver à soie nous en offre un exemple; mais il y a bien des variétés dans la structure et dans la figure des coques des diflérentes chenilles fileuses, et dans la manière de les suspendre, de les attacher et de les travailler. D'autres chenilles, comme la plupart de celles des Diurnes, ignorent l’art de se tisser des coques de soie et restent tout à fait nues. C'est le plus souvent dans des trous de murs, sous des chaperons ou des entablements d’édi- fices, dans des creux d'arbres ou contre de petites branches qu'elles vont se changer en chrysalides. Les unes sont pendues en l'air verticale- ment , la tête en bas; le seul bout de leur queue est fixé à quelque corps élevé. Nous les appelons suspendues; telles sont celles des Vanesses, des Argynnes, des Satyres, etc. D'autres, au contraire, sont attachées contre des murs, ayant la tête plus haut que la queue, sous toutes sortes d'inclinaisons, ou horizontalement le ventre appliqué contre le dessous de quelque voûte ou de quelque corps saillant. Mais comme ici la seule attache de la queue ne suffirait pas pour retenir leur corps dans cette position, elles se passent autour du corps une sorte de ceinture formée d’un grand nombre de fils de soie dont les bouts sont collés contre le bois ou la pierre. Nous les nommons succeintes; telles sont celles des Papilionides, des Piérides, des Polyommates, etc. — D'autres, enfin, que nous désignons sous le nom d’erroulées, s’enveloppent entre les feuilles ou dans un léger tissu et sont maintenues, en outre, par plusieurs fils transversaux (Hespérides). PES PAPA EONS: C Le plus grand nombre des chenilles d'Hétérocères ou Nocturnes s’en- foncent dans la terre, où elles se cachent; c’est là qu’elles quittent leur forme de chenille et que les Chrysalides restent tranquilles jusqu'à ce qu'elles soient prêtes à paraître avec des ailes. D'autres, comme je vous l'ai déjà dit, se construisent des cocons de soie qu'elles abritent sous les écorces, sous les racines ou sur les branches des arbres. Rien n’est plus admirable et plus varié que l'instinct dont les chenilles font preuve pour se mettre en sureté et se préserver de leurs ennemis. La coque du Bombyx du mürier, vulgairement connu sous le nom de Ver à soie, est, sans doute, une des plus intéressantes sous le rapport de son utilité pour nous; mais d’autres chenilles en fabriquent de beau- coup plus remarquables par leur forme. Plusieurs espèces se contentent de quelques fils croisés en différents sens, de manière à imiter plus ou moins le tissu d'une toile d’araignée, à travers laquelle on voit la chry- salide. D'autres ajoutent à leur coque quelques brins de feuilles, comme pour suppléer à la pauvreté du tissu. Il en est qui, pour rendre leur coque plus ferme et moins transparente, l’humectent d’une liqueur jaune qu'elles rendent par l'anus et qui, en se desséchant, devient pulvérulente comme de la fleur de soufre. Certaines chenilles velues, peu riches en matière soyeuse, coupent leurs poils pour fortifier leur coque et lui ôter sa transparence. D'autres encore, qui habitent les arbres, enveloppent si artistement leur coque de petits fragments d’écorce et de lichens, que l'œil le plus exercé ne peut les distinguer. Il en est, enfin, qui vivent sur les murs et tapissent en entier l'extérieur de leur habitation de menus grains de sable ou de plâtre, de sorte que leur chrysalide ne se distingue de la surface sur laquelle elle est fixée que par la saillie qu’elle forme. La nature de la soie varie autant que l’industrie des chenilles. Dans nulle espèce elle n’est plus belle et plus pure que dans le Bombyx du mürier Où vér à soie commun. L’Antheræa mylitta du Bengale, le Yama- Maï du Japon, l’Atfacus Pernii de la Chine, fournissent également une soie qui est utilisée depuis très-longtemps dans les contrées dont ils sont originaires. Introduits en Europe dans ces derniers temps, ils don- nent aujourd'hui des résultats satisfaisants. Il est regrettable que ce soit inutilement pour nous que tant de chenilles filent, et que nous ne sa- chions pas mettre à profit les coques qui nous seraient fournies abondam- ment par plusieurs espèces communes et prodigieusement fécondes. Mais il est vrai que dans quelques-unes, cette matière précieuse est trop fine et trop faible, et que, dans d’autres, elle est trop grossière pour être employée aux usages ordinaires, ou bien encore tellement mélangée de matière gommeuse que les coques semblent faites d'une matière papy- racée coriace qui ne ressemble pas plus à de la soie que les nids de cer- taines guêpes. Les chenilles des Saturnia sont la plupart du nombre de celles qui font une soie grossière, mais abondante. Celle de l'espèce ap- pelée vulgairement grand paon de nuit se construit une coque fort remar- quable sous le rapport de l’art, mais si dure, si forte et si gommée, que l’insecte parfait n’en pourrait sortir si la chenille n'avait pris la précau- tion de laisser une ouverture à l'extrémité la plus mince. La forme des coques est aussi diversifiée que la nature de leur tissu. Le plus généralement, leur figure approche de l'ovale ou de l’ellipse ; on en voit qui sont fusiformes ou qui ressemblent à des fioles à goulot. Quant à celles qui se métamorphosent dans la terre, elles ne se donnent pas la peine de fabriquer des coques; il leur suffit de s'y creuser une cellule qu’elles polissent et tapissent de soie à l’intérieur, mais en couche tellement mince qu'on peut à peine, le plus souvent, en apercevoir la trame. En thèse générale, toutes les chenilles velues font des coques, et, parmi ces dernières, l’on a remarqué que les espèces à tubercules produisent beaucoup plus de matière soyeuse que celles qui sont sim- plement velues. ÉTAT PARFAIT. Lorsque l'époque de l’éclosion est arrivée, la Chrysalide change de couleur ; elle s’amollit, devient transparente et permet souvent de voir à travers son enveloppe le dessin et la teinte du Papillon. Les efforts du prisonnier la fendent longitudinalement sur le corselet, l'ouverture ne 30 BESSPAPIECONS: tarde pas à s’agrandir, et celui-ci sort avec facilité. Mais quand la Chrysa- lide est renfermée dans une coque dure, comme celle de certains Bombyx, ou dans une coque de soie pure, il lui reste à ouvrir les portes d’une autre prison. Pour cette opération, les moyens varient selon les espèces. Chez certaines, l'instinct de la chenille a deviné d'avance les obstacles, et tout se trouve prévu d’une manière admirable pour le moment de la métamorphose. Plusieurs chenilles qui vivent dans l’intérieur des tiges des plantes, font une ouverture circulaire dans une des parois de la tige en ayant soin de conserver l'épiderme; l’insecte parfait, pour sortir, n'a plus qu’à percer cette faible membrane. Plusieurs chenilles tordeuses font aux feuilles dans lesquelles elles se renferment une ouverture semblable. Chez d’autres races, les chenilles emploient pour la sortie du Papillon des moyens aussi ingénieux. Les coques ont une espèce de couvercle ou d'opercule qui s'ouvre comme une boîte à savonnette et qui extérieure- ment est maintenue par quelques fils qui se rompent à la plus légère pression que fait l'insecte. D’autres coques, comme celle de la Tordeuse du chêne, sont composées de deux valves réunies par une carène et s'ouvrent comme certains fruits déhiscents. La suture n'étant que légère- ment fixée, les fils qui la maintiennent cèdent au moindre effort du Pa- pillon, et les valves s’écartent. Certaines races nocturnes, dont la coque est d'une texture uniforme très-coriace et comme cartonnée, ramollissent l'endroit qui doit leur donner passage avec un liquide qui dissout la gomme. D'autres encore, tels que le Bombyx du mürier (ver à soie), coupent les fils de la coque pour se faire une ouverture. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que, si l’on en croit Réaumur, cette opération serait exécutée avec les yeux dont les mille facettes prismatiques font l'office d’une lime. Lorsqu'un Papillon sort de sa chrysalide, il est très-faible; toutes ses parties sont molles, sans consistance et imprégnées d'humidité. Ses ailes sont pendantes, très-courtes. Bientôt il se fixe contre un corps solide; il étend successivement tous ses organes en imprimant de temps en temps un léger frémissement à ses ailes. Celles-ci s'étendent, se développent En tous sens et poussent pour ainsi dire comme une feuille à vue d'œil. LEURS MÉTAMORPHOSES. © Lorsqu'elles ont acquis leur ampleur normale, il les relève et les abaisse successivement, les agite, pour achever la vaporisation de l'humidité dont elles sont encore imprégnées, et, le plus ordinairement, en moins d'une demi-heure, elles sont aptes à remplir leurs fonctions. Le Papillon récemment éclos rejette par l'anus un liquide de couleur variable, tantôt rougeâtre ou comme sanguinolent, tantôt grisâtre, jau- nâtre ou brunätre. Ce liquide est un véritable méconium, analogue à celui que rendent les mammifères nouveau-nés. Ces déjections, parfois très-abondantes, ont autrefois donné lieu à la croyance de ces pluies de sang qui épouvantaient les populations superstitieuses. En 1608, on vit à Aix, en Provence, une de ces prétendues pluies de sang qui eflraya fort le peuple. Les murailles des maisons étaient tachées de grosses gouttes de sang, comme du sceau fatal de la réprobation. Déjà l’on courait dans les temples, pour apaiser les menaces de la colère céleste qu'un tel pro- dige semblait annoncer, lorsque le savant Peyresc, ayant par hasard placé dans des boîtes plusieurs chrysalides de Papillons, s’aperçut qu'une espèce, entre autres, avait laissé, au lieu d’où le Papillon était sorti, une grande tache d’un rouge de sang. Ce fut pour lui un trait de lumière. II étudia le terrible phénomène de plus près, et remarqua que ces gouttes rouges n'étaient tombées ni sur les toits ni sur les lieux exposés à l’air, mais surtout en des endroits abrités, et l'on n'avait observé personne mouillé de cette prétendue pluie, que nul d’ailleurs n'avait vu tomber. Cette même espèce de Papillon, chez laquelle il avait observé le phéno- mène en question, était précisément très-commune cette année-là dans la contrée, et, en se transformant, elle avait déposé ces prétendues gouttes de sang sur les murs. Le savant rassura donc l'opinion publique ; mais la chronique rapporte que cette explication ne satisfit pas certaines gens qui spéculaient sur la crédulité du peuple. Au point de vue des intérêts humains, les Lépidoptères offrent quel- ques espèces utiles et une infinité d'espèces nuisibles. Tout le monde connaît le ver à soie du mürier (Bombyx mori), qui est l'objet d’une des branches les plus importantes de l'industrie. Dans ces derniers temps, des épidémies ont sévi sur ces précieux insectes, de facon à faire craindre PE SMPAPITMEONTS;: W pour la race entière. Le danger, en stimulant le zèle des entomologistes, leur a fait chercher non-seulement des remèdes au mal, mais des espèces capables de suppléer au besoin le Bombyx du mürier. Le ver à soie de l’Ailante (Saturnia cynthia), de la Chine, est aujour- d'hui parfaitement acclimaté et même naturalisé en France; les Bombyx mylitta, Pernyi de l'Inde, le Yama-Maï du Japon, qui vivent sur le chêne, donnent, dans les contrées dont ils sont originaires, une matière textile qui habille des populations entières. Mais, comme nous l'avons dit, si quelques espèces nous sont utiles, il en est une multitude de nuisibles par leurs chenilles qui nous causent souvent un grand préjudice. Il nous suflira de citer parmi les plus destructives, les Papillons blancs du chou et du navet, le Bombyx neustria et les Tordeuses qui ravagent nos arbres fruitiers, les Processionnaires qui dépouillent de leurs feuilles les arbres de nos forèts. Le Cossus ronge-bois détruit les arbres de nos routes et de nos parcs; les Galleries de la cire rongent et gâtent les ruchers des abeilles ; les Teignes des blés, l’Alucite, compromettent parfois nos ré- coltes de céréales; la Pyrale de la vigne a souvent causé des pertes considérables dans nos vignobles. Qui ne connait, en outre, les petites Teignes diverses dont les chenilles détruisent les étoffes de laine de nos vêtements et de nos meubles, nos fourrures, nos tapisseries et une foule de substances utiles à l'homme ? MOEURS MINS DINGTRS EE SSIRICS RON MŒURS ET INSTINCTS DES LÉPIDOPTÈRES VISITE AU MUSÉE ENTOMOLOGIQUE aintenant que vous connaissez l'organisation des Lépidoptères, et que nous les avons suivis depuis l'œuf jusqu'à la fin de leur existence éphémère, nous allons passer en revue les diverses tribus de ce peuple brillant et léger, en nous arrèêtant un instant sur AS . LAC celles dont les mœurs et l'industrie seront souvent pour .® nous un sujet d’admiration. ) < ee RL : x : Bien que les Lépidoptères soient loin de posséder à | un degré aussi élevé les instincts merveilleux et l’in- \ VU dustrie extraordinaire que montrent la plupart des Hyménoptères et beaucoup de Coléoptères, ils ne laissent pas que d'offrir à l'observateur, surtout à l’état de chenille, des habitudes et des procédés très-curieux et dignes d'étude. Linné le premier et Latreille ensuite ont basé la classification de l’ordre des Lépidoptères sur la forme des palpes et des antennes, et les ont répartis, suivant leurs habitudes, dans trois grandes divisions : les Diurnes 36 DE SSPAPIMEALONS: ou Papillons de jour, les Crépusculaires ou Sphinx, et les Nocturnes ou Papillons de nuit. Longtemps on a suivi cette classification, défectueuse en réalité, puisque beaucoup d'espèces rangées parmi les Crépusculaires ou les Nocturnes volent en plein soleil, et que, parmi ces dernières, le plus grand nombre fait son apparition aussitôt après le coucher du soleil. On a donc eu recours à d’autres caractères plus constants, et, actuelle- ment, les collectionneurs suivent la méthode du docteur Boisduval, l'un de nos plus savants entomologistes, qui a substitué au mot Diurnes celui de Rhopalocères, et à ceux de Crépusculaires et de Nocturnes, celui d’'Hétérocères. Le nom de Rhopalocères (du grec rhopalon, massue), qui s'applique aux Papillons de jour, indique que leurs antennes, d’abord droites et fili- formes, se renflent à leur extrémité, tandis que chez tous les autres, Cré- pusculaires et Nocturnes, ces organes affectent des formes variables (heteros), mais ne sont jamais terminés en massue. Un autre caractère assez constant, et qui vient corroborer celui que l’on tire des antennes, est offert par l’organisation et la position des ailes. Chez les Diurnes ou Rho- palocères les ailes sont libres et se redressent verticalement l’une contre l’autre dans le repos. Chez les Hétérocères, au contraire, les ailes infé- rieures sont attachées aux supérieures au moyen d’un frein, et elles ne sont jamais relevées dans le repos (voyez page 12). LES DIURNES. 37 LES DIURNES ou PAPILLONS DE JOUR (RHOPALOCÈRES) ‘est parmi les Papillons de jour que se font remarquer les formes les plus élégantes, les couleurs les plus splendides. La nature semble avoir épuisé les plus riches couleurs de sa palette pour peindre les grandes ailes ; de ces merveilleux insectes. Le plumage du Colibri, paré I de si riches nuances, et qui fait le désespoir des plus /\«° habiles pinceaux, est lui-même loin d'offrir cette variété |: de teintes, cette harmonieuse disposition de couleurs qu'on ne peut se lasser d'admirer sur l'aile de certains Papillons de l'Inde ou du Brésil. Nos espèces européennes n'offrent pas, il est vrai, sur leurs ailes cette profusion d’or et de pierreries ; mais elles sont bien faites encore pour exciter notre admiration par l'élégance de leurs formes, la légèreté de leur port, la beauté et l'harmonie de leurs couleurs. Elles sont, en outre, bien plus intéressantes pour nous, au point de vue de la science, puisque nous pour vons, chaque jour, observer leurs mœurs et leurs habitudes. 38 PES PAPILEONS: L'illustre Linné, qui joignait souvent à une science profonde un senti- ment poétique charmant, distribua ses nombreux papillons diurnes dans six nations ou tribus. La première phalange est celle des brillants Cheva- liers (Papilionides), se divisant elle-même en Chevaliers Troyens, qui, vaincus en défendant leur patrie, portent le deuil ou des couleurs sombres sur leurs ailes, et la noble décoration d'une blessure sanglante sur leur poitrine. Les Chevaliers Grecs, plus fiers et plus hardis, ne portent point ces signes d'infortune et de défaite. Parmi tous ces guerriers on revoit les noms les plus illustres célébrés par Homère. Là renaît Ilion et les Hector, les Polydore, les Énée, les Polydamas qui la défendent ; là se présentent le vénérable Priam, le beau Paris, le jeune Astyanax et la vertueuse Andromaque. Plus loin s’avance l'élite des phalanges grecques, les Achille, les Diomède, les deux Ajax impétueux dans leur vol, et le prudent Ulysse, le fier Agamemnon et le sage Nestor. Après ces guerriers, tous somptueux, tous peuplant les climats chauds, viennent les habitants de l'Hélicon et ceux du Parnasse. Là se voient les Muses, Calliope, Terpsichore, Uranie et leur suite, avec les sages de l'ancienne Grèce. Ensuite on voit paraitre les Danaïdes, les divinités champêtres, avec les héros et les demi-dieux. La cinquième phalange est celle des Nymphes (Vanesses, Argynnes). Là nous voyons la légère Atalante non loin d'Hippomène et Antiope et lo, Églé, Euphrosyne avec Diane, Clytie, Ariane, Europe, Circé, noms charmants rappelant des Papillons plus charmants encore sur lesquels resplendissent les feux du soleil ou l'éclat de la nacre. Enfin, la dernière phalange est celle'des Papillons plébéiens, peuple nombreux de petites divinités champêtres, tels sont les Faunes, les Sylvains, les Satires; puis près d'eux les bergers de Virgile, Amyntas et Mélibée, Coridon et Alexis, qui parcourent chaque printemps nos campagnes. Quelque charmantes qu'elles fussent cependant, ces fictions mytholo- giques offraient un inconvénient, il faut l'avouer : c’est qu'au lieu de faire du nom d’un insecte un signe caractéristique propre à le faire reconnaitre, ce nom ne l'indique nullement et peut tout aussi bien’s’appliquer à n’im- porte quel autre insecte. D'un autre côté, quelque nombreux que soient 39 LES DIURNES. les héros d'Homère et les dieux de la Mythologie, les insectes sont bien plus nombreux encore; de sorte qu'après avoir épuisé Homère, Virgile et les autres auteurs de l'antiquité, on dut inventer des noms nouveaux pour de nouveaux insectes, noms qui souvent n’ont aucune signification et qui ont fait perdre aux naïfs étudiants bien des heures à la recherche d'une étymologie qui n'existe pas. Nos entomologistes modernes, plus rigoureux ét moins poétiques, ont compris que le nom doit autant que possible décrire les caractères dominants ou les habitudes de la créature, tout en restant court. De là des noms souvent peu euphoniques, tels que nigricornis, erythrocephala, tragopogonis, etc., mais qui indiquent tout de suite que l'individu a les antennes noires, la tète rouge, ou vit sur le salsifis des prés. Pour les entomologistes actuels, la grande division des Diurnes est en trois sections ou tribus, d’après la manière dont leurs chenilles opèrent leur métamorphose. Ce sont: 1°les Succernts, dont les chrysalides sont fixées par la queue et par un lien transversal en forme de ceinture ; — 2° les Suspendus, dont les chrysalides sont simplement suspendues par la queue ; — 3° les Ænroulés, qui se renferment dans une coque. I. La section des SucceiNrs comprend plusieurs familles, dont la pre- mière, celle des PaPILIONIDES, renferme les plus grandes et les plus belles espèces de l’ordre. Ce sont les Chevaliers de Linné. Ils sont carac- térisés par leurs pattes antérieures bien développées et munies d’un éperon, par des palpes entièrement garnies d’écailles et si courtes qu'elles ne dépassent pas les yeux, par des antennes terminées en une massue allongée. Les Papillons proprement dits, les Ornithoptères, les Thaïs, les Parnassiens rentrent dans cette famille. Les Papillons proprement dits (genre Papilio) sont représentés chez nous par plusieurs espèces remarquables. Comme vous le voyez ici (PI. IN), leurs ailes très-amples sont élégamment découpées, peintes de vives ‘L'indication PI. renvoie aux planches coloriées de notre [coxocrarute; l'indication fig. se rapporte aux figures noires imprimées dans le texte. 40 LES PAPIELONS: couleurs, et les ailes postérieures se terminent souvent par une longue traîne qui leur donne un cachet d’élégante distinction. Tels sont le Machaon et le Flambé ou Podalyre (fig. 38), répandus dans toute l'Europe et dans le nord de l'Afrique, et l'Alexanor, qui ne se rencontre que dans nos régions alpines. Ces beaux Papillons planent majestueusement sous les rayons du soleil, qui fait resplendir leur beauté. Tout le monde connait le Machaon, qui vole pendant les beaux jours de mai et de juillet au-dessus des ombellifères et des trèfles fleuris, sur lesquels il se pose F1G. 38. — Papillon Podalyre. comme pour permettre d'admirer ses grandes ailes d’un beau jaune, rayées ettachetées de noir, avec une élégante guirlande de taches ocellées d’un bleu tendre sur les ailes postérieures. La chenille vit pendant les mois de juin et de septembre sur les ombellifères, particulièrement sur la carotte et le fenouil. C’est une fort belle chenille, longue de cinq à six centimètres, d'un beau vert clair, ornée d’anneaux d’un noir velouté et de gros points d'un rouge fauve. Lorsque la chenille est au repos, elle n'offre rien de remarquable qui la distingue des autres chenilles ; mais si elle est inquiétée ou touchée, elle fait aussitôt sortir de son cou, entre le premier anneau et la tête, un tentacule fourchu figurant deux cornes rouges qu’elle agite d'un LES DIURNES. 4: air menaçant, et elle répand en même temps une forte odeur comparable à celle de la carotte. C’est pour elle un moyen d'effrayer l'ennemi. Toutes les chenilles du genre Papilio sont munies de cette arme défensive mais peu redoutable. l'1G. 39. — Ornilioptera Pronomus (voy. page 42). La manière dont la chenille se métamorphose en chrysalide est très- intéressante à observer; elle nous donnera une idée des procédés qu'em- ploient tous les succeints en général: après avoir tapissé de soie le point où elle veut se fixer, elle se retourne et se cramponne à la soie au moyen de ses deux dernières pattes ; puis elle fixe d’un côté de sa tête un fil, qu'elle lâche peu à peu, en le faisant passer entre ses pattes écailleuses, ét le colle de l’autre côté. Elle recommence ainsi une quarantaine de fois, et fabrique de la sorte un cordon de soie, véritable corde eu égard au volume de la fileuse. Ce cordon, lorsqu'il est terminé, a la forme d'un petit arc. La chenille y passe la tête, puis le corps, de manière à l’amener BESNPAPIETON:S: sur son dos ; elle se raïdit alors et pousse de toutes ses forces sur ce lien pour en éprouver la solidité; puis, rassurée à ce sujet, elle rétracte ses pattes, gonfle son corps et se trouve soutenue par la sangle de soie qu'elle a fabriquée. Mais nos espèces européennes vous paraîtront bien pauvres et bien petites si vous les comparez à celles des contrées tropicales de l'Inde et de l'Amérique. Au premier rang figurent les Ornithoptères, qui se distinguent FIG. 40. — Ornithoptera Emalthion (voy. page 43), entre tous par leur grande taille, par la large envergure de leurs ailes, qui le a fait comparer à des oiseaux (ornis). Leurs ailes postérieures sont dentelées, mais sans prolongement caudal comme dans les Papillons pro- prement dits. Ces magnifiques insectes habitent particulièrement les iles de la Sonde, les Moluques, les Philippines. Voici l'Ornithoptera pronomus fig. 39, voy. p. 41) dont les ailes étendues ont une envergure de seize à vingt centimètres. Elles sont chez + O3 LES DIURNES. le mâle d’un noir velouté sur lequel tranche un vert brillant et soyeux. La femelle est plus grande, mais plus modestement parée ; ses ailes sont d'un brun foncé tachetées de blanc. Son voisin l'Émalthion (fig. 40, VOy. p. 42) des Philippines est vêtu de satin cramoisi et de velours noir; son corps est noir avec des points jaunes. Les chenilles des Ornithoptères portent sur chaque segment des tuber- FiG 41, 42. — Chenille et Chrysalide d'Ornithoptère. cules épineux rayonnant dans tous les sens, ce qui leur donne un aspect étrange (fig. 41); elles ont, en outre, ce tentacule fourchu que nous avons vu chez la chenille du Machaon. La chrysalide est fort singulière aussi : son corps, recourbé en forme d’S, a conservé en partie les tubercules de la chenille; elle est fixée par la queue et maintenue par une ceinture de soie (fig. 42). Parmi les Papillons porte-queue étrangers qui se rapprochent du Ma- PES PA RIEEONS: #4 chaon, remarquezle Mezentius de l'Amérique du Sud (fig. 45, voy. p. 46), espèce fort rare dans les collections. Ce Papillon offre un caractère excep- tionnel chez les Lépidoptères diurnes, c’est d’avoir la même coloration des deux côtés de l'aile. Les supérieures sont d’un noir profond, traversées par une bande blanche qui n’atteint pas le bord antérieur; les ailes inférieures, profondément découpées et munies d’une longue queue en FIG. 43, — Papilio Memnon d' palette arrondie, sont également noires, marquées de taches lunulées d'un rouge cramoisi. Le Papillon AMemnon que voici (fig. 43) habite la Chine, Java, Bornéo et une partie de l'Inde. Ses ailes sont en dessus d’un noir velouté, rayées, et tachetées de bleu cendré clair; elles portent en dessous des taches écarlates. Ce ravissant Papillon est le mâle, et l'espèce offre LES DIURNES. + ur cette singularité que la femelle diffère à tel point de l’autre sexe qu'on l’a regardée longtemps comme une espèce bien distincte. ainsi que vous le voyez ici, les ailes du mâle sont arrondies, avec les bords festonnés, mais sans vestige de queue. Chez la femelle (fig. 44), au contraire, F1G, 44, — Papiio Memnon Q. les ailes inférieures se prolongent en une longue queue élargie en spatule, et les raies et les taches qui ressortent sur le fond noir des ailes sont de couleur blanche ou jaune clair. Assez fréquemment les femelles diffèrent des mâles par la coloration chez les Lépidoptères ; mais il est rare qu'elles en diffèrent à ce point par les formes. Dès les premiers beaux jours du printemps, on voit voler dans les 46 LES PA BPIMELONS: douces contrées du Midi de charmants Papillons de moyenne taille dont les ailes délicatement festonnées sont jaunes , tachetées de rouge et de noir, rappelant un peu l'habit d'Arlequin. Ce sont les Thaïs (PI. I), dont les chenilles courtes, chargées d’épines charnues terminées par des poils raides, vivent sur les aristoloches. Leurs chrysalides sont eftilées , coniques , anguleuses, avec la tête coupée en biseau. Quelques espèces étrangères, le Doritis apollina des îles de la Grèce (PI I, 6), l'Euricus cressida de l'Australie, offrent à la fois les caractères FIG. 45. — Papilio Mezentius (voy. page 44) des Papillons et des Parnassiens, et forment entre eux un trait d'union. C'est dans les hautes régions des montagnes que vivent les Parnas- siens, au Corps robuste et velu, aux antennes courtes terminées en forte Massue, aux ailes translucides presque dépourvues d'écailles. En été vole sur les pentes fleuries des Alpes, des Pyrénées, du Jura le Parnas- sien Apollon que vous voyez ici (fig. 46, voy. p. 47, et PI. IN). Ses grandes ailes blanches, semblables à du vélin, tachetées et saupoudrées de noir, D} à 1Q 7e) r ? 24 = 2 4 e ! portent des yeux d’un beau rouge vermillon cerclés de noir et pupillés Es LES DIURNES. 47 de blanc. La chenille de l’Apollon est d'un noir velouté et porte des mamelons bleuätres et des points orangés. Elle se nourrit sur les sedum et les saxifrages qui couvrent les endroits rocailleux des montagnes. Lorsqu'elle se transforme en chrysalide, outre la ceinture dont s’en- tourent les autres Papilionides, elle tisse un léger réseau de fils soyeux dont elle s’enveloppe.” On rencontre sur les hautes montagnes de l'Inde, de l'Amérique et jusqu'au Kamtchatka, des Parnassiens qui ne se distinguent les uns des autres que par de légères différences. Voici le Parnassien d'Hardwick (fig. 47, voy. p. 48) qui habite le Népaul. Ses ailes sont blanches, tachetées de noir et de rouge. FIG. 46. — Parnassius Apollo (voy. page 46). Après les Papilionides viennent les Prérines (PI. IV); ces rivales des Muses forment une famille dont les membres se distinguent par leurs an- tennes presque aussi longues que le corps, annelées de blanc et de noir et terminées par une massue piriforme, par leurs palpes grêles et longues, hérissées de poils et, enfin, par leurs pattes antérieures, qui ne sont jamais munies d'éperon et ont les ongles bifides. Leurs chenilles ont le corps allongé, aminci aux deux bouts, pubescent; leur tête est petite et globuleuse, et n'offre jamais de tentacule, comme celle des Papilionides. L'ESSPAMBMPBEON:S: Leurs chrysalides, plus ou moins anguleuses, sont souvent carénées sur le dos, et leur tête se prolonge en pointe aiguë. Comme chez les précé- dents, elles sont attachées par la queue et maintenues par une ceinture. Qui ne connaît les Papillons blancs ou Papillons du chou, qui volent en troupes pendant toute la belle saison, dans tous les jardins, dans toutes les prairies de l'Europe ? On les retrouve en Égypte, en Algérie, en Asie et jusqu’en Sibérie, partout enfin où se cultivent des choux. Les chenilles de la Piéride du chou (Pieris brassicæ) vivent par petits groupes et sont fort nuisibles pour les potagers, et malgré tout le soin qu'apportent les cultivateurs à leur donner la chasse, elles auraient bientôt ruiné le plus beau jardin si FIG. 47. — Parnassius Hardwickii (voy. page A7). la nature n'avait mis un frein à leur multiplication en leur suscitant de nombreux ennemis. Les oiseaux en détruisent un grand nombre; mais c’est surtout un petit Hyménoptère, le Microgaster glomeratus, dela famille des Ichneumons, qui semble chargé de les maintenir dans de justes limites. Ce petit insecte, (fig. 48), à peine long de 3 millimètres, a le corps allongé, muni de quatre ailes transparentes, et son abdomen est terminé par trois longs filets rigides. Pendant que la chenille est en train de déchiqueter les feuilles de chou, la mouche tombe sur son dos, lui perce la peau au moyen de sa tarière et dépose un œuf dans la plaie. Elle procède ainsi à plusieurs reprises. A chaque FiG. 45. Microgaster glomeratus piqûre la chenille tressaille et s’agite; mais elle ne paraît pas se erossi. ressentir des suites de ses blessures, qui n'ont intéressé que la peau, etelle se remet à manger comme par le passé, sans plus se douter qu'elle porte en elle des germes de mort. En cflet, les œufs déposés dans son corps par LES DIURNES. 49 la mouche éclosent bientôt, et les petites larves qui en sortent dévorent toutes les parties grasses de la chenille à mesure qu'elles se forment; mais, guidées par un instinct merveilleux, elles ne touchent point aux organes essentiels à la vie. La chenille remplace donc en partie, par sa nourriture, ce que ses parasites lui font perdre, et le plus souvent elle a même le temps de se changer en chrysalide. Mais les larves ont grandi en même temps que la chenille, et lorsque celle-ci cesse de manger pour opérer sa métamorphose, elles se frayent un passage en dévorant ses chairs et vont se filer immédiatement une coque dans quelque coin de mur ou de palissade. Les Ichneumons sont les modérateurs de la trop grande multiplication des larves, dont ils détruisent ainsi des quan- F1G, 49. — l'ieris cralægi. tités considérables; et l'amateur qui élève des chenilles pour en obtenir des Papillons plus frais est ex- posé à de fréquentes et cruelles déceptions. Souvent, au moment où, croyant voir ses soins récompensés, il surveille avec sollicitude la chrysa- lide en laquelle s’est transformée quelque chenille rare, au lieu du magni- fique Papillon qu'il en espérait voir éclore, il ne voit sortir de l'enveloppe desséchée qu'une douzaine de ces petites mouches parasites. Plusieurs autres Piérides sont très-communes dans notre pays; tels sont : le petit Papillon du chou (Pieris brassicæ), celui du navet (Pieris ñapi), le Papillon blanc marbré de vert (Pieris daplidice), le Gazé (Pieris cralægi) (fig. 49), dont la chenille (fig. 50, voy. p. 51) vit en société sur les aubépines des haies et sur les arbres fruitiers, et que Linné appelle Pestis hortorum, peste des jardins. Toutes ces espèces, assez voisines les unes des autres, sont figurées sur notre PI. IV. Le genre Dismorphia ne renferme que des espèces exotiques qui par leurs caractères se rapprochent des Piérides, tandis que par leurs couleurs et leurs formes elles ressemblent à des Héliconiens, comme vous le montre ici le Dis- morphia Orise (fig. 5r,voy. p.51) des rives del’Amazone. Ce beau Papillon a les ailes noires avec de grandes taches d’un jaune pâle presque translucide. 4 5 LES PA PITERONS" A la même famille des Piérides appartiennent les Anthocharis, char- mants petits Lépidoptères qui, comme l’exprime leur nom, ont la grâce des fleurs. Ce genre se distingue des Pieris par une tête plus forte, des antennes plus courtes et d’une seule couleur. C’est l’Aurore (Anthocharis cardamines), Si répandu dans les bois au printemps; il a les ailes arron- dies, blanches, avec le sommet des supérieures teinté d’orangé vif. La femelle, moins bien partagée, n’a pas cette tache aurore. L’Aurore de Pro- vence (Anthocharis eupheno) a les ailes entièrement d’un beau jaune chez le mâle, et tachetées de rouge à l'extrémité chez la femelle, qui porte en outre une grosse lunule centrale de cette couleur. Chez l’Anthocharis belia du Midi, les ailes sont blanches en dessus dans les deux sexes; mais en dessous elles sont teintées de vert tendre sur lequel se dé- tachent des plaques du blanc nacré le plus pur (voy. PI. IV). D’autres Piérides ont un corps robuste et court, des ailes jaunes, des antennes courtes, terminées en cône obtus d’une jolie teinte rosée. Tout le monde connaît, Rd eus pour les avoir vus voler dans nos campa- gnes, le Soufré, le Souci, le Citron (PI. V). Le premier (Colias hyale) a les ailes d’un jaune soufre, bordées de noir, avec un point noir sur le disque. Le Souci (Colias edusa), d’un jaune orangé bordé de noir, vit à l’état de larve sur le sainfoin et la luzerne. Cette chenille est verte, à raies jaunes et à points fauves. Quant au Citron (Rhodocera rhamni), qui doit son nom à la couleur uniforme de ses ailes marquées d’un simple point orangé, il est bien reconnaissable à ses ailes antérieures terminées en pointe aiguë. Sa chenille vit sur le nerprun. La Chlorinde du Brésil a des ailes vert d'eau, frangées de jaune et ornées de deux grandes taches métalliques. PES DTIURNES: 51 Quelques Coliades des contrées tropicales volent par myriades dans les forêts du Nouveau-Monde; le voyageur Schomburg rapporte que les Indiens recueillent leurs chenilles pour les manger en les mélangeant avec de la farine de manioc. Le genre Callydrias renferme des espèces propres aux régions inter- tropicales, aux ailes d'un jaune plus ou moins vif, offrant souvent sous leurs ailes inférieures un ou deux points argentés. Leurs chenilles vivent sur les cassia et autres légumineuses arborescentes. Puis vient la famille des sombres EUMÉNIDES, qui n'a pas de représentant en Europe. F1G, 51. — Dismorphia Orise (voy. page 49). L'Eumena atala de Cuba est un fort beau Papillon, malgré ses ailes d’un noir de suie; il a l’abdomen orangé et les ailes inférieures saupou- drées de vert émeraude. Les LycÉNiDEs forment une famille remarquable par la forme rac- courcie de ses chenilles, qui rappelle celle des cloportes. Celles-ci se transforment en une chrysalide courte, obtuse aux deux bouts, fixée comme celle des familles précédentes par la queue, et soutenue par une ceinture (voy. PI. VI et VIT). Les Lycénides sont de jolis petits Papillons aux antennes annelées de 52 LES PAPILEONS: blanc, terminées par une massue allongée, les palpes dépassant notable- ment la tête. On y-distingue plusieurs genres: c'est d'abord les Thécla, dont les ailes postérieures sont prolongées en une petite queue; aussi les anciens amateurs les appelaient-ils les petits porte-queue. Ce sont des Papillons de petite taille, vêtus de couleurs brunâtres plus ou moins foncées en dessus et de nuances claires en dessous, avec des lignes et des taches diverses qui distinguent les espèces. L'une des plus communes dans notre pays, est le Thécla W blanc; 1 est d'un gris clair en dessous, avec des lignes noires, rouges et blanches ; l'une de ces dernières, située vers l'extrémité des ailes postérieures, figure un W bien marqué. Sa chenille vit sur les ormes; elle est courte, large, aplatie, et offre l'apparence d’un cloporte, bien qu’elle n’en ait pas la couleur, car elle est d’un vert pomme qui se confond aisément avec la teinte des feuilles ; aussi est-elle assez difficile à trouver. Cette chenille est fort lente et se déplace peu; elle se transforme sous les feuilles où elle a vécu. Sa chry- salide est légèrement pubescente, d'un gris brun, avec une rangée laté- rale de points noirs. Vous voyez à côté le Thécla du prunellier, celui du chène, celui du houx, qui ne diffèrent du précédent que par la disposition des taches. Le Thécla de la ronce offre cependant une coloration exceptionnelle ; ses ailes sont en dessous d’un vert clair uniforme. Toutes ces espèces ont le même genre de vie. Le genre des Polyommates, dont le nom signifie beaucoup d'yeux, renferme un grand nombre de charmants petits Papillons, qui ont pour caractère distinctif d'offrir sur la face inférieure des ailes une multitude de petits yeux. Mieux partagés que les Thécla, leurs ailes sont en dessus d'un fauve doré brillant, souvent d’un éclat métallique. C Le Polyommate Phlæas, que l’on rencontre partout pendant la belle saison volant par les chemins , est d’un fauve doré parsemé de points noirs. Le Polyommate de la verge d'or, encore plus éclatant, est en dessus d'un beau rouge doré uniforme. Sa chenille vit sur la plante dont PES DIURNIES. 53 il porte le nom. Dans les régions montagneuses du Midi vole le Gordius. dont les ailes, d’un fauve orangé très-vif, marquées de gros points noirs, brillent à la lumière de reflets violets. Le Polyommate Hippothoë, l'une des plus belles espèces du genre, se trouve dans l'Est et en Angleterre. Nous le figurons ici ainsi que ses caractères génériques, sa chenille et sa chrysalide (fig. 52 à 57). Les Zycæna ne sont que des Polyommates aux ailes bleues; quelques- uns ont, comme les Thécla, les ailes inférieures ornées d’une petite F'iG, 52 à 58. — 1 Polyommatus Ilippothoë '. 2 — _ , Vu en dessous ®. 3 Adonis. 1 a Chenille. — 1 # Chrysalide. — 1 e Antenne. — 1 4 Palpe. queue. Telle est la Lycœna bætica, dont les ailes, d’un violet foncé en dessus, sont en dessous d’un cendré jaunâtre strié de blanc, avec quel- ques yeux noirs à pupille dorée. La chenille de cette espèce vit sur le baguenaudier et sur les haricots, dont elle mange les gousses. A l’époque de la floraison, la femelle va déposer un œuf au fond de chaque fleur; dès que la petite chenille est éclose, elle pénètre dans l'ovaire, qui devient gousse et lui fournit le logement et la nourriture. Là elle vit aux dépens des graines et 54 PESNPAPIEEON:S: grandit en même temps que la gousse, qui habituellement suffit à ses besoins jusqu'au moment de la dernière mue; mais, après avoir changé de peau, elle quitte sa première demeure et va percer une nouvelle gousse où elle s’introduit. Elle rebouche soigneusement, avec un tampon de soie, le trou qu'elle a fait et y fait bombance jusqu'au moment de se transformer en chrysalide. Elle sort alors de sa maison et descend sous la mousse pour s’y métamorphoser. L'Amyntas, d'un bleu violet à bordure noire, porte également une F1G. 59. — Zeonia Batesii. petite queue. Parmi les espèces privées de queue sont les Argus (Lycæna Alexis, Adonis [fig. 58, voy. p. 53], Medon, Hylas, PI. VI), ravissants petits Papillons d’un bleu d'azur en dessus, couverts d’yeux en dessous, qui volent en troupes nombreuses dans les champs de trèfle, de sainfoin et de luzerne, sur lesquels vivent leurs chenilles. Les Zeonia, aux antennes allongées, sans renflement, ont les ailes infé- rieures terminées par une longue queue naissant d’un appendice anal très- prononcé. La Zeonia Balesii de l Amazone (fig. 59) est très-remarquable. Cette espèce offre des différences sensibles entre les deux sexes. Le un un PES DIURNES. centre des ailes est transparent, bordé de noir, avec une tache écarlate suivie de deux points blancs sur les inférieures. Comme vous Le voyez ici, le prolongement des ailes est droit dans le mâle, tandis qu'il diverge considérablement et se recourbe chez la femelle, II. La seconde section des Diurnes, celle des Susrenpus, dont les chrysalides sont simplement accrochées par la queue, la tête en bas, F1G. 60, — Euplæa Lorenzo (voy. page 56). sans lien transversal ni réseau d'aucune espèce, comprend plusieurs familles importantes, dont le caractère commun, chez l’insecte parfait, est d’avoir les pattes antérieures très-courtes, impropres à la marche et comme atrophiées. La première famille, celle des DanaïDES, n’a pas de représentants en Europe. Ce sont de beaux Papillons propres aux contrées chaudes des Deux-Mondes, qui se distinguent par leurs palpes séparées par un assez grand intervalle et par leurs ailes larges à cellule discoïdale toujours fer- mée. Enfants des régions tropicales, les Danaïs revètent généralement 50 LES PAPILEONS: une teinte fauve chatoyante, sur laquelle tranchent des taches noires et blanches ; telle est ie Danaïs insolata des îles Salomon. Les Euplæœa sont remarquables par la forme arrondie de leurs ailes et par leur apparence robuste. L'ÆEuplæa Eunice de Manille est violette. L'Euplæa Lorenzo que voici (fig. 6o, voy. p. 55) vient des îles Salomon; elle est brune, tachetée de blanc. Les chenilles des Euplæa sont singulièrement hérissées de cornes; leurs chrysalides sont souvent resplendissantes d'or. Les Idea sont des Danaïdes de très-grande taille. Leurs vastes ailes sont blanches tachetées de noir. Elles habitent l'Inde et l'Afrique australe. FAG. 61. — Ageronia Alicia. Wen Les Ageronia, également propres aux régions tropicales, ont les ailes sinueuses, d’un vert foncé, ornées de taches d’un noir velouté. Voici l'Ageronia Alicia (fig. 61). Ce beau Papillon a été rapporté des rives de l’Amazone par le naturaliste anglais Bates, qui l’a dédié à sa fille. Les HÉéLiCONIES se distinguent des Danaïdes par leurs ailes longues et étroites. La vaste envergure de celles-ci indique la rapidité de leur vol comparable à celui des hirondelles. Les Héliconies joignent à l'élégance de la forme toutes les séductions du coloris. Comme les Danaïdes, c’est aux chauds rayons du soleil tropical qu'elles doivent leur riche parure. un SI LES DIURNES. Les espèces sont surtout répandues au Brésil et à la Guyane. L'une d'elles, Heliconius Hecalesia, de la Nouvelle Grenade (fig. 62), est vêtue de velours noir rehaussé de jaune brillant. Une autre Héliconie, la Thyridia psidii de la Guyane que vous voyez ici (fig. 63, p. 58), ressemble à s’y méprendre au Dismorphia Orise (fig. 51, p. 51), comme vous pouvez vous en assurer en comparant les deux espèces. Mais pour le naturaliste, ce'sont deux insectes bien différents, car, non-seulement leurs caractères Ur LE ll BARRES EE Lo ptr FIG. G2. Ieliconius Hecalesia. les placent dans des familles distinctes, mais leurs chenilles ont des habitudes très-diflérentes. La famille des NyurHaripes renferme une foule d'espèces remar- quables répandues dans toutes les contrées du monde. Leurs formes, leurs couleurs et même leurs habitudes sont très-variées, et ont permis d'établir plusieurs genres bien distincts. Ils ont pour caractère commun de ne poser que sur quatre pattes, les deux premières demeurant immo- biles appliquées contre la poitrine; ils sont en outre reconnaissables à leurs palpes longues, très-rapprochées, garnies d’écailles jusqu'à l'extré- sal pe] PESMPAPIMELOINS: mité; aux crochets de leurs tarses fortement bifides et à la cellule discoïdale de leurs ailes inférieures presque toujours ouverte. Leurs chenilles varient beaucoup suivant les divers genres, tantôt cornues, tantôt épineuses, tantôt lisses. Les Chrysalides se font souvent remarquer par des taches ou des bandes d’argent et d’or. C’est dans ce fait curieux que se trouve l’origine du nom de Chrysalide, comme je vous l’ai déjà dit (page 26). Ces beaux Papillons ont peu de représentants dans notre pays; mais ils sont très-nombreux dans les régions tropicales des deux continents. Parmi les Nymphalides de notre pays figurent les espèces du genre Limenitis, connues sous le nom vulgaire de Sylrains (PI. VIII et IX). FIG, 63, — Thyridia (Medona) psidii (voy. page 57).{ Ces Papillons ne volent en effet que dans les bois. Le Petit Sylvain (Limenitis Sibylla) (fig. 64, voy. p. 59), commun dans nos bois au mois de juin, a les ailes d’un brun noir velouté, traversées d’une bande blanche. Sa chenille, d’un vert clair pointillé de vert plus foncé, portant sur le dos deux rangées d'épines charnues et rameuses, vit sur les chèvrefeuilles. Sa chrysalide est anguleuse, d’un brun verdâtre sombre, ornée de brillantes taches d'argent et d’une large plaque d'un vert clair à la partie supérieure de l'abdomen. Le Sylvain azuré (Limenitis Camilla) se rencontre dans nos forêts, surtout dans LES DIURNES. 59 le Midi, ses ailes, d’un brun noir, renvoient sous les rayons du soleil de magnifiques reflets d'azur. Le Grand Sylvain (Limenitis populi) vole dans les forêts où il plane d'habitude à une assez grande hauteur ; mais cette espèce a un goût dépravé, qui permet à l'entomologiste au courant de ses habitudes de la capturer facilement : elle descend sur les routes où les chevaux et les bestiaux ont laissé des témoins de leur passage, et se repose sur les fientes dont elle pompe les liquides. Sa chenille se tient sur les branches les plus élevées des peupliers et des trembles. FIG. 61, — Zimenitis Sibylla (voy. page 58). La nature a donné à une foule d'insectes des moyens de défense appro- priés aux dangers qu'ils ont à courir. Les chenilles revêtent souvent des formes et des couleurs qui les dérobent aux yeux de leurs ennemis ; mais les Papillons, moins bien partagés, n’ont généralement que leurs ailes pour échapper à leurs ennemis. Il en est cependant quelques-uns à qui la nature a donné un vêtement propre à les déguiser à l'occasion, et nous en verrons des exemples surtout dans les Papillons de nuit ; telles sont les Feuilles- mortes, les Likenées, etc. En voici un cas non moins remarquable, qui nous est fourni dans la famille qui nous occupe par le genre Kallima de 60 LES PAPILLONS. l’Archipel indien. Ce genre renferme plusieurs espèces très-remarquables par la forme et le coloris des ailes, qui, au repos, ressemblent exactement à des feuilles. Tel est surtout le Kallima Inachis que vous voyez ici (fig. 65) les ailes étendues. Ces ailes sont brunes en dessus, avec l'extré- mité supérieure noire, et traversées par une bande orange; elles sont en dessous couleur de feuille morte. Mais nous ne pouvons mieux faire que de traduire ici ce qu’en dit le voyageur naturaliste Wallace : «Ce Papillon n'était pas rare dans les bois secs et les broussailles, dit-il, et je tentai souvent de le capturer, mais toujours sans succès ; car, après une courte FIG. 65. — Kallima Inachis. poursuite, il entrait toujours dans un fourré et y disparaissait tout à coup, sans qu'il me fût possible de le découvrir, quelque attention que j'y apportasse, jusqu’au moment où il repartait de nouveau pour disparaître encore soudainement dans un endroit semblable. Enfin, je fus assez heu- reux pour voir exactement le point où l'insecte s'était posé, et bien que je ne le distinguasse pas lui-même, je découvris qu'il était juste devant mes yeux, mais que dans sa position de repos il ressemble d’une manière si frappante à une feuille morte fixée à la branche, que l'œil le plus exercé LES DIURNES. Gt y est trompé, même lorsqu'il le regarde» (fig. 66). Comme vous le voyez ici par la figure à gauche, le bout des ailes supérieures se termine en une fine pointe, juste comme les feuilles des arbustes que fréquente le Kallima, tandis que les ailes inférieures se prolongent en une queue courte et épaisse qui en figure le pétiole. Entre ces deux points extrêmes court une ligne foncée courbe, qui représente la nervure médiane et, de chaque côté, quelques lignes foncées figurent les nervures latérales de la feuille. La L2 F1G. 66. — Kallima Inachis au repos (à gauche). tête et les antennes du Papillon sont retirées en arrière entre les ailes su- périeures, et les pattes, très-fines, se confondent aisément avec les fibres et les brindilles qui les entourent. Tous ces détails variés se combinent pour produire un déguisement si complet et si merveilleux que les oiseaux et les reptiles insectivores, qui abondent dans ces forêts tropicales, y sont eux-mêmes trompés. Dans toutes les espèces de ce genre, le dessous des ailes est toujours d'une couleur brune ou cendrée rappelant celle des feuilles mortes. 62 LC'ESSPANPTIETLOINS: Les vraies Nymphales forment aujourd’hui le genre Apatura (PI. VIII) qui a pour caractères des antennes de la longueur du corps, terminées en massue fusiforme, des palpes dépassant la tête, à dernier article nu et très- aigu, les ailes supérieures sinuées, les inférieures denticulées mais dépour- vues de queue. Ce sont des Papillons au corps robuste, au vol puissant, qui habitent les forêts ou la lisière des grands bois. Deux espèces seulement représentent le genre en Europe. Les collectionneurs leur donnent le nom de Mars. Leurs chenilles ont le corps lisse, la tête pourvue de deux pointes dirigées enarrière, le dernier anneau pourvu de deux petits cro- FIG. 67. — Adolias Kesava g (voy. page 64). chets. L'une d'elles, la plus commune, est le Petit Mars (Apatura Ilia) c'est un grand et beau Papillon aux ailes sombres, mais qui lancent sous les rayons obliques-de la lumière de magnifiques reflets violets. Il vole près des rangées de peupliers où il a pris naissance, ou dans les endroits où se balancent les trembles. Sa chenille, d’un vert tendre, vit sur les feuilles de ces arbres, vers le sommet, et il est fort difficile de se la pro- curer, parce qu'elle prend la précaution de tapisser de soie les feuilles sur lesquelles elle se tient, et s'y accroche de manière à défier les plus vio- lentes secousses. 2 PES NDIURNES: 63 Le Grand Mars (Apatura Iris) vole, au mois de juin, à de grandes haur- teurs comme le Grand Sylvain; mais comme lui aussi, il aime à se poser sur les fientes d'animaux, et se laisse prendre ainsi, victime de ce goût dépravé. Il est plus grand, plus beau et plus rare que le Petit Mars, au- quel il ressemble beaucoup. Dans le même groupe rentre le genre Charaxes, propre aux parties chaudes de l'Afrique et de l'Asie, et dont une espèce se montresurle littoral FIG. 68. — Adolias Kesava Q (voy. page 64). de la Méditerranée. C’est ie Charaxes Jasius (PI. VIT, fig. 4), grand et beau papillon de la taille du Machaon et ayant, comme lui, les ailes inférieures terminées en queues. Ses ailes sont en dessus de couleur brune, bordées d’une large bande de fauve clair; mais c’est surtout en dessous que ces ailes sont magnifiques : elles offrent une multitude de raies de presque toutes les nuances imaginables. Sa chenille est également très-belle ; elle est verte, finement chagrinée, et porte sur sa large tête, comme un dia- dème , quatre prolongements obtus inclinés en arrière. Elle vit sur l’ar- bousier, que Linné appelait Unedo (j'en mange un), parce que le fruit de 6} LES PAPILLONS. cet arbre est tellement aigre que lorsqu'on en a mangé un, on n'a nulle envie d'en cueillir un second. î Le Charaxes Kadenii de l’Archipel indien (fig. 69) est un fort beau Papillon, remarquable surtout par ses ailes inférieures, qui portent chacune deux queues recourbées comme les branches d'un compas d'épaisseur; ses ailes sont d’un blanc argenté, ornées de bandes et de taches d’un beau brun marron. Un des genres les plus curieux de la famille des Nymphalides est celui des Adolias. Dans quelques espèces, l'Adolias Kesava de l'Inde entre autres, le mâle diffère totalement de la femelle, non-seulement par la cou- FIG, 69. — Charaxes Kadenii leur et la taille, mais encore par la forme. Le mâle du Kesava (fig. 67, vOy. p. 62) a les ailes coupées carrément, d’un brun olivâtre, avec des raies et des taches plus foncées. La femelle (fig. 68, voy. p. 63), beaucoup plus grande que le mâle, a les ailes arrondies comme celles des Nymphales, et Sa couleur est bien différente. Elle est en dessus d’un brun chocolat, sue quelques taches et anneaux plus foncés, et une large bande sinueuse grise sur les ailes supérieures. Les Morpho sont les plus grands et les plus beaux des Papillons de jour. Leurs antennes et leur corps frêle semblent hors de proportion avec le grand ax d x 4 ana LES DTURN'ES. 65 développement de leurs ailes. La merveille du genre est le Aorpho Me- nelas ; rien n’égale la beauté de ses ailes, d’un bleu d'azur chatoyant de l'éclat des pierres précieuses. Ce splendide Papillon n’est pas rare au Brésil et à la Guyane, et il figure dans tous les cadres d'insectes que l’on nous expédie de ces contrées. Ce bleu métallique si merveilleusement beau paraît dû à une simple réflection ou à une polarisation de la lumière ; & FIG. 70, Morpho Peleïdes. car les écailles colorées de l'aile, lorsqu'on les regarde au microscope, sont brunes et non pas bleues. La chenille du Morpho Menelas est jau- nâtre, avec des lignes longitudinales roses, et sur chaque anneau se dressent quatre épines noires et aiguës; sa chrysalide est courte, cylin- droïde et légèrement carénée sur le dos. Non moins éclatant est le Morpho Peleides de Bogota (fig. 70). Ses ailes , d’un bleu éblouissant, ont, suivant l'angle d'incidence de la lumière, des reflets verts d'émeraude d’un éclat prodigieux; elles sont en outre bordées d’une bande d’un noir profond qui fait ressortir l'éclat du bleu; D 66 LE SMPAPIEEONS: le dessous deses ailes est d’un brun vif varié de gris clair, avec trois yeux de paon sur l'aile supérieure et des anneaux gris, cerclés de noir, sur l'aile inférieure. Les femelles de ces magnifiques Papillons sont revêtues de couleurs moins éclatantes; mais elles sont encore fort belles ; leurs couleurs moins brillantes ont des teintes plus pâles, mais rappellent toute- fois celles des mâles. Le genre Vanesse a, dans nos contrées, de nombreux représentants qui comptent parmi nos plus gracieux Papillons (PI. XII, XHI). Ils se dis- tinguent par leurs antennes aussi longues que le corps, terminées en massue ovoïde, par leur corselet aussi long que l'abdomen, leurs ailes anguleuses ou festonnées, peintes des plus riches couleurs. Leurs chenilles se recon- naissent à leur tête échancrée en cœur, à leur corps garni d’épines. Leurs chrysalides sont anguleuses , avec la tête souvent munie de deux pointes et le dos armé de deux rangées de tubercules aigus. Elles sont souvent ornées de taches d'or ou d'argent. Voici la plus belle du genre, le Paon de jour (Vanessa To), qui, s'il était plus rare et originaire des pays étrangers, vaudrait dix fois son pesant d’or; ses ailes, élégamment découpées, sont d’un rouge carmin magnifique sur lequel se détache un grand œil semblable à ceux qui ornent la queue du paon. Commune dans les bois, les jardins et les champs, pendant toute la belle saison, elle pro- vient d'une chenille d’un noir de velours pointillée de blanc, hérissée d'épines, qui vit en société sur l’ortie. On peut voir de nombreuses colo- nies de ces chenilles, au cœur de l'été, sur toutes les orties, renfermées dans une mince tente de forme irrégulière, et de laquelle les chenilles sortent pour manger les feuilles. Sur la même plante vulgaire vivent des chenilles d’un gris brunûtre, avec une raie latérale et des épines jaunes, qui donnent naïssance à un Pa- pillon également beau, le Vulcain (Vanessa Atalanta). Ses ailes de velours noir sont traversées par une bande écarlate du plus bel effet. La chenille vit isolée et roule les feuilles de l’ortie pour s’y transformer. Une autre espèce, la Vanesse du chardon ou Belle-Dame (Vanessa cardui), aux ailes rosées, vole par toute l'Europe et jusqu'en Afrique et en Asie. Sa chenille vit sur les chardons, dont elle roule les feuilles. LIESNDIEUIRNIES" 67 La grande et la petite Tortue (Vanessa polychloros et V. urticæ) sont très-communes dans notre pays; les chenilles de la première vivent sur l’'orme, celles de la seconde sur l'ortie. Le Morio {Vanessa Antiopa), la plus grande de nos Vanesses, est un fort beau Papillon aux ailes festonnées, d’un brun marron, avec une bor- dure jaune clair, précédée d’une série de taches bleues. Moins répandue que les autres espèces, elle est aussi plus difficile à prendre, à cause de FIG, 71. — Catagramma excelsior (voy. page 68). son vol rapide et élevé. Sa chenille vit en société sur la cime des grands saules et des bouleaux. Une espèce beaucoup plus petite, la Vanessa Levana, connue sous le nom de Carte géographique, est surtout remarquable par les variations qu'elle présente dans sa coloration. On la voit voler en mai et se poser sur les orties. Ses ailes, d’un fauve vif, sont sillonnées dans tous les sens de lignes noires qui rappellent les traits d’une carte géographique. Des œufs que la femelle dépose sur les orties, sortent de petites chenilles noires, finement pointillées de blanc et couvertes d'épines rameuses, qui donnent naissance, en juillet, à des Papillons à ailes noires sillon- 68 L'ESNPAPTELOINS: nées de lignes blanchâtres. C’est la seconde génération de la Levana, modifiée par la saison, et les entomologistes l'ont prise pendant longtemps pour une espèce distincte à laquelle ils ont donné le nom de Vanessa prorsa. C’est là un fait des plus curieux et qui montre l'influence de la chaleur et de la lumière sur la coloration des êtres. Ainsi les chenilles qu'on trouve en juin éclosent en juillet et août, et donnent la Prorsa, et celles trouvées en automne passent l'hiver pour donner au printemps suivant la Levana. Dans les régions chaudes de l'Amérique vivent une foule de char- FIG, 72. — Timetes Egina. mantes Nymphalides, dont les ailes inférieures, noires en dessous, sont marquées de traits rouges semblables à des signes cabalistiques. Ce sont les Catagramma, dont vous voyez ici l’un des plus jolis spécimens, je Catagramma excelsior (fig. 71, voy. p. 67). Le genre T'imetes est un des plus singuliers de cette famille; son aspect général rappelle les Porte-queues du groupe des Papilionides; mais ses caractères le font ranger parmi les Nymphalides. Le Timetes Egina des rives de l’Amazone (fig. 72) a-les ailes d’un brun chaud passant au noir vers l'extrémité, et rayées transversalement de noir. Ses ailes sont en des- sous d’un gris de perle teinté de lilas, et marquées de lignes brunes. Ce LES DIURNES. 69 Papillon a un aspect étrange: ses ailes, qui se terminent par une longue queue, étant plus longues que larges. Voici les Argynnes, auxquelles leurs ailes incrustées de nacre en des- sous ont fait donner le nom vulgaire de Nacrés (PI. X.). Ces beaux et gais Papillons, aux antennes terminées par une large massue aplatie, aux ailes arrondies d’un fauve brillant tacheté de noir, volent dans les bois secs pendant toute la belle saison. C’est le grand Nacré (Argynnis Aglaia), dont les ailes inférieures, d’un jaune d’ocre pâle, sont parsemées de nacre en dessous. Le petit Nacré (Argynnis Lathonia), plus petit que le précé- dent, mais aussi richement décoré. Le Tabac d'Espagne (Argynnis Paphia), dont les ailes inférieures, glacées de vert en dessous, sont traver- sées par quatre bandes d'argent. L’Euphrosyne, le Daphne, l'Hécate, et bien d’autres aussi luxueusement vêtues. Leurs chenilles ont le corps cou- vert d’épines rameuses, plus longues sur le premier anneau. Elles vivent, en général, sur les violettes, mais restent cachées pendant le jour et sont difficiles à trouver. Leurs chrysalides sont anguleuses, ornées de taches d'or ou d'argent, et munies de deux rangées de pointes le long du dos. Les Agraulis américaines diffèrent peu des Argynnes; leurs’ailes sont couvertes de paillettes d'argent. On distingue des Argynnes les Mélitées (PI. XI), qui leur ressemblent beaucoup par la coloration, mais sont de taille plus petite et dépourvues de nacre sur la face inférieure des ailes. Celles-ci sont en dessus fauves et que- drillées de noir, {ce qui leur a valu le nom vulgaire de Damiers. Leurs chenilles ressemblent à celles des Argynnes, mais leurs épines sont plus courtes et leurs chrysalides sont moins anguleuses. Ces chenilles oflrent des mœurs très-curieuses : dans leur jeune âge, elles vivent en société, réunies sous des tentes comme certaines tribus nomades. Quoique la colonie de ces chenilles ne soit pas nombreuse, on la découvre aisément; la demeure de la communauté se montre dans une prairie sous la forme d’une touffe d'herbe couverte d’une toile blanche, qu’on peut prendre, à première vue, pour celle de l'araignée. C'est, dans le fait, une sorte de tente commune, sous laquelle tous les membres de l'association demeu- rent, mangent et subissent les transformations voulues. La forme de cette à LES PAPILLONS. tente approche de la forme d’une pyramide, suivant la hauteur des herbes. L'intérieur est divisé en compartiments formés par la réunion de plusieurs petites tentes qui se sont ajoutées les unes aux autres, à divers intervalles de temps. | Quand ces chenilles ont dévoré toutes les feuilles, ou du moins les feuilles les plus tendres et les plus succulentes, elles abandonnent leur premier camp et en construisent un autre dans le voisinage, sous une touffe de nouvelles feuilles. Pendant toute la belle saison , leur toile est si mince et si transparente, qu'elle permet de voir les herbes au travers; mais aux approches de l'h1- ver, elles se remettent à l'ouvrage pour adapter leur habitation à la safson ; elles doublent leur toile, la rendent épaisse, forte et presque opaque. Avec cette étoile plus chaude, les chenilles forment une sorte de salle circulaire sans aucun compartiment, où toute la communauté repose pêle- mêle. Au commencement du printemps, elles vont chercher de nouvelles provisions de bouche et reconstruisent leurs tentes sur un nouveau sys- tème, pour se protéger à la fois contre le froid, la pluie et le soleil. La grande famille des SaTyrines ou Plébéiens de Linné est répandue dans le monde entier. Ce sont des Papillons aux couleurs sombres, où dominent le gris et le brun. Ils parcourent de leur vol irrégulier et saccadé les prés et les bois, les chemins poudreux, les montagnes et les plaines arides; on les rencontre partout. Leurs chenilles vivent sur les plantes les plus humbles et les plus communes, les graminées, cachées pendant le jour et ne sortant que la nuit, pour ronger les feuilles ; leurs teintes géné- ralement vertes les rendent d’ailleurs difficiles à distinguer au milieu de la verdure. Elles sont de forme allongée , et leur corps finement pubescent se termine en une queue bifide, formant comme une petite fourche. Leurs chry- salides courtes et arrondies n’ont ni pointes nitaches métalliques. L'insecte parfait se distingue par un corps médiocre, des ailes peu robustes, à cel- lule discoïdale fermée; leurs palpes petites, rapprochées, sont hérissées de poils. Les Satyrides sont très-nombreux et ont été répartis dans un grand nombre de genres. LES DIURNES. 71 Les Argés se reconnaissent à leurs antennes assez fortes, peu renflées vers le bout, et à leurs ailes arrondies à fond blanc tacheté de noir. L’'Arge Galathea (fig. 73), surnommé le Demi-Deuil à cause de sa co- loration blanche et noire, est assez commun dans les bois pendant l'été. L’Arge Lachesis et l'Arge Clotho, qui doivent ces noms de Parques à leur lugubre coloration, vivent dans le Midi. Les Érèbes ou Satyres nègres (PI. XIV) se rencontrent dans les régions froides des montagnes et jusqu’en Laponie. Leurs ailes noires ou d’un brun sombre en dessus sont souvent ornées de petites taches en forme d’yeux. FIG. 73. — Arge Galathea. Leurs sombres couleurs leur ont valu les noms lugubres de A/elas, Alecto, Medusa, Medea, Gorgone. Dans les régions les plus septentrionales des deux continents et sur les hautes montagnes volent les Satyres hyperboréens, les Chionobas, dont une espèce, l'Aello, habite nos Alpes. Les vrais Satyres du genre Satyrus (PI. XIV, XV) se distinguent à leurs antennes plus courtes que le corps, courbes, à tige grêle terminée par un bouton. à leurs ailes arrondies, les inférieures dentées, avec les nervures costale et médiane renflées à leur origine. Les vrais Satyres sont les habi- tants de nos plaines. Leur vol bas et sautillant, leurs couleurs sombres les LES PAPIELONS: 1 [Q] font aisément reconnaitre. Comme je vous l’ai dit, Linné en avait fait les Plébéiens. Ce genre, très-nombreux en espèces , a été subdivisé suivant les habitudes et les lieux qu'en fréquentent les espèces, en rupicoles, éricicoles, vicinicoles, herbicoles, dumicoles. Les premiers, qui fréquentent de préférence les rochers et les collines arides , ont une ou deux grandes taches en forme d’yeux sur les ailes su- périeures. Leurs chenilles sont grosses, glabres, rayées longitudinalement, et se creusent habituellement une petite cavité dans la terre pour s’y trans- former. Leurs chrysalides courtes et ventrues, coniques inférieurement, reposent sur le sol sans être attachées. Cette division renferme les plus grands Satyres de nos contrées; ce sont : la Proserpine ou Circé, com- mune dans le Midi; le Sy/vandre ou Hermione, toutes deux ayant des ailes d’un brun noir chatoyant, traversées par une bande blanche et mar- quées d’un œil au sommet. Briseis, Semele, Aréthuse fréquentent égale- ment les bois secs et rocheux. Les Ericicoles fréquentent les plaines et les clairières des bois riches en bruyères. Telles sont la Phædra aux ailes brunes, ornées supérieure- ment de deux grands yeux noirs cerclés de jaune et pupillés de bleuâtre, et l’Actæa, d'un brun plus sombre et ornée d’un seul œil. Les Vicinicoles, que l’on rencontre par les chemins, le long des murs des habitations, n'ont qu'un œil sur les aïles supérieures, mais en ont toujours cinq ou six sur les inférieures. Leurs chenilles sont généralement pubescentes, vertes, avec des raïes longitudinales ; elles se suspendent par la queue pour se transformer en chrysalides; celles-ci sont allongées avec deux rangées de tubercules sur le dos. L'Ariane (Satyrus Mœra), le Satyre commun (S. Mægera),l'Egérie, la Déjanire, appartiennent à cette division. Les Herbicoles vivent sur les graminées et les hautes herbes: leurs chenilles sont pubescentes, grises ou vertes, rayées longitudinalement. Leurs chrysalides sont suspendues par la queue et ont la tête bifide. Ces Satyres, de petite taille, n'ont qu'une tache oculaire sur les ailes supé- rieures ; celles-ci sont généralement d’un brun clair ou fauves. Tels sont le Tithonus, V'Amaryllis, \ Ida. LES DIURNES. 73 Les Dumicoles, qui voltigent sur les broussailles et les buissons, ont les antennes annelées de gris et de brun. Leurs chenilles sont courtes, lisses, rayées longitudinalement ; leurs chrysalides sont courtes, arron- dies , sans tubercules, et se suspendent par la queue. Ce groupe renferme les plus petits des Satyres; leurs ailes, brunes ou fauves, portent des taches oculaires en plus où moins grand nombre. La Melibée (S. Æero), le Céphale (S. Arcanius), le Procris (S. Pamphilus), qui volent sur les ronces et les buissons dans les bois, appartiennent à cette division. Certains Satyrides de l'Amérique du Sud sont bien différents des nôtres sous le rapport de la forme des ailes et de leur coloration : ainsi les Æætera du Brésil et de la Guyane ont les ailes festonnées et en partie transpa- rentes avec des teintes mordorées et souvent ornées d'yeux. III. La troisième section des Diurnes, celle des ENROULÉS, ne com- prend qu'une seule famille, qui porte le nom d’Æespérides (PI. VIT), d’après le genre principal du groupe. Ces Papillons, que leur physionomie fait aisé- ment reconnaître, sont de petite taille ; ils ont le corps épais, la tête forte et élargie, des antennes renflées en massue fusiforme, les jambes posté- rieures fortes et munies de deux paires d’épines. Leurs ailes ont peu d’am- pleur et présentent déjà le caractère propre à la seconde grande division des Hétérocères, qui est, comme vous l'avez déjà vu, d’avoir les ailes retenues par un frein et non relevées perpendiculairement dans le repos. Les chenilles de ce groupe rappellent par leur démarche et leurs habi- tudes celles des Pyrales. Elles ont un corps mince, allongé, une tete grosse, arrondie, avec le premier anneau aminci et comme étranglé. Elles se cachent souvent dans les feuilles qu’elles roulent en retenant leurs bords au moyen de quelques fils de soie. Elles s’y transforment en chry- salides en s’attachant par la queue, comme les autres Diurnes, et s’en- lacent, en outre, d’un certain nombre de fils de soie entre-croisés. Ces chrysalides sont minces, allongées et fusiformes. La famille des Hespérides se divise en plusieurs genres fondés sur des caractères peu importants : le genre Syrichtus se distingue par ses ailes festonnées, de couleur grise ou brune, et marquetées de noir. On voit sou- 73 LES PAPILLONS. vent voler dans les jardins et dans les terrains secs où croissent les mauves une petite Hespérie connue sous le nom vulgaire de Griserle : c’est le Syrichtus malvarum, à ailes d’un gris brun, traversées de deux bandes brunes et six petites taches vitrées. Sa chenille, qui est grise avec la tête noire et quatre taches jaunes sur le cou, vit sur les feuilles de la mauve. Elle choisit FIG. 74. Syrichtus Aveus. une des plus petites feuilles et la roule pour s’y transformer en chrysalide, et elle en joint les bords et l’arronditavec tant d'adresse que cette feuille ressemble parfois à un œuf. Dans cette verte cellule, elle re- pose en süreté jusqu’au moment où, abandonnant son linceul temporaire et revêtant des ailes, elle devient Papillon et peut se fier à la rapidité de son vol pour échapper à ses ennemis. — L’A/veus (fig. 74), d’un brun foncé, à ailes saupoudrées de jaune verdâtre et marquées de taches blanches, n’est pas rare dans les bois des environs de Paris, non plus que le Tanaos Tages, la plus petite de nos Hespérides. Les Hespéries proprement dites (genre Æesperia) se font remarquer par leur corps robuste et par leurs antennes terminées par un petit crochet. Leurs ailes sont peintes d’un fauve assez vif, et marquées d'une ou de plusieurs lignes noires. On les voit voler tout l'été sur la lisière des bois. T'elles sont l'Hespérie à raie noire (Æ. linea) et l'Hespérie sylvain (4. Sylvanus). Les Pamphila ont les antennes terminées en massue ovoïde sans crochet; leur tête est aussi large que le corselet et leurs ailes proportionnel- lement plus amples que dans les genres précé- dents. L'Hespérie-Miroir (Pamphila Aracynthus) (fig. 75) est une des plus jolies de notre pays. Ses ailes sont en dessus d’un brun noirâtre uni- 16%: — Zamphila Aracynthus. forme, mais en dessous les ailes inférieures sont ornées de grandes taches blanches cerclées de brun, que l’on a comparées à des miroirs, LES DIURNES. et de là vient le nom vulgaire de l'insecte. Il vole pendant l'été dans les grands bois, et sa chenille, d’un vert d'herbe, est difficile à décou- vrir sur les graminées dont elle se nourrit. Un autre Pamphila, connu des amateurs sous le nom d’Æchi- quier (P. Paniscus) (fig. 76), a les ailes d’un brun sombre avec de nombreuses taches jaunes. Sa chenille vit sur le plantain. CA Les Hespérides terminent la série des Papillons de jour ou Rhopalo- cères. Leurs formes plus massives, leur allure, leur goût pour les bois sombres et les habitudes de leurs chenilles les rapprochent déjà des Hétérocères. 76 ÉESPAPILCLONS: CRÉPUSCULAIRES er NOCTURNES (HÉTÉROCÈRES) es dénominations de Crépusculaires et de Nocturnes, aujourd'hui abandonnées par les naturalistes, sont cependant si bien passées dans le langage vulgaire et rendent une idée générale si juste, qu'elles méritent d’être conservées. Aucun caractère précis ne sépare les espèces qui volent au crépuscule de celles qui ne s’ébattent que la nuit, et parmi celles qui sont rangées parmi les Nocturnes, il en est même plusieurs qui volent au grand jour, au plein so- leil. Le caractère le plus général qui distingue ces Lépidop- tères (Crépusculaires et Nocturnes) des Papillons diurnes ou à cornes en massue , est la présence du frein qui sert à maintenir les ailes postérieures fixées aux ailes antérieures. Les antennes qui, chez tous les Diurnes, conservent cette configura- tion en massue, qui leur a fait donner le nom de Rhopalocères, varient ici considérablement et affectent les formes les plus diverses. Elles ont chez les uns la forme de fils ou de soies, chez d’autres la forme CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 77 prismatique, chez d’autres encore elles sont garnies de crénelures, de barbes, de rameaux, etc. Tous ces Papillons crépusculaires et nocturnes ont généralement des teintes sombres, grises ou brunâtres, comme les oiseaux de nuit. Quelques-uns cependant ont des nuances claires d’une certaine vivacité, mais dépourvues de ces brillants reflets métalliques ou chatoyants qui ornent les ailes d’un grand nombre de Papillons de jour. Leurs ailes ne se redressent pas comme chez les Diurnes pendant le re- pos; elles sont rabattues sur le corps. La première famille de la grande légion des Hétérocères est celle des URANIDES, qui forme le passage entre les Diurnes et les Nocturnes. La coupe de leurs ailes, leurs habitudes les rattachent encore à certains genres diurnes, tandis que, par d’autres caractères, ils rentrent dans la famille des Sphingides. 3 LES PAPILLONS. Le genre Urania renferme un très-petit nombre d'espèces, toutes étran- gères à l’Europe. L'une des plus remarquables, l Urania orientalis (fig. 70, voy. p. 77), vient de Madagascar. C’est un magnifique Papillon, que sa forme élégante, ses ailes inférieures munies de longues queues et ses riches couleurs d’un noir de velours saupoudré d’or vert feraient prendre pour un Chevalier porte-queue, n'étaient ses antennes filiformes et sa chenille arpenteuse. Celle-ci a la tète surmontée de tentacules charnus et le corps épineux, comme les chenilles des Vanesses. FIG. 80. — Cocytia Durvillei (voy. page 79). L'Urama Ripheus, également de Madagascar, a les mêmes couleurs, et les ailes rayées comme un Podalyre. Sa chenille est noire avec des bandes irrégulières formées de points blancs, verts et jaunes. Les tenta- cules de sa tête sont d'un rouge vineux. Les chrysalides des Uranies sont ornées de taches d’or et s’attachent au moyen d’une ceinture de soie, comme celles de certains Diurnes. Ces magnifiques Lépidoptères, qui rap- pellent par leurs formes et leurs couleurs les Papilionides, volent comme eux en plein jour. Les Castnies ont les antennes simples, épaissies vers leur milieu, et CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 79 terminées en pointe, une trompe bien distincte et des palpes très-saillantes. Peu nombreux en espèces, les Castnies sont de grands et beaux Lépidop- tères qu'on rencontre seulement dans les régions intertropicales. Leurs ailes sont généralement brunes, tachetées de noir, de rouge ou de jaune. Un genre voisin, Cocytia, offre les formes générales des sphinx; mais par ses caractères, il reste lié aux Castnies. L'unique espèce du genre, le Cocytia Durvillei, que vous voyezici (fig. 80, voy. p.78), est un magni- fique insecte ; ses ailes, presque entièrement transparentes, sont simplement bordées de noir; mais son corps est beaucoup plus richement vêtu: le thorax est d’un noir de velours, ainsi que l'extrémité de la queue, sur la- quelle se détache une plaque jaune d’or; tout l'abdomen est du plus beau bleu glacé de vert, et offre l'aspect du satin. Cette magnifique espèce a été prise sur la côte de Guinée par notre illustre marin Dumont Durville, à qui elle a été dédiée. La famille des Sésrines renferme un petit nombre de genres. Ces Papillons ont un aspect singulier et ressemblent beaucoup, au premier abord, à certains Hyménoptères (PI. XVI). Leur corps est élancé, le plus souvent peint de bandes jaunes sur fond noir; leurs ailes étroites, en grande partie nues et transparentes, ne sont pourvues d’écailles que sur les nervures et sur les bords. Aussi leur a-t-on donné des noms qui rap- pellent cette ressemblance : c'est la Sésie à forme d'abeille (apiformis), à forme de guêpe (vespiformis), à forme de frelon (crabroniformis), etc. Les Sésies ont des antennes épaisses, souvent crénelées , surtout chez les mâles ; leurs jambes postérieures sont munies de fortes épines. Ces jolis Papillons volent en plein jour d'une allure droite et rapide, et se posent sur les troncs d’arbres, où les femelles déposent leurs œufs. Leurs chenilles, au corps mou allongé et cylindrique, vivent dans l'inté- rieur des troncs d'arbres. Elles sont pâles et décolorées comme toutes les larves vivant dans l'obscurité. Leur transformation a lieu dans l’intérieur même des tiges, où elles se construisent une coque avec des parcelles de bois assemblées au moyen de leur soie. Leur chrysalide porte sur le bord de chaque anneau une rangée de petites épines recourbées, à l’aide desquelles elle rampe le long 80 LES PAPITIEEOINS.: de sa galerie pour se rapprocher de l’orifice au moment de l’éclosion du Papillon, car celui-ci n'aurait pu parcourir ce trajet sans déchirer son corps et ses ailes aux aspérités du bois. L'espèce la plus répandue dans nos contrées est la Sésie apiforme (fig. 81), que l’on ren- contre souvent aux mois de juin et de juillet, volant autour des peupliers ou courant sur leur tronc. Les femelles déposent leurs œufs sur l'écorce, et la petite chenille qui en sort ronge le bois et pénètre à l’intérieur en se creu- F1G. 81. — Sésie apiforme. sant une galerie souvent assez spacieuse. Elle est d’ailleurs parfaitement conformée pour ce genre de vie: sa tête est revé- tue d’un tégument lisse et fort dur, et munie de puissantes mâchoires ; ses pattes écailleuses sont très-courtes, mais robustes et garnies d’une cou- ronne d'épines à l’aide desquelles elle se cramponne solidement au bois. Elle ne produit pas assez de soie pour pouvoir en filer une coque com- plète pour sa chrysalide; mais elle lui donne la solidité nécessaire en Y agolutinant des détritus de bois. Cette coque, rugueuse à l'extérieur, est par- faitement lisse à l’intérieur. La Sésie tipuliforme, l'une des plus petites du genre, ressemble à une tipule, comme l'indique son nom; sa chenille (fig. 82) est blanche, à tête fauve; elle creuse les branches du groseillier à grap- pes, ce qui les fait périr l’année suivante. Les ZYGÉNIDES offrent certains rap- ports de forme avec les Sésies; mais ils s'en éloignent par plusieurs caractères : É PA “ n 4 F1G. 82, — Chenille de la Sésie tipuliforme. ainsi que par leur manière de vivre. Leur Corps est un peu lourd, leurs antennes grandes, renflées à l'extrémité et contournées au dehors en cornes de bélier: leurs ailes sont étroites et leurs jambes postérieures sans éperons. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. Cette famille comprend un petit nombre de genres, dont celui des Zygènes est le type. Ce sont de charmants petits Papillons dont les ailes, d’un bleu ou d’un vert très-foncé, à reflets métalliques, sont ornées de taches ou de bandes d’un beau rouge carmin. Toutes les espèces ont entre elles de grands rapports par l'apparence, la grandeur, les couleurs et les habitudes (PI. XXI); elles volent en plein jour, sous les chauds rayons du soleil, et butinent sur les fleurs. L'espèce la plus répandue en France est la Zygène de la filipendule, dont les ailes supérieures sont d’un bleu d'acier tachetées de carmin et les FIG. 83. — Zupyra principalis (voy. page S2). inférieures toutes rouges bordées de noir. On la rencontre souvent en abondance, pendant les jours chauds de l'été, répandue sur les fleurs des champs. Les chenilles des Zygènes se nourrissent des feuilles tendres de ces plantes et n’ont que des mâchoires faibles. Celle de la Filipendule vit sur cette plante et sur quelques légumineuses ; elle porte des rangées de taches noires et de petits faisceaux de poils jaunes. Lorsque le moment est venu de se chrysalider, elle se construit sur les tiges une coque al- longée en forme de bateau, d’une couleur jaune paille et d’un tissu mince mais très-résistant, comme du parchemin. 82 L'ESSPAPTERONS: Vous voyez ici comme représentant des Zygènes étrangères une magni- fique espèce du Mexique, l'Eupyra principalis (fig. 83, voy. p. 81), dont les ailes, d’un beau vert olive, sont marquées de larges taches noires sur lesquelles ressortent de gros points blancs. Son corps est noir, annelé de jaune d’or. Les Procris, voisins des Zygènes, ont les antennes grêles, pectinées chez les mâles seulement, denticulées chez les femelles. Le type du genre est le Procris statices (PI. XX), ou la Turquoise, dont les ailes su- périeures sont d’un beau vert soyeux. Une espèce du midi de l'Europe, le Procris ampelophaga, cause fréquemment de grands dégâts dans les vignobles. La grande famille des SPHINGIDES est l’une des mieux caractérisées de l'ordre des Lépidoptères; leur corps, très-volumineux, conique, leurs antennes épaisses, prismatiques, crénelées en dessous, surtout dans les mâles; leurs ailes longues, étroites, robustes, leur donnent un aspect particulier, qui les fait aisément distinguer des autres familles. Ce sont, en général, des Papillons de grande taille, au vol puissant et rapide. Comme les Oiseaux-Mouches, ils planent au-dessus des fleurs, dans les- quelles ils plongent leur longue trompe, sans jamais se poser. C’est au crépuscule des chaudes soirées d’été qu’on les voit fendre l’air avec la rapidité d’un trait, puis s'arrêter tout à coup immobiles au-dessus d’une fleur et s’y maintenir en place par une sorte de frémissement des ailes. Celles-ci sont habituellement peintes de couleurs mates et sombres, mais souvent teintées de fraîches et tendres nuances. Les Sphinx sont répan- dus dans les contrées chaudes et tempérées des Deux-Mondes, et l'Europe en possède plus de trente espèces, dont quelques-unes méritent d'être placées au premier rang par leur grandeur et leur beauté. Si les Sphinx sont remarquables à l’état de Papillons, ils ne le sont pas moins sous celui de chenilles. Celles-ci sont grosses, cylindriques, à peau nue et luisante, le plus souvent peinte de couleurs vives. Elles portent toujours sur le dernier anneau de leur corps une corne recourbée en arrière Comme une espèce de queue. Ces chenilles prennent au repos une attitude singulière : solidement fixées sur une branche ou sur la tige d’une CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 83 plante au moyen de leurs pattes membraneuses, elles redressent la par- tie antérieure de leur corps, en inclinant un peu la tête en avant, de ma- nière à rappeler le Sphinx égyptien. Elles conservent pendant des heures entières et dans une immobilité parfaite cette attitude singulière, qui leur a fait donner le nom du monstre fabuleux. Lorsqu'elles sont sur le point de se métamorphoser en chrysalides, les chenilles des Sphinx s’enfoncent plus ou moins profondément dans la terre et s’y creusent une loge qu'elles tapissent avec le peu de soie qu'el- les peuvent produire, et cette couche de soie, si mince soit-elle, est im- perméable à l'eau. Quelques espèces qui produisent un peu plus de soie que les autres, se construisent une coque en agglutinant des corps étran- gers , tels que des parcelles de terre, des débris de feuilles ou d'herbe liés ensemble par des fils. Les chrysalides n'ofirent rien de remarquable ; F1G. 84 — Pose du Sphinx. comme presque toutes celles des Nocturnes, elles se terminent par une petite pointe, et leur couleur uniforme est le brun sombre ou rougeûtre. La famille des Sphingides comprend plusieurs genres; celui des Sphinx proprement dits offre pour caractères : des antennes médiocre- ment longues, renflées au milieu, striées en travers dans les mâles, unies dans les femelles. Leur trompe est épaisse, au moins de la longueur du corps; l'abdomen est long, cylindro-conique; les pattes courtes et ro- bustes. Trois espèces de ce genre sont assez répandues dans notre pays; ce sont : le Sphinx du troëne, le Sphinx du liseron et le Sphinx du pin (PI. XIX). Le premier (Sphinx ligustri) vit à l'état de chenille sur les troënes aux fleurs blanches et sur les lilas. C’est une magnifique chenille, longue de 8 à 10 centimètres, dont la robe, d’un vert tendre, est marquée de bandes latérales obliques violettes. On la trouve depuis juillet jusqu'en 84 LES PAPILLONS,. septembre. Au moment de se transformer, elle descend au pied de l’ar- buste dont elle a rongé le feuillage, et s'enfonce en terre, où elle se creuse une cellule pour s'y chrysalider. Elle passe près d’une année sous ce der- nier état, et se transforme en Papillon au mois de juin. Ce beau Sphinx a les ailes supérieures d’un gris rougeâtre veiné de noir, les inférieures sont roses avec trois bandes noires; son abdomen est annelé de noir et de rose foncé, avec une bande longitudinale brunâtre au milieu. Le Sphinx du liseron (Sphinx convolvuli) est voisin du précédent, mais un peu plus grand. Ses ailes inférieures sont grises avec trois bandes noirâtres. Sa chenille vit sur les liserons,; elle est d’un vert foncé, avec sept bandes obliques noires ; elle se tient cachée pendant le FIG. 85, — Sphinx pinastri. jour, et, par conséquent, est beaucoup plus dificile à trouver que celle du ZLigustri. Elle se transforme également dans la terre, et le Papillon en sort au mois de juin de l’année suivante. On le voit voler le soir autour des fleurs et surtout des petunias. Le Sphinx du pin (Sphinx pinastri) (fig. 85) vit sur le pin sylvestre. Il est d’un gris uniforme avec des raies et des taches noires. Sa chenille (fig. 86 et 87, voy. p. 85) est d’un beau vert avec une bande dorsale rougeâtre et trois raies latérales d’un jaune citron; telle est au moins sa livrée après sa dernière mue, car elle change plusieurs fois de couleur. En sortant de l'œuf, elle est presque entièrement jaune; ce n’est qu'après la première mue qu’elle commence à verdir. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 85 Un très-beau Sphinx de l'Amérique du Nord, le Sphinx quinquemacu- lata (fig. 88, voy. p. 86), est surtout remarquable par l'excessif développe- ment de sa trompe, qui a deux fois et demie la longueur totale du corps. Ce beau Papillon est d’un gris argenté agréablement varié de brun et de noir. Sous une certaine inclinaison, les ailes inférieures paraissent glacées de rose. Le corps, également gris, est rayé et tacheté de noir en dessus; il porte sur les côtés cinq larges taches jaunes. Le genre Deilephila renferme les plus beaux Sphinx d'Europe. Ils se distinguent des Sphinx proprement dits par leurs antennes droites, par leur trompe, qui n'excède pas la moitié de la longueur du corps, et par F1G, 86 et 87, — Chenilles et Chrysalide du Sphinx du pin (voy. page 84). leurs pattes longues et minces. Le nom de Deilephila signifie «qui aime le crépuscule » ; c’est, en effet, après le coucher du soleil que volent ces beaux Papillons. L'une des espèces les plus communes dans nos contrées est le Sphinx du tithymale (Deilephila euphorbiæ), qui se montre deux fois chaque année, en juin et en septembre. C'est un beau Papillon, aux ailes supérieures d’un gris rosé, avec trois taches et une bande ondulée d’un vert olive, les inférieures d’un rouge rosé avec deux bandes noires; l'abdomen, d’un vert olive foncé, comme le thorax, est orné de chaque côté de cinq bandes blanches. La chenille, non moins belle que le Pa- pillon, vit sur l’euphorbe, plante vénéneuse au suc laiteux, âcre et caus- tique. Son corps, d'un noir profond, parfois d’un vert brillant, est par- 86 LES PAPILLONS: couru dans toute sa longueur par trois lignes d’un beau rouge carmin; il est couvert, en outre, de points jaunes serrés, comme des rangées de perles, sur les anneaux, et tacheté de jaune et de rouge sur les flancs. Vers la fin de juillet, cette chenille s'enfonce en terre et s'y creuse une logette pour se transformer en chrysalide. Quelques semaines après éclot le Pa- pillon, qui donne naissance à une seconde génération; les chenilles pro- venant de celle-ci se montrent en septembre et se transforment en terre, où elles passent l'hiver. FIG, 88. — Sphinx quinquemaculata (voy. page 85). Bien plus beau encore est le Sphinx du laurier-rose (Deilephila nerti). C'est surtout en Italie et dans le nord de l'Afrique, où croissent naturel- lement les lauriers-roses, que l’on rencontre ce magnifique Papillon ; mais il se trouve également dans une grande partie de la France, surtout dans le Midi. Sa chenille est verte, ornée de chaque côté d’une belle tache bleue. Destinée à vivre sur un arbuste à tiges dures et à feuilles coriaces, elle a les pattes membraneuses garnies de griftes puissantes, et la bouche armée de fortes mandibules. Vers la fin de l'été, elle a pris toute Sa croissance et se construit sur la terre une coque formée de débris CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 87 végétaux agglutinés par de la soie. Le papillon éclot en septembre, et l'on peut dire que c’est un des plus beaux de la famille. Ses ailes supérieures, qui offrent une envergure de 10 à 12 centimètres, sont nuancées de rose et de vert tendre, et tachetées de blanc ; les inférieures, d’un beau noir depuis la base jusque vers le milieu, sont d’un vert clair dans leur seconde moitié. Les Sphinx étrangers ne sont ni plus grands ni plus beaux que les nôtres, et il n'en est même pas un qui égale en beauté notre Sphinx du laurier-rose. F1G. 89, — Deiephila daucus (voy. page 88). Une espèce également fort belle, mais plus petite, le Deilephila celerio, se nourrit, à l’état de chenille, des feuilles de la vigne. Elle se transforme au ras du sol, en s’abritant au milieu de feuilles réunies au moyen de fils de soie. D'autres Sphinx encore vivent aux dépens de la vigne; tels sont : l'E7- penor, ou grand Sphinx de la vigne, et le Porcellus, ou petit Sphinx de la vigne. Le premier est un ravissant lépidoptère au corps rayé de rose et de vert. Ses ailes supérieures, d'un vert tendre, sont traversées de bandes roses d’une nuance charmante ; les ailes inférieures sont de cette dernière 8 LES PAPILLONS. couleur, avec la base noire et la frange blanche. Sa chenille, brune ou verte, striée de noir, est ornée de deux grands yeux d'un blanc violacé, cerclés de noir. Elle vit sur la vigne, souvent sur l’épilobe, et s’abrite, comme le Celerio, dans des feuilles réunies ensemble. Le Porcellus, où petit Sphinx de la vigne, semble être une réduction de l'Elpenor, mais ses teintes sont moins vives. Sa chenille est comme bour- souflée, et chez elle la corne caudale est remplacée par une sorte de verrue. Sa forme lui a fait donner le nom de petit Pourceau (Porcellus). FIG. 90, — Chenille de Deilephila daucus (voy. page 90). Elle vit sur la vigne et plus souvent sur le caille-lait ; mais elle est plus dif- ficile à trouver que la précédente, parce qu’elle ne sort que la nuit et se tient cachée pendant le jour au pied de la plante ou sous les pierres. Comme je vous l'ai dit — contrairement à ce qui a lieu pour les autres familles de Lépidoptères — celle des Sphinx a ses plus beaux représen- tants en Europe. Cependant il en est de fort remarquables parmi les exo- tiques; tel est le Deilephila daucus du Mexique, que vous voyezici, ainsi que sa chenille (fig. 89, voy. p. 87). Ce beau Sphinx est d’un riche brun chocolat ; ses ailes supérieures sont bordées de jaune et parcourues par de CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 89 nombreuses lignes blanches; les inférieures sont rouges avec deux larges bandes noires et bordées de jaune. L'abdomen est rose foncé avec des taches noires et blanches. La chenille (fig. 90, voy. p. 88) est verte, annelée de noir et ornée de taches blanches. On distingue sous le nom de Macroglosses (PI. XVI) — qui veut dire grande langue — de petits Sphinx dont la trompe est extrèmement longue ; leur corps est trapu, terminé par une large brosse de poils: les antennes sont droites et en massue. Le type du genre, le Sphinx du caille-lait {Aacro- glossa stellatarum), est le plus commun de tous les Sphinx. Il est brun foncé, varié de noir, avec les ailes inférieures d’un jaune fauve. Il vole très-rapidement et en plein jour. Sa che- nille ‘vit sur le caille-lait jaune. D’autres Macroglosses ont les ailes transparentes comme les Sésies. Le Bombyliformis a le corps d’un vert olive avec les nervures et la bordure des ailes d’un ferrugineux pourpré. Il existe plusieurs espèces étrangères de Macroglosses qui sont presque toutes du même brun varié de noir et de gris que notre espèce commune. Une espèce de l'Inde, l'1G. 91. Macroglosa triopus, le Macroglossa triopus (fig. 91), offre cepen- dant des couleurs plus brillantes. Ses ailes supérieures sont d'un beau brun marbré de noir, et portent sur leur milieu une tache carrée d’un blanc brillant comme si l’on y avait incrusté une pièce de mica. Les ailes infé- rieures sont en dessus noires, bordées de rose vif; elles sont, en dessous de ce même rose vif, bordées de noir. L’abdomen est également rose avec des bandes noires. On trouve souvent, pendant l'été, dans certaines années, sur les pieds de pommes de terre, une très-grosse chenille d’un vert clair, avec tous les anneaux — à partir du quatrième — ornés de chevrons d'un bleu vif ou violet. Elle s'enfonce en terre pour se transformer en chrysalide, et celle-ci passe tout l’hiver enfermée dans sa loge. Elle donne naissance, au a — 2 a —— mois de juin, à un énorme Sphinx bien connu sous le nom de Z7£te de mort (fig. 92). Ce papillon remarquable a le corps très-massif, la tête large avec deux gros yeux saillants, des antennes très-courtes, terminées par un petit crochet et une trompe courte et épaisse. C’est pour les ento- mologistes le type du genre Acherontia. Son thorax, de couleur noirâtre, porte, sur le milieu, une grande tache jaunâtre irrégulière, marquée de quelques points noirs figurant, avec un peu de bonne volonté, une tête de mort. Son abdomen, d’un jaune foncé, est coupé de six anneaux noirs. Ses ailes supérieures, d’un brun noir, sont nuancées de gris et de roux; FIG. 92, — Acherontia atropos. ses ailes inférieures, d’un jaune foncé, sont traversées par deux bandes noires. Les entomologistes ont traduit ce nom de Tête de mort par le mot alropos. Le Sphinx atropos offre une particularité singulière : il fait entendre, lorsqu'il est inquiété, un son aigu, que l’on a comparé à un cri plaintif. Malgré les recherches de plusieurs savants naturalistes, on ignore encore au juste de quelle manière cet insecte le produit. Les uns l'ont attribué au frottement de la trompe contre la tête, d’autres à la sortie par la trompe de l'air contenu dans une cavité particulière de la tête. D'autres enfin — CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 91 et c’est l'opinion la plus répandue — pensent que ce bruit est produit au moyen d’une petite capsule membraneuse située de chaque côté du corps, à la base de l'abdomen, et recouverte par un faisceau de poils rigides sus- ceptibles d'entrer en vibration. Quoi qu'il en soit, ce cri sinistre, joint à l’image lugubre qu'il porte sur le dos, a fait de tout temps regarder cet insecte comme un être de funeste présage, et Réaumur nous apprend que, de son temps, l'apparition de ce Papillon en grand nombre ayant coïncidé avec des maladies épidémiques, il n'en fallut pas davantage pour que le peuple pensät que c'était cet FIG. 93, — Smerinthus tiliæ (voy. page 93). insecte qui apportait la mort, ou tout au moins venait annoncer les ma- ladies fatales qui régnaient. Son nom scientifique d'Acherontia atropos nest, au reste, que l'expression de ces terreurs populaires. On accuse encore le Sphinx Tête de mort de s’introduire dans les ruches pour y satisfaire son goût pour le miel, et d'y causer de graves désordres. Huber, l'illustre historien des abeilles, l’inscrit au nombre de leurs ennemis. Cependant il se pourrait bien que le Sphinx n’entrât dans les ruches que pour y chercher un abri, comme partout ailleurs. Les espèces du genre Smérinthe (PI. XX) semblent conduire des Sphin- 92 BES PAPILLONS: gides aux Bombycides par leurs antennes flexueuses fortement dentées en scie, surtout dans les mâles, par leur tête petite et enfoncée dans le thorax, leur trompe presque nulle ou rudimentaire, leur vol lourd après le coucher du soleil. - Les chenilles des Smérinthes se font remarquer par leur tête de forme conique et par leur peau chagrinée; elles sont rayées obliquement de F1G, 94, — Smerinthus Dumolinii (voy. page 93), chaque côté du corps. Leur transformation s'opère dans la terre, mais elles ne forment pas de coque. L'une des plus jolies espèces de notre pays est le Demi-Paon (Smerin- thus ocellata) à ailes supérieures d’un gris rougeâtre avec des lignes trans- verses ondulées, obscures, à ailes inférieures d’un rouge carmin lavé de gris brun, et ornées d’un grand œil bleu à prunelle et iris noirs. Sa chenille vit sur les saules et les peupliers. Nous possédons encore le Smérinthe du CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 93 tilleul (Smerinthus tiliæ) (fig. 93, voy. p. 91) et celui du peuplier (Sme- rinthus populi), d'un gris brun ou roussâtre, sans yeux. Parmi les Smérinthes exotiques se distingue le Dumolinii de Natal (fig. 94, voy. p. 92). Le fond des ailes est d'un gris brun, sur lequel s'étendent de larges plaques de brun chocolat tachetées de blanc pur. La section des Nocturnes est peut-être la plus intéressante de l’ordre des Lépidoptères, non-seulement par le nombre considérable de ses es- pèces, la grandeur et la beauté de quel- ques-unes d’entre elles, mais surtout par les curieux instincts qu’elles montrent et par les services que nous rendent cer- taines espèces. La première tribu, celle des Bombyx, se partage en plusieurs familles, dont la plus remarquable est, sans contredit, celle des Bombycides. A l’état de Papillon, ces Nocturnes se font remarquer par un corps épais, massif, très-velu, des ailes d'ordinaire fort amples, des antennes pectinées, souvent semblables à des pa- naches dans les mâles, une trompe tout à fait rudimentaire et des palpes fort courtes. En tête de la famille nous placerons le genre Séricaire (Sericaria), auquel appar- tient le Bombyx du mürier, si universel- F1G. 95 à 97. — Bombyx du mürier, Chenille et cocon, lement connu sous le nom de Ver à soie. Les caractères du genre sont des antennes fortement pectinées dans les mâles , des ailes étendues un peu falquées. Le Bombyx du mürier {Sericaria mori) (fig. 95), sa chenille et son cocon sont bien connus de tout le monde; qui n’a, dans son enfance, élevé des vers à soie? Et il est surtout digne de remarque que ce Papillon qui pro- duit la soie, cette matière si merveilleusement belle et souple, qui donne au monde civilisé tant d'éblouissantes parures, en est complétement dépourvu 94 ÉESSPABPIEEONS: lui-même. C'est un Papillon d’un blanc sale, de formes lourdes, et qui n'offre absolument rien de remarquable en dehors de son produit. La chenille a le corps nu; par sa forme et par la présence d'un tubercule sur l’avant-dernier anneau, elle se rapproche beaucoup de certaines chenilles du Sphinx ; seulement les glandes séricigènes (fig. 32, voy. p. 24) sont considérablement plus développées. Beaucoup de chenilles, parmi les Nocturnes, s’enveloppent dans un cocon qu'elles filent elles-mêmes; mais cette couverture, destinée à pro- téger leur sommeil de chrysalide, est en général pauvre et grossière, lorsqu'on la compare à ce tissu doré dans lequel s’ensevelit le ver à soie. La femelle du Bombyx du mürier pond ses œufs vers le milieu de l'été. Ceux-ci, d’abord blancs , deviennent gris ou bruns, et restent ainsi jus qu'au printemps de l’année suivante. C'est à cette époque seulement que les jeunes viennent à éclore. Comme toutes les chenilles, le ver à soie change plusieurs fois de peau durant sa croissance. Les intervalles aux- quels les quatre mues se succèdent, dépendent beaucoup du climat et de la température; ils dépendent aussi de la quantité et de la qualité des ali- ments. Dans de bonnes conditions ordinaires, la première mue a lieu le quatrième ou cinquième jour après l’éclosion, la seconde vers le huitième jour, la troisième arrive le treizième ou le quatorzième jour, et enfin la dernière s'effectue le vingt-deuxième ou le vingt-troisième jour. La che- nille doit avoir atteint toute sa grosseur et mesurer de 65 à 75 millimètres (fig. 96). Comme l'indique ie nom spécifique du Papillon, la chenille du Serica- ria mori se nourrit des feuilles de diverses espèces de müriers (morus). Les vers élevés avec la feuille du müûrier noir donnent une soie plus fine et plus nerveuse, mais celle du mürier blanc est plus nutritive et préfé- rée par les chenilles. Lorsque les feuilles de mürier manquent, on peut donner aux vers des feuilles de laitue, mais l'usage prolongé de ce der- nier aliment leur est nuisible. Avec l’âge, l'appétit du ver à soie aug- mente, et cet appétit atteint son maximun après la troisième mue; au septième jour de cet âge, leur faim est insatiable ; c’est ce que les éleveurs appellent la grande briffe et les Italiens la furia. La préparation de la soie CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 95 exige une période d'environ dix jours, qui commence à partir de la qua- trième mue, époque où la chenille cesse de manger. La gomme soyeuse s’élabore alors dans les glandes séricigènes. Au bout de ce temps, la chenille se prépare à filer; elle paraît inquiète et cherche un endroit où elle puisse travailler en paix. On lui donne habituellement des rameaux ou des cornets de papier, dans lesquels elle se retire. On la voit alors remuant la tête çà et là pour attacher des fils, afin d’accrocher le cocon ; ensuite elle décrit des tours ovales et forme son cocon d’un fil continu qui peut atteindre jusqu'à 8oo et même 1000 mètres de longueur. Les premières couches de soie sont floconneuses et s’enlèvent facilement ; c'est ce que l’on appelle la bourre, destinée à mettre le domicile réel, le cocon, à l'abri de la pluie; car il ne faut pas perdre de vue que la nature a fait le ver à soie pour vivre en plein air, sous le feuillage des arbres, où il est exposé à toutes les injures de l'air. Or l’insecte fait comme la nature lui a appris à faire; il ne change point sa méthode, même quand il est élevé dans nos maisons. Le ver à soie met trois ou quatre jours à filer son cocon, le fil est formé de deux brins tordus ensemble et maintenus accolés dans tous ses replis par une sorte de glu naturelle, qui se dissout dans l’eau bouillante et permet le dévidage. Le plus grand nombre des races de vers à soie font des cocons jaunes; mais il en est qui donnent constamment des cocons blancs. On en voit d’un blanc verdätre (céladons), et l'on dit qu’en Chine il y a des races à cocons tout à fait verts. On connaît aussi des cocons de couleur nankin et d’autres d’un blanc rosé. La chenille termine son cocon par un tissu interne si serré qu'il n'est qu'une pellicule; cette dernière couche forme la tapisserie de la chambre dans laquelle doit résider l'in- secte durant le sommeil qui prélude à la transformation. Épuisée par le travail herculéen qu'elle vient d'accomplir et dont elle a fourni elle-même la matière, la chenille se contracte, elle se raccourcit beaucoup et perd sa forme de ver. Elle subit alors une dernière mue, ses dépouilles tombent comme des vêtements usés, et sa nouvelle peau ac- quiert la consistance d’une sorte de cuir. Pendant cette période de repos, les rudiments du Papillon se développent, les ailes, les antennes et les 96 ES APAPITETMIONS: pattes deviennent solides, et au bout de quinze à vingt jours l'enveloppe de la chrysalide vient à se rompre, et, par suite d'efforts répétés, le Pa- pillon sort et se trouve dans la chambre du cocon. Mais ce n'est pas tout, et il lui faut maintenant briser les murs de sa prison pour s'ouvrir un passage vers la lumière. Le Papillon attaque le point du cône qui, ayant moins d'épaisseur, doit céder plus facilement à ses efforts. Ceci fait, il élargit l'ouverture, et enfin il opère son évasion, laissant au fond du cocon les dépouilles de son état primitif. Il sort, voilà le fait; mais il paraît extraordinaire que cet être faible, qui n'a ni dents ni serres, parvienne à percer une coque épaisse et dure. Les naturalistes ne sont pas encore bien d'accord entre eux sur les moyens dont se sert le captif pour trouer les murs de son ca- chot ; cependant le plus grand nombre croit, avec Malpighi, que l'insecte est servi dans cette opération difficile par un acide qu'il dégorge pour dis- soudre la gomme et ramollir les fils, qu’il pousse ensuite et disjoint avec sa tête. Cette opération, suivant Réaumur, serait exécutée avec les yeux, dont les mille petites facettes en relief agiraient comme une lime. Quoi qu'il en soit, les fils sont coupés ou brisés, et ces cocons percés et non dévidables sont cardés et servent à faire la floselle. Quant aux cocons que l’on destine au dévidage, on n'y laisse pas éclore le Papillon; au bout de deux à trois jours après la transformation, on plonge les coques dans l'eau bouillante, ce qui, en même temps, tue les chrysalides et dissout la gomme qui agglutinait les fils, de manière à permettre le dévidage. Suivant Latreille, le Bombyx mori est originaire des provinces septen- trionales de la Chine; mais on ne letrouve aujourd’hui, pas plus là qu'’ail- leurs, à l’état sauvage. Comme le mouton, le ver à soie est une race do- mestique modifiée sous l'influence de l’homme par une longue suite de générations. L'art de tisser les étoffes de soie remonte à la plus haute antiquité ; suivant les Chinois, ce fut Fchin ou Sin, fils de Japhet, qui enseigna à ses enfants l’art de préparer la soie pour en faire plusieurs sortes d'étoftes. Mais sans remonter si loin, des documents authentiques prouvent que tous les peuples de l'Inde employaient les tissus de soie plus de 3000 ans CRÉP USCULAIRES ET NOCTURNES. - avant notre ère; les poëmes hindous en font mention ainsi que la Bible. Les grands pourvoyeurs du monde entier étaient les Sères ou Chinois, d'où le nom grec de sérè et celui latin de sericum que donnaient les an- ciens à cette précieuse substance. Les Phéniciens, ces commis-voyageurs du monde antique, la transportaient partout à prix d’or, et elle se vendait à des taux si extravagants, que l’empereur Aurélien refusait une robe de soie à sa femme, s’excusant sur la dépense considérable que devait en- trainer l'achat de ce vêtement ruineux. Ce fut en 557, sous le règne de l’empereur Justinien, que deux moines, trompant la surveillance jalouse des Chinois, rapportèrent dans des can- nes en bambou des œufs de vers à soie avec des instructions pour leur culture. L'impératrice et les dames du palais les soignèrent de leurs pro- pres mains, et cette éducation devint bientôt tellement à la mode, que toute la Grèce se couvrit de müriers (#10rus) pour nourrir les précieuses chenilles , et de là vient le nom de Morée que porte encore aujourd'hui la presqu'ile hellénique. De là, les vers à soie se répandirent en Italie; puis, en 1494, à la conquête de Naples par Charles VIIT, on introduisit des vers à soie et des müriers en France. Ce fut surtout sous le règne de Henri IV, et grâce aux soins d'Olivier de Serres, que cette industrie prit une extension importante. On sait que, de nos jours, les tissus de soie sont devenus accessibles à tout le monde, et que la femme d’un simple ouvrier obtient de son mari ce que ne put obtenir une impératrice romaine. Une espèce de l’Inde, le Sericaria religiosae, est très-voisin du Serica- ria mori, mais il en diffère par son genre de nourriture et par quelques particularités de sa forme et de sa coloration. Sa chenille vit sur le pipal (ficus religiosa) et file un cocon qui, par la finesse et le lustre, est compa- rable à celui du Bombyx du mürier. Le genre Ændromis, qui vient à la suite, se distingue des Sericaria par des antennes moins fortement pectinées, terminées en pointe obtuse, et par des ailes larges et arrondies. Le type du genre est l'Endromis verst- color, assez répandu dans notre pays. Il a les ailes ferrugineuses, ornées de lignes noires et d'un croissant de même couleur. Sa chenille vit sur le 4 98 [CE SNPAPIELONS: bouleau, le tilleul et le saule marceau; elle rappelle beaucoup l'aspect des chenilles du Sphinx par sa forme et son attitude au repos, et par son avant-dernier anneau, qui s'élève en pyramide. Elle se construit, à la sur- face de la terre, une coque de soie légère, qu’elle consolide au moyen de brins de mousse ou de feuilles sèches. Le genre Attacus où Saturnia (PI. XX VII) renferme les espèces les plus remarquables de la division des Nocturnes; e sont des Papillons de très- grandetaille, avec des ailes d'une ampleur superbe. Ils portent sur la tête des antennes effilées vers le bout, et garnies sur les côtés de barbules comme une plume — au moins dans les mâles — ce qui les fait paraître comme empanachées. Le plus souvent leurs ailes sont arrondies sur les bords, mais il en est qui les ont festonnées, et, chez quelques-uns , les ailes infé- rieures sont ornées d’une longue queue, qui atteint, chez l’Affacus luna (fig. 102, voy. p. 103), par exemple, un très-grand développement. Chez ces Lépidoptères, les couleurs sont de teintes douces ou même sombres, comme il convient à des animaux nocturnes; mais leurs nuances sont parfois très-fraiches, et presque toujours ils portent sur leurs ailes une tache en forme d'œil ou un petit espace transparent comme une vitre. . Les chenilles des Attacus sont de très-forte taille et vraiment fort belles; elles sont souvent ornées de tubercules vivement colorés ou d'’épines rameuses. Ces chenilles produisent une soie abondante et très-forte, dont elles fabriquent, entre les feuilles ou les rameaux des arbres, de volumi- neux cocons. La soie de plusieurs espèces est utilisée en Chine et dans l'Inde, pour en faire des étoffes très-solides et souvent fort belles. Dans ces dernières années, des tentatives, souvent heureuses, ont été faites pour acclimater quelques-unes de ces espèces en France. Celles que nous possédons en propre, bien qu'elles ne nous soient d'aucune utilité à ce point de vue, ne laissent pas que d'être fort remar- quables. Telle est celle connue sous le nom de Grand Paon de nuit (Sa- turnia piri), qui vit sur l’orme et sur les arbres fruitiers de nos vergers. C'est le plus grand des Lépidoptères d'Europe. Le Papillon (PI. XX VIII) a les ailes d’un gris nébuleux, ornées vers le centre d’une tache ocellée noire, avec l'iris fauve cerclé de blanc et de rouge. Il mesure 12 à 14 cen- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 99 timètres d'envergure. La chenille du Paon de nuit est réellement très- belle ; sa robe, d'un beau vert pomme, est parsemée de tubercules bleus qui ressemblent à des turquoises. Ses pattes membraneuses sont très- larges et très-fortes, et lorsqu'elle est cramponnée sur une tige, on éprouve de la difficulté à l'en détacher. Vers le mois d'août, elle cherche quelque coin retiré, quelque angle abrité pour y subir sa transformation en chrysalide. Le cocon qu'elle tisse est très-volumineux et des plus cu- rieux. Sa forme extérieure est celle d’une poire, et son aspect n’a rien de remarquable; il paraît fait d’une bourre grossière, très-serrée, de couleur brune, et est imprégné d’une matière agglutinante qui lui donne la consis- tance du parchemin. Mais si l’on enlève avec soin l'enveloppe extérieure, ou que l’on divise le cocon en deux, on verra une structure merveilleuse. Sous cette grossière enveloppe composée de fils de soie feutrés et comme tissés à l'aventure, se trouve une bourse composée de fils raides, paral- lèles entre eux, et dont les extrémités convergent vers le petit bout, de ma- nière à y former comme un pinceau. Cette extrémité du cocon est donc dis- posée comme l’entonnoir d’une nasse à poissons, de sorte que, le moment de la délivrance arrivé, le Papillon n’a qu'à pousser devant lui les fils qui se séparent pour lui livrer passage, tandis que l'accès en est interdit du dehors. C’est le procédé de la nasse, mais retourné ; et après la sortie du Papillon, les fils rigides se rejoignent si exactement que le cocon a la même apparence qu'avant l'éclosion. La chrysalide du Paon de nuit reste souvent deux ans sans éclore, et parfois même plus longtemps. Le petit Paon de nuit (Saturnia carpini) ressemble en petit au grand Paon de nuit; sa taille est de moitié moindre et ses ailes inférieures sont jaunâtres. Les chenilles vivent en famille dans leur premier âge sur l'orme, le prunellier, la ronce. A cela près, ses mœurs sont celles du grand Paon. En Espagne vit l’Attacus de la reine Isabelle (Attacus Isabella), magni- fique espèce à ailes d’un vert émeraude, avec d'épaisses nervures rou- geatres. La plus grande espèce du genre est l’Affacus Atlas où Bombyx porte- miroir de la Chine, dont les ailes en faux mesurent de 20 à 25 centimètres d'envergure. Ses quatre ailes sont également fauves, coupées au milieu 100 BESSPAPIETMONS: par deux bandes sinueuses blanchâtres, bordées de noir, entre lesquelles on remarque une grande place triangulaire incolore et vitrée, bordée de noir. L'Inde possède plusieurs Attacus dont quelques-uns produisent une soie utilisée dans le pays depuis très-longtemps pour fabriquer des tissus. Tel est l’Artacus mylitta, que l'on élève dans toute l'Inde anglaise. On tire de ses énormes cocons la soie {ussah, à laquelle les fameux foulards de l’Inde doivent, dit-on, le mérite d’être presque inusables. Le Papillon, magnifique espèce de 12 à 15 centimètres d'envergure, est d’un jaune d’ocre, ferrugineux dans les mâles, grisâtre chez les femelles. Chaque aile porte deux minces bandes transversales d'un rouge carmin, et au milieu un grand œil transparent, cerclé de blanc, de fauve et de noir. La chenille, qui a 10 centimètres de long, est d'un beau vert, avec une bande longitudinale jaune, passant au rouge vers le dos, des stigmates jaunes bordés de rouge, et des points noirs. Cette chenille construit sur le jujubier, dont elle mange les feuilles, un énorme cocon de texture très- serrée et attaché aux branches par un fort pédicule soyeux. Dans ces der- niers temps, on a introduit en France des cocons de cette espèce indienne, dont on a obtenu des Papillons, puis des œufs, d’où sont sortis des che- nilles qui s’accommodent parfaitement des feuilles de chêne. La soie de l'Attacus mylitia est moins fine et moins belle que celle du Sericaria mort, mais la quantité de soie contenue dans les cocons est considérable; 600 cocons de Mylitta produisent un kilogramme de soie, tandis qu'il en faut 6000 du Bombyx du mürier pour la même quantité. L’Attacus cynthia, ou ver à soie de l’Aïlante, est élevé en grand dans tout le nord de la Chine, et peut être considéré aujourd’hui comme accli- maté en France ; car il s’y reproduit à l’état de liberté et a été pris plusieurs lois sous ses divers états dans des jardins des faubourgs de Paris. Le Papillon de l’Ailante est un magnifique Lépidoptère, qui rappelle en plus petit l’Atlas. Ses ailes brunes, nuancées de jaunâtre, sont traversées par deux bandes blanches et portent une tache arquée blanche bordée de noir antérieurement et de jaune en dessous. La chenille de l’Attacus Cy11- thia, lorsqu'elle a atteint tout son développement, est longue de 70 à 80 CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 101 millimètres ; elle est d’un beau vert émeraude, avec la tête, les pattes et le dernier segment de l'abdomen d'un beau jaune d’or, et porte sur chaque anneau des tubercules en forme d’épines dont l'extrémité est d’un beau bleu d’outremer; elle est en outre couverte d’une sécrétion cireuse, formant une sorte de farine blanche, destinée à la garantir de la pluie et de la rosée, et sur laquelle l'eau ne peut se fixer. Arrivée au moment de L'1G. 98. — Attacus Cecropia (voy. page 102). sa transformation, cette chenille se file un cocon en forme de poire, com- parable à celui de notre Paon de nuit, c'est-à-dire ayant une ouverture en nasse pour la sortie du Papillon. Cette ouverture est cause que ces cocons ne peuvent être dévidés en soie grège au moyen des appareils employés pour la filature des cocons fermés du ver à soie du murier ; les Chinois, cependant, possèdent un moyen pratique de dévider ces cocons. Bien qu'on ne l'obtienne en France qu'à l'état de bourre de soie par le CRE OS ER, LES PAPILLONS. 102 cardage, cette matière soyeuse est très-recherchée et très-rémunératrice pour l’éleveur. L’Ailante ou Vernis du Japon, sur lequel vit ce ver à soie, est une essence très-avantageuse en ce qu'elle prospère dans les plus mauvais sols. FIG. 99 à 101. — Yama Ma. Chenille et cocon (voy. page 104). . Un grand Attacus assez commun à la Louisiane, l’Attacus Cecropia (18. 98, voy. p. 101), donne une soie très-estimée avec laquelle on fabrique aux Etats-Unis des étoffes d’une excellente qualité. Ce Lépidoptère vit dans les bois de la Louisiane, sur plusieurs arbres des forêts, où l’on recueille S6S COCOns €n quantité assez considérable pour les transporter à la Nouvelle- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 103 Orléans. Cette espèce, introduite à Paris depuis 1845, se nourrit des feuilles de prunier et s’accommode fort bien du climat de la France. Le Papillon, plus grand que notre Paon de nuit, a les ailes d’un beau brun clair légè- rement mouchetées de jaune et portant sur le disque une tache blanche en forme de rein, et vers l'angle supérieur une tache en forme d'œil. La chenille adulte est d’un vert bleuâtre clair, tachetée de noir et ornée de tubercules rouges ou jaunes, surmontés d’épines verticillées. Le cocon filé par cette chenille est formé d’une soie assez forte, peu serrée et d’un blanc FIG. 102. — Attacus luna g'(voy. page 104). brillant; mais cette couleur est de peu de durée, et trois ou quatre jours après cette soie devient d’un brun roussâtre. Le Ver à soie du chène, ou Yama Maï, ainsi nommé du nom qu'il porte au Japon, est presque domestiqué dans ce pays. Ses cocons sont assez semblables à ceux de nos plus belles races de ver à soie; mais ils IAESMPAPTEBONS 104 sont d’un jaune verdâtre. Un fait très-curieux, particulier à cette soie, c’est qu'elle prend lateïinture d’une manière différente de celle du mürier, en sorte qu'un tissu composé de ces deux soies, dont certains dessins sont faits avec celle du Yama Maï, présente ces dessins d’une nuance différente, quoique la pièce ait été trempée dans un bain ne contenant qu'une seule couleur. L'Attacus Yama Maï (fig. 99, VOy. p. 102) est un grand Papillon d’un beau jaune d’ocre, avec une ligne blanche transversale et un œil trans- parent entouré supérieurement de rose lilas sur chaque aile; le bord anté- rieur de l'aile supérieure est également teinté de lilas. La che- nille (fig. 100, voy. p. 102) est d'un beau vert tendre avec plu- sieurs rangées de tubercules jaunes; ceux situés au-dessous des stigmates sont bleus. Ce ver à soie est presque domestiqué au Japon et vit sous un climat analogue au nôtre; il s'accommodefortbiendesfeuilles de nos chènes communs, et c’est pour notre pays une acquisition d'autant plus précieuse qu'il est très-robuste et vit bien en plein FIG, 103, — Attacus luna, Chenille (roy. page 105), air. Cet Attacus Yama Maï a les mêmes mœurs que le ver à soie du mürier, c’est-à-dire que le Papillon éclot quelque temps après la formation du cocon, et que les œufs se con- servent tout l'hiver, pour éclore au printemps suivant. Lorsqu'elle est prête à se transformer en chrysalide, la chenille rapproche les feuilles et y construit un gros cocon (fig. 101, VOY. p. 102) d’un jaune verdâtre et de la même forme que ceux du mürier. Une des espèces les plus remarquables du genre Attacus est l’Artacus luna (fig. 102, voy. p. 103) de l'Amérique du Nord. Ce beau Bombyx a les ailes d’un vert tendre avec une petite tache ocellée vers le centre et CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 105 une frange blanche; ses ailes postérieures se prolongent en une longue queue recourbée en dehors. La chenille (fig. 103, voy. p. 104) est d’une belle couleur vert pomme, ornée de tubercules roses ; elle vit sur le liqui- dambar en Amérique, mais elle s'’accommode parfaitement chez nous des feuilles du saule et du bouleau. Le cocon qu'elle file pour se chrysa- lider est ovalaire, de la grosseur d’un œuf de pigeon, et formé d’une belle soie blonde très-fine et très-résistante. Il existe encore en Chine et dans les Indes plusieurs espèces d’Attacus ou de Bombyx sauvages qui donnent dans les bois et sur les buissons une soie épaisse et abondante que l’on récolte pour en faire des étoffes communes d’un excellent usage. Dans son Voyage au Japon, le naturaliste Thunberg rapporte que la soie de ces vers sauvages sert encore à fabriquer du papier pour écrire et des cartonnages très-solides, et que toutes les femmes l'utilisent pour s’en faire des chemises, des draps et des mouchoirs. Il y a vu des flottilles de jonques dont les voiles étaient en soie avec des banderolles brillantes de toutes les couleurs, et jusqu'à des D RE PCR maisons portatives de carton de soie dans lesquelles toute une famille nombreuse habitait. Outre que lasoie est, dans ces pays, plus vulgaire que nos toiles de chanvre et de lin en Europe, cette matière ne se pourrit jamais à l'air, car on en a retrouvé des tissus dans des tombeaux de plus de 500 ans d'ancienneté non détruits malgré l'humidité de la terre. Le nom de Bombyx a été plus particulièrement réservé aux espèces qui, avec des antennes fortement pectinées dans les mâles, simplement dentées chez les femelles, ont un corps massif, très-velu, et des ailes d’une étendue médiocre (PI. XVI et XVII). Leurs chenilles ne sont pas tuber- culeuses comme celles des Attacus, mais très-velues. Le type du genre est le Bombyx du chène ou Minime à bandes (Bombyx quercus). Le mâle (fig. 104) a les ailes d’un brun ferrugineux avec un point 106 PES PAPTIELONS. central blanc et une bande transversale jaune. La femelle a les ailes jaune pâle avec le point blanc et la bande claire ; elle est plus grande que le mâle. Le Bombyx du chêne est répandu partout dans les jardins et dans les bois ; il se montre en juillet. La femelle pond ses œufs sur les feuilles au mois d'août, et les chenilles éclosent au bout de quelques jours ; mais au lieu de se mettre à manger et malgré la température élevée de la saison, elles vont hiverner pendant neuf mois. Elles se cherchent une retraite, se logent dans une cavité, dans une fente d'écorce, et s’engourdissent jusqu'au prin- temps suivant. Elles sortent alors de leur léthargie et se répandent sur F1G, 105 à 107. — Bombyx neustria, chenille et œufs (voy. page 107). les arbres dont elles mangent les feuilles. Ces chenilles sont d’un gris cendré avec des raies latérales noires, et sont couvertes de longs poils soyeux. Vers la fin de juin, elles ont acquis tout leur développement et se filent alors une coque d’un tissu serré, très-sommé, d’un brun noirâtre, et qui ressemble un peu à un gland. Plusieurs Bombyx, malheureusement trés-communs dans notre pays, méritent d’être rangés parmi les insectes les plus nuisibles à l’agriculture. De ce nombre est le Bombyx du trèfle (Bombyx trifolii), assez voisin du précédent, mais sans bande. Sa chenille vit sur le trèfle et la luzerne, et y Cause parfois d'assez grands dégâts. e CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 107 La Livrée (Bombyx neustria) (fig. 105, voy. p. 106), dont le nom vul- gaire s'applique à la chenille (fig. 106, voy. p. 106), à cause de son vêtement qui semble galonné, est très-nuisible aux arbres fruitiers, qu'elle dépouille parfois complétement de leurs feuilles. Le Papillon a les ailes d'un jaune fauve, avec deux raies blanchätres transversales sur les supé- rieures. La femelle est plus grande que le mâle et de couleur plus terne. Elle dépose ses œufs sur les arbres fruitiers, agglutinés autour des petites branches et rangés très-régulièrement les uns contre les autres, de manière à former des anneaux ou des bracelets (fig. 107, voy. p. 106). Ces œufs, protégés par un vernis imperméable, passent l'hiver sans danger, et les petites chenilles en sortent au printemps suivant. Elles vivent en famille, réunies sous une vaste toile soyeuse retenue aux branches, dévo- rant le feuillage tout autour d'elles. Mais après leur dernière mue, c'est-à- dire lorsqu'elles ont atteint tout leur développement, elles s’isolent pour se transformer en chrysalide, et filent entre les feuilles ou sous la corniche des murs une coque molle, blanche F1G. 108. — Zombyx pini. et saupoudrée d’une poussière jaune qui ressemble à de la fleur de soufre. Ces chenilles sont velues, presque noires, avec une raie blanche sur le dos, trois raies fauves et une raie bleue de chaque côté. Le Bombyx du pin (Bombyx pini) (fig. 108) est une des grandes espèces du genre. Le Papillon est d’un brun grisâtre avec deux bandes trans- versales, grises chez le mâle et ferrugineuses chez la femelle. La chenille varie beaucoup aux différents âges pour la couleur, du gris au brun; mais un caractère constant qui la fera toujours distinguer, ce sont les deux incisions sur le cou, d’un bleu d'acier. Ce Bombyx est le plus grand ennemi du pin sylvestre. Le Papillon éclot vers le milieu de juillet, et vole en grand nombre la nuit dans les forêts de pins; il se tient pendant le jour sur le tronc des arbres ou dans les gerçures de l'écorce. 108 LES PAPILLONS. La femelle pond quelques jours après son éclosion, sur les feuilles en aiguilles ou dans les fentes de l'écorce, quelque cent cinquante à deux cents œufs qui éclosent vers le milieu d'août. Aussitôt nées, les chenilles FIG, 109, — Zombyx pini, chenille, se mettent à dévorer sans paix ni trève jusqu'aux premiers froids. A cette époque, elles descendent des arbres pour se cacher sous la mousse, où elles passent l'hiver engourdies. Mais en mars ou avril, suivant la tempé- rature, elles se réveillent, grimpent sur les arbres et se remettent à man- ger avec une nouvelle voracité, comme pour se dédommager du long jeûne qu'elles viennent de supporter. Elles attaquent alors les jeunes pousses et commettent des dégats incalculables. Elles sont parfois nom- breuses à ce point que les branches ploient sous leur poids. Vers la fin de juin, elles ont atteint toute leur croissance (fig. 109), et elles se trans- forment en chrysalide dans une coque blanchâtre dont la quantité fait paraître parfois la cime des arbres comme couverte de neige. Le Papillon en sort au bout de vingt jours. Dans certains cas, le Bombyx du pin devient tellement nuisible que plusieurs fois en Allemagne on n'a pas reculé devant l'incendie d’une partie de la forêt, pour sauver le reste. Û L'un des Bombyx les plus curieux parmi ceux de notre pays est celui dont la chenille a recu FIG. 110. — Bombyx processionea. le.nom de Processionnaire. L’insecte parfait est un petit Papillon assez insignifiant, à aîles grises avec trois lignes transverses brunes (fig. 1 10), qui paraît dans les forêts de chênes pendant les mois d'août CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 109 et de septembre. La femelle dépose ses œufs par paquets sur le tronc ou Sur les grosses branches des chênes, et les recouvre comme d'une bourre avec les poils laineux qui garnissent son abdomen. Au mois de mai sui- vant éclosent les chenilles, qui se groupent au nombre de plusieurs cen- taines, et filent en commun, sur le tronc des chènes, une grande toile à mailles lâches et irrégulières. Elles demeurent tranquilles sous cette espèce de tente pendant tout le jour, pressées les unes contre les autres ; mais dès qu'arrive le soir, elles s'agitent et se préparent à sortir du nid FIG. 111. — Chenilles de Zomlyx processionca. pour aller prendre leur repas. Jusque-là rien de plus naturel; mais on est frappé d’étonnement lorsqu'on observe l'ordre établi dans leurs péré- grinations. Elles marchent en longues files régulières, comme des con- gréganistes , et c'est de là que leur vient leur nom de Processionnaires. On voit d’abord sortir une chenille par l'ouverture placée à la partie supérieure du nid; cette chenille ouvre la marche, comme pour servir de guide ; une autre la suit, puis une troisième; après cette troisième vient un rang ou deux formés de deux individus, puis un de trois, suivi à son tour par un ou deux de quatre, et ainsi de suite, en augmentant toujours 110 L'ESePRABIPEONS: de un ou deux individus, les rangs s’élargissent de plus en plus, de sorte que les derniers comptent parfois jusqu'à quinze ou vingt chenilles de front. La file est partout sans interruption, c’est un véritable cordon de F1G. 112, —- Chenilles en marche, chenilles. Elles sont parfois si nombreuses qu'on entend le bruit de leurs mâchoires entamant les feuilles, comme si la grêle tombait. Après avoir dévoré toute la nuit, les chenilles au matin regagnent leur retraite et ren- trent dans le même ordre. Parvenues au terme de leur croissance, les chenilles processionnaires renforcent les parois de leur nid et s’y construisent chacune un cocon dans lequel elles se transforment en chrysalide. Ces chenilles, qui existent parfois en nombre considérable dans les forêts de chênes, causent à ces arbres un grand préjudice en les dépouillant de leurs feuilles. Elles ont cependant de nombreux ennemis qui en restreignent la multiplication ; sans parler des Ichneumons, qui les piquent et déposent dans leur corps leur progéniture parasite, des coucous, qui en détruisent des quantités considérables, il existe un magnifique Scarabée, le Calo- some sycophante (fig. 113), qui grimpe sur les chênes, égorgeant et dévorant toutes les FIG. 113. -— Calosome sycophante, chenilles qu'il rencontre, tandis que sa larve, gros ver noir armé de redoutables mâchoires, pénètre dans leur CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. III camp et en fait un affreux carnage. Nous avons décrit les habitudes curieuses de cet insecte dans l’ÆZrstoire des Coléoptères. L'on a accusé à tort toutes ces chenilles velues d'être venimeuses: il ne faut cependant toucher leurs nids qu'avec les plus grandes précau- tions, parce qu'ils sont remplis de poils desséchés qui pénètrent dans la peau comme des aiguilles et y produisent une sorte d’urtication accom- pagnée de démangeaisons insupportables. Il faut donc avoir soin, lors- qu'on les observe de près, de ne pas se placer sous le vent, car les mains et le visage recevraient les atteintes de ces poils redoutables. Il arrive parfois que les bestiaux et les chevaux, en broutant les feuilles de ces arbres, recoivent ces poils au voisinage des yeux ou des narines , et l'in- flammation qui en résulte excite souvent en eux une sorte de rage qui les rend très-dangereux. A côté de cette espèce se place le Bombyx pityocampa ou Procession- naire du pin. Elle vit sur les bois résineux, auxquels elle cause de grands dommages. Ses mœurs sont analogues à celles de la Processionnaire du chêne. Divers Bombyx étrangers vivent en société et se construisent des nids comme les Processionnaires. Tels sont le Bombyx Madruno du Mexique et le Bombyx Radama de Madagascar. Ce dernier tisse de grandes poches de soie qui enveloppent les branches des Mimosas, et chaque che- nille se file dans l'intérieur de cette poche un cocon de fine soie blanche. Les Malgaches récoltent ces cocons et en font des étoffes comparables aux soieries de la Chine. Les Lasiocampes sont des Bombyx caractérisés par leurs palpes très- longues, velues, figurant une sorte de bec, par leurs antennes de longueur médiocre, pectinées dans les deux sexes, leurs ailes dentelées, inclinées en toit dans le repos, les inférieures débordant latéralement les supé- rieures. Le type du genre est la Feuille morte du chêne (Zasiocampa quercifolia) (fig. 114, voy. p. 112), dont les ailes d'un fauve ferrugineux, festonnées, représentent assez bien chez le Papillon au repos un petit paquet de feuilles mortes. Sa chenille est grise, velue et remarquable, comme les 112 ESP API ONIS: autres espèces du genre, par deux replis de la peau situés à la partie antérieure du corps, qui, lorsqu'ils s’écartent, laissent voir deux interstices rouges ou noirs semblables à des colliers. Cette chenille vit solitaire sur presque tous les arbres fruitiers. Le genre Lasiocampa (PI. XXVIÏI) renferme plusieurs espèces qui portent en général les noms des plantes dont les Papillons rappellent les feuilles mortes par la forme et le ton de leurs ailes. T'elles sont Populifolia (feuille de peuplier), Betulifolia (feuille de bouleau), Suberifolia (feuille de chêne liége), etc. FIG. 114 — Lasiocampa quercifolia (voy. page 111). A côté des vrais Bombyx se placent les genres Orgya et Liparis (PI. XXIV et XXV). Ceux-ci ont un corps relativement mince, au moins chez les mâles ; mais il est épais et laineux dans les femelles. Leurs antennes sont très-pectinées dans les mâles, dentelées ou en scie dans les femelles; les palpes très-petites et très-rapprochées, la trompe nulle. Les chenilles des Liparis sont légèrement aplaties et portent des poils raïdes souvent disposés en étoiles. Ces Lépidoptères sont les plus communs des Bombycides, et la plupart des espèces de ce genre sont fort nuisibles à la végétation; les Liparis Le CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. Te dispar, chrysorrhæa, monacha, salicis, sont de véritables fléaux pour l'agriculture. Le ZLiparis dispar, vulgairement Zigz;ag, abonde presque partout, dans les jardins, les forêts et jusque sur les routes. Le mâle (fig. 115) a les ailes brunes tachetées de noirâtre; la femelle (fig. 118), beaucoup plus grosse, est d’un blanc grisätre avec les ailes traversées par des raies noirâtres sinueuses, en Zigzag. Cette différence entre les deux sexes lui a valu le nom de disparate (dispar). A peine éclose, la femelle s'occupe de la reproduction de son espèce; elle pond sur le tronc ou sur les grosses branches des arbres, c00 à 300 œufs qu'elle recouvre d'un vêtement imperméable. Cette couver- ture est formée des poils de son propre corps qu’elle s'arrache du ventre. Ces FIG. 115 à 117.— Liparis dispar Chenille et chrysalide (roy. page 114). poils sont disposés avec art, comme les tuiles d’un toit, de manière à former un abri impénétrable à l'eau, qui glisse à leur surface. Quand la femelle a terminé son ouvrage, qui l'occupe souvent pendant vingt- quatre heures, son corps, qui était auparavant très-velu, est presque entièrement dépouillé, et elle expire. Les petites che- nilles éclosent au mois de mai; leur peau est noire, réticulée FIG. 118. — Liparis dispar. ® de gris et garnie de tubercules bleuâtres ou ferrugineux surmontés de longs poils raides. Lorsqu'elle a 8 114 LES PAPILLONS. acquis tout son développement (fig. 116, voy. p. 113), elle se transforme dans un réseau extrèmement lâche (fig. 117, VOY. p. 113). Le Ziparis chrysorrhœæa, vulgaire- ment cul doré (fig. 119 et 120), est un petit Papillon tout blanc, avec extrémité du corps garnie d’une touffe de poils d’un brun doré. La femelle (fig. 121 et 122) pond, au mois de juillet, ses œufs en paquet à la face inférieure des feuilles et, comme le dispar, elle les recouvre des longs poils laineux qui garnissent son abdomen. Les petites chenilles éclosent en août et se fabriquent aussitôt en commun sur les hautes tiges une tente soyeuse qui les met à l'abri des dangers extérieurs. Elles passent ainsi l'hiver dans une sorte FIG. 119 et 120 — Zombyx chrysorrhæa G* et chenille, ; de léthargie ; mais dès que le feuillage commence‘à pousser, elles se répandent sur les arbres et y portent la dévastation. Ces chenilles sont d’un brun noir, garnies de tubercules sur- montés d’aigrettes de poils roussâtres, avec des taches rouges sur le dos et deux rangées de taches blanches. Elles filent au mois de juin une coque à parois très-minces entremélées de poils. | Le Ziparis salicis, vulgairement connu sous le nom de lApparent, est tout blanc comme le Chry- sorrhœa, mais un peu plus grand et sans touffe de poils dorés. La femelle pond ses œufs en paquets FiG, 121 ct 192. sur les troncs des saules et des peupliers. Les che- FAN UE nilles éclosent au printemps ; elles sont d’un gris noirâtre, marquées de grandes taches blanches et parsemées de tubercules surmontés de poils roux. Au mois de juin, elles ont atteint leur complet développement, et CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 115 chacune se file une coque dans des feuilles qu’elle lie avec des fils de soie. L'insecte parfait éclot au bout de quinze à vingt jours. Le ZLiparis monacha, dont nous figurons ici les deux sexes (fig. 123 et 124), est très-commun en Allemagne, et cause souvent des dégâts considérables dans les forêts de pins. Tous ces Liparis, lorsque des circonstances particulières favorisent leur multiplication, sont de ter- ribles ravageurs et dépouillent souvent complétement les arbres — de leurs feuilles. Le seul moyen d'empêcher leurs dévastations est de les chercher avec soin pour les détruire, soit à l’état d'œufs, dont les paquets recouverts de bourre sont facilement visibles, soit à l’état de chenille, ou même de papillon. Les Orgyes ont les antennes courtes, plumeuses, les palpes longues et velues ; la trompe nulle. Le corps est grêle et les ailes larges dans les mâles; mais chez les femelles le corps est au con- traire très-gros et presque tou- jours dépourvu d'ailes. L'espèce la plus commune du genre, l’'Orgyia antiqua (fig. 125, F1G. 129 et 124. — Pombyx monacha, mâle et femelle. voy. p. 116), a les ailes brunes avec des bandes transverses et une lunule blanche sur les supérieures. Ceci est pour le mâle, car la femelle (fig. 126, voy. p. 116), d'un gris jaunâtre, est privée d'ailes. Celle-ci grimpe ou plutôt se traîne péniblement sur le tronc de l'arbre où elle doit déposer ses œufs, car son gros ventre en est gonflé. Elle pond ceux-ci contre l'écorce, agglutinés en un paquet. Les 110 BESSPAPITEEON:S: chenilles éclosent en mai et se répandent sur le feuillage des peupliers, qu'elles rongent à belles dents. Ces chenilles sont très-jolies et très-bizarres ‘+ (fig. 127). Leur corps long de 3 à 4 cen- timètres au plus, est d’un gris bleuâtre, orné sur le premier anneau de deux longs pinceaux divergents, formés de poils inégaux, et terminés chacun par un petit renflement. Ces pinceaux lui font comme deux longues oreilles que l'insecte agite en marchant. Le onzième anneau porte un semblable faisceau de FIG. 125 : el dans poils inclinés en arrière, et sur les 4°, RSS SU (Ru 5°, 6° et 7° anneaux s’élève une brosse jaune coupée carrément. Le long des flancs règne une rangée de tuber- cules rouges surmontés de petites aigrettes. Lorsqu'elles ont atteint tout leur développement, ces jolies chenilles se filent une coque d'une soie très-claire, qu'elles fortifient en y enchevétrant leurs poils. Cette chenille, dans certaines circonstances, devient extrême- ment Commune, et, dans ce cas, elle peut causer de graves dommages. C’est ainsi qu’en 1848, les environs de Phals- bourg furent dévastés, et les bois si complétement dépouillés de feuilles que, bien qu’au mois de septembre, on se fût cru au F1G. 198. — Chenille de Ceratocampa regalis. milieu de l'hiver. Un Bombyx voisin des Liparis, assez commun aux Etats-Unis, et auquel la conformation singulière de sa chenille (fig. 128) a fait donner le nom de CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 117 Ceratocampa, c’est-à-dire chenille cornue, vit sur le noyer. Le Papillon a 15 centimètres d'envergure, ses ailes antérieures, d’un vert olive, sont rayées de rouge clair, les inférieures sont roussätres. La chenille est, comme on le voit par la figure, une créature d'appa- rence formidable, avec son armure toute hérissée d’épines barbelées, et il est peu de gens assez hardis pour la saisir, car î 9 FIG. 129. — Arctia caja. elle jouit d'une fort mauvaise réputation. On croit ses dards empoisonnés, et on la craint à légal du serpent à sonnettes. Elle est d’un jaune verdâtre, avec des taches noires, bleues et oranges. Un groupe très-intéressant, qui se lie par les Orgyes et les Liparis aux Bombyx, est celui des Caecontes (PI. XXII), vulgairement connu sous le nom d’'Æcailles. Ces Papillons, parés de couleurs vives et fraiches, peuvent être cités parmi les plus jolis Lépidoptères nocturnes (fig. 129). L'Écaille martre (Arctia caja) est répandue dans toute l'Europe. Ses ailes antérieu- res, d’une envergure de 6 à 7 centimètres, sont d’un brun café, parcou- rues dans tous les sens par des bandes blanches sinueuses ; ses ailes pos- térieures, d’un beau rouge, sont marquées de six ou sept taches d'un bleu F1G. 130. — Chenille d'Hrctia foncé cerclé de noir. Cette jolie espèce varie beaucoup, tant pour la lar- geur des bandes et des taches que pour la couleur des ailes inférieures, qui est souvent jaune ainsi que l'abdomen. La chenille (fig. 130) est assez grosse, noire en dessus et couverte de tubercules surmontés de longs poils 118 LES PAPITLEONS. soyeux d'un roux vifsur les côtés. On la rencontre souvent sur les plantes basses, ou courant avec rapidité par les chemins. C’est sous les pierres ou sous des feuilles qu’elle se métamorphose; comme elle est une médiocre + F1G. 131, — Aretia pudica. productrice de soie, elle construit une coque à parois très-claires et y méle ses poils pour la consolider. Le Papillon éclot quinze à vingt jours après. Non plus que les Sphinx, nos Écailles ne le cèdent en rien aux espèces tropicales, et celles du Brésil et de l'Inde ne sont pas plus belles que notre Écaille rose (Arctia Hebe) ou que nos Écailles marbrée (4. villica) et mouchetée (A. pur- purea). Une espèce de ce genre, l'Arctia pudica (fig. 131) du midi de la France, fait entendre en volant une sorte de stridulation assez forte. L'organe musical est une petite cap- sule tympaniforme placée de chaque côté F1G, 132. — Arctia Isabella. du thorax. Il consiste en une cavité à bords élevés et arrondis, recouverte d'une membrane tendue, mince, sèche et susceptible de vibration. L'Arctia Isabella (fig. 132) n’a rien de bien remarquable; ses ailes su- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 119 périeures sont brunes, marquées de quelques taches noires, les inférieures sont jaunes ainsi que l'abdomen. Mais la chenille de cette espèce (fig. 133) est très-curicuse; elle est tellement hérissée de poils rigides, qu'elle res- semble à un hérisson. L’Arctia Isabella habite la Géorgie, Les Callimorphes (PI. XXII), très-voisines des Écailles, sont, comme leur nom l'indique (Belle forme), de charmants Lépidoptères dont les formes sont élancées, plus élégantes que celles des Arctia. Leurs an- tennes sont longues et simples, leur trompe bien développée. La Callimorphe marbrée rouge (Callimorpha dominula) a les ailes an- térieures d’un vert bronzé avec de nom- breuses taches blanches, les ailes infé- - rieures sont d’un beau rouge carmin tachetées de noir. — La Chinée (Calli- morpha hera) a les ailes supérieures tra- versées par des bandes blanches; les inférieures d’un rouge écarlate marquées de quatre taches noires. Ces deux belles espècés offrent des variétés à ailes infé- rieures jaunes. — Les chenilles des Calli- morphes sont allongées et hérissées de F1G. 133, — Arctia Isabella (chenille). poils courts; elles vivent sur les plantes basses et restent cachées pendant le jour sous les feuilles. Elles se renferment dans une coque légère et le Papillon éclot en juillet. Le genre ÆEuchelia (PI. XXII) forme le passage entre les Chélonies et les Lithosies par ses antennes courtes et simples, son corps grêle, ses ailes plus étroites, triangulaires, croisées l’une sur l’autre dans le repos. Le type du genre est l'Euchelia du Seneçon (Æuchelia jacobææ) répandue pendant tout l'été dans les campagnes. Ses ailes antérieures, d'une teinte bronzée, ont deux raies et deuxtaches du carmin le plus vif, ses ailes inférieures sont entièrement de cette dernière nuance et bordées d’une frange noire. La chenille de ce Lépidoptère vit sur les sénecons; elle est noire, annelée de jaune. — Dans le midi de la France vole en plein jour, sur les fleurs, une Euchélie plus jolie encore, aussi lui a-t-on donné le nom de pulchella. Ses ailes supérieures sont blanches, pointillées de noir et ornées de nom- breuses taches d’un rouge écarlate. Les Lithosies (PI. XXII) sont de petits Papillons au corps grêle et allongé, ayant des ailes étroites qui enveloppent tout le corps pendant le repos, des antennes en forme de soie et une trompe bien développée. Leurs chenilles ont seize pattes et leur corps est garni de tubercules d’où s'élèvent de pe- tits faisceaux de poils. Le nom de /ithosie, tiré du grec, signifie qui s'at- tache aux pierres , et indique que ces chenilles vivent sur les mousses et les lichens des rochers. Lorsqu’elles ont atteint tout leur développement, elles filent une coque légère, entremélée de poils. Les espèces de ce genre n'offrent rien de remarquable; ce sont de petits Papillons de cou- leur grise ou jaunâtre qui vivent dans les bois. Les Lithosies conduisent à la petite famille des PsycHipes, l’une des plus curieuses de la grande tribu des Bombyx. Les Psychés sont de jolis petits Papillons, au corps grêle, couvert de longues soies; leurs ailes, à peine revêtues d’écailles, sont grises, brunes, notrâtres et en même temps presque diaphanes. Leurs antennes sont plumeuses et leur trompe rudi- mentaire; ils ne prennent, en effet, aucune nourriture à l'état parfait. Ces Lépidoptères, remarquables déjà par la grâce de leurs formes, offrent, surtout à l’état de larve, un genre de vie très-singulier, et qui les rappro- cherait de certaines Teignes. Ce que nous en avons dit ne se rapporte qu'aux males ; la femelle, au contraire, vit dans une condition misérable et n’a rien du Papillon. Nous avons vu les femelles des Orgyes privées d'ailes et se traînant péniblement le long des troncs d'arbres; les femelles des Psychés ne jouissent même pas de cette liberté limitée; elles éclo- sent et demeurent immobiles dans leur fourreau, ressemblant plus à une larve qu'à un insecte parfait. Les chenilles se fabriquent avec des débris de végétaux, des brins de mousse ou de paille disposés avec art, une habitation portative, une sorte de fourreau (fig. 134 et 135, voy. p. 121) tapissé à l’intérieur d’une soie fine et douce, qu'elles transportent partout avec elles. Pour se déplacer, la chenille fait sortir hors du fourreau sa tête-et ses pattes écailleuses, au moyen desquelles elle s'accroche aux feuilles CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 121 ou aux tiges des herbes sur lesquelles elle vit. Ses pattes membra- neuses, armées d'une couronne de crochets, ne lui servent qu'à se maintenir fortement attachée dans son fourreau. Lorsqu'elle veut se reposer, elle fixe son habitation par quelques fils de soie et rentre complétement à l'intérieur. A mesure que la chenille grossit, elle agrandit son fourreau devenu trop étroit; pour cela, elle fait avec ses mandibules une fente longitu- dinale et insère entre les bords une pièce for- mée de fragments de même sorte reliés’avec de la soie. Autant de fois l'animal a besoin de s’agrandir, autant de fois 1l recommence le même travail pour augmenter la capacité de sa demeure. Lorsque le moment de sa transfor- mation est arrivé, la chenille fixe son fourreau contre un tronc, une branche, une muraille, et le ferme soigneusement. Cette opération ache- vée, elle se retourne de facon à présenter la téte vers l'extrémité restée libre. La transfor- FIG. 194 et 135. mation a lieu, puis le Papillon éclot. Si c'est un "ere ter ment mâle, 1l sort de sa prison, déploie ses ailes et s'envole; mais si c’est une femelle privée d’ailes et presque de mouvement, elle demeure dans son fourreau dont elle ouvre le fond à l’aide des aspérités de son enveloppe de chrysalide, pour en faire sortir la partie postérieure de son corps, et elle n'en sort pas davantage pendant toute sa vie. Celle-ci d'ailleurs n'est pas longue ; car, bientôt après, elle pond ses œuls, qu'elle couvre de son corps et meurt dessus. Les petites chenilles éclosent bientôt et commencent par dévorer le cadavre de FIG. 136. leur mère; puis elles se dispersent sur le feuillage où Puce gramme chacune construit son fourreau. L'espèce la plus répandue dans notre pays est la Psyché du gramen (Psyche graminella, fig. 136), que les anciens naturalistes appelaient la Teigne à fourreau de paille. Elle vit sur les graminées et les bruyères, et se 122 ESP APNEMMAONIS fabrique un fourreau de petits morceaux de feuilles d’égale longueur et imbriqués les uns sur les autres comme des falbalas. La chenille, d’un gris pâle, a la tête et les trois premiers anneaux d’un brun roux marqués de points et de lignes noires. Une Psyché d'Australie, l'Œceticus Saundersiü, remarquable par sa grande taille, construit un fourreau de soie grise, entremélé de brins de tige, qui n’a pas moins de 12 à 15 centimètres de longueur. La famille des Héprazipes comprend des Lépidoptères dont les formes s'éloignent de celles des Bombycides. Leur corps est allongé, avec l’ovi- ducte souvent saillant chez les femelles. Leurs antennes sont courtes, grenues ou faiblement pectinées, leurs palpes très-petites et leur trompe nulle. Ce groupe renferme les Hépiales, les Zeuzères et les Cossus. Les Iépiales (PI. XXIX) ont des antennes très-courtes, moniliformes, l'abdomen long et cylindrique, les ailes minces et étroites. Leurs chenilles ont seize pattes ; elles sont allongées, décolorées et munies d’un écusson corné sur le premier anneau; leur bouche est armée de fortes mâchoires. Les Hépiales sont peu nombreuses en Europe; mais leurs espèces sont beaucoup plus répandues en Amérique, en Afrique et surtout dans l’Aus- tralie. Ces Lépidoptères ne se montrent que le soir et restent pendant le jour cachés sous les plantes basses. Leur vol offre une allure assez sin- gulière : après le coucher du soleil, les Hépiales s'élèvent verticalement un peu au-dessus du sol et volent en ligne droite avec rapidité, mais pour se laisser tomber au bout de quelques pas dans les herbes. Leurs chenilles vivent aux dépens des racines de divers végétaux, et ne se montrent jamais à la lumière. La plus grande espèce européenne et la mieux connue à cause des dommages qu'elle cause parfois, est l'Hépiale du houblon (Æepialus hu- muli). Le mâle a les ailes d’un blanc argenté avec une bordure rougeâtre; la femelle les a jaunes, traversées par deux bandes obliques d’un rouge fauve. Ce Papillon est commun surtout dans le Nord, où sa chenille cause souvent beaucoup de ravages dans les plantations de houblon, dont elle ronge les racines. Au moment de se transformer, la chenille se construit Sous terre une cellule, dont les murs sont cimentés au moyen d'une fine CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES,. 123 tapisserie de soie. La chrysalide a le bord de chaque anneau de son abdo- men garni d'épines; quand le moment de se transformer en Papillon est arrivé, ce qui a lieu au printemps suivant, elle sort de sa coque et, à force d'ondulations et en s’aidant de ses épines, elle s'élève jusqu’à la surface de la terre, d’où elle sort à moitié pour attendre sa métamorphose. Ées Zerreéres (PI XXI) ont le corps épais, couvert d’un duvet coton- neux; les ailes supérieures sont longues et étroites, les inférieures beaucoup F1G. 137. — Zeuzera æsculi. plus courtes. Leurs antennes, pectinées dans leur première moitié, sont filiformes dans leur portion terminale ; leur trompe est très-courte. L'abdomen des femelles est terminé par une tarière longue, cornée, tubulaire, qui leur sert à introduire leurs œufs dans le bois. La Zeuzère du marronnier d'Inde (Zewzera æsculi, fig. 137) ou la Co- quetle des amateurs, est un beau Papillon blanc, très-velu, dont les ailes sont couvertes de petites taches d’un bleu d'acier. Sa chenille (fig. 138) est d’un jaune pâle, avec la tête et des points noirs ; elle vit dans l'intérieur du tronc des marronniers d'Inde où elle se chrysalide, et le Papillon éclot du 15 juillet au 15 août. Cette jolie espèce nous est sans doute venue avec l'arbre sur lequel elle vit; on la trouve également aujourd'hui sur l’orme, le frène et le tilleul. — Une autre espèce, la Zeuzère des roseaux (Zeuxera arundinis), qui habite les contrées marécageuses du nord de l'Europe, est remarquable par la longueur démesurée de l'abdomen. Les Cossus (PI. XXIX), voisins des Zeu- zères, ont le corps plus épais, les ailes plus FIG. 138. — Chenille de Zeuzera æsculi, larges, les antennes pectinées jusqu'au som- met. L'espèce type est le Cossus gâte-bois (Cossus ligniperda, fig. 139, voy. p. 124), qui doit son nom aux énormes galeries que creuse sa chenille dans le tronc des saules, des ormes et des peupliers, dégâts qui 124 LES PAPILLONS. causent fréquemment la mort de ces arbres. Cette chenille (fig. 140), longue de 10 à 12 centimètres, est d’un rouge vineux en dessus, hé- rissée de quelques poils rares, et d’un blanc jaunâtre en dessous. Elle a FIG, 139. — Cossus ligniperda (voy. page 125), fourni le sujet d’un admirable ouvrage au naturaliste Eyonnet, l'Aratomie de la Chenille du Saule, qu'il publia à La Haye en 1760, avec des planches merveilleuses, dessinées et gravées par lui. L'auteur ne s’accuse d'avoir privé de la vie que cinq de ces animaux, pour un ouvrage de dix années de recherches et qui est un chef-d'œuvre de patience et d’habileté. La chenille du Cossus se cons- truit une coque (fig. 141, voy. p. 125) faite de sciure de bois agglutinée, pour s’y transformer en chrysa- lide (fig. 142, voy. p. 125); celle-ci a les anneaux munis d'un double rang d’épines qui lui servent à grimper jusqu’à l’orifice de la galerie par lequel doit s'échapper le Papillon, qui ne sort qu’en juin ou juillet. L'1G. 140. — Chenille adulte de Cossus. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 125 La chenille du Cossus creuse donc dans le tronc des arbres, et toujours dans la partie basse, des galeries considérables, et qui le sillonnent jus- qu'au cœur. Ses fortes mandibules lui sont d’un grand usage pour ce tra- vail; mais elle possède, en outre, la propriété de dégorger une liqueur par- ticulière, d’une odeur puante, qui ra- mollit les fibres du bois. Ses pattes membraneuses courtes et garnies d'une couronne de crochets robustes lui per- mettent de grimper avec facilité dans les galeries qu’elle a creusées. La che- nille du Cossus met près de trois ans à atteindre son entier développement, et F1G. 141. — Coque de Cossus (voy. page 124). devient très-grosse; mais ce n'est cer- tainement pas là le célèbre Cossus que les Romains engraissaient avec de la farine et servaient sur leurs tables comme un mets délicat. II suffit de lire avec attention ce qu’en dit Pline, pour reconnaître que sa des- cription s'applique à des larves de gros Scarabées tels que le Cerambyx heros, le Prionus coriarius et peut-être le Lucanus cerrus. Un genre voisin des Hépiales, le genre Nyctalea, se distingue par la longueur de ses antennes filiformes. La Nyctalea superciliosa (fig. 143, voy. p. 126), de Saint-Domingue, a les ailes supérieures d'un brun chaud varié de marques brunes de diverses nuances et comme ondulées ; les inférieures sont d’un gris brillant. Le Thysanira Agrippina du Brésil (fig. 144, VOY. p. 127) est un beau Papillon aux ailes grises variées de brun et de noir. Immobile pendant le jour sur le tronc des arbres, où sa couleur le fait aisément confondre avec l'é- F1G, 142. Chrysalide de Cossus (voy. page 124). corce, il vole au crépuscule avec rapidité et d’une allure tellement saccadée qu'il est très-difficile à prendre. La famille des NoroponNTibES comprend un petit nombre de genres dont les caractères communs sont : un corps robuste, des ailes longues 126 SES PAPITEEONS: et étroites, en toit aplati au repos, dés antennes fortement pectinées dans les mâles et la trompe courte mais mieux développée que dans les familles précédentes. Ces Lépidoptères se rapprochent des Noctuelles. Le genre Dicranura (PI. XXX) se distingue par ses antennes pectinées ou plumeuses terminées en pointe recourbée, et surtout par les sin- gularités qu'offrent ses chenilles. Celles-ci ont la peau lisse et manquent de pattes anales. Dans le repos elles rentrent leur tête sous le premier anneau comme sous un capuchon, et relèvent d’un air menaçant la partie postérieure de leur corps, qui se termine par deux tubes cornés, d'où elles peuvent faire sortir à volonté deux pe- tits tentacules rouges. Cette dernière particularité leur a fait donner le nom de Queues Jourchues. Leurs chrysalides sont courtes, renfermées dans des coques très-dures faites d’un mélange de ro- gnures de bois ou d'écorce et de matière gommeuse, et cachées entre les rides des écorces. FiG. 143. — Nyctalea superciliosa (voy. page 125). L'espèce la plus com- mune, à laquelle on applique plus particulièrement le nom de Queue- fourchue (Dicranura vinula), se rencontre en avril et mai dans les en- droits humides. C’est un assez beau Papillon (PI. XXX, fig. 4), d’un gris clair avec des points et des raies sinueuses noirâtres ou gris foncé. Il vole le soir autour des peupliers et des saules, et reste caché pendant le jour sous le feuillage ou sur le tronc de ces arbres. Sa chenille, qui éclot en juin, est un habile architecte. A sa sortie de l’œuf elle est presque noire, puis elle devient d’un beau vert tendre avec une lon- gue tache en losange d’un brun vineux, bordée de blanc. La partie posté- I CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 12 rieure de son corps est relevée et munie de deux prolongements redres- sés, blancs, garnis de tubercules noirs, de chacun desquels elle fait sortir, lorsqu'on l’inquiète, un tentacule long et mince comme un fouet. Cet ap- pareil lui sert sans doute à éloigner les Ichneumons et les mouches qui cherchent à déposer leurs œufs dans sa peau; mais il ne paraît pas beau- coup les effrayer; car plus de la moitié des chenilles de Dicranura dont j'ai obtenu des chrysalides, recélaient, au lieu de Papillons, de gros Ichneumons jaunes (Ophion luteum). Arrivée au terme de sa crois- sance, la chenille Queue four- chue descend vers le bas de l'arbre qui l'a nourrie et file entre les rides de l'écorce une coque très-épaisse, consolidée par des morceaux d’écorce ag- glutinés ensemble par une ma- tière gommeuse qui devient à l’air d’une dureté telle qu'il est difficile d'y faire pénétrer la pointe d’un canif. On se de- mande comment le Papillon, qui n’est pas, comme la che- nille, armé de mächoires ro- bustes, pourra se frayer un chemin à travers cette épaisse muraille; mais, naturellement, Celui qui a donné à la chenille l'in- dustrie nécessaire pour construire sa maison, a également donné au Papillon le moyen d'en sortir. Après avoir passé l'automne et l'hiver à l’état de chrysalide, il dissout la matière agglutinative du cocon au moyen d’un liquide particulier dont il est pourvu, et se fraie un passage à travers le tissu ramolli. Une autre espèce nommée la Petite fourche (Dicranura furcula), moins commune que la précédente, offre la même conformation et les mêmes 128 IE SNMP APTE TOINS: mœurs. Le Papillon (fig. 145), qui éclot en mai, est d’un gris perle, avec une bande médiane cendrée bordée de noire et de jaune. Les Harpyes, voisines des Dicranures, ont des chenilles plus bizarres encore. Le type du genre, la Harpye du hêtre (Harpyia fagi, fig. 146) vole le soir, au mois de juin, dans le voisinage des hètres. C'est un gros Papillon d’un gris cendré, avec des lignes flexueuses jaunes. La che- nille, que l’on trouve au mois d'août et de FiG. 115, — Dicranura furcula. septembre dans les bois, sur les hêtres et parfois sur les chênes, est la plus étrange que l'on puisse voir fig. 147). Elle est d’un brun pâle ou couleur de cuir; les anneaux de son corps sont séparés par de profondes incisions; du qua- trième au septième, ils présentent chacun deux gibbosités terminées en pointe, et du neuvième au dernier, ils ont un élargissement latéral con- sidérable. Les deux premières pattes écailleuses sont courtes et comme atrophiées ; mais les quatre autres sont au contraire très-longues et articulées comme celles des araignées. Au repos, cette chenille tient sa tête et la partie, postérieure de son corps relevées, et ses longues pattes sont pendantes, ce qui lui donne l'aspect le plus extraordinaire. Lors- qu'elle veut se transformer en chrysalide, elle file une coque légère qu'elle garantit avec des feuilles. FIG, 146, — Harpyia fagi FIG, 147, — Harpyia fagi, chenille, Les Notodontes (PI. XXXI) proprement dits habitent les bois et les forêts. Leurs antennes sont encore un peu pectinées et leurs palpes CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 129 courtes; leurs ailes antérieures sont pourvues au bord intérieur d'un petit prolongement en forme de lobe. Leur nom de Nofodonta, tiré du grec, Signifie dos denlé et fait allusion au caractère qu'offrent leurs che- nilles, qui portent sur quelques anneaux de leur corps des gibbosités surmontées de pointes. Ces chenilles ont la peau lisse ou garnie de poils très-clairsemés , et vivent sur les arbres. Pendant le repos, elles relèvent les deux extrémités de leur corps en tenant leur tête renversée en ar- rière, ce qui leur donne un aspect singulier. L'espèce la plus commune, le Notodonte 71g7ag, a les ailes supérieures d’un jaune chamois avec quatre lignes trans- verses ferrugineuses; les inférieures sont blanches. Sa chenille vit sur les saules et les peupliers. Le chameau (Nofodonta drome- darius, fig. 148), à ailes brunes sablées de gris avec une bande rougeâtre, vit sous son premier état sur les bouleaux. La chenille (fig. 149), quoique moins extraordinaire que celle de la Harpye, est encore fort singulière : sa tête est comparativement large, et les se- cond et troisième segments sont comme étranglés, de manière à former une sorte de Con du cinqueMe AU Ineuvieme. [es Sep RAIN None oRnr F1G. 149, -- Notodonta dromedarius, chenille. ments sont surmontés d'un tubercule. Sa couleur est un vert nuancé de jaune et tacheté de marron foncé. Quelques espèces, dont les antennes sont plutôt crénelées que pectinées et les ailes supérieures plus longues avec leur frange dentelée, forment le genre Pygæœra (PI. XXXI). Leurs chenilles longues, à demi-velues, rayées longitudinalement, se chrysalident en terre sans former de coque. L'une des espèces les plus communes, la Lunule de Geoffroy (Pygæra bucephala), est ainsi nommée à raison de la forme d'une tache blanche placée sur le milieu des ailes antérieures. Celles-ci sont grises tachetées de jaune. La chenille de cette espèce est polyphage; on la rencontre sur le chène, le bouleau,.le hêtre, le tilleul, l'orme, etc., vivant en petite société. 9 130 LES PAPILLONS. Le genre Diloba se distingue par ses antennes longues et grèles, pecti- nées dans les mâles, dentées dans les femelles, et par ses ailes larges et arrondies. Le type du genre, le Bombyx à tête bleue (Diloba cœruleoce- phala, fig. 150), est commun sur l’aubépine et sur presque tous les arbres fruitiers, où sa chenille commet souvent des dégâts. Cette chenille (fig. 151) est blanchâtre avec trois raies longitudinales jaunes, ne et pointillée de noir. Elle est commune en mai sur tous les arbres fruitiers; elle se chrysalide en terre et donne naissance au Papillon en octobre. Celur-ci a les ailes supérieures couleur d’agate brune avec deux taches jaunâtres imitant deux 8 ou deux w réunis, d’où le nom de double oméga que lui donnait Geoffroy. Il ne vole que la nuit. Les espèces du genre Ptilophore portent sur le corselet une huppe de poils. L'une des plus remarquables est le P#lophora plumigera (PL XXX, fig. 9), dont la tête est ornée, chez le mâle, de véritables plumes pour antennes. Ses ailes sont d'un fauve vif, avec les nervures noirâtres et garnies d’une longue frange. La femelle est moins vivement colorée que le mâle, et ses antennes sont moniliformes. La chenille se trouve en mai sur l’érable et sur le saule marceau; elle est lisse avec des raies longitudinales, et a l’avant-dernier anneau légèrement relevé en bosse. Elle se chrysalide en terre et le Papillon ne sort qu'en novembre. La plus vaste famille de l’ordre des Lépi- doptères est celle des Noctuélides, du latin Noctua (oiseau de nuit). C’est une immense légion d'espèces de tous les pays, d'une apparence très-uniforme. Aussi est-il fort diffi- cile d'établir parmi ces insectes des divisions F1G, 151. — Chenille de cœruleocephala. génériques bien tranchées, et, le plus sou- vent, on a dû se contenter des détails de la coloration ou de Ia manière de vivre des chenilles pour les. diviser en genres distincts. En réalité la très-grande majorité des Noctuélides appartient à un seul genre, CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 131 le genre Noctuelle, comme l'avait établi Linné. Leurs mœurs nocturnes, leurs couleurs sombres, leur fourrure épaisse et jusqu'à leurs yeux qui brillent dans l'obscurité, les ont fait comparer aux hiboux (Noctua). Les Noctuélides se distinguent facilement des Bombycides : leur tête est comparativement plus grosse, moins enfoncée sous le thorax; leurs antennes de formes variées, le plus souvent en soie, simples ou finement denticulées ; leurs palpes sont saillantes et leur trompe bien développée, ce qui indique qu'ils prennent de la nourriture. Leurs pattes sont fortes, de taille moyenne avec les tarses terminés par des crochets bien visibles. Leurs ailes supérieures, dont la forme varie entre le triangle et le trapèze, sont garnies au bord d’une frange dense et velue; elles recouvrent en en- tier, dans l’état de repos, les ailes inférieures et sont disposées en toit. Dans la grande majorité des espèces, ces ailes sont de couleurs ternes et pré- sentent deux taches, l’une en forme d’anneau, placée vers le milieu de la cellule discoïdale, et l’autre en forme de rein, située vers l’extrémité de la cellule. La plupart de ces Papillons ne sortent que la nuit; ils vont s’a- battre sur les fleurs dont ils sucent le miel avec avidité, recherchent les fruits entamés et généralement toutes les matières sucrées ; par suite de ce goût, ce sont de tous les Papillons ceux que l’on prend le plus facile- ment à la miellée. Les chenilles des Noctuelles sont en général allongées, cylindriques, le plus souvent rases; le nombre de leurs pattes est habituellement de seize, sauf les arpenteuses et les demi-arpenteuses, chez lesquelles ce nombre est moindre; quelques-unes sont ornées de couleurs très-fraiches, et presque toutes présentent des lignes longitudinales et des points; d'autres, passant leur vie cachées dans les tiges ou les racines qu’elles rongent, sont molles et décolorées comme des vers. Leurs chrysalides sont lisses, rases, très-luisantes et comme vernissées, d’une couleur brune plus ou moins rougeätre , de forme conique inférieurement et se terminant en une pointe aiguë. On les trouve généralement dans la terre. Certaines Noctuélides ont encore le port des Bombyx, ce sont les Acronyctes (PI. XXXII); on les reconnait à leurs antennes courtes et fili- formes, à leur trompe allongée, à leur thorax convexe, velu, bordé latéra- 132 IE SMPAP TP POINS: lement de noir. Leurs chenilles ont le corps couvert de points verruqueux, garnis d'un ou de plusieurs poils. L'une des plus communes, que l'on rencontre sur les ormes, les bouleaux et la plupart des arbres fruitiers, vers la fin de l'été, est noire, ornée d’une bande jaune sur le dos , d'une raie grise de chaque côté au-dessus des pattes, et de taches rouges dans l'intervalle; elle porte en outre une longue éminence noire sur le quatrième anneau et une forte gibbosité sur le onzième. Au moment de se transfor- mer, cette chenille descend sur le tronc, s’insinue dans les fissures de l’é- corce ou des grosses racines, et ainsi abritée elle se construit une coque légère. Le Papillon éclot vers le mois de juin de l’année suivante. On le recon- nait facilement à ses ailes gris clair avec des lignes noires et surtout à une marque très-nette figurant exactement la lettre grecque w, qui lui a valu son nom spécifique le Psi (Acronycta psi). On le trouve fréquemment pendant le jour collé sur les troncs d'arbre ou les murailles. | Quelques Acronyctes ont des chenilles remarquables par leur beauté ; telle est celle de l’Acronycte de l’aune (4. alni) vêtue de velours noir et hérissée de longs poils terminés en massue comme des antennes de diur- nes, ou celle de l’érable (Acronycta aceris), dont la robe jaune d’or est ornée de pinceaux orangés et rosés avec une rangée de perles nacrées. De petites chenilles sombres, très-voisines des Acronyctes, vivent sur les lichens et les mousses des arbres, des rochers et des murs. Ce sont les Bryophiles (PI. XXXIIT) ou mangeuses de mousses. Elles se cachent pendant le jour dans des trous ou des crevasses qu'elles tapissent de soie. Lorsqu'elles sont sur le point de se transformer, elles ferment cette retraite avec des brins de mousse verte tellement bien unis et assemblés ensemble, que l’on prendrait ce nid pour une touffe naturelle de mousse qui y aurait pris naissance. Les Papillons, de petite taille, ont les ailes assez larges, le corps grèle, les antennes simples, les palpes légèrement arquées et la trompe longue et cornée. Leurs ailes sont variées de brun, de blanc et de vert, imitant les nuances des mousses et des lichens sur lesquels leurs chenilles vivent. Les vraies Noctuelles (Noctua) (PI. XXXVD) ont les antennes minces et CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. TEE garnies de cils très-courts, des palpes presque droites, comprimées latéra- lement, dépassant la tête, et souvent hérissées de longs poils. Leurs chenilles sont cylindriques, rases ou veloutées, et se nourrissent de plantes basses ou de racines. Elles passent l'hiver et se métamorphosent dans la terre au printemps. Une des espèces les plus communes et des plus nuisibles en même temps, est la Moissonneuse (Noctua segetum) du genre Agrotis. Le Papillon a 4 centimètres d'envergure; il a les ailes supérieures brunes ou fauves, marquées à la base d’une double ligne ondulée suivie d’une tache brune; au centre, les deux taches ordinaires, l’une orbiculaire, l’autre réniforme, avec une série de taches noires en forme de lunules sur le bord; les ailes inférieures sont d'un blanc opalin. — | La femelle dépose ses œuis au mois de juin, en petites plaques, à la face inférieure des feuilles de plusieurs plantes cultivées, telles que bette- raves, chicorées, etc. Les petites chenilles restent constamment cachées pendant le jour et ne sortent que la nuit. Elles rongent non-seulement les feuilles, mais encore le collet de la F1G. 152, — Agrotis tritici (voy. p. 134). racine, qu'elles creusent profondé- ment, et causent ainsi parfois des ravages considérables. C’est ainsi qu'en 1865, dans le Nord, ces chenilles se multiplièrent à tel point qu'elles compromirent la récolte des betteraves; mais elles n'attaquent pas les céréales, comme on l’a cru longtemps. Lorsqu'elle est parvenue à son entier développement, la chenille est longue de 4 centimètres environ; son corps lisse et luisant est d'un gris verdâtre sombre, et porte sur chaque anneau quatre points verruqueux d'un noir brillant, surmontés d'un poil. Au moment de se transformer, elles se façonnent une loge dans la terre à peu de profondeur. Lorsque la saison est favorable, le Papillon éclot au mois d'août et donne naissance à une nouvelle généra- tion de chenilles qui hiverne et se métamorphose au printemps suivant. 134 LES PAPIELONS: La Noctuelle du blé (Agrotis tritici, fig. 152, vOy. p. 133) attaque particulièrement les racines des céréales. Le Papillon a les ailes d’un brun cendré avec des taches plus obscures et une raie presque blanche. La chenille est rousse, rayée de trois lignes blanches sur le dos. La Noctuelle point d'exclamation (Noctua exclamationis) est fort nuisi- ble aux plantes potagères. Sa chenille, un peu plus allongée et de couleur plus claire que celle de la Noctuelle des moissons, vit de la même ma- nière aux dépens des racines, sans jamais sortir de terre. Le Papillon porte sur ses ailes d’un gris clair, outre les deux taches ordinaires, deux lignes noires vers la base, la seconde unie à un trait que l’on a com- paré à un point d'exclamation. On donne le nom de 7 riphœna (PI. XXXV) à d'assez grosses Noctuelles qui ont les antennes simples, les ailes supérieures étroites, allongées, les in- férieures très-développées et d’un jaune fauve avec une large bordure noire. Leurs chenilles vivent sur les plantes basses et se tiennent cachées pendant le jour sous les pierres ou sous les feuilles ; FIG, 133, — Triphæna pronuba, elles se transforment dans la terre. Le Hibou (Triphœna pronuba, fig. 153) est un assez grand Papillon que l’on rencontre fréquemment dans les jardins et les bois. Ses ailes supérieures sont brunes, variées de gris; les inférieures, d’un jaune fauve avec une large bordure noire. La chenille de cette Noctuélide est grise ou verdâtre, avec des lignes jaunes et des taches noires disposées en séries. Elle dévore les laitues, les choux, l’oseille, et commet d'assez grands dégâts dans les jardins potagers. — Le 7riphœna orbona, plus petit, à ailes supérieures couleur de feuille morte, est aussi répandu que le précédent. Sa chenille attaque non-seulement les plantes potagères, mais aussi les arbres fruitiers. Le genre Hadena (PI. XXXVII) comprend des Noctuélides qui ont les antennes simples, le thorax et l'abdomen garnis en dessus de poils et d'écailles relevés de manière à former une sorte de crête. Leurs chenilles, CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 135 a ————_— rm _—— — —— _ en général assez vivement colorées, se nourrissent de différentes plantes et ne fuient pas la lumière comme celles des Noctuelles. Le type du genre, l'HJadena oleracea, connu sous le nom de la Pofagère, n’est que trop commun dans les jardins, où sa chenille, verte à raies blanches et jaunes, ronge les choux, les épinards, l’oseille, et leur cause un dom- mage assez considérable. Lorsqu'elle a atteint tout son développement, elle s'enfonce dans la terre, où elle se construit une coque formée de parcelles de terre liées avec des fils de soie; elle y passe l’automne et l'hiver, et se transforme en Papillon dans le mois de mai suivant. — Une autre espèce plus grande, l’Hadena brassicæ, s'attaque particulièrement aux choux. La chenille, d’un vert foncé marbré de noir, rayée de jaune, est très-vorace; elle crible de trous les feuilles des choux et les salit de ses ordures. Lorsqu'elle a acquis toute sa grosseur, elle s'enfonce en terre pour s’y changer en chrysalide, mais sans se renfermer dans un cocon. Le Papillon est d’un gris obscur, avec deux raies blanchâtres en zigzag situées entre les taches communes et le bord. Les Dianthécies (PI. XXXVIT se font remarquer par leurs ailes parées de couleurs assez vives et de dessins nettement tracés, comme par les habitudes de leurs chenilles. Celles-ci dévorent les boutons, les fleurs et surtout le calice des œillets, des nielles et autres plantes de la famille des caryophyllées. Les Leucanies (PI. XXXIV) se reconnaissent à leurs ailes étroites, de couleur pâle, sans dessin marqué, souvent comme veinées; à leurs palpes saillantes, à leurs antennes pubescentes ou crénelées, à leur trompe moyenne; leur thorax est arrondi et leur abdomen assez grêle. Les chenilles des Leucanies, presque blanches ou d’un gris rosé, avec des lignes plus sombres, vivent sur les graminées et se tiennent toujours cachées. Chenilles et Papillons semblent décolorés, d'où leur nom de leucos (blanc). L'espèce la plus commune du genre, la Zeucania pallens, surnommée par les anciens entomologistes la Bléme, a les ailes d’un jaune très-pâle avec les nervures plus claires. Les espèces du genre Nonagria (PI. XXXIV) se distinguent à leur corps 126 ME SMPADINEMOINS: très-allongé, à leurs antennes pubescentes, à leur trompe très-courte. Leurs chenilles sont fort allongées, décolorées, et ont les pattes très- courtes ; elles vivent dans l'intérieur des tiges des plantes aquatiques, graminées et cypéracées, dont elles rongent la moelle. Elles s'y trans- forment en ménageant dans la tige une ouverture latérale pour la sortie de l'insecte parfait. La Nonagrie de la Massette (Nonagria tyÿphæ) se trouve dans les tiges des massettes qui croissent dans les étangs et les marais. C’est là qu'il faut chercher la chrysalide dans les derniers jours de juillet, et le Papillon quelque huit jours après. Ce dernier a les ailes supérieures d’un brun marron clair, avec les nervures plus pales et les deux taches ordinaires claires lisérées de noir; les inférieures sont d’un blanc jaunatre. Les Gortyna (PI. XXXIV), voisins des Nonagria, et dont les chenilles vivent également de la moelle des plantes, ont des couleurs plus brillantes; le Gortyna flarago est d'un jaune vif avec deux larges bandes d’un brun pourpré et les nervures d’un roux vif; les ailes inférieures sont jaunes bordées de noir. Nous distinguerons encore dans cette vaste famille des Noctuelles quel- ques petits groupes particuliers : ce sontles Xy/ina (Pl. XXX VIII), petits Lépidoptères aux ailes veinées comme ces bois étrangers recherchés pour la construction des meubles élégants, d'où leur nom (Xylos, bois). Les Xylines ont le thorax garni de poils relevés en une sorte de crête, des an- tennes filiformes, des palpes et une trompe bien développées; leurs ailes sont longues et étroites. Leurs chenilles sont cylindriques, allongées, rases, de couleurs brillantes ; elles ont seize pattes égales et vivent à dé- couvert sur les plantes basses, dont elles mangent les fleurs ou les feuilles. Elles se cachent en terre pour se métamorphoser, et filent une coque mé- langée de soie et de débris de toutes sortes. Sur la Linaire vit une Xyline (Xylina linariæ), dont la chenille est parée de longues bandes alternati- vement jaunes et blanches, et parsemée de points noirs. Mais l’espèce la plus jolie et que l’on voit souvent voltiger dans les jardins, le long des plates-bandes de pieds-d'alouette, est le Xylina delphini. Son corps et ses ailes postérieures sont d’un gris de perle, et ses ailes antérieures d'un rose violacé tendre avec des raies plus foncées. Les chenilles de cette espèce rongent les fleurs et les fruits des pieds-d’alouette; elles sont luisantes, d’un blanc rosé ou violacé avec deux raies jaunes sur les côtés et une suite de traits noirs sur le dos; sur chaque anneau sont de gros points noirs. Ces chenilles se transforment dans la terre, où elles fa- briquent une coque avec des grains de terre agglutinés au moyen d'un peu de soie. Lorsqu'on élève ces petites chenilles, il faut avoir soin de les isoler, car elles sont très-voraces et dévorent même les chrysalides de celles qui se sont métamorphosées les premières. Les Cucullies (PI. XXXIX) se rapprochent beaucoup des Xylines; mais on les reconnaît aisément à certaines particularités remarquables : les poils écailleux de leur thorax forment en avant une sorte de capuchon (cucul- lus), de là le nom expressif de Cucullie. Sur l'abdomen règne également une crête bien prononcée. Leurs antennes, de longueur moyenne, sont glabres, leur trompe longue et épaisse. Leurs ailes supérieures, longues et étroites, recouvrent au repos les inférieures, qui sont courtes et dispo- sées en toit. Leurs chenilles, qui vivent parmi les fleurs, en ont les cou- leurs et la variété; ce sont les plus belles de toutes les Noctuelles. Elles sont allongées, moniliformes, lisses; leurs chrysalides sont molles et ren- fermées dans des coques très-solides, ovoïdes, composées d'un mélange de terre et de soie. La Cucullie du bouillon blanc (Cucullia verbasci) est une élégante Noc- tuelle, dont les ailes supérieures, semblables à du bois richement veiné, sont d’un brun roussätre passant au roux vif; les inférieures, très-dentées, sont d'un gris roussâtre, avec les nervures et le bord terminal foncés. Ces Papillons volent le soir avec beaucoup de rapidité autour des fleurs dont ils sucent le miel comme les Sphinx, qu'ils rappellent à quelques égards. La chenille vit sur le bouillon blanc et mange les feuilles de préférence aux fleurs. Elles demeurent cachées pendant la chaleur du jour, et grim- pent sur les feuilles pour manger vers le soir. Ces chenilles ont la peau lisse, d’un blanc jaunâtre clair sur lequel se détachent de gros points noirs. Lorsqu'elles ont atteint toute leur croissance , elles descendent au pied de la plante qui les a nourries, et s’enfoncent en terre pour se transformer. 138 , CESSPAPIEEOINS: On connaît beaucoup d'espèces de ce genre; mais plusieurs d’entre elles se ressemblent tellement à l’état de Papillon, qu'il est souvent difficile de les distinguer ; ce n’est parfois que par un point, une ligne, un simple trait qu'elles diffèrent entre elles ; cependant leurs chenilles sont bien distinctes par la coloration et par les habitudes. C’est ainsi que la Cucullie de la scrophulaire (Cucullia scrophulariæ), presque semblable à celle du bouil- lon blanc, en diffère à l’état de chenille et vit toujours sur la scrophu- laire, dont elle ronge les fleurs et les fruits. — Une autre espèce, Cucul- lia asteris, vit sur la verge d’or et les marguerites ; elle est rayée de jaune et de vert. Le Papillon éclot en juin et août, il est d’un gris cendré bleuâtre marqué de brun. Une autre encore, la Cucullia artemisiæ, vit sur l'absinthe et l’armoise, dont elle ne mange que les fleurs. Cette jolie Noctuelle est remarquable par la richesse de son vêtement : elle porte de larges plaques d'argent sur le fond gris verdâtre de ses ailes. Le Cucullia splendida de la Russie méridionale a les ailes semblables à deux lames de métal bleuâtre. Les Plusies (PI. XL) forment un genre fort curieux; leurs antennes sont longues, minces et filiformes, leurs palpes longues et recourbées, leur trompe bien développée. Leur thorax est velu, muni de huppes relevées, leur abdomen garni d’une arête sur les premiers anneaux. On les reconnaît surtout à l’ornementation de leurs ailes, car elles offrent des taches ou des marques métalliques; aussi leur nom signifie richesse. Quelques es- pèces de ce genre, particulières aux régions alpines, offrent un si heureux mélange de dessins métalliques et de couleurs tendres d’une incomparable délicatesse, que les amateurs les recherchent avec ardeur pour en orner leurs collections. Telles sont les Plusia aurifera, chalsites, orichalcea, qui portent une robe de velours violet ornée de paillettes d’or. Les Plusia sont, en outre, fort remarquables sous leur forme de che- nille. Ces chenilles n’ont que douze pattes; celles des deux premières paires ventrales manquent; aussi leur allure est-elle singulière : elles marchent en ployant leur corps en boucle et en l’allongeant tour à tour, comme un compas qui s'ouvre et se ferme. Cette démarche, propre aux chenilles des Phalénides, que l’on nomme Arpenteuses, a fait donner à celles des Plusies le nom de Demi-arpenteuses. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 1e JS © La plus répandue des Plusies de notre pays est le Plusia gamma, ainsi nommée de la tache argentée en forme de g grec (y) qu'elle porte sur les ailes supérieures; celles-ci sont grises à reflets bronzés. Sa chenille, de couleur vert-pomme, est marquée dans toute sa longueur de six lignes fines , sinueuses, blanches, et de deux raies latérales jaunes. Elle vit sur presque toutes les plantes basses et cause, dans les années oùelle est très- abondante, d'assez grands ravages dans les potagers. Réaumur nous ap- prend qu'en 1705, ces chenilles firent de grands désordres dans les légumes du royaume. «Elles ravagèrent, dit-il, à un tel point les jardins potagers des environs de Paris, qu'on n'y voyait au plus que des fragments de feuilles; les plantes n'avaient plus que des tiges et des côtes de feuilles.» Hâtons-nous de dire que rarement ce Papillon se montre en assez grande abondance pour causer de semblables ravages; mais les dégâts qu'il com- met habituellement ne sont cependant pas à dédaigner. On trouve souvent, pendant les chaudes soirées de l’été, volant autour des saules et des peupliers ou posées sur les troncs de ces arbres, des Noc- tuelles d’une taille bien supérieure à celle des autres Noctuélides ; ce sont les Likenées (Catocala) (PI. XLI), ainsi nommées de ce que leurs ailes supérieures grises sont tellement semblables par leur couleur et leur dessin aux plaques de lichens qui croissent sur l'écorce des arbres où 1ls se posent, que le chasseur le plus expérimenté ne peut les découvrir lorsqu'elles sont au repos. Leurs chenilles, ordinairement grises, sont également très-difficiles à distinguer. Les Catocala sont des Papillons de grande taille, aux ailes supérieures d’un beau gris, tellement nuancées et couvertes de dessins qu'il est pres- que impossible de les décrire; les ailes inférieures , au contraire, ont leur fond d’une seule couleur, rouge, bleu ou jaune vifs, avec deux bandes noires. Les chenilles sont allongées, aplaties en dessous, bombées en dessus, garnies de poils courts et raides de chaque côté du corps, comme une frange, ce qui leur donne un aspect particulier. Elles vivent à découvert sur les arbres et se tiennent pendant le jour appliquées contre le tronc ou les branches. Leur couleur, habituellement grise, avec des marbrures brunes ou verdâtres, imite si bien les teintes de l'écorce et des 140 LFSMBAPIEEONS: lichens, qu’on les distingue difficilement. Elles opèrent leur métamor- phose en se renfermant dans des coques de soie légères qu'elles filent entre les feuilles ou les écorces. Les chrysalides sont recouvertes d'une efflorescence bleuâtre comparable à celle de certains fruits. La Likenée bleue (Catocala fraxini), la plus grande de nos espèces in- digènes, n’est pas rare sur les peupliers. — La Likenée rouge (Catocala nupta) est la plus répandue ; on la trouve fréquemment le soir, appliquée sur le tronc des saules et des peupliers. La Likenée jaune (Catocala nym- phæa) est plus rare que les deux précédentes; on la trouve surtout dans le Midi. Un des genres les plus remarquables de la famille des Noctuélides est celui des Érèbes. Toutes les espèces sont exotiques, et quelques-unes ont une taille vraiment exceptionnelle. Telle est l'Érèbe-Chouette (Erebis strix) du Brésil, dont les ailes ont 26 centimètres d'envergure. Celles-ci sont d'un gris pâle, avec une multitude de raies ondulées plus foncées. Comme les Catocala, ce magnifique Papillon demeure immobile pendant le jour, appliqué contre les troncs d'arbres, les palissades. Son vol est court et saccadé. Vient ensuite la grande famille des PHaLÉNipes. Ces Lépidoptères, généralement de petite taille, se distinguent facilement des Bombyx et des Noctuelles par leur corps grêle, ieurs ailes grandes relativement au volume du corps, ordinairement horizontales pendant le repos. Ces ailes sont, dans beaucoup d'espèces, ornées de couleurs assez vives. Leurs antennes sont en forme de soies, très-souvent pectinées ou même flabellées chez les mâles; leur trompe est rudimentaire, membraneuse et sans usage pour l'animal. Mais c’est surtout sous la forme de chenilles que les Phalènes sont remarquables. Elles ont le corps allongé, mince, cylindrique, et n’ont presque toujours que dix pattes, six écailleuses et quatre membraneuses, et jamais elles n’en ont plus de quatorze; ce sont toujours les premières paires de pattes membraneuses qui manquent, de sorte qu'il se trouve un espace vide entreles pattes écailleuses et les membraneuses. Par suite de cette conformation, leur mode de progression est fort différent de celui des autres chenilles. Les larves des Phalénides, pour avancer, commen- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 141 cent par prendre un point d'appui avec leurs pattes écailleuses; elles dé- tachent alors la partie postérieure de leur corps, et la portant en avant pour en former comme une boucle avec leur corps, elles fixent leurs pattes mem- braneuses (fig. 154); détachant ensuite leurs pattes écailleuses, elles re- portent la partie antérieure en avant, en étendant complétement le corps pour recommencer les mêmes manœuvres. Dans ce singulier mode de progression, ces chenilles semblent mesurer, arpenter le sol, ce qui leur a valu le nom de Géomètres ou d'Arpenteuses. Ce n’est pas là, toutefois, l'unique singularité qu'offrent ces chenilles : douées d’une incomparable puissance musculaire, on les voit, le corps dressé, rigide, fixées par leurs pattes postérieures seules, demeurer pendant des heures entières immobiles dans cette position fatigante. Leur immobilité absolue, jointe à leurs couleurs habituellement vertes ou brunes, semblables à celles des végétaux et du bois, les fait tellement ressembler à de petits rameaux, qu'ils échappent le plus souvent aux recherches de leurs ennemis. Lorsque ces chenilles sont inquiétées, elles se dérobent aussitôt en se laissant F1G. 151. — Arpenteuse. tomber, mais elles n’atteignent pas le sol et restent sus- pendues à moitié chemin, au bout d'un fil, le long duquel elles peuvent remonter sans difficulté lorsque le danger est passé. La famille des Phalénides renferme un très-grand nombre d'espèces, toutes de taille médiocre et vivant à peu près de la même façon. On les a réparties dans une longue suite de genres, séparés les uns des autres par des caractères souvent très-faibles. Les Phalénides offrent certaines ana- logies avec les Bombycides ; beaucoup d’entre eux ont, comme ces der- niers, la tête ornée, chez les mâles, d'antennes pectinées, ou même plu- meuses comme de véritables panaches, et il en est dont les femelles sont privées d'ailes. Si nous passons en revue maintenant les formes principales des Phalé- nides, nous trouvons d’abord le genre Urapteryx (PI. XLITT), remarjuable par ses ailes antérieures anguleuses et ses ailes postérieures prolongées en une sorte de queue. Les antennes sont simples dans les deux sexes, et la trompe bien développée, ce qui les rapproche des Noctuélides. 142 LES PAPTLEONS: L'espèce type du genre, l'Urapteryx du sureau (Urapterix sambucaria), a les ailes d’un jaune soufre, traversées par des raies brunâtres. Sa che- nille est longue, ridée et tuberculeuse, d’un brun de bois, avec deux ca- roncules latérales sur le cinquième anneau. Elle file, pour y subir sa transformation, une coque soyeuse légère, suspendue aux branches par des fils comme un hamac. Le Papillon éclot en juin et vole le soir au cré- puscule. Les Ænnomos (PI. XLIIT), dont la taille est très-inférieure à celle des Urapteryx, ont aussi des ailes dentelées, mais sans prolongement caudi- forme. "Ils ont des teintes jaune roussätre avec des bandes et une mul- titude de petits traits d’une nuance plus intense. Leurs antennes sont pectinées et leur trompe assez longue; leur corps est couvert de poils soyeux. Les chenilles vivent à découvert sur divers arbres ou arbrisseaux ; leurs chrysalides jaunâtres ou vert pâle sont renfermées dans de légers réseaux de soie filés entre les feuilles. Les £nnomos cratægata, prunaria, syringaria vivent, comme l'indique leur nom, sur l’alisier, le prunier, le lilas. On a réservé le nom de Géomètres (PI. XLVII) à des Phalénides dont les antennes sont pectinées mais non plumeuses, les palpes terminées par un long article dégarni d’écailles, la trompe peu développée, les ailes larges, entières ou faiblement dentelées, à fond d’un beau vert. Leurs chenilles sont allongées, rugueuses, à tête carrée, portant sur le cou deux pointes co- niques redressées et deux autres sur la partie postérieure du corps. La plus grande espèce de nos contrées, le Géomètre papillonnaire (Geometra papilionaria), habite dans les bois, sur le bouleau et l’aulne. Ses ailes sont d'un beau vert-pré, avec des lignes de lunules blanches. Sa chenille est d'un vert clair avec une raie jaune le long des flancs. Ce joli Papillon vole après le coucher du soleil. Les Geometra vernaria, viridaria, smaragdaria, sont encore de charmantes espèces de nos contrées. Elles sont représen- tées à l'étranger par plusieurs espèces, parmi lesquelles vous remarquerez le Dyphteris egregiaria du Brésil, aux ailes d’un blanc pur marbrées de vertpomme, et le CAlorodes mirandaria d'Australie, d'un vert de gazon très-vif à frange mélangée de blanc et de brun. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 143 Les F'idonia (PI. XLV) sont de charmantes Phalénides à ailes jaunes ornées de dessins et de taches noires ou brunes. Les antennes sont plu- meuses chez les mâles, simplement dentées chez les femelles. Elles volent en plein jour dans les clairières des bois remplis de genèts et de bruyères, et relèvent leurs ailes au repos comme de véritables diurnes. L'une des plus jolies espèces du genre est le ÆF'idonia plumistaria où Phalène à plu- mets (fig. 155) qui habite le Midi. Ses ailes fauves, couvertes d’atomes noirs agglo- mérés par places, de manière à figurer des taches et des bandes, sont d’un très-joli effet. La chenille est d’un jaune terreux, avec une raie latérale et des taches jaune clair; elle vit sur les légumineuses et se cons- truit une jolie coque avec de la mousse. F1G. 155. — L'idonia plumistaria. Le Fidonia du pin (Fidonia piniaria, fig. 156), aux ailes jaunes bordées et rayées de noir, vit dans les bois de pins, où sa chenille cause parfois d'assez gros dommages. Les femelles pondent sur les plus hautes cimes des pins, et, vers la fin de juillet, les jeunes chenilles éclosent. Elles ne mangent que la partie inférieure des feuilles qu'elles coupent et laissent tomber à terre, ce qui produit un gaspillage F1G. 156. — l'idonia piniaria. énorme. Cette chenille est allongée, verte, avec cinq lignes longitudinales, trois blanches et deux jaunes. Le meilleur moyen pour les collectionneurs de se procurer cette espèce est de battre les branches dans le parapluie pour se procurer la chenille; celle-ci est, en effet, facile à élever, tandis que le Papillon vole toujours au sommet des arbres et n’est pas facile à prendre. Bien qu'il semble inoffensif et plein de simplicité, le Cheïmatobia brumata (fig. 157, VOY. p. 1 est une des espèces les plus nuisibles aux D 1/9 | + 144 ÉES PPT ONS: arbres fruitiers. Ses ailes, d’un brun grisatre, sont teintées de jaune et marquées de raies transversales plus foncées. Cette petite Géomètre apparaît en novembre et décembre, et on la voit parfois, dans les beaux jours d'hiver, voler le long des haies couvertes de neige. La femelle (fig. 158) est privée d'ailes, et ne sort que la nuit pour grimper le long des troncs, où elle dépose ses œufs. La petite chenille (fig. 159), qui FIG. 157. en sort au printemps suivant, pénètre dans les jeunes Cheimatobia brumata g' (voy. page 145). bourgeons, les ronge et les détruit. Le genre Zérène (PI. XLV) se distingue par ses antennes courtes, sim- plement pubescentes dans les mâles, son abdomen long et cylindrique, ses ailes larges, veloutées, agréablement colorées. Les chenilles sont glabres, courtes, épaisses; elles vivent à découvert sur les arbres et les arbrisseaux, et se chrysalident entre des feuilles qu'eiles entourent de quelques fils. Ce genre a pour type, dans nos contrées, une fort jolie espèce : la Zérène du groseillier (Zerene grossulariata), FIG. 158. . se ; Ge : à CheimatobiabrumataQ qui vole en plein jour, au mois de juillet, dans les jardins et les champs de groseilliers. Ses ailes arrondies, blanches, sont traversées par deux bandes jaunes bordées de chaque côté de taches noires, et marquées d’autres taches noires nombreuses. La chenille revêt l'uniforme du Papillon ; elle est d’un blanc sale, tachetée de noir et de jaune. Elle vit sur les groscilliers, dont elle ronge les bourgeons et les jeunes feuilles, et se construit une coque peu fournie sous les feuilles. Cette jolie Phalène a les mœurs des Diurnes, comme elle en porte la parure. Les Zérènes exotiques ou Abraxas sont de taille plus grande et toutes remarquables par les fines taches noires qui parsèment FIG. 159. — Cheimatobia Lrumata, chenille. leurs ailes à fond jaune ou gris, imitant la peau des panthères et des léopards. De là les noms de Zigrata, Pan- tharia, Jaguararia, Felinaria. Voici le Tigrata (fig. 160, voy. p. 145) de la Chine : cette belle espèce a les ailes de couleur orange tachetées de noir. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 1.45 Tous ces jolis Papillons volent en plein jour comme pour montrer leurs fraiches toilettes. Beaucoup de Phalénides d’ailleurs volent à la lumière. Ainsi on voit continuellement, au printemps et à la fin de l'été, surtout dans les bois humides, une charmante espèce de cette famille, que Geotf- froy nommait ia Phalène panthère, à cause de ses ailes d'un beau jaune tachetées de noir; c'est le Menalipre macularia. On remarque également pendant tout l'été dans les champs de luzerne la Phalène à bar- reaux (Acidalia clathrata), petit Papillon aux ailes d’un jaune pâle, ornées de raies et de taches noires : ces raies, entrecoupées par les nervures, figurent une sorte de grillage. Les espèces auxquelles on a réservé le nom de Phalènes, genre Phalæna proprement dit, diffèrent des précédentes par leur corps robuste comme celui des Bombyx, dont elles ont les mœurs. Véritables Papillons de nuit, elles ont des ailes étroites à teintes grises, un thorax très-velu, comme laineux, des antennes F1G. 160. -- Abraras tigrata (voy. page 114). g Y-} pectinées dans les mâles. Le type du genre Phalène, ainsi restreint, est la Phalène du bouleau (Pa- læna betularia). Elle a 5 centimètres d'envergure, les ailes blanches fortement pointillées de noir. La chenille, une des plus grosses arpen- teuses, est de couleur verte ou brunâtre, parsemée de petites verrues noirâtres ; sa tête est profondément bifide. Elle vit sur les grands arbres des forêts, particulièrement sur les bouleaux, les trembles, les peupliers, et se transforme en terre dans une loge ovalaire. A la suite des vraies Phalènes viennent les Nyssia (PI. XLVI), qui s'en distinguent par leurs antennes plumeuses , leurs ailes oblongues et leur 10 140 DES PAPICEONS: thorax revétu de longs poils soyeux chez les males, ce qui les fait ressem- bler à des Bombyx. Les femelles sont privées d'ailes. Les chenilles sont allongées, cylindriques, à tête pleine, non bifide, vivant sur les arbres ou les plantes basses. Les Hybernies, ainsi nommées parce qu'elles éclosent pendant l'hiver, c’est-à-dire en novembre et décembre, ont le corps moins robuste, les ailes larges et les antennes finement pectinées chez les mâles ; les femelles sont privées d'ailes. L'Effeuil- lante (Hybernia defoliaria, fig. 161) est souvent fort commune et cause alors d'assez gros dégâts en dépouillant les arbres de leurs feuilles. Le mâle a les ailes d’un jaune d’ocre pale avec de petites lignes ne de . et deux bandes brunes. Quant à la femelle (fig. 162), elle est complétement privée d'ailes, et son gros corps jaune parsemé de taches noires la ferait prendre, à première vue, bien plutôt pour une araignée que pour un Papillon. Vers la fin d'avril ou le commencement de mai, elle grimpe sur le tronc des arbres fruitiers et y dépose ses œufs, d'où sortent bientôt de petites chenilles (fig. 163) d’un brun rouge sur le dos, jaunes sur les côtés, qui exercent leur voracité au point de dépouiller complétement les arbres de leur feuillage, d’où leur nom expressif d'Effeurllante. Le genre Æupithecia renferme des espèces non moins nuisibles. L’Æupithecia rectangulata s'introduit dans la fleur en bouton du pom- mier, en ronge les organes reproducteurs et fait avorter le fruit. Les Anticlea àantennes filiformes, à palpessquameuses, ne dépassant pas le front, sont de jolies Phalènes à dessins variés et bien marqués. Voici l’Anticlea sinuata (fig. 164, voy. p. 147), dont les ailes, d’un gris crémeux, r16. 163. — Hyvernia n : ; 5 defoliaria, chenille. sont ornées de lignes et de taches d’un dessin assez com- pliqué. Sa chenille vit sur le caille-lait; elle est verte avec deux raies noires sur le dos, et parsemée de petits poils noirs. Elle atteint son entier développement vers le milieu de l'automne, et se file une toile au milieu CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 147 des feuilles. Après avoir passé l'hiver à l’état de chrysalide, elle sort en Papillon au mois de juin de l’année suivante. Les Scotosia ont les antennes filiformes, leurs palpes squameuses sont droites et en bec aigu. Leurs ailes larges et dentées ne se recouvrent pas au repos. Le Scotosia certata (fig. 165) est l’un des plus grands du genre. Ses ailes élégamment festonnées sont d'un cendré pâle, traversées par des bandes et des lignes nombreuses. La chenille vit sur l'épine-vinette : FiG. 164 à 168. 1. Anticlea sinuata. 2. Scotosia certata. 3, Cidaria sagiltata. 4, Chesias spartiata. 5. Tanagra Chærophyllata. elle relie ensemble deux feuilles par leurs bords et vit au milieu en ron- geant les murs intérieurs de sa maison. Cette chenille est fort jolie; elle est d’un brun bleuâtre avec une raie noire de chaque côté et une rangée de taches oranges au-dessous. Elle passe l'hiver en chrysalide, et sort en Papillon au printemps suivant. Les Cidaria, à antennes filiformes, à palpes droites, disposées en bec allongé qui dépasse la tête, ont les ailes entières, veloutées ou soyeuses, à frange bicolore. Le Cidaria sagittata (fig. 166) est une charmante petite 148 LES PAPILLONS. Phalène de couleur d’ocre pâle ou de café au lait clair; ses ailes sont om- brées de brunâtre et traversées par deux bandes d’un brun olive, bordées d'un filet blanc. Cette espèce vient d'Angleterre; sa chenille est inconnue. Les Chesias ont les antennes pubescentes, les palpes incombantes, en bec très-aigu. Les ailes sont entières, soyeuses ou satinées. Le Chesias spartiata (fig. 167, voy. p. 147) a les ailes supérieures d’un brun satiné avec une bande blanche qui court près du bord supérieur; les ailes infé- rieurés sont plus pâles. La chenille vit sur le genêt à balais. La Tanagra atrata, vulgairement le Ramoneur (fig. 168, voy. p. 147), à cause de sa couleur de suie, a la frange des ailes grise. Sa chenille, d'un vert foncé, vit sur le cerfeuil sauvage : elle se chrysalide au com- mencement de juin et se métamorphose en Papillon dans les derniers jours du même mois. La dernière grande tribu de l’ordre des Lépidoptères est celle des Pyrazes. C'est la foule des petits Papillons ; aussi les entomologistes en font-ils comme une légion à part, sous le nom de MICROLÉPIDOPTÈRES. Les Pyrales sont répandues dans le monde entier en nombre immense; elles offrent une grande variété de formes et d'habitudes, et souvent une richesse de coloris et d’ornements qui surpasse tout ce que les grandes espèces peuvent nous offrir de plus remarquable. Malheureusement le plus grand nombre de ces espèces est d’une taille tellement exiguë, qu’on 1e peut en distinguer les formes et les beautés sans l’aide de la loupe. Malgré les différences notables qui distinguent les principaux types de cette division, certains caractères les unissent les uns aux autres. Dans leur ensemble, les Pyrales sont caractérisées par un corps assez fréle, des ailes proportionnellement amples, une trompe généralement bien développée, des palpes toujours longues et souvent d'une très-grande dimension; des pattes longues, les postérieures munies de deux paires d'ergots. La position des ailes est presque toujours horizontale au repos: les supérieures cachant alors les inférieures. Leurs chenilles sont nues ou garnies de poils épars; elles ont cinq paires de pattes membraneuses et sont, en général, douées d’une grande agilité. Souvent on les voit marcher CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 149 à reculons et avec une vitesse singulière. Les chrysalides sont habituelle- ment effilées et contenues dans des coques étroites qui varient de forme et de consistance selon les genres. Presque toujours cachées pendant le jour, les Pyrales recherchent l'obscurité ; mais elles sont cependant attirées par la lumière, et c'est de cette habitude que leur est venu leur nom de Pyralis et le dicton: «se brüler à la chandelle comme un Papillon». C’est surtout parmi ces infini- ment petits qu'on trouve les plus terribles ennemis de l'homme; êtres insignifiants, si l'on considère leur taille, mais puissants par leur nombre et leur pouvoir de destruction. Les unes vivent à découvert sur les feuilles et se construisent des coques de soie d’un tissu très-serré, en forme de nacelles. D’autres plient ces feuilles ou les roulent en cornets et s’y tiennent cachées jusqu'à leur der- nière métamorphose. Il en est qui vivent dans l’intérieur des fruits, d'au- tres dans les graines ou les jeunes pousses des arbres, dont elles occa- sionnent souvent la mort. Certaines d’entre elles attaquent les bourgeons des vignes, auxquelles elles causent les plus grands dommages. Il en est enfin qui pénètrent dans nos maisons et y vivent à nos dépens, détrui- sant nos provisions , nos vêtements , nos meubles et nos tentures. On distingue deux types principaux dans la tribu des Pyrales : les Py- rales proprement dites ou Tordeuses (Tortrix de Linné) et les Teignes. Ces deux groupes sont eux-mêmes divisés en plusieurs familles. La pre- mière, celle des DEcroïpes, rappelle encore certains genres de Noctué- lides. Leurs antennes sont longues, ciliées ou pectinées chez les mâles ; les palpes dépassent la tête. Leur corps est grèle, leurs ailes larges ne sont ni étendues ni croisées pendant le repos, mais repliées le long du corps, ce qui leur donne la forme d’un triangle ou d'un delta grec (4). Leurs chenilles, à incisions profondes, ne sont jamais renfermées dans des fourreaux ni entre les feuilles ; elles vivent solitaires sur les arbres ou les plantes basses. A ce groupe appartiennent les Æypênes à ailes supé- rieures aiguës, à trompe courte, à palpes droites. Leurs chenilles, extré- mement vives, sont caractérisées par l'absence de la première paire de pattes membraneuses. Les deux espèces les plus communes du genre, 150 LES *PAPIETONS: l'Hypæna proboscidalis et l'Hypæna rostralis (fig. 169), vivent sur les orties et le houblon. Elles entrent souvent dans les maisons, où elles sont attirées par la lumière des lampes. : Les Herminies ont des palpes recourbées au-dessous de la tête. Leurs chenilles, courtes et épaisses, filent une coque dans des feuilles repliées. L'Herminie barbue (Æerminia barbalis) est commune dans les bois. La famille des PyrALIDES se distingue à ses antennes simples ou cré- Fi&., 169 à 174. 1. Hypæna rostralis. — 2. Pyralis farinalis. -- 3. Aglossa pinguinalis. 4. Ennychiaoctomaculatis. a. Hydrocampa stagnalis, chenille, b, sa cellule. nelées dans les males, à ses palpes dépassant la tête, à sa trompe assez longue. Les Papillons de cette famille ont les aïles en toit pendant le re- pos. Parmi les genres nombreux qui rentrent dans ce groupe, nous cite- rons les Aglosses, dont les chenilles ont des habitudes fort remarqua- bles. Ces chenilles sont comme vernissées, à pattes membraneuses fort Courtes, et ressemblent plus à des larves de Coléoptères qu'à des che- nilles de Papillons; elles se nourrissent de matières animales ou végé- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 5 tales desséchées. Lorsqu'elles ont atteint leur entier développement, elles se transforment dans de petites coques soyeuses. L'Aglosse de la fa- rine (Asopia farinalis, fig. 170, VOy. p. 150) se rencontre souvent dans nos maisons. C’est un Papillon aux ailes antérieures d’un brun vineux avec toute la partie centrale teintée de fauve et de gris. Sa chenille paraît vivre de débris de cuisine; on la trouve surtout dans les armoires et les garde-manger. L'’Aglosse de la graisse (Aglossa pinguinalis, fig. 171, VOy. p. 150), qui se rencontre dans les mêmes lieux, a les ailes supérieures d’un fauve clair saupoudré de noir et traversées par des lignes ondulées noirâtres. Sa che- nille, de couleur brune, a la tête et les anneaux thoraciques couverts de plaques écailleuses plus foncées. Cette chenille se nourrit de matières grasses, chose étrange pour une larve de Lépidoptère, car on sait que les corps gras tuent ordinairement les insectes, en bouchant les stigmates de leurs tubes respiratoires. La chenille de l’Aglosse s'enfonce dans la graisse sans inconvénient, la nature ayant mis ses stigmates à l'abri sous des replis de la peau qui les garantissent de toute atteinte. L'Aglosse cuivrée {Aglossa cuprealis), que Réaumur a décrite sous le nom de Fausse teigne des cuirs, ronge parfois la couverture des livres re- liés en peau, et s'y construit un long tuyau. On la trouve aussi sous l'écorce des vieux ormes, où elle vit des débris d'insectes morts. Le genre Ænnychia se distingue par un corps court et épais, des palpes courtes et des antennes plus longues. Leurs ailes assez larges sont noires, tachetées de blanc. L'Ennychia octomaculalis (fig. 172, VOy. p. 150) vole de jour dans les clairières des bois et dans les prairies sèches et élevées. Le grand genre Botys se distingue par une trompe plus longue, des ailes lancéolées, brillantes, agréablement nuancées. Leurs chenilles, de forme allongée, sont très-vives ; elles contournent les feuilles au moyen de quelques fils de soie, et y restent cachées. On en trouve une espèce sur l'ortie (Botys urticalis, fig. 176, voy. p. 152); c'est une petite chenille verte, qui plie les feuilles de l'ortie (fig. 179, voy. p. 152) et se laisse choir au bout d’un fil lorsqu'on veut la saisir. Elle remonte ensuite le long de son câble pour regagner sa demeure. Le Papillon est un 152 PESPAPILCEONS: charmant petit Lépidoptère à ailes d'un blanc nacré avec deux rangées de taches noires; son abdomen est noir avec l'extrémité jaune, d’où le nom de Queue-jaune que lui donnaient les anciens entomologistes. — Une autre espèce fort commune dans les jardins est le Botys du sureau (Botys sambucalis). Mais, de tous les Microlépidoptères de ce groupe, les plus singuliers sont les Æydrocampes ou chenilles d’eau (fig. 175). Il peut paraître extra- FiG. 175 à 180. 1. Hydrocampa stagnalis. — 2. Botys urticalis. — 3. Spilodes cinctalis. 4. Stenopteryx hybridalis. 2. a. Chenille. — 3. ». Chenille. ordinaire, au premier abord, de voir des chenilles vivant, respirant dans l’eau. Rien n'est cependant plus réel, et l’on peut les observer dans les marais et les étangs où croissent les nénuphars, les potamogetons, les lentilles d’eau, etc. Réaumur a fait les premières bonnes observations sur ces insectes. Les Hydrocampes ont des stigmates comme les autres chenilles, mais elles sont pourvues, en outre, de filaments qui sont des Organes de respiration aquatique, des sortes de branchies analogues à celles de certaines larves de Névroptères comme les Phryganes. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 153 L'espèce la plus commune, l'Aydrocampa potamogalis, vit sur les pota- mots à l’état de chenille et s'y construit un fourreau mobile, qu'elle trans- porte partout àvec elle, comme un escargot sa coquille (fig. 173 et 174, voy. p. 150). Ce fourreau est composé de deux pièces ovales que la chenille dé- coupe dans une feuille et dont elle réunit les bords avec de la soie, en y lais- sant une ouverture pour passer la partie antérieure du corps, et elle marche ainsi en traînant sa maison. Lorsqu'elle est sur le point de se transformer, elle abandonne celle-ci pour se construire, sous quelque feuille de pota- mot, c’est-à-dire dans l’eau, une cellule fixe, dans laquelle elle filera son cocon. Ses procédés sont des plus curieux, et Réaumur, cet infatigable et sagace observateur, nous en a laissé une description détaillée. — La chenille choisit une feuille bien saine de potamogeton et passe sous la face inférieure, où elle se fixe. A l’aide de ses mandibules, elle perce un point de cette feuille qu’elle ronge graduellement sur une ligne courbe marquant la forme de la pièce qu'elle veut détacher. Lorsque ce premier travail est fait, la chenille prend cette pièce entre ses mandibules et la transporte sur une autre feuille appropriée à son dessein. Elle la dispose alors de telle facon que la face inférieure de la pièce coupée se trouve tournée vers la face inférieure de la nouvelle feuille, de telle sorte que les parois inté- rieures de ce sac sont formées de la partie inférieure des deux feuilles. Les feuilles du potamot sont un peu concaves en dessous, et la chenille produit ainsi une cellule creuse, quoique les bords soient réunis. La che- nille assujettit la feuille dans sa position au moyen de fils de soie, puis elle file dans cette cavité un cocon, dont le tissu est très-mince, mais ce- pendant serré. Elle s’y transforme en chrysalide, puis en insecte parfait. Ce qu'il y a de plus singulier, c’est que le cocon ne touche à l'eau par au- cun point, bien que l'enveloppe de feuilles ait été construite sous l'eau. Ce fait semblerait prouver que la chenille a un art particulier pour chas- ser l'eau d’entre les feuilles. Le Papillon qui éclot (fig. 175, voy. p. 152) a les ailes d’un blanc nacré avec des parties brunes qui circonscrivent comme des taches les espaces blancs. Une autre espèce d'Hydrocampe (Æ1ydrocampa stratiotalis) ne se cons- truit pas de fourreau, mais ses filaments respiratoires sont plus dévelop- 154 LES PAPILLONS. pés que dans les autres espèces. Sa chenille vit sur le stratiote et le calli- triche. Le genre Spilodes se rapproche des Botys, mais ses aïîles sont plus larges et plus opaques. Le Spilodes cincialis (fig. 177, Voy. p. 152) a les ailes d’un blanc de crême, marquées de bandes et de taches brunes; sa chenille (fig. 180, voy. p. 152) vit sur les légumineuses. Les Stenopteryx ont les ailes étroites et allongées, reployées contre le corps pendant le repos. Le Stenopteryx hybridalis (fig. 178) a les ailes brunes avec des taches plus foncées. Le male a les antennes plumeuses, tandis que celles de la femelle sont filiformes. La famille des Tordeuses ou Z'ortricides forme un groupe nombreux. Leur nom exprime l'habitude qu'ont la plupart de leurs chenilles de plier, de contourner ou de tordre les feuilles pour se constituer un abri. Quel- ques espèces ne plient pas les feuilles, mais les réunissent en paquet au moyen de fils soyeux; d’autres vivént dans l'intérieur des fruits. Elles se transforment dans les cornets ou les paquets de feuilles qui leur ont servi d’abri; quant à celles qui dévorent les fruits, ellesen sortent pour se filer une coque. Toutes ces chenilles ont la même conformation, quelles que soient leurs habitudes; elles sont allongées, cylindriques, à peau lisse garnie de quelques poils épars implantés sur des points verruqueux. Les Papillons ont des antennes filiformes dans les deux sexes, des palpes obtuses à l'extrémité, une trompe rudimentaire, des ailes assez larges, ar- quées à l’origine, en toit pendant le repos et figurant une sorte de chape. Réaumur les appelait les Papillons aux larges épaules, nom que Dupon- chel a traduit par celui de Platyomides, qu'il donne à la tribu entière. Le genre Æalias renferme les plus grandes espèces de ce groupe; elles ont la trompe un peu plus développée, et les ailes antérieures coupées obliquement à leur extrémité. Elles se distinguent aussi par leur colora- tion d’un vert clair. La plus grande du genre, l’'Halias du chêne (alias quercana), décrite par les anciens entomologistes sous le nom de Chape verte à bandes, a les aïles d’un joli vert clair, traversées par deux raies blanches. La chenille, d’un vert grisâtre, roule les feuilles de chêne et se transforme dans une coque de la forme d’un petit bateau renversé, d’un CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 155 beau jaune citron. La chrysalide enfermée dans cette coque est verte avec une bande noire sur le dos. Une autre espèce, l’Halias viridana, vit éga- lement sur le chêne, dont elle roule les feuilles de façon à former des tuyaux assez réguliers dans lesquels s'effectue sa métamorphose. Cette Tordeuse est parfois tellement abondante dans les bois et les forêts que les chênes sont complétement dépouillés de leurs feuilles. Le grand genre Tortrix, qui comprend les Tordeuses proprement dites, a été beaucoup subdivisé par les auteurs modernes. Elles se distinguent par leurs antennes simples dans les deux sexes, leurs palpes épaisses à FIG. 181. Pyrale de la résine (Tortrix resiniana deuxième article en forme de massue, leur trompe courte et presque nulle, leurs ailes supérieures terminées carrément. Plusieurs de ces es- pèces sont très-nuisibles à l’homme. Telle est la Tordeuse du pin (7or- trix, turionaria), qui pond en mai ses œufs à l'extrémité des jeunes pous- ses. Les chenilles qui en sortent pénètrent dans les bourgeons terminaux, se nourrissent de leur moelle et les font périr. La Tordeuse de la résine (Zortrix resiniana, fig. 181) a les ailes bleuä- tres marbrées de brun foncé. La chenille attaque les bourgeons et y dé- termine une galle résineuse dans laquelle elle passe l'hiver. Elle en sort 156 ESSPAPITELEOINS: au printemps pour manger, de sorte que sa galle s'accroît et que, à la fin de l'été, elle a pris les dimensions d’une noix. Cette espèce occasionne parfois de graves désordres dans les plantations de pins. - - La Tordeuse du noisetier (Zortrix sorbiana), l'une des plus grandes du genre, a les ailes supérieures d’un brun chaud brillant, traversées de bandes d’un brun sombre, re comme le montre la figure 182. Sa chenille vit sur le Tortrix sorbiana, nojsetier et sur le sorbier; elle ne roule pas les feuilles en cornet, mais en réunit plusieurs ensemble avec de la soie, et se nourrit de leur parenchyme. Le Tortrix costana (fig. 183) est une charmante petite Tordeuse d'un beau jaune paille tacheté de brun rougeâtre foncé. Cette espèce est assez commune dans les localités humides, la chenille vivant sur les plantes de maré- cages. Celle-ci est d’un brun obscur avec la tête noire. La Tordeuse brunie (Tortrix lævigana, fig. 184) FIG. 183. — Tortrix costana. . vit à l’état de chenille sur le cerisier, dont elle lie les feuilles en paquets. Elle se retire au milieu du faisceau de feuilles et les ronge à son aise. La Tordeuse du chèvrefeuille (Tortryx xylosteana, fig. 185, voy. p. 157) et le Tortrix Hol- miana roulent les feuilles du poirier et s’y tiennent cachés en rongeant leur substance. L'Holmiana (fig. 186, voy. p. 157) est très-petit, d'un roux assez vif taché de blanc. La chenille, d’un vert pâle, reste F1G. 184, — Tortrix lwvigana. cachée dans ses cornets, mais dès qu'on y touche, elle se laisse tomber au bout d’un fil. Une espèce tristement célèbre, il y a quelques années, est la Pyrale de la Vigne (Tortrix vitana ou pilleriana, fig. 187, voy. p. 158), qui a causé, à CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. j 15 diverses époques, des ravages incalculables dans les pays de vignobles. La Pyrale de la vigne est un petit Papillon à aïles jaunes avec des reflets verdâtres dorés et des bandes brunes. Elle paraît au mois de juillet, et la femelle pond bientôt après ses œufs à la face supérieure des feuilles, sous la forme de petites plaques faciles à apercevoir. Au mois d'août éclosent les petites chenilles. Celles-ci, malgré la température.élevée, ne mangent pas, mais se préparent dès lors à hiverner; elles gagnent le cep ou l'échalas, LD pénètrent dans les fissures du bois ou de FIG, 185. — Tortriz rylosteana (voy. page 156). l'écorce et s’engourdissent jusqu'au prin- temps suivant. Au retour de la belle saison, elles sortent de leurs re- traites, grimpent sur les pousses de la vigne et enlacent les feuilles et les grappes naissantes de fils soyeux, qui les réunissent en paquets. Ainsi abritées, elles rongent et dévorent les jeunes pousses. Lorsqu'elles sont en grand nombre, les vignes se trouvent réduites au plus triste état et la récolte est perdue. De 1835 à 1840, les ravages exercés par la Pyrale furent si effroyables dans plusieurs départements, surtout dans celui de Saône-et-Loire, que le gouvernement s’en émut et chargea un professeur du Muséum, M. Victor Audouin, d'étudier l’insecte etles moyens de con- jurer le mal. Le savant professeur indiqua comme moyen préventif la cueillette des plaques d'œufs, très-visibles au mois de juillet, et l’'échaudage des ceps et des échalas pendant l'hiver pour tuer les chenilles. On a groupé dans le genre Carpocapsa les Pyralides qui, à l'état de chenilles, pénètrent dans les fruits et en rongent la F1G. 186. — Tortrix holmiana (voy. page 156). . : pulpe. Ils se reconnaissent à leurs palpes longues et recourbées. Combien de fois vous avez trouvé, en les par- D , tageant, des pommes et des poires rongées à l'intérieur et contenant encore l’auteur du dommage, une petite chenille nue et incolore; c’est 158 ÉESSPMPIEEONS; celle du Carpocapsa pomonana. Le Papillon (fig. 188) est un char- mant petit Lépidoptère aux ailes gris de fer, ornées de raies et de taches bronzées. La femelle dépose un œuf dans l'œil du fruit nouvellement noué, et la petite chenille, à peine éclose, perce un trou pour pénétrer jusqu'au cœur du fruit, qui n'en continue pas moins à grossir. La chenille (fig. 189, voy. p. 159) qui, à ce moment, est grosse comme un crin, perce naturellement un trou propor- tionné à sa grosseur, et ce trou, déjà presque imperceptible, ne tarde pas à s'oblitérer tout à fait, de sorte qu'il n’en reste plus trace au bout de peu de temps et que rien ne décèle sa présence. La che- F1G. 187. — Tortrix pileriana (voy. page 156). nille a atteint tout son développement vers la fin de juillet, c'est-à-dire lorsque le fruit est arrivé lui-même aux deux tiers de sa grosseur; mais, comme il est blessé au cœur, il ne tarde pas à tomber, et la chenille y perce alors un trou du centre à la circonférence et en sort. C’est ce qui explique pourquoi le plus grand nombre des fruits qui offrent un trou à l'extérieur ne contiennent plus de chenille. Celle-ci sort donc du fruit et se retire sous l'écorce ou sous la mousse, où elle se file une coque d’un tissu blanc et serré, mêlé de parcelles de bois rongé ou de débris de feuilles sèches. Elle passe ainsi l'hiver et se transforme au mois de juin de l’année suivante. La Pyrale de Wœber (Carpocapsa Wæberiana, fig. 190, voy. p. 159) dépose ses œufs sur les troncs des arbres fruitiers; les petites chenilles pénètrent sous l'écorce et de là dans l’aubier, où elles creusent des galeries. Celles-ci déterminent une sécré- : tion gommeuse, qui affaiblit le végétal et peut amener son dé- ric. 188. — caro. capsa pomonan«. périssement. Cette Pyrale s'attaque surtout aux arbres fruitiers à noyaux : pruniers, pèchers, abricotiers, cerisiers. La chenille est d’un vert pâle avec les pattes et la tête brunes. Elle se métamorphose sous l'écorce en septembre et le Papillon sort au mois de juin de l’année sui- i xd CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 159 vante. Celui-ci a les ailes dorées avec deux petites raies bleuâtres et un œil noir grivelé à l'extrémité des supérieures. La Pyrale du prunier (Carpocapsa pruniana) et le Carpocapsa fune- brana (fig. 191 et 192, Voy. p. 160) vivent aux dépens du prunier et de l’abricotier : la première ronge ses \7 feuilles qu'elle lie en paquets; la ( seconde s'attaque aux fruits. La Pyrale brillante (Carpocapsa splendana, fig. 193, voy. p. 160) vit aux dépens des châtaignes. Dans certaines années favorables au dé- FIG. 189. — Carpocapsa pomonana, chenille (voy. page 158). veloppement de la Pyrale, les trois quarts des fruits sont véreux, c’est-à- { F1G, 190. — Carpocapsa Waberiana (voy. page 158). dire que les châtaignes contiennent la chenille de la Pyrale brillante, qui s'y conduit absolument comme la Pomonana dans les pommes ou la Funebrana dans les prunes. La famille des CRAMBIDES se distingue par des antennes sétacées, des palpes souvent fort longues, une trompe courte mais distincte, et des ailes enveloppant le corps pendant le repos. L'un des genres les plus remarquables de ce groupe est celui des Galleria, dont une espèce n’est que trop connue par les dégâts que cause sa chenille dans les ruches d’abeilles. La chenille du Gal- leria cerella (fig. 194, voy. p. 161) ne se nourrit pourtant pas de miel, mais seulement de cire. Il est assez singulier de voir les abeilles, d'ordinaire si défiantes, laisser pénétrer 160 IS ESMPAPIPTEONTS: dans leur ruche cette petite Pyrale. Celle-ci est, il est vrai, inoffen- sive par elle-même, mais dès qu'une femelle a pu faire sa ponte dans la ruche, c'est bien différent. Chaque petite chenille, à peine éclose, se construit ur abri au moyen d'une galerie soyeuse, qu'elle élargit et allonge à mesure qu’elle aug- mente elle-même de taille; elle n'avance que protégée par cette galerie, qui atteint quelquefois 30 centimètres de longueur et qu'elle rend impénétrable, en la gar- F1G. 191. — Tortrix funebrana (voy. page 159). nissant en dehors d’une couche de grains de cire et de ses propres excréments. Ainsi garantie contre les dards des abeilles, elle détruit impuné- ment la propriété qu'elle a envahie. Elle perce les alvéoles (fig. 195, voy. p. 161), les enlace de ses fils et fait périr les larves qu’elles renferment; elle commet enfin de tels ravages dans les parties céreuses que souvent les abeilles sont forcées d'abandonner la ruche. : FIG. 192, — Carpocarsa pruniana (voy. page 159). Le genre Crambus, qui donne son nom à la famille, se fait remarquer par des palpes conniventes, avancées en forme de bec, par une trompe assez longue, des antennes simples grêles. Le genre est assez nombreux en espèces; leurs chenilles verru- queuses vivent et se métamorphosent sous la mousse. Le Crambus hamellus (fig. 196, VOY. p. 161) a les ailes supérieures d’un brun foncé sur lequel se détache, parallèle- DO NE Gerocpn ent iene (or CES NS nervure costale tune bande d'un blanc de perle; les inférieures sont d’un gris brunâtre, bordées inférieurement de jaune. Cette espèce n’est pas très-commune, mais CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES . 161 on peut l'obtenir en battant les buissons dans les clairières des bois en juillet. Le genre Chilo se distingue des Crambus par l’extrème développement des palpes, qui sont aussilongues que la tête et le thorax réunis, comme le montre la figure 197 (3), ce qui les fait ressembler à une seconde paire d'antennes. Le Chilo phragnutellus, l'une des plus grandes espèces de la famille, a les ailes supérieures terminées en lancette, d’un jaune pâle uniforme. Le mâle se distingue de la femelle par ses antennes lé- gèrement plumeuses et ses ailes plus étroites. Les chenilles vivent dans les tiges des joncées et autres plantes aquatiques. FIG. 194. — Ruche attaquée par les Galleries (voy. page 159). Le genre Peronea a les palpes sécuriformes, hérissées de poils dépassant FIG. 195 à 199. 1. Galleria cerella. — 2. Crambus hamellus. — 3. Chilo phragmitellus. 1. a. Chenille. — à. Palpe de la Q.— ce. Palpe du RC RDA ee È È D] la tête de plus de la moitié de leur longueur. Le Peronea cristana (fig. 202, (3) voy. p. 162) a les ailes brunes, les inférieures plus claires, les supérieures 11 C 162 PE SNPAPIELONS: portent sur le milieu du disque une tache d’écailles blanches en forme de bouton, et le bord inférieur des ailes est de la même couleur. Les Sciaphiia ou Cnephasia aux palpes courbées en forme d’S, aux ailes étroites, sont plus répandus dans le nord. Le Sciaphilaoctomaculana (fig.203)(4), dont la chenille vitsurle chardon, FIG. 200 à 204. À 1. Ephippiphora pænella. — 2. Ephippiphora scutulana. — 3. Peronea cristana. 4. Sciaphila octomacutana. — 5. Xanthosetia Zoegana. 4 4 a les ailes blanches pointillées de gris foncé; chaque aile porte, en outre, quatre taches d’un gris de fer foncé, d’où le nom de octomaculana. | Les Xanthosetia, voisins des Sciaphila, ont pour type le Xanthosetia Zoegana (fig. 204) (5); les ailes supérieures sont peu larges et terminées obliquement ; leur couleur est jaune teinté de roux. La chenille de cette espèce vit sur les racines des scabieuses. L'Ephippiphora scutulana est représenté ici grossi (fig. 201) (2). Ses L ailes sont d’un brun varié de jaunâtre avec une grande tache blanche car- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 163 rée sur le bord postérieur, marquée d’un point noir. Cette jolie Pyrale est assez commune. Une autre espèce, l'ÆEphippiphora pœnella (fig. 200, voy. p. 162), un peu plus grande, mais non moins jolie, est d’un brun sombre avec une large tache blanche en forme d’accent circonfiexe sur les ailes supérieures. F1G. 205. — M. Yponomeuta cognatella. — R. Chenille. — aa a. Nid. — P. Cocons. Les Yponomeutes se distinguent par leurs palpes écartées, redressées au-dessus du front, par leur trompe cornée très-apparente, et par leurs ailes enveloppant le corps pendant le repos. Souvent, au printemps, les pommiers paraissent comme couverts de toiles d'araignées; mais si l’on y regarde de plus près, on voit que ce sont en réalité de vastes nids tout remplis de petites chenilles d’un blanc grisätre ponctuées de noir (fig. 205, aa a). Ce sont celles de lYponomeuta cognatella. Bientôt ces petites che- nilles se répandront sur l'arbre, en dévoreront les feuilles et les fleurs, et la 164 LES PAPILLONS. récolte sera anéantie. Cette petite Pyrale a fait, à plusieurs reprises, man- quer la récolte des pommes et la fabrication du cidre. Lorsqu'elles ont atteint tout leur développement, les chenilles de l’Yponomeute se trans- forment en chrysalides d’où sort un petit Papillon blanc pointillé de noir (fig. 205 AZ, voy. p. 163). Peu de temps après sa naissance, la femelle va pondre une grande quantité d'œufs sur d’autres arbres qui, au printemps suivant, se trouveront envahis par les chenilles. L’échenillage est insuf- fisant pour combattre leurs dégâts, et le feu seul, employé prudemment, peut en venir à bout. Une espèce voisine, l’Ypornomeuta padella, atque les cerisiers et leur fait parfois beaucoup de mal. Un genre voisin des Yponomeutes, le Depressaria nervosella F1G. 206 à 208. — Depressaria nervosella. (fig. 206), vit sur l’œnanthe. Le petit Papillon paraît à l’œil nu d’un brun uniforme à reflets rougeâtres ; mais si on le regarde à la loupe, on le voit couvert d'une infinité de petits traits d’un brun jaunâtre. Les ailes supé- rieures sont, en outre, marquées de quelques traits longitudinaux d’un brun foncé. La chenille de cette espèce est d’un noir bleuâtre, avec une ligne orange de chaque côté; elle vit sur les fleurs de l’œnanthe, qu’elle lie ensemble avec des fils de soie, et nous en donnons une figure de gran- deur naturelle en b et une très-grossie en a (fig. 207, 208). La grande famille des Teignes ou TinÉ1DESs renfermeles plus petits des Papillons, et beaucoup d’entre eux offrent une parure dont la richesse Surpasse tout ce que l’on peut imaginer. C’est aussi parmi eux que l’on rencontre les habitudes les plus curieuses et les plus variées. Malheureu- CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 165 sement c’est aussi parmi ces charmants lilliputiens que l'on trouve les insectes les plus nuisibles à l’homme ; ennemis méprisables si l’on ne considère que leur taille, ils sont en réalité redoutables par leur nombre et leurs travaux. Les Tinéides se reconnaissent à leurs ailes étroites bor- dées d’une longue frange soyeuse, à leurs longues antennes et à leurs palpes plus ou moins redressées au devant de la tête. Les Teignes proprement dites, genre Jinea, ont les palpes beaucoup plus courtes et moins courbées que les autres Tinéides; leurs ailes sont minces, allongées, à angle apical arrondi. Plusieurs d’entre elles sont un véritable fléau dans nos habita- | tions. Elles trouent noshabits, nos couvertures, nos tapisseries, dé- vorent et gâtent nos fourrures, réduisent en poussière le crin et la plume de nos meubles, at- taquent nos aliments et nos pro- visions. Ce sont, en un mot, les ennemis acharnés de l'espèce hu- maine, et cependant un bon avo- cat n'aurait pas de peine à prou- ver que ces insectes ne nous font que ce que nous faisons FIG. 209 à 212. — Tinea tapezella. aux autres; que, comme nous, Chenille dans son fourreau et chenille nue très-grossies. ils viennent au monde tout nus et avec des besoins, et qu'ils prennent le couvert et la nourriture là où ils les trouvent. — Quoi qu'il en soit, ces insectes nous font le plus grand tort. Leur petite taille leur permet de pénétrer partout, et rien ne peut nous défendre contre ces microscopiques adversaires, qui se rient du vétiver, du camphre et de tous les autres in- secticides. La Teigne des tapisseries (Tinea tapezella, fig. 209 à 212) a les ailes supérieures brunes à la base, d’un blanc jaunâtre dans le reste de leur longueur; elle les porte appliquées au corps pendant le repos, et leur extrémité est un peu relevée en queue de coq. Elle vole en été à la 166 LES PAPILTLONS: recherche des étoffes de laine, sur lesquelles elle dépose ses œufs.'La che- nille, dès qu’elle est éclose, ronge le drap sur lequel elle se trouve, et se construit avec de petits brins qu'elle tisse d’une manière fort habile un fourreau cylindrique dans lequel elle se tient à couvert. Obligée par sa croissance à agrandir sa demeure, elle la fend dans toute sa longueur et y adapte une pièce de la largeur convenable; elle l’allonge au moyen de fils ajoutés à chacun des bouts. Si l’on prend de ces jeunes chenilles à de courts intervalles et qu'on les transporte sur des morceaux de drap de couleurs différentes, les Teignes auront bientôt un véritable habit d’Arlequin, qui permettra de suivre la façon dont s'exécute le travail de la chenille. Au moment de la transformation, elies attachent leur fourreau par une extrémité et se retournent ensuite pour que les Papillons trouvent une issue par le bout demeuré libre. La Teigne des pelleteries (Zinea pellionella) se fabrique un fourreau avec de la soie et de petits morceaux de poils coupés de la même taille. Cette espèce est un fléau pour les fourreurs. Le Papillon ales ailes grises avec trois points noirs, la femelle pond ses œufs sur les fourrures, au mi- lieu des poils, et les petites chenilles qui en sortent coupent et arrachent les poils, non-seulement pour leur nourriture et leur vêtement, mais en- core pour se frayer un chemin, de sorte qu'il n’en reste aucun dans les endroits où elles ont passé; et comme elles changent souvent de place, la peau la mieux fournie de poils ne tarde pas à en être entièrement dé- garnie. Ces chenilles dévastatrices se montrent rarement au grand jour ; elles se tiennent ordinairement dans les endroits sombres entourées des débris d’étoffes et de fourrures qu’elles ont rongées. Elles subissent leurs métamorphoses pendant le printemps, et cette espèce paraît sous la forme de Papillon pendant toute cette dernière saison et une grande partie de l'été: La Teigne des crins (Tinea crinella) a les mêmes mœurs que la précé- dente, mais elle attaque exclusivement les crins, les plumes, les peaux. Elle est fort à redouter pour les meubles. Le Papillon a les ailes d'un fauve pâle uniforme. T: 0 . 5 : . ; s ; Nile camphre, nile poivre, ni le pyrèthre n’ont d'action surles Teignes; CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 107 la benzine et l'acide phénique étendu d’eau les font périr; mais le meil- leur moyen est encore de remuer, d’agiter souvent et d'exposer à la lu- mière les objets que l’on veut conserver. Bien plus terribles encore sont les Teignes qui attaquent nos grains et nous menacent de la famine. La Teigne des blés (Tinea granella) est d’un blanc jaunâtre tacheté de noir. La chenille est de couleur jaunâtre; elle lie entre eux deux ou trois grains de froment au moyen de quelques fils de soie et vit dans cette coque en rongeant chaque grain ou en s’en- ‘ fermant dans l’un d'eux. On reconnaît facilement que des monceaux de grains sont attaqués par cette espèce en voyant les grains de la surface agglomérés par des fils et formant des croûtes épaisses de plusieurs centi- mètres. Lorsqu'elle a atteint tout son développement, la chenille quitte les grains et se retire le long des murs, des poutres, etc., pour se métamor- phoser en chrysalide. Le Papillon éclot au printemps suivant et va dans les champs de blé ou reste dans le grenier pour pondre sur les blés qu'on y conserve. | Des Tinéides à longues palpes garnies de grands poils et les ailes en forme de faux vivent à l’état de chenilles sur diverses plantes, et se font remar- quer par la perfection des coques qu'elles construisent pour se transfor- mer en chrysalides. Ce sont les Alucites. On rencontre communément dans nos jardins l’Alucite de la julienne (A/ucita porrectella), dont la coque est un charmant réseau ordinairement caché à la face inférieure des feuilles. Certaines Tinéides du Brésil suspendent au bout d’un fil, aux branches des arbres, de ravissantes coques d’un réseau si régulier et si parfait qu’on les croirait faits à la mécanique. Ce qui les rend encore plus remarquables, c’est que la soie dont ils sont faits est de couleur rouge ou violette. On donnait autrefois le nom d’A/ucite à une espèce du genre Œcophora, malheureusement célèbre par les ravages qu’elle cause dans nos réserves de céréales. C’est un petit Papillon de couleur grisâtre avec les ailes cou- leur de café au lait, et ayant de très-petites taches grises confondues entre elles et assez peu visibles. Sa chenille est plus courte et plus épaisse que celle de la Teigne des blés, également blanchätre, et elle se tient constam- 168 LES PAPILLONS. ment dans l'intérieur d’un grain de blé dont elle dévore la partie farineuse. Arrivée à tout son développement, elle a soin de se préparer une issue FiG, 213. — Œcophora olivella. Tvigne de l'Olivier. — Larve dans l'amande. en rongeant un point du grain pour mé- nager une petite trappe par laquelle le Papillon pourra sortir quand il sera éclos. La femelle pond un seul œuf sur chaque grain, et la petite chenille qui en sort va immédiatement se loger dans la rainure du grain, qu'elle ronge avec: ses mandibules. Elle s'introduit dans le grain et bouche le trou qu'elle a fait avec ses excréments retenus par des fils, de sorte qu’au premier coup d'œil les grains rongés par cette chenille ne diffèrent nullement de ceux qui sont sains. Cette espèce a souvent exercé des dégâts considérables; en 1760 elle causa la famine dans tout l’Angour- FIG. 214 à 216. — Larve et cocon de l’'Œcopora olivella. Excroissances des rameaux d’olivier causées par la morsure des larves de la Teigne de l’Olivier. mois, et en 1846 elle ravageait plusieurs départements du centre de la France et causait les malheurs et les troubles de Buzançais. Une autre espèce, l'Œcophora olivella, nuit aux oliviers dans le Midi (fig. 213 à 216). CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 169 Les Coléophores ou porte-étui rappellent par leurs mœurs les Psychés de la famille des Bombycides. Les Papillons ont les palpes dressées et les ailes longues, étroites, pointues, garnies d’une longue frange. Ils restent cachés pendant le jour sous les feuilles et ne volent que le soir après le coucher du soleil. Les femelles pondent en juillet des œufs d’où sortent de petites chenilles qui, à peine écloses, pénètrent dans une feuille ou dans une graine qu'elles commencent à miner. Dès qu'elles ont acquis une certaine grosseur, elles coupent dans la feuille les deux épidermes dontelles F16G. 217 à 220. — Colcophora ibipennella. — Tischeria rufipennella. — Chenille (voy. page 170). ont rongé le parenchyme et cousent les deux morceaux avec de la soie, de manière à former un petit fourreau portatif qu'elles promènent partout avec elles. Les Coléophores fabriquent leur, fourreau avec tant de facilité qu'ils ne se donnent même pas la peine de l'agrandir lorsqu'il est de- venu trop petit, ni de le raccommoder lorsqu'il y survient quelque avarie. Ils l’abandonnent et en construisent un autre, après avoir mangé le parenchyme d’une feuille. Quelques-uns rongent tout l'intérieur d'une graine et en utilisent l'enveloppe en guise de fourreau. On connait en Eu- rope plus de cent espèces de ce genre, qui vivent sur des végétaux diffé- rents. 170 LES PAPILLONS,. Nous donnons ici le portrait très-agrandi du Coleophora ibipennella (fig. 217, voy. p. 169), sa taille ne dépassant pas 6 millimètres d'envergure. Comme on le voit ici, leurs ailes sont très-étroites, très-allongées, effilées et pointues comme des lames de canif; mais les longues franges dont elles sont garnies leur donnentune largeur apparente. Les ailes supérieures et le thorax sont d’un blanc satiné, les ailes inférieures et l'abdomen sont d’un gris foncé. Sa chenille, très-grossie en c, ressemble à un tout petit ver d’un jaune d’ambre à tête noire; les deuxième et troisième segments sont ta- chetés de noir. Elle vit dans un petit fourreau fixé sur les feuilles du bouleau. Telle est encore le 7ïscheria rufipennella (fig. 218, voy. p. 169), jolie petite Tinéide d'un rouge orange avec une barre longitu- dinale noire sur chaque aile. Sa chenille, très-grossie en d, vit sur le chêne. On remarque fréquemment dans les jar- dins et dans les bois des feuilles curieuse- ment marquées de plaques ou de lignes plus ou moins contournées, plus ou moins éten- dues et figurant parfois comme des hiéro- glyphes. Ces marques, d’une couleur bru- se nâtre, indiquent le trajet de petites chenilles dans l’intérieur de la feuille, dont elles ont rongé le parenchyme; ce sont les épidermes desséchés et flétris. Ces chenilles, auxquelles Réaumur a donné le nom de Chenilles mineuses, pénètrent dans l'épaisseur d’une feuille, en rongent le parenchyme, en respectant l'épiderme, et se trouvent ainsi à l'abri des dangers extérieurs dans leurs galeries. Les Ælachista vivent ainsi sur les graminées et les cypéracées. Leurs Papillons, parfois réunis en essaims, ont les ailes ornées de dessins élé- gants ou enrichies de taches d’or et d’argent. Leurs palpes sont longues et recourbées. Comme celles des autres mineuses, les chenilles des Elachista quittent leur retraite aux approches du froid et vont chercher un abri plus sûr pour passer l’hiver et se transformer au printemps. CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 171 Une espèce, malheureusement trop commune dans le Midi, l'ÆZachista olæella (fig. 221,voy. p.170), ruine parfois les plus belles plantations d'oli- viers. La chenille, à peine de la grosseur d’un fil, vit et se métamorphose dans l'épaisseur de la feuille de l'olivier. Elle quitte souvent sa retraite pour venir se loger entre les bourgeons et les jeunes pousses qu'elle lie avec des fils de soie. Le Papillon, qui paraît en avril, est d’un gris cendré lui- sant, avec les ailes bordées d’une longue frange. Quelques chenilles mineuses vivent sur le rosier et se creusent dans l'épaisseur des feuilles des galeries tortueuses. Ces galeries ont l'appa- rence de longues lignes blanchâtres, qui vont en s’élargissant du point de départ à l'extrémité, comme le tracé des fleuves sur les cartes, délié à la source et s'élargissant vers son embouchure. En effet, la chenille, trou- vant à la fois dans sa feuille la nourriture et le logement, grossit à me- sure qu'elle avance, et est obligée, par conséquent, d'élargir son tunnel de plus en plus; et ce qu'il y a de plus merveilleux, c’est la délicatesse du travail de cet animal, qui, dans une feuille à peine épaisse comme ce papier, trouve moyen de se creuser des galeries et de se nourrir abon- damment, sans offenser le moins du monde l'épiderme delafeuille. Cette chenille est celle de l'ŒÆcophore du rosier. Le petit Papillon, vu au mi- croscope, est l’un des plus admirables bijoux qu'ait formés la nature; ses ailes sont couvertes d'or et d'argent. Les Lithocolletis sont de petits Papillons à la tête poilue, aux palpes droites et pendantes, leurs antennes sont en forme de soies grèles ; leurs ailes, de couleurs variées, sont souvent d'une remarquable beauté, et il ne leur manque que la taille pour rivaliser avec les plus beaux Papillons de jour. Les chenilles des Lithocolletis creusent, comme les Œcophores, des galeries dans les feuilles, mais ils ne les quittent jamais; elles y ac- complissent leurs transformations après avoir consolidé leur habitation avec de lasoie. On en connaît un grand nombre d'espèces dont chacune vit sur un végétal particulier. Le Lithocolletis corylella (fig. 222, voy. p. 172) est une charmante Ti- néide; mais il faut employer la loupe pour voir ses beautés. Ses ailes, d’un blanc de crème, sont peintes de brun chaud et garnies de longues 172 LES PAPILLONS. franges gris clair. La chenille représentée en a, très-srossie, car elle a à peine 3 millimètres, est d’un jaune pâle, avec la tête brune et des taches de même couleur sur les neuf premiers segments. Elle mine les feuilles du noisetier (en latin corylus), d’où son nom de corylella. On trouve assez communément sur les feuilles du chèvrefeuille sau- vage un petit Lithocolletis que l’on a nommé, en raison de sa coloration FIG. 222 à 225. — 1. Zithocolletis corylella. — 2. Nepticula aurella. 1. a Chenille. 2, Chenille (voy. p. 173). sans doute, embery7æ pennella, c’est-à-dire à ailes de bruant. La chenille de cette espèce est d'un blanc verdâtre; elle mine les feuilles du chèvre- feuille et s'y construit une petite coque d’un vert foncé pour s'y transfor- mer en chrysalide. Les feuilles des ormes, des peupliers, des saules, des cerisiers, des aunes et d'une foule d’autres végétaux sont minées par des chenilles de CRÉPUSCULAIRES ET NOCTURNES. 173 Lithocolletis, et l'on peut reconnaître chaque espèce à sa manière de mi- ner. Les Papillons, dont les plus grands ont à peine 1 centimètre d’enver- gure, ne sont cependant pas les plus petits de l'ordre des Lépidoptères ; il y a des Teignes d’une taille encore plus exiguë. Telles sont les Nepti- cules, dont l’envergure ne dépasse pas 5 à 6 millimètres. Ce sont de petits Papillons de couleurs sombres, aux ailes couvertes de grandes écailles. Leurs chenilles sont des mineuses de feuilles comme les précédentes, mais leur travail est différent: elles creusent des galeries tortueuses, très- tourmentées. On voit fréquemment sur les feuilles des ronces, des osiers et de presque tous les arbres frui- tiers, des lignes brunes, ondulées, serpentantes : ce sont les galeries des Nepticules. Sur la ronce vit la chenille de la Teigne dorée (Nepticula aurella, fig. 225 b, voy. p. 172), qui creuse une galerie plus ou moins embrouillée et plate. Le Papillon (fig. 223, voy. P. 172) n’a que 5 millimètres d’en- vergure. Ses ailes supérieures sont d’un beau brun glacé d’or, et cou- pées dans leur milieu par une large es a bande d'or. C'est, sous le micros- cope, le plus riche et le plus magnifique insecte du monde, et s'il avait seulement la taille de nos Vanesses, aucun Papillon des tropiques ne pourrait rivaliser avec lui. La famille des PreroPHORIDES, la dernière de l’ordre des Lépidoptères, est particulièrement remarquable par la conformation singulière des ailes: leurs nervures sont détachées et garnies de franges d'une délicatesse ex- _trême, ce qui leur donne l'apparence de petites plumes. On y distingue deux genres principaux: les Ptérophores et les Ornéodes. Chez les pre- miers, les ailes supérieures sont divisées en deux parties et les inférieures -en trois, ce qui les fait paraître munis de cinq plumes au lieu d'ailes, de 174 LES PAPILLONS. là le nom de Piérophore pentadactyle donné à l'espèce la plus commune de ce genre (fig. 226, voy. p. 173). Tout entier d’un blanc de neige, il se détache sur le vert des feuilles des haies, où on le rencontre souvent. La chenille de cette charmante espèce, rayée de blanc, de vert et de jaune, vit sur les liserons. Elle quitte la plante qui l’a nourrie pour se méta- morphoser en chrysalide dans quelque encoignure de muraille. Les Ornéodes ont les ailes encore plus "divisées que les Ptérophores. Chaque aile est découpée en six petites plumes frangées, c’est-à-dire douze de chaque côté (fig. 227, voy. p. 173). Rien n'égale la délicatesse de ces petits Lépidoptères. Au repos, les plumes des ailes se superposent comme les branches d’un éventail. Les Ornéodes déposent leurs œufs microscopiques sur les fleurs des chèvrefeuilles sauvages. La chenille en ronge les organes floraux, puis, lorsqu'elle a atteint toute sa croissance, elle cherche un abri pour s’y transformer en chrysalide renfermée dans une petite coque. CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION BPBRIOGR ARIANE CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION | n’est pas d'exercice plus salutaire et plus agréable que la chasse aux Papillons; il n’en est pas qui procure des émotions plus vives et des plaisirs plus durables. Non-seulement c’est un moyen hygiénique puissant que de parcourir les bois et les prés, les mon- tagnes et les vallées à la poursuite de ces légers insectes, e > mais c’est encore un exercice salutaire pour nos sens, G') sur lesquels il agit en aiguisant notre vue, en donnant de l'adresse à la main, en développant l'esprit d'observation. Mais tout d’abord, avant de se mettre en chasse, il faut s’équiper et se munir de quelques instruments indispensables, quoique fort simples et peu coûteux. Les principaux sont le filet à papillons, de petites pinces ou bru- celles, un flacon contenant du cyanure ou des feuilles de laurier-cerise, plusieurs boîtes et une provision d'épingles. Le filet à papillons (fig. 230) consiste en une poche de fine gaze dégom- mée dans l'eau bouillante, de 40 à 45 centimètres de profondeur et de 30 42 BE SMPAPITÉIPON(S: centimètres de diamètre. Pour plus de solidité, on en bordera l’ouverture tout autour avec un fort ruban de fil formant coulisse, dans laquelle on F1G, 230. Filet à papillons. glisse un fort fil de fer que l’on arrondit en cercle, en en recourbant les deux extrémités de manière à pouvoir les introduire dans l’ouverture d’une longue canne de bambou, où on les assujettit à l’aide d'une forte cheville de bois. Ce filet doit être assez léger pour pouvoir être manié vivement, mais, en même temps, assez solide pour résister aux mouvements brusques et aux frottements contre le feuillage et les herbes. Tel est le filet le plus commun; mais on en fait aussi dont le cercle se plie en deux au moyen de brisures et se termine par une forte vis, qui entre dans une douille en cuivre dont est munie la canne. Ce genre de filet est bien moins embarrassant, parce qu’il peut se placer sous le gilet, entre la chemise et les bretelles. Un autre système de filet fort léger et très-commode, adopté en Angleterre, consiste en une armature en cuivre que peut cons- truire le premier serrurier venu. Cette armature est formée de deux branches en tube de cuivre mince, soudées sur un tube plus fort, de manière à figurer un YŸ à branches très-évasées. Le tube du tronc doit avoir environ 6 centimètres de longueur et 16 millimètres de diamètre, de facon à pouvoir s’emmancher au bout d’une canne. Les tubes des branches doivent avoir 55 millimètres de longueur et 9 millimètres de diamètre seulement. Dans une des branches de l’Y on fait entrer le bout d’une baguette de jonc ou d'une forte baleine ronde que l’on recourbe de manière à faire entrer l’autre bout dans la seconde branche de l’Y: elle forme FIG. 231. ainsi un cercle sur lequel on peut monter son filet au moyen mucenes de la coulisse dont il est bordé. Cette baguette de jonc ou de ba- (voy. p. 179). leine peut aisément se rouler, de façon à être mise au fond du chapeau; l’armature et le filet se mettent facilement dans la poche, et l’on part la canne à la main. CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. Le fauchoir, qui sert à récolter les Noctuelles et les chenilles sur les plantes basses, est un filet de même forme que le précédent, mais beau- coup plus solide et avec la poche en toile. La pince à raquettes, figurée dans notre PI. I" (Frontispice), est fort commode pour saisir les Papillons au repos sur les feuilles ou dans des endroits très-fourrés, où le maniement du filet est impossible. Elle a la forme d’un fer à papillotes, dont les masses sont remplacées par des raquettes en fil de fer gar- nies de gaze claire bien tendue. Les brucelles (fig. 231, voy. p. 178) sont des pinces fines à ressort doux, servant à saisir les objets que l'on ne veut pas toucher ou que l'on craint de gâter avec les doigts; celles dont se servent les horlogers sont les plus commodes. La pince à piquer (fig. 232) est une forte pince en acier, dont F1G. 232. Pince à piquer. les extrémités sont recourbées et munies en dedans de fortes tailles pour empêcher les épingles de glisser lorsqu'on les enfonce dans le liége. La boîte de chasse (fig. 233) doit être en bois léger ou plutôt en fer- blanc, pour mieux résister au soleil et à la pluie. Le fond en est garni d'une planche de liége assez épaisse, solidement fixée avec de la colle- forte. La forme et les dimensions de cette boîte peuvent varier suivant le goût des personnes; mais elle doit avoir au moins 5 centimètres de profondeur, pour que les épingles ne touchent pas au couvercle. Il est nécessaire aussi qu'elle soit munie de tenons sur les côtés, pour y fixer une courroie, afin de pouvoir la porter en bandoulière. occupant de la récolte de ces dernières. F1G. 233. — Boîte de chas: e. On doit avoir plusieurs petites boîtes pour mettre les chenilles; nous en parlerons en nous Les épingles spécialement fabriquées pour l'usage des entomologistes, sont de diverses grosseurs et longueurs; les plus utiles pour les Lépidoptères sont les n® 4, 5, 6, 7; celles de 36 millimètres de longueur sont plus générale- ment adoptées. Les épingles de fabrique allemande sont meilleures que 180 LES PAPTEPEOINS: les françaises, mais elles sont plus chères. On doit observer qu'il vaut mieux se servir à la chasse d’une épingle plutôt fine que grosse, parce que, lorsqu'on la remplace plus tard, pour fixer définitivement l’insecte dans la collection, il faut que la nouvelle épingle soit prise d’un numéro au- dessus, afin qu’elle remplisse bien le trou de la première et soit solide- ment fixée à l'animal. On pique ordinairement les épingles sur une petite pelote (fig. 234) faite de deux disques de carton recouverts d'’étoffe et reliés entre eux par un fort ruban qui en forme la tranche. C’est sur ce ruban que se piquent les épingles, et l’on peut remplir le vide entre les deux cartons avec de la sciure de bois ou du son. Il est plus commode de suspendre cette pelote par un cordon à la boutonnière, afin d’avoir toujours sous la main les épingles dont on peut avoir besoin. ; On doit se munir d’un flacon ou deux à large goulot, de 4 à 5 centimètres au moins de diamètre, au fond desquels on met un tampon de coton enveloppant un morceau de cyanure de potassium. On recouvre le tout d’une rondelle de fort papier, collée aux parois de la bouteille et percée de trous pour permettre l’évaporation. On met dans ce flacon les petits me.zu. Lépidoptères qu'il est difficile de piquer sur place ; ils y meurent PURE asphyxiés en quelques secondes, sans s'être débattus. Les en- tomologistes anglais remplacent généralement le cyanure, qui est d’un emploi dangereux, par les feuilles du laurier-cerise grossièrement hachées. Loin de raïdir les insectes, les feuilles de laurier leur conservent leur souplesse. Elles gardent leurs propriétés insecticides pendant plu- sieurs mois ; il faut seulement les cueillir au printemps, bien développées et de l’année, les vieilles feuilles ne contenant plus assez d'acide prussique. Lorsque l’on bat les arbres, les haies, les buissons, pour en faire tom- ber les chenilles et les petits Papillons de nuit, il faut se munir d’une nappe que l’on étendra à terre, afin que les insectes tombent dessus et qu'on puisse les y voir et les recueillir plus facilement. Cette chasse est fructueuse, surtout de grand matin, alors que les insectes sont encore CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 181 engourdis par la fraîcheur de la nuit. Il est souvent plus commode d’em- ployer un grand parasol de coutil, doublé en dedans d’étoffe blanche et à manche brisé, c'est-à-dire pouvant se plier à angle droit au moyen d'une charnière. On tient de la main gauche le parasol ouvert et renversé sous les branches, que l’on bat de la main droite, armée d’une canne, comme le montre la fig. 235. Ce parasol peut être, en outre, fort utile pour s’abriter contre les rayons d’un soleil trop ardent, ou même contre une averse inattendue. Il peut facile- ment, étant fermé, s'attacher sur le sac de voyage qui renferme tous les objets dont on peut avoir besoin dans une tournée lointaine. Nous citerons encore deux instru- ments fort utiles : le maïllet (fig. 236), gros manche en bois, autour duquel FIG. 235, — Battue en parapluie. est roulée une épaisse feuille de plomb recouverte d'un cuir solide. Ce maillet sert à frapper les arbres et à les ébranler brusquement pour en faire tomber les che- moins réelle. F1G. 236. “alt tranchants et terminée en pointe, solidement emmanchée, nilles et les Papillons nocturnes, qui y restent immobiles pendant le jour. Nous devons dire, cependant, qu'il ne faut employer qu'avec la plus grande circonspection cet instrument, que réprouvent les gardes forestiers, et avec raison, car chaque coup de maillet sur les arbres à bois tendre ou résineux occasionne une blessure qui, pour être cachée, n'en est pas L'écorcoir est une espèce de spatule en fer forgé, à bords qui sert à soulever les écorces pour y découvrir les chenilles et les chrysalides qui s’y sont réfugiées. Il sert aussi à fouiller la terre au pied des arbres. 182 T'ES PA PIFEEONTS: Lorsqu'on part en voyage où pour une chasse importante, il est néces- saire de n’oublier aucun de ces objets ; il est, par conséquent, utile de les avoir toujours rangés d'avance dans un sac de voyage (fig. 237) qui, sous un petit volume, les contient tous. Maintenant que nous voilà équipés, entrons en chasse, et puisse-t-elle être heureuse ! Mais, pour cela, faut-il encore connaître les mœurs de ces insectes, les époques où ils paraissent, les lieux et les plantes qu'ils affec- tionnent. ‘Tous ces détails font l’objet de la première partie de cet ouvrage, et plus spéciale- ment de la seconde partie, dans laquelle notre savant collaborateur, M. Depuiset, a donné la description et la figure des Lépidoptères d'Eu- rope. Nous nous bornerons donc à donner ici quelques renseignements généraux. Il y a plusieurs manières de se procurer les Lépidoptères : on s’en empare à l’état d'insectes parfaits ou de Papillons ; on les élève à l’état de chenilles, ou on les recherche sous celui de chrysalides. Nous allons pas- FIG. 237. — Sac de voyage. ser en revue les divers procédés employés pour capturer ces insectes. CHASSE AUX PAPILLONS. Il y a des Papillons toute l’année, même en hiver; mais ils sont rares durant les froids. Les mois qui fournissent le plus d'espèces sont ceux de juin et juillet. Le temps le plus favorable pour la chasse aux Papillons, au moins pour celle des Diurnes, est un jour clair, chaud et ensoleillé. Les fleurs les attirent, et l’on ne peut guère les prendre qu’au moyen du filet. Quelques diurnes paraissent après le lever du soleil, mais le plus grand nombre ne volent que de dix à quatre heures. La manière de voler diffère selon les familles. Les Argynnes, dont le vol est droit, se prennent à la CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 183 volée ; pour les Satyres, dont le vol est, au contraire, saccadé et capri- cieux, il faut attendre patiemment qu'ils se soient posés. Les Vanesses s'écartent peu du lieu de leur naissance ; les Nymphales descendent en planant pour se poser sur la fiente des bestiaux; on les prend au repos. Si on les manque, il ne faut pas les poursuivre, parce qu'ils disparaîtraient sans retour; tandis que si l’on reste tranquille, ils ne tarderont pas à revenir à la même place. Dès qu’un Papillon paraît fixé sur un point, il faut s’en approcher avec précaution et en ayant soin d’avoir son ombre derrière soi. S'il est par terre, on pose le filet dessus, puis on lève la gaze pour aïder l’insecte à monter. S'il est sur une plante, sur un tronc d'arbre, on le prend d'un coup de bas en haut, ef on retourne le filet pour que la poche se ferme. Quand l'insecte est pris, on le cerne rapidement dans un des coins du filet, puis on lui presse doucement les côtés de la poitrine, sous les ailes, entre l'index et le pouce. Après cela, on le pique sur le milieu du corse- let, de manière que la pointe de l’épingle sorte entre la deuxième paire de pattes. Il faut cependant une certaine habitude pour faire cette opéra- tion sans endommager l'insecte; un moyen plus prompt et beaucoup plus facile est de toucher la tête du Papillon avec le bout d’un pinceau mouillé d’éther; l’insecte se trouve asphyxié momentanément, et on peut alors le piquer tout à son aise. Mais il n’est pas mort et il reviendra à la vie au bout d’un quart d'heure. Pour le tuer, il faudra donc lui presser le cor- selet avec les brucelles, ou le mettre dans le flacon à cyanure, où il sera complétement asphyxié au bout de quelques minutes. Les entomologistes anglais recommandent, comme un moyen prompt et sûr, de lui percer le thorax en travers, sous les ailes, avec une aiguille ou une plume de fer trempée dans une solution saturée d'acide oxalique; ce moyen ne peut être employé pour les espèces de petite taille. Les Piérides, les Coliades, les Hespérides fréquentent les prés, les jar- dins, les clairières des bois. Quelques Sphinx, les Macroglosses, volent pendant le jour, butinant sur les fleurs au suc mielleux ; les autres dorment pendant le jour et se 184 BE S PAPIPEONS: réveillent au crépuscule pour aller pomper le suc des fleurs du chèvre- feuille, de la belle de nuit et des pétunias. Les Sésies s’attachent pour la plupart au bois pourri; les Zygènes se tiennent sur les fleurs des scabieuses et des valérianes. Quelques Bombyx volent pendant le jour à l’ardeur du soleil, mais le plus grand nombre ne montre de l’activité qu'après le coucher du soleil. On peut les prendre au filet pendant le crépuscule ou pendant le jour, collés sur le tronc des arbres ou en battant les branches et les buissons; mais la meilleure manière de se procurer les Bombyx et les Noctuelies est de rechercher leurs chenilles et leurs chrysalides. L'opération du battage des arbres n’est fructueuse que par un temps froid et nébuleux, ou de grand matin, avant que le soleil soit élevé au-des- sus de l'horizon; car lorsque les rayons du soleil ont acquis de la force, ou que le temps est chaud, bien que nébuleux, les Nocturnes s’envolent au lieu de tomber à terre. Lorsqu'il tombe quelque Papillon en volant, on le saisit au filet; mais il est plus difficile qu'on ne croit de l’en tirer. Lorsque c’est un Bombyx au corps épais ou une Phalène délicate, il devient difficile de les saisir à travers le filet et de leur presser le thorax entre les doigts, comme on le fait pour les Diurnes. C’est alors que le flacon à large goulot, garni de cyanure ou de feuilles de laurier, devient d’une grande utilité. On l’intro- duit dans le filet, et l’on y fait tomber l’insecte, puis on le rebouche vive- ment. Au bout de quelques minutes, on peut retirer le Papillon et le pi- quer à son aise. La plupart des Nocturnes se laissent piquer sur place pendant le jour; mais souvent l’épingle glisse sur leur corselet dur et luisant, et l’insecte s'envole ou est détérioré ; il est préférable encore, dans ce cas, d'employer le flacon. Les Papillons de nuit sont particulièrement avides de matières sucrées naturelles ou artificielles, et ils paraissent affectionner certaines fleurs. Le chèvrefeuille, le jasmin, les pétunias attirent surtout les Sphinx; les lych- nis, l’épine-vinette, la sauge, l’œillet, les soucis, le seringat, les chardons et les orties paraissent exercer une grande attraction sur les Nocturnes; CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 185 mais, de toutes les plantes, celle qui attire les Papillons en plus grand nombre est le lierre en fleurs; presque toutes les Noctuelles et les Pha- lènes d'automne semblent s’y donner rendez-vous. C’est alors, qu'armé d’une lanterne et d’un flacon à feuilles de laurier, on peut faire une chasse heureuse. Afin de conserver les deux mains libres, si l’on est seul, on attache la lanterne à son cou au moyen d’un ruban, ou on la fixe à son chapeau. Mais il faudra bien se garder de battre le lierre, car, pour bonne que serait la chasse au moment présent, la place serait gâtée pour long- temps, et ce serait égorger la poule aux œufs d'or. Parmi les appâts artificiels qui donnent d'excellents résultats, nous citerons la miellée et l'emploi de l’éther nitreux. La miellée consiste à appliquer sur les troncs d'arbres, dans les bois ou dans les jardins, sur les palissades, etc., une composition sucrée dont les Papillons de nuit sont très-friands. Cette composition est formée de sucre brun, dit cassonade, délayé dans de l’eau chaude à la consistance de mélasse, et auquel on ajoute une petite quantité de rhum; on ne doit y mêler ce dernier qu’au moment de se servir de la composition, afin qu'il ne perde rien de son parfum. On applique le mélange sur le tronc des arbres au moyen d'une large brosse de peintre, en anneau circulaire, dont le superflu coule le long du tronc en lignes étroites, que les Papillons peuvent sucer plus facilement avec leur trompe, sans y engluer leurs pattes. On peut égale- ment, en faisant la miellée plus claire, en asperger le feuillage à la portée de la main. La composition doit être appliquée sur les arbres un peu avant le coucher du soleil. Muni d’une lanterne, le chasseur doit visiter les arbres plusieurs fois dans la soirée. Le plus grand nombre des Papil- lons y seront attirés pendant la première heure; mais il en est qui n'ac- courent au festin que plus tard. Le meilleur temps pour la miellée estune nuit chaude et humide, surtout après une petite pluie douce. Lorsque les circonstances sont favorables, les Papillons de nuit s'y rassemblent en quantité considérable. Ils sont si occupés de leur festin, ou tellement étourdis par la liqueur sucrée, qu'ils se laissent prendre sans chercher à s'envoler. On peut les piquer à son aise, ou les introduire dans le flacon à feuilles de laurier. — Lorsque le vent souffle, il y a peu de chances de 186 PES PAPIEEONS: succès, à moins que ce ne soit un vent léger et chaud du sud ou du sud- ouest. Le vent du nord ou de l’est est tout à fait contraire à l'opération. L'appât à l’éfher nitreux donne pendant presque toute l’année, mais principalement au printemps et à l'automne, des résultats excellents. On fait cette chasse en suspendant aux branches des arbres, à l’aide d’une ficelle et à une hauteur convenable, des pommes séchées au four, qui se vendent sous le nom de pommes tapées. On enduit ces pommes, au moment de la chasse, avec du miel roux mélangé d’éther nitreux, qui répand une forte odeur de reinette, et, au crépuscule, les pommes se couvrent, cer- tains jours, littéralement de Noctuelles et de Phalènes. Dans la plaine ou dans les marais, lorsqu'il n'existe pas d'arbres, il faut planter des piquets et y tendre des cordes après lesquelles on attache les pommes. Le chasseur doit être muni d’un flacon en verre blanc à large goulot, d'environ 15 à 20 centimètres de hauteur, fermé hermétiquement par un bouchon de liége et contenant soit du cyanure de potassium, soit une éponge imbibée d’ammoniaque, qu'on recouvre d’une couche d'ouate, pour empècher le Papillon de se mouiller; on présente le flacon débou- ché sous la pomme où sont posés les Papillons; ceux-ci tombent sur la ouate et sont immédiatement asphyxiés. I! faut naturellement laisser le bocal ouvert le moins longtemps possible, pour éviter l’'évaporation et empêcher le Papillon de se détériorer en volant. L'ammoniaque asphyxie les Papillons plus vite que le cyanure, mais il a le défaut d’altérer certaines couleurs tendres, si on les laisse trop long- temps dans le flacon; il faut donc les retirer du bocal aussitôt après leur mort. Les Phalènes et les Pyrales viennent peu à la miellée, mais elles sont attirées par la lumière, vers laquelle volent aussi beaucoup de Bombyx. Le temps le plus propice à ce genre de chasse est une nuit sombre, calme et douce, depuis le mois de juin jusqu’à la fin du mois d'août. Les Papil- lons commencent à paraître vers 10 heures, et leur nombre s’accroit jus- que vers minuit et demi, puis il diminue jusque vers 2 heures du matin, heure après laquelle pas un seul Papillon ne vole. Après un orage, les Nocturnes sont presque toujours abondants; mais s’il y a la moindre CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 187 apparence de vent froid, il est inutile de tenter l'expérience. Dans les nuits où brille la lune, les Papillons nocturnes délaissent la nuellée, le lierre, les fleurs et la lumière pour aller se coucher, et ce que le chasseur a de mieux à faire dans ce cas, c’est de les imiter. On fait la chasse à la lumière en plaçant sur une table, près d’une fenêtre entr'ouverte, une lampe. Les Papillons entrent rapidement dans la chambre si le temps est chaud. Lorsqu'avec ou sans l’aide du filet on a pu emprisonner le Papillon sous un verre renversé, on y glisse un petit morceau d’amadou enflammé, dont la fumée étourdit instantanément l'insecte. On peut alors le piquer à son aise avec une épingle trempée dans l'acide oxalique, ce qui le tue aussitôt. On se procure souvent par ce moyen des espèces que l’on prendrait difficilement autrement. On peut encore installer dans un jardin ou dans les bois une grande caisse percée de trous et dans laquelle brüle une veilleuse ou une petite lampe ; mais il faut avoir soin de recouvrir celle-ci d'un entonnoir en verre ou en toile métallique pour empècher les Papillons attirés par cette lumière de se brûler à la flamme ou de tomber dans l'huile. De grand matin, on soulève le couvercle de la caisse et on s'empare facilement des Papillons endormis. Une tournée de nuit sur la lisière ou dans les clairières d’un bois riche en taillis sera très-profitable. On porte à la main gauche, ou pendue au cou par un ruban, une petite lanterne œil-de-bœuf, et de la main droite, armée d’un filet, on prend tout ce qui paraît dans le cône de lumière; on prend ainsi parfois des espèces assez rares, que n’attire pas une lumière stationnaire. Les champs de luzerne, de sainfoin, les bruyères offrent éga- lement le soir une riche moisson. CHASSE AUX CHENILLES. — Pour avoir des Papillons d'une grande frat- cheur, il faut les élever de chenilles. Il y a même beaucoup de Nocturnes qu’on ne peut guère se procurer que par ce moyen. À cet état de la vie des Lépidoptères, un vaste champ est ouvert au naturaliste. On peut dire qu’il n'existe pas un arbre, un arbrisseau, une plante quelconque qui n'ait sa chenille ou ses chenilles, car certains végétaux en nourrissent un 188 PES PAIPIETEOINIS" grand nombre, et les plus vénéneux eux-mêmes servent d’aliment aux insectes. Parmi les chenilles, les unes vivent à découvert sur les plantes, d’autres restent cachées pendant le jour et ne montent que la nuit sur les plantes qui leur servent de nourriture; d’autres encore habitent le sommet des arbres, d’où elles ne descendent que pour se transformer en chrysalides. — Les chenilles qui vivent à découvert sont nombreuses; lorsqu'on par- court les campagnes pendant les beaux jours du printemps ou de l'été, il suffit d'examiner avec un peu d'attention les arbres ou les plantes basses pour y distinguer des traces de leur présence. Mais il en est un plus grand nombre qui vivent solitaires et cachées sous les plantes basses ou au pied des graminées pendant le jour, et ne sortent que la nuit pour manger, ou qui habitent l’intérieur des graines, des gousses ou même des tiges des plantes. Les meilleures méthodes pour recueillir les chenilles sont de battre les arbres et les buissons, de faucher et de visiter les plantes basses et tous les endroits où l’on suppose que puissent se cacher des chenilles. La pre- mière condition à remplir est d’abord de bien remarquer les plantes sur lesquelles on les a trouvées; car si quelques-unes sont polyphages, il en est un très-grand nombre qui ne se nourrissent que d’une seule espèce de plante et se laisseront mourir de faim devant toute autre. Il faut donc les mettre dans des boîtes séparées, à mesure qu’on lestrouve, avec quelques feuilles de la plante sur laquelle on les a prises. L'opération du battage des arbres et des buissons est simple mais labo- rieuse ; on y emploie le parapluie en coutil que nous avons décrit plus haut, et un bon bâton à poignée recourbée, pour accrocher les branches. Les arbres qui nourrissent le plus grand nombre de chenilles sontle chêne, l’orme, le bouleau, le saule et le peuplier. Il suffit de battre le feuillage de ces arbres en mai et juin pour en faire tomber un grand nombre de larves de Lépidoptères. Le fauchage est la méthode employée pour obtenir les chenilles qui vivent sur les plantes basses : il consiste à promener de droite et de gauche, à la manière des faucheurs, sur les plantes basses, un solide filet de toile, CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 189 dans lequel on recueillera ainsi toutes les chenilles et les insectes qui dorment ou pâturent sur ces plantes. On cherche aussi les chenilles à l’œil, et l’on devient très-habile dans ce genre de chasse avec un peu de pratique. La recherche des chenilles est plus fructueuse sur les arbustes et les jeunes plants que sur les grands arbres ; c'est plus généralement sur la face inférieure des feuilles que se tiennent les chenilles, et on les apercevra souvent en regardant en l'air. On peut les capturer en secouant simplement la branche; mais il ne faut pas le faire violemment, sinon elles tombent et se perdent dans les herbes; lorsqu'elles sont inquiétées seulement, elles se laissent choir au bout d’un fil et sont facilement vues. Les petits amas d’excréments, soit sur le sol, soit sur les feuilles, sont un indice certain de la présence d’une chenille dans le voisinage. Beaucoup de chenilles se retirent entre des feuilles qu'elles unissent ensemble au moyen de leur soie; il est alors facile de les découvrir et de couper le paquet de feuilles avec des ciseaux, qu'il faut toujours porter sur soi. On trouve aussi certaines chenilles en re- tournant les feuilles mortes de diverses plantes, telles que les primevères, les plantains, les molènes, etc., ou hivernant sous les mousses, les vieilles écorces, les pierres, et, en réalité, un peu partout. Le plus grand nombre des chenilles de Noctuelles restent cachées pen- dant le jour, et ne sortent que la nuit pour manger. On les recherchera au moyen d’une lanterne, sur les haies, les buissons, les arbustes, les fleurs, partout enfin où il y a quelque chance de succès. Le chasseur de chenilles doit se munir d’un grand nombre de petites boîtes, soit en carton, soit en fer-blanc, dont le couvercle sera percé de petits trous pour laisser pénétrer l’air. On peut placer plusieurs chenilles dans la même boîte, pourvu qu'elles soient prises sur la même plante, mais moins il y en aura ensemble, mieux cela vaudra, car elles sont souvent remuantes et se nuisent alors l'une à l'autre. Une bonne chenille devra toujours être mise seule dans une boîte; par bonne j'entends une chenille rare, ou qui est telle pour le collectionneur. On doit naturellement placer dans chaque boîte, avec les chenilles, quelques feuilles de la plante dont elles se nourrissent. Certaines chenilles sont 190 LES PAPTELONS? carnivores, et lorsqu'on les connaît, on doit naturellement les laisser solitaires. On peut également récolter les œufs des Papillons, ils sont générale- ment placés sur la face inférieure des feuilles ou sur les plantes basses; mais outre qu'ils sont difliciles à trouver, ils demandent beaucoup de soins et réussissent rarement. Ils offrent cependant au véritable ami de la nature un très-grand intérêt par l'observation de la naissance et du déve- loppement graduel de la petite larve. Bien qu'il soit probable que les chenilles en captivité n’agissent pas exactement comme à l’état de liberté, on acquiert cependant, de cette manière, une connaissance suffisante de leurs habitudes à l’état de nature, et on augmente les chances que l’on a de les trouver. ÉDUCATION DES CHENILLES. — Pour installer les chenilles, aussitôt après le retour de la chasse, il faut disposer, soit dans une chambre, soit dans une cour, ou encore mieux dans un coin du jardin, de FIG, 238. — Caisse à chenilles. grandes caisses en bois de sapin ou autre, garnies en dessus et sur trois côtés au moins, de toile métallique, pour donner accès à l'air, comme les garde-manger ordinaires (fig. 238. On peut diviser cette caisse au moyen de planchettes de bois mince ou avec de la toile métallique, en autant de compartiments que le comporte sa grandeur; mais il faut toujours que chacun de ces compartiments ait au moins 30 centi- mètres de côté et 40 de hauteur. — Celles destinées aux éclosions d'œufs n’ont pas besoin d’être aussi grandes; il suffit qu’elles puissent contenir la plante destinée à la nourriture des chenillettes. — On garnit le fond de ces caisses d’une couche de terre de bruyère de 3 à 4 centimètres, que l'on recouvre de mousse, puis l’on enterre à moitié dans cette terre un flacon ou deux à goulot étroit, mais pouvant toutefois rece- voir les branches d’arbres ou d'arbustes nécessaires à la nourriture des CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 191 chenilles; on les remplit d'eau et l’on a soin, après y avoir introduit les branches, de bien boucher l'ouverture des flacons avec un tampon de ouate ou de mousse, afin d'éviter que les chenilles puissent tomber dans l’eau et s’y noyer. Il faut renouveler la nourriture et changer l’eau des flacons tous les deux ou trois jours, et avoir soin que les boîtes ne soient exposées ni au plein soleil ni aux fortes pluies, car les chenilles meurent aussi bien par excès de sécheresse que par excès d'humidité. II est même utile, sinon in- dispensable, au moins pendant les grandes chaleurs, d’arroser légèrement les feuilles et les chenilles, de manière à remplacer la rosée ou les petites pluies auxquelles elles sont soumises à l’état de nature. Le petit instru- ment connu sous le nom de pulrérisateur, dont on se sert pour répandre en vapeur dans les appartements les eaux de senteur, est excellent pour cet usage. Lorsqu'on leur change la nourriture, on place les rameaux frais à côté des anciens, et les chenilles passent d’elles-mêmes sur les feuilles nouvelles, ou bien on coupe la feuille sur laquelle est accrochée la chenille. Il faut, autant que possible, s'abstenir de les toucher avec les doigts. Lorsque l’on cueille les: branches sur les arbres, ou les arbustes, ou les tiges des plantes basses, il faut avoir soin de s'assurer qu'elles ne portent ni araignées, ni fourmis, ces dernières surtout sont très-nuisibles et font périr les chenilles. Pour cette raison, il faudra aussi exposer à la chaleur du four, ou même échauder à l’eau bouillante la mousse que l’on place au fond des caisses, et si l'on place celles-ci dans un jardin, les pieds devront plonger dans de petites écuelles ou des soucoupes remplies d’eau. Les procédés que nous venons de décrire serviront principalement à élever les Diurnes, les Bombycides, et, en général, toutes les chenilles qui se chrysalident dans la mousse, entre les feuilles ou à découvert dans les angles et contre les parois de la boite. Mais celles des Sphinx, des Noctuelles et des Géomètres qui se chrysalident dans la terre, seront beaucoup mieux placées dans des pots à fleurs, à demi remplis de terre de bruyère et couverts soit d'un couvre-plat, soit d'une gaze que l’on assujettit tout autour avec un cordon ou un caoutchouc. Il vaut mieux 192 LES PAPILLONS: ici changer la nourriture chaque jour, si l’on peut, que de la mettre dans l'eau. Quelques chenilles demandent une couverture de boîte plus solide que la gaze, telles sont les Dicranuras, les Cossus et d’autres, dont les fortes mâchoires auraient bientôt déchiré ce léger tissu; on le remplacera, dans ce cas, par une toile métallique. Les chenilles lignivores ou qui vivent dans l’intérieur des arbres, comme les Cossus, les Zeuzères, les Sésies, sont très-difficiles à élever; il faut les mettre dans de la sciure et la renouveler de tempsen temps. On les nour- rit avec des pommes que l’on change lorsqu'elles sont pourries. Beaucoup de chenilies hivernent et ne demandent aucune nourriture pendant ce temps; dans ce cas, on peut les abandonner à elles-mêmes dans une boîte ou un pot bien garni de mousse et avec les plantes des- séchées sur lesquelles elles ont l'habitude de vivre. Mais au premier prin- temps, elles se réveillent et mangent largement; il faut donc alors pour- voir à leurs besoins. On nettoiera fréquemment les boîtes et les pots, surtout lorsqu'il y a plusieurs chenilles ensemble, parce que leurs excréments, en se moisis- sant, engendrent des exhalaisons nuisibles. Il faut également éloigner d'elles toutes sortes d’odeurs, car celles-ci leur sont très-nuisibles. Dès qu’une chenille meurt, ou que l’on reconnaît qu’elle est piquée par les Ichneumons, il faut la retirer sur-le-champ, car, dans le premier cas, ses exhalaisons pourraient faire périr les autres, et, dans le second, les Ich- neumons venant à éclore piqueraient les autres chenilles. Lorsqu'on élève des chenilles, il faut s'attendre à de fréquents désappointements; une grande proportion de ces insectes sera piquée par les Ichneumons. Les genres Dicranura, Notodonta, Eupithecia sont particulièrement sujets aux attaques de cette peste, et le plus souvent on ne s'aperçoit de l'accident qu'en voyant sortir les parasites de la chrysalide, aux lieu et place du Pa- pillon que l’on attendait. Quelques chenilles veulent absolument vivre à l’air libre, et périssent dès qu'on les-enferme dans la boîte à élevage ; il faut placer celles-là sur les plantes mêmes qui les nourrissent, tout en les garantissant le mieux CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 193 possible contre les oiseaux et les insectes carnassiers. C’est ce que l’on fait en enveloppant d’une poche de gaze le rameau ou la touffe de feuilles sur laquelle vivent les chenilles. On reconnaît généralement qu'une chenille va se chrysalider, lorsque, après avoir effectué toutes ses mues, celle jeûne et se purge copieusement pendant deux ou trois jours, change de couleur, devient terne et parcourt la boîte d’un air agité pour chercher un endroit où elle puisse établir sa demeure. Lorsque les chenilles se sont transformées en chrysalides, il vaut mieux transférer celles-ci dans une boîte spéciale, dite boîte à éclosion. Mais il ne faut pas cependant déranger les coques sans nécessité et lors- qu'il y a assez de place; il vaut mieux les laisser là où elles se mettent d’elles-mêmes. Quant à celles qui ont l'habitude de s’enfoncer en terre ou de se cacher sous la mousse, on les mettra dans des conditions ana- logues, c’est-à-dire dans une boîte ou un pot à moitié rempli de terre de bruyère recouverte de mousse. Les grosses chrysalides de Sphinx et de Bombyx peuvent être simplement posées sur la mousse ; il faut seulement avoir le plus grand soin de tamiser la terre d’abord, puis de passer la mousse au four, ou même de l’échauder à l’eau bouillante et de la faire bien sécher avant de s’en servir, car elle peut recéler des ennemis, et l’on courrait risque, sans cette précaution, d'introduire le loup dans la berge- rie; en effet, les chrysalides ont à craindre non-seulement les Ichneu- mons, les Tachines et autres parasites, mais encore les Fourmis, les Sco- lopendres et d’autres insectes carnassiers qui les tuent. Il est des chrysalides qui éclosent au bout de quelques jours, tandis que d'autres passent des années sous cet état; telles sont celles de plusieurs Bombyx et du grand Paon de nuit, entre autres, qui reste parfois trois ans sans éclore. — Un fait assez singulier est que les diverses familles de Papillons ont des heures à peu près régulières pour sortir de leurs chry- salides. Les Papillons de jour éclosent généralement le matin de 8 à 10 heures, les Sphinx dans l'après-midi, tandis que la plupart des nocturnes ne sortent que le soir. Quand les Papillons ne sont pas développés au bout de deux heures 13 194 LES PAPILLONS. après la sortie de la chrysalide, il y a avortement. Si on les pique trop tôt, les ailes se crispent et ne reprennent pas leur forme, quelque moyen que l’on emploie pour la leur rendre. Il vaut mieux attendre que le Papillon soit bien développé et séché, puis le recueillir dans le flacon à cyanure avant de le piquer; on évitera ainsi qu'il gâte ses ailes en se débattant ou qu'il se tache en rendant son méconium. RECHERCHE DES CHRYSALIDES. — Outre la chasse aux Papillons et l’édu- cation des chenilles, la recherche des chrysalides offrira au collectionneur un moyen de se procurer des espèces souvent très-rares et d’une grande fraicheur. Cette chasse offre, en outre, cet avantage qu'elle est précisé- ment la plus fructueuse pendant les mois où les deux autres le sont le moins, et qu'elle est ainsi pour l’entomologiste une occasion de s’occu- per, même en hiver, de sa science favorite. La manière dont les chenilles se transforment en chrysalides varie beaucoup; les Diurnes restent à nu et se suspendent sous les chaperons des murs, les entablements des édifices, dans des creux d’arbres ou contre de petites branches ; c’est donc là qu'il faudra les chercher. Mais les Noc- turnes, beaucoup plus nombreux, s’enfoncent la plupart dans la terre ou se cachent sous les écorces, sous les mousses, etc. Celles qui construi- sent des cocons les attachent aux branches des arbres ou les enveloppent dans des feuilles. Toutes les chrysalides qui se fixent à l'extérieur se recherchent à la vue simple; maisil n’en est plus de même de celles qui se cachent en terre ou sous la mousse, et c’est le plus grand nombre. C’est surtout au pied des arbres qu'il faut chercher celles-ci. Comme la plupart passent l'hiver dans leur retraite et n’éclosent qu’au printemps, il s’ensuit que les recherches peuvent se faire pendant toutela mauvaise saison; cependant les meilleurs mois sont septembre et octobre, et plus on avance dans la saison, plus les chrysalides diminuent en nombre, par suite de l'humidité qui les pourrit, ou des petits animaux qui les mangent. On peut faire des recherches au pied de tous les arbres, mais les plus productifs sont le peuplier, le saule, le chêne, le hêtre, le bouleau, le CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 195 frêne, l’aubépine, le sapin. Les seuls instruments que nécessite cette chasse sont une bêche ordinaire de jardin et une boîte garnie de mousse fraîche pour le transport des chrysalides. Quant aux localités, les meilleures sont, sans contredit, les bois et les parcs, les prairies parsemées ou bordées d'arbres. Celles qui sont situées sur les bords des ruisseaux ou des rivières sont souvent rémunératrices, à la condition qu'elles soient assez élevées au-dessus du niveau des hautes eaux. Il est à peu près inutile de chercher les chrysalides dans les parties épaisses d’un bois; les arbres situés sur la lisière ou dans les clairières sont les seuls qui offrent quelque chance de succès. L'expérience prouve, en outre, que c’est presque toujours sur le côté du tronc tourné vers le nord que l’on trouve les chrysalides, soit enterrées au pied de l'arbre, soit cachées sous la mousse qui garnit les grosses racines ; cela vient probablement de ce que leur instinct leur fait choisir ce côté comme étant moins exposé au soleil et à la pluie, qui sont tous deux nuisibles aux chrysalides. Ce sera donc toujours par ce côté que l'on commencera les investigations, et si l’on n'y trouve rien, l'on pourra passer à un autre arbre. Voici la manière de procéder : on introduit la bèche à 20 centimètres environ du pied de l’arbre, le fer incliné à 45°, puis on soulève douce- ment la motte de terre, que l’on pose sur le sol. On regarde avec soin la partie dénudée du tronc pour voir si quelque chrysalide y est restée atta- chée; l’on prend ensuite la motte détachée de la main gauche, et on la frappe doucement avec la bêche pour la désagréger et en faire tomber les chrysalides. Avant de quitter l'arbre, on enlèvera la mousse qui couvre les racines et le bas du tronc, et l’on examinera s’il n'y a pas quelque fente ou cavité recouverte par l'écorce soulevée où puisse s'être glissée quelque chenille pour se transformer. Toutes ces opérations doivent étre faites avec de grandes précautions, car la moindre blessure, le plus petit froissement feront périr les chrysalides. Les fils de soie qui attachent les chrysalides des Diurnes et les coques qui enveloppent celles des Nocturnes ne servent pas uniquement à les maintenir en place ou à les mettre à l'abri des intempéries; elles ont en- core pour but d'offrir un point d’abri au Papillon au moment de l'éclosion, 196 LES PAPILLONS. pour sortir de son enveloppe et s'en débarrasser ; sans ce point d'appui, il risque de rester emmailloté et de ne pouvoir pas se développer. C’est là la cause du plus grand nombre des avortements, si communs chez les Papillons élevés en captivité. Il faut donc, autant que possible, imiter la nature en fixant, au moyen d’un fil, sur un carton, les chrysalides des Diurnes et en collant, avec un peu de gomme, les coques, qui sont d’or- dinaire fixées aux troncs ou sur les branches des arbres, ou même en en- levant avecelles le morceau d’écorce auquel elles sont attachées. Quant à ceiles qui sont nues et enterrées, il suffit de les remettre dans la terre des boîtes et de les recouvrir d’une couche de mousse bien divisée. PRÉ PAR A RTO NEC ONIS E EN RTION) Quelque beau et parfait qu'il soit, fun Lépidoptère doit toujours être préparé pour déployer tous ses avantages. Les antennes et les pattes, dans un insecte mort, n'ont jamais leur position naturelle, et les ailes placées ou trop haut où trop bas, n'ont jamais la régularité désirable. Il est donc nécessaire de les préparer avec soin avant de les placer dans la collection. La figure ci-jointe (fig. 239) peut donner une idée de l'attitude que doit présenter un insecte bien préparé. L'appareil récessaire pour préparer ou étaler un Papillon a reçu le nom d’éfaloir (fig. 240, voy. p. 197). C’est un instrument fort simple com- posé de planchettes de bois tendre, au milieu desquelles est creusée une rainure profonde de 25 millimètres au moins, garnie dans le fond d’une petite F1G. 239. — Pose d'un Papillon préparé. bande de liége ou de moelle de sureau. Il est nécessaire d’avoir plusieurs étaloirs appropriés à la taille des insectes que l’on veut préparer; car il faut que le corps du Papillon puisse entrer librement dans la rainure médiane Sans toucher ni le fond, ni les bords de la rainure, et il faut en même CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 197 temps que la base des ailes trouve un appui sur les planchettes de la sur- face. Celles-ci doivent être d’ailleurs bien lisses et bien égales dans toute leur étendue. Lorsque le Papillon est suffisamment frais, c'est-à-dire que ses ailes et ses membres ont conservé une certaine flexibilité, on enfonce le corps bien droit dans la rainure, et de manière que les ailes reposent à plat sur les planchettes ; alors, au moyen de fines aiguilles à tête d'émail ou de cire, on étale les ailes. On enfonce l'aiguille vers le milieu de l'aile, au-dessous de la nervure costale, et on l'amène doucement à dépasser un peu la hauteur de la tête, puis on étend l'aile inférieure du même côté, de façon qu'elle soit un peu recouverte par la supé- rieure. On fait la même chose pour les deux ailes du côté opposé, en observant un parallélisme aussi parfait que possible. Puis, les quatre ailes bien en place, on les comprime avec des bandes de papier fort que l’on fixe avec des épingles, on arrange ensuite les pattes et les antennes. L’abdomen de l'insecte tend parfois à s’in- cliner et à tomber, surtout dans les Bombyx et autres Nocturnes à corps épais, s’il n'est soutenu; c’est ce que l’on fera au moyen de deux épingles croisées sous l’ab- domen en forme d’X. On accroche alors l’étaloir garni de Papillons au mur pour les laisser sécher tranquillement. Par cette mé- thode, ils sèchent plus promptement, mais ils sont exposés à la poussière ; il vaut mieux les enfermer dans une armoire, une bibliothèque. Douze à quinze jours suffisent pour les Diurnes et les petits Nocturnes; mais les gros Bombyx, les Sphinx, etc., de- mandent au moins trois semaines et souvent un mois. Il arrive parfois qu'un Papillon se dessèche avant qu'on ait eu le temps de l'étaler, il faut alors le ramollir. 11 y a plusieurs manières de ra- mollir les insectes ; le moyen le plus simple est de les piquer sur du grès 198 LES PAPILLONS. humide, additionné de quelques gouttes d'esprit de vin ou d'acide phénique placé dans un plat creux, et l'on recouvre avec une cloche de verre suff- samment enfoncée dans le grès pour intercepter l'air. Le lendemain, les Papillons seront redevenus parfaitement flexibles. Il faut toujours tuer un Papillon avant de le mettre Sur l’étaloir — nous avons indiqué plus haut les divers moyens employés dans ce but. — Autrement l'insecte s’agite, il perd ses poils par le frottement contre les bords de la rainure ; son abdomen se relève ou se jette de côté, et malgré les bandes de papier, ses ailes se dérangent et se gâtent par suite des efforts qu'il fait pour se dégager de ses entraves. Il y a d’ailleurs une question d'humanité à ne pas faire souffrir inutilement un pauvre animal. Lorsqu'il a été tué par le cyanure, l’'ammoniaque ou la benzine, le Papil- lon acquiert souvent une raideur qui ne permet pas de l’étaler de suite ; il faut alors le laisser à l’air libre pendant quelques heures pour qu'il re- prenne sa souplesse. Les Papillons, étendus et prêts à être placés dans la collection, ont trois ennemis à craindre : ce sont la graisse, les Anthrènes et la moisissure. Par graisse on entend la matière huileuse ou graisseuse qui exsude du corps de beaucoup de Lépidoptères nocturnes. Elle apparaît d'abord en taches sur l'abdomen, et, si on les néglige, elles gagnent le thorax, puis les ailes, et gâtent complétement l’insecte. Les Bombyx, les Zeuzères, les Noctuelles sont ceux qui tournent le plus facilement au gras. — Pour les débarrasser de la graisse, il faut passer sur les parties graisseuses un pin- ceau imbibé de benzine, puis poser le Papillon dans une boîte, sur de la terre de sommières, et l'en recouvrir complétement. Au bout de vingt- quatre heures on dégage le Papillon, et, à l’aide d’un pinceau sec, on en- lève la poussière qui lui reste sur le corps. Cette opération lui rend toute sa fraîcheur. Mais c’est surtout contre les Anthrènes que le collectionneur doit se mettre en garde; car, une fois dans la place, il est bien difficile de s’en débarrasser, ou l’on n’y parvient que lorsque déjà ils ont commis des dégâts considérables. Les Anthrènes sont de petits insectes Coléoptères dont les mœurs ont été décrites dans le 1° volume de cette collection. La CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 199 larve pénètre dans le corps des insectes, ronge les membranes qui relient les diverses pièces cornées entre elles, et celles-ci se détachent et se bri- sent bientôt; la larve passe alors dans un autre insecte, et toute la boite n'offre bientôt plus que le désolant spectacle de têtes, de pattes et d'ailes éparses au milieu de la poussière. La Mite est une espèce d’Acarus presque microscopique, qui pénètre également dans le corps des insectes desséchés pour en ronger lestéguments. On a conseillé une foule de moyens pour combattre ces petits êtres destructeurs ; nous ne parlerons ici que de ceux que nous avons expéri- mentés nous-même. Le camphre et l'essence de serpolet, recominandés par les anciens naturalistes, sont tout à fait inefhcaces. Quant au bichlo- rure de mercure ou sublimé corrosif, non-seulement son emploi est dan- sereux, Car c’est un poison violent, mais il offre encore le double incon- vénient de corroder les épingles et de couvrir les insectes d’un dépôt blanchâtre désagréable à l'œil. Le Nécrentome, sorte d'étuve à double fond, dans laquelle on soumet les boîtes à insectes à la chaleur de l'eau bouillante, n’est qu’un moyen de détruire les ennemis présents, mais non un préservatif contre eux. Voici un moyen employé par moi depuis plusieurs années, et qui m'a toujours donné d’excellents résultats : je prends chez le marchand de couleurs du blanc de céruse en pâte, préparé à l'huile, tel que s'en ser- vent les peintres décorateurs ; je le délaie avec de l'essence de térében- thine, en quantité suffisante pour qu'il soit coulant, et, à l’aide d'un pinceau plat, j'en peins l’intérieur de mes boîtes. Lorsque la peinture est sèche, on peut appliquer sur le fond une feuille de papier blanc. Jamais dans les boîtes ainsi préparées je n'ai trouvé trace d’Anthrènes ou de Mites, même après les avoir abandonnées à elles-mêmes pendant plu- sieurs années. Pour plus de sûreté, on pourra, avant d'y piquer les in- sectes, rendre ceux-ci encore plus inattaquables, en leur appliquant sur l'abdomen, au moyen d’un pinceau, soit de l'alcool arsénié, soit une.solu- tion de bichlorure de mercure, soit simplement de la benzine. Cette pré- caution offre en outre l'avantage de mettre les insectes ainsi préparés à l'abri de la moisissure. ; 200 PES PAPILEONS: La moisissure est pour les collections une cause active de destruction. Pour les en préserver, le premier soin à prendre est de ne jamais placer dans les boites un insecte avant qu'il soit parfaitement sec, et en se- cond lieu, éviter soigneusement de placer les boîtes dans un lieu obscur et humide. Lorsque, malgré ces précautions, un Papillon est atteint par la moisissure, il faut l'en débarrasser en passant sur les parties atta- quées un pinceau imbibé d’éther. Certaines espèces qui ont un gros abdomen, comme les Bombyx, les Sphinx, les Écailles, etc., se brisent souvent au moindre choc, lorsqu'on déplace les boites qui les renferment ou qu'on les fait voyager. M. Berce, dans sa Faune francaise des Lépidoptères , indique un excellent moyen pour obvier à cet inconvénient. Au moyen d’une aiguille très -longue et très-fine il introduit sous la tête un fil qu'il fait ressortir par l’extré- mité de l'abdomen, puis il coupe ce fil aux deux bouts près de la tête et à l'extrémité du corps. Ce fil, qui traverse ainsi le Papillon dans toute sa longueur, maintient si parfaitement les diverses parties du corps qu'aucun choc ne peut plus les détacher. Si, avant d'introduire le fil en question dans le corps de l'insecte, on a soin de le tremper dans l’une des solutions préservatrices dont il est question plus haut, le Papillon se trouvera, au moins pour un certain temps, à l'abri des attaques des Anthrènes et de la moisissure. PRÉPARATION ET CONSERVATION DES CHENILLES. — Îl est très-important pour le lépidoptériste de bien connaître les chenilles, puisque c’est par l'éducation de celles-ci qu'il se procurera les plus beaux individus de sa collection, et souvent aussi les plus rares. Il est donc bon de pouvoir les conserver. On emploie plusieurs méthodes dans ce but. La première con- siste à les enfermer dans de petits tubes de verre remplis d’alcool étendu d'eau et bouchés bien hermétiquement; mais si l’on emploie ce moyen, il faut d'abord les laisser séjourner quelques heures’ dans d’autre alcool pour qu'elles se débarrassent des matières âcres et colorantes qu'elles ren- ferment. Malheureusement, l'alcool, quelque faible qu'il soit, a l’inconvé- nient d’altérer à la longue les formes et les couleurs des chenilles. La CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 201 méthode d'insufflation nous paraît préférable. Voici comment on la pra- tique : on prend les chenilles bien développées, et on les tue peu de temps après leur dernier changement de peau. Cela est important surtout pour les chenilles velues, qui, sans cela, perdraient leurs poils pendant l’opé- ration. On commence par vider entièrement la chenille, en la pressant entre le pouce et l'index, de manière à faire sortir par l'extrémité de l’ab- domen les intestins et les viscères. Lorsque le corps de la chenille ne contient plus rien, ce que l’on reconnaît à la transparence de la peau, on introduit dans l’anus un tube de paille, naturellement proportionné à la grosseur de la chenille, et on le fixe à la peau avec une épingle très-fine. On allume ensuite du charbon de bois dans un réchaud, et quand le char- bon est bien incandescent, on place au-dessus une plaque de tôle mince qui ne tarde pas à s'échauffer et à dégager une grande quantité de calori- que. C'est alors qu'il faut souffler la chenille en la tenant à quelques cen- timètres au-dessus de la tôle et en roulant le tuyau de paille entre ses doigts, afin que la chenille sèche également de tous les côtés. En deux ou trois minutes, la chenille sera gonflée et sèche; une petite chenille de- mande naturellement moins de temps qu'une grosse. Lorsqu'on arrêtera son souffle pour reprendre haleine, il faudra avoir soin de la retirer du feu ; car la peau se déformerait. L'opération terminée, on retire la paille ou on la coupe, et l’on fixe la chenille avec un peu de gomme sur un petit morceau de liége ou de moelle de sureau. IMPRESSION DES PAPILLONS. — On reproduit les Papillons sur le papier, avec une exactitude et un fini merveilleux, par un procédé fort simple. On prend du beau papier à dessin où du carton bristol, sur lequel on étend de l’eau gommée avec une petite dissolution de sel, afin d'éviter le brillant de la gomme; puis, après avoir détaché les ailes d'un Papillon bien sec, on les applique sur le papier humide, à leur distance or- dinaire. Lorsque les ailes sont bien en place, on met par-dessus quelques feuilles de papier et l’on passe le tout sous un rouleau de bois ou sous une presse à cylindrer. Au sortir de la presse, on enlève les quatre ailes, qui ne sont plus qu'une pellicule, les écailles étant restées 202 LES PAPILLCONS: collées sur le papier. On n’a plus alors qu'à peindre le corps, les antennes et les pattes. CorLecrion. — Les Papillons étalés et préparés sont rangés en collec- tion dans des boîtes, soit en carton, soit en bois, dont les formes et les dimensions varient suivant le goût des amateurs. Dans tous les cas, ces boîtes doivent fermer hermétiquement et être garnies au fond d'une plan- chette de liége recouverte de papier blanc. Il est très-utile d’avoir des boîtes à double couvercle, dont l’un, intérieur, composé d’une vitre, afin de pouvoir étudier la collection sans crainte d'accidents, et l’autre en car- ton ou en bois, comme la boîte, pour empêcher la lumière de décolorer les ailes. Il faut surtout que la collection soit placée dans un endroit sec, mais cependant pas trop chaud, exposé au nord, par exemple, et l'on doit la visiter de temps en temps pour vérifier s'il n’y a pas trace d’Anthrène ou de moisissure. Si l’on aperçoit de la poussière sous un Papillon, c’est un indice certain qu'il est attaqué par les larves d’Anthrènes; il faut alers le retirer de la collection et le mettre à part dans une petite boite où l’on versera quelques gouttes de benzine. On la refermera aussitôt, et les vapeurs ne tarderont pas à asphyxier les larves. On fera même bien, par mesure de précaution, de verser de la benzine dans la boîte attaquée. Chaque boîte ou tiroir, quelle que soit sa forme, doit porter sur le dos une étiquette indiquant les noms des genres qui y sont renfermés. On évitera ainsi une grande perte de temps. L'ordre dans lequel doivent être placés les insectes dans la collection, la grandeur et la forme des étiquet- tes peuvent varier suivant le goût et les idées du collectionneur. L'une des dispositions les plus généralement adoptées est celle en colonnes ver- ticales. Il est nécessaire de représenter chaque espèce par un mâle et une femelle montrant le dessus, et une seconde paire laissant voir le dessous, dans les espèces où il est utile de voir les deux côtés, comme les Polyom- males, les Argynnes, les Melitæa, etc. — Les étiquettes doivent être fixées au liége qui garnit le fond de la boîte, au moyen de petites épingles CHASSE, PRÉPARATION, CONSERVATION. 203 très-courtes, que l’on appelle camions. Généralement on place en tête de chaque colonne une étiquette portant le nom du genre en caractères plus gros et entourée d’un filet. Les indications particulières à chaque individu, telles que la localité et l’époque où on l'a pris, sont inscrites sur de petites étiquettes rondes fixées à l’épingle : ainsi %%, pour indiquer que l’indi- vidu a été pris à Bondy le 12 mai 1876. Ce sont des renseignements très- utiles pour retrouver l'espèce. 204 PESSPAPITECOINS: BIBLIOGRAPHIE Kb ‘on peut consulter avec fruit, pour l’histoire naturelle des Lépidoptères, une foule d'ouvrages dont nous ne pouvons donner ici le catalogue complet. La Biblio- graphie entomologique, publiée par Percheron, il y a quarante ans, comprend déjà deux forts volumes in-8°. Ceux qui seront curieux de connaitre, au moins de nom, ce qui a été écrit sur la matière, pourront consulter ce livre, ou bien le Bibliotheca entomologica du D' H. A. ‘ Hagen, publié à Leipzig en 1862. Nous nous contenterons de citer ici les oùvrages les plus importants ou les plus utiles sur les Lépidoptères. En tête des historiens des mœurs et de l’organisation des Papillons, nous placerons RéauMuUR ; on peut dire qu'aucun naturaliste n’a vu plus ni mieux que lui. La collection de ses Mémoires, qui forment 6 vol. in-4?, publiés de 1734 à 1740, renferme une foule d'observations curieuses sur les métamorphoses et sur les mœurs des Papillons. Après lui vient le BIBLIOGRAPHIE. © [e) un Suédois DE GER, son digne continuateur. Son ouvrage, imprimé en français en 1752, forme 7 gros volumes in-4°. Il a décrit tous les insectes connus de son temps. L'abbé LATREeILLE, surnommé le père de l’entomologie, a, dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes (6 vol. in-8, 1802), donné un résumé général des observations antérieures sur les mœurs des in- : sectes. Ce même travail a été fait d’une manière beaucoup plus complète par les entomologistes anglais Kirby et Spence, dans leur Zntroduction à l’'Entomologie (4 vol. in-8°, 1828), dont le professeur Lacordaire, récem- ment enlevé à la science, a donné en 1835 un excellent abrégé (2 vol. in-8°). Les classificateurs et surtout les descripteurs sont les plus nombreux. En tête des classificateurs il faut placer Linné, qui, le premier, dans son Systema naturæ, établit les ordres, les familles et les genres, et désigna chaque espèce connue de son temps par un seul mot ajouté au nom géné- rique. La 13° et dernière édition de cet immortel ouvrage porte la date de 1707. Puis viennent par ordre de date: Ernst Er ENGramELLE, Papillons d'Europe peints d'après nature. Paris 1779-1700, 8 vol. in-4° avec 350 planches coloriées. Rossi, Fauna etrusca. Livourne 17090, 2 vol. in-4°. Hüexer, Sammlung europæischer Schmetterlinge. Augsburg 1706, in-4°. Scarank, Fauna Boïca. Ingolstädt 1801, 3 vol. in-4°. OcusexHemMERr, Die Schmetterlinge von Europa. Leipzig 1807 a 1816, 4 vol. in-8o, Trerrscake, Supplément à l'ouvrage d'Ochsenheimer. Leipzig 1825-1826. GoparT ET Duroncnez, Histoire naturelle des Lépidoptères de France, avec des figures de chaque espèce dessinées et coloriées d'après nature. Paris 1821-1845. — Supplément des Lépidoptères d'Europe. Paris 1836-1845. — Iconographie et histoire naturelle des chenilles. Paris 1832-1849. STEPHENS, {llustrations of British Entomology or a Synopsis of British Insects. Les Lépidoptères forment 4 volumes avec planches coloriées. Borspuvaz ET GUÉNÉE, Species général des Lépidoptères. Paris, 10 vol. in-8° avec figures. Lucas, Histoire naturelle des Papillons. 2 vol. in 8, figures coloriées. RENNIE, /nsects’ architecture. London 1840. 206 LES PAPILLONS: Duroncuez, Catalogue méthodique des Lépidoptères d'Europe. Paris 1844, 1 vol. in-8°. Dousepay ann Wesrwoop, Zhe genera of diurnal Lepidoptera. London 1846, 2 vol. in-fol., avec 86 planches coloriées. Wesrwoop, {ntroduction to the modern classification of Insects, etc. 2 vol. in-8e. Micière, lconographie et description de chenilles et Lépidoptères inédits. Paris 1859 et suiv., in-8°, avec planches coloriées. Curtis, British Entomology. — Lepidopters. London 1863, 1 volume in-8°, avec figures coloriées. Berce, Faune entomologique francaise, Papillons, ou description de tous les Papil- lons qui se trouvent en France. 5 vol. in-12, avec planches coloriées. Paris 1867- 1871. Quant aux Revues, il en est plusieurs fort utiles pour l’entomologiste qui veut se tenir au courant des progrès de la science; les plus impor- tantes sont: les Annales de la Société entomologique de France, qui pa- raissent tous les ans depuis 1832 et renferment une quantité d'excellents mémoires et des monographies. La Berliner entomologische Zeitschrift est publiée par la Société entomologique de Berlin depuis 1857, et les Transactions of the entomological Society of London. LES PAPILLONS D'EUROPE GENERA DES LÉPIDOPTÈRES D'EUROPE ET DE LEURS CHENILLES COMPRENANT L'HISTOIRE NATURELLE EN GÉNÉRAL, L'ÉPOQUE D'APPARITION LEUR HABITAT, MŒURS, NOURRITURE DESCRIPTION DES CHENILLES, LA SYNONYMIE FRANÇAISE ET DE NOMBREUSES OBSERVATIONS PRATIQUES SUR LA CHASSE ABRÉVIATIONS. & Mâle. Huf. Hufnagel. ® Femelle. Ilig. Iliger. Kad. Kaden. Alb. Albin. Kef. Keferstein. And. Anderegy. Kind Kindermann. Bdv. Boisduval. Klee. Kleemann. Bork. Borkhausen. Kn. Knock. Br. Brahm. Kol. Kollar. Brd. Bruand. Kuhl. Kubhlwein. (@1Ë Clerck. Lah. Laharpe. Cost. Costa. Lasp. Laspeyres. Cr. Cramer. Latr. Latreille. Curt. Curtis. Led. Lederer. Dalm. Dalman. | Lin. Linné, Dard. Dardouin. Ménét. Ménétriès. Deprun. Deprunner. Metz. Metzner. Devill. De Villers. ù Mill. Millière. Donov. Donovan. Mn. Mann. Donz. Donzel, Nik. Nikerl. Dbd. Doubleday. | Ochs Ochsenheimer, Drap. Draparnaud. | Pal. Palmer. Dr. Drury. Panz. Panzer. Dup. Duponchel. Payk. Paykul. Engr. Ernst et Engramelle. Pet. Petagna. Esp. Esper. Quens. Quensel. Ev. Eversmann. Rb. Rambur. Fab. Fabricius. | Reaum. Reaumur. Fischer. Fischer von Roslerstamm, Roes. Roesel. Fischer. Fischer von Waldheim, Ros. Rossi. Fons. Boyer de Fonscolombe. Schæf. Schæffer, Fr. Freyer. Schl, Schlæger, Fris, Frisch. | Schr. Schrank. Friw. Friwaldsky. | Scop. Scopoli. Fuess. Fuessly. | Scrib. Scriba. Geof. Geoffroy. | Sich. Sichel. Germ. Germar. Silb. Silbermann. God, Godart. | Som. Sommer. Gn. Guénée. Staud. Staudinger. Guér. Guérin, Steph. Stephens. Haw. Haworth. Sulz. Sulzer. Heeg. Heeger. Thunb. Thunberg. Her. Hering. | 15e Treitschke, H.S. Herrich-Schæffer, View. Vieweg. Hey. Heyden. \i/0" Wa Wiener Verzeichniss. Hub. Hübner. | Zel. Zeller. CENER A DES LÉPIDOPTERES ÉPPSPORREENACURELLE DES PAPILLONS D'EUROPE ET DE LEURS CHENILLES A. DEPUISET AVEC 50 PLANCHES COLORIÉES, DESSINÉES ET PEINTES D'APRÈS NATURE DEUXIÈME ÉDITION PARIS J. ROTHSCHILD, LIBRAIRE-ÉDITEUR 13, RUE DES SAINTS-PÈRES, 13 CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE DES ne MIPEOINS D'EUROS RHOPALOCERA, Bov. PREMIFRE FAMILLE = LES DIURNES, Larr. TRIBU DES PAPILIONIDES (Papilionidæ). Genre Papitio, Lin. apilio Machaon, Lin. Grand porte-queue, Engr. (PI. IE, fig. 4, a, b, c, d). — Dans toute l'Europe, en mai, juillet et août; on le rencontre le plus souvent dans les jardins , les champs de luzerne. Il faut chercher sa chenille en juin et septembre sur la carotte el le fenouil, plantes dont elle fait sa nourriture de prédilection. Papilio Podalirius, Lin. #lambé, Engr. (PI. I, fig. 2, a, b, c, d). — Dans une grande partie de l'Europe, excepté le Nord. Commun dans le centre et le midi de la France. Le Ælambé recherche les clairières et les allées des bois, les grands jardins. Les chenilles vivent particulièrement sur le prunellier , en juin, août et septembre. Celles de la première génération donnent leurs Papillons en juillet et août; celles de la seconde, en avril et mai de l’année suivante. Papilio Alexanor, Esp. (PI. Il, fig. 3). — L’Alexanor ne parait qu'une fois par an et n’est pas rare dans les montagnes des environs de Digne, vers la fin de juin et les premiers jours de juillet. Aime à se poser sur les chardons en fleurs. 212 LES PAPILLONS D'EUROPE. Sa chenille croit rapidement et fait sa nourriture exclusive du séséli dioïque. Elle ressem- ble beaucoup, pour la forme, à celle du Machaon; mais le fond de sa couleur est d’un vert plus jaunâtre, et les bandes de ses anneaux ne sont pas, comme chez celle-ci, marquées de points orangés. = Dans les derniers jours de juillet, le commencement d'août, elle va se fixer contre les ro- chers, afin d’y passer l’hiver à l’état de chrysalide. Genre THaïs, Fab. Thaïis Hypsipyle, Kab. — Polyxena, Hub. Diane, Eugr. (PI. IT, fig. 4). — Com- mune, en avril et mai, dans les clairières des forêts de la Hongrie, de la Russie méridionale. Chenille d’un jaune citron, avec des épines charnues, fauves, ciliées de noir, et une ran- gée latérale de points noirs. Vit, en juillet et août, sur les aristoloches clématite et à feuilles rondes. Cette espèce se trouve également en Italie et dans le midi de la France, aux environs d'Hyères, mais alors modifiée, et connue sous le nom de Cassandra , Hub. Dans les années hâtives elle y paraît dès le commencement de mars. La chenille de Cassandra, qu’on rencontre en juillet et août sur les Aristolochia pistolo- chia et rotunda, se chrysalide sur les tiges de la plante qui lui a servi de nourriture, ou sous quelques pierres environnantes. Thaiïs Medesicaste, Och. Proserpine, Engr. (PI. IL. fig. 5).— Commune en mai, juin, dans les garigues du Languedoc et de la Provence. La chenille se trouve, à la fin de juillet, le commencement d’août, sur l’Aristoloche pisto- loche. Se chrysalide, de même que Cassandra, en se fixant sur la plante qui la nourrie. Cette chenille ressemble assez à celle de l’Hypsipyle. Elle est d’un vert jaunàtre, avec deux bandes dorsales jaune-soufre, bordées de deux lignes noires interrompues; ses fubercules coniques, ou épines charnues, de couleur orange, sont également hérissés de poils noirs. La Medesicaste a cela de particulier qu’elle reste quelquefois deux années à l’état de chrysalide, et que des chenilles récoltées surtout dans les environs de Digne, on obtient, dans la proportion de un à deux pour cent, une variété fort remarquable chez laquelle le rouge domine principalement aux ailes inférieures. Cette variété, ou aberration, est connue sous le nom d’'Honnoratii, Ba. TRIBU DES PARNASSIDES (Parnassidæ). Genre Doriris, Och. Doritis Apollina, Och. Petit Apollon, Engr. (PI. I, fig. 6, 9). — Cette belle et rare espèce, comme européenne, vole dès le commencement du printemps dans les montagnes de la Grèce, de la Turquie, des îles de l’Archipel et aux environs de Smyrne. Chenille d’un noir mat, très-lésèrement pubescente , avec deux rangées de gros points CLASSIFICAMION EM ICONOGR'APHIE. 213 rouges sur les côtés, et dans l'intervalle une suite de points jaunes, plus petits, placés au commencement des anneaux depuis le cinquième jusqu'au neuvième. Vit, en avril et mai, sur lParistoloche, en s’abritant à la façon de la V. cardui. Se métamorphose à la surface du sol ou bien en terre. Chrysalide brune, ramassée, ayant beaucoup d’analogie avec celles de certains Bombycites. Éclot en février et mars. A. PRUNUS spINOSA, Prunellier. Plantes de la PI, IT. . NE ; B. CARUM cARvVI, Cuinin des prés. Genre ParNassius, Latr. Parnassius Apollo, Lin. Apollon, Engr. (PI. HI, fig. 1, &, b, e, d). — Commun dans les Alpes et les Pyrénées, etc., en juin et juillet. Ce Papillon a le vol lourd et se prend très- facilement lorsqu'il quitte les endroits escarpés. La chenille vit sur différentes espèces d’orpins Sedum et de saxifrages. On la trouve en mai el au commencement de juin; à cette époque , elle se renferme dans une légère coque entre des feuilles, et s’y transforme en une chrysalide ayant assez de ressemblance avec la nymphe d’un Nocturne; l’insecte parfait en sort au bout d’une vingtaine de jours. L’Apollon varie beaucoup par la taille et les taches ocellées des ailes inférieures. Parnassius Phœbus, Hub. (PI. IL, fig. 2, «, b). — Alpes de la Suisse, de la Savoie, etc. ; en juillet. Le Phæbus fréquente de préférence les bords des torrents qui descendent des glaciers, les prairies humides des montagnes. La chenille est connue depuis longtemps, mais nous ne sachons pas qu’il en ait été donné une description. Cette espèce est généralement moins abondante que ses deux congénères dont nous parlons. Parnassius Mnemosyne, Lin. Semi-Apollon, Engr. (PI. IT, fig. 3, «, b, c). — Ce Parnassien est très-commun en juin et juillet dans les Pyrénées, les montagnes de la Suisse, de l'Allemagne, de la Suède. N’habite que les prairies très-élevées, où on le voil voler en grand nombre sur les ombellifères. La chenille vit en avril et mai sur les Corydalis, plante de la famille des fumariées, et se tient cachée pendant le jour sur terre entre des feuilles. Se chrysalide, ainsi que l'Apollon, au milieu de quelques feuilles réunies avec des fils de soie. { À. SEDUM TELEPHIUM, Orpin reprise. Plantes de la PI. TIT. Ë ; S > 10 LAS ne y | B. LoNICERA XYLOSTEUM, Camnérisier des bois. TRIBU DES ARGYNNIDES (Argynnidæ). Genre ARGYNNIS, Fab. Argynnis Paphia, Lin. Tabac d'Espagne, Engr. (PI. X, fig. 4, «, b, c, d, $). — Dans toute l'Europe. Gette Argynne est très-commune dans les grarids bois depuis la mi-juin jus- qu'à la fin de juillet, sur les fleurs de ronces et de chardons. La chenille, très-difficile à trouver, vit solitaire sur la violette de chien, Viola canina, vers la fin de mai, dans les endroits humides des bois. On rencontre, mais rarement aux environs de Paris, une variété femelle ayant le dessus des ailes d’une teinte très-foncée et verdâtre : Valesina, Esp. Plus commune en Suisse. Argynnis Adippe, Fab. Grand nacré, Engr. (PI. X, fig. 2). — Dans presque toute l'Europe. Son époque d'apparition et ses mœurs sont celles de l'espèce précédente. Sa chenille vit sur la violette odorante et la pensée, Viola odorata et tricolor. Elle est brune, ou violätre, avec des taches noires et une bande blanche, interrompue, le long du dos. Épines d’un brun plus clair. L'Adippe dépourvu des taches nacrées du dessous des ailes forme la variété Cleodoxa, Esp. Argynnis, Aglaja, Lin. Nacré, Engr. (PI. X, fig. 3, a,b,c, d). — Europe. Dans les bois et les champs, les prairies élevées. Parait à la même époque que les Argynnes Paphia et Adippe, et, comme elles, se pose volontiers sur les ronces et les chardons en fleurs. La chenille vit solitaire sur le Viola canina, à la fin de mai, dans les premiers jours de juin, et se tient également cachée pendant le jour. Argynnis Latonia, Lin. Petit nacré, Engr. (PI. X, fig. 4). — Cette jolie Argynne se trouve dans toute l'Europe, bois, jardins, chemins herbus, une grande partie de l’année, mais plus abondamment en avril, juin, juillet et août. Aime à se poser sur le sol. Sa chenille est de couleur brune, avec des chevrons blancs sur le dos, et deux lignes fauves de chaque côté du corps. Vit sur la pensée, la buglosse officinale, Anchusa officinalis, en mai, juillet et septembre. LES PAPILLONS D'EUROPE. w D + Argynnis Amathusia, Fab. Argynne Amathuse, God. (PI. X, fig. 5). — Suisse, etc. Prairies humides et ombragées, en juillet. Commune. Chenille d’un gris foncé, avec une bande noire maculaire sur le dos. Épines jaunes à base entourée de noir : celles du premier anneau plus longues. Vit à la fin de mai sur la renouée bistorte, Polygonum bistorta, plante qui croit dans les prés humides des montagnes. Argynnis Dia, Lin. Petite violette, Engr. (PI. X, fig. 6). — Dans une grande partie de l'Europe. Assez commune dans les bois secs en avril, mai, juillet et août. Vole à une légère distance du sol sur les lisières des bois, dans les endroits arides. Chenille d’un brun foncé, avec une ligne dorsale noire; les épines rougeûtres; la tête et les pattes noires. Vit en juin et septembre sur les violettes. Plante de la PI. X. — A. VIOLA TRICOLOR, Pensée. Genre MeuTxA, Fab. Melitæa Cinxia, Lin. Les Damiers, Engr. (PI. XI, fig. 1, «, b, ce, d). — France, Alle- magne, etc. Très-commune en mai, juin, dans les bois secs, les endroits arides, Les jeunes chenilles passent l’hiver en société sous une tente soyeuse et se dispersent en avril après leur dernier changement de peau. Vivent sur le plantain lancéolé, l’épervière pilo- selle, Hieracium pilosella, et se chrysalident vers le milieu de ce mois. Melitæa Athalia, Bork. Les Damiers, Engr. (PI. XI, fig. 2, «a, b, c). — Dans toute l’'Eu- rope, en juin et juillet. Bois. Cette Mélitée est la plus commune du genre. Sa chenille vit en mai sur plusieurs plantes basses, principalement sur le mélampyre des bois, Melampyrum silvaticum, et le plantain lancéolé. Melitæa Artemis, Fab. Les Damiers, Engr. (PI. XI, fig. 3, a, b,c, d). — Très-com- mune dans une grande partie de l’Europe. Vole en mai dans les grands bois de nos environs. Mœurs de Cinæia à l'état de larve. On trouve celle-ci, en avril, au bord des bois sur la scabieuse mors-du-diable, Scabiosa succisa, et la jacée, Centaurea jacea. Melitæa Dyctynna, Esp. Les Damiers, Engr. (PI. XI, fig. 4). — Nord de la France, en- virons de Paris, Allemagne , etc. Moins répandue que les précédentes, cette espèce habite de préférence les forêts un peu marécageuses. Aux environs de Paris, c’est à Bondy qu'il faut la chercher. Parait en juin. Chenille d’un brun violet ponctué de gris, avec trois lignes noires longitudinales, Tète noire avec deux taches bleuâtres. Se trouve en mai sur la véronique agreste, Veronica agrestis. Melitæa Didyma, Esp. Les Damiers, Engr. (PI. XI, fig. 5, g). — France centrale et méridionale, Suisse, Allemagne, Russie. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 225 De toutes les Mélitées, c’est l'espèce qui varie le plus, tant par la vivacité des couleurs que par la disposition des taches. Commence à paraître vers la fin de juin. Chenille fin mai; sur les plantains, les véroniques, la linaire vulgaire, le Verbascum ni- grum. Elle est d'un gris bleuâtre, avec une bande noire transverse pointillée de blanc sur chaque anneau. Mamelons charnus, ou épines, alternativement blancs et fauves. Tète fauve avec deux points noirs, pattes rougeätres. Melitæa Cynthia, Fab. Damier à taches blanches, Engr. (PI. XI, fig. 6, &). — Alpes de la Suisse, du Tyrol, de la Savoie. Juillet, commencement d'août, Chenille d'un jaune foncé sur le dos, plus pâle en dessous et sur les côtés, avec lignes dorsale et latérales noires; épines de cette dernière couleur; tète fauve. Vit en juin sur le plantain lancéolé, les Viola, les Pedicularis, après avoir hiverné en société sous une tente soyeuse. - La femelle de cette belle Mélitée est très-différente du mâle, surtout par Pabsence des taches blanches. Chez elle, le fauve, plus ou moins foncé, domine relativement à la couleur de l’autre sexe. Melitæa Maturna, Lin. Damier à taches fauves, Engr. (PI. XI, fig. 7). — Europe septentrionale et centrale. Dans les grandes forêts, en juin. Commune en Allemagne, rare aux environs de Paris. Chenille noire, avec trois bandes maculaires d’un beau jaune, dont la dorsale séparée par une ligne noire longitudinale. Tête et épines noires. La plupart des auteurs indiquent comme nourriture de cette chenille les Plantago, les Populus alba et tremula ; nous ne l'avons jamais trouvée que sur le frêne, Fraxinus excel- sior, principalement sur les jeunes pousses. Il faut la chercher dans la première quinzaine de mai, Les jeunes chenilles hivernent en petite société, abritées sous une toile qu’elles ont filée en commun. Argynnis Aphirape, Hub. (PI. XI, fig. 8, «, b). — Laponie, Suède, Allemagne septen- trionale, marais de la Somme ? Commune dans les prairies marécageuses à la fin de juin. Chenille épaisse d’un gris clair ; sans ligne dorsale; un trait noir accolé à une ligne plus claire sous chaque épine du dos; lignes latérales blanchès. Épines blanchätres, courtes, et n'étant pas plus longues sur le cou. Vit sur les Polygonum, le Viola palustris, el se tient cachée pendant le jour sous les feuilles. Se chrysalide en mai. A. ErIGA VULGARIS, Bruyère commune. : B. VERONICA CHAMÆDRYS, Véronique chenette. Plantes dela PIX Ve : C. VIOLA TRICOLOR, Pensée. | D. Scaiosa sucasa, Mors du diable. 15 226 LES PAPILLONS. D'EUROPE: TRIBU DES VANESSIDES (Vanessidæ). Genre VAxEssA, Fab. Vanessa cardui, Lin. Belle-Dame, Engr. (PI. XII, fig. 4, &, b, c, d). — Dans toute l'Europe. Très-commune, certaines années, depuis juillet jusqu’en septembre, dans les champs, les jardins, principalement sur les chardons ou posée à terre. La chenille vit solitaire sur plusieurs espèces de chardons, et s’entoure d’un léger tissu qu’elle ne quitte qu'à demi pour ronger le parenchyme de la plante. On la trouve de juin en août. 4 La Vanesse belle-dame est répandue sur tout le globe, mais nous ne la considérons pas comme indigène dans toute l'acception du mot pour nos contrées, c’est-à-dire qu’elle fait partie de ces espèces qui émigrent du Sud, surtout dans les années chaudes, et qui ne se reproduisent point tous les ans aux lieux de leur migration. Vanessa C. Album, Lin. Gamma, Engr. (PI. XII, fig. 2 @, b, c, d).—Dans toute l’Eu- rope. Commun dans les jardins, le long des haies, au bord des bois, etc., à la fin de juin, en juillet et septembre. La chenille vit solitaire sur les jeunes pousses d’orme et de noisetier, sur les groseilliers, le houblon, les orties, en juin, août et septembre. Le Gamma varie beaucoup en dessous. Il est du nombre des Papillons qui hivernent. Vanessa Prorsa, Lin. Carte géographique brune, Engr. (PI. XII, fig. 3, &, b). — Europe septentrionale, nord de la France, environs de Paris. Fin juillet. Bords des chemins, clairières des bois humides où croit en abondance la grande ortie, Urtica dioica, plante qui sert de nourriture à sa chenille et sur laquelle on la trouve, vers la fin de juin, au commence- ment de juillet, vivant en société. On rencontre de nouveau la chenille de cette petite Vanesse dans les premiers jours de septembre; elle passe l'hiver en chrysalide et donne, en mai, la variété Levaxa, Lin. Carte géographique fauve, ENGR., un peu plus petite que le type, et le fond des aïles de couleur jaune fauve. La PoriIma, Carte géographique rouge, ENGR., est une sous-variété intermédiaire entre Prorsa el Levana, el qui se rencontre parfois dans la nature, mais qu’on obtient également en faisant éclore dans le milieu de l'hiver des chrysalides de l'automne. Le grand nombre de lignes blanches du dessous des ailes, se détachant en tout sens sur un fond rouge brun foncé, rappellent un peu, chez ces insectes, l'aspect d’une carte géogra- phique; de là le nom qui leur a été donné par Engramelle. Vanessa polychloros, Lin. Grande tortue, Engr. (PI. XIL, fig. 4). — Dans toute l’'Eu- rope. Très-commune sur les promenades et les routes bordées d’ormes, à partir de la fin de juin; celles qui ont hiverné se rencontrent fréquemment dès les premiers soleils de février jusqu'en avril. Chenille noire, avec une ligne dorsale d’un fauve foncé divisée en deux, et deux autres CLASSIFICARION EM ICONOGRAPHIE. 22 == +— lignes latérales, un peu sinuées, de la même couleur. Épines fauves; tête et pattes noires. Vit en société nombreuse sur l'orme dans les premiers jours de juin. On rencontre souvent de ces chenilles descendant de l'arbre, à terre ou contre les murs, à la recherche d’un en- droit propice pour se chrysalider. \ Plantes de la PI. XII. CIRSIUM LANCEOLATUM, Cirse. À. B. UrTica pioicA, Grande ortie. Vanessa 10, Lin. Paon du jour, ExGr. (PI. XIE, fig. 1, &, b, c). — Dans toute l'Eu- rope. Cette Vanesse est très-commune en juillet, août et septembre, dans les jardins, les champs de luzerne, les bois, etc., et se prend facilement posée sur les fleurs. Les chenilles vivent en société sur les orties, le houblon, en juin, juilletet septembre. Elles donnent naissance à des Papillons dont une partie passent lhiver pour reparaitre au premier printemps. Vanessa Antiopa, Lin. Morio, ENGr. (PI. XHI, fig. 2, &, b, c). — Cette belle espèce habite toute l'Europe et PAmérique du Nord, mais n’est pas commune dans nos contrées, On la rencontre de préférence dans les lieux plantés de saules et de bouleaux, de juillet en septembre. Chez les Morio qui ont hiverné, et qui reparaissent avec la belle saison, la bordure jaune des ailes est devenue blanche. Les chenilles vivent en société au sommet des bouleaux et des saules, et se trouvent plus fréquemment en juin et juillet. Vanessa Atalanta, Lin. Vulcuin (PI. XHI, fig. 3). — Dans toute l'Europe, depuis la fin de juin jusqu’en octobre. Très-commun dans les jardins, les prairies , etc. La chenille vit solitaire sur l'ortie et se renferme dans une ou plusieurs feuilles réunies par quelques fils de soie, retraite que souvent elle ne quitte pas pour se changer en chrysa- lide. On la trouve depuis le commencement de juin jusqu'à l’automne, mais surtout en août et septembre. Elle est d’un jaune verdätre, quelquefois d’un cendré violet, avec lignes laté- rales jaunes, ainsi que les épines. Tète noirätre, pattes brunes. Vanessa xanthomelas, Esp. Tortue moyenne, ENGr. (PI. XIIL, fig. 4). — Hongrie, Autriche, différentes parties de l'Allemagne, en juillet. Habite spécialement les bords des rivières dans les vallées. Chenille noire, avec deux lignes dorsales blanches accompagnées de beaucoup de petites taches et de points blancs, et deux autres lignes latérales de même couleur. Épines , tête et pattes écailleuses noires. Vit en société sur les saules en mai, juin. Vanessa urticæ, Lin. Petite tortue, ENGr. (PI. XI, fig. 5). — Dans toute l'Europe. C'est la plus commune du genre; on la trouve partout à partir de juin jusqu’à l’arrière- saison. (S) D @) LES PAPILLONS D'EUROPE. + — Chenille d’un brun noir, piquée de jaunätre, avec lignes dorsale et latérales d’un jaune- citron. Épines noires ou Jaunätres. Se trouve en société sur les orties, de mai à la fin de septembre. A. BeruLaA ALBA, Bouleau blanc. antes de la Pl, XIII.) ? PRES QE à | B. Urrica pioica, Grande ortie. + TRIBU DES SATYRIDES (Satyridæ). Genre ARGE, Bdv. Arge Galathea, Lin. Demi-Deuil, Engr. (PI. XIV, fig. 1). — Se trouve dans une grande partie de Europe. Commun dans les prairies et les bois herbus en juin et juillet, Chenille ordinairement verte, avec une ligne dorsale et plusieurs autres lignes latérales plus foncées, dont quelques-unes lisérées de vert pâle. Tète et pattes écailleuses roussâtres. Stigmates roûx marqués d’un point noir. Vit en mai sur les graminées, principalement sur le fléole des prés, Phleum pratense. Se chrysalide sur terre sous les herbes. Le Satyre demi-deuil varie beaucoup, tant pour la teinte du fond que pour la grandeur des taches noires du dessus des ailes. Genre Er£BrA, Bdv. (Satyres nègres). Erebia Medusa, Fab. Franconien, Engr. (PI. XIV, fig. 2, a, b). - Se prend en France dans les départements de PEst; en Suisse, en Allemagne. Clairières herbues des bois, à la fin de mai, en juin. Chenille en avril, les premiers jours de mai, sur le Panicum sanguinale. Erebia Ligea, Lin. Grand nègre hongrois, Engr. (PI. XIV, fig. 3). — Est de la France, Suisse, Hongrie, etc., en juillet et août. Se plait dans les clairières des bois mon- tueux. Chenille épaisse, pubescente, d’un fond jaunâtre; ligne dorsale noirâtre placée entre deux lignes vertes. De chaque côté du corps règne une bande verte accompagnée de deux lignes de la même couleur. Vit sur le Wilium. Se chrysalide sur terre à la fin de mai, le commence- ment de juin. Erebia Blandina, Fab. (PI. XIV, fig. 4). — Très-commun dans l’est de la France, la Suisse, l'Allemagne, le nord de l'Angleterre. Juillet et août, dans les clairières et allées herbues des bois. La chenille se nourrit de Dactylis et autres graminées, en mai, juin. Se chrysalide sur terre. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 229 » Erebia Cassiope, Fah. (PI. XIV, fig. 5). — Pyrénées, Alpes de la Suisse, etc., nord de l'Angleterre, Juillet et août. Vole sur les prairies montueuses à une assez grande éléva- tion. La chenille vit de graminées, ainsi que ses congénères. Ce petit Satyre nègre varie assez suivant les localités qu'il habite. Genre Saryrus, Fab., Bdv. Satyrus Circe, Fab., Proserpina, Hub. Silène, Engr. (PI. XIV, fig. 6, a, b, c). — Midi et est de la France, Allemagne, etc., du milieu de juin en août, suivant les localités. Commun dans les endroits élevés et pierreux, les bois secs. Aïme à se poser à terre ou sur le tronc des arbres. La chenille vit sur les graminées des genres Lolium, Anthoæanthum, Bromus, en mai et juin, et se cache, pendant le jour, sous les pierres. Se chrysalide dans une petite cavité, en terre, à la manière de certaines chenilles de noctuelles. Satyrus Hermione, Lin. Sylvandre, Engr. (PI. XIV, fi. 7). — Le Satyre Hermione habite les mêmes contrées que le Circe, mais s’avance plus vers le Nord. La forèt de Fon- tainebleau semble être son extrème limite en France. Il y est très-commun en juillet. Ses mœurs sont celles du précédent. Chenille rase, ridée transversalement, grise, avec une double ligne dorsale interrompue. De chaque côté du corps règne une large bande cendrée, bordée d'un filet brun liséré de blanc. Tète roussàtre rayée de noir. Se trouve à la mème époque, se nourrit des mêmes gra- minées, les Holcus en plus, et ses mœurs sont également celles de la chenille du Satyrus Circe. Satyrus Cordula, Fab. (PI. XIV, fig. 8). — Commun dans les montagnes du midi de la France, en Suisse, en Allemagne, etc., de la dernière quinzaine de juin au commence- ment d'août. Cette espèce vole de préférence dans les endroits arides et escarpés. La femelle varie beaucoup pour la couleur. Satyrus Briseis, Lin. Hermite, Engr. (PI. XIV, fig. 9). — Dans une grande partie de l'Europe, depuis la dernière quinzaine de juillet jusqu'à la fin d'août. Cest surtout dans les endroits arides et pierreux qu'il faut le chercher. La chenille, après avoir hiverné, se trouve en mai, juin, sur les graminées, de préférence Sesleria cœrulea, se cache le jour sous les pierres et se chrysalide en terre. Satyrus Ægeria, Lin. Türcis, Engr. (PI. XIV, fig. 10). — Très-commun dans toute l'Europe, en avril, mai, juillet et août, dans les parties ombragées des bois feuillus. -Chenille verte, ridée transversalement, avec une ligne dorsale plus foncée bordée d’une 230 LES PAPILLONS D'EUROPE. raie blanche, et deux autres lignes blanches latérales. Tête et pattes vertes. Vit en juin et septembre sur le chiendent, Triticum repens. Plante de la PI. XIV. A. Bromus sTERILIS, Brome stérile. Satyrus Hyperanthus, Lin. Tristan, Engr. (PI. XV, fig. 1). — Très-commun dans une grande partie de l’Europe, à partir de la dernière quinzaine de juin jusqu’en août. Prai- ries, bois, voltigeant sur les broussailles, etc. Chenille pubescente, d’un gris roussâtre, avec une ligne dorsale brune, interrompue , et une antre ligne latérale d’un blane jaunâtre. Tète rousse, pattes grises. Vit en mai sur les Poa, quelques Careæ. Se chrysalide sur terre sans se suspendre, Satyrus Tithonus, Lin. Amaryllis, Engr. (PI. XV, fig. 2). — Dans presque toute l'Eu- rope, en juillet et août. Très-abondant dans les bois, sur les bruyères, etc. Chenille pubescente, grise, parfois verte, avec une ligne dorsale plus foncée et deux autres lignes latérales blanches. Se trouve en juin sur les graminées, principalement sur les espèces du genre Poa. Satyrus Iphis, Hub. (PI. XV, fig. 3). — Est de la France, Suisse, Allemagne, etc. Dans les bois clairs, en juin. La chenille vit en mai sur les graminées, les Brachypodiwm de préférence. Elle est verte, chagrinée de jaunâtre sur le dos, avec une ligue dorsale d’un vert foncé. Tète et pattes vertes. Satyrus Pamphilus, Lin. Procris, Engr. (PI. XV, fig. 4). — Dans toute l'Europe. Il est des plus communs en mai, juillet, août, dans les endroits secs et herbus. Sa chenille est d’un beau vert, avec une ligne dorsale plus foncée, large, bordée de blanc, et deux autres lignes latérales de même couleur, mais plus étroites, lisérées de blanc d’un seul côté. Pointes anales roussâtres. Tête et pattes d’un vert jaunâtre. On la trouve tout l'été sur les graminées, surtout sur les Poa et les Cynosurus. Satyrus Janira, Lin. Mirtil, Engr. (PI. XV, fig. 5, a, b, 9). — Ce Papillon abonde dans les prairies en juin, juillet, et se trouve dans toute l'Europe. La chenille adulte en mai sur les Poa et autres graminées. Satyrus Arcanius, Lin. Céphale, Engr. (PI. XV, fig. 6, «, b,c). — Quoique très-com- mun , ce petit Satyre est moins répandu que Pamphilus et ne se trouve pas dans le Nord. Parait en juin et juillet dans les clairières herbues des bois, sur les coteaux garnis de brous- sailles exposés au soleil. La chenille vit en mai sur le Melica ciliata et autres graminées. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE.,. 231 Satyrus Mæra, Esp., God. — Var. Adrasta, Dup. Némusien, Eugr. (Pl. XV, fig. 7). — Suisse, Allemagne, en juin, août et septembre. Vole sur les lisières des bois montueux, le long des chemins pierreux, etc. : Chenille pubescente, d’un vert päle, avec une ligne dorsale brune bordée de blanc, et deux autres lignes latérales de cette dernière couleur. Tête et pattes vertes, Se trouve en mai et juillet sur les Poa, les Festucu et autres graminées. : Chez le type des régions plus chaudes el de nos environs, Mæra, God., le fauve s'étend davantage sur le dessus des ailes. Ce Papillon est commun dans les endroits secs et arides, les bois de pins, depuis les derniers jours de mai jusqu'à la fin de juin; reparait ensuite à la fin de juillet et en août. Satyrus Megæra, Lin. Sutyre, Engr. (PI. XV, fig.8, a, b, c). — Très-commun dans toute l'Europe. Parait à peu près aux mêmes époques que Mœæra, et se pose fréquemment sur les murs, les tas de pierres de routes. Sa chenille vit en avril, mai, juin et juillet, sur les Poa et autres graminées, Elle se sus- pend aux murs, coutre les clôtures en bois, etc., pour se chrysalider. TRIBU DES LIBYTHÉIDES (Libytheidæ). Genre Lisyrnea, Latr. Lybithea Celtis, Fab. Échancré, Engr. (PI. XV, fig. 9). — Europe méridionale, en mars ef juin. Chenille d’un vert jaunâtre, finement pointillée de blane, avec une ligne latérale d’un jaune pâle près des pattes; ces dernières, ainsi que la tête, vertes. Vit en avril, mai, juillet sur le micocoulier, Celtis austrelis. I faut battre légèrement l'arbre pour se la procurer. Elle en tombe lentement, suspendue par un fil de soie. TRIBU DES ÉRYCINIDES (Erycinidæ). Genre NEMEOrIUS, Steph. Nemeobius Lucina, Lin. Lucine, God. (PI. XV, fig. 40). — Dans une grande partie de l'Europe. La lucine est commune en mai dans les bois un peu humides. Aime à se poser sur les fleurs des bugles et autres plantes, dans les clairières et les allées herbues. Chenille d’un brun roussätre, couverte de petits faisceaux de poils de mème couleur, avec une ligne dorsale plus foncée, et une tache noire sur chaque anneau. Tète petite et ferrugi- neuse. Vit sur les primevères, Primula veris, ete. Cette chenille à beaucoup de ressem- blance, comme forme, avec celles des Polyommates. 232 LES PAPTELONSeD EUROPE Quoique plusieurs auteurs indiquent deux apparitions pour ce Papillon, nous ne l’avons jamais trouvé qu’au printemps, et sa chenille en juin et juillet. Ces dernières ont toujours passé l'hiver à l’état de chrysalide. { AD. Poa cLaucA, Paturin glauque. PJantes de la PI. XV. à Fe | BC. Cynosurus crisrATUS, Crételle des prés. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 233 HETEROCERA, Bov. DEUXIÈME FAMILLE. — LES CRÉPUSCULAIRES, Larr. TRIBU DES SÉSIÉIDES (Sesiariæ), Bdv. Genre BEMBECIA, Hub. embecia hylæiformis, Lasp. Sésie hyléiforme, Dup. (PI, XVT, fig. 1). — France, Allemagne, etc. Assez commune dans les jardins, les endroits où l’on cultive le framboisier, depuis la fin de juin jus- qu'en août. Chenille blanchâtre, très-légèrement pubescente, avec la tête brune. Vit dans les racines du framboisier, Rubus idæus, et n’hiverne qu'une fois. Se 2 1 " DE ‘ | Genre TROGHILIUM, Scop. Trochilium apiformie, Lin. Sésie apiforme, God. (PI. XVI, fig. 2). — Dans toute l'Europe. Cette espèce est une des plus communes du genre et se trouve en juin, au commencement de juillet, sur le tronc des peupliers. Chenille blanchätre, légèrement pubescente, avec une ligne dorsale plus foncée ; tète brune, Vit entre le bois et l'écorce du peuplier, où elle fait souvent de longues marches. Se chrysa- lide en mai, après avoir passé deux hivers dans une coque le plus ordinairement placée à la couronne des racines du tronc de l’arbre. Trochiltum bembeciformie, Och. (PI. XVI, fig. 3). — Cette Sésie, peu répandue , n’habite guère que quelques parties de PAngleterre el de l'Allemagne, la Belgique, la Suisse; rare en France. Sa chenille ressemble à celle de l'Apiforme. Elle vit la première année sous l'écorce des saules et pénètre dans l’intérieur de l'arbre quand elle est plus forte, c’est-à-dire dans sa se- conde année. Éclot en juin et juillet. 234 ÉESMPAPILEONS DiEUIROPIE - Genre SESIA!, Fab. Sesia tenthrediniformis, Lasp. Æmpiforme, Engr. (PI. XVI, fig. 4). — Dans une grande partie de l'Europe. Fin juin, juillet, principalement sur le tithymale à feuille de cy- près dans les endroits exposés au soleil. La chenille vit dans la racine de l’euphorbe, et n’hiverne qu'une fois. Se chrysalide au printemps, soit à la couronne de la racine, soit dans les anciennes tiges de la plante, après s'être entourée d’un léger réseau de soie. Sesia conopiformis, Esp. nomadæformis, Lasp. (PI. XVI, fig. 5). — France, nord de l’Allemagne, depuis la fin de juin jusqu'en août. Chenille d’un blanc très-légèrement cendré, avec la ligne dorsale plus foncée apparais- sant plus où moins suivant les mouvements que fait Pinsecte. Tête d’un brun rougeûtre. Vit sur les vieux fêtards de chêne et sur les souches coupées à ras de terre, dans les parties sèches ou en décomposition de l'écorce. Se chrysalide, en mai, dans une petite coque faite de détritus de bois mort et tapissée de soie intérieurement. Sesia tipuliformis, Lin. (PI. XVI, fig. 6, a, b). — Dans toute l’Europe. Commune dans les jardins, les lieux plantés de groseilliers, en mai, juin. La chenille vit principalement sur le groseillier rouge, Ribes rubrum, dans les petites branches qui ont été taillées les années précédentes. Se métamorphose en avril, après avoir hiverné une seule fois. Cette chenille est blanchâtre, avec des points de même couleur, mais très-brillants, sur chaque anneau. La fig. 6, & est inexacte, surtout en ce sens que les poils .sont fortement exagérés; sur la larve, comme chez la plupart de ses congénères, ces poils, très-clair-semés, sont à peine visibles. Sesia cynipiformis, Esp. vespiformis, Lasp., God. Œstriforme, Engr. (PI. XVI, fig. 7). — N'est pas rare et se trouve en juin et juillet, quelquefois plus tard, dans une grande partie de l'Europe. Sa chenille vit sur le chène aux mêmes époques que celle du Conopiformis, et ses mœurs sont également les mêmes. Sesia stomoxiformis, Schr. (PI. XVI, fig. 8). — Cette espèce, encore peu répandue, habite plus particulièrement l'Allemagne méridionale, l'Espagne, le midi de la France. On la rencontre, volant sur les broussailles exposées au soleil, sur le penchant des montagnes. Sesia formicæformis, Lasp. (PI. XVI, fig. 9). — Europe septentrionale et centrale, de juin en août, dans les endroits plantés de saules. Chenille blanchâtre, très-légèrement pubescente , avec la tête brune, les pattes, ainsi que les stigmates noirâtres. Vit de préférence sur les Saliæ viminalis et triandra, Soit à la base du tronc, soit dans les branches, et se chrysalide au printemps, après avoir hiverné une seule fois, dans les endroits rongés par elle à l’état de larve. 1 La plupart des Sésies butinent le jour sur les fleurs À l’ardeur du soleil, et se posent de préférence sur les parties mortes et cariées des arbres, là où elles ont véeu à l’état de larves. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 235 Sesia culiciformis, Lin. (PI. XVI, fig. 10). -— Commune dans une grande partie de l'Europe, depuis les derniers jours de mai jusqu’à la fin de juin. La chenille est d’un blanc sale, très-légèrement pubescente, avec la ligne dorsale plus fon- cée; tête brune. Vit dans le tronc du bouleau, rarement dans celui de l’aune, et n’hiverne qu'une fois. Se chrysalide en avril et mai, dans les parties rongées du bois, après avoir eu ia prévoyance, ainsi que toutes les chenilles lignivores, de placer sa coque près du pourtour de l'arbre, et de préparer une sortie pour le moment où elle sera devenue Papillon. Genre Tayris, Illiz. Thyris fenestrina, Fab. Pygmée, Engr. (PL. XVI, fig. 11). — Europe centrale et méridionale, en mai et juin. Commun dans certaines contrées, assez rare aux environs de Paris. Vole le jour à l'ardeur du soleil sur les haies et les buissons où croit la plante qui sert de nourriture à sa chenille. Gelle-ci vit en juillet et août sur la clématite, Clematis vi- talba, et se tient dans une feuille roulée ou simplement repliée. Se chrysalide sur le sol dans une coque soyeuse mélangée de terre ou entre des feuilles sèches. Elle est d’un vert-olive, couverte d’un grand nombre de petites plaques cornées disposées en lignes longitudinales ; la tête, les plaques cornées, le scutellum et les pattes écailleuses sont d’un noir luisant. In- quiétée par une cause quelconque, cette larve répand une assez forte odeur de punaise !. TRIBU DES SPHINGIDES (Sphingideæ). Genre MAcroGLossa?, Och. Macroglossa bombyliformis, Och. Grand Sphinx gazé, Engr. (PI. XVI, fig. 12, a, b, c). — Dans toute l'Europe. Butine communément sur les fleurs à lardeur du soleil, dans les clairières, les allées des bois humides, dès la fin d'avril, mai. La chenille vit de juin en juillet sur le Lonicera periclymenum, et se tient de préférence dans les clairières, au bord des allées, sur les tiges de chèvre-feuille qui rampent à terre ou croissent à peu d’élévation. Macroglossa fuciformis, Lin. Grand Sphine gazëé, Engr. (PI. XVI, fig. 13). — Cette espèce se rencontre, avec la précédente, butinant sur les fleurs; mais elle est moins ré- 2 ? , pandue. Chenille d’un vert tendre, ridée transversalement et finement chagrinée de blanc jaunâtre, avec des taches d’un rouge vineux placées de chaque côté du corps. Tète verte, pattes et corne d’un brun rouge. Vit sur les scabieuses dans la dernière quinzaine de juillet. Nous avons toujours trouvé les chenilles du Fuciforme à la tige ou sous les feuilles de la 1 Pour plus de détails, voir dans le tome VII des Annales de la Société entomologique belge un excel- lent mémoire, publié par M. le docteur Breyer, sur les premiers états du T. fenestrina. 2 Les chenilles de Macroglossa se chrysalident à la surface de la terre au milieu de débris de végétaux retenus par des fils de soie. 236 PE SPAPTEEONSEDIEURIORE plante, mais jamais cachées sur terre, comme il est souvent dit, Elles sont des plus difficiles à élever ; après troisàquatre jours de captivité elles cessentde manger, ontune espèce de diarrhée et finissent par mourir de langueur. Pour être sûr de réussir, il ne faut prendre que celles prêtes à se chrysalider. Cest aussi en élevant de chenille ces deux Sphinx gazés, qu’on les obtient avec celte poussière grise qui recouvre la partie vitrée des ailes, écailles si peu ad- hérentes qu’elles tombent aux premiers mouvements que fait linsecte aussitôt développé et sec après l’éclosion. La plupart des auteurs indiquent une seconde apparition d'été pour les Macroglosses fu- ciforme et bombyliforme. Nous ne les avons jamais trouvés qu'au printemps, et de toutes leurs chenilles élevées par nous, même celles métamorphosées de bonne heure, aucune n’a donné son Papillon la mème année. | Macroglossa croatica, Esp. (PI. XVI, fig. 14). — Dalmatie, Croatie, Grèce, Russie méridionale, en août. Autrefois rare, ce joli Macroglosse est aujourd’hui répandu dans les collections. D’après M. Freyer, la chenille a beaucoup d’analogie avec celle du M. bombyliformis : elle est verte, finement chagrinée de blanchâtre, avec une ligne dorsale plus foncée, et, près des stigmates, une autre ligne jaunâtre, bien visible. Les deux premiers anneaux sont mar- qués chacun d’un point noir sur les côtés. Tête d'un vert foncé; corne et pattes rougeàtres. Vit au commencement de juillet sur la scabieuse. Suivant Kindermann, cette espèce aurait deux générations. Macroglossa Stellatarum, Esp. Moro Sphinx, Geoff. (PI. XVI, fig. 15, «, b, c). — Très-commun dans toute l'Europe, et se montrant une partie de l’année. Buline sur les fleurs en plein soleil dans les jardins, etc. La chenille se trouve de juin en septembre sur les caille-lait, de préférence sur le blanc et le jaune, Galium mollugo et verum. Elle varie beaucoup ; le plus souvent verte, quelque- fois d’un brun vineux, mais toujours chagrinée de blanc. À. RiBes RUBRUM, Groseillier rouge. Plantes de la PI. XVI. { B. LONICERA xYLOSTEUM, Camérisier des bois. C. GALIUM APARINE, Gratleron. Genre PTEROGON, Bdv. Pterogon œnotheræ, Fab. Sphinx de l’ænothère, God. (PI. XVI, fig. 4). — Europe centrale et méridionale, surtout dans les régions sous-alpines, en mai et juin. Vole au cré- puscule, parfois Le jour, sur les fleurs odoriférantes. La chenille est en dessus d’un gris cendré réticulé de noir, avec les côtés et le ventre d’un blanc légèrement teinté de rose. Stigmates rouges. Une plaque luisante en forme d'œil rem- place la corne, Vit en juillet et août, le plus souvent en petite société, sur différentes espèces d’épilobes, et se tient habituellement cachée, pendant le jour, sous les pierres à quelque dis- tance de la plante, CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 237 Genre DerLepaiLA!, Och. Deilephila nerii, Lin. Sphinæ du laurier-rose, God. (PI. XVIT, fig. 4, a, b, c). — La véritable patrie de ce beau Sphinx est l'Afrique, et ses apparitions en Europe ne sont qu'accidentelles, mais plus fréquentés dans le midi que dans le centre et le nord. Quand ce fait a lieu, c’est ordinairement en mai que les Sphinx arrivent, aidés dans leur traversée par les vents du sud. Le premier besoin chez ces insectes élant celui de la reproduction, les fe- melles sempressent de déposer sur les lauriers-roses, plante qui sert de nourriture à la chenille, leurs œufs, qui éclosent au bout de peu de jours. On commence à trouver, en juillet, quelquefois plus tôt, des chenilles adultes, qui deviennent ordinairement Papillons dès la fin de juillet, en août; ceux-ci produisent une deuxième génération de chenilles, se méta- morphosant en octobre; mais ces dernières, quoique bien chrysalidées, périssent avant le printemps à l’état de nymphe, ou ne donnent en hiver que des Sphinx étiolés, avortant pour la plupart. Nous ignorons si les apparitions des chenilles du Nerii dans les régions situées plus au nord de l'Europe proviennent directement d'émigrants africains, où bien des Papillons nés de leurs pontes après leur migration dans les provinces méridionales ; toujours est-il qu'on rencontre ces chenilles plus tard, en août et septembre; qu'elles ne produisent qu'une seule génération, et que les plus hâtives seules réussissent à bien éclore. Deilephila euphorbiæ, Lin. Sphinx du tithymale, Engr. (PI. XVIL, fig. 2, «, b). — Dans toute l'Europe, mais plus abondant dans le centre et le midi. La chenille se trouve communément à partir de juillet, dans les endroits incultes et sablon- neux sur les Euphorbia, le cyparissias de préférence. Des premières chenilles chrysalidées, du moins dans nos environs, il nait des Papillons la même année, mais le plus grand nombre en juin suivant, et quelques-uns au bout de deux ans. Le Sphinx du tithymale varie beaucoup ; nous avons remarqué que les plus roses provenaient ordinairement des éclosions hâtives. Deilephila galii, Fab. Sphinx de la garance, Engr. (PI. XVIE, fig. 3, «, b). — Alle- magne, France, etc., rare aux environs de Paris. Fin mai, juin, rarement en septembre. Chenille, en juillet et août, vivant à découvert sur les caille-lait, jaune et blanc, Galium verum et mollugo, qui croissent surtout sur les bords des canaux, des rivières, le long des chemins et des routes, sur les talus des fortifications. | A. NERIUM OLEANDER, Laurier-rose. Plantes de la PI. XVII. © B. Garium MozLuGo, Caille-lait blanc. C. Eupnorpra, Esule. 1 Toutes les chenilles de Deïephila se transforment à la surface du sol dans une coque formée de débris de végétaux et de molécules de terre. Leurs Papillons butinent au crépuscule dans les prairies et les jardins, sur les fleurs odoriférantes. [#S) O0 LES PAPILLONS D'EUROPE. t Deilephila Elpenor, Lin. Sphinæ de la vigne, Engr. (PI. XVIIT, fig. 1, a, b, c). — Dans toute l'Europe, mais plus communément dans le nord, en juin. La chenille se trouve depuis la fin de juillet jusqu’en septembre, vivant à découvert sur les épilobes, le caille-lait des marais, Galium palustre , au bord des ruisseaux et des étangs, dans les endroits humides, marécageux. Le plus ordinairement noire, comme la figure @, la chenille d’Elpenor, toujours verte dans son jeune âge, conserve quelquefois cette dernière couleur jusqu'à sa transformation. Deilephila Porcellus, Lin. Sphinx petit pourceau, God. (PI. XVIIT, fig. 2, a, b). — Dans une grande partie de l'Europe, en juin. Chenille en juillet et août sur les caille-lait jaune et blanc, Galium verum et mollugo. Les chenilles de Porcellus vivent à découvert sur la plante qui leur sert de nourriture de- puis leur sortie de l’œuf jusqu’à leur dernier changement de peau. À partir de cette époque, elles se cachent avec soin sur la terre, dans la mousse, sous les herbes, les pierres; ce qui en rend la recherche longue et difficile. Étant faciles à élever, il est préférable de les chasser quand elles sont jeunes : il suffit, pour cela, de battre légèrement les touffes de caille-lait, ensuite de les écarter ; on aperçoit alors à terre les petites chenilles, encore vertes, que les secousses ont fait tomber des tiges et feuilles de la plante. Deilephila Celerio, Lin. Sphinx phœnix, Engr. (PI. XVII, fig. 3). — Il en est de mème pour le Celerio que du Nerü, c’est-à-dire que ce Sphinx émigre d'Afrique en Europe et s’avance jusque dans les contrées du centre et du nord, surtout dans les années chaudes. Plus précoce que son congénère, il mulliplie plus ou moins ses générations, suivant la douceur du climat qu'il habite. Chenille quelquefois verte, le plus souvent brune, avec deux yeux noirs à iris jaune, pupil- lés de blane sur les quatrième et cinquième anneaux, et deux lignes latérales jaunes, dont la supérieure part du sixième anneau jusqu'à la corne, et l'inférieure, longeant tout le corps, formée par des espèces de croissants dans lesquels sont placés les stigmates. Se trouve sur la vigne depuis juin jusqu’en octobre, quelquefois plus tôt dans les régions méridionales. Les chenilles qui se métamorphosent dans le courant de l'été éclosent habituellement au bout de quinze jours à trois semaines, et celles en retard ou les dernières avortent pour la plupart ou périssent avant le printemps. GENRE ACHERONTIA, Och. Acherontia Atropos, Lin. Sphinx à tête de mort, God. (PI. XVIIL, fig. 4, a, b, c). — Plus communément dans le centre et le midi de l'Europe que dans le nord. La chenille se nourrit de préférence des feuilles de la pomme de terre, Solanum tuberosum, et se trouve, dans nos contrées, de juillet en octobre; les premières chrysalidées éclosent en septembre et octobre de la même année; les autres en mai suivant. Cest profondément en CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 239 terre, dans une cavité spacieuse, mais très-cassante, que la chenille d’Atropos se change en chrysalide. L’Atropos est aussi originaire des contrées méridionales étrangères à l'Europe, mais il peut supporter notre saison d'hiver à l’état de chrysalide : toutes celles que nous avons obte- nues des chenilles trouvées en septembre et octobre sont toujours parfaitement écloses au printemps ; malgré cela, il est bon d'ajouter que l'apparition de mai ne se compose guère que d’un très-petit nombre d'individus. { A. SOLANUM DULCAMARA, Douce-amère. Plantes de la PI. XVIII. { B. Garium veruM, Caille-lail jaune. C. EPILOBIUM ANGUSTIFOLIUM, Epilobe à feuilles étroites. Genre SPHiNx, Och. Sphinx ligustri, Lin. Sphinx du troëne, Engr. (PI. XIX, fig. 4, a, b, c). — Dans toute PEurope, en juin. La chenille se trouve en août et septembre sur les lilas, le frène, le troëne, etc. Nous la prenions autrefois communément sur les lilas de Perse dans les parterres des jardins du Luxembourg et des Tuileries. Se métamorphose en terre, et reste quelquefois deux ans en chrysalide. Sphinx convolvuli, Lin. Sphinx du liseron, Engr. (PI. XIX, fig. 2, @, b). — Dans toute l'Europe. Commun, certaines années, dans les jardins à la fin d'août, en septembre, butinant au crépuscule sur les Phloæ, les Peturia. La chenille vit en été sur les liserons, de préférence sur celui des champs, Convoluulus arvensis, et se tient cachée pendant le jour sous les herbes. Se chrysalide en terre. La che- nille du liseron présente beaucoup de variétés, dont les deux principales sont celle à fond vert et celle à fond brun. Elle est des plus délicates à élever en captivité. Le Sphinx du liseron est également d’origine exotique, et nous pensons que notre re- marque sur l’Atropos peut lui être appliquée; seulement nous remarquerons que les quelques chrysalides que nous avons pu obtenir se sont toujours développées avant Phiver, et que jamais nous n'avons vu ni trouvé l’insecte parfait au printemps. Sphinx pinastri, Lin. Sphinx du pin, Engr. (PI. XIX, fig. 3, «, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois et allées des parcs plantés et bordés de pins. Le chercher en juin, surtout vers le soir, heure de son éclosion, sur le tronc des pins. Chenille en juillet et août sur différentes espèces de pins. S'enterre au pied de larbre pour se changer en chrysalide. Les éclosions d’août sont rares dans les contrées du centre et du nord. | A. PINUS ABIES, Faux sapin. Plantes de la PI, XIX. | B. LIGUSTRUM VULGARE, Troëne, \ C. CONVOLVULUS ARYENSIS, Liseron des champs. (S] 40 PESRPAPIE PO NSADIEURIOPE: Genre SMERINTHUS!, Och. Smerinthus ocellata, Lin. Demi-Paon, Geoff. (PI. XX, fig. 1, a, b). — Europe. Mai, quelquefois en août. La chenille vit principalement sur les osiers, les jeunes pousses de peupliers, le pommier, depuis juillet jusqu’en septembre. Se chrysalide en terre. Smerinthus populi, Lin. Sphinx du peuplier, Engr. (PI. XX, fig. 2, à, b). — Eu- rope. Commun sur le tronc des peupliers en mai et juin, moins abondant en août et sep- tembre. On trouve la chenille de juillet en octobre sur les peupliers, les saules, quelquefois le bouleau. Les parties latérales de son corps sont souvent marquées de taches ferrugineuses. Smerinthus tiliæ, Lin. Sphinx du tilleul, Engr. (PI. XX, fig. 3, a, b, c). — Europe. Très-commun en mai et juin sur le tronc des ormes qui bordent les routes; rare en sep- tembre. Ù La chenille vit de préférence sur l’orme, en juillet et août, et s’enterre au pied de l’arbre pour se chrysalider, Smerinthus quercus, Fab. Sphinæ du chêne, Engr. (PI. XX, fig. 4). — France mé- ridionale, Autriche , Hongrie, Bavière, en mai, juin. Chenille d’un vert tendre, blanchâtre sur le dos, finement chagrinée de blanc, et marquée sur les côtés de raies obliques, plus foncées que le fond, bordées de blanc à leur partie infé- rieure, Stigmates et pattes écailleuses roses. Tête verte avec un double trait rose et blanc. Se trouve de juillet en septembre. Vit en France sur le chêne vert, Quercus ilex; en Alle- magne sur le chène ordinaire. Se chrysalide en terre. On la dit très-délicate. À. Pyrus MALUS, Pommier. Plantes dela PI, XX. © B. PoruLus PYRAMIDALIS, Peuplier d'Ilalie. C. TizrA EurRoPxA, Tilleul. TRIBU DES ZYGÉNIDES (Zygænidæ), Latr. Genre Procris, Fab. Procris infausta, Lin. Aglaopée des haies, God. (PI. XXI, fig. 1). — Europe méri- dionale et centrale. Juin, juillet, voltigeant sur les haies. Chenille jaune, ramassée, un peu pubescente, avec deux bandes longitudinales, la supé- ! Les Smérinthes du tilleul et du peuplier offrent de nombreuses variétés, surtout pour le fond de la couleur des ailes. CLASSIFICAMION"ETICONOGRAPHIE. 241 rieure brune, l'inférieure bleue, de chaque côté du corps. Tète et pattes écailleuses noires. Très-commune en mai et juin sur laubépine, le prunellier, lamandier. Se métamorphose à fleur de terre dans une coque de soie blanche. Procris globulariæ, Esp. (PI. XXI, fig. 2, a, b). — France, Allemagne, etc. Moins répandue que Statices. Vole en juillet dans les clairières des grands bois, sur le penchant des coteaux. La chenille vit en mai et juin sur la globulaire, Globularia vulgaris, et se chrysalide dans une coque fixée aux feuilles de la plante qui l'a nourrie. Procris statices, Lin. La Turquoise, Geoff. (PI. XXI, fig. 3). — Europe. Vole en juin et juillet dans les bois secs, les prairies élevées, sur les fleurs de scabieuses. Chenille verte, ayant sur le dos deux rangées de chevrons noirs, et sur les côtés deux lignes longitudinales, dont l’une noire, flexueuse, et l’autre formée d’une série de points rouges. Tête et pattes écailleuses noires. Vit en mai sur le Centaurea scabiosa et les Rumex. Genre ZYGxNA!, Fab. Zygæna Minos, Hub. (PI. XXI, fig. 4, a, b). — Dans une grande partie de l'Europe; en juillet. Vole dans les clairières des bois, sur les coteaux arides exposés au soleil. La chenille vit en mai et juin sur différentes légumineuses et autres plantes: Thymus, Pimpinella. Coque d’un jaune brun clair, voûtée du haut. Zygæna scabiosæ, Hub. (PI. XXE, fig. 5). — Midi et est de l’Europe, Allemagne, sur- tout les contrées montagneuses. Juin et juillet, sur le versant des prairies. Chenille en mai sur les Trifolium et autres légumineuses. Coque d’un jaune d’or brillant. Zygæna achilleæ, Esp. Zygène de lu mille-feuille, God (PI. XXE, fig. 6). — France, Allemagne, etc. Fin mai, juin. Se trouve de préférence dans les terrains pierreux, les en- droits secs abondants en lotiers. La chenille vit en mai sur le Lotus corniculatus, le Coronilla minima, V'Astragalus monspessulanus et autres légumineuses. Coque blanchâtre , lisse et de forme ovale. Zygæna meliloti, Esp. (PI. XXI, fig. 7). — Est de la France, Allemagne, Autriche, Hongrie. Eu juillet,sur les pentes des montagnes exposées au soleil. La chenille vit en juin sur les Lotus, les Vicia, les Trifolium. Coque oblongue d’un jaune clair. Zygæna loniceræ, Esp. Zygène du chèvre-feuille, God. (PI. XXI, fig. 8, à, b, c). — Centre et nord de la France , Allemagne , ete. Fin juin, juillet. Vole dans les prairies, les clairières des bois humides, 1 Les Zygènes volent en plein jour et se reposent fréquemment sur les scabieuses et les chardons en fleurs. 16 ( Le] EN [ee] ESP API PE ONS DIE UROPIE" Chenille en mai sur les Vicia, les Lotus, les Trifolium. On trouve facilement sa coque, attachée, comme celles de ses congénères, aux. tiges des graminées ou autres plantes basses. Zygæna palustris, Boisd. Zygène des marais (PI. XXT, fig. 9). — Allemagne, nord de la France, environs de Paris, en juin, dans les prairies humides et marécageuses. Chenille d’un jaune pâle, avec quatre rangées de points noirs disposés en lignes longitudi- nales. Tête noire. Vit en mai sur les Trifolium et autres légumineuses. Coque oblongue, d’un jaune-paille. Zygæna filipendulæ, Lin. Sphinx bélier, Geoff. (PI. XXI, fig, 10, &, b). — Dans toute l'Europe. Cette Zygène est la plus commune du genre et se rencontre dans tous les boïs, les prairies sèches, depuis juin jusqu’en août, suivant les localités. Sa chenille vit en mai et juin sur les Trifolium, les Hieracium et autres plantes basses. Coque oblongue, d’un jaune- soufre ou grise. Zygæna læta, Esp. Zygène gaie, Dup. (PI. XXI, fig. 11). — Hongrie, environs de Vienne, Russie méridionale, en juillet et août. Chenille, au printemps, sur les Eryngium. Coque oblongue d’un blanc jaunâtre. Zygæna fausta, Lin. Zygène de la bruyère, God. (PI. XXI, fig. 12). — France, Alle- magne, ete. Se trouve communément, en juillet et août, sur les pentes des collines calcaires. D'après Hubner : Chenille verte, avec une rangée de taches blanches, triangulaires, le long du dos, et sur les côtés une double série de points roses placés sur des taches jaunes. Tète et stigmates noirs. Pattes d’un jaune orangé. Vit, en juin et juillet, sur le Coronilla minima, l'Ornithopus perpusillus. Se tient, le jour, cachée sur terre. Coque blanche de forme ovale. Zygæna onobrychis, Fab. Zygène du sainfoin, God. (PI. XXI, fig. 13). — Europe centrale et méridionale. Vole en juillet sur les versants des collines arides exposés au soleil. Chenille d’un jaune verdâtre pâle, avec des taches noires sur chaque anneau, disposées en raies longitudinales. Vif en juin sur le sainfoin, les Ononis et autres légumineuses. Coque ovale, blanche ou jaune clair. Zygæna Ephialtes, Lin. (PI. XXI, fig. 14%, c). — Var. coronillæ, Esp. (PI. XXI, fig. 1%, b). — Var. peucedani, Esp. (PI. XXI, fig. 14; «). Zygène de la coronille et du peucédan, Dup. et God. — Prairies élevées, terrains pierreux, clairières des bois secs, en juillet. La chenille vit en juin sur la coronille variée, l’hippocrèpe vulgaire, le trèfle des prés et autres légumineuses. Coque oblongue, blanchätre où jaunâtre, avec deux raies longitudi- nales en arête, marquée çà et là de points saillants, et l'intervalle des arêtes d’un blanc-ar- gent brillant. F Quelques auteurs allemands ont, avec raison, réuni la Peucedani à l'Ephialtes, car on trouve tous les passages intermédiaires entre elles deux. Æphialtes habite surtout PAlle- CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 243 magne orientale, la Russie méridionale, très-rarement les Alpes françaises, Coronillæ les environs de Vienne, la Hongrie, le sud du Tyrol, le nord de l'Italie; Peucedani une partie de l'Europe centrale, le nord de Allemagne, les environs de Paris. La variété Athamanteæ, Esp., est une Peucedani n'ayant que cinq taches rouges à l'aile supérieure. TRIBU DES SYNTOMIDES (Syntomideæ). Genre SyNromis, lllig. Syntomis Phegea, Lin. Sphinx du pissenlit, Engr. (PI. XXI, fig. 15). — Europe mé-- ridionale et centrale. Fin juin, juillet, sur les pentes des montagnes, dans les clairières des bois. Chenille ayant quelque analogie avec celles des Arctia ; noire, avec des bouquets de poils dun gris brun. Tète et pattes rougeätres. Vit en avril et mai, après avoir hiverné, sur les Baume, Taraæacum, Scabiosa, Plantugo. Elle se chrysalide dans une coque ovale, brune, mélangée de poils et assez ferme, à la manière des Bombycides. A. Lorus corNiIcuLATUS, Lotier corniculé. B. TrRiroLiüM MoxTanUM, Trèfle des montagnes. ï. ViciA SEPIUM, Vesce des haies. D. GLOBULARIA VULGARIS, Globulaire. 244 B'ESNPAPMÉEONS D'EUROPE? HROISIÈME FAMILLE BES NOCIQURINES METE. TRIBU DES LITHOSIDES (Lithosidæ). Genre Envpra, Bdv. mydia grammica, Lin. Écaille chouette, Engr. (PI. XXIL, fig. 1). — Europe. Clhairières des bois secs, depuis les derniers jours de juin jusqu'à la fin de juillet. Chenille noirâtre, avec une ligne dorsale jaune et de petits bou- * quets de poils bruns sur chaque anneau. Vit en avril et mai sur les grami- 5 nées el autres plantes basses. à | ' Genre DrioperA, Steph. “ à Deiopeia pulchella, Lin. La Gentille, Engr. (PI. XXII, fig. 2, «a, b). “ — Europe méridionale, plus rarement dans le centre, en juin et juillet. i La chenille vit en avril et mai sur les Myosotis, Plantago, Solanum, » Heliotropium. Cette jolie espèce, répandue en Afrique et en Asie, doit avoir plusieurs générations dans les contrées méridionales. Genre SETINA, Bdv. Setina irrorella, Lin. Callimorphe arrosée, God. (PI. XXII, fig. 4). — France, Allemagne, etc. Bois herbus, prairies des montagnes, de juin en août. La chenille vit en mai et juin sur plusieurs espèces de lichens! du genre Parmelia. Se chrysalide sous un fin tissu. Setina aurita, Esp. Cullimorphe jaune d’or, God. (PI. XXII, fig. 6). — Setina 1 Pour élever avec succès les chenilles qui se nourrissent de lichens, il faut avoir soin d’humecter matin et soirles petites branches ou morceaux d’écorces couverts de ces cryptogames qu’on leur donne comme nourriture. Les Lithosies volent surtout le matin, dès la première heure, dans les allées des bois où sur les lisières au milieu des longues herbes, et se tiennent le jour dans les broussailles en repo sur les feuilles. CASSIPICAMIONtERICONOGRAPHIE: 245 ramosa, Fab. Callimorphe rameuse, God. (PI. XXII, ffe. 7). — Alpes de la Suisse, en juillet et août. Ces deux Lithosies, aujourd'hui réunies en une seule espèce dont le type est Auwrila, el Liamosa la variété, habitent les pentes rocheuses des montagnes exposées au soleil et volent en plein jour, surtout le matin. Ramosa se trouve au-dessus dé la limite des arbres. Genre Lirnosia, Bdv. Lithosia mesomella, Lin. Éborine, Engr. (PI. XXIT, fig. 5). — Europe, en juin et juillet. Clairières des bois au milieu des broussailles. La chenille vit en avril et mai sur les lichens et les hépatiques des arbres, Sticta, Junger- mannid. Se chrysalide dans les lichens. Lithosia aureola, Hub. Cullimorphe juunette, God. (PL XXI, fig. 8). — Dans une grande partie de l'Europe. Au bord des bois dans les broussailles , en mai et juin. Chenille noire, avec deux raies longitudinales jaunes ponctuées de rouge, Vit en avril et mai sur les lichens des arbres, Parmelia, ete. Lithosia complanata, Lin. Lithosie aplatie, God. (PI. XXIT, fig. 9). — Europe, en juin et juillet. Commune dans les clairières des bois secs, les endroits couverts de genêts. Chenille noire avec des aigrettes de poils très-courts d’un gris roussätre sur chaque anneau, et des laches orangées, accompagnées de points blancs, disposées en lignes longitudi- nales, Tète d’un noir brillant. Se trouve, d’avrilen juin, sur les lichens des arbres, Parmelia, etc. Se chrysalide le plus ordinairement dans les fissures des écorces. Lithosia depressa, Esp. Lithosie déprimée, Dup. (PI, XXI, fig. 10). — Europe cen- trale. Fin juin, juillet, dans les bois de pins. Se tient en repos sur les branches ou dans le feuil- lage des pins. La chenille vit sur les lichens qui croissent sur les arbres résineux. Se chrysalide, au com- mencement de juin, dans une coque légère d’un brun clair, Lithosia rubricollis, Lin. La Veuve, Geoff. et Engr. (PI. XXIT, fig. 11). — Dans toute l'Europe. Mai, juin, dans les bois au milieu des broussailles. La cheuille vit en août et septembre sur les lichens des arbres, Parmelia, ete. Se chrysa- lide à l'automne, soit à fleur de terre, soit dans la mousse, Lithosia quadra, Lin. Lithosie quadrille, God. (PI. XXII, fig. 12, a, b, 9, c, g). — France, Allemagne, etc. Dans les grands bois, en juillet. La chenille se trouve de préférence sur les chènes, dont elle mange les lichens. Se chry- salide vers la fin de juin, au commencement de juillet, dans les rides de l'écorce ou bien entre les feuilles, entourée seulement d’un léger réseau. Lithosia rosea, Fab. Callimorphe rosette, God. (PI. XXII, fig. 14, «, b, c). — Europe centrale. Dans les grands bois au milieu des broussailles, entre les hautes herbes, en juin. 246 DE SMPA\PIILEONS DIE UROIRPIE: La chenille vit en mai sur les lichens des arbres, Parmelia et autres, et se rencontre sou- vent au pied des chènes. Genre NupARIA , Steph. Nudaria mundana, Lin. Callimorphe mondaine, God. (PI. XXII, fig. 13). — France, Allemagne, etc. Cette petite espèce se trouve en juillet sur les murs et contre les rochers où croissent certains lichens, Anthoceros, etc., qui servent de nourriture à sa chenille. Elle parait en juin et s’élève facilement. TRIBU DES CHÉLONIDES (Chelonidæ). Genre EucHEeLIA, Bdv. Euchelia jacobææ, Lin. Le Carmin, Engr. (PI. XXIT, fig. 3, a, b). — Europe. Com- mune dans les jardins et les endroits où croissent en abondance les senecons, en mai et juin. La chenille vit spécialement sur les Senecio, en juillet et août. Se’ chrysalide à fleur de terre dans un-léger tissu. A. PARMELIA STELLARIS, Parmélie étoilée. B. USNEA rLoRIDA, Usnée fleurie. Plantes de la PI. XXII. { GC. PULMONARIA OFFICGINALIS, Pulmonaire. | D. SENECIO JACOBÆA , Jacobée. E. Myosoris PALUSTRIS, Myosotis des marais. Genre ARCTIA, Bdv. Arctia menthastri, Fab. Écaille de la menthe, God. (PI. XXI, fig. 1). — Dans toute l'Europe, en mai et juin. Chenille brune, avec une ligne dorsale rousse, et des bouquets de poils bruns sur chaque anneau. Vit sur un grand nombre de plantes basses, depuis les derniers jours de juillet jus- qu'à la fin de septembre, et se plait dans les décombres et le long des murs, dansles jardins, au bord des chemins et des bois. Genre CHELoNIA , Latr. Bdv. Ghelonia Hebe, Lin. Écuille rose, Engr. (PI. XXII, fig. 2). — Europe centrale et méridionale. Coteaux arides, endroits sablonneux, depuis la fin de mai jusqu'en juillet, sui- vant les localités. Chenille d’un beau noir, avec de longs poils soyeux : gris cendré sur le dos, jaunâtre sur les côtés et roux foncé près du ventre. Il faut la chasser en avril, par un beau soleil, dans les CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 247 sablonnières, au bord des chemins où croît en abondance la mille-feuille, Achillea mille- foliuin. Cette chenille mange très-bien le senecon, la chicorée sauvage; mais elle est très-déli- cate à élever, et les papillons qu'on en obtient sont souvent éliolés. Pour les avoir dans tout leur éclat, il suffit de visiter vers le soir, à l'époque des éclosions, les endroits où lon a remarqué les chenilles en avril; on est sûr de rencontrer l’insecte parfait, éclos du jour, soit en repos sur le sable, soit accroché à quelques tiges de plantes basses. Ce système de chasse, que nous avons toujours employé avec succès, a le double avantage de ne point détruire inutilement une belle espèce à l’état de larve, mais de se la procurer comme aucune éducation ne pourrait la donner. Chelonia Caja, Lin. Écaille martre, Geoff.et Engr. (PI. XXI, fig. 3, «,b, c). — Dans toute l'Europe; plus commune dans le centre et le nord. Partout, de juin en août. La chenille vit sur une infinité de plantes basses, parfois sur les arbres, et se rencontre dès le mois d'avril jusqu’en juillet. L’Écaille Caja est peut-être le Papillon qui varie le plus, surtout comme dessin des ailes ; on peut même ajouter qu'il est difficile de rencontrer deux individus exactemént semblables. L'ouvrage d'Engramelle est celui dans lequel sont figurées les plus curieuses variétés. Chelonia villica, Lin. Écaille fermière, God., Écaille marbrée, Geoff. et Engr. (PI. XXHIT, fig. 5). — Dans toute l'Europe. À peu près partout, depuis les premiers jours de mai jusqu’en juillet. Chenille noire, avec des poils d’un brun roux moins longs que ceux dela Caja. Une partie de la tête et pattes rougetres. Vit sur un grand nombre de plantes basses, et se rencontre en mars et avril, le long des haies et des murs exposés au midi, courant çà et là sur les sentes dans les champs. Chelonia purpurea, Lin. Écaille mouchetée, Geoff. et Engr. (PI. XXII, fig. 6). — Dans une grande partie de l'Europe. Juin et juillet. La chenille se trouve en mai sur plusieurs plantes basses et arbustes. Elle n’est pas rare sur les genêts qui croissent dans les endroits arides bien exposés au soleil. Chelonia matronula, Lin. Grande écaille brune, Engr. (PI. XXI, fig. S). — Est de la France, Allemagne, quelques cantons de la Suisse, Juin, juillet, dans les buissons. La chenille de cette grande et belle Écaille vit deux ans, et passe deux hivers. Dans sa jeunesse on la rencontre sur divers arbrisseaux: Rhamnus, Corylus, Xylostewm; plus grande, elle descend à terre et se nourrit de plantes basses : Achillea, Plantago, Leontodon ; mais elle se tient cachée le jour, alors, et devient plus rare à trouver. Se chrysalide en mat. La chercher de préférence dans les vallées humides des forêts. Cette chenille est très-velue, brune, et ses poils sont d’un brun grisätre s’éclaircissant au sommet. Genre CaAzzimorpHA, Latr. Bdv. Callimorpha dominula, Lin. Écaille marbrée rouge, Engr. (PI. XXE, fig. 9, 4, b). 248 L'ESMPAPIETEONS D 'EUROPIE: — Dans une grande partie de l'Europe, mais plus communément dans le centre et le nord. Bois, lieux humides et marécageux, depuis les derniers jours de juin jusqu’à la fin de juillet. La chenille se trouve vers la fin d'avril, au commencement de mai, sur les orties, la ronce, et surtout sur la grande consoude, Symphytum of ficinale. On obtient quelquefois d’éclosion une variété de cette Callimorphe à ailes inférieures jaunes. Callimorpha Hera, Lin. Phalène chinée, Geoff. Engr. (PI. XXII, fig. 40, a, b). — Europe centrale et méridionale. De juillet en août, dans les endroits arides et pierreux , les clairières des bois secs. Chenille en avril, mai, commencement de juin, sur plusieurs espèces de plantes basses . de préférence le lierre terrestre, les orties, les boraginées; se tient cachée dans les feuilles sèches ou sous les plantes qui lui servent de nourriture, On rencontre assez fréquemment sur les côtes de Bretagne la C. Hera ayant les ailes inférieures jaunes — un individu sur {rois ou quatre du type ordinaire — variété que nous n'avons jamais prise dans nos environs. Ce beau Papillon aime surtout à se tenir dans les lierres qui tapissent les vieux murs, d’où on le fait sortir en frappant du bout de la canne. Genre NEMEoPHILA !, Steph. Nemeophila plantaginis, Écaille du plantain. God, (PI. XXII, fig. 4, a, b, 9, €, g). — Dans une grande partie de l'Europe, surtout dans les endroits montagneux et les ravins couverts de buissons, de juin en août. La chenille se trouve en avril et mai sur les plantains et quelques autres plantes basses. La fig. 4, c, représente une variété mâle de Plantaginis se rapprochant beaucoup de l'Hospita W. V. Le type ordinaire a le fond des ailes jaunes. Nemeophila russula, Lin. Écaille roussette, God. (PI. XXIIT, fig. 7, œ). — Europe. Clairières des bois secs. Dans les broussailles, an milieu des longues herbes, à la fin de mai, Juin; reparait une seconde fois en août. Cheuille d’un brun noir, velue, avec une ligne dor- sale jaune, et sur les côtés une série de points blanchâtres. Ses poils sont ou roussâtres ou Jaunâtres. Vit en avrilet mai, puis en juillet, sur les Plantago, Rumezx, Taraxacum, et se cache pendant le jour sous les feuilles. | A. PLANTAGO LANCEOLATA, Plantain lancéolé. B. Rugus FRuTIcosus, Ronce. Plantes de la PI. XXII. l C. GLECHOMA HEDERACEA , Lierre terrestre. "Les Callimorphes et les Néméophiles volent fréquemment en plein jour. La plupart des chenilles de Chélonides se métamorphosent à la surface de la terre ou bien entre des feuilles, dans une coque lâche et spacieuse entremélée de leurs poils. CL'ASSIAICASMIONMEMMICONOGRAPHITE. 249 TRIBU DES LIPARIDES (Liparide). Genre Liparis, Och, Bdv. Liparis salicis, Lin. Apparent, Geoff. et Engr. (PI, XXIV, fig. 1, «, b, c). — Europe. Très-commun sur les saules et les peupliers à la fin de juin, en juillet. La chenille viten mai, juin, sur les saules, les peupliers. Se chrysalide entre quelques feuilles ou dans les crevasses de l'écorce. Liparis dispar, Lin. Bombyx disparate, God. (PI. XXIV, fig. 2, a, b, &, €, 9). — Europe. Très-commun de juillet en août : le mâle volant le jour, et la femelle se tenant appliquée contre le tronc des arbres. La chenille se trouve de mai en juillet sur la plupart des arbres, auxquels elle fait beau coup de tort, et se retire le jour dans les rides de l'écorce. On rencontre dans ces mêmes crevasses où sous les corniches des murs la chrysalide à peine retenue par quelques fils de soie. Cette chenille est un fléau pour les bois de chènes-lièges, Quercus suber, dans le midi de la France. Liparis Monacha, Lin. Bombyx moine, God. (PI. XXIV, fig. 5). — Centre ef nord de PEurope, en juillet et août. Surtout dans les forêts; en repos le jour contre le tronc des arbres. Chenille d’un brun obscur en dessus, avec les côtés variés de blanchâtre et de verdâtre, et des bouquets de poils grisätres sur chacun de ses tubereules. Elle a sur le deuxième anneau une tache noire suivie de deux autres taches blanches, et sur l'arrière deux vésicules rou- geätres précédées d’un oval clair. Tête grosse, pattes écailleuses brunes, ventre d'un vert pâle. Vit en mai et juin sur différents arbres : Pinus, Quercus, Populus, Pirus, Betulu. Se chrysalide dans les fentes de Pécorce. Cette chenille, peu répandue en France, est quel- quefois si commune dans certaines forêts de pins de l'Allemagne, qu'elle dépouille entière- ment les arbres de leurs feuilles. Liparis auriflua, Fab. Bombyx cul doré, God. (PI. XXIV, fig. 3, «, b). — Europe. Bois, haies d’aubépine, en juillet. Les chenilles, après avoir hiverné petites sous une tente soyeuse, se trouvent en mai et juin sur différents arbres, de préférence sur l’aubépine, le saule et le noiselier. 4). — Dans Liparis chrysorrhœa, Lin. Bombyx cul brun, God. (PI. XXIV, fig. toute l’Europe. Partout. Juillet, commencement d'août. La chenille de cette espèce est tellement abondante qu'on la surnommée la Commune. Vit sur tous les arbres et arbustes, et devient parfois un véritable fléau pour les bois et les jar- dins, qu’elle dépouille de leur verdure. Les jeunes larves passent l'hiver en commun sous un abri soyeux fixé aux branches des arbres, et se filent en juin, entre les feuilles ou dans les bifurcations des branches, une coque molle et serrée, d’un gris brun plus ou moins clair, ? pour se changer en chrysalides. 250 LES PAP/IELONS D'EUROPE: Genre OrGYA, Bdv. Orgya V nigrum, Fab. V noir, Engr. (PI. XXIV, fig. 7). — Europe centrale. Bois. Fin juin, juillet. Chenille variée de brun noir et de fauve, avec des pinceaux de poils.sur chaque anneau ; roux foncé sur les 4er, 2%, 5e, Ge, 7e et 11e, et blancs sur les autres. A l'arrière deux vési- cules jaunâtres. Vit en avril et mai sur le chêne, le tilleul, le hêtre et le bouleau. Se chry- salide vers la fin de mai dans un léger réseau de soie entre quelques feuilles ?!, | A. SALIX PENTANDRA, Saule odorant. Plantes de la PI. XXIV. | B. Rosa RUBIGINOSA, Églantier odorant. \ C. CARPINUS BETULUS, Charme. Orgya pudibunda, Lin. Patte étendue, Geoff. et Engr. (PI. XXV, fig. 6, «, b, æ, €, 9). — Europe. Mai. Chenille en automne sur les ronces, le noisetier, le noyer, le chène, le pommier, ete. File entre les feuilles ou dans les bifurcations des branches une coque molle, serrée, d’un gris jaunâtre, pour se changer en chrysalide. Orgya fascelina, Lin. Bombyx porte-brosses, God. (PI. XXV, fig. 7, @, b, €). — Europe centrale. Juillet et août, dans les endroits arides couverts de genèts. Chenille de mai en juin, de préférence sur le genêt que sur toute autre plante Se chrysa- lide entre les feuilles dans une coque d’un gris cendré. Orgya abietis, Esp. Bombyx du sapin, God. (PI. XXV, fig. 8, a, b). — Allemagne, mais toujours rare, et dans quelques contrées seulement en juin et juillet. La chenille, après avoir hiverné, se trouve en avril et mai sur les sapins. Se métamorphose dans une coque grisätre de forme ovale. Orgya antiqua, Lin. L'Étoilée, Engr. (Pl: XXV, fig. 3, a, b,g,c, 9). — Dans presque toute Europe. De juin en octobre, dans les bois, les vergers, les jardins; le mâle volant en plein jour. Très-commun. è La chenille se rencontre de mai en octobre sur une infinité d’arbres et d’arbustes. Se file entre les feuilles ou dans les gercures des écorces une coque ovale d’un gris jaunâtre. La figure 3, «, représente la chenille du mâle pour la couleur, et comme taille celle de la femelle ; les chenilles qui produisent les Papillons femelles sont d’une teinte beaucoup plus clüre. Orgya gonostigma, Fab. La Soucieuse, Engr. (PI. XXV, fig. 4, g). — Centre et nord de l'Europe. Fin mai, juin, août, septembre et octobre. Habite à peu près les mêmes endroits que l'Orgya antiqua, mais se trouve bien moins communément. La femelle est aptère. * Voir page 263 la description de Cœnobita, qui est la figure 6 de la Planche XXIV. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 251 La chenille porte les mêmes ornements que celle du précédent, moins les deux aigrettes médianes, et le fond de sa couleur est d’un rouge orangé, avec deux larges bandes latérales noires, sur lesquelles sont placés les tubercules, Viten mai, août et septembre sur le chène, le tilleul et le peuplier, le prunier, le pommier, l'aubépine, la ronce et l’églantier, les genêts. Coque ovale, d’un brun clair, placée entre des feuilles où dans les fentes des écorces. Orgya selenitica, Esp. (PI. XXV, fig. 5, ;). — Allemagne. Clairières boisées des forêts montagneuses, en mai. Le mâle vole le matin à la recherche de la femelle, qui reste en repos dans les herbes, quoique non aptère. La chenille, après avoir hiverné, se trouve en mars et avril sur les -Onobrychis, les Lathyrus et autres légumineuses. Elle est noire, très-velne, garnie d’aigrettes noires et de cinq brosses d’un gris jaunâtre. Coque ovale d’un gris brun plus où moins foncé. TRIBU DES BOMBYCIDES! (Bombycideæ). Genre Bouryx, Bdv. Bombyx processionea, Lin. La Processionnaire, Réaum. (Pl. XXV, fig. 2, 4, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois de chênes. Les chenilles vivent en société sur le chêne en raai, juin, et se retirent le jour dans un nid fixé contre le tronc ou les grosses branches de l'arbre. Elles se chrysalident également en commun dans le même nid, vers le mois de juillet, et les éclosions ont ordinairement lieu dans le courant d'août. Tous les Papillons d’une même habitation éclosent dans l’espace de quelques heures. Pour avoir les chrysalides, on ne doit toucher à ces nids qu'avec la plus grande attention, car il s’en échappe une poussière fine, formée des dépouilles sèches de la larve, occasionnant à la peau de vives démangeaisons, et sur les parties les plus sensibles du corps une inflammation souvent très-dangereuse ?. { À. ERICA vuiGaris, Bruyère commune. Plantes de la D XV B. ABIES PECTINATA, Sapin commun antes de |: AA Ne + è C. TRIFOLIUM INGARNATUM, Trèfle incarnat. \ D. Quercus roBur, Chêne ordinaire. 2 Nous allons indiquer la manière de se procurer, en nombre et sans la moindre peine, les mâles des Bombycides qui recherchent leurs femelles pendant le jour; d'autant plus qu'on ne rencontre certaines espèces que de loin en loin, ou bien, quoiqu'on les aperçoive, la rapidité de leur vol empêche la plupart du temps de les saisir: lorsqu'on aura une femelle nouvellement éelose, et non fécondée, de l’un ou l’autre de ces Nocturnes, il faut la mettre dans une petite boîte recouverte d’une gaze ou d’un morceau de tulle, et la porter, par un temps propice, un beau soleil, dans les en- droits que l’on sait être habités par des Bombyx de la même espèce, On est sûr de voir arriver bientôt, de divers côtés, les Papillons mâles, qui se laissent prendre même à la main, Nous avons souvent cap- turé, en moins de deux heures, et sans quitter la place, plus de cent individus de maintes espèces, dont nous n’aurions seulement pu prendre dix sans le secours de la femelle. 1 Voir page 261 la description d'Anachoreta, qui est la fig. 1 de la Pi, XXV. 2/92 CES P'APIETONS D'EUROPE: Bombyx quercus, Lin. Minime à bande, Geoff. et Engr. (PI, XXVI, fig. 1, @, b, c, d, &; €, ). — Europe. Partout, en juillet et août. Le mâle vole le jour avec une grande rapidité. La chenille, après avoir hiverné, se rencontre au printemps sur l’aubépine, le prunellier, le lilas, l’osier et autres arbustes. Elle place sa coque à la surface de la terre, soit dans les feuilles sèches, soit sous les pierres où parmi les broussailles. Bombyx rubi, Lin. Polyphage, Engr. (PI. XXVI, fie. 9, a, b, &, c, 9). — Europe. Bois, prairies, de mai en juin. Le mâle vole vers le soir à la recherche de la femelle qui se tient dans les herbes ou parmi les broussailles. La chenille vit sur les trèfles, les ronces, les genèts, et se montre très-communément à l'automne, surtout dans les champs et les prairies, se roulant en anneau dès qu'on s’en approche où qu'on y touche. Elle passe l'hiver parvenue à toute sa taille, et se chrysalide au premier printemps; mais on la trouve alors très-rarement, car elle se cache avec soin dans la mousse, sous les pierres, les touffes d'herbe, etc. Sa coque est allongée, molle, et d’une couleur grisâtre, Bombyx dumeti, Lin. Bombyx des buissons, God. (PI. XXVI, fig. 3, &). — Europe centrale, Dans les bois secs, première quinzaine d'octobre; le mâle volant le jour à la recherche de la femelle, qui se tient ordinairement dans les buissons. Chenille d’un brun obscur velouté, garnie de quelques poils roux, avec les anneaux mar- qués d’une tache et de deux raies noires. Stigmates blancs bordés de noir. Cette chenille, qui n'éclot qu'au printemps, doit être cherchée du 15 mai au 45 juin sur l’épervière piloselle, Hieracium pilosella, les Leontodon. Elle se cache pendant le jour avec soin sous les plantes qui la nourrissent ou dans la mousse aux environs. Se creuse profondément en terre une cavité sans former de coque pour sa métamorphose. Le Papillon avorte souvent en captivité. Bombyx catax, Lin. Laineuse du chène, Engr. (PI. XXVI, fig. 4, a, b, 9). — Est de la France, Allemagne ; rare aux environs de Paris. Fin septembre, octobre. . La chenille vit en nai et juin sur le chêne, dans les grands bois. Quelques éclosions n’ont lieu qu'après un an et plus. Bombyx lanestris, Lin. Bombyx laineux, God. (PI. XXVI, fig. 5, a, b, 9). -— Dans une grande partie de l'Europe. Bois, pacages, champs entourés de haies. La chenille vit en société sur l’aubépine, le prunellier, le tilleul, le bouleau, les Gerasus, et se retire la nuit dans une grosse poche ou tente soyeuse fixée aux branches. Sortie de l’œuf à la fin d'avril, elle atteint toute sa taille dans le courant de juin, et se mélamor- phose dans une petite coque d’un tissu très-serré. Il est fort rare d’avoir des éclosions la mème année, Une partie des Papillons naissent en mars et avril, et les autres successivemen les années suivantes ; on en a vu rester sept ans à l’état de nymphe. À. PRUNUS SPINOSA, Prunellier. Plantes de la PI. XXVI. © B. RuBus Ibæus , Framboisier. C. Quercus rRorPurR, Chêne ordinaire. plie 1 0 Me CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. ) ur Le2) Bombyx Everia, Fab. Bombyx Évérie, God. (PI. XXVIL, fig. 7, a, &, b, 9). — Europe centrale, surtout le midi de l'Allemagne; assez rare aux environs de Paris. Haies d’épines. Chenille brune avec des poils inégaux, et les incisions noires. Sur le devant de chaque anneau, en dessus, règnent deux bandes {ransverses d’un jaune fauve, et sur les côtés une série de taches bleues chagrinées de jaune-soufre, Vit en société, ainsi que Lanestris, sur l’'aubépine et le prunellier, et se rencontre dans nos contrées d'avril en juin. Éclot en octobre. Dans certains pays plus au nord, une partie des chrysalides passent l'hiver, éclosent en mai, et les chenilles qui proviennent de leurs Papillons ne se trouvent que de juillet en septembre. Bombyx populi, Lin. Phalène du peuplier, Engr. (PI. XXVII, fig. 5, 9). — Europe. Bois. Octobre et novembre. , Chenille d'un gris plus où moins blanchätre, finement mouchetée de noir, avec le dos tacheté de fauve pâle à partir du troisième anneau jusques et y compris le onzième; le pre- mier est marqué d’un croissant ferrugineux. Ventre aplati, verdâtre, avec une tache noire entre les pattes membraneuses. Vit solitaire, en mai, sur le peuplier, le bouleau, le chène, le hêtre, l’aubépine, le prunellier, et se tient ordinairement appliquée contre l'écorce. Coque fort petite, par rapport à la chenille, dure, et très-adhérente aux corps contre lesquels elle est lixée. Bombyx Neustria, Lin. La Livrée, Réaum. (PI. XXVIT, fig. 6, a, b). — Dans toute l'Europe. Partout, en juillet. Les chenilles éclosent an printemps et vivent en société sous une tente soyeuse sur les arbres fruitiers et autres, ainsi que sur différents arbustes. Elles filent en juin, soit entre les feuilles, soit sous les corniches des murs, une coque ovale, molle, blanche, et d'où s'échappe au toucher une poussière d’un jaune-soufre. Cette espèce est, avec la chenille Commune, celle qui fait le plus de tort aux arbres des jardins et des vergers. Bombyx castrensis, Lin. Livrée des prés, de Geer (PI. XXVIT, fig. 8, à, b, &, €, 9). — Dans une grande partie de l'Europe. Fin juillet, août. Lieux arides et sablonneux, bruyères. La chenille vit, dans sa jeunesse, en commun sous un abri soyeux, et se disperse adulte sur diverses plantes basses, telles que: Helianthemum quttatum et vulgare, Erodium cicuta- rium, et surtout Euphorbia cyparissias. Elle atteint toute sa croissance vers la fin de juin, et file sa coque à terre ou sous les feuilles des plantes qui lui ont servi de nourriture. TRIBU DES LASIOCAMPIDES (Lasiocampidæ). Genre Opoxesris, Germar. Odonestis potatoria, Lin. Bombyx buveur, God. (PI. XXVII, fig.3, à, b, &, €, 9). D. Ur + PE SSP APTE OINSÉDIEURIONMIE — Dans une grande partie de l'Europe, surtout le centre et le nord, de juillet en août. Bois, prairies. La chenille, après avoir passé l’hiver, se trouve en mai, juin, sur diverses graminées, les Bromus et Dactylis de préférence, et se plait dans les endroits humides et ombragés, au bord des allées, des fossés et des petits ruisseaux, le long des haies. Cestle matin à la rosée, le soir au coucher du soleil, qu’on la chasse avec le plus de succès. S’accommode très-bien en captivité des feuilles du froment, Triticum hibernum. Genre LasrocAmpa, Lat. Lasiocampa quercifolia, Lin. La Feuille morte, Geoff. et Engr. (PI. XXVIL, fig. 1, a, b, c). — Europe. Juillet, août. La chenille vit en mai, juin, sur les arbres fruitiers, et se rencontre principalement dans les jardins, les vergers. Elle se tient le jour appliquée contre les branches, se confondant, par sa couleur, avec l'écorce, ce qui la rend difficile à découvrir. Assez commune. Lasiocampa pruni, Lin. feuille morte du prunier, Engr. (PI. XXVII, fig. 2). — Europe centrale. Juin et juillet, Bois, vergers, bords des routes; jamais abondante. Chenille d’un gris cendré ou rougeàtre, avec deux raies latérales d’un bleu pâle lisé- rées de jaunâtre. Appendices pédiformes moins saillants que ceux de ses congénères. Elle n’a qu'un seul collier, aurore et bleu, placé sur le deuxième anneau, et sur le onzième un tubercule aplati, un peu bifide, garni de poils roux. Vit en mai sur le prunier, l’orme, le chène, le tilleul, le prunellier, Se chrysalide entre les feuilles dans une coque allongée d’un jaune clair. Cette chenille, ainsi que celle de Quercifolia, passe l'hiver petite, collée contre les branches ou réfugiée dans les gerçures des écorces. Lasiocampa pini, Lin. Feuille morte du pin, Engr. (PI XXVIL, fig. 4, a, b, €). — Est et midi de la France, l'Allemagne. De la fin de juin en août, dans les forèts de pins. La chenille, après avoir hiverné, se trouve en mai et juin sur les pins, de préférence le sylvestris. File, entre les feuilles ou dans les rides de l'écorce, une coque allongée d’un gris jaunâtre, entremèlée de poils. La Feuille morte du pin est de tout le genre celle qui varie le plus, autant pour la couleur que par la forme du dessin des ailes. A. EuPHORBIA ESULA, Ésule. Plantes de la PI. XXVII. À B. PRUNUS DOMESTICA, Prunier. GC. PINUS SYLVESTRIS, Pin sylvestre. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 2 PA) ur TRIBU DES-SATURNIDES (Saturnideæ). Genre SATURNIA, Schrank. Saturnia piri, Bork. Grand paon, Geoff. et Engr. (PI. XXVIIL, fig. 4, 4, DE Europe méridionale et centrale. Jardins, routes et promenades bordées d'arbres. De la fin d'avril en juin. La chenille vit en juillet et août sur les arbres fruitiers, ainsi que sur l’orme, le frène et l’aune. Fixe sa coque, faite en forme de poire, sous les corniches des murs, aux bifurcations des branches, dans les herbes au bas du tronc des gros arbres. Reste quelquefois deux ou {rois ans en chrysalide. Cette espèce, une des plus grandes de l'Europe, ne dépasse guère la latitude de Paris vers le nord. _ Saturnia carpini, Bork. Petit paon de nuit, Engr. (PI. XXVITE, fig. 2, «,b, c, d, &, e, $). — Dans toute l'Europe. Lisières des bois, haies, bruyères, en avril et mai. Le mâle vole le jour à la recherche de la femelle. Chenille en juin et juillet sur les ronces, les bruyères, les saules, le prunellier, les jeunes pousses d’orme et de charme. Les petites chenilles vivent en société jusqu'à leur troisième mue, et se dispersent ensuite dans les environs du lieu de leur naissance. Se chrysalident au milieu des broussailles. TRIBU DES ENDROMIDES (Endromidæ). Genre ENDrouis , Och. Endromis versicolor, Lin. Versicolor, Engr. (PI. XXVIIL, fig. 3, a, b, &, c, 9). —. Dans une grande partie de l’Europe, surtout le centre et le nord. Bois plantés de bouleaux. Derniers jours de mars, avril. Le mâle vole en plein jour avec une grande rapidité, La chenille vit en juin et juillet sur le tilleul, le noisetier, mais de préférence sur le bou- leau, Betula alba. Se chrysalide dans la mousse à la surface de la terre. Les chenilles du Bombyæ versicolor vivent par petits groupes ne dépassant guère huit à dix individus; mais on les trouve difficilement, par la raison que ces pelites familles sont disséminées dans les massifs de bouleaux, et qu'il faut porter ses recherches sur un grand nombre d'arbres. Un moyen qui nous a souvent réussi consiste à chercher ces chenilles, ou dans les clairières ou bien au bord des allées traversant les massifs de bouleaux, sur ceux de ces arbres les plus avancés comme végétation au moment de la ponte des femelles — dans la pensée qu'elles les PE SMPAPILIEONS DIE UIROPE e) UT [e} choisissaient de préférence à tous autres pour y déposer leurs œufs — et que nous avions eu le soin de marquer afin de les reconnaitre en temps opportun. À. Prrus coMMUNIS, Poirier cultivé. Plantes de la PI. XXVIIT. ! B. BEeruLa ALBA, Bouleau ordinaire. [ C. Rosa CANINA, Églantier de chien. TRIBU DES COSSIDES (Cossideæ). Genre Cossus, Bdv. 2 Cossus ligniperda, Fab. Le Cossus, Geoff. et Engr. (PI. XXIX, fig. 4. «, b, c\. — Dans toute l'Europe. — Routes et na les bordées d’ormes. En repos le jour contre le tronc des arbres. Fin juin, juillet. | La chenille vit dans l’intérieur du tronc des Ulinus, Populus, Salix, et se chrysalide en mai, après deux hivers, près du pourtour du bois vif, sous l'écorce. Genre ZEUzERA, Latr. Zeuzera æsculi, Lin. La Coquette, Engr. (PI. XXIX, fig. 5, &, b). — Europe. Pro- menades et jardins, en juillet et août. La chenille vit dans l'intérieur du tronc et des branches de différents arbres, surtout les Fraxinus, Syringa, Tilia, Æsculus et Malus. Passe deux hivers. Se transforme en mai et Juin, après avoir recouvert d’un opereule de soie l'ouverture praliquée pour la sortie du Papillon. On trouve parfois sur le sol, après de fortes bourrasques, des branches cassées, minées par la chenille, et renfermant sa chrysalide. TRIBU DES HÉPIOLIDES (Hepiolidæ). Genre HerproLus, Fab. Hepiolus Hectus, Lin. Patte en masse, Engr. (PI. XXIX, fig. 1, a, b). — Europe. Juin et juillet. Le mäle vole, le soir, en balancier, dans les herbages forestiers et humides. La chenille vit de racines de bruyères, Erica, et autres. Hepiolus lupulinus, Lin. Louvette, Engr. (PI. XXIX, fig. 2). — Dans toute l’Europe. Prairies. Fin mai, juin. La chenille ronge les racines du chiendent, Triticum repens. Hepiolus humuli, Lin. Phalène du houblon, Engr. (PI. XXIX,-fig. 3, &, &, b, $). -- Europe septentrionale. Au crépuscule dans les prairies humides, en juin et juillet. Chenille d’un blanc jaunâtre, avec la tête, le premier et une partie du second anneau, ainsi + CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. ] ur | que les pattes écailleuses, d’un brun luisant. Sur le corps quelques points ou verrues fauves d’où s'échappe un poil court et noirâtre. Elle ronge, en avril et mai, les racines du houblon, Humulus lupulus, et celles de la bryone où couleuvrée, Bryonia dioica. TRIBU DES PSYCHIDES! (Psychidæ). Genre PSYCHE, Schrank. Psyche viciella, Fab. Bombyx de lu vesce, God. (PI. XXIX, fig. 7). — France, Allemagne. Fin juin, juillet. La chenille adulte vit d'avril en juin sur les Vicia, Euphorbia et les graminées. Psyche graminella, VW. V. Bombyx du gramen, God. (PI. XXIX, fig, 8, a, b). — France, Allemagne. Juin et juillet. La chenille vit de graminées, et se chrysalide en mai et juin, après avoir hiverné deux fois. Psyche muscella, Fab. Bombyx moucheron, God, (PI. XXIX, fig. 9). — France, Allemagne, Italie. En mai. La chenille vit sur les graminées et se chrysalide en avril. TRIBU DES LIMACODIDES (Limacodidæ) Genre Limacobes, Lat. Limacodes Testudo, God. Tortue et Cloporte, Engr. (PI. XXIX, fig. 6). — Europe. Bois de chènes, en Juin. | Chenille glabre, verte, un peu chagrinée, avec deux lignes dorsales jaunes pointillées de rouge. Ses pattes membraneuses sont remplacées par des mamelons luisants et visqueux. Vit en septembre et octobre sur le chène, et se chrysalide dans une petite coque brune, assez solide. \ A. LEONTODON TARAXACUM, Pissenlit. Plantes de la PI. XXIX. © B. SaLix GapREA, Saule marceau. C. MALUS CoMMUNIS, Pommier. ; 1 Les chenilles de Psyche, glabres ou très-peu pubescentes, vivent constamment dans un fourreau composé de soie et de fragments de végétaux, qu'elles transportent dans leur marche, ainsi que les colimaçons leurs coquilles, et dans lequel s'opère leur métamorphose, après qu'elles l'ont fixé sur les plantes où contre les murailles. 17 IE SNPAPIE TON SNDÉEURRIOIPIEr & BA © TRIBU DES PLATYPTÉRIDES (Platypteridæ). Genre Crrax, Leach. Cilix spinula, Hub. Petite Épine, God. (PI. XXX, fig. 1). — Europe. Haies d’épines, en mai, juillet et août. Chenille d’un brun rouge plus où moins foncé, avec les deuxième et avant-dernier anneaux garnis de tubercules à pointes brunâtres. Vit, en juin, août et septembre, sur Faubépine et le prunellier. Se chrysalide entre les feuilles. Genre PLATYPTERYx!, Lasp. » I Platypteryx falcula, Hub. Faucille, Engr. (PI. XXX, fig. 2). — Europe centrale. Plantations d’aunes et de bouleaux, en mai et août. Chenille d’un rouge brun foncé sur le dos, avec les côtés et le ventre d'un vert pâle, et deux tubercules coniques sur chacun des cinq premiers anneaux. Vit en juin et septembre sur l’aune el le bouleau. Platypteryx hamula, Esp. Hamecon, Engr. (PI. XXX, fig. 3). — Europe centrale. Bois de chènes, en mai et août. Chenille ayant le dessus des trois premiers et des deux derniers anneaux d’un brun ver- dâtre, et les autres d’un brun jaunâtre, avec le troisième anneau surmonté d'un tubercule bifide entouré de points blancs à la base. Vit en juin et septembre sur le chêne. TRIBU DES DICRANURIDES (Dicranuridæ). Genre DicraAnurA, Latr. Dicranura Vinula, Lin. Queue fourchue, Geoff. et Engr. (PI. XXX, fig, 4, a, b, ce). — Dans toute l’Europe. Plantations de saules et de peupliers, en mai et juin. La chenille vit de juin à la fin d'août sur les saules et les peupliers. Dicranura Erminea, Esp. Hermine, Engr. (PI. XXX, fig. 5). — France, Allemagne. Parait à la mème époque que Vinula, et se rencontre de préférence dans les grands bois. La chenille ressemble beaucoup à celle de sa congénère, avec la différence que la bande foncée du dos n’est pas interrompue par la bosse pyramidale du froisième anneau, mais seulement rétrécie, et qu'elle projette de chaque côté du corps un appendice atteignant les pattes membraneuses. Vit de juin en août sur les peupliers, surtout le tremble, Populus lremula. ‘Les chenilles de Platypteryx vivent dans des feuilles roulées, et s’y changent en chrysalides après s ètre entourées d’un léger réseau de soie. CLASSIFICATION.ET ICONOGRAPHIE. 259 Dicranura bifida, Hub. Petite Queue fourchue, Engr. (PL XXX, fig 6). — Europe. Plantations de saules et de peupliers, bords des rivières, depuis les derniers jours d'avril jus- qu'à la fin de mai, ensuite en juillet. Chenille analogue à celle de Vèrula comme forme, Elle est verte, pointillée de ferrugineux, avec une bande dorsale d’un brun-pourpre, bordée de jaune, rétrécie à la bosse pyramidale et palmée vers son milieu. Se trouve en juin, puis de la fin d'août au commencement d’oc- tobre, sur les Salix et Populus. Les chenilles de Dicranures se mélamorphosent dans des coques fort dures, coustruites presque en entier de la partie enlevée de l'écorce du trone ou des branches de l'arbre, contre lesquelles ces larves les ont placées. Genre HarpyrA, Och. Harpyia Milhauseri, Fab. Dragon, Engr. (PI. XXX, fig. 7, 4, b). — France, Alle- magne. Bois de chênes, en mai, juin; mais rare partout. La chenille vit de juillet en septembre sur le chène. Se chrysalide dans une coque de la couleur de l'écorce du tronc de Parbre contre lequel elle est placée. Harpyia fagi, Lin. Écureuil, Engr. (PL XXX, fig. 8, @, b, c). — Nord et centre de la France. Allemagne. Bois de hètres et de chènes, en mai, juin. La chenille se trouve, de juillet en septembre, principalement sur le hêtre, le chène et le bouleau. Se chrysalide à la surface de la terre dans une coque de soie molle, entre des feuilles sèches où dans la mousse. TRIBU DES NOTODONTIDES (Notodontidcæ). Genre PTILOPHORA, Steph. Ptilophora plumigera, Fab. Porle-Plume, Engr. (PI. XXX, fig. 9). — Nord et est de la France, Suisse, Allemagne, elc. Haies d’érables, lisières des bois. La chenille vit de mai en juillet sur l’érable, et se chrysalide en terre. EÉclot en octobre et novembre. | A. QUERCUS ROBUR, Chêne ordinaire où pédonculé. Plantes de la PI. XXX. B. SaLiX viuiNaLIS, Osier blanc. C. CaARPINUS BETULUS, Charme. Genre DryYmoniA, HS. Drymonia chaonia, Hub. Bombyx chaonien, God. (PI. XXXI, fig. 1). — France, Allemagne, ete. Forèts de chênes, avril, mai. Chenille effilée, lisse, d’un vert clair et luisant, avec deux lignes jaunes le long du dos, et LES PAPTILELONS DIE UROPE: © [e)] © deux autres lignes de même couleur près des pattes. Vit en juin sur le chêne, et se chrysa- lide en terre. Genre LEtocampA, Steph. Leiocampa Dictæa, Lin. Porcelaine, Engr. (PI. XXXI, fig. 2). — Europe. Lieux plantés de peupliers, en mai, juillet et août. Chenille glabre, verte sur les côtés, blanchâtre sur le dos, avec une ligne latérale jaune, et le onzième anneau relevé en bosse. Vit en juin et dans les derniers jours de septembre sur les peupliers, quelquefois le saule et le bouleau. Entre en terre pour se mélamorphoser. Genre NoToponTA, Och. Notodonta Tritophus, Fab. Dromadaire, Engr. (PI. XXXI, fig. 3). — France, Alle- magne, etc. Sur les peupliers, mais toujours assez rare. Parait en mai, juin, puis en août. Sa chenille a le facies de celle du Ziczac, avec une bosse en plus sur le dos. Vit solitaire, en juillet, septembre et octobre, sur les peupliers. File, à la surface de la terre, entre les feuilles sèches, un léger réseau de soie pour se chrysalider. Notodonta Ziczac, Lin. Bois veiné, Geolf. et Engr. (PI. XXXI, fig. 4, a, b,c, d). — Europe. Oseraies, bords des rivières, en mai, juin et août. La chenille se trouve, de juin en juillet, puis en septembre et octobre, sur les saules, osiers et sur les jeunes pousses de peupliers. Genre PERIDEA, Steph. Peridea bicolor, Fab. Bicolor, Engr. (PI. XXXI, fig. 5). — Nord de la France, Alle- magne, rare aux environs de Paris. Massifs de bouleaux, en mai, juin. Chenille verte, avec plusieurs lignes longitudinales jaunes. Vit en juin et juillet sur le bou- leau, Betula alba, et se chrysalide à la surface de la terre. Genre LOPHOPTERYX, Steph. Lophopteryx Garmelita, Esp. Bombyx carmélile, God. (PI. XXXI, fig. 6). — Alle- magne; très-rare aux environs de Paris. Fin avril, mai. Se tient habituellement le jour en repos contre le tronc ou bien au pied des arbres. Chenille verte, chagrinée de jaune, avec une ligne latérale blanche, marquée de rose près des pattes. Vit en juin et juillet sur le bouleau. Lophopteryx Camelina, Lin. Bombyc chameau, God. (PI. XXXI, fig. 7, a, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Mai, juin; moins commun en août. La chenille se trouve de juillet en novembre sur la plupart des arbres forestiers. Se chry- salide en terre. Genre PriLoponTis, Steph. Ptilodontis Palpina, Lin. Museau, Engr. (PI. XXXI, fig. 8). — Dans une grande partie de l'Europe. Mai, fin juillet, août. CL'ASSIFICAMION EM ICONOGRAP HIE. 261 Chenille d’un vert pâle, avec quatre lignes blanches, granuleuses, sur le dos, et près des stigmates une raie longitudinale jaune, finement bordée de noir en dessus aux trois premiers anneaux. Se trouve, de juin en juillet et de septembre à la fin d'octobre, sur les saules, osiers, peupliers, Salir et Populus. Genre PYGxrA, Bdv. Pygæra bucephala, Lin. Lunule, Geoff. et Engr. (PI. XXXE, fig. 9). — Europe. Bois, oseraies, Jardins, en mai, Juin. Chenille un peu molle, légèrement velue, avec des raies longitudinales noires, jaunes et blanches, les premières piquées de blanc; chaque anneau est, en outre, transversalement rayé de jaune roussätre finement pointillé de jaune clair, Tète grosse, noire, et marquée d'un V jaune Vit en petite société, de juillet en octobre, sur les Salir, Belula, Tiliu, Quercus et autres. Se chrysalide en terre sans former de coque. Genre Crosrera!, Hoffm. Glostera Anachoreta, Fab. ausse-queue fourchue, Engr. (PI. XXV, fig. 4). — Europe. Oseraies, bords des ruisseaux, en avril et mai, juillet et août. Chenille légèrement velue, d’un gris cendré elair en dessus, plus foncé sur les côtés, avec trois lignes noires un peu interrompues dans la région dorsale; celle du milieu, où vasculaire, mieux indiquée que les deux autres. Dans la région latérale : une série de gros points noirs et deux rangées de petits tubercules fauves d'où s’'échappent les poils. Le quatrième anneau, d’un noir velouté, est surmonté d’un mamelon rouge brun, accompagné de deux gros points blancs; un pareil tubercule existe sur le onzième anneau, mais sans points blancs. Tète et pates écailleuses noires. Se trouve, en juin et juillet, août et septembre, sur les saules et les peupliers, le blanc de préférence, Populus alba. Genre ASTEROSCOPUS, Bdv. Asteroscopus Gassinia, W. V. Cassini, Engr. (PI. XXXUT, fig. 7). — Europe. Bois, promenades et routes bordées d’ormes. Derniers jours d'octobre, première quinzaine de novembre. En repos le jour contre le tronc des arbres. Chenille verte, avec une ligne dorsale blanche et quatre raies latérales jaunes. Vit, de mai en jun, sur différents arbres, principalement l'orme, le tilleul, le chène et le saule marceau. Se chrysalide en terre. Cette chenille, au repos, relève la partie antérieure de son corps, et, dans cette attitude, semble contempler le ciel ; de là le nom de Cassini, célèbre astronome du dix-septième siècle, qui lui a été donné. | A. SALIX PRÆCOx, Saule précoce. Plantes de la PI, XXXI. ! B. BeruLa ALEA, Bouleau. | GC. Mazus coMuuxiS, Pommier. ‘ Les chenilles de (ostera vivent solitaires entre deux feuilles réunies par quelques fils de soie, et se chrysalident dans les feuilles ou sous les écorces. © [@)] & LES PAPILLONS D'EUROPE. TRIBU DES NOCTUO-BOMBYCIDES (Noctuo-Bombycideæ). Genre TayarTira, Och. Thyatira Batis, Lin. Batis, Engr. (PI. XXXIL, fis. 4, a, b). — Europe. Bois un peu humides et couverts de ronces. La chenille se trouve de juin en juillet, mais surtout de septembre en ociobre, sur les Rubus. Celles de la première génération donnent leurs Papillons vers la fin de juillet de la mème année, et celles de la seconde en mai suivant. File sa coque entre les feuilles ou dans la mousse. Genre CxmAropnorA, Tr. Cymatophora flavicornis, Esp. Flavicorne, Engr. (PL XXXIT, fig. 1, «, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois de bouleaux, en mars et avril. Commune. La chenille vit, en mai et juin, sur le bouleau, Belula alba, et se tient entre deux feuilles liées avec de la soie. Se chrysalide entre les feuilles ou dans la mousse. Cymatophora ridens, Fab. Noctuelle rieuse, Dup. (PI. XXXIT, fig. 2, &, b). — Dans une grande partie de l’Europe. Bois de chènes, en avril, En repos le jour sur le tronc des arbres. La chenille se trouve en mai, juin, sur les chênes, et ses mœurs sont celles.de la Flavi- corne. Cymatophora Or, W. V. (PI. XXXII, fig. 3, «, b). — Dans presque toute l'Europe, de la fin d'avril au commencement de juin. SAVE La chenille vit, en juillet et août, sur les Populus. Se renferme également entre deux feuilles, et se transforme le plus ordinairement au pied de l'arbre. TRIBU DES BOMBYCOÏDES (Bombycoidæ). Genre AcRoNYGTA, Och. Acronycta leporina, Lin. Ælocon de laine, Engr. (PI. XXXIT, fig. 9). — Europe. Bois, oseraies, en mai, juin et août. Jamais abondante. Chenille verte, garnie de poils soyeux, très-longs et le plus ordinairement blancs, dirigés à avant ainsi qu'à Parrière du corps, dont ils couvrent toute la surface. Se trouve, depuis les derniers jours de juin jusqu'à la fin d'octobre, sur les Populus, Salix, Alnus, Betula; se chrysalide sous les écorces dans une coque très-solide entremélée de soie, de poils et de par- celles de bois. Acronycta Psi, Lin. Psi, Engr. (PI. XXXIT, fig. 6, «, b). — Dans toute l'Europe et l'Amérique du Nord. Très-commune, de juin en août, sur le trone des ormes qui bordent les routes. La chenille se trouve sur lorme, le filleul, les peupliers, ainsi que sur les arbres fruitiers, depuis août jusque fin octobre, et file sa coque sous les écorces. CLASSIFICAMIONAEMICONOGRAP HIE: 263 Acronycta alni, Lin. Aunette, Engr. (PI. XXXIT, fig. 7, 4, b). — Europe septentrio- nale et centrale. Parait en avril ef mai, parlois en juillet, mais toujours très-rare. Chenille, de juin en septembre, sur les Salic, Alnus, Populus, Betula, Quercus, Casta- nea; on la trouve aussi sur les feuilles tombées du noyer, Juglans regia, après le gaulage des noix. Se chrysalide entre les feuilles, les gercures des écorces, où dans les détritus du bois mort. Acronycta auricoma, Riæs. Chevelure dorée, Engr. (PI. XXXI, fig. 8, a, b). — France, Angleterre, Allemagne, Suisse, ete. Dans les bois, en mat, juillet et août. La chenille vit, en juin et septembre, sur beaucoup d'arbres et d'arbrisseaux, enfre autres : Populus, Salix, Betulu, Prunus, Corylus, Rubus, Erica. File, entre les feuilles ou dans les écorces, une légère coque de soie pour se changer en chrysalide. Acronycta aceris, Lin. Oinicron ardoisé, Engr. (PI XXNIT, fig. 9). — Dans toute l'Europe. Bois, jardias publics, promenades plantées de marronniers, en mai et juin. Chenille d’un beau jaune-citron, avec une série de taches blanches bordées de noir le long du dos, et de chaque côté desquelles s'élèvent perpendiculairement de longs pinceaux de poils jaunes en partie lavés de rose. Les côtés sont également garnis de poils jaunâtres qui divergent avec ceux du dos. Tète et pattes écailleuses d’un brun noir luisant. Se trouve, de juillet en septembre, sur lorme, Pérable, mais surtout sur le marronnier d'Inde, Æsculus hippocastarnum. File sa coque sous les corniches des murs où dans les écorces. POPULUS TREMULA, Tremble. A. Rupus FRuTICOSUS, once. B Plantes de la PI. XXXII. ! C BETULA ALBA, Bouleau. D. Quercus ROBUR, Chêne. Genre DipuTera, Och. Diphtera Cœnobita, Esp. Cénobite, Engr. (PI. XXIV, fig. 6). — Allemagne , Suisse, Italie. Plantations de sapins. En avril, mai; toujours peu répandue. La chenille vit sur les sapins, en août et septembre, et se chrysalide à terre dans une coque brune et ferme. Quelques auteurs indiquent aussi juillet comme époque d'apparition pour l’'insecte parfait, ce qui ferait penser que cette espèce a deux générations par an dans certaines contrées. Diphtera Orion, Sepp., Esp. Avrilière, Engr. (PI. XXI, fig. 1,a,b).— Nord et centre de l’Europe. Bois de chènes, en mai, juin. Se tient le jour en repos sur le tronc des arbres. La chenille vit, de juillet en septembre, sur les chènes, Quercus, et se métamorphose dans une coque d’un tissu serré. e Diphtera ludifica, Lin. Joyeuse, Engr. (PI. XXXII, fig. 2). — Assez commune dans 264 LES PAPILLONS-DÉE'UROPE certaines parties de l'Allemagne, mais rare en France, où parfois on la prend dans l’est. Parait au printemps; bois et jardins. Chenille légèrement velue, päle en dessous, d’un bleu cendré sur le dos, avec trois lignes longitudinales fauves, et les côtés marqués également de fauve et de taches noires. Les pre- mier, quatrième et onzième anneaux sont en parlie blanes en dessus, et ce dernier est sur- monté d'un mamelon bleu bifide dirigé en arrière. La tête est bleuâtre; les pattes écailleuses sont grises et les membraneuses fauves. Vif, en septembre et octobre, sur les Sorbus, Pru- nus, Cratægus, Salix et Quercus. File, entre les feuilles ou dans les interstices des pierres, à la surface du sol, une coque blanchâtre d’un ussu serré. Genre SimyYrA, Och. Simyra venosa, De Geer, Bork. Noctuelle veineuse, Dup. (PI. XXXIIT, fig. 3). — Nord et centre de l’Europe. Endroits marécageux, en mai, juin et août. Chenille demi-velue, noirâtre et chagrinée de gris-perle, avec quatre bandes longitudi- nales d’un blanc jaunâtre tachetées de fauve. Vit, de juin en juillet, septembre et octobre, sur les graminées dans les prairies humides. Se chrysalide, à la surface de la terre, dans une légère coque de soie blanche mêlée de brins d'herbe coupés. TRIBU DES BRYOPHILIDES (Bryophilidæ). Genre BRYoPHILA, Tr. el Bryophila perla, W. V. Glandifère, Engr. (PI. XXXIIT, fig. 4). — Europe. Vieux murs, rochers couverts de lichens, en juillet et août. La chenille se nourrit de lichens, Parmelia et autres, et habite de préférence les endroits exposés au midi, retirée le jour sous un abri soyeux. Se chrysalide dans une coque recou- verte en partie de parcelles de lichen et construite dans une fente, un petit creux de la pierre: Ces chenilles se rencontrent depuis les derniers jours d'avril, mais sont très-difficiles à éle- ver; il est donc préférable d’en chasser le Papillon, qu’on trouve communément où sa che- nille a vécu. Bryophila Algæ, Fab. Chloë, Engr. (PI. XXXIIT, fig. 5). — France , Allemagne. Sur les arbres qui bordent les routes, de juillet en août. La chenille à les mœurs de celle de Perla. Se nourrit des lichens qui eroissent sur les arbres. Dernière quinzaine de mai. TRIBU DES CARADRINIDES (Caradrinidæ). Genre CARApRINA, Och. Caradrina cubicularis, W. Gentille, Engr. (PI. XXXIII, fig. 11). — Dans une grande partie de l’Europe. Commune. Juillet et août. La chenille se nourrit de plantes basses, surtout du Stellaria media, et se trouve, au printemps, dans les feuilles sèches. Construit sa coque sur terre, en mai, et ne s’y change en chrysalide qu'après un mois environ. CLASSTEICADIONREMMICONOGRAPHTTIE: 265 TRIBU DES COSMIDES (Cosmidæ). Genre Cosura, Och. Cosmia affinis, Lin. Analogue, Engr. (PI. XXXHE, fig. 12). — Europe. Sur Îles ormes qui bordent les routes, en juillet. Chenille d'un vert bleuâtre, avec lignes dorsale et latérales blanches. Tête et pattes d’un * vert päle. Vit en mai, sur l’orme, Ulnus campestris, entre des feuilles liées. Se chrysalide entre des feuilles ou dans la mousse à la surface du sol. TRIBU DES ORTHOSIDES (Orthosidæ). Genre TrAcHE4a, Och. Trachea piniperda, Esp. Pityphage, Engr. (PI. XXXIIT, fig. 6, «, b). — France, Allemagne, ete. Dans les forêts de pins, fin mars, avril. Vole le soir sur les chatons du Salix capret. La chenille vit, de juin en août, en société sur les Pinus, auxquels parfois elle éause un grand dommage. Se métamorphose, en septembre, le plus ordinairement au pied de l'arbre, eo dans les feuilles sèches ou dans la mousse ! Genre Tæxiocampa, Gn. Tæniocampa gothica, Lin. — Var. Gothique, Engr. (PI. XXXII, fig. 8, @, b). — Dans toute l'Europe. Bois, prairies, en mars et avril, quelquefois en septembre. Vole le soir sur les chatons des saules. La chenille se trouve principalement en mai, juin, sur les Genista, Prunus, Rumex et Galium. Se chrysalide en terre. Tæniocampa stabilis, W. V. Ambiguë, Engr. (PI. XXXIIL, fig. 9). — Europe. Très- commune en mars et avril, dans les bois, etc. ; en repos le jour sur le tronc des arbres. Chenille d’un vert jaunätre, chagrinée de blanc jaunâtre, avec lignes dorsale et latérales d’un jaune citron, et sur le onzième anneau un trail transversal de mème couleur. Vit en mai et juin sur différents arbres, mais de préférence sur l'orme et le chêne, Uhnus el Quercus. . Genre ANCHOGELIS, Gn. Anchocelis rufina, Lin. Dorée, Engr. (PI. XXXIIH, fig. 10). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois; d'août en octobre. Chenille d’un jaune fauve, avec une raie longitndinale blanche au-dessous des stigmates. Vit, en mai, sur les Erica, Vaccinium et autres, cachée le jour sous les feuilles ou bien au bas des tiges. Se chrysalide en terre. ‘Voir page 261 la description de la fig. 7 de la PI. XXXIIT (Cassiniu). MESSPAPITLLONSeDSEUROPIE Le [ea [e)] : Genre MESsoGoNA, Bdv. Mesogona acetosellæ, W. V.(PI. XXXIIF, fig. 13). — Hongrie, Allemagne, centre de la France. Août et septembre. Chenille d'un gris incarnat moucheté de noirâtre, avec une ligne dorsale, et, près des pattes, une bande longitudinale d’une teinte plus claire. Tète et plaque du cou d’un brun foncé Vit, en mai et juin, sur plusieurs plantes basses, Rumex, ete., et se tient cachée le jour dans les feuilles sèches. : À. QUERCUS ROBUR, Chêne. Plantes de la PI. XXXIIT. | B. | SPARTIUM SCOPARIUM, Genêt à balai. | C. PINUS SYLVE STRIS, Pin sauvage. Genre XANTHIA, Och. Xanthia Cerago, W. V. Sulphurée, Engr. (PI. XXXIV, fig. 1). — Europe. Bois et lieux où croit le saule marceau, en septembre et octobre. Chenille d'un brun violâtre marbré, avec une ligne longitudinale grisâtre près des pattes. Vit, dans son jeune âge, en avril, dans les chatons du Salix caprea; plus grande, elle des- cend à terre et se nourrit de plantes basses, Plantago, ete. Parvenue à toute sa croissance dans les derniers jours de mai, cette chenille entre en terre pour se chrysalider. Nous avons toujours élevé avec succès les chenilles de Xanthia, dans l’âge adulte, en les nourrissant de feuilles de saules et de peupliers. Genre Hoporixa, Bdv. Hoporina Croceago, W. V. Safranée, Engr. (PI. XXXIV, fig. 7, «, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois de chênes. Éclot en septembre, octobre, et se tient le jour au repos sur les branches; quelques individus hivernent et reparaissent, en mars, sur les chatons du saule marcean. La chenille vit, en mai et juin, sur le chêne, Quercus robur, et se chrysalide en terre. Genre DasycAMPA, Gn. Dasycampa rubiginea, W, V. Tigrée, Engr. (PI. XXXIV, fig. 9). — Angleterre, Allemagne, nord et centre de la France. Parait en septembre et octobre, mais jamais en nombre. Mœurs du Croceago. Chenille d'un brun roux, un peu velue, avec le premier anneau plus foncé et tous les autres, sauf le second, marqués d’une tache noire en dessus. Tète d’un noir luisant. Vit en mal, juin, sur le pommier, le chêne, parfois sur les plantes basses, surtout les chicoracées. Se chrysalide à la surface du sol dans une coque lâche mêlée de terre. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 267 Genre CErasrTis, Och. Cerastis vaccinii, var. Lin. Noctuelle de l'airelle, Dup. (PI. XXXIV, fig. 8). — Europe. Dans les bois, de septembre en novembre; hiverne ainsi que les deux espèces précédentes. Commune. Chenille d'un brun plus où moins rougeätre marbré de gris sale, avec les lignes ordinaires plus claires, mais peu apparentes, et la plaque de la nuque d’un noir velouté, marquée de trois lignes blanches longitudinales. Cette chenille vit, dans son jeune âge, sur le chêne, le saule marceau; plus grande, elle descend à terre pour se nourrir de plantes basses, et se cache alors dans les feuilles sèches ; on la rencontre depuis mai jusqu'au commencement de juillet. Cerastis serotina, Tr. (PI. XXXIV, fie. 10, «&, b). — Hongrie, Autriche et quelques contrées de l'Allemagne, mais peu répañdue. En septembre et octobre. La chenille vit, de mai en juillet, sur les graminées dans les endroits élevés, arides et pier- reux, et se cache pendant le jour sous les pierres. Construit sa coque en terre. TRIBU DES GORTYNIDES (Gorlynideæ). Genre GoRTYNA, Och. Gortyna Flavago, W. V. Drap d'or, Engr. (PI. XXXIV, fig. 2, «a, b). — Angleterre, Allemagne, nord et centre de la France, ete. Fin août, septembre, dans les endroits où croissent les sureaux. Assez commune. | La chenille vit, de mai en juillet, dans l’intérieur des tiges de diverses plantes dont elle ronge Ja moelle : Verbascum, Arctium et autres, mais principalement dans celles de lyèble et du sureau, Sambueus ebulus et nigra. Ne vit sur cet arbrisseau que dans les jeunes pousses. Difficile à élever, ainsi que la plupart des chenilles vivant dans l'intérieur des plantes. I est préférable de chasser le Flavago à l'état de chrysalide, qu'on trouvera, en août, dans lin- térieur des tiges où la larve a vécu. Cette chrysalide est toujours placée à ras de terre, si la chenille se nourrit dans Pyèble ou toute autre plante de peu d’élévation ; quant au sureau, il n’y a pas d'endroit déterminé; dans tous les cas, pour s'assurer de la présence de cette nymphe, il suffira de courber les tiges ou les branches, et s’il se produit une cassure, on peut ètre à peu près certain de la rencontrer, par la raison que la chenille à rongé où aminei l'endroit du végétal qu'elle a choisi pour sa transformatron. TRIBU DES NONAGRIDES (Nonagridwæ). Genre NoxAGriA, Och. Nonagria typhæ, Esp. Massette, Engr. (PI. XXXIV, fig. 3). — Dans une grande par- lie de l'Europe, surtout le centre et le nord. Vole le soir, d'août en octobre, au bord des étangs parmi les roseaux. 263 LES PAPILLONS D'EUROPE. Chenille allongée, d’un gris livide, avec une ligne longitudinale jaunâtre près des pattes. Vit dans les tiges du Typha latifolia, et S'y change en chrysalide dans la dernière quinzaine de juillet. Ne chercher les chrysalides que dans les roseaux d’un aspect languissant et dont les feuilles médianes sont jaunes et desséchées. Nonagria cannæ, Tr. La Fauve, Engr. (PI. XXXIV, fig. 4). — Angleterre, nord de la France et de l'Allemagne. Août et septembre. Ses mœurs sont celles de la Typheæ. g l ! La chenille vit également dans les roseaux, et ses mœurs sont aussi les mêmes que celles de la précédente. TRIBU DES LEUCANIDES (Leucanidæ). Genre LEucanra, Och. Leucania pallens, Lin. La Blème, Engr. (PI. XXXIV, fig. 5, a, b). — Dans toute l'Europe, surtout le centre et le nord. Fin mai, juin, août et septembre. Très-commune, volant au crépuscule sur les herbes dans les champs et les prairies. La chenille se trouve, en mars et avril, après avoir hiverné, puis de juillet en août, sur les 2 tissu. graminées, les Rumex. Se chrysalide sur terre dans un lég Leucania obsoleta, Hub. Crochet blanc, Engr. (PI XXXIV, fig. 6). — Angleterre, nord de la France, Allemagne. Le soir, au bord des étangs, dans les endroits marécageux, en juin. Chenille d’un gris jaunâtre avec les lignes ordinaires plus claires. Se nourrit, en août et septembre, des feuilles de l'Arundo phragmites, dans les anciennes tiges duquel elle se réfugie pendant le jour. C’est aussi dans une de ces retraites qu’elle passe l'hiver et s’y change en chrysalide, mais seulement au printemps, et sans avoir repris de nourriture. TRIBU DES AMPHIPYRIDES (Amphipyrideæ). Genre AmpuipyrA, Och. Amphipyra pyramidea, Lin. Pyramide, Engr. (PI. XXXIV, fig. 11). — Europe. Bois, ele. En juillet et août; réfugiée pendant le jour dans les trous d’arbres, derrière les volets des maisons à la campagne, etc. Chenille rase, verte, avec la ligne dorsale etles latérales blanches ou jaunâtres, et le onzième anneau relevé en pyramide. Vit, en mai et juin, sur différents arbres et arbustes, surtout: Quercus, Ulnus, Salix, Prunus, Lonicera. Se chrysalide entre les feuilles ou dans la mousse, entourée d’un léger tissu. A. SAMBUGUS EBULUS, Yèble. Pläntes dela PI XXXIV. 0 STE EME -] C. FRAGARIA VESCA, Fraisier des bois. D. Quercus ROBuR, Chêne. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 269 TRIBU DES NOCTUIDES (Noctuidæ). Genre TriPHena!', Och. Triphæna fimbria, Lin. f'rangée, Engr. (PL XXXV, fig. 1,4, b, c). — Europe. Bois; fin juin, juillet. La chenille vit de plantes basses, et se trouve, au printemps, cachée dans les feuilles sèches. Se chrysalide en terre. Ce Papillon varie beaucoup comme teinte des ailes supérieures. Triphæna pronuba, Lin. Fiancée, Engr. (PI. XXXV, fig. 2, 4, b. — c, Innuba, Tr.). — Dans toute l'Europe. Très-commune, en juin et juillet, dans les bois, les champs et les jar- dins. La chenille vit, en mars et avril, sur les plantes basses, et se cache pendant le jour avec soin sous les-feuilles, parfois mème à demi enterrée. Triphæna ianthina, W. V. Casque, Engr. (PI. XXXV, fig. 3, «, b).— Europe. Surtout dans les haies, les bois frais où croît l'Aruwm ou pied-de-veau, à la fin de juin, en juillet. La chenille vit principalement sur l'Arum maculaliun, dans les derniers jours d'avril, le commencement de mai, et se tient cachée pendant le jour sous les feuilles sèches. Se chrysa- lide en terre. Les trous orbiculaires que fait cette chenille dans les feuilles de la plante dont elle se nourrit décèlent sa présence. Triphæna Orbona, Fab. Comes, Hub. Suivante, Engr. (PI. XXXV, fig. 4, «, b). — Dans toute l'Europe. Partout, aussi communément que Pronuba, de la fin de juin en août. La chenille vit, en avril et mai, sur les plantes basses, et se cache pendant le jour au bas des touffes ou sous les feuilles. Se métamorphose en terre. Varie beaucoup aussi des ailes supérieures. Triphæna subsequa, W. V. Suivante, God. (PI. XXXV, fig. 5). — Habite le nord, ainsi qu'une partie du centre de l'Europe, en juillet. Rare aux environs de Paris. Chenille grise, avec lignes dorsale et latérales blanchätres, et sur le dessus de chaque anneau, longeant les deux lignes latérales, deux petits traits d’un brun noir. Vit, en mai, sur les plantes basses et se tient cachée pendant le jour, ainsi que ses congénères. Se chry- salide en terre. Genre Hiri4a, Dup. Hiria linogrisea, W. V. Lignée, Engr. (PI. XXXV, fig. 6). — Europe centrale et méri- dionale.. Haies, lisières des bois, en juillet. ‘Les Tryphènes, à l'état parfait, sont crépuseulaires : pendant le jour elles se tiennent sur les arbres, au milieu des broussailles et dans les feuilles sèches, d’où elles s'envolent avec rapidité, mais pour se poser à peu de distance, dès qu’elles sont inquiétées par une cause quelconque. Le chasseur doit mettre à profit cette particularité de leurs mœurs, et frapper légèrement les buissons et les feuilles sèches dans les bois taillis, ete., pour se les procurer. [Q 70 LESVPAPILLONS DÉFUR'OIPIE Chenille d’un gris vineux, veloutée, avec la ligne dorsale et les latérales interrompues, peu visibles, ces dernières bordées de traits noirs formant comme des chevrons sur les neuf pre- miers anneaux, et sur les deux suivants des taches cunéiformes. Vit, en février et mars, sur les plantes basses, surtout le Berre terrestre, Glechoma hederucea, et se tient cachée, pendant le jour, entre les feuilles sèches. Se chrysalide en terre. | A. PRIMULA OrFICINALIS, Primevère où Coucou. Plantes de la PI. XXXV. © B. ARuM MAGuLATUM, Pied-de-veuu. C. LaAMIGUM PURPUREUM, Lainier pourpre. Genre NocrTuA, Lin Noctua sigma, W. V. Ombre, Engr. (PI. XXXVI, fig. 1). — Nord de la France et de l'Allemagne. Juin, juillet. Rare en France. La chenille se nourrit de plantes basses, Atriplex et autres, cachée pendant le jour sous les feuilles; se métamorphose en terre, au printemps, après avoir passé l'hiver. Noctua G nigrum, var. Lin. C noir, Engr. (PI. XXXVI, fig. 2). — Dans toute l'Europe, Prairies et jardins, de mai en juin et de juillet en août, volant au crépuseule sur les fleurs. : Chenille glabre, d’un brun jaunâtre clair, quelquefois d’un gris verdâtre, avec des traits noirs longitudinaux, surmontés chacun de deux points de mème couleur, de chaque côté du corps, et, près des pattes, une ligne longitudinale orangée. Vit, en avril et de juin en juillet, sur différentes plantes basses: Urtica, Verbascuin, Rumex, ete., cachée pendant le jour sur terre ou sous les feuilles. Noctua festiva, W. V. Noctuelle parée, God. (PI. XXXVI, fig. 3). — Angleterre, nord et centre de la France et de l'Allemagne. Bois, en juillet. Chenille glabre, d’un jaune rougeûtre plus ou moins clair, avec deux chevrons noirâtres sur chaque anneau, depuis le quatrième jusqu’à l’avant-dernier. Tête et pattes concolores. Vit, au printemps, sur les plantes basses, cachée pendant le jour entre les feuilles où dans la mousse; se chrysalide en terre. Noctua plecta, Lin. Cordon blanc, Engr. (PI. XXXVI, fig. 4, «, b). — Europe. Prai- ries, jardins, en juin et août. La chenille se nourrit de plantes basses, en juillet et septembre, et se tient cachée pendant le jour sous les feuilles ou dans la mousse. Entre en terre pour se chrysalider. Genre AGroris, Och. Agrotis segetum, VW. V. Moissonneuse, Engr. (PI. XXXVI, fig. 5). — Très-commune dans toute l'Europe, ainsi qu'au cap de Bonne-Espérance. Dans les champs, de juin en août. CLASSTEICATION* ET ICONOGRAPHIE. 271 La chenille ronge les racines des graminées, de l'été en automne, hiverne adulte en terre ou sous les pierres, et s’y chrysalide en avril et mai. Ces chenilles sont parfois un fléau pour les moissons dans certaines contrées, surtout les années chaudes, propices à leur dévelop- pement. Agrotis præcox, Lin. Précoce, Engr. (PI XXXVI, fie. 7). — Angleterre, Allemagne, ouest et centre de la France. En juillet et août, cachée pendant le jour sous les toufres d'herbes. La chenille ronge les racines de diverses plantes basses : ÆEuphorbia, Anchusa, Echivan, Sonchus, Arlemisia; se lient durant le jour en terre, et s'y chrysalide vers le commence- ment de ruin. Genre AxYLIA, Hub. Axylia putris, Lin. Pultride, Engr. (PI. XXXVI, fig. 6). — Allemagne, France, Angle- terre. Dans les champs, en mai, juin. Chenille d'un gris d’écorce, avec une ligne dorsale jaunâtre, et, près des pattes, une autre ligne longitudinale d’un blanc sale. Un point jaune et deux points blancs sur le dessus de chaque anneau, ainsi que deux taches d’un brun verdâtre sur les quatrième et cinquième, et le onzième relevé en bosse. Vif en été sur les plantes basses, cachée pendant le jour sous les feuilles, et se chrysalide à l'automne dans une coque très-fragile, en terre. TRIBU DES HADÉNIDES (Hadenidæ). Genre PACHETRA, Gn. Pachetra leucophæa, W. V. Coureuse, Engr. (PI. XXXVI, fig. 8, a, b). — Europe. Dernière quinzaine de mai, juiu, sur les arbres dans les bois secs. La chenille éclot en été, vit jusqu'à la fin de l'automne au milieu des touffes de graminées ou sous les plantes basses qui croissent parmi les genèls, es bruyères, et ne se chrysalide qu'en avril, à la surface de la terre, après avoir passé l'hiver entre les feuilles sèches où dans la mousse. Genre APLECTA, Gn. Aplecta tincta, Brahm. Cachée, Engr. (PL XXXVI, fig. 9). — Allemagne, France, Angleterre. De la fin de mai en juillet, dans les bois. Rare aux environs de Paris. Chenille d’un gris cendré, finement mouchetée de noir, avec lignes dorsale et latérales plus claires. Tète jaunâtre. Vit en automne sur l’arrète-bœuf, Ononis spinosa, les Vacci- num et autres plantes ba ses, réfugiée pendant le jour entre les feuilles sèches, et ne se métamorphose qu'en avril et mai, dans une légère coque de terre, après avoir passé l'hiver à l'état de larve. Aplecta nebulosa, Hufn. Brodée, Engr. (PI. XXXVI, fig. 10). — Dans une grande partie de l’Europe. En juin et juillet; dans les bois, appliquée contre le tronc des arbres. 2 LES PAPIETONS DÉEUROPIE: Chenille d’un gris brun plus ou moins clair, avec une série de losanges noires sur le dos à partir du troisième anneau, et, sur les côtés, une autre série de traits obliques de même couleur. Tête jaunâtre rayée de brun. Vit, au printemps, après avoir hiverné, sur différentes plantes basses, les Rumnex de préférence, et se cache pendant le jour dans les feuilles sèches. Genre MaAMEsTRA, Och. Mamestra brassicæ, Lin. Brassicaire, Engr. (PI. XXXVI, fig. 11, a, b). — Dans toute l'Europe. Très-commune partout, en mai, juin et août. La chenille se trouve, depuis juin jusqu’à Ja fin d'octobre, sur un grand nombre de plantes, principalement sur les Brassica, les Chenopodium , les Atriplex, cachée entre les’ feuilles, ou bien à la base près de la tige. Se chrysalide en terre. Mamestra persicariæ, Lin. Polygonière, Engr. (PI. XXXVI, fig. 19, a, b). — Nord et centre de l'Europe. Bois, jardins, depuis les derniers jours de mai jusqu’à la fin de juillet. La chenille vit à découvert, en septembre et octobre, sur les Polygonum, les Urtica, les Rubus, les Sambucus et autres plantes. Se métamorphose en terre, et passe l'hiver à l'état de chrysalide. A. POA PRATENSIS, Paturin des prés ES | B. BRasSsICA OLERAGEA, Chou cultivé. Plantes de la PL'-XXXWL #5 à NE GC. CicHoriuM iNrYBUS, Chicorée sauvage D. POLYGONUM PERSICARIA, Persicaire. Genre HADENA, Och. Hadena pisi, Lin. Pisivore, Engr. (PI. XXXVIT, fig. 1, &, b). — Nord et centre de l'Europe. Mai, juin, dans les champs. La chenille vit à découvert, en août et septembre, sur diverses plantes basses, ainsi que sur le Myrica gule. Se métamorphose en terre ; et passe l'hiver en chrysalide. Hadena oleracea, Lin. Potagère, Engr. (PI. XXXVII, fig. 2). — Dans toute l'Europe, Très-commune dans les champs et les jardins, surtout en mai et août. Chenille quelquefois verte, le plus souvent d’un brun rougeâtre plus ou moins clair, avec une ligne longitudinale jaunâtre près des pattes, et quatre points noirs sur chaque anneau. Se trouve, de juin en octobre, sur les plantes potagères, ainsi que sur beaucoup de plantes basses. Se tient, pendant le jour, au bas des tiges ou sous les feuilles, et se transforme en terre. Passe l'hiver en chrysalide, Hadena dentina, W. V. Vagabonde, Engr. (PI. XXXVIL, fig. 3). — Europe. En mai, Juin et août, dans les champs. Vole ; le soir, sur les fleurs des prairies et des jardins. Chenille d’un gris terreux, avec deux raies longitudinales plus claires sur les côtés et près des pattes, et, sur le dos, une série de losanges brunes Lordées de noir dans leur partie anté- CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 273 rieure. Se trouve, de juin en juilet, puis en octobre, sur plusieurs plantes basses, de préfé- rence les Taraxacum , dont elle ronge le plus ordinairement les racines. Genre Diaxruœcra, Bdv. Dianthæcia compta, VW. V. Arrangée, Engr. (PI. XXXVII, fig. 4, à, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois, jardins, le jour en repos contre lesarbres, le soir, volant sur les fleurs dans les jardins. Fin mai, juin. La chenille, en juillet et août, sur différentes espèces d’œillets, dont elle mange la graine. Se tient cachée pendant le jour au pied de la plantg ou sous les débris des végétaux. Se chry- salide en terre. Dianthœæcia albimacula, Bork, Purée, Engr. (PL XXXVIL, fig. 5, «, b,c). — France, Allemagne, Angleterre, etc. Fin mai, juin, dans les endroits où croit le Silene nutans. La chenille, en juillet, sur le Silene nutans, dont elle mange la graine. Les petites che- nilles se logent dans les capsules du S. rutans; plus grandes et adultes, elles se cachent avec soin sous les touffes de la plante et même souvent en terre à quelque distance, ce qui les rend très-difficiles à trouver. Il faut les chasser le matin de très-bonne heure, au lever du soleil, alors qu'elles sont encore en train de dévorer les graines, le corps à demi engagé dans les capsules. Nous prenions autrefois communément celte jolie espèce au bois de Boulogne: sur le talus et dans les fossés des fortifications, à l'état de chenille; Pinsecte parfait, en battant les arbres, aux bords des allées. Genre HEGATERA, Gn. Hecatera Dysodea, \V. V. Cerisière, Engr. (PI. XXXVIE, fig. 6, «, b). — Europe. Dans les champs, les jardins, en juin, juillet, parfois septembre. En repos le jour contre les murs, le tronc des arbres, le soir volant sur les fleurs. La chenille se trouve principalement en juillet et août sur les laitues, Lactuca sativa, perennis el virosa, dont elle mange les fleurs, et contre les rameaux desquelles elle se tient allongée pendant le jour. Se chrysalide en terre. Genre Poria, Och. Polia Chi, Lin. Glouteronne, Engr. (PI. XXXVII, fig. 7). — Dans une grande partie de PEurope. Juillet et septembre, dans les bois secs. Chenille verte, très-finement chagrinée de jaunâtre, avec deux lignes longitudinales jaunes de chaque côté du corps. Tête verte. Vit à découvert, en juin et août, sur la sauge des prés, Salvia pratensis, l’ancolie, Aquilegia vulgaris, les Sonchus, les Lactuca, le genèt. Se métamorphose, à la surface de la terre, dans une coque de soie blanche d’un tissu trans- parent. Genre AGrioris, Bdv. Agriopis Aprilina, Lin. Jiunique, Engr. (PI. XXXVIT, fig. 8, &, b). — Habite le 18 PES*PAPILLONS'DSEURIOPIE © 725 Nord , ainsi qu’une partie du centre de l'Europe. Dans les bois de chènes, en septembre et octobre, en repos le jour contre le tronc des arbres. La chenille vit, en mai, sur le chêne, et se réfugie pendant le jour entre les rides des écorces. Se chrysalide assez profondément en terre. Genre MisELIA, Och. Miselia oxyacanthæ, Lin. Aubépinière, Engr. (PI. XXXVII, fig. 9). — Europe. Bords des bois, haies d’épines, en septembre et octobre. Chenille d’un gris de lichen marbré de brun, de noir et de blanc, avec des chevrons noi- râtres sur les côtés; ventre, d’un gris verdâtre, marqué de taches noires. Tète roussâtre, marbrée de blanc, avec un trait noir. Se trouve, adulte, dans la première quinzaine de juin, sur l’aubépine et le prunellier, contre les branches ou les tiges desquels elle se tient appli- quée pendant le jour. Se chrysalide en terre dans une coque ovoïde des plus consistantes. Assez délicate à élever. Genre LUPERINA, Bdv. Luperina virens, Lin. Verdoyante, Engr. (PI. XXXVII, fig. 10). — Allemagne, Suisse, Nord de la France. Vole le soir sur les fleurs de la centaurée scabieuse, et autres; en juillet et août. Rare aux environs de Paris. Chenille entièrement d’un vert sale, avec la tête noire. Vit, en mai, juin, sur les Plantago, les Stellaria, dans les endroits secs, montueux, cachée pendant le jour sous les feuilles de la plante ou sous les pierres environnantes. Se métamorphose dans une légère coque en terre. Genre XYLOPHASIA, Steph. Xylophasia polyodon, Lin. Monoglyphe, Engr. (PI. XXXVII, fig. 11). — Dans toute l'Europe. En repos, le jour, contre le tronc des arbres, en juin et juillet. Chenille d'un gris blanchâtre sale, avec plusieurs points noirs sur le dos et les côtés, et deux bandes dorsales d’un rougeàtre livide. Tête, écusson du premier anneau et plaque anale d’un noir luisant. Ronge les racines des graminées, et se chrysalide, en avril, après avoir passé l’hiver sous la mousse ou dans la terre. ! A. LATHYRUS PRATENSIS, Gesse des prés. DrANTHUS CARTHUSIANORUM, Œillet des chartreux. LACTUCA SATIVA, Laitue cultivée. SILENE INFLATA, Cucubale behen. QuErRGUuSs RoBUR, Chêne ordinaire. Plantes de la PI. XXXVII. SR Xylophasia petrorrhiza, Bork. Grisonne, Engr. (PI. XXX VIII, fig. 4). — Allemagne, Suisse, Alpes et est de la France. Juillet et août. CLÉ ASSTEALCARIONFEMMTIEONOGRAPEITE: 279 Chenille d’un brun terreux, finement rayée de noirätre, avec lignes dorsale et latérales plus claires : la première, bordée de brun, et l'intervalle existant entre les dernières et les pattes plus foncé que le dessus du corps. Tète d'un brun luisant. Vit, en avril et mai, après avoir hiverné, sur diverses plantes basses, mais de préférence sur lépine-vinette, Berberis vulgaris. Se métamorphose en terre dans une profonde cavité. Genre DYPTERYGIA, Steph. Dypterygia pinastri, Lin. Phalène du pin, Engr. (PI. XXXVIIE, fig. 3). — Nord et centre de l'Europe. Jardins et champs cultivés, vers la fin mai, juin el août. En repos, le jour, dans les rides des écorces, contre les murs et les palissades. Chenille d’un brun châtain plus ou moins clair, avec une ligne dorsale foncée , divisée par un filet clair, et, près des pattes, une bande longitudinale blanchätre. Quelques anneaux sont marqués de deux points blancs plus visibles sur le quatrième et le cinquième. Tète brune, rayée de noir. Vit, de juillet en octobre, sur les Ruinex, cachée pendant le jour sous les feuilles. Se chrysalide dans une légère coque à la surface du sol. Genre XYLOMYGES, Gn. Xylomyges conspicillaris, W. V. Perspicilluire, Engr. (PI. XXXVIIE, fig. 13). — Europe. Dans les champs et les bois, en avril et mai, en repos, le jour, sur les arbres. Chenille d'un gris verdätre plus ou moins foncé où d’un brun rougeätre, marbrée de brun et de blanchâtre, avec une ligne latérale, et, près des pattes, une bande plus claire. Tèle con- colore et rayée de noir. Vit, en juin et juillet, de préférence sur les Lotus, les Astragalus, et se cache avec soin sous les feuilles pendant le jour. Entre en terre pour se chrysalider. Cette espèce varie beaucoup comme teinte des ailes supérieures : le noir disparait tout à fait chez le plus grand nombre. Genre ApaAMEA, Och. Apamea oculea, Lin. didyma, Bdv. Variable, Engr. (PI. XXXVIHIE, fig. 1). — Dans toute l’Europe. Commune dans les prés et les bois secs, en juillet et août, réfugiée le jour dans les crevasses ou sous les écorces. La chenille vit de graminées, dont elle mange le bas des feuilles ou ronge les racines, et se chrysalide en mai après avoir passé l'hiver. | La Didyme est une des Noctuelles offrant le plus de variétés. Genre Mraxa, Steph. Miana Strigilis, Lin. Cizelée, Engr. (PI. XXXVHL, fig. 2). — Dans toute l'Europe. Mai, juin. Chenille verdätre ou d’un gris vineux, avec les lignes ordinaires plus claires, et le ventre comme transparent. Sur le dessus et les côtés des anneaux quelques petits poils noirs et raides. Tête et plaques cornées d’un jaune roussâtre. Vit, en mars et avril, dans l'intérieur 276 BE SMPAPIELONS DIEUROPE de la partie basse des tiges de graminées. Se chrysalide au bas de la tige ou sous la mousse. La Noctuelle strigille varie beaucoup, ainsi que la précédente. Genre VALERIA, Germ. Valeria oleagina, W. V. Olive, Engr. (PI. XXXVIIL, fig. 6, «, b). — Hongrie, Alle- magne, Angleterre el Ecosse. Haies d’épines, lisières des bois, en mars et avril. La chenille vit, en mai et juin, sur le prunellier, Prunus spinosa, et se chrysalide en terre, à la fin de ce dernier mois, dans une coque habilement construite. Cette chenille est très-vive et se laisse tomber à terre au moindre contact. Genre CHARIPTERA, Gn. Chariptera culta, W. V. Soignée, Engr. (PI. XXXVII, fig. 5). — Allemagne, centre de la France. Jardins, haies d’épines en mai, jamais en nombre. Chenille d’un gris verdâtre, avec une bande dorsale d’un bleu ardoisé, découpée en forme de losanges et lisérée de noir ou de vert foncé; près des pattes, une double ligne, très-ondulée, de même couleur que le liséré de la bande dorsale, Le dos et les côtés sont, en outre, marqués de points blancs régulièrement placés sur chaque anneau; ces derniers surmontés de quatre tubercules coniques dirigés en arrière. Tête concolore avec deux points fauves. Vit, en août et septembre, sur les Cratægus et les Prunus, réfugiée pendant le jour dans les rides des écorces ou sous les lichens et les mousses qui tapissent les branches. Se chrysalide en terre dans une coque ovoide très-consistante. Genre PHLocopHora, Och. Phlogophora scita, Hub. Noctuelle jolie, Dup. (PI. XXXVIIE, fig. 9, «, b). — Alle- magne, Suisse, Dauphiné. Dans les bois, en juin et juillet. La chenille vit, en avril et mai, sur les Viola, les Fragaria, cachée pendant le jour sous les feuilles. Se métamorphose en chrysalide dans une légère coque de terre. Phlogophora meticulosa, Lin. Craintive, Engr. (PI. XXXVIIL, fig. 7). — Dans toute l'Europe. Bois, champs, jardins, se trouve communément durant une partie de l’année. Chenille veloutée, verte où brune, finement piquetée de plus clair, avec une ligne dorsale blanche, interrompue, et, près des pattes, une raie blanchâtre renfermant les stigmates ; sur le dos quelques chevrons plus foncés que le fond, mais peu tranchés. Vit sur un grand nombre de plantes basses, cachée pendant le jour sous les feuilles, et se rencontre pendant une partie de la belle saison. Se chrysalide dans une légère coque de terre presque à la sur- face du sol. Genre EuPLExIA, Steph. Euplexia lucipara, Lin. Brillunte, Engr. (PI. XXX VII, fig. 8). — Dans une grande partie de l'Europe. Dans les bois et les jardins, en mai, juin et juillet, mais jamais très- commune. Sa chenille ressemble à celle du Meticulosa, sauf un vert plus foncé, et le dernier anneau CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 277 ‘ légèrement relevé en bosse, avec deux points blancs de chaque côté. Vit d'août en octobre, sur différentes plantes basses, ainsi que sur les Rosacées. Se métamorphose en terre et passe l'hiver en chrysalide. TRIBU DES ÉRIOPIDES (Eriopidæ). Genre Ertopus, Och. Eriopus pteridis, Fab. Juventine, Engr. (PI. XXXVIIT, fig. 10). — Dans quelques parties de l'Allemagne, centre et midi de la France, en Suisse, en Italie. Bois couverts de fougères, en juin. Chenille d’un beau vert velouté, quelquefois rougeâtre, avec une raie d’un jaune pâle, en forme de demi-cercle, sur le dessus de chaque anneau, et sur les côtés, près des pattes, une ligue longitudinale de même couleur. Vit en août sur les pieds mâles de la fougère, Pteris aquilina, se tenant ordinairement au-dessous des feuilles. Cette chenille croit très-rapide- ment, mais ne se change en chrysalide qu'au printemps, après avoir passé l’antomne ainsi que l'hiver en terre dans une petite coque oblongue. TRIBU DES XYLINIDES (Xylinidæ). Genre XYLINA, Och. Xylina Rhizolitha, W. V. Nébuleuse, Engr. (PI. XXXVIIL, fig. 11). — Europe boréale et centrale. Dans les bois, au repos le jour contre le trone des arbres, en septembre et octobre. Quelques individus passent l'hiver et reparaissent en mars et avril, volant le soir sur les chatons du saule marceau. Chenille d’un vert bleuätre, finement chagrinée de blanc, avec la ligne dorsale et les laté- rales blanches, et, sur chaque anneau, quatre petits tubereules d’où sort un poil blanc et court. Tète concolore. Vit, de mai en juillet, sur le chêne, Quercus robur, les Prunus, et se chrysalide en terre. Genre CALOGAMPA, Steph. Calocampa exoleta, Lin. Antique, Engr. (PL XXXVIIT, fig. 19, «, b). — Europe, mais plus répandue dans la partie méridionale. Dans les champs et les prairies, depuis les derniers jours d’août jusqu'à la fin d'octobre. Quelques individus hivernent et reparaissent en mars. La chenille vit à découvert sur une infinité de plantes basses, et se trouve du commence- ment de juin à la mi-juillet. Entre profondément en terre pour se chrysalider. A. PRUNUS spiNOSA, Prunellier. Es B. PisuM ARVENSE, Pisaille. Plantes de la PI. XXXVIII. À | 1 è C. Graminée des prés. . D. VioLa opoRATA, Violette odorante. 278 LE SMPAPICEONS DÉEURORPE: Genre CucuLLiA, Och. Cucullia verbasci, Lin. Brèche, Engr. (PI. XXXIX, fig. 2, a, b, c). — Dans toute l'Europe. Très-commune partout, en avril et mai. La chenille vit, de juin en août, sur les Verbascum, particulièrement sur le V. fhapsus, dont elle mange les feuilles de préférence aux fleurs. Se chrysalide en terre dans une coque ovoïde très-consistante. Jeunes, elles vivent en société au sommet des tiges ou des rameaux fleuris; plus grandes, elles se dispersent un peu, et se cachent quelquefois dans les feuilles basses, mais jamais à terre ni aussi soigneusement que beaucoup de chenilles de Noctuélites. Cucullia lactucæ, Rœs. Hermite, Engr. (PI. XXXIX, fig. 3, a, b). — Dans une grande partie de FEurope. De mai en juin, dans les champs, les jardins. La chenille vit, de juillet à la mi-septembre, sur les Lactuca, les Sonchus, qui croissent surtout dans les vignes, et dont elle mange les fleurs et les graines de préférence aux feuilles. Se change en chrysalide en terre. Gucullia umbratica, Lin. Ombrageuse, Engr. (PI. XXXIX, fig. 4). — Dans toute l'Europe. Bois, prairies, en juin et juillet, quelquefois en septembre, au repos, le jour, sur les arbres, contre les clôtures en bois. D’après Rœsel, la chenille serait d’un brun noirâtre, pointillée de jaune terreux, avec la tête et les pattes noires. Freyer la représente d’un brun foncé, avec trois bandes d’un jaune fauve, dont une latérale, continue, et les deux autres, interrompues, longeant les stigmates et les pattes. Hubner la figure d’un vert foncé, avec une ligne d’un jaune fauve, double sur les trois premiers anneaux et le dernier, près des pattes. Vit, de juillet en septembre, sur les Leontodon, les Sonchus, cachée pendant le jour sous les feuilles, au bas de la plante ou dans les herbes environnantes. Se métamorphose en terre 1, Cucullia Artemisiæ, W. V. Artémise, Engr. (PI. XXXIX, fig. 5, «, b, c). — Alle- magne septentrionale, En mai, juin, quelquefois en août. La chenille se trouve, de juillet en septembre, surles Artemisia, dontelle mange les fleurs et les graines de préférence aux feuilles. Se chrysalide en terre, ainsi que ses congénères, Genre CALoPrAsIA, Steph. Galophasialinariæ, W.V. Linariette, Engr. (PI. XXXIX, fig. 1). — Dans toute l'Europe, commune, en mai, août et septembre, partout où croît la linaire, et vole le jour sur les fleurs. Chenille d’un gris bleuâtre clair, avec la ligne dorsale et les latérales jaunes, et les inter- valles entre ces lignes, rayés de noir sur le dos, ponctués de même couleur sur les côtés. Vit à découvert sur la linaire, Limaria vulgaris, dont elle mange les feuilles médianes des tiges de préférence à celles du bas où du sommet, et se rencontre principalement en juin et juil- let. Se chrysalide dans une petite coque composée de soie et de fragments de végétaux, le plus ordinairement fixée après les tiges de la plante qui lui sert de nourriture. 1 La description que nous en avons donnée dans la première édition s'applique à la chenille du € Zuci- Juga. Ræs., sauf que la rangée dorsale de points d’un jaune orangé est simple. © Le] CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. TRIBU DES HÉLIOTHIDES (Héliothidæ). Genre CHARICLEA, Steph. Chariclea delphinii, Rœs. Incarnat, Engr. (PI. XXXIX, fig. 7). — Europe centrale. Dans les jardins, butinant sur les fleurs au crépuscule, en juin. Chenille d’un blanc verdâtre ou violâtre, avec une ligne longitudinale jaune de chaque côté du corps, quelquefois une deuxième près des pattes, et couverte de points noirs, dont ceux du dos presque confluents. Tête et pattes concolores, ponctuées de noir. Vit à découvert, en juillet, sur les pieds d’alouette, principalement sur celui des jardins, Delphinium Ajacis, dont elle dévore la graine et les capsules encore vertes. Se chrysalide dans une légère coque en terre. Celles qui se métamorphosent des premières donnent quelquefois leurs Papillons la même année, en août. Les chenilles de cette jolie espèce sont très-voraces et se mangent entre elles lorsqu'on en réunit un certain nombre dans la même boite. Genre HeLtorms, Och. Heliothis dipsacea, Lin. Dipsacée, Engr. (PI. XXXIX, fig. 6). — Europe. Vole fré- quemment en plein soleil dans les champs de luzerne, en mai, juillet et août. La chenille varie comme fond de couleur ; parfois d’un gris rougeûtre, mais le plus ordinai- rement d'un vert mat, très-finement piquetée de noir, vue à la loupe, avec la région dorsale moirée de blanc verdàtre, et le ventre clair; la ligne vasculaire foncée; les sous-dorsales d’un blanc verdâtre, bien marquées; les stigmatales verdàtres, lisérées supérieurement de jaunâtre et bordées inférieurement d’une raie blanche. Tête concolore, pointillée de noir. Vit à découvert, de juin en septembre, sur une infinité de plantes basses, entre autres: les Agrostemima, Delphinium, Ononis, Linaria, Medieago, dont elle mange les fleurs et les graines de préférence aux feuilles. Se chrysalide dans une légère coque en terre. Genre HELIODES, Gn. Heliodes arbuti, Fab. Polynome, Engr. (PI. XXXIX, fig. 8). — Dans une grande partie de l'Europe. Vole le jour dans les prairies et les clairières herbues des bois, en mai. Chenille verdâtre, avec la ligne dorsale plus foncée, lisérée de blanc, et deux raies blanches près des pattes. Vit à découvert, en juin, sur le Cerastium arvense, dont elle mange les fleurs et les capsules encore vertes. Se chrysalide en terre. TRIBU DES ACONTIDES (Acontideæ). Genre ACONTIA, Och. Acontia luctuosa, W. V, funèbre, Engr. (PI. XXXIX, fig. 9). — Europe. Vole communément le jour dans les champs, les clairières des bois, en mai, juin et août. 280 PE SSPAPINLONS DÉEAUROINMPIE" Chenille d’un gris jaunâtre finement strié et marbré, avec le ventre plus clair et marqué de taches noires confluentes. Vit, dans la première quinzaine de juillet, sur les liserons, Con- voluulus, qui croissent au bord des chemins, et se tient pendant le jour au bas de la plante. Se métamorphose en terre. TRIBU DES GONOPTÉRIDES (Gonopteridæ). Genre GONOoPTERA, Latr. Gonoptera libatrix, Lin. Découpure, Geoff. et Engr. (PI. XXXIX, fig. 10). — Europe Partout, et presque tous les mois de l’année, même ceux d'hiver. Chenille très-effilée, verte, un peu transparente, avec la ligne dorsale plus foncée, et la sous-dorsale jaunâtre, lisérée de noir inférieurement. Tête et pattes vertes. Vit, de mai en septembre, sur les jeunes pousses de peupliers, les osiers, Salix, et se tient le plus ordinai- rement à l'extrémité des branches. Se chrysalide dans une coque de soie blanche filée entre les feuilles. TRIBU DES PLUSIDES (Plusidcæ). Genre ABrosToLA, Och. Abrostola triplasia, Lin. Les lunettes, Engr. (PI. XXXIX, fig. 11). — Europe boréale et centrale. Bords des chemins et des bois, en juin et août. En repos le jour contre les murs, le tronc des arbres; le soir butinant sur les fleurs dans les jardins et les prairies. Chenille verte, avec plusieurs petits traits blancs, obliques, sur les côtés, et près des pattes une ligne longitudinale de même couleur. Le quatrième et le cinquième anneau sont, en outre, marqués chacun d’une tache triangulaire d’un brun verdàtre et bordée de blanc, parfois de jaune ou de rougeûtre. Vit en petite société sur les orties, en juillet, septembre et octobre. Se chrysalide à la surface de la terre, dans une coque de soie mêlée de débris de végétaux. | À. JACTUCA SATIVA, Laitue. Plantes de la PI. XXXIX. ! B. VerBascuM THaAPsus, Bouillon blanc. C. ARTEMISIA CAMPESTRIS, Armoise des champs. Genre PLusra, Och. Plusia Gamma, Lin. Lambda, Geolf. et Engr. (PI. XL, fig. 4, a, b). — Dans toute l'Europe. Fort commune partout, depuis la fin de mai jusqu’en octobre. Vole le jour dans les champs de luzerne, etc. La chenille vit sur un grand nombre de plantes basses, et se trouve durant toute la belle saison. File entre les feuilles une coque de soie blanche pour se chrysalider. CL'ASSIFICATMDION ET ICONOGRAPHIE. 281 Plusia V. aureum, V. d’or, Engr. (PI. XL, fig. 2). — Habite le Nord et quelques parties du centre de l'Europe, mais rare partout. Dans les prairies et les clairières des bois humides, marécageux, en juin. La chenille ressemble à celle de Gamma. Elle vit, dans les derniers jours d'avril, le com- mencement de mai, après avoir hiverné, sur les orties et la grande consoude, Symphytun officinale. Se chrysalide ainsi que la précédente. Nous la prenions autrefois dans les bois du Désert, près de Versailles, vivant en compagnie des chenilles de la Plusie chryside et Calli- morphe dominula. Plusia bractea, W. V. Feuille d'or, Engr. (PI. XL, fig. 3). — Hongrie, Autriche, Tyrol, Suisse, nord de l'Angleterre. Dans les montagnes, en juillet et août. La chenille vit, en mai et juin, sur les ieracium, les Tararacum, et se métamorphose dans une coque de soie filée entre des feuilles. Plusia divergens, Fab. Divergente, Engr. (PI. XL, fig. 4). — Alpes de la Suisse, du Tyrol, Suède, Laponie. En juillet et août. Chenille d’un brun rougeätre, veloutée, avec les lignes ordinaires d’un blanc jaunâtre, Tête d’un brun clair, pattes noires. Vit, en juillet, sur différentes ombellifères, cachée pendant le jour sous les pierres: Nous supposons que le velouté de cette chenille est produit par la mème cause que celui qui s’observe chez une chenille de Plusie voisine: Devergens, c’est-à-dire par une multitude de poils excessivement courts, seulement visibles à la loupe, couvrant le corps de la larve, — nous ne parlons pas des petits poils des points trapézoïdaux existant chez toutes les chenilles, — particularité très-remarquable pour une chenille de ce genre et découverte ces temps derniers par M. Guenée, un de nos plus savants entomologistes !. TRIBU DES TOXOCAMPIDES (Toxocampidæ). Genre ToxocauPa, Gn. Toxocampa lusoria, Lin. (PI. XL, fig. 8, a, b). — Autriche, Hongrie. Dans les prés et sur les lisières des bois, en repos le jour au milieu des broussailles, et volant au crépus- cule dans les endroits herbus; en juin et juillet. La chenille vit en mai sur l’'Astragalus glycyphyllus, et se tient pendant le jour le plus ordinairement au pied de la plante. Se chrysalide à la surface de la terre dans une coque de soie filée entre les herbes ou la mousse. Toxocampa craccæ, W. V. Multiflore, Engr. (PI. XL, fig. 9). — France, Allemagne. Haies et lisières des bois, en juillet et août. Mœurs de la Lusoria. : Chenille d’un gris brun, plus foncée sur le dos, avec la ligne vasculaire blanche, monili- forme, divisée par un filet noir; sur les côtés trois lignes brunes ondulées et parallèles. Tète concolore, rayée de noir. Vit en juin et juillet, sur le Vicia cracca. Ses mœurs sont aussi les mêmes que celles de l'espèce précédente. * Voir les descriptions des fig. 5 et 6 de la PI. XL (Glyphica et Mi) plus loin aux pages 284 ct 285. LES PAPILLONS D'EUROPE. © (ee) © TRIBU DES OPHIUSIDES (Ophiusidæ). Genre OPHiopes, Gn. Ophiodes lunaris, W. V. Lunaire, Engr. (PI. XL, fig. 7, a, b, c). — Europe. Dans les bois secs, en mai. Vole pendant le jour et se pose fréquemment sur le sable dans les allées. La chenille vit en juillet sur le chêne, Quercus robur, et se chrysalide entre les feuilles ou sous la mousse. Ophiodes Tirrhæa, Cr. (PI. XL, fig. 10). — Assez commune sur le littoral de la Médi- terranée, partout où croissent les térébinthes, en juin. La chenille de cette jolie Noctuelle a beaucoup d’analogie avec celle de la Lunaris, sauf que la couleur du fond est plus rougeûtre, et que les lignes ordinaires, surtout celles près des pattes, sont moins apparentes. Vit, en septembre et octobre, sur les Pistacia terebinthus et lentiscus, parfois sur le sumac, Rhus coritria, et se tient pendant le jour étroitement appliquée contre les branches. File entre les broussailles ou dans la mousse une légère coque brune dans laquelle sa transformation en chrysalide n’a lieu qu'après trois semaines environ. A. ViciA GRAGCA, Vesce multiflore. Plantes de la PI. XL. ? B. GALEOBDOLON LUTEUM, Ortie jaune. C. Quercus roBUuR, Chêne ordinaire. TRIBU DES CATÉPHIDES (Catephidæ). Genre CArTepnia, Och. Catephia alchimista, Geoff. Alchimiste, Engr. (PI. XLI, fig. 2). — Europe septen- trionale et centrale, mais rare partout. Dans les bois de chênes, en repos le jour contre le tronc des arbres qui bordent les allées, en mai, juin, quelquefois en août. Ghenille d’un gris cendré, avec les lignes ordinaires peu sensibles, et le bord du premier anneau jaune ainsi que les points trapézoïdaux, tous bien saillants et de plus entourés de noir, Ventre dun gris bleuâtre clair tacheté de noir aux anneaux dépourvus de pattes. Le qua- trième et le onzième anneau sont surmontés chaeun d’un mamelon noir, bifurqué et pointillé de jaune aux extrémités, et maculés de blanc sur les côtés; on remarque également une tache blanche triangulaire et latérale, commune au septième et au huitième segment. Vit, en Juillet et août, sur le chêne, Quercus robur, de préférence sur ceux qui se trouvent isolés, et se retire entre les rides des écorces, surtout dans l’âge adulte, Se métamorphose dans une légère coque de soie. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 1 2 Le] TRIBU DES CATOCALIDES (Catocalidæ). Genre CATOCALA, Och. Gatocala fraxini, Lin. Likenée bleue, Geolf. et Engr. (PI. XLT, fig. 3, a, b). — Europe boréale et centrale, Dans les endroits plantés de peupliers, depuis la fin d’août jusque dans les derniers jours d'octobre, en repos pendant le jour contre le tronc des arbres. La chenille éclôt en mai, et parvient à toute sa croissance en Juin et juillet. Vit sur les peupliers, Populus, contre les branches desquels elle se tient étroitement appliquée durant le jour. Cette belle espèce s'élève facilement de l'œuf ; pour avoir la ponte, il faut chasser le Papil- lon en octobre, — un temps sombre et pluvieux est propice à ce genre de chasse, en ce sens qu'il offre plus de chance de le rencontrer. Garder les femelles qu’on aura prises libres, dans une boite, ou bien les piquer avec une.épingle très-fine et les mettre, dans un vase quel- conque, sur du grès légèrement humecté et recouvert d’une feuille de papier destinée à rece- voir les œufs. Catocala nupta, Lin. Likenée rouge, Geoff. La Mariée, Engr. (PI. XLH, fig. #). — Dans toute Europe. Commune dans les endroits plantés de saules et de peupliers, de juillet en septembre. $e tient au repos pendant le jour contre les murs, le tronc des arbres, mais s’envolant au moment où l’on vient la prendre, surtout par la grande chaleur. Chenille très-atténuée aux extrémités, d'un gris cendré, avec deux bandes longitudinales irrégulières, ondées, d’une teinte plus foncée, et plus où moins apparentes. Ventre d’un gris bleuâtre clair maculé de noir. Vit, en mai et juin, sur les saules et les peupliers, appliquée contre les écorces. Se chrysalide, ainsi que ses congénères, dans une légère coque de soie filée entre les écorces ou les feuilles, sous la mousse ou dans les broussailles. Catocala sponsa, Lin. Likenée rouge, Engr. La Fiancée (PI. XLI, fig. 5, a, b). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois de chênes, en juillet et août. On rencontre cette espèce sur le trone des gros chênes, et plus fréquemment dans l'après-midi qu'à toute autre heure de la journée. La chenille vit en mai sur le chène. On la prend en battant ces arbres dans les taillis, ou simplement à la vue en explorant avec attention- les plus basses branches et les rides de l'écorce du tronc, lieux de refuge pour elle pendant le jour. Catocala electa, Rœs. Accordée, Engr. (PI. XLI, fig. 6). — Allemagne, France cen- trale. Bords des ruisseaux , oseraies, en août et septembre. Chenille d’un gris jaunâtre, très-finement pointillée de noir, avec une rangée latérale de petits tubercules fauves on rougeàtres, et deux mamelons charnus de mème couleur sur le huitième et le onzième anneau : le premier simple, et celui du onzième segment bifide et dirigé en arrière. Ventre clair et tacheté de noir. Vit, en mai et juin, sur les saules, particu- lièrement sur l’osier, Salix viminalis. Catocala paranympha, Lin Paranymphe, Engr. (PI. XLI, fig. 7. a, b). — Centre 284 L'ESSPAPILLEONS DE UROPIE et est de l'Europe, très-rare aux environs de Paris. Lisières des bois, haies et buissons de prunellier, en juillet; en repos pendant le jour contre les arbres ou les murs environnants. La chenille vit en mai, au commencement de juin, sur les prunelliers, contre les branches et les tiges desquels elle se tient immobile pendant le jour. TRIBU DES AMPHIPYRIDES (Amphipyrideæ). Genre Mania, Tr. Mania maura, Lin. Maure, Engr. (PI. XLI, fig. 1). — Dans une grande partie de l'Europe. Juillet et août. Affectionne les endroits sombres et humides: se tient, durant le jour, sous les voûtes des ponts, contre les vieux murs, et pénètre jusque dans les habitations. Vole le soir sur les lierres, ete. Chenille rase, un peu veloutée, d’un gris vineux plus foncé sur les côtés, avec la ligne dorsale jaunâtre, seulement bien apparente sur les premiers anneaux, et celle près des pattes sinuée et d’une couleur plus pâle. Sur les côtés, quelques petits traits obliques , blanchâtres, bordés de noir et traversés par une ligne longitudinale peu marquée. Stigmates rougeûtres, bordés de noir. Vit, en avril et mai, sur les Salix, les Alnus, mais principalement sur les Rumex et autres plantes basses qui croissent dans les endroits humides, au bord des ruis- seaux ; et se cache avec soin pendant le jour, sous les feuilles, entre la mousse ou les écorces. Se construit à la surface du sol une coque très-mélangée de terre et de quelques débris de végétaux pour se changer en chrysalide. TRIBU DES PHALÉNOIDES (Phalænoïdæ). Genre BrePnos, Och. Brephos Parthenias, Lin. Jntruse, Engr. (PI. XLI, fig. 8). — Europe. Vole commu- nément dans les allées et les clairières des bois de bouleaux dès les premiers soleils de mars. Par un temps couvert ou le matin de bonne heure, il faut battre les arbres’pour se la pro- curer. Chenille verte, avec les lignes ordinaires d’un blanc jaunâtre, celle près des pattes plus large. Stigmates noirs. Vit, en juin, sur le bouleau, d’où elle se laisse tomber en se suspen- dant par un fil, ainsi que la plupart des géomètres, si l’on frappe l'arbre d’un coup sec. Quelque temps avant sa métamorphose en chrysalide, ayant ordinairement lieu dans une légère coque entre les mousses ou les écorces, cette chenille change de couleur et devient entièrement d’un gris rougelre. TRIBU DES EUCLIDIDES (Euclididæ). Genre EuczrprA, Och. Euclidia glyphica, Lin. Doublure jaune, Geoff. et Engr. (PI. XL, fig. 5). — Dans toute l'Europe. Très-commune, surtout dans les champs de luzerne, et vole en plein jour, en mai et août, CLASSIFICATION" ET /ICONOGRAPHIE. 28 un Chenille à douze pattes, longue, effilée, d’un brun jaunâtre elair où rougeätre, et rayée longitudinalement de brun dans la région dorsale. Vit, de juin en juillet, puis en septembre, sur les trèfles et les luzernes. Se chrysalide dans une coque ovale filée entre les mousses ou les herbes à la surface de la terre. Euclidia Mi, Lin. M Noire, Engr. (PI. XL, fig. 6). — Dans toute l'Europe, Commune dans les prairies sèches, les champs de luzerne, volant en plein jour, en mai, juin. Chenille à douze pattes, effilée, d'un gris jaunâtre, et rayée longitudinalement de brun rougeätre. Vif, ainsi que sa congénère Glyphique, sur les trèfles et les luzernes, et se chry- salide de mème, parmi les herbes et les mousses, dans une coque assez consistante. | A. Quercus RoBuR, Chêne. Plantes de la PI. XLI. | 3. SALIX VIMINALIS, Osier. I C. PRUNUS SPINOSA, Prunellier. TRIBU DES ERASTRIDES (£rastridæ). Genre ErAsrriA, Och. Erastria atratula, W. V. Érastrie noirûtre, Dup. (PI. XLIL, fig. 1). — Hongrie, Allemagne, est et centre de la France. Dans les endroits arides, montueux, les clairières des bois secs, en mai et juin. La chenille est demi-arpenteuse, effilée, verte, et rayée longitudinalement de blanc. Vit, en été, sur les graminées. Se chrysalide dans une légère coque filée entre les herbes ou la mousse. Erastria fuscula, W. V. Albule, Engr. (PI. XLII, fig. 2). — Europe. Dans les bois, contre le tronc des arbres qui bordent les allées, où parmi les broussailles, en mai et juin. Chenille demi-arpenteuse, eftilée, d’un gris jaunâtre, avec la ligne dorsale brune, large; la sous-dorsale fine, interrompue ; et la stigmatale plus claire et bordée de rougeûtre. Vit, en août et septembre, sur les Æubus. Se métamorphose dans une légère coque filée entre les feuilles ou sous les mousses. TRIBU DES AGROPHILIDES (Agrophilidæ). Genre AGropuiLA, Bdv. Agrophila sulphurea, W. V. Sulphuralis, Lin. (PI. XLII, fig. 3, «, b). — Dans toute l'Europe. Se rencontre communément, volant en plein soleil, dans les champs de luzerne, au bord des chemins couverts de liserons, de mai en août. La chenille se trouve surtout au commencement de juillet, sur le Convoluulus arvensis. Se chrysalide dans une petite coque de terre à la surface du sol. 286 ÉESPAPIELONS DIEUIROIRIE: TRIBU DES ANTHOPHILIDES (Anthophilidæ). Genre ANTHoPHILA, Och. Anthophila amæna, Hub. Anthophile agréable, Dup. (PI. XLIT, fig. 4). — Europe méridionale, Cette Anthophile parait deux fois, en mai et août, dans les contrées méridio- nales; plus au nord, elle n’a qu'une seule génération, et ne s’y rencontre qu’en juin. La chenille vit sur lOnopordon acanthium , et se trouve en mai, au commencement de juin, lorsqu'elle n’a qu’une seule apparition. Se chrysalide dans une légère coque fixée à la plante où elle a vécu. Anthophila rosina, Hub. (PI. XLIL, fig. 5). — Oural, environs de Vienne en Autriche. Juin et juillet. La chenille vit en mai sur les Jurinæa cyanoides ou mollis. Se métamorphose dans une petite coque ovale d’un gris blanchâtre. Genre Micr4a, Gn. Micra purpurina, W. V. Purpurine, Engr. (PI. XLIT, fig. 6). — Russie méridionale, Hongrie, Autriche, Italie, midi de la France. Parail en mai, août et septembre, Chenille épaisse, d’un vert pâle ou gristre, et couverte de petites verrues noires, Vit en terre, en mars et avril, sur les germes du Cirsium arvense, dont elle ronge les parties char- nues ainsi que les jeunes pousses. Nous ignorons quelle est sa manière de vivre à sa seconde apparition, que nous supposons avoir lieu de juin en juillet, alors que la plante qui lui sert de nourriture a atteint tout son développement. Se chrysalide à terre dans le voisinage où elle a vécu!, ?, À. FaGus siLvaTicA, Hêtre. Plantes de la PI. XLIT. { B. CoxvoLVULUS ARVENSIS, Liseron des champs. C. QuErcUuS ROBUR, Chêne. Voir les descriptions des figures 7, 8, 9 et 10 de la PI, XLII (Tentaculalis, Derivalis, Quercana et Prasinana), plus loin aux pages 303 et 309. ? Nous croyons bon de dire que le mode de chasse qui convient le mieux pour se procurer les che- nilles de Noctuelles qui se nourrissent de plantes basses, et se cachent le jour entre les feuilles sèches, est de faire des amas de ces mêmes feuilles sèches autour des plantes mangées, de les secouer en divers sens, Sur une nappe où dans un parapluie à cet usage, et de les rejeter ensuite par poignées : les chenilles réfugiées dans les feuilles ramassées, et que les secousses auront fait tomber, se trouveront alors faci- lement au fond de la nappe ou du parapluie. D [e +] SI CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. PHALÉNITES (Géomèrres), GEOMETRA, Lan. TRIBU DES URAPTÉRIDES (Urapteridæ). 7) | | Genre Unraprenix, Leach. à /4 rapteryx sambucata, Lin. Phalène du sureau (PI. XLII, fig. 4, a, b, c). — Dans toute l'Europe, mais plus répandue dans le Nord. Vole au crépuscule dans les prairies et les champs entourés de sureaux, à la fin de juin, en juillet. La chenille se trouve en mai, au commencement de juin, après avoir hiverné, sur le Sambucus nigra, le prunellier, les ronces, le tilleul. Se chrysalide dans un léger réseau de soie entremèlé de parcelles de feuilles, :) et suspendu comme un hamac après les branches de larbuste où elle a vécu. EX | TRIBU DES ENNOMIDES (Ennomideæ). Genre Merrocampa, Latr. Metrocampa margaritata, Lin. Métrocampe gris de perle, Dup. (PI. XLHH, fig. 1, a, b). — Europe, surtout les parties boréales. La chercher dans les endroits couverts des bois frais, de la fin d'avril au commencement de juin ; ensuite en août. La chenille vit en juin et juillet, puis en septembre, sur les Quercus, Carpinus et Alnus. Se métamorphose dans une légère coque à la surface de la terre. Cette Phalène varie beaucoup pour la taille. Genre ENxouos, Tr. Ennomos alniaria, Lin. Phalène de l’aune (PI, XL, fig. 2, «, b, c). — Europe. Se rencontre assez fréquemment pendant le jour contre le tronc des arbres qui bordent les routes, les allées des bois, en août et septembre. LES PAPILEONS D'EUROPE: 12 (°2] CO La chenille vit, en juin et juillet, sur l’orme, le chène, le tilleul, l’aune et le noisetier. Se chrysalide dans un léger réseau filé entre des feuilles. Genre Himera, Dup. Himera pennaria, Lin. Himère plume, Dup. (PI. XL, fig. 3). — Europe. Dans les bois de chènes, depuis la fin de septembre jusqu’en novembre. Chenille srisàtre, marbrée de blanc et de noirätre, avec deux pointes charnues, rougeûtres, sur le onzième anneau. Vit, en mai et juin, sur le chène, le charme, le bouleau, les Prunus. Se chrysalide en terre. Genre SELENIA, Hub. Selenia illustraria, Alb. Ennomos illustre, Dup. (PI. XLIIL, fig. 5, @&, b, c). — Dans toute l’Europe, mais jamais très-commune. Se rencontre dans les bois, en repos pendant le jour sur les arbres, vers la fin d'avril, en mai, juillet, et quelquefois dans les derniers jours de septembre, celles-ci provenant du nombre des chrysalides qui doivent passer l'hiver. La chenille vit principalement sur le bouleau, Betula alba, et se trouve en juin, août et septembre. Se métamorphose entre des feuilles ou sous les mousses, entourée d’un léger réseau de soie grise. Cette jolie Phalène varie de couleur suivant qu’elle éclot au printemps ou en été. A. ALNUS GLUTINOSA, Aune. B. BETULA ALBA, Bouleau. C. RIBES GROSSULARIA, Groseillier à maquereau. | D. FaGus siLvarTica, Hêtre. Plantes de la PI. XLIIT. à Selenia Illunaria, Alb. Ennomos illunaire, Dup. (PI. XLIV, fig. 1, &, b). — Dans toute l’Europe. Assez commune sur le tronc des arbres qui bordent les routes et dans les bois, en avril, mai, juillet, septembre et octobre. Les éclosions de juillet donnent la variété Juliaria, Haw. : plus petite et d’une couleur plus jaunâtre. La chenille vit sur un grand nombre d'arbres et d’arbustes, principalement: Ulmus, Quercus, Tilia, Cerasus, Prunus et Cratægus, sur lesquels on la trouve en juin, août et septembre. File entre les feuilles ou les mousses une légère coque pour se métamorphoser en chrysalide. Genre ANGERONA, Dup. Angerona prunaria, Lin. (PI. XLIV, fig. 2, à, b, œ, c, 9). — Var. corylaria, Esp. (PL. XLIV, fig, 2, d, 2). — Europe ,‘surtout le Nord pour la variété. Dans les bois, en juin. Ta chenille, après avoir hiverné, se trouve en avril et maisur les Prunus, Corylus, Car- Pinus, Ulmus, etc. Se chrysalide dans une légère coque entre des feuilles. CEASSIFICATION-ET ICONOGRAPHIE. 289 Genre Rumia, Dup. Rumia cratægata, Alb. Rumie de l'alisier, Dup. (PI. XLIV, fig. 3, a, b). — Dans toute l’Europe. Commune en mai, juillet et août; volant au crépuscule dans les bois, autour des haies d’épines. La chenille vit principalement sur les Prunus et les Cratægus, sur lesquels on la ren- contre au premier printemps, ensuite depuis juin jusqu’à l’arrière-saison, Il en est de cette espèce comme de plusieurs autres larves de Lépidoptères, dont une partie de la même ponte passe l'hiver à l’état de chrysalide, tandis que l’autre partie reste à l’état de chenille durant cette saison et ne se métamorphose qu’au printemps. Genre VENILIA, Dup. Venilia maculata, Lin. Vénilie (achetée, Dup. (PI. XLV, fig. 7). — Toute l'Europe. Très-commune dans tous les bois en mai; vole en plein jour. Chenille verte, avec la ligne dorsale plus foncée, lisérée de blanc, et les stigmatales de cette dernière couleur. Vit en août et septembre sur diverses plantes basses, surtout les Lamium. Se chrysalide en terre. TRIBU DES MACARIDES (Macaridæ). Genre MacarraA, Curt. Macaria notata, Lin. Philobie marquée, Dup. (PI. XLHI, fig. 6). — Europe. Dans les bois humides plantés d’aunes et de saules, surtout en mai et août. Chenille lisse, parfois verte et marquée latéralement de points rougeätres au cinquième et au sixième anneau, d’autres fois rougeàlre avec une bande dorsale verte, interrompue, et composée de taches plus ou moins en forme de cœur. Tête verte et bordée de brun rougeûtre. Vit en juin et septembre sur les Salix el les Alnus. Se chrysalide entre les feuilles ou dans la mousse. Genre HaLra, Dup. Halia Wavaria, Alb. Halie double V, Dup. (PI. XLV, fig. 11). — Europe. Commune dans tous les lieux où croissent des groseilliers , en juillet. Chenille verte, avec lignes ondulées et marbrures d’un blanc jaunâtre occupant la région dorsale, et près des paltes une bande jaune d'inégale largeur. Tète verte, ponctuée de noir. Corps parsemé de points noirs, tuberculeux, de chacun desquels s'échappe un poil de même couleur. Se trouve en mai et juin, après avoir hiverné, sur les Ribes grossularia et uva crispa. Se métamorphose en terre." à 19 290 P'ESSPAPILLONS D EUROPE; TRIBU DES HIBERNIDES (Hibernidæ). Genre HiBerNiA, Latr. Hibernia defoliaria, Alb. Hibernie défeuillée, Dup. (PI. XLIV, fig. 4). — Toute l’Europe. Se trouve dans les bois et les jardins depuis les derniers Jours d'octobre jusqu’à la fin de novembre; quelques individus reparaissent dès les premiers beaux jours de février après avoir hiverné ou provenant de chrysalides qui ne sont pas écloses à l'automne. Cette Phalène varie beaucoup pour la couleur et le dessin des ailes, mais seulement le mâle, la femelle étant aptère, ainsi que toutes celles du genre. Chenille ayant la région dorsale d’un brun rouge, avec la partie latérale des anneaux inter- médiaires, c’est-à-dire depuis le troisième jusqu'à l’avant-dernier, jaune et marquée de taches rougeûtres. Tête et pattes de la couleur du dos. Vit, en mai et juin, sur les arbres fruitiers et forestiers, occasionnant à ceux-là beaucoup de tort certaines années. Se méla- morphose en terre dans une petite cavité tapissée de quelques fils de soie, Hibernia aurantiaria, Hub. Hibernie orangée, Dup. (PI. XLIV, fig. 5). — Europe boréale. Dans les bois aux mêmes époques que la précédente, mais plus rarement en février. Chenille verdâtre, parfois d'un brun rougeûtre , avec une ligne longitudinale brune sur- montée d'une autre ligne blanche, près des stigmates. Tète et pattes d’un jaune orangé. Vit sur le chêne, le charme, le bouleau et autres arbres des forèts, sur lesquels on la rencontre dans le courant du printemps. Se chrysalide en terre. Hibernia leucophæaria, W. V. Hibernie grisätre, Dup. (PI. XLIV, fig. 6). — Europe boréale. Cette espèce est la plus commune du genre. Le mâle vole fréquemment en plein jour dans tous les bois, en février et mars. Chenille d’un vert jaunâtre marbré de blanchâtre, avec une ligne longitudinale jaune de chaque côté du corps. Vit en mai et juin sur le chêne. Entre en terre pour se changer en chrysalide !, Genre ANISOPTERYX, Steph. Anisopteryx æscularia, W.V. Hibernie du marronnier d'Inde. Dup. (PI. XLVIT, fig. 13). — Dans toute l'Europe. Bois, haies d’épines, en février et mars. La femelle est aptère. Chenille d’un vert pale et marbré, avec une ligne blanche de chaque côté du dos, et près des pattes une autre ligne, un peu ondulée, plus claire que la couleur du fond. Vit, en mai, sur l’orme, le chène, le tilleul, Paubépine et le prunellier. Se chrysalide dans une petite coque ovoide en terre. A. CRATÆGUS OXYACANTHA, Aubépine. Plantes de la PI. XLIV. © B. SpARTIUM scoPARIUM, Genûêt à balai. à C. PRUNUS SPINOSA, Prunellier. 1 Voirles descriptions d'Amataria, formant la fig. 7 de la PI. XLIV, plus loin à la page 298. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. TRIBU DES ZERÉNIDES (Zerenidæ). Genre ABraxas, Leach. Abraxas grossulariata, Lin. Zerène du groseillier, Dup. (PI. XLV, fig. 1, a, b, d, ce, variété). — Dans toute l'Europe. Très-commune dans les jardins et les lieux où l’on cultive les sroseilliers, en juillet. La chenille vit sur les Aibes, le grossularia de préférence, quelquefois le prunellier, sur lesquels on la rencontre fréquemment en société nombreuse en mai et juin, après avoir hiverné. Se métamorphose entre les feuilles, la chrysalide à peine retenue par quelques fils de soie, Abraxas pantaria, Lin. Zerène du frêne, Dup. (PI. XLV, fig. 3). — Espagne, France méridionale. Se trouve communément de mai en juillet sur le frène, de mème que sa che- nille ; celle-ci a beaucoup d’analogie pour la forme, avec la chenille de la Phalène du gro- seillier. Abraxas ulmata, Fab. Zerène de l’orme, Dup. (PI. XLV, tig. 4). — Allemagne, Angleterre, nord et centre de la France, environs de Paris. Dans les bois, sur l’orme, de la fin de mai en juillet. | Chenille rayée de jaune päle et de bleuâtre, avêc plusieurs lignes longitudinales formées par des points noirs plus ou moins rapprochés et souvent confluents. Tête noire. Vit en août et septembre sur l’orme, Ulinus campestris. Se chrysalide entre les feuilles où dans la mousse. Genre Lomaspiis, Hub. Lomaspilis marginata, Lin. Mélanippe marginée, Dup. (PI. XLV, fig. 2, &, b, c). — Dans toute l'Europe. Prairies et bois humides, parmi les broussailles, en avril, mai, juillet et août. Sa chenille vit en mai, juin, août et septembre sur les Salix, les Corylus, etc. Se méta- morphose en terre. Genre RuypariA, Hub. Rhyparia melanaria, Lin. Fidonie tigrée, Dup. (PI. XLV, fig. 6). — Suède, Alle- magne septentrionale, Italie, Suisse, midi de la France. Cette belle géomètre se prend dans les clairières des bois marécageux, les terrains tourbeux, vers la fin de juin et juillet. La chenille vit en mai et juin sur le Vaccinium uliginosum. File à la surface de la terre une coque de soie pour se changer en chrysalide , 1 Voir les descriptions de Maculata et Wavaria formant les fig. 7 et 11 de la PI. XLV, à la page 289. (S] O el LES PAPILLONS D'EUROPE TRIBU DES CABÉRIDES (Caberidæ). Genre CorycrA, Dup. Corycia taminata, W. V. Corycie bimaculée, Dup. (PI. XLV, fig. 5). — Dans une grande partie de l'Europe. Bois touffus, en juin. La chenille vit en été sur les chènes, et passe l’hiver à l’état de chrysalide. Genre CABERA, Tr. Cabera exanthemaria, Alb. Cabère pustulée, Dup. (PI. XLVI, fig. 1). — Toute l'Europe. Dans les bois, de mai en juin, puis en août. Chenille verte, avec une ligne jaunâtre près des pattes, et quelques taches d’un vert foncé sur le dos placées au commencement de chaque anneau du milieu. Vit en juillet et septembre sur les Salix, Betula, Alnus et Corylus. Se métamorphose à la surface de la terre entre les feuilles sèches ou dans la mousse. TRIBU DES FIDONIDES (Fidonidæ). Genre FinoxrA, Tr. Fidonia piniaria, Lin. Fidonie du pin, Dap. (PI. XL, fig. 3, 4, &, b, 9). — Dans une grande partie de Europe. Bois de pins, depuis les derniers jours d’avril jusqu’en juin ; le mâle vole en plein jour, et la femelle se tient au repos contre le tronc des arbres. Chenille verte, avec la ligne dorsale blanche divisée par un mince filet noir; les sous-dor- sales d’un blanc jaunätre divisées de même; et les stigmatales jaunes, bien tranchées. Vit de juillet en septembre sur les Pinus. Se chrysalide dans une légère coque au pied de l'arbre où elle a vécu. Cette chenille est regardée comme insecte nuisible à cause des ravages qu'elle occasionne, certaines années, dans les forêts de pins. Fidonia atomaria, Lin. Fidonie picotée, Dup. (PI. XLV, fig. 9). — Dans toute l’Europe. Extrèmement commune partout, et vole en plein jour; paraît en avril et mai, puis en juillet et août. La chenille est parfois verte, d’autres fois rougeâtre ou brune, avec des losanges de la couleur du fond sur les côtés, et près des pattes une ligne longitudinale plus claire. Vit en juin et septembre sur les Centaurea, Artemisia, Lotus et autres plantes basses. Se chrysalide en terre. Genre STRENIA, Dup. Strenia clathrata, Lin. Strénie à barreaux, Dup. (PI. XLV, fig. 10). — Dans toute l'Europe. Cette espèce est des plus communes, surtout en mai et juillet, volant en plein jour dans les champs de luzerne. Chenille d’un vert pâle, avec un double filet dorsal blanc liséré de vert plus foncé, et deux lignes blanches de chaque côté du corps, la supérieure également double et bordée de vert. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 293 Viten juin, août et septembre, sur les Medicago, Trifolium, Hedysarum et Lotus. Se métamorphose soit à la surface du sol, soit un peu enterrée. Genre Lyraria, Hub. Lythria purpuraria, Lin. Aspilale pourprée, Dup. (PI. XLVIL, fig. 14). — Toute l'Europe. Se trouve communément dans les endroits chauds et arides, surtout au printemps et en été. Chenille d’un vert foncé ou rougeätre, avec une ligne longitudinale blanche, près des pattes, séparant la couleur du dos et des côtés de celle du ventre, qui est d’un vert clair, Vit à la fin du printemps et à l’automne sur les Polygonum et les Rumex. Se chrysalide dans une légère coque à la surface de la terre. Genre Mixoa, Tr. Minoa euphorbiata, W. V. Minoa de l'Euphorbe, Dup. (PI. XLVII, fig. 15). — Europe. En mai et juin, août et septembre, dans les endroits couverts d’euphorbes. Chenille légèrement pubescente, verdâtre ou d’un gris noirâtre, avec la ligne dorsale plus foncée, interrompue, et quelques taches jaunes sur les côtés. Viten juin et juillet, septembre et octobre, sur l'Euphorbia cyparissias. Se chrysalide dans une petite coque de terre à la surface du sol. { A. RIBES RUBRUM, Groseillier rouge. Plantes de la PI. XLV. ! SE DATE A | B. CoryLus AVELLANA, Noiselier. TRIBU DES BOARMIDES (Boarmideæ)!. Genre BoaruiA, Tr. Boarmia roboraria, Alb. Boarmie du chêne, Dup. (PI. XLVI, fig. 2, a, b, c). — Europe. Dans les bois de chênes, en repos pendant le jour contre le tronc des arbres, sur- tout vers la fin de mai, le courant de juin. La chenille vit particulièrement sur le chène, où on la rencontre en mai. Se chrysalide en terre. Boarmia cinctaria, W. V. Bourmie ceinte, Dup. (PI. XLVI, fig. 3). — mb à Dans les bois, surtout en avril et mai. La FENTE vit en juin et juillet sur les Hypericum, Erica, et autres plantes basses. Se métamorphose en terre, où elle passe l'hiver à l’état de nymphe. "Voir les descriptions d'Exanthemaria, formant la fig. 1 de la PI. XLVI, à la page 292. 294 LES PAPILLONS D'EUROPE. Boarmia consortaria, Fab. Boarmie parente, Dup. (PI. XLVI, fig. 5). — Centre de l’Europe. Bois de chênes, en mai et juin. Dans certaines années, comme dans certains pays, cette géomètre a deux générations. Chenille le plus ordinairement d'un gris cendré ou verdâtre, ayant le cinquième anneau surmonté de deux appendices ou tubercules charnus, noirâtres, à extrémité blanche et rétrac- tile, suivant la volonté de l’insecte; et sur le onzième segment deux petites épines courtes, noires, donnant chacune naissance à un poil. Vit principalement sur le chène en août et sep- tembre. Se métamorphose dans la terre sans former de coque. Boarmia secundaria, W. V. Boarmie secondaire, Dup. (PI. XLVI, fig. 6). — Alle- magne, Hongrie. Dans les forêts de pins, de juin en août. Chenille d’un gris brun, avec une losange noirâtre accompagnée de deux points blancs sur le dessus de chaque anneau, ou d’un jaune rougeàtre plus clair sur les côtés, avec une ligne brune près des stigmates. Tête et pattes concolores, Se trouve en mai et juin sur le pin sil- vestre, Pinus silvestris. Se chrysalide en terre. Genre TrpHrosraA, Bdv. Tephrosia crepuscularia, W. V. Boarmie crépusculaire, Dup. (PI. XLVT, fig. 4). — Europe boréale et centrale. Dans les bois, en repos pendant le jour contre le tronc des arbres. Commune en avril et mai, moins abondante en juillet. La chenille varie beaucoup pour la couleur du fond; elle est parfois d’un vert plus ou moins foncé, d’autres fois d’un gris brun ou d’un jaune roussâtre, avec une double raie dor- sale brune, et sur les côtés une ligne plus claire, mais seulement à partir du neuvième anneau inclus jusqu'à lavant-dernière paire de pattes postérieures. Les deuxième et onzième anneaux sont, en outre : celui-là surmonté d’une protubérance charnue, celui-ci relevé en pointe obtuse. Vit en juin, août et septembre sur différents arbres et arbustes: Quercus, Ulinus, Salix, Prunus, Rubus, etc. Se chrysalide dans les mousses ou peu profondément en terre. Genre Psonos, Tr. Psodos alpinata, W. V. Equestraria, ab. Psodos équestre, Dup. (PI. XLVII, fig. 1). — Montagnes alpines de l’Europe, depuis les derniers jours de juin jusqu’en août. Voltige pendant le jour autour des touffes de Rhododendron. Chenille d’un brun clair ou jaunâtre, avec les côtés et le ventre traversés par plusieurs lignes claires et foncées, et la région dorsale marquée d’un dessin plus où moins en forme de feuilles. Se trouve au printemps, après avoir passé l'hiver, sur le Leontodon taraæacum et l'Apargia autumnalis. | TRIBU DES AMPHIDASYDES (Amphidasydæ) Genre PniGaLrA, Dup. Phigalia pilosaria, Alb. Phigalie velue, Dup. (PI. XLVI, fig. 7, a, b, &). — Pres- que toute l'Europe. Dans les bois, en février et mars, appliquée contre le tronc des arbres. La femelle est dépourvue d’ailes. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 295 — .: La chenille se trouve, de mai en juillet, sur le chène, les Prunus, ainsi que sur quelques autres arbres et arbustes, Entre en terre pour sa métamorphose. Genre BisrToN, Leach. Biston hirtaria, Alh. Amphidase hérissée, Dup. (PI. XLVI, fig. 8, a,b,c, d). — Europe, surtout dans le Nord, Commune en mars et avril, sur le tronc des arbres dans les bois et le long des routes. La chenille vit en juin sur différents arbres et arbustes : Ulnus, Quercus, Tilia, Populus, Prunus et Cratægus, et se tient habituellement pendant le jourentre les rides des écorces. S’enfonce en terre au pied de Parbre où elle à vécu, pour se changer en chrysalide, On peut chercher celle-ci à partir de larrière-saison. Genre Ampxipasys, Tr. Amphidasys prodromaria, W. V. Amphidase précoce, Dup. (PI. XLVI, fig. 9, 9). — Dans une grande partie de l'Europe, mais jamais abondante. Se rencontre, en mars, contre le tronc des arbres dans les taillis, et le long des allées. Chenille brune ou d’un gris cendré, quelquefois rougeätre, marbrée de fauve et de noirâtre, avec le corps parsemé de petits points blancs bordés de noir, et garni en outre de tubercules en forme de bourgeons répartis comme suit : deux placés latéralement sur chacun des 4, 5°, _ 6e, 7e, 8e et 10° anneaux, — ceux des 7e et 8 plus saillants que les autres, — et deux très- rapprochés sur le onzième ou avant-dernier segment. Tête concolore, mais plus claire que le corps. Vit en juillet et août sur les Quercus, Tilia, Belula, Populus et Salix. Se métamor- phose en terre sans former de coque. Amphidasys betularia, Alb. Amphidause du bouleau, Dup. (PI. XL, fig. 7, a,b,c, 9). — Dans toute l’Europe, surtout les contrées du Nord. Commune, de mai en juillet, dans les bois et sur le tronc des arbres qui bordent les routes. La chenille vit en août et septembre sur différents arbres et arbustes : orme, bouleau, ülleul, chêne, saule et peuplier, Prunus et Cratæqus. Se chrysalide en terre au pied de Parbre où elle a vécu. Le mâle de cette Phalène est beaucoup plus petit de taille que sa femelle. Genre NyssiA, Dup. Nyssia pomonaria, Alb. Nyssie Pomone, Dup. (PI. XLVI, fig. 10, &). — Allemagne, centre et est de la France. Dans les bois et les jardins, en mars et avril. Chenille d’un gris jaunâtre, ayant le corps couvert de petits tubercules coniques, de cha- cun desquels s'échappe un petit poil noir, et le onzième anneau surmonté d’un mamelon bifide. Le premier segment est en outre marqué d’une tache ferrugineuse, les 2e et 3e le sont chacun d’un trait noir, et les 5e et 6°, enfin, sont marqués d’un chevron également noir, Tète ferrugineuse rayée de noir. Vit de mai en juillet sur le chène, le charme, le noïsetier, ainsi que sur les arbres fruitiers. Se métamorphose en terre, LD © [o}} LESMPAPILLONIS D'EUROPE: Nyssia zonaria, W. V. Nyssie zone, Dup. (PI. XLVI, fig. 11, g). — Nord et centre de l’Europe. Se trouve, du 15 mars au 15 avril, dans les prairies, en repos pendant le jour après les herbes ou les plantes basses. La femelle, ainsi que celles de ses congénères, est aptère, ou mieux n’a que des moignons d’ailes très-courts. Chenille sans aucune éminence, verte, finement marbrée de blanc avec la ligne dorsale formée d’atomes noirâtres, et celles près des stigmales larges, d’un jaune clair et lisérées supérieurement de brun. Vit en mai et juin sur la sauge des prés, Salvia pratensis, et la millefeuille, Achillea millefolium. Se chrysalide en terre. A. QuErRGUuS ROBUR, Chêne ordinaire. Plantes de la PI, XLVI. £ B. CRATÆGUS OXYACANTHA, Aubépine. C. ALNUS INGANA, Aune gris. TRIBU DES GÉOMÉTRIDES (Geometridæ)!. Genre PSEUDOTERPNA, Hub. Pseudoterpna cytisaria, Rœs. Hémithée du genêt, Dup. (PI. XLVIT, fig. 2, &, b). — Europe. Commune dans les endroits couverts de genêts, en juin et juillet; vole en plein jour. La chenille vit à découvert sur les Genista, Cytisus et Coronilla, sur lesquels on la trouve en mai et juin. Se change en chrysalide dans un léger tissu entre les feuilles. Genre GEOMETRA, Lin. Geometra papilionaria, Lin. Géomètre papilionaire, Dup. (PI. XLVII, fig. 3). — Europe centrale et boréale, mais jamais en nombre. Vole au crépuscule dans les endroits humides et ombragés des bois, dans les plantations d’aunes et de bouleaux, en juillet. Bien qu'on ne la rencontre que peu souvent, il n’est pas rare de voir le matin les allées sombres de certains bois jonchées d'ailes de cette jolie Phalène , dont les corps ont été la proie des chauves-souris et des engoulevents, durant le crépuscule. Le Bombyx V noir, dont on ne trouve également que peu, en battant les arbres, semble partager avec la Papilionaire la fatale destinée d’être du goût des deux animaux crépusculaires que nous venons de citer, car on ne rencontre presque exclusivement, et souvent confondus, que les débris de ces deux Papillons. La chenille de Papilionaria est granuleuse, d’un vert clair en dessus, avec une ligne Jaune latérale séparant les deux nuances, et la partie postérieure du corps tachetée de ferru- 1Voir les descriptions d'Alpinata, Æseularia, Purpuraria, Euphorbiata et Rectangulata, formant les fig. 1, 13, 14, 15 et 16 de la PL, XLVII, aux pages 290, 293, 294 et 301. CEASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 29 gineux. Les 4er, 5e, Ge, 7e et 8e anneaux sont surmontés chacun de deux pointes charnues, rouges à l'extrémité et très-rapprochées, sauf sur le sixième segment, où il n’y en a qu’une mais plus longue que les autres. Tête petite et jaune, cachée en partie entre les pattes écail- leuses à l’état de repos. Gette chenille vit sur les Betulu, Alnus, Fagus et Corylus. Nous l'avons toujours chassée avec succès sur les jeunes bouleaux, à l'extrémité des branches desquels elle se tient de préférence. Se métamorphose dans un léger tissu filé entre les feuilles on sous les mousses, Geometra smaragdaria, Fab. Hémilhée émeraudine, Dup. (PI XLVIL, fig. 5 a, b,c). — Hongrie, quelques parties de l'Allemagne, Russie méridionale, Italie, En juin ; ] quelques-unes en août, du nombre des chrysalides qui doivent passer l'hiver, La chenille vit en juillet sur la millefeuille, Achillea millefolium. Genre lois, Hub. Iodis vernaria, Lin. Hémithée printanière, Dup. (PI. XLVIT, fig. 4). — France centrale et méridionale, Suisse, Italie, midi de l'Allemagne. Vole au crépuscule dans les bois humides, autour des haies et des buissons où croit la clématite, en mai et en juillet, Cbenille très-effilée, avec plusieurs raies longitudinales blanches , fines, et les anneaux cerclés de blanc; les six intermédiaires sont en outre marqués chacun de deux points de cette dernière couleur, séparés par une ligne dorsale d’un vert foncé. Vit principalement sur la clématite des haies, Clematis vitalba, et se lrouve en juin, août et septembre. File entre les feuilles ou les mousses un léger réseau de soie pour sa mélamorphose en chrysalide. TRIBU DES ÉPHYRIDES (Ephyridæ). Genre EpnyYra, Dup. ” Ephyra trilinearia, Bork. Éphyre trilignée, Dup. (PI. XLVIL, fig. 7). — Angleterre, plusieurs parties de l'Allemagne, Suisse, forêt de Fontainebleau. Dans les bois de hètres, en mai et août. La chenille vit en juin et septembre sur le hêtre, Fagus siloatica. Les chenilles des £phyra se métamorphosent à la manière des Papilionides, c’est-à-dire qu'elles se suspendent en plein air par la queue et s’attachent en outre par un lien transver- sal au milieu du corps. TRIBU DES ACIDALIDES (Acidalidæ). Genre AcipALIA, Tr. Acidalia promutata, Res. Immutata, W. V. Dosithée invariable, Dup. (PI. XLVIE, fig. 8). — Dans toute l'Europe. Lisières des bois, endroits herbus, champs et jardins, en juillet et août. Nous n'avons aucun renseignement précis sur ses premiers états. 298 CPSMPAPIE LE ONSADREUROP'E Acidalia incanaria, Hub. Acidalie vieillie, Dup. (PI. XLVIT, fig. 9, «&, b). — Dans toute l'Europe. Très-commune et se rencontre partout, parfois jusque dans les maisons, en juin, puis en août et septembre. {La chenille vit en avril, mai et juillet, sur le Cerasus padus, et probablement aussi sur d’autres arbres, le merisier à grappes n'étant pas répandu en proportion de la grande vulga- rité de cette petite Acidalie. Acidalia osseata, W. V. Acidalie couleur d'os, Dup. (PI. XLVIT, fig. 10), — Toute l'Europe. Très-commune dans les bois secs et herbus, en juin et juillet. Chenille polyphage. Se trouve de juillet en mai de l'année suivante, et se chrysalide dans la mousse. Acidalia aversata, Lin. Acidalie détournée, Dup. (PI. XLVIL, fig. 11). — Toute l'Europe. Extrèmement commune dans les bois, en juillet et août. La chenille se trouve en mai et juin sous les broussailles, et se nourrit de genêts. File une légère coque entre les feuilles pour se changer en chrysalide. Acidalia emarginata, Lin. Epione émargée, Dup. (PI. XLVII, fig. 12). — Angle- terre, France, Suisse et quelques parties de l'Allemagne. Dans les bois secs, en juillet et août. Chenille très-effilée, d’un jaune d'ocre, avec une ligne dorsale brune se mêlant à la cou- leur du fond sur les premiers anneaux. Vit en juin sur les Plantago, Galium, et Convolvu- lus. Se chrysalide entre les feuilles de la plante où elle a vécu. Genre TiIMANDRA, Dup. Timandra amataria, Lin. Timandre aimée, Dup. (PI XLIV, fig. 7). — Europe. Dans les prés et les endroits herbus, en mai, puis en juillet et août. La chenille est remarquable par la grande dilatation de ses 4°, 5° et 6° anneaux, ce qui lui donne assez de ressemblance avec certains petits reptiles. Elle vit en juin et septembre sur les Rumex et les Polygonum, cachée sous la plante. Se chrysalide entre des feuilles liées avec des fils de soie. ° Genre PELLONIA, Dup. Pellonia vibicaria, Lin. Pellonie flagellée, Dup. (PI. XLVTT, fig. 6). — Dans toute l'Europe, mais jamais en nombre. Bois, lieux secs et herbus, en juin et juillet. Chenille très-effilée, grisâtre, avec la ligne dorsale géminée, ondulée, et visible surtout sur les anneaux extrèmes, Vit sur les graminées, et se métamorphose en mai après avoir passé l'hiver. | A. RHAMNUS FRANGULA, Bourdaine. Plantes de la PI. XLVIT..{ B. Cyrisus NIGRIGANS, Cytise noir. C. ACHILLEA MILLEkOLIUM, Millefeuille. « CPASSIFICAMDION EM TCONOGRAPHIE. 299 TRIBU DES EUBOLIDES (Æubolidæ). Genre Euüboria, Dup. Eubolia palumbaria, W. V. Phasiane plombée, Dup. (PI XLVIIL, fig. 1). — Dans toute l'Europe. Très-commune dans les clairières herbues des bois secs, au milieu des bruyères, en mai, juillet et août, mais plus abondante à la première apparition. La chenille vit sur les Erica, les Cylisus, etc. Se chrysalide en avril, après avoir hiverné. Reparait en juin. Eubolia bipunctaria, W. V. Eubolie biponctuée, Dup. (PI. XLVIIE, fig. 2). — Europe. Commune dans les terrains secs et pierreux, surtout montueux, en juillef et août, Chenille courte et ramassée, de couleur sombre, avec les lignes ordinaires plus foncées, mais assez vagues. Se trouve en juin et juillet sur les Trifolium, les Lolium et autres plantes basses. TRIBU DES LARENTIDES (Larentideæe). Genre ScorosiA, Steph. Scotosia certata, Hub. Larentie certaine, Dup. (PL XELVIIT, fig. 3, à, b, ce). — Angleterre, Allemagne, Alpes de la France et de la Suisse. Lisières des bois montueux, en avril, juin et juillet. La chenille vit en mai et juin, puis en août et septembre, sur l’épine-vinelte, Berberis vulgaris. Se chrysalide dans une légère coque à la surface de la terre. Scotosia undulata, Lin. Larentie ondulée, Dup. (PI XLVIIT, fig. 4. — Europe boréale, Dans les bois humides et ombragés, en mai et juin, mais toujours assez rare. Chenille légèrement pubescente vue à la loupe, brune où d’un gris noirâtre, avec la ligne dorsale géminée, d’un blanc sale, et près des pattes une raie, assez large, de mème couleur. Vit en août et septembre sur les Saliæ, au mnilieu de plusieurs feuilles liées avec des fils de soie, Se métamorphose à terre dans une légère coque filée sous les mousses. Genre CAMPTOGRAMMA, Steph. Camptogramma bilineata, Lin. Larentie double ligne, Dup. (PI. XLVH, fig. 5). — Dans toute l'Europe. Très-commune partout et pendant tout l'été. Chenille d’un vert blanchâtre, avec la ligne dorsale plus foncée, lisérée de blanchâtre, et les autres lignes latérales de même couleur. Corps couvert, çà et là, de poils assez gros. Tète el pattes concolores. Se trouve, en avril et mai, dans les champs et les bois, sous les pierres et les plantes basses, et se nourrit de plantains, orties, primevères, ete. Se chrysalide en terre. Genre ANTICLEA, Steph. Q Anticlea berberata, \V. V. Cidarie de l’épine-vinette, Dup. (PI. XLVIIT, fi Europe. Dans les bois et les grands jardins, en avril, juillet et août. tOe q 300 CE SSPAPIBEONS DIFUIROPE Chenille courte et ramassée, d’un brun jaunâtre ou rougeâtre, avec plusieurs taches irré- gulières d'un brun foncé, dont quelques-unes bordées de blane dans la région dorsale. Vit en juin et juillet sur l’épine-vinelte, Berberis vulgaris. Se chrysalide entre les feuilles entourée d’un léger réseau de soie, ou dans une coque mélangée de terre à la surface du sol. Anticlea derivata, Alb. Cidarie dérivée, Dup. (PI. XLVIIT, fig. 8, a, b, c). — Dans une grande partie de l'Europe, surtout les contrées boréales. Lisières des bois, haies, jar- dins, en avril et mai. La chenille vit en juin et juillet sur le rosier sauvage, Rosa canina. File entre les feuilles ou dans la mousse un léger tissu pour se métamorphoser en chrysalide. Genre MELANIPPE, Dup. Melanippe fluctuata, Lin. Mélanthie ondée, Dup. (PI. XLVIIT, fig. 7). — Toute l’Europe. Commune dans les bois et les jardins, en avril et mai, puis en juillet et août. Chenille d’un brun terreux, avec un dessin dorsal noir, cruciforme, plus foncé sur les anneaux intermédiaires, et près des pattes une raie longitudinale, bien nette, d'un jaune rougeâtre. Vit en juin et juillet, ainsi qu’en automne, sur différentes espèces de plantes : Brassica, Cochlearia, etc. File une petite coque en terre pour sa transformation, Melanippe hastata, Lin. Mélanippe hastée, Dup. (PL. XLVITT, fig. 9). — Dans pres- que toute l’Europe. Bois feuillus, contre le tronc des arbres ou parmi les broussuilles, en mai et juin. Chenille ridée transversalement, d’un brun noirâtre, avec des taches circulaires de couleur feuille-morte près des stigmates. Vit en juillet et août sur le bouleau, Betula alba, renfer- mée dans une feuille dont elle ronge le parenchyme. Se métamorphose entre les feuilles on dans une petite coque en terre. ; Melanippe tristata, Lin. Mélanippe triste, Dup. (PI XLVIN, fig. 10). — Nord de l'Europe. Commune dans les bois un peu frais, en mai, juillet, et quelquefois en septembre. Chenille jaune, avec plusieurs lignes longitudinales d’un brun rougeñtre, dont une large et parsemée de points blancs près des pattes. Les anneaux extrêmes sont en outre finement rayés de blanc. Vit en juin et août sur lecaille-lait jaune, Galium verum. Se construit une coque en terre pour se changer en chrysalide, Genre OPoraBrA, Steph. Oporabia dilutata, Alb. Lurentie effacée, Dup. (PI. XLVUHI, fig. 11, @, b). — Europe boréale. Dans les bois de chênes, contre le tronc des arbres, en octobre et novembre. La chenille vit en mai et juin sur le chêne, le hêtre, l’orme, le saule, le prunellier et l’aubépine. Se chrysalide en terre. Genre LARENTIA, Tr. Larentia pectinataria, Kuess. Miaria, Hub. Cidarie verdûtre. Dup. (PI. XLVIN, CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 301 - fig. 12). — Dans une grande partie de l'Europe, Bois feuillus et un peu frais, parcs, jardins, en mai et Juin. Sa chenille vit en avril et mai sur les Galiuin. Genre Ciparra, Tr. Cidaria fulvata, Forst. Cidarie fauve, Dup. (PI. XLVIIT, fig. 13). — Dans toute l'Europe. Lisières des bois, haies, jardins, en juin et juillet. Chenille d’un vert clair en dessus, plus foncé sur les côtés, avec la ligne dorsale verte, les sous-dorsales blanches et les stigmatales jaunes. Tète concolore. Vit en mai sur le rosier sauvage, Rosa canina. Genre CneimATOBIA, Steph. Cheimatobia brumata, Lin. Larentie hyémale, Dup. (PI. XLVI, fig. 14, &, &, b, 9). — Europe, surtout le centre et le nord. Très-commune dansles bois, les jardins et les vergers, sur les haies, en novembre et décembre. Le male vole pendant le jour, surtout par un temps brumeux. Chenille d'un vert clair ou jaunâtre, parfois teintée de noirâtre, avec la ligne dorsale plus foncée, les sous-dorsales et les stigmatales d’un blanc jaunätre, et dans l'intervalle de ces deux dernières une autre ligne de mème couleur, mais très-inlerrompue. Vit en mai, en s’abritant entre les feuilles, sur les arbres fruiliers et forestiers, parmi ceux-là de préférence sur le poirier. Se mélamorphose en terre. Cetle chenille est une de celles qui font le plus de tort à l’horticulture, parce qu’elle exerce ses ravages à l’époque où les feuilles sont très-tendres, et qu’elle n’épargne pas les bourgeons à fruit, ni les fruits eux-mêmes quand ils commencent à se former. Genre EUPITHEGIA, Curt, Eupithecia rectangulata, Lin. Larentie rectangulaire. Dup. (PL XEVIF, fig. 16). — Toute l'Europe. Commune dans les jardins et les vergers, en juin et juillet, Chenille courte, atténuée aux extrémités, verte, avec une large ligne dorsale d'un brun rougeätre : maculaire sur les premiers anneaux, linéaire sur les derniers, continue et irrégu- lière sur les autres segments. Tête noire, petite et luisante. Vit en avril et mai sur les arbres fruitiers, dont elle ronge l'intérieur des fleurs aux dépens du fruit, qui, par cette cause, ne peut se former; aussi cette chenille, de mème que celle de lespèce précédente, est-elle cer- taines années un véritable fléau pour les jardins et les vergers, en les privant à l'avance d’une partie de leur récolte, A. BERBERIS VULGARIS, Épine-vinetle. Plantes de la PI. XLVIII. { B. ULuus Errusa, Orme pédonculé. C. Rosa canINA, Églantier de chien où Rosier sauvage. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. MICROLEPIDOPTERA DIÉLROTDES MLATR CN . TRIBU DES HERMINIDES (Herminideæ). Genre Hérminia, Latr. erminia tentaculalis, Lin. var. Herminie tüteuse, Dup. (PI. XL, fig. 7). — Suède, Allemagne, Hongrie, Pyrénées. Dans les clairières des bois, en juin. La chenille vit de graminées, et se trouve au printemps, cachée dans les feuilles sèches. Herminia derivalis, Ilub. Herminie dérivée, Dup. (Pl. XL, fig. 8). — Dans une grande partie de l'Europe, surtout dans les contrées méridionales. Bois secs, en juin et juillet. La chenille passe l'hiver, et se trouve au printemps dans les feuilles sèches, vit de plantes basses. . corcorrrsrren 304 BMIESNP PILE ONISMDIEUROPIE PYRALITES (PYRALIS, Linné, Gn.). TRIBU DES ODONTIDES (Odontidæ). Va ) — Genre OpoxTiA, Dup. dontia dentalis, W. V. Odontie dentelée, Dup. (PI. XLIX, fig. 2, a, b). — Europe centrale et méridionale, Dans les endroits sablonneux, en juin, puis en août. Vole dès le crépuscule autour des vipérines en fleur. La chenille vit dans les tiges de la vipérine, Æchium vulgare. Se chrysalide entre les feuilles dans une coque d’un tissu épais, en forme de sac, aigu par un. bout, large et fendu par l’autre pour la sortie du Papillon. TRIBU DES PYRALIDES (Pyralidæ). Genre PyrALis, Lin. Pyralis farinalis, Lin. Asopie de la farine, Dup. (PI. XLIX, fig. 15). — Dans toute l'Europe, Se trouve fréquemment dans l’intérieur des maisons, de juin en août. On ne pos- sède encore que des données très-vagues sur les premiers états de cette Pyrale. Genre AGLossA, Latr. Aglossa pinguinalis, Lin. Aglosse de la graisse, Dup. (PI. XLIX, fig. 14). — Dans toute l'Europe. Se rencontre souvent dans l'intérieur des habitations pendant une partie de la belle saison, mais surtout en juillet. Chenille brune, avec la tête et les plaques cornées plus obscures. Vit, dans les endroits malpropres, de produits végétaux et de substances animales grasses. CLASSIFICATION ET ICONOGRAP ALTE* 305 TRIBU DES HERCYNIDES (Hercynidæ). Genre TurENoDEs, Dup. Threnodes pollinalis, W.V. Ennychie poudrée, Dup. (PI. XLIX, fis. #). — Dans une grande partie de l'Europe, surtout les régions méridionales. Vole en plein soleil, dans les clairières herbues des bois, en mai, puis en août, La chenille vit, en juin et juillet, sur les Genista et les Cylisus, el se renferme dans une longue galerie tubuleuse en soie filée à la base des tiges et jusqu’en terre, TRIBU DES ENNYCHIDES (Ennychideæ). Genre PyrAUsTA, Schr. Pyrausta purpuralis, Lin. Pyrauste pourprée, Dup. (PI. XLIX, fig. 5). — Toute l'Europe. Vole avec vivacité, par un soleil ardent, dans les clairières des bois remplies de bruyères, en mai, juillet et août. Suivant Hubner, la chenille de ce charmant Micro vivrait sur la menthe des champs, Mentha arvensis, s’enfermant, ainsi que ses congénères, dans un léger réseau de soie filé entre les feuilles des extrémités. Genre ENNYcHIA, Tr. Ennychia anguinalis, [ub. Ennychie cordelière, Dup. (PI. XLIX, fig. 3). — Pres- que toute l’Europe. Se montre par un beau soleil dans les lieux secs et herbus, en mai el juillet. Nous ne connaissons rien de ses premiers élats. TRIBU DES HYDROCAMPIDES (Hydrocampideæ). Genre HyprocamPpa, Latr. Hydrocampa nymphæalis (le &), potamogalis (la), Lin. Aydrocampe du Pota- mogéton, Dup. (PI. XLIX, fig. 1, «, b). — Europe. Commune autour des étangs et des marais, en juin et juillet. La chenille vit, en avril, sous les feuilles flottantes ou submergées des Nymphæa alba et lutea, et du Potamogeton natans, enfermée dans un fourreau qu'elle s’est fabriqué avec la feuille de ces plantes. Se métamorphose dans un de ces mèmes fourreaux après l'avoir fixé à la plante et tapissé de soie à l’intérieur. 20 CES "PAPIELONS D'EUROPE: [= © a TRIBU DES BOTYDES (Botydæ). Genre Borys, Latr., Dup. Botys urticalis. Lin. Botys de l’ortie, Dup. (PI. XLIX, fig. 6, a, b). — Dans toute l'Europe, en juin et juillet. Vole, surtout au crépuscule, autour de la plante dont il s’est nourri quand il était à l’état de larve. On trouve celle-ci en septembre sur l’ortie, abritée dans une feuille repliée ou roulée en cornet. Cette chenille quitte sa retraite vers les premiers jours d'octobre, et va se filer, entre quel- que fente de mur ou gerçure d’écorce, une légère coque de soie blanche dans laquelle elle passe l'hiver, et ne s’y change en chrysalide qu’en avril. Botys flavalis, W.V. Botys jaune-serin, Dup. (PI. XLIX, fig. 7). — Dans une grande partie de l'Europe. Vole, en juillet, sur les prairies sèches et montueuses. On présume que sa chenille vit sur le caille-lait blanc. Botys hyalinalis, Hub. Botys hyalin, Dup. (PI. XLIX, fig. 8). —'Angleterre, France, Allemagne, Hongrie, etc. Vole, en juin et juillet, dansles prairies et sur les lisières des bois, recherchant les ronces en fleur. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 307 7 CRAMBITES (TEeicnes À TRoMPE). TRIBU DES CRAMBIDES (Crambidæ). Genre CrAmBus, Fab. rambus selasellus, Hub., Dup. (PI. XLIX, fig. 9). — Dans une grande partie de PEurope, surtout les contrées boréales. Se trouve, en juillet et août, dans les prairies humides et boisées. Nous ne connaissons point sa chenille. Crambus pauperellus, Tr. Crambus pauvre, Dup. (PL XELIX, fig. 10). — Italie, Suisse. Commun dans les montagnes du Jura, où on le voit voler dans la dernière quinzaine de juin. Genre ILYrniA, Latr., Dup. Ilythia carnella, Lin. Jlythie incarnat, Dup. (PI. XLIX, fig. 11, a, b). — Europe. Se trouve très-communément dans les prairies ) \ sèches, en juillet et août. Battre les herbes pour le faire partir., La chenille vit sous les mousses au pied des graminées. Genre GALLERIA, Fab., Dup. Galleria cerella, Fr. Gallerie de la cire, Dup. (PI. XLIX, fig. 13, @). — Europe. partout, où l’on élève des abeilles, mais plus répandue dans les provinces méridionales. On la trouve, en avril et juillet, appliquée pendant le jour contre les murs et les enclos qui avoi- sinent les ruches,. 308 LES PAPILLONS D'EUROPE: Chenille vermiforme, d’un blanc sale, avec quelques points bruns de chacun desquels s'échappe un poil très-fin. Vit, en juin et en automne, au milieu des ruches ; se loge de pré- férence dans les gâteaux vides, en s’abritant dans une espèce de tube ou galerie composé en partie de soie et de cire, et dans lequel, quand vient l’époque de sa métamorphose, elle se file une coque d’un tissu très-serré. Cette Teigne cause parfois de grands ravages dans une ruche, surtout si on la laisse impunément se multiplier. Lt CLASSIFICATION EM ICONOGR AP HIE. 309 RORTRICIDES, Lin. (TorDpEUSES). TRIBU DES PLATYOMIDES (Platyomideæ). ee à S) Genre HaLrAsS, Tr. PAS EI alias quercana, W. V. Pyrale verte, du chêne (PI. XLH, A fig. 9, a, b, c, d). — Dans toute l'Europe. Bois de chènes, en juin. 7 La chenille vit en mai sur le chêne, Halias prasinana, Lin. Pyrale du hètre, St.-Farg. (PI. XLIT, fig. 10, a, b, e, d). — Toute l'Europe, mais moins répandue que Quercan«. Dans les bois, en mai et juin. La chenille vit, en août et septembre, sur le hètre, le bouleau, l'aune, le noisetier et quelquefois sur le chêne, Genre TorTrix, Lin., Dup. ë] Tortrix viridana, Lin. Tordeuse verte, Dup. (PI. XLIX, fig. 18, a, b). — Europe. Dans les bois de chènes, en juin. La chenille vit en mai sur le chène, Quercus robur, et se chrysalide dans les mêmes feuilles roulées où elle à vécu. | Les chenilles de cette Tordeuse se multiplient tellement certaines années, qu'elles dépouillent en entier les arbres de leurs feuilles à l'époque où celles-ci viennent à peine de se développer. Tortrix sorbiana, Hub. Tordeuse du sorbier, Dup. (PI. XLIX, fig. 17). — Europe. Se trouve en juin dans les vergers et les bois. La chenille, d’après Ræsel, est d’un gris bleuâtre foncé, avec des points plus päles; tète et pattes écailleuses d’un noir luisant. Vit en mai sur les sorbiers, Sorbus aucuparia et domestica, le cerisier et le chène. 310 PE SSPAPITÉLONSADÉFURIOIPES . Genre TEras, Tr., Dup. Teras caudana, Fab. var. Teras rongée, Dup. (PI. XLIX, fig. 16). — Allemagne, nord de la France, environs de Paris. Dans les bois, les vergers, sur les haies, en juillet et août. La chenille vit en juin sur les chènes, les saules et les peupliers. NymPHÆA ALBA, Nénuphar blanc. ECHIUM VULGARE, Vipérine. CARDUUS NUTANS, Chardon à tête penchée. TRIFOLIUM PRATENSE, Trèfle cultivé. URTICA URENS, Ortie grièche. QuErRGUuS ROBUR, Chêne ordinaire. Plantes de la PI. XLIX. HHEeobz PLATYOMIDES (Platyomidæ). . Genre ANTITHESIA, Steph. i sia i in. Penthine du saule, Dup. . L, fig. 1). — Europe. Dans Antithe salicana, Lin. Penthine du saule, Dup. (PI. L, fig. 1 E D les endroits plantés de saules, en juin et juillet. 1enille épaisse, d’un brun foncé, avec orps parsemé de petits points en saillie ou ver- Chenille é} , d'un brun foncé, avec le corps parsemé de petits point Il rues blanches. Tête et écusson noirs. Vit en mai et juin sur le saule au milieu de plusieurs euilles réunies, et s’y change er salide. feuill es, et s’y change en chrysalide Genre PENTHINA, Tr., Dup. Penthina pruniana, Hub. Penthine du prunier, Dup. (PI. L, fig. à). — Europe. Commune en juin, sur les buissons de prunellier. ; Chenille d’un vert grisâtre, parfois noirâtre, ayant le corps parsemé de petites verrues d’un noir luisant et surmontée chacune d’un poil brun. Tète et écusson du cou, ainsi que les pattes écailleuses d’un noir brillant, Vit en avril et mai sur les Prunus, au milieu de feuilles réunies. Se chrysalide dans ces mêmes feuilles ou sous la mousse à la surface du sol. Genre Coccvx, Tr., Dup. Coccyx resinana, Fab. Coccyx de la résine, Dup. (PI. L, fig. 2, «, b). — Dans une grande partie de Europe. Forêts de pins, en mai et juin. La chenille vit à l’extrémité des branches du pin silvestre, dans des excroissances ovoides formées par l'accumulation de la résine, et qui sont le résultat d’une ouverture faite aux Jeunes pousses par la larve elle-même dès sa sortie de l'œuf. Cette chenille parvient à toute sa taille avant l'hiver, et se construit dans sa demeure résineuse une petite coque d’un tissu serré, blanc, dans laquelle sa transformation en chrysalide m’a lieu qu’au printemps suivant. CLASSIFICATION. ET ICONOGRAPHIE. Genre CarpocapsAa, Tr., Dup. Carpocapsa pomonana, W. V. Carpocapsa des pommes, Dup. (PI. L, fig. 5, a, b). — Europe, partout où lon cultive le pommier et le poirier. Parait en mai et juin, dans les jar- dins et les vergers. La chenille vit, en juillet et août, dans l'intérieur des pommes et des poires, dont elle mange les pépins avant d'entamer les autres parties du fruit. Elle en sort en septembre pour aller se construire, entre les écorces où dans la terre, une petite coque de soie mélangée de débris de végétaux, dans laquelle sa métamorphose en chrysalide n’a lieu qu'au printemps suivant. Genre CocHyus, Tr., Dup. Cochylis citrana, Hub. Cochylis citrine, Dup. (PI. L, fig. 4). — France, Suisse, Allemagne, ete. Vole, au printemps, sur les bruyères des lisières des bois, Nous ne connais- sons point ses premiers élats. occrrsrrnrrerretrr ge PESSPAPIIMEONSNDIEURIOIPIE" TINÉIDES, Larr. (TriGnes). TRIBU DES TINÉIDES (Tineidæ). Genre DIGRNEA, Kirby, Dup. iurnea fagella, Fab. Diurnée du hôtre, Dup. (PI. L, fig. 14, g). — Europe. Vole en mars et avril sur le tronc des arbres, dans les bois taillis. La femelle a les ailes comme avor- tées et très-pointues. Chenille aplatie, d’un blanc mat, avec la ligne dorsale grise ou d’un x \ 2e vert pâle, et quelques petites verrues surmontées chacune d’un poil. La S @) } troisième paire de pattes écailleuses est allongée en forme de palette, U Ed Vit, en août et septembre, sur le hêtre, le chène et le tremble, et se tient | ) entre deux feuilles réunies par des fils de soie. Se chrysalide dans un O léser tissu entre les feuilles mêmes où elle à vécu. à Ÿ Genre HarpirTervx, Tr., Dup. Harpipteryx harpella, W. V. Harpiptéryx harpon, Dup. (PI. L, fig. 11). — France, Allemagne, Suisse, etc. Dans les bois et les parcs, en juillet. Chenille très-atténuée, verte, avec la région dorsale couleur lie de vin, et divisée dans sa lonsueur par une ligne en relief; celle-ci est bordée de chaque côté par une raie jaunâtre, au-dessous de laquelle on remarque quelques traits obliques et maculaires de la mème cou- leur. Le corps est en outre parsemé de petits points noirs donnant chacun naissance à un poil. Vit, en mai et dans les premiers jours de juin, sur le Lonicera periclymenum et le Xylosteum vulgare. Se chrysalide dans une petite coque blanchâtre ayant la forme d’une nacelle. CLASSIFICATION ET ICONOGRAPHIE. 313 Genre INGURvARIA, Steph., Dup. Incurvaria masculella, W. V. /ncurvarie courageuse, Dup. (PI. L, fig. 8, @). — Europe. Vole communément sur les feuilles des chênes en avril et mai. La chenille vit d’abord dans le parenchyme des feuilles du chène, dont elle se forme ensuite un fourreau portatif; se chrysalide dans ce mème fourreau après l'avoir fixé contre les feuilles ou les écorces. Genre NEMoPnoRA, Hub., Dup. Nemophora Swammerdammella, Lin. Adèle de Swammerdamm, Dup. (PI. L, fig. 9). — France, Allemagne, etc. Dans les bois, en avril, mai et juillet; vole vers le soir. Sa chenille nous est inconnue. Genre ADELA, Latr., Dup. Adela De Geerella, Lin. Adèle de De Geer, Dup. (PL. L, fig. 10). — Europe. Vole, en plein soleil, dans les bois taillis, autour des buissons et sur les fleurs des prairies, en mai et juin. La chenille vit sur la sylvie, Anemone nemorosa, dans un fourreau portalif composé de débris de feuilles. Genre EupLocamus, Latr., Dup. Euplocamus anthracinellus, Dup., Hub. Euplocame noir, Dup. (PL. L, fig. 7, ). — Europe. Dans les grands bois plantés de très-vieux arbres, en mai et juin. Jamais en nombre. La chenille ressemble à la larve d’une Sésie : elle est de couleur d'os, avec la tête, la plaque cornée du cou et les pattes anales brunes. Vit, en avril, — sans doute après avoir hiverné, — dans les racines pourries des vieux arbres abattus, surtout celles du hêtre. Ces larves se construisent de longues galeries tapissées en soie, qu’elles habitent constamment, et dans les- quelles elles se transforment en chrysalides, après en avoir fermé lorifice. Genre TINEA, Auct. Tinea tapezella, Lin. Teigne des tapisseries, Dup. (PI. L, fig. 6). — Dans toute l’Europe. Intérieur des habitations, surtout de mai en juillet. La larve de cette Teigne, qui n’est que trop répandue, se montre à partir de juin, et ronge les étoffes de laine, les fourrures, les plumes et mème les insectes desséchés. Elle habite un fourreau fixe, dans lequel elle passe l'hiver, et ne s’y change en chrysalide que dans les pre- miers jours du printemps. TRIBU DES YPONOMEUTIDES (Yponomeutidæ). Genre MyeLopiLA, Tr., Dup. Myelophila cribrella, Hub. Myélophile tamis, Dup. (PI. XLIX, fig. 12, &,b, c). — Europe. Vole, en juin, autour des chardons. 314 LES‘ PAPILLONS D'EUROPE: La chenille se nourrit de la moelle de diverses espèces de chardons et passe l’hiver engour- die dans les tiges desséchées. Se métamorphose, en avril et mai, dans ces mêmes tiges, après avoir eu le soin de placer sa coque près d’une ouverture qu’elle a faite d’avance afin de faci- liter sa sortie pour le moment où elle sera devenue Papillon. Genre Æpia, Dup. Ædia pusiella, Fab. Aédie mignonnette, Dup. (PI. L, fig. 15). — Europe, surtout les contrées méridionales. En juin et juillet. Chenille noire, avec une ligne dorsale jaune, géminée, projelant sur chaque anneau deux crochets blancs, et, près des stigmates, une autre ligne longitudinale blanche et jaune. Vit, en mai, sur les orties, le Lithospermum purpureo-cæruleum, etla pulmonaire, Pulmonaria officinalis. Se chrysalide au commencement de juin, dans une coque de soie blanche fixée après les feuilles de la plante qui Pa nourrie. Ædia echiella, W. V. Aédie de la vipérine, Dup. (PI. L, fig. 16). — Dans presque toute l’Europe. En mai et août, appliquée pendant le jour contre le tronc des arbres qui bordent les allées des bois. Chenille noire, avec plusieurs taches disposées en raies longitudinales : blanches sur les premiers anneaux, et grisâtres sur les autres. Vit, en juillet et octobre, entre les touffes de fleurs de la vipérine. Se métamorphose de même que Pusiella. Les chenilles de la seconde génération hivernent, et ne se chrysalident qu’au printemps. Genre YPONOMEUTA, Latr. Yponomeuta evonymella, Lin. Yponomeute du fusain, Dup. (PI. L, fig. 12). — Europe. En juillet et août, dans les bois, sur les haies et les buissons, Chenille d’un jaune d’ocre, avec quatre points noirs sur chaque anneau. Tête, écusson du cou et pattes écailleuses d’un brun noir. Se trouve, de mài en juillet, principalement sur le fusain, Evonymus europæus. Les larves de cette Yponomeute vivent en société très-nom- breuse sous une tente soyeuse filée en commun après les branches, et dans laquelle, pour leur métamorphose en chrysalide, elles se construisent, chacune séparément et l’une près de Pautre, une petite coque blanche de consistance papyracée. Yponomeuta cognatelia, Hub. Yponomeute parente, Dup. (PL. L, fig. 13, a, b).— Toute l'Europe. Commune dans les vergers, sur les haies, ete., en Juillet et août. La chenille se trouve à la fin de juin, aux premiers jours de juillet, sur différents arbres fruitiers et arbustes des jardins et des bois. Ses mœurs sont celles de l'espèce précé- dente, sauf que les coques sont plus isolées les unes des autres sous la tente commune. CLASSIRICAMION ET ICONOGRAPHIE. 319 PTÉROPHORITES, Lan. TRIBU DES PTÉROPHORIDES (Plerophoridæ). Genre PrerorHorus, Fab., GeofT,, Dup. terophorus pterodactylus, Fab. P{érophore ptérodactyle, Dup. (PI. L, fig. 17). — Europe. Parait en juin et juillet, puis en septembre et octobre. Chenille pubescente, verte, parfois d’un brun clair, avec une ligne dorsale blanche bordée d’une raie pourpre, celle-ci bordée elle-même par une ligne blanche. Vit, en mai et juin, puis en août, sur le Convol- vulus arvensis. Se métamorphose à la manière des chenilles des Diurnes, c’est-à-dire en s’attachant par les pattes anales et par un lien transversal au milieu du corps. La chrysalide conserve à peu près la mème livrée qu'à l’état de larve. É Pterophorus carphodactylus, Zell. Plérophore carphodactyle (PI. L, fig. 18). — Autriche, Hongrie. Vole en mai. Nous ne possédons aucun renseignement sur les premiers états de ce Ptérophore. Pterophorus pentadactylus, Lin. Ptérophore pentadactyle, Dup. (PI. L, fig. 19). — Dans toute l’Europe. Vole surtout au crépuscule dans les lieux frais, le long des haies en juin et juillet. Cette espèce, bien caractérisée, doit ètre considérée comme le type du genre. 316 MESSPA\PITAEONSNDÉEUIROIRES Chenille pubescente, d’un vert pâle, avec la ligne dorsale blanche, les sous-dorsales vertes, et les stigmatales jaunes. Vit en avril et mai sur les Convolvulus. Se chrysalide ainsi que ses congénères, contre un corps quelconque, en se fixant par la partie postérieure et par un fil de soie transversal. Pants ne EDITÉ { A. LRU SILVESTRIS, Pin see ou vue | B-C. Mazus COMMUNIS, Pommier domestique. PLANCHE I. TABLE DES PLANCHES COLORIÉES. 317 TABLE DES PLANCHES COLORIÉES AVEC ÉNUMÉRATION DES GENRES QU'ELLES REPRÉSENTENT Eugins du chasseur de Papillons. (En face le Utre.) IL. Papilio. — Thais. — Doritis. TT. Parnassius. IV. Leucophasia. — Pieris. — Anthocharis. — Rhodocera. V. Colias. É VI. Lycæna. -— Polyommatus. VII. Polyommatus. — Thecla. — Syrichtus. — Hesperia. — Steropes. ANNE Danaïs. — Nymphalis. — Apatura. — Charaxes. IX. Limenitis. Xe Argynnis. XI: Melitiwa. — Argynnis. XIL. Vanessa. XIII. Vanessa. XIV. Arge. — Erebia. — Satyrus. XVE Satyrus. — Libythea. — Nemeobius. XVI. Bembecia. — Trochilium. — Sesia. — Thyris, — Macroglossa. XVII. Pterogon. — Deilephila. XVII. Deilephila. — Acherontia. XIX. Sphinx. XX. Smerinthus. XXI. Procris. — Zygæna. — Syntomis. XXIT. Emydia. — Deiopeia. — Setina. — Lithosia. — Nudaria. — Enchelia. XXII. Arctia. — Chelonia. — Callimorpha. — Nemeophila. XXIV. Liparis. — Orgya. — Diphtera. XXV. Orgya. — Bombyx. — Clostera. XXVI. Bombyx. — Clostera. XXVII. Bombyx. — Odonestis. — Lasiocampa. XXVIT. Saturnia. — Endromis. XXIX. Cossus. — Zeuzera. — Hepialus. — Psyche. — Limacodes. XXX. Cilix. — Platypteryx. — Dicranura. — Harpyia — Ptilophora. XXXI. Drymonia. — Leiocampa. — Notodonta. — Peridea. — Lophopterix. — Ptülodontis. — Pygæra. 318 LES PAPIELONS: PLANCHE XXXII. à OCOUIUI, — XXXIV. — XXXV. — XXXVI. — XXXVII. — XXXVIIL. — XXXIX. — XL. —. XLI. — XLI. — 0 LL — XLIV. — XLV. — ‘* XLVI. — XLVII. — XLVIIT. — XLIX. Thyatyra. — Cymatophora. — Acronycta. Diphtera. — Simyra. — Bryophila. — Caradrina. — Cosmia. — Tra- chea. — Tæniocampa. — Anchocelis. — Mesogona. — Asteroscopus. Xanthia. — Hoporina. — Dasycampa. — Cerastis. — Gortyna. — No- nagria. — Leucania. — Amphipyra. Triphæna. — Hiria. Noctua. — Agrotis. — Axylia. — Pachetra. — Aplecta. — Mamestra. Hadena. — Dianthæcia. —- Hecatera. — Polia. — Agriopis. — Miselia. — Luperina. — Xylophasia. Xylophasia. — Dypterygia. — Xylomyges. — Apamea. — Miana. — Va- leria. — Chariptera. — Phlogophora. — Euplexia. — Eriopus. — Xylina. — Calocampa. Cucullia. — Calophasia. — Chariclea. — Heliothis. — Heliodes. — Acontia. —!Gonoplera. — Abrostola. Plusia. — Euclidia. — Toxocampa. — Ophiodes. Catephia. — Catocala. — Mania. — Brephos. Erastria. — Agrophila. — Anthopila. — Micra. — Herminia. — Halias. Urapteryx. — Metrocampa. — Ennomos. — Himera. — Selenia. — Macaria. — Amphidasys. Selenia. — Angerona. — Rumia. — Hybernia. — Timandra. Abraxas. — Lomaspilis. — Corycia. — Rhyparia. — Venila. — Fido-- nia. — Strenia. -- Halia. Cabera. — Boarmia. — Tephrosia. — Amphidasys. — Phigalia. — Biston. — Nyssia. Psodos. — Pseudoterpna. — Geometra. — Iodis. — Pellonia. — Aci- dalia. — Anisopteryx. — Lythria. — Minoa. — Eupithecia. — Ephyra. Eubolia. — Scotosia. — Camptogramma. — Anticlea. — Melanippe. — Oporabia. — Larentia. — Cidaria. — Cheimatobia. Odontia. — Pyralis. — Aglossa. — Threnodes. — Pyrausta. — Enny- chia. — Hydrocampa. — Botys. — Crambus. — Ilythia. — Myelo- phila. — Galleria. — Tortrix. — Teras. Antithesia. — Penthina. — Coccyx. — Carpocapsa. — Cochylis. — Diurnea. — Harpipteryx. — Incurvaria. — Nemophora. — Adela. — Euplocamus. —— Tinea. — Aïdia. — Yponomeuta. — Pterophorus. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES DE FIG. PLANCHES PAGES, . ., noires. coloriées,. 9 Abdomen 14% Abraxas felinaria - . . . . . .. 141.291 — grossulariata. . . . . . XLV | 144.291 — pantaria. . . . . « . .. | XLV 3 1% 160 tips ee 291 — ulmata......... XLV 4 280 Abrostola triplasia. . . . . ... XXXIX fi 283 Accordée . .... +... XLI 6! 90.238 92 |Acherontia AÉTODOS re cie | XVII #4 298 Acidalia aversata . + + « : . .. | XLVII 11 145 — clathrata . . . . . . .. 298 — emarginata. . -. XLVIL 12 » — incanaria. . . : XLVIL 9 ». — ossenta. ee - ee. XLVII 10 297 — promutata. . -..... XLVII S8 298 Acidalie couleur d'os . . . . . . » — détournée. . - . . .« . . D = yisillie ose eee + ee : 278 Acontia luctuosa. . . + . + + . . 132.263 Acronycta aceris. « « + + + + + : LA — ALP OO PO DA 263 — auriCOMA, « + « + 262 — leporina « . . . + . 132.262 — Dale a che cheloeunte 313 Adèle de De Geer. . +... 313 — de Swammerdamm, . .. 6% | 68-69 |Adolins Kesava . . . « . - . . 31% Aedia echiella . . .. « - + 1] — pusiella. . . ....... D Aédie de la Vipérine. . . . - .. » — mignonnetté . . + . . - . 56 61 |Ageronia Alicia , . . . . MJPor d 240 Aglaopée des haies . . . 151 Aglossa cuprealis . . . . . . . . 151.304) 170 HN tarInalse Se ct ce XLIX 15 151.304! 171 — pinguinalis.......| XLIX 14 151.304| 171 |Aglosse de la graisse . . . . . . XLIX 14 69 Agraulig . . 4". « .. » » ele 273 Agriopis aprilina. . . . . . . .. XXXVII 8 285 Agrophila sulphurea. . . . . .. XD S 271 Agrotis præcox . .......:| XXXVI 7 133 270 = D pegetüm - .: +. | SSXVT 9 133 152 ER Tire APRES 9 AIT eee ehes es sale vue 282 Alchimiste . . . ...... | PRDT O9 40 BIGXANOE + = ose 7 oies 167 Alucita porrectella. . . . . . . . | 167 Alucite du blé. ......... 230 Amaryllis ....... NP EX VE AS 265 ADIEU ee 4 ee cel NE XXITE 19 156 Ammoniaque, . . « «+: TOUS LES GENRES ET ESPÈCES DÉCRITS DANS L'OUVRAGE PAGES. 295 295 » » » 268 265 283 290 7 50 50,215 50.215 280 » 198 299 146 277 310 275 275 62.222 62.222 271 » 16.213 23 249 117.247 118.216 118 247 246 118 » 247 » » FIG. noires. Qt [l a 16% 46 32 129 132-133 131 Antiqu |Arctia Arge Argus Anthrè Anticlea berberata. . . . . . . . pré Amphidasys betularia prodromar Amphipyra pyramidea. . . Anchocelis rufina , .. Angerona prunaria . Ge Anisopteryx æscularia, . . . . . Antennes Anthocharis beli 2 cardamines, euphæno. « Anthophila amœna. . . rOSIN4 . . , « + « nes. derivata sinuata . . e (l). . Antithesia salicaria . . Apamea didyma. . . . oculea . Apatura Ilia. . . : Iris... Aplecta nebulosa tincta. Apollon (Parnassien) . Appareil |Apparent (l’). . Caja. , . . hebe, . Isabella. . matronula menthastri . pudica. . Amphidase du bouleau, . . Qie aus PUrPUrER.. « «ss villica. . clotho. . Galathea lachesis . . Argus bleu céleste . . . : + . . (demi). . . . . . nacré , . satiné. . vert... Argynnis Adippe . Aglaja. .. Amathusia, Daphne ....,..: PLANCHES coloriées. XLVII XLVII XXII XXIII XXIIT XXIIT XXII ; XXXVIII 12 DRE ml et GO œ LE 48 320 LES PAPILLONS. s | FIG. PLANCHES ||| FIG. PLANCHES 4 PAGES : Se PAGES £ 5 ‘noires. coloriées. noires. coloriées. 224 ynnis Euphrosyne. . » 119.245 Callimorpha hera. . ...... XXII 10 223 ER re X 41] 245 Callimorphe arrosée. . .- .. «| XXII 4 223 — Paphig es. ee x 1 » = jaune d’or . . . .. A E 141 15% -penteuses (chenilles » — mondaine . .... CA 278 RS ‘ ; 5 290 À ie] XXXIX 5 » — Tameuse . . . « + » XXII T cs Asopie de la farine .. rs 1 Ë — rosette. . . . . | XXII 14 29: Aspilate pourprée . . . XL 4 Jallyarias ee oies Las 261 ru Oeil XXXIIL 7 Calocampa exoleta . . ....: XXX VIN 12 99 Atlas de la Chine . . Calophasia Linariæ . . . . . . . XXXIX 1 919 Attacus Atlas . . . .. 113 |Calosome sycophante . . . . .. 2e É 102 98 — Cecropia . . Camptogramma bilineata . .|XLVIN 5 100 =" LEE © No Candide (Ia) . . . - . . En o M 3 99 — Isabella Caradrina cubicularis, . . . « . XXXIHT ii 10% |102.103] una .. .. Carmin (le) ea" 100 — mylitta. Carpocapsa . . . É5% 0 103 |99 à 101, — Yamamaï. : 187 274 Aubépinière (L) . . . « ..... XXXVII 8 183-189 — pomonana . . - . -- L 5 263 Aunette ere .| XXXIX 7 192 — pruniana....... 90.215 ANTOTe Re ce 5 IV 7 193 — splendana . . . . -. » » — de Provence IV 8 » 190 = Wæberiana . . . .. f 263 JAVTIHErEn eee eee = .| XXXII 1]! 67.226 Carte géographique . . . . « « « XI 3 271 Axilia putris. . « . . . .| XXXVI 6 e Case ECC 0-0 LS: 262 Bates te Ce .| XXXI 4 78 CABELLEN ee eee cle nie 181 5 MBatuer te eee . 68 71 |Catagramma excelsior. - 66.226 Belledame . . . . . . .. : 1 282 71 |Catephia alchymista. . + . . . . XLI 2 233 Bembecia hylæiformis. . 1 283 Catocala electa XLI 6 204 Bibliographie . - . . .. 140.283 —fraxini. ALI 3 295 Biston hirtaria. . . . . . 8 » » — nupta... XLI 4 268 Blême (La). . . .. . .. 6] 140 — nymphæa. . . +... ; 293 Boarmia cinctaria . . . . 3 283 — paranympha . . . . .. XLI 7 » — consortaria. . . . ... H] » — Sponsa . . . NX 5 » — roboraria. . . « .. XLVI2 263 Cénobite. . . . .. .| XXIV 6 » — gecundaria . + - . . . XLVI 6 230 Céphalen XV 6 20% Boarmie crépusculaire XLVI 4 267 Cerastis serotina . XXXIV 10 260 BOIS VEINE NE eee XXXI 4 » __ vyaccinü. . . XXXIV 8 179 233 |Boîte de chasse, 116 128 |Ceratocampa regalis. | x 253 Bombyx buveur . . + + + + .« - - XXVIL 3 273 Cerise e meet reine eee de XXXVIL 6 260 — carmélite. . . XXXI 6 154 Chape verte. 253 castrensis. . . + . XXVIL 8]||| 63.222 Charaxes Jasius . . . . . . VI #4 252 NCA TOX Te ee leche Ç 4 63 67 — Kadenii. 260 chameau 7 279 Chariclea delphinii . EXXETIXN7: 219 — culbrun .- . .. 5-0 4 276 Chariptera culta. . « . : +... XXXVIIT 5 114.219 | 119.122 Culdoré re 3 187 Chasse à la lumière. 249 disparate . . : . . .| XXIV 2 155 — à la miellée. 252 — dumeti 0... .| XXVI 3 187 — aux chenilles. 93 | 95à97 du müûrier . .. 194 — aux chrysalides. 253 — du peuplier. . . .| XXVIH 5 182 — aux papillons. ; 250 — dusapin ..... | XXV 8] 144.301! 157-159) Cheimatobia brumata . . .| XLVUI 14 253 — /everia . .. XXVIL 7 117 ; Chelonia (Arctia) . . . . . . .. 252 — laineux.. .-.. XXVI 5 15 26-32 |Chenilles. 252 — Janestris . . . . . XXVI 5 23 32 — appareilséricigène des 111 — madruno . . . -. 20 30-31 = arpenteuses. 249 noie ice XXIV 5 190 283 — Caisse à. 106.253| 105-107 — neustria. , . . . . XXVII 6 187 — Chasse aux. 1070108109) M CRE ETC 190 — Education des. 111 — pityocampa. . ..... 28.30 — Instinct des. 253 —popul ei eee XXVILI 5 20 — Moyens dedéfense des, 108.251 | 110-112] — processionea. . . . . . XXV 2 22 — Nomades. 105.252| 10% = CHE) 20e Bio pe die CANIN 109 | 110-112 — Processionnaires. 111 — Radama. ........ 22 — Sociales. 252 TU ere Cleeieiee XXVI 2 18 — Variété des. 106 LÉO an à 6 vpn 9 118 167 |Chesias spartiata. . . . . . . . . 151.306| 176 |Botys de l'ortie . . . . . . . .. XLIX 6 39 Chevaliers . : . . « « .. ON _ 306 —flavalis. : .. . .. ë XLIX 7 263 Chevelure dorée. . . . . XXXII 8 306 —— hyalinalis. . .... XLIX 8 161 197 |Chilo phragmitellus . . . . . . . 152 —- sambucalis . . . . . 5 71 Chionobas aello . . . . . . _ 151.306! 176 —urticalise PP XLIX 6 264 OHI0G ER ER EE XXXII 5 8 Bouche. 51 Chlonnde ee ee 272 BPASSICAITE- enee e eee 5 XXXVI 11 122 Chlorodes mirandaria . . . « . - 28/4. Brephos parthenias 81|| 24.193 33 |Chrysalides . . . . es ee 276 Buüllanten(la)Ret Re 8 19% — Recherche des.” 271 Brodéel(le) rec eee XXXVI 10 301 Cidaria fulvata «6. . . . ..| XLVII 13 179 231 |Brucelles. 17 166 — sagittata. . . .. 132.264 Bryopbhila Algæ . . . . . . . .. XXXII 5 299 Cidarie de l'épine-vinette XLVII 6 26% —_ DORE XXXIIL 4 300 —Modérivées. -- XLVII 8 292 Cabera exanthemaria , . . ... XVI » — Mauve .| XLVIL 13 » Cabère pustulée . . . . . . .. .| XLVI 1 » — verdâtre.. .| XLVII 12 271 Cachée) RE en ee XXXVI 9 258 Cilix spinula, . . RSS 119.247 Callimorpha dominula . ....| XXII 9 311 Cine Me. -e . L 4 iv. TABLE ALPHABÉTIQUE A FIG. PAGES, R | 32 L noires, PLANCHES re 4 : coloriées. AGES. £ | 51.215 “ noires. PLANCHES 25 itron (Coli a — = SA ci RENTE ART Re 2 | rv + coloriées. 5 na the oi MORE seat NES 289 = A RD xxxXVI 2|| 284 Double y... AODOTP RSS TER 259 ) RADEON LEE 270 Clostera anachoreta . : : : : : : 6 300 Drs iblure jaune . . - - - ; 11 310 EST MR AS SE | j a à TONER 5 31 Coceyx résinana : . : + : : - : - 1 n der AR UE 7 30 GRR isolant LE OEIe 2 273 fear RAT ce E GE 3 Lo 80 D Et 0 n 12 Dont de l'existence a 1 163 217 Docytia Dérsilen Su pui | 2,5 Il D erygia pinastri . . CYXV 90.216 Coleophora ibibennelle ITS" se MALE egregiaria, . .... .JXXXVIU 3 50.216 Colias edusa . . | És Fborime «ses re: 216 ER TE NS URE Y Des Eetan do) ee TR 216 — palæno . é LCA CE V 1 he ae brune ...... PATES 202 — Bee on ets NT v 21l 9% Æ AR n VMS | 200 SC neuon Nr PR NEA VA 3 118.24 = . la menthe . .. re | 202 Conservation des chenilles : 117 247 PAROLE CESSE DATA | = cs 8. | . 29.1: arbrée pre De a ES collections. | Fe PRE 270 ee NS = mouchetée: : ! ! : ! 2: 292 RU blanc L {| 9 945 See at CAO 0 : 4 » sen FeMIDR EL ae 2e oc xxxvr 4 2 9-1 |Ecaill Re en 1e 0 | 26 Corycie EL va | XLV 4 | Le Rp se. ; 193.25 | 139.162) C05mit TE XLY 5!| 259 al D VU ON XV 13 Cossus digniperda . .:::... xxxur 12 171 224 Ecureuil RE 9 271 TEE EMA C XXIX #4 24% 21 |Elachista olœells .| XXX 216 oureuse Gare 1. 99.255 Emydia gramr ee : 8 159 ne (la) SRE XXXVT 8 287 Endronla gas 2 RAR 160 196 Grant M SE PR xxxvIIr 7 | 142 NN ETES XXVIN 3 307 bte Loellue ele Ê 122 _ RSC as Sos l’XLIIL © » — pauperellus . .. ls 142 — er pre s 76 — selasellus . . .| xxx 10! 30 EN ee | . 268 Crépusculaires. .....| xxx 9] 451 _. [Ennychia yringarian th; 20 138.278 Crochet blanc . - - 1 305 172 D anguinalis. . . . . . . XLIX : ES Cucullin Artemisi® : : : . : « por 6] 2 ee ES ar È D ne Re xxxIX 51 27.73 A Lères 2 EXTERNES _ FF scrophulariæ : NN | XXXIX 3 1 Enroulées re su... XLIX : US LIRE RATES | 163 SRE (Etude | ä = mbrati qe +9 Ephippi je. | 150 ee et CU ere 2 | ES IS nn EE SUR = CES de potassium. ... [xxxx 9! 258 Ephyra rie RReeTS » ymatophora flavicornis | 5 nes (petite) Dre EL VIT A — or. 85 drastria atrat see ee icone | XXX 69.22% are Bts DA 71 = rar PILES DS | ALU 1 a Danatdes: 00) HONONOEO vx | 228 DA DUE AMP PE PR AE XLII 2 2 Eve SR | Erebi ATP 2 56 Danaïs chrysippus- F : 0 ere OR .| XIV ï 266 — insolata : Cr à 5| » ligea LOS DEMEURE .| XIV 5 280 DrcenEs biens PU 140 RME TN de EE XIV 3 87.238 écoupure (I). g!|| 227 EE | x © 88 89.90 Deilephila celerio En EST |. 32 Eriopus pteridis EN Fi cts — daucus. : 3 31 Espèces TT CE ee ON | . XXXVII 10 9.237 — elpenor. - . - : Sr 196 20 Espèces utiles. 237 ee oo | XVIT 1 ; 40 |Etaloir. Se — PATRICE XVII 2 186 Etendoir. 8,238 merite Fe: XV IT 311 250 Ether nitreux. 24% Re porcellus. . . PSE 11 299 Etoilée (l’}. - . - - Tee 1149 eiopeia pulchella | XVIII 2, » Hubolia bipunetarias le. XXV 3 164 | 206-208 Das DITS XXII 21] 119.246 = EN PE MER |XLVIIT 2 135 Der nervosella . . . Euchelia jacobeæ + XLVII [ 273 Se ee = pulchella. Rat àe XXII 3 273 A albimacula Euclidia glyphica . . ° à À ; A Diane compta . . . E RDC Ce 7 ; ü DÉCOR. Eume TA MR Re À | XL À 5 Dicranura RON EE pr RÉ NE RTE TES | 6 27 155 Et EI Eupithecia rect : 126 = TT AE 60 Euplexia er A CARE XLVIT 16 130 | 150.151 | it Ed RES EUDlOR Loren2o. à ee Me 2e XXXVII 8 263 ci je cœruleocephala . 8 Euplocamus PNR PRE » phtera cœnobita, . . . 3 |Eupyra principalis. . RE 1 7 51 mes LNSNreNS 2 Burieuséressd. : : 2: : : : | 3 i F 2 RETOURNÉ M SEA) 312 su Dismorphia Orise . | XXXIT Fauclile - 7e 312 Diumes Felia : 2 : : : : ! © es RS DU a y PnpsqnAeRe - : ARMOR ue [Feu d'or: : $ ER SUR Se ÿ DCE OPEN : 46.212 Dorée (la) . . . . - #: À A M ASP î 207 noue apollina . REC XXXII 10 — du pruni ARTS | 4 ositée invariable. . RCA Lu 6 Fiancée TASER AE ; TR ENIONS 156 |Fidonia atomaria , p 4 — piniarin, .. 9 3 322 IAESNP APIPEONS: _ ==> = _ La = a _ FIG. : ! 2 10 PAGES.| à DLANORE EN ne PLANCHES noires. nées + ane . : coloriées. [noires. | coloriées. 1 155 |Hidoni: istaris | 5 k ter CRT NE SAS RS XLV ne | Hydrocampa stratiotalis. . . . . 292 ss picotée - AGE S 9 150 | Hydrocampes . - . - + « 291 Re REV 6 150 169 Hypœna proboscidalis. . . A7 230 | filet à papillons. | 48 | 48 |r — rostralis.. au 38 | plambé (le) : : 1 a 56 | Tennetnon 9263 CE RARE | —. 2 a dŒae eriiic L 228 Franconfen (1) D Peu) M Hot osmnelle se UE 269 Frangée (la) : LISE 2 279 Impression des papillons : 12 = rang BEN Oo como XX VU 36 InCarnat + - Meuse : EE 7 RSR Re Jet À | TE, Incurvaria masculella. . . . . .| 8 159.307 194.195 A ONOeS 4 ; pe x LÉ ee : on Instinct des chenilles. : 159.307| 194.195! Galerie de la cire . . . - - + | XLIX 1: 297 Intruse (Bo a bprooee e XLT 8 49 214 49 |Gazé Le] 3 253 Todis vernaria . . . : + : + . XLVIT k 7. do ao ee rfi Le) || WTA (Hoyeuseta) ter Re cure ,2% Geometra papilionaria. . : - - SV 60 65,66 2 entine (la) . ,. . . .|XXXVIIT10 142.297 EE smaragdaria ne XLVII < 9252 Kallima Inachis . . ....... 3 122 Di ee Fe V 3 280 Laineuse du chêne, . . .« - . .| XXNI & 122 #: rare NES 300 lambda et el CEE | XL 1 141 15% Grnitres à AU 300 (Larentia miaria . . +: + -:| XLVIII 12 264. Glendifère Do 11e p 599 | | — pectinataria - . . . .. XLVIIL 12 273 RÉ 0 oo D | UT sl 300 | Larentie certaine. . . + - . . .| XLVIL 3 3 5 £ rs res XLV _280 _ Gonoptera libatrix. . . + - XXXIX 10 301 RS ce seat -. ns . 136.267 Gortyna Ha oee LlRxxiv 9 299 | | hyémale . +... | XLV 263 LEKxxnr $ 112 | |. — ondulée, : - +: ..|XLVIL #4 198 Le AM NS DL TS ARS 8 25% | |Lasiocampa betulifolia + . . . . | 274 < Û CE 112 | = ihiome à do 0 | XXVIL 4 135.272 + TA = populifolia. . . . .| 135.272 Dci reste A É 1er — prune re XXII 272 PRE MS LA 180 à _. = quercifolia, . . . . boat 289 Fe Lee QE0 ñ > aurier amande . . . « + + « - : 309 AT NE a ILONIEEON GIGUER à “| XXXT 2 154.309 os quErCATIa ae 202 Lépidoptères ( (Classification). 155 A LU nn 35 — (Collection), 258 Tameçon AS A 3 5 — (Mœurs et instincts) 312 Re PEER PRE NS = (organisation). Do DAT | He me sil 106 mn Quest ur) 259 D EE co co 0 vi 268 L es (Préparation des). À A Hausse-queue fonrchue . . - . 5 ©. 1111135.268 spears el TOR A En dE à Zi: D isodes l XV 9 | s 5e Rite RE EE XXXVII 6 a Re sinapis - . . . -.. | 1 a 62 |Heliconius Hecalesia. 139 A ù SE 9 219 Heliodes arbuti . - + + « - - -.| xxxIx 8] 140 CR RER 0 = Heliothis dipsacca. - . . - - - | XXXIX 6||| 140 nee NE TS 299 Hémithée RS MD ES © 95 = pe-F ie lire Se és ice pee Re A : E [Hinacoder teste 0 don XXIX 6 nn — printanière . . . - - . XLVIL #4 293 | Pere cons FIL mr 23 NÉE . à 122.256 Hépiale du houblon, . . . . - - XXIRENS DS = ee & Re TOM LUC 2 dé 256. Hepialus hectus XXIX 11] 58222) 64 POP ERA ER RS = 122.256 = Note XXIX 3 278 _. re Sybillate "ci. IX 1 256 — Jupulinus IX 2 738 NACRE Lio CAGE © XXXIX 1 28 Pan in TN 3 F 219 Linné (sa classification). 278 RS 0 ns ; 14949 no ee ave ONE To 0 ST XXIV 3 150 Herminia b 113249 | 115-118, — SR Er | 203 = xLII 8||115249| 19342%) = Honéta 0. Sue 303 = XL 7 219 monebe RICE XXI" 5 220 Hart = £ sas 5 — Salicis. .. ..:..:. XXIV, 1 7%.220 I Li coma» 0 Ve ee mn 222 {Lithocolletis corylella. 74.220| nue VIL Hi 95 Rs emberizæ pennella, .| 74.220) Hespérie bande noire VI 4% EF He Rureole LT TL CE ge] et à 220 — de la mauve. VII 7 » = ne LS. AS SUIS er 2 220 A Aehatdlon VII 8 A EPrESSA + ee... - XXII 10 7% 75 — MITOÏL eee » = pores rs es # 8.76 Hétérocores 25 — quadra......... XXII 12 288 Himera pennaria XLIII - à 945 re ee se tee) XXTT 14 288 Himère plume, . XLII 3 249 Lithosi rupreols OA 0,040 70 XXII 11 269 Hiria lincogrisea, EXEXX V6 245 ithosie aplatie. . . .....-| XXI 9 73 HONTE ERA TO MIOND À 0 945 A ÉTE S Sn D 266 Hoporina croceago. . . «. . + . XXI 7 253 Li PE Crise DRAC ES EVE aa LE ; ,290 Hybernia aurantiaria . . . « . XLIV à 253 He PRE H N'2 RES XXVIT 6 146.290! 161-163] — defolinria . . . . . .. XLIV 4 291 — després. ...... RTS 290 — leucophœaria , . É XI IV 6 260 ROmRSDIHSnn eee RE AGENT 2 290 146| 161-163 Hybernie défeuillée . .… nr 4 260 RUN Énrale TE de es È » SE el TE a = carmelita . . . . .| XXXI 6 » 2 RE à Us nd 5 . Lumière (chasse à la). 305 — Grangé... !| XLIV 5 280 FRE MR UC C0 "D = 7 sn Hydrocampa nymphæalis , . . .| XLIX {|| 129.261| I EL ET NS -| XXXTX 11 LE Se — tamogalis. ...| XLIX 1 a 4 EL AE SES EEE _— 153 | 173175! Fa po B 74 2 Luperina virens. . .. ....|XXXVII 1 73-175 stagnalis, , . , .. 4.218 | 54 |Lycœna Adonis . . . . ..... VI à TABLE ALPHABÉTIQUE. 323 FIG. (x ANCHES FIG \ PAGES. à Fosaen|lbages . PLANCIIES noires. | coloriées noires. coloriées. | | “. | 218 Lycæna Agestis VI 9 9 , |Nervures des ailes. 54.217 Lo VI 6 134 Noctua exclamationis 6 217 — ae VI h 270 — fe 5 54 218 — Amyntas. VI 11 » — C.nigrum 2 216 — Argiolus VI 1 » - plecta : ri 217 — 1 ATION 1, - 2 VI 511! 133.270 — segetum. H] 53 — Boœtica . 270 — Sigma... î 217 — Corydon VI 7 130 Noctuélides. 917 RC YIATUB Ne ee VI 3 132 |Noctuelles. 217 —1ADAMONT NL. 0e VI 2 276 [Noctuelle jolie. . . . . . . . 9 5 VAS PR Re cete 270 — pare ALT EVE ne 3 5% — (Mœurs de la chenille). 135 — potagère. . Fa 293 Lytbria purpuraria . ...... XLVIL 14 262 rieuse : : : . .. XXXIL 2 289 Macaria notata. . . .. Al EX LUI 476 26% =, l'ehouser L LOUEE 3 40 Machaon (Papillon) . . . . . .. 76 Nocturne: 89 Macroglossa, . .. 268 Nonagria cannæ,. ....,. 89.235 — bomby liformis. 1211 136.267 NT NT 236 — CTOAUCAR Le : 1% 129 | 148.149 | Notodonta dromedarius me 235 — fuciformis : . . .. 13 260 tritophus, , ... 89.236 — stellatarum . .. 15111 129.260 — ZAC AR co PS 8, 91 — ÉTOpUN Ne se 246 Nudaria mundana . . . . . . 181 936 |Maillet. 125 143 |[Nyctalea superciliosa . . . , 272 Mamestra brassicæ . . . . ... XXXVI 11/]| 57.62 Nymphales, 284 Mania maura . .. ..:.. XLI 111! 59.221 Nymphalis populi , ....... VII 1 62 Mars (grand) ....... 295 Nyssia pomonaria. .,,,.. XLVI 10 ” 62 — M (pe ere 296 OR ZODATIR a eee TS XLVI 11 267 Massette. . . . . . k .| XXXIV 3 7 28% MATOS ee Dane | ZXLI 1 253 s XXVII 3 300 Melanippe fluctuata . . ... .. XLVII 7 304 Odontia dentalis, . ,, ,... XLIX 2 300 — hastata. .. .. ::[XLVIE 9 122 Œceticus Saundersii, : 145 — macularin , . .. ,.| XLV 2 168 | 213-216 | Œcophora de l'olivier, 291 — marginée. . . .... XLV 2 171 — du rosier, 300 — tristata. . . ... .| XLVI {0 168 | 213-216 — olivella, 300 Melanthie ondée. . , ... à XLVIL 7 7 8 ipidoptère. 225 | Melitœx aphirape. | XL 8 12 20-25 |Œufs de Lépidoptères. 224 _- Artemis, . XI 2 276 ONVER ST: TON 224 RTS pi XI 3l]l 270 TNT RE AR 224 — Cinxia ... XI Î 278 Ombrageuse (l'}. . ., ..... 223 CYDID MU 7 XI 6 263 Omicron ardo 92% — Didyma. . .. XI Hi] 282 Ophiodes luna 29% — Dyctynna. .. XI 4 282 = Tirrlœa .. …. . 225 _ MAtUINA M7. XI 7 127 Ophion luteum. . .,. 44.15 43.44 |Memnon (Papilio). .. 300 Oporabia dilutata 266 Mesogona acetosellæ . . .| XXXUI 13 5 4 Organisation des Lépidop 5.16 Métamorphoses, | Orgya abietis . . , .. .. 8 287 Métrocampa margar:tata . . . XII 1 — antiqua. . :.....: 3 44 45 |Mezentius (Papilio) . . . . . .. CAC ina NE 7 275 Miava strigilis. . , . . .[XXXVIIL 2 » — gonostigma n 236 Micra purpurina. . ....... | XLII 6 » — pudibunda ,....... 5 48 48 |Microgaster glomeratus. 251 — SCIENCE. 2e > 148 i 250 — V nigrum,,. y 4 185 |Miellée (Chasse à la). 174 227 |Ornecode, 252 Minime à bandes, , .. XXVI 1 43 122 Ornithoptera (Chenille). 203 Minoa de l’euphorbe XLVIT 15 13 40 — Emalthion 293 — euyhorbiata, . . .... XL VII 15 42 39 pronomus , . ... + 230 MANU PP NE Note XV 5 265 Orthosides. . . . . .. 274 Miselia oxyacanthæ . ..... XXXVIT149 204 Ouvrages sur les Papillons. 199 Mites 271 Pachetra leucophæa . XXXVI 8 285 MÉROITE re ee ee ere XL 6 74 75 Pampbila aracynthus . . 35 Mœurs et instinct des Papillons. 7 76 : paniscus. . . . . . .. 199.200 Moisissure (Préservat, contre la). 66.227 Paon de jour. XIII (l 270 Moissonneuse (la) 25: (grand) 4-10 274 MOHUBIVDDE ee ele - + ee sis 9: — (peti 67.227 MOuQI6) em. over Ë |Papillon Alexanor, . , . .. .. La 3 6% Morpho. 4 duichon 7.0 65 — Menelas. ,2 38 - flambé , Il > 6 70 — Peleïdes, ï — NOCHAMm re. Il 1 260 MIUSEAUI Eee ce XXXI $ d 13.44 — PiMemnon= 4.6... 313 My elophila cribrella . . XLIX 12 4% 45 | — Mezentius. 69.223 Naoré te rie X 3 40 38 | Podalyre 69.223 (gra Lg A eee X 2 41 Papillons blancs TE 69.223 (DEL) re : X 4 y À (beauté des). . 277 Nébuleuse (la). .IXXXVI 11 202 _ (collections de) 199 Nécrentôme . : 37 | — de jour . . .. 228 Nègre (grand) hongrois XIV 3 201 — (impression des 331 Nemeobius lucina . . . . . . . . XV 10 5 | — (organisation des). . 248 Nemcophila plantaginis. . , . . XXII #4 204 — (ouvrages sur les). 313 (Nemophora Swammerdammella. | L 9 283 |Parany mphe. 7 173 925 |Nepticula aurella . ...... 97: Parée (la) . . . -. 5 BESMPABPIPEONS: De PLANCHES FIG. PLANCHES PAC EP D oires. coloriées.[| FES: noires. coloriées. 46 Parnassiens . . - + . « « . . . É 260 Ptilodontis palpina . . . . . .. 46.213 46 sius Apollo. III 111! 130.259 33 |Ptilophora plumigera . . . . .. 47 #7 — Hardwickii . , . .. 25 Pupa (Chrysalide}. . . . . . . . 213 = Mnemosyne, . . .. IT 3 286 Purputine(la) tn 918 == Phœbus . ..-... III 2 271 PUHITEMA) ERP CE 250 Patte étendue (la). . . . . . . . XXV 611129.261 Pygœra bucephala. . . .. et 13 Pattes. Mo e quo 0 om ü 19 28,29 —des chenilles... 193 Py rale brillante og A Hon 298 Pellonia vibicaria , . . . . . .. XLVIL 611 155. 310 181 = HONTE 000 v0 0 180 23% |Pelotte de chasse, 158 190 — de Wæber. ....... 260 Periden bicolora, . . . . . ... XXXIUN5 309 du hérE eee 161 202 |Peronea cristana, 159 192 — ENS Go 5 145 Phalzæna betularia , , ,. ,.... XXXVIIL : 309 — verte du chêne . .. .. 275 PhaleneduMpin 5 1. XLIIL 4 148 ANSE. DS 010-170 00 287 — dusureau, ...,: É 1451.304| 170 |Pyralis farinalis. . . . . . . .. XLIX 15 145 = Dantheres ee 268 Pyramide Ne ae XXXIV 11 209 Phasiane plombée. . , ..... XLVIIT 1||| 305 Pyrausta purpuralis. . . . . .. XEIXU 5 294 Phigalia pilosaria , ...... XLVI 7||| 126.258 Queue fourchue . . ... . -n .». x k 976 Phlogophora meticulosa. . . . . XXXVIIL 9 259 — (petite)... XXX 6 276 = HD 6 6.4 Do va XXXVIII 9 197 RamOLESOiT Lee 213 PRMbUS ts RER RE UE A IT 2 148 168 |Ramoneur eee nt 47 Piéride de la moutarde, . . . .. 206 Revues entomologiques . . . .. 49.214 = déla rave en IV 4 51.215 Rhodocera rhamni. , ... IV 9 48.214 du Cho ee 0 IV 3 8.37 Rhopalocères = Fra 5 49.21% = ju navet IV 5 Rhyparia melanaria. , . . . .. XLV. 6 45.214 PieriSiblassic CRE IV 31 Rumia cratægata . . . . . . .. XLIV. 3 49 21% 49 = GTR a STOU 000 pros | RUNIQUE CRE EEE 5 XXXVII 8 49.214 — ddaplidice . "1,52. IV 6|| 237 |Sac de voyage, 49.214 MN DONC a de CO NtO IV 5 Safranée BG RS NN XXI! 49.21% TA DA ENT IV 4 Saturnig Caïpini. :...... .L. XXVIIL 1 179 232 |Pince à piquer. ARC) AE CT EN CECI XXVIIT 2 179 — àraquettes SAEYTE EE UE An XV 8 972 PisivOre ee ER EU { Satyres nègres, . . . . . . d 265 TT) AO 020 0: 00 2 d'pu0 don 6 SALYrITES te reel ee ae 15% Platyomides. | SRPATE ACER TE ne 258 Platypteryx faleula : . . . ... \ 211 - A'Urnsta er Cie ob XV 258 — AMI Re XXX 3] — Amaryllis . ...... 70 Plébéiens | — AN'ATCANIUS FE SEE EX: 6 31 Plieïde sans — Aretbusa. | 138 Plusia aurifera, , . . . : NE Doc 3 3 a 0 0 | XIV 9 281 — bracten. . .... XL 3 = CILCE ON EN RAENTE XIV 6 138 — MONA I8itES Re —Cordula 50. XIV 8 281 —Ndivergens. #5 30 XL 4 ODA EEE | XV 5 139.280 + RE Lo 0 ce à 0 XL 1 — Egeriat re pere XIV 10 138 —Morichalcea AS | MR HETNIODC ER XIV r( 280 VaurteUTE ee ee Ce XL 211! —"M'HEL0 SE Fe TER | 40 38 Podaly YBI(PADILION) Re ce ee | — Hyperantbus | XV: 1 273 PORC EEE ET XXXVII 7 NE LÉO O CT OL Oo 218 Polyommatus chryseis . , . . VI 13 AIDER EE np: 3 53 _ de la verge d’or, . | 72.231 -— Mœpernt . 700 XV 8 53 = CORTE 0 m0 0 d 72.231 — MEME ee Cie XV ri 53.218 52 — Hippothoë . . .. 1211. 73.230 —… Pamplilus XV 4 53.219 — Phieas 0-2 2 72 M ERœUTA SE RE. 219 — Virgaureæ 1 229 — Proserpina. . . . . ... | XIV 6 252 Polynhare. fete cie Me 2 72 ME oog atrn 260 Porcolainelle) RE 2||| 72.230 = GE à o canon XV 2 40.43.41! 40.44% |Porte-queue. . .... ..., ,. 1 162 203 |Sciaphila octomaculana. 218 — (petit) 1111! 147.299 Scotosia certata . .. , . .... XLVIIL À 272 Potaperella) Me UE .| XXXVII 2 299 —undulata 208 , .| XLVIIT 4 200 Préparation des chenilles. , . , 288 Selenigillunaria.. "1, XLIV 1 196 | 239.240 — des Papillons, . .. 288 — illustraria, . . .. . . XCI 15 199 ENG OU 0 010 ao go da 288 —Julianae Et C0 109 | 110-112 | Processionnaires. . . . . 93 95-97 |Sericaria mori. . ...... 5 0 82 Procris ampelophaga . 97 —= xCDPIDER 0e 241 — globulariæ , ,. XXI 2\1 80.233 81"/|Sesia apiformis.. | XVI 2 240 —. infausta. . :. .. XXI 1\]| 23 — bembeciformis , . , . .. XVTNESS 82.241 — statices, , . .. XXI 3 conopæformis, . . . . « .| XVI 7 212 Proserpine, II 5||| —“CuLiCifOTDIS. 0... | XVI 10 2096 Pseudoterpna cy thisaria s XLVII 92 — cynipiformis . . ..... | x 7 262 PEL EC Re XXXII 6 — formicæ formis 9 294 Psodos alpinata XLVII 1 | » — nomadæformis . H] 294. — equeéstraria, F5 » » — stomoxiformis . . . . .. 8 121.257| 134-136 | Psyche graminella, XXIX 8||| 80.23% 82 — DipUFONMIS Ne Le. | 6 257 — muscella.. . 9[| 2% — OVESPIIOIMNIS LE... en | 7 257 viciella Fi 233 Sésie hyléiforme . .,. ..... | 1 236 Pterogon Œnotheræ, XVII n 2,5 SetINAAUTIIA = ic ee 6 315 Pterophorus carphodactylr Fe L 18 » 0 RO TR NS OS | 4 174.315 296 pentadactylus , ., L 19 » SR ALAMOEAR, à en net A | 7 315 = pterodactylus. . . . L 17 229 Silène ee te Se ne | 6 TT TABLE ALPHABÉTIQUE. PAGES. FIG. noires. 85-87 PLANCHES coloriées. SIMYTREVONOSR. de este 4 +4 + XXI 3 Smerinthus Dumolinii, , . ... = OCELIAIA M Me eeirte 1 — DOpULEA TER 2 = quercus . . . . «+ A — Et oot one 3 Soie (production de la). Solitaire . . - . . . CO D Te V # SOUCI Re ete le le sue sefolete ee V 1 Soucieuse{1a) +1. .: 1... XXV 4 DONETO Peas tale lepote V 2 SURINPITES SN --elete == Sphinx atropos . ....... XVII 4 — convolvuli. .. XIX 2 — Lido la gsarance 1. .| XVII 3 — (grand) de la vigne .. | XVIII 1 — (petit) de la vigne. . . ,| — de l'Œnothère. . . .. EX VIT 4 —#)duichéne saisine XX n — du laurier rose . ..., XVII 1 — CAUTUSELON + + ee XIX D +. CO bon e0 XIX 3 Æ du UIhyINAI te. 5.0 XVII 2 — “du troëne. .. MTS — (brand) paz6. . 0... XVI 12 M PUSITL res eee XIX 1 — petit pourceau. . . . ., XVII 2 = PHEDIL ee | XVILT 3 = pinastri ss. . — quinque maculata | ü — tête de mort . . .. .. XVII 4 Spilodes cinctalis . ..,..,.. Stenopteryx hybridalis . , .., Steropes aracynthus, , .... NMSVIL 10 — paniscus. ,..,...,| VIL 11 SÉPIDAIES Eee ee Co Strenia clathrata, . ...... .| XELV 10 Strénie à barreaux. . . . .... | XLV 10 Succeintes (chrysalides). SILPRUTÉE Na ecraieie NEC XX TV 1 Suspendues (chrysalides) HDI SYLVAUMAZUTÉ te tete ie ie F — (STAND) 2 es se cel = LA U RARE EE —— M ICÉNOPDITO dues tele re os IX 2 Syntomis phegea . ... , :..| XXI 15 Syrichtus alveolus, . ,..... | VII S — AIVOUSS ete VII 9 —_ lavateræm s 7.0 — Male ele Tabac d'Espagne , . 1 Tæniocampa gothica, . . .... 8 — stabilis 9 MANGPTAIATTAMEN. 2 ne ae Teigne des tapisseries . . . . . . L 6 Teignes, Tephrosia crepuscularia. . . . . XLVI #4 Teras coudana. . . . . . , . . . XLIX 16 Tête de mort .....,. ..| XVIII 4 Thaïs Honnoratii . . ...... — HYDSIPYIO Ne = + + ans IT û — Medesicaste. . ...... Il 9 Thecla betulæ . ,........ VII Hi] dela roncé. . . . .. - « =Hduchene M. ee VII 6 — du prunellier. .,.... MDN 0 VII n RUES eee | VII 6 ne LUI steel ea ses | VII 3 — WODIAC EE TE Threnodes pollinalis, , .. , .. XLIX #4 Dhyatira /Batig. 0... | XXXIT 4 Thyridia Psidil, . . . . . . . .. Thyris fenestrina . . ,.,. XVI 11 Thysanira Agrippina . ..... MNT SAME OT XXXIV 9 Timandra amatarin . . . . . .. XLIV 7 Timetes Egina. Tinea crinella . . .... PAGES, 167 166 169.313 16% 229 170 155 309 309 FIG, noires. 209 242) 218 95-97 99-101 205 205 325 | PLANCHES coloriées. Minea granola; - . . - 1. | — pellionella . ...... | — tapezella . ........ L 6 Mince EEE A EPP EE Qc À PEN E) XIV 10 Tischeria rufipennella, . . ... Tordeuse du pin. . . . . . . .. | — du sorbier. . . . . .. XLIX 17 — NON er te Le XLIX 18 Tortriciden RER ere ASE Costang .. . . . . — 8 L 2 —* lisorbiann "1... XLIX 9% — turionaria. . ...... = nridann rer | XLIX 18 — Xylosteana .. Tortue (Grande). . ..... n — (moyenne). . . . . . .. % — (petite). . . ..... Se 5 Toxocampa craceæ , ,..,..,. 9 = IUSOTA Re ce 8 Trachea. piniperda. . . . . . . . 6 Triphœna comes. . ....,... # — AMAR eee 1 — janthina. . . .. 5 — orbonu 1.1... — pronuba , 2 — subsequa, . : . . . . 5 AIXISEATS 0 stotele ele lool she 1 Trochilium (Vo Urania orienta .. —=MRIpheUs. 7.1. 61... Urapteryx sambucaria . .... XLHI # Vagabond ter XXXVIL 3 Valeria oleagina. . . ..... XXXVII 6 Vanessa Antiopa .. ..... XIII 2 — Atalanta... ..... XII 3 —LOTADUMTEE te. XII 2 — Catane ss... XIL { — GaRMANTeC.snre XII 2 AL CE 0 ÉD IDE Dit XL 1 —JOVANR ET - ee — polychloros, , .. . .. XIL 0 AONOTIMR eee — prorsa . ..,.... XII 3 LAC RE XIII 5 — Xanthomelas ..... XUI ï Vanesses. Variable. 1.7. ten et. XXXVIIL N'AIENT OS TRE D XL 2 AT AT TOO SAONE 0 eu D — de l'ailanthe. . . . .. — du ohône 1. = — AEJADON EE — du mürier. . .. —- Yama maï, . .. x 6 | Violette (petite) . . . . . . . .. À J V noir. ge . à Oasis XXIV ti [Vulcain .......,...... XI 3 Xanthia XXXIV 1 Xanthosetia Zoga Shen Xylina Delphinii. . .. ..... 0 linarlos 1, 4... — rhizolitha, .,..... Xylomyges conspicillaris , . . . |Xy lophasia petrorhiza ..... ; polyodon . ... .. XXXVIII 11 Yponomeuta. "7.1... è | —- cognatella , . . .. L 13 _ evonymella . . . .| L 12 | _ padella, .. . . . : | | Yponomeute du fusain L 12 — parente, L 13 |Zconia Batesii , ..,... . | Zerene grossulariata, , . . ... XLV 1 Zérène de l'orme, | XLV ‘ — du frène,., XLV 3 LES PAPILLEONS: FIG. PLANCHES FIG, PLANCHES GES PAGES. . on Poire coloriées.|[|" "#5" noires. coloriées. 291 Zérène du groseillier . . . . . . XLV Î 242 Zygœæna ephialtes 1% 123.256| 137.138/Zeuzera Æsculi,. . . . . .. .. XXPX ANS » TaUS RE IE 12 — marundiniss | » filipendulæ... 10 Zygène de la filipendule , . . .| XXI 10 | n lœt 11 — dela bruyère. . . . .. | » lonic RS 8 — dela millefeuille. . . . I » MEROUHeRE CEE T — du chèvre-feuille, XXI 8 | » Minos er 4 HN duisaintoins A XXI 1à||| » ONDES PE 15 EE Re De XXI f{1|| » Palusinis "1. 9) Zygœna Achilleæ . . ,.... » Peuce US co o — COTON NA XXI GI 241 SCADIOSR. XXI 6] BREL O'NES PÉANCEES PF A (\: EE 1 ’ 7 pa dt ne.‘ ë 2 à r' VE ci Fa “ ni * } D 9 Ô. e LL. HSE LA ic A a L 9, IL. mn à PS e on: | ni ‘ x ss. er 19. K x nn 7 ; 74 * D Re 29 4 | ; D. | A Er ® ï Li Ê L a, 1 ce 2 ÿ 1 x “ j g: 1e TON ï D us 2 eo ; a L É :e e n L : o W o 4 ds 1] ès: 40 : | \ " À a ct D Net "* 7 y. | mn 7. x An Lee al “æ 4 x \ \ L'an b * #* a à vu 1 * n 31. p VS 92 27 # 7 — 2 42. 43. ss — — La 1 30